i- ^ \^f^ (fc-,- "f>^ •'<*. t /' CONSIDERATIONS PHILOSOPHIQUES. ëKl0ITA^3rîi^!^O3 2.7^" ■ I îl ': ^f VA i. CONSIDERATIONS ^PHILOSOPHIQUES DELA GRADATION NATURELLE DES FORMES DE L'ETRE, O U LES ESSAIS DELA NATURE QUI APPREND A FAIRE L'HOMiME. Par J. B. ROBINET. T»? (pvficoç yfafjtjustnvç ^v tov KÛ.h.c$f/.cv àTTO^ti^OOV tvvtvv. SUID. de AUIST. ^ ^ 45^ A PARIS, Chez CHARLES SAILLANT. MDCCLXVIIL d CONSIDERATIONS tiennent les unes aux autres d'auffi près qu'il fc peut, quoique la fomme des diiîercnccs accumulées le' long ôc l'cchelle univcrfelle des Etres, puiiJe répandre du doute & de l'incertitude fur la liaifon des plus élevés avec les plus bas. Chacun a fon exill:ence à part, & aucun n'eft ifolé ou indépendant. Chacun a des rap- ports plus ou moins proches avec tous les autres, &: les extrêmes fe communiquent encore. Ils procèdent }es uns des autres d'une manière fi intime & fi néces- faire que chacun a la raifon fuffifante de fon exiftence dans celui qui le précède, comme il eft lui-même la raifon fuffifante de l'cxiflence de celui qui le fuit. Qu'on me permette de rappeller ici cet enchaîne- ment de tous les Etres, fuffifamment établi & déve- loppé ailleiVi-s, qui fait de la Nature entière un tout, continu d'exiftences variées, où l'imperfection de nos connoifTanccs nous tait appercevoir des interruptions & des lacunes , quoiqu'il n'y en ait point , & qu'il ne puifîe pas y en avoir. La Nature n'eft qu'un fcul aéte. Cet aâ:e com- prend les phénomènes paiTés, préfens & futurs; fa per- manence fait la durée des chofes. Quand je contemple la multitude innombrable d'in- dividus cpars furlafurface de la terre, dansfcs entrail- les & dans fon athmofpherc , quand je compare la pierre à la plante, la plante à l'infeéte, l'infecte au reptile, le reptile au quadrupède, j'apperçois au tra- vers des différences qui caractérifcnt chacun d'eux, des rapports d'analogie qui me perfuadent qu'ils ont tous été conçus & formés d'après un defiein unique dont ils font des variations graduées à l'infini. Ils m'of- frent tous des traits frappans de ce modèle, de cet exemplaire original , de ce prototype, qui, en fe réa- lifant, a revêtu fucceffivcment les formes infiniment mulripliées & différenciées, fous lefquelles l'Etre fe ma- nifeltc à nos yeux. Ces traits n'ont point échappé aux génies obferva- teurs; & fi j'entreprends aujourd'hui de mettre dans Un plus grand jour une penfée que d'autres ont eu« P H I L O s O P n I Q U E s &c. ^ avant moi , content de donner quelques nouveaux de- grés de certitude, félon ma foible capacité ^ à ce qui a été propofé plutôt comme une conjefture ou un dou- te, que comme une vérité, je me fais un devoir de rapporter la gloire de la découverte à ceux à qui elle appartient. A la tête de cette grande échelle des habitans dé la terre^paroît l'homme le plus parfait de tous: il réunit, non pas toutes les qualités des autres, mais tout ce qu'elles ont de compatible en une même edènce, élevé à un plus haut degré de perfection. C'eft le chef- d'œuvre de la Nature, que la progreffion graduelle des Etres devoit avoir pour dernier terme; au moins nous le prenons ici pour le dernier, parce que c'eltàluique le termine notre échelle naturelle des Etres. Dans la fuite prodigieufement variée des animaux inférieurs à l'homme, je vois laNature en travail avan- cer en tâtonnant vers cet Etre excellent qui couronne fon œuvre. Quelque imperceptible que foit le progrès qu'elle fait à chaque pas , c'eft-à-dire à chaque pro- duftion nouvelle , à chaque variation réalifée du des- fein primitif; il devient très-fenfible après iin certain nombre de métamorphofes. Si^ par exemple, la nuan- ce entre deux quadrupèdes voifms, tels que le cheval & le zèbre y efh trop délicate pour que nous puiffions juger lequel des deux, dans l'échelle, approche plus de" l'homme que l'autre; cependant le Zoologifte qui pafle des bipèdes aux bimanes ^ puis aux quadrupèdes, Iblipedes, pieds fourchus, fiffipedes,& de ceux-ci aux quadrumanes , s'apperçoit qu'il monte par degrés vers le fommet de l'échelle où il trouve le feul animal qui foit à la fois bimane & bipède. Venant enfuite à lui comparer ces différens animaux , il reconnoît fans peine qu'un quadrumane, tel que le magot ou l'Orang- outang, reficmble beaucoup plus à l'homme^ qu'un quadrupède quelconque fiffipede; & un Iblipcde beau- coup moins qu'un fiffipede, fur- tout de ceux qui le fervent de leurs pieds de devant cornme de mains. Pour peu que notre Zoologifte veuille bien fe rendrs A 5 4 CONSIDERATIONS Attentif à tous les traits de la comparaifon , il décou- vrira encore que l'orang-outang rcflcmble plus à l'hom- me, qu'à aucun autre animah Autant il y a de variations intermédiaires du proto- type à l'homme, autant je compte d'cilais de la Na- ture qui, vifant au plus parlait, ne pouvoit cependant y parvenir que par cette fuite innombrable d'ébau- ches. Car la perfection naturelle confifte dans l'unité combinée avec la plus grande variété poffible: c'eft donc l'extrême de la variation de la forme originale, qui peut donner la forme la plus parfaite; &, cet ex- trême terminant la férié des variations intermédiaires, il fàlloit épuifer celle-ci pour avoir ce dernier terme. La Nature ne pouvoit réalifer la forme humaine qu'en combinant de toutes les manières imaginables chacun des traits qui dévoient y entrer. Si elle eût fauté une feule combinaifon, ils n'auroient point eu ce jufte degré de convenance qu'ils ont acquis en pas- fant par toutes les nuances. Sous ce point de vue^ je me figure chaque variation de Tcnveloppe du prototype, comme une étude de la forme humaine que la Nature méditoit; &; je crois pouvoir appeller la collection de ces études , l'âppren- tiffage de la Nature, ou les eflais de la Nature q'ui ap- prend à faire l'homme (*). Ce que je dis de l'homme par rapport à tous les au- tres Etres, eft peut-être également appliquable à un terme quelconque de l'échelle relativement à ceux qui le précèdent. Mais l'homme étant ce que nous con- noiiïbns de plus excellent fur notre planète, nous n'au- rions point une idée de toute la richefîc de la Nature, fi nous nous bornions à la contempler dans un Etre inférieur. Lorfqu'on étudie la machine humaine , cette multi- tude immenfe de fyllêmes combinés en un feul, cette (*) Pline a appelle le lizeron , petite fleur fort reflemblantc aa lys , l'apprentiffage de la Nature qui apprend à faire un lys , C»;r* vtlvuliis tyroc'umm Hatuya iUinm fermait tUfcentu, PHILOSOPHIQUES &c. ^ énorme quantité de pièces, de relTorts, de pu'fTances, de rapports , de mouvemens , dont le nombre accable refprit, quoiqu'il n'en connoiffe que la moindre par- tie, on ne s'étonne pas qu'il ait fallu une fi longue fucceffion d'arrangemens & de déplacemens, de com- pofitions & de diflolutions, d'additions & de fuppres- lîons, d'altérations, d'oblitérations, de transformations de tous les genres, pour amener une organifation auflî fàvante & aulTi raerveilleufe. Mais quel œil allez pénétrant pourra reconnoître une ébauche de l'homme^, je ne dis pas dans la première réalifation du prototype, à laquelle nos fens ne fau- roient atteindre & que nous ne pouvons imaginer, mais dans le moindre des animaux fenfibles, déjà fi éloigné du prototype ^ & par cela même d'autant plus proche de l'homme ? Qui fera capable de fuivre cette ébauche dans tous fes accroilTemens ? Qui pourra fai- re violence à la Nature, lui arracher fon fecret, nous la montrer perfeétionnant fans ceflTe Ion ouvrage, ajou- tant dcs/acultés à des facultés, des organes à des or- ganes; variant ces organes fous toutes les formes dont ils font fufceptibles^ tantôt les prolongeant & tantôt les reflferrant, les enveloppant dans un individu pour les développer dans un autre^les fuppriraant quelque- fois pour les reproduire enfuite avec un nouvel appa- reil; en un mot faifant tout l'homme en détail & pai* pièces, travaillant & multipliant chaque pièce comme à l'infini fans fe copier jamais, pour en compofer une infinité d'Etres différens; imprimant à chaque Etre fa fécondité inépuifable pour en former ce que nos mé- thodiftes appellent des efpeces, monumens durables de la gradation de ia marche; & enfin par ces procédés générateurs obtenant le chef-d'œuvre qu'elle avoit projette ? L'homme (j'entends l'homme pris dans un fens gé- néral & abftrait pour le modèle de l'efpece) eft le pro- totype, plus le réfultat de toutes les combinaifons que Le prototype a fabies en paflànt par tous les termes de la progreflion univerfcUe de l'Etre. Si quelque génie A 3 6 CONSIDERATIONS rflcz au îdt de la marche de la Nature pour reconnoî- trc ce que le prototype a acquis à chaque pas, pou- voit en dcpouilicr Thomme dans la même progreflîon defcendante & avec la même inverdon des phénomè- nes 3 il le feroit rétrograder vers le bas de l'échelle où il fe réduiroit à la fimple enveloppe primitive du pro- totype. Mais dès le premier pas de fa dégradation , il auroit cefie d'être homme : car l'Etre, le plus vo\ûn de l'homm.e, clt prefque un homme; mais il n'en eft pas un. Puifquc l'homme eft le prototype, plus le réPultat de toutes les combinaifons que le prototype a fubies en paflant par tous les degrés de la progrefiion univcrfellé de l'Etre; pourquoi le prototype ne fcroit-il pas l'hom- me, moins ce même réluitat? c'eft que ce réfultat eft précifcment la diifércnce qui conftitue l'homme. Dire que le prototype eft l'homme , moins ce réftfttat , c'eft dire que le pi*otot_ype eft l'homme ^ moins ce qui fait l'homme. Et que lignifie un tel langage, Il non que le protoiype n'eft pas l'homme ? Le prototype eft un modèle qui repréfente l'Etre ré- duit à fes moindres termes : c'eft un fond inépuifable de variations. Chaque variation réalifée, donne un Etre, & peut être appellée une métamorphofe du pro- totype ^ ou plutôt de fa première enveloppe qui en a été la première réahfation. Le prototype eft un prin- cipe intellectuel qui ne s'altère qu'en fe réalifant dans la matière. Une caverne, une grotte, une hutte de fauvage, ime cabane de berger, une maifon, un palais, peu- vent être confidérés comme des variations graduées d'un même plan d'architecture qui commença à s'exé- cuter par les moindres élémens poffibles. Une hutte de fauvage, une cabane de berger, une maifon, ne font point un FÏcuriaL un Louvre ; mais elles en peu- vent être regardés comme des tj'pes plus ou moins éloignés, en ce que celles-là comme ceux-ci fe rap- portent à un même deffcin primitif, & qu'ils font tous le produit d'une même idée plus ou moins développée. P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. 7; On trouve dans la plus chétive cabane, les mêmes piè- ces efientiellcs , que dans le plus magnifique palais: toute la différence entre la cabane & le palais, conlifte dans le nombre des pièces, leur travail, leur propor- tion, leur lite, leurs ornemens, toutes chofes qui fe tirent du plan original, pour-ainfi-dire, par voie d'é- volution, Non-fculemcnt tous les bâtimcns des hom- mes, quoique fi variés chez une même nation, & en- core plus difiemblables chez des nations différentes, fe rapportent à un même plan; mais ce plan renferme pncore toutes les habitations groffières que les ani- maux favent fe conftuuire félon leurs befoins & la portée de leur inftiniSt. Une pierre, un chêne, un cheval, un finge, un homme, font des variations graduées du prototype qui a commencé à fe réaiifer par les moindres élé- mens pofTibles. Une pierre, un chêne, un cheval, ne font point des hommes; mais ils en peuvent être regardés comme des types plus ou moins groffiers en ce qu'ils fe rapportent à un même deflein primitif, & qu'ils font tous le produit d'une même idée plus ou moins développée. On trouve dans la pierre & dans la plante, les mêmes principes cflentiels à la vie^ que dans la machine humaine: toute la différence confillc dans la combinaifon de ces principes, le nombre, la proportion , l'ordre, & la forme des organes. Envifagcant la fuite des individus, quelque nom. qu'on leur donne, comme autant de progrès de Pêtre vers l'humanité, nous allons les comparer d'abord à la forme humaine tant extérieure qu'intérieure, ou à l'homme phyfique,puis aux facultés d'un ordre fupé- lieur, c'eft-à-dire à l'homme doué de raiibn. Cette nouvelle manière de contempler la Nature & fes productions, qui les rappeUe toutes à une feule idée génératrice du monde, elt fondée fur le principe de continuité qui lie toutes les parties de ce grand tout. Chaque méchanifme, pris en particulier, ne tend proprement & immédiatement qu'à produire ce- lui qu'il engendre en effet; mais la fomrae de ces mé= A 4 I CONSIDERATIONS chanifmes tend au dernier réfiiltat, &:nous prenons ici l'homme pour le dernier réfukat, afin de nous borner aux Etres terreftres , les feuls à notre portée. CHAPITRE IL Ou Pon recherche fi c'efl la Matière on la force qui con- flit ue le fond cls P Etre. T ouTE la matière eft organique, vivante, ani- male. Une matière inorganique, morte, inanimée, eft une chimère , une impoflîbilitc. Se nourrir, fe développer, fc reproduire, font les effets généraux de l'aétivité vitale ou animale, inhé- rente à la matière. Nous croyons avoir quelque droit d'admettre ces propofitions pour des données. Réalifer ces trois chofes , fiutrition , accroîjjement ^ reproduction^ avec le plus & le moins d'appareil ponî- ble, c'ell: pour ainfi dire le problème univerfel que la Nature avoit à réfoudre. L'homme en eft la Tolution la plus élégante, la plus ftiblime, la plus compliquée, celle où l'érudition éclatte avec le plus de pompe ik de fafte. . . . Quand on médite tJrofondément ftir les opérations fecretes de la Nature, il s'élève un doute important qui embarrafle l'efprit, fa voir, fi, dans les Ecres, le fujet eft la matière ou l'aC:tivité. A certains égards la puiirance aftiv^e, paroît réfider dans la matière , & en être une qualité effentielle, tan- dis que d'un autre côté l'activité femble être la fub- ftance, & la matière feulement un inftrument dont cet 0 ftibftance fe fert pour déployer Ton énergie. Dans les Etres inférieurs, tels que les minéraux & les végétaux, on rapporte tous les Phénomènes à la matière comme au fond principal de ces Etres; on ne PHILOSOPHIQUES &c. 9 (bupçonne pas même qu'il puilTe y avoir en eux au- tre chofc que le fujet matériel. Un peu plus haut^ on commence à douter: on eft indécis. On remarque une fpontanéité de mouvemens & d'opérations qui décèlent un principe actif, auquel on ne peut s'empêcher de les attribuer. Cependant on voit encore cette adivité entraînée & déterminée invinciblement par la matière : delbrte que dans de tels lyftêmes, la matière & l'ailivité paroiffent domi- ner tour-à-tour, être fucccffivcment le principal & i'accenbire, félon les circonftances. On diroit que la puilTance a6tive fait des efforts poiir s'élever au defllis de la maffe étendue, folide, impénétrable., à laquelle elle eil enchaînée, mais qu'elle eft fouvent obligée d'en fubir le joug. Dans l'homme au contraire, il eft évident que la matière n'eft que l'organe par lequel le principe aftif déploie fes facultés. C'eft une enveloppe qui modifie fon adtion, fans laquelle peut-être il agiroit plus li- brement, fans laquelle aulïi peut-être il ne fauroit . agir, & fans laquelle furement il ne rcndroit pas fes opérations fenfibles. Ne femble-t-il pas encore que plus la puilTance a- 6tive croît & fe pcrfeétionne dans l'Etre, plus elle s'é- lève au delTus de la matière? Ne pourroit-ellc point parvenir naturellement à un tel degré de perfeélion, qu'elle n'eût plus abfolument aucun befoin de l'orga- ne matériel pour opérer, deforte qu'alors elle le rejct- teroit comme un inftrument inutile, pour palTer dans le monde des intelligences pures ? Telle feroit, fuivant cette hypothefé, la progreffion de la force adtive inhérente à la matière. Elle ne fe- roit d'abord que la moindre portion de l'Etre. Par des efforts multipliés & des développemens progres- fifs, elle parviendroit à en faire la principale partie. Enfin elle fe dématérialiferoit entièrement, fi j'ofe ainfi m'exçrimer, & pour dernière métamorphofe elle fe transformeroit en une pure intelligence. Quoi qu'on puilTe penfer de cette conjeéture hardie A 5 lo CONSIDERATIONS- que je donne pour ce qu'elle peut être, je ferois affcz porté à croire que cette force dont je parle cft l'attri- but le plus eflenticl, le plus univerfcl , difons mieux, le fond de i'iZtre , & que le matériel eft l'organe ou le moyen par lequel cette force manifefte les opérations. Si l'on me demande quelle noiion j'ai d'une telle force, je répondrai avec plulieurs Pbilofophes, que je me la reprcfente comme une tendance à un change- ment en mieux, qui s'excrcj fans ceiTenéceiiairement, parce c^ue chaque changement eft la dirpofition la plus prochame à un autre nîcilleur: chaque nouvel état cft la raifon fuffifante d'un état plus parfait , & çonfé- quemment il doit l'opérer. Accoutumés à juger de la réalité des chofes par les apparences qui frappent nos fcns,nous ne voulons ad- mettre dans le monde que de la matière, parce que nous ne voyons que de la matière. Et, pour em- prunter les paroles d'un Auteur moderne, comme toutes les modifications, que nos fcns obfervent dans la Nature, confiftent dans la funple variation des li- mites de l'étendue, dès qu'il faut abjurer cette éten- due, on croit rentrer dans le néant, on s'arrête, comme s'il ne pouyoit y avoir rien au-delà. Nous ne faifons pas attention que le monde maté- riel ou vifible eft un aflemblage de phénomènes, & rien autre chofe; qu'il doit néceflaircment y avoir un mon- de invifible qui foit le fondement, le fujet du monde vifible, & auquel on doive ramener tout ce qu'il y a de réel & de fubftantiel dans la Nature. Ce monde invifible eft la collection de toutes les for- ces qui tendent continuellement à améliorer leur exi- ftence, qui l'améliorent en effet, en étendant & per- fedtionnant fans celle leur aâion , félon la proportion convenable à chacune d'elles^ 11 y a une gradation de forces dans le monde invifi- ble, "comme une progrefTion de formes dans le monde étendu ou vifible. Les forces aétives s'engendrent à leur manière, comme les formes matérielles. Si mê- me l'on conçoit bien ce que je viens de dire, on fen- P H ï L O s 0 P lï I Q U E s &c. ii tira que les formes matérielles ne procèdent les unes ides autres, que parce qu'un certain degré de force en anime un autre , celui-ci un autre, & ainfi de fuite. On conclut de ces notions que le prototype rcpré- fcnte la fjrce prototype a jointe à la forme prototype^ c'efi-à-dire la force &: la forme réduites à leur"^état élémentaire5& que le progrès néceflaire dccesélémens .remplit l'échelle iinîverfelle des Etres. Il y a quelques particularités à obferver dans cette progreflion. A chaque terme la matière fo dégrolTit, & devient moins mafïïve, moins matérielle en quelque forte, au Heu que la force devient de plus en plus adtive en tous fens. Le moindre degré de force n'a befoin que de l'organe le plus obtus, le plus informe, pour fe déployer. Un degré fupérieur de force exige nn in- ftrument d'un ordre proportionné à fon énergie, pour l'exércr convenablement & totalement. La moindre force fc trouvant ainfi alliée à la maflî- veté la plus matérielle, & la forme la plus déliée à la plus grande aéîivité, on voit la raifon pourquoi, dans la partie inférieure de l'échelle, les Etres femblent te- nir plus de la matière que de la force i, tandis que c'elt le .contraire dans la partie fupérieure. Dans les foffiles 5 par exemple, la force agit d'une manière fourde & enveloppée que àes yeux vulgaires ne faififfent point, & que par conféquent ils regardent comme nulle. Ainfi les folTiles font réputés de la ma- tière inanimée, infjnfible & morte , parce que les ■fens grolTiers n'y voient que de la matière fans action. Un peu audeîTus, la force commence à fe faire ap- percevoir; comme néanmoins fon action eft bornée à faire croître la matière qu'elle anime, à en augmen- ter le volume, à en développer la forme, elle fe con- fond ailé ment avec le matériel. On la . nomme force végétative, & on la regarde comme la moindre partie d'un tel fyûêmc où la matière femble dominer. Avancez de quelques degrés, vous trouverez l'emr pire partagé dans les animaux» 12 CONSIDERATIONS Au fommct de l'échelle on trouve un Etre qui ne paroît plus avoir avec la matière que les rapports généraux & communs de l'étendue , de la folidité , de l'impénétrabilité, &c. tant la perfection du prin- cipe actif qui fait proprement fon exiftence , l'éle- vé au deiîus de la portion de matière qui lui fert d'organe. La progrclTion n'eft pas finie. Il peut y avoir des formes plus fubtiles, des puinances plus adtives, que celles qui compofent l'homme. La force pourroit bien encore (è défaire infenliblcment de toute matérialité pour commencer un nouveau monde . . . mais nous ne devons pas nous égarer dans les vaftes régions du poflible. Que ce foit la force ou la matière qui conftitue le fond de l'Etre , il eft toujours fur que tout Etre a une forme & de l'adtivité. L'cnfemole de la Na- ture OiTre donc à no:re contemplation deux grands objets: la progrcffion des forces & le développement CCS formes. . Nous contemplerons aujourd'hui les formes. CHAPITRE III., De la première ébauche de la Forme Humaim dam les FoJTiles. L ^'Art, le finge de la Nature ^ nous aidera à conce- voir comiment les formes les plus fimplcs & les plus gros- ficres peuvent, en le perfectionnant , amener les for- mes les plus compofées &: les plus élégantes, des for- mes qui ne paroiflbient avoir aucune analogie avec les premières, en un mot les formes les plus difpa- rates en apparence. Confidcrons les commencemens de l'Art. Dans les temps les plus recules, la Grèce adora trente Idoles, ou Divinités vifibles , qui n'avoient point de figur« P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. ij humaine. C'etoient des blocs irrégiilicrs, des pier- res qnai'i'éeSj ou des colonnes. Telle fut longtemps Junnn à Thefpis, telle Diane à Icare, Jupiter à Co- rinthe, & la première Venus à Paphos; tcis furent encore dans d'autres Villes ,Bacchus, l'Amour & les Grâces. A Sparte, Caftor & Pollux avoient la figu- re de deux morceaux de bois attackés enfemble par deux autres pièces mifes en travers, figure qui s'eft confervée jufqu'à ce jour pour défigner les Gémeaux fur le Zodiaque de nos fphères. li On mit dans la fuite des têtes groffièrement ébau- chées fur les pierres & les colonnes dont je viens de parler. On voyoit en Arcadie un Neptune & un Ju- piter de cette forme, l'un à Tricoloni, l'autre àTcgée. Longtemps après on s'avifa de féparer en deux la partie inférieure de ces mafles informes pour indiquer les jambes & les cuifles. Tels furent les foibles commencemens de l'Art , chez les Egyptiens, les Etrufques & les Grecs qui le portè- rent dans la fuite à une perfeftion qu'on n'a point at- teint depuis eux (*)• Prenons cette pierre à fon origine, quelque fyftême que l'on admette pour la formation des fubftances picrreufes. Quelle analogie découvre-t-on entre les premiers rudimens d'un bloc de marbre qui commen- ce à croître dans les entrailles de la terre, & les belles formes que faura lui donner la rrlain d'un Phidias? Combien de changemens & d'accroilTemens ne doit- il pas fubir avant même que de devenir propre à rece- voir les premiers coups du cifeau ? La première ftatue fut une colonne, ou une pierre encore plus informe, fans aucune apparence de traits humains, fans diftiu(fïiou ni de tête, ni de bras, ni de jambes (f). Ç*} Voyez riliftoirc de l'Art chez les Anciens , par ÎMr. J. VVinckelm.'inn. (f) Le mot Grec xi'a'v , colonne, fignifioit aiiffi une flatut , même dans ks meilleurs temps. 14 CONSIDERATIONS Entrez dans les cabinets des curieux antiquaires, ouvrez les Recueils des Gori, des Montfaucon, des Caylus , & voyez par combien de degrés l'Arc s'éleva d'une forme fi'grofiière à la perfection de l'Antinous ^ ou de la Venus de INledicis. Voyez combien d'ébauches en argile, en bois, en ivoire, en pierre, en métal! Combien d'elquillcs en grand & en petit, de toutes les dimenfions depuis les plus énormes coloflès jufqu'aux plus petites figures des pierres gravées, telles que celles du cachet de Michel- Ange! Combien d'cilais en buftes, en ll:atues,en bas- reiiefs, en gravure creufe! Les monumens qui nous relïent , &: qui caractérifent les dilférens âges de l'Art , font innombrables, & ce n'eft rien en comparailbn des ouvrages que le temps a confumés, ou que la malice & la Itupidité humaines ont détruits. Combien l'on tailla de tctes avant que de parvenir au bel ovale des têtes Grecques! Combien l'on fit, d'yeux applattis & obliquement tirés ! Combien de nez écrafés ou d'une longueur démefurée , combien de bouches mal fendues & tirées en-haut ! Combien de mentons ridiculement pointus, d'ore*illes mal placées! Combien de mains contrefaites fans diftinction de doigts, & de doigts fans articulations! Combien de pieds larges & plats, ou maigres & grêles j de jambes & de genoux mal tournés, "de corps fans aucune in- dication des os & des mufcles , ou au contraire avec nne exprellion forcée des os & des mufcles, des nerfs & des veines! Combien l'Art enfanta de figuresétroi- tcs Sz rcflerrées, ou pefantes & maffives, d'attitudes outrées, de proportions m on fi ru eu les , de formes an- gulaires & quarrées, avant que de produire Njobé & fes filles 5 l'Apollon du Vatican, ou le Génie aîlé de la Vigne Borghefe, m.odelcs éternels du vrai beau! Ce fut par une infinité de degrés & de nuances que l'ancien fiyle, ce ffcyle dur, roide & deftitué de grâ- ces, changea le fhillant des parties trop fortement mar- quées , en des contours arrondis , moelleux & cou- lahs, pour fe transformer d'abord en un ftylé grand P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. 15 ôrfublime, allier enfuite le gracieux au fublime, & parvenir enfin à la plus grande vérité d'imitation dans Praxicclcs,Xyfippc & Apcllès. Les fiéclcs s'écoulèrent:, des générations nombreu- fcs d'artifccs fe fuccédcrcn!:, les eflais fe multiplièrent à l'infini 5 avant que l'on trouvât la jufte proportion des parties, & cette multiplication des centres qui àiit que les formes d'un beau corps font compofées de li- gnes mobiles qui changent continuellement de point central, parce qu'elles s'écoulent fans ceffe l'une dans l'autre comme des ondes. Cette marche lente & graduée de l'Art eft une ima- ge imparfaite de celle de la Nature. Il y a bien moins loin de ce bloc de marbre arraché violemment du fein de la terre, à la plus belle ftatue qu'il n'y a de la première réalifation du prototype à l'homme. Elle en eft pourtant le première ébauche. La Nature commença à préparer, dans le moindre atome, ce chef-d'œuvre de mechanique qui nedevoit être porté à fà perfeélion qu'après un nombre infini de combinaifons. bi elles ne faifoit pas encore des tê- tes, ni des bras, ni des mains, ni des pieds, ni des chairs j ni des os, ni des mufcles, elle travailloit les matériaux ; elle étoit occupée à d'autres foimes moins compofées qui , par une gradation imperceptible, dé- voient amener celles-là. Les Etres produits au commencement avoient déjà une vie particuhère, convenable à leur fimplicité: ils fe nourrilToient, fedéveloppoient, fe reproduifoient; & quoique ces importantes fonctions s'cxécutaffent avec le moindre appareil poflible, elles fuppofent tou- jours des organes proportionnés à leur efpece, & ces organes, quels qu'ils fullent, étoient un achemine- ment vers leurs analogues, tels qu'ils dévoient être dans le roi des animaux. Quelle production naturelle n'eft pas un fyftême de iblidcs arrofés par un fluide ! La vue la plus générale de l'univers nous offre de grands corps qui nagent dûiis un fluide d'autant plus fubtil qu'ils font eux- 16 CONSIDERATIONS mêmes plus maffifs. Si nous jugeons des autres gîo* blés par celui que nous habitons, chacun eft unfyHê- ' me particulier de folides qu'un fluide particulier pénè- tre de toutes parts. Chaque fubftance foffile offre une économie femblable. Tous ces fyftcmes, grands & petits, fi multipliés & fi variés, feront regardés à jufl:e tître comme les premières ébauches de la machine humaine, entant qu'elle cil compofée de folides & de fluides dont l'adtion réciproque entretient la vie. Le tronc, cette partie du corps qui renferme les or- ganes de la circulation & de la refpiration, méritoit, par fon importance, d'être projette le premier. Mais, dira-t-on^ que voyez- vous dans une pierre qui foit analogue au cœur & aux poumons de l'animal? Je conviens que l'analogie eft au delà de nos fens. Eft-ce une raifon pour refufcr de l'admettre? Suivons la dégradation de ces parties, fans Ibrtir des bornes où l'on a reiferré le règne animal, & nous jugerons jus- qu'où elle peut être portée. Le cœur & les poumons des grands animaux reffem- blent parfaitement au cœur Si aux poumons de l'hom- me: au moins la différence eft fi peu-de-chofe qu'on la néglige. Cependant cette différence fe charge en dcfcendant l'échelle; après un certain nombre de de-" grés, elle fe rend très-fenfible dans quelques cfpeces qui s'éloignent d'autant plus de l'homme. Le cœur commence par perdre graduellement ce riche appareil d'organes & de vailfeaux qui l'accompagnent dans l'homme; puis il perd une oreillette; plus'bas fa for- me s'altère, ce n'eft bientôt plus qu'une longue artè- re; immédiatement au deffous,dans plufieurs infeé^es, îl n'y a plus ni cœur ni poumons, mais feulement des vifccrcs d'une autre ftruéture, qui en font les fon- dions, en quoi ils leur font analogues. Nous fommcs encore dans le règne animal , & déjà ces organes réputés (i effentiels, font fi étrangement altérés. Que dis- je? ils ne font plus : la Nature leur a fubftitué des analogues d'une toute autre conforma- tion. L'analogie s'anoiblira par degrés, & ces analo- gues î? H I L 0 s 0 P H I Q U E s &C. 17 ^ues feront fupprimés à leur tour, ou du moins fi bi- zarrement traveftis , qu'ils feront plutôt foupçonncs qu'apperçus. La Nature a formé un animal fingulier qui n'cffc qu'un boyau ramifié , dont le tilTu elt partout uni ■ forme, qu'on retourne en faîiant de l'intérieur de i'a- nimal l'extérieur , fans que ce retournement nuifè aux fonctions vitales. Sous quelle forme exiftent , dans une machine fi fimple, les analogues du cœur & des poumons? Ils ne peuvent guère y exiftcr que fous la forme d'utri- cules & de trachées , comme dans les plantes avec les- quelles le polype confine de très près. Cette conje^ dture eft: confirmée par lesobfervationsmicrofcopiqueit on a découvert fur le tilfu dont le polype cfl: formé , ime infinité de petits grains qui font vraiferablabie- ment les vifcères ou les principaux organes de la vie d'un tel animal. Quand nous ne retrouverions ni utricules ni tra- chées dans les minéraux, tout ce qu'on en pourroit légitimement conclure, c'clt qu'un appareil organique plus fimple fufllt à ce degré de l'Etre. De quelle finefle, de quelle fimplicité ne doivent pas être les organes d'-une vie ^\ fimple dans des corps aufii purs que l'or & le diamant? Leur extrême té- jiuité les dérobe à nos fens, & nous ne faurions nous former une idée de leur ftrudlure. Parce que nijs yeux & nos microfcopesj beaucoup meilleurs que nos yeux, ne les appcrçoivent point, nous en nions la réalité. C'eft outrager la Nature ^ que de renfermer ainfi la réalité de l'Etre dans la fphere étroite de nos fens, ou de nos infi:rumens. Perfiiadé que le foffiles vivent, finon d'une vie ex- térieure, parce qu'ils manquent peut-être de membres, & de fens, ce que je n'oferois pourtant afiTurer, au moins d'une vie interne, enveloppée, mais ti'ès réelle enfonefpece, quoique beaucoup au delTous de celle de l'animal endormi, & de la plante; je n'ai garde de leur refufer les or;îanes iicceilaires aux fonctions de leur 2? CUNSIDERATIONS économie virale; & quelque ibrme qu'ils aient, je la conçois comme un progrès vers la forme de leurs ana- iQo-ues dans les végétaux, dans les infectes, dans les grands animaux, iii iinalement dans l'homme. Il y a dans l'homme un cœur, un foie, des pou- mons, un eftomac, &c. Il y a dans les infectes ua Ion"- vaiiiêau fort délié en forme d'artère, un fae in- teftmal & des trachées. Il n'y a dans les plerites que des utricules , des vafes propres & des trachées. Des Etres placés au delTous de la plante doivent avoir un appareil d'organes encore plus fimple ; fa fimphcité îi'empêehe pas qu'il ne ibit le type d'un appareil plus compofé. , , . , , Tout le monde n'eft pas en état d'apprécier des gé- néralités un peu vagues. On exige des raifonnemens plus fenfiblcs, des preuves plus frappantes. La même clalic des Etres nous les fournira. Ces preuves nous jbroicnt fufncctcs de toute autre part. Nous n'avons point ici d'iilufion ni de fraude à craindre. Voyez comme la Nature â empreint, fur les foffiles, les diéerentes formes du corps humain! Il y a des pierres qui repréfentent le cœur de l'homme, d'autres imitent le cerveau, le crâne, la mâchoire, des os, ■un pied, une main, un rein^^une oreille, un œil; d'autres encore repréfentent les parties fexuelles de l'homme & de la femme. La Nature pouvoit-elle- nous annoncer d'une manière plus intelligible , où teadoient les premières raétamorphofes de l'Etre ? - ^/ancAe I. :^<7<7<' Uff. ^.r.^' Ji^.x P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c, ig CHAPITRE IV. Zfes Lîtbocardîîes &' Bticarâtes. _ Des ^ntropo- carciîUs.y ou efpeces de pierres qui ont la figurs d''im Cœur humain. P. I. Liîhocard'ites & Bucard'ms, LUsiEURS Natnraliftcs parlent des Lithocardites & Bucardites. On en connoît un grand nombre d'es- pèces. Peut-être n'eft-il aucune contrée de la terra qui ne produife quantité de ces pierres qui repréfen=« tent plus ou moins parfaitement la jfigure d'un cœur. Il n'eft pas étonnant, que la Nature ait multiplié, avec tant de profulion, les exemplaires ébauchés d'une (î noble partie animale, le fiége du miouvement vital. En comparant les difterentes Ibrtcs de Lithocardites que produit chaque pays, on remarque entre elles une gradation de rellémbiance qui plaît à l'imagination. 2. AnîhropocardlUs. L'efpece qui refTemble le plus au cœur humain, & qu'on nomme pour cela An thropocardi te, ell' celle dont je donne ici la ligure (Planche L Fig. 2.) d'après le Dodleur Brookes (*). Elle mérite une attention par- ticulière. 8a labliance eft un caillou bleuâtre en de- dans. La forme d'un cœur eft auffi bien imitée qu'elle puifle l'être. On y diilingue le trône de la veine ca- ve, avec portion de fes deux branches. On voit for- tir auffi du ventricule gauche le tronc de la grande ar- ' tère, avec fa partie inférieure ou dcfcendante, bien indiquée*^ Cette pierre eit rare. On diroit quelaNa- C; Natural Hiftory^ Vol. V. ÎO CONSIDERATIONS :ure, contente de cette cfqiiine, en arrêta le trait, & fe mit peu en peine d'en multiplier les modèles. L CHAPITRE V. Des pierres qui iimtetit le Cerveau humain. 'ES Auteurs nomment ces pierres Emephaldides i *•_) ou Encepbal'iîbes. Elles imitent fi bien le cerveau humain, qu'on les prendroit prcfque pour des cer- veaux humains pétritiés, fi l'on pouvoit croire à de pareilles pétrifications. Elles font gravelcufes, argil- leufes, &: d'une couleur tirant fur le blanc (|). Le Docteur Plott (§) parle d'une Encephaloïde très fingulière qu'il dit avoir vue. Elle refîcmbloit à la baie d'un cerveau humain, ou au cervelet renfermé dans la dure-mère. On en voyoit fortir des portions de plufieurs paires de nerfs coupés, & de plus un pro- longement de lamêmefubftance, d'où fortoient encore d'autres paires de nerfs. CHAPITRE VI. Des Car niû ides ou pierres qui reprèfentetrt le crâne humain. Des Hyppocepbalûïdes. o N trouve en plufieurs pays des pierres qui repré- fentent divers fragmcns du crâne humain. On en a trouvé auffi dans la Suifle & dans l'Ertrie, qui le re- préfentent en entier, avec les os de la face. (■*) Mafeuni Calceolariuni Settali. ("t) Ory(^lo]o!Tie de INIr. Dargenville. C^; The Natùral Hiflîry of 0-\rordshuc. PHILOSOPHIQUES &c. m Les Adtes ou Mémoires de l'Académie de Suéde font mention d'un pareil crâne pierreux dont la partie , qui reprefentoit la mâchoire fupérieurej portoit quelques petits os qui imitoient affez bien des dents. AuHi le Dr. Leyel prétend-il , dans une DilTertation fur cette pierre^ que c'eft un crâne véritable pétrifié; mais ce qui auroit du le détromper, c'eft qu'il a trouvé un ollclct femblable dans une autre pierre qui avoit à peu près la forme de l'os de l'épaule d'un homme: car sflurément l'omoplate n'eft ûu tout point faite pour porter des dents. Scheuchzer parle d'une efpece de Carnioïdes dont on trouve quantité aux invirons de Bafie: ce font des pierres graveleufes & argilleufes, de couleur jaunâtre, qui ont une future dans le milieu , & qui imitent le crâne humain avec aiîez de refTemblance (*}, Le crâne de la fameufe tête prétendue pétrifiée , trouvée fur les montagnes du village de Sacy, à deux lieues de Reims, n'eft qu'une pierre de la même efpe- ce. Outre que l'épaifleur raonftrueufc & inégale du crâne, & le rétrécilTement extraordinaire des orbites, des narrines, & des autres ouvertures, trois fois plus étroites que dans les crânes véritables, prouvent évi- demment que ce ne fauroit être une pétrification ; le merveilleux d'une pareille production ceflTe entière- ment lorfque l'on vient à confidérer que dans les car- rières de Heddington on a trouvé des Hyppocephaloï- des de différente grofleur, c'eft- à-dire des pierres qui repréfentent la tête d'un cheval, avec les oreilles, le toupet entre deux, un peu de nez, la place des yeux, & le refte de la tcte, excepté la partie inférieure (f). La groffeur de ces pierres eft fort au deflous de celle d'une tête de cheval ordinaire, & on ne s'eft jamais avifé de les prendre pour des têtes pétrifiées de cet ani- mal. Ces Hyppoccphaloïdes font trop fingulières pour '*) Spécimen LithogmphiîE Helveticœ ciinon«« '\) Mufteum Wormïanum. î?9 CONSIDERATIONS n'en pas donner ici la figure d'après les Auteurs qui ont vu ces f^Ttes de pierres fingulières (J-'oyez^ Plart- cbs 71. Fie;. 1 0 * ■ On rencontre fouvent dans plufieurs montagnes d'Allemagne, diverfes elpeccs de Carnioïdes plus ou moins parfaites. c CHAPITRE VII. pierres qui reprèfenunt la Mâchoire htmiaim* 'E font d'abord les deux mâchoires de la tête fos- Cle dont je viens de parler. Les mémoires de l'Aca- démie de Suéde & d'autres Livres font mention de pierres femblables reprélentant la mâchoire humaine, foit fupérieure, foit inférieure , même avec les alvioles des dents, I CHAPITRE VIII, Os humains fojjiks. L n'efl pas rare de voi? des pierres qui reflemblent à différens os du fquelette humain. 11 n'eft prefque pas de cabinet de curiofités naturelles, un peu allbrti, qui n'en poflede quelques-uns. Ici ce font des vertè- bres, là Hes omoplates, aifcurs des os du bras ou de Ja cuifTe. On en voit dont l'intérieur eft rempli d'une efpece de fubfiauco aliez fem,blab]e à de la moelle (*). ^ Bayeri Oryclographia Noricaj Mufxum Zachinelli, &c. 2>/anJu: JI . L, PHILOSOPHIQUES &c. ij C H A P I T R E IX. Pierres qui imitent la forme du Pied de r homme. I. Première ejpece» lE Dr. Plott a trouvé dnns une carrière, au pied du mont Shotover, des pierres qui reprcfcntent le pied humain coupé un peu au dcflùs de la cheville. Les doigts n'y ioni. point marques, mais la cheville y elt trcs'Tenrible. On en voit la figure Phinche /. n. %, Le pied eft fort élevé, & encore plus long, ayant plus de deux pieds Anglois de longueur. CMt l'efpece ia plus longue: on en trouve au même endroit de beau- coup plus petite. Ces pierres font de couleur cen-. drée (*). 2. Seconde efpece. Le pes humanus Saxet^s , dont parle un autre Natu- ralifte, mérite encore à plus jufte titre le nom d'^f«- dropodlte. C'eit une pierre qui reprcfcnte le pied gau- che d'un jeune homme avec les articulations, les doigts & l'os antérieur de la jambe (f). 3. Troifthne efpece. UNEautrecrpcccfr.it voir la figure d'un pied hu- main , au point d'y reconnojtre, les rotules & les pe- tits os. L'imitation eft fi exafte qu'elle a fait dire qu'on feroit tente de prendre ce pied pour celui d'un homme changé en pierre par la vertu pétrifiante de la tête de Medufe : ut diceres lapidofi hominis à Medufa pennu' tati (§). ' C*) The Natural Hiftory of Oxfordsîiirc. et) IMufieum Woniiiunum. Qf) Mufsum Calceolarium Settali. «4. L CONSIDERATIONS CHAPITRE X. Fierrs d& Rein. 'A figure 7 dg ïa Planche 1. repréfcntc une pierre de rein , ainlî nommée parce qu'elle a la forme d'un rein, avec le tronc d'un è.^^ uretères qui fore de fa partie concave. Cette pierre a cela de particulier, que, lorfqu'elle eft fraîchement déterrée, elle a la couleur d'un véritable rein, & le tronc d'uretère qui en fort eft fi mou qu'on le coupe aifément avec un canif; mais en moins d'une heure il devient dur comme le refte de la pierre. Au moins c'eft ce qui arriva à celle dont parle le Dr. Brookes , dans fon Hiftoire Naturelle d'où ]'ai tirai la figure que j'en donne. c CHAPITRE XI. Oûtes , ou pkrres auriculaires. 'ES pierres reffemblent à une oreille humaine. El- les en repréfentent la forme extérieure: le creux de l'oreille y eft bien marque. Ces olites font communes dans quelques carrières d'Angleterre , furtout dans celles du mont Shotovcr, & aux environs de la vilb de Soraerton, où le Dr. Plott en a trouvé plufieurs. On en voit ici une fur la Planche L Fig. 5. P H I L 0 s O P H I Q U E s. &c. $^ CHAPITRE XII. Pierres qui repréfènîent un œil, L y a plufieurs efpeces de pierres qui repréfentent un œil. Nous n'en rapporterons que quatre efpeces. 1 . Première efpece, La première efpece, celle que Pline a décrite & nom- mée JUucopbtahms^ eft blanchâtre, & repréfente le blanc de l'œil, félon Mr. Dargen ville. Mais il paroît que le Naturalifte moderne a mal interprète le nom que le Naturalifte ancien a donné à cette pierre. Pline n'a pas voulu dire qu'elle repréfentoit le blanc de î'œil, mais plutôt qu'elle imitoit la figure d'un reil blanchâtre , ou marqué de blanc au centre de la pru- nelle ^ ce que nous expliquerons tout- à-l'heure en parlant de la quatrième efpece de ces pierres. 2. Seconde efpce. VOcyophîabnos ou Acyophtahms ^ comme l'écrivent quelques Auteurs, eft delà même couleur & tait voir un petit œil faillant & pointu. 3. Troifième efpece. Une troifiéme efpece de pierre de la même nature, qu'on nomme Triophtalmos ^ porte la figure de trois yeux, Q-"où lui vient fon nom. 4. Quatrième e/pece. Celle dont on voit la figure Planche I. n. 4. a uri cercle' extérieur blanchâtre, enfuite une Zone circu- S .5 *iP CONSIDERATIONS laire de couleur foncée qui cft celle de la pierre, puis au centre un petit rond blanc qui ne reflemble pas mal à une taie ou cataraéle dont la prunelle feroit chargée. C'eft la penfée d'un Naturalilce Anglois qui l'a d'écrite d'après l'original. 11 conjecture que ce. pourroit bien être l'œil de Bclus mentionné par Hoot C*J> & que le LeiicopbtaliKos de Pline n'en cft qu'une variété , qu'il nomrne ainli à caufe du blanc qui cou- vre le centre de la prunelle ( f ^. 5. Cinquième efpece. Une cinquième efpece repréfente deux yeux l'un à cftté de l'autre fur une ligne parallèle , avec une jufte diftance entre deux. On la nomme Diophialmos. C'eft une très belle onyx. c CHAPITRE XIII. Pierres Mammiîlaires* 'ES pierres, qui ne font pas rares, repréfcntcnt la mamuielle d'une femme. Le bouton ou mammelon y eft bien dcfiiné & très eminent. On y voit aufïî Taréole ou la couronne qui l'entoure, & elle y pa- roît femce de petites protubérances , comme dans le Naturel. I. 'Premiers eJpecQ. J'en connois deux efpeces. Celle dont je donne ici la 'figure (^Planche T. Fig> 3.) eft la plus reffemblan- te. Je l'ai vue, & je puis prévenir le LecSteur que le burin n'a point aflfçz exadtement copié la belle forme de l'original. r*) De Lapidibiis & Gemmis. It) The Natui-al Hiflory of O-xfordshire by Roh.plott. P H I L 0 s 0 P H I Q U E s. &c. i? 3. SecondQ efpece. On en voit nne autre efpece dans l'Hiftoire Natu- relle du Dr. lirookes (*). J'y renvoie le Lecteur. CHAPITRE XIV. Tkm nommée Lapis Chirites, reprèfintant uns ^îahi humaine, V^ETTE pierre (Irie'e , de nature un peu gypfeufe, reprefente la paume de la main avec des formes de doigts & d'ongles de couleur de chair. C'ell un des plus beaux foiîîles que l'on puiffc voir. CHAPITRE XV» Pierres qui repréfentent un Mufck. \J^ en diftingue deu^S efpeccs particulières, une grande & une petite. I. Première efpece. La première efpece (^mème Planche Flg.6.'^ cfl: fort longue à proportion de fa grofleur. L'intérieur eft une forte de matière pierreufe jaunâtre ; la furface extérieure eft d'un blanc poli & luifant, & légèrement ^•^ VolUiBC V, s^ CONSIDERATIONS n'eft pas ronde, comme un cylindre, mais ovale & tanc foit peu applattie d'un côte. 2. Seconde efpece^ La petite cfpcce ne difTcre de la grande, qu'en ce que l'ovale n'en cil point applatti. I CHAPITRE XVI. Fienes pi 7-eprèfentent k Nerf olfacioire. L y a une carrière près du mont Shotovcr , d'où Ton tire une quantité de petites pierres jaunâtres, lon- gues, toutes feiiiblables les unes aux autres , qui ont la firme exadc du nerf olfaftoire entier. L'extérieur eft lifie & poli: l'intérieur eft creux. On voit une de ces pierres Plancha II. Fig. 2. CHAPITRE XVII. Des pierres appellèis Orchis, Diorchis S Triorchis. Ne ! 0 a s voici parvenus aux modèles foffi'es des orga- nes de la génération. Quoique ce ne foicnt que des pierres, peut-être fe trouvera- t-il quelques Lecteurs dont la fauile délicatcflè fera offenfée de ces rcprefen- tations. Nous rcrpeitons alîez leurs fcrupules pour tâcher de les lever par ces belles remarques d'un Au- teur moderne : 5, Ce n'cft pas fans raifon que les parties de la gé- „ nération ont été appellées les parties nobles, puis- 5, qu'elles fervent à l'ouvrage le plus admirable que f, forme la Nature; on leur rendait autrefois les mê- P H I L O s O P H 1 Q U E s &c. H^ ^, mes hommngcs qu'aux Dieux: le foleil & les nu- très Allrcs ont été mis avec moins de raifîjn au nombre des Divinités ; leurs influences n'offrent rien de fi merveilleux que la rolee féconde qui découle des parties naturelles; les Livres lacrés ne nous infpirent que de la vénération pour ces or- ganes ; ils ordonnent qu'on coupe la main à qui olè les outrager ; ils excluent du rainirtère facré les hommes mutilés, la nouvelle loi les éloigne de même de fes autels : les CaliVes viétorieux ne prennent pour monumens de leur gloire que les parties nobles de leurs ennemis ;, ce font -la leurs ftatues , leurs hilloires , leurs arcs de triomphe; il en font des colliers à leurs femmes, ils en font des préfens à leurs amis. Notre hirtoire ne parle qu'avec horreur de Villandrc qui ofa porter la main aux parties naturelles de Charles IX. Par ces parties l'homme affermit fon empire fur la moitiédu genre humain , elles font le fceau de l'union & de la paix qui rend les familles heurcufes. Dans la focieté elles font d'une néceffué ?.blblue: l'ivomme & la femme en fe mariant fe promettent une fi- délité mutuelle, ils s'afllirent l'un de l'autre par des fermens inviolables; mais \qs loix humaines, nutorifécs des loix divines , nous dégagent de ces fermens quand nous fommcs incapables de nous rendre les devoirs mutuels. „ Nous pourrions entrer ici dans des détails qui feroient fufceptibles d'explications curieufes : de vrais favans ne s'imcigineroient pas qu'on fît une infulte à leur modcftie en les leur préfentant. Ils croient, avec raifon , qu'on peut porter fa curio- fité fur tous les objets qu'étale la phyfique: les parties même qu'une bizarre contradiition a fait appeller nobles &: honteules, ne leur font pas dé- tourner les yeux; leur cfprit qui y cherche le mé- chanisme du grand œuvre de la Nature, ne penfe qu'à s'inftruire; l'admiration qui fuit leurs recher- clics tient toujours leur cœur en fureté. Mais tous ka So CONSIDERATIONS „ efprits ne penfent pas avec cette élévation & cetttf 5j juilefle. Il y en a de foiblcs qui font dominés par 5, les fèns & par l'imagination; la petitefle des ma- 5, chines délicates, feches & fragiles dans lefquelles „ ils font renfermés, forme une coraplexion facile à PS émouvoir , la moindre bluette y produit d'abord „ un embrafement univerfel: comme tout eft conta- 5^ gieux pour eux, tout les effarouche, ils voudroient 5, que le nom des parties naturelles fut retranché des 5, Livres de l'Art; peut-être voudroient- ils encore „ que ces parties mêmes fulîent retranchées des corps; 5, du moins leurs vains fcrupules lemblent accufer la 5, Nature d'avoir choifi une voie honteufe ponr mul- 3, tiplier le genre humain. Mais que ces efprits font: 5, extraordinaires. Cette foiblelTe eft indigne d'un 5, efprit raifonnable, &c. (*)." 11 ferojc auffi ridicule de vouloir retrancher certaines matières de l'Hiiloire Naturelle , que de fupprimcr dans la Nature les parties qui la renouvellent. Du refte, les Lecteurs fenfés comprendront aifement que les pierres que je vais mettre fous leurs yeux entrent nécelTairement dans le plan de cet ouvrage, comme dans celui de l'échelle univerfelle des Etres. C'eft as- fez pour juftifier la liberté que je prends de les dé- crire. I. Orcbls, UOrcbis eft une pierre qui repréfente un tefcicule de l'homme ou d'un animal quelconque. On a vu des individus humains qui n'en avoienc pas plus d'un. 2. Dïorchis, Lorfque cette pierre repréfente les deux tcfticulcs, on la nomme Diorcb'is. C'efr l'efpece la plus com- mune. C*3 L'Aiiatoiuie de Heifter, Tome I-. p.5!»5« «î?/«'>. P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c: ^r Il y a des Bwrchis d'une grofleur prodigieufe : telles font celles dont parle le Dr. Plott, iE font des pierres qui repréfentent le membre vi- ril enflé avec fes tefticules. 11 y en a de plufieurs for- tes. I. Premkre ejpece. Le plus beau de tous les Priapolites eft, fans con- tredit, celui dont je donne la figure Planche Jlf. n. i. La reflemblance eit aulTi parfaite qu'on puifie la defirer. L'imagination n'a rien à y fuppléer. Sa couleur eft jaunâtre. On voit dans le milieu un canal rempli de matière criftalline, très relatif au conduit del'urethre, le gland percé à fon extrémité , avec le prépuce qui le recouvre , les deux tefticules bien formés & pendans à la racine de la verge. Comme j'ai vu ce Priapolite, je puis infifter fur la fidélité de la figure & de la de- fcription. Ce fofillc fe trouve en Saxe: ce qui fait que les Auteurs l'ont nommé Priapolites Saxofiia cuin appmfis teftibus-C:)' 2. Seconds efpece. 11 y a des Colites dans les Pyrénées, mais ils n'ont point de tefticules. Ce font des Cylindres de couleui* jaunâtre, traverfés par un canal criftallifë, comme ""dans le précédent, imitant le canal de l'urechre, du rcfte fans aucune forme de gland ni de tefticules; il y a feulement une apparence d'ouverture à l'une de fes extrémités. 5. Troi- (*) Oryftolosie de JMr. Dargenville. ^ M I L O s O P H I Q U E s &c. SS 3. Tmfiôme efpece. Le Priapolite de Cafires en Lîingnedoc, rie différé ie celui des Pyrénées que par fa couleur qui efc gnfà- tre: la forme d'ailleurs eft la même ( *}, L CHAPITRE XX. Fkrre nommée Hifterapetra. 'HiSTERAPETRA (\wè l'ofl voit même Pîamhe JV^. 2. eft de forme ellyptique, un peu cievee en cône par delFus, & plate en deiluus: elle imite la vuive d'une femme. Cette pierre fe trouve dans le Roi.ffillon près du village de St. Laureni deLerdans, dano la Vallée de Cuftuia (t). K CHAPITRE XXI. Dt /'Hifterolithos, ou Diphj''S, bu Diphrys.- loûs venons de voir les deux fëxes teprérerîtés féparément par des pierres différentes : les voici réunis dans le même fonîle , comme fi la Nature eût voulu en flnire le type des hermaphrodites V Hifteroliîbos ^ ou Dipbys ^ efl: une pierre Teloa quelques uns, & félon d'autres une coquille bival- ve foffîle, qui repréfente d'un côté le partie naturel- le de la femme avec les grandes lèvres fort étendues & élevées , & de l'autre côté les parties de l'homme,- Les Unes & les autres font fi bien imitées, dit Pline, qu'on Orycftolo'îie de Mr. Dargenville.- 54 CONSIDERATIONS les croiroit propres à l'afte de la génération , fi elles n'étoicnt pas de pierre : ut concubitm vemreo aptum dix e ris , nift lapis ejjét ( * ). Ce Mlle fe trouve en abondance en pliifieurs en- droits, dans la Gotlande en Suéde, dans l'Evcché de Trêves, en France dans le Rouflfillon, & aux envi- rons de la ville de Cadres. Il eft rare que l'on ne trouve qu'une feule de ces pierres. Il y en a ordinai- rement plufieurs accrues les unes auprès des autres dans la même roche. Gefner, Agricola & Wormius nomment ce foffile Dipbys (t ). Scheuchzer lui donne le nom de concba vemris lapidea (§). On en voit ici la fij^ure mhm Flanche Fig. 3. c CHAPITRE 2^X11. Caillou connu fous le nom de Puer in fafciis. ^'est un caillou oriental oblong, dont la marbru- re rouge renferme la figure bleuâtre d'un enfant en maillot, d'où lui vient le nom de Fuer in fafciis. La rcpréfentation n'eft pourtant pas fi exacte qu'il ne faille un peu s'y prêter. Mr. Dargenville en a donné la figure dans Ton Oryftologie (§§). (*) Plin. Hift. Liv. XXXVII. Chap. X. (j-) j^Iufeuni Worminnum. Q3 Pilcium Quereke. C§D Page 208. P'anclie 6. n. 5. P H T L 0 s O P II I Q U E s &c. 35 CHAPITRE XXIII. ^iiîfô caillou repr&fsntant les fejjes d'un enfant. G ^E caillou oriental eft rond & rcprcfente, fur un fond brun, les fefles bien diftindes d'un enftint dont les jupes Icroient relevées. On en peut voir la figure dans l'ouvrage que je viens de citer (*). CHAPITRE XXIV. Des Figures humaines empreintes fur des Jîgatbes 3 S' outres plsrres. O, N voit, dans les cabinets des curieux , des 2p;a- thes qui portent des empreintes naturelles d'une tête humaine très bien dcffinée. Tels font deux petits portraits de Nègres, l'un avec la tête nue , l'autre coëfFc d'un petit chapeau à l'EPpagnole. Tel eft en- core un portrait noir dans la manière de Rem.brant, où l'on voi: très diftinvTtement le nez , la bouche , l'œil, le front, le menton, les cheveux & la draperie. Wormius fait mention d'une pierre qui reprcTen- toit parfiiteraent un homme dont on voyoit toutes les parties. Barthoiin parle de certains cailloux qui femblcnî: avoir été travaillés au tour, tant ils repréfentent dé- licatement les yeux, le nez, la bouche, les bras, les pieds & les autres parties du corps humain. (*) Même Page, même Plancli. n, 4. C 2 36 CONSIDERATIONS CHAPITRE XXV. D'un Rocher appelle le Moine pendu. D ANS l'Tfle de Malthe^fur une des côtes de lamer, paroît un rocher feparé du refte d'une montagne, tel- lement fulpendu, & relîeinblant fi fort à un Hermi- te 5 qu'on l'appelle communément. // Frate impïcca- to^ ou/5 Moine pendu (*'). Il paroît que les pierres dévoient repréfenier l'homme de toutes les manières, par parties & en entier, en grand & en petit, en em- preintes plates & en relie£ I CHAPITRE XXVI. Conclujion des Chapitres précédens. L me feroit aifé d'augmenter ce catalogue de curio- fités naturelles d'un très grand nombre de pièces aufll fmgulières, & dont l'exifcence eft également con- ftatce. Je pourrois y joindre, par exemple, les cail- loux dont parle Moncomp dans Tes Voyages: il dit avoir trouvé, fur le chemin du Mont Sinaï au Caire, des cailloux qui repréfentoient de grands cœurs, & qu'en ayant pris im qui paroifîbit avoir une cicatrice , S,: l'ayant fendu & ouvert, il y avoit trouvé un cœur blcfle dans chacun des côtés du caillou (f . Mais c'en eft aflez, je crois, pour faire voir que la Nature, en travaillant les pierres, modéloit véritable- ment les différentes formes du corps humain. La fi- gure conftante de chaque efpece de pierres que je viens C*) Voyez le Journal des Savans . an. 1677. et; Là -même. PHILOSOPHIQUES &c.. 37 de mettre fous les yeux de mes Le6teiirs, annonce de plus que ce ne font point des jeux du hazard, mais fcs produits d'autant de germes particuliers, des réali- fttions du modèle unique de tous les Etres, des ani- maux vivans, quoique dénués en apparence de fcns & conféquemment de mouvement progreffif & de vie extérieure. Je dis en apparence, car ils pourroient pofieder ces avantages à un degré fi foible qu'il ne nous fût pas fenfible, & néanmoins fi réel qu'il pût Te faire appercevoir en prenant une teinte plus forte. Ces Etres nous paroiflTent placés bien bas dans l'é- chelle. Ils en ont cependant beaucoup d'autres, au^ deiTous d'eux. Les fels, les fouphres, les bitumes, les huiles font des degrés inférieurs aux métaux &:aux pierres. Au deflbus des huiles il y a les animalcules aériens, ignés ^ aqueux, terreux ^ lyftêmes organi- ques les moins compofés que l'on connoifle, & ré- putés pour cela les premières préparations de Pefprit animal. En contemplant l'Etre dans les pierres, nous devons (donc nous fouvenir que, pour atteindre ce degré, il a j)afle par un nombre & une variété de transforma- tions qui excédent la force de l'imagination la plus vafte, & qui toutes préparoient de loin la forme hu- maijiç. C3 f^^ CONSIDERATIONS wmBtmmmmmmiKmÊÊim mcE^asmitxt • SECONDE PARTIE. CHAPITRE XXV II. De rintérietir des fnjph's ccnjidéré comme un type de Porganifuîm himiaïm. A ftrufture organique des foffilcs n'cft plus un problème. Ceux d'entre les Naturaliftcs qui s'obfd- ncnt, avec le vulgaire, à les regarder comme des corps bruts, ne peuvent difconvenir pourtant que leur tis- lu intérieur ne lc)it compofe de libres & de veines en- trelacée les unes dans ICvS autres. Les minéraux, dit Mr. Wallerius (*), font des fubftances qui croiflcnt fans paroître avoir de vie, & lans qu'on remarque qu'aucun fuc vilible circule ou foit contenu dans leurs fibres ou veines. Que font ces fibres & ces veines fcnfibles dans un très grand nombre de lofliles, finon des organes? L'or- iianifàtîon des os, des mufclcs, des chairs, en un mot de tout le folide animal eft-il autre chofe qu'un en- trelacement de fibres & de fibrilles qui fe croifent en plufieurs fens, & s'arrangent fous difiïrentes combi- naifons, en paquets, en réfeaux, en cordons, en la- mes, en houppes, Bc avec diftercns degrés de tenfion &: de roideur ? 5, Il y a des Naturaliftcs qui prétendent que les mi- „ néraux ont une vie Icmblable à celle dont jouificnt 5, les végétaux: mais perfonne n'a^'ant encore pu jus- ., qu'à-prélént remarquer, même à l'aide des meil- „ icurs microfcopes , que ces fubftances enflent un (*~) Minéralop'c ou Defcnption générale des fubftaiices du Rè- gne Minéral ; au commencement. PHILOSOPHIQUES &c. 59 „ eontenu dans des fibres ou veines; perfon ne n'ayant „ établi ce fentiment par quelques preuves; & d'ail- ,j leurs étant impolTible de fe former une idée de la „ vie en général fans un fuc qui circule j on ne voie „ point fur quel fondement on attribueroit une vie -5, aux minéraux, à -moins qu'on ne voulût appellcr 5, vivant tout ce qui a la faculté de croître & dcs'aug- „ menter: en admettant cette fuppofition, il n'eft p;is „ douteux, qu'on ne puilTe dire q^iis les minéraux vh „ vem (*)." Si l'on n'a point d'autre railbn pour relufer aux minéraux une vie particulière , que de nier qu'ils foicnt imprégnés d'un fuc vivifiant, ni d'autre raifon de nier l'exiftence de ce fuc, que parce qu'on ne l'a pas encore apperçu , on peut aifément les réfuter l'u- ne & l'autre. Quand il feroit vrai qu'on n'eût point apperçu de fluide circulant dans les vailTcaux fibreux des foflîles, ni glandes, ni véHculcs, ni mammelons qui tinilént en diflblution un fuc nourrricier, ni trachées qui en aidaifent la fi'tration, ce feroit moins une marque de la non exiftence de ce fiuide^ que de fon extrême fi- iieflè. Car, pour tirer nos exemples, des corps les plus purs & du tilTu le plus ferré, ce qu'on nomme paille ou défaut dans les pierres fines, pourroit bien être un épanchement de ce fuc extravafé, qui en con^. ftateroit la réalité. Les efprits animaux font un flui- de prefque univerfeliement reconnu, quoiqu'aucun Anatomifte ne Tait vu, quoique pcrfbnne même n'en ait apperçu les traces. Je ne penfe pas qu'il faille un grand appareil de preu- ves pour perfuader que les foffiles contiennent un fuc qui en pénétre toutes les parties. On voit Teau dillil- 1er des voûtes des grottes,' & l'on ne fauroit douter qu'elle ne fe filtre au travers de la roche. Un caillou augmente de poids , après avoir reflé quelque temps (*) Minéralogie de Mr. Walleriiis. 2. 0-bfei-v5tioii. C4 49 CONSIDERATIONS dans l'eau , foit fur le bord d'une rivière ou de la rncr , fans- doute parce qu'il s'en « ft imbibé & comme fàoLilé. ,, Monconys rapporte dans fcs voyages, qu'u- 55 ne pierre qu'on àvoit raifc dans un matras où il y 5, avoit de l'eau, & qu'on avoit bouché très exacSte- 5, ment, avoit tei'.ement augmente de volume au bout „ de quelques années, qu'il 'ut impolTible de la reti- ,, rcr du luacras fans le calTer C^)." i'ai vu aulTi dans une bouteille une pierre qui n'y avoit fûrement pu entrer dans l'ctat ou elle étoit. Ces dernières ex- périences prouvent que ces pierres s'étoicnt nourries d'e; u par intuliufception, & que, par une vertu in- terne alTîmilative, elles en avoicnt converti les parties en leur nroprc fubltanee. Combien de pierre^i font grafTes huileufcs & au tou- cher! D'où vient cette tranfpirat'on grailc & huileu- fe, finon du fluide femblable qu'elles contiennent! C<»mbien de pierres fe diftillent. & donnent à la diftil- lation pkis ou moins de liqueur ! Combien de pier- res fe durciflent au feu par l'cvaporation du fluide qui les amolilToit! En gjnériil toutes les pierres en fè re- froidilTant après la fulion deviennent concaves à la iuriace, & la maflc fondue eil plus légère que n'étoit 3a pierre avant que d'entrer en fu'àon (f). C'eft qu'à la fution, le fuc contenu dans les fibres, & les veines, s'évapore; les norois de^ unes & des autres s'affaiflent en il- rapprocb ''"it; la diminution du poids vient de la difilparion du îluide; & la concavité de la furface de i'aftaiiTemcnt de^ libres & des veines. La couleur des pierres précieufes ne vient que du fuc métallique dont elles font iaiprégnées: fuc extrê- mement fubtil où font très - finement dilîoutes des par- ticules de fer pour donner la couleur rouge au rubis, de cuivre pour faire le bleu dans les fiphirs; de cui- vre &: de plomb pour rendre la chripolite d'un jaune B Métallique de Mr. Wallerius, 3. Obfervatien. (f) Là • même., page 6. PHILOSOPHIQUES &c. 4: vordâtre ; de enivre & de fer pour former le beau verd de réméraiide & du bcrylle, &c Il y a des pierres qui fembicnt être des éponges plei- nes du fluide éledtrique. Lnfin tout nous confirme que nous avons raifon de regarder les pierres comme des fyftêmes de folides arrofés par un faude , quel qu'il foi t. Nous ne prétendons pas qu'elles aient une vie fembla- ble à celle des végétaux. Il n'cft donc pas néceflain que le Suc qu'elles contiennent y ait une marche fcmblable à celle de la fève dans les plantes. Une fimple pénétration ou imbibition , un arrofemcnt fuffic peut-être à l'efpéce de leur économie vitale. Ou peut-être encore eft-ce quelque chofe de plus fimple dnn^ les échellons les plus bas. Tout vit; mais la vie elt réduite à fes moindres ter- mes dans les prem'ères réalifations du prototype (*). Cependant les fibres & les veine.^desfbflilesouon en déc uvre à la fimple vue, (cmblent dellinées à en filtrer un fuc nourricier: cette conjecture n'a rien d'étrange. Les taies & les ardoifes, r*.r, l'argent & tous les folTiits lamineux ont leurs feuilles attachées par de pe- tits fibres qui vont tranl'verfalement d'une feuille à l'autre, comme les fibres qui lient enfemble les lames dont les os font formés dans l'animal. Parmi les fibres pierrcufcs & métalliques, il y en a dont la ftruéture imite celle de plufieurs fibres anima- les. La numismale a des fibres tournées en forme de fpirales, comme celles du cœur; le plomb en a de îortucufes & d'annulaires, comme celles de la plèvre; l'antimoine en a de pliées en zig-zag, comme les fi- bres mufculaires, &c. Qui connokroit l'intérieur de tous les foffiles, y verroit peut-ctre des types de tou- tes les fibres animales. Une pierre eft ordinairement un tout d'une ftru- éture aflez uniforme. Elle n'cfi: point compofée de ,(*) Voyez dans le Livre iiicitulé ('e In Nature , Tome IV. des piQHVCS & des faits tlniibics concernant la vie des foffiles C5 42 CONSIDERATIONS folides d'une confifcance ou d'une cPpéce différente. Un métal a le même caradère d'uniformité dans fa texture. Ce n'eft pas qu'on ne voie aulfi des foffilcs dont le tidu eft plus ferré dans une partie & plus lâ- che dans une autre partie; d'autres qui ont une for- te de noyau, ou de cœur^ à leur centre ; d'autres dont l'intérieur eft rempli d'une apparence médullai- re. Ce font autant d'échellons qui s'élèvent les uns au delîus des autres. Le grand nombre des fofiîles font plus uniformes dans leur organifation , & cette uniformité les met au deilbus de ceux qui y font moins affervis. La Nature s'étudiant à tourner & à tifiér la matière fibreufe, commença par les moindres élémens , par les combinaifons les plus aifecs , pour s'élever gra- duellement a des compofés plus favans. Il y a une gradation d'appareil fibrillaire dans les foflîles. Pour juger en combien de manières la Na- ture l'a varié , multiplié & nuancé, il faudroit avoir une minéralogie coraplette, une énumcration exaéte de toutes les iubftances fo (files, & de plus en voir le tilfu à découvert. Quand aurons -nous une Minéra- logie coraplette? Allurément il y a encore bien des Etres inconnus à ajouter à celles de Wallcrius & de Bomare. Quand aurons -nous des inftrumens qui nous mettent en état d'anatomifer tous les minéraux connus? L CHAPITRE XXVIII. Pajfage des Minéraux aux P/antûs, 'ES pierres fibreufes, c'eft-à-dire celles dont les libres Ibnt fenfibles, forment le palTiige des minéraux aux végétaux. Elles approchent il près de ceux-ci, que, le préjugé mis a part, il feroit ûilîlcile de les en ûiftingucr. Tels font les mica, les taies, les pierres t PHILOSOPHIQUES &c. 43 ollaires, les amiantes, lesasbeftes, qui compofcntdes familles confidcrables. Nous allons entrer dans quel- ques détails fur ces pierres , autant qu'elles ont de rapport avec l'objet principal de cet Ouvrage. CHAPITRE XXIX. Les Mica. ■ i -^Es- mica font des pierres compofees de particu- les en forme de petites écailles, ou lames, attachées ]cs unes aux autres par des fibres tranfverfales de la manière que j'ai dite ci-deflus (*J. Elles font or- dinairement tendres & friables. Le feu defféchant leurs fibres & en détruifant la flructure, les raccornit & le rend dures au toucher. Ces pierres varient d'une efpece à l'autre pour la conliftance, la figure & l'arrangement de leurs parties. I. Premier 3^ efpece. Mica roiiie. Cette première efpece a fes lames ou écailles roides, fans aucune flexibilité. La couleur varie chez les in- dividus: il y en a de blancs, de jaunes, de verds, de rouges &. de noirs: 7nica rigida. 2. Seconde efpece. Mica flexible. Celle-ci a de grandes lames flexibles: fa couleur cft iin blanc argenté: micaflixilis argentea. (*') Chapitre XXVil. 44 CONSIDERATIONS 3. Troîfiéme efpece. Mica écailleux à lames pointues. Les écailles de ce mica font minces & pointues: /»/"- Ca particiilis tenuioribus acuminatis. 4. Quatrième efpece. Mica brillant. Les lames de cette efpece font luifantes & demi- tranfparentes ; mica femi-pellucida. 5. Cinquième efpece. Ferre de Mofcovie. Le verre de Mofcovie , vitrum Mofcoviîitm , a des la- pies auffi tranfparentes que du verre. 6. Sixième efpece. Mica flrié. Ce mica paroît plutôt compofé de filets parallèles, arrangés en faifceaux, que d'écaillés, tant ellps font fines & allongées : mica particulis oblongis. 7. Septième efpece. Mica demi -fphérique. Les lames de cette efpece font rangées circulaire- ment autour d'un centre commun, où elles viennent fe réunir pour la plupart. Ce mica demi -fphérique fe trouve à Spogol en Finlande C*> • 'tnica bamifpberica. (*") Minéralogie de Wallerius. Ce Naturalifte fait une autre diftribution des mica , peut-ôtre rneillcure que la mienne, mais je ne fais pas une méthode. P II I L 0 s O P H I Q U E s &c. 45 8. Huitième e/pece. Mica irrégulier. C'cft celui dont les parties lamineufes femblent ne garder aucune régularité dans leur figure ni dans leur arrangement: mica fquammulis inordinatè mixtis. L CHAPITRE XXX. Les Taies. ES taies nous montrent, à-peu-près, les mêmes phénomènes , feulement avec des variations finement graduées dans la forme, la confifliance, & le calibre des petits feuillets qui les compofent. Le tiflu en eft plus ferré, ce qui leur donne plus de maflïveté. Plus on compare la fl:ru6ture des mica & des taies à celle des os , plus on fe convainc que l'une eft une étude de l'autre. CHAPITRE XXXL Les Pierres Olîaires. rf*lNTÉiiiEtTR des pierres olîaires oflïe à la pre^ mière vue des amas confus & irrégiiliers de petits feuillets, de filamens & de petits grains: ce font des paquets de fibres , comme l' Anatomie en fait voir une infinité de plus ou moins gros dans le corps animal* 45 CONSIDERATIONS O. CHAPITRE XXXII. Les Roches de corne. 'n appelle roche de corne une pierre qm pnr fa ftruéture feuilletée eft analogue à la corne des ani- maux, à laquelle elle refTemblc auffi par la coiilcnr. On fait que la couleur des corps provient du fluide qui les pénétre & les teint en les pénétrant: ce qui rend l'analogie entre cette pierre &; la corne animale plus complette. Nous verrons dans la fuite que nos ongles font des extraits perfedtionnés de la corne des quadrupèdes. Il y a furtout une efpece de roche de corne dure & noire, qui reflemblc plus que toutes les autres au fabot du cheval, comme l'ont obfervé les Naturali- ftes ; les autres cfpeces en approchent plus ou moins. Les feuilles de celles-là fe lèvent & fe détachent com- me les feuilles de la corne. CHAPITRE XXXIII. Les uimîanUs. V>^N s'apperçoît, en conlidérant les amiantes & les asbeftes, que la Nature, parvenue à ce genre de pro- duétions, a déjà confidérableraent perfectionné le fy- ftcme fibrillaire. Les amiantes fon t corapofées de fibres dures & co- riaces qui ont beaucoup de rapport avec celles des fubftances charnues. Elles font ou difpofés parallèle- ment, ou elles fe croifcnt & s'entrelacent pour for- mer des couches ou membranes réticulaires. „ Les différentes efpeces d'amiantes , dit Mr. Wal- PHILOSOPHIQUES &c. 47 „ lerius, font les plus molles de toutes les pierres; „ elles font ordinairement flexibles jnrqu'a un certain 5j point; on peut même les filer & en faire de la toi- „ le; ce font auffi les plus légères des pierres, atten- „ du qu'elles nagent à la furface de l'eau; il n'y en a „ point qui aient plus d'analogie avec le règne ani- „ mal & végétal par leur molleffe & leur légèreté , & „ furtout par leur organifation ". Je vais parler de quelques efpeces dans l'ordre où elles fe préfenteront. I . ' Première efpece. Amiante de Chypre ^ au linfojple. Ce lin fofnie reflcmble beaucoup, pour la couleur & la fubftance, à un paquet ou taifceau de cheveux gris. On l'appelle auffi laine de montagne: lana mon^ iana. 2. Seconde efpece. Cmr foffile. Le cuir foffile, ou cuir de montagne, a des fibres molles, étroitement unies les unes aux autres, entre- lacées par d'autres fibres, dont la texture elt tout- à- fait coriacée. 11 reflcmble parfaitement a du cuir^ dont il prend le nom: cvrium montanum, 3. Troijiéme efpece. Chair foffile. Caro montana. La chair foffile eft encore une amiante compofée de l'aiiemblage de plufieurs membranes epaiflx^s & Iblides, & fi analogues a des membranes charnues qu'on n'a pu lui en refufer le nom. 11 eft à remarquer que ce nom lui a été donné avant toute idée d'un fyftême femblable à celui que j'expofe j, & par des Naturaliftes qui étoienc fort éloignés d'envilager la Nature fous le 48 CONSIDERATIONS môme point de vue que je la confiderc à ce moment. Frappés de la rcircmblnnce, Û> om rendu hominuge à la vérité, même en la contredilant; &, en fuivant une route contraire à celle qui devoit les conduire au vrai fyltêmc, ils nous l'ont mdiquee. L CHAPITRE XXXIV. Les ^sbejles. 'ES asbeftes, compofés de fibres applique'es longî- tudinalement les unes contre les autres par faifceaux^ ont avec les nerfs & les mufcles les mêmes rapports organique'^ que les amiantes ont Mvec les chairs, fi ce n'eft que les fibres des aj-bcfi:es n'ont pas la flexibilité des fibres ncrvcufcs & mufculairesj comme celles des amiantes ont la fïmplefle des fibres charnues^ On difl:ingue l'asbcfte mûr de celui qui ne l'cft pas encore, en ce que les fibres de celui - ci font fî tendres qu'on les calTe plutôt que de les leparer, au-lieu que lorfqii'elles ont acquis de la conlifi^ance en mûrilTant, on les détache facilement les une-' des autres fuivant leur longueur. On peut aufiï filer & tifler l'asbefte' mûr comme l'amiante. Q CHAPITRE XXXV. Si /es amiantes (S? ks ^sbefies doivent être mis au rang des minéraux , ou des vJgétaux. UELQUES Auteurs (*) ont foutcnu que l'a- miante & l'asbefte n'étoient pomt ces foffi'cs, mais Q') Voyez Rieger, Li>^icon Wjh Nai. au mot ctmiantusi P M I L 0 s 0 P H I Q U E s &C. 4^ mais plutôt des végétaux. La mcprife , fi c'en eft une, ell: bien pardonnable. Ils ont pu croire fans abfurdité que des fubrtances filamcntcufes, flexibles & légères comme les racines des plantes, propres, comme le lin végétal, a être filées & manufacturées en toile, pouvoient appartenir au même règne* Il eft vrai qu'elles lé tirent des montagnes, & qu'on ne les voit point s'élever au delTus de la fuiface du fol. Que s'enfuit -il? Qu'elles pourroient être des plantes toutes en racines: feroit-ce une chofe fi étran- ge? D'ailleurs la truffe ne fort point non plus de des- fous la terre ; on peut l'appeller à cet égard une plan- te foffile. L'amiante & l'asbefte font incombuftibles , & fedur- cilTent au feu aulieu de s'y confumer. N'y a-t-il pas quantité de racines qui ont la même vertu, celles ûu Sodcfa des Indes, V^mirofaces de Diofcoride, ÏUm^ hilïcus marimts Monfpelknjhim ? C'eft un fait que les amiantes & les asbeftes pardci- cipent plus de la Nature & des propriétés des végé- taux , que de celles des minéraux. 11 y a de la dis- crétion & de la retenue à les regarder feulement com- me deftinés à remplir le paflage du minéral au végé- tal. On les appellera fi l'on veut, des foffiles qui fe métamorphofent en plantes , pour commencer le rè- gne végétal, dont l'autre extrémité eft pleuplée de: plantes qui s'animalifent. D 50 CONSIDERAI' IONS TROISIEME PARTIE. CHAPITRE XXXVL Sommaire des rapports organiques de la Plante avec l* Homme, K lous n'cvons vu jufques-ici que des mafTcs fans excroiflances , des troncs fans rameaux, des corps fans membres. Les premières plantes , telles que la truf- fe & le'noftoch, font aufll dénuées de branches ;, de tiçes & de feuilles. Le champignon a des racines: fa tête, gonfle fur fon pédicule, s'évade de tous côtés en forme de chapiteau convexe en deffus , concave en delfous; cette dernière furfacc cit feuilletée , ou fiiluleufe ; c'eft-à-dire garnie de petits tuyaux, ies lichens fuivent les champignons. Viennent en- fuite les plantes herbacées , les arbriiléaux & les grands arbres. Ainfi la matière, qui ne s'étoit montrée jufqu'à ce degré de l'échelle des Etres, que fous des formes res- -ftrrées fans ramifications extérieures, fait ici de ces troncs autant de centres d'où fortent progrefTivement d'un côté des racines, de l'autre des branches, & des feuilles. Nous verrons, dans la fuite, les nouvelles formes que prendront les unes & les autres, P^lon delfein n'eft pas de m'arrêncr ici à contempler la multitude immenfe des plantes, ou la variété infi- nie de kurs figures. Nous connoiflbns un peu plus de vingt mille efpecesde plantes, & ce n'eft pas fans- doute la vingtième partie de ce qu'il nous en refte à connoître. Qui pourroit feulement compter le peu- ple nombreux des moufles, des lichens, des champi- gnons? Notre botanique eft peut-être à celle de la P II I L 0 s O P H I Q humain eft contenu. C t ailorcimont de parties fe forme, pour l'un comme puur l'-uitre, du fnperriu de la fc- mence. L'rn & 1 ;iutre fe nourriflent, dans ce pre- mier état, par le cordon ombilical. On diftingue duns riionime le corps & les extrémi- tés: la tête, les bras, les cuises & leurs dépend .nces font les extrémité?. La diviiion eft la même pour Ja plante: on y diftingue le tronc & les extrémités qui font les racines & ics branches. Il n'eft pas encore temps de voir les racines fe raccourcir ^ la partie infé- rieure du tronc fe divifer en deux portions égales, toutes les branches fe réunir de côté & d'autre en deux groITes feulement, mais nous pouvons remarquer en pafTant, que les doigts ou ramilications des pieds Se des mains font des reftes déguifes de l'ancienne fcirme. Toutes ks parues folides du corps humain font de deux fortes, ofiéufes ou charnues. De- même toutes les parties folides des plantes, les racines^ les tiges, les brandies, les feuilles, les fleurs, les fmits^les grai- nes, font compofées de deux fortes de corp<;. Les par- ties ligneulès, c'eft - à- dire les libres & les filets repon- dent aux 03. Les écorces^ les peaux, les moelles, les Îmlpes, les parenchymes font leurs chairs. La moël- e végétale eit contenue dans le bois , comme la moel- le anim:;le dans l'os. L'écorce de l'arbre eft compofée de trois mcn-'bra- nes: favcir la fine écorce , la grolTe écorce & IVptôer- me- La peau de l'homme eft de- même formée de trois membranes, la peau intérieure, la lurpcau & l'epiderme. Il y a dans le corps humain deux fluides généraux, le fang & la lymphe. 11 y a dans les plantes'dcux flui- des , la fève & une liqueur vifqueufe analogue à la lymphe. Si la fève ne circule point réellement dans la plante, comme le fang dans l'homme, eLe ne lins- fe pas d'y avoir un cours règle, Se quelque nom qu'U P H I L 0 s O P H J Q U E s. &c. 53 mérite , c'eft toujours une idée de la circulanon du La plante pompe par fes racines & par les pores de fes feuilles j qui font comme autant de bouches, un fuc qui eft porté dans des utricules, comme dans des eftomacs. Là il fermente & fe digère : il palTe eniuite dans les tibres ligneufes , IcrqucUes équivalent r.ux vei- nes lactées. Il efc verfé de là dans les vafes pro^ires , analogues aux vaifieaux fanguins, où il le montré fous ia forme d'une fève colorée _convfcn;ible à s'incorpo- rer à la plante. Les ramifications des vafes propre:, la diftribuent en efîet à toutes les parties de la machine, pour les nourrir. Il y a auflî, dans la plante , comme dans l'homme^ des organes excrétoires pour l'évacuation des matières peu propres à faire corps avec elle. Les lêuilles de la plante font fes poumons. Leur fubfcance eft fpongieufe. Elles font garnies de trachées qui lui fervent à refpirer. D'autres trachées femblables accompagnent les fibres ligncufes avec lefquellcs elles communiquent, y introduifant fans celle l'air de la refpiration pour atténuer la fève & en faciliter le mou- vement. De pareils tuyaux, tournés en fpirale, ac- compagnent dans l'homme les vaifîèaux fanguins & y foufflent fans celTe un nouvel air qui fe mêle au fang pour le fubtilifer & en faciliter la cu'culation. Dans les plantes encore. . . mais qu'efc-il befoin de m'appefantir far ce parallèle & de répéter ici ce que tant d'Auteurs ont obfervé & publié fur l'anato- mie des plantes, leur nutrition, leur accroiffement^ leur génération, & les organes de toutes ces fonctions ? Les plantes vivent, elles refpirent, elles tranfpirent. Elles tranfpirent beaucoup plus que l'homme; elles refpirent d'autant plus facilement que leurs poumons font à l'extrémité oe leurs membres, au lieu que les C*) Js prends ici le root *//tcs , par ÎMr. Dedii Docteur en Médecine de la faculté de .Montpellier. D5 l58 CONSIDERATIONS ront les Naruraliftes du nôtre; mais des obfcrvations plus récentes prouvent incon.eftablement qu'il n'y a point de circulation de la fève diins les plantes, J'en conviendrai aifément avec eux.- En rapportant les deux p-iHliges qu'on vicnc de l'ire, je n'ai eu pour but que de faire voir jufqu'où l'nnaloîie entre la plante & l'animal avoit été portée il y i longtemps. ' Il n'y a point de circulation proprement ûite dans les plantes: il n'y en a qu'an eflai , lequel fe perfe- éîionncra d'abord dans les infectes par le moyen d'uo long vaiileau qui ne fera pas un cœur, mais qui fe contrariera & fe dilatera alternativement comme le cœur. Quelques échcllons plus haut, ce vaiifeau, ou grande artère, prend a une forme pyramidale; ce cœur ébauché n'ayant encore qu'une oreillette ; il n'y aura auffi qu'une circulation imparfaite. Enfin ce cœur acquérant fucceflïvement deux ventricules, deux oreillettes, & un grand nombre de vaiiîeaux, la cir- culation complette aura lieu. CHAPITRE XXXVIII. Navet Jingulierrcpréfentant une femim (^f^oy. Plan- che IV. Fk^ !• L. ^ Ce navet raonftrueux, dont on donne ici la dcfcri- ption & la figure, a été trouvé tel qu'on le voit, dans un jardin au lieu nommé Weuîen à deux miles de Ju- liers, fur le chemin de Bonn. L'herbe, ou, pour mieux dire, les feuilles qui font pour l'ordinaire au haut du navet, repréfentent en celui-ci des cheveux dreffés en haut,& forment un panache des plus beaux & des mieux garnis que l'on puiflè voir. Au delTous de ce panache , la Nature a formé une tête avec des yeux, un nez, une bouche, des lèvres & un men- ton. On y voit mêmiC le fein bien marqué, la poitri- ne entière; S: les racines qui fe trouvent ordinaire- P H I L 0 s O P II I Q U E s &c. 59 ment dans cette efpecc de plantes, font ici tellement dirpore.es qu'on croit voir des bi^ns Se pies pied.--. Ainfi tout le navet repréfente nne femme nue, alTilc fur Tes pieds, à peu près ù la manière des tailleurs, & ayant les bras croifés au deflbus de la poitrine ( * ), Je laiflè aux Philolbphcs à expliquer, s'ils le peu- vent, comment la fubftance de ce navet a pu prendre une forme fi fingnlière. Pour moi j'admire les erreurs de la Nature, fi Ton peut dire qu'elle fe trompe quel- quefois. Ses écarts font pour nous une fourcc d'in- iîrudtions. On diroit ^ en contemplant cette produ- 'ftion fingulière, que la Nature voulut eiïayer fi la for- me humaine pourroit s'allier avec la fubltance végé- tale & comment elles figureroient cnfemble. Ce que je difois dans l'inftant Çf) de la réunion des branches & des racines pour faire des bras & des pieds 5 commence à fa réalifer dans ce navet. La raé- tamorphofe efb bien avancée. On voit qu'elle n'a pas m:il réuffi pour un premier elTai, CHAPITRE XXXIX, Çbampgiîon nprêjèfitant fix figures humâmes (Voy, JPlmche IV. ivj. 2.) c 'E champignon extraordinaire mérite de fervir de pendant au navet dont on vient de parler. Il fut trou- vé par un payfan en 1661 , au pied d'un arbre, dans la forêt d'Altdorff. Il reprélcnte afiez au naturel fix figures humaines plus ou moins bien delïinées, Il y en a furtout une , dont la tête de profil fait voir un oeil, le nez, la bouche & le menton auffi exaétemenç r*) Voyez le Journal des Savans, aiinde \6y^-, ^t) Ci - devant Chapitre XXXVL 6o CONSIDERATIONS travaillés qu'ils pourroient IVtrc par une main habile. Les cinq autres tigures ne montrent que le dos (*). CHAPITRE XL. Mandragore repréjhitant la figure d'une femme. V--^£s produftîons étranc^es me font fouvenir d'avoir lu quelque part qu'en 1687 on trouva, fous une po- tance alîez près du grand chemin, une mandragore qui avoit la Hgure d'une femme aufïï bien formée par la Nature, que fi l'Art y eût travaillé; que cette mandragore fut prcfentée au Roi Louis XIV. qui l'a- cheta, & en lit graver une belle eftampe , laquelle doit fe trouver dans la troiliéme partie des Mhmires ô? Ejlampes pour fervïr à PH'tjîoht des Plantes de Do-' dart (f). La relation de cette mandragore eu conte- nue dans une lettre d'un nommé Mr. de Jolly en date du 4 iVJai 1687. c'eft tout ce que j'en fais, n'ayant vu ni la relation, ni la ligure de ce phénomène. G CHAPITRE XLL i?^r2 ayant la forme cTum main humaine. •'ET TE rave ne paroîtra pas fort fingulière, après ce qu'on a rapporté dans les Chapitres précedcns. El- le repréfente une main humain» très bien formée: on voit fur le pouce la trace d'un ongle de grandeur na- turelle. Les feuilles arrangées autour du poignet, com- pofent uue efpece de garniture qui imite une manchet- te. On en peut voir la figure dans le Journal des Sa- vans année 1679. *) joumal des Savaiis, année 16.-3. t^ 'Paris 1701 . de rimpriinerie Roy:ilc , in fol. P H I L O s O P n I Q U E s &c. ^î C H A P I T R E XLII. Les Zoophytes , ou Plantes aminaks ( '^ }. Inficîss aquatiques, X-^A Nature travaille au fond des eaux des corps tendres & mollailès, d'une fubllancc muqueule orga- îîjfée, couverte d'une peau plus ou moins dcMicate. Ce font les Zoophytcs^ peuple nombreux & variée par lequel elle i-'éleve du règne végétal au règne ani- mal. Nous avons dit que les amiantes & les asbeftes étoient des pierres métamorphofées en plantes. Quel- (*) On appelle de ce nom certains poifibnsjou animaux aqua- tiques, privés de fang, qui tiennent de la plante & de l'animal: te font Y Ortie de mer, nommée en Latin Urtica, parce que, quand on la touche , elle brûle & pique comme les orties ; lu Poumon marin, en Latin Pulmo marinas ^ qui a la figure de nos poumons ; V Holothurie , appelle en Latin Holothurium ; la Tetliye , ïiommée en Latin Tcihya ou Tethaa, qui eft une clpece de co- «juillage & dont quelques Naturaliftes comptent fix différentes elipeces ; la Verge marine , en Latin Mentula marina ; la Pomme tie Grenade , 3làlum Granatum ; le Champignon marin , en Latin J^nngus marinus ; 1;> Poire marine, Pyrum marinum; V Aile ou te Plume de mer , en Latin Penna marina , qui brille la nuit ; le Rai- fin de mer Uva marina ; la Pomme folle de mer , nommée en Latin Malum infanum marinur,: ; la ÎMctin de mer , Manus marina; & le Concombre marin, en Latin Ciicumer marinus. Voilà les efpece» - ^ & la Comète marine; & fous celui d^Echhius, toutes les différences efpeces d'Our/Ins du mer. M. Donati (^dans fon Hifîoirc Naturelle de la Mer Adriatique p. 54,) divile la clalle des Zoophytes en deux légions particulièresé La première contient les Zoophytes immobiles ; ce font ceux qui ne peuvent pas fe traniporter d'eux-mêmes d'un lieu à un autre. Cette légion eft divilëe en trois centuries : la première comprend les Zoophytes dont la fubftance eft entièrement charnue : la fé- conde centurie embraffe les Zoophytes qui font compofés de deux fubftances dont l'une eft molle & charnue, & l'autre ferme & tendineufe : la troifiéme centurie eft pour les Zoophytes qui fonn charnus & offeux. La féconde légion contient \qs Zoophytes mo- biles ou qui ont la faculté de fe mouvoir & de fe traniporter d'un Lieu à im autre. BiBionnaire des Animaux. Oïl découvre tous les jours de nouveaux Zoophytes. 54 CONSIDERATIONS QUATRIEME PARTIE. CHAPITRE XLIII. D& qiielipes formes du corps humain ébauchées dans ' ies Zoophytes. La Main de mer, M IjS Xamis marina , la Main de mer ou de larron efl un Zoophyte mou & rameux qui a la figure d'une mam , non pas aulFi reficmblante que la rave du Cha- pitre >XI, ailëz néanmoins pour lui en avoir fait don- ner le nom par les Naturaliftes. C'eft P Alcyonium rameux, mou, dont les ramifications font en forme de doigts, & qui efl: entièrement étoile. Alcyonium ramofo-digitatum^ molle ^ afceriflïs un- diqae ornatum. CHAPITRE XLIV. Le Poumon marin. vJn autre zoophyte couvert d'un cuir dur eft ap- pelle poumon marin , parce qu'il reffemblc au pou- mon humain, tant par fa forme extérieure que par fa fiirucrure interne. Puhno marinus dichur ira vel à pulnmium nojîrorum figura , vd ah eorumdem JubjlanHâ laxâ z§ mohi^ foraminulis pknâ (*). C H A- (*) Riiyrcli. TS2 Exp.nguibus aquâticis Lib. IV. De Zoopliytis feu Pl>Mic-auiiualibus Cap. U. P II I L 0 s O P H I Q U E s &c. 6^ G CHAPITRE XLV. Le Rein de mer. ^E zoophyte , connu depuis peu de tettips, à la forme d'un rein comprimé. Voyez en la figure & la defcription dans le Livre cité au bas de la page ( * ). CHAPITRE XLVL Des Holothuries ou Verges marines ; en Latin Ho- lothurium. I L y a plufieurs efpeces de verges marines qui ont plus ou moins de reflèmblance avec le membre viril: ce qui leiu' a fait donner, par les Auteurs Grecs le nom de /3op«f, Genttu?-a. I. Première efpece. Mentula marina. La première efpece reifemble prefque au piftile d'u- ne fleur: car on y voit comme une petule & un cali- ce qui fortent de fa partie fupérieurc. Elle n'efl pas auifi belle que la fiiivante. Elle a pourtant mérité d'être appellée mentula marina. 2. Seconde efpece. Epipetrum* La partie antérieure de celle-ci reifemble parfaite- ment à l'extrémité du gland de la verge découvert. On y voit l'ouverture du conduit de l'Urethre , qui eft la bouche & en même temps l'anus de l'animal. Sa fubftance eft tendre , molle & polie à cette extré* mité, mais ridée fur tout le refte du corps dont l'au- r*) De la Nature , Tom. IV. Planche IV. Fig, 5, E (56 CONSIDERATIONS tre bout fe termine en cône obtus. Cette verge ma- rine eft connue des Naturalifies fous le nom à'epipe- irum. On en voit la figure dans le grand Ouvrnge de 3eba qui en avoit l'original dans fon cabinet (*). 3. 1 roijlème ejpece^ Mentula alata. 11 y en a une troifiéme efpece, forte de panache de mer, dont la p..riie fupéricure eft garnie d'un rang de plumes de chaque côté, qui font les bouches ou fu- çoirs de ce zooph^^te; & dont le bout nud, life, mol- îafle & percé d'un trou à l'extrémité, montre quel- que conformité avec le membre vilir; ce qui lui a fait donner le nom de memula alata p'tfcatorum, CHAPITRE XII. Cbampgnofi marin dont la partie fupérkure repréfen- te la vulv& d'aune femme. L /A même claflc des animaux marins qui nous a donné la repréfen ration d'une verge , nous offre ici celle de -la vulve d'une femme. Ce zoophyte ell: une forte de Champignon de mer: du moins voici comme les Auteurs le nomment & le caractcrifent. Fungus^ pileoïo lato orbiculari 3 candie ans ^ marimts^ fuferna parte "veram vitha- muliehris formam gerens (j). Ceux qui trouveront cette ébauche un peu groffiè- re, doivent fe fouvenir que c'eft la féconde feulement, qu'elle eft déjà plus rel-èmblante que la première dont nous avons fait mention , & que la mer nor.s en four- nira une troifiéme plus parfaite, dans les coquilla- ges r§). (*) On lerrouve la même figure dans le Livre de la Note pré- cédente. Planche VI. fig, 1. (t) Yoytz en la figure dans le Livre intitulé as la Nature ^ Tome IV. Planche Vl.^fig. 2. (3) Nous eu parlerons" bientôt. Chap. LI. P H I L O s 0 P H I Q U E s &c. éj CINQUIEME PARTIE. CHAPITRE XLVIIL Dss Jnjlcks terrefires. L. ^ES zoophytes, qui font des infectes aquatiques, nous conduifent aux infectes terreftrcs. Le paiTage des uns aux autres cft marqué par le rapport des vers d'eau douce aux vers de terre. Quand on encre dans ce qu'on appelle l'empire des animaux, on fe croit tranfplanté dans un nouveau monde. On fe trompe; c'eft le même règne qui prend d'autres formes; c'eit le même plan d'être avec des variations différentes. Ces différences qui paroilîènt fi grandes lorfqu'on les confidère dans des degrés éloi- gnés, font à peine fenlibles dans les points de contai; Le monde animal à des habitafls branchus & en- racinés dont les vifccres ne différent de ceux des plan- tes, qu'autant qu'il faut pour n'en être pas la répéti- tion , & qui ont l'admirable propriété végétale de multi- plier de bouture ou par rejettons, de pouvoir être greffés, enfin de fe redonner les parties, qu'on leur ôte. Soit qu'ils n'aient que des vaiffeaux féveu'x^ des utricules & des trachées à la manière des végé- taux, foit que l'Etre en s'élevant ait changé cette fmiplicité devifcères en une organifation un peu plus Compofée, en leur donnant un cordon de petits cœurs, & un lac membraneux en forme d'eflomac; foit qu'ils aient des membres ou qu'ils n'en aient point, les or- ganes eliéntiels à la vie y font fi multiphés & telle- ment répandus dans toute l'habitude de leur corps qu'ils ont autant de cœurs, d'eliomacs & de véficules puhnonaires qu'il y a de points daos leur fuMance^' E ;3 ^8 CONSIDERATIONS dcfortequechaque portion étant un abrégé du tout, ils confervent, fous l'uncSt l'autre forme, cette faculté de fe reproduire pi.T leurs parties coupées, & de fe réin- tégrer, de quelque manière qu'on les mutile. Les polypes, les orties & les étoiles de mer, les vers apo- des' S: les mille -pieds, les taenia &: les vers de terre, &: beaucoup d'autres joui ffent de cet avantage. En comparant en général l'intérieur des infedtes à celui des plantes, on rcconnoît que la moelle fpinale, ce tronc principal des nerfs, avec fes nœuds, clt une mctamorpholc de la moelle végétale: que la longue artère qui fe contracte & fe dilate, avec fes veines & vaiileaux a remplacé les vafes propres & les autres vaifleaux féveux & leurs ramitications '■, que le fac in- teftinal eftiune réunion des utricules en un feul boyau. La fève n'eft pas encore changée en fang. Quant aux trachées , elles fe trouvent parfaitement icmblables dans les infcites & les plantes, avec même ftruèture, inême ufage &; même diftrjbution : car les infeftesont auffi leurs poumons à l'extérieur, foit à la tête, fur le corcelet, le long des côtés, à la partie poftérieure, ou même au bout d'une corne. Ce font les ftigma- tes, ouvertures cxteraes qui repondent à autant de troncs ou de paquets de trachées ( * ). L'écorcc, tantôt unie.&; tantôt raboteufe, efl: deve- nue un cuir dur, ou une enveloppe écailleufe qui re- couvre certains inf^dtes entièrement ou en partie. La tige garnie de nœuds repréfcnte allez bien le corps cylindrique des vers tbrmé d'une continuité d'anneaux. Ce cylindre divifé en trois parties inégales par deux (*) Les ftigmates foin des ouvertures en forme de bouclie , que l'on voit h rexcdrieur des iiifecrcs. Ce font leurs poumons ou organes de la refpiri'.tion , comme les ouvertures extérieures des trachées dans les plantes. Un carat'tèrc effentiel des infectes ell: qu'ils ne refpirent pas l'air par la boucIie, mais qu'ils le pom- pent & l'exhalent par les fiigmates dont nous parlons. La dif- férence n'eft que dans le nombre & la place. Les mouches les ont fur le corcelet & les anneaux ; le vers à Ibie & les autres infectes de fon elpcce en ont dLvhuit le long des côtés du coips; P H I L 0 s O P H I Q U E s &c. €^ étranglcmcns , donne la tête lecorcclct & le ventre. Les formes Paillantes ne font guère plus altérées. La métamorphofe des racines en pieds plus ou moins nombreux (*) elt fenfible.^ Le pied du limaçon cit un paquet de racines mufculaires. Suppofez les rac- courcies & diftribuées par paires fous le corps de l'a- nimal dans la longueur , vous aurez un polypode. Le nombre des pieds diminuera; ils changeront de figure , & en palTant par ces mutations diverfcs ils prendront des crochets, des pinces, une corne, puis des ongles. Voyez les chenilles epineufes^dont il y a tant d'e- fpeces. Elles font chargées d'une forêt de' branches en forme de builTons. Voilà des Etres d'une nature fin- gulicre: des buivlbns ambulans. De véritables pieds fervent de racines à des arbriflèaux, dont le tronc eft le corps d'un animal. Les ailes font les feuilles des înfefles ; ils en ont deux ou quatre, mais elles font ordinairement très., grandes relativement au volume de leur corps, defor- te que la grandeur compenfe le nombre. On remarque à l'extrémité antérieure des vers , une petite ouverture circulaire; c'eft le premier rudiment d'une tête qui commence par la bouche. Elle fc gar- nit fucceffivement de petites fcies, d'une trompe, d'un aiguillon. Ces pièces préparent & annoncent le bec des oifeaux & les mâchoires des grands animaux. Les yeux entrent comme partie elTentielle dans' les nouvelles variations du prototype: ils y font même d'autres en ont jiifqu'à vingt. Il y a des vers qui portent leurs poumons au bout d'une corne. Ces ftigmates fe prolongent & fe ramifient en dedans du corps en une infinité de petits ca- naux formés de fibres fpiralcs ou trachées qui portent l'air dans toutes les parties de l'économie animale ; cet air reflbrt enluite par les pores de la peau , comme dans les plantes. (*") Les infeftes ont fix , huit, quatorze pieds & davantage. Quelques-uns en ont un fi grand nombre qu'on les appelle cf/v?« fieds , & mille-pieds, E 3 icy CONSIDERATIONS prodigicufemcnt multiplies (*). Ils compofcnt une petite malle dcmi-fphérique fur chaque côte de la tête.' On s'ctonne qu'avec deux yeux nous voyions les objets fimplcs. Cette fimplicite de la vifion eu. bien plus étrange dims les infettes qui ont des milliers d'3^cux. Ici la Nature fe joue du principe de la moin- dre aiStion, en multipliant les moyens pour un feul Se même effet. Quelque chofe de plus remarquable encore c'eit le foin qu'elle a pris de couvrir ces yeux ce poils deftincs , comme le- cils des nôtres , à dé- tourner une trop grande quantité de rayons de lumiè- re, qui nuiroicnt à la vue en caufant un éblouïiTe- ment. Cet organe eft prefquc parfait dès la première ébauche. Il ne lui manque que de la mobilité. Si les yeux ces infectes ne font pas mobiles, leur tête l'eft à un tel point dans plufieurs efpeces, que la forme n'en eft pas confiante, puifque l'animal peut l'allonger & la raccourcir, la reflerrer & l'enfler; en (*} Les plus grands obfervateurs microfcopiques n'ont pa? manqué d'dtudicr la ftructii.re fingulière de ces yeux. Ceux des mouches , des fc:^rabées , des papillons & de divers autres infectes , iie différent en rien d'clTenticl. Ces yeux font tous à peu près des portions de fplière , leur enveloppe extérieure peut être re- gardée' comme la cornée. Elle a une forte de luifant qui fait voir îbiivent des couleurs aulTl variées 'que ' celles de l'arc - en - ciel. £Ue partit, à la finipic vue, unie comme une glace, mais lors- qu'on la regarde à I:i loupe, elle paroit taillée à" facettes comme des diamrris; ces facettes font difpofécs avec une ■ régularité ad- iBirahles, & dans un nombre prodigieux. ' Leuwenlioek a calculé qu'il Y en avoir fjOi fur une feule cornée d'un fcarabée , & qu'il y en avoir plus de 800 fur chacune de celles d'une mouche. Ce qu'il y a de plus mciveiilciis. , c'efl: que toutes ces facettes font, Vraiffmb!:iblement autant d'yeux ;^ de forte qu'au lieu de deux yeux'quc quelques-uns ont peine à accorder aux papillons, nous devons leur en rcconnoître fur les deux cornées .■;4650,aux mou- ches 1600^ & aux ancres plus ou moins, mais toî^jours dans un nombre aufl» furprcnant. Le même Naturalifte a pouffé l'art de Tanatomie de ces petits animaux , jufqu';\ faire voir que chaque facette efl un cryftallin , que cliaque crVftallin a tout ce qui faut pour faire un œil complet , & furtout que chacun a fon nerf çptique. • . - ' ''Malgré ces milliers d'yeux qui compofcnt les deux orbites, I* plupart des mouches en ont encore trois autres, placés en trian- gle fur la tête, entre le criind & le cou. Ces trois yeux qui font P H I L 0 s 0 P H I Q U E s. &c. 71 nn mot la fl^^iiredifparoîrre & reparoîtrc ii Ton ^'é. Ces infectes, acéphales, quand ils veulent, feroieat-ils des modèles de ce^ hommes (1ms tête dont parlent plu Heurs Auteurs Grecs (*). Les organes de la génération, cachés & peut-être fupprimés dans certains Zoophytes , fe remontrent dans les infectes terreftrcs avec tant de fcUle que plu- fieurs réunifiTcnt les deux fexes. Nous avons vu que les plantes avoient aufli leurs hermaphrodites. L CHAPITRE XLIX, Les Coquillages. ES infedles à écailles font voifins des infeétesà co- quilles. Les teitacés ne font, aux yeux de pluGeurs auffi des cryflallins , ne font point à facettes , mais liiTes & refiem- blants à des points. Ces différentes gioOeurs des yeux dans le même infcdle , les différentes places accordées aux uns & aux autres , font préfumer avec quelque vrailcmblarrfre , que la Nature a favorifé les infectes d'yeux propres à voir les objets qui font près d'eux, & d'autres pour voir les objets éloignés^; qu'elle a, pour ainfi dire, pourvus de microfcopes & de télefcopes. Diction' naiye rPHi/loire Naturelle, au mot Irifeâe. (^*) Cependant, ces liommes acéphales pourrnient bien être des hommes fabuleux. Aulc-Gclle,qui en parle d'après pUifieurs Au- teurs Grecs, ne paroît pas fort convaincu de leur exiîlence. Pline (^Hift. Nat. Lib. V. Cap. Fllf.') dit que l'on croyoir conmaiinémenc que les Blemyes n'avoient point' de tête, & qu'ils avoient les youx, & la bouche attachés à l'cflomac ; mais il ne fe rend pas garant de cette opinion. Vopifcus , en décrivant le triomphe d'Aurelien, met des Bkmyes nu nombre des captifs qui fuivnieut le char ; il dît que Probns fubjugua cette Nation , & que le Peu^ pie Romain regarda avec étonnement des hommes fans tête. Le témoignage de Vopifcus n'eft pas fuffifant pour accréditer un phé- nomène fi étrange. L'Auteur du .^;^me. Sermon aux F'-ères du defert, raccontc qu'étant allé prêcher en Ethiopie, il y_ vit des hommes & des femmes qui n'avoient point de tête ; & qui avp'ent les yeux à l'eftomac. De Laet parle de certains hommes q'ii ont le cou extrêmement court & la tête enfoncée entre le- éppules. Hiftoria Medica de Acephalis. Autore Marco Mcp^o, ^.l, D. Profes- fore £? drchiatro Argentinenfi. E4 ^*i CONSIDERATIONS Naturaliftes, que des vers de mer^ de rivière, ou de terre, logés dans des coquilles univalves, bivalves, ou muki valves (*). Si la matière des écailles d'un fcarabée venoit à fur- ûbondcr, toutes les pièces s'uniroient pour formep une feule taie dans laquelle l'animal feroit obligé de fc reilcrrcr, & vous auriez un limaçon. Les mouve- mens qu'il fedonneioit en le roulant fur lui-même, tourneroient fa coquille en fpirale: fes pieds dépouil- lés de leur enveloppe écailleufe réunie à la coque, dcr viendroient un ou plufieurs mufcles par où il y adhé- reroit. Les antennes fe changer oient en cornes au bout defquelles feroient placés les yeux. Il conferveroit quelques trachées avec leurs ftigmates : les autres comraenceroicnt à fe transformer en quatre petites, oui es, &c. J'explique dans un Etre particulier comment a pu fe faire la métamorphofe du type Général. o C H, A P I T R E L. Buccin appelle Oreille de mer, Auris marina. N connoît le buccin appelle Oreille^ parce qu'il en a la forme. Il a été décrit par Lifter, Rumphius i& d'autres ; mais les figures qu'ils en ontdonnées m'ont paru au delTous du Naturel; ce qui m'a engagé à en faire graver une autre d'après l'original confervé dans un des plus beaux Coquillers que l'on puiiTe voir f f}. Voyez Planche IL Fig. 3. C*) Mr. Linna2us les met dans la clafle des vers. Çt} Celui de Mrs. P H I L 0 s O P H I Q U E s &c. 73 CHAPITRE LL Conque 4e Fenus. Concha Vcnerea {Flanche Ih Bg. 4.) C ^'EST le nom que l'on donne à une coquille bi- valve de la famille des cames. Elle eft pre'que ovale, voûtée, fiUonnée tout autour par des lignés parallè- les. Le devant de la coquille repréfente la vn1ve d'une femme, d'une manière beaucoup plus parfaite que les autres modèles rapportés ci-deflus (*). Cette partie eft d'un beau rouge. Les lèvres femblcnr im peu écartées & l'on croit voir quelques apparences du clitoris & des nymphes. Elle eft garnie tout autour de piquans plus où moins forts & un peu recourbés En fuivant l'analogie de la repréfcntation,on lesprendroic pour des pinceaux de poils ainfi arrangés. On ne doit pas être furpris de l'attention de la Na- ture à multiplier les modèles des parties de la généra- tion, vu l'importance de ces parties. Nous ne fom- mes encore qu'aux petits animaux, & déjà elle a eflayé toutes les manières de reproduction que nous connoilîbns. Par une magnificence admirable, elle en a réuni plufieurs dans un même individu. Le Polype eft un prodige à cet égard. L'hermaphrodifme de cer- tains coquillages eft peut-être auffi fingulier. CHAPITRE LU. De l^ Hermaphrodisme de quelques Coquillages, ANS quelques coquillages, le fexe eft diftingué; D C*) Chap, XX. & XLVil. E ^ 74 CONSIDERATIONS il y a des individus mâles Sz des individus femelles. Dans d'autres, les deux fexes font reunis j tous les individus font hermaphrodites. On peut, fuivant les curieufes obfervations de Mr. Adanfon que je vais copier , diflinguer trois fortes d'hermaphrodifmedans lès coquillages i. Celui au- que on n'apperçoit aucune des parties de la généra- tion, parciculier aux conques. 2. Celui qui, reunis- fànt en lui les deux efpeces des parties fexuelles, ne peut fe fuflîre à lui même, mais a bcfom du con- cours de deux individus qui fe fécondent réciproque- rncnt & en même temps, l'un fervant de mâle à l'au- tre, pendant qu'il fait à fon égcird les fonctions de fe- melle: cet hermaphrodifme fe voit dans les limaçons terrcftres. 3. Celui qui , pofTédant les deux efpeces de parties génitales, a bcfoin de la jonction de deux individus, mais qui ne peuvent fe féconder en même temps, à caufe de l'éloignement de leurs organes. Cette fituation defavantageufe les oblige de monter les un? fur les autres pendant Taccouplement. Si un in- dividu fait à l'égard de l'autre la fonction de mâle; ce mâle ne peut être en même temps fécondé par fa femelle, quoique hermaphrodite; il ne le peut être que par un troifiéme individu qui fe met fur lui vers les côtés en qualité de mâle. C'eft pour cette raifon que l'on voit fouvent un grand nombre de ces ani- maux accouplés en chapelet les uns à la queue des au- tres. Le feul avantage que cette efpece d'hermaphro- difrae ait (ur les limaçons dont le fexe eft partagé , c'eft de pouvoir féconder, comme mâle , un fécond indivi- du," &£ être fécondé en même temps, comme femelle, rar un troidime individu. Il ne leur manqueroit plus, îelon les réflexions de Mr. Adanfon, pour réunir tou- tes le> efpeces d'hermaphrodifmes , que de pouvoir le féconder eux-mêmes, & être en même temps le père & la mère d'un animal. La chofe, ainfi que l'obferve ce favant Académicien , n'eft pas impoffible, puifque plufieurs font pourvus des deux organes néce(raires;& peut-être quelque obrcrvateur y découvrira-t-il un PHILOSOPHIQUES &c. ;5 jour cette forte de génération oui ne doit pas nous pa- roître pins étrange que celle ces conques, dci poly- pes, & de tant d'autres animaux femblables qui le re- produilent fans accouplement fenllble, & fan.> aucun des org?-nes requis dans les autres animaux pour opé- rer la génération. Dans les limaçons , dont le fexe efb partagé, l'ouverture de l'organe e!l placée fur la dr )i- te de l'animal. Dans les hermaphrodites de la fécon- de efpece , les parties mafculines &: les parties fémini- nes font unies enfemble: elles ont une ouverture commune qui fe trouve fur le côté droit, à r.)rigi- ne des cornes. Dans les hermaphrodites de la troi- fiéme efpece, chaque organe a fon ouverture diiïin- guée: l'une à l'origine des cornes, & l'autre beau- coup au deffous. Il y a des plantes dont les parties mafculines naiHcnt & croiffent naturellement inférées dans les parties fé- minines. Voilà l'efpece d'herraaphrodi>me, qui man- que aux coquillages, réalifé dans d'autres Etres. Mais ces differens hermaphrodismcs, qui ont fi bien réudî dans les degrés de l'échelle que nous avons parcourus jurques-ici, la Nature les tentera en vain d-.ns les échellons fupérieurs, comme nous le verrons dans la fuite. ^6 CONSIDERATIONS SIXIEME PARTIE. CHAPITRE LUI. PaJ/ûgô des Animaux Teftacés aux Crufiacés. I^ Cancre nommé vulgairement. Le Soldat ou Bernard rHerm'ite. Cancellus macrourus, canda moili tcfta cochlea: inclufa, chcla dcxtra majore. Linn. Syit, Nat. A ux teftacés fuccedent ]cs cruftacés qui font, comme eux, des infcétes marins ou fiuvianies (*}• Le coquille pierreufe des premiers eit atténuée %l ramollie pour former aux féconds une enveloppe un peu moin^ dure. L'animal a poufie des pieds & des bras incruftcs comme le refie du corps. De là les cancres, les écreviflès, les cloportes de mer, nt étendues en - haut. Les deux yeux, le nez, & la bouche font peints en rouge; le deflus de la tête & le corps des doux côtés eft , d'un (*) Voyez Aldrovande De Pifcihus Llb. V. Cap. XLI. ScRuyCch de Ptfcihu TU. JII. Cnp. FIL et) l'oifibns extraordinaires d'Amboine dans l'Hifloire Géné- rale des Voyages , Tome XVII. Edit. de Hollande. fP) Peut-être le nomme - 1 - on ainfi , parce que la figure- hu- maine marquée fur la pierre qui s'ergendre dans fon coips, re- prélente im veillard barbu tel qu'on peint St. Pierre. Il ne faut pas confondre ce poiflon avec la dorée qu'on nomme auûi pois- PHILOSOPHIQUES &c. S5 verd céladon obfcur, feuillctc & dentclc, ayant des raies rouf^es entre deux : le rcffcc de la tcic & du corps jufqu'aa bas a le fond jaune, yc ne partout de demi- lunes rouges & bordées de points noirs. La cjueuc cft comme la fleur du Pifang , ronde & épaifle vers 'e corps, pointue en -bas, de couleur rouge & jaune. Il ell fort rare & ne fe mange point ( f ). CHAPITRE LX. FoiJJhn dans le corps duquel il s'' engendre une pkrrs ^ui a la figure d'une tèîe bumaïm. "n pêche fur les côtes de l'Amérique un poifTon de la grandeur de notre merlu, qu'on nomme PoiJJon de dt. Pierre (§)j dans le corps duquel il s'engendre une pierre qui a la Hgurc d'une rétc humaine. 11 feroit iingulier que les poifibns de cette eTpece portaflcnt tous une pierre ainfi figurée, & qu'elle le formât par une coalition fortu'te de parties. Le ha- •zard peut - il donner C' nrtair.mcnt des produits \\ ré- guliers? j'aime mieux croire cette pierre le réfultat d'un germe développé, & la figure d'une tcte humai- ne qui y eft travaillée , un nouvel eliài de la Nature qui a multiplié ces modèles à proportion de l'excellen- ce du chcfd'œuvre qu'ils annoncent, /;; America pijcis deprehenditu'r , tnagnitiidine Calla- riœ nojlratis ;, à S. Fetro nomen gerens , qui calculum fo^ fon de St. Pierre , & qui a au milieu du corps , une marque ex- térieure de la grandeur & de la rondeur d'un denier. On lui a donné le nom de poiflbn de St. Pierre à caufe d'une pieufe tra- dition qui dit que cet Apôtre avoit pris un poiflbn de cette el'pece, par le commandement de Jefus-Clirift, & avoit tiré de fa bouche une pièce de monnoie pour payer le tribut , & que St. Pierre , ayant mis cette pièce fur le corps du poiflbn , l'em- preinte y eft reftée. F3 26 CONSIDERATIONS vet effigie capîth bttmani injlgmm , dicium Lapis pïjcis S. Pétri ^tmricams (*) L CHAPITRE LXI. Le Po'ijfon volant. ES nageoires font aux poiflbns ce que les aîlcs font aux oifeaux. Avec leurs aîles les oifeaux nagent dans l'air: avec leurs nageoires les poiffons volent dans nn élément plus denfe. Il y a des Phyiîcicns qui di- fent que l'eau n'etl qu'un air très denfe; U l'air une eau très rareticc. Mais les nageoires antérieures prolongées & travail- lées fur un plan approchant de celui des aîles, fervent à l'exocet à s'élancer dans l'air. Son vol, très-rapide, ne dure pas longtemps; fes aîles ne pouvant avoir de jeu qu'autant qu'elles font humeétées, &: les mouve- (*) Albert! Seba Lociiplet. Renim Nat. Tlief. Tom. II. ]>. i-;o. rt) On lie clans rililloirc Naturelle des Iles Antilles, ce qui fuit au fujet des PoiObns volans. . „ Il y en a qui tiennent pour un conte fait à plaifir ce q^iie 5, l'on dit des poilTons volans , bien que les relations de plu- 5, fieiirs fameux voyageurs en faflcnt foi. Mais, quelque opi- 3, nion qu'en puilFent avoir ceux qui ne veulent rien croire que 3, ce qu'ils ont vu, c'cft une vérité très conlhmie, qu'en navi- „ géant, fiés qu'on a pafTé les Canaries, jufqu'à ce que l'on ap- „ prociie- " des Iles de l'Ai^érique , ou voit fortir fouyent de la 5, mer de grofles trouppes de poillbns qui volent h la bauteur ^, d'un* piqHtî & près de ccHt pas loin; mais pas davantage, 5, parce ipie leurs ailes le feclient au foleil. Ils font prefque „ femblables aux harengs , mais ûs ont la tête plus ronde , & „ ils font plus larges (uï le dos. Ils ont les aîles comme une 5, chauve - fouris , "qui commencent un peu au dcffbus de la „ tète, & s'étendent prefque jufqu'à le queue. II arrive fou- „ vent qu'ils donnent en volant contre les voiles des navires „ & qu'ils tombent môme en plein jour fur le tillac. Ceux qui ,, en ont fait cuire & qui en ont mangé , les trouvent fort déli- „ cats. Ce qui les oblige de quitter la mer qui efl leur éîé- „ ment le plus ordinaire, efl: qu'ils font pourfuivis par plu!ieiu-s r H I L 0 s O P H 1 Q U E s &c. 87 mcnsviolcns qu'elles font pour voler les fcchant bien- tôt, il elt oblige de replonger dans l'eau pour les hu- mecter et). On compte plufieurs cfpeccs de poiffons volans qui ne différent que par leurs ailes & les couleurs de leur robe. Quelques uns n'ont que deux grandes ailes; d'autres en ont deux grandes & deux petites : dans ces deux ePpeccs, les ailes font fortifiées d'efpace en efpace par des rayons ofleux prolongés depuis la racine de l'aîle fous l'ouie jufqu'à fon extrémité, & recou- verts d'une double membrane. Il y en a qui ont quatre aîles longues , étroites, unies & fans arrêtes. „ grands poiffons qui en font curée. Pour efquîver leur ren- j, contre, ils prennent une faulle route , fail"inr un bond en l'air, „ & chana;eant leurs nageoires en aîles, pour éviter le danger; „ mais ils trouvent des ennemis en l'air auili bien que dans les „ eaux. Car il y a de certains oifeaax marins , qui ne vivent „ que de proie, lefquels leur font aulïï une cruelle guerre, & 5, les prennent en volant. . . . „ Il ne fera peut-être pas defagréable à ceux qui liront l'iii- „ floire de ces poiflbns aîlés du nouveau monde, de nous y voir 5, ajouter pour enrichifiement les paroles de ce grand Poëte qui „ dans fon Idyle héroïque nous témoigne qu'avec plaifir il a 5, ■■ ■ ■ Vu mille fois fous les cercles brûlans 5, Tomber connue des cieux de vrais poillo: - volans: „ Qni counis dans les flots par des monftres avides, 9, Et mettant leur refuge en leurs ailes timides 5, Aufein du pin vogueur pleuvojent de tous côtés p3 Et jonchoient le tillac de leurs corps argentés. Aujourd'hui on voit de ces fortes de poiffons dans tous les ca- binets des Natiiraliftes. F 4 88 CONSIDERATIONS H U I T I E iM E PARTIE. CHAPITRE LXII. Lèî Oi féaux , ou Bipsdes ailés, X. AN DIS que les nageoires antérieures achèvent de fe transformer en ailes , les poltéricurcs , prenant tinc autre figure, deviennent des jambes avec des pieds palmes, c'eft- à-dire dont les doigts font liés par une membrane; des plumes remplacent les écailles, le mu- feau s'allonge, la matière des dents forme un bec, & nous avons des oileaux aquatiques, qui fe fervent de leurs pieds pour nager: le cygne, le canard, le cor- rnoran, l'oie, la macreufe^ îa palette, &c. nagent &; ne peuvent voler, foit par un défaut de force dans les mufcles pectoraux, foit à caufe d'un vice particulier de leurs ailes, ou peut-être parce que ces premiers oifeaux confervent fous leur enveloppe plumacée, les mœurs & les inclinations du poilTon. Les pieds perdent la membrane qui unifToit les doigts, & les ailes acquièrent du reflbrt. Le pluvier, le he- î'on, le butor, le courlis, & les autres de la même clafPe ne nagent point. Cependant ils ont encore l'in- ftinâ: aquatique. Ils fréquentent le bord des rivières, & les rivages de la mer, & plongent dans l'eau avec une adreffe merveilleufe. Tels fjnt les degrés par lefquels l'Etre s'élève du fond des eaux qu'il a "peuplées de toutes fortes de poiflons en fubiflant diverfes mctamorphofes, dans les plaines de l'air où par des variations nouvelles il pro- duit le peuple des oifeaux. Il orne les uns du plus riche plumage : il donne aux autres un ramage mélo- dieux : quelques efpeces réunifient les deux avantages. P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c, Sp L CHAPITRE LXIII. V Autruche, ''autruche eft remarquable par Tes pieds de quadrupède. Tes jambes couvertes d'écaillés en tablet- tes; Tes cailles nues, fans écailles, fans poil & fans plumes; fon corps couvert de plumes molles & effi- lées, comme fi elles fe changeoient en poil; fes aîles armées d'ergots d'une fubftance cornée, lefquelles ne peuvent lui fervir à voler, mais feulement pour cou- rir plus vite; fes flancs nuds comme {<^i, cuilTcs; fon cou long & velu, car le duvet qui le couvre eft un poil fin, clair-femé & luifant; la petitefle de fa rête; fa langue petite & adhérente comme celle des poifibns. j'admirp fur tout les yeux de l'autruche, preiquefem- blables à ceux de l'homme: ils font tirés en ovale, garnis de grands cils , & la paupière fupérieure en cft mobile. CHAPITRE LXIV. La Chauve- four is. La Roujffette. La Chauve- fouru, ^^UEL efl ce petit volatile hideux qui, vers le f^ir, fort de delTous le toit de ce château à de- mi-ruine? 11 n'ofe fe montrer pendant le jour. A-t-il home de fa difibrmité. Son vol eft gauche, incertain, inégal; fon cri eft a'gre & perçant. Son corps eft cou- vert de poil comme un quadrupède. Je lui croyois des aîles , & je n'apperçois que des os miontrueufe- ment allongés, réunis par une membrane nue qui en t' 5 Ç^J CONSIDERATIONS s'att^chant au corps enveloppe les jambes & la queue. Il n'a point de nez: Tes yeux vont s'enfoncer dans les conques de fcs oreilles: il a la gueule prodigieufement tendue, & la tête furmontée de quatre oreillons. Ce monftre clt-il un oifeau défiguré, ou un quadrupède informe? Ce n'eft point un quadrupède: il n'a que deux pieds. Ce n'eft pas plus un oifeau que le poirfbn volant. 11 n'a que le vol de commun avec les oi- feaux. La conformation intérieure du cœur, des pou- mons & des autres vifccres annonceroit un quadru- pède. 11 a même des rapports particuliers avec l'efpe- ce humaine: le mâle a la verge pendante & détachée, ce qui ne lui eft commun qu'avec le linge & l'homme, la femelle vivipare a deux mammelles fur la poitrine, dont elle allaite fes petits. La RouJJlîtz, LaRoufTette eft une efpece de chauve-fouvis , fui- vrnt pluficurs Naturaliftes (*). Elle pourroit être une chauve fouris dégénérée , félon la conjeélure de Mr. de Buffon (|). Seba (§) l'appelle un chien vo- lant, feulement parce qu'elle eft plus grande & qu'elle a la mufeau plus allongé que la chauve-fouris: Cette différence n'eft pas la feule, ni la plus caraftériftique. Elle en diffère encore par le nombre & la figure de fes dents incifives, & par la partie inférieure du corps: la rouffette n'a point de queue, & la membrane qui for- me les ailes fe termine aux jambes de derrière, au lieu que dans la chauve-fouris cette membrane s'étend au- delà des jambes pour envelopper la queue. (*) VefpertiUo caiidd nullâ de Mr. LiniKCUs. Vefpertilio Cyno- cephalus Tcrnatarius de Mr. Klein ; &c. (t) Difcours fur la Déa;éuération des Animaux à la fin du To- me XIV. de l'Hift. Nat. (N:c. Edit. in 410. (%) Canis volans TernatRtius Orkûtalis. Albert. Seba Locuplet» Rerum Nat. Tiief. Tom. I. P H I L 0 s O P H I Q U E s &c. 91 o CHAPITRE LXV. JEcureuil volant. Singe volant. Chat voknf. r Ecureuil volant, N compte plufieurs efpeces d'écureuils volans. Je parlerai du feul individu que j'ai vu. 11 veiioit de la Nouvelle Efpagne. 11 n'avoit guère que la moitié de la grandeur de notre écureuil vulgaire. Sa queue étoit aufïï longue que fon corps & fa tête enfemble. I! avoic cinq doigts à chaque pied de devant & de derrière ; le pouce étoit féparé des quatre autres, & tous les cmq étoient armés de petits ongles aigus & recourbés. La peau des côtés prolongée & attachée aux jambes de devant & de derrière s'étendoit en forme de membrane très-molle, couverte d'un poil femblable à celui du corps, feulement un peu plus ras. Le poil, rouflâtre par delTus le corps, blanchiflbit par deflbus ou il étoit moins fourni. Ç^uand il voloit, c'ert-à-dire quand il s'élançoit d'un lieu à l'autre, il déployoit la peau des côtés en étendant les pattes^ fans leur donner aucun jeu qui imitât celui des aîles. Je l'ai vu s'élancer jus- qu'à trente pas: peut-être eût -il fait un faut plus grand dans un efpcce moins borné. Il voloit toujours de haut en bas par une ligne oblique, & jamais de bas en haut, ni horifontalement ; maisjl grimpoit avec beaucoup d'agilité. Ce que je lui ai trouve de plus fingulier, ce font fes petites oreilles arrondies & tour- nées comme celles du finge & de l'homme. Singe volant. Helbigius & d'autres Auteurs parlent d'une efpece de finge volant dont l'exitlence ne paroît pas bien con- ftatée. Ce pourroit bien n'être qu'un écureuil volant. 5)2 CONSIDERATIONS Cbat voient. Scba C*) donne la figure & la dcfcription d'un ani- mal dont toutes les excremicéi , les quatre pieds jus- qu'aux ongles, la queue, & la tête fo tiennent par le moyen du tifTu membraneux des ailes: c'eft une continuation de la peau du dos qui remonte jufqu'au cou, s'étend de chaque côté avec un contourdencelé, couvre les quatre pieds, & va s'attacher à la queue. Sa tcte paroît tenir du chat fauvage, d'où lui vient le nom de chat volant. La tjmelle a des tettes grandes & rondes, fcmblables aux mammelles d'une femme. CHAPITRELXVI. Le Lézard volant 3 ou petit Dragon ailé. \7 V 01 CI un nouvel elTai de quadrupède volant qui diffère de tous ceux que nous avons vus jufqu'à pre- lent. C'eft un petit Lézard dont le delfus û. le ces- fous du corps font couverts de petites écailles très min- ces, ainfi que les pattes &: fa longue queue pointue; Il porte de chaque côté une aile cartilagineufe &ccail- leufe comme le corps, dont la bafe s'étend de la cuiiïe antérieure à celle de derrière fans adhérer à aucune des deux: au moins j'ai toujours trouvé les ailes ainfi détachées, avec les quatre cuilTes &: jambes libres dans trois efpeccs différentes que j'ai vus ( f ). Ces ailes ont fix rayons, diminuant de grandeur vers le partie inférieure du corps , & forment cinq couplets. Le lézard volant d'Afrique, celui dont je parle, a fous C*) Thef. Rer. Nm. T. I. Tab. LVIU. n. 2 & 3. ^ (t) Cependant Seba donne la figure & la defcription d'un Le- zard volant d'Amérique dont les aîles tenoient aux cuilFes de* pattes de devant: celles de derrière avoitut le jeu libre. P H I L O s 0 P K I (J tJ E s fec. n la mâchoire inférieure iine.poch: (ou un jabot) qui dcfccnd jufqu'au cou c^ù clic .s'attache Ceux d'Amé- rique n'en ont point. Cet animal ne vole pas réelle- ment; il faute de branche en branche, & d'un arbre à l'autre. L CHAPITRE LXVII. Ohfervat'ion fur le pciffage des oifeaux aux Oita- drupecks. 'A différence d'une groflc patte d'écrevifTe à une nageoire de poilion ne paroit pas plus grande que celle d'une aîlc d'oilèau à un pied de quadrupède, la Nature néantmoins , en transformant l'aile en pied s'affranchit de la loi qu'elle aVoit fuivie auparavant dans la métamorphofe des membres un peu diliembla- bles, favoir de fupprimer ces extrémités dans quel- ques animaux intermédiaires, avant que de les repro- duire fous une nouvelle forme C*)- Oferoit-on avancer qu'elle a brusqué ici la méta- morphofe, & rapporter à cette précipitation les pro- ductions irrégulicres dont nous avons vu que le pafTa- ge des oifeaux aux quadrupèdes étoit rempli ? cet ani- mal à moitié nud, & à moitié couvert d'écaillés, de plumes & de poil , cet oifeau énorme qui rel'cmble au chameau parles pieds, par la longueur de fon cou, & la pctitefTc de fa tête (f), & dont la ftupidité an- nonce les élémcns contraires dont il eft compofe? ce volatile fans plumes, beaucoup plus petit & plus mon- ftrueux,que la Nature a condamné à ne quitter fare- (*') Voyez ci-devant Chapitre LVI, Çf) Aullî l'Autiticlie porte le nom Latin de Striatiîo - ca^ 94 CONSIDERATIONS traite que dans les ténèbres , comme fi elle eût pré- tendu nous cacher fes erreurs? Ses erreurs, ou fes caprices, quelque nom qu'on leur donne, tendent toujours au même but. Ses productions les plus difformes & les plus bizarres nous offrent des traits humains que nous n'avions ap- perçus dans aucun des animaux les plus parfaits félon nos'idées: l'œil de l'autruche, l'oreille de l'Ecureuil volant 5 la verge pendante de la chauve-fouvis mâle, & les mammelies rondes du chat volant femelle. P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. (js NEUVIEME PARTIE. CHAPITRE LXVIII. Les ÇétacéeSé L Le Renard marith 'ES cétacées font de grands animaux marins qui ont le corps nud & allongé, garni de membres char- nus. Ils reffemblenc beaucoup aux quadrupèdes, quoiqu'ils foient, pour la plupart des efpeces de bima- nes. Ils ont deux ventricules au cœur , refpirent par les poumons, s'accouplent & font leurs petits vivans. Les femelles qui les allaitent ont leurs mamnielles placées au bas du ventre , ou fur la poitrine. Parmi ces animaux , les uns font amphibies , les autres ne font que plagiures. Ils n'ont pas tous des dents, mais ils ont tous fur la tête ou fur le mufeau un ou deux canaux pour rejetter l'eau. Entre ceux qui ont des dents, les uns, comme le marfouin, en ont aux deux mâchoires. Le narwhal n'en a qu'à la mâchoire fu- périeurc. Le cachalot n'en a qu'à la mâchoire infé- rieure- La baleine, qui n'a point de dents, a la mâ- choire fupérieure garnie de chaque côté de lames de cornes qui s'ajuftcnt obliquement dans l'inférieure. Le palfage des oifeaux aux cétacées eft rendu lènfi- ble par le renard marin, dont les deux nageoires, qui Ibnt auprès de la tête, repréfentent les ailes d'un oifeau plumé Ces ailes olleufcs & charnues, très obtufes par les bords, femblent deftinées à former des doigts dans les bimanes. (*> (*) On trouve ime defcriptioii anritoiniqiie du Trenard manu dans les Ménjoii-cs pour fervir à l'Iliftoire des animaux. p5 CONSIDERATIONS CHAPITRE LXIX. Les Bimanes. E NFIN les membres antérieurs de l'animal, après avoir revêtu & quitté tour a tour tant de formes lin- gulières commencent à ébaucher celle qu'ils doi- vent avoir dans l'homme. Il faut l'avouer ^ les pre- mières mains font très groffières. Elles ont quelque- fois jufqu'à fept & huit doigts: celles d'une efpece de baleine-cachalot en ont fept (*}, & celles d'une efpe- ce de diable -de -mer en ont huit (f). Souvent elles n'en ont que quatre^ comme dans le lamcntin & le fmge de mer. Tantôt les doigts font exceffivement courts, & tantôt monftrueufement longs. Ee poillbn nommé l'Enfant de mer enmailloté nous a pourtant fait voir deux petites mains plus régulières. Leur dif- formité dans les cétacées eft probablement une né- ceffité ou un avantage, eu égard à l'exigence de leurs befoins; & malgré les défauts de ces parties envifagées comme des mains, on y entrevoit l'application de la Nature à les travailler, à en multiplier leselTais pour parvenir j à force de répétitions, à leur donner la jufte proportion qu'elles doivent avoir pour convenir au corps humain. Avant que de quitter le rivage de la mer , nous verrons fe promener fur fa furface ua animal à-moitié homme, CHA- (*') C'eft la Neuvième efpecede baleine ruivant la divifion de Mr. Anderfon ; & la féconde efpece de Cachalot. (t) Celui dont parle Rocheforc dans fon Hiftoire Naturelle & morale des Iles Antilles. PHILOSOPHIQUES S:c. p? CHAPITRE LXX. La Bakhie. Xl elt confiant que ja baleine cft bimane. Elle a, au lieu de nageoires, des os articulés, figures comme ceux de la main & des doigts de l'homme, revêtus de mufcles & de beaucoup de chair tendincufe, & re- couverts d'une peau aflèz épaiflc, femblable à celle qui enveloppe le refte du corps. Cet énorme habitant des eaux Talées, s'avance par le moyen de fa queue qui fait la fonction d'une grande rame, & ri^ fe ferc de fes mains que pour tourner dans l'eau. La femel- le, lorfqu'clle fuit, en fait auffi ufage pour emporter i'QS petits (*). On apporta à Paris, il y a un peu plus d*un fiéc'e <^|) le fquelette d'une baleine propre à donner une idée de la grandeur de ces animaux marins, j. Le 5, crâne avoit feize à dix-fept pieds d'ouverture, & „ quatorze pieds de longueur, pefant environ onze „ cens livres; les nageoires qui reffembloient à des 5, mains, douze pieds de long, & pclbient (ix cens „ hvres; & enfin les côtes, douze pieds & demi de „ longueur, & chacune pefoit quatre-vingts livres." Des mains de douze pieds de longueur, garnies d'une quantité exceffive de chair & de graifle, peu- vent aifément paroître affcz difformes & monftrueufes , pour être appellées des bras^ des ailes, ou des na- geoires. Leur figure véritable n'a pourtant pas échappé à ceux qui l'ont vue h examinée de près. (*) Anderfon , Hiftoire Nat. d'Iflande , & Hifl. Nat. de Groeij- laiid. et) En 1658. 99 C O N S I D E R A T I 0 N S CHAPITRE LXXI. Le Diable de mer. JJ LUSIEURS poiflbns portent ce nom, parce que le peuple donne le nom de dhbie à tout ce qui a l'as- pect hideux ou effrayant. Celui dont je veux parler ici eft un cctacée de d uzc ji'icds de long & davantage. Quand il ouvre la gueule, il étale une enorn-e quan- tité de dents qu' garniflcnt Tes deux mâchoires ^fa lan- gue & le tond de fa gorge: c'ell: tout ce qu'il a de dia- bolique. Outre quatre nageoire^ deux grandes laté- rales, & deux plus petites, l'une fur le dos, & l'autre près de l'anus, il a deux mains fous le ventre com- pofées chacune de cin:] do":gts articulés. On lit dans le Journa' Encyclopéd que du i> Jan- vier 1753. une lettre au fujec d'un monftre marin échoué au fort de Kermorvan à quatre lieues deBreft; deux nageoires en forme de maiiiî? placées à la partie antérieure de l'eftomac, lui firent donner le nom à^ homme de mer\ ce n'étoit peut-être qu'un diable de mer. Mr. Savary, Dofteur en Médecine de la faculté de Paris, & médecin de la marine à Brcft, nous a don- né la défcription d'un Diable de mer échoué dans la rade de cette ville, qui n'avoit pas tout- à -fait cinq pieds. Je n'en rapporterai que ce qui regarde les mains. „ En renverfant ce poifTon, dit Mr. SaVary, on 5, voit à un pied de diftance du rebord de la mâ- 5, choire inférieure deux autres petites nageoires , en ,, forme de mains, écartées l'une de l'autre d'environ 5, fix pouces. On pourroit les appeller nageoires ven~ , traies^ quoique leur fituation reponde plutôt au , fond de la bouche qui eft énorme dans cet animal. ^, Elles font compofées chacune de cinq rayons carti- P H I L O s 0 P H I Q U E s. &c. f)p ^, lagineux fcmblab'es à cinq doigts; ce qui leur don- 5, ne beaucoup de relTemblance :ivec les mains ou les ^, pieds d'un homme. La peau qui les couvre cft „ rougeâtre & de couleur de chair, un peu rabo- „ teulè, & même calleufe; ce qui feroit croire qu'il ;,, s'en fert pour s'appuyer contre les corps durs, & „ élever fa tête , ou peut-être pour fouiller & creufcr ^, le fable dans lequel il s'enfonce & fe cache pour ten- 5, dre fes pièges & attraper fa proie (*). " Mr. Savary croit que c'efl: le Lo^hius ore cïrrofo^'' Kx- tedi, & la défcription qu'il en tait cadre très -bien avec celle de ce Naturalifte. Seulement les rayons cartilagineux des mains font des oflèlets , félon Arceài, CHAPITRE LXXII. Le Lion mariUi i), V^ N trouve dans l'Ile de Juan Fernandez un i^i amphibie appelle Lion manu., qui reflemble un peu „ au veau marin, quoique beaucoup plus grand ; nous „ le mangions fous le nom de bœuf; &. comme c'eft ,j un animal tout- à- fait fmgulier, je ne faurois me „ difpenfer d'en donner ici la défcription. „ Les lions marins, quand ils ont toute leur taille ^ i), peuvent avoir depuis douze jufqu'à vingt pieds de ,5 long, & en circonférence depuis huit pieds jufqu'a „ quinze: ils font tellement gras qu'après avoir fait „ une incîfion à la peau qui a environ un pouce d'é- „ paiffeur, on trouve au moins, un pied de graifle „ avant que de parvenir à la chair ou aux os;& nous 5, fîmes plus d'une fois l'expérience que la graiffe de „ quelques-uns des plus gros nous fournilToit jufqu'à „ cent - vingt - fix galons d'huile j ce qui revient à peu (*} Journal deMt-deciue Tome XXII. p. 56. G 3 ICO C 0 N s I D E II A T I 0 N S „ près à ciiK] cens Pintes jnefure àc Paris. Ils font 5, aulTi fort fanguins, car,li on leur taie de profondes „ blcHures darîs une douzaine d'endroits, on verrj jaillir à l'inltanc avec beaucoup de force, autant de fontaines de lang. Pour déterminer la quantité de leur fang, nous en tuâmes d'abord un a coups de fulil; lui ayant enfuite coupé la gorge nous mefu- ramcs le lang qu'il rendit, &: trouvâmes qu'outre celui qui reltoit encore dans les vailTeaux & qui n'ctoit pp^ peu de chore,il en avoit rendu au moins deux barriques. Leur peau eft couverte d'un poil court, de couleur tannée claire; mais leur queue & leurs nageoires qui leur fervent de pieds, quand. .,, ils font à terre, font noirâtres. Les extrémités de „ leurs nageoires ne refTemblent pas mal à des doigts „ Joints enfenible par une membrane. Mais cette ,5 membrane ne s'étend pas jufqu'au bout des doigts 5, qui font garnis chacun d'un ongle. Outre la gros- 5, feur qui les diftingne des veaux marins, ils en dif- 5, fèrent encore en plu fleurs chofes , & furtout les 3, mâles, qui ont une cfpece de groffe trompe, qui leur pend du bout de la rnâcboire fupcrieure de la longueur de cinq ou lix pouces; cette partie ne fô trouve pas dans les femelles^ ce qui les fait dilïin- guer ces mâles au premier coup d'œil, outre qu'el- les font beaucoup plus petites „ Ces animaux font de vrais amphibies: ils pafTcrt tout l'été dans la mer & tout l'hiver à terres c'clc alors qu'ils travaillent à la génération, & que les femelles mettent bas. Leurs por:ccs font de deux petits à la fois: ces animaux tettcnt & font dès la nailiance de la grandeur d'un veau marin qui a toute fa taille. Les lions marins, pendant tout le temps qu'ils font à terre , vivent de l'herbe qui croît fur les bords des eaux courantes, & le temps qu'ils ne pailTent pas', ils l'emploient à dormir dans la fange. Ils praroiflcnt d'un naturel fort pefant & font difficiles à réveiller, mais ils ont la précaution de placer des mâles en fcntinclle autour de l'endroit P H I L 0 s O P H I Q U E s &c. lox j, t)ù ils dorment, & ces fentinelles ont grand foin ,5 de les éveiller dès qu'on approche feulement de la c, horde. Ils font fort propres à donner Tallarme, ,, leurs cris étant fort bruyans, & de tous fore diflé- „ rens; tantôt ils grognent comme des pourceaux» & 5, d'autres fois ils hennitlénc comme les chevaux les „ plus vigoureux. Ils fe battent fouvent cnfcrable, „ furtout les mâles, & le fujet ordinaire de leurs que- „ relies ce font les femelles. Nous fûmes un jour „ furpris à la vue de deux de ces animaux qui nous „ parurent d'une efpece toute nouvelle; mais en ap- „ prochant de plus près, nous trouvâmes que c'é- „ toient deux mâles, défigurés par les bletfures qu'ils „ s'étoient faites à coups de dents, & par le fang dont „ ils étoient couverts „ Nous tuâmes quantité de ces animaux pour en „ manger la chair, & furtout le cœur & la langue, ,5 que nous trouvions préférable à celle de bœuf, il, 5, eft très facile de les tuer; car ils font prefque éga- 3, lement incapables de fe défendre & de s'enfuir; il „ n'y a rien de plus lourd que ces animaux, &•, au' „ moindre mouvement qu'ils font, on voit leur graiiTe „ mollafle flotter fous leur peau. Cependant il faut „ fe donner de garde deleurs dents; car il arriva à un 3, de nos malelots, dans !e temps qu'il étoit tranquil- „ lement occupé à écorcher un jeune lion marin , que •„ la mère de cet animal fe jetta fur lui fans qu'il l'ap- 5, perçût, & lui prit la tête dans fa gueule. La mor- „ iure fut telle que le matelot en eut le crâne fracaffé „ en plus d'un endroit, & quelques foins qu'on pût 3, en prendre, il mourut peu de jours après (*) " Telle eft la défcription du lion marin qu'on lit dans les voyages du Lord Anlbn; mais fuivant la figure qu'on en voit dans le même livre, ces deux nageoires (*) Voyage amour du Monc'e de George Anfon, p. iio. Kolbe dans fa Défcription du Cap de Boiiiie-Efpérancej & d'autres Au- teurs ont aufll parlé du Lion Mnrin. G3 Î03 CONSIDERATIONS qui lui fervent de pieds pour fe traîner quand il cfi: à terre, font des mains imparfaites, comme celles de la baleine' & des autres bimanes, avec cette différence que les doigts du iion marm font unis par une mem- brane jufqucs vers la moitié de leur longueur, ce qu'on ne trouve pas généralement dans tous les céta- cées à deux mains , mais dans quelques efpeces feu- lement. La baleine, le diable de mer & le Lion marin pour- yoient être appelles dos bimanes eftropics. Leurs mains font comme jointes immédiatement aux omo- plates. ' Dans la baleine & le diable de mer on ne voit ni l'humérus, ni l'avant-bras; la partie qui repond à îa main de l'bomme fort immédiatement de la poitri- ne. Les deux autres font enfermées & cachées dan§ le corps, fous la peau. Dans le lion marin une por- tion de l'avant-bras fe montre au dehors. Le bras fortira en entier dans les bimanes fuivans. L CHAPITRE LXXIIJ. L& Lamentm, 'F laraentîn (^Phwche V. F'tg. g.) efl: un des bi- manes qui mérite le mieux ce nom, quoiqu'en dife le P. Labat qui n'a point vu cet animal, & qui en a pris la l'gure dans l'Hiftoire Naturelle des lies Antilles pair Rochefort; & cette figure, la même que je répète ici , fufiit pour combattre le fcntiment de ce rnlifionnaire. La Nature, fupprimant les nageoires, les cornes, & la queue des autres cétacées, a formé une malfe vi- vante de près de dix-huit pieds, qui n'a d'autres mem- bres que deux bras courts & ramaflcs, auxquels font attachées deux petites mains qui n'ont chacune que quatre doigts courts & gonflés. Le lamentina le.; yeux petits: fa peau elt cpaiilc . ridée en quelques endroits. P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. 103 & parfemée de quelques petits poils. ^11 a deuxmam- melles fur la poitrine, qui eft peut-être un caradére des cétiicécs bimanes. Jl s'accouple à la manière de l'homme. Ses bras font flexibles: la femelle s'en ferc à tenir & porter (l's petits, à peu près comme les lin- ges tiennent les leurs. Mais, dit le P.Labat, comment a-t-on pu donner le nom de pieds ou de mains aux deux nageoires qu'il a un peu au deirous du cou, qui fc replient fous le ventre, & dont quelques Auteurs prétendent qu'il (e fèrt pour fe traîner fur la terre ? Premièrement il s'en faut bien que ces prétendus pieds ou mains aient aflez de force pour fou tenir ou faire mouvoir un corps au(Tî pefant. En fécond lieu, fuivant le rapport d'un très grand nombre de perfonnes, furtout des Flibuftiers qui n'ont fouvent d'autre rcff)urce pour vivre que la pêche du lamenrin , & des Indiens de l'ifthène de Da- rien qui font fans contredit les meilleurs pêcheurs du monde, le lamentin ne vient jamais à terre; ainfi ce n'eft point un animal amphibie, ni un quadrupède, Ainfi parle le P. Labat, Quoique le lamentin ne foit point un quadrupède; quand même il ne feroit point amphibie, cela empê- che-t-il qu'on ne puiOè donner le nom de mains aux: • deux membres qu'il a aux deux côtés de ia poitrine, fuirent -ils encore incapables de porter le poids du corps? C'eft la forme qui détermine leur nom ; on y diftingue la main', l'avant-bras & l'humérus. Ces trois parties font raccourcies & un peu monftrueufes, fi l'oa veut; cependant elles ont du jeu & de la flexibilité, ce qui les caradlérife encore mieux (*), C*) Mr. Klein (_T)îfp. Quadr. p. 94.^ après avoir comparé ce que les anciens & If^s modernes ont dit du lamen in, après avoir rdfiité furtout Ckifius & Artedi , doute fi cet animal a véritable- ment des mains, des atlcs , ou des nageoires, & conclut que l'hiftoire Naturelle , qu'on en a donnée juCqu'ici , eft très défc- clueufe. Mr. d* Buffon le dit bimane dans fou Hifloirc des finge». G4 I04' CONSIDERATIONS Mr. de la Condamine nous a donné la défcription & la figure d'un cétacée qu'il a lui-mcmc dcffiné d'au- près Niiturc (*). Les Erpagnols k les Portugais lui donnent le nom de f-^acbe-mariiie ^ ou de Poijjon-bœiif, Ce favant Académicien croit que c'elt ie même qu'on nomme lamentin à Cayenne & aux lies Françoifes de l'Amérique. Cette vache marine n'a que deux peti- tes nageoires placées allez près de la tête ^ & qui lui fervent de bras & de pieds. Je ne la crois pas le véri- table lamentin. Mr. de la Condamine convient aufll que c'eft une efpecc un peu différente; & en effet on fait que les Efpagnols appellent le lamentin Matiati^ parce qu'il a des mains (.t) 5 Si non pas ^acbe manns. CHAPITRE LXXIV. Le S'mpie de mer Danois. Simia marina Danica. 'b' O N peut voir dans le Theatrum uuherfak omnium anhualhtni de Jonfton publié par Ruyfch^ la figure du fmgc de mer Danois., qui a deux mains, & furtout deux bras i]ue l'on prendroit pour des bras humains, s'ils étoicnc fur un autre corps. La forme de l'hu- mérus, du coude, de l'avant-bras eft auffi parfaite que ijans l'homme. La main n'a que quatre doigts, Sç chaque duigt eft arme d'un petit ongle aigu. ("*) Relation de la rivière des Amazones, et) De Manati les Naturaliftes ont fait Mauatus , nom L?tiii qu'ils donnent au lamentin. ^■fC- P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. 105 C H A P ï T R E LXXV. VAmhlze, X-i'AMBizE n'efi: pas l'homme marin : il cft beau- coup plus grand , & ne reffemble pas fi bien à l'hom- me terrcftre. Suivant Dappcr (*) , les arabifes fe trouvent dans les lacs d'Angola & de Quihite. Ils ont pleinement huit pieds de longueur. Nicremberg dit qu'il y en a quelc^uefois de fi grands qu'ils pefent jus- qu'à cinq cens livres. Ils ont deux bras fort courts, avec des mains qui peuvent Te courber un peu , mais qui ne fe ferment point comme celles de l'homme. Leurs doigts , qui ont une certaine longueur , font joints par une membrane. Ils ont les yeux petits, le nez plat, la bouche grande, fans apparence d'oreille &de menton. Les parties naturelles du mâle relfemblent à celles du cheval. La femelle a deux mammelles bien formées fur la poitrine, mais qui neparoilTent pas bien diftinguées l'une de l'autre , tandis qu'elle eft dans l'eau, parce que leur couleur eft de gris-fané. (*) Défcription de la EaTe Ethiopie, CrS ic5 CONSIDERATIONS DIXIEME PARTIE. CHAPITRE LXXyi. U Homme marin, ous terminerons la clafTe des bimanes par l'hora-r mes marin. Tant de témo gn..ges aiitcntiqiies conlta- tent l'exillcncc des poiilons-homir.cs & des poilTons- femmcs par la moitié lupérieurc du corps, qu'il y au- roit plus que de l'opiniâtreté à en douter. Voici ce que j'ai pu rai'embler de plus avéré au fujet de ces hommei marin:». CHAPITRE LXXVII. Homme marin pècbé à Oxford. ^ARREY (*) rapporte qu'en 1187. on pécha à Oxtbrd, dans le Duché de Suffblk, un homme ma- rin quj le Gouverneur garda fix mois, deforte que chacun put le voir. Sa figure, ctoit fi conforme à celle de l'homme, qu'il fembloit ne lui manquer que la parole. Un jour s'étant échappé , il fe replongea dans la mer, & on ne le revit plus- (*) Hiftoire d'Angleterre, o P H I L O s O P H I Q U E s &c. 107 CHAPITRE LXXVIII. Ej]>ecô de Sirène pèchêe en IFeJîfnfe. N lit, dans les Délices de /aHo^/.v2ik,qn''cr) 14^0. après une furieufe tempête qui avoic rompu les digues & donné paflage à la mer dans les prairies, des tilles d'Edam en Wefttrife, pallèrent en batteaux par Pur- merand pour aller traire des vaches, & que l'eau s'é- tant retirée , elles apperçurent une femme marine dans la vafe. Elles l'emmenèrent à Edam où elle fe laifTa habiller & ufa de nos alimcns de pain & de lait. On lui apprit à filer. On la mena à Harlem; elle y vécut quelques années fans pouvoir apprendre à parler, & confervant toujours un indinft qui la conduiloit vers l'eau. D'où l'on peut conclure qu'elle fe feroit re- plongée dans la mer, ainfi que l'homme marin péché à Oxford, fi on ne l'eût gardée de près. Je me fou- viens d'avoir vu de très anciennes figures de cette efpece de Néréide, dans Icfquelles elle eft repréfencéo filant 5 & aflife fur fa queue de poiflbn repliée fous elle et). L CHAPITRE LXXIX, Sspî hommes marins ^ neuf femmes marines. ^'histoire générale des Voyages dit qu'en 15^0 des pécheurs , près de l'Ifle de Manar dans les Indes , fur la côte occidentale de Tlfie de Ceylnn, prirent d'un coup de filet fept hommes marins & neuf femmes (*) Defpondc parle cîc cette femme marine dont il efi: aiiffi rai: Kiention dans les E:^h-.';.ic-ndcs des curieux de la Nature. loS CONSIDERATIONS marines. Le médecin qui les examina avec foin, & qui en Ht l'anatomie, trouva toutes leurs partic> inté- rieures & extérieures très- conformes à celles de l'hom- me. Dimas l'ofquez de Valence, médecin du Vice- roi de Goa,en fit l'ouverture en prefence deplufieurs MilTionnaircs Jefuites , & en particulier du Père Henriquez, CHAPITRE LXXX. Sirène d'une grande beauté. N Capitaine de VaiiTeau , nommé Schmldt, An- u glois de nation , vit en 1614. dans la Nouvelle An- gleterre, une Syrène d'une grande beauté, qui ne le cédoit en rien aux plus belles femmes. Des cheveux d'un noir bleuâtre flottoient fur fes épaules; mais la partie inférieure, en commençant à la région ombili- cale, reifcmbloit à ia queue d'un poiflbn. CHAPITRE LXXXI, Jémoîgnage de Monconys. M, ONCON Ys fait mention (-'■-) de ces hommes ma- rins femblables aux poiiTons par la partie inférieure de leur corps, & aux hommes par la partie fupérieu- re, à la referve des mains dont les doigts font unis enfemble par une membrane, comme les pieds des oies ou les aîies des chauves-fouris. Nous avons vu ccttç forme dans quelques bimanes. (*) Dans fon Voyage d'Egypte. P H I L 0 s 0 P M I Q U E s &c. locj CHAPITRE LXXXIL Cinq hommes Marins^ & um femme marine, i^ous le Pontificat d'Eugène IV, on prit un hom* me marin. Sous l'Empereur Maurice, on vit dans le Nil un homme marin & une femme marine qui felais- fèrent voir pendant trois ou quatre heures hors de l'eaLi jufqu'au nombril. En 1526. on prit en Frife un homme marin qui avoit beaucoup de barbe & de cheveux. Un autre fût pris en 153 1. dans la Mer Baltique, & envoyé à Sigisraond, Roi de Pologne: il vécut trois jours à fa Cour, On en prit encore un autre jeune près de la Racca de Sintra (*J. CHAPITRE LXXXIII. Deux fetnmes marines, Xl parut en 1559. auprès du port de Coppenhague, une Syrène qui fut apperçue du rivage par plufieurs perfonnes dignes de foi (j); quoiqu'elles ne fuflent pas d'accord fur la couleur de fes cheveux, toutes convinrent qu'elle avoit le vifage d'un homme fan? barbe & la queue fourchue (§). Lucas-Jacob Debes (§§) dit qu'en 1670. fur la côte (*) Diftionnaire des Animaux, (f) Thomas Bartholin en parle. ^§) Ephémerides des curieux de la Nature; Mélanges d'Hifloirii Katurelle. C§§) Curiofités Naturelles obfen'îjes dans les Ifles de Feroé, ïio CONSIDERATIONS méridionale de Sudcroé, plufieurs habitans du village de Qualbré virent une temme m irine. Elle fefta près i de trois heures élevées au dcfllis de la furfaee de l'eau ,• ^ tenant en la main un poiflon qui avoit la tête en bas. Sa longue chevelure defccndoit jufqu'à la partie du corps qui étoit plongée dans la mer. On la vo^'oit à découvert julqu'au nombril. Les habitans de Sude- roé virent aufii ce monftre, & Debes dit tenir ce fait d'un d'eux qui étoit à Goppenhague.ioriqu'il le lui raconta. jMM*Jt!ir*'^^4i'fi!m%i4fmM ft -"^ CHAPITRE LXXXIV. Foijfon-femme^ appelle par les RfpagnoUVeci-mugeri Ia^edi parle d'un poifTon, affez commun dans les mers du Brclil, que les Efpagnols appellent Pece mu- ger\ parce qu'il a la face d'une femme. On dit que les os ont la vertu d'arrêter toute efpece d'hémor- ragie (*). Mais cette propriété n'eft pas auffi bien conilatée que l'exiftence du poifTon même dont nous alluns donner une délcription plus détaillée d'après Ruvfch. En certains temps de Tannée, on pêche dans la mer des Indes Orientales, proche des Ifles Vii]?.ics,qui font fous la domination des Efpagnols, un poifibn anthro- pomorphe c'eft-à-dire poilfon à figure humaine, que les Efpagnols appellent Fece muger & les étrangers- Dtiyon. Il a la tè:e ronde, collée immédiatement fur les épaules , fans cou ; fes oreilles , faites comme celles de l'homme, ont la conque tournée a peu près de la même façon, avec l'ouverture beaucoMo plus grande. Ses yeux couverts de leurs paupières rèftemblent pour (*^ Redi, Experîmen» Naruralia, &c. P II I L 0 s 0 ? II I Q U E s Sx. 1 II la couleur &: pour la manière dont ils font placés, non aux yeux d'un poifFon, mais à ceux d'un hominc. .11 a le nez plat, les lèvres comme les nôtres. Ses dents pleines & très blanches font rangées comme dans l'hom- me &: non comme dans les poilïbns. Il a la poitrine large, blanche, délicate, les mammcUcs rondes & fermes comme les ont les vierges & non pendantes comme les nourrices : elles font pleines d'un lait très blanc. Enfin Tes bras font plus larges & plus gros que longs , propres à nager, & les coudes peu marqués: les pains portent de petits doigts pointus qui tiennent les uns aux autres par une membrane (Voyez Planché VJ?) Le mâle & la femelle ont les parties fcxuelles femblables à celles de l'homme & de la femme< Le relie du corps finit en queue de poiflbn. On ne fera pas fâché de trouver ici le paflagc entier rapporté par Ruyfch, que je viens de traduire en m'attachant plus à la figure qu'à la lettre, . . Caphtir cert'ts anm temporihus in mari Orkntnû IncVis ad Jnfulas Vijjajas quas Jnfulas Piciorum vacant , fub Bifpanorum domlnio , pïfch quidam cti/SpooTro/Ao^c^^ , id eji bumcma pror fus -figura^ quamideo Pece nutger vocant^ ah indlgenis Duyon. Caput babet rotundum , nulla collï intercarpèdine trunco conpacîum. Ex trémie aur'uim iibrce , quœ ^ auricula mncinantur^ ex cartilagima carne ele- ganter ve^ita , quarum ir.terior pars ampàjpmis formata anfraciîbus , verain boniluls refert au rem ; ociilos j'itis cr- natos palpebris ^ ftuqi'.i S colon non pïfcïs fed hominis jw àkares ; nafo non n'ibil aberrat: ma am inîer utramqiiâ non ufquequaquâ enmiit , fd levl t?'am':te b'i partit ur ;jub eo vero labr.i m.ignitudinz fpeàeque nojîris fmiltîma. Den- tium non quaks irfunt pifcium generi ferraùlum^ fed ph-. mriun ^ candidiflniorum continua jeries. Pe'clus alba ente conî.'^um ^ Une atque bine pan là latius quam pro cor- pore in manimas extubzrans ; nequeeas ut fœminis pendi- culas , fed quaks virghiibus global as , plenas lactis candi- iitJlîmi! Bracb}a non longa fed lata ad natandum apta^ nullis tamen ïpjh cub:tis ^ ulnis ^ manibus^ artïculisvs di~ fihi&a. In adm'mijlris faboli prapagand^e membris in iitro' 113 CONSIDERATIONS que fexu nulla ah hummis difiï;i&io: pofl bac in ft/ceni cauda définît (*}. E CHAPITRE LXXXV. Homme marin ^ Femme marine dejjécbés. N 1755 ou montroit à la foire Saint- Germain à Paris deux poiflbns defiechés, l'un mâle l'autre fe- melle, qui rclîèmbloicnt à un homme & à une femme par le haut du corps jufqu'à la ceinture, ayant la tê~ te^ le vifage, lefcin & les mains femblablesaux nô- tres: ils fentoient la marée. Celui qui les faifoit voir les appelloit Triton & Syrène. CHAPITRE LXXXVI. Defcripïûu d^ime femme marine que Vcn voyoit vivants à Paris en 1758. V^uELQUES années après (f) on vit à la même ^ foire une autre femime marine vivante que Ton confervoit dans un grand balîin d'eau plem d'eau où elle paroifToit fe plaire beaucoup. Elle étoit vive & agile. Elle avoit deux pieds de long. Elle piongeoit & lautoit dans l'eau avec beaucoup de dextérité; lors- qu'elle étoit tranquille, fbn attitude ordinaire étoit d'a- voir le corps droit élevé fur l:i furface de l'eau jus- qu'au defîbus du fein. On lui donnoit du pain & de petits (*) Kircher. Art. Magnet. Lib. VI. p. 6-^S' Iliiyfcli de Pîfcibus ' Tit. m. Cap. 1. (t) En rainice i~58. p ri I L 0 s O P m Q U E s &c. nj petits poifTons qu'elle mangcoit^fe fervant de Tes mains pour les porter à fn bouche. Elle rcgardoit les fpeifta- tcurs, les hommes lurtout, avec une attention qui îinnonçoit la curiolité & le defir, Si qui ne pouvoit Ctre que Teffet du pur inftinct. Elle avoic la peau rude au toucher, la tête nue à l'exception de quelques ap- parences écailleures derrière la tête vers la nnque, les oreilles longues & larges ^ le vifage très laid , le cou épais & honnêtement long, la main droite mal for- mée, aulTl fc fervoit-elle plus ordinairement de la gauche, la poitrine large les mammelles grandes plei- nes & arrondies. A l'égard du fexe, un clitoris fort gros fortoit de la vulve de la longueur d'un demi- pouce. Elle avoit deux efpeces de nageoires aux ai- nes, qui pouvoient fe fermer & couvrir en fe ferriiant les parties fexuelles. Elle avoit la moitié inférieure du corps en qiieue de poilTon couverte d'écaillés. Une nageoire compofée de \]x rayons defcendoit en dimi- nuant de grandeur & d'épailTeur depuis la vulve jus- ques vers l'extrémité de la queue. Cette queue fe ter- ininoit d'une manière particulière qui jlorfqu'elle étoit ouverte ou épanouie, ne refTembloit pas mal au calice d'une fleur. Elle étoit formée d'une feule membrane delà même fubftance que les nageoires, & attachée fur dix rayons. Une moitié pouvoit s'abattre for l'au- tre, & cette queue ainfi fermée relîémbloità un dou- ble éventail. Six portions de la membrane, favoir trois portions correfpondantes de chaque côté, por- toient une marque extérieure. La première du côte gauche étoit un point blanc furmonté d'un petit arc de même couleur. Les deux autres étoicnt compo- lecs chacune de deux arcs blancs qui ,'e rcgardoient^ & dont l'inférieur 5 c'efl:à-dire le plus éloigné du bord de la queue, étoit plus petit que l'autre. Les trois ta- ches du côte droit etoient à peu près femblables. Tel étoit cet ammal fingulier. Mr. Gautier, fi connu par fes planches anatomiques colorées , le vit & le dcffina dans le temps ; c'efi d'après fon deflîn que nous en donnons la hgure (^P/a/icbe /^ Fi^;. 4.) 114 CONSIDERATIONS Cette femme marine diffère en plu fieurs points de celle dont parle Kr.her; celle-là n'avoit point de cou; celle ci en avoit un épais & aflcz long L'une avoic une nageoire fur chaque hanche & les hanches étoient gro es & bien marquées; l'autre avoit les hanches prelque effacées^ deux nageoires vers les aînés, & une plui longue fous la queue. La conformation des oreil- les, des mains j du fexe,& de l'extrémité delà queue difTéroit dans l'une &: dans l'autre, ainfi que le der- rière de la tête qui portoit de petits cheveux dans la Îremière,&: des apparences écailleufes dans la féconde. ,e corps n'avoit pas la même délicatelie de peau dans les deux. Mt» "t^'^i '^-lauL-t^B CHAPITRE LXXXVIL Homme marin vu par Mr. GJower. M Glower en parlant du climats & des produ- ctions de la Virginie (^*},dit qu'il y a peu de pa^'S au anonde où il y ait un li grand nombre de fleuves, que l'on y voit fouvent des raonires marins, qu'il en fi vu un qui parut comme il defcendoit fur un de ces Neuves; que ce monftre avoit une figure humaine, avec la tête, les bras, l'air & le vifage d'un Indien; que fon regard terrible jetta la terreur dans Tâme de tous ceux qui étoient dans fon batteau, jufqu'à cd que plongeant dans l'eau il fit voir fa queue de pois- Ion qui étoit cachée, tandis qu'il fe tenoit debout, la tête & la moitié du corps élevées f.u-defliis des eaux. (*) Traofaction* Philofophiques , & Journal des Savans an, î6f6. P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. 115 CHAPITRE LXXXVIIf. Extrait d'une Lettre écrite de la Martinique^ par Mr, Chrétien , à un Licemié^ de Sorbonne , contenant la, Relation d'un homme marin qui a paru aux côtes dâ cette Jfe leii de Mai 1671. {Planche f^JI.) L E diamant eft un grand rocher fitué au fud ds 5, la Martinique & feparé de l'Ide par un détroit d'u- 3, ne lieue. Les rus des marées contraires qui cou- y) rent furieufement entre les pointes des montagnes 5, voifines, le rendent prcfque inacceffibic. Les oi- „ féaux s'y retirent comme dans un lieu où les dan- 5, gers de la mer & les ^précipices les raiiurent contre 5, les courfes des chalTeurs. Il y en a en fi grande 5, quantité qu'ils font comme de grands nuages au- 5, deiïiis des batteaux qui en approchent; & ceux qui 3, ont la hardiefle de monter au haut de ce rocher, 3, rempliffent fouvent de grands canotsde petits, qu'ils 5, prennent à la main , dans les trous & dans les her- 5, bes d'alentour : de forte que la ftérilité dé ce defert 5, produit j avec une fécondité admirabe, le grand „ nombre d'oifeaux qui peuplent nob bois; & qui 5, font une partie de notre nourriture. Mr. le Géné- „ rai de Baas, ayant fa^ement remarqué que les ha- „ bitans des côtes voifines enlevoient les œufs & les 5, petits, & ruinoient la chafiè de l'IIle par ce pillage, „ a défendu à toutes fortes d'habitans d'aborder cette 55 Ifle durant le temps que les oifeaux y couvent leurs j, petits; & le Sieur de la Paire, Capitaine Comman- dant de ce quartier, a pris un foin particulier de faire obferver cette ordonnance fi utile au Public, 5, jufqu'au 23 Mai, qu'il commanda un canot pour réconnoître la fécondité de ce petit defert. Le Maî- tre du canot, s'étant acquitté de fa commiffion , re- 5, tourna fur une pointe avancée de dix ou douze psis H 2 ii5 C 0 N S 1 D E RA T I 0 N S dans la ircr, élcvcc de huit ou dix pieds au dcfTuS dcTcau, ou un autre François &; quatre Kcgres, qui comporoient fon équipage , l'attendoicnt. ils demeurèrent fur cette pointe julqu'à une heure a- vant le foleil couchant (c'cft environ cinq heures &: un quart-, à la fin de mai, dans les Iflcs), pour attendre que le vent d'eft, contraire à leur retour, s'abaiilât comme il a coutume de faire tous les foirs. Ils fedivertinbientjlorfqu'un jeune François effrayé fit un grand cri qui leur fit auffi-tôt tourner la tête de Ion côté, pour apprendre le fujet de fa crainte; & tous cnfcmble voyant en même temps un hom- me marin à huit pas d'eux, qui avoit la moitié du corps hors de Teau, ils furent faifis d'un etonne- mcntqui, partageant leurs efprits entre la crainte & l'admiration, les arrctoit fans lavoir s'ils dévoient fuir^ ou confidcrer à loifir ce monitre. Il avoit la 5, feize ans; la tête proportionnde^au corps ; les yeux 5, un peu gros , mais fans difformité ; le nez un peu large & camus ; le vifage large & plein ; Ces cheveux gris mêlés de blancs & de noirs étoient plats & ar- 55 59 w . - 5, rangés comme s'ils euffent été peignés, & lui flot- „ toient fur le haut des épaules; une barbe grife^^éga- 99 55 55 53 lement larse partout, lui pendoit fept ou huit pou^ ces fur l'eftomac qui étoiî couvcpHtc poil gris com me aux Vieillards, le vifage^ le cou & le relie du' corps étoit médiocrement blanc; on n'a rien remar- 5^ que de particulier au cou, aux bras, aux mains, 5, aux doigts, ni au refte du corpsqui fortoitde l'eau, 5, fi ce n'eft qu'il n'étoit pas couvert d'écaillés, ou de 3, poil, & qu'il paroiffoit avoir la peau aifcz délicate, „ La partie inférieure depuis la ceinture, que l'on „ voyoit entre deux eaux, étoit proportionnée au 5, refte du corps & femblable à un poiffon, & elle le ,^ terminoit par une queue large & fourchue, comme •„ vous le vo)^ez dans la figure ici jointe (P/^7«6'Z'^/' Y/) ,5 L'ctonncment que cette vue caufa d'abord aux 55 5Î 55 55 5' 55 35 P II I L 0 S O P II I Q U E S &c. 117 François & aux Nègres, ne leur permit pas de la bien dillin^^ucr la première fois ; maii s'ec;;nt remis de ce premier trouble, & ie monrtres''etanL montré fur l'eau plufieurs fois, & fort longtemps, ils cu- rent le loifir de remarquer diftinftement toutes les parties dont il étoit compofé. Le plus jeune des François, à qui les dangers continuels ont appris à ne rien craindre, fe fanuliarifant peu à peu avec 5, lui, l'appella en le fifflant, comme on appelle les 5, chiens. Un des Nègres voulut jetter une ^rofîe li- 5, gne pour le prendre. Il fe montra la première fois à 5, huit pas du rocher. Il fe montra plus près la fe- 5, conde fois, & vint enfuite tout proche de la poin- 5, te, où les François & les Ncgrès étoient aflîs; & 5, puis fe retirant vers l'eft le long d'un herbage qui 5, eft au pied de ce rocher, il fe tourna plufieurs fois, a, & s'arrêta longtemps fur l'eau, comme s'il eût pris 5, plaifir à voir & à être vu , fans s'efiàroucher ni lé- 5, raoigner aucun ctonnement; & cnlin il difjparut au 5, commencement de la nuit. „ Ce récit ayant été fait premièrement à un Père 5, jefuite^ qui faifoit mifli;.n dans les côces du voifi- 5, nage, où la mort de Mr. Rozel très- fer vent Ecclé- 5, fiaftique, a laiîTé une Fglife de plus de mille per- 5^ fonnes fans p:ifteur; & enfuite la même chofe ayant 5^ été rapportée au Sieur de la Paire Capitaine de ce 5, grand Quartier ; fa nouveauté la leur rendit fu- 5, fpc6te,& les obligea d'en faire une information avec 9, toute l'exa'5titude que peut donner la crainte d'ctre 5, publiquement trompé. Ils prétendoicnt au coni- „ mencement en détromper le peuple qui a toujours 55 trop d'inclination à croire les chofes extraordinai- 5, res, & qui peuvent fervir d'entretien; mais ayant „ vu que les témoins répondoient à cent queftions 5, qu'on leur faifoit, fans fe contredire, ils furent à „ la fin obligés de croire ce récit comme véritable, 5, qu'ils n'avoient confidéré d'abord que comme une 5, iablc. Le Sieur de laPaire fit recevoir juridiquement „ leurs dépofitions par un Notaire, en préfence des H 3 ji8 CONSIDERATIONS 5, Officiers & des Perfonncs les plus confiderables du j5 quartier (^). „ Il fcroit difficile de faire une recherche phis ri- 5, goureufc. Un Religieux & un Capitaine de mérir 5, eC, à qui plufieurs campagnes ont donné de l'ex- 5, péricnce, y ont employé toute leur adrefle, en fé- 5, parant les témoins les uns des autres, pour les in- „ terroger, en leur faifant des demandes concertées „ entre eux pour les faire couper. Aufli Mr. le Gé- 3B ncral de Baas , a qui l'efprit, l'expérience , & la „ lefture donnent une merveilleufe vivacité pour ju- y, ger des chofes , n'a pas cru qu'on y dût rien ajour ^ ter pour la rendre plus autentique. „ Le témoignage de deux François eft confidéra- 5, ble , en ce qu'ils n'ont rien qui les oblige de faufler 5, le ferment folcmnel qu'ils ont fait de dire la vérité. „ Mais ce qui doit rendre, cette hiftoire encore plus 5, certaine, eft le témoignage de quatre Negrès qui, 5, étant féparés les uns des autres , ont tous conftam- 5, ment dépofé la même chofe. Ceux qui connoilTent 5j leur naïveté &_leur frupidité , jugeront ai fém.ent 5, qu'ils ne pourroient convenir dans le même témoi- 55 gnage, s'ils n'avoicnt vu la même chofe ;& qu'avant 3, aflez peu de mémoire, il leur feroit impoffible d'ap- 3, prendre en (i peu de temps à feindre une fi longe „ hiftoire. De plus ce n'eft pas une vifion pailàgère , 5, & d'un moment, ou confufe & de nuit; ils ont vu 5, ce monftre en plein jour ^ & pendant une heure ; 55 ils l'ont confidéré à loifir; ils s'en font entretenus, 5, & ont diftinftement remarqué toutes ces particula- „ ri'iés qu'ils ont depofées. Ajoutez à cela que ce 5, n'eft pas le premier homme marin qui a paru .... ^ (t). Celui qui parut il y a quelques années aux ^ côtes de Bretagne, proche de Belle- Ifle, étoit tout (♦) On en trouvera le procès - verbal à la fîii de cette Rc- îation. (t) Ici Mr. Chrétien cite quelques-uns des tommes mm'at^ fipnt nous avons parlé ci-dellus. P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. 119 55 lemblable à celui qui s'eft fait voir cette année dans ,, l'Amérique. „ On s'eft informé fi les bras étoient proportionnés 5, au corps, s'ils étoient plats, & fi les doigts de la „ main étoient attachés enferable; s'ils avoient des aî- 5, leronsj comme on a fou vent remarqué en ces for- 5, tes de monftres, qui avec cela font plus propres à 9, nager. Mais les témoins n'ayant pas fait ces ré- 3, flexions, n'ont pu latisfaire la curiofité de ceux qui 55 les interrogeoient;ils ont tous affuré qu'ils l'avoicnt ^, oui fouffler du nez, & qu'ils lui avoient vu palTer ç, la main fur le vifage &: fur le nez, comme pours'es- 5, fuyer & fe mouciier. U n'a f.it aucun bruit de la „ bouche qui ait pu faire connoître s'il avoit de la ç, voix (*). „ Il eft croyable que ce monftre s'étant fouvent vu „ dans l'eau, comme dans un miroir, ou en ayant j5 vu d'autres femblables dans les mers,regardoit ceux 9, qui compolbient l'équipage du canot, avec un plai- 5, fir que la reffemblance fait naître. Les témoins lui 5, trouvèrent le vifage farouche; mais peut-être qu'un 55 refte de frayeur le leur faifoit paroître plus fier qu'il 5, n'étoit en effet. „ On laiflé aux curieux à conjecturer fi c'eft un g, monftre, ou une efpece féconde; & fuppofé que ce „ foit un monftre de quelle manière il a pu êtçe en- „ gendre. Nicolas Rimber rapporte que la famille 5, des Marinis en Efpagne eft venue d'un Triton & „ d'une fille dont il eut" la compagnie. Mais de favoir 5, s'il eft aulïï femblable à l'homme dans les parties 5, intérieures que dans les traits du vifage, s'il peut 5, vivre & engendrer dans l'eau; c'eft aux favans à 5, décider ces queftions, & à nous à rapporter fidéle- „ ment ce que nous en avons appris (t)-" (*) Les hommes marins ont une forte de voix, ou de cris", & fc plaignent, au rapjjort de quelques modernes : ce que les 4U' tiens , n'ont par ignoré , comme on le \ix dafiS PUne, Ct^ Jourual des Savans Aanée 1671. H4 i:o CONSIDERATIONS Nous allons joindre à cette Relation la copie du Fro- cès-verbal qui en attcftc la vérité. Quoiqu'il Ibit déjà rapporté dans d'autres ouvrages {^^). Nous croyons qu'il elt clîcntiellement nécellaire ici: c'eft pourquoi nous ne faifons aucune difficulté de le répéter. CHAPITRE LXXXIX. Copie ^/V/« Verbal fait à la Mari'uùque de P apparition if an homme marin fur ks bords de Plfi du Diamant. j, V>^e]ouiid'hui 31. jour de Mai 157 1. nous Pierro 5, Liicc"sieur De Lapairc, Capitaine commandant les 5, quartiers du Diamant; fur l'avis qui nous a été don-? 5, né par le Sieur le Gras, Enfeigne de notre Com- „ p. gnie. que les gens que nous avions envoyés à l'Ifle 3, du Diamant aiiroient vu apparoître & diftingué vé^ 5, ritablement un monltre marin en figure d'homme, 5, lequel le ièroit arrêté plulîeurs fois auprès d'eux, &ç 5, regardé fixement, ce qui les aurait obligés, n'ayant 5, aucune arme, de fe rembarquer dans leur canot 5, qui les avoit portés au\ Iflesdu Diamant, pour rcr . 5, veçir à la grande anfe d'où ils étoieut partis; ce 5, qui nous auroit obligés de partir du quartier de la j, Rivière-Pilote pour nous rendre au quartier de la 3, grande anfe du Diamant, auquel lieu étant arrivés, 5, nous aurions rencontré le R. Fere Julien- Simon, 5, très- digne Religieux de la Compagnie de Jefus, pour „ faire la million ordinaire de temps en temps, lequel ,, nous auroit auffi dic qu'il en avoit été pareillement icroit a propos d'en faire une ^5 averti , & qu'il feroit a propos d'en faire une exa^ftç 3j inquifition pour en fivuir la pure & fihcère vérité. „ i'our à quoi vaquer nous aurions appelle aupr^ (*_) Tellirtmed, ou Entretiens d'un Philoloplic Indien fiir k çtlmmutiou de la mer avec un Miliioniuirc François. f P II I L O s O P II I Q U E s. Gic. I2Î do nous I\le. Pierre de Bcuilie Notaire dc^ quartiers de notre Compagnie, & le die Sieur le GraS;, ci en preil-nce du R. P. Julien-Simon, après avoir lait venir Cyprien Poyer habitant au d:c quartier, jii- lien Vattcmar auflî habitant, Anure Nei^re du Sieur Dciforges auffî habitant du quartier, Abraham Nè- gre du nommé Alexandre Derchamp:v, & Pierre Nègre d'un nommé Noël le Moullc dit la Rozière, tous enfemble étant ceux qui avoient vu la dite ap^ 5, parition, & les ayant féparément & à part ouls, j, d'eux pris ferment de dire venté, ont dit. Premièrement. s, Cyprien Poyer, natif de Rozé en Caux, a ,, dit & dépofé ce qui fuir: Qu'étant arnve le mann aux Mes du Diamant far les fept à huit heure- du matin, le famedi vingt-troifiémc du mois prefonc, & voulant s'en retourner fur le fur, environ une heure avant foleil couclié, le temps, étant claT Si fcn-ein , il auroit vu diftinAement un montlre ma- rin ayant la figure d'homme depuis la tête jufqu'a la ceinture, & depuis la ceinture jufques en- bas la figure d'un poilTon, terminé par une queue f )ur- chue femblable à celle d'une Carangue. Et ayant été interrogé des particularités, il a dépofé ce qui fuit: la tête étoit femblable à celle d'un homme, les yeux, la bouche de même, le nez camus, le „ vifage large & plein, la barbe grife mêlée de blanc 5, & de noir, pendante d'environ fept à huit pouces 5, & fort large, les cheveux gris,pendans fur l'extré- 5, mité des épaules, & fort plats, unis comme s'iis „ avoient été peignés, la gorge & le rcfte du corps ., médiocrement blancs, ou il n'a remarqué aucunes „ particularités, la poitrine poilue à la façon des vieil-. ^, lards, la taille petite %c comme d'un jeune homme ,, de feize à dix- fept ans: il s'eft montré trois fois; lu 5, première, environ à huit pas du rocher; la féconde ;, environ à quatre pas; & la troiliéme à tro.s pieds 122 C 0 N S ï D E R xi T I O N S près d'eux, fe tournant pour le regarder, quietoit tout près dudit Iflet ^ forçant moitié du corps hors de la mer, ayant la mine fière, portant la main plufieurs fois fur le nez &: fur le vifage comme pour s'eflayer; ce qui épouvanta le dit depofant & fes Compagnons, lequel n'ayant point d'armes , fe rem- barqua après avoir vu ledit monftrc s'écarter vers la Savane dudit Iflet , & les regarder dilVinitement les uns après les autres; après quoi il fe plongea en mer j (ans qu'ils l'aient revu. C'cft tout ce que le dit Depofant a dit fçavoir, & a pôle fa marque, déclarant ne favoir écrire ni figner ; de ce enquis fuivant l'ordonnance, après Lecture à lui faite, a perfifté: Si far la minute eft appofée une croix, marque ordinaire du dit Cypricn Poyer. Secondement. 5, Julien Vattemar, âgé de dix-fept ans, a dé- pofé en préfence de fon père, ce qui fuit: Qu'étant fur le dit lllet avec le dit Depofant, il a vu un monftre marin ayant la figure d'homme jufqu'à moitié corps, le "refte en façon de poiflbn. 11 n'a pas diftingué la queue ; la tête , le vifage , les joues , les mains, la poitrine n'ont rien de différent de la figure humaine; le nez etoit gros, la barbe grisâ- tre, longue partout également ; fe tenant noa fort loin de la terre : ibs oreilles étoient fort larges. Le dit depofant appella le monftre en fitflant, &; difant taJs^ îa'.s^ comme à un 'barbet, & s'étant appro- ché par trois fois, fe retira tournant fou vent la tê- te pour les regarder; & quand ii lui entroit de l'eau dans le nez, il la fouffloit, comme un chien qui rcniffle. Ca font tous les propos tenus & donc le dit depofant s'eft fervi; & tout vis-à vis la Savane alla au fond fans qu'il l'ait revu. _ C'eit tout ce que le depofant a dit favoir, & a mis fa marque en pré- fence de fon père , à qui il a fouvent fait la même déclaration; & fou» la dépofitionj à la minute eft P H L I 0 s O P H I Q U E s &c. 123 „ appofc un]. & un V. marque ordinaire du uit ju- 3, lien Vattemar, & fignc Vattcmar. Troisièmement. 5, Abraham, Nègre du dit Alexcindre Defchamps, 5, d'environ dix-neuf ans, a depofe ce qui fuit: Qu'il 5, a vu un homme bâti comme un liomme, la tête 55 grofle comme une PerHmne, les cheveux gris & la g, barbe grife, large, & le nez gros^ la poitnno poil- 5, lue de poil gris, la queue large & fendue comme 5, une carangue. Il les regardoit entre deux yeux ; 5, le Dépofant voulut le prcndreavec unelignCjayant 5, pourtant bien peur, fe tenant fur les rochers pour 5, fe regarder. 11 a renifflé comme une perfonne; il „ a fait trois plongeons, & ils ne l'ont plus vu, la 5, mer étant devenue trouble, ils ne l'ont point vu 5, depuis; c'eft la manière dont il a fait fa depofition; 55 à quoi il n'a rien voulu changer. QUATRIKMEMENT. „ André, Nègre du Sieur Desforges, a dépofë ce p, qui fuit: j'ai vu bcte faite comme homme dans la 5, mer; cheveux longs, épaules, un poil gris; barbe -,j ly gris, large comme main; f^r devant le corps 5, tout de-méme comme homme, le cou blanc, poil 5, gris fur le fein, la queue tout de même comme ca- „ rangue : ly veny trois fois fur l'eau , & gardé nous 5, toujours avec fes gris yeux ; my teny mouche per 5, ly faire; autre Nègre coury après ly pour prendre „ comme ligne , luy cacher dans la nier , & puis pu 5, voir lui. Cinquièmement. 5, Pierre , Negrc du dit Noël le Moulle de la PvO- „ zière, a dépofé ce qui s'enfuit, & dit: moi miré sa uo homme en mer du Diamant , moi miré lui trois 124 CONSIDERATIONS . 5^ fois; lui reny tête, bon vifagc de ly coiiime mon- 5, dei ly teny grand barbe gris, ly forty hors de „ l'eau, regarde nous. Je vou^moi prendre lui dans 5, ains pour prendre lui, moi teny petit peur, non „ pas grand, non; & puis lui, & puis lui caché: lui ^ ibuvent gardé nous. Se pourtant lui teny queue 5, comme poiiion. Ce font les termes du di^t Dépo- 55 lant. „ Et Pierre, Nègre du dit Sr. le Gras, âgé d'envi- 5, ron 22 ou 23 ans, a dépolë ëi dit: Moi miré bcce, lui teny yeux, teny barbe, teny mains, teny 55 „ épaules tout comme liomme, teny cheveux & bar- 3, be grire,non pas blanc: moi non pas miré bien lui. parce que lui étoic dans l'yau, lui fembloit pour- tant poillbn, moi teny peur, autre dire, c'eil un ange monde; lui regardé pltifieurs fois; lui aile con- tre S.ivanne, &: puis lui caché dans l'yau, & moi non miré lui davantage: & c'elt la manière de par- ler du dit Dépofant. „ Ce font lesdépolitions de tous ceux qui étoient dans le dit Canot, qui ont perfilléplufieurs jours dans leurs dépoficions; lavoir depuis le vingt-trois du dit préfent mois jufques à ce jour. „ Fait à ia grande anfe du Uiiunant le jour & an que delilis, en prélence des témoins ci-deflus Hg- nés. Ainfi figné fur la minute, Julien-Simon de la Compagnie de Jefus, la Paire, le Gras^ J. Galleau, Alex. Barbier, Claude Barbe, Martin de J. N. Du- puy , & de Beuille avec paraphe , Greffier. „ Collationné fur la minute par le Notaire Royal , en cette IHe de la Martinique fouffigné, ayant celle des précèdens Notaires du quartier du Diamant & autres quartiers circonvoifins. Délivré ces préfen^ tes à M. de Hruterive, au Diamant de ladite Ifle, Etude du dit Notaire fouffigncSle 5 Juin ijai.Sigiîé GOGU£T." P H I L O s 0 P il I Q U E s &c. 125 CHAPITREXC. Homm marin pèche en 1737 ^prh cC Exeter en Devonshtre, Extrait dit Wonderfal Magazine for Scptem- ber 1764. E N 1737, des pcchciirsjettant leurs filets prés d'Exe- ter, furent furpris en le retirant, d'en voir fortir une efpcce d'animal à figure humaine qui refauta dans Peau aufll-tôt & fe mit ù nager. Les pêcheurs lui donnè- rent la chafTe à force de rame ; & ne pouvant le prendre vif, ils lui portèrent plufieurs coups de per- che, & le prirent à-derai-mort: il foupiroit comme im homme. Ils avoic deux efpeces de pieds antérieurs, ou de mains, dont les doigts étoient unis enfemble par une membrane comme Tes pattes d'un canard. Du rcire il avoit les yeux, le nez & la bouche parfaite- ment refîemblants à ceux de l'homme: feulement il avoit le nez écrafé & aplatti. La partie inférieure de fon corps fe terminoit en une queue femblable à celle d'un faumon. La longueur de ce poiflbn-homme étoit de quatre pieds depuis l'extrémité delaqueuejufqu'au fomraet de la tête. 125 CONSIDERATIONS CHAPITREXCL Mictrait des Dialogues faits à Pim'itatîon cie^ Anciens par Orattus Tubero (Lamotic-le Vayer), au juja des hommes marins: Dialogua II. inùtuie^ le Banquet Sceptique. 35 .1 J£S Portugais ont trouvé aux Indes Orientales 5, leur Pefcadomuger (*) fi rcIVcmblant à la femme, 5, qu'ils lui en ont donné toutes les fondtions. C'eft 5, le même poiflbn avec lequel les Ncgres duMozam- 5, bique difent fe ratîraichir grandement, en en abufant 5, même étant mort. Ce qui me tait encore douter g, qu'il pourroit être auffi le même qu'Agatarchides 3, appelle /Eîhiops (f) , & lequel au commencement 5, les pêcheurs ne voulocnt ni vendre ni manger, à 5, caufe de fa forme & reilemblance humaine A quoi 5, les Syrènes & Néréides des Anciens (j) fcmblent -,, pouvoir être rapportées; & peut-être ce que Ni- 5, colo Conti nous conte, qu'en la rivière qui paffe à 3, Cochin , il fe trouve des poilTons de forme fi hu- 5, maine, qu'étant pris, comme ils font fouvent, on „ y remarque jufqu'à la différence du fexe aux mâles 5, & aux femelles, toute pareille à la nôtre; ajoutant 5, qu'ils ont bien l'induibie, lortant de l'eau la nuit, 5, de tirer du feu des cailloux qu'ils trouvent, & en 55 allumer du bois, à la kieur duquel ils prennent les jj autres poiflbns qui accourent. j. Les Uros d'Acolla (§), qui habitent la grande „ Lagtme Tidcaca, fe diioient n'être pas hommes. (*j Poiflbn-femmc. f +3 Apud Photiinn. (J.) Plia. Mift. Na:. Lib. IX. Cap. V. Ce pafliage efl: rapporEdj en entier dans le Chaniire fiih'ant. CD Liv. III. Chapitre X\'m. P H I L O s O P II I Q U E s &c. 127 5, mais Uros feulement ; & à la vérité il nous les dc- ^ crit, comme une différente efpece d'hommes aqua- j, tiques. Sur quoi je ne puis me tenir de vous ex- j, pofer ici la penfée d'un des plus fublimes & méta- ^, phyliques efprits de ce temps (^) ^ qui s'étoit per- j5 luadé que le genre humain étoit originaire de quel- ^, ques Tritons ou femmes marines; foit qu'il eût j, égard à l'opinion de Thaïes qui tenoit l'eau pour le ^ feul élément de toutes chofes. Oceanum Divum genejim Tetbymque parenUm. Hotmr. 5, Soit qu'il regarde les cataclifmes & déluges univer- „ felS;, après lefquels ne reftant plus que les animaux 5, aquatiques, il crut que par fucceffion de temps, ils 5, fe faifoient amphibies, & puis après terreftres tout- „ à fait : fon opinion fe trouvant auffi fort authorifée „ de celle des Égyptiens dans Diodore de ficile, (f), 5, qui tendent l'homme , iacufirs animal & piludibm 55 cognatumP CHAPITRE XCII. Extrait du neuvième Lwn de rHifioîre Naturelle di Pline. H/MFiN les anciens n'ont pas ignoré l'exiftence des hommes marins & des femmes marines. Ce font leurs Tritons, leurs Syrènes ^ leurs Néréides, & quoiqu'ils aient mêlé beaucoup de fables à ce qu'ils en ont dit, le tout n'eft pas fans fondement. C*) D. I et) I-ib. Polo, laB CONSIDERATIONS On lit dans Pline ce qui fuit: „ Du rogne de l'Em- „ pjrcur Tibère , ceux de Lisbonne lui envoyèrent „ des Ambaii'adcurs exprès, pour l'avertir qu'en leur 5, côte de mer on avoit découvert un Triton jouant „ du corncL en une caverne , & qu'il étoit tel qu'on „ le.-, dépeint ordinairement. Quant aux Néréides ou „ Syrenes, elles ont véritablement le corps tel qu'on 5, ]êi dépeint: hormis qu'elles font après & écaillées," „ es parties efquelles elles retirent à la figure humaine; „ car on en a vu en la même côte & plage; & même „ les gens du pays en ont oui plaindre une de loin 5, lorfqu'elle mourut. „ D'ailleurs le Gniverneur des Gaules a certifié à» „ rEmpereur Augufte par lettres exprelTes qu'on avoit „ trouve fur la piageplulleurs Néréides mortes, //^/w, „ j'ai pour témoins pluficurs hommes d'armes Ro- 5, mains, gens d'honneur & de crédit, qui m'ont af- 5, firme avoir vu en la côte d'Efpagne un homme 5, marin, aj^ant entièrement forme d'homme, & di- 5, f jient qu'il fe jettojt de nuit dans les fuftes & bri- 5, gantins, & qu'il étoit fi pefant & fi a6tif qu'il les 5, faifoit enfoncer la part où H étoit. 5, Du temps de l'Emp^^eur Tibère, es côtes de Bre- 5, tagne, la mer fe retirant laifla fur la grève, en une 5, certaine Ifie, plus de ç^oo bêtes marines, de gran- 5, deur & variété admirables, & on en trouva quafi ., autant es côtes de Saintonge fur la Rochelle: en- 5, tr' autres bêtes on y trouva des éléphans &: des be- 5, liers qui avoient les cornes comme les terrellres, 5, hormis qu'elles étoient blanches, &: même y avoit j, plufieurs Néréides (^3.'* CHA- O Traduction de Diipinet. P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. i2(> CHAPITRE XCIII. Homme mar'm & femme marine vus dans k Nil en 5912, JL L s'en faut bien que j'aie épnifé toutes les relations des hommes marins & des femmes marines. En voici encore quelques-unes aufli-bicn conftatces que les pré- cédentes. ,, En l'année 592. le 18 du mois de Mars, un O^f- „ ficier d'une des villes du Delta, ou de la jBaHe- 5, Egypte, fe promenant le foir avec quelques-uns de 5, fes amis fur les bords du Nil, ils apperçurent afléz 5, proche du rivage un homme marin fuivi de fa fe- 5, mellc, le mâle s'élevant fouvent fur Teau jufîju'à „ fes parties naturelles, & la femelle feulement jus- 5, qu'au nombril. L'homme avoit l'air féroce & le 5j regard aifreux, les cheveux roux & un peu héris- 5, &s^ la peau brune; il étoit fcmblable à nous par les parties que l'on appercevoit. Au contraire l'aii* 3a du vifage de la femme étoit doux; elle avoit les cheveux longs , noirs & flottans fur les épaules, le corps blanc, les mammelles enflées. Ces deux mon- ftres relièrent près de deux heures à portée de là vue de cet Officier, de fes amis, & de tous ceux du voifmage accourus au bruit d'un fait 11 extraordi- J9 •*& 5, naire. Ils parurent une heure avant le coucher du 5, fbleil ; & il n'y eût que les ténèbres de la nuit qui 5, les dérobèrent aux yeux des fpeétateurs. On en 5, dreffa une atteftation fignée de l'Oflncier & de plu- j, fieurs autres témoins ; & elle fut envoyée à l'Em- 5, pereur Maurice qui régnoit alors à Conftantino- « pie (*). La dcfcription de la femme marine s'accorde fort bieû avec celle du Puce muger dont il a été parlé ci-dcffus C3 TelliajBcd, Tome U. 130 CONSIDERATIONS (*y. une figure douce, un corps blanc, des mrim- mcUcs larges, pleines & enflées. Seulement celle-ci avoit de longs cheveux noirs & flottans fur ces épau- les , comme celle que vit le Capitaine Schmidt en 1614 et), au lieu que celle dont Redi , Kircher & Ruyfch font mention les avoit plus courts. Du refte ces deux polirons à figure humaine remon- trèrent une heure avant le coucher du foleil , ainli que l'homme marin vu fur les bords de l'ifle du Diamant CHAPITRE XCIV. Homine marin vu par k Sr. Larcher , bahttant du Fort -Royal, ^ 'ajouterai un fait notoire à la Martinique, & poftér'ieur de plus de trente ans à celui de 1(571. que j'ai rapporté. 5, Le Sr. Larcher, habitant du lieu, revenant un 5, jour au Fort -Royal de l'habitation qu'il avoit aux 5, trois Ifles, & étant dans fon canot armé de huit 55 Nègres , la tête tournée à la mer d'un côté , & les 3, Nègres de l'autre, ceux-ci s'écrièrent tous à la 5, fois : Un Beqttet à la mer ; ce qui dans leur langage 5, fignifie, un homme blanc à la mer. A ce cri, le Sr. 5, Larcher ayant tourné la tête vers eux , n'apperçut 5, plus que le bouillonnement des flots à l'endroit où 3, le monftre avoit difparu. Les huit Nègres atteftè- 3, rent feparément qu'ils avoient vu un homme tel 3, que les blancs élevé fur la mer, de la ceinture en „ haut, & les regardant; ajoutant qu'il s'étoit enfon- (0 Chapitre LXXXIV. (10 Voyez ci-delTus Chapitre LXXX, P II I L 0 s 0 P H I Q U E s Sic. i^i ■'^ ce dans la mer au moment qu'ils avoient crié, im CHAPITRE XCV. Ufie femme S une fille marims. PRES cette multitude de témoignages & de rela- tions au fajet des hommes & des femmes aquatiques, on voit que ;,, ces exemples ne font pas auflî rares „ qu'on pourrait fe l'imaginer; & s'il Te rencontre „ de ces homm.es marins dans les mers les plus fré- „ qucntécs, n'eft-il pas vraiferablable qu'ils doivent ,j fe rencontrer encore en plus grand nombre dans „ celles qui baignent des côtes defertes ? „ On lit dansl'Hiftoire de Portugal & dans les Re- „ lations des Indes Orientales, que s'étant fait un jour 5, une pêche à la pointe de l'Inde d'une troupe de „ Tritons , ou hommes marins , on ne put en faire 5, parvenir au Roi Dom-Emmanuel qui régnoit alors , „ qu'une femme & une fille, tous les autres au nom- „ bre de quinze étant morts, ou auffi-tôt après leur „ fortie de la mer , ou dans le trajet des Indes à Lis- 5, bonne. Cette femme & cette fille étoient d'une „ triftefTe extrême: rien ne pouvoitlcs rejouir; & el- „ les mangeoient fi peu qu'elles diminuoient à vue 3, d'œil. Le Roi touché de leur état, & peut-être 5, pouffé d'un efprit de curiofi té j ordonna qu'après les „ avoir attachées d'une chaîne légère, on leur lais- „ fat la liberté de retourner à la mer dans quelque „ endroit de peu de fond. On ne les eut pas plutôt „ mifes en état de le faire, qu'elles s'y jettent avec 5, empreffement j & que^s'y étant plongées , elles joué- 5, rent enfemble , & firent dans l'eau 3 où on les re- (*) Telliamed, Tome II. I 2 152 CONSIDERATIONS „ marqnoit parfaitement, cent tours qui témoig:TJoîent „ leur fatisfadtion & leur joie. On les y lailla plus de ,, trois heures, fans que jamais dans cet intervalle 3, elle:» s'élevadent au delTus de l'eau pour refpircr. ,5 Depuis ce j' mener lous ies jours „ au même rivage, & de les lailler jouir du même ., plaifir, à la faveur duquel elles vécurent encore „ quelques années. Mais jamais elles ne purent ap- „ prendre à articuler une feule parole C*J." Ainfi les favans de Harlem entreprirent inutilement de faire parler la Syrcne prife en VVeftfri'e, laquelle conferva auflî un infiincl marqué pour l'eau, comme les deux dont on vient de parler. CHAPITRE XCVI. Homme tnar'm conduifant une petite, barque, 5, I j E fait que je vais rapporter eft d'une autre es- 5, pece, & encore plus llngulier. Sur la tin du fiecle „ dernier, un vaiffcau Angiois de la ville de HuU, „ fuuce à foixante milles de Londres fur la côte fep- „ tentri(.;nale d'Angleterre, étant à la pèche de laba- „ leine dans les mers de Groenland, a cent cinquane „ lieues de terre, fe trouva environné vers !e midi „ de fi fixante ou quatre-vingts petites barques, dans „ chacune derquelles il y avoit un homme. On ne ., les eut pas plutôt découvertes, que les chaloupes du „ vailTeau tirent force de rames pour en joindre quel- 55 ques unes -.mais ceux qui montoient ces barquettes, 5, qu'ils conduifoient avec deux petites rames, s'en 5, étant apper^us, &: voyant que_ les chaloupes les 5, gagnoient;, plongèrent tous à la fois dans la mer avec (*^ Là-môme. P II I L 0 s O P H I Q U E s &c. 133 ,5 leurs barques, fans que de tour le jour il en reparut 5, une feule. Celle-ci revint fur IV au un inlbint après^ „ parce qu'en piongcant une de fes rames s'étoitcaiïee. „ Après quatre heures de chjlTe, & cent nouveaux „ plongeons que faifoit la barquette à mefure que les 5, chaloupe;-; L.pprochoient^ elle fut prife enfin avccce- ., lui quilaconduii7)ic. On le mena àborddu vaiffeau^ „ oi'i il vécut vingt jours, fans jamais avoir voulu prcn- „ dre aucune nourriture, & fans jetter aucun cri, ni 5, pouHèr aucun Ion qui pût donner à connoître qu'il „ cûr Tuf ge de la parole, foupirant p airtant fans „ celle, & les larmes coulant de fes jx'ux. 11 étoic „ fait connue nous avec des cheveux & une barbe as- 5j fez l'-nguc; mais de la ceinture en bas fon corps 5, ctcji' tout couvert d'ecailles. ,, A l'egi.rd Je la barcî-'iette elle avoit huit à neuf j,, pieds de l«'ngueur, & etoit tort étroite fartout aux ,j extrémités, les mcMubres en étoicnt d'os de pois- 5, i-m, juLju'i.u liege fur lequel l'homme étoit place. „ E le etoit couverte en dedans & en dehors de peaux 99 îj 59 de chien marin bien coufues les unes aux autres. Cette efpece d'embalage étoit ouvert au milieu de ia grandeur néceiiaire pour y introduire le rameur; 5, & cette ouverture étoit garnie d'une efpccede bour- fe ou de lac de la même peau, donc l'homme in- troduit dans la birque jufqu'a mi-corps fe ceignoit fi parfaitement avec des bandes auffi de peau de 5, chien marin 3 que l'eau ne pouvoit y entrer De- vant lui étoient deux morceaux de la même peau attachés fur la couverture, où ils formoient deux 5, efpcces de poches. Dans l'une on trouva des lignes a, & des hameçons faits aulTi d'os de poiflbn; & dans l'autre des poilTons qui paroifîbient avoir été pris depuis peu. A côté du rameur étoient deux peti- tes rames, attachées au batteau ou panier par deux b »ndes faites aufïî de peau de chien marin. Tout cet attirail, avec l'homme defleché, fè voit encore 5, aujourd'hui à HuU dans la falle de l'Amirauté; & le Procès- verbal de cette découverte, dûment attc 1 S 134 CONSIDERATIONS „ ftéc par le Capitaine du vaiffeau & par tout ri:qui- 55 page, fe trouve dans les archives de cette Juris- 5, didion.'' Quoique la relation de cet homme marin ne difè point que la partie inférieure de Ton corps fût termi- née en queue de poillbn , on peut raifonnablcment le conjcdlurer d'après CCS paroles, que ch la ceinture en bas fin corps étoittottt couvert ^/Vrrt/V/c'Xjlefquelles m'au- torifcnt à le mettre au nombre des bimanes, & ù le croire de la même cfpece que le monllre vu fur les bords de l'Illc du Diamant. J'avoue néanmoins que fans cette circonrtance, celle du procès-verbal, &rexi- itcnce t^s, pièces confcrvées encore aujourd'hui à HuU dans la falle de l'Amirauté, je ferois tenté de prendre cet homme marin pour un pêcheur, de ceux dont il clt parlé dans rKiftoire Naturelle &: miorale d^(:^ illes Antilles, par le Sr. de Rochefort, dont nous allons donner un extrait. La forme & la matière des bat- tcaux de ces pêcheurs font abfolument les mêmes que la forme & la matière de la barquette de cet homme marin ; &: quant au grand éloigncmcnt de terre , on lait que ces pêcheurs font des courfes confidérables. La crainte d'en impofer au Ledleur dans la moindre chofe, & de mêler des récits faux ou douteux à des faits avérés m'oblige de tranfcrire ce qui fuit. CHAPITRE XCVIII. Extrait de PHiJîoire Naturelle §f imrak des fjïes ^Antilles ^ par le Sr. de Rochefort^ Livre L Chapitre XVI L U, N Capitaine étant parti de Zelande fur la fin 5, du printemps de l'an 1656 , en intention de décou- „ vrir quelque nouveau commerce dans les terres du îj Nord 5 arriva fur la fin du mois de Juin dans le Dt-^ P H I L 0 s 0 P lï I Q U E s &c, 135 ^ tro'it dî Davis ^ d'où étant entré dans une rivière ., qui commence au Ibixante quatrième degré & dix j, minutes delà Ligne en tirant vers le Nord, il fie ,5, voile jufques au feptante- deuxième. ... 5, Des que les habitans du pays qui ctoient à la pê- „ chc eurent apperçu le Navire, iis le vinrent recon- si noître avec leurs petits efquifs qui ne font faits que „ pour porter une feule perfonne. Les premiers, qui j, s'ètoient mis en ce devoir, en attirèrent tantd'au- 5, très après eux, qu'ils compoferent en peu de temps „ une efcortede foixante & dix de ces petits vaiiîèaux „ qui n'abandonnèrent point ce navire étranger, jus- 5j ques à ce qu'il eût mouillé à la meilleure rade, où ,, ils lui témoignèrent par leurs acclamations , & par „ tous les lignes de bienveillance, qu'on peut atten- „ dre d'une nation fi peu civilifée, la joie extraordi- 5, naire qu'ils a voient de fon arrivée. Ces petits vais- 5, féaux font fi admirables, foit qu'ils foient confidé- 5, rés en leur matière, foit qu'on ait égard à la racr- 3, veilleufe induftrie dont ils font façonnés, ou à la „ dextérité incomparable avec laquelle ils font con- 3, duits, qu'ils méritent bien de tenir le premier rang s, dans les defcriptions que cette agréable digreffion „ nous fournira. „ Ils font compofés de petits bois déliés, defquels „ la plupart font fendus en deux comme des cercles. ^, Ces bois font attachés les uns aux autres avec de j5 fortes cordes qui font faites de boyaux de poiflbns, „ qui les tiennent en arrêt, &; leur donnent la figure „ qu'ils doivent avoir ^ pour être propres aux ufages ^_, auxquels ils font deftinés. Ils font couverts en de- jj hors de peaux de chien marin ^ qui font fi procre- „ ment coufues enfemble, & fi foigneufement endui- „ tes de refine à l'endroit des coutures, que l'eau ne „ les peut aucunement pénétrer. ,_, Ces petits bateaux font ordinairement de la lon- ,j gueur de quinze à feize pieds, & ils peuvent avoir 5, par le milieu où ils ont plus de grofreur^ environ 55 cinq picQs de circonférence. C'eft auffi dès cet en- 1.4 6 CONSIDERATIONS ,, droit qu'ils vont en diminuant, deforte que les ex, 5, trémités aboutiflcnt en pointes, qui font munies 5, d'os blancs, ou de dépouilles de Licornes. Le dcs- „ fus cft tout plat & couvert de cuir de-mcme que le „ refte, & le delTous a la forme du ventre d'un gros 5, poiilbn: de forte qu'ils font très-propres à couler 35 fur les eaux. Ils n'ont qu'une feule ouverture qui 3, eft diredemcnt au milieu de tout l'édiiice. Elle elî 3, rélevée tout à l'entour d'un bord de côte de ba- ,, leine, & elle eft faite à proportion, & de la gros- 5, fcur du corps d'un homme, (^uand les fauvagesqui ont invente cette forte de petits vaifleaux s'en veu- lent fervir, foit pour aller à la pêche, ou pour fe divertir fur la mer, ils palTent par cette ouverture leurs jambes & leurs cuiiTes, & s'étant mis fur leur féant, ils lient G ferrement la cafaque qui les cou- vre avec le bord de cette ouverture, qu'ils femblcnt être entés fur cet efquif, & ne faire qu'un corps avec lui. „ Voilà pour ce qui concerne la figure & la matière de ces petits vaillcaux. Conliderons à-préfent l'é- quipage des hommes qui les gouvernent. Quand iis ont delTcin d'aller fur mer, ils ic couvrent par deHus leurs autres habits d'une Cafaque laquelle n'eft deftince à aucun autre ufage. Cet habit de mer eft compofé de plufieurs peaux, dénuées de leur poil, qui font fi bien préparées & unies cnfèm- ble, qu'on le croiroit être fait d'une feule pièce. Il les couvre depuis !e fommet de la tête jufqucs au deflbus du nombril. 11 eft enduit partout d'une gomme noirâtre, laquelle ne fe dilfout point dans l'eau, & qui l'empêche de percer. Le capuchon > qui couvre la tête ferre n bien fous le cou & fur le frontj qu'il ne leur lailTe rien que la face à décou- vert. Les manches font liées au poignet, & le bas de cette cafaque eil: auffi attaché nu bord de l'ou- verture du vaiflèau , avec tant de loin , & avec une relie induftrie, que le corps qui eft ainfi co.uvcrt, fe trouve toujours à fcc au milieu des ftQts qui ne P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. 137 •peuvent mouiller avec tous leurs efforts que le vi- fiigc & L'i mains. „ Encore qu'ils n'aient ni voiles, ni mât, ni gou- vernail, ni compas, ni ancre , ni aucune des piè- ces de tout ce grand attirail qui cil: requis poiir rendre nos navires capables d'aller fur la mer; ils entreprennent néanmoins de longs voy^igcs, avec CC5 petits vailTcaux fur lefquelsils iemblentctrccou- Ais. Ils le connoiflent parfaitement bien aux étoi- les., & ils n'ont befbin d'autre guide pendant la nuit. Les rames, dont ils fe fervent, ont une lar- geur à chaque bout en forme de palette; & afin qu'elles puilTent couper plus aiiement les flots, & qu'elles ioient de plus grande durée, ils lesenrichis- fcnt d'un os blanc qui couvre lesextrcmitésdu bois, ils en garnilTcnt aufti les bords des palettes, & ils y attachent cet ornement avec des chevilles de corne qui leur fervent au lieu de clous. Le milieu de ces rames, eft embelli d'os, ou de corne précieufe, de- même que les bouts, & c'eft par-là qu'ils les tien- nent de peur qu'elles ne leur coulent des mains. Au relte, ils manient ces doubles rames avec tant de dextérité & de vîteffe, que leurs petits vaifTeaux devancent aifément les Navires qui ont déployé toutes leurs voiles, & qui ont le vent & la marée fa- vorable. Ils font \] aflurés dans ces petits efquifs, & ils ont une fi grande adreiTe à les conduire, qu'ils leur font faire mille caracoles, pour donner du di- vertilTement à ceux qui les regardent. Ils s'efcri- ment aufii quelquefois contre les ondes avec tant de force & d'agilité, qu'ils les font écumer, com- me fi elles étoient agitées d'une rude tempête, & pour lors on les prendroit plutôt pour des monftres marins qui s'entrechoquent que pour des hommes. Et même pour montrer qu'ils ne redoutent point les dangers, & qu'ils font en bonne intelligence avec cet élément qui les nourrit & les careiTe, ils font le niouhnet, fe plongeans & roulans en la mer 5 I5 138 C 0 ^ s l l) L [{. A T IONS par trois fois confécutivcs, de forte qu'ils peuvent paflbr pour de vrais ampliibies. 5, Quand ils ont dedcin de faire quelques voyages plus longs que les ordinaires, ou quand ils appré- hendent d'être jettes bien av ,nt en pleine mer par quelque tempête, ils portent dans le vuidc de leur vaiifeau, une velTic pleine d'eau douce pour ctan- clier leur foif , &; du poillbn feché au foleil ou à la gelcc, pour s'en nourrir à faute de viandes fraîches. Mais il arrive rarement qu'ils foient réduits à re- courir à ces provifions: car ils ont certaines flèches en forme de petites lances qui font attachées fur leurs bateaux & lefquelles ils favent darder fi vive- ment fur les poilTons qu'ils rencontrent, qu'il n'ar- rive prefque jamais qu'ils foient Lns ces rafrâichis- femens. Ils n'ont pas befoin de feu pour cuire leurs viandes 3 parce que fur la mer & fur la terre, ils font accoutumés à les manger toutes crues; ils por- tent auflî certaines dents de gros poilfons, ou des broches d'os fort pointues qui leur tiennent lieu de couteaux, car ils s'en fervent pour éventrer dz tran- cher les poilTons qu'ils ont pris. Au relie il ne peut point y avoir de débats dansées vailfeaux, puis- qu'un fjul homme en eft !e maître, le matelot, le pourvoyeur, &:le pilote, qui le peut arrêter quand bon lui femble, ou l'abandonner au gré du vent & de la raarec, lorfqu'il veut prendre le repos qui lui eft nécelTaire pour réparer fes forces. En ce cas il accroche fa rame à des courroies de cuir de cerf qui font préparées à cet ufige, & qui Ibnt attachées par bandes au deffus de ce batteau ; ou bien il la lie à une boucle laquelle pend au devant de fa cafaque,'' Si le récit du Chapitre précédent n'eit point une al- tération de celui-ci , la comparaifon de ces deux taits rapproche l'homme marin de l'homme fauvage non feulement pour la figure extérieure, mais, ce qui eft plus fmgulier, pour l'indufirie, 8; les mœurs. Ces hommes marins, vus à cent-cinquante lieues de terre, avoicnt du pourtant y ççnftruire leurs barquettes, & PHILOSOPHIQUES &C-. i3p prendre le bois néceflaire pour faire les rames dont ils fe fervoient- Il étoit encore néceflliirc qu'ils raccom- modaflcnt leurs petites barques dans les lieux ou ils les avoient conftruites: ils avoient par confequent des connoilîances pour retourner dans ces mêmes lieux, Ibit qu'ils lestu-alicnt de la difpofition des étoiles 5 com- me les ^auvage^: pécheurs dont nous venons de parler, DU du fond des mers fous lefquclles ils pou voient re- lier, & où ; eut être ils avoient leurs femelles & leur famille. A-îais ces circonllances ne font pas de mon fujet aftuel (*). CHAPITRE XCVIII. 0_uelqu£s animaux marins , dô reCpzce des cétacées ^ à la fois bimanes & bipèdes. Le veau marin: pajjage des Cétacées aux Quadrupèdes* L E veau marin marque le paiïage des cétacées aux quadrupèdes. Les autres cétacées, prefque tous bi- manes, ont la portion intérieure de leur corps termi- née en queue de poifion, c'eft même la forme des hommes marins & des femmes marines. Dans le veau marin, cette queue partagée en deux parties égales & digitées à leur extrcmité,efi: ainfi transformée en deux pieds offeux & charnus. La croupe eft même tout-à- fait femblable à celle d'un quadrupède, les jambes font raccourcies, & le pied eft terminé par quatre duigts articulés, & liés enfemble par une membrane épaiiïc & fouple. Les cuifles & les jambes allongées , ferrées & collées l'une contre l'autre, adhèrent enfemble Si la féparation ne commence qu'un peu au deffus des pieds : C) Voyez Telllamccl, Tome II. 140 CONSIDERATIONS! ce qui indique alTez vifiblement que dans l'erpece fu- périeure, elle formoient une qi'Cuc de poiHbn. Les bras cachés fous la peau ne aifîcnt voir que les mains qui n'ont, comiTic les pieds, que quatre doigts articu- lés. Ces mains ne font pas fi parfaites que celles de quelques-uns des cécacce- dont nous avons tait men- tion ci-deflus; comme fi la Nature occupée à travailler les pieds, avoit négligé les membres antérieurs. Ce- pendant 'Cs doigts des mains font féparcs, fans mcm- iM'cine qui les unifie enfemble, comme ceux des r eds. Cet animal n'a aucune apparence de nageoire; mais iL porte une queue longue d'un peu plus d'un pouce, qui ne tient rien de la queue d'un poillon, mais fort femiblable à celle d'un cerf. La peau dure & épaifTe eft garnie d'un poil court très reHcmblant à celui du venu terreftre. La tête a quelque relTemblance avec celle du vçau furcout par le mufeau. Cet animal eft amphibie. CHAPITRE XCIX. Jifpece particuJtère de Voijfon à pieds humains. J E trouve dans le fupplément à la Defcription de 300 animaux, publiée en Anglois à Londres, il y a plulieurs années, la figure d'une efpece particulière de poillon beaucoup plus homme par la partie infé- rieure de fon corps qu.' par la partie fupérieure La grandeur & la proportion du corps font celles d'uri petit homme de quatre pieds & demi : la peau eft blanche & polie, fans poil ni écailles. La tête n'a rien d'humain: elle eft grofie portée fur un cou court, gonfle & f trtement niufclé. Les épaules font chargées chacune d'une nageoire cpaifie en forme d'aîle de Ché- rubin: les hanches ont auflS chacune une nageoire plus petite, dont les fommets ne font ni auffi mar- qués ni auffi élevés que ceux des nageoires fupéneu- P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. 141 res. La qiiene aufli grande que tout le corps y com- pris la tcte, redemble à celle du Dauphin. Tout cela n'a prcfqiie aucun rapport avec la tig;ure humaine; mais i'rmédi?itemcnt au defTous des petites nageoires, les hanches fe prolongent, prennent la forme de cuis- fes, auxquelles font attachées deux petites jambes ter- minées chacune par un pied d'homme, aufiî bien fait qu'il puilfe l'être, ayant un talon, & une forme tout- à-fait femblable à nos pieds , excepté qu'on n'y re- marque à l'extérieur aucune apparence de doigts; mais ces doigts font cachés fous !a peau, & on les fent au toucher. Le fexCç, tant du mâle que de la femelle, n'eft pas entièrement femblable à celui de l'homme & delà femme, quoiqu'il en approche beaucoup. Le ventre & la poitrine ont auffi quelque chofe d'hu- main dans l'un & dans l'autre. Cet animal peut fè tenir élevé au-deffus de l'eau à mi-corps ^ comme les hommes marins & les femmes marines dont nous avons fait mention ; il eft auffi vivipare. Voilà une efpece très particulière de triton & defy- rcnej, qui nous offre un poiflbn enté fur la partie in- férieure d'un homme, au lieu que les autres nous ont montré un homme enté fur la queue d'un poiflbn. La Nature n'eft pas parvenue tout d'un coup àcette grande perfeilion des pieds. Le poillbn que les An- glois nomment Kingjîone eft une ébauche du Mermaid^ nom qu'ils donnent a la femelle du poiflbn à pieds hu- mains. Le Kingftone a deux prolongemens oflleux & charnus au même endroit , c'eft-à-dire fous les na- geoires inférieures; ce font deux efpeces de membres informes, à peu près de la même grolfeur dans toute leur longueur, fans diltinétion de cuiflfes ni de jam- bes, & furtouc fans apparence de pied, mais terminés en pointe fort obtufe. 142 CONSIDERATIONS ONZIEME PARTIE. CHAPITRE C. Des Qjiadrupedes. i. Les Solipedes. L ES quadrupèdes rcmpliffcnt l'intervalle qu'il y a des bimanes aux quadrumanes. Les mains, que le pro- totype avoit acquifcs par tant de changemcns& demé- tamorphofcs, le refterrcnt; les doigts s'uniflcnt: la matière des ongles furabonde, fe durcit, s'étend, & fe gonfle ;ainri le forment le fabot&j; le pied du Cheval. Sous cette enveloppe groffière, l'anatomie a retrouvé les os du carpe & du métacarpe ;& en remontant plus haut elle a reconnu l'analogue du poignet de Thom- rae , puis le bras qui répond à l'avant-bras humain , & eniin l'humérus & l'omoplate qui compofent l'é- paule du cheval, & répondent au bras & à l'épaule de l'homme: le coude eft placé en arrière, comme dans l'homme. Les pieds antérieurs du cheval &; des autres folipedes font donc les mains des bimanes alté- rées ou dégénérées , auxquelles on a donné le nom de pieds 5 parce que l'étrange altération qu'elles ont fouf- fertc par le prolongement de certaines parties, le rac- courciflement de quelques autres , & furtout par l'u- nion des doigts en un feul,& le renflement excefllfde la fubftance des ongles, leur a fait perdre leur ancien ufage^ deforte que dans cet état l'animal ne peut plus s'en fervir qu'à marcher. Les jambes de derrière du cheval comparées à cel- les de l'homme offrent des llmilitudes auflî frappantes. La feiTe du cheval qui renferme le fémur, correfpond à la cuille de l'homme; ce qu'on appelle lacuilTedans le cheval , favoir cette partie de la jambe de derrière. ( f>HILOSOPHIQUES &c. 143 !a première qui foit dctaehec du corps, laquelle depuis îc bas des feflcs jufqu'au jarret, correfpond à la jam- be de l'homme, aufli elle a une partie charnue qui cft l'analogue du gras de notre jambe , & qu'on nummc pour cela le graflct. Le jarret eft la jointure qui eft au bas de la cuifîe: cette articulation a rapport au cou- de-pied de l'homme, c'eft-à-dire au tarfe. La partie du jarret c]ui eft en arrière, & que l'on appelle la pointe du jarret, eft proprement le talon: ce que l'on appelle vulgairement le gros nerf du jarret, qui fc ter- mine à la pointe du jarret, eft un tendon qui corres- pond au tendon d'Achille, attaché au talon de l'hom- me. Au deflbus du jarret on trouve le canon donc les os repréfentent ceux du metatarfe de l'homme. Ce nô font pas-là les feules reffemblancesdu fquelette du cheval avec celui de l'homme. Qu'on life l'excel- lente Defcription que Mr. Daubenton a faite de cet animal , & dont j'ai extrait ce que je viens de dire , on y verra que le bailîn y eft compofé des mêmes os que celui de l'homme, feulement avec des proportions & une fituation différente qu'exigeoit l'attitude du che- val; par exemple, les os des lies ou des hanches font en avant, les os pubis en de (Tous, & les os ifchions en arrière; on verra que la tête du cheval eft compo- fée à peu près du même nombre d'os que celle de l'homme, que ces os fe correfpondent & ont beau- coup de reffemblance par leur figure & leur pofition dans l'un & dans l'autre, quoiqu'il y ait de grandes différences dans leurs proportions, & dans la figure to- tale qui réfulte de leur alfemblage; on fera frappé de la vérité des rapports & de leur multitude , l'on s'é- tonnera que la première efpece des quadrupèdes réu- nifie déjà tant de ibrmes humaines; on remarquera 5, dans les parties même qui contribuent le plus à la „ variété delà figure extérieure, une prodigieuferes- 5, femblance qui nous rappelle nécefiairement l'idée „ d'un premier delfein fur lequel tout femble avoir „ été conçu :1e corps du cheval, qui du premier coup „ d'oeil paroît fi diftèrcnt du corps de l'homme, luiS- J44 CONSIDERATIONS „ qu'on vient à le comparer en détail & partie par „ partie, au lieu de farprendre par la difTércncc, n'é- 55 tonne plus que par la rcirembli.nceiîngalière&prcs- 5, que complète qu'on y trouve: en citêt prenez le 55 fquelette de rhommc,inchnez les os au balTin^ac- 5, courcifTez les os des cuillcs^des jambes & des bras^ „ alongez ceux des pieds & des mains, fondez en- „ femble les phalanges, alongez les mâchoires en rac- 5, courciflant l'os frontal , & enfin alongez autll l'épine 5, du dos, ce fquelette celTera de repréfentcr la dé- „ pouille d'un homme, & fera le fquelcrtc d'un chc- „ val; car on peut aifément fuppofer qu'en allongeant 53 l'épine du dos & les mâchoires, on augmente en 5, même temps le nombre des vertèbres , des côtes & 5, des dents, & ce n'eft en effet que parle nombre de -,5 ces os qu'on peut regarder comme acceflbircs. & 5, par l'alongementjle raccourciiTement ou la jonction 55 des autres, que la charpente du corps de cet ani- 5, mal ditfere de la charpente du corps humain. On 5, vient de voir dans la defcription du cheval ces faits 5, trop bien établis pour pouvoir en douter ; mais „ pour fuivre ces rapports encore plus loin^ que Tcvn 5, confidere feparément quelques parties efléntiellcs à ,5 la forme, les côtes, par exemple j, on les trouvera dans tous les quadrupèdes, dans les oifeaux, dans les poiiTons, & on en fuivra les veftiges julque dans la tortue , où elles paroiflent encore delfinée par les filions qui font fous fon écaille; que l'on confi- dere, comme l'a remarqué Mr. Daubenton^que le pied d'un cheval, en apparence û difîércnc de la main de l'homme, cft cependant compofo des mc- 5, mes os, & que nous avons à l'extrémité de chacun „ de nos doigts le même oflclet en fer à cheval qui termine le pied de cet animal ;& l'on jugera fi cette reficmblance cachée n'eft pas plus mervcilleufe que les diffirences apparentes, \\ cette conformité con- Itante & ce deifein fuivi de l'homme aux quadru- pèdes, des quadrupèdes aux cétacés, ôis cétacés aux oifeaux , des oifeaux aux reptiles , des reptiles ,, aux I> H I L 0 s O P H I Q U E s &c. 145 „ aux poiffons , &c. dans Icfqucls les pnrcics cfrcntiel- „ Jcs, comme le cœur, les inteilins, l'cpinc du dos, „ les fens, &c. fe trouvent toujours, ne femblcntpas „ indiquer qu'en créant les animaux, l'Etre luprcmc 5, n'a voulu employer qu'une idée, & la varier en ,, même temps de toutes les manières poffibles, afiit 5, que l'homme pût admirer également, & la magni- „ ficence de l'exécution & la limplicité du des* , fein (*)". Paflbns à de nouvelles vacations de cet exemplaire original. CHAPITRE CL 2i Des Otmdrupedes pkds-fotirchus. L 'A claflè des pieds-fourchus eft beaucoup plus nom- breufe que celle des folipcdes. Ceux-ci n'ont qu'un foui doigt: les pieds-fourchus en ont deux; mais la dernière phalange de chacun de ces doigts eft encore enveloppée d'une matière de corne, comme dans les folipedes, deforte,par exemple, que le taureau a réel- lement deux fabots à chaque pied , quoiqu'on leur donne vulgairement le nom d'ongles ^ puifqu'ils ren* ferment la dernière phalange de chaque doigt, au lieu que les ongles véritables n'en couvrent que la partie fupérieure dans tous les animaux. Dans quelques efpeces de pieds -fourchus ^ comme dans le taureau, les ergots n'ont que deux oflelets qui répondent à deux phalanges des doigts; mais dans le cerf, autre pied-fourchu, les ergots ont trois p,etits os attachés bout à bout comme les trois phalanges des doigts. Cette particularité indique les nuances par lefquelles la Nature transforme le pied -- fourchu en (0 Hiftoire naturelle de l'Ane par Mr. de Pufibn, 145 CONSIDERATIONS fiffipedeicar cet ergot articulé eft Tannonce d'un troi- fiéme doigt. Le cochon eft une autre nuance du pafllige des pieds- fourchus aux fiflipcdcs., & qui approche encore plus de ceux-ci que le cerf. On l'a mis au rang des ani- maux à pied-tburchu, dit Mr. Daubcnton (*), parce qu'il n'a à chaque pied que deux doigts qui touchent la terre, que la dernière phalange de chacun des doigts eft enveloppée dans une lubftance de corne, & que, û l'on n'oblérve les pieds du cochon qu'à l'extérieur, ils paroiffcnt très rellemblans à ceux du taureau, du bélier, du bouc, &c. mais dès qu'on a enlevé la peau, on les trouve très diiferens; car il y a quatre os dans le métacai-pe & dans le métatarfe; & quatre doigts 'dont chacun eft compofé de troi- phalanges bien for- mées. Les deux doigts du milieu font plus longs que les autres, & ont chacun un fabot qui porte fur la terre: les deux autres font beaucoup plus courts, & leur dernière phalange eft revêtue d'une corne pa- reille à celle des fabots,mais elle fe trouve placée plus haut à l'endroit où font les ergots des animaux de l'efpece du taureau, du bélier, du bouc, &c. On peut dire que ce font deux doigts véritables, comme les autres , quoique plus imparfaits qu'eux. Le cochon qui tient , aux pieds tourch us parla po- fition des inteltins, & par les parties extérieures de la génération, s'en éloigne pour fe rapprocher des tifïïpe- des par la forme des jambes, par l'habitude du corps, & par le produit nombreux de la génération: car on fait que de tous les quadrupèdes les fiffipedes font ceux qui produifent le plus (!)• (*) Defcription du Cochon, (t^ Hiftoire Naturelle du Cochon , par Mr. de Buffos. mK L ]? H I L O s 0 P II I Q U E s &c. 147 CHAPITRE CIL g. Des Fijppedesi 'ES'fiflipedes ont les pieds divifés en quatre ou cinq doigts, & quelques-uns, même dans les plus petites efpcces, ont des mains très reflemblantes à celles de l'homme : telle eft la taupe & d'autres. Les premiè- res efpeces des fidlpedes, comme le tigre, le lion, le léopard, le loup, le renard, &c. font de véritables quadrupèdes, en ce que leurs pieds antérieurs ne peu- vent leur fervir de mains, quelle qu'en foit la forme; mais il y a atiffi un grand nombre de liffipedes, qui fe fervent de leurs pieds de devant comme de mains pour faifir & porter à leur gueule: tels font les ours, les écureuils, les marmottes, les agoutis, & plufieurs au- tres. Cette féconde clafle de filîipedes, compofe une fuite de quadrupèdes ambigus qui conduit aux qua- drumanes dont nous parlerons bientôt. Parmi ces fiflipsdes, il faut encore diftinguer, ceux qui aiment à fe tenir le corps élevé, aflîs ou accroupis fur leurs feffes qui peuvent même, quoique plus diffi- cilement, fe tenir & marcher fur les deux pieds de derrière feulement. Ce font autant de nuances qui nous marquent les perfeitionnemens gradués de l'ani- mal prototype. En fuivant ces gradations, on voit la Nature déformer le fquelette du folipede^ redreiïer peu-à-peu les os du baffin, alonger les os des culiibs, des jambes & des bras,& au contraire raccourcir ceux des pieds & des mains, divifer des pièces unies, arti- culer des pièces fondées enfemble, reflTerrer l'épine, fupprimcr des vertèbres & des côtes, & le rappro- cher ainfi graduellement de la charpente du corps humain. Si dans les opérations la marche de la Nature nous paroît quelquefois incertaine & mal-affurée; s'il nous K 3 148 CONSIDERATIONS fcmble qu'elle opère en tâtonnant, par une voie dé- tournée, ambiguë, c'eft une fauflè apparence qui ne vient que tic notre ignorance &: de nos préjugés, Nous oublions qu'elle ne doit & ne peut laitier échapper aucune nuance, aucune variation f ns le rcaliferinous ne voyons point les difTcrcnces trop fubtilcs des for- mes contisiuës : nous faifiirons mal les rapports de cel- les qui font plus éloignées: nous ne connôiilons point afTez la génération des formes pour juger de ce qu'il falloit précifémcnt pour en amener une particulière ^ & de ce que celle-ci doit produire néceflairemcnt & immédiatement. Si nous ne voyons par pourquoi les mains des bimanes deviennent des pieds antérieurs dans les quadrupèdes; pourq'j.oi les doigts déjà développés & divifés, fe relTerrent, & s'unifient dans les folipe- "des, pour fe développer & fe rcdivifer de nouveau dans les fiffipedes , pourquoi ils perdent leur ufage dans cette métamorphofe pour le reprendre dans une au- tre; s'il nous ièmble-bizarre qu'à des binicincs fucce- dent des quadrupèdes^ & qu'à des quadrupèdes fucce- dent des quadrumanes; fi nous jugeons plus fimple que la Nature, ayant une fois atteint une forme, celle des mains par exemple ^ l'eût confervée dans tou- tes les efpeces fuivantes fans la déguifer, l'altérer, la déformer pour la rétablir enfuite avec de nouveaux fraix^ gardons-nous de prononcer fur ces conjectures liazardéesj vains phantômes de notre efprit, qui ne repréfentent point la réalité des choR?s. La Nature ne fait rien d'inutile : fa marche eft nuancée , & chaque nuance eft néceflaire dans le plan total. Les formes que nous prenons fi mal à-propos pour des irrégulari- tés, des redondances, des inutilités, rentrent dans l'ordre infini des Etres, Screrapliflent une place qui feroit vuide fans elles. P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. 149 DOUZIEME PARTIE. CHAPITRE CUL Les Qiiadrumanes, C 'est ici h dernière grande divifion des animaux, c^ui par des gradations très fines doit nous conduira îufqu'à riiomrae. Les extrémités des quatre mem- bres des quadrumanes ont la forme de mains, d'où leur vient le nom qui leur a été donné par les mo- dernes. Le gros doigt de pied qui répond à l'orteil dans l'homme eft très court & fort éloigné des quatre autres doigts: c'efi un^ véritable pouce; & les quatre autres doigts font auffi ceux d'une main plutôt que d'un pied : outre qu'ils en ont la forme & les propor- tions refpeétives, la partie, qui répond à la plante du pied eft encore la paume d'une mam allongée U res- ferrée. Les premiers quadrumanes^ c'eft-à dire les plus bas dans l'échelle, font ceux qui ont un mufcau mince & alongé, une queue auffi longue ou plus longue que le corps , les mahis , les loris , les fapujous , les fagoins , &c. A mefure que l'on remonte les échellons fupé- rieurs, cette longue queue fe raccourcit: ce n'eft qu'un peut bout de peau dans le magot, & il n'y en a plus aucun veftige dans le gibbon ; le. mufeau fe' res- ferre auffi , & la face s'applatit graduellement dans les efpeces de quadrumanes, à mefure qu'elles s'elevent vers l'homme. Le fariguc a le mufeau long & poin- tu, le magot l'a plus large ^ & relevé comme celui du dogue , le pitheque a la face plate. Toutes ou prefque toutes les femelles des quadru- manes font fujettes à un écoulement périodique du K 3 ifo CONSIDERATIONS fang , comme les femmes. Nous aurions déjà du re^ marquer plus haut que la chaleur des chiennes fe ma-? mfefte par un écoulement femblable. La plupart des quadrumanes peuvent marcher à quatre ou à deux mains^ quoiqu'ils n'aient pas tous une égale aptitude pour ces façons de marcher. Il y en a qui ne peuvent fc tenir que difficilement fur leurs deux mains de derrière, deforte que le marcher à quatre mains femble leur être fcul nuturcl : obferva- tion confirmée par Tinclinaifon des os dubaffin. D'au- tres paroifTent marcher plus aiiement à quatre , quoi- qu'ils puilîent auffi marcher à deux mains fans beau- coup de gêne. (Quelques efpeces femblent marcher de l'une & l'autre manière avec une égale facilité, &: une agilité femblable. Dans les efpeces les plus élevées les os du balîln redreffés, & les cuilTés alongées don- nent à l'individu beaucoup plus d'aptitude à marcher à deux qu'à quatre mains. Enfin les quadrumanes les plus voilins de l'efpece humaine, ne marchent jar mais que fur les mains de derrière , &: aufil droits q"ue l'homme marche fur fes pieds; ce qui eft attefté par ceux qui ont vu des jockos & des pitheques. A ces remarques générales faifons fuccéder des dé- tails plus particuliers en contemplant le plus parfait des quadrumanes. (*) Voici, la defcription de cette jeune femelle de .'a pejjce efpece , celle du grand mâle ell détaillée dans le texte. Animalis rarioris , Cliimpanféc dicli , ex Regno Angola Londi- niim advefti brevior dcicriptio. Spcclandum in Tabulil, quam hic adjecimus, Leclori ncflro exhibetur miri & valde tctrici adfpcctt;s , fomi:E & ftatune Jiu- irianam referentis , naturaî ltrociffim:c , animal , vix ulli civium noilrorum vifiim unquam, aiiditiim forte paucifllmis. Patriain a^nofcit Ançîolani , Africanum Rcgnum , a cujtis incolis nomcn Chimpanfée accepit. Ex illis cris allatum eft anni 1738 mciife Aujufto Londinum ab Ilenr'ico Ho'^vcro ^ JMagillro navis Speaker dictas. Scxus efl: fœniinei , akinn ])cdc.s duos quatuor pollices , incedens corpore erecto , aliqua membrorum parte Inrfutum, estera robuitum & niufculofum. Ex itcrcore fuo alimenta petit; Ç2*/ancAe yin.£?a<7<- i:;i P H ï L O s 0 P H I Q U E s &c. 151 CHAPITRE CIV. VOrang-Ontang ^ k Pongo^ r homme des boîs^ le Sa- tyre^ k Barris^ le Chimpancée ^^ le Yocko^ l''ùomm& de niiit^ k Trog ladite^ '(^c. T ous ce noms défignent le ttiême quadrumane, & lui ont été donnés par différens voyageurs ou natu- ralifte^. C'cft celui que l'on voit repréténté à la Plan- che VJJI. ayant à côté de lui une petite femelle de la même efpece, qui n'a encore que quelques poils fort rares fur les hanches (*)• L'Orang-Outangn'eft pas véritablement un homme, mais il en approche de très près II n'eft pas non plus un finge, ou une guenon, car il en diffère beaucoup plus qu'il ne diffcre de l'homme. On peut donc le prendre pour une efpece intermédiaire qui remplit le palTage du finge à l'homme, & c'eit ainfi que nous renviliîgcons. Un des plus fa vans & des plus célèbres Naturaliiles de ce fiécle vient de recueillir avec beaucoup de foin & de difcernemcnt ce que les voyageurs les plus véri- diques & les anatoraiftes les plus exaéts ont écrit fur fed amat etiain potuni Thea;, quam homiiuira more ex vafculo bibit. Honmi pr.eterea fomiuira imitatur, nec prorfus ingenio caret, ipfa etiam voce garnilitatem humanam exprimens. Mares, cum ad îetatem adultam venerunt . fœmiiias humanas Ihinro pe- tunt , & viros etiam armatos ad pugnam provocant. Idem ile- piiïîme ab hujiis, in ajrc expreffi marre, pedum quinque altitudi- nem îeqiiantc , facTium , quam nifi telo fufluliflct Maurus quidam , vix in ejus iinquam manus fœtus hic veniiVet. IIujus, menfes luium iSc viginti nati , imaginem Londini afTabre in rere infculpfiL' Scotinus , artifex peritus ,"confilium fi recT:e fufpicamur,_ fecutus Joamis Sloaui; yRegix l'cieniiariim Societatis pra;fidis , cujus etian» nomini, quicquid ell peregrini luijus monftri, infcriptum vide- mus, Cujus imaginis nuper cxemplum naéli , ut regni etiam ani- malis hiftoria hinc lucem acciperet, eam dextra quadam manu repetendam liic curavimus. Nova acia eruditonim cimQ 1739 i-"- ilkam Lypfiii. IS'knf. Sepumh, paf^- 564 c? 565. K 4 J52 CONSIDERATIONS l'extérieLir & l'intérieur de cet animal; nous ne fau- tions mieux faire que d'en rapporter ici le réfaltat, ^infi c'clt d'après IVir. de Bufibn que nous allons cx- pofer en abrco,é les différences qui dillingucnt cette cfpece de l'elpcce humaine , ëî les contbrmités qui l'en approchent. L'Orang-outang diffère de l'homme à l'extérieur par le neZj qui n'eft pas proéminent, par le front qui cil trop court, par le menton qui n'eft pas relevé à la baie; il aies oreilles proportionnellement trop gran- des, les yeux trop voifms l'un de l'autre , l'inrervalle entre le nez & la bouche eft auffi trop étendu: ce font là les feules différences de la face de cet animal avec le vin^ge de l'homme, &; Ton voit combien elles font légères. Le corps & les membres différent en ce que les cuis- fes font relativement trop courtes, les bras trop longs, les pouces trop petits, la paume des mains trop lon- gue & trop ferrée, les pieds plutôt faits comme des mains que comme des pieds humains: nous verrons bientôt que cette dernière différence fouffre quelque modification. Les parties de la génération du mâle ne font difixî- rentcs de celles de l'homme qu'en ce qu'il n'y a point de frein au prépuce ; les parties de la femelle font à l'extérieur fort femblablcs à celles de la femme. Une particularité remarquable c'eft que le mâle deffre auffî ardemment la compagnie des femmes que de là femel- le. Ces animaux tachent de furprendre les ncgrcllés, & s'ils en peuvent attraper, ils les gardent pour en jouir , les nourillaiit bien & ne leur laifant au- cun mal. A l'mtérieur cette efpcce diffère del'cfpece humains par le nombre des côtes: l'homme n'en a que douze, l'orang- outang en a treize; il a auffi les vertèbres du cou plus courtes, les os du baflln plus ferrés, les han- ches plus plates, les orbites des yeux plus enfoncées; il n'y a point d'apophyfe épineufe à la première ver- tèbre du cou ; les reins font plus ronds que ceux de P H I L 0 s O P H I Q U E s. &c. 153 l'homme , & les uretères ont une forme diOercnce, auffi-bien que la veflie & la veûcule du ÛA qui Ibnt plus étroites & plus longues que dans l'homme. Toutes les autres parties du corps, de la tcte & des membres, tant extérieures qu'intérieures, font i\ par- faitement femblables à celles de l'homme, qu'on ne peut les comparer fans admiration; & fan^ étreétojné que d'une conformation fi pareille & d'une organifa- tion qui elt abfolument la même, il n'en refulte pas les mêmes effets. Par exemple, la langue & tous les organes de la voix font les mêmes que dans l'homme, & cependant l'Orang-outang ne parle point; le cer- veau eft abfolument de la même forme & de la même proportion, & il ne penlè pas. 11 faut convenir néan- moins que la penfée & la parole que nous refufons à cet animal fmgulier, lui font accordées par Mr. Lin- nxus d'après Kjoep & quelques autres voyageurs. Ce favant Naturahfte Suédois dit exprefiëment que rOrang - outang penfe , qu'il parle & s'exprime en llfflant: Hofm mcîiirnus. Homo filveflris Orang- 0 u tang Bon- t'iù Corpus alhum , incejjli encium , plli alhi confort uplï- catî^ oculi orbiculati^ irïdi pupillaqm aiirea. Pa'psbrcC antics Incumhentes cum membrana n'iciiiante. Vifus na- turalisa noUurnus. Die cœcutii ; nocîu videt ^ exit ^ fa- ratur. Loquitur fibilo , cogitât , crédit fui caufâ jaÙam teilunm^ fè aliquando iterumfors imper antem^ Ji fides pe- regrinatoribus,.. habitat in Javce^ Amboina^ Tern-atts fpeluncis (*), L'Orang- Outang a des feffes & des mollets, comme l'homme, & par confequent il cfb fait pour marcher debout comme nous: il a la poitrine large 5 les épaules applatiesj &: les vertèbres conformées comme nous: il a le cerveau, le cœur, les poumons, le foie, la rate, le pancréas, l'eftomac, les boyaux -abfolument pareils aux nôtres: il aaufli une appendice vermicu- (*} Lin. Syftema Natiiraî Edit. X. p. ::4. K 5 J54 CONSIDERATIONS birc au cœcum; enfin l'orang-outang rciTcmble plus par je phylique a l'homme qu'à aucun des animaux, plus même qu'aux babouins & aux guenons, non- feulement par toutes les parties que je viens d'indi- quer, mais encore par la largeur du vilage, la furme du crâne & des mâchoires, par la forme & le nombre des dents , par les autres os de la tête & de la face , par la groficur des doigts & du pouce ^ par la figure des ongles, par le nombre des vertèbres lombaires & facrees, par celui de.s os du coccix^ & enfin par la conformité dans les articulations, dans la grandeur & la figure de la rotule, dans celle du ftcrnum, &c.;en lorte qu'en comparant cet animal avec ceux qui lui rcflemblcnt le plus, comme avec le magot, le b;ibouin ou la guenon, il fe trouve encore avoir plus de confor- mité avec l'homme , qii'avec ces animaux dont les éfpeces cependant paroilTent être fi voifinesde lafienne qu'on les a toutes défignées par le même noradefinge^ niais dont nous jugeons que rOrang-Outang doit être diftingué, comme" formant une elpece intermédiaire entre elles & l'efpece-humaine. Si l'on devoit le réu- nir à quelqu'autre efpece, fa forme extérieure lui mé- riteroit un rang parmi les hommes ;& les Indiens font exculables de l'avoir aflbcié au genre humain par le nom d'orang-outang, homme-fauvage, puifqu'il res- fcmble à l'homme par le corps plus qu'il ne rcfifemble aux autres finges ou à aucun autre animal: ce nom a été adopté par les voyageurs &. les Naturaliftes qui l'ont nommé homo nociurnus^ homo filveftris ^ Pbomim des hoîs^ the man ofthe woocfs; & pour le moins , il mérite tout autant commencer l'efpece humaine ^ que l'hommo mérite de terminer l'efpece des quadrupè- des à la tête de laquelle on fait que Mr. Linnaius l'a olacé. L'Orang-Outang a la face plate, nue & bazanée, les oreilles, les mains, les pieds 3 la poitrine & le ven- tre auffi nus; il a des poils far la tête qui defcendent en forme de cheveux des deux côtés des tempes, du poil fur le corps & fur les lombes, mais en petite quan- 'i^^a/icAe IX.£?aaf ±ff$. P H I L O s 0 P H I Q U E s &c. 155 tité; & il y a des hommes qui en ont beaucoup plus que lui. Il a cinq ou fix pieds de hauteur, avec un corps auffi bien proportionné que celui de l'homme. Quoiqu'il foit conformé pour marcher debout , com- me les doigts de fes pieds font fort longs & que fon talon pofe plus difficilement à terre que celui de l'hom- me, il court plus facilement qu'il ne marche, & il au^ roit befôin de talons artificiels, plus élevés que ceux de nos fouliers, fi l'on vouloit le faire marcher aifé- mcnt & longtemps. On peut inférer de ces détails que les feules diffé- rences eifcntielles entre le corps de cet animal & celui de l'homme, fe réduifent à deux, favciir, la confor- mation des os du baffin & la conformation des pieds; ce font-là les feules parties confiderablcs par lefquelles l'orang-outang relTemble plus aux autres fmges qu'il ne reilémble à l'homme. Encore la dernière diffc'^- rence n'eft-elle pas auffi marquée & auflî conftante cju'on pourroit le croire par l'infpeftion de quelques individus feulement. Elle eft très fenfible dans le Jocko dont on voit la figure dans PHijMre Naturelle générale ^particulière avec la Defcripthn du Cabinet du Roi. Elle l'eft également dans la petite femelle que l'on voit ici (^Planche VJJ].^ Mais le pongo ou grand Orang-Outang, celui qui eft égal en ftature à l'hom- me, a le gros doigt de pied plus femblable à l'orteil du pied humain , & le talon plus bas. Je puis aflurer avoir .vu le pied dé: lèché d'un pongo dont les doigts reflémbloient encore plus à ceux du pied de l'horiimej qu'on ne le voit ici fur la figure, quoique déjà ce pied ne foit plus celui du jocko ^ ou orang-outang de la petite efpece. Je reçus auffi en 1762. de la côte d'Angole un fœtus-pongo que l'on voit à la Flanche. /X. & dont les pieds font tout-à-fait humains. Le front y paroît moins court que dans le jocko , le men- ton eft un peu plus relevé, les oreilles relativement moins grandes , & mieux à leur place, les cuilîes & les bras plus proportionnés; deforte que le pongo, qui reffemble plus à l'homme par la ftature & la gran- 150 CONSIDERATIONS deur que Icjocko, lui reirembîc aufil davantage par les formes &: les proportions particulières de la face & des membres. La longueur des cuiffes indiqueroit peut-être que les os du baiïin y ont plus de confor- mité avec ceux du fquelette humain, que les os du baflln du petit orang-outang. Si ces obfervations étoicnt Tuffifamment confirmées par la vue & l'anatomie de pluficurs pongos, on au- roit un prcfqu'homine qu'il feroit difficile de diftin- guer, par la forme extérieure, de l'homme véritable; & le grand vuide du fmge à l'homme paroîtroit rem- pli. On auroit après \cs^ fjgoins, les fapujous & les guenons qui ont de longues queues, les babouins à queue courte; puis le magot qui n'a qu'une appa- rence de queue j le grand & le petit gibbons , avec le pitheque qui n'ont point du tout de queue, & qui marchent à deux mains , le corps droit; enfuite le jocko ou petit Orang-outang; le pongo ou le grand Orang-outang; & entin l'homme, dont nous allons diftinguer plufieurs races, linon plulieurs eipeces. CHAPITRECV. D'une e/pgce parîiculkre d' homim-marm ^ peut- et rô quadrumane. A .v A N T que de parler de l'homme & de fes varié- tés, je vais rapporter le relation d'un nouveau mon- ftre marin. 5, En l'année 1720. le 8 Août, jour de jeudi, les 5, vents variables étant à l'eft-fud-eft, à vingt-huit ou 5, trente braifes d'eau, fept navires en vue mouillant 5, fur le banc de Terre-neuve, il parut fur les dix „ heures du matin abord d'un vaiffeau François nom- 5, mé la Marie de grâce, commandé par Olivier Mo- jjlrin , un homme marin qui premièrement fe mon- j5^tra à bas-bord fous le theux ou baril du Contre- P H I L O s 0 P H I Q U E s &c. i^l „ Maître, appelle Guillaume rAumonc. Auffi-tôc „ celui-ci prit une gaffe pour le tirer à bord; m-dis le 5, Capitaine l'en empêcha, de crainte au'il ne l'en- 5, traînât avec lui. Par cette raifon, il lui en donna 5, feulement un coup fur le dos fans le piquer. „ Lorfque le monllrc fe fcntit frapper, il prêta le „ vifage, au Contre- Maître, comme un homme en „ colère qui eût voulu faire un appel. Maigre cela il „ ne laifla pas de pafler dans les lignes en nageant , 5, pour faire le tour du vaiiTeau. Quand il fut derrière „ il prit le gouvernail avec fes deux mains: ce qui 5, obligea l'équipage de mettre deux palans , de peur 5, qu'il ne lit quelque dommage. Il repaiïa cnfuite 3, par llribord, nageant toujours comme eût pu faire „ un homme véritable; & lorfqu'il fut à l'avant da „ vaifîeau, il s'arrêta à regarder la figure qui étoïc ,5 celle d'une très-belle femme. Après l'avoir long- „ temps confiderée il prit la foubarbe du Beaupré , & „ s'éleva hors de l'eau pour tâcher , à ce qu'il fem- „ bloit,de faire tomber la figure. On attacha une mo- „ rue à une corde, & on la laiflà pendre à côté du 5, vailTeau. Il la prit & la mania , fans la rompre. „ Il nagea enlaite au vent du vaifiTeau environ la „ longueur d'un cable; & palTant par derrière, il prie „ de nouveau le gouvernail. Le Capitaine ayant fait 3, préparer un harpon , efl^aya lui-même de le har- 5, ponner; mais parce que le cordage n'étoit pas pare, „ il manqua fcn coup. Le manche frappa feulement: „ fur le dos de l'homme marin, qui à ce coup prêta „ long temps le vifage au Capitaine, comme il avoit „ fait au Contre- Maître j & avec les mêmes gefi:es. „ Après cela le monftre paffa à l'avant du Navire, & „ s'arrêta encore à confidérer la figure.* ce qui enga- „ gea le Contre - Maître à fe faire apporter le harpon. „ Mais craignant que cet hommeMarinnefùtla vifion ,j d'un matelot nommé /^ Cw;/«.v/«e, qui l'année précé- „ dente le 1 8 du mois d'Août s'étoit défait à bord du », même vaifleau, fa main tremblante adrefla mal le „ coup; en force que pour la troifiéjiie fois le monlh'g 153 CONSIDERATIONS 5, ne fut frappé que du bâton auquel le harpon etoii „ attaché. Alors il prcfcnta encore le vifage d'un air 5, menaçant, comme il avoit fait les deux premières 5, fois. Cela ne l'empêcha pourtant pas de fe rappro- „ cher encore davantage du bord , &; de prendre une „ ligne avec laquelle péchoit un matelot nommé Jean „ xMarie; après quoi il nagea de nouveau au vent en- 5, viron la portée d'un coup de fufil. „ Il revint enfuite à bord très -proche, & s'éleva 5, encore hors de l'eau jufqu'au nombril ; enforte que 55 tout l'équipage remarqua parfaitement qu'il avoit 5, le fcin auffi plein que celui d'aucune fille ou femme, „ quoique ce fût un mâle, comme on le vit auffi-tôt. 5, Car il fe renverfa enfuite fur le dos, & prit avec 5, fes mains fes parties naturelles, d'une grofleur & 5, d'une figure pareilles à celles d'un cheval entier, 5, après quoi il fit de nouveau le tour du navire, & „ prit encore le gouvernail. De-là nageant lente- 5, ment, il s'éleva hors de l'eau, & tournant le dos, „ il fit fes immondices tout contre le vaifleau. Après 5, cela il s'éloigna de forte qu'on le perdit de vue. „ Ce manège avoit duré depuis dix heures du raa- „ tin jufqu'à midi , le monftre ayant toujours été „ pendant ce temps-là proche du vaifleau , fouvent à 5, deux ou trois pieds de diftance; en forte que l'é- „ quipage compote de trente -deux -hommes eut le 3, plaifir & la commodité de remarquer les particula- 5, rites fuivantes: qu'il avoit la peau brune & bafa- „ née, fans écailles; tous les mouvemens du corps, „ depuis la tête jufqu'aux pieds, tels que ceux d'un „ véritable homme; les yeux fort bien proportion- 5, nés; la bouche médiocre eu égard à la longueur du 5, corps, qui fut eftimée par tout l'équipage^ de huit „ pieds; le nez fort camard, large & plat; les dents 5, larges &; blanches ; la langue epaifle ; les cheveux „ noirs & plats , le menton garni d'ane barbe mous- 5, feufe, avec des mourtaches de-même fous le nez; 55 les oreilles fcmblables à celles d'un homme; les pieds 5, & les mains pareils , excepté que les doigts étoicnt P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. 159 „ Joints par une pellicule telle qu'il s'en voit aux pat- 55 tes des oies & des canards. En général c'étoit un 5, corps d'homme auffi bien fait qu'il s'en voie ordi- 5, nairement. „ Ce détail eft tiré d'un procès-verbal qui en fut 5, dreflë par un nommé Jean Martin Pilote de ce vais- 5, feau, figné du Capitaine & de tous ceux de l'equi- „ page qui favoient écrire , & qui fut envoyé de 5, Breft par Mr. d'Hautefort à Mr. le Comte de'Mau- 5, repas le U Septembre 1725 C*)." Je fbupçonne que cet homme-marin, plus 2;randque l'homme ordinaire, pouvoit être aufïï quadrumane j, en ce que les doigts de fes pieds étant unis par une membrane comme ceux de fes mains, ils dévoient être beaucoup plus longs que ceux du pied de Thom- me, s'étendre & s'écarter comme ceux de la main pour fervir de rame & faciliter l'adion de nager. Il eft probable auffi que le talon devoit être fort élevé , peut-être entièrement effacé & ces formées dévoient donner naturellement à un tel pied, la figure d'une main marme. Quoi qu'il en foit de ces conjectures, ce fait fuffi- famment attelle nous montre dans la mer un pres- qu'homme qui répond à l'Orang-outang terreftre, & mérite d'être placé à côté de lui dans l'échelle des Etres, comme un animal très-voifin de l'homme véritable. <0 Telliawed, Tome II. ^^i^n i(Jo CONSIDERATIONS TREIZIEME PARTIE. A CHAPITRE CVT. De r Homme S des d'ijjer entes races humaines. I . Les Hommes à qttette. la vnc de l'Orang-outang on cft tenté de deman • der, que lui manque t-il pour être un homme? En voyant certaines races d'hommes , on ofcroit prefque dire, quels animaux font-ce-là? Le pongo n'a point de queue; le gibbon & le pithequc, efpeces inférieu- res au pongo, n'ont point de queue. Ce fuperflu, prolongement exceflif de répine, paroît un caraétère diftini'tifde la brute; &Mès qu'il manque, on voit l'animai prototype prendre la forme humaine. Ce- pendant il y a des hommes, reconnus pour tels, qui ont une queue. La marche de la Nature feroit-elle retrdgade? non: mai.s elle e\\ finement nuancée. Le pongo tient à l'efpece hurnaine par une infinité de res- femblances: l'honnne devoit tenir, par d'autres traits, à des efpeces fort au deflbus du pongo. On trouve dans i'ifie de iManille des noirs qui vi- vent cans les rochers & les bois, menant une vie de brutes ; on en a vu plufieurs qui avoient des queues de quatre ;i cinq pouces, comme les Infulaires dont parle Ptolémce. (*) Le \ oyageur qui rapporte ce ce fait, dit que les tcmmes de ces Satyres accouchent dans les bois, comme les chèvres, & vont auffi tôt fe laver (*) Gemelli Caveri, Voj-age du Tour du Monde, Tome V, Paris 1.-27' V^t>^ ^â* ^^' P H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c, i^i laver & leur fruit aufïï dans les premières rivières, ou autre eau froide: ce qui feroit mourir une femme d'Europe. Il ajoute que des Millionnaires léfiiites, dignes de foi, lui ont affuré que les Manghiens qui habitent le cœur de l'ifle de JViindoro voifine de .Via- nille ont auffi une queue de quatre à cinq pouces, qu'ils n'ont aucune forme de gouvernement, qu'ils vont nuds, qu'ils fe nourriflent de fruits fauvages ; que quelques-uns pourtant du territoire de Nauhan ont embrallé la foi catholique (""O- Jean Struys (f) dit avoir vu de Ces propres yeux dans rifle Formolè, un homme qui avoit une queue longue de plus d'un pied, toute couverte d'un poil roux, & fort fcmblable à celle d'un bœuf; cet hom- me à queue alTuroit que ce délisut^ fuppole que c'en fût un, venoitdu climat, & que tous ceux de la par- tie méridionale de cette Ifle avoient des queues comme lui. Cette queue ell fort différente pour la forme U les dimenfions de celle que portent les noirs de Ma- nille, les habitans deMindoro, de Lambry, &c. Il pourroit doncy avoir plulieurs races différentesd'hom- mes à queue, qui differaffent par la longueur de cette partie, comme nous avons diftingué les guenons &c les fapajous à longue queue, des babouins à queiiij courte. „ Les hommes qui ont des queues peuvent- ils être 5, les fils de ceux qui n'en ont point? Comme les 5, finges à queue ne defcendent certainement point de „ ceux qui font fans queue , ne feroit-il pas naturel „ de penfer de-même, que les hommes qui naiflent „ avec des queues font d'une efpece différente de ceux _,, qui n'en ont jamais eu ? Auffi font-ils encore ca- „raftérifés par des qualités fort différentes. Je fais „ que bien des gens le perfuadent ou qu'il n'y a point „ d'hommes avec des queues, ou que s'il s'en trouve C) Page 87. Cl) Voyages de Jean Struys, Rouen i^ip. Tome I. p. 100, l62 C 0 N s I D, C R A T I 0 N s 5, quelques-uns, c'cf: une erreur de la Nature, ou y, bien un cflèc de l'imagination ces mères. Mais ceux 5, qui penfent de la forte fe trompent certainement 9, en fuppofant que ics hommes & les femmes de cette 5, efpece, ou bien n'exiltent point, ou du moins font 5, fort rares. Il eft vrai que la turpitude attachée à 5, cette difformité, le caractère farouche & de peu ,j d'efprit de tous ceux qui y Ibnt fujets, leur pilofité 5, naturelle 5 les oblige à fe cacher des autres hommes 5, avec lefquels ils vivent. Ils prennent le même foin 5, pour leurs enfans; & ceux-ci inftruits par leurs pa- 5, rens, en ufent de-même à l'égard de leur poftérité. 5j Du relie il eft confiant que cette race d'hommes à 5, queue efc beaucoup plus nombrcufe qu'on ne le l'i- 5, magine ; & que ce proverbe fi commun parmi 5, vous C*). Homines caudaù ^ pour défigner des gens 5, fans efprit, n'eft nullement métaphorique. Il eft „ fondé fur la vérité. 11 y a beaucoup de ces hom- 5, mes en Ethiopie: il y en a aux Indes, en Egypte, 3, en Angleterre , furtout en Ecoffe ; toutes vos rela- 5, tions en font foi. On en trouve même en France, 3, où j'en ai vu pluiieurs. Mais je me contenterai fur 5j cet article de quelques faits récens & aflez voifms 3, de vous pour que vous foyez à portée de les vé- 5, rifier. 5, Le Sr. Cruvillier de la Croutat qui fît avec fuccès 5, & avec courage la courfe contre les Turcs & qui 5, périt en Caramanie dans un vaifteau qu'un des Of- 5, liciers de fon bord, pour ^ pur fes uuLies exploits. Il étoit fi velu que les ours P H I L 0 s O P H I Q U E s &c. 165 ne le font pas davantage; le poil dont il ctoit tout couvert, avoit près de demi -pied de longueur. Commecette femme n'avoit jamais rencontré d'hom- me de cette crpcce^ la curiolité qui lui fit porter les mains de tous côtés fur le corps de celui-ci, les lui ayant fait étendre fur Tes felTes, elle y trouva une qlieue de la gn .fleur du doigt, & de la lonqueur d'un demi pied, qu'elle empoigna en lui deman- dant ce que c'étoit. Cette queue étoit velue com- me le reile du corps. Cet homme répondit d'un ton brufque & chagrin, que c'étoit un morceau de chair qu'il portoit cle naiflance, par le defir que fa mère avoit eu, étant groffe de lui , de manger d'une queue de mouton ; & depuis ce moment elie remar- „ qiia qu'il ne lui témoigna ^lus le même amitié. „ L'odeur de fa fueur etoit fi forte &: fi particulière, „ elle fentoit tellement le fauvage, que cette femme s, fat plus d'un mois à en perdre le fencimcnt, qu'elle „ s'imagmoit trouver par- tout. „ Une perlbnne de votre pays m'a afTuré que feU 5, Mr. de Barfabas & fa fœur Rcligicufc, tous deux „ fameux par plufieurs traits qui marquent en eux 5, une force extraordinaire, avoient une queue. 3, J'ai connu à Pans une Limonadière qui en avoit 5, une, que cinquante autres pern')nnes ont vue: auflS 53 avoit-elle l'air hommafle & les bras fort velus, „ Je vis à Orléans, lorfque J'y pafiTai , un homme qui „ avoit une queue. Il étoit au'Ji très -fort & très- „ velu. J'ai fu depuis qu'ayant voulu faire couper „ cette queue, il mourut de cette opération, dont le j>5 Mercure du mois de Septembre 17 18 fait mention. 5, 11 y a à Aix, dans la rue Courtifllide une fcm- 3, me du peuple, nommée Louife Martine, qui à 5, l'âge de trente -cinq ans fut attaquée de la conta- 5, gion, lorfqu'elle affligea cette ville. Ceux qui la „ fûignotent dans fa maladie découvrirent qu'elle a- 5, voit une queue, & la firent voir à diverfes autres „ perfonnes, enforte que l'hiftoire en devint publique. ,3 Cette femme qui a du poil ^u menton, gro.Te &; L 3 i55 CONSIDERATIONS 5, puifTante, ayant les foiicils & les cheveux fort „ noirs, a une force extraordinaire & porte fur les „ épaules deux facs de bled , comme une autre pour- 5, roit porter un fagot. Un jour elle donna un fouf- 5, flet à un homme qu'elle étendit par terre du coup, ç, lequel refta demi -heure évanoui. 11 y a encore à „ Aix un certain Bernard , procureur, n'omnxi Oneue- ,, ik- porc. ,^avcc qu'il eft connu pour avoir réellcrnent jj une queue, qu'on lui a vue lorfqu'il fe baignoit é- „ tant entant. Il r,e le nie pas lui - même. Mais il 5, n'eft pas de forte complexion , comme cette femme „ dont je viens de parler. 11 a cependant une phy- „ fionomie particulière, & un vifiige femé de beau- 5, coup de rouliëurs. 5, A ces faits qui font à portée d'être approfondis „ des curieux., je pourrois en ajouter beaucoup d'au- 5, très des régions él ignées; mais j'efpère qu'ils fulh- „ ront pour vous pcrfu: dcr que les hommes à queue î, qu'on découvre de temps en temps nô font pas nés 5, avec ces queues par un efiet du hazard & de l'ima- „ gination de leur mère. Ce font probablement des 5, hommes d'une efpece auffi diflérente de la nôtre, 55 que l'cfpece des finges à queue eft différente de cel- 5, le des finges qui n'en ont point. La férocité des 5, hommes qui ont des queues , leur force extraordi- 5, naire, leur pilofité , la communication de ces queues 5, des pères aux enfans, femblent être des preuves 9, certaines d'une différente efpece. Si cette férocité „ & cette pilofité extraordinaires ne font pas toujours 55 égales dans les fujets de cette race, cette variété ne 5, procède que de. ce que cette efpece mêlée avec la „ nôtre perd fans -doute quelques-unes de ies pro- 93 priétés. & que l'une fe conferve dans un fujet pro- 5, duit de ce mélange, tandis que les autres s'affoi- 5, bliflent ou fe cachent pour quelque temps. Ainlî a, un fils né d'un père qui a une queue, & d'une mè- 5, rc qui n'en a point, peut être fans queue; & ce 3, fils peut avoir d'une fenme qui n'aura point de :a queue. Un enfant qui reflembiera par-là à fon aïeul. P II 1 L 0 s 0 P II I Q U E s &e. i<5'7 „ Il peut être velu &: n'avoir point de qucae, ou a- „ voir une queue &: n'ctre pas velu.'' Comme la queue des fingcs , très longue dans les premières races, diminue dans les fuivantes^ pour difparoître entièrement dans les race? fupérieures; il fc peut que la queue de certaines races d'hommes, longue d'un pied , comme celle des fauvages de Tlfie Formofe dont parle Struys, n'ait qu'un demi-pied dans d'autres races dont ctoit le noir Mahammed de Bor- néo; puis feulement quatre pouces, comme dans les noirs de Manille & de Mindoro;& qu'elle s'elfacetout- à-faic dans la fuite des générations. Tontes les formes animales changent & le perdent de-même graduelle- ment &fucceffivement, par la variation néceffaire des produits de la Nature. Puifqu'elle ne fe répète point ; chaque génération doit amener quelques difterences, & ces différences lans celfe multipliées & accumulées doivent produire des altérations confidérables dans le modèle prototype: elles doivent fupprimer d'ancien- nes parties, ou les multiplier, en engendrer de nou- velles, transformer les combinaifbns , varier les réful- tats 5 & rendre à la fin ce modèle original très-différent de lui-même. Elles peuvent déguifer certaines par- ties, les envelopper, les cacher, pour les remontrer fous une autre face dans de nouveaux produits. Après tout, cette queue, qui nous paroît fi étrange, n'effc que la multiplication des vertèbres & le prolongement de la peau du dos : elle n'a rien de plus fingulier que ce fixiéme doigt commun à prefque toute une famille de Berlin (*) , quoiqu'il difparoilfe dans quelques in- dividus. (*) Jacob Riihc, C'nirurgieti à_ Berlin, né avec fix doigts k cbaqué main & à cliaque pied, tient cette fingularité de fa mère Elifabetii iluhen qui la tenoit de la mère Elilabetli Hortsmann, de Rof^ock. Elifabeth Ruhen la tranfmit à quatre enfans de huit qu'elle eut de Jean Cbrif'dan Ruhe qui n'avoit rien d'extraordi- naire aux pieds" ni aux mains. Jacob Ruhe, l'un de ces enfans fexdigiuires , époufa à Dantfic en 173:,. Sophie Louifc de Thun- geh qui n'avoit rien d'extraordinaire : il en a eu fix enfans ; deux L 4 368 CONSIDERATIONS I C H A P I T R E CVII. 2. Lcî Nejrres. L y a des Nègres à queue: nous venons d'en voir pluficnrs exemples. Cependant la plus gran4e parde des races nègres n'en ont point. Cette large bande qui ceint le giobe terrelb'C d'orient en occident, n'eft prelque toute habitée que par des peuples noirs qui ont des nez larges & écrafes, de groffes lèvres, de la la:ncau lieu de cheveux, & un efprit très borné qui s'dcvc à peine de quelques degrés audelTusdel'inftinct de ]a brute. Mr. de liufibn ne compte parmi les véri- t;ibies noirs que ceux de Nubie, du Sénégal, du Cap- Verd, de Gambie, de Sierra -liona, de la côte des Dcnfs, de la côte d'Or, de celle de juda, de Congo, d'Angola, & de Benguale jufqu'au Cap-Negre. Les pluA laids & les plus llupides font ceux d'Angola, qui cft auffi le pays des Orang-outangs. Outre leur diffor- mité & leur ftupidité^ ils ont encore la force en par- tage, & ils Tentent ii mauvais lorfqu'ils font échauffés, que l'air des endroits par ou ils ont paffé en eft infeéte' pendant plus d'un quart-d'heurc. Les Nègres n'ont pas tous la même laideur, ni la même teinte de noir, ni la même iiature. Ceuxd'An- grila & de Congo font les plus. noirs, les plus laids, les plus petits, les plus dégoûtans. Ceux du Cap-vcrd ibnt bien auilî noirs, mais ils ont le corps mieux tait, les traits du vifage moins durs, le naturel moins ftupi- dë o: moins féroce. Les Sénégallois font peut-être les mieux faits de touSj& les plus aifés à difcipliner, mais .Mcçons onr ézé fcxdigicaires. L'un d'eux , Jacob Ernefl , à fijt Jokts 311 piefi gauche & cinq au droit , il avbit à la main droite «:h nxi'imi doigt, qu'on lui a coupé; à la gauche il n'a à la place di flii(}aie doli^i; qu'una verrue. Osiiyre de Mauperti4is ^ Totm 11% P H I L O s 0 P H I Q U E s &c. i5p ils font moins forts que les autres. Les Bambaras font les plus grands :, & les Nègres créoles les plus fpiri- tuels & les plus adroits. Pour la couleur, les Jalofes qui habitent le bord méridional de la rivière du Sénégal font tous fort noirs ^ au Nord du même fleuve, on en trouve qui ne font que d'un brun foncé; ceux des Iflcs du Cap-verd font pliàtôt jaunâtres que noirs. Les Nègres de Serra-Liona ne font pas tout-à-fait aulïï noirs que ceux du Sénégal, mais ils le font plus que ceux du Cap-Verd. Ln étudiant les variétés de la couleur des races nègres, on y trouvera toutes les teintes intermédiaires du noir au brun; en comparant leurs traits, leur taille, les proportions de leurs mem- bres, on verra la Nature perfedtionnant fans ceiTe, mais lentement, l'efpece humaine en multipliant les générations , réformant chaque fois quelque trait. Com- bien lui a-t-il fallu de fiécles pour laver la peau du S^négallois, je ne dis pas par le mélange avec le fang du Blanc, mais par la gradation néceflaire des formes qui embralTe également la couleur des furfaces & la texture des parties (*)? CHAPITRE CVIIL 3. Les Hottentûts, O N ne connoît guère les peuples qui habitent „ les côtes & l'intérieur des terres de l'Afrique depuis (*) „ Le Blanc avec la Noire , ou le Noir avec la Blanche „ produifcnt également un Mulâtre dont la couleur eft brune, „ c'eft-à-dire mêlée de blanc & de noir , ce Mulâtre avec un Blanc „ produit un fécond Mulâtre moins brun que le premier; & fi ce ^ fécond Mulâtre s'unit de même à un individu de race blanche, „ le troifiéme Mulâtre n'aura plus qu'une nuance légère de bruçi „ qui difparoîtra tout-à-fait dans les générations fuivantes : il no a, f4u« donc aflreure mal-propreté j ils iorterransjindé- 5, pendans & tris jaloux de leur liberté; ces d fferen- 5, ces (ont j comme l'on voit;,plusque fufli'linres p"ur s, qu'on doive les regarder comme un p^upiC diiié- 5, rcnt des Nègres que nous avons décrits, ^, Gama, qui le premier doubla le C^.p de Bonne- 3, EPperance & fraya la route des Inde^ aux Nations „ Européennes, arriva à la baie de Sainte Hélène le ,j 4 Novembre 1497. il trouva que leshabitansétoient 5, fort noirs, de petite taille & de fort mauvaife mine 5, (t), mais il ne dit pas qti'ils fufTent naturellement „ noirs comme les Nègres, & fans doute ils ne lui ont „ paru fort noirs que par la graiflè & la fuie dont ils „ fe frottent pour tâcher de fe rendre tels; ce viva- 5, geur ajoute que l'articu'ation de leur voix rolWm- ,, bioit à des foup'rs, qu'ils étoient vêtus de peaux „ de bêtes, que leurs armes étoient de,, bâtons dur- „ cis au feu, armes par k pointe d'une corne de 5, quelque animal, &c. (f). Ces peuples n'avoient „ donc aucun ufage des arcs en ufage chez les Nègres. 5, cloîtrcF ces Nègres avec leurs femelles , & conferver \crupulcu- 5, fcment leur race, flms leur permettre de la croifer: ce mnvcn 5, eft le ieul qu'on puiOe employer pour favoir combien il fau 5, droit de temps pour réintégrer h cet égard Ift Nature de l'iiom- 5, me; & par la même raifon combien il en a fallu pour la chan- 3, ger du blanc au noir." Kn tentant l'expérience inverfc, on poiirmit connoître combien il faudroit de temps pour noircir la peau des races blanches par la feule influence du climat , ou des autres caufcs naturelles. (*) Defcription du Cap de Boime-Erperance par M. Kolbe, Amfterdam 1741. page 95. rt) idem , pas. ça. ■\J Voyex rrW'tori'e générale des Vgyages, par M. l'Abbé Fre» Vôt, Tome I. p. 22. et) Ibidem. 17» CONSIDERATIONS „ Les voyageurs Hollandois difent que les Sauva- „ ges qui font au Nord du Cap, lont des hommes 5, plus petits que les Européens, qu'ils ont le teint „ roux-brun, quelques-uns plus roux & d'autres 5, moins , qu'ils font fort laids & qu'il cherchent à fe „ rendre noirs par de la couleur qu'Us s'appliquent 5, fur le corps & fur le vifage, que leur chevelure eft 5, fembable à celle d'un pendu qui a demeuré quel- „ que temps au gibet (*) Ils difent dans un autre 5, endroit que les Hottentots font de la couleur des 5j mulâtres, qu'ils ont le vifagc difforme, qu'ils font 5, d'une taille médiocre, maigres & fort légers à la „ courfe;que leur langage eft étrange ;,& qu'ils glous- 5, fent comme des coqs d'Inde Ct)- Le Pcrc Tachard „ dit que , quoiqu'ils aient communément les che- 5, veux prefqu'auflî cotonneux que ceux des Nègres, a, il y en a cependant plufieurs qui les ont plus longs 5, & quiies laiflent flotter fur leurs épaules, il ajoute „ même que parmi eux il s'en trouve d'aufli blancs 5, que les Européens, mais qu'ils fe noircilTent avec „ de la graiffe & de la poudre d'une certaine pierre „ noire dont ils fe frottent le vifage & tout le corps; „ que leurs femmes font naturellement fort blanches, „ mais qu'afin de plaire à leurs maris elles fe noir- ,j ciflènt comme eux (§ ;. Ovington dit que lesHot- „ tentots font plus bafanés que les autres Indiens , „ qu'i' n'y a point de peuple qui reflemble tant aux j. Nègres "par la couleur & par les traits, que ccpen- „ dant ils ne font pas û noirs, que leurs cheveux ne 5, font pas fi crépus, ni leur nez li plat (§§). - 3, Par tous ces témoignages il eft aiféde voir que „ les Hottentots ne font pas de vrais Nègres , mais des C*) Voyez le Recueil des Voyages de la Compagnie de Hol- lande, p. 2l8. Q) Idem, Voy. le Voyage de Spitzberg. p. 443. C§3 Voyez le premier Voyage du P. Tachard, Paris 1686, f. 108. CSD Voyea le Voyage de Jean Oviygwnf Paris 1725, p. 194* P H I L 0 5 0 P H I Q U E s &c. 173 5^ hommes qui dans la race des noirs commencent à ,j fe rapprocncr du blanc, comme les Maures dans „ la race blanche commencent à s'approcher du noir; „ ces Hottentots font au refte des efpeces de Sauva- „ ws fort extraordinaires; les femmes furtoutqui font „ beaucoup plus petites que les hommes, ont une „ efpece d'excroiflance ou de peau dure & large qui „ leur croît au-deflbus de l'os pubis, & qui defcend „ jufqu'nu milieu des cuifles en forme de tablier (*). „ Thcvenot dit la même chofe des femmes Egyp- „ tiennes, mais qu'elles ne laiflent pas croître cette „ peau & qu'elles la brûlent avec des fers chauds: je „ doute que cela foit aulîl vrai des Egyptiennes que 5, des Hottentotes ; quoi qu'il en fî)it , toutes les fem- 5, mes naturelles du Cap font fujettes à cette mon- „ ftrueufc difformité, qu'elles découvrent à ceux qui „ ont alTez de curiofité ou d'intrépidité pour deman- „ dcr à la voir, ou à la tc^ucher. Les hommes de ,5 leur côté Ibnt tous à -demi -eunuques, mais il cft „ vrai qu'ils ne nalifcnt pas tels & qu'on leur ôte un ,, terticule ordinairement à l'âge de huit ans & fou- „ vent plus tard — „ Tous les Hottentots ont le nez fort plat & fort „ large , ils ne l'auroient cependant pas tel fi les mé- „ res ne fe flùfoient un devoir de leurapplattirlenez, „ peu de temps après leur naiffance , elles regardent „ un nez proéminent comme une difformité 5 ils ont „ nuffî les lèvres fort grolfes, furtout la fupérieurea „ les dents fort blanches, les foucils épais, la tête „ grofiè^ le corps maigre, les membres menus; ils ne „ vivent guère paiTé quarante ans &c. (j >'' Voilà un fort vilain peuple dont l'Afpeft hideux prouve que la Nature , qui en s'éloignant de l'equa- teur a éclairci le noir des races nègres , en a pourtant (*) Voyez la Defcription du Cap. par IM. Kolbe Tome I. page 91. Voyez aulfi le Voyage de Coiirlai , page 291. et) Hiftoire Naturelle générale & particulière avec la Defcrip- lÏQn du Cabine: du Roi. Tome VI. Edit. in- 12. page 045 & fuiv. 174 C Q N ^ m i^ R A T I Q N S chaKgé la, laiiideiir d^ns liçs Hottentots. Cette excpoîs- fance de la peau du pubis, particulière aux femmes, i<^ beau.<-oup plus étrange que la queue des Nègres de Manille & de MiDdoro,leur Ûat-urc petite & mal pro- portionnée, leiir n\al propreté , leur ftupidité, leur naturel indifciplinable, leurs grofles lèvres^ leur nez plat & large qu'ils s'eflôrcent d'aplattir encore davan- tage, leur vie p":us courte de moitié que ceUe de l'hom- pie, & leur voix fembli^ible au cri du coq d'Inde ou à des foupirs, qui paroît taire la nuance du cris des joc- kos a la voix humaine; tout cela rapproche les IJot- teatots des brutes. 0,n a dit que l'Orang outang étoit un animal. Sous un raafque haniam. On pourroit dire qu'un HoLientot ell un homme dcguifé fous les traits, la vojx & les mœurs d'un animal. L CHAPITRE CIX. 4. Des autres Coffres. tA nouvelle Hollande nous offre des races Hotten- totes allez, lèmblables pour la couleur & la tigure à celles que nous venons de décrire. Les Caffres de la côte orientale d'Afrique, par exemple, ceux de la terre de Natal, de Soflala, du Monomotapa, de JVIo- fambique , de Melinde , de Madagafcar & des Ides voi- fmes; ainfi que les habitans des Maldives, de Ceylan, ûe la pointe de la prefqu'iile de l'Inde, de Sumatra ^ de Malaca, des fhihppines, ^c. font un peu débar- bouillés. Ils font plus grands, moins laids & moins mal-propres, que les Hoctentots: ils ont en général le nez mieux proportionné, 'es membres moins me- nus,& quelques unsont une mine allez agréable quoi- qu'ils foient extrêmement bruns. Ainfi les traits de l'humanité s'adouciilent lènfibleraent & prennent de la régularité, en remontant vers l'orient: c'eft tout le contraire vers le nord. C H A P I T R E ex. 5. Les Lappms iV Europe ^ les Samo'iedes d^Afie^ Us Sauvages du Détroit de Davis en [Amérique. , A. .u Nord de l'Europe, de l'Afie & de l'Amérique, on trouve des hommes que l'on prendoit volontiers pour une race d'avortons contrefaits, tant ils font pe- tits & laids! Leur face cft-celle de l'Orang-outang, fi elle n'eft pas plus difforme: Un vifage large & plat, un nez fi peu proéminent qu'il ne s'élève prefque pas au dellus de l'os de la mâchoire fupérieure, une bouche extrêmement grande, des joues très élevées, un men- ton étroit & prefque entièrement effacé, l'ouverture des yeux petite & retirée vers les temples, une groffe tête, des cheveux prefque auffi durs que des crins, des oreilles grandes & rehauffées , enfin l'iris de l'œil jaune & le teint d'un brun jaunâtre: que l'on com- pare ce portrait à celui de l'Orang-outang, & que l'on décide lequel eft le plus difïbrme C*). Four achever cette caricature , figurez- vous un cou extrêmement court, un corps dur & nerveux, de quatre pieds de hauteur, quelquefois moins, une ftrufture large & quarrée, des membres courts, gros & trapus : une voix grêle, peut-être femblable au fifflement que Mr. Linnaeus donne à l'homme-des-bois ; du refte pafTant toute fa vie fous terre ou dans des cabanes enterrées dans les ténèbres d'une nuit deplufieurs mois, & con- noiflant peu les maladies qui affligent l'humanité. Eftr ce-là un homme ? Afin que l'on ne foit pas tenté de m'accufer d'avoir chargé les traits de ce portrait , je vais appuyer ce que je dis de quelques, autorités refjjedables. f*'^ Voyez ci-deVant Chapitre CIY. 175 CONSIDERATIONS On trouve en Laponie & fur les côtes reptcntrio- nales de la Tartarie , dit Mr. de Buffon d'après des re- lations autentiques , une race d'hommes de petite fta- turc, d'une figure bizarre, dont la phyfionomie eft suffi fauvage que les mœurs. Ces hommes paroiflent avoir dégénéré de refpece-humaine, ajoute ce favant Naturalifte. Tous ces peuples, favoir les Lappons,les Samoïedes, les Tartares feptentrionaux , les (iroen- landois, & le fauvages au Nord des Efquimaux, ont le vifage large & plat (*) , le nez camus &; ccrafé , Piris de l'oeil jaune-brun & tirant fur le noir (-f) ^ les paupières retirées vers les temples (§) , les joues ex- trêmement élevées, la bouche très grande, le bas du vifage étroit, les lèvres groffes, & relevées, la voix grêle 3 la tête grofle, les cheveux noirs & lilfes, la peau bafanée; ils font très-petits, trapus quoique mai- gres; la plupart n'ont que quatre pieds de hauteur, & les p'us grands n'en ont que quatre & demi. . Cette race eft comme l'on voitj bien différente des autres, il femble que ce foit une efpece particulière dont tous les individus ne font que des avortons (c'eft toujours Mr. de Buffon qui parle) ; car s'il y a des différences parmi ces peuples, elles ne tombent que fur le plus ou le moins de difformité ; par exemple , les Boran- diens font encore plus petits que les Laiffons, ils ont l'iris de l'œil de la même couleur, mais le blanc efl d'un jaune plus rougeâtre, ils font auffi plus bafanés^, ils ont les jambes groifes, aulieu que les Lappons ]cs ont menues. Les Samoïedes font plus trapus que les Lappons, ils ont la tête plus grofle, le nez plus large, & le teint plus obfcur ^ les jambes plus courtes, les genoux plus en dehors,- les cheveux plus longs & moins de barbe. C) Voyage de Renard Tome I. de fes Oeuvres , p. i6q. Voyez auiïi il Genio Vagante del conte Aurelio degli Anzi m Parma 1691. & les Voyages du Nord faits par les Hollandois. Çt) V. Linnsi Fauna Suecia 1,-46. p. i. (.î) Voyez la Marcinière ^J'^ge 39« t> îi I L 0 s 0 P M I Q U E s &c. I77 de barbe. Les Groenlandois ont encore la pe?.u plus bafaimcc qu'aucun des autres, ils font couleur d'olive foncée; on prétend même qu'il y en a parmi eux d'auffi noirs que les Ethiopiens. Chez tous ces peu- ples, les femmes font aufli laides que les hommes, & leur rellemblent fi fort qu'on ne les diftingue pas d'a- bord ; celles de Groenland font de fort petite taille , mais elles ont le corps bien proportionne*, elles ont auflî les cheveux plus noirs & la peau moins douce que les Samoïedes; leurs mammcUes font molles & fi longues qu'elles donnent à teter à leurs enfans par dellus l'épaule, le bout de ces maramelles ell noir comme du charbon, & la peau de leur corps eft cou- leur olivâtre très-foncée. Quelques voyageurs difent qu'elles n'ont de poil que fur lu tête & qu'elles ne font pas fujettes à l'évacuation périodique qui eft commune à leur fexe; nous verrons bientôt ce qui a donné lieu à cette méprife. Elles ont le vifage large, les yeux petits, très-noirs & très-vifs, les pieds courts aufii- bien que les mains, & elles rellémblent pour le refte aux femmes Samoïedes. Les Sauvages qui font au Nord des Efquimaux , & même dans la partie fepten- trionale de l'ifle de Terre-neuve, reflcmblent à ces Groenlandois; ils font, comme eux de très- petite fta- ture, leur vifage eft large & plat, ils ont le nez ca- mus, mais les yeux plus gros que les Làppons C'"-'). Les Samoïedes, dit un lavant qui en a vu plufieurs (t), font pour la plupart d'une taille au deiTous de la moyenne: ils ont le corps dur & nerveux^ d'une ftrufiture large & q narrée, les jambes courtes & me- nues, les pieds petits, le cou court & la tête grolTe à proportion du corps, le vifige applati, les yeux noirs & l'ouverture des yeux petite , mais alongée , le nez Ç*) Voyez h; Recueil des Voyages du Nord 1716. Tome 1/ p. 130 & Tome III. p. 6. (t) Mémoire i\ir les Samoïedes & |c,s Lappons. „ Quant à l'é- „ tymoloi^ie du nom de Samo'iedes , dit l'Auteur de ce Mémoire, „ ceux qui en ont écrit Ibnt peu d'accord catre-eux. Les uns M X-8 CONSIDERATIONS tellement ccrafc que le bout en eft à peu près au ni- veau de l'os de la mâchoire fupérieure qu'ils ont très forte & élevée, la bouche grande & les lèvres minces; leurs cheveux noirs comme le jais, mais extrême- ment durs & forts, leur pendent comme des chan. délies fur les épaules; leur teint eft d'un brun fort jaunâtre, & ils ont les oreilles grandes & rehauflees. Les hommes , continue le même obfervateur auffi exaiSt que judicieux , n'ont que fort peu ou prefque point cie barbe, & ils ont ceci de commun avec leurs femmes, que non plus qu'elles ils n'ont du poil fur aucune partie de leur corps, excepté à la tête. Ce- pendant il refte encore à examiner fi c'eft par un dé- faut naturel qu'ils fe trouvent fans poil, ou plutôt par une qualité particulière à leur race , ou bien par le foin que prennent les deux fexes de fe l'arracher par- tout où il pourroitcn paroître, y attachant peut-être quelque idée de honte & de difformité. Ce qu'il y a de certain, c'eft que les femmes ont un intérêt tout particulier à n'en point avoir, quand même la Nature leur en donneroit, puifqu'un mari, fuivant les ufa- ges de ces peuples , feroit en droit de rendre à fes pa- ïens la lille qu'il auroit prife pour femme , & de leuf demander la reftitution de ce qu'il leur en auroit don- né, s'il lui trquvoit un poil fur d'autres endroits du corps que fur la tête. Cependant, c'eft là un cas qui. croient que ce nom-là répond hce]md''antkropop/iages,&qu''on le leur a donné à l'occaflou de ce qu'on les a vu manger de la chair crue que l'on a prifc pour de la chair humaine ; d'où l'on avoit inféré qu'ils mnngeoient les corps morts de leurs propres gens, auffi-bicn que ceux de leurs ennemis, à la façon des Cannibales. Mais il y a long-temps que l'on elt revenu de cette opinion ; & l'on fait même , par la tradition de ces peuples , que pareil ufage n'eut jamais lieu parmi eux. D'autres difcnt que le mot de Samo'ie fignifie en leur langue un Habitant, & que c'eft delà que leur nom tire fon origine. Cette dérivation feroit , ce femble , la plus naturelle , u la fuppofition fur la- ' quelle elle repofe , n'étoit pas deftituée de fondement. Mais comme il eft certain , qu'il ne fe trouve guère dans toute leur langue de mot qui approclie de celui de vSanioïe , & qu'ils fe donnent eux-mcme dans leur propre langue le nom de Niiiez P H 1 L O s O P H I Q U É s &c. 179 fuivant les apparences exifte fort rarement ^ quand même la Nature ne les auroit pas elle-mêmu «garantie à cet égard, parce que les Samoïedes ont coutume de les époufer fort jeunes , dès l'ûi^e de dix ans. La Phyfionomie des femmes relTemble parfaitement à celle des hommes, excepté qu'elles ont les traits tant foie peu plusfubdls, le corps plus mince, les jambes plus courtes, &: les pieds très-petits; d'ailleurs il cft fort difficile dediftinguer les deux fexes par la phyfiono- mie. Ceux qui ont prétendu que les femmes Sa- moïedc;3 ne font point fujettes aux évacuations pério- diques, fe font trompés; c'eft une particularité fur laquelle j'ai pris des informations exades: cependant il ell vrai qu'elles ne les ont que très-foiblement &en petite quantité. Une autre particularité également conftatée, c'ell qu'elles ont toutes les mammelles pla- tes & molles en tout temps, lors-même qu'elles font encore pucclles, & que le bout en eft noir comme du charbon, ce qui leur eft commun avec les Lap- pennes. Quant aux fauvages qui habitent les terres du Dé- troit de Davis ils font tort femblables aux Lappons d'Europe & aux Samoïedes d'Aile. Ils font pedts, trapus, d'un teint olivâtre: ils ont des jambes courtes & groifes. Les Sauvages de Terre-neuve font auffi de petite taille, comme on l'a dit plus haut, ils n'ont „ & celui de Chafowe , on voit bien que c'eft-là une érymolu'ne jç chimérique comme tant d'autres. U vaudra donc mieux , à mon „ avis , en cherclier une qui ait du rapport avec la langue des „ nations voifines. Et comme il eil certain que les Finnois ont „ habité dans les temps reculés lu plus grande partie des contrées „ du Nord, le mot de Sooma , qui lignifie en langue Finnoiie un „ Marais peut bien avoir iervi d'origine ai? nom de Samoïede , „ comme il e|J vraifemblablement aulli l'étymologie du nom de „ Samalantfch que les Lappons fe donnent dans leur propre lan- „ gue 5 & encore celle du nom de Somame/cs cjite les Carellens „ alFecteni; à leur Nation. Dans les Chanceleries Ruffiennes,lea „ Samoïedes portent le nom de iîirogncs::! qui déligne des getts j, qui mangent des choies crues. Voilà tout ce que j'ai pu dé- j, couvrir de moins incert^iin fur la dérivation du nom de ces i, peuples." M a i8o CONSIDERATIONS que peu ou point de barbe , leur vifage cft largo & plat, leurs yeux gros, & ils font généralement allez, camus. Le voyageur qui en donne cette defcription dit qu'ils reflcmblent allez bien aux fauvages du con- tinent feptentrional & des environs du Groenland (*). On en peut conclure oue tous les habitans du Nord tant de l'Europe que ae l'Afie & de l'Amérique font les plus miferables, les plus laids & les plus ftupides de toute l'efpece. Ces peuples fi groffiers^ menant une vie dure , trifte & prefque toute fouterraine^ par- viennent néanmoins à une très-grande vieillefle. CHAPITRE CXI. 5. Sauvages au corps ^ au vifage velus. \J u E le prototype a de peine à quitter les formes hideufes de la brute pour revêtir les belles formes de l'homme! Les Sauvages de la baie d'Hudfon & du Nord de la terre de Labrador, ainfique ceux du pays d'Yeço au Nord du Japon dans l'ancien continent, reflèmblent aux Lappons d'Europe & d'Amérique en ce qu'ils font laids, petits & m allai ts comme eux; en ce qu'ils paflent l'hiver fous terre ,&: l'été fous des têtes faites de peaux de bêtes , en ce qu'ils couchent tous pêle- mêle fans diftinétion comme eux , en ce qu'ils fe nourris- fent de chair crue ou de poiflbn cru , & qu'ils vivent long- temps comme eux; mais ils en différent en ce que les Lappons & les Samoïedes n'ont que peu ou point de barbe , au lieu que ces fauvages-ci ont non-feulement une barbe très épaiffe, mais encore prçfque tout le vifage & le corps auffi velus, qu'un ours. Cette par- (*) Voyez le Recueil des Voyages au Nord. Rouen 1716. Toiiic III. page 7. P H I L O s O P H I Q U E s &c. i8i tîculr.ritc les fjit regarder, avec raifbn, comme une race feparée des autres. CHAPITRE CXU. 7 . Les OJîiaques S ^ss Tongufes. L F s Oftiaqnes & les Tongufes font la nuance en- tre les Lappons dont on vient de parler , & les Tar* tares dont il fera queftion dans le Chapitre fui van t. Les Samoïedes & les Lappons font environ fous le 68 ou 6pi"e degré de latitude; les Oftiaques & les Tongufes fous le 5omc degré; les Tarcares au 55me degré le long du Volga. Les Oftiaques quoique petits & mal faits, font peut-être un peu moins raccourcis & un peu moins laids que les Samoïedes. Les Tongufes font un tant foit peu moins petits & moins laids. Ils vivent de poillbn ou de viande crue , ils mangent la chair de toutes les efpeces d'animaux fans aucun apprêt, ils boivent plus volontiers du fang que de l'eau. Ils font errans ^ groffiers , ftupides & bru- taux (*). L CHAPITRE CXIIL 8. Lqs Tartares. 55 A Nation Tartare prîfe en général, occupe des pays immenfes enAfie, elle eft répandue dans toute (^*) Hiftoire Naturelle générale & particulière, &Ct Tome VI, Edit. in-i2. Ms 1^3 CONSIDERATIONS „ l'étendue de terre qui cft depuis ^a RufHc jufqu'à j, Kannfchatka, c'cft-a-dire, dans un efpace de onze „ ou douze cens lieues en longueur, fur plus de fept „ cens cinquance lieues de largeur, ce qui fait un. 55 tcrrcin plus de vingt t'ois plus grand que celui de 5, la France. Les Takares bordent la Cnine du côté 5, du Nord & de l'Oueft, les royaumes de Boutan, „ d'Ava, l'emp.rc du Mogol & celui de la Perfe jus- 5, qu'à la mer Calpicnne du côté du Nord, ils fe font 5, :-uffi répandus le lorg du Volga & de la côte occi- ,, dentale de !a mer Cafpienne jufqu'au Daghcftan, 55 ils ont pénétré jufqu'à la côte lcp:enîrionale de la 5, mer noire, & ils fe ibnt établis dans la Crimée & „ dans la petite Tartarie près de la Moldavie &: de 3, l'Ukraine. „ Tous ces peuples ont le haut du vifage,fort large „ & ridé, même dans leur jeunelTe, le nez court & 5, gros, les yeux petits & enfoncées (*), les joues 5, fort élevées, le bas du vifage étroit, le menton long 3, & avancé, la mâchoire fupérieure enfoncée, les 35 dents longues & féparées, les fourcils gros qui leur s, couvrent les yeux, les pL\;ipières épaifles, la face 5, plate, le teint bifann?& olivâtre, les cheveux noirs; 9, ils f )nt de ftarure médiocre, mais très-forts & très- 5, robuftes, ils n'ont que peu de barbe. Si elle efi: par 5, petits épis comme celle des Chinois, ils ont les s, cuiHcs grofles & les jambes courtes; les plus laids 55 de tous Ion: les Calmuques dont l'afpect à quelque 33 chofc d'effrovabie: ils font tous errans & vaga- 5,, bonds, habitans fous des tentes de toile, de feutre, „ de peaux; ils mangent de la chair de cheval, de „ chameau &c. .tuc , ou un peu mortifiée fous la ., feilo de leurs chevaux, ils mangent auffi du poiflbn 53 delfeché au foleil. Leur boiflbn la plus ordinaire S) eft du lait de jument fermenté avec de la farine de et) Voyez les Voyages de Rubiufquis , de Marc-Paul , de Jean Struys , du Père Avril , & c. P H I L O s 0 P H I Q U E s. &c. iSj „ millet; ils ont prefqiie tous la tête raféc, à l'cxcep- „ tion du toupet qu'ils lailîcnt croître éilTc-z pour en 5, faire une trcfTe de chaque côté du vifage. Les feni- 5, mes, qui font auflri laides que les hommes, portent 5, leurs cheveux , elles les trelîent & y attachent de ^ petites plaques de cuivre &: d'autres ornemens de 5, cette efpece. . . . „ Pour reconnoître les différences particulières qui 5, fe trouvent dans cette race Tartare, il ne faut que 5, comparer les defcriptions que les voyageurs ont ,< faites de chacun des differens peuples qui la com- „ pofent. Les Calmuques, qui habitent dans le voi- „ fmage de la mer Cafpienne, entre les Mofcovites & j, les grands Tartares, font, félon Tavernier, des „ hommes robuftes, mais les plus laids & les plus dif- „ formes qui Ibient fous le ciel; ils ont le vifage fi plat 5, & fi large que d'un œil à l'autre il y a l'elpace de „ cinq ou lix doigts, leurs yeux font extraordinairc- ,5 ment petits ^ & le peu qu'ils ont de nez efi: fi plat 5, qu'on n'y voit que deux trous au lieu de narines, 5, ils ont les genoux tournés en dehors &; les pieds en -,, dedans. Les Tartares du Dagheftan font, après les 5, Calmuques, les plus laids de tous les Tartares: les „ petits Tartares ou Tartares Nogais , qui habitent 5, près de la mer noire, font beaucoup moins laids „ que les Calmuques, mais ils ont cependant le vifa- „ ge large 5 les yeux petits & la forme du corps fem- „ blable'à celle des Calmuques. Les Tartares Vagolifies „ en Sibérie ont le vifage large comme les Calmuques, 3, le nez court & gros, les yeux petits, & quoique „ leur langage foit différent de celui des Calmuques, „ ils ont tant de relTemblance qu'on doit les regarder „ comme étant de la même race. Les Tartares Bra- „ tskî font, félon le Père Avril^de la même race que ,. les Calmuques. A mefure qu'on avance vers i'o- „ rient dans la Tartarie indépendante, les traits des 5, Tartares fe radouciflènt un peu , mais les caraétères „ elTentiels à leur race reftent toujours ; & enfin les 55 Tartares Mongoux qui ont conquis la Chine, &c M 4 i84 CONSIDERATIONS qui de tous ces peuples ctoient les plus polices, font encore aujourd'hui ceux qui font les moins laids & les moins 'malfaits, ils ont cependant, comme tous les autres, les yeux petits, le vifage large & plat, peu de barbe , mais toujours noire ou roufle (*) , le nez écrafé & court, le teint bafanne mais moins; olivâtre Les peuples du Thibet ik des autres pro- vinces méridionales de la Tartaric, font, auffi bien que les Tarares voifms de la Chine, beaucoup moins laids que les autres Ct>" CHAPITRE CXIV. ç. Les Cbîmh S /^^ ^aponnoîs , c?^. L E S Chinois defccndent peut-être des Tartar es aux- quels ils rcITemblent par plufienrs traits marqués. Les Chinois ont engendrai le vilage large, les yeux petits, les fourcils grands, les paupières plates & élevées, le nez camus, quelques épis de barbe à chaque lèvre & fort peu au menton. Ils ont affez ordinairement la taille épaifle, le teint bafanné & la ftature commune: les femmes chinoifes font mieux faites que les hom- mes, au rapport des voyageurs, la taille plus déga- gée, mais le nez également ecraië & les autres traits du vifage à la Chinoife. Les Japonnois font aflez, femblables aux Chinois: feulement ils font plus jaunes, ou plus bruns; mais durefle, ils ont la taille ramaflee, un vifage large & plat, le nez écrafé, de petits yeux, & peu de barbe. Nous mettrons ici les Cochinchinois , les Tunquinois , les Siamois , les Péguans , les habitans d' Aracan , de Laos^ ♦) Voyez Palafox , p. 444, 't) lîiftoire Naturelle générale & particulière Otc. Tome VI, ]g4it. in-i2, P II I L 0 s O P H I Q U E s &c. 185 Vautres contrées voifincSa qui ont tous des figures chi- noilcs un peu variées; les Cochincliinois & les Tun- quinois n'ont pas le vifage auffi plat, ni le nez aullî ca- mus que les Chinois. Les Siamois ont k- corps rnieux fait, mais leur front fe rétrécit fubitcment & fc ter- mine autant en pointe que leur menton: ils ont auiïî de petits yeux places obliquement. Les habitans des Royaumes de Pégu & d'Aracan ont la forme du ct)rps & la phyfionomie chinoifes, ils font feulement plus noirs. CHAPITRE CXV. 10. Les Indiens, Hommes à grojjès jambes. L ES peuples qui habitent la prefqu'ifle de l'Inde font tous plus ou moins olivâtres ou jaunes. A cela près ils relfemblent aflez aux Européens pour la [.l'Ile & les traits du vifage. Les corps y font peut-être pius petits, fur tout dans les femmes, mais pour dédom- magement les jambes & les cuifles font fort longues. Je dois pourtant diftinguer parmi les Indiens, les habitans de Calicut qui forment comm.e deux races particulières, difteren tes entre elles, & diîférentes des autres races Indiennes. Les Naires de Calicut, qui font les nobles, font bien faits: ils ont une taille cie- vée; mais on voit parmi eux de certains hommes & de certaines femmes qui ont les jambes auffi grofles que le corps d'un autre homme. Cette difformité n'eit point une Maladie, dit Mr. de Buffon (f), elle leur vient de naiffance; il y en a qui n'ont qu'une jambe & d'autres qui les ont toutes les deux de cette grolTeur monftrueufc ; la peau de ces jambes efl: dure & rude comme une verrue : avec cela ils ne laiflent pas d'être (*} Au même endroit, M5 i85 CONSIDERATIONS fort difpos. Voilà un étrange écart de la Nature dans le temps qu'elle commence à donner une plus belle forme à refpecc humaine. On trouve encore des hom- mes à greffes jambes à Ceylan Pour les Moucois, qui font les Bourgeois de Calicut, ils fèmblent être d'une race inférieure à celle des autres Indiens : car ils font, hommes & femmes, plus laids, plus jaunes, plus malfaits & plus petits (*J. CHAPITRE CXYI. II. Les Perfans 3 les Arahes ^ les Fgypkns, les Maures, X ous ces peuples font des nuances intermédiaires entre les Indiens & les habitans des climats les plus tempérés où font les plus beaux hommes. Du ving- tième degré de latitude feptentrionale, au trente-cin- quième, les corps, quoique d'une couleur brune & b.ifannée, font beaux & bienfaits: ils prepjarent par degrés le beau teint & les belles proportions. On trouve chez les Maures des femmes d'une extrême blancheur, d'un teint de lys & de rofes, d'une taille grande & dégagée. r*) Voyages de François Pyrard. Recueil des Voyages qui ont fervi à rétabliirement de la compagnie des Indes de Hollande, Voyage de Jean Huguens. P II I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. 187 CHAPITRE CXVIl. %2. Les Ffpagnoh ^ ks Portugais^ /es François > les ^vglois^ les tiollandois s les Allemands^ ks Sui- dois y les Polonais :, les Danois. c 'es peuples Européens font bienfaits, ils ont les traits réguliers, les membres bien proportionnés , mais ils ne nous offrent point encore le chef dœuvre de la Nature, cette beauté noble & fublime^ qui plaît par elie-même, & non par les mignardifes de l'art, ni par la reflburce des paflîons, ni même par le prcRige des grâces, le fuppléraent de la beauté. Ce qui marque la marche graduée & variée de la Nature, ce qui prou- vé d'une manière fenfible par combien de nuances elle s'élève lentement au fuprêrae degré de la beauté ,c'e(î: que tous ces peuples ont un air nationnal qui fait que chacun eft différent des autres , & eft auffi aifé à di- ftinguer par la phyfionomie, que par le langage ou l'habillement. Les Efpagnols tiennent beaucoup des habitans de la Barbarie par une taille maigre & aiiéz petite, par un teint jaune & bafanné; cependant ils ont une belle tête & de beaux yeux, Aux environs de Bidaffou ils ont les oreilles d'une grandeur exccffive. Les Portugais tiennent des Efpagnols. Les François, les Anglois, les Hollandois Sz: les Allemands font "plus blancs que lesEfpagnols & les Portug9is,ils ont aulîî une taille plus avantageufe. Ils font encore éloignés de la perfeûion de l'efpece humaine. En comparant les individus , on trouve que la plupart font audcfious de la beauté médiocre. On rencontre partout des traits à demi-ebauchésalesnez aplatis, ou aquilins,des têtes communes , des figures qui ne fignitient rien , des mem- bres mal-afibrtis , des corps grêles ou trop chargés de chair, des Ibiures raccourcis, des jambes maiïives, des mains gtofiièrcment tournées; dans quelques pro^ ï8S CONSIDERATIONS vinces cic la France & ailleurs près de la motié de l'es- pèce cft contrefaite. Chez tous ces Européens, on compte les beaux hommes & les belles femmes : en- core ce ne font que des beautés nationales, c'eft-à- dirc des beautés fuivant les idées qu'ont produites les plus belles formes du pays (*) parmi lerquellcs on en trouvcroit bien peu qui fuflcnt dignes de fervir de modèles aux peintres du vrai beau. Les Danois font les plus blancs de tous les peuples. Mais ce blanc de lait trop éblouïflant n'eft pas favorable à la beauté: il cft fade: il devroit être légèrement bruni. Auffi, tout le refiie égalj une blonde n'eft pas aulïî belle qu'une brune. CHAPITRE CXVIII. :3. Les Italiens^ h s Turcs , les Grecs ^ ks CircaJJlens & ks Géorgiens. A- .u centre des différentes nations nommées dans les deux Chapitres précédens , on trouve les Ita- liens ^ les Turcs, les Grecs, les Circaffiens & les Géorgiens. Ces peuples font , fans contredit , les plus belles races de l'efpece humaine. Ils jouiflent de tous les avantages naturels. C'eft chez eux qu'il faut aller contempler le chef-d'œuvre de la Nature, les plus belles formes & la ftructure la plus excellente lous le plus beau ciel. Dans les belles Provinces d'Italie, dit Mr. Winckcl- niann, on voit peu de ces figures ignobles que l'on rencontre à chaque pas au delà des Alpes. Les traits (*} Ces idées de la beauté nationale font fi fortement emprein- tes dans l'efprit des Artiftes que Rubens même , après avoir dc^ iDcuré pluficurs années^ en Italie, n'a pu leur en fubdituer de plus parfaites , & a toujours delfinc fcs ilgures comme s'il n'eûç jamais vu qnc les formes de fon pays. F H I L 0 s 0 P H I Q U E s &c. i?^ y font partout nobles & bien marqués; la forme du vifagc y eft ordinairement grande & pleine, &; parfaite- ment proportionnée dans toutes fcs parties. Cette beauté de forme eft frappante jufques dans le bas peuple. La tête du dernier artifan pourroît-êtrc pla- cée dans les compofitions héroïques ; & il ne feroit pas difficile de trouver parmi les femmes de la der- nière clafle du peuple, même dans les villages les moins confidérables, un modèle pour faire une Ju- non. Naples, quijouitç, plus que les autres provin- ces d'Italie, d'un ciel doux & tempéré, produit en quantité de ces formes dignes de fcrvir de modèle au beau idéal, c'eil-à-dire au beau naturel, épuré, élevé jufqu'à la perfeiStion divine (*). Si les Italiens, dit un Anglois, font feuJs capables, parmi les modernes, de peindre la beauté, c'eft qu'ils ont la balè de ce ta- lent dans les belles figures qu'ils ont continuellement fous les yeux: cette contemplation aflidue du beau naturel fait qu'ils le copient avec tant de vérité (f). On voit peu de vifages grêlés en Italie. C'eft dans leur propre pays que les Artiftcs Grecs prirent les modèles de ces ftatues dont nous admirons les fragmens, & qui, toutes mutilées qu'elles font, ferviront éternellement de règle pour les belles pro- portions. Dans l'ancienne Grèce, il y avoit des jeux publics où les jeunes-hommes venoientdifputerleprix de la beauté. Les prêtres de plufieurs Dieux, nepou- voient être que des adolefcens qui euOent mérité ce prix (§). Il y avoit de femblables fêtes inftituécspour les jeunes filles à Sparte, à Lesbos, à Faros. Polybe dit qu'aucune Nation ne pouvoit être égalée aux Grecs pour la beauté (§§). Le fang des Grecs modernes quoi- que fort mélangé eft encore renommé pour fa beauté. (*) Hiftoire de l'Art chez les Anciens, Tome I. Traduction Françoife. (f) J-à-inèine. (9 Paulanias Lib. VII. ôc LX. Gâ) Poiyi'. Lib. V. jpo CONSIDERATIONS On ne trouve point parmi eux de nez écrafé, celui de tous les défauts qui défigure le plus un vifagc. Un célèbre Anatomiftc a obfcrvé que les têtes des Grecs & des Turcs ont la forme de l'ovale d'une plus belle proportion que les têtes des Allemands & des Fla- mands (*). Les Artilles Grecs fixèrent les idées de la beauté d'après les modèles de leur nation, & ces idées ont été univerfellement adoptées partout où les arts ont fleuri. On en retrouve les traits dans les mê- mes confées, ainfi que dans la Circaiïîe & la Géorgie. On y retrouve le profil Grec, le premier caradtère de la bc.uté du vifage, qui n'admet qu'un enfoncement très doux & très léger entre le front & le nez; on y retrouve les fourcilsdes Grâces, ce font ceux des fem- mes Circafliennes,qui,par la finefle & la fubtilité des poils, ne ferablent être qu'un filet de foïe recourbé; ce front modérément grand, poli, & également cour- be dans tous les points qui le répondent; les yeux & les mams de la Pallas de Phidias; la taille riche & no- ble de la Venus Grecque; cette fublime harmonie de toutes les parties du corps qui frappe dans l'Antinous &: dans iSiobé. Un trait de beauté remarquable dans les temmes Géorgiennes, Circallîennes & Turques, c'eft la rondeur pleine du menton fans apparence de fo.'etce. Cette follette n'eft en effet qu'un agrément acc-dentel qu'on ne trouve ni dans Niobé, ni dansfes fiiles, ni dans la Pallas que poffede le Cardinal Alba- ni, ni dans l'Apollon du Belvédère (j). Le fang de Géorgie eft fi univerfellement beau qu'on ne trouve pas un laid vifage dans ce pays^ & la Na- ture a répandu fur la plupart des femmes des grâces qu'on ne voit pas ailleurs, elles font grandes, bien- faites, extrêmement déliées à la ceinture, elles ont le vifage charmant (j). Les hommes font auffi fort C*) Vefal. de Corp. lium. fabrica. Lib. I. Cap. V. Ct) Hifloire de l'Art cliez les Anciens , par Mr, Winckelmann, Ci-3 Voyaû;es de Chardin : Hiftoirc Naturelle générale ik. par- ticulière Ckc, P H I L O s O P H I Q U E s &c. 191 beaux (§). Les femmes, dit Struys, font fort belles & fort blanches en Circaffic, & elles ont le plus beau teint & les plus belles couleurs du monde; le front grand & uni, les yeux grands, doux & pleins de teu, le nez bienfait, les lèvres vermeilles , la bouche rian- te & petite, & le menton comme il doit être pour achever un parfait ovale ; elles ont le cou & la gorge parfaitement bienfaits ^ la taille grande & aifée, les cheveux du plus beau noir: 11 eft rare de trouver en Turquie des boffus ou des boiteux ; les hommes y font auflî beaux que les Géorgiens ou les Circaifiens, les femmes y font belles bienfaites & fans défaut. Il n'y a femme de Laboureur ou de payfan en Afie,dit Belon, qui n'ait le teint frais comme une rofe, la peau délicate & blanche , 11 polie & fi bien tendue qu'il femble toucher du velours. Cette peau douce, fatinée & tranfparente eft un don précieux de la température du climat. Les femmes Grecques font peut être en- core plus belles que les Turques; ou plutôt il faudroit avoir des idées bien pure de la beauté pour décider laquelle de ces nations mérite la pomme. Les habi- tans de Ifle de l'Archipel partagent auffi les avanta- ges de la beauté avec leurs voifins. A CHAPITRE CXIX. 14. Les Patagons^ ou Géants. l'extrémité auftrale de l'Amérique j'apperçoit une nouvelle race d'hommes. Leur taille eft le dou- ble de la nôtre, & leur corps a plus de huit fois le volume du nôtre. (§) n genio valante deliConte Amelio degli Anà, I Un autre chien n'avoit qu'un œil, & point de nez îii de gueule. Sa tête difïorrae n'étoit qu'une mafle à peu près ronde ou oblongue, fans autre accompa- gnement que deux oreilles & un œil. Le refte du corps n'avoit rien de monftrueux. Nous avons parlé d'hommes à fix doigts à chaque main & à chaque pied. Un autre homme n'avoit à chaque main que le feul doigt index, fans qu'il parût aucun vertige de tous les autres doigts , excepté une portion du pouce que l'on fentoit fous la peau en tou- chant ces mains difformes (f). Un enfant venu à terme, bien formé & bien nourri , mourut prefqae en naiifant, il fut ouvert: on trouva qu'il n'avoit que la bafedu crâne, & point de cerveau ni de cervelet. C'étoit une fille. Un autre enfant mâle vécut douze ou quinze heures, quoiqu'il n'eût aucune trace de cerveau ni de cervelet j mais feule- ment un grand efpace vuide à leur place. Un fœtus monltrueux n'avoit ni cervelle ni cervelet, ni moelle épinière. Un enfant venu à terme, n'ayant audî ni cerveau ni moelle épinière, a pourtant vécu 21 heu- res. Mr. de Littre dilTéqua en 1701 un fœtus mon- ftrueux qui avoit vécu huit mois dans le fein de la mère où elle l'avoit fenti, remuer jufqu'à ce temps. Il n'avoit que la bafe du crâne. Cette bafe étoit cou- verte d'une membrane qui étoit double, d'un tiflu fort ferré 3 & qui ne contenoit dans fa duplicature au- cun veftige de moelle ^ mais feulement les nerfs & les vaifleaux fanguins, qu'on trouve ordinairement à la bafe du crâne. Les nerfs avoient fenfiblement leur commencement à la fuperficie inférieure de la partie (♦) Journal des Savans , An. 1683. (t) Mémoires de l'Acadcmie Rpyalc des Sciences de P«rii 3 an. 1733. P H 1 L O s 0 P H I Q U E s Sic. 207 fupérieure de la membrane qui les rcnfermoit & ils faifoient trois lignes de chcmm dans la duplicaturc, avant que de fortir de la bafe du crâne pour s'aller dillribuer aux autres parties du corps Enlin le canal de l'épine de ce fœtus monftrueux, étoit ouvert par derrière dans toute fa longueur, de la largeur de neuf lignes. 11 étoit tapilTé de la même membrane que la bafe du crâne; elle étoit de même vuide de moelle & contenoit feulement les nerfs, & les vaifleaux fanguins particuliers à l'épine. Ses deux parties étoient telle- ment colées enfemble ou avec les vaifleaux qui étoient dans fa duplicature^ qu'il ne reftoit entre elles aucune apparence de canal (*). En 170p. Mr. Mery reçut d'un Médecin Danois la defcription d'un fœtus à terme monfl:rueux par la tête. Elle étoit plus petite qu'à l'ordinaire, & la face prcfque toute couverte de poils avoit quelque chofe d'affreux. Au milieu du front , il y avoit une petite protubérance charnue 5 & direûement au-deflbus un œil de figure triangulaire, revêtu de fes paupières gar- nies de leurs cils; mais la fupérieure n'avoit point de fourcils. Ce fœtus n'avoit que ce fèul œil dont on diftinguoit parfaitement bien la conjonéïive,la cornée tranfparente & la prunelle. Il n'avoit ni bouche, ni nez; dc-là vient, dit-on, qu'il ne pouvoit pas refpi- rcr_, ce qui lui a caufé la mort peu de jours après être forti du léin de fa mère. Les oreilles occupoient la place du menton , mais elles n'avoient point de con- duit extérieur. Nous avons dit que ce petit monftre n'avoit point de nez; il ne faut pas oublier auffi qu'il n'avoit point de nerf olfactif, & que l'os ethmoïde étoit fans trous; il auroit donc été privé de l'odorat s'il eût vécu (f). Un autre fœtus fans nez , & avec un feul œil placé au milieu du front, offre des circonftances un peu i ♦) Iliftoire de l'Acadéinie Royale des Sciences de Paris, t) Là-même, An. 1709. aoS CONSIDERATIONS différentes. La place du nez, étoit nnie^ plate & de niveau avec le refte de la face: la peau n'en étoit per- cée d'aucune ouverture; le deffous de cette peau étoit folide, n'ayant point les creux nécefiaires pour for- mer les deux folîes nafales, & pour loger les lames offeufes avec la membrane qui les tapifle; auffi tout cela manquoit , & on n'en obfèrvoit aucun veftige. Le vifage portoit un feul œil placé au centre de la partie inférieure du front, comme on nous dépeint celui des Cyclopes. 11 y avoit pourtant deux fourcilsqui avoient confervé leur place ordinaire ainfi que les deux pau- pières dénuées de cils. Le globe de l'œil étoit rond à l'ordinaire, & compofé de la conjonctive , de la fclé- Totique & d'une cornée de figure ovale. Au travers de cette cornée on diftinguoit deux petits corps ronds* Le globe ouvert, on ny vit point de choroïde, mais on reconnut que les deux petits corps ronds étoicnt les deux yeux renfermés fous une même enveloppe & pofés l'un à côté de l'autre. Quoiqu'ils n'euÔent qu'un globe commun, ils avoient chacun fon nerf optique, fa rétine, fes ligamens ciliaires, fon iris ^ fon humeur vitrée, fon cryitallin. Il n'y avoit que l'hu- meur aqueufe qui leur fût commune. Toutes leurs parties étoient fore petites, excepté les deux cryftal- îinsqui, à peu de chofe près, avoient leur grandeur naturelle C*)* En 17 15. une femme accoucha d'un enfant mort qui n'ctoit ni garçon ni fille , car il ne paroiflbit fur fon corps, aucune marque de lèxe , & il n'y avoit au dedans aucune des parties nécefîaires à la génération. Il n'avoit point auffi d'anus; & les feflcs avoient la même rondeur en devant que par derrière. 11 fortit du fein de fa mère avec une exomphale où le foie, la rate, l'eftomac & tous les inteftins étoient renfermés. Les (♦) Là-méme. P M I L 0 s O P H I Q U E s &c. 209 Les fefles n'étoicnt fcparées en devant & en derrière que par une petite ligne peu profonde (f). Le même Académicien de Paris, que je viens de nommer dans l'inftant;, vit &diflequaen 1720 un mon- lire humain parfait en défaut. C'etoit une file qui vint à fix mois, fans tête, fans bras, fans cœur, fans poumons, fans cftomac, fans reins, fans inteftins grê- les, fans foie, fans veficule du fiel, fans ratte, fans pancréas. Une autre fille naquit avec elle du même accouchement : elles étoient toutes deux enveloppées dans les mêmes membranes, & n'avoient à elles deux qu'un feul placenta, d'où fortoit un cordon unique qui , dans le milieu de fa longueur fe divifoit pour s'al* 1er terminer au nombril de chaque fœtus. Je ne puis me difpenfer de parler encore d'un autre fœtus monftrueux par défaut dans le même genre. Ce- lui-ci étoit un petit mâle fans tête, fans poitrine, fans bras, n'ayant que le bas -ventre, les lombes , les hanches, lescuilTes, les jambes & les pieds, en un mot n'ayant qu'environ la moitié inférieure d'un corps humain. La hauteur de ce demi-corps n'étoit que de fept pouces, mais fa groffeur étoit énorme. Le haut ou le fommet en étoit arrondi & couvert égale- ment par la continuation uniforme de la même peau qui en couvroit tout le refte, & qui étoit partout à l'ordinaire , fans aucune altération extérieure. Les plantes des pieds étoient tournées l'une vers l'autre, les talons en-haut &: les orteils en-bas. Environ à la diftance d'une ligne & demie au deffus du nombril , il y avoit une petite éminence cutanée, en forme de bouton moUaire, inégal, &: garni par en-haut de pe- tits poils clair-femés. Sur un des bords faillans de ce bouton, on voyoit une autre petite éminence cutanée plate, peut-être femblable a une très petite oreille in- forme, fans ouverture. Immédiatement au delTous (*) Là-même. Année 1716, O 210 C 0 N S 1 D E R A T 1 0 N S de la portion infcricure de la circonférence du bouton; C'toic un petit enfoncement en forme d'embouchure, dont la largeur & la pr'.-fondeur nVtoient pas tout- à- fait d'une ligne. Voila tout l'équivalent d'une tête, des brus, & de toute la partie fupérieure du corps qui manquoit a ce tœ:us (*> o CHAPITRE CXXVII. Motifires par excès. '.\ lit dans le Journal des Savans du Lundi 23 Juin 1681. la Relation lui van te fous ce titre. 5, Le Poulet de Mr. Hev'm avocat au parlement ds Bretagne , envoyé à P Auteur du journal avec une Relation exacte de /on Hijhïre. 5, Parmi plufieurs poulets qui furent éclos fur la fin 5, de l'été dernier dans un village à trois lieues de Ren- 55 nés, il s'en trouva un d'une forme extraordinaire 5, ayant quatre pieds & quatre aîles. Le payfan chez 5. qui ce petit monftre parut, eut le plaifirdela voir 55 courir & manger^ avec les autres poulets pendant 5, quelque temps; mais un jour la poule trappce plus g, qu'à l'ordinaire à la vue des pieds qu'elle voyoit en- 5, haut en ce petit poulet, & ^'imaginimt fans- doute 5, qu'il étoit renvcrfé par terre & hors d'état de fe re- 5, lever, le tourna plufieurs fois de part & d'autres 5, fens dcflus-dcfibus ; mais voyant des pieds & des 5, aîles de tous les côtés, comme fi l'horreur du mon- 5, ftre l'eût emporté fur la tendreiVe maternelle, elle 5, le tua à grands coups de bec. Ln Médecin de vil- C*) Hifloir; &. Mémoire de rAcp.démie Royale des Sciences. «y- ^ . c^ JîaÂAc^^cti' PHILOSOPHIQUES &c. 211 ,^ lage ayant eu la curiofité d'arracher le gizier pour 5, voir s'il ctoit double (ce qui ne fe trouva p;'is)rom- ,a pit par malheur le croupion , en introduifant le 5, doigt dans le corps. „ Mr. Hevin l'ayant reçu de la part de Madame de 5, Launay Commat fa tille à qui le paytan l'avoit lui- 5, même apporté à fa Mailbn de Campagne qui n'eft ., pas bien éloignée de ce vjlhige, il fit appeller le Sr. ,, Moreau,run des plus célèbres ( hirurgiens dcRcn- „ ncs, pour l'ouvrir. On vuida le ventre, & on ne „ lailîa dans le corps du poulet que le cœur, le foie „ & les poumons attachés. Mr. Hevin vuida enfuite la tête & mit le poulet dans de l'efprit de vin , où il s'ell: parfaitement bien conrervé,à la réferve du plumage, car étant de l'efpece de ceux que l'on ap- pelle en Bretagne, de la grand' race, dont le plu- mage ell gris moucheté, il eil devenu d'un roux fort pâle.'' Le poulet monftrueux, confervé dans de rcfprit de vin, accompagnoit cette Relation envoyée à l'Auteui' du journal des Savanj. Il paroît que ce p-Ailet n'avoit: d'autre monllruofité, que fcs quatre pattes & fes qua- tre aîlcs. Celui dont je vais parler, que j'ai vu & poffédé, avoit d'autres difformités, comme on le voit Planche X. fig. ï & 2. En 176^^ un payfan demeurant à une lieue, ou environ' d'Amlterdanij du côté de porte d'Utrccht, apporta ce poulet à un Chirurgien de la ville j, en lui difànt qu'il avoit vécu cinq jours entiers, & que le fixiéme la poule l'avoit tué à coupsdebcc. Ilfe tcnoit fur deux pattes, marchant avec peine & d'une ma- nière mal-adroite. Ce Chirurgien l'acheta le mit dans de l'efprit de vin^&mele vendit quelques jours après. Ce petit monftre a quatre pattes bien formées, deux de chaque côté: deux font à leur place ordinaire, les deux autres font plus haut,prefquc fous les ailes, une de chaque côté. Il n'a que deux ailes fans aucuns monftruontc. Le corps eft extrêmement gros à pio- G 2 fli2 CONSIDERATIONS portion du rciu. I n'y a ^^uunj tctc, mais elle fcm- ble compofcc de tri tite^; auflî on remarque trois becs très-fcnfibles & très diftinéts quoique tort près les uns des autres, & prelque fur la même ligne ho- rizontale: feulement celui du milieu eft un peu plus bas que les deux, autres: on voit auITi trois yeux,ruri eft ouvert & place au milieu de la tête, au deifus du bec le plus bas auquel il répond: les deux autres yeux, couverts de leurs paupières, font placés de chaque côté de la tête. Voila ce que cet animal a de plus monftrueux à l'extérieur. Comme il n'a point été ou- vert, & qu'il eft paffé aujourd'hui en des mains étran- gères, je ne puis rendre compte de la conformation des parties internes. La F/gufs I. fait voir le poulet par derrière; laFig. j 2. Le montre par devant. 1 A l'occalion de ces deux poulets monftrueux, je 1 rapporterai un fœcus poulet bien plus étrange que ceu x-là. J'en trouve encore la Relation dans le Jour- 5ial des Savans du Lundi 28 Juillet 1681, ou l'on peut en voir la figure. extrait d'une Lettre contenant Phîfioire ^ la defcriptkn d''împtit Monflrt^ écrite (TyJvigmn le 11 du k mois de Juiliet 168 1. " 5, Il y a deux jours qu'un chirurgien de cette ville qui nourrit chez lui des poules avec un coq, en- tendant fur les onze heures du matin un bruit de cris extraordinaires que faifoient enfemble & tout- à-la fois le coq & les poules, eut la curiofité d'aller voir le fujct de leurs cris. Il trouva tous ces ani- maux perchés fur des pièces de bois. Il les chalîa d'abi^rd, & puis cherchant quel pouvoit être l'ob- jet qui les avoit déterminé^ à crier fi fort, il trou- j va en cet endroit un œuf de lu grandeur ordinaire , de ceux des poules. Cet œuf n'avoit point de co- _, que, & le Chirurgien) l'ayant coniijeré au jour. P II I L O s O P H I Q U E s &c. 213 „ s'iipperçut qu'il n'avoit point de Jaune. U fc fit ap- j, porter Line afficctc, & ayant perce l'enveloppe ou „ membrane qui œntenoit la fubftance de l'œuf, il 3, la verfa fur rairiette,& vit d'abord avec furprife au- 5, lieu du jaune de l'œuf une fubftance glaireufe allez 5, folide de la couleur d'une chair morte , &; dans 5, cette fubftance la figure de la tête d'un petit hom- 5, me. Je l'ai vue & examinée fort foigneufement. „ On y diftingue parfaitement le front, la cavité „ des deux yeux, (Ims que j'aie pu appercevoir les 55 yeux. Le nez y paroît diftinsStementj & avec une „ grande lentille de verre on le voit boutonné. La „ lèvre d'en haut eft à proportion plus gr;nde que „ celle d'en bas, la bouche fort fendue, & enfin on „ y voit le menton au deflbus duquel il n'y a plus de „ matière: tout ce vifage n'eft point une figure, mais 5, un vrai relief ,, Je confiderai fort foigneufement le dciïus de la 5, tête où l'on diftingue tort bien & fans peine une „ fubftance femblable à une cervelle ; dont une partie 5, fur le milieu a la forme d'un triangle, .'ai apperçu „ des fibres dans ce cerveau qui eft à découvert. „ Toute cette tête eft de la grandeur pour le moins „ d'une petite noix, & le vifage à peu près comme 5, une pièce de quatre fols. C'elt une Relation de v?Ju „ que, je vous envoie. On doit tenter la diffeilion de „ cette petite tête. Si je puis m'y trouver, je vous „ en ferai favoir le fuccès. En attendant il ne faut „ pas oublier de vous dire que cette lérc nvoit deux „ aflez grands lobes de glaire figée j l'un à droite & ,, l'autre à gauche C*).'' (*) Joiimal des Savans an. i<58i. Tome IX. pige rî-S. Edir, de lioilaiide. 03 214 CONSIDERATIONS DiJJèci/on di ce Monflre, „ .. Dans le deffein d'embaumer ce petit monftre 5, on refuni d';.bord de le laiir.r ouvrir. M. is trois 5, jours après on le donna enfin à diflequer, parce „ ou'aynntcte expofé au foleil pendant ce temps là, „ bien lom d'y mieu\ dilbnguer toutes chofescommc 5, on l'avoir cru ^ la chaleur avoit liquéfié afiez toute 5, cotre matière pour la rendre méconnoilTable. „ Mr. Luffin le fils, chirurgien & très habile Ana- 5, tomilte^ fit donc cette dillc^hlion en prefencede Mr. „ Guifony, Chnrdon, & Olivier le fils. Médecins „ d'Avignon. Il fépara d'abord la première glaire qui 5, paroiirOit & qui etoit tort vifqueufe, après laquelle ,5 il s'en trouva encore une deuxième intérieure jau- 9, nâtre, telle qu'on la voit dans un œuf couvé. On 5, découvrit alors cinq petites cavités dans l'endroit „ où l'on déllgnoit le cerveau, dont l'entrée de cha- 5, cune réiuloit à la pointe d'une lancette. Le Long „ de la prétendue épine du dos on remarquoic plu- 5, ficurs petits cercles, comme ceux qui dans les vers 5, tiennent lieu de vertèbres. Mais à la fin on trouva 5, une membrane qui enveloppoic généralement le „ tout, dans laquelle ces Mefiieurs ayant fait fouffler 5, avec une paille, on vit s'élever une peau qui for- „ ma une cavité affez confiJérable à l'endroit ou doit „ être l'abdomen , dans laquelle on diftinguoit une 5, forte de matière graifil'ufe; & tout cela fe tcrminoit 5, en une queue ou petit cordon. „ La délicatefie d'tm fi petit fi^ijet ne permit pas à „ ces curieux d'en obferver davantage, même avec 5, les inrtrumens qui grofllffent les objets, dont ils s'é- 5j toicnt précautionnes (*)." On ne lèferoit guère attendue trouver un elTai de la figure humaine dans un œuf de poule : ce qui ait auflî (*■) LJi-niême, page 330. P H 1 L O s 0 P H I Q U E s. &c. 215 étrange, c'eft ce qu'ajoute Mr. Guifony Auteur de la Relation prcccdcnte, au lujcc du coq de ce pou- lailler. Ce L-oq ayant ete (Iicrifie à la haine pubwque & à la fuperftition parce qu'il fut regarde comi ne la caufe prochaine de ce prodige monltrueux , on en fit diflequer les bas- ventre ou l'on trouva fur la rés^ion des lombes un teil:i:uie unique de la groffcur de celui d'un homme; & l'on a allure que jamais on ne l'avoit vu cocher les poules dont l'une avoit pondu un œuf li extraordinaire (*). Je me fouvicns d'avoir vu dans l- livre deFortunio Licetis fur les Monftres, la repréfentation d'un œuf qui contenoit une petite malTe à figure humaine à la place du jaune Q). Une femme d'un petit village à trois quartsde lieue de Rumilly, ville de Savoie, tira le 13 via: 1683 d'u- ne chèvre qui venoit de faire un chevreau bien con- formée un fécond chevreau qui étoit monitrueux. Il avoit le mufeau & un des pieds de derrière d'un chien, & à ce pied répondoit un p.cd de chèvre tourné com- me fi l'animal dût marcher en arrière. Ces deux pi.-ds étoient accompagnés de huit autres, dont il y en avoit deux la moitié plus petits que le refte. Ce monflire avoit auffi deux anus &; deux queues, dont la fupé' rieure étoit placée au lieu ordinaire audeffus du pre- mier anus; & la féconde fort au delTous du fécond an as fortoit d'entre les deux dernières jambes, fans qu'on vît à l'extérieur aucune partie fexuelle. L? refte du corps ne differoit de celui des autres animaux de cette cfpece, qu'en ce qu'il étoit un peu plus gros & que le poil rcffembloit aflez à celui du chien (§ . On prit à Ulm , dans le dernier fiecie, un lièvre monltrueux qui fut prefenté au Duc d'Hanovre II (*) L;\-méme, page 335. _(t} Fortunii Liccti de Monflrorum Caiifis, natura & diffcrcii- tiis , ciim Iconilnis, Petavii, 1634. (§") Journal des Savans , an. 16";. 04 Qiê CONSIDERATIONS avoit deux têtes, quatre oreilles, huit piedSj & resr fombloit à deux lièvres collés l'un fur l'autre dos à dos. Mais, ce qu'il y avoit de plus plaifant &: de plus curieux. C'cft que, (1 l'on en croit riiiltoire, quand il etoit pourruivi,& qu'il étoit las de courir d'un côté, il fc tournoit adroitement de l'autre & couroit ainfi fur nouveaux frais. Sans-doute l'honneur de tomber entre les main^ de ce Prince le flatta li fort qu'il né- gligea en cette occafion de fe fervir d'un avantage qui devolt le mettre à couvert des pourluitcs de tous les ch a fleurs (*}. Au mo^s a' Août 1583. une femme de Bourg en P'-cfle accoucha de deux jumeaux au terme ordinaire de neuf mois. Le premier enfant qui vint au mondp etoit parfaitement bien formé & proportionné dans tous fes membres. Mais il ne vécut que fort peu de temps, le fécond etoit monftrucux. Le Chirurgien le tira mort du ventre de la mère. Il y a des entans qui naiflent coëffes: celui ci naquit tout habillé; car îl avoit une cfpece de peau en forme de tégument ou de membrane qui lui couvroit tout le corps, & res- fembioit à une e(]"'ece de robe charnue, travaillée par la Nature, mouvante & plilTée par deflus la chair jus- qu'aux extrémités des mains &. des pieds. Le viftge feulétoit découvert; & les traits étoient plutôt ceux d'un vieillard décrépit & raccourci, que d'un enfant qui vient de naître. Les phs de la membrane étoient furtout fenfibles fur le corps, & même très amples fur les bras, à peu près comme les manches d'une che- mife; ils étoient moindres fur les fciïes^ les cuillcs & les pieds: ce qui ne donnoit que plus de reflemblance à cette membrane avec des bas & d?s caleçons. La peau de l'enfant, Ibus ce tégument, etoit lilfe &po!ie partout à l'ordinaire. Mais ce qu'il y avoit de plus Ç") Voyez la figure & la defcription de ce monftrc daps les jEun<;mc'riclcs d'Allemagne. P H ï L 0 s 0 P H I Q U E s 5îc. sij fingulier, cft que cet enfant portoit une- forme de ca- puce de la même nature que la membrane qui pou- voit être ou abattue fur le dos, ou relevée fur In tête pour la couvrir, comme le capuchon d'un moine. Cet enfant ctoit de la moitié plus petit que fon frère jumeau , & néanmoins fa tête garnie de cheveux & quatre dents très apparentes, avec lefquelles il vint au monde, font conjeéturer qu'il pou voit avoir plus de neuf mois, & que la Nature avoit employé à l'ha- biller la matière propre à fon accroiflèment. Une femme accoucha en 1705 de deux enfans mâles joints enfemble par la partie inférieure du ventre. Leurs corpsjufques-là n'avoient rien d'extraordinaire. La partie moyenne du ventre qu'on nomme ombili- cale n'avojt point de nombril ; & au lieu que ces deux jumeaux en dévoient avoir chacun un, il n'y en a -oit qu'un feul pour tous les deux; il étoit précifémcnt aa milieu de la p^artie la plus bafle du ventre, laquelle leur étoit auflî commune. Ces enfans n'avoient point d'anus 5 & de l'endroit où il eft ordinairement, on voyoit fortir les verges dont l'une étoit tournée d'un côté, & l'autre de l'autre. A chaque côté de ces par- tics on voyoit un repli de peau qui reprefentoit aflez bien la moitié d'un fcrotum vuide & applati. Ces en- fants vécurent fept jours. On lit dans les Mémoires de l'Académie Royale des Sciences de Paris qu'un fœtus venu à fept mois & de- mi , & mort en naiflànt , avoit deux têtes très-bien formées, pofées chacune fur fon cou, & auffi grolTes que s'il n'y en avoit eu qu'une. Intérieurement il avoit deux efophages, deuxeftomacs, deux trachées, deux poumons, les deux fexes, deux épines, mais réparées par une troifiéme efpece d'épine, un cœur unicptie à une feule oreillette & un feul ventricule. On prétend qu'il y a quelques exemples de monftres hu- mainsà deux têtes qui ont vécu plufieurs années. S'il s'en prefcntoit de nouveaux exemples, une recherchç également curieufe & intéreflance feroic d'obferver O5 2i8 C O N s I D E Pv AT IONS ]a diucrcnce des penfces & des volontés ou leur con- formité dans chaque tétc, d'examiner comment le monlke total fe prendroit â les accorder, ou a facri- ficr les unes aux autres en cas de contrariété, où re- fideroit l'individualiné d'un tel Etre & en quoi elle confirteroit. Le 19 du mois de Mai de l'Année 1677 le Sr. Des- champs Maître Chirurgien à Bonneval près de Char- tres, accoucha à 10 heures du matin la femme d'an laboureur nomme Chaudegrin, demeurant à Migrandî ParoilTe de S Maurice L'enfant étoit un monftre. Il avoit une tête à deux vifages l'un devant, l'autre derrière: l'un avoit la face humaine, l'autre avoit quelque chofe d'affreux & approchant de la face d'un lion. Il avoit deux bras de chaque côtés attachés à une même fouche depuis la tôce jufqu'au delfous des omoplates. Depuis ces parties jufqu'au dos, il n'y avoit nulle féparation; mais le bas de l'épine fem.bloic fe p-irtager en deux, pour former deux corps diltindts & adolîes derrière ontre derrière, avec deux jambes à chique corps, oppofees les unes aux autres. Le père s'étant oppofe à l'ouverture de ce monftre, le Chirurgien ne put obferver les parties internes. On rapporte plulleurs exemples de monllres humains compofés de deux corps avec toutes les parties dou. blés, tel que ce m mftre formé de deux filles dont les corps bien diftncts & bien conformés étoient joints i'un ù l'autre poftérieurement depuis les épaules jus- qu'aux feffes ^). Mais ordinairement un des deux corps elt défectueux. Un Italien d'environ dix-huit ans avoit au delfous du cartilage de la troifiéme côte, du côté gauche, une autre tcce beaucoup plus petite que la tienne {\): Il reifentoit les Impr.flîons ^ites fur cette tête lorfqu'on la touchoit: ce qui prouve (*) Hiftoire & Mémoires de l'Acadcmie Roynle des Sciences de Paris , an. 1724. (t) Là-mÊme. PHILOS 0 P H I Q U E S &c. 219 qu'il y a une communication du fentiment du toucher entre deux corps joints cnfcrable d'une rannierc mon- ftruGufe. On dilbit à Paris en 1733. qu'une lille âgée de douze ans avoit deux corps Mr. Winllow la vit & l'examina. Elle avoit réel- lement à la région épigaftrique ; un peu vers le cô:é gauche, la moitié intérieure d'un corps plus petit à proportion, qu'on prenoit aulh pour celui d'une fille. On n'appercevoit dans le petit corps aucun vertige de tête, ni de bras, ni de poitrine, excepté une rangée de vertèbres, dont la portion fupérieure ctoit comme foudée à la moitié inférieure du fternum du grand corps. Le refte s'avançoit peu-à-pcu fur le devant en s'éloignant de plus en plus du corps entier, de forte que les deux bas-ventres ctoient entièrement féparés l'un de l'autre & tournés l'un vers l'autre, avec les baffins & les extrémités inférieures. D'ailleurs la con- formation du bas- ventre j, des cuiflcs, des jambes & des pieds du corps furnuméraire ctoit très-naturelle. Ces parties quoiqu'elles ne donnafTent aucune marque de mouvement, paroiffoient bien nourries, graffes & dans un état ordinaire d'embonpoint. La peau donc elles étoient couvertes, étoit comme la continuation de celle du grand corps. Nous terminerons -là cette lifte de monftres: el'e fuffit pour donner une idée des formes irrégulières de l'Etre. Ne pourroit-on pas les regarder comme des eiïais que la Nature ne cefle de faire encore aujour- d'hui, & qui annoncent des nouvelles efpeces compo- fées de plus ou de moins de pièces que les animaux ordinaires? Suivant cette conjecture, que le lecteur appréciera, les monftres feroient des degrés par les- quels le prototype s'élève infcnfiblement à de nou- velles métamorphofes qui n'acquéreront leur perfeétion que dans les âges futurs, félon l'ordre immuable des manifeftations. ;50 CONSIDERATIONS CHAPITRE CXXVIII. Les Hermaphrodites humains, Xu h Nature cft parvenue à produire unhermapliro- diime aiTez parfait dans certaines efpeces animales; elle l'a tait même avec une magnificence qui annonce fa féomdité, & Taifance de fcs productions (*). Nous la voyons sV-tudier fans celTe a produire le même phé- nomène dans l'efpece humaine; & les elTais^ qu'elle a donnés jufqaes ici tout imparfaits qti'ils font, en mar- qua it fon but, nous promettent quelque chofe de mieax pour la fuite. Si tout ce que Ton rapporte des Hermaphrodites dtoit luffifamment conltaté, on pourroit compter qua- tre efpeces d'Hermapbrodifmes réels, favoir celui des iujets qui ont un fexe parfait dont ils peuvent ufer avec fiiccès, avec l'autre fexe imparfait; celui des fu- jets qui ont quelque chofe des deux fexes & qui ne lont puilTans m dans l'un ni dans l'autre; celui des in- dividus qui ont les deux {Q.y.<^% allez parfaits pour pro- duire comme mâles ou comme femelles, fans néan- moins pouvoir produire feuls, fans s'unir à un autre mâle ou a une autre femelle; enfin l'hermaphrodifrae le plus parfait de tous, celui de ceux qui, pouvant s'un'r eflîcacement à un mâle ou à une femelle, peu- vent encore engendrer feuls par l'union des detix fexes qu'ils pofTedent. Il n'y a guère que la première & la féconde efpeces dont nous ayons des exemples bien prouvés , & la féconde eft la plus commune de toutes. Q^ Voyea ci-devanc Chapitre LU. P H I L O s O P H I Q U E s &c. 2ii Première ejpecs ci^ Herinapbrod'ite:. On voit quelques individus humains qui , ayant un fexc dominant & aflez bien conforme pour s'en fcrvit utilement, ont encore une ébauche informe de l'au- tre fexe. Ces efpeces d'hermaphrodites peuvent être de deux fortes : mâles ou femelles , mâles lorfque le fexemafcaUn eft dominant; & femelle, lorlque le fexe féminin eft le parfait. C'elt peut-être le premier pas de la Nature vers l'hermaphrodifme; elle commence f)ar unir à un fexe parfait quelques appartenances limu- ées de l'autre. Les loix Romaines font mention de CCS hermaphrodites manques &: décident qu'il faut les regarder comme appartenant au fexe qui domine dan^ eux (*). Dans les temps plus reculés ils étoient re- jettes de la focieté, ou même jugés indignes de voir le jour (f) Les Naturalilles y qui ont eu occafion d'ob- ferver plufieurs de ces conformations, en ont cherche* la caufe; mais ils n'ont point été afîez heureux pour percer ce myftère naturel (§). Seconde efpece d'' hermaphrodites ^ Les hermaphrodites de la féconde efpece, loin d''> voir les deux fexes, n'en ont véritablement aucun: ils ont quelque chofe de l'un & de l'autre, mais d-ir.s un tel état d'imperfection, qu'ils ne peuvent engen- drer ni comme mâles ni comme femelles. Ces Ltrcs ftériles, trop & trop peu avantagés de la Nature, r.e pouvant ni agir ni permettre, font un mélange com- biné des deux fexes, dans lequel l'un nuit réciproque- ment à l'autre. On voit errer de ces fujets d'un léxc; mi-parti j qui vont de ville en ville, de pays en pavs, montrer aux curieux l'inutile prodigalité de la Nature (*; Plin. Hilir. Natur. Lib. VII. Cap, III. C\) L. X, ad Dis;, de Statu hominum. C9 Voyez Craaf & SarilioUn , &c. 222 CONSIDERATIONS envers eux; je dis inunie, en ce qu'elle ne produit rien dans les individus qui poflëdcnt ces apparences trompeufes. Du relie ce font des chaînons elTentiels dans la ch lînc univerfelle des Etres. Il elt à croire que ces eflais le pertectionneront avec les générations. J'ai vu plufleurs de ces hermaphrodites, & j'ai obfervé qu'en général la verge n'cll point percée à l'extrémi- té,dcf)rteque, quoiqu'elle foit capable d'une érection voluprueufe, elle ne peut cependant répandre aucune femcnce. Tel ctoit l'hermaphrodite dont il eft fait mention dans les Mémoires de l'Académie Royale des Sciences de Paris & que Mr. Morand examina: tel étoit celui que je vis à Amllcrdam en 1764. Tel eft celui dont le mariage fut déclaré abufif par arrêt rendu en la chambre de la Tournelle du Parlement de Paris, le 10 Janvier 1765. La vulve étoit, dins ces trois fu- jets, un petit trou entre la verge & l'anus, dans le- quel on airoit pu à peine introduire le petit doigt, & qui n'avoit une apparence c^stéricure de vulve qu'au- tant que Ton rapprochoit les chairs des deux côtés pour en former deux efpcces de lèvres. Du refte ils avoient plus de gorge qu'un homme n'en a ordinai- rement 5 & moins qu'une femmes, une peau-aflez dé- licate & une voix d'eunuque. Ni les uns ni les au- tres n'étoient fujets aux évacuations périodiques, n'é- prouvoient rien en prclènce des femmes, & leur incli- nation dominante étoit pour les hommes. J'en ai vu qui n'avoient prefque pas de poil même aux parties fexuelles, & d'autres qui avoient des jambes fort ve- lues & de la barbe comme un homme, mais tous avoient une gorge alTcz délicate & point de poil fur l'cllomac. Les Artiftes Grecs fe font exercés dans un genre de beauté mélangée de celle des deux fexes; & le temps en a épargne quelques modèles ; telle eft la figure con- nue (()us le nom ^''bermapbrod'ite^ & les Antiquaires en citent d'autres exemples. Une opération cruelle forma cette beauté en privaut de jeunes hommes des P H I L 0 s O P II I Q U E s &:c. I23 appanages de la virilité. Ce que l'art ne put faire que par une privation, la Nature l'exécute par la voie contraire. Les hermaphrodites rcuninent les qualités du tempérament de l'homme & de celui de la fem- me. Ils les réunilTent imparfaitement, parce que ce font des hermaphrodites tres-imparfaitsi quand la iNa- ture fera parvenue au pnmt d'allier dans un même in- dividu les organes parfaits des deux fexe.s, ces nou- veaux Etres réuniront avec avantage la beauté de Ve- nus à celle d'Apollon: ce qui eft peut-être le plus haut degré de lu beauté humaine. Troîfiéme efpece d'hermaphrodites^ Un célèbre Médecin rapporte qu'une homme avoit cpoufé une femme hermaphrodite dont il eut des en- fans, tant mâles que femelles (*). Voila donc un liermaphrodite de la troifiéme elpcce, qui avoit les deux ^f^y^Q^i & pou voit engendrer comme homme & comme femme. On dit qu'à Surate au Mogol, il y a beaucoup de ces hermaphrodites, qui, avec des ha- bits de femme portent le turban pour faire connoî- tre qu'ils ont les deux fexes. Si ce fait étoit bien avère, l'ouvrage de la Nature, feroit beaucoup plus avancé qu'on n'oie le croire;, faute de témoignages fuflifans. Oiiatnèms efpece d'' hermaphrodites. On parle d'un moine qui s'engroffa lui-même. Ce; fait a été traité de fable, & pourroit bien en être une. Mais il y auroit de la témérité a aiiùrer qu'une pa- (*) Viro mipfcrat cui filios aliquot & filias pcperit ; nihilomi- nus tamen ancillas comprimcre , & in li's generare Ibleba:. Schenck Ql'fery, î-42 CONSIDERATIONS rcille fécondation eft impoffible. Un hermaphrodite^ qui auroit les organes des deux fcKCs dans un tel degré de perfection, & dans une telle fituation qu'il poLirroic fe féconder lui-même, feroit un Etre fort étrange, félon les idées vulgaires; j'en conviens. Cet Etre cft-il impoffible ? Je le demande envain aux Na- turalutes : la Nature eft feule capable de décider la queftion. Je m'étois propofé d'étudier la gradation naturelle des formes de l'Etre. Je cède la plume à un plus ha- bile que moi. F I N. 4* -^ * -5^ 4* TABLE TABLE ANALYTIQUE DES CHAPITRES. PREMIERE PARTIE, CHAPITRE L Tous ks Et ns ont été conçus^ for- mes d'après un jeui dejje'm primitif dont ils font dti variations graduées à Cinjinu Du prototype , ê? ds fes mètamorphojès confiderées comm: autant de pro- grès vers la forme /a plus excellent à de l' Etre y qui efi la for m» humaine» . . pao'e i Marche nuancée de la Nature: encliaînetnent univerfel des Etres. Adle unique dans la Nature : fa permanence. Des- fein unique, exemplaire original de tous les Etres L'iiom- me le plus parfait de tous , formé comme les autres , d'a- près ce premier modèle perfeélioimé dans une infinité de variations. Bipèdes , bimanes , quadrupèdes , folipcdcs pieds - f&urclnis , fifllpcdes, quadnmianes , l'homme feul animal bimane & bipède. Le magot. L'Orang - outang plus reiïemblant à riiomme qu'A aucun autre animal. On appelle prototype le deifein unique d'après lequel tous les Etres ont été conçus & formés. X^haque variation de l'enveloppe du prototype confidérée connue une étude de la forme humaine. La Nature occupée à travailler ces études ou ébauches de l'homme. Rapports du prototy- pe avec l'homme. Du principe de continuité, fondement de la nouvelle manière de contempler la Nature & fes produtTrions. CHAPITRE 11. Oi) l'on recherche fi c>ejllamatiïn ou la force qui confit ue le fond de PEtre. , j^ Problême univerpjl que la Nature avoît à refoudre & dont elle a donné une infinité de folutions. Matières & acftivité. Etres inférieurs où la matière domine. Etrej mitoyen* ©îlaiBï' 226 TABLE ANALYTIQUE titre & ractivitc Icniblcnt fc difputcr l'empire, & rem- porter tOiir-îi-iOiir. Etres l'tipcrieiirs où la matière n'clt que l'accellbire , l'organe par lequel le principe actif dé- ploie les facultés. Gradation de la puiflancc active. Con- jectures fur cette gradation. Cette activité , ou lurce, conçue connne une tendance à un changement en mieux, qui s'exerce fans celfe néceflairement. Monde matériel, piu- alîemblage de phénomènes. Monde inviliblc , fujec ou foutien du monde viilble. Ce monde invifible efl: la collection de toutes les forces. Génération de ces for- ces. PrototjT)e compofé de la force jjrototype joiny; à la forme prototype. Particularités h obferver dans la pro- grcfllon univerielle de l'Etre , qui font fentir la raifon pourquoi, dans la partie inférieure de l'échelle, les Etres lemblent tenir plus de la matière que de la force, tandis que c'eft le contraire dans la partie fupérieure. CHAPITRE 111. De la première ébambs ds îa For- im Humaine dans ks FoJJiies» . . . 12 Comparaifon tirée de la marche & des progrès «le l'Art. Ses foibles comme ncemens. Trente Idoles adorées en Grèce , fans aucuns traits de la figure humaine. C'étoienc des blocs irréguliers , des pierres quarrées ou des colom- nes. Tôtes groffîèrement ébauchées mifes fur ces pierres ou colonnes. La partie inférieure de ces maiTes féparée en deux pour indiquer les cuilles & les jambes. Par com- bien d'ébauches l'Art s'éleva de ces formes grofllères aux belles formes de la Venus Grecque , de l'Apollon du \''a- tican , du Génie ailé de la Vigne Borghefe , modèles éter- nels du vrai beau. Différens llyles : leur lucceffion. Pcr- fection de l'Art dans Praxiteles , Lyfippe & Apelles. Application à la marche de la Nature dans la producliou des Etres. Premières réalifations du Prototype par les- quelles la Nature préparoit de loin fon chef-d'œuvre. Corps foUiles premières ébauches de la machine en tant que compofés de folides & de fluides. Premiers types du tronc ou corps de l'honnne , du cœur & des poumons. Dégradation de ces parties eilenticlies. Infectes ; polype ; plantes ; minéraux. Economie vitale de ceux - ci. De quelle lineffe & de quelle iiniplicité ne doivent pas être les organes d'une vie fi fimple dans des Etres aufll purs que l'or & le Diamant? Ces organes , quelque forme qu'ils aient, font un progrès de l'Être vers la forme de leurs îinalogues dans les végétaux , dans les infeéies , dans les grands animaux , & finalement dans l'homme. CHAPITRE IV. Des Lithocardiîes fif Boucardi- les. Des AnthroptcardiUs ou pierres qui ont lafi- re d'un cceur humain. : . 19 t) E s C H A P ï T R E s, 2:7 On cnnnoit un grand nombre d'efpeccs dinrji-eiitcs de Li- thocarilites. Deicripcion & figure d'une Antliropocaidite rare & liiigulière. CHAPITRE V._ Des Emephah'ides ou Emèpbùâ- tbes, pierres qui imitent le Cerveau humain. . s® Êfpcce particulière rapportée par le Dr. Plott & qu'il dit a- voir vue. CHAPITRE VI. Carnidicks ou pierres qui repre/èn- tent le crâne hmmin. . . ibid# Stntiinenr du Dr. Leyel fur une de ces pierres, refuté par un autre fofTile dont parle le même Auteur. El'pece de Car- nio'idos mentionnde par Scheuclizer & dont on trouve quan- tité aux environs de Bafle. Autre elpece, crue mal-à-pro- pos un crâne pétrifié. Hyppocephaloïdes ou pierres qui repréfentent la tête d'un cheval. On en donne la figure & la defcription. CHAPTIRE VIL Pierres qui reprè/entem la Mâ- choire humaine. . * . â2 CHAPITRE VIII. Os humains fojjlks, . ibid. CHAPITRE IX. Andropoétes^ ou pierres qui imi' tent le Pied humain. , . . 2 j 1. Première efpece* Celle que le Dr. Plott a trouvée dans une carrière au pied du mont Shotover, qui repréfente le pied humain coupé un peu au défais de la cheville. Les doigts n'y font poinc- niarqués. On en donne la figure. 2. Seconde efpece. Le pes hmraimts faxem dont parle Wormîus , qui repréfeftte le pied gauche d'un jeune homme avec les articulations, les doigts & l'os de la janibe. 3. Troiftéme efpece. 6elle-ci repréfente la figure d'un pied huinïltn, àHpoiiatd'y reconnoîae les rotules" & les petits o«. azS TABLE ANALYTIQUE CHAPITRE X. Pierre de Rein. . . . Î24 V'oyez la Defcription & la figure de cette pierre fingulière dont parle le Dr. Brookes dans fon Iliftoife Naturelle. CHAPITRE XL Olites ou pierres auriculaires, ibid. Elles repréfentenc la lorriie cicéricuic de l'oreille de l'homme. CHAPITRE XII. Pierres qui repréfetitem un ml. a^ 1. Première ejpece. "Le Lracophtalr.iOS de Pline. Sa defcripion. ÎNldprife de Mr. Dargenville au fujet de cette pierre. c. Seconde efpece, l/Ocyophiabrios ou Acyophtalmos qui fait voir uii petit œil l'aillant & pointu. %, Trc/ijiénie efpece. La pierre nommée TriopUàlmos qui porte la figure de trois yeur. 4.' QuaTiikiie. efpece. Celle dont on donne la figure, qui repréfente un œil chargé d'une taie ou catarac're. C'efl: peut-être l'œil de Belus, Oculus Beli ^ mentionné par Boot. 5. Cinquième e/pece: Une belle Onyx qui repréfente deux yeux, nommée pource- la Diophtalmos. CHAPITRE XIII. Pierres MammîUaires. • 26 Elles repréfentent la mammeUe d'une femme. 1. Première ejpece. Celle dont on donne ici la figure & la defcription. C'efl h plus reflcmblaute. 2. Seconde efpece. Celle dont parle le Dr. Brookes dans fon Hiftoire Naturelle, DES CHAPITRES. 22^ CHAPITRE XIV. Pien-ô nommée. Lapis Chin- tes 5 repréfentant une Main btmaim, . , 27 Elle repréfcnte la pmiinc de la ni'iin avec des formes de doigts & d'ongles de couleur de chair. CHAPITRE XV. Pierres qui reprêfenunt un Mufck. ib. 1 . Première efpece, C'efl: la grande cîpece : elle cft allongée & un peu applatie d'un côté. 2. Seconde efpece. La petite efpece dont l'ovale p'eft point applati, CHAPITRE XVI. Pierrei qui repréfsment le Nerf olfycîoire, . . . . 1% On en donne la figure & la defcriptiun. CHAPITRE XVII. Des pierres appelléù. Orchis, Diorchis & Triorchis. - - ibid. Réflexions fenfées d'un Auteur modwne fur la faufie délica- tefle des perfonnes qui s'imaginent qu'on fait une iufulte h leur inodedie en leur prélentajit des defcrintions anatomî- ques & des figures des parties nobles de l'iiomme & de la femme , appellées aulTi parties lionteufes par une l)izarre contradiction. On n'en trouve ici que des modèles folliies. 1. Orcbis. Cette pierre repréfente un teHicule de l'homme ou d'un ani- mal quelconque. , 2. Diorchis. Celle-ci repréfente les deux teflicules. Diorchis d'une gros- feur estraordinaire. 3. Triorchis. On la nomme ainfi, parce qu'elle repréfente trois tefticiiles. CHAPITRE XVIII. De h pierrs nommée Scro- tum humanum. PS 530 TABLE ANALYTIQUE ^\]e repréfente le Scrotum ou la boarfc contenant les tclli- ciiles, CHAPITRE XIX. Des Priapoiïtes^ Colius & Pbal- Ic'ide's, }. Première e/pece. Elle repréfente. Le membre viril enflé , avec les tefticulcs : Priapolites Saxonm cura cppenfis tcftibus. On en donne la figure, 2. Seconde efpece. Celle-ci eft un fimplc cylindre allongé imitant le membre vi-^ ril , mais fans telticuks. 3. Trmfiéme efpece, C'efl: une variation de la précédente qui n'en difïère qiiepdt la couleur. On ne peuc s'cmpêclier de faire ici une réflexion fur lesfosT flics des trois d.miers Chapitres. On y voit la Nature tra- vailler d'aiiord féparém^nt les tcflicules , les loger enlliite "dans la bourlc ou Scrotum, puis les fufpendie ainfi à la racine de la verre, CHAPITRE XX. Pierre nommée Hifterapetra. 33 Cette Picrie rcpréfente la vulve de la femme : Voyez la figure & la defcription. CAAPITRE XXL Z)e/'Hifterolithos,o//Diphys, w/Diphrys, . . . ibid, C'efl: un foflUe qui repréfentc d'un côté la partie naturelle de la femme , & de l'autre côté les parties de l'homme. Eft-ce un tj-pe des hermaphrodites ? 84 CHAPITRE XXII. Ccàlîou connu fous le nom ds Puer in fafciis. ïl reprcfente la figure bleurltre d'un enfant en maillot. CHAPITRE XXIII. ^utrô caillou reprêfentam les fejfes d'un enfant, , , . 3^ DES CHAPITRES. 231 CHAPITRE XXIV. Figitrôs humaines e);ij)rcint:s fur (ks yigathss & autres pierres^ . . 35 Portrait naturel dans la manière de Rcmbrant. Deux petits portraits de A'e;ïre.s. Autres pierres , rapportées par Wor- niius & Bartlioiin , reprélentant le corps humain avec tou- tes les parties, CHAPITRE XXV. D'un Rocher appelle le Moi- ne pendu. . , . • S(> CHAPITRE XXVI. Conclu/ton des Chapitres préce- dens, .... ibid. Cette quantrtd de pierres que l'on vient d'expofer fous les yeux du Lecteur, fufiit pour faire voir que la Nature, en travaillant les foUîlcs , modéîoit véritablement les différen- tes formes du corps humain. Elle les préparoit môme dai^s les Etres inférieurs aux pierres. SECONDE PARTIE. CHAPITRE XXVII. De Vintèrkur des fojjlks con- fidéré comme un type de l''orgamfation . . 38 Les foflîlcs font des tiffiis de fibres & de veiné's , lesquel- les font très fenlibles dans plulicurs efpeces. Ces veines & ces fibres font des organes. Raifons fur lesquelles eft appuyé le fyftème qui refufe une vie particulière aux fos- files, une vie convenable à leur efpece. Réfutation de ces raifons. Preuves direftes qu'il y a dans les pierres un ttuide qui nourrit les parties folides. Eau qui diftille des voûtes des grottes. Pierres qui augmentent de poids & de volume dans l'eau. Pierres gralfes & Uuileufes au toucher. Pierres qui donnent plus ou moins de liqueur à la diftillation. Pierres dont le poids diminue ik; dont la furface devient concave après la fufion. D'où vient la couleur des pierres précieufes. Pierres qui femblent des éponges pleines du fluide électrique. Deftination des fibres & des veines. Analogie des fibres pierrcufes & métalliques avec les fibres animales. La ftrueture des pierres eft plus ou moins uniforme. Gradation d'appa- reil fibrillaire dans les fofliles. CHAPITRf: XVIII. PajUagi des Mfiémux aux Plantes. . . . . 42 P4 S32 TABLE ANALYTIQUE Ce priflage eft rempli par les pierres fenfiblemciit fibreuics dont il eft queftion dans les Chapitres fuivans, CHAFlTRi: XXIX. Les Alka. . . page 43 Les caracrères de ces pierres. On compte ici huit efpcces fiiivant la figure , la coufiftance & l'arrangement de leurs parues. I. Première efpece: Mica rotde; Mica rigida, *2. Seconde efpece: Mica flexible ^ blanc argenté; mi- ca flexils argentea. .3. Troïfième efpece: Mica éc ai lieux à lames pointues; mica particuiis tcnuionbus acuminatis. 4. Quatrième efpece: Mica brillant ; mica femi- pel- lucida. ^. Cinquième efpece: Verre de Mofcovie', vitrura Mofcovitum. 6. Sixième efpece: Mica ftriè; mica particuiis ob- longis. 7. Septième efpece: Mica demifphériqne ; mica has- mifpherica» 5. Huitième efpece: Mica îrrégulier ; mica fquam- mulis inordinatè mixtis. CHAPITRE XXX. Les Talcs. . . .45 Plus on compare la flrufture des mica & des talcs à celle des os, plus on fe convainc que l'une efl: une étude de l'autre, CHAPITRE XXXI. Des Pierres Ollaires, ibid. Caracières & ftrufture de ces pierres, CHAPITRE XXXII. Les Rocks dô corne. 4^ La fubftance de ces pierres efl; COflK-e, ce qui les a fait ap< peller roches àt corne. DES CHAPITRES. 233 CHAPITRE XXXIII. Lss Amiantes. . ^%qù,6 Paflage de I\Ir. AValleriiis , dans lequel le Nacuralifte recoii- noît l'analogie des amiantes avec les iubllaiices des règnes végétal & animal. 1. T remure efp^ce: Amiante de Chypre^ î'm ou iam fojfùe; lana montana. 2. Seconde efpece : CuirfoJJile; corium moiitanum. 3. Troifiéme efpece : Chair fojji le; caro montana. Rapport de la ftruéliire des amiantes avec les chairs. CHAPITRE XXXIV. Les Ashefles. . 48 Les asbefles ont avec les nerfs & les mufcles, les mêmes rapports organiques que les amiantes ont avec les chairs. Asbeftc mùr; asbefte qui n'eft pas encore mûr. CHAPITRE XXXV. ii les Amiantes S les Ashejîes doivent être mis au rang des minéraux , ou des vé- gétaux^ , , . ibid. La queftion efl bientôt décidée fi l'on confidere que les amiantes & les asbefles participent plus de la Nature & i des propriétés de végétaux que de celles des minéraux. TROISIEME PARTIE, CHAPITRE XXXVI. Sommaire des rapports orga- niques de la Plante avec i^ Homme. . 50 Truffe ,'nofl:och, champignons, lichens, plantes herbacées, arbrifleaux, grands arbres. Multitude immenfe des plan- tes; variété infinie de leurs figures. Rapports organiques de la plante avec l'homme. Diflinction de lexes. Parties lexuelles. Etamines furmontécs de goufTes fpermatiques , analogues \ la verge & aux teflicules. La bafe du piflile , fes conduits & fon fommet, qui répondent à la matrice, à fes trompes , & à la vulve de la femme. Fœtus plante , fes filets ombilicaux, fon double placenta, fes envelop- pes , & la manière dont ils fe nourrit. Diviflon de la plante en tronc & extrémités , comme celle de l'homme. Parties folides de deux fortes dans un arbre comme dans un fat^Hime. Ecorcc de l'arbre compofée dfi trois mem- P5 -4 TABLE ANALYTIQUE branes , comme la peau humaine. Deux fluides géiiéraus ayant' Us hms croijes au deffoits de la poitrinç. . 5S CHAPITRE XXXIX. Cbampigmnrepréfentanîfîx figures humaines. , . . 59 Il y en a une , dont la tdte de profil fait voir un œil , le lier la bouche, le menton auOi exa.iement dcffinés que l'au- roit pu faire une main habile. Les cinq autres figures ne montrent que le dos. CH APi TRE XL. Mandragore repré/èntant la figure d'une femme. ... 60 CHAPITRE XLL Rave ayant la forme d'aune main humaine. . . . ibid, CHAPITRE XLII. Les Zoophytes., ou Plantes ani- males. Infectes aquatiques, . . 61 Zoopliytes rapportés par Aldrovande & après lui par Ruyfch, Divilion de ces animaux félon la Méthode de IMr. Linnœus, Divifion de Mr. Donati. Nature & organifation des Zoo- phytes. Leur analogie avec les plantes. Zoophj'tes bran- chus ou rameux , dont l'intérieur n'oflre que les vifcères tels à peu près qu'ils font dans les végétaux. Autres efpe- ces, dans qui la Nature a fupprimé les extrémités , & qui ont une organifation intérieure plus avancée vers celle des grands animaux. D E s C li A P l T R E s. 235 QUATRIEME PARTIE. CHAPITRE XLIII. De quelques formes du corps hu- main ébauchées dans les Zoopbytes, La main dô mer: Maniis marina. • . ^4 C'eft rAlcyonium rameux, mou, dont les ramifications font en forme de doigts , & qui eft entièrement étoile. Alcyo- fiium yamofo-digUctum , molle , afterifcis undiquc Qrnaliim. CHAPITRE XLIV. Le Toumon marin ^ ainfi nom- mé parce qiî'il rejjhnble à nos poumons tant par fa forme exurne que par fa ftrucîure interne, ib!d. CHAPITRE XLV. Le Rein de mer. . 6 s CHAPITRE XL Vï. Des Holothuries ou Verges ma^ rines; en Latin Holothurium. . ibid. I. Première efpece, Mentula marina. Sa defcription, 3. Seconde EJpece. Epipctrum. C'efî la plus belle. Su defcription. 5. Troifîéme efpece. Mentula alata pifcatorum. CHAPITRE XL VII. Champignon marin ^^ dont la partie fupérieure reprè fente la vulve d^um femme, 66 CINQUIEME PARTIE. CHAPITRE XL VIII. Les InfeUes terreftres. 67 Hapports des vers d'eau douce avec les vers de terre. Ana- logie des infeéles avec les plantes, qui préfente une ima- ge ligurative de la métamorphofe d'une plante en infe- lilcs. L'intérieur, l'enveloppe, les formes faiJlantes. Che- nilles épineufes, eluece de buifToas ambulans. Les aîles, la tête , les yeux : leur nombre & leur ftrucèure. Leeu- "ivenhoek a calculé qu'il y en avoit 3181 fur une feule cornée d'un fcarabée , & qu'il y en avoit plus de 800 fur chacune de celles d'une mouche. Mobilité de la tcïte des infeéles. Leurs organes de la génération. Digrefîîon eu i'Qme de note fur les hon^mes prc^çiulus acéphales. 2.i6 TABLE ANALYTIQUE CnkVYïK^yAAyL. Les Coquillage:. . 71 Les coquillages ne Tont, aiix)«;iix de plufieiirs N.ituralifles , que des vers de mer, de rivière, ou de terre, logés dans des coquilles univalves , bivalves , ou multivalves. CHAPITRE L. Buccin de tmr appeilé Ordlk de mer. Auris marina. . . 7a On en donne la figure & la defcription. CHAPITRE LI. Conclue de Vernis, Coucha Venerea. Elle repréfente la vulve d'une femme d'une manière beau- coup plus parfaite que les deux autres modèles rapportés dans les Chapitres XX. & XL VII. On en donne la figure & la defcription. CHAPITRE LU. DjPHcnmphrodifme de quelques coquillages. . . . 73 Il y a trois efpeces d'heiTnaplirodifme dans les coquillages. I. Celui auquel on n'npperçoit aucunes des parties de la génération , foit mâles , foit femelles ; & qui, fans aucune efpece d'accouplement, produit ion femblable ; il eft par- ticulier aux conques. i. Ceku qui, reunilfant en foi les deux efpeces de parties fexuelles , ne peut fe fuffire à lui- même ; mais a befoin du concours de deux individus qui fe fécondent réciproquement & en même temps, l'un fer- vant de mâle à l'autre , pendant qu'il fait à fon égard les fonctions de femelle : cet bermaplirodifine fe voit dans les limaçons terreftrcs. ?•,. Celui qui , pofl'édant les deux efpeces de parties génitales , a befoin de la jonction de deux individus, mais qui ne peuvent fe féconder en mê- me tempg , à caufe de l'éloignement de leurs organes. Cette fituation defiivantagenfe les oblige de monter les lins fur les iautres pendant l'accouplement. Si un indi- vidu fait à l'égard de l'autre la fonction de mâle, ce mâle ne peut-être en même temps fécondé par fa femelle qut>i- que hennaphrodite ; il ne le peut-être que par un troilié- me individu qui fe met fur lui vers les côtes en qualité de mâle. SIXIEME PARTIE. CHAPITRE LHL Pajffage des animaux Teftacés aux Crujl^icés. . , . 7^ D E s C II A P I T R E s. 257 La Caticrô nommé vulgairement. Le Soldat ou Ber- nard l'^Hermite. CanccUus macroufus ^ cauda molli tefta cochleœ inclufa, chela dextra ma- jore. Linn, Syft. Nat. Les Animaux cruflacds font auffi des infcélcs maniis ou flu- viacilcs , recouverts d'une enveloppe moins dure que celle des tellacds. Parallèle autre les uns & les autres. Les écailles, les coquilles & les croûtes font les os des in- iedes terreftres & des infeéles aquatiques. Ils ont donc leurs os à l'extérieur comme les grands animaux les ont îi l'intérieur. Premiers traits du fquelette des grands ani- maux. CHAPITRE LIV. Us Serpens. , 78 On tâche d'expliquer d'une manière naturelle le paflage des cruftacés aux Serpens, par la fuppreflion graduée des par- ties fiiillantes , le déplacement des os de l'extérieur à l'intérieur. Squelette du fcrpent première ébauche du fquelette humain, CHAPITRE LV. Serpent des Indes Orientales ^ap- pelle par les Portugais Cobra deCapello,/»i//7^/;? fur h dos un mafque ou une figure humaine. 79 Sa Dcfcription. Conjecture fur les Serpens à Lunette. CHAPITRE L VI. Réflexions /tir les animaux qui n'ont point de membres .^(^ fur leur dijlribution dans Péchelle des Etres. .. , îo j[ s'agit d'expliquer pourq^uoi la Nature , toutes les fois qu'elle veut donner une forme neuve aux extrémités , elle commence par les fupprimer peu-à-peu, & que, quand elle efl parvenue à les faire évanouir, elle produit quel- ques Etres intennédiaircs qui n'en ont point du tout, auxquels fuccedent eiifuite les animaux avec de nouveaux membres. Comparailbn de la métamorphofe continuelle de l'Etre univerfel avec la métamorphofe ordinaire des infeétes aîlés. Différence entre l'une & l'autre méta- morphofe. SEPTIEME PARTIE. CHAPITRE LVII. Lss Poifons. UOphidion. 82 238 TABLE ANALYTIQUE Scrpens marins, les congres, & les murcnes. Les petits ai- lerons (k quelques efpcces annoncent les nageoires. De- fc:THion abrégée de rOphidion. Combien l'action de na- ger'a de r:!i)port avec l'aCtion de ramper ou ferpenter. Quelques Auteurs penfent que c'ed parler plus jufte de dire que les poitîbns rampent que de dire qu'ils nagent. Ils s'autorifent d'un pailage de la Genefe I. 20. CHAPITRE LVIIL PoiJJons Anthropomorphes, page 83 Carpe à figure hmnaim. Cyprinus Anthropomor- phos. Defcripiion de cet animal fingulicr. Première carpe à figure Inr.naine apportée fur le Inarché public de Lyon où elle fat vue de tout le peuple , au rapport de Rondelet. Se- conde carpe femblable prife en 1554. dans l'étang de No- ze,"ec. envoyic par Gilbert VoiOn h Gefuer qui en parle. TroTiémc carpe iem!)lable prife dans le lac de Conftance en i.'4.5. Quatrième carpe de la même cfpece préfentée à Charits V. à Ausbourg. CHAPITRE LXL Poîjon d' Amhoim , fort rare, iinniné. Anac lafct jang terbougkoes, c^ejl-à- dire r Enfant de mer enmaillots. . . 84 Il a véritablement la figure d'un enfant dans fon maillot , a- vjc les bras & les mains fortis. CHAPITRE LX. Poîffon dans h corps duqmlU s'' entendre um pkrre qui a la figurt d^une tête hu- m aine. . . .85 II efl de la grandeur de notre merlu ou merluche. Ou le nomme poillbn de St. Pierre. CHAPITREE. LXl. Le Pûlfon volant. . 86 C'cfi: l'exocet. Il y en a plufieurs cfpeccs qui ne différent , pourtant que par leurs aîles & les couleurs de leur l'obe : car pour le corps elles ont toutes la forme d'un hareng. HUITIEME PARTIE. CHAPITRE LXII. Les Oifeaux ^ ou Bipèdes aiîês, 8S Oifenux aquatiques palmipèdes* Oifeaux terreUrcs ou acriens iillipedes. D E s C II A P I T R E s. 0.9 CHAPITRE LXIII. nAutrude. . pageSp Comme nous nous attaclions particulièrement Ji ce qui a quelque rapport avec l'homme, nous remarquerons dans Taucruche les yeux prelque Icmblables ii ceux de l'iiommc. CHAPITRE LXIV. La Chauve -Souris. LaKous- jèm. .... ibid. La Chauve-Souris mftle a la verge pendante & détaclice , ce qui ne lui eft commun qu'avec le (ingc & l'homme. J,a femelle a deux mammelles fur la poitrine , connue la fem- me. En quoi la roufiette difTère de la chauve - fouris. CHAPITRE LXV. Ecureuil volant. Singe volant. Chat volant* . . . pi L'(5cureuil volant a de petites oreilles arrondies & tournées comme celles du linge & de l'homme. L'cxiftencc du linge volant dont parlent quelques Auteurs n'efî pas bien cbnllatde : ils pourroient bien avoir pris un linge pour un écureuil. Le Chat volant femelle a fur la poitrine deux tettes gran- des & rondes , femblables aux mammelles d'une femme. CHAPITRE LXVI. L& Lézard volant ou petit Dra- gon aîlé, • . . p2 Defcription de ce nouvel effai de quadrupède volant. CHAPITRE LXVII. Ohfervation fur lepajfagedes Oi féaux aux Qiiadrupdes. . . 23 On demande pourquoi , dans ce paflage \ la Nature n'a point fupprimé dans quelques efpeces intermédiaires les membres qu'elle transforme, comme elle les a fupprimés en palfant des plantes aux infecites , des infectes terre- lires aux cruftacés, des cruftacés aux poiflbns. NEUVIEME PARTIE. CHAPITRE LXVIIL Les Cétacés. . . p5 Le Renard marin. Les cétacés font de grands ainmaux marins qui ont le corps nud & Plongé , garni de membres clisrau*. Ils relfem- 240 TABLE ANALYTIQUE blent beaucoup aux quadrupèdes, quoiqu'ils foient pour la plupart des efpeccs de bimanes. On les nomme cé- tacées , parce que les Naturaliftes les ont rangés dans la clalFe de la baleine -nommde ate. Le Renard marin a deux nageoires auprès de la tcte qui repréienteiit affcz bien les aîles d'un oifeau plumé. Ces aîles oireufes & charnues, très obtufes par les bords , fem- blent deftinées à former des doigts dans les bimanes. CHAPITRE LXIX. Les Bimanes. . page^^ Première ébauche des mains très grolTière. Elles ont quel- quefois jufqu'à fept ou huit doigts. Celles d'une efpece de baleine - cachalot en ont iept : celles d'une efpece de Diable-de-mer en ont huit. Celles du lamentin & dufin- ge de mer n'en ont que quatre. Doigts exceflivemenc courts , doigts monftrueufement longs. "Raifon de toutes ces différences. CHAPITRE LXX. La Bale'we. , 97 D efl confiant que la baleine efl: bimane. Elle a, aulieu de. nageoires , des os articulés , figurés comme ceux de la niam & des doigts de l'homme , revêtus de mufcles & de beaucoup de chair tendineufe & recouverts d'une peau épaiffe femblnble à celle qui enveloppe le refte du corps, leur maffe énorme les déguife & les a fait appeller des bras , des aîles , des nageoires ; leur figure véritable de mains n'a pourtant pas échappé à ceux qui l'ont vue & confiderée de près. CHAPITRE LXXL Le Diable de mer. , 518 Plufieurs poiffbns portent ce nom. Le Diable de mer dont il s'agit ici eft un cétacée de douze pieds de Ions & da- vantage, qui a deux mains fous le ventre , composées cha- cune "de cinq doigts articulés. Diahle de mer échoué au fort de Kermorvan à quatre lieues de Breft. Autre Diable de mer échoué dans la rade de Brefl , décrit par Mr. Sayary. CHAPITRE LXII. Ls Lion marin. . 95 On trouve dans l'Idc de Juan Fernandez un amphibie ap- pelle. Liofi Kûrin. Defcription de cet animal, extraite des voyages du Lord. Anfor. La baleine , le Diable de mer & le lion marin pourroienC être appelles des bimanes eftropiés. Leurs mains font comme jointes immédintcment aux oiHoplaces. Dans la balei- t) E s CHAPITRES. 241 haleine & le diable de mer ont ne voit ni fluimerus ni Fiiv^nt- bras ; I:i partie qui répond à la main de l'hom- me fort immédiatement de la potrine, les denx autres jbnt enfermées & cacliécs dans le corps , fous la peau, bans le lion marin , une portion de l'avant - bras le mon- tre au dehors. Le bras lortita en entier dans les bima- Jies qui fuivent. CHAPITRE LXXni. U Lamemhu . page 102 La Nature fupprimant les' nageoires , les cornes & la queue des autres cétacées , a formé, une malfe vivante de près de dix- huit pieds , qui n'a d'autres membres que deux bras courts & ramafles , auxquels l'ont actaché.'S deux pe- tites mains qui n'ont chacune que quatre doigts courts telle efl la taupe & d'autres. Les preinièrcs el'peces de filllpedes , comme le ttnre , le lion, 'le liopard, le loup , ifc. font de véritables quadrupèdes en ce que leurs pieds antérieurs ne peuvent leur fervir de mains. D'autres iiflipedes , favoir les ous , les écureuils , les a- goutis & autres, le fervent de leurs pieds de devant com- me de mains jîour failir ifc piirter à leur gueule : ce font lies quadrupèdes ambigus qui forment le padage aux qua- drumanes. Il faut encore diftinguer parmi ces derniers litîipedes ceux qui aiment à fe tenir le corps élevé , aflis ou accroupis fur leurs fefles , qui peuvent- même , quoique plus difficilement fe tenir & marcher fur les deux pieds de derrière feulement. Ce font autant de nuances qui iK'us marquent les perfectionnemens gradués de l'animal prototype. En liiivant ces gradations , on voit la natu re reformer le fquclette du folipede , redrefler peu-à-peiî les os du balTin , alonger les os des cuifles , des jambes & des bras, 0\: an contraire raccourcir ceux des pieds tSj. des mains, divifer des pièces unies, articuler des pièces fondées enfemble, rclferrer l'épine, fupprimer des ver- tèbres & des côtes , & le rapprocher ainfi graduellement de la charpente du corps humain. DOUZIEME PARTIE. CHAPITRE cm. Les Oiiadrumams. - M* Les extrémités des quatre membres des quadrumanes ont la tonne de mains , d'où vient le nom qui leur a été donné par les modernes. Gradation des quadrumanes. DES CHAPITRES, 54s Quadritmams au mufeau mince & alongé^ S à quetiû . - langue. Omdrumams à quêta courte & au mufeau îarg* $? ^^aplatù. ■ ■ Quadrumanes fans i^mie. Toutes ou prcfquc toutes les femelles des quadrumanes font fuJL'ttes il récoulement périodique du fang, comme le» femmes. Jlutre d'ivlfion des Quadrumanes par rapport à la manière de marcher. CHAPITRE CIV. DOrang-Ouîang^ tbomme des bois , le Satyre , le Barris , le Cbimpanfée , h Jocko .^ l'homme de nuit , le Troglodite^ Se 151 L'*)rang- outang n'cfl pas véritablemeut un homme, mais il eu approche de très près. Il u'efl pas non plus un linge , ni une guenon, car il en dilicre beaucoup plus qu'il ne dilTère de l'homme. On pcui' donc le prendre pour une clpecc intermédiaire qui remplit lepalfage du linge àl'hom- mc, & c'ell ainfi que nous l'cnvifageoas. pour les parties extérieures que pour l orgam- fation interne. Deux efpeces d^Orang-Outang ^ favoir la petite efpe- C6 S 1^1 g^unde: celle-'deflplus voifine de l'homme que l'autre. D'après les obfervations fur les Quadrumanes on peut drcs- ler en cette manière la table des efpeces animales immc- diatemcnt au dcffous de l'homme. Les Sagoitts^ les Sapajons S^^^ Guenons qui ont de longues queues. Jjies Babouins à queue courte. Le Magot qui n'a qu^une appartnce de queue. 45-3 TABLE ANALYTIQUE Le Grand Gibbon^ le petif Gibbon, cf fs Phheqi» gui liotit point du tout de queue S qi^î marchent à éutx mcàns le corps droit. Jje Focke ou petit Orang-Outang. Le Pongo ou le grand Orang-Ouîang dont ks mains de derrière je rapprochent beaucoup des pieds de l'homme. V Homme dont il y a plufieurs races. CHAPITRE CV. D'une efpece particulière fPbom- me marin peut-être quadrumane. - page 156 J.a j^clation tl.e cet iioinme mnrin lingulicr porte qu'il avoit la peau brune & baiaiiée, fansccailics; tous L-s mouve- mcns du corps, depuis la tête j'ufqu'aux pied> , tels que ceux d'un véritable homme ; les j'eux fort bien propor- tionnés, la bouche médiocre eu égard à I:! longueur du corps eftimée de luiit piods ; le nez fort camard, large & phu ; les dents larges & blanches; la langue tpaiffe ^ les cheveux noirs & plats,* le menton garni d'une barbe rnous- feule, avec des mouilaches de - môme fous le nez, les oreilles f'emblablcs à celles d'un homme ; les pieds & les mains pareils , excepté que les doigts étoicnt joints par une pellicule , telle qu'il s'en voit aux pattes des oies & des canards : ce qui f:iit croii'e que les doigts des pieds alongès leur dounoient la forme de mains marines. TREIZIEME PARTIE. CHAPITRE CVL De r Homme & des, différentes races humaines, I. Les hommes à queue. Noirs de Pljle de Manille qui ont une queue d& quatre à cinq pouces de longueur. Mangbiens habit ans de Plfe de Mindoro^ voifine di Ma ni lie , qui ont ime queue pareille. Homme de Pille for mo/è qui avoit uns queue longue dg plus d'' un pied., toute couverte d"* un poil roux ^jorî femhltibk à celle d'^im bœuf. DE5 CHAPITRES. 25^; îîy a dis hommes 4 quem en Ethiopie^ aux Indes ^ en Egypte^ en Angleterre.^ fur tout en Ecojje. Le Sr. Cruvilmr de la Cmtat né avec wk queue ^ àïnjt que Jon frère. Noir nommé Mahammed, natif di Bornéo qui avait une queue d'un demi -pied de longu?ur. Il étoH fort velu cont/e ^ordinaire des n?gres. Officier François qui avoit une queue. Mr. de Barfabas S fa fceur Religieufè avoient cha- cun une queue. Limonadière de Paris qui avoit auffi une quem. Homme d'Orléans qui., ayant voulu faire couper um queue qu'il avoit , mourut de cette opération. Louife Martine ., femme d'Air., gfof/è ^ putjfante^ portant poil au menton , avjît une queue. Procureur de la même v'IIe , nommé Bernard & fur^ nommé Oiteue ■ de Fore , par^e qu'il avmt réelle-' ment une queue. Réflexions fur les races d'hommes à queue, CHA.nj^'E CVll. 2. Les Nègres, - page 15? Ces Peuples noirs qui oni dîS nez plats & écrafés • de groflcs lèvres, de la laine fur la tète au lieu de cheveux, & un efprit très borné à peine de quelques degrés au- delTus de l'indinift des brutes, forment une race parti- culière très noTBl>reu(e. Les plus laids & les plus ftupi- des font ceux d'Angola ; Angola efl: aulli la. patrie des Orangs-outangs. Les Nègres ne font pas tous du même noir, ni de la mènie difformité. On trouve chez les ra- ces nègres toutes ks teintes intermédiaires du noir au brun. CHAPITRE CVIIT. 3. Les Hottentots. - i5p LCS Hotte tocs ne font pas des Nègres, mais des Caffrss, ils vivent crrans & font de la plus affiX'ufe mnl-propre- té. Ils font flupides , indifciplinables. Leurs vifage cft kideux, leurs lèvres grelles, leur nez plat & large, leur 253 TABLE ANALYTIQUE voix feiTiblabJe au cri d'un coq d'Inde , leur vie plus courte de moitié que celle de riiomme. Les femmes Hot- tentotes, beaucoup plus petites & plus laides que les hommes ont inie excroiflance monftrijeufe de la peau qui cou\Te l'os pubis , laquelle defcend en forme de tablier jufqu'au milieu des cuiflTcs. CHAPITRE CIX. 4, Des autres Caffres. page 174 Les autres CalTres font un peu moins laids que les Hottcn-l tots. Ainfi les traits de rimmanité s'adouciilent fenfiblc- ment & prennent de la régularité en remontant vers l'o- rient. C'efl: le contraire vers le I^Jord. CHAPITRE CX.^ 5. Les happons d'Europe^ les iiamdUdes . à' Ajh ^ les Sauvages du Détroit d& Davis en Amérique, - - 17^ Les Lappons ont le vifage large & plat, Iç nez camus & écmfc, l'iris de Treil jaune brune & tirant fur le noir, les paui>ieres r^tirt-es vers les temples , les joues extrêmement élevées, la voix, grêle, la tête grofle , les cheveux noirs & lilies , la peau bafanée;ils font'^trapus quoique maigres, èc la plupart "n'ont que quatre pieds de hauteur, les plus grands n'ont que quatre pieds & demi. Les Lapponnes font auflî ?aidcs que leurs maris. Les Samoïedes font d'une taille au-de(Tiius de la moyenne : ils ont le corps dur & nerveux , d'une flructure large &" quarrée, les ïambes courtes & menues, les pieds petits, le concourt & la tête grofle à proportion du corps, le vi- fage aplitti, les yeux noirs, & l.'o;:verture des yeux pe- tite mais allongée, le nez tellement écrafé que le bout en eft à-peu-près au niveau de l'os de la mâchoire fupérieure qu'ils ont très forte & élevée, la bouche granrte, & les lè- vres minces ; leurs cheveux noirs comme le jais , mais extrêmement durs & forts leur pendent comme des chan- delles fur les épaules ; leur teint efl d'un brtin jaunâtre , & ils ont les oreilles grandes .& rehaulTées. Etyniologies du nom de Samoïedes. Les. Sauvages, qui habitent les terres du détroit de Davis, font petits, trapus, d'un teint olivfttre ; ils ont les jam- bes courtes & grfrflts. Les Sauvages de Terre-neuve font aufll de petite taille , & aufll mal "faits que les Groenlan- dois. Ainfi on peut conclure q'ie tous les habitans du Jslord tant -de l'Europe que de l'Afie & de l'Amérique , font les plus petits, les plus miférables, les plus laids & \ts' plus ftupides de toute l'efpece^ DES CHAPITRES. 253 CHAPITRE CXI. 5. Scuvages an corps S au vi- fage velus, _ - _ page 180 Les Snuvsges Aq la baie d'IIudron & du Nôfd de la terre île Labr.idor, ainfi que ceux du pays d'Vcço au nord du Ja- pon dans l'ancien continent, reffcmblent aux Lappons d'Europe & d'Amérique en ce qu'ils font laids , petits & mal faits comme eux , mais ils en diflcrent en ce qu'ils ont le corps & le vifage auifi velu qu'un ours , au lieu que les Lappons is: les Samoïedcs n'ont que peu ou point de barbe & de poil fur le corps. CHAPITRE CXIÎ. 7. Lss Oftiaques & les Ton- gujès. - - - j8i Les Oftiaques & les TonguTes font la Nuance entre les Lap- pons dont nous avons parlé & les Tarcares doht il fera qneftion dans le 'Chapitre fuîvant. CHAPITRE CXIII. 8. Les Tartares. - ibid. Tous les peuples compris fous le nom de Tartares ont le haut du vifage fort large & ridé, même dans leur jeunelfe , le nez court & les yeux petits^ & enfoncés , les joues fore élevées , le bas du vifage étroit , le menton long & avan- cé, la mâchoire fupérieure enfoncée, les dents longues & réparées , les fourcils gros qui leur couvrent les yeux , les ■paupières épailfes, la face plate, le teint bafané & olivâ- tre, les cheveux noirs; ils font de ftature médiocre, mais très forts & très robuftes ; ils n'ont que peu de barbe, & elle eft par petits épis comme celle des Chinois , ils ont les cuifles grolTes & les jambes courtes. Ils font tous er- rans èc Vagabonds. Divifion des Tartares. Les Calmuques s les plus laids de tous les Tartares^ dont rajpect a quelque cbo/è d'effrayant. Les Tartares du Dagbeftan, Tartares Nogais , ou petits Tartares, Tartares F'agoHjles en Sibérie. Tartares mongoux , qui ont conquis là Chine. Peuples duTbibet ^ des autres provinces méridionales iie la Tartarig^les mim laids de tous les Tartares, 254 tAcle analytique CHAPITRE CXIV. p. Us Cbinots S les Japon- mis^ &c. . . . page 184 Les chinois ont en général le viTaffc large, les yeux pents, les Iburcrls grands , /es paupieiVs planes &" cievces , le nez camus , quelques épis de Ir r)e à chaque icvrc , & fort peu au menton. l's ont a-.h z ordinairement la caille épai'îe, le teint bafané & la (f ture commune. Les f.nr- mes font peut-être un peu mieux faites, mais aufli laides de vifage. Les Japoiinois font adez femblables ailx Chinois, feulement ils" font plus jaunes ou plus bruns, du relte, ils «nt Ist taille ramalfée & le nez écrai'é. Suivrnc Les Cocbincbims, Les Tunquinois. Les Siamois. Les Peguam. Les habit ans (Pj^racan^ de Laos, ^mitres contrées voifi/ies y ifui ctit des pgures Chïnoijh un peu variées. CHAPITRE CXVl. 10. Les Indiens. Hommes à grojjes jambes. . . . i0^ Les Indiens font tous plus ou moins, olivâtres oa jaune;: cette couleur ne fe perd qu'en approchant des climatç tempérés. A cela près ils reifemblent affez aux Européens pour la taille & les traits du vifage. Il faut pourtant diftinguer parmi les Irdiens les Nobles de Calicut, tant hommes que femmes, parmi lefquels ou trouve des familles entières qui ont lés jambes aûlli gros- fes que le corps d'un autre homme. On trouve encore de ces hommes à grolfes jambes à Ceylau. Les bourgeois de Calicut forment aufTi une race particulière d'hommes plus laids, plus petits ik. plus mal faits que les autres' Indiens. CHAPITRE CXVI. 11.' Les Perfans, les Arabes, les Egypiietis^ les Maures. . , ig^ Tous ces peuples font des nuances intermédiaires entre lf5 Indien^ & le& Européens des climats tempérés. DES CHAPITRES, 255 CHAPITRE ex VIL 12. Les E/pagnols ^ tes Por- tugais ^ les Irançois ^ les Angioïs ^ ies hloilMiduis ^ les Allemands^ les Suédois ^ les Polonais , les Da- nois. . . . page 1 87 'poiis CCS Peuples Européens font beaux & bien faits , mais ils ne lions oiFrent point le chef-d'œuvre de in Nature. Les Efpagnois tiennent beaucoup dei liabitans de la Bar- barie par une taille maigre & adez petite , par un teint jaune & balané ; cependant ils ont une belle tête & de beaux yeux. Les Portugais tiennent des Efpagnois. Les François, les Anglois , les IIolLindois &'les Allemands font plus blancs que les Efpagnois & les Portug'ais ; ils ont aulîi une taille plus avantageufe : ils font encore éloi- gnés de la perfection de l'efpece Innnaine. Les Danois , les plus blancs de tous l(ts peuples , ne font pas pour ce- jia les plus beaux. CHAPITRE CXVIII. 13. Les Italiens^ ksTurcs^ les Cina(]kns ^ les Géorgiens. . . , 188 C'eft dans les belles Provinces d'Italie, & dans l'Afie mi- neure qu'il faut chercher les plus belles races humaines. Cell: - là que la Nature après avoir paiî'é par tous les de- grés du froid & du chaud, a fixé la plus jullre températu- re. C'eft - là l'empire de la beauté. On y trouve à la fois le plus beau coloris , les plus exa-tes proportions , les for- mes les plus nobles o: les plus élégantes. On y voit rare- ment des corps contrefaits, prefquc point de laids vifa- ges, ni de figures ignobles. Détails fur les Italiens, les Grecs anciens & modernes, les Turcs, lc:s Circaffiens & les Géorgiens , qui prouvent que ce ft'nt les plus beaux hommes de" la terre. CHAPITRE CXIX. 14. Les Patagcns ou Géants, i^î Première découverte des Patagcns ou Géauts à l"* extré- mité Auihale de l"" Amérie^ue, Leur fores S ^^r grandeur extraordinaires. Sept Géants vus dans la haie Grégoire , par (ss gens d'un VaiJJéau Malouiny nommé le Jaq^ues. Six autres Géants vus par ies gens d*tm ymj/eau Marfeillois^ nommé le Saint -Pierre. Doutes de Mr. de Buffon fur Î*exi(îenc6 des racei ^hommes toutes compofées de Géants* 256 TABLE A. N A L Y T I Q U E Recherches propofées par Mr. de Maupertuu au Ju- jet de: Patagons. NoiwelUs décoitvertes de la Nation dés Pâtagons fai- tes par des yaijjeattx anglais. Note qui contient tout ce qn''on a dit jufques-ici pour prouver qi^ii n^ a point de Géants. Les raifonnemens ne peuvent rien contre les faits. QUATORZIEME PARTIE. CHAPITRE CXX. Les Monjîres. . pageip-? Définition d'un monflre. Les monftres entrent dans le pian général de l'Etre. Monftres qui engendrent: autres qui n'ont pas la faculté générative. Raifon de cette dif- férence. Les pierres, les plantes & les animaux ont leurs monftres. Le mot de JSIonftrii n'exprime qu'un rapport. Ce qu'on doit penfcr fiîr les Etres appelles monflrueux. Leur néceffité & leur utilité dans la chaîne univerfelle des productions naturelles, h^?, Etres éloignés dans l'é- chelle font des monftres les uns par rapport aux autres. Il y a même des races entières qui f'emblent monftrueu-. fes , comparées à d'autres races de la même clpecc. Tel cft le Nègre à queue comparé à l'Européen , & la femme Hottentote comparée à une femme Turque. Peut - être qu'il y a des mondes ou les Etres réputés monftrucux dans le nôtre , compbfent des races conltantes, CHAPITRE CXXI. Z)fjA/o;;y?myo/;^/^x. . i^^ Raîfon pourquoi ils femblent rares , & qu'ils nous font peu fenfibles. CHAPITRE CXXIL Des conformations monfinm- fes parmi les végétaux. . , 2ca> Citron qui en renferme un autre Poire qui en enfante une ^ fa tête une branche ô Autre poire monfirmujè. Poire qui en enfante une féconde., êf celle-ci jettant paf fa tête une branche S plufieurs feuilles* Rofi DES CHAPITRES. 257 Rofe monftrueufe. Autre rofe monfîrueufe, CHAPITRE CXXIII. Animaux monjlrueux. Qua- tre efpeces de Monjîres. . , page 201 Première efpece : Monjlresquifont tels par la confor- mation extraordinaire de quelques-unes de leurs parties , foit intérieures , fait extérieures. Seconde efpece : Monjîres qui ont quelque partie dé- placée ifoit à l'extérieur , foit dans l'intérieur. Troijîeme efpece : Monjîres auxquels il manque quel, que partie i on les nomme Monjîres par défaut. Quatrième efpece : Monjîres par excès , eu qui ont des parties furnumér aires. CHAPITRE CXXIV. Monjlresquifont tels par la conformation extraordinaire de quelques-unes de leurs parties , foit extérieures , foit intérieures, 202 Le mulet qui provient ou d'un cheval &? d'une ânejfe , eud'un âne àf d'une cavalle , ou d'un onagre &? d'u- ne jument. Mulet qui provient de Vaccouplement d'un coq avec la femelle du canard. Oeuf mon [îrueux dont la coque étoit marquée de plu* Jîeurs étoiles. Autre œuj monflrueux qui portait la figure d'unfoleil en relief. Enfant dont tous lesosfoudés enfemblensformoient qu'un fui os continu. CHAPITRE CXXV. Monflres quifont tels par le déplacement de quelques-unes de leurs parties y tant externes qu'intérieures, £04 R , i5S' TABLE ANALYTIQUE Enfant dont le corps étoit tourné à cordre-fens , le devant derrière , àf le derrière devant. Soldat qui avoit toutes les parties internes de la poi- trine â? du bas-ventre tranfpofées. Trois autres exemples d'une monjlruofité ftmllaUe, Fœtus qui avoit le cœur en dehors pendu au cou. CHAPITRE CXXVI. Monfcres par défaut, page 205 uîgneaujœtus fans tête, fans poitrine , fans vertè- bres^ fans qui'ue. Petit chien fans yeux ,&' fans gueule ^ n^ ayant à la place de la gueule qu'une petite trompe. JJomme qui n' avoit qu'un doigt à chaque main tfavoir l'index. Enfant qui n' avoit que la bafe du crâne , fans cer- veau, ni cervelet. ^utre fœtus monflrueux à-peu-près femblable. Fœtus humain qui n'avoit quun œil au milieu du front 5 fa7is bouche , îii nez. Autre fœtus fans nez , ^ avec un feul œil. Enfant fans parties fexuelles , ni à l'extérieur 9 ni à Vintêrieur. Monjlre fans tête ^ [fc. 7' ayant que la moitié infé- rieure d'un corps: c'étoit une fille. Autre monfire mâle dans le même genre y^prefque femblable. CHAFITRE CXXVU.Monpes par excès. . 2IQ Foulet monflrueux , ciyant quatre pieds ^ quatre ai- DES C H A P I T R E S. 259 filtre pculet monjirueux , ayant quatre pattes , trois becs S trois yeux. Figure d'une tête humaine , trouvée dans un œuf. Au' ire exemple femblable , rapporté par Fortunio Li- ceti. Chevreau monjirueux ayant dix pieds, deux anus^ deux quelles. Lièvre monjirueux , ayant deux corps adojjés , deux têtes & huit pieds. Enjant tout habillé d'une efpece defurpeau , en forme de tégument ou d'enveloppe. Veux enfans mâles joints enfemble par la partie infé" rieur e du venir e. Foetus humain à deux têtes , deux œfophages , deux ejlomacs 3 deux poumons, ^c. Autre monjlre humaiji ayant deux vifages ^ quatre pieds. Deux filles jointes enfemble pojlérisuremeni , depuis les épaules jujqu'aux fejjes. Italien d'environ 18 ans, ayant une féconde tête plus petite que la fienne au-dejjous. Fille âgée de 12 ans qui avoit deux corps. CHAPITRE CXXVIII. Les Hermaphrodites bu- mains. .... page 220 Quatre efpeces d'Hermaphrodites. Première efpece : ceux qui ont l'un des deux fexes parfait èf l'autre imparfait. Seconde efpece: ceux qui ont les deux fexes impar- faits. a6oTABL E ANALYT. DES CHAPIT. Troifieme efpece : ceux qui peuvent engendrer comme mâles 1$ comme femelles ^ mais feulement avec un autre individu. Quatrième efpece : ceux qui peuvent engendrer avec un autre individu comme mâles ou comme femel- les ^peuvent encore produire feuls par V union des deux fexes qu'ils poffedent, Conclufîpn, F4N DE LA TABLE. o o o o o o o OO O O 9 o o o ^•.\ ^:y^ :/n If -^-^ ±~^