ee nn 1 OU on mm À rc RÉCETETESETETES STREAM EETE LEEIMERES CLAEENES 7252525222 tistilel sit RER HE frestente 5 Ë HEMIHE 148: MNTINNE statstataletætaté flisrstatet stattati HER 1 ait z = haie CTETEIEES tte se CPRTAMEN ES (207 HO CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE VINGT-SIXIÈME SESSION S.g02. LIMOGES. — IMPRIMERIE DE CHAPOULAUD FRÈRES CONGRÈS : SCIENTIFIQUE DE FRANCE VINGT-SIXIÈME SESSION TENUE , A LIMOGES, EN SEPTEMBRE 1859 TOME PREMIER PARIS Ë LIMOGES DERACHE, LIBRAIRE Rue ou Bouloi, 7 | : CHAPOULAUD FRÈRES Place des Bancs , 24 LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES DU CONGRÈS SCIENTIFIQUE. (XXVI- SESSION.) MM. ABRIA (J.-J.), banquier, membre de la Société d'Agriculture, à Limoges. ALLARD (PHILIBERT), banquier, trésorier de la Société Dun- kerquoise, à Dunkerque. ALLUAUD aîné (FRANÇOIS), secrétaire général du Congrès, ancien maire de Limoges et membre du Conseil général de la Haute-Vienne, membre de l’Institut des Provinces et de plusieurs autres sociétés savantes, président de la Société Archéologique et Historique du Limousin et de la Société d'Agriculture de la Haute-Vienne, à Limoges. ALLUAUD (AMÉDÉE), fabricant de porcelaine, à Limoges. ALLUAUD (Vicror), fabricant de porcelaine, à Limoges. ANCELON (E.-A.), docteur en médecine, à Dieuze (Meurthe). II LISTE GÉNÉRALE ANDRIEUX (ÉpouARD), à Limoges. ARBELLOT (CHARLES), négociant, à Limoges. ARBELLOT (l'abbé), archiprêtre de Rochechouart , secrétaire général adjoint du Congrès, correspondant des comités historiques, membre de la Société Archéologique et Histo- rique du Limousin. ) ARDANT (MAURICE), archiviste de la Haute-Vienne, corres- pondant des comités historiques et de la Société impériale des Antiquaires de France, vice-président de la Société Archéologique et Historique du Limousin. ARDANT (EUGÈNE), négociant, membre de la Société d’Agri- culture et de la Société Archéologique, à Limoges. ARDANT (HENR1), fabricant de porcelaine, à Limoges. ARDANT (Louis), président de la Chambre de commerce, membre de la Société d'Agriculture et de la Société Archéo- logique, à Limoges. ASTAIX (JEAN-BAPTISTE), professeur à l'École de Médecine, membre de la Société d'Agriculture et de la Société Archéo- logique, à Limoges. AVENTURIER (BAPTISTE), propriétaire, membre de la Société d'Agriculture. BAILLY DE MERLIEUX, secrétaire général honoraire de la Société impériale et centrale d'Horticulture, à Paris. BARBAUD (ERNEST), chef d'institution, à Limoges. BARBOU (Henri), imprimeur-libraire, membre de la Société d'Agriculture, à Limoges. BARDINET, directeur de l’École de Médecine, président de la Société médicale et membre de la Société Archéologique. BARDINET fils, étudiant , à Limoges. BARDY (GUSTAVE), conseiller à la cour de Poitiers. BARETAUD , avoué, membre de la Société d'Agriculture, à Limoges. BARNY (ALEXIS), pharmacien, professeur à l'École de Méde- cine, membre de la Société Archéologique. BARUFFI, professeur à l’université de Turin. DES MEMBRES DU CONGRÈS. III BASSET, notaire, à Limoges. BATCAVE, négociant dépositaire, membre de la Société d'Agriculture, à Limoges. BAUDRIMONT (A.), professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux. BEAULIEU (DE), banquier, trésorier général du Congrès , vice- président de la Société d'Agriculture, à Limoges. BELLOC (J.), médecin-oculiste , à Paris. BENOIST (ALBERT), propriétaire, à Beauvais. BERGES (J.), à Bordeaux. BLANCHARD, docteur en médecine, membre de la Société Archéologique , à Limoges. BLANCHETIÈRE , conducteur des ponts-et-chaussées , inspec- teur de la Société française d'Archéologie, au Blanc (Indre). BLATAIROU (l'abbé JosepH), professeur à la Faculté de Théologie de Bordeaux. BLEYNIE (PIERRE), docteur en médecine, professeur à l'École de Médecine, vice-président de la Société médicale, à Limoges. 4 BONNIN, inspecteur d'académie, vice-président de la Société Archéologique, membre de la Société d'Agriculture. BOSVIEUX (AUGUSTE), archiviste de la Creuse, à Guéret. BOUDET (GABRIEL), docteur en médecine, à Limoges. BOUDET (ÉpouaRp), propriétaire, à Limoges. BOUDET (FÉLIX), directeur de la caisse de boulangerie, à Limoges. BOUDY (CAMILLE), membre de l’Académie nationale et de la Société Météorologique de France, au château de Planchaix. BOUET, délégué par la Société Française, à Caen. BOUILLET (J.-B.), membre de l'Institut des Provinces, inspecteur divisionnaire des monuments historiques, à Clermont. BOUILLON (Épouarp), maître de forges, à Larivière (Haute- Vienne). BOULLAND , docteur en médecine, à Limoges. BOURBON (THÉOPHILE), directeur particulier de la Garantie agricole, à Saligny près Sens (Yonne). IV LISTE GÉNÉRALE BOURGOIN (MÉLICE), propriétaire , à St-Junien (Hte-Vienne). BOUTEILLOUX , docteur en médecine, à Limoges. BOYER (DÉSIRÉ), fabricant de flanelles, à Limoges. BRAVARD (l'abbé). BRISSAUD, maître de pension, à Limoges. BRIVE (ALBERT DE), membre du Conseil général de la Haute- Loire, au Puy. BROUSSEAU (ADRIEN), adjoint du maire, à Limoges. BRUCHARD (A. DE), directeur de la ferme-école de Cha- vaignac (Haute-Vienne). : RRUNET (Josepx ), vice-président du tribunal civil de + Limoges, membre de la Société Archéologique. BUISSON DE MASVERGNIER , avocat, directeur du musée, à Limoges. BUISSON DE MASVERGNIER, médecin homæopathe, à Limoges. BUON (ERNEST), organisateur des mines de houille de la Corrèze. BUYER (JULES DE), à Besançon. BUZONNIÈRE (L. DE), président de la Société Archéologique de l’Orléanais, membre de la Société d'Agriculture d'Or- léans, etc., correspondant des comités historiques, à Orléans. BUZONNIÈRE (OCTAVE DE) , à Orléans. CAFFIN, sous-préfet de Rochechouart (Haute-Vienne). CARLIER (JEAN-JOSEPH), ancien agent de change, à Paris. CARLIER fils (LOUIS), à Paris. CASTELNAU D'ESSENAULT (le baron DE), à Bordeaux. CATINAUD, médecin du bureau de bienfaisance, à Limoges. CAUMONT (DE), directeur de l'Institut des Provinces, membre du Conseil général de l'Agriculture , à Caen. CHALLE, membre du Conseil général de l'Yonne, à Auxerre. CHANTEAUD (l'abbé), à Limoges. CHAPELLE, curé-doyen d’Aixe (Haute-Vienne). CHAPOULAUD (ROMÉO), membre de la Société d'Agriculture et de la Société Archéologique , à Limoges. DES MEMBRES DU CONGRÈS. Y CHAPOULAUD fils (ALFRED), imprimeur, à Limoges. CHARREIRE (PAUL), organiste de la cathédrale de Limoges , membre de la Société Archéologique. CHASTEIGNER (le vicomte ALExIS DE), à Bordeaux. CHATRAS, directeur-gérant du journal Ze 20 Décembre, à Limoges. CIROT DE LA VILLE (l'abbé), professeur à la Faculté de Théologie de Bordeaux. CLAUDE (JULES) , conseiller de préfecture, à Limoges. COETLOGON (comte DE), préfet de la Haute-Vienne. COMBET (J.), avocat, membre correspondant de la Société Archéologique du Limousin. COMPAIN (HENRI), négociant, à Limoges. CONSTANT (ISIDORE), propriétaire , à Gris (Haute-Vienne). CORDIER , ancien représentant, à Lisieux. } CORNUDET comte), ancien pair de France, à Crocq (Creuse). CORNUDET (vicomte), à Paris. COTTEAU , juge au tribunal de Coulommiers (Seine-et-Marne). COUDER (AUGUSTE), secrétaire général de la mairie de Limoges. PA COURCONNAIS , professeur de logique au lycée de Limoges. COUSIN (Louis), avocat, vice-président de la Société Dunker- quoise, à Dunkerque. : COUSTIN DU MASNADAUD (marquis H. DE), au château de Sazeirat (Creuse). CREUZÉ DES ROCHES (RENÉ), propriétaire, au château de Grandmaison (Indre). CUMONT (CHARLES DE), à Crissé près Sillé-le-Guillaume (Sarthe). CUSSY (vicomte DE), à Paris. DAUDY aîné (ALEXANDRE ),chirurgien-dentiste, à Limoges. DEFAYE fils, pharmacien, à Saint-Junien (Haute-Vienne). DELOCHE (MAXxIMIN), chef de bureau au ministère des tra- vaux publics, à Paris. DELON (FERDINAND}), propriétaire, au Puy-de-Lagerac (Haute-Vienne). VI LISTE GÉNÉRALE DELOR,, curé-doyen de Saint-Pierre, à Limoges. DEMARTIAL (CHARLES), étudiant en droit, à Limoges. DENOIX DES VERGNES (Mme FANNY), à Beauvais (Oise). DÉPÉRET-MURET , docteur en médecine, professeur à l'École _ préparatoire de Médecine et secrétaire de la Société médicale de Limoges. DESAL, supérieur de l'institution de Felletin. DESAL (Louis), avocat, à Limoges. DEVAUX (Mme LÉOPOLDINE), rentière, à Paris. D'HÉRALDE (LÉON), négociant , à Limoges. DISSANDES DE BOSGENET, vicaire général du diocèse de Limoges. DORAT (l'abbé), professeur au séminaire du Dorat (Hte-Vienne). DROUYN (LÉO), membre de l'Institut des Provinces, de la Société française d'Archéologie et de l’Académie de Bordeaux. DROUYN ils, à Bordeaux, DUBOIS (ARMAND), docteur en médecine , à Limoges. DUBOUCHÉ père , négociant , à Limoges. DUBOUCHÉ (ADRIEN), à Bordeaux. DUBOUCHÉ (CHARLES), négociant , à Limoges. DU BOYS (J.-B.), pharmacien , à Limoges. DUBREUIL, propriétaire, membre de la Société d'Agriculture de Limoges , à Aigueperse (Haute-Vienne). DUCHATEAU (ALPHONSE), docteur - médecin, à Bessines (Haute-Vienne). DUCOURTIEUX (HENRI), imprimeur-libraire, à Limoges. DULÉRY (l'abbé), curé de Biennat (Haute-Vienne). DUMAS fils (JULIEN), pharmacien , à Limoges. DUPONT (l'abbé), professeur de morale au séminaire de Limoges. DUPONT, docteur-médecin, à Limoges. DUPUYTREM, notaire, à Limoges. DUPUYTREN, pharmacien , à Limoges. DUTREIX (FRÉDÉRIC), élève à l’école de St-Cyr. DUVERT DE LA GABIE (MARCELLN), propriétaire, membre de la Société d'Agriculture et de la Société Archéologique, à Limoges. DES MEMBRES DU CONGRÈS. VII FARGEAUD (A.), ancien professeur de physique à la Faculté des Sciences de Strasbourg, à Saint-Léonard (Hte-Vienne). FAURE-MAISONROUGE (l'abbé), vicairé à Saint-Michel de Limoges. FAYETTE (EUGÈNE), architecte, à Limoges. FERMIN (l'abbé) , supérieur du séminaire dé Limoges. FIZOT-LAVERGNE, avoué à la cour impériale de Limoges, membre de la Société d'Agriculture et de la Société Archéo- logique. FONT-RÉAUX (THÉOPHILE), à Saint-Junien (Haute-Vienne). FORGERONT (ANDRÉ), membre de l'Académie agricole, manufacturière et commerciale, à Chalus (Haute-Vienne). FOUCART , doyen de la Faculté de Droit de Poitiers. FOUGERAS-LAVERGNOLLE, notaire, membre de la Société Archéologique, à Limoges. FOUGÈRES , docteur en médecine, membre de la Société Archéologique, à Limoges. | FOURNIER, conseiller à la cour impériale de Limoges, mem- bre de la Société d'Agriculture et de la Société Archéolo- gique. ÿ FOURTON , curé-archiprêtre , à Bellac. FRAISSEIX DE VEYVIALLE , notaire, à Limoges. FRUGIER (CYPRIEN), notaire, à Meilhac (Haute-Vienne). FUSADE, adjoint au maire de Saint-Brice (Haute-Vienne). GADON (ALFRED), avoué à la cour impériale de Limoges. GANGOIN , trésorier de la Société Française , à Caen. GASSIES , trésorier de la Société Linnéenne , à Bordeaux. GAY DE VERNON ({lebaron), membre de la Société Archéolo- gique, à St-Léonard (Haute-Vienne). GENOUILLAC (le vicomte PAUL DE), à St-Servan (Ille-et- Vilaine). GÉRARDIN (HENRI), avocat , secrétaire général de la Société d'Agriculture de la Haute-Vienne , à Limoges. GIVELET , à Reims. . GOUMY (J.), propriétaire, à La Texonnière (Creuse). VIII LISTE GÉNÉRALE GOURGUES (le vicomte ALEXIS DE), inspecteur de la Société française d'Archéologie, à Bordeaux. GOUTENÈGRE (JEAN-EUGÈNE), professeur à l’école commu nale mutuelle de Limoges. GRELLET, ingénieur en chef de la Haute-Vienne, membre de la Société d'Agriculture. | GUINEAU (JEAN-CYPRIEN), président du Cercle littéraire, à Limoges. HAVILAND père, négociant, à Limoges. HAVILAND (CHARLES-ÉDOUARD), négociant, à Limoges. HAVILAND (CHARLES), négociant, à Limoges. HENRY (Charles), rentier, à Limoges. HERPIN, docteur en médecine, à Metz. HERVY, vicaire général , archidiacre, à Limoges. HOUBIGANT, propriétaire, à Paris. JABOUIN, marbrier-sculpteur, à Bordeaux. LABORDERIE, docteur en médecine, à Pompadour. LABORDERIE , docteur en médecine, à Limoges. LABOULINIERE , avocat au Conseil d'État, à La Gardelle. LACURIE (l'abbé), de l'Institut des Provinces, à Saintes. LAMONTAIGNE (OCTAVE DE), correspondant de la com- mission des monuments historiques de la Gironde, à Castel- moron-d’Albret (Gironde). LAMY (ÉDOUARD), banquier, membre de la Société d'Agri- culture et de la Société Archéologique, à Limoges. LAMY DE LA CHAPELLE (THÉOPHILE), propriétaire, à Limoges. LANGLOIS D'ESTAINTOT (comte), membre de plusieurs sociétés savantes. LANSADE, agent-voyer, membre de la Société d'Agriculture, à Limoges. LAPORTE (ALFRED), négociant , membre de la Société d'A— griculture , à Limoges. DES MEMBRES DU CONGRÈS. IX LARAZIDE (Simon), ancien élève de Roville, à Rochechouart. LARIVIÈRE (OCTAVE DE), propriétaire , à Limoges. LARUE-DUBARRY, pharmacien, secrétaire du Conseil d'hygiène , à Limoges. LA SICOTIÈRE (bE), inspecteur de l'Association Normande, à Alençon. LAURIÈRE (JULES DE), membre de la Société française d'Ar — chéologie, à Angoulême. LAVIE aîné, rentier, à Limoges. LECLERC , docteur-médecin, à Caen. LECOINTRE DU PONT, membre de la Société des Antiquaires de l'Ouest, à Poitiers. LECOINTRE (EUGÈNE) , à Alençon. LECOQ (HENRi1), correspondant de l’Institut, à Clermont. LEMAISTRE, docteur en médecine, membre de la Société Archéologique , à Limoges. LEROYER (GERMAIN-AUGUSTE), Chef d'institution, à Vin- cennes (Seine). LE SAGE (CHARLES), ingénieur civil, secrétaire de la Société d'Agriculture, à Limoges. LESME aîné (J.), négociant, membre de la Société Archéo- logique , à Limoges. LESTERPT (be), propriétaire, à La Chabroulie, près Limoges. LE TOUZÉ DE LONGUEMAR,, vice-président de la Société des Antiquaires de l'Ouest, à Poitiers. LEYMARIE (ACHILLE), homme de lettres, ancien secrétaire général de la Société Archéologique du Limousin, à Paris. LIESVILLE (DE), membre de plusieurs sociétés savantes, à Asnières (Seine). È LOT (HENRI), propriétaire, à Limoges. LOYONNET,, greffier de la justice de paix, à Limoges. MAHIAS (ERNEST-AUGUSTE), avocat à la cour impériale de Rennes. i MALEPLANE (pe, payeur du département de la Haute- Vienne, membre de la Société d'Agriculture. < LISTE GÉNÉRALE MALINVAUD (ERNEST), botaniste, à Limoges. MALLET (Louis), fabricant , à Limoges. MALLEVERGNE, président de chambre à la cour impériale , membre de la Société d'Agriculture et de la Société Archéo- logique, à Limoges. MANDON , docteur en médecine, à Limoges. MARATUECH (JEAN-PIERRE), économe du lycée impérial, à Limoges. MARÉVÉRY (l'abbé), secrétaire de l'évêché de Limoges. MARGERIE (DE), professeur de philosophie à la Faculté des Lettres, à Nancy (Meurthe). MARTIN (JULES), ingénieur du chemin de fer d'Orléans, à Périgueux. MASSOULARD (FRANÇOIS-ÉMILE), docteur en médecine et agriculteur, à Saint-Léonard (Haute-Vienne). MATHAN (le baron DE), botaniste, à Saint-Lô (Manche). MAUBLANC (HENRI DE), à Saint-Junien (Haute-Vienne). MAUSSET (LÉONARD), pharmacien, à Limoges. MAZARD (É.), docteur en médecine, médecin de la maison centrale de Limoges. MÉNARDIÈRE (DE La), professeur à la Faculté de Droit de Rennes. METZ (FRÉDÉRIC-AUGUSTE DE), Conseiller honoraire à la cour impériale de Paris. MIGNOT (JEAN-BAPTISTE) , propriétaire, à Limoges. MONEYRAC (FERDINAND), propriétaire, à Limoges. MONSTIERS-MÉRINVILLE (le marquis DES), membre du conseil général de la Haute-Vienne. MONTAUDON , curé de Naiïllat (Creuse). MONTÉGUT,, substitut, à Lesparre (Gironde). MONTHAUD (le marquis EUGÈNE DE), secrétaire du Conseil général de l'Allier. MONTRÉAL (SIMoN-FRANÇOIS ALLOUVEAU DE), sénateu.. général de division, à Lavialle. MORIÈRE, secrétaire général de l'Association Normande , & Caen. 1 MOSSELMANN , à Paris. DES MEMBRES DU CONGRÈS. x1 MOULINS (CHARLES DES), sous-directeur de l'Institut des Provinces pour le sud-ouest, président de la Société Lin- néenne, à Bordeaux. MURET DE BORT (JuLESs), substitut du procureur impérial , à Limoges. MURET (EUGÈNE), propriétaire, à Limoges, membre de la Société d'Agriculture. NASSANS , notaire, à Limoges. NENERT fils (ALEXANDRE), négociant, à Limoges. NIVET-FONTAUBERT , négotiant, membre de la Société Ar- chéologique, à Limoges. NOEL , ancien maire de Cherbourg, ancien député, directeur de la Société impériale Académique. NOUALHIER (ARMAND), député, maire de Limoges, membre de la Société d'Agriculture et de la Société Archéologique. NOUALHIER (ADOLPHE), propriétaire, membre de la Société d'Agriculture, à Limoges. , ORLIAGUET , chef d'institution , à Limoges. PAILLOUX (ALEXANDRE), docteur-médecin, à Saint-Ambreuil (Saône-et-Loire ). PARANT (ARTHUR), membre de la Société Archéologique du Limousin, propriétaire, à Limoges. PARDIAC (l'abbé DE). PAUL, premier avocat général à la cour impériale de Limoges. PAUMUILE (AURÉLIEN DE), membre du conseil général de l'Indre, à Argenton. PASSEDOIT , constructeur de machines, à Saumur. PATURET père, propriétaire , à Limoges. PECONNET (OTHOoN), avocat, membre de la Société Archéo- logique , à Limoges. PÉNICAUT (LÉONCE), négociant, à Limoges. PÉRATHON (CYPRIEN), négociant, à Aubusson (Creuse). PERRIER , docteur en médecine , à Caen, XIV LISTE GÉNÉRALE TAINTURIER, ingénieur des ponts-et-chaussées, à Limoges, TALANDIER (ÉDOUARD), procureur impérial, à Guéret. TARNEAUD (ADRIEN), banquier, à Limoges. TARNEAUD (FIRMIN), banquier, membre de la Société Archéo- logique , à Limoges. TARNEAUD (FRÉDÉRIC), ancien banquier, membre de la Société Archéologique, à Limoges. TEISSERENC DE BORT (EDMOND), à Bort (Haute-Vienne). THÉVENOT , membre de l'Institut des Provinces , à Clermont. THIBAUT (EUGÈNE), membre du tribunal de commerce, à Limoges. THIOLLET , au musée d’Artillerie, à Paris. THOMAS (GABRIEL), fabricant de porcelaine, à Limoges. THOUVENET (Axpré), docteur en médecine, à Limoges. TIXIER-LACHASSAGNE, premier président de la cour impé- riale, membre de la Société d'Agriculture et de la Société Archéologique, à Limoges. TIXIER, architecte, à Limoges. TOILLIEZ (ArBERT), ingénieur des mines, président du Cercle Archéologique de Mons. TOURNIOL (ALEXANDRE), architecte, à Limoges. TRITSCHLER , mécanicien, à Limoges. TUDOT (EpMonp), conservateur du musée d’Antiquités, membre de la Société française d'Archéologie, à Moulins. VACHERIE (BERNARD), notaire hônoraire, à Saint -Bonnet (Haute-Vienne). VANDERMARCQ, membre du conseil municipal, à Limoges. VAVASSEUR (PAUL), membre de la Société française d’Ar- chéologie, à Rouen. VÉNASSIER, curé-doyen de Saint-Michel de Limoges. VERNEILH (FÉLIXx DE), inspecteur des monuments historiques, à Nontron (Dordogne). VERNEILH (JULES DE), inspecteur des monuments de la Haute-Vienne. VIGIER (MARC-ANTOINE), notaire, à Vallieres (Creuse). DES MEMBRES DU CONGRÈS. XV VILLEMAINE (FAUSTIN), négociant, à Limoges. VILLEMSENS , artiste, à Paris. VILLIET, peintre-verrier , à Bordeaux. WEST, intendant militaire, à Limoges. 55 PTT A RAA E à PL L'AEL OR L/0 210 \ À | Œ LE PR: ur £ tata mt HAVE NET un net RE NIRRIEN L nada Ee (ZA l Te | RAT EN PRET à L k it [E rer! ‘ ( f £ l î ‘ " « - LENS A " À ; f r ‘ etre \ + 7% LU ÿ f : zæ, | ‘ » Na 4 à * " L- < sr e ‘ ‘ ‘ x +. DEUX L | " ’ “ Nuy P a s,! _—— re à» , ne 1 “ui + o a de * Sy Le à : : 42; CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. VINGT-SIXIÈME SESSION. Le 12 septembre 1858, M. le directeur de l'Institut des Provinces a pris, de l'assentiment unanime du Conseil administratif de cette com- pagnie, un arrêté dont nous donnons un extrait : EXTRAIT DE L'ARRÊTÉ Concernant la tenue de la xxvr' session du Congrès scientifique de France. ARTICLE PREMIER. — La xxvi* session.du Congrès scientifique de France s'ouvrira à Limoges , chef-lieu du département de la Haute-Vienne, du 4°" au 42 sep- tembre 1859. ART. 2. — M. Alluaud aîné (O0 *), membre de l’Institut des Provinces et de plusieurs sociétés sa- vantes, et président de la Société Archéologique et 4 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. 1° Historique du Limousin, membre du Conseil générai de la Haute-Vienne, etc., est nommé secrétaire général de la xxvr° session. Il devra se conformer aux arrêtés pris par le Congrès dans ses différentes sessions et au règlement approuvé en 4837 par le ministre de l’intérieur. Arrêté à Grenoble, le 42 septembre 1858. Le Directeur de l'Institut des Provinces s À. DE CAUMONT. En conséquence de cet arrêté, la Commission d'organisation , formée à Limoges par les soins de M. le secrétaire général, a pris les résolutions suivantes : ARRÊTÉ Relatif à l'ouverture de la xxvx° session du Congrès. La Commission d'organisation, vu l'arrêté pris par le directeur général de l'Institut des Provinces le 12 septembre 1858, ARRÊTE : La xxvi° session du Congrès s'ouvrira à Limoges , le lundi 12 septembre 1859, à une heure après midi, dans le local qui sera ultérieurement désigné. VINGT-SIXIÈME SESSION. ; 3 EXTRAIT Des règlements généraux du Congrès scientifique de France. ARTICLE PREMIER. — Ja xXxvI: session du Congrès scientifique de. France s'ouvrira à Limoges le lundi 12 septembre 1859. -ART. 2. — Toutes les personnes qui s'intéressent aux progrès des sciences, des lettres et des arts sont invitées à s'associer aux travaux de la xxvr° session. ART. 3. — Les académies et sociétés savantes de France sont priées de s'y faire représenter par un ou plusieurs de leurs membres. ART. 4. — La durée de Ja session sera de dix jours. | ART. 5. — Les travaux du Congrès sont répartis en cinq sections : 4° sciences physiques et naturelles : 2 agriculture, industrie et commerce; 3° sciences médicales ; 4° histoire et archéologie; 5° littérature et beaux-arts. « ART. 6. — À l'ouverture de la première séance, on nommera le président et les quatre vice-présidents du Congrès, qui, avec les secrétaires généraux et le trésorier, formeront le bureau central. Les secrétaires de sections inscriront dans leurs sections respectives tous ceux qui désireront en faire partie. On pourra se faire inscrire dans plusieurs sections à la fois. ART. 7. — Chaque section, le lendemain de l'ouverture du Congrès, nommera son président et ses vice-présidents. | 4 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Arr. 8. — Les sections s'assembleront chaque jour, L'ordre et l'heure d'ouverture de leurs séances seront proposés par la Commission d'organisation, et arrêtés dans la séance générale d'ouverture; les sections en fixeront elles-mêmes la durée à leur première réu- nion ; elles pourront, dans l'intérêt de leurs travaux, se diviser en sous-sections. Arr. 9. — Des promenades archéologiques, des visites dans les établissements publics et aux diverses expositions organisées à l’occasion du Congrès, auront lieu tous les jours de une heure à deux heures et demie. | Arr. 40. — Chaque jour, à trois heures après midi, il y aura assemblée générale de toutes les sections. Un des secrétaires lira le procès-verbal de la séance de la veille. La séance sera ensuite consacrée à des lectures de mémoires et à des communications ver- bales. ART. 41. — Nul ne pourra prendre la parole à une séance sans l’autorisation du président. ART. 42. — Aucune délibération ne sera prise, soit dans les sections, soit dans les séances générales , si le quart des membres inscrits n’est pas présent. ART. 13. — Toute discussion sur la religion et la politique est formellement interdite. » . ART. 14. — Aucun travail ne sera lu en séânce générale qu'après avoir été approuvé par la section à laquelle il appartiendra. ART. 45. — Les membres ont, outre le droit de communiquer des travaux, celui de présenter des questions autres que celles du programme. Cest ques- tions devront être préalablement déposées sur le VINGT-SIXIÈME SESSION. 5 bureau en séance générale. Elles seront examinées le soir même par la Commission permanente, qui jugera si elles peuvent être admises. Le résultat de la déli- bération sera communiqué le lendemain aux sections qu'elles concernent. ART. 16. — La Commission permanente est com- posée des membres du bureau central et des présidents des sections. ART. 17. — Des excursions scientifiques pourront avoir lieu pendant et après la durée du Congrès. ART. 18. — Seront membres du Congrès les per- sonnes qui, ayant accepté. l'invitation qui leur aura été faite, auront versé entre les mains du trésorier la somme de dix francs pour servir à acquitter les frais de la tenue du Congrès, et à imprimer le Compte- Rendu des travaux de la session. ART. 49. — Chaque membre du Congrès aura droit à un exemplaire du Compte-Rendu, qui sera publié par les soins des secrétaires généraux. ART. 20. — Les personnes empêchées de se rendre au Congrès pourront, de même que celles qui y assisteront, présenter des mémoires sur les diverses questions contenues dans le programme, ou sur tout autre sujet relatif aux travaux des sections, sauf, dans ce dernier"cas , à se conformer à l’art. 13. ART. 21. — Avant de se séparer, le Congrès fixera la date et le lieu de la xxvri° session. ART. 22. — Toute difficulté non prévue par les présentes dispositions sera soumise à la Commission permanente. 6 CONGRÉS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. ADMINISTRATION ET ORGANISATION. Secrétaire général. M. ALLUAUD aîné (0. #), ancien maire de Limoges et membre du Conseil général de la Haute-Vienne, membre de l’Institut des Provinces et de plusieurs autres sociétés savantes, président de la Société Archéologique et Historique du Limousin et de la Société d'Agriculture de la Haute-Vienne. Secrétaires généraux adjoints. M. ARBELLOT, curé-archiprêtre de Rochechouart, correspondant des comités historiques, membre de la Société Archéologique et Historique du Limousin. M. GRELLET (*#), ingénieur en chef des ponts et chaussées de la Haute-Vienne, membre de la Société d'Agriculture du même département. M. l’abbé TEXIER, membre de l'Institut des Pro- vinces, correspondant des comités historiques, membre de la Société Archéologique et Historique du Limousin et de plusieurs autres sociétés savantes, auteur de nombreux ouvrages sur les arts du moyen âge. M. RUBEN (Émixe), conservateur de la bibliothèque communale de Limoges, secrétaire adjoint de la Société Archéologique et Historique du Limousin. Trésorier général. M: TRUOL DE BEAULIEU (%) banquier, vice- président de la Société. d'Agriculture de la Haute- Vienne. VINGT-SIXIÈME SESSION. | Secrétaires des Sections. Ire SECTION. SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES. M. ASTAIX, professeur de chimie à l'École prépa- ratoire de Médecine de Limoges, correspondant des comités historiques, membre de la Société Archéo- logique et de la Société d'Agriculture de la Haute- Vienne. ’ M. BARNY (Arexis), professeur d'histoire naturelle et de matière médicale à l'École préparatoire de Médecine de Limoges, membre de la Société Archéo- logique et Historique du Limousin. M. PETIT, professeur de physique au lycée de Limoges. Ile SECTION. | AGRICULTURE, INDUSTRIE ET COMMERCE. M. ABRIA, banquier, secrétaire de la Chambre consultative d'agriculture de l'arrondissement de Limoges, membre et ancien secrétaire de la Société d'Agriculture de la Haute-Vienne, membre du conseil municipal de Limoges. M. THIBAUT (EuGène), membre du tribunal de commerce de Limoges. M. GÉRARDIN (Henri), avocat, secrétaire général de la Société d'Agriculture de la Haute-Vienne. IIIe SECTION. ? SCIENCES MÉDICALES. M. BARDINET, directeur de l'École préparatoire de Médecine, président de la Société médicale et membre de la Société Archéologique et Historique du Limousin. 8 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE: M. BLEYNIE, professeur à l'École préparatoire de Médecine de Limoges, vice-président de la Société médicale de Limoges. | M DÉPÉRET-MURET, professeur à l'École prépara- toire de Médecine et secrétaire de la Société médicale de Limoges. IVe SECTION. ARCHÉOLOGIE ET HISTOIRE. . Histoire. M. le baron GAY DE VERNON (#), membre de la Société Archéologique et de la Société d'Agriculture de la Haute-Vienne. Archéologie. M. ARDANT (Maurice), archiviste de la Haute- Vienne, correspondant des comités historiques et de la Société impériale des Antiquaires de France, vice- président de la Société Archéologique et Historique du Limousin. M. l'abbé ROY-PIERREFITTE, secrétaire adjoint de la Société Archéologique et Historique du Limousin. Ve SECTION. LITTÉRATURE, BEAUX-ARTS, PHILOSOPHIE, ÉCONOMIE POLITIQUE. . Littérature. M. BERTHET (Éure), homme de lettres. Beaux-Arts, M. REGNAULT {AnoLrHE), architecte de la ville de Limoges, membre de la Société Archéologique et © VINGT-SIXIÈME SESSION. g Historique du Limousin et de la Société centrale des Architectes de Paris. | Philosophie. M. COURÇONNAIS, professeur de logique au lycée de Limoges. À la suite de ces dispositions préliminaires, le secrélaire général a, avec le concours de la Com mission d'organisation, dressé un projet des questions qui devaient être soumises à la dis- cussion dans les diverses sections du Congrès. Il l'a adressé à M. le directeur de l'Institut des Provinces et aux présidents de toutes les sociétés académiques et agricoles de France , en sollicitant les observations de ces compagnies sur cette première rédaction. Après avoir recueilli les ré- sultats de cet examen préalable, il a arrêté le programme définitif ainsi qu'il suit : QUESTIONS SOUMISES A L'EXAMEN DES DIVERSES SECTIONS. 1e SECTION. SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES. Minéralogie et Géologie. 1. — Quelles sont les espèces minérales que con- tiennent les différentes roches cristallines du Limousin ? 10 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. 2. — A-t-on déterminé l’ordre probable dans lequel ces roches plutoniques se sont fait jour à travers les formations préexistantes ? 3. — Les espèces minérales disséminées ou peloton- nées dans certaines roches appartiennent-elles à la même période géologique que les mêmes espèces que contiennent des filons encaissés dans des roches de différentes natures ? k. — Dans l’affirmative, jusqu’à quel point ces minéraux peuvent-ils caractériser l’âge relatif des terrains cristallins plutoniques, de même que les fossiles caractérisent l’âge relatif des terrains sédi- mentaires ? 5. — À quel étage géologique doit-on rapporter les terrains sédimentaires de la Haute-Vienne? 6. — Indiquer et décrire les gisements de calcaire observés dans la Haute-Vienne. — Ces gisements sont- ils exploités ou peuvent-ils l'être dans l'intérêt de l’industrie ou de l’agriculture? 7. — Ces gisements appartiennent-ils à un seul bassin? — Le bassin est-il isolé, ou se rattache-t-il à d’autres bassins du même âge géologique ? 8. — Des cavernes renfermant des brèches ossifères ont-elles été constatées dans la Haute-Vienne, la Dordogne , la Charente, la Vienne et l'Indre ? — Dans quels terrains se trouvent-elles? — A quels animaux appartiennent les ossements qu'on y rencontre ? 9. — Quelles sont les différences et les analogies que présentent les gisements de kaolin‘qu'on exploite dans les différentes contrées de l’Europe? — Quelles sont les principales espèces et les qualités respectives des kaolins qui proviennent de ces exploitations? VINGT-SIXIÈME SESSION. {1 Botanique. 1. — A-t-on remarqué des différences essentielles dans la flore des terrains granitique, gneissique, amphibolique, porphyritique et sédimentaire de la Haute-Vienne? — Quelles sont les plates rares ou nouvelles qu'on y a trouvées ? x 2. — Existe-t-il quelques espèces de végétaux phanérogames propres au sol du Limousin? 3. — Les espèces de la famille des mousses et de la famille des lichens ont-elles, dans le Limousin, des stations dépendantes de l’origine géologique et de la nature chimique des roches ? &. — Quels sont les rapports et les différences de la flore des terrains primitifs du Limousin avec celle des terrains volcaniques de l'Auvergne ? 3.i— Dresser une liste des plantes cryptogames observées dans la Haute-Vienne. — Signaler et décrire les espèces rares ou particulières qu'on y a décou— vertes. 6. — Quelles sont les essences des fossiles xyloïdes qu'on trouve dans les terrains sédimentaires de Fagna, commune de Verneuil (Haute-Vienne ) ? Zoologie. 1. — Chercher dans les faits de zoologie descriptive constatés sur les divers points de la France des rensei- un - sur la théorie dela variabilité des espèces. 9. — Étudier l'habitat des poissons fluviatiles de France pour les espèces voyageuses. — Indiquer les cours d’eau qu’elles fréquentent, et observer si, arrivées à un confluent , elles se répandent indifférem- ment dans les rivières qui le forment. 12 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. 3. — S'efforcer d'expliquer les faits constatés par la composition chimique et les propriétés physiques des eaux (température , limpidité, rapidité de leur cours suivant la nature et la pente des terrains). — Appli- quer ces études à la pisciculture. &. — Quelles sont les espèces de poissons qu’on trouve dans les eaux de la Haute-Vienne? — Quelles sont les nouvelles espèces qu'il serait avantageux d’y introduire ? 5. — Étudier la reproduction de l’anguille dans ceux des étangs qui n’ont pas de communication avec la mer. 6. — Quels ont été les essais de pisciculture tentés dans la Haute-Vienne? — Décrire ces essais, en indi- quer les résultats. 7. — Décrire l’hirudoculture de la Haute-Vienne; la comparer avec ce qui existe dans les environs de Bordeaux et autres localités de la France ; l’étudier au point de vue de l’agriculture et de l'hygiène. 8. — Présenter le catalogue des coquilles vivantes et fossiles du Limousin; en signaler les espèces rares ou présentant des particularités. 9. — Donner une anatomie complète du pétro-myson lamproyon. 10. — Étudier et classer les variétés constantes des reptiles suivants : lacerta viridis, lacerta agilis , rana viridis, et des différentes espèces de crapauds, de tritons et des deux genres de vipères. Chimie. 1, — Expériences et analyses chimiques sur les venins cutanés des amphibiens de France. VINGT-SIXIÈME SESSION. 13 2. — Quelle est, en moyenne, la composition chi- mique du purin?— Cette composition étant connue , les émanations qui en proviennent sont-elles de nature à réagir sur la santé des hommes et des animaux ? ; Météorologie. À. — A-t-on remarqué dans le Limousin les espèces d'oiseaux qui émigrent, l'époque de leur départ , de leur passage ou de leur retour? — Y a-t-il quelques rapports entre le moment de ces migrations et l’époque des vents dominants du nord ou du sud? 2. — A-t-on recueilli des observations en Limou- sin sur l’époque florale des plantes , et sur le rapport de ces époques avec l’altitude des sols, leur exposition et la climatologie du pays (température, pluie, sèche- resse, vents dominants, etc. )? 3. — Peut-on expliquer l'élévation exceptionnelle de la température qu’on a observée à Limoges pendant l’année 1857 ? Ile SECTION. AGRICULTURE, INDUSTRIE ET COMMERCE. Agriculture. À. — Quels progrès a-t-on faits depuis dix ansdans le traitement du sol arable, dans l'amendement des terres les unes par les autres, dans l’ameublissement du sol par les moyens mécaniques, dans le dessèchement au moyen du drainage ? 2. — Par quels moyens mécaniques pourrait-on rendre productives les terres rocheuses où peu pro- fondes? 3. — Indiquer les instruments nouveaux que l’agri- \% CONGRÈS SCIENTIFIQUE DÉ FRANCE. culture du Limousin a plus où moins employés , leurs avantages et leurs inconvénients. 4. — Effets de l’écobuage dans la Haute-Vienne. — Expliquer son action fertilisante. 5.— A-t-on planté en Limousin tous les terrains qui pourraient être plantés dvec avantage ? — Quelles sont les essences qui ont été choisies pour les plantations ? 6. — Dans les contrées susceptibles d’être irriguées, les prairies naturelles permanentes sont-elles préfé- rables aux prairies artificielles ? 1. — Silest utile de propager ces prairies, dans quelle proportion avec la surface des terres en culture convient-il de les établir ? 8. — Quelle est l'importance de la nature variée des aliments au point de vue de l'engraissement des animaux ? 9. — Y aurait-il avantage à engraisser dans la Haute-Vienne de jeunes animaux, au lieu de ne soumettre à l’engraissement que de vieilles vaches et de vieux bœufs épuisés par le travail ? 10. — Quelle est la viande de boucherie que l’agri- culture peut produire avec le plus d'économie et le plus abondamment, tant dans son intérêt que dans celui du consommateur? 14. — Indiquer ce qui serait le mieux, pour la Haute-Vienne , du travail agricole par les vaches, les bœufs ou les chevaux. 12. — Quels sont les moyens de rendre et de con- server au cheval limousin les qualités primitives qui le distinguent, et d'empêcher cette race de dispa- raître? — Quels résultats ont produits les croisements opérés depuis vingt-cinq années? VINGT-SIXIÈME SESSION. 15 13.— Quels sont les essais tentés dans la Hte-Vienne pour améliorer les races bovines, ovines et porcines par leurs croisements avec les reprodutteurs de races pures anglaises? — Ces croisements peuvent-ils être recommandés pour l'avenir? — La propagation des races anglaises pures serait-elle préférable à l'amélio- ration des races du pays par leurs croisements avec les races anglaises? S 14. — Quels résultats doit amener dans la circons- cription l'association de l’industrie à l’agriculture? — Quelle modification peut-elle apporter dans les habi- . tudes et le bien-être des cultivateurs? 15. — Quelles sont les industries dont l'alliance à l’agriculture du Limousin serait le plus profitable? — La fabrication de l'alcool ou du vinaigre au moyen du topinambour, de la betterave, du sorgho, serait-elle économique et favorable à l’agriculture? . Industrie et C'ommerce. 4. — Origine, développement et progrès de l'in dustrie céramique dans la Haute-Vienne et les dépar- tements du centre de la France. — Quel doit être l'avenir de cette industrie? — Les fabriques de porce- laine qui s'élèveraient dans le voisinage des houillères pourraient-elles donner lieu à une concurrence dange- reuse pour les fabriques du Limousin? — Dans le cas où cette concurrence serait à craindre, quels seraient les moyens d'y remédier? 2. — Quel est l'état de la’ peinture sur porcelaine à Limoges? — Quels progrès at-elle faits depuis plu- sieurs années ? 3. — Cet art est-il tout ce qu'il pourrait être 16 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. au point de vue de la forme, du goût et de la couleur? — Pourrait-on tenter quelques nouvelles combi- naisons ? Dans le cas où, au point de vue artistique, la fabri- cation de Limoges laisserait encore des perfection- nements à désirer, quels seraient les moyens de les obtenir? h 5. — L'art décoratif peut-f donner lieu à un ensei- gnement artistique régulier? En d’autres termes, peut-on définir et réduire à des principes généraux un _art dont la mode et la fantaisie sont les principaux Re < — Quelle direction Srstique Fe fabrication des —. d'Aubusson et de Felletin a-t-elle suivie depuis vingt années? — Faire l ‘histoire des produits de ces fabriques depuis leur origine jusqu’? à nos jours. 7. — Quels progrès se sont accomplis, depuis 1830, dass la fabrication des droguéts et flanelles de la Haute-Vienne ? à 8. — Préciser les causes qui ont fait abandonner, pen dant un certain temps, la fabrication du papier dans la Haute-Vienne. — ue: ce qui peut rendre aujourd'hui prospère la même industrie, 9. — Influence des chemins de fer sur 1 indnsbies et le commerce du Limousin et.de la ville de Limoges en particulier. | “II SECTION. SCLENCES MÉDICALES. 4. — Donner un apercu de la statistique et de la topographie médicales de la Haute-Vienne. — Faire connaître les maladies, les infirmités, les affec- VINGT-SIXIÈME SESSION. 17 tions qu'on y observe le plus fréquemment, les moyens de les combattre. 2. — Hygiène et maladies spéciales des porce- lainiers et des tisserands. 3. — Étude médicale sur le mal des ardents. &. — De la fièvre puerpérale en province, et parti- culièrement dans les campagnes. 5. — Des nouveaux moyens proposés pour combattre les fièvres intermittentes. 6. — Quels sont les meilleurs procédés opératoires pour guérir les fistules vésico-vaginales ? 1. — De la nouvelle opération proposée par M. Sédillot sous le nom d’évidement des os. 8. — Indiquer quelle peut être la mesure de l'influence tellurique sur les faits qui se rapportent à l'hygiène de la Haute-Vienne. 9. — Quels changements se sont opérés depuis cinquante ans dans la population du Limousin au point de vue de sa constitution physique? 10. — L'étendue de la vie moyenne a-t-elle aug- menté ou diminué en Limousin depuis un siècle ? 11. — Observe-t-on chez les habitants de certaines parties du Limousin une conformation particulière de la tête ? 12. — Quand la ville de Limoges était ceinte de murs , les constructions en bois se recommandaient- elles, au point de vue de l'hygiène, par quelques avantages ? 43. — De l'assistance médicale dans les campagnes. 44. — De la variété de fièvre typhoïde commu- nément désignée, à Limoges, sous le nom de fièvre muqueuse. j p] 18 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. IV: SECTION. ARCHÉOLOGIE ET HISTOIRE. 1. — A-t-on dressé une carte géographique du Limousin pour Ja période wallo-romaine ? — Quelle était la circonscription de la province? — Quelles étaient les villes principales et leur importance relative? — A-t-on la, liste des, villas dont on à retrouvé des débris? — A-t-onle tracé exact des voies romaines qui traversaient, le Limousin? — Quels sont les monuments , les sculptures remarquables, les tombeaux, les inscriptions qui nous restent de cette époque? —. Peut-on tirer des inscriptions et. des monnaies quelques renseignements historiques ? 2.— Les faits et les personnages mentionnés dans les chroniques limousines pour la période. gallo- romaine ont-ils une valeur historique? — A quelle époque remonte la rédaction première des faits relatifs à cette période? 3. — A quelle époque le, christianisme a-t-il ;été prêché en Limousin ? — Est-ce au 1‘ siècle, comme le dit la tradition, ou bien est-ce au 1° siècle, comme on l’infère d’un passage de Grégoire de Tours ? 4. — Peut-on citer, à Limoges ou dans d’autres villes de France, une ou plusieurs inscriptions chrétiennes latines ou grecques qui soient authenti- quement antérieures au 11° siècle ? 5, — Quelle est la valeur historique des documents traditionnels écrits au, v° siècle et au :vi® sur! les origines chrétiennes de la Gaule? 6. — Quelle était, durant les trois premiers siècles de l’ère chrétienne , la topographie de la ville romaine VINGT-SIXIÈME SESSION. 19 de Limoges? — En présenter le plan approximatif. — Indiquer, comme on l’a fait pour certaines villes, la position relative des principaux édifices publics (am- phithéâtre, bains, etc. ). 1. — Quelle fut, au rv° siècle, quand on entoura la villg de murailles, et après la condensation de la cité dans une enceinte murée, l'étendue de cette ville ? — Quelle fut la distribution des édifices publics et privés à l’intérieur de la place? — Quelles églises furent établies? Quelle était la place qu’elles occu- paient ? Sous quel vocable étaient-elles au v° siècle ? 8. — Quelle était l'importance du suburbium de Limoges? — Quelles églises y voyait-on au v: siècle ? 9. — À quelle époque la plus grande partie des paroissés ont-elles été établies dans le diocèse de Limoges? — Dans quelle proportion les abbayes ont- elles contribué à cette création? — Carte des origines des paroisses. | 10. — À quelle époque remonte l'atelier monétaire de Limoges ? — Quels'en ont été les produits à diverses époques ? rs A1: — Connaît-on plusieurs monétaires de Limoges ou du Limousin? 19: — Existe-t-il un travail sur la numismatique du Limousin ? 113: — Les émaux cloisonnés sont-ils antérieurs ou postérieurs aux émaux Champlevés ou incrustés? 14. Quelles sont les églises les plus remarquables du Limousm appartenant soit à la période romane, soit à l’époque ogivale? — Connaît-on la date précise de quelques-uns de ces édifices ? 15. — Les cathédrales de Cologne et de Clermont, 20 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. qui offrent la même nuance de style que celle de Limoges, ont-elles été réellement commencées vingt- cinq ans avant ee dernier édifice ? 16. = A quelle époque:le'style ogival a-t-il com- mencé en ‘Limousin? == Est-il en retard sur le nord deda:Frânce® temmeon ç 228 90 LL 17. Quels sont les caractères Kpéciaux dé gris tecture limousine/at môyen âge? 18: — Quelssont les toHbeRux Tes plus remarquables de cette époque?100 210 HTD 2980 79 19. — A-t-on des notices ae ay et historiques sur dés châteaux fortifiés du‘Limousin ? 20u12e1A4#-0n étudié suffisament les monuments civilsi; des ponts f ‘les fontaines! e , appartenant à cettesépoque 1510910 61 9h eÿrie (ie Lao STI du 59101 À: D ect VSEGION pas PHILOSOPHIE ÉCONOMIE, POLITIQUE. si Juve swpidqoeol: — ! Quelles, sont, Jesicauses, ordinaires-de progrès et. F4 décadence, dans les. arts ;et; Liens < dans la, poésie re font 118 mofoie 2. — Les grands; siècles Jiftéraires pr Périclès, Auguste, Léon,xX, Louis XIV ; sont-ils autre te qu'une -agelomération fortuite Ha grands génies à une même époque et.dans.un:même pays ? — S'il n’en est pas ainsi, quel, concours de circonstances et quelles causes analogues entre;elles contribuent à rendre ces grandes : époques, si, féçondes? — Quelle.est enfin l'influence, de la civilisation sur.le développement de la poésie et des beaux-arts ? RS VINGT-SIXIÈME SESSION. 91 3. — Influence des romans sur la littérature et les mœurs. SR iadnseel ie &. — Origine et formation.du. patois limousin. — Indiquer ses rapports.-avec les autres dialectes: de la langue d’oc. — Pourquoi..la langue romane du midi de la France. est-elle, appelée Limousine rpar ‘quèlques écrivains du moyen âge , notamment par: Raymond Vidal, Gaspard Escolano, etc? —;Études sur les poètes qui ont écrit en-langue limousine, 5. — Indiquer les, limites, géographiques-de la langue d’oc ) et les causes qui ont borné cette langue à ces limites. a yiqironet aonitorr 298 6 6. — Connaît-on sridans -quelqhes:; bibliothèques publiques de. l'Europe,..un [manuséritodu :poëmé ‘où Grégoire Béchade,, chevalier: du-châtean deLa stours, a chanté les évènements de la première’ croisade? T. — Quelle a été l'influence des orfèvres, émailleurs et autres artistes limousin sur les beaux-arts? — Quelles sont les institutions propres à. Continuer cette influence ? AÜQITLIOS HIMOHOIY 8. — Aperçu philosophique sur la musique. — Comment se-produit. dafs Phétié 14 fhculté musi- cale ? Quel est lé foÿer des iSpirétions *22 Opérations métaphysiques du musicien au moment ‘dé”t4 compo Sition.— Esthétique de Ifusiqueste el — © “Rapports de la musiqueafécles aûtré£ branchés des beaux-arts. 22" Dés formes dé Ja usique à-difféféntes époques péut-on déduire l'état Hiôral dune Société à ces mêmes époques? — “Quéllé st l'influencé de la musique sur les peuples civilisés 91 29 720 mu di 9. — Ne ‘peut-on pas trouvér un principe identique de formation entre les idiomes’ des peuples et des races fI0—T— À z 22 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. et leurs systèmes musicaux; suivre, par exemple , dans les transformations des idiomes et des échelles musicales toutes les branches de la grande race indo- européenne et de la race sémitique? — Exposer les causes qui ‘ont contribué à former l'échelle musicale des Européens telle qu’elle est aujourd’hui. 10. — Le tonalité grégorienne et la tonalité moderne sont-elles identiques? = Résnltent-elles des mêmes besoins de manifestation dans les sentiments, des mêmes causes d'émotion? — Le chant ecclésiastique comporte-t-il la mesure et l'harmonie? — Y a-t-il un système spécial d'harmonie qui soit une conséquence nécessaire de cette tonalité et de la tonalité moderne ? 44. — Le Limousin a produit des artistes orfèvres, émailleurs, peintres et des poètes troubadours : il a dû produire aussi dés musiciens. — Quels monu- ments nous ont-ils laissés? = Esquisser la biographie des principaux. — Démontrer par quel cathet original se distinguent les mélodies populaires du Limousin, — Ne peut-on pas y découvrir une communauté d'ins- piration avec ses poésiés patoises ? 12. — Danger de Séparer la morale du SéBUMENt religieux. 13. — L'école épicurienne peut-elle ‘être iébétaée comme une des causes principales dé la ges de l'empire romain ? UT UE | 1 Ce programme et les arrêtés concernant l'orga- nisation du Congrès ont été dès le mois de janvier 1859, adressés à toutes les sociétés académiques et agricoles de l'Empire, à fous les membres de VINGT-SIXIÈME SESSION. 923 l'institut des Provinces de France et à un grand nombre de savants tant français qu'étrangers, avec la circulaire suivante : CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. XX VI: SESSION Qui s'ouvrira à Limoges le lundi 12 septembre 1859. EE ot Limoges, le 3 janvier 1859. MONSIEUR, Le Congrèsscientifique de France ouvrira à Limoges sa Xxvi° session le 12 septembre prochain. Que pourrions-nous ajouter à ce qui a été dit sur l’utilité de cette excellente institution, qu’anime l’Institut, des Provinces sous l’habile direction de son savant fondateur M. de Caumont ? s La science et l’art ont sans doute en France un foyer commun où toute production nouvelle reçoit sa consé- cration, et d’où relève, pour être autorisée, toute conquête dans le champ du labeur humain. Mais, si la renommée et la gloire y sont plus généreuses, c’est dans le recueillement et la solitude que les travaux de l'intelligence se font leurs titres les plus durables. Quelque vive que soit la lumière qui rayonne de Paris, son éclat ne pénètre pas partout avec la même puissance. Combien de faits n’ont de valeur que par leur généralisation ! -Qui -sait le nombre des'‘intelli- sences endormies loin de cettelexcitation salutaire , 21 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. qui leur révèlerait leur puissance en leur inspirant l'activité ? Plus que d'autres peut-être ; la ville de Limoges pourra profiter de ces échanges. Par un privilége heureux, son industrie, qui s'accroît chaque jour, . relève à la fois de la scienceet de l’art-c'est la science qui nous enseignera la mise en œuvre pluséconomique des matériaux admirables que la Providence a miscà notre disposition ;. c’estol'artoquiycen résistant aux caprices de la mode; donnera; aux: produits:denotre industrie une forme-inspirée-par les conditions vérita- bles du:beau:et deilutile:son: 29/1 ,atiroè asrvil e85 Nous espérons que lesspèlenins: Fra science; trouve- ront en notre provinceum champ d'étustes: digne de leurs explorations'et:dedeur intérêt::50 La constitution-géologique-du cat ras pas été ‘bouleverséé: par-lés-granmds: phénomènes ;quisont soulevé les:Alpeset les Pyrénées, ses rochesæristallines occupant encoré leur positiorb-primitives les:minéraux de différentes nâtures qu'elles reCelent, et qui semblent les caractériser; Sont amtantsde-ocirconstances (qui permettent au: géologue rdeudéterminer ici mieux qu'ailleurs:;:l'orère «et :1llâge, géologique de less do mation successivéz2us. 9b159 928 movou L'exploitation étrdarmisé ex œnyre de és minérales -offrironit «d'intéressants sujets d'étudessaux naturalistes quiivieñdront en-visiter des gisements: La terre, dont le-géolague-explore les profondeurs, la terre, étudiée danssa nature et dans-ses productions, n'est, après tout.;que le piédesta] de l'homme:-C'est à cette destination divine qu’elle emprunte sa grandeur! Mais, ne loublions: pas: simple usufruitier.du' vaste VINGI-SINIÈME SESSION. 25 domaine que Dieu a confié à ses soins , l’homme a recu la mission de le féconder et de l’embellir par d'inces- sants travaux. Que les hommes de-cœur se réunissent , s'entendent : ee LE ne AN de sainte missiontpsdo 101908'e LICE “Nous “sommes aul ii sde vélläite Pupliile ire qui) dès lespremiers-temps historiques, se révèle avec-unesôtte de puissance. Ces Lémovices que César mômme deux: fois s .et2qui, dans ‘la Coalition opposée) Rome |; fournirent:un contingent si considé- rabléy formaient-ils [deux peuples-distinets ? A défaut des livres écrits, les monuments! druidiques, si nombreux! enc notre-province) ‘ne ‘gardent-ils pas quelques secrets et quelques révélations ?' Comment le peuple-roi ,déht laïpioche des terrassiers ébranle/:chaqueojour les fondations colossales, fit-il place aux conquérants/lqui ledéshéritèrent? À quelle époqué-remonte ladestruction de tesvilles-romaines deTintigrrac et du: Puysde-Jüuer dont es vastes ruines sont lasseule histoire 24 2tLon:dit-le idernier-mot sur l'époque:dedæ propagation du christianisme dans les Gaules? A-ton bien mesuré l'étendue ‘des ‘horizons qu'ouvrirait y solmtion définitive ‘de cette: question ? L'art du moyen âge garde aussbquelques récom- penses pour eeux!qui se dévoûront àson étude. Un procédé qui donne äle-peinture l'éclat ‘etla durée immortelle-des-pierréries) l'art des émailleurs, nous le croyons ;Cest néisur notresol" Byzance le reçut-elle comme un hôte-qu'on Fétérow-comme un fils qu’on protée7Estcé aux migrations desémailleurs sollicitées par lenégoceque se rattache la fondation: d’une école d'architecture qui!a fleuri avec. éelat dans notre voi- 26 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. sinage ? Quelle est l'origine de cette architecture grandiose, mais exceptionnelle ; dont on peut étudier même ici l'étrange majesté ? Toutes les sciences, toutes les études, sont solidaires. Non contente de soulager les maux présents, la méde- cine en cherche la. génération dans les: maladies des âges écoulés. Elle peut prêter un concours puissant à l'archéologie. La conformation particulière du crâne des habitants de cette province révèle-t-elle ume-race distincte qui se serait perpétuée en résistant aux in- fluences qui altèrent et transforment :les-indtions tout entières ? Quels sont les caractères des grandes épidémies qui-firent tänt de victimes: dans: Îles ‘temps anciens ? Sous des noms nouveaux ; les derhiers'sièeles ont-ils revu les maux des anciens! âges ? +: 4lecl ont Les questions’ d’origine gardent aussi des secrets multiples dont la: révélation-saurait «le plus haut intérêt. Dans le midi de la Franceret le nord de l'Espagne a fleuri une langue particulière, qui fut en même temps populaire-par sadiffusion et littéraire par sa poésie. Le Limousin formé; au-nord, la limite extrême de son territoire. D'où vient que, précisé- ment à cette limite, cette langue, dont notre patois conserve encore Ja tradition, ait trouvé dans les troubadours. du Limousin ses interprètes les plus nombreux, les plus! éloquents et les plus célèbres ? Maïs nous ne voulons pas épuiser, en les répétant sous une forme nouvelle, lés questions du programme que l’Institut des Provinces fournit au Congrès. Tous les ordres d’études y ont leur part, et les solutions provoquées accroîtraient utilement les connaissances positives. Donc, au mois de septembre prochain! Des NINGT-SIXIÈME SESSION. 97 mesures seront prises pourique les‘ intervalles des séances du Congrès soient remplis par des courses scientifiques et par des délasséments agréables. La ville'dé Limoges fera à ses visiteurs un accueil digne desrreprésentants dela science. Le ‘programme: des fêtes quisauront lieu à cette occasion Sera ultérieu— “rement arrêté. I d1 Situé! dans une: SabEd lines) qui ne deraiit ‘aucune comparaison depuis Ja constatation régulière de la:température des principales villes de l'Europe, le chef-lieu de la Haute-Vienne:serà ‘heureux de voir admirer par: des hôtes-illustres la! fraîcheur: et la variété des paysages qui encadrent sès monuments : une grande ruine : militaire ; ‘une ‘église byzantine, une belle cathédrale ; des fragments de tous les âges, réservent quelques surprises! à ceux-qui- aiment les œuvres de l’artiet lesbeautésdes: cet art dns qui on pepe la! nature:s14 sl:9b. :bin 91 eus ft 1 oral ou. rot $ scosqeï! ane Min d'expression; de nos! sentiments les plus dbmiberse mil 91 .aie8oi | o'Œ .97%1 tivroÿ f104 9D 90 , Les éecrélaur es, te Qu: du Congrès, 1 F; ALBUAUD: AMINÉ9VT198110 > L'ABBÉ: "ARBELLOT hd 1101 porcs ! HORELLEEIG sl , xmordcro! ftptôcèr 20t dt ira da snéBEXIER. error e16N ms eorg ri (tt p RUBEN (ÉMILE}:+ 1 901 PROCÈS =VERBAUX: SÉANCE D'OUVERTURE, TENUE LE 12 SEPTEMBRE 1859. Le 42 septembre 1859, à trois heures après midi, les mémbres composant le Congrès scientifique de France pour la xxvi° session se sont:réunis dans la salle du palais de justice, assignée pour leurs séances. M. Alluaud aîné, secrétaire général , OCCupe pro- visoirement le faiteñie Ii appelle au bureau M.‘le maire de CEE et les secrétaires généraux adjoints: M. le maire de Limogesprend la parole, et s'exprime en ces termes : Oro:œ 9ù! Permettez-moi, Messieurs, au début de vos séances, de vous exprimer, au nom de mes concitoyens, combien nous sommes reconnaissants de votre présence ici. Les assemblées comméla vôtre, Composées d'hommes voués à l'étude des’sciencés, qui, élevant l'esprit humaïn, ont pour but final son améloration intellectuelle et morale, ne sauraient être trop Jouées elles sont pour le pays même où elles ont lieu un évènement grand et heureux. Car, outre que, à châcurni dé vos congrès, les faits histo— riques qui intéressent le-plus le pays sont mis en lumière, commentés ét éclaircis, le problèmes que se pose là science sont discutés êt résolus, vous apportez de plus avec vous les PROCÈS—-VERBAUX. - 29 qualités qui vous distinguent : l'habitude des études sérieuses, l'amour de la science, la recherche de la vérité. Ces précieuses qualités, Messieurs, restent après vous Comme une tradition conservée religieusement par ceux qui, après avoir été un instant vos collègues , désirent devenir vos émules , et restent vos amis. Elles sont enfin un exemple profitable à toute une génération. Vous êtes dans une ville où les vieux souvenirs sont restés vivants au cœur du peuple, où de nombreux monuments attestent une ancienne-prospérité, et où de nos jours l’esprit moderne d'entreprise a créé de nombreuses et florissantes industries. C'est vous dire qu’à Limoges les travaux auxquels vous vous livréz intéressent au plus haut point toutes les classes de la population : aussi-je ne fais que fraduire lé sentiment de tous:en vous rémerciant de l'honneur de vous nous faites en devenant momentanément nos hôtes. : a: à nr Ze Hate GATE TS 109% Les applaudissements qui se font Séndre éémoi gnent à M. le maire qu'il a parfaitement exprimé les sentiments de cordiale confraternité dont les membres habitant le pays sont animés-à l’ Lu de leurs col- lècues étrangers. M. alusad a ensuite prononcé le ae suivant : } d5s (EM mA 8 en CASSER IONOO sem 99, OU US ÈS ss tot 29698 à1q e'LOV 99 OS 2ei8I11029 I] y à peu, de temps engore, nous n'étions pàs rassurés-sur le Succès de cette, session.du Congrès scientifique de France : les vives préoccupations de Ja guerre, le-bruit des armes, l'éclat des victoires de ,nos.vaillantes armées ;: détournaient tellement les esprits de nos pacifiques travaux que chacun se demandait Si, cette session ne serait “pas forcément ajournée. Et même, depuis. la. «paix. glorieuse, de-Vïllafranca, qui témoigne si hautement, de,la sagesse et de la modération du gouvernement de l'Empereur, les graves -questions de poli- tique européenne soulevées par l’affranchissement d’un noble 30 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. peuple , ont fait naître tant de difficultés et rendu l'avenir si obseur que: mous sommes moins surpris de l'absence de quelques savants habitués à fréquenter les Congrès que du nombre ‘imposant des personnes dont cette assemblée se compose: Celui des savants étrangers qui se sont rendus à notre appel est, énvteffet, considérable: Nos concitoyens sont heureux, commemous! de leur bienvenue et non:moins impatients de recueillir les fruits de leurs études et'de leur expérience. La ville de Limoges, soyez-en bien sûrs, conservera un long et reconnaissant souvenir de Vos travaux; n0s jeunes géné- rations y puiseront tout à la fois le goût des sciences, dont l'agriculture et l'industrie font chaque jour de si utiles applications ; le goût des beaux-arts, dont les progrès se lient si intimement à: ceux de la civilisation; celui des études sérieuses * de l'histoire et dé la philosophie morale, qui développent l'intelligence et Jesrfacultés de l'âme, et qui, en élevant les pensées de l'homme vers le Créateur, le pré— parent aux mâles et austères vertus qui caractérisent le bon chrétien, le bon père de famille et les citoyens les plus utiles et. ies plus dévoués à leur pays. L'une des difficultés de notre tâche consistait à trouver un lieu de réunion digne et convenablé..... M. le premier président de la Cour impériale de Limoges l’a rendue facile en mettant à la disposition du Congrès , avec lé plus gracieux empressement, ce palais, élevé près des ruines de l'amphithéâtre de notre antique cité gallo-romaine. Nous devons également des remercîments à M. le préfet de la Haute-Vienne ét au Conseil général pour les crédits qu'ils ont affectés aux frais d'impression des Comptes-Rendus de vos séances ; A M: le maire de Limoges et au conseil municipal, pour d'autres crédits destinés à concourir aux dépenses générales du Congrès; Aux administrations des chemins de fer du Nord, du Midi, de l'Ouest et d'Orléans pour les concessions qu'elles ont accordées aux membres du Congrès sur les prix ordinaires «les tarifs des voyageurs. PROCÈS=VERBAUX. 31 Et, sinous ne craignions de blesser la modestie de notre savant fondateur M. de Caumont, nous le prierions, au nom de nos concitoyens, !d'agréer l'expression particulière de la reconnaissance qu’il s’est acquise-en désignant cette ville à l'approbation de l’Institut deS Provinces pour le siége de la xxvie session du Congrès: Afin de procurer,/dans d'intervalle: des -séances, quelques distractions aux savants étrangers , le cercle de l'Union et le cercle Littéraire-leur-ouvrent. leurs salons, où ils sont assurés de recevoir l'accueil le: plus gracieux et le plus cordial. Nous avons préparé; dans olasmême,vue, l'itinéraire de quelques-proômenaides ‘agricoles, industrielles ; géologiques et seARépIGgiques Tr qi nous ont paru mériter votre attention et votre intérêt, { Frob:. Ê Nous avons A nc duel jé limite trop Éctre ae de nos ressources cherché lestmoyens derendre votre séjour en cette ville aussi instructif qu'agréable.: 5905 91 9Ù ,TH9T697T l'esoy smoi"] SI MESSIEURS, ! NII Y 2919120 “Depuis la publication He notre programme, nous avons eu la douleur de. perdre l'un de nos. plus savants collaborateurs. Nous; considèrerions comme, un. de nos premiers devoirs de payer à sa mémoire le tribut des ] légitimes regrets qui lui Sont dus si nous ne savions, qu'une : Noix plus virile que. la nôtre doit. vous retracer, da, vie et les travaux de l'infatigable et modeste archéologue M. l'abbé Texier. she Nous nous arrêtons, «Messieurs », pOur : ne pas retarder plus long-temps. L'organisation des, bureaux, à laquelle vous allez procéder, ao Au moment, où-l'erateur prononce ces. dernières paroles; sonrémotionsse communique à toute l'assem-— blée, qui, par les vives marques de sympathie qu’elle abiies à ta mémoire dé M. l'abbé Texier, prouve combien a été sentie la perte de ce savant laborieux -et à jamais regrettable. 32 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. La parole est ensuite donnée à M. le baron Gay de Vernon pour la lecture de sa biographie de Gay- Lussac (4), ce savant illustre que le Limousin est fier d'avoir donné à l'Europe. . Le travail de M. de Vernon, qui est à la fois un pieux tribut payé à une mémoire vénérée et une œuvre de patriotisme, excite l'intérêt soutenu de l’assemblée, et provoque d'unanimes applaudissements. M. Alluaud annonce que M. Eugène Thibaut, secré- taire désigné pour la 2° section , est dans l’impossi- bilité d'assister à la session, et qu'il devra être remplacé. Il en est de même de M. Barny, secrétaire de la 4r section ; mais M. Éd. Lamy a bien voulu accepter cette fonction. 4. à Plusieurs lettres sont communiquées à l’assemblée. Celles contenant des questions étrangères au pro- gramme seront l’objet de l'examen de la Commission permanente pour être statué ce que de droit. Il est fait hommage au Congrès de divers ouvrages ou brochures (2). M. le président, après avoir remercié les donateurs, et particulièrement M. de Caumont, à qui l’on est redevable du plus grand nombre de ces ouvrages, annonce qu'ils seront déposés dans un salon attenant à la salle des réunions, et qu'ils seront à la disposition des membres du Congrès, ainsi que les journaux : auxquels la Cour impériale de Limoges est abonnée. (4) Cette biographie est imprimée dans la seconde partie du Compte-Rendu. (2) La liste de ces ouvrages sera publiée à la fin du deuxième volume. t PROCÈS+-VERBAUX 2 . Le Congrès remercie:M. le premier président de la cour impériale-du gracieux empressement avec lequel il a permis que le- palais-de: justice fût consacré à ses réunions, et qu'on pût y trouver toutes les facilités D. à la-tenue des séances. 1 : Lez nfRerege scientifiques “dans $a\xxv° session, la session à. 1860. qui.s sera; a>xx vire. - Cet honorable-membre: rend compte des démarches qui iL.a-faites à: cet-égard: sur lés dieux mêmes. es autorités. locales ont-promis le plus-large con- cours pour les subventions financières , et toutes les facilités désirables, pour les études au:dehors seront données aux, membres, assistants 1: ün-bâtiment. à vapeur, offert par l'amirauté, permettrasles prome- nades en mer-et, s 8 travaux de Cherbourg: réansrtè enoitesup esp +nsasrcroc Par, ‘UBE, Fit mande a hais: ValognesrviMlersituées à: quelques minutes de.Cherbourgrpamie cheminrde feride l'Ouest, pour célébrer l’année prochaine sa fête agricole; qui ajouteracà Léclat-du:Congrès2érqe .tuobicère € -La;désienation des secrétaires a pour la XXI, Session n'a offert d'ailleurssaucune difficulté, parce;qu'ils'est: trouvé 2 Cbérbourg: trôis Écne instruits, | dansune: se: éminente: yquicont Frans cette:misSien. so jzcis eS180), mh,.e2ardmeux xnocGersonmbeonix sb olsirègui 00 el 2 MM. Noël, ancien maire de PSE je ancien député ! SE DEGRIBAMENNT dés SEdUE ON 90e Besnou, pharmacien - -major.. de. 1. «marine je chimiste Door 3 À CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Le vicomte Dumoncel, connu par ses travanx sur la physique. Il est, en conséquence , décidé que la Xxvnr session se tiendra à Cherbourg. L'assemblée remercie M. de Caumont des peines qu'il a bien voulu prendre pour assurer le succès du Congrès en 1860. Conformément aux règles établies, M. Challe, secrétaire général pour la xxv' session, à transmis à M. de Caumont, afin qu'il soit soumis au Congrès actuel, le compte des recettes et des dépenses que cette session a nécessitées. Les recettes se sont élevées à 6,147 fr. Les dépenses ont été un peu plus fortes, mais tout l'excédant a été couvert par une allocation du conseil général de l'Yonne. Les comptes présentés par M. Challe sont très- détaillés et très-clairement établis, et il est donné acte à M. de Caumont de cette communication. Les soins multipliés que M. Challe a pris des affaires du Congrès de 1858, et l’activité qu'il a mise à faire imprimer dans un délai très-court les deux volumes qui constituent les travaux élaborés à Auxerre, sont l'objet des éloges de M. de Caumont et d'un vote de remercîments de la part de l’assemblée. Sur l'invitation de M. le président provisoire, il est procédé à la constitution du bureau définitif. Le dépouillement du scrutin constate que 90 votants y ont pris part en déposant leurs bulletins. 75 bul- letins sont unanimes pour décerner la présidence à M. Alluaud , et la vice-présidence à MM. de Caumont, Charles des Moulins, Barufi (de Turin), de Buzonnière. PROCÈS-VERBAUX. 35 Ces messieurs prennent, en conséquence, place au bureau. M. Alluaud remercie l’assemblée de l'honneur qu'elle à bien voulu lui faire : il compte sur sa bienveïllance pour l’accomplissernent de sa tâche. Les applaudissements qui retentissent prouvent à M. Alluaud que ses efforts pour amener à bien l’orga- nisation de la xxvi* session ont été dignement appréciés. M. Baruffi adresse au Congrès quelques paroles Chaleureuses de reconnaissance sur la distinction dont il est l’objet, et l'honorable membre, qui parle avec éloquence le langage du cœur, conquiert les sym— pathies de tous. Ainsi que l’annonce M. le président, une messe du Saint- Esprit sera célébrée demain mardi, à neuf heures précises, dans l'église Saint-Michel, par M. de Bosgenet, vicaire général du diocèse, en l'absence de Mx l’évêque, qui n’a pu remplir la promesse bienveillante qu’il avait faite à cet égard, en raison de l’absence que lui a imposée sa récente promotion à l’archevêché de Toulouse. Le Congrès se réunira, à huit heures et demié précises , au palais de justice , pour se rendre en corps à l'église. Après avoir annoncé que, à l'issue de la séance, les sections devaient se constituer, et après avoir fixé les heures de leurs réunions quotidiennes, M. le président déclare la séance terminée. : L'un des secrétaires généraux adjoints, GRELLET. : SÉANCES DES SECTIONS. a — PREMIÈRE SECTION. SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES. SÉANCE DU 19 SEPTEMBRE 1859. A la fin de la séance générale d'ouverture, M. le président général du Congrès invite les membres de la 4re section à voter sur la formation de leur bureau. 21 bulletins portant les noms d’un président et de deux vice-présidents sont déposés au scrutin. 49 voix sont données à M. Bouillet pour la prési- dence ; 47, pour la vice-présidence, à M. Paqueret ; 44, pour la vice-présidence, à M. Leroyer. Les autres suffrages sont répartis entre divers membres de la section. En conséquence , sont proclamés : Président de la 4" section : M. Bouillet; Vice-présidents : MM. Paqueret et Leroyer. M. Bouillet prend place au fauteuil de la présidence, et remercie les membres de la {°° section de l’honneur qu'ils viennent de lui faire. PROCÈS-VERBAUX. 37 M. le président invite ceux des membres présents qui ont l'intention de traiter quelques questions à vouloir bien les faire connaître. M. Alluaud annonce qu’il traitera les questions 1 et 2 du programme de minéralogie et géologie ; savoir : « Quelles sont les espèces minérales que contiennent les différentes roches cristallines du Limousin? » — « A-t-on déterminé l’ordre probable dans lequel ces roches plutoniques se sont fait jour à travers les formations préexistantes? » M. de Caumont traitera les questions 6 et 7 du même programme; savoir : « Indiquer et décrire les gisements de calcaire observés dans la Haute-Vienne. — Ces gisements sont-ils exploités ou peuvent-ils l’être dans l'intérêt de l’industrie ou de l’agricul- ture? » — « Ces gisements appartiennent-ils à un seul bassin? — Le bassin est-il isolé, ou se rattache- t-il à d’autres bassins du même âge géologique ? » M. Alluaud traitera la 9° question du même pro- gramme : « Quelles sont les différences et les analogies que présentent les gisements de kaolin qu’on exploite dans les différentes contrées de l'Europe? — Quelles sont les principales espèces et les qualités respectives des kaolins qui proviennent de ces exploitations? » Les questions 4, 2, 3 du programme de botanique seront traitées par MM. Lamy et Malinvaud : « A-t-on remarqué des différences essentielles dans la flore des terrains granitique, gneissique, amphibolique, por- phyritique et sédimentaire de la Haute-Vienne? — Quelles sont les plantes rares ou nouvelles qu’on y à trouvées? » — « Existe-t-il quelques espèces de végétaux phanérogames propres au sol du Li- 38 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. mousin ? » — « Les espèces de la famille des mousses et de la famille des lichens ont-elles, dans le Limousin, des stations dépendantes de l'origine géologique et de la nature chimique des roches? » M. Lamy traitera la 5° question du même pro— gramme : « Dresser une liste des plantes cryptogames observées dans la Haute-Vienne. — Signaler et décrire les espèces rares ou particulières qu'on y a décou— vertes. » En zoologie, M. Samy parlera sur l’entomologie. M. Lamy traitera la 2° question du programme de météorologie : « A-t-on recueilli des observations en Limousin sur l'époque florale des plantes, et sur le rapport de ces époques avec l'altitude des sols, leur exposition et la climatologie du pays? » La séance est levée. MarTiAL PETIT, secrétaire. SEANCE DU 13 SEPTEMBRE 1859, PRÉSIDENCE DE:M; BOUILLET. La séance est ouverte à sept heures et demie. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Lecture est donnée ensuite des questions minéralo— giques et géologiques insérées au programme. Les cinq premières ayant été étudiées plus spécialement par M. Alluaud,, la section décide qu’elle attendra , pour s'en occuper, que l'honorable président du Congrès soit présent. Elle décide, en outre, qu'il y a lieu de passer immédiatement aux 6° et 7° questions. PROCÈS—VERBAUX. 39 sur lesquelles M. de Caumont demande la parole. Ces questions sont ainsi conçues : 6° question : « Indiquer et décrire les gisements de calcaire observés dans la Haute-Vienne. — Ces gise- ments sont-ils exploités, ou peuvent-ils l'être dans l'intérêt de l’industrie ou de l’agriculture? » 1e question : « Ces gisements appartiennent-ils à un seul bassin ? — Le bassin est-il isolé, ou se rattache- * t-il à d’autres bassins du même âge géologique? » M. de Caumont explique d’abord pourquoi ces ques- tions ont été posées. Le plateau central de la France forme, dit-il, un bassin granitique entouré presque de toutes parts par un littoral jurassique. Quoique les calcaires y soient généralement rares, on en rencontre pourtant, et, dans la Haute-Vienne en particulier, MM. Élie de Beaumont et Dufrénoy (voir leur carte géologique de la France) en notent à Bellac, à Saint-Junien, en un mot sur sept ou huit points diffé- rents. « Quand on songe aux progrès agricoles amenés dans certains départements par l'emploi de la marne, on ne peut s'empêcher de reconnaître, ajoute M. de Caumont, combien il serait heureux pour la Haute- Vienne qu’on y connût et qu’on y exploitât pour l’agriculture a semblables dépôts : voilà les motifs qui ont dictélés 6° et 7° questions. » — Malheureuse- ment personne dans le Limousin n’a fait une étude suffisamment approfondie pour être à même de ré- pondre à ces questions. —M. de Caumont, sachant cela, a voulu visiter lui-même quelques-uns des gisements marqués sur la carte : il n’a pu trouver celui qui est indiqué près du Dorat , et M. Decoux, propriétaire intelligent, qui connaît bien la localité, lui a assuré 10 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. que des recherches nombreuses ‘avaient été faites, mais sans succès. M. de Caumont s’est alors rapproché de Poitiers; il a vu les marnières de Lathus et autres, entre Le Dorat et Montmorillon : ce sont les observa- tions faites par lui dans cette course géologico-agri- cole qu'il a consignées dans un travail qu'il a lu à la section (4). À la suite de cette lecture, qui a été écoutée avecun grand intérêt, quelques membres de la section pren— nent la parole. — M. Lamy dit que récemment on lui a donné comme certain que, vers les confins de la Haute- Vienne, en se rapprochant de la Charente, il y avait de la marne; mais M. Lamy n'a pu encore vérifier cette assertion. M. Astaix fait observer que M. de Caumont ne signale dans la Haute-Vienne, ainsi que l’a déjà fait l’Aperçu géologique et minéralogique de M. Alluaud, que la marne de la commune de Saint-Barbant; mais qu'il existe dans l’arrondissement de Rochechouart un dépôt sur lequel, depuis 4821, M. Alluaud lui- même avait fixé l'attention. M. Astaix dit avoir examiné cette dernière marne au point de vue chi- mique et agricole, mais non pas au point de vue géologique; il ajoute qu’il a lu une nofice sur ce sujet à la Société d'Agriculture de Limoges. æ Invité par la section à faire connaître son essai, M. Astaix en donne lecture (2). (1) Ce travail est imprimé dans la deuxième partie du Compte-Rendu. (2) Cette notice est publiée dans la deuxième partie du Compte-Rendu. PROCÈS-VERBAUX. I Ces deux lectures faites, la section en vote l’impres- sion dans le Compte-Rendu général du Congrès. M. de Caumont, après avoir insisté encore verbale- ment sur des détails, et sur l'importance des calcaires et de la marne pour l'amélioration des terres dans la Creuse et la Haute-Vienne, revient sur un vœu for- mulé déjà dans son travail, et en demande l’'appro- bation. La section émet, en conséquence, le vœu « que MM. les professeurs de géologie et de chimie à la faculté de Poitiers veuillent bien faire l'analyse des principalés marnes calcaires exploitées pour l’amen- dement desterres, ou qui pourraient y être employées en Poitou et en Limousin. — Elle invite M. Astaix, professeur de chimie à Limoges, à s'occuper, de son côté, de ces analyses, notamment à continuer celles qu'il a commencées des marnes des environs de Rochechouart. » Sur la proposition de M. de Caumont, la section émet, en outre, le vœu « que les conseils généraux de la Vienne et de la Haute-Vienne votent des allo- cations pour faire pratiquer des sondages dans le but de reconnaître sur quels points et à quelles profon- deurs on trouverait des marnes calcaires, ou des bancs solides susceptibles d’être convertis én chaux dans les localités où des alluvions peuvent recouvrir ces dépôts sédimentaires, surtout dans les contrées de ces deux départements où l'agriculture pourrait tirer parti des amendements calcaires (1) ». (1) Ces sondages pourraient être confiés faux conducteurs des ponts et chaussées ou aux agents-voyers, après une ” 12 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. M. de Caumont communique enfin à la section un échantillon d’une sanguine qu’on trouve près d’Ar- genton. — Il indique au tableau la position géologique de cette sanguine, qui lui semble analogue à la san- guine de l'Yonne. — 11 pense qu'il serait convenable de faire des essais sur cette matière, et de voir à quels usages elle pourrait être avantageusement employée. La séance est levée à huit heures et demie, le Congrès devant se rendre immédiatement à la messe du Saint Esprit qui va être célébrée dans l’église de Saint- Michel]. ASTAIX , secrétaiite. . o SÉANCE DU 14 SEPTEMBRE 1859. PRÉSIDENCE DE M. BOUILLET. La séance est ouverte à sept heures et demie. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. le président fait observer que le bureau de la 4 section n’est pas complet. Lors de l'ouverture du Congrès, l’on s’est borné à nommer deux vice- présidents au lieu de quatre, parce que les membres de la A section n'étaient pas en assez grand nombre : en sorte que, pour compléter le bureau, on doit procéder à la nomination de deux vice-présidents. On passe au scrutin. Le dépouillement du scrutin fournit 19 bulletins, reconnaissance préalable faite par les géologues ou par MM. les ingénieurs des mines ou des ponts et chauss'es. PROCÈS-VERBAUX. 13 et donne 18 suffrages à M. Vandermarcq, et 18 à M. Thiollet. MM. Vandermarcq et Thiollet sont proclamés vice- présidents, et prennent place au bureau. M. de Caumont a la parole. I1 demande si l’on a trouvé des brèches osseuses dans les terrains grani- tiques du Limousin. M. Vandermarcq répond qu'il n’a jamais observé des accidents de cette nature dans les fissures de nos granites. M. Fournier appuie l'obser- vation de M. Vandermarcq. M. de Caumont dit qu'on a trouvé une mâchoire de rhinocéros auprès de Cou- tances, dans des terrains anciens, et que, par Con- séquent, on ne peut pas dire a priori qu’il n'y a pas de débris d’ossements dans ces sortes de terrains. La parole est donnée à M. Alluaud pour traiter la première question de minéralogie et géologie : « Quelles sont les espèces minérales que contiennent les différentes roches cristallines du Limousin? » M. Alluaud présente au Congrès un Aperçu géo- logique et minéralogique sur le département de la Haute- Vienne, imprimé en 1856, et destiné à faire partie du Guide de l'étranger à Limoges. M. Alluaud s’est attaché à faire connaître les différents terrains de la Haute-Vienne dans leur ordre probable de formation , et les substances minérales qui y sont disséminées. Le savant géologue fait ensuite une explication précise et méthodique de son ouvrage. ? La roche la plus ancienne est un gneiss métamor- phique. Cette roche constitue la plus grande partie du sol de la Haute-Vienne. Elle renferme surtout du titane rutile sublimé, dont la formation est postérieure 41 CONGRÈS SCIBNTIFIQUE DE FRANCE. au gneiss, du grenat pyrope, des fragments de nigrine ou fer titané. Les filons les plus anciens du Limousin sont ceux de stibine (antimoine sulfuré). Ils se trouvent à Saint- Yrieix, sur les confins de la Charente, et même à Limoges, dans le tunnel que l’on construit en ce moment pour le chemin de fer de Périgueux. Ces filons sont encaissés dans le gneiss. Toutes les autres roches ignées qui se sont fait jour sont dépourvues de stibine. Le plateau granitique renferme de grands filons de quartz, et, en particulier, des filons d’argilophyre, qui traversent les terrains de gneiss et de granite. Le granite à gros grains, composé de quartz, de feldspath orthose et de mica, constitue, après le gneiss, la formation de terrains la plus considérable de la Haute-Vienne. — Le granite de Chanteloube, désigné sous le nom de granite à grandes parties ,.diffère du granite commun par l’état d'agrégation de ses principes constituants. Le quartz, le feldspath et le mica, au lieu de s'être mélangés confusément comme dans le granite commun, forment dans le granite de Chanteloube des masses séparées dont les dimensions s'élèvent jusqu'à 10 mètres cubes. Chanteloube présente un des gisements les plus curieux. M. Alluaud y a découvert le béril émeraude. On y trouve aussi un grenat contenant du silicate de manganèse, du malakon (hydro-silicate de zircone) : du cuivre pyriteux irisé ; du mispikel blanc : Au mispikel noir ; du wolfram, quelquefois tantalifère; de la colum- bite: de l’étain oxydé tantalifère, recueilli pour la première fois dans le voisinage des Hureaux : de la PROCÈS-VERBAUX. 45 bayérine, espèce très-rare qui n'avait encore été trouvée qu'en Amérique et en Bavière , et qui ren- ferme les deux nouveaux métaux, le niobium et le pelopium ; de l'apatite ou chaux phosphatée, et enfin de l’uranite (phosphate d’urane). Les espèces non connues observées pour la première fois dans les carrières de Chanteloube sont : la triplite, double phosphate de fer et de manganèse ; l’hétérosite, autre double phosphate de fer et de man- ganèse, différant du premier par les proportions; la triphyline, triple phosphate de fer, de manganèse et de lithine ; l’hureaulite, hydrophosphate de fer et de manganèse; la dufrénite, hydrophosphate de fer: enfin l’alluaudite, triple phosphate de fer, de manga- nèse et de soude, d’après l'analyse de M. Damour, qui à dédié cette espèce à M. Alluaud ‘en lui donnant son nom. Le greisen, roche granitoïde, essentiellement composée de quartz et de mica, s’est fait jour auprès des montagnes de Blond, entre le granite et une bande de gneiss et de granite à petits grains, à laquelle suc- cède une espèce de protogyne granitoïde. Cette roche est traversée par une multitude de filons de quartz contenant des cristaux d'étain oxydé. Ces terrains stannifères ont été découverts par M. Alluaud. Ils occupent une très-grande superficie; et , Ce qui ajoute à l'intérêt de cette découverte , C’est que ni la tradition du pays, ni aucun ‘ouvrage historique, ne font mention de l’époque , fort ancienne sans doute , Où ces . mines ont été exploitées par des tranchées à ciel ouvert Sur une étendue considérable de terrain. Viennent ensuite la diorite et l’'amphibolite , qui sont L 46 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. enclavées dans le gneiss. C’est avec l’amphibolite à grains fins que M. Alluaud a préparé les émaux au grand feu, bistre, écaille et d’un noir brillant, dont il a émaillé un grand nombre de vases et de services de porcelaine. La pegmatite est une roche essentiellement composée de feldspath et de quartz. Dans la transformation ou kaolinisation du feldspath, celui-ci perd son silicate alcalin, en même temps que le silicate d’alumine passe à l'état d'hydrosilicate. Les carrières les plus pures et les plus abondantes en Kkaolin sont celles de l'arrondissement de Saint-Yrieix. # M. Alluaud fait la remarque très-judicieuse que le titane, qui s’est formé par sublimation, a pénétré dans les diorites, et jamais dans les pewmatites , quoique celles-ci se trouvent enclavées dansles diorites en forme de filons-couches , suivant son expression : d’où il conclut que la pegmatite a été formée après la diorite et l’amphibolite. à Les formations les plus importantes sont maintenant les porphyres. Il ÿ en a beaucoup près de Saint-Lazare. Le porphyre de cette localité est susceptible d’un beau poli : on pourrait l'employer dans la construction des monuments, dans la confection des tables, des che- minées et des vases de prix. Une roche peu connue jusqu'ici, et qui tient de la nature du porphyre , est la ligourite, vers Saint-Priest et Saint-Jean-Ligoure. Elle se compose de feldspath rose, d’actinote d'un vert tendre, et de gros noyaux d’épidote massive. Quelquefois l'amphibole remplace l’actinote. M. Alluaud a trouvé près des tours de Cha- lusset des cristaux d’épidote aussi beaux que ceux de PROCÈS-VERBAUX. 7 Ja Norwége : il invite les naturalistes à étudier ce terrain. On trouve à Rochechouart une brèche porphyritique renfermant tantôt du gneiss, tantôt du granite. Cette roche a été exploitée par les Romains. M. Alluaud en a trouvé de gros blocs dans les fondations des anciennes arènes de Limoges. Cette brèche porphyritique est très-poreuse : aussi l’a-t-on employée abondamment au moyen âge pour des sarcophages, dans lesquels les corps se conservaient très-bien, grâce à la pro- priété que ces sarcophages avaient d’absorber les gaz et les liquides provenant de la décomposition de la matière organique. . Vient ensuite l’euphotide, roche diallagique. En ouvrant la nouvelle route d’Aïxe , il y à dix ans, on a traversé un filon considérable de cette roche. Cette roche est pénétrée de carbonate de chaux magnésien. A côté de cette formation, se trouve un quartz talqueux, puis la serpentine : le plateau de La Roche- l’Abeille est la seule localité d'où l’on ait extrait d'assez belles masses de serpentine. Terrains de sédiment. — Ces terrains se trouvent dans quelques communes près de Limoges. On les exploite surtout à Pagnac, commune de Verneuil. On ne sait pas encore d’une manière précise à quelle formation il faut les rapporter. Les couches dont ils se composent sont, en allant de haut en bas : 1° de la terre végétale noire de bruyère , très-sableuse ; 2 du sable grossier de quartz fragmentaire; 3° du sable de même nature, à grains plus fins, très-réfractaire, recherché par les fa- bricants de porcelaine, qui l’emploient dans la con- 48 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. fection des rondeaux ; 4° du sable brun jaunâtre enduit de fer hydraté; 5° de l'argile plastique; 6° une dernière couche de sable blanc très-fin. à Ces dépôts ne contiennent ni coquilles ni végétaux fossiles : on a seulement recueilli à Pagnac quelques échantillons de bois silicifiés dans la couche du sable brun jaunâtre. Cette explication de notre savant compatriote, dont nous ne dounons qu'une analyse succincte, a été écoutée avec le plus vif intérêt, et a été couverte des applaudissements unanimes et redoublés de l'as- semblée. | M. le président de la 1° section 2 bien compris le désir de tous en annonçant que le travail cons- ciencieux et nourri de M. Alluaud serait imprimé dans le Compte-Rendu général des travaux du Congrès (4). La séance est levée à neuf heures. MarTiar PETIT , secrétaire. SEANCE DU 15 SEPTEMBRE 1859. PRÉSIDENCE DE M. BOUILLET. A sept heures et demie, la séance est ouverte. Le procès-verbal de la séance du 44 est lu et adopté. M. le président rappelle qu'il a signalé dans cette séance aux naturalistes du Limousin un stéaschiste qu'il n'a vu qu’en chemin de fer, mais qui lui a paru M) Ce mémoire est imprimé dans la seconde partie du Compte-Rendu. PROCÈS—VERBAUX. 49 semblable à Ja roche de laquelle on extrait la galène argentifère exploitée à Pontgibaud. — Il résulte de quelques explications que ce stéaschiste n’est pas dans le département de la Haute-Vienne, dont s’occupait seul la première question; mais la section pense qu’il n'en sera pas moins fort intéressant de vérifier si l’analogie de la roche indiquée par M. le président est réelle et complète. M. de Longuemar, qui n'avait pu assister à la séance de la veille, séance dans laquelle il avait été répondu négativement pour la Haute-Vienne à la 8° question du programme; M. de Longuemar, reprenant la question en ce qui concerne la Vienne, lit une note relative aux cavernes et brèches à ossements de ce département (1). À la suite de cette note, M. de Longuemar fait remarquer que les travertins de la Vienne ont été employés dans le Poitou par les Romains, qui en ont construit les voûtes des arènes; et il attribue cet emploi des travertins non-seulement à ce que, vu leur légèreté, ils chargeaient peu les voûtes, mais encore à ce que les Romains avaient dû observer que, en vertu de leur porosité, ces travertins laissaient s'échapper facilement l'humidité des ciments dont ils se servaient. M. de Caumont, à l’occasion des sources incrustantes actuelles de la Vienne, demande à M. de Longuemar s’il à observé, ainsi que cela est évident ailleurs, que les anciennes formations de travertins fussent beau- coup plus considérables qu'aujourd'hui, et, dans (1) Voir la deuxième partie du Compte-Rendu. 50 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. l’affirmative, s'il pourrait donner l'explication du changement survenu. — M. de Longuemar répond qu'il a fait dans la Vienne la même observation qui a été faite dans d'autres localités, mais qu’il ne saurait donner une explication certaine de ce fait. — M. de Longuemar demande à son tour à M. de Caumont dans quelles circonstances géologiques sourdent les sources incrustantes de la Normandie. Il résulte, pour M. de Longuemar, de la réponse de M. de Caumont, que, partout où des eaux incrustantes sortent du calcaire, c’est que sous ce calcaire il y a un terrain ou une formation imperméable. M. de Longuemar lit ensuite, sous le nom d'Esquisse géologique du département de la Vienne, un travail important, fruit de longues et savantes recherches, qu’il me serait impossible d'analyser convenablement après une simple lecture. La section demande l’impres- sion de ce travail dans le Compte-Rendu général. — M. de Longuemar désirerait garder son manuscrit quelque temps encore : « Le département de la Vienne a voté, dit-il, des fonds pour faciliter l'exécution de mes recherches : la primeur de ce travail lui appar- tient; d'autre part, mon entreprise n’est pas achevée : j'aurai à revenir sur certains points : peut-être faudra- t-il modifier profondément certaines inductions ». — La section, tout en approuvant la délicatesse et la modestie qui inspirent M. de Longuemar, insiste pour que le savant géologue fournisse au moins une note, qu'il rédigera comme il le croira convenable, et M. de Longuemar promet de donner ladite note (4). (1) Voir la deuxième partie du Compte-Rendu. PROCÈS-VERBAUX 51 En même temps que M. de Longuemar lisait le grand travail dont il vient d’être question, il faisait passer sous les yeux de la section des spécimens de calcaires sculptés, des géodes de calcédoine, de chaux carbonatée, etc., formées par des têtes d’en- crines, des bois pyriteux, du succin, du manganèse en masses, des fossiles, etc., trouvés dans les forma- tions décrites. M. Alluaud obtient ensuite la parole sur la 9° ques- tion : « Quelles sont les différences et les analogies que présentent les gisements de kaolin qu’on exploite dans les différentes contrées de l’Europe? — Quelles sont les principales espèces et les qualités respectives des kaolins qui proviennent de ces exploitations? » M. Alluaud rappelle que les kaolins résultent soit de pegmatites dont le feldspath a été altéré, soit de roches granitiques dont le feldspath a été aussi altéré. —. Les kaolins du Limousin proviennent de la peg- matite. Ceux qui résultent des granites altérés contiennent beaucoup de mica, dont il faut se débarrasser autant que possible, tandis que, dans nos kaolins de pegma- tites, le mica est rare, n’est qu'accidentel. Au reste, la composition du kaolin lui-même est variable non- seulement dans des gisements différents, mais encore dans un même gisement. — La terre extraite une année diffère quelquefois assez de celle de l’année précélente pour que le fabricant de pâte ne puisse impunément négliger cette circonstance. M. Alluaud dit quelques mots des kaolins des Pyrénées, qui sont si abondants, mais beaucoup moins purs que ceux du Limousin. — Il indique 52 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. le procédé ingénieux à l’aide duquel on débarrasse ce kaolin de la pyrite de fer qui l'accompagne souvent. — ]] rappelle que, dans le commerce, on connaît du kaolin argileux : c'est le plus rare; c’est celui qui ne contient presque que de l’argile infusible; — du kaolin caillouteux fondant : c'est celui dans lequel se trouve du feldspath non kaolinisé ; — du kaolin caïllouteux réfractaire : c'est celui dans lequel manque le feldspath, et qui est mêlé du quartz faisant partie des pegmatites. M. Alluaud rappelle aussi que nous avons à Chante- loube du feldspath non kaolinisé, mais simplement désagrégé, et qu’on fait entrer dans la pâte à porce- laine comme fondant : c’est ce même feldspath qui sert à la fabrication des boutons dits de porcelaine. — M. Alluaud termine en passant en revue les diverses théories émises sur la formation du Kkaolin. La séance est levée à neuf heures. ASTAIX , secrétaire. SÉANCE DU 16 SEPTEMBRE 1859. PRÉSIDENCE DE M. BOUILLET. La séance est ouverte à sept heures et demie. Le procès-verbal de la séance précédente est'lu et adopté. La parole est donnée à M. Édouard Lamy pour traiter la question suivante : « A-t-on remarqué des différences essentielles dans PROCÈS-VERBAUX. 53 la flore des terrains granitique, gneissique, amphi- bolique, porphyritique et sédimentaire de la Haute- Vienne ? » M. Lamy commence par exprimer le regret que les occupations de M. Lecoq, savant botaniste de Cler- mont, ne lui aient pas permis d’assister au Congrès. Quoique étranger au département de la Haute- Vienne, il n'aurait pas manqué de concourir à la solution de la question posée par ses observations verbales sur les terrains analogues qu’il a explorés dans d’autres localités. M. Lamy n’hésite pas à reconnaître l'influence de la composition chimique du sol sur les végétaux qui couvrent sa surface. Lorsque, au sortir d’un plateau granitique, on entre dans un terrain calcairé , la différence notable dans la nature du terrain donne lieu à une différence prononcée dans la végétation. Mais dans la Haute-Vienne les différences de terrains sont peu marquées : les roches de granite, de gneiss, ont à peu près la même composition, et cette analogie dans les substances minérales amène une analog'ie dans la végétation. Néanmoins les explorations mul- tipliées de M. Lamy lui ont fait saisir des nuances de végétation dans ces terrains, et il est parvenu à déterminer avec une rare sagacité les lieux respectifs qu'un grand nombre de nos plantes choisissent de pré- férence , quoique la plupart d’entre elles se retrouvent ailleurs. D'abord le châtaignier ne croît pas partout avec la même vigueur : il vient mal sur les coteaux élevés de Saint-Sylvestre, de Népoulas, de Grandmont, etc. : son habilat de prédilection paraît être le gneiss grani- 54 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. toïde désagrégé, qui occupe la base de nos montagnes purement granitiques. Le dianthus Seguieri se trouve surtout près d'Ey- moutiers ; Le genista pilosa, à Népoulas, à Grandmont. Le chrysosplenium alternifolium est rare à Eÿmou- tiers, plus commun à Treignac, dans la.Corrèze. L'arnica montana, belle plante de nos prairies mon— tagneuses, se trouve à Grandmont, à Ambazac. Le doronicum austriacum et la renoncule à feuilles d’aconit sont d’une excessive abondance à St-Sylvestre, à Grandmont, à Saint-Léger, etc. Le crepis paludosa, très- belle plante, est assez commun près de La Jonchère et à Blond. Le’ vaccinium myrtillus est extrêmement commun. La gentiana lulea, rare dans ce département, se trouve à Peyrat et près d’'Eymoutiers. Le juniperus communis et le pyrus cordata sont com muns sur les coteaux stériles. Le paris quadrifolia a été trouvé par M. Lamy près d'Eybouleuf; on lui a aussi signalé cette plante à Grandmont. Le maïanthenum bifolium se trouve dans la forêt de Saint-Léger-la-Montagne ; Le narthecium ossifragum, dans les marais de ses Léger et de Grandmont. L'aira fleœuosa abonde dans les bois et les lieux incultes. Le polypodium phagopteris se trouve dans les bois d'Eymoutiers ; Le polypodium dryopteris, à Saint-Laurent-les-Églises, à Sauviat, à Bourganeuf; PROCÈS-VERBAUX - 55 Le lycopodium clavatum, à La Jonchère, à Saint- Léonard , à Eybouleuf, à Eymoutiers; Le Lycopodium inundatum , dans les marais de Saint Léger et de Saint-Pierre-la-Montagne. Voilà les plantes les plus remarquables distinguées par M. Lamy dans les granites. M. Lamy se borne à ces citations , qu’il lui serait facile d'augmenter. Quant au gneiss, qui constitue la plus grande partie du sol de la Haute-Vienne, il serait trop long d'en indiquer les plantes. Du reste, celles-ci sont comprises dans un catalogue déjà ne 2 par M. Lamy en 1856. _ Les roches amphiboliques: pourraient peut-être provoquer l'évolution de quelques plantes spéciales si, ces roches étant désagrégées, leurélément cal- caire était mis à nu; mais, comme cetélément est inhérent à la pierre dont il fait partie, son influence possible sur la végétation ne se manifeste pas. Les terrains porphyritiques des environs de Limoges n’ont pas présenté à M. Lamy des plantes différentes de celles des terrains gneissiques. I1 a plusieurs fois exploré un terrain sablonneux et léger, qui paraît composé de porphyre granitoïde, auquel notre savant géologue M. Alluaud a donné le nom de ligourite. M. Lamy, malgré ses recherches, n’a pas réussi à y : constater la présence de végétaux particuliers. Une seule plante arborescente a fixé son attention : c’est le populus nigra, qui croît spontanément, avec une vigueur extraordinaire, sur les bords frais et pitto- resques de la Ligoure. M. Lamy rappelle que M. Alluaud a indiqué dans l'arrondissement de Saint-Yrieix la liaison du gneiss 56 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. au schiste argileux. M. Lamy semble reconnaître que ce schiste argileux exerce une influence sur la végé- tation, et que c’est peut-être à lui qu'est due la présence à Saint-Yrieix même de quelques plantes dignes d'intérêt, telles que, par exemple, l’hera- cleum lecokii, le sedum dasyphyllum , la scilla umbellata. Cette jolie liliacée se trouve, il est vrai, sur quelques autres points de la Haute-Vienne; mais elle y vient par groupes ; elle semble choisir son terrain, et elle ne croît pas bien hors du cercle restreint où elle se trouve avec ir, tandis que dans l'arrondissement de Saint-Yrieix c’est toute autre chose, et M. Lamy a été frappé, au mois de mai dernier, de voir toutes les prairies deSaint-Yrieix couvertes de cette belle liliacée. M. Lamy fait remarquer encore que les châtaigniers cultivés dans les environs de cette ville n’ont pas la même vigueur qu'auprès de Limoges et de Saint- Léonard. Cette faiblesse de végétation est peut-être due à la présence du schiste argileux. M. Lamy indique que le tussilago farfara croît spontanément dans les carrières dé kaolin aban- données, comme sur les terres de rebut des carrières encore exploitées. Un fait semblable, ajoute-t-il, s’est produit dans les talus des remblais considérables nécessités pour la pose des rails du chemin de fer près du Palais : d'où il conclut que cette plante recherche le gneiss désagrégé, dans la composition duquel le feldspath domine. M. Lamy a étudié avec un soin tout particulier, au point de vue botanique, le filon puissant de serpentine qui, de la Corrèze, pénètre dans la Haute-Vienne par Surdoux. Ce filon déploie ses roches les plus ardues et PROCÈS-VERBAUX.. 57 les plus élevées presque au pied du bourg de La Porcherie. De là, laissant de loin en loin des roches saillantes qui indiquent sa direction, il arrive à Pierre-Brune près de Magnac-Bourg , puis à la plaine de Saint-Laurent près de La Roche-l’Abeille. Partout il est entouré d’une couche mince de terre végétale, de couleur noirâtre comme la roche dont elle dérive. Cette terre, imprégnée de silicate de magnésie et de parcelles calcaires, donne lieu à deux phénomènes très-intéressants : d’un côté, elle produit des plantes d’un rachitisme remarquable :.le serpolet, la renon- cule bulbeuse, le trèfle tombant, présentent des propor- tions très-exiguës dans toutes leurs parties : petitesse des feuilles, petitesse des fleurs : par conséquent le silicate de magnésie qui se trouve dans la serpentine ne paraît pas favorable à la végétation. D'un autre côté, plusieurs des plantes qui couvrent la surface du sol sont complètement étrangères au reste du dépar- tement. Parmi les plantes qui croissent sur cette roche, M. Lamy cite : Le nasturtium pyrenaicum, très-rare sur d’autres points; L’astrocarpus purpurascens , à La Roche-l’Abeille; La polygala comosa, même localité ; La silene rupicola, sur toute l'étendue du filon; +L'arenaria tenuifolia, à Pierre-Brune; Le cerastium glutinosum , sur toute l'étendue du filon ; La spiræa filipendula, rare et rachitique, à Pierre Brune, à La Roche-l'Abeille ; La sanguisorba officinalis , à La Roche-l'Abeille ; Le scleranthus perennis et le sedum albescens, très- communs sur toute l'étendue du filon ; 58 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. La campanula glomerata, espèce indiquée à M. Lamy à La Roche-l'Abeille, mais qu’il n’a pas rencontrée ; L'armeria sabulosa et le careæ binervis, à La Roche- l’Abeille; L'agrostis rupestris, très-abondante sur toute l'étendue du filon ; La chamagrostis minima , à La Roche-l’Abeille ; Le polygonum rurivagum , id.; Le polygonum microspermum , id.; Le polystichum thelypteris, id..; L'asplenium lanceolatum, sur tout le parcours du filon; La chara longibracteata, dans un petit ruisseau qui coule près du filon, à La Roche-l’Abeille ; L'endocarpon miniatum , à La Roche-l’Abeille ; Enfin la sagina Lamyi, espèce nouvelle découverte par M. Lamy, à qui M. Schultz l’a dédiée en lui don- nant son nom; et, comme l’a dit avec beaucoup d’à propos M. Charles des Moulins (1): « Vous méritez bien, monsieur Lamy, que cette plante vous soit dédiée ». Après cette exposition de la végétation des phanéro- games sur les différents terrains de la Haute-Vienne, fruit des longues observations de M. Lamy, notre savant botaniste ajoute quelques mots sur les crypto- games du filon serpentineux : « Ces roches, dit-il, sont très-pauvres au point de vue de la cryptogamie : on n’y trouve que peu de mousses et de lichens ». M. Lamy croit devoir attribuer ce résultat à la facile désagré- gation des roches, qui dérange le Mers dm à de ces petits végétaux. (1) Président de la Société Linnéenne de Bordeaux, vice- président général du Congrès actuel, PROCÈS-VERBAUX. 59 M. de Caumont rend hommage à l'exposition claire et précise de M. Lamy. Il est heureux, dit-il, de voir que l’on étudie si la nature des roches à quelque influence sur la nature de la végétation. M. de Caumont cite plusieurs plantes qui vivent sur les calcaires purs, et qui vivent aussi sur les granites. Il fait observer que le châtaignier vient très-bien dans les terrains granitiques désagrégés; qu’il vient bien dans les terrains siliceux, mais mal dans les terrains calcaires. Suivant lui, l’état mécanique des roches influe beaucoup sur la végétation. M. Charles des Moulins demande à ajouter quelques mots à l’importante communication que vient de faire son ancien et excellent collègue et ami relativement à la végétation du filon serpentineux. Il reprend la liste des plantes que M. Lamy vient de mentionner, soit pour appuyer par des exemples analogues, soit pour généraliser, à l’aide de considérations empruntées à des publications récentes, les observations pleines d'intérêt que ce naturaliste a présentées au Congrès avec tant de méthode et de lucidité. ) Partisan zélé de la doctrine de l'influence chimique du sol sur la végétation, M. des Moulins fait re- marquer qu'elle compte chaque jour de nouveaux défenseurs, malgré le juste respect que commandent les grands noms qui ont soutenu la prédominance de l'influence physique : il espère que ce nombre ne cessera pas d'augmenter. « M. Durocher a publié, dit-il, depuit peu d’années, dans le Bulletin de la Société Rohouuc de France, des travaux d’une haute importance sur les roches de formation plutonienne, et il a montré que, bien que 60 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. l'élément calcaire semble, en général, leur être étranger, on l'y retrouve souvent à l'analyse chi- mique, et cela à une dose suffisante pour permettre le développement de certaines plantes calcicoles. 11 suffit pour cela que l'élément calcaire soit mis à leur portée, même en quantité peu considérable, mais dans un état qui leur permette de retirer de la présence de la chaux le secours qui leur est nécessaire. On ne s'attend généralement pas à rencontrer beau- coup de chaux dans les roches volcaniques, et on a voulu rejeter parmi les wubiquisies des plantes jusque là réputées calcicoles par cela seul qu’on .les avait rencontrées sur les dolérites du Kaiïserstulh; mais des travaux récents de M. L. Parisot ont fait connaître que ces dolérites sont riches en carbonate de chaux, et il a ainsi donné un puissant encourage- ment aux partisans de l'influence chimique. » Passant ensuite à la remarque faite par M. Lamy sur l’exiguïté habituelle des plantes qui croissent sur le filon limousin de serpentine, M. des Moulins rappelle que les roches talqueuses, serpentineuses et magnésiennes possèdent, en général, une puissance marquée d’appauvrissement sur la végétation. Il a recueilli, par exemple, sur les talus de talc pur qui bordent un chemin, à Pouzac près Bagnères-de- Bigorre, une forme naine, à pédoncules filiformes , à capitules globuleux, et de la grosseur d’un pois, du plantago lanceolata, plante vigoureuse et souvent haute de 30 à 40 cent. dans les bonnes prairies. M. des Moulins signale aussi quelques-unes des formes, très-variées et très-distinctes au premier coup d'œil, que présente, dans ses diverses stations, PROCÈS—-VERBAUX. 61 une des plantes les plus vulgaires de la France, l’'arenaria tlénuifolia, dont les feuilles deviennent parfois presque charnues. Enfin il termine par quelques détails sur le careæ binervis, que MM. Boreau et de Brébisson ont, presque seuls en France, évité jusqu'ici de confondre avec le careæ distans, et sur les caractères spécifiques que présentent les akènes du carex. Ces communications importantes de M. des Moulins ont été accueillies avec une vive satisfaction. M. Bouillet, président, prend la parole, et proclame que « la première section vote des remercîments à M. Lamy pour les observations pleines d'intérêt qu'il vient de présenter ». M. Bouillet ajoute que la question qui vient d’être traitée est importante pour les autres localités. « La végétation, dit ce savant naturaliste, est très-déve- loppée en Auvergne sur les terrains volcaniques : témoin la végétation de la Limagne d'Auvergne. Les cryptogames couvrent aussi ces terrains : ainsi la parelle se développe extrêmement bien sur les basaltes ; les mousses viennent aussi très-bien sur les terrains volcaniques décomposés. » M. Bouillet indique encore que les châtaigniers sont très-communs en Auvergne, dans la Haute-Loire. Le châtaignier se trouve toujours à la base ou à mi-côte des montagnes décomposées. C’est dans les argiles sableuses qu’on voit les plus beaux châtai- gniers, comme à Yssengeaux , dont les châtaignes sont vendues à Paris sous le nom de marrons de Lyon. Enfin il terminé en disant que les terrains grani- tiques décomposés sont très-bons pour la végétation, 692 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. mais qu'il n’en est pas de même des terrains porphy- ritiques. Ces observations de M. Bouillet ont été écoutées avec un plaisir marqué. La séance est levée à neuf heures. MarTiaAL PETIT, secrétaire. SÉANCE DU 17 SEPTEMBRE 1859. PRÉSIDENCE DE M. BOUILLET. La séance est ouverte à sept heures et demie, et, après la lecture et l'adoption du procès-verbal du 46, la parole est donnée à M. Ernest Malinvaud. M. Malinvaud a dressé un catalogue des plantes rares, nouvelles ou critiques qu'il à observées dans les environs de Limoges, et il offre dans ce travail certains éléments d’une réponse à la 2° question de botanique : « Existe-t-il quelques espèces de végé- taux phanérogames propres au sol du Limousin? » Dans le catalogue ci-dessus ; qu’il tient à la dispo- sition de la section, M. Malinvaud a pu signaler plus de quatre cent cinquante espèces intéressantes, dont près de cent, récemment formées par de savants ana— lystes, sont des espèces nouvelles pour un grand nombre de botanistes. — Ne pouvant passer en revue toutes ces espèces , il se contentera, dit-il, de s’arrêter un instant sur quelques-unes d’entre elles. Énumérant d’abord les plus remarquables des centaurées de la section jacea, qu'il a rencontrées dans ses excursions, il cite : 4° le centaurea Duboisir PROCÈS-VERBAUX. 63 Bor., intermédiaire, dit-il, entre les C. amara et jacea Lin., et dont il donne les principaux caractères; il a récolté cette espèce assez abondamment dans les lieux secs, et aux bords des chemins, à Limoges, Isle, Aixe, etc. % Le centaurea microptilon Godr., dont il indique les caractères essentiels : on devrait, selon lui, dans le signalement de cette excellente espèce, tenir compte du rudiment d'aigrette qui manque très-rarement dans les échantillons qu'il a récoltés dans la Haute- Vienne : il voit là quelque chose de plus qu’une simple pubescence; 3° Le centaurea serotina Bor., qui s'observe assez fréquemment dans les lieux secs aux environs de Limoges. Arrivant à une espèce douteuse de centaurea qu'on trouve communément aux environs de Limoges, il dit qu’elle semble se rapporter au C. obscura Jord., maïs que la description donnée par Boreau de cette BUT espèce ne convient pas de tous points à la plante dont il est question. « Voici, ajoute-t-il, une circonstance de nature à faire supposer que, si la bifurcation opérée par M. Jordan du C.nigra Lin. en C. obscura Jord. et C. nemoralis Jord. , doit être maintenue , elle laisse, en dehors des définitions adoptées pour ces sas espèces, d’autres formes non encore décrites : M. l’abbé de Cessac, savant botaniste de la Creuse, avait envoyé en même temps à M. Boreau et à M. Jordan des échantillons de C. nigra récoltés aux environs de Guéret, et parfaitement semblables à la forme douteuse des environs de Limoges. M. Boreau jugea bien qu'il devait rapporter cette plante au C. obscura 64 CONGRÈS SCIENMIFIQUE PE FRANCE. de M. Jordan; «mais, ce..dernier;.n°yltar pas reconnu la, plante qu'il avait. aipsi nommées n fi, saylsne"li 2 Nousavonsaussi, dit, Mabanssd He Gchénenals Jord. quoique, lenemoralis, soit-un pen:moins.commun que L'espèce précédente: Mb coteinetod x 51bmoqèt . M. Maliny aud, eatretient.ensuite Vassemblée. d'aie orobanche non déçrite.dans les opvragess il éfablitiles différences spécifiques qui la séparent-de: l'O: 14me- thystea, , à. laquelle ; M: Boreau, d'avait, rapportée. « M. l'abbé de Cessac,, dit-il, atracé.d'une, main sùre et exercée la. description de cette espèce éntièrement nouvelle ,. et,luira.donné le nom: d'0. Lamyanai, ‘a dédiant à notre, savant collègnefMx Jar l'avait découverte. d Anorre ie 24990 cr 908 ta rorftrrioadt Passant de là à; ee espèces cie récoltées par lui dans, ses explorations, M,.Malinvaud'annonce qu'il a distingué près de. Limoges-legaleopsis bifidar de Bonninghausen , mais. .qu'il considère :-cette "plante plutôt. comme .une variété très-remarquable, du 6. tetrahit. que comme “une espèce-distincte. 2641 1 on Parlant ensuite du genre mentha, ilditque!læ flore de la Hante-Vienne. possède. un; grand :nombrexde menthes, et qu'il en à analysé plus-de vingtrespèces; croissant communément dans,les:lieux frais-et| au bord des, ruisseaux, IL fait. observer, ét soumet cette remarque à. titre d’appréciationauxbotanistesprésenits, que, ;parmi,les, nouvelles.-espèces «du «genreo-mentha qu'il a étudiées; les subdivisions-des menñtha arvensis et sativa Lin, sont reliées entre elles par|de nombreuses formes intermédiaires, quirendent leur: étudetrès- difficile; que; souvent, même les: deux:.espèces lin néennes sont très-malaisées à bien: distinguer: =1De PROCÈS-VERBAUX. j 65 ce que les menthes de cettesection sont les plus rebelles à l'analyse, il n'ose inférer, du reste, qu’on ait établi un trop grand nombre d'espèces : il constate seulement le fait. — Enfin il termine en disant qu'il est prêt à répondre aux botanistes du Congrès qui pourraient désirer de plus amples renseignements, et qu'il met son herbier à la disposition de ceux qui auraient le. désir de le consulter. Après quelques mots de MM. des Moulins et Lamy, qui viennent corroborer en général la manière de voir de M. Malinvaud, M. le président remercie, au nom de la section , le jeune botaniste de Limoges, et l’en- gage à persévérer dans une voie où il est entré si résolument et avec un succès si marqué. M. Édouard Lamy obtient ensuite la parole sur la 5° question de botanique : « Dresser une liste des plantes cryptogames observées dans la Haute-Vienne. — Signaler et décrire les espèces rares ou particulières qu’on y à découvertes ». M. Lamy rappelle d’abord que, en 1856, il a donné une semblable liste dans un opuscule qui doit faire partie*du Guide de l'étranger en Limousin , et, avant d'aborder son sujet, il réclame pour l’opuscule et pour ce qu'il va dire l’indulgence de la section. Voilà dix-huit ans que des motifs graves l'ont obligé d'abandonner ses études favorites; ses collections ont été distribuées à divers botanistes étrangers à la Haute-Vienne; et, quoiqu'il ait con- sacré autrefois beaucoup de temps à la cryptogamie, bien des détails lui ont maïntenant échappé, et sa mémoire, même sur les faits principaux, ne sera peut-être pas, dit-il, toujours aussi fidèle qu’on pourrait le désirer. b) 66 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Entrant ensuite en matière (M: "Lamy reconnaît querla! flore: phañérogamique: du Timousin pewt bien être regardée comme assez) pauvre relativemiént à beaucoup d'autres provineesy mais qu'il n'en est'pas ainsi desa florecryptogamique, qui est, au contraïré, très-riche: —:Par'ses: bois, ses châtaigneraies , par ses vallées humides , ses:müntagnes, par ses rochesisi abondantes, parses étangs, ses cours d’eau:si multi- pliés,;le Limousin-est merveilleusement constitué pour la:cryptogamie, qui a offert à M: Lamy plus de douze cents espèces: 221M. Lamy)donne ensuite 1e “chiffre des espèces présentées par chaque famille. Il parcourt ces mêmes familles ;1et en signale les espèces/rares, recherchées ‘des :botanistes ; ainsi que celles dorit là connaissance intéresse l'agriculture | l’éconidmie dé- mestique, l'horticulture ; etc. — Se souvénant éncore de: l'espèce de dédain ,; ou même de pitié, dont on accueillait jadis généralement à Limoges ses récherl ches'en cryptogamie ; M: Lamy finit par des considé- rations générales qui sont bien propres à relever aux yeux de toutle monde une pareille étude. M: des Moulins fait quelques questions à M. Lamy. demande; entre autres choses, :si M. Lamy! 4 eu occasion d'observer les tubercules de l'equisetum arvense, tubercules qui ont échappé à la plupart des 'bota- nistes, mais qui ont été décrits par de Candollé'et plu- sieurs autres. — M. le président, qui, dans le temps, a fait marcher de front avec ses études géologiques et archéologiques l'étude des cryptogames de l'Auvergne, et qui n’a laissé la cryptogamie que contraint, pour ainsi dire, par sa famille, et parce que les observations microscopiques menaçaient de lui faire perdre la vue, PROCÈS VERBAUX. : 1510 67: M... le,président prie/M. Lamy :devouloir:bien donner une! note, qui, sera | insérée: dans le Comptè-Réndu général. (l) ;-ille prie de publier de nouveau:un cata- logue-cryptogamique:qui:seraoutile non-seulement aux botanistes du Limousin, mais encore à tous ceux qui, s’occupent ‘aïlleurs-de a D lle remercie au-nom dela sections 2:11 GE M: Alluaud lest ensuite prié de SRrare sh rensei- gnements:en ce quisconcérnela 6:section ::« Quelles: sont, [les, essences: des |fossilest xyloïdes: iqu'on: trouve! dans.les terrains: -sédimentaires de Pagnac commune de Verneuil (Haute-Vienne) 4 244200 0 -M:-Aluaud répond;:que-personne dänisria localité ne peut. donner une solution -certaine à cette question, qui a, été introduite dansle programme précisément dans l'espoir que.quelque savant. étranger du Congrès serait plus à même de;la résoudre: Des échantillons de. ces, bois fossiles seront, duireste, :missous lés yeux dela section à:la prochaine réuniom: acte do oct 21M:5Lamy dit ensuite qu'il-a vu-cûun échantillon desdits bois, et que; cetéchantillon lui a[paru réssem- bler à duchâtaignier. Enfin M. le président/prononée , à, cette occasion ; quelques mots sur les fossiles végé- taux-et..autres qu'on trouve: à ins ét surtout dans le:bassin, de, Menat en, Auvergne. :55 iront La séance est Ris à sé heures: HS is As 91 ac éD Asp OT, 26210 'ASTAIX | Secrelaire. lréwpieolods zobrtèase sovk tro < NT MST sie saw ACT she ris te \h 41 ÿ" | lodtforrs 7 mr 1) Voir sen deyxime. es He FRE PRE NY ; | | | Le. ‘19e 2 lc Du) | 9IfR 99180 T8 [ft (LET C2 sq STD : LAS Ve JON e 68 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. "+ . | { Di OX ARE. »À ( |!) Lit 119 LL] D Off) | ; Ï : { . le h eJ1iaU anvior 10 SÉRNOBL DUS 19:SDPTAMBRE 1889. ] LO22i1U1 9) AUD 139 9h 981569 6 a[de13b1e209 1 JS9A0 LU A Ÿ ‘ È 14 ! PRÉSIDENCE DE M. BOUILLET. .9P19 | Läiséance lestouvérte sept héuiés et défie. ds Le procbsaverbaloidé la (séaticdi précédente "et et'adopté, lil # 1) HET ON PACS LS 115 Le to) -M.olerprésidentsfait la Tecturédés “aéstions du programe dezoolegié relatives à! a pisdcuttüre/11" M: Fournier donne quelques/rénééisnerténts Sûtr 4 pisciculture dans la Hante:Vicanie) dit! qe ME/ d'A? gueperse la faitides essais ÿ'inais qié-cés essais mont pas encore :rénssi: URL SHSISCUTP 9LT19) { 61:5h 911184 MiBouillet fait ebnnaître qi’ Clérrtomt lai piséi# culture Lestl poussée avec lvisiréurz et qué! Yoh ‘Voit dinsdes baësins descdrpes; desitiuités, dés sation |! ete. 2 Iliy à aussi-h Grenoble wie fort belle étolé de pisciculture 4h xu69 201 91 p 915q 59f baos9% 119 M: Lamy fait observer /queles étaniés contient! beamcoup à aliménter nos rivières: 71-00 1 PIE TVEU NES M. Namdermareq ajouté quéles‘poissôns né monténtl pas facilement: dans lés rivières ‘4 cause dés barrages! Cependant on prend dans la Vieñine ét Je) Taurion'dés saumons de huit à dix kilogrammes. 177 #30 911698 M. Bouillet demande si nos rivières rénfermentdës espèces remarquables: M: Lamy répond que Tés espèées de nos lrivières konti généralement 14 carpe }'18 bar beau, le goujon ; mais, dans les montagnes, il ÿ a un grand nombre de’ truites et de saumons, ‘quañd toutefois les barrages neles arrêtent pas. nn à à M. Fournier appuie l'observation de M. Lamy’en lisant que le ruisseau de Lapousé près de Saint-Lég'ér- ., PROCÈS-VERBAUX. 69 la-Montagne renferme des truites en quantité et fort . belles. Les truites de) Lapouse acquièrent un volume considérable à cause des étangs que ce ruisseau tra- verse. ; AITIUOG .M HA TOHAG 2 M. Samy demande; à communiquer:-les résultats d’observationss.qu'il.n'a-pas faites-dui-mémes mis dont un pêcheur expérimenté lui a fait part.hiCés ohseryations sont relatives à[laïttuitebbartruite, en remonfant.la Vienne ;.seijette dans tous sesiaffinents, à l'exception. dela Valouèners ceugherMr:Fournier explique en, faisant remarquer que:ilaValouètie n’est qu'un petit ruisseau, La truite:tra verse ripidementla partie de la Vienne qui baigne Limogés;rmaissoarrivée à Saint-Priest-Tauxion, auconfluentidi Tawfionl/ et de;la Vienne, elle se répand plutôt-dansicette dernière qué,,dans, son affluent. d'abord.-à-cause-de l'obstacle mécanique; que.lui.opposele-barrage-du Tauion., et, en second lieu, parce que les eaux du Taurion'ontune température plus élevée quedeseauxide Ja: Vienne. Le pêcheur a observé;,;en outre; quedartruite se tenait plus sur la,rive,située.du côté. du levant:que sur-là tive opposée. Une, dernière indication! est que la:truité qui habite la, petiteirivière, de,.l’Aurance, a; la, chaïrorou- geâtre : c’est cette variété que l’on appelle à Limoges toyile: saumondes omsirir 200 2 sbanermob dolliof M 2M,Foumier ditquil,;ya1dems/lai Vienne: duv-côté, d'Hymoutiers,, une espèce de:truite désignéerdansrnos RAYSSQUE le-nomide dacon.cl ais : dofuog 9f 69 DM Lamy;signale dans,la.-Vienne,|,outrédatruite:et le saumon, l'ombne,;supérieure-àolarctruité 2pärt lat délicatesse de saichairs;set leibékas is onto M “Mile yprésident passe à, dar questionidu programme 70 CONGRÈS SCTENTIFIQUEÉ DE FRANCE. relative à la reproduction de l’anguille. N 'démanidé si l'on élévé dés anguilles dans'les étangs du Limousii. M. Fournier répond qu'il y à des anguillés dans nos étangs, mais! non pas exClusivément à d’autres pbs sil 7. entré autres ÉGÉTR FPE Ja pereRe et le brochet. #17 pure: 4: “nf :: * M.'Bouillét a qué Von st béaucoup occupé de l'angüille dan les! Congrès, et il transmet Pobser- vation que l’anguillé naît dans les eaux 'sauthâtrés à l'embouchure dés fleuves! pour s'élancér ensuite dans nos rivières! Aussi ce n’est qu'x l'embouchure des fleuves qu'on trouve de petites anguilles ? céllés! qiite l’on prend dams'les rivières ont toujouré des dimén- sions plus’où ’rhoins considérables es aoidéti1ôv) 95h M: le président passe à la question du programme ainsi concue' =: « Présenter le catalogue! des’ coquilles vivantés et fossiles du Limotisin » 241 # 210 M On répond d’abord qu'on n’a pas voie ‘dé Sr fossiles dans le Limousin. IS SVION Quant aux coquilles vivantes, il ne se trouve per- sonne qui s’en soit occupé. M. Bouillet en est’étonné!: aussi engage-t-il de toutes ses forces les jeunes natu- ralistes à diriger leurs études vers la conchyliologie:! M. Vandermartq fait connaître qu’il y à dans nos “eaux uné grande moule à coquille fort mince! Mi Samy ajoute qu'il l’a prise près du ruisseau du FE où elle est très-commune. | sd M. Bouillet indique que les coquilles fossiles sont très-Communés en Auvergne. LFOR M. Charles des Moulins est prié de donner des rénséi- gnements sur la théorie de la variabilité des espèces. M. des Moulins, dont l'autorité est d’un grand poids . PROGÈS-VERBAUX. 71 dans cette question, n'hésite pas à;déclarer qu'il;n'est pas du tout partisan de la théorie de.la. variabilité des espèces: «Il, y, a.vingt-cinq. ans que M. de Blainyille -se,demandait, $il,;y avait une ou, six cents espèces dunio. Pour moi, dit M..des Moulins, je pense qu'il y en à plus d’une; mais je pense aussi qu'il y-en à bien moins.de six,.çents. » Par, cette, réponse pleine ;d'à- propos, comme.toutes. celles que, fait M,.des Moulins, le savant, naturaliste fait comprendre,que le, nombre des espèces dans chaque, genre, est probablement plus limité, que,.ne.le pensent.certains auteurs modernes, et il.ajoute qu'il faudrait tâcher de reconnaître quelle est, la limite des,variations que. peuvent, présenter . de véritables espèces; ; mais. il fait observer que ceci rentrerait dans la question de la. définition de l'espèce, question immense, qui n’est pas portée au programme. M. Bouillet a publié un, mémoire fort remarquable -sur, les, coquilles, et, depuis cette publication, on a trouvé un bien plus grand nombre,de testacella aloi- tidæa. Noici le moyen ingénieux que donne M; Bouillet pour prendre la testacelle. Il faut.le soir avoir de gros vers, de.terre, les couper en morceaux de 15 millim. de long: ;et.les fixer en terre avec un morceau de bois. Le lendemain matin, quand on suit.ces fiches, le,ver -adisparu; mais on trouve la testacelle entrée à moitié en terre: nuit ETIEUTS Feet M. Bouillet demande à M. des Moulins si, depuis la publication de cet ouvrage , ses amis, de la Gironde se sont occupés davantage de la testacelle., M. des Moulins répond affirmativement;,, Il, ajoute : « La testacelle ne sort qu'avant le lever du jour. Elle dévore Jes lombrics, les poursuit par des chemins 72. CONGRÈS SCIBNTIEIQUE- PE FRANCE. souterrains, semblables à ceux queila taupe se; creusesr0- On a, découvert, à. Bordeaux Lai testacellal Monginiss EHeï:} avait été décrite, par Kérussac comme ltrès-petites Depuis,on,en a, tronxésde bienoplitsr longues.) Ont écrit.ce; fait, à.Paxiss mais à Parison nas pas) voukun10 y croire, etl'onsgien apasiparlésmatt 1h oxiolg 9h M; des) Moulins-désire:que Lon-étndieola; physioher logie et. les.mœurs desianimaux fluniatiles, etscpoutr arriver à16e-pu, “bçonseille, der les-placer :densideso:- vases de verre,remplis dean-etcontenant des lentilles" d'eau, pourlenr nougriture, Hlfantavoir plusieurside se ces aguariun et çne-pas mettre, dans le; mêmeidens espèces dontJ'une déyoxaikantre. 59 5h rebivô mord M. des Moulins-passes pnsuite à.-désiconsidérationsoti relatives, àn l'âge et. Lyaux dimensions que hpewvetifoiv prendre.certains arbres. Parmisles--arbiés;hibigrensa . qui,se font remarquer parleurs |dimensions |ouw2leumtis" vieillesse. M. des Moulins recommande deféirésunen: sorte] deycatalogue.de ces-arbress2€t dajouter ces renseignements, :aux, travaux ‘de MM sLamypruiétol/ Malinyaud dont il, a -étéquestion--dans-les/séamces 1, précédentes. ordrs b 2596q29 2o210vib 1e artnoitV=-st5sH A ge prepos-il.aite,les, deux fameux:drmeauxäle) la. place publique]ide, Pellerésisrcentre Montignanrsetr1. Sarlat rodeux merveilles végétales, sons:lernapport.] historique ,,commesous.) le -rappôrt . de: l’histoireur! naturelle. Les branchessupérieures deces deux arbres: s'élèvent verticalement: à, plus:de trente-trois:mètessi: : Leurs, branches ; inférieures, plus! grosses-quec; des: barriques;; s'étendent horizontalement à plus de vingt mètres, du tronc, et, l'une, d'elles, est soutenue par dé: vigoureux, étançons, qui J'empêchent..de se: rompre: LD AA PROCÈSLYERBAUX. O0 19 sous2s0n propre poils! Uri énornielHéurreléT de cica tricés! entourel la \basé dés Armes 0Uett S'EETE" not" blementran-dessusidu Rôl1 LES ffénciHèbut dé”5 treizenà) quatorze! mètres dé éibconférence. Ces deux! ormeaux doiventiêtre-cotdptiés ant mémbré desi titres de gloire du Périgordhset25@f féffétiouné : SFAVe traditionrapporté qi, en allant sénerelésalhe saine à abbaye .deiCadoüinysavañt-dentréprendré 84° seconidercroisadel1saîht Louis #afréta. duchâtéat” dé 1" Pellevéki | etidénna)soùs véé inêmés OFMES),) Hüdiente auvidépatésrän rnonabttel le Sarlat) Et a veutieroiremila tradition nilé grand être ‘ Vider si Fe bien évident, de ces ‘nagrifiques! ELÉÈGES, SOQE trouvera dhirsuertibaé, onde #aissatité( TR dé vieillese;dans unacté ‘46: 1363:5que pBébdé éncoré/"" M. dercomtéde-Montmégei/ propriétaire duiéhiteaule Pellevésisolisisont qualifiés aïnni dansreetadtet sau ii ulmiswelrribusb. .-baseoiosss aciluoM 29h .M .o2aollior" Aa suiteides ôbservätions-préséntéés.0pars M2 d8810 Moulinssur.la longévité propre là céftains! végétanse 07 M. Eumyexpose-cellesqu'itia faites Aui-riême défis a" 1 Haute-Vienne sur diverses espèces d'arbres. #119h999% Lei chêne; lechâtaignier; el hêtré, Te! ue Pif / arrivent: mieu fe une remarqtiallé vibirresil duq 998 1 Lorsqu'un tronc d'arbre a ‘été coupé an : lement &salbase, ilésti facile détonnaftré Son Age en | comptant le:-mombré dés couches concéftriques Iqui s'étendént:du cœur à là surfacé extérieure dé Paubier Par-cé procédé; M2 Lamy a-pu/ constatér que divers chênes dataienti de quatre à cind'cents ans} puisque , après avoiricompté à partir de Vaubier trois Cents couches: ligneuses : concentriques, ! correspondant —1 l CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. - chacune àranelannéé devégétation ce qui/donifait déjà:troisosiècles jil :y avait: encore ; danse voisi- nage du cœur, plusieurs centimètres de: bois! à tissu tellermnent-serré-queb la: distinction des couches an- nuelles n’était plus possibleouti.i 5) 91 pH q upon coexiste à La Chapelle prèsde Saint-Léonard’ un charme encore vigoureux et tellement âgé 1qu/un vieillard presque céntenaite Jmort depuistuneltren- täine d'années',l'avait toujours vu dans le:même état devégétationsioriqoig &l 9h 2risiuomibos enter Le châtaignier vit aussi vsiol temps, et M: Lamy en æcité plusieurs preuves dans un/'ÆEssai monographique publié autrefois dans le: Buüllétin de la Société d'Agriculture de Limoges: e0n pourraitimême dire, ajoute-t-il, que certains individus déteette.res- sence ne meurentipas,: puisque | après la complète/dis- parition : des vieux ‘troncs: pourris) leurs: souches presque à fleur de terré produisent des jets vigoureux), dont la disposition circulaire indique larplace ver- moulue qu'occupait jadis l'arbre ‘qui à disparu !:1ces nouvelles pousses: en prenant del! un PR ‘d'ex- cellents fruits: 01 1: il distant M: le: baron Gay de Vernon'a mésuré miléliâtenet un châtaignier dont le tronc avait douze mètres de circonférence. I] cite aussi un magnifique chêne: au domaine de Lajeau à Aixe, chéz M; Nanot fils. Ce chêne abrite -sous-son ombrage-le ‘comice agricole. Il couvre la superficie énorme de! se ares ; © ARE de sept cents mètres carrés. M. Bouillet dit qu'à Royat près de Cent il n'est pas rare de voir -des châtaigniers dé douze à ‘treize mètres de circonférence. PROCÈE-VERBAUX. 10/0 15 «M:ode; Caumont, à&-propos déscette:question: fort intéressante), attire, l'attention [surouxi-ouvrage de M. Dubreuil relatif à l'accroissement et àrla vieillesse de: certains arbres,.et, qui serai déposé) dans: la biblio- thèque publique de Limogésu2204 2514 +istô" a 29! «u Mdeprésident prie-les membres dé Ja s4st1seétion d'examiner rave soini-diversrréchantillons) der:hbois fossiles présentés par M.:Allnauds 515paorq Drsthor :Ces:: beaux échantillons: ;ont : été LR sf iles terrains sédimentaires de la propriétérdé:)Pagnat, commune deVerneuïil. jus div Toivreistéslo :-MM: des Moulins et Lamy:,;/quiiles ant examinés Avéciattention ; -ont paru:ieroiré.| que des unsorepré- sentaient des! Le NB Le re fragments derhétreui 2igiios oup l--6tmofs 9 LAscétte-occasion, M, ous QUES ques iby ædéjà 185 années, on, l'avait: prié: de détérminer:un échantillon -qui.. venait probablement: du) même-dieu que les précédents; IL lui reconnut: la plus: grande similitude avec le bois -du thâtaignier, dont tout;le monde connaît la disposition à se rouler. La roùlure se manifestait très-bien sur l’échantillon-en-question, c'est-à-dire que les couches concentriques du ‘bois S'y montraient. détachées et. très-distinctement.: red les unes des autres. . OT TON'E . Après ces explications, M: D osileb ait pie à, l? 2 de Clermont, ily a des palmiers fossiles-silicifiés tout. à fait passés à l'état d'agate. On trouve, aussi. de beaux échantillons de fougères en arbre: passées) à HER fossile... Hioliuoæ NW La séance est levée à nenf heuks. Marriac PETIT, secrétaire. 76 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. 1 HV 41e 19 fs] {fl OL! JOY T0 oddidorg 49 98281 l 1 aoits to RANERI DlL:20 sus RATS 1949940: 1) ê, >2IOQ [19 29TOLTIT A0! aldenovuoo a8q [i-dis192 90 , 21108104 5b eqmioi m9 ture: AL atnbs'T 911p « Ÿ xr69 298280 Le ps anal u 19 septembre,est/lu;, et,adopté après Aie fégèr M on indiquée, par, Ms, de Cauthônt, “À À Houge 1e la réponse, comphètément négative fité 90 a a de en a die, P rite Ja de, faint-Barbant,;, céhiut ta es $ ua ir fs limite. du, dépar- - tétnent 4 Ta Co d ne, à a fo jurni deb belles. ammor nittes" et'autres. coc pui Le fossiles A RT & “Aprés l'aop on du a ‘M. de.Q AE inite éncore Que a 8 5° question, C'est-à-dire sur la, réprodcton de l'angiu ile dans ceux se, ms étangs dns M dé “mation Aa 12, meE Les 0 SITE ions | JE membres s, présents ne permettent pas, de avoir s Si au tique, l'anguille redescende, ou, 6 HP D rédéstendé pas 3! da mer HR se Tepro tire. | FLE M Pournier , à ut, ur, la. f question, avait. promis d'int iTog jer de Hu très-habile, “aypte 14e ête e“prätique “fl'uhe note Sur des. espèces at )O'T 9949000) 58 ie ssons LE et. voyageuses 0 seryées Par: 4 « SL EN LEE aute- Vienne f). og ee YUOI 901 A Ja suite Ag, £ cette Jecture ;. M ME [Sarl ny y, dit AYOÏF, dé Son côté. enco la roie aux mois QUO ADR À uré] à que 1 HO CE OU Aprance al A, propri 46, de, ge Bar QU ont ia tmovros 2oimbiaà 29b sauomA . Samy, émet € ensuite un à YOU : a En temps de. Si , 909 5Q fl Jp ont [AU [: TL ) V off Re aitieme partie au Compteenqu. , 2 [Ro (eo TAB TEIGIT (t Ÿ (AT LAN WG AUOQILITHAIDE 19/20 PROCÈS-VERBAUX. 71 neige, dit-il, la chasse est prohibée : OT, pour empêcher jusquà unCértain Point 144épépulation de nos rivières en poissons , ne serait-il pas convenable que l'administration prohibât J4*f@thé en temps de basses eaux ? » P'Helat au sais pu pe oniae al Pire Jui mr 1 ne ou Ha HabieletiAgioos MP AOHEUD 0 la dd'A#! ait finonce ques ge cris ee ue io EEE dé riotes que te rai M Fos Fee de sotériiné Qui it? HéStient de pl se va aiteg, à l'établissement, M. AL A 1 de ae a Peu qe que des hotes : 1 af an vr a fr vail donne lécttiré da Section, M fab ue A nt a. Cres ea. ni HER ne 5 PL 5 HO DPETAT “p'apirés cé tra TO cr nil é M. Hour, HR EE ts S'maras n “Beaul ne côfhniiine d'ÉYjeaUx , 6] vas D Li LE 50, ares. ù Son étendue Sup fe! est aujourd'hui de le LL. tAL6S en Hathig let de 40 1 he. “taies 30 pa airies. 00 Sul Ÿ Ou tete jétées 98 t, depuis ‘d eux an, “on aürait pu ni rer au CO tete les Ft ro eu ae SV d HO DEz oo si! ES époque , on ne Le aif se er r à peupler a nouvelle portion de! ARE US AD PA h "1 Dépüis lé mois d'aNril dernjé 1 oi 100 0 sanganes ont ont été Hvrbes à! 1 consgrumati ul LS 'aut pos té été péthéës "8 Attefdent leur Mid à à K Aucune Lie épidémies souvent si meurtrières di 2) leurs na pau, et I Sangsue grisé de là renne , la même que contenaient autrefois naturellement nos marais et nos étangs maintenant épuisés. la sangsue 78 CONGRÈS SCIENMIFIQUÉ DE FRANCE. criseesticellétiqui alé plus prospéré : cétté excellente sangste né forfait d'abord qu'un sixième de la popu- lation des/marais; elle TEprEsente he Jes trois quarts des sujets. : Terrain arétlotourbeux ; talus sablonneux : eaux constatées; rhème dans lès plus grandes Wie dé vété et éhux très-purék: plantes’ aquatiques conve- nables ;soitpapes propres à laisser passer l'édu , tout ehtSoépposant à la sortie même des jeunes sa Bgh es! didrués én terre facilitant la Circulation des ‘hommes et des chevatix ;'ét rendant la Isurveillance plus facile ; ilôts où leg sangeues petivént sé’ réfugier, et déposer leurs Cocons ; ; palissades , fossés? soins constants pour éviter lës énnémis dés sangsues , où pour s'en débar- rasser : rien né! HAREQUE à la prosperre de l'étalis- sement. Ailléurs la nature de l'eau s'oppose souvent à un dégorgement facile de sangsnes : on n’à pas de local convenable pour cela. — Ici eaux vives, bassin corroyé, recouvért d'un châssis vitré, réchauffé au besoin par un calorifèré, et dégorgement bien plus prompt. Les sangties de Béauloup se gorgent, il est vrai, comme celles de Bordeaux, de sang chaud, pris par élies sur des chevaux vivants. Le Conseil d'hygiène le Bordeaux et béaucoup d'hommes honorables se sont émus dé èe procédé : ils ont invoqué contre lui la loi Grammont. — M. Barbou a vainement tenté d eémploy er d’autres moyens pour nourrir ses sangsués. Iréclaine ati moins les circonstances atténuantes : laissons-le parler : «Nous ferons observer qué, lorsqu'il (le cheval! LI UPROCES-VERBAUX: 21111020 79 nous est confié, ilétait d'avance voué au couteau de l'équarrisseur,. ou devait. bientôt, testainb son, exis- tence, sous. le, fouet du charretier, Destiné, à-une mort didine: nous prolongeons encore son.existençe ; qui s'éteint lentement. ef, sans souffrance par, l'affaiblis- sement général de.tous,ses organes. Envisagé:sous un autre. point. de VU 88 saçrifice, qu ’on, lui: impose ho faveur. de hanté ne estril..pas,de complément de, tonte. -Cette,. vie. de. se services, et | de :Mévoñment ? Compagnon: de, homme; il it. pour, ares: nos En. résumé à. M. “Barbpu me, S'attribue : aucune ins vention, proprement. dite; mais. iL;a.su , -après..des caen, nombreux à: fonce. ; de, Patience: et d'efforts, , réunir. à..Beauloup,,ce. qu'il faut aller chercher ailleurs dans plusieurs établissements, Il n'a pas Ja prétention.de comparer .ses;modestes marais avec les. vastes établissements; du:.Bordelais;. mais il:est: cfier, d'avoir prouvé que, vu l'abondance de, nos ‘ eaux:(e : source etleur qualité, yu;la nature de,notre greile. et le, bas, prix, des terrains marécageux, on pourrait facilement, en Limousin, rendre Service à humanité; tout en faisant pour son. RFOPRS PP une très-bonne, opération. SH OI ob: to LES A. point, de .xue, hygiénique, Mit -Baxbou. Fe que, les sources étant abondantes. en Limousin, ilhsera ue de, en établir, comme à à Beauloup, que des marais SU continues, : Phygiène; ne peut .doncqu'y gagner, puisque nos. MATÉCAGES ». Presque toujours saturés, d'eaux croupissantes, 1et.de.matières. orga+ niques en décomposition, dégageant, des miasmes dangereux pour les habitations voisines, seront ainsi 80 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. transformés en bassins, où les eaux, renouvelées sans cesse , feront disparaître ou tout au moins atténueront les dangers des marais à eaux croupissantes. La lecture du travail de M. Barbou, travail dont l'analyse ci-dessus ne peut donner qu’une idée incomplète, a été écoutée avec le plus vif intérêt. M. Samy obtient ensuite la parole sur une question non portée au programme, mais qui n'est pas Sans importance au point de vue de la faune du Limousin. M. Samy a surtout étudié les insectes coléoptères et lépidoptères du département. Il fait, en prenant ses termes de comparaison dans la Creuse, remarquer combien la Haute-Vienne est riche en ce genre. Il communique plusieurs observations qu’il à faites eur les mœurs, les habitudes de certains insectes; il fait un appel aux personnes qui voudraient, comme lui, s’occuper de l’entomologie de la Haute-Vienne : « Faites-moi part de vos observations, dit-il : je vous communiquerai les miennes; réunissons en un seul faisceau les résultats de nos recherches; jetons les fondements d’une faune entomologique locale, qui serait, pour l'œuvre encore à faire d’une faune entomologique française, ce que la pierre est à l'é- difice. » M. Samy a terminé en proposant à la section d'émettre le vœu que la Société d'Agriculture et le conseil général votent des fonds destinés à faire un ouvrage sur les insectes nuisibles ou utiles de la Haute-Vienne, dans le but de les faire connaître, et pour donner les moyens d’atténuer les dégâts des premiers , et d'augmenter les produits des derniers. La section a écouté M Samy avec beaucoup d’at- DAANTT ABROOËS4VBRBAE 24) 0 0 U81 atentonselleràa approwoé de venémisrpañduit:elle a redminétles-efforts d'un jeunéthommiier qui} simple garcon pewruquiersainsi qnhlsestquahiféluismême :dansisonradhésiont aùt Conprèssri sahs swuitdé sans s&rpents' presquersansilivres;ca pædHéctionnés déjà et déterminer près dleseptcéntoespèces, défbaléoptères nstrderképidopières.lorsq sl stivens trsitdo aise .M exsMede présidentlui adresse ses félicitationstDengage Riepersévérerpretclui! dénnerquelques conseils) 'iquime 1Saontpasperdhæeni 29[ dibut tvotrve 8 verse .M 202 La:25-questionide diiniedwiproshanmerstrehsnite rappeléerrc Quelléest| enmioyemiedacompésition"chi- mique du purinhis- iCetterconipesitioll éténtreutinue , -desémanations-quienprhviemént sontrellesdematitre réagir -surraosaité-des hémmeslet desaninadux® » omMeoLeRoyer;vicé-présidentate tasséotion srquii ai été obligé de partir, se proposait dé! prendre) part, la -discussiqn.1l actaissé à Ma deprésidemtrunertettiedans Haguelle;sumdessonvenirsqibtonebe xladitequestion. eMais personné messe présentehsuradéaijetsoet laoques- ibion reste lentièrepounam-prochatnGong rèssro 019 D ro auud£. Buoñhdéposé suroteoburea des! échantillüns:de bouille exträits:[ dans da propriété depGroschap , commune de Beynat près de Brive : « Desfonilles, nditsit, ant: étér faites depuis cinq six anssBur lu Sieurs points on/4trorivédelh hopilleyUné compagnie 18e forme éetiveidemandèr ate toncesSemsà2 [isaron cl Blusietns membréside læiseetion éxaminent cette bowlle;rqui leur semhierétrelebdnne:qualitéy mais ÆPexpériéiceserwrplussonelmante qu'umrendmencde viswraäbfanit la faireessayer-à Limoges, ibfautsurtout Savoir; Sh5 indépendamment de saqualitéycelle pourra ; 6 82 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. vu la distance et peut-être les frais d’extraction, soutenir la concurrence avec les divers produits simi- laires que le commerce fournit à Limoges. Enfin M. Guiot de La Rochère soumet à la section, par l'intermédiaire de M. de Caumont, qui vient de les recevoir à l'instant même, des échantillons de drains de sa fabrique, située à L’Isle-Jourdain (Vienne), ainsi que des fragments d'un minerai qu'on trouve à trois kilomètres de Lathus, sur la route de cette dernière localité à Saint-Rémy. — Les drains envoyés paraissent être d’une bonne fabrica- tion, et la section regrette avec M. de Caumont que M. Guiot de La Rochère n’ait pas adressé en même temps une notice qu'il avait promise à ce sujet. La séance est levée à neuf heures. ASTAIX , secrétaire. SEANCE DU 21 SEPTEMBRE 1899. PRÉSIDENCE DE M. BOUILLET. La séance est ouverte à sept heures et demie. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. Bouillet, revenant sur une question traitée dans une des séances précédentes, voit avec peine que l’on ne s'est pas occupé à Limoges de conchyliologie ; et, pour exciter le goût et faciliter l'étude de cette science, il offre d'envoyer au musée de Limoges une collection PROCÈS-VERBAUX. 83 très-variée de coquilles vivantes et une assez grande quantité de coquilles fossiles. Les membres de la première section accueillent cette offre avec la plus vive satisfaction, et en témoignent leurs remercîments au savant naturaliste. La parole est donnée à M. Lamy pour traiter la question de météorologie ainsi conçue : « A-t-on recueilli des observations en Limousin sur l'époque florale des plantes, et sur le rapport de ces époques avec l’altitude des sols, leur exposition et la clima- tologie du pays? » M. Lamy lit un mémoire relatif à cette question. Il reconnaît d’abord que l'élément calcaire excite la végétation, et que les terrains où la chaux domine sont, à degré de latitude égal, plus précoces que les terrains gneissiques et granitiques. Il cite des faits à l'appui de cette assertion, et il conclut que la composition chimique du sol du Limousin, jointe à l’ensemble des circonstances climatériques qui résultent de nos collines, de nos étroites vallées et de nos nombreux cours d’eau, n’est favorable ni à la précocité de la floraison des plantes ni à celle de leurs fruits. M. Lamy fait ensuite ressortir l'influence de l’expo- sition du sol sur la précocité des plantes utiles ou de simple agrément. Il fait remarquer que les jardi- niers et les fleuristes cherchent à aider la nature sous ce rapport par l'emploi de procédés artificiels, et aussi à utiliser dans ce but les pentes de terrains, les murs et les abris. Dans nos domaines, les culti- vateurs les moins habiles savent confier les plantes les plus délicates et les plus exigeantes pour la culture à 84 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. ceux de leurs champs qui sont les plus favorisés sous le rapport de l'exposition. d Autrefois, à une époque , déjà reculée , où les com- munications , les échanges , les transactions commer- ciales de province à province étaient fort difficiles , pour ne pas dire impossibles, chaque localité était tenue de se suffire à elle-même. Aussi , quoique le sol granitique de nos contrées soit loin d'être favorable à la vigne , on l’y cultivait jadis sur une grande échelle , et il n'y avait pas de petite exploitation rurale qui n'eût une terre où elle fût plantée. Cette terre, appelée la vigne, était toujours la mieux exposée du domaine. M. Lamy , après avoir parlé des avantages d’une bonne exposition, signale quelques localités de la Haute-Vienne plus particulièrement favorisées sous ce rapport, telles que les communes de Limoges d'Isle , d’Aixe , de Verneuil , de Saint-Victurnien et dé Saint-Junien , surtout celles des parties de ces com munes qui sont exposées en pente au midi sur toute l'étendue de la rive droite de la Vienne. Les cotaux de Verneuil spécialement jouissent à juste titre d’une grande réputation pour la précocité , l'abondance et la bonté de leurs fruits. Passant ensuite à l'altitude des terrains, M. Lamy pense qu’elle influe sur la végétation d'une manière plus considérable, du moins dans les terrains grani- tiques, que la composition chimique du sol. Lorsqu'on parcourt les Alpes , les Pyrénées, le Cantal, on recon- nait que telle espèce d'arbres qui croît au pied des pics élevés disparaît à une certaine hauteur pour faire place à une autre espèce, qui elle-même disparaît plus haut. Les plantes herbacées offrent le même à. PROCÈS-VERBAUX. 85 phénomène. Dans les montagnes du Limousin, on sait que le châtaignier ne vient bien qu'à la base de nos coteaux, et que le chêne ne présente que des troncs rabougris sur les hauteurs. Non-seulement l'altitude du sol agit sur la distribution des diverses espèces de plantes dans les pays de montagnes, mais elle influe aussi puissamment sur l’époque de leur floraison, et il est certain que dans nos contrées montagneuses l’éclosion des fleurs a lieu plus tard que dans nos plaines. Quelques gorges éparpillées dans les flancs de nos collines abritent une végétation plus active et plus précoce; mais ce ne sont là que des exceptions qui contribuent à mieux faire ressortir la faiblesse et le retard de la végétation dans les lieux qui les avoisinent. Ce mémoire , dont nous ne donnons qu'une analyse rapide, a été écouté avec un vif plaisir. M. le pré- sident en a félicité son savant auteur, et l'assemblée en a voté l'impression dans la seconde partie du Compte-Rendu des travaux du Congrès (1). M. de Caumont fait connaître que M. Fargeaud , le compatriote et le parent de Gay-Lussac, a annoncé un mémoire sur la météorologie. Il regrette beaucoup l'absence de ce savant physicien, et fait espérer qu'il voudra bien envoyer son mémoire à la commissiont permanente du Congrès. M. Bouillet, président, prend la parole, ets’exprime ainsi : MESSIEURS, La Jre section termine en ce moment sa dernière séance. (1) Voir la deuxieme partie du Compte-Rendu. de | Pr ns + ' RNA; . 1 -1 de | D Rx 4 : Log \: CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. € > section a bien travaillé, Pour mon compte, votre indul- ce m'a rendu ma tâche facile, et il faut mnnintenanr dire tous : Au revoir au prochain Congrès. vit l À de l'assemblée. | FAR La séance est levée à huit heures et demie. MARTIAL PETIT, secrétaire, 48) RATE cz ai À CALErS UT sh ts at, :FbgR ter al .wald ‘ wh P Le La i 2 4 al agi _ Abfloi re L# fi] atoi dr, : en paroles sont accueillies par les Dr AË Re DEUXIÈME SECTION. AGRICULTURE , INDUSTRIE ET COMMERCE. SEANCE DU. 13 SEPTEMBRE 1859. La séance est ouverte à midi et demi, sous la pré- . sidence de M. Alluaud. On procède immédiatement à la formation du bureau. Seize personnes prennent part à l'élection. Le dé- pouillement du scrutin donne les résultats suivants : Pour la présidence, M. le vicomte de Genouillac obtient 15 voix. Pour la vice-présidence : M. Allard obtient 16 Voix; M. Perot, d'Orléans, 15; M. Adolphe Noualhier, 15; M. le comte d’Estaintot, 14. Sont, en conséquence, proclamés : M. le vicomte de Genouillac, président, Vice-présidents : MM. Allard , Perot, Noualhier et M. le comte d’Estaintot. M. Abria et M. Gérardin restent secrétaires de la section. | M. de Genouillac prend immédiatement place au 88 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. fauteuil de la présidence, et, dans quelques mots noblement sentis, remercie l'assemblée de la distinc- tion dont il vient d’être l’objet. M. de Caumont, ayant demandé la parole, expose que, dans les Congrès précédents, on a manifesté le vœu que les instituteurs primaires donnassent à leurs élèves une éducation agricole ; Que, malgré ces vœux répétés, le ministère. de- l'instruction publique n'a, à cet égard, encore pris aucune détermination ; Que , en présence de cette abstention administrative, il serait peut-être bon que les sociétés agricoles de France prissent elles-mêmes l'initiative, et imitassent la Société d'Agriculture de Bretagne, qui accorde des médailles et des récompenses aux instituteurs qui donnent à leurs élèves des notions d'agriculture, Et il explique que le jury chargé de distribuer ces récompenses à soin, pour se rendre mieux compte du résultat obtenu, d'interroger non pas les insti- tuteurs, mais les élèves, et signale à la bienveillance de la Société non pas les instituteurs qui ont des ‘connaissances approfondies en agriculture, mais ceux qui ont le mieux su faire partager à leurs élèves le fruit de leur savoir. M. de Caumont ajoute qu'il a eu lui-même l'honneur d'entretenir plusieurs fois MM. les ministres à ce sujet, et que ce qui semble les effrayer, c’est l'idée, bien arrêtée chez eux tous, qu'un champ d’expériences deviendrait le complément nécessaire de toute maison d'école. Pour lui, il a la conviction qu'un champ d’expé- riences serait plutôt nuisible qu'utile à la saine édu-— PROCÈS-VERBAUX. 89 cation des enfants, qui, quoi qu’on fasse, ne verraient et ne pourraient voir dans ce champ qu’une agri- culture de jardin. M. de Caumont termine en disant qu’il désire que le Congrès émette le vœu que les instituteurs com- munaux donnent à leurs élèves une éducation agri- cole; mais que ce vœu, au lieu d’être transmis à M. le ministre de l'instruction publique , soit transmis à toutes les sociétés d'agriculture de France, qui seraient engagées en même temps à prendre les me- sures qui leur sembleraient les plus efficaces pour arriver à ce résultat. M. le vicomte de Genouillac raconte que, à Rennes, l'école normale étant près de l'école d'agriculture , on a manifesté le désir que le directeur de cette dernière, M. Bodin, fit participer à ses lecons les élèves de celle-là; que, ce désir ayant été réalisé, on en a obtenu les meilleurs résultats; qu'aujourd'hui bon nombre d’instituteurs, en Bretagne, enseignent l'agriculture à leurs élèves, et que la Société de Rennes à cru devoir instituer des récompenses pour les maintenir dans cette bonne voie. M. Alluaud désire voir les ouvrages purement litté- raires , tels que Télémaque, remplacés entre les mains des élèves des écoles primaires par des ouvrages d'agriculture. Dans les ouvrages littéraires, en effet, nos enfants de la campagne apprennent des mots et des choses qui leur seront inutilés pour le genre de vie qu'ils sont appelés à mener; dans des ouvrages d'agriculture , ils se familiariseront avec des mots et des principes qui pourraient leur être un jour d’une grande utilité. : 90 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Un membre de l'assemblée fait observer que le conseil général de la Corrèze a décerné depuis peu un prix de 500 fr. à un ouvrage d'agriculture élémen- taire dont l’auteur est M. Camille Planchard, et que ce petit livre est aujourd'hui dans toutes les écoles primaires du département. La proposition de M. de Caumont est mise aux voix , et adoptée à l'unanimité. M. le présidentengage MM. les membres du Congrès qui seraient prêts à traiter les diverses questions du programme à vouloir bien donner leurs noms. Dans la section d'agriculture, M. de Caumont demande l'inscription de son nom sur la 4" et la 5° question ; M. Alluaud, sur les 4°, 6°, 7°, 8°; M. Abria, sur la Aret la 44°: M. Avanturier, sur la 15°. Dans la section de l’industrie et du commerce, M. de Caumont se fait inscrire pour les n° 2, 3, 4,5; M. Alluaud, pour le n° 1; MM. Roy-Pierrefitte et Pérathon , pour le n° 6. La discussion est ouverte sur la première question d'agriculture : « Quels progrès a-t-on faits depuis dix ans dans l'amendement des terres les unes par les autres, dans l’'ameublissement du sol par les moyens mécaniques, dans le dessèchement au moyen du drainage? » M. de Caumont insiste pour que les sociétés d'agri- culture encouragent par tous les moyens possibles les amendements des terres les unes par les autres, amen- dements dont on obtient toujours d'excellents résultats, surtout des calcaires. PROCÈS-VERBAUX. 94 M. Abria est entièrement de l'avis de M. de Cau- mont; il conseille d’amender les terres légères du Limousin avec les argiles que l’on rencontre dans toutes les vallées; il dit l'avoir fait, et s'en être bien trouvé. Il pense cependant que l'amendement des terres ne suffit pas : il veut qu'il soit précédé ou suivi d'un défoncement énergique. « Mais, dit-il, en Limousin, les propriétaires seuls peuvent faire un pareil travail : l’exiger des colons serait folie. D'ailleurs, cette double opération de défoncer et d’amender donne au sol lui-même une plus-value certaine, dont le propriétaire seul béné- ficie, et il ne serait pas juste que le colon contribuât à une dépense dont il ne profite à peu près pas. » M. de*Buzonnière croit que c’est commettre une erreur que de vouloir faire exécuter par le proprié- taire seul les amendements et. les chaulages : les colons doivent y contribuer, et y contribuent dans l’Orléanais, son pays. » D'ailleurs, l’agriculture faite en réserve par de riches propriétaires est rarement pour les campagnes un objet d'imitation et de progrès. — Les amélio- rations, au contraire, obtenues par un colon ou un fermier trouvent toujours de nombreux imitateurs. Sur la deuxième partie de la question, celle plus spécialement relative au drainage, M. Alluaud explique que, en Limousin, on ne peut guère opérer que des drainages partiels : la pente naturelle de nos terrains, la perméabilité du sous-sol, rendent un drainage général presque partout inutile. — Il explique aussi que le drainage, ne s'opérant le plus 92 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. souvent que dans des vallées humides, les tranchées doivent avoir des profondeurs souvent variables, et en rapport avec les profondeurs des sources naturelles quiexistent dans le sol. M. Fournier, conseiller à la cour impériale de Limoges, raconte qu'il a procédé comme l'indique M. Alluaud ; Qu'il a drainé complètement une prairie de 5 hec- tares 30 ares par 640 mètres de tranchées de 1 mètre 20 cent. à 2 mètres 80 cent. de profondeur, avec des aquéducs de Milan, au prix moyen de 1 fr. 25 cent. le mètre courant; total, 700 fr.; soit, par hectare, 132 fr. Il à obtenu par ce travail quatre sources perma- nentes, qui, jaugées à la fin de l’été 1857, donnaient, l’une, 50 litres par minute; deux autres, 30 litres ; la quatrième, 416 litres. Il a drainé une terre d'environ 4 hectares : moitié, avec 500 mètres environ de drains ordinaires au prix moyen de 70 cent. le mètre, pour 371 fr., soit, par hectare, 185 fr. 50 cent.; moitié, en recherchant une source souterraine qui imbibait le sol, et en prati- quant pour cela 80 mètres d'aquéducs de 33 cent. sur 22 ceut. d'ouverture dans des tranchées d’une profondeur moyenne de 60 cent., et du prix moyen de 2 fr. 50 cent. le mètre ; total, 200 fr.; et en pratiquant aussi des galeries souterraines, qui ont coûté 5 fr. par mètre, prix moyen, puits compris, soit 480 fr.; total, 680 fr. ; soit enfin, par hectare, 340 fr., et qu'il a obtenu par ce travail une source permanente de 20 litres à la minute. M. Fournier raconte encore qu'il a drainé chez sa PROCÈS-VERBAUX. 93 sœur , à Marmont, commune de Nieul, une terre de k hectares 20 ares avec 160 mètres de galerie, à 4 fr. le mètre, puits compris , pour 640 fr. ; soit, par hec- tare , 152 fr. ; Qu’il a obtenu , par ce travail, 120 litres d’eau à la minute , jaugés à la fin de juillet dernier. Enfin il résulte pour M. Fournier de ces divers travaux : 4° Que, pour drainer complètement les terrains, en général perméables, il faut couper les veines d’eau souterraines le plus bas possible : 2° Que, pour y parvenir sûrement, il faut faire des tranchées transversales à la pente générale du sol, assez profondes pour traverser tout le sol perméable, et ne s'arrêter qu’à celui qui ne l’est pas; 3° Que, la tranchée arrivée à ce point, la pente n’a plus besoin d’une rapidité supérieure ou au moins égale à celle du sol ; . & Que l’aquéduc est préférable au drain, parce qu’il découvre une plus grande surface du sol traversé par les veines d’eau , et les coupe plus sûrement ; 5° Qu'un drainage régulier n'atteindrait pas le même but, et ne donnerait pas les mêmes résultats, parce que, en profondeur, il n’arriverait pas partout aux couches d’eau , et, en superficie, multiplierait inutilement ses tranchées sur les points où il ne se trouverait pas d’eau. La séance est levée à trois heures et demie. H. GÉRARDIN, secrétaire. 9% CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. SEANCE DU 14 SEPTEMBRE 1860. PRÉSIDENCE DE M. LE VICOMTE DE GENOUILLAC. La discussion est ouverte sur la deuxième question : « Par quels moyens mécaniques pourrait-on rendre productives les terres rocheuses et peu profondes? » M. Chamiot-Avanturier pense qu'il n’en existe pas. M. Abria partage cette opinion, mais croit cepen- dant que, lorsque la roche n’est pas trop dure et trop serrée, la pioche, mais la pioche seule, peut rendre des services quelquefois rémunérateurs, mais toujours et dans tous les cas fort dispendieux. M. Mahias, de Rennes, dit que, dans son voyage pour venir à Limoges, il a été frappé du peu d'é- paisseur, en général, du sol arable du Limousin, et il pense qu’un instrument fort en usage tout à l'heure en Bretagne, la fouilleuse, pourrait rendre de grands services. Dans tous les cas, il croit que, dans les terres rocheuses, les plantations seraient de erande utilité : les feuilles des arbres devant néces- sairement augmenter à la longue la couche d’humus, et, par suite, l'épaisseur de la terre arable, il con- seille, avant la plantation, l'emploi de la fouilleuse, qui, en ameublissant le sol, favorisera la végétation des arbres. M. Abria dit que, sur les terres purement ro- cheuses , les plantations sont difficiles ; il nie dans ces terres le travail possible de la fouilleuse , et rappelle qu’on sort de la question, en ce sens qu'on ne peut pas considérer la plantation comme un moyen mécanique. ” _: | | CHR PROCÈS-VERBAUX : 95 M. le vicomte de Genouillac croit, comme M. Abria, que le travail de la fouilleuse est impos— sible sur les roches; il dit qu’en Bretagne la fouil- leuse est très-utilement employée dans les terres profondes qui n’ont recu jusqu'ici, par suite d’une déplorable coutume agricole , que des labours super- ficiels, mais seulement dans ces terres, et pense qu'il n'existe pas de moyen mécanique pour rendre productives des terres purement rocheuses. M. Baruffi pense que , dans les terres rocheuses , les plantations devraient être d’une grande utilité. Les résultats seraient longs à attendre sans doute ; mais nous devons songer à nos neveux yet "SsiVnos pères n'avaient pas semé, nous ne récolterions pas aujourd'hui. Il cite l'exemple des travaux opérés par les Napolitains sur les laves du Vésuve , qui se trouve maintenant couvert de riches vignobles. C’est avec bonheur qu'il a vu la section des sciences physiques émettre le vœu que l’administra- tion fasse, dans le département de la Haute-Vienne, opérer des sondages réguliers. — Ces sondages , il n'en doute pas, feront jaillir du sol maintes Sources d’eau vive, qui changeront en luxuriantes prairies nos sombres montagnes granitiques, et y créeront des oasis de verdure semblables à celles que les puits artésiens de nos ingénieurs créent dans les plaines de l'Algérie et de l'Égypte, et qui attirent Sur la nation française les bénédictions de l'Orient. M. Avanturier croit que l’on doit diviser en deux catégories les terres rocheuses : celles à roche dure, et celles à roche tendre, ou tuf. Dans les premières, pas de défoncement mécanique possible; dans les 96 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. secondes, au contraire, on peut, en enfonçant tous les jours un peu plus la charrue, et enfin la fouilleuse, augmenter à la longue l'épaisseur du sol arable; mais on doit procéder lentement, sous peine de frapper sa terre de stérilité. Il a, par ce procédé, augmenté de 10 à 12 centi- mètres en dix ans, aveé la charrue seule, la pro- fondeur de plusieurs de ses terres. I] termine en émettant le désir que l’administration fasse opérer une analyse chimique de tous les sols du Limousin ; analyse qui, mise à la portée de tous les agriculteurs, pourrait, à l’occasion, leur rendre d'importants services. M. Alluaud, sur cette observation, donne quelques moyens simples et à la portée de tout le monde d'opérer cette analyse, qui, pour être bien faite cependant, exige des connaissances spéciales, loin d’être, il le reconnaît, familières à tous nos agri- culteurs. . M. de Caumont appuie le vœu de M. Avanturier, et dit que ce vœu a déjà été émis par le Congrès de Lyon, sous une autre forme, en demandant la création d’une carte agronomique; mais il ajoute que, l'administration ne pouvant pas s'occuper de tout, ce travail pourrait être fait, en dehors d'elle, par les sociétés savantes, qui doivent, en définitive, s'ha- bituer à prendre souvent l'initiative des progrès et des améliorations utiles. Il désire que le Congrès formule son vœu de la manière suivante : « Le Congrès, persistant dans la demande qu'il a plusieurs fois émise, désire que les cartes agronomiques soient continuées, et qu’on PROCÈS-VERBAUX. 97 s'occupe plus activement de ce travail qu'on ne l’a fait depuis quelques années. Il demande, en outre, que l'analyse des principales terres arables du Limousin et du Poitou soit faite par M. Astaix à Limoges , et, à Poitiers, par MM. les professeurs de géologie et de chimie de la faculté des sciences. » La proposition, mise aux voix, est adoptée à l'unanimité. La discussion est ouverte sur la troisième question : « Indiquer les instruments nouveaux que l’agriculture Hmousine a plus ou moins employés , leurs avantages et leurs inconvénients. » M. Avanturier fait le plus grand éloge du rouleau, qui donne aux terres trop légères la fermeté et la solidité nécessaires à la production des froments , des trèfles et de toutes les plantes fourragères, qui réussissent mieux dans les terrains argileux que dans les sols friables. I1 ne parle pas de la charrue de fer, dont les services sont au-dessus de tout éloge, et qui aujourd'hui se généralise de plus en plus. M. Tristchler, mécanicien, raconte que, depuis quelques années, la fabrication des instruments agricoles à pris dans le Limousin une très-crande extension : il vend maintenant de six à sept cents charrues par an, et presque toutes du modèle de la charrue Dombasle sans avant-train. Un autre fabricant en vend une presque aussi grande quantité que lui. M. Alluaud est heureux de dire aux agriculteurs étrangers que M. Tristchler est un mécanicien agricole très-distingué, qui a obtenu nombre de médailles d'argent et d’or dans maints concours. =? 98 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE : FRANCE. M. Allard , de Dunkerque, émet le vœu suivant : « Engager les (propriétaires aisés à faire défoncer chaque année une petite-portionc des: superficies °qûi leur-appartiennent ,‘de telle: sorte qu’on puisse dès lors user avec avantage de l'instrument ardtôire nommé la fouilieuse. {lest certain ‘que le défoncément dontil s'agit sérait, dans tous les:cas | très-prôfitable aux propriétaires quiferaient: RAS quelques sacrifices à cet égard. egoitetnslqeskmoc Ce vœu estadoptésiq 9h ollioaroo duos) 9h, .M M. Mahiasyode-Rennes,1demande M5 Triétchler combien il venddefouilleusespatsant2tl22vlle amiq 0 M. Tristchlerréponds? «Une soixantaine; dans:les prix de40 à 1001: »9b. sristrdre .se159meti SELLES &e question : « Effets de l’écobuage dans la Hautez Vienne. Expliquersonmäetionfertihisantéez50 Il M. Alluaud'explique Feffet chimique dell'écobuagé, et démontre que!, dans les tetrésétobuééss les pailles sont très-siliceuses, et'me versent jamais) L'incon- vénient del! écobnage est de nee Eu à ou deuxiapluse191 i5D10409 1 LL .Yijstourt à M: Avanturier dit quéFécobuageé "est asjoumlni avantivousement remplacé par l'emploi du noir anis mal. I raconté que; sur un'Sinple défrichément à la charrue fait en hiver, en semant à la’hérse! sans autre about, à l'automne suivante ‘on: peut obtetir, avec: # hectolitres de noir-àl’hectarel des récoltes luxuriantes: surtout en <éivia-et en avoine ; que! la culture: au! nôir a gur l'écobuigell'avantage/d'être, d'une part ; plus économique: et} de l'autre pl de éonserver au S6l un humus végétal précieux ‘paur/les récoltes à venir. ke A LE 1154 A AIT PROCÈSEVERBAUX: 411 99 M:.de-Buzonnière appuie: l'explication donnée par M:-Avanturier, et ditqu'on procède ainsi aujourd'hui dens-le. centre: dela:Françce; surtout en Sologne, et que-cette méthode æ canal de nombreux: pipe pr fomnentl . 8b 0e ol : question x 4 Apt tt Pia ‘en Mischa tous je fenrains qui pourraient: être!) plantés ‘avec avan tagesrr Quelles sont lesiessences: ne ont'été sr pour les plantations? » « Drsed +99. 'e59itis M. de Caumont conseille de ar ‘en tarbres/verts les pentes abruptes du-Limousin, ‘surtout: en laricios et pins silvestres; arbres)d’ume belle venue ; ‘et! qui pourraient rendre: un :jour, delgrandsservices à/la marine française, tributaire de. l'étranger (pour ses MNMPES&! 2r16D Sosudos8 ft 9h atoftr (tO1d291rp ?i M. Fournier: combat icetteoidée,hiet, conseille: la plantation des houleaux ;des chênes et des châtai- guiérs, - dont de obois-pent:servir à&:la fabrication dela;porcelaine:; dontles feuilles sont-une précieuse ressource pour leslitières,et.qui-donne ainsi um produit plus lucratif. Il a vu cependant réussir maintes |fois dansee pays Fépicéa jo-dont le bois: dit-on, arun grandiprix |, et paraît avoir-une valeur, presque égale à celle du-chêne ; fi penserque lonpourrait multiplier Cesar bre Avec SuRCÈBrO do ravi no diet orrrelo nl «M, de Buzonnière dit-que: 4 aiguille dn pin: surtout du pin. des Landes, -esttrès-propre à.la confection. des litières.. JL: conseille. Spécialement; des semis de. pins sivestrescowpins d'Écosse. dont.on. peut, faire. à un. certain âge!, brouter par les-brebis les jeunes pousses b sans porter, préjndice.aux, semis.;, cette, nourriture étant très-benne pour les bêtes à laine, qu'elle peut 100 CONGRÈS SCIENTIFIQUE, DE FRANCE. guérix de la.cachexie aqueusé..«,1Lf bojs.Qe, ce PA dit}, ayant peu.de résine, pourrait servir même à 1 VAL RDA de 48 Rose De ‘a ICUPIOUP FTSVISG M Auaud,prend aussitôt la: parole pour affirmer que, dans aucune hypothèse , les bois résineux, np peuvent être employés à un pareil usage. MALUS 95199 JAOMSTANNS 9CSITS TOITS pi, Gérardin , sur spile queshon,, PXDOSC. Que A" ,.M plavart, des, moagne) qu, LAON. les. COMMETES réussissent avec peine, ou moins bien, en énéral , que les arbres à feuilles ca in XI [Z 19, A9IC [eELS s. Il cite l'exemple de MOD 9115 T9 (OTLS2RODOT Frab 9949191914 $l TILL divers semis de laricios et de pins silvestres q ; qui, ayant prospéré jusqu'à l’âge de dix-huit ou vingt ans e ont péri AI Suite des séchéréssés (fe T'ännée dérilière, pes’ 'esténiées! à Hénie Caduqueés reussi sent” au ééntraire) nérveitiétemént “partout : lé ‘chêne L'ïe éhâtaïgnier, le Hêtre, dans 1és Vallées riches en terre éréfalé 11e Pbouléat ét’ îe hêtre Ê abs Les -péntes fes plus maigres éb 168 bras abrapt 42? et.08 16” esta nier ét 16 bôuléau tie végètent plus à wine! Certäine “Élévätion auLdessus du° hiveru! dé lames, 16 Hêtre réussit encore (et donné dés-produits® satisfaisants a1sept cents Imôtrés”au-desus dé éé même nivétu, élévation de la” plus’ haute montaghé ducpays qui du reste enæestbhouertez 5399 sesiisq buswilA M 5 hEemélèze:s l'épicéai;de-sapin:argentédes Pyrénées, lescèdre-du-Liban;, Hle:taxodinmr., le-pin du:Lord: des pinsdaricio et silvestre, lepin des Landes, prospèrent,, ilest vrai, dans quelques allées, -mais-làr oh -CoupoSûx,..1e,chène-et les essences. à feuilles çadugues -Prospèreraient bien mieux.encore., et.donneraient.de meilleurs rs tas rene zwordriron sal orno ge sf M. Gérardin résume son opinion.en,, disants que;les l'OÂAMI HA AUOIMITAMIIZ 21190 { © PROCÈS-VERBAUX. 101 409 9h,2iod 9.1 » .s2rormpe dixzadono gl 29: 1irà-0 arbres vêrts ne doivent, dans lé Po être considérés $ ag TOR HABTTIOT .91rieûr 5h Yoa ave [+0 quE Enthié arbres ‘de pa sage e d'agrément, et . . .K .ALSISNION 81 9h fIOR21119 £1l peuvent, quoiqu'il n’y ait as dé règle Sans exception, Te fo dore q S 61 Jeans biora bent AT VW diffdilement'entrerldéne une bonnne (administration réa aiod el. ; 926dToq tLonuous atsb ,9rp .90R1 ] $ 297 ps NA AU FH VTIAU ; M: Ayanturier partage entièrement cette manière AU, AUD SEOQXKS . HO[FEOUD 91199 T2, MUDTIGTÈN) I 1 É or. M. le vicomte Le Genouillac est d'avis que, du BOTOMON 891, M2UONINT JD rOTOp 89D Ë + ( r DIT 9 VS, LIRE LSELIÔT aus n gt mieux que les arbres à feuilles persis- QDSIGMSXS L'AJI9 11 .eUPyDS) 29l[Lrot € ES T6 €91 9150 tantes , la préférence it n cessairement tre donnée TES, LD 29LTO VILA ALTIE 9D 19 2OIDITEL SD arts et rit aux prenliers. : het 4g ROM eS JOULY 110 divd-xib ob opû'L 4 PAT 918207 € ML, fhévenot. avant d'en finir, sux la, plantation, roudrait.que, l'on se. préoccnpât.de, la, manière, dont ont, tentés en Limpnsin les arbres, de bordure. L'on ROBFTAIL, DAT AR SOINS > CONSCrTEr 68s ARLES; qui Jraient, excellent bois d'ouvrages, surtout si l'on -Shoisissait poux, cela les, arbres JMD oroicnr 2011q euiMrMahias ; de, Rennes:.répond, 78e servant.d'une expression imagée;quessid'onry-laissaitles arbres de hordure: avec; vésétationcà, stous..crins que;slon demande ;yleLimoysin;avecses-nombreuses clôtures isgrait bientot converti en forêt vierges ob noiipvèl M. Aluaud partage cette mamièredexoir 9297 1h Me éomte d'Estaintotexplique qu'en Nérmendie “oh consérvéles arbresénimpossnit aux férmiers l'otli- Sation;- de; n’ébranchér Liqué . jusqu'ä: unéicertaine hauteuflethides époques déterminéessh : ierr 20 li “OM Bison 8 Masveérénier dénaniatque 1e Contrés “Éméttécomithe le coSetlrénéral dé 14 Hautes vienne le vœu que les nombreux communaux dédépartément “boïent litités où partagés 10 DOUUSOL DT) M Tel: 1 102 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE TRANCE. Cette proposition est renvoyée ad comité. La séance est levée une Heure ét dérnié. 10109 14. A RERO ai f bb rs 291 do 29119#7 9)290 19TIS SIFEUP Cf Ÿ9 oc 29H Plon om df 29tôd elociv -91N 8685 p rONT EI fi ” l'E 7 ue 90h SÉANCE DU 45 En LA 6 OS MEN OÙ (192 9: (L{I£ 2 onrolo238" PRÉSENCE DE M re ViCOMER Di GENOULLA EP IIS TE at lteisor.: 1008 wolf # oran otaise Lecture du: pGCA pa “derla A NT séance. Ce procès-vérbali'ést-adopté@si 154 9villus 9lderg oz ‘La discussionrest ouverte sur°là sixièmeé)question|: « Dans Jes contrées susceptibles! d'être-imiguées, lés prairies naturelles: DD NES sont-elles, préférables auxpprairiesl artificielles 25119 9b 20m 04 do reup M: Alluaud à la parole:o( Rs ÿ ne 819491 [u98 l'est convaincu que les-praïries natrirelles: éonsti- tuent la richesse: du: ‘Limousin:;' et : qu'on doit, des augmenter par tous les moyens possibles; surtout dans Îles terrains susceptibles: d'être irrigués! «Les prairies artificielles; :dit+ib;rsont :incontestablément très-utiles } et doivent être encüüragées; mais elles.ne remplaceront jamais les autres.on }110) 2259 29i11e1c HN explique en quelques mots'!la composition. d'un domaine en: ER et-l'assolément suivi jusqu'à cerjours=201 1: 19V a9[lipast 19[[8 "#5" Prenant pour été une étendue de! 40; à 45rhectares, quirest l'étendue: moyenne illà: détompose ainsi : déux dixièmes en :bruyères ‘ou [terrains :derwaine pâture; près de trois dixièmes em châtañemeraiesi;-qui 44 PROGÈS-VERBAUX. 103 donnent nourriture, bois_et litière; deux dixièmés en prairies naturelles et. Pâturages; trois dixièmes en terres arables. Un semblable-doriäaitié ;régi par colonage , nourrit quatre attelages de vaches et les produits, soixante ou quatre-vingts bêtes à laine, quelques pores, et peut donner au propriétaire, en revenu moyen net, libre d'impôts , douze cents francs. ' L’assolement est biennal, en ce sens que lesterres arables sont divisées en deux. paris, quiproduisent le seigle chacune à leur tour ; mais il n'y a jamais, en réalité ,.qu'ün-huitième au ils déd'étendue-totale du sol arable cultivé par jachère::Enséffet ; la terre qui: a produit cet: été le seigle: terre-qui représente Hi moitié du:sohârablel duydomaine,;rsera labourée au printemps ,--et-ensemencée rmoitiésetsarrasin et un quart en pommes de terres ou raves;rlantre: quart seul restera en jachère pou pou vdir: être ensemencé érseigle! à l'automue assez debonneiheure pour que “lé läboureur ait le tempsode terminer-sés semailles en ISO cofvémæble.zrroyont 29[ avot eq roiromar 9IM. Mahiasi delRennesiémet des: vœux pour. ‘que Hés'irrigations soient encôrei mienK-oisnées-qu'elles mél sont aujourdhui sPéur- Amp tirrigätions: et prairies c’est tout un :0rprairiésnbétail, engrais et ‘richesse -enragricultürer, sonp&ynonymesile || 5 nppiéindigne 1devboirmésirivièresret Inos ruisseaux s’en aller tranquilles vers la mer, caressantodans “ucdurse’ indolenté leursdeux rives émaillées de fleurs.‘ Hvyoudraitléut voirrprendrerune part -active at 'travail'agricole de 1eur/patrie; H)voudrait que , ‘dérivés jusqu'à leurs sources :/ tous les cours d'eau. dle 104 CONGRÈS SCHÉNMRIQUEÉ DEL FRANCE. la France convertissérit len prairiés naturélles Ja plus grande partie de nos/4érrés incultes éhide nos terres avabléss, létémétléléæll qitunie législation spéciale Pérmette dé Semblabtéslopérationse PUHONET Juve 9! ML Buissoti ét! heureux de dire à Mi Mahias/ qu'il vientde mettre u four une idée! qui n’est pa neuve en Dimousiné que tout-récéminent M: Genet, ingénieur lenschef: de llxHahtélVienne y seéréthire général dé ce Congrès !vierit2de faire des études trés sérieuses) poux opérer:ltn) pareil travail) euro dés ‘affluents de da Niennéy l'Armée ét HAïixetté/1eflstir un ruisseau dont lenén li échappé; mais Comrifune ‘nént désigné! sous! celui de ruisseau dé Pont duPalhis , et'que,. dans umélde és dérnitrés 146libératiofisL0)e conseil municipal déplé vid de Piô ges a flis À la dispositions de . M :Grèllet-uiié 1 sotnime lonsidérable pour términerles études nécessaires cé projet 10M: Gérardin! demande la-paroke pourcompléter les “explications dénhées pur Ml Atltaud sur’ Passolement du Limousinipet dire quelques imotsisur Ja question. oTL'assolemént-etpliquépar M. Miluaudléstlaséole- ment) ancien! dut JLimousht)lâssolément autrefois le cplus-rationtiél106scal poshiblesl Mais qui, ériceà “l'introduetion/de la chaux parsiés voies ferrées |/tend “tousylesijours à /disparaîtré pour faire ‘placé! A} um ‘assolementquadriennal à péu/ près. ainsi Composé : 2e 4e anméé plantes; Sarélées)) pommes 7e (5térre , raves , Carottéd Détteritess été. Lisuivant la “féfti- Mitéldés terrains 9 finnééls dvoineiot séiglé’avec diète 2188 mince {rèfle, jarousses, miais enDveth, ete ; it amnéé : froméht, 10/2) Ji Pre i£ Oil né donné ci que eg notions générateg/) lassoté- mdr : mana RROCÉSHMERDAUX. 24100 165 ment; _ . modifier àl'infini.dans;les, Aa etresterle.même.dans l’ensemble 55 sircq + s1bassolement indiqué par MoAlluaud:était pere le seul rationnel, e;seukopossiblesÆEn, effet;les terrains du/Limonsin se,refasant.à peu près:partont, sans le secours de, Leau ou, de;da chaux, à produire aucure espèce. de-plantesifourragères, oniétait réduit Ainecultiver.que/les terres:qui pouvaient être. ferti- Jisées,au;;moyen.de l'engrais provenant de là consom- anation des:fourrages naturels:,etde mode deculture rdiqué avait pour résultat rertainide faire æendre à lrterre son: meximum.de; produite! ob ooseiun dr Dans Lancien état.de choses, la prairiesétait, ion de somprepd;4laperle;:fine du domaine:;;set,, comme d'étendue. des terres smHtivées rétaitien:rapport: direct avec bétendue, des prairies naturelles, ausmenter ces dernières c'était-forcément-augmenter da fertilité des -premières. : d'oùrlaocenséquencerqu'ikifallait)à [tout Iprixconserver. les-prairies naturelles anciennes, et Jainetous seseffortsponr-en.créer: dernouvelles:i,! 151 olAajourd'huistout est xehangéiyLes;:bonnes.terres ovalentrles prairies. Quelques agriculteurs es dux:Li- émonsin , rp sit fait bien lesreconnaître; ;des-plus bmteligentsiet,les plus: sérieusement-livnés;auétudes ndifliciles;de la sciencecagricole, vent même. jusqu'à prétendre qu'il ÿ-aintérêt à convertir enterres arables Jasmajenre.partie, de-nos-prairies;naturelles, surtout -celles quisopt sur un solprofondiet fentile., 55 - sovGette ;assertionayant,,dans l'auditoire; soulevé auelques,:mouvements,de:surprise,et. d'incrédulité, M. Gérardin croit devoir, par,un exemple pris dans lessquitures. d'un, des,agriculteurs dont.il a, parlé, 106 CONGRÈS SOVENMIFIQUEODE M'RANCE. démontrer: la: frusseté defl'ancienrcaxième limousin, IL:süupposesunm hectarerdeh prairiesniaturelle: Cette prairie donne pàr annéestsielle éstienhonne quahté: 4,000 kilogr:de foin. Ensajontant!le régaim, cet: emole supposant égalà dla moitié dufoin , onlx2,000 kikogr.s soit, en totalité;,16,000:;kilog'r ‘deofoin para y -+21en ajoutantice chiffre-quatre (foisràhai-même,on/trqnve quele produit:total du:foin de larptairie, poux-quatre ansrést-dé24;000:külogmer Ii , io-iulos 164 ebtto e9fq 1 Prenant ensuitede même! hectare soumis : Hasselt merit quadriéhnalsdmroQ 5 .M 9b sioosron vosrbssloo ‘lle! montrél-produisant ,-lapprémière, annéeï/rmne luxuriante-récolte derbétteravem;1ot 255 tnoievront 92 Laseconde , 50 à 60‘hectolitresrd'avoimerm 25111614 Ha ttroisième: 50-—arés ehretrèflercse coupañntrtrois fois, et 50 ares enljarousseransprintemps!, létrnaris vertien été fosouedr , o8[liuocsn 95 steooiv af M ‘La: quatrièmk enfiny produisant 85 ou Afktiectolitres defroment;1o'up .#1uoiesont 899 ormoo .dio19 Î “Etiil2démontre que: mon-séû lement Jde produit met de l'hettarel ainsi-cultivé lést plns-élevér le; beaucoup queleproduitrnet durmêméchectareren prairie; natu- relley mais qu'encore ce même hectare-produit- d'après la seconde méthode, et dans le même-espace de quatre ans {une quantité de -fourragesrà consommer,ren y ‘comprenant {1bien lentendu,rllés Aégumesssbeéatcoup plus considérable que la prairie, et pouvamtmoummr unégplus grande quantité-desbétail ooraron m0 » Cependantiopour-réfnmerison opinion, M4 Gérardin peñse que, s'il peut être avantageux deconvertiten terres arables des prairies glaiseuses, au sol prefond , quidonnent comme prairiesunimince revenu; itæm'en 14 Pr DOLAÏN I PROCÈSEVERBAUX 24151000 407 fautipas moins-continuer à:Soigner-et à:agrandir les prairies natufellesirqui donnent excellentrfour- rage:u très -favorablel surtout l'élevage; —1et , ‘pour son compte sillaméliorede tout Son pouvoir ses prairies naturelles , eténiicrée de nouvelles toutes les fois qu'il peut disposer d'eauzquille lui‘permette: , 9YM:i de Caumont partage l'avisideM:iGérardin., et; ‘Pour Ivenir: corroborer par:son:témoignagédes exem- ples cités par celui-ci, il raconte; avéc cette: finesse déspritiqui luiest naturelley l'histoire qui termine le Calendrier agricole de M. de Dombasleyd'histoire de) ce fermier:qui ,‘ayantaçquis une-propriété dans: laquélle se trouvaient des terreset:quelques prairies, vendit:les prairies pouriacheter-des vache$9 etine tardaszpas à stenrichiryen mourrissants celles-Gi avecs lé produit ‘exclusif decsesfourragescartificièlss 2016 08 do . 4101 M. le vicomte de Genouillac, résumant question, partage l'aviside M Gératdin; et des ModeiGaumont. Il croit, comme ces messieurs, qu’on:ñnersairait idonher trop de soins 4 l'amélioration set nlagiandis- ‘sement des/prairiéssmatutelless thaisiquhlone; faut pas êtres exclusif retrique plusieurs bprairiesyomême en “Dimousin,pourraientétrervantageusenentieonverties Jéptarrés arablesonônr 9! en8b to ,5borftèor 5brosoë el Ÿ (On examiné dla ‘question cde Savoirs le væm.de MuBaisson-relatif à d’iliénationrdesscommunaux-doit 1étréadopté. 07 do oirisrq 61 oup ofderébiaos auto On nomme unestoimniissiôn,: composées de-MM.: de HBusonnièté , 1Bardy, ncomterdEstaintotirBuissen, et HGérardinoqui serachargée de faire lun rapportau Conbrès. loz 16 ,eoanoziste e9iti81q 29P e9[dr:re 291107 19 18° question: 0 Quelle: estiFimportance de:la-mature 103 CONGRES SCTENTAMIQUE/ DE FRANCE. variée -desalinientso aurpoint above de’ léngiais sement des animaux ? » “188300 nestineniméent Hoi a AUS Camont, MioAvantorier LMD PMHiS que cela! dé peut "plus faire-questiont Li variété dés Aimenté excit r'appétit, etfnitäbsorber à l'animal dépiis Copiéux Fepas, qui, par Jeurvariété tiémiesl ont plis favérables "4 son développement à cause de la diversité des substances qu'il peut naines Hamlers ti 5 90700 PRES 9° question: «/Yaurait-il àvantage à engraisser dans la Haute-Vienne de jeunes animaux , au lieu de ne soumettre à l’engraissement que de vieilles vaches et de vieux bœufs épuisés par le travail?» M. de Beaulieu, trésorier du Congrès , s'était fait inscrire pour traiter-eette question. :Par1une: lettre dresse AT dE Ban et Gr RE AC que, étant indisposé , il ne ourra, Se rendre, à Ja séHnce La question est rl RE trinsny L6 dtqobedes 1149950888 10 guestion: & Quelle. cé ln viande de, boucherie que l'agriculture pe oquix l éço- STI ia Bt IHOC PEUÉ DE duire.ayeg, le p us, dé6o » np ci 1e plus, RO ARE Dr Parc intérêt que dans celui du consommateur? ».... adaiéohiro SH TRAET dit.que;le poxcest:la.viande qui peut être, prodyite à meilleur marché, jet; quispeut ainsi eg le Pl, avantageusement, consommée parles ClasfeS OUVTIÈTES rot trovse , zusvodo 29l onp æwsim dE Mahias;s ide; Rennes; 1répoñd! quel, isansiêtre l'ennemi intime dui porc jil n'estrpas son ami particuliers qu'il;sexplique-très-bien laloi de:Afoïse etsque sn pointe vue d’une bonné,aliinentation ;1#Viañde/de bœuflui,paraît, bien: préférable; quey à son‘avissé"est FRE LOAAH PROGÈS-NMERBAUX. pH AO 109 la production de, çette dernières quedion'doitisurtout Li en0ettl cÉxtrenmims129) JAMIE peu Durs dé, Genouillar oder pi ne à en disant que lesgrand avantage del'éleavage dur port cfa. possibilité, de le produire à bon marché viennent surtout de fe quedans les exploitations(-ond lui fait consommer 64 échets de. la-nourriture «des autres anima Le LaDrEbvI 61 5h sénéolé: iromsqaoven La-séance est levée à une. -heureet demie. isa Lib! jierons & oontredt. GÉRARDIN» serdrarel 6D poil us |: xpBmins 89m 6b Soi V = StseH'sl 4x8 2oogv eolliotv 9P Sup FrofmoetsTans tPéortto tro 9 tj h É [E co BRE | ee 4 city 9 SEANCE 90 16 SEE dd dist fieig'e , a97ron0) mp TOITOBDIT A 4 95.M 9rof DE DE) M2 VIOONTE TPE te En 2 Kéänéle ef Ou érté à Onze Beures ét dem MLéetue et faite du procès-verbal di ‘de la précédente séance. Il est adopté à l'unanimité. Dal discussion ét düvêrte Sur” 1a Aie question cIndiquér (ce qui Sérait 10 Mièu üux | pour la Haute Viënné." lu’ Hävail agnieote par ue vaénes , lès bœuf ou les chevéux is AIUTOR0 NT ENENTIU Sup J0Tà di dE dep Câdtiontidait que €esP sure 1qitéstion (pure- ent locile Qu'il parasty AO Avänfite pou Te Eimoisin à18e servir) de hatfs et dé Es © qui, mieux que les chevaux , savent tourner 168’ obstacTés, et:mettent dans lbénhènra sensé patience quil np partient pasn ces derniers Il 10admiré à plustétirs reprises |laidocilitéetila sôbriétéides vaches liiousineé EM rde;Chasteignér) de Bordeaux! explique/que/tout à-l'heurersenŒranoe il s'opère aneiréaction en faveur 110 CONGRÈS SCTENTTRMIQUE TE FRANCE. du travail des bœufs et desrvaches; que } danse nord; on commehcerà renoncer aux: chevaux pout labouret avéc des bœufsyret mêmeavec des vachesl ti: . Dans: lec Bordelais ‘tcddanso l'Aprènais ;'onllaboüre avec des: vaches conduites) à: l’âïemillon owrparswüné corde ‘attachée à Voréilléb Des gens ‘de la Picardie prennent dépuis peu l'habitude dy'venir-acheter dés vaches , qu'ils attellent à leursichhrrues, cet dont) ils obtiennentruntrès-bor travailreniles conduïisant'aÿec le fouetetraveéidesanneaux passés dans 18 nezs159104 M.'Avanturier ditrque/cdans lé Limousimy)on doit préférer le labouràagedes/vaches à celui des chevaux, mais-que bientôtyler:poidsodes charrues forcera: à renoncer aux, vaches pour messe servir que derbœufs! M.-de Chasteigner-engageles! :gens-dui limousin: à faire leur travailsavee-des wachés;-qui léur donnent des produits): &:LanFrancerentière | dit-ik,serà bientôt tributaire! de leur-payss:$’ils continuent là: élever des taureaux qui puissent fajre de5bon:bétail£derrhar: paishborog 6195 oup tissivhorq or, elsvor'ertort so eve" ft Ro GÉRARDIN secrétaire. orboro 29"), ailosx of 9711907 q 92 ob ansyom 291 284 tusb :M:derprésident met-à l'ordre du, jouxiles questions indiquées / dans sle-paragraphe, relatif sa commence et à Findustiierierron 2180 : oûOsINS A no vers É Lai première-questionsest, ainsi conçue: «Origine, développement .et-progrèsode l'industrie céramique dans li Haute-Vienne et-les départements «du, centre dela France: Quelidoit être l'avenir de: cette in+ dustrie? » vdifins M. sAlluaudir-entre : dans ;quelques détails, et, expliquant quikiafa pu préparer.un,-traxail spécial O4 AI RROGÈSÆ-VERBAUX. 211511) 00 ait sur,les, questions Soumisés au:Congrèsbtouchant la fabrications des: porcelaines ‘em°Timousin: il best obligéd'avoir recours: om mémoire-qu'il rédigea (en 4831deetrqui 2seutrouveerpublié am: leëtenso: dans les Éphémérides du ressort deslaæ:cour royale de: Limoges: de cettesamnéel, 5$e æéservañt d'ailleurs decompléter: ses ebbersationsrhas vdesireñseigmements Du DE LU qü'ilsetpioposemerddnnemsl $ aofloits eliop . aadosx soEptramt:dans Historique derdà-fabricationr de. la porcelaine dansié départementr:dedaHaute-Vienne:, ilofaitoconnaître.à d'asseniblées:quel ‘aprèscun/demi- siècle de ttonneméntadet de (persévérance, ‘cet art; Sélèverau premier rahgedeol' industrie du pays-par: l'imménse quantité dematièresquilemploie 19parrile ñombrerdel brasquiloccupegetoparolarvaleur.ldes produits qu'il épard dans delcommettersii 119! o11n] loCe futivers 1161, seulement ques fut -découvert-le setretodel lai fabrication déj az porcelaineldure ;1€ar jusquellà lSèvresimiême pq était: déjàarune manu facture royale, ne produisait que de la porcelaine tendre. .Quoiqu'on passédät le secret, on n'avait cepen- dant pas les moyens de se procurer le kaolin, c’est- acdire li matière, prinéipale avec laquelle onqpouvait fabrique Une séuler cimibre detcette argile existait à Passau en Allemagne ; mais , commél'éxportation n’én2 était pas permise ls on°auraitiété vbligé de ‘se testréiidre All fabrication delalporcelaine tendre si léhäsardin'avait pas ait découvririés-richés kaolins dé! Bimbusin Mais enfin, 'énh116%), cettedécouvérte eut lieu. « Serra Ce fut: dans tétté Année que ‘atfemme: d'un chi düréien ,[MéDainetsdontile nomdoit être transmis à 112 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. la postérité 7 fit apercevoir, sans s'en douter, la richesse de la matière, qui était ax portes de Saint-Yrieix , c’est-à-dire à dix lieues de Limoges. M. Darnet croyait pouvoir utiliser l’argile pour le blanchissage du linge. Après quelques épreuves, il avait pensé que la matière contenait de l'essence de savon naturelle , et avait cru devoir consulter sur ce point un pharmacien de Bordeaux et sur les moyens de l’extraire. Après des essais, des expérimentations nombreuses, des indiscrétions même, on parvint à avoir la conviction que les terres blanches de Saint-Yrieix et de ses environs étaient propres à la fabrication de la porcelaine dure. L'appât attaché à la découverte d'une carrière était fort attrayant. La bonne argile, qui vaut maintenant 6 fr. le quintal, valait alors 100 fr., et c’est sans doute à cette valeur exorbitante que nous devons aujourd'hui la possession des nombreuses carrières qui alimentent les fabriques de porcelaine qui se sont successivement élevées en France, et plus tard en Europe. La découverte d’un bon kaolin ne suffisait cependant pas pour obtenir une bonne fabrication : il fallait apprendre à le mettre en œuvre. Cinq ou six ans furent employés à des essais qui ruinèrent toutes les entreprises particulières , et ce ne fut qu’en 4774que la Manufacture royale de Sèvres mit en pleine activité la nouvelle fabrication de la porcelaine dure. Une fabrique fut créée à Limoges par les soins de Furgot , alors intendant de la province , et par les . travaux de MM. Gabriel Grellet frères. Des tâton- I) ATTPROCÉÈSHVERBAUXE PAIN 143 nements:ptidessexpériencesamineuses engagèrent ces : derniersacroffrin lneoéssion deslétis manufacture au roi, qwiceni levintracqnérenrt en 47184. Cette! mani faéture fut'alors'annekée à cellecde D M! el Grelleten-futnommé direéteur..920111! 11 9% | obasfabrieation nerprospéraitpas, ét cé! mibeutaiti sé! démitderses; fonctionsoentr#788: M. AIRiIatd | 5 ing éLs nieur-géographe du roisfut appelé à lerremplacer 1100 Les vices de l’ancienne manutention furent cotrigés®?! dèss4dorsi ta manufacture des Eimoges”-reprit”"ame noûveller activité; 7etse distingmanpar da PO LE sé proditsuise sb 29domsld aorrot 28[ 9r5p moitoivm da Heiutinits del 479M41qvintirentparalyser : travaux. La fabrique était réduite aux produits ee quelques: ventes ren lassienats2 Me! Aldaudedonna: sa démission; les) ouvriers ‘ira payés sel dispersèrent 0: etre 48 vendémiaire! am!iV }d&: HE germe fut venduelaux sieurs Joubertet Cacattelsy 91199 6 PDanslemême temps, a AS ce à Wimogesip dans: Se des? Augustins par les soinsdé M: Mommeries15119 712 En 1798, M. Alluaud entreprit la cons es d'une autre fatéfiyrres qu'une mort: ne ne ui péraiitipas d'acheverdst ocmod ou timsido “11 254 "Ms de-LaSeimié), qui em avaitétabli né ga Bit 5 Yriéix:) fut remplacé :par:M Baignol,olFum des anciens | tourneurs'ider da manafacturesroyalec-der, Sévrestos ocislq ao dior 291vV42 9b slsvot stutostuneM 61 Nous constatonsricei-queg à! l’époque del'ivènement :! dufconsulat-etde Fempire!, ces ‘cinq! fabriques étaient les: seules qui ‘existassent dans "le département deckat HamétViefinezstért dolor [order MM YA 8 114 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Mais la manufacture de Saint-Yrieix seule pros- pérait ; les travaux de celles de Limoges étaient presque abandonnés. A son retour de l’armée, M. Alluaud fils achevait les travaux que son père avait commencés : il rappela autour de lui les anciens ouvriers de la manufacture royale, associa ses frères à son entreprise, créa de nombreux ou- vriers, et réunit successivement à l'exploitation de sa fabrique celle de MM. Joubert et Monnerie. M. Baignol, de son côté, vint se fixer à Limoges. Sous l'empire, le Berri, le Nivernais, la Nor- mandie et la Champagne virent élever des établis- sements considérables, où la plupart de ceux qui les avaient établis devaient marquer leur passage par de nombreuses faillites. Survint la restauration. Les bienfaits de la paix fécondent l’industrie de la porcelaine : de nombreuses manufactures s'élèvent non-seulement à Limoges, mais dans les centres de population du département. Saint-Léonard, Magnac-Bourg, Coussac-Bonneval, Brigueil, Bourganeuf même dans la Creuse, tout près de la limite de la Haute-Vienne, établissent des fabriques. À la révolution de 14830, quelques-uns de ces établissements chancellent, d’autres succombent; mais ils sont remplacés par de nouveaux entrepreneurs. De nouvelles manufactures même s’'établissent à Limoges, à Sauviat, à Solignac. M. Alluaud, faisant ensuite apercevoir les progrès de la fabrication dans notre département, donne les explications suivantes : Avant 1789, deux manufactures existaient. PROCÈS-VERBAUX. 115 Sous la république, ce nombre était porté à quatre, et, sous l’empire, il était de cinq. En 1836, malgré les sinistres de quelques manu- factures, la masse de la fabrication produite par vingt-quatre fabriques, y compris celles des dorures et des peintures, et représentée par quarante fours, pouvait s'élever à la somme de quatre millions. Il évalue à la moitié de cette somme l’émolumen- tation des fabriques et ateliers de peinture à Limoges. Il ajoute qu'aujourd'hui le nombre des fours à porcelaine a tellement augmenté que l'on compte dans la Haute-Vienne soixante-cinq fours en pleine activité, et que l’on ne peut pas évaluer à moins de six millions les produits de nos manufactures dans la Haute-Vienne. Il fait ressortir de ces faits que la Haute-Vienne sera toujours le pays prédestiné pour la fabrication de la porcelaine; que l'abondance et la modicité relative du prix des matières sera toujours une garantie du succès. « En effet, dit-il, les matières les plus essentielles à la fabrication de la porcelaine sont le kaolin, la terre à gazette et le bois. » Le kaolin est abondant, surtout dans les environs de Saint-Yrieix : pendant plus de deux siècles encore, nous trouverons là les matières qui nous seront nécessaires. » La terre à gazette, qui se trouve aux environs de La Malaise, à quatre lieues de Limoges, pourrait, à la longue, s'épuiser plus tôt que les carrières à pâte; mais tous les jours il se découvrira de nouvelles carrières de terre réfractaire. 146 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. « Le bois ne manquera pas, et l'application de la houille à la cuisson de la porcelaine viendra en diminuer la consommation. Les nombreuses plan- tations qui ont été faites depuis cinquante ans nous garantissent une abondance suffisante de ce combus- tible. » Passant ensuite à l'examen des questions posées aux paragraphes 3 et 4 de l’article 4‘, ainsi conçus : « Les fabriques de porcelaine qui s'élèveraient dans le voisinage des houillères pourraient-elles donner lieu à une concurrence dangereuse pour les fabriques du Limousin? — dans le cas où cette concurrence serait à craindre, quels seraient les moyens dy remédier? », M. Alluaud explique que, de 1783 à 1788, quelques fabricants, en France et en Angle- terre, essayèrent de substituer la houille au bois pour la cuisson de cette poterie. Mais ces essais furent infructueux, et on fut obligé d'y renoncer : le prin- cipal objet que voulaient atteindre les fabricants consistait dans la beauté et la réussite constante des produits, et le bois seul pouvait conduire à ce résultat. Cependant , depuis que la porcelaine s’est introduite dans tous les ménages, depuis que cette fabrication ne s’en est pas tenue aux vases de haut prix, elle est devenue l’objet d'un commerce de plus en plus consi- dérable : il a donc été nécessaire de rechercher les moyens les plus économiques. Le bois empilé sous la halle des fours revient, à Limoges, à 13 fr. le stère. À ce prix, il entre pour plus d’un tiers dans le revient total de la fabrication. Le département du Cher a voulu l’un des premiers introduire l'emploi de la houille : la réduction du PROCÈS-VERBAUX. 117 prix de revient, par l'usage de ce combustible, est d'environ 16 °/.. M. Vital-Roux , de Noirlac, fit de nombreux ‘essais, qui tous ne furent pas lucratifs; mais on eut la preuve que la cuisson à la houille était possible. La question se réduisait à ceci : bon choix du combus- tible, bonne direction des feux, emploi des moyens convenables pour éviter les inconvénients qui s'étaient manifestés dans les premières fournées. M. Vital-Roux, secondé par le directeur de la manu- facture de Sèvres, M. Ebelmen, modifia et compléta les premiers moyens. Les nouveaux produits vinrent justifier les espérances qu’on avait conçues. M. Ebelmen fit à ce sujet un rapport à M. le mi- nistre de l’agriculture et du commerce. Il émit l'opinion que les fours au bois ne pourraient soutenir la concurrence des fours à la houille, et que la fabri- cation de la porcelaine serait forcément obligée de se déplacer, et de s'établir dans le voisinage des houillères. M. Alluaud appelle ensuite l'attention du Congrès sur la position des fabriques de Limoges, qui toutes n'ont pu et n’ont dû, peut-être sagement, transfor- mer leurs fours au bois en fours à la houille. Il explique les motifs des lenteurs, des tâtonnements qui en ont été la suite. Dans le Limousin, nous comp- tons soixante-cinq fours, dont cinquante et un au bois et quatorze à la houille. * La comparaison des frais de fabrication à Sèvres donnée par M. Ebelmen avec les frais de fabrication à Limoges ne peut se soutenir : la consommation de 8 kilogr. de houille à Sèvres n’est chez nous que de 4 kilogr. 570 gr. 118 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Il compare ensuite les prix de revient pour les fabriques voisines de Commentry avec les prix de revient pour les fabriques du Limousin. Il fait ressortir les avantages de la position acquise aux fabricants de Limoges : trente-quatre manufac— tures de porcelaine en plein exercice ; la beauté et l'abondance des matières premières ; la netteté, la transparence , la blancheur des produits; dix-sept ateliers de peinture ; trente maisons de commission ; des fonds de roulement considérables; l'ancienneté des relations ; la loyauté des transactions : tous ces éléments de prospérité ne se déplacent pas facilement. I en conclut que l’industrie des porcelaines en Limousin n’est pas près de s'expatrier et de se trans- porter ailleurs. , Cet exposé a captivé l'attention de ee ons qui, par l'organe de son président, en a ns toute sa satisfaction à M. Alluaud. À une heure et demie , la séance est levée. J.-J. ABRIA, secrétaire. SEANCE DU 17 SEPTEMBRE 1859. PRÉSIDENCE DE M. LE VICOMTE DE GENOUILLAC. La séance est ouverte à onze heures et demie. Lecture et adoption du procès-verbal de la précé- dente séance. M. le comte d'Estaintot lit. au mom de M. Avan- PROCÈS—VERBAUX. 119 turier, un remarquable et consciencieux travail sur les assolements rationnels du Limousin, et surtout sur un assolement de dix-huit ans établi dans sa pro- priété de Lage. Cette lecture terminée , M. le président dit que ce travail sera soumis au comité des secrétaires gé- néraux. M. Bardy a la parole sur la question de savoir si le Congrès de Limoges doit émettre le vœu que les com- munaux soient partagés. Dans une improvisation brillante , M. Bardy, après avoir fait l'historique des communaux en France, démontre, par une série de calculs, qu'il y a intérêt pour l’ordre social à ce que les communaux soient partagés en Limousin. On fera ainsi disparaître des terres incultes ; qui déshonorent nos contrées, et on créera, par là, nombre de propriétaires, qui deviendront intéressés à la conservation de l’ordre social. Il croit donc devoir, au nom de la commission, émettre le vœu que voici : « Le Congrès, considérant que l’intérêt des familles qui se vouent à l’exploitation du sol, les progrès de l’agriculture , l'accroissement de la richesse nationale et des ressources du trésor public, commandent à la fois de placer sous le régime de la propriété privée librement transmissible les biens communaux, qui, dans l’état actuel de la législation et des usages, demeurent les seuls fonds ruraux qu'il soit à peu près impossible de rendre plus productifs , et, par conséquent, plus utiles, » Déclare adhérer aux vœux émis sur la matière 120 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. par le conseil général de la Haute-Vienne dans les sessions de 1857, 4858 et 1859. » Il déclare, en outre, émettre le vœu que ceux de ces communaux dont, pour une Cause quelconque, le partage ou la licitation ne seraient pas reconnus praticables, soient amodiés à long terme. » M. de Buzonnière, répondant à M. le rapporteur de la commission , pense que nous n’avons pas le droit de partager ce qui ne nous appartient pas. Les com— munaux nappartiennent pas plus aux générations présentes qu'ils n'étaient la propriété des générations passées. A une époque où l’on est trop enclin à grever l'avenir pour satisfaire des jouissances présentes, on devrait conserver cette dernière planche de salut. Convertir les communaux en rentes serait une faute. Les immeubles prennent tous les jours de la valeur, lorsque les monnaies en perdent. Une amodiation à long terme lui paraît préférable à la licitation et au partage. M. Gérardin se range à l'opinion de M. de Buzon- nière : « Il n’y a pas urgence , dit-il , à partager les communaux, lorsqu'il y a encore en Limousin tant de terres incultes , et lorsque ce n’est pas la terre qui manque aux cultivateurs, mais les bras qui manquent à la terre. » Le communal est le patrimoine du pauvre : l’en dépouiller serait commettre une spoliation au profit du riche. D'ailleurs , le partage , ne pouvant s’opérer que par, feu, n'augmentera pas d’un seul le nombre des | É 1 ‘A? sé se AR: f PROCÈS-VERBAUX. 191 propriétaires, et la prospérité de l'État est peu intéressée à ce que chaque propriétaire du Limousin ajoute quelques ares de landes: aux bruyères qu'il a déjà. Ce n'est du reste pas au moment où, grâce à la chaux, les terres de la Haute-Vienne prennent tous les jours de la valeur qu’on doit liquider à vil prix cette fortune amassée depuis des siècles. Il croitqu’une pareille mesure, qui ruinerait tous les prolétaires des campagnes, serait surtout malheureuse à un moment où tant de séductions les appellent dans les villes , et où ils se font de jour en jour plus rares aux champs. Il demande que le Congrès passe à l’ordre du jour. M. Mahias , de Rennes, dit qu’il est incontestable pour tout le monde que la propriété particulière est mieux cultivée que la propriété commune; que l'in térêt véritable de la France est que toutes les terres soient cultivées. L’amodiation à long terme lui paraît une folie : quel est le particulier qui consentirait à affermer pour cent ans ses héritagees sans que le prix de ferme fût variable, avec les degrés d'amélioration et de plus- value que ceux-ci pourraient atteindre ? D'ailleurs il craindrait des luttes fâcheuses entre les fermiers et les anciens communistes. Après un remarquable résumé de M. le président, la question est mise aux voix. Le vœu émis par M. Bardy au nom de la commission est admis à la majorité de seize voix contre huit. L'amendement proposé par M. de Buzonnière, relati{ 122 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. aux amodiations , a été retiré , et n’a pas été mis aux VOIX. À La séaace est levée à une heure et demie. H. GÉRARDIN, secrétaire. SEANCE DU 19 SEPTEMBRE 1850. PRÉSIDENCE DE M. LE VICOMTE DE GENOUILLAC. Lecture est donnée des procès-verbaux des séances des 16 et 17 septembre. Ils sont adoptés. M. le président appelle la discussion sur les articles 2,3,4et5 de la section de l’industrie, ainsi conçus : « Quel est l’état de la peinture sur porcelaine à Limoges? — Quels progrès a-t-elle faits depuis plu- sieurs années? » — «-Cet art est-il tout ce qu'il pourrait être au point de vue de la forme, du goût et de la couleur? — Pourrait-on tenter quelques nou- velles combinaisons ? — Dans le cas où, au point de vue artistique, la fabrication de Limoges laisserait encore des perfectionnements à désirer, quels seraient les moyens de les obtenir ? » — « L'art décoratif peut- il donner lieu à un enseignement artistique régulier ? En d’autres termes, peut-on définir et réduire à des principes généraux un art dont la mode et la fantaisie sont les principaux régulateurs? » M. de Caumont prend la parole. Il appelle l'attention de l’assemblée sur l’absence, en France, de l'éducation professionnelle. Dans beau- coup de nos villes industrielles, on effleure les ENLT MENT 4 PROCÈS-VERBAUX. 193 questions; on ne pratique pas assez au point de vue de l’art et du goût; on ne copie pas assez la nature. Ses observations peuvent s'appliquer à la ville de Limoges, qui, selon lui, ne s'attache pas toujours aux formes gracieuses pour l'exécution de certains vases de porcelaine, qui laissent à désirer sous le rapport du goût. , Il profite de cette ciconstance pour démontrer la nécessité de la création à Limoges d'un musée céramique et industriel, dans l'intérêt de nos fa- briques de porcelaine et de nos manufactures de tissus. Il commente les idées remarquables de M. Natalis Rondot, émises par ce savant dans un rapport par lui fait à la chambre de commerce de Lyon en septembre 1858. Il les recommande à l'attention des industries et des manufactures de nôtre ville. À « Un musée céramique et industriel tel que nous le comprenons, dit-il, doit avoir un caractère bien tranché, un* cachet tout à fait local. Il éveillera et développera le sentiment du beau; il formera le goût; mais surtout il sera pour la fabrique un fonds commun où l’on sera assuré de trouver tout ce qui peut servir l'inspiration, élargir et élever les idées, résoudre les difficultés, et réaliser de nouveaux progrès. On y viendra étudier les ressources décora- tives imaginées et développées dans les grands siècles, chercher le secret de la simplicité, de la grâce des Grecs et des orientaux. » Ce musée comprendrait donc plusieurs divisions principales : l’art, l’industrie et l'histoire. Le plan que propose M. de Caumont est développé 124 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. par lui avec beaucoup de détails; il fait ressortir tous les avantages qui en découleraient pour le pays, et propose à l'assemblée l'adoption de la proposition suivante : « Le Congrès scientifique de France, convaincu que les musées d'art et d'industrie sont d’une incontestable utilité, émet le vœu qu'on établisse des musées de ce genre dans toutes les villes importantes, et à Limoges en particulier. » Il demande » 4 Qu'un musée industriel soit établi, à Li- moges, dans un vaste local, autant que possible voisin des autres musées, qui ne peuvent rester plus long-temps dans le lieu où ils se trouvent aujourd’hui; » 2 Que ce musée renferme avant tout les principaux produits de la fabrique de Limoges depuis son origine jusqu'au temps présent ; » 3° Qu'il renferme, en outre, des dessins ou des spécimens en nature reproduisant les formes les plus gracieuses de la céramique chez les différents peuples; » 4 Les matières premières à différents états, depuis leur extraction jusqu'à leur mise en œuvre ». M. Abria reconnaît la nécessité de la création du musée dont il s'agit, qui serait une exposition perma- nente, et dit que la ville de Limoges s’est déjà occupée de la question, mais que le défaut de fonds pour la construction d’un bâtiment et de salles spacieuses , que, en définitive, il faudra bien édifier un jour, a seul empêché ou retardé cet établissement. M. le comte de Chasteigner se joint à M. de Caumont. Il recommande de nouveau la lecture du rapport de PROCÈS-VERBAUX. ” 195 M. Natalis Rondot , et en fait ressortir les propositions qui peuvent s'appliquer à la ville de Limoges : « On à trop l'habitude, dit-il, de s'adresser aux administrations, à l’État, quand il s'agit d'œuvres d’un intérêt général ou départemental : il faut que les industriels , les chambres de commerce, agissent dans l'intérêt du pays. Rouen, Bordeaux, Lyon, ont dépensé des sommes énormes dans ce sens. » La proposition de M. de Caumont est mise aux voix, et adoptée à l’unanimité. M. de Caumont rappelle ensuite un mémoire adressé à la Société d'Agriculture de Limoges sur la multi- plication du pommier à cidre. I1 appuie la proposition que fait l’auteur, et demande qu’elle soit consignée au procès-verbal. Elle est ainsi conçue : « L'étude des diverses espèces de pommes à cidre a été commencée en Normandie il y a trente ans; elle a été reprise et presque terminée par MM. Girardin et du Breuil , de Rouen. On s’en occupe aussi en Picardie et dans les contrées de la France où l’on fait du cidre. » On aura donc bientôt un travail capital et complet sur la pomme douce propre à faire le cidre : or il importe que l'on fasse aussi le catalogue des pommes cultivées en Limousin , et je propose au Congrès d'émettre un vœu dans ce sens, afin que les sociétés d'agriculture du pays s'occupent immédiatement de la rédaction de ce catalogue et de l'étude comparative des espèces de pommes que possède le Limousin. » Si la section d'agriculture adopte cette idée, le vœu pourrait être formulé dans les termes suivants : « Le Congrès scientifique de France recommande à 426 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. » la Société d'Agriculture de Limoges de dresser le » catalogue des pommiers cultivés en Limousin, de » mettre le sujet au concours , et de récompenser par » un prix ou une médaille l’auteur du meilleur mé- » moire qui lui sera présenté sur ce sujet ». La proposition est adoptée. M. le comte d’Estaintot raconte ensuite que, dans une excursion faite dimanche dernier , et par les soins de MM. Avanturier et Nivet-Fontaubert, plusieurs membres du Congrès ont visité les environs de Solignac , du Vigen , et les tours de Chalusset. Ils ont admiré les beaux sites, la belle culture et les riches prairies de ces contrées; ils désirent que ces messieurs recoivenit ici les remercîments du Congrès. Le même membre rend compte en ces termes d’une visite faite par plusieurs membres de la section dans les ateliers de M. Tristchler : MESSIEURS, Une commission composée des membres faisant partie de la section d'agriculture, d'industrie et de commerce, s’est rendue dans les ateliers de M. Tristchler, constructeur mécanicien. Cet honorable industriel a fait passer sous ses yeux les nombreux instruments agricoles qu'il confectionne : M. le président m'a prié de vous en donner un rapide exposé. Sans autre préambule, nous citerons tout d'abord le con- casseur, le coupe-racines, le régulateur, le rayonneur, le buttoir, une machine à égrainer le maïs, la herse jumelle, la houe à cheval, la charrue tourne-oreille, la fouilleuse avec son soc de rechange , les tarares de différents modèles, et les charrues calquées sur la charrue Dombasle. — Comme l'application de ce dernier instrument au sol de la Haute- Vienne nécessitait quelques modifications, celles qu'elle a PROCÈS-VERBAUX. 127 subies dénotent de la part du constructeur une grande intelligence d'observation. Nous ne devons pas passer sous silence une charrue Dombasle à déversoir à gauche. — L'’explication qu'on nous a donnée de cette innovation mérite d'être consignée : L'habitude du métayer du pays limousin est de se servir de l'ancienne charrue romaine, dont le déversoir est à gauche. Comme le progrès est généralement recu avec une excessive défiance, M. Tristchler, pour en faciliter le développement, a usé de cette petite supercherie, dont nous le félicitons bien cordialement, puisqu'elle rend plus facile la transition de la charrue ancienne à la Charrue nouvelle. ; Nous aurions voulu vous entrétenir avec quelques détails d'un appareil économique destiné à la cuisine du bétail. Tout en pensant qu'il pourra être d’un bon usage dans la pratique, d'après la description que l'habile inventeur nous en a donnée, il serait peut-être téméraire de se prononcer dès maintenant sur son mérite. L'exposition de Bordeaux nous à privés de voir dans son ensemble le manége de M. Tristchler : d'après les combi- naisons mécaniques, il aurait l'avantage d'utiliser beaucoup de forces perdues, et de diminuer, par l’engrenage qui lui à été adapté, la force qu’il fallait généralement employer pour mettre en mouvement les machines à battre. Donner plus de solidité au manége, rendre son entretien plus facile et moins coûteux, voici le but qu'on s’est proposé d'atteindre. Nous n'avons qu'a louer M. Tristchler des incessants perfectionnements qu'il fait subir aux instruments appelés à. développer notre richesse agricole. Le succès a couronné ses constants efforts, puisque, depuis huit ans qu’il est établi à Limoges, plus de deux mille sept cents instruments aratoires sont sortis de ses ateliers pour être employés dans le dépar- tement de la Haute-Vienne. Les médailles de première classe ‘ et les mentions honorables que M. Tristchler a obtenues aux différents concours où il s'est présenté sont le témoignage de son incontestable habileté et de la bonne confection de ses produits. 128 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Notre voix n'est done que le faible écho des éloges que cet honorable industriel a su mériter pour les services réels qu'il a rendus à l’industrie agricole de son pays. M. Bailly dé Merlieux rend compte dé la visite faite par une commission du Congrès dans le bel établissement agricole de M. Henry Michel, Vigen. Tous ont admiré ses cultures , ses bestiaux si la bonne administration qui préside à l'exploitation. Son rapport est ainsi COnNCu : MESSIEURS, Notre honorable vice-président a, bien voulu me confier la mission de recueillir, pour vous les transmettre, quelques uates relatives à l'exploitation agricole véritablement modèle fondée et dirigée par M. Michel à douze kilomètres de Limoges. L Cette exploitation est située au hameau du Vigen, à un kilomètre de Solignac, sur la route de Saint-Yrieix, où M. Michel à construit, sur le penchant du coteau, une charmante villa, et dessiné un jardin paysager auquel viennent se marier gracieusement les prairies et les terres de la propriété. C'est donc une création nouvelle comme. cons- tructions et disposition du terrain. L'exploitation se compose de 60 hectares, dont 9 ou 10 en belles prairies naturelles, qui occupent le fond du vallon de la Briance : le lit de cette riviere, fort encaissé dans cette partie de son cours, borne l'un des côtés de la prairie dans toute sa longueur, Les autres 50 hectares sont en terres arables , maintenant toutes en culture. M. Michel avait d'abord adopté l’assolement anadt eme : mais actuellement il l'a porté à cinq années; savoir : deux années successives de plantes sarclées, principalement des racines, telles que betteraves, carottes, pommes de terre, topinambours, dont vous avez vu les magnifiques produits | PROCÈS-VERBAUX. 129 Sur le sol; — 3e année : avoine avec trèfle; — 4e : prairiearti- ficielle; — 5e : froment. M. Michel a fait récemment de très-heureux essais d'intro- duction de la luzerne, et vous.avez admiré un champ où une quatrième coupe présentait une admirable et épaisse végé- tation. Pour cette culture, M. Michel fait amender la terre avec 60 hectolitres de chaux par hectare, dépense qu’il évalue à 90 ou 100 fr. Pour citer quelques chiffres qui vous feront apprécier les rendements et les résultats de sa culture, tels qu’ils nous ont été transmis par M. Michel, nous vous dirons qu'il obtient, en moyenne, 30 hectolitres de blé à l’hectare, 45,000 kilogr. de betteraves, et des autres cultures dans la même proportion. L'état parfait de propreté et d’ameublissement du sol, l’aspect général des terres et le grand nombre de bestiaux qu’il entre- tient, justifient pleinement ces produits. Ajoutons que, en outre, pour augmenter la litière, qui lui fait défaut, il achète de la paille de seigle, qu’on trouve communément dans le pays. Quant aux animaux, leur nombre se répartit ainsi : Cinquante-cinq bêtes à cornes, dont huit de la race du pays pour les travaux de la culture, et le surplus en Durham purs ou croisés, destinés à l'engraissement et à la boucherie. M. Michel a reconnu combien leur croissance et leur engrais-— sement sont précoces, et, à trois ans, les Durham pèsent de 3 à 400 kilogr., et valent sur le marché de Poissy 5 à 600 fr. _ Les bêtes de travail sont aussi mises à l’engrais à six ou huit ans, et remplacées par d’autres. Tout le lait des vaches est employé à la nourriture des élèves. Les moutons sont au nombre de cent vingt, appartenant aux races anglaises Costwood et Southdown. Les plus forts, engraissés strès-rapidement, se vendent jusqu'à 50 fr. au marché de Poissy. La race porcine comprend habituellement quatre-vingts animaux : M. Michel fixe son choix sur la grande et la petite race blanche de New-Leicester : la petite s’engraisse plus vite ; la grande donne des pores qui peuvent peser 250 kilogr. 9 430 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. à dix-huit mois, et elle est tellement féconde qu'une mère à donné trois portées et trente jeunes en quatorze mois. Enfin il y a huit chevaux logés et employés en dehors de l'exploitation. Les autres animaux occupent deux corps de bâtiments distincts : l'un, dans la basse-cour, près de l'habitation, se compose d'une enceinte demi-circulaire par laquelle la nourriture est servie dans des bacs à tous les animaux, au nombre de treize. Dans les angles de l'étable sont installés les jeunes élèves. L'autre bâtiment, construit à la partie culminante du territoire, est entièrement neuf : l’étable,se compose d’un couloir longitudinal central par lequel on sert les aliments des deux côtés à chaque travée, Où les bêtes bovines passent leurs têtes entre les montants en bois pour venir chercher la nourriture. C'est dans ce vaste et beau local que les animaux sont engraissés. I1ssont d’ailleurs soumis à une stabulation presque permanente, et ce n’est qu'une partie des animaux, princi- palement les vaches et leur suite, qui sont mis au pacage dans la grande prairie naturelle après une coupe, qui est très-abondante. Cette prairie est améliorée tous les quatre ou six ans par l’engrais des béstiaux. Dans une autre partie du bâtiment se trouvent les loges à pores : elles Sont en bois, très-propres et analogues à celles qu'on dispose pour ces animaux dans les expositions; la litière y est abondante. Enfin un troisième local sert de cuisine pour les bestiaux, il renferme hache-paille, coupe- racines et appareils pour cuire les légumes à la vapeur, non— seulement les cochons, mais les autres animaux, étant en grande partie nourris avec des aliments cuits. Notons cependant que les topinambours sont donnés crus, et très- goûtés par tous les bestiaux. Le maïs en vert est aussi un aliment important : les bêtes le préfèrent au sorgho, dont M. Michel n'a fait, du reste, que de petits essais. Vous avez pu voir sur pied une récolte très-belle de ce maïs, et, d'après son épaisseur, le rendement doit être très-consi- dérable. Ainsi vous voyez que, en multipliant les prairies artifi- PROCÈS-VERBAUX. 131 eielles et les racines, Ce qui est facile en se consacrant spécialement à l'élève et à l’engraissement des bestiaux, on peut les accroître au point d'arriver à une tête et demie de bête bovine par hectare, résultat auquel est déjà parvenu M. Michel, et qu'il espère bien dépasser au moyen de la luzerne. Il n’est donc pas extraordinaire que, dans certains Cas, il y ait avantage à mettre en culture les prairies naturelles. Lorsque, en outre, on se livre à la multiplication.des races dont la croissance et l'engraissement sont très-rapides, on obtient un produit net en argent très-considérable. Sous ce rapport, les prix de la main-d'œuvre, dans la Haute- Vienne, sont très-favorables ; car il paraît que les valets de ferme ne sont payés que 450 fr. par an, plus la nourriture, pour laquelle on traite avec un maître-valet, en lui livrant des denrées dont la valeur est de 70 fr. environ. Notons que M. Michel obtient ses produits de la race bovine, et les améliore par un superbe taureau Durham écossais, couronné à l'exposition universelle de 1855, et qu'il a payé 3,500 fr. Il nons a assuré que la fécondation des saillies de cet animal était toujours très-assurée. Du reste, ses pro- duits ont déjà valu à M. Michel un der prix des Durham et vingt-quatre médailles d’or. En résumé, lorsqu'on voit là Haute-Vienne posséder des agriculteurs praticiens tels que M. Lasserre, qui a trouvé avantageux de livrer à la culture les prairies naturelles, considérées jusqu'alors comme les sols les plus productifs ; M. Avanturier, qui obtient vingt-deux récoltes en dix-huit ans, et nourrit une tête de gros bétail par hectare, tout en ven- dant où consommant en dehors de l'exploitation les produits des céréales; enfin M. Michel, dont nous venons de vous décrire l'exploitation en quelques mots, on peut dire que ce départe- ment n’a rien à envier aux contrées les plus favorisées, et qu’il possède dans son sein des exploitations modèles, qu'il ne S'agit que d'imiter avec discernement pour réaliser les progrès de l'agriculture actuelle. Passant ensuite à la 42° question de l’agriculture , 4132 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. concernant la race chevaline , M. Alluaud dit que la race limousine pure a presque disparu ; que l'anéan- tissement de ce type est la conséquence fâcheuse des croisements añglais : d'où la dégénérescence dont on se plaint à si juste titre. M. Avanturier est du même avis : « Les courses, dit-il, ont fait apparaître la vigueur du cheval] pour un moment donné, mais voilà tout. Si nous ne cherchons pas à augmenter ,; à améliorer l’alimen- tation de no$ animaux ; si nous ne profitons pas des amendements çalcairespour obtenir une nourriture plus saine, plus abondante, nous viendrons avant peu à voir anéantir notre belle race limousine , dont les qualités étaient si fort appréciées il y a quelque quarante ans. » M. le comte de Chasteigner se plaint de l’absence au Congrès des principaux éleveurs de la Haute- Vienne; il entre dans de longs détails sur l'éducation des chevaux, sur l'utilité de conserver notre belle race, réputée à si juste titre. « Les ‘propriétaires , ‘dit-il ,' ont perdu dé vue l'intérêt général: le jeu, C'est-à-dire les courses et les produits de ces spéculations aléatoires, les à entraînés. D Me) Mine »/Les Chevaux anglais n’ont été” admis comme étalons’ en France que parté qu’ils développent une vigueur appréciable, quoiqu'elleé ne ‘soit que de quelques ‘heurëés. Les chevaux arabes} qui auraient dû être préférés au point dé vué des services à rendre au pays, ont été repoussés à fort, et il est à regretter que le sang anglais aït été uni au sang limousin; car les produits qui en sont résultés n'ont plus de type. » PROCÈS-VERBAUX. 133 M. Barufäi dit quelques mots pour appuyer les obser- vations de M. de Chasteignier sur le cheval arabe. Il insiste sur la nécessité de modifier l alimentation des chevaux en France. Il faut retremper notre race dans le sang arabe : en Orient les chevaux sont sobres. M. l'abbé Pardiac est complètement de l'avis des préopinants : il a étudié Ja race chevaline dans l'Asie, le Liban, les lieux saints. La séance est levée à une heure et demie. J.-J 'ABRIA! Secrétaire, r SEANCE DU-90 SEPTEMBRE 1850911 PRÉSIDENCE DE M. LE VICOMTE DE GENOUILLAC. r . La séance est ouverte à onze heures et demie, ; Lecture est: faite du. procès-verbal..(e..la séance, précédente, -qui est adopté. : 0 | M. Thévenot demande Ta role sur h Feet chevaline, traitée dans la séance d'hier. Retenu. chez lui pour cause de maladie, il regrette. de n'avoir pu prendre part à la discussion. fait ressortir la nécessité, Putilité Le le Gouver- nement de protéger l'élève du cheval, .au.point de yug surtout de l’arme de la Pa eleTe ur SM #00 ve On à eu tort de s'attacher presque éxclusisetERE au mélange du. sang anglais ,.qui.ne vaut pas le sang arabe : « Dans la guerre de Crimée, dit-il, on a vu 134 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. les chevaux anglais défaillir devant les intempéries du climat et la nourriture restreinte : les chevaux des chasseurs d'Afrique, de sang arabe, ont parfai- tement résisté à tous les incidents de la campagne. » Le cheval limousin est. un cheval par excellence : il provient de la race arabe. Il a fait ses preuves dans les guerres des xvr et xvin: siècles. Son caractère, sa bonne constitution, ont été reconnus de tout temps. Sa rusticité, son agilité, sont des garanties à tous les points de vue. Les réquisitions et les guerres de l'empire l'ont épuisé, ont amené la décadence de sa race. Ces chevaux étaient recherchés autrefois par les officiers supérieurs, par les hommes de la cour : donc leurs qualités étaient parfaitement reconnues. Aujour- d’hui on ne monte plus à cheval : on cherche des attelages; mais ce n’est pas là un motif pour laisser disparaître, pour ne pas encourager notre belle race limousine. Le cheval arabe est rustique de sa nature : il ne succombe pas aux privations; il ne connaît pas l'écurie; il ne connaît le mors que lorsqu'on lui demande des services. La cavalerie légère sera parfaitement montée lors- qu'elle‘usera des chevaux arabes : vingt mille chevaux arabes pourront battre cinquante mille chevaux anglais. M. Thévenot appuie ses dires d’un mémoire parfai- tement développé. M. Mahias se joint à lui, en faisant quelques observations sur les courses de chevaux, qui, selon lui, n’atteignent pas le but que le Gouver- nement se proposait dans l'origine. PE PROCÈS—VERBAUX. 435 M. le président donne lecture de l’art. 13 du pro- gramme de l’agriculture, ainsi conçu : « Quels sont les essais tentés dans la Haute-Vienne pour améliorer les races bovines, ovines et porcines par leurs croisements avec les reproducteurs de races pures anglaises? — Ces croisements peuvent-ils être recommandés pour l'avenir? — La propagation des races anglaises pures serait-elle préférable à l’amélio-— ration des races du pays par leurs croisements avec les races anglaises? » M. Avanturier lit un mémoire développé dans lequel il préconise la race limousine bovine. — Il réserve l'avenir. Il ne croit pas utile d'introduire la race pure anglaise pour remplacer la race pure limou- sine. M. le président, rappelant les progrès faits par M. Henry Michel dans son domaine agricultural, dit que l'on ne peut pas donner M. Michel comme exemple à tous; mais il juge qu'il y aurait utilité à faire l'épreuve des essais de croisement de la race anglaise avec la race limousine. Quant à la race porcine, il reconnaît que le croi- sement de la race anglaise avec la race limousine peut être fort utile pour arriver à engraisser vite et faci- lement. M. le président donne lecture de l'art. 6 du pro- gramme d'industrie, ainsi Conçu : « Quelle direction artistique la fabrication des tapis d'Aubusson et de Felletin a-t-elle suivie depuis vingt années? — Faire l’histoire des produits de ces fabriques depuis leur origine jusqu’à nos jours. » M l'abbé Roy-Pierrefitte espérait que MM. Bos- (36 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. vieux, archiviste de la Creuse, et Cyprien Pérathon, membre de la Société Française d'Archéologie, em pêchés tous deux de se rendre au Congrès, auraient fait l’histoire complète des manufactures de tapisseries d’Aubusson et de Felletin. M. Bosvieux, dont le travail paraîtra prochainement en un volume in-12,1 écrit que, pour le terminer, il attend encore quelques notes. M. Pérathon, dont M. Roy lit-Je: mémoire, parle seulement de l'origine probable de la manufacture d’Aubusson, et s'arrête à Colbert: Sur la proposition de M. de Caumont, M. le président demande: le:com- plément de cette étude, afin que le Compte-Rendu du Congrès donne une réponsésatisfaisante à 1a:ques- tion du programme sur les tapisseries. Comme M. Pérathon s'était borné à parler d'Au-— busson, M. 'Roÿ-Pierrefitté fait l'analyse d’une notice historique sur ‘là manufacture ‘de tapisseries! de Felietin lue par lui, dans une Séancé'de la Société Archéologique et Historique du! Limousin, le 21 décembre 1854, et insérée’ dans ‘le tome: V''du Bulletin de cette Société. Le but de cétravail, inspiré par un patriotisme ardent, est dé prouver qu'aujour- d'hui les teinturiers, les filateurs et les! ouvriers tisserands de Fellétin et d’Aubüusson travaillent indif- féremment pour lès marchands tapissiers de l’unetet de l'autre ville; que, MM. Sällandrouze ayant des ateliers dans les deux localités) Aubusson et Fellétin sont sœurs en industrie, et devraient avoir uné gloire égale. Des actes du xrv' siècle constatent que dès lors Fellétin avait une manufacture! de draps; que plus tard, en 1621, une ordonnance de Louis XTIT taxait PROCÈS-VERBAUX 137 comme les petits draps pour doublures d’Aumale, Beauvais, Abbeville, Amiens, ete. Dès le x1v° siècle, FKelletin possédait aussi, sans doute, une manufacture de tapis; et, puisque, le 20 avril 1512, une erdonnance de François I: réglait le prix'de ses produits, il fallait que cette industrie eût alors acquis à Felletin une certaine ‘importance. Enftaxant ces tapisseries après celles de Flandre et de quelques antres provinces ; lé roi s'exprimait ainsi : « Tapisserie ou tapis de Kelletin, d'Auvergne ou de Lorraine, et autres semblables, le cent pésant es- timé:à 50 livres tournois ». Du reste, au moïs-de juin 1567, 1en accordant à la ville de Felletin l'établissement d’une bourse consu- laire, qui malheureusement ne se maintint pas long- temps, Charles IX motivait ainsi son édit : « Attendu que. ladicte ville est des plus marchandes de tout nostre dictipays de la Marche, et où s’y assemblent plusieurs marchands de tout nostre royaume et autres étrangers, dont le commerce et. traffic de marchan- dises y est gardé ;, autant ou plus grand qu'en plu- sieurs autres villes auxquelles, nous avons accoïdé ladicte permission ».,, Et la vérité de cette affirmation, si honorable pour Felletin, se prouve par l'acte Iui- même, puisque le-juge.et.les deux consuls devaient “être. élus en l'assemblée de trente des plus notables mar- chands habitans, ou ;échevins en ladicle. ville. Ce nombre :.de trente marchands. tapissiers en suppose un plus considérable, et, déjà il est extraordinaire dans une ville dont la population actuelle n’est que de. trois mille cinq cents âmes, Sous le règne de Henri IV (1601), la piété de ces 138 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. tapissiers produisit un chef-d'œuvre digne des meilleures manufactures de Flandre, et dont on para l’église de Beaumont pour défier plus tard Aubusson, la superbe rivale, de surpasser cette perfection. (Mémoire de 1770.) Mais il y avait alors à Felletin plus de huit cents ouvriers qui vivaient de cette industrie. Aussi le bon roi, en autorisant les fabricants de Flandre Comans et de La Planche à s'établir à Paris (4607), daigna déclarer par ses lettres-patentes que cette manufacture, qui fut depuis la manufacture royale des Gobelins (1667), ne préjudicierait point à celles des tapisseries de haute-lice de Felleiin, Beauvais et autres du royaume. Au moment où la révolution du dernier siècle commença, la manufacture de tapisseries de Felletin occupait plus de huit cents ouvriers. Il y a cent vingt- six ans, l’avidité de quelques marchands de Felletin faillit ruiner la manufacture de cette ville, parce qu'ils voulurent à la fois confectionner et teindre, quoiqu'ils n'entendissent rien à l’art de teindre, puis parce que à ce tort ils ajoutèrent celui d'emprunter pour leurs tapisseries le nom d’Aubusson, alors plus honora- blement connu que celui de son émule. Felletin a payé trop cher ces manœuvres indignes, et depuis long-temps son honneur est vengé : M. le baron Sallandrouze de Lamornaix, dont les belles tapisseries ont fait tant d'honneur à Aubusson, qu’il habite, et qui possède, comme à Aubusson, une manufacture à Felletin, où son père est né, M. le baron Sallan- drouze , fondant, en mai 1856, une association anglo- française de tapisseries qui se fabriquent dans les deux villes, a-t-il fait acte d'un intelligent patrio- PROCÈS—VERBAUX. 139 tisme en les appelant tapisseries d'Aubusson et de Felletin. En terminant, M. Roy-Pierrefitte demande la per- mission de signaler à l'attention du Congrès un orphe- linat agricole, nommé Providence, fondé par les sœurs du Saint-Cœur de Marie de Treignac sous le puissant patronage de Mgr Berteaud, évêque de Tulle, et sous l'habile direction de M. l’abbé Lansade, ancien vicaire général à Tulle, dans l’ancienne abbaye d'Obasine (Corrèze). On y recoit de petites paysannes, qui seront « élevées dans toute la simplicité de leur condition, et formées pour la vie laborieuse des champs ». En même temps M: Roy dépose une brochure de trente-quatre pages intitulée Les Religieuses du Saint- Cœur de Marie à Obasine, brochure dans laquelle il dit ce que fut le monastère d'Obasine, et la transformation qui vient de le relever de ses ruines. La séance est levée à une heure et demie. J.-J. ABRIA, secrétaire. SBANCE DU 24 SEPTEMBRE 1859. PRÉSIDENCE DE M. LE VICOMTE DE GENOUILLAC. La séance est ouverte à onze heures et demie. Le procès-verbal de la séance précédente est lu, et adopté. La parole est à M. de La Ménardière pour un rapport sur la colonie pénitentiaire de Mettray. 140 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. e rapport, remarquable à tous égards, est terminé par l'émission d’un vœu ainsi Conçu : « Le Congrès scientifique de France, séant à Li- mog'es, dans lessections d'agriculture et du commerce, constate avec satisfaction les résultats que continue à obtenir la colonie pénitentiaire de Mettray, et s'associe aux espérances que donne la nouvelle maison de cor- rection paternelle ». Le vœu de M. de La Ménardière esf mis aux voix, et adopté. Sur la 5° question industrielle , relative à l’ehsei- gnement artistique, M. de Caumont demande que la question soit, en l'absence de'’M. Drouin et de M. Tudot, qui s'étaient eng'agés à la traiter, renvoyée au prochain Congrès. La discussion est ouverte sur'la'7* question : « Quels progrès se sont accomplis, depuis 1830, dans la fabrication des droguets et flanelles pa la Haute- Vienne ? » M. Abria regrette que lés hommes spéciaux ne soient pas présents pour (traiter ne question aussi importante; il constate que , tepüis 48304 il y a eu des progrès sérieux réalisés dans cetté industrie. M: Alluaud explique qu'autrefois on faisait des étoffes dont la trame était tout en fil : aujourd'hui la trame est en coton et en laine ; 1e fil est peu employé. Sur la 8° question : «Préciser les Causes qui ont fait abandonner pendant ‘un certain temps la fabrication du papier dans la Haute-Vienne ‘indiquer ce qui peut rendre aujourd’hui prospère la même industrie », M. Alluaud dit que, il y a une quarantaine d’annéés, la fabrication du papier était prospère dans la Haute- PROCÈS-VERBAUX.. A& Vienne. — Elle a été momentanément presque ren- versée par la concurrence d'Angoulême, Aujourd'hui il s'est établi à Limoges trois vastes usiness qui devront donner des résultats; car les eaux de ce pays sont plus favorables à cette fabrication que les eaux calcaires, M. de Caumont dit.que le papier fabriqué d’après l’ancien système est meilleur et plus durable que le papier à la mécanique. Il croit que quelques pape- teries à bras pourraient encore prospérer en France ; car aujourd'hui on va acheter en Hollande tout le papier à la main nécessaire à la consommation, qui est encore considérable. 9 question. :. « Influence.des chemins de fer sur les industries et le commerce du Limousin et de la ville de Limoges en particulier. » M. Alluaud présente, une série d'observations qui tendent à prouver .qu'il y à avantage pour tout le monde, et pour le pays surtout, à ce que le réseau de chemins de fer projeté, soit terminé. au plus tôt. M. Mallevergne explique que les chemins de fer ont été, en, Limousin, -très avantageux: à l’agriculture surtout : ils permettent. l'introduction: de la chaux à A fr. les 50 kilogr., cer qui coûtait auparavant 3 fr.environ. n 204 Avant que les membres de la section d'agriculture se séparent, un membre.de Passemblée croit devoir préco- niser la culture des choux à vache, et en conseille l'introduction en Limousin. Il dit que ce choux se planteen juin, à la charrue, après avoir, au-préalable, trempé le plan dans de l’eau imprégnée de fiente de vache : on peut planter 142 : CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. par hectare jusqu'à 16,000 choux, qui, à 5 kilogr. l’un, donnent 80,000 kilogr. de fourrages. M. le vicomte de Genouillac, au moment où vont se terminer les séances de la section d’agricalture, remercie de nouveau MM. les membres du Congrès de la distinction dont on a bien voulu l’honorer; il remercie en même temps les habitants de Limoges de l'accueil cordial qu'ils lui ont fait. La séance est levée à une heure et demie. H. GÉRARDIN , secrétaire. TROISIÈME SECTION. SCIENCES MÉDICALES. SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1859. M. le docteur Bouteilloux, doyen d'âge des médecins de Limoges, préside la séance. M. Dépéret-Muret remplit les fonctions de secré- taire. MM. les docteurs Ancelon, de Dieuze (Meurthe), et Timotéo Riboli, chirurgien de l'hôpital des Chevaliers de Turin, assistent à la séance. M. le président annonce l'ouverture des travaux de la 3° section du Congrès. Il invite les membres présents à procéder, par la voie du scrutin, à la Constitution du bureau définitif par la nomination d’un président et de deux vice-présidents. Après le dépouillement du scrutin, sont proclamés : Président, M. Bouteilloux ; vice-présidents, M. Bar- dinet, directeur de l'école de médecine de Limoges, et M. Ancelon. 144 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. M. le docteur Fougères est élu secrétaire en rem-— placement de M. Bardinet, nommé vice-président. M. Bouteilloux exprime à ses confrères toute sa gratitude, et leur promet un concours affectueux dans la mesure de ses forces, qui ne trahiront pas, il l'espère, sa bonne volonté. La section procède au règlement de l’ordre de ses travaux. M. le président donne lecture des questions officiel- lement proposées aux discussions du Congrès. « La section, dit-il, accueillera avec plaisir les communi- cations qui seraient faites en dehors du programme. » Il invite ceux de ses confrères qui auraient quelque travail spécial à présenter à vouloir bien s'inscrire, et prendre rang à l'ordre du jour des séances. MM. Lemaistre, Brun-Séchaud, Ancelon, Labor- derie, promettent deslectures surlesquestions disposées sous les n° 4, 5,7 et 10 du programme. Plusieurs membres se réservent de prendre la parole, et de participer aux discussions que ne manqueront pas de soulever l'examen des questions soumises au Congrès et les travaux particuliers des membres adhérents. En dehors du programme officiel, des travaux spéciaux sont promis : Par M. Lemaistre, sur la phthisie pulmonaire; Par M. Thouvenet, sur l'emploi de l’iodure de potas- sium contre les affections diphtéritiques. M. Boulland présentera une série de pièces d’ana- tomie microscopique et de préparations sur l'oreille. Vu l'absence de plusieurs membres adhérents, et aucun des membres présents ne se trouvant en mesure PROCÈS—VERBAUX. 145 de prendre la parole, la section décide que ces derniers travaux pourront être entendus et discutés avant Ceux du programme officiel. Les séances auront lieu, tous les jours, à deux heures précises, et se termineront à quatre heures, moment fixé pour les séances générales du Congrès. MM. les élèves internes de l'hôpital et MM. les étu- diants sont autorisés à assister aux réunions, et à participer aux travaux de la section. M. Laborderie commence la lecture d’un mémoire Sur la fièvre puerpérale. Sur l'observation de plusieurs membres, et conformément aux usages de toutes les réunions Scientifiques , le mémoire de M. Laborderie ayant été imprimé, publié et mis en vente, la section arrête qu’il ne sera pas lu en séance : sous toutes réserves, en faveur de M. Laborderie, de son droit d'assister aux séances, et d’y prendre la parole ; en faveur du Congrès ; de ne prêter l'oreille qu’à des arguments sérieux, dépouillés de tout caractère de . manifestation au profit d’une doctrine, aujourd'hui jugée, et dont le moindre inconvénient serait une perte de temps regrettable (1). A. DÉPÉRET-MURET, secrétaire. (4) Dans la séance Suivante, M. Laborderie a protesté contre cette décision. La section, par les motifs indiqués, a cru devoir persister dans sa détermination. 10 146 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE, SÉANCE DU 44 SEPTEMBRE 1859, PRÉSIDENCE DE M. BOUTEILLOUX. Le procès-verbal de la séance précédente est In et adopté. M. Boulland présente : 4e Une gravure sur nacre, remontant à la fin du xvu' siècle, et reproduisant divers sujets relatifs aux sciences médicales et chirurgicales ; % Un pied de femme chinoise modelé en plâtre. Les quatre derniers orteils sont luxés et renversés sur la plante du pied, infiéchis vers le gros orteil , qui lui- même est incliné vers le bord externe du membre. Il résulte de cette disposition que le pied est considéra- blement amoindri dans ses diamètres antéro-pos- térieur et transversal ; qu’il présente la forme d’un moignon arrondi; que les conditions de mouvement et des fonctions du pied sont profondément modifiées : d’où la difficulté de la station et de la marche. Ce procédé est-il le seul employé par les Chinois pour réduire le diamètre et le volume du pied, réduction à laquelle, on le sait, ils attachent une haute valeur ? Quelques voyageurs modernes pensent que les femmes destinées à subir cet amoindrissement sont soumises à l’extirpation des trois derniers orteils, de manière à ne conserver que le deuxième et le pouce. On dit à l'appui de cette assertion quela luxation des orteils est difficile à opérer et à maintenir; mais elle est confirmée par le témoignage d’un missionnaire qui a long-temps habité la Chine. 7 PROCÈS=VERBAUX. \£ Disposition semblable s'observe souvent, à un moindre degré, il est vrai, pour quelques orteils sous l'influence de compressions ou inflexions pro- longées, volontaires, ou par l'usage de chaussures mal appropriées au volume et à la forme du pied. « Enfin la compression nécessaire pour l'obtenir, dit M. Brun-Séchaud, aide elle-même à l’atrophie du membre, et répond mieux au préjugé des ha- bitants de la Chine, qui ont horreur des opérations sanglantes (1) . » Récemment, à l'hôpital de Limoges, dans le service de M. Mazard, nous observions un enfant nouveau-né (1) Les femmes de Lima sont renommées pour la gentillesse de leurs petits pieds. Dès leur naissance, elles subissent l'extirpation des petits orteils. Beaucoup d'adultes mêmes se soumettent à cette opération pour se débarrasser de leurs cors. On prétend que de l'union de deux personnes amputées pendant trois générations résulte un défaut congénial qui se transmet à tous les enfants. À Paris, dans les premières années de ce siècle, un chirurgien s'était fait une certaine réputation, parmi les belles dames qui désiraient se distinguer par l'exiguité de leurs pieds, par sa complaisance, que Marjolin qualifait sévèrement, à pratiquer l’ablation d’un des orteils de chaque pied. Marjolin ajoutait que deux fois il avait été supplié d'opérer, et qu’il avait nettement refusé. On compromet , en effet, l’art et sa dignité en le faisant servir à des mutilations dangereuses, et pour contenter des intérêts si peu respectables. L'absence du petit orteil permet ainsi au pied de se conformer à l’étroite élégance de petits souliers à la mode qui paraissent imaginés dans la prévision de cette amputation. Elle n'empêche pas la danse ni la marche, exercices desquels les femmes chinoises sont obligées de s'abstenir. (Extrait de l’Union médicale, 1859 , 11, 249.) 148 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. atteint d'un curieux vice de conformation des pieds el des mains. | M. Verdeau, interne du service, a bien voulu nous fournir une note résumant ces anomalies : Muin droite. — Les phalanges des cinquième et qua- trième doigts sont réunies, et donnent naissance à un doigt auriculaire muni de deux ongles. Les métacarpiens des trois autres doigts sont à l’état rudimentaire, et font saillie sous la peau. 11 n’y a pas trace de phalanges. Main gauche. — Même difformité. Seulement le métacarpien du pouce est assez volumineux, et se termine par un petit doigt rudimentaire, privé dongle. — Les deux doigts auricu- laires sont assez mobiles et assez forts. Pieds. — Difformités identiques. Les deux derniers méta-— tarsiens sont, Comme à la main, réunis, mais plus inti- mement, et sont terminés par un petit orteil bien conformé. Les pouces sont également bien conformés, disposés en crochet, remplissant le vide laissé par l'absence des deuxième et troisième métatarsiens et des orteils qui doivent les ter- miner. Les pieds ont l'aspect d’une fourchette à deux dents. L'enfant est fort, ne présente aucune autre difformité. La peau qui termine les extrémités est lisse, sans traces de cicatrice ou d’induration, conforme en tout à celle qui recouvre le reste du membre. M. Boulland expose une série de préparations sur l'oreille moyenne et interne du veau, reproduisant, sous une forme amplifiée, en quelque sorte, les détails de configuration, de relief et de rapports des diverses parties constituantes de l’appareil auditif. La section remercie M. Boulland, et le félicite de l’habileté remarquable dont témoignent ses intéres- santes préparations. M. Lemaistre lit un travail sur l’Anfluence de l’exer- PROCES-VERBAUX. 149 cice à pied et au grand air dans quelques cas de phthisie pulmonaire en Limousin. _ Le défaut d'exercice, le séjour habituel dans un air non renouvelé, paraissent à M. Lemaistre une des causes les plus actives de la phthisie pulmonaire. Il fonde cette opinion sur la rareté relative de la tuberculisation parmi les personnes qui travaillent et vivent en plein air, exposées même à toutes les vicissitudes atmosphériques, mais exerçant le système musculaire ; celles dont les conditions professionnelles exigent un grand déploiement d'activité musculaire, des changements de résidence fréquents, dans des conditions de température et d'influence climatérique variables; — sa fréquence chez ceux qui s'imposent ou subissent une vie sédentaire, dans les prisons, les ateliers, par exemple, exercent peu le système musculaire, respirent un air non suffisamment renou- velé. Il cite quelques observations de malades phthi- siques à divers degrés. Les accidents ont été enrayés par le changement dans le régime, une activité favorable succédant à une vie sédentaire plus ou moins absolue. La navigation, les voyages, l'équitation, la fré- quentation des bains de mer et des eaux minérales, le changement de climat, ont été conseillés aux phthi- siques dès l'antiquité la plus reculée, et la science contemporaine conserve les sages traditions et les utiles préceptes de nos devanciers. M. Lemaistre attribuerait volontiers à la nécessité de l'exercice, dans ces conditions nouvelles d'existence, dans des milieux atmosphériques renouvelés et purs, le bénéfice que les malades retirent de l’observation de ces pres- 150 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. criptions, dont l'utilité ne saurait être contestée, consacrées par l'expérience de tous les temps, plus sagement appréciées par les recherches modernes, et donnant une raison plausible de quelques guérisons spontanées ou attribuées aux seules forces naturelles, qui étonnent le médecin, font époque dans sa pra- tique, et, dans tous les cas, doivent le conduire à ne pas trop se laisser aller au découragement et à l’abs- tention en face d’une affection dont la gravité extrême ne semble pas se jouer toujours des efforts et des prescriptions de la science. M. Bleynie, à l'appui de l’opinion de M. Lemaistre, rapporte plusieurs faits considérables, et surtout l’histoire de deux jeunes malades, prédisposées héré- ditairement, présentant déjà tous les signes rationnels et physiques de la phthisie. M. Bleynie conseilla l’exer- cice prolongé et au grand air, sur des ânesses d'abord, puis à pied, dans la mesure des forces ; il y joignit du lait d’ânesse, puis une alimentation substantielle, riche en chlorure de sodium. Douze à quatorze ans se sont écoulés, et les malades jouissent d’une santé parfaite. Il possède d’autres faits moins probants, mais très- encourageants en faveur de cette méthode; de sorte qu'il trouverait que M. Lemaistre serait trop réservé plutôt qu'exagéré dans ses conclusions, « surtout, répète-t-il, si à l'exercice conseillé on peut joindre une alimentation substantielle ». « Les observations de M. Lemaistre, dit M. Dépéret- Muret, méritent très-sérieuse considération. Nous sommes, il faut bien le reconnaître, désarmés en face de la phthisie pulmonaire. C’est ici surtout que le luxe PROCÈS-VERBAUX. 151 des moyens thérapeutiques ne fait que mieux dévoiler l’indigence réelle de l’art, l'absence de médicaments sérieusement et réellement efficaces. Si les influences hygiéniques ont une incontestable puissance pour déterminer la production des tubercules, ou tout au moins la faciliter chez les sujets prédisposés, c'est aux ressources de l'hygiène qu’il faut demander les moyens les plus rationnels et les plus efficaces pour prévenir, enrayer et même guérir la phthisie. » Les travaux modernes ont singulièrement éclairé la notion des conditions organiques qui accompagnent la tuberculisation. Les individus chez lesquels les poumons commencent à se tuberculiser présentent dans leur sang cette modification particulière de composition qui appartient aux constitutions dé- biles : les globules diminuent dès le début , et cette diminution augmente avec les progrès du mal, et sous l'influence des complications hémorrhagiques et diarrhéïques qui surviennent. Il existe chez la plupart des phthisiques , lorsque la maladie est parvenue à un certain degré, une véritable anhémie : d’où l’étio- lement, la décoloration, l’affaiblissement, appréciables dès les premiers temps de la maladie. L'albumine diminue aussi, même à une époque peu avancée. Le sang tend donc rapidement à s'appauvrir, soit sponta- nément , soit sous l'influence des pertes subies par l'or- ganisme. — La condition du sang qui vraisembla- blement précède la phthisie est celle que l’on retrouve dans tous les cas où, par une cause quelconque, les forces vitales ont perdu de leur énergie, où la constitution présente un notable affaiblisse- ment. » (V. ANDRAL, Hématologie pathologique, p. A4 ; 159 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. — BECQUEREL et RopbiEr, Chimie pathologique , p. 208.) Contre cet état constitutionnel qui précède et favo— rise l'apparition des tubercules, leur développement et leur envahissement successifs, les moyens conseillés par MM. Lemaistre et Bleynie ne semblent-ils pas tout à fait convenables pour lutter contre ses causes les plus actives : l'alimentation insuffisante et peu répa- ratrice, l'air vicié et impropre à une bonne sangui- fication, enfin la vie sédentaire et l'absence de cette excitation éminemment tonique résultant de l'exercice musculaire, surtout dans un air libre et renouvelé ? La voie tentée par M. Lemaistre semble donc émi- nemment rationnelle, et, pour sa part, M. Dépéret- Muret pourrait fournir à l’appui un certain nombre de faits assez probants. Il a vu aussi, sous l'influence d’une alimentation convenablement substantielle, proportionnée à l’état des voies digestives, et la vie active en plein air jointe à des occupations propor- tionnées aux forces du malade, mais toujours exi- geant une notable action musculaire , l’état du phthi- sique s'améliorer, la maladie marcher au moins d’une manière plus lente et moins pénible. « Mais, ajoute M. Dépéret-Muret, l’étiologie est presque toujours chose très-complexe. Les influences qui préparent et provoquent le développement de la phthisie sont le plus souvent multiples, bien qu’a- gissant toutes vers un but commun : la débilitation de l’économie , l’altération de la nutrition, la dimi- nution de l'énergie vitale. Il faut tenir compte des prédispositions héréditaires ou acquises; car elles peuvent fournir des indications prophylactiques de PROCÈS—VERBAUX. 153 grande valeur. Le plus souvent, au défaut d'exercice s'ajouteunealimentation insuffisante, disproportionnée avec les forces ou l’état des organes, les déperditions occasionées par le travail professionnel. Sans doute, l'air, ce pabulum vitæ, dans ses conditions de pureté, de renouvellement facile, est une des principales conditions de la bonne santé, et M. Baudelocque a savamment démontré toute l'influence de ses alté- rations pour la production des scrofules ; mais il faut s'enquérir encore de ses conditions hygrométriques (l'humidité habituelle, suivant M. Fourcault, est une cause puissante de la production des scrofules et des tu- bercules) ; de l'absence de lumière, cause d’étiolement pour les êtres organisés ; de sa température ; de ses adultérations par des mélanges infectieux, pulvérulents ou autres. — Que dire encore de la malpropreté habi- tuelle, de l’incurie des soins de la peau, des vêtements peu appropriés aux vicissitudes des saisons, etc. ? » Dans notre maison centrale, si riche en tuber- culeux, plusieurs de ces conditions se trouvent réunies : défaut d’insolation et d'exercice; humidité ; alimentation insuffisante, surtout en qualité, peu réparatrice; et joignez à cela le silence, la transition subite d’une vie active, trop souvent tourmentée par les excès, les passions et les vices, à une existence règlementée, en quelque sorte, dans toutes ses con- ditions, les préoccupations, les chagrins. Dans nos ateliers , il faut faire la part des conditions du travail, de l'encombrement, des excès de travail à un âge trop tendre, et surtout des poussières diverses, cause incessante de bronchites, de laryngites, de troubles des fonctions pulmonaires. 154 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. » Les rouliers, les hommes d’affaires, les commis voyageurs, cités par M. Lemaistre, ont, en quelque sorte, des professions de choix, peu accessibles à des organisations débiles et délicates. D'ailleurs, les conditions d'existence sont, en général, heureuses, et permettent les moyens propres à satisfaire aux besoins de l’économie, à conserver l’équilibre des fonctions et l'intégrité des organes. » Dans le monde, ajoute M. Dépéret-Muret, on est très-disposé à négliger nos conseils en dehors des prescriptions pharmaceutiques. Chacun se croit autorisé à se diriger à sa guise en tout ce qui concerne la diététique, l'alimentation, l'exercice et le repos. L'intervention du médecin est indispensable ici pour la mise en œuvre, le choix et l’utile emploi des éléments actifs et assez compliqués qui composent la médication conseillée par nos confrères; pour déter- miner l'opportunité de l’alimentation et de l'exercice, le choix, la nature, le degré d'activité des moyens, qu'il faut savoir varier, règlementer, doser en quelque sorte, suivant les circonstances et les périodes de la maladie, les complications, etc. On comprend encore que cette médication trouvera de nouvelles chances de succès dans le contraste plus marqué qu’elle rencontrera ou qu'elle établira avec les habitudes et les conditions antérieures d'existence. » N'oublions pas enfin que la marche et la durée de la phthisie sont très-variables. S'il est des malades chez lesquels en quelques mois la tuberculisation accomplit toutes ses périodes, il en est d’autres qui résistent long-temps, parcourent lentement toutes les phases de la consomption, meurent debout en quelque PROCÈS-VERBAUX. 155 sorte, et alors même que les poumons présentent d’incroyables désordres. Enfin la phthisie peut rester stationnaire : tout peut se borner à quelques tuber- cules, qui pourront s’enkyster, passer à l’état crétacé ; à quelques cavernes, qui pourront se cicatriser, rester à l’état de cavités closes. Et, ici encore, nous croirions volontiers à l'utilité de la médication proposée par M. Lemiaistre, qui permet d’ailleurs, autorise même l'emploi simultané des iodures, des ferrugineux, des huiles animales, etc., dont l'utilité, bien que ren- fermée dans des limites assez étroites, n’en est pas moins démontrée par l'expérience de tous les jours. » M. Bouteilloux trouve dans les souvenirs de sa longue et belle pratique des faits à l'appui de l'opinion de MM. Lemaistre et Bleynie. « Cependant, ajoute-t-il, on ne peut établir à ce sujet aucune règle générale et absolue : l'exercice est très-utile si la circulation est calme, s’il n’y a pas de fièvre, en un mot, en l'absence de tout état aigu, de toute pyrexie ou inflammation coïncidente. Le diagnostic de la phthisie, surtout à sa première période , dit encore M. Bouteilloux, est loin d'être facile et infaillible : des congestions pulmo- . naires, des catarrhes, peuvent simuler la tubercu- lisation, dans les cas surtout où se rencontrent des prédispositions héréditaires ou autres , et le traitement conseillé peut encore être très-utile en modifiant la constitution, en imprimant une autre direction aux actes vitaux, aux tendances pâthologiques. » M. Bouteilloux croit à la guérison de la phthisie ; il rappelle, entre autres, le fait d’une dame de Limoges observé, à l’époque, par bon nombre de ses confrères : elle présentait de vastes cavernes dans les 156 CONGRÈS SCIÉNTIKIQUE DE FRANCE. poumons et tous les signes de la phthisie à la période dernière. Cette dame a guéri : l'oreille ne trouve plus de caverne ; les forces et l’embonpoint sont parfaits. Il reste une grande disposition aux bronchites; quelques hémoptysies paraissent encore de temps en temps. Elle était d'une famille de phthisiques. Sa guérison remonte à dix-huit ans, Sans parler des nombreuses guérisons de ‘phthisie que l’autopsie fait découvrir sur les vieillards morts dans nos hôpitaux, M. Boulland peut en citer un exemple , qu'il a rencontré récemment à Vichy, sur un médecin, ancien chef de clinique du professeur Rostan , autrefois déclaré phthisique, aujourd’hui plein de force et de santé. Ce médecin, assurément très-compétent dans la question , attribuait sa gué- rison à l’exercice actif pris en plein air, joint à la douce distraction de la pèche à la ligne. En résumé , M. Bouteilloux approuve l'exercice dans les conditions indiquées par M. Lemaistre, en l'absence de tout état fébrile, de tout état aigu , en qualité de moyen prophylactique puissant. Souvent même il sera utile de joindre à cet exercice personnel les secousses du mouvement communiqué par le cheval, l’ânesse, la voiture ; mais, dans tous les cas , il faudra le sur- veiller , le diriger, le régler, et ne jamais le porter jusqu’à la faiblesse et l'engourdissement. M. Bouteilloux remercie M. Lemaistre de sa remar- quable communication, qui sera insérée dans le Recueil des actes du Congrès. A. DÉPÉRET-MURET , secrétaire. PROCÈS-VERPBAUX. 157 SEANCE DU 15 SEPTEMBRE 1859. PRÉSIDENCE DE M. ANCELON. Le procès-verbal de la dernière séance est lu par M. Dépéret-Muret, et est adopté. M. Ancelon prend la parole sur la 10° question du programme : « L’étendue de la vie moyenne a-t-elle augmenté ou diminué en Limousin? » « Cette question, dit M. Ancelon, ne présente pas à l'esprit un sens assez clair. Qu’entend-on par wie moyenne? À-t-on voulu savoir l'âge moyen des morts, ou l’âge moyen des vivants de tout âge? Il était essentiel d'établir cette distinction, et c’est pour avoir négligé de le faire que les grands travaux de Duvillards et ceux de Deparcieux sont si dissemblables. Pour Du- villards, en effet, la vie moyenne de la France au XvuI° siècle est de 28 ans 3/4, tandis que Deparcieux en étend la limite jusqu’à 36 ans 11 mois; et cette erreur provient de ce que Duvillards à indiqué l'âge moyen des morts, pendant que Deparcieux comptait l’âge moyen des vivants. Ces faits établissant d’une manière positive que la vie moyenne a diminué à la majorité, pendant qu'elle augmentait à la naïis- sance, il en résulte que la question posée dans le ProgTamme est complexe, et non simple comme on semble l’admettre, et partant insoluble. » M. Ancelon pose ensuite les données d’un principe de philosophie auquel on ne peut espérer de toucher utilement que par les chiffres positifs de la statistique : « Quelle est la vie moyenne qu'il est avantageux 158 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. d'accroître? » — Il n’est pas difficile de comprendre tout ce que ce problème présente d'élévation, et on voit déjà où sa solution doit conduire. Aussi M. An- celon ne l’a-t-il abordé qu'avec la plus grande réserve ; mais les chiffres portent avec eux des arguments tyranniques, et force a été à M. Ancelon de conclure quela viemoyennequ'ilestle plus important d'accroître est celle qui est la plus menacée. Ce qui s’est passé à Paris depuis le xvrrr° siècle, ce qui s’est passé en France, l’établissent d’une manière péremptoire. Que signifie, en effet, ce nombre toujours égal de conscrits depuis environ 30 années, pendant que la population électorale diminue, ainsi que le Corps législatif l’a reconnu en 4857? Et, si la population totale n’a pas cessé d'augmenter dans cet intervalle, ne faut-il pasen conclure que l'augmentation a été en entier afférenteà la population mineure. De plus les naissances dimi- nuent depuis environ trente ans, et la mortalité étant plus considérable, n'est-il pas évident que l’augmen- tation des décès a frappé sur la population majeure? « C’est en vain, dit M. Ancelon, que quelques statis- ticiens modernes ont conclu que la vie moyenne avait augmenté à tout âge : l'erreur est manifeste, et elle provient de ce que les enfants, les jeunes gens, les vieillards, ont été groupés ensemble, comme des unités de même ordre et de même valeur. » M. Ancelon appuie son opinion sur des chiffres et sur l'opinion si compétente de M. Carnot (1). M. Dépéret-Muret répond à M. Ancelon que la (4) La note de M. Ancelon sera reproduite dans la % partie du Compte-Rendu. PROCÈS-VERBAUX. 159 question à été posée par la commission générale, qui est bien excusable d’avoir ignoré notre pauvreté en documents statistiques. Pour lui, comme pour M. Thouvenet, qui lui aussi avait songé à s'occuper de cette partie du programme, cette question ne pouvait aboutir. Les matériaux pour la traiter man- quent presque complètement. Depuis quelques années seulement , des commissions de statistique sont orga- nisées dans la Haute-Vienne. La constatation officielle des décès par des médecins est de création récente , et n'existe qu'à Limoges même. Il faut donc savoir attendre, et tout fait espérer que, l'attention étant dirigées vers cet ordre de recherches, des travaux sérieux seront entrepris ou continués dans cette direction. Nous pouvons citer une étude assez complète sur la statistique de la ville de Pierre-Buffière près Limoges, de 1842 à 1853, que nous devons à un honorable médecin de cette localité, M. le docteur Dépéret, qui a dépouillé et analysé les registres de l'état civil pendant cette période, et formulé les ré- sultats obtenus par des chiffres, qui donnent la moyenne des naissances, des décès, et de la durée de la vie. La commune étudiée ainsi réprésente sensiblement les conditions diverses des populations de notre dépar- tement, et les résultats obtenus peuvent s'appliquer à celui-ci assez approximativement. M. Dépéret-Muret promet pour une prochaine séance une note à ce sujet. M. le docteur Timoteo Riboli, chirurgien à l'hôpital des Chevaliers à Turin, donne lecture de quelques observations qui viennent répondre à la 6° question du programme : « Quels sont les meilleurs procédés opératoires pour guérir les fistules vésico-vaginales ? » 160 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. « J'avais l'intention, dit M. Riboli, de traiter la 6° question dans un travail qui eût eu toute l'étendue que comporte un sujet aussi important. Diverses circonstances, et surtout les affaires d'Italie, m'o- bligent, bien à regret, de ne vous communiquer aujourd’hui que le sommaire de trois observations de fistules, dont deux opérées à l’aide de mon ins- trument : M La Are observation concerne une jeune femme âgée de 35 ans, opérée quarante jours après son accouchement. — La fistule était petite, longitudinale; les tissus, relâchés. Aussi m'a-t-il été bien facile de baisser la paroi vésico- vaginale au moyen de mon instrument, méthodiquement introduit, et convenablement placé dans la vessie, et de faire une suture, suivie de guérison parfaite. Pour la 2e opération, pratiquée à la clinique de M. le pro- fesseur Borelli dans l'hôpital des Chevaliers de Turin, les choses se sont passées différemment : la fistule était trans- versale , et tellement grande que mon instrument, complè- tement ouvert, avait peine à maintenir les bords de la solution de continuité. C'est M. Borelli lui-même qui s'était chargé de la manœuvre chirurgicale, et qui, d'après mes conseils, pratiqua deux incisions latérales, suivant la méthode de MM. Simpson et Jobert de Lamballe, dans le but d'arriver à un abaissement plus facile. — La guérison se fit un peu attendre, parce que le retard apporté à l'enlèvement des fils donna lieu à l'existence de pertuis , qu'il nous fallut cicatriser par la cautérisation. Le 3e fistule, observée dans le même hôpital et à la même clinique, était immense, et ne put être maintenue par mon instrument ; l'abaissement ne put être produit, même en employant les érignes de Museux. L'occlusion totale de la vulve fut opérée sans succès. « Je me propose, dit M. Riboli, de vous offrir, l’an PROCÈS-VERBAUX. 164 prochain, au Congrès de Cherbourg , un‘ travail complet sur cette intéressante matière. » Vous le savez, ajoute M. Riboli : cette terrible infirmité était restée comme un défi jeté à la science chirurgicale , non pas , il est vrai, que l'opération ne pût pas être tentée, mais parce qu'elle l'était d’ordi- naire dans des conditions telles que l’insuccès était presque assuré d'avance. M. Jobert de Lamballe lui- même, cette grande illustration chirurgicale , n'avait pas été plus heureux par sa méthode par glissement. J’ai cherché à tourner la difficulté, et mon instrument ne simplifie pas seulement le procédé opératoire ; mais il en diminue considérablement les lenteurs, si désespérantes pour l'opérée, et fait, d’une opération dont le succès était tout au moins douteux, une opération sûre et facile. » L’instrument est des plus simples : c’est un cathéter de grosseur ordinaire, fenestré sur les deux côtés, à son extrémité, dans une étendue de 7 centimètres; Nil est Parcouru par un mandrin, qui se termine, à son extrémité, par deux lames brisées, lesquelles ont elles- mêmes un autre point d'attache au bout du cathéter. Le mandrin, par un mouvement de va-et-vient, fait sortir ou rentrer les lames brisées à travers les espaces fenestrés du cathéter. Dans le mouvement, elles s’é- Cartent en formant un losange. Une rondelle et une vis servent à régler à volonté la marche de l’écar- tement, et à le fixer dans le degré voulu. » Quant à l’application, elle se fait par l’urètre etsur le trigone de la vessie (en écartant le losange). On a au milieu de la fistule un point d'appui, soit pour le ravivement et le rapprochement des bords , soit pour 11 162 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. la suture transversale ou longitudivale qu'on se propo- sera de pratiquer. » Cet instrument permet donc d’abaisser et de saisir convenablement les bords de la fistule, et fait dispa- raître ainsi une des difficultés les plus sérieuses [de l'opération. » La section remercie.M.:Riboli de son intéressante communication. Son affectueuse sympathie: était. ac- quise à M. Riboli, dont elle connaissait l'honorable caractère et les beaux services pendant nos dernières guerres. Elle recoit avec gratitude la promesse d'un travail complet sur cette importante question pour le Congrès de Cherbourg. M. le docteur Brun-Séchaud ; de Chalus, confirme tout ce qui à été dit par M. Riboli. Comme lui, il a vu de nombreux insuccès, et il‘a cherché et peut-être trouvé un instrument qui facilite l'emploi de la suture enchevillée , la plus avantag'euse des Sutures. « Si cette suture, dit-il, a été si négligée, cela tient aux diffi= cultés que l’on rencontre dans la pratique, et, dans l'espèce, dans son application au traitement des fis- tules vésico-vaginales. » Pour surmonter cet obstacle, M. Brun-Séthaud se sert d’une aiguille recourbée à manche, longue de 45 à 18 centimètres, ayant un chas près de sa pointe, et une rainure sur la face convexe de la courbure. Un fil double est passé en dessus la convexité, et, lorsque les tissus ont été traversés de dedans en dehors, l'anse de ce fil est saisie en dessous de la courbure avec une pince, qui la dégage. Après cette manœuvre, l'aiguille est retirée , transperce de nouveau de dedans PROCÈS-VERBAUX. 163 en dehors les tissus du côté opposé, puis les fils sont dégagés, et les cylindres placés. Cette aiguille, d’une simplicité remarquable, offre un moyen commode de pratiquer la suture enche- villée dans certaines cavités, et complète parfaitement l'instrument de M. Riboli. À propos de quelques esquilles très-fortes enlevées à l’avant-bras d’un soldat autrichien blessé à Solferino, M. Riboli fait connaître le traitement qu’il emploie dans les cas de fractures comminutives compliquées de plaie. Suivant en cela toutes les indications fournies par M. Baudens, ex-chirurgien en chef du Val-de- Grâce, M. Riboli se sert exclusivement des irrigations eau froide, et, grâce à ce puissant moyen ,.il pré- yient ou arrête les graves accidents qui se développent à. la suite d’une inflammation trop violente. Les esquilles montrées par notre confrère sont sorties de la plaie sans opération sanglante; elles ont été bientôt remplacées par une matière dure, osseuse, qui sou- tiendra admirablement les tissus. M. Fougères, après avoir remercié M. Riboli de son intéressante communication, s'attache à démontrer tout ce que l’observation peut avoir de contradictoire pour l’opinion et les théories de M. Sédillot. Selon M. Fougères, les idées émises par M. Sédillot à propos de l’évidement des os seraient par trop absolues. Combinant ensemble les diverses théories sur la nature et la formation du cal, il pense que non- seulement la formation de l’os a lieu par le périoste, mais encore dépend : 4° de la concrétion du sang fourni par les vaisseaux déchirés; 2% d’un suc ou lymphe plastique provenant des tissus voisins plus ou moins 164 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. intéressés ; 3° de l’épaississement graduel de ce sang et de cette lymphe et de leur organisation. — Cette théorie mixte, qu'il accepte, est fondée sur les belles expériences de Duhamel, de Breschet, de Villerine, de Dupuytren. La nature, la forme du fragment d'os présenté par M. Riboli, la formation de ce nouveau tissu reconnu par lui, en seraient la preuve la plus irréfragable. M. Thouvenet pense, contrairement à M. Fougères, que, dans le cas cité par M. Riboli, le périoste n’a pas été détruit, et qu'il doit être considéré comme l’agent principal, sinon exclusif, de la reproduction du nouvel os. Si M. Riboli a trouvé un tissu osseux prêt à se former, c'est que le périoste de cette partie de l'os nécrosé avait été séparé, et que déjà un travail de sécrétion osseuse avait eu lieu. M. Fougères objecte que, l'os ayant été, en quelque sorte, ruginé par la suppuration, il n’est guère probable que le périoste, membrane si ténue et si intimement unie à l’os, n’ait pas subi le sort de celui- ci. De plus l'os était fracturé : dès lors n'est-il pas plausible de croire que la membrane a été également déchirée, et que sa vitalité a été diminuée? M. Brun-Séchaud possède des faits à l'appui de l'opinion de M. Fougères. Il les fera connaître quand il traitera la 7° question du programme, ainsi conçue : « De l'opération proposée par M. Sédillot sous le nom d'évidement des os ». L. FOUGÈRES , secrétaire. PROCÈS-VERBAUX. 165 SÉANCE DU 46 SEPTEMBRE 1859. PRÉSIDENCE DE M. ANCELON. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Conformément au désir manifesté par M. Riboli, M. le président forme deux commissions : l’une, composée de MM. Boudet, Boulland et Mandon, qui devra s'occuper de la 14° question du programme, et rechercher si l’on observe chez les habitants du Li- mousin une conformation particulière de la tête; et l’autre, pour lâquelle sont désignés MM. Riboli, Bleynie et Dépéret-Muret, qui est chargée de faire visiter l'hôpital et les établissements de charité aux membres de la section des sciences médicales. M. le docteur Thouvenet donne lecture d’un mé- moire sur le traitement de la diphthérite. Après avoir indiqué que la diphthérite est, depuis quelques années, devenue endémique à Limoges, et cela avec des caractères d’une gravité telle que les traitements préconisés jusqu'ici (1) ont été le plus souvent impuissants à la combattre, M. Thouvenet a cru devoir chercher un moyen plus efficace de traitement. Pour se créer une base rationnelle d’inves- tigation, il a expérimenté comparativement l’action de diverses substances sur le produit diphthéritique, (1) Calomel, chlorate de potasse, insufflation d'alun, tartre stibié, cautérisation, 166 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. la fausse-membrane, et il a obtenu les résultats suivants : 4° Dans une solution d’azotate d'argent, la fausse- membrane blanchit d'abord, se raccornit après deux heures, un peu plus les jours suivants, mais sans perdre de sa ténacité. Une variante de cette première expérience a montré que le sel d'argent traversait la fausse-membrane au bout d’une heure et demie seulement. 2 La fausse-membräne plongée dans une solution concentrée de chlorate de potasse ne subit aucun changement après trois jours. 3° La solution de tannin raccornit, rend friable et cassante la fausse-membrane. # Celle-ci, plongée dans une/Solution d'iodure de potassium, se ramollit, s’hydrate au bout de onze heures. À la trente-cinquième heure, elle a l'apparence d’un mucus; la dissolution se complète les jours suivants. 5° La solution de perchlorure de fer durcit la fausse- membrane au bout d'un mois. Il n'y a pas d'autre effet produit. C’est en présence de ce résultat que M. Thouvenet s’est cru en droit de fonder quelques espérances sur l'emploi de l’iodure de potassium dans le traitement des maladies couenneuses. Il n'a pas espéré d'atteindre les fausses-membranes déjà formées. « Poursuivre un pareil but, dit-il, serait chimérique; mais est-ce forcer le raisonnement par analogie que de dire L'iodure de potassium porté dans la circulation, mêlé au sang, éliminé par les follicules muqueux, et, par conséquent, mélangé aux éléments de la PROCÈS-VERBAUX. 167 sécrétion de ceux-ci, ne pourra-t-il pas atteindre, au moment même de sa genèse, le produit diphthéri- tique, «et agissant sur:les. éléments non encore com- binés de: celni-ci,-empêcher,. a, fortiori cette combi- »maisen qu'ika le pouvoir de détruire.une fois qu’elle est opérée, ou qu'elle existe dans, toute sa. force? :11Dès lors-on n'aurait plus qu'à débarrasser les ‘organes des-:membranes .déjà formées, et, pour cela, les procédés ne manquent pas. Dans trois cas, rapportés par M. Thouvenet, l’iodure ide potassium a eu sur la marche de la maladie une influence évidente et heureuse; et, si les mem- -branes existantes ne sont pas tombées, au moins la maladie a-t-elle été enrayée. M. Thouvenet a plusieurs fois administré l’iodure de potassium dans des cas de:croup; mais la maladie svétait si avancée, le traitement a été de si courte durée, “qu'il n’a-pu rien en-conclure, sinon que, une fois de plus, il lui était prouvé que l’on ne pouvait compter -sur les bons effets du médicament qu'autant que " Jamaladie était attaquée, dès le début, qu'autant enfin que le médicament était éliminé par les follicules de la | muqueuse: i Ce qui vient corroborer encore l'opinion de M. Thou- + venet sur l'influence heureuse de l’iodure de potas- sitüum, c’est qu'il l'a fait prendre, à titre de préservatif, à quelques énfants qui vivaient dans un milieu diph- théritique , et il n’a pas vu-la maladie se déclarer sur eux. ‘0 Passant ensuitelà exposé. des phénomènes qui ont -1suivi l’administration du médicament, M. Thouvenet dit que, dans tous lescas,où: l'iodure de potassium 168 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. avait une action salutaire sur la maladie, il avait déterminé la congestion des muqueuses nasale et oculaire, et que, dans ces cas, l’inflammation s'était étendue au larynx et aux bronches. Il termine en invitant ses confrères à expérimenter ce moyen ;: s'il est bon, il sera le bien venu; s’il est mauvais, qu'on lui fasse son procès. L'assemblée félicite M. Thouvenet de son remar- quable travail, résultant de longues et sérieuses recherches. 1 M. Lemaistre reconnaît la valeur des observations de M. Thouvenet; mais il est loin de proscrire la cautérisation dans le traitement de la diphthérite. Il est persuadé qu'elle a rendu et qu'elle rend tous les jours les plus grands services. Si quelquefois elle échoue, c’est qu'on l’emploie là où elle ne peut être utile. Il existe bien évidemment deux formes de diphthérite : l’une aiguë, franchement inflammatoire, débutant d'emblée chez des enfants forts et vigou- reux : c'est le vrai croup, et, dans ces cas, les caus- tiques n'ont que peu ou pas de prise; l’autre, chronique, n’arrivant jamais que chez des individus déjà débilités par d’autres maladies, sans réaction inflammatoire en quelque sorte : c’est la diphthérite avec atonie, et, dans ce cas, les caustiques, les exci- tants, les fortifiants, donneront de bons résultats. « Ce phénomène, ajoute M. Lemaistre, n’a rien d'étonnant : il est la conséquence du traitement par substitution , et il est probable que l’iodure de potas- sium à été administré dans des cas semblables. » M. Thouvenet ne: saurait être de l’avis de M. Le- maistre quant à la division du croup en aigu et en PROCES-VERBAUX. 169 chronique. Ce que beaucoup de praticiens considèrent comme croup aigu n’est autre chose qu’une stomatite ulcéro-membraneuse, qu’une angine herpétique. On voit dans la bouche ou dans le pharynx quelques plaques grisâtres ou blanches, on croit à la diphthé- rite : c’est cette erreur qui fait croire à l'efficacité des émissions sanguines, et qui donne ces succès si mer- veilleux annoncés par quelques médecins. Le croup véritable est le résultat d’une infection générale : ce n’est pas une maladie locale, accessible à un traitement local. Les émissions sanguines sont blâmées par. les praticiens les plus autorisés. La cautérisation n’est pas seulement inutile : elle est dan- gereuse, ainsi que M. Thouvenet l’a établi dans un mé- moire lu à la Société de Médecine. Reste le traitement général, celui qui a pour butde combattre l'infection de neutraliser la disposition des sécrétions muqueuses à devenir pseudo-membraneuses : c’est à ce titre qu'il propose avec confiance l’iodure de potassium. M. Mandon reproche au travail de M. Thouvenet d’être l’analogue de celui de M. Ozanam. — Il se demande ensuite comment M. Thouvenet n'a pas distingué entre les expériences qui mettaient en contact des liquides avec des tissus détachés et celles, au contraire, où ils se trouvent en rapport avec les tissus vivants. Dans les expériences rapportées par M. Thouvenet, la réaction des tissus, la réaction organique est complètement sacrifiée, et on ne saurait se baser sur les résultats obtenus sur des fausses membranes détachées, n'étant plus vivantes, pour espérer les retrouver sur les malades eux-mêmes. Ce n’est pas sur un produit inerte que le médecin doit 170 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. agir , mais sur l’économie. Il est prudent de se garder de cet'engoûment que, pendant quelque temps , on à pu avoir pour certains HCRCATHENS donnés en vue de théories chimiques. M. Mandon demande encore pourquoi, en présence des résultats obtenus, résultats coïncidant avec l’irri- tation des voies supérieures,-et l'utilité de la saturation étant admise, les doses d'iodure de potassium n'ont pas été poussées beaucoup plus loin. M: Puche, dans “es. cas d'accidents syphilitiques tertiaires, a pu admi- nistrer l'iodure jusqu’à la dose de 30 grammes, et il lui est même arrivé de ne pas reculer’! er, SATAERS iodique. GAP CM Enfin M! Mändon craint que és Cas ‘obsérvés par M. Thouvenet ne soient pas des observations de véri- table croup, où n'aient été de ces'cas su qui guérissent spontanément. Le chlorate de potagse ne lui ‘ävait=il pas donné à lui-même; lors de ses preiniers essais , des résultats aussi satisfaisants que ceux obtenus par M. Thouvenet au moyen de l’iodure de potassium ? Aussi’) tout en félicitant M. Thouvenet surses réchérches , il croit devoir rester fidèle à la médication par le chlorate , la seule encore LES Jui PRES De 5e be fiañce:” (91 M. Thouvenet répond qu'on ne saurait établir dana- logie entré Son travail et celui de M. Ozamam: il a étudié l’iodure de potassium, ‘et son ae lé bromure de potassium. La seconde 6bjéction de M.'Mandon n'aurait de valeur que si on assimilait les fausses membranes aux tissus vivants ; ce qui n'est pas ) puisqu'elles ne sont PROCÈS-VERBAUX. 171 qu'un produit de sécrétion. On.est donc fondé à con- elure des observations faites sur ce produit détaché de la surface sur laquelle il est déposé à ce qui se passera lorsqu'il est encore adhérent. D'ailleurs M. Thouvenet a eu-soin d’énoncer l'intention d'agir sur. les pseudo- membranes déjà formées. Les travaux et les ten— dances de M. Mandon donnent droit à M. Thouvenet de s'étonner de ce qu'il blâme les applications des théories chimiques. On demande pourquoi on n'a pas donné de plus fortes doses d’iodure : c'est parce que celles administrées ont paru suffisantes en raison des phénomènes de phlo- grose des membranes muqueuses. Puisque les malades de M. Thouyenet ont guéri , on peut mettre en doute qu'ils fussent. morts traités par une autre méthode; mais, autant qu'un fait de ce genre peut être prouvé, on peut croire qu'il s’a- gissait de. cas graves, parce que, dans le voisinage, d’autres enfants atteints du même mal dans le:même temps avaient succombé, et parceïque l'épidémie était très-meurtrière: - 2 4440 tro M. Dépéret-Muret, suivant en,cela la voie tracée par notre respectable doyen M. Bouteilloux , combat cette tendance, trop, générale aujourd’hui, de ne s'occuper que de la spécificité des maladies, et dela recherche des moyens curateurs spécifiques, né- gligeant les éléments communs qui se présentent dans toutes les maladies, même celles qui semblent le mieux frappées du caractère de spécificité, et les indications qui en découlent. H ya danger pour l'avenir à rechercher continuellement des spécifiques, ét à diriger ces spécifiques contre des maladies qui 172 . CONGRÈS SCIENTIFIQUE DÆ FRANCE. ne présentent pas toujours les mèmes caractères, soit qu'on les examine au point de vue anatomique, soit qu’on les observe au point de vue dynamique. La saine thérapeutique s’y oppose. Certainement le chlorate de potasse, comme l'iodure de potassium, comme la cautérisation, sont utiles suivant les cir- constances ; et ce serait une faute grave de généra- liser leur emploi, d'y recourir comme méthode pres- que exclusive, toujours et dans tous les cas. M. Dépéret-Muret estime qu'il y a beaucoup à faire encore pour l'étude des affections diphthéritiques. Les lésions locales, quelle que soit leur importance, ne sont qu'un des éléments de la maladie, et ne suffisent pas à la caractériser. Les fausses membranes de l’ar- rière-gorge s'observent dans des états morbides qui n'ont rien de commun avec la diphthérite, et leurs caractères objectifs ne suffisent pas pour différencier ces diverses espèces morbides, distinction cependant de haute importance La grande valeur des lésions locales dans les affections diphthéritiques justifie certes les recherches et les travaux institués pour les modifier, les détruire, empêcher leur envahis- sement vers le larynx. Mais ces fausses membranes ne sont qu'un effet, une détermination locale de l'affection , et les moyens qu'on dirige contre elles ne s'attaquent qu'à un des éléments de la maladie, élément de grande importance sans doute, mais qui n'est pas toute la maladie pour M. Dépéret-Muret. Il existe peu de croups aigus inflammatoires primitifs, pour se servir du langage de M. Lemaistre : il y a maladie générale, affection entachée d’un caractère septique, infectieux , frappant l'organisme entier, do- PROCÈS—VERBAUX. 173 minant les manifestations pharyngées et laryngées, inflammatoires et exsudatoires, manifestations secon- daires, graves par leur siége, mais ne conduisant pas aux indications thérapeutiques essentielles. Des enfants succombent sans accidents de suffocation et même guéris des lésions pharyngées et laryngées : la dernière épidémie en a fourni des exemples. Le trai- tement du croup, comme celui de la variole et de la fièvre typhoïde, ne saurait donc se borner à un seul ordre de moyens, à une seule médication : on doit tenir compte de tous les éléments de l’état morbide, de la prédominance des accidents locaux ou généraux, des caractères de l’épidémie régnante, deses tendances, des conditions de prédisposition, de tempérament des malades, etc. De là le danger d’une médication exclusive, et l'utilité des divers agents médicamenteux ou chirurgicaux, locaux ou généraux, qui peuvent trouver leur moment d'opportunité et la raison de leur administration. L. FOUGÈRES, sercétaire. SÉANCE DU 17 SEPTEMBRE 1859. PRÉSIDENCE DE M. ANCELON. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. L'ordre du jour appelle l'examen et la discussion des questions relatives à la statistique et à la topographie médicales, à l'hygiène publique et privée du dépar- 174 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. tement de la Haute-Vienne et de la ville de Limoges. M. Dépéret-Muret demande la parole. « Lorsque le programme des questions soumises au Congrès nous fut communiqué, dit-il, notre première impréssion fut un sentiment de profhée gratitude pour la bonne part que la commission organisatrice faisait aux recherches intéressant la science et la pratique médi- cale, l'hygiène publique et privée de notre province. » Nous comprenions la haute Importance attachée à la solution de ces divers problèmes, promettant des documents sérieux et utiles à l'administration comme à la pratique médicale. Ef d’ailleurs, si, dans notre province ; à Limoges surtout , nous avons a depuis quelques années , des PISE Sérieux dans la voie de l'hygiène DAUE et privée, combien ne nous reste- t-il pas encore à faire pour connaître et améliorer les conditions ‘au milieu desquelles vivent nos popu- lations, les influences qui, parmi nous, créent et propagent certaines affections endémiques, impriment leur cachet spécial sur la constitution physique des habitants, leurs maladies, leuts infirmités, aug- mentent ou diminuent les chances ie longévité durée moyenne de la vie, étc., etc, » Aussi plusieurs d’ satre nous se ot mis Coura- geusement à l'œuvre, ont-ils cherché à réunir les documents acquis, les résultats des observations de leurs devanciers, de leurs contemporains et de leur expérience personnelle : l'intérêt du sujet, l'impor- tance des solutions à présenter et à formuler, étaient une Stimulation suffisante de leur bonne volonté et de leur zèle. » Vous le comprendrez facilement, Messieurs, ces | PROCÈS = VERBAUX , 175 efforts individuels ne pouvaient aboutir à rien de satisfaisant rien qui fût digne de vous être présenté. De semblables trayaux ne peuvent être abordés et traités. sous l'impression, de,; souvenirs. vagues et fugitifs d’une pratique plus ou moins étendue, intel- ligente ou ancienne. La, science moderne a d’autres besoins et d’ autres exigences : nous. ne trouvons dans nos archives qu’ un très-petit, nombre, de, documents sur le passé, ou le présent de notre provinçeau point de vue qui nous occupe, pouyant. faciliter ou guider nos recherches, et, encore. .çes documents n'abordent-ils que quelques points infiniment, restreints, de cette: vaste et belle question. Réfléchissez à la. complexité de. semblables £tudes : combien. sont nombreuses . et, variées les connaissances qu ‘elles supposent et. qu elles. exigent ; combien elles sont peu accessibles à. un, seul homme , quelque. bien, muni qu’on; le suppose. sous le rapport d’acquisitions scientifiques antérieures et suf- fisantes | Ce n’est pas trop exiger que des efforts. d'une, société Savante entière, avec, la variété des.aptitudes et des cobnaissances, ke ses, divers..membres . pour aborder et mener à bonne, Gas semblable.entreprise; et, avec cet heureux CONCOUrS, dpi et d'intel+ ligence x. il faut du, temps,..beaucoup de temps pour recueillir les matérianx les comparer; les contrôler, les. classer, leur attacher une signification, €; une valeur. éprouvées et par le nombre-et par la répétition des épreuves. LR 4 aoirèa ..» La méthode. statistique, ajoute. M Fiat trouve i ici une belle et féconde application. Instrument précieux de vérification et de contrôle, je l'accorde même, de découvertes, la statistique facilite le travail, 176 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. formule en caractères simples et inflexibles les s0- lutions obtenues. Mais, dit-il, quelle que soit sa valeur, ne lui demandons que ce qu’elle peut donner. On ne peut avoir en elle une confiance aveugle : elle dit rarement la vérité et toute la vérité : tout dépend de la manière dont on procède : il faut s'enquérir avec soin des faits qu'elle étudie et qu'elle a mission d'apprécier, de la compétence des hommes qui manient cette arme utile mais dangereuse. La so— lution, formulée en chiffres, ne fut-elle pas souvent prématurée, trop absolue, non suffisamment justifiée par le nombre des faits, la sévérité de leur analyse, le contrôle de circonstances qui peuvent faire varier leur signification suivant les époques, les lieux, les influences diverses qui ont présidé à leur mani-' festation ? Les faits eux-mêmes que l'on rapproche sont-ils de même nature? sont-ils des unités de même ordre? Les chiffres, comme les mots, n’ont de valeur que celle des idées qu'ils représentent. Les faits doivent être comptés, mais aussi sévèrement analysés, appréciés dans toutes les circonstances que leur donnent leur caractéristique, leur valeur. La statistique peut faire découvrir la loi des phénomènes, la vérité, mais aussi accréditer des erreurs, accumuler des ruines, semer le doute et la méfiance, encourager les dissentiments, desservir la science dont elle avait mission de constituer et d'assurer le progrès. » Depuis quelques années seulement, fonctionnent parmi nous les institutions appelées à combler cette grande lacune dans nos connaissances sur la statis- tique et la topographie médicale de notre pays. Nos conseils d'hygiène ont à peine dix années d'existence ; PROCÈS-VERBAUX. 177 la vérification officielle des décès et de leurs causes, n'existe qu'à Limoges, et encore est-elle une création récente. Notre Société médicale consacre chaque mois une partie de ses séances à l'étude des maladies régnantes et leur rapport avec les conditions atmos- phériques; des constitutions médicales ; des épidémies, leur caractère, leur gravité; des maladies endémiques, leurs causes locales, les moyens de les prévenir et de les combattre. | Elle ‘saisit toutes les occasions de stimuler le zèle de ses correspondants et des médecins du département ; d'appeler leur attention vers cet'ordre de recherches destinées plus tard à dresser, en quelque sorte, la carte médicale de notre pays. Déjà nous possédons quelques travaux estimables : nous citerons surtout une bonne étude statistique de la ville de Pierre- Buffière, chef-lieu de canton près Limoges, entre- prise par un de nos membres correspondants les plus distingués, M. le docteur Dépéret. Ses documents émanent des registres de l'état civil , soigneusement dépouillés , et de ses observations particulières pendant une longue et honorable pratique. Ce travail embrasse la période de 1842 à 1853 ; il relève le mouvement des naissances, des mariages, des exemptions du service militaire, des décès aux divers âges; il s'occupe des maladies résnantes, des prédispositions morbides des habitants, des chances de longévité. Entrepris pour une commune et une population assez restreintes, il peut s'appliquer sensiblement à notre département, dont la commune de Pierre-Buffière représente assez approximativement les conditions diverses topogra- phiques et industrielles. 12 178 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. M. Dépéret-Muret indique ici quelques-uns des résultats obtenus par nos sociétés, et les améliorations introduites dans l'hygiène publique et privée, trop souvent menacée par des industries incommodes ou dangereuses, par la mauvaise qualité et la sophistica- tion des substances alimentaires, par les causes locales d’insalubrité dans les maisons particulières, les vil- lages, les villes plus considérables, entretenant les af fections endémiques, les fièvres intermittentes, ete. (4). « Vous le voyez, Messieurs, quelque faibles que soient les résultats obtenus, ils témoignent an moins que nous ne sommes pas Complètement étrangers à cet otdre de recherches. Leur utilité, si nous pouvions la méconnaître, nous serait rappelée par le haut intérêt que vous y attachez. Vos encouragements stimuleront notre zèle : heureux si, marchant sur les traces de nos devanciers, utilisant et complétant leurs travaux, nous pouvons arriver à voir notre beau Limousin ne, le céder en rien aux provinces les plus favorisées sous le rapport de la connaissance des eaux, de l'air. et.des lieux, cette trilogie consacrée de toute science hygié- nique et médicale d'une localité, indispensable, au médecin, non moins utile à l'administration appelée à formuler en prescriptions règlementaires les conseils de la science, les améliorations réalisables dans les conditions au milieu desquelles vivent nos popu- lations ! » L'assistance médicale officielle, dans notre dépar- (1) Voyez le Compte-Rendu du Conseil d'hygiène de l'arron- dissement de Limoges et le Bulletin de la Société de Médecine et de Pharmacie de la Haute-Vienne. PROCES2VERBAUX:. | 179 ! tement, est dispensée par dés hôpitaux et hospites et des” bureaux de bienfaisance. Ces institutions sont largement instituées à Limoges: ellss existent encore dans les villes chefs-lieux d'arrondissement et ‘de canton. Mais partout elléS fonctionnent par leurg propres ressources, toujours insuffisantes :! élles ont leur administration particulière : aucune règle url forme ne leur imprime une communauté ét une similitude de marche et d'action. Dé nombreuses associations particulières, des subventions ‘annuelles, accordées par les communes, le département et l'État les secondent et les soutiennent. Quelques communes" rurales, depuis quelques années, entrent dans cette” voie, et cherchent, ‘au moyen de Cotisations indi- viduelles, à assurer les secours médicaux! à ‘ceux’ des habitants qui, par leur position de fortune, ‘né! peuvent facilement y prétendre. Maïs, rci encore, ‘Tes besoins sont grandement disproportionnés avéc les’ ressources. L'administration , nous: lé ‘croyons | lé” préoccupe beaucoup de cet état de choses, et” des moyens d'organiser dans les communes raies ue! assistance régulière, officielle et efficace; de natu= raliser parmi nous une de ces grandes mesures d'utilité publique qui fonctionnent ailleurs si avan tageusement pour les populations pauvres. Les dif! ficultés sont grandes ; le temps n'est pas encore venu de mettre à exécution, d'assurer la réalisation ‘dé projets que réclament si impérieusement le# besoins et les tendances de notre époque. » Nous devons ajouter que, ‘dans notre dépar- tement, par le nombre des médecins , leurs sentiments bien connus, leur dissémination sur le territoire, 71 180 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. aucune misère ne peut rester sans secours : l'assistance médicale est accessible et, acquise à tous nos, conci- toyens, quelle que soit leur position de fortune, (4). » Notre conseil d'hygiène, activement secondé par une administration bienveillante, ne cesse de se préoccuper des besoins de nos populations rurales. Sans parler de la propagation de la vaccine, cet immense bienfait de notre siècle, quoi qu’on ait voulu en dire, il suit avec sollicitude l'apparition et la marche des épidémies, indique les moyens les plus pratiques de lesprévenir, d’en arrêter les progrès, d'en atténuer les ravages {choléra de 1854). Sous ses auspices et son généreux patronage, une quantité considérable de sulfate de quinine et d'espèces amères sont mises tous les ans à la disposition de nos popu- lations rurales les plus exposées aux atteintes du fléau miasmatique. Une certaine quantité des médi- caments les plus usuels se trouvent également dé- posés dans les communes les plus nécessiteuses. Ces mesures, qui sufliraient à honorer une adminis- tration, sagement règlementées , ont déjà donné des résultats très-satisfaisants. » (A) Séatistique du corps médical de la Haute-Vienne. Docteurs Habitants Population. et pour Officiers de santé. un médecin. LIMOGES, ville et canton 58,546 37 1,582 Arrondis. extra-urbain.. 83,723 47 1,784 Arrondissement intégral 142,269 s4 1,693 BELLAC, arrondissement 83,078 42 1,978 ROCHECHOUART, id...... 50,483 31 1,628 ST-YRIEIX , dat se 43,957 19 2,313 ORALE EUIER 319,787 476 4,817 PROCÈS-VERBAUX. 181 À la fin de Ia séance, M. Boulland reproduit une des expériences qui ont fait le sujet de sa thèse inaugurale, expériences à l’aide desquelles il arrive à faire voir la circulation du sang dans des organes où ce phénomène n'avait jamais pu être aperçu avant lui. En effet, jusqu'en 1849, la circulation du sang avait été étudiée dans l’œuf incubé, dans le mésentère des petits animaux, dans les ailes de la chauve-souris ; mais, à l’aide de certains procédés qui sont parti- culiers à M. Boulland, il nous a été donné de voir très-clairement la circulation du sang dans l’estomac d'un batracien ainsi que ses glandules stomacales : ces derniers organes ont une ouverture contractile et dilatable, phénomène qui jusqu'à présent n'avait été noté par aucun auteur. Dans cette expérience, la circulation du sang se fait avec une rapidité si grande qu'une goutte d'eau tenant en dissolution le principe actif de la noix vomique (sulfate de strychnine) à pu agir en moins de deux minutes , et ce poison violent, absorbé par les vaisseaux capillaires de l'estomac , a donné lieu à des convulsions tétaniques portées au plus haut degré. A. DÉPÉRET-MURET, secrétaire. 182 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. © SEANCE DU 18 SEPTEMBRE 1890. “ PRÉSIDENCE DE M. ANCELON. “Le procès-verbal dé la dernière séance ‘est lu et - Adopté. UM. Brun-Séchaud lit un travail sur la nouvelle Erner proposée par M. Sédillot sous le nom —d'ébidement des os (71° question du programme). 11 ‘présente un malade auquel il a enlevé une étendue du tibia égale à 18 centimètres. L'os s'est reproduit com- ‘plétement , et le membre à répris ses fonctions d’une manière très-satisfaisante. M. Séchaud examine et ‘discute énsuite le$ opinions de MM. Flourens ét Sé- ‘dinôt Sur le rôle du périoste dans la formation et la régénération des os, et les procédés opératoires "connus Sous le nom d’évidement, conçus et exécutés par application des théories physiologiques. Il arrive ‘aux conclusions suivantes : 7 AU'Les os sont soumis aux mêmes lois de réparation “Qué les autres parties de l'organisme : un exsudat plastique est nécessaire pour reconstituer un os ou une portion d'os , de la même manière que pour former un us tissu CA E | 20 La puissance ostéogène varie suivant le degré de vitalité : elle sera d'autant plus grande que les sujets Cr moins avancés en âge ; “ge Dans les fractures, comme dans les pertes de di si es produites par une opération, dans le but de remédier à un vice de l'organisation, à une alté— “ration pathologique , une inflammation ès extrémités 1 | _"[" 29 PROCÈS—VERBAUX. 183 osseuses se manifeste ‘avec ramollissement, tumé- faction des os divisés, qui n’offrent plus alors de crépitation sèche lorsque la nature a établi son travail réparateur ; & Pour établir ce travail réparateur, on doit ad- mettre que les vaisseaux qui alimentent les tissus osseux , et qui lui apportent les phosphates nécessaires à sa solidification , proviennent autant des extrémités osseuses et de leur bourgeonnement que du périoste, qui, dans tous les cas, ne peut fournir que les mêmes éléments, puisque les vaisseaux qui vont à l’intérieur de l’os sont les mêmes que ceux du périoste, et que, avant de traverser la substance compacte et spon- gieuse, ils doivent laisser au périoste les éléments du plasma externe, comme ils laissent à la membrane médullaire ou périoste interne ceux du plasma in- terne ; 5 Le périoste, ayant un rôle important dans la régénération des os, ne peut néanmoins avoir toute l'importance qu’on lui attribue de nos jours, puisqu'on ne, le conserve pas toujours dans son intégrité, ou bien encore parce qu'il se trouve détruit par la ma- ladie de l'os. Ce travail est renvoyé au comité de publication. M: Séchaud communique ensuite deux observations de hernies étranglées. guéries sans opérations : l’une, Sous l'influence d’un lavement de tabac, ayant déter- miné des accidents de narcotisme, pendant lesquels les manœuvres du taxis purent opérer la réduction, jusque là impossible; — dans le deuxième cas, les tentatives de réduction amenèrent un phlesmon et des abcès dans Je trajet inguinal ; l'intestin fut réduit, 18% CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. et la rétraction des tissus enflammés oblitéra lé canal inguinal , et amena la cure radicale (4). L'ordre du jour appelle la discussion de la 3" ques- tion: « Étude médicale sur le mal des ardents ». M. Dépéret-Muret fait observer que, dans notre siècle, les épidémies sont devenues très-rares en Limousin. Nous avons échappé complètement à la suette , qui sévissait en 1844 dans la Dordogne, notre voisine. Le choléra de 1832, 1837 et 1849 resta com- plètement inconnu à nos populations. En 1854 seu- lemént, alors qu'une grave recrudescence de l’épi- démie sévissait dans les départements méridionaux , et notamment à Toulouse, à Bordeaux et à Marseille, li maladie 4 eu quelque retentissement parmi nous ; mais heureusement elle demeura concentrée dans le foyer où elle avait pris naissance, et ne dépassa pas les bords de la Vienne et les quartiers adjacents. A peine deux ou trois cas furent-ils observés hors de Limoges. Encore faut-il remarquer que le choléra nous arrivait à1la suite d’une épidémie de dysenterie très-meur— trière ; remarquable par la tendance au refroidis- sement, les accidents adynamiques, et qui aboutit insensiblèement à des cas de choléra authentique (2). Ainsi, depuis longues années, dans notre dépar- tément, mobservons-nous sous formes épidémiques quedes recrudescences et des généralisations , avec {19270 (41) Ces observations, avec les réflexions qui les accompagnent, seront reproduites dans la deuxième partie du Compte-Rendu. (2) Voir une rémarquablé relation du choléra de 4854, par M. Bardinet, dans lé Bulletin de la Société de Médecine de la Haute-Vienne, année 1855, 4 PROCÈS-VERBAUX. 185 une physionomie, des allures et des tendances plus ou moins spéciales et graves, de nos maladies endémiques häbituelles, et notamment de nos fièvresintermittentes, éruptives et typhoïdes, de nos affections diphthéri- tiques et dysentériques. A une autre époque de notre histoire, et surtout pendant le moyen âge, nous aussi avons payé un tribut plus ou moins fréquent et sérieux aux grands fléaux épidémiques, pestes, typhus, ete., si fréquents à cette, époque, et suffisamment expliqués, dans leur gravité et leur extension, par les déplorables con- ditions hygiéniques dans lesquelles se trouvaient nos citéset vivaient nos populations. Une des plus célèbres dans notre histoire, celle qui eut parmi nous le plus long: retentissement, et dont la tradition se conserve encore dans nos cérémonies reli- gieuses, en mémoire de l’utile et puissante inter- vention du glorieux apôtre patron de l’Aquitaine et de. notre Limousin, est celle qui fut désignée sous le nom, de mal des ardents, exprimant un des accidents qui frappèrent le plus l'attention des contemporains, etiqui régna en Limousin à la fin du x° siècle. M: Dépéret-Muret indique succinctement les épi- démies de ce nom, plus tard remplacé par celui de feu de Saint-Antoine, qui sévirent en Limousin en 994 et pendant le xr° siècle... Il indique les ravages qu’elles déterminèrent, les accidents présentés par les malades, les causes présumées du fléau, les moyens employés pour les combattre; puis, cherchant à s'élever, au moyen des quelques documents conservés dans nos anciennes chroniques et nos livres d'église, à la notion de leur nature et de leurs symptômes, il L) FENTE) ar 186 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. ‘iscute quelques-unes des opinions émises à ce sujet, etarrive à penser qu'il s'agissait de l’erg'otisme sous sa, forme çonvulsive et gangreneuse, et que, sous l'influence des malheurs de l'époque, des intempéries «les saisons, des conditions déplorables au milieu desquelles se trouvaient les: villes et les populations, l’ergotisme a-pu devenir épidémique, emprunter un caractère de haute gravité et de large dissémination , et présenter cette physionomie et cettè gravité dont le souvenir s'est perpétué parmi nous comme celui d’un des plus graves fléaux qui aient désolé notre province (4). On passe à la discussion de la 4° question : « Dela fièvre puerpéralé en province». Dans les derniers mois de 4858 et en janvier et Hévrier 4859, les accidents puerpéraux ont été assez . réquents et graves dans notre ville et dans ‘certains cantons du département, Le canton de Saint-Germain «arrondissement de Saint-Yrieix) est notamment cité par, des décès assez nombreux observés à la suite de couches. Des faits analogues furent observés dans «Quelques autres communes. Notre ville elle-même a été sérieusement éprouvée, moins toutefois qu'on ne s'est plu àle dire; mais enfin il y a eu des’victimes regrettables, frappées sur divers points de notretcité, dans. des quartiers différents, et dans les rangs sociaux les plus éloignés. : 1 Ilirésulte de cette dissémination desmalades, atteints «dans, toutes les positions sociales, en ville et dans la Campagne, dans notre hôpital comme dans les habi- 4), Le rtravail de,M. Dépéret-Muret sera reproduit dans la deuxième partie duCompte-Rendu. Mitns du 2e 2” RP NI | PROCÈS-VERBAUX. 187 tations les plus favorisées, qu'on n'a pu mettre sérieu- sement en question: ni la contagion ni l'influence de l'encombrement; ajoutons encore ni celle des accidents de la grossesse ou de l'accouchement. Notre Société médicale, dans la séance des 14 mars et, 4 avril 1859 , s’est occupée de cette épidémie , et des observations faites par les divers membres, repro- duites devant le Congrès, il résulte que : MM: Bleynie, en janvier, à pu observer sur ses accouchées, à l'hôpital, bon nombre d'accidents plus ou moins sérieux, mais peu d’affections graves. Les Suites de couches n'avaient pas, en général, leur caractère de bénignité et de régularité habituelles. Les lochies s'établissaient mal; vers l'époque de la fièvrerde laitsurvenaient des frissons irréguliers, une douleur vers la fosse iliaque. La montée du lait s'opérait au milieu de ces accidents, qui présentaient des exacerbations , une ou deux fois par jour, pendant trois à six jours. M. Bleynie a donné surtout du sulfate. de quinine à la dose de 50 à 75 centigrammes, et fait appliquer quelques sangsues. Cette médication suffisait pour calmer les accidents, qui récidivaient “bientôt sous la même forme rémittente. Une seule femme.est morte : c'était une idiote, admise depuis longtemps à l'hôpital. Après la rupture de la poche des eaux, les douleurs se suspendirent pendant dix- huit heures; la tête était au fond de l’excavation. Une “facile application de forceps termina l’accouchement. Puis survinrent des vomissements avec fièvre, peu de douleurs abdominales, etdes phénomènes franchement typhoïdes. — En ville, M: Bleynie a vu quelque chose d’analogue : les mêmes accidents revenant sous 188 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. forme rémittente, moins intenses, mais ayant éga- lement nécessité l'emploi de la quinine, lequel à pu lesenrayer. M. Bardinet a vu quelques cas de fièvre puerpérale assez rapidement mortels, surtout pendant le mois de janvier. Il accouchait, dans ces circonstances, pour la troisième fois, une dame qui avait été prise à chaque accouchement d’hémorrhagie après la délivrance. Il donna du seigle ergoté, et vit, avec l'absence d'hémorrhagie, un rétablissement prompt et complet. Ce fait lui rappela les idées émises par M. J. Guérin sur l’absence de rétraction de l'utérus après l’accou— chement, indiquant l’imminence d’une fièvre puerpé- ‘ale, et son influence sur le développement de celle-ci. Il a vu, en effet, les accidentssurvenir après un travail long et pénible, et lorsque l'utérus ne revenait pas rapidement sur lui-même. Il a donc administré le seigle ergoté. Il ne veut pas donner à ces tentatives plus de valeur qu’elles ne méritent : c'est pour lui seulement un fait à considérer, des expériences: à continuer. Le sulfate de quinine, du reste; lui a.fait défaut, même à dose élevée, dans une circonstance récente. M. Bleynie a vu une nourrice desix mois: prise, une nuit, subitement de frayeur, de fièvre; elle ra peur de mourir. Calme le lendemain ; mêmes ac- cidents, mais moindres, la nuit suivante. Admi- uistration de la quinine : guérison. Parmi lés accidents puerpéraux. dont il a parlé, il n’a observé le plus souvent que des points douloureux aux fosses iliaques, sans péritonite caractérisée. Sur une femme: cepen- dant accouchée depuis huit jours, la fièvre de lait fut La Re PROGÈS-VERBAUX . 189 irrégulière, incomplète; puis le ventre devint ballonné et douloureux, avec oppression, accidents de suffo- cation, vomissements bilieux contenant des vers, lombrics ; yeux injectés; météorisme; pouls à 150, faible, peu développé. — Un gramme d’ipécacuanha fit cesser les vomissements. Alors se déclara un hoquet incessant , qui fut combattu par la limonade gazeuze. Deux larges vésicatoires sont appliqués sur les côtés de lPabdomen. Il y avait, dans cette observation, péritonite franche; l'utérus restait presque exempt d'accidents. Il n’y eut ni rémittence, ni indication positive pour la quinine. La femme guérit, conservant quelques douleurs dans l'abdomen pendant les mou- vements un peu étendus. Une malade morte dans le service de M. Mazard à présenté également une péritonite avec sérosité puru-— lente, fausses-membranes agglutinant les anses intes- tinales: L'utérus était revenu sur lui-même et sans traces de lésion morbide. Une ‘autre femme, accouchée heureusement, fut prise ; après vingt-quatre heures, de frissons intenses , suivis de fièvre, sueurs, douleurs abdominales (sangsues). Le lendemain, calme. Nouveau frisson ‘la nuit$suivante, avec face grippée (quinine sans résultat). Le quatrième jour, nouveau frisson, douleur et tumé- faction au genou droit pendant trois jours. Alors le:mollet devient douloureux, rouge, empâté. Une collection purulente est ouverte. La fièvre continue ; la langue se sèche; il y à du délire pendant la nuit, et: même. du subdeliriun pendant le jour. A l’au- topsie, toutes les veines utérines sont gorg'ées de pus crémeux vers l'insertion placentaire, et surtout vers 190 CONGRÈS SCIENTIFIQUE) DE FRANCE. une des commissures du col, là où'émergent les veines hypogastriques. Le pus sortait par la pression des tissus et des sinus utérins. C'est la fièvre puerpéralé à forme typhoïde, avec abcès métastatiques et accidents d'infection purulente. Pendant ce règne des fièvres puerpérales, M. Bleynie n’a pas observé des avortements plus nombreux que de coutume; mais la mortalité chez les nouveaux nés a été considérable. M. Thouvenet a quelquefois observé des accidents intermittents ou rémittents pouvant se rattacher à la présence dans l'utérus des débris de placenta ‘ou . de caillots sanguins qu'il a dû extraire. M. Lemaistre, dans un cas, constata l'inértie ‘de l'utérus, et se trouva aussi dans la nécessité d'extraire avec la main des caillots sanguins. La fièvre de ‘ait s’accompagna de frissons irréguliers, avec diarrhée, vomissements; puis survint une éruption de pustules ecchymateuses sur les fesses. Bleynie insiste sur la forme rémittenté “des accidents observés plusieurs fois après l'accouchement même accompli heureusement, survenant après la fièvre de lait, caractérisés par des frissons suivis de sueur, lochies fétides, avec ou sans douleurs aux fosses iliaques, cédant à la quinine , secondée FU* Ex sangsues et quelquefois de l’opium. M. Dépéret-Muret dit que , au moment où M! Bleynie observait à la Maternité la forme #rémittente des accidents puerpéraux, il trouvait, de son côté, dans les salles des blessés civils et militaires , de fréquents accidents rémittents et intermittents. nécessitant l'emploi de la quinine. er La PROCÈS-VERBAUX : 191 M. Lemaistre signale ce fait particulier de conci- dence entre Jes fièvres éruptives, scarlatines | érysi- pèles, affections catarrhaleset la fièvre puerpérale: «Ne pourrait-on pas admettre, dit-il, un certain rapport de cause pour ces épidémies? J'ai été surtout frappé, ajoute-t-il, de voir toute plaie dégénérer en érysipèle, pendant que tout accouchement présentait quelques accidents du côté de la matrice quand il ne s'enstivait pas de fièvre puerpérale, Or la matrice, après l'accouchement , ‘offre une plaie, et je suis porté à croire que le génie épidémique qui, dans un cas (plaie externe), a produit l’érvait pèle, est le même qui, dans l'autre (plaie interne) | à déterminé l’inflammation particulière qui s'est déve- loppée du côté de la matrice. La fièvre puerpérale serait-elle une espèce d’érysipèle interne? M. Mandon combat cette opinion de M. Lémaistre. M. Boudet rappelle l'opinion de M. Trousseau eur la fréquence des érysipèles, surtout à l’ombilic, éhéz 168 enfants nouveau-nés, pendant lé règne des fièvres puerpérales. M. Ancelon croit savoir que la fièvre puerpérale' à existé à Paris depuis longtemps. Il n'admet pas que la concentration des femmes en couches soit 'une catuéé démontrée de la fréquence et de la gravité des fièvres puerpérales. A la Maternité, à Paris, du 1*7-vendés miaire an x au A germinal an x1, ily'à (et un! léées SUP quarante-trois accouchées, et, u'4er janviér au 31 décembre 1850, un décès sur dix-sépt entrées où sur dix-sept accouchées. Donc la fièvre puerpérale est due au génie épidémique, et non *1lencombre- ment. 192 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. M. Brun-Séchaud croit le contraire. La séance est levée à quatre heures. A. DÉPÉRET-MURET, secrétaire. SEANCE DU 19 SEPTEMBRE 1859, PRÉSIDENCE DE M. ANCELON. Le procès-verbal de la dernière séance est Iu et adopté. M..Boulland donne lecture d’une note sur le trai- tement de la fistule lacrymale par le clou de Scarpa modifié. Cette note sera insérée parmi les travaux de la section. M. Riboli lit une observation de plaie par arme à feu au milieu du front, avec ouverture du sinus frontal. Un grenadier piémontais est blessé à la tête, le 24 juin, à Solferino. La balle atteint le milieu du front, précisément à la racine des cheveux: Elle enlève complètement , comme par un coup de sabre, une partie de l'os contenant le sinus longitudinal. Il y eut hémorrhagie très-abondante. Transporté à l'hô— pital de Brescia , le malade, après quelques jours, fut évacué sur l'hôpital de Saint-Isidore de Turin, et reçut les soins de M. Riboli jusqu'au 418 août. L'ou- verture de la plaie mesurait 4 centimètres en lon- gueur, 3 en largeur, 5 en profondeur. Les méning'es étaient intactes. Il n’y avait ni céphalalgie ni lésion des facultés cérébrales ou des fonctions musculaires. PROCÈS-VERBAUX. 193 Une médication simple fut instituée. Il y eut abon- dante suppuration pendant cinquante jours, puis œuérison complète, sans reproduction de l'os. Ce même soldat avait antérieurement reçu une balle à chaque cuisse. À gauche, la balle atteignit d'avant en arrière le tiers supérieur, ettraversa les masses mus- culaires. Il y eut suppuration abondante. On employa les injections avec teinture d’iode et la compression , une nourriture saine et modérée, une décoction de quinquina. Au bout de quarante jours, la guérison était complète. Ce malade était d’une faible consti- tution. La plaie de la cuisse droite fut très-légère, et ne présenta rien de remarquable. M. Riboli joint à son observation quelques réflexions sur le sinus longitudinal, sa forme, ses dimensions, ses rapports avec les autres sinus; les veines exté— rieures ou intérieures du crâne qui communiquent avec lui, et le cours du sang dans sacavité.— Remer- ciments à M. Riboli. M. Mandon communique des recherches sur le rythme et le mouvement respiratoire. Dans ce travail, qui n’est pas susceptible d'analyse, et qui a mérité à son auteur les félicitations du Congrès, M. Mandon énumère minutieusement tous les actes d'ordre phy- sique, chimique et vital dont l’ensemble constitue la fonction respiratoire ; les causes qui provoquent l’exé- cution de ces actes; la part qu'y prend le système nerveux par action réflexe consécutive à la per- ception du besoin respiratoire; le siége de ce besoin, et la partie des centres nerveux plus spé- cialement préposée à la coordination des divers phéno- mènes que l'observation apprend à reconnaître et 13 194 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. à distinguer dans l’accomplissement de cette importante fonction ; l'influence sur elle des troubles de la cireu- lation , et, arrive à formuler une théorie, à la fois Er et vitale, qui.rend compte, de la première inspiration du, nouveau né; nous explique pourquoi la respiration artificielle et la stimulation directe on indirecte, des, organes respiratoires sont le meilleur traitement.des asphyxiés, et. pourquoi l’asphy xie est irrémédiable quand, le cœur a cessé de battre, c'est-à- dire de lancer du sang anx poumons; et de ] AR VAE dans. tous Jes organes (4). ire avu'h voilier 1. Le même membre lit une, observation de fracture, du col, du; fémur traitée. sans pareil : une vieille femme fait une: chute.dans un, escalier, et présente une frac ture bien.caractérisée. du. col. du, fémur, avec. deux centimètres de raccourcissement, Un, appareil avec plan:incliné futmal supporté. M. Mandon m'avait pas à sa, disposition . les, apparqils [de 1Boyer et. Bonnet; L'extension;et lacontre-extension ne pouvaient. s'o- pérer. dune manière. exaçte. ptiutile.à. cause, des douleurs provoquées àJa.hanche et. aux, pieds, et des escares.qne la.compression gt limmobilité menaçaient de déterminer. M. Mandon, eut recours au; proçédé suivant-: Ja meldie fut couchée. droit, sur. un plan très-résistant au niveau du siéger Je: membre. fut redressé ,;mis en, bonne direction, Juxta- pesé ;6 et fixé au Site sain; -qni, servait d'attelle de de. contre poids; cay;qpar, sa tendançerà se renverser.en dehors, il entraînait en dedans le:membre, malade, Au bout de quelques jonrs,;on dut redresser le siége,.et rétablir (4) Voir la deuxième partie du Compte-Rendu. PROCÈS VERBAUX. 1700 4195 le parallélisme’des membres, pour combattre la ten- dence au raccourcissement par Je fait de l'affais- sement du: bassin. On soulévait celui-ci } et on tirait deux fois par jour sur les'deux membres, 6pérant ainsi une ‘extension et un redressément intermittents. La tendance au raccourcissement cessà dès Te trentième jour. Vers Te ”“quarantieme!, “ékaisC d'exercice. A soixanté jours, nul räcéourcissement : on essaie quel- ques mouvéments actifs ? on marché en/étant soutenu sous lé$ bras! à soixänte-quinZé, ‘on fait quelques pas au milieu d’une galerie de Chaïsés disposées sur deux rangs, en s'appuyant Sur les (düssiers. “1 Dans'les fractures intra-capsulatres }"dit M! An- célon , il y 4 douleur trévivé Au eentré' dé l’aîne, et déphacetenti moins considérable dité COS les fricturés éxtfa-capstiléirés. DITS IITI OI "SM Mäddon croit avoir eut traïtér! une rt ittr42Capsulaire. ILa doulèurl41'aîne était accusée: 1 l'attribue ‘X°1a° saillie au fragment! nféenr dE Qu'on’ imprimé quelque” motveriéntau membré, lés tiSsus sont froissés ? aus pese: til que cétté douleur doit Se! retrouver surtout ans !lés fractures éxtra- capéulaires dans'lesquélles Fe déplacément' est plus considérable ,: ét! les GATE HER ‘au’ Pet in- fériéur plus Étlndte? Fe MROICONNALE: Me IT RIAIreS des "M ie pénis is le prottné s suivi par‘ M: Mandon femrnés à sÿétèmé musculaire pét dE App | POL'observätiôn et les réflexions dé M. Mañdon sont lrénvoyées à Comité de publication {4}! ubr195 ro") ub aitrsq ani vol 4) Voir la deuxième partie du Compte-Rendu. 196 CONGRÈS SCIENTIF IQU E DE FRANCE. Le Congrès passe à l'examen de Ja, As question : « Observ e-t-on chez les habitants de certaines parties du Limousin une conformation particulière, de, la tête? » «Cette question, dit M. lanohonde offre un double intérêt : c'est une question scientifique et: une question de localité. Le faconnement de la tête des nouveaux nés était une pratique familière dans notre, Limousin, il y a déjà plusieurs siècles , dans le.but, de disposer la cavité crânienne à permettre le développement favo- rable de l’encéphale dans.ses, parties présumées être le, siége, de l'intelligence.et de la mémoire. Car ces idées de localisation des facultés intellectuellestavaient précédé chez nous de] long-temps l’époque des, Gall et des Spurzheim. Nous; trouvons, des documents très- curieux à cet ésard dans un poème, en; vingt-deux chants , écrit en vers latins, œuvre. du P..Josset, de la: compagnie, de. Jésus, . tre GO RE à cette. époque. Dans ce poème, intitulé: Rhetorice imprimé,en 1650 le P,.Josset indique, à la mère, pendant, sa grossesse , les précautions morales, alimentaires et autres aux- quelles elle doit se conformer. pour préparer ‘son enfant à être orateur, et à la nourrice les;soins par lesquels elle doit façonner la tête dans le même but. € I faut, y est-il dit, faconner la tête comme une » cire molle, corriger, ses formes naturelles si elles » laissent à désirer pour la régularité et la beauté, » pétrir cette tête, qui plus tard doit contenir tant de », Choses et tant de richesses ; en sorte qu’elle ne soit » pas entièrement sphérique; qu'elle ne se développe: » pas en un cercle parfait : qu'elle soit un pen » oblongue, s'étendant légèrement en pointe par der- PROCÈS-VE RBAUX. 197 rière, coinme le bout.d'une courge. Il y aura alors un'vaste champ, un lieu spacieux, qui pourra loger la mémoire. Que lé front ; démeure certaine de linitelligente, parvenu à sa’ maturité, né prenne pas la forme d’un cercle étroit, ce qui est indice d'un'esprit léger; mais qu'il aille se déve- loppäntcomnië ‘une Surface “plane, Tégèrement renflée du”e0té où'S'implantent 1és cheveux. » M. Blanchard inSiste Sur cés idées, intéressantes at point de- Vue de la beauté Diÿ Sidi! aimise ét re _cherchée! à'Cétté époque , ‘et ‘des opinions sur la loca- lisätior des fieultés 'intellectuelles ay ant cours alors parmifes -savants!du Limousin. Bien avant le R. P. Jossét dès! lé siècié !'1ès! étudés! pirénologiques étaient familières X'plasietis ABbés dé Hôtre Limousii, entrés aütres à) Bernard Itiet, 'abb@ de Saïnt-Martial vers 42701! et fenommé par sés corHtsesemites appro— fondies.én-erânibstopie 0 AH ere LeiP:1Jossét na traft dont faitque Ecaai dans un barmonieus laméhie es idée hit la beauté ét” là configuration de 14 tôté dés’ danses monastères , patronéesipar l'infliencé toute-puissante des ‘moinés en matière de science à cette époque , passées de la théorie dans latipratique ; ét accéptées par nos populations. Les ‘procédés” employés! consistäient en pressions manuelles ét réitérées pratiquées, (def la naissance , sur: ces têtes IMollés'et faéilès Ypétrir! Un pétit bonhet des banidelettés artistément: disposées ‘ét maintènues , donnäient la tété ühe forme! éblongue. réuli- réthent déroissinté, analogue à celle dé'la courge ou d’un pain de Sucre, céinme lon 16 dif encore’ dé nos Per ner, dioz, SÛe'vp à Hstesq 491 UTC » 24 A LA > ÿ Ÿ > ] 198 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. « Ce faconnement de la tête, ajoute M. Blanchard, était bien ‘une habitude, du pays; car, à Limoges seulement,'et dans lé rayon ;de-cette ville, on. la retrouve; au delà la voix «du maître ne parvenait pas, n'était pas «entendue; et la, tête: n'était «plus assujettie anx mêmes manœuvres ;les mêmes opinions sur la beauté phySIQRE n'avaient pas l4 sanction populaire, 515 doeuo Hô sf ‘1: » C’est encore dit: M. Histachatd y “un.de ces tsages, upe de ces Énibbmse locales, échappant à toute appré- ciation, à-toute critique ; mon: RARE du goût ouwde l'utilité. trouva o1pe À d’autres! époques et (fans d Hi pays, la tête Ne nouveauxiinés aété soumise à des/manœuvrés destinées lui donner certaines formes particulières. Hippocrate :mentionhe ‘les :macrocéphales des Palus- Méotides; "ainsi quel l’attestent: encore les crânes allongés trouvés récemrnent danses mêmes contrées par le docteur :Bathke. Quelques peuplades, sauvage de V Amérique donnerit aussi à da tête, lau moyen de pressionsmécaniques, certaines formes en rapportayec les idées; de’ beauté radmises dans : 1° a extrême du:front. f fre Yo 1 » L'hérédité, ajoute; M: ne pas probar blement LES d’une -manière:,. constante 11ces formes, accidentelles d’abord.;.etles transmettre défi— nitivement dans les familles. Ne,savons-nous pas que certaines particularités de formes:.ont.6t6 ainsi. trans- mises par bérédité;-et que certaines familles, se font Les tot par la. fonme du nez le, nombre des doigts ? » Cette’transmission sera d'autant DE facile que PROCÈS-VERBAUX. 1! 199 les ‘deux: conjoints offriront ‘eux-mêmes la même anomalie ‘et. les mêmes particularités physiologiques. » Ne, parvient-on! pas ’ég'alément ài°faconner, en quelquéisorte, les'races animales, à faire disparaître ou prédominer chez éllesscertaines ‘particularités de formes ; certaines prépondérances RARE :maté— rielles et fonctionnelles ? 5 5] » Et, pour la tête, est-il étonnant que, en remar- quant l association de certaines prédominances intel- lectuelles ‘én' rapport avec:certains détails-de confi- guration, on laiticherché ‘à: obtenir ceux-ci! pour arriver à celles-là, lorsque surtout ‘és relations étaient autorisées: ét affirmées par les maîtres: de l’époque, dont les opinions em matière:‘de/'science faisaient loi comme) cellestém matière de religion ?- » Certes on: ‘peut contester 1aocorrélationside la configuration” du crâne avec! les développement du cerveau ét'des facultés intellectuelles ; ‘la: cavité du ‘crâne perdant dans nn sens! cequ'elle gragneLdans un autre , et là différénte absolue du/volhme :dw cerveau étant par le fait nulle ou peu considérable: et on peut contester qué le développement exagéré d’une partie du crâne traduise toujours un développément corré- latif de li masse/cérébrale subjacente. » M. Blanchard ñe petise pas que'cette configuration de la tête puisse être rapportée au'rétrécissement de quelque diamètre du bassin, et, par conséquent, soit le fait de l'accouchement. Il admet. que, pendant accouchement, la tête peut subir'certaines défor- imations; mais il fait remarquer combien est rapide la réparation des désordres, vu la flexibilité et l'élasticité des os du crâne, et les mouvements du cerveau, qui 200 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. ont bientôt corrigé les déformations passagères dues à des compressions passagères elles-mêmes, et qui ne pourraient d'ailleurs changer une conformation primi- tivement acquise. Au reste, cetté forme de la tête se conserve, en Limousin, dans les campagnes plus quedans les villes. Les campagnes en effet, conservent mieux les usages et les traditions ; les races s’y croisent moins, ét leurs caractères se conservent plus purs et plus intacts. _ La section remercie M. Blanchard de son travail remarquable, qui sera inséré dans la deuxième partie du Compte-Rendu. ‘ | L'opinion de la déformation permanente des os du crâne par l’action d'agents mécaniques persistants est partagée par le-docteur Mandon. Nous tenons de ce médecin l'observation d’un enfant nourri d’un seul sein, du sein gauche, par sa mère, et dont le pariétal droit prit une forme concave pendant les premiers mois de l'allaitement. La tête du nourrisson reposait-elle sur le bras gauclie de sa mère, le bord supérieur du pariétal droit faisait aussitôt saillie, et dépassait très- notablement Te côté du ‘pariétal correspondant. — Quand l'enfant avait quitté le sein, les deux pariétaux semblaient bién reprendre leurs rapports normaux ; mais l’action, fréquemment renouvelée du poids de la tête supporté par un seul os avait produit un large et profond sillon sur le côté droit de la tête, déformation qui a persisté avec ce caractère jusqu'à l’âge de dix mois environ. Vers cette époque, la concavité s’est en partie redressée, tout en laissant à ce côté de la tête une surface planoïde ou plane différente de la forme convexe du côté opposé. A l’âge actuel de seize mois, 1 FE: PROCÈS-VERBAUX. 20 À da tête de cet enfant est non symétrique par les raisons énoncées. Ajoutons que les facultés intellec— tuelles n'ont pas été retardées dansiéur développement : le nourrisson serait plutôt précoce sous ce rapport. Aucune influence héréditaire D a pu expliquer cette déformation à M. Mandon, qui ne l'aurait pas re- poussée sans examen; Car il,ne doute pas qu’ une irrégularité acquise tr 0S du crâne, et perpétuée par la persistance de la causé mécanique qui l’a produite, ne puisse se transmettre héréditairement, tout en pbéissant aux Jois du croisement des races, Aussi notre collègue ne voit-il dans la forme particulière aux têtes ] limousines qu’un effet du béguin, secondé et “transmis par l'hérédité. are 9. A. DÉPÉRET-MURET ; secrétaire. 1 ae [ j1 11] i 11n9it61l; base SÉANCE DU A SEPTEMBRE 1880. OT i4 fogbrrec PRÉSIDENCE DE/M. ANCELON. nor < Dot procès-verhal.de la séance! précédente. est lu. et jadopté. ts > M. Lemaistre, lit un travail sur les fièvres inter— es "en Limousin. 1, &, Les fièvres : intermittentes, en Limousin, dit + NES se rencontrent avec des caractères sem- blables à ceux qu'elles présentent dans les autres contrées marécageuses : mêmes types, mêmes formes -Simples,, pernicieuses; rémittentes, pseudo-continues 202 CONGRES SCIENTIFIQUE DR FRANCE. ou continues larvées. Des hypertrophies quelquefois énormes de la rate s’observent chez les enfants et dans des cas de fièvres/récidivées. Ces hypertrophies paraissent l'effet et non la cause de la fièvre. Très- souvent les accidents fébriles intermittents se mêlent à ceux des diverses maladies, à leurs diverses pé- riodes, avec des caractères plus où moins nettemént accusés, insidieux ou graves. Aussi faut-il, en Limousin, se tenir toujours en garde contre - cette complication, et existe-t-il peu de maladies péndant lesquelles le sulfate de quinine ne'puisse trouver l'opportunité de son administration. 1 Fréquemment encore, certaines formes anormales simulént d’autres maladies, notamment les fièvres typhoïdes et érup- tives, et le diagnostic est assez difficile au début. !! » On ne peut, en Limousin, rapporter au miasme marécageux l'influence unique ou prédomirrantel qui produit la fièvre intermittente. Les véritables marais sont rares dans notre pays de montagnés etde vallées , avec nos eaux clairés ‘et limpides ; convenablement encaissées, et dont le: cours ou-‘lécoulement! est toujours assez facile et rapide. Il faut tenir un compte sérieux des variations de: température: si fréquentes chez nous , et réellement Sen pour la production et les réc res de nos fièvres: M Lemaistre ne saurait LR rates signalé par M. Boudin entre les maladies ibtermit- tentes, typhoïdes et tuberculeuses. Si M: Boudin a voulu dire seulement que ces affections ne règnent pas simultanément avec une fréquence et une inten- sité semblables; qu'elles se succèdent, se remplacent, occupent tour à tour et d'une manière prédominante PROCÈS-VERBAUX 203 la scène morbide; que les unes sont rares quand les autres sont fréquentes, il exprimerait un fait vérifié par l'observation , mais qui, du reste, ne saurait être seulement applicable aux maladies dont nous parlons. Si les véritables marais naturels sont rares en Limousin , il n’en est plus de même.des marais arti- ficiels créés et entretenus par une industrie mal inspirée par les lois de l'hygiène, conservés opiniâ- trément sous prétexte d'utilité dans les airages de nos campagnes, où s'accumulent des masses de matières animales-et végétales destinées à subir la fermentation putrite, à former des engrais : véritables cloaques, éminemment dangereux par:lesoémanations :qu'ils exhalent, surtout à la fin de Fété,«et:au milieu desquels vivent. obstinément nos populations rurales. M. Lemaistre insiste sur cette cause des-fièvres inter- mittentes qui seule peut expliquer l'apparition de ces maladies dans des localités d'ailleurs très-saines, et régulièrement:-tous.les ans à la fin de l'été, et forme des vœux pour qu’elle disparaisse, soit par une saine appréciation de ses dangers, soit "pes l'intervention de l’administration. Les défrichements, les grands nivo de ter- rain opérés DEndte travaux des chemins de fer ont rendu les fièvres plus fréquentes dans certaines loca- lités de notre département. [sn Abordant la question du traitement, M. rénisteu sans contester l'utilité de quelques moyens proposés à titres divers, pense qu'aucun ne peut supporter la comparaison avec le sulfate de quinine, auquel il faut revenir en dernier ressort pour suppléer des moyens impuissants ou incomplètement efficaces, et qui 204 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. seul d'ailleurs offre quelque sécurité dans les formes graves. M. Lemaistre a fait quelque essais d’ hydrothérapie à l'hôpital de Limoges, mais sans succès, Il termine par l’appréciation des effets généraux de cette médi- cation, de son utilité, des circonstances qui favorisent ou baton son efficacité dans les | établissements spéciaux (4). ï R M. Laborderie donne lecture d’un mémoire ‘sur le traitement des fièvres intermittentes. 11 avance cette proposition que les remèdes ne doivent guérir que les maladies du pays où on 1és récolte, À ce compte, la quinine ne devrait être utile que contre les fièvres du Pérou. der - M. Buisson-Masvergnier vante. dans le >trailement, l'arnica, la cévadille ; la’ fève de Saint-lgnace, la bryone, l’aconit, Be belladone , et même Je quin- quina. LG 3) M. Riboli à vu de’bons résultats ‘de l'em] Loi de douches froides" appliquées’ au! début de la période de froid. Il'pense, du reste, aussi qu'il y a dés fièvres intermittentes qui niénests par le seul bénéfice de la nature, et que jamais l'hÿ drottiérapié ne pourra er ARE et faire oubliet le sulfate de quinine, + | M. Blanchard trouve ‘extraordinaires les résultats annoncés par M. Fleury :’« Il faut, dit-il qu'il ÿ Je ait des différences profondes ou dans 1 mtädies a Al a observées, ou dans les! procédés d'application u'il : a institués. M. Fleury, on le sait, donne iné douche en pluie, en même Se ie 412 st sur Ja légion Splé-, (4) Le travail de, M, -Lemaistre serai: reproduit duhsla deuxième. partie du Compte-Rendu. [12299 ) HS PROCÈS-VERPAUX. 205 nique, une heure environ avant le début de l'accès. ” » Souvent, dit-il, on donne la quinine dans des cas de fièvre inflammatoire avec raptus sanguins vers les organés. On compromet ainsi l’action et l'efficacité du remède bien que M. Gabler ait soutenu que la quinine aitla ce de détruire les congestions qui s’opèrent dans les organes. » ee Les fièvres intermittentes , dit M. Ancelon, doivent différer dans leurs conditions étiologiques Sietat les climats et les, variétés du sol des pays où elles se manifestent. La Lorraine et le Limousin, par exemple, ne sauraient être assimilés au point de vue de la constitution du sol et du sous-sol. En Lorraine, le sol est très-cra ras, composé de terre végétale Sbanidéités amplement aa de débris organiques animaux et vérétaux. Sous lui se rencontrent le plus souvent des marnes irrisées, rarement oolithiques. Le miasme y est beaucoup plus actif que dans,.les localités où le sur-s0l est très-maigre , Je terrain granitique. Les fièvres. intermittentes Ferre en,.Lorraine au prin- temps et en automne. À la fin de l'été, alors que la chaleur a,.été très-intense, : que | le sol oe desséché et Crevassé, le miasme s Ab oie ba ad , et l’on voit apparaître le typhus paludéen et.des fièvres rémit- tentes de mauvaise, nature. Si un été très-sec et très-chaud. succède à des années ou à des saisons très-hüimides et pluvieuses, on trouve, comme ex- pression d’une activité plus grande encore du miasme. des affections charbonneuses sévissant sur les ru- minants et les hommes: mais les animaux ne sont pas accessibles à la fièvre intermittente et au typhus paludéen. 206 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DK FRANCE. » La forme charbonneuse de l'infection miasmatique exige, pour se produire, une longüe série de mois pluvieux,” d'inondations suivies d’une année très- chaude, et alors se déclarent des endémies charbon- neuses , chez lés animaux et chez l'homme, Corréla- tivement àu typhus paludéen, qui ne sévit que sur l’espèce humaine. » On‘voit donc se succéder des fièvres intermittentes, le typhus paludéen ét'1es ‘affections charbonneuses comme expression d'activité croissante du miasme marécageux: Il existe dans un canton de la Lorraine bon nombre d’étangs, un surtout mesurant 674 hec- tares de superficie, et contenant plusieurs millions de mètres cubes d’eau. On observe par périodes trien- nales les phénomènes suivants : la première année, l'étang étant plein d’eau , le miasme est peu actif, et détermine des fièvres intermittentes ; ‘18 deuxième année, ‘l'étang étant mis en pêche, les eaux se retirent süccessivement , ét'abandonnént À l’action du soleil üné quantité croissante de marais : ‘alors naît le typhus paludéen:; — pendant la’ troisième année, l'étang est livré à la culture, et, si l’année est chaude, des affections éhäbont£uEes se déclarent chez l'homme, avec où Sans épizootie. » La distinction entre le typhüs paludéen et la fièvre typhoïde À leur début n’est pas chose facile. Les pétéchies sont plus spéciales au typhus : les taches lenticulaires | à Ta fièvre typhoïde. Les sudamina, les plaques couenneuses rès-hdhéréntés aux gencives, s'observent aussi plus OR PARRES dans cétté der- nière affection. » Le sulfate de quinine mérite seul confiance dans PROCÈS—VERBAUX.. 207 le traitement ; le quinquina est très-utile contre le typhus intermittent. Dans les formes charbonneuses , qu'elles se montrent sous l'aspect de fièvre charbon neuse ayec éruption pustuleuse vers le troisième ou le cinquième. jour, ou, de tumeur extérieure, il faut cautériser, et administrer l'ammoniaque à l’intérieur. La Cautérisation, utile contre la fièvre Charbonneuse, se pratique, avec Je; fer rouge sur les membres, le rachis, les tumeurs Sangréneuses, quise limitentsous son. dnfluence, Mais, en général ; dès que les pustules apparaissent , le traitement échoue : on arrive trop fard. PIA da N'Ue Gi ,Syucie'E 5 _(Ehez nous » dit M. Lemaistre, les charbons et les Pusinles débutent comme maladie locale accessible à la, cautérisation, ét indépendante de toute influence a A Paris, dit M; Boudet, les fièvres intermittentes ne présentent pas les mêmes Caractères que celles des contrées «Mmaréçageuses z c'est une objection aux succès annoncés par. M. Fleury. Ces fièvres, en général contractées hors de Paris, tendent spontanément à la guérison. D’autres fois, elles s’accompagnent de ca- chexie , ‘et peut-être alors les douches et les-ablutions froides agissent — elles autrement et par un autre méçanisme que dans les cas de fièvres récentes.» WTA 4 Paris, € it M. Dupont, pendant les travaux des fortifications x le Sol fut, Profondément fouillé, et il y eut; alors de. nombreuses fièvres intermittentes. Les SE SreonSances ont. amené, partout Jes mêmes effets, et notamment dans Certains cantons de notre département, pendant les travaux qu chemin . de fer. » è 4 208 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE: M. Brun-Séchaud a étudié avec soin les cas soumis à son observation pendant neuf années. Il a pu recueillir ainsi 720 observations, qui ont servi de base à un mémoire présenté à l'Académie de Médecine en 1840, et dont il rappelle les principales conclusions. Sur ces 720 malades, il se trouve 426 femmes : 228 adultes, 92 au-dessous de quatorze ans, 106 ayant dépass l’âge critique; — 294 hommes, dont 108 enfants ou adolescents, 95 adultes, 91 au-dessus de 60 ans. — Les femmes sont donc plus soûvent frappées , et les enfants figurent pour un chiffre assez élevé dans le nombre des malades. I1 a observé 41 cas de fièvre per- nicieuse, dont 5 mortels. Dans un de ceux-ci, il trouva , à l’autopsie, des cong'estions énormes du foie et de la rate; les poumons étaient gorgés de sang : le cerveau et ses membranes étaient fortement injectés. Les engorgeements de la rate sont consécutifs aux accès plus ou moins répétés, et sont plus fréquents chez les enfants. Il a pu observer ces engorgements 250 fois dès le début des accès : 150 fois, ils persistaient huit jours après la cessation de la fièvre ; 80 fois, ils demeurèrent permanents, et ne cédèrent qu’à un traitement éner— gique ; — 68 engorgements du foie; — 34 anasarques , suite d'accès prolongés, souvent récidivés chez des malades placés dans des conditions hygiéniques très- défavorables. L'action du froid humide et les changements de température, joints aux émanations miasmatiques végétales, paraissent à M. Séchaud les causes les plus communes de Ces maladies, et suffisent pour les produire. Le sulfate de quinine est le remède par excellence : hu PROCÈS-VERBAUX. A 209 il est presque infaillible contre les fièvres simples. Très-souvent un éméto-purgatif donné avant l'accès, sil y avait complication d'embarras gastro-intestinal , a facilité l’action de la quinine :;et quelquefois, suffi seul à la g'uérison. roy | Dans un cas de fièvre pernicieuse ;apoplectique M: Séchaud a donné jusqu'à 8, grammes de quinine, en quatre doses, pour vingt-quatre heures. Sur lui- même, le sel quinique, pris à la dose de L,gram- mes, n’a déterminé qu'un léger effet purgatif. L'écorce de jeune bouleau , la salicine, lui parais- sent mériter quelque confiänce. 7 13 f Fun h Ja! A. DÉPÉRET-MURET, secrétaire. AxoSÉANCE:DU.29, SEPTEMBRE L85O PRÉSIDENCE DE M. BOUTEILLOUX: : l À L'ordre du jour appelle la discussion de la 2 ques- tion du programme : « Hygiène et maladies spéciales des porcelainiers et des tisserands » . -<:Nous, ne voulons, dit M. Dépéret-Muret ; parler ici que des conditions hygiéniques et pathogéniques au milieu desquelles vivent nos ouvriers par suite des exigences de, leurs travaux professionnels. 11 ne nous appartient pas de les suivre hors de la fabrique ou de l'atelier : nous AVONs à examiner, une question d’hy- giène, et nous voulons rester dans les termes du Programme ; qui, du reste,.offre à notre observation 14 210 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. carrière suflisante, et sérieux motifs à nos conseils, trop souvent éludés par l'insouciance traditionnelle de nos ouvriers, trop oublieux des inconvénients d’une profession qui, assujettie à la loi commune de toutes les industries, offre, elle aussi, ses causes d'insalubrité et ses dangers. » Ces réflexionss’adressent surtout à nos porcelai- niers, en général plus intelligents, vivant dans une plus grande aisance, trouvant dans un travail moins pénible, moins soutenu, une rémunération conve- nable; et, à domicile, des conditions favorables d’habi- tation, d'alimentation, de confortable même. » Pour nos tisserands, travail plus soutenu, moins lucratif, suffisant à peine aux besoins de la famille ; exercice insuffisant; habitations, en général, hu- mides, mal aérées, peu spacieuses, trop, souvent encombrées par les ustensiles du travail, et les meubles affectés aux usages domestiques. Les tis- serands, il est vrai, vivent au sein de la famille, dont tous les membres trouvent leur utilité et leur participation au fonctionnement du métier; hors de l'atelier, si fécond en excitations aux désordres de tous genres, aux entraînements, dont chacun connaît les conséquences pour la santé de l’ouvrier et le bien-être de sa famille. » La pathologie spéciale de nos porcelainiers se ré- sume dans la fréquence et la gravité des affections de l'appareil respiratoire, dont le dernier terme est la bronchite chronique et la phthisie tuberculeuse. Notons comme circonstances étiologiques principales le travail dans des ateliers mal aérés, peu ou mal ventilés, humides et peu spacieux; les brusques PROCÈS-VERBAUX. 211 et fréquentes transitions de température (enfourneurs, englobeurs, chauffeurs) ; l'accès des ateliers toléré pour des âges incapables de supporter les fatigues d’un travail mal proportionné avec les forces et le déve- loppement physique, et toujours trop assujettissant ; l'humidité inhérente à certains travaux {mouleurs, émailleurs, marcheurs de pâte); mais insistons spé- cialement sur la désastreuse influence des poussières minérales pénétrant dans les voies respiratoires avec l’air atmosphérique ( retoucheuses, mouleurs, tour- neurs, useurs de grains, épousseteurs ). » Entrez dans un atelier, et considérez cette pous- sière fine, onctueuse, qui recouvre les ‘murs, les cloisons, les planches, les appareils et les instruments de travail d’une couche épaisse que la moindre im- pulsion dissémine dans l'atmosphère, pénétrant 1° dans les voies aériennes. se déposant sur les mu queuses nasale, pharyngienne, laryngée et bron- chique; se mêlant aux liquides sécrétés, et diffici- lement expulsée sous forme d’un magma demi-solide ; — 2° imprégnant les vêtements, se déposant sur la péau à l’état de couche peu adhérente, ou s’'in- crustant sur certaines parties comme par une espèce de tatouage : d’où la sècheresse, le racornissement de la peau; sur les parties du corps plus spécialement en contact avec la terre sèche ou réduite en pâte molle et adhérente; d’où certainement une notable pertur- bation dans les fonctions perspiratoires et élimina- toires de cet organe, et un trouble consécutif de la calorification et de l’hématose ; — 3° enfin, pénétrant même dans le tube digestif avec les aliments, trop souvent ingérés dans les ateliers, et sans des pré- 212 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. cautions de propreté antérieures : de là des coliques, des dyspepsies, des diarrhées, nouvelle cause d’im- perfection de la nutrition et d’appauvrissement de l'économie. » Ces données étiologiques varient suivant les caté— gories d'ouvriers, la nature spéciale de leur travail; et alors on voit varier aussi corrélativement les mani- festations morbides dans leur fréquence et leur gravité. Les femmes ressentent plus gravement cette influence des poussières, soit en raison de la spécialité de leur travail (mouleuses, garnisseuses, retou- cheuses), soit parce qu'elles supportent plus diffi- cilement le travail et la vie d'atelier. Elles comptent pour un chiffre plus élevé que les hommes dans le nombre des malades et des victimes. | » Cette étiologie, admise par ceux de nos confrères qui fréquentent plus habituellement les porcelainiers, par les ouvriers eux-mêmes, nous paraît pouvoir seule expliquer et la permanence dans nos ateliers de la toux, de la dyspnée, et les fréquentes récidives des bronchites, des laryngites, des pneumonies, qui abou- tissent, par une pente plus ou moins rapide, mais presque fatale, à la phthisie tuberculeuse. » Nous n'ignorons pas que cette influence des poussières minérales est encore contestée de nos jours; mais, si Parent-Duchâtelet subordonne à une prédisposition leur action malfaisante sur les or- ganes respiratoires, les statistiques desLombard, Benoiïston de Châteauneuf, les observations de Calverte- Holland de Sheffield, de Desayvres de Chatellerault, et de bien d’autres encore, témoignent en faveur de cetteétiologie spéciale des affections pulmonaires chro- PROCÈS-VERBAUX. 213 niques. Pour nous, nous faisons certes une large part aux influences extrasiliceuses | pour ainsi dire, qui agissent sur nos porcelaïniers ; mais nous ne pouvons pas ne pas admettre que, en l'absence même de toute prédisposition héréditaire ou autre, par le fait seul de la pénétration des poussières minérales dans les voies respiratoires, s’opèrent des troubles graves dans les fonctions pulmonaires et la tuberculisation, qui suivra ses périodes avec plus ou moins de rapidité, suivant les conditions hygiéniques elles-mêmes auxquelles sont assujettis, au milieu desquelles se laissent vivre nos ouvriers, conditions hygiéniques dont nous ne voulons certes pas dissimuler la haute valeur pour faciliter, activer ou retarder l’évolution de la maladie. » Pouvons-nous d’ailleurs oublier les expériences de notre savant et bien-aimé maître, le professeur Cru- veilhier, qui montrait la matière tuberculeuse se déposant autour des COrps étrangers arrivés par diverses voies dans les vésicules pulmonaires ou les ultimes ramifications des vaisseaux de l'organe. M. Desayvres n'a-t-i] pas démontré, pièces en mains, cette pénétration des particules siliceuses dans les Poumons des ouvriers aiguiseurs ? » Nous estimons donc qu'on ne peut se refuser à admettre dans l’étiologie de la phthisie pulmonaire l'influence des poussières minérales inspirées, surtout Si, par les exigences professionnelles, cette inspiration est habituelle, Continuelle, persistante, et la persis- tance de la cause entretenant celle des effets et leur agoravation. Nulle part nous ne trouvons aussi fré- quentes les larynoites, avec leurs efforts de toux opiniâtre et divers degrés d’aphonie: les bronchites, 214 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. sèches ou humides, tenaces, avec dyspnée souvent portée jusqu'à la suffocation, préludant plus ou moins long-temps aux manifestations physiques des tuber- cules, et long-temps sans rapports de gravité et de ténacité avec l'étendue et les phases d'évolutions de ces produits morbides. » Comme M. Desayvres, j'ai souvent été frappé de la rareté des hémoptysies chez les porcelainiers. Cet accident serait plus fréquent chez les femmes, suivant M. Thouvenet, qui partage, du reste, et appuie de son expérience notre opinion sur l’action et l'influence des poussières. Je trouve encore à mentionner la longue durée de la maladie si on fixe le début aux premières manifestations des accidents pulmonaires, la fréquence des crachats à odeur fétide gangréneuse ; mais j'insiste spécialement sur la longue et tenace période de toux quinteuse, incessante, avec pico- tement au larynx, enrouement, voix cassée, bien avant l'apparition de signes physiques percevables au sommet des poumons. » Dirai-je que l'iodure de potassium m'a donné quelques résultats satisfaisants dans cette classe de malades seulement? Bien souvent alors j'ai pu me demander si la syphilis ne prenait pas quelque part étiologique aux accidents soumis à mon observation. » J’ajouterai, avec mes confrères orthodoxes, que nous ne pouvons attribuer aux poussières inspirées qu'une action mécanique : l'analyse de nos terres à porcelaine ne nous révèle dans leur composition aucune substance nuisible. Pourrions-nous attribuer à l’innocente silice une action dynamique assez puis- saute pour produire la tuberculisation ? Cette même LM PROCÈS-VERBAUX. 245 silice, il est vrai, comme l’arme antique, aurait la propriété de guérir les blessures qu’elle à occa- sionées. » La prophylaxie découle naturellement des notions étiologiques exposées. Établir nos ateliers dans des conditions meilleures; donner de l’espace et de l'air ; organiser un bon système de ventilation; inspirer à nos ouvriers un peu plus de souci pour les mesures de propreté, les soins des fonctions de la peau ; l’usage des bains simples, savonneux, sulfureux, une ali- mentation suffisamment réparatrice, et encore, les jours de repos, dans nos campagnes, de salutaires excursions, qui permettront d’utiles distractions, et l’accès d'un air vif et pur sur des organes impres- sionnés fâcheusement par l'atmosphère pulvérulente de l'atelier. » M. Mandon ne saurait contester l'influence des poussières; mais il ne voit rien de spécial dans les caractères et la marche de la phthisie des porce- lainiers. M. Bouteilloux, en présence d’une affection tou- jours longue, produite par des influences toujours complexes et multiples : hérédité, refroidissements , bronchites fréquentes , ete., etc., ne saurait admettre toute la puissance accordée aux poussières sans pré- dispositions particulières des individus exposés à leur action. Nos ouvriers tisserands subissent également les inconvénients et les dangers inhérents aux conditions hygiéniques au milieu desquelles s'exécutent leurs travaux professionnels. Pour eux le labeur est opi- niâtre , l'exercice insuffisant. L'habitation est humide, 216 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. mal aérée, mal ventilée, toujours trop peu spacieuse ; le corps est penché des journées entières sur le métier ; les membres , assujettis à des manœuvres pénibles. Des poussières de nature végétale et animale se ren— contrent chez eux, mais dans des conditions moins propres que chez les porcelainiers à impressionner les organes respiratoires. 11 faut enfin ne pas oublier le contact des matériaux pouvant conserver des g'ermes de. maladies contagieuses, et imprégnés de matières colorantes acres et irritantes. Parmi eux nous observons des bronchites chroniques, franchement catarrhales, plutôt que des phthisies tuberculeuses; nous signalerons plus spécialement des déformations du tronc et de la poitrine, l’œdème et les varices des membres inférieurs, l'asthme sec ou humide, les maladies du cœur, avec leur cortége de congestions sanguines et d’hydropysies, et surtout les rhumatismes chroniques et les scrofules ; nombre d’affections cutanées, parasitaires, eczémateuses, pru- rigineuses , affections très-rares chez nos porcelainiers. L'habitude extérieure est pâle, bouffie. Les tisserands vieillissent vite, ou du moins prennent de bonne heure le cachet extérieur de la détérioration organique. M. Alexandre Daudy aîné, médecin dentiste à Limoges, présente son davier contre-coudé, spécial pour l'extraction des dents de sagesse de la mâchoire supérieure. « Tous les praticiens, dit M. Daudy, connaissent la difficulté, dans bien des cas, de l’ex- traction de ces ostéides. L'éloignement et le déjet- tement anormal de cette dent, dont les racines sont souvent adhérentes à l’alvéole: la contraction des museles masseters ; le peu de prise que présente cette PROCÈS—-VERBAUX. 217 molaire danslescas de cariedesa couronne ; la difficulté de l'application de la clefde Garengeot, etla facilité avec laquelle glisse son panneton , constituent des obstacles à une bonne opération, qui ne peuvent être vaincus avec les instruments ordinaires. Et, si quelquefois on arrive avec la clef de Garengeot ou tout autre ins- trument, ce n’est jamais qu’au prix de vives souf- frances. » L'instrument de M. Daudy rend l'opération ac- cessible et facile aux dentistes et aux médecins les moins exercés à ce genre d'opération. Il donne la certitude de respecter la dent saine qui est avant (pénultième); ce qui n'arrive pas toujours avec la clefdeGarengeotla mieux perfectionnée. Aussile davier contre-coudé a-t-il reçu la sanction de l'expérience des confrères les plus distingués de Paris et de la province. ‘Son mode d'application est des plus simples. 1l est saisi à pleine main. Les deux branches les plus courtes sont tournées en haut, et portées sur la dent, qu'elles embrassent par deux.points opposés, et le plus près possible de la racine. Deux forts mou- vements de latéralité ébranlent et luxent la dent, et, par une traction en bas et en dehors, dans le sens dé son axe, elle est enlevée complètement. Remercîments à M. Daudy. + Dans une des séances précédentes, M. Riboli avai exposé ses idées sur la crânioscopie appliquée à la recherche et à la détermination des instincts et des sentiments , des facultés réflectives, perceptives et instinctives. Il avait développé sa manière de com- prendre et d'’instituer les études phrénologiques, et 218 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. les applications de ces connaissances à l'étude des tempéraments, leurs modifications suivant les âges, les maladies, les conditions sociales, l’exercice, etc. ; à l'éducation intellectuelle et morale; à la notion des droits et des devoirs, des passions, des tendances honorables ou vicieuses, du caractère moral de l’homme. M. Riboli avait proposé des applications -sur des crânes pris au hasard : il en déterminerait les caractères phrénologiques , dont l'exactitude pour- rait être contrôlée par les notions préalablement acquises sur les sujets ; et, plus spécialement, une tête limousine étant donnée, il rechercherait les détails de conformation corrélative aux facultés et aux ap- titudes. Deux longues séances ont été consacrées à ces études et à ces expériences, et M. Boudet, au nom de la commission, assistée de bon nombre de confrères, vient exposer les résultats obtenus. Dans un rapport remarquable, qui sera reproduit dans la deuxième partie, il indique les précautions prises par la com- mission, les investigations et les explications doc- trinales et expérimentales de M. Riboli. « La com- mission, dit-il en terminant, n'oserait pas prononcer que la phrénologie peut donner une solution complè- tement satisfaisante des problèmes soulevés par MM. Riboli; mais elle croit pouvoir dire que cet hono- able confrère a bien mérité du Congrès, et de la section de médecine en particulier, en nous offrant une occasion d'assister à ses curieuses investigations. Tous les membres du Congrès qui ont été témoins de ces expériences ont admiré la sagacité et la variété de connaissances dont a fait preuve notre savant PROCÈS-VERBAUX. 219 -confrère de Turin, et nous croyons être l'interprète d'un sentiment général en demandant qu'il lui soit voté des remercîiments pour l'intérêt que ses diverses communications ont donné aux séances de la section de médecine. » La section adopte par acclamation la proposition de M. Boudet. M. Bouteilloux ne saurait accepter cet isolement des organes, cette localisation des facultés, ima- ginés par les phrénologistes. « Tout est solidaire dans l’économie vivante, dit-il, aussi bien au point de vue de l’état matériel des organes que de leurs fonctions. Cette solidarité qui existe dans l’ensemble des organes et des fonctions est également incon- testable pour les organes destinés à réaliser des fonctions spéciales, et pour les actes dont le concours harmonique est nécessaire à l'accomplissement de chaque fonction. Chaque partie réagit sur le tout, et l’ensemble des actes exécutés par l'organisme, la vie et ses manifestations diverses, ne peuvent s'accomplir que par le concours, dans une mesure con- venable, des divers organes et de leurs actes. L'intelli- gence, en vertu de sa supériorité même, demande encore davantage ce consensus soit des organes divers qui paraissent concourir à sa manifestation, soit de l’ensemble de l'organisme lui-même, considéré dans ses instruments divers et dans son ensemble. Tout est solidaire dans les masses nerveuses; et, pour le moindre de leurs actes, cette solidarité est la con- dition nécessaire de l’accomplissement de ces derniers. Gall à abusé de ses études sur l’organisation cérébrale. Absorbé dans la contemplation des parties qui 220 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. constituent les centres nerveux, il a oublié le lien. mystérieux mais nécessaire, qui relie toutes ces parties dans une unité matérielle et fonctionnelle, et réalise l'individualité humaine avec sa spontanéité, et par- tant sa responsabilité morale. » — « La phrénologie, répond M. Riboli, offre bien à nos études quelques pointstrès-positifs. Très-souvent, examinant un individu pour la première fois, j'ai pu déterminer son degré d'intelligence, ses facultés dominantes. Vimont étudie Gall pour le combattre, et, après sérieuses études, n'a-t-il pas été obligé d'accepter ses doctrines? Certes il existe des organes à la base du cerveau; mais c’est surtout la partie antérieure qu’il importe d'étudier, avec ses circonvo- lutions plus saillantes, plus prolongées en avant, pouvant faire connaître les facultés affectives, les diverses mémoires, etc. » M. Bouteilloux revient sur ses précédentes objec- tions, sur ces circonvolutions de la base admises par M. Riboli, inaccessibles à l'observation, et que les phrénologistes n’ont pas encore songé à utiliser. Certes les facultés intellectuelles sont multiples : une analyse attentive peut, parabstraction, en déterminer les attributs, les caractères et les conditions de manifestation; mais tout cet ensemble de facultés n’a qu'un principe, une cause. La nature, avare de causes et prodigue d'effets, habile à multiplier les fonctions en réduisant le nombre des organes, aurait- elle fait exception pour le cerveau? Pour l'intelli- gence, comme pour la respiration et la digestion, l'exécution de la fonction exige la solidarité, le consensus des diverses parties de l'appareil , des actes PROCÈS—-VERBAUX. 291 plus ou moins multiples exécutés par chacune de ces parties. On ne peut dont concevoir ni le morcellement des organes, ni celui des facultés cantonnées arbi- trairement dans chaque département de la substance cérébrale, qu'on s'est évertué à créer plus ou moins arbitrairement. M. le docteur Belloc donne lecture des trois obser- vations suivantes, recueillies dans sa pratique ocu- listique : FA 4° De l’absorption des corps étrangers introduits dans la chambre antérieure de l’humeur aqueuse ; 9 Opération heureuse de cataracte congéniale sur un malade âgé de vingt-neuf ans; 3° Opération heureuse de cataracte capsulo-lenticu- laire, dure, siliceuse, persistant depuis cinq ans à l'œil gauche, avec amaurose complète de l'œil droit depuis quatorze ans. Ces observations sont renvoyées au comité de publi- cation. L'ordre du jour est épuisé. MM. Ancelon et Riboli remercient leurs confrères de Limoges de leur bienveillant accueil. M. le pré- sident, au nom des membres du Congrès, répond qu'il s'estime heureux que des médecins étrangers aient bien voulu apporter le tribut de leurs con- naissances à la modeste médecine limousine. Le Congrès doit beaucoup à leur concours : il est juste de leur rapporter une bonne part de la valeur et de l'utilité de nos discussions” Des remercîments sont votés par acciamation aux président et vice-présidents, dont l’exquise bienveil- 1 jointe ‘ r autorité du LE VE et de sean ue ont assuré la régularité et l'intérêt de nos travaux. Frus “ PCR. séance est levée à une heure et demie. ui, “la | L u YTL8* k | | A. DÉPÉRET-MURET, nu L ê s, | QUATRIÈME SECTION. ARCHÉOLOGIE ET HISTOIRE. SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1859. PRÉSIDENCE DE M. ALLUAUD AÎNÉ, PRÉSIDENT GÉNÉRAL DU CONGRES. Aujourd’hui 413 septembre, à neuf heures du matin, et à l'issue de la messe célébrée par M. l’abhé de Bogenet, vicaire général du diocèse de Limoges, la 4° section s’est réunie sous la présidence de M. Al- luaud , président général du Congrès scientifique. M. le président a invité MM. les membres de la section à nommer le président et les quatre vice-pré- sidents devant former le bureau de la 4° section. Le nombre des votants était de 38. M. Félix de Verneilh, membre de l'Institut des Provinces, a réuni pour la présidence 37 suffrages. 224 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Pour remplir les fonctions de vice-président : M. Carlier, délégué du Comité flamand de France, a obtenu 38 voix; M. Louis Cousin, membre de la Société francaise d'Archéologie, 37 voix ; M. Léo Drouyn , membre de l’Institut des Provinces, 36 voix ; M. Tudot, conservateur du musée de Moulins, 33 Voix. En conséquence, M. Félix de Verneilh a été pro- clamé président de la 4° section, et MM. Carlier, de Paris, Louis Cousin, de Dunkerque, Léo Drouyn, de Bordeaux, et Tudot, de Moulins, vice-présidents. Le bureau définitif a pour secrétaires : M. Maurice Ardant, archiviste du département de la Haute- Vienne ; M. l'abbé Roy-Pierrefitte, secrétaire-adjoint de la Société Archéologique et Historique du Limousin, Et le baron Gay de Vernon, membre de la Société Archéologique et Historique du Limousin. M. le président invite M. Félix de Verneilh à venir occuper le fauteuil. M. de Verneiïlh, en quelques paroles bien senties et chaleureuses, remercie MM. les membres de la section de lui avoir décerné la presque unanimité de leurs suffrages. M. Maurice Ardant s'excuse de ne pouvoir pas remplir les fonctions de secrétaire à cause d’une affection ophthalmique dont il vient d’être atteint. L'ordre du jour de la séance est relatif à l’ins- cription de MM. les membres de la section qui se proposent de lire des mémoires sur les questions composant le programme d'archéologie et d'histoire. [2] PROCÈS-VERBAUX. 295 « 4° A-t-on dressé une carte géographique du Limousin pour la période gallo-romaine? — Quelle était la circonscription de la province? — Quelles étaient les villes principales et leur importance relative? — A-t-on la liste des wllas dont on a retrouvé les débris? — A-t-on le tracé exact des voies romaines qui traversaient le Limousin? — Quels sont les monuments, les sculptures remar- quables, les tombeaux, les inscriptions qui nous restent de cette époque? — Peut-on tirer des ins- criptions et des monnaies quelques renseignements historiques? » Se sont fait inscrire M. Combet, d'Uzerche, M. Mau- rice Ardant et M. l’abbé Arbellot. 2% « Les faits et les personnages mentionnés dans les chroniques limousines pour la période gallo- romaine ont-ils une valeur historique ? — A quelle époque remonte la rédaction première des faits relatifs à cette période? » M. Gustave Bardy, conseiller à la cour impériale de Poitiers, annonce que M. de Longuemar, vice- président de la Société des Antiquaires de l'Ouest, encore absent de Limoges, présentera au Congrès trois mémoires concernant les deux paragraphes que cette question renferme. 3° « A quelle époque le christianisme a-t-il été prêché en Limousin ? — Est-ce au 1‘" siècle, comme le dit la tradition, ou bien est-ce au ir‘ siècle, comme on l’infère d’un passage de Grégoire de Tours? » . M. l'abbé Arbellot s'est fait inscrire. — M. de Cau- mont donnera sur le même sujet communication des 15 226 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. observations de M. d’Ozouville, membre ‘de l’Ins- titut des Provinces, dont les sciences archéologique et historique déplorent la perte récente et prématurée. Personne ne demande à traiter la 4° question. 5° « Quelle est la valeur historique des documents traditionnels écrits au v° siècle et au vi‘ sur les origines chrétiennes de la Gaule? » Lecture de M. l'abbé Arbellot. 6° « Quelle était, durant les trois premiers siècles de l'ère chrétienne, la topographie de la ville romaine de Limoges? — En présenter le plan approximatif. — Indiquer, comme on l’a fait pour certaines villes, la position relative des principaux édifices publics, amphithéâtres, bains, etc. » Lecture des mémoires de M. Maurice Ardant et de M. l'abbé Arbellot. 7 « Quelle fut, au rv‘siècle, quand on entoura la ville de murailles, et, après la condensätion de la cité dans une enceinte murée, l'étendue de cette ville? — Quelle fut la distribution des édifices publics et privés à l’intérieur de la place? — Quelles églises furent établies? Quelle était la place qu'elles oc- cupaient? Sous quel vocable étaient-elles au v'siècle?» Lecture d'un mémoire de M. l'abbé Arbellot. — Considérations que présentera M. de Caumont. 8 « Quelle était l'importance du suburbium de Limoges? — Quelles églises y voyait-on au v° siècle? » Lecture d'un mémoire de M. l’abbé Arbellot. 9 « À quelle époque la plus grande partie des paroisses ont-elles été établies dans le diocèse de ét PROCÈS-VERBAUX. .297 Limoges? — Dans quelle proportion les abbayes: ont- elles contribué à cette création ? — Carte des origines des paroisses. » Lecture d’un mémoire de M. l'abbé Roy-Pierrefitte. 10° « À quelle époque remonte l'atelier monétaire de Limoges? — Quels en ont été les produits à diverses époques? » Me « Connaît-on plusieurs monétaires de Limoges ou du Limousin? » 12° « Existe-t-il un travail sur la numismatique du Limousin? » Lecture d’un mémoire de M. Deloche, chef de bureau au ministère de l’agriculture, du commerce et des travaux publics. — Exposition des recherches et des découvertes de M. Maurice Ardant. 13° « Les émaux cloisonnés sont-ils antérieurs ou postérieurs aux émaux champ-levés ou incrustés? » M. Félix de Verneilh se propose de traiter cette question d’après les émaux qu'il a examinés ou recueillis pendant son dernier voyage en Allemagne. 14° « Quelles sont les églises les plus remarquables du Limousin appartenant soit à la période romane, soit à l'époque ogivale? — Connaît-on la date précise de quelques-uns de ces édifices? » 15° « Les cathédrales de Cologne et de Clermont, qui offrent la même nuance de style que celle de Limoges, ont-elles été réellement commencées vingt-cinq ans avant ce dernier édifice? » MM. de Caumont, Félix de Verneilh, Léo Drouyn 228 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. et l'abbé Arbellot demandent à traiter ces deux ques- tions. 46 « À quelle époque le style ogival a-t-il com- mencé en Limousin ? — Est-il en retard sur le nord de la France? » Lecture de M. l'abbé Arbellot. 1% « Quels sont les caractères spéciaux de l’archi- tecture limousine au moyen âge? » Lecture de M. Félix de Verneilh. 18° « Quels sont les tombeaux les plus remarquables de cette époque? » Lecture d’un mémoire de M. l'abbé Arbellot. 49 « A-t-on des notices descriptives et historiques sur les châteaux fortifiés du Limousin? » Les considérations sur cette question seront traitées par MM. Félix de Verneïlh, Léo Drouyn et l'abbé Arbellot. 20° « A-t-on étudié suffisamment les monuments civils, les ponts, les fontaines, etc., appartenant à cette époque ? » M. Charles des Moulins, sous-directeur de l’Institut des Provinces, annonce qu'il lira, comme un appendice à cette question, des considérations relatives à plusieurs monuments situés dans le Bordelais, et qui lui paraissent avoir un rapport direct avec cette - partie du programme. M. Combet, d'Uzerche, a la parole , et ditque l'étude attentive du vin‘ chapitre des Commentaires de César lui à démontré que la célèbre ville gauloise oppidum tré PROCÈS—VERBAUX. 229 Uxellodunum , sur l'emplacement de laquelle il existe encore aujourd'hui beaucoup d'incertitude, devait être Uzerche dans le département de la Corrèze. Il a comparé le texte latin à la topographie des environs de Sa; ville natale, et a retrouvé exactement les détails circonstanciés de la description que donne Hirtius Pansa : Flumen infimam vallem dividebat, que pene iotum montem cingebat, dit l’auteur latin. Or la Vézère, répond M. Combet, coule, au nord d’Uzerche, dans une vallée profonde, et environne presque de tous côtés là montagne où la ville d’Uzerche est bâtie ; elle est très-forte par son assiette naturelle (natura loci egregie munitum); elle est située sur un rocher très-escarpé de toutes parts (omnes oppidi parles prœruptissimis saxis esse munitas); enfin les Com- mentaires rapportent que le lieutenant de César Caius Caninius divisa ses :cohortes en trois camps, placés. sur les montagnes voisines d’Uxellodunum (tripartilo cohortibus divisis, trina excelsissimo loco castra fecit). Or M. Combet a fait fouiller le terrain près d'Uzerche, et a trouvé les vestiges de trois camps romains : il en a dressé le plan. Un grand nombre de faits admis en histoire ne lui paraissent pas reposer sur des bases plus solides et sur des observations plus concluantes. M. Maurice Ardant, archiviste du département de la Haute-Vienne, fait'observer que, sous la période mérovingienne , beaucoup de médailles et de monnaies portaient le nom d’Uzerca ( Uzerche ). Puisque, sous les Mérovingiens, Uzerche s'appelait Uzerca, c'est que cette ville n'avait pas eu de raison pour reprendre son nom d’Uxellodunum , si national et si glorieux à porter, 230 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. comme le firent la plupart des anciennes villes gauloises à la fin du 11° et au commencement du rv* siècle. M. Maurice Ardant estime que cette circons- tance doit détruire en partie l’opinion que vient d'émettre M. Combet. M. l'abbé Arbellot ajoute que, au v° siècle, sous la domination des Wisigoths, il est question d’Uzerca dans les lettres de Rorice l'Ancien, évêque de Limoges. M. Combet n’en persiste pas moins dans son premier sentiment, et en développe les motifs en expliquant avec les plus grands détails le texte de l’auteur latin. Le baron Gay de Vernon dit que cette question mérite l'attention sérieuse de la section à raison du travail persévérant auquel s’est livré M. Combet : cependant on doit la traiter non au point de vue topographique, ce qui serait certainement une cause d'erreurs, mais au point de vue historique. La section en renvoie l’examen à la séance du lendemain, lorsque M. Combet aura fourni les plans topographiques des lieux où, selon lui, auraient été placés les camps et les lignes de circonvallation des Romains devant Uzerche. La séance est levée à dix heures et demie. BARON GAY DE VERNON, secrélare. SEANCE DU 14 SEPTEMBRE 1859, PRÉSIDENCE DE M. F. DE VERNEILH. A l'ouverture de la séance, en attendant M. le baron Gay de Vernon, qui doit lire le procès-verbal de PROCÈS-VERBAUX. 931 la séance précédente, M. de Caumont annonce que le Congrès archéologique tenu, le mois précédent, à Strasbourg par la Société française d'Archéologie, dont la mission est de décrire et de conserver les monuments historiques nationaux, a réservé pour les départements du centre 600 fr., dont la distribution doit se faire à Limoges. En conséquence, les membres de la section d'archéologie sont invités à une séance qui aura lieu, le soir même, dans la salle de nos réunions, à sept heures et demie, afin que, les diverses réclamations entendues, la répartition des fonds se fasse de la manière la plus utile. — En même temps M. le directeur de la Société française d'Archéologie engage les personnes qui désireraient être reçues dans cette Société, dont les services sont notoires, à donner leurs noms à M. de Verneilh. On distribue des programmes du Congrès de Strasbourg, où se trouvent trois gravures relatives à l'Alsace. Après l'adoption du procès-verbal de la dernière séance, M. le président lit une lettre par laquelle M. Gide offre au Congrès un exemplaire des premières livraisons de l'ouvrage de M. Adolphe Berthy : La Renaissance monumentale en France. Cet ouvrage s’a- dresse autant aux archéologues qu'aux architectes : on trouve dans le texte des documents curieux, presque toujours inédits, fruit de recherches patientes et ingé- nieuses, et, dans les gravures qui l’accompagnent, la reproduction consciencieuse et fidèle de monuments qui se recommandent tant par leur beauté que par les souvenirs historiques que leur nom seul réveille. M. Gide sollicite pour cet ouvrage le suffrage et l'appui du Congrès. 232 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. M. le président annonce qu'il vient de recevoir de M. le baron de Quast, inspecteur général des mo- numents historiques de Prusse, une importante com munication relative aux émaux d'Allemagne, dont 1l fera part ultérieurement au Congrès. L'ordre du jour ramène la question d’Urellodunum. M. Combet dépose! sur le bureau, pour qu'on en prenne connaissance, la copie du plan cadastral de la commune d'Uzerche, sur lequel il indique les diversés positions du camp romain. M. Gay de Vernon demande la parole; et répond à M. Combet que, dans des pays de montagnes comme le Limousin, comme le Quercy, la description topo- graphique d’Uxellodunum donnée par Hirtius Pansa convient à beaucoup de villes situées au sommet d’un escarpement, au:milieu de rochers, et derrière une rivière coulant au fond d'une vallée étroite; mais qu’il v’est pas croyable que l’auteur latin ait attribué le nom de, flumen à un cours d'eau tel que la Vézère. Uxellodunum, cette vaillante cité gauloise qui ne céda qu'à César venant l’assiéger en personne, ne peut pas être Uzerche, ville trop petite pour contenir, outre ses habitants armés et prêts à la défendre, une garnison de deux mille Cadurkes. Après la catastrophe d’Ale- sia, la cause de l'indépendance nationale s’organisa et se localisa dans quelques provinces de la Gaule seulement; les Lémovikes, soumis aux Romains, leur demeurèrent fidèles, tandis que les Cadurkes, conduits par Lucter, l'ami, lecompagnon de Vercingé- torix , combattirent héroïquement et jusqu'à la der- nière extrémité. Ils résistèrent sur leur propre terri- toire, et ne sont certainement pas allés sur celui des PROCÈS—-VERBAUX. 233 Lémovikes, qui leur auraient été hostiles, puisqu'ils avaient fait alliance avec les Romains. C’est donc dans le Quercy, et sur la rive gauche du Lot, qu’il faut chercher l'emplacement de la glorieuse cité d’Uæxello- dunum. Est-ce Cahors, comme l'ont prétendu d’A- blancourt et de Wailly, traducteurs des Commentaires de César ? M. Gay de Vernon ne le pense pas : il est de Popinion des historiens qui mettent Uxellodunum au Puy-d'Yssolu. Le sentiment de M. Combet n’est sans doute pas soutenable historiquement; mais, si notre collègue, a été trompé par des ressemblances topo- graphiques, on doit du moins lui reconnaître le mérite d'avoir consciencieusement cherché ce qu'il a cru être la vérité. M. le comte de Chasteignier ajoute que chaque pro- vince réclame comme lui appartenant les villes citées par: César, ainsi que tout monétaire mérovingien à attribution incertaine. «M: Combet réplique : 4° Les limites des diverses provinces gauloises ne sontt pas parfaitement établies; 2%en Limousin même tous les habitants ne devaient pas embrasser alors la cause de Rome; 3° les uns plaçant Uxellodunum à Cahors, d’autres à Capdenac, d'autres au Puy-d'Yssolu, d’autres à La Pistule-de- Luzech, localités distantes entre elles de vingt, trente, quarante et même soixante kilomètres, lui- même croyait pouvoir opposer à tous ces noms celui d'Uzerche. Le seul moyen de reconnaître la véritable position.d’Uxellodunum serait une vérification opérée sur les lieux. » Après cette question incidente, on reprend l’en- semble de la ir question du programme : « A-t-on 234 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. dressé une carte géographique du Limousin pour la période gallo-romaine, etc.? » M. Arbellot, curé de Rochechouart, lit sur ces diverses questions un mémoire que nous n’analyserons pas, parce qu’il sera publié dans la seconde partie du Compte-Rendu. Après cette lecture, les observations suivantes ont été faites : M. Bonnin, inspecteur d'académie à Limoges, fait remarquer, à l’occasion du premier paragraphe, que M. l’abbé Texier lui avait promis, pour M. le mi- nistre de l'instruction publique, tout ce qui est relatif à la géographie gallo-romaine de la Marche et du Limousin. Il devrait donc avoir au moins les notes qui auraient servi à sa rédaction. — On répond que, vraisemblablement il comptait sur les notes laissées par Nadaud dans le Pouillé du diocèse de Limoges, sur- tout dans le second volume, qui n’est pas sorti de la bibliothèque de notre grand séminaire. M. l'abbé Texier, rédigeant avec une extrême facilité, comp- tait là-dessus. Ainsi il avait promis pour un temps prochain une notice sur Obazine, et sa famille n’a pas trouvé ses notes. S'il en a laissé sur la g'éogra- phie romaine du Limousin, on les réclamera. Pour la circonscription de la province, M. Ardant cite un mémoire d’après lequel le Poitou aurait été primitivement confondu avec le Limousin. — M. De- loche, qui donne à notre province une circons- cription plus considérable encore, doit lire un mémoire. — MM. de Caumont et de Chasteignier font remarquer que les provinces ont dù recevoir leur démarcation de la diversité de nature des terrains céologiques : par exemple, du côté du Poitou, le 4 y bre ee Que: PROCÈS-VERBAUX. 235 Limousin finit là où finit la région granitique. M. Maurice Ardant ajoute que le patois limousin finit aux confins de la province actuelle, en sorte que les divers dialectes sont encore un signe de distinction entre les provinces. M. le président répond que, pour la partie méridio- nale du Limousin, la province ne finit pas précisément là où s'arrête la région granitique, mais à quelques lieues en decà ou au delà, en embrassant tout le bassin du Haut-Bandiat. Quant au patois Limousin, il s'entend sans difficulté jusqu'à Périgueux, et n'offre que des changements peu sensibles jusqu'au faîte qui sépare le bassin de l'Ile de celui de la Dordogne. MM. de Caumont et de Chasteignier insistent en faisant remarquer qu'ils n'ont point posé un principe absolu ; mais, en général, les divisions géologiques et celles des patois concordent avec les divisions terri- toriales. Le mot fines provoque une discussion à laquelle prennent part MM. Ardant, Bardy, Buisson, Combet et Gay de Vernon. Quoique M. des Jardins ne regarde pas comme un indice certain de limite territoriale ce mot fines quand il est seul, cependant, pour ce qui concerne le Limousin, il a bien le sens qu’on lui donne ordinairement. À l’occasion de Bré, situé près de La Souterraine, et que M. Arbellot classait parmi les simples villas, MM. Bonnin et Ardant, qui l’ont visité, attestent qu’il faut le classer parmi les villes à cause de la vaste étendue qu'occupent ses vestiges. « On y a trouvé, , dit M. Ardant, une statue d'Hercule en granit et un Amour en bronze. » 236 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. M. de Caumont demande qu'on fasse graver une carte de la province sur laquelle seront signalées toutes les découvertes archéologiques faites jusqu'à ce jour. M. de Verneilh demande qu’alors on indi- que par des signes différents l'importance de chaque localité. Chassenon et Tintignac, assez considérables pour avoir des spectacles publics, comme le constatent leurs amphithéâtres, devraient être qualifiés de villes de deuxième classe, — M. des Moulins rappelle fort à propos, pour encourager dans ce projet d’avoir une carte, que M. l'abbé Michon avait depuis long-temps écrit une notice et fait graver deux planches sur Chassenon, quand un savant de Paris, qui avait par hasard vu ces ruines, fit imprimer, dans les Mémoires de la Société des Anti- quaires de, France, qu'il venait de découvrir cette ville. Les publications faites par les sociétés de province n'empêchent pas toujours les découvertes faites par leurs membres de rester dans l'oubli, mais elles servent au moins pour attester leur antériorité, M. Bonnin signale enfin à l'attention de l'assemblée deux mémoires publiés par le Bulletin de la Société des Sciences naturelles et d'Archéologie de la Creuse : le premier, sur Acitodunum, est de M. Grellet-Dumazeau ; l’autre, de M. Maurice Ardant, est intitulé : Étude sur les voies qallo-romaines du Limousin et de la Marche. A cette occasion, M. Roy-Pierrefitte fait remarquer que M. Grellet-Dumazeau, esprit fort distingué,et fort judicieux, s'est égaré par patriotisme dans ce travail en voulant fixer Acitodunum à Aubusson au détriment de Felletin et d’Ahun. D'abord il prend la tour PROCÈS-VERBAUX. 2317 carrée d'Aubusson pour une tour romaine, tandis que, au dire des connaisseurs, elle doit être seulement du x° siècle; puis, lui qui, le compas à la maïn, sur la carte de Peutinger, ne trouve jamais pour Ahun ni Felletin les distances voulues, est obligé, se voyant dansle même embarras pour sa ville natale, de donner une raison qui s'appliquait aussi bien aux autres villes, savoir que les différences s'expliquent par des circuits qu'occasionait la déclivité des terrains. Relativement aux monnaies limousines, M. Maurice Ardant en cite une qui donne le nom du décurion Petinus. M. des Moulins propose ensuite un vœu qu'il formulera plus tard, et inspiré par la brochure de M. le docteur Wahu intitulée : Une ville déshéritée. Cette ville est l’ancienne Julia Cæsurea, aujourd’hui Cherchell. Il demande que le Congrès émette auprès de M. le ministre de l'Algérie un vœu solennel et motivé äfin qu'on fasse des fouilles à Cherchell, et qu’on y forme un musée d’où il ne soit plus permis d'enlever les richesses qu'on y aura déposées. L'assemblée approuve à l'unanimité ce projet (1). Enfin M. des Moulins ajoute un mot sur la des- truction des murs romains de Dax (2). Cette protes- tation, écrite dans un langage énergique et plein d’une fine ironie, trouve un juste motif dans l'incurie de l'administration de Dax et dans la prétention des Anglais, qui ont frappé une médaille en l'honneur de M. Roach-Smith pour avoir SAUVÉ les murs romains (4 et 2) Voir les rapports de M. des Moulins dans la seconde partie du Compte-Rendu. 238 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. de Dax en l'absence de toute démarche de la part des sociétés françaises. Or il est constant que, pendant deux années, M. le directeur de la Société francaise d'Archéologie a fait d’incessantes démarches pour empêcher cette destruction. Mais on ne tient pas compte de ce que peuvent dire ou faire des compa- triotes : il faut les reproches des étrangers pour forcer à comprendre les choses les plus claires. Malheureu- sement le vandalisme des Dacquois se pique de persévérance, et, malgré les oppositions, poursuit jusqu'au bout son œuvre. La 2° question du programme est remise à la séance suivante. J.-B. L: ROY-PIERREFITTE, secrétaire. SÉANCE DU 15 SEPTEMBRE 18509. PRÉSIDENCE DE M. LOUIS COUSIN. La séance est ouverte à neuf heures sous la prési. dence de M. Louis Cousin, de Dunkerque, qui occupe le fauteuil en l'absence de M. Félix de Verneilh, retenu chez lui par une indisposition annoncée, la veille, à la réunion de la commission permanente du Congrès. M. l'abbé Roy-Pierrefitte, un des secrétaires de la section, lit le procès-verbal de la séance du 14 sep- tembre : cette lecture ne provoque aucune observation ni réclamation. Le procès-verbal est adopté. M. de Caumont communique à la section les deux PROCÈS-VERBAUX. 239 premières livraisons du grand ouvrage en langue allemande publié à Carlsruhe par M. le docteur Hubsch, directeur des bâtiments publics du grand- duché de Bade, et membre étranger de la Société française d'Archéologie. Cet ouvrage, intitulé : Les monuments de l’archilecture chrétienne primitive, et son influence sur l'architecture chrétienne des époques posté- rieures , sera traduit en français, et se composera d’un atlas grand in-fol. de soixante planches lithochromiées pour la plupart, et d’un volume de texte formatin-fol., où seront insérés un grand nombre de dessins destinés à compléter les détails des planches de l’atlas. M. de Caumont ajoute que M. Deloche s’est excusé, par une lettre écrite à M. le président général du Congrès, de ne pouvoir venir à Limoges que pour la séance de lundi prochain 19 septembre, et demande si, ce jour-là, la & section du Congrès sera disposée à entendre la lecture de son travail sur les 10°, 44° et 42° questions du programme, relatives aux travaux des ateliers monétaires de Limoges et à la numismatique du Limousin. M. le président répond, au nom de la section, que M. le président général du Congrès sera invité à écrire à M. Deloche que la 4° section sera toujours prête à l'entendre, quel que soit le jour de son arrivée à Limoges. M. de Longuemar, vice-président de la Société des Antiquaires de l'Ouest, demande la parole, et présente . des observations sur la nécessité de rédiger des statis- tiques archéologiques locales dans chaque province, et Sur la forme à leur donner. 1 fait l'éloge des travaux si noblement entrepris, si Savamment dirigés par M. de Caumont depuis un 240 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. — quart de siècle, et si heureusement soutenus par ses élèves et ses émules. « L'ensemble des anciens mo- numents, dit M. de Longuemar, possède une physio- nomie qui lui est propre, et parle une langue que l'archéologie doit se charger de traduire aux habi- tants, afin qu'ils comprennent toute l'importance historique de ces vieux témoins du passé, et qu'ils ne s'acharnent plus systématiquement à les faire dispa- raître chaque jour les uns après les autres, afin que, de l’autre côté du détroit, on n’ait plus l’occasion de ‘frapper des médaiïlles en l’honneur d’archéologues anglais réclamant le bénéfice d’avoir sauvé de la destruction un monument historique de notre sol, lorsque déjà la voix du fondateur de nos Congrès s'était élevée plusieurs fois en sa faveur. » Cette vive réclamation contre la prétention par trop britannique de M. Roach-$Smith, qui veut à toute force avoir sauvé de la destruction les murs romains de la ville de Dax, est couverte d’applaudissements, et rappelle à tous les esprits la piquante dissertation sur le même sujet de notre savant et spirituel col- lègue M. Charles des Moulins, lue dans la séance cénérale du 13 septembre, « Il faut tout conserver des monuments et des débris qui rappellent les souvenirs de gloire d’un pays, dit M. de Longuemar. Dans le riche musée de Poitiers, on garde religieusement un bloc de pierre à peine dégrossi par le ciseau ; et, quand un visiteur étranger demande ce que c’est que cette pierre : « C’est le montoir de Jeanne d’Are, lui est-il répondu, » lorsqu'elle partit de Poitiers pour aller délivrer » Orléans, chasser les Anglais du royaume, et faire PROCÈS-VERBAUX. 241 »sacrer à Reims son gentil roi »., — Ces mots, prononcés avec l'accent du cœur, ont provoqué une nouvelle salve d’applaudissements, parce que, en France, dès qu'on parle d'honneur, de gloire et d’indépen- dance nationale, les poitrines et les mains battent en même temps. M. le comte Alexis de Chasteigner fait observer que M. de Caumont, dans sa Statistique monumentale du département du Calvados, a donné le modèle à suivre pour le genre de travail qui fait l'objet des vœux de M. de Longuemar. Celui-ci, reprenant! la parole, lit une note pleine d’apercus ingénieux sur les pierres gauloises, et fournit, à l'appui de ses observations, un croquis relativement à une série de dolmens et de menhirs qui existent, dans le département de la Vienne, entre Civray et le bourg de Cenon, situé au confluent du Claïn et de la Vienne. Ils sont au nombre de cinquante, et occupent, le long de la rive droite du Clain, une étendue de quatre-vingts kilomètres dans la direction générale du N.-N.-E. au S.-S.-0. La plupart de ces pierres gauloises ont servi de tombeaux, et M. de Longuemar pense qu'elles marquaient la frontière entre deux tribus importantes de la Gaule. Aussi lui semble-t-il d’un puissant intérêt pour la confection des cartes archéologiques de l’époque gallo-romaine de rechercher avec soin les traces de ces lignes de monuments celtiques, et d'en décrire les directions au moyen des débris qui sont encore épars sur notre sol. M. Alexis de Chasteioner est de l’opiniôn de M. de Longuemar : il croit que ces lignes de pierres gau- 16 242 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. loises, menhirs et dolmens, ont été, en général, des délimitations de provinces gauloises , de tribus ou, de sections de tribus. Son sentiment à cet égard s’est fortifié par l'examen qu'il a fait de ces lignes ,en Angoumois, et principalement partout. où il y à eu des Marches de province : « Et, ajoute-t-il, si lon m'oppose que les menhirs se trouvaient le plus ordinairement placés sur les anciennes routes, je répondrai que cette disposition vient de ce que, les anciennes routes servaient communément de limites entre les peuplades gauloises. M. de Chasteigner, a reconnu, dans-un parcours de Blois à Romorantin, qu'une série de dolmens ne pouvait être qu’une vieille ligne de démarcation territoriale. » M. de Buzonnière n’est pas complètement de cet avis. Dans l’'Orléanais et sur la rive gauche de la Loire, les pierres gauloises sont dispersées et sans liaison apparente entre elles :,il y.a en Sologne. de nombreuses tombelles qui ne forment pas. d’ali- gnements. | M. Bouillet a visité souvent et avec soin les tom- belles dans l’ancienne Auvergne : elles sont en très- grand nombre dans la plaine d’Albot, arrondissement de Mauriac { Cantal), et dispersées cà et là comme au hasard, M. Bouillet en a fait ouvrir et fouiller. quelques-unes, et n’a trouvé à l’intérieur, que, des ustensiles de ménage et des fragments de poterie grossière. Dans ses fréquentes explorations archéo- logiques des départements du Puy-de-Dôme, du Cantal, de l'Allier et de la Loire, il n’a pas reconnu que les menhirs, quand il en a rencontré, fussent rangés en ligne. F ‘ \ PROCÈS-VERBAUX. 243 M. Cousin rapporte, à ce sujet, qu’on trouve aussi de hautes mottes, formées de main d'homme, dans le Boulonnais, enclavé maintenant dans le département du Pas-de-Calais : les unes sont des tombelles où tumuli :. mais la plupart passent pour avoir été élevées soit pour l'établissement dé châteaux-forts, soit pour allumer des feux servant de signaux et annonçant l'approche dé l'ennemi. C'était le moyen de correspondance télécraphique des temps de barbarie: et, de nos jours , il ést encore employé à la guerre. Le barôn Gay de Vernon dit que M. l’abbé Arbellot, dans $a Revue archéologique de la Haute-Vienne, publiée en 1852, à signalé l'existence d'un menhir, de seize dolmens et de dix-sept tombelles. Le dolmen près de Cognac (arrondissement de Rochechouart) sert encore de limite entre la commune de Cognac et celle de Saint-Auvent. M. Gay de Vernon connaît plusieurs pierres gauloises dans la partie orientale de l’ancienne province du Limousin : 1° Une grotte factice ou allée couverte, à Felletin (Creuse), près du cimetière communal : elle est ouverte à l’orient; 2 La pierre de La Gardelle, à trois kilomètres du château de La Baconaille (Creuse), près du chemin de grande vicinalité de Sauviat à Saint-Moreil (Haute- Vienne) : c’est un tétraèdre taillé dans un rocher dont on a Coupé le sommet : la table et les faces latérales dé la pierre présentent de grossiers dessins : 3° Deux dolmens sont situés, l’un à quelque dis- tance du hameau de Marlhiac (Creuse), l’autre au Pouyol, à quatre kilomètres de la ville de Saint- Léonard, près de la route départementale qui mène 2h4 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. du pont de Noblac-sur-Vienne , à Saint+(Germain- les-Belles. La table du premier est uné-émorme pierre ronde de 3 m.,20 cent. de diamètré et de 66 cent. . d'épaisseur; d’un côté, vérs le levant, ëlle repose à terre; de l’autre, le est soutenue par deux pierres verticales Nr La table du second, dolmen est élevée d'un mètre. ef; demi au-dessus du sol:xelle,a Ja forme d'un. ovale mal dessiné dont. la-partie: la plus allongée est, tournée à lorient. Ce; dolmen,:quiest planté;sur un plateau découvert, se voit de fort:loin. «M..de Longuemar invite les -archéolegues:.du, Li+ mousin à, examiner soigneusement l'orientation -des monuments druidiques,.car il est: persuadé; que :de cette: détermination, exactement; faite - sortiront, de grandes lumières et peut-être la.solution, du problème celtique, encore euveloppé de beaucoup, d'obscurité, «M. Maurice Ardant, demande. à M: l'abbé. Arbellot siln'a.pas reconnu.une,série de pierrés g'auloises, sur les confins du Périgord et de l'Angoumois, etisitélle ne lui à pas semblé ;:commerà du; former une ligne de démarcation. M:!Fabbé'Arbellot fait une réponse afirmative, et partage, à ce Sujet, l'opinion de M. ps Crest et de M, Maurice Ardant. 0e Longuemar distribue aux membres de la À. des exemplaires de:son rapport relativement à une inscription \celtiquertracéerà la pointé sur! une lame d'argent, roulée:: dans um étui demétal. et découverte, l’année dernière, à Poitiers parmi les ossements d’un cimetière abandonné. Après un pé- nible travail, M. de Longuemar et M. Cardin, docte linguiste de Poitiers, parvinrent à la déchiffrer, et à la traduire en caractères ordinaires : I") : PROCÈS-VERBAUX. 245 DIR NTI pisiGéntaurion analabis bis Gontaurioso rte Sn1Ceamalabis bis Gontorios càtalases , Uim.canima uim spaterna masta . |Mastars setutate Justina quem, Peperit Sarra. 9TI91( Z'\F: 16199 20(19° EOCTT Ce premier résitat obtenu, il fallait trouver 1e séns de ee/bizarre assemblage de'mots’ et de syllabes, qui semblaient :m'appartenir à aucune lang'ué confié ! bientique les! quatre ‘derniers mots fussent Tatins Écldirés) par leurs études paléographiques , MM: ‘dé Longuemar et Cardin eurent proriptément reconnu que ‘cette inscription était une formule’ médicale de Marcellus Empyricus | médecin’de Théodosé! ét com poséelde mots empruntés au: grec. a AR et à 1des dialectes encore inexpliqués. /190] 19 10H #0 Dee Cêtte ‘inscription fut soumise à l'examen du savant Mi-Pictet,| de (Genève, qui là débrouilléé | et coupée er cinq vers de huit syllabes! ‘avec °urie ‘césure!au mblieuts , onrroiA | 5] D'OBTIOE 1 m0 281 aorf St RUN 2 2804 8 rl ont nous ous Bis Gontaurion |Icanalabis (14) b co"! Bis Gontaurios | catalases! ; RAT Uim canima! | Uim Spaterna ! F dev ‘Masta mastars 2 setutate! k gl 9h A nt XHS 95 ouai 9) ,.W 6 IMrPictetioles ca: Ann) at manière suivante “en: introduisant ; (comme:on:le voit, dans'let texte primitif deux NAN sans! norte D sors! eo ES 19 RS rer D [Li | t'a Y 10)! jonjure le fascinateur, par, des, souffes ! VARIE C jure le fascinateur par des chants! xs Conjuré lé$ incantati jons du fascimateur À De AT II LI Bf 6 THOTALTIST , PTIT c OÙ (ir 25° 3t901 (tri (1) Au lieu de : « Bis Gontorioso eeaialabis 2634 6 0) pet pe 246 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Loin de moi la plainte! loin de moi la stupeur ! Que la rétention de l'urine cesse ! Les quatre mots latins Justina quem peperit Sarra indiquent, selon le traducteur, que le possesseur de ce talisman était le fils de Justina Sarra. : Pour employer utilement ces formules populaires, fort en usage vers la fin du 1v° siècle ,'il était recom- mandé de les tracer sur des feuilles de métal, de les envelopper avec soin dans un étui également de métal, et de les suspendre au corps du malade avec une lanière de cuir. « L'inscription de Poitiers, dit M. Pictet dans sa réponse à M. de Longuemar, constitue le document le plus important retrouvé jusqu’à présent; et qui sait si le sol de votre ville ne vous livrera pas encore quel- qu'un de ces talismans dont l’usage doit avoir été assez répandu? Ce serait là l'évènement le plus heu- reux pour nos études gauloises. » M. le président propose de demander, au nom de la section, que M. de Longuemar soit autorisé à rendre compte en séance générale des curieux, travaux dont il vient d'entretenir l'assemblée. La parole est donnée à M. l’abbé Arbellot sur la 3° question du programme d'archéologie tt d'his— toire : « À quelle époque le christianisme a-t-il été prêché. en Limousin? — Est-ce au r°' siècle, comme le dit la tradition, ou bien est-ce au 1° siècle, comme on l’infère d’un passage de Grégoire de Tours? » La lecture de cet exposé historique est interrompue par l'heure avancée : M. l'abbé Arbellot la reprendra PROCÈS-VERBAUX 247 à l'ouverture de la séance du lendemain; et, comme il serait difficile et fâcheux de’scinder ce travail plein de savoir et de recherches historiques , on a cru préfé- rable de rendre compte de son ensemble dans le prochain procès-verbal. La séance est levée à dix heures et demie. } BARON-GAY DE VERNON, secrétaire SEANCE DU, 16 SEPTEMBRE 1859 PRÉSIDENCE DE M. LOUIS COUSIN. Le procès-verbal de la séance précédente est Iu et adopté M. l'abbé Arbellot est invité à continuer sa lecture sur la question relative à l'introduction du christia- hisme dans les Gaules et à la MISSION apostolique de saint Martial. À La veille, M. Arbellot, rappelant de vive voix les arguments développés dans sa Dissertation sur ce Sujét , a établi que le texte sur lequel se sont appuyés les critiques du xvrre siècle pour répudier les traditions du moyen âge n’a aucune autorité; car. : d° ce pas- Sage s'appuie sur üpe citation ineéxacte en faisant dire à la lécende de saint Saturnin ce qu’elle ne dit pas. — 2" Ce passage est en contradiction avec des écrivains antérieurs, dont le témoignage a plus d’au- torité que celui de Grégoire de Tours; à savoir Saint Irénée, Tertullien, Lactance, saint Jérôme, 248 CONGRÈS SCIENPIRIQUE /DÉ FRANCE. affirmant que / dès le n'siècle , il y avait des chrétieris chégl' les diverses natidhs des Gatilés. 2/3 Ce’ texte renferme ‘des faits particuliers dont” 6h démontre là fausseté par exémplé, Grégoire de Toürs dit ®’«Saïnt Trophimé d'Arles, envoyé en 250, et'1és évêques de la province d’ Ko écrivant au pape saint. Léon en 440 !'proclamient qu'il a 6té envoyé, dès l'origine du” ent nee par &aint' Piérré” lui L'mêmé; let d'aflléurs , en 250 1e Siébe d'Arles était occupé par un hévétiqué RSR Martien, comité noûs l épprenA üûne léttrél'de saint Cyprien ab Caéthage 72 UT fans cé” passagsél Grégoire de Tours est éh contradiction avetluilméme, puisqu'il dit aflleurs de Saint Ursin ét de tKaint Saturn qu'ils ont été envoyés par lès dis- ciplé£ des ‘apôtres et attribué au pape: sait Clément Ta mission de saint Eutropé de Saintes. EL 30 Lés' partisans dé” Grégoire de Tours reconnaissent eux-mêmes que ce passage est très-défectueux. — 6ù Enfin il °est/ toût À fait imvriaisembläble QU Je le chiStianisine , préché dan les Indes ét dans l'Espagne dés'lenir &iècle, et Adrihrit X' Lyon ét'en Afrique dès 18 ne) "n'ait été antioncé dans la majeure partie /dés Gaules que pendant la seconde moitié du 11° siècle. ” ” Citant ensuite les documents traditionnels depuis le xrsièclé jusqu'au vit depuis les concilés de Bourges ét de Limoges jusqu'aux vérs de Fortunat découverts à Florence à 14 fin du ‘siècle dernier, M: Arbellot a montré, par ces témoignages des divers sièéles !'Ique, ‘d'après la tradition ‘inmémoriale du Limousin ét de V'Aquitaine saint Martial à étéénvoyé parsaint Pierre Tüi-même ; qué l'église de Collé en Toscane et l’église dé Sainte-Marie 1n Via Lata à Rome ont consiené dans 12211 PROCÈS-VERBAUX, 1: 249, de vieux manuscrits,et d'anciens monuments la “même. tradition ; puis il en;a conclu que:des témoins éloignés, nayant pu s'entendre, devaient.être; véridiques. et qu'on doit adopter. et. réintégrer dans, l'histoire. cette tradition immémoriale. sur 3 Some de, la; mission de saint Martial... F2" M ;Arbellot à ajouté que, dé la TE je son liyre sur, ce sujet,qun certain nombre d'historiens et de savants ont développé. la. même thèse , ef, abouti aux pmémes. conçlusions., Enfin. il, a parlé des documents inédits découverts pax. Jui à la bibliothèque impériale, et qui. «lonnent .un. nouvel. appuià,, ses preuves ;,par exemple, l’ ançienne Vie de saint Mar tial , que, l'on. ;SToyait perdue; et, qui date-an, moins du,.vi° Siècle; une, curieuse séquence du 1x° siècle, mélangée. de mots grecs ne séquence inédite d'Abbon de,Fleuxy.... un. des personnages, Consiién bles: du x siècle. etes. ete 29 9'Opeesq 9! ,1 Dans laséance,d' Ps Un M: Ah je à, éni un sommentaire des vers, dle.Pierre le; Scolastique, relatifs à) ançienne,. Vie de saint Martiai, et il a montré, par divers. arguments, sr et la sincérité de Cetle Pièce; 51 Aitiorr of 65) 5 Mr ;Abellot allait, nd Fr Se Hot oi Hrogranmeponr.çompléter,sarthèse lorsque M..Tudot «demande. à faire la communication. d’une découverte intéressante de figurines gallo-romaines. , »rHotol 31Après| la;conquête, l'usage. D ni par dé Pie ee divinités.se répandit, rapidement, dans toute la, Gaule, et, des céramistes, partis de. quelque «grand centre,oivles antsétaient en. honneur ,, y propa- -sûrent, cette industrie.Ces artistes étaient,tr ès-habiles 250 CONGRÈS SCIENTIFIQUE" DÉ FRANCE. combiner les différentes qualités d'argiles, et il est à croire qu'ilsont pressenti là où se trouvaient des terres kaoliniques , plastiqueset ocreuses. Le Limousin dut done avoir! dès lor$: des ‘établissements de ééra- mique. Les principaux ‘caractères que représentent les figurines trouvées dans l'Allier aideront à reconnaître lesidébris que l'on'trouverait chez nous, ‘aussi bien que les modifications que ces’ statuettes auraient éprouvées, et la part qui revient! aux artistes étran- gers. St M. Tudot qualifie de gauloisés des statuettes répandues en Gaule Seulemént après la conquête! c'estique les types ‘originaux paraissent remonter à des temps plus anciens , peut-être même à l’époque où l’art étrusque dominait à Rome, et pouvait s'étendre sur la civilisation naissante des Gaulois: — Pour les monnaies, on avait commencé à imiter des pièces étrangères, et cet art es ensuite chez nous un caractère local. D 9 : Limportation et la propagation des:istätuéttes /en argile ardû suivre ‘une voie: parallèle. Appéler gauloises nos statuettes imitées de types étrangers, c'est surtout préciser le pays où on les fabriqua ,'et le mot céramique gauloise a sa Signification légitime. Il ne faut pas confondre les statuettes en terre blanche avec celles en terre rouge, qui décèlent une origine romaine. La proportion de ces dernières est élégante, etles formes sont belles. Les statuettes entièrement blanches sont de la Gaule celtique et d’un moulage lourd Les plus répandues en Gaule sont d’abord Vénus; les images des déesses protectrices de la maternité, dites Rumina, qui allaitent des enfants, 2 oh PROCÈS-VERBAUX. 2351 sont aussi plus répandues. Quoique plus rares, celles de Mercure, d’Apollon-Bellenus, de: Minerver: et d'Hercule se trouvent aussi fréquemment. Dans les centres de fabrication, on trouve surtout des moules qui, d'ordinaire, donnent le nom\du céramiste, M. Tudot vient d'acquérir la certitude que les'artistes qui. fabriquaient les statuettes em terre blanche faisaient aussi des poteries lornées, comm le.prouvent quantité de pièces sorties! des: fours de l'Allier, et signées, Ils faisaient également des vases décorés d’ornements, d'animauxet de figures: leurs poinçons n'étaient pas en cuivre, mais en terre: 11 est. constant qu'il y, eut une industrie, de:.céramique essentiellement gauloise, car la poteriel rouge: ornée est extrêmement rare dans l’ancienne:Italie. Ainsi que le désire le savant. auteur du-mémoire, on, recherchera donc avec soin ces statuettes gauloises, qui sont les œuvres primitives de notre-art plastique: Elles ouvrent une voie nouvelle aux études archéologiques. ., Ce remarquable rapport de M. Tudot sera publié! 11 a,excité de vifs applaudissements;, et l'assemblée vu avec le plus grand intérêt les moules des statuettes et, soixante-quinze, planches qui représentent les pièces trouvées dans l'Allier. M. Aluaud fait. remarquer. qu NM hui iles “baies sont en plâtre, non en terre cuite ,1 et il ajoute que, sur des poteries trouvées à Tintignac, on voyait un,émail plombifère ; émail qu'on: n'employait: pour- tant pas avant le xxre siècle. M..de Caumont croit avoir reconnu ce vernis sur des poteries des premiers siècles; mais M. Tudot explique ce fait par un autre bien constaté, savoir que les vases 9252 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. de formes antiques ont été, dans quelques localités, reproduits au xt siècle, ‘ét peutiêtre même avec des moules dont les céramistes des premiers siècles aväient fait usage. if 4 re Murde-Chasteigner dit-Que, dans le’ Bordelais } on vend encore aux foires dés jouets d enfant en terre cuite/qui représentent les cogs Je l'on à vie sur 1és dessinsde M:Tudot.10011 011100 AT Cette:rquestion épuisée ;:M: ‘Maurice Ardant fait passer sousiles yeux- du Congrès l'exemplaire original de.la bulle-de Clémenit VI qu’il a découverte dans les archives de-la préfecture / bulle” par” laquelle le ‘pape ordonne aux égliseside Aquitaine de célébrer la fête de saint Martial comme dun apôtre, “et sous de rit double.-55siq s1dc sTg, (LU ST PTEMT 5, L'ordre. du jour ioéfoté) le Congrès à’ traiter la 5° question du programmé! ainsi conçue: « Quelle est la valeur historique des dééuménts traditionnels écrits au vésiècleet au vresur es driginés chrétiennes de là Gâmeñ ».1 solo je 21 M 2 «M. Fabbé Arbellotlit sur care un Jhénfiré dans lequelil établit que: les tégeñdés des Shints les’ plus ancienssont, dans (nos diverses provinces, le$ plus vieux monuments de notre histoire nationale ; 2° que les légendes de nos prémiérs évêques s'accordent à faire remontet!leut! mission/à saint Pierre ou à saint ] Clément. 911901 rano0 of op 91001 9busmsb A Quant à la valeur historique de ces légendes, $i l'on cherchecla vraie tradition , ‘c'est dans'cès inoHinênts indigènes qu'ont doit la” krôtit Ci Août, on n'a rien de plus certain “Hilléurs /”6t/! ju&qu'à preuve dû contraire: ai présothiption est en favéur de ces { F1 30 L " l)Z2HNI AG AUQIHITAHID2 21AN/O SE | PROCÈS-VERBAUX... days 253 légendes, On ne peut rejeter la date qu'elles idémnent sur la mission de n9S-premiers évêques pour adopter, avec l’école de Launoy, une date purement :conjec: turale. 55: Mais, -n:Supposant que; tout examiné . le..doute ;existât entre ces deux époques: ‘pourqioi rejeter une date qui a été. consacrée par la croyanée des siècles, et qui a le mérite incontesté de là possession, pour adopter une date Conjecturale, qui-estiauioins aussi incertaine, et, qui, n'æ pas’ le ;mérite -d'avoir été transmise et consa crée par la croyance imméimoriale de5,peuples? On: applandit: à cettesconçlrision 20 vite: A... de Chasteigner, présente àhl'assemblée: ümipetit gg-volo, en cire qu'on emploie; encore à Limoges, ‘ét dont il a remarqué un grand nombre placés devant un Christ dans Léglise. de, St-Michel-desiLiontst C'est HD perSonnage à genoux, devant:un prie-Dieu:°8t én costume du, temps des Valois: ce Qui prouve que 6e type 1'a,pas cessé. d'être employé: depuisde milieu du XVI° Siècle. Le moule en bois est chez M. Herv# ) chier, M. de \Chasteienier demande Sibdÿs4 ne légende QU: UNE. froyance spéciale | à ét: ex-volo.1 On xépoud, négativement, ‘et:lonoajouté, quele-‘même :volo se trouve appendu dans, beaucoup d'églises du A 1110) diocèse il désirerait que quelques ‘exemplaires en HIDE: conservés; an.musée.de, la villes om ons! Il demande encore que le Congrès émette les deux noie SUVAMS 20) ob oupitoteil tolé v &l YiL11Q) -1147. Que le tombeau de Jean; de:Langeac soit mis à l'abri des dégradations par, des; moyens qui ne gêne- raient pas la, vue,des visiteurs: :.…. bi 1% % Qu'on transporte en, un. lieu plus convenable, surtout au musée, une cuve baptismale octog'one qui 254 CONGRÈS SCHENTIFIQUE DE FRANCE. est renversée devant la-porte occidentale: de l'église de Saint-Michel. L'assemblée applaudit à ce double vœu: J.-B. L. ROY-PIERREFITTE, secrétaire. ft SÉANCE DU 17 SEPTEMBRE 1859. PRÉSIDENCE DE M. LOUIS COUSIN. Après. la lecture et l'adoption du procès-verbal, M..de, Longuemar demande, à dire un mot sur les monuments celtiques. Comme beaucoup de ces monuments ont été dé- truits,,il désirerait qu'on recueillît les traditions qui s'y rapportent. Les noms de Püierrefite, Pierrefiche, Peyrelevade, Tombe du Général, semblent, en effet, rappeler ces souvenirs. M.,de Longuemar présente le croquis d'un, menhir, dessiné par M. l'abbé André Leclerc..et situé, au: fond d’une vallée, près du village de Bordes, paroisse de St-Quentin, canton |de Felletin (Creuse). On trouve sur ce monument des caractères hébreux qui demandent un dessin plus net, et dont on cherchera l'explication. Quand ont-ils été appliqués à ce menhir? Au château de Montreuil- Bonnat | Vienne), on voit une inscription hébraïque qu'un juif prisonnier y mit au xx siècle. M..de Longuemar communique aux membres ‘du Jongrès un album, de peintures manuscrites inédites , oùse trouve la série des peintures murales des églises du Poitou. 4 l'occasion de ces peintures, relevées avec tant de PROCÈS=-VERBAUX. 955 soin et dertalent, M. de Verneilh', qui vient d’éntrér dans la salle, rappelle que M. de Longuemar a signalé, parmi les fresques du baptistère Saint-Jean à Poitiers, une figure équestre, accompagnée de cette inscription en majuscules romanes : «.….TANTINV... ». Il lui demandera s'il ne trouverait pas un nouveau motif de penser que toutes les représentations du même genre se rapportent réellement à Constantin. Dans une vieille légende limousine d’après laquelle cet empereur aurait vaincu en bataille rangée et terrassé lui-même un certain proçonsul; nommé Gallus Añi- balianus, qui dépouillait les églises d'Aquitaine ;: il l'est dificile, et M. Maurice Ardant l'a parfaitement établi, de découvrir un fondement historique à cette légende. Maïs peu importe : il suffit, au point de vuéldé M.:de Verneilh, qu'elle ait eu: cours en Aquitaine pendant le moyen âge. Eneffet,. les statues équestres accompagnées d’üne autre /faœure touchée, assez semblable au mendiant de; saint Martin, se rencontrent presque toutes dans les provinces du sud-ouest; ce qui S'expliquérait si On avait; dans l'histoire vraie où légendaire du Pays, une/raison particulière d'adopter pareïl Sujet. À Limoges même , il existait autrefois, dans 14 rué des Combes, une fontaine du ‘fre siècle surmontée d'une :petite. statue équestre, ‘accompagnée: ausst | d'un homme couché ‘presque entre: les jambes: au Cheval, On, Pappelait vulgairement la. fontine ‘du Chevalet où du: Petit-Cheval. Quant aux savants 51 ]ui donnaient le nom de fontaine- de Constantin. Lorsque Henri IV fit son entrée solennelle dans à villé,, en,,1605,, les consuls lefirent arrêter devant cette: 256 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. fontaine de Constantin, et lui montrèrent une ins- cription, ajoutée évidemment à la renaissance, mais d'après des traditions bien enracinées, et qui était ainsi Conçue : « Constantino magno imperatori. Ob fusum, victum, pros- tratum, ac tandem imperatoris equi calce occisum Gallum Annovallianum, Aquitaniæ præfectum, qui Consortem imperi Licinium adversus illum ære et milite juverat, ob idque lemovicensem. ecclesiam spoliaverat, Pop. Lemovic. in fonte perenni perennem, dicavit memoriam. Anno Christi CCCVI. » Comme la statue équéstre de la facade de Notre- Dame-la-Grande, à Poitiers, offrait également une inscription de la renaissance au nom de Constantin, il n'en fallait pas davantage à M. de Verneilh pour supposer que tous les cavaliers des églises du Sud-Ouest pouvaient représenter le grand empereur, non parte qu'il avait fait triompher la religion chrétienne dans le monde politique; non parce qu’il passait pour un saint en Orient et dans quelques églises d'Occident, mais simplement à titre de ven- œeur des églises d'Aquitaine. Naturellement le fait bien plus ancien, bien plus significatif, découvert par M. de Longuemar à Saint- Jean, à confirmé M. de Verneiïlh dans cette pensée, qui lui paraît assez d'accord avec les habitudes icono- graphiques du moyen âge et les doctrines de Ja saine archéologie. M. de Chasteigner estime que le document si neuf apporté par M. de Verneilh devra être pris en sérieuse considération quand il s’agira de résoudre définitive ment la question des cavaliers d'Aquitaine, si souvent 107 LT PROCÈRS-VERBAUX . 114170 257 etrsivainement agitée dans les congrès. Ces images d'Amibalianus 'terrassé par Constantin ;!'habituelle- méênt exécutées dans'les plus grandes diménsiôns:, et placées bien en vue dans la facade principale/auraient . été un exemple saisissant du respect qu'on devait aux églises ef. qu châtiment TÉServé. à leurs Spoliateurs. Même au xu° siècle et.au XUIS, iLne manquait «pas 1d'arpropos ; après les-pertes querle. domaine ecclésias- tique avait st souvent Isubies-peñdant Ja période cars lovingiënne, ét'qu'il Subissait parfois Eticoré dé la part des seigneurs féodaux. Les représentations dont ‘il Sagit ayaient donc un sens parfaitement clair, et “rappelleraient , si magnis licet componere parva , le Chien depierre enchaîné, à la. porte. des, maisons, FRFRBÈRES ‘AVEC ces mots :,;ç« Gave canem »., 1 -. :: A MR «1 M.deLonguemar donne pins d’ extension à ce sym- holisme, : lui attribue Ja.sens plus large et plus général. ‘pense, que ; dans. .çes ! représentations, FRS figure. le; christianisme triomphant.. 6t-le personnage. renversé. Le, paganisme détruit. Du res 1, La soigneusement. développé. gette interprétation dans le Bulletin monumental de 1854. el 1858 : il,se dispensera de, reproduire, ici des arguments qu’ il ne. pourrait qu'affaiblir, Ilse permettra, néanmoins. de répondre à la-question qui. luira.été, adressée; qu'il ne. trouve pas dans .ce,qui.a été. dit, par, MM. de Verneilh et. de “Chasteiemer, des raisons. suffisantes, pour. modifier » sa première opinion. AO RE modl;-de Verneilh ajoute que:la nopvelle interprétation “qu'il, a proposée: : n'est, pas;.même à ses: Yeux, fans difficultés... -Son- principal . mérite, serait d'expliquer pourquoi il n’y;a de ces mystérieux cavaliers. que sur 17 258 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. les églises d'Aquitaine; mais, autant qu'on en peut juger sur des sculptures mutilées et très-frustes, le cavalier n'est pas toujours revêtu d’une armure il a souvent de riches habits civils, et porte même un faucon sur le poing. Or, si cette tenue de chasse et de promenade convient mal au Christ triomphant, elle convient moins bien encore à Constantin vainqueur. Dans les deux hypothèses, il faut admettre que l'idée première a été parfois altérée et dénaturée. Il faut surtout , comme M. de Longuemar le demandait dans son mémoire, faire sur ces monuments de nouvelles et minutieuses études. M. de Caumont met fin à cet incident, qui se rattache, du reste, à la deuxième question du pro- gramme, en rappelant que déjà on. trouve des repré- sentations analogues aux cavaliers d'Aquitaine sur des médailles de Néron et d'Antonin, qui n’ont pas qualité pour figurer le triomphe du christianisme. On en voit aussi, par exemple, au musée de Mayence, sur des stèles où tombeaux de chevaliers romains, qui sont représentés foulant un barbare aux pieds de leur cheval. Dans un mémoire qui sera publié, M. Maurice Ardant traite à la fois les 6°, 7° et 8° questions. M. Maurice Ardant a, depuis cinquante ans, suivi tous les travaux qui ont fait disparaître les anciens monuments de Limoges. « Il a fait, dit-il, ou vu faire des fouilles sur toute l'enceinte de la vieille cité de Limoges, civitas Lemovicum, depuis le pont de la Roche-au-Got jusqu'au Naveix, et du Clos-des-Pa- lisses à la place des Jacobins, limites qu'il croit devoir fixer à la Cité. Il a remarqué surtout dans cette PROCÈS—VERBAUX. 259 enceinte les noms suivants : Portes-Ferrées, Mas- Rome, Romanet, le Clos-Villehereiïn {villa Herennii ). On y a découvert des marbres divers, des statuettes de bronze, des fibules, des styles, des poignards, un pied romain (mesure). Il a fait une immense moisson de lampes et de vases de terre cuite ornés de reliefs élégants et variés, qui figurent des dieux, des animaux, des plantes et des fleurs. » — Ces décou- vertes permettent de dresser une liste de potiers gallo — romains. On possède un cachet d’un de ces céramistes, des têtes, des vases en terre blanche, d’autres vases de couleurs grise, noire, orange. Un plan du célèbre .émailleur J. Court dit Vigier fait connaître Limoges au moyen âge. Divers titres des archives permettent à M. Ardant de donner, pour la première fois, les noms des huit portes de la dernière enceinte et ceux des faubourgs qui, venant y dé- boucher, formaient le suburbium. — Sur l'invitation de M. l’archiviste, M. Lansade, agent-voyer, dresse un plan de la Cité dans lequel on trouvera la liste des églises avec leur date de fondation. M. de Caumont, après avoir rappelé comment les villes gallo-romaines furent forcées, au 1v° siècle, de se fortifier, de se condenser sur des points qui pouvaient être facilement entourés de murailles, murailles pour la construction desquelles on sacrifia beaucoup de monuments païens afin de se procurer immédiatement de solides matériaux, pense que l'étude de ces cités du rv° siècle est une des plus fécondes et des plus neuves. Il convient de rechercher, au moyen des plans com- parés des cités, comment les monuments antiques se 260 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. trouvèrent les uns placés dans l’intérieur de l'enceinte, les autres à l'extérieur; puis comment les édifices du culte catholique se substituèrent peu à peu aux édifices païens; comment enfin les autres édifices publics furent disposés dans ces villes fermées, et. bâties toutes sur un plan uniforme. C’est à cette étude que M. de Caumont s’est livré depuis trente ans; il a déjà fait graver trente plans d'enceintes gallo-romaines, dont il publiera l'examen comparé dans son Abécédaire d’Ar- chéologie. | La comparaison de ces villes, étudiées depuis quel ques années, a fait découvrir, des ressemblances qui avaient échappé totalement aux antiquaires qui nous avaient précédés. Quand le christianisme fut apporté par les premiers évêques venus de Rome, les villes se transformèrent. La cathédrale prit la place du temple ou de la basi- lique; les évêques se logèrent dans les habitations voisines. L'Église hérita ainsi des dépouilles du paga- nisme à Évreux, à Paris, à Bayeux, à Tours, à Beauvais, à Bourges’, à Meaux, à Rouen, à Auxerre, etc., etc. Le château du comte fut placé: au bout de la cité opposé à celui occupé par la cathédrale. M. de Caumont croit, avec M.R. Bordeoux , membre de la Société française d'Archéologie, qu'un certain système général présida à la répartition des églises aux premiers siècles du christianisme. « Les cathédrales furent, dit-il, dédiées à la sainte Vierge lorsqu'elles occupèrent le temple d’une déesse; à saint Pierre ou à un autre saint, lorsque le temple païen était dédié à Jupiter ou à Apollon. Les baptis- tères s'appelèrent Saint-Jean, comme à Paris, à 438 ‘ ‘ Ë PROCÈS—-VERBAUX. 961 Poitiers et ailleurs; ou Notre-Dame-de-la-Ronde, comme à Évreux, à Rouen, à Cologne, à Trèves, à Bourges, à Metz, et peut-être à Limoges. Plus tard, on bâtit des paroisses en dehors des cités : elles furent placées sous l'invocation des apôtres ou sous celle des prémiers évêques du lieu. Le tombeau des saints les plus fameux devint souvent le siége d’une abbaye : Saint-Ouen à Rouen, Saint-Taurin à Évreux, Saint- Martin à Tours, etc. — Aux abords des villes, deux saints furent ordinairement honorés : saint Martin et saint Germain. C’est ainsi que l’on trouve un Saint- Martin-de-la-Lieue auprès de Lisieux, et un Saint- Martin-de-la-Lieue ou des Entrées auprès de Bayeux. I y avait également un Saint-Martin près d'Évreux , près de Paris, près de Rouen, ete. Saint-Martin-sur- Renelle, à Rouen, fut bâti dans le faubourg où Mérovée et Brunehaut se retirèrent en 580. Il y a en France douze ou quinze Saint-Martin-des-Champs. — Saint-Germain était souvent dans la vallée, près du cours d’eau : par exemple, Saint-Germain-des-Prés à Paris, Saint-Germain-des-Prés à Évreux, Saint- Gérmain-des-Prés à Excideuil, Saint-Germain-des- Prés à Montargis, Saint-Germain à Lisieux, etc. — Saint-Paul était en dehors de la ville : Saint-Paul à Rouen, Saint-Paul-hors-des-Murs à Rome. — Saint André était honoré près des portes : par exemple, à Rouen, les deux églises de Saint-André-de-la-Porte- Cauchoise et Saint-André-de-la-Porte-aux-Febvres ; Saint-André-de-Haut et Saint-André-de-Bas, aux deux portes de Vienne; Saint-André, près l’une des portes monumentales d’Autun; Saint-André près la porte Panet à Limoges, etc., etc. À Bayeux, Saint- ‘ 262 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. André était aussi auprès d'une des portes; à Saint Quentin, il y avait également une église Saint-André près de l’une des portes. — Saint-Michel était toujours honoré sur une colline ou une butte, ou dans une tour élevée. — Saint-Denis était souvent près de la weole, de la prison : par exemple, Saint-Denis-de-la- Chartre dans plusieurs villes. — Au xr1' siècle, ce sys- tèmeréguliers'observait encore, et, à Rouen, à Évreux, à Bayeux, l’église la plus voisine de la cathédrale fut dédiée sous l’invocation de saint Nicolas. » Il est probable que cet ordre, cette distribution des églises était une imitation de ce qui existait à Rome. » M. de Longuemar ajoute judicieusement que le patronage actuel d’une église ne prouve rien contre le principe émis par M. le directeur de l’Institut des Provinces : ainsi Notre-Dame de Paris, bâtie sur l'emplacement d’un temple dédié à Jupiter, et aujour- d'hui dédiée à la sainte Vierge, était sous le patro— nage de saint Étienne avant le xiri' siècle. M. de Verneilh fait observer à ce sujetque, la plupart des cathédrales d'Aquitaine se trouvant sous le patro- nage de Saint-Étienne, cela pourrait indiquer que, dans les premiers siècles, on mit à la disposition de | nos évêques beaucoup de reliques de ce saint martyr. « Il y avait autrefois à Boulogne-sur-Mer ( Pas-de- Calais), dit M. Cousin, uvre église de Saint-Martin, qui, d’après la tradition, se trouvait sur l’empla- cement d’un ancien temple païen consacré à Mars. On à trouvé dans le voisinage nombre de tombeaux et d'objets de l’époque gallo-romaine. » Ces nombreux temples païens convertis en églises chrétiennes paraissent à M. de Chasteisner une ob- CE PROCÈS—VERBAUX.. 263 jection contre la conversion de la Gaule faite au 1 siècle; car comment aurait-on eu le temps de bâtir autant de temples? — M. Roy répond que l’ob- jection s'appliquerait également à la province de Lyon, où cependant le christianisme florissait dès le 11° siècle avec saint Pothin et saint Irénée. M. Drouyn a vu presque toujours auprès des églises fondées sous le vocable ou le patronage de saint Martin des fontaines visitées par les malades. Il en est de même en Auvergne et en Limousin. M. l'abbé Pardiac demande si, en Limousin, les églises dédiées àsaint Georges ne seraient pas, comme il l’a remarqué dans le diocèse de Bordeaux, placées dans des fonds. — M. l'abbé Roy-Pierrefitte répond que, des trois paroisses du diocèse placées sous le vocable de ce saint, l’une est sur le sommet d’une montagne : St-Georges-Nigremont ; la deuxième, sur un coteau : Saint-Georges-la-Pouge, et la troisième, dans une plaine : Saint-Georges-les-Landes. Les autres édifices religieux du Limousin dédiés à saint Georges prouvent également qu'on n’a pas eu pour les construire une intention symbolique; Car, si les chapelles de Vicq (Haute-Vienne), de Saint-Georges paroisse de Berneuil (Haute-Vienne), et de Saint-Georges paroisse de Salon (Corrèze) sont au fond d’une vallée, la chapelle du château du Dorat (Haute-Vienne) et celle de Ventadour (Corrèze) étaient sur des sommets, et celle de Pierre-Buffière (Haute-Vienne), sur un coteau. La 9° question du programme : « À quelle époque la plus grande partie des paroisses ont-elles été établies dans le diocèse de Limoges, etc. ? » n’a donné lieu 264 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. qu'à l'observation suivante : M. Roy-Pierrefitte dit que le Pouillé de Nadaud, édité par la Société Archéo- logique du Limousin, donnera prochainement une réponse; mais que cette réponse ne sera pas très- concluante, parce que, pour la plupart des paroisses, on n’a pas la date de fondation. Presque toutes les dates rapportées daus le Pouillé sont de beaucoup postérieures à celle de la cons- truction des églises. — Cette statistique, faite précé- demment pour les églises et chapelles dédiées à la sainte Vierge, n’a donné que douze’ noms jusqu’à la fin du xr° siècle. — Les monastères, très-nombreux en Limousin, et dont plus de vingt-cinq sont anté— rieurs au x1° siècle, ont dû prendre une grande part, par leurs prieurés, à l’organisation des paroisses rurales, qu'on regarde comme définitive en France au xI° siècle. J.-B. L. ROY-PIERREFITTE, secrétaire. SEANCE DU 19 SEPTEMBRE 1859. PRÉSIDENCE DE M. F. DE VERNEILH. La séance est ouverte à neuf heures. M. l'abbé Roy-Pierrefitte donne lecture du procès- verbal de la séance du 17 septembre, qui est adopté. M. de Longuemar demande la parole , et exprime le regret de ce que les procès-verbaux des séances des sections sont lus, chaque jour, à la séance générale PROCÈS-VERBAUX. 265 qui suit, à quelques heures de,distance seulement de la séance tenue le matin dans chaque section; il désirerait que ces procès-verbaux fussent soumis d'abord aux observations et à l'approbation des seétions auxquelles ils se rapportent : MM. les secré- taires auraient ainsi plus de temps et moins de fatigue pour les rédiger. Dans l’état actuel des choses, le temps leur manque, et, s'ils ne se plaignent pas, on doit les en remercier. M. de Caumont répond que l'usage dont se plaint M. de Longuemar, et qu'il voudrait voir: réformer, subsiste depuis que les congrès scientifiques sont établis. Le changement qu'on propose, et qu'on a souvent, proposé, présenterait sans doute quelques avantages; cependant, toutes lesfois qu'on a demandé à l'introduire, il a été repoussé, et l’ancien usage. l’usage actuel a prévalu. M. de Caumont émet le vœu suivant : « Le Congrès scientifique, s’unissant au vœu formulé, le 15 septembre 1859, par l'Institut des Provinces, et par la Société française d'Archéologie dans sa dernière session, exprime le vœu qu’un vaste bâtiment, destiné à renfermer les collections d'antiquités, de peinture et d'histoire naturelle, soit construit à Limoges dans le plus bref délai possible: que ces galeries distinctes aient chacune un espace assez considérable pour suffire aux besoins de l'avenir, et qu'elles soient élevées dans un-quartier central et d'un accès facile. » Ce vœu est unanimement appuyé. M. le comte de Chasteigner fait observer, à propos des explications qui ont été données dans la séance 266 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. du 47 septembre sur les statues et les peintures représentant un guerrier à cheval, l'épée nue à la main, et prêt à frapper un ennemi abattu, et qu'on dit généralement figurer l’empereur Constantin vainqueur du paganisme, que M. de Longuemar a eu l'autorisation de lire un mémoire qui ne se rap- portait nullement aux questions indiquées dans le programme, et qu'il en est résulté une discussion qui, bien que fort lumineuse, devenait improvisée, et, par conséquent, difficile à soutenir pour ses contra dicteurs. Ils se trouvaient sans préparation suffisante sur cette question, qui, au point de vue archéolo- gique, offre le plus haut intérêt en Aquitaine. Par cette observation , M. de Chasteigner entend exprimer un regret, etreconnaît le grand mérite des recherches de M. de Longuemar. M. Maurice Ardant dit qu'il y avait autrefois à Limoges une fontaine monumentale qui était sur- montée de la statue équestre d’un guerrier en habit et en attitude de combat : elle se nommait originai- rement la fontaine de Constantin, et portait même une inscription en l'honneur de ce prince; mais l'inscription était postérieure de plusieurs siècles à lérection de la fontaine. On la nomma plus tard du Chevalier, et, par corruption, du Chevalet. M. Bouillet rend compte de ses impressions comme archéologue et agronome dans l'exploration que MM. les membres du Congrès ont faite, la veille, de l'église byzantine de Solignac, des ruines du château de Chalusset et du curieux établissement agricole de M. Henry Michel au Puy-Jalard. Il adresse des remer- ciments à notre collègue M. Nivet-Fontaubert, ordon- PROCÈS-VERBAUX. 267 nateur de cette instructive visite, et qui s'en est acquitté avec le soin et le zèle qu'il met à toutes choses. — La 4° section se réunit au sentiment si net- tement exprimé par M. Bouillet, et ne doute pas que le Congrès, en séance générale, ne manifeste à M. Nivet-Fontaubert sa reconnaissance. — « La magnifique église de Solignac, construite à l’imi- tation des monuments byzantins du Périgord, ajoute M. Bouillet, est la seule de ce style qui existe en Limousin, et il serait à désirer qu’on s’occupât sans retard de la réparer. Quant aux ruines du château de Chalusset , elles lui ont paru si curieuses à visiter, et si précieuses à conserver, qu'il déplore amèrement les dégradations et les enlèvements de matériaux dont elles sont évidemment l’objet chaque jour. » M. Lansade, agent-voyer à Limoges, demande la parole. Il a été chargé récemment par le maire et le conseil municipal de la commune de Solignac d’é- tablir le devis des dépenses que nécessiterait la répa- ration de l’église, et il les a évaluées à la somme de 70,000 fr. , La section émet le vœu que l'administration supé- rieure du département de la Haute-Vienne et l’admi- nistration communale de Solignac soient invitées, au nom du Congrès scientifique, à allouer le plus tôt possible les fonds nécessaires à la complète restau- ration de l’église de Solignac. . Dans la seconde partie du Compte-Rendu on trou- vera une Notice historique sur le monastère de Soli- gnac, écrite par M. Roy-Pierrefitte, et qui tiendra lieu de compte-rendu pour la promenade archéologique. M. Léo Drouÿyn pense que les ruines du château de 268 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Chalusset sont sans contredit les plus belles de France, et il désirerait qu'on prit de promptes et efficaces mesures dans le but de leur conservation. Le baron Gay de Vernon croit pouvoir rassurer, à cet égard, MM. Bouillet et Léo Drouyn. En effet, le conseil général de la Haute-Vienne est soigneux des souvenirs historiques en Limousin, et, dans sa séance du 25 août dernier, il à invité M. le.préfet du département à entrer en marché avec le propriétaire des ruines de Chalusset pour les acheter. La négo- ciation est entamée, et il y a lieu de croire qu’elles deviendront prochainement une propriété départe- mentale. M. Alluaud, qui présidait cette séance du conseil général, ajoute que, si cette désirable acquisition n’a pas été faite plus tôt, il faut en attribuer le retard au manque de fonds disponibles; mais le conseil général s'est engagé à voter, en 1860, ceux nécessaires à cette acquisition. Le Congrès, plein de confiance dans la sollicitude éclairée de M. le préfet de la Haute-Vienne pour la conservation des monuments historiques , ne doute pas du succès de cette affaire et de sa prompte réalisation. M. de Caumont demande la parole sur la 3° question du programme d'histoire : « À quelle époque le christianisme at-il été prêché en Limousin? Est-ce au 1°" siècle, comme le dit la tradition, ou bien au i° siècle, comme on l’infère d’un passage de Grégoire de Tours? » M. de Caumont rappelle que cette question avait été proposée au Congrès par l’honorable M. d'Ozouville, de Laval, que la mort a frappé il y a quelques mois, PROCÈS-VERBAUX. 269 A raison de ce malheur, que peu de personnés ont connu, la discussion n’a pas eu lieu, puisque aucun des membres du Congrès ne s'était préparé à la traiter. On savait que M. d’Ozouville l'avait étudiée et fait étudier profondément, et dans un sens diamétralement opposé à celui qu'a soutenu notre collècue M. l'abbé Arbellot. Son travail a été écouté avec l'attention réfléchie qu'il méritait; et ceux qui étaient le moins convaincus de la vraisemblance de son système histo- rique manquaient des documents pour le combattre : iln'a donc pas eu de contradicteurs. M. d'Ozouville a publié sur le livre de M. l'abbé Faïllon, directeur au séminaire de Saint-Sulpice, les Monuments de l’apostolat de sainte Madeleine, un recueil de lettres adressées au R. P. Piolin, bénédictin _ de l’abbaye de Solesmes (1). Suivant M. d'Ozouville, tout l'ensemble du volume des Monuments de Provence ne contient qu'une immense illusion; et l’on peut s'étonner que les, quinze principaux monuments servant de.base à cet échafaudage soient restés inconnus jusqu’en 1846. Ce qui explique l’engoû- ment nouveau pour les productions plus chrétiennes qu'historiques, c'est qu'il y a des temps où le vent se met tout d’un coup à souffler et à balayer les feuilles du même côté. Aujourd'hui ce ne sont plus seulement lès feuilles qui ont été entraînées, mais aussi les arbres les plus forts et les plus verts; et voilà comment on est arrivé à substituer, dans beaucoup de cas, Pautorité d'un texte apocryphe à la grande autorité (} Origines chrétiennes de lu Guule. — Lettres au R. P. Piolin, vol. in-$. 270 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. de Gxégoire de Tours, le plus vrai de nos vieux historiens et de nos hagiographes. Le premier qui l’a contredit est Hilduin, abbé de Saint-Denis au commencement du 1x° siècle... M. d’0- zouville disait qu'il serait très-fâcheux historiquement et moralement de céder à l’entraînement dont nous sommes témoins, et il pensait qu'il est très-important que les sociétés savantes résistent à un revirement si subit: …. Il ajoutait, relativement aux légendes du bréviaire romain, introduit dans la Gaule sous Charle- magne, que jamais Rome n'avait entendu prononcer eæ cathedra sur ce sujet; qu’elle ne donne à ces lé- sendes qu'une autorité liturgique, et non historique. Pour rédiger le martyrologe, Rome a consulté les traditions des églises : c’est ce qui est arrivé derniè- rement à Limoges lorsqu'on a revisé la liturgie, ainsi qu'on peut le voir dans le mémoire de M. l'abbé Arbellot sur l’apostolat de saint Martial. En laissant dans le bréviaire que saint Martial fut envoyé par les apôtres, Rome n'a pas dit que cela fût démontré historiquement, encore bien moins que l’on fût obligé d'y croire, mais seulement que telle est la tradition de l'église de Limoges. Rome a trouvé cette église en possession des honneurs apostoliques, et elle ne veut pas les lui ôter. Mais, d’après le pape saint Sozime, saint Trophime d'Arles est le premier évêque arrivé en Gaule, et ce fut de la ville d'Arles que les sources du christianisme se répandirent ensuite sur toutes les Gaules. C’est un enseignement historique que tous les documents des neuf premiers siècles viennent corro- borer (1). A4) Annuaire de l'Institut des Provinces, T. X, p. 189-193. PROCÈS-VERBAUX. 271 M. d'Ozouville, homme de bien et de savoir s’il en fut, et que S. S. le pape Pie IX avait décoré de la croix de commandeur de Saint-Grégoire-le-Grand, recherchait avant tout la vérité, et professait la maxime mil pium nisi verum. M. de Caumont n'avait pas l'intention de prendre la parole à ce sujet; mais il à cru, par ces observations au Congrès, remplir un devoir, celui de donner un souvenir à l'homme savant qui avait posé dans le programme l'importante question de l'introduction du christianisme dans les Gaules, et qui comptait la traiter. Il ajoute que l’Académie des Inscriptions, dans une séance solen- nelle, à protesté, par l'organe de son rapporteur, M. Paulin Paris, contre:les idées des néo-bénédictins en faveur de l'école des illustres Bollandistes et des bé- nédictins du siècle dernier, et repoussé les doctrines de l’école nouvelle, qui, selon l’érudit abbé Pascal , cha- noine de Paris, n’est tout simplement que le progrès en arrière (1). L'opinion de M. d’Ozouville, dit en terminant M. de Caumont, est donc conforme à celle du premier corps savant de l’État. Sur l'invitation de M. le président, M. Émile Ruben, l'un des secrétaires généraux adjoints, donne lecture d’une lettre de M. Deloche, qui s'excuse de ne pas venir assister aux séances du Congrès, et y traiter, comme il avait cru pouvoir le faire, les 10°, 41° et 49° questions du programme, relatives aux ateliers monétaires de Limoges et à la numismatique du. Limousin. M. Deloche est retenu à Paris par les exi- sences de son service au ministère de l’agriculture, (4) Annuaire de l'Institut des Provinces, T, XI, p. 195 (1859). AS CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. t£ du commerce et des travaux publics; mais il annonce l'envoi du mémoire qu'il se proposait de lire à Ja ° section. La discussion est ouverte sur les 40°, 14° et 12° questions, qui se touchent par trop de points pour qu'on doive les séparer : 10° « À quelle époque remonte l'atelier monétaire de Limoges? — Quels en ont été les produits à diverses époques? » Aie « Connaît-on plusieurs monétaires de Limoges ou du Limousin? » 49 « Existe-t-il un travail sur la numismatique du Limousin? » M. Maurice Ardant demande la parole. — I] ne croit pas, malgré l’assertion des chroniques limousines, qu'un atelier monétaire ait existé à Limoges au com-— mencement de l'empire romain : cependant on a trouvé quelques médailles et monnaies de diverses grandeurs en bronze à l'effigie de Jules César, des empereurs Claude, Trajan, Hadrien; elles portent le sigle DD, c'est-à-dire Decurionibus où Decreto decurionum et le monogramme $S.P.Q.L, LEM. ou LEMOV., senatus populusque Lemovicum ou Lemovicenses. Beaumesnil affirme en avoir vu un grand nombre : il en a donné les dessins; mais, de nos jours, son autorité en numismatique a beaucoup baissé : aussi M. Maurice Ardant n'ose pas faire mention de la fameuse médaille sauloise de Sedulix, chef des Lémovikes au temps de la conquête de César, médaille que peut-être personne n'a vue, et que’sans doute Beaumesnil a cru voir. M. Lecointre-Dupont dit qu'il faut se défier des PROCÈS-VERBAUX. 973 assertions de cet antiquaire : elles sont presque tou- jours hasardées et dangereuses. M. de Chasteigner fait observer que les monnaies romaines sont très-rares, et qu'on n’a pas encore pu en donner une description exacte ; il ne croit pas qu'il y eût un atelier monétaire à Limoges sous la domi- nation romaine : cet atelier n’a existé que pendant la période mérovingienne. M. Maurice Ardant répond que la méfiance envers Beaumesnil est légitime : cependant on ne devrait pas la pousser à l'extrême. Certes il n’était pas numismate comme on l'entend aujourd'hui, puisqu'il lui est arrivé de prendre une médaille bretonne moderne pour une médaille phénicienne; mais ne pourrait-on pas conclure de son peu de lumières qu'il était inca- pable d'inventer les légendes des médailles qu'il a décrites et les inscriptions tumulaires qu'il a rap- portées? M. de Chasteigner regrette doublement l'absence de M. Deloche, parce que, étant lui aussi auteur d’une Numismatique du Limousin, il l'aurait présentée au Congrès s’il n'avait pas su que M. Deloche s'était réservé de traiter cette importante partie du pro- gramme. La marque de la monnaie de Limoges était les lettres LE et LEM. Il possède deux triéns méro- vingiens, et en fait passer un sous les yeux des membres ds la section : ils portent Abrianaco et Lemo. M. de Chasteigner a le dessein de publier une description de ces deux pièces : elles proviennent sans aucun doute de l’atelier monétaire de Limoges, qui était incontestablement un des plus anciens de la Gaule. Cependant, de ce que d'anciennes monnaies et 18 274 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. médailles portent les noms d'un monétaire et du lieu où elles ont été frappées, il ne faudrait pas conclure que là existait un atelier monétaire permanent. En effet, on sait que, sous les Mérovingiens, les ateliers monétaires étaient volants, et suivaient le souverain soit à la guerre, soit dans les différentes résidences qu'il allait occuper. Le monnayeur alors placait à côté de son nom le nom du lieu où il se trouvait : à cette époque, chacun avait le droit de lui porter des matières d’or et d'argent pour les convertir en mon- naies : la seule garantie était la signature de l’ouvrier. M. Maurice Ardant, reprenant la parole, expose que, depuis sa sortie du collége, en 1809, il s’est livré avec ardeur à l'étude de la numismatique limous'ne, et qu'il n'a manqué aucune occasion d'assister aux fouilles qui pouvaient amener la découverte de mé- daiïlles ou de monnaies anciennes. La récolte en a été abondante; et, pour ne citer qu'un fait, il a obtenu trois cents monnaies des rois, vicomtes ‘de Limoges et abbés de Saint-Martial trouvées dans les ruines de la collégiale de Saint-Martial lorsqu'on a construit le théâtre de Limoges sur cet emplacement. Les recherches de M. Ardant, conduites avec suite et bonheur, l'ont mis à même de rédiger nne mono- graphie des médailles et monnaies frappées en Li- mousin ou en Marche depuis l'époque gauloise jusqu’à nos jours. Il sera privé, dit-il, de publier cet ouvrage à cause des grandes dépenses qu'entraînerait la gra- vure des planches qu'il faudrait joindre au texte; mais il en a donné de nombreux extraits aux revues archéo- logiques, numismatiques et sphragistiques et aux bulletins des sociétés savantes. PROCÈS-VERBAUX. 275 Abordant la question monétaire, et suivant l'ordre chronologique, M. Maurice Ardant développe la série des observations qu’un des maîtres de la science, M. de La Saussaye, l'avait invité à faire sur les médailles gauloisés : on lui en a présenté un bien grand nombre et il ne s’est attaché qu'à étudier celles trouvées en Limousin. Il a pu comparer quarante- quatre médailles d'argent découvertes dans la fontaine de Bénévent (Creuse) (l’ancien Secundeletas des Gaulois) avec un plus grand nombre d'autres médailles trouvées, en 1811, au village de La Jante près de Compreignac { Haute-Vienne), et, plus récemment, avec une pièce d’or au titre gaulois [electrum) trouvée à Bussière-Boffy [arrondissement de Bellac). Toutes présentent, au revers, le cheval libre, sur la*croupe duquel est placée une téte: ce qui lui à fait adopter Vôpinion que ce type était celui des Lémovikes. M. de Chasteioner accepte cette attribution avec autant plus de confiance qu'il lui semble probable que les Lémovikes , ayant élevé de tous temps des chevaux dans leurs prairies, ont dû choisir cet emblême de leur industrie particulière, de même que d'autres pro- vinces, et notamment celle des Pétrocores, avaient pris pour type monétaire le verrat, sus gallicus, parce qu'ils hourrissaient une énorme quantité de pourceaux des œlands de leurs vastes forêts de chênes : c'était leur principale branche de commerce. M. Maurice Ardant reconnaît que le Limousin n’a fourni que peu de médailles et de monnaies romaines ; celles du temps des Mérovingiens sont communes, et ne présentent guère d'incertitude quant à l’époque de leur fabrication. M. Maurice Ardant pense que les 276 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. triens où tiers de sou d’or qui portent le nom d’Amba- ciaco et de Raciate ont été frappés à Ambazae ét à Razès, bourgs à six lieues de Limoges, où l’on voit des vestiges d’antiquités et des restes de monuments romains MM. de Chasteignér et Lecointre-Dupont repoussént cette opinion, et traduisent Ambaciaco par Amboise, Raciate par Retz ou Raïz en Poitou. M. Maurice Ardant ajoute que, sous la dynastie carlovingienne, on à seulement frappé quelques monnaies à Limoges lorsque les rois d'Aquitaine sont venus se faire sacrer dans la cathédrale de Saïint- Étienne : on a des monnaies de Charlemagne, de Carloman, de Louis le Pieux , de son fils Pépin, de Charles le Chauve, d’'Eudes. Il fait, en outre, con- naître les noms des lieux en Limousin où l'on a battu monnaie depuis l’époque mérovingienne : Ahun (Ade- duno vico); — Auriac (Oriaco); — Beaumont, fau- bourg de Felletin {Bello monte); — Bellac | Villo- cavico); — Béynac'{Benenato pago): —' Bénévent (Benevetus, Benebentum ); —' Brive | Briva vico); — Chaptelat, patrie de saint Éloi {Cato loco): — Cha- brignac (Cabrionuo); — Chambon {* Cambonno ) ; — Limoges (Lemovicas, Limovicas, * Lmx); — Neuvic {Neodi vico); — Saint-Priest-le-Bétoux !|Blatomago, Blatomo-sci-mar.); — Saïint-Yrieix | Aredino, Areduno vico , sco-Aredio) ; —Toulx-Sainteé-Croix ( Tullo civitas ) ; — Ussel (Castrum Ussalia) ; — Uzerche | Uzerca) (1). Sous les premiers Capétiens, on ne connaît que des (1) Les noms précédés d’un astérisque sont tirés des mon- naies carlovingiennes. 1:58 DT: PROCÈS—-VERBAUX, 271 deniers des abbés de Saint-Martial, des vicomtes de Limoges, des comtes de la Marche et des vicomtes de Turenne. Depuis François [°', l'atelier monétaire de Limoges avait pour marque la lettre I. Ces explications données, M, Ardant remet à M. le président : 1° Une notice descriptive des méreaux de la cathé- drale de Limoges trouvés à l’ancien doyenné ; 2e Une liste des monétaires limousins sous les rois mérovingiens, des monnayeurs de Limoges jusqu'en 1789 et dès orfèvres-émailleurs ; 3° Une liste chronologique et numismatique des vicomtes.de Limoges d’après leurs monnaies et les documents que renferment les archives départemen- tales de la Haute-Vienne. | Voir les mémoires. ) En déposant sur le bureau la liste la plus com- plète des orfèvres-émailleurs, M. , Ardant ajoute quelques détails relatifs à leur industrie, et même à la biographie de plusieurs d’entre enx. Pendant les x1r° et x1v° siècles, dit-il, les émail- leurs limousins furent appelés en Angleterre, en Sicile, et même en Italie, pour décorer divers monu- ments de leurs brillantes peintures. Le célèbre Léonard Limosin, mandé à la cour de François l°", puisa dans l'étude des œuvres des grands artistes que ce prince protégeait un goût plus épuré, qui perfectionna son talent. Il reçut le titre de valet de chambre peintre du roi, et fut comblé des bienfaits de la cour. Son titre passa, après lui, à plusieurs de ses continuateurs; et les modèles et les cartons des bons maîtres envoyés ou rapportés de 2178 CONGRÈS £ECIENTIFIQUE DE FRANCE. Paris contribuèrent à donner à la peinture de nos émaux plus de correction de dessin et d'élégance de composition. Les commandes en France-et à l'étranger devinrent si considérables que, pendant le xvr' siècle, on compta à Limoges jusqu'à trente-quatre ateliers de maîtres émailleurs. Notre ville les récompensa de l'illustration et de la prospérité qu'ils lui donnaient, et les mit au nombre de ses consuls. Ils étaient choisis de préférence toutes les fois qu'il s'agissait de lever des plans dans les questions contentieuses , de mesurer les terrains dans les contestations judiciaires, et d’orner les monuments publics dans les jours de fête ou de cérémonie. On conserve aux archives départementales les actes et les quittances qui se rapportent à ces différents services. Dominique Mouret dit Domangé, qui a laissé de curieuses recettes sur l'art de l'émaillerie, océupait un poste municipal important, et, dans une infor mation de l’intendant déposée aux archives impériales, on voit que, le 15 octobre 1598, Dominique Mouret et son voisin Guillaume Verthamont furent les premiers à se rendre, armés de leurs hallebardes, à la maison commune pour déjouer un complot contre l’autorité royale d'Henri IV. Jehan Raymond, qui vivait en 1577, s'engagea à payer une rente pour la fondation du collége de Limoges. Plusieurs émailleurs, entre autres les Noylier ‘ (Noualhier) avaient établi, à l’hospice, des repas où l'on admettait de nombreux pauvres, voulant, dit l'acte d'institution, sanctifier par des charités pu- bliques les jours de fêtes de famille. 50 5 De É: PROCÈS-WVERBAUX. 279 Les succès de nos éminents artistes firent naître la concurrence des mauvais ouvriers, et il en résulta ce que déplorait amèrement Bernard Palissy, la déca- dence de l’émaillerie limousine. On voulut faire plus vite et à meilleur marché : on eut recours aux pro- cédés économiques; on employa des matières de qualité inférieure; les artistes ne furent bientôt plus que: des ouvriers , les ouvriers que des manœuvres, et de là vint la ruine de l’art et des artistes émailleurs. Par une heureuse coïncidence, la céramique porce- lainière commenca lorsque l’émaillerie périssait ; et ses produits, supérieurs à ceux de: l'industrie qui fit Vorgueil de nos devanciers , font maintenant la pros- périté de Limoges (1). | M. le président annonce que la discussion est ouverte sur la 43° question : « Les émaux eloisonnés sont-ils antérieurs ou pos- térieurs aux émaux champ-levés ou incrustés ? » Sur la proposition de M.-de Caumont, cette question ‘sera traitée en séance générale. j M. le président invite : MM: les membres de la section à ne pas se séparer à l'issue de la séance, afin d'aller visiter le pont Saint-Martial, et reconnaître si les arches centrales sont de construction romaine, comme tout semble le prouver. La séance est levée à dix heures et demie. BaroN GAY DE VERNON, secréluire. (1) Voir, aux mémoires, les listes des monétaires et des émailleurs de Limoges. 280 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE: SÉANCE DU20 SEPTEMBRE 1859. PRÉSIDENCE DE M. F. DE VERNEILH. Après la lecture du procès-verbal de la séance précé- dente, M. l'abbé Arbellot fait une observation. Il était, absent quand on a lu, à la séance de la veille, la note de M. d'Ozouville sur les origines chrétiennes de la Gaule, « Ces objections, at-il dit, ne m'’at- teignent pas, puisqu'elles sont relatives à une Vie de sainte Madeleine publiée par M.'Faillon, et attribuée par lui à Raban-Maur, légende dont je n'ai pas besoin pour défendre la cause de saint Martial. » Quant à la décision de la Congrégation des Rites et au décret du pape qui reconnaissent à saint Martial le culte d’apôtre, je n'ai pas prétendu donner à cette décision une valeur dogmatique, maïs seu- lement une autorité scientifique. ‘Le tribunal de. la Congrégation des Rites y composé de seize cardinaux, à sérieusement examiné la question : le promoteur de la foi prétendait que saint Martial ne devait pas jouir du culte d’apôtre, attendu que, d’après Grégoire de Tours, il n'avait reçu sa mission qu’au mr° siècle. L'avocat de la cause de saint Martial à réfuté ces objections, et la Congrégation a rendu , én faveur du culte d’apôtre qu'on peut rendre à saint Martial, une décision que Pie IX a confirmée: » Assurément, voilà une autorité considérable : ilest vrai que l data des Inscriptions, à propos d’un livre de M. Ravenez sur les origines de l'église de Reims, a prononcé sur cette question un jugement - a PROCÈS-VERBAUX. 281 contraire ; mais j'ai publié, dans l'Univers, en réponse à M. Paulin Paris, une réfutation qui me paraît pé- remptoire. » — {V. la seconde partie du Compte- Rendu.) M. Arbellot termine en lisant une lettre de M. Au- gustin Thierry publiée aussi dans l'Univers. Le savant académicien se prononce en sa faveur dans cette question de la date de l’apostolat de saint Martial. Demandant, ensuite à revenir sur la 7° et la 8° question du programme traitées pendant son absence, M. Arbellot donne le circuit des murs de la Cité, indiquant la place qu'occupaient les portes Aleresia , Saint-André, Saint-Maurice.et Scudarie. Illsignale la position des églises Saint-Étienne (cathédrale) } Notre-Dame-de-la-Règle, Saint-André, Saint-Maurice Saint-Jean , Sainte-Afre, Saint-Genez ét Saint-Dom- nolet. F Le suburbium de Limoges comprenait deux lignes ou deux artères principales : la première ; le subur- bium romain, avait sx baseau-pont Saint-Martial | et Siétendait jusqu'à Saint-Cessadre; la seconde artère , le suburbium chrétien; avait sa base au monastère de Saint-Angustin {aujourd’hui la maison centrale), et Sétendait jusqu'à l’église Saint-Michel. Dansle suburbium romain , M. Arbellot signale l'em- placement des églises de la: Sainte-Trinité, Saint Michel-de-Pistorie et Saint-Cessadre: dans le subur- bium chrétien, les églises Saint-Augustin, Saint- Julien, Saint-Paul, Saint-Martin, Saint-Pierre-du- Queyroix, Saint-Pierre-du-Sépulcre (plus tard Saint- Martial) et Saint-Michel ; il dit l’époque ‘de la fon- dation de la plupart de ces églises. 282 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. in réponse aux 44°, 16%.et 17° questions du pro- gramme, M. de Verneilh donne des renseignements sur les principales églises du Limousin. Les plus an- ciennes, comme la cathédrale romane de Limoges, offrent généralement une seule nef, bordée, an dieu de bas-côtés ordinaires, d'une série de chapelles ménagées dans l'épaisseur des murs. Les voûtes: se composent d'un berceau, central contre-buté par d’autres berceaux moins élevés, et perpendiculaires à l'axe de la nef. Telles sont les plus anciennes parties des églises de Saint-Léonard (1061),de Saint-Junien (fin du xr siècle), de Lesterpt et des Salles-Lavau- guyon. Sans parler de beaucoup de paroisses rurales hors du Limousin, ce type se retrouve, mais avec moins de rudesse et de simplicité, dans l'église prirhij- tive de Saint-Front, antérieure à dla construction à coupoles, et dans l’abbaye de Ronceray à Angers: Les églises romanes de: la seconde période repro- duisent avec peu de modifications le type si connu du Poitou et de l'Auvergne: Elles ont des bas-côtés voûtés en berceaux continus et plus généralement en arêtes, un rond-point marqué par un,demi-cerele de colonnes très-minces, et des chapelles rayonnantes. Télles sont les belles églises du Dorat, de Chambon et de Bénévent en entier, celles de Saint-Junien-et de Saint-Léonard en partie: Ce dernier monument estdes plus remarquables, et mérite un examen attentif. I1 se compose dans son ensemble de quatre ou cinq constructions, successives, toutes de style roman, mais offrant des nuances ‘très- distinctes. La plus ancienne de ces, constructions remonte à 4064. Comme on l’a déjà. vu, vient ensuite PROCÈS-VERBAUX. 283 un édicule circulaire, qui se compose d'une voûte ronde, portée par huit colonnes inégalement espacées, d'un bas-côté très-étroit, et de quatre chapelles semi- circulaires aux quatre points cardinaux. À ce dernier caractère, qui établit une ressemblance très-particulière avec le Saint-Sépulcre de Jérusalem; avec le secours d'un texte du Pouillé de Nadaud, qui parle à Saint- Léonard d'une vieille chapellenie dite du Sépulcre ; enfin, et surtout, à l’aide d'une épitaphe publiée par M.l'abbé Texier, qui se trouvait, d'après les infor- mations prises par M. de Verneilh, immédiatement au devant de la porte, et qui est ainsi conçue : Hic jacet Conceradus , qui edificavit hoc sepulcrum : d’après tous ces'indices, M. de Verneilh propose d'admettre que la rotonde de Saint-Léonard est une imitation et un pieux souvenir de celle qui contenait le tombeau de Notre-Seigneur à Jérusalem. Après le Saint-Sépulere de Saint-Léonard, on aurait entrepris les dernières travées de la nef et le transept, couvert d'une série detrois coupoles , qui l’englobent complètement; puis on aurait commencé le clocher, si disproportionné avec l’église: enfin on se serait mis à reconstruire le chœur. — Quelle: est la daterde cette portion de l'édifice? — Malgré son style tout roman encore, M. de Verneilh n'est pas éloigné de croire qu'elle ne serait pas antérieure à 1197. A cette époque, les chroniques limousines affirment que le roi Richard d'Angleterre rebâtit les remparts et l’église de Saint-Léonard, et il était, en effet, naturel que, à l'exemple de Bohémond d’Antioche , il vint aussi, à sa sortie de captivité, s'acquitter d'un vœu fait au patron des prisonniers. Alors, 281 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. au lieu d'un architecte du Nord, il aurait employé un artiste du pays, qui, sans se préoccuper du style ogival, nouvellement inventé, restait fidèle au style roman, et se contentait de le perfectionner à sa manière, en le rendant plus riche, plus élégant, plus hardi, trop hardi même; car les colonnes du rond-point de Saint-Léonard, qui n'ont que cinquante centimètres d'épaisseur avec un espacement ét une élévation considérables, ont fléchi sous la’ charge dès le xv* siècle. Ainsi le style ogival se trouverait en retard d’un demi-siècle au moins dans le Limousin, et la cha- pelle épiscopale de Saint-Junien, ainsi que l’abbaye d'Hautevaux, construites l’une et l’autre à la fin du xur: siècle, confirment , en effet, cette hypothèse. M. de Verneilh. ajoute : « Quant au. style ogival primitif, qui n'a rien de commun avec la cathédrale, œuvre d'un architecte tout à fait parisien, il se dis- tingue, en Limousin, par des nefs qui se contre- butent mutuellement, comme à Saint-Pierre et à Saint- Michel de Limoges, à Aixe et à la chapelle du Pont de Saint-Junien : ces églises semblent relever de la cathé- drale de Poitiers ; mais ce qui est tout à fait original dans notre architecture provinciale, c'est le type de nos clochers, où l’octog'one des étages supérieurs se pré- sente par l'angle, tandis que, s’il offrait. en facade un de ses côtés, comme cela se, pratique ordinai- rement, les tourelles masqueraient une moitié des fenêtres. Les trois clochers de Limoges et celui de Tulle montrent tous cette disposition, vraiment digne d'être adoptée quelquefois par les habiles ar- chitectes qui renouvellent de nos jours l’art ogival. » pr PROCÈÉS-VERBAUX.. 285 ‘M. Gay de Vernon demande la parole. La descrip- tion détaillée que M. Félix de Verneilh a faite de l’ancienne collégiale de la ville de Saint-Léonard donnera sans doute quelque intérêt à une légende qui s'y rapporte. Depuis le xvi' siècle, dit-on, il existait, au chevet de l'église, une inscription, gravée sur cuivre, rappelant la particularité de. la vie de saint Léonard qui valut à la ville où 1l est enterré le nom de Nobiliacum (le Noblet, le Noblac),. et les exemp- tions d'impôts qui n'ont cessé qu'à la révolution de 1789 : « Parturiens regina, graves perpessa dolores , Cogitur æterna condere nocte dies. Tum Leonardus adest, précibusque Sidéra flectens , Et matrem. et natum reddidit incolumes. Unde Clodoveus , facti memor istius'ergo, Perpetua hoc solum nobilitate donat. » La tradition rte à Clovi is tous les faits que. ces distiques consacrent. La reine en couches et heureu- sément délivrée, grâce aux prières de Léonard, c’est Clotilde femme äs Clovis; les vestiges des vieux chà- feaux situés sur les rochers à la rive gauche de la Vienne sé nomment encore les haut et bas châteaux de Clovis; enfin les priviléges accordés à la ville et à sa banlieué vénaient de Clovis, dont saint Léonard était le parent. Le territoire affranchi d'impôts s'étendait sur la rive droite dé la Vienne, et comprenait l’en- ceinte que l'âne du saint a pu parcourir du lever du soleil à son coucher. Les pas de l'âne ne sont pas effacés , et servent d'indication dans le pays : ce sont 286 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE: de profondes empreintes creusées' dans le rocher : un homme chaussé d’un sabot y mettrait aisément le pied. M. l'abbé Arbellot fait observer à M. Gay de Vernon que la reine dont il s'agit dans cette inscrip- tion m'est pas Clotilde, qui n’est jamais*venue en Limousin, mais la reine femme de Thierry I, fils aîné de Clovis. M. Gay de Vernon ne croit pas que la reine Clotilde, pas plus que la reine femme de Thierry, soit venue à Saint-Léonard ; d’ailleurs la légende populaire se rap- porte uniquement à Cloviset à la reine Clotilde. Et, du reste, quand on rapporte les légendes, il faut le faire sans altérer leur simplicité originelle” Assuré- ment c'est à sa réputation comme patron. des prison- niers que saint Léonard doit non-seulement d'avoir été représenté en, mosaïque à Saint-Marc de ‘Venise avec tous les détails de la légende, mais encore, comme. l'a constaté M. de Verneilh}; d’être honoré au troisième rang dans cette église; où son autel est placé dans le transept. Saint Léonard'avait'encore, dans la même ville, une église spéciale etune scala {A); il est, en outre, établi de Dieu seconde pro- vidence des mariages stériles et protecteur'des femmes en couches : pour ces causes ; l’église où reposent ses reliques est toujours le but de nombreux pèlerinages. Quelle qu'ait été l'origine des privilég'es de la ville de Saint-Léonard-de-Noblac ; ils furent confirmés ; en 4242, par Philippe-Auguste ; un édit de Charles VIT, (1) Scala, espèce d'hôpital qui n'a pas conservé sa desti- nation , et qui sert de musée. : PROCÈS-VERBAUX. 987 daté de Bourges en janvier 1422. exemptait à perpé- tuité ses habitants de tous aides, tailles, fouages. impôts, gabelles et subsides, quêts et charges, et cette, exemption fut sanctionnée par les lettres-pa- tentes, de Louis XIV du mois de décembre 1643 ,; du 15 octobre 1644 et du 31 mai 1656. En rapportant cette légende, M. ay de Vernon avait pensé qu'on trouverait peut-être une relation entre les pas de l’âne de saint Léonardt et le dolmen isolé du Pouyol. Éclairé par les discussions qui ont eu-lieu sur la destination des pierres gauloises ; il Ini a semblé que les pas de l'âne au nord'et le dolmen au midi formaient les limites du territoire occupé par la populationqui vint se grouper autour du saint person- nage: lorsque, aidé de:ses disciples, ik eut défriché Ma forêt de Pavum. Dans les plus vieilles peintures, Saint Léonard. :est, représenté ‘travaillant la terre Ja pioche à la main. | ‘Sur la proposition de M. Gay deVernon, on met aux Voix: le vœu. suivant, qui est adopté:: «Le Congrès émet-de; vœu que: le Gouvernement (de l'Empereur alloue le plus tôt possible:les fonds nécessaires à la réparation et. à! l'achèvement de l'église de 'Saint- Léonard, récemment classée parmi les monuments historiques, :et «dont les réparations sont estimées à la somme de 464,000 fr. "M. de Longuemar pense que la simplicité des chapi- teaux du xre siècle n’est pas dûe à ce que le granit a opposé au ciseau du sculpteur des difficultés insur- montables, puisque les matériaux des églises contem- poraines du Poitou ne sont pas travaillés avec plus d'élégance. Le granit d'ailleurs. comme on peut en “ 288 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. juger par le portail latéral de la cathédrale de Li- moges et celui de Saint-Michel, semble pouvoir se prêter à toutes les ornementations. P M. de Verneilh répond que la simplicité des seulp- tures du Poitou serait une richesse en Limousin, où le granit est difficile à travailler : aussi, dans cette dernière province, au xI' siècle, les églises n’ont pas de sculpture du tout. De ce qu’on a fait à la cathédrale il ne faut pas conclure qu'on devait faire aussi bien pour les autres monuments. La cathédrale de Limoges est l’œuvre d’un archi- tecte étranger qui a voulu réaliser dans notre pays ce qu’on faisait ailleurs avec le calcaire : aussi est-il parvenu à trouver un granit d'un grain très-fin ; mais la taille des pierres a dû être fort dispendieuse. M. des Moulins à remarqué dans l’église Saint— Pierre de Limoges des chapiteaux très-bas avec une simple petite frise. Ils sont du commencement du x siècle, et paraissent avoir un Caractère spécial. Hs lui rappellent ceux qu'il a vus à Toury, dans la Beauce. On les retrouve aussi dans l'église d’Aixe près Limoges. Entre les églises de Cologne, de Clermont et de Limoges , il ya un rapport de style et de dates, comme le disent MM. Bouillet et de Verneilh. La cathédrale de Clermont devait être commencée en 1248 ; mais l’évêque était parti alors pour la croisade, d'où il ne revint qu'en 1253. La consécration du chœur de la cathédrale ne se fit qu'en 1294 ou 99. Quant aux autres travaux, ils ne furent terminés qu'en 1515. A Limoges, la cathédrale, moins déve- loppée, moins élevée que celle de Clermont, mais | it Ji PROCÈS-VERBAUX. 289 plus riche d’ornementations, et, comme elle, ayant des voûtes recouvertes de dalles au lieu de toit sur les bas-côtés, fut commencée, en 1273, dans l’année qui suivit la mort d'Émeric de: La! Serre, lequel laissait des sommes considérables pour la construction de cet édifice, à la condition qu’on la commencerait dans l’année qui suivrait sa mort. Il serait intéressant d'établir que Jean des Champs (Joannes de Campis) fut réellement, en 1258, l'architecte de la cathé- drale de Clermont, car celle de Limoges devrait être certainement attribuée au même artiste. Le testament de Jean de Langeac, évêque de Limoges, publié par M. Ardant, laisse, pour l’achè- vement de notre cathédrale, certaine somme à son principal ouvrier, Antoine Lavoix; mais cela n'a pas abouti: on a simplement posé les bases de quelques piliers. M. Regnault fait remarquer que, dans un ouvrage italien intitulé Vie des architectes , saint Ferréol , évêque de Limoges, mort vers 597, figure au nombre des architectes qui ont vécu depuis la décadence de l’ar- chitecture jusqu’à son rétablissement. — Saint Ferréol répara, dit-on, grand nombre d’églises de son dio- cèse. À la fin de la séance, M. Thiollet signale quatre vases gallo-romains, remplis de terre noire et d'os- sements, qu'on vient de découvrir près des anciennes arènes, à 65 centimètres du sol. Deux de ces vases, en terre rouge, mesurent 57 centimètres; les deux autres, en terre noire, n'ont que 21 centimètres. J.-B. L. ROY-PIERREFITTE, secrétaire. 19 290 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 21 SEPTEMBRE 1859, PRÉSIDENCE DE M, F. DE VERNEILH. Le procès-verbal de la séance précédente est adopté. M. Charles des Moulins lit une spirituelle et savante étude sur le monument dit le Bon Mariage, qui se trouve dans l'ancien monastère des feuillants à Limoges. (V. la 2* partie du Compte-Rendu.) Cette lecture inaugurait très-bien la 18° question du programme :«Quels sont les tombeaux les plus remar- quables du moyen âge en Limousin? » — M. Arbellot, suivant l’ordre chronologique, indique le tombeau de Saint-Junien, qui est du commencement du xn° siècle, et auquel se rattachent par le style, dit M. de Caumont, les deux tombeaux qu'on voit dans l'Allier : le premier, à Souvigny, et l’autre, à Sainte-Mene- hould : le tombeau de Souvigny a été brisé; mais les débris ont été appliqués sur la muraille de l’église. M. Tudot à recu de la Société Française d’Archéo- logie une allocation pour qu'ils soient moulés tous les deux. En Limousin, nous avons encore le tombeau de saint Étienne d'Obasine, monument du xnr:° siècle, décrit par M. Texier dans les Annales archéologiques , et gravé par M. Gaucherel. Le Bon Mariage, dont on vient de parler, a été attribué au xur° siècle par le plus grand nombre des membres du Comité des Arts. quoique M. Texier le dise du xrv' siècle M. Arbellot a décrit les trois tombeaux que l’on PROCÈS=-VERBEUX. 294 voit à la cathédrale de Limoges : ceux de Regnauld de La Porte et de Bernard Brun, tous deux du x1v° siècle, et celui de Jean de Langeac. Ce mémoire sera imprimé dans le volume du Compte-Rendu du Congrès. On a moulé le tombeau de Jean de Langeac aux frais de la Société francaise d'Archéologie, qui a déjà fondé en France cinq musées plastiques. M. le président fait remarquer que, si la Société Archéologique du Limousin faisait mouler aussi les autres monuments de notre sculpture, on fournirait d’abord ainsi de beaux modèles à nos artistes, et on ferait mieux connaître Ces œuvres remarquables; puis, si sur un premier moulage on faisait de bons creux, on aurait ainsi l'avantage d'obtenir des échanges précieux pour notre pays. En Allemagne et surtout à Berlin, en Angleterre, et enfin dans cer- taines villes de France, on trouve quantité de monuments ainsi moulés. Pour l’avant-dernière question du programme : 4- t-on des notices descriptives et historiques sur les châteaux fortifiés du Limousin ? on répond que M. le marquis de Lubersac et M. Roy-Pierrefitte ont recueilli diverses notes historiques; M. Arbellot a publié une brochure sur Chalusset, mais on n’a pas de travail complet, et encore moins un travail d'ensemble. M. de Verneïlh, cite pour mention Montbrun, nommé Trasdos , au témoignage de Geoffroy de Vigeois, avant 1179, épo- que où Aymeric de Brun, qui lui donna son nom, reconstruisit le château avec un donjon à contre-forts plats. Il est situé au fond d’une vallée et au milieu d’un étang , mais sur une motte naturelle: d’où est venu Montbrun. À la fin du xv' siècle, on substitua au 292 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. château roman un château dans le style de l’époque en conservant seulement le donjon carré englobé dans une énorme tour ronde. Le Pouillé de Nadaud atteste que la chapelle construite par Jean de Montbrun, damoiseau , baron et seigneur du château de ce nom, était terminée en 1509. Le château de Lavauguyon est de la fin du xv* siècle. Le château de Chéronnac, qui appartenait , au xv° siècle, à Foucaud de Rousiers, passa par alliance dans la famille de Sauvebœuf, et, à la fin du xvine siècle, il était passé dans la famille de Mirabeau, dit M. Arbellot. — Il ne reste qu'un donjon du château de Chervix. Celui des Cars est du xv° siècle : ce ne fut qu'un château d'habitation, et partant il offre moins d'intérêt qu'un château fortifié. Malgré la notice lue au Congrès archéologique de Limoges, et publiée dans le Bulletin monumental de 1848, M. de Verneilh ne pense plus à présent qu'il reste rien, ni à Chalus ni à Piégut, des châteaux qui appartenaient au vicomte de Limoges Aymar V, et qui furent pris par Richard Cœur-de-Lion. Ceux qui existent aujourd'hui sur le même emplacement doivent être postérieurs à cette époque mémorable, excepté peut-être la chapelle de Chalus. À Nontron, qui dépendait aussi du Limousin, on distingue encore les traces du château qui fut assiégé par le roi Richard et, à la fois, des fortifications qui furent ajoutées après le siége. Elles se composent principalement d'un donjon cylindrique placé près de la coupure ou fossé, comme pour fermer une brèche et protéger un point faible. Or ce donjon se trouve us } HN The _) CUS PROCÈS—-VERBAUX. 293 justement tout pareil à ceux de Chalus et de Piégut. La disposition intérieure de ces donjons cylindriques est à noter, et M. de Caumont croit qu’elle est parti- Culière au Limousin. Après avoir pénétré au premier étage de ces tours par une porte très-élevée au-dessus du sol, on se trouve dans une salle voûtée en coupole, et on ne voit pas d'escalier pour arriver à l'étage supérieur. Il faut appliquer une échelle contre une sorte de fenêtre, et alors seulement commence un escalier ménagé dans l'épaisseur des murs. Du deuxième au troisième étage les communications sont interrompues de la même manière : il en résulte qu’il fallait faire trois siéges pour la même tour. Dans la Creuse : à Aubusson , à Bridiers, à Crozant, à Crocq, au Monteil-au-Vicomte, à Sermur, on ne voit plus que des masures, et il serait malheureusement difficile de rétablir le plan de ces édifices, qui ser- virait pour l’histoire de l'architecture militaire, encore mal connue. M. de Caumont émet donc le vœu que la Société Archéologique du Limousin s'occupe le plus tôt possible de la Statistique monumentale pour les châteaux de la province. A cet effet, on devrait nommer une Commission. M. Bouillet pense que, aux archives de la Biblio- thèque impériale, où un travail de 1450 par Guillaume Revel lui a donné les dessins des châteaux de l’Au- vergne, on trouverait peut-être pour le Limousin des renseignements précieux. Les observations faites sur les châteaux s'appliquent également aux monuments civils dont parle la der- nière question du programme de la 1v° section. Surtout pour les ponts, il est important de bien 204 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. constater la forme des arcs et des avant-becs; car elle permet de reconnaître que beaucoup de nos ponts sont du xrrr° siècle. M. de Caumont émet alorsle vœu, accueilli par les membres de la section, savoir : que le pont Saint-Martial soit conservé avec soin dans sa forme actuelle. Sur la demande de M. de Verneilh, une commission, composée de MM. de Caumont, Thiollet, de Chasteigner, Drouyn et Regnault, avait été déléguée pour vérifier si quelques piles de ce pont n'étaient pas de construction romaine dans leur partie inférieure. Grâce aux mesures prises par M. l’ar- chitecte de la ville, on a pu constater en bateau : d’abord, que le pont Saint-Martial avait succédé à un autre pont antique dont les pierres ont été employées de nouveau, peut-être à deux reprises différentes, et ensuite que plusieurs assises romaines de grand appareil, imparfaitement recouvertes par les piles du moyen âge, étaient encore en place, et montraient les rainures des crampons de métal qui les reliaient dans tous les sens. Le pont Saint-Martial est donc à la fois un monument romain, le seul que garde Limoges, et un curieux édifice civil du xxi° siècle. A ce double titre, il mérite que la restauration, qui est malheureusement devenue nécessaire, soit du moins des plus scrupuleuses. La liste chronologique et numismatique des vicomtes de Limoges, rédigée par M. M. Ardant d’après les monnaies et sur les documents conservés aux archives de la Haute-Vienne, sera imprimée dans la seconde partie du Compte-Rendu du Congrès. M. Édouard Boudet fait sur l’ancienne faïence de Limoges une communication fort importante : on PROCÈS-VERBAUX. 295 est d'avis qu'elle soit lue en séance générale. ( Voyez Ja seconde partie.) On termine la séance en votant par acclamation des remercîments à M. K. de Verneilh pour le zèle qu'il a développé comme président et pour les nombreuses communications qu'il à faites. J.-B. L. ROY-PIERREFITTE, secrétaire. CINQUIÈME SECTION. LITTÉRATURE, BEAUX-ARTS, PHILOSOPHIE , ÉCONOMIE POLITIQUE. SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1860. À deux heures et demie, la séance est ouverte par M. de Caumont, qui invite MM. les membres de la 5° section à constituer leur bureau. Les suffrages se répartissent ainsi : président, M. de Margerie; vice-présidents, MM. Bardy, Delor, Fournier, Mahias. M. de Margerie, après avoir remercié l'assemblée de l'honneur qu’elle lui fait en l'appelant à la prési- dence, prie MM. les membres de la 5° section qui ont l'intention de présenter des mémoires au Congrès de vouloir bien le déclarer. M. Charreire se fait inscrire pour les n° 8, 9, 40, du programme ; M. Courconnais, pour le n° 42, et M. Buisson de Mavergnier, pour le n° 43. PROCÈS-VERBAUX. 997 M. de Caumont, frappé de l'absence de questions intéressant l’art du dessin, propose d'ajouter la ques- tion suivante : « Quel devrait être l’enseignement du dessin dans les villes secondaires de province? » M. le président demande que l'on mette à l’ordre du jour de vendredi une question qu'il promet de traiter lui-même si ses occupations le lui permettent : « In- fluence morale et sociale des études psychologiques ». Enfin M. Charreire propose une question nouvelle : « Quelle à été la participation de l’idiome celtique dans la formation de la langue française? » Aucun mémoire n'étant présenté sur le n° 4 du programme, M. de Buzonnière prend la parole, et, dans une improvisation nette et rapide, il soutient que l'histoire de la poésie n'est que l’histoire des individus et des sociétés. La vie de l'individu se partage, pour ainsi dire, en deux âges : l’âge de la sensibilité, des émotions qui se traduisent en images fraîches et vives, et l’âge de la froide raison. La vie des nations subit les mêmes vicissitudes, avec cette différence que, dans l'existence de l'individu, la période de la jeunesse embrasse, non pas des années, mais des siècles, avant de faire place à la période de la maturité. Or, comme la poésie relève tout entière de l’imagi- nation, et que la raison est sa plus grande ennemie, c'est chez les peuples jeunes qu’il faut chercher des poètes : quand les sociétés commencent à vieillir, la poésie fait place auxsciences et aux études spécu- latives. M. Charreire, ému jusqu'à l’éloquence par une forte conviction, répond que l'âme est plus riche de facultés’ que ne semblerait le faire croire la thèse 298 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. soutenue par M. de Buzonnière. L'âme, sans doute, possède la sensibilité, pour ainsi dire physique, des- tinée à lui transmettre, avec les impressions du dehors, les images qui viennent s’y peindre comme en un vivant miroir; mais elle possède aussi et le sentiment, source des affections les plus nobles et des passions les plus généreuses, et la raison, qui les gouverne, les guide, et les empêche de s'égarer. Sous le règne de la sensibilité, point de poésie véritable; mais, que le sentiment naisse et se déve- loppe, la voilà qui, comme une étincelle, jaillit des profondeurs de l’âme, où elle était endormie. Seule- ment cette poésie, fille du sentiment, en conserve les allures vives, séduisantes, pathétiques, mais brusques et heurtées. Il faut que la raison vienne contenir ces excès et régler ces écarts; il faut que le sentiment échauffe l'intelligence, et que l'intelligence lui rende en lumière ce qu'elle à recu en chaleur, et cet heureux tempérament de nos facultés esthétiques est le triomphe de Ia poésie et de l’art : témoin le siècle de Périclès, où l'enthousiasme le plus exalté est toujours corrigé par le goût le plus pur; témoin le siècle d'Auguste, où la raison la plus saine est toujours au service de la sensibilité la plus délicate; témoin enfin notre grand siècle, où les Corneille et les Racine ne le cèdent point à leurs modèles d'Athènes et de Rome: M. le président, acceptant la thèse soutenuecpar M. Charreire, fait remarque à son tour, que.l'art naît du concours de l'imagination, de l'émotion et de la raison; qu'à ses yeux la poésie la: plus vraie, se trouve dans les Védas de l'Inde et dans les Psaumes de David, mais qu'il préfère ces derniers, parce que ST PROCÈS-VERBAUX. 299 la poésie des Védas est produite uniquement par l'imagination, et ne vise qu'à l'émotion, tandis que les chants du roi-prophète, inspirés par une imagi- nation non moins vive, dépassent cependant la sphère des choses sensibles, et nous entraînent, non moins émus, vers les hautes et sereines régions de l'idéal. Après ces trois brillantes et solides improvisations, M. le président, appelé par des occupations qui ne lui permettront pas d'assister à toutes les séances, prie MM. les membres de la 5° section de nommer un autre président, et d'accepter sa démission. La démis- sion n’est pas acceptéeget M. de Margerie, quoique absent, reste président de la 5° section. La séance est levée à trois heures et demie. CH. COURÇONNAIS, secrétaire. SEANCE. DU-d4 SEPTEMBRE 1859 PRÉSIDENCE:DE M. DE MARGERIE. Le procès-verbal est lu: et adopté. L'ordre du jour appelle la discussion sur la a ques- tion poséeau programme. Pérsonne ne demandant la parole, M: de Margerié lit un:mémoire sur l'influence morale et sociale des études psychologiques. Ce travail, qui, plus ‘d’une fois, a été interrompu par de vifs applaudissements,; sera lu, d'après le vœu de la section, “en séance générale , vendrédi prochain. M. le président met en discussion la 3° question : 300 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. « Influence des romans sur la littérature et les mœurs ». | M. de Caumont dit que, depuis vingt-cinq ans, il s’est fait dans les provinces un grand changement. Il a remarqué avec peine que les libraires, surtout dans les sous-préfectures, n'ont plus de livres sérieux ils ne vendent que des romans à bon marché, de la littérature au rabais. M. le président dit que ces sortes de romans sont une pâture frivole qui est pleine de dangers pour les mœurs. Le Congrès pourrait peut-être émettre un vœu : il semble qu'il y#aurait deux moyens à employer pour diminuer le mal que l’on signale il y aurait la voie prohibitive : peut-être serait-il bon d'être plus sévère pour les romans dont le colportage inonde nos campagnes. Un second moyen consisterait à favoriser la composition de bons romans, et à fournir, par ce moyen, un antidote contre le poison. La presse a agité la question de savoir s’il peut exister de bons romans. Les uns l'ont nié d’une manière absolue; d'autres, moins exclusifs, ont reconnu qu'il existait de bons romans, et que cette forme littéraire, qui est d’une lecture plus attrayante, ne devait pas être condamnée sans choix et sans restrictions. On pourrait donc émettre nn vœu tendant à diminuer les dangers du colportage des mauvais romans dans les campagnes par un choix plus sévère de l'administration. M. Charreire propose d'ajouter à ce vœu la propo- sition suivante : « Que les sociétés savantes encou- rageront la diffusion des romans moraux ». M. le président propose de renvoyer la discussion à demain. PROCÈS—VERBAUX. 301 M. Baruñfñ dit qu'il craint bien que ce renvoi ne soit sans résultat. La question est insoluble. L'Espagne, dans un temps, fut infectée de romans. L'immortel Cervantès, dans son beau livre de Don Quichotte de la Manche, donna l’antidote. En France, Fénelon à fait Télémaque , où l'intérêt du roman n’est pas détruit par la haute morale et les sentiments élevés qui se développent à chaque page de ce livre. Les romans sont donc un mal du moment qui s’atténuera , il faut l’espérer, peu à peu. Le Congrès a devant lui un temps très-limité : il ne faudrait pas qu’une seule question occupât trop long-temps ses précieux instants. M. le comte de Chasteigner dit que la diffusion des romans tient à une demi-éducation. Le niveau de l'instruction, en se généralisant, s’est abaissé. Les romans s'adressent à une classe de personnes chez lesquelles les émotions vives produisent plus d'effet que les bergeries de Florian et le tableau du bonheur champêtre. Dans les villages, il existe des hommes dangereux qui se croient des hommes importants parce qu’ils ont un peu plus d'instruction que leurs voisins. Ce sont les avocats de village. C’est à cette partie des populations que s'adressent lesmauvais romans. Quand le niveau de l'éducation s'élèvera comme en Suisse, le danger deviendra moindre. M. le président dit que la question sera traitée de nouveau à la prochaine réunion. La séance est levée à trois heures et demie. E. BUISSON DE MAVERGNIER, secrétaire. 302 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. : de if tirs auf À SEANCE DU 15" SEPTEMBRE 1691 PRÉSIDENCE DE M. DE MARGERIE. M. de Margerie, président de la section , occupe le fauteuil; MM. les vice-présidents Mahias, Delor, Bardy, siégent au bureau. A l'ouverture de la séance, M.de Caumont donne lecture d’une lettre: adressée à M. le président du Congrès scientifique de Limoges :par M. Demetz, directeur de la colonie agricole'et pénitentiaire de Mettray. L'ordre du jour appelle la’ continuation de la discussion sur le n°3 du programme : « Influence des romans sur la littérature et les mœurs ». M. l'abbé Pardiac, inscrit dès la veille, lit un mémoire : son amour pour le bien, son expérience, les lumières et la mission de l'assemblée devant laquelle il parle, l’eng'a- gent à signaler un grave péril qui menace la société. Ce péril vient de la diffusion des romans, ces livres affreux, descendants directs de l’Art d'aimer d'Ovide, dignes des plus mauvais jours de Rome, enfantés par le désir de plaire, et par une passion plus funeste encore, la passion du mal, la haïne de la famille et de la propriété. Fictifs ou historiques, ïls doivent être bannis, car il ne faut pas! composer avec un ennemi d'autant plus redoutable qu'aujourd'hui tout le monde sait lire. Que la guerre soit donc incessante ; que les romans restent ensevelis dans la poussière des magasins, et que les hommes de cœur, émus du danger qui menace de tout emporter, prennent la PROCÈS—-VERBAUX. 303 plume pour opposer à ces œuvres corruptrices des ouvrages où les âmes chrétiennes {trouveront une saine nourriture. M. l'abbé Pardiac exprime alors le vœu suivant : « 1° Qu'une copie de la délibération soit envoyée à M. le ministre de l'instruction publique; 2e que le journal le 20 Décembre publie une copie de la même délibération ». M. Mahias, vice-président, prend la parole à son tour. Il n’est pas, dit-il, littérateur; il vient seu- lement payer une dette de reconnaissance à Robinson Crusoé ; et défendre le faible, puisque, dans cette enceinte, il ne s’est pas élevé une seule voix en faveur du roman. Que parle-t-on de guerre, de proscription, d’auto-da-fé? La France serait-elle disposée à renier une partie de sa gloire? Si toutes les classes de la société ne peuvent pas lire les chefs-d'œuvre, eh bien! que-l’on élève le:niveau. de l'instruction, et bientôt les méchantes productions seront délaissées ; on lira les beaux et bons romans. Car pourquoi voudrait-on proscrire Je roman de;la littérature?:Parce qu'il peint l’homme avec sa-grandeur et ses misères? Hélas! la vie humaine n’est pas une perpétuelle idylle : la tristesse s’y, mêle à la joie; la passion y livre de con- tinuels assauts à la vertu. Serait-il donc immoral de tracer l’histoire de la vie? Non : il suffit que le vice soit: flétri, le.crime châtié , la passion domptée; il suffit que la vertu triomphe pour que le roman satisfasse à deux intérêts sacrés : l'intérêt de la mo- rale et l'intérêt de l'art. & L'art,:répond M. Charreire à ces généreuses paroles, : après-avoir -rectifié l’étymologie du mot roman; et salué en passant les troubadours et les 304 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE trouvères , l’art vit de fiction : si vous supprimez la fiction, vous tuez la poésie, car la poésie n’est pas la peinture de la réalité, c’est une fiction que l'esprit crée les yeux fixés sur ce type idéal de beauté qui luit dans l'intelligence de chaque homme. Que ce type soit notre étoile : il n’y a de beau que ce qui est bon. Écrivons des romans : le roman est une forme où peuvent fort bien s'encadrer des pensées pures et reli- gieuses. Surtout n'envions pas l'instruction et les lumières à ces classes déshéritées pour lesquelles la vie de l'esprit ne compte que quelques minutes ; laissons, l'Évangile l'ordonne, laissons toutes les âmes participer au don céleste de la lumière, et, par l'intelligence, reconquérir le ciel, que nous avons perdu. » — « Sans doute, reprend M. l'abbé Pardiac, l’ins- truction, la science véritable trouvera toujours en lui un zélé défenseur ; mais ce qu’il ne veut pas, c’est une demi-science, plus funeste que l'ignorance la plus absolue. » E. . M. le vice-président Bardy prend ensuite la parole: il avoue que le roman est une de nos gloires litté- raires, gloire que l’antiquité n'a pas connue, puisqu'il ne reste de cette époque qu’un monument’, Daphnis et Chloé, comparable au roman de Bernardin de Saint-Pierre; mais, si M. Bardy est, autant que M. Mahias, jaloux de tout ce qui intéresse la gloire de la France ; si, pour lui, autant que pour M. Char- reire, la fiction a d'’irrésistibles charmes , il sait aussi que la littérature présente deux tendances con- traires : il se glorifie de suivre l'une; mais, l’autre, il l’évite et la flétrit. La littérature ressemble PROCÈS-VERBAUX. 305 à un large fleuve qui se divise en deux courants : l’un se complaît à refléter dans ses eaux tous les accidents de la rive : il voudrait retourner en arrière, et il semble quitter à regret ces bords enchanteurs entre lesquels ses ondes se jouent ; l’autre épanche fièrement ses flots, ef se hâte d'apporter à la cam-— pagne les trésors qu’il renferme dans son sein. L’his- toire se charge de prouver la thèse de M. Bardy, et alors Marguerite de Valois, Cervantes, Bussy-Ra- butin , M': Scudéri, Fénelon, Le Sage, Bernardin de St-Pierre, Walter Scott, Châteaubriand, hommes et siècles, évoqués par la parole magique de l’orateur , se lèvent vivants devant l'auditoire, éclairé comme par des traits de lumière qui jaillissent sans relâche de cette éloquerite improvisation. Que faire donc dans la situation intellectuelle et morale où se trouve aujourd’hui la France? Les lois répressives, la presse, sont des remèdes impuissants. Faisons l’aumône à l'esprit comme nous la faisons au corps : la charité, voilà le drapeau sous lequel au- jourd'hui nous devons tous nous rallier. M. Bardy propose alors à l'assemblée le vœu suivant : « Le Congrès émet le vœu que le dommage public €réé par la circulation et la lecture des livres dangereux pour les intelligences et les cœurs soit promptement amoindri et constamment réparé 1° par le Gouvernement impérial, à l’aide de la com- mission de colportage et de souscriptions prises aux ouvrages recommandés par les compagnies savantes et les associations de bienfaisance ; 2° par les com- pagnies savantes, à l’aide de récompenses annuelles affectées aux auteurs de productions Httéraires écrites 20 306 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. dans le but de procurer une instruction solide et un plaisir pur aux personnes illettrées ou d’humble con- dition; 3° par les associations de bienfaisance, au moyen de la multiplication des bibliothèques de bons livres, dont elles aideront de tout leur pouvoir la diffusion dans les familles ; les ateliers, les-hôpitaux et les prisons. » e M. le président résume la discussion, et met aux voix le vœu exprimé par M. Bardy. M. de La Ménardière, considérant 4°, que la com- mission de colportage apporte un très-grand zèle dans l’accomplissement de sa tâche; 2° que le Gouver- nement ne souscrira pas; 3° que les sociétés de bienfai- sance n’ont pas besoin d’excitation ;_ pour ces trois motifs, propose de passer à l’ordre du jour. L'ordre du jour est mis aux voix ; et rejeté. Le vœu émis par M. Bardy est mis aux voix, et adopté dans chacun de ses paragraphes. La séance est levée à trois heures-et demie. CH. COURÇONNAIS , secrétaire. SÉANCE DU 17 SEPTEMBRE 1859, PRÉSIDENCE DE M. BARDY. Le procès-verbal est lu et adopté. L'ordre du jour appelle la discussion sur la 4° ques- tion : « Origine et formation du patois limousin. — Indiquer ses rapports avec les autres dialectes de. la PROCÈS-VERBAUX. 307 langue d’oc. — Pourquoi la langue romane du midi de la France est-elle appelée limousine par quelques écrivains du moyen âge, notamment par Raymond Vidal, Gaspard Escolano, ete.? — Études sur les poètes qui ont écrit en langue limousine. » M. le président fait observer que la 5° question fait suite à la 4°. Elle est aïnsi conçue : « Indiquer les limites géographiques de la langue d’oc, et les causes aui ont borné cette langue à ces limites ». - Ces deux questions seront traitées simultanément. M. Charreire a la parole. Les orig'ines de l’histoire, dit l’auteur, présentent de grandes obscurités : il faut marcher à tâtons. Aussi ne se propose-t-il pasde présenter des ‘affirmations, des résultats certains. 1 ne peut offrir à l'assemblée que des conjectures tirées des migrations des peuples. Ilremonte à l’époque où les Gaëls quittent le plateau central de l’Asie, et ‘émigrent vers l'Occident. Une de leurs peuplades ;°les Kimrys, s’établissent sur les bords du Pont-Euxin. Les Gaëls continuent leur marche: ils franchissent le Danube et le Rhin, et se répandent dans la Gaule. Arrivés sur les montagnes qui s'étendent dans la Gaule centrale, ils rencontrent une autre race, qui s'était établie déjà dans le pays. Is se trouvent en face des Ibères ou Euscariens. Une parenté éloignée existait entre ces deux races. Les Gaëls étaient blonds, avaient la poitrine large, l'humeur gaie et facile : ils chassaient dans les plaines. — Les Ibères étaient bruns, d’une taille moins élevée, d'un caractère moins communicatif : ils Chassaient dans les montagnes. Les Gaëls restaient dans les plaines : les Ibères, dans les montagnes. Possidonius 308 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. et Diodore deSicile assignent conime lignes séparatives les chaînes de montagnes des Cévennes, de l’Auvergne et du Limousin. Les Kimrys, à leur tour, quittent les bords du Pont-Euxin, viennent s'établir dans la Gaule septentrionale, et pénètrent jusque dans la Gaule centrale. Les Belges appartiennent à la race des Kimrys. Ils rencontrent les Gaëls, qui les cantonnent’dans les montagnes. Les Kimrys sedistinguaientdesautres po- pulations gauloises par une grande supériorité morale. Ils remettent en honneur le druidisme, et le rajeunis- sent. En Provence, un autre peuple va exercer son influence sur la langue : c'est le peuple grec et la:colo- nie phocéenne qui fonda Marseille. Le Limousin euttrois peuplesen: contact : les Gaëls, les Kusques et les Kimrys. La langue dut participer de ces trois idiomes. Nous arrivons à la conquête des Romains. Le latin est-il devenu la langue dominante ? M: :Charreire ne le croit pas : le latin est la langue littéraire, la lan- gue de la civilisation. Le celtique à dû toujours se montrer profondément empreintdans la langueusuelle, dans la langue populaire. Ily,avait même en Italie la langue rustique dont, parle Varron, qu'il opposait à la langue littéraire. Le Glossaire,de du Cange est plein de termes qu'on. ne trouve pas-dans les auteurs. Il con- tient un grand nombre. de vocables grecs. Cette basse latinité est devenue la langue de l'Église; elle a des affinités très-remarquables avecile celtique. C’est dans cette langue que les. peuples gaulois ont été évangé- lisés. : Comment donc se sont formées les langues dans les él PROCÈS-VERBAUX : 309 différentes parties de la France ? Elles se sont combi- nées suivant les différentes races qui les habitaient. «Dans le Nord, le kimrys ou bolgue et le gaël ont formé la langue pue Le gaël s’est maintenu dans le centre de la Gaule, combiné avec la basse latinité. «Dans le Limousin, la langue s’est fondée par la combinaison, du: breton. ou kimrys , de l'élément celtique et la basse latinité:\ Pourquoi maintenant la langue romane prend-elle dès le xr° siècle le nom de langue limousine ? Charlemagne, en fondant un royaume en Aqui- taine, a établi une nationalité distincte : c’est la cour d'Aquitaine qui cultiva la première la langue vulgaire: Au x° siècle, l'abbaye de Saint-Martial réienté un D uridéxéloppemént intellectuel. C’est de son cloître que sortent de brillantes productions de toute nature : la musique, la poésie , la peinture , toutes les branches de l'intelligence y sont cultivées avec succès. Nousavons des compositions musicales de cette époque qui: déjà se montrent äveé un cachet particulier de giandeur, et ‘prouvent / uné' culture ’approfondie dé) la science des sons.‘ Lés missels sont énluminés de belles et précieuses images: les majuscules, gra- cieusément ) enroulées | éffrent une ornementation qui nepeut sortir que d’uñpinceau exercé. Nos biblio- thèques: publiques ont de nombreux exemplaires de ces remarquables productions!: elles portent la preuve irrécusable de leur origine. » C'est de Limoges qu'est Sorti le mouvement littéraire et artistique qui s'est produit au x: siècle; le reste 310 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. de l’Aquitaine se taisait. Le goût de cette langue, que notre ville a la gloire d’avoir formée, se propage dans l'Espagne et surtout dans les royaumes d'Aragon et de Catalogne. La poésie est cultivée ‘avec succès par: les, trou- badours limousins : elle se recommande par la justesse de l'expression et une concision qui n'exclut pas le sentiment. Elle est moins pompeuse et moins semée de comparaisons et d'imag'és que la poésie provencale. Telle est l’analyse rapide du discours de M. Char- reire : nous n'avons pu reproduire complètement sa belle improvisation : nous le regrettons, et l’assemblée le regrettera avec nous. De vifs applaudissements ont remercié l’auteur de ses intéressantes communi- cations. M. Mignot à demandé à présenter quelques obser- vations sur le patois limousin. Il dit qu’il existe plu- sieurs dialectes dans le! Limousin , ét il‘ cife un grand nombre de mots qui ne se ressemblént pas, quoi- qu'ils expriment lémêmel objet, et. qui varient suivant les localités. Du reste, le patois à une grande affinité avec le latin et le grec: La 6° question est mise en discussion : « Connaît-on dans quelques bibliothèques publiques de l'Europe un manuscrit du poème ‘où Grégoire Béchade, chévälier du château de Lastours;!a chanté les évènements de la première croisade? » Sur cette question, M: Charreire dit qu'il a été trouvé dans une démolition la musiqué et les paroles d’une strophe du poème de Grégoire Béchade. Il ne sait pas autre chose. * Personne ne demandant la parole ,: M: le président PROCÈS-VERBAUX. 341 passe à la 7° question, qu’il croit devoir, renvoyer à la séance de lundi à cause de l’absence de M. de Verneilh. Sur la 8° question : « Aperçu philosophique sur la musique », M. Charreire ayant composé un mémoire, la section décide qu’il sera lu en séance générale. La séance est levée à trois heures. E. BUISSON DE MAVERGNIER, secrétaire. SEANCE DU 19 SEPTEMBRE 1859. Tic PRÉSIDENCE DE M. BARDY. É aM. Je président (lonne lecture d’une lettre de M. Kuntz de Rouvaire, homme de lettres, rue de Buffault, 18, à Paris, quioffreau Congrès son concours . pour accroître les éléments de publicité dont l’Institut des Provinces dispose. Éditeur du journal littéraire les Départements et de la Bibiothèque des Provinces , «Collection arrivée à son,11° volume, il tiendra à hon- eur, de faire connaître dans la mesure du nombre de _ses lecteurs les travaux si utiles du Congrès, qui lui semblent ne pas avoir obtenu encore le retentissement dont ils sont dignes ; 3° d’une lettre de M. Dufriche, qui envoie au Congrès un mémoire sur la langue - romane. Mr: Denoiïix des Vergnes lit une charmante pièce de Vers qui à pour titre le Facteur. 342 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. M. Noël, secrétaire général du Congrès de 1860, est invité par M. le président à venir prendre place au bureau. L'ordre du jour appelle la discussion sur le n° 7 du programme. M. Félix de Verneilh lit une lettre de M. de Quast. Le savant allemand luï rappelle par ordre chronolo- gique les émaux qu'ils ont vus ensemble et ceux qu'il a vus lui-même depuis : 4° La Pala de Venise ; 2 Reliquaire byzantin {x° siècle) conservé à Lim- bourg; 3° Reliquaire du bâton de saint Pierre {980 ); 4° Évangéliaire splendide; appartenant au duc de Gotha (x° siècle); 5° Quatre grandes croix d'or {x‘siècle); 6° Couronne faite par l’empereur Conrad I (4022); 7° A4 autels portatifs { 1200 ). Après cette lecture, M. de Verneïlh, qui publiera d’ailleurs un travail sur ce sujet, soutient que les émaux limousins et les émaux allemands ont une origine commune, Byzance. Il croit que les deux écoles ont existé en même temps, indépendantes l’une de l’autre. Les émaux les plus anciens que l’on conserve de l’école limousine datent du milieu du x11° siècle; en Allemagne, on en conserve des xt et x°. M. Ardant dépose sur le bureau le tableau des argentiers-orfèvres |auri: fabri) du moyen âge et de la renaissance, et des émailleurs de Limoges, d’après les terriers, registres et actes des archives de cette ville. M. de Chasteigner croit que les émaux Champ-levés PROCÈS-YERBAUX. 313 sont antérieurs aux émaux cloisonnés. Il reste des émaux champ-levés de l'époque carlovingienne, de l'époque mérovingienne, et même de l’époque g'allo- romaine. M. de Verneilh admet ces preuves de M. de Chastei- gner ; mais les émaux dont il est question sont des émaux barbares. Ce sont les émailleurs de Byzance qui en ont fait un art, et il pense que le n°7 du pro- gramme à rapport uniquement à la peinture, à l’art véritable des émailleurs. Or il croit que de toutes les preuves qu'il à données et qu'il. donnera il résulte que la peinture en émail est née à Byzance. M. Arbellot, à l'appui de l’opinion émise par M. de Verneilh, rappelle que les historiens du, x° et du x1' siècle appelaient les émaux du nom grec #0» : duæ icones aureæ, y est-il dit en parlant, de deux émaux limousins. La séance est levée à trois heures et demie. CH. COURÇONNAIS , secrétaire. SEANCE DUI20S EPTEMBRE. 4859: PRÉSIDENCE DE M. DE MARGERIE. M. Courconnais, secrétaire de la section, dit que le procès-verbal de la &ernière séance n’est pas terminé faute de renseignements assez complets. M. le président annonce que M. Dantreygas a fait hommage au Congrès de quelques poésies patoises. 314 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. M. Bardy à la parole. L'orateur, dans une brillante improvisation, parle des œuvres de saint Éloi, le célèbre artiste limousin, le monétaire de Clotaire IT, le trésorier de Dagobert, l’illustre évêque de Noyon. Personne n’a décrit ses œuvres, et il le regrette; car saint Éloi a eu une grande part dans l'épanouissement de l’art français au moyen âge. D’après M. Barthélemy, il existe encore de lui des monnaïes fort belles d'une remarquable exécution. Ce sont des tiersde sou d’or. On conserve au musée impérial des souverains le fauteuil en bronze du roi Dag'obert. Onze châssés ont été faites par lui. Enfin Éloi avañt fait trois tombeaux, où la richesse de la matière‘ rehaussait encore l’œuvre de l'artiste. Il employait des lames d’or enrichies de pierres précieuses. Ces trois tombeaux sont célèbres dans l’histoire : c’est le tombeau de saint Martin: de Tours, celui de saint Brice et de saint Denis. Il enrichit la belle basilique de’ Saint - Denis d’un pupitre, d'un autel, de portes, ete. Enfin l’artlui doit encore un grand nombre de vases magnifiques. Sa gloire se rattache au Limousin : voilà pourquoi il était bon d’en parler. fi. &e L’orateur passe ensüite à la langue limousine. Telle est la langue, dit-il, télle ‘est la nation: Nous devons à notre langue une partie de notre gloire; nous avons eu des trouvères et des troubadours. Le patois limousin n’a pas conservé le charme de l’ancienne langue romane : elle est plus rustique, moins har- monieuse; mais elle à sa force et son énergie.: Elle s’est substituée à l’ancienne langue romane. Nous avons des poètes charmants qui ont écrit dans cette langue. I] faut citer en première ligne l'abbé Foucaud. PROCËS-VERBAUX. 345 De nos jours encore, nous pouvons citer MM. T'ar- neaud, de Savergnac et Dantreygas. Pour faire apprécier le mérite de l'abbé Foucaud et la naïveté du patois limousin, M. Bardy lit deux fables imitées de La Fontaine, le Renard et les Raisins, et le Lion malade et le Renard. M. Bardy ajoute : «Cette langue tend à disparaître, -et ne sera bientôt plus qu’un souvenir archéologique. Ne serait-il pas désirable de la sauver de l’oubli? Un ‘bénédictin, dom Duclou, à fait, au xvin° siècle, un dictionnaire très-complet et très-utile pour l'étude comparée des différents idiomes patois du Limousin. Ce-dictionnaire, manuscrit,se trouve entre les mains de M. R. Chapoulaud,, imprimeur à Limoges. :Dom Duclou a mis en regard les mots du patois limousin avec les mots correspondants des langues grecque, latine; anglaise, ‘flamande, espagnole, itahienne, l’idiome breton et la basse latinité. rm B'orateur croit donc devoir soumettre au Congrès le vœu que cet ouvrage soit imprimé le plus:tôt possible. 1: Ce vœu. est adopté: M. Courconnais a traité la 12° question, ainsi conçue : «Danger de séparer da morale du sentiment religieux ». -La conscience et le sentiment sont d'accord pour -mous révéler une loi antérieure. à, toutes les conven-— - tions humaines. Quekest/le sens de cette loi ? Se con-— former aux inspirations de là raison ,qui est une com- munication perpétuelle entre l’homme et Dieu, ainsi -que l’ont montré Platon, Bossuet, Leibnitz, Fénelon, -etc. Mais l’accomplissement de cette loi exige des ef- forts, des luttes, des sacrifices de tous les instants : l'espérance des récompenses et la crainte des chàti- 316 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. ments sont seules capables de soutenir le courage de l'homme dans cette pénible tâche. Enfin il y a une disproportion étrange entre les aspirations et les mérites de l’homme et sa destinée sur cette terre : la vie n’a pas de sens, et la morale manque de sanction, si l'âme n'est pas immortelle, et si Dieu n'existe pas. Donc la religion est la base, le soutien et le cou- ronnement dela morale ; et, si l’on sépare ces deux éléments, qui constituent la souveraineté de la loi, on sépare l’âme du corps; on enlève à la morale ce qui l'anime et la vivifie. Cette analyse, comme toutes les analyses, est bien au-dessous de l’œuvre de M. Courconnais. Elle ne peut refléter les éclairs brillants de ce savant écrit, encore moins l'harmonie du style et le charme de la lecture. L'auditoire, attentif à cette lecture comme à tout ce qui émane de ce professeur distingué , a éprouvé et manifesté la plus agréable sensation. L M. Buisson, prenant ensuite la parole, lit un mé- moire remarquable sur la 43° question : « L'école épicurienne peut-elle être regardée comme une des principales causes de Ja décadence de l'empire romain ? » "+ L'auteur explique avec talent la théorie épicurienne. Épicure, philosophe grec, ne’ proposait d'autre but à l’homme que le bonheur et les plaisirs; mais il les faisait consister dans la culture de l'esprit et la prati- que de la vertu. Ses sec{ateurs, qui, au début, de- vaient être d'aimables épicuriens, finirent par déna- turer sa philosophie en substituant aux plaisirs purs, intellectuels, les voluptés sensuelles. PROCÈES-VERBAUX. 317 L'épicuréisme n’admettait que des dieux indiffé- rents, et expliquait l'univers par le concours des atômes. Le corps, composé de divers éléments corrup- tibles, se dissout chimiquement après sa séparation d'avec l’âme , et l'âme, dégagée de son enveloppe, se perd dans les régions infinies. L'épicuréisme, même dans sa pureté primitive, effa- çait l’idée du devoir : aussi dégénéra-t-il bientôt, et produisit-il la manière de voirsensuelle et Ron morale. Le peuple romain, malgré sa robuste constitution , n’a pu résister à ces théories dissolvantes, et sa déca- dence a commenté. L'auteur comparé ensuite l’école stoïcienne à la secte d'Épicure. Le stoïcisme, fondé par Zénon , combine le matéria- lisme et le fanatisme avec une morale très-sévère fon- dée sur la notion du juste, du saint et du devoir. Le stoïcisme implique contradiction. Cette école philoso- phique enseignait à être insensible à tous les maux physiques et moraux. Elle disait que le sage doit être grand sans pa ssiobs , parce qu il est impeccable; qu'il est divin, Car ily a comme un Dieu en Jui ; qu'il est saint, car il évite toute faute contre la nee qu'il doit être inaccessible à la pitié et inflexible envers tous. AN À puni ” L'auteur, élevant alors ses regards vers le christia- nisme, s’écrie : € Combien est grande et sublime la charité chrétienne ! » I trace ensuite l’état des Romains en présence de la secte épicurienne, fait voir l'influence morbide de cette doctrine sur un peuple doué jadis des plus mâles 318 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. vertus, et finit par le triste récit des débordements, des vices et des crimes qui ont consommé la déca- dence romaine. Le christianisme est alors apparu, qui a régénéré l’homme, et sauvé le monde. L'œuvre de M. Buisson, remarquable par des recher- ches heureuses, des appréciations historiques fort justes, et par un style facile et entraînant, se recom- mande encore, et par dessus tout, par le senti- ment religieux. M. Villemsens donne lecture d’une pièce de vers intitulée le Congrès en campagne. Nous laissons au rédacteur du procès-verbal de la séance générale le plaisir de dire l'effet agréable et imprévu causé par la lecture de la poésie gracieuse de M. Villemsens. | A. REGNAULT, secrétaire. | H SÉANCES GÉNÉRALES. FES SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1859. PRÉSIDENCE DE M. ALLUAUD. ” La séance est ouverte à trois heures et demie. Siégent au bureau : M. Alluaud, président du Congrès.;,MM.: de Caumont, Charles des Moulins, Barufñ, de Turin, et de Buzonnière, vice-présidents. M. l'abbé Arbellot remplit les fonctions de secré- taire. M. Alluaud, nommé président général du Congrès, annonce que le bureau de l’Institut des Provinces a désigné M.-l’abbé Arbellot pour le remplacer dans les fonctions de secrétaire général. M. Grellet, secrétaire général adjoint, donne lecture du procès-verbal de la séance générale d'ouverture tenue la veille. (Voir page 28.) Le procès-verbal est adopté après une observation de M. le comte d’Es- tintot. MM. Petit et Astaix, secrétaires de la première section | Sciences physiques et naturelles), lisent succes- 320 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. sivement, le procès-verbal des séances tenues la veille et le matin, A +. fi M. Gérardin, “secrétaire de. Ja deuxième, secti jon, (Agriculture el commerce), et M. Je. baron, de. Vermon,. secrétaire de la quatrième Section (Histoire etarchéo= logie), donnent lecture des procès-verbaux les sfances tenues le soir et le, matin. de. ce, jour. (HAT M. de Caumont exprime deux vœux. qu il désire faire adopter par l' assemblée : Men sb D Nes «1° Que les conseils généraux de la Haute- Vienne 5h de la Vienne yotentdes allocations pour faire pratiquer des sondages dans le but de reconnaître, sur: he points.et. à quelle profondeur ON. trouverait -des marr. nes Calçaires ou des, bancs. solides, susceptibles d'être convertis en, chaux, surtout dans les contrées de-ces, deux départements où l'agriculture. pourrait, tirer parti des amendements calcaires ; NORME » 2° Que MM. les pr ofesseurs de géologie et, de Chimie à la Faculté de Poitiers fassent. immédiatement V'ana- lyse des principales. marnes, calcaires exploitées pour l'amendement des terres, ou qui pourraient y. être employées en. Poitou, et. en, Limousin, Il, invite M. Astaix , professeur de chimie à Limoges à So S9ECUT per , de, son côté, de ces analyses . notamment à,çon= tinuer celles qu die a, commençées . des. marnes des environs de Rochechouart. » ne SES A l'égard du premier FŒU > M. de, Caumont, fait remarquer. que, en,Bretagne,. où. le. terrain jpffre de grandes analogies avec le sol limousin, ON. à L'expé- rience des, heureux effets. .que.de. pareils. sondages ont produits: Des terrains dont le. sondage exige ( des efforts considérables recouvrent, fréquemment, des PROCÈS-VERPAUX. 394 dépôts tertiaires dont l’exploitation est d'une grande utilité pour l’agriculture. Un ingénieur des mines, M. Brochet, professeur à Rennes, a pu trouver ainsi, sous des couchessableuses, de nombreux dépôts cal- caires. On à continué ces recherches, et on a décou- vert quarante gisements nouveaux. La Bretagne a donc à s’applaudir d’un pareil résultat. En Limousin, il y a quelque chose à faire. M. Astaix parlait ce ma- tin d'un dépôt de marne trouvé aux environs de Rochechouart : de nouvelles découvertes sont possi- bles. MM. les ingénieurs des ponts-et-chaussées pour- raient faire exécuter ces sondages par les conducteurs placés sous leurs ordres. Une allocation de 1,000 francs dans Chacun des deux départements serait suffisante. M. Grellet serait chargé de End Ta demande des fonds at conseil général. M. le président met aux voix ces propositions : les deux vœux sont adoptés à l'ufianinité. . Fônruier, conseiller à la cour, indique le gise- ment de calcaire primitif de Sainte-Anne, près de Sussac et de Châteauneuf. ‘ sage Alluaud indiqué un gisement de calcaire cristal- lin près de Saïnt-Yrieix, à une profondeur de 45 à 20 mètres : : ce calcaire , ‘à causé de la quantité de magné- sie qu'il renférme, né serait pas propre x l'amende- ment des terres. MM. de Liesville, le docteur Laborderie ; Bouillet, éh. des Moulins, fônt ‘hommage au Congrès d'un grand nombre d' ouvrages, ‘dont la liste, beaucoup trop longue pour être insérée dans un Méca erphne sera intercalée dans le catalogue! général que nous fonnerons à la fin du second volume. 322 CONGRÈS SCIENTIRIQUEUDE FRANCE. M. le président remercie les divers donateurs pour les nombreux ouvrages dont ils viennent d'enrichir la bibliothèque de la Société Archéologique. M. Félix de Verneilh est prié de lire la biographie de M. l’abbé Texier, | C’est avec l'intérêt le plus vif que le Congrès a écouté les détails biographiques dans lesquels est entré M: de Verneïilh sur le prêtre “savant dont la science archéologique déplore là perte prématurée. “En suivant pas à pas notre régrettablecolle sie dans he diverses ‘fonctions dé Sa Vie Racerdotale | Ma Veérneilh a donné des apereus rapides de es nan ouvrages, et a fait connaître l'influence qu'ils ont exercée. Le biographe-orâtetr | pléin d'une émotion profonde , qu'il à fait partagée à 1 assemblée, à payé un digne tribut A l'amitié Et à 14 séiénee. ! Des lapplaudiséements ünanimes et rédoublés' ont accueilli cette lecture, et, fidèle “interprète! ‘des sentiments du Congrès, DTA président, ‘émiti Comme tout l'auditoire , à tebdre: que sa parole né pour rait rién ajouter à hé pareils applauttisséents." Ms Mw Fanny Denoix des Vergnes le Béart ais, auteur d'un volume dé poésies ayant lus tire Cor F Patrie , a donné lecture d’une pièce ihititulée :! Lu Paid, Hoésts pléine de éœur, et animée de sentiments patrio- tiques. Ft Le séance à été levée à (LL Heures et demie. ue Û Ï1 Q: SAINT ta) g sac élire général du, Congres si | no y Labbé) ARBEELOP-y| PROCÈS EVTÉRBAUX 323 SÉANCE DU LASEPTEM BR EH 859 PRÉSIDENCE DE M. DE BUZONNIÈRE. | 1 7 trois heures et demie, la séance est ouverte, Sur invitation de M. Alnaud, qui, vuson état de fatigue, craint de ne pouvoir diriger les.travaux de 1 ‘assemblée, M. de Buzonnière occupe | le fauteuil de, la présidence. Le bureau, du reste, _est tue comme qi €. e procès-verbal de la, séance générale du , 13 sep tembre est, lu, et adopté après, une réclamation de M. Ruben : tee au. dépôt, à la | ‘bibliothèque ;com— re et non à celle de Ja Société Archéologique; des DR 0 offerts au Congrès , conformément : à l'usage suivi dans, les sessions précédentes, IL est fait droit à cette réclamation. MM. Petit, Dépéret- -Muret, L'abbé Roy-Pierrefitte, seprétaires rapporteurs des, le, Be ef 4° sections, ren— dent compte des, séances APbie et d'aujourd’ Que M. Gérardin,, rapporteur, de, la, 2° section, dont la séance xient ( d’ être close il PE très-peu de temps, ne pourra lire que demain le procès-verbal de cette séance, — M. Courconnais, rapporteur de la 5° section (Littérature, beaux-arts , er). fait un tableau pittoresque dela séänte d'hièr, et une remarquable analysé (dés'discours qui y ont été prononcés. De nombreuses marques d'approbation accueillent cette lecture. X UAIAD /—-FUUO0A4 JE \. CONGRÈS SCIENTIFIQUE, DE FRANCE. so[[iaix Indépendamment:des-ouvrag eslqfeuts-an Canaris V3 et dont la diste serareproduite à da: fm du second volume, M! de Caumont'présente, au nom, de M. De+ metz,;-qui, par lettreyoregrottesde :ne: pouvoirsié$e rendre-au {6ngrès ,oun certaininombre dexemrplairés d'une brochure sûr laisituation dé la Maison paternelle, connue sous/le nomdeColomie agricole de Mettrayi Cés exemplaires:csont :immédiatement distribués, saumx membhres..présents) àskäbséancéñs'n 5up , 18959100 99 Après avoir, au nom:dii Congnès, remercié les-domi- teurs. M. le président donne lecture d’une lettre dans laquelle M. de/Castelnau d'Essenault:! deoBordeaux , fait desvœnx pourile succès dü Gongrès,;-auquellil siex- cuse de né-poiivoirassistér. ==1Mi:le comteCornudet, ancien paar-de France:;et son fs, écrivent également pour exprimer, lecregret|quis éprouvent, de neopot- voir assister aux séances du Congrès. — Lecturesést aussi, donnée, d'une .lettre.avant,le même objet de M. Narpt, d' Aubusson. M. de C ACER annonce que la commission perma- nente se réunira à la fin de la séance pour examiner les vœux formulés par la section d'agriculture, et que la Société française d'Archéologie tiendra ce soir, à sept heures, une séance, à laquelle tous les membres du Congrès sont invités à assister. M. Ch. des Moulins a la parole. Dans une courte dissertation sur la véritable pronon- ciation du grec ancien, le spirituel philologue s’ef- force de prouver, contrairement aux règles posées par Érasme, et adoptées par la presque totalité des pro- fesseurs, que la Grèce moderne, pays d’immobilité par excellence, a dû conserver religieusement les PROCÈS-VERBAUX. 325 vieilles traditions de son’ langage, ét que ce sont, au contraire), les-ipeñples:du Nord-qui 6nt accommodé la belet harmonieuse lanbuelgreéque à-là prononcia- tidh tûdesquen Bien divant Érasme ; l'Église romaine thantait 0 Kymie éleisôn,;:etinon-pàas ! Kurie, eleeson; — Agios ischyros, eleisontimus j1et non. pas; Agios ischuros , eléeson;\"comme\ on | dévrait cle) diré d’après l'helléniste dé) Rotterdam. -= I fimelbonhomie, la-verve rail- leuse ,-lérudition :consommée:qui règnent dans tout ce morceau, que n'eûtpas-désavouéP.-L. Courier, tiennent constamment: éveilléerlattention ‘de l'audi- aome.919! sxu'b srut991 saob tusbizôte ._XPourrcéloré dignement!la séance; Mv° Fanny De- noix |des/Vergnes; 1148 Beauvais »récite une pièce de veisyiégère : etogracieuse, .‘dans-tiquelleielle célèbre leswertus domestiques! et 18caractèré aristocratique degon/compagnon'de travail} ee son! ämi ,:— de son jehab:uiool — egteno) ub 299698 rs TS)2t28; ob {do SM Gun dbs Secrbthires gétéraut ET 082! 2 CT 1 | BATISU (IOLA2L CIE to gl SUP 9 )O(TLTB RÜBEN. eoMouimszs 1004 991682 81 9h où sl é sriau: sPoupis ,oruilustrosh moitssz 61 x6q eblir IqSeuS .r102 99 srhroit greoloëdfor2'b seisoret ? wbesrderanx 291 210 9Hou ps #$ , 291698 Of rolei22s É 2ôTIvITI Jtroz £c° slo1sq ef $ attilioM 8 mororq 9[detirôv sfr moirsirszeib'otrmos "19e spoololidy louiiriqe of , mois 997% 18pes2oq 9/01 xu6 TTOMOTISTTAOD (LOVE CI =01q 25h ôtifstot supestq sf 184 233tac! dlidomerib 27eq ,on15bon 9941© 29] fmonrozcoioilar vovsoztos lb 326 CONGRÈS SCIENTIFIQUE D! FRANCE. SBANGE DU 15 SEPTEMBRE 4850, 23h don salttitrt PRÉSIDENGE.DE M, ALEYAUDA 60 6! nl Ve W A trois heurés trois quarts, M. Je président décl lare la séance ouverte. Le Drocès verbal dela séance générale du 14 sep tembre est lu et adopté. ni caRgliu : Les procès Verbaux des travaux ‘des divérsés sections Sont lus Sue éksivément 0 ) ON MONA 1 9h sr Pour la” qre Section, ‘ “pat LS Xstaix 0 séance “du 15 septembre ; | | ss à isa rs Ra Pour la 9 Section, ? s par M Cérardin à “Séante” dû 13 spé bre pie Le y ge “Pour la 3E Cou : par M. le docteur’ Dés Muret : séance du 14 septembre: ARTS "Pour la 4° LeCton par 1 M. JE baron de lan È séance du 13 SNARAE | De DRRSTRE CEE Pour la 5° section, par M. Buiss JE dé MANGER séance du 14 septembre. La remarque est ! faitè pi M “Te Prési! que MM. les secrétaires ont ‘apporté. jusqu'alors beaucoup de soin à la rédaction des divers | procès - verbaux des travaux du Congrès, “Et, il 1es. engage à péréévérer dans cette voie. PRE SRE Le | ere M. le président annonce que | la Société dé Médecine et de Pharmacie de Limoges fait hommage au Congres des deux derniers A RON ‘au Compte id de ses travaux. L Il est de don étraleme nt : Par M. dé Caumont, de $6n Essai! sur 168! poteries : : [' HE romaines Fu au Mans en N809: EH TRE IST 290 9910 4 2(10' C Oo YŸ M1 PROCES-VERBAUX: | 327 Par M. de Longuemar, de ses Études sur la circu- lation des ‘eaux superficielles et souterraines dans le. département de la Vienne ; Par le même autentr, d'une‘brothure intitulée : Le Monde antédiluvien au, portes de Poitiers : Par M. Mahias, du Compte-Rendu des travaux de la Sociélé, centrale d’Horticulture du département Prpepée Vilaine pendant l’année 1858 ; * | bar, le même, d’un exemplaire de l Aimanach popu- laire de la Pre pour l’année 1857, ouvrage d'un très-petit format, et du prix minime de 45 cen— % contenant des récits moraux et intéressants, des notions claires et précises sur des objets rer et des préceptes relatifs à l’économie domestique. “besremerciments sont adressés aux donateurs de ces ouvrages. MdeCaumont annonce que l Institut des Provinces a tenu, à Limoges, depuis l'ouverture du Congrès, upeséancegénérale. + 4. Après avoir entendu un TAPPOrÉ. de M. ” Charles des Moulins, l’Institut à décidé. que. la 28° session du Congrès scientifique : de France, se tiendra à Bordeaux en 1861 d DEA HS Chartes des, Moulins. a été as ‘de remplir les fonctions de secrétaire général, ef de prendre les Mmesyremécessaires pour que la 2 session du Congrès LÉ tous les résultats qu’ on peut en attendre. 1 Linstitut, des Provinces a, élu plusieurs nouveaux membres, qui sont : MM. Rob conservateur de la bibliothèque de Strasbourg, chanoine de la métropole protestante de Saint-Thomas;, > (CAT 3928 CONGRES SCTENTHMQUE DE FRANCE. Silbemmhnns imprimeur Strasbourg, seérétairé général adjointde la 10iiséssién du Conéres Reréntil fiqué dé Praneë 5° gl 5b 2tiet 29b Sets z amer DLe baromide Custebriau membre ‘de pragiéiréé her déniter,. denieuratt à Bôrdeause ) 9! 174 olHrbon 819 21Des “Hotours! dé °Chôulièus” Taintièn” S608-préfet | membré Lesplisieurs aeadéimieg, à Vire ! 110) 2706 Le Grain $ peintres à Virénrit 192 95 wislq s'asersssi “De Lustrac ancien officier d'aitillérie, 4 Rénés 1" il est donné acte à M. de Caumofiti}dél éds Commis Hieations. 1 “émowonodt 5h .M àib #7 bus) -Matharles (Les, Monilinss, communique au Congrès une lettre, de-la,Société Pres la: Gironde;; relative à sons exposition-d’automne; dont: louver- tusgoests fixée au 19 deirce Roi eff qui «lurera-jus- qu'au? 2enesdlrO xo1rviàb 1UOq 9991618 129 2 Ip HOT Les membres du;Congrès cientifiquessoné: invités à concourir, ar. suGcès|, de: cette exposition ,; pendant laquelle d$ 3 Congrès Pomologique, spconpers.. d'une TO: manière partieulière : de Ja Liste des LUS oh cotqu Seal de Gaumont it, à,ee propos, AN ON s'opeue de dresser un catalowue de toutes les éspèces de re cultivées ên France, ‘et'propose de denatitér" à" la Société" d’ PTT TN lé ta! Hattte" eme ‘ un travail relatif aux div réttes dspècés! dé pommes qui, dans de Ïf }'! où? ke dent 401 HAE drPaGOEeS Linlotisin sont ( de ployées # JA confection du cidre, Jr 29/110Qt.250 ag$b 3540 & M. de Longuemar et invité lire son travail sur l'utilité d'une. tatistique ° archédlügique loeule.! Le procès Halde Séance de a” 1sétiont par Mie” padôn dé Vernon: avait déja fault presentiri tout Prat « 19 [LS 1 } +hblès. LS Cétte déthande : sera D tri ) SIIS 2UGD 391 aratii9 SEA! fit 107 ANT BROCÉSOMBRAAUX. 21410720 329 térêt.,de..ce travail, éloqnentsneten anaitrprésenté up,çompte-rendu préciset-fidèlez; mais;ipôour (donner ici un exact résumé des faits de la séançergénérale;sil est indispensable d'ajouter qu'uneimpression profonde a été produite sur le Congrès par cettelecture, surtout quand, pour appuyer sathèse,que les débris.des vieux âges, dont l'étude le passionne, parlent à |l’âmerun langage plein de sentiments, d'orateur, a néité) cette pierre druste et.noinéie par. leitemps: ais se: PEACE apmausée de PoitisrSoe) 5h M 6 ot9s bmmob +29 | « Quand, à dit M. de Longuemar, le voÿageur Sétonnequ'à ni objet d'aussi peu dinportance appa- réltéofiaure dins'uné/collettion dérichéssés artiée tiques ® bn! lui réponde «C’est déice sinrplé bloc corn » sous enôtn de Montoir de Jeanne Are, juélavierse » héroïque s’est élancée pour délivrer Orléans; ‘et toits Éd Chhiles VIT dans a basilique dé Reis! peñ- dantque lés Anglais PA F#ieRt devant séspas” OP O pe PraG RIT AE NT. dE: GnguEmar convert à plusieur S reprises des 4ppla ro dé Pagenbtée 1°ROEA ineré aie 14 Cémpté REA dés trav ue Fée. D 2 9b ns 25 29[29tuy0ot 4h91 rot )LGTS »\f 6 ‘19 29) 0$ 16 à CO amU l au 0° es. e $ RUE BESE 5D Saut JŒÔTC iQ] 5 JA 2 SEAT re eh in, GDS curieux der, trade qu à faites, conjoin apent MT M, FE sur d de SUX “inseriptiqns celtiques. f OUFDICS, 1h hne par, la | pierre du vieux, Poitiers, , 99 Y( {119 et l'autr © nt _ nb ïtre pa 7, une, lame. d [are en roulée. sur, elle même, renfermée dans un étui de. bronze, et que | l'on. & {TO vée dans des, Î puilles r récentes. Hu [SV SA sOaaHoU 91), .à : L cure de. MnceUns QD; a pui dér | chiffier dune manière, certaine.cette. dernière ins cription,.et-le nom,de M,:de;Longuemar se-trouve ainsi 530 CONGRÈS SCIENIHIFIQUE DE IFRANCE. alorieusement'assoeiéà la RL “ un véritable 4e atohéologique.ssp totnlq 2011691690 #8 26 | - Jrserait difficile d'exprimer:/tout V'itrtéréts que: cé savant &'su' répandre sur! cette) communication ;ren mêlant avec une verve spirituelle dans son travail lelplaisant awisévère.s 101107 5) Serres sql sp Plusieurs échantillons desfcarrières de:calcaire-de la Vienne, des calcaires de Chaüvigny entre autres, Sont mis sous les yeux du Congrès-par M: de: Longuèmar!] Le calcaire de Chauvigny est connu-à Limoges depuis l'exposition du entre dela France:em 1858 , et -l'administration municipale s'est: lempressée de l'utiliser pour la balustrade du garde-corps-derda promenadel située à l'extrémité du Champ-de-Juillet. ‘1Aéchantillon-présenité auCongrès prouver: que cétte pierre est susceptible de recevoir des mouluvesrassez mouvémentées: Un'autre échantillon; (d'un calcairerà pâte plus fine encore /'peutise travailler ravec:toute) la délicatesse possible. 1Le-département de la Vienne possède les tuffeaux appartenant àcette grande! for- mation Awbassm de Loire! formation à laquelle :on sait que les villes du littoral'de:ce flenve-doiventrleurs constructions aux ‘facades éléæantes et ornemeéntées. Enfin ‘on-trouve aussi dans 14 Vienne: quelquesrae- éidénts de calcaire liasique, susceptible d’être policet dé! former ‘un beau marbrel: malheuréusément les blocs ’ñ'ont pas de‘dimensions suffisantess1097 976 Appréciant la beauté de la pierre de Chamvigny,, M. de Caumont fait observer que le marbre n’est pas une pierre monumentale ; que ses arêtes sont sèches , et susceptibles , ainsi que sa surface, de s'écailler an moindre choc: que, en conséquence, il “récémimatirett ! / AN'IPROCES=VERBAUX: 2: ne 331 auxs artistes, d'employer: à la construction des autels les beaux calcaires plutôt que les märbres. M. ,de Bonguemar répond que:le vœu de M.'de Caumont se trouve être: réalisé, dans le:diocèse de Poitiers; car, Ms l’évêque ayant installé dans cette ville un atelier de sculpture chargé de fournir aux églises pauvres les objets” mécessaires aucultel, l'artiste qui dirige cet ateher fait confectionner les autelsavecile calcaire des Bourdines , èt Fon/obtient ainsi dés monuments très- convenables. sil Ê ‘MF erprésident annonce: que:/ le vendredi 46,4: à uhe heure et demie, oùvisitera gi fabniaues de porcelaine. b serai Eniée-qui; conterne ASE D archéolngi giques àfnire par le Congrès, deux feuilles sont déposées sur le-burean afin de: nr ES respectivement la-liste.des membres qui désirent visiter les -ruines,.de., Crozant- Mortbrun, en-passant par Éguzon, ou, bien, l'église byzamting de Solignac,leso ruines du, château: de Châlussetret les exploitations, agricoles de, M. Henry Michel; [aû Vigen.-Auvu,de ces listes.-ilsera pris.les mesures nétessairés -par/M.le: président, 41 156 ir oMidevicaire général:de Bosgenet, qui est Ra Offre au Congrès: dé OMS RON ;"àolissue de la séance 1 la-cathédralé de: Saint-Étienne , et de lui “eh fairerles honneurs. Le Congrès accepte cette offre avec D ebi-darséance est, levée à Cingiheurés.°: 19iq 61 9 âtws9d '8l ES des oYdret L'un des Secrefaires | yénér. a doi es 21 M . 291962 (TO? 29t8%%re /5a2'atrrh F7 l ’ } ) } jf [f {{ [E HI 9H] US 191[fR99"2 9] CRELT ET, | UE réwalhis FSY9 tt} 10 IMIÉESTTREL PTS 332 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Y'JAGSIA [105] NE Pr rhoas \t , an Hapec) Ar ” 19] )1F99 le | 299014 Nb -511991 SEA (E DU; Hô SEPTEUB] Cela tirer ñ [JA ET l'a D ford: Len gl [SC 29 | [ff [OT XIV 29] HAVDE 9 PRÉSIDIÈNCE HE OA GluAbDo 1608 82 ausb 1bietq ,9ht9vu0Œ4 9h sqqotO'b +rodfA MM A fois heures et démie la Séance ét ouverte Haut | Le büuréau est constitué tome I veilléh 1191901 Le procès Xbrball de la! Kéäncé générale dû 281 epL tembre, dont M. Grellet donne Me est “adopté avec ue! vives marqies d'apprébation. - guH'b .M ‘On étoute Egalement avec poele les lectures intéressantes ‘faites par MM! P&titioGéL rardin, Fougères, l'abbé Roy:Pierrefitte }déséomiptes- rendus dés” "kénnées des quatré0iprenitres l'séctidns. Méntionnons tout partièulièrement lé rapport taire plein de convenance lu pr le düeteur Fougères, Kéeré- taire de la séction ‘des stiericés inédiéaleg.—Relâti- vérnent ‘À! ui passage ul Iproétèstverbal dela k'éection, M. Fournier explique que! cerrestquetrès- provisoirement, ré peditatit-les: importantes Trépar rations faites à l'égide de Saint-Michel-dé Lions, que là cuvée bptisial hiéntibitite’u procbsdlverbal été déposée e x la porte dl Téslisé Cette lenve reprendra biéntôt, quil dédie une! miel aphirôpriée)" hs desti} nion. mocnil (19 JOOTT 5h aoitsrteiaiorbsetf er$biz pe temps réserve ATIA déandedlde 14 cinquième section à blé Consiére 4 Visitér 14 manufacturétode M M. Alluaud où membres du-Coigrès ontrété CERTA Ta l'enipréément et Aa °hbienvellanée labitdellé ‘des propriétaires /etlrétemus pars les Anté- ressants détails quon s'est plu à JonR Anse a la JAN AQ HIJOQGIAITAHID? 24H90 YAT PROCÈS—VERBAUX. 333 lecture du procès-verbal de cette section est-elle renvoyée ‘à la séance! générale de demain. Les vœux formulés par la section d'agriculture dans sa séance.du 15 sont mis aux voix, et adoptés. MM. Albert d'Oteppe de Bouvette, président de l'Institut, Archéologique liégeois, .et.d,.Bodin, di- recteur dekÉcole., d'Agriculture de Rennes, font hommage an..Congrès, d'un. | certain, nombre. d ou qrages (4). ; 1991 sanob J9l[s19 M h M. : Rte professeur agrée 6, Au. 1 cée impérial debimoges,; membre de. Ia Soiété Archéologique du Limousinq fait don de.son:Essai sur. l'administration. de -Turgoïcdans la généralité de, Eimogess x ibrs enBe mérite. exceptionnel, de. et. ouvrage. et l'intérêt HOUÉEPÉAI EN il présente! PAT de; pays nous gr risent à.en.dire quelques-mofs.;, : -iiNetre _modeste| position. de pipi RÉEL mous. à perniis desuivre, M, d'Hugnes, dans son, travail, Nous -aŸons Été: sémoin fes, dpteqis gentes, et; gopsciencieuses regherches du jeune historien, dont nous ayjons déjà pp apprécier, lesaroir: et Je pureté de style dans ‘aértains articles de; la. Revue; européenne. Aussi notre aftente.w'a-trelle pas été;trompée lorsque, nous av o7s parcouru.cette étude, dans laquelle M; d’ Hugues Con sidère l’administration de Turgot en Limousin comme Jerowieiat de sa belle.et conrte carrière ministérielle. Trials mont: Hi no les us au DLIGA His épée Re le Gi au sons on pour Se £ oo 10 T6 vla ?2: (1) Voir la te de ces ouvrages à Te fn = SERRS volume. 334 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. fairé connaître dans quel esprit lé livre esticoneu, nous nous’ bornerons à citer la phrase’ quil lel/ternriner: « Les abus ét les privilég'es,: ditiM. d'Hugues! voilà ce qui devait disparaître, et ce que Turgot combattu avec Succès } Pinétitution monartchique, -voilàtéetqu'il a défendu, et ce qui ne/devait pas périr. Qui-donc pourrait lui donner tort aujourd’hui? qui pourrait dire qu'il n'y apas de transaction possible entre le prin- cipe de l'autorité et, le progrès nécessaire des sociétés humaines”? » M. de Caumont annonce que les membres de la Société française pour la conservation des monuments historiques se réuniront ce soir, à sept heures. M. de Margerie lit la troisième partie de ses Études psychologiques. Le ‘but, de V’auteur.-est de démontrer que, quelque grandes que soient les difficultés que l’âme. éprouve -pour: se |/replier sur -elle- même, et sétudier sans passion, ces difficultésrne sont pas insurmontables. ]l:mous:serait impossible-1le tracer autre chose qu'une maigre:et pâle. esquisse. de cette noble :et belle, protestation contrerles: $ystèmes|]de philosophie: :sensualiste.et --rationalistel : Renonçons amssi à reproduire fidèlement ! la! physionomie]1de l’auditoire, obligé à chaque instant de comprimer! son enthousiasme pour necrien laisser échapper. dusaisis- sant langage du professeur et des mâles accents du chrétien. Au- milieu de l'émotion générale;!déses- pérant, comme nous, de remercier convenablement M: de Margerie, :M:lle président a .dû.1se; borner à donner le signal d’une nouvelle salre,d'applans dissements. 6 | ) M Avant de lever la séance, M. le président invite,les Lit PROCÈSTMERBAUX. 2451070 339 membres du: Congrès quiyvoudraient, visiter, les ber- _ geries-de M. Henry.Michel; l'église de Soligmac et, les _ fours de Chalusset à s'inscrire surdalJiste déposée; à cet effet, sur le bureau. Le; départ aura hieu.dimanche prochain, ‘à,sept heures. Des voitures, seront-mises. à ” ladisposition du Congrès. Plusieurs,membres,.#'ins- 4 Gnenbri Log ip S ul bruoise drotsonabb igltiemwoc - SU où 01100 o[Lime das isecnétuères yénéreuxiadjoints 1 1 0 ADI91902 29) sis 29981 2001 91e RUBEN: I 5h agi | € 29wrsar D Doh/2rdunr e5Lo1p 2010006 duos): 5h M MASON 49) HON6VI92009 81 1004 22189 08Tt 381906 nu! «2SHANCE"DE 1708 SEPTEMBRE BEDopiroefrl SPA. 292. 91) 9Nisqonréeront sf tt orage M ab. M Wnnomsb 5h pRésDENCEHE mb AipuAUDI 20ppalois20 OUpeTlHoiD 291 tusioz sup 28baero ouplaup ,95p . Attidisheures et demie” Mslerprésident déclare: là © séance ouvertes: 209 | MOr2880 aft82 19h82 —… Eéiprotès-térbaltde lrséanco générale durotéiseps È _témbreest-lu|et approuvéot2ieur SON Up 9204909310 … vbilest rendu comptesuccessivement destravaux des | sections Par les-sécrétaires ti-après;dénomméseozoliil4 iMbuPetiti#(de la! Irtisectioni: sémmeerqdu 46 sep tembresrouio ob Hs apede.é geudo:,ortotibts sl | “AMi-Gérardiny de la-2rIsectiont: séancerduiA58ép> | _témbre ; -/60r 29h 194188291074 hs sas. tasse “Mile idécteur Fougères serai arr sectiomitiséance dA6 Séptémbre 21001701 9h vor soror hors rècy _ Msl'abbé Roy-Pierrefitte »Ide Ma 49isection : séance dü‘iTiseptembre ; {vo sn b dssora 91 19mnoh D LM. Courconnais, de la 5° section : séance dn15:sep- 4 temibré. obieèrq af, M,90r882) 80 vol abet tent Ru + 336 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. M. le président met aux voix le vœu proposé par cette dernière section, et qu'il faut reproduire ici : «Que le dommage public créé par la circulation et la lecture des livres dangereux pour les intellisences ét les cœurs soit promptement amoïindri et constamment réparé : » fe Par le Gouvernement impérial, à l’aide de la commission du colportage et de souscriptions prises aux ouvrages recommandés par les compagnies sa- vantes et les associations de bienfaisance : » 2* Par les compagnies savantes, à l’aide de récom- penses annuelles offertes aux auteurs de productions littéraires écrites dans le but de procurer une ins- truction solide et un plaisir sûr aux personnes il- lettrées ou d'humble condition : » 3° Par les associations de bienfaisance, au moyen de la multiplication des bibliothèques de bons livres, dont elles aideront de tout leur pouvoir la diffusion dans les familles, les ateliers, les hôpitaux et les pensions. » Ce vœu est adopté par l'assemblée. M. de Longuemar offre au Congrès : 4° Son Essai historique sur l’église royale et br pates de Saint-Hilaire-le-Grand de Poitiers : 2° Son Discours sur les soulerrains-refuges -découverts dans l’ancien Poitou, discours prononcé dans la séance de la Société des Antiquaires de l'Ouest du 30 dé- cembre 185%. M. le docteur Bleynie, professeur d'accouchement à l'École de Médecine de Limoges, adresse une note qu'il à composée sur la nature et le traitement de mort apparente du nouveau né. " PROCÈS—-VERBAUX. 337 M. Maurice Ardant dépose un article de la Revue numismatique de 1851 sur les méreaux des églises de Limoges, avec une planche sur laquelle ces méreaux sont parfaitement reproduits. Enfin M. Carlier, délégué au Congrès par le Comité flamand de France, séant à Dunkerque, fait don d'une notice historique qu’il a composée sur le scel communal, les armoiries et les cachets municipaux de ladite ville de Dunkerque. Le scel affecté aux causes de l’ancienne commune flamande porte l'effigie de saint Éloi ; et, à ce propos, il est essentiel de mentionner au procès-verbal une partie de la gracieuse lettre de M. Carlier, qui accom- pagne le don de sa notice : « J'aime, dit-il, à rencontrer dans ce faible: écrit l’occasion d’un lien entre ma ville natale et celle où je suis aujourd'hui si affectueusement accueilli. » On rapporte à saint Éloi, né sur le territoire de Limoges, la fondation des premiers édifices chrétiens de notre pays de Dunkerque : une rue de notre ville porte son nom, et l'église paroissiale, qui date du xv° siècle, lui est consacrée. » Le grand saint Éloi, fondateur de la célèbre abbaye de Solignac, argentier fameux des rois Dagobert et Clotaire, est une des belles gloires du pays limousin, et je suis heureux de lui rendre ici, au nom de mes compatriotes flamands, un hommage profondément senti. » Les applaudissements du Congrès témoignent qu'il s'associe à ces nobles sentiments, et M. le président remercie les donateurs des ouvrages énumérés précé- emment. 22 338 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. « La Société d'Agriculture de Limoges, a dit M. le président, a étéprivée jusqu'ici de se faire représenter aux séances de l’Institut des Provinces qui se tiennent à Paris. Aujourd’hui qu'elle vient d'accomplir son anniversaire centenaire, elle désire faire connaître au Congrès ses principaux travaux depuis sa création. » M. Gérardin, secrétaire général de la Société, prend alors la parole : Il raconte qu’elle fut fondée, en 1759, par M. Pajot de Marcheval, intendant de la province, et qu’elle tint sa première séance le 43 décembre de cette même année, sous la présidence de M. l’intendant, qui témoignait ainsi de son intérêt pour la Société. Peu nombreuse, car elle ne comptait que quinze associés, elle prit une importance très-grande dès que Turgot eut succédé à M. Pajot de Marcheval. Sous impulsion de cet esprit actif et ami du progrès, on vit la Société favoriser la culture de la pomme de terre et celle de la garance, créer une école vétérinaire. En 1768, par un heureux concours de circonstances, le kaolin était reconnu dans un gisement près de Saint-Yrieix ; les houilles de Laplaud dans la Corrèze, celles de Bosmoreau dans la Creuse, étaient explorées. On donnait des récompenses pour la construction de machines à battre, pour l’acclimatation de nouveaux végétaux. Les villes de Tulle et d'Angoulême tenaient à honneur de placer leurs sociétés d'agriculture sous le patronage de celle dé Limoges. L'action de la Société fut interrompue pendant les orages révolutionnaires; mais, en 4804, à l'époque glorieuse du consulat, elle se fit sentir de nouveau, , mt ÿ k PROCÈS-VERBAUX. 339 ef la Société fut reconstituée avec le titre de Société d'Agriculture, des Sciences et des Arts. Sans doute, pendant quelques années, on négligea peut-être un peu l’agriculture pour s'occuper trop exclusivement des sciences et des arts; mais, après tout, les services de la Société furent réels dans cette voie, et il suffit, pour le prouver, de mentionner la fondation des deux écoles de dessin , de celles de mode- lage et de géométrie, établies sous son patronage. Lorsque la paix, cette mère féconde des progrès agricoles, en eut donné le signal, la Société se trouva toute préparée à discuter les questions les plus importantes pour la prospérité du pays, et aujour- d'hui, après cent ans d'existence, ce n’est que justice de dire qu’elle déploie plus d’ardeur que jamais. Le nombre de ses membres est de quatre-vingt- cinq. À côté des comices, elle à institué un concours départemental d'animaux reproducteurs dont l’impor- tance peut se justifier par ce seul-fait que, lors de l'exposition de la France centrale, en 1858, l’exhibition des taureaux et des vaches fournis par le dépar- tement de la Haute-Vienne seul a frappé d’étonnement Son Exc. le ministre de l’agriculture par la beauté des animaux exposés et leur nombre considérable. La Société, appréciant l'utilité de publications fréquentes tendant à répandre la lumière parmi nos Cultivateurs, a converti son Bulletin trimestriel en Bulletin mensuel , et ses préceptes pour l'emploi de la Chaux, du drainage, des irrigations et de tous les procédés utiles d'amélioration vont ainsi chercher plus fréquemment ie propriétaire au fond de sa campagne, et stimuler son zèle. “D à 340 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Tels sont les principaux travaux accomplis par la Société : ils sont le gage des efforts qu’elle fera dans l'avenir. « Une heureuse fortune de la Société, ajoute M. le rapporteur, est celle d’avoir à sa tête celui que le Congrès a voulu élever à sa présidence. Homme de science, de tradition et d'expérience, M. Alluaud est le trait d'union entre l’ancienne et la nouvelle Société d'Agriculture; il est surtout l'honneur de celle-ci. » De chaleureux applaudissements saluent ces paroles, et M. le président, profondément ému par ces preuves de la sympathie du Congrès, ne peut que dire combien il en est touché. — Il ajoute, au bout de quelques instants, que l’ancienne Société d’Agri- culture a donné des récompenses aux découvertes industrielles et aux ouvrages sur l’économie politique qui ont signalé la fin du xvu1: siècle ou le commen- cement du xix'; il désire que M. le secrétaire de la Société mentionne dans son travail les noms de ces glorieux lauréats. — Ce désir sera rempli. La parole est donnée à M. Charreire pour commencer la lecture de son travail intitulé : Aperçu philosophique sur la musique. — Cette lecture, qui se continuera, sera d’ailleurs intégralement reproduite. Le Congrès est, sans doute, encore tout entier à l'enthousiasme que cette lecture de M. Charreire a excitée, et je ne veux pas affaiblir cette impression par une froide analyse. — Philosophe profond, écri- vain brillant et plein d'originalité, artiste à l’âme ardente, M. Charreire nous a tous retenus sous le charme de sa parole. Quand il nous énumérait les beautés suprêmes de l’art, quand il chantait un PROCÈS-VERBAUX. 341 hymne magnifique en l'honneur de cette Trinité sainte à l’image de laquelle notre âme a été faite, qu'il dépeignait les élans du génie pour s'élever jusqu’à son idéal , les douloureux découragements qui le saisissent souvent, ainsi que les luttes dont il sort vainqueur; quand il abordait les sphères lumineuses pour en décrire les magnificences, je cherchais à quoi com- parer cette éloquence et cette situation si intéressante. Je me souvenais alors des vers empreints à la fois d’une mélancolie et d'une confiance si sublimes par lesquels Milton ouvre le1r° chant de son Paradis perdu. Je me disais que M..Charreire, lui aussi, avait été visité par ce souffle inspirateur et cette lumière incréée, soleil des intelligences, que le poète anglais invoque dans ses vers immortels, et l’ovation que le Congrès décernait à l’orateur justifiait mon appré- ciation. L'un des secrélaires généraux adjoints, GRELLET. SÉEANCETDU A9:SEPTEMBRE: 1859, PRÉSIDENCE DE M. ALLUAUD. . Siégent au bureau : MM. Alluaud, de Caumont de Buzonnière ; Noël, ancien maire de Cherbourg, secré- taire général du prochain Congrès. M. Grellet, un des secrétaires généraux, lit le procès-verbal de la séance générale du 47 septembre. 342 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE L'assemblée applaudit à la parfaite rédaction du procès-verbal. M. Astaix, secrétaire de la 1'« section, et M. Abria, secrétaire de la section de l’agriculture et de l'indus- trie, lisent successivement les procès-verbaux des séances tenues le 17 et le 16 septembre. M. le secrétaire de la section de médecine étant absent, M. le baron de Vernon, secrétaire de la section d'histoire et d'archéologie, lit le procès-verbal de la séance tenue le matin même; enfin M. Buisson de Mavergnier lit celui de la section de littérature {séance du 417 septembre). M. Alluaud , président du Congrès, remercie MM. les secrétaires du soin qu'ils apportent et du talent qu'ils déploient dans la prompte rédaction des procès- verbaux. M. Mahias, de Rennes, fait hommage au Congrès , au nom de M. Malaguti, professeur à la Faculté des Sciences de Rennes, de is volumes intitulés : Cours de chimie agricole ee en 1857, 1858 et 1859, à la Faculté des Sciences de cette ville. — M. Alluaud exprime les remercîments du Congrès. M. Charreire a la parole pour continuer la lecture de ses Aperçus philosophiques sur la musique. I déve- loppe en style pittoresque et imagé la métaphy- sique de cet art. Un seul son musical est susceptible de sept modifications, qui constituent l'élément le plus simple du discours musical. La première de ces modifications est l'intonation, qui, basée sur le nombre des vibrations dans un temps déterminé, produit l'échelle des sons ou la gamme. La tonalité est le principe rationnellement libre en vertu duquel des PROCÈS-VERBAUX. 343 rapports s'établissent entre les sons dé la gamme. Plusieurs tonalités sont possibles : les facultés intel- lectuelles et les aptitudes morales des peuples déter- minent la formation des tonalités. La tonalité grégo- tienne et la tonalité moderne entrent dans nos habi- tudes d’audition. La première est l'expression complète du sentiment religieux, et l’on peut dire que toutes les vérités catholiques y trouvent leurs symboles. Le développement de cette pensée, fait avec une manière poétique des plus heureuses, que le plain- chant renferme des symboles de tous les dogmes de la foi, de l’unité de Dieu, de la Trinité, de la com- munion des saints, ce développement , entrecoupé de cris d'enthousiasme : « O sublime plain-chant, écho du Ciel ! » a excité dans l’auditoire ravi d’unanimes applaudissements. * La tonalité moderne est la musique de l'humanité : elle a des accents pour toutes les’ passions. La loi de tonalité, en fixant les rapports des sons, détermine leurs fonctions dansle discours musical , qui se com- pose ainsi de substantifs, d’adjectifs, de verbes, etc. Dès lors la proposition peut se formuler, et, par l'en- chaînement logique des propositions, le discours acquiert son complet développement dans la mélodie et l'harmonie. Par l'élément du rhythme, le discours musical » devient prose si le rhythme est irrégulier; versifi- cation, si la mesure ou pied poétique fournit un moule rhythmique régulier aux vers et aux strophes. Par l’instrumentation, la musique se crée tout un monde de voix et de timbres pour dérouler ses drames ou ses tableaux. 344 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. M. Charreire, pour donner à sa pensée une forme sensible, a raconté le touchant épisode de la Fiancée, et, en montrant comment les divers instruments dont la musique se sert traduisent les sentiments ou les idées, il a fait passer successivement ses auditeurs par toutes les émotions d’un roman musical. Nous devons constater ici l'impression faite sur l'au— ditoire par la lecture du beau passage où M. Char- reire, parlant des diverses harmonies qui se font entendre dans la nature, le cri du grillon, le son religieux de la cloche, le tintement de la clochette, la voix de la trompe, le mugissement de la cascade, a terminé ce développement poétique en disant que partout, dans la nature, la vie s'affirme par le bruit ou le chant. La musique est la vie du cœur des sociétés : toutes les fois que la trinité de l’âme humaine s’exerçait en parfait équilibre, elle a produit de grandes œuvres architecturales ou de grands poèmes. Le même cachet de grandeur et d'originalité se retrouve dans la musique. La poésie et la musique se tiennent de si près que, entre elles, le parallèle est facile. Quant à l'architecture, elle est la musique du silence , comme la musique est l’architecture du bruit. L'heure avancée n’a pas permis à M. Charreire d'a chever la lecture de son beau travail, marqué d’un admirable cachet d'originalité et de poésie. L'audi- toire, charmé, lui a témoigné sa reconnaissance par une dernière explosion d'appiaudissements. La séance est levée à cinq heures et demie. Le secrétaire général du C'ongres, L'abbé ARBELLOT . PROCÈS-VERBAUX. 345 SÉANCE DU 20 SEPTEMBRE 4850. PRÉSIDENCE DE M. ALLUAUD. Siégent au bureau : MM. Alluaud, de Caumont, comte de Coétlogon, préfet de la Haute-Vienne, et Noël, ancien maire de Cherbourg. Le procès-verbal de la séance de la veille est lu et adopté. | M. Petit, secrétaire de la 4r° section, lit le procès- verbal de la séance du 19 septembre. M. Abria, secrétaire de la 2° section, donne lecture du procès-verbal des séances du 17 et du 19 sep- tembre. MM. les secrétaires de la 4: et de la 5° section n'ont pas eu le temps nécessaire pour rédiger le procès- verbal de leur dernière séance. M. le président propose à l'adoption du Congrès un vœu déjà émis dans la 2 section relativement à la vente des biens communaux, vœu conforme à celui du conseil général de la Haute-Vienne. — L'assemblée adopte. M. de Caumont propose au Congrès un second vœu, ainsi formulé : « Le Congrès scientifique de France, convaincu que les musées d'art et d'industrie sont d’une incon- testable utilité, émet le vœu qu’on établisse des musées de ce genre dans toutes les villes importantes ; et à Limoges en particulier. » Il demande : » 4° Qu'un musée industriel soit établi à Limoges 3406 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. dans un vaste local, autant que possible voisin des autres musées, qui ne peuvent rester plus long-temps dans le lieu où ils se trouvent aujourd'hui; » 2e Que ce musée renferme, avant tout, les prin- cipaux produits de la fabrique de Limoges, depuis son origine jusqu’au temps présent ; » 3° Qu'il renferme, en outre, des dessins ou des spécimens en nature reproduisant les formes les plus gracieuses de la céramique chez les différents peuples ; » 4» Des matières premières à différents états, depuis leur extraction jusqu’à leur mise en œuvre. » M. de Caumont, développant sa pensée, dit que M. Natalis Hondot, homme très-compétent, envoyé par le Gouvernement en Angleterre, comme, ins pecteur, est convaincu qu'il est urgent que les villes de France perfectionnent l’enseignement de l’art industriel, et qu'elles fassent deS collections où l’on puisse He des modèles. La ville de Lyon a voté 500,000 fr. pour un musée industriel : cette ville craint d’être dépassée par l'Angleterre, qui à un département de l’art : c’est un devoir urgent de suivre le mouvement que les étrangers impriment à leur industrie; et la ville de Limoges a tout intérêt à posséder un musée céramique. M. le préfet prend la parole, et dit que ces vœux rentrent dans les intentions du Gouvernement. En effet, dans des instructions récentes, le Gouvernement réclame et demande la création d’un musée, qu'il regarde comme nécessaire et indispensable. L’ini- tiative a Cté prise; la chambre de commerce et la mairie s’en sont occupées; tout le monde en comprend la nécessité à Limoges : avant peu nous aurons un “ PROCÈS-VERBAUX. 347 musée tel que le demandent la ville et le Gouver- nement. M. de Caumont insiste pour que le Congrès adopte le vœu tel qu’il est formulé. Il voudrait qu’un musée céramique spécial renfermât les produits du Limousin, et pas autre chose. Au lieu de mêler les porcelaines de Sèvres à celles du pays, comme on l’a fait dans le musée actuel, il] faudrait les placer dans des salles différentes. M. Alluaud met aux voix le vœu de M. de Caumont, en disant qu'il faut stimuler le zèle de ses compatriotes pour qu'ils offrent au musée céramique limousin des produits en nature. Le vœu de M. de Caumont est adopté. M. Dépéret, secrétaire de la 3° section, fait un rapport sur une question étudiée dans une séance précédente : « Étude médicale sur les épidémies du Limousin, et, en particulier, sur le mal des ardents ». Le Congrès écoute avec un intérêt prononcé la lecture de ce savant rapport, et M. Alluaud, au nom du Congrès, remercie M. Dépéret pour cette intéressante communication. | Plusieurs ouvrages sont offerts au Congrès : Par M. de Caumont : la 4" série des Mémoires de l’Institut des Provinces ; Par M. Grignard : le Plan topographique de la ville de Limoges ; Par M. Daudy, l'ouvrage intitulé : Hygiène de la bouche. M. Jacob Petit, décorateur de porcelaine à Fontai- nebleau, donne communication d’un album qui 348 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. renferme un grand nombre de dessins exécutés avec beaucoup de délicatesse. M. de Caumont donne lecture d'une lettre de M. Demetz, directeur de la colonie agricole de Mettray, qui adresse à tous les membres du Congrès une circulaire relative à sa colonie. La séance est terminée par la lecture d’une pièce de vers de M. Villemsens, intitulée : Le Congrès en cam- pagne. Cette improvisation élégante et facile, qui rend compte de la course archéologique et agricole faite l’'avant-veille par les membres du Congrès à l’église de Solignac et aux ruines de Chalusset, est lue par M. Courconnais, et saluée par les applaudis- sements de l’auditoire. La voici : LE CONGRÈS EN CAMPAGNE. Après une grave semaine , De scientifiques travaux, Limoges, pour reprendre haleine, Montre-nous tes charmants coteaux: O nature, ta douce image Donne à l'âme un nouvel essor : A ton sublime aspect, le sage Se retrouve plus sage encor. De Solignac prenons la route.::. Un temple, œuvre de saint Éloi , Reste, ét, dans notre âge de doute, Rappelle des âges de foi. PROCÈS-VERBAUX. De huit siècles témoins durables, Avec leur pure austérité, Ces murs sont deux fois vénérables : Pour l'art et pour la piété. Admirons ces stalles antiques Où de pauvres bénédictins Venaient, en chantant les cantiques, Oublier leurs maigres festins. Ils vivaient dans la pénitence.…. Mais bientôt notre estomac creux Nous dit que le vœu d’abstinence Ne nous engage pas comme eux. Déjeunons donc : notre voyage Dans ces sites délicieux, Comme un second pèlerinage, Ne s’en achèvera que mieux. Visitons de ces métairies - Les troupeaux si bienélevés, : Ces fraiches et vertes prairies, Ces champs savamment cultivés. Mais, près du travail. qui prépare Les richesses de l'avenir, Des fiefs dont le temps nous sépare Voyez-vous ce vieux:souyenir®? Voyez-vous cette tour altière, Ces créneaux encor menaçants ?:.… Nos pieds, vont fouler la poussière De ces murs jadis si- puissants! 349 390 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANGE. Cette noble porte ogivale A vu, sur le roc de son seuil, La marche sombre ou triomphale, Des heures de gloire et de deuil. Bravant les hasards de la guerre, Après de trop sanglants combats, Combien de preux dont la bannière En sortit, et n’y rentra pas! De ce donjon la châtelaine, Le cœur plein d'espoir et d'amour , Les yeux attachés sur la plaine, Du page attendait le retour. Si parfois ces tristes murailles Furent le rempart des jaloux, Les jours pompeux des fiançailles Leur donnaient un aspect plus doux. Ces salles à la vaste enceinte, Qu'encadrent encor leurs arceaux , Aux soupirs d'amour et de crainte Ont tour à tour servi d’échos. O ruine majestueuse, D'un vain orgueil débris confus , Dans tes décombres si je creuse, J'aime à trouver quelques vertus... Quels pensers se pressent en foule Dans nos esprits à ton aspect !,… Oui, le monument qui s'écroule, Plus qu'un autre, a droit au respect. PROCÈS—VERBAUX . 351 Mais, hélas! l'implacable horloge, Comme partout, à Chalusset Sonne, et nous dit que pour Limoge Il faut partir à grand regret. | D'ailleurs des excellents confrères Dont l'accueil nous fut si courtois Jusqu'à leurs limites dernières Nous voulons entendre la voix, Et le Congrès qui va se clore, Long-temps au delà de sa fin, Nous rendra bien plus cher encore 4 Le souvenir du Limousin. Après cette lecture, on annonce la réunion immé- diate des membres du bureau permanent. La séance est levée à cinq heures. Le secrétaire général du Congrès, L'abbé ARBELLOT. SÉANCE DU 921 SEPTEMBRE 4850. PRÉSIDENCE DE M. ALLUAUD. À trois heures et demie, M. le président déclare la séance ouverte. M. l'abbé Arbellot, secrétaire général, donne lecture du procès-verbal de la séance générale du 20 septembre. Ce procès-verbal est approuvé. Lestravaux dessectionssont communiquésau Congrès 352 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. par la lecture des procès-verbaux énumérés ci-après : Are section : séance du 49 septembre, M. Astaix rédacteur ; Are gection : séance du 21 septembre, M. Petit rédacteur ; 9° section : séance du 20 septembre, M. Abria rédacteur ; 9e section : séance du 21 septembre, M. Gérardin rédacteur; 3e section : M. Dépéret, secrétaire, annonce que la section des sciences médicales s'est occupée avec beaucoup de zèle et de soin de l'étude des questions qui lui étaient soumisespar son programme : elle les à presque toutes traitées; mais, le procès-verbal des dernières séances n'étant pas encore préparé, il ne peut en donner lecture ; 4° section : séance du 20 septembre, M. l'abbé Roy-Pierrefitte rédacteur; 4e section : séance du 21 septembre, M. l'abbé Roy- Pierrefitte rédacteur ; 5e section : séance du 49 septembre, M. Courconnais rédacteur ; 5° section : séance du 20 septembre , M. Regnault rédacteur. Ces procès-verbaux sont approuvés après avoir été l'objet de marques de satisfaction de la part de l'assemblée pour les soins apportés à leur rédaction. M de Caumont annonce que la commission perma- nente s’est réunie , la veille 20 septembre , à l'issue de la séance générale, et qu'elle a arrêté les dispositions suivantes: ABTICLE PREMIER. — M. le président du Congrès et PROCÈS-VERBAUX. 353 MM. les secrétaires généraux, MM. les présidents ou vice-présidents des sections et MM. les secrétaires résidant à Limoges s’occuperont immédiatement de la publication du Compte-Rendu. Ce Compte-Rendu sera tiré à sept cents exemplaires, qui recevront la même destination que les années précédentes, et seront distribués par les soins du secrétariat gé- néral. ART. 2. — La commission de publication, ainsi constituée, surveillera l'impression des procès- verbaux, qui devront être reproduits in extenso. Quant aux mémoires lus aux séances, et recommandés par les sections, la Commission devra les examiner de Nouveau, et décidera s'ils peuvent être imprimés. ART. 3. — La 97° session du Congrès s'ouvrira à Cherbourg , département de la Manche, le 3 sep- tembre 1860. MM. Noël, ancien maire et ancien député; Besnou , pharmacien en chef dela marine; vicomte du Moncel, président de la Société des Sciences naturelles , sont nommés secrétaires généraux de la session par l’Ins- titut des Provinces. Ils adresseront les invitations, et publieront le programme en janvier 1860. Ce programme devra préalablement être approuvé par l’Institut des Provinces. . M. Noël, secrétaire général du Congrès de 1860. présent à la séance , demande la parole. Dans une allocution que l’assemblée a écoutée avec le plus grand intérêt, M. Noël énumère les motifs Principaux qui ont pesé sur les déterminations de l’Institut des Provinces pour faire fixer à Cherbourg le siége de la xxvrre session. 23 354 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Il existe dans cette ville deux sociétés académiques qui s'occupent, l’une, des sciences historiques et ar- chéologiques; l’autre, des sciences naturelles. Les membres de ces sociétés seront heureux de se mettre en relation avec MM. du Congrès. Un musée de tableaux, un cabinet d'histoire natu— relle et d’antiquités, permettront de faire quelques études intéressantes; enfin l’agriculture dela contrée, dont les produits sont très-variés, pourra fournir à des observations utiles. Si on ajoute à tout cela l'attrait qu'offrent les grands travaux militaires du port de Cherbourg et sa digue monumentale, on voit que le Congrès de 1860 doit attirer bon nombre d'adhérents. M. Noël estime qu’il sera opportun de mettre au nombre des questions du programme de la session prochaine celles qui sont relatives au mouvement de la population , à l'extinction de la mendicité et aux enfants trouvés. Toutes ces questions sont complexes, difficiles, et leur solution rationnelle importe à la grandeur, à la prospérité et à la sécurité du pays et de la société : elles sont donc tout à fait dignes d'occuper les méditations du Congrès scientifique. « Cherbourg, dit M. Noël, est une ville qui donnera à la xxvri‘ session un caractère spécial. En organisant cette réunion de savants en face des rivages de l'Angleterre, en conviant à se mêler à nos études les hommes de bonne volonté qui, dans cette île comme dans toute l’Europe, s'intéressent aux progrès de la civilisation, nous nous montrerons animés d’un esprit deluttes pacifiques qui feront peut- être oublier à nos voisins celles d’une autre nature qu'ils affectent de redouter, et auxquelles, en France, Ji PROCÈS—VERBAUX. 355 les! amis des sciences et du progrès sont loin de penser. » En conséquence, Messieurs, dit en terminant M. Noël, permettez-moi, tout en vous remerciant de votre accueil beaucoup trop flatteur, de vous dire : « Au revoir! à Cherbourg en 1860! » M. le président remercie M. Noël des détails dans lesquels il vient d'entrer; il félicite l’Institut des Provinces d’avoir su choisir pour le Congrès de 1860 un secrétaire général si distingué, et les applau- dissements de l'assemblée confirment cette juste appréciation. M. le président met aux voix successivement les vœux formulés par les sections. Ces vœux sont ap- prouvés par le Congrès, et rédigés comme il suit : « Il y a lieu de défendre la pêche de toute espèce de poissons en juillet et août , mois pendant lesquels les eaux sont, en général, basses et chaudes. » — « Le conseil général de la Haute-Vienne et la Société d'Agriculture de Limoges doivent être solli- . cités de voter les encouragements nécessaires à la rédaction d’un ouvrage faisant connaître quels sont, parmi les insectes du pays, ceux qui sont utiles à Pagriculture et ceux qui lui nuisent. » — « Le gouvernement de l’Empereur doit être prié d’allouer le plus tôt possible les fonds nécessaires à la réparation et à l’achèvement de l’église de Saint-Léo- nard, classée parmi les monuments historiques, et dont les réparations sont estimées 164,000 fr. » — « Après une visite à l’église de Solignac, monu- ment unique en Limousin de l'architecture byzantine, le Congrès demande à M. le préfet de la Hte-Vienne, 356 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. de vouloir bien veiller par tous les moyens conve- nables à la conservation de cette église, définitivement classée parmi les monuments historiques, et qui a besoin de réparations. » — «Le Congrès émet le vœu que le monument du Bon Mariage soitsoustraità toutes les chances de dégra- dation qui pourraient le menacer à l’avenir, et qu'il soit placé dans une des chapelles de la cathédrale de Limoges, avec une inscription qui relate la légende en vers conservée par l'abbé Legros. » Le Congrès décide, en outre, que la description etla figure de cemonument, publiées par feu M. l'abbé Texier, et devenues maintenant très-rares par l’épui- sement des exemplaires, seront reproduites dans le Compte-Rendu de la session. » — «Le Congrès, prenant en haute considération la nature et la portée du travail dans lequel le béné- dictin Léonard Duclou a mis en regard les mots du patois rustique, sorti du roman des troubadours et trouvères, et les mots correspondants des langues grecque et latine , anglaise et flamande, espagnole et italienne , de la basse latinité et de l’idiome breton, émet le vœu que le seul exemplaire existant de ce manuscrit précieux, constatant la transformation subie par la langue limousine depuis le xrv° siècle jusqu’au xvin®, soit imprimé le plus tôt possible, et au besoin avec le concours d’une souscription publique à ouvrir. » — « Le Congrès émet le vœu : » Que, s'il existe encore des sujets de l’ancienne race chevaline connue sous le nom de race limousine, il en soit fait un état officiel; PROCÈS-VERBAUX. 357 » Que le Gouvernement distribue dans les haras du Limousin un grand nombre d’étalons arabes; que le prix des chevaux de cavalerie légère soit plus élevé; » Que l’on favorise l'achat en Limousin des chevaux arabes réformés des nouveaux régiments de cavalerie légère , alors que les motifs pour lesquels la réforme a été prononcée ne peuvent pas influer sur la repro- duction ; À » Que la sortie de France des chevaux arabes soit prohibée, et que la vente, avec marque distinctive, n'ait lieu qu’à des propriétaires français ; » Que les courses soient ramnenées à un but vérita- blement utile. » — «Le Congrès émet le vœu que l’opération si im- portante du nivellement général de la France , au sujet de laquelle les conseils généraux des départements ont été saisis de propositions par les circulaires de Son Exec. le ministre des travaux publics en date des 15 juillet 1857 et A6 août 1858 , soit entreprise le plus tôtpossible, et terminée avec toute l’activité désirable. Le Congrès ajoute qu'il demande que, après l’achè- vement de ce travail, les hauteurs au-dessus du niveau de la mer soient indiquées par le plus grand nombre d'inscriptions possible le long des voies publiques. » Ainsi qu'il a été dit précédemment, tous ces vœux sont votés par le Congrès. M. le président annonce que l'éditeur de la Librairie provinciale, dont l'établissement existe à Paris, rue Jacob, n° 5, demande que l’on appelle l'attention du Congrès sur l'utilité de son entreprise pour la diffusion des travaux qui s'élaborent par les savants résidant 358 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. en province; que la Société Archéologique de Nu- remberg tiendra prochainement une session à laquelle sont conviés les archéologues français que ses travaux peuvent intéresser; Que la Société instituée pour l'application dans les deux mondes du système décimal aux calculs numé- riques et aux poids et mesures se réunira prochai- nement à Londres ; Les membres des congrès scientifiques seraient assurés d'y recevoir bon accueil. M. de Chasteigner demande qu’on appelle l'attention de l’autorité diocésaine sur une pierre tombale remar- quable qui existe dans la cour précédant la cathédrale de Limoges, et que cette pierre soit placée dans un endroit convenable. M. de Longuemar voudrait que les programmes distribués pour les congrès scientifiques, préala- blement à leurs réunions, fussent précédés par une table sommaire indicative des travaux élaborés anté- rieurement, c'est-à-dire par une table qui contint l'indication des matières traitées dans les précédents congrès , avec renvoi aux volumes des comptes-rendus. M. de Caumont dit que l’Institut des Provinces s’occupera de la question. M. de Longuemar obtient la parole pour adresser quelques remercîments à la ville de Limoges et à l’honorable président du Congrès ainsi qu’à sa famille sihospitalière. « Ils ont, dit l’orateur, traitéles membres étrangers du Congrès avec la plus aimable courtoisie, et leur ont fourni, par la visite de leurs établis- sements industriels, tous les moyens de s'initier avec 0 fruit aux détails de la fabrication très-importante de la porcelaine. » Honneur au fondateur des congrès scientifiques ! ajoute le même M. de Longuemar : ces congrès sont la source de progrès de toute espèce. Longue vie à M. de Caumont, et puisse son œuvre se perpétuer grâce à cet esprit de persévérance dont il est si éminemment doué! » M. Alluaud, président, fait l'éloge des travaux du Congrès, du zèle que tous y ont apporté, de l’excellent esprit avec lequel toutes les discussions, ont été conduites. « Messieurs, dit-il, ce Congrès aura été pour plusieurs d’entre vous une occasion qui leur aura révélé des facultés pour les travaux de l'esprit dont ils n'avaient peut-être pas toute la conscience : je vous en prends à témoin vous, M. Charreire, qui à plusieurs reprises avez séduit et entraîné cette assemblée ce n’est point à la philosophie sensualiste ou ratio— naliste que vous répudiez que sont dues vos nobles inspirations! Vous les avez bien plutôt demandées à ces méditations psychologiques dont une plume savante et élégante tout à la fois nous a si parfaitement tracé les règles; et, grâce à elles, vous pouvez vous replier sur vous-même, et y trouver des lumières intérieures étendues qui vous dédommagent de la privation de la lumière physique. Gloire donc soit rendue à Dieu, qui, dans les trésors de sa bonté infinie, tient en réserve de telles compensations pour l’infortune ! » Messieurs, a dit M. le président en terminant, je vous souhaite, pour vos réunions ultérieures, de riches moissons dans les champs de l'intelligence. PROCÈS-VERBAUX. 359 360 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Laissez-vous guider par l’éminent organisateur de cette belle institution : vous trouverez toujours son drapeau dans la voie de la science noble et utile. » M. Noël vous a tout à l'heure convoqués pour 1860, en vous disant : « Au revoir! » Les années accumulées sur ma tête m'interdisent un adieu semblable; mais elles n’ôtent rien à la chaleur de mes sentiments à votre égard, à la vivacité des vœux que je forme pour vous, et à la profonde gratitude que m'inspire la bien- veillance dont vous m'avez honoré! » Des applaudissements unanimes et réitérés témoi- gnent de l'émotion de l’assemblée, et la proposition faite par M. de Caumont que le Congrès tout entier reconduise M. le président jusqu’à sa demeure est adoptée par acclamations. La séance est levée à cinq heures, et la session de 1859 déclarée close. L'un des secrétaires généraux adjoints , GRELLET. GAY-LUSSAC NOTICE BIOGRAPHIQUE LUE À LA SÉANCE GÉNÉRALE D'OUVERTURE DU CONGRÈS. MESSIEURS , Nous vous demandons deux choses dont nous avons un égal besoin : votre bienveillance et votre attention : nous espérons nous les concilier, parce que vous recon- naîtrez tout de suite que, en vous présentant un rapide exposé des travaux et des principales décou- vertes de Gay-Lussac, nous avons pris pour guides Arago, M. Biot, deux fois académicien, et notre savant compatriote le professeur Fargeaud. Joseph-Louis Gay-Lussac était né, le 6 dé- 362 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. cembre 1778, à Saint-Léonard, petite ville située à cinq lieues de Limoges (1). Son père, ancien procu- reur du roi, l’envoya, en 179%, étudier dans un pensionnat de Paris. C'était là seulement que, à cette époque désastreuse pour l’enseignement, un jeune homme studieux pouvait encore s’instruire ; Car, sous l’ancien régime, l'instruction publique dans nos provinces étant exclusivement réservée aux Corpo- rations religieuses et aux ecclésiastiques, les colléges étaient fermés , et les professeurs manquaient; les uns ayant émigré, d’autres étant exilés, beaucoup enfin se cachant de manière à se soustraire aux rigueurs qui pesaient sur leur ordre. | A seize ans, Gay-Lussac quittait sa ville natale, où ses maîtres lui avaient appris du français, quelque (1) Plusieurs biographes, entre autres l'illustre Arago, placent à tort la naissance de Gay-Lussac à la date du 6 sep— tembre 1778. Voici le commencement de l'extrait de son acte de naissance, tel qu’il se trouve sur les registres déposés à la mairie de Saint-Léonard : « Le 6 décembre 1778, est né, près l’église Saint-Étienne, et a été baptisé par moi soussigné, Dalesme de Plantadis, vicaire, Joseph-Louis Gay, fils légitime à monsieur Anthoine Gai, avocat du roy et procureur du roy en cette ville, et juge du Pont-de-Noblac, et à dame...» Gay-Lussac fut recu à l’école Polytechnique et à l’école des Ponts-et-Chaussées sous le nom de Gay. Mais son père, qui était propriétaire d’une bonne partie du petit village de Lussac près de Saint-Léonard, ajoutait ordinairement le nom de ce village à son nom de famille, suivant un usage que la révo- lution interrompit en 1790. Vers l’année 1803, le père et le fils reprirent définitivement le nom de Gay-Lussac pour ne plus le quitter. GAY-LUSSAC: 363 peu. de latin et les quatre premières règles d'arithmé- tique; il fut d’abord placé chez M. Savouré, puis chez M. Sencier, qui tenait une pension au village de Nanterre, près de Paris. Là, dès qu'il commença à bien savoir la géométrie et l’algèbre, il sentit s’é- veiller en lui son génie naturel, et sa véritable vocation : il employait une partie de ses nuits à étudier; et la fenêtre de sa petite chambre, selon qu’elle était éclairée ou obscure, servait d’indicateur à ses camarades attardés, les jours de congé, en revenant de Paris. Leur demandait-on à quelle heure de la nuit ils étaient rentrés : Tard, répondaient-ils, car la chandelle de Gay-Lussac était éteinte. Ce fut le 27 décembre 1797 qu'il gagna, dans un brillant examen, le titre, alors si envié, d'élève de l’école Polytechnique. Le régime de cette école, déjà célèbre, différait essentiellement du régime actuel, adopté, en 1804, lorsque le Gouvernement se décida à en caserner les élèves. D’après la première organisation, ils étaient libres, logeaient et vivaient hors de l’école, et s'y réunissaient, chaque matin, pour assister aux études et aux cours. Ils avaient le grade de sergent d’artil- lerie, et en recevaient la solde, 98 centimes par jour. La surveillance dans les salles de travail était confiée à des chefs de brigade choisis parmi les élèves ayant les premiers numéros de mérite dans la plus ancienne division. Malus et Biot avaient été chefs de brigade en 1795; Gay-Lussac le fut en 1799 ; Poisson, en 1801; Arago, en 1804. Les chefs de brigade recevaient un supplément de solde d'environ 30 francs par mois; et c'est grâce à ce traitement, et au produit de quelques 364 CONGRES SCIENTIMIQUE DE FRANCE. lecons particulières de mathématiques données le soir après sa sortie de l’école, que Gay-Lussac à pu terminer ses cours sans imposer à sa famille de trop pénibles sacrifices pécuniaires. Circonstance singulière ! il avait d'abord compris peu de chôse à la géométrie descriptive, science presque nouvelle, et dont Gaspard Monge avait découvert les plus ingénieuses méthodes à l’école du génie de Mézières; et Gay-Lussac racontait que, à l'issue d’une lecon écoutée attentivement et sans fruit, il s'était décidé à demander un moment d'entretien à Monge, et à lui confesser son embarras. Cet admi- rable professeur, dont le langage scientifique avait une clarté que nul n'a surpassée, dissipa en quelques explications les ténèbres qui pesaient sur l'esprit de son élève : la lumière se fit comme par enchantement : aussi Gay-Lussac disait avec le ton de la recon- naissance que cette conversation de Monge lui avait réellement appris la géométrie descriptive. Il était né physicien et chimiste , et il se révéla de bonne heure par son exactitude à visiter les ateliers des arts mécaniques et chimiques. Le caractère parti- culier de l’enseignement à l’ancienne école Polytech- nique était le passage continuel des principes pu- rement théoriques à l'examen de leurs applications industrielles; et, pendant les cours de la dernière année, on faisait visiter aux élèves les plus curieuses usines de Paris et de ses environs. Jamais Gay-Lussac n'y manqua; et ses observations ont servi plus d'une fois à modifier les appareils ou les manipulations qu'il venait d'examiner. L'école Polytechnique fut donc le berceau et comme GAY-LUSSAC. 365 la patrie de son génie scientifique : aussi l’a-t-il aimée jusqu’à la fin de sa vie d’un sentiment presque filial. Elle lui semblait une des meilleures institutions des temps modernes; seulement il aurait voulu qu’on en ouvrit les portes à tous les esprits jaloux de s’instruire, et il resrettait que des cours de mathématiques si complets et si fortement ordonnés dans toutes leurs parties ne fussent réservés qu'à un nombre très-limité d'élèves se destinant aux services publics. Gay-Lussac sortit de l’école Polytechnique le 22 dé- cembre 1800 en qualité d'élève-ingénieur des ponts- et-chaussées. C'était une brillante époque pour le développement de l'esprit scientifique en France. Un mouvement admirable lui avait été donné par l'élite de nos savants, qui venaient de servir la cause de la révo- lution avec une infatigable activité et un bonheur sans égal. On leur devait ces instructions lumineuses, ces inventions soudaines, ces procédés ingénieux et prompts, qui avaient élevé tout à coup le nombre et la qualité des produits industriels au niveau, des immenses besoins de nos quatorze armées. Mais, quand le premier consul eut rendu à la société et à l'État des formes plus régulières et plus stables, Berthollet, Monge, Laplace, Lagrange, Fourcroy, Chaptal, Guyton de Morveau, Delambre, tout en occupant d'éminentes fonctions publiques, reprirent leur vie plus particulièrement dévouée à la science : et, grâce à eux, leurs continuateurs, Gay-Lussac, Thénard, Poisson, Arago, Ampère, Dulong, Fresnel, purent s'emparer à leur tour de la direction du monde intellectuel, et lui imprimer un second mou- 366 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. vement ascendant, qui rendra à jamais mémorable la première moitié du xx‘ siècle. Nous avons assisté à la rénovation de la chimie, et nous allons essayer de vous montrer quelle place a tenue notre illustre compatriote dans cette vaste carrière où l'esprit humain a fait de si glorieuses conquêtes. Berthollet, à son retour d'Égypte, avait repris à l’école Polytechnique son cours &e chimie pratique et appliquée aux arts. Il remarqua Gay-Lussac, pres- sentit peut-être son avenir , le décida à s'établir près de lui pour l'aider dans ses travaux du laboratoire , et le fit renoncer plus tard au service des ponts-et- chaussées. Des expériences heureuses signalèrent les débuts de Gay-Lussac, et Berthollet lui écrivit ces mots devenus prophétiques : Jeune homme, votre destinée est de faire de la science et des découvertes. Sa première découverte date de l’année 4802. « Ayant mis de la vapeur d'éther sulfurique en com— paraïson avec de l’air dans deux tubes placés au milieu d'une étuve échauffée à 60°, Gay-Lussac éleva la température de 60° à 100°, et eut la satisfaction de voir et de faire voir à Berthollet (nous rapportons ses propres paroles) que, soit en montant, soit en des- cendant, la vapeur d’éther sulfurique et l’air atmos- phérique correspondaient constamment aux mêmes divisions. C'est seulement à quelques degrés au- dessus du point d'ébullition de l’éther que les conden- sations de sa vapeur se montrèrent plus rapides que celles de l'air. De ces résultats, joints à d’autres résultats analogues fournis par les gaz proprement dits, Gay-Lussac crut pouvoir conclure que, de GAY-LUSSAC. 367 0° à 100°, tous les gaz simples ou composés soumis à la même pression se dilatent de la même quantité pour des augmentations égales de température, et que 100 volumes de ces gaz à 0° deviennent 137 vo- lymes à 100° de chaleur {4). » Ce fait, confirmé par plusieurs épreuves successives, était contraire aux prévisions de Berthollet, et lui causa, dit-on, un mouvement de surprise bien na- turel en sentant ce démenti que la science donnait à sa vieille expérience, et une échappée d'humeur contre son élève, qui, à vingt-quatre ans, venait de renverser une de ses idées favorites. Quoique nous sachions, Messieurs, qu’en public on doit être court et sobre de paroles, nous vous avons retenus à dessein sur les commencements de Gay- _Lussac, parce que son nom justifie ces détails très- caractéristiques , et aussi parce qu’il est bon de faire connaître l’homme de génie à ses débuts : il est moins grand sans doute; mais on le voit, on le juge de plus près, et il se montre ordinairement alors tel qu'il doit toujours rester. Infatisable ouvrier de la science, Gay-Lussac n'admettait pas qu’on dût la cultiver en se donnant des moments de loisir. 11 faut toujours y penser, disait- il, Là, en effet, est le secret des travaux et des grandes découvertes, puisque le génie d'invention est cons- tamment en raison directe du degré d'attention dont un homme est capable : aussi les intelligences supé- ieures semblent voler, tandis que nous rampons. (1) Notice biographique sur Gay-Lussac, par le professeur Fargeaud, 368 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Le célèbre naturaliste Bénédict de Saussure, dans son voyage au col du Géant en 1788, avait cru recon- naître que la force magnétique, dirigeant l'aiguille aimantée à la surface de la terre, s’affaiblissait sensi- blement à mesure qu'on s'élevait dans l’atmosphère, et il estimait que, à la hauteur de 3,435 mètres au dessus du niveau moyen de la mer, cette diminution était d'environ un cinquième. Cette détermination semblait être confirmée par les résultats obtenus pendant deux ascensions aérostatiques dirigées par le physicien Robertson , l’une à Hambourg le 48 juil- let 1803, l’autre à Saint-Pétersbourg le 30 juin 1804. Un fait d'une telle importance scientifique ne pouvait pas être admis sans vérification, et avant que l’Ins- titut de France ne l’eût constaté par une expérience décisive et en quelque sorte solennelle. Il fallait en confier le soin à des savants jeunes et hardis, et l'Institut s’adressa à MM. Biot et Gay-Lussac. Le ballon mis à leur disposition était le même qui avait servi pendant la bataille de Fleurus et pendant l'expédition d'Égypte. Le 23 août 1804, MM. Biot et Gay-Lussac par- tirent du Conservatoire des Arts et Métiers de Paris. Arrivés à 4,000 mètres de hauteur , ils reconnurent que leur ballon était d’une trop petite dimension pour les porter tous les deux ensemble à une plus grande élévation, et ils constatèrent que, à cette distance de la masse terrestre, la force magnétique n'éprouvait pas un affaiblissement sensible. Cette première expérience ne parut pas assez COn— cluante, et l’on décida, du consentement de M. Biot, que Gay-Lussac ferait seul une nouvelle ascension. GAY-LUSSAC. 369 Elle eut lieu le 46 septembre suivant, et commenca à 9 heures 40 minutes du matin. Gay-Lussac monta jusqu'à la plus grande hauteur qu'on eût encore atteinte, 7,016 mètres au-dessus du niveau de la mer, et confirma l'observation , faite précédemment, que la force magnétique persiste , sans variation bien appré- ciablé,’ depuis la surface de la terre jusqu'aux régions atmosphériques accessibles à l’homme. Dans sa traversée de l'espace, Gay-Lussac recueillit une série d'observations sur le décroissement des tem-— pératures et de l'humidité de l'atmosphère. Il avait emporté deux ballons de verre tenant le vide : il les remplit d'air à la hauteur de 6,636 mètres. Lorsqu'on soumit cet air comparativement à l'analyse eudiomé- trique de MM. Thénard et Gresset, on trouva qu'il étaitiéomposé , ‘en oxygène et en azote, comme celui pris au milieu dela cour de l’école Polytechnique. L'air des hautes régions ne contenait pas un atôme d’hydro- gène, ce qui contredisait l'opinion d’un grand nombre de savants, lesquels prétendaient expliquer les phéno- mènes de l'orage par la combinaison de l'oxygène et de l'hydrogène dans les couches supérieures de l'atmosphère. La descente de Gay-Lussac s’opéra avec une ex- trême lenteur et sans la plus légère secousse. En deux voyages, il était devenu un aéronaute consommé. . A3 heures 45 minutes, il prenait terre à quarante lieues de Paris, auprès du hameau de Saint-Gourgon, entre Rouen et Dieppe. Son thermomètre, qui, au moment du départ, marquait 27°,75 de chaleur, avait marqué 9,5 de froid au point extrême de l'ascension. Ainsi, dans 24 370 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. un-intervalle de, six, heures, Gay-Lussac avait sup- porté; une, différence. de température de 36,80; et voici, en quels termes:il rendait compte, à, l'Institut de Ja.-sensation, physique... qu'il, en avait. éprouvée «Quoique bien yêtu.,.je commençais à sentir le froid, surtout aux mains, que jétais obligé, de tenir ex- posées à l'air. Ma. respiration : était sensiblement gênée; mais j'étais bien, loin d'épronver, un malaise assez désagréable pour m'engager à descendre. Mon -pouls et.ma respiration, étaient très-accélérés : ainsi, respirant très-fréquemment dans. un, air |très-sec,, je ne dois pas, être surpris d'avoir eule gosier si.sec qu'il m'était pénible, d'ayaler du pain. ».. TI A ce,sujet, M,,de Humboldt,, qui, pendant son voyage aux. régions. équinoxiales du nouveau, con- tinent ; s'était vainement, efforcé d'atteindre le sommet du,Chimborazo, et avait été arrêté à 49,500. pieds au-dessus du niveau, de la mer autant par. des souffrances physiques que par les obstacles naturels du, terrain, a fait la, remarque que, si Gay-Lussac, observateur .sûr.et extrêmement exact, ne rendit pas de sang à la hauteur de,21,600 pieds, il fallait l’attribuer, à l'absence de tout. mouvement muscu- laire. . | L'étroite et profonde amitié qui, à, cette époque, unit. Gay-Lussac, et. M. de Humboldt ne tarda pas à produire ;d'heureux fruits, comme toute association dont l'avancement de la science est.le point de départ, la ligne, d'opérations et le but. Le 4° janvier 1805, ils présentèrent en|commun, à l'Institut un mémoire sur l'analyse, de. l'air, où, se trouve cette observation devenue si, féconde,en déductions dans les mains de L AU GAMATHESACE 2410) 371 Gay-Lüssac "A savoir que l'oxygène et l'hydrogène, ‘considérés en volumes! s'unissent pour former de l’eau ‘dans la proportion simple et déterminée de 100 parties d'oxygètie et de 200 d'hydrogèrie. « Le fait de la satu- ‘ration complète de l'oxygène par l'hydrogène, écrivait M. de Humboldt, est dû. à la sag'acité seule dé Gay- Lussac/ moi !fj'ai coopéré à cétte partie des expé- ‘riencés {mais Auilseul! a! éntrevu! l'importance! du résultat pour lathéorie 5 11 1100 | “Gay-Lussac à eu beaucoup de collaborateurs :'tous n'ont peut-être! pas! été aussi vrais et’ aussi désin- téressés “que M.” dé Humboldt; et C'est là un des inconvénients de cél/génre de'société: car le’ génie scientifique estcomme laîgle : il doit voler seul, et la gloire dés découvertes ne se partagé pas Sans danger “pour l'un’ou l’autre des associés, puisqu'il est impos- “'8ible que deux hommes} si intimement unis et pareils “d'intélligencé qu'on les suppose ; Conçoivent en même “'témips la même pensée, observent le même fait, ét en rendent. cempte de 14 même manière. Cette concor- “Edanééliest pos dans la naturé, et le public, ‘mal informé où prévenu ne säit éomment attribuer! la pait de mérite qui revient à chacun d'eux. Au mois de mars 4805, Gay-Lussac partit, eñ éom- pagnie de M: de Humboldt , pour un voyage d'explo- ? rations Scientifiques} pendant lequel ils furént rejoints “pa 1écélèbre géblogue prüssién Léopold dé Birch. l'Rpallant visitér les Alpes, 1h Suisgél} TIfaliel et VAI |Jemägne, ils se proposaient de faire une série d'expé- riénceég ur l'inélinaison de l'aiguille aïimantéé et (sur l'intensité de la force! qui à dirigé à diverses Jati- 'indég! mais Gay-Lussaé ne fen/tint pas là: éema 372 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. partout des lumières sur son passage. À Rome, ayant à sa disposition le laboratoire du chimiste Morichini, il constata que l'acide fluorique coexistait avec l'acide phosphorique dans les arêtes des poissons, et déter- mina la composition de la pierre d’alun de La Tolfa. A Naples, où ils arrivèrent le 46 juillet, il eut le bonheur {l'expression n’est pas de nous) d’assister au spectacle du Vésuve en feu. « Le volcan, dit Arago, se livra brusquement à ses magnifiques et terribles évolutions, comme s’il eût voulu célébrer la bien- venue des trois savants observateurs : éruptions de poussière, torrents de lave, phénomènes électriques, rien n’y manqua; le tout accompagné d’un des plus effrayants tremblements de terre que Naples ait jamais ressentis (1) ». Gay-Lussac fit coup sur coup six ascensions au cratère de la montagne, et crut inutile de recourir à l'hypothèse de la chaleur centrale de la terre pour expliquer les phénomènes volcaniques : il les attribua uniquement à l’action de l’eau de la mer sur des matières combustibles. On sait que le monte Nuovo a suroi, en 1538, dans l’espace d’une nuit et d’un jour. Gay-Lussac alla le visiter ainsi que l’Epomeo, et adopta, pour ne plus l’abandonner , le système de Léopold de Buch sur la formation soudaine des mon— tagnes par voie de soulèvement. Dix-huit années après, il publiait, dans les Annales de Chimie et de Physique des Réflexions sur les Voleans. Son mémoire, qui abonde en aperçus ingénieux, commence par ces mots: « Je n'ai pas en géologie l'étendue des (1) Arago, Notice biographique sur Gay-Lussac, p. 22. GAY—LUSSAC. 373 connaissances qu'il faudrait pour traiter un tel sujet : je ne ferai que l'effleurer ». — Sitous les savants, dans les questions dont la nature garde encore le secret, avaient montré la même modestie ou la même loyauté d'esprit, ne se seraient-ils pas épargné beaucoup d'erreurs, et souvent de fâcheuses méprises ? Dans le voyage de retour, Gay-Lussac reconnut que l’air qu’on retire des eaux thermales de Nocera contenait 30 p.°4 d'oxygène, comme ordinairement toutes les eaux de source. Il avait fait à Naples la même observation sur l'air que contient l’eau de la mer. Il s'arrêta à Pietra-Mala pour étudier la nature des flammes qui y brûlent de temps immémorial ; il visita à Bologne le comte Zambucari, déjà victime d’une expérience aérostatique, et qui devait en être le martyr; il vit à Milan Volta, l'orgueil et l'honneur des sciences en Lombardie ; et, quand notre savant voyageur alla demander où logeait cet homme d’une réputation européenne, la police, qui n'aurait certes ignoré ni la demeure d’un sous-lieutenant ni celle d’un commis aux vivres, répondit qu'elle ne le savait pas. À Gœættingue et à Berlin , le célèbre naturaliste Blumenbach, le chimiste Klaproth et le physicien Ermann firent à Gay-Lussac les honneurs de leurs universités avec l’empressement et la déférence qui distinguent la studieuse Allemagne. De retour à: Paris après une année d’absence, il fut nommé membre de l’Institut le 8 décembre 1806, et suc- céda, dans la section de physique, au vieil acadé- micien Brisson. L'année suivante, Berthollet fonda la Société d’Arcueil, et lui donna ce nom à cause du village de 374 CONGRÈS SCIBNFFRIQUE DE FRANCE. la banlieue: dé Paris oùril avait salmaison: de cam page! Les premiers rheémbres furent Laplace: Biot,, Gaÿ-Lussac, Humboldt, Thénard, de Candolle, Collet- Descotils et'Berthollet le fils, auxquels $erréumnirent plus tard Malus, Arago, Chaptal, Bérard, Dulong et Poisson. En quelquesrannées, cette Société a -publié trois volumes de précieux mémoires, let’ a: exéreé dès son origine, une influence presqueégale àcelle- de. ta première classe dé l'Institut, dont -ellé semblait, être un 'démembrement. Organisée sous lechaut patronage dé Berthollet et [de Laplace, elléza peut-être. eu l'inconvénient / dé'aisser.odominer «trop; long-temps leurs idées, d’y retenir trop fortemént:les. esprits jeunes et visoureux , ét/d'entraver leur,essor vers, de. loin- taines ét'plus éclatäntes lumières: 61 + VER ET Ainsi dans lès travaux! exécutés, en4808,. an moyen 'de'lù pilé voltaique, Gay-Lussac.et.Thénard tentèrent l’analysé dé l'acide muriatique,, oxygéné. IIS avaient probablement entrevu la;vérité; et recueilli suffisamment de faits pour:démontrer que-ce g'az.était un corps simple: «Les phénomènes, qu'il présente, disaiént-=ils à l’Institut, s'expliquent assez bien. dans cette hypothèse ‘nous ne cherchons point, cependant à la défendre, parce qu'il nous semble qu'ils, s'ex+ pliquent encore mieuxren régardant l'acide, muria- tique oxyg'éné comme-ün: Corps COMPOSÉ. à» 1) otre ‘Par cette déclaration ,;(les -deux jeunes chimistes cédaient peut-être moins àleur, propre conviction qu'à V’empire: des opinions de la -Société, d'Arcueil et aux! conseils de Laplace etide Berthollet ;,et nous avons lieu de croire que Gay-Lussac s’est reproché cette condescendance, surtout ‘lorsque: Humphry MAR HOAYHUUSSAO I) 24140) 315 Davy, ‘que one: retenait:auctine considération: de per— sonnies et d'esprit decorps; eut démontré sans réplique qué/ l'acide muriatiqueroxyg'éné létaitrum! corps simple auquel Ampère proposa dé! donnétlérnom:de chlore; ce qui fut universéllement adopté: M bts ‘Dans ‘lé '-tonre 11° des»®Mémoiresiode da Société d’Arcueil} Gay-Lussacratconsigné lesciésuttats, de ses ôbservations ‘magnétiques pendant: son voyage, en Italie et en Allémagne avéci-M.!@& Humboldt,La sciénce du magnétisme terrestre tv fait (de: grands progrès depuis 4805l mais; à:l'époque oùcertravail fat publié} il était un modèle; dit . ie Si compétent et si sévère (1). bi atrré| ‘Ce second ‘volume! contient ‘2 ébre. mémoire, res Gay-Lussac sur la combinaison! des:| substances. ga- zeuses entre elles! C'est là qu'il'a établi, que les: ro- lumes des gaz qui $e combinent sont toujours dans un räpport simple, tel que Da, Là 2,2 à 3; et que; si le ! composé ‘éprouve: une contraction; ,levolume contracté ‘est! lui-même en: rapport simple. avec: le volume de l’un des! deux gaz composants: Ces lois ont recu son nom, ét la chimie lui devait-cet honneur... ‘Lachimie'est l'anatomie delanature;etnos besoins, ainsi que notre instinetive curiosité, nous excitent sans césse à expliquer ‘les phénomènes qui. frappent nos organes , et à analyser les objets etrles êtres qui-nous entourent. L'analyserdes stibstantes animales et végé- tales' 4 donc pris de continuels: dévéloppements,| et nous /a! conduits ‘à des- résultats où l'agriculture raisonnée a puisé de nouvelles rressources.-Ces, progrès BASIT, 1 51) {IN 91 sy sh 9j| 2rrt {1} Moticé biographique ; ps 354 néhrro 376 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. sont principalement dus à la méthode que Gay-Lussac a imaginée pour effectuer les analyses organiques : il a signalé en même temps de quelle importance était le rôle de l'azote dans tous les actes de la végétation, et désormais il n’y à pas d’agriculteur sérieux qui puisse ignorer cette vérité. Nous nous hâtons d’arriver aux deux plus beaux titres de gloire de Gay-Lussac : ce sont ses travaux sur l’iode et sa découverte du cyanogène. Il est dans le caractère des Anglais de mettre leur patriotisme à s’attribuer la priorité des grandes découvertes, et leurs journaux annoncèrent que, en 1813, l’iode était découvert depuis deux ans, mais que lelle était la situation déplorable des savants en France qu'on n’en avuit rien publié jusqu’à l’arrivée de leur grand philosophe sir Humphry Davy {1). Effectivement l’illustre chimiste anglais, qui avait obtenu en 1813 l’gutori- sation de traverser la France pour se rendre en Italie, avait séjourné quelque temps à Paris, et y avait recu des échantillons d’iode, que personne ne connaissait encore; mais l’assertion des chimistes anglais était inexacte, puisqu'ils semblaient attribuer à sir Hum- phry Davy un mérite qu’il n'avait pas eu, et dont sa renommée, déjà immense, pouvait bien se passer. Gay-Lussac leur répondit par l'exposé des faits, et revendiqua pour lui la priorité des recherches expéri- mentales sur l’iode; car il était à la fois modeste, fier et jaloux de sa réputation : il la voulait pure et incontestée, comme faisant partie de la gloire scien- tifique de la:France. (1) Journal de Nicholson et Tilloch, ne 189, p. 69, GAY—LUSSAC. 371 Avant de vous rapporter la réclamation de Gay- Lussac telle qu'il l'a publiée dans les Annales de Chimie et de Physique (1), nous vous rappellerons quelques particularités relatives à la découverte fortuite de l'iode. Vers le milieu de l'année 1811, un habile salpétrier de Paris, M. Courtois, remarqua dans les cendres des plantes marines une matière solide et noirâtre qui corrodait ses chaudières : c'était l'iode, qui a recu ce nom à cause de la belle couleur violette de sa vapeur. « M. Courtois, écrivait Gay-Lussac, avait observé plusieurs des propriétés de l’iode , et particulièrement celle qu’il a de former une poudre très-fulminante lorsqu'on la traite par l’ammoniaque. Il s'était proposé d’en faire connaître tous les caractères; mais, détourné des travaux de laboratoire par les soins -qu'exigeait une fabrication très-active de salpêtre et d’autres produits, il engagea M. Clément à continuer ses recherches... Celui-ci en était encore occupé lorsque M. Davy vint à Paris, et il ne crut pouvoir mieux accueillir un savant aussi distingué qu’en lui montrant cette nouvelle substance, qu'il n'avait encore montrée qu'à MM. Chaptal et Ampère. Peu de temps après, M. Clément annonça à l'Institut que j'allais continuer ses recherches. En effet, le 6 décembre 1813, je lus à l’Institut une note qui fut imprimée le 12 décembre dans le Moniteur, et j'y ai établi que liode était un corps simple analogue au chlore. Personne n’a contesté jusqu’à présent que j'aie fait connaître le premier la nature de l’iode; et il est (1) Annales, T. XCI, p. 5. 378 CONGRÈS SCIENTIFIQUE/DE FRANCE. certainque M21Davyin'a publié ses résultats qué plus dehuit jours après avoir eonntr les miens.» 1971100 Chaque jour, les applications: de l'iode!-dans"Jés arts et la médecine: deviennent! plus nombreusess "et Gay-Lussacren'a fixé toutestles propriétés spéciales si exactement: que-lonla pu setlerhent dépuis- étendre les résultats qu'il avait: Gbtenus, “où perfectionner Iés procédés qu'il'avait employés! sans rien trouvêr À rél prendre: à :ses-déterminations 1112-06 jug'émént | Messieurs , émaneide M/0Biôti1et c'ést dans sà/Notice sur. Gayooocmit sh " Ghyrhssac ER siégé.dix-huit ans à nos chambres Jégislatives, Qù.,battait le cæur,constitutionnel, de la .France, x 84 OÙ 50 manifestaient. trois forces, également :Patriotiqn es; l amon r.des libertés mationales, le,respect du Principe. d'antorité.monarchique -et] l'esprit de \Bouxernement. Certes;il;n/ayait pas brigué la:pairie : ais, on n,,ne, saurait. douter, qu'il ne: l'eût! désirée. . Cependant, il n'aimait de la, politique que.les-parties DL nil, pouvait se.rendre, VEre et, quoique. prêt: à se dévouer au seryice du,.pays, il.n’aurait pas, voulu que les affaires publiquesle détournassent despaisibles travaux de la science. ? ' j arun cle trret | :9[[9rr029 BASS SPSID &'FUST 1189190 pe (Grand. penseur.et, constamment à, la,recherche: du ,Possible;et, du vrai, plus. philosophe;;en actions-qu'en PIRE il ne. fit, pas abus.de,la. tribune: paxlemen- aie “til cpréférait y, exposer et y.discuter;,des principes et des idées pratiques plutôt que d'y soutenir des opinions de partis. Théoricien, profond, et, jamais .sYstématique, il a.enrichi le langage-philosophique.de .£e mot, si simple.et si juste: Rien n'est iplus entété qu’un 9 À ait, ;fonçevait.sans lenteur comme::sans.impatiénce ni Jetigue ;. -et,; dès.qu'il avait ‘pris 6asrésolution, 1 marchait, droit.au:but.en homme sûr, de: son fait. isi,G'est.dans l’espace, d'une-nuit qu'ilkaimaginéiet orne Son ingénieux; procédé +de; fabriquer 381 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. l'acide sulfurique. Dans la polémique scientifique, il a eu de rudes antagonistes : Dalton, Humphry Davy et Berzelius, et, dans la politique, il n’a pas craint d'attaquer de front l'opinion du Gouvernement ou celle des masses quand il les croyait égarées, ‘et de ‘com- promettre son crédit ou sa popularité. Observateur attentif et exact des phénomènes de la nature , il était servi à souhait dans ses expériences de précision par les meilleurs organes et par cette ingénieuse adresse manuelle dont avaient été doués également Leibnitz et Newton. Grand professeur, il a illustré les chaires de l’école Polytechnique, de la Faculté des Sciences de Paris et du musée d'Histoire naturelle ; car il excellait dans l’art de faire aimer la science à ses auditeurs, de leur en expliquer les procédés, et de leur en in- culquer les formules ; il intéressait les esprits autant qu'il les éclairait, et il a rempli la France et une partie de l'Europe d'hommes fiers d’avoir été ses élèves, et qui gardent de ses lecons, où ils ont puisé tant de lumières, un ineffaçable souvenir. « Il n’y a pas un homme auquel je doive plus pour la rectitude de mes études, de mon intelligence, de mon caractère moral, écrivait M. Alexandre de Humboldt (1). (1) M. Alexandre Humboldt, à madame Gay-Lussac. Berlin, 13 mai 1850. L'amitié dont m'a honoré ce grand et beau caractère a rempli une belle portion de ma vie. Personne n’a réagi plus fortement, je ne dis pas seulement sur mes études, qui avaient besoin d'être fortifiées , mais sur l'amélioration de mon sen— GAY—LUSSAC. 385 Gay-Lussac, aussi courageux que sage, ne redoutait aucun péril dans les champs de la science : physicien entreprenant, il s’est exposé aux hasards des ascensions aérostatiques dans un temps où, Sans exagération, il y avait de l’audace à le faire comme il l’a fait; chimiste intrépide, il affrontait froidement les dangers des expériences nouvelles, et, au feu de son labora- toire, il a recu plus de blessures que beaucoup de nos vaillants généraux n’en ont reçu aux combats. La révolution de 1848 l’enleva aux fonctions politiques. Il se détacha de l’enseignement; car il touchait de près à la vieillesse, si l’on peut appeler vieillesse cette ferme et complète maturité qui s’est perfectionnée incessamment sans s’altérer ni saf- faisser d'aucun côté. Retiré dans sa campagne de Lussac près de Saint-Léonard, il y fit construire à grands frais un laboratoire modèle, et s’occupa, entre autres Choses, d'une série d'expériences sur les subs- tances végétales servant à l'alimentation ordinaire de timent, de mon intérieur. Quel souvenir que ma première rencontre chez M. Berthollet à Arcueil , mOn travail journa- lier à l’ancienneécole Polytechnique , mon admiration toujours croissante, mes prédictions sur sa future illustration, dont mes ouvrages d'alors portent l'empreinte: mon espoir que long-temps mon nom resterait attaché au sien, que de sa gloire quelque chose réjaillirait sur moi! Toutes ces phases de la vie se représentent à ma mémoire avec un charme indi- cible ! Je n'ai besoin de raisonner ni mon admiration ni mon éternelle reconnaissance. 77 n'y à pas un homme à qui je doive Plus pour la rectitude de mes études , de mon intelligence, de MON Caractère moral, qu'à celui dont vous avez fait le bonheur Par vos nobles qualités du cœur et de l'esprit. 25 386 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. nos cultivateurs, afin de leur apprendre à mieux’ se nourrir sans augmenter leur dépense. Vous prendriez plaisir, Messieurs, à suivre le grand chimiste dans les détails de sa vie rurale, interrogeant les paysans et les ouvriers, écoutant avec attention leurs réponses ou leurs observations, s’efforcant de modifier leurs routinières métbodes de travail, et tout cela dans notre patois, qu'il parlait fort bien, et qu'il aimait à parler comme on aime tout ce qui nous rappelle notre enfance ; et c’est alors qu'il nous a dit ce mot souvent cité depuis : l est singulier combien j'ai appris de choses dans mes causeries avec nos paysans. Il avait pour son pays natal ce vif et profond attachement qu'on sent plutôt qu’on ne l'explique, et il écrivait, en 1849, à son parent M. Fargeaud, physicien éminent et ancien professeur à la Faculté des Sciences de Strasbourg, qui, né aussi à Saint-Léonard, songeait à s'y retirer : « Je suis content que tu viennes passer tes vieux jours aux mêmes lieux oùs’est écoulée ta première jeunesse. Tu éprouves sans doute le même sentiment que moi : tout le temps que j'ai passé loin du pays où je suis né s'est écoulé comme un songe. Le temps de mon enfance me paraît se perdre dans le passé le plus Jointain ; et c’est par ces souvenirs confus que je crois avoir long-temps vécu. Dans un âge avancé ces sou— venirs sont pleins de charmes. » C'est à Lussac qu’il composa les premiers chapitres de sa Philosophie chimique, ouvrage qui aurait été le résumé de sa vie scientifique : il les a fait brûler lorsque, sentant les cruelles étreintes de sa dernière maladie, et cédant aux pressantes sollicitations de sa famille, il se décida à quitter Lussac, qu'il ne devait GAY-—LUSSAC. 387 plus revoir : il mourut à Paris, d’une hypertrophie du cœur, le 9 mai 1850. Gay-Lussac était d'une hante taille, d’une com- plexion robuste et d'un maintien habituellement grave. Au premier abord, il semblait froid, même sévère; mais la bonté de son caractère reprenait bientôt le dessus, et rassurait ceux que sa constante réserve aurait pu embarrasser. Il portait sur son visage l'empreinte d’une heureuse sérénité . et, sur son vaste front, celle d'une méditation incessante; ses traits avaient une noblesse calme; ses yeux, restés faibles par suite d’une explosion de potassium qui avait failli le rendre aveugle, laissaient échapper des regards pénétrants, plutôt voilés que cachés par des lunettes, et sa bouche, sérieuse et souriante à la fois, n’exprimait que la bienveillance : de là le charme égal et le constant accord de sa parole et de sa physionomie. Bien qu’absorbé, depuis la force de l'âge, par ses profondes études mathématiques, il avait soigneusement gardé le goût de la belle latinité, et le livre qu'il lisait le plus était Virgile. Il avait besoin d'aimer et d'être aimé; et, trois jours avant de mourir, il disait à sa digne compagne, qui, pendant quarante-deux années d’une inaltérable union , lui avait prodigué tous les soins et toutes les joies qui s’épanchent des délicatesses de l'esprit et des plus tendres sympathies du cœur : « Aimons-nous, aimons-nous jusqu'au dernier moment : la sincérité des. affections est le seul bonheur ». Le temps passe, Messieurs, et nous passons avec lui : iln’a pour nous qu’un rivage. la mort. Heureux ceux qui vont y aborder après avoir vécu long-temps, 388 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. purement; glorieusemént , ét qui, entourés dé l’admi- ration générale comme Gay-Lussac, n'ont fait verser d’autres larmes que celles causées par la douleur de les avoir perdus! Gay-Lussac a été membre de l’Institut, membre de l’Académie royale de Prusse, de la Société royale.de Londres, de l'Académie impériale de, Russie; des Sociétés d'Édimbourg, de Turin, de Stockholm ;mpro- fesseur de chimie à l’école Polytechnique,.de physique à la Faculté des Sciences de, Paris, de chimie.générale au Musée d'Histoire naturelle; membre, du Bureau consultatif des arts et manufactures et du comité, des poudres et salpêtres; chef du,bureau de garantie à l'hôtel des monnaies; , député de. .la Haute-Vienne, pair de France, grand-officier de la Légion-d'Honneur, commandeur du mérite de Prusse et chevalier de l'Étoile polaire de Suède. Sa statue doit être érigée sur une des places publiques de Paris, en face du collége de France : ce qui prouve, Messieurs, que, de notre temps, les sciences, loin de former une famille à part, constituent plutôt une famille universelle; que les sociétés et, les, académies qui; dans’ tous les pays veillent à la garde des trésors scientifiques, Sont animées d’un esprit libéral de confraternité, et que les populations, aussi bien que les souverains, sentent que la gloire de l'esprit est la plus précieuse de toutes et la plus digne d’être élevée. BARON GAY DE VERNON. LISTE, DES TRAVAUX, DE GAY-LUSSAC LE PAR ORDRE CHRONOLOGIQUE. 2 ‘Nous croyons utile de publier la liste complète des travaux de Gay-Lussac, parce qu'ils n’ont pas été réunis en corps d'ouvrage, et que souvent on est embarrassé pour savoir où les trouver. Les mémoires précédés ‘d’un astérisque ont été lus à l'Institut; ceux précédés de deux astérisques ont été Fas à la Société d’Arcueil. Les abréviations 4 de C., À. de C. et P., signifient qu'ils lont été imprimés dans les Annales de Chimie, danslés Annales de! Chimie et de Physique.’ 1e * Recherches sur la dilatation des gaz et des vapeurs {81 janvier 1802) : À. de C., T. XLIIL. 20! Note'sur les EL mutuelles des Nés métal- oliques (1803):4: del C., T.'XLIX. 30 * Relation d’ün voyage aérostatique fait par Gay-Lussac et ER (1er octobre 1804). Relation d’un voyage aérostatique fait. par. Gay-Lussac le octobre 1804). 5 “Expériences sur les moyens eudiométriques et sur la “proportion des principes constituants de l'atmosphère, avec M. A. de Humboldt (21 janvier 1805) : Journal de Physique, LMLX, 60 * Observations sur l'intensité et l'inclinaison des forces magnétiques faites en France, en Suisse, en Italie et en Allemagne avec M. Alexandre de Humboldt (8 sep- tembre 1806) : Mémoires de la Société d’ Arcueil , T. Ier. Te * Essai pour déterminer les variations de température qu'éprouvent les gaz en changeant de densité, et Consi- 390 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. dérations sur leur capacité pour le calorique (15 sep- tembre 1806) : Mémoires de la Société d'Areubil, T. Ier. 80 ** Sur la vaporisation des corps (26 février 1807) : Mémoires de la Société d'Arcueil, T. Ier. 96 Mesure des phénomènes capillaires (1807) : Jowrnal de Physique , T. LXV. 10 ** Mémoire sur la décomposition des sulfures par la chaleur (11 avril 1807) : Mémoires de la Société d'Arcueil, T. Jer. 11e ** Note sur la capacité des corps pour la saturation (12 juin 1807) : Mémoires de la Société d'Arcueil, T. Ier. (Ses travaux en société de Thénard comprennent quinze mémoires.) 120 * Nouveau procédé pour obtenir le sodium et le potas- sium purs (7 mars 1808). 130 * Sur les précautions à prendre pour réussir dans la préparation des métaux alcalins (2 mai 1808). 14e * Phénomènes que présente le gaz ammoniac avec le métal de la potasse (16 mai 1808). 15° * Décomposition de l'acide boracique par le potassium; séparation du bore (20 juin 1808). 16° * Recomposition de l'acide boracique,; histoire du bore (14 novembre 1808). 170 * Sur le rapport qui existe entre l'oxydation des métaux et leur capacité de saturation pour lés acides (5 décembre 1808) : Mémoires de la Société d' Arcueil, T. II. 180 * Sur la combinaison des substances gazeuzes les unes avec les autres (1808) : Mémoires de la Société d'Areueil, T. II. 19° * Recherches sur l'acide fluorique : tentatives pour en extraire le radical (9 janvier 1809). 200 * Action du potassium sur les sels terreux et alcalins et sur les sels et oxydes métalliques (23 janvier 1809). 21e * Propriétés comparatives du gaz acide muriatique oxygéné et de l'acide muriatique (27 fevrier 1809). 290 * Sur la vapeur nitreuse et sur le gaz nitreux considére comme moyen eudiométrique (1809) : Mémoires de la Sociéle d'Arcueil, T. II. PTIT PETER GAY-LUSSAC. 391 230 * Recherches sur la production d’un amalgame par l'am- moniaque et les sels ammoniacaux au moyen de la pile vol- taïque (18 septembre 1809) : À de C., T. LXIII. 240 * Mémoire en réponse aux recherches analytiques de M. Davy sur la nature du soufre et du phosphore {18 sep- tembre 1809). 950 * Méthode pour déterminer les proportions des principes qui constituent les substances végétales et animales, et application de cette méthode à un grand nombre de ces substances (15 janvier 1810). (Ces quatorze mémoires , du no 12 au ne 25, ont été publiés par leurs auteurs sous le titre de Recherches physico-chimiques, 2 vol. in-8, Paris, chez Déterville, (1811.) 26° GAY-LUSsAC et THÉNARD : Observations sur trois mé- moires de M. Davy (1810) : 4. de C!., T. LXXV. 97% Observations sur l’acétate d'alumine (1810) : À, de C., IT, LXXIV. 280 * Mémoire sur la fermentation (3 décembre 1810) : 4. de CT. LX XVI. 29 Sur l’action mutuelle des oxydes métalliques et des hydro- Sulfures alcalins (1811) : À. de C.,T. LXX VIII. 30° Note sur la précipitation de l'argent par le cuivre (1811) : Aude C., T. LXX VIII. 310. ** Mémoires sur les oxydes de fer (3 novembre 1811) : NA: de CET. LXXX- 32 ** Sur la précipitation des métaux par l'hydrogène sulfuré : (8 voyembre 1811) : 4. de C., T. LXXX. 330 * Note sur la densité des vapeurs de l’eau, de l'alcool, de l’éther sulfurique, et sur un appareil fort simple employé pour déterminer cette densité (25 novembre 1811) : À. de C., TLXXX. 340 * Mémoire sur la capacité des gaz pour le calorique (20 janvier 1812) : 4. de C!., T. LXXXI. 35° Mémoire sur la déliquescence des corps (1812) : À. de C., T.-LXXXII. 392 CONGRÈS SCIENTIFIQUE: DE FRANCE, 36° Note sur la-capacité/des fluides élastiques pour lé! nue (1819) : 4. de C!., T. LXXXINU. 3% Mémoire sur les changements -de couleur que produit 14 chaleur dans les corps colorés (1812) : À. de C., T. LXXXIH. 380 Note,sur,les sulfures sulfurés, les muriates dé mercure et. les phosphoresalcalins (1818): À. de C, T. LXXXV! 390 * Mémoire sur l’existencerdé l'alcool dans le vin (Her thiars 1813) : 4. de, CT. EXXXNVI, et: Mémoires: d'Areueil,T. III. 400 ** De l'influence de la pression de l'air sur la cristallisation des sels (octobre 1813) : Mémoires d'Aroueil; T. IH; et'À. dd (CPR 1 ©0041 ER | 41 * Surunmouvel.acide formé avec la substance découverte Ge M. Courtois (6 décembre 1813) : 4. de C.,'T! LXXX VII. 420," .Note-sur la combinaison de l'iode avec me LL 1( 20 _ cembre 1813) : À. de C..T. LXXXVIILHIW 41 qui sinMAragiee sus dede Kiet août 1814 }s-Au de Ci) D 'XCI. * Recherches sur, l'acide prussique: (18 biterané 119): Fee A De Lai XCV. à AU JU — ,H4471 g, )AP2UI-YAU" CS 45 Lettre, de Gay-Lussac à (M£! Clément: sur l'analyse‘ de l'alcool et de l’éther sulfurique et sur les pig de Ta fermentation (1815) : À. de C., T. XCVI. 460 Observations suril'acide urique: (1815). : 14,188 CH'TEKCVÉ 4To Réclamation de Gay-Lussac sur la découverte de acide chlorique (1815) : À. de C., T. XCW ele 480,0bservations.sur Loxydation de: js og métaux CS ) Aude C. et Pyy Tr levres ob sbuoe e 490 Description. d’un nouveau baromètre portatiE dBe à VA de Get P., Æ. ler, su ke 2 (0681) sbiwwb suproies sfr 50e, Observations sur les raiebinpiaonst formées par FREE 1e chlore (1816) : À. de C. et P., T. Ier. Lil 5le Sur,les combinaisons de: He avec Lompeu sx A.de, Cet P., T. ler; Hd "5 Fe Note sur Hi dilatation des uides (1816) : À. de.lC\ let -R., TH, nil 29b wottetousv3i 16q tiwborg bio Lie TOM 207 53e Description d'un pub A propre à indiquer des marina et, des: winima de- température! (1816): 4alidet C1 (PT JIL t 0 ‘24e GAY-LUSSACL in / 393 540, Description, d'un, eudiomêtré! de Volta! (1816) :- 4: de ©. etrP.,T. IV. . 59e Notice sur H, V:Collet-Descotils {1816} : 4/- de ©: et P., DAV, 560,.Perfectionnement de la sdtipé à gaz- inflammable ét appareil pour se procurer instantanément du gaz hydrogène dans.un laboratoire (1816): 144 1de Cet P:) TV. fe, * Mémoire Sur/les combinaisons du soufre avec les alcalis rfS.décembre:1817) ::4. dé Cioet-PI;T: VI. 58 Note sur la salure de l'Océan Atlantique (1817) : 4. de C. GP. IE: WT. 5%,Supplément.à-la notesur larsalure dela mér asie): “A, de Ori Pa Ti VI. 604 Note sur la: fixité du degré d'ébullition des liquides (1818) : ke ATeCuet PE \T:ANIT: 6le Lettre de Gay-Lussac à M. A:de Humboldt sur la! forma- tion.des muages orageux (1818) + A: dé C: et PT. VIII. 62 GAY-LussAC et WELTER. — Sur un acide nouveau formé par, le soufre et l'oxygène (1819) : Aide 0: et 'P}, T! X! 63° Analyse, de l'eau de la mer Morte (1819) :: ‘A. dé C''et P., OX T. 6doyEssaide l'eau du oétinin : (1849) : À: de'C. et P.; T.'XI. 65;Premier mémoire sur la-dissolubilité / des Dee das l'eau US19):24. de Pet. Ci, T. XE 660,Gan-LussAG; et NWELTER. — Observations Sur l'essai dés soudes et des sels de soude du commerce! Kara A. de P. et 0. LT. XIII. 6% Sur le calorique du vide (1820) : A. 4 Cet P., T. XIII. 68° Analyse du, sulfate de NH (1820) #4. de Ci ét P., T. XIII. 69:Note sur:les- propriétés qu'ont les matières salines de rendre les tissus incombustibles ete # de Le FIBRE TE XVI: [29 49 10° Mémoire sur le froid ot) par re des liquides (82) sde GC et PT. KXI la Réflexions sur les volcans (1823) : 4. de P. et C., T. XXII. 120 * GAy-LussAC et LIÉBIG. — Analyse du fulminate d'argent (1824) : À. de C. et P., T. XXV. 394 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. 730, Instruction sur l'essai du chlorure de chaux (1824); 4.,de CHEB TX X VI. 740 Instruction sur les paratonnerres (1824) :,4, de Gel P., T. XXVI. 75° Observations sur quelques sulfures (1825) : À, de Cet P., T. XXX. 76° Lettre de Gay-Lussac à M. Longchamp sur la théorie de la nitrification (1827) : 4. de Cet P., T. XX XIV. To Sur le carbonate noir de cuivre (1828) : À. de 1C, el P., T. XXXWVII. {] 780 Sur le pyrophore (1828): 4. deiC'. et P., T. XXXIX. 79° Essai, des potasses de commerce (1828): 4. de Cet P., T. XXXIX. 800 Sur la liqueur fumante de Bogle : (1829) : 4. de Ca el P.. T: XL. 8le Sur l'analyse du borax (1829) : À. de: C'.et P., T. XL, 82e Sur la prise du plâtre (1825) : 4. de C. et P.,T. XL. 83° Sur l'acide phosphorique (1829) : A. de C. et P., T: XL. 8do Sur le-kermès (1829): A.de C. et P., T. XIII. 85 Sur l'absorption de l'oxygènelpar l'argent à une tempé- rature élevée (1830)-::4: deiC et Pi, T..XLV. S60o Faits pour servir à lhistoire du bleu de Prusse (1831) : A. de C. ebtP., THXIENI 870 * Sur l'acide oxalique (1831): 4. de Cet P,,'T; XLNI. 88e Précipitation! des composés dans un dissolyant où ils sont également solubles (1832) : Aide ©’. et P., T. XLIX. 890 Sur l'ébullition de deux liquides mélangés sans aucune action l’un sur l’autre (1832) : 4: de C'ebiP., TD: XLIX: 900 Sur le précipité pourpre de Cassius (1832) : 4. de C: et P., T. XEIXL 9lo Description d'un thermomètre à air (1833) : À. de C: et P., T.LIV. 920 Description d'un appareil pour le mélange des gaz avec les vapeurs (1833) : 4. de C. et PLIT. LIV. 93% Description d'une lampe à souffler le verre (1833) : 4. de C'. el P.,Ts DIV. 94e Observations sur l'essai des matières d'argent par la voie humide (1835) : À. de C. et P,,T. LVIIL GAY—LUSSAC. 395 95° Nouvelle instruction sur le chloromètre (1835) : 4. de C!. CPR ENLX. 960 Sur la décomposition du carbonate de chaux au moyen de la chaleur (1836) : 4. de C. et P., T. LXIII. 97e Séparation du gaz acide carbonique d'avec l’acide sul- fureux et l'hydrogène sulfuré (1836) : À. de C'. et P., T. LXIII. 980 Nouvelle observation sur l'essai des matières d'argent par la voie humide (1836) : 4. de C'. et P., T. LXIII. 990 Sur l'origine de la glace qu’on trouve au fond des rivières (1836) : 4. de C. el P., T. LXIII. 100° Observations sur la décomposition des sulfates métal- liques par le carbone (1836) : À. de C'. et P., T. LXIII. 1010 Nouvelle simplification de l’eudiomètre de Volta (1837) : A. de C. et P.,T. LXVI. 102 Moyen simple de faire servir un fourneau ordinaire de fourneau à moufle (1837) : 4. de C. et P.,T. LXNI. 1030 Observations sur un nouveau procédé de chauffage importé d'Angleterre (1838) : À. de C. et P., T. LXVII. 104 Considérations sur les forces chimiques (1er mémoire), (1839) :14. de Cet P., T.ILXX, 105° Discussion de quelques observations de M. Pelouze sur les mêmes corps considérés à l'état amorphe et à l'état cris- tallin (1843) : À. de C'. el P., 3e série, T. VII. 106° Observations relatives aux recherches de M. Millon sur l’action réciproque de l'acide nitrique et des métaux (1843) : A. de C. el P., 3e série, T. VII. 107% Observations critiques sur la théorie des phénomènes chimiques de Ja respiration (1844) : À. de OC. et P., 3% gérie, T. XI. 1080 Sur la solubilité des fluides élastiques (1845) : 4. de C!. et P., 3e série, T. XIII. 109% Remarques sur la théorie de M. Leplay touchant la réduction des oxydes métalliques par le charbon (1846) : Ave C. et P., 3e série, T. XVII. 1100 Essai de l'argent contenant du mercure (1846) : À. de C'. et P., 3e série, T. XVII. . 111o Mémoire sur l'eau régale (1848; : 4. de ©, el P., 3e strié, Le: XXII. 91105 ABBÉ TEXIER (910 [I Lu ” ‘ axr! re pyanne Sa ta TILL: (19179 9{fJ1110)0) 9 LI BV9I À [198 9TTT (118 SAOLH , AA (19 ef162 2T9IEA LA JJ11ILI | | _ , 1 2CSI NOTICE BIOGRAPHIQUE oi 216) tif PDE VUVSAR EE GENERALE bu 4 ro aiall en! tlonù zws afforuten ie noiteqieetb sl 5h voilier (8 I(191510V 9[ 9j IC T1 viol sa 19 tt20h0r 9h “tE 1 hi | {fi H DITES] : | { { [(I98 91 J 0) [14 19 [I :2orsoioolosdt &sbut 292 OOLHTeLN 9385 it li 1 0 MESSIEURS tughbaolis 0 Ï Nes c9 JO f eq) MO s “otd tulmov li La Ort de M. l abhé Texier | a foiter ur grand es dans cette réunion; ;qu'ilavait préparée ,etouildevait- remplir, les; fonctions. de secrétaire: général opourila section d’ archéologie. On a:voulu:que som souvenir du'| moins. fût présent au.Congrès | ainsi.que ses idéesslet’ je me suis, associé ayec empressement: à: cette bonmé ) pensée, .en .acceptant-lespieux devoir de-rètracer- devant, vous la,vielet sé aga del'é sue collègue que nous avons.perdus |, srctqlioe 6 IV DAl91 Plusieurs, d’entre vous; Mestiènbes conrrsissstehei mieux, que, moi Fabbé Texier. J'ai eu trop rarement l’occasion de le rencontrer soit à Limoges, soit à Paris, L'ABBÉ TEXIER. 397 et c’est à peine si je pourrais me dire son ami sans la vive et constante sympathie qui nous unissait, malgré les distances et la diversité de nos vies; mais les parents et les amis de jeunesse de M. Texier ont bien voulu me mettre àmême, par les renseignements qu'ils m'ont fournis, de m'acquitter moins incomplète- ment de la tâche que vous m'avez confiée. Jacques-Rémyÿ-Antoine [Fexiér taquit à Limoges le 17 janvier 1813. TI commença ses classes au petit séminaire, et les acheva au lycée comme externe. Ses parents, sans être riches, purent ainsi suffire seuls aux frais de son éducation et de celle de ses frères, dont l’un entra dans le commetee 1 autre dans és) où il est officier supérieur. Pour, li, sa gravité précoce au milieu de la dissipation si naturelle aux écoliers, son air de modestie et sa fervente piété le vouaient d'avance à l’état ecclésiastique. A la fin de 4831, Antoine Texier quitta le collége pour le séminaire, où il fit avec distinction ses études théologiques. Il en sortit en 1834, et, en attendant l’âge du sacerdoce , il voulut bien consacrer son temps à une ne privée. Clest ainsiiqu'il fat ametñié chez M le Comté de Sainte-Fortunade; mon loin’ dé: Tulle! LA il habitait , nous dit:on., un château #othique dont la bibliothèque poudreuserc: remfermaitu les eux’: éhroniqueurs É Villehardouin cet Joinville} Froissard et Philippe de Comines;) avait -dans son voisiage Obasiné, dec! ses-Cloîtres.en ruine, son imposante église Kama et’ ce; Spléndide : tarhibebur ‘def Saint Étiénné/Oun des chefs-d’œuvre de la sculpture du méyen Age: Sous cés influences se produisit iâturellèment le) peñehänt de l'abbéTexier:pour L'ärchéolodie:léar, Si 1és /éiréons: 4% 398 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. tances de temps et de lieu ne créent point les aptitudes ni les mystérieuses inelinations de l'esprit et du cœur, elles les révèlent, et leur ouvrent la voie. Bientôt l'abbé Texier, rappelé à Limoges par son évêque, abordait, à la faveur d'une dispense d'âge, les saintes fatisues du ministère, et devenait vicaire du Vigen. Ici encore les circonstances servirent merveilleusement ses goûts d'étude, et déterminèrent sa vocation aux travaux archéologiques. I1 se trouva ainsi attaché au service de l’église autrefois fameuse de Solignac, tombée au rang de succursale. Sauver, s’il était possible, de l’abandon et de la ruine l'antique abbaye de saint Éloi, telle fut la mission qui s'offrit et s'imposa en quelque sorte à l'abbé Texier. M. le comte de Montalembert fut son premier confident, et il encouragea chaudement le jeune vicaire à persé- vérer dans son généreux dessein. Loin d'estimer que le goût de l'archéologie fût un défaut ou un danger chez un prêtre, l'illustre défenseur de l'Église se disait, à cette occasion, « heureux de voir le clergé entrer peu à peu dans l'intelligence et l'amour de l’art aue ses prédécesseurs ont fondé ». M. de Montalembert savait, en effet, par expé- rience, que, sans rien négliger des sérieux devoirs de la vie, les hommes les plus occupés dans la politique, comme il l'était lui-même, ou dans toute autre Car— rière libérale, peuvent encore consacrer une part de leur temps aux travaux historiques, en y trouvant un vrai délassement, mais grâce auquel l'esprit s'élève et le talent se mûrit. — Il savait que ces recherches scientifiques , quand elles se portent sur l’archéolog'ie chrétienne, sont particulièrement saines et édifiantes L'ABBÉ TEXIER. 399 pour les prêtres, dont elles raffermissent la vocation etretrempent le courage, en leur mettant sans cesse 1 sous les yeux l’âge héroïque du christianisme. Peu de temps après, sur la proposition de MM. de Montalembert et Didron, ‘accueillie à l'unanimité, l'abbé Texier fut nommé!correspondant du Comité des arts et monuments. Les bulletins publiés par l’ordre de M. le ministre de l'instruction publique prouvent, dès les premières pages, qu'il prit une part active et distinguée aux enquêtesouvertes par ce Comité sur nos monuments de toutes sortes. Il lui soumit notamment un important mémoire sur lé Bon-Mariage. Peu d’entre vous, Messieurs, ignorent aujourd'hui ce que c’est que ce touchant et curiéux monument. Alors, en 1839, tout le monde le croyait détruit, êt plusieurs savants en avaient publiquement déploré la perte. L'abbé Texier retrouva, dans les vastes bâtiments de l’ancienne! abbaye de Saint-Martin, convertie en un pensionnat de demoiselles, “deux statues du plns beau travail, couchées'sur la même dalle. Au geste des figures, dont l’une, qui est incontestablément une femme, se présente de profil par extraordinaire, etsemble vraiment se reculér sur sa couche mor- tuaire ‘pour faire place à l’autre, à la nature du monument, car l'honneur des statues tamulaires était rarement accordé à de simples particuliers, et celles de l’abbaye Saint-Martin n’offrent aucun in- sione de dignités séculières ni ecclésiastiques : à ces indices, M. l'abbé Texier reconnut et fit reconnaître à tous le Bon-Mariage. ‘Effectivement, d’après la légende, deux jeunes époux se rendaient à Saint-Jacques de Compostelle. 400 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. La femme tomba malade à Limoges, et y mourut. Privé de sa compagne, le mari n’en. continua ‘pas moins sa Course solitaire , et, après l’accomplissement de son vœu, il revint moarir de douleur au Heu où il l'avait perdue. Lorsqu'on voulut l’inhumer, dans la tombe de celle qui lui avait été unie.dans la vie,;,elle se retourna comme pour lui faire place, Le fait, dont la date précise, n'est pas bien connue, fut consacré par un monument. vers la fin du xire siècle , ‘et, comme on l'honora par la suite d’une sorte dé ete populaire, dans la reconstruction, de l'abbaye, qui eut lieu en 1650, les moines prirent soin de transporter les osSemnents et. le tombeau des déux époux sous une arcade creusée à l'entrée de la nouvélle église, et on grava uue longue inscription en ji copiée, en 1771 , par] l’abbé Nadaud, astaqie, néfaste où l'abbaye de Saint-Martin. devint une propriété nationale, la pierre du, Bon-Ma- riage, renversée et retournée, servit à couvrir le regard d’un aquéduc. Dégagée par hasard, elle était vouée à l'obscurité ét à une prompte destruction : la science sagace de labbé Texier rendit au monument..une partie de son ancienne célébrité. La, communication! adressée au comité des arts obtint un grand succès, puisqu ‘on Y vit, disait M. de. Montalembert ;..une véritable résurrection. Elle devint. ensuite. l'objet: d’une brochure tirée à peu d’exemplaires,, et fut enfin reproduite presque intégralement , avec le dessin qui: l’accompagnait, par un recueil Diane le Magasin - pittoresque | Je mé suis étendu plus qu'il ne fallait neutsétsé sur cette première production de l'abbé Texier... moins L'ABBÉ TEXIER. 401 considérable , mais non moins intéressante que celles quill’ont suivie. C’est qu'elle me fournit pu oCcasion de rappeler à la Société Archéologique du Limousin qü’un des projets favoris de notre savant. collègue attend encore sa réalisation. — L'abbé, Texier -de- mandait que 18 Bon- Mariage fût “transporté, dans la cathédrale de Limoges , où il est digne à tant de titres d'obtenir un asile. — Faisons en sorte | Messieurs, que ce souhait $ 'accomplisse prochainement, et. nous réndrons ainsi un pieux “hommage. au ‘confrère dont nous réprettons la mort prématurée, ë MNAñS il ne faut pas, ‘malgré l'auditoire .qui Eau coûte, qil'en M. Texier îe savant me fasse , oublier, lei, prêtre. Notié collègue avait été PORTE fe. larçure. d'AACE patrie pris ri e qu'il, h 1bita, cinq ans, etot il afTaissé 1 ies Meilleurs s souvenirs. On. rap peste nié pou” se’ mettre à la portée, des, bons paysans qi assistaient régulièrement à. ses sermons sans les totnpréndre ‘ilne dédaigna } pas, | de précher en patois, Tangue informe et RoaRaE mais la seule quiféüif connue des déticuttenrs du Limousin, L'abbé Téxier n’est pas le seul ecclésiastique qui ait, essa YÉ., dévebtte innovation ; | Mas, ‘de la part d’un! homme, déjatrès-lettré, que éharmiaient toutes des délicatesses dustyle, elle tétnoïäme d un grand à amour du bien. et. d'une réelle ‘abnégation. EX | EX SN NT 1D8S ‘les premiers! +erips de son HS “Aurine, l'abbé Texier avait fait parattr ître, Loge le Sixième vôltime! du Bulletin mohumental, Hs par M. de Caumont, une courte notice sur les émaux. Ce travail, séteRHretHetit dcetu , ‘rate germe. de l'Essai sur. les émüilleurs ‘et ‘les able de Limoges. Mis d'abord en 26 {101 402 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. lecture à la Société des Antiquaires de l'Ouest, il parut, en 4843, concurremment avec l'intéressant mémoire de M. Maurice, Ardant sur les émailleurs. Les deux ouvrages, tout à fait indépendants Pun de l'autre, s'accordaient. à réclamer, la: ,prompte création d’un musée destiné à conserver au Limousin quelques échantillons de.ces, œuvres de Limoges que toutes les collections d'objets d’art:,. publiques set privées, se disputent, avec furie,, Heureusement, Messieurs, ce double vœu fut ,acçueill. —;{Mais revenons à l'ouvrage de. M.Texier. C'est le.premier livre, digne de ce nom. par son étendue, qui ait.êté consacré à une branche importante de l'art français. Les émaux limousins y étaient. pour, la première. fois étudiés méthodiquement,.et classés par .genres.et par époques. Les trois âges de, la peinture. en émail, celui des simples inscrustations plus ou moins byzantines:; jusqu’à la fin du x sièeleret un peu au-delà,, ceux de la peinture d’apprêt en, émail , x1v‘,et,xv: siècles, et de la peinture en émail sur émail eru., depuis.la fin du xv° siècle jusqu'au ,xviut, furent, désormais distingués nettementpar tous les antiquaires. Le livre de M. Texier fit autorité sur (la matière. on peut;le dire. Il fut cité partout avec. éloges, et.servit de. point de départ à la plupart desouvrages pee os sur le même sujet, Entre la peinture en émail et e Ja ee sur verre il existe de frappantes. analogies..et, une: similitude presque, continuelle de. méthode ,et : de, procédés. Pendant la première période, des deux côtés, ce sont des mosaïques en matières vitreuses,: fixées entre des filets de métal, mais à froid pour les verrières, et par L'ABBÉ TEXIER:. 403 la fusion pour les émaux: — Plus tard, au x1v° siècle, c'est au moment où l'émail était étendu par le pinceau sur toute la surface du cuivre que les vitraux présentent aussi de véritables tableaux peints superfi- ciellément sur le verre.’ Indiqué déjà dans la notice du Bulletin monumental, ce curieux parallélisme fut développé soisneusement dans le livre de M. Texier. Mais, dans l'intervalle, M. du Sommerard , adoptant les! remarques dé M. Texier, avait proposé d'en cofiélure qué la 'peititure sur ‘vérre ‘était née en Limousin de la peinture en émail. L'abbé Texier abonda dans ce système, let dans la suite il lui consacra tout un autre ouvrage, publié en 1847. Mais ici nofre ami, güide si sûr d'ordinaire, nous égarerait par excès de patriotisme. Nous n'avons pas mandat de le louer quand même et toujours. Pérmettez-moi donc, Messieurs, de rejetér en votre nom uné prétention si flatteuse pour tiotre amour- propré provincial, Mais qui paraît vraiment! trop mal! fondée’ dans l'état” actuel ‘dés! Connaissances maux ‘d'ornement, plus anciens” que les autrés, Sontiantérieurs au tir! sivèlé | nous savons!'erl! même temps qu’ils Sont d'orisinié barbare | ét nôn romaine où gauloise. Rien n'indique qu'ils aient été particulière- ment cultivés ‘à Limoges! De mêmé! les ‘premières Verrières à personnages dônt on parle sé trouvent én Bourgogne ou en Chärnpagne vers lé commence- ment du x* siècle , et, à cette date, il n’est nullement certain qu’on fit à Limoges des émaux historiés, et surtout qu'on n’en fit pas ailleurs. au à, 404 CONGRÈS SOTENTIFIQUE DE FRANCE. Le: principal mérite de l'Histoire de la peinture sur verre en Limousin sera d’avoir donné une excellente et complète statistique des vitraux de trois départements. Lesverrières incolores queM:Téxier à découvertes dans les abbayes cistérciennes de Bonlieu et d'Obasine sont des ‘plus anciennes ‘que loi éonnaisse, et, grâce aux dessins qu’il en à publiés, nos Le ni contémporink les imitent déjà: ES bu ‘Pendant/les annnées 1843 et 1844, M' l'abbé Texier, transféré à Saint-Bonnet=1a-Maïché près de Bellac, continua à montrer quechez le savant y avait toutes les'qualités qui font le ‘bon curé de câmpagne. Un ‘incident de! sa vie privée à cétte époqué mérite d'être signalé. Parmi les paroissiens de Sainit-Botinet se trouvait M. le eomtelde Montbron.. “Entré le châtelain ‘et le ‘euré il établit promptement des relations intimes, qui s’étendirent bientôt à touté la famille de Montbron , ét'qui n’ont jamais été altérées ni refroidies. Les causéries furent! d’abord scienti- fiques. M: de Montbron vous le savez, Messieurs, était un homme très-distingué à beaucoup déititres, très-versé dans les arts ‘mais admirafeut | exclusif dé l'antiquité païenne , et ses croyances religieuses s’en ressentaient. M} Texiér soutenait contrée ui, dans d’incessantes Conversations; la causé della civilisation chrétienne même: au pointidellvue dé l'art 'ét/des lettres: En: vous! racontant ‘depuis avec tant/!dé charme: et! del talent} dans ‘une des Fséanees dé à Société Archéologique de Limoges, la vie.si agitéeet si studieuse deM: dé Montbrôn ;il:ne-vous à ‘point dit, —:sa modestie le lui défendait , = quel succès il obtint dans ces controverses, que l'esprit doux: et : L'ABBÉ , TEXIER- 405 fin du jeune curé rendait agréables au: solitaire de Montagrier. Les amis de M. Texier peuvent affirmer aujourd’hui qu'il parvenait peu.à peu. à faire partager à,son. noble interlocuteur/ses, préférences, déclarées pour tout.ce, qui tenait an moyen. âge, :- - IL n'est pas sans danger pour la -foi,de reconnaître qu’en toutes choses la. décadence. a coïncidé avec l'avènement du christianisme, et qu'il my a de renaissance; c'est le mot.consacré, qu'au xwi° siècle, après un retour complet aux.types grecs et romains: Aussi, Messieurs, serions-nous de,ceux qui-pensent queJ’archéologie de l'abbé Texier, Enfin le scolopendrium-officinale, Smith. ; se rencontre ren sur les murs Bride à l'orifice.des puits, : 4036 dE sit6q on b edron 89! i9i0V .d ste :,wD9 , sausses soso PR — Nine en ue ddbe au "une seule Re c'est le pilularia globulifera;,, Linn.,.1qui:fré- quente le voisinage des rétangs: à, Lio dc pr preignac, RÉPRU 9 Eybouleuf... Î set) ] 96 ,SDhsp \ tof o\siz Tor: lOISOÉTÉES. 1 L'isoetes| tentissima x Bor:; suffit ol à illustrer cétte famille. parmi-nous: On;en doit.la, pré- cieusé découverte à1M. l'abbé \Chaboïsseau:; qui. l'a recueillie dans l'étang de RizChauvron ; dont: elle recouvre le“8o} Su bmergésiiass +9 neoluosite psdast Depuis que j'ai vu cette plante;uje suis «persuadé q’elle esticommune:dans nos étangsiole l'avais autre- fois tconsidéréé comme: une Isimple forme du littorella dacustris ; lLinn.9 espèce très-répandue ;dans nos contrées. p .eseuoidmon egd9insv 25h 9309291 2eNJONt 51189 (I ea re 2Nôus n’en “possédés -que’deux “spèces. Le sr Clavatum ; Linn., confond ses t 1 MÉMOIRES. 465 tiges avec celles des mousses dans nos châtaigneraies à La Jonchère, Saint-Léonard, Eybouleuf, Eymoutiers; le lycopodium inundatum , Linn., habite les marais des montagnes à Saint-Sylvestre, Saint-Léger et Saint- Pierre. Mousses. — Elles parent agréablement nos sites frais et pittoresques : leurs tiges revêtent avec élé- sance les écorces ridées des arbres et les roches sail- lantes des bancs de granite; elles forment des g'azons aux nuances variées dans les bois, les châtaigneraies, sur les croupes et pentes des collines. Voici les noms d'une partie des espèces communes : Polytrichum juniperinum , Hedw.; piliferum, Schreb.; commune, Linn.; aloides, Hedw.; subrotundum, Huds. Atrichum undulatum, P. Beauv. Bartramia pomiformns , Turn. Funaria hygrometrica , Hedw. Bryum stellare, Roth.; ligulatum, Schreb.; hornum , Schreb.; cuspidatum, Schreb.; punclatum, Schreb.; pyriforme, Sw.; argenteum, Linn.; capillare, Linn.; .cœæspititium, Linn.; alpinum , Linn.; nutans, Schreb. Daltonia pennata, Arn. Neckera viticulosa et curtipendula, Hedw. Fontinalis antipyretica, Linn. Hypnum molle, Dicks.; purum, Linn.; murale, Hedw.; splendens, Hedw.; myosuroides , prælongum , rutabulum, Linn.; rusciforme, Weiss. (4)5 striatum , Li (1) Cette mousse présente des variétés nombreuses, qui souvent semblent former des espèces tout à fait distinctes : l'opereule présente seul des caractères invariables, qui per— mettent toujours de les ramener au type. 30 466 CONGRÈS SCIENTIPIQUE DE FRANCE. Schreb., ,cuspidatum, .Linn,: scondifolium,, Hedw:: loreum , Linn.; A Schreb.;triquetrum;, aduncam, cupressiforme y Linn, (espèce tri Fear nude te rt Leucodon sciuroides., & Schy, n'it tr db noir Plerigynandrum. RE Hedw.. | laror 291 pp état Tortula, rigida, : p Turn,; +r£ convolula , Kr mur alis; Hedw.; ruralis, Sw.; subul ae unguiculata,. Hedw,r Didymodon purpureum Hooch. rai fl . Dicranum viridulum,, SW: s nes Sw,; dlavcun, 20 } scopariumn ; varium,, Æ ed. res even bas Weissia lanceolata , Brid. ne Fe Hedyw: Lo . Cinclidotus fontinaloides., at Beapiyer) > TA SEA © Trichostomum .Çanescenss. Hedw.; Aales Éises OÙ 20 “ Grimnia, leucophæa a; Grev.; apocarpa, Hedw..i nt Orihotrichum, cupulatum , Hoffm,; anomalum , His affine Schrad, ; diaphanum ,. Schrad.;.leiocarpun,, Branch et Sch.; L yes Hoock ;:crispum, Hedw, 11 Tetraphis pellucida r eds. SONO) SAME e Diphyscium foliosum x) Mobr. 800 rroitodte te dti Pl : Aniclangium, ciliatunr, .Hedw. “er AA TR ANS LAN . Gymnoslormum intermedium a Unie :, truncalum D'rérr0 } Hedw;; fasciculare, Hedy. 102 CNT D Ori TB 971] Sphagnum, .oblusifolium RAM reti PA : Ehrb. pds ados. Phascum serratum , schrebé coddiisté Linn.: CUSpi- datum , Schreb.; curvicollum , Hedw.: +. à HAN Parmi les mousses|rares je, citérai ; PNR 7 : Bartramia ityphilla,. Brid.… : dans les landes dévou- vertes près Iimoges, Le Vigen, etc. Bryum ventricosum’, Dicks. : sur la rss humide recouvrant tes rocher 'S, à Saint- Léondr a. Mhbaie Daltonia heteromalla 3 Hook et Tayl. : sur des troncs AO AAA AA OR PE PER 467 dé buis, àParpañtat, prèg'de l'ÜBInE dé M. Pouÿat: Défi Mônt' :tétteS TOURÉe : djutique, ‘d'une ‘exces- sive rareté, loft T£ur 1es°#00fèrs dans la Vienne, Moi HE écluse de MM! Xrdänt frères DT S Me. Depuis que les remblais) Hécestés par éholide 14 not Velle fôéute D'ASRE Ont res Hebre Lure ce point je lit de la FiVière VAE te ä&e retrouver 'cètte belle espèce. Les quinze à Vinet échantillons ‘que j'en possédafs RE tro ent “au hui dans les herbiers de divers savants, n6tämment dans celui du pasteur Dub} dé Gt Hat) Dre Don DH Neckera crispa, HE 1 Te pieux tronce ‘dans les forètg dé Véyrat et de Réclh ÉCROUATT. oi Hypaum! réparé Lan 7 bur I0S" HorN" de la Briañéé, près’ ‘At moulin de Sat paul psud do plu- mOSUM re DKOftéum 'LiRAA LE ana éf là % js les lieux” Abe Ab" ne! Free sûr 1x teure) dans une châtaigneraie, près PAL ES SD AitanS “LR. : dans une pêcherie, à a’ 'onäpétte, \ DA Léonard : medium, Dicks” Péur des #rohc8 4e Vin ie, à BAR AE LT Er igosu , HÉAUW "LUE la terre, au sommet d’un coté “qui dominb là route’! DA EAU En dE AE Eat Méthuseut, HU. dans un bois près de Solignac. cerf “pidymodon) férié 2 DÉS E JR" Et" 48 Cha- lusset, près du chatédt ln AMnesiU 20978 irinh Hibantim virens |: SUEAES" près Seteseirailon Hidhtantin, "Hed "eu Fe .978 419 ai Ma sescon:0 0 age are 7 sbugond sxtet el vue : 2219 cwontrison: so EE (1) Cette mousse à . été décrite par le docteur Montasne dans les Annales des SOienceg, navales" seçonde cine Ai de paëe 329 DL. 18° fig. 135 oo! Le DE LÉ I ’ ACER 7 xs 168: CONGRÈS! SCIENTIFIQUE De RANCE vieilles souches, dans les bois de Sante Niedlas, ‘au Surzol , des Alois près Saint Léo onaril; Aagellère, Hédw. : sur un rocher, “- vis À ken TONI de Saint Paul près s Solignac. ha | io stusdostio MAO | SSD SOS 0 Ho Tremalo don ambiquum Schwy, : sur Un fossé , dans JET LDOT DIS 29° à fosss 02% une prairie, montagneuse des environs de} NP | Weissia fugax , Hedw. ; dans les cavités (le gs roc hers, JRÉs Je pont de Saint-Léonar GC stp. sos Campylopus pilifer; Brid.,:.surla.fterre,, dans,.les landes, de Boispeuil , de Veyrac de. Bel Lae ,. ete. J'19) Encalypla vulgaris, Hem çèet LxoSuB. les murs, à..Limoges, Saint-Léonard: MA souris pis ,; ssstsp seTrichostomumoaciculare ss PorBeau vais lesrochers etiles murs humides, à IsleyAïxe;:Saint:Juniem; reté, Un savant botaniste, M. l’abbé.de Gessacsäutrouvé le trichostomum: polyphèllum: ;-Schwr::sur divers points de Ja, Creuse 1 jemel'ai-pointirencontré dans: là: Hautes Vienne; 0 sons 9,1 .ZH9 2809180 ediorbas #5D. 39 Grimnia alpestris, Schleich. : sur(les:rochiérs--des coteaux quibordent‘là route entreila]Varrache ‘ef le pont.de Saint-Léonards ovata;Web:.etMohr ::sur des tablettes: de ‘granite dansu les jardins: de: l'évêché de Limoges/201{4S1 94 HO KP tuscoupôrt aulq ixsius D EL Orthotrichum °rüpéstre 1° Schiète! 01) Sur /llés °roéliérs “dfbrages "A? La'CHäpele hi Bordes) x'Rigouène près lisant Léonaid 2 Hédéhinsia; EASIBOt., 42523 | sur ün récher auisominét pagabiVraËx : igis, Brid. : sur des troncs d’aulnes qui bordent le Fhirion à Saint-Laurent-les-Églises. Buxbauniä aphyllà} Linn’’: dans une cHtareneraie près de Rigoulène. MÉMOIRES. 469 Splachnum ampullaceum, Linn,:;daps.un pré maré- caseux, , à Rigoulène. }; pag conlortur ; Séhultz : ‘dans ss rigole d'un pré. “de : de Léobard ayd Y, à mircôte. du. mont _Puy-de- Viens. 2 Cette mousse, l ae rugosum, ‘le irema- _todon ambiguum , les ortotrichum Huichinsiæ et ‘Luthoig ü Sont des S'éspêtes rires et précietisex } FAR le pays : elles OTIVIIS JOT. reliée Hotte” AGLS Se à celle des: plus hautes montagnes AE] ER cd DE SSI 2 Phascum aæillare, Disc. SEE és dun de trèfle étisur El vase! des étangs degéédhéss VE 20 Certaïnés Espètes ne Hructifient pas ag fa Haute! Vienne? cé sont! :lbartramtie typhèlles "Erÿtm andro- ginum; Neckera crispa; hyphuñi@llicans, cordifohium', stellaten:; aduncumn y srtigoshmSstumolluscum:;odidymodon flévicauler: \dicnarnunex Wirens) imontanum! =campylopus pihifersisphagnumscontoridms l M ,ot211630d tirevéa ol 9 Quelques autresmousse#sontifiéquéemmentistériles : d’érdinaire-ce: Sont des Aypnesidesiliduxitont àfait'secs et des endroits marécageux. Le dicranum glaucumest ausskdelcemomibres : .doioldoe | 2vtesulu virent ol Le cinereus, aient j leucophœus;:Nouel; cornucopioidestet-érispus,|Fries., : | Marasmius Hudsoni, Fries : cette charmante-espèce: est-commune suriles feuilles mortes du houx:22: sPanus shpiicus }Kries:| sandesrvieilles PARA ;:n0- tamment sux-celle$-de-l'aulne;rc sie di té Schizophyllum ‘communes; Fries:::sur: les: vieux bois emposésl'ain. Smic) affiGOoOEir! 89! to 480 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Lenzites betulina , variegata, Fries : les espèces de ces deux derniers genres sont coriaces. PoLyroRÉEs. — Quelques espèces fournissent aussi d’utiles ressources à l’art culinaire. Les boletus edulis et æreus, Bull., appelés bolets , ceps , potirons, sont abon- dants dans notre pays, surtout en septembre et au commencement d'octobre; ils offrent un mets déli- cieux ; la pulpe, d’une grande blancheur, en est fine, délicate, d’un agréable parfum. | Les bolelus scaber et aurantiacus, Bull., sont très- communs dans les bois, surtout au pied des bouleaux. On les reconnaît à leurs pédicules hérissés d’aspérités noirâtres dans le premier, et de petites écailles rousses dans le second. L'un et l’autre peuvent se manger sans crainte, mais ils sont privés de la saveur par- fumée qui distingue les deux espèces précédentes. Parmi les bolets vénéneux je citerai le boletus chry- santeron , Bull., qui est rare; le boletus piperatus, Bull., moins rare que le précédent; les boletus lucidus, Schæff., et erythropus, Pers., tous les deux appelés bolets indigotiers, possèdent au suprême chef des qua- lités délétères; leur chair prend une teinte bleuâtre aussitôt qu’on la froisse ; leur odeur, forte et nauséa- bonde, indique tout de suite leur nature vénéneuse. Dans le genre polyporus je citérai : Polyporus perennis , Sterb.; squamosus, Sterb.; varius , lucidus, Fries; pes-capræ, Pers.; sulphureus, Fries; albus, Huds.; ribis, radiatus, zonatus, vulgaris, Kries. Toutes ces espèces sont rares, sauf le polyporus perennis, qui se rencontre fréquemment, avec sa variété fimbriata,dans les lieux où l’on a fabriqué du charbon. MÉMOIRES. 481 Polyporus imbricatus , Fries : sur les vieux troncs de cerisier, hispidus, Fries : sur les troncs de noyer, de pommier et de frêne; fomentarius et igniarius, Fries : sur le chêne, le noyer, le pommier, le prunier, le pêcher, etc.; on les nomme vulgairement agarics à amadou; versicolor, Fries : c’est l'espèce la plus com- mune. Le dœdalea quercina, Pers., abonde sur les vieilles souches Le merulius tremellosus, Schrad., adhère aux vieux troncs pourris, notamment à ceux du noyer. J'ai trouvé le merulius corium, Fries, sur des branches mortes près de Saint-Léonard. Le merulius lacrymans , De., active la décomposition des bois placés à l’entrée des caves humides. Le fistulina hepatica, Fries, s'attache aux vieux troncs de chêne et de châtaignier : on le nomme vul- gairement foie de bœuf. Les mycophiles le classent parmi les champignons alimentaires. Hypnkes. — Je n’en ai recueilli qu'un petit nombre d'espèces. L'hydnum repandum, Linn., n'est pas rare dans nos boïs ; les individus se rencontrent ordinairement isolés, et non pas groupés. Son chapeau, couleur de chamoïs, est garni en dessous d’aiguillons élégants et fragiles. Quoique sa chair crue soit poivrée, on ne conteste pas £es qualités alimentaires : cette acidité disparaît par la cuisson. | L'hydnum auriscalpium, Linn., végète sur les cônes du pin, à Limoges, Saint-Léonard, etc. Je citerai encore les Lydnum pudorinum , Fries, et 31 4182 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. membranaceum , Bull., tous les deux assez répandus, surtout le dernier, sur les branches mortes du chêne. L'irpex paradoæus, Fries, a été trouvé à Saint- Léonard. Les radulum orbiculare et quercinum, Fries, sont communs sur les bois pourris. AURICULARIÉES. — Voici une partie des espèces re- -cueillies dans nos limites : Thelephora caryophyllæa , Hall.; — stereum purpureum, Fries; hirsutum, Wild.; tabacinum, Fries; disciforme , De.; acerinum, Pers.; rubiginosum , Schrad.; — auricu- laria mesentericu, Bull.; — corticium cœæruleum, Schrad.; quercinum, cinereum, polygonium, comedens, sambuct , Fries. CLAVARIÉES. — Nous possédons : « Clavaria flava, Fries; amethystina, Bull.; fastigiata, cinerea , rugosa, Bull.; formosa, Pers.; crispula, Fries; inœæqualis, Fries; aurantiaca, Bull.; helvola, Fries; fragilis, Kries ; contortu , Holmsk ; juncea, Fries. Toutes les espèces de ce genre sont alimentaires, sauf celles qui sont d’une nature coriace ou d’une grande exiguité. Le clavaria formosa, qui croît sur la terre, parmi les feuilles pourries, dans les châtai- gneraies , se mange sous le nom de barbe de capucin. Le clavaria contorta est nouveau pour la France. Je l'ai trouvé à La Chapelle, sur les branches mortes des haies, après de grandes pluies en automne. Calocera cornea, Kries : sur les planches exposées à l'air. Geoglossum hirsutum, Pers. : parmi des mousses du MÉMOIRES. 483 genre sphagnum dans un pré du Vignaud, près de La Jonchère. Mitrula paludosa, Fries : charmante mycophilée, qui croît dans les lieux humides, parmi les mousses et les feuilles pourries, à Saint-Léonard, Royères, Nieul, Saint-Jouvent, etc. Les typhula erythropus et muscicola, Fries, envahis- sent, l’une, les tiges sèches des plantes herbacées; l’autre, les tiges des mousses. Le typhula filiformis, Kries, recherche les feuilles entassées et pourries dans les forêts. c J'ai mis la main sur le pistillaria micans, Fries, à Aixe et dans le clos de M. de Beaulieu , à Isle, sur des tiges sèches d’origanum vulgare. Le pistillaria culmigena, Mont., est commun, en automne, sur les chaumes du seigle et du froment. TRÉMELLINÉES. — Je citerai les tremella foliacea, Pers.; lutescens, sarcoides, Fries; — exidia glandulosa , Dec. : ces diverses espèces envahissent les bois exposés à l’action du grand air. Dacrymyces urticæ, Fries : sur les tiges sèches de l’ortie dioïque. Agyrium rufum, Kries : sur les bois pourris. ELVELLACÉES. — L'un de nos champignons les plus intéressants est le morchella crassipes, Pers., qui croît, vers l’époque de Pâques, dans la prairie de M. Octave de Larivière, à Naugeat : je ne l’ai jamais rencontré que sur ce point. Sa chair flatte agréablement le goût et l’odorat. Un jardinier de Limoges, pendant quelques années, 184 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. a cultivé sur couches le morchella esculenta, Pers., assez commun aux environs de Paris; je ne l'ai point encore rencontré dans nos bois. Nous possédons les helvella crispa et lacunosa, Fries. Le second est assez commun, avec var. major et minor. Le leotia lubrica, Pers., n’est pas rare dans les lieux humides, à côté des rigoles qui arrosent les prés. CUPULATÉES. — Parmi ces plantes, le genre peziza occupe la plus grande place. Grâce au bienveillant concours de MM. Montagne et Desmazières, j'en ai déterminé soixante-treize espèces : avec quelques re- cherches plus minutieuses, leur nombre, je crois, pourrait être porté à quatre-vingt-dix ou cent. Très-peu de flores départementales pourraient offrir de pareilles richesses. Parmi les grandes espèces, je citerai peziza sulcata, Pers.; badia, Pers.; cerea, Pers.; coccinea , Jacq. Lorsque , dans leur vieillesse, et sur place, on les touche avec le doigt, leurs sporidies s’'échappent avec élasticité de l’hymenium sous forme d'un nuage de poussière très-visible à l’œil nu. La première est d'une grande rareté; la dernière, d’une remarquable beauté, repose sur du bois pourri enfoncé dans la terre. Parmi les espèces de moyenne et petite dimension, je citerai les suivantes : Peziza amentacea , Barb. : sur les chatons de l'aulne, au bord de la Vienne, dans le pré de Mme Parant; melæna , Fries; leucoloma , Rebent.; furfuracea, Fries ; hemisphærica, Wigo.; diversicolor, Fries: bicolor, Bull.; MÉMOIRES. 485 plagopus, Wormsk.; corticalis, Pers.; triformis, FI. Dan.; tam, Lamy; anomala, Pers.; ciborioides, Fries ; echinophila , Bull. : sur les pelons pourris de la châtai- gne ; coronata, Bull.; caculiæ, Pers.; campanula, Nées; citrina, BatsCh.; nigrescens, Fries ; carneola, Desmaz.; epiblastematica, Wallr.; cerastiorum, Wallr. : sur les feuilles vivantes du cerastium triviale, au Trou-du- Loup, près Limoges; insidiosa, Desmaz. ; argyrioides, Desmaz. La plupart de ces espèces sont d’une grande rareté; quelques-unes seulement nouvelles pour la France, quelques autres tout à fait nouvelles, ont été publiées, dans les Annales des sciences naturelles, par MM. Mon- tagne et Desmazières, J'ai recueilli les ascobolus furfuraceus, Pers.; porphy- rosporus, Fries; glaber, Pers.; trifolit, Bernh. La seconde espèce est une rareté : je l’ai trouvée sur des tas de fumier dans la cour du quartier de cava- lerie de Limoges, et dans un pré de M. Maillard, à La Couture. L’ascobolus trifolii brunit le parenchyme des feuilles sur lesquelles il végète : ces petites taches noircissent souvent nos champs de trèfle, et leur donnent un triste aspect. Les bulgaria inquinans et sarcoides, Fries, sont communs sur les bois exposés à l'air. Je ne signalerai que quatre espèces du genre cenangium : Cenangium pulveraceum, Fries : il faut le chercher dans nos forêts, sur les vieilles écorces, au bas des troncs de bouleau et de chêne; caliciforme , Fries : sur des troncs de chêne; rare : ericæ, Fries : sur les tiges 486 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. mortes de l’erica scoparia, dans une lande entre Mon- tagrier et Le Dorat ; M. Montagne l’a indiqué, dans les Annales, comme espèce nouvelle pour la France; quercinum, Fries : cette espèce se rencontre parfois sur les rameaux du chêne. Les stictis ocellata, pupula, Kries; lichenicola, Mont. etFries, méritent d'être cités : cette dernière espèce se développe sur les thalles des peltigères et des par- mélies. PHALLOIDÉES. — Le phallus impudicus, Linn., se trouve dans les villages, le long des haies, surtout dans les localités montagneuses, à Saint-Léonard , Grandmont, etc. Son odeur est tellement fétide qu'il n’est pas nécessaire de le voir pour constater sa pré- sence dans un endroit. Il est un objet de convoitise pour les mouches, qui souvent entament et dévorent son chapeau. Le chlathrus cancellatus , Linn., remarquable, comme le phallus, par sa beauté, se rencontre à Aixe et Isle, sur la terre près des murs, dans le voisinage des habitations ; il est rare. SCLÉROTIACÉES. — L’acrospermum compressum , Tode, croît sur les tiges sèches des plantes herbacées. J'ai distingué les sclerotium semen, muscorum , macu- lare, Fries; varium, Pers.; pyrinum, Fries; durum , Pers.; nervale, Fries; pustula, De.; populinum, Pers.; salicinum , Dc.; herbarum, Fries. Le spermoedia clavus, Fries, envahit les épis des cé- réales, et donne lieu à la maladie connue sous le nom MÉMOIRES. 4187 d’ergot. Elle diminue l'abondance du grain, et nuit à sa qualité. LyYCoPERDACÉES. — Le polysaccum crassipes, Dc., prend de grandes dimensions; il se rencontre fré- quemment sur les bords des fossés, le long des chemins. Le sclerodium verrucosum, Pers., végète sur la terre dans les chemins ombragés. | Le geastrum hygrometricum , Pers., est très-abondant dans les terrains sablonneux. Il se développe sous terre, et on ne l’apercoit que lorsqu'il en est sorti par l'ouverture de Son peridium externe, dont les lanières sont comme découpées en étoiles. Le bovista gigantea, Pers., d'un beau blanc dans sa jeunesse, se voit épars dans les prairies. Les lycoperdon hyemale, Bull.; mammæforme ,, Pers. ; pyriforme, Bull.; echinatum, Pers., se rencontrent assez fréquemment. Le tulostoma brumale, Pers., croît au sommet des murs, sur la terre qui les recouvre. Son pédoncule allongé le fait distinguer facilement. Je citerai comme espèces rares : Arcyria coccinea, Dub. Stemonitis typhina, Pers., et leucopodia , Dc. Craterium minutum , Fries. Trichia ovata et olivacea, Pers. Physarum hyülinum et bivalve, Pers. Licea cylindriea, Dub. : sur de vieilles souches, à Limoges et Isle. Le Lycogala miniata, Pers., est assez commun sur les 488 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. vieilles souches d’aulne, au bord de la Vienne, à Limoges, Isle, Aixe, etc. “ Fuligo flava, Pers. : sur les feuilles entassées dans les bois. Spumaria alba, De. : suspendu aux rameaux de divers arbustes, notamment à ceux du genêt. Les espèces et variétés d’erysiphe sont nombreuses : il est peu de plantes phanérogames qui n’en subissent les fâcheuses atteintes. Les filaments qui rayonnent à la base de chaque péridion donnent aux tissus atta- qués une teinte blanchâtre. Parfois ces parasites couvrent complètement les feuilles de l’aulne, du peuplier, du saule, du prunier, du noisetier, du charme, du hêtre, de l’orme et du frêne. Il ne me pa- raît pas utile d'indiquer ici les noms de chaque espèce. HyPoxILÉES. — La plupart des espèces de cette famille végètent sur les bois morts, sur les feuilles et tiges desséchées, quelquefois aussi sur les feuilles vivantes. Dans le seul genre sphæria, sans sortir de notre rayon départemental, j'ai réussi à recueillir et à dé- terminer deux cent douze espèces. Ces espèces, en général d’une couleur brune ou noirâtre, peu séduisantes au premier aspect, mé- ritent cependant d'être vues de près. Leurs ostioles, leurs loges, leurs thèques, leurs sporidies, présentent de bons caractères, qui permettent de bien les dis- tinguer les unes de autres. L'une des plus remarquables est sn le sphæria parmelioides, Mont.; son thalle rayonnant lui donne le port d'uneparmélie; elle dépasse parfois la .{UR MÉMOIRES. 189 dimension d’une pièce de cinq francs. M. Montagne l’a parfaitement décrite dans les Annales des sciences na- turelles (1). Je l'ai découverte sur des troncs de saule dans ma propriété de La Chapelle et dans celle de M. Noualhier à Laborie; je l’ai aussi trouvée à Rigoulène, près de Saint-Léonard, sur des branches mortes de noisetier, dans une haie. Voici les noms de quelques sphéries rares : Sphæria militaris, Ehrh. : sur la terre (2), à Juriol, près du Palais ; polymorpha , Pers. : sur des.troncs de pin maritime, à Limoges ; punclata, Pow. : sur le crottin de cheval, à Gain, près Isle; concentrica, Bolt. : sur un tronc pourri, dans la forêt de Veyrac; fragiformis , Pers. : sur les bûches du Naveix, à Limoges, et sur des branches de noisetier, dans les haies, à Limoges, Saint-Léonard, etc.; multiformis, Fries : à La Chapelle, près de Saint-Léonard; rufa, Pers. : sur une branche de chêne, dans les bois qui longent la Vienne, à Saint-Léonard, au-dessous de la Var- rache; gelatinosa, Tode : sur une branche de ronce, au Cluzeau, près Isle ; typhina, Pers. : sur les chaumes vivants des graminées, notamment sur ceux de la flouve odorante et de la houque laineuse. Cette espèce est très-commune, mais je la cite à cause de la singula- rité de sa forme’; rubiginosa, Pers. : sur des branches mortes près Limoges; serpens, Pers. : sur du bois mort, à Isle; undulata, Pers. : sur des rameaux de noisetier ; favacea, Fries : sur le bouleau, près d’Isle; radicalis , Schw. : j'ai récolté cette belle et rare espèce, L) (1) T. VI, seconde série, page 335. (@) Cette curieuse espèce vit parasite sur la larve d'un inseçte. Ai dre “%: 190 CONGRES SCIENTIRIQUE DE FRANCE. au sommet d’une montagne de Blond, sur une souche de hêtre peu saillante hors de terre ; les ostioles étaient parfaitement développés; spiculosa, Pers.; milliaria, slellulala, syngenesia, Fries; juglandicola, Schumz.; cihata, Pers.; lortuosa, decorticans, Fries; Lamyi, Desmaz. : sur des rameaux de vinetier, près d’Isle et de Naugeat : j'ai le premier découvert cette charmante espèce, qui est voisine du sphæria aquifolii; elle vit parfois parasite sur les vieux perithecium du sphæria berberidis ; cucurbitula, Tode : à Isle ; fusisporia, Dub. : espèce nouvelle publiée par Duby : je l'ai découverte à Verneuil sur des rameaux secs de clématite; dothidea , Moug.; polygramma, Fries ; eœuberans, Fries; fimbriata, Pers.; thelema, Fries; aquila, Fries; Desmazieri , Berk. : je l’avais communiqué à M. Des- mazières sous le nom de sphæria aquila, auquel elle ressemble beaucoup; ovina, Pers.; ligniaria, Grew.; peziza , Tode; mammæformis, Pers; stercoraria, SOow.; bombarda, Bull.; moriformis, Tode : sur des tiges de ronce; myriocarpa, Fries; diminuens, Pers.; lagenaria , Pers.; rostellata, dilopa, mammillana , juglandis, coni- formis, Fries:; solani, Pers.; buæicola, Fries; ægopodii, Pers. ” Je ne ferai qu'une rapide revue des genres suivants : | Lamya ilicis, Duby in Rab. Herb. mytol., n° 1832 : j'ai découvert cette rare espèce dans la forêt de Veyrac, sur les rameaux secs du houx. Ses perithecium noirs, peu proéminents, dispersés sur le bois, ressemblent à ceûx de quelques espèces du genre phoma. M. Duby a bien voulu créer pour elle un genre nouveau. MÉMOIRES. 491 Eustegia ilicis, Nribs . sur les feuilles mortes du houx. Lophium mytilinum, Fries : sur les bois à demi pourris. Sphæronema cladoniscum , Fries : sur les bois pourris. Phlyctena vagabunda, Desmaz. : commun sur les tiges desséchées du tamus communis. Dothidea moriformis , Fries : sur des tiges de ronce, au Cluzeau près Isle; sambuci, genistalis, Fries; myriococea , Mont. : j'ai trouvé la dernière espèce sur des branches de vigne dans les jardins du grand séminaire, à Limoges. Phacidium pithyum , seriatum et plinthis, Fries: rares. Ceuthospora phacidioides, Grev. : cette espèce est commune sur les feuilles mortes du houx. ; Hysterium elevatum, Pers. : cette belle espèce croît près de l’usine de Parpaillat, sur les rameaux du buis; vaccinii, Desm. : sur les feuilles de l’airelle myrtille, au sommet du Puy-de-Vieux. Aylogruphum pinorum , Desm. : commun sur les feuilles mortes du pin. Nous possédons plusieurs espèces du genre leplos- troma : je ne citerai que le L. litigiosum, Desmaz., bien différent du L. filicinum, Fries : il occupe la partie inférieure des tiges sèches des grandes fougères sous la forme de points rapprochés, qui forment une croûte serrée et brunâtre; à l’œil nu il a peu les ap- parerices d’un être organisé. URÉDINÉES. — Si la famille précédente jouit du privilége d'entretenir une végétation presque continue sur les vieux bois en état de décomposition, celle des 192 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. urédinées semble avoir surtout pour mission d'envahir les feuilles vivantes et les parties tendres des grands végétaux ; on peut dire qu’elle domine en souveraine dans ces milieux. Ses individus, parfois nombreux comme la poussière des chemins, envahissent les tissus herbacés, les déchirent, les pénètrent, les colorent de brun, de jaune, de blanc ou de noir, les désorganisent complètement, et deviennent un fléau pour les récoltes. Les sporidies blanchätres de l’uredo candida, Pers., infestent, dans nos jardins, les scorzonères et les sal- sifis; l’uredo rosæ, Pers., fait le désespoir des fleuristes : la nuance verte des feuilles disparaît parfois sous l’abondante poussière de l’uredo fabæ, Pers.; j'en dirai autant de la rouille, uredo rubigo-vera, Dc., qui attaque souvent d’une façon si désastreuse les seigles et les blés; l’uredo carbo, Dc., appelé vulgairement charbon, s’installe dans les épis de l'orge, de l’avoine et des autres céréales : ses globules noirs les couvrent com-— plètement d'une poussière charbonneuse ; l’uredo maydis produit des tumeurs monstrueuses sur le maïs ; l’uredo caries, De. (carie), noircit les grains des céréales, et les prive de toute substance nutritive; dans les prés humides, l’uredo receptaculorum , De., remplace les anthodes du scorzonera plantaginea, et, le plus souvent , l'invasion de cette parasite prend de telles proportions que, sous la pression du pied, des nuages de poussière d’un brun noirâtre semblent s'élever du sol. | Les puccinées, presque aussi nombreuses que les espèces du genre précédent, concourent avec elles à ravag'er les plantes les plus utiles. MÉMOIRES. 493 Les æcidium participent: aussi à ces œuvres de des- truction. Je n’en citerai qu'un seul, æcidium cancella- tum., Pers., qui nuit souvent aux poiriers en espalier. Il attaque la surface inférieure des feuilles dont le point correspondant sur l’autre face prend une teinte d'un jaune orangé allant an rouge. Les feuilles atteintes tombent prématurément, et leur chute empêche le parfait développement des fruits. Je n’indiquerai en dehors des genres dont je viens de dire un mot qu'un très-petit nombre d'espèces des autres genres : Periconia lichenoides, Tode : sur les tiges mortes des plantes. Isaria crassa, Pers. : sur les larves des insectes morts. Ceratium hydnoides, AI. et Schw. : sur les troncs pourris du hêtre. Tubercularia ciliata, Dittm.; granulata, Pers.; ni- gricans, Gmel. : sur les bois morts. Fusariüm lateritium , Nées : sur les bois morts. Podisoma clavariæforme, Dub. : sur les troncs vivants du gènevrier, dans les contrées montagneuses. Coryneum pulvinatum, Kunze et Schm. : sur les rameaux tombés à terre. - Exosporium trichellum, Lk. : sur les feuilles mortes des arbres. L Siilbospora botryospora, Mont. : j'ai trouvé cette espèce nouvelle sur les rameaux du hêtre près Limoges. 1e Cryplosporium caricis, Fries : sur les feuilles des carex. . Didymosporium betulinum, Grev. : sur l’écorce morte du bouleau. 49% CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Melanconium conglomeratum, Lk. : sur les branches mortes. Nemaspora aurea, Fries : commun sur l'écorce du bouleau. Phragmidium ulmi, Dub. : sur les feuilles de l'orme. Triphragmium ulmariæ , Linck. : sur les feuilles de la spirée ulmaire. MUCÉDINÉES. — Ces plantes délicates, parfois presque imperceptibles, ne sont pas néanmoins sans quelque importance dans l’ensemble de la végétation ; elles ont aussi une mission à remplir. Il ne faut pas croire qu'elles naissent et se développent au hasard dans le premier endroit venu : elles ont, comme les plus grands végétaux, des habitudes, des besoins, des répulsions, des préférences. I leur faut un habilat , une température, une exposition appropriés à leurs exigences naturelles : plusieurs, par exemple, fuient le grand jour, et lui préfèrent l'obscurité des caves, des troncs crevassés, des amas de feuilles dans les bois épais. Les substances en fermentation, les excré- ments des animaux, toutes les pourritures, offrent à certaines espèces des stations conformes à leurs goûts et des éléments de belle venue. Elles enlacent tous ces rebuts de la nature, et les dérobent aux regards tantôt sous leurs filaments entrecroisés, tantôt sous leurs tiges ténues et fugaces. Les unes, fléau des magnaneries, détruisent les vers à soie; quelques autres désolent les champs et les vergers : l’agri- culteur, surtout dans les pays vignobles, en subit depuis déjà trop long-temps la triste expérience. MÉMOIRES. 495 La difficulté qu'offre l'étude de ces petites plantes ne m'a pas permis d'en déterminer un grand nombre : même parmi celles-ci, je serai sobre de citations : Erineum rubi, Pers.; tiliaceum , Pers.; juglandis, De.; acerinum, Pers.; vilis, Dc.; alneum, Pers.; fagineum, Pers. : ces espèces, ainsi que plusieurs autres que je n'indique pas, sont communes. Stilbum mycophilum, Pers.; mucor fimentarius, Linck.; flavidus, Pers.; mucedo, Bolt. Aspergillus candidus , Linck. Coremium candidum , Nées. Penicillum racemosum, Pers. Botrytis racemosa , LK.; polyactis, Lk.; simplexæ, Pers. Sporotrichum polysporum, nitens, fungorum, Lk.; bryophilum , Pers.; lateritium , Ehrenb. Tricothecium roseum, LK. Sepedonium mycophilum, Lk. : cette espèce croît dans les bois sur les champignons pourris. Sporendonema casei, Desm. : sur les fromages con- servés dans les caves. à Fusisporium roseum, Linck. : sur les chaumes des graminées. Psilonia buæi , Fries : sur les feuilles mortes du buis, à Parpaïillat et Condat. Arthrinium puccinioides, Kunze et Schm. : sur les feuilles sèches des carex. Polythryncium trifolii, Kunze et Schm. : cette espèce se manifeste sur les feuilles vivantes du trèfle des prés en petites taches noirâtres ; elle occupe leur sur- face inférieure. 496 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Conoplea olivacea, Pers. : sur les branches mortes de divers arbres. Mycotrichum chartarum, Kunze : sur les vieux papiers qui se moisissent. Racodium cellare, Pers. : sur les vieilles barriques dans les caves. Helmisporium pyrorum , Libert. : cette espèce forme les taches noires qui s’apercoivent si fréquemment sur les feuilles du poirier et même sur ses fruits; ses filaments, d’une excessive ténuité, d’un brun olive; très-fugaces, commencent à se développer dès le. printemps. La place qu'ils occupent est d’abord peu apparente, mais peu à peu la tache formée par eux s'élargit, brunit; et, lorsque, dans leur vieillesse, ils ont complètement disparu, cette tache devient tout à fait noire. Le parenchyme des feuilles a comme été brûlé par la présence de cette parasite. Oidium Tackeri, Berck. : c'est la mucédinée qui attaque le raisin, et qui est généralement connue sous le nom d’oidium de la vigne. Athelia citrina , Pers. : sur lasterre et les mousses au pied des arbres. . Dematium giganteum, Chev. : dans les fissures in- ternes des vieux troncs. t Ozonium auricomum , Linck. : sous l'écorce des troncs qui se pourrissent. ALGUES. — Ces plantes habitent les eaux. Celles de la mer adhèrent fortement aux rochers, et leurs tiges, flexueuses, cèdent à la forte pression des vagues pour se prêter sans danger à tous leurs caprices. Celles de nos rivières, de nos ruisseaux torrentiels, sont peu MÉMOIRES. 497 prés; tantôt nageantes sans point d'attache, tantôt accrochées aux plantes aquatiques, elles ont une constitution beaucoup moins robuste que celle des algues marines, constitution qui s’harmonise avec leur vie peu agitée et la constante placidité de leur existence. Je n’en signalerai que peu d’espèces : Ulva minima, Vauch. : dans une pêcherie, à Gain près d'Isle, et dans un fossé plein d’eau, à La Croix- de-la-Lieue près Panazol. Nostoc commune, Vauch. : après la pluie, les allées des jardins sont parfois presque couvertes par cette espèce, qui se présente sous la forme d’une pellicule plissée et un peu gélatineuse. Rivularia natans, Roth. : le plus souvent il adhère aux mousses sur les parois des fontaines. Chætophora endiviæfolia, Ag. : parmi les mousses, dans une fontaine, à La Chapelle; cette espèce est rare. Cluzella fætida, Borg. : il adhère fortement aux rochers submergés dans la Vienne, le Taurion et divers ruisseaux. Trentepohlia pulchella, Chauv. : il adhère aux mousses aquatiques dans le ruisseau d’Auzette : cette jolie espèce est très-rare. Vaucheria sessilis et terrestris, Dc. : le premier, dans l’eau des fossés ; le second, sur la terre hu- mide. Hydrogastrum granulatum, Desv. : cette espèce se rencontre assez fréquemment dans les terrains incultes, argileux et humides. Zygnema genuflexum, Ag. : habite les étangs. 32 498 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Batrachospermum moniliforme, Roth. : ses tiges, articulées et gélatineuses, adhèrent aux pierres dans les petits ruisseaux et les rigoles des prés. Draparnaldia tenuis, Ag. : on le rencontre dans les étangs et les rigoles des prés. Conferva elongata, Ag. : mêlé, dans la Vienne, aux longues tiges de la renoncule aquatique. Scytonema Friesii, Mont. : sur la terre argileuse et humide, près de Limoges. Mycoderma vini, Vallot : sur la superficie du vin et dans les fentes des barriques. Fragillaria pectinalis, Lyngl. : parmi les plantes aquatiques, dans les eaux paisibles. Microcoleus terrestris, Desm. : sur la terre humide. Oscillaria rupestris, Ag. : sur les rochers humides. Ce simple exposé peut donner une idée assez exacte de la végétation cryptogamique de ce département. Je serais heureux que quelques jeunes botanistes du pays continuassent mes incomplètes recherches. Cette étude exige assurément du travail et de la persévé- rance; mais on en reçoit bien vite une large rému- nération. La curiosité est à chaque instant vivement excitée : on marche de surprises en surprises, d'émotions en émotions ; et, plus on avance, plus on voit s'ouvrir devant soi de vastes horizons, en présence desquels les idées grandissent , l'âme s'élève et s’ennoblit. Le seul examen des précautions qu'a prises la nature pour assurer la conservation des espèces sufirait pour justifier notre admiration. Les fougères, les mousses, les lichens, présentent à nl MÉMOIRES. 499 des organes fructifères disposés de telle façon qu’ils sont à l’abri de tout accident. Il en est de même dans les autres familles, et, parmi les champignons, cet intéressant phénomène se produit sous des formes encore plus variées; on peut presque dire que chaque genre possède un hymenium différemment disposé pour recevoir les sporules des espèces qui en dépendent. Elles s’abritent dans les lames ou feuillets de l’agaric, dans les tubes du bolet, dans les pointes rapprochées dont le chapeau de l’hydne est hérissé , dans les plis des cantharelles, dans les rides des mérules, dans les alvéoles des morilles, dans les coupes des pézizes. Ainsi tous ces petits êtres que nous foulons aux pieds sans attention, et parfois avec mépris, sont les enfants d’une Providence qui veille sur eux, et les protége. Cette simple observation ne dit-elle pas qu’ils méritent de fixer nos regards, qu'ils sont dignes d’études sérieuses? Puisqu’ils ont valu la peine d'être créés, ils valent bien de notre part une inclinaison de tête pour être vus de près, et, lorsque nous les connaîtrons bien, notre admiration pour eux sera sans bornes, comme l'infini, dont ils offrent l’image dans leur petitesse. Leur simple organisation n’est pas moins admirable que celle de tant d’autres êtres d’un ordre plus élevé dans la création. CATALOGUE DES ESPÈCES RARES OÙ CRITIQUES QUI CROISSENT DANS LES ENVIKONS DE LIMOGES, AVEC LA DESCRIPTION D'UNE ESPÈCE NOUVELLE D'OROBANCHE, DÉCOUVERTE A LIMOGES, ET NON ENCORE DÉCRITE PAR LES AUTEURS (1), PAR M. E. MALINVAUD. Ranunculus hederaccus, ©.; Lenormandi, Schultz, R.; aconitifolius, ©c.; boræanus, Jord., RR.; nemorosus, DC: 8. Helleborus viridis, RR. Nymphæa alba, var. minor, C. Papaver argemone , R.; Lecoquii, Lam., C.; Lamolter, BOT": Corydalis solida , Sm., c.; claviculata, Dc., cc. (1) Les plantes communes sont accompagnées d’un, deux ou trois c, suivant que l’auteur de ce catalogue les a trouvées plus ou moins abondantes, et les plantes rares, selon leur degré de rareté, sont désignées par R ou RR. — Les plantes naturalisées sont indiquées par RRR. Les espèces non suivies de nom d'auteur sont linnéennes. MÉMOIRES. 501 Fumaria boræi, Jord., c.; Bastardi, Bor., &. Naslurlium pyrenaicum , Br., cc. Barbarea præcox, Br., cc. Cardamine hayneana, Welw., c.; dentata, Schultz., R.; irsulu, CCC.; sylvatica, Linn., CC.; impatiens , R. Brassica cheiranthus, Vill., cec. Sinapis alba , R. Lepidium campestre, Brown., c.; Smithii, Hook, cc. Erophila brachycarpa, Jord., c.; glabrescens, Jord., CC.; stenocarpa, Jord., CC.; majuscula, Jord., c. Helianthemum quittatum , Mill, cc. Viola palustris, R.; agrestis, Jord., RR.; peregrina, Jord., CCC.; rovostit, Bor., CC. Polygala oxyptera , Reich., c.; comosa, Schkur., RR.: depressa, Wend., cc. Dianthus congestus, Bor.. R.; Seguieri, Vill., cc. Silene vesicaria, Schrad., cc.; brachiata, Jord., c.; oleracea, Bor., R.; nutans, CC. Spergula subulata, Swartz, R.; Morisonii, Bor., c. Arenaria leploclados, Guss., R.; serpyllifolia, ccc.; trinervia , C. Moœnchia erecta, For. der West., cc. Cerastium brachypelalum , Desportes, RR.; obscurum, Chaub., r. Malva fastigiata, Cav., RR.; moschaba, CC.; laci- niala, C. Tilia parvifolia, Ehrh., c.. Hypericum tetrupterum , Fries, CC.; quadrangulum , R.; lineolatum, Jord., cC.; microphyllum, Jord., c.; humi- fusum, Co.; pulchrum , cc. Geranium sylvalicum, R.; pyrenuicum , R. Erodium commixtum, Jord., RR.; triviale, Jord., cec. 502 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Oxalis acelosella, c.; Navieri, Jord., ccc. Impatiens noli-tangere, r. Genista anglica, R.; purgans, R.; tincloria, C.; sagillalis , C.; pilosa, cc. Trifolium striatum , R.; ochroleucum , c.; sublerraneum , CC.; campestre, Schreb., ccc.; procumbens, CC.; pseudo— procumbens, Gmel., R.; filiforme, C.; patens, Schreb., cc. Lotus tenuifolius , Reich.; angustissimus , RR.; diffusus, Soland., CC. Vicia tetrasperma , Manch., C.; cracca, CC.; tenuifolia, Roth., R.; varia, Host., R.; nemoralis, Pers., c.; Bobartii, Forst., CC.; peregrina, R.; lutea, CC.; sœæpium, Gcc: Lalhyrus aphaca, coc.; nissolia, R.; angulatus, R.; hirsulus, CCC. Orobus tuberosus, CCC. Rubus cœæsius, C.; serpens, Godr., R.; glandulosus, Bell., R.; westitus, Weiïl.; frulicosus, Sm., C.; tomen- tosus, var. glabratus, Godr., R. Comarum palustre, c. Potentilla Vaillantit, Nestt., r.; argentata, Jord., CC.; decumbens, Jord. Agrimonia odorata, Mill., R. Rosa systyla, Bast., C.; obtusifolia, Desv.; Dumalis , Bech.; andegavensis, Bast.; dumetorum, Thuil.; Kluckii, Bess.; agrestis, Sevi; rubiginosa, CC. Pyrus achras, Gæœrt., CC. Cratæqus oxœyacantha | flore roseo, C.). Epilobium hirsutum, C.; parviflorum, Schreb., C.; montanum, C.; collinum , Gmel., R.; lanceolatum, Seb. et Maur., cec.; palustre, ©.; Lamyi, Schultz., CcC.: letragonum , CC.; roseum , Schreb., R. MÉMOIRES. 503 Ænothera biennis, c. Isnardia palustris, c. Circæa luteliana , cc. Trapa natans , RR. Portulaca oleracea, cc. Llecebrum verticillatum, c. Sedum confertum, Boreau, C.; purpurascens, Koch. oC.; cepæa, CC.; micranthum, Bast, cc.; villosum, c.; hirsutum, AIÏl., RR.; dasyphyllum , R.; elegans, Lej., c.; albescens , Harn., C.; reflexum, coc. Umbilicus pendulinus, De., coc. Chrysosplenium oppositifolium , coc. Hydrocotyle vulgaris, cc. Helosciadium inundatum, Koch., c. Ægopodium podagraria, R. Carum verticillalum , Koch., ccc. Conopodium denudatum , Koch., cec. OEnanthe fistulosa, cc.; peucedanifolia, Polich., R.; pimpinelloides, c. Fœniculum officinale, All., c. Angelica sylvestris, ©.; montana , Schleich., c. Pastinaca opaca , Bernh., c. Heracleum pratense, Jord., ccc.; æstivum, Jord., cc. Anthriseus sylvestris, Hoffm., cc. Adoxæa moschatellina , cc. Sambucus racemosa, R. Galium verum, cc.; sylvestre, Poll., cc.; lœve, Thuill., cc.; Timeroyi, Jord., R.; saæalile, cC.; dume- torum, Jord., cc.; album, Lamk., ccc.;, erectum, Huds.; elongatum , Presl., CC.; palustre, cC.; uliginosum , CCC.; Spurium , C. Asperula odorata, R. 504 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Knaulia arvensis, Coult., c.; sylvatica, Duby, r#. Scabiosa patens , Jord., cc. Matricaria chamomilla, r.; inodora, cec. Pyrethrum parthenium, Sm., cc. Filago spathulata, Presl., R.; canescens, Jord., R.; arvensis, CC.; montana, CCC.; gallica, c. Arnica montana, C. Doronicum austriacum , Jacq., cc. Senecio viscosus, COC.; sylvalicus, R.; arlæmisiæfolius , Pers: ACC: Centaurea jace&, CCc.; Duboisii, Bor., CC.; serotina, Bor., CC.; microptilon, Godron, c.; pratensis, Thuil.; obscura, Jord.? cC.; nemoralis, Jord.? R.; scabiosa, RR. Taraxæacum rubrinerve, Jord., R.; erythrospermum , Andrz., c.; udum, Jord., c.; palustre, De., c. Crepis fœlida, C.; nicæensis, Balb.; biennis, C.; paludosa , Mœnch., R. Sonchus arvensis, var. lævipes, c. (le type RR.). Hieracium obliquum, Jord.; fruticetorum, Jord.; curvidens, Jord.; wumbelliforme, Jord.; umbellatun: , festinum, Jord.; bastardianum, Bor.; approximatum , Jord.; bounophilum, Jord.; prasinifolium ;, Jord. Andryala integrifoha, coc. Lobelia urens, CC. Jasione montana | var. major et nana de Boreau), €c.: perennis, Lam., R. Phyteuma spicatum | var. cærulæa, CC.). Wahlenbergia hederacea , Reich., cc. Campanula trachelium, co. (avec la var. wrticifohia) ; palula, ccc.; rotundifolia, CCC. Vaccinium myrtillus , CC. Erica tetralix , CC.; scoparia, RR. MÉMOIRES. 505 Hypopithys multiflora, Scop., r. Utricularia neglecta, Lehm., R.; minor, R. Primula elatior, Jacq., c. Syringa vulgaris, abondamment naturalisé aux environs de Limoges. Cicendia pusilla, Griseb., R. Microcala filiformis , Link., c. Menyanthes trifoliata , c. Cuscuta major, Dc., ©.; minor, Dc., cc. Symphytum officinale, c.; tuberosum , c. Pulmonaria affinis , Jord., rR.; tuberosa, Schrank., cc. Myosotis repens, Reich., R.; cœspilosa, Schultz., R.; sylvatica, Hoffm., ©C.; versicoler, Pen. {c., à fleurs tout à fait jaunes). Solanum melaunocerasum, Wild., c. Datura siramonium , r. Hyoscyamus niger, RR. Verbascum phlomoides, R.; collinum, Schrad., RR.: pulvinatum, Thuil., C.; flloccosum, Waldst., cc.; schiedeanum, Koch., RR.; nigrum, CCC.; mixtum, Ram., RR.; blaitaria, C.; virgatum, With., c. Linaria cymbalaria, Mill., RR.; elatine, Mill., ccc.; striala, Dc., ccc. Scrophularia nodosa, cC.; Balbisi, Horn., 8. Gratiola officinalis, RR. Veronica polita, Fries, CCC.; acinifolia, R.; scutellata , CC. 7 Odontites verna, Reïich., cC.; serotina, Reich., cc.; divergens , Jord., c. Euphrasia campestris, Jord., cc.; rigidula, Jord.; maialis, Jord.; ericetorum, Jord. Rhinanthus hirsula. Lam., C.; minor, R. 506 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Orobanche ulicis, Desm., c.; minor, Sutton, R.; la- myana, de Cessac (1). Clandestina rectiflora , Lam. Mentha nemorosa, Wild., R.; viridis, RRR.; piperita, RRR.; subspicata, Weich., cc.; plicata, Opig., R.; aqua- lica, cec. (avec la var. hirsuta); peduncularis, Bor.; salebrosa, Bor. c.; elata , Host., R.; sativa, c.; paludosa, (1) Cette orobanche, non encore décrite dans les auteurs, est adhérente au lierre dans les jardins du grand séminaire de Limoges, où l’a découverte M. Lamy. M. Boreau l'a rap- portée avec doute, dans sa Ælore centrale, à VO. amethystea. Voici la description de cette nouvelle espèce, tracée d’un main sûre et exercée par M. de Cessac, savant botaniste d’Aubusson , qui l'a étudiée sur le vif : « Orobanche lamyana, Télém. de Cessac, Mss : » Tiges sociétaires, renflées et courbées à la base, violacées, couvertes de poils blancs à glandes jaunes ; — écailles lâches, écartées ; — bractées lancéolées, subulées, dépassant la corolle avant l’anthèse ; — calice violacé, partagé presque jusqu'à la base en deux divisions : Chacune à un, deux lobes subulés, de longueur variable; — corolle tubuleuse, triangulaire, arquée, bossue à la base, d’un blanc sale, violacée en dessus, à nervures violettes ; lèvre supérieure dirigée en avant, 0bscu- rément crénelée; l'inférieure, à trois lobes bien marqués, égaux, formés chacun par une nervure très-saillante sur le tube de la corolle, et se divisant au sommet pour former le lobe terminé par trois dents plus obtuses dans le lobe du milieu ; — ovaire jaunâtre, violacé au sommet, comprimé latérale- ment, marqué en avant et en arrière d'un sillon violacé, et sur chaque face de deux autres sillons moins prononcés ; — style glabre ; stigmate bilobé, jaune avant et pendant l'anthèse ; — filets des étamines insérés vers le bas de la corolle, poilus dans leur moitié inférieure. » Voisine d’O, amethystea, d'apres M. Boreau, elle en diffère par la couleur du stigmate, le style glabre, la forme très- régulière de la corolle, etc. » à MÉMOIRES. 507 Schreb., cc.; sylvaltica, Host.; arvensis, ccc.; pro- cumbens, Thuil., ccc.; Allionit, Bor., R.; parietariæfolia, Beck., RR.; pulegium , cec. Thymus chamedrys, Fries, cc. Calamintha ascendens , Jord., c.; sylvalica , Broomf., R. Melittis grandiflora, Sm., cc. (je n’ai jamais rencontré le M. melissophyllum). Melissa officinalis, c. Salvia dumetorum, Andry, RR. Nepeta cataria, R. Lamium incisum, Wild., cec.; purpureum, variété decipiens, Sond., R. Galeopsis canescens , Schultz, R.; ochrolenca, Lam., c.; tetrahit , cc. præcoxæ, Jord., R.; bifida, Bonn., c.; pubescens , Besser., c. Belonica officinalis {avec les var. hirta, Reich., sero- tina, Host.; stricta, Ait.) Leonurus cardiaca , R. Scutellaria minor, cc. Brunella vulgaris (var. parviflora, Poir., C., et pinnatifida, Pers., R.) Plantago timbali, Jord., R. Littorella lacustris , cc. Chenopodium polyspermum, cc.; acutifolium, W. Sm., c.; vulvaria, Ccc.; paganum, Reich., c.; intermedium, Mert. et K., c.; bonus-Henricus, c. Polygonum bistorla , cc.; minori-persicarin, Braun., c.; minus, Huds., c.; mite, Schrank., R.; monspeliense, Pers., ec.; arenastrum, Bor., R.; microspermum , Jord., cc.; rurivagum, Jord., C.; Bellurdi, AÏl., R. Euphorbiastricla, c.; hyberna, cc.; pilosu, c.; exiguu, R.; péplus, R. 508 CONGRÈS SCIENTIRIQUE DE FRANCE. Saliæ fragilis, R.; viminalis, RR. Populus nigra , c. (bords de la Ligoure). Alisma plantago, c.; lanceolatum, Willd., R.; repens, Cav., c. Luzula Forsteri, Dc., R.; pilosa, Wild., cc.; maxima, De., ce.; multiflora Lej., ec. Convallaria mulliflora, ccc.; maialis, cc. Ruseus aculeatus , ©. Lilium marlagon , rR. Erythronium dens-canis , R. Asphodelus sphærocarpus, Gren. et Gond., ccc. Narthecium ossifragum, Huds., R. Muscari botryoides, De. ( Le Dorat), RR. Endymion nutans , Dum., cec. Scilla autumnalis, R.; bifolia, cec.; verna , Huds., ce.; lilio-hyacinthus R. Ornithogalum umbellatum, c.; divergens, Bor., RR.; pyrenaicum, C. Hemerocallis flava, rRR.; fulva, rrR. — (Ces deux espèces sont abondamment naturalisées, l’une à Aïxe, sur les bords de la Vienne, et la seconde sur les bords de la Briance, au Pont-Rompu.) Narcissus pseudo-narcissus, ©. (var. major, Lois., R.); poelicus, RR. Orchis coriophora, c.; ustulata , cce.; laæiflora , Lamk., cc.; montana, Schmid., R. Epipactis latifolia , Allion.. c. Neottia ovata, Rich., cc. Spiranthes œstivalis, Rich., R.; autumnalis, Rich., c. Cyperus flavescens , CC.; longus , cc. Rhynchospora fusca, Rœm., RR.; alba, Vah]., c. Careæ pulicaris , R.; divulsa, Good.,c.; paniculata, R.; MÉMOIRES. 509 remola , C.; elongata, R.; canescens, ©.; stricla, Goodn., R.; vulgaris, Fries, © ; pilulifera, c.; hirta, c.; lævigata, Sm., CC.; pallescens, c.; paludosa, Goodn., R.; riparia , Curtis, R. Cynodon dactylon, Pers., c. Digitaria sanguinulis, Scop., cc.; filiformis, Kæl., c. Leertia oryzoides, Swartz., c. Gastridium lendigerum, Gond., R. Setaria verticillata, P. B., cc.; glauca, P. B., ce. Phalaris arundinacea, cc. Phleum pratense, cc.; intermedium, Jord., c.; sero- tinum, Jord.; R.; præcox, Jord., R. Alopecurus pratensis, cc.; geniculatus, c.; fuluus, SI, C: Anthoæanthum puelii, Lec., cc. Melica uniflora , Retz., c. Aira caryophyllea, cc.; aggregata, Timeroy, R.; mulli- culmis, Brum., CC.; præcox , c. Avena lenuis, Mœnch., R.; flavescens , cc.; fatua, cc. Bromus secalinus, R.; commutatus, Schrad., R.; racemosus, R.; asper, RR.; giganteus, C.; ereclus, Huds., R.; Gussont, Parlat., RR. Festuca poa, Kunth., cc.; ovina, C.; heterophylla, Lamk., R.; arundinacea , Schred., c.; pratensis, Huds., cec.; cœrulæa, De., c. ss Phragmites communis, Trin., R. Glyceria plicata , Fries, c.; airoides , Reich., cc. Pou compressa, L.; sudetica, Wild., R.; anceps, Gaud., RR. Nardus stricta , cec. Agropyrum caninum, R. et SF cc. Lolium tenue, cc.; rigidum, Gaud., c.; multiflorum, 510 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Lamk., cc.; temulentum , cc.; arvense, With. c. Typha latifolia, cc. ; elata, Bor., R. FOUGÈRES. — Osmunda regalis, cc. Ceterach officinarum , De., cc. Polypodium phagopteris, R.; dryopteris, R. Aspidium aculealum , Sw., cc.; angulare, Kit., cc. Polystichum oreopteris, De., RR.; filiæ-mas, Roth., ce.; spinulosum, Dc., cc.; dilatalum , Sw., cc. Cystopteris fragilis, Bernh., r. Athyrium filix-fœmina , Roth., cc. Asplenium Halleri, De., R.; adianthum nigrum , cec.; rula muraria, CC.; trichomanes, cc.; septentrionale, Hoffm., cc. . Scolopendrium officinale, Sm., RR. Blechnum spicant, Smith., cc. Lycopodium inundatum , R. Equiselum arvense, cc.; palustre, c.; limosum, cc. POISSONS DES RIVIÈRES DE LA HAUTE-VIENNE, PAR M. FOURNIER, Sur renseignements Journis par M. GARASSUS, commis des contributions indirectes. ESPÈCES RÉSIDANTES. 4 Le barbeau. 2° Le chabot ou poisson blanc. 3 La courcie, autre poisson blanc, qui diffère du précédent par la forme de son museau, très-étroit et très-petit, par celle de son Corps, qui est arqué comme celui de la carpe, et par un filet noir, qui s'étend de l'oreille à la queue. — Ce poisson se tient toujours dans les eaux vives, et voyage par bandes, Il a les mêmes habitudes que la truite, et se pêche de la même manière. 4° La carpe, plus rousse que dans les étangs. 5° La perche. 6° La tanche jaune d'or. Te La tanche couleur olive, seulement dans les étangs. 8° Le brochet. 512 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. 9e La truite ordinaire. — Trois espèces : Mouchetée de rouge sur deux rangs; Mouchetée de rouge sur trois ; Mouchetée de rouge sur quatre. La truite saumonée l’est sur cinq. — Cette dernière est de plus mouchetée sur tout le corps, et présente à ses nageoires de devant une ligne blanche transver- sale. Elle a la tête plus allongée et les joues triangu- laires. C’est la seule qui soit saumonée : elle l’est dès sa naissance. 10° L’anguille roux marron, ventre jaunâtre. Elle est sédentaire : on en prend en toutes saisons. A1 L’ombre-chevalier : maximum de longueur, 0,40 cent. environ: se trouve seulement dans la Vienne et ses affluents au-dessus de Limoges. 12° Le tacon : maximum, 0,22 cent. 13° Le goujon. Ak La sardèche. 15° La loche. 16° La raie, ou tétard : tête large et plate; se tenant au fond de l’eau; maximum, 5 cent. 47° Le rouget : corps plat comme l’ablette, yeux rouges comme le lapin; nageoires rouges. — N’existe que dans la Brame, rivière qui passe à Magnac- Laval et dans la Caïille, un de ses affluents qui vient de Dompierre. ; 19 L'ablette. — Trois espèces : L'ablette ordinaire ; L'ablette cep : raie noire de l'oreille à la queue, forme arrondie et courte comme une petite perche; L'able : deux ou trois fois long comme l’ablette, le dessus des reins très-noir, les écailles plus allongées 2 1 MÉMOIRES. 513 et plus saïillantes; moins rond que le goujon et plus ovale. ESPÈCES VOYAGEUSES. 1° Le saumon. 1 2° Le béca, moins grand que le saumon , 0,66 cent. au plus; nez relevé. 3° L'anguille noire à ventre blanc : se pelotonne en septembre, et se laisse entraîner, On en prend de grandes quantités dans cet état aux divers barrages. — Ne se retrouve qu'en mai lorsqu'elle remonte. %° Une espèce de truite qui remonte en mars. — Elle est très-noire, irrégulièrement mouchetée. Sa tête, très-forte, déborde sensiblement le corps; sa bouche est très-orande. On a vu des sujets de 0,50 cent. de longueur. 5° La lamproie. — Se trouve en très-crande quantité dans la Basine à son confluent dans le Vincou, au trou de La Négrière , depuis la grosseur d’une ficelle jusqu'à celle du doigt, et en boules de la gTosseur d'un chapeau jusqu'à celle d’une demi-barrique. On les a vues séparées, s’attachant aux rochers ou aux pierres au plus fort du courant, et s'y tenant très- rapprochées. — On les trouve tous les ans aux mêmes endroits en avril et mai. ÉCREVISSES. Dans tous les cours d’eau. — I] y en a de très-belles dans la Vienne, l'Aixette, la Briance et l’Aurance. On y en a trouvé de la grosseur d’un œuf ordinaire, Surtout dans la Vienne, en 4857, aux basses eaux, 33 514 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. au-dessous du moulin à pâtes en aval du pont Saint Martial. Elles sont très-petites dans la plupart des ruisseaux, surtout près de la ville. La pêche y détruit tout : on prend jusqu'aux écrevisses de l’année. Il serait désirable que l’art. 26 de la loi sur la pêche fluviale, relatif à la dimension au-dessous de laquelle les poissons ne peuvent être pêchés et doivent être rejetés en rivière, recût son application dans notre pays aux écrevisses : ce serait le seul moyen d'en assurer la reproduction” APERÇU SUR LES COLÉOPTÈRES ET «LES LÉPIDOPTÈRES DU DÉPARTEMENT DE LA HAUTE -VIENNE, PAR M. J.-L. SAMY. Voulant donner aux quelques heures de loisirs que me laisse mon humble profession un but sérieux et utile, je m'occupe, depuis deux ou trois années, d’entomologie. Dans ce court espace de temps, quoique j'aie pu constater combien notre pays est riche en insectes de tous les ordres, mes études ont particulièrement porté sur les coléoptères et les lépidoptères, et il m’a été donné d'en recueillir, dans mes rares excursions, 516 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. près de douze cents espèces diverses, sur lesquelles sept ou huit cents sont définitivement classées. Ces résultats, connus de personnes honorables, et qui me portent quelque intérêt, les ont engagées à me proposer d'envoyer au Congrès scientifique le fruit de mes travaux entomologiques. Je me suis rendu à leur désir, et le Congrès a été assez indulgent pour en- courager mes débuts en votant l'impression de mon mémoire. Je réclame d'avance pour ma rédaction toute l’indulgence qui est due à un jeune homme qui n’a pas eu le bonheur de faire d’études littéraires. Dans ce travail, que j'aurais facilement pu doubler en citant toutes les espèces que je possède, leur habitat en particulier, etc., j'ai adopté pour guide l'excellent Catalogue des coléoptères d'Europe de M. de Marseul. À la tête de chaque famille, j'ai le soin d’énumérer le nombre des espèces qui la composent, et d’en faire connaître l'habitat et les mœurs. Je serais heureux si mon exemple engageait des jeunes gens à s’adonner aux études entomologiques. En explorant le pays en tous sens, nous ne tarderions pas à rassembler les éléments d’une faune entomo- iogique limousine, œuvre où chacun porterait sa pierre, et qui servirait de base à une faune entomo- logique francaise. C’est avec la plus entière confiance que je livre mon manuscrit à la publicité ; car M. le colonel Pradier, entomologiste des plus distingués, a bien voulu se charger de vérifier mes déterminations, et me fournir le nom de quelques espèces prises par lui dans nos localités : qu'il me permette de lui offrir ici l’expres- sion de ma respectueuse gratitude ! Je dois aussi à MÉMOIRES. 517 quelques jeunes gens, mes compagnons d’excursion, je pourrais dire mes élèves, la découverte de plusieurs espèces que je n’ai pas encore rencontrées : je ne puis que les engager à persévérer dans l’étude de l’ento- molog'ie. + COLÉOPTÈRES. CiciNDÉLIDES. — Cette famille et les trois suivantes sont composées d'insectes carnassiers qui font une chasse continuelle aux animaux herbivores de petite taille, tels que les lombrics, les chenilles, etc. L'unique espèce de ce groupe que j'ai rencontrée est le cicindela campestris, Linn. : on le prend en abon-— dance sur les terrains sablonneux, à la plus forte ardeur du soleil. Mes explorations, restreintes aux environs de Limoges, ne m'en ont pas fait découvrir davantage : assurément nous devons en posséder d’autres , surtout aux environs de Bellac et du Dorat, à proximité des terrains calcaires, et sur les bords du Vincou et de la Gartempe. CARABIDES. — C'est l’une des plus intéressantes familles de l’ordre des coléoptères, autant par le nombre prodigieux de ses espèces que par Celui de ses individus. On les rencontre un peu partout, mais principalement dans les lieux humides, sous les pierres, les mousses, dans les bois au pied des arbres, quelquefois sous les écorces, et plus rarement sur les plantes {zabrus) ou sur les arbres (calosoma). Parmi les cent trente espèces que ‘j'ai observées, je citerai comme les moins rares : les Nofiophilus semi- 518 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DÉ FRANCE. punctatus, Fabr.; Elaphrus riparius, Linn.; Nebria brevicollis, Fabr.; Leistus spinibarbis, Fabr.; Procustes coriaceus, Linn.; Carabus calenulatus, purpurascens, Fabr., cancellatus, nemoralis, auratus, Linn. C’est ce dernier qui est connu dans nos pays sous les noms vulgaires de cing-sous et de jardinière. La crainte qu'ont les enfants de faire pleuvoir en le tuant le leur fait respecter : on doit propager parmi eux cette petite superstition, à cause de l'appétit carnassier de ce carabide , qui dévore une foule d’insectes nuisibles à l’agriculture. Drypta emarginata , Fabr.; Brachinus crepitans, Linn., explodens, Dufts., sclopeta, Fabr. Les espèces de ce genre sont remarquables par la vapeur acide qu'elles lancent avec détonation lorsqu'on les inquiète ; ce qui leur à valu le nom de canonniers. Dromius linearis, Oliv., melanocephalus, Dej., hnotatus, Panz., ämaculatus, Linn., glabratus, Dufts.; Dyschirius globosus, Herbst.; Clivina fossor, Linn.; Chlænius vestitus, Fabr., tibialis, Dej.; Oodes helopioides , Fabr.; Badisler bipustulatus, Fabr.; Diachromus ger- manus, Linn.; Anisodactylus binotatus, Fabr.; Harpalus maculicornis, calceatus, hottentota, Dufts., œneus, ruficornis, Fabr.; semiviolaceus, Dej., etc.; Acupalpus meridianus, Linn.; Stenolophus vaporarium , Fabr. Les féronies sont nombreuses dans nos environs : peut-être faut-il en attribuer la cause à nos mon- tagnes boisées et entrecoupées de ruisseaux, lieux des plus favorables à la propagation de ces gracieux insectes. Les plus connues sont les Feronia cuprea, Linn., dimidiala, Oliv., vernalis, Fabr., erythropa, MÉMOIRES. 519 Marsh., melanaria, anthracina, Ilig., nigrita, striolu, Fabr.; Zabrus gibbus, Fabr. Les amares fréquententdes lieux secs et arides. Les plus communes sont les Amara trivialis, Gy1l., fami- liaris , Dufts., etc. Dans les caves, on trouve communément le Sphodrus leucophthalmus, Linn.. et le Pristonychus terricola, Herbst., où ils vivent de limaces et de cloportes. Anchomenus junceus, Scop., prasinus, pallipes, Fabr., modestus, Strum., etc. : ils fréquentent les mêmes lieux que les féronies. Olisthopus rotundatus, Payk.; Trecus minutus, Fabr.; Bembidium lampros, Herbst., articu- latum, Panz., Aguitatum, biguttatum, Fabr., callosum, Küster, nitidulum, Marsh., ustulatum , Linn. Je vais citer maintenant les espèces rares , en ayant soin de les faire suivre du nom des personnes qui les ont rencontrées lorsque je n’ai pas eu moi-même ce bonheur : Elaphrus cupreus , Dufts., trouvé à Château- neuf (Pradier); Leistes ferrugineus, Linn., assez rare dans nos environs; il en est de même des Carabus -granulatus, intricatus, Linn.,,et conveæus, Fabr.; les Calosoma sycophanta et inquisitor, Linn., sont assez communs dans les bois de La Bastide, du Puy-Mou- linier, de Condat, etc., où leurs reflets métalliques attirent les regards de l'observateur le moins exercé; Cychrus attenuatus, Fabr. : j'ai pris cette belle et rare espèce, sous des pierres, au bord des ruisseaux qui se jettent dans la Vienne en face Le Palais; Brachinus psophia, Dej.; Cymindis homagrica, Dufts., dans les châtaigneraies des environs de Limoges (Goulard), humeralis, Fabr., à Châteauneuf (Pradier); Dromius Asignatus et bifasciatus, Dej.; Lebia turcica, Fabr. : ces 520 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. espèces, qui sont généralement regardées comme méridionales, se trouvent assez communément à Limoges; les Broscus cephalotes, Linn., et Anisodactylus nemorivagus, Dufts., ont été pris une seule fois à Limoges ( Pradier). Les Panagœus crux-major, Linn., Callistus lunatus , Fabr., Chlænius velutinus, Dufts., marginatus, Linn., holocericeus, Fabr., se font remarquer par leur agilité et leurs couleurs variées. Les Feronia aterrima, nigra, Fabr., et femorata, Dei., qui sont rares dans une grande partie de la France, se rencontrent assez souvent dans nos bois humides. Nos amares les plus remarquables sont les sui- vantes : Amara strialopunctata, tricuspidata, Dej., plebeja, Gy1l., obsoleta, Dufts., et spreta, Zimmer. : la première habite les graminées, où on la prend en grande quantité. Calathus gallicus, Kaïrm. et Lab., piceus, Marsh.; Taphria vivalis, Illig. : ces trois dernières espèces, rares dans le reste de la France, abondent sous la inousse de nos bois; Blemus areolatus, Creutz., pro- venant des bords de la Briance {Pradier); Bembidium flavipes, Linn., pris dans un jardin (Goulard), elon- gatum , Dej. : j'ai pris cette magnifique espèce sur les bords de la Vienne; B. monticulum , Sturm : rare en France, pris quelquefois dans la Haute-Vienne (Pradier); B. rufescens, Guér. : sous les écorces de chêne et d’orme en décomposition. HYDROCANTHARES. — Les hydrocanthares habitent les étangs, les pêcheries, les mares, les flaques d’eau , et plus rarement les eaux courantes. Ils nagent avec MÉMOIRES. 521 agilité, et poursuivent sans cesse, pour les dévorer, les insectes aquatiques , les mollusques fluviatiles, ou même de jeunes poissons, à qui ils savent donner la mort en leur crevant l'abdomen au moyen de leurs puissantes mandibules. Pendant le jour, ils restent dans l’eau; mais ils sont obligés de remonter à la surface pour respirer l'air nécessaire à leur existence. Lorsque vient le crépuscule, ils changent de demeure, et s'élancent dans les airs : ce sont donc de véritables amphibies. Voici, parmi les espèces que je possède, quelles sont les principales : Cybister Ræselii, Fabr. : dans les marais où M. Barbou des Courrières élève des sangsues; Dyliscus marginalis, Linn. : c'est à cet insecte que quelques auteurs ont attribué à tort la faculté de marquer les variations atmosphériques par la hauteur qu’il occupe dans le vase où on l'a enfermé. Cette espèce est très-commune dans tous les amas d’eau. La variété D. conformis, Kunze, est éga- lement abondante. Dytiscus punctulatus, Fabr.; Acilius sulcatus, Linn.; Hydatichus cinereus, Linn.; Colymbetes fuscus , Linn., collaris, Payk.; Agabus maculatus, Linn. : ces trois dernières espèces, ainsi que le Pelobius Her- manni, Fabr., sont assez rares. La plupart des suivantes, au contraire, se trouvent en quantité : Ilybius fuliginosus, Linn.; Agabus uliginosus , bipustu- latus, Linn., didymus, Oliv., brunneus, Fabr.: Hyphy- drus ovatus . Linn.; Hydroporus inæqualis, A2pustulutus , confluens, Fabr., semistriatus, Schrank, erythrocephalus , palustris, Linn., flavipes, lepidus, Oliv., etc.: Haliplus : fulous, Fabr., lineatocollis, Marsh.; Gyrinus natator, Linn. (3,2 522 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. PALPICORNES. — Une grande partie des espèces de cette famille est aquatique comme la précédente, mais non carnassière comme elle. Les principales sont : Hydrophilus piceus, Linn.; Hydrous caraboides , Linn.;, Hydrobius fuscipes, Linn.; Philhydrus lividus, Forst.; Lacobius minutus, Linn.; Berosus luridus, Linn.; Limnebius truncatellus, Thumb.; Helophorus grandis, Ilig.; Hydrochus elongatus, Schal.; Hydræna riparia, Kugel., qui se trouvent ordinairement dans l’eau et sur les bords des ruisseaux et des rivières. Les suivantes se trouvent dans les bouses et autres excré- ments : Sphæridium scarabeoides, Linn., bipustulatum , Fabr.; Cercyon hæmorrhoum, Gy1l., quisquilium, uni- punclatum , Linn., etc., etc. BRACHÉLYTRES. — Les brachélytres pullulent partout : les fumiers, les cadavres, les champignons plus ou moins décomposés, les détritus de tout genre, en sont infestés; il y en a qui vivent aussi en Com— pagnie de fourmis. Ils sont carnassiers, et partant rendent à l’agriculture les mêmes bienfaits que les trois premières familles. Parmi les nombreux sujets de ma collection je citerai seulement les suivants : Myrmedonia canaliculala, Fabr.; Falugria sulcatula, obscura, Gravh.; Oxypoda alternans, Gravh.; Aleochara fuscipes, Fabr., trislis, Gravh., rufipennis, Lac., etc.; Lomechusa strumosa , Fabr. : cette belle espèce à été prise avec la Formica flava par Goulard; Conurus littoreus, Linn., lividus , Er.; Tachyporus abdominalis, Gy1., hypnorum, Fabr.. chrysomellinus, Linn.; Tachinus humeralis, Gravh., subterraneus, Linn.; Bolelobius analis, Payk., alrica- El MÉMOIRES. 523 pillus , Fabr. : ces deux dernières espèces se trouvent assez rarement dans les mousses; B. trinotatus, Er. : commun dans les champignons; Xantholinus fulgidus , tricolor, punctulatus, Kabr., linearis , Oliv. Les sluphylins les plus rares sont : Siaphylinus hirtus, Linn., chrysocephalus, Fourc., pubescens, de Géer, fulvipes, Scop. Les plus communs sont : S. maæxillosus, murinus, Linn., nebulosus, Fabr.; Ocypus pedator, morio, Gravh., compressus, Marsh., olens , Müll. L’O. olens est la plus grande espèce de la famille; on le trouve communément et presque toujours sous les pierres ou dans les champs. Lorsqu'on l'inquiète, il s'arrête, prend une attitude guerrière, relève son abdomen, et s'apprête à engager la lutte. Si c’est une chenille ou un autre petit animal qui ait osé braver sa colère, il l’a bientôt mis en pièces avec ses longues et puissantes mandibules. Les Philonthus laminatus, Creutz., bimaculatus, san- guinolentus, Gravh.; Acylophorus glabricollis; Quedius lateralis, fuliginosus, molochinus, Gravh., fulgidus, Fabr., impressus, Panz., picipes, Manne., atlenualus, GyIl., se trouvent plus ou moins abondamment dans les bouses et les champignons pourris. L'Oxyporus rufus, Linn., se trouve communément dans les agarics. Cryplobium fracticorne, Payk.; Lathrobium elongatum , Linn., multipunctatum, Gravh., pallidum, Nordm. : sous les détritus du ruisseau d’Auzette (Goulard) : Lithocharis melanocephala, Fabr.; Sülicus fragilis, Gravh., similis, affinis, Er., orbiculatus, Payk.; Sunius anguslatus, Payk., uniformis, J. Duval; Pœderus lon- gipennis, Er., riparius, Linn., ruficollis, Fabr. Un 524 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. grand nombre des espèces qui précèdent se trouvent au bord des eaux, qu’elles embellissent par leurs couleurs fraîches et variées, par leurs formes sveltes, par leur agilité, et surtout par leur abon- dance. Le genre suivant a ses espèces également très- nombreuses; mais elles ne sont pas revêtues de cou- leurs variées : à part ceci, elles ont les mêmes habitudes que les précédentes. En voici quelques-unes : Stenus bipunctatus, Er., guitula, Müll., bimaculatus, Gy1l., juno, Fabr., speculator, Lac., providus, plantaris, Er., oculatus, cicindeloides, Gravh., etc. Le Platystethus cornutus, Gravh., habite les excréments, ainsi que les Oxytelus piceus, Linn., et depressus, Gravh. Anthophagus præstus, Müll., pris, en septembre, par M. René de Mathan, sur les bords de la Vienne; Latrimœum melanocephalum, Tlig. : j'ai trouvé cette ‘are espèce sous les feuilles en novembre ; Omalium rivulare, Payk. : c’est par milliers que cette espèce habite les champignons, les excréments , etc.; Wicro- peplus porcutus, Fabr. : sous des détritus dans un jardin (Goulard ). PSÉLAPHIDES. — Cette famille est composée d’in- sectes excessivement petits. On les rencontre sous les pierres, les mousses, au pied des grandes herbes, dans les lieux humides, quelquefois avec les fourmis. Les espèces que je possède sont les Pselaphus Heisei Herbst.; Bryaæis fossulata, Reichn., impressa, Panz. L'exiguïité de ces petits animaux est cause que j'ai un peu négligé jusqu'à ce jour sinon leur recherche, MÉMOIRES. 525 au moins leur étude. Il en est de même des scydmé- nides et de quelques groupes de la famille suivante. CLAVICORNES. — Ce groupe est tellement hétérogène qu'il est impossible de rien dire de général à son égard. La tribu des silphides est remarquable par les mœurs des nécrophores. Lorsqu'un individu de ce genre a découvert le cadavre d'une taupe, d’un rat, d'une grenouille ou de tout autre animal de même dimension, il va chercher quatre ou cinq aides, et là, tous en commun, ils se glissent, après avoir examiné si le terrain est convenable, sous l’animal pour l'enterrer. Pendant que les uns le soulèvent, les autres creusent la terre avec leurs pattes robustes, et parviennent à l'inhumer, en vingt-quatre heures environ, à une profondeur qui varie de vingt à trente-cinq centimètres. Une fois ce travail achevé, les mâles sortent; mais les femelles restent pour déposer leurs œufs, après quoi elles meurent, et deviennent, ainsi que l'animal enfoui, la pâture de leurs larves. Quand l'animal est d’un plus fort volume, comme un chat, un chien, etc., on voit souvent ces insectes se réunir autour de lui au nombre de huit, dix, quinze, vingt, et quelquefois plus. C'est dans de semblables conditions que j'ai pris le Necrophorus mortuorum sous le cadavre d’un chat, dans les bois de La Bastide, auprès des Phallus impudicus, Linn. Pendant les cinq ou six jours que dura la putréfaction, jy pris toujours l’insecte en question sans jamais le voir dans le champignon, où quelques auteurs voudraient le faire vivre exclusivement; ce: 526 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. qui me fait supposer qu'il ne vit dans les matières fongueuses que dans le cas où les matières animales lui font défaut. Necrophorus humator, (rœæze, vespillo, Linn., westi- gator, Herch., mortuorum, Fabr. Nos boucliers les plus communs sont les Silpha sinuata, Fabr., tristis, Ilig., thoracica, rugosa, atratu, obscura , Linn. Les S. reticulata, Fabr., et 4punctata, Schreb., sont plus rares, de même que le Choleva picipes, Fabr. : je ne l’ai trouvé qu’une fois, dans des agarics décomposés. Les C. angustata, Fabr., agilis, Ilig., ‘trislis, Panz., sont assez communs dans les lieux humides. La petite tribu des scaphidides est représentée chez nous par les Scaphidium kmaculatum, Oliv., et Scaphi- soma agaricina, Linn., qu'on trouve communément dans les vieux bois couverts de champignons. Celle des histérides est assez richement représentée dans nos localités. Les uns habitent sous les écorces, comme les Platysoma depressum, Fabr.; Paromalus parallelipipedus, Herbst., etc.; les autres, dans les fumiers, les bouses, les cadavres, etc. : ce sont les Hister kmaculatus, Linn., cadaverinus, Ent.-Efte, carbonarius, Illig., qui sont communs. Les suivants sont plus rares : A. sinuatus, Illig., purpurascens, Herbst., corvinus, Germ., etc. Les Saprinus œneus, Fabr., speculifer, Latr., nitidulus, Payk., sont abon- dants ; le S. wirescens est plus rare. Le petit groupe des phalacrides ne nous fournit que trois ou quatre espèces, dont les principales sont : Olibrus corticalis, Panz., bicolor, Fabr., très-communs en été sur les fleurs, et en hiver sous la mousse et les écorces. MÉMOIRES. 527 La tribu des nitidulides est composée d'insectes or- dinairement petits, vivant sous les écorces, sur les fleurs, dans les champignons, etc. En voici quelques- unes : Mitidula bipustulata, Linn., fleæuosa, Fabr.; Soronia grisea, Linn.; Ampholis marginala, Fabr.; Omosita colon, Linn. : on les trouve dans les matières animales décomposées. Les Pria dulcamaræ, Illig., et Meligethes rufipes, Gyll., fréquentent les fleurs. Le Pocadius ferrugineus, Fabr., est commun dans les lycoperdons. Cychramus luteus, Fabr. Le Peltis ferru- ginea, Linn., a été pris sous l'écorce d’un vieux châtaignier à La Bastide {Pradier). La tribu des colydides est représentée par les Bitoma crenata, Fabr.; Aulonium sulcatum, Oliv.; Bothrideres contractus, Fabr., et Cerylon histeroides, Fabr., qui vivent sous les écorces et dans le bois, où ils causent de grands ravages. J'en dirai un mot lorsque je parlerai des xylophages, famille à laquelle cette tribu et la suivante appartenaient dans les anciens auteurs. Celle des cucujides ne nous fournit que deux espèces, dont l’une est très-rare non-seulement en France, mais même en Europe. Chenu (Encyclopédie d'histoire naturelle : Coléoptères, T. I, p. 274) dit qu’elle est propre à l'Allemagne, et Lacordaire écrivait, en 4856, dans son Genera des coléopières, T. II, p. 399 : « On ne connaît qu’une espèce de ce genre, originaire des parties orientales de l'Allemagne et pays voisins, mais qui paraît rare partout ». Dans une de nos dernières promenades, M. Alfred Goulard et moi avons eu le rare bonheur d'en rencontrer trois indi- vidus dans un vieux châtaignier. Cette espèce porte le 528 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. nom de Prostomis mandibularis, Fabr. L'autre est très- commune sous l'écorce des chênes : c’est le Brontes planatus, Linn. Dans la tribu des cryplophagides , je ne possède que les Cryplophagus lycoperdi, Fabr., et cellaris, Scop. Le premier abonde dans le lycoperdon, et le second sur le vieux bois, dans les caves. Nos contrées possèdent seulement quatre mycélo- Phagides , qui sont les Mycetophagus kpustulatus, Linn., multipunctatus, Helw., fulvicolis, Fabr., et Litargus bifaciatus, Fabr. : on les trouve communément sur le vieux bois et dans les champignons qui y croissent. Les dermestides sont de petits insectes qui font beaucoup de dégâts dans les laines, les pelleteries, les collections d'histoire naturelle. [ls s'y introduisent pour y déposer leurs œufs, d'où sortiront des larves qui, pour se construire des fourreaux, couperont et mettront-en pièces ces matières. La petitesse de ces larves fait qu’elles échappent à nos regards. Les Dermestes vulpinus, tesselatus, Fabr., murinus, Linn., etc., se trouvent dans les cadavres. Le D. lardarius se rencontre dans nos maisons, et particulièrement dans les charcuteries, Les Atlegenus pellio, Linn., et An- threnus musæorum, de Géer, et pimpinellæ, Fabr., habitent les pelleteries et les collections. Le vieux bois est la demeure du Megaloma undata, Linn. Parmi les byrrhides je citerai : le Nosodendron fasci- iculare, Oliv., qui se trouve dans les plaies des chênes, des aulnes, ete.; les Byrrhus pilula, Linn., et fasciatus, Fabr., et le Cytillus varius, Fabr., que l’on voit sous les mousses, les pierres ou sur les chemins. La tribu des parnides ne nous fournit que le Parnus MÉMOIRES. 5929 prolifericornis, Fabr., qui est très-abondant dans les lieux humides et sur les plantes submergées, de même que l’Heterocerus marginatus, Fabr., est le seul indi- vidu que nous ayons de la tribu des hétérocérides. PECTINICORNES. — Petit groupe retranché depuis peu, par Lacordaire et de Marseul, de la famille suivante. Les insectes qui le composent sont remar- quables par la grandeur de leur taille. Leurs larves font des dégâts effrayants dans les arbres où elles se développent : ce sont les chênes et les frênes qui de- viennent ordinairement leurs victimes, comme il est facile de s'en assurer par l'inspection de nos bois. Le fait suivant, que j'ai été à même d'observer, mérite l'attention des arboriculteurs. A la fin de l'hiver dernier, nous trouvâmes, mes amis et moi, dans un taillis qui longe la rive droite de la Vienne, à deux kilomètres en amont de Limoges, un frêne qui, n'ayant pu résister aux grands vents qui soufflaient depuis long-temps, avait été abattu. Nous le visitûmes immédiatement pour voir s’il ne con- tenait pas quelque espèce nouvelle, c'est-à-dire un trésor à ajouter à notre collection; mais, après les plus minutieuses recherches, nous ne prîmes qu’une vingtaine de dorques, tous logés dans le cœur du ligneux, et ayant creusé un commencement de galerie qui allait du centre à la circonférence. Cet arbre paraissait d’une belle venue, et aucune crevasse n'existait sur l'écorce; ce qui nous fit supposer que la femelle, pour y déposer ses œufs, avait dû y pénétrer en passant au-dessous du collet, en ayant soin de laisser intacte la partie exposée aux regards En 34 530 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. effet, depuis le dessous du collet jusqu'à une hau- teur de cinquante à soixante centimètres, grâce à la voracité des larves, il n'existait, pour ainsi dire, plus de duramen. L’aubier et l'écorce n'avaient reçu aucune atteinte; mais ils furent néanmoins impuis- sants à lutter contre le vent, qui, aux yeux des profanes, eût certainement été regardé comme l'unique cause de la chute de cet arbre. Les espèces que je possède sont le Lucanus cervus, Linn., appelé communément cerf-volant, et connu à Limoges sous le nom trivial de cornard ; le Dorcus pa- rallelipipedus, Linn. : ces deux espèces sont très- communes, trop communes même, dans nos bois, qu'elles dévastent. Le Platycerus caraboides est plus rare. LAMELLICORNES. — Cette famille est une des mieux représentées dans la Haute-Vienne. Ses espèces ont des mœurs différentes selon les tribus auxquelles elles appartiennent : ainsi dans les bouses et autres excréments se trouvent les coprides , les aphodides , les géotrupides; sous les cadavres et à la racine des végétaux, l’on prend les frogides; les mélolonthides habitent sur les feuilles, et les cétonides étalent leurs couleurs brillantes sur les fleurs. La plupart de ces insectes sont crépusculaires, et ont un vol lourd et peu élevé qui permet de les abattre facilement. Les larves des deux dernières tribus font éprouver de grands ravages à l’agricul- ture : celles des mélolonthides pénètrent dans la terre, où elles vivent au détriment des racines, tandis que celles des cétonides vivent dans l'intérieur du bois. MÉMOIRES. 531 Mes principales espèces sont les Copris lunaris, Linn.; Oniticellus flavipes, Fabr.; Onthophagus taurus , vacca, ovatus, Linn., cœnobita, Herbst., etc.; Aphodius erraticus, fossor, fimetarius, grannarius, hkmaculatus, Linn., scybalarius, nitidulus, inquinatus, bimaculatus, porcus, porcatus , Fabr. : ces deux dernières sont assez rares, ainsi que le À. tesselatus , Payk., que j'ai pris en hiver. Le À. prodromus, Braham., est tellement commun de l’automne à la fin du printemps que tous les excré- ments en sont littéralement remplis. Les Geotrupes typhœus, stercorarius, pilularius, Linn., et sylvaticus, Panz., sont très-communs à Limoges, où on les connaît sous les noms triviaux de fouille-merde , pousse- merde et de barbottes. Le G. vernalis, Linn., m'a été envoyé du Dorat. Les Throx scaber et sabulosus, Linn., sont rares. Le Hoplia philunthus, Sulz., habite nos bruyères humides. Le A. cœrulea, Drury, est un des plus beaux insectes de notre faune. Le dessus de son corps est d'un bleu aussi pur que l’azur du ciel, tandis que le dessous et les pattes sont couverts d’écailles argentées et à légers reflets irrisés. Il est très-commun sur les bords de la plupart de nos cours d’eau. Pendant les mois de mai, de juin et de juillet, les rives de la Vienne et de la plupart de ses affluents n'ont peut- être pas une fleur où ne repose une hoplie, dont les charmantes couleurs forment le contraste le plus gracieux avec le jaune bouton-d'or et la blanche et suave reine-des-prés. Les autres espèces que je possède sont les Ryzotrogus æstivus, Oliv., ochraceus, Knock., qui sont communes. Le R. ruficornis, KFabr., dont je n'ai trouvé qu’un indi- 532 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. vidu mort, est beaucoup plus rare. Les Melolontha vulgaris et hippocastani, Fabr., se ressemblent énor- mément, et sont généralement confondus sous le nom de hannetons. L'apparition de ce: insectes a lieu au printemps, c’est-à-dire en même temps que celle des feuilles destinées à les nourrir : aussi, dans les années où ils sont abondants, font-ils un tort considérable aux arbres; et, comme, à cette époque de l’année, la respiration des végétaux s'opère en grande partie par les feuilles, le sujet auquel ils s’attaquent ne tarde pas à en souffrir dans tout son organisme. Les Anisoplia fruticola, Kabr.; Phyllopertha horticola , Linn., sont communs aux bords des eaux, sur les saules, où l’Anomala Frischii, Fabr., se trouve aussi, mais beaucoup plus rare : je l’ai pris à Saint-Martin- Terressus, et on me l’a apporté de Saint-Junien. Quelques personnes disent avoir pris à Limoges l'Oryctes nasicorms, Linn.; mais je ne l'ai jamais ren- contré; je ne l’ai non plus vu dans aucune collection provenant de nos localités. Les Cetonia hirtella , stictica, aurata, Linn., metallica, Payk., se font remarquer par la richesse de leur robe métallique, dont l'éclat augmente encore suivant la couleur des fleurs sur lesquelles ils viennent se reposer. Le C. morio a été pris sur les fleurs du sureau et du mille-feuilles (Goulard). L'Osmoderma eremita, Linn., m'a été envoyé du Dorat, où il n’est pas très- rare. Le Gnorimus variabilis, Linn., se rencontre dans les vieux châtaigniers pourris. Le G. nobilis, Linn., est très-abondant sur les fleurs, de même que les Trichius fasciatus, Linn., et Valqus hemiplerus, Linn. MÉMOIRES. 533 SrERNOXES. — Cette famille est composée d'insectes essentiellement phytophages : on les trouve dans les . bois. La tribu des buprestides se fait surtout remarquer par la beauté de ses couleurs. La plupart de ces espèces sont méridionales : aussi sont-elles rares dans nos contrées, et n’ai-je pu trouver qu’un Bupestris Squttata, Linn. : je l’ai pris à Condadille, sur la rive gauche de la Vienne. Le Chrysobothris chrysostigma, Fabr., est également fort rare : je l’ai trouvé au Palais, et on me l’a envoyé du Dorat. Les Coræbus undatus, Fabr.; Antaxia manca, Linn., cichorii, Oliv.; Agrilus sexgut- tatus, Herbst., cinctus, Oliv., derosofasciatus, Lac.; Trachys minuta, Linn., sont plus abondants. La tribu des eucnémides est représentée par le Throscus dermestoides, Linn., qu’on prend assez communément en fauchant dans les prairies. Celle des élatérides est remarquable par la faculté qu'ont ses espèces de pouvoir, lorsqu'elles sont sur leur dos, se remettre sur leurs pattes: pour cela, l’animal courbe la tête et le prothorax vers l’abdo- men, et se détend brusquement en frappant l’endroit sur lequel il est placé, ce qui le fait sauter; il renou- velle ce manége jusqu’à ce qu’il ait réussi. On appelle vulgairement ces insectes {aupins ou toque-maillet. Je possède un assez bon nombre d'espèces appartenant à cette tribu; mais, faute d'ouvrages traitant cette partie de l’entomologie, je n'en ai pu déterminer qu’une vingtaine, parmi lesquelles je citerai : les Athous rufus, Fabr., hirtus, Herbst.; Limonius cylin- dricus, Payk., bipustulatus, Linn.; Cardiophorus thoracicus, Fabr.; Elater sanguineus, Linn., ephippium , Fabr.; Corymbites hæmatodes , Fabr., tesselatus, Linn.; 534 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Agriotes lineatus, Linn.; Diacanthus œneus, ‘Linn., holosericeus, Fabr., qui, pour la plupart, se trouvent communément dans nos bois, sauf la première et Ja dernière. MALACODERMES. — Ainsi que leur nom l'indique, les espèces qui composent cette famille sont très- molles. On les rencontre, en général, sur les fleurs durant la belle saison, ou sur les plantes, près des lieux humides, comme les Elodes livida et maryinatus, Fabr., ou au pied des arbres, sous les pierres, comme les Lampyriæ noctiluca, Linn.; Phosphænus hemipterus , Fabr.; Drilus flavescens, Fabr. : je ne connais pas la femelle de cette petite et rare espèce. Le Lygistopterus sanguineus, Fabr., se rencontre communément sur les fleurs. Les Telephorus fuscus, lividus, obscurus, Linn., thoracicus, Oliv., melanurus, pallidus, Fabr., etc.: Malthinus flaveolus, Payk.; Malachius œneus , bipustulatus , Linn., elegans, Oliv.; Anthocomus fasciatus, Linn.: Ebœus thoracicus, Fabr.; Dasytes cœruleus, Fabr., et subæneus, Schoen., se trouvent en très-crande abon- dance sur les fleurs, et principalement dans les prairies. TÉRÉDILES. — Tous les insectes de cette famille sont nuisibles à l’agriculture, et partant devraient être sérieusement extirpés, à cause des dégâts que font leurs larves, soit en se développant dans le bois, ce qui est propre au plus grand nombre, soit dans les ruches, comme les trichodes, qui vivent des larves et du miel des abeilles. Mes principales espèces sont : les Tillus unifasciatus, Fabr.; Thanasimus mutillarius , Fabr., formicarius, Linn.; Opilus mollis, Linn.: D pe) MÉMOIRES. 535 Trichodes apiarius, Linn., alvearius, Fabr., qu'on prend communément sur les fleurs, assez souvent sur les murs, et plus rarement, en hiver, sous les écorces et les mousses. Les Coryneles cœæruleus, de Géer, et rufipes, Fabr., habitent les matières animales. Sur le bois mort et les vieux arbres se trouvent plus ou moins communément l’Apate capucina, Linn., et le Lyctus canaliculatus. Le Cis boleti, Scop., se nourrit dans les champignons qui croissent sur les arbres. Les vrillettes habitent dans nos maisons, où elles vivent aux dépens du vieux bois, auquel elles font des trous ronds comme celui qu’on ferait avec une vrille : d’où leur est venu le nom qu'elles portent. On les appelle aussi horloges de la mort à cause du bruit que font les femelles pour appeler leurs mâles. Pour cela elles se fixent solidement, au moyen de leurs pattes, sur un point d'appui, qui est ordinairement le bois dans lequel elles ont pris naissance, et là, avec leur tête et leur prothorax , elles frappent leur support si précipitamment qu’on a comparé le bruit qui en résulte à celui que produit l’échappement d'une montre. Voici les plus remarquables espèces que j'ai rencontrées : Anobium tesselatum, Fabr., pertinax , Linn., striatum , Oliv., paniceum , Linn., etc. Le Ptilinus pectinicornis, Linn., et l’Hedobia 1mpe- rialis, Linn., se trouvent, mais rarement, dans nos bois; les Ptinus fur, Linn., latro, Kabr., etc.; Gibbium scotias , Fabr., fréquentent nos maisons. COLLAPTÉRIDES. — Deux espèces représentent cette famille dans nos environs : ce sont le Blaps mortisaga, 536 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Linn., très-commun dans les caves, les celliers , etc., où son odeur infecte le rend insupportable, et l’Opatrum sabulosum , Linn., qui est très-abondant sur le sable des rivages. CoRISOPTÉRIDES. — Les insectes appartenant à ce groupe ont des mœurs trop différentes pour que je puisse en parler d’une manière générale. Les fcaphi- dema œnea , Payk., Diaperis boleti, Linn., et Platydema violacea, Fabr., se rencontrent, mais rarement, dans les vieux arbres pourris et couverts de champignons. Les Tenebrio molitor, Linn., et obscurus, Fabr., fré- quentent les lieux sombres des habitations, principa- lement les boulangeries. L’Helops striatus, Fourc., est très-abondant au pied des chênes, des peupliers, etc. Le Cistela atra, Fabr., habite les plaies d'arbres, tandis que les fleurs sont la demeure des C. murina et sulphurea, Linn. CLINOCÉPHALIDES. — Cette petite famille est com posée d’insectes extrêmement agiles : on les prend sur les fleurs. Je n'en possède que deux espèces, qui sont les Mordella fasciata, Fabr., et aculeata, Linn., que nous trouvons communément pendant la belle saison. TRACHÉLIDES. — Dans cette famille se trouve un des plus précieux coléoptères de notre faune. Ce n’est ni la richesse de sa couleur, ni la beauté de ses formes qui font rechercher cet insecte, mais bien la matière qui entre pour une grande partie dans la composition de ses téguments, et dont on se sert pour faire un des plus puissants remèdes qui soient dans le MÉMOIRES. 531 domaine de la thérapeutique. Mes espèces sont les Meloe autumnalis, Oliv., proscarabœus, Linn., que nous prenons sur le gazon, sous les haies, dans les prairies, mais en petite quantité, Ils sont vésicants, et peuvent jusqu'à un certain point remplacer la cantharide. Cette dernière est très-commune sur nos frênes, qu'elle dépouille quelquefois entièrement de leurs feuilles. La forte odeur que développe le Can- tharis vesicatoria, Linn., sert à le faire découvrir à nos paysans, qui en font commerce. Pour cela, ils se munissent d’un flacon à large goulot, rempli de vinaigre, destiné à recevoir la cantharide. C'est avant le soleil levé qu’ils font cette chasse. Ils montent dans le frêne où sont les insectes, et qu'ils appellent cantharidier ; ils le secouent fortement, et font tomber les cantharides sur un linge qu'ils ont eu le soin d'étendre sous l'arbre. Les Notoxus monoceros, Linn.; Anthicus floralis et antherinus , Linn., se trouvent com-— munément sur les plantes et sous les pierres. Les Pyrochroa coccinea , Linn., et rubens, Fabr., m'ont été envoyés du Dorat. LEPTODÉRIDES. — Ce petit groupe, dont les espèces fréquentent les bois et surtout les fleurs, a peu de représentants dans nos contrées. Les pricipaux sont les Lagria pubescens, Linn.; OEdemera podagrariæ, cœærulea, Linn., etc. RYNCHOPHORES. — Les rynchophores où curculionides sont des insectes de petite ou de moyenne taille. Ils sont ordinairement frugivores; mais il y en a quelques-uns de xylophages. C’est à cette famille 538 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. qu'appartient le plus redoutable ennemi des céréales. Parmi les cent vingt ou cent trente espèces que j'ai trouvées dans la Haute-Vienne, je citerai seulement les Bruchus pisi, Linn., nubilus, Bohem., etc., qui habitent les fleurs au printemps, et sous les mousses en hiver. Le Tropideres niveirostris, Fabr., se trouve , en hiver, sous les mousses, au pied des pommiers, des peupliers, etc. Le Platyrhinus latirostris, Fabr., est la plus grande et la plus belle espèce de la famille : je l'ai prise dans le tronc d’un vieux saule pourri près Limoges. L'Apoderus coryli, Linn., se trouve sur le coudrier. L'Attelubus curculionides, Linn., a été pris sur de jeunes châtaigniers, Les Rynchites bacchus, cupreus , populi, Linn., betuleti, Fabr., et nanus, Payk., se trouvent sous les mousses en hiver, ou sur les plantes au prin- temps. Les Apion onopordi, Kirl., flavipes, Fabr., etc., sont on ne peut plus abondants sur les plantes. Le A. hœmatodes, Kirb., est plus rare, et se trouve en fauchant dans les prairies au printemps. Sitones crinitus, Oliv., etc.; Polydrosus planifrons, Gyll., fla- vipes, de Géer; Cleonus marmoratus, morbillosus , Fabr., grammicus, Panz., etc.; Pachycerus albarius , Gy1l. : je n'ai qu'un seul individu de cette rare espèce : je l’ai pris à Solignac. Les Alophus triguttatus, Fabr., Minyops carinatus, Linn., variolosus, Fabr., se ren- contrent sur les plantes, sur la terre des chemins, sous les pierres, etc. L'Hylobius abielis se trouve en grand nombre au pied des sapins. Les Molytes ger- manus, Linn , Phylonomus pastinacæ , Ross., murinus, Fabr., polygoni, Linn., sont communs sous les pierres, près des murs et des haies. L'Otiorynchus fulvipes , Gyll., n'est pas rare à Kolignac et au Dorat; l'O. MÉMOIRES. 539 fuscipes, Oliv., est commun au pied des sapins; l'O. sulcatus, Fabr., est assez commun sous les pierres. Les Lixus crebricollis, Bohem., bicolor, Oliv., se trouvent dans les prairies. Le Larinus carlinæ, Oliv., est commun près des lieux humides. Le Pissodes notatus, Fabr., a été trouvé sur un mur (P. Serre). Les Erirhinus acridulus, Linn., voraæ , Fabr., pectoralis , Oliv.; Anthonomus pomorum, druparum, Linn., se trouvent sous les mousses et les écorces en hiver. Le Balaninus elephas, Gyll., a été pris à Limoges (Goulard); le B. glandium, Marsh., se trouve rare- ment dans nos environs, ainsi que le B. nucum, Linn.; le B. willosus est plus commun. Le Tychius 5punctatus, Linn., se trouve en fauchant sur la lisière des bois. Les Orchestes quercus, salicis, decoratus, Germar.; Cryptorhynchus lapathi, Linn.; Cæliodes quercus, qultula , Fabr., didymus , Linn., etc.; Mononychus pseudacort , Fabr.; Cionus scrophulariæ, Linn., verbasci, blaitari , Fabr.; Nanophies bythri, Fabr.,se trouvent, en général, sur les plantes dont ils portent le nom. Le Sphenophorus mutilâtus , Laich., est assez commun sous les pierres et sur les chemins. Le Calandra granaria, Linn., plus connu sous le nom de charançon, habite nos greniers à céréales mal tenus : c’est l’insecte le plus dangereux que nous ayons : un seul couple peut, en peu de temps, détruire un tas de blé souvent considérable, tellement sa propagation est effrayante. La femelle dépose sur un grain un œuf, qui ne tarde pas à donner naissance à une larve : cette larve vit de la farine sans toucher à l'enveloppe, comme pour mieux cacher ses dégâts, que l'œil est impuissant à aper- cevoir : ce n’est qu’au poids qu'on le connaît. 540 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. XYLOPHAGES. — Cette famille, autrefois très- étendue, ne renferme plus que quelques genres, composés de petites espèces, vivant dans l’intérieur des arbres, aux dépens du bois, comme leur nom l'indique. Celles que je possède sont les Hylastes ater, Herbst., et Platypus cylindricus, Fabr. Les autres appartiennent aux genres Hylesinus, Fabr., Eccopto- gaster, Herbst. (Scolytus, Geof.), Bostrichus, Fabr., etc. Je n'ai pu arriver à la détermination de ces espèces faute d'ouvrage spécial sur cette partie de la science. Les insectes qui se nourrissent de bois ne sont pas seulement les œylophages tels qu'Erichson les a limités : ce n'en est là qu'une bien faible partie, comme il est facile de s'en assurer en vérifiant les familles dont j'ai déjà parlé, famiiles auxquelles il faut ajouter les longicornes, une partie des élatérides , des bupreslides, etc., etc. Je n'ai pas besoin de dire que ce sont les larves, et non les insectes parfaits, qui font des dégâts aux végétaux dans lesquels elles se développent. Les autres ordres fournissent aussi une certaine quan- tité d'espèces lignivores; les principaux de ces ordres sont les dipières, les hyménoptères , et surtout les lépidoptères, qui ont quelques-unes de leurs larves ou chenilles d’une grande taille, et souvent très- nombreuses. Les larves de ces insectes, provenant des œufs déposés par leurs mères sur le végétal qui doit les nourrir, vivent entre l'écorce et le ligneux , où elles se construisent des galeries plus ou moins tortueuses, qui, en empêchant la circulation du cambium, c’est à-dire de la sève descendante, sont un obstacle à sa MÉMOIRES. 541 transformation en aubier et en liber : d'où résulte un épuisement général de l'arbre, qui quelquefois même en meurt victime : aussi ces petits animaux sont-ils regardés par les savants comme les plus grands ennemis de l’arboriculture. Le mal existe, je le cons- tate; mais à ce mal y a-t-il un remède? La science en décidera. Cette branche de l’histoire na- turelle se rattache par tant de points à des intérêts si précieux que les hommes instruits de notre départe- ment n’hésiteront pas, j'en ai l'espoir, à apporter le tribut de leurs lumières pour la solution de cette question d’une haute importance. LONGICORNES. — La forme svelte des espèces qui composent cette famille en fait une des plus élégantes de l’ordre. Les pays montagneux et boisés sont les lieux de prédilection pour ces insectes : aussi sont-ils communs dans notre département, où ils fréquentent les fleurs, principalement dans les bois. Les enfants leur donnent le nom de chèvres, et les recherchent beaucoup à cause du petit bruit qu'ils font entendre lorsqu'on les saisit. Leur taille, qui est ordinairement moyenne, devient quelquefois très-élevée, chez les Cerambyx, ou petite, chez les Gracilia, etc. Leur livrée, qui est, en général, sombre dans les grandes espèces , se transforme chez les autres en couleurs des plus admirables. Parmi les espèces que j'ai observées dans la Haute-Vienne, je citerai comme les plus inté- ressantes les Prionus coriarius, Linn.; Cerambyx cerdo, Linn., heros, Fabr., qui habitent les vieux chênes et quelques autres arbres de nos forêts. Je n'ai pas encore rencontré le type du Purpuricenus Kæleri, Linn.; 542 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. mais la variété P. Servillei est assez commune; Ja variété bilineatus est beaucoup plus rare. L’Aromia moschata , Linn., est commun sur les saules, et princi- palement sur l’osier, où l'odeur musquée qu'il exhale le fait découvrir. Le Callidium femoratum, Linn., a été trouvé dans les bois de La Bastide (Goulard); les autres, C. clavipes, Fabr., sanguineum, alni , variabile , Lion., sont communs. L'Hylotrupes bajulus, Linn., a été pris dans un chantier en assez bon nombre (L. Jalousie). L'Asemum istriatum, Linn., est très-rare : on le prend à proximité des pins. Le Clitus detritus, Linn., n’a été pris qu'une seule fois sur des fleurs de cactus, dans une maison { Debernard). La plupart des autres sont communs : ce sont les C. liciatus, arcuatus , arietis, mysticus, Linn., ornatus, hpunctatus, plebejus, Fabr., etc. J'ai pris deux individus du Gracillia pygmea, Fabr., sur des fûts qu’on amenait de Cahors. Le Stenopterus rufus, Linn., est commun sur les fleurs, dans les bois. Le Morimus lugubris, Fabr., n'est pas rare dans nos bois, de même que le Lamia textor, Linn., sur les saules. L’Acanthoderes varius, Fabr., se trouve, mais rarement, dans les chantiers, où l'on trouve aussi le Lezopus nebulosus , Linn., assez commu- nément. L'Exocentrus balteatus, Fabr., a été pris üne seule fois, sur les bords de l’Aurance (Goulard). Les Pogonocherus hispidus, Linn., et pilosus, Fabr., ne sont pas rares en hiver sous les écorces. Les Mesosa nubila, Olv., Saperda tremulæ, Fabr., scalaris, Linn., sont rares, tandis que les S. carcharias et populnea, Linn., sont communs sur nos peupliers, principalement sur le populus alba. Les Tetrops prœusta, Linn., et Oberea hinearis, Linn., MÉMOIRES. 543 se trouvent communément sur le coudrier. Les Phytæcia lineola, virescens, Kabr., et cylindrica, Linn., sont assez rares. Le Rhagium bifasciatum, Fabr., est très- commun dans les vieux châtaigniers pourris, en hiver et au printemps, sur les fleurs de houx, etc. Je n'ai pris qu'un seul individu de la belle variété Ecoffeti, Muls. Le R. inquisitor, Linn., est très-rare dans nos localités. Les Pachyta 8maculata, Fabr.; Strangalia aurulenta, Fabr., 4fasciuta, reveslita, atte- nuata, Linn., armala, Herbst., bifasciata, Müll., etc.; Leptura tomentosa, livida, Fabr.; Grammoplera lœvis et ruficornis, Fabr., se trouvent très-communément sur les fleurs, dans les haies, les jardins, les bois, ete. PayroPHAGEs. — Les insectes qui composent cettè belle famille sont de petite taille, parés de couleurs brillantes, et se nourrissent de végétaux, comme leur nom l'indique. Leurs espèces sont quelquefois réunies en grand nombre sur les arbres, et leur font un tort considérable en les dépouillant de leurs feuilles : parmi celles.que j'ai observées, je citerai les Donacia crassipes , dentipes , sagiltariæ, nigra, Fabr., qui fré- quentent les plantes des lieux humides. Les Lema cyanella, melanopa, Linn., Erichsonii, Suffr.; Crioceris merdigera, 2punctata, asparagi, Linn., se trouvent sur les plantes, dans les jardins ou les champs. Les Clytra tridentata, longimana, hpunctata, scopolina, Linn., concolor, Fabr.; Cryptocephalus violaceus, vitialus, gracilis, Fabr., sericeus, nitens, Moræi, bipunctatus, Linn., fulcratus, Germ., geminus, Gyll., etc., se ren- contrent plus ou moins abondamment sur les fleurs des prairies, des lisières des bois, etc. Le Siylosomus mi- 544 CONSKÉS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. nutissimus, Germ., a été pris à Châteauneuf en battant les bouleaux (Pradier). Les Timarcha tene- bricosa et coriaria, Fabr., sont très-communs sur le gazon. Les Chrysomela staphylæa, gættingensis , Linn., sont assez rares : je les ai pris dans les bois sur les bords de la Vienne; les C. sanguinolenta, fastuosa, cerealis , viminalis, polita, populi, Linn., limbata , litura , aucta, Fabr., etc., etc., ne sont que trop communs pour l'agriculture. Le C. venusla, Suffr., est égale- ment très-commun dans nos environs, quoiqu'il soit rare en France. Les Adimonia tanaceti, capreæ, Linn.; Galleruca calmariensis, Linn.; Agelastica alni, halensis, Linn.; Luperus flavipes, Linn., se trouvent ordinairement sur les plantes dans les lieux humides. * Les Haltica oleracea, nitidula, nemorum, Linn., ferruginea, Schrank, cærulea, Payk., fuscipes , Fabr., ete.; Longitarsus hpustulatus, tabidus, Fabr., etc., Sphæroderma testacea, Panz., abondent sur la plupart des plantes. L'Hispa atra, Linn., que quelques per- sonnes appellent le hérisson en miniature, à cause des épines qui le couvrent, est très-commun sur le gazon. Les Cassida vibex, nobilis, nebulosa, Linn., margarilacea , ferruginea , equestris, Fabr., etc., abon- dent sur les carduacées et dans les prairies. ÉroTyLes. — Cette petite famille n'a que deux représentants dans nos localités, qui sont le Triplax russica, Linn., et le Tritoma bipustulala, Oliv. Le premier est commun dans les boletus qui croissent sur les pommiers et les peupliers, et le dernier dans les polyporus où dædalea des chênes. MÉMOIRES. 545 SÉCURIPALPES. — Les insectes composant cette famille sont d’une gentillesse dont rien n’approche par leurs couleurs si agréablement variées et leurs formes hémisphériques ; ils se trouvent sur les végé- taux , et se nourrissent aux dépens des pucerons : aussi doit-on les laisser vivre. Il y en a quelques-uns d’her- bivores; mais ils sont très-peu nombreux. La plupart de leurs espèces sont très-communes, et se rencontrent un peu partout. On les connaît à Limoges sous les noms vulgaires de pipe-volle et bétes du bon Dieu. Voici les principales espèces que j'ai rencontrées : Hippodamia A3punctala, Linn., sur les plantes près des lieux humides. Les Adonia mutabilis, Schreb.; Adalia bipunc- tata, Linn., avec la plupart de ses variétés, 1{nolaia, Schnei., sontabondants sur les plantes, sauf le dernier, qui est très-rare. L'Harmonia impustulata, Linn., se rencontre, en hiver, sous les écorces. Les Coccinella Aipustulata, 5punctata, Tpunctata, Linn., variabilis , Ilig., avec le plus grand nombre de ses variétés; Calvia Aäguttata, Linn.; Halyzia A6guttata, Linn.; Vibidia A2punctate, Pod.; Thea ?2punctata, Linn.; Propylea À kpunctata , Linn.; Micraspis 12punctata, Linn.; Chilocorus bipustulatus, Linn.; ÆExochomus auritus, Schreb., Apustulatus, Linn.; Hyperaspis reppensis, Herbst, sont pour la plupart très-communs sur les plantes. L’Epilacha argus, Geof., est assez rare : on le rencontre sur la bryone, dont il mange les feuilles. Les Lasia globosa, Schnei., et Platynaspis villosa, Fourc., se tiennent ordinairement sous la mousse, au pied des arbres, en hiver, et sur les plantes dans la belle saison. Les Scymnus pygmæus, Fourc., marginalis, Rossi; 35 546 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Rhizobius litura, Fabr.; Coccidula rufa, Herbst., sont très-communs sur les plantes des haies, des prairies, etc. SULCICOLLES. — Le Lycoperdina bovistæ, Fabr., qui habite les lycoperdons, est le seul insecte que nous ayons de cette famille : je l’ai rencontré dans un petit bois près Boisseuil. LÉPIDOPTÈRES OU PAPILLONS (1). PAPILLONIENS. — (Cette petite famille se compose d'espèces habitant les prairies ou les champs de luzerne en fleurs ; elles se font remarquer par leur forme svelte et leurs couleurs, dont l'effet est des plus agréables à l’œil. Je vais citer les principales espèces parmi celles que j’ai déterminées : le Papilio podalirius, Linn., est commun au Dorat, à Bellac et à Saint- Bonnet; il est rare dans le reste de notre dépar- tement. Le P. machaon, Linn., est, au contraire, très-commun sur les trèfles et luzernes de nos environs. D'après notre célèbre compatriote M. E. Berthet, homme de lettres, le Parnassius Apollo, Linn., aurait été pris sur nos montagnes élevées. Le Leucophasia sinapis, Linn., et sa variété Erysimi; les Leuconeu cralægi, Linn.; Pierris napi, rapæ , brassicæ, Linn., sont tellement communs que la plupart de nos (1) Pour la classification de cette intéressante partie de l'entomologie, je suivrai celle donnée dans l'Encyclopédie d'histoire naturelle par le docteur Chenu, n'ayant pas d'ou- vrages spéciaux à ma disposition. MÉMOIRES. 547 prairies et jardins en sont infestés. Leurs chenilles vivent, en général, sur les plantes dont ils portent le nom, et leur font un tort considérable en les dépouil- lant de leurs feuilles. Le P. daphidice, Fabr., est assez rare dans nos environs. L’Anthocharis cardamines, Linn., qu'on appelle aussi aurore à cause des deux belles taches orangées qui ornent le sommet des ailes supérieures du mâle, est un de nos plus beaux pa- pillons : on le prend très-communément en avril et mai dans nos prairies, près des eaux courantes. Les mêmes lieux sont habités par les Gonepteryx rhamni, Linn.; Colias edusa, Linn., variété helice, Hübner, hyale, Linn., qui se rencontrent aussi dans les champs de trèfle, de sarrasin, etc. NYMPHALIENS. — Les espèces appartenant à cette famille fréquentent les bois, les prairies, les murs, et souvent les lieux secs et arides. Leur couleur est ordinairement le fauve relevé par des taches noires ou argentées. Parmi les nombreuses espèces que je possède, je citerai seulement : les Argynis lathonia, paphia, niobe, dia, Linn., adippe, euphrosyne, Fabr., ete., qui se font remarquer par la couleur nacrée qui orne la face inférieure de leurs ailes; on les trouve communément sur les fleurs de ronces, dans les prairies, les champs de fougères, au bord des chemins, etc. Les Melithæa urtemis, phœbe, didyma, Fabr., dictyma, Esper, athalia, Bork., etc., abondent dans les prairies. Les Grapta C. album, Linn.; Vanessa polychloros, urticæ, io, antiopa, Linn.; Pyrameis cardui, atalanta, Linn., sont très-communs sur les erties, les saules, etc. 548 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Les Limenitis sibylla, Linn., et camilla, Fabr., qu’on appelle aussi la veuve à cause de ses belles couleurs de deuil, fréquentent les bois humides, où on les prend communément sur les saules, les fleurs de l'yèble, ete. Les mêmes lieux sont habités par l’Apatura ilia, Fabr., et la variété clytia, Hübner, un des plus beaux papillons d'Europe : ses ailes sont de couleurs assez sombres, relevées par des taches blanches ou noires. Ces couleurs, comme chez les autres lépidoptères, sont formées d’écailles, et ici celles qui recouvrent les ailes du mâle ont la singulière faculté de pouvoir changer de nuance selon le point où on se place pour l’examiner; ce qui lui a valu le nom vulgaire de Wars changeant. L’Arge galatea, Linn., est très-commun dans les prairies en juin et juillet. Le Satyrus phædra, Linn., a été pris parmi des bruyères à Saint-Bonnet (A. Leclerc). Le S. circe, Linn., aurait été rencontré par quelques personnes; mais je ne l’ai jamais vu. Les autres espèces sont les Saiyrus semele, tithonus, mæra, ægeria , hyperanthus, pamphilus, Linn., janira, Ochs., qu'on trouve très-communément dans les bois, les prairies, les chemins, sur les murs, etc. ErYcoyniens. — Cette famille est composée d'espèces de petite taille, qui hantent les bois et les pelouses. La couleur azurée dont la plupart de leurs espèces sont revêtues fait qu'on les distingue facilement d'avec les plantes sur lesquelles elles aiment à se reposer. De ce nombre sont les Lycœæna bœælica, argiolus, argus, Linn., amynlas, cyllarius, Fabr., erebus, Esper, ægon, agestis, Hübner. Les Thecla bætulæ, quercus, rubi, MÉMOIRES. 549 Linn., lynceus, Fabr., W. album, Illig., se trouvent. dans les forêts, où ils sont communs sur les arbres dont ils portent le nom. Les Polyomatus phlæas, Linn., et æante, Fabr., sont très-abondants sur les pelouses, dans les prairies, etc. HESPÉRIENS. — Ce groupe, dont les espèces, peu nombreuses et de petite taille, habitent les mêmes lieux que celles de la famille précédente, est repré- sentée chez nous par les Sleropes linea, Fabr., comma, Linn.; Syricchtus fritillium, Fabr.; Spilothyrus malvæ, Fabr., et Thanaos lages, Linn., qui abondent pendant une grande partie de l’année. SÉSIENS. — Cette famille est composée d'espèces qui ont une grande ressemblance avec certains hymé- noptères, principalement avec ceux du genre abeille {(apis). Leurs larves sont lignivores, et les insectes parfaits voltigent près des plantes qui les ont nourris: ce sont ordinairement les bois tendres, tels que ceux du peuplier, du bourdaine (rhamnus frangula), etc., auxquels ils s'attachent. Les Sesia apiformis, tipuli- formis, Linn., et culiciformis, Laspey., sont communs dans nos localités. ZIiGÉNIENS. — Les espèces qui composent ce petit groupe se rencontrent dans les prairies et les champs de bruyères. Quoiqu'’elles soient crépusculaires, il n'est pas rare de les voir voltiger au soleil, surtout les Procris globulariæ, Esper, et statices, Linn., qui sont communs sur les collines aux environs de 550 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Limoges, d’Aixe et de Sauvagnat. Le Zigena trifolir, Esper, est très-commun dans les prairies humides. SPHINGIENS. — Les sphingiens sont d’une taille élevée; ils sont crépusculaires, sauf les espèces du premier genre, qui voltigent pendant le jour. Ils ont une longue trompe, avec laquelle ils pompent lesuc des fleurs, sur lesquelles on les prend le soir. Les Macro- glossa stellatarum, bombyliformis et fuciformis, Linn., se rencontrent sur les fleurs, où ils voltigent conti- nuellement. Les deux derniers sont fort rares dans nos environs. Le Deilephila elpenor, Linn., est commun dans les jardins, où sa chenille attaque la vigne. Les Sphinx pinastri, ligustri, convolvuli, Linn., se trouvent, mais peu communément, surtout le premier. L'Ache- rontia atropos, Linn., qu'on appelle vulgairement téte de mort à cause des taches dont son thorax est garni, est commun dans nos environs; sa chenille mange les feuilles de pommes de terre et de douce-amère. C'est le seul lépidoptère qui jouisse de la faculté de produire un son ou cri lorsqu'on l’inquiète. Les Smerinthus lillæ , ocellatus, populi, Linn., sont assez communs sur les tilleuls, les saules, les peupliers, etc. Plusieurs fois j'ai pris la chrysalide du premier dans le tronc des châtaigniers. BoMByCIENs. — Les papillons qui composent cette famille sont de grande ou de moyenne taille. Ils ne sortent de leur retraite que la nuit, comme toutes les familles qui suivent. Pendant le jour, on les trouve endormis sur les arbres, les murs, sous les feuilles, MLMOIRES. 551 etc. La plupart de leurs espèces se trouvent commu- nément dans nos environs. L'Aglaia tau, Linn., a été trouvé à Saint-Yrieix (C. Boileau). L’Atfacus pavonia major, Linn., habite sur les ormes, les poiriers, les frênes, etc. ({); l’4. pavonia minor, Linn., sur les ronces, où l'on prend aussi le Lassiocampa quercifolia , Linn., mais assez rarement; le L. potatoria, Linn., se rencontre sur les diverses espèces de brômes qui croissent sous les haies. Les Bomby neustria, quercus, rubi, Linn., fréquentent les haies de prupeliers, de ronces , @tc. Les Orgya pudibunda, antiqua, Linn., habitent sur les ormes, les chênes, ete. Le mâle de la dernière espèce voltige pendant le jour. Les Liparis chrysorrhœæa, dispar, salicis, Linn., sont les plus communs de nos papillons; leurs chenilles attaquent les poiriers, les pommiers, les ormes et la plupart des arbres de nos forêts et de nos jardins, qu’elles font quelquefois périr en les dépouillant de leurs feuilles au printemps, surtout lorsque les circonstances atmos- phériques favorisent leur multiplication. C’est la première espèce du genre, le cul brun (chrysorrhæa) , qui a fait rendre l'édit sur l’échenillage; sa chenille passe l’hiver sous une toile commune, appelée bourse, que les propriétaires sont tenus de détruire. Les écailles ‘ou chélonies , ainsi que les deux genres suivants , se font remarquer par leurs couleurs , qui ont l'aspect le plus ravissant, et qui sont ordinairement roses, purpurines, jaunes ou blanches, et relevées (1) Ce ne sont pas ordinairement les insectes parfaits que l’on trouve sur les plantes que je cite, mais plutôt leurs che- nilles, qui s'en nourrissent. 552 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. par des taches noires. Elles se rencontrent fréquem— ment, de même que leurs chenilles, sur les plantes basses , sous les haies. Les espèces que j'ai prises dans nos environs sont les Chelonia caja , hebe , mendica , fuli- ginosa, russula, Linn., menthastri, Ochs.; Callimorpha hera, Linn.; Euchelia jacobæa, Linn. La Lithosia gram- mica, Linn., qu’on prend en battant les haies, est rare, de même que l’Hepialus lupulinus, Fabr. Les deux espèces qui fournissent les chenilles qui occasionent le plus de dégâts dans les arbres où elles se développent sont les Zeuzera œsculi, Linn., et Cossus ligniperda, Fabr., qui vivent dans un grand nombre d’arbres; ce sont souvent les ormes, les marronniers d'Inde, etc., de nos promenades, qu'elles choisissent de préférence. La Dicranura vinula, Linn., vit sur les peupliers. Sous les haies, on trouve les Nofodenta capu- cina et Pygæra bucephala, Linn. : la chenille de ce dernier vit sur l’orme, le saule, le tilleul, etc. NOCTUÉLIENS. — Cette famille se compose d'espèces qui ont les mêmes habitudes que celles de la précé- dente, sauf leur agilité, qui est beaucoup plus déve- loppée : elles sont nombreuses dans nos environs: mais encore cette fois j'en ai peu déterminé, faute d'ouvrages spéciaux. Il en a été de même pour les familles suivantes. Sur les murs, les arbres, etc., couverts de lichens, on trouve les Bryophila glandifera , Hübner, et perla, Fabr. Dans les bois, et souvent le soir dans les maisons, on rencontre les Amphipyra maura, Linn.; Triphæna fimbria, pronuba, Linn., et orbona , Fabr. Au milieu des plantes fleuries des prés, on trouve le Caradrina trilinea, Hübner : sur les ormes MÉMOIRES. | 553 de nos promenades, j'ai rencontré, mais très-rare- ment, le Cosmia diffinis, Linn. Les haies à proximité des peupliers sont habitées par le Gonopiera libatriæ, Linn. Dans les prairies émaillées de fleurs on trouve fréquemment les Plusia gama, Linn.; Heliothis dip- sasea, Linn.; Euclidia mi, Linn., et Brephos parthenias, Linn. Le Catephia alchimisia, Fabr., y est très-rare. Les espèces qui composent le genre lichenée ou catocala sont de moyenne taille, habitant les bois, sur les chênes ou les peupliers et les saules, à proximité des lieux humides. Leurs ailes inférieures sont noires, et traversées par des bandes bleues, rouges ou jaunes, dont l'effet est des plus gracieux. Ces aïles inférieures sont repliées sous les supérieures, qui, de même que le corps, sont couvertes d’écailles grises, Ce qui fait qu'il est difficile de les distinguer d’avec les lichens qui croissent sur les arbres où elles se reposent. Les plus rares sont : Calocala fraxini, sponsa, paranympha, Linn.; celles qu'on trouve souvent sont : C. nupta, Linn., elocata, Esper, electa, Borkh. L’Ophiusa lunaris, Fabr., est également assez commun dans les mêmes lieux. PHALÉNIENS. — Les phaléniens sont des lépidoptères de petite ou de moyenne taille, d’une consistance frêle, habitant les bois et les buissons, où on les trouve endormis pendant le jour; à son déclin, on les voit voler près de ces lieux. Je citerai, parmi les espèces qui forment ma collection, les Urapteryx sam- bucaria, Linn.; Ennomos illustris, Fabr., angularia, W. V., prunaria, Linn.; Timandra amataria, Linn.; Himera pennaria, Linn.; Crocalis elinguaria, Linn.; Rumia cratægulata, Linn.: Hemitheu buplevaria, W. V.; 4 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Geomelra papilionariu, Linn.; AHibernia defoliaria, Linp. : ces deux dernières sont rares dans la Haute- Vienne; Phalæna betularia, Linn. : sa chenille vit sur les ormes de nos promenades; Venilia maculala, Linn. (la Panthère de Geoffroy) ; Lerene grossulariata, Linn., et Strenia clathraria , Linn., qui se trouvent très-com- munément dans nos environs. PyYRALIENS. — Les insectes composant cette famille sont de petite taille, souvent ornés de couleurs vives; ils habitent les buissons, les lieux humides, et souvent dans nos maisons. Je nommerai les Pyrausta purpuralis, Linn.; Hydrocampa nymphæalis, Linn.; Botis urticalis, Linn., verticalis, Albin, Aglossa pingui- nalis, Linn.; Hypena proboscidalis, Linn.; Halias quer- cana, Linn.; Tortrix viridana, Fabr.; Myelophila cribrella, Fabr.; Yponomeuta evonimella , padella, Linn.; Adela swammerdammella, Linn.; Tinea lapesella, Linn., flavifrontella, granella, Fabr. La première espèce de ce genre est celle qui voltige le soir dans nos appar- tements autour de la lumière; elle est connue à Limoges sous le nom de bonne-âme. C’est sa chenille qu'on nomme feigne, et qui fait tant de mal à nos tissus, dans lesquels elle vit. Le Pterophorus pentadac- tylus, Linn., se trouve abondamment aux environs de Limoges. Me voici arrivé à la fin de cet apercu, beaucoup trop succinct, sur les coléoptères et les lépidoptères de notre département. Peut-être me reprochera-t-on d’avoir trop restreint mon travail; mais je savais que mrorr MÉMOIRES. 595 d'autres mémoires bien plus importants que le mien devaient figurer dans le Compte-Rendu du Congrès scientifique, et je n'ai pas voulu usurper une place qui leur était légitimement due : aussi ai-je négligé tous les autres ordres, et, dans les deux que j'ai cités, ai-je indiqué seulement les espèces qui offraient le plus d'intérêt. Bien peu de personnes s'occupent d'entomologie : c'est pour cela que j'ai cru devoir ôter à mon travail l'aridité d'un catalogue en y intercallant quelques mots sur les mœurs et les habitudes des insectes les plus remarquables, et surtout en signalant, comme chose de la plus haute importance, les désâts que chaque espèce cause à l’agriculture. Si certaines parties de cet opuscule sont moins développées que les autres, il ne faut pas l’attribuer à ce que mes recherches ont été infructueuses, mais à ce que mes déterminations ont été arrêtées à chaque instant par le manque d'ouvrages spéciaux. Les quelques relations que j'ai eues avec M. le colonel Pradier, dont j'ai parlé en commençant, ef qui ont forcément été interrompues par son départ de Li- moges, n'ont pas été d’une durée assez longue pour me permettre de nommer tous les insectes de ma collection. Mes recherches, je le répète, n'ont pas été infruc— tueuses : une contrée, en effet, qui, en deux ou trois années, et dans un rayon presque uniquement restreint aux environs de Limoges, a pu fournir à un jeune homme de vingt-deux ans, simple garçon perruquier, dépourvu de tout moyen d'instruction, et. ne pouvant tout au plus consacrer à son étude favorite 556 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. qu'un jour par semaine, deux ou trois mille insectes, est évidemment une contrée richement peuplée. Et, aujourd’hui que j'ai acquis un peu plus d'expérience qu’à mes débuts, il est bien rare si, lorsque je me mets en Campagne, je ne rapporte pas, pour peu que le temps soit favorable, une douzaine d'insectes _ nouveaux à ajouter à ma collection. En terminant, je dois dire que toujours je me ferai un plaisir de donner de plus amples renseignements sur notre faune entomologique aux personnes qui voudront bien me faire l'honneur de m'en demander. QUELQUES OBSERVATIONS SUR LA VÉGÉTATION DE LA HAUTE-VIENNE NOTAMMENT SUR L'ÉPOQUE FLORALE DES PLANTES, ET SUR LE RAPPORT DE CES ÉPOQUES AVEC L'ALTITUDE DES SOLS, LEUR EXPOSITION ET LA CLIMATOLOGIE DU PAYS (1), PAR M. Ép. LAMY. II n’a été encore publié dans la Haute-Vienne rien, que je sache, sur l’époque de la floraison des plantes. Jadis j'ai recueilli assez soigneusement les plantes de ce département ; j'ai fait dans ce but des excursions nombreuses, qui m'ont permis de prendre peu à peu des notions assez exactes sur l’ensemble de sa végé- tation; mais la longue interruption de mes études, alors surtout que je n’ai conservé aucune note sur mes anciens travaux, ne me permet guère de traiter un pareil sujet. Je puis simplement fournir quelques indi- (1) Le rapport de}M. Petit ne mentionne pas la première partie de ce travail, que l’auteur n’avait pas encore complétée lors de la session du Congrès. 558 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. cations, susceptibles d'un plus grand développement, et auxquelles on ne doit pas attacher une sérieuse importance scientifique. Personne n'’ignore les nombreuses et subites varia— tions de la température dans nos contrées. Qui n’a souvent pensé ou dit que chez nous les saisons sont bouleversées? que surtout l'hiver et le printemps se confondent à tel point qu'il devient parfois difficile de saisir la fin de l’un et le commencement de l’autre? N’a-t-on pas vu, même vers la fin de mai, des gelées tardives enlever les plus belles espérances de récolte? L'hiver empiète aussi sur l’automne, et j'ai vu Ja terre couverte de neige du 20 au 25 octobre. De pareilles déviations dans l’ordre successif et naturel des saisons exercent nécessairement une fâcheuse influence sur nos végétaux, et rendent assez mobile chaque année l’époque de leur floraison. Je dirai néanmoins que, en général, dès les derniers jours de février, il est facile de constater des commen- cements de végétation : peu à peu la nature se ré- veille, se débarrasse de son manteau de brume, de glace ou de neige; quelques vifs rayons de soleil s’entremêlent aux giboulées de mars, et, sous l'empire de leur action vivifiante , diverses plantes, messagères du printemps, développent leurs feuilles, leurs tiges bientôt couvertes de fleurs. Le mois d'avril ne tarde pas à porter son riche con- tingent, et à grossir la légion des fleurs printa- nières. Mai se montre encore plus prodigue sous ce rapport que son frère aîné dans la série des mois de l’année; puis apparaissent les fleurs estivales; ‘plus tard celles MÉMOIRES. 559 d'automne, qui persistent parfois jusque vers la mi-décembre. Les gelées blanches d'octobre commencent à décimer les plus délicates; novembre, moins clément, devient plus meurtrier pour celles qui ont survécu, et la faulx impitoyable de décembre fait litière des dernières tiges fleuries, qui jusque là avaient survécu aux atteintes du froid. Ainsi l’on peut dire que, le plus souvent, l’inter- ruption complète de toute vie végétative dans les environs de Limoges ne s'étend guère que du 10 dé- cembre au 20 février (1). Néanmoins le houx, le buis, le fragon piquant, le gui et quelques autres arbustes conservent pendant l'hiver leurs feuilles vertes et persistantes à côté d’une foule d'arbres dépouillés, formant de la sorte un heureux contraste, et perpétuant au milieu des frimas un pâle souvenir des trois agréables saisons qui ont précédé. Parmi les plantes des prairies, les unes ne fieu- rissent qu'une seule fois dans l’année : ce sont les orchis, les scilles et toutes les plantes bulbeuses; ce sont aussi les plantes annuelles, qui dessèchent sur pied après avoir parcouru toutes les périodes de leur plus ou moins courte existence. De ce nombre est la crête de coq{rhinantus major, Ehrh.), parfois si abon- dante, et toujours si justement redoutée pour le préju- (1) Cette règle ne subit que de très-rares exceptions, et le plus souvent pour quelques plantes abritées, telles que la rose de Noël (Aelleborus niger, Linn.), la violette odorante, l'héliotrope d'hiver (#ardosmia fragrans , Reich.), etc. 560 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. dice qu'elle apporte aux graminées utiles qui l'avoi- sinent. | La pelouse de nos prés se compose plus particuliè- rement de plantes vivaces (1), qui, pour la plupart, fleurissent en mai et juin. Après avoir produit le foin nécessaire à la nourriture des bestiaux , elles émettent de secondes tiges, moins robustes, moins allongées que celles de la première pousse : cette deuxième récolte prend le nom de regain. Les prairies d'excellente qualité donnent un arrière- regain, qui lui-même est bientôt remplacé par un tendre et épais gazon destiné, dans chaque réserve ou domaine, à la pâture des bestiaux pendant toute la durée des semailles. Ainsi nos légumineuses et graminées à racines vivaces peuvent, dans de favorables conditions, fournir annuellement trois à quatre précieuses récoltes dans le court intervalle de mai à novembre; et les tiges des deux premières évo- lutions, qui forment le foin et le regain, ont presque toujours le temps de développer leurs fieurs : même le trèfle des prés et quelques autres espèces, par le fait du fauchage, produisent dans l’année trois éclosions successives de fleurs (2). La nature, avec une sollicitude toute maternelle, (1) Paturin commun, paturin des prés, brize moyenne, cy- nosure crételle, ivraie vivace, dactyle aggloméré, fétuque des prés, fétuque rouge, houque laïneuse, houque molle, flouve odorante, vulpin des prés, fléole des prés, agrostis commune, gesse des prés, lotier corniculé, lotier des fanges, trèfle rampant, trèfle des prés, trèfle jaunâtre, etc. (2) Le fraisier des Alpes, cultivé dans nos jardins, fleurit ‘toute l'année, sauf pendant l'hiver. MÉMOIRES. : 561 veille à la conservation des diverses espèces de plantes, de celles surtout qui, en apparence inutiles, ou en réalité nuisibles, sont plus particulièrement exposées à l’implacable haïne des cultivateurs : aussi n’est-ce pas sans motif, et sans une sorte de préméditation, qu’elle peuple les champs cultivés de plantes bisan- nuelles et annuelles (1), dont les goûts, les habitudes, s'accommodent des soins donnés aux plantes utiles. Ces plantes spontanées naissent le plus souvent avec le blé, s’allongent avec lui, s'abritent sous ses chaumes, parfois s'y accrochent pour s'en faire un appui, mêlent à ses riches épis leurs fleurs aux nuances variées, disparaissent sous les coups de la faucille, pour entrer bientôt dans la botte de paille; et, après le battage, leurs graines, malgré tous les procédés mis en œuvre pour les retenir avec d’autres rebuts sur le sol de la grange, s'introduisent jusque dans le grenier, toujours en compagnie et sous la protection du grain destiné à nous nourrir. Dans les jardins, où la terreest si fréquemment remuée par la bêche, on ne rencontre guère que des plantes annuelles (2), auxquelles il ne faut que peu de temps pour naître, croître et fructifier. Leurs fleurs, le plus (1) La centaurée bleuet, la lychnide nielle, la renoncule des mares, l’ers hérissé, la gesse hérissée, la vesce cultivée, la vesce des moissons, le trèfle des champs, le trèfle champêtre, l'épiaire des champs, le pavot coquelicot, la patience petite- oseille, l'agrostis jouet des vents, l’ivraie des champs, etc. @) L’euphorbe réveille-matin , l'amarante sauvage, l'ama- rante blite, l'ansérine polysperme, la mercuriale annuelle, le sènecon commun, le lamier pourpre, le mouron des 36 562 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. souvent ternes et verdâtres, sont dépourvues de tous charmes ; leurs graines arrivent promptement à matu- rité ; tout dans elles semble organisé pour faciliter une rapide croissance : aussi pullulent-elles en quelque sorte sous les pas du jardinier, malgré ses efforts incessants pour lesextirper et leschasser deson terrain. Ce sont elles qu'on a en vue lorsqu'on dit vulgai- rement d’un enfant très-grand pour son âge : « 1 grandit comme la mauvaise herbe ». Il serait long de passer en revue la nombreuse légion de nos plantes indigènes pour les classer par séries suivant les époques si diverses de leur floraison, et constituer ainsi ce que Linné appelait le Calendrier de Flore. Avant de m'occuper de cette distribution, je don- nerai quelques indications générales. Notre flore départementale comprend au moins neuf cent cinquante espèces phanérogames bien carac- térisées (1), dont environ huit cent soixante-dix épanouissent leurs corolles du 4° avrii à fin août : En avril-mai...... ss ce, AJU ESDÈCES, En mai-juin:........... 280 En juin-juillet... ...... 340 En juillet-août... ...... 150 TOTAL ÉGAL: ..... 870 champs, la stellaire moyenne, le céraiste commun, la scor- pione changeante, la véronique à feuilles de lierre, la renouée des oiseaux, le pâturin annuel, etc. (1) Je tiens compte, dans cette évaluation, de plusieurs espèces découvertes, depuis la publication de mon catalogue, MÉMOIRES. 563 Je n’entends poser ici que des chiffres approxi- matifs, et non d'une rigoureuse exactitude. Les autres espèces non comprises dans ces quatre catégories fleurissent en février, mars, septembre, octobre, novembre. La très-modeste parure des trois derniers mois résulte moins de richesses florales qui leur soient propres que d'emprunts faits à la saison d'été, dont un assez grand nombre de plantes prolongent leur fleuraison jusqu’à l’automne, ou la renouvellent à cette époque. Alors aussi on voit reparaître les fleurs de plusieurs plantes annuelles du printemps, qui se sont en quelque sorte ressemées d’elles-mêmes. En mars et avril-mai, les crucifères, les cupulifères, les genres prunier, poirier, renoncule , véronique, scille, présentent plusieurs espèces en état de fieuraison. En mai-juin, les espèces en fleur qui dominent appartiennent aux orchidées, cariophyllées, géraniées, légumineuses, rosacées, euphorbiacées, cypéracées, gra- minées. En juin-juillet, brillent les nymphéacées , onagraires, rubiacées , joncées, et les charmantes espèces du genre utriculaire. En juillet-août , s'ouvre la période de floraison pour par divers botanistes, notamment par M. Ernest Malinvaud, jeune homme plein de zèle pour les études sérieuses, qui, depuis quelques années, explore très-intelligemment les environs de Limoges. 564 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. beaucoup d’ombellifères, de labiées, d'amarantacées, de salsolacées, de renouées, de polamées. Je passe à la disposition de nos plantes par séries mensuelles, suivant leur ordre naturel pour l’époque de la floraison. Ce travail ne sera à peu près complet que pour nos arbres, arbrisseaux et arbustes, en regard desquels je placerai des espèces herbacées d'une époque florale correspondante. Ainsi je ne citerai parmi ces dernières que celles qui pourront s’encadrer dans l’espace restreint que les végétaux ligneux occuperont; lors- que le petit nombre de ceux-ci dans quelques séries rendra trop étroite la place réservée aux plantes her- bacées, j'y suppléerai, pour elles, par de simples notes au bas de chaque série. ESPÈCES LIGNEUSES. ESPÈCES HERPACÉES. FÉVRIER. Coudrier noisetier. Sènecon commun (1). Aulne glutineux. Stellaire moyenne. MARS. Amandier. Véronique à feuilles de lierre. Abricotier (2). Violette odorante. Saule cendré. Tussilage pas-d’âne. (4) Cette espèce, les deux plantes qui la suivent, et plusieurs autres que je pourrais citer, sourient aux moindies rayons de soleil par l’éclosion de leurs fleurs ; leurs géné- rations se succèdent toute l’année à peu près sans interruption. (2) Dans les années précuces , l'abricotier et l’amandier commeneent à fleurir dès Ja fin de février. Saule marceau. Saule des vanniers. Fragon piquant. Peuplier de Hollande. Peuplier blanchâtre. Peuplier tremble. Peuplier pyramidal. Peuplier noir. Peuplier de Virginie. Gui blanc. If à baies. Buis toujours vert. Orme à larges feuilles. Orme champêtre. Orme nain. Pêcher commun. MÉMOIRES. 565 Drave printanière. Arabette de Thalius. Paquerette vivace. Pissenlit. Anémone sylvie. Pulmonaire à feuilles étroites. Ficaire renoncule. Pervenche. Narcisse faux-narcisse. Primevère. Violette de Rivin. Corydale bulbeuse. Carex précoce. Scille à deux feuilles. Saxifrage trilobée. Prèle des champs. AVRIL (entier). — MAI (1). Prunelier. Saule pleureur. Saule blanc. Saule amandier. Saule fragile. Groseiller épineux. Groseiller des Alpes. Groseiller noir (cacis). Bouleau verruqueux. Frêne élevé. Luzule champêtre. Luzule poilue. Potentille fraisier. Potentille printanière. Populage des marais. Cardamine des prés. Giroflée. Adoxe moscatelline. Oxalide oseille. Barbarée précoce. (4) Les quinze à vingt premières plantes de chacune des colonnes de cette série fleurissent parfois à la fin de mars ; mais le plus souvent leur parfait état de fleuraison n’a lieu qu'au commencement d'avril. En ce qui touche nos principaux arbres fruitiers, voici leur era de fleuraison le plus habituel : l'abricouier, dans les premiers jours de mars; le pêcher, dans Ja seconde quinzaine du même mois; les prunier, cerisier, poirier cullivés , du 1°° au 15 ail. Les poiriers commencent à passer fleur au début de la fleuraison des pommiers. 566 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Prunier sauvage. Pruniers cultivés. Cerisiers cultivés. Merisier. Poiriers cultivés. Poirier poirasse. Poirier à feuille de sauge. Poirier cordiforme. Poirier sauvage. Hêtre des forêts. Platane d'Orient. Genévrier. Charme commun. Airelle myrtille. Sureau à grappes. Ajonc d'Europe (1). Chêne pédonculé. Chêne à fruits sessiles. Lilas. Coignassier. Pommiers. Érable à feuilles de frêne. Marronnier d'Inde. Genêt d'Angleterre. Sorbier des oiseleurs. Érable plane. Érable champêtre. Érable sycomore. Pin sauvage. Pin maritime. Sapin élevé. Sapin pectiné. Genêt à balais. Saule pentandrique. Noyer commun. (4) Cette espèce refleurit en automne Cardamine velue. Endymion penché. Mercuriale vivace. Érythrone dent de chien. Callitriche printanière. Érodion trivial. Scorpione changeante. Céraiste obscur. Céraiste congloméré. Scille en ombelle. Gaillet croisette. Colza. Stellaire holostée. Montie des fontaines. Carex commun. Canche précoce. Pédiculaire des bois. Muguet de mai. Valérianelle cultivée. Plantain lancéolé. Euphorbe d'Irlande. Violette des marais. Scorpione des bois. Téesdalie ibéride. Barbarée commune. Renoncule à feuilles de lierre, Renoncule de Lenormand. Orchis bouffon. Véronique petit chêne. Véronique à feuilles d’acinos. Orchis mâle. Polygonier multiflore. Conopode sans involucre. Lychnide fleur de coucou. Parisette à 4 feuilles. MÉMOIRES. 567 Mélèze d'Europe. Clandestine à fleurs droites. Épine-vinette. Cresson des Pyrénées. Aubépine. Renoncule aquatique. Müûrier blanc. Divers boutons d’or. Mûrier noir. Sisymbre alliaire. Spirée obovale. Consoude tubéreuse. Adénocarpe à petites feuilles, Orchis brülé. MAI. — JUIN (1;. Viorne obier. Patience petite-oseille. Fusain d'Europe. Épervière auricule. Nerprun bourdaine. Épervière piloselle. Cornouiller sanguin. Orchis à fleurs lâches. Néflier d'Allemagne. Scorpione des marais. Houx commun. Véronique beccabunga. Genêt à tiges aïlées. Asphodèle à fruit rond. Genêt velu. Flouve odorante. Ronce framboisier. Maiïanthème à 2 feuilles. Robinier faux-acacia. Vipérine commune. Genêt des teinturiers. Géranium des Pyrénées: Bruyère à balais. Orobanche à petites fleurs. Sureau noir. Pédiculaire des marais. (4) Les plantes herbacées , pendant cette période , offrent au botaniste d’abondantes récoltes : plusieurs renoncules , parmi lesquelles brille la renoncule à feuilles d'aconit ; la cardamine impatiente ; la corydale à vrilles ; tous nos polygala ; diverses lychnides, sagines et autres carxoPuiLLées ; le millepertuis couché ; des luzernes , trèfles , lotiers , vesces et gesses ; le comaret des marais; la potentille ansérine; l’alchimille vulgaire; les herniaires; l'orpin d’Angleterre ; l'ombilicaire penchée; [a saxifrage granulée ; la berce des prés; trois gaillets ; quelques centaurées, salsifis , crépides ; la lysimaque des bois ; le dompte-venin officinal ; nos nombreuses scorpiones ; quatre orobanches ; plusieurs euphorbes ; l'iris faux-acore ; la plupart de nos géranium; l’oxalide de Navier ; presque tous nos orchis et carex, les linaigrettes ; beaucoup de GramiéEs. 568 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. JUIN. — JUILLET (1). Châtaignier. Vigne (2). Églantiers. Troène commun. Tilleul à grandes feuilles. Tilleul à petites feuilles. Bruyère quaternée. Chèvre-feuille des bois (3). Ronces. Lyciet commun. Ajonc nain. Sucepin multiflore. Lin de France. Trèfle jaunâtre. Lychnide nielle. Œnanthe boucage. Cirse d'Angleterre. Gnavelle vivace. Circée parisienne. Onagre bisannuelle. Vergerette âcre. Orpin hérissé. Clématite des haies. Potentille argentée. (4) On peut dire que, durant cette période , la corbeille de Flore est surabondammenr garnie : en sus d'une partie des plantes de la précédente série encore en fleurs , on ren- contre , à cette époque , en état de fleuraison : les nénuphars ; l’hélianthème taché ; la gypsophile des murs; l'œillet des chartreux ; le siléné de France ; l’élodie des marais ; l'isnarde ; la macre flottante; le myriophylle à fleurs alternes ; la péplide pourpier ; la plupart de nos orpins ; l'hydrocotyle ; la carotte ; le sureau yèble; la plupart .de nos gaillets ; la valériane officinale ; la knautie des champs; la matricaire inodore; nos camomilles ; l’arnique de montagne ; le doronic d'Autriche ; plusieurs cirses; quelques chardons ; la laïtue des murailles ; la chondrille effilée; la lobélie ; les jasiones ; le mouron délicat; la charmante walhenberge lierrée ; nos diverses utriculaires ; la lysi- maque commune; cinq à six labiées ; la litorelle des lacs; quelques patiences, renouées et euphorbes ; l'ornithogale des Pyrénées ; la plupart de nos jones , ete. (2) Les bourgeons de la vigne commencent à se développer lorsque le poirier est en fleurs, (5) Les feuilles de cet arbrisseau sont très-précoces : elles apparaissent presque aussitôt que les chatons de l’aulne, Sons le rapport de la précocité des feuilles , le sureau noir tient le second rang parmi nos végétaux lignenx. MÉMOIRES. 569 JUILLET. -—- AOÛT ({]). Figuier commun (2). Illécèbre verticillé. Callune commune (3). Orpin purpurin. Bruyère cendrée. Narthécie des marais. AOÛT. — SEPTEMBRE. — OCTOBRE (4). Lierre grimpant. Scabieuse succise. - I résulte de ce tableau comparatif et des notes qui l’accompagnent que la plupart de nos végétaux ligneux fleurissent du 15 mars au 45 mai, tandis que (4) Dans cette période , le nombre des plantes en fleurs commence à décroitre , mais pas encore d’une manière très-sensible. On rencontre dans les lieux frais et humides la balsamine sauvage et nos scrofulaires ; les rossolis et la parnassie ornent les prés tourbeux ; la joubarbe domine les toits et les murs des villages. C'est la saison de la saponaire , de la sanginsorbe tardive , des galéopes , de l’hyssope , de l'origan , et d’un grand nombre de labiées. On peut aussi recueillir à cette époque le boucage saxifrage , l’angélique sauvage , le panais opaque , l’eupatoire, nos inules , les bidents , l'armoise, Ja tanaisie , le gnaphale des bois , plusieurs cotonnières, le sènecon à feuilles d’ar- moise, la bardane, quelques cirses , et plusieurs autres espèces de la famille des composées. Enfin je citerai encore la digitale, les scutellaires , le datura , nos nombreux potamots, les molènes, les amarantes, les renouées, les arroches et quelques cnaminéEs : la digitaire sanguine , le panic pied-de-coq, l'agrostis des rochers , etc. (2) Les fruits de cet arbre ne mürissent chez nous que dans les lieux parfaitement abrités. (3) La plupart de nos bruyères commencent à fleurir en juin, et leur flewaison se prolonge jusqu'à l: fin de septembre, (4) Beaucoup de plantes herbacées de Ja série précédente continuent leur fleuraison durant cette peu riche période , mais plus particulièrement durant août , mois pendant lequel la végétation de nos campagnes conserve encore une certaine vigueur. On rencontre alors beaucoup de menthes , dont plusieurs ont commencé à fleurir dès juillet; les renouées et les ansérines sont encore nombreuses ; on peut aussi récolter à cette époque les centaurées tardive et à petits cils, les spirante et scille d'automne, enfin deux graminées retardataires : la léersie à fleur de riz et le roseau commun. 570 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. le plus grand nombre des plantes herbacées déploient leurs corolles du 45 mai au 45 juillet. Ceci est telle- ment vrai que, parmi ces dernières, j'ai eu de la peine à trouver suffisamment d'espèces vernales pour les mettre en regard des premiers. Ainsi la fleuraison des uns est complètement ter- minée ou tend tout à fait à décliner lorsque celle des autres commence à prendre un plus grand dévelop- pement. Beaucoup de plantes bulbeuses et à racines tuber- culeuses sont printanières. Je pourrais citer la plupart des liliacées, des amaryllidées, nos deux iris, le safran des jardins, un grand nombre d'orchidées , la consoude tubéreuse, la corydale bulbeuse, enfin le conopode sans involucre, qui est la plus précoce de nos ombellifères. Les plantes vivaces fleurissent aussi généralement plutôt que les plantes annuelles. Voici l’un des motifs qui me semblent un peu expliquer ces différences d'époques de fleuraison : ne faut-il pas moins de temps et d'efforts à la nature pour développer soit la fleur d’un arbre, soit la tige d'une plante bulbeuse ou vivace, qu’il ne lui en faut pour produire intégralement chacune des parties de la plante annuelle, racines, feuilles, tige, fleurs ? Du reste je ne donne là que des indications géné- rales, puisqu'il existe de nombreuses exceptions aux faits que j'ai signalés. Plusieurs autres indications de quelque intérêt ne MÉMOIRES. 511 dérivent-elles pas des simples séries de noms que j'ai dressées (1) ? à Le coudrier noisetier y occupant le premier rang, j'en conclus que ses chatons mâles, qui apparaissent parfois dès le commencement de février, signalent en quelque sorte les premiers battements de cœur de la nature en réveil après un repos de plus de deux mois. L'aulne, qui tient la seconde place, fournit la même démonstration. Puisque le lierre clôt toutes les séries, ses fleurs jaunâtres en sertules globuleux, au mois d'octobre, peuvent être considérées comme un dernier sourire de Flore au moment où son règne va finir. Avril et mai sont les mois qui présentent le plus grand nombre d’arbres et d’arbrisseaux en fleurs. Ce nombre diminue soit qu'on se rapproche de février, soit qu'on se rapproche de novembre, mois qui, en sens inverse, avoisinent l'hiver, l’un à sa fin, l’autre à son commencement. Les arbres à bois tendre semblent avoir une dispo- sition naturelle à fleurir de bonne heure : tels sont le coudrier, l'aulne, la plupart des saules, et les diverses espèces de peupliers. Des tendances analogues appartiennent à plusieurs arbres de la brillante famille des ROSACÉES, tels que l'abricotier, le pécher, le poirier, le prunier, le cerisier, , le pommier, etc. (1) Pour éviter d'être trop long, je me bornerai à puiser ces nouvelles indications dans l'unique catégorie des végétaux ligneux. . 512 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. La Providence a voulu que ces arbres, si éminem- ment utiles, fleurissent assez tôt pour que leurs fruits arrivassent à parfaite maturité aux époques de l’année où la haute température nous les rend agréables, et même nécessaires. Une chose digne de remarque, c’est que presque nul arbre de nos contrées essentiellement utile par son fruit ne fleurit de mi-juin à octobre. Ce sont généralement des arbrisseaux et arbustes, de simple agrément pour la vue, placés dans nos haies et dans nos landes incultes, qui, dans cette période d'environ cinq mois, sont destinés à émettre leurs fleurs. Les arbres fruitiers de chaque espèce se subdivisent en un grand nombre de variétés , dont les fleurs, et surtout les fruits, n'ont pas la même précocité. La cerise d'Angleterre mûrit trois semaines avant la petite-tavenne, et plus d’un mois avant la fapissonne tardive (1). Les pêches Madeleine et mignonne mûrissent avant l’alberge; celle-ci devance par sa maturité la téton-de- Vénus, la pavie et plusieurs pêches vineuses. Le pruneau d’Isle mûrit un mois avant la petite- mirabelle, et deux à trois mois avant la prune Saint- Michel. La poire Madeleine se mange avant la mouille-bouche, et celle-ci avant la Saint-Germain. On divise vulgai- rement les nombreuses variétés de poires en poires d'été, d'automne et d’hiver. Les pommes Saint-Jean, court-pendu , rambour, sont (1) Je désigne les fruits d’après les noms vulgaires dans ce pays. MÉMOIRES. 573 plus précoces que la reinelte grise, la bure, l’anis, la Peyramont , etc. Le pommier fleurit un peu plus tard que le poirier : d’où il résulte que les gelées du printemps sont plus dangereuses pour celui-ci; mais, si le pommier échappe souvent à cet écueil , il est très-exposé à un autre danger : lorsque des pluies prolongées, surtout des pluies froides , le surprennent en pleine fleuraison, les ovaires (1) des fleurs se dessèchent, et, avec eux, disparaît tout espoir de récolte. Le châtaignier cultivé dans la Haute-Vienne com- prend aussi un assez grand nombre de variétés, qu'il convient d’entremêler dans les châtaigneraies à l’époque de la greffe. La corrive, très-précoce, est exposée aux gelées du printemps; la werte, plus tardive, les redoute moins ; mais ses cupules épineuses (pelons) , encore tendres au moment de la récolte de plusieurs autres variétés, sont parfois atteintes par les premières gelées d'automne. Nos paysans, instruits par une longue expérience, savent parfaitement distinguer les avantages et les inconvénients de chaque variété. Ils agissent en conséquence, et règlent l'emménagement des bois châtaigniers d’après les données que je viens d'établir. La plupart des végétaux ligneux dont la floraison est très-précoce fleurissent, comme la fussilage (2), avant l’évolution des feuilles (3). (1) En les ouvrant on y aperçoit souvent un petit ver. (2) Cette plante herbacée est aussi très-printanière. (3) Le coudrier, Vaulne, Yorme, le platane, un grand nombré de saules et d'arbres fruitiers sont dans Ce Cas. 574 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Quelques arbres et arbrisseaux d’une floraison tardive produisent, au contraire, les feuilles de bonne heure: tels sont les tilleuls , les ronces, le fram- boisier, le chèvre-feuille, le sureau, les rosiers, le fusain. D'autres espèces ligneuses se montrent chaque année plus ou moins en retard, tant pour le dévelop- pement des feuilles que pour l’éclosion des fleurs : le noyer, le châtaignier, l'acacia, la vigne, le figuier, sont de ce nombre. Parfois des arbres de même espèce, voisins les uns des autres, dans des expositions et des terrains en apparence tout à fait analogues, émettent néanmoins leurs feuilles et leurs fleurs à des époques différentes. Qui n’a entendu parler d’un marronnier du jardin des Tuileries dont chaque année la végétation, aux premiers jours du printemps, devance celle d’indi- vidus de même essence croissant à côté de lui? C’est surtout dans les genres filleul, fréne, hêtre, érable et chéne que j'ai fréquemment observé en Limousin ce curieux phénomène, dû sans doute à des causes dont la nature possède seule le secret (1). Il n’est pas très-rare que certains arbres fruitiers de ce pays produisent quelques nouvelles fleurs en automne, lorsque les derniers mois de cette saison sont exceptionnellement doués d’une douceur de tem- pérature un peu prolongée. (4) Chaque année, au mois d'avril, on peut constater des différences marquées dans l'époque de végétation de la plupart des marronniers d'Inde qui forment l'avenue du Champ-de- Juillet. MÉMOIRES. 515 Cette double fleuraison annuelle se manifeste le plus souvent dans le cerisier, le prunier, le pommier, le poirier, et plus particulièrement dans les arbres en espalier, mieux abrités que ceux en plein vent : dans ce cas, on aperçoit de blanches fleurs à côté de fruits dorés, c'est-à-dire Flore et Pomone se donnant la main sur.les. mêmes rameaux jusqu'à la prochaine arrivée du souffle glacé de l'hiver. Les plantes, comme les animaux, ont leur temps de puberté. Sa durée est peu perceptible dans une foule de moisissures et de champignons qui arrivent à l’état de fructification , les uns en quelques heures, d'autres dans quelques jours; elle est moins courte dans les plantes annuelles, qui ne fleurissent qu'après avoir vécu plusieurs mois; elle est assez prolongée chez les plantes bisannuelles et vivaces, surtout chez les végétaux ligneux qui ne produisent fleurs et fruits qu'après plusieurs années d'existence. Si la plupart des plantes fleurissent indifféremment aux diverses heures de la journée, il en est cependant un certain nombre dont les fleurs s’'épanouissent et se ferment à des heures déterminées, et constituent ce que les botanistes appellent l'horloge de Flore. — Celle dont Linné est l'inventeur se compose de quarante-sept espèces, parmi lesquelles douze environ se ren- contrent, soit spontanées, soit cultivées dans la Haute-Vienne (1). Il serait utile d’en créer une (1) Voici ces espèces sous leur nom linnéen : {agopogon pra- tensis, sonchus levis, hemerocallis fulva, picris hieracioides, leontodon taraxacum , hypochæris radicata, lactuca sativa, nym- phea alba, hieracium püiosella, dianthus prolifer, calendulæ arvensis, arenaria rubra. TL. 016 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. pareille dans chaque localité, afin d'obtenir de la sorte des indications plus en rapport avec les influences climatériques du lieu, et dès lors plus précises. Les fleurs dont l'épanouissement et l’occlusion dé- pendent plus ou moins de l’état de l'atmosphère méritent à juste titre d'être appelées méléoriques. Ces deux phases de leur vie, dans un assez grand nombre d'espèces, se renouvellent plusieurs fois durant le court intervalle qui sépare le jour de leur éclosion de celui de leur complet dépérissement ; elles se succèdent l’une à l’autre, et se traduisent d'ordinaire par les mots réveil et sommeil. La double faculté de s'ouvrir et de se fermer leur donne une analogie de plus avec les animaux, qui, soumis aux exigences de la nature, veillent et dorment successivement. Leurs élégantes corolles, après s'être largement épanouies, se dérobent trop vite aux agitations ou plutôt aux amoureuses careses des zéphirs; peu à peu elles se resserrent, se ferment, presque à l’imitation d’une paupière, pour, en quelque sorte, prendre du repos et dormir. Ces curieuses tendances des fleurs se manifestent avec plus ou moins d'intensité dans diverses fa- milles (4), notamment dans la famille des composées. La simple courbure des demi-fleurons du pissenlit en dedans ou en dehors produit, dans le premier cas, l'occlusion; dans le second, l'épanouissement de l'anthode. Est-il surprenant que des organes aussi (1) Je signalerai plus particulièrement ces tendances dans les genres croccus , ornithogalum , nenuphar, cerastium , taraæa- cum , sonclhus, crepis , hieraciwm , etc. MÉMOIRES. 571 délicats subissent promptement les impressions variées de la lumière et de l'obscurité, de la chaleur et de l'humidité? J’ajouterai que les plantes agames sont généralement très-sensibles à ces influences : elles recherchent l’ombre et la fraîcheur; les pluies chaudes et la nuit semblent favoriser leur développement (1). Beaucoup d’entre elles, dans quelques-unes de leurs parties, se montrent dociles aux lois de l’hygro- métrie. Suivant l’état sec ou humide de la tempé- rature, les thalles de certains lichens et les feuilles de la plupart des hépatiques se contractent ou se dilatent, les folioles et pédicelles de plusieurs mousses se tortillent en divers sens ou se redressent ; l’hyménium de quelques pézizes se dérobe sous les bords repliés de la cupule, ou devient très-ouvert et très-apparent (2). (1) Les chercheurs de champignons comestibles n'ignorent pas que c’est surtout le matin de bonne heure qu'on a l’heureuse chance deles récolter : une seule nuit suffit souvent à leur croissance. (2) Voici les noms de quelques plantes agames dont la forme extérieure se modifie plus ou moins suivant l’état de la tem- pérature : funaria lygrometrica, Pers., neckera crispa, Hedw., tortula convoluta, Sw., orthotrichum crispum, Hedw., Éargionia Lypophylla, Linn., ricciella fluitans, Braunn., echinomitrion Jurcatum, Hübner, evernia furfuracea, Del., cetraria ulophylla, Desmaz., peltigera polydactyla, Hoffm., sticta silvatica, Ach., parmelia perlata, Ach., colema flaccidum, ACh., cladonia alci- ’ y é s Le —… TT 2 ie A 4 — = d " « g € n k A 7 ‘ - ns ce F : OALCE È ‘ + » = n CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE VINGT-SIXIÈME SESSION TENUE , 4 DT EUBRE 1839 PARIS | LIMOGES | | 2 DERACHE, LIBRAIRE | CHAPOULAUD FRÈRES Rue du Bouloi rl ( Place des Bancs , 24 1866 | à MÉMOIRES DE LA III: SECTION. NOTE SUR LA CONFORMATION PARTICULIÈRE DE LA TETE OBSERVÉE DANS LE LIMOUSIN, PAR M. BLANCHARD MESSIEURS , De toutes les questions inscrites à notre programme, la 41°, De la forme particulière de la tête observée dans le Limousin, est, ce me semble, une de celles qui doivent offrir le plus d'intérêt. Sans cesser, en effet, d’être une question scientifique, elle est, de plus que les autres, une question de localité. A ce double titre, mais au second surtout, le fruit de quelques recherches * bibliographiques que j'avais entreprises m'a paru devoir être intéressant, et les considérations qui s'y rattachent, dignes de vous être présentées : nous ne devons pas oublier, au sein du Congrès scienti- fique de France, que nous sommes, avant tout, enfants du Limousin. Quelle que soit la valeur scientifique de ces re- Il, 4 2 CONGRÈS SCIENTIMIQUE DE FRANCE. cherches et de ces considérations, cette note aura du moins le mérite d’avoir pour appui et de mettre en : relief un document très-curieux, d’une authenticité incontestable. Veuillez, Messieurs, rappeler vos sou— venirs classiques : ce sont des vers latins que je vous demande la permission de vous lire. Le collége des jésuites, dont le lycée impérial de nos jours occupe les bâtiments, était très-florissant, à Limoges, vers la fin du règne de Louis XIII. C’est vers cette époque que fut composé par le R. P. Pierre Josset, de la compagnie de Jésus, professeur de rhétorique en notre ville, un long et très-beau poème, en vingt-deux chants, intitulé Rhetorice. C'est un traité complet de rhétorique. Pour ne parler que de ce qui a trait à la question ci-dessus énoncée, je vous dirai seulement, Messieurs, que, dans la première partie de son ouvrage, l’auteur s'occupe beaucoup de l'éducation physique de l’enfant dont il doit faire plus tard un orateur. 11 le devance même au seuil de cette vie, et sa sollicitude va s'intéresser à lui jusque dans le sein de sa mère, à laquelle il donne des conseils pour tout le cours de sa grossesse (1). (1) En sa qualité de compatriote, notre poète a droit, il me semble, à de longues citations : voici le morceau dans son entier : « Atfœcunda parens , ubi prole tumescere ventrem Sentiet , et fœtus utero lalitare viriles, Sæpius orabit, crebrasque ad sidera voces Effundet : « Da, magne Pater, da surgere prolem » Facundam , et cœlo rores insperge disertos. » Tu potes argutas infantum eflingere voces , » Jgnitasque poli de vertice mittere linguas. » Stilla tuæ vel sola fluat virtutis in illon , » Etsaterit, Tum, quippe endit velut bumor in herbas , MÉMOIRES. 3 Mais je passe, et j'arrive à ce qui, dans ce premier livre, De prima futuri oratoris œtatula, intéresse plus spécialement le sujet qui nous occupe : « Le terme est venu : l'enfant va naître. Prépare- » Ut matutini veniunt in gramina rores , » Prolis erunt ita verba meæ cum pectora tangent- » Ergo ades, et cœlo divinum infunde favorem. » » Sæpe etiam altarum goudebit imagine rerum, Magnaque secreto sub pectore sensa revolvet ; Audiet orantes quos ingeniosa diserto Lingus polit sermone ; etenim cum sæpe parenti Eloquii species Suadæque recurret imago , Inelusam in prolem , maternoque aggere septam, Visaliqua et scintilla fluet ; quis enim ausit inanes Pugnax phantasiæ maternæ dicere vires ? » Huic ergo invigilet studio, sed et eligat escas Infanti ; neque enim probet infans omnia rhetor Pabula. Nolo parens pingui se prona sagina Obruat , aut duras legat in sua fercula carnes , Aut languens sibi sumat olus , stagnive colonos. Has igitur prægnans epulas tibi mater adopta : Aut turdum facilem , aut teneræ perdicis alumnum, Aut pullos teretes , liquidi vel turturis alas , Aut quas Phasis alit volueres , mollesve columbos , Aut vitulum frontem cui nondum cornua Junant. » Temperet unda sitim modico diluta lyæo , Ne noceat , tenerosve premat frigentior arlus. Qninetiam exterior species , et stantia circum Prosint objecta , et facilis præsentia rerum ; Unde lyras et plectra velim, cantusque , modosque Audiat , et pictos vernanti gramine campos Intret, et ambrosios florsr furetur odores. Laurea serta gerat venturæ præscia prolis , Etsibi de viridi cœstum componat oliva. » « Dès que la mère féconde sentira ses entrailles tressaillir, et un enfant mâle se cacher dans son sein, qu'elle prie souvent; qu'elle envoie au Ciel ses fréquents SOUPITS « Donne-moi, à Père plein de puissance, donne-moi de mettre » au jour un enfant éloquent; envoie du haut du Ciel » ces rosées qui rendent les hommes diserts. Tu peux donner A CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. toi, nourrice fidèle, dit l’auteur, à faconner le corps de ton enfant : comme de la cire molle, il se laissera plier entre tes doigts. » Les vers suivants, Messieurs, sont, vous en jugerez vous-mêmes, d’une très-belle facture. Ils ont été imprimés à Limoges, le 8 mai 1650, par Antoine » des voix éloquentes aux enfants, et faire tomber sur » eux des langues de feu : qu'une seule goutte de ta puissance » coulesurlui, et c'estassez. Alors, comme la pluie tombe sur » l'herbe, comme la rosée matinale touche le gazon, ainsi » seront les paroles de mon enfant lorsqu'il voudra toucher les » cœurs ; donc, Dieu puissant, viens, et envoie du Ciel une » grâce divine. » » Souvent aussi la mère se plaira à imaginer de grandes choses, et elle roulera seulement dans son cœur de hautes pensées ; elle écoutera les orateurs à la langue diserte et aux ingénieux discours. Après que la mère aura entendu des discours éloquents, et aura vu passer sous ses yeux l'image de la Persuasion, il en découlera sur l’enfant comme des gouttes et des étincelles ; car qui oserait dire que ce qu’une mère imagine est sans effet sur l'enfant qu’elle porte dans son sein ? » Qu'elle s'applique done à ces soins; qu’elle fasse plus : qu’elle choisisse, à cause de son enfant, sa nourriture; car notre jeune orateur, encore au sein de sa mère, ne s’accom- moderait pas de tous les mets. Je ne veux pas que celle qui le porte, et qui est déjà appesantie sous son fardeau, s’alourdisse encore par des aliments trop gras; je ne veux pas qu'elle se nourrisse de viandes coriaces ou de légumes sans sucs nourriciers , ou de poissons. Mère prudente, voici les mets que je te conseille : la grive tendre, ou le jeune perdreau, ou les poulets, ou les aïles fondantes de la tourterelle, ou ces oiseaux que nourrit le Phase, ou des Colombes, ou le jeune veau dont le front n’est pas encore armé de cornes. » Qu'elle calme sa soif avec de l'eau trempée légèrement MÉMOIRES. 5 Barbou, typographe du roi, de la ville et du collége de Limoges (1) : « At partus jam tempus adest, jam nascitur infans. Illum fida juva obstetrix ; huie mollia membra, Huic faciles artus, atque ossa sequacia forma. Nam quamvis habitum vultus, capitisque figuram , Membrorum situm placidæ vis alma parentis Finxerit, inque utero cunctos extruxerit artus, His majus tamen adde decus, melioraque forma , Ornamenta adhibe; et, si forte inhonesta figuru est, Corrige; nam te, cere inslar, quocumque sequentur. de vin, de peur que l’eau seule ne glace les membres délicats de son enfant. Que toutes les formes extérieures, que tout ce qu'elle verra ou touchera soit beau et agréable. Qu'elle entende des lyres et autres instruments mélodieux, des chants et des harmonies. Qu'elle foule des champs couverts de gazons, et respire l'odeur ambroisienne des fleurs. Qu'elle se couronne de guirlandes de lauriers, emblème de sa fécondité, et qu'elle se compose une ceinture avec les rameaux ver- doyants de l'olivier. » F (1} Après l’approbation du R. P. Jean Pitard, provincial d’A- quitaine, suit le Permis d'imprimer délivré par le P. Josset. En voici le texte : « Tu velim, ANTONI BARBOU, typographe regie, urbis et, collegii nostri lemovicensis, secundum facultatem à R. P. Provinciali mihi concessam, imprimas ÆAhetoricam meam, poeticis numeris alligatam, ad decennium a die quo ultimum excusa fuerit, ceteris typographis ab ejus impressione absti- nere jussis. » Lemovicæ, VIII Mmaii ANN. M. DC. L. » PETRUS JOSSET, » e Socielate Jesu. » 6 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. » ERGO CAPUT MANIBUS SOLERS COMPONE, futuram Tot rerum tot opumque domum, ne spherica prorsus Tili adsil forma , in justum neve exeat orbem. Ila quidem multo stat congrua forma cerebro ; Sed non ampla sinu memore est: SIT LONGIOR ERGO ; INQUE CUCURBITULÆ SESE PRODUCAT ACUMEN POSTICA DE PARTE, equidem tune magna patescit Aula locusque capax, ubi vis memor ampla quiescit. At frons, maturæ statio certissima mentis, Angustos nimium ne Ccastigetur in orbes, Indicium lenitatis ; at extendatur in æquor, Sed tumidum, qua parte comis et crinibus hæret. » « Mais voici que le temps de l’enfantement est venu : l'enfant naît. Accoucheuse fidèle, aide-le ; faconn e- lui des membres élégants, des articulations souples et flexibles. Quoique la nature bienfaisante lui ait donné, dans le sein de sa mère, et le port et la physionomie; quoiqu'elle ait déjà déterminé la forme de la tête et la configuration des membres, toi cependant, de tes mains habiles, ne laisse pas d'ajouter une grâce plus parfaite; apporte des embellissements nouveaux à la forme naturelle; et, si celle forme n’élait pas belle, corrige-la : elle se laissera plier entre tes doigts comme de la cire molle. » DONC, NOURRICE FIDÈLE, FAÇONNE LA TÊTE DE TES MAINS HABILES, Cette tête qui contiendra plus tard tant de choses et tant de richesses : qu’elle n’ait pas une forme entièrement sphérique; qu’elle ne se déve- loppe pus en un cercle parfait : à la vérité, cette forme va bien à la masse cérébrale; mais elle n'offre pas une place assez vaste pour la mémoire (faculté si nécessaire à l’orateur). » QUE LA TÈTE DE NOTRE ENFANT SOIT DONC UN PEU LONGUE; QUE, PAR DERRIÈRE, ELLE AILLE “S'ÉTEN- MÉMOIRES. 7 DANT LÉGÈREMENT EN POINTE, ET COMME LE BOUT D'UNE COURGE : il y aura alors un vaste champ, un lieu spacieux pour loger la mémoire. » Que le front, demeure certaine de l’intellisence parvenue à sa maturité, ne prenne pas la forme d’un cercle étroit, ce qui est l'indice d’un esprit léger; mais qu'il aille se développant comme une surface plane, mais légèrement renflée du côté où s'im- plantent les cheveux. » Voilà donc, Messieurs, les idées qui avaient cours dans notre Limousin, il y a deux cents ans, sur le faconnement des têtes. Au point de vue auquel j'envi- sage la question, les erreurs phrénologiques contenues dans le passage que vous venez d'entendre sont pour moi de peu d'importance. Gall est devancé : un système de localisation des facultés intellectuelles existe déjà. Le P. Josset place le siége de la mémoire, qualité si indispensable à l’orateur, vers la partie postérieure de la tête : le fondateur de la crénioscopie , au contraire, localise cette faculté dans la partie antérieure, au-dessus de l’arcade sourcilière. Qui a tort? qui a raison? Je l’ignore; mais peu m'importe! Qui pourrait, du reste, se prononcer sérieusement en pareille matière, et donner gain de cause à celui-ci ou à celui-là? L'observation doit offrir des faits dans un sens comme dans l’autre : dans les sciences qui ne sont pas exactes, tous les systèmes ne sont-ils pas appelés à fleurir tour à tour ? Il n’y a dans tout ceci, pour moi, de véritablement intéressant que la constatation d’un fait, et le voici : pour augmenter la mémoire de l’emfant, ou pour 8 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. tout autre motif, on conseillait, à cette époque, de donner une forme pointue, en arrière, à la tête du nouveau né. À tort ou à raison (des goûts, vous le savez, on ne dispute pas), cette forme était considérée comme l'idéal du beau par le P. Josset, et il la voulait, comme type parfait d’une belle tête, pour son futur vir bonus, dicendi peritus, dont il énumère avec détails toutes les qualités. Le P. Josset exprimait-il dans ces vers une opinion personnelle au sujet de la forme de la tête de l'enfant? Ces idées de localisation de la mémoire vers la partie postérieure, et l'appréciation de la beauté de la tête ainsi conformée, existaient-elles, au contraire, avant lui dans les écoles du Limousin et chez les rhéteurs ou hommes instruits de cette époque? — Je pense qu'il faut admettre cette seconde manière de voir. Les écrivains, en effet, ne font que refléter, en général, les idées de leur siècle : les goûts, quels qu'ils soient, demandent du temps pour s'implanter dans une pro- vince; les habitudes, bonnes ou mauvaises, ne sont pas l’œuvre d’un jour. Il est donc probable que le P. Josset n’a fait, dans sa Rhélorique, que reproduire éloquemment ce qui était enseigné avant lui, que donner une forme brillante aux idées de ses devanciers. Les études phrénologiques, du reste, étaient déjà familières, au moyen âge, à plusieurs abbés de notre Limousin. Un de nos plus illustres compatriotes, Mgr Berteaud, évêque de Tulle, dont tout le monde connaît la vaste érudition, assurait dernièrement que, vers 1270, un abbé de Saint-Martial, à Limoges, Bernard Itier, était fort connu et renommé, dans nos pays, pour ses MÉMOIRES. 9 connaissances approfondies en crdnioscopie. Un savant historien d'Auxerre du siècle dernier, le modeste abbé Lebœuf, en fait, à ce qu'il paraît, souvent mention dans ses Chroniques. Malheureusement je n'ai pu avoir aucun détail sur les œuvres de ce devancier de Gall et de Spurzheim. Ses ouvrages, pas plus que les Chroniques de l'abbé Lebœuf, ne se trouvent dans la bibliothèque de notre ville. Je n’ai pu constater qu’une chose, grâce aux Chroniques servant à l’histoire des Gaules : c’est que Bernard Itier, abbé de Saint-Martial , vivait à Limoges en 1270, ainsi que je l’ai noté plus haut. Si maintenant, Messieurs, vous voulez bien vous rappeler avec moi l'immense influence qu’exerçaient sur leurs alentours, à cette époque, les écoles, les abbayes, les monastères, ne peut-on pas admettre que c’est de là qu'est partie l’idée première de Ia beauté et des avantages que présente la conformation de la tête pointue vers les régions occipitales? Un professeur de rhétorique qui pouvait faire ainsi un fort beau poème en vingt-deux chants était, sans contredit, un homme instruit, intelligent, qui était et devait être considéré dans son pays, dans ces temps surtout où les lettres et les sciences étaient l'apanage de quelques-uns. Ses manières de voir devaient être appréciées, et ses conseils, brillamment lancés du haut de sa chaire, devaient avoir dans la province du retentissement. Les élèves acceptaient sans conteste les idées du maître : Mayister dixit, vous le savez, était la formule. Les conseils prenaient vite force de loi; les enfants du jour devenaient le lende- main des pères de famille : l’idée était transmise, faisait son chemin, et la coutume s’établissait. 10 CONGRES SCIENTIFIQUE DE SMRANCE. Le but avait été marqué : on devait faire en sorte d'obtenir le résultat. Quels étaient les moyens pour y parvenir? Là encore la voie était tracée, et les conseils du maître formulés avec précision : « Fida obstetriæ, corrige, compone manibus caput; nam te, ceræ inslar, quocumque sequetur : sit longior ergo , inque cucurbitulæ sese producat acumen. » Il sait bien que ce crâne dont les parties ne sont pas encore soudées entre elles; que cette tête dont les os peuvent momentanément chevaucher les uns sur les autres ; qui à pu s’allonger, en se rétrécissant, pour se prêter aux divers phénomènes de la partu- rition ; il sait, dis-je, que cette tête pourra recevoir et conserver, par la soudure des os, le faconnement qu'il aura indiqué. De là, les pressions manuelles et réitérées qu'il conseille à l’accoucheuse et à la nour- rice de l’enfant. Des pressions manuelles au petit bonnet fortement serré et aux bandelettes prenant leur point d'appui sur le front et la partie postérieure de la tête , il n’y a qu'un pas. Par ces moyens divers, que la mode avec le temps, jusqu’au commencement de ce siècle, avait plus ou moins modifiés , le front était déprimé, devenait même un peu fuyant (bien que ce ne fût pas le but que l’on voulût atteindre) ; la région occipitale s’aplatissait aussi dans le bas, tandis que la partie supérieure devenait proéminente et plus ou moins pointue. Cette forme allongée, régulièrement décroissante en arrière et en haut, qui fait que la tête ressemble à la pointe d’une courge (acumen cucurbitulæ) , à un pain de sucre, comme on le dit vulgairement de nos jours, était spécialement due à l’action lente mais continue des bandelettes, qui, MÉMOIRES. {1 méthodiquément appliquées autour de la tête du nouveau né, atteisgnaient presque, en s’imbriquant de moins en moins, l'extrémité occipitale, pour, de là, revenir prendre leur dernier point d'appui sur le Funt. où elles étaient fixées. Il eût été difficile, on le end d'obtenir, paf les seules pressions ma-— nuelles, une forme régulièremeut pointue. ; Cette habitude, bonne ou mauvaise, de serrer ainsi la tête des enfants était une habitude du pays, cela ne fait pas de douté. Que ce soit à l'influence des maîtres des écoles de Limoges, dont je viens de parler, qu'il faille en attribuer la cause, je le crois aussi, et j'en trouve une nouvelle preuve dans le cercle parfai- tement limité autour du chef-lieu de la province, qui fait que l’on n’observecette forme particulièrede la tête que dans une certaine circonscription, ne dépassant pas Bellac vers le nord, s'étendant au midi jusqu’au ‘Bas-Limousin. Les conseils, partis du point central, avaient rayonné à l’entour dans les campagnes, mais, en s'étendant, s'étaient affaiblis peu à peu. Au delà d'une certaine limite, la voix ne s'était pas fait entendre, et, là où la parole du maître n’était pas parvenue, la coutume ne s'était point établie. Quant à l'appréciation de la beauté de cette forme pointue, certainement très-contestable, aujourd’hui surtout, ne peut-on pas dire que chaque pays a sa manière de voir, son goût plus ou moins perverti. Ne serait-il pas étonnant que les vrais amis de l'esthétique pure ne trouvassent rien à reprendre dans les us et coutumes de notre Limousin? Pourquoi nos pères auraient-ils fait exception à la règle commune? De quel droit, en fait de bon goût, serions-nous privilégiés et mieux 12 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. doués que nos voisins de la Creuse par exemple? Tout près de nous, en effet, les femmes, dans les cam- pagnes de la Marche, ne se fisurent-elles pas ajouter un charme de plus à leur personne en serrant sous le cou , jusqu'à s’étrangler, les liens de leur bonnet, de manière à allonger la figuré"en déprimant les tissus , et former un sillon d’une profondeur extraordinaire , bordé de deux énormes bourrelets, derrière lesquels disparaît le lien qui les meurtrit ? Ce n’est pas seulement en Limousin, Messieurs, qu’on à cherché à faconner mécaniquement la tête des nouveaux nés. Ces coutumes se retrouvent dans des contrées bien différentes, de nos jours comme autrefois. C’est ainsi qu'Hippocrate constate cette habitude chez un peuple de son temps qui n'existe plus aujourd’hui, les Macrocéphales où Tétes longues. Le père de la médecine détermine la position géographique de cette peuplade par ces mots : située à la droite du levant d'été, s'étendant jusqu'aux Palus-Méotides , aujour- d'hui la mer d’Azof. Hippocrate nous avait renseignés avec précision : ces contrées sont bien, en effet, celles qu'habitaient les Macrocéphales. M. le docteur Bathke vient de mettre ce fait au-dessus de toute contestation dans un curieux Mémoire sur les crânes trouvés tout récemment en Crimée, et qui présentaient une forme extrêmement allongée. — De nos jours, comme l’ont observé tous les géographes et les voyageurs, ces coutumes sont encore très-répandues en Amérique, chez les nations sauvages où à demi policées. Ces peuples affectionnent et finissent par adopter définiti- vement telle ou telle forme pour la tête de leurs enfants. Aux Antilles, par exemple, les Caraïbes MÉMOIRES. 13 préfèrent à l'angle droit facial le front plat et fuyant. C'était, sans doute, à cette peuplade que Marjolin faisait allusion lorsqu'il écrivait, à l’article Téte du Dictionnaire en trente volumes , les lignes suivantes : « Ces différentes formes naturelles de la tête sont, d’ailleurs, modifiées diversement, chez quelques peuples, par des pressions mécaniques qu'ils exercent sur cette partie, dans un sens ou dans un autre, dès le moment de la naissance. C’est ainsi que plusieurs peuplades de l'Amérique, attachant une idée de beauté à l’aplatissement extrême du front , appliquent sur la tête des enfants nouveau-nés une planchette garnie de coton, qu'ils fixent en arrière avec des liens, et produisent cette déformation en exerçant une pression continue sur la partie antérieure de la tête. » (Vol. XXIX, p. 557.) Un pareil peuple devrait peu goûter la beauté classique des statues anciennes, dans lesquelles les artistes ne craignaient pas de pousser jusqu'à l'exa- gération la grandeur de l'angle facial, de le dépasser même comme dans la statue du J upiter Tonnant! La cause première de la forme particulière de la tête que l’on observe en nos pays devant être rapportée à des procédés manuels, à une influence purement mécanique, comment se fait-il que le vieil adage sublata causa, tollitur effectus, ne trouve Pas Son application, et ne produise pas son effet? Comment se fait-il que, malgré ces coutumes aban— données, ces formes longues et pointues se retrouvent encore très-souvent chezles nouveaux nés, etpersistent chez l'adulte? C’est ici, Messieurs, qu'il faut faire 14 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. appel à l'influence héréditaire. L'hérédité nous donne facilement l'explication de ce phénomène : c’est un fait d'observation constante, parfaitement établi, admis par tous les auteurs. En peu de mots, voici ce que l’on observe : une influence extérieure, méca- nique ou autre, agissant avec persistance sur un individu, lui imprime un cachet, une forme particu- lière. Bientôt l'hérédité s'empare de cette configuration due à des agents externes, l’introduit peu à peu, et finit par la transmettre définitivement dans les familles. Si, des père et mère, un seul présente la confor- mation contre nature, accidentelle ou volontaire, l'influence héréditaire sera douteuse, mais elle pourra cependant exister, ainsi que la science et l’histoire en offrent quelques exemples. En voici un entre autres : « La famille des Shandy était renommée, sous Henri VIII, par ses beaux nez; mais, le bisaïeul de Tristram l'ayant aplati, tous ses descendants eurent des nez camus (4) ». Si lés deux conjoints offrent la même anomalie, la même particularité physiologique, presque à coup sûr l'enfant présentera le signe caractéristique Observé chez ses parents. Les Nasones, les Strabones, les Frontones, etc., étaient des familles romaines dans lesquelles certains caractères distinctifs, rappelés par ces noms, se transmettaient par l'hérédité (2). (1) De la Mégalanthropogénésie, ou l'Art d’engendrer des enfants d'esprit qui deviennent de grands hommes, par le docteur Robert, ouvrage dédié aux membres de l'Institut national de France. — Paris, 1803. (2) Docteur Robert , ouvrage cité. MÉMOIRES. | 15 Voici les lois posées par Maupertuis au sujet de l’hérédité du sexdigitisme : « On voit que le sexdigitisme se transmet également par le père et la mère; on voit qu’il s’altère par l'alliance des quintidigitaires, et qu’il doit finir par s'étendre par des alliances répétées, tandis que cette anomalie se perpétuerait par des alliances où elle serait Commune aux deux sexes. » {Vénus physique et Lettres physiologiques.) N’admet-on pas aussi que les femmes chinoises transmettent jusqu'à un certain point à leurs enfants l’étroitesse difforme de leur pied, quel que soit du reste le procédé par lequel ce résultat ait été primiti- vement obtenu ? Les femmes de Lima, renommées aussi pour la gentillesse de leurs petits pieds, subissent presque toutes, à ce qu’il paraît, dans leur enfance, l’am- putation du petit orteil. D'un autre côté, à ce que l’on dit encore, beaucoup d'hommes adultes, pour se débarrasser de leurs cors, se soumettent à cette désarticulation, fort peu douloureuse depuis l’in- vention du chloroforme. On prétend même, et cela ne me paraît pas du tout invraisemblable, que de l'union, pendant trois générations, de deux per- sonnes amputées résulte un défaut congénial qui se transmet à tous leurs enfants (1). Les divers exemples que je viens de citer, bien que pris en dehors du sujet qui nous occupe, pourraient, sans doute, suffire à prouver l'influence héréditaire que j'ai admise comme cause de la transmission dans () Union médicale Au 7 mai 1859. Â6 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE: les familles de la forme de tête qui caractérise bon nombre d'habitants du Limousin. — Quand on étudie à fond un sujet, en compulsant les auteurs et moisson- nant çà et là, il est bien rare qu’on ne finisse pas par faire quelque heureuse trouvaille : presque toujours, en effet, en d’autres temps ou en d'autres lieux, nos pères ont observé ce que nous observons nous- mêmes, ont, comme nous, institué des théories et tiré des déductions. Que de gens de bonne foi peuvent se croire et se croient des 2nventeurs qui n’ont fait que trouver dans leur esprit une idée toute simple, venue à bien d’autres avant eux, ou une explication toute facile et déjà plusieurs fois donnée! Tant il est vrai que l’homme, depuis des siècles, tourne presque toujours dans le même cercle, que son observation et son intelligence s’exercent à peu près dans le même espace, dont Dieu a fixé les étroites limites ! tant il est vrai enfin qu'il n’y a guère rien de nouveau sous le soleil ! En cherchant donc, dans les auteurs anciens et modernes , ce qui a été écrit sur le faconnement des têtes; en remontant les âges, et dans l'espérance de trouver la source première (comme en tant d’autres choses!), je suis arrivé à Hippocrate, le maître des maîtres en fait d'observation. N'était-il pas naturel de prendre l'avis du plus illustre des médecins, de celui dont on a pu dire qu'il était le miracle de la nature, l’astre duquel émanait toute lumière ? Le très-divin vieillard n’a pas failli à sa réputation : il a écrit sur cette matière, noté ce qu’il a observé, et formulé ses appréciations avec la même clarté, la même préci- sion, la même rectitude d'esprit que dans ses passages MÉMOIRES. 17 les plus fameux. Vous en jugerez vous-mêmes : je transcris textuellement le paragraphe 14%, Des airs, des eaux et des lieux (1), heureux que je suis de me trouver en communauté d'idées avec le grand maître, et d'étayer mon opinion de celle d’un homme qui ne peut se tromper ! ont dit ses commentateurs. Cette citation ne devait-elle pas être le plus solide de mes arguments ? C « Je passerai sous silence tous les peuples qui ne diffèrent pas sensiblement des autres, et je vais parler de ceux qui présentent de notables dissemblances, qu'elles tiennent à la nature ou à la coutume. Je commence par les Macrocéphales. Il n’est point de peuple qui ait la tête semblable à la leur. Dans le principe, l'allongement de la tête était l'effet d’une coutume ; maintenant la nature prête secours à cette coutume, fondée sur la croyance que les plus nobles élaient ceux qui avaient la téte la plus longue. Voici quelle est cette coutume : aussitôt qu'un enfant est mis au monde, pendant que son corps est souple, et que sa tête conserve encore la mollesse , on la façonne avec les mains, on la force à s'allonger en se servant de bandages et d'appareils convenables, qui lui font perdre sa forme sphérique, et la font croître en longueur. Aïnsi, dans le principe, grâce à cette coutume, le changemént de forme était dû à ces violentes manœuvres ; mais, avec le temps, cette forme s'identifia si bien avec la nature que celle-ci n’eut plus besoin d'être contrainte par la coutume , etque la puissance de l'art devint inutile. En effet, la liqueur (1) Traduction Daremberg. II. 2 18 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. séminale, émanant de toutes les parties du corps, est saine quand les parties sont saines, altérée quand elles sont malsaïines : or, si, le plus ordinairement, on naît chauve de parents chauves,, avec des yeux bleus de parents qui ont les yeux bleus, louche de parents louches, et aïnsi du reste, rien n'empêche qu'on naisse avec une longue tête de parents qui ont une longue tête. Aujourd’hui cette forme n'existe plus chez ce peuple comme autrefois, parce que la coutume est tombée en désuétude par la fréquentation des autres nations. Voilà, ce me semble, ce qui concerne les Macrocéphales. » Dans le curieux passage que vous venez d'entendre, je vous prie, Messieurs, de vouloir bien remarquer surtout ce membre de phrase : coutume fondée sur la croyance que les plus nobles étaient ceux qui avaient la téte la plus longue. On avait donc constaté, à cette époque, un certain rapport de cause à effet, ou, si l’on veut, une simple coïncidence entre cette conformation parti- culière de la tête et le développement des facultés intel- lectuelles. Il y avait donc avantage à faconner de la sorte la tête des enfants, puisque la {éle longue était le signe distinctif d’une noble origine. Eh bien ! ne seraït- il pas possible que ces idées anciennes, fortifiées de l’ap- préciation d’un génie tel que celui d'Hippocrate, fussent arrivées, traversant les âges, jusque dans nos écoles du Limousin? Je dois le dire : cela me paraît pro- bable. — Au xvr siècle et au xvi1°, sans remonter plus haut, l'instruction était peu répandue; mais ceux qui savaient savaient bien et savaient beaucoup. A cette époque, un homme véritablement instruit avait toujours étudié, plus ou moins, les sciences MÉMOIRES. A9 médicales. L'intérêt qu’elles offrent, leur utilité de chaque jour, leur ont, de tout temps, assuré des adeptes dans les corporations religieuses. Les citations latines que je vous ai faites ne sont-elles pas une preuve de ce que j'ayance? Le P. Josset était tout au moins un bon hygiéniste. Ses idées sur l'alimentation des femme enceintes, ses conseils pour le choix d’une nourrice {passage curieux que j'aurais pu également citer si je n'avais craint les longueurs), le prouvent suffisamment. Mais, vous le savez, Messieurs, les traités de médecine n’abondaient pas à cette époque : les œuvres d'Hippocrate, de Gallien , étaient à peu près les seules mais excellentes sources où l’on allât puiser. Tenez donc pour certain que nos jésuites de Limoges avaient lu Hippocrate; admettez aussi que probable- ment l’appréciation de l’illustre médecin de Cos sur la forme allongée de la tête existait dans les souvenirs du P. Josset lorsqu'il conseillait aux mères de famille, dans sa Rhétorique, de donner cette conformation à la tête, flexible de leurs nouveaux nés. Il y a une trop grande similitude entre ces deux passages pour qu’il ne soit pas permis d’en indiquer le rapprochement. Si l'on m’objectait que la langue grecque, dans ce temps- là, n’était familière qu'à quelques-uns; qu'il n’est pas probable que les œuvres manuscrites d'Hippocrate pussent être très-répandues alors , je répondrais que, dès 1525, une traduction latine en était faite par M.-F.Calvus sur les manuscrits du Vatican, et que ses œuvres complètes, ainsi traduites, furent éditées à Rome et à Bâle l’année suivante (1526, ed. princeps in-fol.). Qui pouvait, à cette époque, plus facilement que les membres de la compagnie de Jésus, commu- 20 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. niquer avec Rome et le Vatican? La ville éternelle n'était-elle pas la résidence du général de la très- puissante congrégation ? La compression des os du crâne et, par conséquent, du cerveau, qui à dû être primitivement exercée, ainsi que je l’ai admis plus haut, a-t-elle pu avoir une influence fâcheuse sur le développement de l’in- telligence ? Je né le pense pas. J'admets volontiers, avec M. Cruveilhier, que les variétés que présente la forme du crâne chez les différents individus paraissent dépendre de l’excès de tel ou tel diamètre; mais il faut remarquer qué, l'augmentation d’un des dia- mètres coïncidant presque toujours avec une dimi- nution proportionnelle dans les autres diamètres, il en résulte que la différence absolue du volume du cerveau est peu considérable. Si quelques ‘auteurs ont admis qu'il existe un rapport réel entre le volume du cerveau et l'intel- ligence de l'individu ; si cette règle est souvent juste en anatomie comparée, il n’en est pas moins vrai qu’elle souffre de très-nombreuses exceptions. Malgré son grand cerveau, l'intelligence du serin, très- médiocre quoi qu'on en puisse dire, ne donne-t-elle pas à ces déductions un éclatant démenti ? N’est-il pas également établi que, comparé aux autres parties du corps, le cerveau est plus considérable chez la femme que chez l’homme”? Doit-on en conclure que la femme est plus intelligente que l’homme? « Mais la galanterie ne nous oblige pas, dit Marjolin, à avancer une pareille erreur, quoi qu’en dise le beau sexe. » En matière cérébrale surtout, Messieurs, la qualité l'emporte sur la quantité ! MÉMOIRES. 21 Comme M. Cruveilhier aussi, je n'aurais pas grande confiance dans la mesure occipitale par l'angle de Daubenton. Sans développer les raisons sur lesquelles il s'appuie pour rejeter cette méthode, j'adopterai sa conclusion : « Toutes les mesures linéaires , dit-il, appliquées à la détermination de la capacité du crâne sont nécessairement inexactes ». — En résumé, la tête limousine a produit des hommes de peu de valeur, comme aussi des hommes très-éminents; il semble même qu'il y ait prédominance de .ces derniers : presque tous nos hommes. illustres, comme s'ils tenaient à honneur d'indiquer hautement leur ori- gine , présentent, en effet,, cette conformation. J’ai entendu , depuis peu, donner de la forme de la tête limousine l'explication suivante::.dans nos pays, assurerait-on , les femmes seraient généralement plus grandes qu'ailleurs. Or ,,en admettant ce: principe que qui gagne en longueur perd en largeur proportionnel lement, il en résulterait que , chez: elles, les axes du - bassin seraient sensiblement plus petits. — IL faudrait d’abord démontrer la vérité de ces deux propositions, et je ne sache pas que rien de semblable, ait été établi par l'observation. —, Les plus petites dimensions des détroits du bassin étant constatées, s'ensuiyrait-il qu’on dût croire que cette étroitesse est la cause de la forme allongée de la tête de certains enfants? Ce n’est pas mon avis. Cette influence, toute momentanée, n’est pas admise dans les traités d'accouchements. Les auteurs font , au contraire, remarquer que, aussitôt que la compression n’existe plus, la tête revient peu à peu à sa forme primitive. Si cette influence existait en effet, on devrait observer des têtes de forme extra- 22 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. ordinaire chez les enfants des femmes rathitiques, qui peuvent offrir les déviations du bassin les plus diverses. Rien de semblable n'a lieu cependant. — Je pourrais, à l'appui de ce que j'avance, présenter un grand nombre d'arguments; mais ce serait entrer dans des détails qui conviendraient plutôt à un traité d’accouchements qu'au sujet qui nous occupe. Per- mettez-moi néanmoins de prendre pour dernière preuve les considérations anatomiques contenues dans le passage suivant, que j'emprunte à Gall : « Mais, à la naissance, la forme de la tête ne peut- elle pas être changée par suite d'un accouchement laborieux ou des manœuvres inconsidérées des sages femmes? » Quoique la tête du fœtus, comprimée par un accouchement laborieux, cède un peu, la nature a cependant pris des précautions admirables pour as-— surer la conservation du cerveau. La dure-mère , qui enveloppe cet organe , est fortement attachée au crâne, et empêche les os de chevaucher beaucoup. Les prolong'ements de la dure-mère connus sous le nom de falx et de tentorium contribuent également à garantir les parties cérébrales. Le crâne présente une voûte, forme qui oppose la plus grande résistance. Les os du crâne sont flexibles ou élastiques. Enfin le cerveau lui-même est un corps vivant, et son élasticité naturelle est agitée par le mouvement con- tinue] d’élévation et d’abaissement que la circulation du sang lui communique. Par conséquent, une com— pression passagère, qui n’agit pas trop violemment, ne change pas la forme que l'organisation primitive à décidée. » MÉMOIRES. 93 _ M. Malgaigne a, de, nos jours, repris la même démonstration anatomique. — «, Si on examine les choses de près, dit aussi M. Cazeaux , on s'assure faci- lement que la membrane intermédiaire aux pariétaux est trop, solide pour se laisser allonger, et trop étroite pour permettre un chevauchement notable. Bien plus, le plus ordinairement, elle tient ces deux os tellement serrés que le bord supérieur de l’un déborde l’autre, et qu'il y a sur.les têtes sèches un véritable chevau- chement normal (1). » Je dois, en terminant, constater le fait suivant : c'est que la forme de la tête limousine se retrouve aujourd'hui bien plus dans les campagnes qu'à la ville. Les chapeliers, juges compétents en pareille matière, s'accordent sur ce point. Ils ont également remarqué que les coiffures qu'ils livrent aux gens de la campagne sont sensiblement plus petites. Ces faits s’expliquent naturellement : c’est, en effet, dans les campagnes que se conservent le plus long-temps les coutumes et les traditions; elles sont ensuite bien moins soumises que les villes à l'influence du croise- ment des races : nos paysans, vous le savez, se marient entre eux, tandis que l'industrie , le com- merce et mille autres raisons attirent dans les grands centres populeux, où ils finissent par s'établir, des individus de pays très-différents. Quant à la petitesse des coiffures fournies par nos chapeliers de la place des Bancs, par exemple, qui ont à peu près seuls le privilége de coiffer nos campagnards, ne peut-on (1) Cazeaux, Trailé d'accouchements, 5e édition, p. 214. 2h CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. trouver l'explication de cette différence dans l'habitude qu'ont nos paysans de porter leur chapeau tout à fait sur le derrière de la tête? Le diamètre occipito— bregmatique est, en effet, beaucoup plus court que le diamètre fronto-occipital, et c’est ce dernier qui mesure la longueur de l’ovale du chapeau des ci- tadins, qui se coiffent toujours , comme vous le savez, Messieurs, plus ou moins en avant sur la région frontale. DE L'INFLUENCE DE L'EXÉRCICE À PIED ET AU GRAND AIR DANS QUELQUES CAS DE PHTHISIE PULMONAIRE EN LIMOUSIN, PAR M. LEMAISTRE, Chef des travaux anatomiques à l’École de Médecine de Limoges. Je me propose, dans ce travail, de prouver : 4° que le défaut d'exercice au grand air est une des princi- pales causes de la phthisie ; 2° que le meilleur moyen de prévenir cette terrible maladie, d'en arrêter mo- mentanément la marche, et peut-être de la guérir, consiste à obvier à cette cause dans tous les pays en général, et dans le nôtre en particulier. Je citerai quelques faits à l'appui de la thèse que je soutiens. k Il est bien évident que la phthisie pulmonaire telle qu'on la comprend aujourd’hui est caractérisée par le 26 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. développement d’un produit nouveau, le tubercule, sans analogue dans nos tissus. Il est bien évident encore que l'évolution de cette production nouvelle n'apparaît dans l’économie que lorsque notre organi-— sation à éprouvé une modification profonde, dont l'essence nous échappe, mais dont les causes, suivant les auteurs, sont rapportées à la plupart des agents qui agissent sur nous par débilitation (1). Ces causes sont nombreuses : elles peuvent être physiques ou morales ; mais, en définitif, elles doivent toutes être résumées en celles qui nuisent à la nutri- tion générale en portant obstacle soit à l'hématose pulmonaire, soit à la digestion ou à l'assimilation de ses produits (la diabète sucrée par exemple). Donc deux ordres de causes : Au nombre des premières, je place en première ligne un air altéré dans la proportion des principes qui le composent, un air qui n’est pas assez renou— velé, le défaut d’air en un mot. Parmi les secondes, nous trouvons au premier rang le repos. Ceci est admis partout aujourd’hui. Il est constant, en effet, que, pour que le sang soit convenablement renouvelé dans le poumon, il lui faut une suffisante quantité d’air respirable. Il est coustant encore que le repos est contraire à la digestion. Il est bien certain que les chagrins et une nourriture insuffisante où de mauvaise qualité ont une très-cgrande influence sur la nutrition. (1) Nous ne parlons que de la phthisie acquise, ét non de la phthisie héréditaire. MÉMOIRES. 27 Aussi, sans vouloir nous en occuper aujourd'hui , nous devrons cependant en tenir compte. Ainsi, pour nous, deux causes principales de la phthisie pulmonaire : le repos, et le défaut d'air renouvelé, d’air jouissant de toutes ses qualités, en pleine lumière solaire. É Ces causes peuvent agir ou ensemble ou isolément. On comprend que, dans le premier cas, leur action doit être puissante. Mais citons des faits et Chez les hommes et chez les animaux. Pénétrons, si vous le voulez bien, dans une maison centrale quelconque, dans celle de Limoges par exemple; remarquons un cértain nombre de détenus qui arrivent. Ils ont jusqu'ici travaillé au grand air; ils sont forts, vigoureux, bien portants. Revenons les voir quelques années après : ils n'ont plus le même teint, le même aspect : ils sont déjà, en grande partie, tuber- culeux, et plusieurs sont morts de la phthisie pulmo- naire. | ponte | J'y ai vu entrer un malheureux maçon de nos pays. Il était dans la force de l'âge, et jouissait d’une santé parfaite. Deux ansplus tard, il était mort tuberculeux. Voulez-vous des chiffres? L'honorable médecin qui les soigne vous en don- nera. Il vous dira que, sur cent décès, il a cinquante phthisies pulmonaires : un sur deux. Est-ce la nourriture qui leur a manqué? Je ne le pense pas; Car nos paysans ne sont pas, pour la plupart, mieux nourris, et, si quelques-uns meurent 28 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. phthisiques, ce n’est pas le plus grand nombre: loin de là! Est-ce le repos qui leur a été fatal? — C'est possible : cependant il y a des professions qui exigent du mou- vement à la maison centrale. C’est donc le défaut d'air renouvelé, ou, si vous aimez mieux, le défaut d'exercice au grand air qui est la principale cause de la phthisie dans les maisons de détention. Le chagrin peut bien avoir son in- fluence;, mais, dans les bagnes, les peines morales existent aussi : l'influence n’est pas la même. Je suis loin cependant de nier l’action de plusieurs causes secondaires : je dis seulement que le défaut d'exercice au grand air est la cause capitale. Mais sortons des établissements de reclusion., et voyons les professions libres. Plus la profession est sédentaire, plus elle a lieu dans un air peu renouvelé, plus elle expose l'individu à la phthisie. Les cordonniers, les tisserands et les ouvriers qui travaillent dans des ateliers sont très-certainement attaqués par les tubercules d’une manière particulière. Pour preuve à l’appui de ce que j'avance ,j'invoquerai la Statistique générale de M. Lombard, qui constate « que la vie sédentaire détermine un beaucoup plus grand nombre de phthisies que la vie active; que la phthisie est deux fois plus fréquente chez les ouvriers enfermés dans les ateliers que parmi ceux qui tra- vaillent en plein air ». Mais examinons ce qui se passe chez les animaux (sur lesquels les causes morales n'ont pas d'action, quand on les condamne au repos. Il est constant que MÉMOIRES. 29 tous les animaux vivant à l'état sauvage qu’on transporte des pays chauds dans nos pays pour les mettre dans des cages meurent phthisiques pour la plupart. La privation de l'exercice au grand air en est pour moi la cause principale. On peut cependant attribuer le développement de la maladie au passage d’un climat chaud à un climat froid. Citons ailleurs, dans nos pays, un autre fait. Les vaches laitières, à Paris, n’ont pas changé de climat; elles sont très-bien nourries, très-sainement logées, et elles meurent toutes phthisiques, évidem- ment par défaut d'exercice, par défaut d’air renou- velé. Je sais bien qu’on a fait intervenir la lactation prolongée comme cause principale. Je pourrais bien citer nombre de femmes qui, dans nos pays, ont nourri sans interruption deux ou trois. enfants pour ne pas dire davantage, et cela à plusieurs reprises, sans être pour cela devenues tuberculeuses ; mais je me contenterai de prendre mon exemple chez des animaux en dehors de la lactation. J'ai fait quelques visites à l’abattoir de Limoges; j'en’ai fait au printemps, j'en ai fait en automne. J'ai été frappé, une première fois, de trouver à peu près tous les moutons tuberculeux, tandis que, une seconde fois, il n’en fut plus de même. J'en fis la remarque au surveillant. 11 me fit observer que mes deux visites avaient été faites, l’une à la fin de l'hiver, et l’autre au commencement; et que, à ces deux époques, il y avait toujours une grande différence dans le degré de tuberculisation des ani- 30 CONGRÈS SCIENTIFIQUE. DE FRANCE. maux de la race ovine. — Seulement il en attribuait la cause à la nourriture. Je ne me permettrai pas de nier d’une manière absolue une telle influence. Seulement je crois qu'on peut en faire intervenir une autre bien plus essentielle, le défaut d'exercice au grand air. En effet, dans nos pays, la nourriture des brebis est très-précaire en toute saison ; mais elles peuvent respirer un air pur et salutaire plus long-temps pendant l'été que pendant l'hiver, où elles sortent très-peu, voire même pas du tout quelquefois, par les temps de neige par exemple. Et, quand elles ne sortent pas, elles sont tenues à l’étable, Or, dans cette étable, elles sont le plus souvent tellement à l'étroit que les dernières qui entrent sont obligées, pour pénétrer, d'exercer une certaine pression sur les autres, quand le berger lui-même ne s'occupe pas de ce soin. Elles y sont encaissées, empilées : c’est le mot. Quand vous y entrez, vous êtes suffoqué. Voilà pourquoi, selon moi, les brebis sont plus tu berculeuses à la fin de l'hiver qu’à la fin de l'été. Il'est donc évident pour nous que le défaut d’exer- cice au grand air est une cause puissante de phthisie. Pour le prouver encore mieux, nous allons exa- miner les professions qui exigent de l'exercice au grand air, et nous allons constater que la phthisie à peu ou pas de prise sur elles. Je me contenterai de vous en signaler seulement trois : celles de commis-voyageur, de roulier sur les grand'routes, et d'homme d’affaires dans nos cam- pagnes, de régisseur de propriété en un mot. Comme vous le voyez, j'ai choisi des professions qui exigeaint MÉMOIRES. 31 de l'exercice avec changement de lieu, parce que je les crois bien préférables à celles qui n’exigent que de l'exercice au grand air et sur place, comme celles de macon, de charpentier, etc.; professions très-certai- nement bien salutaires à la santé, maïs bien moins que celles dont je parle. Regardez, en effet, tous les individus qui ont pour profession de es le roulier par exemple. Ils sont forts, vigoureux, à constitution athlétique pour la plupart; leur teint est fortement coloré; la circulation est ample, et leur sang riche en globules. Ils sont l'opposé des individus à constitution tuber- culeuse, et cependant ils sont exposés chaque jour, depuis lematin jusqu’au soir, à toutes les intempéries des saisons, qu'ils bravent impunément, parce que l'exercice au grand air est là pour éloigner d’eux la tendance à la phthisie. Pourquoi ne pas citer le paysan de nos campagnes ? — Si je ne l'ai pas fait, c'est parce que j'ai trouvé que la phthisie, bien moins fréquente que dans nos villes, n’est pas très-rare chez eux. Ilya plusieurs causes qui leur sont très-contraires : 4 le défaut de nourriture, c’est-à-dire une alimenta- tion insuffisante vis-à-vis d’un travail en excès: 90 le défaut de soins dans les maladies, et 3° une mauvaise habitation le plus souvent. Je suis convaincu que, s'ils étaient bien logés, bien nourris , et s'ils étaient un peu plus soucieux de leur santé, la phthisie ne les attaquerait pour aïnsi dire jamais; comme il arrive: du reste pour ceux qui, autour des villes, se trouvent plus en état de se donner un certain confortable. 32 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. D'après les faits que je viens de citer , il est évident que le repos et un air non renouvelé sont une des principales causes de la phthisie, tandis que l'exer- cice au grand air l'empêche de se développer. Ceci est admis aujourd’hui par tous les auteurs: aussi recommande-t-on l'exercice sous toutes les formes, et l’habitation dans une bonne exposition , comme les conditions premières de la prophylaxie des tubercules pulmonaires. Il. Envisageons maintenant la question à un autre point de vue : à savoir si l'exercice au grand air peut arrêter la marche de la phthisie pulmonaire, et la œuérir. La phthisie peut guérir : c’est un fait avéré aujour- d'hui dans la science. J'ai vu des vieillards mourir dans un âge très-avancé, et, à l’autopsie, j'ai trouvé chez eux des cicatrices de cavernes, des tubercules à l’état crétacé. Comment ont-ils pu guérir ? Probablement en usant des moyens que je préco- nise ; mais il m'est impossible de l’affirmer : aussi ne m'occuperai-je point de la guérison de cette affection. Je me contenterai de prouver que la locomotion dans un air renouvelé est un des bons moyens pour arrêter la maladie quand elle est confirmée, c’est-à- dire pour en arrêter momentanément les progrès. Voici un fait à l’appui de ce que j'avance : En 14848, étant alors interne, à Paris, à l'hôpital MÉMOIRES. 33 Beaujon, je reçus un roulier atteint d’une phthisie &galopante, qui l'emporta dans l’espace de huit jours. Cet homme, à constitution vigoureuse, aux larges épaules, m’apprit que, étant jeune encore, il toussait toujours; qu'il était faible et d’une santé délicate ; que, en grandissant, il s'était fait conducteur de Chevaux sur les routes, et que dès lors il s'était for- tifié, avait pris de l’embonpoint, et; sauf un peu de toux, s'était bien porté; que, depuis quelques jours seulement, il s'était refroidi, et avait été pris de fièvre et d’oppression. À l’autopsie, nous trouvâmes les deux poumons farcis de tubercules miliaires, et une large caverne au, sommet du poumon droit. Cette caverne, ‘du volume d’un œuf, avait ses parois parfaitement orga- nisées, et remontait très-probablement à son enfance. Cet homme avait été momentanément guéri par sa profession de roulier, par ses voyages continuels. Mais une cause fortuite, peut-être le repos, étant venue l’assaillir, l'ancienne prédisposition avait pris le dessus, et le germe tuberculeux s'était de nouveau montré. Cet homme, âgé d'environ quarante ans, avait donc pu jouir de tous les avantages d’une bonne santé, sauf la toux, pendant plus de la moitié de son existence, et il devait très-certainement cela au re nouvellement d'air, à un exercice continu, à une nourriture variée. De tels exemples ne sont pas rares, j en suis con- vaincu; seulement on en attribue la cause à l’in— fluence du climat, ou à des agents médicamenteux. Expliquons-nous. — Aujourd’hui l’usage parmi les Il. 3 34 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. praticiens est d'envoyer les phthisiques dans des climats meilleurs; d'autres les envoient à des eaux thermales sulfureuses; Laennec leur disait d'aller respirer l’air des bords de la mer, ou de voyager sur des vaisseaux dans des climats très-doux, et tous les malades, à moins de maladie trop avancée, en quelque endroit qu'ils soient allés, reviennent avec de l'amélioration. Dans tout ceci je ne vois qu'une seule chose : de l'exercice au grand air. En effet, où envoie-t-on les malades? — En Italie, à Naples de préférence, on à Nice, ou à Gênes; en France, à Hyères, à Pau, etc. Eh bien! il est prouvé que la plupart de ces pays offrent autant de phthi- siques que le nôtre. Bordeaux, Marseille, Gênes, Naples, qu'on regarde comme des climats tempérés, offrent, comme Paris et Londres, un cinquième de tuberculeux dans la mortalité générale. L'île de Madère, tant vantée aujourd'hui par les Anglais, serait-elle plus fortunée ? Les eaux Bonnes, qui sont si puissantes, doivent être prises à la source même, suivant l'opinion des médecins d'eaux thermales; et je suis bien de leur avis, Car si nous les ordonnons au malade pour qu'il les prenne chez lui, dans son pays, leur efficacité de- vient au moins douteuse. Quant aux émanations salines qu'on va respirer sur les bords de la mer, il faut bien qu’elles ne soient point préservatives de la phthisie, puisqu'elles laissent mourir sur les bords de la mer Méditerranée et de l'Océan ceux qui les ont habités de tout temps: pour MÉMOIRES. 35 laisser mourir à Marseille et à Naples un malade sur cinq. Il me semble, d’après cela, bien évident que, si le malade se trouve bien à son retour, ce n’est point le climat, ce n'est point le soufre, ce n’est point le sel, qui ont produit l’amélioration, mais bien le voyage lui-même, c'est-à-dire l'exercice au grand air; et l'exercice du roulier que j'ai cité plus haut en est la preuve. Que fait, en effet, l'individu que le médecin éloigne de son pays? Il laisse chez lui toutes ses occupations, puis il se met à voyager en voiture : c’est un premier exercice, un exercice au grand air. Arrivé au lieu de sa destination, il s’enquiert des curiosités de la contrée, et il va les voir : second exercice au grand air, et le plus souvent à pied; car, pour visiter un vieux château, une ruine, un site pittoresque, il faut forcément marcher; et alors la chaleur revient aux pieds; la circulation n’a plus la même tendance ‘à porter le sang à la poitrine, les digestions deviennent meilleures, et l'assimilation se fait mieux ; le malade reprend ses forces, et Nice, Naples, Pau, Hyères, ou Cauterets , ou le séjour de la mer, ont fait du bien. Puis on rentre au foyer domestique; on reprend ses habitudes, $es occupations , son et lé mal revient, et vous emporte. | On va penser peut-être, d’après cela, que j'attaque les voyages. Je ne les attaque nullement, ni eux ni les médecins qui les ordonnent; car je les ordonne moi-même, et les ordonnerai toujours. Il n’est pas souvent facile, en effet, de faire prendre de l'exercice à ses malades sur place, aux dames surtout. Je 30 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. recherche seulement la cause de l'amélioration qu'éprouve le malade en se déplaçant, et je le fais résider dans l'exercice au grand air qu'il se donne. h IL. , Arrivons maintenant à la dernière partie de mon travail, et citons quelques cas de phthisie arrêtée dans ses progrès par l'exercice à pied et au grand air dans la Haute-Vienne. ler fait. — Un tisserand des environs de Limoges vint me consulter pour des hémoptysies fréquentes qui le tourmen-— taient beaucoup. Je lui fis cesser immédiatement sa pro- fession, et l'engageai à cultiver son champ; ce qu'il fit. Depuis lors, les hémoptysies cessèrent; et cet homme, qui portait des craquements $ous une des clavicules, recouvra toutes ses forces, à tel point qu'il $e croyait guéri. Depuis 1852 jusqu’en 1859, cet homme à pu jouir d’une santé parfaite, et cela grâce à l'exercice au grand air qu'il prenait chaque jour. J'ai appris cependant que depuis peu il était ou mort ou sur le point de mourir. Ce n’est plus moi qui le voyais. L 2e fait. — Un jeune homme, marchand de bois, se livrant à tous les excès , quoique d'une constitution frêle et délicate, vint me consulter en 1850. Je constatai chez lui une caverne au sommet du poumon gauche. Je le mis à l'huile de foie de morue, à la tisane de lichen; je l’engageai à se soigner, et à cesser le genre de vie qu'il menait. C’est ce qu’il fit. Il laissa la chasse et la pêche; il cessa ses excès dans le boire et le manger, diminua ses veilles, etc., et se mit à faire de Ja tisane au coin de son feu. Il revint me voir après quelques mois de ce régime, et m'avoua qu'il allait de mal en pis; qu'il était beaucoup plus MÉMOIRES. 31 étouffé que d'habitude, et que les sueurs et le dévoiement commencaient à paraître. Je l’engageai à reprendre immédiatement son premier genre de vie, à fuir le repos, et à reprendre de l’exereice au grand air, à chasser, etc. C’est ce qu'il fit, et il s’en trouva bien. Il est loin d’être guéri, mais enfin il vit, et peut se livrer à ses occupations. 3e fait.— Un jeune homme de dix-huit ans tousse depuis long- temps; il a l'habitude de l'exercice au grand air, et on le force à garder la chambre. — I1 m'appelle pour avoir mon avis : je trouve des craquements sous les deux clavicules ; il a eu des hémoptysies; sa constitution est celle des phthisiques. J'ordonne une bonne nourriture, de chauds vêtements et l'exercice au grand air, la chasse surtout, et, depuis quatre ans, il jouit de presque tous les avantages d'une bonne santé, sauf la toux, qui ne cesse pas. 4e et dernier fait. — T1 s'agit d'un commis de bureau , homme de trente-six ans. — Il est dans toutés les meilleures conditions d'hygiène possibles lorsqu'il me prie de le traiter il ya trois ans environ, c’est-à-dire qu'il a une nourriture saine et abon- dante ; il est bien chauffé, bien vêtu, etc. ; seulement il est, par sa profession, obligé de rester enfermé toute la journée, ou, du moins, la majeure partie de la journée. Il n'offre qu'un léger râle muqueux, sous une des clavicules, à mon premier examen; mais il à des hémoptysies assez fréquentes. Je le traite avec l'huile de foie de morue, le soufre, etc. Rien n'y fait : une caverne se produit. La maigreur devient extrême; les sueurs apparaissent au moindre mouvement, et cependant il a peu ou pas de fièvre. Je le force à quitter la ville,, à aller prendre l'air dans ses montagnes, et à s'y livrer à l'exercice de la marche au grand air le plus possible. Au bout d’un an seulement , il se trouve mieux , tellement qu'il vient reprendre ses anciennes occupations à Limoges. Il n'y est pas depuis un mois que, se trouvant plus oppressé, il reprend le chemin de sa montagne, où, depuis lors, il va si bien qu'on le croit guéri. » 38 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCF. Ce dernier cas parle haut en favéur de l'exercice à pied et au grand air. Je n'ai que ces quelques faits à vous offrir. Tranchent-ils la question ? Évidemment non : ils ne font que la soulever. Je pourrais m'arrêter là ; mais, avant de finir, je veux encore attirer un moment votre attention sur le genre d'exercice à donner aux malades. Vous avez pu remarquer que, dansles observations que je viens de citer, c’est toujours l'exercice à pied qui a été ordonné. Je crois, en.effet, que, dans notre pays à air vif, et renouvelé par conséquent, un peu froid et un peu humide, l’exercice à pied de beaucoup plus conve- nable que les autres: Grâce à lui, en effet, le sang a plus de tendance à se porter aux partiestinférieures que dans l'exercice à cheval ou en voiture : par conséquent, la poitrine devient plus libre. Je défends formellement l'exercice en voiture découverte, excepté pendant l'été, parce que, outre que les pieds ne se réchauffent pas, l'air se trouve trop renouvelé ; et cause des bronchites aux malades : c'est pour les mêmes raisons que je me méfie de l'exercice du cheval, parce que ou vous allez trop lentement ; et alors les pieds se refroidissent si vous êtes en hiver, ou vous allez trop vite, et vous prenez, ilest vrai, un exercice forcé, qui active rapidement la dtéviatibRe et vous réchauffe; mais l'air est alors trop vif,et enflamme les bronches. A l’aide doné de l'exercice à pied et au grand «ir, on peut, dans nos pays, arrêter momentanément les MÉMOIRES 39 progrès de la phthisie dans certains cas, alors surtout qu’il existe peu ou pas de fièvre. LV: En présence des faits que je viens de citer, il était naturel de se demander si l'air du Limousin n’est pas favorable à la phthisie. Cette question, que je vous soumets aujourd’hui, et dont je vous laisse la solution, je l'avais abordée, je l’avoue. Mes cas de phthisie arrêtée momentanément dans ses progrès m'avaient poussé à la faire, quoique, après tout, ils ne prouvent pas autre chose sinon que, dans certains cas de tuberculisation pulmonaire, quelques individus peuvent vivre un certain temps dans nos pays avec de l'exercice à pied et au grand air, peut- être malgré cet air. J'avais ensuite trouvé un élément de statistique qui pouvait bien avoir une certaine valeur. Ainsi j'avais découvert à la préfecture un relevé de la mortalité générale de la commune de Limoges. — Dans cette statistique sont compris la ville, l'hôpital civil et mili- taire, la maison centrale, les prisons, la maison des aliénés. Elle établit que, en 1856, il est mort, dans la ville et la banlieue de Limoges, 1,575 individus, dont 825 hommes et 740 femmes. Parmi ces décès figurent 82 phthisiques : 40 hommes et 42 femmes; — ce qui fait à peu près 1 sur 49. Ce n’est point une statistique que j’ai faite : c’est la seule que j'ai trouvée. Je n’ai pas eu à choisir. 40 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE Je sais très-bien qu'on peut la critiquer, qu'on peut admettre que la constatation des décès a été mal faite; mais où est-elle bien faite? J'avais étudié les qualités de l’air du Limousin. — Ainsi j'avais trouvé qu'il est humide, vif ou renou-— velé, mais non froid. Il n’est point froid; car, la tem— pérature moyenne de Paris étant de 40° 8, nous trouvons, pour celle du Limousin, 10° 3 ou 40° 2, suivant qu'elle a été prise à Saint-Léonard par M. Massoulard, ou à Cognac par M. Henri Bourdeau. J'avais trouvé dans la Statistique de M. Lombard que l'air chargé de vapeurs aqueuses semble pré- server de la phthisie 53 sur 1,000, et qu’une atmos- phère chaude et sèche favorise le développement des tubercules pulmonaires, 127 sur 4,000. J'avais bien trouvé que les pays à air très-vif, comme les montagnes de l'Auvergne, fournissent une mortalité de phthisiques effrayante; mais on ne peut pas comparer l'air du Puy-de-Dôme et du Mont-d’Or, qui est très-froid etsec, à celui du Limousin, qui n’est que renouvelé et humide. Il m'était bien permis, d’après ces documents, d’avoir une tendance à croire l'air de notre pays capable d’avoir peut-être une influence heureuse sur la phthisie. — Mais le praticien qui voit tous les jours les tubercules pulmonaires faire des ravages terribles dans tous les rangs de la société de son pays n’a pas pu se rendre à toutes ces preuves. Il est demeuré convaincu : 4e Que l’air du Limousin, très-humide, à variations brusques et répétées, est une des principales causes de la phthisie dans nos contrées ; MÉMOIRES. 41 2 Qu'une nourriture forte et l'exercice à pied et au grand air sont les meilleurs moyens de combattre cette influence fâcheuse. Et cependant il reste persuadé, sans en pouvoir donner de preuve-évidente, que Son pays fournit moins de tuberculeux que les montagnes élevées de l'Auvergne et les pays mous de Marseille ou de Naples. RECHERCHEN SUR LE RHYTHME ET .e LES MOUVEMENTS RESPIRATOIRES, PAR M. MANDON. Ce sujet est plein d'intérêt, comme tous ceux qui touchent de plus on moins près aux mystères de Ja vie, mais plein de découragement : à preuve, les vains efforts tentés, jusqu’à ce jour, pour trouver une solution à ce problème. Toutefois les difficultés de la question , loin de refroidir le zèle des physiologistes , l’ont vivement excité : les théories se sont multipliées , mais exclusives et insuffisantes : aussi ont-elles toutes éprouvé le même sort. — L'erreur générale, à notre avis, à consisté à vouloir expliquer un acte complexe par une cause unique, à interpréter les faits d’après une idée préconçcue. — Nous avons essayé, dans ce travail, d'éviter l’un et l’autre écueil : nous avons cherché une théorie qui fût l'expression simple et LS) MÉMOIRES. fidèle des phénomènes qui président aux mouve- ments de la respiration. Le rhythme respiratoire doit être étudié sur l’obser- vateur lui-même, personne ne se prêtant aussi bien que lui à cette analyse. Il se tiendra dans le calme le plus parfait, éloi- gnera toute cause de trouble ou de gêne, et aban- donnera l’acte respiratoire aux lois organiques qui l’entretiennent pendant le sommeil. La pensée seule restera active; l'esprit et le corps devront être, pour ainsi dire, indépendants ; le corps, soumis à l’obser- vation de l’esprit. — En un mot, surprendre la res- piration s’accomplissant dans toute sa simplicité ; recueillir exactement les sensations qui en provoquent et règlent les mouvements normaux, et se tenir en garde contre les perturbations causées par une atten- tion trop tendue : tel est le but qu'il faut se proposer. Placé dans ces conditions préalables, on est bientôt convaincu que l'inspiration nécessite un effort mus- culaire, et que l'expiration est un mouvement passif; que le premier temps succède à une impression pul- monaire particulière, le besoin de respirer, et que le deuxième temps commence quand ce besoin est - satisfait ; que, à la fin de l'inspiration, se développe un sentiment de résistance croissante, siégeant à la fois dans le poumon et dans les parois thoraciques; enfin qu'une révolution respiratoire se compose de deux mouvements opposés, à peu près de même étendue , et se succédant en nombre presque toujours égal dans un temps donné. Ces faits, faciles à vérifier, renferment, si nous ne nous trompons, la théorie entière du rhythme 44 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. respiratoire, tous les mouvements anormaux étant aisément ramenés au type que nous étudions. Nous savons que, pendant l'inspiration, les côtes sont soulevées et tordues sur leur axe; le thorax est porté en avant; les viscères du ventre sont refoulés et comprimés par le diaphragme; le cœur et le péricarde sont entraînés par ce muscle; les parois abdominales sont tendues; toutes les parties enfin susceptibles de céder, par leur élasticité ou leur tonicité, à l’effort des muscles inspirateurs, se laissent allonger et dis- tendre. Nous savons encore qu'à cette contraction succède un relâchement, et que l'expiration calme s'accomplit par le seul ressort des parties. Mais quelle est la cause qui excite ces monvements? Comment sont-ils mesurés? A la fin d’une expiration tranquille, om observe un temps de repos de deux à trois secondes, pendant lequel l'échange gazeux, qui s'opère sans cesse, s'ef- fectue d’une manière plus parfaite. Au terme de cette pause, l'air a perdu ses qualités vivifiantes, et doit être renouvelé pour entretenir l’hématose; sinon, le besoin de respirer, d’abord facile à combattre, devient plus impérieux, et nous contraint à faire une nouvelle inspiration. Le plus petit retard porté à cette inha- lation développe aussitôt une sensation de gêne pulmonaire, bientôt suivie d’une véritable suffocation: Le poumon reste-t-il un peu plus long-temps privé d'air respirable, l’asphyxie est imminente, avec ses symptômes propres, le vertige, la perte de l’intel- ligence, la cyanose, etc. Aussitôt donc que l'air fait défaut au poumon, où perd sa composition normale, involontairement, et MÉMOIRES. 45 par une action réflexe, les muscles inspirateurs dilatent la poitrine, raréfient le gaz qu'elle contient, et un nouveau volume d’air s’y précipite pour équi- librer la pression atmosphérique agissant extérieu-— rement;, en même temps l'endosmose gazeuse devient plus active, le sang exhale de l’acide carbonique, recoit de l'oxygène, et un sentiment de bien-être s'irradie dans le poumon. Mais cette satisfaction interne n’est pas de longue durée : une impression pénible, sentie dans toute la cage thoracique, lui succède bientôt. Les muscles inspirateurs, fatigués, ne tardent pas à céder devant la résistance pro- gressive qu'ils rencontrent dans les parois thoraciques et abdominales : c’est le terme de l'inspiration. La volonté peut, sans doute, aller au-delà; mais c'est au prix d’un effort plus grand : encore la puissance musculaire touche-t-elle bientôt à sa limite. Le besoin d'air a fait contracter les inspirateurs; la fatigue les fait relâcher. Aussitôt qu’ils cessent d'agir sur les parties élastiques et toniques qu'ils avaient tendues, celles-ci, par une simple réaction, reviennent à leur point de départ, et s'arrêtent quand le ressort est satisfait. Elles ne peuvent décrire un mouvement plus ample que si les muscles expirateurs entrent en action, ce qui ne s’observe pas dans la respiration calme. C'est pendant la pause qui succède à l'expiration que s’éveille le besoin de respirer, et non, comme on l'a dit, à la fin du premier temps ; car comment le poumon manquerait-il d'air quand il est encore tout insufflé ? et observerait-on un repos après le deuxième temps si l'air faisait défaut à la fin de l'inspiration ? 6 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. L'échange gazeux commence avec le premier temps, se continue pendant le second, et n'est complet qu'après la pause : alors seulement l’insuffisince de l'air inhalé provoque la dilatation de la poitrine, et non son resserrement. - L'action réciproque des forces musculaires sur les forces toniques et élastiques nous montre quelle étroite solidarité existe entre les différentes parties de l'appareil respiratoire. Quels nombreux désordres ne résulteraient pas du défaut de rapport entre la puissance et la résistance! I1 fallait qu'un effort quelconque pût toujours être équilibré; l'appareil devait se composer de muscles et d'organes passifs, par économie de force, ne fût-ce pour plus de pré- Cision. Mais au dynamisme que nous venons de faire connaître il faut en ajonter ua autre : nous voulons parler de l’arbre aérien. Pendant l'inspiration, les muscles dilatateurs de la poitrine développent entre les côtes et le poumon un vide: virtuel, qui attire l'air atmosphérique dans les tubes bronchiques, et leur fait éprouver une expansion égale à la dilatation des parois thoraciques. Plus éner- gique est la contraction des agents inspirateurs, plus la capacité de la poitrine augmente, plus grand est le volume d’air qu'elle recoit, plus tendu est l’arbre aérien tout entier. — Les fibres de Reisseisen, douées, comme toutes les fibres musculaires, d’une sensibilité propre , éprouvent, par cette tension passive et exagérée, un malaise proportionné à l'effort inspi- ratoire, et ressenti dans tout le poumon. Après cette expansion forcée, elles réagissent contre MÉMOIRES. 47 le gaz pulmonaire. C’est à tort, suivant nous, qu’on a dit que les fibres de Reïsseisen n'étaient actives que dans les efforts de toux symptomatique d’uneirritation bronchique. C’est singulièrement restreindre leurs usages. Ne serait-ce pas une prévision bien extraor- dinaire de la nature qu’un organe destiné à ne fonc- tionner qu’en cas de maladie? — TI] faut reconnaître que l'économie nous offre peu d'exemples de cette espèce, et qu'elle les multiplie, au contraire, pour nous éclairer sur les fonctions de ces fibres. En effet, le poumon n'est-il pas une cavité tout à fait compa- rable aux organes creux, à’ parois contractiles, si nombreux dans l'organisme? Quand nous voyons la vessie, l'intestin, l’utérus, les canaux excréteurs en général, le cœur lui-même évacuer leur contenu après s'être laissé distendre, pouvons-nous méconnaître une loi de physiologie générale à laquelle l'organe respi- ratoires malgré la spécialité de ses fonctions, ne saurait échapper ? Que les fibres de Reisseisen se contractent avec énergie dans l’expectoration, nous ne le contestons pas ; mais nous ne comprenons pas pourquoi elles resteraient passives pendant l'expiration : tout nous porte à croire, au contraire, qu’elles sont destinées à seconder l’élasticité pulmonaire. En outre, ne sommes- nous pas induits à penser que, puisque l’état de pléni- tude, de tension des organes creux contractiles pro- voque en eux le besoin d’évacuer, les fibres de Reiïsseisen éprouvent aussi, dans des conditions analogues, un malaise tendant au même but, et servant de plus à mettre un terme à l'effort inspira- toire ? 18 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Poursuivons : les ingénieuses expériences de Herbst de Goettingen nous ont appris que le poumon, dans une aspiration forcée, peut recevoir jusqu'à 250 p. c. d'air, et n'en conserver que 80 dans une expiration exagérée; tandis que, pendant la respiration normale, le même poumon ne recoit que 200 p. c. et en garde 175: d'où il suit que, par un acte de volonté, nous faisons circuler 175 p. c. dans l’organe respiratoire au lieu de 25, qui est la quantité habi- tuellement mise en circulation. Ces différences consi- dérables nous montrent de quelles variations de capacité est susceptible l’arbre aérien. N'est-il pas étonnant qu’un instrument si peu fait en apparence pour être exact puisse mesurer avec précision l'air qui nous est nécessaire? Comment s'opère cette merveilleuse adaptation ? ; Nous consommons normalement, dans un temps donné, un volume d'air en rapport avec notreconsti- tution et notre tempérament, bien plus, notre capa- cité pulmonaire elle-même est proportionnée à nos besoins d'hématose; enfin, pendant la respiration tranquille, nous mettons en circulation toujours à peu près le même volume gazeux. Toutefois la cause la plus légère et la plus passagère, un effort, une préoccupation morale par exemple, suffirait pour porter le trouble dans les mouvements respiratoires; le plus petit retard dans l'accès de l'air au poumon provoque un besoin plus vif de respirer, et ce n’est qu'après une ou plusieurs inspirations profondes et compensatrices que se rétablissent le calme et le rhythme normal. Nous ne nous demanderons pas pourquoi l'air MÉMOIRES. 49 - aspiré doit être renouvelé; nous ne discuterons pas les opinions de Liebig, Collard de Martigny, Regnault et Reiset sur les causes qui rendent irrespirable l’air qui a séjourné dans le poumon; il importe seulement à notre thèse d'établir que l'air ne saurait rester au-delà de quelques secondes dans le poumon sans produire des symptômes de suffocation. Aussitôt donc que ce gaz devient insuffisant en quantité ou en qualité, l'appareil respiratoire recoit une surexCitation fonctionnelle destinée à pourvoir à ce besoin. Cette excitation émane des centres nerveux, qui, comme un manomètre d'une sensibilité exquise, percoivent les plus petites souffrances de tousles points de l’appareil, et réfiéchissent, par leurs conducteurs, des ordres en rapport avec ces sensations. Ainsi se maintient l'équilibre, souvent détruit, et bientôt rétabli, entre les exigences de l’hématose et les mou- vements rhythmiques de la respiration. Si, d'un côté, la cause la plus insignifiante met en désordre ces mouvements, le calme et la régularité renaissent bientôt, grâce à la solidarité étroite qui lie les fonctions nerveuses aux autres fonctions organiques. Les parois thoraciques et abdominales, par exemple, sont un véritable régulateur des mouvements respi- ratoires; car elles nécessitent pour un déplacement égal une dépense d'influx nerveux toujours sem- blable, c’est-à-dire un effort musculaire de même énerg'ie. D'autre part, le besoin de respirer étant la cause provocatrice de cet effort, les muscles inspirateurs cessent de se contracter quand ce besoin est satisfait; et, comme, au même instant, ces muscles trouvent TT. 4 ° 50 CONGRÈS SCIENTIMIQUE DE FRANCE. dans le fardeau inspiratoire une résistance de plus en plus grande, l'inspiration est limitée par ces deux causes simultanées; enfin l'impression particulière, éveillée dans les fibres de Reissesen, par la tension passive qu’elles subissent, concourt au même but. L'expiration est la conséquence pure et simple du repos des agents inspirateurs. De plus, le ressort des parois distendues, les ramenant à leur position prémière, mesure un volume d'air toujours à peu près égal, et, par conséquent, un retrait presque invariable. Que si l'expiration, au lieu d’être calme, est exagérée, les côtes s’abaissent encore, mais suivant le taux de l'excitation transmise aux muscles expirateurs, excitation proportionnée elle-même au besoin d’hématose. I1 en est de même de l'aspiration forcée. En résumé, sensation du besoin de respirer; irra- diation nerveuse centrifuge vers les muscles inspi- rateurs; dilatation de la poitrine et distension des parois abdominales; insufflation pulmonaire; per- fection de l’hématose; impression pénible des fibres de Reissesen; fardeau inspiratoire, véritable dynamo- mètre, limite ordinaire de l'inspiration; puis relâ- chement des muscles inspirateurs; contraction des fibres de Reissesen; retour des parties élastiques à leur point de départ ; limite de l'expiration tranquille ; pause de 2 à 3 secondes, terme ordinaire de l’endos- mose gazeuse; dans les mouvements exagérés. contraction violente des agents inspirateurs et expi- rateurs ; rapport inverse entre l'énergie de leur con— traction et la perfection de l’hématose : voilà le tableau succinct d'une révolution respiratoire complète. MÉMOIRES. 51 Quant à la distinction des impressions diverses que nous avons signalées pendant l’accomplissement de l'acte respiratoire, nous la croyons possible, et même facile, quand on s’analyse attentivement et sans pré- vention. Si l’on éprouveit un doute à cet égard, il serait aisé de le dissiper en faisant quelques aspira- tions profondes et soutenues, qui, en exagérant les phénomènes normaux, mettraient en évidence ces sensations. Nous n’y prenons pas garde ordinaire- ment, ilest vrai; mais elles ne sont pas moins perçues par les centres nerveux. Du reste, nierait-on la possibilité de cette distinc- tion, notre théorie ne serait pas atteinte; car l’acte respiratoire, en tant que fonction de la vie organique, est soumise aux lois des actions réflexes, et, par conséquent, peut s'exercer à l'insu de notre conscience, comme en dépit de notre volonté. Telle est la théorie, à la fois mécanique et vitale, qu'une observation attentive nous a permis de concevoir. Elle nous rend compte de la première inspiration du nouveau né (besoin d'hématose) ; nous explique pourquoi la respiration artificielle et la stimulation directe ou indirecte des organes inspira- teurs sont le meilleur traitement des asphyxiés, et pourquoi l’asphyxie est irrémédiable quand le cœur a cessé de battre, c’est-à-dire de lancer du sang au poumon, et de l'oxygène dans tous les organes. QUELQUES MOTS SUR LA DIXIÈME QUESTION LU PROGRAMME DE MÉDECINE, PAR M. C. ANCELON, MÉDECIN À DIBUSE (MEUUTHE) L'âge moyen des vivants est égal à l'âge moyen des morts multiplié par le rapport des naissances aux décès à la même époque. H. Cannor. MESSIEURS, Votre dixième question : L’étendue de la vie moyenne a-t-elle augmenté ow diminué en Limousin depuis un siècle? ne présente pas à l'esprit, permettez-moi de vous le démontrer, un sens assez clair, ce qui la rend absolument insoluble. Qu'entendez- vous, en premier lieu, par we moyenne? Nommez-vous ainsi l’âge moyen des morts, ou l’âge moyen des vivants de tout âge? Il y a entre l’un et l’autre une très-grande différence, dont il faut tenir compte, bien que les statisticiens superficiels ne MÉMOIRES. 53 le fassent pas. {Ainsi Duvillard, en donnant 28 ans 3/k pour la vie moyenne de la France au XvHT° siècle, indique, par le fait, l'âge moyen des morts de tout âge à cette époque, tandis que Deparcieux indique, au contraire, l'âge moyen des vivants vers la même époque, et la trouve de 36 ans 11 mois! (Annuaire de 1849, page 206.) Il faut done, comme vous le voyez, bien s'entendre sur ce premier point; car l’âge moyen des morts est sensiblement le même à Paris et sur la généralité de la France, tandis que l’âge moyen des vivants y est, au contraire, beaucoup moindre; ce qui provient de la raison donnée dans notre épigraphe (4). Il y a donc nécessité de bien définir le mot vie moyenne. Vous bornez-vous, en second lieu, à demander la vie moyenne à la naissance, et non aux autres âges? A Paris, par exemple, la vie moyenne, à la nais- sance, était plus forte d'environ un dixième en 1844 qu’en 4767, ainsi que le prouvent les relevés mor- tuaires comparés, pris dans l’Annuaire de 1846 et dans l'Histoire naturelle de Buffon; mais, en re- vanche, la vie moyenne des têtes de vingt ans avait (1) Au xvine siècle, l'âge moyen des morts était, à Paris, de 28 ans 3/10, et, en France, de 28 ans 374. La différence est, comme on le voit, peu sensible; mais on comptait à cette époque, morts-nés à part : A Paris : 96 décès pour 100 naissances ; En France : 82 décès pour 100 naissances, ainsi qu'il résulte des travaux du ministre Necker et des archives de la grande ville. — C'est pour cela que l’âge moyen des vivants est beaucoup plus élevé en France qu'à Paris, bien que l'âge moyen des morts diffère peu. 54 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. diminué de près d’un sixième dans cet intervalle. En effet, vers 1767, l’âge moyen des morts au-dessus de l’âge de 20ans, était. ..... 25 ans 17/10. De 1816 à 1823... 33 275 (moyenne des 8 années). De 1840 à 1847... 29 475 id. id. Dans l’an 1844... 29 172. Il n’y à donc pas le moindre doute sur la dimi- nution de la vie moyenne à la majorité, ni sur son augmentation à la naissance. — La question est donc complexe, comme vous le voyez, et non simple, comme on semble l’admettre. Maintenant quellé est la vie moyenne qu’il est ‘avantageux d'accroître ? Voici ce que dit, sur ce point, M. Quételet : « La prospérité d'une nation aug mente ou diminue avee la vie moyenne de la popu- lation laborieuse ». Est-ce clair, et le sens commun ne dit-il pas à tout le monde qu'il est au moins inutile d'augmenter la chance de vivre de l'enfant au maillot, tandis qu’il est de toute nécessité de ne pas diminuer celle du jeune homme? Voilà pourquoi la guerre est un fléau !.…. Ce qui s’est passé à Paris depuis le xvzrr° siècle est arrivé aussi en France, puisque, le nombre des conscrits restant le même depuis environ trente ans, on voit diminuer la population électorale, ainsi que le Corps-Législatif l’a reconnu en 4857. Cependant la population totale n’a pas cessé d'augmenter dans cet intervalle : donc cette augmentation a été en entier afférente à la population mineure: et, puisque les naissances vont en diminuant depuis trente ans, tandis que les décès augmentent, il est évident que MÉMOIRES. 55 augmentation des décès à frappé sur la population majeure ; ce qui revient à dire que la vie moyenne à vingt ans à diminué. | M. Carnot explique avec plus de détails encore (1) l'erreur commise par la plupart des statisticiens modernes, en persistant à conclure que la vie moyenne a augmenté à tout âge parce qu'elle a augmenté à la naissance. Cette erreur grave provient de ce que ces messieurs, dans leurs calculs, assimilent les enfants, les jeunes gens et les vieillards. comme des unités du même ordre et de la même valeur. Or il est évidemment absurde de regarder, au point de vue social, la perte d’une fille de vingt ans comme équivalente à celle d’un enfant au maillot ou d’une femme que l’âge a rendue stérile. (1) Analyse de l'influence de la variole, 1851. Préliminaires. NOTE SUR LE TRAITEMENT DE LA FISTULE LACRYMALE PAR LE CLOU DE SCARPA MODIFIÉ, PAR M C. BOULLAND, Professeur à l'École de Médecine et de Pharmacie de Limoges ———————— L'opération de la fistule lacrymale est entrée dans une excellente voie depuis que M. Desmarres a vul- garisé l’oblitération du sac dans le traitement de cette maladie. Je puis dire, pour ma part, que c'est la méthode à peu près exclusive que j'emploie main- tenant, attendu qu'on obtient par elle des résultats prompts et définitifs. Avant l'emploi de cette méthode opératoire, j'avais recours à l'opération de J.-L. Petit, et j'appliquais ensuite le clou de Scarpa. C'était, il y a quatre ou cinq ans, le mode de traitement le moins infidèle que l’on eût, et le plus rationnel en apparence; mais il n'était cependant pas sans inconvénients; car, après MÉMOIRES. 51 avoir laissé le clou à demeure pendant plusieurs mois, il arrivait, lors de sa suppression, que le canal nasal restait perméable aux larmes; mais aussi, d'autres fois, ce canal , débarrassé du corps étranger, finissait par s'oblitérer. Dans ce dernier cas, le mal n'aurait pas été grand si le sac se fût comporté de la même manière : ordinairement il n’en est pas ainsi; car la partie supérieure du sac, ainsi que celle qui correspond au tendon de l’orbiculaire, reste perméable aux larmes, qui, ne trouvant pas d’issue inférieu— rement, donnent alors lieu à la reproduction de la tumeur ou de la fistule lacrymale. Afin d'obvier à l'imperfection du clou de Scarpa, qui n’a, comme on le sait, aucune action directe sur la partie supérieure du sac Jacrymal, j'ai cru devoir modifier ce petit instrument, et lui annexer une plaque mobile qui permet de faire une compression efficace sur les parties situées au niveau et au-dessus du tendon de l’orbiculaire des paupières. Cet instrument ainsi modifié (1) se compose du clou ordinaire, dont la tête est divisée en deux parties à peu près égales. L'une, qui est supérieure, s’écarte de l’autre de dedans en dehors, en produisant une com— pression très-active. Le mécanisme de ce petit appareil s'opère au moyen d'un écrou et d'une vis de pression. De chaque côté de la plaque se trouvent deux petits cylindres métal- —liques, qui s'engagent dans deux ouvertures pra tiquées tout près de l’écrou. (1) Je dois à l'habileté de M. Ferréol, coutelier, l'exécution de ce petit instrument. 58 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. J'applique ordinairement un petit disque d’agarie sur la plaque destinée à produire la compression, afin d'éviter les inconvénients d’une pression trop long- temps prolongée. Je dois dire aussi que, afin que le clou ne sorte pas du canal nasal sous l'influence de la fonction de ce petit appareil, je fixe cet instrument avec un fil qui, partant de la plaque inférieure, est maintenu ensuite sur la joue à l’aide de collodion. Cet instrument ne doit être employé que d’une manière exceptionnelle, lorsque, par exemple, les malades, craignant une trop vive douleur, refusent de se laisser traiter par la cautérisation, et qu'ils préfèrent le procédé de J.-L. Petit, ou bien encore lorsque le chirurgien désire conserver la liberté du canal nasal , sans vouloir s’exposer à laisser supérieu- rement une partie de la muqueuse du sac enflammée, et non modifiée par le clou, avec lequel elle n’a dans ce point aucun rapport. RAPPORT De la Commussion (1) nommée, dans la séance du 16 septembre, par M. le docteur Ancelon, présidant la section de médecine, pour assister à des expé- riences de crémioscopie faites par M. le docteur Riboli (de Turin), dans le but de fournir des élé- ments à la solution de la onzième queshon du programme de la section de médecine, question ainsi conçue : « Observe-t-on chez les habitants de certaines parties du Limousin une conformation particuhère de la tête? » *PAR M. LE D BOUDET, Prosecteur à l'École de Médecine. —9— Dans une première séance, M. Riboli commence par exposer les principes les plus importants parmi ceux qui le guident dans ses expériences de crânioscopie. Il suppose d’abord le crâne humain partagé en quatre parties par trois plans fictifs. Le premier de ces plans passe par les centres des deux cavités orbitaires et par les conduits auditifs : c’est le plan (4) Cette commission était composée de MM. Thouvenet, Boulland, et Boudet, rapporteur. 60 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. de la base du crâne; il limite inférieurement le domaine de la phrénologie, qui est limité supérieu- rement par le vertex ou point culminant de la voûte du crâne. Un second plan, parallèle au premier, coupe le frontal au niveau du bord antérieur du cuir chevelu, et va couper l’occipital à peu près au niveau de son angle supérieur. Il partage ainsi le crâne en deux zônes, l’une supérieure, l’autre infé- rieure. Un troisième plan, vertical et passant par les deux trous auditifs, partage chacune de ces zônes en deux parties, de sorte que toute la surface du crâne se trouve partagée en quatre régions. Dans la région antérieure et supérieure se trouvent les protubérances cérébrales, et, par conséquent, les bosses du crâne qui correspondent aux facultés réflexives, dont le grand développement constitue l'homme de génie. Dans la région antérieure et inférieure , les phrénolo- gistes placent les facultés perceptives, qui sont, pour ainsi dire, les instruments de l’homme d'étude : leur développement indique les aptitudes aux sciences d'observation et aux arts. La région postérieure supérieure correspond aux sentiments dont l’ensemble constitue l’homme moral. Enfin la région postérieure inférieure présente les éminences qui correspondent aux instincts : elles permettent d'étudier l’homme physique. Les deux régions antérieures, prises simul- tanément , correspondent aux facultés intellectuelles, et les deux postérieures, aux facultés instinctives. M. Riboli fait remarquer que, dans les études phré- nologiques, il faut tenir compte d’un grand nombre d'éléments, de circonstances diverses : l’âge, l’habi- tation de l'individu, la nature du sol sur lequel il vit, MÉMOIRES. 61 doivent être pris en considération ; il faut tenir compte du rapport du volume de la tête à celui du reste du COTPS. L'élévation d’une contrée exerce une influence sur les aptitudes de ses habitants et sur la conformation de leur crâne. Les habitants des montagnes ont les bosses plus saillantes; chez eux, le diploé forme une couche plus épaisse que chez les habitants des plaines. A propos de cette variabilité dans l'épaisseur du diploé, on peut placer ici une réponse à une objection faite à la crânioscopie. On a dit que, à cause de l’inter- position du diploé, les bosses de la surface externe du crâne ne reproduisaient pas les dépressions où em- preintes de la table interne qui correspondent aux circonvolutions cérébrales. Cela est vrai dans une certaine limite; mais il est vrai néanmoins que là où la table interne sera plus déprimée, la table externe présentera une saillie, une bosse; et cette dépression du diploé elle-même prouve la corrélation qui existe entre les saillies du cerveau et celles du crâne. Le diploé est plus rare partout où il y a des bosses : on s'en assure en observant que, en ces points, l'os est plus ou moins translucide, et la réciproque de cette proposition est également vraie, c'est-à-dire que, là où la translucidité indique la dépression du diploé, il y a toujours une bosse. = Parmi les premières éminences sur lesquelles le phrénologiste doit porter son attention, il faut compter celles qui correspondent à des régions du cerveau qui tiennent sous leur dépendance les principaux viscères, dont les fonctions constituent 18s grands phénomènes de la vie organique. La prédominance de l’une ou de 62 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. l'autre de ces parties du cerveau indique une plus grande activité de l’une ou de l’autre de ces fonctions, et fait connaître, par conséquent, le tempérament du sujet. A Au devant du conduit auditif se trouve la bosse de l'instinct de la nutrition, dont le grand déve- loppement indique le tempérament bilieux. 20 Derrière l'oreille, et au-dessus d’elle, est la circon- volution cérébrale, qui correspond à la combativité, à la férocité : elle tient sous sa dépendance les fonctions du cœur, et concourt au développement du tempé- rament sanguin. 3° Entre les deux dernières bosses, on trouve celle qui correspond au tempérament lymphatique. Le tempérament nerveux se développe en raison des facultés intellectuelles et affectives : on ne peut donc pas signaler une bosse en particulier qui lui cor- responde. Ces tempéraments peuvent changer avec l'éducation, l'exercice, le régime, et sont souvent modifiés par les maladies. Ne pouvant donner ici la localisation complète des organes et des bosses qui leur correspondent, nous nous bornerons à les énumérer, en les divisant en quatre classes correspondant aux quatre régions que nous avons déjà indiquées. lo Znstincts. LL Dans la première case, qui est la postérieure inférieure , correspondfint d’une manière générale à la région occipitale, se trouvent les instincts, qui sont : MÉMOIRES. 63 . Biophilie ou amour de la vie; . Affectivité ; . Amativité; . Philogéniture; . Habitativité; . Concentrativité ; . Affectionativité ou penchant à l'amitié: . Sécrétivité ; Destructivité ; Acquisivité. SL SOS © & 6 Ce 20 Sentiments. Les bosses qui correspondent aux sentiments se trouvent dans la région n° 2, qui est la postérieure supérieure. Leur ensemble constitue, pour ainsi dire, l’homme moral. Ce sont : . Estime de soi; . Approbativité ; . La circonspection ; . La bienveillance: La conscienciosité ; . La fermeté : . La vénération ; . L’espérance ; La merveillosité ; . L'idéalité ; . La gaîté; L'imitation. TO D S & So Se = ns. 30 Facultés perceptives. Elles sont placées dans la région antérieure infé- 64 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. rieure. Leur prédominance distingue l'homme d'étude, l'observateur. Ce sont : a. Individualité ou mémoire des objets ; b. Configuration ou mémoire des formes ; c. Localité ou mémoire des lieux ; d. Étendue ou faculté d'apprécier l'étendue; e. Résistance ou faculté d'apprécier les forces mé- caniques, les poids par exemple ; f. Coloris; g. Ordre et calcul; h. Éventualité, mémoire des faits ; î. Ton ou harmonie; j. Temps, notion du temps, sentiment de la mesure en musique. 4o Facultés réflexives. Placées dans la région supérieure et antérieure, ce sont les facultés intellectuelles les plus élevées. Leur grand développement indique l’homme de génie. Ce sont : a. Comparaison; b. Causalité. Ne pouvant donner ici une exposition de la doctrine phrénologique de M. Riboli, doctrine qui est, du reste, à peu près la même que celle de Gall, modifiée par Broussais et par les auteurs plus modernes qui ont écrit sur ce sujet, nous nous bornerons à indiquer, d’après lui, quelles sont les parties sur lesquelles ont porté plus spécialement ses études, et qui constituent la partie originale et neuve de ses travaux. MÉMOIRES. 65 1e Il a appliqué la phrénologie et la crânioscopie à l'étude des tempéraments pour en déduire les chan- gements de constitution physique en raison de l’âge, de l'exercice et des maladies, et la tolérance plus ou moins forte de ces divers tempéraments pour les divers moyens de traitement. 2e I] a cherché de même à faire des applications de cette science à l'éducation intellectuelle et morale. 3011 a exposé comment, suivant lui, la connaissance des instincts conduit à celle des droits, et celle des sentiments à la notion des devoirs. &” Comme conséquence du principe précédent, il admet que les instincts sont la source des passions, et, par suite, que leur connaissance conduit à celle des tendances et des vices, ces derniers résultant d’une exagération de développement. De même les senti- ments, conduisant à la notion des devoirs, font connaître, comme conséquence, les vertus et les défauts. Devoirs et fautes: voilà des choses tont à fait particulières -à l’homme, qui, est le seul animal qui soit responsable. 5» Les sens, en général, nous donnent des notions exactes et des erreurs : il y a, de même, des facultés perceptives qui nous donnent des réalités et des illu— sions, des exactitudes et des exagérations. 6 Il ya une faculté pour la synthèse. 1° 11 y en à une pour l'analyse. 8° Par l'appréciation de la conformation générale du crâne, et en groupant méthodiquement les notions fournies sur chaque faculté par l'examen CrâniosCo— pique, on peut.reconstituer un ensemble harmonique, qui n'est autre chose que 1e caractère même de u. 5 66 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. l’homme, avec toutes ses nuances de force et de fai- blesse. Le reste de cette première séance est consacré par M. Riboli à l’examen des.têtes de deux jeunes garcons €t d’un homme, sujets. qui Jui sont présentés comme offrant des types assez marqués de têtes limou- sines. Chez ces sujets, le front, quoique assez hien développé, est un peu fuyant: à la partie supérieure ; le crâne présente un développement considérable vers la partie postérieure supérieure, ce-qui donne à Ja tête une forme allongée. Dans ces trois têtes, M. Riboli remarque le développement de la-région qui correspond aux facultés perceptives ; ce qui indique une tendance à rechercher les connaissances, positives sans que là recherche du, merveilleux et l'imagination ait une trop grande activité. Le caractère doit être ferme: consciencieux , rusé, réservé, circonspect. [Œ Le développement de la région postérieure supé- rieure, qui est considérable dans. la tête limousine, indique un développement correspondant «les, senti ments en général, Les hommes qui. présentent cette conformation doivent être affectueux , attachés à leur famille; ils aiment leur pays; ils sont hardis et très- actifs. La probité et les sentiments dejustice sont déve- loppés; il en est de même du sentiment religieux. L'exagération de cette conformation est ordinaire chez les gens atteints de monomanie relisieuse. Dans la seconde séance, la commission présente à M. Riboli, afin de lui faciliter ses démonstrations, un crâne pris au musée de l’école de médecine. En voyant ce crâne, M. Riboli prononce immédiatement qu'il a x dû appartenir à un assassin. On ne peut vérifier cette MÉMOIRES. 67 assertion”: seulement, comme cé crâne a été préparé à l’école de médecine, il y a bien des chances pour qu’il provienne d’un détenu de l'mmaison centrale. M. Riboli fait remarquer d'abord que cette tête est très-volumineuse à 14 partie ‘postérieure , et que le cerveau présentait dans tétte région son maximum de développement: Les) bosses’ qui Correspondent à la sécrétivité font une (saillie très-rémarquablé; ce qui donne à cétté ‘tête une forme extraordinaire. Les bosses de'la destroctivité et de l'acquisivité sont très- développées ; d’autres Sailliés indiquent la méchanceté et la persévérance. Malgré ‘lé développément remar- quablé ‘des’ organes ‘corresfondant aux mauvais instincts, ‘cet homme” n'était" pas entraîné par eux tüne manière irrésistible ‘il était responsable; car ibétait intelligent; ét avait lé sentiment religieux. M. Riboli n6us' ‘dit avoir eu entre les mains, à Turin ; un crâne qui ,:cômme celti2ti} Pavait AT à cause de la perversité et des séritiments vils qui lui étaient indiqués par sa conformation. Les personnes à qui il faisait part de ses remarques lui apprirent que cette’tête étaït cellé d'un éharcutiér noïnmé Orsolono, qui avait été exécuté comme convaincu d’avoir attiré chez lui des! jéunes filles, qu'il assassinait après les avoir violées ; et dont la ele lui servait à fabriquer les aliments qu’il débitait dâns Son commerce, pour a il avait Acquis une/grande réputation. : M:‘Riboli se livré ensuite à T'éxamen de la tête de Ma pér$onñes qui assistent à là Séance : mal- heureusement il ne s'en présente pas qui puissent offrir des types de tête limousine. Sujet n° 1, — La comparativité est bien développée: l'ama- 68 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. tivité est tres-développée; J'affectionativité où. penchant. à l'amitié est développée, d'un .côté, seulement; il en: est de même de la combativité. La fermeté de caractère, la cons- cienciosité, la bienveillance, sont bien développées. L'ordre, la mémoire des époques, la mémoire, des faits, présentent un développement remarquable. L'imagination- n'est développée que d'un côté. Le sentiment de soi-même est assez développé. Les instincts animaux sont.assez bi Le sentiment musical-est peu.développé. z 54e sal Comme obseryations-partigulières , M, kRiboli dit.que, quand le sujet s'engage dans une. diseussion, il se trouble d'abord, et doute de lui-même, parce qu'il sait-que somtamour-propre est engagé; mais peu à peu il s'habitue à l'argumentation; il prend courage, et devient maître derses idées. Il a l'esprit plus capable : dé! procéder par analyser que par synthèse; il considère plus volontiers les détails qué l'ensemble:‘d’un sujet. Sujet mo 2. .— Confiance-en, soi-même;.assurance ; esprit d'imitation extraordinaire; très-bienveillant.: L'esprit .de contradiction est tres-développé ,-mais d'un côté seulement ; ce qui indique.qu'il.ne persiste pas dans’ la, contradiction. 11 modère son argumentation -quand elle pourrait-humilier son adversaire :1a bienveillance corrige chez lui-Jarcontradic- tivité. L'imagination, est très-vive.- Mémoire. des. faits -et mémoire -des:lieux!très-bonnes:, Assez accessible. à, la colère; mais elle. ne tient pas chez lui:.La destructivité est peu déve-— loppée. L'affectivité est très-développée. La confiance dans les autres est médiocre : il s'ouvre peu; cependant il est capable d'amitié: mais il n’a qu'un petit! nombre d’amis. Ce Sujet, quoique limousin} n'a pas-la tête limousine: L’amativité, les sentiments de famille, sont trèes-développés, la philogéniture en particulier. La bienveillance, la, compassion, iraient jusqu'à le faire se relâcher de la justice. Ce qu'il y à de plus remarquable en lui, c’est la confiance en soi-même : dans tout ce qu'il entreprend , il ne doute pas du succès. Sujet nm 3. — Chez ce sujet, l'intelligence et la réflexion dominent tous les sentiments et toutes les passions; la MÉMOIRES. 69 réflexion conduit tout. IL est cependant très-impressionnable, | très-susceptible, très-prompt à la colère; mais, devant les personnes pour lesquelles il a de Ia considération, et auprès desquelles il véüt conéérvér/sa dignité, lil sait se contenir: avee des inférieurs il ‘pourrait se montrér tel qu'il est. * Idéalité, espritide création, invention bien développés ? plus fort dans l'analyse que dans! là synthèse : ‘très-Courageux. Lesentiment:religiéux; l'éspérance, sont développés: II tient à ses principes, et poussérait là persévérance jusqu'à l'enté- tement. 11 aime l'expansion chez les autres! mais s'ouvre peu lui-même. Les mémoires des objets, des figures! "de l'étendue, sont’bien développées ;/la mémoire dés époques est médiocre. I aime les ‘distinctiohs! Enr iusique, il apprécie mieux la mélodie que l'harmonie. = 111 09 Sujet no 4: — Fermeté:très-développée ; :ami:sincère’et loyal; sincèreien général, Ilest:désireux de, distinctions et de gloire. :Chezidui,- la! destructivité est assez, développée. 11 voudrait être circonspect, et ne l'est guère. Il a un désir insatiable d'acquérir des /connaissancés, un grand besoin de savoir. Il est très-biénveillant, très-juste dans les jugements de soi-même et des! autres. ‘Il !est généréux. Un reproche injuste le fait souffrir. Son'imagination exagère sés plaisirs et ses peines.'Il procède également biën par! analyse et par synthèse) Jugement justé. Philogéniture (médiocre. Chez lui, l'amour pour ses'enfants est moîns instinctif que fortifié par la bienveillance tét-par la réflexion! Il voit les défauts de ceux qu'il aim®. Le sentiment du merveilleux est développé. Tel est.le résumé, aussi. complet qu'il nous à été possible derlé faire, des curieuses expériences de M. le docteur Riboli.. Dans un sujet aussi délicat que celui qui fait l’objet de 11° question, la commission n'osérait pas prononcer que la phrénologie peut donner une solution complètement satisfaisante ; mais elle croit pouvoir dire que M. Riboli a bien mérité du Congrès, 70 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. et de la section de médecine en particulier, en nous offrant une occasion d'assister à ses curieuses investi- gations. Tous les membres du Congrès qui ont été témoins de ces expériences ont admiré la sagacité et la variété de connaissances dont à fait preuve notre. savant confrère de Turin, et nous croyons être l’in- terprète d'un sentiment général en demandant qu'il lui soit voté des remercîments pour l'intérêt que ses diverses communiçations ont cn aux séances de la section de médecine. ? TRAITEMENT FRACTURE DU COL DU FÉMUR SANS APPAREIL, PAR M. more A la finidu mois de juin 1859, Mme F***, âgée de soixante- dix ans, fit une chute, au bas d’un escalier, sur la hanche droite, et se fractura le col du fémur. La fracture était carac- térisée par l'impossibilité de la station debout, l'incapacité de soulever le pied droit au-dessus du lit; par un raccourcisse- ment de deux centimètres environ ; par le renversement de la pointe du pied droit en dehors; par une douleur vive sentie près du petit trochanter, douleur exagérée par la rotation du pied en dehors; enfin par une crépitation perçue par la main gauche pressant la partie antérieure de l'articulation coxo-fé- morale pendant qu'un mouvement rotatoire était imprimé au pied. Ces caractères, moins saisissables le jour même de l’accident, surtout la crépitation et le renversement du pied, furent ri- goureusement constatés les jours suivants. Nous placâmes la malade sur un double plan incliné ; mais cette position lui devint intolérable, et la répugnance de Mue F*‘* pour tout appareil fut telle que nous dûmes nous 72 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. ingénier à conserver sans souffrance pour la malade la position que nous donnâmes à la cuisse fracturée après latréduction. Nous plaçiämes Mme p°2* ur Un matelas porté par un plan résistant en bois; én d'autrés! termes, des planthés furent poussées entre lé matelas et 16 lit. La jambe droite fut rap prochée de la gauche, qui lui servit d'attelle, ét nous fixâmes par quelques tours de bandes le pied droit au pied gauche. La jambe saine servant de terme de Comparaison à la jambe fracturée, nous ne pouvions désirer, pour espérer la guérison parfaite, que la persistance. de la-position décrite. 11 en fut à peu près ainsi. Nous n'observâmes de temps à autre, et pendant le premier mois seulement, qu'une tendance au raccourcissement ; Mais NOUS Y portions aussitôt remède par une traction ou extension faite parallèlement à la jambe saine, et portée jusqu'a rapprochement parfait des deux talons au 1 niveau. -L'effort nécessaire ‘pour cette réduc- tion était. considérable; ret, j'empêchai le retour d'un raccourcissement sensible en faisant opérer deux et trois extensions méthodiques dans la journée , tout en surveillant l'horizontalité du bassin et de la cuisse. Le léger enfoncement du siége par son propre poids dans le matelas tend à entraîner la jambe vers la hanche, et produire le chevauchement; il faut done surveiller attentivement l’état, du lit où repose le membre fracturé. C'est, en effet, ee plan et la jambe qui,sert d'appui qui sont tout l'appareil. Quand la fracture eut atteint le trentièmé jour, nous n'eûmes presque plus à combattre le raccouréissement et le renversement de la-pointe du pied éndéhors. La malade garda cependant la même attitude, avec la. liberté de changer de place dans son lit,. pour éviter une esearrhe, qui n'aurait pas tardé à se produire, comme il n'arrive que trop souvent. Mais le changement de place , un léger pansement au cérat, et, vers le troisième jour, là per mission de s'asseoir quelques instants dans son lit, firent aisément disparaître une ‘érosion développée à la région sacrée: 1 r' 49 Vers le quarantièeme jour, larjambe-était tenue en position , sans effort ni ligature, La «malade pouvait se soulever, et plonger la cuisse sur le bassin. Enfin, le soixaritième, nous c MÉMOIRES. Da 13 l’'aidâmes à Abo qu et la jambe, non raccourcie, soutint la malade. Quinze jours plus. tard, Mme He se promenait dans sa. chambre entre deux rangs de chaises, sur, le dos desquelles elle appuyait de temps en temps les mains , E faisait, seule et Sans, appui, plusieurs pas, dans, cette, galerie, de sa façon. Aujourd’ hui, trois mois environ après, sa chute, nous, consi- dérons la guérison comme certaine, et ne doutons pas qu ‘elle ne soit parfaite dans peu de temps. . IS » 9SÛIEE [0 “191129 D SOI VHOU 9f ° Voici donc une! fr acture ‘incontestable! du cols du fémur consolidée sans intervention d'aucun appareil proprement dit, guérie, sans raCcourcissement, chose rare, et, ed: RE à l'espèce, très promptement guéries sn. un:peu;ces résultats. 4 3 0, Sans doute, il peut se présenter des cas plus graves que celui que nous avons décrit; mäis nous pensons qu ‘ils peuvent tous être Ho baneot SOUS à notre méthode, À notre. avis, ce mode de traiter les fractures du: col-du:fémur, de toutes, les indications, et, de plus, il éloigne tousiles: accidents toutes les diffi- cultés inhérentes à l'emploi des'appareïls usités. En ‘effet, Quand la fracturé est réduite, et que le membre est mis dans une, bonne position, al instant où nous le plaçons, dans, un appareil, contractif, il est ce que nous voudrions qu'il fût: jusqu ‘à la mr : nos appareils ne servent qu'à le maintenir: Or, sans en fairé une révué critique complète, n'est-il pas vrai je que le double plan incliné ; Qui doit si naturellement produire l'extension. en fxant le pied. d'un côté, et la contre-extension par lepropre poids du bassin del sl ne réalise et ne saurait réaliser ces indications ? que rs position, difficilement supportée, n’est ‘tolérée: par certaines personnes que grâce au glissement du siége 74 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. sur le plan incliné, et que, au lieu de la contre- extension, le chevauchement, c'est-à-dire le raccour- cissement définitif, est produit ? N'est-il pas vrai 2 que.les lacs destinés à faire la contre-extension dans l'appareil de Boyer ne sau- raient l'opérer qu'en développant ‘des douleurs et souvent des escarrhes aux points comprimés, et que ces accidents ne sont évités qu'en sacrifiant la contre- extension elle-même? qu'en un mot cet appareil est loin de prévenir le raccourcissement de la jambe, et que trop souvent, en ‘découvrant le:membre, non- seulement nous le. sus gas par la compression ; mais raccourci ?| VE O: N'est-il pas vraïfenfin 3v que l'appareil de Bonnet, de Lyon, nest presque: jamais à notre disposition ? surtout en province ? quel’exténsion continue produite au moyen dun poids tirant sur la jambe: doit être difficilement supportée: partons les sujets, et que, s'il réalise mieux qu'un autre la contre-extension, celle-ci ne peutplus exister si l'extension n’est tolérée par le malade.” 2! «6 f#0 | 96-65" Notre mode de:traitement, Per par tous les! sujets, et exempt dé it Gi ui ‘inhérent, réalise; à notre ravis, tous les ‘avantages qu’on cherche à atteindre par les appareïls classiques. Nous l’avons dit : le: double plan incliné, au lieu de produire la contre-extension, provoque le chevau- chement, parce que:les deux fragments sont super- posés, et ne peuvent être maintenus en coaptation; tandis que, la réduction ure fois obtenue, le membre inférieur reposant sur un plan horizontal parallèle à la jambe ét à la cuisse, les deux pieds étant eux-mêmes | MÉMOIRES. 75 symétriquement : tenus, la dépressibilité de la couche, les déplacements opérés par le malade fatigué de l’immobilité, et l’action musculaire, peuvent seuls déranger la position acquise. © °° lg Mais la surveillance active du médecin combat ces causes d'infraction à lac rectitude de la position, et conduit le malade Rs au es où le Cal remplace le chirurgien. L'extension sites telle ‘qué nous la pra- tiquonsremplace l'extension continue. Elle ne nécessite pas d'appareil: contre-extenseur ;'puisquelé poids du corps, résiste: assez à la traction sur les’ pieds pour permettre le parallélisme parfait. C’est done un grand avantage atteint, puisque jusque-là l'extension et la contre-extension continues! avaient! été ‘considérées comme:indispensables dans tout appareil ;:et qu'elles entraînaient des difficultés, ::des impossibilités dans l'application; sans one, le plus souvent le rac- conrcissement. fous - D'un autre côté, la sinise saine permet de main- tenir très-facilement en coaptation les fragments; car, le centre de gravité de la cuisse étant placé en dehors de son axe, et le membre ‘inférieur tendant ainsi à se. renverser toujours, ‘sain ou malade, un peu en dehors ,-le-point d’appuirpris sur le pied de la jambe saine pour tenir redressé le pied! du! DER fracturé , se trouve ainsirrexcellent.noi2to - L'intervention chirurgicale pendant tout le cours de la consolidation est une garantie de plus, puisque, tous les: jours, toutes-les ‘heures, le médecin ou les proches du malade-peuvent: remédier aux légers déplacements qui peuvent se produire. Dans l'emploi Ï! 76 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. des autres appareils, cette surveillance est, sinon impossible, du moins fort difficile le plus souvent ; et, de peur de déranger le malade et l'appareil, on laisse s’opérer sous ses yeux de regrettables diffor- mités. Ces tractions répétées et ces redressements de membres fracturés ne nuisent, comme:on pourrait le croire, ni à la promptitude ni à la régularité de la consolidation. Les liquides qui s'épanchent entre les fragments pour former le cal s'organisent parfaite- ment et sans trouble aucun; mais aussi ne laissons- nous jamais se produire de déplacements considérables : nous n’opérons chaque jour que de légers redres- sements. En somme, tout en admettant que nous ayons eu sous les yeux un cas favorable à ce traitement sans appareil, nous avons pensé qu'il était assez inté- ressant et concluant pour le public, et conseillé à nos confrères de comparer ce mode aux procédés clas- siques, qui malheureusement ne sont, dans l’applica- tion, que fort insuffisants. DEUX OBSERVATIONS DE HERNIES ÉTRANGLÉES QUÉRIES SANS OPÉRATION, PAR M. J.-B.-P. BRUN-SÉCHAUD. —0— MESSIEURS ,: Lo 7 Le petit travail que je soumets à votre appréciation a trait à deux cas de hernies étranglées guéries sans opération sanglante. Les détails qui se rattachent à ces deux faits me paraissent dignes de votre attention. Les résultats obtenus pourront servir d'avertissement à ceux qui se hâtent trop d'opérer dans ces cas graves. Dans les hôpitaux de Paris, j'ai vu des hernies étranglées être réduites par le taxis, la malaxation de la tumeur, au moment où on se disposait à pratiquer le débridement. Voici dans quelles circons- tances : Lorsque je suivais la clinique de notre illustre com- patriote Dupuytren , et plus tard celle de l'excellent 78 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Sanson, deux malades guéris Sans opération me prouvèrent que, dans un grand nombre de cas, on se hâte trop de soumettre à une opération hasardeuse, parfois, funeste, les, tumeurs hérniaïires ‘étranglées. Souvent la réduction désirée péut être obtenue par des moyens autres que le débridément. Dans ces dernières années, on en a vu encoré la preuve dans la clinique de Baudens : ce praticien confirme le juge ment que je suis en droit de porter. Les trois hommes éminents qué j'ai cités, et qui ont le plus illustré la chirurgie française, savaient par expérience’ que le ‘ problème tel à la hernie, étranglée était très-difficile à résoudre: ils savaient: très-bien que, dans notre art, les péripéties sont nombreuses, et qu'il faut compter aveci.elles et'avec les insuccès, malgré les règles les mieux établies. Dans un cas 'trè8alärrhañt de hernie étranglée, Dupuytren déclare qu'il faut opérer : mais il hésite, remet l’ opération au lendemain. —. A la visite, pres un nouvel .essai de réduction, l'intestin sente en masse. Plus tard; dans ‘un cas à peu près semblable: chez un sujet quitse trouvait dans les mêmes condi- tions, Sanson s’efforca' dé faire rentrer la tumeur : l'obstacle, les souffrances qui existaient depuis trois jours, indiquaient l'opération : cette opération: fut remise néanmoins à cinq heures du soir, même jour: Tout était prêt: les aides n'attendaient plus que la volonté du maître, et leur opinion, arrêtée d'avance, était qu'il fallait nécessairement opérer pour sauver le malade. 11 n’en fut rien : de nouvelles tentatives de réduction ayant.été faites , la hernie rentra ; le malade guérit. : MÉMOIRES: © 79 Voilà donc pour le praticienun enseignement qui peut, lui être d’un grand secours: il l'a été pour moi: —.ille sera pour d'autres dans cesmoments suprêmes, parce que.les faits-qui frappent: vivement empêchent de commettre des fautes,: dont la conscience: laisse souvent des regrets:l.51 Maintenant, pour ce:qui-me rés rie voici ce que j'ai observé Lu ma.pratique: . 260! La femme Nicolas ; de la commune:de €Champsac, cinquante ans, portait une hernie crurale du côté gauche : cette hernie, très-petite, S ’étrangla, avec tout le .cortége des accidents des hernies étranglées. Les réfr igérants, les bains, les sangsues, les cataplasmes appliqués au pli de l'aine, l'extrait de bella- done, tout avait échoué. : ‘© 72/00 "1 ‘L'opération fut décidée pour le lendemain (quatrième jour). Ce jour-là, les instruments, étaient préparés; mais, avant d'opérer, il fut convenu.qu'on aurait.recours à un, lavement de tabac. Ce . Moy en énergique et (ÉANECIPUR fut suivi d'un succès complet. Une iv resse instantanée, produite par ce närcotique | mhit/la patienté dans un état de prostration ayant de l'analog'ie avec la Syncopé la plus prononcée ; ; c'est à Ce mo- ment ; le siége étant tres-élevé, que jelparvins à faire la réduc- tion de la.hernie. Cette femme:a-porté depuis un bandage, et aucun nouvel accident n’est survenu... "La seconde ‘observation fixera ‘davantage votre attention, attendu ! qu'elle” porte ‘sur un point de doctrine-relatif-àdla euretradicalede là hernie. Vous savez tous, Messieurs, que :Gerdy refoulait, par un procédé qui-luï-appartient sun repli de la peau dans la direction du canal inguinal. Quel était son but? — C'était de délerminer des adhérences , un rétrécissement du canal par suite d’inflammation. Le fait que je vais 80 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. rapporter est nettement l'expression, la justification rationnelle des résultats obtenus par le savant. acadé— micien. Dans. cette: relation, ce qui vous étonnera.le plus, c'est levis medicatrixæ pour remédier à des lésions compromettantes pour l4'vie de l'individu, ét'le guérir enfin d'une infirmité. Ces efforts de là nature, qui, je crois, ont été favorisés par l’action mécanique d'un bandage imparfaitement appliqué, ont eu. les honneurs de la. guérison: toits Lé nommé Jéan Deézon, du canton de Chalus, avait une petite hernie inguinale , dont la date remontait à cinq ans environ. Étant allé à une réunion, il se livra à des excès de tablé et de danse, puis se réposa, ayant tres-chaud, Sur l'herbe fraîche. Le lendemain, diMiculté d'aller à fa selle ; douletr et tuméfaction de tout l'abdomen ; “hoquéts fréquents avec des vomissements de maticres muqueuses ayant une odeur particulière tres-caractérisée. Une potion calmante avec l'acétate de morphine fit, pour un temps, cesser ces hoquets et ces vomissements. Le ventre resta tuméfé et:douloureux pendant huit. jours, Le malade fut mis à june diète, absolue; et, bien qu'on, eût employé des lavements purgatifs, des révulsifs sur l'intestin, des pains, des saionées de tout genre, les selles ne purent se rétablit. Mon diagnostic fat ! Hérnie Zégèrement étranglée, avec des ‘accidents PrpMaS ques des in testins et du périloine. La réduction fut tentée inutilement pendant les premiers jours. Ce ne fut qu'au neuvième jour que. je fis de, nou- velles tentatives dans un bain prolongé, et que je parvins, après deux heures, à faire rentrer la hernie: mais, n'ayant aucun bandage à ma portée, les accidents Inhdtitabiétées persistant, je me bornai à appliquer des compresses plus ou moins bien maintenues avec une spica et une bande sur l'ou- verture inférieure du canal inguinal. Nonobstant ces moyens, la hernie ne tarda pas à reparaître, mais plus volumineuse. Les selles cependant se rétablirent. Le malade, se sentant un de bandage.. MÉMOIRES - 81 appétit très-prononcé, mangea beaucoup, eut des douleurs abdominales : la hernie, étranglée primitivement, s'engorgea à un tel point qu'elle offrait le volume des deux poings. Elle était fort douloureuse : il existait de la rougeur au scrotum ; où elle était descendue par le relâchement de l'anneau. De nouvelles tentatives. de .réduction furent faites; la hernie, étant à moitié réduite, un. bandage.? à ressort fut. appliqué ; le malade le supporta pendant quatre heures, et, après ce laps de temps; il le retira, ne pouvant résister plus long-temps à la presfion ‘’incommode qu'il produisait. Le lendemain, tuméfaction considérable, accomipagnéé de douleurs! vives ; rougeur prononcée du scrotum et jde la région inguinale où avait porté le bandage. Un,confrère fut, appelé, et, contrai- rement à à MON Opinion, son jugement fut qu'un anus accidentel ou contre nature s’établirait dans la région inguinale. Il n'en fut rien : deux abcès successifs. se formèrent par l'inflam- mation de Ja peau | et le tissu € cellulaire sous-jacent. Après une suppuration de trois semaines, le malade se trouva guéri. Sa . Santé est très-bonne, etil n'a pas besoin présentement de porter - € [TJ LU ( Ï { Les: conclusions de cette: observation sont celles-ci : ‘4e Pintestin ést rentré dé'lui-mèême pouvant être ‘comprimé par la tumiéfaction | des abcès qui se for- maient ;.—,2° une inflammation cicatricielle a obstrué le canal inguinal en. forçant. les tissus. à se rap- procher ; — 3° l'application momentanée du bandage à puissamment contribué à développer les accidents inflammatoires qui se sont terminés par des abcès au profit du malade; — 4° la rétraction des tissus, en oblitérant le ui inguinal, a produit la cure radi- cale de la hernie. UN MOT SUK LES FIÈV RES: INTHRMITTENTES a EN LIMOUSIN; J9199" 18: T9 PAR M: LEM AISTRE, Chef da travaux au à l'École de Ne de qe [Ir Pasup ,ersn FT BEN J'entends par - fièvre ‘intermittente., toute : maladie causée par les:miasmes paludéens: | Les fièvres intermittentes! offrent-elles:un caractère particulier.en, Limousin? Je:ne:le pense pas..On les observe, ;chez.-nous: telles. qu'elles ;sont.dans-les pays marécageux! lunve on Ed et C’est ainsi-qu'on les HR, Fab nos centrée à l’état de fièvres-simples, avec des types Je: plus fré- quemment quotidien, |tieree on quarte; à! état de fièvres pernicieuses,. avec. les. formes. céphalique, pectorale, abdominale ;:.à, l'état de, fièvres rémit- tentes pseudo-continues, ou continues.et larvées. 244 MÉMOIRES. 83 Nous observons bien encore des rates énormes remplissant une grande partie de la cavité abdomi- nale; mais, nous devons le dire, les cas sont rares, et se remarquent peu dans les environs de Limoges; et encore est-ce chez, les enfants qu'on les constate surtout. Les parents les néglisent souvent, ou se per- suadent que la fièvre est une maladie salutaire qu'il faut laisser marcher. Nous n’attribuons pas certainement cette améliora- tion dans le volume de cet organe à la diminution du miasme paludéen, mais bien à l’heureuse influence du sulfate de quinine, qu’on emploie davantage dans les classes pauvres /depuis'qu'uné administration plus éclairée à fait distribuer gratis ce précieux remède dans nos campagnes, Nos fièvres.intermittentes sont très-sujettes aux récidives, et ces récidives s’obser- vent en toutes Saisons. OUR Quand les accès sont bien tranchés, il est facile de les reconnaître; mais, quand il vient s’y ajouter quelque complication, il n’en est plus de même. - Aussi tout praticien; dans nos contrées, doit-il s'attacher d’une manière particulière à’bien distinguer ë : une fièvre à quinquinà detoutelaffection qui revêt la forme intermittente | sans'étré (causée par le miasme -paludéen'; Car,°comme Pa/dit;:dansle Congrès, un de nos honorables membres, avant de/traiter une affec- tion, il faut en bien Conhäfître la nature. * La fièvre continue paludéenne peut être facilement confondüe avec le fièvre typhoïde) dans nos pays. La plupart des fièvres typhoïdes que nous observons n'offrent souvent aucun des principaux caractères qui les distinguent, tels que pétéchies, taches lenticulaires, 84 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. rosées, etc. Elles ont beaucoup de ressemblance avec le typhus. fever, des Anglais, sauf l’éruption. Les urines, crues! dans la fièvre typhoïde, -et sédimen-. teuses, presque: toujours, dans les fièvres intermit- tentes, ne pourraient-elles pas être prises comme élément de diagnostic ? On peut dire, en général, que les fièvres-intermit- tentes ne sont pas très-graves dans le Limousin.-Les cas mortels par,suite d'accès pernicieux, sans être rares, se présentent, je crois ; moins souvent que dans les pays vraimentmarécageux; jeme vois point, eneffet, dans nos contrées; d'épidémies ;-de: fièvres peruicieuses , comme ‘on en trouve/dans les plaines de l'Afrique ou de la Sologne. Le Limousin est-il contraire,à la loï d° antagéséis posée par. M. Boudinentre les fièvres intermittentes, la pathisie et la fièvre typhoïde?-Malheureusement ces trois affections y sonttrès-fréquentes. Cependant, il faut en convenir,,.ce n’est, pas alors, que'le génie: intermittent agit avec force: sur les habitants .querla fièvre typhoïde. y, fait, le plus de ravages. : Ainsi actuellement, et depuis quelques mois; les! fièvres intermittentes sont la maladie dominante, tandis que la fièvre typhoïde n'existe pour ainsi dire,pas. Si M. Boudin entend ainsi la question, nous pourrions être jusqu'à un certain point.de son avis: Mais d’autres auteurs avant lui avaient, en quelque sorte, émis une telle opinion. C'est ainsi que, Ræderer et Wagler, sans faire. intervenir d’antagonisme., avaient admis qu'il. y'avait toujours une, succession, en quelque sorte; entre la fièvre intermittente, : la dysenterie et les fièvres typhoïdes : la fièvre inter- :1#à MÉMOIRES. 85 mittente commencerait: arriverait ensuite la dysen- térie , et/la fièvre typhoïdé ‘après. — Cet été, nous avons éû des fièvres intermitténtes en grande quantité ; noôus'sommes actuéllemént'à la période des dysen- teries 1savôir si la”fièvre typHoïde ‘se montrera ensuite! 7 sq 129 H8-JH8161 Les causes dans nosipays sont:les mêmes qu'ail- leuts.: trèszprobablement ; Tes émanations terrestres ; les'miasmes’paludéens ; sé sont'celles eva leur donne! Je n’irai pas les riier. Ontme permettra cependant: de: constater que le Limousin est bien loin de la-topographie de la Sologne ou des plaines de l'Afrique. Notre pays est 'très-acci- denté. 11 est essentiellement Constitué par des mon- tagnesret des vallées. Auwlieu de vastes marais à eaux bourbeuses et stagnantes, ontrouve'chez nous des rivières et'des ruisseaux multipliés, à l’eau claire! et limpide et'au cours rapide: Nous possédons des étangs très-nombreuxtil est! vrai; mais rarement à sec, alimentés ‘qu'ils:!sont : pardes sources abondantes: Et'puis Pair ÿ'est vif, très-humide sans doute, mais renouvelé; car Îles plaines ysont rares, et nous sommes très-élevés par ee. au niveau de la mer : 565 mètresau-bESt-ce, ie qu est, plus, HU qu’ aux autres | époques: de. l’année, par. fuite, du desschement des 3" eaux stagnantes ?. ou parce que, la température étant ss sert basse. Ja ni que le jour, Sa tension devient ‘ou bien. Res que cetle différence se grande de la : chaleur; du jour. à celle de, la nuit agit sur les consti- tutions d’une manière toute spéciale? C'estce que je.ne chercherai pas à vérifier : j'en laisse. la solution à d’ autres plus habiles que moi. 88 CONGRES SCIENTIFIQUE, DE FRANCE. Je dirai seulement que les récidives très-fréquentes doivent être attribuées en grande partie auxvariations brusques ef rapides de-la température: tord Je ne me permettrai pas de:vous parler longuement des remèdes, singuliers etsibizarres: qui! sonttous les, jours employés par Je vulgaire pour! couper les fièvres : je vous, dirai. seulement qu'ils sont, nom breux. 5 tnonrodisit 8 ‘190biiq srrét Les uns, sont.ridieules,let absurdes ; les autres ne: laissent pas que. d'avoirune certaine valeur, -et sont. pour la plupart, tombés, dés-mains de a, médecine! dans le domaine commun;stels-que» 0h til bre 4° L'usage, de la frayeur.produite par l'emploi-d'um: animal ; rapiette, grenouille; râlé, Crapaud; ‘mis dans un sachet sur la poitrine du patient ; 9 b ænisd 2 L'administration des amers : infusion’ de/cafë mélangée avec, du jus de citrons décoction | soit de buis, soit.de-feuilles d'artichant dans, du-vin blanc: remèdes qui peuvent bien couper quelques fièvres peu tenaces, mais! qui) dans là:mäjorité desrcas , ‘sont: sans efficacité, maloré l'opinion publique -‘quisleur attribue une.influence supérieure: LosviTq El ris ‘ Le quinquina:-et tous ses produits; quinine: brute ;1 sulfate de quinine ,-etc., est; dans nos) pays comme partout, le remède par excellence; le remèdehéroïque: des. fièvres, intermittentes:: Quelques: praticiens-16mt bien fait. des expériences sur: d’autres :agents- fhéra#0 peutiques; mais je.crois qu'ils.m'en ont; pas été très- satisfaits, et, .malæré- quelques suceès.6btenns dans; certains cas -particuliers,-ils sont revenus -à -la quinine. J'ai voulu moiaussi tenter les moyens nouveaux: 17 1! MÉMOIRES. 2 89 j'ai fai fait un peu d'hydrothérapie. Permettez-moi de vous en parler. a 94 L'hydrothérapie, comme vous le savez; n'est point d'origine récente.-Peu ou pas connue des Grecs, elle eutcheziles Romains'son temps de vogue et son temps d'oubli: Iiétait réservé de nos jours à un simple paysan , Prietsnitz, d'ériger Pemploi de Veau froide en système, de l’appliquer au traitement de toutes les maladies, et d’étonner! l'Allemagne par des succès inattendus, Depuis lui}! sa méthodé n'a cessé d’avoir de:chauds partisans. Aussi de tous'côtés voyons-nous aujourd'hui des établissements s'élever pour traiter par: l'eau froide éntr@ et extra: On en trouvé actuel- lement à Paris, à Bellévue, à Lyon, à Genève | aux bains de mer (Le | Croisic}, °’aux/'eaux! thermales (Vichy), ete: ete. fi jai È Partout il y a dés malades :il faut bien étoire qu'il y a quelques succès; et j'y crois. Je suis persuadé que, si vous prenez un certain nombre d'individus jeunes encore , d'individus débilités parle travail ‘intellectuel, les chagrins , les excès {le défaut Lexércice au grand air, la privation même de nourriture ,/mais n'ayant encore aucune altération organique ; si vous pouvez les dépayser, les faire rompre avec leur manière de vivre ordinaire; ‘pour’les transporter dans un bel établissement ‘agréablement situé} et qui réunira toutes les conditions d’un bon confortable, avec de l’exercicé et des distractions, je suis persuadé que vous les! fortifierez, vous les ferez mieux digérer, vous les aœuérirez de leurs gastralgies , etc. Je suis convaincu que vous pourrez les doucher à plaisir! lès faire suer à outrance, ou leur faire faire des 90 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. immersions instantanées dans l’eau froide, :et cela avec le plus grand avantage pour leur santé, à la condition de bien entretenir:la réaction par des courses rapides et au grand air. ses dans tout cela, qu'est- ce qui aura agi? I Douchez des individus sur place, des malades qui n'auront pas rompu-avet lewrs habitüdes, qui n’au- ront pas changé d'air, ‘de ‘nourriture; et qu’on ne pourra pas! faire promener au grand air à son gré; douchez, ‘en un! mot, dans:les maisons centrales ou les Hipitans.; Let je: doute que: vous ayez beaucoup de succès. SL 8 tof 119 Je ne -mets: Certainement pas én:doute certaines cures merveilleuses produites par l’action de l'eau froide sur:le corps::je suisiseulement convaincu que l’hydrothiérapie ne tiehtspasoce-qu'elle promet, et qu'un grand nombre des:sucéès qu’elle met encavant sont dus à plusieurs:autresicauses.:— J'ai fait: l'essai de cette médicationtsurquelques maladies chroniques : je n'ai pas eu beaucoup-à m'en louer: J'y ai soumis des fièvres intermittentes:1jervais vous en dire quelques mots #11 90, € Les expériences-ont eu dieu dans mon service, à l'hôpital (sur trois hommes-seulement), au printemps de 1858. Voici-comment j'a procédé :j'ai Haissé tous les malades entrant atteints de fièvres intermittentes quelques jours sans leur rien faire, et j'ai constaté : 1° Que quelques fièvres disparaissaient sans traite- ment ; 20 Que d’autres présentaient des complications telles qu'il eût été dangereux de les soumettre à l’hydro- thérapie ; À MANN HI MÉMOIRES 102 EÉAOM 94 “13 Que trois malades avaient. une bonne constitu- tion, ét pouvaiéntsupporter. untraitement énergique. Chez deux ,:ih existait: des raceès intermittents bien tranchés; de troisième avait une fhypertrophie de la rate consécutive à des fièvres réglées : uJedes aidon® soumis à:la douché::Voici mon modus faciendi:» dans latsallerdes bains, après: un exercice modéré;[etiune ou deuxoheures avant Laccès présumé, lermalade ses mettait toutrmuroet; debout dans une baignoïresA lors-ikrecevaitrume douche:en pluie sur la tête et tout lecorpsy pendant :quede lui administrais moi-même une douche en jet sur la rate. Tout ceci durait-de-une là D NE GS Onallait Raerls trois Pos sf 164 2stiboiq eserrei La: sensation D domi einationt était des plus pénibheso l’impression-:de d'eawrfroide le faisait trembler, igrelotter, suffoguwer-presquec iseJeln'ai put expérimenter; comme je l'ai déjà dit, que psurrtrois Leds 31 maissjlairemployé un certain nombre de douchesoClestrainsi querjentai administré quinze àoun- des: malades :satirmoins sautant à un autre, mais beaucoup moins -aurntroisième, atteint ‘'hypertrophie desla rate ,1à camse-ded’arrivée d'une -ophthalmierset de-quelqes-douleurs rhumatismales. -1Mesrésultats nlont pasiétéhmillants:; Après quinze “douches, la fièvre iquarte: de «mom premier malade n'avait éprouyéaucunendiminution:-dans ses accès. Unsgramme! de sulfate; de :quinine; en deux doses, coupa la fièvre. -911Be secondimalade;!après-avoireulda fièvre momen- tanémént: coupée, fut-pris: d’une récidive de fièvre quarte complètement réfractaire à l’action de l'eau 92 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. froide , et ne voulut plus de douches. Un gramme de sulfate de quinine fit cesser immédiatement les accès. Mon dernier malade n'obtint aucune diminution dans le volume de sa rate : son hypertrophie était-elle simple ? Voici donc deux fièvres sur lesquelles des douches répétées n’ont aucune prise, tandis qu’un gramme de sulfate de quinine en trioniphé du premier/ coup: / La quinine a done été supérieure , dans ces deux cas, à l’hydrothérapie. Mes-expériences, comme on le voit, n’ont pas été nombreuses : elles parlent haut cependant. Je ne puis-toutefois avoir une opinion vraie sur l'efficacité du remède. Je n’en ai pas moîns la! conviction que l’hydrothé- rapie ne remplacera jamais la quinine dans le trai- tement des fièvres'intérmittentes, parce qu'elle sera toujours plus difficile à administrer ; parce que la sensation pénible produite par l'impression de l’eau froide sur le corps en, éloignera les malades, à moins de cas réfractaires à tous les remèdes. Malgré cette conviction, je n'en continuerai pas moins mes investigations hydrothérapiques dans les fièvres intermittentes aussitôt que je le pourrai, afin de constater d'une manière plus certaine jusqu’à quel point les fièvres de la Haute-Vienne sont réfractaires à l’action de l’eau froide du Limousin. ÉTUDE | «Shi LES TRAITEMENT u HA CAPE INFLUENCE: p* DE L'IODUREUDE POTASSIUN SUR CETTE) RARES, IDE $5,: PAR D 18 -aicuD ORNE DES ME TTÉCUN ENET, £ Dépuis quelques années, Îa diphthérie est devenue endémique à Limoges : aussi ayOns-nous chaque jour l'occasion d'étudier cette redoutable affection. De cette étude est résultée pour nous la triste conviction que les moyens de la combattre proposés jusqu'ici sont à peu près complètement inefficaces, et, dans les dis- cussions nombreuses auxquelles donne lieu actuelle- ment le traitement des maladies couenneuses, je trouve la preuve que cette opinion est partagée par le plus grand nombre des praticiens. Faut-il, malgré 94 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. cette expériencé; continuer à#marcher dans l’orñière, et employer, pour! Fatquit dé ‘sa (consciénce, 61 presque sans compter sur'eux) des médictments d'une efficacité plus que douteuse? D’autres disent les avoir vus réussir ; mais c'était sans doute dansdes conditions si différentes decelles où nousnoûs trouvons qu'on he peut croire qu'il s'asñsséde-Ta même maladie!Jé ne saurais vous dire, Messieurs, quelle stupéfaction j'éprouve en lisant tes) résultats Sphhes 74 par certains praticiens ! Qi TICVS TYOQ 19 f#| 919) L'un, sur quatre-vingt-quatorzelleas d'anginés, laryngites et Bronchites péeudümembraneusés traitées par le calomel et la cautérisation, les guérit’tous, moins neuf; et encore’ ä-#lil'soin de dire qué céux-ci ne sont morts que paréé que le traitemient n’apulêtre convenablement! “employé! ‘{ Dusesr" M 7 sciences, 13 sept. 1859.) &9IL9T" 39 Un ‘autre; !sur EN TR Ro ES dont une moitié au moins arrivée là la séconde période, quelques-uns à là troisième {en guérit quarante-six en employant le tartré stibié à haute” dose” sr TANTIN! Bulletin dethgrah.}Ue esauorpunr as96bry2 28h J'en appellé à votre expérience orne opens avez tous employé ces moyens. Avéz-vous)obtenuices merveilleux résultats? Pour ma part/j’aïvu échouer, dans les cas graves, et le calomel, et-lerchloratede potasse, et le tartre’ stibié à haute dose, ‘et’ les 'injec- tions et insufflations dans la trachée. Tous ‘ces moyens m'ont paru sans action évidente; je n’excepteique les vomitifs, qui produisent presque toujours un soula- sement momentané , mais ne sauraient être Consi- dérés comme curatifs de la diphthérie. SU MÉMOIRES: : 95 Quant à la cautérisation ,;en observant ses effets avec beaucoup de soin; j'en suis arrivé à la consi- dérer non-seulement comme. inutile, car elle ne provoque pas la: chute’des, fausses membranes, mais encore Comme nuisible, puisque j'ai vu plusieurs fois les points du pharynx: touchés accidentellement se recouvrir, en quelques. 'heures, :de' pseudo-mem- branes._ Voulant. expérimenter d anti M ÉuCs de trai- tement, j'ai cherché, pour avoir un point de départ rationnel, quelle était l’action. de. diverses substances sur le produit de, la fausse mem- brane. : > [ J'ai étudié à ce dé ere vue FR situate d'argent, le chlorate de potasse, e-tannin, le perchlorure de fer, l’iodure de potassium, Voiei-sommairement le résultat de ces expériences : ( 04 ce Nitrate d'argent. — Un lambeau: de, fausse membrane mis dans-une forte solution.de-nitrate d'argent fondu ne -présente ; sur le. moment, aucune modification qu'un changement de couleur.Il blanchit à la manière des surfaces muqueuses sur desquelles on promène le crayon. Deux heures. après, il se racornit un peu, -diminueode-wolume, -conserve.de l'élasticité, de la ténacité La-Contraetion augmente: insensiblement les jours suivants. rmofss al Déuxième expérience: — Un ont de crayon de -nitrate d'argent est mis dans un tube pseudo-mem- braneux. Je-veux m'assurer. sile caustique peut traverser la fausse membrane pour aller agir comme modificateur sur‘la surface vivante d'implantation. Au bout d’une heure et, demie seulement, la surface re 96 CONGRÈS SGKANIWMIQUE DE FRANCE. extéricure, de tube;hlanchit:i même danstuté étéfidue assez grande aa-delèidie point dercodtietat frig- tnent deçaustiquer Letuba sestéontraété: éünsétve . feda. ténacité. I &estopnaniterdesséèhé sans présetiter de pouvelle modifications b. moicddos #1. smômx 2auiq Chlorale de, polasses: 1h Après Hrois jotrré d'ifimérkion . dans .une,solution satunéexde[chlorate)qél péfasse, da fause-memlennene subibpas plus dé ‘chafiettént TU Le eleneFadaitdansdieau-pures, 55 50560 oo Tannin..—Aprèsiètre restée douze héirésidafié line + forte solytionde tanninsysatie fauséélmemiptäte lest . devenue. d'une nnmancesplüuérmäte ;-AétonRERsE sa surface; elle s'est racornie, est devenue friable, . Cassante, aps d'étastieité ersroieoM .fegtA Ji) Todure de . «Dolassiun. rne faussemémbhræaievést ‘ise dans. une, solition.de:150,centigeeid'iodurértie potas ssium | dans A6 grammes: l'eau distillée JAprès y être restée 19246 heures, sasurfaceratises bordsi sûnt by dr atés, , pulpeux, ramolliss Après vingt+une-heurés, [e ramollissement. est .plusoavancé; (lessparties: de pseudo-membrane, guiine: sont pasisdoublées , re sont transparentes, -Réduites) [à sumlqminee feuillet muqueunx par agitation. du liquidel/soû en détache quelques lambeaux criwborq 291 stbuoezil ‘À la trente- -1wot 9991 8 ensh prés b-erocogorig awon eo aol 61, duomrobivèl 451qe ,xu$220 wecit nb Hoié" : Lé sijetue nous ATonS abordés a tél traitéupas des hommes d'un! $avoir fitontestaHé Cepef dant offre toujours A no eux Hifi vaste éhiinip otiVertia l'hypothèsé ét'aux intérprététions AiVEHLSITIES nyeu tères dé T'orbañismélsont si difficilement AcéSLSMES à notre faible ritélliééheé !!'La Hiaturé hé mévèle es secret#” qu'a! pris de si ”lomgmés et pérsévétantés récherthHégro 210q s2u9siesliies brodée: boréiisne sa Lés faits ad mes dvondiétudiés dähs 15 fesure de nos forées” nous prouvétit que la sciénée dé /nos jours, nila pas dit sôh derniér net 'strle mode’ de reproduction des‘ tissus enlevés ‘par uñe ‘opération C'est donc le mécanisme vital, dynamique si je puis m'exprimer ainsi, de cette reproduction qui nous intéresse tous, et qui doit devenir l’objet d'une rigoureuse dpprétiationio "5 Hou QU 19: 70 gl © Nous savons tous que la! nature, où; sion aïme mieux, l’orgañisme possède cette mervéilleuse. pro MÉMOIRES. 107 priété de réparer les parties lésées ou détruites par des causes vulnérantes ou maladives. Eh bien! la recherche des lois de ce procédé réparateur incombe à chaque instant aux observateurs, et leur permet, sinon de soulever entièremënt le voile mystérieux qui les, dérobe encore à nos regards, du moins de se rendre cof{pte pd le rhisonhdrhent et lès: faits, des actions physiologiques dont les lois, ainsi que nous venons de le dire, resteront peut-être long-temps inconnues.Mais , le progrès aidant, on arrivera cer- tainement àçpoulever-ua foin de çe voile, au moins pour certaines questions en: litige. Nous nous proposons d'établir que, dans la régéné- ration du tissu osseux , après l’évidement, le périoste n'aypas:exclusivementJe rôle principal ,ainsi.qu'on à cherché àledémontrer «ans ces derniers, temps; que, samsonier sarpasticipation à, Leysudat plastique, il ne peut. constamment -(ayantrété en. partie. détruit) reproduire. à lui-seul ane portion, d'os:détruite par une infammation,;4ne,carie,, ane néerose. Dans. ces cassle-perte, de substançe;se-trouve-remplacée par une matière d’abord cartilagineuse, puis osseuse, très- compagte.ret.très-résistante.s. à, Eendroit où, Pos a été évidé,;presequé,, enleyé,;par.suite de lésions trauma- tiquesoou «pathologiques, périeste.ne peut que conconniroà da réparation, de,cette. perte, de,substance. 2DYQi9- 12 svpionrscyh: 1stivisorennsrdoncamo 2000 {up mbiowbhorqer sis ah; sin Hope sb sidofEqrinovsh, Hobiutirpi x imiscer En,janvier 4840, nous avons, opéré qn garcon âgé dendix-sept ans, qui,était.atteint, depuis vingt-deux mois ,«djabord: d'une ostéite ; puis d’une carie, et, en 108 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. dernier lieu, d’une néeroke"dd tibia gauche vers sa partie moyenné:0Däns Jjdeuxièmepartie derce nréb moire/mousrelatérons cetteobserVation , “ainsicdüe lé procédérjopéritoirehtquiohôths-appartient-si mous né nous trompobsLiintéréseaint malade-quirfait le-sujet dercetterobservation s'est: tomjours ‘bien porté-depuis l'épodüehdesäsguérisons et sa jambe ‘opérée n'offée là trace d'aueurierdiffonmité |1si lee nest unerlégèrendés pression ,/d'uñe étendue de’ trois) centimètres environy à laspartiemoyenne de laicrêteodutibias"à : Vendroit même où [existait unesfenêtreæoiv perforation profonde avänt l’opération.oCefaitobienétablii bien! constatés va nouû$s servir deotexterpoutiolertravaitiquérmous avons'l’hénnéur desvois-présenter; Nous avions pensé (afin d’être: explicite qu'il évitérasprésentement «tre foule de détaïlsraielatifs ar:d'autres-obsérvations ent moins intéressantes, observations quenousfietons-cone naîtré dabs-unonouveatitravail'que nus aivonsdnten- tion depublemnu ,s1$iluoidisq noiterodslà oo ridirre En consultantilesaniteurs:quiise sont acenpésidercet: important;sujet s nous strouvoñs{cenntenants Cofrpter des travaux des andienst{telss que TrojhoWinslow:;1 Duhamel}! etoi)p MiilFlonrens ,'dent:4esy recherches: ostéogémques ontune sharande valeur Ees'théories- de M. Flourens Sontrréellementséduisantes 9 et Robize servateur: peut 5$e laisser entraîner, -non-sewlementr parle raisonnement; mais par:desrexpériencessmom#| breusesqui-ontl'äpparenterde darvérité {21114 tro ir p Sans douteila/ reconstitution: Sün:0s parde-périoste: est unè idéelumineusesilés 1physiologistés depnotre: époque le retonnaissento'! et! rendent) unp hommage! mérité à PE site Ka de v Académie 9) £ “orgiià t29 9t201190 ai « Up TID9HOE HOMAAH 44 AUQIAITHHIVE 24AN/A0N 10: sa e1ov od9nso sidi MÉMOIRES arpib ouoil roic499 dés Sciences:)}1Cependäntrscette théorie mouvelle :de M.oFlouxrens , est-elesekenpte de1tout'icontrôle , de toutercontestation®Gesbrläile pointesaitlant qué nous avonsà examiner deasd'intérêt derla lsciemcenoit 25011 autleést à peupriès necomnuiepér doût -temondé mé- dical'que: lesèng airantantidansieitanalemédultlaire | etimémeddans:lésscanelieulésideolài swbstance) com: pacte: vdes 6s)$cainsio querd’ab indiqué Gerdy. d'æprès Wünislow ; écessdngynouticie «t réparateur! decette: substance peut;1physiologigäementiet physiquement |) sortitepar lesivaisséatix mobrémo qui existent déjà $ euoquisontidesnouxelleofomhationt etvun dépôt de rratièrecplastique! etodephasphateslest:lerrésültatcde cette exsudation des divers élémentsodu sang moyèn) efficace cdontihalnataresslans Æebs bienfaits) se rend! esentielementprodiemetsviozdo ,2otnse2ot ui acicn -Bérpérioste ;ibrestiyrais recbitsce sangr 2 Lui fait-il subir une élaboration particulière, unersécrétion), en: um mot;oquitoumeraitiqu-profitsde loss qui m'existe plusñ€’est lainproblène:que aous n’entreprendrons pascderrééoudre, let le périvsterinterneou membrane) méduaire présente bla, emêmel Hificultéss Maisinous! soutiendrens toujours ave@convietion cquela)puissance) ostéogène ouostéogéhique exerdésontactionsurdes extré- mitésroSseuses séparés; susceptiblés de seramollir, de: bourgeemner;1de fournirpar lésvaisseanx médullaires., qui sont plus nombreux hquion:merk | pensérgénérale mêntroles éléments:de) régénértionsrvaisseanx san guinsiqui déposent,-à l'intérieur:comme à l'extérieur: lamatièrelqui doit rétablir l'ossavec:ses formes et; ses fonctiôns..Mais nous aurions: lai plus.grande témérité à : soutenir que le périoste est étranger à ce travail : nous: 110 CONGRÈS SCIENAIIMION DE FRANCE. venons iatiéontratre) du fairéume très lardé partie reconnaissant qu'il doit, avec éléénéours 4e parties molles ambiantes, déposer des phosphates de la même manière que les vaisseaux $ânguins qui se distribuent au périoste interne fournissent les matériaux de réproduetion!-Oéla réstsi vrablate cest vaissétuxz qui vont du'périoste auctabmédu]hire | séntles mêmes | c'esteradire qu'ils nitent des ramifitations atériéllas des parties lnolesfqui envéloppents l'os avamtid'ant: river-àilintérieursdescetuisti 5 Par conséquent yldañs: lun comme dansl'aütiecàs fla natures par une loi pré: nérale‘distribug chadué partie dn! corps cer qui: conient'pouraa conservation ises fonétionspet'enfinl la-reproduetiomidunerpartierdétruite. Dônéthopout conchutés [lès vaisseau xdu-périoste()ainmsi queries vaisseaux ‘méduliairess quiravoisinent lesséxtrémités: osseusés fournissent és “éléments 2/telo estrrmon Opihiem:oû se° 119 aoitstiquiel 191178 to8q ro /28r00 ol meparaîtdonerationnel dé tirencette conséquence, | à mes yeux conforme xlaivérité que l'os dé nouvelle formation se fait par les extrémités oséusésévidées: où reséquées jopir à nlenthrane médulaire ét parle périoste-extérieur) C'est'dureoncours-dertoutés ées! parties que rébülteqpatile vis medicatriæ!,-ée produit," mou d’abord) spuisi tartilaprineut {1 puis’ ossenxir 08 composé insolite de: nouveler formation n’est past analogue. à0l'eslprihitif ldétrüit; hais ilpent rétahhir la formésetites fonctions naturélles dell'üs qui ‘wait! été endommagést et nôtre observation relative au sujet quivà été présenté ant Conérés offre mneoprenve: certaine que l'ostétilé séparé s'est réconstituéldans sa” forme set que Mindividiromarche sans 'claudicationr, ! HONANA MÉMOIRES# 1: ) ay AAA conne, s'il, n'avait. jamais:été, atteint, d'une perte de substance aussi nomma: 558 ob {Hp die22téttrone dar 'el 3p 2te1qeodq 29b 1%204çP!, 29tm8tlcre 2910 trosdini-1b 92 up érivocelz uses 2ol Sr sin Sboswenètenr 2017 Fooéefarmot out OO (F6 iv s'agitmaintenant dé;traiter-la question: pré deslévidement: des os £rét de see:qué peuit:se passer après-cette opération: Ai ee point de-Nue, nousisom”- mes hheureux-qu'unséminent confrère, «M2:Sédillot| aitradressé )dAcadémie ides: $eienbes;rikia dix-huit moisqlune notemelative[à desfaits [lune très+hauité. importancezsun lévidément desos: pourrgüérir! «des hypérostosessrdesicariesreti«dhes2mécrosesoŒnreffets,, MucSédillot(a vu eomménouss uûueso pour guérir ceiitaines maladies-dursystèmer osseux y il-f4llait avoir recoursrvdesihoyensthihmigicaux ipropresà conserver laoforme etoiles fonctiohis des oss-Orjrdans, des cas: donnés, on peut éviter l’amputation en se bornant à l'enlèvement d'une portion d'osimalade; quiypent Ise reproduire après june, opération: oo ra conservé ou mobhiecpériosteso titre 29164 dit 92 moi sro sVpiaitesquerdit à cersujetM. Sédiot-:°« Dans le: but d'éviterocesinconvénients-et) ces dangers;! nous avons depuis long-témps un autre; protédér, qui réalise; Œünermanière simpleset fabike-l'indiçation}si nette ment posée pat MrAlouréns de reprodüirerl'os-parile pétioste. conservéis Al suffitid’évidervles los,siet d'en: laisser infactélla/coutherextérieure où cofticaler Cétte! couche estabsorbéerplus tard; et) remplacée par un nouvel084 qui acquiert chaque, jour plus, de volume etplustde force ,-et représente les formes régulières de l’andien ps 4 [puisque Jé-périoste n?a,pas été atteintni 112 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. modifié; les accidents sont nuls ou très-légers, et les fonctions du membre ne sont même pas compromises. » On voit par ce passage que M. Sédillot se conforme à la manière un peu trop exclusive, selon nous, de M. Flourens, et qu’une idée préconçue , sans démons- tration péremptoire, ne peut servir de règle. Mais nous respectons toutes les opinions : à chacun selon ses œuvres. — Cependant, pour ne pas entrer dans les détails d’une discussion, nous dirons en peu de mots que M. Sédillot s’est un peu trop laissé entraîner par la théorie émise par un savant des plus hono- rables; car la couche osseuse qui reste n’est pas toujours absorbée. Or, si cette portion d'os reste, elle ne peut nuire à la reconstitution intégrale de l'os primitif, si toutefois la portion d’os restante possède assez de vitalité ; ce qui, dans l’observation que nous allons faire connaître , n’est pas arrivé. Le nommé Pragou (Guillaume), de la commune de Dour- nazac (Haute-Vienne), âgé de dix-sept ans, d’une constitu- tion lymphatique, paraissant sous l'influence diathésique scrofuleuse, ayant pour occupations le travail des champs, supportait depuis vingt-deux mois, sans cause connue, une maladie du tibia gauche, laquelle se déclara au début par un gonflement douloureux de la partie moyenne de cet os. Huit ou dix mois apres, il survint des ulcérations qui fournirent une grande quantité de pus, puis une perte de substance considérable de l'os, qui nécessita, un an plus tard, l'opéra- tion dont nous parlerons bientôt. Ce malade étant venu nous consulter ( janvier 1840), après avoir inutilement employé des topiques et une médication interne pendant six mois, se trouvait dans l'état suivant : la crête du tibia était détruite, ainsi que la peau, dans une étendue de dix centimètres dans le sens longitudinal, et de six centimètres dans le sens transversal. On voyait une ouver- MÉMOIRES. 113 ture ‘oblongue, irrégulière, profonde, qui ne laissait aucun doute sur la destruction de la partie moyenne antérieure du tibia. Le malade, voyant que les diverses médications avaient échoué, se décida à se laisser opérer le 10 janvier 1840. Voici le procédé opératoire qui fut employé : une incision de vingt- deux centimètres fut pratiquée dans toute la longueur de la crête du tibia; deux incisions transversales à chaque extré- mité rencontrerent la première en formant un angle droit : ces incisions transversales s’étendaient jusqu’au tiers de la circonférence du membre; la peau, ainsi que le périoste, fut séparée de l'os; deux traits de scie en haut et en bas pénétrèrent dans la moitié de l’os à peu près, et, avec une forte pince à mors larges, nous parvinmes à casser plusieurs portions d’os que nous renversâmes de dedans en dehors. L'opération terminée , il ne resta plus qu’un plancher, c'est-à- dire la partie postérieure et externe du tibia. Cette opération, qui est une des plus longues et des plus laborieuses que nous ayons faites, fut terminée d’une manière satisfaisante : le sang , qui coulait en abondance et en nappe du canal médullaire, s'arrêta lorsque l'opération fut terminée; cette hémor- rhagie de l'intérieur de l'os fixa notre attention, et nous donna la preuve que ce sang qui coulaït en grande quantité devait donner à l’os, dans l’état ordinaire, ses éléments de nutrition, et partantservir, dans d’autres circonstances, à former, par le prolon- gement de ses vaisseaux, une substance nouvelle devant remplacer les portions d'os que nous avions enlevées. Dans cette opération, au lieu de nous servir de la gouge et du maillet, ainsi que le conseille M. Sédillot, nous nous servimes d’une forte pince , qui, en faisant 8 41% CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. l'office de levier, renversait chaque fois en dehors un fragment d’os dans cet évidement, qui dura à peine quelques minutes, et sans que l’ébranlement du tibia eût lieu d’une manière sensible. Le malade fut pansé, et il ne survint aucun accident sérieux à la suite de cette opération. Trois mois après un voyage que nous avions fait à Paris, le malade se présenta à nous avec une plaie centrale fournissant du pus d'assez bonne nature. En explorant l’intérieur de cette plaie, nous eûmes la sensation d’un corps mobile; nous en fîmes l’extrac- tion : c'était la portion d'os restant après l’'évidement, portion d’os qui avait fini par se séparer des parties vivantes. Cette pièce appartient à la face postérieure et laté- rale du tibia gauche : elle mesure vingt centimètres environ. Elle a été déposée au musée du Val-de-Grâce par mon ancien camarade d’études M. H. Larrey. IT. Le question que nous traitons présentement pour remplir les conditions du programme consiste à savoir quels sont les moyens que la nature emploie pour remédier à des lésions ou à des infirmités : c'est là, vous n’en doutez pas, le plus intéressant de la chose. Nous vous avons déjà dit que M. Flourens, devant lequel nous devons nous incliner , a attribué toute la force régénératrice de l’os au périoste. Plus tard, ce savant a été obligé de reconnaître que la membrane médullaire n’est pas étrangère à la re- MÉMOIRES. 4115 production de l'os : c’est un pas de plus en faveur de la vérité. Le savant anatomiste et célèbre médecin Cruveilhier, ainsi que le dit très-équitablement M. Flourens, l’établit, dans la notice sur ses propres travaux produite à l’Académie des Sciences en 1855, d’une manière très-précise et très-explicite : « J’admets, dit-il, avec M. Flourens, qui a réhabilité, par ses expériences, la doctrine de Duhamel dans toute sa pureté, que le cal se forme dans le périoste ; mais je ne saurais admetttre avec lui que le cal se forme exclusivement dans le périoste ». — Vous devez vous apercevoir, Messieurs, que la formation du cal se lie à la régénération des os; seulement il est bon d'observer que, dans d’autres circonstances, le rétablissement de l'os se fait dans une plus grande étendue, et que, en pareille matière, la nature n'a pas deux manières de procéder. Plus tard encore, M. Flourens reconnaît (1) que la dure-mère concourt puissamment à fournir les ma- tériaux nécessaires à la réparation d'une perte de substance de la boîte osseuse du crâne; ce que nous admettons sans conteste. Dans ces nouveaux apercus de M. Flourens, nous commencons à voir clair; car nous disons ceci : « Puisque la dure-mère fournit des éléments à la réparation de los, pourquoi, dans les os longs, la membrane médullaire ne remplirait-elle pas les mêmes fonctions ? » ; Winslow nous dit positivement « que la moelle ou membrane médullaire fournit à l’os des éléments de (1) Académie des Sciences : mai et août 1859. 116 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. nutrition ». C’est donc, d’après l'auteur que nous venons de citer, un mouvement d'exosmose au profit de l’os; et, si le périoste, comme nous n’en doutons pas, participe à cette reproduction, ses fonctions doivent être un mouvement d'endosmose par la même raison. Eh bien! Messieurs, ce mouvement perpétuel que la nature, dans sa sagesse, produit est la cause de ces dépôts phosphatiques qui donnent de la consistance à la charpente osseuse à la suite des lésions que nous venons d'indiquer; dans tous les cas, c'est toujours un dépôt de matières réparatrices. Winslow nous apprend encore ceci : « Le tissu osseux naît en partie des parois des lames internes de l'os, en partie de leurs extrémités, en partie du tissu cellulaire ou spongieux (1) ». On lit encore à la page 12 du même ouvrage : « On voit de petits conduits en contact avec la membrane médullaire qui se distri buent dans la substance de l'os ». Vous jugerez, Messieurs, d’après ces citations, l’erreur dans laquelle sont tombés MM. Flourens et Sédillot. Si nous nous permettons de combattre des hommes si haut placés dans la science, c’est parceque, de nos jours où le progrès marche à pas de géant, on ne dit plus comme autrefois en parlant d’Aristote : Magister dicit. La raison en est que ces progrès réels, basés sur la saine observation, etnonessentiellement sur les inductions physiologiques, ne le comportent plus. Pour terminer cette critique, nous dirons, en der- nière analyse, que M. Flourens reconnaît deux forces dans l'organisme : la force morpho-plastique , une force (1) Exposition anatomique, p. 10-100. MÉMOIRES. 147 individuelle et propre, qui reproduit la forme par couches superposées émanées du périoste, et une force méta- plastique, qui régit la matière. — Cette distinction, selon nous, ne peut être admise dans la science, par la raison que la nature n'a pas deux manières de pro- céder, et que, quand elle rétablit un os dans sa forme et ses fonctions, le vis medicatrixæ est le mêmé; car, s’il en était autrement, la nature se tromperait : or, tout le monde sait que la nature se trompe rare- ment. Il est donc très-rationnel, très-logique de rejeter, selon nous, cette distinction. Voici maintenant nos conclusions : 1° Les os sont soumis aux mêmes lois de réparation que les autres parties de l'organisme. Un exsudat plas- tique est nécessaire pour reconstituer un os ou une portion d'os, de la même manière que pour former un tissu cicatriciel. 2° La puissance ostéogène varie suivant le degré de vitalité, c'est-à-dire qu’elle sera d'autant plus grande que les sujets seront moins avancés en âge. 3° Une portion d'os qui est détruite par la maladie, et qui, par une opération, reprend à peu près sa forme primitive, est tout ce que la chirurgie répara- trice naissante peut désirer de mieux. 4 Dans les fractures comme dans les pertes de substance produites par une opération dans le but de remédier à un vice de l’organisation, ou bien encore à une disposition particulière que nous ne connaissons pas, une inflammation des extrémités osseuses se manifeste ; un ramollissement a lieu; puis un gonfle- ment des os divisés, qui n'offrent plus alors de crépita- 118 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. tion sèche. Lorsque la nature a rétabli son travail réparateur, tout en tenant compte de l’exsudat plas- tique formé par le périoste, la membrane médul- laire et les vaisseaux sanguins se répandent dans l’intérieur du canal osseux. 5° Pour établir ce travail réparateur, on doit admettre que les vaisseaux qui alimentent le tissu osseux, et qui lui apportent les phosphates nécessaires à sa solidification, proviennent autant des extré- mités osseuses et de leur bourgeonnement, par un dépôt de couches superposées (théorie Duhamel), et que Winslow nomme des lames provenant de la genèse des vaisseaux médullaires, que du périoste, qui, dans tous les cas, ne peut fournir que les mêmes éléments, puisque les vaisseaux qui vont à l’intérieur de l’os sont les mêmes que ceux du périoste, et que, avant de traverser la substance compacte. et spongieuse, ils doivent laisser au périoste les éléments du plasma d’'exosmose, et à la membrane médullaire ou périoste interne, le plasma d’endosmose. 6° Le périoste, ayant un rôle important dans la régénération des os, ne peut néanmoins avoir tout le prestige qu'on lui attribue généralement, puisqu'on ne le conserve pas toujours dans son intégrité, ou bien encore parce qu'il se trouvera détruit par la maladie de los. STATISTIQUE DE LA COMMUNE DE PIERRE-BUFFIÈRE (HAUTE-VIENNE). MESSIEURS , Dans la séance du 17 septembre dernier, je déplo- rais avec vous notre pauvreté en documents statisti- ques sur les faits intéressant l'hygiène publique de notre province, et, sans rappeler ici les causes diverses qui, jusqu'à ce jour, avaient mis obstacle aux recherches dans cette direction, je vous indiquais. les circonstances plus favorables qui permettaient, sous les auspices et les encouragements de l’admi- nistration, l’espoir pour l'avenir de travaux utiles et sérieux, destinés à combler cette lacune dans nos connaissances. | « Notre Société médicale, vous disais-je, a depuis long-temps compris toute l’importance de semblables travaux. Sans parler de ses discussions mensuelles sur les maladies régnantes, leurs rapports avec les con- ditions atmosphériques, les causes locales qui prépa- . 420 CONGRÈS SCIENTIVIQUE DE FRANCE. rent et facilitent leur développement, leur caractère et leur gravité, elle saisit toutes les occasions de stimuler le zèle de ses membres correspondants et des médecins du département, et d'appeler leur attention vers cet ordre de recherches destinées plus tard à dresser en quelque sorte la carte médicale de notre pays. » Je vous citais un remarquable travail sur la ville de Pierre-Buffière, chef-lieu de canton près Limoges , entrepris par un de nos membres correspondants les plus distingués , M. le docteur Dépéret. Les documents mis en œuvre embrassent la période de 1842 à 4853. Ils émanent desregistres de l’état civil, soigneusement dépouillés, et des observations particulières de M. Dépéret pendant une longue et honorable pra- tique. Les résultats, cherchés pour une commune et une population assez restreintes, peuvent s'appliquer sensiblement à notre département, dont la commune de Pierre — Buffière représente assez approximative- ment les conditions diverses, topographique , indus- trielle et sociale. Ils présentent, en outre, ce précieux avantage, assez rare en matière de statistique, que tous les éléments, toutes les unités en quelque sorte des tableaux, ont pu être appréciés et contrôlés par leur auteur, soit par ses souvenirs et ses impressions personnelles, soit par ses renseignements, recueillis au milieu d'une population peu nombreuse, peu dis- séminée, chez laquelle les moindres évènements ne peuvent s'accomplir sans avoir un certain reten- tissement. Vous avez désiré connaître les résultats obtenus par M. Dépéret. Je vous les présente tels qu'ils furent MÉMOIRES. 121 consignés , il y a quelque années, dans le rapport que je fus chargé de présenter à l'appréciation des membres de notre Société. Ce travail se compose d’une série de tableaux indiquant : d° le chiffre des naissances, des mariages et des décès pour chaque année, et classant les années suivant l’ordre 'd’élévation et de décroissance de ces chiffres ; 2° les rapports des mariages et des naissances entre eux et avec les décès; 3° la distribution de ceux-ci suivant les mois de l’année, les sexes, certains périodes de la vie ou âges, de manière à obtenir la fréquence comparative des décès aux diverses époques de l’année , de la vie, et Ja durée moyenne de celle-ci pour les habitants de la localité. De tous ces résultats partiels on a déduit des moyennes qui permettent d’embrasser d'un coup d'œil et de bien comprendre le mouvement de la population pendant l'espace de temps que nous avons déterminé. Tous ces tableaux sont formés et disposés avec soin. Les calculs opérés pour arriver aux moyennes nous ont paru exacts, et permettent facilement de saisir les résultats cherchés ét annoncés par l’auteur. Avant de pénétrer dans les détails, permettez-moi de vous donner quelques chiffres, qui nous serviront de termes de comparaison, et rendront plus compré- hensibles les résultats consignés dans le travail que j'examine. J'emprunte ces chiffres à l'Annuaire du Bureau des long'itudes pour 1853 : En France , pendant une période de 34 ans, de 1817 à 4850, on a compté en moyenne : | naïssance sur 34 habitants; 122 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. 1 décès sur 40,59 ; 1 mariage sur 128. Il y a eu : 100 naissances pour 84 décès ; 100 décès pour 116 naissances. 100 mariages ont donné 347 enfants légitimes. I y à 67,46 habitants par kilomètre carré, ou 0,67 par hectare. Il naît 17 garcons pour 46 filles. Il meurt 70 hommes pour 69 femmes. La durée moyenne de la vie est actuellement de 36 ans 4 mois, elle était de 28 ans 3/4 avant 1789, suivant Duvillards. À 5 ans, il est mort plus du quart des enfant nés à la même époque, et, à 41 ans, il n’en reste que la moitié, suivant Quételet. Enfin, dans notre département, pendant l’année 1850, il y a eu : À naissance sur 33,78 habitants ; 1 décès sur 40,48 ; 1 mariage sur 113. Nous comptons 57,89 habitants par kilomètre carré, ou 0,57 par hectare. La population de Pierre-Buffière a varié, pendant le temps indiqué (1842 à 4853), de 1042 à 146% habi- tants. La moyenne est donc de 1083,66 répartis sur 515 hectares de superficie ; ce qui donne 188 habitants par kilomètre carré, ou 1,88 par hectare. Nous ferons observer que la population de la com-— mune est agglomérée ; que celle-ci s'étend peu dans la campagne : aussi le chiffre de sa population spéci- MÉMOIRES. 193 fique est-il notablement élevé relativement à celui d'autres communes de notre département possédant une population agglomérée et une population rurale plus ou moins disséminée. Sans parler de la commune de Limoges, qui donne 8,81 habitants par hectare, Bellac en compte 1,55; Saint-Léonard, 4,09; Eymoutiers, 0,54 ; Ambazac, 0,52; la Haute-Vienne entière, 0,57; la France entière, 0,67. I. — NalssANCES, 357 : — 99,75 par année; — 2,14 pour 400 habitants ; — 4 pour 36,40 habitants; — 100 pour 86 décès, chiffre inférieur à la moyenne de toute la France, 1 sur 34, et de la Haute-Vienne, 1 sur 33,18. Les 12 années de la série se classent ainsi qu'il suit, suivant les proportions offertes des naissances sur 100 habitants : 1842-00... 4,05 ÉHPACERENE 2,13 1844....... 3,65 JÉSE Le est 2,66 1843......: 3,16. SH ESRe 2,18 1846....... 3,06. NÉE one 2,07 1853....... 2,80. 1850428. * 2,06 1847....... 2,74. 1848....... 1,97 L'année minimum coïncide avec 1848 (23), qui ne produisit que 4,97 naissances pour 100 habitants, au lieu de 2,74. Cette année succéda à une époque de disette, et fut, de même que 1850 (24 naissances), qui vient avec elle, vivement agitée par les troubles politiques. M. Dépéret n'indique pas le rapport des sexes des enfants riaturels ou légitimes et des morts-nés. Il dit, 124 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. dans sa Notice, que Pierre-Buffière est remarquable par la régularité de ses mœurs : 3 enfants naturels seulement auraient été constatés dans cette période, qui n’aurait également présenté qu'un suicide et un infanticide, et encore la coupable était-elle étrangère à Ja commune. I. — MARIAGES, 401 : — 8,41 par année; — 4 sur 128,75 habitants ; — 353 enfants pour 400 ma- riages, chiffre presque conforme aux moyennes, 1 sur 428 habitants pour toute la France, avec 347 enfants pour 100 mariages; — inférieur à celui de la Haute-Vienne, 1 sur 113 habitants. Le plus grand nombre des mariages a coïncidé avec les années 1851, 1848, 1852, 1849 (15, 42, 44, 10), — Il est impossible de ne pas constater ici l'influence des idées politiques de l'époque, les craintes de guerre, CIC etc. II. — RECRUTEMENT. — Inscrits, 119; — appelés par le sort, 61; — réformés par causes diverses, 21, ou 2:90 ps: Il eût été désirable de connaître les causes de réformes, celles par défaut de taille, infirmités cons- tatées, difformités , etc. Ce chiffre 419, représentant la population masculine âgée de 20 à 21 ans, répond à celui de 238 pour la population totale de cet âge, soit 18,31 pour 1000 habitants au lieu de 47,52 (table IIT : Annuaire des longitudes, p. 230), moyenne normale pour 1000 habitants. D'un autre côté, nous savons qu'il naît à Pierre- MÉMOIRES. 195 Buffière 27,40 enfants par an pour 1000 habitants. Il en reste 18,31 à l’âge de 20 ans. La perte ne serait que de 9,09, ou du tiers, pendant les 49 premières années. Ce chiffre me paraît trop favorable. Nous verrons dans un instant que, à Pierre-Buffière, les 7/20 ou 35,37 p. ‘/, des enfants nés à la même époque ont succombé à l’âge de 5 ans; qu'il n’en reste que les 9/20 ou 45,65 p. ° à l’âge de 15 ans. Il faut donc admettre l'introduction d'éléments étrangers à la population stationnaire, que nous trouvons surtout dans l’immixtion de nouveaux colons ou d'ouvriers de fabrique, qui viennent apporter leur contingent à la population de cet âge, sans avoir participé aux chances de mortalité qui ont pesé sur les âges an- térieurs. IV. — MoRTALITÉ. — Nombre des décès, 311 ou 25,92 par an; —2,39 pour 100 habitants, — 4 sur 41,81. Rapport des décès aux naissances, 86 : 100, résultat supérieur à la moyenne générale, 4 sur 40,59, ou 84 p. °/, et à celui de la Haute-Vienne, À sur 40,48. Excédant des naissancessur les décès, 46. Cependant le dernier recensement donne une population infé- rieure de 68 sur le chiffre précédent : d’où il faut conclure qu’il y a eu à Pierre-Buffière une population flottante que les années 4847 à 4850 en ont expulsée. Et, en effet, la fabrique de porcelaine a présenté très- peu d’activité pendant cette époque. Les mois de l'hiver se classent dans l’ordre suivant relativement au chiffre des décès : 126 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Maximum : mars, avril, décembre, janvier, juin, septembre, août, juillet. — Novembre, mars, fé- vrier, octobre, minimum. Les 12 années de la série se classent ainsi qu'il suit, suivant la proportion des décès pour 100 habitants : Bo reere 3,83. 1851577 2,18. NEA TES 0 3,26 ISA este 1,97 1844....... 3,16. load 1,89 NSASAECS. 2,04. 19507 1,89 1843202. 1e 2,37. IRPRAAME 1,80 1853225. 2,28. JS ernite 1,71 Les décès se distribuent ainsi : Hommes , 79, ou 25,40 p. ‘/. ; Femmes, 90, ou 28,93 p. °/.…: Garçons au-dessous de 15 ans, 80, ou 25,72 p. ; Filles au-dessous de 15 ans, 62, ou 19,36 p. ; Ou 51,12 sexe masculin ; Ou 48,89 sexe féminin. Il meurt donc plus d'hommes que de femmes si on considère les décès, abstraction faite de l’âge; mais, au-dessus de 15 ans, il meurt plus de femmes que d'hommes dans la proportion de 28,93 à 25,40. C’est l’âge de la puberté, de la puerpéralité, puis de la ménopause. « Trop souvent, dit notre auteur, les unions sont trop précoces; les femmes, trop jeunes, ne peuvent supporter la période de fécondité : d’où une cause d’épuisement, de mort prématurée. Après 60 ans, la femme vit, en général, plus long-temps que les hommes, épuisés alors par les travaux, les infirmités précoces. C’est parmi les femmes que l’on trouve les exemples de longévité, surtout parmi celles qui ont vécu dans le célibat, ou qui n'ont pas eu d'enfants. MÉMOIRES. 197 Age moyen des morts : Hommes.......... 03,79. — Péthmessie 44e : 43,54. — Garcons: Lam eNTe 3,20. — Rleste l'an do 2 3,16. Sexe masculin de tout âge. ....,..,.,.. 111198,33: Sexehfémininde toutlâge.:2 16" 146410 32,99. Mosennefsénéralecelf el sl Mira soda 30,59, chiffre bien inférieur au chiffre normal de.. 36,40: Si nous descendons dans les détails, nous trouvons es chiffres de mortalité suivants : De 0 à 5 ans.... 110 : garcons, 64; filles, 46. De 5 à 15 ans.... 32 : garcons, 16; filles, 16. De 15 à 30 ans.... 35 : hommes, 13; femm., 22. De 30 à 45 ans.... 26 : hommes, 14; femm., 12. De 45 à 60 ans.... 41 : hommes, 23; femm., 18. De 60 à 90 ans.... 67 : hommes, 29; femm., 38. Il résulte de ce tableau que, sur 4100 enfants naissants, seront morts les 7/20 ou 35,31 p. % à. 5 ans. 9/20 ou 45,65 p. °% à 15 ans. 11/20 ou 56,85 p. °. à 30 ans. 13/20 ou 65,20 p. ‘/ à 45 ans. 16/20 ou 77,15 p. °/, à 60 ans. Ces chiffres se rapprochent beaucoup plus de ceux fournis par Duvillards que de ceux de Deparcieux, ainsi que le montre le tableau suivant : Sur 100 enfants naissants, auront succombé : Déparcieux. Duvillards. De Où 5 ans........ 27,66 41,69 De 5 à 15 ans........ 34,06 47,11 De 15 à 30 ans........ 42,93 56,19 De 30 à 45 ans........ 51,79 : 66,60 De 45 à 60 ans........ 74,00 78,65 128 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Je fais observer que le chiffre de mortalité pour la période de 5 à 45 ans et de 45 à 30 ne présente que peu de différence; qu'il s’abaisse très-sensiblement de 30 à 45 ans; qu'il n'y a donc pas, au moins dans la commune de Pierre-Buffière, une augmentation de décès incombant à l'âge adulte. — Le deuxième tableau , proportionnel de la distribution des décès, le démontre également; et cependant la vaccine est propagée dans cette localité aussi activement que partout ailleurs. « A Pierre-Buffière, ajoute notre auteur, les épidémies sont rares; il y a peu de maladies véné- riennes. Les phlesæmasies de poitrine sont les ma- ladies prédominantes. Les femmes sont réglées de 12 à 15 ans, généralement fécondes (3,53 enfants par mariage); les accouchements sont, en général, naturels ; les avortements et les affections puerpérales, assez rares. » | Tels sont, Messieurs, les résultats obtenus par M. Dépéret. A son travail statistique était jointe une intéressante Notice sur la ville de Pierre-Buffière, sa topographie, les conditions de salubrité et d'insalu— brité qu’elle présente; — sur les habitants, leur caractère, leurs aptitudes; — l’industrie locale; — la population stationnaire et flottante ; — le sol, ses produits; — la qualité des aliments ; — les eaux , leur nature et qualité; — le caractère des saisons et des maladies régnantes; — les causes morbides agissant plus spécialementsur les habitants ; — enfin uneétude très-remarquable sur la variole et la vaccine pendant «ne période de plusieurs années, avec des conclusions MÉMOIRES. 129 confirmatives des opinions très-généralement adoptées sur cette grave question de pratique médicale et d'hygiène publique. Je regrette de ne pouvoir vous présenter cette étude : vos moments sont précieux : je ne les ai que trop long-temps occupés par des détails qui se recom- mandent à votre bienveillance par la valeur person- nelle du confrère qui nous les a présentés. Cest d’ailleurs le premier produit indigène des travaux tentés parmi nous dans cette direction. L'importance de semblables recherches, si nous pouvions la mécon- naître, nous serait rappelée par le haut intérêt que vous y attachez. Vos encouragements stimuleront notre zèle : heureux si, utilisant et complétant les travaux de nos devanciers, nous pouvons arriver à voir notre beau Limousin ne le céder en rien aux pro- vinces les plus favorisées sous le rapport de la connais- sance des influences qui créent et propagent certaines affections endémiques ; impriment leur cachet spécial sur la constitution physique des habitants, leurs mala- dies, leurs infirmités; augmentent ou diminuent les chances de longévité, la durée moyenne de la vie, etc. : notions indispensables au médecin, non moins utiles à l'administrateur appelé à formuler en pres- criptions règlementaires les conseils de la science, les améliorations réalisables dans les conditions au milieu desquelles vivent nos populations ! A. DÉPÉRET-MURET, Secrétaire général de la Société de Médecine et de Pharmacie de Limoges. MÉMOIRES DE LA IV: SECTION. RÉPONSE À LA L'QUENTION DU PROGRAMME, PAR M. L'ABBÉ ARBELLOT. QUESTION. — À-{-on dressé une carte géographique du Limousin pour la période gallo-romaine ? — Quelle était la circonscriplion de la province? — Quelles étaient les villes principales et leur importance relative ? — A-t-on la liste des villas dont on a retrouré les débris? — A-t-on le tracé exact des voies romaines qui traver- saient le Limousin? — Quels sont les monuments, les sculplures remarquables , les inscriptions qui nous restent de celle époque? — Peut-on tirer des inscriplions.et des monnaies quelques renseigne- ments historiques ? : I. A-t-on dressé une carte géographique du Limousin pour la période gallo-romaine ? Il y a eu plusieurs essais : il n’y a rien de complet ni de satisfaisant jusqu'ici. Un ingénieur-géographe du dernier siècle, M. Cornuau, avait indiqué, sur sa MÉMOIRES. 431 Carte itinéraire et minéralogique du Limousin, les voies romaines qui sillonnaïent la province; mais les villes romaines, les villas , les inscriptions, les antiquités de tout genre, tout cela était oublié. De nos jours, M. Grignard, dans sa carte de la Haute-Vienne, a indiqué les antiquités romaines, les restes de voies déjà signalées, les inscriptions, etc. : ébauche encore très-imparfaite. M. Auguste Du Boys, de regrettable mémoire, avait essayé de compléter ce travail : sa carte, qui n’a pas été publiée, ne comprend que le département de la Haute-Vienne, c’est-à-dire environ le tiers de l’ancienne province du Limousin. Tout incomplet qu'il est, ce travail est encore ce que l’on a de mieux jusqu'ici. IT. Quelle était la circonscription de la province ? « Presque tous les auteurs, dit le rédacteur de l’Indi- cateur limousin, conviennent que les confins des peuples étaient , sous l'empire romain, les mêmes que sont aujourd’hui les limites des anciens diocèses (1) ». Ainsi l’ancien diocèse de Limoges , y compris celui de Tulle, création du pape Jean XXII, nous donne la circonscription de l’ancienne province du Limousin. Elle comprenait les départements actuels de la Haute- Vienne, de la Creuse, de la Corrèze , moins quelques paroisses limitrophes de l'Auvergne et du Berry, et, de plus, une partie considérable de l’arrondissement de Confolens (Charente) et de l'arrondissement de Nontron (Dordogne). (1) Zndicateur du diocèse de Limoges , année 1788, p. di. 139 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. II. Quelles étaient les villes principales et leur importance relative ? Les villes principales étaient : 1° Limoges, chef-lieu de la province, qui se nommait Augustoritum (1) sous les Romains ; qui avait un amphi- théâtre, un temple, un théâtre, un palais procon- sulaire, ete.; qui avait un municipe, une curie et un sénat, comme le prouvent des inscriptions authen- tiques et des médailles décrites par l'abbé Legros, Nadaud et Beaumesnil (2). 2 Chassenon, désigné dans la Table de Peutinger sous le nom de Cassinomagus, était une ville de second ordre, située sur les limites du Limousin et de l’'Angoumois. On y trouvait un palais ou grande résidence romaine, dont les vestiges subsistent encore, un temple déblayé et savamment décrit par M. l'abbé Michon (3), un théâtre, etc. 3° Tintignac, près de Tulle (Corrèze), devait être aussi une ville de second ordre si l’on en juge par les vestiges des arènes qui subsistent encore. 4 Prætorium, ainsi désigné dans la Table Théodo- sienne, sur la voie de Limoges à Clermont, est entiè- rement ruiné : on croit en trouver les vestiges sur le (1) Elle est ainsi nommée dans l'Z/inéraire d'Antonin et la Table Théodosienne ; Ptolémée la désigne sous le nom d'Urs Augustoritum, et le grammairien Magnon, contemporain de Charlemagne, l'appelle Lemofex Augustoretum. (Voir l'Zndicatewr du diocèse de Limoges , année 1788, p. 157, 159.) (@) Voir AzLoU, Monuments de la Haute-Vienne, p. 99 et 100; LEYMARIE, Histoire de la Bourgeoisie, T. 1, p. 35 et 36. (3) Statistique monwmentale de la Charente, p. 179-186. MÉMOIRES. 133 Puy-de-Jouer, près le hours de Saint-Goussaud (Creuse). 5° Ahun (Creuse), nommé Acitodunum dans la carte de Peutinger, sur la voie romaine de Limoges à Clermont, et Agedunum dans la légende de saint Martial par le faux Aurélien, monument du vr' siècle. On y a découvert plusieurs inscriptions romaines. 6 Évaux (Creuse), Evahonum, où l'on trouve des vestiges le bains de construction romaine. Si nous en croyons l’assertion un peu conjecturale des chroniques limousines, le proconsul Duratius en serait le fon- dateur : Grégoire de Tours l'appelle Vicus Evaunensis. 1° Uzerche (Corrèze), Userca, où l’on voit des restes d’antiquités romaines. Environnée de la Vézère, elle offre une certaine analogie topographique avec l’Uxel- lodunum des Commentaires de César. Elle est men- tionnée dans ies lettres de Rorice l'Ancien, évêque de Limoges (v° siècle), et se trouve sur quelques mon- naies mérovingiennes. 8 Brive (Corrèze), Briva Curretia, dont le nom celtique lui vient d’un pont qu'elle avait sur la Corrèze. Elle est mentionnée dans les lettres de saint Rorice et dans Grégoire de Tours. 9° Ussel (Corrèze) : on y voit une aigle en granite et d’autres antiquités romaines (1). 40° Courbefy, près de Chalus (Haute-Vienne), où l'on voyait, au vi° siècle, des ruines fort considé- rables d’une ville ou d'une cité (2). (1) « On trouve quantité d’urnes à Ussel. » — NADAUD, Essai histor., p. 61. (2) Imcertum an civitas an castrum situm fuit, cujus enor- mitatem et munitissimam magnificentiam ruinarum indicia 134 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. feRancon, près de Château-Ponsat (Haute-Vienne), que l’on suppose avoir porté le nom d’Andecamulum, à cause de l'inscription d’un temple de Pluton élevé par les Andecamulenses. On y lit encore une autre inscrip- tion au dieu Hercule (1). 19° Breth, près de La Souterraine (Creuse), appelé par la tradition la ville de Breth. Ruïines considérables d'une ville ou d’une villa. 13° Toulx-Sainte-Croix (Creuse), Tullum, où la lé- gende de saint Martial par le faux Aurélien (vi‘ siècle) fait prêcher l'Évangile par l’apôtre de l'Aquitaine. IV. A-t-on la liste des villas dont on a retrouvé des vestiges ? Cette liste n’a pas été faite encore. On peut citer dans le département de la Haute-Vienne : Condat, près de Limoges, au confluent de la Vienne et de la Briance, comme l'indique son nom, où l’on découvrit, au siècle dernier, une fort belle mosaïque, dont on voit un fragment au musée. Le palais de Jocondiac, au lieu du Palais, près de Limoges, célèbre résidence royale sous Louis-le-Débon- naire : nous avons vu dans ce lieu des substructions romaines. Crouchat, près de Limoges, où les chroniques limousines placent un palais dont elles font remonter la fondation à Duratius. et moles satis demonstrant. (Légende de saint Vaast : Actu S5., T. 1, februar., p. 794.) (1) Revue archéologique de la Haute-Vienne, p. 246. MÉMOIRES. 135 La ville d'Antone (villa Antonti) , près de Pierre-Buf- fière, située sur une monticule couvert de ruines. Le village de Giaud , commune de La Roche-l’Abeille, où l’on a trouvé, dans le champ de l’Impéradou, une statue antique en granite représentant Jupiter, ou Dioclétien sous les traits de ce dieu. Cette statue est un des plus curieux ornements du musée de Limoges. La villa de La Briderie, commune de Saint-Paul, où l’on à exhumé grand nombre de fragments de marbre déposés au musée de Limoges. Texon, où l’on voit un autel païen. Château-Ponsat, Magnac-Laval, Le Buis, Solignac, où l’on a trouvé des inscriptions romaines. Dans le département de la Creuse, nous signalerons : dans la commune de Saint-Georges-Nisgremont, près de Felletin, la villa de Champ-Cé, où nous avons dé- couvert plusieurs fragments de bronze qu'on peut voir au musée de Limoges; — Felletin, où nous avons trouvé des urnes antiques; — La Souterraine, dont la crypte conserve des inscriptions romaines ; — Le Grand-Bourg de Salagnac, La Chapelle-Saint-Mar- tial, Bonnat , où l’on a trouvé d’autres inscriptions; — La Villate, près de Chambon ; Le Mont-Frialoux, près d'Évaux ; La Roche-de-Baume, près de Toulx-Sainte- Croix ; La Courrière, près de Bourg'aneuf, etc. Dans le département de la Corrèze, on nous a signalé des villas romaines à Saint-Sernin-de-Larche, près de Brive; au Bijardel, commune de Perpezat-le-Noir; à Turenne, etc. (Les autres questions ont été traitées oralement d’après Nadaud (l’Zndicateur, p. 138), Allou , l'abbé Texier, ete.) DOCUMENTS INÉDITS sh L'APOSTOLAT DE SAINT MARTIAL ET SUR L'ANTIQUITÉ DES EGLISES DE FRANCE, PAR M. L'ABBÉ ARBELLOT. INTRODUCTION. La grande question historique de l'origine des Églises de France, qui fut, au xvu: siècle et au commencement du siècle dernier, le sujet d’une con- troverse si savante et de débats si passionnés, a repris de nos jours sinon les mêmes proportions, au moins la même importance. La critique rigoriste du xvrr° siècle, qui avait cru porter la jumière dans l’histoire en faisant table rase des légendes, et en répudiant comme des croyances puériles les traditions des âges pré- cédents, a perdu le prestige dont elle était environnée, et il est évident qu'une forte réaction s'opère de nos MÉMOIRES. jours, dons le monde savant, en faveur des traditions et des légendes, relativement à la question des origines chrétiennes de la Gaule. Au moyen âge, et, — de l'aveu de tous, — du 1x° au xvi° siècle, — on avait Cru que nos principales Églises avaient été fondées du temps des apôtres; au xvir° siècle, l'esprit de réforme s'étant introduit dans la science historique, on s'étaya d'un texte de Grégoire de Tours et de deux lignes de Sulpice-Sévère pour reculer de deux siècles l'établissement du christianisme dans la majeure partie des Gaules. Mais on était loin d’avoir porté sur ce sujet une lumière définitive, et la science contem-— poraine devait s'élever contre cette décision. Déjà plusieurs protestations isolées s'étaient for- mulées d’une manière plus ou moins hardie lorsque, en 4848, M. l'abbé Faillon, dans ses Monuments inédits sur l’apostolat de sainte Madeleine en Provence, donna le premier signal d’une réaction sérieuse. L'analyse, pleine de critique et de sagacité, que ce savant fit du texte de Grégoire de Tours porta au système historique qui s'appuie sur cet écrivain le coup le plus fort qu'il eût jamais reçu. D’autres érudits le suivirent dans la voie nouvelle qu’il avait frayée. En 1851, un béné- dictin de Solesmes, D. Piolin, dans son Zntroduction à l'histoire de l'Église du Mans, protesta de nouveau contre la critique réformiste du xvrr° siècle, et ajouta des documents nouveaux aux documents inédits déjà publiés par M. l’abbé Faillon. Depuis la publication de notre Disseriation sur l’apostolat de saint Martial, et la décision de la congrégation des Rites en faveur de cet apostolat (1854), le mouvement réactionnaire, loin de se ralentir, n’a fait que s'accroître. La question des 138 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. origines chrétiennes de la Gaule à pris de l’impor- tance : M. de Caumont l'a mise à l’ordre du jour dans le Congrès archéologique tenu, en 4855, à Châlons (1); l’année suivante, cette même question a été discutée dans le Congrès de Nantes (2); le Congrès scientifique de La Rochelle (1856) et le Congrès archéologique de Mende (1856) l'ont insérée dans leur programme : il était naturel qu'elle figurât dans le programme du Congrès scientifique de Limoges, à cause du premier évêque de cette ville, saint Martial, un des hommes apostoliques les plus célèbres de la Gaule. Ce n’est pas, nous l’avouons, sans un vif sentiment de satisfaction personnelle que nous avons vu un certain nombre de savants et d'écrivains, convaincus par nos preuves, revenir à l'antique tradition de l’origine apostolique des principales églises de France. Plusieurs traités spéciaux ont été composés depuis, et la même thèse s'y trouve développée avec autant de critique que d'érudition. M. Ravenez, dans ses Re- cherches sur les origines des Églises de Reims, de Soissons et de Châlons ; M. l’abbé Robitaille, chanoine d'Arras, dans la dissertation qu’il à ajoutée à la Vie de saint Paul de Narbonne; M. l'abbé de Lutho, vicaire général de Bourges, dans son introduction à la Wie de saint Ursin, apôtre du Berry; M. l’abbé Dion, professeur au séminaire de Périgueux, dans son Apostolat de saint Front au 1°" siècle: M. l'abbé Charbonnel, dans son (1) Congrès archéologique de France, xxue session, lenue à Chälons en 1855, p. 41-51. (2) Congrès archéologique de France, xx session, lenue à Nantes en 1856, p. 42-50. MÉMOIRES. 139 ouvrage intitulé : Origine de l’église de Mende; le P. Gaydou, de la compagnie de Jésus, dans ses Études critiques sur l’origine de l'Église de Mende et ses premiers évêques (1); M. l'abbé Brugière, dans une série d’ar- ticles sur Saint-Front de Périgueux, publiés dans le Chroniqueur du Périgord, ont soutenu avec autant de science que de talent l’origine apostolique de leurs Églises respectives. D’autres écrivains, d’un savoir incontestable, ont adopté nos conclusions, et donné une entière appro- bation à notre ouvrage. Ainsi un historien dont M. le chanoine Bourassé avait pu revendiquer en sa faveur le témoignage dans l’article qu’il a fait contre notre Dissertation, M. le baron Henrion, dans sa nouvelle édition de l'Histoire générale de l’Église, nous à fait l’honneur de nous emprunter le tiers de notre volume, et de s'appuyer sur nos preuves et sur nos docu- ments (2); M. de Chergé, ancien président de la Société des Antiquaires de l'Ouest, dans sa Vie de saint Martial, qui sert d'entrée en matière aux Wes des Saints du Poitou, a pris notre Dissertation pour base de son travail (3); M. l'abbé Barrère, dans son Histoire (1) « La décision que l'Église de Limoges vient de provoquer sur ce point (l’apostolat de saint Martial), et que les patientes recherches de M. Arbellot ont environnée de tant de lumières, semble n'avoir rien laissé à dire sur cette grande cause : là, du moins, l'autorité et la science semblent avoir dit leur dernier mot : il ne paraît plus permis de douter que la mission du saint apôtre de l'Aquitaine ne remonte aux temps aposto- liques » (p. 2). (2) Histoire générale de L'Église, T. IX, p. 530-534, 548, 549, 1354, 1356, etc., T. X, passim. (3) Vies des Saints du Poilou , p. 2. 140 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. religieuse el monumentale du diocèse d'Agen, fixe come nous la mission‘ de saint Martiäl au 1° siècle (4); M. l'abbé Le Guennec, supérieur du séminaire de Cahors, dans une Wotice sur le pèlerinage de Notre-Dame de Roc-Amadour (2); M. l'abbé Auber, dans ses Vies des Saints de l’Église de Poitiers, ont embrassé la même opinion sur saint Martial; M. Coudert de La Villate, dans son ouvrage intitulé : Toull et Ahun : le christia- nisme dans l’Aquitaine, s'appuie entièrement sur notre Dissertation : un certain nombre de revues et de journaux : les Annales archéologiques de M. Didron : l'Univers (3); M. Bonnetty, dans l’Université catho- lique (4); M. Maximin Deloche, dans l’Union corré- sienne (5), etc., ont patroné notre ouvrage, et donné une adhésion pleine et entière à nos conclusions. Ce n’est pas tout. Quelques savants dont le nom et les écrits font autorité ont bien voulu nous écrire pour nous faire connaître leurs sympathies en faveur de la grande cause historique dont nous étions l'hum-— ble champion. C’est ainsi que M. Augustin Thierry, dont le monde savant pleure la perte, nous écrivait , dans une lettre que nous conservons précieusement « J'ai lu avec un vif intérêt votre Mémoire sur la date de l’apostolat de saint Martial. Je crois que vous avez pleinement raison, et qu'en ce (1) Histoire religieuse el monumentale du diocèse d'Agen, T. I, p. 27. 2) Notice sur le pèlerinage de Notre-Dame de Roc-Amadour, p. 9. (3) Numéro du 12 août 1855. (4) Juillet 1855, p. 94-100. (5) 23 août 1855, reproduit dans le Zullelin archéologique du Limousin !T. VI, ne ler, MÉMOIRES. {pl point la tradition locale prévaut réellement contre Phistoire. La méthode que vous appliquez à cette démonstration me semble irréprochable... Je ne doute pas qu'elle ne soit appréciée par tous les vrais éru- dits (A). » — « Le temps n’est plus, nous écrit D. Gué- ranger, où l’on pouvait penser et écrire que le moyen âge ne vivait que de fables, et que les traditions dont il n'était que l'intermédiaire ne remontaient pas au- delà du xn'ou du xr° siècle. Les monuments anté- rieurs serévèlent, et, pour votre part, monsieurl'abbé, permettez-moi de vous faire compliment de votre précieux texte de Fortunat (2) ». Plusieurs prélats d'une haute érudition : Mgr Cousseau, évêque d’An- goulème (3), Mgr Berteaud, évêque de Tulle, etc., nous ont écrit que nos preuves les avaient satisfaits : d’autres dignitaires de l'épiscopat francais, le car- dinal-archevêque de Bordeaux (4), Mgr Sibour, arche- vêque de Paris (5), enfin le souverain pontife lui- (1) Lettre du 17 mai 1855. (2) Lettre du 22 septembre 1855. (3) « Votre cause, ou plutôt la cause de nos Églises, me parait gagnée. Saint Martial a été envoyé par saint Pierre; il à prêché la foi dans notre Aquitaine dès le rer siècle... Comme évêque d'Angoulême, je vous remercie d’avoir assuré à mon Église cette vénérable antiquité, puisqu'on n'a jamais douté que saint Ausone ne fût disciple de saint Martial. Comme Poitevin, je suis aussi bien heureux du parti que vous avez su tirer de notre Fortunat pour établir votre thèse. Votre note sur l’authenticité de ces vers est une analyse démons- trative. 11 y a surtout un c/uens (mot bizarre) qui est con— cluant. » (Lettre du 21 février 1855. ) (4) Lettre du 29 juin 1855. (5) Lettre Au 23 avril 1855. 142 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. même (1), ont daigné bénir et encourager nos efforts. Toutefois nous ne devons pas dissimuler que, si notre Dissertation à trouvé des approbateurs et de chauds partisans dans les rangs les plus élevés de la science , elle a trouvé aussi des contradicteurs dont le mérite etle talent ne peuvent être mis en question. Ainsi M. Bourassé, chanoine de Tours, a voulu venger l’'évêque-historien qui fait la gloire de son Église des attaques que nous avons dirigées contre lui, et il a publié, dans la Bibliographie catholique, une critique habile de notre ouvrage. M. d'Ozouville, ancien sous- préfet de Château-Gonthier, dans son livre intitulé Origines chrétiennes de la Gaule, a combattu l'abbé Faillon et D. Piolin, et a consacré sôn dernier chapitre (1) « Litteris tuis obsequentissimis munus offerre maximo pontifici voluisti ejus Dissertationis, quam ad elogium et cultum ut apostoli, primi Lemovicensium episcopi, Martialis, novissime ab sede apostolica recognitum et probatum, magis ac magis vindicandum et propugnandum, edidisti in lucem. Et, licet maximus idem pontifex nihil quidquam de ea, tantis ut est cCuris et occupationibus distentus, adhue potuerit degustare, adhibitam tamen a te sedulitatem ac studium in eodem pertractando argumento laudavit non parum, ac tibi meis verbis pro oblato libri munere meritas, illustrissime ac reverende Domine, persolvit gratias. Adjunxit etiam certis- simum paternæ caritatis pignus apostolicam benedictionem, qua ipsum te donavit ex corde. » Superest ut sensus ego tibi profitear obsequii mei, illmeac rnde Dne, cui fausta ac salutaria omnia enixe precor à Domino , etc. Dat. Romæ, die 10 maï 1856. » DOMINICUS FIORAMONTTIT, » Ssini. D. N. ab Epistolis latinis. » MÉMOIRES. 143 à° réfuter nos conclusions sur la mission apostolique de saint Martial (1). M. l'abbé Salvan, dans une dissertation qui précède l'Histoire générale de l'Église de Toulouse, s’est donné la peine d'analyser nos docu- ments, mais ne les a réfutés qu'avec destraits d'esprit qu’aurait dédaignés Clémence Isaure (2). M. l'abbé Pascal, chanoine honoraire de Mende, dans sa Discus- sion historique et impartiale sur l’époque de l'établissement de la foi chrétienne dans les Gaules, à reproduit, pour nous réfuter, les vieux arguments de l’école de Launoy, en ajoutant aux erreurs de ses devanciers de nouvelles inexactitudes (3). Un adversaire plus sérieux, M. Quicherat, professeur à l'École des Chartes, tout en reconnaissant que nous avons « cent fois raison quand nous réduisons l’assertion de Grégoire de Tours à la valeur d'une pure hypothèse », avoue que notre Dissertation ne l'a pas convaincu (4). MM. Bourassé, d'Ozouville et Quicherat s'accordent sur les deux points suivants : — les vers de Fortunat (1) M. d'Ozouville est mort au commencement de l’année dernière (1859). (2) Par exemple, dans la série des témoignages traditionnels favorables à l’apostolat de saint Martial, nous citons le P. Saturnin-de-tous-les-Saints (1650), que M. Salvan résume ainsi : « Saint Pierre consacra évêque saint Martial dans la maison de saint Pudens, » — et il ajoute : « Quelle émpudence (sic!) d'avancer sérieusement de pareilles choses! » (T. I, p: 113.) Nous ferons remarquer à M. Salvan que cette chose a été avancée par Msr Gerbet dans son Æsquisse de Rome chré- lienne, T. 1, p. 452. Que M. Salvan se défie de sa facilité pour le calembour ! (3) M. l'abbé Pascal est mort depuis cette publication. 4) Lettre du 26 mars 1855. du CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. sur Ja vie de saint Martial ne sont pas authentiques: — la légende du faux Aurélien ne mérite aucun crédit, et les traditions qu'elle renferme ne remontent pas au vit siècle. — « Rien ne prouve, dit M. Bourassé, que ces vers de .Fortunat soient de l’évêque de Poi- tiers {1) ».... « Quant aux Actes du faux Aurélien, ajoute-t-il, les Bollandistes ont été fort sévères, et avec raison, pour ces Actes, qu'ils disent avoir été maladroitement fabriqués, et dans lesquels on décou- vre une foule d'anachronismes (2). » Si nous en croyons M. d'Ozouville, « saint Fortunat de Poitiers n'eut jamais rien à démêler avec ces vers. Puisque l'esprit de parti, l’esprit de clocher local s’est oublié au point de leur donner naissance, c'est à quelqu'un semblable au moine Adémar, et à la partie la plus nébuleuse du x1° siècle, qu'il faut les laisser. La légende de saint Martial paraît être l’une de celles dont la fausseté et l’incohérence éclatent le plus : on l'attribue au x‘ siècle (3) ». M. Quicherat nous écrit : « Vous montrez trop bien quelle a été, depuis l’an mil, la vivacité du débat pour qu’on ne suspecte pas l'authenticité de cette pièce, qui manque dans les œuvres de Fortunat, (1) Rien ne le prouve? Le titre que portent ces vers sur un manuscrit du xx siècle ne prouve rien? La conformité du style de ce poème avec le style de Fortunat ne prouve rien ? L'autorité des savants de Rome, qui ont trouvé cette pièce sur un manuscrit du 1xe siècle, et qui, sans hésiter, l'ont admise parmi les œuvres de Fortunat, ne prouve rien? (2) Bibliograghie catholique , août 1855, p. 70. (3) Origines chrétiennes de la Gaule : Lettres au R. P. Piolin, p. 227, 228. MÉMOIRES. 145 œuvres recueillies avec beaucoup de soin par lui- même, et où il a mis toutes ses préfaces, tous ses envois, même les inscriptions composées par lui pour des tombeaux ou pour des tableaux (1). D'ailleurs la légende que précèdent ces vers de Fortunat s'éloigne tellement par son caractère des légendes antiques, même de celles que Fortunat et Grégoire de Tours nous ont laissées, que ce qu'on peut faire de plus favorable à son antiquité est d’en placer la composition au 1x° siècle (2) ». »A propos de ces vers de Fortunat, M. l'abbé Pascal se contente de dire « qu’ils ne sont pas universellement admis comme émanés de sa plume »; que « de très- savants philologues les ont éliminés des œuvres attri- buées à Fortunat (3) »; que, «si l’on tient à ce témoi- gnage, il demande qu'il lui soit permis d'y trouver de l’exagération (4) ». Quant à M. Salvan, il reconnaît l’authenticité de ces vers de Fortunat; maisil prétend, chose étonnante! que ces vers ne prouvent rien, et, chose plus étonnante encore ! que ces vers n’ont pas été composés sur la légende d’Aurélien dont ils (1) Mais alors comment se fait-il que les diverses éditions de Fortunat se soient successivement accrues de nombreuses pièces, éparses cà et là, et dont l’aut enticité n’a jamais été mise en doute ? Comment se fait-il que l'édition la plus récente et la plus complète, celle du cardinal Luchi, ne renferme pas tout, puisque le savant Guérard à publié des vers inédits de Fortunat d'après des manuscrits de la Bibliothèque royale, puisque le cardinal Maï en a inséré dans le Spicilége romain ? (2) Lettre du 26 mars 1855. (3) Comment les auraient-ils éliminés avant de les connaître ? (4) Discussion historique et impartiale sur l'établissement de La foi chrétienne dans les Gaules, etc., p. 30. be 40 146 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. donnent le résumé, et qu’ils précèdent ou accompa- gnent dans tous les manuscrits où on les trouve (4). Rendons justice à nos principaux contradicteurs. Is ont parfaitement compris quel était le document qui faisait la principale force de notre Dissertation. À l’aide des vers de Fortunat que le cardinal Luchi a publiés d’après un ancien manuscrit de Flo- rence, et que nous avons collationnés sur deux autres manuscrits des bibliothèques de Rome, nous avions établi que la légende de saint Martial, quoique faussement attribuée à son successeur Aurélien, était néanmoins antérieure à Grégoire de Tours, et, à l’aide de ces vers et de cette légende, nous établissions péremptoirement que, au commencement du vr‘ siècle, avant Grégoire de Tours, la tradition du Limousin faisait remonter à saint Pierre la mission de saint Martial. Mais M. Bourassé n'avait pas manqué de nous faire cette objection sérieuse : « Pourquoi, si cette légende est apocryphe, si elle renferme beaucoup de circonstances inventées par l'imagination des peuples ou la naïveté de l'écrivain, pourquoi la mission apostolique de saint Martial ne serait-elle pas fabuleuse comme le reste? » Pour prévenir cette (1) Ce passageest curieux : citons textuellement : «Lorsqu'on vient nous dire que dans ce vers du poète : « Martialis resonant hé sanetissima gesta » ou, si l'on veut, veracissima , l'adverbe Zic doit s'entendre de la légende, et non du poème que Fortunat compose, c'est vou- loir se moquer de ses lecteurs ». (Histoire générale de l'Église de Toulouse, p. 102.) — M. Salvan est mainteneur des Jeux- Floraux. MÉMOIRES. 141 objection, nous avions montré que, relativement à la mission de saint Martial au temps de saint Pierre, ce fait principal de la légende ne pouvait être contraire à la croyance publique et aux traditions populaires du Limousin; que d’ailleurs l'accord unanime des anciens documents et des traditions immémoriales de Rome, de l'Italie, de l'Orient, de l’Aquitaine, met- tait ce fait principal hors de cause; et nous avions pu tirer cette conclusion rigoureuse que la mission apostolique de saint Martial n’est ni une circonstance apocryphe ni un détail fabuleux, mais un fait historique transmis par les souvenirs traditionnels. Toutefois, nous devons l'avouer, notre conscience d’archéologue éprouvait quelque peine de trouver, , à la limite la plus reculée de la tradition, une légende apocryphe aussi décriée que la légende du faux Aurélien. La Providence est venue à notre aide. Nous avions écrit, dans notre Dissertation, cette phrase, dont M. Bourassé a cité malicieusement les deux premières lignes : « Nous n'avons pas la prétention d’avoir arraché à la science son dernier mot sur cette question de l’apostolat de saint Martial : nous sommes persuadé que des recherches plus étendues et plus approfondies feront faire un nouveau progrès à cette discussion, et jetteront sur ce fait traditionnel une pleine lumière historique; nous sommes persuadé que des recherches ultérieures faites, soit en France, dans les manuscrits de la Bibliothèque impériale, soit dans les biblio- thèques les plus célèbres de l'Italie et de l’Angieterre, feront découvrir de nouveaux documents relatifs à cette question capitale des origines du christianisme 148 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. dans les Gaules (1) ». En effet, en fouillant dans les manuscrits de la Bibliothèque impériale, nous avons découvert la pièce qui nous manquait, le document que nous cherchions, c’est-à-dire les anciens Actes, la Vie authentique de saint Martial : nous allons la publier ici, avec d’autres pièces inédites des siècles postérieurs, pour servir de supplément à notre Disser- tation sur l’apostolat. ARTICLE PREMIER. ANCIENNE VIE DE SAINT MARTIAL. La découverte des anciens Actes de saint Martial est venue démontrer la légitimité des conjectures que nous avions émises relativement aux principaux faits que rapporte la légende d’Aurélien. Nous avions con- jecturé que cette légende, tout apocryphe qu’elle est, ne pouvait être, dans son ensemble, une invention contraire à la croyance publique et populaire du Limousin au vr: siècle, et que, par conséquent, quant au fait de la mission de saint Martial au temps de saint Pierre, il devait être en harmonie avec les traditions antérieures du pays. Nous avions deviné juste, et la découverte des anciens Actes nous donne pleinement raison. Nous sommes persuadé que, si les critiques du xvrre siècle eussent connu cette ancienne Vie, ils n’eussent pas rejeté, comme ils l'ont fait, la mission apostolique du premier évêque de Limoges. Ils ne (1) Dissertation, ete., p. 114. MÉMOIRES. 149 connaissaient que la légende du faux Aurélien et les deux épîtres attribuées à saint Martial : or les détails apocryphes qui déparent ces deux pièces avaient fait rejeter avec dédain non-seulement cette légende et ces deux épîtres, mais encore toutes les traditions relatives à l’apôtre de l’Aquitaine; en sorte que le savant écrivain des Histoires de l’Église gallicane avait osé dire de cette légende : « À part le nom de Mar- tial, tout le reste est un tissu de fables (1) ». Forcé de nous appuyer sur une caution si équivo- que, nous n’étions pasexempt d’une certaine crainte : mais aujourd’hui nous pouvons présenter nos tradi- tions avec plus d'assurance; car nous avons, à la limite la plus reculée des monuments traditionnels, non plus une légende maladroitement fabriquée par” un écrivain pseudonyme, mais des Actes sincères, un document grave, authentique, et vraiment digne de l’histoire. L'existence de cette ancienne Vie nous était révélée par des monuments d’une haute antiquité. Ainsi le moine Adémar, dans l’épître où il rend rend compte de la discussion qu’il eut, l’an 1028, avec Benoît de Cluse sur la question de l’apostolat, rapporte ces paroles de son antagoniste : « Quelques-uns ont cou- tume de dire que son ancienne Vie {de saint Martial) périt dans un incendie quand ce monastère fut con- sumé par les flammes (2), et que dans cette Vie il n’y (1) « Atque, si unum Martialis nomen exemeris, reliqua omnia ficta videbuntur. » (BOSQUET, Histor. eccl. gallic., c. 2, part. 1, p. 44.) (2) Le monastère de Saint-Martial fut incendié en 952. (V. ADÉMAR, Patrolog., T. CXLI, col. 82.) 150 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. avait pas autre chose sinon que, après l'ascension du Seigneur, saint Martial avait été converti, avec beaucoup d’autres païens, par la prédication de saint Pierre, puis avait été instruit par lui, et, long- temps après, ordonné évêque, et envoyé à la seule ville de Limoges, comme Apollinaire à Ravenne, et Marc à Alexandrie (1) ». Un écrivain antérieur à Benoît de Cluse, ou du moins son contemporain, a décrit les caractères de cette Vie d’une manière si précise, si détaillée, si catégorique, qu’il est impossible de s’y méprendre : c’est Pierre le Scolastique , qui a fait sur saint Martial un poème en neuf livres, dont nous avons recueilli et publié les fragments. Dans l’article qui précède les fragments de ce poème, nous avons établi que cet écrivain florissait non pas à la fin du xr* siècle, comme l'a conjecturé D. Rivet dans l'Histoire litléraire de la France (2), mais à la fin du x: siècle et au commen- cement du siècle suivant. Voici en quels termes Pierre le Scolastique parle del’ancienne Vie de saint Martial : « Est minus et majus de Marciale volumen : Qui minus egit opus plane non est michi notus; Sed scio quod sancto fuerit nequissimus hostis : Propter namque fidem, bene quæ dixisse videtur (1)« Solent dicere nonnulli vitam ejus veteranam, quando hic locus arsit, perisse incendio, in qua nihil horum legebatur, nisi duntaxat quod post ascensionem Domini ad Petri prædi- cationem sit conversus , sicut alii multi ex paganis, et ab eo eruditus, et post longum tempus ordinatus episcopus, et ad solam urbem Lemovicum missus, sicut Apollinaris ad Raven- nam et Marcus in Alexandriam. » (Pa/rolog., T. CXLI, col. 95.) @) T. VIN, p. 504. MÉMOIRES. 151 Præsulis excerpsit scrmonibus Aureliani; Frivola vero suo deprompsit pectore tetro, Ut jubar inficerent, quod nubila cuncta repellit. Ergo refutetur condempneturque malignus. At plures alios qui composuere libellos Sint licet ignoti, nam nusquam nomina ponunt, Quæ bene dixerunt vigili sunt mente notanda : Is male quæ finxit penitus debent reprobari, Neve rudes hominum sensus malus imbuat error, Sunt etiam doctis raro, numquamve legenda. Sed quæ proposuit miracula sunt retinenda : Testis enim verax ipsi narraverat illa. Nec tamen antiquo curavit credere libro, Vulgari famæ tribuens ea quæ referebat ; Magnaque vix tangens, contendit condere lumen, Et curtus verbis animum celare nequivit, Ut quicumque sapit satis hunc reprehendere possit. Ergo nichil timeat, sed posse probet reprehendi, Muitiplicique virum ratione refellat iniquum. Namque suis armis hostem superare valebit, Et damnabit opus quod quilibet offeret ipsi (1). » Ces vers ont besoin d’un commentaire : nous allons essayer d'en éclaircir le sens : « Est minus et majus de Marciïale volumen ». « Il y a un petit livre et un grand livre de la Vie de saint Martial. » — Le grand livre de la Vie de saint Martial, c'est la légende apocryphe, si longue et si diffuse, que Pierre le Scolastique regardait comme l’œuvre d’Aurélien, second évêque de Limoges; — le petit livre de la Vie de saint Martial, c'est la légende courte et succincte; ce sont les anciens Actes, qui (1) Paenae 1e Scozasrique , livre VI, poème VH , p. 55, 54. 452 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. n'avaient pas été publiés jusqu’à ce jour, et que nous avons eu la chance inespérée de découvrir. Cette seule indication de « petit livre » avait fait soupçonner à Nadaud l'importance de cette ancienne Vie : « Les critiques, avait-il dit, qui préfèrent les actes les plus courts et les plus simples à ceux qui sont plus étendus et plus chargés regretteront, sans doute, la perte de cette pièce (1) ». « Qui minus egit opus plane non est michi notus. » « Celui qui a écrit le petit livre m'est tout à fait inconnu. » — Pierre le Scolastique, qui ne doutait pas de l’authenticité de la légende d’Aurélien, s'ima-— ginait connaître l'écrivain du « grand livre de la Vie de saint Martial ». Quant à l’auteur du « petit livre », Pierre le Scolastique ne le connaissait pas, attendu qu'il n'a pas songé à se faire connaître. C'était un usage presque général, à l’époque reculée où ces Actes ont été écrits, que les auteurs des légendes des saints ne mettaient pas leur nom en tête de leurs ouvrages. Ainsi, que l’on parcoure, dans la table du re volume de l'Histoire littéraire de la France, la liste des écrivains anonymes qui ont composé des Vies de saints au vi et au vrr° siècle, on en comptera plus de cent indiqués dans ce seul volume. Et, pour citer des exemples, connaît-on l’auteur de la légende de sainte reneviève, écrite vers l'an 530? Les Actes de saint Saturnin de Toulouse, cités par Grégoire de Tours; ceux de saint Privat de Mende et de saint Ursin de Bourges, où le même historien a certainement (1) NapaUD, Dissert. mss sur saint Martial, ch. II. MÉMOIRES. 153 puisé ce qu'il raconte de ces deux saints, voilà des documents d’une haute antiquité : en connaît-on les auteurs? Comme ces anonymes écrivaient, non dans l'espoir d’une renommée frivole, mais uniquement pour l'édification des fidèles, et pour rendre témoi- gnage à la vérité, ils oubliaient naturellement de mettre leur nom en tête de leur ouvrage, et cette marque de modestie est une preuve, sinon de leur science, au moins de leur sincérité. « Sed scio quod sancto fuerit nequissimus hostis : Propter namque fidem, bene quæ dixisse videtur, Præsulis excerpsit sermonibus Aureliani ; Frivola vero suo deprompsit pectore tetro, Ut jubar inficerent, quod nubila cuncta repellit. Ergo refutetur condempneturque malignus. » « Mais je sais que c'était un ennemi déclaré du saint : car ce qu'il a dit de louable et de digne de foi, il l’a extrait des écrits de l’évêque Aurélien : mais il a tiré de son fonds mauvais des choses frivoles pour obscurcir ce soleil, qui défie tous les nuages. Donc il faut réfuter et condamner ce méchant. » Les invectives que Pierre le Scolastique lance contre l’auteur anonyme de l’ancienne Vie sont parfaitement excusables, et cet écrivain, qui ne doutait pas que la légende du faux Aurélien ne fût réellement l’œuvre du successeur de saint Martial, ne pouvait tenir un langage différent. En effet, la légende d’Aurélien entre dans des détails qui sont tout à fait à la gloire de l'apôtre de l’Aquitaine : elle lui donne le titre d'apôtre et de disciple du Seigneur; elle le fait assister aux principaux évènements de la vie publique de Jésus-Christ, à la résurrection de Lazare , à la cène 154 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. et au lavement des pieds; elle en fait un témoin de la résurrection et de l'ascension du Sauveur ; elle lui fait recevoir l’Esprit-Saint au jour de la Pentecôte ; elle entre dans de grands détails sur les prodiges que Saint Martial avait opérés à Toul, à Ahun, à Limoges, à Bordeaux, à Mortagne, etc. Au contraire, l'ancienne Vie, plus sobre de détails, se contente de dire que saint Martial fut envoyé par saint Pierre dans les Gaules; qu'il ressuscita un de ses compagnons, comme l’alteste la tradition populaire; qu'il convertit et baptisa une jeune fille, nommée Valérie, laquelle, ayant refusé un mariage qui lui était offert, fut, dit-on, mise à mort par son fiancé, encore païen. On ne trouve dans l’ancienne Vie ni le nom du duc Étienne; ni celui de Susanne, mère de sainte Valérie; ni ceux d’Aurélien et d'André, prêtres des idoles ; ni ceux de l'écuyer Hortarius et d’'Hildebert, fils d’Arcadius, comte de Poitiers, etc.; on n’y trouve aucun de ces détails chronologiques dont la légende d’Aurélien est si prodigue : par exemple, que saint Martial était entré à Rome la seconde année de l'empire de Claude; qu’il mourut après vingt-huit ans d’épiscopat, la troisième année de l’empire de Vespasien, la troisième année de la deux cent douzième olympiade: rien de tout cela, mais seulement ces quelques paroles, qui offrent peu de prise à la critique : Zmminente jam tempore , eximius vir migravit ad Dominum. Pierre le Scolastique ne devait-il pas penser que cet écrivain anonyme du « petit livre » était un ennemi du saint, qui voulait obscurcir l'éclat de cet astre, puisqu'il passait sous silence les choses glorieuses et magnifiques qu'Aurélien avait dites en l'honneur de son héros ? MÉMOIRES. 155 Ces invectives que le poète lance à l'écrivain ano- nyme avaient fait comprendre à Nadaud l'importance de cepetitlivre : « ILétoit l'ennemi du saint, remarquait- il, parce que, sans doute, il n'étoit pas partisan de toutes les puérilités de la Vie d’Aurélien. Il reste à savoir dans quel siècle cet anonyme plaçoit saint Martial. On ne nous dit point non plus le siècle de cet écrivain. Peut-être cette Vie et ces miracles appro-— choient-ils de près la sincérité et l'authenticité qu'on demande dans de telles pièces : du moins la brièveté _ de l'ouvrage et la simplicité du style le donnent à penser : dans ce cas, nous ne saurions assez déplorer la perte de cette pièce (1) ». « Propter namque fidem, bene quæ dixisse videtur Præsulis excerpsit sermonibus Aureliani. » « Ce qu'il a dit de bon et de digne de foi, il l’a tiré des écrits de l'évêque Aurélien. » — Nadaud, avec son instinct profond d’antiquaire, avait fort ingénieu- sement deviné, d’après ces paroles, que « la Vie de saint Martial, dont on fait auteur son successeur, avoit quelque chose de fondé dans l'antiquité (2) », puisqu'elle renfermait des traits semblables à ceux de l’ancienne Vie; et c’est, en effet, à l’aide de la légende d’Aurélien que nous avons pu combler une lacune qu'offre le manuscrit incomplet des anciens Actes. Le « petit livre » de l'écrivain anonyme a servi comme de fonds et de canevas sur lequel le faux (1) NapauD, Mérm. mss., T. IV. (2) Id. , ibid. 156 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Aurélien a brodé sa poétique légende et son roman historique. « At plures alios qui composuere libellos Sint licet ignoti, nam nusquam nomina ponunt, Quæ bene dixerunt vigili sunt mente notanda : Is male quæ finxit penitus debent reprobari, Neve rudes hominum sensus malus imbuat error, Sunt etiam doctis rare numquamve legenda. » «Plusieurs écrivains ont composé d’autres opuscules ; et, quoiqu'ils soient inconnus, — car ils ne mettent leur nom nulle part, — on doit noter avec soin ce qu'ils ont dit de bien; mais on doit réprouver tout à fait les fictions de cet anonyme, de peur que ses erreurs ne séduisent les esprits grossiers ; et les doctes mêmes doivent ne les lire jamais ou que très rare- ment. » — Les opuscules anonymes dont parle ici Pierre le Scolastique nous paraissent les divers livres des miracles de saint Martial : par exemple, celui que les Bollandistes ont publié comme étant du 1x° siècle, et que nous avons trouvé manuscrit, avec quelques variantes, à la Bibliothèque impériale (1). On doit étudier ces opuscules, quoiqu’ils soient écrits par des auteurs inconnus : la réprobation ne les atteint pas : elle ne doit frapper que l'écrivain anonyme du « petit livre ». « Sed quæ proposuit miracula sunt retinenda : Testis enim verax ipsi narraverat illa. » «Cependant il faut conserver lesouvenir des miracles qu'il rapporte : car des témoins dignes de foi les lui (1) Hss lat., ancien fonds, ne 2768 (4), fol. 81-90. MÉMOIRES. 457 avaient racontés. » — Pour bien comprendre le sens de ces paroles, il faut savoir que l’ancienne légende de saint Martial se compose de deux parties : la première, qui renferme un récit court et substantiel de la Vie du saint; la seconde, où sont rapportés les plus anciens miracles opérés à son tombeau. « Proscrivez cette Wie conservez ces miracles! » avait dit Pierre le Scolas- tique : cette recommandation a été si bien suivie qu’on ne trouve plus d'exemplaires de la première partie du « petit livre », tandis que la seconde se trouve fréquemment, et a été publiée par les Bollan- distes sous ce titre : Antiquiora aliquot_ {miracula) Palrata ad sepulcrum (1). Avant eux, le P. Bonaventure avait trouvé et mis à profit un manuscrit de ces anciens miracles, et son Contemporain le chanoine Collin disait : « La Providence divine m'a fait ren- contrer quantité d'anciens lambeaux d'un vieux ma- nuscrit in-folio, parmi lesquels j'ai trouvé {a fin de la Vie de saint Martial, dont le temps a consommé le commencement, et un cayer de ces miracles que je désirois de voir avec tant de passion. Ces lambeaux paroïssent avoir été écrits il y a plus de huit cents ans (2) ». Était-ce le temps qui avait déchiré la Vie de saint Martial qui précédait ces miracles ? N'étaiert- ce pas plutôt les disciples de Pierre le Scolastique ? Les Bollandistes qui ont publié la seconde partie de ce livre n'avaient pas trouvé non plus la première partie : On voit que C'était un parti pris de déchirer cette ancienne Vie, si injurieuse à saint Martial. (1) Acta S5., T. V junii, PS5. (2) Vie des Suints du Limousin, p. 252. 158 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. « Nec tamen antiquo curavit credere libro, Vulgari famæ tribuens ca quæ referebat. » Ce qui étonnait Pierre le Scolastique, c'est que cet écrivain anonyme, au lieu de s'appuyer sur le témoi- gnage d'Aurélien, ne citait le témoignage d'aucun ancien livre, mais attribuait à la tradition populaire ce qu'il rapportait. C'est là, en effet, ce qui caractérise les anciens Actes de saint Martial, et ce qui prouve leur antiquité. L'écrivain anonyme dont ils sont l'ouvrage n'avait garde de citer le faux Aurélien, qui n’est venu qu'après lui. Comme il n’y avait alors rien d’écrit sur saint Martial, excepté peut-être les diptyques de l'Église de Limoges où figurait le nom des évêques les plus célèbres, cet écrivain avait consulté la tradition, et avait composé son récit d'après les souvenirs tradi- tionnels. Voilà pourquoi, en parlant de la résurrection d’un compagnon de saint Martial, il s'exprime ainsi : «Cequi arriva, comme l’atteste la renommée populaire (1) »; de même, en parlant du martyre de sainte Valérie, il s'exprime en ces termes : « Et elle fut mise à mort, dit-on, par son fiancé, encore païen (2) ». « Magnaque vix tangens, contendit condere lumen. » «Il effleure à peine les traits principaux de la Viede saint Martial, et il s'efforce d’enfouir cette lumière. » — C'est là le reproche capital que Pierre le Scolastique adresse à l'écrivain anonyme. On voit que tous les {1) « Quod factum est, ut vulgi fuma testatur. » (2) «Et postea, ut Jertur, a spon$0 suo, adhuc gentili, inte- rempta fuit. » MÉMOIRES. 159 griefs dont il se plaint sont autant de traits distinctifs qui caractérisent l’œuvre, et ne laissent aucun doute sur l'identité et l'antiquité de cette pièce importante, que nous avons eu l’heureuse chance de retrouver après huit siècles d’oubli. Toutefois nous n'avons pas l'espoir de publier ces anciens Actes dans leur intégrité primitive’, car le seul et unique manuscrit que nous ayons pu trouver offre de nombreuses et regrettables lacunes. En annon- cant, dans le journal l’Univers, la découverte de cette ancienne Vie de saint Martial, nous ajoutions : « Malheureusement le copiste du x‘ siècle, qui ne savait pas le latin, a fait d'énormes fautes d'orthographe, qui rendent certaines phrases inintelligibles; de pius, il a fait un mélange de divers feuillets qui augmente encore la confusion du texte. Qu'on s'imagine une inscription antique que l’on trouve en fragments : il s'agit de rapprocher ces débris épars, de les rajuster, et de combler les lacunes : c’est un travail de ce genre qu'il nous faudra entreprendre pour restituer ce texte ancien dans sa primitive intégrité. Et, malgré nos recherches, nous n'avons pu trouver que ce seul exemplaire de l’ancienne Vie de saint Martial, quoique la Bibliothèque impériale possède plus de vingt exem- plaires de la lécende d’Aurélien (1) ». Il nous a été facile de combler les lacunes de la seconde partie de cette légende (relative aux anciens miracles operés au tombeau de saint Martial) à l’aide de l’Opuscule des anciens miracles publié par les Bollandistes au tome cinquième de juin, opuscule, qui n'est autre (1) Univers , 14 septembre 1855. 160 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. chose que la seconde partie des anciens Actes; quant à la première partie, nous avons comblé une lacune importante à l'aide de la légende du faux Aurélien, qui paraît avoir copié ce passage du « petit livre ». Plusieurs phrases, dans cette partie, restent mutilées : quelques autres sont à peu près inintelligibles. Nous avons indiqué par des points ces mutilations et ces lacunes, laissant au lecteur intelligent le soin d'y suppléer. Mais le point capital, nous dira-t-on, c’est d’as- signer la date de cette ancienne Vie de saint Martial; c'est d'en établir l’antiquité, et surtout l’antériorité à Grégoire de Tours. — C'est là justement ce que nous allons faire. 4e Ce qui montre tout d'abord l'antiquité de la légende anonyme de saint Martial, c’est qu’elle est antérieure à la légende apocryphe du faux Aurélien. Dès le commencement du xr° siècle, c'était là un fait reconnu par quelques érudits, et Benoît de Cluse soutenait avec raison contre le fougueux Adémar que l’ancienne Vie de saint Martial, que l’on croyait per- due, était antérieure à la légende d'Aurélien, chau- dement patronée par son antagoniste. Il suffit, en effet, de parcourir cette ancienne Vie pour se Con- vaincre, au premier coup d'œil, qu’elle a été composée d’après la tradition, alors qu'il n’y avait rien d'écrit sur saint Martial, comme on le voit par ces paroles du texte, à propos de la mort d'Austriclinien : « Ce qui arriva, comme l’atteste la renommée populaire : — quod factum est, ul vulgi fama testatur ». — « Et ensuite, comme on le rapporte, Valérie fut mise à mort par son fiancé, encore païen : — el posteu, ut fertur, (Valeria) MÉMOIRES. 161 a sponso suo , adhuc gentili , interempta fuit. » C’est pour- quoi Pierre le Scolastique avait remarqué avec un certain étonnement que l’auteur anonyme de la petite légende ne s'appuyait sur l'autorité d'aucun auteur ancien, mais attribuait à la tradition populaire les faits -qu'il racontait : « Nec tamen antiquo curavit credere libro, Vulgari famæ tribuens ea quæ referebat ». Cela ne nous montre-t-il pas que les Actes de saint Martial n'étaient pas encore écrits alors que cet auteur anonyme entreprit de les rédiger? — Du reste, il est incontestable que ces anciens Actes ont servi de fond et de canevas, pour ainsi dire, aux broderies légendaires du faux Aurélien. Pour peu qu’on prenne la peine de comparer les deux pièces, on verra que ce n’est pas cet auteur anonyme qui a puisé ce qu'il a dit d’exact dans les écrits de l’évêque Aurélien, comme Pierre le Scolastique l'en accuse, mais que c’est, au contraire, le faux Aurélien qui à puisé dans l’auteur anonyme le fond de son thème , qu'il a embelli en y ajoutant d’autres traditions populaires et des détails d'imagi- nation. D'ailleurs, en thèse générale, les Actes courts sont toujours lés plus anciens, et c’est une remarque judicieuse de Tillemont « que ces sortes d'ouvrages vont plutôt en augmentant qu’en diminuant, comme on le voit par expérience (1) ». Or la légende d’Aurélien a été écrite au plus tard dans la seconde moitié du vi‘ siècle, comme le prouvent les vers que Fortunat a composés sur cette légende, (1) TILLEMONT, Mémoires, T. II, p. 551. I. 41 162 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. vers dont nous avons établi et dont nous maintenons l'authenticité, malgré les dires de MM. Bourassé, Quicherat et d'Ozouville; et, comme la légende ano- nyme de saint Martial est antérieure à la légende d’Aurélien, il suit clairement qu’elle date ou de la première moitié du vi‘ siècle, ou même de la seconde moitié du v° siècle. 20 Mais ce n’est pas le seul argument que nous ayons à présenter pour établir l'antiquité de la légende anonyme de saint Martial : nous pouvons donner à cette légende une date antérieure au vur° siècle en nous appuyant de l'autorité des Bollandistes, qui, sans s’en douter, nous ont donné sur ce point leur opinion motivée. Les Bollandistes ont publié, au tome V de juin, trois opuscules des miracles de saint Martial, réunis dans le même manuscrit, mais rédigés à trois époques différentes. Or le premier de ces opuscules auquel ils ont donné ce titre : $ 1. Quelques miracles plus anciens opérés au sépulcre (1), n’est autre chose que la seconde moitié de la légende anonyme desaint Martial, où sont relatés les plus anciens miracles qui se firent à son tombeau. C'est à l’aide de ce premier opuscule, publié par les Bollandistes, que nous avons pu réparer les lacunes et les défectuosités de la seconde partie de notre manuscrit. Les deux opuscules suivants, aux- quels les Bollandistes ont donné ce titre : Miracles écrits aux vri®, vire et 1x° siècles (2), renferment le récit de (1) « Antiquiora aliquot (miracula) patrata ad sepulerum. » (Acta Ss., T. V junii, p. 558.) (2) « Miracula sæculo vit, vin, 1x scripla ». (Ibid., p. 554.) : MÉMOIRES. 163 miracles opérés depuis le commencement du vri° siècle jusqu’en 855, et le premier miracle qu'on y raconte se rattache à l'élection desaint Loup, évêque de Limoges, qui eut lieu sous Clotaire, en 614. Le P. Papebroch, dans son manuscrit, avait trouvé ces trois opuscules réunis sous le même titre; mais, ayant remarqué la conclusion qui termine le premier opuscule et le pré- ambule qui commence le second, il avait conjecturé que ces deux parties de son manuscrit n'étaient pas du même auteur, et que la première avait été écrite avant la seconde : il avait deviné juste. En effet, en faisant des recherches à la Bibliothèque impériale, nous avons trouvé, dans le manuscrit2768 À, fol. 81, ce se- cond opuscule, détaché du premier, et transcrit séparé- ment. Donc ce premier opuscule, qui n’est autre chose que la seconde moitié de la légende anonyme de saint Martial, est antérieur, par la date et par la rédaction, aux deux opuscules suivants, écrits, d’après les Bollandistes , de 61% à 855; et c'est pourquoi, avant de savoir que cetopuscule n’est qu'une moitié de l’ancienne légende, nous avions dit qu'il « nous paraissait avoir été écrit au vi* siècle (1) ». Donc la légende anonyme de saint Martial , dont ce premier opuscule n’est qu’un extrait, est antérieure à l’an 614, etle vi: siècle est la date la plus récente qu’on puisse lui assigner. 3° Du reste, en étudiant les caractères intrinsèques de cette légende, on ne peut s'empêcher de reconnaître qu’elle ressemble parfaitement aux légendes de cette époque, et notamment à celles que Fortunat et Gré- goire de Tours nous ont laissées. Le prologue, dont le (1) Dissertation sur l'apostolat de saint Martial, p. 57, note. 464 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. style accuse l’âge de transition de la période romaine à celle du moyén âge, est dans le genre des prologues de ce temps-là ; la conclusion est dans les mêmes termes que plusieurs légendes de Fortunat et de Grégoire de Tours (4); puis, dans le récit des miracles opérés au tombeau de saint Martial, les formules qui servent de transition d'un miracle à l’autre ressemblent exactement à celles qu'emploient ces deux écrivains, comme on peut s'en convaincre en vérifiant les cita- tions que nous faisons à la fin de chacune de ces for- mules : — Nec eliam quod operæ pretium occurrit omittendum est (2); — Adjiciendum est etiam et illud quod per eumdem Dominus operalus est (3); — Jungatur operti quod præsens testatur auctoritas (h); — Addatur et illud quod potest adjungi mysteriis (5). — De plus, on y trouvedes expressions particulières à l’époque romaine: par exemple, pour désigner les reliques de saint Mar- tial, l’auteur anonyme se sert de ces termes : Beati viri memoria : — c'est l'expression employée fréquemment par saint Augustin pour désigner les reliques de saint Étienne (6). (1) FORTUNAT, Légendes de saint Hilaire de Poitiers et de saint Albin. (Patrolog., T.LXXX VII, Col. 448, 486.) — GRÉGOIRE DE Tours, Historia septem Dormientium , édit. Ruinart, p. 1282. (2) FORTUNAT, Patrolog., T. LXXX VIII, col. 461, 462, 469, 483, 484, 538, 546, 558. — GRÉG. DE TOURS, éd. Ruinart, 1289, 1299. (3) FORTUNAT, id, CO]. 557. — GRÉG. DE Tours, 24id, 1297. (4) FORTUNAT,, #id., col. 509, 553, 557, 558. (5) « Adjiciatur operi res adjecta mysteriis. » (GRÉG. DE TOURS, ibid. , 1290.) — FORTUNAT, #id., Col. 558. (6) De Civilate Dei, lib. XXII, cap. VIN, $ 10, 11, 12, 15, 17,19,etc. MÉMOIRES. 165 4° Cette légende anonyme est donc du vi‘ siècle : elle est même antérieure à Grégoire de Tours ; car elle est la source où cet historien a puisé le récit de trois miracles qu’il raconte dans son Livre des Confesseurs après les quelques mots qu'il a consacrés à saint Martial. Et qu'on ne dise pas que le récit de cestrois miracles a été pris par l’auteur anonyme dans Grégoire de Tours; car il est bien plus,naturel de penser que les vies des saints et leurs miracles ont été écrits dans les lieux mêmes où ils avaient vécu, et où ces miracles s'étaient opérés. Grégoire de Tours, qui n’avait pas la science infuse, s’aidait, pour composer ses traités et ses divers recueils, des légendes des saints rédigées sur les lieux mêmes où ils s'étaient sanctifiés : c’est ainsi qu'il a abrégé les Actes de saint Saturnin de Toulouse, de saint Ursin de Bourges, de saint Privat de Mende, composés d’après la tradition orale dans les diocèses respectifs de ces saints évêques. Et Grégoire de Tours n’a pu parler de saint Martial que d’après les Actes rédigés en Limousin, c'est-à-dire d’après cette légende anonyme où sont rapportés les plus anciens miracles de saint Martial. — Mais, s’il a connu cette légende anonyme, com- ment n’a-t-il pas dit ce qu’on trouve dans cette légende sur la mission que saint Martial tenait de saint Pierre ? — Nous avons constaté, sur ce point, les contradic- tions et l'incertitude de Grégoire de Tours. Induit en erreur par la lecture comparée de deux légendes qui ne s'accordent pas, celles de saint Saturnin de Toulouse et de saint Ursin de Bourges, il dit, d’une part, que les sept évêques ont été envoyés sous l’empire de Dèce ; 166 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. et, d'autre part, il fait envoyer par les disciples des apôtres saint Saturnin, un de ces sept évêques, saint Ursin, un de leurs disciples, et il attribue à saint Clé- ment, disciple des apôtres , la mission de saint Eutrope de Saintes. Quant à saint Martial, après avoir dit, dans son Histoire des Francs, qu'il avait été envoyé sous l’empire de Dèce, il dit simplememt, dansson Livre des Confesseurs, qu'il fut envoyé par les évêques de Rome. Quels évêques? il n’en sait rien. Et pourtant, la pre- mière année de l'empire de Dèce, l’évêque de Rome était saint Fabien. Pourquoi ne pas le dire s'il était sûr de son fait? Sans doute pour n'être pas trop en contradiction avec iui-même: il aime mieux laisser la question dans le vague. Mais n’était-ce pas faire l'aveu de sa méprise ou de son ignorance? — Il ajoute d’ail- leurs que saint Martial était venu d'Orient avec ses deux compagnons : cette donnée, conforme à la tradi- tion consignée dans la légende du faux Aurélien, ne convient-elle pas mieux au re" siècle qu’au 111° ? Est-ce au r* ou au zu Siècle que l'Orient envoyait des disci- ples de Jésus-Christ dans l'univers? La légende anonyme de saint Martial est donc l'expression la plus ancienne, la plus authentique, de la tradition locale sur l’époque de la mission de l’apôtre de l’Aquitaine. Or cette légende dit que saint Martial a été envoyé, non pas par le siége de Rome, mais personnellement par saint Pierre, dont elle cite les actions et les paroles à cette occasion. Donc ou l'his- toire ne doit rien dire sur la date de l’apostolat de saint Martial, ou elle doit dire que, selon la tradition locale, antérieure à tout autre récit, saint Martial à été envoyé par saint Pierre lui-même. MÉMOIRES. 167 Nous allons publier cette lésende anonyme, malgré les défectuosités et les lacunes de notre manuscrit : nous indiquerons par un simple crochet, dans la première partie, les mots que nous avons corrigés nous-même, et, dans la seconde partie, ceux que les Bollandistes ont suppléés. Puis nous signalerons par un double crochet, dans la première partie, les lacunes que nous avons comblées à l’aide de la légende d'Auré- lien , et, dans la seconde partie, celles que nous avons comblées à l’aide du manuscrit des Bollandistes. | [VITA SANCGTI MARTIALIS, EPISCOPI LEMOVICENSIS (1). ] [PROLOGUS. | Quicunque sanctorum beatissimas actiones Cupit propriis sermonibus explere consideret vires, ne, tanto pressus pondere (2) quod suscepit, fatiscat ingenio : ille tamen his rebus debet astare, quem et facundiæ (3) vigor attollit, et fâcultatis sermo non deficit : ergo, quia hujus confessoris (4) cujus nomen tituli (5) denuntiavit principium actionum seriem nitor exerere, vereor ne magis floccipendend{[us] magis 14) I y a dans le manuserit pour tie : « Incipiunt miracula sti Martialis ». {Biautor. mmeéauace, n° 3851- A , fol. 30-55 , caractères du x° siècle.) (#) Mss : « Tantum pressus in pondere ». 15) Mss : « Fecundiæ ». (4) Le mot » été mal elfacé , et au-dessus on a écrit : «€ Apostolis ». (>) Mss : « Momentieuli ».. 168 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. sit ser[mo|, potius quam paginali conloquio admittend{us] ; et, licet nonnulli doctissimorum, virifbujs et afcie] ferventes ingeni[i], quibus et doctrinæ norma favet, quibus suppctit et philosop{hia], adpetit ordo, recurrit rhetoric{a], [tam solerter scribant] ut actiones (1) pene æquiparent dictiones; cum cœæperi[m] ad tale venire propositum , exempl{i] eorum tepescit AUCHOPITA[S NS) een. cLue lusloreiete Lie sr be secte AD ARE phaleratis non valeo verbis expl[ere] quod cupio, saltem ut qui voluerit hujus textufs] repetere dicciones inchoatas (3) rei ma[læ] peritissimum deducat stylum. [VITA iNCxpIT. | 1. Igitur, dum adhuc, apud provincias Galliarum, plurimæ civitates diversorum rituum cCultibus præpollerent, inter quas erat tunc temporis Lemovica civitas, diversorum numi-— nibus referta cultuum atque errorum cerimoniis , in tantum ut nullus eorum nomen Domini noverit invocare, nec beatis— simi salutaris gratia consecratus, divinis vacaret mysteriis ; eodem tempore quo beatissimo Pe[tro] romana Ecclesia gubernandi pontificio fuerat commendata, cui et populo sito in u{ni}versis urbibus sublimis cathedræ ac fidei pendebat auta devotio interesse... (?) pro Christi nomine laborabat ut pro- vinciæ universæ catholicæ Ecclesiæ disciplinis ac dogmatibus regerentur. Cognito itaque tanto sacrilegio Gallias subja/{cere], diversis urbibus (4) misit episcopos quorum doctrinis ad reli- gionem fidei populus [in] Christi nomline] adquireret{[ur]. Et, quia in jam dicta civitate maxim{a], ut antiquitas propri[is] in ædibus auctoritatem adfirmat, nullus rei indicio factus , superbia, dominum fate[retur].…. Quæ res , pastorali sollicitu- dine inquisita, pervenit ad beatissimum Petrum apos- (4) Mss : « Matrones eciam paene equiperan diceiones. » (2) Il y a dans le manuscrit ces mots , que nous n'avons pu restituer : « Has ergo quem tenui vix implem{us] assusurro ». (3) Mss : « Diccionis incoatam ». (4) Au-dessus de la ligne : « Consecravit Marcialem ». ARS MÉMOIRES. 169 tolum (1), romanæ sublimi fastigio cathedræ sublimatum : quam rem molestissime ferens, eo quod tanto error/i] deditus populus subjaceret..…. II. Tunc (2) beatus Petrus Marcialem episcopum dignu[m} Dofmino] et verum , qui ad hoc adscitatus fuerat ut ad prædi- candum gentibus mitteretur, ad se vocavit, cui ait : « Frater sanctissime, magister noster et dominus Jesus Christus, post sacram ac venerabilem resurrectionem , cum nobis non per enigmata, sed in eo habitu ac forma qu{am] de matre adsumpsit, apparuit; hoc noblis] præcipiens, dixit : « Data est » michi omnis potestas [in cœlo] et in terra : ite, docete » omnes gentes , baptizantes eos in nomine Patris, et Filii, et » Spi[ritus sancti], docentes eos servare omnia quæcumque » mandavi vob[is] ». Quod, beatissime frater, utrlisque] nobis expedit conservare, ut precepti dominici non simus imme- mores. Quare age, præstantissime, et meis adquiesce consiliis, quod fiat ut nostro particeps effic[iaris consortio] : accinge lumbos tuos, et, absque retractione aliqua, quantocius festi- nare. [| Ne differas, ut populum qui demoniis noscitur deser— vire ad veram et integram divini cultus religionem facias pervenire, ut, amoto erroregentilium |] (3), Christum valeant confiteri. » Est namque civitas in provinciis Galliarum [| profano vacans errori, nomine Lemovix. Hanc cum adjacentibus tibi Christus Ccommendat, ut tua prædicatione ab ipso subli- metur |]. Et, quia longa tibi restat via, ne cuncteris meis parere sermonibus, quibus coronæ tuæ tibi magnum adsumas bravium. [[Sume tecum duos discipulos, qui et comitatui tuo intersint, et tibi obsequium præbeant, et coronæ præmium. non amittant (4). » (4) A la suite : « Discipulum ». (2) Ce paragraphe a pour titre : « ALIA MIRACULA ». (3) Légende d’Aurélien. — Après ces paroles : « Quantocius festinare », on lt dans le manuscrit : « Req{uijre retro quæ dicas Cbristo valeant confiteri. Et quia Tonga tibi yestat via ac deic req{ui]re usque hue venias ». Puis vient le 6 4, relatif à sainte Valérie, le $ 5 , et le récit des deux premiers miracles . (4) Ce qui est entre deux crochets à été extrait de la légende d'Aurélien, (Bibliuh. impér., n° 5296, A.) 170 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. [[Nec mora, [beatus] vir Marcialis, adjectis secum duobus discipulis Austricliano atque Alpiniano, iter quod ei fuerat [a beato Petro]injunctum arripuit. Et, cum cæpti itineris matu- ritate viam conficerent, contigit ut beatus Austriclianus, unus e comitibus, migraret a sæculo in loco qui Else vocatur. Quo viso, beatissimus Marcialis Romam repedavit, nuncians beato Petro omnia quæ sibi in via acciderant. Quem ille percunctatus dixit ad eum : « Quantocius propera, sumpto bacterio meo in manu tua. Cumque ad locum perveneris quo fratrem exanimem reliquisti, tange ex ipso defuncti cadaver, et ego tecum Domino fundam orationem, statimque velut a somno expergiscetur, et continuo |] comitatui [tuo] inhæ- rebit. » Quod ita factum est, ut vulgi fama testat[ur]. Quæ res secundum Evangelii sententiam intelligenda mihi videtur, dicente Domino discipulis suis : « Si habueritis fidem sicut granum sinapis, dicetis huic monti : « Transi hinc», et tran-— sibit. » Quo tacto, membra, quæ calore sanguinis fuerant viduata, extemplo rediviva redduntur, et lucem, quam ami- serat moriendo, propriis cœpit luminibus intuer(i]. Ideo factum quis ambigat, nisi ut beati Petri fides claresceret imperantis (1), et beatissimus Marcialis his incitaret[ur] exempl{is], quibus coronaret[ur] et meritis. IH. Igitur (2) cum, in destinatis diebus, venisset ad urbem ubi fuerat destinatus, invenit omnem multitudinem populi, diversorum idolorum cultui (3) [vacantem] : qui instant{er] verbum Domini cœæpit fidelibus auribus indicare; qui[que] ita suis pfopulum] convertit alloquiis, ut intra paucorum dierum spatia nullus fuerit qui non sibi sal[utare] lavacr[um] vel crucis impression[em] front[i] poposceret; ubi, cum in D{ei] nomine laboris sui fructum maximæ messis in [nomine)} Domini Jesu Christi, ex animabus populi, in horrea Congre- garet; et (4) omnis multitudo gentilis, superstitution[ibus|] defdita], suis cœpisset obtemperare sermonibus , frequenti admonitione produx{it] gratiam. (4) Mss : « Clarescerit imperandum ». (2) IL y a pour titre : ic Alia XXX ». (3)$Mss : « Culturiis ». (4) Mss : « Vel ». MÉMOIRES. 171 IV. Puella quædam , nomine Valeria (1), nobilior fide qu'am] non origine natalium, Dofmino] placuit, sed [magis] fide meri- torum. Quæ cuidam viro sponsali titulo erat consociatura conjugio : in tantum perhibetur se D{eo] vero assidua frequen- tatio[ne] ..…. proponefre?] …… ut ad baptismi gratiam, eo suadente, pervenisset. Et postea, ut fertur (2), pro eo quod christiana effecta fuisset, et noluisset se disposito conjugio sociare, à Sponso suo, adhuc gentili, interempta fui[t]. Quæ, pro amoris gratia dicitur, eo quod vir Dei sanctus Marcialis , tam itinere fessus quam labore senioque confectus ,.…. præfata puella sepulturam quæ suis cineribus fuerat præparata, ut cum in Dei nomine beatus Marcialis de hac luce migraret ad Dorminum, concessisse ut ibi beati viri membra tumu-— larentur..…. V. Quid multa? Imminente jam tempore, eximius vir migravit ad Dominum. Presbyteri qui cum eo aderant superstites remanser{[unt] : ac, ubi completi sunt dies, ut et ipsi migrarent a sæculo, in eodem loco quo beatus [Marcialis] tumulariam meruit sepulturam et ipsi sepulti sunt.…. (3). .…… et ita factum ut redeuntibus populis consuetæ orationi vacare, inventæ sunt separari ab invicem sepulturæ : atque discrete, ut patefñeret populis, quo tumulo pontifex claude- ret[ur]. [MIRACULA SANCTI MARCIALIS. | Igitur beatissimus Marcialis, quibus se virtutibus publica- verit, ut michi relatio contulit manifesta, huic paginæ inserendum esse videtur ; quo fiat ut populus miretur atto- nitus. (4) Après ec mot vient le récit du sixième miracle (seconde partie; . (2) Mss : « Et, ut postea fertur ». (3) il y a là une lacune : Grégoire de Tours, qui rapporte ce miracle , ajoute ces détails : « Et unus quidem parieti proximus , alter vero huie contiguns erat. Super Lerranr tamen utrique stabant : sed non poterat alteri propter illum qui primus erat honor im- pendi , hoe est non ibi palla expandi poterat , non lumen accendi. Quod cum inevlæ loci moleste ferrent, quodam mane accedentes ad cryptam , invenerunt sepulera diversis parielibus esse locata ».( De GLonua coxresson., cap. XXVIL : Ruixanr , col, 917.) 172 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. I. Puella quædam, cum manus officio caruisset, in tantum ut ungularum transfoderetur palma acumine, sancti Marcialis sepulcrum expetiit, et, ut sui misereretur, oravit. Quæ, fusis oracionum precibus, solotenus inhærens pavimentum, res- pectu divino, pristina manus arida meruit recipere sani- tatem. Quod miraculum, adstantibus populis qui ad ejus festivitatem adfluxerant, operatum est. II. In eadem namque nocte quid ibi miraculi apparuerit nequaquam silendum putavi. Mutus a nativitate sua, qui etiam etsi usu linguæ caruerat, tamen corde meditatus est beati viri memoriam expetere; ubi illico ingressis liminibus, fusa Domino intra se oratione, rigens lingua dissolvitur ; qui et colloquium statim meruit et auditum. III. Nec etiam quod operæ precium occurrit omittendum est. Solet enim pertinax cervicositas populorum ut aliqua sibi objecta crimina sacramentis expiare contendat. Nam accidit ut quidam, cum ecclesiæ fores fuisset ingressus, ut obpo- situm sibi crimen misera libertate defensare deberet, quo manifestissimus habebatur, mox rigente lingua, ita os ejus reseratum est ut nequaquam mendacii sui potuisset exercere actionem : sed quasi balantem ovium vocem simularet. Adve- niens autem ad hujus Confessoris tumulum, prostravit se ad orationem. Ubi, cum diutius jacuisset, tanquam si guttur ejus aliquis tangeret ei visum est. Qui innuens presbytero cui ibidem officium agendi fuerat cura commissa, manu ostendit, ut gutturi ejus signum crucis infigeret. Quo facto, iterum prostravit se homo ille, vacans orationi. Qui, cum elevatus fuisset a pavimento, reddito vocis officio, omnia quæ sibi acciderant proprio populis patefecit eloquio. IV. Mulier quædam, dum, turpe miseriæ suæ ludibrium, carnale vicium exerceret, perinventa Cum quo flagitii hujus causa commixta fuerat, præ facinoris sui verecundia, basi- licam sancti Marcialis uterque expetiere, ne publice a judi- cibus disciplinis subderentur addicti; et cum, a custodibus fugitivo gradu evasissent, et ad sepulcrum beati antistitis pervenissent, nescientes viam, intra chori claustra reserantur. Quos non dubium est miseriam suam ibidem pertinaciter exercere [voluisse]. [Qui] non reserato ostio, non pariete MÉMOIRES. 173 transfosso, non fenestræ disrupto [[speculo, sed nutu divino expulsi, in quodam aquæ illuvie, quæ vicina eminus basilicæ apparebat, redeunte luce frequentantibus populis utrique reperiuntur stantes , ita ut detecta eorum miseria appareret, et beatissimi viri virtus ostenderetur in factis. V. Adjiciendum etiam est et illud quod per eumdem Dominus operatus est. Mulier quædam, sitis ardore perculsa nocte, ut sitis incendium temperaret, sine lumine vasculum in quo aquam hauserat arripuit; et, dum avidissime biberet, cum haustu aquæ bibit et serpentem : quem diuturno tem- pore gestans interius, cœpit ægrotare gravissime. Quæ bea- tissimi viri, ut remedium sibi acquireret, basilicam adiit : ubi cum se orationi dedisset, commotis visceribus, serpentem vivum evomuit; quo exempto, sanitatis commoda secum domum reportavit. d VI. Jungatur operi quod præsens testatur auctoritas. Quidam de assistentibus officio (1) ]] basilicæ sancti confes- soris, nomine Marculfus, instinctu diabolicæ persuasionis armatus, Cellulam in qua beati viri clauditur [sepul]tura ingressus, Crucem quæ super sepulcrum, ornamenti causa, pendebat, extensa [manu], clam furto substraxit. Quæ res, ut claro miraculo appareret, compita diver[sarum] provin- ciarum perlustrans, crucem nundinariis protulit, datis pecuniis venumdandam : sed nullatenus quispiam [eam] ausus est emere. Qui, dum diuturno tempore vagafretur], huc atque illuc, nec quidquam sibi prolatæ speciei proficeret precium, in se reversus, atque conscio pudore perculsus, crucem insuper et semetipsumæ loco de quo item male blan- dientis inimici insidia furti conditione substraxerat, post annum aut eo amplius præsentavit : qui et professione sua causam sui operis publicavit [et publice satisfaciens, pœni- tudinem admissi facinoris gessit ]. VII. Adhuc recens virtutum clarescit insigne miraculum. Contigit ut quidam publicæ manciparetur custodiæ, et adstrictus catenarum nexibus teneretur. Oppressis somno custodibus , nocte evasit custodia, et basilicam Sancti Mar- (4) Extrait du manuscrit des Bollandistes. { Acra Ss., T. V juni.) 174 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. cialis adhuc vinculatus expetiit ; ubi tactis liminibus, sed tamen reseratis januis, ita vincula sunt comminuta ut statim absolveretur adstrictus; quæ etiam catena, teste populo, appensa cernitur pariter et confracta. Simili causa alter, dum ei ligno colla fuissent constricta, et ad custodiam carceris duceretur, invocans sanctum Dei servum, illico lignum. de cervicibus manibusque ejus evulsum est, ut liber videretur à vinculo qui fuerat fortasse deputatus mortis eventui. VII. Dum reliquarum virtutum facerem mentionem, oblata sunt michi quæ paginis Conscribantur. Cum sæpe se vir Dei manifestis demonstrarit miraculis, hoc tamen recens testatur [auctoritas]. Venientes duo, unus à Turonorum civitate, alter hujus incola regionis, pari vocabulo utrique, nomine Domoleni, una debilitate membrorum percussi, beatissimi viri memoriam , adstrictis membris [ita] ut manibus magis . quam pedibus ambularent, pro restituendis corporis viribus, expetierunt. [Qui] cœperunt se assidua frequentatione sanctis inferre liminibus, ‘precantes ut nervorum vénarumque connexio solveretur. Quorum pro qualitate suæ fidei mem- brorum debilitas reparatur ; et qui fuerant alienis manibus vectitati gressu proprio revertuntur à tumulo. IX. Addatur et illud quod potest ad[[jungi mysteriis. Cæcus e regione Bituricorum civitatis, pro restituendis sibi luminibus, duce prævio viæ proficiscens , ad locum usque delatus est ubi sancti antistitis assidue clarescunt miracula. Qui, cum sancti confessoris limina fuisset ingressus, bajulans pro luce tenebras, poposeit se exponi ad viri beatissimi tu- mulum. Qui, diutissime inhærens pavimento, lucem quam amiserat sibi reddi precibus postulavit. Cumque fletibus vacaret et gemitibus, ac sanguineis lacrymis genæ essent infusæ, cessantibus guttis, omne quidquid noxium fuerat mundatur ab oculis, et lux cæco redditur cui fuerant dies longo tempore pro noctibus æstimati; et qui alieno ducatu ad sepulerum beati viri fuerat introductus gressu proprio est reversus ad patriam. Quantum de virtutibus beatissimi confessoris a fidelibus Dei famulis, fama promulgante, meis probavi auribus, ac si non MÉMOIRES. 175 perito sermone huic paginæ adscribendum putavi, ceterum aliæ, etsi-occultæ sunt populis, Deo clarescunt; [aliæ] assiduæ sunt manifeste in purgatione et in reparatione de- bilium, in sublevatione languentium, ïin diversis donis omnium sanitatum. Sit ergo communis oratio, ut cum in futuro examine, agni ab hædis, justi [ab injustis] suprema sorte distabunt, ipse perpurgand{is] criminum maculis as- sistat, ut, ipso patrocinante, de sinistra trausire valeamus ad dexteram, præstante D. N. Jesu Christo, qui vivit et regnat per omnia sæcula sæculorum. Amen ]] (1). (Nous donnons , à la fin de ce volume, un fac-simile du manuscrit de l’ancienne vie de saint Martial.) ” ARTICLE SECOND. HYMNE DE SAINT DENIS, PAR EUGÈNE DE TOLÈDE (650). Nous avons découvert, à la Bibliothèque impériale, dans un manuscrit du 1x° siècle, une hymne en l'honneur de saint Denis composée par Eugène, évé- que de Tolède, qui florissait au milieu du vrr:' siècle, et à qui saint Hildefonse attribue un livre de poésies. Non-seulement cette pièce fait remonter au pape saint Clément la mission de saint Denis de Paris, mais encore elle le confond avec l’Aréopagite. Si cette pièce est authentique , c’est le plus ancien monument connu (1) Lacune comblée à l’aide du mss des Bollandistes (Acra Ss., T. V junii , p. 533.) 4176 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. dans lequel se trouve cette tradition de l’aréopagi- tisme si communément reçue du 1x° au xvi' siècle. Cette hymne a été oubliée dans les éditions les plus complètes et les plus récentes du poète espagnol, où elle devrait figurer toutefois, ne füt-ce qu'à titre de renseignement. Ainsi l'éditeur anonyme qui a publié les œuvres d’Eugène de Tolède dans la Patrologie de l'abbé Migne (T. LXXXVII, p. 347) n’a fait que citer dix vers de cette hymne, qu’il a tirés d’une disserta- tion de Noël Alexandre, et il dit dans une note (#bid., col. 402) qu'il a fait d’inutiles efforts pour trouver un ouvrage de Hugues Ménard où il suppose que cette pièce a été publiée. Hugues Ménard, dans sa Diatribe, qui parut en 4643, ne cite que les dix vers rapportés par Noël Alexandre ; mais, dix ans auparavant, Pierre Halloix, dans sa Vie de saint Denis (1), avait publié cette hymne; en 4642, Gerson, dans sa Sainte Apologie (2), en citait les six premières strophes, et, l’année suivante (1643), Doublet, dans son Histoire chronologique de saint Denis lV’'Aréopagite (3), en citait une strophe de plus. Ces ouvrages étant de la plus grande rareté, nous croyons devoir publier cette hymne d’après le manuscrit de la Bibliothèque impériale, peint au 1x° siècle, où elle porte le nom du poète espagnol. Cette hymne est-elle authentique? Est-elle d'Eugène de Tolède? (1) VitaS. Dionysii, C. XXI, not. H. (Opera S. Dionysii, edit. BALTHASAR CORDIER, 1734, T. Il, p. 353.) (2) Sainte Apologie pour saint Denis Arcopagite, ete., p. 61. (3) Histoire chronologique, ete., p. 20, 21. MÉMOIRES. 177 4° Hilduin, abbé de Saint-Denis, dans ses Aréopagi- tiques, qu’il écrivit l’an 835, appuie son opinion sur cette hymne de saint Denis, qu'il dit être de saint Eugène de Tolède (1). 2° Le manuscrit 2832 de la Bibliothèque impériale {ancien fonds latin), peint au 1x° siècle, renferme cette hymne avec cette épigraphe : Ymnus Eugenit episcopi de sancto Dionisio. 3° Deux manuscrits très-anciens de Saint-Germain- des-Prés et de Saint-Père de Chartres avaient cette épigraphe en tête de cette pièce : Hymnus Eugenii Toletani episcopi de sancto Dionysio compositus rhythmice (2). &° Cette hymne se trouvait encore sous le nom d’Eu- gène de Tolède dans le manuscrit du monastère de Saint-Denis, d’où l’a tirée Pierre Halloix (3). Doublet ajoute que ce manuscrit, peint en lettres d’or, était un présent de Louis le Débonnaire (4). . (1) « Nec mirari quis poterit cum hymnum S. Eugenii Tole- tani de B. Dionysio habeamus, etc. » (Patrolog., T. CVII, p. 17.) (2) « Confirmatur ex duobus antiquissimis codicibus mss. monasterii S. Germani a Pratis et S. Petri in Valle apud Car- nutes in quibus (ut missum faciam codicem ms. monasterii S. Dionysii) post Hilduini Areopagitica hic hbymnus habetur sub hac epigraphe : Aymnus Eugenii Toletani episcopi de S. Dio- nysio compositus rhythmice.» — (HUGUES MÉNARD, Diatriba, etc. p. 190.) (3) «Istum hymnum depromptum e sacro Dionysianii cœæno- bi armario hic proferimus. » (Opera S. Dionysii, edit. 1734, T. II, p. 353.) (4) Histoire chronologique, ete, p. 20. — « In tam insignis operæ prisco admodum codice ms. conservatur sub ejus ins- criptione gloriosa. » (7bid., p. 21.) II. 12 24 178 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. 5° Une Vie de saint Eugène, évêque de Tolède et martyr, moins connu par l’histoire que par Îles légendes, d’après lesquelles il aurait été disciple de saint Denis l’Aréopagite; — cette Vie, qu'on trouvait dans un manuscrit de Reims, attribuait à ce saint l'hymne de saint Denis, dont elle cite les deux premiers VETS : « Celi cives, applaudite Mundi jocundo lumini; » . . - et de plus la pièce qui commence par ces deux vers : « Rex Deus, immensi quo constat machina mundi, Quod miser Eugenius posco, tu perfice clemens, etc. (1).» L'auteur de cette légende a maladroitement con- fondu saint Eugène martyr avec l’évêque du même nom et du même siége qui florissait au vu‘ siècle, et qui à fait diverses poésies. Malgré cette confusion, le P. Sirmond a inséré cette dernière pièce parmi les œuvres d’'Eugène de Tolède. Le savant jésuite, ennemi déclaré de l’aréopagitisme, n'avait garde d'y insérer l'hymne sur saint Denis, qui condamnait son système : cependant elle aurait dû y figurer à plus de titres que l’autre. En effet, il nous semble que, sur l’autorité de l’abbé Hilduin et de tous ces manuscrits, il n'y a pas lieu de la rejeter comme apocryphe. D'ailleurs on peut ne pas admettre l’aréopagitisme, et reconnaître toutefois que c'était l’opinion d'Eugène de Tolède. Voici cette pièce, qui devra figurer dans la prochaine édition du poète espagnol. Nous la donnons d’après le manuscrit (1) HUGUES MÉNARD, Diatriba, ete, p. 189, 190. MÉMOIRES. 179 2832 de la Bibliothèque impériale, où elle se trouve après le Martyrologe de Wandalbert : YMNUS EUGENII EPISCOPI DE SANCTO DIONISIO. Celi cives, applaudite Mundi jocundo lumini, Quo inlustratur celitus Hujus diei gracia. Precelsa fides martyris Sacrique vita antistitis Dionisii nobilis Hodie palmam suscepit. Areopago Athene (1) Regis sumpsit diadema Celestis, gemmam fulgidam, Dionisium sophistam. Paulo docente, speculum Habet fides fidelium, Et spiculum gentilitas Quem, ante, murum noverat. Miro clarescens dogmate Inluminavit Greciam, Et inclitus hinec pontifex Urbem Romanam adiit. (4) Halloix et Gerson ont lu: « Areopago Ecclesia » ; Doublet et Hugues Ménard disent , comme notre manuscrit: « Areopago Athene ». 180 Clemente Rome presule Jubente, venit Galliam, Cui jubar solis splendidi Inluxit signis, famine (1). Tandem, repulso demone, Constructo sacro opere, Penis affectus maximis, Cesa cervice celum petit (2). Ave, pater, Scandens polum, Ave, pie, visens solum, Annua festi munera Tua sacrans presencia. Offer, sacerdos optime, Gemitus nostros et preces ; Firma fidem, martyr Dei, Moresque nostros corrige. Ope guberna fragiles In mundi hujus pelago, Atque exutos corpore Pie, benignus, suscipe. Quo sine fine gloriam Deo Patri cum Filio, Una cum sancto Spiritu, Tecum canamus perpetim. (4) Halloix , Doublet et Gerson ont lu : « Iluxit signis, famine » CONGRÈS SCIENTIKIQUE DE FRANCE. . Le manuscrit de la Bibliothèque impériale dit : « Inluxit signis, Lumine ». Nous avons préféré la lecon précédente. (2) Halloix a lu : « Cesa cervice cœlum adit », La lecon de Doublet est conforme à la nôtre, MÉMOIRES. 181 ARTICLE TROISIÈME. VIE DE SAINT AUSTREMOINE, PAR SAINT PRIEST , ÉVÊQUE DE CLERMONT (670). Saint Priest, évêque de Clermont, mort en 674, écrivit la légende de plusieurs saints d'Auvergne, et notamment celle de saint Austremoine, premier évê- que de cette province. C’est ce que déclare expressément l’ancien auteur de sa Vie, publiée par Surius (1). D’après cette donnée, nous avions conjecturé (2) que la lécende de saint Austremoine, publiée par le P. Labbe (3) d'après un manuscrit du monastère de Lérins, devait être l'ouvrage de saint Priest : nous ne nous trompions point. Nous avons trouvé cette légende à la Bibliothèque impériale, dans le manuscrit 5365, fol. MT, avec ce titre : Incipit prologus sancti Prejecti in passione sancti Austremonii. Seulement la légende publiée par le P. Labbe n’a pas de titre, et elle renferme, par intervalles, une espèce de traduction en vers : on ne voit pas dans notre manuscrit ces vers intercalés, qui ont dû être ajoutés à une époque postérieure. Cette légende de saint Austremoine, composée au vu: siècle par saint Priest, fait remonter à saint Pierre la mission de saint Gatien de Tours, de saint Tro- (1) Vita S. Prejecti, apud Surium, 25 januar., edit. 1617, T.I, p.418. — Dissertation sur l'apostolat , etc., p. 67, note 2. (2) Dissertation, etc., p. 68. (3) Nova Bibl. mss. libr., T. 11, p. 482. 182 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. phime d'Arles, de saint Paul de Narbonne, de saint Saturnin de Toulouse, de saint Martial de Limoges et de saint Austremoine d'Auvergne, à qui elle donne le titre de disciple de saint Pierre et de martyr. Et ce qui confirme que cette légende à été composée au vir' siècle, c’est que, dans les siècles suivants, au vue et au x*, on trouve ces titres de « disciple de saint Pierre » et de « martyr » donnés à saint Austremoine. Ainsi Lamfred, contemporain de Pépin, dans son Histoire manuscrite de l’abbaye de Mauzac (1); ainsi la légende de saint Genou, écrite, d’après Lelong, vers le milieu du x siècle, donnent à saint Austremoine les titres de martyr et de disciple de saint Pierre (2) . or ces titres n’ont dû être puisés que dans la légende du premier évêque d'Auvergne, écrite au vi‘ siècle par saint Priest. Nous ne citerons que le commencement de cette légende, laissant aux savants de Clermont le soin de la publier tout entière. INCIPIT PROLOGUS SANCTI PREJECTI IN PASSIONE SANCTI AUSTREMONII. Post gloriosam igitur Domini nostri ascensionem, postque sancti Spiritus adventum, beatissimus princeps apostolorum Petrus, qui vicem Christi inter eos felicissime gerere videbatur, advocans ipsos sanctissimos discipulos, humili preceptione et dulci jussione ut, preceptorum Domini memores, non fierent segnes obauditores, imperavit, et binos ad prædicandum , prout Dominus eis jusserat, destinavit, et sua omniumque apostolorum benedictione roboravit, et pontificali honore sublimavit : quorum videlicet virorum illustrium, qui sin-— (1) Apud Bonaventure de Saint-Amable, T. I, p.446. (2) ActaSs.,T. II januar., p. 94. — Dissertation, p. 69. MÉMOIRES. 183 gulis urbibus fuerant delegandi, hæc fuere nomina : — Turonis dirigitur Gratianus, Arelato Trophimus, Narbone Paulus, Tolose Saturninus, Lemovicas Marcialis : Arvernicam inter eos monarchiam Austremonius inclitus vir post Domi- num suscepit regendam (1). ARTICLE QUATRIÈME. SÉQUENCE DE SAINT MARTIAL (832). Dans sa Leltre sur l’apostolat de saint Martial, Adémar rapporte que, pendant sa discussion sur ce sujet avec Benoît de Cluse, le moine Aïmeric survint, portant un vieux bréviaire de l’église de Saint-Pierre- du-Sépulcre, et alors le fougueux défenseur de Vapostolat montra à son adversaire une vieille sé- quence, écrite en caractères anciens, dont il lui signala ce verset: « Cives cœlicolæ ut collegam ; omnis suum uli apostolum Aquitania. — Les citoyens du ciel honorent (saint Martial) comme leur collègue; toute l’Aquitaine le vénère comme son apôtre (2) ». Cette vieille séquence n’a jamais été publiée. Nous (1) Bibliothèque impériale, ancien fonds latin, ne 5365, fol. 117. (2) « Aimiricus item ad nos iterum intrat eum breviario ve— tusto Sepulcri..……. Item ostendimus ei annosum rhythmum sequentialem in eodem volumine veteribus litteris factum : C'ives celicole ut collegam ; omnis suum uli apostolum Aquitania. » (Patrolog., T. CXLI, col. 96, 97.) 184 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. l’avons découverte dans trois manuscrits de la Biblio- thèque impériale, dont l’un date du x‘ siècle, et les deux autres ont été peints au x1° (1). Cette séquence, qui se trouvait, l’an 1028, dans un vieux bréviaire, écrile en caractères anciens, nous avait paru, de prime abord, avoir plus d’un siècle d’antiquité; et, en effet, nous croyons pouvoir en fixer la date à l’an 832, époque de la dédicace de la basilique de Saint-Martial, à laquelle fait allusion le vi verset de cette sé— quence : « Sic una coeunciu dicuverunt elegans Deo dôue : — ainsi, dans une assemblée solennelle, on a dédié ce beau temple au Seigneur ». On remarquera dans cette séquence un certain mélange de mots grecs : c'est là le caractère qu'offrent un grand nombre de pièces du siècle de Charlemagne, et qu'on trouve notamment dans les poésies de Scot Érigène, qui écrivait sous Charles le Chauve. C’est un spécimen assez curieux de la littérature limousine au 1x° siècle. On remarquera que le titre d'apôtre y est donné à saint Martial, et on en déduira l'existence, à cette époque, de la légende du faux Aurélien: I. Concelebremus sacram hujus diei ewprepiam (2), II. In qua sunt resoluta pulchri corporis fausta (3) 541 purtu. (4). III. In (5) pretiosa probi Martialis meta, (1) Bibliothèque impériale, ancien fonds latin : n° 1240 . fol. 59 (x® siècle); n° 887, lol. 128-199 ; n° 1119, fol. 194 ( xa° siècle). (2) Du grec ampérett, beauté. 15) Ms. 1240 : « Fausto ». (4) Du grec cxÀfpue , dessèchement des os, os desséchés, — Il y a dans les trois manuscrits le mot « elimata ». (5) Mss, 887 et 4419 : « Hince ». MÉMOIRES. 185 IV. Spiritus astra, membra complectuntur arva. V. Poli vindicarunt sua similia : namque sibi arida. VI. Simpla wsia (1) bis caesa, stelligera sede ac florigera. VII. Hinc claret celo animam esse petitam, terris et tunicam. VIII. Sic una coeuncia (2) dicaverunt elegans Deo du (3). IX. Ergo hujus clara sancti solempnia fit ut utra (4) agmina, X. Quippe terrestria atque nichilominus colant celestia. XI. Illa merita decenter alma , haec ob dogmata inelita et sancta miracula. XII. Cives celicole ut collegam, omnis suum uti apostolum Aquitania (5). XIII. Eia igitur! egregia regio, tollens in excelsa (6), almas dic odas. XIV. Quo exstat basileo (1) ecce tibi primas (8) XV. Cosmum (9) salvans, omnique pressura liberans, XVI. Ut nobilis pars apostolica (10). XVII. Unde rogamus te nostrum (11) patriarcham XVIII. Adeptam quo nobis deferas veniam XIX. Fungi eterna tecum doëx (12). Nous essayons de traduire cette séquence : I. Célébrons > (1) Patrolog., T. CXLII, col. 1368. — Dissertation, etc., p. 47. (2) Supplément latin, no 333, un volume in-fol., de 1% feuillets , sur parchemin ; écriture anglo-saxonne du xIe siècle. (3) Andlectu, éd. in-fol. , p. 168 et 169. 192 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. mais il m'a semblé que ces litanies doivent appartenir à la liturgie galloise, et, dès lors, l'absence de certains noms anglo-saxons ne peut servir à fixer la date du monument. » J'ai pensé qu'il n’était pas inutile de donner le texte des litanies du psautier de la sainte Chapelle. Entre autres particularités remarquables, j'appelle l'attention du lecteur sur la place que saint Martial occupe dans ces litanies : il y figure sur la même ligne que les apôtres et les évangélistes. Ce témoignage n'est pas sans importance pour l’histoire du culte rendu à l’apôtre du Limousin (4). » Nous ne donnerons pas le texte entier de ces litanies, qui renferment plus de vingt noms de saints appartenant à l’église d'Angleterre et d'Irlande. Après les trois personnes de la sainte Trinité, la sainte Vierge et les neuf chœurs des anges, viennent les apôtres dans l’ordre accoutumé : Sancte Petre, or. Sancte Paule, or. Sancte Andrea, or., etc. Sancte Marce, or. Sancte Luca, or. Sancte Barnaba, or. Sancte Marcialis, or. Omnes sancti apostoli et euvangeliste, or. Omnes sancti discipuli Domini, or. Omnes sancti Innocentes, or. Sancte Stephane, or., etc. (\ Woles sur la bibliothèque de la sainte Chapelle de Bowrges. — libliothèque de l'École des Chartes, 5e série, T. 11." dd MÉMOIRES. 193 Ces litanies nous paraissent remonter à la fin du Ix* siècle ou au commencement du x°. Le saint le plus récent est saint Edmond, martyrisé en 870. Ce n’est pas seulement l’église d'Angleterre qui donnait à saint Martial, dans les litanies, une place au rang des apôtres avant le xr° siècle : quelques Églises de France lui donnaient ce titre, et nous avons encore sur ce point la déposition de l’abbé Odolric : « Autrefois, quand j'étudiais les arts libéraux au monastère de Saint-Benoît en France, je trouvai une très-ancienne règle du monastère, dans laquelle Martial se trouvait placé dans les litanies avec les autres apôtres (1) ». M. Léopold Delisle a eu l’obli- seance de nous signaler un manuscrit qui viendrait à l'appui de cette assertion. Ce savant nous écrit : « Nous avons aussi, à la Bibliothèque impériale, fonds Saint-Germain latin, n° 30, un manuscrit qui me semble dater du xxr° siècle, et avoir été fait dans le nord ou le nord-est de la France; nous avons, dis-je, dans ce manuscrit, de curieuses litanies, que je publierai peut-être un jour, et dont vous aurez peut être quelque plaisir à lire le paragraphe suivant : « S. Petre, Ora pro nobis. S. Paule. S. Andrea. S. Mathia. S. Barnaba. S. Luca. S. Marce. S. Marcialis. () Patrolog., T. CXLII, col. 1356. II. 43 194 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. S. Timothee. S. Syla. S. Cleopa. Omnes sancti et evangelistae. Omnes sancti discipuli Domini. Omnes sancti Innocentes. S. Stephane, etc. » Au reste, vous savez mieux que personne combien sont nombreux les textes où saint Martial est nommé à côté des apôtres. Je ne pense donc pas que le ren— seignement suivant vous offre grand intérêt. La semaine dernière, j'ai eu entre les mains, pendant quelques minutes, un manuscrit de l’abbaye de Luxeuil, paraissant remonter au xI° siècle, et dans lequel, immédiatement après les passions des apôtres et des évangélistes, vient la Vie de saint Martial, commencant par les mots : Prœædicante Domino. Elle est précédée du prologue en vers : « Christus principium, finis, lux est, via Christus ». » Ce manuscrit a passé dans une vente publique, et a été, je crois, acquis pour l'Angleterre (4). » Ce prologue est la pièce de Fortunat que nous avons publiée dans notre Dissertation. Nous avons trouvé à la Bibliothèque impériale, n° 3804, fol. 32, une autre pièce du même poète sur la Vie de saint Grégoire de Langres, qu'on a insérée sans difficulté parmi les œuvres de Fortunat, et où se trouve ce vers: «Hoc veneranda sacri testatur vita Gregori (2) ». (1) Lettre du 3 mars 1857. (2) Patrolog., T. LXXX VIII. col. 153. MÉMOIRES. 495 Ÿ 2. — Néquence Valde lumen. La séquence en l’honneur de saint Martial qui commence par ces mots : Valde lumen (1), nous paraît dater du x‘ siècle. Nous l'avons vue indiquée, avec les proses publiées plus haut Concelebremus et Alme Deus, dans un manuscrit peint par Adémar dès les premières années du xI° siècle (2). Nous l’avons trouvée dans deux manuscrits de ce temps-là. Nous la publions ici, non-seulement comme un monument de la tradition limousine sur saint Martial, qu’elle proclame collègue des apôtres, né dans la tribu de Benjamin, etc., mais encore comme un Curieux échantillon de la litté- rature barbare et de la poésie prosaïque de cette époque. On remarquera que, dans cette séquence, les mots et les finales en a dominent, comme dans la rose /nviolata, qu'on chante encore aujourd’hui. I. Valde lumen quod mirantur sol [et] luna (3), II. Nunc Marcialis pia merita concrepent agmina, dando devotissima tibi cantica. III. Hunc nam apostolica sodalem captant collegia preclarum consocia per sedilia. IV. Rite sacra vestigia nam tua secutus est : præpropera (4) caelitus ipsa gracia (4) Bibliothèque impériale , ancien fonds latin : no 4136, fol. 30-54 (x° ou x siècle) ; n° 4149 , fol. 189-190 (x1° siècle). (2) Biblioth. impériale, fonds latin , n° 4121. — Ce manuscrit a été peint par Adémar, comme on le voit aux feuilles 58 , 60 et 70. (3) « Cujus pulchritudinem soL ET LUNA MIRANTUR , ipsi soli servo fidem, » (Office de sainte Agnès , 24 janvier : paroles tirées de sa légende.) (4) Ms. 1436 : « Pppera »; ms. 1419 : « Prepopera ». 196 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. V.Respuit ac consortia paterna : unde claram promeruit caelo terraque gloriam. VI. Benjaminea satus est tribu nam inclita. mane predam-— que vespera comedat ac dividat suam. VII. Vaticinia prompserunt israelitica, quæ cecinit haec caterva, promens grata vocum syrmata. VIII. Suscipias jam devota precum libamina , Marcialisque turma, harmonicam resultando liram , ad alta, Christel "tua, haec precatà promit sidera ; IX. Aquitana haec precata, Lemovicum pia laudantia pa- tronum, festalia per celeberrima, quem, mente jam devota, venerantur ac humillima. X. Monastica plaude caterva, Marcialem sonans, Marcialem rogans, debita persolvendo hyperlidica. XI. Lemovica sic plebs resulta Marciali nova, Marciali tuo carmina concrepando hypodorica. XI. Da festiva voce carmina, rite patronum, Aquitania, proprium, jam devota, ferens laudibus super aethera, XIII. Namque signa apostolatus sacri sic exta[n]t ejus alma, domita Christo colla subdens credula, verba per sacra. XIV. Altisona ergo cantica, talia rithmica, nunc nunc camenas addasque concentus , liricam resonent rite musicam. XV. Hidraulica mela (1) reboans presuli (2) concrepa jam Marciali, necne Aquitanica (3) venerando fave plaudens (4) caterva. XVI. Ergo precata presul (5) nostra perfer in astra Caelica Christo perpia, que sibi placeant, dans scelerum improborum veniam tui gracia (6); XVII. Hanc impetratam nobis feras, qui celebrantes gaudia festi rutili, optata potiri ac solempni mereamur perfrui regni gloria; (1) Orgue hydraulique. (2) Ms. 1156 : le mot « presuli » a été mal eflacé. (3) Les deux manuscrits : « Aquitaniam ». (4) Ms. 1156 : « Plaude ». (5) Ms. 4456 : le mot « presuli », mal effacé; ms. 1149 : « Pastor ». (6) Ms. 1119 : « Gruciam ». MÉMOIRES. 197 X VIII. Ubi concinit angelica cohors conjubilans alalagma (1) dindima (2), precelsa resonans in aet[he]ra melodimata ; XIX. Lætaris ubi in gloria, presul (3) cum cherubim ac seraphim, beata agmina, ter sancta dulciter carmina Xpisto dancia ; XX. Quo nobis sedes beatas precibus sacris impetras ac pium alleluia. On frouve encore dans le manuscrit 1449 (fol. 495, 196) une autre prose en l'honneur de saint Martial qui commence par ce verset : ALLE sublime tibi turma nostra resultat LuIA. Comme elle ne renferme rien de remarquable, nous nous bornerons à l’in- diquer. $ 5. — Légende de sainte Valérie. Le manuscrit 2768-14 de la Bibliothèque impériale, que le Catalogue dit avoir été peint au x° ou xI° Siècle, renferme une Vie de sainte Valérie, suivie du récit de quelques miracles (fol. 74-79). L'auteur de cette légende parle comme d’un évènement con- temporain d'une inondation qui eut lieu en 885 : elle doit dater, par conséquent, de la fin du 1x° ou du commencement du x° siècle. Cette Vie, qui rapporte toutes les traditions relatives à l’apostolat de saint Martial, mériterait les honneurs de la publication : nous en Citerons les passages suivants : INCIPIT VITA S. VALERIE, VIRGINIS ET MARTYRIS. Beatissima igitur Valeria lemovicensis pagi oriunda fuit, parentibus secundum seculi dignitatem precelsis, opibus (4) «Alalagmus », cri de joie, de victoire. (2) Sie dans les deux mss. (3) Ms. 1156, clfacé ; ms, 1119 : « Pastor ». 198 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. locupletifbu}]s, sed paganis ritibus implicatis. Nondum enim partes illius regionis apostolica predicatione cultus demonum pulsus fuerat, nondum debitus honor ab hominibus regionis illius auctori Deo exhibebatur : quamvis Christi passione genus humanum fuisset redemptum, et claustra inferni visitatione illius destructa , et romphea quæ paradisi aditum claudebat ejus miseratione for{i]s remota. Sacratissima tamen virgo Valeria, tam corporis quam mentis honestate vernabat : erat nempe facie pulcra, moribus compta, pudicitie titulis decorata ; erat dulcis eloquio, acuta ingenio, parca in cibo ac potu; et, quamvis nondum renata fuisset unda baptismatis, nec initiata misteriis christiane religionis, digna tamen videbatur que in celesti senatu civibus superne patrie jungeretur : haec a quodam juvene genere nobili, dignitate preclaro, fastu mundialis glorie sublimato, Stephano nomine, fuerat desponsata. Eodem tempore, discipuli Domini nostri Jesu Christi, beatus videlicet Petrus, princeps apostolorum, et beatus Marcialis, condiscipulus ejus atque propinquus, multis jam turbis Judeorum ad fidem conversis, et Ecclesiæ antiochenæ evangelico Xpi predicato, Romæ, que tunc caput tocius mundi haberi videbatur, Christum predicabant. Ubi idem beatus Petrus pontificali cathedra presidebat, et una cum beatissimo viro Marciale magnam multitudinem diversarum gentium que illuc confluebant, cunctigenis virtutibus, fidem predicationi eorum prebentibus, ab idolorum cultura, ad cognitionem veri Dei revocabant. Et quia , ex omnibus mundi partibus, expertes cognitionis vere religionis illuc quotidie confiuebant, quibus viam Domini ipsi predicatores aperirent, intermittebant , ad alias partes occidentis oportebat per eos Evangelium Xpi choruscare. Et quoniam in provinciis Gal- liarum gentilitas admodum populosa et erronea e[ssle fere- batur, illuc sanctum Marcialem, virum tocius prudencie et sanCtitatis, Spiritus Sanctus ad predicandum delegaverat. Erat enim beatissimus Marcialis, ut jam prefatum est, electus discipulus Domini (1), apud quem tantam graciam (1) I y a, au-dessus de Ja ligne, ces mois d'une écriture différente : « Uaus ex zxx duobus ». MÉMOIRES. 199 promeruit ut ab ipso Domino magistro suo Jesu Christo, die ascensionis sue, pontificatus gradu cum aliis apostolis con- secraretur et sublimaretur, etc. Quem beatus Petrus, a Domino Jesu Christo admonitus, ad predictam regionem abire suasit, ut populum ïibi habitantem a superstitionibus idolorum Evangelii predicatione revocaret, etc. ( fol. 76). Voici le passage qui nous fournit la date de cette légende : Nec silencio debemus subprimere miraculum quod gestum est hic quando nobis visum est ejus sacrum removere corpus- culum, diligentioreque removere cura. Arno siquidem ab incarnatione Dni nostri Ihu Xpi octingesimo octuagesimo quinto, estivum tempus, nostris exigentibus peccatis, in hiemalibus versum est pluviis, tantaque fuit inundatio aquarum ut supersata longe à fluviorum alveis remota, nisi navigio aut natatu, nullus incedere posset. Molendina destructa, et ubi prius bestïe currebant, piscium multitudo ibi natabat. Depre- cati sumus Dei misericordiam ut, per interventum beate Valerie virginis et martyris, inundantiam pluviarum compes- ceret, etc., ac per totum mensem dignatus est nobis concedere optatam serenitatem , et, qquamvis sequentibus annis inusitata pluviarum abundantia, in nonnullis locis, villas et monas- teria cum hominibus et animalibus evertissent, nobis lamen, intercedentibus meritis beate Valerie, nullam , sue effusionis abundantia, lesionem fecere (fol. 77). $ 4. — Epitres de saint Martial (1). Nous avons découvert à la Bibliothèque impériale, dans un manuscrit du x° siècle, l’Épître de saint (1) Les Épiîtres de saint Martial, l’une aux habitants de Toulouse, l’autre à ceux de Bordeaux, ont été publiées dans la Bibliothèque des Pères. 200 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Martial aux Bordelais. On la trouve dans le manuscrit 5296-14, fol. 35, à la suite d’une fort belle copie de la légende d’Aurélien. Voilà qui démontre l'erreur dans laquelle sont tombés quelques savants (1) qui ont cru que les Lettres de saint Martial n'étaient pas connues avant le commencement du xu° siècle. Il est vrai que, comme le rapporte Geoffroy du Vigeois dans sa Chronique, ces lettres furent découvertes vers la fin du règne de Philippe I", c'est-à-dire vers l'an 4106, dans la crypte de Saint-Pierre-du -Sé- pulcre, dans le tombeau d’un personnage inconnu, et dans le lieu où se trouvait autrefois la sépulture des évêques (2); mais peut-on conclure de là, comme l'ont fait quelques critiques, que ces lettres n'avaient été fabriquées que quelques années auparavant, pour le besoin de la cause ? Non sans doute : car Geoffroy du Vigeois ajoute que ces lettres, à demi consumées de vieillesse, étaient écrites en caractères anciens et presque illisibles. Donc leur transcription était bien antérieure au xrr° siècle. D'ailleurs Pierre le Scolastique, qui vi- vait à la fin du x* siècle, comme nous l’avons montré dans la brochure où nous avons publié les fragments de son Poème, Pierre le Scolastique, témoin oculaire du miracle des Ardents en 994%, fait une allusion évidente aux Épîtres de saint Martial. En effet, dans l'Épître aux habitants de Toulouse, saint Martial prend le nom de Martial-Céphas (3) : or Pierre le (1) LONGUEVAL, Histoire de l'Église gallicane : Dissertat. prelim. (2) LABBE, Bibl. no. mss. libr., T. II, p.288, 298. (3) Clément d'Alexandrie dit qu'un des soixante-douze disciples portait ce nom. Son texte est rapporté par Eusèbe MÉMOIRES. 204 Scolastique dit ces paroles : « Martial s'appelle aussi Céphas, comme je me souviens de l'avoir vu dans de vieux titres, et la ville savante de Bordeaux lit ses lettres sacrées : CON AE Cephas quoque dicitur idem Quod memini titulis antiquis me didicisse : Quos apices ejus legit Burdegala doctus (1) ». Donc, au x: siècle, les Épîtres de saint Martial avaient déjà une certaine antiquité. Nous pouvons affirmer avec assurance qu'elles existaient au Ixe siècle ; et, s’il est permis de penser qu’elles sont du même auteur que la légende du faux Aurélien, elles remonteraient au vi‘ siècle. $ 5. — Manuscrit de la bibliothèque Casanata. Le savant Mamachi, dans son livre des Origines et antiquités chrétiennes, dit qu'il est question de saint Martial dans un vieux manuscrit de la bibliothèque Casanata , au couvent de la Minerve, à Rome. « C’est, dit-il, un Traité de la divinité du Verbe, qu’un auteur dans son Histoire ecclésiastique : « Sic enim refert Clemens in libro quinto Hypotyposeon. In quo etiam Cepham illum cui Antiochiam ingresso Paulus se palam restitisse dicit, quoniam reprehensione dignus erat, unum ait fuisse ex septuaginta discipulis Petro apostolo cognominem ». (EuseB., Hist. eecl., 1.I,c. XII, édit. Henri de Valois, T. I., p. 23.) — Sixte de Sienne, dans sa Bibliothèque sainte, n'a pas manqué de dire que ce Céphas mentionné par Clément d'Alexandrie était saint Martial, évêque de Limoges. (1) Lib. VI, poem. X, p. 36. 202 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. qui m'est inconnu a écrit avant le virr siècle (4). » Nous n'avons pu vérifier l'exactitude de cette assertion de Mamachi. Toutefois nous connaissons de ce Traité un passage qu'a cité Maceda dans son livre sur la Rapide propagation de l’Évangile, et qu'a reproduit D. Piolin dans son Introduction à l'Histoire de l’Église du Mans. Ce passage regarde comme disciples des apôtres saint Trophime, fondateur de l’église d’Arles, saint Paul de Narbonne et saint Saturnin de Toulouse (2). ARTICLE SEPTIÈME. DOCUMENTS POSTÉRIEURS AU Xe SIÈCLE. Ÿ 17. — Kermons d'Adémar (xi° siècle). Le manuscrit 3785 de la Bibliothèque impériale {(x1° siècle) renferme sept sermons d’Adémar sur saint (1) « S. Martialis fieri mentionem vidimus in codice Casana— tensi pCCC annorum, Tract. de divinitate Verbi, quem nestio quis ante vur seculum seripsit. » (Originum el antiquit. christ., 1. II, ©. XXII, $ ler, T. II, p. 274, note.) (2) «In Galliis etiam civitas Arelatensis discipulum aposto- lorum $S. Trophimum habuit fundatorem ; Narbonensis, S. Paulum ; Tolosana , S. Saturninum; Vassensis, S. Daphnum; per istos enim quatuor apostoloram discipulos in universa Gallia ita sunt ecclesiæ constitutæ ut eas per tot annorum spatia numquam permiserit Christus ab adversariis occupari. » (D. PIOLIN, p. 57.) MÉMOIRES. 203 Martial (fol. 182-192). Ils portent ce titre : Dicla vene- rabilis Ademari monachi in natali S. Martialis, discipuli Christi. Nous nous bornerons à les indiquer comme un monument inédit de la tradition du x1° siècle. Nous souhaitons que quelque érudit entreprenne la publi- cation des œuvres complètes d’Adémar. 4 2. — Marlyrologe de saint Martial ( xie siècle ). Un martyrologe manuscrit de la Bibliothèque impériale, peint au xr° siècle, et portant le n° 5251, provient de l’ancienne abbaye de Saint-Martial de Limoges. Voici l’article relatif à l’apôtre de l’Aqui- taine : 11 kal. jul., apud Aquitaniam, provinciam Gallie, civitate Lemovicas, natalis sancti Marcialis apostoli, qui unus ex septuaginta duobus discipulis electus, magnum meritum et apostolatus officium Rome complevit, et ab eo missus, jubente Domino, Aquitaniam convertit, ubi per annos viginti octo, in Evangelio ita strenue laboravit ut merito non solum in Aquitania, verum etiam ab universo orbe terrarum, christiant nominis dicatur apostolus, etc. (p. 19) (1). 8 5. — Gérard de Frachet {xuue siècle). Gérard de Frachet, savant dominicain, mort en 4271, a écrit une chronique qui va jusqu'à l'an 1266, et qui n’a pas encore été publiée, dun moins intégralement. Un exemplaire de cette chro- (1) Autres documents du xu® siècle : ms. 5347 (peint au xue siècle), fol. 178 : Huit lecons sur la fête de saint Austrielinien , envoyé par le prince des apôtres ; — fol. 182 : Légende de sainte Valérie; — fol. 185 : Lecon sur l'Évangile « simile est » appliqué à sainte Valérie; — fol. 487: Sermon sur la fête de saint Martial: « Legimus Salomonem in edificatione templi Yerosolimitani , etc. 204 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. nique se trouve à la Bibliothèque impériale, où elle porte le numéro 5005. Voici l’article relatif à saint Martial : Imperatore Claudio, dum Rome evangelice predicationi deservit Petrus, plures ex discipulis suis fide episcopos predi- candi gratia ad diversas dirigit civitates. Inter quos sanctus Marcialis (qui fertur fuisse puer ille quem Dominus Jesus in medio discipulorum statuit , et illi in cena specialiter minis- travit) ad urbem Lemovicam mittitur (fol. 12). Gérard de Frachet dit, dans le même ouvrage, que saint Pierre envoya dans les Gaules saint Savinien , saint Potentien et saint Altin (fol. 42). $4& — Bulle de Clément VI sur l’apostolat de saint Martial (xive siècle). Le pape Clément VI, par une bulle donnée à Ville- neuve-d’Avignon le 7 juillet 4343, ordonna que la fête de saint Martial fût célébrée dans toute l’Aquitaine sous le rite double et comme d'un apôtre. Dans le procès soutenu à Rome, en 1854, pour la cause de l’apostolat de saint Martial, M. Frattini, promoteur de la foi, éleva des doutes sur l’authen— ticité de cette bulle, si décisive en faveur de la question. M. Mercurelli, avocat de la cause, en démontra péremptoirement l'authenticité. En effet, elle est citée par Rainaldi, continuateur des Annales de Baronius, mort à Rome en 1670; elle est citée par le P. Bonaventure dans le premier volume de l’His- toire de saint Martial, imprimé en 14676, et cet historien ajoute : « J’ai copié toute cette bulle de son original scellé en plomb, qui se garde dans les MÉMOIRES. 205 archives de l’église abbatiale et collégiale de Saint- Martial de Limoges ». Or ces deux historiens n’ont pas puisé cette bulle à la même source : l’un l’a trouvée à Rome; l’autre, à Limoges. Cette bulle est reconnue authentique par le P. Berthier, un des continuateurs de l'Histoire de l’Église gallicane (an 1343). M: Mercu- relli ignorait, en outre, qu’elle est citée par le chanoine Collin dans sa Table chronologique, imprimée à Limoges en 1666, dix ans avant la publication de l'Histoire de saint Martial (1), et que, en 1638, Jean Bandel, dans son Traité de la dévotion des anciens chrétiens à saint Martial (2), parle plusieurs fois de cette bulle de Clément VI. Depuis ce procès, M. Maurice Ardant, archiviste de la Haute-Vienne, a découvert l'original de cette bulle dans les archives de la préfecture. Nous l’avons fait passer sous les yeux des membres du Congrès scienti-— fique de Limoges. Cette bulle n'ayant jamais été publiée intégralement, nous allons la donner ici tout entière : Clemens episcopus, servus servorum Dei, ad perpetuam rei memoriam. Piam sanctorum memoriam recolendam, qui, Christi sequendo vestigia, eterne beatitudinis premium conse- cuti (3), divine fruuntur dulcedine visionis, cuncti fideles eo debent devotius venerari quo, per eorum merita gloriosa, uberior justis tribuitur gratia, et peccatoribus delictorum guorum venia ipsorum intercessionibus facilius indulgetur. Propter que fideles ipsos ad festivitates eorum precipua reve- rentia et celebri veneratione colendas tanto attentius invi- tamus quanto id ad eorum salutem novimus efficatius (1) Zable chronolog., x1ve siècle, 2e col. (2) Édition 1638, p. 34, 107, 118. (3) Ms : Consequi. 206 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. pertinere : ad hoc etiam cuncti viri ecclesiastici prompta debent exurgere voluntate, sed illi potius debent existere promptiores in quorum partibus sanctorum ipsorum Corpora venerabiliter requiescunt, et quos Altissimus , in sanctis ejus suam omnipotentiam manifestans, jugiter facit manifestis miraculis coruscare : ita quod ipsi sanctos eosdem condignis honoribus venerando, Deo quem in eis honorant gratius obsequantur, ipsosque apud Deum mereantur in suis petitio— nibus propicios invenire. Hinc est quod nos attendentes preclara merita sanctitatis quibus beatus Marcialis, Aquita- norum apostolus specialis, in Ecclesia Dei verbo resplenduit et exemplo, necnon et insignia miracula quibus ipse, dum adhuc in carne viveret et etiam post carnis molem depositam claruit et jugiter clarere dignoscitur, et cupientes eum, quem Do- minus glorificavit in celis, in militanti ecclesia, presertim partibus Aquitaniæ, cujus incolarum patronus et patrocinator apud Deum specialis existit : tum ob hoc, tum quia ad ipsum sanctum almificum specialem devotionem semper habuimus et habemus devotissime honorari, auctoritate apostolica presentium tenore statuimus, ipsius beati Marcialis festum amodo fore duplex, et-tanquam apostoli de cetero in tota Aquitania celebrandum : venerabilibus fratribus nostris uni- versis.. archiepiscopis. et episcopis.. et dilectis filiis… abba- tibus... prioribus.. prepositis… decanis... archidiaconis.… et aliis ecclesiarum prelatis et rectoribus ac personis ecclesiasticis, quibuscumque secularibus et regularibus, exemptis et non exemptis, per ipsam Aquitaniam constitutis, in virtute sancte obedientie, tenore presentium districtius injungentes, ut festum ejusdem beati Marcialis de cetero singulis annis duplex , et tanquam apostoli debeant solemnitér honorificentia debita celebrare, ut Altissimus ipsis, ex* hujusmodi honore, dicto beatissimo sancto, in presenti seculo exhibendo, ipsius pia intercessione ac meritis eterna premia et sempiterna gaudia largiatur. Nulli ergo omnino hominum liceat hanc paginam nostre constitutionis et injunctionis infringere, vel ei ausu temerario contraire. Si quis autem hoc attemptare presump- serit, indignationem omnipotentis Dei et beatorum Petri et Pauli apostolorum ejus se noverit incursurum. Datum apud MÉMOIRES. 207 Villamnovam Avenionensis diœcesis non. julii, pontificatus nostri anno secundo. Nous terminons par cette pièce importante nos docu- ments inédits. ARTICLE HUITIÈME. QUELLE EST LA VALEUR HISTORIQUE DES DOCUMENTS TRADITIONNELS ÉCRITS AU VIe SIÈCLE SUR LES ORIGINES CHRÉTIENNES DE LA GAULE ? EF Les plus vieux monuments de notre littérature nationale, ce sont les légendes de nos saints les plus anciens, c’est-à-dire celles des évêques envoyés de Rome qui ont fondé nos principales Églises, et des martyrs qui ont cimenté de leur sang les premières assises de l'établissement catholique. Ces légendes ont-elles une valeur historique? Nous l’avouons tout d’abord : ce qui en déprécie la valeur, c'est que, au lieu d’avoir été écrites par des auteurs contemporains, elles ont été, pour la plupart, rédigées par des écrivains bien postérieurs aux évè- nements. Quand la paix fut donnée aux Églises, quand le déluge des hommes du nord eut cessé, de pieux écrivains recueillirent de la tradition orale, c'est-à-dire de la bouche des vieillards et des fidèles les plus instruits, les faits et les noms relatifs aux origines chrétiennes ; ils s'aidèrent peut-être, dans ce . 208 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. travail, de quelques monuments écrits, tels que les diptyques épiscopaux, et ils rédigèrent de la sorte, plusieurs siècles après les évènements, l'histoire des saints dont la tradition vivante avait conservé la mémoire. Dès le vi* siècle, un grand nombre de ces légendes étaient composées, et, au jour de la fête des saints, on les récitait publiquement dans les offices ecclésiastiques. Ce qui prouve que la plupart de ces légendes ont été rédigées de la sorte, ce sont les locutions qu’on y trouve. En effet, on y rencontre fréquemment de semblables manières de parler : Quod factum est, ut vulgi fama testatur, — ut ferlur (ancienne Vie de saint Martial); — Sicut fideli recordatione retinetur | légende de saint Saturnin) ; — Queæ longo fuerant obumbrata silentio, — plus fidelium sunt relatione comperta quam probentur ad nos lectione transmissa ; — Ut ferunt, etc. (légende de saint Denis de Paris). Parmi les légendes les plus anciennes, ainsi ré- digées d’après les données de la tradition orale, il faut compter la légende de saint Denis de Paris, publiée par Bosquet dans ses Histoires de l'Église galli- cane, légende que de Marca attribuait à Fortunat, et aue nous croyons au moins du vi‘ siècle : la légende de saint Ursin de Bourges, publiée de nos jours par M. Faillon, légende que ce savant a prouvée anté— rieure à Grégoire de Tours; l’ancienne légende de saint Martial, que nous publions dans ce volume, et dont nous assignons la date au vi‘ siècle; la légende de saint Austremoine, composée au vi siècle par saint Priest, évêque de Clermont; la légende de saint Memmie de Châlons, que le savant Mabillon date avec MÉMOIRES. 209 raison du vrr siècle; la légende de saint Georges du Velay et de saint Front de Périgueux, qui est anté- rieure au 1x° siècle, puisqu'elle est résumée par saint Adon de Vienne, Usuard et Notker le Bègue: la légende de saint Saintin de Meaux, citée par Hincmar d'après un vieux manuscrit; les lésendes de saint Julien du Mans, de saint Taurin d'Évreux, qui remontent aussi à une haute antiquité, etc. Or, à part la légende de saint Saturnin de Toulouse , qui, d’après une ancienne lecon citée par Grégoire de Tours, fixe la mission de cet évêque martyr à l’em- pire de Dèce, toutes les autres légendes, reproduisant la tradition orale des Églises respectives où elles ont été composées, s'accordent à dire que les premiers évêques des Gaules ont été envoyés par les apôtres ou les successeurs des apôtres, par saint Pierre ou par saint Clément. Aussi, dès le commencement du rx° siècle, Hilduin, abbé de Saint-Denis, réfutant Grégoire de Tours sur l’époque assignée par cet historien à la mission du premier évêque de Paris, a soin de dire que les légendes des saints dont Grégoire de Tours retarde la mission à l’empire de Dèce ne s'accordent pas du tout avec Ce que cet écrivain rapporte par conjecture dans son Histoire des Francs. Avant d'aller plus loin, établissons ces deux faits comme incontestables : 4e les légendes des saints sont, dans nos diverses provinces, les plus anciens monuments de notre histoire nationale; 2 les légendes de nos premiers évêques s'accordent à faire remonter leur mission à saint Pierre ou à saint Clément. Il. 1% 240 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. 544; [TI E | | nr a cu pros est, Le Lars A de,ces légendes relativement; aux, traditions qu'on y.trouve sur Ja- mission apostolique.de,.nos premiers évêques? | + Sans aucun. doute; ces, traditions ont de, mérite,.de l'ancienneté, puisque les légendes, qui les rapportent remontent aux premiers siècles denotre, histoire.:Après tout;,on.n'a rien de. plis certain ailleurs et, si l’on cherche quelque part:layraie.tradition,. c'est dans,ces monuments, indigènes, qu'on.doit la trouver, Jusqu'à preuve.du contraire. la, présomption.est.en faveur.de cesdégendes,. et, l’on peut, supposer, à, bon; droit que çes traditions, avant d'être écrites,,,se trouvaient,dens la,croyançe populaire, et.que.les vieillards, .quien avaient recueilli.le pieux, souvenir.de Ja bouçhe; de leurs ançêtres, l'avaient transmis à, leurs descendants. Quoi. !; {ous ces écrivains, la plupart, religieux, se seraient, faits faussaires,çetauraient menti cienment à, leurs, contemporains?..Nous ne. saurions,.le croire Nous: xépétons volontiers, : à: L'adresse. de. toutes. ces légendes: çe que nous, avons dit ailleurs à, propos d’une des Jégençles, les, plus, rltérées celle, de. saint Martial: composée par le faux Aurélien &:( «Quelles que soient. des inexactitndes. de, défait. qu le -renferme ; lassque l'auteur accommo(le Les choses AUX MANIÈTES. OU aux Jocutions de son temps; quelle; que,soit la bros derie légendaire dont l'imagination des peuples ou. la naïveté de l'écrivainysait environné;:iles. faits. print cipaux, elle n’en doit pas être moins vraie dans le fond des- choses -11car la biographie d’un saint que a MÉMOIRES: 12 2014020 1241 tout un pays connaît est nécessairement conforme à ce que la tradition locale dit de ce saint (4) » Rejettera-t-on la date de la mission de ces saints évêques, date qu'on trouve dâns leurs légendes pour adépters ‘avée lé icritiqués de Vécolé dé Latinoy, l'opinion qui fixé cette mission an rti ouirve siècle? Mais dé'quél droit rejeter une date traditionnelle et postivél pour adopter une) date! conjécturalé ‘et définée’ de fondémént? Nous-disons que 14 conjécttiré de Léunoy 6st dénnée de fondement : car aujourd'Hüi, après Ta réfutation di texte/de’Grégoiréide Tours'qui à Kérvildé base là éet échafaudage de conjectures! 11 aprés les découvertes dé Pérudition contemporaine ét les discussions d’uné‘éritique plus impartialé ét plus éclairée 5200 N'est plus ‘permis! (de: rettrder à “la bdtidebitéUE HeWRclé 1 prédication évange tique dans le midirét lé cénitré dés GHuTéS! LL'Mais SUPposons que tout “examiné 1e doute existät entre cés dénir époque Spourqtioi réjétérune date qui 47616 dônSaerEe par 14! érovatiée des” siècles! “et quid'é mérite incotitésté"de Ta posessiôn’ ‘pour ‘ad6ptér né date”conjectiralé qui est an Moins aussi incertaine éttin'a pas 1e mérité d'avoir été trinémise" et con saéfée ‘par la éroyarice immémorihlé dés peuplés2:10 D 21Cést lénirain ‘u'on! Abe que l'opinion des léril tiques dit xvne Siècle Féposé sin 1e fémioienage d'un historieniantéiéun al mas des écrivains dd moyen! ave! & lakertion (Hé Grégoire (dé Tours avait “ét duelué Vraisemblanées sélél étfpris &x source dans VE ARR HET Had Felléfatirait été Res of ets: 5i617 ‘etiont 915 ‘264 to wat 8H (1) DésserEatücn Ben de Shint: Martial, D) 84: 218 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. duite-au moyen âge. par les agiographes, de cette époquer-bien loin delà, elle est contredite partout, us Au, viisièele, la, Vie, sde saint, Martial, écrite à Limoges, Ja légende de: saint, Denis, rédigée dans le diocèse.de Paris, les, Actes de saint Ursin, composés dans celui de. Bourges; PEROU À Grégoire de, ts une; dénégation. formelles eliipzror :2ti8t 2: Au vur siècle, dans la rt même, ps pue) de Tours;çosaint Priest, ; évêque, de Clermont,; proteste contra:cette assertion en assignant aux femps ApOStOT liques-la mission :desssaint Austremoing de, saint Martial;r-de) saint. /Erophime,, eg Ja Siècle, Hiülduin’)abbé-de, Saint-Denis, proteste.en.oppasant à la:conjecture; de, Grégoire de, Tours, des témois gnages anciens qui. la contredisent; au, x',siècle,.Pigxre. Scolastique, en Limousin, proteste en adressant, l’évêque de Tours une virulente apostrophe. — Pourquoi donc lescritiques, modernes ont-ils, voulu remettre en lumière une conjecture erronée dont tout le moyen âge a fait justice? Si la tradition existe quelque part, ne se trouve-t-elle pas dans les légendes de nos premiers évêques? IT. On ne peut nier que cette tradition n'ait un degré quelconque de certitude. Écoutons sur ce point le jugement d’un savant académicien du dernier siècle, Fréret, secrétaire perpétuel de l’Académie des Ins- criptions : « Les anciennes histoires, celles mêmes qui n'étaient fondées que sur la simple tradition, ont, à ce que je crois, wn certain degré de certitude, moins OA ROSE EUTOMON 213 fort, à la vérité; que célui des ‘histoires Icontempo= _ rainés, mais tel cependant que, malsré l'éloignement des temps et dés lieux , ‘qui noûs caché-une paftie des éfréonstanées ;'et'qui altère souvent là vérité dé plasiéurs autres les esprits /vraiment justes nevse crbièht” point en'drdit dé lesl‘rejéter entivrenient pour le gros des faits, lorsqu'ils -n’6nt'poitit de preuves positives de 1ébr fageténisg el auch ,ofoéia ir 114 PSPAS trhditions hiétoriques j'enténds ‘és -opinions populaires l°èn' éonéqience 'acsquelles Aôutes 1 ume nation est persuadée de 14! fvérité d'un fait Sans: eri avoir d’aûtré preuve quésa/lperguasion: elle-mêmerèt cellé des! générations Iprétédéntes; “ét” sans que cette persuasion soit fondée Sur atewn témoignage contem- pordin lsubéistänt séparément” dela ‘traditionrelle: méme (1) 9 ,9Ï29)014. .tiegomil co. owpiteslon# —. .S1qorieoqs. staaluniy .smurervoT 9h 'owpéva"l UE Grérni À. BALSDAET ÉNPÜASSOL ouob jou prrrso dnob 9ôaotts orudosfuoo onu otéioul moe sTitonmonr ojeixa noitibstè 81 14 Testeur diéts 926 aovoor al tot e9l ensb asq alls-i-syuott 92 son cdteg auplesp « é ‘e9UpÜvS erohnorq ao ab e8bnorol MI STesb on tfs'a aoitibst} 9h99 sup ii iu9Q 9ù 0 .8[ Swioq 99 102 acotuo) .9sbuireo 9h aypuosfoup « 9198ïe v9ic19b mb moisimèbene tuevee au'b ps 0 “ent 85h simôbes2"T 9h loutèqraq oriethrss2 deTÈrT iup eomôm asllos ,esrioteil 2onoious 28.1 » (OT iTS $ duo , moifibsti sfqiiie sl 102 ap 298baot tuoistètx 2miont ,sbitihiso 56 5 db finis ss , 21019 9f 91p.99 Gi AHAIOÏMAH 1 FSO1ONO LA 642810, 291%, Sue 091 Molsz saqu0rs 29) “UHONL ESS NUS D 21) oz giierot 119 do C'dawrmrtri 149 (9 Hirp 918010641916 D 9118b999d À 99 do ceofétmortrr 9Joôqu rs] 91102 9IP BI 9 HJUBTIOQUEI 2990) 1u9Lev sL 2008 seetemrro09t 8n0V OBSER VAT IONS antoft 80 rre sroolosdore Loc tit 6'faocre 9b M oyp 917 WOQ 9'TISÈ ‘I10Y SUR 4 RÉPACTION ave nb serrée HO 299111V01G 29busr9 - eocaoions eo ‘9h ofrosd DES CS EALISELOUES" "Heb af 91p ,anoetonré Lt Hrioq s91rw2 829!9 261 ARCHÉQLOGIQUES. LOGAHES, 99 19 19lsqqr 6901 9161090 mont:Syplenste sou Jeirstnonr Z siqi PA RAM, LE TOUL, DESLONGE EMA Bo ob 60 Anèien Capitaine d'état-major; 1nembré de‘ là ILégion-d’Honngur, Présidént delta Société de L> ob 5x 9] J'rAntiquaitess de Ouest 51 , HO supers L'AUOTY sosst shot 9fqurte ou , four ms ne :91ô 26q is b orrorb des tp 99 Jaslsmor il vo .Steïrrrot TETE 61 des € 9) .991}m09 sai enx8b moftaoitg 110: “Mi de Caumont; vous 1e savez! Mason en pros! vodüant sur toute dé surface! Héal (France la formation: de sociétés archéologiques locales, °enistimulant-te1 zèle de leurs membres ;'é les appelant chique année à dés'éongrès généraux, aétélle véritable fondateut( des études archéologiques sérieuses en/provinces Pour atteindre plus sûrementile but qu’il poursuivait $ ill ail du reste employé le meilleur de tous lesmoyens :ila prêché d'exemple, et ses travaux ont à: peu près sérvih: de modèle à tous les travailleurs: 456141 111618q#1h Lorsque M. de Caumont, à force de recherches, futp arrivé à réunir'un nombre suffisant d'observations ri MÉMOIRES. 245 les groupa selon leur nature, les classa chronologi- quement, et en forma son Cours d’antiquités monu- mentales, et cet Abécédaire d'archéologie qui en est en quelque sorte l’abrégé. Vous connaissez tous la valeur de ces importantes publications. 2W01 LA VAdedo Ce que M. de Caumont à fait pour l'archéologie générale du pays ,'jè voudrais lé voir faire pour chacune de nos anciennes grandes provinces ou Ca ra AE Le a qu QE nique et de décoration qui leür est propre. C’est sur ce point, capital à mon sens, que je désire appeler en ce moment l'attention du Congrès. A mon avis, une statistique monumentale locale ne doit pas êtfé borhéel ah description püre! éf'simple desi monuments que: contient.;.chaque,: commune; chaque canton, chaque-dépaxtement; — elle ne doit pas être, en un mot, un simple vade mecum pour le touriste, en lui signalant ce qui est digne d'attirer son attention dans une contrée. Ce n’est là, suivant nous; que le complément; l'accessoire du:travail, pins important; et le:seul;réellement. sérieux, -qui doive, ressortit.de l'étude des:monuments d'un pays: Do8 9h “Lensembleide cesmonuments possède; en effet,pune, physionomie qui 1ui est propre;et parle-une, langue: que’l’archéologue; doit 5e charger. de traduire aux habitants, afin qu'ils comprennent: bien toute! lime portance historique de ceswieux témoins du ‘passé; et, qu’ils ne s'acharnent plus systématiquement à lesfaire, disparaître chaque jour. les;uns après les autres; afin, que, de l'autre-côté du: détroit, on n'ait plus locca- sion de frapper: des: médailles en l'honneur d'archéo-. 246 CONGRÈS SCIENTIFIQUE, DE FRANCE. lognes, à nglais réclamant l8.bénéficerd'ayoin sauré-de: la destruction. un, monument) historique «desmotre! sol (1), lorsque déjà la voix du fondateur.de;nes- congrès s'était plusieurs, fois élexée en;sa faveurs | L’' ’histoire civile, Militaire, xeligieuse ;: -artistique: d'un Pays est contenue, tout entière, dans,;ses gieux monuments. si, mutilés si, méconnaissables, qu'ils: soient devenus par l’action. du temps,et la maïin-plus: destrüctive encore, QUE hommes, depuis;les-mystés rieux dob ens jusqu'apx derniers édifices religieux: du. moyen âge, qui traduisent. sur leurs murs,et-leurs verrières les symboles.de notre: foi; depuis: l'eppidums, a HUE lons-iemns L'indépendance de Ja; Gaule , de, castrum. romain, posé uso}: comme ; ne; en Ja conquête; jusqu'à la; forteresse: féodale. ef,la, moindre. demeure crénelée; qui rappellent: nos: luttes, -ROÿ dissensions,. giviles ts religieuses s-depuis les bumbles enceintes, où.,se tenaient le: malus ;1les p laids LU de, nos ancêtres, jusqu'aux.splendides édifoes où; bn ice..se rend, de, nos, jours, Æoutsjenfins: AS au moindre débris s,anquel.se rattache suRrsOt Ir historique, doit tre ShfsÉ PORT ROMSbont 290 en LYpU Pre musée Japir- daire de, Poitiers,, nous. vénérons., à Légal dame relique un bloc de nt peine.déarossi déformé, et noirci par letemps; et, quand: l'étrangers étonne à cette vue, et.demande.la rajson:de sa présence au nilien des débris Éégaptr demo seulphares antiques; nous sommes fiers de Jui répondre,s «Cefut le/mons orbasrqontns 6 8budè'l ,anor ns rie ,JIT98 9H9T ) Mb Schmith , 2qui&2présenvé , prétend-on1 166 rie romai ; de Dax, de la destrugtiqni 6 2juocotieqh 201 5h 192 ANT AG MÉMOIRES: : JA AAA AN 917 toir de ‘Jéanne d'Arc partant de ‘Poitiers ] pour ‘aler fairellever 1e siégé d' Orléans , SE CO ro RIee, à Reims SON gentil r6ÿ f y 01 D 710 sl Les :iotés ‘prises "par l'archéclogue sûr tous. ‘les monuments. dune Province. Lien" classées ‘dans l'ordre Ætivi par M. de Caumont dans’ < ses publica- tiônsp Cet diré en ménument religieux nn fi tañtés etréivié l'éctidérhiers Em brabsanE RAF fous le ohjôts” at, “ét partiétifétefent reste qui : ñ ont le fruit dé l'industrié foie, AU°lieu dé re € AE en méme temps! que Teb7 RCE d’un carac cière, différent rétififfdansehhiqué 10calité. " (” au A Aüsmilieal dé 464888 Matériaux, gti n ah up pasila mére imfportänce” plusieurs ne séraient que Xe a répétition où là! copie affaibtie.d' ün type plus complet: 1 mention! wen'Serdit fatte'qué dans le catalogue final. Quant uk imohuménts Prinéipaux | il faudrait extraire de leur étude attentive le type Propre à chaque” âge réf Tes! Scindér. en Groupes” “différ ents toütes’les RES séülément! qu wun “Changement notable deviendiaitisénrhlé"entié gi x/1000 SIDE ON UE MPEUL Ces modifications tiñd{ueratent nécéstäirément da satisfaction nde "besoifis nouveaux, d'un ‘dlangement équivalentdansles häbitides! QUE mœurs, les godts, etipresque toujeurs l'irnitation de mHodÈES étrangers au pays! eUEs féraient ! pour ainsi dire, d'historique, dés rélations ext ARCS des Anciennes populations, et-déviendräient lun jälon: précieux pour la chrono logierdes annales dé Ta provinee.”? 77 Telle serait, suivant nous, l'étude à entreprendre dans; chaque-contrée , et: és séciétés archéologiques de nos départements sont assé riches en travailleurs 218 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. sérieux et jouissant de l’important privilége de pou voir étudier à loisir les monuments qui les entourent , pour que, dans un temps assez rapproché, la France puisse connaître par le MERU ; selon l'expression d’un vieil auteur, toutes les richesses historiques qui sont éparses sur son s0l. aue AVAUMTOC AC ALANE AN BSIHAAM HG TA SAACOIAHIA one sl 35 ebrôd sel rue te misl9'ub stioth svit sl enotoi 886: evsq nsionsl entél TAMAUIAO! 40 ANUOT AT M 4AG «4h blüis02 sÙ 5Ù posbiong ,wosonoR'b-nois5d el ob s1drmsm , 1ojem-10)5"b onishiquo moisnA t900'F sh sotifupinA w$ .atinomt ob ts exomriob 9b ste sr stetxs [Pot udirreib tromlsesat : morivro strerrptris sb srdmron non9tTib 81 tastos he erent , mislO vb oïrorb vit sf rue bats sous ve ,.0-2828 w6 42 VE vb sfsrmèe HMS) gras | esrtémroliÀ 2tomiv-srt8rrp 9b eut 9h VSIVIQ T9 trs T nid zyehôten 95"88mr0t tros etromusmont 289€ 929009 814 dioe taenstisqas , moiemomrib obrere 9h 6 ent 04-02 16 dioe , strsteixs sr09m9 9ffsiofroqrre mp old rront odosos sr 6 oz: rrréo »9f T8 vo 124 #10 AUQIHITHH1N 24940 A] ’ Ho D 908 lEvir dostroquir ! 9h if [FASO d9 X1IN9/ 19e O9 'TOÏTS 291 [Up édrontursrons 291 riétol 6 191DHTS 107 990814 ,81 , Sd00TqY8E Noees eqmei u.aw6b ,9Hp Tvoi au'b ste ho ftO "NOTE al 15 SIFEGAO 92b IT jnoë iup eovptroterd 26éeodorr 291 28uot-rusturs Lroiv SUR 108 {10e ‘'Irre G9818 49 UNE SÉRIE DE DOLMENS ET DE MENHIRS ÉCHELONNÉS Sur la rive droite du Clain et sur les bords de la Charente, dans l'ancien pays des Pictons, PAR M. LE TOUZÉ DE LONGUEMAR Ancien Capitaine d'état-major, membre de la Léoion-d'Honneur, président de la Société des Antiquaires de l'Ouest, ° Il existe une série de dolmens et de menhirs, au nombre de cinquante environ, inégalement distribués sur la rive droite du Clain, mais affectant la direction générale du N.-N.-E. au S.-S.-0., sur une étendue de plus de quatre-vingts kilomètres, entre Châtelle- rault et Civray. 2 Ces monuments sont formés de matériaux bruts de grande dimension , appartenant soit à la couche superficielle encore existante , soit au sous-sol mis à nu par les eaux, soit à une couche meuble qui à Î G AY Le 1? 220 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. disparu par 1 érosion des eaux, et a parfois] laissé sur un sol calcaire un grès sliceux -et ferruginenx comme à Aillé, au Vieux-Poitiers ete. Ya ie 30 Cette dernière observation exclut, ‘toute idée de transport lointain. de. ces. masses énormes, | Somme l'avaient supposé Les anciens archéologues. gs ER %° lle est, en outre, corroborée par cette observation que, les plus, grands. intervalles observés entre les groupes de dolmens | et ‘de. menbirs. correspondent précisément aux argiles ou aux calcaires friables d'un sol gui se refusait EN fournir. les matériaux nécessaires dirigée du, $.-$,-0. au N.- K. -E. du, pt axe | ‘des dolmens ou des faces des menbirs, pOur. qu'elle soit purement l'effet. du hasard, dans. leur élévation sur leurs piliers pour, les-premiers, pu leur enf ouissement ee pour. les seconds. eshpteAl| . Cette, disposition, en série orientée de la, sorte, et. s sr de chose près, parallèle. à la plus, grande partie du COUTS du Clin, peut; faire penser, qu’ elle indiquait une, frontière sacrée dela, Gaule, primitive ; posée entre deux tribus importantes, et la restitution de ces chaînes de pierres. druidiques, sur nos.cartes, | locales pourrait ». dans. cette hypothèse, . -IReRÇT, la recons — truction de la plus ancienne carte nationale dé France. T/Enrçe;qui concerne le.ças particulier qui, nous oceupe, nous ajouterons. que, du..dolmen, d'Andillé notamment aux champs-de Thorus; quiréunissentun si grand nombre de dolmens brisés, il existe une sorte MÉMOIRES. 291 HOHAAA YU AUQIAITAHII2 24490) 06 de lisière OR non cultivée, assez large, et CRE en ligne droite e, le dons de agueie S ‘vent ue menhirs, Lo re dé FpoQE d'union entre lès oca ïtés. À “moitié chemin ‘on trouve, en outre, “àn lieu nommé : egrig mo, qui pourrait bien, indiquer un gite .de passage de v AO EEE d'étrangers, encore, existant sous la domination el Echo lointain des pèler- [LOITE )'T6G 59 104010 D...9TJ1J0 1 ) nages “celtiques. 8e Tous les done ’explorés pâ ar r‘des membres dela et RL TANT OTa sus des Xntiquaires del où (UE à diverses époques recouvrent des ossements Humains appartenant à des individus de” fou ï âgé é JL mêlé! à . pointes de ia des couté et” iches en S ex a en gate AGE . NES C'étaient 2 TIVL di 1e n TA êt des vases én ter e ngÎre gross) oeil Gb go NES 26 9teleno9 292860 e9h 976 NuéerTa mb YLu 2.8. 15b 992 rip 9° à élques-uns de” ces ‘délmens étau nt ‘éncore Ï102 9 SUR Bo xl dé 1,20) 2996 « JO âne CON entourés de relé e ins où dé pierres Parfois que aodevolà ausl exeb . Dre 3" [. IM9N91 assez 1év $ ’et Contigus qu'il faut franchir pour + 91 pénètre on hé d'Anditié a FE ee DC TU ment), et les fouilles des turn? de fa lphtres ayant tr fuñls Retéant dar cére À Mispostr de pieités Ve t' paré I ff # et HE oroite que “péfitr ve ane pue leg ldctens Téaibntl m HE bai” des toHben S''détruites Et erracées D 2 GA HAE du phaéuradidivique se'brouvant ren Kéuremient dans 1 s01 des aftées où ga éries nier | Vrais Thienré sos les simplés D alsnoite 169 ounsions enlq sl 9h aoitorwit JOUET y p1 sont DE né | Pre taande, ‘Nitias MNT lac B6iSBranA , MARAQEO(S 2NON 94H HE) Buñletinsiet Mémoires ie In) Sogiétésipassim.tscrorsion ioe gui steixs [Er 2er 2xoorlop 9b srdorort bi sg jé .U fï 329 CONGRÈS SCIENTTMIQUÉ DE FRANCE. déliens HP HET AE” ‘pénsér!, lenloutre//que Cétaient es tombeaux dés failles SP DT des tribus / peut-être des draidés. 6 FAST 41 L'agolomération considérable de ces sépulttirés st les trois plateaux (le Baptéresse dé Thôrus et d'Axléto autoué de ChâteanLarcher, semble autorisér à foire que cétté réunion est un véritablél carnéfl: loux; nom! qué les Bas Brététis (1) appliqiient, ‘des Tocanités toutes! pareilles) ét'qui, dans leur idiôme , signifie un 'lieuoùsont Amôncelés des! ésséients décharnés, un ossuaire, un cimetière ehun mot. ‘gLeTieuétait datant mieux Choisi pour En Hbro ün' Véritable champ dés rorts/qué les couches /supér: fitiellés déces-plateahx sontIdés RER ‘divisés entâbles ininées et cites h0 épée». 01 20 TER Plus tard, les chrétiens;"suivant 1e BELcé etre méfits ref éiét! day vrogdéle IGufs Champs acné dan. 160 168429 EN AE dUH be Tate étaïetit accessibles et fherleg a itrévalé au tiséatolet Nôtré! cutiéux! éimétione : galléhomatfiénrétien de Civetaxsén est anllékemiple 4vée 69 réré puatré colithies dé toribés su fer posees. D°07! aioy 901y'b 991brri'f cd dédui donné utictéhet paitienlrer d'importance aux létineillotx de THorus/06 est. qué les deux contre forts escarpés qui fernient et éominandéit le AéBoéRE de la vallée de la Clouèré dinfcéne du Clin 86nt oCepÉS par des ophiai BAUTOIS AREAS dé tr6i8 côtés par! dés léséarpétients Apit el TErREs? à Ta SUrge / dans] la partie ctranérce "de hp As tile QAATIS of ti SUN) NT )28 6 4 ÿ'1q Y*uoi , 2991/1109 29TITIS ‘b exsb lisor 9h ue 9ùTUqus 16192 LH D MOSIO TE ac Notamment dans le voisinäge de Vannes ( DA LA Jos: AIIIOIT 45 Hp MARQUÉ). 10m ANT 10 MÉMOIBEBr102 2010 223 occupent, par,un,retranchement;en terre; et en:pierres sèches; véritable..agger-élevé de, main d'homme sans traces de fossé. Cet agger .:conserye.encore aujourd'hui, dans éertaines parties, jusqu'à 4, mètres d'élévation. r Telles: étaient Jes places: fortes, des Gaulois assiégées par César, auxquelles shcçédèrent les camps d’observar tion,et plus. tard les camps de,refuge-que les Gallo Romains opposèrent aux;ingursions,des barbares. 0 , °ke plus considérable, des deyx-camps, dela. Clonère embrasse, une surface de 8 Mr et l’autre: de;2 hectares seulement ;iois mu .etieu22o cr. 2àmredo b on 4° Si nous ne commettons, is Se diérrenT Jes..cammeil- Ioux, de Château- sLarcher, si voisins, des .deux.oppida celtiques.que. nous.venons, d'indiquer, sont, dans, ces âges reculés, les équivalents Dr D situés à.la portée desyilles.… notjôrdo 29] DIST eiq 2445 D'après tonte. qui précède, rien,.ne nous-semMr ble contredire,.cette supposition: que la dongueligne jalonnée le long de da.rive.droite;du. Clain,.à travers les vieilles forêts dela] (Gaule,;;me;soit,tont.à la: fois une. frontière, sacrée entre deux fribus importantes, yet l'indice d’une voie fréquentée aboutissant à un-cenfre de refuges; aux demeures habituelles des chefs de la nation, et..du. culte, autour desquels ,se tenaient ;les grandes assemblées et.#accomplissaient les, rites relis+ gieux.des)grandes solennités,,019 &[ 9b sëlley &l 9b 2216 Nous ne formulons:toutefais:ces conclusions pro: visoires que:sous la:réserve.de la, sanction.que viens draient.leur.apporter.des observations analogues faites dans d’autres contrées, tout prêt à accepter une inter- prétation ui serait t appuyée sur de meilleures raison S a Re } CoiTts izioy 91 2180 Jnsmeto" que es nôtres. En Le 224 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Il nous reste à nous-même trop de monuments cel- tiques à étudier encore dans la Vienne pour arrêter définitivement nos déductions. 8i nous avons soumis cespremiers résultats de nos investigations au Congrès, c’est dans l'espoir que les archéologues d’une contrée aussi riche en monuments celtiques que le Limousin viendraient à 'hotre ‘4idé pour ‘arralheér à ces pierres muettes le secret qu'elles gardent avec tant d’obstina- tion depuis plus de vingt siècles. JAOIIO6 A4 AHYA4AAU ATITANIAAIA-YOAH HATASNI AG F'ÉEV ie (OlLIAs 2891 16 1 pites (ete) 9IJ13VON » Lt q (h) dsloiged) $ 90 lolH inise .Vé0 ms ésnus D rodonsG.. xworèade vb daitdo ,886 19 9201 } [ t821D [fi NS 98481 2 9h gas[liv Ha9iV-9) 18H )} [usil 5h aoîns) al er 184 (1 b osxsizeñton 91 .toli mise 9b 919q D sapagans sh norton 8! 9b tasrrooelqors'l 10e éd dt 8 29000711-xaf-01r16M-ITi80 dise otôcx vb s[smrsisq moeism ) 26 9 s2eiorsq snn'b woil-tsdo ivd'hruouA (6 2900 9 bre es1dérofnt 01.6 , 1981 5h 900000 Je 9obree .diosdoos go sleyor. &fiv ons di6ià, cg brode'h .omientror osniaito no 9h 91598769 9m un ,eordilryradr egcèdo, do 9di1à ,9Y08viue fmofiqiie - dus sb 2995çq zie TONANT AA AUQIAITAAIIE 24H00 \ CC -[99 ataomtyonr 9h qoti 9MÔR-arrONm 6 91291 HO El sotônte swog sanoiV sl ensb soon 1ibuts é 281pil diniwoz 2movs auon j2 enoitouhsb eo tasmoviiaitèh «2912009 6 emoiis oijegviri eon 9b ati [Her aTSRTO 14 299 991) 109 me esrroofodors 291 sup Tioqges : agsb de9 9 mizgoniii of orrp 2ampitlss atdomwmonr mo Sir jeans enT19IQ 299 6 NOT ICE. HISTORIQUE: Jusis1b0s9fv -saitedo'b let s9vse tuobrsg eollo'up ts1998 91 29)i9 5m 2914 +eniv 9b aulq eiwaqsb ao L'ABBAYE DE SOLIGNAC, PAR L'ABBÉ ROY-PIERREFITTE. En novembre 631 d’après Mabillon, suivant d’autres en 637, saint Éloi, né à Chaptelat (1) près Limoges en 588, obtint du généreux Dagobert le village de Solignac (2), afin, disait-il pieusement, (1) Paroisse dans le. canton de Nieul (Haute-Vienne) : c'était la maison de campagne du père de saint Éloi. Le monastère de’ Saint-Martin-lez-Limoges a été bâti sur l'emplacement de la maison paternelle du même saint. (2) Aujourd’hui chef-lieu d’une paroisse de 2e classe dans la commune du Vigen, à 10 kilomètres sud de Limoges. Ce lieu, qui était une villa royale sous Dagobert, garde encore, comme caractère de son origine romaine, d’abord l'ins- cription suivante, écrite en lettres régulières, qui avaient six pouces de haut : TVRAE. NA RINI. FILI. NA; II. 45 -226 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. d'en faire.une échellg qui les, conduisit équaiJes feux Bu, Giel-,Cétait l'époque de L'année où des scies du Foi perçevaient l'impôt, 6t.deià les, enpayeurs tra puis deux tombes en serpentine à la couverture imbriquée, 2etlenfinis qu piéa dé'restalier qui conduit du "pOéhe dans d'église! détix"tiibours 46 colonne picés de châque dète [q siVéiét qutlquéstuns deg passages dé là VIE! de sdint Ét0, réerite par St Oûên j'atfffé dans UE Notiée 1777 2sgopemique, fntér Castétal? x perfvit db do Vilar quamdam in rurèr Lemovidino ébéhominatän) SOL ÉEMENTA UM, ‘dicens : comic ihi y Dütfiine fi ir, séténitas EUR CONCEAAE, ho 'pessimb}, l'etmihi ét tibr, SATA COnMRUErE Per quam 5 mérédiiuf/ ad cœlestial Yéena Wtérqné donstétidtere 5." Quam “jus pétition ibentes Fe sieut Rolébat Anfiuit, (6t° quod | pépobceratisine l mors !"4%o Piicept6! Æ6n CRE" EFAE enim tops -u0/Ensts ablit ls e Éoden Gage épi thésauro ‘exigebatur inféfendus/ (sed!) tnt) omis Cénsus in unuy colléctus régi pararétur ferendus 0 ‘Yéilét “domésticus siimloet monétarius hdi Ue Murun su” ras lCoCtidte ipurgaré it justatritun puriimum 46 Huit aulié Légts préséntäretur métal {hégéièbat Ein ‘prédiun esse Hligioconcéssum), tôt Mid atque ébrate pr Ha Vel quatriduum 1abofi insisténtes ° huïla Potérdnt Dé prie pe tentè, arté profièere; squétto 45 Etict0 préVenieng duneits opus Cæptun imtéreipérét DR Mox ergo üthocmüticiatuht estl) Cunetis Toci US hdebiS éKrtan- Hibusy etopté pérrectunn Est et eat ditio ft ComniSun! Gto if\Joco primum ac potisSimunt viroturn Def’ eOngruKit 0 nästesianhy übi etian abat tonbiitéto, multos. 6x Quis vernis anerpartél Plurés quodué ek'AVersts froyinens usquertd centénäriuifi)quém diquagéaNUs supérgreartur numents; rünachôs Congrégatit! RédditUS etiam terræ, qui 15 angl SSH affuenter” suicére possént “delegnVit 1pée "Yero tanta Ke devotioneltantoque aide codém loto’ diffudit cut | quidquid habere! pôtuisset ; ‘quidqiid” reg auferre, quidquid digne alièuÿ comparäre, düuidquid etiam gratuito ei à potentibus h f LA - 104 RR AOMANA AG AOL AENIE 2H49/H09 297 /Näilätent l'or qu'il avait ne pour’ Iu j'dGune 1er Hormé Héecehiie à eu” pére » APS al des: ne “ae at NE EE ne ed BE ETAPE LION Set es SONDE sl £ Snidnogis2 ns eedmrot zxuob airq _derpitu Jun an eSSBt MAS Prediio, dogs idestinaretsiWideres plausira HR DE PRE, ARC ysibus-neces- Series dreafiau} çf lignga. Vestimenta etiam, Let; lectnaria, ac Jinteaming,, mensalia,, ReCnQN ét .Yolumina -sacrarum D RCHTATER QuArDInr ina. Seal et.qmnis.quæ erantrmonas- : ER 1 usibus pecessaria, jp tantum ut pravi quique ingenti ex he Suecenderentur dnvidia, Cogitahat.enimr et ipse lemum apfen m,Se TANGIPATS monasterio;; nisi eumyalio jindoeo Dei de ssét,.dispensatio, Qu, in,-l9co-ipse.quoque sagcessisr et reel FafPre em Obserrantiam. yidi;mt-pene singularis Do Vitre isdem,monaghis pre deteris Galliæ-monasteriis. or ME SP gregatio.etiap, nung:macna. diversis egratia- nr. Di F9 Du: bis, O7n aa, 5, habentur,. ibi 2trrartifices:plurimi Æyersaram arfjnm periti, qui, Christitimore perfecti, semiper a PRES ER sunf.parati. Nuluribi.gnidquem. proprium 12 Éu) ic, Sert in Atibus. plus apostolonuness “Sun TB nino pra emmibus ommunia, Qui locus; tam fertilis Re mque duçunqus exetitit, ut, fuR quis, ibidem, diverteritr, inter pOMornn, nemora et, hortgrum;amænitate virentiasin D ] libeat protinus. PEOTUMPETE, Verbes Quam Bone .dovus Page Tab, el qua mel énberaaente tu ASneAl (Nues KHAN, FU PAR AE etutanquam cedni juxta aaue Rap saual paradisus super fumens.de alibus nempe Ph ai 178 JO Em HEÏGUE ri Rae ous tom hanedicentur HE 25 MT 82) —Est:autem idem. cœnobinmihaud: proeul a MOREL HS Am, px Grciter milibhs ad plagam, distans jun STE trie AR EM AR NIET PO» D aude api F9 pet 61 OT SRE: npitum, decen -farer stadiorum 5 SE jp jp Greuitu, EX Un9.guidemIntereumunitur Dit min rene rquod, HaQn$ exçelsus , Silva opertusyat ot _ Lie eminet, HP DÉSS Omne, autem spatium monnst np Hiversi, feneris, pomifers, pçcupant-sieque ilie segnis animus recreatur, ac si partem amænitatis paradisi se QQ die CUHIOMHAM CL d15192 99 9HpÜrodtus des 90642) 5 ‘12/0495 99 ZT HOTEGN ETES M de id bDéséaste 19 10119" de Split se réjoniqéi, difoi) Hate dévénir aps vaux à un coripat hôte “lab vètte Hétoite. Mais cornme ie di dit tutiéme/! (pot! détifandér Ho Me di rot gs di paix”. “ee fe “peuple, ob entr Un aint | repos aux : Lertitetn ‘de: Diéu’ bét aussi oe da Son mie fe Diéts” ant de DÉEdbat 'céda immédis ab it non détere quil tÜhd#50. à Soli jenaf, Men Me bits” q Qu'térrait dé 14 muni- ficenc alé Sur +QUt 1e” tte ISURUTEl ét sur .ses ha bi ta ns 0de tu dééiqu &Éénditiôn qu'hs° füskent, RO AO DE HUE mL tr ne QUHSY fükként nes oélqu'ils Sy fus ELA LOT NOM bhifinantis in quité is servis to de RS EE Chart P AIRE : As Op heureuse DOUTE Ans échanger désiièns nets dés Dien$ méiliéurs) dés bidns de Da Dé ceux Au ciël! dés ten der Loabes contre Jes bi ens dns Péut denèues S'épposéraiti à" cétte “donation, il démahdäit Tacdomiplisemefit dés mialé- "dictions. at Ed ALLO iilpiés par T4 sañtite Héritite. “Le don teur vouiai it die T'ABHE Retacie ter 869 frères “ | snivissont à Sotignac fa roblé QE sdint Benoit et celle ‘dé saint Bof LUE TRE océvait aussi ‘le droit de réprimändé dan$le é4$ GW Pabbé Btiles “moines où”"lèuis Sltcbkleurs se” rélféherhietit de leur ferveur primitive. Du reste, ni le roi ni l’évêque “ NE SRTAICRE; droit : sur ‘les. personnes 1 ni surtes choses de ‘cebmonastère,, Or. comme le. fait FRERE, Nadaud , es1dMonx 251: jaebr 9499 : daocroffotrrot s1àte. ARE “locéüpasse gratuleture:-1 (MIGNE à Dies nu "LXXAN, pr 49-4940 Sancti Eligi Vibea; sancto, Avdoeno seriplæ, Le 1, c. XV et XVI)» (1) Voyez la charte dans le Gallia christiana nova, T. II : ad instrumenta, p. 186. MÉMOIRES. 229 si ce dernier passage est authentique, ce serait faire remonter bienhautl'exemption dela juridiction des évêques, La, charte, de, saint ét sie A Eee etidatre: qu 10:45 « É) D Ed Ÿ Han »embre), LB DAS Dax . Son vs Si Spee deqphpsieurs évêques, Alont, les plus, connys OM 1Adéoda, de Mâcon: Ro Be de ee nee deslaon: Manrice, de Beauvais; Salapius, de Nantes: Loup,.de Lime . gr a s, Deoremus êt d'autres gran seigneurs signirent pu gsrre 08 eLes premiers religieux de Solienne furent done tirés eLyxenil, où était abbé saint CRD NT Fu mriplnd se b3sn les. Aanes tique 16: ON ot 8. fixèrent.et lesangines qui, sy rendir ph de diYRes previnces qu y éoupta, bientôt jnsau à cent, RUE ante hommes, Duurestés, Je magnifique fondateur les avait «dotés, ile manière, à; les metre BB US ua {besoin s'Éout cejamiohtenait Au roi;et,des seigt RE Es ofours: ikkenyoyait A SON AD 1, Br -que-cela ec FPE fr. e lieu de OÙ 9b stiotisioi ol ansh. eotuot :9842124 9 zuobrsq egtôiatsb tort 291 .9[{uT 9D +9 2900cmiT 9h 2528901b 19Ïu19b vb a #8 é'upesiVossroiloz ob tuo1ibusqôp .9{9612 nobes :0fices elaustraux:du-shonastèneñdeSokghac étaient ;;Mune-prérôté;rdont il est faitmention dans 1des;actes. des AAM63443180et 0459751212 um éphieuré Gaustral 1348;rauquelétaitunileprietré)de Notrez- Dame-dans-le-Cloîtreren: 1565-66 4586522230 -uné-charte- brevie,;:1370.;:Saint-kanrentidé Lab Chapellés Ammadit en.dépendait en:1426;2maisdabbé y-nomaña ren 1816 1581etA604 +14 une iveHèreniecer 4/1 61c-efil 4818 eleétait; unies à: laChamiiteries:11é wñe: “acristier, 0, MST — 6% mmeraumôneries dit 6 9 M5 TR yÈT TAne: pitancerie ou-prévôté delasalé, 48659-14932 mr une ortolarie ol -hostolarie(fonotionsderlhbs telien) : en 4870 138% Miles Iprébéndes nbria2 Sales sr pr yepté lnrprévôtéh tous-ces-bvffices Étriént unis à la manse communéren#t620o115-1104 ,9016207) 1 Déjà .RouS) axons ditrrquey-enri922; [okerr@i :-Charléé donnar. seize ; églises à] SblienawoWoicirleurst-noms après:Estienuot.eti Baluzez/SaintMantinide] nets où Nedde;;: Saint +Hilaire; de?Corbasr: où °Lesi-Cotbesz Saint-Martin de Préignae;h SaintsGali oi Saintafal SAR MPIRERÉ près, Donzenar; ;Saint-Germain:-les- sun ji de Conourss; deSeptempiris où aint-Martin-Sepper; Saint-Saturnin de, RER Ann HE un anh Ho AO LG LIT :9p yo 25448 29D 2 nu a Chañteu : saute Juli ien, qui 1 lus tard li pinf ral Pierre Let SEP ht de La D Re A MAO apvasu ga aMÉMOTRESoz 24497100 2239 -Bopnet-lar Forêts Saint-Faturnini2quisfut oplûst tatd Saint-Pantaléom1/1de:yPerpézae-lesBlanceycet : Saint Pardoux de Sussac; toutes .-dans le territoire des diocèses de Limoges et de Tulle. Les trois dernières dépendirent de Solignae ‘jusqu'à la fin du dernier siècle. )sTesobénéficesidontiles moms suivent étaient éfcore sons lopatrontige ia mémelmônastère : Artôu :'Aÿen’, ipréxôté ret Cire-créééién 11076 £ Brivebhe’? prévôté”et cure Lai Celle près Eymoutièrs; Chadiéras!, CHatfour Choneïller;SaintéCÿprien te Lasraye! saints hagirel Bonne al!ihimirds] Sdiite Marie dé Pirée Butte: Sañihie son Morgne y dddureiderSoliènace Saint ThBañtr: Saift-Theau dé Séour DE NVisen ,"bt-Ea Ville-Neuve, auitquellewie cartulairérd'Uzerthel afotitiaiti LSapate Pierre élde 0 NitedisonOhamboulives ;- ESpartignac ; Saiht-Piate dAurile) Afio)rSaintiPriestl Libre ; Colsérmiour Couzours Saint Bonnéto pres “Cémborn e Saint AmandderMarval Moniéféé en) Mhréle; Mont- gibend Saint-Jacques déBoiseuil ; Saint Jacques! de Crosatge, peut-être) butzaises sé Puf dArñaes NônaïS; Pendol,:{ Saint-Martin! de VéyracCHaptetht ; Saint-Jouvént-io Bonnatgilollés 2° Sat Michel dé Vécams/ peut-être dérVaysse y lSdistéoMarit Geriéstel Saiit-Yrieix de Cousseræ)SaintAmänd- du hâte de Corpsonisêt Saint-Bonriet-dessA strass où RU Nioiéi ie nehé ee du MORASAE dé/Sd1i RE Hot ont pate és plus Intéreate) 0 1102100 FHo219 7 : WARD oh sas isa re 19{4{9%- is —Jnise an Le au HOT ni es, ‘à Ja. pl uparf des Atinivérsdires des S aDP Ji fe es pi eniaitèms,. -0n,Gistrir buait aux” pauyres du pai di. et de fe argent, D et, parfois +18 : MONIOT)-21102 HHIOMAM Ag 240 CONGRÈS SCIE TIFIQUÉ DE FRANCE. 89D ÉHoNuoN Ip 291%109$ X19h 9D nuoedo eôteieas oqn.donnait aux. moines, le soir, pour la çolntion,,.Ja charité ; c'est-àdire.une distribution d'argent (1) 5. s0Fabbé-Archambaud I;dit Je Jeune, élu en 4263, ordonna. que; les Pères: auraient. toujours, Qu; yin, à souper depuis, Noël jusqu'à l'octaye,de la Purification; lesdimançhe dela; Septuagésime, à, souper, de, la farine, cuite avec de;lagraisse le, dimançhe;.de la SAGEM PE REO TER SOHPE IFR EN FOÏ APRES qu denoix,, ou de.fromage;,pifance s'entend. aussi danguilles..et le châtaignes. ; Notez. que.nce. temps gorrespond à;ce, qu'on nomme carnaval :c'était donc pour. ces religieux nn femps.de.relâche dans :leuxs austérités, Si le jour, de 1asCène tombait, en. mars, le prévêt d'Arton.devait:cent, petits pains;aux PAUVIES. Peux gâteaux faisaient un;pain, Arehambaud IV; qui siégea.de.1320 à, 1334, et,qui fit, pour la nouxtiture de ses-religieux,,,des.ordonnançes qui témoignent assezde larfrugalité, que l'onsgardait alors à Solienac, ditile Pr Bonaventure; .Archamband IV. maintint, en d'honneur, de la: sainte, Vierge,;le xin:à souper depuis Noëljusqu'à la;Purification. On, Hit dans. ane. chror pique dusmonastère, de Saint-Mertial, qui s'arrête à iBan: 4404, -.que;.à.Solignac., le, samedi des, quatre temps avant, Noël, japrès matines, Amel -placés aux quatre coinsdu cloître ,.parés.de l'étole, et disvob [tr dia .ofsosaon obasdèrq aux 190w0b iv (1) dLe.passage suixant, de;du;Cange nous,donne, cette, signi- fication au mot Selegeret (Traditiones Fuldenses , lib. IT, p. 36); il dit: «In urbe ergo fratribus majoris ecclesiæ in jus cari- tatis animarum quod vulgo selegeret dicitur, duo talenta ordinamus... In jus præfatæ caritatis animarum ad anniver— sarium meum et uxoris meæ annatim celebrandum deter- : minamus ». MÉDIANE 241 HUOIAITHAH197 assistés chacun ‘de ‘deux acolytes qui ‘tiennent des ciergés, Jisént'en'éntier 16s “Auatre Évañgiles, et cela afin que 18 foudre né Hombe pas chez’ eux À cette même époque, Paques !etlà Par Pentecôte; l'éffice n'avait que #r0is lecons à Séligriac, PRE CRT à ce Qu'on pratiquait dans lesautrés monastères. ! fl Chaque ! abbé à°&on entrée, dévait au! tonastère üne! chapélté HP faire é service divin }'é8 qui si- guifiait sinplément üfle éhäSuwble,! car on ‘Exigen de Prdñcois Bélut üne' “chapelle de veloux où autre! drap de s0y avec offres décens ét honorables! Chaque moine’ dévait réeévoif. ” en parenté” OCCASION L'une robbe ‘ef “habit: Il dévait! 14b plus © payer “léurs prebés el ’ét “portions ordéales? et Faire l'anmône généralé journiéllément. Antoine Éoudon ‘nommé én°1517, permit dux moines 4 at AC SE maté ALIEN parents pauvres L'abbé ait jusficé haüte! moyérné!et basse XKolignac, ‘et pouvait énioisir quatre Consul qui pourvoi RE h +5 fortifications de Ta ville. Mais’les ‘Habitahté4vaïént dibit A® moudié' et cure où bon leur Rémblaït. L'Abbé ! était! ten ù pour inoitié à toutes les séparations dé 1! ville : ape l'entretien ‘des "ponts et ‘dés pavés. Dand'les témps'de floublé:"ldévait encore faire darder ‘là Ve! e 1) BARS ÉntO dés hommés’ et dél'ingeit par néofhiés on devait aussi, pour linstruc- ion! de la junte, entretenu régènt | où/du moins lui donner une prébende monacale. Enfin il devait von un préscheur pour l'avent etrpour le carême. (06 .q. LIL. dif , 2320Dn 4 29H05 hnnT) isrspsls a doc 116 mor, T8) BYE ai giesloos erroLsor eudiriseri 0218 od'ig nl » JD sinolst Owb,71udiorh \sspslse oclsy Dogp CUTSATUTE 5 -IOVIQLE D$ 'orgistins etstiis srstærq eut ul ..2100eatbrc 1909, rbasrdolas criicame ont erroxm 9 MN Mure: 1. Mt 16. 242 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. EC I 0 dr 194gi # aofersq ‘LC OUI OV ter à TO LTITOTI FO" h 91199 EPA consécration de la première église a monastère de Solignac fut faite le,9cmai,, d'année: même de:rsa fondation, et, 1 s’y trouvait vingt-deux: Rene roi ete D rien.de cet édifice. | b 9959ibôfr sn L'église jactuelle, est; du, xx:siècles Dans son! vël MES ST. , d'architecture. byzantine en -France:, M. Félix de Verneiïlh, à qui nous allons eniprotééaut description.de d'église de Solignaci, dit que larcohsé- ration. en. fut faite jen 1448, d'après [une note’ que M. Nivet-Fontaubert,. deiLimoges, lui 4 communiquée, et que M. Lingaud, secrétaire général de la mairie:dé la même ville, avait prisesur,un ancien manuscrit , aujourd'hui-perdu.. Cette première consécration paraît assez vraisemblable; : cependant Nadaud , qui savait si-bien toutesles traditions du'pays,set qui connaissait tous:les manuscrits de son] temps; n’en parle pas; mais il-rapporte au 9; mai 11195: la .seconde; consécra- tion, de, l'église, : faite : par. l'évêque: de. :Limôges quamd -lincendie,de: 4470: où 1M78:-eut: détruityda toiture et l’ameublement de; cet. édifice} :comme nous la fait remarquer! M.rde: Verneïlh 4 Lasconstruction était donc plus ancienne, puisque l’incendie de 4170 n'avait détruit. que.la. toiture et l'ameublement, de l'édifice, Elle ne, saurait: d'un autre côté être antérieure. au ‘commencement -du:!xrr ‘siècle. Là däte de 1143, bien qü *elle n'ait pas été connue de l'abbé Nadaud est encore a meilleure, car abbé qui gouvernait alors l'abbaye de nent Gérald TOMANT. AT HEMOERELLI2 2100 943 de Terrasson, porte un nom périgourdin, et devait avoir une propension à imgi er les monuments à cou poles de sa province natale. Bientôt après, on le voit occupé de travaux qui couronneraient naturellement uérestaurétion" sénéraerdul Monastère {éonätite dune foitainerdans Jeséloftre). Lil seule partie dés donstrnétions debSôighaëiaui0phissé Etré rapportée à une dédicace de l'épédue dé transitionf! Cest? Le lécher, oi l'onlfémärque dès vottésq'arétes bur nervurés. dl nl emma le à au Teste’ 'dè Éégbeurque euolle von tup,é .dliogroV sb xilé, .M Model Veimeïlh fseclal 7 Apr Rat 4900ét le:Bevolumerdu Gallia chhistidha ‘nova 14! rapporté au DomañrAataio Écoutonscmiintenant de dote archéoz ldgueiso 8l.9b [srdgèe oistèro9e , busonid..M owp da -tu@nmreconmättra siséientiSaint-Fronft!Vaûgst bién due Souillacsdanstetté vaeintérièuré déSotignae(f)s Meisqu'on, hhylchéréhélpas l'abbaye de saint IG Malgréison antiqueetillustré origine; denest dttne église icoupoles comimé léartres! Quelques briques épaisses ebployées là èt Mäsdars Ha constriction ét pasfois. servant de) clalveaux ; “quëlques fmorcéaux!de sérpentihe utilisé8; eh pétitéltroneons!pourlés colon nettes sdumportaïlitivoilp toht cetqui rappelle qu’il à existé autrefois] à (Sohgmacshn. édifice rbatiidèams un OTA A 9h sibaooni'l suwpeiuq .suusious enlq omob disio oo] ain de Mihititeshes pranires Qui/repré senfent, Abrider tes] église, Laivae fntérieurel/'dessinéei lpar M.Uules-de Vermeilh; figuneodass lenvotume de Z'Ançhiteëtume EC TS Félix der. SEA P bien pou ze si des wre ne He ne T6 at Ur jf VOS d ss êr at vue ex érieure, essinee par be x. 2 RL 5b.ovsddgl 27016 .: 116 eo De [ep 10 G£ CTAIOMHAM 244) , 99 CONGRÈS SCIENTIFIQUE: DEF, FRANCE TW9ÏTÈ l20q temps où l'usage des terres’! cuites était, [ençore bénéral let où l'architecturerecherchait les matériaux précieux. D'ailleurs Mégliserest::de) style : purement Téthaän par-sonl ornementation et toute, son, architec- tüié ektérionrer Mais, à limitation-de Souillac.ou.des anéiüments/byzantinsdulPérigordirellerest voûtée, en Coupolés/pétdest la salé! dé toute Limousin, Sur.]n eff s4 Hroiscoupoles }rrilrm/yien ras point -suxr:de Arañsept méridional, equélcest voûté-enrberceaz;; on fétréuveanéquatrièmesur le transept dumord; qui, “déstiné à servir (le paroisses ravait-reon.un-dévelop- “pemént'ancrmal /céts'ouvraità d'ouest par uneporte particulière YTorhéer des figures; odu Christ: cet )18S ‘apôtres: 201 9b ‘roger { 5h ZXUS9TIq6A) 299 for “1, fPabsidé) arrondie àlintérieur, est, polygonale eéxtérieurément :: ilemlest demême dela; principale chapelle du! rondcpointavec-laquelle le-eloître. était ‘diréctémént ën‘éonmünication au| moyen d’un, cor- HAOPWÉUÉ On jen da 0 dirtämiys onde on POSTES quatre autres hapellesrayonnantes sont semi- létrcülaires au dehorsiaussi bien qu'au,dedans,, Les lébupoles sont ‘très-basses; et'ont toujours été.cachées Jar lé toit. Un. clocher:énorme slélevaitrprimitinement fbdeRus de! celle eduitransept septentrional,; mais, LaU We basé ainét évidéer sansolidité devait laisser bedtiédp à désirer, ’et)rcommerdes. grands ARCS EUT “Aeslreins “esquels reposaient-ses murs écrasaient, et découronnaient les piliers, on se vit obligé,, à june époduel très-réculédsans doute,yde le, démolir presque 9 ‘én'éntier: | 2h Unrautre clocher, dont ilne subsiste que 1és ‘deux'ipremiers étages surmontés d'ux, fronton moderne, termine la nef à l'occident; mais il paraît MÉMOIRES. 245 postérieur d'un demi-siècle Au Æorps de Pédifice , dont il(n'4& poitit consérvé l'axesoi 29h seseril ro ao *USILes éolonhesl'et)lestarcatunieso qui : revêtent-tout Vextéiiéur di moriument forment nn] ensemble. assez élégant: surtout à l’abside,squisrexhaussée;sur. ane “ypte à cause -detlaidéclivité dusterrain.;-a;de bien fnéilléures proportions quélla/nef. Les-arcades.feintes ‘detéetté durnièré partiel dé l'église: ont-quelquefois,.des ‘tréfles pouf amortissement ;:dequi.sevoit rarement. A intérieur, (elles sént appliquées, le lons.des murs de “hänière a former: une! galerie: ide: service; ebrFont Soutétnes pardesicolonnes-ow pardes pilastres carrés “ältérnanit tonjours avetsdes consoles: On, remaxqne ‘le Particularité) curieuse skd'onobserverattentive ment ces chapiteaux de l’intérieur de l'église, ;;bien Qué trésvariés ettrésoapricieuxrdans leur forme, ils °Se ressemblent tous; deux à-deux;; ainsi que,les; con. ligotes intermédiaires let :sec corréspoñdent, exactement “Aèpuis le portails jusqu'an fond: de d'abside,, Cest une étrange symétrie; c’est aussi une :prexve, que “fédifice entier iestsd'unosend jet: Les sculptures, “lntôt'enbranite, taritôt-enspierrésicaicaires;-offrent nabireement ne exécutiom-fort-inégale, Aienrest que Beatimesnil tenait ponngauloises et qui ne sont PQue prossiérés Jquelque:soitile anotifoquiles ra fait Tdettre dans hlomonument religieux;:on,ne peut empêché dédestrouverimconvenantes. 4. Enfin,,en 1919 SPAbDET dé’ Bonyi1remouvela/-les-stalles etes MYitraux 211010 JIV 92 110 etoiliq el tasietaotwosàb "UPS Ont dti quel ‘avait dh mévolätion,-le-cloître.;sle RAC tt rond) Lepiain anormal; de cette partie ME TADEAYE, Ho eonstruction-elle-mêmessdatait , IST Li else :tnobisso'f £ ton gl aviorrot .owrsbont 246: CONGRÈS SCIENMIFIQUEDE FRANCE. sans doute; de:Sait Éloil Arant deiconmaître cette: |: tradition recueillie: par Mrlabbé Texier{onons motts 1: demandions si:ceque:les premières deseriptiohs 2deil l’abbaye disent,dél sa: formerronde ne$appliquaitpas simplement à-$on/-emplacemient, à: soi'énceintegqui l estaujourd'hui celle du bourgror el 'rpent rues 19 [2 iRépétons x Len! [finissant ,5 que bo sentoTithousin £° Solignac æst-la seularégliseh Série de coupolés-Nôus ‘ ED AaNONS\ pourigarant-Mol’abhéo Texier, qui comatf * parfaitement: 1eette province.s[Nousravons remarqué ! nousmême à;quel pointiles-edépolés s$irmples miss : à pendentifs byzantins, y sont rares) Hliebl ny1s0ht10 pas;tout à; fait inconnues;iéar on en fronverdeuxrkouë les ;elochers:de la belle église odu Doratiÿ maisimos ! souyenirs,nous permettraient difficilement dé eiteiun£ | autre exemple.(4}: Dansouneportionndh Périgordiet:| de, l'arrondissementode Nontrony qui «été démembréé!> du.vaste diocèse de Limoges ;connerencontre assuréL :: ment aucune coupolede.cettersortezcét coestid’antants plus frappant:que,,; dans;le veste: di mémésarrondisse ri sement, il ya;au. moins cinqéglises-àisérierde cour poles 1sans parler d'une foule de: paroisses-ahcouppleo! byzantine ‘unique. ». b +rroe ei pp oviotg fp 99 (#ff5n Un plan de, M; Lansadei; agent-voyer-àoLimog'es | onp s'i oifov sl : to "êl esrténr CP 8 moffieror: GM: de Verneilh.a dif, an.Congrès, archéologiques qu'il); avait trouvé en Limousin une-autre église à série decoupoles,. b Saint-Léonard, dont lé transept se couvre de trois. voût sphétiques. « Cette “partfè du monumiett Serait aussi du xresiècley mais postéfeutélà Solignae! Dés éohpolés sitples 1 existent ensoûtre à /Saint{Junieb , à1Bénévetit,t à (Chambon: etenfin.au Vigen,, toutià côté, de Solignac;|etrcertainentent: | à limitation de cetiédifice. 9h aue29h-1re vesdT-inise 9h HOHANA LOMÉMOIRES 1192 2000 at dressé, l'ai dernier, sur là dertande du consëil murs" nicipal deSolignaë, nous pertetrd'ajouter'kes propor-i tions -dei l'église. Commerdl'as fait remarquer! M: de Verneilh; Jécçloéher: nestpasrdäns-l’'axerde l’églisel# | il forme remeffet;2avecelle) uncangle de ATG deSrésL > et mesure, jusqu'à la rencontre de cetraxe! 15: mètres° 23 cent, Delcetrangle avec lachapèlle: ‘absidalé J' qui ‘a 5 mèttes38cent de profoideuts-on comptel58 Miëtres” 88 centc) cerquifait pour da longueur totale 71"riètres 1Bcentola largeur-de/la.-nef yen! y'éomprénant ls arcatures; lestide A4comètres 65) cent. |: SE ere Out onrtreuve: 5 ibtres 40 cent. % amies td eétituobnsq 6 Letranseptmord a° Hp mètres 15 cent. (de longogtr 1 1@omètresr 60 cceft.1de ‘large let I trañgepto sud°! 12:mètres 45 centursur: 7 mètres: 85 cent. ‘dé Targé? 0e” transeptesud} dontolarvoterest en Dércexit#à pas” " étécreprissiquoique um plani de ecran miDnaEEa AE? ” a Hiem-vouluornousrcommuiquer ‘ét °nôû8) Hñsser ? calquers donne llesomêmes: préportion® au 1 Aux transeptsycetrque l’auteur ‘du Voyage itérétré Cons LT tatequ'ilyavaitisix-coupoles Hefearactètes drehitèc. 7 toniques:dés-deux :tranisepts) s’harmonisent parfaite” 21 ment, ce qui prouve qu'ils sont d’un même/jét! 15 miaoies ont/-18>:mètres-25) cènt} céllé da croisillon à 19 mètres 15 cent. ; la voûte n’a que 10! ent: d'épaisseur T4) cIET. ts éampäñile à déve de #'Thètres AU deSUS ‘du faitage ER SORA EUR Shéqué 1 En du dernier ailes. dubai, à a trée,.de. laquelle ler maître-autel..était placé: comme: : aujourd’hui ; restaitlibré, . de tellersorté qu/on1ÿ avait”: dressérseptiautelss1dans H éhapélé du: Fond, Fautél de Saint-Theau au-dessus de sa eypte” où eue a!" 948 CONGRES SCIENHIMIQUÉ DE FRANCE. chapelle dû nord, l'autelldeSaint-Niéolas avedicélui dé Saint-Éloÿ”-ow dés Ars! dt puratoire droite) plats pres” atltranéept et celui de Saiht-Cloudià gauche, Hoûs1es deux. dans leés'Arcades placées de cérdôtérentre ré ransept et lehäpellé 4e SdintzDhesus Ldans A4 ‘chépélle “méridionale, l'autel L'del Saint-Jacques, faccosté/; droite, déilattel de Saint-Benoît, ætçlà gauèHE véré léltraméept Jde ncebui derSaintPiérre, tous Te denx Aussi) daneles lespaces laissés entreln Chapelle de SaintiThearetle transept: Une moitié-dés stalles ivarcait danslaimefy de faéon pourtantäper- fnettre To circülationl extéricuremént ; «l’aütre moitié ‘était sous ledroisillon-L'autel dé lài paroisse nlétait pas, fcommele dit Mde Vermeilhi {1}, dansdetranbseptinord. Une eloison) qui s'élevait jusqu'à da géleriesen laissant “un passage lau sud pour l'entrée des moïres, ussigwreit “aux paroïssiens ; à Péntiée de l'éclise/ an peu plasideta moitié ‘derla nef, -eét/contre eettelcléison se dresse t al'up daseih 1u9[ ao xuseasv ersol ob xusisffo ser etoitoe 9ffinr xusb. esl iaocielsiot s1b19q àmoiorètèrq 1610) Cette distribution de F'église , ROBbrS grojésant.fes hapifants Iyjques de Soignag, sacrifiait TES dodo Re ne POULE DENIS EG ROAUe Où l'abbé de Bonÿ At refaïré les stalles, is éllé était plus ancien de, “Gn'ne-s'expliquerait potfié pourquoi 1e transept du Abd! Be “plus développé que celui asus letoponruhot til ste pere à l'ouest d'urié; portersi grande ef sirounéè. L'ancienne chaire , «Aéposée, maintenant: dans une; des chapelles absidales ;;p#f lu xve siècle, et. de; Labbé, de Pony: AUS MeR ARE EE AURAS » comme les membres du, Congrès l'ont reconnu. lgré TES tténe Limipricité AE s form ge RON EN , elle étre de l'intérêt ® cause délsa datel5 -Z {Note tomihtfhidiée 5 par M:0F.-ideVerheili})à1lobligeance duquel nous Tdévéns - Quelques autres-rectificationss) 14904 59 246b 19b1lo2mos domaat aq MÉMORERD2 2419400 249 Vautélode SainteMartialsà droite, raves d'antaltsde la Sainte: Viérge y quiétaitcelui-derla paroisses [ir rie .sOn:dit dans lai Feuille hebdomadaire de Limoges:;du Ariawrib 4783 he Samedi-29.0mars| 1483 ,/environ-sept heureset-demie.du matin, le côté nord-ouest du.clogher deljabbayerde bénédictins de Solignae:sest, écroulé “ans l'étenduend'environ]20:pieds de: large: sux:35, à Jrid'élévation[Cettémasse aentraîné dans sa;chate désvastesgieniers del’abbayen quise trouvoient an- edéssotisset;raprèsaweir pénétrédans le cellier; qu'elle -aéciasé avecdestonnéaux propres à recevoir, la ven— “ dange selle la : enfoncéyuneivoûte:;-et)a-comblé;jame eayeimide quiétoit an+dessous.rdei-teste dr oelocher - .menacetellement.de ruinéiquon afa lpui:permettrecà iaueünl ouvrier d'y monter pour enconstater d'état. (et accident acattiré tousles- habitants de Solignagset des “environs yet tous-Slempréssnt.de donnez-du secours sauxreligieux-iMaisiles bénédictins ont arrêté de cou- rage officieux de leurs vassaux en leur disant qu'ils préféroient perdre totalement les deux mille setiers APE duécéttéchute. + méléslaux décomibres plutôt AURE UE 18 biridre ia ai'a “ pérsbhne. JACHVItE ‘dés Habitants, 89 dé Soi EU G et, ; l'attention, des DÉné- ;.distins “ROUX. veiller AUX; besoins; deces vigilants < ouvriers font l'élogeides vassaux-commie; de ces ons .signeursi) On évalue à deux: centrmille livreso'la ulpètte “ets es raig que earséront li démonon ét a réconsftuttion” des SHétiéits qu Ctopnér non amer ere ÿTal ui eSTC SR 9] anxmc) afls ü odeste fronton, levé, ah Sn setipercéde;deux arcades.pour.recevoir.les cloches , -n@/an point remplacéde-elocher:détrnitss mais tout est à consolider dans ce beau mommeént"et;T nous l'éspé— 250: CONGRÈS SCIENMIMIQUE/DE FRANCE. rons-bien ; larchitecté-qui s’en: cr pq héureux ‘dé stérifier un /intéret MaAtéMer où! l'amour-propre, | s RAR uniquement à conserver l'édifice ro d nature. de Caractère, ( q est, du, reste, l'avis. unanime; ;, des membres, du Congrès scientifique de: France;;qui:: l'ontririsitér le: 48 «septembre 41859: Heureuse d'âpe prendre que les vastes ruines du château de Chaissétt vont devenir f Re dr ne râte duel de Se td ogon, préfet de Haute-Vien ne. 4 O[8 RD a Hp section d'afoHéoIREté a fait ac . le, Congrès scientifique,:1-dans -«sadernière séaneevrgénéralé (21 septembre}yle vœowaéivant: om #01 9199 ,TIE Je Apres avoir vikité l'Eglise de Etats 4e Congres” scientifique, réuni à Limoges, émet. le vœu que M CR préfet de la Haute-Vienne. ER par tous, les moyens, , convenables, à.la conservation: de, cet édifice;-depuisi: longtemps classé: parmides imonunrents ‘historiqaesse L et unique dans son geñréen Limousifi »9 ITA) ebpadis esgruo04 9b oupôvodons'L,.I[88 114 .888 ,OI VII. 10 eUIVIIS SI noitibnos $ eorioi eomistigs éxuob Lul sanotuT sb sdqiubof .Mieuonril-884 us € Are ès J19te8non of 11360 dis19t [wp 299104 9b 94 HUH) .6! Voici fa, Nadand. et À Legios, la Lo RH» de Soligaec : prenne Jeuireunerl ,noboD : s16)28n0ût m REP Sas à ne bee En RE 1 quinzéprenièrés Années doi. .credeidA. do eudrodoU.egdrod 9D DAGOREEL d'après lé manuscrit 5159 Vanéien no) deta Bibliothèque impériale : Saint Ouen raconté “que Hstint! Étoi :° visitant iles frères dé Solibnae eur! dérinal url second ltbbé vers 6462 hais Hifi de nômimelpas. 0 19 9700 91 SH) D SD cHtbonatl, ul Crtibrines! était abbé lorsque sait”? Theau vint de Brajac à Solignac vers 695. je est qualifié de” vénéable à Sokgnae) punsiesofo in 91 91p 71] gA HAa4 .Gl 4Ë AGREE ? “bibi où PAcoÏERE" Sr nié 91 aoreve 2bnentto" 291 UD , S18Ÿ2610m 1108 ‘10 tot LD Siido HOÔAAAT TAMÉMONREMUINZ 2HADMON NEA Saint ir sun ancien brévinire MepSolignaë, pétmiteacsainr Theau de, se. bâtir, en l'honnenr:de saint: Alatringrpellee mere “ - ne tère. 19 QG © DTTUEN LOVIIL09 $ JUIN: 22 EI SOU ie g'e ALMO Où SILVIO, qu'on met He Pre A 6 OA Pro Mob PA ot DA EEE HUE pat Quemaés Are paraitivoier ter ana ot abbé asser D 6: FoTaARIUS j/Cnnû, *éonrmé Paholin PT I PauRUEElO ob vestédo vb eonirirt étesv es[ sup o1bmorq LE ,OH-ÉPULUS 4 cs eu Hi #iov ÉRALD Jer, CON) aa bu #1 6b 40 Dig "20 te NN ele 9J'MEX EL TE re dist .& srgoloèdozs'h coitosz 0e AGrgrusse sérouvaiti rate boncile d'AÏR-la-Chhpéle en 817. Cette même année, ra Ar r aHbé/od'Aniane vs FRERES dre vaillerayecdni À; réforme des:monastères ge Fan a (e SR Ale que RRQUT $ vase qu SUD phitasipe quéélatté /deptié éVéduede Pari dédie s AE Er sutilrépitremux)Gaateel Mabilloniqu? l'évait crul dés 7 1680 d’autres pensent pourtant qu'ils'agit plutôt de Dructerami,)| abbé de Carmeri ou SaintrChaffre en: Velaÿ:02 28h or pres do 12. SiLvius ou SILvio, 838. En 841, l'archevêque de Bourges Rodulphe de Turenne lui Ep rtaines terres à condition qu'il ferait bâtir le monastere de Vegennes en Bas-Limousin. 13. CHUNEBERT, auquel, en su lar hevê [ue de Bourges aoftt é VAGUE AU me abri HO AIS Bot de son monastère : Godon, Frannarius, Bernard, J64itf@s 9 D Flotgisus, Rigaldus,, Rainulfus,, Silvius,, Bainerius ;;.Gâr+ bertus, Umbertus et Abraham, tout.ce.qu'il:possédaità Beaulien ;. à Ron paca TE 3 bâtiraient. un, monastèrerde lordréde faintrBenoioer aouO aise * oleitoqui Sppéutoiidisl Hi SILVIUS, obtint, RbrER abbé. .de Solignac,., un privilége.. Y de Charles le Chauve en 852.. -Peut-être. Chunebert,s'était-il.., démis,, «et, Silvius: du; sa 12, ARMOR la. RRÉEREO dit Nadghdireup das {1 00 atov oerrailce £ scie niv 1891T Teil AU 15. BERNARD Ier que le Gallia christiana nobg, cxeggsle comme, le xmebbé, se trouvant, en 866, au.-concile de Soissons à obtint du roi, pour son monastère, que les Normands avaient 252 CONGRES SCIENTINI UE DE FRANCE. GC HATO1 ravagé, Un Priv jlég: qui se trouve dans le T. III des Conciles def Fe ü ire aussi, en 876 au ‘concié de Poñt-Yon. ea que, ‘es moines de Solignaë d'étaient retirés à Nédde ü à Asneddé pour échapper À 14 furéur dés! Nortafias, sons due de Gascogne, fils d'Imon, comte de-Périgotd/}'et dont ont un Feveu, | nommé IGothfreaus ; dit inôiné * Solighhe, ne à dette abbaye les! reliques de” Saiité rausté, idie"et martyre, trouvées à à Ferénsae. * IL 88 SrsEr6qob dde av 16. D DANIEL qui obtint uh privilége du’ pape Martin Jen 883, et pendant l'administration duquét Saint Gérald a’AuriMac erton) OO Pha dE INT no do ,000[ 0 dfgreqotr Ii /: 000L no 17. THIERRY Ou THÉODORIC , 889. ÆOLL ms ex Gi RALD 1, 92." Du’ ‘consentement de” Füléherius, ‘ic omte dé SéBur, 'aonna # abbé [de Tulle Adaëïus°ifnie “terre one aû Lonzae, et k égüée par Créspiiian ‘ mônastère ge Solieit HET U-TIISS JD JAI D 5fironr 8[ y997 Ir ,e0aodlo 19! BERNARD ÎI DÉ PA TNE ÉIÉVE avec so ROLE rmünastère 4e Feury, abbé de Sofitnae avant 1988! ”c0 shécésavement |eo-abbé ‘ét'abbé de Be aulieu, puis de Tan, ‘ét'mbrt évéqééde “Cahors. 10 91 (nobA 9 0r09[v. LD enreitisq -29L-18q US. “AMBLARD, intime) ani d'Hervé! trésorier dé 1Saiñt- “Martin dé Tours, VIE Soüvént, dans là maison de éeltiléiille roi Robert, 1 pour 1équél il recopià, eRpresS nus dt pots 14 Wie 48 saint Éloi, dont Îe$ 'empiaires paraissent AVE Et Fort ares dans ‘les dérnières' années du” el Kedle. 1Pénnor2fat accompagné d'une lettre à Hervé, qu'on trouve dans fé" T/w1, RATE dé l'Histoire Titléraire de la Praite, N\°rié parait{pas aù il ait été, lÉommme ‘on V4 Hit, successivement ‘hbbé! de re :Charroux , de Tue’ d'UZéréhe | dé Saint-Atgastint et delSaint- Martial de Finibges ‘ 41 mtarait le supposér alors ‘le. thème can Abblard et Adaokia: 93104461 due Eup..busdrrsdorz ns GÉRALD ÏIr, qui défi au Conéite dé Litogüs | én 1081, nie Da de d'apostolat de LaintlVaräall 206b Sroqaex Fr! “ADALFREDUS OU 'ALFREDUS D nôtimié, én°1055, dans les De par lesquelles Gé Géraia de ‘Honnéval dé à Solighaërle p: RE la bofderie du x Monter 2 LLLe nécrologe dé Soligniacontet oùt rannivérsaite d'un YF, AbDE dû monastère : des DEA T9 LT ET TOO Z AISYN9 6s9Oporo'2 9er , Re EBntu LEE Hémns JV, 9553092, 98208 19h QUE on 30 19 i6q 9b 29bnadô1g 28bnsre 29 on , eme d'Ofriv e .: » d Len À AOL AA )AUQIALTAMINE 2UHNAON PTE MÉMOIRES. 253 e9l9n09 29h I .T of 2reb ovrrord 92 iup scô[Evirq cu 88 MAO pu Qu sonne PRÈS de Pi rresBui ère Alonpa à: Solignac le monastère de Sainte e-Crpix, de Los Buffière,en 1061 : il figure encore dans des actes do 1071, 1073 4090,et:1094. *9B 5ÿnTo9 ,monrl'h e[f ,ogr SODERD) 9p 95. brrer 0840 GÉRALD, ;8bbé; dUzerche. rà qui, on. d pra ler qe re AeSolignag,. lesonyerna, pendant quelques années, el a un abbé dépendant de lui, dit Baluze. SE TUS naine £ aT Pts . 1928. GAUABERT, OÙ, ROBERT GAT OP ÈT 2 nr De . te nom - fansanançien.çatalogug d'abbés.de St se “ éspait en 1090; il reparaît en 1096, et on lui ë donations en 1108. 088 , DIHOGOAET 10 vas ss VI 21269 HAUPON,ALDON.QUELPOIN, ancien te ue opps- otèresren-étaitabbé en,1105; il siégeait enco TR 119. ‘Aaëm HA icomte.de Fimoges, duifit plusiqurs donations; entre autres choses , il recut la moitié de l’église de Saint-Bonnef,..: Hfo2 af 1816 MAURICE; que -Geoffroi, de. Vigeois nom me, dans à passegesuivant::« Pierre de Pierre-Bufière reyint 1e el jnçhe deNoëldu-pèlerinage de. Charronx...et fut.eru 1ellement.bi DDR par les partisans du vicomte Adémar. Comme on tui faisait -passer tout.nuLnp rivières fi ‘al dut pris, et amené, per à Solignac,. où, dans. une HARMAN À rendit [ti ‘ème, oep présence. de l'abbé Maurice, 1 EE PL) Hi Me PERS sat +des donations au. monastère de, Ve ntadour,. FtreD Véte Up association de,prières, is 48, St velo, En vtt POLE G ep ovuort so’ up. vis £ grtisl sc b ST asg TON E 20428: GérAuD IV,DE, FERRAZO se: trouvait, en LIST, À là sépul- otured'Eustorge,; évêque pe reçut à Solignge, 1e svillet 1540.08 du.bras de saint Éjoi, Rep TA io à oitere.seette même année, à Noyon, d'où P..de Saint-Martin e Archambaud, qui suit, rapportèrent, la rel lique. ls re ie Itaient leur-monastèrer à,çette. solennité. pare ete hs vil 1157, rapporté dans le.nécrologedeL'Arti ige, À 4 mur er fe 2d'Aixé, moineet prévôt, d'Arton, donna à cet. an de + «Venir, HAGRREUR DANS 2 le cloître d di a, nel fr er ete RSR 8 AE AD 6 cotés le monpstère de Solignac s'engagea envers Ajmerie À. donner, _penda ant vingt ans, une des grandes prébendes de pain ‘et une mesure 254 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. dé-xhr ditrréféètoirep'avectous Îles nets 1(pilmentis)l dés la cuisine, afin que ces aliments servissent à deux prêtres du dehors, rquinsersucéèdéraient éiiqme: semaine! -ét'dirañent la messestous'les jours pour lerrépos de :son âmeét celles denses paremiwebiamisr2iio ob eorionx 891 los pob auré'l coq, ONE 29. ARCHAMBAUD Ler, frère de l'archidiacre:Alboim) et dela famille ‘del: Maumont;-alors mouvéllèemént! anobliesr'fils£de Bertrandder Saint-Amant,, ‘chevalier, diet «A8 Pétronille sde Säint-Amant /! Siégéaitiiqen 91H01 D'aprèsuirles Véartulaires d'Obasineret de Dalonioil rmiraitrdtifiérien HOT -don:fait par le prévôt de Brivezac aux moines d’Obasine.ÿsimais il ævaitedû sedémiettre 9 Cal 19 ovuoti no'l oup AA .0€ 80: ADÉMAR Ier siéseait en 1176: Em 1178;;ce-ménieabbé donna aux moines-deGrandmont Jetieu de Condiers ahé:làa. paroisse d'AinbazaG, etyocetteomême :annéésl som lsnecesseur confirmaæ kicdonation:sLes10 décembreo117839 Sébrand Chabot, qu'on avaitfait-évêque de Limoges malgré) deirôi d'Angleterregiqui häïssaïit sa:maisom, voulant: cicher $oméleetion à°ce prince futrsinstallé: à :Solignac:ipar ‘quelques. Mar ve retirèrent ensunitb auiplusoviteoiiqiuoanif 5h «û, si auoc.ebogit 31. GAUBERT , père de noble Josselin de :Bouillags 1189. ee 1193, il donna à Arbert, abbé de Dalon , et à ses moines , la dîme du Mas-Ubért, e giga it utres pen Gaucelin de Pierre- Bufère, à la HAT qué “celui-ci et ses successeurs en feraient PR NÉE Toma nn 32. HUGUES DE MAUMONT. Siégea dé 1195 à : 1998. En 1208, le . .e Y AT; LREL 6 octobre, il assista à la consécration de L église du prieuré de Tayaux dans la-paroisse de Dournazac près Chalus. a re 88 ADÉMARALDE LASTOURS,, fils ; NON pas , comme.on le dit, dans: le Gallia christiang,; AArchambaud et de Jordaine de Bré, de: Comhorn ; mais, d'un;:antre, Adémax d'après, Geoffroi,de. Vigeois, siégeait.en,1228.et en1287: ILacquit.des dimes(sursla. paroisse, du, Vigen ,çetles, assigna. au réfectorierdle son 107: nastère pour l'huile nécessaire ap frères pendant. l'ayent,set- lesçarême et.il,céda quelques: domaines à Grandmont,, 90 nNadaud.ne; parle,pas ce l'abbé Maurice Il..qui fit, en 12%; unejassociation de,prièresavec-les, moines (le, $tayelo., ainsi quele, prouvent les lettres :données-pour, Gela, et publiées par. (HIZASA 4! MÉMOIRES:92 24H9H409 255 Mabillon: Ge Maurice H «st marqué comme 81e"abbé dans ‘le Gulliachristiandnévanseeivise evnooils 299 9up aûs ,orietns #14: HUGUES JL siégeait end1237 éten1289.:Comme:on . Pa fait remarquer, ildoitiétrecetabbédHugues ; /rès-bor àbbé; mort en 1240, pour l'âme duquel les moines de Solignac:intéressèrent presque toutes leséglises-du royaume: ,] GJT44i4AHOHA .0S b351iPrERRE Er, 12480 N'étant pasaissezisavant}/ilée démit;; rpais!/icomnie illavait augmenté JlessrexenuS dusmonastère; InriocentaV commitau mois de septembre 1249 ; l'évêqueride Himogés pour recevoir:sadémission jet duisfaite une pensioi éuffisante.omieedO'h eomion xzuse ossovird 9b dôvôriq 91 164 36. PIERRE, que l’on trouve en 1250$ne paraît: donc pasiétre lemêmeque le:précédent | quoique afirmele allia,christiawa. En1253, d'abbéPierre parait encore dams:ünetraisactionfaite avecHaele Durandi-las-Molisiras porriles revenus d'Asnedde }: etyien 1262silatrétadivers procèsqu'on aÿaitavec:le comte de:lasMarche: /On iluisattribuer cettesépitaphe: pieuse;«où ne: figurait aucémuainsignerabbatial: Nadäud, qui-l’arcopiée-ui= mêmepajoutéqu'on voyaitsur lacpierre certains alignements! tracés BODA, la fin de l’inscription;smaisrien deiplus 4191511191 mA .C8IL .95[Uu0@. 9 ailoeeol sIdox ob DST . TEHGYAD .18 PETRA “TEIT LES UM) FHAISTÉ 5dde DET UE nr ob Ji : ceI [I 61 , COUIONT No FUGE :COELIS E Jocu ET, naBenE orroid Spa F6) $, aft9 14 BOTU T8 D Jo .J'IS0U-e8M, 1h 9atib Dr hotel ME. CERNERE QUAESO ;, | FLITIS. no a1mB2SDoUs due 0. 19 LDI0) bp. HONDA LS . 16H él QUOD VOS SENTITIS, NOS SENSTMUS ; MEN ITIS. JBITCILOS $ 9CSALOIOL THSis'E9) LI RO_ME ABSO 4, PIAM NUNC EXOMATÉ | MARI L of BOSÉ TE MaoRT'E ik 5938 TA M aa .e4UDUH ce PORTA NOCATUR. | 109 81 5 SF NE ie CLAL es ae °COE D € 1210 1 eleas.[i, 9140190 à 9 Sr5911Q HD 88129 L 95 1 OÏJ 8198 97. ARCHÉMBAUD dit 78 émnes en 196%! Cette ‘méme année Lte°13 Juin, on récut à Soligniac =? ah ionastère dé Sta- vélo ne partie de la eroske L'HE falchägübIe ét des sandales aNecdétqétlés int Rérakle avaïtétélentérré, Le diménche aNahit1'Agéensiün dé l'Année 12687 En rédut un bras du même safnt. Cét Abbé féure dans un aëte" paèsé le vendredi après Ta: Sait-Teñn-Haptiste; Yan 1971 otie2e998c oliud'l 1104 9143287 38. Gé ADI! confirmié ét béni) par LAimeric }° évéque! de Lithogés, ak Pocth aa: "paques 1272 : mourut RER En déSdinté=Agatnel( 6 évier) 1275 a Bourg, En révénant dé lâféour dk 6i de France où pialuait Contré lé roi d'Anglé 256 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. terre et la vicomtesse de Limoges. Le mercredi suivant, septième jour de sa mort, il fut enterré à Limoges : cependant Nadaud a trouvé dans les manuscrits de l'évêché de Limoges 39. ARCHAMBAUD III, abbé de Solignac en 1275. Mais alors , dans le Haut-Limousin comme à Paris, l’année commençait le samedi-saint, après la bénédiction du cierge pascal ; en sorte qu'il faudrait rapporter l'élection à 1276 si elle eut lieu avant Pâques. 40. ADÉMAR, peut-être BERTRAND ADÉMAR, qu'un manuscrit met en 1270 au lieu de 1280. 41. HUGUES II, 1283. ns 42. ARCHAMBAUD IV, nommé aussi Pierre Bernard , recut, en mars 1286 (1287), d'Artus, fils du duc de Bretagne, vicomte de Limoges, et de Marie, sa femme, hommage pour la moitié du château et châtellenie d'Aixe près Limoges. En 1314, il fonda une vicairie en l'honneur de saint Martial. On croit qu'il siégea jusqu’en 1318. 43. BERTRAND Ier, que dom Michel Germain appelle Pierre Bernard. 44. ARCHAMBAUD V DE SAINT-AMANT Ou CHAMANS, dit Ze Jeune, Siégeait au moins dès 1320. En 1325, il ordonna qu'on célébrât plus solennellement la fête de la Nativité de la sainte Vierge. Il siégeait encore en 1334. En 1327, le chapitre pro- vincial des frères prêcheurs tenu à Limoges ordonna qu’on dirait une messe pour l’abbé de Solignac. 45. PIERRE II ÉLIE DE PompapoUR, 1334. On dit qu'il mourut en 1348. 46. BERTRAND II D'ADÉMAR était Chambrier du monastère lorsqu'il fut élu d’une voix unanime abbé. Clément VI, qui l'avait déposé, le rétablit le 15 octobre 1348, et fixa de nouveau le nombre des moines à trente. Guy de Barreire, Jean de La Motte et plusieurs autres gentilshommes lui firent hommage le 14 avril 1349, et non, comme onécrivaitalors, 1348; car, depuis l’an 1301 jusqu’en 1567, en Haut-Limousin, l’année commençait le 25 mars. Cet abbé mourut le 29 mai 1370. Le Gallia christiana nova, confondant les temps et les noms, dit à tort que, sous son administration, Urbain V vint à Solignac. 47. BERTRAND III DE SAINT-CHAMANS, prévôt de Brivezac , MÉMOIRES. 257 fut élu le 10 juin 1370. On croit qu’il y eut quelque différend entre lui et son successeur. Il est question de lui dans la vente de la haute justice de Saint-Hilaire-Bonneval le 2 juillet 1377. 48. W1po ou GUY Ier recut, en 1372, l'hommage de Jean David, et mourut en 1375. 49. BERTRAND IV, surnommé DE SAINT-CHAMANS et DE MOLÆO, était prieur de Bergerac, en 1375, lorsqu'on l’élut abbé de Solignac. En 1388, le roi Charles VI lui donna une sauvegarde. 50. HUGUES DE Boy, de la maison de La Vergne, frère de noble Foucher Bony, damoiseau, siégeait en 1391 ; 1392, 1417, 1423. Le 6 mars 1424 (1425), l'abbaye était vacante par sa mort. 51. JEAN, sieur DE RAYMOND, moine, fils de Jean, da- moiseau, était prieur d’'Ywelio au diocèse de Limoges quand il fut élu, le 23 juillet 1425. En 1452, il reçut l'hommage du vicomte de Limoges pour les châtellenies d’Aixe et de L’Arche. 11 mourut le dimanche 20 février 1456 (1457). 52. MARTIAL DE BONY DE LA VERGNE, prieur d'Asnedde, fut élu , par voie d'inspiration , le 2 mars 1456 (1457), et présenté à la cathédrale de Limoges pour être confirmé, le siége épiscopal vacant. Il fit faire les vitraux et les stalles du chœur, où on voit les armes de sa famille, Il siégeait en 1484 , et mourut, le 25 août de la même année, laissant 40 sous de rente au monastère. 53. F. HERCULE DE GAING, prieur de Sussac, fut élu abbé de Solignac en 1484. Peu avant le 11 novembre 1486, par arrêt du parlement de Bordeaux, l’abbaye de Solignac fut sé- questrée avec ses fruits. Hercule de Gaïng est dit, en 1487, dernièrement abbé et vicaire général de Pierre de Gaing. 54. ARCHAMBAUD VI, qui, en 1485, acquit des Hugons la dîme de Bouzonie. 95. PIERRE III DE GAING, bachelier en décrets, frère du seigneur d’Oradour-sur-Glane, abbé commendataire de So- lignac en 1488 et 1490, puis abbé de Beuil en Limousin ; Curé de Tarnac au diocèse de Saintes.et prieur de Saint-Sacerdos au diocèse de Montauban. II. 17 258 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Beer avril, 1490, l'abbaye était vacante, et Je vicaire général . der évêque de Limoges, y:ngmma,un viçaire général. : nofirfi HR6p Eu B99N B07Z0 ou B00Z.DE JQUSSINEAU (Zoussinelli)) fut pourvu de l’abbaye le 30 décembre 1493, 1l'siégeait,, dit-on, en 1490; époque où illégua 30 sous.de,rente. D'après, un,acte de.J..de Malavernhia,,; le der août.1498;.i] avait poux vicaire général in spiritualibus el Lemporalibus Jean JoussineHi,Jicencié ès-lois et curé de Jourgnac. Il mourut, le 17 SÉPHRRE 1508, à Saint-Martin-des-Champs, à Paris. . Après sa, mort, ;une partie; des. moines élut François de Beausoleil, aeveu, de Simon, abbé de Montolion aw’diocèse, de Carcassonne, qui.-prit possession les ;autres : nommèrent Aimeric..de La Vergne,.moine et .sacristain du monastère. Jean Barton ; évêque de Limoges ; cassa.ces élections... 01 solenirenens hf As éommendtuires brest JE (G18) Quoique Foucaud de Bonnex al eût 'éptenu des bulles - le 19 décémbre 1503, jl ne prit pas possession. "57. GUILLAUME BARTON DE MONTBAS, prêtre, licencié ês-lois, doyen de Ia cathédrale de Limoges , et frère de l'évêque Jean IL Barton de Montbas, fut abbé commendataire, grâce | à une transaction par laquelle il cédait à Beausoleil une pension de 200 livres jusqu’à ce qu’il lui procurât un bénéfice séculiér ou régulier de pareille valeur dans les diocèses de Limogés , de Poitiers on de Clermont. Beausoleil préféra ? à la pension, la cure de. Nieul près Limoges le 13 août 1913, et: François Parton, licencié en décrets , protonotaire du saint-siége, qui en était curé, céda cè bénéfice pour être agréable à son oncle Guillaume. Nadaud , qui a vu cet acte, pense donc qu Ti faut effacer de la liste des abbés de Solignac Pierre Barton, 38e abbé de Saint-Augustin-lez-Limoges , que le Cali chris- liand nova place avant Guillaume, et fait siéger depuis octobre 1503 jusqu'en 1303, époque de sa mort. Guüilltume est dit abbé et administrateur perpétuel de Solignac dans un acte de 1514, année pendant laquelle on croit qu’il se démit. Il fut depuis évêque de Lectoure. On lisait dans le nécrologe dé Sôlignae : TOMANT HG MÉMOIRESTI0E eu: 959 KLé22 janvier,’ anniversaire d'heureuse mémoire | Guillaume Barton, “abbé cominendatairé tet''doyen ‘de Limoges, qu'on célèbre aujourd'hui le T° mai et Je ler PR Toute l'Église fait Son éloge (1) » 2! On'voyait les armes de là famile/dé Montbas sur la Clef du cintré dé la porte Collatéralé dui conduisait du cloître dans Féfgtise. Cette: pierre se trouve aujourd'hui posée sur un ur dans le jardin ‘entre l'église ét le monastère. 58. ROLAND BARTON, neveu du précédent, prit, à l’âge de huit où de quatorze ans! l'habit de Saint-Bénoit X Saint- Augustin-lez-Limogés ; où Son onéle Pierre Barton était abbé, Me dimanche 12 janvier 1499 (1500): le 15 décembre de 14 même année ‘il fut tonsuré à Isle près Limoges, où était la maison de campagne de l'évêque: 11 fit profession le’ 15 juillet 1504. Dix ans plus tard, il fut abbé de Solignac, et, l’année suivante (1515), il présida le chapitre. général de Saint-Augustin-lez- Limoges au nom de son frère Francois, nouvellement élu abbé de cer monastère. I1 était prévôt de Verneuil près Limoges en 1524; dl le fut aussi de Mouton en Angoumois. Dès 1537, il était prévôt de Rilhac près Limoges et de La Souterraine. Dans un acte de 1555 il se dit administrateur de cette dernière prévôté, dont il avait la sacristie. En 1557, Roland Bertholaud lui dédia ses Règles de droit civil et canon, l'appelant docte. En 1537, “Roland Barton s'était démis de l abbaye de Solignac en fayeur du suivant, son neveu aussi. Jusqu'au 22 décembre 1557, il se qualifiait : Frère Roland, abbé antique À maintenant adminis- érateur. Derpétuel de l'abbaye de Saint-Pierre de Solignac. Ce- ‘pendant il ale titre d’abbé dans a relation de l’ostension des réliques ‘de saint Martial à Limoges, où il se trouva le 2. octobre 1542. Fo. GUILLAUME II BARTON était doyen de la ‘cathédrale de Limoges lorsque son oncle lui résigna (1537). L'année suivante, il nomma un moine de .Solignac à la prévôté de Brivezac. Nadaud fait remarquer que le P. Bonaventure l'accuse à à tort = 1; (4) {Pour cet abbé et, les. deux dr Nobiliaire du «diocèse et de, la généralité. de Limoges, p:145-147 de mon édition, — Pour les »’Aupussex , voyez bide , p. 74 et 76. 260 CONGRÈS SCIÉNAIFIQUÉ DE FRANCE. H1iGI d'avoir fait d'aboen ation de ta “désotdtion dans 1" #nctliré de Solignac, étant com Ldentiaire Ce re roëlie tétabé Sétitemertt stir les. cénfidentiaires ecmiis par" S'caidi istég qui était emparés | du monastère ( 56). Dü resté, on à eu FAO AA iVanCer que Guillaume Li était encore abbé dé étihag 11871; hais il eut simultanément 0 ou — (plusieurs béri Hbc: cures a: Prieurés, | prévôtés nota mment déne d'Otasmie. 1] mourut éd Re Re 16 1e at VD Pet non 1573. nl fut entérré à Obasine ID voue rene ji 40. PIERRE IV, ‘dont le \aatri A jan le parlè bo int ent abbé en 1834, ainsi qué Te constate un aéte qu ué Nadau@ à vi. 61 AMtonn Hoybou, et non Bondon , prêtré au diocèse de Périgueux, Lobtint ses puits 1e 56 oétobre 1576. Un moing de Solignac, chargé de préctiratiôn par acte passé à Bourdéiliés près Périgueux ue en Son nom ri possesRoN Je: 19 ai 597, et Boydou se démit, à à Bourdëtiles » Te 2 mar$ 1582, léh favéur qui suivant, autre SON Li ses Ît ob auidonh 62. FRANÇOIS, 6€ non Piërre, BELUT, ‘elèté du diocèse dé Ti moges, ordonné acolyte et 'bous-dinére en 1535, “pis prétré!, obtint des buliés le 13 avi 1882, Et prit possession: petéontiel- ‘lement le 17 7 juin güivait/"D" “aprés es rebistrek” au présiafa de Limoges, « Francois Bolut, adiiestique de là dame dé Pierré- Buffière , tenoit pour elle Tabbdye dé Solignae ‘lorsque? le Re février 1588, jé Téutenant! Harticuliér” au °présréial de ‘Limoges, pour obéir aux déclarations du ‘roi! données éoñtre _ceux de la nouvelle Opinion , fit mettre des Commiséhires sûr lés fruits de cette Abbaye » ». ‘Francois Bélut ne môtrut pas en 1587, mais le driver égale 199. 0G0I af ao) ion di do eobaurg 63. Pierre V DE BELAC, où mieux BÉLUT, able Tconfiäén- tiaire en 1590. é00L 180 81 9[ duiuoun Li de ,eil 000 ne L'abbaye vaquait le 20 juin 1597: mais, comme ait 1 Gallia :christiana ; ellé ne manquait pas aë TROT ES Le éignéur'de Saint-Mathiéu , ou mieux Samathie, dit Nadaud, tenait ss “a maison dé l'abbé, on ne ait dé quel'ardit , un‘éconoii algre 1e Seigneur dé Hierréfiière DE No percevoir és revenus." ! 16 61799 6981 Lt UEA JEAN 1 JAUHERT, TT dbHE noter Lead BARS ct'seléheur de Barthut” paroisse de SéintiMidher fe HOMANT AA MEME rr02 ATHAOŸ g64 Gare, diocèse de “Me NS. ER FO ee nant pe ou Mothen.tonsuré en LP, ligengié en droit canon. en 1598, obtint, ses, pulles: PO : l'abbaye. de.s Nolignac. le ss janvier de Seite, dernière à année, _ étant, AS de dix huit A Dpt ne session, par procureur, k2x 1 1601. 1}; € 6] tudiait. à] La KF lèche LEE 106 9 f 910) en, 1609, 8t. À fat fait, évêque, d de | Bazas en 1612, En 1626. il était aumônier, ordinaire du roi, et mourut $ Paris. arche- vêque -d Arle les. » 1e > #0 juillet 1648. on l ‘enterra, chez, le les bre A de ‘Bordeaux. Dean dit que, tout.i jeune € pere, A ut modèle de 8, toufes sorte d'honnéieté el de pr robité. a por tait, à où à la Frp 1 sable, chargée de cinq coquilles à d’e ‘argent. dd 3168 De, : GEORGES D'AUBUSSON, DE La, FRUILLADE , ‘docteur. de Sorbonne ,. prévot de CZ La, Sputerraine, en. 1647, Y prieur de La MikerDieu, en. 1649, par Tésignation .de, Louis. d’ Aubus Son de Le-Feniade son oncle F , Puis AbbÉ, de Solignac NCAUES à. 16 648, Éponme el Riu Fun Er fut,T ane ME 'arehevéché aspisté A:Tassemblée. comme député : pe ordre de la province;dle Sens, IL mourut en 1697... re 166, ARTS. DE LIONNE,, du Dauphiné, d abord ‘conseiller. au ç parlement. de Grenoble. puis évêque, de Gap : ayant été nommé à L'archevêché PHroprun. fi il refusa, obtint de, Ge gorges 'Aubusson , nommé à ce der nier siège ,, l'abbaye d de Solignag, pour Jaquelle ilrecut ( des. bulles RE 12 avril 1649 Gb dont il prit «possession, par procureur, le. 4: janvier s suivant, En 1654 , ll affermal’'abbaye,7,000 livres quittes de, toutes chârges, entre autres, de. la. pension. de..vingt-quatre MAIRE». dont | seize grandes et huit petites. En 1656, cet abbé,se, démit.de l'abbaye endnyeur dusuivantson neyeu, moyennant une, pension de 3,000 livres, et il mourut le 18 mai 1663. 008 9 UE 6 JuLRS PAUL, DE; Lion, fils de Hugues, marquis d sBerny,-ambassadenr en Jtadie, Pts dc Paule Payen , étant dat urdiocèse de, Paris, et capable, de séciter Je bréviaire, obtint ses balles, âgé;der meuf où dix,ans. le 21 Rays 1657, et prit 1Rasession, Dar. progureur, le 7 ao suivant, L'année suivante, il changea cette abbaye avec le suivant -fontre le prieuré de ,Saint-Martin-des-Ghatns à Paris. Depuis il ut JS rabpayes deGhaalis au diocèse. de, Senlis,.-eCercamp,au, diocèse OO 262 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. d'Amiens et de Marmoutier près Tours. 11 mourut!le! 5sÿuim 1721 avait permis d'étendre pbs du! PHARE murside la ville, b'ojeil 0109 6 910 ao L'ETÉ 66e 68. PIERRE DE GODEFROY DE /BBAUVILLIEKS, Où, ceriuet d'autres, DE BOISsEMONT, du diocèse de Paris, prieur! de Notre-Dame! de Dieu-Lidon et deMontignyisur iles diocèses! de La Rochelle:et ‘de Meaux ;:m'obtint ses bulles pour:Solignac que le 183septembre 1665 ,:et pritipossession, par procureur, le 16 octobre suivant. Il était aumôniériordinaire du roi en 1680!, et il mourut en février 1689. 69. Louis DU BAN, du diocèse de Langres, et non du Belloy de La Feuillée, nommé, par ‘brevet du roi, en avril 1689, n’obtint ses bulles que le 8 août 1693, en même temps qu'il en obtint pour l'abbayeide, Notre-Dame-du-Mont, de, l'ordre de Citeaux ! au diocèse de Pen ER; il prit, possessions, + Par pro- cuTeur, à Solignac, le 25 janvier 1695, et, en 1697, il peruta pour l'abbayé de Pontières avec le suivant. 70. GUILLAUME I BrrAutr, prêtre du diocèse (de vif, docteur'én théologie ; fut nommé! le! 15 août 1697, obtint ses bulles le 20 novémbre Suivant, étant âgé de quarante-anñs ,tet prit, possession. par -progureur,.le.?7. janvier, 1698; Dansle * Gallia christian nova, qui À termine ici s sa liste, il est dit xcel- lent abbé : optimus abbas , .f cujus laudibus abstinemus inviti. mdurut 1e 28 octobre 17245 170 EI TUE TR9Y 00e [TL PrERRLADRIEN DE MOËCHY, du diocësé de Paris élercde la chapelle du: roi »fut nommé er décembre 1724, étant âgéide einquante-trois ans et, prêtre. depuis l'âge de, yingt-huit, (Il n'obtint;ses bulles que:le 30/juillet 1727, prit, ppssessiqu,, par Procureur, le 21 septembre suivant, : et, mourut, à, Paris , _Je 18 Fe 1750; IQ ‘bu BourG, vicairé général de l'évêque: de EMÊL, D nommé à l'abbaye de Solignael au mois ‘août 1750 j: Et à cellé d'Orbais au diocèse de-Soissons ‘én:mai:1751; époque où ilse démit de celle de Solignac, puisque le syrent £ prit, pos- session la même année. ja. Dia 73. BENOIT-VICTOR GIRARD, diacre , né d'une bonne famille au diocèsé de Lyon, fut Hole abbé de Solignac en iiat 1751, âgé de 4ingttrois ant, et obtint! geN bulles! hé 19 juillet MÉMOIRES: 0) HOMO 263 suivants Iliétaitaussi prieur deRandonsaur diocèse de:Lyon, et: prit: posséssion,1par -procureur,rle 20-août; de: la même ‘année 1751. Legros ajoute à cette liste de Nadaud, le! nomridu suivant, en faisant remarquer que:tabbéaGirardi mourut en big .eireq ob 96600ïb Eh ,THoMa22104 DorTrre dés toe PONT DE RENNEPONTI# vicaire) général host, nomméen:1785;:Mourut-en 187, âgé-detrente-un:ansi0 €, ol TüsoaicDE Foucauep-nommé den 187 figure dans Je-ca- Jlexdrier de: LimogespourM9Dove Jieto: [l.taeviue, s1doto 01 .O80T “roirvôi 0 d'uryonx Si de vols sb on às Mn 901 vb , A4 ua eIU00{ .R6 (0801 LTvs A5 107 je drartoit .991li094 81 9b Ifupegoroi sm me : enRe hui 8 sl aup esflud 29e datido'n 9h BôHbide. ave Iso: EeUt te diné ville * Hjotird’hu A1 "8 ést'ah hifi Ponte Outre 14 ”èrte 8 q Lj 9 .GpOI .… 8i gate Ù église Ise des moines, À. avait Æ G ae ain is, bâtie an xr.siècle, ef.la chape Le dede! l'Abbé, 252 Ave@lessecours religieuxrles habitants PPMTETTENS let. «des environs” avaient aussideuxmhôpitux "pour récueinir leurs" fnfirmes 16ù Rés IVieiHaras” privés de assiste tance que ‘offre ni faturéile nent | nf: [LASNONS 2H 20 AN 4 ae SENS IQ souvent aussi ils éprouvaient la joie. EE par les-bons:-moines, pour l'état ecclésiastique, Ja vie srelbgieuse, :où :mêmel là viercivile ;j quelqu'un: de euts enfants que sotiintelisence ets piété avaient st UE" ntis les Classes” dé catéthisme. Ce bühhetr eÎT6 cISINOQT dnexine s1daotqgoz IS af pouvait: suffire à des familles modestes » qui L estimarent âme plus.que le corps..et qui,ne résadaient pas le éplaisircomae le butedekaivie.ob svedde'l & Scrrorron to 50 Dans notre/siècle-de-probrrès, pourisreitipläcer “Phôpital “1e ouvriers bércéltiniers vont ‘Créé ‘üne 19001 8£ L012s Association de Secours mutuels : AUS ‘bien fm S’les HET snnoû asus D 9x es Aaeiennes Sorporations “offraien \ 1e même, avantage, et,1de plus, Solignac ;ayait deux. hôpitaux b 264 CONGRÈS SCIUNMRIQUE DE FRANCE. : 0Puormeinsilargéent :#Hônd80à (SoHonacsediration? gate Ah -Pbriqué dé0portélaife app Fétrérais Cet aviaot, Name te ae None hraPieZ pes : SK OS ESS se 219 crées besiius oïvequy. En rénéral,. ces Romane A EN ECO Eee e MÊME sans . voir lesjours deehômageet lesprivations d'anemécoce vieillesse. Si l’écoismerindividtelr'entrouvelbiett 16s familles h'én‘Profiteñt Te AE üse, 2 En ASIE Î Î1$ € ' 2 Re Fonte sr 16 tes. LAISSES en pHnGpor FelieuX quPpOrIeUt üsément, les yents d'OTAGE A esteibaslloë es — .600 do LOF .q .isrrsosns sgolot -nwRunemrel circenses:! .cecfutide 0criqprécirseunude she chute: de.Rorhe:: C'est: (éncéré! añjouYd'hui) Je‘cri de. Hi foule : prenons Earde!: andmalusr : GI 44 LT ip VO 1 bmatén S'Rsé si Rest dans lé S'euu SM — 16 ÿ se ES PERRET Se PARNP RES répuidaient aveé d'abondanies ne le. salutaire: exemple,du travail,cils faisaient, mieux .wenmoras hsant 1ils élévaient£vers lé Ciel l'esprit: etleeæur:dé ces phuvres paysans," fércémient _précécupés ‘de ‘a terre par ES nécessi ie a ivre. La moralité, Cest salt el Hi gloire des peiples : julilia dlevaf gen aN ous qui, savons xemonter,de. l'effet. àla cause)me, disons done plus: que des::moinès: étaient: des agiens inutiles ::Sirles: fleuves ‘portent a fécondité ais! 1e plainé, c'éstqu'ily à TAts ddiit Tés eaux drmént! O\0- Re [II .q .ièvontl vh 21H6na 29° 2950 sur À és 5 Sommes à is a à onspilon sh S2808T "2 2801 CORNE 5 swnhomondt SIUSTL — 088 gene 5 SOURCES : Saint Ouen Hit auncti Hhigii. Louis:de Mon tigny;,Hisioirende >sainé | Élois Paris AGR6s1in-2ccre Claude Robert, Gallia christian: 4e Galliantaistiann vetuss En p.70 T:ÆNO p.888, 2ddilions ça 30. sfradlia christian Os TA d60h2109 5945 En COL. 24832882 41 997, 066070601285 Ti I vadditions, pourHugues, de Maumont, et Bertrand. de. OMAN JA MÉMOIRESII02 2HD/OO 265 Saint-Chamans:.col. 989,948; 1098; pe s1col:(80 ; TOY SR STE pi A 601106701068 Te D GO. 1515, 620 à TX SC Ma Go et ot pue A TE ds in Vs dr DICENSIS , fe tert id; Pict a sis , T. ARS Lens, b: “479 ne D 63! np Hold ar otaram ne (rh, 41858 PHg note MOI OPTION RE re TS Bibliothega hislor:: franc: qnss h29':887; 012888 21 Letoifte una en Jo ES PRP Br 0 HAE tn. 69m 22; an, ,698 nie) EDR LE MO 9 116 135 fm Re RAA M “eos Ja RM HD 108: pu ) st PE RE Riu say. ps "Lyr. ican., 18 no- te esl Een a 24 ne 17P PAR ee Lits ty rologe universel, p.761 et 992. — LS Era Acto SEE rain jannaria Xp i816 878;1380, 798071, 1072 e8/ua- ri, PPoST 2007408 «UD Do 90 apriiss TA, de XXV et 617; mit , T.1, p. 275; seplembris ,\T,r ED Fr 894: TE} 692. — Mabillon, Acta Spncioran :arAnis Sa mer Rent in DE Eds: strain - SÆCUL. L, J, pre rafatio nos 67, Les ES, Socin, Di 153.0 904, 097 AO A sécubitertinn, parsil} pRispars 2! 1p. (698 ShdrsDalllEREAe $ Bhxmssecuinm quartui, pars D] 9733151668, 461 ;sœcu lun Sr Mr Gr Prof odmnaless Er AU RS 285 FLN mi PRO EN 1 Dares la Anne ei 155; D que, nee pe EP 2 RMS ARE NE “ 1 4642L0Botn et Aie lui AUDE OX Parti, Lt An. 2aBonavénthrei db) Saintesmabié, 920 124 lp. 282 PAIE m1198,52295328210 258,6 ScorroBréviaires) limousins del 15003 or nes CP dar egiun Jemogicenssss Bari4ba Vies des Saints du Limousin, D. 1-1], 1, 667-616. — +5 dbellot, Notes sur l'église de Solignac ; PR) des hommes illustres du Limousin, p. 226. — Feuille hebdomadaire de Limoges, 2-4VM11783/nd 56. — Mañuserits dela Bibliothèque impériale , nb 968) 5452 Lu iMatfuserit au frèré dé batGarde)relidieut dé Gradäniünt. LNPE og Solehhiadensen 2 Chr rl ère Soin APE ENLTN EC FO Toy Tunr -Artdpire, 20 \ Cintre. 10bas ik 0 VA Chronique timousdie: mhuscrte. 109 Rejistrès °les Gisiniations cétlésinstiques di diveëse del Dinoges 2LERégis tres hi présidial dE 266 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Limoges. — Acles capitulaires de l'église de Saint-Martial de Limoges, folio 58 recto. — Manuscrits des frères prêcheurs de Limoges, — Manuscrits de l'évêché de Limoges. — Nadaud, Mémoires manuscrils, T. 1, p. 138; T. 11, p. 52, 326, 386; T. l, p:9,4101,153;11561162,41683 "D; IV/1p: 127128 207 Vi p.71; Pouillé, p. 168, 213; Nobiliaire manuscrit, p. 2365, art. Josselin de Souillac; Æistoire du Limousin, p. 67. — Legros, Mélanges manuscrits, T. 1, p. 655, 65% Abrégé des Annales du Limousin ; Mémoires pour les abbayes du diocèse de Limoges, p. 177-203. ÉGLISE DE SOLIGNAC. — Vue extérieure de l’abside. LD NT re LIT V4 ER =. PR pl 1] no le ï | ll | il = = Tel ui ensspstondon esp 250% 20 202 2nr20s4l estplomotll pe sososn'l asso 2aponril ob ernsynsnoll sb à | eus | _ TMAGAA HOIAUAM .M HAT D, ob 119)9911b , modd'4 150 mod A A -eunolomomea es2ocriI ob tarsds'f «5 Pbls0iou1Œ 2119109 A eutieiast04 -enemioen A - eDNBITEIA euMipTA ; (ol dnise) euroilÆ eHOÏIS9E 10 EUOÏTS98AÀ | evblsontä en nailozA eg nioqA k enstoibss A .ObHSsTA ..esblsoby A -eubasmisbor -evhaymobrA euvbrivaqsti __ Æenit6dirA . .09[1"4 eslieratbus4a eytesobu6n) | .eufodd{oŒ . D , 096in6qe enns[obaor) eue) É eub{soboun esbisobsda - OST epbasatitsd) ‘ .enbinopbogil .2HIHSTÈ) esilubosl 286120) eglosos" 25109] it “fini à LISTE DE Monétaires limousins sous les rois francs mérovingiens , et de Monnayeurs de Limoges sous l'ancien régime , PAR M. MAURICE ARDANT. Abbon ou Ebbon, directeur de Daulfus. l'atelier de Limoges. Dommolenus. Acolenus. Druetoaldus. Ansoinaus. Ebregisirus. Ardimus. Eiarianus. Ascaricus ou Searicus. Eligius (saint Éloi). Aselianus. Ernoaldus Audieranus. Eperinus. Audoaldus. Frando. Audomundus. Fredemundus. Autharius. Frepwindus. Baudigisilus. Fulco. Bobbolus. Gaudolesius. Censulfus. Gondolenus Spaniaco, Lemo. Chadoaldus. Gundoaldus: , Charimundus. Ingo. Ciranius. Leodonidus. Cosiananus. Leodulfus. Daocolus. Leodus. 268 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Marinianus (sou d'or de saint Tenomoserus. Étienne). Teoaldus. Mariucfos. Teodulfus. Maurus. Theodiricus. Passencius. Theodolenus. Preserius. Thibaius. Saturnus. (| TR (saint Theau). Savelonis. eligius. Seconis. se Léa ca ve sh" (ic M et mue: : 2 Ses à NOEL sh exusllinsns 295 RO hesnsee nf 5h 2spdonn 23h 2910n ds 2omaporen0srish 20l 2biqn'h Mis oh sb Audoyn (Martial), 1353. … Bayard ee ACER RDA, M SAT Boyol (Pierre), garde, 1494; autre 17 Couture (Jacques), maître, 1589. Duboys (Jean et Martial), maîtres, 1615. Fournier, 1775. aGuybert (Aymeric), LSSAYFU Ed 0707717 My roddA) rodd Femme Guibert, tailleresse, et Jacques, 1757. HN Tee Lavallée, graveur ABns ofogia euv . (2ni2ilÆ) iol taie Martin (Jehau), garde, 1590. v #9 sv. or) set dnis2 Nicolas jeune, essayeur ; Spÿfr Les, J TT Krangois ei cide l'aîné, 1H9t A8]; j5 syrx VON . L brewrsd) zilstiv Régnier (Martial) et autre, essayeur, Aro) enoiroy À Rousset, prévôt, 1775. FRET NBI , (I mes) ailetiY Ruaud , plusieurs, ajust@ufs, GGsT (rorolodired) aile De Sandellis (Jehan), garde, 1518. oger (meôt) 191x9T J. David, directeur, 1731-1753. DCEL . (ewrt94) itr9919M L. Naurissart, idem, 1775. FSBL (mess) loyoff 8112 Pouyat, procureur du roi,4275ou57 .(L breuio4) eiletiv Montégut l'aëné, juge-garde, HP. 6 | (exrrtod) 2tfetiv pétiniaud père et fils, controlears , A115 ;, t169L) T91919M Boulaud , greffier, 1775. GET , 1494 9Ti229M GERL ,bwnbsT , (ovste) [sbiV £EbT , (el) vordieM .JOHAAI AA )AUQIHITUAIIE 2HHDMHOO 80€ .eu1920{N0n9T nise 9b 10'D vez) euceiniieM .esrb[809T (saeità -eutimbosT 201958 «8H9i11b09aT eUTHEM e15n1910P09AT .2Hi919228 euisdiniTt «esi198914 (u891T àmise) HISTE La ET tie ion ei eitols ve .OierU 210998 Des argentiers-orfévrestaurifabri) du moyebdÿe et de la renaissanté"% des émailleurs de Limoges, d'après les terriers, registres et actes des archives de cette ville + GEL (ist 18M) nyoby A PAR M. MAURICE ARDANT 0 Pier OOVL 8008 : FOPL ,9breg ,(o1oid) loyo& .C8CL ,s1ifsor . (89m pas) s1ud109 GIOL . 80mdfénr (IsHt16M do aesl) ayodu GIVL ,T9iIHOX Abbon (Abbo), vre' Sedre honnager ; (AE UR) riditré de LR COS NGTL ,eoupost do ,s2291ol{ist d'isdin) scrmrot Saint Éloi (Eligius), vire siècle, mônnayeut/ 572 991165 de NN Ne one Ur agistés ATpaEL tél) Rd : LU VSee9 One asLoDiVI Vitalis (Bernard Ler) Vidal, xure et xhVelsféches.l «Soi 919 Aymericus (Pierré sp vsées 9108 do (LsidisM) 1oïaed# Vitalis (Jean ler), Vidal, 1347. GTI ,dôvog .doeeroft Vitalis (Barthélemy), Vida®, FJ49) 1 5 .a1W9ieulg ,. Dusus Texier (Jehan), 1389. -BICI ,SDira , (nsilol) eillobuse 90 Mercerii (Petrus), 1396. CGVI-IETI ,ruodtootib ,biveQ Sire Boyol (Jehan), 1427. -GVVL ioht ,dTgeeizus M I Vitalis (Bernard 11), VidalS 1480: 101 HD 19119014 de quoi Vitalis (Petrus), Vidal : ASE, Diso-saut is urgèt ok Mercier (Jean et pére) ! q4glCu0s ,e1A do o16q businiid Messire Peyr, 1435. -CTTL, 198978 , brreluof Vidal (Estève), Vedaud, 1435. Mathieu (Jean), 1453. 270 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Guérin (Jehan), 1457. 9190 0: SHJASEUON Jabessier (Jacques), Marotaud, 1468. De Bosto (Johannes), Petrus son fils, 1472. Jouberty (Étienne), aurifäber, 1472. Guimbert (Pierré et Aymeric), frères, 1481. Meyze (Martial), 1482: Ardent (Gav.)}1488: Chabessier (Nicolas) ; 1486. Bonnelli (Johannes) , avant 1490: Brunet (Pierre), 149.1)! NL. — LP. Pénicaud (Léonard), Wardon, 1495! Vidal (Jean II), Vidaud, avant 1496. Granier (Jean) et Guillaume son fils, 1497. G.VA. ? Varacheau (Guillaume) et Jean son me, 1500." Hardy (Petrus), 1500. Vidal (Martial), 1508,1:%1 d P.-C. Courteys (Pierre), Cortoyos, 1503. Benedicti (Jacques), Benoist, 1504. L.$L. Sire Limosin (Léonard'Jer), 1530, peintre du roi. I.C. Courteys (Jean), C'ourtoyos, AB: PARREE vérrier. Tharaud (Pierre), 1532. : P.V. Vigier (Pierre), Culet, 1535. | I.P. Pénicaud (Jean Ier), 1537. TIRE) OS Lamontrot (Pierre), 1537. RACE F.P. Poillevé (Francois Ier), 1537: Var I1.P. (L.P.) Pénicaud (Jean I) junior, 1539. Limosin (Martin), 1541. Roger (Aymeric), argentier, 1544. M.D.P.P. Deux (Martialy), Pape, 1550 peintre” P.R. Reymond (Pierre ler), Peyr, 1550 ; peintre! ‘! Raymond (Gabriel), 1551. F H.P. Poncet (Helie) , 1552. I. L. Limosin (Jehan Ier), 1554, peintre du roi: P.P. Pénicaud (Pierre), 1555, peintre verrier: dan I.C.D.V Court (Jehan), Vigier, 1555 , peintre. $ Syre Veyrier (Pierre) l'aîné, 1558. IP. (L.P.) Pénicaud (Jean IH), 1561. L&L. Sire Limosin (Jean II), 1562, peintre du roi, vw < oui a MÉMOIRES tion YA Mouret (Dominique), Tu. père et-fils, EHBUF EN: frère, 1563. IN Monte L/2915n9 2290 L.F. Fleurel (Jehan), 1570. 6 ID. C. De Court (Jean}s- 1572, ES ET roi: MR. Sire Reymond (Martial); 4571; peintre. oi robin M.C. Courteys (Martial), Courtois , 15#9: : L'Aetre L.L. Sire Limosin (Léonard 11), 1579, peintre. - ; F. L. Limosin (François), 1579 ». peintre: fe F. C. Bonin (François), Bounya 585. (20m il N. L. Laudin (Noël Ier), 1586, peintres: {) CS I. R. Reymond{(Jean).. 1698; 552mo8.1) Bueoinot 11 — IA S. C. Court (Susanne), :1600:. Limosin (Joseph), 1610: sé! Limosin, (Bernhart}, émail au musée de Dresde, Court (Petit-Jean), Vigier, 1614, peintre. I. L. Laudin (Jean) l'aîné, 1616, peintre: : Reymond (Pierre I1};,.4618, V. L. Laudin (Valérie), 1622. 6 © I. R.Reymond, fils de Martial (Joseph), 1625, peintre; Poilleyé (François IF) après, 1625.,.,: I. L. Laudin (Jacques), 1627. sa | N. L. Laudin (Nicolas Ier), 1628, peintre. Vergnaud (Barthélemy), 1630exr {at opat) T'IQI Chousit (Thoumieu), 1633. YESL | forroid) tortnr 1 I. N. Noalher (Jacques), 1635; | Terrasson (Antoine), Tarason, : 1635, : M. N. Noylier (Martin), Chabrou , 1640: in a) Guibert (Jean), 1648. hygr v9irrox | P. P. Poncet,(Philippe};r PERD 2653, Ppiéser F. G. Guybert (François) , 1655. rroid P. N. Noalher (Pierre), 1657. pres ai: N. L. Laudin (Noël Il), 1657. gar . (oilon) à Menot (Martial) 1666; ioq . AGGL . (21 rredlol) I. L. Laudin (Jacquesil),.1668. 221 Millet (Melchior),,;Bavarois, 16767 /; \ M. Poillevé (Jean-Baptiste); 1694. € a AT N. L. Laudin (Noël Le A6 pese 8) 0 (ÉD) Gérôme (1711): 272 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. N.M? Noualher (Martial), 1720. I.N. Noualher (Joseph-Jean), 1720. I.L. Laudin (Joseph), 1729. N.B? Noualher (Bernard) aîné, 1732. N.L. Laudin (Nicolas II), 1747, peintre. I.N. Noualher (Jean), Chabrou, 1748. Noualher (J.-B.) 1732 à 1804, peintre. Dans un titre en patois limousin de l'an 1425, il est D Le gr de La Vincenda, argentina ou argenteira. HOMAIA A0! AUOIIITAIIOR 241PHMU09 eve ‘ OL :([sitieM) rodiesof MW OSTI ,(mest-1dqs201) 19416107 .Y1.1 .OSTI ,(dqseot) cibrel TI CENT, Sais (bremisf on É V2 LA CITÉ :DE-HIMOGES sv: noiteorsp des If FARM. MAURICE: A K RDANT: dTiit au ensŒ Hsopro Lo siiiasptn . phisniT nf 9b Les villes, comme les peuples et les individus, sont sujettes à de grandes vicissitudes, habent sua fata. La Cité de Limoges (Civitas Lemovicum) en a fait la triste expérience : elle fut pompeusement décorée, au temps desa splendeur, du nom glorieux de seconde Rome à cause des sept buttes ou petites collines que, avec un peu de bonne volonté, on pouvait trouver dans sa vaste et antique enceinte ; et, après ses malheurs, lorsque le Castrum, la ville du Château, la grande ville actuelle, fut devenue sa rivale heureuse, et lui eut enlevé tous ses priviléges, la vieille Cité ne trouva plus que des indifférents ou des détracteurs ; on oublia même les noms de ses portes et de la plupart de ses rues. Peu de villes en France ont souf- fert autant de destructions et de ravages, soit par l'ennemi, soit par les incendies. Sans remonter à la période romaine, nous la voyons prise d’assaut par Alaric, roi des Visigoths, l’an 488; par Théodebert, fils de Chilpéric, l’an 577; par Pepin le Bref, roi de France, l’an 763; deux fois par les Normands, en 848 et 912; elle fut démolie, l’an 41490, par Heuri le Vieux, roi d'Angleterre ; ruinée et saccagée, l’an II. 18 274 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. 1310, par Édouard, prince de Galles, dit le prince Noir. | | Nous avons retrouvé dans des titres de nos archives des dénominations de rues et de portes de la Cité qui nous permettront de rétablir celles qui n'existent plus, et de rappeler celles. qui précédèrent les nouvelles. Essayons d’abord d'esquisser à grands traits l'en- ceinte de la Cité gallo-romaine autant que les rares et faibles jalons qui nous restent peuvent aider à cette opération. La ville des Lémoviques s'étendait sur les deux rives de la Vienne, qui la partageait en deux fractions inégales; celle de la rive droite était la plus populeuse. Une tradition orale, encore vivace, confirme le fait, et prétend qu'il à Dre des rues dans les prairies dites Vicomtales de la propriété appelée La Couture. Nos chroniques manuscrites en ont dit quelques mots ; mais certains auteurs, pleins de dédain pour leurs devanciers, leur A leur trop grande cré- dulité et Es défaut de critique, tout en y prenant sans facon ce qui convient à leurs propres systèmes. Beaumesnil, dont l'autorité est aujourd'hui très- affaiblie, a donné les dessins de monuments trouvés sur la rive gauche : sans vouloir me déclarer ici le champion de ce laborieux amateur d'archéologie, je ne puis croire qu'il ait eu le talent d'inventer les types et les légendes des médailles , les inscriptions et les sculptures des monuments qu'il à dessinés, lorsqu'il montre son ignorance en numismatique jusqu'à prendre une monnaie récente de Bretagne pour une médaille phénicienne. Les noms significatifs de Mas-Rome, Romanet, MÉMOIRES. 275 Portes-Ferrées, nous semblent indiquer la limite nord- est des constructions de la rive gauche, comme celui de Navigium , le Naveix actuel, port au bois à brûler, la limite du même côté des habitations de la rive droite. Ces deux parties de la vieille ville étaient reliées l’ une à l’autre par le pont de La Roche, au gué du Goth, leur limite commune du côté du steps Ce pont devait être une des principales entrées de la ville, et dut contribuer à sa défense; il fut détruit par Richard Cœur-de-Lion à l’époque des guerres que se firent à Limoges les princes de la maison Planta- genet , vers la fin du xx: siècle : on en voit les restes dans la Vienne. J'ai vu, lors de l'ouverture de la nouvelle route de bites d'importantes traces de fortifications au Clos-des- Palisses : une tour et de fortes murailles antiques à à l'entrée de la place des Jacobins, lorsque le sol fut abaissé; ce qui me porte à croire que la Cité romaine occupait toute la partie appelée depuis Villa pontis sancti Martialis, jusqu’à l'endroit où l'on a bâti depuis peu l'abattoir. Les ruines romaines du château dit de sainte Valérie, fille du proconsul Leocadius, qui sont encore visibles ; les mosaïques qu’on trouve partout depuis les Palisses jusqu'aux ka ars-de-la-Rivière (in Pistoria) ; les nom-— breux débris d’antiquités que j'ai recueillis pendant cinquante ans sur tout le coteau méridional qui descend en pente à La Roche-au-Goth , confirment à mes yeux le dire de nos annales, que beaucoup de Romains puissants élevèrent dans ces emplacements de splendides habitations. Les mosaïques qu’on y découvre ne sont pas toutes d’un travail précieux : il yen a de grossièrement faites avec des briques 276 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. placées sur leur tranche ; il y en a qui sont formées de petits cubes de terre cuite noire et de pierre blanche, dont les dessins sont presque toujours des losanges blancs et noirs. Les plus curieuses pour moi sont celles dont les cubes sont de verre émaillé noir, bleu foncé et bleu clair : cela prouverait, au besoin, l’ancienneté de l’art de l’émaillerie chez les Lémo- viques. Près du Clos-des-Palisses, un clos a conservé le nom de Ville-Hérein : on y a découvert un denier d'argent consulaire de la famille Herennia. Ne peut- on pas en conclure que Ville-Hérein était la villa d’un Herennius, romain : d’où le terme latin Villa Herennii ? Près de arènes est un lieu nommé Antony, (famille Antonia). Avant de parler des édifices civils dont j'ai pu constater l’emplacement, je devrais dire quelques mots des édifices religieux, du temple de Jupiter par exemple, sur les fondations duquel saint Martial aurait, dit-on, bâti l’église cathédrale sous l’invo- cation de saint Étienne. Mais ce serait toucher à la polémique religieuse, que l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres a déclaré devoir rester en dehors du domaine de l’archéologie. Je me bornerai à exprimer des doutes au sujet de quelques assertions des légen— daires, en demandant : 4° si les Romains, devenus maîtres des Gaules, n'ont pas respecté, comme c'était leur usage constant, le culte des vaincus, qu'ils adoptaient souvent en partie. La province lémovique , à peine soumise au premier siècle de notre ère, a-t-elle pu devenir assez tôt romaine, et sa capitale a-t-elle pu construire dans son enceinte des MÉMOIRES. 277 temples aux dieux de Rome ? 2 La porte Calcinée, aujourd'hui porte St-Esprit, qui n’a pu être bâtie qu’au moyen âge, lors de la construction des murs du Castrum ou Château, est-elle bien celle par laquelle saint Martial entra à Limoges? 3° L’amphithéâtre de nos arènes, commencé sous Hadrien, et achevé sous Antonin, de 417 à 461, a-t-il pu être le témoin des prédications du premier évêque de Limoges , et le lieu où il convertit et baptisa un grand nombre de Lémoviques ? | Les travaux publics qui ont été les plus profitables à l’archéologie sont ceux du quartier de cavalerie. M. Allou a cité, page 70 de son ouvrage : la petite lampe de térre rouge du potier gallo-romain Fortis; la main gauche, de bronze oxydé, d’une statue colossale ; les deux statuettes, aussi de bronze, d’Apol- lon et de Minerve, ainsi que les chapiteaux et les fragments de marbres variés, qu’on trouva dans les fondations faites pour les premiers bâtiments. Il en a relevé les dessins dans des feuilles qui devaient former un atlas à joindre à sa Description des monuments de la Haute-Vienne. Ces dessins, cartes, plans, etc., furent achetés de la veuve de M. Allou par le conseil général et la Société d'Agriculture, et sont déposés aux archi- ves de la Société Archéologique et Historique du Limousin. Je crois devoir renouveler ici un vœu exprimé par cet auteur : c’est quecette dernière Société fasse entreprendre des fouilles près des lieux où la moisson d'objets antiques a été si abondante : peut-être _ y retrouverait-on la statue dont on possède la main. Les travaux faits pour édifier les premières casernes et ceux qu’on a exécutés depuis ont mis au jour les 978 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. vestiges d’une immense construction, qui, d'après les dimensions et la richesse des débris antiques qu'on y découvrit, ne peut être que le palais proconsulaire, que tous les historiens et chroniqueurs du pays placent dans cet endroit. ” J'ai suivi avec une assiduité persévérante, les ouvriers qui creusèrent le terrain et le nivelèrent pour asseoir les fondements du manége couvert, de l'infir- merie vétérinaire et de la seconde ligne de bâtiments du quartier de cavalerie, du côté de l’est, La récolte fut d'autant plus abondante que le local se rapprochait de celui appelé de tout temps Jardin de Duratius. 1] restait encore sur le sol :des murailles circulaires bâties en pierres cubiques, de maçonnage romain ; que nos architectes attribuèrent au rez-de-chaussée d’un théâtre, d'une grande tour ou d'un bâtiment rond. Ces vestiges disparurent promptement, tant le nombre de travailleurs était grand, et l'ouvrage pressé! Tout au milieu de la cour des anciens frères domi nicains ou jacobins, emplacement, actuel du manége couvert, on démolit aussi rapidement une petite chambre qui devait être splendidement décorée , à en juger par la quantité et la variété des marbres que j'y ai recueillis, qui remplissaient cinq énormes paniers : je les ai conservés en grande partie: Je me hâte de constater qu'auprès d’elle on à reconnu un fourneau étroit d'environ 75, centi- mètres de largeur. Son âtre était. formé d'une seule brique fort épaisse, et surmonté d’un tuyau de brique, carré long ou parallélogramme , pareil à ceux qu'on employait dans les hypocaustes. La fumée en avait noirci les parois. Autour de ce fourneau ou T5 HUMAN FIU MÉMOTRES: af 279 de ! cette: Cheminée, le parqueti'se composait ‘d’un double lit-de briques épaisses-entre deux couches de ciment.-La) couche supérieure ‘était! soigneusement aplanie: à sa surface, et peinte en-lbellé couleur rouge. Le sol ou pavé était divisé en ‘compartiments par des'baguettes de marbre arrondies :en dehors. On ramassa dans le foyer une‘matière ressemblant à de la suieet quelques débris de charbon. JUL -Mout fait supposer que cette chambre était une petite sallede bain: Parmi les-marbres qui“en proviennent, illen est deux ou trois échancrés, et présentant des orifices ide 5 à 6 centimètres pour le passage des robinets des ES 5 “ces mar He sont blanc ‘veiné der pris!s 0 a 00 9D #85 SLTOLG A9 € 1Parmi--les En dé pistes da soirs très- minces i{f{rmillimètres d'épaisseur); on distingue une variété de lconieurs qui semble annoncer que ces maté- riaux ontété apportés dé loint:0n y'voit, mais:en petit nombre, des morceaux de vert! antique veiné Let de porphyre: J'ai réunirenviron"10 mètres de: corniches démarbreiblanclaiteux comme celui de Carrare, ou blanc légèrement gris; quelques-ûnes dé ces corniches né:sont pas complètement terminées. Qaatre élégantes bases de pilastres présentent: les mêmes nüances de blanc; les couleurs dominantes sont : ler jaune, le rouge tendre ,-lewert et legris bleuâtre..Le marbre d'Aquitaine (s'y rencontrer plus-eommunément: Des panñeauxdeicouleur rougeitet d’un tiers de mètre de dimension | étaient encadrés de-pièces terminées par des *angles-qui:s'emboîtaient- exactement, et d’une couleur (différente. De même, les grandes pièces de marbre jaune: ‘et blanc: étaient ‘encadrées par des 280 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. baguettes rouges, vertes ou bleuâtres; il y a des fragments taillés en losanges, en carrés et en triangles qui servaient à varier l’'ornementation. Un fragment plus considérable de marbre bleu et blanc, sculpté sur trois de ses côtés, et poli sur ses deux surfaces, long d’un demi-mètre, m'a paru avoir servi, Comme une espèce de console engagée dans le mur, à supporter une statuette. Ce qui donne un peu de poids à mon hypothèse, c'est qu'on trouva tout auprès une figurine de bronze d’Apollon : c’est le même type que celle déposée au musée; mais celle-ci est d'une grandeur double. C'est la même pose, la même coiffure. Cette jolie statuette était entourée de chaux , et cachée entre deux débris de tuile rouge. La patine a été boursoufflée par le contact de la chaux , ce qui rend la figurine très-rugueuse au toucher. Les fouilles de cet emplacement ont été productives. Pour ne mentionner que ce que j'ai pu recueillir, je mets en première ligne un pied romain (mesure) divisé en pouces et en doigts : il est d’une bonne conser- vation; la charnière seule est brisée, mais ses deux branches se raccordent. Styles et fibules de bronze. Poignée d’un petit couteau, terminée par une tête de lévrier du même métal, oxydée. Petit cachet hori- zontal, contenant trois ou quatre lettres, qui paraît être celui d'un potier de terre, même métal. Bulle de plomb dorée suspendue à un collier de fil de cuivre, comme celles que portaient au cou les enfants romains. Joujoux de corne de cerf. Petit cadenas de cuivre, revêtu d’une belle patine, d’un travail très-délicat : ce cadenas est fermé; la clef devait être très-petite, à en juger par l'ouverture où elle s’introduisait. Frag— MÉMOIRES. 281 ment de vases de matière vitreuse violette, pourpre veiné de blanc, jaune et brun rougeâtre, vert foncé veiné de vert clair, avec quelques lignes jaunes; sorte de composition en verre émaillé, brillante aux extré- mités. Olive renflée à son centre, de matière analo- œue, gris verdâtre, ornée de croissants émaillés en rouge : cette olive est percée de part en part. Deux gros grains à côtes de melon d’émail mat, l’un bleu turquoise, l’autre bleu pâle : ils sont percés, et ont dû faire partie d'un collier. Petit losange de bronze, creusé au burin, avec réserve d’une étoile, dont les vides ont dû être incrustés d'émail. Boule de verre bleu d'azur, bouton et anneau de verre blanc. — Je décrirai un peu plus loin les vases et fragments de vases de terre rouge ornés de reliefs, avec ceux trouvés sur la place des Jacobins; les médailles occuperaient ‘aussi une longue place : je me bornerai à mentionner le denier d'argent gaulois sur lequel on lit DVRAT et IVLIOS. Depuis ma sortie du collége (1809), j'ai assisté, en amateur zélé de la numismatique, à toutes les décou- vertes de médailles ou monnaies faites à Limoges, et j'ai pris connaissance de celles trouvées en Limousin ; j'ai pu rédiger une monographie assez complète des produits monétaires de cette province et de la Marche. Cet ouvrage est resté et restera probablement inédit. J'en ai donné des extraits à la Société des Antiquaires de France, aux revues de la numismatique et de l'archéologie, aux Bulletins des Sociétés de Limoges, et à des numismatistes avec qui je suis en correspon— dance. Je communiquai à M. Allou les médailles recueillies 282 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. lors des premiers travaux des casernes. Les méreaux du chapitre de la cathédrale de Limoges, que j'achetai des ouvriers pendant la bâtisse de la maison des pères oblats, sur l'emplacement du Doyenné, ont été gravés et publiés. C'est aussi dans la Cité, près la porte Saint-Jean de l’église Saint-Étienne, qu’on trouva un certain nombre de monnaies du prince Noir, Édouard de Galles. La place des Jacobins n’est séparée du manége cou- vert que par l’étroite église de Sainte-Marie et ce qui reste du couvent des Dominicains, frères précheurs. Aussi les vestiges de monuments antiques qu’on y à mis au jour paraissaient-ils faire suite aux mêmes constructions. Ce qui frappa le plus les curieux lors de l’abaissement du sol de cette place, ce fut un immense parquet enduit d’une éclatante et solide-cou- leur rouge : il était aussi large que la moitié de la place, et une partie demeura couverte par le jardin des religieuses filles de Notre-Dame. On peut encore voir en passant la tranche de cette forte couche de chaux et de sable. On remarqua également une suite de petites pièces séparées par des corridors : on les prit pour des chambres de bains publics : quant à moi, vu la proximité des tours et fortifications, j'ai dû les regarder comme les logements des soldats ou des gar- des du proconsul , dont le palais était contigu. L’im- mense pièce au parquet rouge serait leur salle d'armes. C'est sur la place des Jacobins que j'ai vu la mosaïque enrichie de cubes de verre émaillé mêlés de cubes de pierre blanche. On ramassa sur ce terrain des fragments de marbre schisteux vert et blanc, d’autres marbres communs MÉMOIRES. 983 grisâtres ; des pointes d'amphores, des tuiles plates à rebord , deux antéfixes ornés, l’un d’une tête de vieil- lard , l’autre d’un grand fleuron imitant la fieur du chèvre-feuille ; j'y recueillis un buste en demi-bosse de terre cuite blanche : c’est une belle tête de femme à la chevelure très-élégante, comme on en voit dans les gravures des œuvres du comte de Caylus; une tête entière d'enfant souriant, même matière; autre tête plus grande, de terre blanche et vernie, aux muscles contractés en signe de tristesse : le cou est orné d’un collier; elle est creuse et vernie intérieure- ment : c'est un vase dont le pied est placé sous le collier. La première de ces têtes a 41 millimètres de hauteur ; la seconde, 27; la troisième, 54. Une petite tête de verre transparent incolore entourée de bande- lettes : peut-être est-ce ianse d’un vase; haute de 25 millimètres; une petite bague de cuivre ornée d’une turquoise d’émail; une pierre gravée d'un travail grossier : tout cela n’est qu’une partie des trouvailles. . Les habitants voisins amateurs de curiosités dûrent en acheter beaucoup. Ce qui annoncerait la richesse des propriétaires de ces monuments ruinés, c'est l'extrême abondance et la variété des produits de l’art céramique antique. J’en ai recueilli une assez grande quantité entiers, en gros et petits fragments, pour former une longue liste de noms de potiers gallo-romains, que la Société des Antiquaires de France a publiée dans son Annuaire. J'ai divisé ces vases de terre rouge vernie en catégo- ries, indiquées par la nature de leurs ornements : les divinités, les animaux, les fleurs et feuillages. Saturne est représenté sur un seul vase. 284 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Jupiter Olympien, assis entre deux candélabres. — Un seul vase. Ganymède vidant une amphore, debout entre deux colonnettes. — Un seul vase. Iris tenant un vase sur sa tête entre deux candé- labres fumants semblables à ceux empreints sur le vase de Jupiter. — Un seul vase. Apollon Pythien, debout et nu, armé d’un arc; au- dessus de sa tête, le Soleil. — Le même dieu com-— battant le serpent Python, qui se dresse devant lui. — Le même dieu tenant sa lyre. — Trois vases : ‘un grand et deux petits. Diane vêtue, tenant un arc d'une main et de l’autre un cerf; près d'elle, un grand lis ouvert au milieu d’autres fleurs. — La même déesse, armée de l'arc, devant une colonne terminée par un globe. — Énorme sanglier poursuivi par un personnage armé d’un pieu, tenant un voile sur le bras. — Trois vases de grande dimension. Vénus pudique, devant un beau vase forme Médicis ; à ses pieds, un dauphin. — La même déesse sous un portique à colonnes torses; couronne de fleurs et de feuillage. — Deux vases : un grand, l’autre moyen. Moitié d’un vase cylindrique orné d’Amours ailés ; dans le fond on lit : AT. FI. Alius, figulus. — Autre Amour décochant une fièche: devant lui, grande plante. — Le même dieu ailé, assis entre un trépied et un candélabre et tendant la main droite. — Autre petit Amour présentant une corbeille de fleurs. — Amour enfant, près d’un oiseau en cage; colonnette, ornements divers. — Cinq vases. Bacchus jeune , entouré de ceps de vigne, et tenant 1 MÉMOIRES. 285 une grosse grappe de raisin. — Bacchus enfant tenant un raisin près de Diane armée de son arc et tenant un lièvre. — Le même dieu portant une énorme grappe de raisin sur son épaule ; grande fleur sur une colonne. —Autre Bacchus avec deux grappes de raisin ; thyrse. — Le même dieu sous un portique; grappe de raisin. — Sylène au ventre protubérant ; branches de vigne. — Sept vases moyens. Mercure tenant une bourse ; rosaces. — Deux vases. Mars, le casque en tête, cuirassé, bouclier au bras: lion attaché à deux colonnettes ; croissant. — Le même dieu cuirassé; colonnettes. — Autre Mars, sans les colonnettes ; casque à aigrette flottante sur l’arc d’un portique. — Murs, le bras avancé en signe de com- mandement; statue placée sur un socle entre un candélabre et des branches de laurier. — Cinq vases. Hercule assis , revêtu d’une peau de lion — Autre Hercule, plus grand , élevant la main droite, appuyant la gauche sur sa hanche. — Deux vases. Pan aux pieds de chèvre debout sur un autel. — Un vase. Éole nu tenant un voile flottant d'une main et une outre sous le bras ; arbre et oiseau. — Un vase. Zéphyre, avec des ailes de papillon. — Un vase. Muse Terpsichore, les deux bras au-dessus de sa tête : elle est sur un socle, un lion captif à ses pieds. — La même muse entre deux colonnes torses; auprès, un candélabre à deux branches ; sous ses pieds, une rose ouverte. — Deux vases. Grand satyre tournant le dos à un lapin; feuillages. — Satyre debout ; masque ; deux lapins. — Satyre vu de face; petite figure d'homme; lièvre ou lapin 286 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. accroupi sur ses hanches, élevant ses pattes de devant. — Trois vases. Grand triton brandissant de ses deux mains une rame ; Sa Croupe se termine en double queue de pois- son ; à droite, une néréïde jouant avec un voile enflé par le vent. — Autre triton barbu. — Dieu marin assis, faisant danser au son de sa conque un âne debout. — Autre dieu marin assis entre deux dauphins; co- lonnes. — Quatre vases. ÿ Priape debout; petite statue ; colonnette. — Le même dieu; près de lui, un vaisseau sur lequel est une lance. Guirlandes de feuillage. — Dieu Terme; etc. — Deux vases. Vaisseau entouré de plantes aquatiques. — Proue de navire : on voit sur l’un et l’autre les jambes d’un homme: un grand nombre d'animaux figurent sur ces vases dans des attitudes variées. La scène la plus bizarre est celle qui représente un singe à longue queue secouant une grenouille qu'il tient par la partie inférieure devant un grand cerf couché sur le ventre. Aigle aux ailes éployées ; foudre. — Un seul vase. Tête de bœuf entre les énormes griffes d’un animal dont on ne voit pas le reste du corps. — Un vase. Chevaux attelés à un bige. — Un vase. Chien courant au milieu de touffes d'herbes sur la bordure d’un vase. — Lévrier entouré de branches. — Deux vases. Deux lapins, l’un devant l’autre, élevant chacun une patte; masque scénique et fleur. — Lièvre ou lapin au milieu d’une guirlande qui sert de cadre au sujet empreint sur ce vase: au-dessous, un serpent et un tigre de chaque côté; ceps de vigne MÉMOIRES. 287 avec des grappes de raisinque becquettent des oiseaux. — Lièvre ou lapin dans un double croissant ; au-des- sous , cerf ou renne courant. — Trois vases. Lion poursuivant un tigre sur une sorte de jatte de forme cratéroïde, ornée de ceps de vigne, d'olives et de feuilles d’olivier : deux fragments semblables. — Trois muffles de lion dont la gueule est ouverte et percée jusqu'au fond des vases auxquels ils servaient d’anses en mascarons. — Lion tenant élevée une de ses pattes de devant. — Lion courant à droite et à gauche entre des colonnes. — Six vases. Loup et louve courant ; grand cercle. — Un vase. Oiseaux voltigeant sur des lis et des lauriers, perchés sur des branches à larges feuilles. — Oiseaux suspendus , la tête en bas, auprès de colonnes ; dans _le bas, jambes d'hommes, têtes de dauphins. — Trois vases. Renne courant; autre tournant la tête. — Deux vases. Sanglier attaché par les pieds à deux poteaux. — Guirlande de fleurs. — Hure de sanglier. — Moitié du même animal. — Quatre vases. Serpent entourant de ses replis un grand trépied orné de fleurs; poissons de diverses sortes, etc., etc. — Un vase. Les différents feuillages qui décorent les vases dont il me reste à parier étaient , sans doute, les attributs des dieux à qui ils étaient consacrés , comme le chêne à Jupiter, le laurier à Apollon et à Mars, l'olivier à Minerve, le lierre et la vigne à Bacchus, le myrte à Vénus , le peuplier à Hercule : aussi me bornerai-je à dire que les feuillages de ces arbres, auxquels il faut joindre le saule, serpentent en guirlandes ou en 288 CONGRÈS SCIBNTIFIQUE DE FRANCE. bouquets sur des coupes de toutes grandeurs. On y voit mêlées des fleurs connues ou fantastiques : l’a- canthe, l’aconit, les astères, le chèvre-feuille, le cy- clamen, le glaïeul, l'iris, le liseron , la marguerite, le lis, la rose, la tulipe, avec des feuilles d’une variété infinie, larges, longues, découpées, dentelées , lan- céolées , et très-souvent accompagnées de papillons : un goût sévère, mais gracieux, à généralement présidé à ces décorations. Citoyen d’une ville dont la principale industrie est une des branches de la céramique moderne, j'ai cru devoir, à limitation des archéologues d’autres provinces, colliger le plus possible de ces poteries en terre rouge vernie, ne fût-ce que pour les comparer à celles découvertes ailleurs. J’ai pu retrouver ainsi certains types empreints sur nos vases dans la col- lection de ceux de Rheinzabern en Bavière. Les vases ou fragments de vases recueillis dans les ruines des monuments de l’antique Cité de Limoges ne sont pas tous revêtus de cette éclatante couleur rouge : il y en a de blancs, de gris, de jaune pâle ou roux, de noirs, d’orangés, de rosés, sur lesquels on trouve, mais rarement, des ornements en relief; le sujet d'Énée portant son père Anchise sur ses épaules, vase blanc à fond noir; les têtes de Pan, de Pluton; des masques; un taureau frappant de ses cornes un athlète renversé, vase noir; des fruits, amandes et olives, quelques fleurs et guirlandes de feuillage, laurier, etc. On lit sur le pied pointu d’une amphore : Q.VA. Est-ce le nom d’un consul Quintus Valerius ou celui du potier ? MÉMOIRES. 289 Le mot LEMOFEC, empreint sur un vase de terre rouge , veut-il dire Lemovicinus ou Lemovix fecit, ou c’est-il le nom de Limoges, qui s’appela plus tard Lemofex ? . Je dois citer aussi, en finissant, une inscription gravée à rebours et en creux sur un fragment de schiste ou d’ardoise noire et très-dure : IVNI.F. Junius fecit ou Junii filius. C'était une sorte de cachet qu’on imprimait sur des remèdes de pharmacien, comme on en voit d’analogues dans les collections. Les autres monuments de la Cité de Limoges ont été décrits par M. Allou; j'ai moi-même développé les résultats de fouilles entre le pont de La Roche-au- Goth et le Clos-Marcoussis dans un mémoire cou- ronné. en 4830, par l'Institut de France. Tripon, dans son Historique monumental, et la Société Archéo- logique du Limousin ont publié aussi mes descriptions. Je ne reviendrai que sur la pierre tumulaire de la rue des Alloïis: M. de Longpérier, à son passage à Li- moges , a éclairci l'inscription tronquée de JAESV. par la fin de memoriæ et le commencement de Sulpicii : à la mémoire de Sulpicius Origanus. Nous avions d’autres épitaphes de la famille Sulpicia, où sont inscrits des surnoms d’Angilo, Fidus et Reginus. Je n'étais pas avec M. de Longpérier lors de cette étude : M. Dumonteil m'en fit part quelques moments après. J'ignore s’il expliqua le mot mutilé ONIS, comme je serais tenté de le faire, par Decurionis , par analogie avec l’inscription d'une tombe d’un membre de la famille Aelia, Poetus Poetinus , décurion, trouvé sous le clocher de Saint-Martial, avec plusieurs autres, ce qui fit supposer qu'il y avait eu là un cimetière Il. 19 290 CONGRÈS SCIENTIFIQUE, DE FRANCE. romain qui commençait, à l'emplacement, de l’église de Saint-Michel. Ce cimetière, comme l’amphithéâtre des Arènes, était. en dehors des, fortifications de la ville romaine. , À En résumant le peu de données certaines qui. nous restent, celles un peu. vagues de. la tradition. orale, nous Res ainsi les limites de Ja vieille, Cité : à l’est, le Naveix , Navigium , et la tour Aleresia, dont le nom paraît es (1);,au sud- ouest le -pont de la Roche-au-Goth, les Palisses, en. englobant. Je, terri- toire A où l'on. a constaté. l'existence de nombreuses constructions romaines : je ne dois ;pas oublier qu’une ancienne planche, gravée donne le dessin de deux tours | situées au- -dessns de l'empla- cement de Sainte-Félicité, à l'entrée du vieux chemin du pont, Saint-Martial ‘al La tour, encore entière, enfouie près de la place des J acobins. serait: Ja limite, septentrionale. pe | Je passe sous. silence les. noms latins de différents lieux qui rappellent des familles romaines; il. en est, un cependant que j excepté, celui de Cella, driperalerés cité dans plusieurs titres de nos archives, que je n’ose traduire par le nom nouveau de. Muison Cellier, localité d’un faubourg de Limoges, puisqu ‘elle est vaguement assignée au quartier Mens. (1) C'est à l'assaut de cette tour que fut blessé mortellement Henri le Jeune Plantagenet dit au Court = Mantel en 1183; c'est aussi pres dé cette tour qu ‘Édouard de Galles ordonna de creuser Jamine dont l'explosion fit: croulér uné' partie ‘ des murs de la Cité. | (2) On a reconnu depuis dou: que ce pont avait des fondations romaines. “MÉMOIRES. 294 Après avoir de mon mieux déterminé l'étendue de ‘la Cité romaïne, il me réste une tâche plus facile , mais plus enr , celle de la circonscrire dans ses murailles du moyen âge. J’ai emprunté la plume de M. Lansade, mon double confrère à la préfecture et à la Société Archéologique afin de VOUS présenter à la fois un plan fait en 1557 par notre célèbre émailleur Jehan Court dit Vigier, et celui de la carte dite des Trésoriers de France, dont j'ai vu un exemplaire , daté de 4597 (1). En shivañt les contours des murailles qui y sont figurées je donnerai les noms, tombés dans l'oubli, de leurs portes. Je commence par {a plus proche du Nayeix, dési- gnée sur un plan de 1760 fait par le géomètre Poulard, sous le nom de Portail-Fermé : elle devait être sous la terrasse des dames religieuses de la Visi- tation , qui occupent aujourd? hui le prieuré de Saint- André-des-Carmes-Déchaussés : ces dames ontouvertun portail qui 4 peut-être succédé à l’ancienne porte. La rue, aujourd’hui boulevard : en prit le nom de Portail- Fermé. En longeant les murs de ce couvent, on arrive à la porte Panet, la seule dont le nom soit resté. La troisième porte se nommait Las Vigeiras : elle était au- dessous de l’église Saïnte-Affre, devant la tour (2). La quatrième, de Saint-Maurice, PES de l'église paroissiale, sous l’invocation de ce saint martyr. La cinquième, que je CrOIS € avoir été la principale, s'appelait Escuda- ria, Excudarie (titres de,1429 et de 1476). C’est devant cette porte, que se faisaient les actes de sommation pour la reddition ou soumission de la Cité aux (1) Voir ces plans à la fin du volume. (2) Titre de 1348. Lips d'a 2UHTO 292 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. w1d51 15 PNA l PUTÉ RIPATE NOUVEAUX princes. Las sixième, Trasborcau 0 où Trasboréu, JAULG étaitiplacée devant un | fau boute ‘du même nom près du ruisseau des. Charsei (titre es de 1266 et DER La septième, Escurone, Esvuya ce où Éseupanée , Id 1e D {10 2911 couven, des Jacobins ( titres de. 1 47 et de 503). “La nuitiemeétait la porte Las Case Corcnssas, Macheval 6 où Marcheval , [près le Poyenné : elle est citée dans ‘des actes de 1300 et de 1340. La dernière btaftta! porté, ‘au Chêne ou Rouveix .(roboris), et. même de, la Cha: -eMe;était proche de Fabbaye, de N. D. dela Règle et fut fermée sur ln. demande de J'abbesse de ce mo- nastère. ve ie On paraît © généralement d'accord pour fixer 1 l’ ‘époque de la, construgtion des murailles. de la Cité au 60m mencement du, vi siècle, lorsque la victoire de. Clovis sur Alaric, ent rendu Ja paix à. l'Aquitaine. On ne comprit pas dans Ja nouyélle enceinte la région du pont, Saint-Martial, afin ,d’ en restreindre la. ‘trop grande étendue, TAPIE Les rues prirent les noms, de ces portes, ÿ “et l'on retrouve dans les titres la rue Escudaria , Trasboreu, de lInfirmaria. Sancti Mauritit (de l'hôpital Saint- Maurice); une rue dé la Fourig , | Comme plus tard dans, la, yille du Château ou Castrun, 11 est {r88- difficile de donner la Situation de quelques-unes, telles que celles de Salis (puleus de Salis) : il ail Avait un puits de Cassis, etc. En entrant dans la Cité par la porte Panet, ‘ôn trouvait. deux rues bifurquant devant S Sait=Anûré : à droite, celle de Canal ; à gauche la rue Soubrana contraction, évidente du mot suburbana : C’est dns cette rue que naquit le maréchal Jourdan, et où MÉMOIRES. 293 TOXANT A4 HUOIMITAHAINE était .la maison des cparents”e de Ventenat , célèbre botaniste : en descendant vers Je hot Kiiut-étienne elle éait coupée à gauche par. la? rue de la Mine, qui rappelait le Siége de la’ Cité. par lé’ pritiée Noir, et la ruetté Faudry : “elles ont. disparu toutes les deux! La rue de Canali est la même que -cétte appelée” en patois Fount-de-lo-Cavo, et pe hui Fontaine-dé-la-Cae, USD [9 ÉL Je AL avait aussi , DRLE ES ‘inè rue de Platea, de la £ Place. DRE STILL 9h $) OÂEI 3h49. 00ER 9! a 91 Smôr lue suburbuh se ‘composait. des faübourgs qu'on }! 009$ nommail alors bourgs , dont quelques: ns hvaidit les mêmes ARENA que "les portes! : Àë faubourg .Trasboreau .se diri geait, vers la rue des ? Petites “Maisbns , bâties pour les pAUVrES" par” : jeés évêques : Ja carreria des Charseix coMiménee ait” ‘dëvi int porte Escudarie Je quartier Pistoria"< ou des Boüläneers , Sanclus Michaël à in Pislorta, | venait. desc ent ré à la porte ÆEscurone ; la rue et le quartier du Maüpas! Malpas, ‘cimetière, débouchait à” Ja! Dérte'k Shint-Mäürice. Je pourrais ajouter le bourg Saint — Christophe” et les ‘Cassauds (Casales) , et la ville du pont Safnt=Mf Martial. Ÿ Pour indiquer sur 1e plan là pésitiônt ass édlisés de la Cité, j'aurai r'ECOUTS , vu Sa, petite éthelle, aux lettres rs l'alphabet : note AUT SU (ON A. La cathédrale | commencée, l'an MER ; pit l’é- vêque Hilduin. | oNsuie sl Hondop 96 sliffl B. Saint-Jean - en-Naint- Étichhé “tontitie: ‘avant le xné siècle, à LU EU Ce Saint-Maurice, ‘fondée avant jé x Siétle. “D: Saint- Grégoire , plus tard Saint-Dotmnolet, _vêrs 11e VE siècle. EN U E. Saint- André-des-Petits-Cnrinés vers le vr'siècle. 294 F. G. H. Li CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Saint-Michel-de-Pistorie,; vers le vr! siècle.» Saint-Gérald , prieuré ; vers 4087: : 146 Saint-Julien et Sainte-Affre ; vers le wie siècle. Sainte-Félicité et Saint-Lazare, vers le rm°siècle (Legros). ols1bôdiso 8e eme sono J. K. x siècle. :1:p; ;0Les Cordeliers , en. 1924 . Les Jacobins; en 4249.61: ,2:, m ID afrion -. Saint-Augustin, au vifsiègle. ;; «iove cmt « L'abbaye dela Règle , avant.le Mar siëclesrio . Les Recollets-de-Sainte-Valérie, vif siècle, 14, . Saint-Genest, les Allois, avant le virr° siècle. ,4 . La Mission, 1657. . La Providence, près Saint-Maurice, 1246. . Les Sæœurs-de-la-Croix , place de la Cité, 1687. . Les Carmélites, près la place des Jacobins , 4618. . Tour de Maulmont, 1256. . Évêché, de 905 à 956. . Le grand séminaire des Ordinands, 1666. . Saint-Martin-des-Feuillants, l’an 640. Né de nmEemOzZzEH Saint-Paul-Saint-Laurent, vers le vr° siècle. Saint - Christophe: et. FPE Jacques,ravant le } J 91q 11 LH 1 11511561 Je n'ai voulu traiter dans ce Mémoire que la partie archéologique des monuments de la Cité : son histoire formerait un volume. Je dois rappeler brièvement que le roi de France et l’évêque en étaient coseigneurs; que la justice y était rendue, avant 1307, au pariage de la Cité, au nom du roi et du prélat. Monseigneur François de Carbonel de Canisy, évêque de Limoges, obtint, le 4“ février 1704, un arrêt du aHA AC MÉMOIRES |: Je 244909 9295 conseil:-d'État quimaintenaît tous: les : ‘priviléges épiscopaux dans’ l’étenduérde:sa juridiction ;:lu . Cité eutissés-consuls etases «miaires. cAux;-tempsplus anciens, Jesiirois. et les dues:d’Aquitaine venaient recevoir la couronne dans sa cathédrale. (eoras.l ; slogia sv slerov .iasralnaise-usd-driss L1 praSsJen'ai pas cru devoir parler en coriméncant du souterrain et du temple sphérique gaulois, dont l'existence est très-contestée.1J e“ dois consiéder ici néanmoins que M. Gérald ;'sétrétairé de l'hospice , n’a affirmé avoir vu lun‘et autre tie! éuvertäre du souteriäin” était ‘bre du Pidulaud ; M5 Constantin croit énavoir/ rétiouvé une autre à son en La Pistotigie “11v ol dnsvs çalo[lA est çieont USA va HOferLiu BAC soitweMnisé eé1q , 399b1Ivo cd] (EN, SK ) 81 9b 328[q xior)-gl-3b-er19% 8#19t , emidoost 29b 908lq sl egrq 29H15 odet taoolreM 95b 901 oëe 6 200 9h, aloôvt 2001 .ebusaibrO z9b sriemime base AE 040 cel ataslliso-29h-cidssM-dai8e À aITr$sq sl Jp 9 tomèM 9e eneb:rsiient vluov it 94 oxiotzid mo2 : dti) gl sbh'etmonuwmon 25b owpreolosdors NE IOV LES SLSTOCTA ts oongxA 9h ior sl 910 ta51m9 ârrd 4913 [GST 2 b 9t É 99iJaU( sf AUP + al jacrai 1209 ‘519169. (19 [IP V9 ne. SNS: 81 5h sasirsq us VOER dnsvs 9H DAT FES bslôtg vb do 101 ubuason Day CIAES \ sf 19 189 9h 21094824 IL oral } M. - tOYR “ai 3 h 9! fatid he Ï al LISTE CHRONOLOGIQUE ET NUMISMATIQUE DES VICOMTES DE LIMOGES. PAR M. MAURICE ARDANT. Ce fut le roi Eudes, dont nous avons des monnaies frappées à Limoges, qui établit dans cette ville des vicomtes , à qui il délégua une partie de son autorité. — GRATIA D-I RE ODO. Rr. LIMOVICAS CIVI. Maison de Ségur. 4. Le premier fut FuLcHERIUS, seigneur (dominus ) de Ségur, nommé, suivant le-président Hénault, de 887 à 888. 2. Son successeur fut ADALBERT, ÉDELBERT où Hiz- DEBERT, vers 904. Il était l'époux d’Adeltrude. 3. HILDEGAIRE où ELDEGAIRE, son fils, fut vicomte de 91% à 934, et la vicomté devint héréditaire dans la MÉMOIRES. 297 famille des seigneurs de Ségur jusqu’à Adémar IN, quatrième petit-fils de Fulcherius. 4. RENAUD, 959. 5. GÉRAL ou GERALDUS, mort vers l’an 1000, époux de Rothilde de Brosse, père d'Aymery Ostofrancus Ier, vicomte de Rochechouart. — Donation de 987. 6. Guy I”, fils de Girard, époux d'Emma, mort en 4095. 1. ADÉMAR 1°" dit le Bègue, époux de Sénégunde, donne eri 1028, les moulins de la Cité au chapitre cathédral. 8. Guy Il, époux de Blanche {Edwidge), 1052. 9. ADÉMAR Il, son frère, époux d'Humberge Tail- lefer, d'Angoulême, 1090. 40. ADÉMAR III, dit le Barbu, qui se fit moine, mort en 1139, donna à l’évêque Eustorge, en 1411, le terrain pour bâtir le château de Chalusset. M. Guy II; vicomte avec son père, et mortçavant lui, — Donation:de 1441. , Maison de Comborn. 12,13. ADÉéMaR IV et Guy IV, fils d’Archambaud le Barbu, vicomte de Comborn, et de Brunissende, fille d'Adémar 111, morts la même année 4148. La femme du premier était Marguerite de Turenne; celle du second ,' Marquise dela Marche. — Guy IV fut appelé la Graoule ou le Corbeau à cause de la noirceur de son teint. 1%. ADÉMAR V, appelé Boson, épousa Sara , fille de 298 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Renaud, comte de Cornouailles, et nièce du roi d’An- gleterre Henri le Vieux. Ce mariage fut la cause de la première guerre Vicomtine. Adémar mourut en 1199. Il avait donné, en 1198, la propriété de Forges au monastère de Solignac. — Titre des archives. 15. + SIGILLum GUIDonis , vice-comitis Lemovicensis. — Guy V, époux d'Hermengarde, mort de 1229 à 1230. 16. HERMENGARDE , vicomtesse douairière. — — Acte de 1238. mr | 47. + SIGILLUM, MARGUARITE FIL. DUCIS. BUR- GUD. VICECOMITISSE, LEMOVIC,:—, Guy VL dit; le Preux ou le Probe, époux de Marguerite de Bour- gogne, mort ,)en 1263 ,-à :Brantôme.Sa; veuve; la vicomtesse douairière,- fit.-une; guerre: longue. et acharnée aux habitants de Limoges : ce fut la, seconde guerre Vicomtine:, 01, * 1404 trie 48. + S.M:! LEMOVICENSIS: à. VICECOMES!H — Mist, la fille unique de Guy ‘VI .et-l'héritière dela vicomté, sélmariä, lan 4275; avéc (Artur de Bre- tagne. Frappa-t-on pendant sa 1ninbrité cetté monnaie muette où le mot de vicecomes paraît pour la première fois sur les deniers limousins? On expliquerait: alors les initiales S.M. par sigillumiMariæ) : il resterait encore la difficulté du mot vicecomes :du.-revers, employé pour une femme; il estvraï qu'il l’atété de même: plus tard sur une médaille: .derrJeanne d'AMbret ; mais la légende Gü/scéau dé Marguerite de Bourgogne prouve que le’termeo dé: vicecomilissa était! usité. Les mots signum:Murgaritæ: rentreraient däns la même explication. Onpeut, à la rigueur, voir sur Cette pièce un monnayage mixte ou de'transition, . MÉMOIRES. 299 et tout à la fois un acte de dévotion par lequel on prenait le patron de Limoges pour son vicomte : on lirait, dans ce cas : Sancitus Martialis. Maison de Bretagne. 49. + ARTVRI. VICEC. r. LEMOVICENSIS. 2 types différents : maille et obole. — ARTuUR, comte de Richemont, puis duc dé Bretagne après la mort de son père Jean If, devint vicomte, l’an 1275, en épousant Marie de Limoges. Il céda la vicomté à son fils Jean I du nom dés vicomtes de Limoges vers 1300 où 1304: 1" 20. + JHES. VICECOMES. #. LEMOVICENSIS. — Titre de 1340. — 4% types. — JEAN I de Bretagne, dit le‘ Bon, comte de-Richemont, époux d'Isabelle de Castille, pourvu par son père de la vicomté de Limoges vers 1301, devenant duc/de Bretagne, cède cette vicomte à son frère. Guy, l’an 4315: (DurILLET.) - 21.:+ GVIDO. VICECOMES: #. + LEMOVICENSIS. — Gux: VIL,, comte de Richemont:et de Penthièvre, ‘après avoir possédé deux ans la; vicomté de Limoges, l’échangea: pour le comté: de :Penthièvre ,' 4317. 11 était l'époux de Jeanne d'Avaugour. 99: ISABELLE DE:‘CASTILLE , Veuve de Jean I‘, re- devint vicomtesse, de Limoges en son propre nom l'an 1317; mourut!en 1328. — Titre-de 1301. — Denier. 23. +, 1: DUX. BRITANNIE: R-+ .VICECO. LEMO- VIC: JEAN IT De Montrorr, fils d’Artur et de sa seconde femme Yolande de: Dreux, comtesse de Mont- fort-l'Amaury, veuve du roi d'Écosse Alexandre II]; il rendit la vicomté de Limoges à Jeanne de Pen- 300 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. thièvre après le traité de Guérande. Je crois devoir attribuer à ce Jean IL, qui fut aussi due de Bretagne, un piéfort inédit, ou pièce d'essai en cuivre, à cause du chaslel du revers, qui devint moins commun sur les monnaies après cette époque : + I. DVX BRITONVM. #. TVRONVS LEMOVIX ou Lemovic. Le mot plus ancien de Brilonum devait peut-être faire attribuer cette pièce à Jean Ir. Le mot Lemovix était aussi peu usité sur les monnaies de ce temps. Si l'I était un K, ce serait Karolus, Charles de Blois. Maison de Blois. 24. + IhA BRITANIE. n#. VICECO. LEMOVIC: 2 types. — Sceau de 4371. — JEANNE I" DE PEN- THIÈVRE, dite la Boîteuse, fille unique de Guy VII, épouse de Charles de Blois, de la maison de Chatillon, disputa l'héritage de son oncle Jean I à Jean de Montfort, et lui fit la guerre, ainsi que son mari, pendant vingt ans. Le traité de Guérandè, de 1365, la maïintint dans la vicomté de Limoges. Elle mourut l’an 1384. — Titre de 1365. 25. + KO. DEI GRACIA. r. VICEC. LEMOVICEN. — CHARLES DE BLois, neveu du roi de France Philippe de Valois, époux de Jeanne de Penthièvre, devintduc de Bretagne par arrêt du parlement en 1341, et vicomte de Limoges lors de son mariage. Il fut tué à la bataille d'Auray l'an 1364. — Titre de 1353. 26. + IhA.,BRIT. LEMOVICEN. — JEANNE. JI4DE SAVOIE, troisième femme du vicomte Jean I‘, passe pour avoir été vicomtesse à cause des armes de Savoie MÉMOIRES. : - 301 inscrites sur un denier. Il faudrait la placer après Isabelle de Castille , n° 24, années 1328 à 1338. - 27. JEAN III DE BLois, comte de Penthièvre et vicomte de 1384: à 1404, époux de Marguerite de Clisson, fille du connétable Olivier. © 28. "OLIVIER DE BLois, mort sans enfants en 1433, époux d'Isabelle de Bourgogne et de Jeanne Delalain de Kievrain. 29. Jean IV pe BLois, sieur de Laigle, frère et héritier d'Olivier, fit la guerre aux habitants de Limoges au sujet de la vicomté. Ce fut la troisième œuerre Vicomtine. Mort en 1454. Il avait épousé Mar- guerite de Chauvigny. — Titres Fa 1439 et 1422. 30.+.G, MVS. VICECOMES. R. LEMOVICENSIS. — GUILLAUME DE BLois, fils de Jean de Blois et frère des précédents, époux d'Isabelle, fille du comte d’Au- vergne, mort en 1455, ne fat. vicomte que pendant une année. 31. FRANÇOISE DE BLOIS, fille de Guillanme, vicom- tesse de 1455 à 1481 environ, épousa, l’an 1469 ou 1410, Alain qui suit. — Acte de cette année et 1463, signé d'elle. — Titre de 1503. | D'AMGNAIR À 1\} 7. Maison d'Albret. 88 ALAIN , ire! D ’ALBRET, dit le Grand, devint ‘vicomte de LHOSE par son mariage avec Francoise “dite dé Bretag ne, et mourut en 1522. — Acte de 1469 signé d Alain et de Françoise, 1464. — Autres a < 1464 et Ue 1472: ‘83. RENÉ DE Bétitnt comte de Penthièvre et de Périgord , prend les titres de vicomte de Limoges et de 302 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Bridiers, seigneur de Boussaé et vicomte de Brosse sur un acte du 25 décembre 1518 des archives de la Haute-Vienne : c’est un hommage à lui rendu par M. de Saint-Vaurv. 34. JEAN V D'ALBRET, fils d'Alain le Grand et roi de Navarre, époux de Catherine de Foix, mort en 1546, est qualifié vicomte de Limoges. — Art de vérifier les dates. 35. HeNR1 I‘ D'ALBRET, fils du vicomte Jean V, qui mourut avant son père, succéda à son aïeul Alain le Grand en 4522. Il épousa Marguerite de Valois, sœur de François I‘, et mourut l’an 1555, laissant à sa fille Jeanne la Navarre et tous les domaines de sa maison. — Titre de 1530. 36, + IDANNA DEI GRATIA REGINA NAVARRAE DOMINA SUPRema BEARNIAE DVX VINDOCIN. ET nr. BELLIMONTIS COMES ARMENIACI ET PETRAGORICEN. VICECOMES LEMOVICVM. 1556. — JEANNE III D'ALBRET, épouse en premières noces de Guillaume de Clèves, se maria, le 20 octobre 1548, à Moulins, avec Antoine de Bourbon. Jeanne hérita, en 1555, des titres et des biens de son père. Comme vicomtesse de Limoges, elle y fit, un an après (4556), son entrée triomphale avec son mari. Les consuls leur offrirent à chacun une grande médaille sur laquelle étaient gravées leurs armes et leurs seigneuries.. On remarque sur celle de Jeanne l’écusson de Comborn avec deux lions à la place de celui des vicomtes, qui en avait trois, par suite de la précipitation que dut porter l’habile graveur à la fabrication de ces médailles. I1 y à aussi une contra- MÉMOIRES. 303 diction bizarre : ce sont les mots dux, comes et vice- comes à la suite de regina et de domina. Nos consuls de Limoges ont-ils voulu honorer leur vicomtesse Jeanne à la manière des Hongrois, qui saluaient Marie- Thérèse du nom de rex noster ? Le roi et la reine de Navarre passèrent huit jours à Limoges. Jeanne y revint dépuis pour ÿ prêcher la religion protestante. Veuve dès 4562, elle mourut l’an 1572. — Titre de 1558. — Acte de prise de possession de 1567, signé d'elle. : 37:: ANTHONIVS. D.G. REX DOMINVS SVPRE- MVS, etc, 1556. — ‘ANTOINE DE BourBon, duc de Vendôme, roi de Navarre, comte de Périgord, etc., fut vicomte de Limoges du chef de son épouse de 1555 à 1562, année de sa mort. — Acte de 1550. Maison de Bourbon. 38. Henri Il. (Henri IV, roi de France et de Na- varre) vint, en qualité de vicomte, visiter la ville de Limoges, y fit son entrée triomphale le 44 octobre 1605, et y séjourna quinze jours. — Titres de 1568, 1572, 1515, 1585 et 1600. 39. CATHERINE DE BOURBON, sœur unique du roi Henri IV, princesse de Navarre et de Béarn, est qualifiée vicomtesse de Limoges et dame de Chalusset dans un arrêt contre: les sieurs Béchade et l’'économe de Solignac; Henri IV, avant de réunir cette vicomté à la conronne, l’avait donnée en apanage à sa sœur, — Arrêt de 1602. 40 et 41. Louis XIII et Louis XIV, rois et vicomtes, 1654 à 1663. 30% CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. 42. CHARLES-PHILIPPE DE FRANCE, depuis le roi Charles X, recut de son aïeul Louis XV, comme apanage , la vicomté de Limoges. Ce prince en prenait le titre dans l’énumération de tous les autres. Il fut le quarante-deuxième et dernier vicomte de Limoges. P. S. — Je trouve dans des notes d’un de mes pré- décesseurs qu'il existerait au trésor royal du château de Pau des actes concernant la vicomté de Limoges des années 1654 et 1655. Peut-être faut-il conclure de l'acte au nom de Louis XIV comme roi et vicomte que le roi Louis XV aurait possédé aussi la vicomté de Limoges, puisqu'il en apanagea son petit-fils Charles d'Artois, lequel aurait été, d’après ce caleul, le quarante-troisième et dernier vicomte de Limoges. N. B. Tous les titres indiqués dans cette liste sont conservés aux archives de la Haute-Vienne. NUMISMATIQUE MÉROVINGIENNE, PAR M. MAXIMIN DELOCHE, Membre de la Société impériale des Antiquaires de France, de la Société impériale de Géographie , ete. 10e QUESTION DU PROGRAMME. — À quelle époque remonte l'atelier monétaire de Limoges ? Le produit le plus ancien qui en soit connu est le sou d’or de l’Église de Limoges frappé par Marinianus. Dans la province, les produits les plus anciens sont ceux de Briva , Brive {monétaire Ursio), où figure une imitation de la Victoire passant; de Vallaria, Vallières, où le costume est reproduit des pièces de l'empire. Compriniacum est d’un beau style; mais il descend au premier tiers du vr° siècle, tandis que les trois monnaies précitées sont de la fin du vi‘ (du dernier quart) ou du commencement du vu‘. La fabri- cation fut très-active au vu: siècle, et nous avons un certain nombre de ériens du vin. Nous ne possédons aucun denier d'argent de la période mérovingienne que nous sachions avoir été frappé en Limousin. Le nombre des pièces publiées par moi, et dont attribution au Limousin me paraît bien démontrée, s'élève à cent dix. Il en est une dizaine qui peuvent II. 20 306 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. appartenir au Limousin, mais dont l'attribution est incertaine. Le total en est de cent vingt. (Cf. Revue numismatique, nouvelle série, années 1851, 1858, 1859 et 1860.) 11e QUESTION. — C'onnail-on plusieurs monétaires de Li imoges Oo du Limousin ? 1, Presque toutes les monnaies mérovingiennes du Limousin portent l’ inscription d'un nom de monétaire. Des deux pièces royales qué nous avons dans la nu— mismatique limousine, l’une, frappée à Limoges sous Clovis IT, porte dans le ie les initiales de saint Éloi , Elici; l'autre ne contient que le nom du souverain d’un côté , et le.nom de l atelier de l'autre (Le nom de cet atelier est Torinna) : celle-ci n'a done pas de m0 nétaire. Certaines pièces sont signées a" un même nom | ainsi il existe deux, Saturaus, pour Limoges, Ars Satornus pour Compreigna, et Montrol-Senard ( Senna- maurum); il. existe plusieurs Dacoaldus à Locus Sanctus, plusieurs Moderatus à Baracillum plusieurs Glavius à Vallaria, plusieurs Aulharius à Cabrianecum et à Apriancum, plusieurs Leodulfus , plusieurs Teodolenus., etc. Lo LU Il est quelquefois évident, à raison des nee de dessin et de style, que je deu x individus, quoique du même nom et inscrits sur les produits, du même lieu, n'ont pu vivre dans le même temps. JL est donc ain ou que des générations de monétaires se sont succédé dans les mêmes ateliers, où que, les noms, se sont immobilisés sur les pièces de certaines localités ROPRANE AT MEMOTRÉSLIIE ATOM 307 et de cértaitis cantons C'est" pour éetté dernière opinion jue jen péncheraft DOM ATRETSIS ET “ENL. : Fillon: à A qu'il + ‘avait des” “monnaÿèrs attitrés de l'Église et des monnayers des villes , comme des Bio des monnairies fiscales. N'a hotäliment basé Son opinion sur ce que Marinianus, däns le sou d’or de Limoges, prend le titre de monetarèus. iiore C’est une erreur : la pièce doit se lire © Lemovix. — Ratio. Écclesiæ. - — Mariniano moneta. REP “Conformément au “SYStème de M. Fillon, ‘on räppréchait Mariniano monela du mot Ecclesiæ, il fau- drait laisser avec son sens particulier Ja légende ‘du dE (Lemobiee Ratio), qui? né Siehifié rén, qui “est fee aera gs Selle d'a pas de ane muni cipaie! él qui &étle” avait une Sig rhification muni- cipale, Séraït! ên° Cofitradtétion Harpe: avet le revers , lèquel marque de cite SE une émission ccilésiasHque. Lt | LÉO sen d'Édclesie | Ratio, que j'ai attribué aux réttres IE RH inscrits a de champ ‘me semble ébrtain Ÿ j'en ai trouvé d'Ailléurs la confirmation dans Ce fait | he: ‘tes pièces d'argent épiscopales portent 2é- héralement cés Sigles. Je cohnaïis ,len outre, uné pièce qui pôrté au BEN : ARS Else" ét FT le champ E: R. qui sont les sigles de la même formule répétés. epny eng deb. Ge Cri Gloriosa) est heureusement déterminé par je! édite, inscrit au révers, d’une de nos pièces ‘ad Novo vico, et formé soit par la hate ef les branches d'une Croix, Fa par des lettres qui y sont appéndues. Mau “Lé <éns le plus vraisemblable des sigles C. A. accostant la croix du révers est, suivant nous, Crux Amabilis. essnro le Î 2 } [Q 308 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. J'appelle l'attention du Congrès sur les fypes secon- daires. Lelewel, Duchalais et M. Adrien de Long- périer ont parfaitement démontré l'existence de types diocésains et de styles diocésains; mais, au-dessous du type général du diocèse, des formes habituelles et consacrées, j'ai remarqué dans les différents groupes qui subdivisent ce vaste territoire une sorte de parti pris ou fype secondaire , qui est à mes yeux de la plus haute utilité pour fixer les attributions. Exemple : il y a sur la surface de l’ancien diocèse de Limoges au moins quinze localités appelées Pierrefitte , Pierrefiche, Peyrafiche, ou d’un nom analogue évidem- ment traduit du latin Petraficta. À laquelle faudra-t-il attribuer notre triens limousin de Petraficta ?— Le choix est impossible à faire si l’on ne recourt pas à l'étude de ce type secondaire que je signale à l'attention des numismatistes : il devient possible, au contraire, par cette étude, et je n’hésite pas à choisir le lieu qui est le plus voisin du groupe dont notre pièce reproduit le genre de fabrication et même quelques détails carac- téristiques. Il en est de même du triens limousin de Maugonacum, au sujet duquel on devrait hésiter entre les trois ou quatre Magnac situés dans notre province, et que, d’après son type particulier, nous faisons sortir de Magnac-Bourg. Je prie le Congrès de vouloir bien donner son haut patronage à ce système de classement, qui peut con- duire à une conséquence des plus désirables : à une certitude d'attribution géographique qu'on ne connaissait pas. h LES ÉMAUX D’ALLEMAGNE ET LES ÉMAUX LIMOUSINS, PAR MF. DE VERNEILH. MESSIEURS, La lettre qui convoquait à cette réunion les savants de tous les pays contient ces paroles significatives : « L'art des émailleurs, nous le croyons, est né sur notre sol ». Puis on ajoute : « Byzance le recut-elle comme un hôte qu'on fête, ou comme un fils qu'on protége? »… Je trouve, pour ma part, qu’une pareille prétention _ te fondée , et je viens vous pro- poser d'y renoncer désormais. — Long-temps , je m'empresse de le dire, elle a paru autorisée dans l'état incomplet de la statistique archéologique. Elle a alors été encouragée plus ou moins directement par les hommes les plus versés dans l'étude des émaux et les plus étrangers aux préjugés provinciaux du Limousin, par MM. du Sommerard et Didier-Petit, 310 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. rarM:lecomte-de La Borde L'errenr étaïiten quelque sorte inévitable, et parrsuite eHesne:saurait nuire à lu juste renommée de l'ami regretté quijavaït fait:des émaux francais ‘une étude sb spéciale et st approfondie’. Tousytant que noûus: sommes ;-noub) marchons|péni- blement, et nous avançcons par degrés vers la vérité , et encore une! vérité relative ; carla vérité complète absolue m'est guère à: la! ‘portée l(des historiens de l’art.: Nous ‘raisonnons “de notre mieux sur lès faits connus, et, à mesure qu'ibs'emproduit de nouveaux, nous devons changer oùmodifier no$ systèmes. - Or c'est précisément ,; Messigurssicé qui arriveren ce moment. Des faits tout nouveaux retotrès-imprévus, mais graves et concordants, se révèlenitem:quantité chez’ nos voisins d'Allemagne. Les ‘savants: de : cette grande nation, si avancés dans les autres branches de l'archéologie, avaient mis, il faut en convenir, une véritable négligence à rechercher et à produire leurs titres en, fait d'émaux. Depuis quelques années, leur attention s’est, portée de ce.côté, et. ils: ont largement réparé le temps perdu ; car ce qui est:si, difficile chez nous ést'aisé chez eux’, où les tréSors des cathédrales et des abbayes ont été CONSÈrVÉS" au complet” dans toute leur authenticité. EME; 54 a Dans un récent voyage en Allemagne, [entrepris dans le but général de constater les'influences, byzan- tines | j'ai été initié par M.'de: baron de Quast, inspecteur général dés monuments”historiqués de la Prusse, à quelques-unes ‘de ces découvertes’ dé la science allemande, Sans cet aimable et savant com— pagnon de route, j'aurais passé, comme beaucoup d’autres ; à Essen ou à Brunswick, même à Cologne , OMAN n1 MÉMOIRES: - 311 sans me douter de tant de richesses, sans en ‘obtenir l’exhibitionpouosanssenicomprendre tout le prix. Grâce à lui,-jeçrois-avoir bienvu , bien:compris une bonne) cpartie-des émaix d'Allemagne; etil a mis le combler &:son:obligeance en menvoyant;: pour le Congrès: ide-Limioges, où -la question des <émaux se posait: «si naturellement, sun résumé substantiel:, plus exact, plus complet 'etcplus autorisé que. je n'aurais pü:le-fairermoi-même:, des faits nouveaux dont vous aurez, Messieurs, à tenir: compte. Je vais-vous lire le travailosi-important. de M, de Quast: Je:vous demandérai ensuite la permission de vous)dire mon:opinion:- personnelle & et d'essayer, sinon de résoudrellæ question dessémaux, duzmoins dela poser comme: elle me paraîtidévôir lé être, à l'avenir. 29119 Bi e9TImSs pal 2x8 289%6VE Le FE TUNIS VLOD 3 JTE ÎT [ET JT: à f MONSIEUR, Ce À T9! SUSDOIT, ( 919191911991 “Vous allèz fhe dire qu'il égt Bien tard pour vous envoyer lés notes que vous désiriez sur le‘ anciens émaux d'Allemagne. Maïs “lorsque vôtré lettre est arrivée à Radensleben, je faisais un, voyage dans la Thuringe €t les montagnes de Harz, et depuis: j'ai été si occupé, de travaux officiels que je n’ai pu finir plus tôt ce mémoire. ÿ espère. cependant qu'il vous par— viendra avant la clôture du Congres de Limoges. ‘ijiai eu le plaisir qe vous montrer moi-même une partie de nos émaur Allemands”! j'avais vules autres en diverses OCCa- sions. (Quelques-uns n’ont pis ençore: été cités dans:.la question des Émaux ; d'autres ontété faussement classifiés. Je nommerai donc tons,ceux que je connais par. moi-même dans un ordre chronologique. La question de l'antériorité des émaux d'Alle- magne où dé Limoges iétanlt pas dé mon ADS présent, je ny ‘ferai pas'altusiont ) 280 ET Nous sômimes d'accord sur ce-point que les émaux cloisonnés 349 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. de Byzance ont servi de base et de modèle aux émaux chrétiens du moyen âge. La Pala d'oro est le monument le plus splen-— dide entre tous ceux de cette espèce. Ses émaux éblouissent par la richesse des couleurs et des compositions, par la, beauté de l'exécution, par la finessse et l'éclat de ces minces filets d’or qui cernent et dessinent les figures. Pour les dates, il est bien certain que le fondateur de la basilique de St-Marc, le doge Pierre Orseolo, avait ordonné déjà en 976, à Constan-— timople, la confection de cette table d'autel; mais il n’est pas moins certain qu'en 1105, comme c'est prouvé par une inscription et par la figure du doge d'alors, Ordelafo Falieri, la Pala fut renouvelée, et qu'une restauration de 1209 pourrait aussi avoir changé ou ajouté quelques émaux. Quant à la res- tauration de 1345, elle donna seulement un encadrement nouveau à l’ensemble. Il est donc difficile de dire quelles parties de l'œuvre sont de l’une ou de l’autre époque : il faudrait pour celaun examen spécial , toujours fait en comparaison des autres émaux que possède le trésor de Saint-Marc depuis la conquête de Constantinople, en 1204. La couronne dite de saint Étienne, qui, d'après une inserip- tion, a été envoyée par l'empereur grec Michel Ducas (1071- 1078) au roi alors régnant de Hongrie, est décorée d’'émaux superbes de la même fabrication. Une œuvre des plus excellentes est le reliquaire byzantin qui se conserve maintenant à Limbourg sur la Lhan. Les Ay- nales archéologiques (1857-1858) en donnent une description et des dessins. Mais, si bien faits qu'ils soient, il était impos- sible de reproduire par la gravure la splendeur des couleurs vives et le fini de ces figures tracées avec des fils d’or. L’exé- cution de toutes les parties du reliquaire de Limbourg est aussi parfaite que possible, et tout à fait digne des meilleurs morceaux de la Pala d’oro. Des inscriptions parfaitement intactes et irré- prochables disent que le reliquaire fut fait par l’ordre des empereurs Constantin et Romanos, etqu'il fut complété par les soins du proedros Basile. Le commentaire de M. Krebs cité dans le mémoire de M. Ibach aux Awnales archéologiques montre avec la dernière évidence que ce Constantin ne peut être autre que le Porphyrogénète qui régna de 913 jusqu'à ne”, | « MÉMOIRES. 313 . 959: Quant à l'autre donateur, ce serait ou Romanos Lacapenos (920-945); ou, plus vraisemblablement, le fils de Constantin, qui régna'avec {ui depuis 945; de sorte que le reli- quaire aura probablement été commandé en 959, et complété par Basile, qui fut nommé proedros sous l'empereur Phocas (963-969;. M: Didrôn, dans’ uné note (An. arch., 1859, page 344) ,'élève des soupéons sur l'authenticité de l'inscription, et même de’tout lé réliquaire, qu’il croit fabriqué après la con- quête de Constantinople, en 1204, pour un guerrier franc qui aurait payé bien cher cette falsification. Mais il est trop dificile de croire qu'il yavait déjà, én ce temps-là, des amateurs à la moderne, ét, s’il’'y en avait, qu'ils préférassent acheter ce qu'ils pouvaient prendre par force, comme le faisaient les Vé- nitiens. Jusqu'à la publication des preuves qui pourraient appuyer cette conjecture extraordinaire, il doit nous être permis de tenir pour authentique ee magnifique reliquaire de Limbourg, vraiment digne d'être fait aux dépens des em- pereurs, et non pas d'un simple chevalier, qui s’est contenté de le rapporter dans sa patrie, et &’en faire don à un petit monastère situé dans une île de la Moselle, d'où on l'a transporté, à l'approche des armées françaises, sur l’autre rive du Rhin. Dans la même armoire de la sacristie de Limbourg, se con- serve maintenant un autre reliquaire qui y est venu de la même manière du ci-devant trésor de la cathédrale de Trèves. C'est un grand étui formé d’uné lame d’or pur, enrichi des images ou médaillons des archevêques de Trèves, et terminé par une pomme que l’on peut ouvrir pour extraire de Fin- térieur un bâton‘“de bois simple. Aux deux côtés du couvercle, ‘il ya uneinscription en lettres d'argent, enchâssées dans une bordure d’or qui se déroule entre des rinceaux de même métal. Cette inscription, en beaux caractères du xe siècle, est ainsi conçue : «Baculum beati Petri, quondam pro resusci- tatione Materni ab ipso transmissum, et a sancto Euchario huc delatum, diu hæc ecclesia tenuit. Postea Hunorum, ut fertur, temporibus, Mettis cum reliquis ecclesiæ thesauris deportatus ibi usque ad tempora Ottonis, piissimi impera- toris senioris, permansit. Inde a fratre ejus Brunone archie- 314 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. piscopo expetitus, Coloniæ est translatus. Junioris autem Ottonis imperatoris tempore, petente Egberto, Trevirorum archiepiscopo, etannuente venerabili Werino, Coloniæ archie- piscopo, ne et hæc ecclesia tanto thesauro fraudaretur, in duas partes est transsectus : una superiori-videlicet huic ecclesiæ reddita, et a domno episcopo in hac teca reconditas reliqua cum apice eburneo ibidem retenta. Anno dominicæ Incarna- tionis. DCCCOLXXX, Indi., » Il manque à peu‘près quatré lettres ,.qui indiquaient le nombre de l'indiction. Les deux bandes qui entourent le couyerele montrent cette autre inscription. : « Quisquis ab ecclesia baculum hunc-detraxerit ista, aut si præstiterit, sit perpetuo anathema ». La grande pomme est décorée d’émauxcloisonnés représentant les signes des quatre évangélistes et des images d'évangélistes ou d’apôtres. 11s sont entremêlés de petits champs triangulaires décorés de perles, de cabochons et:de filigranes. Les émaux sont exécutés tout à fait à la manière byzantine, maïs les cou- leurs sont moins vives, moins harmonieuses etles dessins très-inférieurs. En les comparant à ceux du reliquaire voisin, qui vient de Constantinople,:et n'a qu’une vingtaine d'années de plus, on ne peut pas douter que l'étui du bâton de saint Pierre a été fabriqué en Allemagne,:et que.ses émaux , bien qu'imitant ceux de Byzance, ont aussi été faits dans ler pays. Voilà une première preuve d'une imitation del'art-et, des émaux byzantins au temps et probablement sous'les auspices de l'impératrice Théophanie, qui n'est pas nommée:dans l'inscription, il est vrai, mais qui était la femme de cet Othon II qui ordonna le partage du bâton de saint Pierres et la fille et la petite-fille des donateurs. de l'autre reliquaire purement byzantin, quele hasard a aussi amené dans le ; trésor de Limbourg. Une meilleure preuve se tire de l'examen-d'un autre chef- d'œuvre : c’est un évangéliaire du plus grand format {onze à douze pouces) , écrit et enluminé dela facon la plus splendide, digne, en un mot, de succéder-anux manuserits'carlovingiens. Il appartenait autrefois à l’abbaye .d'Echternach dans le Luxembourg , ét fut vendu par le dernier abbé, qui s'était enfui au-delà du Rhin avec ses richesses. ts | MÉMOIRES. 315 Acquis par le duc de Gotha, il est maintenant, avec d’autres livres de la mêmeprovenance, le plus grand trésor de la biblio- thèque. ducale. C’est satouverture qui nous occupe ici. Au mi- lieu est un Crucifiement: avec deux soldats à la lance, du style le, plus rude possible, digne des naturalistes des xve et xvæ siècles;smais sûrement d'une haute: antiquité. fout autour est une bande ornée alternativement de cabochons au fond de-filigranes et de-petites plaques en émail cloisonné. Une:frise'semblable $e trouve aux quatre faces extérieures de la couverture ; d'autres, plus petites, rattachent les bordures extérieuresoàrla bordure ‘intérieure, toutes décorées, de la même: manière: Les quatre champs angulaires entre ces encadrements sont revêtus de plaques d’or rehaussées de figurines en relief. On-y voit, en haut et en bas , les symboles des quatre: évangélistes et ‘les quatre ‘fleuves du Paradis terrestre, tous avec léur nom en latin. Aux partics latérales, on voit huit petites figures en relief, quatre pour chaque côté, toujours avec des noms. IL y a : sainte Marie, saint Pierre, saint Wilibrod (titulaire de l’abbaye d’Echternach), saint Boniface , saint Benoîtet saint Ludger (évêque de Muns- ter).-Les deux figures du bas manquent du nimbe, et offrent, à droite , ‘un jeune homme, en habits courts très-riches, tenant'un:séeptre, et portant sur la tête une couronne; à gauche, une femme voilée ayant aussi une riche couronne. Les inscriptions sont: Offo rex et Theophaniu imperalrix. Comme Othon IL, pendant tout le temps de son mariage ec de son règne, a :porté le titre d’empereur, on doit reconnaître dans le jéune roi son fils Othon II, âgé seulement de trois ans À son avèenement au trône en 983, et qui n’en avait pas plus de onze lorsque sa mère , jusque-là régente de l'empire, mourut en 991. Voilà donc positivement une œuvre de Théophanie. Les émaux ,/faits d'ailleurs! à la manière byzantine, ne com- portent, il estrvrai, que de l’ornementation sans figures; mais, puisqu'ilsisont faits pour la place même qu'ils occupent, puisque l'œuvre dañs son ensemble est purement allemande, il est nécessaire que! les émaux aussi aient été exécutés en Allemagne, soit par des artistes grecs établis dans le pays, 316 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. soit par des élèves nationaux qui ont très-exactement imité les ouvrages de leurs maîtres. Après ces monuments, je vous conduis de nouveau, Monsieur, au trésor d'Essen , que j'ai pu admirer une fois de plus en votre compagnie. Vous vous souvenez des quatre ua M croix ornées de cabochons, de perles et surtout d'émaux. Trois d’entre elles ont le même caractère technique; la quatrième semble être un peu plus récente. Deux des pre- mières offrent gravé le nom de l'abbesse MaMhild; la quatrième, celui de l’abbesse Zheophanu. Le premier nom, écrit des mêmes caractères (le premier H et le T liés ensemble : HT), se trouve aussi sur le célèbre chandelier à sept branches du chœur de l'église. Nos deux croix doivent donc avoir la même origine, et la troisième ne me paraît pas d'une pro- venance différente. Dans la liste des abbesses d'Essen on ne trouve pas d'autre Mathilde à qui l’on puisse attribuer ces objets précieux que celle qui vivait à la fin du xe siècle, et que l’on prend généralement pour une fille d'Othon II, morte en 997. Sur l’une des croix, on voit, en effet, un émail cloisonné représentant un jeune homme à la tunique bleue, avec un manteau violet semé de fleurons jaunes, qui donne une croix d'or (celle où se trouve cet émail), emmanchée, d’une hampe de bois, à une femme dont les habits sont de même couleur, sauf le voile, qui est vert : elle est accom- pagnée de l'inscription Mañthild abbatissa ; le donateur, de celle d'Otto dux. Les trois Othon n'ont jamais pris d’autre titre que ceux de roi et d’empereur. Les seules personnes à qui l'on puisse appliquer ces noms sont l’abbesse Mathilde (974-1013 ), fille de Ludolf, fils aîné d'Othon Ier, que l’on a confondue avec une prétendue fille d'Othon II, et son frère Othon, duc de Souabe (973-982). Ce dernier régnait presque dans le même temps que son oncle Othon II, qui n’était pas plus âgé que lui, et dont il était l'ami intime. Ces chefs -d'œuvre sont donc contemporains des autres émaux que nous avons décrits plus haut. La première croix, celle qui est ornée des figures d'Othon et de Mathilde, est posée sur un cristal de roche sculpté de fleurons en style byzantin-arabe tout à fait à la manière de trois reliquaires de MÉMOIRES. 347 l'abbaye othonienne de Quedlimburg, dont l’un porte une inscription authentique qui nomme comme son auteur l'empereur Othon III (983-1002). La seconde croix, marquée aussi du nom de Mathilde, présente un émail où l’on voit la sainte Vierge, en manteau rouge, portant l'Enfant-Jésus, en habit bleu, qui recoit de l’abbesse agenouillée une croix. L'inscription est tracée autour du groupe. La troisième croix, sans nom de donataire , mais tout à fait dans le même style, porte aussi plusieurs émaux appliqués, dont quelques-uns offrent des figures de bêtes. Sur les trois croix les émaux sont toujours cloisonnés, et faits comme ceux du reliquaire de Trèves, c’est-à-dire en imitation des byzantins , mais en restant loin de la délicatesse de dessin et de la vivacité des couleurs qui distinguent ces derniers. Seulement, parmi les petits émaux appliqués, qui, pour la plupart, ne montrent que des ornements, il en est qui sont plus byzantins que les autres, et analogues à ceux de l'évangéliaire donné par l’impératrice Théophanie à l’abbaye d’Echternach. La quatrième croix d’'Essen est l'œuvre de l’abbesse Théo- phanie, fille d’une fille de l'impératrice, qui gouvernait l’abbaye de 1041 à 1054. Une inscription incrustée en lettres d'argent sur les côtés l’atteste. Au centre, au lieu d’un Christ en or ou en argent doré, comme pour les autres, il y a un émail avec le Christ crucifié, accompagné de sa mère et de saint Jean. Outre cela, les branches de la croix sont décorées des symboles des quatre évangélistes en émail, et enfin d’autres petits émaux appliqués sont dispersés entre les filigranes , cabochons, camées et perles. Tous ces émaux ont déjà un caractère allemand plus développé, tant dans le dessin que dans les couleurs, où le vert, comme dans les miniatures allemandes, est usité de préférence. Ils sont en général cloisonnés, mais quelques parties montrent le com- mencement du travail champleve. M. Didron, qui parle de cette croix (Annales arch. , 1858, P. 332), suppose que les archéologues allemands ont confondu l’abbesse Théophanie dont il s'agit avec l’impératrice; de sorte que l'influence de cette dernière sur l’art de l'Allemagne serait 318 CONGRÉS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. purement imaginaire. Nous avons vi ce qu'il en est en réalité. La couronne impériale, qui se trouve maïnténant au trésor de Vienne, est ornée d'émaux tout à fait analogues À ceux du temps d'Othon IT. I1 n’y a pas d'indication positive de la provenance de cefte couronne, la plus haute et la plus magni- fique qui ait jamais existé. Seulémént nous Savons , par l'ins- cription tracée sur üne bande qui fermé par en haut la Cou- ronne , et a été postériéurément ajoutée , que cette partie ê à été faite sous: l'empereur Conrad. C’est Conrad IT! car les autres princes du’ même nom n'ont jamais porté le titre empéreur, mais bien Celui de roi: 11 est donc très-vraisemblable que cette couronne, antérieure à Conrad I, date du tèmps des deux derniers Othon, qui aimaient à introduire ên : Affémagne le luxe, les cérémonies byzantinés , ‘et aussi , ‘'commie nous l'avons vu ; l'art ef'les émaux byZantins. Quoi qu'il en soit, les émaux de là couronné impériale ‘qui représentent lé Christ sur $6n'trône ; les rois David et Salomon , ainsi que Ja guérison du‘roi Hiskias, ‘sont ‘exactement ‘dans 1e même caracteré:que les autres émaux allemands du xe siecle. Je‘me tais Suilés émaux ornant les reltures de deux manus- crits dont l'ün fut donné ‘par l'empereur Henri II à éulte / popukité 6e monument conserva s4 place jusqu'en 1790:7"A ré6étté époque, l’abbaye de Saint-Martin “fut! déclarée pré! priété nationale; et, commeitelles vendue! pour” Ta) somme de,60,000 livres; à M. Barbouidés Cotirièrés imprimeur du roi. Nous voudrions pouvoir affirinér | que le nouveau propriétaire fut:étranter à Tüsage” qu'on:fit. de ce-monument:: mais-les. renseis#iéments ” nous manquent: pour duirrendre)lajusticequi luitest due. Ce tombeau était formé d'un seul bloc de calcaire : de grande dimension, (4); on le retourna sens dessus dessous, et: ons'en servit pour elore le TÉREE d’un: rs dent. gs eauxcoulaient à deux!pas du ou) beau ca: Cl re ) ) ul TN9IBAHTIIOR Liu Plongé dans patte ni etrreconuvert de térre ! il po fon J°IRE Atéf )1 LU Ji rioi gyall 19 tn "1 ati (1) Ce “Re a un peu plus de deux mètres de longuërur les figures ont 1 mètre 60 centimètres. F4 28 MÉMOIRES. 384 complètement pérdu de vue, et cette position nouvelle a fait croire à MM. Allou et Labiche-de Reignefort qu'il avait été détruit pendant la révolution" Il y à plusieurs années des ouvriers employés à la réparation dé laqüédue vinrent ‘avertir Me la cha- noïnessé” de Brettes, dernier acquéreur. de l'abbaye, qu'ils avaient frouvé des bons saints. Me de Brettes fit enlever avec précaution cette pierre , et; en la retournant, on vit que detx Statués' s'en détachaient en relief; mais lé fil dés traditions avait été rompn : le Bon Mariage ét ses poétiques souvenirs étaient à peu près oubliés : qu’il nous soit permis d'espérer.que cette notice lui rendra, une petite partie de la célébrité qu'il eut autrefois en partage. Les deux époux Sont endormis-sur un lit dé repos , eb;smaleré le ifruste et l'usure des ans, la’ douceur et la placidité de, la paix chrétienne réspirént dans leurs traits, La femme s’est tournée'sur le flanc droit pour faire, place à son époux. Encore un petit recul ,-ét la place allait manquer sousrelle ;: sa main droité repose SUT $0n Cœur, reconnaissant de cette inviolablé fidélité : elle semble dire ,-par ce muet langage, que là est inscrit le; souvenir de cetter:union jusqu'à la tombe. L'époux.a, pris «C0MmMme th bien légitimement acquis , la place quilui-était.cédée:: sa tâche-est remplie, son VŒu'accomplir: lé repos. arrivé lil peut croiser leë bras et dormir, Derrière leur-tête :’trois petits anges ag'e— nouillés soutenaient leur chevet, et veillaient sur leur sommeil ; l'un deuxtient un encensoir pour éloigner de leur couche l'influence Mauvaise, ou pour achever de purifier léurs âmes par le parfum dés mérites divins. Les pieds de Ia femme et de l’homme reposent sur deux 382 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.’ animaux symboles de fidélité et de foree : 1e'lézard, ami de l’homme;tet le lion; coûrabreux ét‘intrépide (4) De quelle époquerest ce monument? Quiélle est s4 valeur esthétique et historique ?Telles)s6nt"lesinité ressantes | questions quénous tenterotis NA'Éclairétr dans les Lich suivantes. sudeiz sl ervollie ( .sumitoed perovib eaurail2basv xt LS SIBTHO : Jade er IS 98 Ras 2 dl .oonetA el est , al tasrezsiogh 2roftiutovès 29! 251{9, 2xw6 e98bï Ja Otis MAN, monaments Jet cort dut. fito ii syvisenos aoiïd Fr aoovsisuoM svi'slaisse Essaÿons de déterminer E l'âge de çette sculpture. Les fémoignagés, écrits rai parlen Lan Aer Mariage ne sont pas antéri( FHISLaU SOU venir rfle a. translation en 1650, 88, Je,monnment.étant, usé (2). dès) fette époque 3 corame, On AP; le, RPATRE t nous SOMMES obligé de dui chercher FRS: origine antérieure, d'après ses seuls re extérieurs. Les indications. Au ils peuvent nous fournir pour. arriver. à _Hng, «fplution satisfaisante sont de denx sortes : le unes RES au faire | du cisean , à la sepcement, des, flyaperies:,: à la forme matérielle, en un -mot , etes. BU Au.CoS- tume. GOT o .(i) sfo$ie 111X beat soéixusi Il est vivement à Re qu'on n'ait pas fait pour la Seulpiure du moyen âge un. travail ; semblable à celui qui a été. réalisé avec tant, a 1r M. de Caumont pour. l'architecture, Une. classification archéologique est:d'autant plus mécessaire: qu'on m'a pas ‘dans cette étadé) confmedans eellé ldes”-mo- numents pus importants, Té" écouté "As “textes foq )D G'TOIMOT f 9e) 9912 SIIIX A « (1) Voyez la planche à Ta fin ‘de l'article. nas de (2) « Ce monument wsé est dict Bon Mariage. » HOMAGY AG MÉMOIRES 2200 : … 383 historiques. Peut-être-sommés-nous:condamnés à ne voir jamais-ceitravaïlsaccompli. Indépendante let. libre au jgré-des artistes; sculpture, dans la'représen- tation.«les êtres. lanïmés,hneïfut pas:assujettie. à, un développement-aussi réguliersquerccelui de-l'archi- tecture. D'ailleurs la statuaire;: plus: que :lesautres arts, offrait prise aux vandalismes divers qui ont ravagé la France. Là surtout se personnifiaient les idées auxquelles les révolutions déclaraient la guerre, et il fut trop facile aux passions haineuses de se satisfaire. RS a bien conservé l’image d’un nombre ébhkidérable de Statues! lai où en qué les pianéllès tés “HR ve ‘at EU bERBGEER ne ‘celles dû 1S6rtERuifié et HEURES | Satiquel” iles “oh” em- préntée, Jéntd nt he AËtHH de déséspérante ? ainsi Tes" OS EEE Pont jugé 4° probé s'd'émbellir les states HU Ires “6h ra eprésentant ébout et: dans divisés: LAUTES de Teuf Façon? 2216096160 AL 4 2 TONER TROUS est Permis" à l'aide d'ouvrages sue UE que coux “d'A Lenoir et de Mi: Ahettté un jUgémientt, Sou'eroyons ] pouvoir ble Quélées deux SHtues HS rfi? lenipréinte du deuxième tiers du x1rre siècle (1), du règne Re saint dist esq dis‘ moup vodisrgot $ duomoviv des Îl OS NL CR. de Moutins à He, dns/ là Sante du 21 sep Eire Une Savahte étude * 12860 pe :inots à été ifpossible 46 rétrohver léé rival 2 Voici 14, nbte dé! fenfplace- mentique l'auterma)bien voulu noùs communiquer. 08: 2 -oLæsfoluptyeuse, renaissance, qui n'afmait-pas-du, tout 7& mort à 1 "en, pffrai Lt, jamais, que des Images, hidenses €, dégoû- tantes, à grand renfort de pourriture et de vers. » Le xrrre siècle, qu gontraire,. si profondément, si ascéti- quement et en même temps. si aoucénient Chrétièn, avait soin 384 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Louis. Comme dans les sculptures de cette époque , la draperie est bien jetée, les plis sont simples, bien motivés, et n’ont ni la maigre raideur des âges pré- cédents , ni la manière tourmentée de l’époque pos- térieure. L'usage de placer des anges au chevet et des animaux aux pieds n’est pas limité, nous le savons bien , au xtn° siècle : on en trouve de nombreux exemples dans les xrv*, xv° et même xvi* siècles; mais c’est surtout au xtrr° siècle qu'il fut en faveur. Enfin ce ciseau a un caractère de candeur et de naï- de ne pas rendre l’idée de la mort répugnante pour ceux qui devaient un jour en passer par là. » Or il avait l'habitude d'exprimer d’une manière complète , à l’aide des détails, des nuances de l'exécution , la pensée qui lui fournissait le sujet de ses monuments, et le sculpteur du Bon Mariage a eu Yéminent et difficile mérite d’obéir à la fois à ees deux prescriptions, qui faisaient loi pour son époque. » I fallait exprimer que la déposition de la femme dans le tombéau avait devancé de plusieurs mois celle de son mari, et il l’a fait, ce me semble, avec la plus charmante délicatesse, sans avoir recours à la décomposition dé l'effigie dela défunte, mais en la montrant un peu amoindrie, un peu-déprimée un peu dépourvue des sucs vitaux dont la présence.a donné le relief au corps, et le lui conserve tant que la vie n’est pas encore loin. L'effigie de l’homme, au contraire, montre, par des caractères opposés, qu'il n’a perdu là vie que depuis ‘peu d'heures. » Il ne faut pas confondre la muance que j'ai tenté d’ex- primer avec la différence de stature, de proportions et dé force qu'offrent les deux statues : le sculpteur, dont l’admi- rable talent s’est élevé jusqu'à rendre sensible une distinction si délicate, n'avait eu garde assurément de négliger la dis- tinction tout élémentaire des proportions normales des deux sexes. » MÉMOIRES. 38: veté parfaitement en harmonie avec les productions de l’art.du, règne du pieux roi. Ces observations pourront suffire aux personnes qui se-sont, occupées de l‘étude des monuments chrétiens. Ne négliseons tepeusans aucun-moyen,de compléter nos, preuves, Fram La fée a his Saint-Martin à quelques pas des-murs dela: ville de Limoges..en- faisait natu- rellement:la citadelle des partis divers: qui-se sont disputé notre province. Anssi-elle eut beaucoup à souffrir à toutes les époques, et elle fut dix-sept fois détruite et rasée au niveau du sol. Les seules parties anciennes qui aient survécu. aux. dévastations sont le monument. dont. nous nous OCCUPODS , -et la chapelle Saint-J ean,; Construite par Vabhbé Pierre des Mazières , autrement-La Maezaren41240:(4): La’conformité des destinées ne serait-elle pas due à une conformité de dates sé ‘Ce n est là qu une conjecture ; mais l étude du costume: vient, lui donner toutes les apparences, tous les caractères dela certitude. . Nous:donnons à nos lecteurs'le ‘résultat d’observa- tions faïtes’Sur place, et d’une étude attentive de près de douze cents dessins représentant les monuments funéraires du moyen, âge : à dates certaines. Les statues dont nous nous occupons n’ont pas : - Les ‘«crevéts, les MORTE bouffantes «et enrubanées dû KVPIBISCIAS IT 90 ,91038 "Les fre les’ surcots, les escoffions, les hennins, les souliers ? à la eh du xv°; (A) os Petri Coral, apud Estiennot. — Gallia christ. nova. IL. 25 386 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Lesr0bes blagénniées ef tailhidées , Tél é4saqtiég les manché£ ouvertes et Rottaitès dd ga 1x ES TON Comme a méorteldes der cara éerié/(de Saint Loti) etfed sbnt vétués d'une tunique sérrée À la taille par une ceinture ét !&ar' 18 tout! d'un 4miplé et large manteau ouvert par devant. Plusidirs statues du saint roi sont ainsi drapées, celle, par exemple, qui était, avant la révolution, aux Chartreux de Paris. En un mot, s’il était nécessaire de réduire la variété a co el A din aieche a HS type primitif, 6m le retrouverait dans 1e Bôn Murtage: 11191 91 ob olisuri Nous AVôñs émpranté# Min ét fait reproduire par là hthoraphie ne Hat d'AHe dé Corbeïl! : ele réprésente" Alisé © mére” dé” Régnatits, év èque-dé Paris! déCEdEE en A4 (f): On den uérd ià resséniblancé cils “éditée ét-meme ‘de’ I coiffure. Nos Hurions fi éftef encore Te tonibeñtt des s'énerve de Jumiéges? rétroivé! par M°'de Éhanote Rire taire actu sel de LE lou -ormrofeq à CEE, dans Mill, la” tombé de Ré! de bis (1233)! $ iuot silledmo eu Iq $ldo osier exlq sl .acie 2 LA state" de ta Ahaïhihénte épouse” dé” piihippée Atgusté Mebburge (4336): 8 s1iqor;S101607 “Céfle dé se te haÿ, 25 Poe ea La teséémbtantél di ‘éosturie des (leu époux ste encore confirmer notre sentiment. La robe , danglcette forme, fa giére Eté 1e” costume des’ AE que pente 14! préfère Hoitié du tite ea tea daair vor) alt ttcorsiô alrrrp amor aj02 ,etois Ex Voyez planche 2; n° Lscdntigu'aût.sart. PAS AN fig/'1. H2), Essai sur, Les, éner Os, de Jwniéges. par-Langlois, pl: 1. (3), Ant. at . XXXII, Rio 4, üg: 2. — Ibid, : BL 5 gi — Ibid, XLH, pl. 3; fig. HOMAST HI NÉMOIRPST 12 2H49/02 : : 387 2a1Non$ espérons quion trouvera satisfaisantes, ces preuves, empruntées à.des éléments, si divers, Qu'il aous.soit donc. .permis,.de considérer, notre opinion gomme, complètementijustifiée ; et. d'en, faire usage à Lappuides réflexions suivantes, a sg site 2 egiise exustenlT Frsv9b r6q Novo 19867 ao16l ds colqmoxs 164 91089 25247 remis dre or tnfez &f aire T sb zustiredo AAéur EE Que" sPcsvs vie op ddSrrev sl 9tiubèr 5h ortec2soder diet lie Sont «tr 10 Héiditrbien:sonventssist. "il pent n'être, pas inutile de le répéter : chaque siècle doit, être. jugé de son poinf..de. vue particulier; Vouloir .apprécier/les faits,et.les sentiments dune époque avec les idées d'un anfre âge est, une erreur;combattue aujourd'hui par des meilleurs esprits, On. se romperait donc erande- ments op: voulait-iuser ses statues d'après. lesidées aguglles,; cax, da théorie du, beau en honneur,main- tenant dans les arts; nerdiffère pas de celle.de L'anti— quité païenne. Quel est l'idéal, guec. et.classique?, La seprésçptation. des formes physiques dans leur.expres- sion la plus vraie et la plus embellie tout à la, fais, SHARE sente, J6,qu à, travers. les draperies: que le marbre respire avec les traits, d'un.beau. mortel que les muscles of les, vaines conrenf sous la hair, palpi- tante ;Jes classiques n'ont rien de plus à demander;au SRUIDIRUE- auot se A Lénénitros brton romrfron tons supeuss.étaient, pas, les idées des humbles tailleurs d'images confemporains de saint Louis. Îs:croyaient alors, sots et chrétiens qu'ils étaient! ils croyaient que PHüimmeérn'était pas figuré tout entierpar des ‘bras, des JAMBE des têtes" bt dés Hotseg et qué Sous cette “enveléppé était un principe immortel ; et ls S'effor- 388 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. caient, de faire vivre,ces statues et, d'animer leurs regards. Js croyaient que, le,coxps étant le serviteur de l'intelligence... elle jayait, bien. ses.droits dans, la représentation. de .J'êtrer, humain , et, 1], faisaient. sa part proportionnée.} à l'importance qu'ilslui donnaient. Ils croyaient,.que la.sculpture comme les autres arts, avait un but moral, et ils ne mettaient; pas à,nu cette chair, honteuse depuis le péché du premier homme : ils la voilaient au contraire. Leurs personnages pèchent quelquefois par les proportions, il est vrai : les épaules sont étroites le:corps est allongé, les draperies sont maigres; mais on goûte un charme infini en contemplant,ces figures, sur, lesquelles.respi- rent la douceur tendre, la piété; angélique, et 1 plus purs sentiments, inspirés, parle.christianisme.. ! C’est de ce point:de,,.vue.qu'il .fant juger. le Bon Mariage. erraont 1 onrot 8149 . Oéot as mitrÊêM Onremarquera. tout, de .suite,et;on trouvera peut- être démesurée la longueur du,corps de l'époux, placé au premier. plan; mais on voudra, bien ,obseryer.que c’est encore la, réalisation d’une idée du,moyen, âge un moyen.de symboliser.la grandeur morale. A. cé près, les,classiques eux-mêmes doivent être satisfaits, : les dimensions anatomiques ont, été observées. Les personnes qui comprennent, le: moyen, âge ne le seront: pas) moins.Des tombeaux.de cette. époque figurent ordinairement un lit sur lequel gît.le.défunt en grand..costume et.les, mains jointes, :comme si. la mort eut interrompu sa.prière. Des petits anges sou tiennent et entourent le chevet, et des animaux symboliques réchauffent les pieds. Sans, négliger cette idée touchante, le sculpteur inconnu auquel on TOME Er ÉNrOIRES 389 doit le Bon Mariage à su’ rendre la tradition avec tout le sentiment que M Et le sujet’qu'il avait à traiter, et nous répétons que ‘lé recul de Fépouse, sa pantoiimé) si lexpressi ivé Hal double position des deux époux ;'ébntraire! à l'usage," font! dé"te tombeau une œuvré hnique! par sa ‘fortnie) étés souvenirs dont elle à Sauveré dépot” io or où alt dé, [moin dci on toit 19121977 wb doèq sl rivqsb se 29" G#{TU02T9 pe S1Vicos we droieiio isyy. de9. [i «2D0ffT0q )'I 2911164 210tou plauk al épaoils tes edaeunhistoriquentà ro 1 OU STO02 NO AILNt s2SToi8 fo? a montent at-il une dues RES “iLe lecteur peut-décidéna 51,910 0 La traditiôri rétine let sitriést ‘éomme on l’a vu plus haüt ÿar les religieux fétillants de Saint- Martin en 1650 , et la forme du monument, dont nous croyons avoir fe là date reculée”la RE parfai- tement.” D'un! autré côtéL on°he peut “pas dire qu'il s'agissait d'une fable utile ets Saint-Martin, puisque aucune ‘fondation ,! l'auéun’lucré direct ou indirect" ne ‘sé rattichäit” at Bon! Mariage. ‘Disons encoré 'à l'appui dé” Vaffirmativé.- -que lé prieuré de Saint-Martin 20 Moutiéiée appäitenait à la congré- gation” des{féuillants et était appelé là" causé des deux époux’ dont henri as ta da " “prieuré du Bon Mariaÿe- lorper + L'ar durerre is ai Pr Restérait ? à fe lé'miraclé.” Pour toutes- les personnes qui: ‘pénsént, ‘avetlassez ‘dé bon-sens, que l’auteur’ dés loi$ de la datüre pett. en Shspbite le cours‘ son ré , Ce f’est pas 1à une diffctiltéo Nous laisLerOnS LEONE a UtEEE le° triste ét Hôñiteux plaisir 390 CONGRÈS SCIENTHÉTOUÉ DE FRANCE. dé préuver que €ë faff ekt' faux patte qu’ il ét impog sible! Sur fà couché que Vous bénit ia refigion dérHieZ dont: en. pañïx Ipieux époux! l'Nousme-viendros.. pas mêler:des, accents dune, critique-intolérante.et:hai- neuseauconcert de bénédictionsides sièdles catho hqnes: Ce n'est pas par'tious qué Notre histoire séra reléÉ tel au Tan “des” HS po nier ef Sr JI6V 019 D ff “api d SEdaon lusions, d'un. autre ce âge; Âge heureux l< 4P TES f: tout que celui où l'imagination était au service de fois où l'illusion même était Pois de l’ humanité, et \ of SU 5 9,1,» revêtait des charmes de là plus Youchante poesie les [ Jirtà os ] 0 92H{914 9 ehscignénients dela morale > ch rétienne 1? 27170 9 )ONT «64 :J29 1 9 [OC Bot mail oynoid emoïi 29f 19vuort n9 1w0œ ojodeirA $ Totmorror , 81019 9€ .dietbusi ons noid iseus 3woi Tov % diprinoq nO .209811 2914191 of des soreilodmyz 91 ,269 stus'l vo au'l enxsb : or1brscmrslse 1814 9b saôldeel ie NOESIS 81 vup dise aO mé rofsaitiate 9[[95p 99v8 9 ,51 109 Nousaurions voulu pouvoir donner à nos lecteurs des détails plus complets sur ke PonMwriae] et nous anons | tar ée but, longuement ,compulsé, l'immense, Gallia christiana; de Æ;ome Saint-Amable, Guidonis,, Bouchet, Baluse : GoHin,reté-cEous, ces,auteurs) m'en disent rien, et:1esseuls renseigaements, historiques que nous-ayons;rençontiéss Sont CEUX: AQUS avons donnés à nos lecteurs. On en doit la conseryation:à]}abbé, Legros (msss de:1@ bibliothèque du-séminaire-de Limoges;(s avaient'été-infidèlement/publiés par:M.dJ:abiche de-Reigmefort, dans ses Vies des Saints duLimousin: retient duocrollondided Dérouté de ce côté, nous avons fait desrecherches tout aussi infructueuses dans les grandes collections légendaires du moyen âgé, dans l'espoir d'y rencôntrètr” an fit analogue ; ainsi nous'avonssinutilenrent, et trop-rapidementopent-être paréourû Voragineret quélques volumes des) Bollandistes. 122 91 Enfin nous! espérions qué -àrcause: du] miracle sles) critiques amers et outrés de l'école de Baïllet auraientreu la prétention de faire justice d'un fait: semblable :: motre:lespérance arrête: AAA aa MÉMOIRES 4192 2410209 394 teen Laungy, et leu fcgls net F5 TAPRPUS RER grait donc, ju Fquà fe 49 De JB gpar. ses t Tr [re iques 244..-Phrois petitssanges Soûtenaigñt ne hsee »P> BL0S -CRS atirés 86nttrè8-mutilés FA niétrbste pOur ins? dise du premier que: læ place qufil-occdpaitcb'attitidedu second fait Rapsepque som visaer-résardait der piel, orme -Roptanir da D étgrnelle à. efhe Fa pi de ER ARET gr Fe no DRE de trois n n'est D pas x indiffé en ART 7 FE ra en âge, 1e 1e" rép produire Partout-en st heu dé 1x Salut T4 il 9D ooivise 6 iisiè a tro iu[99 9up DIRE Eur [6 314 53H jisio omôm aoieulifi yo © Le lézard ai de l'homme... p.58 2 DE 29[ 91204 6; FA O0 eUIG 51 8b asmrisdo 29b tistôvor Le préjugé ou l'opinion Ah attribue 4% kézard des SR )OSi= tions bienveillantes pour l’homme n'est pas moderne. ei faudrait, je crois, remonter à Aristote pour en trouver les premières traces. On pourrait y voir tout aussi bien une salamandre : dans l’un ou l’autre cas, le symbolisme est le même. On sait que la salaimandre/était l'emblème de Fran- cois Ier, et avec quelle signification. elt639b 20h aruyodsoi zou é 191100b riovuoq n'Lov euof1u8 04 s40Lesstatues dont nous nous-occupons; ete: 2p;18899%2: 14 3Noûs ñe prétérions pas que l'usiée de cbsidivèrées parties | düocostüme de nos pères à. été restreintaux siècles que-nous désignons avéc lune) précision -Hrônôlésique parfaite! hot | votWlôéns/seulerient dire-qu'il en fa trim des-traits prineipétx et) cHetésistiques2009 si Jiob ns nO .eruetsof on 6 edmaob exove “lbnéit'que Les escofions étaientides coiffures enforrre de cœur ;les Henninsétaientaussidéscoifuresdé diverses formes habituellement imitant un-pain/deiSuëre |Ain tüne#rorqué où lé-chäpeau de Nos! Hénitentss enovs euC 3309 99,9D at rr01à nb eorisbaseôf enoitos[los, zsbnerg 251 ensb esemenioritit :Sr-0Haitombe des énervés,de.J URICEOS. 5 P> 386. DSË neo s0eé-tombean:selon les plus savantsantiquaires,,estdu règne: de saint Loüis: Voicila description:qu’en donne Mo. Deville; recteur dw musée der Rouenydans Youvrage de. Langlois #5} neLesideunxlénervés sont représentésiconéhés côte 0 côter, 10GS aoe # dnsgzeiel < soifie D sôngiols . oi vb se29ttoxta'l r \fe autem (abbas G. de S- l cer h) “transition Sepi fer Si 19.29 ge AG AT ei JITO2" 911 2MON 21 39 Boni Hatrèn mont coi mit à in g duo FRET in uno, ul tuO T0 pos ita reperi. Q! AU bn eu S . Quod au n supe Ê des D HOT I PETAP AE citur, non ab sc ue jusa notabili mer 0 fact me um.ess RON ADS rar US ne me Fe em 191 statuam ut fo min, su atere dex TO. Tec 920410"). ! JET 36 dut a PERS indicare qu ; Prima mor Ua , jocum m rienti arito )uo e1 ee JN'TUONL V-.Hoil 99 15 9PELE a fLO CORRE Duo enim agi Ur prout in membroru m dimensione, O1 F9: ANG) ) JU9T 4 L'ISÛL (O2 OU}; cognov}, unum pou 3 al iu in aärca «commun apidéa à re OI non pôtérant. fave eni ligitur uo capita,, 1 um a. fatere qextro. f 6= RUE vero în ‘medio Dositum bar us nempe UNE e medio, quan turn Ad rue , distractur Su D! cientem marito relinquentem locum , eur tribu paeP lapidibus duris coopertum. Horum nomina non 2 nec à traditione aliud didici, præterquam eorum dominium, nempe oppidum de Crozon, prope Sanctum Martinum supra Lautiziam, prorains Boni Matrimonii titulo in horum me- moriam nüncupatüm. \Petébantt Enim | ut unit! )HiSpaniam , peregrinationis Sancti Jacobi causa. Mulier, hic ægrotans, mortua et-sepulta marito.su0 ,redeunti e;Galicia:; ægrotanti et-MorbuO,; loeunx in, çsepulchro; suo; prestitit, rut.quorum/, corpora. fuerant;in..vivis.Sacro, matrimoni ;vineule, votoquer conjuncta, : in mortuisn00, essent| nequein: Saba nequeÏE- ” teLrAuSENMN le. 29 9jeo 1 2922101 4 GRtTe EG ( ] 299 910MON LES MOX 59 TOAAUT AA MÉMOIRES 2419/09 395 ZloD'#bbc GrdéSaint-JoSéphmerzonimit àdatranslation dela sépulture du Bon: Mariagé, dans'sdaquelle'j'aistriouvé deux corpsiplacés; dans lamême tombe,sCem'est-pas Sans raison qu’on attribue une intention marquée à la réprésentation de la pierre supérieure : la statue de la femme reposant sur le flanc droit indique que, morte la première, elle céda la place à son mari défunt. Deux corps de grandes proportions, comme je l'ai conau en mesurant les membres, ne pouvaient RpoëEnThl 3Ùr At ana te née bAEERS aËiphente” Pa Sn tétésilplaceés l'tneau-Lôté droit) l'autre au milieu, mais celle de laifemme, autant, Hué) le permettait l’étroitesse du lieu, éloignée du milieu, laissant à son époux une pe ce suffisante; ef, frais pierres -dures, couvraient le céreueil. Leurs noms nage A pas rappôrtés, € ce, “traditio ion ne I ME Le f1, 8104109 OÙ OHD ) [II ,. GILET 108 $5 RO ME AC S ina fait 6 e que 1 (. onnaitre. eur seigneurie 1e bour fe Crozon, € H AU! TU } =j{207T MOI TOQEHE MA MIJHS DO : ET Eine Martin=sur-| AE ; écoré, en | leur mémoire, os 92 CRDE 294 0} FO SJoN Ses SUP£UR HO 1 no m de prieuré d on Mariage. DS à Jaient, dit-on, mr OS D 01z9D 9191 RITES! IQ ATON TRUE De Espagne, n pèlerinage ES Saint-Ja a ues de Cor postel e, La - ut quite qe [OT CN i SUJTONT SEMI ON STSOEPT fémme, ombee m e en ce lieu, YA mourut , St y fut ense-, JL Dienoriié NT TOC SONT CS TI dd 199100 g po DMLTS OL velie ; e orsqué Son mari, l'EV ni alice, ; eut, tré no ST Feat IQUALONO9 | SITE DEL TOUE, UITL 1209 onna place da ans son RAC 5 que HE OS 8 QT H JIGS9 O1 dE Bi [C9 [ri .T£ Rou ne iens et le vœu sacré du marie ge avaient réuni. ; ES Ii or: £{ eLLusi D92 ,; ririle OUT LI À E SOrDS ende an f, a vie desens unis ns la mort comme al JS19104 26JFV 164 IDGL CNTISHP ,PI Se ciel et sur la terre, » Hein (0901 Œednouparigr OtfLsuT oi:19.9 en IT) SPLIT . IOS18QQS On suicron CNION .cwyti9q009 eitub exdibre sf .uininob mrytos céupistgpq.. 19ibIb boils anoitiosit 5 14 SIQUe LIJANISM MIITEe 9GOI PAS Sd orbiqjac 96 2x or grises ax ofuiti iaomtidsM 404 esjstoito , msi up are Renseiqnements, transmis. par M. de CheAé ca oe aneicros did TU .senus9 idosst ftoase 2eidoitsai1g9req MiUniprieuté dé SainitMartinSirr-J Nétizé en l'érdhipréteer d'Ardnest/mentionnéldafis 18 pouillé-du dibcese! de Poitiers !° dontoon est) rédevabler à'léveèqué Gatthierldé Bruges !0qui siégeaidé1278 à 1306}; 6m l'yltrou ve äu”hoïnbre dés prièurés et non au nombre des paroisses. Du reste, ce -fotillé np! Voyez du Cange et Carpentier , au mot Dorninium. 396 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. prend point de qui il relevait, et se contente de le nommer dans la liste des prieurés exempts du droit de procuration. 20 Ce prieuré était situé pres de Saint-Hilaire-sur-l’Autize (aujourd'hui chef-lieu de canton de l'arrondissement, et à trois lieues de Fontenay-le-Comte, département de la Vendée). Il en est fait mention, en 1483, 149 et 1533, dans des titres originaux du chapitre de Saint-Hilaire, qui était seigneur de Saint-Hilaire-sur-l'Autize. Depuis le démem- brement de l'évêché de Poiliers en 1317, ü fit partie du diocése de Maillezais ; mais on le cherche en vain dans le pouillé du diocèse de La Rochelle de la fin du dernier sivcle. On ne trouve point à quelle époque il a cessé de porter le titre de prieuré et à quelle époque il a été uni à la congrégation des feuillants. 3° Suivant les renseignements donnés par un habitant de Saint-Hilaire-sur-l’Autize, il ne reste point de vestiges de l'église de ce prieuré, et l’on ne conserve aucun souvenir du Bon Mariage. ul Il jui il A À, y aa 7 7 CZ AA RÈNKK ll ii es == nu FAN DA ji 2 = 770) ji (À \° bit SEEN dorb ‘ RAR LL": Stains : PNR 1 NEA EAU) CU _ ” ? L é 4 Mes TR 7 TANGER { La AL 9 ent ENO “pi ai! ai animé nn ae LL Le HEC frs : À .: , LI 7 Eu . ï h . 5 ie DE L'EXISTENCE EN GAULE, AU TEMPS DE LA CONQUÊTE, DE DEUX PEUPLES LÉMOVIQUES. PAR M. MAXIMIN DELOCHE , Membre de la Société impériale des Antiquaires de France, de la Société impériale de Géographie, etc. Y avait-W en Gaule, au temps de la conquête, deux peuples lémoviques? — Dans le cas de l'afirmative, quelle était la position du second, la place du premier étant en Limousin ? Ces questions n'ont pas été posées dans le pro- gramme proprement dit des matières à traiter dans le Congrès, mais dans la remarquable circulaire qui le précède. Nous avons examiné ces questions avec détail dans un mémoire publié par la Société des Antiquaires de France (T. XXIII de sa collection), et dont nous avons l’honneur d'adresser un exemplaire au Congrès. Nous croyons devoir en même temps lui soumettre un résumé de cette discussion, et y joindre quelques 398 CONGRÈS SCIENMIFIQUE DE FRANCE. observations ouseles “qui confirment nos con clusionss 515 22 deb sosnieiov osfensb ,tmowp (18188 ) 19) d9 , 390900 TIONS 1 EMOVSE art a positiv ement nommé, dans le Lxxw£ cha pitre du Commentaire de la septième campagne, deux peuples du mom;deé;iLemovices: l'ami qui était Je plus considérahlez et qui «4vait/à fournir run;contingentide dix mille guerriens::c'est le-Limousin-mioderne: dont Ja vaste étendue, justifie: très+bien l'importance de: son contingent ; l’autre} beaucoup. moins, considérable set rangé, parmi lés nembreuses cités dé Inreonfédération armonicaingmoie"t cagouoas aoniur 29l top ,sursiens C'est: Pexistence et laplace de Icedernièr-qui font l'objet:de:notre désartations. à, Jeuowsk 9h oo 9! | Ag: Somèmislencas ) feb9O'T paul 8v do ,9691r#09 Elle est, suivant nous incontestable em-présénce de l'unanimité dessmanuscrits des-Commentaires;-depuis lesoplus purs, tels, que les:mss. de, Bongars, :der:la Bibliothèque, impériale à Paris,'et de Vossius, jus qu'aux plus incorrects , comme ceux «de: Cujas;rode Leyde etc: [n'est donc permis sous aueun prétexte, de supprimeromi de transposer, comme l'ont «proposé quelquestauteurs ; lune on l'autre des deux mentions, On, ne: peut yrvoir d'ailleurs, ainsi ques paraissent l'avoir pensé certains-érudits,, la shention mépétéer du méme peuple. Les Limousins de l’intérieur étaient trop éloignés dela mer!et de la confédération‘armérieaine ‘(Haquelle étaitspresquerteut: entière entre: larLoirezet la Seine) pour) ne telle: sr ae soit un moment admi$siblettog 29819Dtarto 3200] : Al y âvait done deux » Ho disiinéts, quoigtüe portant le mémenonx fl: un:dans le:Limousin, autre TONANN/AÛ MÉMOIRESE 102 2441940) 399 dans lwrconfédération armoricdinesoet, 2par'tconsés quent, dans le voisinage immédiat des cités quenous savons l'avoir composée, et qui étaient entre la Loire ets Seine: ol exe acroron nemavRisoq & 18880 r1@bS@posétion:s orméitqse 6[ 95 etistuar mo sh 91 iq 21Je passeMaintenant sansttransitiôn äoun monument historique) important: la Vie de saint Waast:)léerite ters lewirhsièclez bay. est ditiqu'il existe, éhtre/lés déaxbillesdeoLimoseset-delPériwneux ; et; presque à égraté Tdistancedetil’une et dec l'Autre, une haute montagne osur haquelle-était'dutrefois uner villes où castrum , dont les ruines annoncent l'étendue ‘la force étlà mawmificence Lalmontagné étle castrüm portaïènt le nom de Leucus, et la pénplade) quivhabite (cette contrée, et va jusqu'à l'Océan (usqueséns Oceanum), s'appelle ZLeuci (régionis ollius. Leuci isunt idéctiys ©! eHOphentrei limoges et Périsuenx, onremarqueut massif montagneux atisomrmet diquer:est l'ancien castrurnde-Ohahis : c’est lèlévidemment | et:on lécher Cherait vainement-ailleurs le, monsiLeucussiq 205'11p 2Decer massif part-iune chaîne deli collines) qui S’orjente constamment awN::01! et aboutitiaurivage de DOcéan {usque in Occamm);rvêrs la:pointe- dite de Saint-Gildas.: C’est bien: là lesterritoire des Leuci ,qui , Suivañt; la Wiende #aint Waastsiis'étendait jusqu'au Httorab meritimentoil 95 amiarromil 291 soso sscdcte on Or d'après ui principe édéraliqui ne souffre des exceptions quérlorsqu'eHeñisônt bien motivées et bien démontrées ; ‘les dépendances dui diocèse primitif de Limoges sont, a priori, considérées comméidépén- dancés de-l’aniciennelcivitas des Lémovicesi:/&ès/lors le ‘mont LeucusetisoncastrumiChalus,rquiisont incontes- 400 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. tablemeñt dans l’ancien diocèse de Limoges, faisaient partie de la cité lémovique. Et, comme la peuplade des Leuci, qui avait son chef-lieu au mont et au castrum Leucus, s'étendait le long de la chaîne de collines dont nous venons de parler, et atteignait les bords de la mer, il est clair que c'était une peuplade de race lémovique. L'existence constatée d’une peuplade de Lémoviques arrivant ainsi jusqu'à l'embouchure de la Loire, c’est- à-dire aux confins des Celtes armoricains, et en face des Vénètes et des Namnètes, dont le fleuve seul la sépare, concorde trop visiblement et trop parfaitement avec la mention par César d’une cité armoricaine du nom de Lemovices, pour qu'on n'ait pas le droit de conclure que là est la position de cette cité. Toutes les autres circonstances, telles que les noms de montagnes ( Puy-Limousin), de moulins (le Moulin- Limousin), bourgs et villages (Limouzinières et Limosi- nières) , les analogies de races , la mention si étrange, dans l’un des manuscrits de Ptolémée , de la ville de Pa- riastoy Comme capitale des Amwovixot (mention qui à si long-temps fait placer l’ancien Ratiastum à Limoges au lieu d’Augustoritum , Auyouaropiray) ; l'accroissement que le Poitou a évidemment recu depuis la conquête, etc.; toutes ces circonstances, disons-nous, et toutes les considérations qui viennent se grouper autour du fait capital que nous avons mis en lumière rendent, ce nous semble, notre démonstration décisive. Nous avions traité dans le même mémoire les questions relatives aux sites du Ratiastum de Ptolémée, que nous placons à Rézé ; du Promontorium Piclonum de Ptolémée, qui est, suivant nous, à la pointe de £ MÉMOIRES. 404 Saint-Gildas ; du Secor portus de Ptolémée et de Marcien d'Héraclée, qu’on peut fixer à Paimbeuf ; des Anagnutes de Pline, qui sont, nous le croyons, les peuples de l’Aunis; enfin de la ville nommée Luci par le géo- graphe anonyme de Ravenne, qui, suivant nous, est à Luc (Grand). Sur ce dernier point, M. Alfred Jacobs, dans la thèse qu'il a soutenue pour le doctorat ès-lettres, et dont la Géographie de l’anonyme de Ravenne a fait le sujet, hésite entre notre attribution et la ville de Loches en Touraine. Mais la plus ancienne mention que nous possédions de cette ville, et qui est fournie au vr siècle par Grégoire de Tours, nous offre la lecon £Luccæ. Or Loches, qui, avec sa diphthongue ch, donne la traduction exacte de Luccæ , ne saurait être admis comme étant la traduction de Luci de l’ano- nyme : dans ce dernier cas, en effet, on ne s’expli- querait pas la présence de la diphthongue du vocable moderne. Il y a d’autres räisons encore de repousser l'attribution de Loches ; mais il serait trop long de les exposer ici. D'un autre côté, Luc (Grand-) n’est pas seulement la traduction littérale de ZLuci; ïil est mentionné sous le nom même de Lucr dans une charte du moyen âge (la charte de fondation de l’abbaye de Sainte- Marie de Fontenelle) : Lucr a communiqué son nom à deux localités importantes, à deux paroisses et à un prieuré, et la seigneurie de Luc portait, suivant le témoignage des auteurs du Gallia christiana, le titre de principauté. Il n’y a donc pas de motif de douter que Luci ne soit à Grand-Luc. Les Lemovices de l’'Armorique, dont nous avons IF 26 102 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. déterminé Ja place, représentaient évidemment, une branche sortie de la même tige que les Lemovices de. l'intérieur : l'identité de noms et la juxtaposition des. deux péuplades prouvent qu elles avaient une origine commune, et qu “elles avaient forme. à une époque antérieure à la conquête, un seul et même peuple. Elles appartenaient ès -vraisemblablement à la. même famille que. Jes Leinovii qui sont mentionnés, par Tacite parmi les nations d outre ] Rhin, auprès des Gothones et ‘dés Rugit, j) “et qui habitaient les bords de, la Baltique, sur le territoire du Miecklembourg. PAT Nous avons dit plus D haut que l'époque. de li incor- poration des Lemovices : armorigains à la cité des Pictonés rémontait vraisemblablement à l'organisation, de la. Gaule par l'empereur Auguste. Cette partie. de .n0S conclugions {nous | prions le Congrès de le remarquer) présente une importance toute spéciale, en ce que la cité armoricaine des Lemovices située au sud de la Loire, peut étre ringée au nombre des quatorze peuples qui, ; suivant le témoignage, de Stra bon , furent distraits par. Auguste de la Gaule celtique pour être annexés à l’Aquitaine. Jusqu'i ici on ne connaissait que, le nom. de treize de ces peuples 3 le nombre indiqué par. Sträbon se trouverait complété par té addition des Le-. movices armoriCains, et le problème serait ainsi résolu. ; Sur la carte qui accompagne notre. mémoire , DOUS. avons fait figurer par une, teinte. conventionnelle. indéperidatnment des indications relatives au . peuple. qui “nous occupe, l'ancienne limite du | littoral vers, les, temps ‘dé! l'otttipution romaine ; limite qui, Suiyant. les érüudits! de là ‘contrée, parait avoir reculé, aban- dotnant üne zone assez profonde de territoire que SL PIJOLIITHAE 0 0") MÉMOIRES. 103 l'industrie de Ahomme à a Sonsabrée en grande partie à la culture, principalement dans J région plane et basse de Lugon, qui est ENCOre FE de marais et de $ Sud canaux. roonraldeldraerpt Éd JA 1S! l'émboychure Us Loire, on qui. “serait d'autant plus HN S'il “était définitivement constaté ! qh qu une marche he,e en sens cc contraire paraît s'être opérée sur les € és. en resqu't île ‘de Bretagne et de la Normandie. AE CEE “ moi Sur ces côtes, le “envahisements ( âe ha mer se sont aécomplis pendant une Période asgez récente et dans un intervalle : assez Court pour faire penser que; non-seur. ; lemënt Le’ Mont- aïnt-Michel, mais les îles gauloises HS OYBCTAT 91 9D 29TASI0 dé Jersey, Guernesey, “etc, ont éd ê ê re, à une époque qui ne s'éloigne pas “de temps historiques ; en. com . munication terrestre avec nofre c continent, La forêt de Scicy, par exemple, , qui, : à, Ja £ n, ‘du siècle dernier, s'étendait HE ad Le * Mont-Saint-Michel et.Cher- bourg sur ‘une largeur de 25 kilomètres -enyiron; est äctuenément use par les e eaux. De Granville au “Bec- L u=-Stable, con littoral était ‘également, dans . £$ J9lt les dernières upnel du x us siècle, formé de [marais 20% [PIS JI 4 J£ d'o >| quê LL mér COuvrait par intervalles. Dans, une. seule ] )F9 (I JET d'oasqs 10996 marée , ‘elle & avança ‘dar s les terres , 8 la. Jargeur de F Surf l'eau du ie dusstable qui était d'environ vingt” pas, fut portée ‘à quatre. c ou. .çinq kilomètres. Ces éxémples sont concluants Pourtant quelques savants, que nous avons entretenus dé la, question , et parmi TeSquels à nous citerôns | M. Alfred Maury. et le général ‘Creully, | pensent que ce sont des faits isolés, 40% CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. et qui ont chacun leur cause particulière dans la configuration de telle ou telle partie du littoral mari- time, sans qu'on puisse y voir une règle générale. Quant aux faits qui se rapportent au mouvement de retrait de l'Océan) ai Sud de, Saint-Nazaire , et qui établiraient une double modification en sens inverse sur les deux moitiés de nos rivages océaniques, ils ne sont pas, je crois, aussi certains, Je serais porté à considérer ceux qu'én 4 aie remädrqéer à l'émbouchure des rivières comme étant le résultat des atterrissements qui se produisent fréquemment aux/points où les terres et les sables entraînés par.les eaux des fleuves sont refoulés ou contenus par, les flots de la mer. Quoi qu'il en soit, il y aurait une grande utilité, suivant nous, à vérifier l'exactitude et à déterminer aussi exactement que possible le caractère des circons- tances énoncées respectivement par les érudits du Poitou, de Bretagne et de Normandie, et nous pro- posons au Congrès d'émettre un vœu dans ce sens. 1G1ÏITI2E b 5! g:busrasttas'b ds 17h £92 9 19 20m D 20, eL1C rSb errôrr Of 19Y4 | flovse ,o141dso 9tto9 co els (1924 ol cir6n ,e9e990tb el exp rare NU-2S1PIaup Tuouo,d9 ,08Th 3 He | one 9) « 23901 D GS} GYLOII 922 : 26] il 8! moe ,VETE tasve'h armic2gvotb moitoir: borqsi troc tetgobs $ seed slrrez si at 3319 5001919086 291 9SIQUTOIE9 LU je alraés : ” - 19) H'O9 Si 0 AaffiolXI 90 » | dp 45 | GÉOGRAPHIE. te 1 (15 HO ATOS TEEN nl LAMOUSIN D X SEBDIVISIONS, EST 26 TO'E ARUMLMAXIMIN DELOCHE : Mere de id Snciëté np” des Antiquaites de raie, de la° Sibéé impériale ft SP 9D 29 Géographie eté. ‘ OUT SPNeTo env sIsTu6 Ÿ | Ji0e 5 MP I9195 £ +9 SbUTII6XS TT 19H97 SE Buorr yir HO9TI) 2910 9191956169 3["£ RTS DIT }1 EST H90ISYITI99020at . } ISF 10 43 3 JLoUBEtIOU 5h Déimitalion de lancien pays. des Lemoyices. Avant d'entreprendre la description sommaire de la cité des Lemovices et de ses divisions territoriales au moyen âge, nous devons poser deux principes essentiels en cette matière, savoir : Le premier, que les diocèses, dans leur forme anté- rieure à 1789, et, pour quelques-uns (au nombre desquels se trouve le diocèse de Limoges), la circons- cription diocésaine d'avant 1317, sont la meilleure et presque la seule base à adopter pour reproduire dans leur ensemble les anciennes cités ; Le deuxième, que la règle ci-dessus, exacte en tant qu’il s’agit de la configuration du territoire de 406 CONGRÈS SCIENTISIQUE DE FRANCE. la cité, prise daus.sa généralité ; ne. s'appliquerait pas avec une égale. justesse an,détail;de..sa, délimi- tation; - norder ones du mt drop ee | 9e Du côté de la nn cg fe SEP de La Roquébrow (Cantal) PRoUMAE Lt son territoire, ainsi quéides parties di térmitohe de Moûtvyett=0111 F orge rDurocôté odu DQueréy?l qhéljéés par 68e des ‘cantons ile Séint-Cérévet dé Pa” Frénquière érfonidis- “sementide Figeac Jdépértement dif Lot). 2! HEVINE sb Cés dernières parcélles $ont-rattachéés at/Timousin “parles monuments dutx: sièeléet dx, quilés placent 108 CONGRÈS SCIENTIMIQUE DE FRANCE. dans les vicairies limousines-de Rouffiac (Rofiacensis)} et de Le. Vert ( Wertedensis). : -1 Quant aux cantons ‘de,) Jumilhac-le-Grand, de Thiviers (nord}.etude Lanouaille ; ils appartenaient à la cité limousine dès l'époque dela rédaction des Itinéraires romainsi(rrf sièele), d'après la position du fines marqué entré Limoges ( Augusloritum) et Pé- rigueux (Vesunna) , et qui, tombant près de Thiviers, attribue aux. Lemovices toutrice qui est au nord de cette ancienne limite des dénx-peuples. Vers la fin-du ve siècle, la: paroisserde Jumäilhae-le-Grand qui est dans ce quartier; dépendæit dul diocèse de Limoges, puisque, dans une lettre delévêque Ruricet I à Cronope, évêque:de Périgueux | le‘ prélat limousin se plaint des tentatives: d'usurpation commises sur cette paroisse (diæcesis Gemiliacensis) par: lés' prêtres du diocèse de:Périgueux: :6es tentatives font préssentir l'absorption qui devait: se:consommer dans ‘les'siècles suivants. Pourtant ‘a vrsisiècléiet au comméncément du vin, ce canton appartenait! encore , ‘du moïns en ' droit, à cette province,0puisque ‘unotiers devsou de type.et de style: Hmousins! portantien légende cireu- laire le nôm de:Gemiliacum; trouvé: à Jumilhac' même , présente, au revers ,-la croix /‘cantonnée des lettres LENO pour LEMO{(vwites})/désisnant' de toute évidence que l'atelier de Jumilhac était en Limousin. Après la période mérovingienne; nous ne trouvons plus dans cette région de témoignages certains dé l’origine limousine;et l'on peut supposer que c’est sous les rois de la deuxièmetrace qu'éllé passa officiellement dans les dépendances du Périgord. Telle est, dans:son ensemble, la configuration du MÉMOIRES." 2 ! 1 109 pays des Lemovices d'après les donnéés-fournies par les documents les plus anciens et lesplus authentiques. 11 était borné; au/sud, parle Quercy{(grand pagus Catur- cinus); à l'ouest, parleiPérigord{pagus Petrocoricus) ; au nordouest» par|l'Angouïoisiet le Poitou (pagus Encolismensis et| pagus:Picluvus):: au:nordi, par le Berry ( pagus : Bitunicus)e etià l’est;cmpai PARCS {pagus Arvermicus): ob 2d1ç éusdmmot ,iup do ln Mesuré du nordisau sudi:danssa:plus no on- gueur;; de Lourdoueix-Saint-Pretre- | Oratorium Sancti Petri) à Liourdres 4 Lusidus) , il offrezame étendue d’en- viron,468, kilomètres h Dé) Fest à l'omest:, ‘dans le sens de sa;phas-grandedargeut, deili Hmiteiqui passe” à l’est de Bort sur la Dordogme:à Fontenilles;"qui est à l’ouest -de Nontrom ilraivait rum HÉpRsnE d’en- virgn Atokilomètress (erensoniiisen 2i200mtn) 06 Nous-venons' de voiren quoi lasconfictiration du pays,s4des. |Lemovicesraux époques: des ‘plus reculées diférait dur diocèse 1ib|mousr reste, iandiquer qu'il différait, bieniplussencore: des divisions qui après la disparitioni, du, comté deLimogesi dont il sera parlé plus:bas;/s'établirent; dams lacpériode féodale et dans la. .période\ subséquente:: sousnles-homs de séné- chaussée ,.de généralité et de-gouvernementr, et que l’on a.trop, souvent confondues: avec:1iancien pays du Limousin : oc ce tie sediiorrt Ap.Lar rdv du -Limousi;crcqui: prit par intervalles les noms:dessénéchaussée de Limousin et Périgord. de ;. Quercy et-cEimousin,, me: comprenait pas la Marche, ;puisque:; céttés portion: de:>l'ancien Limousin formait une sénéchaüssée distincte : on y réunit, par. contre, du moins pour un ‘temps, 410 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. quelques cantons des provinees voisines! ! motamment Martel et son territoire qui dépendaient de l’ancien Quercy:-De :sonicôté, la sénéchanssée de Périgord et Quercy prenait surle Limousin cértains cantons ,otels que: Nontron et) som territoire, Beauliewretsle pays ciréonvoisimsrsloorom imp 99 28104, #5in9Matfls 2° La généralité der Limoges correspondait! encore moins à l’ancien payssipuisquey lune ‘part; Nontron était resté attaché Périgord, que, d'autre party da Marcher dimousinetavait passé dansila [généralité de Moulins hétqu'emfinola généralité de Limogess'éten- dait dans lAngoumois jusqu'à lprendre Angoulême et l'élection à laquelle fldonmait som mom, et né slar- rêtait qu'auxdJimités de l'élection dé‘Cownacl, quilétait de la-généralité dé Las Rôebellé 110 , 91419997 JH99V 3° De mêmé:du ‘gowvernement ‘de . Eimousin quitne comprenait ni Nontroni/lequel était duiigouvérhément de Guienne, ni la Marche, qui formait un gouverne- ment séparé, ni même Bdurganeuf, qui représentait une enclave du gouvernement du Poitou. Au-dessous dé ces érändes divisions administratives se trouvaient des circonscriptions de deuxième et de tioïisième ordté telles qué gondbrhéments parbicüliers où Héuténanbesl dos ee fmiciions ; (qéi Hé eut réspondhient pas lditantaet aus antiéhries SubdiL Viklons «deg se etre SiècieS, : dot Hong nbtis: 66euL t Pétong hientôts 11 19 $ loin .cieuonmil da idstà Ces ob vatidns déiéntent c'hirément qHioni afort à tort attribué la disparition des Anciénes/circonst#ip- tions territortäles dé 14 Gate ul Vofganisation dépar- tementale déctétèe an {reg vs idio erriaromril Les deux causés qui ont modifié 8 ‘profondément dé MÉMORRES IT 2AHD/40N ŒAA l'état primitif du-sol pendant la ‘période: bb Fe sous l’ancienne ahonarthie sont: 02 16 D'une part, Ja-féodalité-et! l'influence: Gisprnte qu'elle-exerca sur:le sobrcommeisur Îes:institutions gouvernementales! la multiplicité des r#eièneuries, châtellenies, pôtés, etc., qui morcelèrent-en même temps la souveraineté-etleterritoirésiorsns, ol “oD'autre part d'action de daroyauté;:qui, Sans:tenir compte, de Tlancienne configuration: du-pays souvent exclue-de: tel ouw:tel centre de population quil corn- mandait)à la province ow à l'urie derses subdivisions! était conduite à installér ses représentants|etrofficiers dejustice, gouverneurs ;rsénébhaux et baillis dans des localités de.nouvelle création où -d'importanee relati- vement récente, où ellé,espérait, trouvér:ettrouivait souvent, eneffet, l'appui,lacbase d'actionrpolitique , qui ailleurs-lui faisaient-défautsotco to fiécerqmno Jarevuose on ityorrot tp ,9dor6M $l fr Ssansim 6b Metmésèrqor iu9 Moneerdbs omônr fr | SIDA duo HohoT vh Fromromiavuos #h 8781900 801 SON ITSITELTT Le; Gomnté, de Himoges:qu, du, Limousin. )249 DL ob 35 5môixHeb 9p -efoit QiTOef foi 3h JS 16 HO'TT 9: Be. comté, de, «Limoges gnpdu Limousin (cenlaiss Lemovicensis), qui, EE tout 1 le territoire de l’ancien pays des L APAOUIeES, sousles, deux, premières races ,-est,le seul qui, à,notre connaissance, se Ait établi en Limousin. Justel à cru trouyer. dans. une charte, du. Cartulaire. de. Beaulieu, la: mention. d'un comté.de Turenne; mais, Gest là une, etreur ; 1, mot de ycomitaius. se, Tapporte ,; anse -cet acte, «2U pays limousin, orbi Lemovicino , : -précé. dermment | nommé , et non pas au petit canton de Turenne. ,,. 412 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. La création d’une marche de Limousin régie par un officier particulier portant le titre de comte ou marquis (comes où marchio) et la division du gouver- nement de la province entre plusieurs vicomtes , édictée, en 887, par le roi Eudes après son couronne- ment à Limoges, laissèrent subsister en principe le pouvoir comme le titre de comte ide Limousin; les officiers de tous rangs et de tous noms institués sur ce territoire lui restèrent subordonnés. Seulement ce titre de comte de Limousin, après avoir été long- temps l’attribut unique d'un: personnage, fut acquis par le duc d'Aquitaine , qui le réunit aux: autres dignités dont il était revêtu. Le dernier de ces grands feudataires: qui lait porté est Guillaume Hl,; comte de Poitiers, duc d'Aquitaine, morten 1030. C’est alors que-se développa si activement le principe-féodal , et que prirent naissance ces agglomérations: si va- riables de possessions terriennes qui constituaient les seigneuries, châtellenies, et les comtés ou vicomtés féodaux, qui n’ont que le nom de commun avec les anciens offices ou bénéfices des comtes mérovingiens, et des comtes et vicomtes de la deuxième, dynastie. f\ IT. Les pagi du Limousin, Je n’indiquerai ici que la position de ceux dont la mention est antérieure à la fin du xr siècle, et de ceux qui, mentionnés dans des titres plus récents, se rencontrent sur des points du territoire des Lémovices MÉMOIRES. 413 qui ne sont occupés par aucun pagus de date plus reculée. - J'ai fourni la description détaillée de tous ces pagi dans la première partie des Études sur la géographie historique de la Gaule au moyen âge; et en particulier sur les anciennes divisions territoriales du Limousin , ouvrage couronné yen 4857, par l'Académie des Inscriptions et - Belles-Lettrés ; qui l'imprime en-ce moment dans son Recueil de mémoiresides savants éträngers. Ilest difficile ‘de’déterminer avec certitude et pré- cision: lesi liens qui peuvent ‘rattachér cesi pagi aux anciennes'subdivisions de la-‘cité des Lemovices dans la période de l'autonomie œauloise (4). Trois d'entre euxise présentent/avec le caractère ethnique : Les Andecamulenses, qui habitaient le pays de Rancon, au , nordi-nord=ouest de: Limoges, iet ‘arrivaient jusqu'auprès: de cette ville: {ils sont:mentionnés dans unerinscription du pr sent trouvée à Riou AO TO sde 10 FENRAN { fl ) On ne trouve aucun secours pour l'étude des pagi dans les archidiaconés et archiprètrés de l’ancien diocèse de Li môges” ‘tels ‘qu'ils existaient même avant l'an 1317, époque du démembrement”de cé ‘diocèse: Nous faisons voir, dan notre Introduction au C'artulaire de Beaulieu (ouvrage auquel l’Aca- démie des Inscriptions a décerné, en 1860, le 2e prix Gobert), que ces divisions ecclésiastiqués n’ont aucun rapport avec les pagi, ni avec les vicairies, centaines et aïces. M. Guérard a d’ailleurs démontré jusqu'à la dernière évidence, d’après les monuments mérovingiens, que, dans l'origine, et jusqu'au vire siècle, il n’y avait qu'un seul archidiacre dans chaque diocèse. De:plus, l'institution des archidiaconés remonte tout au plus .au ve siècle. Ces, deux circonstances excluent la pensée que les ar chidiaconés, aient servi de moule aux anciens pagi. M. Jacobs à, depuis M. Guérard, reconnu ce point d'histoire ecclésiastique, dans la Revue des Sociétés savantes. AA 4 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Les Cambiovicenses ,qui'se placént avec assez de vraisemblance: dans-le territoire “de’:Chambon, ‘au centre dub pays de sa aile: es Sasrt serie sur la table dé Peutingerhztii 0 #110 701 61 GO1&19 v DSL Enfin les Éd le pays;(s nie chez les Lemovices de l'intérieur, se :prolônge, surla: chaîne montagneuse des Lemovices de l’Armorique, jusqu'à l'embouchure de da: Loire: Cette “dernière: tribu ‘ou peuplade;omommée ausvrisièele dans lac Vie-de saint! Waast,; quoiquerdée mention postérieure # ‘celle des deux précédentes sestrpéeut-être d'une RE EE ‘encore plus incontestablement-gauloise. 010 SUOAEE Voicioles motifs dé notreopimiom n°5 21 hi Les Lemovices dé l’intérieur et ceux! de: l’Armoriqué ne sdûrentb (ainsi; quenous l'avons | diti‘plus Haût) faire; dans l'origine; ,:qu'um seul peuple: Cette unité” futbriséesiune époquerrque, nous m'avons aucun ! moyen deofixer| shêémeogpproximativement , ‘mais ,"" dans tous les cas, antérieure à la venue de'César dans! la Gaule; puisque;1lors de-la septième campagne du vproconsulh:qui sesterminappar la reddition de Vercingétorix et d'Alesia (à peu près 53'ans av:17:2C.)," larmation des Lemovices était divisée‘en deux, 1H 1117 Au momentrdé la-conquête ;1et: jusqu'à! lorg‘ani- sation de la Gaulepar Auguste {27 ans av. F.-C° , 11 y ‘avait, ainsi que! nous l'avons: démontré: dans’un travailspécial: "deux: peuples lémoviques distinets : celui du Limousin et celui de PArmorique; tellement distincts que le premier était en dehors de la confédé- ration armoricaine, à laquelle. le second, appartenait. AÀ-partir. de l’organisation de la: Gaule par Auguste, la cité des Lemovices ‘armoricains fut rattachée aux y MÉMOIRES: ;: ÉEV 415 Piclones, . dont le; chef Duratius s'était montré fort affectionné au joug des Romains (cette-affection de l'étranger. avait:provoqué;! du temps même de César, l'animadversion et la révolte d’une partie de là cité des;Pictons).: Depuis lors; les deux ‘parties du peuple lémoyvique restèrent por SE séparées: administrati- vementi ,oupirocmi{' aus 2811/9870 I Or l'origine: d'uñe psipladé tellé ‘quelles Leuci , dont-nousstronvons le chef-lieu: et une: portion du territoire-assez avant duns (le territoire des Lemovices ’ de. l'intérieur, et traversant :dans:sa longueur celui des Lemovices armoricains,, c'est-à-dire s'étendant à la fois sur les deux: fractions de la nation: lémovique , cette, origine! ne, peut se rapporter! à une période ‘où cette nation, était fractionnée. : 1cett@ peuplader repré: sente. conséquemmment un-élérnent primitif, une tribu de;la, mation, lémovique ‘an moment où:elle: constituait: une-unité , c'est-à-dire à une époque)de beaucoup anté-"1l rieure à-la conquête, no! nosirblnn :289 29 zuot 2089 Quantaux ? le nom vénérable de Dieu, des mots qu'aucune signification n’accompagne. Vous jugez bien qu'il ne peut être question de la vie future. Elle est le lieu des peines et des récom- penses; mais, puisqu'il n’y a pas de Dieu, puisque toutes les actions sont indifférentes, puisque l’homme n’est pas libre, tout manque à la fois pour que la sanction puisse être appliquée : un juge, une loi, un agent responsable. Elle est encore le terme infini où tendent nos aspirations, qu'aucun bien créé ne peut satisfaire : mais ces aspirations sont le rêve d’un cerveau malade, ægri somnia; et le plus sage est de s’en désabuser pour revenir aux réalités de la vie, et pour saisir au passage le plaisir qui s'envole. La destinée de l’homme s'achevant ici-bas, la société n’a pour but que de procurer à ses membres la plus grande somme possible de bien-être : tous y ont le même droit; et l'égalité de tous devant la jouissance 168 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. devient la formule souveraine du#législateur ami de l'humanité. De là ces théories riantes et ces org'anisa- tions merveilleuses qui promettent de supprimer la souffrance, de doubler la durée moyenne de la vie, et d’en remplir les instants par une succession de plaisirs où, comme on sait, les fréquents festins ne sont point oubliés. Mais cela aussi est un rêve, et chacun s’a- perçoit bien vite que, dans cette égalité tant désirée, sa part serait moindre que ses désirs. C’est pourquoi chacun reprend son droit, le seul qui puisse logique- ment subsister dans la morale publique du sensua- lisme, le droit de ne penser qu'à soi, et de se consi- dérer comme un centre où tout doit aboutir. Vous savez ce qui en résulte, et ici encore je laisse à vos souvenirs historiques le soin d'achever par les faits une démonstration commencée par le raisonnement. Dans ce naufrage de toutes les saintes choses, l’art du moins surnagera-t-il ? Ne le croyez pas, Méssieurs : le beau tient au vrai et au bien par des liens trop intimes pour survivre long-temps à leur destruction dans les âmes. De même que la vie, si vous en effacez le but supérieur qui l'explique et les devoirs qui doivent la remplir, n’est bonne qu'à procurer au corps la plus grande somme possible de jouissances, de même l’art, si vous lui retirez l'idéal, le drame, si vous lui ôtez ces luttes intérieures qui en font la beauté, ne sont plus, comme je l'ai dit, que des industries destinées à rendre à l’homme, sous une autre forme, les sensations agréables qu'il poursuit dans la vie réelle. Et là encore nous nè pouvons chercher que le plaisir physique, prolongé par l'illusion de la scène ou de la couleur, et rendu plus intense par le ‘#9 Mbps) MÉMOIRES. 469 pouvoir que l'artiste possède de condenser en un étroit espace les émotions que la réalité nous offre plus dispersées et plus rares. Or, si nous examinons à quelle source les peuples matérialistes vont chercher le plaisir, nous les verrons faire deux parts de leur vie : l’une pour la volupté, les orgies, la débauche ; l’autre pour les sensations violentes} pour la vue du sang, pour les amusements lâches et féroces où l’on se fait un jeu de la vie des hommes. La plus délicate jouissance de ces raffinés du sensualisme, c’est de passer sans intervalle des scènes de volupté aux scènes de carnage, ou, s’il est possible, d’unir les unes et les autres dans un mélange exquis, propre à réveiller leurs appétits émoussés par la continuité des plaisirs. Ainsi vécurent les épicuriens de la Rome impériale, se partageant entre les folles joies de leurs festins et les joies barbares des combats de gladiateurs. Si telle est la vie, tenez pour certain que l’art, gagné lui- même par les doctrines régnantes, se fatiguera bientôt de chercher ses inspirations ailleurs. Vous verrez la peinture se rendre populaire par l’audace d'un réalisme effronté; et, à deux pas des théâtres où la comédie dévoile aux regards blasés du public les mœurs hardies d’un monde équivoque, vous verrez le drame déployer ses fureurs, et mesurer l'étendue de son succès au nômbre de ses assassinats. — Vous comprenez, Messieurs, que, à côté de ce triomphe et de cet épanouissement des passions, il n’y a nulle place pour un art dont la première loi serait de les contenir, d’opposer à leur force brutale la, force spirituelle des idées généreuses et des sentiments désintéressés, et de faire naître ainsi des luttes morales que le sensua- 470 . CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. lisme rend désormais sans objet. Critiques arriérés que nous sommes! nous querellions parfois Racine de nous avoir donné une Phèdre trop déchaînée dans sa passion, trop audacieuse à étaler devant le fils dé son époux sa flamme incestueuse, et nous louions le poète de n'avoir du moins épargné à son crime ni les déchirantes hésitations qui le précèdent, ni les remords vengeurs qui le suivent. Corrigeons nos vieux pré- jugés : Phèdre éperdue, haletante, enivrée comme une bacchante, voilà un beau spectacle! Mais Phèdre dévorée de hontè, se prenant elle-même en horreur, et consacrant son dernier souffle à proclamer tardive— ment la vertu d’'Hippolyte, qu'avaient ternie ses calomnies impures, c’est la faiblesse et l'erreur d’un homme d'esprit qui ne possédait pas assez la théorie de la passion souveraine. . , Voilà donc, pour me résumer en deux mots, où la psychologie sensualiste vient fatalement aboutir : dans l’ordre intellectuel, à nier l’idée d’infini et les vérités éternelles; — dans la vie pratique, à nier l’idée du bien et la notion du devoir; — dans l’art, à nier l’idée du beau moral. En d’autres termes, par trois routes différentes, elle aboutit à l’athéisme. Messieurs, voilà l'ennemi. Je vous demande si vous jugez qu'il faille le laisser en paix, et si vous avez un plus beau poste à assigner" à la philosophie que cette brèche par où il fait sans cesse effort pour pénétrer dans les âmes. Ne dites pas que la psycho- logie sensualiste n’est après tout qu'une hypothèse spéculative. Si vous m'avez suivi; si, bien mieux encore, VOUS vous rendez attentifs aux lecons répétées de l’histoire, vous savez maintenant qu'elle est une MÉMOIRES. np; doctrine religieuse, une doctrine morale, une doc- trine sociale , une doctrine littéraire ; ou plutôtelle est le renversement de toute religion, de toute morale, de toute société, de toute littérature. — Ne dites pa$ qu'elle est définitivement discréditée, et que la philosophie spiritualiste peut vivre en paix sur les triomphes qu’elle a remportés depuis un demi-siècle. Quand la victoire serait aussi complète qu’on s’en flatte, quand aucun symptôme .n'annoncerait la résurrection déjà commencée du sensualisme, encore ne faudrait-il pas perdre tout souci de l’avenir. Le sensualisme, toujours vaincu, reparaît toujours; car il a dans l'âme humaine des sources que rien ne peut tarir, et des complices qu'aucune défaite ne décou- rage. Certes, si jamais on put le croire abattu ; si jamais la philosophie, la poésie, l'éloquence, semblèrent assurer au spiritualisme chrétien la perpétuelle souveraineté des intelligences, la France du xvr: siècle a donné ce noble spectacle. Et ce- pendant, à cinquante ans d'intervalle, l'esprit français à de nouveau subi le joug honteux des doctrines matérialistes, et la patrie de Descartes s’est abaissée jusqu'à suivre les lecons d'Helvétius. — Ne dites pas enfin que, s’il en est ainsi, mieux vaudrait renoncer à une lutte sans espoir et sans terme. C’est la condition de notre vie, c’est l'épreuve de notre courage et de notre ré nid de rencontrer perpétuellement quelque ennemi à combattre. Sachons, Messieurs, accepter cette loi austère; et, puisque c'est le sort de toute vérité, mais principa- lement de la vérité morale, d’être toujours contestée ici-bas, tenons à honneur de la défendre, et d'en 472 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. étendre, chacun pour notre part, les pacifiques conquêtes. Si la vraie philosophie, la philosophie chrétienne parvient à troubler dans la tranquille possession de son erreur quelque esprit séduit jusque là par la fausse simplicité de la psychologie sensuwa- liste; si nous sortons de notre commerce avec elle mieux armés contre les sophismes, plus affermis dans notre foi à la Providence, plus disposés à nous recueillir dans ce sanctuaire de l'âme où Dieu parle par la voix de la conscience, plus résolus à ne chercher la liberté que dans l’accomplissement du devoir , et la vérité que dans l'union de notre raison à la raison divine, elle aura été bonne à quelque chose, et la moralité d’un tel résultat doit lui donner le courage de mesurer sans fléchir les difficultés des sa tâche. SECONDE PARTIE. Ces difficultés, Messieurs, sont nombreuses et graves : il y en a d'intellectuelles, il y en a de morales; et l'énumération que je vais faire des unes et des autres pourra sembler décourageante. Je n’hé- site pas cependant à l’entreprendre; car je me sens, dès à présent, en mesure d'affirmer qu'aucune d'elles n’est insurmontable, et que, si l’homme trouve dans sa propre nature bien des obstacles à la connaissance de son âme, il a en lui-même et au-dessus de lui plus de ressources encore. MÉMOIRES. 413 Je ne parlerai point des difficultés générales qui rendent toujours laborieux et délicat l'emploi de la méthode expérimentale, à quelque objet qu’on l’ap- plique. Avec quelle patience il faut observer, avec quelle circonspection hasarder les hypothèses, avec quelle sincérité sévère les vérifier, avec quelle précision minutieuse conduire les expériences, avec quelle rapide sagacité en saisir et en noter les résultats, avec quelle sagesse généraliser, vous le savez; et vous savez aussi Combien est rare ce juste tempérament de hardiesse et de prudence. Mais je ne veux m'occuper que des difficultés spéciales qui résultent ici de 14 nature de l’objet observé, et qui font de la méthode expérimentale appliquée à l'étude de l’âme comme une méthode nouvelle. 4° La première et la plus apparente, c’est le devoir imposé au psychologue de se retirer du monde extérieur, de s’abstraire des sens, et de renoncer à tous les secours qu'ils nous offrent ailleurs, faisant pour cela violence à toutes nos habitudes acquises, je dirais presque à toutes les exigences de notre consti- tution intellectuelle. Composés d’un corps et d’une âme indivisiblement unis, c’est pour nous comme une loi de chercher, jusque dans le plus haut essor de notre esprit, quelque chose de sensible à quoi nous puissions nous prendre; car nous sommes engagés si avant dans la matière que, pour nous élever au-dessus d'elle, c’est à elle encore qu'il nous faut demander un 474 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. point d'appui. Ces conditions, les sciences physiques et naturelles les remplissent # merveille. En pré- sence de l'objet qu'elles offrent à notre étude, l’homme tout entier travaille; l'œil voit, la raison regarde, coordonne et conclut. En géométrie, à défaut de l’objet (qui est idéal, et, comme tel, inaccessible aux sens), on a l'image; et cette re- présentation matérielle, si grossière qu’elle soit, fixe du moins le sens, et l'empêche de chercher ailleurs d’autres objets ou d’autres images qui partageraient l’attention de Pesprit. En psychologie, on n’a ni l’un ni l’autre. De là l’insistance avec.laquelle les vrais psychologues recommandent de bannir tout ce qui pourrait détourner la pensée de la contemplation d'elle-même, et la reporter sur des choses corporelles. Fermez vos sens, dit Malebranche; et il ajoute, avec une sévérité trop peu mesurée peut-être : Faites taire votre imagination. Nous n’irons pas jusque là, et nous ne voulons point interdire absolument au psychologue tout emploi de cette puissante et poétique faculté. De même que, dans le langage, les métaphores con- duisent souvent l'esprit, par un chemin brillant et facile, à la conception des idées les plus métaphysiques ; de même, en matière philosophique, les comparaisons que l'imagination emprunte à l’ordre sensible peuvent, grâce aux nombreuses harmonies du monde physique et du monde moral, jeter une vive lumière sur les points correspondants de l’ordre psycholo- gique. Mais cet emploi même de l'imagination exige tant de discrétion et de sagesse qu’il devient une difii- culté de plus : il n’est jamais plus nécessaire de la tenir en bride que lorsqu'on est autorisé à la mettre MÉMOIRES. | 475 en usage. C’est un allié turbulent et dangereux qui tend sans cesse à sortir du poste secondaire que la raison lui assigne, dès qu'il s’'avance au premier rang, il devient un ennemi. — Je dirai la même chose du langage, instrument nécessaire de la pensée, mais instrument cruellement imparfait. Qui n’a souvent gémi de l'indigence des mots et de leur tyrannie, de leur impuissance à rendre les nuances délicates de la pensée, de la facilité avec laquelle ils deviennent, entre les mains des sophistes, un moyen de tout confondre, enfin des trahisons dont, selon le proverbe italien, ces ttaducteurs infidèles se rendent à chaque instant coupables? L 2 Une seconde difficulté va naître*d'un second devoir. Vous savez combien l'analyse est devenue, entre les mains des chimistes, un prôcédé lumineux et fécond. Sans doute elle n’est jamais assurée de parvenir à l’absolument indivisible. Si les soixante ou soixante-dix corps simples qu’elle isole aujourd'hui s'en rapprochent davantage que les quatre éléments des anciens, elle ne prétend nullement avoir poussé la décomposition jusqu'à ses dernières limites; et la liste, qu’elle a commencée reste toujours provisoire. Maïs enfin elle aboutit à des résultats positifs et maté- riellement saisissables. Elle sépare effectivement des choses distinctes, et elle confirme la vérité de ses opérations en reformant, à l’aide des mêmes élé- ments, l’ensemble qu'elle avait décomposé. — En psychologie, l’analyse n’est pas moins nécessaire. Si, dans les composés organiques, les corps simples se présentent combinés en proportions très-multiples et très-compliquées , la complexité des actes humains est 476 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. plus grande encore, et la nécessité d’en isoler les éléments plus impérieuse. Mais combien l’analyse est ici plus difficile! D'ordinaire, toutes nos facultés interviennent à la fois en dé au de nos actes; au fond de cet acte on retrouve mille influences diverses, fugitives, inSaisissables, variées à l’ infini, conidouränit à le produire suivant des proportions dont l’évaluation rigoureusement précise est presque impraticable. Si le psychologue, effrayé de cette multiplicité inépui- sable, renonce à l'analyse; s’il désespère de trouver un mot pour chaque nuance, et d'arriver à saisir, dans cette complexité, ce quifest vraiment élémen- taire, il laisse tout dans une confusion qui rend la science impossible. Si, au contraire, il ‘entreprend de tout analyser, de tout compter, il se perd dans les détails; il tueŸla vie de l'âme à force d'y vouloir isoler ce qui est uni, et séparer ce qui est inséparable: il se noie dans ere des infiniment petits, et transforme en une science d’abstractions inanimées la science même de la vie. 3° Poursuivons ces rapprochements. Dans les sciences physiques, là où l’observation fait défaut. l’expérimentation offre ses ressources ; qui n'ont d’autres limites que la fécondité de notre imagination pour arranger à l'avance les circonstances dans lesquelles on produira le phénomène, et la puissance de nos instruments pour faire naître ces circons- tances. C’est ainsi (pour n’en citer qu’un exemple) que , en augmentant les pressions et en abaissant les températures, on a pu successivement obtenir à l’état liquide et à l’état solide des corps qui, dans la nature libre, ne se présentent jamais qu'à l'état de gaz MÉMOIRES. 477 permanents. Ce procédé, je l'avoue, est praticableen psychologie, et n’est nulle part d’un emploi aussi facile. Mais tout ce qui est possible n’est pas légitime, et l’expérimentation ne peut pas être toujours em- ployée sans scrupule quand l’âme humaine est le sujet des expériences. Vous voulez apprécier les effets physiologiques d’une substance que vous soup- connez vénéneuse : un animal est là sur la vie duquel Dieu vous donne comme un droit souverain. Vous faites en toute sûreté de conscience experi- mentum in anima vili. Mais, dans l'humanité il n’y a pas d’anima vilis. Pour savoir ce qui se passe dans l’âme quand elle est en proie à telle passion violente et coupable, pour suivre les ravages qu'y exercera telle influence funeste, vous n'avez le droit de tenter une expérience ni sur vous-même ni sur les autres. Vous ne pouvez pas dire comme Rodogune au sujet de la coupe de Cléopâtre « Faites faire un essai par quelque domestique »; et ici c’est la morale qui semble faire obstacle à la science. &° Dans les sciences physiques, l'observateur et l'objet sont deux ; en psycholog'ie, ils sont un. C’est mot qui observe ; et ce que j'observe, c’est moi encore. Or voici ce qui en résulte : quand j'étudie les corps, certains phénomènes m'échappent, parce que, s’accomplissant hors de moi, ils peuvent aussi s’ac- complir loin de moi; mais, pour analyser ceux que j'atteins, je suis ou je puis toujours me placer dans des conditions favorables d'attention calme et réfléchie. 478 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Au contraire, quand je m’y observe moi-même, à la vérité je suis toujours averti par la conscience de ce qui se passe en moi; mais, sans parler de certains phé- nomènes si rapides et si peu profonds qu’ils ont déjà disparu sans laisser de traces avant que l'observateur soit sur ses gardes, il y en a de si violents qu’ils ab- sorbent l’âme tout entière, et excluent la réflexion ; ou bien, si celle-ci parvient à prendre le dessus , la chose à observer s'évanouit. Tantôt c’est la passion qui a enchaîné et confisqué l'attention à son profit, ettantôt c’est l'attention qui a fait évanouir la passion. Et remarquez qu'il s’agit ici non de quelques faits isolés et accidentels, mais presque d’une moitié de la vie humaine, Tous les phénomènes qui appartiennent franchement à la vie spontanée et instinctive, à la passion, à l'imagination , à la poésie, rendent im- praticable ce dédoublement d’une même et indivi- sible personne en deux moi distincts, l’un calme et froid comme la science, l’autre aveugle comme Ja colère , véhément comme l’amour, flottant comme la rêverie. Et, parce qu’il est bien peu d’actes où cet élément de la spontanéité n’entre pas pour une part quelconque, il n’en est guère aussi qui, dans une mesure correspondante, n'offrent par cet endroit des difficultés presque insurmontables à qui veut s’en rendre un compte exact et réfléchi à mesure qu'ils se produisent. 5° Enfin ‘une cinquième difficulté naît d’une oppo- sition au moins apparente entre le but de la science psychologique, qui est de découvrir les lois générales de la vie de l'âme , et le caractère tout individuel et tout personnel de la conscience, qui est le grand ins-— MÉMOIRES. 479 trument de ses recherches. Je ne sais rien (directe-, ment du moins) touchant l’âme humaine, sinon ce qui m'en est révélé par ma conscience. Maïs ma cons- cience ne peut pas me donner la nature humaine tout entière : elle me la donne seulement telle que je la trouve en moi-même. Avec de tels matériaux je puis bien écrire ma biographie, mes mémoires : comment me suflront-ils à écrire une histoire générale de l'humanité ? Si l’on répond que je puis sortir de moi- même pour observer ce qui se passe chez mes sem— blables, ce remède ne suffit pas. En effet, je ne sais de l’âme des autres que ce qu’ils veulent bien m'en découvrir par leurs discours soûvent trompeurs, ou ce que j'en devine par leurs actes, par leur physio- nomie, par tous les signes qui trahissent malgré eux leurs états intérieurs. Mais ces signes, je n’en com- prends le sens qu’à condition d’avoir expérimenté en moi-même des phénomènes analogues; sinon, comme les mots d’une langue étrangère, ils frapperont mes yeux et mes oreilles, sans instruire mon esprit de ce qu'ils représentent. De là vient la difficulté qu’é- . prouvent les âmes généreuses à comprendre certaines bassesses , et de là vient aussi la stupéfaction naïve des cœurs égoïstes en présence d'actions qu'un dé- voûment désintéressé peut seul expliquer. Vous savez, Messieurs, jusqu'où va leur surprise, et qu'Helvétius, ne comprenant que les actes inspirés par l'amour de soi, et ne réussissant point à expliquer par ce mobile le sacrifice volontaire de Décius, conclut simplement et härdiment que Décius était fou. On peut répondre encore que cependant la nature humaine est toute en tous, et qu’il y a en chacun de 480 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. .nous l’étoffe, sinon d’un scélérat et d'un héros } du moins d’un méchant et d’un homme de bien; que, par conséquent, tout observateur sincère peut comprendre quelque chose à tous les sentiments, à tous les actes, à toutes les vertus, à tous les vices de ses semblables, puisque tout cela est en lui aussi, développé ou en germe. Cela est vrai, Messieurs. Vous savez quel admirable parti Pascal a su tirer de ce fait étrange pour établir à la fois la grandeur et la misère de l'homme, et vous devinez quel puissant témoignage il y a là en faveur du dogme chrétien de la chute originelle. Mais la difficulté subsiste. Ce qui est commun, Ce qui est le même en tous, c'est l’ensemble des germes :"sur ce fond identique viennent se super- poser, éomme autant de couches qui cacheront bientôt le noyau primitif, d’abord les résultats de l'éducation , puis ceux des circonstances, puis ceux du travail personnel de chacun. Tout cela est individuel, tout cela est mien et non vôtre; et cependant tout cela pénètre si avant dans mon âme que je ne puis guère distinguer en moi ce qui vient de la nature humaine et ce qui vient des influences surajôutées à la nature, ce qui m'appartient parce que je suis homme ,'et ce qui m'appartient parce que j'ai subi l’action des mille causes qui sont venues me modifier du dedans ou du dehors. Tel côté de la nature humaine prédomine chez l’un jusqu’à obscurcir tout le reste, et ce même côté est, au contraire, jeté dans l'ombre, étouffé , presque anéanti chez un autre. En sorte que, à donner une confiance trop absolue et trop exclusive aux observations que recueille le témoignage de la conscience, nous courons le risque de ne faire qu’une 77 MÉMOIRES. 481 psychologie toute personnelle. Engagés dans cette voie, tantôt nous érigerons en loi générale des accidents individuels, tantôt nous ne reproduirons pas dans la science des traits importants de la nature humaine, parce que dans le sujet que nous aurons observé, c’est-à-dire en nous-mêmes, ces traits étaient effacés. ï Or voulez-vous savoir où cela mène en morale, en logique, en religion, et ailleurs? A créer des systèmes , au mauvais sens du mot, c’est-à-dire des théories qui, fondées sur une connaissance incomplète de ce qu'est la nature humaine, s’écroulent dès qu'on la restitue dans son intégrité. Supposez, par exemple, un homme d’un caractère fortement trempé, tel que nous aimions à nous représenter les vieux Romains, trop pénétré du sentiment de sa dignité pour céder aux faiblesses de la chair, et pour paraître sensible aux Coups de la fortune, trop fier pour avoir de la vanité, trop orgueilleux pour chercher ailleurs qu’en lui-même le principe et la récompense de sa vertu : chargez un tel homme de faire un système de morale, et vous aurez le stoïcisme, c’est-à-dire une doctrine impitoyable, une doctrine qui ne comprend ni les faiblesses ni les besoins de l'humanité ; une doctrine sans amour et sans espérance; une doctrine fragile, parce qu'elle repose sur le fondement ruineux de l’orgueil. À côté de lui, placez une âme sans élan et sans vigueur, habituée, par une éducation molle, à ne penser qu'à soi, à juger la vie insupportable si elle n’est pas enveloppée de jouissances comme d’un duvet moelleux où viennent s'amortir toutes les douleurs, à ne plus concevoir enfin qu’on puisse agir 11. 31 482 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. dans une autre vue que de se mettre à l'abri de la souffrance. Qu'un tel homme, pour le malheur du genre humain, soit tenté d'être un moraliste, il s'appellera Épicure. — Un esprit douloureusement préoccupé de sa destinée, long-temps promené de système en système à Ja recherche du vrai, aigri et découragé par le spectacle des luttes et des contra dictions qu'offrent les écoles de philosophie, sentant à chaque pas sa raison chanceler sur un sol mal af- fermi, tombera dans le scepticisme , et sa doctrine psychologique aura pour résumé l'impuissance de la pensée humaine à connaître la vérité. Au contraire, un esprit plus dogmatique, plus aisément satisfait de lui- même, porté à se reposer en ses propres opinions comme en autant de conquêtes définitives et de vérités absolues, à ne point écouter le témoignage que la raison rend de sa faiblesse toutes les fois qu'on la consulte sans orgueil , aboutira au rationalisme , et proclamera comme une vérité psychologique l’indé- pendance absolue de lu raison humaine. - Je pourrais, Messieurs, multiplier les exemples, Je pourrais vous signaler bien d’autres causes d'erreurs si je ne craignais de vous fatiguer en continuant une énumération qui n'est pas encore complète. Et pourtant, si je n’accumule pas à plaisir les motifs de découragement, si je me contente de signaler sincè- rement ce qui est, cela ne vaut-il pas mieux que de nous engager témérairement en des routes inconnues, au risque de nous briser contre des obstacles que nous aurions pu, avec plus de prévoyance , on éviter ou surmonter ? MÉMOIRES. 483 HE Disons donc aussi quelques mots des obstacles moraux. Ici encore je ne parle point de ceux qui se ren- contrent partout à peu près au même degré : des préjugés auxquels nous tenons encore par obsti- nation ou ennui de Changer d'avis après que nous avons cessé d'y tenir par ignorance ; de l'esprit de Système et de l'esprit de Contradiction; de Ja préci- pitation qui jette en des Opinions formées à la légère des esprits trop paresseux pour approfondir les choses, et trop curieux, trop avides de solutions Pour suspendre du moins leur jugement. Je parle des résistances plus vives encore que la vérité mo- rale, et particulièrement la vérité psychologique, trouve dans notre Cœur , et je ramène ces résistances à deux causes : l'orgueil et la faiblesse. y ‘4, Messieurs, deux orgueils : l’orgueil personnel, et celui que, faute d’un nom plus exact, j'appellerai l'orgueil de race. + Je n’ai rien à dire du premier : chacun de nous connaît ce Cher ennemi , €t Sait combien il est malaisé d’être, non pas indulgent pour les autres, non pas sévère pour soi-même, mais Simplement juste pour tous , et de tenir devant soi d'une main courageuse le miroir fidèle que présente la conscience. Mais il ÿ à aussi un orgueil collectif, qui nous rend fiers, non plus de ce que nous sommes par nous-mêmes, mais de ce que nous valons par la cité, par la nation, par le Corps auquel nous appartenons. Lég'i- 184 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. time et fécond en actions généreuses quand il en- gage tout un peuple à se croire obligé par sa nationalité comme par une noblesse, et à travailler, chacun pour sa part, à conserver purs de toute tache le nom et le drapeau de la patrie, ce sentiment devient ridicule lorsqu'il dégénère en jactance; insupportable, quand il fait naître un injuste dédain pour les nations étrangères; funeste, quand, sous son influence, un peuple s’abuse sur sa faiblesse jusqu'à tenter des entreprises qui l’écraseront, ou rejeter des secours qui l’auraient sauvé. « Nous ferons nos affaires tout seuls », voilà sans doute une belle et fière parole, pourvu que les actions y ré- pondent : si elles la démentent, ce n’est plus qu'une rodomontade. L'histoire d’un tel peuple est, Messieurs, celle de bien des âmes. Qu'on ait un profond sentiment de la haute dignité de la nature humaine, qu’on se tienne attentif à n’en jamais décheoir, qu’on repousse avec une généreuse indignation toutes les théories qui la rabaissent, c’est le droit et le devoir de tous; c’est particulièrement le devoir du philosophe qui à pénétré plus avant qu'un autre dans les secrets de cette noble nature. Mais cette légitime fierté devient bientôt un orgueil de race, qui met un prisme trom- peur entre le psychologue et toutes les misères qu’il devait, en observateur impartial, signaler comme le reste. « L'âme fera ses affaires toute seule ; l'âme se suffit pour tout connaître, pour tout exécuter » : c’est pour lui un indiscutable axiôme. À priori, avant tout examen , l'idée d'une intervention supérieure , néces- saire pour éclairer l'esprit et diriger le cœur, l’idée de MATE MÉMOIRES. 485 la révélation, l'idée de la grâce, l’idée de la prière, sont par lui rejetées hors du domaine de la philosophie comme autant de rêveries mystiques. Le problème de la destinée le tourmente : ilne l’a pas résolu; peut-être n'espère-t-il pas le résoudre : n'importe! personne n’a droit de lui offrir sur ce point des lumières qui ne soient pas celles de la raison. La présence et la redou- table énergie des mauvais instincts le déconcertent , et semblent parfois le mettre sur la voie d’une psycho- logie moins fière : n'importe encore! il ne veut pas croire que la nature humaine soit déchue; car, si elle l'était, peut-être en faudrait-il conclure qu'elle est incapable de se relever seule. Je n'insistepas, Messieurs, sur ce qu’un tel parti pris a de funeste aux âmes, qu'il expose ainsi désarmées et démantelées aux rudes combats de la vie. Mais qu’on me permette de dire que ce préjugé, fort diffi- cile à extirper, est un des plus grands obstacles à la constitution d’une psychologie sincère et complète. Car enfin, on aura beau répéter, avec une assurance dogmatique, que l’âme se suffit à elle-même, cet axiôme prétendu n’en demeure pas moins une pure hypothèse, jusqu’à ce qu’il soit ou confirmé ou démenti par les faits. Si donc vous refusez ce contrôle, outre que vous paraissez (et avec raison) en redouter les résultats, vous vous condamnez vous-mêmes à ignorer toute une partie de la nature humaine, supposé qu'il y en ait une qui rende témoignage de l'insuffisance de la raison et de la faiblesse de la volonté. Or ce que j'indique ici sous forme hypothétique, c'est la réalité même, non pas cachée dans un coin de la conscience, visible seulement au microscope, et observable à de 486 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. rares intervalles, mais éclatante, mais mêlée à tous les grands phénomènes psychologiques, mais sans cesse observable, tantôt à la surface de l'âme, et tantôt dans ses profondeurs. Les questions que ces faits soulèvent sont celles qui contribuent le plus à donner à la psychologie ce caractère de science vivante et pra- tique qu’elle doit tenir à honneur de conserver : elles se posent devant toute raison qui pense, dévant toute âme préoccupée du devoir et de l’avenir. Et ce sont précisément celles-là que la psychologie écarte quand elle se fait rationaliste. Je ne m'étonne plus que, ainsi mutilée, parquée dans un cercle de questions étroites, exilée de la plus belle portion de son do- maine, condamnée au silence sur les points où l’hu- manité aurait intérêt à l'entendre, personne aujour- d’hui ne paraisse la prendre au sérieux. 2 La vraie psychologie, si elle a des vérités bles- santes pour l’orgueil, constate aussi des faits qui semblent fort durs aux âmes faibles, plus disposées à suivre qu’à remonter la pente des instincts sensuels. De là, un secret désir que ces faits, décrits par les philosophes spiritualistes, ou soient chimériques, ou s'expliquent d'une facon moins inhumaine. Et de là aussi, en vertu des mystérieuses influences que la passion exerce sur la pensée, l'habitude de voir les choses, non comme elles sont, mais comme on les voudrait : « Si la volonté était libre, si les idées ne venaient pas des sens, si la notion d’une loi obliga- toire était inhérente à la raison, si l'âme était distincte du corps, si elle avait sa vie à part et sa destinée supérieure , si, parmi les instincts, il y en avait qui ne fussent en nous que pour être combattus, la vie MÉMOIRES. 487 humaine, en vérité, deviendrait bien laborieuse! Il faudrait résister aux influences du dehors; il faudrait dominer la matière ; il faudrait se vaincre; il faudrait perdre à cela les belles années de la jeunesse. Ne se peut-il done pas que ces austères doctrines ne soient qu’un rêve sombre? » Voilà comme raisonne et mur- mure l’un des deux hommes qui sont en nous; et c’est par là que nous laissons entrer dans nos âmes le doute sur toutes les grandes vérités que le genre humain, sans se piquer de philosophie , à toujours tenues pour sacrées. Mais on ira au delà du doute, et l’âme humaine elle-même, étudiée avec ces pensées, fournira les armes qu'on lui demande. On l'étudiera, en effet, non point telle qu'elle est quand la vertu l’a perfectionnée et rapprochée de son but idéal, mais telle que l’a faite une longue habitude de vivre pour soi, de vivre par les sens et pour les sens. On y trouve alors des passions impérieuses qui ont comme désarmé la liberté ; on y trouve une raison presque éteinte, une conscience presque muette; en un mot, on se voit à peu près tel qu'on voudrait être, et l’on aboutit fata- lement au sensualisme. Là, Messieurs, est l’expli- cation d’un phénomène qui autrement serait incom- préhensible; à savoir qu'une doctrine si basse, si frivole, si directement contraire au bon sens, au bon cœur, à toutes les traditions et à toutes les croyances de l’humanité, si souvent et si victorieusement réfutée, ait pu , au lendemain de ses défaites, avoir de tels retours de fortune. J'ai signalé ce dernier obstacle, Messieurs, non- seulement parce qu’il rend compte de bien des 188 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. révolutions dans le monde philosophique, mais aussi parce que tous nous sommes exposés à le trouver sur notre chemin. Si spiritualistes que nous soyons, nous avons des jours de défaillance, des jours où le flot de la vie sensible, montant autour de nous, semble prêt à nous submerger, des jours , par consé- quent, où les sophismes de la psychologie sensualiste peuvent espérer un plus facile accès dans nos âmes. Il fallait donc indiquer aussi ce péril, comme il faudra chercher les moyens de n’y pas succomber. TROISIÈME PARTIE. Il nous reste, Messieurs, à examiner quels procédés intellectuels et quelles ressources morales la méthode psychologique met à notre disposition pour nous aider à nous bien connaître. Vous n’attendez pas sans doute que, après avoir fait une formidable peinture des difficultés de tout genre à travers lesquelles la psychologie doit chercher sa route, j'entreprenne en ce moment de vous montrer que ces difficultés ne sont rien, et que nous pouvons nous engager sans inquiétude dans un chemin sans obstacle. Un tel jeu d’esprit ne serait ni sincère, ni convenable à la gravité de cette réunion. Ce que j'ai voulu, c’est donner à vos esprits la calme conscience d’un péril qu’on n'évitera qu’à condition de le connaître. Ce que je voudrais, c’est vous montrer qu'aucune des difficultés qui retardent ici la marche de l’observateur ne rendent impossible la constitution de la science psychologique. Elles resteront ce qu’elles > ir le là CR TRES Q T | ' MÉMOIRES. 189 sont : graves, mais non insurmontables. Tout notre travail sera de les reprendre une à une, de les circonscrire, de les ramener à leur juste valeur, et de placer à côté de chacune d'elles le procédé scien- tifique, l'effort intellectuel, l'habitude morale, qui nous aideront à la vaincre. 1° Il est vrai, comme nous l'avons constaté, que notre esprit ne peut, sans faire violence à ses habitudes et à son inclination naturelle, se séparer des choses sensibles, et remplacer le mouvement direct qui le porte vers les abjets corporels par un mouvement réfléchi qui le replie sur lui-même pour le forcer à se rendre compte de ses propres opérations. Mais cela, c’est la condition de notre vie tout entière. Oui ! il est difficile à notre intelligence , enveloppée et comme embourbée dans la matière, de se maintenir dans le libre domaine de la pensée pure. Mais il est plus malaisé encore à notre volonté, sollicitée, déprimée par les instincts du corps, de s'élever au-dessus d'eux, de Couper les liens qui arrêtent son vol, et de se fixer dans les sphères sereines de la vie morale. Et pourtant cet affranchissement de la volonté est obligatoire pour elle, et la vie d’un seul homme de bien suffit pour prouver qu'il est possible. La science n’est donc pas ici de pire condition que la vertu, et vous ne devez pas désespérer de la première si vous croyez à la seconde. Il est vrai encore que nous n'avons pas ici, à défaut des objets, le secours des images , telles que le 490 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. géomètre en trace sur son tableau. Aucune ligne , aucun cercle ne peut représenter les phénomènes intérieurs qu'étudie la psychologie. Mais, prenez-y garde, si le géomètre a besoin d'images, c’est parce que l’objet dont il examine les propriétés n’est pas un objet réel, mais une conception abstraite et purement idéale. Pour donner à cette création de sa pensée quelque consistance et quelque vie, il est obligé de la représenter par une chose-sensible, qui, à la vérité, n'en sera qu'une imitation grossière, mais qui du moins possèdera la réalité saisissable dont est dépourvu le modèle. Il en est tout autrement de la psychologie : ce qu'elle étudie, ce ne sont point des idées abstraites auxquelles ne corresponde aucune chose existante : ce sont des phénomènes réels, vivants, perceptibles sinon aux sens extérieurs, du moins à la conscience. On ne les imagine pas : on les voit par un œil intérieur; on les sent par un sens intime. Et ces perceptions, aussi distinctes, aussi certaines que celles des sens extérieurs, sont de plus absolument immédiates. Tandis que ces dernières ont besoin de l'intermédiaire des organes corporels, et sont faussées, affaiblies ou supprimées, suivant que ces organes sont malades, ou infirmes, ou paralysés, les phéno- mènes intérieurs sont directement perçus à mesure qu'ils se produisent; car la connaissance que nous avons de chacun de nos actes, de chacune de nos sensations, de chacune de nos idées, n’est au fond que l'acte lui-même, la sensation elle-même, l'idée elle-même, en tant qu'aperçus par la conscience. Et, si la réflexion intervient là-dessus, ce n’est pas pour ajouter des éléments nouveaux à ceux qu'a fournis le + Le L L 9 s MÉMOIRES. 491 sens intime : c'est pour les éclaircir, pour les isoler, pour en rechercher la cause, et pour en déterminer la loi. Il est donc faux que, pour se replier sur soi-même afin de se regarder vivre, il faille commencer par violer une des lois constitutives de notre intelligence. Mais il est vrai qu'il faut remonter une pente, combattre l'instinct qui nous incline aux choses sensibles, vaincre en nous-mêmes l'habitude qui disperse l'esprit au dehors, et former peu à peu celle qui le recueille au dedans. C’est à ce prix qu'on est psychologue. Cela ne se fait pas sans peine; et, dès ce premier pas, les difficultés intellectuelles se compliquent, d’un obstacle moral. Si vous mettez votre cœur aux choses sensibles et aux jouissances matérielles, elles rendront la réflexion impossible ; et, de fait, la Bourse n’est pas le séjour de prédilection des muses de la pensée. Pourtant ce travail intérieur n’a rien d’impraticable, et tous les jours les esprits les moins cultivés s'y exercent avec un plein succès dans les conditions les plus difficiles. Le psychologue peut ici chercher des lecons de méthode auprès des enfants et des femmes qui prennent au sérieux les devoirs de la vie chrétieune. 11 admirera la précision et le courage avec lequel ces gens-là se rendent compte de leurs actes moraux ; il se dira, comme saint Augustin : « Quid ? non poleris quod isti et istæ ? » Puis, à mesure qu’il élèvera le niveau de sa vie morale, à mesure qu'il y fera une part plus ample à la pensée et à la vertu, à mesure qu'il s'accoutumera à voir dans les affaires elles-mêmes des devoirs plutôt que des intérêts, il 4192 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE éprouvera aussi plus de plaisir à vivre avec lui-même, et plus de facilité à porter la lumière de la réflexion dans les phénomènes dont le sens intime lui signale la présence. 2° Comme la réflexion, l'analyse psychologique, qui en est la condition et l'instrument principal , offre des difficultés sérieuses, mais non insurmontables. Entre la paresse d'esprit, qui laisse les phénomènes dans la confusion de leur complexité primitive, et le scrupule exagéré, qui, par une décomposition indéfinie , les réduit en une insaisissable poussière, il y à un milieu dans lequel il est possible de se maintenir. Imaginons un exemple : On m'a vu accomplir une action généreuse , tendre la main à un homme qui m'avait gravement offensé. Le public bienveillant, qui ne voit de mon acte que le résultat et la surface, me loue parce que cette surface est belle. Les esprits chagrins cherchent sous cette apparence des motifs misérables. Les uns et les autres ne jugent que par conjecture Mais moi qui veux me rendre un compte exact de la valeur réelle de mon action, en analysant après coup les in- fluences auxquelles j'ai obéi en l’accomplissant, que d'éléments j'y trouverais peut-être! un peu de cal- cul , — un peu d'orgueil, — un peu de pitié, — un peu de vertu; — et, dans cette vertu même, quelque chose de désintéressé, qui est proprement l'amour du bien (c’est-à-dire l'amour de Dieu si je suis chrétien, et si je sais ce que c'est que le bien), et quelque chose de mercenaire, qui est le désir de la récom- pense à venir et la crainte des châtiments réservés aux MELLE 1 4 \ , MÉMOIRES. 493 cœurs durs. Voilà ce que m'apprendra ce premier effort d'analyse. Un second me dira l’ordre dans lequel doivent être classés ces divers motifs, d’après la part plus ou moins considérable que chacun d’eux à eue dans ma détermination. Par exemple, je saurai si le sentiment du devoir y est intervenu dans des pro- portions qui suffisent à la rendre véritablement ver- tueuse, et à marquer un progrès dans ma vie morale; ou bien si l’orgueil, en me faisant chercher une : stérile récompense dans la contemplation de ma vertu, lui a fait perdre tout son mérite. L'analyse, je l’avoue, ne va pas plus loin ; elle ne peut évaluer en milligrammes le poids de chaque motif. Le pût- elle, à quoi bon? Ce poids dépend de notre volonté, toujours mobile parce’ qu’elle est toujours libre; il change d’un-acte à l’autre, plus encore d’un homme à un autre homme. La chimie, qui n'opère ni sur des personnes libres ni sur de véritables individus, mais seulement sur des portions de substance, retrouve toujours en chaque combinaison la «com- position qu’elle y a primitivement constatée. Les proportions de l’acide carbonique, du sulfate de chaux, de la stéarine, sont partout les mêmes, et ces proportions sont des lois de la nature. Il en est tout autrement des âmes humaines, substances indivi- duelles et libres : chacune d'elles offre à l’obser- vateur, à côté des caractères essentiels, qui se retrouvent partout les mêmes, mille traits parti- culiers et mille nuances personnelles. Pour nous en tenir à l’exemple que nous avons choisi, la pro- portion et l’importance relative des divers motifs qui influent sur nos résolutions varient à l'infini; et cette 49% CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. variabilité même est une des lois que doit constater la psychologie. Est-ce à dire que nulle conclusion scientifique ne pourra sortir de cette délicate analyse? Nullement ; et déjà je suis en mesure de constater, grâce à elle, les résultats suivants. Premièrement, je suis libre : car ma conscience m'atteste qu'aucun de ces motifs ne m'enchaîne , et que, s'ils influent sur mes résolutions, c'est qu’ils ont recu de ma volonté une force qu'ils n’ont point par eux-mêmes. Secondement, 4 y a en moi lout un ensemble de sentiments généreux qui m’appellent sans cesse à tenir mon cœur en haut; et, à côté d'eux, je trouve en moi je ne sais quelle nature perverse qui sans cesse me détourne des actions vertueuses, et qui, si elle désespère d'y pärvenir directement, s'efforce du moins de faire perdre aux plus belles résolutions leur éclat et leur prix en y mêlant des motifs impurs. Troisièmement, l'approbation de mu conscience est exactement proportionnée à la pureté des motifs qui m'ont inspiré. Quatrièmement , cette approbation elle-même n’est pas la seule, ni même la principale récompense de la vertu, puisque , dès que je commence à m'y complaire, je sens que je cesse de la mériter. Cinquièmement, le progrès moral consiste non-seu- lement à faire disparaître de ma vie toutes les actions que la morale réprouve, mais encore à dégager les résolutions vertueuses de lous les molifs qui en affaibliraient la valeur. Vous le voyez, Messieurs , il s'en faut que l'analyse 14 MÉMOIRES. 495 ainsi entendue soit inféconde. Encore que nous ne puissions pas évaluer numériquement les éléments qu’elle isole, nous ne sommes pas obligés d'opter entre la confusion qui naît de l'insuffisance de l’analyse , et cette autre confusion qui résulte de son excès. Sans peser ces éléments dans une balance, sans les exprimer par des formules arithmétiques, nous constatons leur présence, nous indiquons leur valeur relative, nous distinguons ceux qui n'’interviennent que par accident dans le fait que nous étudions, et ceux qui en font partie intégrante et essentielle. . 3° Mais, dans le monde moral comme dans le monde physique, observer ne suffit pas toujours : il faut alors expérimenter. Quand la nature, soit en pro- duisant les phénomènes loin de nos regards, soit en les enveloppant de circonstances qui en voilent les caractères essentiels, s'obstine à nous cacher ses secrets, il faut les lui arracher en faisant naître artificiellement les faits qu'elle nous dérobe, et en disposant d'avance les circonstances de leur production de la manière la plus conforme, à la manifestation de leurs propriétés. Tout le monde s'accorde à recon- naître qu'ici la méthode psychologique est d’une application toujours simple et aisée. Point d'appareils difficiles à imaginer, coûteux à construire , délicats à faire fonctionner. Le plus souvent, les forces qu'il s'agit de mettre en jeu sont en nous-mêmes, et nous en disposons à notre gré. Pour faire des expériences sur le raisonnement, sur la mémoire, sur la volonté, sur la souffrance , sur le plaisir, il suffit de produire en nous ces phénomènes ; et, d'ordinaire, pour les produire , il suffit de les vouloir. 496 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Maïs la liberté de l’expérimentation a, je le sais, ses limites. Pas plus que vous n'êtes autorisé à mettre le feu à ma maison pour voir si elle est incombustible, pas plus vous n'avez le droit de faire sur mon âme des expériences qui la tueront si elles réussissent. Je n’ai pas à cet égard plus de droit sur moi que vous- mêmes; car mon âme n’a pas été confiée à ma volonté comme une chose vile dont elle puisse abuser suivant ses caprices, mais comme un dépôt qu’elle doit respecter, et dont elle rendra un compte sévère. Exposer sa vertu à un péril certain pour satisfaire une passion ardente, cela est insensé ; mais cela aussi n’est que trop naturel : la vue du danger est inter- ceptée par la violence du désir. Mais s’y exposer froidement, de gaîté de cœur, et par pure curiosité psychologique, ce serait pousser jusqu'au plus inexcusable délire le fanatisme de la science. Quoi donc? faut-il que tout un mauvais côté de la nature humaine reste dans l’ombre parce que la science n’a point le droit de le mettre en lumière par des ex- périmentations directes ? Rassurons-nous, Messieurs. Si nous le voulons, nous ne connaîtrons que trop bien ce triste revers de médaille ; et les matériaux de ce chapitre de psychologie ne manqueront jamais à celui qui aura le courage de les recueillir. Long-temps avant l’âge où les cheveux blanchissent, qui donc n’a fait en lui-même l'épreuve de ce que c’est que le mal ? Où est parmi.nous l’homme qui ne connaisse que par ouï-dire la violence des passions, leurs ruses et leurs sophismes , les faiblesses et les révoltes de la volonté, l'instabilité des résolutions, les déchirements du remords? Si cette expérience ne suffit pas, jetez les MÉMOIRES. 497 yeux autour de vous, et vous y verrez le mal se développer avec une richesse et une variété à satisfaire les plus difficiles. Et enfin, s’il est vrai, comme je le crois, que les nations chrétiennes, même dans leurs plus mauvais jours, tombent moins bas et vont moins loin dans le crime que les peuples sur qui ne brille pas la lumière de l'Évangile , lisez les livres des historiens; parcourez les rues solitaires de Pompeï; abordez avec les navigateurs aux îles peuplées par ces hommes primitifs, ces hommes de la nature qui furent, il y a un siècle, les favoris de la philosophie ; et vous aurez amplement de quoi com- pléter vos observations, et vous consoler de ne pouvoir reproduire tout cela en vous-mêmes par des expériences personnelles dont votre conscience aurait horreur. 4 La quatrième difficulté offre l'apparence mena- cante d’une impossibilité absolue. Si tous les phéno- mènes de la vie de l’âme sont apercus par la cons- cience, ils ne peuvent pas tous être étudiés, pendant qu’ils s'accomplissent, avec cette réflexion et ce calme qui sont les conditions de la science. Les phé- nomènes passionnés Ôôtent entièrement à l’âme le pouvoir de réfléchir, et voilà toute une moitié de la vie humaine soustraite aux regards des psychologues. Je ne conteste pas le.fait qu'on nous oppose, et je crois qu'on peut l’étendre davantage encore. On peut ajouter que, dans les actes mêmes de la vie raisonnables, perception, jugement, raisonnement, méditation, l'attention de l'esprit s'applique moins à l'acte lui-même, pour en saisir psychologiquement les nuances, qu'à l’objet en vue duquel cet acte I. : 32 0498 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. _sagçomplit., Pendant-que::le géomètre poursuitr:ses déductions , -que,le physiologiste observe :les-phéno- Jaènes. organiques; que le. chrétien médite-:surun point;de religion,ou, de morale; ilest toutentier àärson -ÆUVres et. ilsemble impossible, .que:le ! moi ‘quicagit Alors ait derrière lui un, autre moi psychologne:; qui le, regarde par-dessus son: épaule pour étudierrde quelle façon.il s'y. prend. ; 'r 99 enor8ot 619118 fs Mais, le, psychologue aura, son: tour: Pendaïts que j'accomplis un acte, ce qui.m’occnpe :c'éstisurtoutson -sbjet,,sa. face objective, comme’on ditren Allemagne. «Un.peu. plus. tard,..et à -mesure |quérchacunerdes parties de . l'acte. (est accomplie, elle ‘entrer dans Île passé; «elle appartient, at: souvenir! Or lersouvenir porte surtout sur la face interne ‘et subjective: dw phé- momène: ‘de.conscience;: c'est-à-dire -sur:la ‘manière dont s’est accompli, «et sur cé qui sé passait dans J'âme-pendant, qu’elle !s’appliquait-à-son: ‘objet. Parrhi ces-phénomènes, les uns, appartenant à la vieraison- mable-etlibre, à l'activité réfléchie, laissent danslamé- -moireun,souvenirtrès-netet-très-distinet: liesrautres, -Se rapportant à la vie sensitive, à l’activitérinstinetive -et.passionnée; y laissent une trace d'autant plus pro- fonde qu'ils ont été plus violents ;:et qu'ils ont produit ‘en nous-une-émotion plus vive. Mais‘lenr réssouvénir -n'apoint; la même violence: et: Vesprit; -rentréven possession de lui-même , peut: les analyser, sinomavec indifférence, du moins avec une calme impartialité : :4« Jerenouvelle quand il me plaît la joie-que j'ai-tes- sentie: elle revient; mais quelquefois ce n'est plus elle- même : elle paraît sans me réjouir; je me souviens d’avoir été bien aise , et je ne le suis point actuellement \ | £ ù > AE CIC CMÉMOÏRESL0 11010 ‘499 “dansice souvenir: D'un autre côté ; jé Pénouvéllé ak Gienhes--douleurs; ‘elles’ sont présénites ; Car 0) lès raperçoisdistinctement telles-qu’ellés ont: &€ er Tètr rkemps : rienné m'échappe dé leur amertume et 48h Irivacité deïleurs/sentiments ‘mais ‘éllés n& sont Pre elles-mêmes elles ne ‘me rétiléht plus: ele is0ft cémoussées. Je-vois toute léur rigiiéur Sans là résséntir ; ou , si je la ressens, ce n’est qüé! par représentation, sefp câtte seprésenthtion d’une péine autréfois énidante nnest plusqu'un jeu) 1mitp 50 ,9)95 ay alquro098" sBancitiquièmeldificulté0 naît :de das aponésieh capparenteientrerle but de Ja psychologiël1 quitest! Ja “détermination dés lois générales de l'âne Aufiaïtel, rétesonprocédé fondamental; quiestl'étudé lde :ééèr -individuel:dout la conscience saisitilés manifestations. o#$ilbest vrai (et'ce commencement de répÜnseta deà été indiqué }- que là nature humaine na pasiété ‘distribuée/par fragments aux divers mdividusiqu'elie embrasser: elle est tout-entière:enrehacun d'euxloavéc Vensemble de ses caractères essentiels! Mais l'est vrai “aussi quel céscaractères2communs s6nt Voilés?! Mo difiési}-développés len mille manières! diverdes past 1és “influences du: déans 1èt du dehors que subit camite individurdans le cours de ga vieiq 219 tuo zip sbuot tinBerpreblèmelà résoudre est donc: cetiuer #0 Étant sdonnés des procédés d'observation touténdivituels:) repré oduireidans lu science lainature. humaine hvec sonne salitéi;"sans:y ajouter aucune nuance particulièrés;1S4ñs én -retranchen;\sans’ en dffaiblir'iaucun caractère général Si -Péuqu'on s'écarte de cel programme: on ces$e de fäire enSIVybe So si HoL ont ause distsq,9lls : smôm ds De dé Bed ve pattes 0914 019 tov b 500 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. de Ja psychologie ;:.on éerit.ses mémoires, ou lien l'on, dessine, des; saractères, comme -La Bruyère: ef Thépphra fie. Au «ben;,de;: me mettre -enrprésencer ‘de l'humanité, on.mer montre: (des individuscet; :1Sans avpÎT, a prétention :1d'épuiser, toutes r1lesrivariétés possibles le la nature humaine; om me promène travers une.galerie. le.portraits dont,chacunoporter lé: costume de son siècle et..de.son paysi-De tellessfieine tures,, outre. leur, valeur artistiques! toffrent21de précieux documents à. l'histoire sr etj;risi wonsille voulez; dutiles, matériaux 1à 14 :psyohologie ;mais elles n'ont, évidemment, par.ellesimêmes mulle valeur scientifique ; dépourvues. qu'elles:sont,dencettesgénés ralité qui est:le- caractère essentielde lascienc@l ar02 Je reconnais, Messieurs qu'il yradèüuneidificutté considérable. et.quil est malaisé-dersretrouver,zlés traits essentiels .de.l'humanité; sous la diversité des: physionomies individuelles. JLgracpeu devrais psyehos logues,:tandis.quil;3 ahbeaucoups de:moralistest; c'est-à-dire diobservateurs délicats, des-mœurs.etades] passions: d'une; époque; etaussi! beaucoup, d'écrivains: qui lèguent à la postérité une image fidèle, dacteun personnalité. autant, plus-fidèle)qu'ilsetmahissent plus souvent. leurs efforts pour lembellir.1C'estigél le monde n'est guère composé que de deux sortes d'esprits également, incapables d'axriverà ilayplèine vérité psychologique :.ceux qui ne-rentrentjamaisrn eux-mêmes, etçeux quin’en sortent jamaisseyov 9 . Pariles.premiers je ne désigne point seulemento-ces esprits, grossiers, qui; ;#épandus et enfermésdans] ke vie des sens, sont étrangers chez eux et pan, GpRr séquent étrangers partout;, et qui ne comprenant Hot AOAAT AG MAMQORREN 10 UO 501 delà vie hümafiéqueé-ce 'qu'êlle a de plus bas let de Plusvisible, fsès intérêts et°$es plaisirs, sémbléntne pbisosouypritre? Gil ÿ'ait Auldélà Une VIE MOTAIÉ etiän monde/d'idées sntéeibes Je'parte aug ds tés ebprits britlanté ét fing®-mais légers et" Sipéidén, F quiqévivement frappés déteé qu'y À d'indivitdel dâns'lescaractätel et) les ‘aeti és” Ale leurs sembIABIéS, excellentlà SAisie hé fftances fugitives qui te HE? tinguentiet les/petits téontriétes d’Où naissent EU ridieutes. Mais$® ne‘S'étant Jañnais récueñls En°EuxE hièmies Sitayatt(jäimäis Éhéréhé pat la méditation ARE rendre compté des ÿhénometies qui!s “üttomptissent on euxi2etlrétrouver les causes réelles et “constantes sous lésrcauses ‘#Apparéntés et) passagère ne (HE säventiihidémêlery à travers cette infinié”Varbté d'éxpressionsietd'attitudés qui paëse’ Chatqité” stat sous Jeurs yeux, Panité periianente de la phfsioZ nothiéhwmäine, niramener à leurs sources profütides, J etsuivre fusquetidans ‘léurs conséquences" Abintairré lesbgrands évènements ide 141416 /motale, "ni détér_ rmiheriles Mois générales qui président DL dévelop pement etléaû jeurdé aios facultés ‘ii tire ae es découvertes scientifiques "dés conclusions applicabTes# l'éducation del'hômmectet aû0 Louverdemient dé stété.xuob ob -6r1p deogqnmion ordre dem obrom sl onÉtésprit éméditati® et léoncefitré apres. en Mu même manque aussi /Lebut, fais (He AE Ab ON ? Ne voyantirienidééequ? 8e fait) h'éntendant riéfr develquiisé dit iautourdeitur 11 taillé T'hatanitéshr sa propre“mésuré, lou trop pétité 6” Op gratte? totijours fatisse. hé dit page Je duig rénale ou iLd Te suis V'Huntanité 0 16tités "1 idées quete 509° CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. n'di Pas Sont ifäeéessibles à l'esprit humain :Itous/les señtimeñits quite font pas battre mon Cœur sont chitériques.-»1L60bliE qu'il West pas seul at mofñdez’ que l4 Inmièré dirécte déla consciencé’a besoin d'etre! complété) par la Jumiière réfléthiel que Ini ‘renvoie: l'ébséträtién) appliquée ‘Aux actiôns”dés) aittes hôtes: qüe céllesciolui eût enseigné à chérchéeen litiz-mêmé telle "idée | tel sentiment dont il nersoupu:l cofhiait Ipâs "l'existence ;-1et -quéyoen- dirigeant “Séns œillintérieur dé ce côté jusqu'alors inexplorélo by elit péutiétre apéreu bien dés germesrsalutairés fou” fünestés| qué, pourse: ni ‘chez lui ,natténdent: que PÉGéaSidi? du la .céltugé! 197 2109! 9h 3 28h emwel Qué fera donc! TO mp Hpsychologue®?] Avafitl tout{0il wéflééhira j'it ‘$e (regardera Tsentinro) et°penger set vouloir il sé! familigriseraiaver sai vie) ifitérieuvéi” it -#ppliquera l'analyse ‘auxs phénomènes) complexes qui s'y rencüntrent ; il commencera; 1entam: mot opär se aire üne psychologie] personnelles ‘hetest- le‘féndement nécessaire et la ”partie-ld plus considés: rable lé ”sôni travail! Mais les contiaissäncesqu'ibent tiréra/éffrent | si l’on véut' s’en servir pour constrüire là 0kcréice gétiérüle de l'âme haraine ; squelque chose ‘d’incomplet, let quelque" chôke de: lsuperfhuit cr d'iniéoriplet ! parce qu'il ’aura pu négligér des phéno=| mêmes importants qui par suite de icertaines)civéons-c _tâtées 1Sdront”restés-chez ui! dans :unés ombre; Lo: léur eRigténice né se laisse point Isoupeunner; dessu: perflu, parce que, constatant avec un égal serupulercé! d'il dans'sà vie? appartient lau: moilindividuel it ice quise rapporte à l’homméten général, n'ayant même entürenul moyen/de faire la part dé l’un et de lautre, : MÉMOIRES. : | 1F)= 2Hÿ)/0 503. ilsort,, de rssdréa dé disposé: à--ériger: en. doi dela; nature, humaine, ce iqui n'est; ‘peut-être qu'une sis. gularité, de. son, organisation personnelle. omment. done éliminer çe,qui-surabonde ,:et suppléer, ce |qni, manquer? Ce n’est. pas rassez, de-rouler par le:monde,. comme Ulysse: ouw-comme Descartes, d'assister.en | observateur, silencieux, au ‘spectacles de, l'activité; humaine; se développant sur desthéâtresdifférents, de noter e-que les hommes laissent voir d'eux-mêmes, etrdé chercher par.des réflexions pénétrantes à.deviner,, cequ'ils.eachent..Si,on-n'entre;pas dans leur; vie, js. onmmkedesdinterroge passsion,ne-va pas au-fond.de leurs idées et de leurs sentiments , si, lon m'apprend, pas: denxice qu'ils ,savent.de lâme humaine pour(le comparer à Cequ'on en sait soi-même ;;en;um mot.si on ne pratique pas; art. socratique, d'aider..les, esprits àrenfanter Jeursrpensées, c'est-à-dire; des; produire-audehors, il est-fort, à.-craindre -qu'on.ne, voie d’eux)quetapparence;et qu’on n° aboutisse soit. à, uné psychologie. superficielle silonprend.ces appa= rencés pour des: réalités; soit, à; une he A systématique:si; quittant lavie extérieure.et sociale, oùlon;ne yoitque des ombres, -on,se;retourue.tout, entier vers-la vieintérieure, où ;-du moins, onatteint, le-fobd:; des choses: Et la-science, ainsi. faite offrira, à-zcôtéi d'observations ;itrès-profondes. fruit; d'une. méditation attentive, de:grandes lacunes et Létranges: erreur$, auxquelles nn Sorties di l'aurontrinévitablement condamnées ::, 5164 nA19q oJ'ai prononcéilèe nom de:Socrate ; c'est ques do, avis,;ccérgrand homme-a donné;tout à la, fois, daprar, tique’et/lalthéorie dé la wraie-méthode. psychologique... DT CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Vin rénééiissaito "et ses: diseonrs protivert 48e qu'il Seat prié. Sériètis l NE LUE En “Ah témplé dé Détphes” puis, enHiéhi du frifit AP Ses HA EE HO D Bd Aa NE ET jo, “CHEF Ant l'partét! EH des entretiens dont Tarn BH ABEUR le principai (jet 4 "Corpiéter pat” 188 URErFAtioS de ses interlocuteurs ses observations personnelles. A la vérité, d'ordinaire il enitirait peu de profit; mais il _. dissipé bien des Po il avait porté la SN . ax Fonte l'ardeur des PAR PSY giques: olog HO) 90 IP sur ut avait légué à aux psycholo ues ii tous. jes à siècl es u un exemple dont i ils ont trop pel pro fité,. Oui, HE si Ja réflexion silencieuse est le procédé fondamental Fe de, RES, de Thomme, le dialogue, “en retien c les esprits, | préocc upés comme nous. de, ces s nobles oHproo S t] éri fe HOQ je: ET Lnensahle : udes. en. es e,complémien presque . indispensable 19 STO LT tro Von pouvait, si Ton ot lait, 220. Ye trant , 51 ob laisser. Ja porte je partis. pris les SUSCEp! ptibilités Or SE d'amour-propre ; d'esprit d de contention et t de “dispute, Ne Tue au, véritable edprit. de dis seu ssion, 0. en st sopire rait -afermi dans les c opinions qui auraient résisté stB à l'épreuve, délivré des “préjugés et ‘des e reurs dont (3020 0 UD débat contradictoire aurait ? amené a con amna- ‘1 tion. définitive, enrichi surtout d'une «foute d'ape ereus nouveaux et de perspectives étendues qui 1 ent où} PLUS te tard aux méditations solitaires un, “utile al aliment à cet une, d ‘direction féconde. Que s’il est rare, surtont en hi ces. t6mps de division et de orcellement intellectuel de trouver trois hommés qui veuillent sé réunir pour s'entretenir de leur âme avec un égal amour de la vérité et une égale abnéèation d'etxnêres} nous Drin ao MÉMOIRES 219100 | 0805 rpoubli icrons pas tAMeSSIeuTE ces VE TRCARERSS que odemméetsfontreviyae La ecture.de leursKyses sera 5 J -HPOUT:NOUS( Comme URECONVE ersation, ayec, les plus ishannêtes gens des siècles. passés; et même une, con .rversation étudiée en laquelle. ils ne.nous découyrent quels, meilleures, de leurs, pensées (1) Pas : SPA esllsnmroersq enotevieado 28e aruoiuoolstmi 292 {r'etsor Stftorq 9 woq fisrièpgo Ît sriémibto'b',8iirèv &[”"8Toq np à a 29h nsid ôqiæib disvs TOIE Ce" $ à NS v£ Li :200718 29% Fais ent” peu ETUI de m tho le su si au 20h A olEU Rue 991 29D 71 192 : u Hi X Ÿ de ne cond uisal ure. 28 ol gue si lodoyeir xs Sea BTE Sie pis Je pe qu est frrO 9 e [ { ‘au RULE - do comp ter avec dune de Qui HET à Sb9901 ol NL 92r9f9molte HAE D ôT oëL Ïé inter v ses travau en : nt dèns u que ai gt fra APYTATQ ab RPReICE P? roître Vachvité, Lé fantot pour en fau Léa dore Se ES 9p Ce LS nT0) PT) ENT 291 99V8 rec C'est pour e 1 omme une 10 dgiaue (121 Di le PR _ (oû1S Pedtos 91 %e9 ro 29 RS ctue au ssi i üne log gique STE art d [T9 a td Res Le raison Dos intollplet et à Le : LÉ fou ny + ajoute Tax, us’ Hbérièux encore | de He # One roi & ie. Ce n'est p: TVOD de fr9 FA f2eraerb ,9 910 Ci [sftqn nous ‘avoir donné les” ie ns de éomire on faut à) 29% JUSISAUS TIFD Fspirer 9 28) ï ncoreé nous en i ins dés SIT, et ae maitre en HO) STHOTIS 29h F9 ES fe dr {VI190 ne ce our sine da to Le, sde 18 Vérité : O9 8 8 FISTUS 9710 iedob qui LE çonfon avec l'am oùr. rte jen, et qui est IR) ne ) aff FI s u ne ap ptit dc"dE Fest rit qu'u ae EE ARE de ets on o) 29{Df 29 “P 219 PU 8 ff à egtu une vertu qe Volo nié. q IS9VLC U [ À à @lOK 8 j Sel t cette alliance dé ja° morale: ét’ 14 fédique ex est. nulle pat plus | a U plilo- PE r parce quel Ja conquête de la vétté philoso- 5 ‘ [rOÙ \ryp 2Émrorod 2107) 19VWOÏ 95 ? ! sb rnonre Tes er 09vs"orm8 1091 9h! rototirre'e (1) DESCARTES, pa de, 7 réthode at 38 SFA 506: CONGRÈS SCIENTIRIQUE DE FRANCE. phiquesest emtravée par des obstacles moraux qui dans Jes autres sciencés, ou n'existent paszlouine sel rencontrent qu'à un degré beaucoup. moins formi#- dàble::Nous me nous écarterons donc nullement de | l’objet spécial de ce mémoire en nous appliquant à-combattréees: causes d'erreurs: Elles sont;, à-môûn sensysle grand: obstacle aux progrès della! psy-#2 chôlogie et, :$i cette noble science, après deux/milles ans{de: rechérches/ln'xlpoint ‘réalisé toutes o1esL espérances: que faisaiént. concevoir1l'éclat del sess débutsvet le génie de ceux ‘qui l'ont cultivée, t'est 0 surtowt à elles qu'il faut attribuer ce-tristé résaltat!4 d'y adà, Messieurs, un fait! considérable, ‘étoiles sévère enseignement qu'il nous donnéne-doit/poititil êtrèpérdu-pôur mobgeron où soaxorod'[ 9h s9met9sz gl IDèS11é)0 terhps de ‘Socrate l'esprit humainp er motitre iHééez ‘réfléchis “aiéez 'nûr, °rhaliré ra jeuiresse? potir se (préndre”Tuimémes cote ‘objet d'étudé11#/péychologie” ést fondés: 80n lobjets est cirébna@t à 867 Hit : Clañrérient" apéreus sa réthodes ef partie éonnitie ét-pratiquéél et cé prernièr) forts atiquél:sé fdttachent les sratids nos de Socräte, dé Prétôh Et} (d'Aristoté} met? A5 raison ent [possession de plusieurs vera pronés liqip1 héndetret plus périt. I W°1h méme époques la scienée de Ta naturé-ést fort0 en l'arrière) Tmparfaitément!: définie :dAnsh sûm: MR rh al sa rméthodé jet a “pratiqués entoré ! plus mal © Les Sobsurvateurs-lirh paltients!i s'ébarènt!lént hits. »Iqüil demeurent 1istériles | pété “on ne iprénil0pas la peine de-les vérifier! l'étpériméntation: ést nulle ou ‘insuflisante: ur n'alphs “éhicoré asservi la mature) et me sait Ipas TOMATE eu MÉMOIRES TO 21: 5OTic employer: les: Eire uen à sa arr pau luiz «arrachersdles secrets 1qu'ellernoussdérobel, ent sortérque;xmalgrécplusi d'un: pressentiment :efoplus"i d'ain Fahatisnennelin mestrencore scientifiqiemént D démanitéege -euor- nel. srlomiènre 99 -6b-Lsis8q2 taido'l Mais à peine Jai Riragéels nature a-t-elle cohquis sa-yméthode) toutrchanges: chaque siècle; chaque aptiéery:mârqte; unsprogrès ;isoit:par :la découvertes d'uñe loïqui sajoute dans/les-archives) dellar science : auæ lois déjà (reconnues; soit: «pat lPinventionrde: quelqueshouveau procédé :qui rendra4’observatio plusiféconde; c'est une;ascension:pérsévérante: quisrè > chaque , pas;rmet l'humanité -en:; ca d'un boxizeniplss. étendibh evo {up tes 219) 91 VÈE La science de res ne nous offre pren rien quisnessemble àda continuité de,ce.développement progressif! Elle tourne.dans unj-cercle :spour selles comme «pourlas dittérature. des; périodes desdéçar:; denceiet d'obscurcissement succèdent, à,des; périodes |, deprogrès et-de lumière. Après-Platonrvient Épicure.:. aprèstDescartes, Condillac; le retour anx-erteursdes. plus viotoriensement-réfutées, Loublijou;la négation : des véritésles-mieux-établies, semblent:toujonrs R98+4 sibles, et.c'est un travail-à recommencer-sans esse 01) 1Est-cerà.dire «Messieurs quelapsychologieisoit une, taite, der Pénélope, et: qu'il y-ait.périodiquementpour: elle pprès un jour où Pouvrage-avançe, ang[nuit;ghi ilrecüle? Est-ce à,dire queda vérité philosophique, ax; lienii-d'être/reomme;, elle ,le :prétend, quelquechose. d'ab$oly neisoit queliexpression-solennelle des goûts ebdesipréférences d'une époque; comme da. poésie en | est:l'expression:; plus légère”? ;Les.sceptiques lens, 508 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. tendent. ainsi..Pour.nous,; qui [venons d’établirrque les, faits, psychologiques sont aussi constants -eti aussi) positifs queles «phénomènes :décrits-par-le: physicien ou,denaturaliste, nous. n'acceptons pas cette explica+ ee rageante.et frivole. Mais nous disons; que: es0p je avoir dlécouvertles procédés) qui-con- dE a praur ce n'est-rien:isi :l'on:mao-pas-1lel RARE feed employer avec-un effort. qui anérite;le, nom de vertu. Nous disons que, les dificultésintellec- tuelles étant surmontées; les difficultés moralesrestént encore }.yainere. Nous disons, qne ; quandune raison éclairée estau service d’ une volonté droite; la, lumière: complète,se.fait dans l'âme, jet la-science;marche ten. avantz mais: que, sileocœur,rau dieu de:sermaidir, contre l'obstacle moral;.se laisse effrayer:ouséduire la.nuit, se. fait, efnla science, s'égare -ou-recule. Nous disons ,. : POUF, venir, ail, détail; qu'on, ne/|;connaîtra: jamais la,nature humaine tant; qu'on aborderaricette étude, sous l'empire, de l'orgueil , qui donne naissance, au. préjugé æationaliste, ;ou-amec :cetter faiblesse: de cœux, qui produit le, préjngé)-sensualiste,IG'est à les: signaler et àles guérir Sfr consacrerai lés dernières: pages de C£éravaiho; sito ob arvoisiooga ael ,2110v _ edf Rd a Mec ds ieresenpIes b d@ideirtérrible, puissance :qu 'agqnièrent, lesopréjugés -lorsqué , indé pendamment. des, causes extérieures ;qui leur ioont donné agissmee.ils trouvent dans notre cœuroquelqué sentiment quiconspire:avec eux: oôutedons des alle 19: : de diseute-avec un-rationaliste, les-hautes questions qipypensstousidesoesprits sérieux; contiennent ‘em, germe. tont l'avenir de la-philosophie et, deilareligiant parmi nous, Je;posesureles rapports.dela foiætade:lla TOUATT 10 MÉMORESI0 244000 #00 raison | Er la -nbérdination nécéssaire dé la! Faion Heaitie A1 raisoe ci vire, deg priadipeg évidents come la lumièrezire cite vestfaits de Con$éienée din Tertulien appelaitresinonra anime natéra ler hf Esténbe Jeriteceiquil sb de Bras En ne depuis Sporaté20 tt je[1es mônitre S'Actordane pré aue tohsätreconnaître Pinsnfistnce d8 laifaison’ et 4614 voloité de iVhoïhine HFre à Tes propres Forcesl ie calloéamaitesontienene il AE Par Le Fait uiniersebdeanprière) par des fateses RENE TOR éme! pansiia véritabté? qu'il sé Sent i6mplèt tant "wi? Westpab Entré eh rélAtione pérbonneltés 44 de 14 HI" nité.-Moninteslétitent ét uH'Hontié un esprit eve” etipénétrant) d'ühektienée solde ASE besdih dé 4e quilrestsinebre net he" voudrait pour Ten 4û none 1fiéf Ven paroles cé ie Ba PRO Aime Su °delthis?! EHbien0 l'entend riéfide céfquefé hi Af :: 4LKE vdiborierp Eté ul jé sabre) Cetfünihéassl tinguéisérudito loyal, Sepible métrique R6pn9te2 dWuiedorant) où Miesprit dttéhit dé quélque 14cu5 rablé paralysie intéliéctagne" Te vous) étuiié? dan? n'esticrien dé tonte? ét dû iT bien thai À propésie vous, les spectateurs de cette joûté étrange) 88 vôdsrirriteries delcette°intinciblé® 6pposition0 À es vérités, àdesfaits-quilvous paraissent” dléire éd à moi : Celn’ést pastüin esprit iéntéur?lc'est 4er rtl dominébet avenglé: Las/force’ tie Tuilisert deairen 9060 ici elle est enchaînée 784 érétration habituelle ur devientinutiles car un ivoile épais. Séténdi étre Ai etoldivérité. Entré déns Hiploséphié par 1ATpaté? durationalishé, ya trouvé) pour l'üréhétlon tree à:la raison humaine tune pâtüre qui? là-s6n HSE 1310 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. len°a dOWbIE 14 red! Gtablé énérie. Dés 10, {où 'ce “Qué votis' pourrez dire est ruiné ‘d'avance: par “cette IiAéépréontie que fa philosophie ñ 'esfrrien | si el e ét pas souveraine!" que toute religion ét ‘vrimaine: Que le chiistianieme, Has dé la raison de TROfE ne mérite qu'à & ce “titre Îles réspeëts Sincères dont ôn l'entoure fans subir : son éuL2? ie’ Dieu” n’a pas “parlé, ñe “parlera l'pasr. ne peut pas parler aux hommes Bout” les pu ot que d'ailleurs ééux-er n'ont besoin! ‘pour être inst te d'icinatitre maître que”dé AUOT +40 n, pour. Etre -Sotiténtis, d'aucune Autre forcd/que de” nt ne A DoIPéut ééT#, PNressieurs ‘ést pro us ment Un Rae eéuniab AE 148 EU HR EEh KO es É “een pouvos SHppuyée nt sur ra nce où detiprébabitité ni sur l'autorité qui les recoi nn : “AT qûoïi donc tient la 101 r0busté ‘qu'il nous 1S NSP Pétit- Are AN la tongue natitaie ae ne j Jus r. Hoi qe de-cétte manière , et dé ne “parler q üé cé lan Tage Hfiais sb ptOUt 2 rEByEP) CN CE nos 4e a syfipathties “por toute bctrine Au qui # “Hatte 0 nos . Dons wrraepedanee ob, Insmabaqout JFenR op -qu'il'est ; ‘ét tloublément es dangte cœur états Pésprit 11 Kemble que 16 préjugé ra \Hénatist Ste soit invincible, et qu'on ne RU HÉHUEAE rene tie osba TER sans tien dané un É8Nte vicieux. Hnéeëdéra qu'À dés faits PVO RE AS HER Pour donner ut éclatant démenti À RE ÿ en St I#kouree. La’ corruption naturelle dne pa é'de ndépehénätits )Teslacunes dénotié raison 1e défaite äncésl dé nôtre Volonté! "ce sont à dettémotgHhgés “ikquels orné résistéra pas Si on a lé’ doifrlBe de fe 1 ri MÉMOIRES. {10700 O4 entendre. Mais ces faits eux-mêmes, si is, Si consid lérables soient-ils, ne sont pas. Yisibles, à dies- LT égaré par le mirage de l'orgueil , Ole comme, dit Bacon, à l'œil humecté. par, les Passions... Leur étude achèvera. sa Suérison, mais ne 2 commencera-pas; Car elle la s suppose déjà commencée. 3b' mosiet el 36 de faut donc reprendre les, choses, de, Pluschant pot de premier pas à faire, c'est de. reconnaître, come réel le fait même, du préjngé rationaliste. Remarque, Messieurs, que cela ne vous engage _à,rien..Ceique j 'appe pelle préjugé, Vous avez le droit de l’appelen incli- nation ] gitime et Sauvegarde, de Ja, dignité bumaine: en sorte que vous pouvez, sans céder. encore un; pouce det lérrai 1, écouter, d un «esprit impartial.et. tranquille, le € Ha au D une fl . RESTE EU 9JÏT9V LU QI8 ze a ? un as trop vrai ass 208L TISY, el IC [I9QX9 297 [8 D ) & JAIETUI oŒ ce te effervescence S ‘allanguit, ces illusions se dissipent ; le sentiment de la réalité up Pan em le dessus ; l'âme, repliant ses ailes, iHepepce déal, et rentre does ce quo on appelle la, vie DST] LEO D Ego he rt H99 aUOT ve, Ces à-dir ans la vie des intérêts et des BEN) £L,8 So VIe de 80LpPLIGO 20THTQ e9br48 ce lie £ EL frs 3 l'de cette? doutou 1 ri g k TOI fr FO UOD reu e. et, quoi lienne expérien ence ? ste econ dy scepticisme. et de Te FOIE ? “Pru ISIQUrS Fénténdént MUST 2WOWOÏ 299Tk) 259: Smrnra) 135 erro fl se T k 1 r, is. .$e rés (ent à je ee qe pb aire eu DURE Mas! ce ee D PES An 8 ff 5 818 M 292019 ec explit: ICO plus À nn Condé ©3118 a Fa ile “ar Eh ÿ9 The à ex Qu RyElT pos ousol: ous net trouvons Gi voor 9 9vH0 TO ste on Yons Ron si { sb ane a vertu d A CBHPiTe MO) ! > JIDUU edo' ROUS aütérisent poil” DOUL cela à MAP fa : Q LE TUE de 1e | 8e no TC: PRO je & alt ns —irrd 29 RIT 9? GTO) goi LE & ne d Jaob 2 bi oncéntrer en OÙSe Mer ot à nsonimer one DT S 119 etD Rd ne 08 A ro F7 o } eo a) 29iœgE 5) IT: ut : 1 a É B Es RER ni 3S Ft gen Es so 544 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. double suicide de notre esprit et de notre cœur; ils nous invitent, au contraire, à chercher au-dessus de nous ce que nous ne trouvons point en nous. L’humanité, Messieurs , l’a toujours entendu ainsi ; toujours, dans les obscurcissements de la raison et dans les affaiblissements de la volonté, elle à demandé à Dieu la lumière et la force. Et ici, comme nous l'avons déjà dit, le témoignage des religions fausses vaut celui de la religion véritable; car elles constatent, quoique sans les satisfaire, le besoin et l’espérance du genre humain. Second fait : L'esprit humain n’a point, grâce à Dieu, cédé à la tentation du scepticisme, Il-s'est mis courageusement à la recherche de la vérité; et de là sont nés les systèmes philosophiques. Or je. vous , demande si, parmi tous ceux. qui-se sont épanouis en, dehors de l'influence chrétienne (les. seuls évidemment dont la raison puisse réclamer tout l'honneur }), il y en a un, seul qui vous. satisfasse., et vous apporte, sur les questions qu’il prétend. résoudre, tout ce qu’il vous faut de lumière et de vérité. Est-ce celui de Platon avec la préexistence des âmes et l'éternité de la matière? ou celui d’Aristote, oscillant lui aussi , à sa manière , entre le dualisme et le panthéisme? ou celui des stoïciens , fondé sur la divinité de la nature, et aboutissant à l'apothéose du sage? Est-ce le hasard d'Épicure? Est-ce l'émanation des Alexandrins? Est-ce le panthéisme savant de Spinosa? Est-ce le sensualisme de Condillac? Que si tous ces grands esprits se sont égarés, non sur des détails, mais sur MÉMOIRES. À 545 des points très-essentiels et en des matières où l'erreur est d’une extrême conséquence, s’il n’en est aucun dont la doctrine, prise dans son ensemble, vous paraisse acceptable, espérez-vous faire mieux an sans avoir dés secours qui leur ont manqué, pouvez-vous, sans une extrême présomption, vous flatter de réussir là où ils ont échoué ? Là Troisième fait : Je vais plus loin, et je prends pour juges de Ia valeur des systèmes ceux mêmes qui les ont inventés. Parmi les philosophes antérieurs au christianisme, ou parmi ceux qui, venus après lui, ont fermé les yeux à sa lumière, en trouvez-vous beaucoup qui soient parfaitement tranquilles et satisfaits dans la possession: de leur doctrine? En présence des plus hautes questions, les plus grands, Platon à leur tête, avouent qu'elles resteront toujours enve- loppées’ d'incertitude si quelque dieu ne la vient dissiper. Les plus sincères , comme Maïne de Biran ou le regrettable Jouffroy , tantôt laissent déborder de leur cœur un découragement amer, tantôt, à mesure que leur esprit s'élève et que les ombres de leur vie s’allongent, apercoivent et avouent plus distinctement l'insuffisance des doctrines purement humaines, et la nécessité de leur chercher une base et un cn oéient dans une doctrine religieuse. Quatrième fait : On ne connaît pas assez l'immense supériorité de la philosophie chrétienne sur toutes celles qui l’ont de- vancée ou s’en sont séparées. Mais quiconque à étudié 546 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. sa naissance, etl’a suivie dans les trois grandes phases de son glorieux développement, au temps des Pères, au moyen âge, au xvi]‘ siècle, quiconque, en un mot, sait ce qu'elle est, sait aussi ce qu’elle vaut. Elle ne tourne pas dans un cercle; elle va devant elle, elle monte, elle arrive au but, elle s'épanouit, se complète et se corrige. Elle ne fait pas la guerre au sens commun ; elle n’aboutit pas tantôt à un sensua- lisme dégradant, tantôt à un idéalisme insensé. Elle est hardie à poser les problèmes, parce qu'elle se sent sur un terrain solide ; elle est prudente à les résoudre, parce qu’elle ne veut pas mêler d’hypothèses fragiles aux vérités qui sont les pierres de son édifice. Pouvez-vous, Messieurs, en dire autant des philo- sophies séparées. Et, s’il fallait comparer non pas les hommes aux hommes, mais les doctrines aux doc- trines entre Platon, Aristote, Locke, Spinosa, Hégel d'une part, et saint Augustin, saint Thomas, Bossuet, Fénelon d’autre part , l’hésitation serait-elle permise ? Cinquième fait : Si des doctrines vous passez aux actes, vous serez frappés d’un phénomène tout semblable. Si nous parvenons à corriger cette illusion d'optique qui place les belles actions de l’antiquité profane dans un horizon idéal, où leur valeur réelle s'amplifie outre mesure, la supériorité de la vertu chrétienne, c'est-à-dire de la sainteté, sur la vertu philosophique et païenne , est un fait éclatant et décisif. Je veux bien ici ne point m'occuper des devoirs enseignés, mais seulement des devoirs pratiqués; et je veux bien MÉMOIRES. 5417 aussi ne point opposer le petit nombre des héros et des sages de l'antiquité à la prodigieuse multitude des héros et des sages du christianisme. De part et d'autre, prenez les meilleurs : chez les païens, Socrate, Zénon, Épictète, Marc-Aurèle, tous les grands hommes de Plutarque; chez nous, tous les saints. Cherchez de quel côté sont les types, non les plus éclatants, mais les plus vrais et les plus purs de la perfection morale; de quel côté est la vertu complète, égale dans la vie privée à ce qu'elle est dans la vie publique, aussi sévère pour les désirs du cœur que pour les actions du dehors: la vertu constante, qui ne se contente pas de quelques heures d'héroïsme, mais étend son empire sur tous les instants et sur tous les actes de la vie humaine; la vertu progressive, qui, plaçant son terme et son modèle dans un idéal absolument parfait, ne s’en croit jamais assez rapprochée pour avoir le droit de demeurer immobile. Cela fait, et quand cette comparaison, sincèrement poursuivie, vous aura conduits à l'inévitable conclusion que j'annonce, cherchez la raison de ce remarquable phénomène, véritablement unique dans l’histoire du monde. J’ose affirmer que votre rationalisme y perdra quelque chose de sa confiance en lui-même ; et ce sera autant de gagné pour l’impartialité de vos études psychologiques. Je ne vous en demande pas encore davantage ; et j'ai voulu seulement établir qu'il y a contre le préjugé rationaliste d'assez fortes présomptions pour qu'on se défie provisoirement des conseils qu'il donne, et pour qu’on se tienne du moins en suspens et en équilibre , prêt à écouter d’une oreille également attentive ce \ 518 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. que la raison et la volonté nous apprendront de leur pouvoir, et ce que peut-être elles nous révèleront aussi de leur insuffisance. 1 1 hA Il faut chercher plus bas la source de l’autre obstacle , que j'ai appelé le préjugé sensualiste. Entre les conclusions de la vraie psychologie et toute une moitié de nos instincts il y a une opposition absolue. Accepter ces conclusions c’est {si l’on est conséquent ) commencer contre de séduisants ennemis une guerre qui durera toute la vie. Au contraire, suivre la pente de ces inclinations naturelles, c’est presque infailli- blement donner des gages à toute psychologie qui les légitimera en enseignant que toute la destinée de l’homme consiste à les satisfaire. Je serai, Messieurs, plus à l’aise pour combattre cet obstacle si j'oublie que je parle devant des esprits auprès desquels j'aurais plutôt à m'instruire qu’à instruire, et si vous me permettez de reprendre pour un instant l'ancien et cher métier qui m'a laissé des souvenirs si pleins de charme et de regret, le métier de professeur de philosophie dans un de nos lycées. Je supposerai donc que je ne m'adresse qu'à desjeunes gens , et que , reconnaissant en quelqu'un d’eux (ce qui n’est pas difficile) le préjugé sensualiste , c'est-à-dire une répugnance instinctive à accepter comme réels tous ceux des faits de Conéciencé qui appartiennent à la vie supérieure dé la räison et à MÉMOIRES. | 549 la vie désintéressée du cœur, j’entreprenne de l’en guérir, ce qui est beaucoup plus malaisé. Et voici à peu près de quelle façon je-tenterai l'accès de son âme : Vous ne trouvez en vous-même, lui dirai-je, ni l'idée de Dieu ni l’idée du devoir. Je crois à votre sincérité ; mais tout d’abord reconnaissez vous-même ce que cette situation solitaire a d’inquiétant pour ceux ,qui l’acceptent. Voici deux camps : dans lun, il n'y a que, vous; dans l'autre; il y à l'humanité tout entière, ayant à. sa, fête ceux qui lui font le plus d'honneur, par. las science, et par..la vertu. Ne vous arrive-t-il Pas de vous. effrayer, de cet isolement, de soupçonner que. ce Chemin dont, la: foule, des He de cœur. s'éloigne. avec, dégoût pourrait bien être un chemin funeste, de yous demander enfin. : > £ = be Li 19 9faC DAV SIOT 4 194$ Au A] CC à «Quel pacte, de; ces biens yaus, a-déshérité?.» . : tisane 69 Sréle LION 9 Car, de dire que humanité se trompe. pi elle a rêvé Dieu, le, Aésintére essement., la liberté; le-devoir, ce n’est pas un, raisonnement, c'est, un. délire; vous pouvez l'affirmer, .des, lèvres , je vous défie 4de le croire au fond du cœur, Donc, ou bien,vous:confesserez que vous êtes une intelligence incomplète, , un cœur sans chaleur etsans vie, auquel, manquent le Sens; du divin et le sens du bien, comme à un aveugle -le sens des couleurs; ou vous Phares que.ce vide de votre pensée tient à des, causes accidentelles dont vous pouvez et devez. combattre l'influence. Mais vous, n’ayez pas le droit de calomnier votre intelligence et votre cœur... Ces richesses morales que l’humanité possède, vous 520 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. les avez possédées vous-même, il doit vous en sou- venir; et, si vous les avez perdues, je veux vous donner un infaillible moyen de les reconquérir. Il porte un nom sévère, dont s’effraiera votre faiblesse ; et pourtant le retour aux vérités perdues est à ce prix. En même temps son emploi, quand on y per- sévère, n’est pas sans douceur. À la différence de la coupe dont parle le poète : « AIT egro fanciul porgiamo aspersi Di soave liquor gli orli del vaso », l’amertume est à la surface, et la suavité au fond. — Ce moyen, c’est la vertu. Vous n'avez plus l’idée de Dieu, dites-vous? Je ne m'en étonne pas : vous l’avez bannie de votre vie et de votre conscience; vous l'avez reléguée, comme un souvenir d'enfant, parmi les vieilles superstitions et les contes de nourrice. — Vous n’avez plus l’idée du devoir? Je le crois bien : le devoir est rayé de la liste des principes qui inspirent vos actes. — Vous ne croyez pas au libre arbitre, aux affections et aux. dévoûments qui s’oublient? Comment n’en serait-il pas ainsi? L’habitude de ne point lutter, d'agir par passion et non par raison, a diminué en vous la liberté, et vous a fait perdre le sentiment ; l'habitude de n’agir que pour vous, de vous chercher vous- même jusque dans vos meilleures actions, vous fait oublier qu'il y a des émotions généreuses et des sentiments désintéressés. — Eh bien! je vous propose une expérience : vivez pendant un an comme si ces chimères {puisque vous les appelez ainsi) étaient des MÉMOIRES. 521 réalités. Soyez tempérant comme si le corps était fait pour l'esclavage, et non pour le commandement ; comme si la vie nous était donnée pour l’épreuve, et non pour la jouissance. Soyez chaste, comme si la vue de Dieu était, suivant la parole de l'Évangile, le privilége des cœurs purs. Soyez généreux et dévoué, comme si l’oubli de soi-même était la condition du bonheur, et qu’on ne pût, sans manquer misérable ment sa destinée, s'engager dans la voie solitaire de l’égoïsme. Soumettez vos actions à une règle inflexible, comme si la vie morale, au lieu d’être abandonnée , ainsi qu’il vous semble, aux caprices de la passion individuelle, était dominée, ainsi que le genre humain l’a toujours cru, par une loi absolue et universelle. Enfin que cette loi étende son empire sur les mouvements silencieux de votre vie inté- rieure, aussi bien que sur les actions du dehors, comme si un juge à qui rien n'échappe en surveillait la direction. Que risquez-vous de tenter l'expérience ? Et voici ce que je vous affirme : c’est que peu à peu le jour se fera dans votre intelligence. La vie pratique ramènera les idées que la vie pratique avait bannies. En descendant dans la région des ombres ) vous aviez cessé de voir la lumière : reprenez le chemin qui gravit la montagne; à mesure que votre cœur s'élèvera par l’accomplissement du devoir, vos yeux, retrouvant les clartés perdues, se familiarise- ront avec leur éclat, et bientôt ils seront capables de remonter du rayon au foyer, et de contempler, à travers les nuages qui le voilent aux yeux mortels , le soleil du monde intelligible, Dieu, substance des vérités éternelles, auteur et gardien de la loi morale. 522 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. « Mais je ne suis pas capable de cet effort et de cette persévérance. » — À quoi je réponds : premièrement, que vous ne l’avez jamais essayé d’une volonté ferme et d’un cœur sincère; secondement, que l’homme peut avec Dieu ce qu’il ne peut pas tout seul. Si donc vous vous sentez inconstant et faible; si vous jugez que la force vous manque pour reconquérir la vérité morale par une vie conforme en tout au devoir, je n'aurai garde de contester la véracité d’un aveu que nous faisons tous quand l'orgueil ne vient point l'arrêter sur nos lèvres. Mais je vous dirai que, du moins, à vous comme à tous les hommes, le pouvoir de prier, d’implorer la force et la lumière, a été donné d’en haut, et je vous atteste que, en prononçant ce mot prière, je ne suis ni un théologien, ni un mystique : je suis un psycho- logue, qui, écrivant sous la dictée de la conscience, signale la faiblesse, de la raison et de la volonté; un logicien et un moraliste qui, au nom de l’expé-. rience et du sens commun, indique le seul moyen de suppléer à leur insuffisance. , — « Mais je ne sais pas si Dieu existe: comment pourrais-je. l’invoquer? » — Messieurs, le mineur qu’un ,éboulement subit vient d’ensevelir vivant ne sait pas s’il y a au-dessus de son tombeau des oreilles qui l’écoutent, ni si sa voix pénètrera jusqu’à elles: il crie cependant à tout hasard. Pour vous, je vous donne ma parole que vous serez entendus; et, si vous en doutez, j'oserai du moins dire : « Vous’aussi, criez à tout hasard ». La raison ne demande de vous que cet élan conditionnel ; mais elle le réclame impérieusement. Au point où vous en MÉMOIRES: | 523 êtes, elle n’exige pas que vous imploriez le Dieu des chrétiens, que vous ne connaissez pas encore ; mais elle veut que vous adressiez au dieu inconnu cette prière, que Fénelon semble avoir faite pour vous : « O vérité, vous tommencez à luire à mes yeux : achevez de percer mes ténèbres ; débrouillez peu à peu le chaos où je suis enfoncé. Il me semble que mon cœur est droit devant vous: je ne crains que l'erreur; je crains autant de résister à l'évidence que de croire trop légèrement ce qui est incertain. O vérité, venez à moi, montrez-vous toute pure (1) ». Voilà, Messieurs, par quels efforts de volonté et quelles aspirations religieuses on peut combattre efficacement le préjugé sensualiste. Permettez-moi d'ajouter, en terminant, que ces procédés , dont vous pouvezmaintenant apprécier la valeur scientifique, ne sont pas utiles seulement aux âmes plus profondé- ment travaillées de cette maladie morale. La vérité à sa source en Dieu : c’est de là qu’elle descend sur les cœurs droits et sur les hommes de bonne volonté. Pour la conquérir, tout le travail de notre esprit, toutes les résolutions de notre liberté ne suffiront pas si elle ne se donne elle-même à nous. Donc, Messieurs, il faut demander la lumière , et la demander à celui qui est la lumière. Nos enfants, dans nos colléges, l’invoquent tous les jours en des termes qui sans doute ne sont pas une vaine formule. Les plus grands esprits, Ceux qui, dans le champ de la philosophie, ont laissé la trace la plus durable, et creusé le sillon le (1) FÉNELON , Evist. de Dieu, 2e part., Chap. Ier. 024 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. plus fécond, ne se sont jamais repentis d’avoir cherché leurs inspirations au-dessus d'eux-mêmes; et j'ose croire qu'aujourd'hui encore le psychologue ne perdra rien à resserrer par la prière et la vertu les liens qui l’unissent au monde intelligible. APERÇU PHILOSOPHIQUE SUR LA MUSIQUE, PAR M. PAUL CHARREIRE. QUESTIONS DU PROGRAMME. — lo Comment se produit dans l’homme la faculté musicale ? — 20 Quel est le foyer des inspira- tions ? — 30 Opérations métaphysiques du musicien au moment de la composition. — 40 Esthétique de la musique. — 5° Rapport de la musique avec les autres branches des beaux-arts , etc. Parmi les questions artistiques que, dans son pro- gramme de 41859, le Congrès scientifique de France . a proposées aux hommes de méditation, toutes celles qui se rattachent à la musique sont certainement du plus haut intérêt ; mais, limité par un cadre prescrit, je n’essaie pas ici de les traiter toutes : je me borhe à celles qui composent le sommaire de cet opuscule. Dans le monde, et surtout dans les journaux, les 526 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. discussions sur la musique sont maintenant à Ela mode : le moindre aligneur1 de phrases s’attribue un droit de haute et basse justice sur les productions de cet art; avec peu ou point de science, on les juge en dernier ressort : « Tel air est admirable ! Voilà un duo, un final mal fait de tous points ! Telle cantilène est une piteuse réminiscence: telle autre étincelle d'invention et de grâce! » — Écrivains superficiels, qu’en savez-vous sans étude ? Quel instinct divinateur vous révèle ici de snprêmes beautés, là des défauts sans nombre, que votre raison, sans les Inmières de la science, ne saurait nullement analyser. Si vous disiez : « Ce morceau m’émeut, me transporte; cetautre m’en- nuie, me fatigue », je vous le passeraïs. Ce simple énoncé de vos impressions personnelles n’attaquerait point la vérité; car ici vous ne jugeriez pas l’œuvre. Grand nombre d'amateurs chez qui une longue habitude d’audition a développé un certain goût croient qu'il ne leur est pas permis d'attendre l'o- pinion des hommes compétents sur l'opéra du jour ou sur le virtuose qui fait son avènement : ils se hâtent de le proclamer un phénomène, ou de le vouer à l'oubli; et, comme pour forcer l'avenir à sanctionner leurs arrêts, ils hasardent les plus étranges théories, dont heureusement les principes erronés sont étouffés souvent sous des divagations verbeuses. Les vrais musiciens eux-mêmes ont peine à se défendre de certains préjugés d'école, de nation, d'époque, dès qu'ils discutent sur la musique. D'où viennent tant d’aberrations et d’incertitudes dans l’appréciation de l’art le plus universel, le plus populaire? La musique, comme la poésie, la MÉMOIRES. 597 peinture, n’a-t-elle pas des types éternels de beautés idéales qui servent de criterium pour reconnaître ces chefs-d’'œuvre? Ah! vive Dieu! la musique, voix toute-puissante du ciel, de l'univers et de l'âme humaine, n’a rien à envier à ses sœurs divines, qui semblent même tenir d’elle leur souffle vital, c'est-à- dire leur harmonie. Mais les bases philosophiques de la*musique ne sont devinées que par un petit nombre d’esprits supérieurs; et, malgré les travaux des Fétis, des Danjou, des d'Ortigue, etc., la plupart des musiciens, comme la masse des amateurs qui écrivent, ne les soupconnent pas. Or, je le demande, sans principes philosophiques bien arrêtés, la saine critique d’un art est-elle possible? Non assurément. Je m'efforce donc, dans cet Aperçu, d'ouvrir un ter- rain solide aux discussions sur la musique, et de vul- gariser, par une forme que j'espère rendre attrayante, des doctrines esthétiques dont la vérité m'a été révélée par d’éminents écrits, objet de mes constantes médi- tations. Les idées fausses sur la musique sont monnaie courante : je voudrais à tout prix les détruire. Principa:es sources d'erreurs et ce préjugés sur la musique. Qu'est-ce que la musique? D'où tire-t-elle son principe? Quelle action exerce-t-elle dans la sphère morale? Jusqu'où va sa puissance dans le domaine de l'idéal? Voilà des questions certainement importantes. 1028 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Bien, aPen,.y pourraient répondre; ;nul,,ne,, s'en $ préocenpe. La, musique ; pour, la. masse; c’est unçart d d'agrément: 61 est la maçchine qui, fait, danser ;,c'est la ofheRignnEtte, qui fait pâmer, de rire, .ou,[la, ‘romance Rise Jamente sur J'orgne de er ns «A quoibon Ja musique? À distraire, à.occuper. les. loisirs;,+3Les hommes d'affaires qui.se piquent, d'une certaine «wPhilosophie, répètent, volontiers, que, l'étude.du;éhant imoralise le.peuple ;, que l'audition: des chefd'cæuyre dePalestrina.et.de Mozart peut:avoir assurément-une .Hnfinence givilisatrice; mais comment. ef, pourquoi ? is, g'ont,nul.besoin de.le:sayoir.; S'il fant. voterun budgst, ilsse montrent, assez. complaisants;,çar pro- téger les.orphéons; c'est, passer. pour hommeyde,goût. st Hfstétonnanf, que;les penseurs, de; premier ordre «odlont les, décpnvertes métaphysiques, ont jeté tant de «Jmmière sur action, des fagultés.de lâmeset,sur;le sentimentesthétique n ’aient.parlé .qu'en,passant, de -Lart:des:, sons, comme, conception -idéale., M: Eeusin Seul, après Leïbnitz.et, Kant, .a compris, le,rôle.de la .musique,ef en. analysé quelques effets, ,Jene m'explique l'oubli des autres philosophes,qu/en.lenr Léttribuant ,;à,.certains égards, des exreurs:.et les _apréjugés du-vulgaire, D'ailleurs ;,ponx, bien, apprécier on Arteil faut le.cultiver, le, connaître àfend,, non- ssenlement.par la, théorie, mais surtout par la pratique. Malheureusement peu de,philosophes sont musiçiens ; ={bien moins encore,de,musiciens. sont, philosophes. .1keserreurset,les préjugés Sur la,musique. peuvent 188 rapporter à : cinq, manières,d'envisager , cetisart : sodmestece que lacmusique?; demanderez:vous Aux RP des écoles.qu'on;proclame, doctes| entre, tops. MÉMOIRES. 529 Ils répondront : « C’est la combinaison scientifique de certaines formules que la méthode empirique a déclarées belles, qu’un peu d'expression vient colorer, et qu’une logique rigoureuse peut avouer » (logique à leur manière). — Ces savants ne comprennent qu'un art factice et souvent puéril. Vous, hommes de rêveries, d’enthousiasmes poétiques, d'émotions extatiques, vous en qui la contemplation des beautés de la nature suscite des aspirations infinies, des ravissements ineffables , que demandez-vous à la musique? De la rêverie, de l'enthousiasme, du sentiment, de l’extase, et aussi la peinture fidèle de cette nature objet de votre culte? Vous lui demandez trop et pas assez. Vous, mathématiciens abstraits, pourquoi la musique vous intéresse-t-elle ? C’est que vous pensez la soumettre à vos calculs, citer Gluck et Beethoven au tribunal de l'algèbre et de la géométrie, et . supputer avec des chiffres leurs mélodies délicieuses, leurs harmonies sublimes. Toutes les âmes que le beau captive font avec le simple bon sens justice de telles prétentions. Maintenant écoutons la foule au sortir d’un grand concert où quelque virtuose miraculeux s’est révélé, où un orchestre d'élite a interprété avec amour un magnifique chef-d'œuvre : le plus grand nombre traduit ainsi ses impressions : « L'habileté du virtuose est prestigieuse; le chanteur m'a ravi! Mais la symphonie, quel ennui! rien n’y flatte l'oreille : c'est un chaos de bruits confus qui vous agace tous les organes. » — N’étiez-vous donc venus là que pour admirer des tours de prestidigitation, et vous sentir Il. 34 530 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. les nerfs doucement, chatouillés par, des timbres, plus ou moins SJpathAquer ?Quoi donc | votreintelligence, “votre cœur. n'ont rien. cherché dans ertte audition ? Ge aueropsrauliez,-Gétaient des sensations » des mar pressions agréables; puisque; vous. ne;demandez, rien de plus l'art, Ohevet.et Robert-Hondin, doivent, être pour vons les artistes incomparables:; Hätons-nons, de onstater que-lagrandissement.le la sphère morale, et intellectuellesdes masses diminue, de jour em jour, Je nombre dercessfrivoles matérialistes, ét, que tant, de dilettanti que. la..musique; passionne, lui, die autre çhose que. des. motions, physiques }. sans, qu'ils raisonnent;toutefois le sentiment.de l'art. 7 19-0199 # Vaines recherches. scolastiques ;; émotions, intimes et. profondes... reproduction pittoresque, des, Phénor mènes, de, la nature ,,abstractions [mathématiques , DES eE sensuels, telles sont, les rdiverses manières.de comprendre. la musique. Chacune, d'elles en particulier est incomplète et.étroiter: L'art: véritable les embrasse toutes ;: car), en :tant, que. manifestation extérieure î un sentiment idéal, il doit répondreaux exigences de la. trinité humaine :.intelligence ,, sens timent,, sensibilité, qui se.mettant en:rapport avec la. nature, s'élance jusqu’ à. Fey pour trouver.le are deda,perfection. XSL. SUP 9D[H V6 elIOmMS C'est une opinion presque unanime que 1e sens auditif est. le siége des émotions agréables ou pénibles produites. en nous,par: la musique, ; et, dont, le système nerveuxtout! entiér s'affecte par: commumi-- cation. Partant de ce principe, des physiologistes-se Sonit'évertués à découvrir dans la conformation interne dé l'oreille des nerfs vibrant à l’unisson de! chaque HOMAAT A0 AÉMORÉEL 02 211000 (EST “dégré dé notre échéllemusienre 1) De perl ITS ont 4é- are tout Ron qu? He $E produit PARA APpOrt ‘direct de vibration avécié nerf anditiftorrespondane À Mérvéïlle l'notrééthetle actuelles cd hpose te détie re LEutrouve2 dans hôtre LME dosette Se ah FEAR IMAñS! l'échetté siéate des peuplé sérni- AqUELISE Fractionne en ‘dix-huit déprés D EME tes ATP ae He ?En° Hiigtlaens ee 2oheakeur a hèfe dotés Mlfividus dur Gréaie tot Bpéciar” bo) Para MOUSE ed 1 relELO mrétodies téles hatthohies file Hahpo Ent, ANS den vous 1aissunt rAphssBIes celui-ci reproduit exactement ave Ta OMS ER O8nS quel Vous aités Dentenare »ÉRA 4 Peut paivétir quoique Eh 'aimonce Enez" NiP vice d'OrRNIS HN ULET ème Kon VRératt-tl qHélda Bois suscptibie! dé Véhanter : de nature en passanieiphr Üire) EME lou par TA hicine? NOR? PCR IREEZ Aféd mt que l'oreille n'est qu'a Hp de pere ÉÉpHon NE pAbIE ent Soi d'attention) de! diécErdement! UK SK IRON n'est hi -jéstet HOUR 69 quil et fier of faut 6" lérapport AE prusiéare Lo HNELRE où Sinultanés® 6e lräppoit, l'intéliiéence tie Papprécie "pour Ten former Wi-jugement. Pont pré! clamons avec certitude que la musiqué: 14 d’éfré enoé OÙ op ontinésu 9Hpeostq noitiqo anw. 250 “UN UEUE Etang Vino A Ete Age bn avant pére fent'paP Välsalval! Dumas 64 185froféiééur More?! RAVAIE mathématiciens qqui)s'èst efforicés d'en faire découterl notre epséènetaausieally 20 oqionirq 99 9h JasiisT .rons, APE PRE LP RME; Expériences «aepustique, 2 GAS DUR A DE TA CP PT OR EE LdARE notre tympan. Ga ‘ AHIOMAM HE CONGRÈS SCTENTIFIQUE DE FRANCE. AS LONS ( 11 DO Ji HO sl e'Hple Satisfaction dés sens, s'ad resse au e pius sis facultés de home qu u'elle est pa beaux-arts ( 9 { ce ) Î [91 jus us p rofon, le Plus intime, lp plis universel, OJ 1 99VAT DEA [I a ut 1 Th 1e plus transcent (1. Mail dé OLJE a[ YF J{LI P re (DM: d NISSONS ce ‘qu on doit enten( re par eaux- sv !Les {19} Fa 160. 91919 JÉe Ho ÉNTELe s DE ilos sophes PAM istes le s iritu iste S sf qu | D 6. Ce né [I {19 25951 alle déour beaucoup en Ex li quan FA raison fre de mee ET TOOL GL. FACE ER 291 EUoot arts eurs Dre pes, Jeur ens, leu jui sance. fozlsi 6 9 299L6411109 HÔTDS Jet ru L'I6 Sans discuter p DIR ÈR ici ja à justesse e vue des {i9f19"0 i Coles NU a [18 Œ1O MIO: JAP phi- losophie. es s MÉMOIRES. 533 MOMAAY HG À IITAYUI92 2UA4NH09 É 1 (SN physique es se trouvent a aux prises à ee ie és Dr, monde externe: mais 79 atet 16 Haut Bt Su LE fonce nie, rats en ap elle à hs son principe porsis vu nsçie j'révéle au it ue toutes Îles De pe FL 4 pan CET dt au en s° por a pression s'affecte sa s nsibilité par oyen ressions 20 164 Ex DIL9T9 TOP (O0 1 PT99 à ua D Ve de A ne ue qe “gn transf Or s en images, is id par l atior ï ) fI0e At A RITES) Ho Ce O2 HG TT ? recuei lies et onservées! p ar la mémoire ; alys es ax L'abstracti comparé SL, D e9Q MILITE 2 tn ÎLE abstraction : comparée s pàr. Ja r ison, Fa M ob 98. qoiel 4 [91 st juelé £ Fa #0 J)81 ) BC enfin nsée combina; it ses ju men S AVOU ë BYE ET ne Fe e. ‘en. aflO! 16, ne one d après leurs rts asse, les none SAONE 2 sen Cf Ho TO: > FD Ex db] ( 0 ain e, é uie ( de um alor dissante 2P re 8 ‘âme » ébiqui J9 Sd se redresse : sa puissance lui semble sans’ ‘bornes pour tout connaître ; sa capacité, sans mesure pour tout posséder ; son désir; sans entrave pour tout at- teindre mouvité, sans limite pour tout soumettre. Un CR sentiment d'amour déborde du cœur, où sgst.allu mée ne, soif ipextinguible de ur, his: 19 ACT h A os TER on o de, Ye et d'action ; ét L'homme, nscient, dé.6g qu'il peut, retourne à la conquête de Ja création. t dr roporti n 1 O0 V ent int Fou tant. de proportion dans Fanité, et la variété de, cet univers qui gravité autour ne dont.je,sens,mon être. si; distinct? Quelle donséquenes rigoureuse hdesärcatse rdahsstesséaitst Quelle convenance Mparfaite des moyen$ pour Hé2bwtt Vrafméfit ce horde peut tt Ce Monde Et diirale | ! 9x Ît dans J29 191 PISE 29 qui EE (e Fe! a ans < E Va palpit PE dé (à » ARR autre, mondi 5 qui P ) ES Ares moi du unité, même variété, même ordres. même harmonie!! Les:deux:mondesopeuvent:done-se mettre complètement) énorapportisimonrâme est: hien. Pelé qui? ob, ienis Hoq ,& od2oqenmooiis do 91fe 9bodtàer UC Due join! dAHS'1eS deux * , Quelle Ymme inensité | SOA 536 CONGRÈS SCIENÆIFIQURIDE FRANCE. dans cet Océawyrquelle: profondeur, quelles colèrertr Motrntelligence-confondueos à bîme, dans unes ner: coùtemplations bpoûé scçcomprendreu Ses forcés: 5 s0ût 0 dépabsées ; «sés ressorts:vomti ser brisenhob. INongçomoñr âme l‘encorbun élanrsuprèmende: désiriet/d'imou,! etv tuvasséntrevoir | la: tonte-puissameé jbfinies absolue; qui iteconvainc-dertaf faiblesse set duofinirde fon! essencehkonmovsr s9u9%illotci door :99i1)sèr s9m6eeiq “Gloire à: vous, Étreseul incréé, immuablecdnité del, toutes les) perfectionsiicréateur, permaent, (ont de! féconditéjamaisrine sépuise;oabîmersdassaience et d’étemnité; imeffable bonté-que des -hienfaitsjamais [nel lassent, gloire-àl voustiievoussadore;!ôrahon, Diet} je! m'aïéantis devant/:votne face: tavrpantout ijermems presséis;opartontivous nvapparaissezi ha periectionr finiede moniêtre etimesçaspirations pour-1munirrès vôlus esrévèlent;que je suis sortie vousjfquez pour moijsutrouNer)la vérité-absolue,relestocrairerril votre| justice s'àasvotre:sagesse; posséder Le souverainrbienss: clestimériter:t votresrameupssentrevoir, daïrsuprèmer beauté , t’estyconternpler la: sûblimité:de moscœuvreser Jel n'arrive:là comprendre ana propré existence! qu’en) m'élevant jusqu'à l'intuitionvdesl ôtre+0Dans et umivers;t{queoyousoavezyexéé sipanfait,oje mois(pe réfléchir come däns unomiroivapotre trinité 41iptrly ligence;ixerbe-ét amour, etijeslæretionver eh min: mêmerceftteotrinités(rlairesà vous!rmon Diem; gloites àovouslsb roroqrooci'e dusyov sl co'up, swpieglqsièmx oMaisvou$2w ez daignévousrévéler à yes eréaiutes ÿr; vous avézipertis:à votre Verhie-de revêtin une forme. visible:pourque jevous touche iet-querje vous aimes. Maintetant moi! poussière, àqui votre souffre a donné; AILANT HOMÉMOIRESAHLE 2410400 535 uneïvie à votre image)oje sehsaussisen) moi une) intelligence quil veut fécondercunochaos fun) verbe. quinveut créer) "un amourscapableudenvivifiens Je: m'empareräi .donc-desi matériaux de-vatre : eréation visibles tet, [vous contemplant] commié archétype! du vrai, du bonietidu bear, vous prenant pourdriterium deda perfection, ia -trinité àsmoilexercera aussi sa puissance créatrice; mon intelligence rayonneræ dans: de Sÿmbolés;:mon , verbe $esfera'lentendre ‘par! Ja lumière parlesisons , parda:pierre;monadoration , ma recoimaissance fdpour- voë$, smessrjeies) hmes douleurs mésrüésits ?1hes espérances! ;înes affections lés. plus! profondes, messsentiments lés'plus exquis vivrontiet lpalpiteront dans mon'œuvreune et'uariée , 1: incarnation véritables demmonâme.Etimomcsemblable comprendra ice queijercomprendé,; sehtirace que je: séns:T sé l'âme ose °60nfomdraz avec: li cmiienne: niVoilà l'être, huainoparvenant réalisèr virtuellement iet activément:tousdes effets-dlune-puissante créatrices voilwMartiste : montiquandreess mains faconnent: la matière pour satisfaire à ses bésoins corporels , ‘maïs qüand leSoufle decson; âme communique“læ vie.iet: le! mouvement à des êtreslinanimésli'! £ peut à18 4918 2Qu'oi me, pardonne ‘Pexpressionopeat-être tropr poétique °déri mapenséetitjerm'efforcend'être philo sophél, jé ne’suis que le‘plus humble des artistes et, comme tél;1je In’arrivecà $aisiv/unéiinotion $mêmen métaphysique , qu’en la voyant s’incorporer dans une images én’exprime un'sentiment qu'en exhalant une prière) Ili’est-pas possible /à um grand'artiste d’être athées plus son‘orgueib:S'efforcede-nierle1Dieusdont iléubit l'inspiration, ‘plus la: magnificence «de ‘son 536 CONGRÈS SCIENTIMIQUEUDE FRANCE. œutré"bofiféssé l'étersiquenent ta) protest Atom Fm | platablé dé adonètiente, 205b ira" e sôvertns til Ppor étre touta faiticompris LE HE resté à Cond EnIsEnd mes Aémohstfitions dans wné définition préciser L'axt, ds a ‘conception a plus Séhérate) Ta plus EE)” la PltS Complète Ta Seule raie !V'Art el V'EOrt éoWAl” dé toutes îes Fiétités que 1e noi pensarit cHfibirle pouf! anitfier désa vie métaphysique et infime dés SyftiBoles! extéMEN ES phAlles belles forriies désfhénles itiée vhs” fée: AUOT ndiiduel et tout té l'uvre) arbiétiqué est la réalisation dé Cet font Is2DT noi6èr S°dhns œuvre artistique 167 principe’ intenbettel! ét moral ‘né ’se “révèle pas d'én seul traits 18 rh bole Het pas härménieux danstéufes les parties [der don trfité tique La férme Abuse! date la création A prétomitance dé tellé ot télé faltilte "si rtf mon enténaèmént pour ésis ie Lens qui éjfibolé ha pas bébuin. développement. dé’toutesl sëT FordusoiRes Pise que” l'œuvre ne proëtire est faibles: Irésiqres test qu'agréablé. sl : ane esh svieesoxs Siilrdsmmote PRE totraire le signe visible 2provéqhet-A7 pour ébiipréndre a” Signification idéile) l'éKéféréestétal Fleite RE” régutier dé” mes racultés Ppasrnpnélion Apontanél je” men!" pénètre Ré Hônheure 1eme rate avec pléniteae setsat qui ésfaluntonte une âme pour l’enfantér, je lui livre! oute/ non né poker Ajouir. Ffinoblil rélevé , TTEAHSE, jem'éerie : né un ChéfLd'œuvre Voix lé béati das toutesa Spléridéir 15 up monoms.]l -sinèu el :‘18q "28879 OP MAROC 20 quel r'éténdué. de ar eonceptiont-" ta Vhléhénce du soufflé vivifiant édifiel un ‘ensertible “dont” mes facultés” dépassées! nè'peuvent “apprécier (93229 Di 'HSYHAHA 1 MÉMOIRES, 192 24#D/09 547: l'étonnante unité, déconcertée., inquiète, m#personr, nalité entravée s’agite dans une.indicible an SOS t bientôt; cependant, ma volonté toute-puissante s'élanee à la dutte.contre; Pobstacle, dont, ;;la,- résistance. centnple l'intensité de mon rayon intellectuel st de.mas, chaleur morale; ; mon; âme; infiniment. dilatée,: parvient enfin, au,jeu,libre de.ses ressorts. surmonte, las force ;quirl'écrasait, :et,.triomphante ;..s6;, repose. complaisamment dans l'estime. de sa, personnalité et, dans, Jai conscience de son. mnité, persistante ; çar. la: création idéale; dont.elle à ;çonquis la; possession, l'inonde.d'un bien-être suprême, Voilà le sublime: “Le beau, le; sublime dans des arts, le génie seul les, réelise;-Seul-il.concentre, dans un foyer unigne le; rayon;des sentiments. des idées, des images; ;senl il déconvre.des symboles nouveaux et variés, dontil fait jaillir la lumière en Jes-harmonisant, par les.Combi maisons les plus heureuses, les plus inattendues , ou les opposant pariles constrastes les plus hardis. DO URERÉR ‘sionnabilité excessive des sens ; la variété. l'étendug desidées et. des images; la, promptitude ; l’énerwie de imagination; la. richesse de ka. mémoire, le d'OS intime; profond ;-le: jugement sûr, le goût, exquis; la puissapced'atstraction,, Vintention chaire. la chaleur communitative du sentiment, la volonté irrésistible; tels sontrles attributs du génie 4e 500 ovré ou ‘artiste, médiôcre m'invente, pas de, nouvelles formes: il.combine parfois avec, bonheur, les Éypes créés par le génie. L’émotion qu'il fait. éprouver n'est jamais complète. Les productions, de l'homme de hétierne sont qu'un agençement insipide de formules ressassées qui ne flattent que les sens, auxquels elles s'adressent. 538 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. 1011, 108, 210D 9880194, 2017.91 01 20% | Lattoiao al E.ebuiiits ac: ersb ätmolov sus, 1iaôb 1 Porsienul st. 230 e28q di-dciotts'r, esathorq leu e[ Des #fonmessde Part. 42 1Distinctionlentre lesibeauxzarts.: 0" ol daslsvèrz aldieivsi.s bou 51,19, afdieir, 9bq xUB9901q.298 9b.8TS 18.219108: Si-Pdft'estiunidans son‘principe étdans Son! but, ‘il est multiple ditns!sés formes {en raison des m6yens: qu'ilbéfploie pour se:produire: 1° SGStiOl, ,92;.6900112 Pourtiédrhiuniquer le mouvement ete viesàta" métièrépil'äine trouve ses agents dénslles brgfänes.° Deûxi'dét dés "organes, | parc /leurl'sensibilité L phas exquis paraïssent ipartictlièrement susciter Taction des: plûsonobles) facultés 12 lavueyqui péréoit lé? lumières l'oreille, !qui perçoit les sons!°De’ ces per1° ceptions.ilrésultent deux) principes! dé!méuvement ? dans «lésuarts | l'espacéi,, quel la (lumière! remiplitio” le‘tempsslquele-soniparcowrt. 110) 9CT0 NE T1 ocas| La lumière produit lé mouvemient dafs l'espace-par!” l'opposition dés ombres et dés rayons, dont-résultent dés contours desondulations-16dessi ét un-môt) où (| l'harriénie dei l'ensemble slétablit par Îlx proportion b des détails) Para lumière les trois-dimeénSions-dé- l'étenduie-s'animent ? l'architecte) 1combinant Ja ligne! verticale et li ligne horizontale |)équilibrelses masses: depierress auxquelles ol dutte 2468: ténèbres! etides D clarté) cotnuniqueé éi-bienl la viéqu'élles) cessent! d'êtrés dés brutes) pour” devenir Ja-l-peniséez presque impérissable dëPhémmes Part lumière, le seubpteur,- dontidé ciseau à forcé iemarbre-àl reproduire Pimpo=: santé -mnhjesté dubroide al créations scutptens meto” dans les yeuxidécetté image un regard; an sourire AA MÉMOIRES 9e 20700 539" une parole sur ses lèvres, une pensée dans son front, un désir, une volonté dans son attitude. Et le peintre ! à quels prodiges n'atteint-il pas par la lumière? L'universrentier, sembleiappärtenirsà ssaspalette( le monde visible et le monde invisible révèlent leurs secrets au gré de ses pinceaux. IA son! tour-deison,; modifiable à-Binfinisréeliseile mouvement /danside tempsrrent contrastané| amer le ; silence, se limitant et seriprécisantrpar Pabstacle; ; changeant sans-cessede-manière d'êtrepandetimbre, et-wariant àcplaisis sonintensité duofort au HouxéiDerr plusç il semblemêmeenvahiz l’espace par ses fhuctuas(] tions-qapricieuses idurgrave à-Paigus-derd'aigaiaue graveioQue le;smusiciens quesle;pôètes shmtoutrs'em empare;dleswerheode.d'hommeprend Lestons l'homme! ditrsme Quermar lumièrersoitk»1et destintelligentes sontiéblouiessignQuel jenvivifi pat l’aneurb|»2etl l'amour transforme tout. essréatares-ternestres fente * silence; et-se[tiennent-prêtesa-0béitirborq sr$iorul € 1 iBespensewrs duoxiuspsiècleréensont wävement'| préoccupés:d'uneriexpérience ide! physique sonstatant b quelesayen solaire, décemposéparle-prismes; disposer seshsepb Éléments-sur Le réfraçteuxt dns smeprepor tion-d'espace:exactementäidentique àrsellesessyihras tiens. squiodistingupschaique; sent dec motres gamme y diatonique; därSsriente aa, encore [tiré augune lt Ch tionsde-rce-fait singulier Peut-être cette; coïncidence; derapportsçache-t-ellerun mystère dont explication f serarume: decnos-Conquêtes pour Hamenir.sDu-zrpste;: : Huygens attribuait: lessphénomènesode Indamäière:o1 comme rceux:du son sax vi brations-d'un-fuiderétas : tiqueïN'yrauräit-ilpas, entze- la lumièreret le[son:b 540 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. hün-seulement une affinité; mais encore une iden- tite -Wesseneenÿp ol otaitis'l 20 st60G 91 169, : 9i60q Quoiqu'il ensoit, 16 Sün parvient à féurér là vie et lemonwvement) tort aussi bien/qué li lumière! Aù soufteeil’artiste | 1 prend’ dés formes! 11 1éatisé dés symbiclés. bip Taripensée” ét &uitout 1eséntiment peut s'invartiers dersoit let Péléménit ledsentiél dé" ani siquecotimé dé lapoédie) c'est surtout datis1e/8ôn jjue Fame) trouvésonivérbe par’ ekébllénce "1e plus prédeo des ples erdiquel Entrélufie amie ét Son fiseble: qu'iné lconithuniéatiôn merveilleuse #eéta blissésohs cesse : le cœur ét ne Sädrait #fouvér af plis magifiquelinterprète. Qué /1& pensée! 8e /nati 2 feste pari l'équerre etlé compas, 14! pasSion’ charité eticréera-toutlufmondeld'harinôfie far lequel} "à laswétitéqisaucune formé crier “ra réseau contour arrêté ; mais tout sera infini commé?l'âmeé pour ltimer, pour prier pet s'élever jisqi Alex tabe. Qu'unhémine réunissent pros haut degré toutes Tes pérfections'de Ja trinité humaine": Isénisibilité ;/sénL timienti, Tintelligenée ; que oreille soit chesllui Te séns le pli imipréssionnable ; H/én.doutéz pas, ét Kotinie sérd sien. Maîs, sil touitii Pa fois /sof GFEMET à vhébont-douéës d'une sensibiité plasexquise" il Sert envol eiot sl 6 iuoi 19mins do 19/297 1104 supLaum () io tax X9 ES ASE FINS SONORE her PR Men LEE pétceptibns par: route est à 16,000 vibrations par seconde environ, pense’ que fl finit 14 facalté vibratoïre del’air,-ét Coinmiencé œenéidé T'éthEt que la vu. jseule: Héuthpercevoir.-Ditntre! part; Troupenazi-donne copeuEs qu' au-dessous de? vibrations: J'oreïlle jperd, l'aptis tufe de iuger 6, Ngn pu et, qu ici, ÉRRAEASAEPE la faculté. d’ 25 x préciation par Je tac “Han AUD. SUPUALUTS antiet TV A1X9 [I A1 511 HOHAAN JA AUQIAITHAINIS 24H00 CAC MÉMOIRE ÿ -gabi ou 970909 een , SL PEL onu nono froe-ftt fl poète : car le poète est l'artiste le plus complét.11} élève, des, monuments sublimes; comme, le palais)de Sacountala;; il cisèle..;des.-chefs-d’ œuvre comme le bouclier, d'Achille; il ærée des typesiiravissants de grâce; effrayants de,;perversité comme: Lakimirde M, de Lamartine; il dessineides tableanx-gigantesqués comme,le. Pandémonium de Milton; il, msi uprgomnet..de Pétrarque , commeoune de dHgo 41 fait joner dans un,drame: inouï;toutes les passions, 4 cielyet. de. Ja.terre:, «comme: dans: la Bible »enfin-le poète, c'est Le-Dante, c'est Goëther,. c’est) Klopstock c'est Ragçine, Cependant) il-reste: anoope: mr gente humain. à.produire de.nos jours amprodige, plus complet,;1 ce sera J'artiste qui: réunira damsisem&tone nante.personnalité. Meverbeer-et: Shakspeares; Mozart ShNirSilReros ‘afui sise tuot 2igm : D9TI8 ‘IUONHTO oAnfincertains arts combinent dans nne merveillense synthèse tons.les effets.des antres arts: felssont l'art dramatique;-auquel Paxchitecture; da soulpture;r1de peinture, [la musique 1lacpoésie ; portent-eur tribnt:; lamimique et:la danse, qui , 4onteniempruntant & la sculpture et à la: peinture: les poses, lessadtitudes, lerjeuide.la;physionomie ;1ne-peuvent se passer ode le musique pour régler et animer tout à la fois leurs ENRE harmonieux estes expres EO1 en pr MOULE À 31 on if (1) L'art dra HAE a musique. ef; 14, dansé Sont, & arts compopit od. gorivas sbnosse 16q anoitgrdiv 000.81 el Malgréices: formes multiples, sid'art on bete IPS, qu pet M NL 6 à “que Teen Pr PHttRÉ &ônt ro a ae 18 Hoi BOSTU mais il n'existe d'œuvre vraiment artistique que ‘42 CONGRÈS SCIENTIRIQUÉ DE FRANCE. icellé où räyonne thé pensée; di palpite url” Sens timéñt A}? Déionitrons “maïifitenant jué! Ja facubte mAHÉATE est pédutte datis l'Hémmé dés Son oriéinie, et-qu® PHorfe: d'Efanté dés he qu'iplséstYéjout/odes qu'il 4°pHié des Qu'il af ait 6l,6b.oupreslà adons'l 18q ,oupiasymemos, En “eolgeec eètivso ab. moilivsg.. ol .09v6 : ,otiofa =YeTi duo , BdONT isomoeuolyhao westrenx LU 1 ueisieq vb dnesitaoior. regoivi of ôimolov f 19q oiquoe odonif ol Que der HHIGUSs jiropirte D re so & sioliov da: srhaoïtor eorvél 29h, 9[dizxaR ds sr nr bénir somrauteur> exhale2uné universelle harmonie: qui jamaisr:me;s’asseupitl, Let dontolaïchaînetaserêtres ofornie A'inmimense rélavieit sanoréDans)ice selavier chaque, the ca: sua} chaquelcaide;:son frémissement: chaquelsonffle son sohpirqi dépuis ) { [ 7 PU nie. universelle indique ee | LA Pile ob ait A A PA HE on BE PRE enséfèhée ; été un ôbjèt de eéHétin tte méditation pour tois)'1és Ro PR R ee âgeildsry chérchaient da loi jorganique ;du monde.par des rapports,dg sombre ets NO piméme ; m9,4pasAédaigné A6 Sen préoccuper. DAÂASE HA MÉMOIRES; à NDUC 543 adorer, PT rt vraiment, en Da et en vérité, ane, âme. ici-bas, ne trouveraatrelle Pas un chant?, Éçoutons, l'homme, le, plus merveilleux instrument sonore lui a été, départi ;.letube: de son larynx, formé.;de cordes tour à tour, extensihles et rétractiles, communique, par l’anche élastique de la glotte, avec le pavillon des cavités nasales : sa langue, marteau onduleusement mobile, peut frap- per à volonté le tympan retentissant du palais ou le clavier strident et'fèrnie dés dents. Le limbe souple et flexible des lèvres retiendra et voilera à son gré léi:sons en sertrésserrant ; ou! l'épanchera éclatant au déhorsæn's’épanouissant dans tnsourire.°Que les lobes ipneamatiques ‘dés poumôns-Hissentsnaintetrant échapper’ un soafflé toustces instruments/e6mbinant leurs effets-dermille manières sovontideyehirolarpoix d'uñe lamineuse intellibences dun cœur où tousrrles séntimrentsstabitent. 91 2iuqoh. ; 16890 8b ruemsie x1A ‘peine sorti desmhins'deson' äutetur;;}Phomme-dut tout d'abord enivrer 1sonlrégardl dusspectaelecode l'univers; puis, sentant somoconr battre set sdardre sa pensée, la conscience de sa royale existence lui fit pousser:un cri de rayissement,sune exclamation,; ane voyelles: Ah: »rBientôt, par d'actiom:combinée desicausestextériétires et desphénomèries internes: 66 séntimént primitif, énéral ét vague s& Hôdifid ét devint, joie, tristesse, amour, | antipathie, ao abattement b À ergtute pour cause de faiblesse p hsique 1Gn confiance ;par..conviction 4e force, morale. -Chaque émotions diverse Htrouväa:psoudainementzoson ‘ÆCcent propre !4 l'instrument voéabrsenprétant ‘à toutes Voÿellès &e'multiplièrent ; ét 8e nuäfictrent’ par #HiNE 1944199 O9'T 544 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. inflexions différentes ; le. cri de l’homme devint un chant; enfin le chant se transforma en paroles, parce que la pensée réclamait son expression : car les idées s'étaient ajoutées au sentiment. Il fallait que l’articu- lation de la consonne précisât le son de la voyelle, et l’onomatopée produisit ainsi les radicaux des langues. A mesure que l’homme fait connaissance avec la vie, les idées s'ajoutent aux idées; la raison percoit entre elles, des rapports, les associe, les classe pour en former des jugements. Les simples radicaux de l’idiome ne suffisent plus : il faut qu'entre eux aussi s’établissent des rapports et des associations : le mot verbe unit le sujet à son attribut; la proposition est formulée ; les particules et les désinences enchaînent les propositions ; le discours tout entier est constitué ; et désormais, quoi que l'homme pense, quoi qu’il éprouve, il l’exprimera par la parole. Sans doute l'instinct d'imitation, que l’homme partage avec certaines races d'animaux, n’a pas été étranger à cette conquête, mais comme auxiliaire seulement, et non comme cause efficiente. La Genèse a donc raison de nous dire : « Dieu fit passer sous les yeux d’Adam tous les êtres qui devaient subir son empire, et Adam les désigna chacun par son nom ». L'enfant au berceau ne procède pas autrement à mesure que la mère provoque le développement de ses facultés. Toutes les considérations qui précèdent prouvent, j'espère, jusqu'à l'évidence, la communauté d’origine du chant et de la parole, puisque la voyelle cons- titue l'élément essentiel de l’un et de l’autre : si bien que toute parole est une musique par la nuance infinie des accents et Ces inflexions, comme aussi MÉMOIRES. 545 toute musique doit être un langage pour pouvoir exprimer l’âme (4). Mais l'expression de la musique est bien autre que celle du langage. Celui-ci suffit à la pensée, aux émotions réfléchies. Dès que les émotions sont violentes; dès que le plaisir, la souffrance , la tendresse, la haïne, la colère, atteionent au pa- roxysme de la passion, la parole, impuissante, cède son rôle à la musique, véhémente explosion, inter- jection immense, profonde, indéfinie, qui mutiplie ses échos , et qui, parce qu'elle ne détermine point l’idée , est l'expression souveraine du sentiment. Comment la musique est-elle devenue sans rivale la langue des passions infinies? Dans l’âge primitif de l'humanité , elle ne se séparait donc pas de la parole, dont elle n'était que l'expression portée à son plus haut degré. La précision de la parole ne Tl’obligeait pas, pour représenter l'idée, à tirer de ses propres ressources les éléments constitutifs d’un discours. Des inflexions variées, des accents doux ou forts, l'émission soutenue de la voyelle, voilà tout ce que la parole exigeait d'elle. La poésie en tirait son rhythme ; le vers , sa cadence; la strophe, sa période. Mais, quand, pour des causes que j'expliquerai ailleurs, les idiomes se furent hérissés de consonnes qui heurtaient et entravaient à chaque instant l'émission chantante de la voyelle, l’alliance de la parole et de la musique ne fut plus possible. Il fallut dès lors que celle-ci, pour ne pas faillir à sa mission, se créât un domaine propre, et trouvât dans ses ressources les principes de sa grammaire et de sa (1)J.-J. Rousseau , dansson Zssai sur les langues, a démontré ‘le premier l'identité d’origine entre la parole et la musique. I. 35 L 546 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. syntaxe : car, commé Jangué, il lui fallait pouvoir encore exprimer: Îles ( idées PA jügéments tés pensées; :mon1d’anelmanièré dirécté hais dû fhoins parrwoix «dlintuition. Or; jé l'ai dit! lé sdif'e en‘taht que-fait absohwinespeutoAvoi aicune Séniftation | _expressitezs mais iliest infinineénto"suistéphiblé de modifications (4) La musiqué, éénibiniant é& modifi? cations!}5 païviendra 2à-tirer 40 86h! défformes, /dé£ typesanélodiques des: sÿmbolés; inérne Ad8 irfagek 7 et;o-bièn loincd'abdiquér: salpuissance/elté pourra sedéfinir 4440 masiquelest Partsd'émouvoir, ét dé peindre en suscitant indirectémentdës ihäges | par'1à combinaison des ‘diverses inodifitationsl qu Co 0, x Cértés!/pour-arriver à fa découverte-de PT L'esprit'humainh'æpaséh récours Eu HET ETAU a scienceiurlebsenl besoin dé semanifestés l'A conduit! aix plas merveilleux! résültaté! toutefois? Ces véStita ts atteints, sla)bscience as pu analysé Team rés" procédés: LU FE :Hotré0 FENTE R: HEtisE VER synthèse sbospidordiire nosist 51 nine; ssh à sMourstes s[[sqqs'e AG: cr aff enotoi vo 2àra95h #5b sd mc ft Si IU9SDASES. 61 , CHONSEUOJUL LU OSULUIGA GER OID 2IOL 8299 FLEX SŸ ri il 9f [NP 9h 910 L6'son, Cotnme mr naturel , va gl des. mo ETES oscilldtoires de tout COrps ur qui, répercutés par les ‘Corps élastiques fangents 3 S'éten— | dent, se propagent sous Je. nom ‘de vibralions. Lai est trip î il Vétiiculé du: Son. Les vibrati po irréeu— | 3 )}D) oe noivelo ol: 1 9Ù )f ) au easb (1) Les rapports que l'intelligence établit nt ces modifi- cations constituent précisément la ca PL à, son. “of. asztoèna o2vI£mé l É ovIrTs i " Ir HONANE HG AUOTTITHN à: Hé | MÉMOIRES... RO ET RANT 547 Tiovyod JS EU li iT( w ; 1 lières des. FOrRS; élastiques, ne; ns qu'un bruit. > ReuT$ Hib brations, régulières; dans ünrtemps déter- miné, sont. le; principe! du son musicale degré de lenteur ou de yitesse, des mouvements oseillatoires du Cerps sonore. -constitue : une-premièrer modification du.son, qu’on nomme cntonation plus \leswibrätions sont lentes, plus l'infonation est:srave;'plus elles sont rapides: plus J'intonation: est: aiguë -L'oreillela plus exercée ue.peuf,apprécier.une rintonation:au+dessous: de. 39, vibrations par, seconde; et: a de16,384 environ dansle mêmestemps::hai trsiioe aq .On,,gonçoit.que da: différence, met ces es Dh de > perception puisse se fractionner-en ‘une multitude d'intonations partielles.-et diverses, fournies 1pär "la! progression, arithmétique, croissante oudécroissante dunpmbre,.des yibrations;;.nous; nomitions l'ensemble: | de,cette, “Progression, échelle générale-ascendante où des: | cendante;:: ‘nous en nommons æhaque:terme ; degré de | l’échelle ; enfin la raison arithmétique de la progression s'appelle intervalle. Le nombre des degrés ou intonations, la grandeur de leur intenyalle, _ ne sont point. des lois, le la nature, qui ne limite si ne précise rien dans le clavier so- nore de, la création : c'est une conception de notre esprit, variable selon les lieux, selon les temps. TOUS RTE ‘que comme ‘ane. ‘intonation très-distincte de “outes 1 les au res in ‘intonations de l'échelle générale , etrésultant du nombre constant de ses nee pee un temps donné M): si (Dont 299: 95005 (9j | SD 2*4 ten } D Sp tätit2o àtirrst si JRA2IOANC (1 j Si jamais la science arrive à “A es précise des vibra- ÊAG 2HAIOMAM eidue cu noid i910v ei8M .sixomied'l 5b swoitsièvèr DES TO CONERES CNET IDE IPRANCE:I00!! : dis a iMonation , prémière médification aol 9 mise af or ) en Œuvre pi ae l'image iOn “ét As aseipré Eté 139 SEE CAL J'intonation né se” Bréduit or nes 1 SI comporter Vitlneliément" Six : aWEReS modifiéationg au ea a résonnance harmonic td, da position JD 19113$ ) lia vasonale : du a durée; D 16! s PH BE Tacéent: 6 un rôle dans at nalité. rnôe ofledloè"l 198ivib : CTTO NT € ‘La, réso LR “harmonique de Hhonattént est ah 990TO0t JATMION de. ces mystères féconds dela” natté” HôntiHiétre esprit Sempare pour. ses combinaisons °H6at °Ebrbs sonore, outre une ntonation |'particitière quislui ét «Propre, fait e encore ‘entendre simuftanément avétefe {rois aies intonations | plus” Tfibiég, “Has tes distin inctes comme éoncomitance fe ‘4fHHote! SO 21pr exemple, dans un temps détéfininé" duélcodque, aire «vibration pour Pintonation prilcipaie 41 Lon géné rateur : Ja première concomitance piédiiira Aétx “vibrations ( dans le même temps: la Second ‘qi : enfin la troisième, cinq. . Ces concomitances , HART Système musical actuel, ‘sont nommées rep ctivément .J'octave, je douzième et fa dix-Septième a sn «aéré .rateur. Voilà donc l'intonation, âme di 8h portant dans son unité. trois facultés LonotegUL bent commelnome Die Au Us 0 BU ÈES métaiphy- .Siques; correspondance étrange, qui RAM cn de, plus que la trinité du ‘Créateur "empréint] son image dans toutes ses œuvres. Cé mystère imexpliqué de la résonnance deviendra pour note fntéffigenes: ja' } 1] vit oiv gl ) sÿ ol tions de la lumière, il est probable qu nelle. trouvera dans la différence du nombre de ces vibrations en un temps donné la raison d’être des couleurs. oz rtf DATE : ny 1} MIRE ININOR TE WIl6110 A MÉMOIRES. 549 révélation de l'harmonie. Maïs voici bien un autre fait : l’octave, qui fournit deux vibrations contre une Suson, générateur, semble. DEN q noi jui que! une intopation. parfaitement identique, quoique Pie aiguë; 8a; de, aa . . fonts. les |octaves de cette première péfave, Admise rer esprit coin rage SN ne toutes. ses joctayes ] ui \ fournit un Fons He diviser l'échelle générale. Dès dors, depuis. 4 ibra diens.par seconde jusqu'à 16, 384 dans s le même + temps, OX \ Lesprit, censidère. d'échelle “générale “cou Ho “formée Ayune seule série d'in tonations se rép éta d'éctave de 0 se t 92 ‘II JO da 19'e ire) 12 FEAT St: pare purant à "oÏs régions dia asona ales Je-LTAYE , le médi VAE aigu , COMP osées chaëune de trois . ju abidion ft L Véche lle eli0O JAN [6 CJOT i tion sont TéT ares € eue le son a les iptomations pont réparties à AT AD or Y e manière ÉLAIEUE Eh SON, PLAY, à) écrite SUR Pre axsh , 9l ne En 3 cette étendue 1 916 Ris progression Lo Pro ie Grecs appelerai, désormais 6 ‘dia on ie diapos en hd une, intonation se Q d’ap n S Sa Eésonnance al bn grave x au médium où # à 'aigu, dis i6ette. p: position, d d japasonale ne recont AISSOZ-VOUS | pas l'âge, la.dignité d'un son, sa jeunesse où Sa vinlité? 9 Par, d'intonation Ja résonnance harmo que Fe ‘Ja eue Fr ME Ra 90D IOV ..ruatg +PoSition. hp ie 20 elle du son 5€ divérsii e : JOB [OT 0 & en; un: grand, nom mbre d'e autres voyelles. Trouvons 1ès +) ie {r éI01T SMISNINNO" 9MÉ 91ON SMAION -gensonnes. ID ,9onertà ref LAS oz La durée. est, la façuité ue Pintouation pos de af PRE RAGE SRE, PÉPUr du tenips ‘into > du en est l RD RREL, shaion es L'AT A6 ;6 # fon; | ad teYA ne 99060291 81 99 la vie active, la mise oi Tumière ère Le timbre est cette qualité particulière du son sl ensb siovuonrt ollo‘up oldédorg tas li, sxdienl si sb 2rrait Onrob e2qot mu mo enoitsrdiv 299 sb ordrron vb oonor8ftih erusluos 29h 9158'D moeiér el 550 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. ASAIOME résultant de l’organe, ou de l': tppareil sonore. dans, l'instrument qui 1e prôditit. Lès’ timbres fésultant d'org'amés sont ceux'tles 4Oix Hümaïnes: ils se classent, en deux grandes familles : les timbres féminins des enfants et'des fémmés® 168 times males des 0mmes, | Chacune de ces deux familles se subdivise . en. trois espèces de timbres MAnUE par eur dègré d'acuité ou de.gravitéi=quiei 99048. OftsIq | Voici ces! éspuces eh totienéant ar. la plus aiguë toloawsft st9f 260 À3 "ri en ts À Voix deperitils SOpHHNO mé22-H6prano” contralto, Voix d'hommes : tenor, baryton, basse. HE | Chaque voix: ana tee ‘espèce présente, ‘en outre à ë une modification du timbre appelée! Ro ro résultant ‘de 14 Ra CAS on divérse ‘des parties de l'appareil phonategn 9h 2eme UNI 8x Aer registre voix de poitrin: 2° registre : voix mixte; 3e. registre : voix'de tété éd FUSSEt. | PRE ALTS L'ascension ou l'abaissement du fl al ainsi que. N'K PA la tension plus ou moins grande des Apres ou € rdes vocales de ‘cet orghné, pariisaeht être le il causes c des différents registres. ne Juoe du &-tudint 918 g ‘54 Ænfin chaqué homnie ‘4 un abs e de” voix e qui lui, est prôpre. Quelle inéroyäble he) N'est- “elle p AS un dés plus beaux apaiapes au régne hominat ? Dai, n’est point d’ instrüment qui Valise avec Ja voix humaine, et la prééminence d'un QUE RENE dans 12 HeCHIE orchestrale dépend de sa facurté d'en put plus où moins parfaitement les étés. dunne le NTM En raison de leur appareil sonüfe , Jes jastruments se partagent en trois grandes class es de les instrüments 13119004 992 14 'réet 25 CTUOUMIST 2941 r mn (r ra À + .crstoist 91 ,olocsri sors -précis, d expréssions, St di Images que.la parole. neslui four, nissait pins, les. tonalités de ces peuples: se basèrent.: sur "des apports numériques de, plus,en plus, simples, : que l'esprit peut apprécier instantanément nets et}, distincts. Les: races japhétiques. : arrivèrent, ainsi à ne plus compter que. treize, degrés dans leur, gamme (ou. . alphabet musical ; en. sorte.que,. d’ un degré. au: degré. conjoint, suivant, , l'intervalle, appelé. demi-ton :est: Le 4H à l'A 556 CONGRËS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. représenté aujourd'hui par le rapport numérique de Vibration :#+ (1). Ce dérnief rapport, le plus com- pliqué-que-notrééducation(mnsicale nous pérmetterde discerner! à priori, -est devenh d'unité; tonalesqués tous les antrésiintervalles-de notre système-contienment am certaim nombre exact: de fois sqtellement que sirlé chantéoriow Jinstrumentiste :nüusoen2font) ententkre d'autres quimercontieinentpasàäipe derchoses:près æb mombrerexäctde déemistons ;hotrep intelligremce; subitement trombléedanssessopérations, etopémibles mentaffectée, réagit'surlorgamsmetoutrentier)zêt nousufait, crierqavec souffranceur 40/C’estraux fre/est fataloi ensb tuomslsoibsr 1918H1b tnoeeiq adtilsenot 21140 seltrouve complètement exposées qespètesq ia seule :vraie-théorie dés la-fansseté w'deslap:jnstesse «dés sons: espère ausshavont mis! bersydez doûte:dh possibilité de diversesnténalités basées:sux des:pnin:- cipes métaphysiques trèsalifférents.iAvamtrde spouf- suivre; cjerhersaurais trop'répétér: que toits Îles faits quésjlexäamine oavec-lé flambeau: destazscience not pas-été révélés-par Cette;sciences maiscquele-diésain innélichez homme d'exprimer {ses sentiments ætysës - “passions ‘quand-leur véhémente) dépasse darpuissanee dela: parole--produit1a5 musique es SE rique voncoire(2)250118b 291 je o1t8-moid : Maintenant on'pourra nous ol 'Sausrdoite, comme conception purement/métaphysique » Hanteot- yo diuid ol 16q oSup 19m1is'e JuoeIuqg st aiv ) Jpi u0 dast 09 gris tas: ent Cet inter ÿ alle est celui que les pythagoriefens nommaient 2901OIDI b Time, et que Tious appe ons | seiki-t0n" où Gent Ifon. e9 {8 Au resté Léibnitz a dit que Y musique Est da? éMidur spontané que l'ûmelthit d'son'ingusl 914 42UT nosieruo9 29) stsquve sl 180 pro RE fOÏ 29010719 essoi A[gttatro aofdecrésont sol ti 5 210 [dà [T* nots{wqoc CL: HOVMAAT HA AUOIMITAALE 244900 RTE ob sup J{ TOQAST al T8q au es SNS OT -mos eufq sf droqq EME D 90 .(1) + mois 457 dination es PSE ete rpossibles reste mmwfait acquisoi puisque:les idiomes ‘ayant tous pour fondosonciendes: mêmes svoyeHes:: hey se distmguent ur: del'autrerqüeipar-icèrtäines: émissions caradtés ristiques dercesrvoyelles et: parrcertainés articulations deqcomsonnes) qu'ellesscpossèdent:enscpropre;1inmoüs comprenons : queoiles-tonalités, ‘établissant entre .les, iaténations , des: affimitéss- ou des: dissonnancesi : qui fixentideursensr-expressif ;::commer lest :consÔmnes fixent -lessens des motss fous conrprenonsiquerdes tonalités puissent différer radicalement dans le'prim+ ” | lmi, 5° degré. corde mobile bémol, ||} meu, 4e degré. ré, 3° degré, ol, corde mobile bém j reu, 2° degré. do ou ut, 4°r degré. (] divisent Le. ainsi RE échelle. Sur nos instruments . à sons fixes, tels que le piano, l'orgue, la harpe, cette division est, en effet, exacte par une opération des accordeurs appelée; tempérament ; mais, bien que : notre oreille la tolère, elle blesse néanmoins, comme -. on le verra, les loisles plus impérieuses de la tonalité. Pour tirer notre gamme de l'échelle chromatique, représentent 76 bémol, mi bémol, sol bémol, la bémol, si bémol. — En employant ces désinences particulières. pour les cordes mobiles, j’imite ; dans mon enseignement élémentairede la musique , les procédés de Choron, que M. Chevet et d’autres ont Cru , comme moi, d'un emploi avantageux. 580 1:11 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. fucopr là) “dus en-placons lé premier degrésur da tonique ;l'puis; fiontänt suécessiveméntlau troisième,;rau-cinquième! du sixième au huitième ya dixième,-aw dotizièmez auttreizièomiel degré du diagramme, mous ne-dhoisiss sôns de celui-ci que les huit intonationsilut-rés, mi, fa, sol, la, si, ut) dont:la:plus aiguë,;-:équisonmance de latonique |; devient àson tour-toniqué dela même gamme! trois fois répétée,\ d'octave en ‘octame, «dans chäque Tégiowdiapasonalezdre wo owpinotsib til IUt, premier degré: du diagramme et de laigemume; est séparé de ré! troisième degré du:diagrarame: et second dela gamme, par un’intervalle-de deux demis tons formant an ton; = un tonrséparel égalementiré de mé, fa:de sol; sol deu; la del si; enfin, :entre nt et fu, comme entrest et‘üt, il n/y1la-quun demi-ton:; en sorte que la gamme ut, ré, mi, fa, sol, last bis renferme cinq tons et deux demi-tons , ainsi disposés, du grave à l’aigu : L'intervalle de,ton qui domine dans cette gamme type lui fait donner le nom de gamme, où.,oclacorde de diatonique. Cet octacorde se partage en deux ES AUDE, MÉMOIRES. 581 tétracordes diatoniques,‘qu'unton séparé entre fa’et soliChâquertétracorde"renferme .deux..-tons,..et. un demii:ton}; symétrie sonore dontla- tonalité :tire,.un mérveilleux parti: Le rapport uumérique de vibrations eñtre deux sons qu'un ton sépare se représente, par sicest-à-direohuito vibrations pour le plus Spark etneufopour son conjoint ascendant. 91Deéux tonalités essentiellementdifférentes sont DES Sütila gamme ub, ré, mi, fa, sol; la ; si, ut»: la tona- lité diatonique ou grégorienue,: pourcde chant eéélésiastiqué, la tonalité chromatique ouùmonteyer- dienñé} pour la inusique moderne (1): Dans l'uneet l'äitretonalité; en’intervertissant l’ordre successif-des ton8l'et des demistons;! on change le mode. de,la pammé; ais, dans le principelde ce changement de mode} de ph -chant | diffère radicalement de: la musique: a 1 'e à20 œ21h F2frI Formation des inodes du plain-chant. Le plain-chañt f en variant la répartition des tons et des demi-tons par le déplacement de la tonique réa- (1) L4 tonalité du chant ecclésiastique a été définitivement constituée par le pape saint Grégoire le Grand à la fin du vie siècle. La tonalité chromatique , que je désigne sous le nom de monteverdienne, est le résultat d’une transformation com- plète opérée dans l’art, vers 1595, par l'italien Claude Monte— verde. Cette révolution, que les historiens de la musique n'avaient pas comprise jusqu’à nos jours, a été démontrée par M. Fétis, qui, en cent'endroits , en explique les causes et les développements progressifs. 582... CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE G CHHIOM: lise dans la gamme sept modes principaux on Fe di 19260 107 ques, sept modes dérivés ou pi agaux. Pour PR le y 9 D OT 91] V'O2IY LD premier à mode, il choisit Le son ré comme on ns ou. 115 PT xrnR'oorr. 2101-1199) Xr19 finale! elà, passant par les degrés ré, “mè, fa, sol 9D eAOMHAIVUOI HO e8sMMO) Ÿ 0201 do il s'arrête au son la, et compose ainsi | a partie. infé- 9[r98 ARTS (fs0p 9) 9204009 ,TU9fIM [ rieure du mo e, ré, a fa, sol, la. P AU ensuite J\— 5 OLIS O 4 Î (01-1019 291 90rnr0 SE la po ur monter ER, u'au ré octave de Ja toni que il I D Rayon i ï 0'2 PM D Toteiv1h.91t hs - parcourt les degrés, z do 5 à ré , dont il forme la 999$ SÉTUON L [J TA [6 9D Sf[idont 3199 artie supérieure mode ; en sorte qu obtie Por partie supérieure Rip ) ÉTEINT sp eau N: DA Las échelle ut ale de ce premier, mode : ré, mi, [ay Sol SiD [#7 TIOY fe 1p46 fo si, ul, ré, échélle doût les. ‘démi-t tons so Aus ATEN rdofit 9D)10° p: 9 TC entre le deuxième et le troisième degré, le sixième et. epti ) “FO (OL ÔŸIE (108 STNTON le se ième. Fr [HQ9 91091 TI} “THAT Mer En tran) sportant la partie supérieure de ce remier f ES 2 [10 Rue la, SE ul, ré à quatre degrés, au-d eSSOUS de E°1 OT D) TION D finale BE un second | mode es, formé d a du, premier ayant la même finale, les mêmes ! iVISIQn. de échelle; seulement là p partie jférigure d u premier. mode, ré, mi, fa, sol, la, devient partie Supérieure. du second ; : tandis que celuigei a OUT jartic inférie re la, re do, ré partie, supérieure, du. TER 60 ar trangportée s sous sa finale, et Se con RS eç el lle: .M procédant dela mome thaibrs on prend sueces siyement ma, [a sol, la, Si, ut x pOur fipale , on | obtient, six modes authentiques nOUYeAUX , Ayant sh leur, h) € ) 60119926 dérivé 504 plagal. La répartition, des tons et des demi tons, varie dans chaque mode : avec la finalé:; 3€ à sorte que chacun des quatorze modes diffère par, là de tous les autres. Dans toutes ces transformations, la garime, du plain-chant reste purement, diatonique some fa tonalité; pa n° en est. pas. de même dans Ja musique, na ÉROIETE LOS of taob . ecxmios couh op toast sw 2li [J} MÉMOIRES. 583 Cette tonalité chromatique, basée sur le demi-ton, divise chaque ton de la gamme ut, ré, mi, fa, sol, la, si, ut, en deux demi-tons inégaux : l'un, majeur, composé de cinq commas ou neuvièmes de ton; l'autre, mineur, composé de quatre commas seule- ment, comme les demi-tons de la gamme mi-fa, si-ul. Cette division des tons s'opère au moyen d’une corde mobile, ou degré variable d'un comma, placée entre chaque ton de la gamme diatonique, comme où peut 1 le voir aux degrés 2, 4, SRE 1, du dia- gramme. La corde mobile élève ou abaisse d’un comma son intonation pour qu'il n'y ait jamais qu’un demi-ton mineur entre elle et le degré conjoint ascendant ou. descendant vers léquel les lois tonales déterminent sa tendance. C’est ainsi que, entre ul et ré, la corde mobile devient dè si l'attraction de ré Tinvite à monter, et reu si l'attraction de do l'invite à descendre ; el mêrne , entre les tons ré-mi, fa-sol, sol-la , las 1e ïés cordés mobiles déviennent res- pectivement et tour à. tour : ra pour monter à 7, mieu | pour descendre à ré, Fè pour monter à sol, seu pour ” descendre à fa, sè pour monter à la, leu pour descendre à so, enfin BI pour monter à $, et zeu pour descendre à la. Les cordes mobiles , quand leur rôle est” ‘ascendant , prérinent le nom dièzes : tels sont dè, Ta, fe, sè, le ; elles prennent le nom de bémols quand. leur rôle Es descendant : tels sont seu, leu, seu, meu , reu. Sur l'échelle du diagramme, les degrés 2 IT fn, portent à 1 fois Chacun un dièze et un Role le rs et le bémol sur un même degré sont dits énionations synonymes où enharmoniques, parce qu’ils ne diffèrent que d’un comma, dont le rapport e 84 CONGRÈS SCIENTIFIQUE: DE FRANCE. numérique des vibrations se représente pari. Quante aux,demi-tons .do-dè.; ré-reu;oré-na,;:mi-mè ,-et6l yro8 sont, des demi-tons majeurs de:cinq commas, “011 t4l112 La tonalité grégorienne n’a jamais-partagé les tons 11 de.sa, gamme.par, des cordesmobiles, excepté cepen-0: dant, le ton. la-si ; dans lequel:zeus'interpose-actiden- tellement pour, descendre à la, ou.éviter «entres ‘et fa: unerelation, de trois. tons: ow\triton , relationrdestruë+! tive, du genre purement. diatonique: car cergenre;ru dans, lequel l’octacorde.de-chaque:moderest: formé: de: 2 deux tétracordes, renfermant chacun déuxstonssetnt un. demi-ton dans quelque ordre qu'il se présenteyaié peut admettre le tétracorde, fa-sol-la-si,)composébdesh trois tons. Ce tétracorde subversif était appelésparoles: anciens auteurs diabolus in musica. US ‘TO2U La tonalité monteverdienne est bien moinsrichie que: sa sœur dans le genre purement diatonique : elle ne compte que deux modes : le majeur, qui n’est autre que la gamme-type : {onique , ton, ton, demi-lon, ton, ton, ton, demi-ton; le mineur, dont la gamme ascen- dante se formule ainsi : tonique, ton , demi-ton, ton, ton, ton, ton, demi-ton; et la gamme descendante - octave de la tonique , ton , ton, demi-ton, lon , “ton demi ton , ton. La double boite a mode mineur “renférm ainsi trois démi-tons différents : l'un, du second degré. au troisième ; l’autre, du septième au huitième degré; enfin le dernier, du Sixième ei au ‘cinquième. On 31 Up enrichit le mode mineur d'une très-grande at" d’accents expressifs Au prémier aspeët, les deux seuls modes gro LE Li dé la musique HHCRUE doivent paraître une. 1 MÉMOIRES.‘ ASS 585 : pauvreté : ilin’en est rien : outre que} pour créer dés‘ attractions. ascendantes ‘ou detente éHéipeut substituer à chaque degré! des deux modes iles côrdès 0” mobilessconjointes, ‘elle: peut encore prendre! ‘pour toniqued’un mode majeur ou mineur chaque degré de son diagramme chromatique. Ce n’estpas tout 1°! chaque gamme majeure ainsi transformée! pat le” déplacement de la tonique renferme implicitement! une gamme mineure descendante, dé même tHeque gamme! mineure descendante rire ûne< SR majeure relative. Gi Comme dans les modes du plaint-chant, l’octacorde deshdeux :modes-monteverdiens se partage en deux "| téträcordes diatoniques: mais ceux-ci, ‘loin ‘de’ ré27 pugner au triton, lui empruntent, au contraire, 14° vieret'le mouvement de toutes leurs'Combinaisons. 62 } Fonctions des sons, de la gamme. — Parties, du. discours musical. Pour réaliser la variété des modes dans l'unité. de la gamme, il fallait nécessairement qu'à chaque. | intonation de celle-ci une fonction, spéciale, fût attribuée, en raison de l'empire plus ou moins absolu. qu’ exerce sur elle la tonique; la tonique, à qui le. phénomène, naturel de la résonnance communique. tou) QUTS une vertu prolifique, comme son PRE L'esprit humain ne s'est pas fait. attendre :,.la; tonique est le son substantif par excellence, dont, tous les autres ne semblent que des attributs : c'est. hé tonique qui gouverne en souveraine tous leurs 586 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. rapports. Elle na pas besoin de se faire entendre pour être partout présente; elle agit sans cesse; en un mot, elle règne, elle est l'âme de la tonalité. L'octacorde. entier ést une émanation du souffle de la tonique, qui seule fait naître le sentiment du repos, de la plé- nitude du sens achevé ; c’est l'alpha, c'est l'oméga.. Le cinquième ARE Le générateur secondaire du tétracorde supérieur de la gamme, participe en sous- ordre à toutes les prérogatives de la tonique : il est, . cohime elle, un Substantif ; comme elle, il fait naître le uintithent du repos et du sens achevé, mais seule. ment d'une manière accidentelle. 11 provoque surtout le mouvement, car il est le centre de la gamme et son, pivot sonore ; tellement que, si l’on renversé L ün. sur ; l’autre les dede tétracordes , la tonique se confond. avec son OCtAVE , SON pronom ; mais le cinquième degré | reste seul , répié Sur lui- même , et ne rencontrant, que | soi : à fous cés titrés , ‘il a recu L nom de déminante. Ye troisième degré Pr A EEOS, de la tonique et de, la dominante est par excellence le son adjectif, attri- | butif; il n'implique nul sentiment de repos ou de sens achevé : il exige, au contraire, des compléments. . Quoique Ta résonance naturelle île produise Cid saillant , nul Sén$ ne peut: S "appuyer, sur Jui. Cepen- dant, LAVE du quatrième degré par un demi-ton, i mal. lui sas subir sn : attraction : , mais “trbs-souvent au si | à il subit la sienne. Dans le mode mineur, le troisième degré peut prendre le rôle de tonique; car de Jui-dé- coule naturellement.dans ce mode une gamme majeure relative. Ilest encore un des swbstaritifs dans le: plain- chant. Le troisième degté s'appelle médiante. La tonique; 14 médiante, la dominante, sont les van a MÉMOIRESurine duo 58 cordes substantives, du plain-chant (1) ; jointes aux re NA qui ‘environnent Ja finale et à ceux que. des den dirtons s nn elles cémposent toutes les TessOUT- 1109 ceë! éXpressiv es de a mélodie. La : tonalité moderne est inf niment pus riche. as sr HO JS : sigboluee k TE lquatrieme degré, ous “sus-médiante ; 8 septième. degré, ‘où, sensible, pour, les “deux. modes ; Je sixième, sus- dominante et le second, Sus-tonique , pour le. mode: 2102 N9 JON Aube 5 mineur seu emen voilà } par. € essence les PODS, soumis à ; Ja c con: la .sus-médiante, cherche. la sante! lä FAN appelle Ta tonique: supérieure ; ces deux sons, mis en contact, font sentir ce pénible. 02 +9 or | triton qui, “iéublant l'esprit, doit amener comme, l'atfraction, Ve DE eu Ïs répandent partout. la. vié, 8'mouve emen compensation r audition de la “tonique et, de. la mé l .baotna: SU} dian é Pour catisfai aire à la même conséquence. du. 9709 NI Jeu fo 91 218$ | triton SRE le mode mineur, “Ja sus-tonique cherche... la médiante ; ele sus-déminante, la dominante. : à She-médiante, comme génératrice du; second tétracor €'ééscendant, pi I rend. accidentellement, tous. les A à ne .. ge HA même la sus-domi-. 1129 ANeNRIC DITES 29) .9T 108 nante d u, M at de qui d découle naturellement. uné gamme mineure Te lative. Quant: à la sus-tonique, 9e DOTG 949) si Êre ne, PE l'attraction de Ja, médiante MNeUTe le reste .une, intonation simplement . copulative ou conjonctive ; de, même la sus-domi- }V 102-297 nante quand elle 1 l'est ni tonique. ni verbe. SMIOIEIONT 91 , TU bond souvinai abs da dominante ou pivot méthodiqué Y aüucuñ modé!car, sé trouvant alors éontinuel- lemeñt|en relation de tritons'avec /z; elle gènerait! les suc- cessions mélodiques, qui ne peuvent admettre cette relation, souyerainement antipathique au genre diatonique. 588 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Enfin la médiante et la sus-dominante, seules cordes qui ‘Varient datis 16s Changements ag mode, sont par excellence ‘les intonations ! Hverbiates | puisqu'elles Seules modifiént la manièré où 1 mode d'existence de la gamme. Au resté, cétte existence est toujours énergiqueémént affirmée par la sus2médratite et la sensible, c’est-à-dire lé triton. F9 aslqifrem ‘Ce rôle SAR du triton dan$ la tonalité moderne la sépare dôné radicalement ‘du plain-chant :le triton suscite inévitablément les stcééssions ‘chroma tiques, essence ‘de ‘la HEUPIUE PRtatrRe ‘e PRE chant lés repousse. a Substantif, pronom, adjectif, verbe, Pad! conjonction , interjection surtout) ;/“la! tonalité ‘4 tout tiré dela gamme #ÿpe, qui désormafs peut /$e formuler ainsi :° tonique; Su$-tonique ;* ‘médiante sus-médiante, ‘dominante, sus-dominanté "sensible; tonique. La mélodie peut naître maintenant : mettant en rapport tous ces éléments, et les combinant par la logique inflexible des lois tonales , elle formuléra Ta proposition musicale, et réalisera, de syllogisme en syllogisme , l’entier développement du discours. — . Mélodie, harmonie‘, grammaire , syntaxe. Pour mettre en rapport les parties du discours mu-— sical, la tonalité procède par deux modes de combi- naisons : 4° la mélodie; 2 l'harmonie. La mélodie combine les rapports par succession; l'harmonie, par groupe de sons simultanés ou accords. À HOMAAM 4Q AU IHID8 24 HDMOO Ga@ MÉMOIRES. 589 tISErT tagd'nmob-one gi bio fo 'est Je ra proprement, ru ë 'est le discours; J harmonie, west qu'une conséquence, tonale dela, mélodie. elle la suit. en: esclave pour la fortifier, soutenir,.s0n .vol, préciser son, .expre$sion. en, CON densant. dans.une, seule, Émisriqn, sonore. -1es, éléments multiples de la proposition. : dia ets , Peas la:mélodie..romme Fair do lanature des rapports.entre les sons dépend.des, intervalles. qui les séparent. Chaque intervalle, a.des: fonctions s déter= minées Mans de.discours,, tout, aussirbien, que chaque son de la gamme. L'intervalle emprunte, 502 :n0M Au nombre des degrés qu'il parcourt, dans : loctacorde ; mais;il,se mesure parles demi-tons qu il renferme. Quant.à sa mature ou à,son rôle comme, [SUCEESSION ou,çormme accord. \la.science, a..constaté: arasaaut rapport, des Eee qui les détermine. | s08R: xapport simple produit un intervalle na # c'est-à-dire; agréable. où.;l'esprit .se .complaît:.. rapport plus compliqué susciter dans l'esprit un, es une exigence de, complément ;: l'intervalle, est alors consonnant.appellatif;, un rapport, très-compliqué. irrite l'esprit, le blesse, le force à demander une compen-— sation ; Prrale est alors dissonnant, et l’on appelle résolution de la dissonnance la compensation conson- nante par laquelle l'esprit retrouve son. repos et sa liberté d'action. Cette théorie des intervalles, que je crois complètement neuve, révèle tout le secret He émotions que. la musique Bit éprouver. “L'octave (huit degrés diatoniques douze’ ‘démi= tons, . vibrations contre cinquante), Poctavé consonnaiée parfaite, lest l'intervalle substantif® par excellence. L'esprit, qu’elle laisse impassible ; l'accepte- 590 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. comme terme final et conclusion; l’octave résume l'octacorde tout entier. ES La quinte juste (cinq degrés diatoniques, sept demi-tons, soïxante-six vibrations contre cent), la quinte, consonnance parfaite aussi, s'établit entre une tonique et sa dominante, entre une tonique supé- rieure et la sus-médiante. La quinte réunit donc les substantifs de la gamme; elle ést intervalle subs- tantif. L'esprit, sans s’émouvoir, s'y complaît, et l'accepte volontiers comme sens achevé. La quinte révèle l’octacorde tout entier; car, des deux sons qui la forment, l’un engendre le premier tétracorde de Ja gamme ; l’autre, le second. La ttsèté juste (quatre degrés diatoniques, cinq demi-tons, soixante-quinze vibrations contre cent), la quarte, malgré la simplicité de son rapport, n’est pour l'esprit qu’une perception vagüe. Comme elle ne renferme implicitément qu’un tétracorde, elle rétrécit pour ainsi dire la perspective sonore ; elle n’a point de sens précis. Comme accord, elle est un excellent intervalle conjonctif; et, lorsque deux subs- tantifs tels que la dominante et Ia tonique snpérieure la font entendre, elle peut devenir un verbe intran- sitif; car elle réclame alors un Complément ou cadence indirecte. La quarte est une consonnance micte. Lesan- __ciens auteurs l'ont souvent traitée comme dissonnance. La tierce (tierce majeure : trois dégrés diatoniques, quatre demi-tons, soixante-dix-neuf vibrations contre cent; — tierce mineure : trois demi-tons, quatre-vingt-trois vibrations contre cent), la tierce force l'esprit à l'attention, l'anime, le provoque ; l'esprit, à son tour, cherche la tierce, la désire, s’y MÉMOIRES. -594 délecte. Formée par une tonique et sa médiante, ou par une médiante ou sa dominante, ou par des toniques relatives, la tierce ne révèle pas l’octacorde entier, mais elle s’unit, comme attribut à tous les substantifs ; elle caractérise le mode; elle modifie le verbe. Les tierces sont, des Consonnances impar faites ; entendues simultanément avec la quinte, elles pro- duisent l'accord Parfait, accord substantif. La sixte (sixte majeure :. six degrés diatoniques, neuf demi-tons, ciquante-neuf vibrations contre cent; — sixte mineure : huit demi-tons, soixante- trois vibrations contre cent), la sixte joue absolument le même rôle que la. tierce; elle impressionne l'esprit de la même manière; elle est aussi consonnance imparfaite , quoique cependant elle indique vague- ment l’octacorde tout entier. : L'octave, la quinte, la tierce et la sixte sont les Concomitances les plus énergiquement accusées par la résonnance naturelle; leur force d'adhérence au son générateur est telle que, si l'émission d’une tierce ou d’une sixte se prolonge comme accord, un troisième son ne tarde pas à s'épanouir dans une région diapasonale plus grave, sans qu'aucune Voix, aucun instrument ne l’entonne : c’est le son géné- rateur qui revendique ses droits. Admirable phéno- mène ! esprit humain plus admirable encore, puisqu'il a mis en œuvre tous ces trésors d'harmonie bien avant que la science ne les soupconnât ! Dans la pratique de l’harmonie, le son le plus gTave sert de critérium pour analyser tout accord : c’est toujours comme son générateur. L'esprit humain procède en ceci comme la nature. 599 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Dans le plain-chant, toutes les successions mélo- diques possibles, toutes les harmonies qui en sont la conséquence nécessaire, se renferment dans l’emploi des consonnances parfaites, imparfaites et mixtes. Le genre diatonique ne peut, par essence, dépasser cette limite. Son domaine d'expression n’en est pas moins immense; Car la constitution particulière de chaque mode oblige chaque son et chaque intervalle à changer de fonction en passant d’un mode à l’autre. Dans les successions mélodiques , cette métamorphose de l’intonation reste vague; mais l'harmonie est là pour la préciser : l’harmonie est donc un élément indispensable de l’art grégorien. C’est pour avoir méconnu cette rigueur logique que tant d'hommes éminents ont dépensé en pure perte des trésors d’érudition à discuter si le plain-chant peut admettre l'harmonie : il ne l’admet pas : il l’a créée , il l'exige, sous peine d’abdiquer sa puissance comme art. Toutefois l'harmonie du plain-chant ne peut être que consonnante par l'émission simultanée des cordes principales de chaque mode et de leurs cordes expressives dans quelque ordre que ce soit. Loin du plain-chant le triton, dont la présence ne doit être soupçonnée ni dans un accord ni même dans une succession mélodique | Chaque mode engendre des accords, des successions, qui le caractérisent, jaillissant de son unité, et circulant, comme une sève sonore , de la finale à la dominante, de la médiante aux deux pénultièmes qui entourent la finale. Les successions et les accords découlent de,la dominante, centre du mode. Le fond de la mélodie et de l'harmonie moderne Ji MÉMOIRES. 593 repose sur les mêmes Consonnances, mais l’art de Monteverde leur réserve seulement les rôles de substantif, d’adjectif, d’adverbe, de conjonction et d'interjection;, quantaux verbes, les voici : Le triton (quarte majeure, troistons, six demi-tons, cent vibrations environ contre soixante-dix, quatre degrés de la sus-médiante à la sensible ) ; la quinte mineure {cinq degrés diatoniques de la sensible à la sus-médiante, deux tons et deux demi-tons, six demi-tons, cent vibrations environ contre soixante et onze), le triton et la quinte mineure, par leurs rapports compliqués, frappent vivement l'esprit, le font douter du mode, et même de la tonique. Identiques comme sonorité, ces deux intervalles peu- vent se substituer l’un à l’autre. L'attraction de deux cordes principales leur imprime une tendance invin- cible, en vertu de laquelle la sus-médiante descend sur la médiante, et la sensible monte à la tonique. Maïs, si, mobilisant ses cordes, le triton se transforme en quinte mineure, dont une autre tonique sollici- tera l’intonation inférieure en même temps qu’une autre médiante contraindra le son supérieur à des- cendre, l'esprit, perplexe à l'audition de cet inter- valle, réclamera impérieusement un substantif et “un attribut. La même transformation peut s'opérer dans la quinte mineure. Le triton et la quinte mineure sont deux consonnances appellatives ; leur présence répand la vie partout : ils sont pour la tonalité le verbe vraiment substantif, l'affirmation de l'existence. La seconde majeure (ton, deux degrés, quatre- vingt-huit vibrations contre cent); la septième mi- II. 38 594% CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. neure (sept degrés diatoniques, dix demi-tons, cinquante-six vibrations contre.cent (1)); la seconde majeure et la septième mineure sont des dissonnances, renversement l’une de l’autre, qui, lorsqu'elles sont produites par le contact de la sus-médiante et de la dominante, prennent le nom de dissonnance naturelle. Elles sont le:nerf de la tonalité; car la seconde majeure naturelle est précisément formée par la ren- contre des deux tétracordes de la gamme; elle résume donc cette gamme, comme le triton et la quinte mineure, avec lesquels s’unissant elle produit le verbe le plus énergique, le plus irrésistible, tout à la fois consonnant et dissonnant, et qui, Comme accord, se nomme accord de septième de la dominante. Tout l’art moderne réside dans cet accord, dont les mille trans- formations, comme autant de verbes attributifs, expriment mille modes d'action des substantifs, en s'appuyant tour à tour sur toutes les toniques que peut fournir le diagramme. La dissonnance naturelle et le triton, précédés et suivis de sons substantifs et (1) Tous les rapports de vibrations qui composent ces der- niers intervalles ne sont qu'approximatifs. Ils ont donné lieu à d’interminables discussions entre les mathématiciens et les musicistes, depuis Pythagore, qui les a déterminés le pre- mier, jusqu'aux savants de nos jours. M. Fétis veut qu'on ne tienne aucun compte de ces débats, sur lesquels néanmoins il a fait rayonner les lumières de sa profonde critique : « Dans les faits de l'intelligence, dit-il, les phénomènes de la nature ne peuvent faire loi ». Pour moi, je pense que, si l'intelligence s'empare des phénomènes de la nature pour se manifester, c’est qu'elle y devine des lois rationnelles dont la science n’a pas encore découvert le principe essentiel. : MÉMOIRES. 595 adjectifs, voilà le verbe, le sujet, l’attribut; voilà la proposition ! Mais le demi-ton c’est la dissonnance la plus saisis- sante , la plus déchirante : l’esprit sent que, si la limite de rapports en est dépassée, le chaos musical com- mencera pour lui : aussi le demi-ton le trouble, l’effraie, l’exaspère, le décourage; l'esprit appelle le repos. Mais, comme les cordes mobiles peuvent engendrer le demi-ton, le faire surgir partout, le demi-ton est l’accent expressif Sans rival : c'est une pointe aiguë, un rayon brûlant; c’est une larme; c'est un sanglot, un cri de colère, un frisson d'amour; c'est une lèvre qui cherche le baiser! Le demi-ton crée l'infini dans l'harmonie : qu’il s’introduise furti- vement dans l'accord le plus placide, soudain cet accord, au gré du demi-ton, devient déchirant, * suave, vaporeux, profond, souriant, éploré , aérien, magique. Le demi-ton produit toutes les modulations, c'est-à-dire les transformations de l’ordre tonal par les changements de tonique. Lorsque, à la fin du xvi° siècle, Claude Monte- verde, par une révélation du génie, créa l’accord dissonnant et la modulation chromatique, il opéra dans l’art une révolution tellement radicale que désormais le plain-chant, expression sublime d’une foi religieuse qui, repoussant toute passion humaine, s'affirme sans se discuter, le plain-chant dut déposer le sceptre de l’art mondain; et le drame lyrique, l'épopée symphonique, firent leur avènement. La musique aussi avait découvert son nouveau monde, et Monteverde en était l'infatigable Christophe Colomb. 596 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Discours musical, Plus rien ne manque à l’analogie surprenante de la parole et de la musique : le substantif de là tonique et de la dominante se fait-il entendre, aussitôt le verbe du triton et de la dissonnancé naturelle affirme l'existence de la tonalité ? les attributs sont ‘unis au substantif, et le complètent ‘voilà la proposition, le jugement. De nouveaux verbes viennent exprimer l'action; le jugement s'ajoute au jugement, et la pensée musicale se développe. Mais d’autres pensées découlent de cette pensée première : le Sens étend, fuit, revient, s'obscurcit, reparaît de ‘nouveau lumineux ; ici, le môt a sa signification propre ; là, c’est une expression figurée; plus loin, l'équilibre tonal semble s’ébranler; l'imagination, ‘haletante, poursuit la pensée, qui s'égare, se disperse, se ramifie; les épisodes succèdent aux “épisodes; les surprises, aux surprises; la moduldtion déroule ses caprices : c'est une continuelle méfamorphose de tonique en dominante, de dominante en médiante; l'horizon sonore s’élargit, Se resserre? 14 fonalité se dissimule encore : enfin tout vient aboutir à l’unité de la tonique , et l’imag'indtion se réposé: Que le plain-chant maintenant promène ses graves périodes à travers les circuits infinis du grave à l'aigu; qu’il exhale dans toute son amplitude sa cantilène, solennelle comme une cathédrale, formi- dable comme les mille voix de l'orgue ou de Ia foule, MÉMOIRES, 597 élancée comme la prière, ardente comme la foi des martyrs, enthousiaste comme l'espérance , onctueuse comme la charité, qu'il adresse an Verbe fait homme ses soupirs, humbles et tristes comme la pénitence, réservés comme la crainte de Dieu, respectueux , comme l’adoration, émus et chastes comme. l’amour -divin, limmuable unité de son ordre diatonique exprimera Dieu. Les trois cordes principales de chacun de ses modes seront ce triangle éblouissant et mystérieux que. Dante voyait splendir au sommet du ciel ;,son octacorde, uni au demi-ton artificiel de sa corde mobile, acclamera : « Saint! saint! saint! » comme les neuf chœurs d’anges ; ses sept modes authentiques répandront comme un flux de grâce les sept dons du Saint-Esprit; ses sept modes plagaux exalteront les joies des sept béatitudes; la, mélodie, appelant sans cesse l'har- monie, proclamera, la communion consolante de l'Église triomphante et de l’Église militante; l'unité de la tonalité sera la foi; chaque accord, toujours consonnant, Symbolisera la charité; enfin le rhythme, qui marche, qui agit, peindra les vicissitudes du chrétien, qui, pèlerin sur cette terre, poursuit avec confiance la. conquête de la terre promise. Deux modes engendrés par la même finale lui disent que la loi de crainte et la loi d'amour se sont confondues dans la personne du Sauveur; il entend dans les quatre cordes de chaque tétracorde les quatre évan- gélistes prêchant la bonne nouvelle; il apprend par le triton. proscrit que toute passion terrestre doit rester étrangère à son cœur. O sublime plain-chant! art incomparable ! je sens bien que le souffle du Saint- 598 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Esprit t'a créé : tu me ravis de joie, tu me consoles, tu me fais planer dans l'infini (1). Si l'art grégorien est l'écho du Ciel, la musique moderne est le concert de l'humanité. Toutes les richesses mélodiques et harmoniques de celle-ci ne se renferment pas seulement dans des substantifs, des attributs, des verbes : ce ne sont là que ses éléments intégrants ; une foule de sons accidentels produits par les cordes mobiles nuancent, transforment sans cesse ces éléments. A peine la pensée de l'artiste est-elle éclose, la passion s'empare de lui; l'inspiration lui dicte des miracles; la mélodie égraine ses perles chromatiques; les dissonnances s’entre-choquent; les successions mélodiques, les accords, se précipitent comme un torrent, ou distillent une suave rosée ; les gammes échevelées s’évitent et se cherchent; l’arpége lance ses flèches acérées, et retombe en grondant dans les profondeurs des cordes graves; le trille pétille; le grupetto découpe ses festons mélodieux ; l’apogiature fait saillir ses facettes scintillantes ; le dièze soupire ; le bémol pleure; le dessin sonore ondule, se replie ; mais, dans ce chaos féerique, le verbe du triton commande à la tonique d'imposer sa loi : tout rem— plit sa fin, l'ordre règne, et le discours est achevé. (1) Qu'on ne s’imagine pas que ces rapprochements entre la musique de l'Église et ses dogmes sont de purs jeux d'imagi- nation. — Je suis convaincu que, dès qu'un art atteint sa perfection , il réalise des symboles pour exprimer toutes les grandes pensées qui l'ont enfanté. De même qu'une cathédrale reproduit par la pierre toutes les données de l'Évangile, ses dogmes, sa morale, son histoire, le chant grégorien trouve aussi des accents où toutes ces choses vivent et palpitent en y imprimant leur empreinte distincte. MÉMOIRES. 599 Dans les systèmes de musique#dont la tonalité n’a d’autredestination que de prêter à la poésie des accents plus pénétrants, plus solennels, toutes les merveilles de notre art sont égalées, peut-être même surpassées. Le ton du coloris sonore y est chaud comme le soleil torride ; mais les évolutions de la voix, immenses, infinies comme le désert, en ont presque toujours la tristesse monotone. Le rapport infinitésimal {des intervalles empêchant l’intonation de se fixer d’une manière sensiblement distincte, la voix glisse d’une région diapasonale à l’autre sans faire sentir indivi- duellement les degrés de l'échelle : aussi concevoir un son isolé paraît impossible au chanteur de l'Orient. Pour lui, l’élément mélodique le plus simple n’est pas un son : C’est un groupe de sons; chaque partie du discours est encore un groupe de sons. .L'harmonie, loin d’être nécessaire, devient impossible. Une telle musique blesse notre sens esthétique, dépasse nos facultés , nous est insupportable : qui sait cependant si les tiers ou les quarts de ton qui ravissent de plaisir ie‘muezzin sur son minaret, le brahmine dans sa pagode, n’entreront pas un jour dans notre système agrandi, transformé? Des expériences sont déjà tentées (1). Et puis d’ailleurs, dans nos mélodies populaires des Pyrénées et des bords de l’Aude, dans (1} Depuis le xvie siècle, soit pour retrouver le genre enharmonique des Grecs, soit pour expérimenter sur.nos oreilles les tonalités de l'Orient, on a plusieurs fois essayé de construire des instruments dont le clavier fournissait la division de l’octave par tiers et par quarts de ton. Voyez sur ce sujet les intéressantes recherches de M. Vincent, membre de l’Institut. 600 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. les fandango et les séguidilles des Espagnes , n’entend- on pas un écho, très-reconnaissable quoique affaibli, de ces antiques romances, délices des belles houris que priaient d’amour les Zégris et les Abencérages. En attendant, la puissance de notre mélodie et de notre harmonie telles qu'elles sont semble illimitée ; mais il faut que je me hâte de les enrichir encore d'une complète perfection de forme et de dessin par un nouvel élément, une nouvelle articulation de la voyelle : je vais parler du rhythme. Du rhythme. — De la mesure. — Prose musicsle, — Versification. Le rhythme résulte des diverses modifications de Ia durée combinées dans le temps. Tout ce qui s’ac- complit dans le temps est soumis au rhythme : il y a rhythme dans les accidents de la vie, rhythme dans les évolutions des astres, rhythme dans le vol® de l'oiseau, dans les caprices du ruisseau qui serpente. La tempête rhythme ses bonds furieux, comme la brise des nuits ses caresses; la foudre, ses éclats: l'éclair, ses sillons; l'orateur rhythme son geste; le danseur, ses pas; le moissonneur, l'impulsion de la faucille , ou la chute cadencée du fléau. Le rhythme est la respiration de la parole, dont lesvoyelles longues ou brèves, les silences intermittents, retiennent ou précipitent l'émission; mais c’est surtout à la musique que le rhythme est inhérent : c’est un de ses éléments les plus féeonds pour émouvoir. MÉMOIRES. 601 La durée de l’intonation peut se prolonger ou se restreindre d’une manière infiniment variée; le silence plus ou moins long peut l'interrompre : voilà dans la musique la faculté du rhythme. La musique et la parole possèdent donc en commun cegprécieux élé- ment: preuve nouvelle de leur commune origine. En développant ses successions et son harmonie dans les trois régions diapasonales, la mélodie semble envahir l’espace; mais, en s'assouplissant au rhythme, elle règnera sur le temps pour en disposer à son gré. Par le rhythme, ses proportions se dessi- neront clairement, et ses contours deviendront précis. A la symétrie sonore des successions et des accords s'ajoutera la symétrie des durées et des silences : de là, des lignes, des angles saillants ou rentrants, des circonférences de sons, soit que le trait ascendant ou descendant projette la verticale , soit que l’intonation, rebondissant sur elle-même, dessine le trait hori- zontal : delà, des images, des symboles se multipliant à l'infini. Le rhythme est le geste de la mélodie. Mais tout compas, pour projeter une ligne, part d’une unité, le point : pour se dessiner, le rhythme s'appuie aussi sur une unité, l'instant. Cette unité est essentiellement variable : la déterminer c’est donner au rhythme son attribut indispensable, son mode d'existence; c’est lui. imprimer le mouvement. Le mouvement est, en effet, le degré de lenteur ou de vitesse assigné à l'instant pour servir d'unité rhyth- mique. L'effet du rhythme dépend absolument de cette première impulsion du mouvement : la même mé- lodie chantée tour à tour dans un mouvement lent ou rapide produit deux impressions totalement diffé 602 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. rentes. L'esprit emploie sur le rhythme ses procédés habituels ; à l’unité qu'il choisit selon qu'il est ému il rapporte toutes les diverses durées des sons et des silences : durée de deux, de trois, de quatre instants, où un plus gæand nombre. Si le rapport des durées avec l'unité est vague et indéterminé; si nulle symétrie saillante ne les coordonne, ne les resserre dans un moule fixe, la mélodie ainsi rhythmée est de la prose musicale, dont lessilences, irrégulièrement placés, marquent les phrases, terminent les périodes. Mais, si l'imagination, s'imposaht pour moule rhythmique un instant double, ou triple, ou qua- druple, ou sextuple de l'unité, combine dans ce moule d’une manière constante les diverses durées de sons et de silences, le moule rhythmique prend le nom de mesure où mètre musical, caractérisé par deux, ou trois, ou quatre, ou six temps, égaux comme les oscillations du pendule, mais où se dis- tinguent toujours le frappé et le levé, l’arcis et l’athésis; les temps forts, sur lesquels s'appuient les accents les plus saillants, les substantifs, les verbes ; les temps faibles, qui supportent les attributs et les conjonctions. La mélodie ainsi rhythmée cesse d'être une prose cadencée : c’est une versification scandée. Le chant grégorien, dont l'idéal est d'exprimer avant tout l'infini de nos aspirations surnaturelles, n'est qu'une prose musicale, mais une prose très- rhythmée, très-cadencée, bien phrasée, dont la coupe des neumes (petit dessin mélodique) dessine les pro- portions par des silences irrégulièrement ménagés ; proportions souvent symétriques dans la durée comme MÉMOIRES. 603 dans la marche mélodique des intonations, où le silence se prolonge capricieusement pendant une, ou deux, ou trois unités d’instant, mais sans rien de fixe, rien de fatal. Parfois, poür aiguillonner l'ima- gination , l'unité semble mêmedisparaître, et produire des dissonnances rhythmiques; mais bientôt elle reprend son empire, et la période s'achève pleine et arrondie. On ne saurait croire combien ce vague du rhythme imprime de grandeur au plain-chant : on sent que la raison , s’abaissant devant la foi, laisse à l'âme toute sa liberté d'enthousiasme; on sent que l’ordre et la convenance des choses d’ici-bas sont des bornes trop étroites pour des accents qui cherchent Dieu. Je ne sais par quelle folie le xvint siècle s’est efforcé de tuer le plain-chant, qu'il prétendait régé- nérer par la monochronie assoupissante du chant battu (1). Le vandalisme janséniste dans le temple préludait au vandalisme révolutionnaire dans la rue. Le bon sens de notre époque a fait justice d’une telle (1) Cette égalité systématique des notes du plain-chant a commencé bien des siècles avant; mais son adoption n'a jamais été unanime. Quatre causes principales l'avaient amenée : lo la complication inextricable de la notation rhythmique; 2° l’austérité des ordres monastiques, qui, pour se traduire dans la musique, ne a rien de mieux que d’en ramener les rhythmes variés à la stricte unité ; 30 la manie d'improviser des contre-points en imitation sur. la mélodie grégorienne, qui s’effaçait alors, et dont la lourde isochronie était absolument nécessaire pour faciliter les harmoniseurs ; 4° enfin l'ignorance toujours croissante des choristes laïques, à qui le chant des offices fut confié Nr la plupart'les églises. “” 604 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. mutilation : il a cherché à restaurer dans toute leur splendeur les cantilènes inimitables des saint Grégoire, des Fortunat, des Notker, des Robert le Pieux, des Maurice de Sully, Thomas de Cellano, Jacopone de Todi, Frangipani, etc. Il est incon- cevable toutefois que, en restituant à ces chefs- d'œuvre leur rhythme si flexible, si grave, et pourtant si gracieux, on s’obstine à leur contester une harmonie aussi abondante, aussi variée que leur mélodie; et cela, sous prétexte que, dans chaque mode, chaque intonation implique un repos absolt, comme tout substantif, toute interjection. Vous faites donc d’un art divin un idiome de coq-à-l’âne, un vagissement de sauvages ? À la vérité, dans un trop grand nombre d'églises, le chant n'est pas autre chose. Signalez cette profanation, indiquez les moyens d'y porter remède, mais ne laissez pas imparfaite une création qui vient de plus haut que nous ; reconnaissez que le plain-chant, comme notre mélodie moderne, se compose de sons intégrants, qui engendrent leur harmonie nécessaire d'accords par- faits, desixtes, et même de quarte-et-sixtes , et de sons artificiels, purs ornements qui ne réclament nullement d'harmonie propre. De grâce, n’alourdissez plus, n’abêtissez plus ces neumes si délicats; tirez de læ tonalité grégorienne toutes les richesses dE OA qu’elle renferme , elle n'aura plus rien à envier à sa sœur. Mais, au lieu de cela, vous l’affublez de dièzes, de bémols, de notes sensibles, d'accords dissonnants qui jurent avec elle. Dans le plain-chant vous vous plaisez donc à jouer faux : vous en faites un non- sens. » MÉMOIRES. 605 - Quant au ryhthme, peut-on concevoir une musique qui l'exclut? La lumière et l'ombre le donnent à l'architecture, à le sculpture, à la peinture ; * et le plain-chant s’en dépouillerait? La complainte du pâtre, la chanson des lavandières , le cantique du pêcheur, sont admirables d'originalité rhythmique ; et le plain-chant répudierait le rhythme? Non! Je le proclamerai bien haut : le plain-chant est très-riche de rhythme et d'harmonie: seulement son rhythme a conservé des analogies frappantes avec les rhythmes si variés des lyriques grecs, continuelle mutation de mètres, enjambement sans fin d'un pied poétique sur l’autre. Souvent je. trouve notre musique bien moins variée, avec ses Cadences implacables, revenant à temps égaux, et sa Carrure, qui pourrait lutter de rectitude avec un triangle ou un carré. Notre musique actuelle gagnerait peut-être beaucoup à- empruntér au plain-chant son rhythme insaisissable ; fugitif, mais toujours émouvant, voire même la variété mélodique de ses modes. Dans les systèmes musicaux inhérents à l’idiome, le rhythme est absorbé par la prosodie du vers : ainsi, dans l’art d'Orphée, d'Homère, de Pindare et _de Sophocle, où tout était, chanté, ce n’était pas la musique qui Soumettait le vers à son mouvement : au contraire ,. elle obéissait presque en esclave aux règles. de la .prosodie. La prosodie assionait aux syllabes de l'idiome une variété prodigieuse de durée : si la brève valait l’unité de temps, la longue valait deux fois la brève : c'était là la donnée élémentaire de la prosodie. Le mètre, ou pied du vers, se formait de longues ou de brèves, combinées ici par nombre: : 606 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. binaire de temps; là, par nombre ternaire. Les princi- paux mètres binaires étaient : le pyrrhique : deux brèves ; deux temps; le spondée : deux longues, quatre temps; le dactyle : une longue suivie de deux brèves, quatre temps; l’anapeste : deux brèves suivies d’une longue, quatre temps, etc. Les principaux mètres ternaires étaient : l’iambe : une brève suivie d’une longue, trois temps; le trochée : une longue suivie d’une brève, trois temps ; le tribraque : trois brèves, trois temps; le molosse : trois longues, six temps (1). En réunissant plusieurs de ces pieds, composés de syllabes égales ou inég'ales, on formait le vers. Autant la combinaison des pieds variait, autant d'espèces de vers. Enfin les Strophes ré bbiBht de la combinaison des vers. L'harmonie de ce rhythme poétique était une séduction si puissante pour l'oreillé des Grecs que la mélodie même s'effacait devant elle : les fiûtes dirigeaient toujours l’intonation de Vééteii qui déclamait; mais les sandales des podopsophes, qui, marquaient le mouvement et la cadence du vers, dominaient tout. Le vers était la musique. Le législateur, pour imprimer ses lois dans la mémoire des citoyens, les rédigeaiten verset en chant: voilà pourquoi changer une mélodie à Sparte était (1; On comptait aussi comme mètre prosodique le bacchien : une brève suivie de deux longues, cinq temps ; l'antibacchien : deux longues suivies d’une brève, cinq temps; enfin l'amphimacre : une brève entre deux longues. Dans certains vers, les Grecs combinaient les pieds binaires et les pieds ternaires pour produire ce qu'ils appelaient le sesquiallère ou le scazon. MÉMOIRE. 607 attenter à la sûreté de l'Etat. Les éphores coupent trois cordes à la lyre de Terpandre, et bannissent Timothée, parce que ces deux artistes voulaient innover dans l’art qu’on croyait immuable comme l'équilibre du monde ! Platon, Athénée, Plutarque, nous en rendent témoi- gnage , la musique embrassait toutes les connais sances humaines , consacrait tous les actes des magistrats ; au gymnase, à la tribune, il fallait se conformer à ses préceptes. On sait que Caius Gracchus, dans toute la fougue de l'éloquence, prêtait l'oreille à la flûte d'un esclave qui, caché derrière lui, diri- geait son débit. Qu'on ne s'étonne plus si l'antiquité tout entière attribuait à la musique seule une origine: divine: tous les peuples ont été unanimes dans leur vénération pour l'art qu'ils croyaient régissant l’uni- vers entier. De nos jours, chez les Chinois, les sen— tences du pieux Lao-tseu se chantent encore, de même que les préceptes des Pouranas chez les Indous. Pour nous, forcés par le divorce de la poésie et de la müsique de créer à celle-ci un élément irrésistible d'expression, une source inépuisable’ de variété dans l’unité, une consonne énergique qui articule la voyelle; laissant au plain-chant son rhythme indé- terminé, nous avons fait entrer dans notre mélodie et dans son harmonie tous les mètres poétiques des anciens, infiniment plus multipliés, plus riches peut-être. Les anciens mètres prosodiques sont devenus dans notre musique la mesure à deux, à trois , à quatre, à six et même à cinq temps égaux; moule rhythmique où les durées des sons et des silences s’enferment pour acquérir plus de puissance, en rendant l'unité de [PARTE! 608 CONGRÈS SOIENTIFIQUE DE FRANCE. rhythime bien plus saillante. Les mesures combinées ont produit le vers musical, dont la mélodie a formé la rimé par les cadences ou chutes régulières, souvent symétriques , des dissonnarnces sur les consonnances. En combinant les vers mélodiques' de toute forme et de tout mètre, la.strophe s'est épanouie : strophe de trois, de quatre, de six, de huit ou un plus grand PONE de vers de digne grandeurs, croisant leur, rime: s ‘entrelaçant à plaisir par Fa ant À Je dépla- cement _des tésures. La symétrie du vers, musical] S ‘appelle ordinairement carrure: la symétrie des carrures, nombre: la symétrie du nombre, période. Faisons HÉÉPRoE ici que l’époque du moyen es où la mesure devient une nécessité de l'art profane est pré- cisément celle où la rime constitue notre Vers. “Le x1° siècle marque cette époque. Toutes les coupes, toutes les formes, tous les caprices, toutes les hardiesses, toutes les surprises, toute la flexibilité de la versification antique et de la nôtre, la musique moderne se les est appropriés, depuis, l'hexamètre, le pentamètre, | le. saphique, jusqu'à l'alexandrin; depuis le bout-rimé;-le rondeau, le: triolet ; la ballade, jusqu'à l’ode, jusqu'au-dithy- rambe. Notre récitatif n’a-t-il pas la cadence grave et solennelle de l'hexamètre ou de J'alexandrin? Que sont nos-grands: airs comme coupe; sinon: des:-odes polychrones? La mesureest ainsi devenue unélément constitutif de nôtre musique, qui sémble “né plus pouvoir s'en passer. Toutefois la vérité de |’ expression , la, chaleur de l'inspiration, contraignent parfois, la mesure à s'effacer, à,se dissimuler; le mouvement, de la mélodie s'accélère ou se ralentit; d'autres foisytles ' MÉMOIRES. 609 mouvements se heurtent, et contrastent énergique- ment; mais, dès que lénbtion se calme, dès que l'inspiration retombe , la mesure reprend sa baguette, que lui avaient arrachiée pour quelque temps le point d'orgue, le rallentando, l'agitato. Le domaine du rhythme est illimité dans la musique, et, malgré tout ce que Sébastien Bach, Mozart, Haydn, Beethoven, Rossini, Berlioz, ont créé, le développement futur de l’art s’accomplira surtout dans le rhythme, jusqu’à ce qu'une révo- lution dans la tonalité le transforme radicalement. La mélodie est donc en possession de toutes ses ressources : l'harmonie, le rhythme, la mesure , le vers, rien ne lui manque pour réaliser le beau, le sublime. Mais quelle voix va la chanter? L’instru- mentation répondra (1). De linstrumentation. Dans la mélodie et l'harmonie, la musique a déve- loppéson principe sentimental] ; jo le rhythme;, son principe intelligent. Pour étre. entièrement une âme (1) Si les dimensions de mon cadre me l'avaient permis, j'eusse esquissé ici la rhétorique et la poétique musicales. On aurait touché du doigt que le discours par les sons comporte des figures et des tropes analogues à ceux dont l’éloquence oratoire tire ses plus grands effets : la métaphore, l’anto- nomase , la synecdoche, l'hyperbole, la réticence, l’antithèse, la gradation, la périphrase, se retrouvent en effet en musique, comme aussi les parties principales du discours et les qualités éssentielles du style. II. 39 610 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. qui se manifeste, il [faut qu'elle trouxe. son, principe e (1{10a11 sensitif, et com ] te ainsi. sa trini : En, Pb 9f) il faut que e Je. cœur € et l intélligence spie nf, SEL YIS id DO LI9 des organes. Voici les voix, voici l'orchestre BRAS 4[5'2 multiples qui, au soul deja mélodie, à l'ixapulsion du A SON vont s'animer, d'une, seule ie zidle CHU i oué +out.yn, monde “Oral » REG, SES io ue EN AUUET 18 amours; ses antipathies, ses chants de joie, ses soupirs de regrets, ses réperies, 489 recueillements ses prières, ses, .extases ;, foute.une création sensible, avec ses,splendeurs , ses, ténèbres, ses Suavités , », 8eS parfums, ses PÉFSDRTES. lointaines, ses sublimités, j ses grâces. Acte ses)l AATSCRPSS [865$ beautés PT sante Pro TT SOS, indécis Sh ia csiibont Écoutez ! ! j'ai fait un; FM un, artiste surhumain KU9IDSTA € D touche ces deux mondes. : tout, s'enimeetidevant mon, Ho haletante. ë déroulent le. tableau, et le drame e plus saisissant. li : stigsi sbutôiupai D SRE ce. scintillement cristallin. qi GA S ‘approche s'éloigne? Ce sont. Jes Sons. barmor niques .d des. Violons, bien loin, bien \loin,.e et sur! lesquels ie flûtes, ans k. medium, . jettent des, açcords 1 ST UD (0708: vel loutés. ra les | hârpes en treronpent ASAEPÈGES Lisa sigus, éblouisants comme dés, rayons, bien SE) voil pres secouaht | d’une. main AE rosée 46; $a ex T0] J{5IQ chevelure, tandis, que. de l'autre, elle parsème horizon encore voilé de palettes : us Soudain les “altos. unissent AUX. violons, de, SRAYE accent de ieurs ‘chanterelles le cresçeudo JPIAUTTS F{16C senfle; l'harmonie se dilate e et S'élargit. | La petites flûte entonne Où = le chant de l'alouette matinale une. fraiche, brise; glissant des violons aux altos, éveille les violoncelles, AOHANH HA MÉMOIRES. 2440/4100 611 out fristohnants! ; ABitent lui batterie rapide ad feués" es «peupliers et des saules. Un Kpiendidé te qu Sépanouit : Li est. Te soleil inondant T'épaie: de “a “puis une yoix s'élève: au milieu dudatre | Eest'al usette du berger, dot le hant- bois Sont use ‘Eos! ti are pensers ‘d'amour, tandis Que 16 R6h< POCHES des Lors répondent par leurs roucoulements dé Cole ef € qué les Harpés émiettent és acdords Sût les feémues braves de “déax fes. unies 4/mbdiüim: dés basONg, frais Mur mure de la source épaiéiant Son fagrit das 0078 ofdiense an ke «pétré réte HNGE TI raies, PU spi Une Pélle” Et? CHAStE viér ee” Appel RÉ fiancé 1e Ga le medium si carééeatt dé" 1a Clarinette dont ke joyeux HAE AA AE dans és traits gracieux des violons: LE (0$ anéfais répond ? cê fancé , fier de Ko Hoñfeur, Man Re Le orT Jane vague inquiétude l’agite : il chante, ‘où Brio î ORDRE Cépentlant' Vorchestre ke! AD p°. une” foule à S'ap- proche :* 1es portés du tempte:s onto Ta clarinette Tasse Eve sa Vois'de ot l'orgue séveille; “le APTE est noué d'harmonies, sur lesquelles Ja chan- ère né ‘dés ViolHS fait plane SN TE mue d'hyménée. Les compaghes dé sa ‘fiaricée Su] pleut a ainsi le Dieu des iniséricordes. de 'pénir son bonheur. Bientôt leurs ACTE n° Sont” “plis qù an L'DUrINUTE ; l'alto solo, se Sp éétrant, fait REA AO Le Phrels. rädiouse de tendresse, et qui, en- “ant que Ka ‘mélôdie la dlarinette et le cor Anglais, LÉRDIé presser dans ses bras deux cœurs dont ARTE Va rivêr la Chaîne fortrnée, Puis des cotdésloétuéusés ‘du violoncelle S'exhale l'accent 612 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. pieux, d'un père, auquel tous les autres yioloncelles mêlent bientôt, leur cantique solennel. 19 LIT* 3 à Éd ser frs! If «Tout, à Coup, les. contre-basses, s'ap roch int rapir dement, font de gt. rebondir de ser tiolets : TOC (6) est le galop ve FH gaeqs. d une, troupe d le. Sp aliers, us qurent, , ils dé lé ARE l'espace. Les v voici | LA [109 31119] fuit, À tout, se disperse, Le cor fait rete ntir LA ?, 5e$ Sutl sons fatals : un saisissement d efroi glace D rc] hegt: es Sur )'2OD TT la trompette ftaiionts, FF an les. ‘trombones élèv vent 204 des ,clameuxs, furieuses;, la, cymbale,. grine Pl sans doute des, épées Fe. croisent... les. Ris se heurtent, Oh! Dieu | la Res flûte dance un siff HI9ATT( bref. sur. un éclat, de eymbale.: c'est, jun van | poignard! Qui, donc, est frappé? Entendez-yous lafigu déchirant du, xiolon pla, et Rai toute du cor anglais? Le. fiancé « est tom cb bé;;,.son lépo Lu éperdue,, disparaît au milieu. des, AE SM AE F trombones et des f fanfares, DR re este til il, plus une, âme, vivante. pour. témoin, à ce ERA AE d'horreur?,SL le eov anglais se fait.ençore Giemire,: le Dien-pimé suryit, mais c'est pour pleuter qu 7 s'est obscurcis avec, l'étoile de son, bo peur, Com mme, une. FO. consolante de, mère, lo, domi, a sanglots étouffés du cor anglais; les POURERÉ ue F5, clarinettes pèsent sur l'harmonie , que es heurtent, de leur, pizzicato, semblable. : eu rt suprême, d'un homme qui se AE entre da fatalité, ei sherche à Jui dempnder, FAAORr 9tyob anse : >rdomit Jci V Océan s s'étend sans pores avec les sons Rene S des basses, des bassons et. des, Cor. Mais à QUE Cr, vous pas, au, loin Ja; fiancée répéter 8eS 20 jeux ? Hs TTI2 SIT flots. qui se bercent, qaus les violons et les als l'en eme EEE ‘MÉMOIRES. nd ni dis 613 portent Ja voilà déj à. bien om ‘sa voix nest” plus qu’ un son crépusculaire. Dans un ‘sombre rouléme u del'timba ibales surgit 16 prémiet éclat delta foudié! L tenue Dot ét monotone des basses £e “phisél te grupellr d'aitos ? Tes siotons précipitent jes flots Hu? Hultueux de leurs érémolo ; qui s élèvent et rétombent : ÉS damimes éhoimatiques des baSohs accroissent. A S 119 sou € co fère des vagues; 1e Chatumiean dés clarinettés ee Ïés sons EME dés flûtes font pousser aux | iSetux de” mér 1éurs cris ‘d'éponVante TA! budte tédéubté Es éclats!" Les Tarnes des violoncelles ét des" Contre BASES Le EG ang un coup d'archet s8e et forts j dable : 18 Vént Se” déthathé "dans 168 Hraitf aigus a HER a" pétite tt déchire’ d’éclairs 1e forte” del HAUT ph mérhonné, fa tempête à n'a pus de He :| PU \6rribie ‘fracas, ‘à’ nafüre 86 4éBat Cou? vive" Lee D onds frénétiques dés ‘dontré basses semblent. s étages a Cieli tandis que fe ‘slacatio précipité dés ‘seconds violons, des altos et des tva lonéelles A RER ja apépe MAIS ls trornbonts ! au loin, pous sent dés! pbèr de détresse: 14 cos au tua ni nd ë’ dAWon d'à (Bret puis té fin cé..." oi Tru son “rie CRUE TA chiiterétié du» vio ut pet ULeS 108 0h t débrmas" Là ‘ “couche nuptia A TE Up ‘9 ffrOf noel, Tr 9290 291390 < " is U est l'Apaisée Mainténat} 16 cor meta accentué péniblément 18s"/6on$ 168 qu HÈS APUUE timbre : sans doute 1e fiancé proinène sur 1e rVaet aLISTO O2 2119 x son morne désespoir, ‘que Ta voix tendre de l'alto pént- être a om LA À fa fiancée, cherche à ssSobpir ? tandis que Sur le feuillage HE des violons 1 frite à eoupe” les “fredons ineffhblés” du” rosstgnol 644 CONGRÈS SCIENTIFIQUE, DE FRANCE. Cependant les sons voilés.du,cor assombrissent le jou; les, pissicalo,.des basses. effeuillent, leurs, açcoxds au, souffle d'un âpre ment d'automne .qu'exhale la qua; trième ;cçorde ,des xiglons,;, la nuit, s'épaissit, Enfin, deux bassons comme deux ombres pâles et fugitives, glissent à trayers la brume de l'harmonie; c'est peut être la mère. et l'amie de. la douce vierge quiyiennent, lattendre nue dernière fois.sur le: rivage. Alorssdeux: sourdes timbales laissent tomber, des accords cinter- mitients, sur lesanels passent furtivement, commen rayon de lune deux. flûtes, dans, le grave, 1n çor,à l'aieu. Silence... Un,dernier.accord de timbales 4; puis laçmort!!l.....Voilà mon, rêve, enoy:9f15 » roi Qilà, comment Ja. baguette, magique de, l'artiste, évoque un monde de fantômes dont, les-passions, vous, émeuvent.,.,dont les, péripéties; vous, font, :frémir;, mais, Pour que. cp monde,ne soit pas an.chaos sil faut.que la loi d'unité dans, la. pariété n'ait jamais été POÉeroid tas Sud 90 xuoim olls-Siérbiotte Le ;pathétique épisode.qu'on vient de, lire, est-il à,sa, place dans np, ;ouyrage qui vise, à.1a, science ?.Les pédagagues., pouront, dire, Que, non; PORTE Ml rrr-je n'ensçeigne, pas autrement: j6,.suis çonvaineu, que lemeilleur, procédé pour. expliquer, la peinture c'est d'exécuter une toile. J'accepterai avec, humilité (is blâme si j'ai réussi à. faire comprendre, jusqu'à, quelle grandeur. de conception, quelle vérité |dExDFEiOR, quelle énergie de, dessin, quelle, magnificence,.de, coloris, la musique peut atteindre (4). Mais on peut .298891oii 292 2atnot ddislo o9v6 do dronrowpibodiènr dnagqol “4)1Déux admirables lonviagés He RASSRETpIUS rien désirer pour Fenseiénèment dé l'ifiétriniénitation+ils1déve 1] so Iuroe qu'D 192r1919818" 19H AA 10 MÉMOIRES 192 HA9D/O0N (JE) mié'dirél NOUS N'AVONS VU agir que l'orchestre !'que sérait2éé done Si 14! poésie” ajoutatt À° tante her … véills h DrétiS On?" CAO né nous rusioinons pag: à tique ‘perfit * hu TRE Maïs “8ôn © Rtjét ’#éste towjours vagrie haére le déplotement AE Hotte &8ÿ réssourees, Vousihé montrez 16 d'Oc. op VORIR désert © VOUS déchiniéz Uni aigle”: fl jé crais assister"! 1 AmasBEiAiNle LE e"qhe j'entends est “8 à ütie piière? anot, j'y décotivre un sn hétépggit #oDrrok DER importe? Ce Vague de 11 musique t'est 1e sécrét A6 sühpouvoit!' Y otiÿ préténidez qHeeite de At rien “détprécis ? je vous PHécorde , parce!qu'ellé "dit tout : elle vous émet’! ellé vous neo né vous OEIL Jr ER SET ANOLS 1 ral VER Er Mt dR7 risérables”/préUeeupations! dé ”cemonte, lélre vous Ait partoutit l'infinriellé vous Péhètre 1e CHŒUR? elle #éthpare dé tout YbtRDOBEEE bout Pre rente MénEUL Que démaidezLvous dd plus?! La Haïbie atteindrait-elle mieux ce but? Hélas! bien’ pet répétent lé bwblimes Cadtiqués’ ae ‘Ratiné #n” de Éâmarthé tandis que là voix duplus infime Lévertié entier l pieux rél où une romante touéfrantél Éainusique’, Croyez=moi , 4 musique, Hiême dans ho8 th pIE EL Ené ré Val prédication 14 plus! éfèater au vigni ro vs is19iqo928 L -alioi. anus 19801093x9"b 8 Que LA IHAENE 0 aeslnélodtes s'est Séparée en angl des'mots , ; presque" 0 due à son Asa e “eélretotie" une _atHätée qu'on tuoq ao eisM .(l]) stbaisits ti est $f1, e110{09 loppent méthodiquement et avec clarté toutes ses richesses, toutessa magnificence, et résolvent toutes les difficultés. Nommer!ileurs; auteurs, MM: H. Berlioz et. G..Kastner, c'est caractériser d'un seul mot leur mérite. 646: CONGRÈS SCIENTIRIQUEVDE FRANCE. rend impossible : aussicles musiciensne-demandent:il# à, leurs paroliers:qu'um:maigre canevas; un squeletté derpoésie; pour: servitocdé file coniducteuroà. fenms insprations, qu'ils/tiennent toutes :prêtesven réserve dans! leur: portefeuille: C’est un: malheur! c'est: ume! faiblesse L'Jusques à; quand nous: donnerast-on°-pour chefs-d’œuvredesopots-pourris!de formules ârtant 1 pager?dJe;vous comprends !: sur: des vers sublimes, {sur derdarspoésiendigne deoce:nomotvous nelpouvriez ajustér vospastiches: Moi, je vous donné x chantérsdans Andromaque, : incorparablermonelogue; d'Oréétecri vous vous, moquez de:moi : votre .carrure impitoyæbley: vos-phrases toutes moulées;!ne-peuvents'açccoupler à tant) de,désordre: Pour frapper: Pylade; pour ‘faire, siffler les: serpents des Furies il vous! fatidraitr régi des, formes-nouvelles ; trouver dans-lésrprofondeurs det l'orchestre des accents inouis :-où serait-alorsl ce-qu'om appelle xnymokif? L'orgue de Barbarie: ne pourraîtile travestir) en polka,1et: c'est cé qu'on: demamdélt Bal prière -même;-doit être:-une scotischio ilféut bien quel les, hérosde;Mahille deviehnent les corÿphées deivotre renommée, de ‘carrefour Ah) c'eét:une pitié ! IPoùr faire; de. belle musiqueril faut de mauvais vers? Cependant Gluck n’a jamais été plus sublimequé lorsqu'il a trouvé des pensées et des images à sa taille de-géant; Schubert a:pour le moins égalé Goéthe dati son Rof des aulnes, et ce Lac, tét Automne dé. Niéder meyer, dités-moi ? ‘qui vous fat 1e Elus FES ci] poète, ou du musicien? de noiz29Tq :Sortez, de votre banalité;: lranèons ào on vero accents dignes de la musique:s1la musique nie pailiral pas. De jour enjour sa puissance d'EXpréssTon grandit, MÉMOIRES: | IA 0AO GNT et le temps m'est pas loin peut-être où toute poésie se chantera, même: l’épopée:; si quelque audacieux-pénie surgit ,tout à la fois grand 'poèteiet grand musicien. “Nous ‘avons analysé pari quel-!'procédéo l'esprit humain a lentement élaboré tous les-élémentsdé l’art peut-être le:plus complexe. L'esprit humain 4 pas été moins ingénieux dans l'invention desisignes gra phiques au moyen-desquels la pensée de l'artiste’ reste] impérissable. La motation-dont nous nous oservons aujourd'hui ne daisse rien à désirer : une échellé-de cingilignes porte le diagramme, dont sept clefsidéter: minent à volonté le:son générateur; septisignes de durée sept signes de ‘silence, se placent ‘sur'/cetté portée-pour représénter à la fois les intonations let !lesi rhythmes; le.dièze et le, bémol expriment 1x doublé tendance des cordes mobiles; les accents, les-nuänées) ont aussi leuris-signes au-dessus, au-dessous dés notés; | enfin. les chœurs et l'orchestre, toutes les voix ; tou: les timbres, peuveut êtrelus d’un seul coup-d'æil sur! la:partition. Mettons donc l'artiste en présence de cétte! partition ;-et tâchons| d'analyser cel quil'se :passeilen! lui; (1). Cette étude ‘psychologique: n’a peut “être jamais été tentéel, et: Pen elle ‘est ue NI ewiq, dE ass, Aou) ixshasgs) oilis 2924 bévront 8 Impr Qa m'en coûte Deauqomp de ee —- ‘cet! Apercu: philosoi phique. Une étude approfondie des diverses, notations achè-- verait de mettre en lumière les vérités que je veux, établir, Je devrais aussi consacrer un ‘chapitre spécial aux. moyens d'éx- pression dont la musique dispose. Si jamais une ‘'houvelle oecasionse présente pour moi de donner à mes idées tout le développement qu'elles comportent, je m'efforceraiide ne rien omettre, et, get opusçule deviendra, un ouvrage digne de son objet. 618 CONGRÈS SCIENTIFIQUE) DE FRANCE. 91 +9 ,eflosinité sr amrrros st mo stnrot stars J; ‘910981 91 misvhoë'l :syqolsvèh 92, tibuéro sr LeoGompositeur.en, face de ça-partition, — Différents-gonres 42 9'9 om, dde musique; diférentes: écoles sion 100 à Seestb Îr 260n$eis8lquios #22 a9tuot 9h tefdo tes A°e Mon LE méftre st adsis devant oh pupitre! An vaËWe UE défnier aéc6td se HAte le” Son? piano L que Re Ares" viennent" d'éfièurér lu hasard'péur échaufrét son! imagination ; son papiér de! musique cHéoré fifihras” culé | Eile Sous es yehx Vingt” portées vides eñtôre. L'artisté ficlinéPson Fonte 11 ét déja Toi de Tétté) terre 0418 Môride ta s'est émpare de rai" corne aütanit (dé prismes magiques; les portées faseinéhit sont! régard far Moment SU Etoit"y Mé0des” notes Con2P tuseR Tout Stotp'une Syhphéniéprenide ait dedans délai i1 énténd”Uistinéténient dhfislé61 front ed! voix "&t ded'linétrumenté qui Fappenénti ét7sé 462! pondeñt! 4 prépré vois éd Stitprénd’ à eit'éklyer Îles échos eg Hentéde 14 pértéd ur Remibledt fn travers dont’ CHaqUe TOUCHE Frémhit 2 LA TPE Sy précipité et jubfe à Ta portée Gu°doit ste Piastpanent dont lé murmure lobsde) 1trace dés 8énes Lc'ést e8 Pin entra eee eff init itovuoe .997m8us 861 9b 2frol6o “$6n âme vient dont de"parllr 0 VoRRE ut LEA piét sd pensée Et RON TVér Be qui HabOEnET Sas rmitl irrésSAble” Atout pour Cet autre Mrichemiéts quil vient” l'éngendrér, Süh fhaginätiônlile “AE son? cœur l'étreint ef Péchaume, KE haisot élscruté avec Son” flambeau? Sul! gérmede ti ne pipité dnté verbe, Kôn‘drétteur 1 réjette ee Laurie déconfige” Mais!" & dans ”cétté Enfatiation” "1 plis pure déikon/! être V'Artiste sent fétmieénter des éléments fécondgr il OAARS AOMÉMOIRESHI08 244070 649 y insuffle toute son âme comme une étincelle, et le verbe grandit, se développe; l'écrivain le façonne; ii s'y “ébitemplé ‘ni-même comme dans un miroir : « Oui, cette mélodie” Cest moi ! € ‘rhythme c'est moi! » À cet objet de toutes ses complaisances il dresse un magnifique, trône, d'harmonie;.il, tisse, un royal vêtement de broderies et,de, timbres;-puis. il semble. In -diren 5 s4ioVa | xépands: toi; opère des miracles ; je, sais;tont Ge qui SogHER der toi, !»;; iqsŒ Mo: moïhsrrie si Sous-la-plume:quise. hâte, le,vexbe,. ouplutôt: le. thème ,,s'élance:;s s'assimile tout cequ'il. rencontre. s'étend; se: fractionne; ici. prend la xoix d'un violon; là,,dunçor ;il.court à.travers l'orchestre, Fe RBRfe detoutes, les, sonorités, lutinant. même parfois...le silence, Maiside:, sonia déçond, déjà. de nouveaux, thèmes, s'échappent;; c'est Ini quiiles açréés; ils sont. faits à.son, image; il les emporte, avec lui à travers, mille... dédales, de, modylations,, de, rhythmes,;, de. mesures ; à chaque.élanr du;thème inépuisable, jaillis-, : sent:des;traits surprenants } des, cadences imprévues donti il emace,: comme, d'un: réseau , les thèmes qu'il a. produits ;et.surJesquels, il répand à pleines mains le, coloris de la nuance. Souvent il, dialogue avec FFE on; pour.les, laisser, briller, s’oublie; lui-même; mais bientôt:il.zeparait.-plusiradieux. Cependant la plume, du maître dévone les portées :par.les plus étonnantes, combinaisons ; il veuf ;ençore multiplier cette pensée, unique; Lenrichir;.d'ornements, plus, brillants, et, A demouveaus éçhos,qui la répètent., Mais. elle. est.épuisée: parun dernier; soufile de toute son âme, l'artiste concentre, tous, les rayons, de. sa, gréation ef la voilà debout, tout-entière, imposante d'unité et, de. 620 CONGRÈS SCIENTIVMIQUÉ DE FRANCE. pérféction! C’est ‘ditéi qu'écrivaient Haëndel ’ Ba ch, Häÿan', ‘Mozart /'Bééthoven:, Méndélohn ‘Suprémne pui (dé fotde élconception, fammé Hide d'inépirition, fécondité inépuisable dans 1 exécution É dë ces 4roiS sCUAUX “divine sont Harqués les Chetse d'atvre.: Cépéhitant grand nombre de produétions fisicales ont rééleine nt belles Sins présenter je dé Veloppément exéltisif d'urié pensée 1 unique : certaines ne s'aûresent qu'a 1 ntélligénce* d'e autrés exe primént que! jél séntirne ent!) délles-ci sont le chant de l'âtné/ en présence des ‘ basis de fa nature: 'Celles-tà sont l'étoquéneé des! pas{Ens! Pour toutes, “originalité dé'cénteption invéntion däns/la ihétodie, “äbond ance ét nouveaute daps T'héfmonté richesse de e rhyt ae vérité d"accent , à unité. de “plan, “elârté pr déve 16ppemènts, juste depression Ft Conve ë- nance BarEUU ? : ‘voilà 1es cOndonS ta beam RU L à SEntrons ans deiques laétaÿs”! sur les Ft de S'énrése F9 r; 92i [29] 5h, 911 [sq849 94 D, EU “L'onanis e Xient de’ quitter son Huae ia pr rière. férvente est éncore sur. kes 1èVreS 2 al respire ‘encore l'éncens det'autér. Sôn régard longe dans Ja pro on deux tés” trois ne, “où S'écare à travers, es “mis dtéedu des € Ggives, où lle * soleil couchant, percant les, vitraux, 5. fait mirôïter Îles “figures 'exftiques | des onhiéts ês let des martyrs. L'artiste éhrétien € est saisi d'une rt si tous ces héros de l'ancierne et t de BLUE lo BARETERE à chanter + en lui le can de foi, l'hymne d'espérance S le soute de Vin traverse soh me : 1 croit toinber | à genoux iii ne Adération | éontem} tive; Tégiise du Christ est: TN" débout devant lui, LAiReE sûr St pierre HOMAMA HU | MÉMOIRES, 'AAOMON 62 { rares Jes,cierges. de l'antel, les: piliers da la mosaïque du pavé, fout prend une, vpix, tout se met chanter en ai. Lraxtiste. se sent, investi, du sacerdoce ; il faut, qu'il. rue d'adorateurs:la basis que, poeme, ape ous les fronts.se courent, SoE e l'harmonie dela charité remplisse, le monde: Eu D ONE De SO ARE OBTouP If oix.des enfants. vêtus de robes AP SP d Qur.Ame, jen ao RARRQUes AMEN NO les imitont. » de,proghe, Re la mélodie, se PIOPASE les. parties, res s'entr relacent:. la syapll onie. chorale. 8 balançan Se APE au. eu Cend:SUE, l& Dre pes lès Au une, Oise fuir. J'Antre SOS ne ni il Éiernel hgsennr que er nvoient. qua Fes. échos de; la céleste, SSP T c'est alestrina diri eant sa Messe du pape Marcel c’est Orlande de : Lassus multi] liant ses âles ch ie ï | 690 LD 2110 LAN mâle bef-d'uyre; c D ture ri, € ce sont les Gabrieli, qui font surgir un œUr er NE chaque chapelle de l'église étEt qui. des ne tous dans, un , Gone tellement, LEE B[ } TS [IST Die nt ne qu de frappe de de -Stupenr 1 'imagi- nation. on! quellé unité Faue Ja, foi, pour. produire, ces. ft fugues infinies, , ces concerts incommensurables L FAT: 1 GTV ST Mid l'artiste JE des larmes. ABS 8: pieds. du. 9 ; aveu one DAS OL échelon de es plaies adorables; d Évoré d l'amour divin , il sesçnt.] cœur t ne des Sept glaives comme Marie.; alors i 99 ‘elrOÿ sel Ÿ [TETO “ane le Sa HI EE Frans {oil HRRFTRI HAT Sp 0 Hoë PT 29h snmayd'{ tot 9h est i ige souvent, a je pe frémis | pes. d'indi- ni n en e itendant les s textes divins pr ofanés par ds ; guinguettes ou par des fredons obscènes , je, 1622 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. ténor à deviner dés énicmes stériles d'initations de canons inextriéablés dédatés fe cémbinaigons puré- mént’ ERmitraee ABS Certainement, ‘par ‘un côté Tes jonissatiées! de l’art peuvent être” ntélec? HE: ; mais, si le cœur, si l'imagination y disent pas lève tot!!! cette td n'est qu'une partie échecs. Quand entre à l'églisé, est: pot prier : ‘je créins) cofimé! là peste ces: organistes qui jon Ron avectléurs quatre cläviers !ou qui: ne roue Eau a l'élévation“la romance Mens 'dittée” la “ve À ie. Artiste de l'Église” la: miskion que ta répit te co Era sacre prêtre ne - souille! pa ss ton Saint thin Mer austère, sois chaste quand #4 prèchés ta 5 musique divine ! Die a Tenfermé dans toi are 4 né nôurrissante pour que fu a” répande! ang 1e amies? prekids garde de léstihiféctér”de poison P “21000 ueblartisté, “éhéz quifla: vié nest dut stctession cbntinwelléu d'été os né! péut pieter “l'oreille le, à cet iqui- chifitél én Iui/‘sans” qu'aussitôt Rat plume né fasse aussi éhanter es lignes de Ja Portée car léette voixls cet: instrument ? qui! Vibrent. dans sk "ame, ilsise-plaignent eonimé il Voüttrait 8e plaindre ; EE s'écrient : « J'aime Wféommie il: votidfait é cri En ils mandissént) conne fl maudirait, HS I” Hisonnent d'épouvantencotime tous ses Re all à è0 One $ es yeux fet::sa bouche $é°' diet de PCR Lisez maintenant sir le papier! Voila toute frdïche éclosé la ).9ULE délicieuse rêverié. Ja naïve vilaine] fa! jola. sémil- lante ; la ballade! fantastique. NE EE pas que la dhintaiste lait suivi ‘en aVeuglé”totis ses caprices, : aucune” des!lois déla pénsée ni du Sentiment n'a été violée , ‘et, malgré son désordre apparent, l'unité aomasn aa MÉMOIRES 02 arpvon :023 de l'ensemble;couronne.le. fini des détails et, L'artiste ne, est, arrété. que, lorsque, son; cœnr, déboxdant d'émotion, s'est, complètement épançhé, OjSchubert, 0,.Chopin,,0 Stephen Heller,, Hernst,; et; vous tous fers mélodienxt ie tuto of is 2ignx : esflotsà oi xenir le;grand, peintre Lile.nuage qu'il voit gliss@.sur l'aile. du yenf,.en prenant mille formes, 6, longe ans Lx ecugillement; le. lag qui-réfiéchit Ë ng.belle.aurore .; dé papillon; lutinant, la fleurs-qui sentrouvre,, lui capsent,un soudain rayissement; les danses champêtres du, hameau ,.les, jeux folâtres des brunes, fançnses, le transportent de joie soncoreille Équerat dér bruits, lointains, du, soir ) AUX TUMEUTS profondes des «forêts : et, comme.fout chante (autour delni, il faut que sa. voix,se fasse entendre: -Alors:les mélodies qu'il écrit, les, rhythmes: qrikenchevêtre, son ASS COUPS 19° :Pincegu ; mais, dans le-tabléau Ataresauisse,. cest toujours son ôme, qui occupe Je PEeRHET P lan +4LAon, voit, doute Ja, nature, s'agiter autour. d'elle, on entend, par-dessus, tout :cette âme Cépane, ce.quiele, ép rouye.; Nul,-art: n'égale da cn usique 188, ct; Béethoyen,. à lombre.des, saules ; écou ie. Muimurer. ur sFuisseau tandis que: son FÉSHAOeA QE le;plus frais paysage.: tout-atissitot 2SR ae OS la, Pastorale S'exhale; de son,cœurs woqà'P sont D, Sertaines imaginations ne ,séprennent: des beautés dé.l nature qu'en les Ghoïisissant pouricadre au, drame dSS passions, intemes. Alors, .comme.je l'ai montré: I instruments de l'orchestre leur fournissent : Diant (acte Lie ek 4:.Berlioz mous fait entendre sa Symphome, fantastique et, tant d'autres grandessbelles FATTPS #1 Weber ufante ses ouvertures d'Oberon , 624 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. d'Euryante et de Freyschutz , et Beethoven nous lègue sa symphonie en ut mineur, sa Sonate pathélique ; celle en ut dièze mineur! Et Mozart! je ne puis écouter sans verser des larmes, sans prier, sans frémir, son immortelle symphonie en sol mineur et tant d’autres prodiges. On peut me faire cette objection : « Quoi donc! quand un grand maître saisit la plume, quitte-t-il toujours l’église? Se promène-t-il rêveur par monts et par vaux? » — Oui, je vous le certifie : tout cela s'accomplit dans sa mémoire, où le monde entier s'agite vivant par cela seul que cet homme est artiste. Je n'ai rien à dire ici de ces fabricants de vacarme qui, dénués d'intelligence, vides de sentiment, jettent sur le papier des notes galvaniques pour agacer les nerfs des auditeurs, et les rendre ivres de bruit : leurs ponts-neufs sortis de l’orgie, leurs rhythmes brutaux, n'ont d'autre idéal que de caresser en nous l'instinct animal. Si j'étais Platon, je bannirais ces hommes de ma république, non couronnés de roses, mais chargés d’opprobres : car chacune de leurs œuvres n’est qu'un aftentat à la vie des âmes, un trafic d’abrutissement public. Pour détourner ma pensée de cette fange, je voudrais maintenant écrire tout un livre sur le drame lyrique; je voudrais vous faire sentir combien Gluck et Meyerbeer sont sublimes; Rossini, Boïeldieu, Auber, émouvants et féconds; Méhul, Weber, Hérold, Halévy, pathétiques et grands coloristes ; Cimarosa, étourdissant de verve; Grétiy, incom-— parable pour l’entente de la scène et la déclamation IDAAÏT AA MÉMOIRES: 2440H/0! 16625 svraiei [je voudrais quelvous touchasSiez de l'oreille! par quel. cachetoriginak l’école italienne ser distingue de l'école; allemande jet comment: l'école frarcäïse , -avec cet éclectisme-de goût-et debon sens qui nous :cara@térise.en tout; 1emprunte à:ses-deux émulesileurs beautés de premier ordre pour lescombiner;) y'ajoutant tout ce.que peutrinspirer le tact dusentiment le plus lexquis;:;0 Car-mouss dérobons: à: l'Italie ses mélodies 2luxuriantes,-expansions bruyantes'de la vie-qu'excite un chaud soleil, ‘au! souffle des:brises tièdes:,;7 pour Îles ‘fondre-âveclesprofondes et:mélancoliques penséesdes +rêveurs. d'outre-Rhin. Ha-musiquertalienne,, avéeSon luxe de vocalises, émane avant tout du principe ,sensitif; l'art allemand ;‘du principe intelligent; l’art françaisy dela: diffoité URLS NE RO TN le -sentimenñt-dramatiquesiqeq 91 tue troitol droites srbJ'en ail dit assezs fapatob: Aion seulement que] a musique à sesépopéess sesrodes,:sés élégries ,ses-églo- >gues; même desssafireset: des parodiessiquerle drame Jyrique!téunit tous!cesigenres!;iet /quela Francé-en porte lespepüraor sor 9h 2ommoil 2489 21811060 :59Cependant;oén “ait:de eonception purement: mû-— ‘sicale;i la symphonie meisemble l'emporter sur tôûtés. Une syrhphonieestuner épopée 11 pour l’énifante?! le génies tirantstout|de-sois:s/y manifeste dans toute sa force, et sadiberté tandis que le compositeur-d'opéras, quelque grandi qu'il soit -1est esclave du! plan qu’il développe :isikcse laissei fortement-émouvoir ar Îles situations quer/le poète lui prépare; vilnous fait rés- -pirerd'odeur.du-sang dans la Bénédiction des poïgnarüs, le famatisme,.de l’amour et dédlæréligion dans'le duo at cinquième acte des Huäguenots ou:dans la pâque'de 7x L40 626 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. la Juive; une douleur poignante nous saisit quand Desdemona chante, la, romance,.du | Saule ;,.mous pleurons avec, Artbur sur le tombeau de sa Lucie; comme l’Arnold de Rossini, nous supplions un père victime d'un, {yran de, ne.pas nous maudire,;et;,vpour le venger, nous çourrions, volontiers aux armes.ayec Walter Furst et Guillaume Tell, Cependant ; tont,bien examiné, Mozart reste pour. nous: le génie, le plus universel que la musique ait, inspiré: dans tous.les 0" genres il est. créateur, de, premier, ordre, .et.peut-être les fastes ‘des TS arts, ne, présentent, aucun-génie phénoménal qu on puisse lui GOMPAET 4 omild ue | Le charme de la, musique, est si puissant, l' où ae qu ele. exerce | sur les âmes est, tellement. paierslles, que tout, cœur ému, 8e, croit. prét.à exhaler une, mé lodié. Î semble qu ‘écrire une ingpirafien ne soit qu'un jeu : rien. au contraires v'exige plus. de:-science laborieusement, açquise, :, plus, ñe. Connaissances étendues, . plus, de talent complexes Étudier, Je théorie de l'art c est immense : en acquérir. Ja: pratique exige une gymnastique de chaque instant : onen.a pujuger par le développement, de ce travail, Quand. la persé- vérançe de l’artiste a surmonté toutes les difficultés, quand | ‘son génie a produit un; chet-d' ‘œuvre, il Jui faut des Organes ; il faut que, sa, création passe par l'inter rmédiairé des exécutants, Sans, Auoi elle, n'existe pas. Puisse EN culture de, la vraie. musique se répandre assez pour que toute belle. œuvre: trouve. des inter prètes , ‘et des auditeurs Capables de proclamer. avec nous que la musique est l’art le plus transcendantal ! M M!) K PSI CT 7 MÉMOIRES. 697 Influence de la musiqué: — Rapport de la musique. avec - ‘lés autres arts, — Sainté Cécile. Oui, la musique ést l'art le plus transcendantal, parce dé elle est'au plus | 'haut degré la En purement métaphysique de l'homme interne. La vie diète” “quand sa Voix toute- puissante retentit , ‘en ’est pas seulement, éomme dans les autres Be une pléiade H'iiteliteldees supérieures qui crée les types du sublime et du beau pour en faire savourer les charmes à des intelligences d'élite : non, la musique n’a jamais ‘dit? COdi profanum vulqus » ». pile sait trop que cé qu’elle doit traduire c'est l émotion de tous, du, plus humble commé du plus 8 orand. Langué univer- selle , elle’ n'à pas: à rendre compte des idées , des : opinions, ‘des préjugés’ qui sé discutent de savant à savant, de’ peuple à peuple, dé siècle à siècle : mais sa mission est d’exälter jes” sentiments les plus nobles, les élans Tes plus généreux, dont le foyer brûle NT tout cœur d’ homme , et qui, sur la surface dela terre entière, Pn'oht JA été" discutés. Religion, patrie, joie ou ÉUERE de la famille, "voilà les sentiments que, la musique chante de manière à ce que tous com prennent et soient érau. Et pour ‘chacun de nous. n’est-ellé pas la compagne, la confidente intime qui traverse avec nous la vie GÉpuIs le berceau jusqu’à la tombe ? P'oxfr Sp B9 os OA R MO € 9! J'Ti « L'homme est un dieu déchu qui se souvient des cieux! » Eh bien ! le souvenir de cette patrie perdue c'est la 628 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. musique : pour le paysan, l'ouvrier, le petit enfant, il n'existe pas d'autre art; l’homme mûr y puise son courage pour le labeur, dès que le vieillard chante, il retourne à son printemps, et ne se souvient plus que sur sa tête les années s’amoncèlent en flocons de neige. Exposez sur la place publique les plus magni- fiques chefs-d'œuvre des arts plastiques en spectacle à cent mille hommes; appelez à la tribune le plus grand orateur pour électriser cette foule : elle sera curieuse, attentive, sans êtreémue; mais, comme aux batailles de l’Oronte et d’Arsur, faites entonner le Veni, Creator, faites gronder la Marseillaise, une com- motion électrique saisit ce peuple; l'enthousiasme ne connaît plus d'obstacles, et les prodiges de l’histoire sont accomplis : car la musique chez tout homme est une faculté innée : la passion chante avec tout autant d’éloquence dans la bouche d’une mendiante que dans celle d’une reine; toute âme qui s’abstrait de la terre dans une vague rêverie murmure une mélodie; tous nos mouvements obéissent aux lois du rhythme ; ce que nous pensons, ce que nous sentons, s'exprime par la voix : j'ai donc raison de dire que notre existence entière est musique. La musique est l’art social par excellence, l’art de l'ordre, de l'harmonie enfin. Pour en jouir avec plé- nitude, les hommes sont forcés de se réunir, de se plier avec abnégation aux lois qu'il impose : l’égoïsme devient impossible pour faire de bonne musique. Quel autre art jouit d’un tel ascendant? La musique est la fille la plus pure du Ciel : dans tout ce qu’elle dit, jamais rien de souillé : la souillure est dans le cœur, qu'elle inonde d'idéal, et qui trop souvent la MÉMOIRES. 629 profane, parce qu’il est pervers. L'humanité n’a rien produit de grand sans la musique : Homère, Virgile, disaient : « Je chante! » les muses même lui empruntaient leur nom. Grand nombre d’esprits sérieux ne veulent cepen-— dant accorder aux productions musicales qu’une beauté de convention et de mode : « C’est pourquoi, disent-ils, la musique n’est qu’un art d'agrément ; son principe esthétique n’a rien de permanent, et les émotions qu'elle procure sont fugitives comme les saisons. Les chefs-d'œuvre poétiques de l'antiquité font encore notre admiration; et de la musique grecque que nous reste-t-il? Malheureusement rien que des fragments tellement insignifiants que, pour les érudits mêmes, les prodiges opérés par Orphée et Linus restent des problèmes. » Eh! oui, sans doute, une religion d'intelligence , de liberté et d'amour , en transformant le monde, a régénéré tout en nous, jusqu'à la dernière fibre du cœur : par ce fait seul, la musique grecque n’a plus rien exprimé pour les chrétiens; et, si, perpétuant le dépôt des connaissances humaines, ils ont continué sans interruption la culture des langues classiques, ils en ont voué la musique à l'oubli, parce qu’elle n’était qu'un encens souillé offert aux idoles. Je ne partage nullement l'opinion com- mune qui fait découler le chant ecclésiastique des anciens nomes sacrés de la Grèce païenne; dans un prochain écrit j'espère démontrer victorieusement que l'Église des catacombes a créé sa tonalité , Son rhythme et ses accents. | Je reviens au principe esthétique de la. musique. Je soutiens qu’il à toujours pour base le sentiment. 630: CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. collectif des sociétés, et que, à toute.-époque où l'équi- libre «de la trinité humaine: s'est, manifesté. par de grandes œuvres architecturales ou de grands poèmes, le. même caractère, de grandeur et de beauté: se retrouve, dans;la pie Appuyons: cette: thèse de quelquesexemples.sniroch el to 29i08 #01 HodoTs : Quand Périclès érigedit le Parthinan, we Phidias sculptait, Jupiter: Olympiens et:osa Minerve, quand Sophocle;et:Euripide faisaient] pleureri.Athènes, la beauté de l’art grec consistait, dans:la :perfection-des formes ; résultant. de; la ‘juste proportion «ét:de la symétrie | panfaite: des:lignes:; des contours; même les pensées.et des images: Le dogme antique de: la: fatalité: dominaitd'artiste; à:moins qu'il m'exprimât dans toute leur grandeur les-sentiments-primitifs de; l'humanité ;. archelinviokible, que nul dogme, nulle-fausse religion ve viole. dans le fort-.de:la: conscience,: Son:-Par!le dristutièe: la notion du: Peru 8 'éleväcà la hauteur du‘dogme: sie, lavecses attributs ler devint l’archétype ; les actes et la doctrine de‘&on Verbe fait hormmé devaient revivre désormais dans l'œuvre de l'artiste , sous peinepour elle d’être marquée dusceau qu'avait imprimé sur lé front d'Adamilalchute origi- nelle: Aussi Part chrétienssecoué-t=il lé joug dé ‘la géométrie et de l'anatomie 5. il s'applique à faire descéndrele-cielisur da terre, tandis qu'ils élance ‘les’ ânes vers le:cielLiPendantoque! la céwpole! byzantine inonde de lumière la ‘basilique, ét: proclämne que le soleil de vérité s’est levé sur le: monde!:1« Qüitonque a des ‘yeux voiéli51, , la magnificence des mélodies grévoriennes remplit: lanivers hbchrétien- d'ün chant: incommensurable comme l'infini 2 «Quiconque a ‘des: orelleS entendet 5! Etremarquez quesaubstècte de saint Grégoire, larrpoésiésest: muette: k/poésien'est pas'assez puissante pour/pliet les barbares du joug de la/foïret de la charitécilsme la-comprendraient point: c'est la: musiquerchrétienne qui remplit ce rôlenetsr comme desdit PaulDiacre ; « le:-giosier farouche du Germain-Quilnevpeut s'assouplir auxrinfiexionsde la Knguëi: latine, -‘saitodu! moins de 2% L Hypéés Kÿrié, Kyrielieleison ts [np rer 1880 buanddel pleinicintre de la voûte romané staritét qué toutes des nations s'abritent-sots l'umitéide la! foi ; lacantilène sacrée , eat te si etes plus æ'onction, plus degravité;ettrouvetuneexpression plus! énerpiq absénrse concentrant datis rui'seul:mode 632 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. et dans une seule coupe rhythmique. Un nouvel élé- ment éclôt dans la musique, inconnu à l'antiquité, incompatible avec son esthétique : c’est l'harmonie, dont la diaphonie balbutie les premiers rudiments. Enfin la longue tirade monorime que Théroulde crée dans son admirable épopée de Roncevaux annonce le réveil de la poésie, et démontre aussi que l'unité de foi est le principe vital de l’Europe au xr° siècle. Du xn° au xirr° siècle, la société du moyen âge, sous l'aile de l'Église, atteint dans l’art cet apogée de puissance qui caractérise le parfait équilibre des facultés humaines; et, tandis que la cathédrale gothique élance ses sveltes colonnes, qui semblent quitter la terre pour chercher le ciel, multiplie ses ogives, découpe comme des dentelles ses clochetons et ses arcades, la musique, par les combinaisons du contrepoint et de la mesure, se crée tout un monde de formes nouvelles et de perspectives sonores. Du chaos de l’harmonie sortent des accords et des accents infiniment multiples; car le souffle poétique venu de la Cambrie a fait de l’amour idéal un dogme social , et semé dans le monde une notion toute nouvelle de la vie. Il faut bien que la musique traduise les émotions nouvelles qu'il fait naître. Dès lors les trois phases de l'architecture se retrouvent dans la poésie et la mu- sique : au gothique fleuri correspondent le Dies iræ, les répons du Saint-Sacrement, comme les poèmes de saint Bonaventure et tous ceux de la Table ronde; au gothique rayonnant on peut rapporter les imi- tations, les canons de Guillaume du Fay et la Divine Comédie du Dante; au gothique flamboyant, les fugues d’Ockegem et de Josquin des RPrez, et tout ce MÉMOIRES. 633 qu'a inspiré la théologie scolastique. Pendant ce temps, le caprice et la fantaisie, qui dirigent les artistes pour construire et décorer les monuments civils, se retrouvent dans les poésies et la musique des troubadours et des trouvères. Cependant l'Italie, bien moins absorbée que la France par la philosophie spéculative, recoit de son soleil des inspirations d’un tout autre caractère : le dogme de l'amour, que les bardes bretons avaient fait accepter, et que l’ordre des Franciscains avait surna- turalisé en s'appuyant sur Dieu et sur une charité enthousiaste pour les hommes, le dogme de l’amour dicte à ces poètes mystiques des vers et des chants sans rivaux pour la suavité et la tendresse; Giotto et Pérugin laissent tomber de leurs pinceaux ces types inimitables où l’extase de l’amour divin rend inef- fable l’austérité de la foi; et des populations entières, agenouillées devant les madones que la piété érigeait à l’angle de chaque rue, répétaient ces lodi spiritualr où la douceur des mélodies s’unissait à l’onction d’une harmonie tout à la fois riche et naïve. Constantinople succombe alors sous les coups des Turcs : le vide immense que laisse ce dernier débris du monde romain réveille tous les esprits en Europe. Au retentissement de cette catastrophe, tout change de face : une question de vie ou de mort se dresse devant la civilisation , et, par une impulsion intel- lectuelle sans analogue dans l’histoire, la renais- sunce fait son avènement. Faut-il le dire? l’héroïsme religieux des croisades n'avait pu sauver la chrétienté d'Orient, et l'Occident, sentant planer sur sa tête le cimeterre de Mahomet Il, et doutant de l'unité de 634 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. la foi, qui rendait l'Europe invulnérable, chercha son salut dans une doctrine qui proclamait comme Sp vic de force le droit individuel, Alors le soleil romain subit une éclipse en Alle- magne, et Luther jeta le défi à la tradition de quinze siècles ; mais, avant que le rationalisme l’eût glacé de sa main de cadavre, l'art chrétien devait se surpasser : Michel-Ange, d'un. bras: surhumain, soulève. le Panthéon de Rome, et le superpose sur le Parthénon d’Athènes : la basilique de Saint-Pierre est debout, et les scènes de l’Apocalypse flamboient sur les murs de la chapelle Sixtine. Le Tasse dicte sa Jérusalem, où la perfection de la forme antique drésse nn. piédestal au dogme.de l'amour idéal étreint par le spiritualisme chrétien. À ces monuments impérissables la musique- égale ses chefs-d'œuvre ::Palestrina [élève la. voix; Orlande de Lassus Jui répond: Aux plus riches combi naisons d'harmonie la 1mélodie: prête: désormais des accents émus ; elle commence-à dominer l’art ; comme la, passion de, la lutte domine la société, Mais-les: chants de ces deux génies.chrétiens : sont. d'une : sublimité. telle que l’art grégorien, RARE les-inspirer, semble avoir épuisé ses forces: 51, : 18 Bletb D'ailleurs, l'Europe est :en feu :, 68 cfreuéé du fanatisme religieux ébranlent. jusque dans ses-fonde- ; ments l'édifice de civilisation élevé Ipar lÉglise du- Christ. Dans la musique, comme dans la politique , les, lois, les mœurs , une révolution radicale s'opère. 'et.le drame lyrique, musique. des.-passions ,: surgit pour, enivrer.le-:monde, La, lutte de la foi, du rationalisme:: et de la. philosophie sceptique occupe les deux siècles suivants. Dès lors, chaque fois qu'un grand poète! ï ” (MÉMOIRES. 635 apparaît pour. raconter le drame de l'humanité, un grand musicien lui fait écho avec une inspiration non moins haute : c’est ainsi qu’à côté de Milton marche Haendel ; Sébastien Bach, à côté de Klopstock_ et de Leibnitz. Mesurez la taille de ces géants : ils peuvent se toucher.du front: Quand Goëthe éblouit l'Allemagne de ses créations , Beethoven chante ; Schiller et Weber. semblent brûler d’une même flamme ; écoutez Rossini : vous: entendez un écho de Byron ; et Mozart! je l'ai dit : son génie fait douter qu'il soit né sur la terre. “Et-l'art qui:a- jouée rôle dans le monde, vous voulez qw'ilne soit qu'un caprice de: la mode, un frivole plaisir ?Ah1! si vous le:connaissiez mieux, si vous Je cultiviez avec un religieux respect, vous sauriez quil a répondusà tous lescélans de l'esprit humain, et qu'il aipeut-être plus fait: pour le bon- heur: des ‘peuples ‘que ‘les héros ét les lésislateurs Trouvez des interprètes capables ‘dé: vous! en‘ faire sentir des Déautés ‘à ‘chaque époque et vous-ivous: écrierez : ©'Ouil dans ce que j Re je” ‘BENS": battre le cœur dé l'humanitél» *191 sp" enté -Té meiisuis fait'un devoir de ne rien ménager : je: dis la vérité quoi qu'il m'en6oûte #81 l’on trouve la: musique® futile aujourd’hui c'est! qu'on ‘la rend l'expréssion de ‘nos l'éapricés égoïstes etidé nos pas- sions setisuelles: ;L'enseisnemiént de l'art, je lerépète, nest, alürs qu/un trafic de: poison ; dont s'infectentiles familles sous toutes! les formes , et dont la corruption occulte 'angrène léselasses moyennes tout lautantique lés mauvais! romañs. Et l’on'ne$'endéfiepas : la. langue de cette musique abjecte ne fait entendre à l'esprit aueun mot qui le dégrade; mais elle infiltre 630_ CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. au cœur la satiété de tout ce qui n’est pas le plaisir. Quand les artistes étaient à la hauteur de leur mission, ils personnifiaient leur art dans une des fleurs virginales du ciel : la musique c'était sainte Cécile, et jamais symbole ne fut mieux inspiré. Vraiment le moyen âge, dans son mysticisme naïf, trouvait des conceptions esthétiques dont notre époque a perdu le secret : tous les actes de la vie, toutes les pensées, tous les sentiments se proposaient, comme loi de sanctification, l'imitation d’un patron céleste à son choix. Le sage, l’ignorant, les hauts barons, les serfs, le troupeau du Christ tout entier s’efforçait de multiplier les liens attractifs qui pouvaient aider l’homme à remonter au ciel. La plus vulgaire pro- fession par le nom d’un saint produisait ses lettres de noblesse; la plus abjecte misère pouvait dire en montrant son fumier : « Sur cette couche infecte plus d'un roi de l’éternelle Jérusalem a répandu ses larmes, semences de sa gloire! » et, chaque corporation, au souffle de la charité, déployait sa bannière pacifique. La bannière des métiers parmi nous quelle est-elle? Nous rougirions peut-être de la lever, car sa véritable devise serait : « Chacun pour soi, chacun chez soi ». Servants de sainte Cécile, artistes qui vivez d'amour et de concerts, dites-nous donc pourquoi l’encens de vos plus harmonieux soupirs s'est adressé de pré- férence à cette muse et si chaste et si grave? Quel type d’incomparable beauté trouvez-vous en elle ? Comment, au contact de ce cœur sans tache, s'allume l'enthousiasme qui vous transporte? Cantantibus or- ganis, Cecilia Domino decantabat, dicens : « Fiat cor meum immaculatum, ut non confundar ! » Oui, pro— MÉMOIRES. 637 phètes inspirés, voilà toute la puissance de votre patronne. Pour incarner Dieu en soi, pour sanctifier ses délires mêmes, votre art veut se conserver imma-— culé, et être jamais confondu. D'ailleurs, chaque fois que l’holocauste rédempteur va s'offrir sur l'autel, Cécile n’est-elle pas l’un des noms tout-puissants que le prêtre invoque pour transsubstantier la victime en pain d'amour. Laissons les païens couronner de myrte et de laurier leurs douze muses dansant en chœur sur l’Hélicon : le christianisme dresse à la sienne un trône d’harmonies ineffables flottant dans l’éther du ciel. C’est ainsi que sainte Cécile se révèle à Raphaël pour revivre dans la cathédrale de Bologne. Con- templez-la : ce n’est plus seulement une candide élue : c'est la musique infinie elle-même, et digne du Dieu qui l'écoute. Sur les marches de son trône rayonnant, sa robe d’or se déploie à longs plis comme pour tout embrasser. Derrière elle, et à sa gauche, saint Paul semble lui révéler toute la profondeur des dogmes qu'il a prêchés, et les confier à ses chants pour qu'ils subjuguent toute intelligence. A droite, saint Jean semble répéter à la vierge inspirée : « Aimez-vous les uns les autres », ou, pour qu’elle prophétise les menaces de l'avenir, il lui dévoile l’Apocalypse , ettles doigts de Cécile pressent ardemment le clavier de son orgue; un chœur d’anges chante au-dessus de sa tête, tandis qu'elle foule aux pieds, comme autant de voix impures, mille instruments profanes. Voilà donc, sublime Raphaël, comment sainte Cécile t’apparut dans le ciel : rappelons-nous ce qu'elle était sur la terre. 638 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Cécile fut dans toute sa splendeur la patricienne romaine qui portait sur son front la gloire et la dignité de trente générations de héros : la musique, depuis le commencement des siècles, n’est elle pas la fille des diéux dont tous les autres arts forment le diadème? Son cortége triomphal segrossit à chaque pas des bienfaits qu’elle ne cesse de prodiguer aux hommes. Cécile, l’ardente catéchumène, éxhale en prières tous les soupirs de son cœur, consacre au soulagement des pauvres chaque heure de sa jeunesse, chaque sourire de sa beauté et tous les trésors de son opulence qui sait mieux que la musique parler à Dieu de nous sans cesse? qui pourrait l’égaler à nous faire trouver douces même les larmes? Sainte Cécile, la vierge chrétienne , refuse les embrassements d’un époux pour se consacrer épouse de Jésus-Christ : la vraie musique repousse toute uuion avec les passions sensuelles , et se consacre sans réserve chaste prêtresse de l'idéal. Sainte Cécile conquiert au royaume du Christ l’homme qui croyait l’avoir conquise pour son bonheur d'ici bas : la musique chrétienne révèle aux barbares que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais que les âmes se nourrissent de Dieu. Au tribunal d'Almachus, la vierge romaine confesse énergiquement sa foi : devant l'égoïsme et l’impiété, la musique proclame toujours l’union des hommes par l'harmonie des cœurs en Dieu. Vainement les bourreaux veulent étouffer la sublime martyre : on n’étouffera pas plus la voix sur- naturelle de la musique. Enfin, pour que sainte Cécile porte sa double palme aux pieds de son céleste époux, le bourreau lui tranche la tête : si le sensualisme et l'impiété frappent la musique au cœur, elle revivra . MÉMOIRES. 639 plus incomparable dans la patrie où les passions dégradantes n’élèvent plus leurs clameurs. Art divin! poursuis donc; ta marche conquérante : ne t'inquiète pas si tes fils dénaturés traînent dans la boue ta robe virginale : tant qu’il-restera des cœurs purs que l'amour du beau et du. bien fait battre, tu seras leurs délices aux jours de joie; et leur consolation aux jours de défaillance et d'angoisse! DANGER DE SÉPARER LA MORALE DU SENTIMENT RELIGIEUX . PAR M. COURÇONNAIS, Professeur de Logique au Lycée impérial de Limoges. Parmi les jugementsdont se compose la vie intellec- tuelle de l’homme, il en est qui jouissent d’un singulier privilége : ils sont entourés d’une si vive lumière que la raison les reconnaît et les accepte sans contrôle. Vouloir les démontrer, c’est-à-dire les rattacher à des jugements ou à des principes plus généraux qui les enveloppent et les expliquent, est une entreprise dont tout homme de bon sens se croit dispensé. L'évidence qui les distingue de toutes les autres vérités les impose à l'esprit d’une nécessité telle que quiconque s’avise de les nier entend aussitôt sa raison qui ré- MÉMOIRES. 641 clame : car, si l'erreur pèse à l'esprit de l’homme, de le révolte. La passion et l'esprit de système peuvent seuls expliquer la témérité avec laquelle certains esprits rejettent les axiomes mathématiques ‘aussi facilement que les hypothèses les plus hasardées de la physique et de l'astronomie. Le doute universel æst le prix dont ces intelligences hautaines achètent le droit d'immoler quelques vérités qui les gênent : pour se sauver de l’inconséquence, elles se réfugient dans le scepticisme Mais le scepticisme en morale est aussi CODE à la raison que le scepticisme en mathématiques. Il n’y a pas plus d’évidence dans cette proposition : Deuæ et deux font quatre, que dans cette autre : Le parricide est un crime. Lorsque Socrate demande à Alcibiade à quelle époque il a pour la première fois distingué le juste de l'injuste : « Même lorsque j'étais enfant, répond le jeune Athénien, je croyais connaître le bien et le mal, et je le connaissais ». Horace , qui, sous des airs D une, conserve toujours un sentiment si vrai de l’honnêteté, prend aussi des enfants pour flétrir l’égoïsme ane des Romains : « At pueri ludentes, etc. …. » Au reste, les desseins de la Providence sur l’homme se marquent précisément dans cet éclat supérieur dont brillent au sein de la conscience les vérités morales. L'homme a bien des avantages sur le reste de la création : une sensibilité délicate qui le ravit aux plaisirs grossiers pour lui faire goûter les jouissances exquises de la vertu et des arts, une raison qui se Il. 41 642 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. lasse moins de concevoir que la nature d'enfanter, une volonté que rien n'enchaîne, qui reste libre au milieu des fers. Ce n’est point là pourtant son prin- cipal titre de noblesse : pendant que la nature obéit en esclave aux lois qui la gouvernent, se sentir maître de soi, ne devoir qu’à soi son bonheur ou son malheur, voilà ce qui fait de l’homme un être à part dans le monde. Mais n’aurait-il pas trouvé dans ce redoutable privilége un légitime sujet de plaintes et d’accusations si, responsable de ses actes, il n’avait eu pour guide qu'un sentiment équivoque ou une raison incertaine? Qu'il croie avec Descartes que la lumière est transmise aux planètes par des vibrations dont le soleil est le centre, ou avec Newton que cet astre laisse échapper de son sein des flots intarissables de molécules lumineuses, qu'importe? Il ne se sent pas chargé de mettre d'accord entre eux les physiciens et les astronomes : le monde peut sans danger être livré aux disputes des savants, Car la connaissance de la nature n’est pas la fin de l’homme; mais il faut que les vérités morales soient enfermées comme dans une arche sainte; car, disait Bossuet, la vertu est son tout. Aussi évidentes que les vérités les plus simples de la géométrie et de la mécanique, les notions morales sont empreintes d’un caractère de constance et d’uni- versalité que ne portent point les lois découvertes chaque jour par la physique et l’histoire naturelle. Dans tous les temps le respect et l'admiration ont élevé des autels à la vertu; toutes les langues ont des termes pour flétrir le crime, et tous les peuples des institutions pour le punir. On répète sans cesse le mot MÉMOIRES. . 643 de Pascal : « Vérité en decà des Pyrénées, erreur au-delà ».+ Mais cet arrêt superbe frappe-t-il les vérités de l’ordre moral ? N’enveloppe-t-il pas dans la même proscription les autres vérités de la raison humaine ?: Oui, l'opinion est une maîtresse d'erreur ; l'intelligence a des limites : elle est par sa nature condamnée à une certaine ignorance, qui est encore la sagesse : nescire quædam magna pars sapientiæ est : mais proscrire entièrement la raison en haine de quelques écarts, et chercher une autorité dans une tradition que la raison seule justifie ou condamne, serait digne de la sophistique la plus décriée si l’homme de génie, entraîné par son cœur plutôt que par sa raison dans cette aberration étrange, n'avait donné des gages de la droiture de ses intentions en ne consentant à se reposer que dans la conquête d’une vérité supérieure à la vérité humaine. Le mot de Pascal prouve qu'il y a diversité dans les applications de la loi naturelle : qui l’ignore? La législation de Solon ne ressemblait point à celle de Lycurgue; les lois qui gouvernaient Athènes n'étaient point du goût des jurisconsultes romains; et, de nos jours, le Code immortel sous l'empire duquel nous avons le bonheur de vivre a laissé bien loin derrière lui toutes ces législations faites pour des peuples que le souffle de la religion et de la philosophie chrétienne n’avait pas encore purifiés. Mais faut-il donc que le législateur rompe brusquement avec les traditions, les usages, les lois de son pays? Que devint à Athènes l’œuvre de Solon ? Que devinrent à Rome un grand nombre de prescriptions de la loi des Douze Tables? La société humaine se compose d’esprits qu’il faut convaincre, 644 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. de volontés qu'il faut entraîner; le législateur, comme l’orateur, a besoin de certains tempéraments : le. succès de son œuvre et le progrès de la civilisation sont à ce prix. | Ce qui distingue surtout les notions morales de tous les autres jugements, c’est leur autorité : le vrai s'impose à l’entendement; le beau commande à l’ima- cination; le bien règle la volonté. Sans doute l'exercice de l'intelligence et la culture du goût relèvent l’homme aux yeux de sa conscience et aux yeux de Dieu : plus il sonde les mystères de la nature, plus il sent son âme saisie d’admiration, de respect, d'amour pour le divin architecte du monde. Les anciens n’avaient-ils pas fait de la science une vertu ? Cicéron , héritier des traditions socratiques, n’a-t-il pas écrit : « Omnestrahimur ad cognitionis el scien- tiæ cupiditatem , in qua excellere pulchrum putamus, etc.; et Platon, par une de ces erreurs dont la philosophie cherche encore le secret , n’a-t-il pas dit que l'homme juste est celui qui connaît, et que l’homme injuste est celui qui ignore le bien? Tant leur semblait étroite l'union de la justice et de la vérité! Qui cependant s’est jamais senti coupable d'ignorer les lois de l’é- lectricité ou celles de la lumière? Le laboureur qui adore et bénit dans son cœur la main puissante qui fait croître ses épis.est à coup sûr, dans sa simplicité et son ignorance, aussi honnête que le naturaliste le plus expérimenté. Qu'il s'agisse, au contraire, de secourir un homme en danger, de garder la foi du serment, la raison change alors de langage : elle vous commande avec une autorité devant laquelle vous vous sentez obligé de vous incliner. MÉMOIRES. 645 Et ne croyez pas que la Providence ait laissé aux froides lenteurs de l’entendement le soin de sauve- garder l'exécution de la loi naturelle : elle a choisi un gardien plus vigilant. Avons-nous fait une bonne action, nous en recueillons la récompense dans un -sentiment de contentement moins vif, mais plus délicat que toutes les sensations qui viennent du dehors. Voyez, au contraire, le criminel : le premier Châtiment que lui inflige la Providence c’est un remords qui le poursuit sans cesse : « Il n'ose regarder la salle du festin, dans la crainte d’y voir des caractères funestes ». Et les actions d'autrui, aussi bien que les nôtres, trouvent dans notre cœur leur justification ou leurarrêt. Séparés par vingt siècles, nous nous sentons transportés d’admiration en assistant, dans les strophes pathétiques d’Horace, aux sublimes adieux de Régulus , tandis que Tibère immolant Germanicus, Néron faisant périr sa mère, excitent encore aujourd'hui toute notre horreur. Satisfaction ou remords, mépris qui va jusqu'à la haine, ou respect qui s'élève jusqu’à l'enthousiasme , tels sont les sentiments qui, mieux que la raison, protégent la loi morale; car la satisfaction d’avoir aidé un de ses semblables à des attraits ignorés de l'homme habile ou favorisé de la fortune, et le remords a des aiguillons que ne connaît point l’homme imprudent ou maladroit. Voilà donc le sentiment et la raison d'accord pour condamner et pour absoudre ; et, si vous voulez ap- précier et qualifier une action morale, c’est-à-dire accomplie par un agent libre, en vue d’une fin connue et déterminée, gardez-vous de chercher au 646 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. dehors une règle et une mesure : cette règle, vous la portez dans votre raison et votre cœur, et l’on pour- rait, avec un léger changement, vous appliquer le vers d'Horace : « Est mihi purgatam crebro qui personet aurem ». La conséquence que la logique la plus élémentaire déduit de ces prémisses est bien simple. Une action est moralement bonne quand elle est conforme à la raison ; une action est moralement mauvaise quand elle est contraire à la raison; et, comme la morale est la science du bien et du mal, du juste et de l’injuste, la morale relève tout entière de la conscience. Cette doctrine, au reste, n’est pas nouvelle. Socrate l’enseignait il y a deux mille ans à la jeunesse d'Athènes; et, lorsque l’épicuréisme, mal interprété, commença à énerver la société antique, Zénon, laissant les voies où-le génie d’Aristote et celui de Platon s'étaient égarés, essaya de retremper les cœurs amollis de la Grèce aux sources d’une morale à laquelle Montesquieu attribue l'honneur d'avoir arrêté la décadence et retardé la chute de l'empire romain. Cet esprit de la morale antique, épuré au contact du christianisme, traversa le moyen âge, et vint encore animer de son souffle les plus beaux siècles et les plus beaux génies des temps modernes. « Il y a, s'écrie Fénelon, un soleil des esprits qui les éclaire tous beaucoup mieux que le soleil visible n'éclaire les corps : ce soleil des esprits nous donne tout ensemble sa lumière et l’amour de sa lumière pour la chercher. Ce soleil de vérité ne laisse aucune ombre, et illuit en même temps dans les deux MÉMOIRES. 641 hémisphères : il brille autant sur nous la nuit que le jour; ce n’est point au dehors qu'il répand ses rayons : il habite en chacun de nous... Il n’y à qu’un seul maître véritable qui enseigne tout, et sans lequel'on n’apprend rien. Les autres maîtres nous ramènent toujours dans cette école intime où il parle seul. » A part les sensualistes, à qui leur métaphysique interdit cette croyance, tous les philosophes modernes ont tenu le même langage; tous, catholiques ou protestants, jansénistes ou jésuites, ont rendu cet hommage à la raison, se sont inclinés devant cette autorité de l'intelligence humaine. Tout le monde connaît la magnifique apostrophe de J.-J. Rousseau : « Conscience, conscience, immortelle et céleste voix, guide assuré d'un être ignorant et borné, mais intelligent et libre, sans toi je ne sens rien en moi qui m'élève au-dessus des bêtes que le triste privilége de m'égarer d'erreur en erreur ! » Il s’est trouvé cependant des philosophes à qui la morale a semblé chancelante, fondée sur la raison humaine. Fermant les yeux sur le carac- tère presque divin de cette puissance merveilleuse, et ne voulant voir, comme l’auteur des Pensées, que ses défaillances et ses égarements, ils ont cherché à la science du devoir une base plus solide. Sans remonter bien haut dans l’histoire de la philosophie , ne voyons- nous pas le célèbre auteur des Méditutions , ce philoso- phe qui ne veut point bâtir sur le sable, mais sur le roc et sur l'argile, établir la morale sur la volonté de Dieu, et prétendre que le devoir est la conformité de l'action humaine àJa volonté divine? Étrange théorie, qui cherche la fixité, et ne trouve que la mobilité la 648 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. plus absolue, et qui, après avoir dédaigné la raison humaine, en est réduite à soutenir que-toutes les vérités dépendent de la liberté divine, et que, s'il plaisait à Dieu, non-seulement le vrai et le faux pourraient être confondus, mais que le parricide serait une vertu, et la charité un crime! Voici comment Malebranche faisait justice de cette doctrine : « Si, pour être juste, il faut toujours vouloir ce que Dieu veut, c'est uniquement et précisément parce que Dieu veut toujours - selon l'ordre immuable de ses per- fections, et qu'il ne peut jamais se démentir. C’est à quoi il faut bien prendre garde; car, lorsqu'on attribue à Dieu des volontés purement arbitraires et ‘indépendantes de cette loi, et qu'on s'imagine que c'est vertu que de s’y soumettre, on tombe dans l'erreur et le dérèglement; on fait Dieu injuste : c’est là l'erreur ; et le dérèglement consiste dans la confor- mité de sa volonté avec celle d’un Dieu imaginaire. La loi éternelle n’est point arbitraire : c’est l'ordre immuable des perfections divines. Dieu, par exemple, peut ôter à ses créatures l'être qu'il leur ,a donné librement ; mais le souverain domaine qu'il a sur elles ne lui donne pas le droit de les traiter injustement. L'être est pure libéralité ; maisle plaisir et la douleur, la récompense et la peine, doivent être réglés selon l’ordre immuable de la justice, que le juge aime invinciblement et par la nécessité de sa nature. » Une autre doctrine née dans le même siècle, égale- ment hostile aux inspirations de la raison, est connue sous le nom de quiétisme. Ici le bien n'est plus seuie- ment la conformité de l'acte à la volonté divine : c'est l'union intime de l'âme avec Dieu. Les différents MÉMOIRES. 649 degrés de cette union mesurent les différents degrés de la vertu, etla morale a une méthode « par laquelle on peut conduire les âmes les plus communes à cet état de perfection où un acte continuel et im— muable de contemplation et d'amour les dispense pour toujours de tous les autres actes de religion. ainsi que des pratiques de piété les plus indispen- sables selon l’Église catholique ». Le quiétisme, per sonne ne l'ignore, est jugé depuis long-temps. Bourdaloue, consulté par M de Maintenon sur cette matière délicate, répondit : « Ce qui serait à souhaiter dans le siècle où nous sommes, ce serait qu’on parlât peu de ces matières, et que les âmes mêmes qui pourraient être dans l’oraison de contem— plation ne s’en expliquassent jamais entre elles, et encore rarement avec leurs pères spirituels ». Bossuet, vengeant le sens commun, et défendant l’orthodoxie catholique, après avoir dans les premiers temps montré à Me Guyon une bienveillance toute pater- nelle, traita l'archevêque de Cambrai avec une sévé- rité que l’on. jugerait excessive si l’on pouvait oublier la grandeur de la cause qui se traitait et les dangers qui auraient bientôt menacé l'Église. Tous ces grands * hommes du siècle le plus sage que la France ait connu se faisaient une idée saine de l’homme, de sa puis- sance, et savaient, contrairement aux cartésiens, lui conserver sa liberté et sa grandeur sans atténuer la puissance divine, et, contrairerhent aux mystiques, régler et guider son cœnr sans porter atteinte au plus noble de ses sentiments, l'amour divin. Est-ce donc à dire que la morale soit absolument indépendante de la science de Dieu? Si c'était ici le 650 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. lieu, il nous serait aisé de montrer, par une étude approfondie de la raison humaine, qu’un lien étroit unit la morale à la religion, et que se'conformer aux inspirations de la conscience c'est se soumettre à la raison divine. Qu'est-ce, en effet , que cette raison qui nous commande et qui nous juge? Écoutons Bossuet : « L'homme de bien écoute en lui-même une loi invio- lable qui lui dit qu’il ne faut faire tort à personne, et qu'il vaut mieux qu’on nous en fasse que d’en faire à qui que ce soit... L'homme qui voit ces vérités par ces vérités mêmes se juge lui-même, et se condamne quand il s’en écarte ; ou plutôt ce sont ces vérités qui le jugent, puisque ce ne sont pas elles qui s’accom- modent aux jugements humains , mais les jugements humains qui s'accommodent à elles... Ces vérités éternelles, que tout entendement aperçoit toujours les mêmes , par lesquelles tout entendement est réglé, sont quelque chose de Dieu, ou plutôt sont Dieu même. » | Ainsi, selon l'opinion de Bossuet, cette puissance qui nous absout ou nous condamne, qui appartient également à tous les hommes, n’est pas autre chose que la lumière de Dieu éclairant tout homme venant en ce monde, et l’on peut dire avec Malebranche, en évitant toutefois ses excès : « Nous voyons tout en Dieu » ; ou avec Fénelon : « Mon esprit n'est point la raison primitive, la vérité universelle et immuable : il est seulement l'organe par où passe cette lumière, et qui en est éclairé ». Que si l’orthodoxie de Bossuet et celle de Fénelon les rendaient suspects, il nous serait facile d’invequer d'autres autorités. Leibnitz était protestant, et cependant, à chaque page de sa réponse MÉMOIRES. 651 à Locke, renversant et relevant tour à tour, il soutieut avec une, dialectique toujours triomphante que less sens ne peuvent point expliquer tous nos jugements; qu'il y à en nous quelque chose de supérieur à l’ex- périence ; que la raison est très-différente de la sen- sibilité. Il va plus loin : « Ces vérités, dit-il, étant antérieuresgaux existences des êtres contingents, il faut bien qu'elles soient fondées dans l'existence d'une substance nécessaire : c’est là que je trouve l'original des idées et des vérités ». Il y a certainement bien des différences entre Platon, Bossuet, Leibnitz, Malebranche et Fénelon : ce-: pendant, avec un accord admirable, tous ces grands maîtres reconnaissent que, dans l'esprit de l’homme, au-dessus des notions sensibles apparaissent d’autres. notions qui ne sont, pour ainsi dire, que des rayons de la vérité absolue, une communication perpétuelle entre Dieu, et l’homme. Qui consulte sa conscience consulte la raison divine; qui accomplit le bien se conforme à la vérité immuable, qui est Dieu même : si donc vous supprimez Dieu, vous supprimez Îe devoir, et, si vous renversez la religion, dumême coup vous renversez la base sur laquelle la morale repose. lg « Le grand Condé avait pour maxime, dit Bossuet (écoutez : c'est la maxime qui fait les grands hommes), que dans les grandes actions il faut songer unique- ment à bien faire, et laisser venir la gloire après la vertu. » Ces paroles que l’orateur chrétien met dans la 652 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. bouche du prince de Bourbon sont applicables à toutes ‘les actions et à tous les hommes. La vertu est à elle même sa propre fin : si vous la pratiquez en vue d’un profit; si vous n'êtes pas désintéressé, votre action change de caractère : vous pouvez être un homme prudent, savoir habilement combiner les moyens qui vous procureront la plus grande somme de bonheur : vous ne méritez pas le nom d’honnête homme. Cer- tainement, dans l'antiquité et dans les temps modernes, des philosophes, qui n’ont voulu voir qu’un côté de la nature humaine, ont prétendu que le plaisir est l’unique fin de l’homme; Épicure recom- mandait cette doctrine à ses disciples, qui, l’inter- prétant mal, enseignaient aux Grecs, et plus tard aux Romains, que le souverain bien pour l’homme est la satisfaction de toutes ses passions; et, après avoir énervé la Grèce, contribuaient à la décadence de la république romaine : « Je crois que la secte d'Épicure, dit Montesquieu, qui s’introduisit à Rome sur la fin de la république, contribua beaucoup à gâter le cœur et l'esprit des Romains. Les Grecs en avaient été infatués avant eux : aussi avaient-ils été plus tôt corrompus. » Gassendi en France, Hobbes en Angleterre, renouvelaient l'épicuréisme en plein xvur siècle, et le philosophe anglais, par un entraî- nement inévitable de sa logique, couronnait sa morale par le code du despotisme le plus dur que l'imagination puisse concevoir. Changeant de forme sous la plume de Beutham, qui substitue l'intérêt général à l'intérêt personnel, et assigne comme fin légitime de la conduite humaine le plus grand bien de la société , l’égoïisme, quelque séduisant aspect qu'il MÉMOIRES. 653 prenne, n’en reste pas moins aussi loin de la morale véritable que la sensibilité aveugle et changeante est : loin de l’immuable raison. Aussi quellés précautions prend l’orateur romain avant de parler à son fils du devoir : « Homo, quod rationis particeps, per quam consequentia cernit, causas rerum videt, earumque pro- gressus , etc.! » Ce n’est pas à dire que l’accomplissement du devoir soit facile. Cet idéal stoïque, au contraire, dépasse peut-être les forces de l’homme. L'homme aime natu- rellement la justice, et cet amour, de concert avec le plaisir exquis qu'il goûte en l’accomplissant, le soutient sans doute dans la pratique de la vertu. Mais voyons l’homme tel qu’il est : s’il aime ses semblables, il porte aussi en lui un amour qui commence avec la vie, et ne s'éteint qu'avec elle, l’amour de soi. « Nous qui ne sommes qu’un atôme imperceptible au sein de ce vaste univers, nous voudrions en faire mouvoir la machine au gré de nos seuls désirs, que tous les évènements s’accommodassent à nos vues, que le soleil ne se levât et ne se couchât que pour nous. » Il n’est pas nécessaire d’avoir long-temps vécu pour connaître cette lutte perpétuelle de la raison et de la passion, du devoir et de l'intérêt personnel. Tragé- diens , dramaturges, romanciers, tout littérateur qui se pique de connaître la nature morale, et qui prétend captiver ses lecteurs, ne connaît qu'un moyen, considéré depuislong-temps comme le grand ressort de l'intérêt esthétique : mettre aux prises l’'égoïsme qui sacrifie tout à soi et la vertu qui se dévoue. Or, si l’on rencontre des natures d'élite pour qui la justice a plus d'attrait que le plaisir, et dans le cœur 654 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. desquelles là voix du devoir triomphe inévitablement des entraînements de la passion, combien aussi qui chancellent et défaillent en chemin! L'humanité, après tout, gagnerait-elle à n'être composée que de Catons et de Brutus? Pourquoi étonffer la sensibilité , tuer la passions mutiler lamature? Ne portons pas sur l’œuvre de la Providence une main sacrilége ; réglons nos penchants : ne les immolons pas. Si la raison est notre étoile, c’est sur les ailes de l’amour qu'il faut nous élever vers ces régions sereines où résident le bien , la vérité et la beauté. Pascal, qui faisait du salut'de l’homme un calcul d'intérêt et une question d’arithmétique, disait: « Il est indubitable que l’âme est mortelle ou immortelle : cela doit mettre une différence entière dans la morale, et cependant les philosophes ont conduit la morale indépendamment de cela. Quel aveuglement! » Il sentait bien que l’appât des récompenses et la crainte des châtiments est pour la faiblesse humaine un appui bien puissant; qu’il y a dans la peur de la souffrance et dans l'espérance du bonheur quelque chose qui stimule , qui donne des ailes aux pieds : €... pedibus timor addidit alas », comme dit : Virgile; que ces espérances et ces terreurs salutaires sont comme une grâce venue d’en haut pour aplanir la voie de la vertu. Que pensaient Lycurgue, Solon, Numa, quand ils présentaient leurs lois comme autorisées par la puissance divine? Ils pensaient que, revêtues d’un caractère sacré, elles auraient sur les peuples un bien plus grand empire; ils pensaient que la religion est un frein qui arrête MÉMOIRES. 655 l’homme prêt à faillir, comme l'a si éloquemment exprimé Voltaire : « Otez aux hommes, dit-il, l'opinion d'un Dieu rémunéräteur et vengeur , Sylla et Marius se baignent avec délices dans le sang de leurs concitoyens ; “ss Antoine et Lépide surpassent les fureurs de Sylla, Néron ordonne de sang-froid le meurtre de sa mère ». N'envions donc pas à l’homme l’espérance qui le soutient dans ses luttes et dans ses sacrifices : la pratique de la vertu est un combat de chaque jour : . que l’athlète puisse espérer le prix de la victoire, sa force en sera augmentée. IT. » Tout homme qui a résisté à ses passions, qui à respecté la liberté, la propriété ou l’honneur de ses semblables, qui s’est dépouillé de son manteau pour . le donner au pauvre, est à nos yeux digne de récom- pense; celui qui a enfreint un devoir imposé par la justice ou la charité mérite un châtiment. Voilà ce qu'exige la raison. Elle ne dit pas avec Zénon et Chrysippe : « Le bonheur consiste dans la pratique de la vertu ». Elle sait trop bien que l’homme est un être sensible, et que, si, pour accomplir la loi, il a immolé ses désirs, sacrifié ses penchants, comprimé ses passions, l'harmonie, momentanément rompue, entre la vertu et le bonheur doit être nécessairement rétablie. à Mais, s’il en est ainsi dans l’ordre de la raison, en est-il de même dans l’ordre des choses? Jetez un coup d'œil sur le monde : à qui s'adressent les hommages ? 656 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. A l’homme simple dont la vertu se cache, ou à l’in- trigant qui réussit ? Les récompenses décernées par la société sont rares ; les châtiments sont plus nombreux : mais atteignent-ils toujours le coupable? Ne frappent- ils pas quelquefois, l’innocent ? Je sais bien que, si nous échappons à nos semblables, nous ne saurions nous fuir nous-mêmes; je sais bien que « le crime, après lequel nous courons avec tant de goût, court ensuite après nous comme un vautour cruel, et s'attache à nous pour nous déchirer le cœur », et nous punir du plaisir qu'il nous a lui-même donné ; mais le remords est-il toujours proportionné à la faute? Est- il toujours efficace? L'habitude du mal n’atténue-t- elle pas le remords comme l'habitude de la vertu atténue la satisfaction? Et cependant la conscience nous crie sans cesse, dit J.-J. Rousseau : « Sois juste, et tu seras heureux! » Il n’en est rien pourtant à coù- sidérer l’état présent des choses : le méchant prospère, et le juste reste opprimé. Aussi quelle indignation s'allume en nous quand cette attente est frustrée ! La conscience s'élève, et murmure contre son auteur; elle lui crie en gémissant : « Tu m'as trompé !... je t'ai trompé! Téméraire, qui te l’a dit? Ton âme est- elle anéantie ? As-tu cessé d'exister? O Brutus, ô mon fils, ne souille point ta noble vie en la finissant; ne laisse point ton espoir et ta gloire avec-ton corps aux champs de Philippes. Pourquoi dis-tu : « La vertu » n’est rien » quand tu vas jouir du prix de la tienne? Tu vas mourir, penses-tu ? Non : tu vas vivre; et C’est alors que je tiendrai tout ce que je t'ai promis. » Ainsi la religion seule peut fournir à la loi natu- relle une sanction complète et efficace: la morale MÉMOIRES. 657 séparée de la religion n’a ni fondement, ni soutien, ni couronnement. À la base, au milieu, au sommet, la religion se fond, pour ainsi dire, avec la morale; et séparer ces deux éléments qui constituent la souveraineté de la loi c’est séparer l’âme du corps, c'est Ôter à la morale ce qui l’animeet la vivifie. Voyez plutôt quelles ont été dans le monde les destinées des seuls systèmes de morale que la raison avoue. Certes, s’il en est un qui ait tenu haut l’é- tendard de la vertu, et qui ait entrepris de relever l'homme de cet état d’abaissement où le tient la vie physique, c'est à coup sûr le système de Zénon de Cittium. On a tout dit sur la morale stoïcienne : vivre conformément à la raison, ne tenir aucun compte des sens, être indifférent au plaisir et à la . douleur jusqu'à se frapper le cœur en s’écriant : « Non, douleur, tu ne me forceras pas à dire que tu sois un mal »; n'estimer que la vertu, dont la pratique rend le sage heureux, et l'élève au-dessus de Dieu même, car le sage fait le bien volontairement, et Dieu le fait par nécessité : voilà les qualités et les exagérations que chacun a signalées et relevées dans la doctrine du Portique. On a même remarqué que le stoïcisme mit en pleine lumière un attribut divin, la bonté. On est allé jusqu’à supposer un commerce de lettres entre Sénèque et saint Paul, parce que, vaguement et sans s’y arrêter, Sénèque a dit qu’il faut aimer Dieu : « Deos homo sanus timet ; furor est metuere salutaria , nec quisquam amat quos timet »; parce qu’il recommande la prière et la résignation : « Roga bonam mentem, bonam valetudinem animi, deinde corporis ; vir bonus , quidquid acciderit , æquo animo sustinehil ». F3. 42 658 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Qu'a-t-il doncimanquéà la morale stoïque? Le bon sens ef la mesuré 'sans doute à lépoque:de Zénott ‘de Cléanthe et de Chrysippé mais au stoïcisme mitigé de Sénèque.et d’Bpictèteil manque-encore l’idée d'anDieu rémunérateur et vengeur: Lesage ”stoïcién6béit à Dieuvsans doutes éreru:r@ 0:03 mais ce Dieul, datis/la langüe de ces! philosophes, ! veuti‘dire ‘déétin, Toi universelle et immuable: «< Ad'hane léjem animus noster aptandus est:1hanc sequatur ; huicipareat | el -quæ- cumque: fiunt débuisserfierü putel;Unee velit objurgäre naturam int; c'estola force iqui soutient ,iditige/0ét anime le-monde,"et quil à établi} sans pouvoir le changet, cet enchaînement de causés ét d'effets ôù l’homme est enveloppé:iQue vouléz-vou8ique l'hôüime de bien attende et que le méchant craigne de cette divinité inflexible? Son unique appui réside en lui- même : il faut qu’il reste libre; et, si la souffrance est trop forte, il a encore un refuge : mors pale, la mort lui est ouverte. Combien diffère de ce désespoir mal dissimulé la doctrine de Platon, auquel saint Augustin rendait ce témoignage que de tous les philosophes il a le plus approclié de la croyance des chrétiens! «Il y a dans la nature des choses , dit le chef de l’Académie, deux modèles : l’un divin et bienheureux, l’autre sans Dieu et misérable. Les méchants ne s’en doutent pas, et l’excès de leur folie les empêche de sentir que leur conduite pleine d’injustice les rapproche du second , et les éloigne du premier : aussi en portent- ils la peine, menant une vie conforme au modèle qu'ils ont choisi d'imiter. Lt, si nous leur disons que, s'ils renoncent à cette habileté prétendue, ils seront LL AÎTRS | TOAAAA 94 PMÉMOIRES 92 441909 2659 “exclus aprèsceur mort durséjour-où:les! méchants ne -serontpaint admis; étique dans cette vieils n'auront d'autre, compagnie; que:rcelle quiréonvient:à rieurs mœurs ; dans le délire-de leur folié:ils, traiterontrees ‘discours:d'extravagances. »10ombien isurtoutiést:diffé- rente langage-durchristianisme! «Résigneatoiridit de Chxétien ;- supporte la-douleut Dieu tebvoitsetste “juges etstes souffrances un jour:terséront comptéés.1» Aussi, quandola: ‘paroles des apôtres-eut\retentisdans tout, l'empire romain;rxet apporté àttous\ ceuxrqui souffraient, eesiparolés d’espétancei;:la multituderet cles grands abandonnèrent lesçsourdes idoles dw paga- nismeset vinrent se jétenaux pieds:desautels: d’un Bieuçquileurouvrait:les pantes-du/ciels 129 acrerod'i odtos 9h osroisto dnsdoôor 9 oup de sProtts. 1014 9b -fnf as sbreèr iugqs supiau no fofdixsai tirivib t29 sousTituoe &[ fe , do : édit stest [rrp ture Ii : scmôre 6 ,tslng 2vom : oontos ou 910019 s [r ,otrot qo‘t | SI197 HO de9 ul troot ST Sfuorieerb [sor ‘rioqeseèb 99 9P 9s16Rib neïdaro9 tisboor citeuouA Snise [swpus ,cotel4 sb snirtoob 9f°6. li zodgozoliiq ef eyoi 9b onp sgsrmaiorèt 25 8%. [L» lexontôrdo.esh s9g6vor el 9b àdoorqqs: 201q ! HA bés AI 9h Ted ef tb , 2920119 28b ernten.e: 2088 sel. xuormyadaoid. ds mivib onu'l.: esl$bogr, zweb jmstnob de'2 on atusdodor 29.1 .ofderéeior do voi ame app Titre 5h ado8qme, el oflot tu91'9h 260x%9'[ do .asq 5D odooïqasr 291 soiteuirih sxiolq stivhaon “url -Juoitog ao legs : sim, h owotol #81 ts , bons HSbour us smrotcon Siv ec Jusuo ,omioq, sf 2ft atro 2moeib ul exsom ie , à trori D. jerofo +0 ep à < z rar tuotoz2 2! ar, beat toldgd ottos £ traosacen ze m DE L'INFLUENCE DE L'ÉCOLE ÉPICURIENNE SUR LA DÉCADENCE DE L'EMPIRE ROMAIN, PAR M. E. BUISSON DE MAVERGNIER. Introduction. L'école épicurienne peut-elle être regardée comme une des principales causes de la décadence de l’empire romain? Telle est, Messieurs, la dernière question posée dans votre programme , question que je me suis proposé de traiter. Le peuple romain est le plus grand peuple qui ait respiré sous le soleil ; il a eu des destinées pro- digieuses, et a presque réalisé le plan d’une domina- tion universelle. Ses légions ont foulé notre sol; nos pères ont recu de lui les premières notions d’une ci- vilisation avancée ; notre langue procède de la sienne, MÉMOIRES. 664 et notre patois est un reste de l’ancienne langue romane. Tout ce qui touche à ce grand peuple nous émotionne et nous intéresse; tout ce qui touche à sa vie intime, à ses mœurs et coutumes, à ses inspira tions, à sa dégradation même, a de quoi nous attacher. Cette étude d’ailleurs n’est peut-être pas sans utilité : les siècles passés nous offrent des ensei- gnements précieux, qui peuvent préserver les géné- rations présentes et futures des dangers des mauvaises maximes et des fausses théories. Ce tableau rapide, ce coup d'œil rétrospectif sur une des pages les plus tristes, brillantes néanmoins sous certains rapports, de l’histoire de l’humanité, est de nature à nous faire apprécier les immenses bienfaits que nous devons à la religion chrétienne. Il est utile de montrer les extrémités où les dissol- vantes théories d’une secte poussaient la société, et comment elles allaient au renversement de l'humanité si l'Évangile ne fût arrivé à Ie pour la rétablir ‘dans sa voie. Voilà pourquoi, malgré la lourde charge que nous assumons , nous qui ne sommes ni un philosophe, ni même un penseur, mais un simple croyant, nous avons essayé de traiter cette grave question. Nous devons le dire, l'étude de cette triste phase de l'humanité a ravivé notre foi, et raffermi nos convic- tions. Ce résultat doit nécessairement se produire sur tout homme sincère et de bonne foi, désireux de connaître la vérité, et que ne passionnera aucun parti pris d’incrédulité ou de railleuse ironie. 662 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. xHoib-1ruo 294 49 zw91p 29 Lt) sbol'} euxsbr estartl anse dagssut squivlo no slqusq asfsq sbuonr af or aiyoislersé! toh do 1Prdlégomèneb © noms vit inirq ot; noiteo1sordb 9h escrail 29 ddr9 &'smr20b 91 etot154 sq 9491902 gb 9h e92asl9 2921 vib o1tus 29819061 061 d'humanité, curieuseret avide Ae-cpnnaissanceis a; | destout temps, demandé. à larxeligion ont àla philo sophie la solution. du.,problème de sa, destinée. [Le berceau et la tombe sont de grands et de terribles, mystères que. l'homme;désire sonder, et, sa raison, n'est pas, tranquille | tant qu'une explication, plausible, ne, lui a,pas. été.donnée., Du, jour.où.il jeta.un,regard. mélancolique.sur les,cieux, étoilés, il.se posa l'énigme de: sa destinées il;se demanda quel est le, but finalide, la.vie;;.quel.sstJ'agent çréateur de toutes :choses, et. enfin:ce qui,doit se-passer après da mort,l! 00 fiet iup Les religions ont donné satisfaction: à;68; besoin de l'humanité, en: fournissant, une solution plus, eu:moms satisfaisante, que le rationglismeest venu plus tard contrôler. On ne peut contester l'influence des dogmes’ sur l'existence des peuples, sur leur manière de vivre, sur leurs constitutions)!îls expliquent suffi- samment le sensualisme ou le spiritualisme de certains peuples ;11lei ae me des orientaux, Cu RENE tion des*chrélienb, 5! dro6an00 8. tusvovtisls 46 79) Dans tous:les temps;ceux qui ont fait, profession-de s'oceuper des chosés'säintes.et. de l'étude des mystères sacrés ont. marché les premiers à la tête dés peuples. L'histoiré constate d'influence ; dont. /jouissaient. les mages chez les Perses, les-chaldéens chez.les. Baby loniens et les Assyriens, les druides et les sem- nothées chez les Celtes et les Gaulois, les gymnoso-, + 414 MÉMOIRES. 663 phistes dans l'Inde (4). Les dieux et les demi-dieux dont le monde païen peupla son olympe furent sans doute primitivement des révélateurs et des lég'islateurs. ‘Parfois le dogme a créé des lignes de démarcation bien tranchées entre diverses classes de la société par l’établissement::des’'castes: ‘L'Inde, qui, suivant quéldities réchérches/riôdérnes Dpasatt être le berceau de l'hutianité , noûs étre ‘à! ss Fra uñ cipipuset 0h do ebasre,ob dos ILél peuple y ést divisé ni quatre classes! (qui sont, eh! quélqué sorte! "énéhäaînées Alétir délits tradi- tiünnélle car toute personne (qui perd'sd caste par sa mauvaise éctiduité, et pour avoir violé les règles et les inStifutilons Qui lai séit'imposées ? tombe dans l'avilis- snté condition dé lpéiia et cette: tache lôriginelle’, qui fait de l'honifëé wh-étredéhütet “dégradé, s'étend #fokte al postériteiosieiise Saob fo anofarfor 2NVüil ace hidognre qui creuse ia btme ‘entré les sait Glaskes d'npeupieniter 9! oup,aisseieiai 2802 20h sons nil roteoirro) pes g1x aC lÔTILTO: af £ D n “rs f * 12 29 icf >af) 49 rotzix ue nouphique HAPITRE En cine rsè199 9b € creilentiniqe ol uo screilsuasse of tasunr “Montesquiei, cet: ‘esprit si nobiriiaien investis teur et clairvoyant, a consacré le chapitre X-de son beau livré tGrandéur ét: décadence des Romains ‘à une appréciation sévère dela-secte d'Épicure.-Ce chapitre est intitulé: °De là corruplion: des Romains, et il'est à rene de relaterici le passage où le sat penseur à pl Son nt LEE 91 83110 ie. 89:49 -29big ae ALLIE i OUI VS 29] | MAOÏIEX) ete V1 ), ja! - 1) DIOGÈNE LAERCE, introduction. 664 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. « Je crois, dit-il, que la secte d'Épicure, qui s'in- troduisit à Rome sur la fin de la république, contribua beaucoup à gâter le cœur et l'esprit des Romains. Les Grecs en avaient été infatués avant eux : aussi avaient-ils été plus tôt corrompus. Polybe nous dit que, de son temps, les serments ne pouvaient donner de la confiance pour un Grec, au lieu que les Romains en étaient, pour ainsi dire, enchaînés. I1 y a un fait dans les lettres de Cicéron à Atticus qui nous montre combien les Romains avaient changé à cet égard. » Cette appréciation de Montesquieu sera le point de départ de notre étude historique; c'est elle qui doit nous servir, en quelque sorte, de phare etde boussole. Quel était donc ce philosophe qui avait pu cor- rompre cette race romaine si fortement trempée, si amoureuse des vertus guerrières, si dure aux pri- vations et aux fatigues ? L'Église l'a jugé avec une certaine indulgence : saint Grégoire de Nazianze en parle en excellents termes : « Épicure, dit ce Père de l'Église, a dit que le plaisir était la fin où tendent tous les hommes; mais, afin qu'on ne crût pas que ce fût le plaisir sensuel, il vécut toujours très-chaste et très-réglé, confirmant sa doctrine par ses mœurs ». Bossuet, cet historien si profond, n'a pas signalé l’épicuréisme comme étant une cause de décadence et de corruption pour le peuple romain. Fénelon, dans son Histoire des philosophes de l’antiquité, trace le portrait du philosophe avec une plume indulgente, où perce une sorte d’admiration. Épicure, en effet, avait des mœurs simples et frugales:; sa vie était exempte de ces besoins factices MÉMOIRES. 665 que crée le luxe : il se contentait pour sa nour- riture d’un peu de pain et d'eau. Un petit jardin, qu'il cultivait lui-même, lui fournissait les légumes nécessaires. Cicéron s'écrie quelque part : .:« Com- bien Épicure vivait de peu! » Il était affable et doux à tout le monde, et avait une tendresse si forte pour ses parents et pour ses amis qu'ilétait entière- ment à eux, et leur donnait, tout ce qu'il avait. Il traitait ses esclaves avec une extrême humanité, et prenait soin lui-même de les instruire comme ses propres disciples: Son testament, que nous à conservé Diogène Laërce, respire la bonté et la douceur. Cependant Épicure avait été déjà sévèrement jugé par ses contemporains : sa secte était rivale de la secte stoïcienne, et Zénon le traitait de corrupteur du genre humain ; lui, de son côté, dont le principe favori était de tromper les plaisirs et les peines de la vie, et qui s'était fait une manière de philosopher douce et molle, traitait le stoïcisme d’'hypocrisie. Ainsi l’homme pratiquait exactement les règles d’une sage et vertueuse conduite; mais le philosophe professait d’abominables théories, agissant ainsi au rebours des hypocrites, qui n'ont à la bouche que des maximes de sagesse et de vertu, et qui se laissent aller à une vie déréglée.et scandaïeuse. Épicure a beaucoup'écrit; mais peu de ses ouvrages sont parvenus jusqu'à nous. Diogène Laërce nous a conservé trois de ses lettres et un certain nombre de ses maximes. Au siècle dernier, une découverte, faite dans des circonstances bizarres, éveilla l'attention du monde savant. Une terrible éruption du Vésuve ensevelit, 666 CONGRÈS SCIENTIFIQUE /DE FRANCE. l’an 79: de l’ère. chrétienne, plusieurs villes de la Campanie : Herculanum disparut dans un linceul de laves ; Pompéï fut enfoui sous la cendre du volcan. Seize siècles avaient passé sur,ces villes perdues, lorsque, au siècle dernier, le hasard les fit retrouver. En 1753, des fouilles étaient faites dans la chambre d’une maison de campagne d'Herculanum. Elles firent découyrir..dix-sept centtrente rouleaux de-papyrus carbonisé..Winckelmann dit-que cette chambre avait peu..d’étendue;,à l'entour desimurs étaient rangées des tablettes enjforme d'armoixes, au milieu desquelles se trouvaient des objets noircisquilressemblaientà-des 1 charbons, Mais-la disposition: symétrique-de-ces dbjets entassés l’un sur l’autre éveilla des'sonñpcons: On:les: examina; de plusiprès on vibides caractèrestiacés, et cette importante découverte éveillasur-le-champ: l'attention des sayants de toute PEuropezie 5 23» Paxmios-ces PAPYENIS108810S0mte, frouvés-nquelqnes. ouvrages d’ "Épicure ; n0M ya: __ à Naples des. Pier + AUTALID être: PORTE Hlnér rene poux nous de retrouverles œuvres moralesuet.des axiomes fonda mentaux du philosophe de Gargette.; H: nous semble, querses disciples! ont. dû, exagérer les! conséquences de sa, doctrine; SaLettre; à: Ménæcé, sur das moralel'ést pleine-de maximes honnêtes entremêlées de-principes faux ; de -bons-conseils-:qui se heurtent à de dange- reuses théories. Ses disciples paraissent n'avoir, saisi que le plus mauvais côté de cette philosophiesr Nous:pe ‘pouvons dureste la juger que: d’après ce que -nous en rapportent Lucrèce, : Cicéron ,-. Plu- tarque, Diogène Laërce, Épictète ; ete. OMAN AOMÉMOÏRES 0 EHADMACU 667 “Æxaminohs doncicette doctrine, et? Ho les: conségiiemcesqsh dumeqeih (snslnorr eu 0) nsslov wb 91bne0 68 arroa uoiune tu "0" 0 WA aorrb19g -29l{1v CH APITRE! ol ; 291991 94126 évuondor tit aol brsesd 95 roi BA jte 6 90 parol + 3h. EET 2 dunsdo a débtriné sd e MR BR ESTR 2 nor 2614 .uasisotH'benasquss el coëieog sir b 2Nous'1le pouvons sieur ir que) depüuiser dah#1e ? poème de lmerècel!lie charmie défirpoésié féra paraître moins:Jonguëiil'exposition decétté doctrine ‘philosoz 1 phiques Souvenez-vous-que Lucrecé ét lun féne du” premier ordreuui destgratids poètes 4 humanité 9° etiqu'il &'consacré’'les forces dé son mapnifiquetalent àgloriferdeméamt-ob silievo sutors'l ire al Loeapipe Voulézzvous savoir lidée que Fécole épicuriénne se” fait: da divinité ® Luérbee se Tharge de lexpliquér :° « Les dieux°6nt})'en effet; {1e) more privilège ‘de coulérdansufiet tpaopreforits et ffnmortalité. Séparés:phr-un'immenselintervalle des étênements 60 lalterre Laffranchis\de douleurs ‘étsde craiñtes } indé! pendants: des mortelé,0ufisanteüx2Mmêmes"à#-leur bonheur, “les dieux°ne: sonb nt touchés denos vertus int : courroucés de nos vicésiz 169 5h olcoaoliig vb xt 25 Sans doute lacrainte disposel tellement duw:coœur dél’homme: que ,'à l'aspect des phétiomènesdutiel et: dela terre, donfiline pouvait péhétrer léstcatses ill a supposé que ‘læidivinité régissait la nature » quand | nous serons cONvaincus que rich ne se-fait de rien ; ! nous connaîtrons lulvoute que nous devrons suivre! 14 soürce idont tous les corps sont) sortis;0et comment tous les. êtres qui peuplént le monde! Cure reçu l’exia- tence sans le secours des diéum.! : 5 "sil oo Su pRT 668 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. » Prétendre que les dieux ont établi pour les hommes l’ordre pompeux du monde, que nous devons sans cesse célébrer et croire éternelle l’œuvre de leurs mains immortelles, et qu'on ne peut sans crime ébranler par des arguments impies la base de l'édifice dont les dieux ont doté la race humaine, ces absurdes fictions, d Memmius, sont le fruit du délire. » Voilà donc la théorie de la providence suivant les épicuriens. Les dieux sont complètement indifférents à l’homme. Que l’homme soit vertueux, qu'il vive au sein du vice, qu’il se souille de tous les crimes, ils sont trop haut placés pour s’en émouvoir. Pauvres rois détrônés, dieux fainéants, ils n’ont jamais rien créé : ils étaient impuissants à produire quoisque ce soit : «Nullam rem e nihilo gigni divinitus unquam ». Triste théorie, qui va directement à l’athéisme! car accuser la divinité d’impuissance c’est nier son existence. Et cependant Épicure , l'auteur de ce beau système, est le même dont Fénelon a dit : « Il a toujours parlé magnifiquement de la divinité ». Comment donc s’est formé le monde? D'où est né cet ordre admirable, cette régularité merveilleuse, cette organisation prodigieuse de l’homme? Luerèce en donne, d’après Épicure, l'explication suivante : « La matière existe de toute éternité : depuis des siècles innombrables, les éléments féconds, mus par des chocs divers, entraînés par leur propre poids dans leur essor rapide, se sont réunis sous mille formes variées, et ont essayé toutes les combinaisons propres MÉMOIRES. 669 à faire éclore la vie. Ils ont enfin rencontré, à force de mouvements divers, l’ordre qui enfanta le monde, _et qui le renouvelle sans cesse. Fidèles à cet ordre, ils le suivent pendant un grand nombre de siècles; mais, de même que les corps animés privés de nour- riture s’affaiblissent et meurent, cet univers périra lorsque les éléments qui l’alimentent, cédant à d’autres lois, auront changé leur cours. » Voilà pour la théorie de la création. La théorie de l’âme est désespérante. Qu'est-ce que l’âme, et que devient-elle après la mort? Le troisième chant va nous le révéler : « L'âme est le résultat de principes très-subtils et très-déliés; elle se compose des éléments les plus petits, les plus lisses, les plus arrondis. Le corps est l'enveloppe de l'âme, et l'âme, à son tour, en est la gardienne et le guide... Poursuis, Ô Memmius, et apprends que l'esprit et l’âme naissent et meurent avec les sens ! Si le corps ne peut subir le départ de l’âme sans se décomposer en impurs et fétides lam-— beaux , pouvons-nous douter que cette essence fragile, décomposée elle-même, ne s'échappe de sa prison comme la fumée s’exhale du bois enflammé? » Si l’âme est immortelle, pourquoi ne conserve- t-elle pas le souvenir de sa vie antérieure? Pourquoi perd-elle jusqu’à la moindre trace de son passé ? » Quelle erreur d’unir une immortelle essence à un corps mortel ! Et l’on prétend les allier pour les con- traindre à voguer ensemble à travers d’horribles flots de douleurs ! » La mort n’est donc rien, et les terreurs ne doivent pas nous atteindre. 670 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. » Le sage ne craintpas defne plus vivre; caril sait qu'il, n est: point;dans samafufe : d'exister toujoürs, ft; d'un. autre côté:; 1 ne, on pas comme un al de me.plus vive. id sde 8.920000 2Hiq 429 11 Au moyen, de cétte shviaites RIRE prétend rendre nù service signalé à l'huimamité,hen1üi faisant perdre Jes terreurs etes alarmes d'unestie fütureu Singalièie consolation, ;.en vérité: pour: l'honime vertueux et persécuté!|, Tout. cersystème [tend-à- encourager: lès mauvaises actions, et des,crimes les plüs monstrueux. C’est. la glorification complète d'u matérialisme brutal, Certes | Épicureetses disciples ont ane/bien _pauyre idée de L'homme ! Gréérpanie hasad,"indif- férent AUX dienx, ne différant-des autres sttitix que, par, ane: jatelligence- plusrperfectionnéemaîis ayant la. même destinée, .querdoit, désirer l'homre?|=— La conséquence est rigoureuse ÿ Hrdoit: faireduoplaisir le principe, et.la fin.de toutes-ses lactions::«1Ce qui prouve. que, île plaisir;.est le but final dérda vie dit “Épicure . dans, sa . Lettre,; à Ménæcé:; nc'ést ajfletilès animaux, dès qu'ils, sont: nés;i:sont attirés! vers le plaisir, et, répugnent, da; douleur par SR arr et sans aucun, raisonnement: » }retà orrcretoïote o[00à! ss) Pour -axriver.à. cette] [tranquiklitér qui test ‘le’ bien suprême, des épiçuriens; il faut éviter touticerqui|peut contribuer à.nous, créer, des émbarras. Pour lêtre pat- faitement heureux, il faut-éviter-la colère; et'même .la bienveillance; çar. tout:eelairest 1e proprerde-la Hfpiblesse. «1 Le, sage; ditencore: Épieure , ‘peut: se marier; et ,avoir.des; enfants; cependant ilya; dans .la vie des, circonstances. qui doivent le re du mariage. » (4 AT MÉMOIRES.0E Ado 10: 671 . Nous trouvons dans le Nouwveiu Manuel d'Épictète cette pensée contre Épicure:: « Épicure! dit qu il ne ‘faut pas nourrir ni élever des' enfants, parce que rien n’est plus opposé au véritable bien, GET plâce dans = S pee pra idene - APekélif | nf ferme no defre ar:; Ergoge 7777777 cuuf Momenn ce érete pr cui “Accor fer-cem nero Xeyrere !} Ven. nef lo ect Pendend-- mag g fr fer péauf quipaai ele cëloqu SES el Lau dbeufmnor ù un- fan fer-vevef tnçeruo: q wbuferdocrrine nermafauer tn gubugpus et œf #dperir or dovecur-rer ræorceuft; AA AT enEf rt paene e quep flesy duccionef"euïcoeperint edrale uerure Phoffeë exemple y Th efeir aucroitta Se 5 _ h afer go e eruu x met pp 270 acfifler-argns ualeo We bf'exp qdeupro 51 Saleunr ie q rwlue]-tE Aucu fr exTu rep CU See MA per eaiffinni deducat ls Ia di aduc apputp unutaf ga ta > plan c wuiraref cluuer- fe? cuir culubufip Merene et quafe- LE TUMCTEr UP OL flame aruraufeliue-fer nomuubus veffer-ta cul ruy- ufarque er) ot Certmonuf _ _ _ a ee Inranciur nullufec see noue) LT in Uo ca PPS ATNI À earffirru falurar-f gen cofè -ar duuufuscarer nufler fr; C odérempore gdleeriffonope ENLANd À 1 rer po Ni cio Fuey-ar coñiclara “cut +ppofizu inu uw fifa GLE (C lmifeache dre acfi det pendebar aura cleuc uo inrentffen PxXpPt Loin e LEA bar urpuuncre uriuer-[e catholice fs difiplauf LE à edogmanbufrregenent ÉMRETE LEQUE Tant Oo fâcrule ge galleaf fus È duurfifro-Libupriqur on ffauer L clén- aus adwelegio nèfidespopilaxyt nom add rexTr CT tant dicra cutraire 11axX une Sri uxaf pps me dibufauc dor-urare à ff) mc. nu vec endicuofacr lp La dm fere Na Queref p afto ale il APE ER Lqufiev p uerurridbeatuffénupes à D uecpulir >omane ects gubluru future € aredre pt DIET) bo lens. moleGTi meferenf. cogdranto ex rore d' éderuf poplffie acere 7- * unchear perruf mai cale apr degnrdo GAS A A f R A C V True hoc adfaran(fier ar uradprdieadTgennbuf ment “À | adfe ocatur eutairee fr lme mage ne chi ATX PS Pl fenem t n° p erugmaATà D G 1 k comae Lie Auof a ad HR CE gs :quécoctuffs efre nare rà er 2 queducafoch 9 à En FE NS) Cr qelow dobt reflacua ‘€ RE] RUSs AU eh Ü entaf. nebdierfd e que no 0 r<4 qme al um d pl ic f scfidlenrer or ee wre Poe “urulber ar caféctaru csmeto NS fn rantu tbe zur {è do were affidua frequenrac.o nt phone ut asbabrebm ge -ATUT an CIN q fuer-ant à enif mentbufuscrcarugr<(é ppre Éeuer Tune rureul au D Saœur—ec luc a pordeaf fil. CTAAN ee | 6 KA ÂALX KIXC{ muferz { rare defenfare Vel ereT quo nundeffffi #7 Fat PER | MN 0x ru eNe lmqua ca hoÇet referart e(f- Ur neguaquam | ; nendacefiu porufer ex (ère L accione :; 6 20 quafi alanre ouum uscibuffimdlarec aAù nr fa adoracione: ubica dhuceuf racufer rag fgur ME aequfreançers Hrufu eff: qe imnuenf p br.o q#+ bidemoffice fier ax agendrcura Coruffé , :. mante ofiende-vrqurhurt a fignu crue mfigeret) Guodface Tr | pfrar(e home slleuacongoracent ques éleurt fufer ap haute | æeddiré mocif 27 nnaquefib: sac Lo pare Eh | XKRCCCC ut eKfêr cerer pue pÉaCin OA f fu Hô Tr ; y Pau LA o: Le QUES À Ve À É 6 j '/LOCOUIU Laite TRE OEbMonme( Cahirale) / = | = es _ Safari de Duratius. D ( 7 . Jout ÔE Martial’ abbaye de SE Auiguëtiu \ = — Le ES EEE Mbaladrerie OE 5 Christophe. st . c 4 vacques —-——— —— re Moaveix (? eu basigiuw/) Cle Re Jafimc. batcaut de lx Cuvte De Dusotiens de Plaw de 1597: me 1° Distance de la Roche-au-Goth a Dbaveix 3 Div Mavrie au Fair Faubourg -Moaique Re Da uce. S91(es alioser due |Catsauns 2 4°Qu Pout dt Muhal aux Cbrauee- 7... =: Toute du Chance. h h SJ î DES