T ,%• ^ -^*-».. fil •'♦,.■ -^"^ ^^.\ ■•.!; m^'»^- eS2S:. DUKE UNIVERSITY LIBRARY Treastm %^om ^1 / / ^ '-■•^^ r^ ï<»^2. nâ^^H^^^^mx- Jtsr*^ r^Cifl. «^«/ vj'-". , , CONSIDERATIONS s U R L E s CORPS ORGANISES. Tome Premier. CONSIDERATIONS S U R L E S CORPS ORGANISÉS, Où l'on traite de leur Origine, <5e leur Développement, de leur Reproduction , &c. & où l'on a raflemblé en abrégé tout ce que l'Hiitoire Nature. le offre de plus certain & de plus intérelTant fur ce fujet. Par C. B^ONNET, iles /IcadèmJes d'' jingleterre , de Suède , de V Injiitut de Bologne^ Correfpondant de VAcad. Royale des Sciences , Ij r. TOME PREMIER. J. •>. ^àine7 Réponfe. 69. 8 me. Quelîion : comment fe forme une nouvelle Ecorce , une nouvelle Peau ? Ré- ponfe. 70. 9"^^. Qtieflion: fi les mues & les méta- morphofes des InfeBes , la production des Dents , la réprodu&ion des Pattes de l'E- erevifje^ prouvent qu'il eft des Germes âpre- ET DBS Articles. xxv priés à différentes Parties ? Réponfe: 71. lonie. Qiieflion : un Germe d'une efpect donnée peut - il fe développer dans un Tout ' erganifé , d*une ejpèce dfjfférente ? Ré^ ponje. 72. Réflexions fur P Origine des Fers du Corps Humain, 73. iiuie. Ojjeftion : comment fe fait la Mul- tiplication fans Accouplement '^. Réponfe. 74. Réflexion fur r Accouplement, 75. Conje&ures fur la raifon métaphyfîque de • r Accouplement. CHAPITRE VI. Delà Nutrition conftdérèe relative^ ment à la Génération. GonjeBure fur la Formation de la Liqueur féminale. Pag. 56 76. Dejfein de ce Chapitre. 77. De la Nutrition en particulier & desBla- libres alimentaires. 78. Différence entre les Matières alimentai- res des Plantes , & celles des Animaux , S dans la manière dont les unes & les autres reçoivent la nourriture. 79. Idée de la Mèchanique de la Nutrition» Principes fur ce fujet. 80. Des Elémens ^ de leurs Combinaifons, ** s XXVI Table des Chapitres 8 1 . Deux genres (PElémens. 82. De la tendance des Elémens à s'unir. Ré- flexions fur V Attraction Nezvtonienne, 83. Idées fur la manière dont les Elémens en- trent dans la compofuion des Touts organi' ques. 84. Principes fur la Méchanique de l'Ajfmn- lation, 85. Des Sécrétions en général 86. Conje&ure fur la manière dont les Atomes nourriciers sunijfent au Tout organique. 87. Deux ré fuit aïs principaux de la Nutri- tion ; l'entretien des Parties 6f leur accroif fement en tout fens. 88. De la difpofition originelle des Fibres à s'étendre en tout fens. Raifon de cette dif- pofition. 89. Raifons de la foUdité cju acquièrent les Parties après qu'elles ont pris tout leur ac- croiflemenî 5 & des caufes naturelles de la Mort. 90. Effai d'application des Principes précédent au développement du Germe. 91. Soupçon de l' Auteur fur la ftru&ure des Organes de la Génération & fur la forma- tion de la Liqueur féminale. Conféquences naturelles de ce foupçon. 92. Réflexion fur l'Opinion qui admet que la Liqueur fé min aie ejl un extrait du Tout orgnnifè. Manière de le concevoir. 93. Pourquoi les En fan s fj' engendrent pas'^ 94. Reniai que fur la Difémination, ■ ET desArticles. xxvii CHAPITRE VII. Obfervaùom Microfcopiques fur les Li- queurs fém'males & Jur les Infu' fions de différentes efpèces. Nouveau Syfième fur la Généra^ tion. Pag. 77 95. Occafion & dejje'm de ce Chapitre. 96. Précis des Ohfervations de iVb\ de Buf- FON. i^e. Expérience fur le Sperme hu- main. 97. 2^<^. Expérience fur le Sperme humain. 98. 3™«. Expérience : fur le Sperme du Chien, 99. 4™^. Expérience : fur le Sperme du Chien, 100. 51116. Expérience: fur le Sperme du La- pin. loi . 6aie. Expérience : fur le Sperme du La- pin. 102. 7°!^. Expérience: fur le Sperme du Bé- lier. Î03. 8™e, Expérience: fur le Sperme des Fe- melles. 104. 9ine. Expérience : fur le Mélange des deux Spermes. 105. loHie. Expérience : fur les Tejîicules de la Fâche. 106. M™e. Expérience: fur le même fujet. 107. 12^6. Expérience: fur l'Eau d'Huitre & fur la Gelée de Veau. loB. i3Jne. Expérience: fur les Infufîons des XXVIII Table des Chapitres Graines de l'Oeillet & du Poivre. 109. 14!"^. Expérience: fur une dijfoliitïon d^U' ne Poudre pierre 11 fe par l'Eau forte ^ 110. 15"^^ Expérience: fur les Laites des Poijfons & en particulier fur celles du Cal- mar. m. Réflexions fur la beauté de ces fortes d'Obfervatioîis microfcopiques, 112. Précis du nouvenu Syftème, Molécules organiques cormnunes au Végétal S à l'A' nimal. 113. Ojie le furplus des Molécules organiques eft renvoyé à un dépôt commun. Quel efî ce dépôt, 1 14. Liqueur féminale : Moule intérieur : Glo- bules mouvants. 115. Origine des Fers du Corps Humain dans le nouveau Syftème. 116. Végétations filamenteufes. 117. De la Nutrition , du développement â? de la Reproduction dans le nouveau Sys- ~teme. 118. Source des principaux Phénomènes de la Géiiération dans le nouveau Syjîème. Ori- gine du Fœtus. 119. Pourquoi les petits Animaux font plus féconds que les grands , les Poijjons à E- cailles plus que les Animaux couverts de . Poils. 1 20. Remarques fur ce précis du Syfleme de Mr. DK BUFFON. 121. Confèquences générales de ce Syfleme, ET DES Articles. xxix CHAPITRE VIII. Examen du nouveau Sy/tème-^ compa- raifon de ce Syfième avec ce- lui des Germes Pag. 98 122. Principales Sources des ohjeBions qiion peut former contre le Syfîème fies MolécU" les organiques, 123. Comparai fin abrégée du nouveau Syftè- me avec le Syftème des Ancie?2S & celui des Natures plajîiques. 124. Objections contre le Syfîème des Molécu- les organiques. 125. Réfutation des confié quenc es que les Par- îifians de l'Epigénéfe tirent des obfiervations de Malpighi//^;- le Poulet^ 6? de celles de Har- ' VEY fiur les Biches, 126. Que le nouveau Syfîème efl ingénieux i mais moins probable que celui des Germes, 127. Remarques fiur r Emboîtement : manière déjuger de fia polfibilîîé, 128. Tout s organifiés confulèrés dansVhypoihe- fie de l'Emboitement. 129. Tout s organifiés confidèrès dans Vhypo- thèfie de la Diffcmination. 130. Recherches fiur la Nature des Globules mouvans. Illufions & Erreurs à craindre dans les obfiervations fiur defiemblables Corps, Viciffîtudes des Opinions Humaines ; efforts de la raifion & /es écarts, %%i* Vu^ du Mond^ phyfiique dans lafupofii- XXX Table des Chapitres îion que les Globules mouvans font de viri' tables Animaux. 132. Conje&ures & Réflexions fur la Nature de ces Animalcules. Remarques fur nos idées d'œconomie animale. 133. Les Animalcules des Liqueurs &c. com- parés aux Polypes. 134. Ce que fan peut imaginer que deviennent les Animalcules du Sperme après qu'il a été repompé, 135. De ce que l'on doit penfer de l'apparition des Animalcules dans des Matières qui ont bouilli» Note importante , ou Extraits de Lettres de Mr. de Reaumur , qui prouvent que les Globules mouvans font de vrais Ani- maux. 136. Explication du Mulet dans l'hypothèfe de l'Auteur en fupofant que le Germe eft fourni par le Mâle. 137. Invitation à faire de nouvelles Expérien- ces fur les Mulets pour éclair cir la Matière de la Génération. 138. Remarque fur les effets de l'accouplement entre des Individus d'efpèces fort éloignées. 1 39. Qiie le nombre des Efpèces peut s'être accru par des conjonâions fortuites. 140. Réflexions fur la grandeur des objets que nous offre la Matière de la Génération. ET DES Articles. xxxi CHAPITRE IX. Nouvelles Découvertes fur la Formation du Poulet dans l'Oeuf, Confèquences de ces Découvertes. Corn- paraifon des Expériences de Har- Wi fur la Génération des Bi- ches y avec celles fur la For- mation du Poulet, Pag. 124 141. Introâu&ion, Découvertes de Mr, de Haller fur le Poulet, 142. ler. Fait fur le Poulet ., qui démontre que le Germe appartient uniquement à la Femel- le, Omfèquence qu'on peut en tirer à re- gard des Graines, 143. 2^^. Fait: Etat de fluidité des Parties de fEmbrion lors qu'il commence à fe déve- lopper. Nouvelle preuve de rexiflence des Èfpris animaux. Comment toutes les Par- ties acquièrent peu à peu de la coujiftence» Conformité avec le Végétal, 144. s^ne. Fait : par quelles caufes & dans quel ordre toutes les Parties de VEmhrion deviennent viftbles , d'invifibles qu'elles é- t oient auparavant, Obfervation fur l'Oeuf de la Brebis, X45. 4™e. Fait : naijfance des couleurs â? des faveurs. Remarque fur un pdffag^ dû XXXII Table des Chapitres. Mr. DE Hallkr , fur la caufe des cou» leurs dans ks Végétaux, 146. 5!"^. Fait: que les Parties de VEmbrion révêtent fuccefjivement de nouvelles formes ^ de nouvelles pofttions , qui aident avec ' r opacité à les faire reconnoitre. Ordre de ces changeme?is & leurs caufes méchani- ques, Qtie le Poulet eft originairement un Animal à deux Corps & comment. 147. 6'"^. Fait: que les Vifceres encore fluïdes s'acquittent dé fa de leurs fonctions. Ob- fervation fur la manière dont ks Sécrétions s^operent. 148. Conféquence importante de ces Faits fur la première Origine du Germe. 149. Qjie les Ovaires des Vivipares contien* nent de véritables Oeufs. Nouvelle preuve ' tirée du Puceron vivipare dans un temps , ^ ovipare dans un autre. 1 50. Reffemblances & diffemblances des Vivi- pares & des Ovipares. Analogies du Végé* tal & de r Animal. 151. Qjie la Graine & l'Oeuf le Bouton & la . Véficule renferment originairement un Em- hrion que fa petitefe &fa tranfparence ren- dent invifihle. Pajfage de Mr. de Hal- LKR qui achève de le démontrer. 152. Fauffeté de l'opinion qui veut que le Germe réfide originairement dans la Li* queur que fournit le Mâle. 153. Combien la découverte de Mr. de Hal- ET DES Articles. xxxili L E R p2ut contribuer à répandre de jour fur le myfJère de la Génératmj, Sagacité qu'elle prouve dans fon Auteur, Art àt voir, Î54. Récapitulation des Faits fur le Foulet^ & remarques fur ces Faits, Qiie tétat de. fliiïdité n'ejî qu'une apparence. 155. Réflexions fur rÉj prit deSyjfème, Com- ment Mr. DE Haller eft revenu de /'E- pigénéfe à /'Evolution. 156. Ré fulîats généraux des Qhfervations de Mr. DE H ALLER fur le Poulet. 157. Parallèle de ces Obfirvaîions avec cel- les de Harv'ey fur la GérJration des Bi* ches , expofées par /'Auteur de la Vénus Phyfique. 158. Obfervation de P Auteur fur leVomt vi- vant. Suite du Parallèle, CHAPITRE X. Remarqties fur les Métamorphcfês , fur /'tvolution Ëf /i^r /'Accroiffcment. Pag. ijo 159. Uniformité dans la manière dont les Quadrupèdes & les O'fcaux fe développent, Changemens du Poulet comparés aux Mé' tamorphofes des Infectes. 160. Apparences tromDeufes dans les Méfa- morpbofes des Inje&es. Réflexions fur a ^XXIV Ta BLE DES CHAPITRES fiijet. Le Papillon exiftoît déjà dans la Chenille & comment. l6i. Conféquence fur laPréexifïence originel- le du Fapîllon. La Chenille comparée à un Oeuf, 162» Faits qui prouvent que les Vés^é taux fui- vent^ comme les Animaux^ la loi de l'Evo» lution, 163. Qtic r Impul/îon du Cœureft la principa- le puijfance qui Opère le Développement dans r Animal. Remarques fur les changemens de couleur du/ang & fur rOffification, 1 64. Exemple remarquable de F Evolution dans la Membrane Ombilicale du Poulet, 165. Solides de VEmhrion repliés originaire- ment fur eux-mêmes : exemple pris des Jam- bes & des Ailes du Papillon. 166. De r augmentation de majfe des Solides par l'incorporation des Matières alimen- taires, InjeBions colorées propres à répan- dre du jour fur cette incorporation, 167. De la tranfpiration infenfîble qui fe fait tandis que l\Emhrion fe développe. Idée des moyens d'abréger ou de prolonger à VO" lonté la vie de l'Emhrion. Du principe vital dans l'Animal, O^nfècjuences. 168. Recherches fur la Puifjance qui opère le Développement dans le Végétal, Expérien- ces de r Auteur fur la vitejfe du mouve- ment de la Séue & fur les injedîions colo- rées. 169. Effets généraux de la Puijfance vitale ET DES Articles. xxxv clans les Fiantes, Expofiîion abrégée de la mante re dont les Arbres croijjent. Parallèle de cet accroi(]ement avec celui des Os. 170. Eléuiens de la Théorie de r Auteur fur la Méchanique de rAecroiJJement, CHAPITRE XL ^œ les Obfervaîmis ftir la Formation du Pouht achèvent de détruire le Syfteme des Molécules orga- niques. Pag. 1^8 Faits qm concernent les Graines Êf / fiur un paffage de FHiftoire de l'Académie de Prujfie, ET DES Articles. xxxis CHAPITRE XIÎ. Réflexions fur la Découverte des Polypes, fur /'rebelle des Etres Naturels &" fur les Règles prétendues générales, Ex- pofitton abrégée de divers Fans cancer^ nans les Végétaux, Sf à cette occa- fion y de /'Analogie des Arbres ëf des Os. E/fai d'explication de ces Faits, Pag. ziy 208. Qjie mus fommes mieux placés pour ex- pligtier les merveilles des Polypes , qu^on ne rétoit au temps de leur Découverte. Ré- flexion fur les caufes qui ont retardé cette Découverte. 209. Oîde le Polype met en évidence la Grada- tion qui efl entre toutes les Parties de la Nature. Extrait d'une Lettre de Leibnitz , qui prouve qu'il avott foupçonné fExiftence de cet Jnfe&e. Réflexions fur l'Echelle des Etres Naturels publiée par l'Auteur, 210. Obfervaîions fur le fentiment de Mr. BouRGUET & de quelques autres Auteurs touchant la prétendue Organifation des Sels , des Criftaux , des Pierres. Qjie nous igno- rons le pajfage du Foiïile au Végétal. 211. Obfervatîons fur l'opinion de Mr. dk *♦ * 4 ^L Table des Chapitres Maupertuis touchant la prétendue- réalité des interruptions dans f Echelle des Etres Naturels, Réflexions fur les progrès de rÊfprit Humain dans les recherches ph^fi- ques, , 212. Lumières que les Polypes peuvent ré- pandre fur divers points de Phyfwlogte. 21^ Queles Polypss nous enfeignent à nous > iéft^ da Règles générales. Réflexions fur Vufage & fur Vahus de l'Analogie. ^\A. Introduction à l'EJai d'explication des Reproductions végétales & aniniaks, 215. E)es Play es des Arbres & de ce qui fe palfe dans leur conColi dation. ni6," Loix de la confolidation des Playes vé- ' gétales. Rèfultats généraux. 217. Expérience qui conftate la produ&ion d'un nouveau Bois. , , /- ■ 2 1 8 Que le Bois parfait eft încapahle de faire de nouvelles produaiuns. Ordre & progrés de Vendurcijfement dans les différentes cou- ches» 210. L'Aubier, fa nature & fts fondions, 2 '^o Différences caracténftiques entre la Sîruc- "t'ure ^du Bois & celle de r Ecorce. Qu'il n'eft point de véritable converfion de VEcor- ce en Bois, Rai fous de cette aflèrtion. So- lution d'une difficulté de Blr. Duhamel. • 2 1 Analogie entre la formation du Bois & celle des Os dans les idées de Mr. Du- aaa. Expofuion abrégée du fentiment de Mr. ET DES Articles.' xli DE Haller fur la formation des Os , e?t oppofition avec celui de Mr, Duhamel. 223. Précis de la Réponfe de Mr, Fouge- Roux aux Obje&ions de Mr, de Haller pour ftrvir d' éclair ci jfemens aux Analogies de Mr, Duhamel. 224. Kaifons qui portent r Auteur à fufpendre fin jugement fur la Qiiejîion controverfée entre les deux célèbres Phyficiens. 225. Réfiltats généraux des Faits indépen^ dans de la Qiieftiun agitée. 226. ?iQ\xûtxs des Playes végétales-,^ leur na- ture , leur formation , leurs effets. Ma* ftière de faire reprendre de Bouture toutes fortes d Arbres, 227. Confirmation de l'ufage & de l'impor- tance des B'iurlets dans les Boutures, 228. Expériences de l'Auteur fur la Végéta* tion des Boutures, 299. Remarques fur la Se 'je defcendante cau' fe de la production des Bourkts. Qjie cet' te Sève defcend par une force qui lui eft propre. 230. Effets des deux B ourlet s qui naiffent au- dejfus & au - àeffous de la Playe, 231. Expériences qui prouvent que ces deux Bourleîs font de même Natuie. Arbres plantés les Racines en enhaut & qui re- prennent, 232. Conféquence des Expériences précéden- tes contre les Valvules que quelques Au- 7^ ^ ^ ^ XLii Table de^ Chapitres êcc. îetirs ont admifes dans les Fdîjjeaux, Ex- périence de routeur à ce fujet. 233. Pourquoi le Bourlet ftipérieur efl plus gros que rinférieur. Action des Feuilles établies par f Auteur. 234. Qiie les Bourlet s favori fent r Eruption des Germes'^ mais qu'ils ne lui /ont pas né' cejjaires. Preuves tirées de quelques Bou- tures finguUères de V Auteur. 235. De l'union de la Gxe?tQ avec fon fiijet confîdérée dans les différentes fortes de Greffes. 236. Effai d explication de la régénération diS Places végétales. Reffources ménagées de loin par la Nature. 237. Comment toutes les Fibres s'endurciffcnt peu à peu & paroijjent revêtir une autre nature. 238. Germes répandus dans tout le Corps de la Plante y four ce féconde de réprodu&ions. Preuves de cette Dijfémination. 239. Comment certaines cir confiances favori- fent r éruption des Germes, 240. Comment une fimple Bouture , une /Im- pie Feuille &c, peuvent faire par elles - mê- mes de nouvelles produStions. 241 Explication des Greffes. FAUTE A CORRIGER à la page 252 du Tome I. avant le dernier paragraphe , qui commence par ces mots , Lk Bourlet &c. on a omis le titre de l'Article , que voici : 227. Confirmation de Vufage (^ de r impôt'' tance des Bourkts dans les Boutons. CON SI D ER ATI O N S SUR LES CORPS ORGANISÉS. CHAPITRE I. '^'Vv-' Des Germes , Principes des Corps Organifés. I. Fondement de VExijïence des Germes* LA Philofophie ayant compris rimpoflîbilité où elle étoit d'expliquer méchaniquement la Formation des Etres Organifés , a imaginé heu- reufement qu'ils exiftoient déjà en petit , fous la Forme de Germes ^ ou de Corpuscules Organi* ques. Et cette Idée a produit deux Hypothèfes qui plaifent beaucoup à la Raifon. 2. Deux Hypothèfes fur les Germes. La première fuppofe, que les Germes de tous les Corps Organifés d'une même espèce , étoienc renfermés , les uns dans les autres , & fe font développés fuccelfivement. A 2 Considérations Sur Les La féconde Hypotlièfe répand ces Geilnes par -tout, & fuppofe qu'ils ne parviennent à fe développer , que lorsqu'ils rencontrent des Ma- trices convenables , ou des Corps de même e- fpcce , dispofés à les retenir , à les fomenter & à les faire croître. 3. ir«- Hypothèfe ; r Emboîtement, La première Hypothèfe elt un des grands ef- forts de f Efprit fur les Sens. Les différens or- dres en Infiniment Petits abismés les uns dans les autres , que cette Hypothèfe admet , accablent l'Imagination fans effrayer la Raifon. Accoutu- mée à diftinguer ce qui eft du reffort de l'Enten- dement, de ce qui neft que du reflbrt des Sens, la Raifon envifage avec plaifir , la Graine d'une Plante, ou l'Oeuf d'un Animal, comme un pe- tit monde peuplé d'une multitude d'Etres Or- ganifés , appelles à fe fuccéder dans toute la du- rée des Siècles. Les preuves qui établiffent la Divifion de la matière à X Indéfini , fervent donc de baze à la Théorie des Enveloppemens. Le Soleil un million de fois plus grand que la Terre , a pour Extrême un Globule de Lumiè- re, dont plufieurs milliards entrent k la fois dans fœil de fAnimal vingt fept millions de fois plus petit qu'un Ciron. Mais la Raifon perce encore au delh. De ce Globule de Lumière elle voit fortir un autre Univers, qui a fon Soleil 5 fes Planètes , fes Vé- Corps Organise' s. 3 gétaiix , fes Animaux , & parmi ces derniers un Animalcule , qui eft à ce nouveau monde , ce que celui dont je viens de parler , eft au moU"; de que nous habitons. 4. 2'^e. Hypoîhèfe ; la Dljféminaîion. La féconde Hypothèfe , en femant les Ger- ines de tous côtés, f^iit de l'Air, de l'Eau , de la Terre , & de tous les Corps folides , de vafles & nombreux magazins , où la Nature a dépofé fes principales Richefles. La' j fe trouve en racourci , toute la fuite des Générations futures. La prodigieufe petitelTe des Germes , les met hors de l'atteinte des Cau- fes qui opèrent la dilTolution des Mixtes. Ils en- trent dans l'Intérieur des Plantes & des Animaux? Ils en deviennent même Parties compofantes , & lorsque ces Compofés viennent à fubir la Loi des Diffolutions , ils en fortent , fans altération, pour flotter dans l'Air , ou dans l'Eau, ou pour entrer dans d'autres Corps Organifés. Il n'y a que les Germes qui contiennent des Touts Organiques , de même efpèce que celui dans lequel ils fefont introduits, qui s'y dévelop- pent. Portés dans l'Ecorce d'un Arbre , ils s'y arrêtent , ils y groiTiirent peu à peu, & don- nent ainfi nailiance aux Boutons j aux Racines ^ aux Branches, aux Feuilles, aux Fleurs, & aux Fruits. Portés dans les Ovaires de la Femelle ou dans les Véficules féminales du Mâle 5 ils y font le principe de la Génération du Fœtus. A s Considérations Sur Le CHAPITRE IL De V Accro'tjfement des Corps Orgamfés en génerah 5. Lifficulté du Sujet, La manière dont s'opère rAccroiflement des Corps Organifés , effc un Point de Phyfique très obfcur. Lorsque nous aurons une fois bien con- çu, comment une fnnple Fibre groflit & s*é- tend , nous comprendrons comment une Graine devient un Arbre , ou comment un Oeuf pro- duit un Animal. On peut faire bien des Expériences pour dé- couvrir les Loix que les Corps Organifés obfer- vent dans leur AccroifTement. On peut drefler des Echelles exactes de leur extenfion refpeéli- ve.- On peut obferver, jufqu'à un certain point, la ftrufture intérieure de ces Corps , & le jeu des Organes qui féparent & diftribuent les fucs nourriciers. On peut encore ramener au calcul l'aétion des Vaiffeaux , & la vitelfe des Liqueurs qui y circulent. Toutes ces connoifTances , quoi- que précieufes, ne fuffifent point pour diiliper les ténèbres qui couvrent la Méchanique de rAccroiflement. Eflayons d'y fuppléer , en po- fant des Principes qui nous conduifent à une Hypothèfe raifonnable. Corps Organise' s. 5* 6. Principes fur VAccroïjfement, La Nature ne va point par Sauts, La Nature ne va point par Sauts. Tout a fa Rnifon fujfi faute ^ oulaCauIe prochaine, & im- médiate. L'État actuel d'un Corps , eft la Suite ou le Produit de fon Etat antécédent ; ou pour parler plus jufte , l'Etat aéluel d'un Corps eft déterminé par fon Etat antécédent. 7. Gradations Umverfdks. Il eft une Gradation entre les Etres , il en eft ime aulfi dans leur Accroiflement. Tous par- viennent, par dégrés infenfiblçs, à îaPerfeélion qui leur eft propre. C'eft ce qui fe nomme Dé- veloppement dans les Corps Organifés. 8. Développemens. Les Plantes & les Animaux que nous voyons aujourdhui , ont donc paffé fucccffivement par tous les dégrés de Grandeur compris entre celui où ils ont commencé d'être vifibles pour nous , & celui où nous les voyons maintenant. Si nous obfervons au Microfcope , la Grai- ne d'une Plante , ou l'Oeuf d'un Animal , nous nous convaincrons que le Corps Organifé qui en doit naître , y exifte déjà en petit , avec toutes fes parties eflentielles. Nous admirons la Sagacité du Naturalifte qui a fû le premier découvrir le Papillon fous l'Enveloppe de Chenille. A3 <5 Considérations Sur Les p. La Nutrition caufe du Développement, Le Développement infenfible de toutes les Parties du Corps Organifé, fe fait par la iY«- trition. 1 0. AUmens, Les Alimens font un mélange d'Air , d'Eau , de Terre , de Sels , d'Huiles , de Soufres , & de plufieurs autres Principes diftercmment combir;iés. II. Leur Préparation. Pour être rendu propre à faire corps , ce mélange pafTe par divers genres de Vailleaux , qui diminuent graduellement , & dont il é- prouve l'aélion. Les uns le reçoivent , d'autres le prépa- rent ; des troifièmes le diftribuent préparé , à toutes les parties. 12. Trois Opérations des FaiJJeaux, L'action des VailTeaux fuppofe donc trois Opérations principales. La féparation du Superflu : La décompofi- tion d'une partie des Principes : Et la réuni- on de plufieurs dans une même Maffe , ana- logue à la nature du Corps Organifé. 13. Compofîtion des VaiJJeaux, Les VaifTeaux , ainfi que tous les autres Organes^ font originairement formés de Fibres Corps O r g a n i s e' s. 7 fîmpîes , c'efl: à dire qui ne font pas elles mê- mes compofées d'autres Fibres, ce qui iroit à l'infini, mais à'Elémens particuliers. La nature , la forme , & l'arrangement de ces Elémens déterminent l'Efpèce du Corps Or- ganifé. 14. Idées fur la àijîrihuîion ^ fur Vas^ pmilaùon des Sucs nourriciers» L'extrait nourricier fe diflribue aux Fibres fmiples, & l'extenfion de celles-ci en tout fens, fiiit le Développement du Tout Organique. Les Elémens des Fibres font le Fonds qui reçoit les Particules du Fluïde nourricier. L'affinité' de ces Particules avec les Elé- mens, les rend propres à s'unir à eux. La conformation & l'arrangement des Elé- mens leur permet de s'étendre en tout fens jufqu'à un certain point , & de céder ainfi à l'imprefTion du Fluïde nourricier. On peut fe repréfenter une Fibre fimple comme une efpèce d'Ouvrage à Rézeau. Les Atomes nourriciers s'infmuent dans les Mailles , & les aggrandiflent peu à peu , en tout fens. Les VaifTeaux qui reçoivent l'Aliment grof- fier qui vient du dehors , & ceux qui le pré- parent , font nourris par d'autres VaifTeaux plus petits , deftinés à répandre cet Aliment par-tout. A4 t Considérations Sur Les Ces Vaifleaux verfent le précieux Extrait dans les interftices que les Fibres lailTent entr'- elles , d'où il pafle enfuite dans les Mailles de ces dernières par une forte de Succion,, ou d'imbibition. Et comme les petits Vaifleaux ont eux mê- mes befoin d'être nourris , on peut fuppofer qu'ils fe nourriflent par eux mêmes , du Suc qu'ils contiennent , ou de celui qu'ils rencon- trent entre les divers Paquets de Fibres qu'ils parcourent. 15. Limites de rAccroijfement. Enfin , lorsque les Mailles d'une Fibre fuTiple, fe font autant aggrandies que la natu- re & l'arrangement de leurs Principes ont pu le permettre , cette Fibre cefTe de croître , & ne reçoit plus que la nourriture deftinée à rem- placer celle que la tranfpiration & les mouve- mens inteftins diflipent. Corps Organise' s. CHAPITRE III. De la Génération des Corps Organifés. Des Monftres Ëf des Mulets en général. Principes &f Conje&ures fur leur Formation. i5. Introdu&ian. Tous les Corps Organifés multiplient : Et pendant que la Loi des Difîblutions exerce fon empire deftrudlif fur la Mafle des Etres vivans, la Loi des Générations préfide à la confervation des Efpèces , & leur aflure l'immortalité. 17; La Géfié ration eft im Myjîère qu'on découvrira peut-être un jour. La Génération eft un de ces fecrets que la Nî\ture femble s'être refervé. Je crois cepen- dant qu'on le lui arrachera quelque jour. J'en juge principalement par le nombre & la nature des Découvertes dont on a déjà enrichi cette matière. LesVéritésPhyfiques, fruits del'Ob- fervation & de l'Expérience , fe multiplieront & fe perfectionneront fans ceiTe. Les Vérités Mé- taphyfiques , plus indépendantes des Sens & des Machines , & liées à un petit nombre d'Idées abftraites , ne fe multiplieront pas , fans doute , en même proportion. Une Intelligence qui con- AS îo Considérations Sur Les noitroit h fond les forces de TEfprit Humain ; pourroit tirer l'horofcope des Sciences , & pré- dire le degré de Perfedion où chacune d'elles parviendra. Je ferois fort porté à penfer que la deftruélion de nôtre Globe n'arrivera que lors- que les Hommes auront épuifé la connoiffan- ce des Produélions qu'il renferme. Mais cet Evénement tient à d'autres qui ne paroîlTent pas plus prochains. i8. Dgi/x Hypothèfis fur le lieu de rEmhrlon, Ire. qui ûdmet des Oeufs ou des Graines prolifiques. Le Germe exifloit-il déjà dans la Graine, ou dans rOeuf 5 avant la Fécondation? La Pouffiè- re des Etamines , ou la Liqueur que le Mâle fournit , n'eft - elle que le Principe de fon Dé- veloppement ? 19. 2de qui place rEmbrion dans la Liqueur féminale. Ou la Matière féminale eft-elle le véhicule du Germe , & la Graine ou l'Oeuf, le logement deftiné à le recevoir? Ce font là, deux Hypothèfcs qui fe difpu- tent la préférence , & leur combat n'eft pas près de finir. 20. Animaux Spermatiqties. Une Découverte imprévue , faite par le Microfcope dans le dernier fiècle , a paru Corps Organise' s, h donner de la fupériorité à la féconde Hypothè- fe fur la première. Je veux parler de la Dé- couverte des ^animalcules Spermatiques, Ces Animaux , d'une petitefTe extrême , ont paru nager dans presque toutes les Semences qu'on a foumifes à cet examen. On a comparé leur Forme à celle du Têtard ; leur Tête eft grolTe & arrondie , & le refte de leur Corps eft très effilé. La plus petite goutte de Semence en renferme un nombre prodigieux. On les voit s'y jouer avec une agilité merveilleufe , comme les PoilFons dans un Lac. Les Sujets qui ne font pas encore en état d'engendrer , ceux qui font avancés en âge , ou attaqués de maladies vénériennes, n'offrent point de ces Animaux. 21. Syflèmes auxquels ces Animaux ont donné naijjance. Sun ces Faits réels , ou apparents , on a ima- giné que les Animalcules fpermatiques étoient les auteurs immédiats de la Génération. On a fuppofé ingénieufement qu'ils fubilToient des métamorphofes analogues à celles des Infeâ:es , ou du Têtard. Mais on s''eft partagé fur la ma- nière de la Fécondation. Les uns ne voulant point reconnoître d'O- vaires dans les Femelles des Animaux vivipares , ont cru que l'Animalcule s'attachoit à quelque endroit particulier de la Matrice , d'où il tiroit la nourriture deitinée à le faire croître. 12 Considérations Sur Les Les autres , Partifans déclarés des Ovaires^ veulent que le Fer Spermatique s'introduife dans la Véfîcule , qui , félon eux , fe détache de /'O- vaire , & tombe par la Trompe dans la Matri- ce 5 & que ce foit dans cette Véficule qu'il prenne fes premiers accroiiïemens. 22. Âplkatïon qi/on a faite à\in de ces Syjîémes à la Génération des Plantes. Ces Phyficiens appliquent aux Grains de la Poujjîère des Etamines , ce qu'ils difent des Ani- maux Spermatique s. Ils regardent chaque Grain renfermé dans un Globule des Etamines ^ comme un petit Oeuf 5 qui contient le Germe de la Plante fu- ture. Ils nous font remarquer , que la Graine , avant la fécondation , n'eft qu'une Véficule , pleine d'une liqueur limpide , dans laquelle les meilleurs Microfcopes ne nous découvrent au- cune trace d'embryon: mais que fi l'on examine cette même Graîne après la Fécondation, on y appercevra un Point verdâtre , fort relTemblanc à un Grain de la PouiÏÏère des Etamines, 23. Doutes & difficultés fur le Syflème des Animaux Spermatiques, Le Syflème des Vers Séminaux efl: affûré- ment ingénieux , & il femble au premier coup d'œil , n'être pas deftitué de probabilité. Quel- ques obfervations cependant le rendent au moins douteux 5 pour ne rien dire de plus. Corps Organise' s. 13 On n'a pu décoavrir de ces Vers dans la fe- mence de quelques Animaux. On a découvert dans celle du Calmar , de petits Corps à reflbrt , qui paroiiTent être a- nalogues aux Vers fpermatiques , & qui pour- roient faire douter que ces Vers foient de vé- ritables Animaux (*). En les fuppofant tels , il y auroit lieu de penfer , qu'il en efl de la Liqueur féminale comme de tant d'autres efpèces de Liqueurs, que l'Auteur de la Nature a jugé à propos de peupler de différentes efpèces d'Habitans. Enfin , on ' croit avoir aperçu de femblables Vers dans la Semence de quelques Femelles de Quadrupèdes. Quelle place alTignera-t-on à ces Vers ; quel rôle leur fera-t-on jouer dans le Syftème dont nous parlons ? iMAGiNERA-t-on qu'ils s'accouplent avec ceu^ qui habitent la Semence du Maie , & que de ces accouplemens naiiTent les Germes , auteurs de la Génération ? Ce feroit reculer la difficulté d'un degré. Conjecturer A- t-on qu'ils fe greffent , ou s'a- niffent les uns aux autres , pour former diffé- rons Touts individuels? ( * ) Nouvelles Découvertes faites avec le Microfcope , par T. NEEDHAM. Leide, Luzac 1747. Chap. V. 'i4 Considérations Sur Les 24. Réflexions fur les nouvelles Conje&ures qu'on peut imaginer pour expliquer la Génération. OsEROis-je joindre ici mes Conjeélures fur la Génération , à celles de tant de fa vans Phy- ficiens qui ont traité cette matière ? Une Ré- flexion 5 que je crois jufte , m'enhardit à le faire. On ne fauroit avoir trop de Conjectures fur un fujet obfcur. Ce font autant de Fils qui peu- vent nous conduire au vrai par différentes rou- tes , ou nous donner lieu de découvrir de nou- velles Terres. Les Conjectures font les Etin- celles 5 au Feu desquelles la bonne Phyfique al- lume le Flambeau de l'Expérience. Je loue la modefte timidité des Phyficiens , qui s'en tien- nent aux Faits; mais je ne faurois blâmer la hardie ffe ingénieufe de ceux qui entreprennent quelques fois de pénétrer au delà. Lailfons agir l'Imagination ; mais que la Raifon tienne tou- jours la bride de ce Courfier dangereux. Tour- nons-nous de tous les côtés: formons de nou- velles Conjectures ; enfmtons de nouvelles Hy- pothèfes ; mais fouvenons - nous toujours que ce ne font que des Conje6tures , & des Hypo- thèfes, & ne les mettons jamais à la place des Faits. C'est dans cet efprit que je hazarde de pu- blier mes Songes fur la Génération. £5. Principe^fondamenîal fur la Génération. Tout Corps organifé croît par Développe- ment. Corps O r g a n i s e' s. 15 Au moment, où il commence d'être vifible, on lui voit , très en petit , les mêmes Parties ef- fentielles qu'il offrira plus en grand dans la fuite. Quelqu'effort que nous faflions pour ex- pliquer méchaniquement la Formation du moin- dre Organe , nous ne faurions en venir à bout. Nous fommes donc conduits à penfer , que les Corps Organifés qui exiffcent aujourdhui , exiftoient avant leur naîllance , dans des Ger- mes 5 ou Corpufcules Organiques. 2(5. Qiie la Génération n'eft qu'un fîmpîe Dé-^ veloppemenî de ce qui exijîoit aupa- ravant en petit. L'acte de la Génération peut donc n'être que le principe du Développement des Germes. 27. Qiie ce Développement s'opère par la Nutrition, Le Développement s'opère par la Nutrition. La Nutrition n'eft proprement que Tlncor- poration des fucs nourriciers dans les Mailles des Fibres élémentaires. Ces Principes pofés, je demande: 28. Quejîionfur ce fujet : la Liqueur /émi- maie ne feroit-elle point le fuc nour- ricier âefliné à procurer les premiers Développemens du Germe ? La PouITiére des Etamines, & la Liqueur fé- i6 Considérations Sur Les minale ne contiendroient- elles point les fucs nourriciers , deflinés par leur fubtilité & par leur adivité extrêmes à ouvrir les Mailles du Germe , & à y faire naître un Développement, que des fucs moins fins & moins élaborés n'a- voient pu commencer, mais qu'ils peuvent con- tinuer 5 & amener à fon dernier terme ? sp. y^pUcation de cette Idée aux principaux Phénomènes de la Gejîeration, Etendons un peu cette Conjeélure , & ta- chons de l'appliquer aux difFérens cas que ren- ferme la matière qui nous occupe. On peut les réduire à trois principaux : La relTemblance des Enfans au Père & à la Mère , les Monflres , & les Mulets, Fixons nous à l'Hypothèfe qui admet des Oeufs dans les Femelles vivipares , & qui re- connoit ces Oeufs pour le Lieu des Germes , je veux dire, ^om prolifiques. 30. Des Monflres» On nomme Monflre , toute Production orga- nifée , dans laquelle la conformation , l'arran- gement, ouïe nombre de quelques unes des Par- ties ne fuivent pas les règles ordinaires. 31. Quatre Genres de Monflres. De là, quatre Genres de Monftres. Lk Corps Organise' s. ij Le icr. renferme ceux qui font tels par la conformation extraordinaire de quelques - unes de leurs Parties. Le 1^. Genre comprend les Monflres qui ont quelques-uns de leurs Organes , ou de leurs Membres autrement diil;ribués que dans l'état naturel. Le 3emc. Genre embrafîe les Monflres qui ont moins de Parties qu'il n'en a été donné à î'Efpèce. Le 4eme. Genre renferme ceux qui ont , au contraire , plus de Parties que l'état naturel ne le comporte , foit que ces Parties ne foient pas propres à I'Efpèce , foit que lui étant propres , elles s'y trouvent en plus grand nombre, 2^.Bes Mulets, Les Mulets font des efpcces de Monflres ^ qui proviennent de l'accouplement de deux In- dividus d'efpèces différentes, & qui participent ainfi de la nature de fun & de l'autre. La reflemblance des Mulets avec les Indi- vidus dont ils tirent leur ori^rine , ne fe mani- felte pas d'une manière uniforme dans toutes l'es efpèces ; c'e(t-à dire , qu'elle n'a pas lieu conilamment dans les mêmes Parties. On croit cependant avoir remarqué , qu'en général le Corps du Mulet tient plus de la Femelle que idu Maie , & que les Extrémités tiennent ^\\xi eu Mâle que de la Femelle. B i8 Considérations Sur Les 33- Qt^eftiofis qiH offrent les principaux Phé" nomenes de la Gèfièration' dans rHypoîbè- fe de rjuteur. Si les Germes font contenus originairement dans les Ovaires ôq la Femelle , & fi la Matiè- re féminale n'cft qu'une efpèce de Fluïde nour- ricier , defliné à devenir le Principe du Déve- loppement , d'où viennent les divers Traits de r-effemblance des Enfans avec ceux qui leur ont donné le jour? Pourquoi les Monftres? Com- ment fe forment les Mulets? Laissons le premier cas , comme moins frap- pant, & toujours un peu équivoque. Atta- chons-nous aux deux derniers, plus fufcepti- bles de détermination & d'analyfe. 34. Tentatives pour refoudre quelques-unes de ces Quejîions, On expliqueroit afles heureufement parl'Hy- potbèfe propofée , le i". , le ^eme. & ^em-. Genre de Monilres 5 en fuppofmt pour le i«^ §c le s»'^. que la mnrclie, ou l'opération du Fluï- de féminal a été troublée ou modifiée par quelqu'accidentt Et en admettant pour le 4cine, Genre , que deux Germes fe font dévelop- pés à la fois , dont l'un a fourni à l'autre par une efpèce ce Greffe, une ou plufieurs Pai;- ties farnuméraires. Le 2d. Genre ed beaucoup plus difficile â expliquer; & il ne me paroît pas qu'on en puitfe rendre raifon qu'en recourant à THypo-Sj GoRPS Organise' s. 19 thèfe des Germes originairement monftrueux; Refuge heureux ; mais qui ne plaît pas éga- lement à tous les Phyliciens. Les Rapports des Mulets avec les Espèces auxquelles ils doivent la naillance , peuvent être rangés fous plufieurs Genres. Nous ne confidérerons ici que les Rapports de Couleur^ , & les Rapports de Forme. Les Rapports de Couleur s'expliquent fa- cilement par rHypothèle de la Liqueur fémi- nale, confidérée comme Fluïde nourricier. On fait combien la qualité des Ali mens influe fur la Couleur des Corps Organifés. La Ga- rance rougit les Os des Animaux qui s'en nour- iiifent. On varie les nuances des Végétaux en leur faifant pomper différentes espèces de Teintures. Et c'efl: , pour le dire en paffant , un genre d'expédencss qui ed: bien digne de l'attention des Phyficiens. Il feroit très pro- pre à perfeclionner l'Hilloii'e de la Végétation ^ & à nous découvrir la véritable deftination des principaux Organes (*). Mais , dira-t-on , les Couleurs que le Flui- de féminal imprime au Germe devroient s'al- térer peu à peu , & s'effacer enfin entière- ment. Je réponds que la difpofition à réfléchir certaines Couleurs, dépend de la nature & àé (*) Voyez mes Recherches Jur VUJage des FeuHUs 3ôfJl ks Plantes, Mémoires. Leide 1754. in 40. B 2 ûo Considérations Sur Les l'arrangement des Parties ; or , cette nature & cet arrangement étant une fois déterminés, il paroît très poiTible qu'ils fe confervent , & que les nouveaux fucs, qui furviennent, s'accommo- dent à cette détermination , comme nous l'en- treverrons bientôt. La nourriture influe encore beaucoup fur les proportions de toutes les Parties : Et cette vé- rité fi connue nous conduit aux Rapports de Forme. Deux Objets principaux s'olFrent ici y à nô- tre méditation ; le Germe , & le Fluïde fémi- naL Analyfons ces deux idées autant que nous en fommes capables. 35» Qj^s^i^ ^fl ^^ véritable idée qiion doit Je faire du Germe, On dit que le Germe eft une ébauche ou u- jie esquiffe du Corps Organifé. Cette noti- on peut n'être pas allés précife : Ou il faut entreprendre d'expliquer méchaniquement la for- mation des Organes, ce que la bonne Philo- fophie reconnoit être au defTus de fes forces: Ou il faut admettre que le Germe contient a6luellement en raccourci toutes les Parties ef- fentielles à la Plante ou à l'Anim^al qu'il re- préfente. 36. Confèquence de cette idée, La principale différence qu'il y a donc en- tre le Germe & l'Animal développé^ c'eft que Corps O r g a n i s e' §. 21 le premier n'efl: compofé que des feules Par- ticules élémentaires 5 & que les Mailles qu'el- les forment y font aufli étroites qu'il ed pof- fible , au -lieu que dans le fécond , les Parti- cules élémentaires font jointes à une infinité d'autres Particules que la nutrition leur a af- fociées, & que les Mailles des Fibres fimpîes y font aufïï larges qu'il e(l poiïible qu'elles îd foient relativement h la nature & à l'arrange- ment de leurs Principes. 37. Autre confèquence qui fe îîre de la va- riété des Parties du Corps Animal ^ relati- vement à leurs proportions S à leur dé* gré de confiftence. La variété qui régne entre toutes les Par- ties de l'Animal , foit à l'égard des proporti- ons , foit à l'égard de la confiflence , indique dans les Elémens une variété relative dont celle-là dépend. Ainfi les Fibres élémentai- res des Os ont originairement plus de confis- tence , & font moins fufceptibles d'extenfion , que celles des Vaifîeaux ou des Membranes, 38. Rapports de la Liqueur féminak à ces variétés. Le degré d'extenfion de chaque Orga- ne eft de plus relatif à la PuilTance qui l'a produit. Cette PuifTance eft ici , le Fluïde nourricier ou la Liqueur féminale. il y a donc outre ce Fluïde & le Germe , certaiHS B3 21 Considérations Sur Les Rapports qui déterminent la confidence & Tex- tenfion de chaque Partie. Ces Rapports , fi nous voulons raifonner fur des idées connues , ne fauroient être que des Rapports de For- me-, de Proportions , de Mouvement , de Chaleur &c. 39. Suppofiîîons de routeur touchant la Li- queur féminale , pour ejfayer d'expliquer la Génération. A' CES réflexions générales , je joindrai quel- ques fuppofitions particulières. Je fuppofe j". qu'il y a dans la Liqueur féminale autant d'espèces d'Elémens qu'il en entre dans la compofition du Germe. 2«. Que les Elémens d'une même espèce , font plus difpofés à s'unir , que ceux d'es- pèces différentes. 3°. Que les Mailles de chaque Partie ob- fervent une certaine proportion avec les Mo- lécules relatives de la Semence. ^ 4\ Que l'efficace de la Liqueur féminale dépend du degré de fon mouvement & de la chaleur , & du nombre des Particules élé- mentaires de chaque espèce. 40. EJJcù d"* explication du Mulet , confor- mément aux Principes de l'Auteur , ^ ex- pofîîion abrégée de fon Hypothèfe, Ces Principes pofés, la Génération des Mu- Corps O r g a n r s e' s, 23 lets ferable s'éclaircir jiifqu'i\ un certain point. De l'acouplement d'un Ane avec une Jument naît le Mulet proprement dit. Cette Produélion exifloit déjà en petit , mai? fous la forme d'un Cheval , dans les Ovaires de la Jument. CoxMMENT ce Cheval a-t-il été métamorpho- fé ? D'où lui viennent en particulier ces lon- gues Oreilles P Pourquoi la Queue eft - elle fi peu fournie de Crins ? L'écîairciflement de ces deux points achèvera de développer ma pen- fée. Je dis donc que les Elémens de la Liqueur féminale répondant à ceux du Germe , la Se- mence de f Ane contient plus de Particules propres à fournir au développement des O- reilles que n'en contient celle du Cheval; & que d'un autre côté elle a moins de particu- les propres i\ développer la Queue , que n'en a cette dernière. De là l'excès d'allongement dans les Mail- les des Oreilles , & l'oblitération d'une partie de celles de la Queue. 41. Ohjediions & rêponfes. On m'objeélera fans doute que les Semen- ces & les Gemies d'une même espèce doi- vent fe répondre exa6lement , & que par con- féquent il n'y a que la Semence du Cheval B4 Slj(. Considérations Sur Les qui puifTe faire développer les Germes conte- nus dans les Ovaires de la Jument. Je réponds , qu'on peut fuppofer fans au- cune abilirdité que dans le Rapport de la Se* înencG & du Germe , il eft une certaine la- titude , qui permet à la Liqueur féminale d'un Animal de développer les Germes d\m autre qui n'en diffère pas extrêmement en forme & en grandeur. On m'obje61:era encore que les notions que je donne de la Liqueur féminale & du Ger- me font trop compofées , vu la multitude des Elémens que j'y fais entrer , & la diverfité des combinaifons qu'elles fuppofent. Je réponds que nous ne faurions nous fai-? re de trop grandes idées de l'art qui règne dans les Ouvrages de la Nature, & fur-tout dans la Structure des Corps Organifés. Une autre Objeélion beaucoup plus confi- dérable , efi; celle qui fe tire de certains Mu- lets 5 dans lesquels on obferve des Parties qui ne tiennent abfolument que du Màle. Tel eft ce Mulet qui provient de l'accou- plement du Coq avec la Femelle du Canard, & qu'on alTure avoir des Pieds parfaitement rcfTemblans à ceux du Coq. J'avoue que je ne faurois fatisfaire h cette Objeélion , fi le Fait eft tel qu'on le rappor- te ; mats je doute de la parfaite reffemblance de ces Pieds avec ceux du Coq : J'en appel- Corps Organise' s. ^5 ïe donc à un examen plus approfondi, 42. Importance des Expériences fur les Mu-* leîs^ pour éclair cir le myftère de la Généra» tion* Réflexions fur cefujet. Je fouhaiterois fort auflî qu'on multipliât les Expériences fur la Génération des Mulets. Rien ne feroit plus propre à répandre du jour fur cette matière ténébreufe. Les Végétaux pour- roient beaucoup fournir en ce genre. Je défirerois fur-tout qu'on s'alTurrit, fi dans les Petits qui proviennent d'Individus de même efpèce , & dans ceux qui proviennent d'Indi- vidus d'efpèces différentes, il eft conftamment des Parties qui tiennent plus du Mâle , & d'au- tres qui tiennent plus de la Femelle , & fi cet- te reiïemblance eil: toujours uniforme , ou fi el- le varie'? Dans l'un & l'autre cas on pourroit fliire in-» tervenir la Liqueur féminale de la Femelle , & raifonner fur cette Liqueur comme j'ai fait fur celle du M^le. On pourroit conjecturer avec quelque vrai- femblance pour le premier cas , que la Semen- ce de la Femelle contient les Elémens particu- liers à une ou plufieurs Parties , & celle du Mâle ceux qui font propres aux autres. Pour le fécond cas, on admettroit que ces combinaifons changent dans différentes efpèces. B 5 26 Considérations Sur Les A Taide de ces conjedures on pourroit par- venir à rendre raifon des divers traits de refîeia- blance qu'on croit obferver entre les Enfans & ceux auxquels ils doivent la naiffance, mais il faudroit toujours établir pour Principe, que les deux Semences ne fauroient agir l'une fans l'au- tre. On pourroit encore avec le fecours 'de la même Hypothèfe expliquer la formation de quel- ques Monftres, Par exemple , fi deux Animaux dont les Se- mences ne coRtiendroieiic que les Elémens pro- pres au développement du Tronc , venoient h s'unir , ce qui en proviendroit feroit une maffe oblongue , un Tronc lans extrémités. 43. Principe de la Circulation dans le Ger- me 5 fuivant r Hypothèfe de routeur, La Génération renferme un autre point aus- fi intérefTant qu'il effc obfcur. Je veux parler du Principe de la Circulation dans le Germe. . Voici comment je conçois la chofe. Je ne penfe pas qu'il fe faiTc aucune Circulation dans le Germe non fécondé. Je crois plutôt que tout y eft dans un repos parfait, & que les Solides ne contiennent alors aucune Liqueur, mais pendant la Fécondation , la Liqueur, fémi- nale efb portée dans les Organes de la Circula- tion du Germe. Elle les dilate, & cette dila- tation étant naturellement fuivie de la réaélion du VaifTeau fur la Liqueur , la Circulation com- Corps O r g a n i s e' s. 27 mence à s'opérer. Le Fluide féminal porté par cette voyc à toutes les Parties , ouvre les Mail- les des Fibres fimples, & les met en état de recevoir les fucs que la Matrice leur envoyé. Elles continuent ainfi à s'élargir par une efpèce de ductilité analogue à celle des Métaux , jus- ques à ce qu'elles ayent atteint les bornes de leur extenfion refpcclive. 44. Manière dont routeur envifage fon H^- poîhèfe ; qu'il ne la regarde que comme- un Roman, ■ Tout ce que je viens d'expofer fur la Gé- nération , on ne le prendra , fi l'on veut , que pour un Roman. Je fuis moi - même fort dis-» pofé à l'envifagcr fous le même point de vue. Je fens que je n'ai fatisfait qu'imparfaitement aux Phénomènes. Mais je demanderai fi l'on trouve que les autres Hypothèfes y fatisfiifent mieux. Je ferai là-delTus deux réilexions. 45. Réflexions favorables à cette Hypothèfe, La première , que je ne faurois me refoudre Il abandonner une aulTi belle Théorie que l'eil celle des Germes prêexiftans , pour embraffer des explications purement méchaniques. ' Lx\ féconde , qu'il me paroît qu'on auroit dû tacher d'approfondir davantage la manière dont s'opère le Développement , avant que de cher- cher à pénétrer celle dont s'opère la Généra- tion. iZ CONSIDKRATIONS SUR Lfig CHAPITRE IV. JDe la Multiplication de Bouture Êf de celle par Rejettons. 46. /^/Vi" principaux qui s^ojfrent ici à V examen du Phyfîcien. La confervation de la Vie dans chaque Par- tion de Tlndividu divifé , l'accroiflement de cet- te Portion , la produ6lion de fes nouveaux Or- ganes , la multiplication par Rejettons , font les principaux Faits qui s'offrent maintenant à nô- tre examen. 47. 1" Fait: la corifervation de la vie dans chaque Portion. Explication, Le premier Fait s'explique facilement dès qu'on admet que chaque Portion contient tou- tes les parties néceffaires à la Vie de l'Animal, & que leur ftruélure eft telle , que leur répara- tion du Tout ne caufe aucun dérangement dans leur jeu. L'Observation confirme l'une & l'autre de ces fuppofitions : elle nous montre les princi- paux Vifcéres étendus d'un bout à l'autre du Corps dans les Vers que j'ai multipliés de Boû-» ture 5 & dont j'ai publié l'Hiftoire en 1 745 ^*) : (•) Jraité d'JnJeSologie; ade Partie, Paris; in t». Corps Organise' s. sp & elle nous en découvre le jeu jusques dans les moindres Portions que la feétion fépare. Enfin , elle nous apprend que les playes qu'on fait à ces Animaux en les mettant en piè- ces , fe confondent avec une extrême facilité , par la difpofition fnigulière qu'ont les lèvres des Vaiffeaux rompus ou déchirés , à fe r'approcher & à fe réunir. Les fondions vitales n'étant point interrom- pues par la feélion , le fuc nourricier que cha- que Portion renferme , continue d'être porté à toutes les Parties pour les nourrir & les faire croître. 48. 2^ . Fait: la confoUdation de îaplaye^ â? les 'premiers accroij]'emens. Explication. La manière dont cet accroilîement s'opère revient précilément à ce qui fe paffe dans un Arbre auquel on a enlevé de l'Ecorce. Les bords de la playe fe rapprochent continuelle- ment par l'extenfion des Fibrilles dont ils font garnis; & peu à peu il fe forme ainfifurla playe un bourlet qui la recouvre. A CE premier Ouvrage de la Nature en fuc- cède bientôt un autre plus confidérable ^ & au- quel celui-là fert, pour ainfidire, de prépa- ratif , je veux parler de la produélion des Or- ganes qui manquent aux différentes Portions du Ver pour devenir des Animaux complets. Ar- rêtons-nous un moment à fuivre une de ces Portions qui ont été mutilées aux deux extrémi- tés. 30 Considérations Sur Les 4p. 3 me Fait: la produ&ion a" une nouvelleTé- îe â? d'une nouvelle Qjieuë, Explication, A rextrêmité antérieure doit paroîcre une Tête , à la poflérieure une Queue. Du milieu du bourlet , fouvent infenfible , qui fe forme à chaque extrémité , fort un Bouton très pe- tit , d'une couleur plus claire que le refle du Corps Tl groifit par dégrés , & prend la forme d'une Pointe moufie. Cette Pointe s'al- longe de jour en jour ; bientôt on y décou- vre des Anneaux, au travers desquels paroif- fent de nouveaux Vifcéres, qui femblent n'ê- tre qu'un prolongement des anciens. Enfin, la Tête & la Queue fe montrent , accompa- gnées de toutes les Parties qui leur font pro- pres. C'efl un Ver parfait , auquel il ne man- que plus que d'acq;uérir la grandeur de ceux de fon espèce. On voit par ce petit détail , qu'il en eO: de la multiplication de ces Vers par B^utî'ire^ comme de celle des Plantes. Tout s'opère dans les uns & dans les autres par un déve- loppement de Parties préexifuantes. Nulle mé- chanique à nous connue , capable de former un Cœur , un Cerveau , un Eftomach &c. Les Germes répandus dans tout le Corps de ces Animaux , n'attendent , pour fe dévelop- per, qu'une circonftance favorable. La leclion produit cette circonftance. El- le détourne , au profit des Germes , la par* tie du Fluide alimentaire , qui auroit été em- Corps Organise' s. ô I ployée à l'accroiiTement du Ver entier • de la même manière , à peu près , qu'en e^'éta/ji un Arbre , ou en taillant une de fes grolTes Branches , on voit fortir autour de la coupe un grand nombre de Boutons , qui , fans cet- te opération , ne fe feroient point dévelop- pés. 50. Difficulté qui réfulte de VexpUcaiion précédente. Cette explication quoique très fimple n'en- cependant pas exempte de diiîicultés. Sui- vant la notion que j'ai donnée du Germe c'eft un Animal , pour ainfi dire, en micrnia* rare : Toutes les Parties que \^^ Animaux de fon espèce ont en grand , il les a très en petit. Or 5 dans l'application de cette idée aux cas dont il s'agit , ils n'y a q;ie quelques Par- ties du Germe qui fe développent , la Tête dans le Germe placé à la Part'ie anté'rieure de chaque Portion , h Queue dans celui qui ell à la Partie poltéiieure. Que devient dans le premier Germe la Queuë> dans Je fécond la Tête ? Pourquoi 5 lorsqi- le développement a commencé dans quelques-unes des Parties ne contiîiuë-t'il pas dans toutes les autres? ' Les mêmes Quellions ont lieu à l'égard des Plantes : Les Germes que l'on iuppofe a- voir donné naiiFance aux Bcanches , conte- uoient une Plante en petit. M ea'étoit de 32 Considérations Sur Les même de ceilx d*oii font provenuës les Ra- cines. Les unes & les autres ne fe font donc développées qu'en partie. 51. Rèponfe à la difficulté. Ces Difficultés, approfondies jusqu'à un cer- tain point , fe réduifent , ce me femble , à imaginer des Caufes capables d'empêcher le développement de quelques Parties du Ger- me : En effet , je ne penfe pas qu'on veuil- le admettre des Germes particuliers pour cha- que Organe , & multiplier ainfi les Etres inu- tilement, fans parler des difficultés, plus gran- des encore & plus nombretifes , auxquelles u- ne femblable Hypothèfe donneroit nailfance. Les Caufes que nous cherchons , nous pou- vons les trouver foit dans l'arrangement , la pofition ou la ftruélure des Germes , foit dans les rapports fecrets de cette ftrufture , avec celle du Corps où ils doivent fe dévelop- per , foit enfin , dans diverfes circonftances ex* térieures. 52. Conje^itres fur la manière dont les Ger- mes font dijîrihués dans les Vers qu'on multiplie de Bouture , & fur celle dont ils parviennent à s'y développer. De ces différentes fources nous tirons donc îes Conjeélures fuivantes. V. Que les Germes deftinés à coinpletter chaque Corps Organise' s. gg chaque Portion , font rangés à la file , au mi- lieu^ & le long de l'intérieur du Ver, 2°. Qu'ils y foïît placés de manfère que leur Partie antérieure regarde la Tête de l'AnimaL 3°. Que dans le Ver entier, les Germes, ou ne reçoivent aucune nourriture , ou que s'ils en reçoivent , TefFet en efl anéanti par la réfiftance ou la preffion des Parties voifines. 4^ Que l'effet de la feélion efl: première- ment de détourner vers le Germe le plus pro- che de la coupe , la partie du Fluïde nourricier qui auroit été employée à la nourriture & à l'accroilTement du Tout ; fecondement de faci- liter féruption & rallongement du Germe en lui fourniflant Une libre ilfuë, 5°. Qu'à mefure que le Germe grolTit & s'é- tend , la partie dé fon Corps qui demeure dans celui du Ver, ou dans le tronçon, s'unit avec lui par une vciitable Grclfj ; les Vailfeaux d'un eenrcj s'iboucbant à ceux du même genre , en- lorte qu'il s'établit entr'eux une Circulation commune & directe, comme on le voit arriver aux Portions de difféiens Polypes , mifes bout à bout. 53. Exemple tiré des Plantes & de leurs Boutures. K régnrd des Circonllances extérieures , le« Boutures des Plantes nous en fournilTent Uû .exemple qui eft palpable. ç *4. CoNsiDERATioKs Sur Les La Partie fLipcrieurc du Germe ne fauroit s'y développer qu'à l'air libre ; l'inférieure le craint , au- contraire , & requiert une certaine humidité. Ainfi , de la Portion de la Bouture qui ell hors de terre , fortent les Branches ; de celle qui eft en terre, fortent les Racines. La diltérence fenfible qu'on obferve entre la flruc- ture de la Racine & celle de la Tige , donne naiflance à ces dilTérens bcfoins. 54. 4'"^. Fuît extraordinaire : Fers qui pouf- fent une Queue au- lieu d'une Tête, Dijficulté d expliquer ce Fait, Il eft une espèce de Ver long , aquatique , en qui la propriété de revenir de Bouture , eft refterrée dans des bornes fort fingitlières. Lorsqu'on coupe la Te te à cette espèce de Ver , elle en repouffe , comme les autres , une nouvelle ; mais fi Ton fait la lection dans des points moins éloignes du milieu du Corps , ou qu'on partage ce Ver en deux , trois , quatre ou plus de Parties , chacune d'elles pouilera u- ne Queue à la place oi^i elle auroit du. pouffer ime Tête. Comment expliquer un Phénomène fi étran- ge, & l'accorder avec les Conjectures qui ont été bazardées cy - delius ? Aura- T- ON recours à l'Hypothèfc des Ger- mes originairement monftrueux ? Mais la fré- quence du Phénomène s'accorderoit mal avec cette explication. Corps O r g a n i s e' s. 35 SoupçoNNERA-T-oN qiie cette Queue furnu- niémire'eil: une Tête mal conformée, que di- vers accidens ont rendue telle ? Mais 1 obferva- tion dément ce foupçon ; elle nous allure que cette Queue eil: aulii bien conformée que celle qui a pouifé au bout poitérieur. Conjecturera- T- ON qu'il faut plus de force dans cette espèce de Ver , pour le dévelop- pement de la Tête , que pour celui de la Qaeuë ; & fe fondera - 1 - on fur ce que dans ceux de la Partie antérieure desquels , on n'a retranché qu'u- ne portion , la reproduction de la Tête a lieu ? Mais cette Conjecture ne fiûtque renvoyer plus loin la difficulté ; pourquoi en effet la Tête exi- geroit-elle plus de force & de vigueur de la part du Ver , pour parvenir à s'y développer, que n'en exige la Queue ? Seîioit-ce parce qu'elle eft plus compofée, & que fes Vaifleaux font plus repliés ? 11 n'y a dans cette Réponfe , qu'une lueur de vraifera- blance , dont on a peine à fe contenter (^ *}. 55. Différence entre la multiplication de Bou- ture des Vers & celle des Plantes. On obferve cette différence entre la répro- duétion de Bouture , des Animaux , & celle des Plantes; que la première fe faitprécifémenc félon la longueur du Corps : au-lieu que celle- ( 'f) Vovez la féconde Partie de mon Traité à'InJsÙologiSc * Obi". XXIil. & fuiv. C a ^6 Considérations Sur Le? ci ^e fait plus ou moins obliquement à cette lon- gueur. 2 6. Multiplication au Polype par Rejettons» Explication. Quefîion fur ce Sujet: Réponfei La multiplication des Polypes & des autreâ f^ers 5 par Rejettons , fe fait , comme celle de Bouture^ par des Germes répandus dans Tinté- rieur de l'Animal , & qui s'y développent à l'aî- de de certaines circonitances. On peut faire là- deffus une Quefîion : Les Germes employés à completter chaque Portion dans l'Animal, font -ils précifément les mêmes qui opèrent la multiplication par Rejettons? On peut le penfer : mais fî l'on vouloir y trouver une différence , elle ne fliuroit gucres a- voir lieu que dans la pofition. Les Germes def*- tinés à la multiplication de Bouture , feront pla- cés dans le milieu du Corps , comme nous l'a- vons fuppofé ; & ceux qui produifent la multi- plication par Rejettons , feront fitués fiir les cô- tés du Corps 5 dans l'épaiffeur de la Peau. 57. OhjeBion contre le Syjlême des Germes^ ti^ rée de leur proàigieufe petiîejje ^ de la ra* pidiîé de leur accroijjement, Réponfe, On fait contre les Germes une objeéliorî à laquelle je ne dois pas négliger de répondre. Elle efl: Urée de leur infime petiteffe , & de la Corps Organise' s. 37* prodigieufe rapidité qu'elle fuppofe dans leurs premiers aGcroiffemens. En effet le Fœtus efl: vifible peu de jours a- près la Conception. Il a donc acquis alors un volume plufieurs millions de fois plus grand que n'étoit fon volume Qriginel, Comment concevoir un développement fî fubit, fi éloigné des progreflions ordinaires? Je réponds, qu'il n'eft point abfurde de fuppofer, que les Loix qui déterminent les premiers dé- veloppemens du Germe, diffèrent de celles qui en règlent les développemens poftérieurs ; ou que les effets d'une même Loi varient dans dif- férens terns. Nous ne connoiffons pas affés la nature de cet Atome organifé , & la manière dont la Li- queur féminale agit fur lui , pour décider fur l'impoffibilité de la chofe. Nous voulons juger de ce qui fe paffe dans le Germe lorsqu'il com- mence à fe développer, par ce que nous voyons s'y paifer , lorsqu'il eft devenu Habitant du Monde vifible. Cependant il eft naturel de penfer que ces deux états doivent être diffé«* rens. Dans le premier , les Fibres ont toute la foupîelfe poffible , & les fucs deftinés à les nourrir & à les étendre , font les plus élabo- rés 5 les plus fins & les plus pénétrans qu'il y ait dans la Nature. Dans le fécond état, au contraire , les Fibres font endurcies jusqu'à un certain point, & cet endurciffement augmente C3 I ^8 Considérations Sur Les chaque jour. L'accroilTement ne fauroit ainfi fe faire que lentement , & par dégrés tout à fait infenfiblcs. De plus , les fucs qui l'opè- rent , font plus mélanges , plus grofllers , & moins aétifs. Enfin , la diverfité des lieux affignés à ces deux âges, peut être ici d'une grande influence: le plus ou le moins de chaleur, le concacl plus ^ ou m^oins immédiat de l'air , les mouvemens plus ou moins grands , font des Cauies parti- culières dont on conçoit l'efficace. Si l'on fuppofoic que la nature du Germe approche de celle des Fluïdes ; fi l'on fe le re- préfentoit fous l'image d'un Globule d'eau, on concevroit que la Partie la plus fpiritueufe de la Semence , pourroit occafionner dans ce Globule une expanfion , ou une espèce de raréfaction analogue h celle qui fuit de faction de deux Fluides fan fur l'autre. Mais à cette espèce de raréfaclion, fuccè- de bientôt ici , un accroilfement réel , qui eft produit par l'incorporation des Particules plus folides de la Liqueur féminale. Cette Liqueur ^ devient ainfi à l'égard du Germe , ce qu'eft à l'égard de la Plantîile , fefpèce de Farine que renferme la Graine. L'IdeIe que je viens de propofer fur Ja na- ture du Germe , s'accorde fort bien avec l'ex- trême délicateffc ou plutôt la mollelle qu'on remarque dans toutes les Parties des Embryons. Il femble, que fi l'on pouvoit remonter plus Corps Organise' s. 39 haut, on les trouveroit presque fluïdes. 58. De la confervation des Germes, Ma- niere de la concevoir. D'un autre côté , cette Conjecture pourra paroître ne pas quadrer , avec la confervation des Germes que nous avons fuppofés répandus dans toutes les parties de la Nature. Mais il ne doit pas y avoir plus de difficulté 'A conce- voir la confervation d'un Germe de l'efpèce dont il s'agit , qu'à concevoir celle d'un Glo- bule de quelque Fluïde que ce foit. L'Eau , par exemple , fe convertie en Glace , s'élève en Vapeurs , entre dans la compofition d'un grand nombre de Corps , fans que les Particu- les confHtuantes changent de nature. C4 %d Considérations Sur Les CHAPITRE V. Nouvelles Réjlexîous fur les Germes, &P fur l'Oeconomie organicjtre. 59. Introdu&ion, But de V Auteur, L'hypothe SE des Germes , nous offre en- core plufieurs.tQuellions à difcuter. Nous tou- cherons aux principales. Je ne fais point un Traité de la Génération. Je parcours rapide- ment ce que ce fujet renferme de plus inté- relTant , ou de plus difficile. 60. i'^ Quefiion: pourquoi certains Germes ont" ils befoin de la Liqueur que fournit k Mâle ^ pour fs développer? Réponfi. Première Question. Pourquoi les Germes qui fe font introduits dans le Corps des Femel- les foumifes à la Loi de l'accouplement, ne peu- vent-ils s'y développer, fans le fecours de la Liqueur que le Mâle fournit? Réponse. Tel eft ici l'ordre de la Nature que l'intérieur des Femelles de cette efpèce ne contient aucune Liqueur , alTés fubtile ou affés aélive pour ouvrir, par elle même, les Mailles du Germe ^ & y commencer le développe- ment. Corps Organise' s. 4Ï 6r. 2*^6 Quejîion: comment le Germe conti- nue 't' il à croître après que la Liqueur fit miitale a ce]] a d'agir? Réponfe. 2<îe Question. Mais comment ce dévelop- pement continue -t- il 5 lorsque la Liqueur qui l'a fait naître ell totalement épuifée? Réponse. Les Machines animales ont été conflruites avec un art fi merveilleux , qu'elles convertiflent en leur propre fubftance les ma- tières alimentaires. Les préparations , les com- binaifons , les réparations , que ces matières y fubiirent , les changent infenfiblement en Chyle , en Sang, en Lymphe, en Chair, en Os, &c. &c. Ainfi , dès que la Circulation a commencé dans le Germe , dès qu'il eft devenu Animal vivant , les mêmes Métamorphofes s'opèrent dans fon intérieur. La diverfité presqu'infinie de Particules , qui entrent dans la compofition des alimens ; Je nombre, la ftruélure, la finefle, le jeu des différens Organes dont elles éprou- vent l'action , nous perfuaderoient fiicilement la poffibilité de ces Métamorphofes, quand nous ne les fuivrions pas à l'oeil jusqu'à un certain point. 62. S'"*' Qiiepnon : pourquoi les Germes qui s'introàuifent dans les MâleS'^ m s'^y déve- loppent - ils point ■? Réponfe. Troisième Question. Les Germes ne s'in; C5 4-2, Considérations Sur Les troduifent - ils que dans le Corps des Femelles , ou s'ils s'introduifent auffi. dans le Corps des Mâles , pourquoi ne fe développent -ils que dans celui des Femelles? Réponse. La petitefle des Germes , leur dif- perfion dans l'Air, dans PEau, & dans tous les Mixtes qui fournilTent à la nourriture des Corps organifés, ne laiffent aucun lieu de dou- ter, qu'ils ne s'introduifent dans le Corps des Mâles , en aufTi grand nombre , que dans celui des P'emelles. Mais celles-ci étant feules pour- vues d'Organes propres à les retenir , à les fo- menter , & à les i^iire croître , ce n'eft que chez elles que la Génération peut s'opérer. 63. 4.^^ Qffefti'on : pourquoi parmi tant de Germes qui s'introduifent dans les Femel- les , «'j en a-t-il que deux ou trois qui parviennent à Je développer? Rèponfe. Quatrième Question. Les Germes étant répandus en fi grand nombre, dans les Corps organifés , comment ne s'en développe - 1 - il qu'un à la fois, rarement deux, dans les Fe- melles de diverfes Efpèces? Réponse. Nous ne connoiiTons pas les Or- ganes qui raffemblent dans les Femelles , les Germes deftinés à y multiplier l'Efpèce. La ftruéture de ces Organes eft, peut-être, telle que l'aèlion de la Liqueur féminale ne fe fait fentir , à la fois , qu'à un ou deux Germes feu- lement. Corps Organise' s. 43 Mais quand les chofes feroient autrement, quand on fuppoferoit que le Fluide féminal a- git, en même tems, lur plufieurs Germes, il n'y auroit aucune abfurdicé à admettre que tous n'en font pas également afFeclés. Celui , ou ceux qui le font le plus, fe développent da- vantage: la Circulation, & les autres Mouve- ments vitaux s'y opérant avec plus de force, le Fluide nourricier s'y porte en plus grande abondance: les autres Germes moins nourris, & bientôt affamés celTent de croître, & ne pro- pagent point TEfpèce. 64. De ce qui peut arrwer da?js des Ger- mes dont les premiers développent en s ont été arrêtés : il eft poffible qu'ils reviennent à leur premier état. Si on me demande , ce que deviennent ces Germes infortunés P Je réponds, qu'il n'eft pas impollible que leurs Parties élémentaires fe ra- prochent par l'évaporation des fucs qui avoient pénétré dans les Mailles , & que ces Germes ne fe retrouvent ainfi dans le même état où ils é- toient avant que la Liqueur féminale eût agi fur eux. Apre's tout , combien de Graines qui ne produifent point de Plantes 1 Combien d'Oeufs dont il ne fort point d'Oifeau ! La Nature eft fi riche , qu'elle ne regarde point à ces peti- tes pertes ; & ce qui ne fert pas pour une fin , fert pour une autre. 44 Considérations SurLes 65. S^^ Dueflion : les Germes d'une même Éfpècejonî'ih tous identiques , ou eji-il en- tr'eux des différences individuelles? Réponfe, Cinquième Question. Les Germes d'une même Efpèce, font- ils tous égaux & fembla- blés: ne diffèrent - ils que par les Organes qui caractérifent le Sexe? ou, ya-c il entre eux une diverfité analogue à celle que nous obfervons entre les Individus d'une même Efpèce de Plan- te, ou d'Animal? Réponse, Si nous confidérons l'immenfe va- riété qui règne dans la Nature, le dernier fen- timent nous paroîtra le plus probable. Ç'efl, peut - être , moins du concours des Sexes , que de la configuration primitive des Germes , que dépendent les variétés que nous remarquons en- tre les Individus d'une même Efpèce. 66, Réflexions fur la reffemhlance des En- - fans à leurs Farents^ J'avouerai cependant , c^u'il efl: des Traits de reffemblance entre les Enfans , & ceux auxquels ils doivent le jour, que je ne fuis point encore parvenu à expliquer par rHypochèfe quejepro- pole. Mais ces Traits ne font -ils point équi- voques? Ne commettons -nous point ici , le Sophisme que les Scholaftiques appellent ?wn caufa^ pro caufai ne prenons -nous point pour caufe ce qui n'eft pas caufe? Un Pèi^ boflii, a un Enfant boifu ; on en conclud auffi - tôt ^ Corps O r g a n i s e' s, 45 que FEnfaiu tient la Bofle de ion Père. Gela peut être vrai ; mais cela peut aufli être faux. La Bofle de l'un , & ^celle de l'autre peuvent dépendre de différentes caufes , & ces caufes peuvent varier de mille manières. Les Maladies héréditaires foufrent moins de difficultés. On conçoit facilement que des fucs viciés doivent altérer la conflitution du Germe. Et fi les mêmes Parties qui font alfeélées dans le Père , ou dans la Mère , le font dans l'Enfant , cela vient de la conformité de ces Parties qui les rend fufceptibles des mêmes altérations. Au refte , les Difformités du Corps décou- lent fouvent de Maladies héréditaires ; ce qui diminue beaucoup la difficulté , dont je parlois il n'y a qu'un moment. Les fucs qui dévoient fe porter à certaines Parties étant mal condi- tionnés , ces Parties en feront plus ou moins défigurées, fuivant qu'elles fe trouveront plus ou moins difpofées à recevoir ces mauvaifes ira- preffions. 67. 6^^ Qtieftion : pourquoi les Mulets n^ en- gendrent-ils point f r Réponfe, ' Sixième Question. Pourquoi les Mulets n'engendrent - ils point ? R. l'Auteur de la Nature ayant voulu li- iTiiter les Efpèces , a établi un tel rapport en- tre la Liqueur féminale & le Germe , que les prganes de la Génération de celui-ci, ne tàu- 46 Considérations Sur Les roient être développés en entier que par le Fluide fémînal propre à Ton Efpèce. Je dis en entier , parce qu'il y a une d iftinclion de Sexe dans les Mulets-^ mais cette diftinclion eO: in- complette, puisqu'ils n'enc^endrent point. Des Vaifleaux que le Fluïde leminal n'a pu déve- lopper, ou qui font demeurés oblitérés dès la conception , donnent lieu à cette impuilïan- ce. ^8. 7™^ Qiiefîion: les Germes qiii^ dans les Plantes ^ donnent naijjhnce aux Branches ^ prodiiifent - ils encore la Flantule logée dans la Graine ? Répotife, SEPTIEME Question. Les mêmes Germes qui, dans les Végétaux , produifent les Bran- ches, & les Racines, donnent -ils encore naif- fance à la petite Fiante renfermée dans la Grai- ne? Réponse. Le Germe qui ed contenu dans la Graine, ne fauroit fe développer fans le fe- cours de la Pouffière des Etamlnes. Cette Pous- fière renferme une Liqueur, que l'on peut fup- pofer, être la plus fubtile & la plus aclive de toutes celles qui circulent dans la Plante. Les Germes qui donnent naiflance aux Branches, & aux Racines , fe développent fins Féconda- tion, du moins apparente. Un Fluïde moins fubtil, & moins actif que le Fluïde féminal, fuffit donc pour le développement de ces Ger- mes : D'où Ton peut légitimement conclure qu'ils Corps O r g a n i s e' s. 4.7 diffèrent de ceux qui produifent la Plant ide ^ en ce qu'ils font plus grands , ou que leurs Mail- les font moins ferrées. On pourroit foupçonner que la Liqueur des Etamines ^ pénètre dans le Corps de la Plante, & y féconde les Germes dont naîiTent les Bou- tons. Mais le retranchement des Fleurs n em- pêche point la Plante de pouffer de nouvelles Branches , & de nouvelles Racines. Faites une forte ligature à une Branche: il fe formera au deffus de la ligature , un Bâur- ht. Coupez la Branche h fendroit de la liga- ture 5 & plantez - la en terre : Elle y reprendra avec beaucoup plus de facilité & de promptitu- de , qu'elle n auroit fait fans cette petite prépa- ration. La ligature , en interrompant le cours du Fluïde nourricier, le détermine à fe porter en plus grande abondance aux Germes qui fe trouvent placés au defllis de la ligature. L'Art avec lequel toutes les Parties de la: Plante font difpofées dans la Graine, nous ai- de à concevoir celui que fuppofe farrangement de ces mêmes Parties dans le Germe primitif. 69. 8™^. Qjiefîion : comment fe forme une nou^ velle Ecorce , une nouvelle Peau ? Réponfe, Huitième Question. Si toutes les Parties d'un Corps organifé exiftoient , en petit , dans le Germe; s'il ne fe fliït point de nouvelle pro- duction , comment concevoir la formation d'u- 48 Considérations Sur Les ne nouvelle Ecorce , d'une nouvelle Peau, (Sec? Réponse. Toutes les Fibres d'un Corps or- ganifé ne fe développent pas à Ja fois. Il en eft un grand nombre qui ne peuvent y parvenir qu'à l'aide de certaines circonftances. Telles font les Fibres qui fourniflent aux réproduc- tions dont il s'agit ici. La Playe faite à l'an- cienne Peau, détermine les fucs nourriciers à fe porter aux Fibres invifiblesy qui environnent les lèvres de la Playe, &c. Mais fans recou- rir à Texiftence de ces Fibres invifibles ,onpeut fe contenter d'admettre , que les Fibres des en- virons de la Playe étant mifes plus au large par la defl:ru6lion des Fibres qui les^ avoifinoient , & recevant tout le fuc qui étoit porté à celles- cy, doivent naturellement groïïir, & s'étendre davantage. 70. 9"i5. Otieflion : Si les mues & les mêtamor' phofes clesinfeEtes ^ la production des Dents i, la réprodu&ion des Pattes de rEcreviJJe prouvent qu'il eft des Germes apropriés à différentes Parties? Réponfe* Neuvième Question. Les Mues de diffé- rents Animaux , leurs Métamorphofes , la ré- produ6lion des Pattes des Ecrevilies , celle des Dents, &c. ne prouvent - elles pas qu'il eft de Germes particuliers, deftinés i\ la reproduc- tion de différentes Parties ? Corps O r g a n i s e' s, 49 Réponse. Si nous ne pouvons expliquer mé- chaniquement la formation d'une fimple Fibre ^ au moins d'une manière à fatisfaire la raifon, comment expliquerions-nous par la même voye , la réproduélion d'Organes aulTi compofés que le font ceux de la plupart des Infeéles? Quelle Méchanique préfidera à la formation d'une Dent , d'une Jambe , d'un Oeil , &c. Si l'on veut préférer des idées afles claires, à des idées très obfcures , on conviendra que toutes ces Parties exiftoient en petit dans le Ger- me principal. Ainfi le Germe de Tlnfeéle qui fe mctamorphofe , contient aétuellement toutes les enveloppes dont cet Infecle doit fe défaire , & tous les Organes qui les accompagnent. Ces différentes Peaux emboîtées les unes dans les autres , ou arrangées les unes fur les autres, peuvent être regardées comme autant de Ger- mes particuliers , renfermés dans le Germe prin- cipal J'ai eu recours h. une autre hypothèfe pour rendre raifon de la multiplication de Bouture , & de celle par Rejettons , parce qu'il m'a pa- ru que ce font dès Produélions d'un genre dif- férent. 71. lomê. Ojieflîon : un Germe d'une ejpè- ce donnée peut • il fe développer dans un Tout organije d'Une efpèce différente'! Réponfe» Dixième Question. Un Germe d'une èfpè-' D 50 Considérations Sur Les ce donnée , peut-il fe développer dans un Corps organifé d'une efpèce différente : le Germe du Tœnia , par exemple , porté dans nôtre Corps, & abreuvé des fucs les plus propres à la nour- riture de ce Ver , parviendroit - il à s'y déve- lopper ; & feroit - ce là , l'origine des Vers du Corps Humain? Réponse. Comme je ne crois pas que le Germe de la Tulippe puifTe jamais fe dévelop- per dans la Rofe , je ne penfe pas , non plus , que le Germe du Tœnia puifTe fe développer dans le Corps Humain , comme dans fa Ma- trice naturelle. Je crois qu'il n'efl: point dans la Nature de Loix plus invariables , que celle qui ordonne que les Germes d'une efpèce ne fe développent point dans des Corps organi- fés d'une efpèce différente. Ainfi , quoique l'origine des Vers du Corps Humain foit extrê- mement obfcure , je préférerai toujours de fuf- pendre mon jugement fur ce fujet , à embraf- fer l'hypothèfe dont je viens de parler. 73. Réflexions Jur T Origine des Vers du Corps Humain, Une Mouche va dépofer fes Oeufs dans le Nez du Mouton, Une autre Mouche , plus har- die encore , va pondre dans le Gozier du Cerf, (*) Lorsqu'on ignoroit ces Faits, on étoit aufîi embara:ffé fur l'origine des Vers du Nez du (♦) Mim9Îrts fur ht h^eUes par Mr. de Réaumur , Tom. .4. & s. Corps Organise' s. 51 Mauton , ou fur celle des Vers du Gozier du Cerf, qu'on l'eil aujourdhui fur Torigine des Vers du Corps Humain. Un heureux hazard, des obfervations plus fines , ou plus pouflees , nous découvriront un jour le miflère, & nous apprendront qu'il en ell de l'origine des Vers du Corps Humain , comme de celle des autres Animaux. Si le Tœnia exiftoit dans la Terre , comme l'alfure un habile Naturalifte , le Problème fe- roit facile à réfoudre. Mais l'obfervation fur laquelle ce Fait repofe , n'a point été répétée, & elle manque des détails qui auroient été pro-» près a la conftater (* ). Le Tœnia efl commun à différents Ani- maux '. la Tanche & le Qhkn y font fort fu- jets. On imagine aifément comment cet In« fefte peut pafîer du Corps de ces Animaux dans celui de V Homme, Mais comment s'in- troduit - il dans l'intérieur de la Tanche ? Les Eaux font encore moins connues que la Terre : feroient - elles la vraye Patrie du Tœnia ? Les Semences invifibles de ce Ver, ou le Ver lui- même , encore petit , palferoient - ils avec les Aliments dans les Inteltins de la Tanche.^ Mais le même Infecle peut -il vivre également dans TKau , & dans le Corps d'un Animal vivant ? Les obfervations de Plantes qui ont germé dans '♦) Voyez ma DilRrtation fur le Tssrtia , Xcr. Vol, fllc9 ^^avants Etrangers^ D ît .52 Considérations Sur Les rEftomach , & les înteflins de divers Animaux, celles d'inlecles terrelbes , ou aquatiques qui font fortis du Corps de plufieurs Perlbnnes, ren- droient cette conjcclure plus probable , fi el- les étoient plus liires , ou mieux conllatécs. Quoiqu'il en foit , nous voyons les Hommes, & les Animaux fe faire à des climats très diffé- rents, & quelquefois contraires. Nous les voy- ons aulfi s'accoutumer à des Aliments qui ne diffèrent pas moins que les Climats. Nous pro- longeons , ou nous abrégeons à volonté , la du- rée de la Vie de beaucoup d'Infecles : nous les faifons vivre indifféremment dans un Air extrêmement froid , ou extrêmement chaud : nous retardons , ou nous accélérons comme il nous plait , la Tranfpiration de ces petits Ani- maux , fans qu'ils paroiffent en fouffrir ([*). Ce font là , autant de préfomptions en faveur des Tranfmigrations du Tœma. Enfin, n'en feroit-il point du Tœma, S: des autres Vers du Corps Humain , comme de plu- fieurs efpèces d'Infecles , dont la Vie paroit a- voïr été liée dès le commencement , à celle de différents Animaux ? Les V^ers du Mouton , & ceux du Cerf , dont nous venons de parler, la Tuce , le Pou ôcc, en feroient des exem- ples. Les Etres doués de fentiment , ont été multipliés autant que le Plan de la Création a pu le permettre. Un Animal ell un Monde Jia- Ipité par d'autres Animaux : ceux-ci, fontMon- (♦) Mémoires fur les InJeScs par Mr. de Réaumur, Tom. 2. Corps Organise' s. 53 des à leur tour ; & nous ne favons point où cela finit. 73. u*"^. Quejïion : Comment fe fait la Multiplication fans Accouplement'^. Réponfe, Onzie'me Question. Comment fe fait la Multiplication lans Accouplement? Réponse. Dans les Efpèces qui ne font pas foumifes à la Loi de l'Accouplement , cha- que Individu a en foi le Principe de la Fécon- dation. Il eil pourvu d'Organes qui féparent de la maffe de fon Sang la Liqueur fubtile , qui doit opérer le développement dei Germes. Ces Germes font nourris , ils croillbnt, & fe per- fectionnent comme les autres Parties de l'Ani- mal : s Organise'' s. 115 forment ainfi des Globules plus ou moins fen- fibles, peut-être même des Filaments plus oïl moins confidérables. Suppofons encore qu'ils fe propagent, foit par une divifion naturelle, femblable , ou analogue à celle des Polypes à Bouquet ( * ) 5 foit en fe rompant ou en fe par- tageant avec une extrême facilité, comme les petites Anguilles de l'Eau douce ( ** ). Nous expliquerons par là , afles heureufement les prin- cipaux phénomènes que nous oifrent les Glo- bules , en particulier , celui de leur diminution de groffeur^ & de leur augmentation de nom- bre. Nous pouvons encore conjeélurer , que ces Animaux maigriffent ou fe refferrent lorfqu'ils ■font expofés quelque tems au grand Air , oit que la Liqueur dans laquelle ils nagent, commen- ce à s'altérer. Enfin , ces Animaux fe meuvent , & leurs mouvemens font variés , & très rapides. Com- ment exécutent-ils tous ces mouvemens? Nous voyons déjà que les mouvemens par , lefquels ils s'élèvent, ou fe plongent dans laLi- î queur , peuvent dépendre principalement dé i l'augmentation ou de la diminution du volume \ de feur Corps, à peu près comme dîïns les Poif- fons. (*) Mémoire fur les Polypes à Bouquet , par M. TisM' ÀLEY, 174-7. (**) Traité d' Inje^ologie t i^e. Partie." H 2 11^ Considérations Sur Les A' l'égard des autres mouvemens , ils tien- nent fans doute à une méchanique intérieure ^ qui nous eft inconnue. Peut- être même qu'ils s'opèrent par des Organes extérieurs , que leur extrême petiteiFe ne nous permet pas d'aperce- voir. 134. Ce que l'on peut imaginer que deviens mnt les Animalcules du Sperme après qult a été repompé, La Liqueur fémimie après avoir féjourné plus ou moins dans les Vaifleaux qui la conte- noient , eft repompée par d'autres Vaifleaux qui la portent à différentes Parties , avec lefquelîes elle s'incorpore. Que deviennent alors, les A- nimalcules dont cette Liqueur eft peuplée ? Je réponds, qu'il n'efl point abfurde d'ad- mettre que ces Animaux continuent d'exifter dans ce nouvel état. Ils reffembleront à la Gal^ linfe&c , qui après avoir couru quelque tems de tout côté, fe fixe fur une Tige ou fur une Branche , où elle pafîe le refle de fa vie dans la plus parfaite immobilité , & fi bien confondue? avec la Plante, qu'on la prendroitpour xmQ Gal- le ou une excroiflance de cette Plante (*}• Pourquoi nous refuferions - nous au plaifir de prolonger Texiftence des Etres fentants ? Les Animalcules dont nous parlons , collés aux pa- rois d'un Vaiifeau féreux, ou fanguin, y joui- ront de toutes les douceurs attachées à cette exiftence. Ils y repréfenteront les Orties de Mer (♦) Mim, pùurjirvir à l'Hift, dis Infi£i. Tom,4. Méia.i"«i Corps Organise' s. ïi^ fixées aux Rochers d'un Détroit. 135'. De ce que Ton doit penfer âe V apparition des Animalcules dans des Matières qui ont houlli. Note importante ou Extraits de Lettres de Mr. DE Reaumur , qui prouvent que les Glo^ bules mouvans font de vrais Animaux^ A' l'égard de rapparition de ces Animalcules (dans les Matières qui ont bouilli, ou qui ont été expofées à un degré de chaleur auquel nous ne concevons pas qu'aucun Animal puiiTe vivre , la difficulté qu'elle forme ne doit pas nous in- 'triguer beaucoup , puifqu'elle n'a pour fonde- ment que l'ignorance oi^i nous fommes du degré de chaleur que certains Animaux ont été rendus capables de fupporter. D'ailleurs , il n'eft pas fur que ces Animalcules fulTent dans la Matière de l'infufion. Ils habitoient peut-être l'Air ren- fermé dans le Bocal : ils avoientpalTé de cet Air dans la Matière de l'infufion. Il y a peut-être une circulation perpétuelle de ces Animalcules de l'Air dans les Corps organifés , & des Corps organifés dans l'Air ( * ). (♦) Depuis que j'ai écrit ceci, Mr. Teembley m*a com- muniqué une Lettre qu'il avoit reçue de Mr. de Reaumur, qui oe permet guères de douter , que les Globules mouvants , ne foient de véritables Animaux. Voici l'extrait de cette Let- tre. Mon objet ètoit de vérifier les Obfervations qui ont été le ftndement d'idées fi étranges fur la Gétiération des Animaux. J'ai ieaucoup étudié {oi différentes Infufions , ^ j'ai recçnnu nonjeU" H3 ïi8 ÇoNsrDî;RATiO]Sïs Sur Les •>♦■ 13(5, Explication au Mulet dans rhypoîhèfe de routeur , en fuppofant que le Germe efl fourni par le Mâle. Si Ton compare le Syflème des Germes avec celui des Molécules organiques , je crois qu'on fe fentira plus porté à embraflei* le premier que le fécond. Mais je crois aulTi qu'on trouvera que celui -Ih eft fujet à de grandes diiïicultés, & que je n'ai pas réfolues d'une manière bieu fatisfaifante. Je veux parler principalement dé celles qui fe tirent de la Génération du Mulet ^ ou de cet Animal qui provient de l'iinion d'un Ane avec une "Jument, Dans l'explication que j'ai bazardée (*) de tmtnt que ces prétendues Particules organiques font de véritables jinimaux ; muis que ces petits animaux font des Ordres de Gé- nérations femblables qui le fuccêdent ; qu'il efl très faux que les Générations [oient à" Animaux déplus en plus petits , comme l'oni avancé les Auteurs du nouveau Syfême ; que tout va ici à l'or' dinaîre; que les Petits deviennent grands à leur tour. Dans une de frs Lettres Mr. de Reaumur m'apprenoit suffi,* qu'il avoit répété [es Obfervations , fur les Infeùes des Infufions , qu'il les avoit examinés avec le plus grand foin pendant des heu- res entières , ^ qu'il avoit reconnu ce qui en avoit impofé à ceux qui les ont pris pour de fïmples Globules mouvants. Il feroit à défirer . que rilluftre Auteur de VHîfîoire Natu- relle , générale ^ particulière entreprît de remanier fes propres Obfervations , & dapprofondir d'avantage ce fujet intéref- fant. Il a tant de fagscité , qu'il fereit bien étrange que le •vrai lui échappât. Mais fûrement il ne lui échappera point, s'il veut bien oublier, au moins" pour un tems , fes Molécules organiques , les Moules , & tout l'attirail d'un Syfième , que fon Génie fécond s'ell: plû à inventer , & que fa Raifon de- venue févère abandonnera peut- être quelque jour, ( *) Voyez le Chapitre III, article 40. Corps Organise' s. îî^ ce Fait , j'ai fupofé que le Germe étoit contenu dans la Femelle ; & que la Liqueur féminale du Mâle contenoit les Eléments relatifs aux diffé- rentes Parties de ce Germe, & propres h en opérer la nutrition & le développement. J'ai imaginé que le Cheval defiiné enmignaturedans les Ovaires de la Jument, étoit métamorphofé en Mulet par l'impreifion plus ou moins forte de la Liqueur de ÏAne^ fur quelques-unes de fes Parties, J'ai conjecturé que les Molécules élémentaires deltinées à procurer la nutrition & le développement des Oreilles , étoient plus abondantes & plus aélives dans la Semence de VAne^ qu'elles ne le font dans celles àM Cheval \ & que les Molécules deltinées à procurer la nu- trition & le développement de la Queue , étoient au contraire plus abondantes , & plus actives: dans la Semence du Cheval^ que dans celle de XAîie, Par là j'ai tenté de rendre raifon des lon- gues Oreilles du Mulet , & de fa Queue peu fournie de Crins, Je me fuis borné à ces deux, caradères , qui m'ont fervi d'exemples. Mais, lî Ton confidère \q Mulet avec atten- tion , il paroîtra , qu'il efl plutôt un Ane en- grand , qu'un Cheval vicié. Sa Tête , fon Col , fon Corlage , la Croupe 5 fes Jambes femble- ront le rapprocher beaucoup plus de l'Ane que- du Cheval, 11 ne paroîtra guères tenir de ce- lui - ci , que par fa grandeur , fa couleur , & foji ppil. Or 5 on ne conçoit pas. trop comment d'auffi H4 k I20 Considérations Sur les grands changements que ceux dont il s'agit , ont pu être produits par la fimple action du Fluïde féminal. Il faut convenir de la difficulté ; elle recevroit , fans doute , un nouveau degré de force , fi on en venoit à un examen plus apro- fondi des Parties, & fi on poulfoit cet ej^amen jufques à l'intérieur. Sans décider cependant , fur la Queflion , H les changemens dont nous parlons peuvent être exécutés par la Liqueur féminale , prenons fin- verfe delà première fuppofition. Au -lieu de faire fournir le Germe par la Femelle , faifons-Ie fournir par le Mâle. Tout deviendra alors plus facile. Les caraétères par lefquels le Mulet fe raproche plus du Cheval que de Y Ane , ne te- nant point à la forme des Parties eflentielles , fuppoferont des changemens moins confidéra- blés, moins difficiles que ceux que fuppoferoient les caractères par lefquels le Mulet fe raproche plus de VJne que du CbevaL Lr^ grandeur , la couleur & le poil font des chofes qui ne dépen- dent que de quelques circonllances , fouvent af- fés légères. La Matrice de la Jument , plus vafle, & plus abreuvée de fucs, que celle de XAnefe , a permis au Fœtus de s'étendre en tous fens plus qu'il n'auroit fait dans fa Matri- ce naturelle. La qualité du Sang ou du Fluïde nourricier de la Mère, peut aiféraent changer la couleur & le poil de l'Embrion. Raisonnons de la même manière , fur le qui provient de l'union du Coq avec la Corps Organise' s. if,i Femelle du Canard , & les difficultés qui nous ont fait tant de peine , fe réduiront principaie- ment à quelques changemens dans les propor- tions extérieures du Corps, & dans la forme des Plumes. 137. Invitation à faire de nouvelles expérien- ces fur les Mulets , pour é clair cir la Maîiè^ re de la Génération, Nous fommes donc plus follicités que jamais ^ ^ faire de nouvelles expériences fur la Générar tion des Mulets. Elles font certainement celles qui peuvent répandre le plus de jour fur ce fu- jet. Etendons- les, s'il fe peut, à des Indivi- dus de genres , & mçme de clafîes différentes. Ceft le plus fur moyen de rendre les réfultats décififs, & d'arracher à la Nature fon fecret. Si de l'Accouplement du Lapin avec la Poule il naîffoit un Mulet , nous ferions déjà fort ar vancés, 138. Remarque fur les effets de V accouple' ment entre des Individus d'efpèces fort éloignées. Mais il y a lieu de croire quMl en fera de cQt fortes de conjonétions comme de ces Entes lin- gulières qu'on pratique entre des efpèces de dif- férentes clafles. Leur Rameau greffé poulTe quelques Feuilles , & périt enfuite. La grande difproportion qu'il y a entre les fucs qu'il reçoit 4u Sujet j & ceux qui lui conviemient , & en- H5 -Ï22 CôîlsïDEAATioNs SOr Les tre le tems où il les reçoit , & celui où il les demande , font la caufe naturelle de fa prompte mort. Si le mélange de la Liqueur du Lapin avec celle de la Poule , parvenoit à faire dévcr lopper le Germe fourni par celui-là, ce déve- loppement cefTeroit , fans doute , bientôt , & peut-être avant qu'on pût être certain qu'il au- roit commencé. Les Fluïdes alimentaires de la Poule diffèrent apparemment trop de ceux de la Lapine^ pour arhener à bien une telle produc- tion. De plus , les Matrices de ces deux Ani*» maux ne diffèrent fans doute pas moins , que leurs Fluïdes. 139. Qiie le mmhre des Efpeces peut s'être, accru par des conjonBions fortuites. On ne peut douter que les Efpèces qui exif^ toient au commencement du Monde , ne fuffend moins nombreufes que celles qui exifbent au- jourdhui. La diverfité , & la multitude des conjon6lions ; peut-être même encore la di- verfité des climats & des nourritures , ont don- né naiffance à de nouvelles Efpèces , ou à des Lidividus intermédiaires. Ces Individus s'étant unis à leur tour, les nuances fc font multipliées, & en fe multipliant elles font devenues moins fenfibles. Le Poirier , parmi les Plantes ^ la Poule , parmi les Oifeaux , le Chien , parmi les Quadrupèdes , nous fourniffent des Exemples, frappans de cette vérité. Et que n'aurions-nous point à dire à cet égard , des variétés qui s'ob- fervent parmi les Hommes , fortis originaire- Corps O r g a n i s e's. x^i ment de deux Individus ! 140. Réflexions fur la grandeur des objets que nous offre la Matière de la Généra» tion. Je quitte enfin (*) la Matière de la Géné- ration. Matière infiniment intéreflante , & dont la beauté , j'ofe même dire la grandeur , pourra rendre exculables les détails dans lefquels je fuis entré , & la hardieïTe des conjectures auxquel- les j'ai eu recours. La Nature eft afTurément admirable dans la confervation des Individus; mais Elle l'eft, fur -tout , dans la confervation des Efpèces. Tous les Organes dont Elle a pourvus les Etres organifés , toutes les Propriétés dont El- le les a doués , toutes les Facultés dont Elle lés a enrichis , tendent en dernier reffort à cet- te grande fin. Les diverfes manières dont les Plantes & les Animaux fe perpétuent , font les différentes Machines qui entretiennent les bril- lantes Décorations du Monde organique. Les Siècles fe tranfmettent les uns aux autres ce magnifique Spectacle , & ils fe le tranfmettent tel qu'ils l'ont reçu. Nul changement ; nuHe altération ; identité parfaite. Viélorieufes des éléments , des temps , & du fépulchre , les Efpè- ces fe confervent, & le terme de leur durée nous eft inconnu. (If) Cet Ecrit fur la Génération, faifoit partie d'un plus grand Ouvrage. Voyez la Préface. 124 Considérations Sur Les CHAPITRE IX. Nouvelles Découvertes fur la Formation du Poulet dam l'Oeuf Conféquences de ces Découvertes. Compa-* raifon des Expériences de Harvey fur . la Génération des Biches , avec ceU les fur la Formation du Poulet. Î41. Introdu&ion, Découvertes de Mr, pE Haller , fur le Poulet o Telles étoient , il y a environ douze ans , (^*) mes méditations fur la Formation des Corps organifés. Je n'ai rien changé à rexpofition que j'en fis alors *. on va juger de leur accord avec de nouvelles Découvertes dont je q'avois entre- vu que la poiTibilité. Je difois au commencement du Chapitre IIL (f) qu'un jour on arracheroit à la Nature fon lecret. Un de fes plus chers Favoris, Mr. le Baron de Haller, l'a interrogée depuis peu comme elle demandoit à l'être , & il en a ob- tenu des réponfes qui reculent les bornes de nos connoiffances. C'eft de l'intérieur d'un Oeuf de Poule qu'elle lui a rendu fes oracles. Il les a transmis à la Poftérité dans un fçavant Ecrit qui a pour Titre, Mémoires fur la Formation du (*) J'écrivois ceci au commencement de Septembre 1753. (t) Voyez TAri. 17. CoR^s Organise' S. 125 Cœur dans le Poulet^ fur l'Oeil^ fur la StruC" ture du 'Jaune , &fur le Développement, (*) L'il- luftre Auteur a mis à la fuite de fes Obferva- tions des Corollaires mêlés ^ (f) qui en font comme les réfultats. Je détacherai de ces Co- rollaires les vérités les plus importantes , & les plus propres à diminuer les ombres de mon fu- jet. 142. ic^ Fait fur le foutet , qui démontre que le Germe appartient uniquement à la Femelle, Conféquence qu'on peut en tirer à f égard des Graines, Premier Fait. La Membrane qui revêt in- térieurement le Jaune de l'Oeuf, efl: une conti- nuation de celîe qui tapiiTe l'Inteflin grêle du Poulet. Elle eft continue avec TEftomach , le Pharinxj la Bouche, la Peau, l'Epiderme. La Membrane externe du Jaune eft un épa- nouïfTement de la Membrane externe de l'In- teitin ; elle fe lie au Méfentère & au Péritoi- ne. Le Jaune a des Artères & des Veines , qui naiflent des Artères & des Veines méfentéri* ques du Fœtus. Le Sang qui circule dans le Jaune reçoit du Cœur le principe de fon mou- vement. C*) A Laufanne, chez M. Michel Bonsqiïet, în 11, 175 jT^ Ui^. I. n. ^"^ et) Mémoire II. pag. 172. & fuivaates, Seftion XUI, 126 Considérations Sur Les Le Jaune ed donc une Partie eflcntielle dii Poulet : mais le Jaune exifte dans l'Oeuf qui n'a ^oint été fécondé; le Poulet exiile donc dans l'Oeuf avant la fécondation. L'Analogie qu'on obfefve entre les Végé-* taux & les Animaux , & dont je traiterai un jour , ne permet guères de douter qu'il n'en foit de la Graine comme de l'Oeuf ^ qu'elle ne con- tienne originairement toutes les Parties eflen- tielles à la Plante. 143. Q,^ Fait: Etat de fluïâitê des Parties de PEmbrion lors qu'il commence à fe dé- velopper. Nouvelle preuve de rexiftence des Efprits a- nimaux. Comment toutes les Parties acquièrent peu à peu de la confidence. Conformité avec le Végétal, Second Fait. Les Parties folides du Pou- let font d'abord fluïdes. Ce Fluide s'épaiflit peu à peu , & devient une gelée. Les Os eux- mêmes palTent fucceffivement par cet état de' fluïdité & de gelée. Au ifeptième jour de l'In- cubation, le Cartilage eft encore gélatineux. (*) Le Cerveau n'efl le huitième jour qu'une Eau tranfparente , & fans doute organifée. Ce- pendant le Fœtus gouverne déjà fes Membres ; preuve nouvelle & bien fenfible de l'exidence (♦) Obfervations de Mr. de Hallbr /«r /W Q^ « Laufan. Corps Organise' s. 127 des Efprits animaux ; car comment fuppofer des Cordes élaftiques dans une Eau tranfparente ? C'est principalement par l'évaporation inferi^ fible des Parties aqueufes , que les Eléments fe rapprochent pour former les Solides. Les Vaif- feaux devenus plus larges admettent des Mo- lécules gommeufes, albumineufes , vifqueufes^ qui s'attirent davantage. Plus la proximité des Eléments augmente , plus Tattraélion acquiert de force. Le Fluïde organifé effc ainfi conduit par dégrés à la Mucofité. Il devient Membra- ne 5 Cartilage , Os par nuances imperceptibles , fans mélange d'aucune nouvelle Partie. Monsieur de Reaumur a prouvé que fi l'on prévient par des enduits l'évaporation du fu- perflu, on conferve le Fœtus dans l'Oeuf, & l'on prolonge à volonté la vie des Infeéles. Je l'ai déjà remarqué , Page 52. On obferve la même chofe dans les Plantes. Leurs Parties ligneufes n'offrent d'abord qu'u- ne forte de Mucofité : elles deviennent enfuite herbacées ; enfin elles acquièrent peu à peu, la confidence du Bois. 144. 3ine. Fait : par quelles caufes ^ dam quel ordre toutes les Parties de VEmhrîon deviennent vifîbles , dinviflbles qu'elles é^ toient auparavant, Obfervaîion fur l'Oeuf de la Brehis, Troisième Fait. L'Aproximation gradu- «Ue des Eléments, diminue de plus en plus la Î2B Considérations Sur Leô tranfparence des Parties ; & c'ell là une dès caufes qui nous les rendent vifibles , d'invifi- blés qu'elles étoient auparavant^ A' la fin du fécond jour de riricùbation Ton diftingue très bien les battèmens du Cœur. Les accroiflements du petit Animal ne font jamais plus rapides que dans ces premiers jours. Lé Cœur avoit donc poufTc le Sang avant qu'on eût pu s'en apercevoir. La tranfparence du Vif- cère le déroboit à la vue , & il étoit trop foi- ble pour foulever l'Amnios. Ce n'eft qu'au fixième jour que le Poumon efl vifible. Alors il a dix centièmes de pouce de longueur. Avec quatre de ces centièmes il auroit été vifible 5 s'il n'eût point été tranf- parent. Le Foye e(1: plus grand encorei lorfqu'il com- mence à paroître. Si donc il n'eft pas vifible plutôt 5 c'efl: uniquement à caufe de fa tranfpa- rence. De la tranfparence muqueufe à la blancheur il n'y a qu'un degré , & la fimple évaporation fuffit pour le produire. Dans l'Animal vivant la Graiife eft diaphane ; le contaél de l'Air l'é- paiflît & la rend blanche. Le blanc efl: donc la première couleur de l'Animal ; & la tranfparence muqueufe paroît conftituer fon premier état. Les Expériences nombreufes de l'Auteur fur les Quadrupèdes & fur les Oifeaux , confl;atent cette vérité. P£î^- GORPâ ORGAniSE'S, 12^ Pendant les premiers jours qui fuivent la fé- condation , rOeuf d'une Brebis paroît ne ren- fermer qu'une efpèce de Lymphe. Il efl en- core gélarineux le dixfeptième jour. ^Après ce terme , Ton diltingue fort bien le Fœtus en- veloppé de fes Membranes. Sa longueur eft d'environ trois lignes. Il avoit donc pris un accroifTement confidérable fous îa fonre de Fluïde ;, & enfuite fous celle de Gelée ; maîs^ fa tranfparence ne permettoit pas de le reeon- noître C* )* 145. 4me. Fait : Naijpince dés couleurs âf des Javetws, Remarque fur un pajjage de Mr. de Hal- LER fur la Caufe des couleurs dans les Fém gétaux. Quatrième Fait. Les Vaî(teaux dilatés de plus en plus par l'impulfion du Cœur , admet-» tent des Particules plus grolTières , plus hétéro- gènes, & par là môme plus colorantes que les Particules diaphanes. De là les différentes cou- leurs qui parent fucceffivement fAnimal. La chaleur naturelle & celle du climat paroiifent y contribuer aufli. Nôtre Auteur dit à cette oc- cafion , qUe âms les Végétaux , ced h chaleur feule qui colore (t). Mais , il me femble que mes Expériences fur XEtiolement^ prouvent que (*) Mr. De //aller , HiO:. de TAcid. Roy. d«S Sclencw^ An. 1753 pag. 134, 135, ia 4.0. Cti Page 18^. l 130 Considérations Sur Les cette coloration dépend moins de la chaleur que de la lumière. Je renvoyé là-defTus aux Arti- cles Lxxix. & CXI II. de mon Livre fur VUfa- ge des Feuilles dans les Plantes, Les couleurs précèdent les faveurs. La Bi- le eft verte avant que d'être amere. Les Fi- bres de la Vue ont plus de fenlibilité que cel- les du Goût : ou les Particules qui affcclent le Goût, diffèrent de celles qui affeélent la Vue, & fe développent plus tard. 145. 5^^. Fait: que les Parties deVEmhrion révêtent fuccejjivement de nouvelles formes^ S de nouvelles pofitions , qui aident avec V opacité à les faire reconnoître. Ordre de ces changemens & leurs Caufes mé' chaniques. Que le Poulet eft originairement un Animal à deux Corps &' comment. Cinquième Fait. A mefure que TEmbrion fe développe , fes Parties révêtent de nouvelles formes , & de nouvelles fituations , & ces changemens concourent avec l'opacité à faire reconnoitre chaque Partie. Le premier jour, le Fœtus ne reiTembîe pas mal à un Têtart. Sa Tête eft grolfe, & l'Epi- ne dorfale qui efl: fort grêle, paroit lui compofer une petite Queue ou un court appendice. Des Membres & des Vifcères fortent enfin de cette petite Queue , de ce Filet prefqu'invifible , & la Tête en devient à fon tour un appendice. • Pjendant les premiers jours de fliicubation , Corps Organisé' s. 131 les Inteftins du Poulet font invifibles ; mais a- lors ils font pourvus d'un appendice énorme, qui tient au petit Animal par un Canal de com- munication. Le Jaune eil cet appendice , pla- cé ainfi hors du Corps du Poulet. A la fin de l'Incubation ; & fur-tout après la nailTance, tout fe montre ici fous une nouvelle face. Les In- teftins font devenus gninds , le Canal de com- munication s'eft: oblitéré, le Jaune a difparû, & il n'eft plus rien hors du Corps du Poulet qui lui appartienne. Ainsi le Jaune & les Inteftins demeurent h l'extérieur du Poulet prefque jufqu'à la fin de l'Incubation. Dans ces premiers tems , le Pou- let paroît donc un Animal h deux Corps. La Tête, le Tronc, & les Extrémités compofent l'un de ces Corps ; le Jaune & fes Dépendan- ces compofent l'autre. Mais , k la fin de l'In- cubation , la Membrane ombilicale fe flétrit; le Jaune & les Inteftins font repoulFés dans le Corps du Poulet par l'irritabilité qu'acquièrent les Mufcles du Bas - Ventre ; & le petit Animal n'a plus qu'un feul Corps. C'est par une Méchanique analogue que le Cœur change de place , & fe montre fous ia vé- ritable forme. Il ne paroît d'abord que fou^ celle d'un demi anneau éloigné des Vertèbres ^ & placé en quelque forte hors de la Poitrine; En prenant de jour en jour plus de confiftaii- ce, la Tunique cellulaire retire toutes les Par- ties du Cœur les unes vers les autres ^^ & l^i l2- ï3a Considérations Sur Les rapproche des Vertèbres. Enfin, ce font encore des Caufes analogues , qui en repliant peu à peu le Fœtus fur lui mê- me 5 changent fa fituation droite en une fitua- tion oppofée. 147. 6^^ Fait: que les Vijceres encore fluides s'acquittent déjà de leurs, fon&iom, Ohfervation fur la manière dont les Sécrétions s*opèrent. Sixième Faif. L'Etat de Fluidité où font d'abord tous les Organes, ne les empêche; point de s'acquitter de leurs fon talline. Ce fût dans cette Liqueur qu'on ap-* perçût un nouveau prodige. Ce ne fût point 3, un Animal tout organifé , comme on le de- ,5 vroit attendre des Syftèmes précédens : ce „ fût le principe d'un Animal , un Point vi- 5, vant (*) avant qu'aucune des autres Parties 3, fuirent formées. On le voit dans la Liqueur „ criftalline fauter & battre , tirant fon accroif- 3, fement d'une Veine qui fe perd dans la Li- 3, queur où il nage ; il battoit encore , lors „ qu'expofé aux rayons du Soleil , Harvey le 5, fit voir au Roi. „ Les Parties du Corps viennent bientôt s'y „ joindre ; mais en différent ordre , & en dif- 5, férens tems. Ce] n'eft d'abord qu'un Muci- j, lage divifé en deux petites maffes , dont l'u- „ ne forme la Tête , l'autre le Tronc. Vers 5, la fin de Novembre le Fœtus eft formé ; & „ tout cet admirable ouvrage , lorfqu'il paroît (♦) FwSum Salmfi par Parties ; celles du dedans font formées avant celles du dehors ; les Vifcères ^ les Intefiins font formés avant que d'être cou- Y44 Considérations Sur Les ' une fois commencé , s'achève fort prompte* ment. Huit jours après la première appa- j, rence du Point vivant, l'Animal eft tellement 5 j avancé, qu'on peut diltinguer fon Sexe. Mais 3, encore un coup cet ouvrage ne fe fait que 55 verts du Thorax & de V Abdomen ; & ces der- 55 nières Parties dellinées à mettre les autres à „ couvert, ne paroiffent ajoutées que comme 55 vm toît à l'édifice ". L'Auteur termine le récit de ces Expérien- ces par quelques réflexions qu'il préfente com- me des réfultats , & qu'il fait oppofer fans af- feélation aux différens Syftèmes dont il médite la ruine. ,, Voila' , dit -il , (^) quelles furent les 5, Obfervations de Harvey. Elles paroiffent ,5 fi peu compatibles avec le Sydème des Oeufe ,5 & celui des Animaux fpermatiques , que fi 5, je les avois raportées avant qued'expofer ces , Syfi'èmes , j'aurois craint qu'elles ne prévint 5, fent trop contr'eux , & n'empêchaflent de les écouter avec affez d'attention ". Au-lieu de voir croître l'Animal par 1'/;;- „ tt/jj'ufceptwn d'une nouvelle matière , com- „ me il devroit arriver s'il étoit formé dans l'Oeuf »3 fa) Chap. Vil. Jub fine. 25 55 ?5 55 55 55 55 55 55 Corps Organise' s. 145 l'Oeuf de la Femelle , ou fi c'étoit le petit i, Ver qui nage dans la femence du Mâle ; ici 5, c'eft un Animal qui fe forme par la Juxta- 5, pofiîion de nouvelles Parties. Harv£y voit 5, d'abord le former le Sac , qui le doit conte- „ nir: & ce Sac, au-lieu d'être la Membrane d'un Oeuf qui fe dilateroiu , fe f^iit fous ît^ yeux , comme une toile dont il obferve les progrès.. Ce ne font d'abord que des filets tendus d'un bout à fautre de la Matrice; ces filets fe multiplient , fe ferrent , & forment enfin une véritable Membrane. La forma- tion de ce Sac eft une merveille qui doit ac- coutumer aux autres. 5, Harvey ne parle point de la formation 55 du Sac intérieur dont, fans doute,. il n'a pas „ été témoin : mais il a vu l'Animal qui y na- ,, ge, fe former. Ce n'effc d'abord qu'un point, 5, mais un point qui a la vie , & autour du- ,, quel , toutes les autres Parties venant s'ar- „ ranger forment bientôt un Animal (^). Apres avoir combattu le Syftème des Oeufs & celui des Animalcules , l'Auteur de la Vénus Phyftque palTe à l'expofition de fon propre SyjP tème, & conclu d (F) qu'il eft le feiil qui piùf- fe fuhflfîer avec les Obfervations de Harvey. Cette conclufion n'eft pas auiïï favorable à frt) GuiLLELM. Harvey. Bi Cervanm ^ Damarum cçîîû Exercit. LXVI. ib) Cbap. XVII. à la lin. K 14(5 Considérations Sur Les nôtre Auteur qu'il l'avoit préfumé , Se i] \e re- connoîtroit peut-être aujourd'hui fi la mort ne l'avoit enlevé à la République des Lettres dont il étoit un grand Ornement. Loin que les Ex- périences de H vRVEY favorifent l'étrange Syftè- me de la Fé/ws Pbyfique , il efl aifé d'aperce- voir qu'elles ont une grande conformité avec celles de Mr. de Halllr fur la Formation du Poulet. Harvey avoit beaucoup vu, mais à travers un nuage : les nouvelles Découvertes nous aident à percer ce nuage , & à démêler le vrai des Expériences de ce grand Homme. 158. Obfervation de f Auteur fur le Point vivant. Suite du Parallèle. Ce Point vivant , PunBum Salîens , dont l'Auteur de la Fémis Pbyfique parle comme d'un prodige , & qu'il fait envifager comme le pre- mier principe d'un Animal qui fe forme par/z^f.r- ta-pofttion^ ce Point, dis-je, Mr. de Haller l'a beaucoup obfervé dans le Poulet. Je l'y ai obfervé moi - même une infinité de fois, il y a bien des années. Je m'arrêtois avec plaifir à en contempler les mouvemens , toujours fi prompts , fi réglés , fi confiants. Je l'ai vu auffi di(tin6lement dans le Germe de la Caille , que dans celui du Poulet. Les Fours que Mr. DE IlEAUMUR a inventés (d) mettent à portée de jouïr en tout tems d'un îpeélacle fi propre (a) Art de faire éclorre ^ d'élever en toute Satfon des Oifeawnt itmefiiqties de t$utes Efpéces, &c. Paris 175 1. Vol. «. Coftps Organise' s. 147 â intérefier la curiofité d'un Phyficien , & lui p3riTiettent de fuivre à fon gré le Développe- ment du Germe dans des Oileaux de toute eÇ- pècCi 11 ne faut pas même une grande habi- leté dans l'art d'obferver pour découvrir ce Point vivant ; il ne faut que des yeux , & un jour tant foit peu favorable. Aristote l'avoit aper- çu le premier : Harvev lui-même Tavoit aufli obfervé , & après lui bien d'autres Auteurs Çû'), Le Point vivant , dit l'Auteur de la Fé^ius ' Fhyfiqtie , tirait fon accroijjement d'une Veine qui fe Derdoit dans la Liqueur oà il nageoit : on ne peut méconnoître ici les rapports qui lient cette Veine aux Vaifiéaux par lefquels le Ger- me du Poulet reçoit fa nouniture. Les Parties du Corps ^ c'efl: toujours nôtre Auteur qui parle , venaient bientôt fe joindre au Paint vivant; mnis en différent ordre ^ ^ en diffèrens tems» Ce n'étoit d'abord qu'un Muci- lage divifé en deux petites Majjes , dont l'une formoit la Tête , l'autre le Tronc, C'eft encore ainfi que le Poulet fe montre d'abord : il eft iTiucilagineux , & divifé de même en deux pe- tites Malles , dont Tune forme la Tête , & l'autre le Tronc. (V. Fait.) Mais ces Parties ne vont pas fe joindre au Point vivant ^ il efl: aifé de reconnoître qu"*elles coëxiftent dès le commencement avec lui. ( a ) Mémoires de Mr. dk Haller fur le Foulet : Exptfé dit ^càtsi pag<: 4. & fuivantes. K a 14-8 COÎ^SIDERATIONS SuR LeS Tout cet admirable oirorage , continue l'Au- teur, lorsqu'il par oU nue fois commencé , 5'^- chève fort promptemcîît. Huit jours après la première apparence du Point vivant , P Animal eft très avancé. Mais encore un coup , cet ou- vra^e ne fe fait que par Parties : celles du de- dans font formées avant celles du dehors ; les Viscères & les Jnîeflins font formés avant que d'être couverts du Thorax & de P Abdomen ; Se Les accroilTements du Poulet ne font jamais plus rapides que pendant les premiers jours. Ses Vifcères paroiflent de même fe former fuccef- fivement , & avant les Parties dellinées -h les recouvrir. Le Cœur fe montre le premier fous la forme d'un Point vivant : il efl très vifible fur la fin du fécond jour. (III. Fait.) Au- tour de ce Point on voit naître fuccelTivement tous les Vifcères. Le Foye ell celui dont la formation paroît s'achever le plutôt : on le dé- couvre le quatrième jour. L'edomach, le Pou- mon 5 les Reins s'oifrent enfuite le cinquième & le fixième jour. Enfin , les Inteftins appa- roiifent le feptième jour ; la Véficule du Fiel , le huitième (^). Les Téguments ne femblent pas exilter encore. ^ Si l'Auteur de la Vénus Phyfîque , toujours prévenu de VEpigénéfe , avoit eu à expofer ces Phénomènes , il en auroit fans doute tracé un tableau parfaitement femblable à celui qu'il nous (a) Mémoires fur le Poulet ^ Seà. VIII. IX. X. CoroUaim mêlés, page 176. 177. Corps Organise' s. 149 a tracé des Expériences de Harvey. Il eft pourtant des preuves inconteltables que ce ne font là que de fniiples phafes , de pures appa- rences, & que toutes les Parties du Poulet co- exiftent à la fois. Dès qu'un Vifcère devient vifible , on l'aperçoit en entier. On ne le voit point fe former par un aggrégat de molécules , croître par jtixta'pofîîion. Le Poumon n'eft vi- fible que lorfqu'il a atteint dix centièmes de longueur ; il ed: démontré qu'il auroit pu l'être avec quatre de ces centièmes feulement. (III. Fait. ) S'il ne l'étoit pas , c'étoit donc unique-^ ment à caufe de fa tranfparence ; car il n'a pu acquérir tout d'un coup dix centièmes de lon- gueur. Les Reins ne font vifibîes que le fixiè- me jour , ce cependant ils fournilfoient déjà l'Urine à une Allantoïde confidérable dès la fin du troifième jour (ji^. Des Membranes d'une iinefle & d'une tranUiarence parfaites , s'épaif- fiiiant peu à peu , forment enfin les Téguments (Z') qui, pour me fervir des termes de l'Au- teur de la Vénus Phyfique , 7ie paroijjent ajoth lés que comme un Toit à T Edifice, Je ne poufferai pas plus loin ce parallèle en- tre les Obfervations de Karvey & celles deMr. OE Haller : les traits de reifemblance que je viens de recueillir font les plus faillants , & fuf- fifent à mon but. ■ (a) Mém. fur le Poul. Seft. X. Corollaires mêlés pag, 152. {b) Corol. mêl. pag. 175.^ K 3 I50 Considérations Sur Les CHAPITRE X. Remarques fur les Métamorphofes, y?/r /'Evolution &" fur /^Accroiflement» 159. Uniformité dans la manière dont les Qjiadrupédes & les Oifeaux fe dévelop^ petit. Changemens du Pûulct comparés aux Méia-f îamorphofes des infe&es. Les Quadrupèdes, comme les Oifeaux , par- viennent donc à l'état de perfeélion par une E- volution, dont les dégrés font plus ou moins fen- fibles. Des Organes qui n'exiftoient point h nô- tre égard , exifloient par rapport à l'Embrion , & s'acquittoient de leurs fonctions eflentielles , le terme de leur apparition , ell ce qu'on a pris , par erreur, pour le commencement de leurexif- tence. Les changements que le Poulet fubit dans rOeuf , peuvent être comparés aux Métamor- pbofes des Infecles. Sous fa première forme le Poulet paroît ne différer pas moins du Poulet parfait , que la Chenille diffère du Papillon, Mais, le Papillon comme le Poulet, parvient à l'état de perfection par une Evolution dont les Malpighi, Qa') les Swammerdam , (/) les Reaumur, ^^} nous ont dévoilés les, dégrés, ( a ) Diffett. Epiji. de Bmnb, (b ) Hi(l InfeB. Gen. Bib. Nat, (c) Mém> foitr Servir à l'HiJh. des Inf. Ifoine I. Mém. VUS. Corps Organise' s. 151 160. Apparences îrompeufes dans les Meta* morphofes des Infectes, Réflexions fur cefih jet. Le Papillon exiftoit déjà dans la Che- nille & commenté Il ne faut à la Chenille que quelques infiants pour paroître à nos yeux fous la forme de Chry^ falide 5 & l'on fçait que la Chryfalide n'eft que le Papillon lui-même emmaillotté. L*Infe6le paroît donc pafTer fubitement de l'état de Che- nille à celui de Papillon. Avant qu'on fe fut avifé de foupçonner que tous les Secrets de la Nature n'étoient pas renfermés dans les An- ciens, on regardoit le changement fubit de la Chenille en Papillon comme une véritable Mé- tamorphofe-, dont on fe mettoit peu en peine d'expliquer le comment. Des Hommes qui re- cevoient fans fcrupule les Générations équivo^ qnes , pouvoient ils ne pas admettre les Méta- morphofes? Mais, enfin, le teras efi: venu où les Naturalifles fe font aperçus qu'ils avoient des yeux pour obferver , & des doigts pour dif- féquer : on a donc obfervé & difiequé , & les jMétamorphofes ont difparu. On eil; allé cher- cher le Papillon dans la Chenille elle-même , & l'on e(l parvenu à l'y découvrir. Sa Trompe , fes Antennes, fes Ailes étoient roulées, con«^ tournées , & pliées avec un tel art qu'elles n'oc- cupoient qu'une très petite place fous les deux premiers anneaux de la Chenille. Dans les flx premières Jambes de celle - ci , étoient emboî^ "i^i Considérations Sur les té^s les fix Jambes du Papillon. Ce n'eft pis tout encore , Ton cfl parvenu h découvrir les Oeufs du Papillon dans la Chenille ailés long- tems avant la transformation. ( ^ } i6i. Conféquence fur la Fréexiflence origi- 11 elle cHi Papillon, ha Chenille con^par^s à un Oeuf, Toutes les Parties extérieures & intérieures du Papillon qu'on a découvertes dans la Che- nille , y avoient déjà acquis une grandeur con- fidérable : elles exiftoicnt donc auparavant , & on les découvriroit fans doute dans la Chenille iiaîfTante , fi l'Art humain pouvoit aller jufques là. Ce que l'Oeuf efl au Poulet , la Chenille l'eft donc au Papillon. Elle raiTemble , digè- re & façonne les fucs deftînés h procurer le dé- veloppement de celui-ci. Les Vifcères de la Chenide font les efpèces de Laboratoires où ces préparations s'opèrent. 162. Faits qui prouvent que les Végétaux fui- vent , comme les Animaux , la Loi de VEvolution. La même Evclation qui conduit les Animaux à la perfeclion qui ell propre à leurEfpèce, y conduit tous les Végétaux. On les retrouve delTmés en mignature dans les Graines & dans (a!i Mim. pour fervir à l'HiJi. des Inf, Tome I. pag. 35p. (n 4to. Corps Orga nIiFs e' s. 153 ies Boutons. Les Fleurs du Poirier que nous voyons s'épanouïu au printemps , étoient déjà viiibles dès l'année .précédente. La lagacité de quelques Obfervateurs a percé cette nuit , & furpris la Nature occupée à préparer de loin les Pépins. ( ^ ) On remonte plus haut encore dans la formation des Plantes à Oignons. Le Noyau de l'Amande renferme originairement une fubftance glaireufe analogue au Jaune de rOeuf , furmontée d'une Véficule pleine d'une Liqueur tranfparente analogue au Blanc , & qui font l'une & l'autre deftinées à nourrir l'Ëm- brion caché dans le Fruit. Çb^ Il tire cette nourriture par de petits Vaiiïeaux qu'on voit enfuite fe ramifier dans l'intérieur des Lobes ^ & qui peuvent être comparés aux Vaifleaux ombilicaux du Poulet. Je fuis parvenu i\ les rendre très fenfibles par des injections colorées. (^) L'Kmbrion offre deux Parties très dillinc- tes, la Plumûle & la Radicule, La première contient les éléments de la Tige & des Bran- ches ; la féconde ceux de la Racine & de fes Ramifications. La Radicule perce bientôt la Terre pour y puifer des nourritures plus fortes, & les injections m'ont encore appris que c'ell à fon extrémité, terminée eu pointe, quefetrou- {a) La Pbyfique des arbres, par Mr. Duhamel , Liv. III. Art. I. page 203. pe Partie ; in 410 Paris. 2 Parties 1758. (fc) Pbyf. des Afj. Liv. III. Art. VIII. I^e Partie, Liv. IV. Chap. I. Pag. 3. 2de Partie. ( c ) Recherches fur l'ufage des Feuilles dans les Plantes , &c. pag. 256. K5 154 Considérations Sur Les vent les Organes qui pompent ces nourritures & les font pafTer dans le Corps de la Plante. Qa^ Ces Organes font ^ la Plante , ce que la Bou- che efl: à l'Animal Les Parties de l'Embrion logé dans la Graîne , ou dans le Bouton , y ont des formes & un arrangement qui diffèrent beaucoup de ceux qu'elles auront après s'être développées ; mais elles n'en renferment pas moins dès le commencement, tout ce qui ett elfentiel à l'Efpèce. 1(53. Que PImpulfion du Cœur efî la princi- pale puijpwce qui opère le Développement dans r Animal, Remarques fur les changemens de cotdeur du Sang & fur l'Ojfification. Les Corps organifés croiffent donc par le Développement de leurs Parties en tout fens , & à mefure qu'elles fe développent, leurs for- mes & leur fituation primitives fubiffent des changemens plus ou moins confidérables , & plus on moins rapides. ( V. Fait. ) La princi- pale puifTance qui paroît opérer ce Développe* ment dans les Animaux , eft l'Impulfion du Cœur. Animé dans la conception par l'influen- ce de la Liqueur féminale , il fe dilate , & en fe contrariant fubitement , il chafle le Fluïde dans les Vaiileaux. Ce Fluïde , qui fera dans la fui- te du véritable Sang, n'efb encore qu'une Li- queur tranfparente , & prefque fans couleur. f«) Recherches Jiit l'ufi^e des Feuilles S:c. pag. ijo, 151. Corps Organise' s. 155 Bientôt il perd fa tranfparence & devient jau- ne , & au bout de trois jours , d'un rouge très vif. Qn) L'IiPpulfion du Sang contre les Mem^ branes les étend de plus en plus. De cette ex- tenlîon réfultent le prolongement & l'élargifTe- ment des principaux Troncs , & le Développe- ment fucceliîf de toutes les Branches. Les fucs nourriciers en pénétrant en même tems dans les Mailles des ïiiius , augmentent les malfes. (Chap. îI.) Les Eléments fe rapprochent, & leur attradion mutuelle croit en raifon de leur approximation, & du contaél. (lI.FAiT.)L'Of- fitication ne commence que lors que les Vais- feaux devenus plus larges admettent des Glo«. bules rouges.. Le battement continuel des Ar- tères qui rampent entre les Lames ofleufes, teitd à endurcir ces Lamics. La Terre que les Globules rouges charient avec eux, & dont la proportion augmente de jour en jour, contri- bue oufH h la dureté & à la fragilité des Parties oUcufes. (J?^ La pulfation des Artères qui ram- pent entre les Parties molles, peut concourir de même à augmenter la confiftence de ces Par» ties. Tous ces effets dépendent en dernier reffort de la force du Cœur ; celle-ci dépend elle-mê- me de la chaleur. Dans les Fœtus foibles, ou mal couvés, le Sang demeure plus long -tems fa") Mr. DE Haller, Mém, II. fur le Poulet , Seélion IV, page 35 & fuivaiues. ( b ) Mém»nes fur la Formatifin des Os , par Mr. de Haller , page 252, & fuivantes: à Laufanne chez Sousquet, in 221110 J7S8. 156 Considérations Sur Les jaune ; rOlTification commence plus tard , & le Développement elt plus lent. ( ^ ) ' 164, Exemple remarquable de l'Evolution dans h Membrane ombilicale du Pou- let, La Membrane ombilicale fournit un exem- ple de l'Accroiirement , qui peut s'appliquer à toutes les Parties du Corps. Cette Membrane n'eft d'abord qu'une efpèce de parenchyme , u- ne pulpe molle. La force du Cœur y fhit naî- tre par dégrés des traces réticulaires. Ces tra- ces ne font au commencement que des points, Bientôt elles deviennent des lignes. Ces lignes fe colorent peu à peu , & ce font -enfin des i\r- tères & des Veines divifées à de fort petits, an- gles. Ces angles grandiflent ; des aires blan- ches fe forment entre les Vaiffeaux ; elles fe dilatent infenfiblement , à peu près comme fe' dilatent les efpaces compris entre les Nervures d'une Plante. ÇZ') „ Qu'on rétrograde , dit 3, Mr. DE Haller, dans la confidération des „ changemens fucceffifs de cette Membrane ,5 ombilicale , on fe convaincra- aifément qu'el- ,5 le a toujours exifté avec fes Vaifleaux , qu'el- ,, le a été repliée fur elle-même , que l'impul- „ fion du Sang a prolongé les Artères, ou dé- „ vidé ces plis , qu'elle a éloigné les Vaifleaux les uns des autres , & a donné à la Membra- ^? (a) Mém. 11. fur la Formation du Poulet ^ pag. 35. & fuivan- tes. 262. (fe) Ctrollaires mêlés, pag. 173. & fuirantes. Corps Organises. 157 5, ne fa largeur, la longueur, fes aires blan- 55 ches, fa folidité même." 165. Solides de VEmhrkn repliés origimire- ment fur eux-mêmes : exemple pris des Jam- bes & des Ailes du Papillon, Il femble donc que les Solides de l'Embrion foient repliés originairement fur eux-mêmes , & que l'impulfion du Sang tende continuellement à les déployer. On découvre à Toeil ce replie-, ment dans les Jambes du Papillon pendant qu'el- les font encore emboîtées & comme concentrées dans celles de la Chenille incomparablement plus courtes. On croit voir un Reffort à boudin char- gé d'un poids. Bientôt l'impulfion des humeurs déployé ces Jambes & en efface les plis. Qa') 11 en eft à peu près de même des Ailes. Avant la naiflance du Papillon, elles ont beaucoup d'é- paiffeur & fort peu d'étendue. Elles femblent être repliées fur elles-mêmes en manière de ^ic-zac. Immédiatement après la naiflance, l'impulfion des liquides , aidée de certains mou- vemens, les déployé , & elles perdent en é- paifleur ce qu'elles gagnent en étendue. ( Z' ) i6(5. Be l'augmentation de majje des Solides par l'incorporation des Matières alimentai- res, Inje&ions colorées propres à répandre du jour fur cette Incorporation, (a) Mèmtires pour fervîr à l'HiJloîre des InfeUss ^ Tom. ï. pag. 365 & 366. (6) Ibid. pag. 614. & fuivantcs. f5^ Considérations Sur Lïîs Mais, fi le MéchanifiTie organique fe réduî- foit à cette fimple Evolution , les Corps orga- nifés n'acquerroient pas plus de malTe en fe dé- veloppant. Il en feroit de tous les Solides coiTh me des Ailes du Papillon. L'augmentation de mafle qu'ils acquièrent en croiflant , leur vient du dehors. Elle eft le produit de raflociation d*un nombre infini de Molécules diiférentes, que la Nutrition leur affimile. Mous ignorons, & nous ignorerons long - teras le fecret de ce^te Affimilation, Nous voyons en général qu'elle peut dépendre de l'appropriation du calibre des Vaifîeaux , h la groifeur , & peut - être encore à la figure des Molécules qu'ils doivent admet- tre ou réparer pour une certaine fin. 11 paroîc clairement que la Nature fiiit paiïer la matière alimentaire par une fuite de Vailîeaux dont les diamètres fe dégradent de plus en plus, & qui l'introduifent enfin dans les Mailles , ou le Tif- fu cellullaire des Solides. L'incorporation de la Garance dans le TifTu cellullaire des Os , ( // ) & celle des matières colorantes dans le Tiflli des Plantes qu'on injecle (/'), donnent une lé;;è- re idée de l'alTociation des matières alimentai- res. Les Artères ne fe nourriflent pas de ce même Sang qu'elles diftribuent par- tout t elles ont de petits Vailîeaux qui apportent h leurs Tuniques la nourriture qu'ils ont féparée du (a) Mémoires fur la Formation des Oj , par Mr. de Hal- LER, page 257. Cb) Recherches fur l'Ufage des Feuilles dans les Plantes ^ Arf. XC. J^b'jfiiui des Arbres, JLiv. V. Cliap. II. Art. VII. CORfsORGANISE's.. I59 Sang. J'ai déjà touché à FAccroilTement dans le Chap. IL J'ai traité dans le Chap. VI. de la Nutrition conlidérée relativement à la Géné- ration : je renvoyé mon Lecteur à ces deux Chapitres. 1 67. De la tranfpiration înfenfîbk qui fe fait tandis que l'Embrion fe développe. Idée des moyens d'abréger ou de prolonger à volonté la vie de l'Embrion, Du Principe vital dans r Animal. Confèquences, Tandis que le Fœtus fe développe dans rOeuf , il tranljpire^ car la Coque dure & caif- tacée,fous laquelle il eft renferme , a des pores préparés pour lailfer pafler la matière de la tranf- piration infenfible. L'Enveloppe cruflacée des Chryfalides , a aulTi fes pores , & pour la même fin. Des Expériences curieuîes que je n'ai fait encore qu'indiquer, nous ont appris qu'en ac- célérant ou en retardant la tranfpiration infen- fible, l'on abrège, ou l'on prolonge prefque à volonté la durée de la vie des Papillons , & de plufieurs autres efpèces d'Iiifeéles. On voit afîes que je veux parler des Expériences dont Mr. DE Reaumur a donné le détail. dans le premier Mémoire du Second Volume de fa belle Hiltoire des Infedes. Pour devenir Pa- pillons, quelques efpèces. de Chryfalides doi- vent perdre par la tranfpiration infenfible en- viron la dix - huitième partie de leur poids. Cet- te quantité varie en différents fujets. La ma- i6o Considérations Sur Les jtière de la tranrpiration eft une Liqueur trè^ limpide. Pendant que cette matière demeure renfermée dans l'intérieur de l'Animal , elle fé- pare en quelque forte les éléments, elle s'op- pofe à leur union , & retarde ainfi rAccroifFe- ment & l'end urciiTement. On accélérera donc l'un & l'autre , ou ce qui revient au n'iême , l'on abrégera la durée de la vie de rinfefte , fi on le tient dans un lieu chaud, par exemple, dans une Etuve, ou dans un Four à Poulet. Là , un jour fera pour l'Infecle , ce qu'auroient été pour lui , dans l'ordre naturel , une femai- ne 5 ou même un mois. Le contraire arrivera fi l'on renferme la Chrylalide dans un lieu froid 5 tel qu'une Cave, ou une Glacière, ou 11 on l'enduit d""un vernis impénétrable à l'Eau. Au- cun de ces procédés ne nuira à flnfeéle. Dans les Oeufs enduits de même de graille ou de vernis , le Germe fe conferve très long-tems, & ces Oeufs font des mois & des années dans l'état d'Oeufs frais. La longne vie des Pois- fons, & de quelques Peuples du Nord, a pro- bablement pour caufe principale la diminution de la tranfpiration infcnfible , toujours exceinve dans les Habitants des Climats chauds. • Ainsi la Vie dans les Machines animales n'efl: proprement que la fuite des mouvemens du Cœur & des Vaiffeaux. Le Principe vital paroit être dans Xlrritahilîté , cette propriété de la Fibre mufculaire dont nous devons enco- re la connoifîance aux profondes recherches de Mr; Corps Organise' s. ï6i Mr. DE Haller Qay Le Cœur eft le Muf- cle qui polîede eette propriété dans le degré le plus érainent. C'eft par un effet de fa na- ture irritable qu'il fe contraéle au feul attouche- ment du Sang , foit qu'il denne encore i\ FA- nirnal , foit qu'il s'en trouve leparé. En fe contractant, il exprime le Sang hors de fa ca- vité , & le chalîe dans les VaifTeaux encore repliés fur eux-mêmes. L'impulfion du Liqui- de les déployé, & la durée de cette Evolution eft la durée de l'Accroilfement. 11 diminue à proportion que la réfiftance augmente. 11 cel^ le lorfqu'clle s'efi: accrue au point d'anéantir l'effet de la force expanfive. Les Solides en- durcis ne font plus duéliles. Cela fe voit clai- rement dans les Os , & mieux encore dans les Vers que j'ai multipliés de Boutures Q h }. Le Tror.çon ne s'étend point; mais de nouveaux anneaux fe développent aux extrémités. L'Ac- croiffement fe mefure donc par l'efpace parcou- ru , & par le tems employé à le parcourir. L'In- iécte à qui il n'a fallu que peu de jours pour parvenir à fon parfait Accroiifement, a autant vécu que l'Infede de même efpèce qui n'a at- teint ce terme qu'au bout de plufieurs mois ou de plufieurs années Çf). Quelques compofées (û) DiJJl'rtatîon fur l'Irritabilité, Mémoire fur le Mouvement du Cœur, à Laufane in 12°. (i) Traité d' Infe^olegie , féconde Partie , Obf. VII. ^ c) Mémoires pour fervir à l'HiJloîre des InfeSteSy Tom. 2. Mém. kt. i62 Considérations Sur Les que foient les Machines organiques , leurDéve- loppemenc eft fufceptible d\me certaine latitu- de 5 dont les circonilances ou Fart peuvent ref- ferrer ou étendre les limites. Les roues qui mefurent la Vie organique précipitent ou re- tardent leurs révolutions ; mais la fomme des effets demeure toujours la même. ï 68 . Recherches fur la PuiJJance qui opère U Développement dans le Vétégal. Expérien- ce de t Auteur fur la vitejje du mouvement de la Sève & fur les Injections colorées. Nous ne voyons rien dans les Végétaux qui leur tienne lieu de Cœur & d'Artères. Les mouvements fi remarquables de leurs Tiges ^ de leurs Feuilles , de leurs Fleurs , de leurs Graines, de leurs Trachées Qa') paroiflent dé- pendre de toute autre caufe que de l'irritabilité, & ce caractère plus aprofondi ferviroit peut - ê- tre à diftinguer l'Animal du Végétal. Cepen- dant la Sève , qui eft le Sang des Plantes , s'y meut avec une force capable d'élever le Mer- cure à plufieurs pouces , & qui équivaut quel- quefois à tout le poids de i'Atmofphère , & le furpaffe même. J'ai pu juger à l'oeil de la ra- pidité de la Sève dans les Plantes que j'ai abreu- vées de Liqueurs colorées. J'ai vu la Liqueur parcourir fous mes yeux une étendue d'un pou- ce & demi en demi heure (Z»). Mr. Hales , (a) Recherches fur VUfage des Feuilles dans les Plantes f Ménw a. & 5. PbyFique des arbres, Liv. IV. Chap. VI, (&) Recb.Jur l'U/age des J^euiUes, pag. 255. Corps Organise' s. 163 dans fou admirable Statique des Végétaux a très bien piouvc que les Feuilles font les principaux Organes de la tranfpiration. Il les a regardées comme lesPuilTances qui élèvent la Sève. Mais Ja force prodigieufe des pleurs de la Vigne nous aprend que les Feuiles ne font pas les feules PLiiliances que la Nature met ici en œuvre (ji)^ Les Injections m'ont confoméla même vé- rité: la matière colorante s^efl élevée affés haut dans des Branches dépourvues de Feuilles , & dans mie Sailon alTés froide. Mais d*un autre .côcé, je ne l'ai point vu s'élever dans des Plan- tes deffèchées & à larges pores. La Sève ne s'introduit donc pas dans les Plantes , comme TEau dans une Eponge : fon mouvement dé- pend d'une Méchanique qui nous eft encore in- connue , & que de nouvelles Expériences pour- ront nous découvrir. Le relfort des Trachées qu'excite celui de l'Air , influe fans doute fur ce mouvement , mais Ton a peine à concevoir leur action dans répailfeur d'un Bois très dur. i(îp. Efeîs généraux de la PuîJJance vitale dans les Plantes, Expofition abrégée de la manière dont les Ar- bres croijjent. Parallèle de cet Accroijfement avec celui des Os. QuKLLE que foit la PuifTance qui préfide au Ça) Pbyfijue des Jrbres, Liv. V. Art. IV; L 2 164 Considérations Sur Les mouvement de la ?cve , il.efl certain qu'elle CKifte , & qu'elle produit dans le Végétal les mêmes effets elTentiels que la force du Cœur produit dans l'Animal. Cclb cette Puiifance qui chaffe la Sève dans les Tuyaux repliés ou concentres , qui les déployé , & étend en tout fens les Lames infiniment déliées qu'ils compo- fent paï leur ailemblage. Ces Lames font au- tant de petits cônes inicripts les uns dans les autres , & dont le nombre efl indéfini. Les plus extérieurs contiennent les rudiments de l'E- corce : les plus intérieurs , ceux du Bois. Tous ne font dans le Germe qu'une elpcce de ge- lée; c'eft fétat fous lequel fAnimal fe montre les premiers jours. (IL & 111. Fait.) Ils de- viennent herbacés par dégrés ; & cet état ré- pond à celui que revêt le Cartilage quand il cefîe d'être membraneux , ou plutôt muqueux. Enfin , les cônes intérieurs s'endurciflent peu à peu ; ils acquièrent fucceffivement la confif- tence de TEcorce , & celle du Bois : c'eil le Car- tilage qui acquiert enfin la confidence de l'Os. Le cône le plus intérieur s'endurcit le premier & ceîfe de croître. L'AccroifiTement continue dans celui qui fenveloppe immédiatement. Les Lames qui font les rudiments de la véritable Ecorce ne fe convertilfent pas en Bois ; celui- ci a une Organifation qui lui efl propre ; fes Tuyaux font plus fins , plus ferrés , & il a des Trachées qui manquent à celle-là. Mais les Lames qui contiennent les éléments du Bois pafîent par l'état de fubftance corticale : des Corps O p^ g a n i s e' s. 165 couches ligneufes femble^it fe détacher de l'E- corce pour s'appliquer au Bois. De l'énaiffiffe- ment des Lames rcililte l'AccroiiTement en grof- feur , de leur prolongement réflilte rAccroiffe- ment en hauteur. Celui-ci celTe avant celui- là. L'endurciflement commence toujours h la baze des cônes ; les fommets font encore duc- tiles : c'eft le Corps de l'Os qui s'ofliiie le pre- mier ; enfuite les extrèmitcs & les Epîphyfes. La Racine ne croît que dans fon extrémité. Je ne parle ici que des Arbres (^). A l'extrémi- té de la jeune Tige qu'a fourni la Plumule , pa- roît en automne un Bouton. Ce Bouton con- tient le Germe d'une nouvelle Tige. Il s'ouvre au printemps. La petite Tige en fort encore herbacée ; elle s'étend en tout fens & s'endur- cit à fon tour comme la première. Un Bou- ton paroît auffi à fon extrémité qui donne naif- ilmce à une autre Tige. L'Arbre fo forme ainfi annuellement d'une fuite de Tiges ou de petits Arbres implantés les uns fur les autres. Dans les Herbes ammdlcs une feule Tige fe déve- loppe qui prend peu à peu l'Accroiflem^nt & la confiflence propres à fon efpéce. Dans les Herbes vivaces , des Boutons fortent de la baze , ou des Racines de l'ancienne Tige. L'Accroissement des Végétaux peut être ac- céléré ou retardé comme celui des Animaux. Les Végétaux tranfpirent , & ils s'endurciffent d'au- (a) Pbyfique dis Arlres ^ Liv. IV. Ch. III. L3 ï66 Considérations Sur les tant plutôt que leur tranfpiration effc plus accé- lérée , ou plus abondante. Par la railbn des contraires, plus une Plante tire de nourriture , & plus fon endurciiTement ell; lent ; elle croît donc plus long-tems. A l'aide de certaines pré- cautions , ou de certaines circonftances , le Ger- ine vit pendant un tems fort long , dans la Graine , comme l'Embrion dans l'Oeuf. Il faut lire dans l'excellent Ouvrage de Mr. DU Hamel , les détails intérelfants & fi fage- ment expofés , dont je viens de crayonner l'ef- quifle. Tout y concourt à établir ï Evolution. 170. Elémens de la Théorie de l'Auteur fur la Méchanique de l^Accroijfement, Toutes les Parties d'un Corps organifé ont à croître , & tandis qu'elles croiflent elles con- tinuent à s'acquiter des fondions qui leur font propres. L'aptitude à s'en acquitter dépend de leur ftruélure. La flruélure des Parties ne change donc point pour l'eilentiel pendant tou- te la durée de rAccroilfe.ment. Cependant el- les augmentent de mafle , & cette augmenta- tion provient de l'incorporation des Molécules que la Nutrition affimile- La Méchanique de, chaque Partie eft donc telle qu'elle arrangé ou difpofe les Molécules alimentaires dans un rap-. port direct à fa ftruclure. Cette ftruclure eft eflentiellement la même dans le Germe que dans l'Animal développé. Le Poulet le démontre. ■ Les Molécules alimentaires ne forment donc I Corps Organise' s. i6j rien; mais elles aident au Développement de ce qui efl préformé & en augmentent la maf- fe. Le Développement & rintufrufception fui^ vent ainfi la Loi de la conftitution primordiale des Parties. Cette conltitution dérive en der- nier reflbrt de la nature , de l'arrangement, & en général de toutes les déterminations des Eléments propres à chaque efpèce d'Organes ; & ce que je dis des Organes, je puis le dire des Fibres dont ils font compofés. Ce font donc les Eléments des Parties du Germe qui déterminent , dès le commencement , l'union & l'arrangement des nouveaux Eléments que la Nutrition leur affocie. Ce font encore ces Eléments qui déterminent le degré d'AccroilTe- ment , de confiftence ou d'end urcilTement que chaque Partie peut acquérir. (Chap. II. & VI.) Au delà de ces Principes généraux je ne vois que ténèbres plus ou moins épailTes. Au refte , en développant ailleurs cette ef- pèce de Théorie , j'effayerai de montrer , com- ment un Tout organifé , parvenu à fon parfait AccroifTement , elî un compofé de fes Parties originelles ou élémentaires , & des Matières que la Nutrition leur a alfoçiées : en forte que fi Ton pouvoit extraire ces Matières du Tout , on le concentreroit , pour ainfi dire , en un point , & on le ramèneroit ainfi à fon état primitif de Germe. C'eftde la même manière, à peu près, qu'en extraifant d'un Os la fubftance crétacée , qui eft le principe de fa dureté , on le ramène à fon état primitif de Cartilage ou de Membrane, h 4 i68 Considérations Sur Les CHAPITRE XL ^le les Ohfervaùom fur la Formation du Poulet achèvent de détruire le S^yf- terne des Molécules organiques. laits qui concernent les Graines Êf les Boutons , dmfi que les Greffes Êf les Boutures fo'it végétales , foït anima- les, Éf la Multiplication par Rejet- tons , Êf celle par Divifion natu- relle. 171. Qiie tous les Faits expofés dans les Cha- pitres précédens , établijjent rEvolution com- me une Loi de la Nature, Je viens de mettre fous les yeux de mes Lec- teurs bien des Faits intéreflants, qui femblent fe réunir pour fliire de r Evolution une Loi gé- nérale du Syllème organique. Cette Loi fup- pofe manifeftement la préexiftence des Germes ; rien ne peut fe développer qui n'ait été préfor- mé. L'Animal végète comme la Plante. Mais l'Evolution n'exclut point par elle-même VEpi- pïgénéfe, L Animal formé ^^x juxta'pofition du concours des deux femences , fubiroit en- fuite la Loi du Développement. Il falloit donc démontrer que l'Animal exiile dans l'Oeuf in- dépendamment du concours des Sexes; & c'effc ce que les Obfervations de Mr. de Haller ont Corps Organise' s, i6g mis dans une pleine évidence. 172. Qj/îl n'eft donc point de véritable Gêné- ration dans la Nature, Je fuis donc ramené plus fortement que ja- mais au grand Principe dont je fuis parti en commençant cet Ouvrage; c'efl: qu'il n'eft point dans la Nature de véritable Génération ; mais , nous nommons improprement Génération le commencement d'un Développement qui nous rend vifible ce que nous ne pouvions aupara- vant apercevoir. Les Reins nous paroilTent en- gendrés au moment qu'ils tombent fous nos fens ; ils féparoient pourtant l'Urine lorfque nous ne nous doutions pas le moins du monde de leur exidence. (VI. Fait.) Ce qui efl vrai d'un Organe, l'efl: de l'Animal qui réfulte de l'alTemblage de tous les Orgnnes. Ne jugeons donc pas du tems 011 les Etres organifés ont commencé à exifter , par celui où ils ont com- mencé à nous devenir vifibles, & ne renfer- mons pas la Nature dans les limites étroites de nos Sens & de nos Inftruments. 173. Oppofîîion des Découvertes fîir le Pou- let avec les Syjlèmes qui les avoient pré' cédés. Les Phyficiens qui ont crû qu'il n'y a point de Germe dans les Oeufs inféconds , ont pris une idée favorite pour la règle des chofes. Jls L5 170 Considérations Sur Les voyoient des Animalcules dans la Semence des Mâles, & ils en concluoient que ces Animalcu- les étoient dellinés à s'introduire dans les Oeufs , & à y devenir le principe de la Génération. Ceux qui ont rejette les Oeufs & retenu les Animalcules , ont voulu qu'il y eut dans la Ma- trice un lieu alTigné où ils fe fixoient & fe dé- veloppoient. L'Examen d'un Oeuf de Poule a fuffi pour renverfer ces hypothèfes fameufes , Ibutenuës a- veç tant de chaleur par d'habiles Gens. 174. Réflexions fur les Anciens à roccaflon de leur opinion fur le mélange des deux Se' menées. De quelques opinions modernes peu phihfophiques fur l'origine des Etres or- gamfés. Les Anciens penfoient que le Fœtus réfultoit du mélange des deux Semences , & cette idée vient fi naturellement à l'efprit, que ce n'é- toit pas la peine de leur en faire un mérite. L'Auteur de la Venus Phyfîque , qui s'eft plu à réchauffer cette opinion , loue pourtant à ce fujet les Anciens. „ Lors, dit -il, (tf) que 55 nous croyons que les Anciens ne font demeu- 5, rés dans telle ou telle opinion , que parce „ qu'ils n'avoient pas été auffi loin que nous , „ nous devrions peut-être plutôt penfer que „ c'efl parce qu'ils avoieat été plus loin; & (•) Chap. XVI. page 97, Corps Organise' s. 171 ,, que des expériences que nous n'avons pas 5, encore flûtes, leur avoient £iic fenrir l'inliif- „ fitànce des Syftèmes dont nous nous con- 5, tentons." J'admettrai fi l'on veut que les Anciens ont vu tout ce qu'ils pouvoient voir: la Nature leur avoit fait d'aufli bons yeux qu'à nous , mais el- le ne les avoit pas armés d'un Verre. Ils aper- çevoient le Point fautillant , & ils ne pou- voient en démêler les Phafis. Ils ont voulu faire à force de Génie ce que les Modernes ont exécuté à force de méthode & d'inllruments. Les Anciens ont éré loin ; ils auroient été plus loin encore fi , lans avoir nos inftruments , ils avoient eu feulement nos méthodes , & ce font ces méthodes qui dillinguent le plus nôtre Siè- cle. Les erreurs de l'Antiquité n'ont pas de- quoi nous furprendre ; elles étoient l'appanage de la prirao-géniture. Mais , ce qui doit nous étonner , c'efl de voir des Phyficiens qui , dans un Siècle auHi éclairé que le nôtre , fe reffaifif- fent de ces erreurs , & déployent toute la force de leur génie pour nous perfuader qu'un Ani- mal fe forme comme un Criftal , & qu'un amas de Farine fe convertit en Anguilles, On a rap- pelle les Qualités occultes que la bonne Philofo- phie avoit bannies de la Phyfique. On a eu recours à des Infîincts , à des Forces de rapports , à des Affinités chimiques , ( ^0 à des MolécU' les organiques qui ne font ni Végétal ni Ani- («) Vtms Pbyftque; Chap. XVII. XVIU. XJX. 172 Considérations Sur Les mal , & qui forment par leur réunion le Végé- tal & l'Animal. Qa^ 175. Remarques fur l'expo fit ion que V Auteur a donnée du Syfîème de Mr. de Buffon, & fur un pajjage de la Vénus Phyfique. Bien des Leéleurs me reprocheront fans dou- te de m'être trop étendu fur le Syftème de Mr. DE BuFFON. Ils prétendront que des Songes qui ne font pas même philofophiques ne méri- toient pas qu'on s'y arrêtât. Je ne chercherai point à me juftilîer de ce reproche; mais j'a- vouerai que j'ai cru devoir quelque chofe à la célébrité du Songeur , & i\ la fmgularité de fes Songes. Je les ai donc expofés avec toute la clarté dont ils étoient fufceptibles , & je n'en ai pas fiit un examen en forme. Je me fuis borné à indiquer quelques Faits qui m'ont paru évidemment contraires à l'hypothèfe de l'illuf- tre Auteur. Tel eft celui que nous offre le Mu- let chez les Abeilles. Si le Fœtus réfulte du concours des Molécules organiques que renfer- ment les deux Semences ; fi ces Molécules font moulées dans les différentes Parties qui compo- fent le Corps du Maie & celui de la Femelle ; fi enfin elles acquièrent par là la capacité de re- préfenter en petit le Fœtus , pourquoi l'Abeille ouvrière a -t- elle des Organes qu'on ne trouve ni à la Reine Abeille ^ ni aux Bourdons'^ Pour- quoi encore la Reine Abeille & les Bourdons (fl) Hijloîre Naturelle générale ^ particulière &c. Ton. II. Corps Organise' s. 173 ont -ils des Organes qu'on ne trouve point à l'Abeille ouvrière ? L'Auteur de la Fenus Phy- fiqm fait une réilexion judicieufe , qui reçoit ici une application très naturelle. „ Je deman- „ de pardon, dit -il, (r/) aux Phyficiensmo- „ dernes, fi je ne puis admettre les Syftèmes „ qu'ils ont fi ingénieufement imaginés. Car je 5, ne fuis pas de ceux qui croyent qu'on avan- 5, ce la Phyfique en s'attachant à un Syftème 55 malgré quelque Phénomène qui lui efb évi- „ demment incompatible ; & qui , ayant re- „ marqué quelqu'endroit d'où fuit néceiîaire- ,, ment la ruine de l'Edifice , achèvent cepen- ,, dant de le bâtir , & l'habitent avec autant de „ fécuriré, que s'il étoit le plus folide." Je de- mande pardon à mon tour aux Partifants des Inftin&s & des Molécules organiques , fi je ne puis admettre leur Syftème , & fi je n'ofe me loger dans un Edifice ruineux , qu'ils habitent cependant avec autant de fécuriîé que s'il étoit le plus folide, 176. Qiie les Obfervaîions de Mr, de Reau- MUR /ur les Globules mouvans prouvent leur véritable origine & la faujjeté des 0- pinions contraires. Ces Globules mouvants (Z') qu'on décou- vre dans les Infufions végétales , ou anima- les , & en particulier dans la Semence de diver- f a) Chap. XVI. page 96 & 97. (t) Voyez le Chap. VII. 174 CoNsiDE RATIONS Sur Les fes efpèces d'Animaux ; ces Globules que ATr. DE BuFFON aime à nous repréfenter comme de nouveaux ordres d'Etres organifés , qui n'ap- partiennent proprement ni à la clalie des Végé- taux , ni à celle des Animaux , & qui forment pourtant les Végétaux & les Animaux : ces Globules, dis -je, dont j'ai recherché la nature dans le Chapitre VliJ. un grand Obfervateur les a étudiés depuis avec toute l'attention qu'ils exigeoient. Il a reconnu ce qui en avoit imT pofé à M. M. Needham & de Buffon. Il s'eft alTuré que ce font de véritables Animaux , qui ont des Ordres de Génération femhlahles qui fe fuccedenî ; qu'il e(l très faux que ces Généra" tiens fuient d'Animaux de plus en plus petits , conwie ront avancé les Auteurs du nouveau Sp- terne ; que tout va ici à V ordinaire , que les Fe- tits deviennent grands à leur tour. C'efl ce qu'on a pu voir dans la Note que j'ai mife à la fin de l'Article 135. L'Autorité de Mr. de R E A u M u R efb ici d'un trop grand poids pour qu'on puiiTe l'infinner. Les petits Animaux étoient fon domaine , & perfonne n'a polTédé à un plus haut degré que cet illuflre Académi- cien l'art de fe conduire dans la recherche des vérités phyfiques. A' l'égard de la manière dont ces Animalcu- les font produits dans les Infufions , un Philo- fophe pourroit-il fe réfoudre à admettre qu'ils proviennent de la transfoniiation de la matière même de flnfufion en Animalcules? Une tel- le Phyfique choqueroit également le raifonne- Corps Organise' s. 175 ment & Texpérience. Ce feroit renouveller les Générations équivoques ^ dont la faufleté efl fi bien prouvée. En vérité , il n'y a qu'un amour étrange du paradoxe, qui puifTe porter à débiter lérieulement de telles fables , & j'ai regret que la Poftérité ait à les reprocher à nôtre Siècle. N'ell: il pas plus raifonnable de penfer que les Oeufs de ces Animalcules , ou les Animalcu- les eux-mêmes, exiilioient dans la matière de rinfufion; ou qu'ils ont pafle de l'Air dans cet- te matière ? Tout ce que nous connoifTons de plus certain fur la Génération des Infeétes nous foliicite à embraifer ce fentiment , & pour s'y refufer il ne faudroit pas moins qu'une démon- flration rigoureufe , de la vérité du fentiment contraire. 177. Qjie les découvertes de Mr. de Hal- LER ftir le Poulet détrmfent de fond en comble T édifice éleié par Mr, de Buffon , Cjf comment. Mais quand les Molécules organiques au- roient toute l'exiftence qu'il a plu à Mr. de Buffon , de leur accorder , il n'en feroit pas plus avancé. Les Gbfervations fur le Poulet achèvent de ruiner de fond en comble tout fon édifice. Dès qu'il elt démontré que le Poulet exifte dans l'Oeuf avant la Fécondation , Q\. Fait.) il l'eft qu'il ne tire point fon ori- gine des Molécules organiques que renferme la Semence du Coq. Il ne fauroit non plus la ti- rer des Molécules organiques de la Poule ; car 176 Considérations Sur Les dans le Syftème de nôtre Auteur , comment pourroit - elle lui fournir les Parties propres au Mâle ? Au refte , tout ce que j'ai dit des Molécules organiques ne m'a point été infpiré par le dé- fir de critiquer Mr. de Buffon. Les Criti- ques n'ont jamais été de mon goût. Je refpec- te ce grand Ecrivain ; mais je refpeéle encore plus la vérité. 178. Réfutation du Sentiment de Mr. Need- WSM fur r Origine du Germe dans la Grai- ne 5 & fur la manière dont celle - ci eft fé- condée. Nous devons à la fagacité de Mr. Need- HAM des découvertes intèrelîantes fur la Fécon- dation des Végétaux , & dont cet Obfervateur a tiré une conféquence qui me paroît bazardée. Il convient que je tranfcrive ici fes propres termes (^). „ La Semence ne contient point, 5, avant que d'être fécondée , la Plante en mi- ,5 gnature , comme quelques Auteurs l'ont crû : , mais c'efl la Pouilière de la Fleur qui ren- 5 ferme le premier Germe ou Bouton de la 5 nouvelle Plante ; ce Germe pour fe déve- 55 lopper & pour croître, n'a befoin que du fuc, qu'il trouve tout préparé dans l'Ovaire. Car 5, fi Ton réfléchit fur les conféquences d'une „ ob- (a) Nouvelles Découvertes faites avec le Mîcrojçope^ pag. îp. 90. 35 55 55 55 55 55 55 55 55 5» fc O R P S O R G A N 1 â E'Si 177 5, obfervation qui a déjà été faite par divers Naturaliftes , c'eft qu'avec les meilleurs Mi- crofcopes , on ne découvre rien dans la Graine d'une Plante , jufqu'â ce que les fommets des Etamines fe foient déchargés de leur Pouf- fière ; que jufqu'à ce tems-là cette Graine eft tout à fait vuide , & qu*on n'y voit rien que fa peau , ou fon enveloppe extérieure ; mais que dès qu'elle a été imprégnée de la Pouffière, on y aperçoit un véritable Germe, ou une petite tache verdâtre qui nage dans .3, une Liqueur limpide &c. ". Mr. Needham admet , comme l'on voit , qu'il n'y a point de Germe dans la Graine qui n'a pas été fécondée. L veut que ce foit la PouiTière des Etamines qui l'introduife dans la Graine. Cette hypothèle n'a rien d'abfurde, & elle revient précifément à celle qu'ANDRY & d'autres Auteurs ont adoptée pour expliquer la Génération par les Animalcules. Mais fur quoi repofe l'alFertion de Mr. Nkedham ? unique- ment fur ce quavec les meilleurs Microfiopes y on ne découvre rien dans la Graine cï une Plan- te , jufguà ce que les fommets des Etamines fi /oient déchargés de leur Pou^iere. Qui ne voit que cette manière de raifonner n'eH: pas exafte, & que c'eft argumenter de l'invifibilité à la non- exiftence ? A faide des meilleurs Microfcopes^ découvre-t-on le Germe dans l'Oeuf qui n'a pas été fucondé V Cependant n'avons- nous paà -^es preuves diredes qu'il y exifte ? ( L Fàit.^ M 178 Considérations Sur Les Je Tai déjà remarqué ; la grande analogie qu'on obferve entre les Plantes & les Animaux , & qui fe manifefte chaque jour par de nouveaux traits , ne laiiîe pas lieu de douter qu'il n'en foit ici de la Graine comme de l'Oeuf, & il doit nous être permis de le penfer jufques à ce qu'on nous produire des preuves direcles du contrai- re. La petitefle & la tranfparence des Parties du Germe peuvent les mettre hors de la portée des plus excellents Verres. L'action de la Pouf- fière les développe & diminue leur tranfparen- ce. Elles commencent ainfi à devenir vifibles ; & de-là 5 cette petite tache verMîre qui nage dans une Liqueur limpide , & qu'on n'aperçoit . <^u'après l'impregnatioii. 179. Qjje la Découverte fur r Origine du Poulet conduit par analogie à celle de tous les Etres organifés. Quand on s'eft affuré que le Poulet exifte très en petit dans l'Oeuf avant la Fécondation ; quand on a obfervé la manière dont lès Parties fe développent après la Fécondation , & les dif- férentes phafes fous lefquellcs elles fe montrent fucceifivcment , on peut légitimement en inférer qu'il en eft de même de toutes les Produdtions organiques , qu'elles font toutes renfermées 0- riginairement en petit dans ccitaines enveloppes. C'elt à cet état primitif qu'on a donné le nom de Germe. Ainsi lorfque nous voyons une Branche fe former fur l'Ecorce d'un Arbre, un Polype fui Corps O r g a n t s e's. 17^ la Peaiî d'un autre Polype ; nous pouvons en conclfire que la Eraîiche étoit renfermée en pe- tit fous 1 Ecorce de l'Arbre , le petit Polype fous la Peau du Polype Mère. 180. Origine des Branches dans les Ar- bres, Les Boutons, Une Branche naiflante ell un Arbre en mi- gnature. Ce très petit Arbre eft d'abord logé dans un Bouton. 11 eft recouvert extérieure- ment de plufieurs rangs d'Ecailles pofées en re- couvrement , fous lefquelies on découvre dif- férentes Membranes plus ou moins épailTes. Tou- tes les Parties de l'Arbre font repliées avec beaucoup d'art , & ne paroiiTent que comme des rudiments ou des ébauches. 181. Origine de la Plantule. La Or aine, Comparaifon de la Graine avec POetif. Différence de la Graîne & du Bouton. La Bouture. Il n'y a pas moins d'art dans la manière dont la Plantule eft logée au Cœur de la Graîne î. mais celle • ci a des Parties que n'a pas le Bou- ton. La Graîne eft un Oeuf dans lequel un. Embrion doit prendre fes premiers accroiife* mens. Cet Oeuf eil couvé dans la Terre. L'Embrion qn'il renferme ne peut tirer aucune nourri::U':e de la Plante qui l'a produit , & dont il efl aduellement féparé : mais , la Nature a ;mis en referve dans la Graîne les nourritui^s M 2 i8o Considérations Sur Les dedinées à Tes premiers accroiflemens. Des Vaië- feaiix Ça) analogues aux Vailleaux ombilicaux du Poulet, puifeijtces nourritures & les portent dans l'Embrion. C'eil une efpèce de Lait dont il eil: d'abord abreuvé. Devenu plus fort, il va puifer dans la Terre ml aliment plus gros- fier ou plus fubilantiel. Le Bouton au contrai- re ne contient aucun aliment: la petite Plante qu'il cache peut s'en paiïèr. Elle demeure at- tachée à l'Arbre , & trouve fous TEcorce des nourritures préparées. On peut cependant la fevrer de ces nourritures dès qu'elle a pris un certain accroilfement. On la détache du Su- jet, & c'eft une Bouture , qui mife en terre y pouHe des Racines & devient un Arbre. . 182. Expérience curieufii pour découvrir TU" fage des Lobes dans la Graine, On peut de même fevrer la Plantule du Lait qu'elle puife dans la Graine. On y parvient en coupant adroitement les deux troncs de Vais- feaux qui la tiennent attachée aux Lobes. J'i- maginai cette Expérience délicate pour m'affa- rer de l'ufage des Lobes , & elle m'a réufli bien des fois. Mais , les Plantes que j'avois ainfi privées de leur Lait , font reliées toute leur vie des Plantes en mignature d'une petitelTe fingu- lière , & dont un Botanifte auroit méconnu r Efpèce. Ces mignatures ont pourtant pouf- fé des Feuilles & des Fleurs , & cette curieufe (a) Voyez le Chapitxç préç^deot , page 153. Corps Organise' s. i8i Expérience m'a appris combien les Lobes font utiles aux premiers accroiflemens de TEin- brion Qa^, 183. La Greffe. IcJé^ de la manière dont el- le s'unit avec le Sujet. Expérience con- traire à r opinion qui admet ici une ejpè- ce de Filtre pour fé parer les fucs. Si au-licu de planter en terre la Bouture , on l^infère. d 8 & 9. M 4 i84 Considérations Sur Les ment pour propager l'Efpèce. Telle efl: h Len- tille aquatique qui couvre les Eaux croupillan- tes d'un tapis verd. Une Feuille de cette Plan- te flotte fur l'Eau. Il part de fa lî.irface infé- rieure un Filet terminé par un petit renflement qu'on peut regarder comme la Racine. D'au- tres Feuilles fe développent autour de la pre- mière , & s'en détachent enfl.iite avec leur Fi- lets. (^) 187. Polypes, chargés à la fois de plufieurs Géré rations de Polypes. - Plusieurs Boutons paroifll:nt i\ la fois fur le Polype , & il n'efl; prefque aucun point de fon Corps dont il n'en puiffe fortir. Ce font aur tant de Polypes naiiTimts qui croiflent fur un Tronc commun. Tandis qu'ils fe développent ; ils poufîent eux-mêmes des Boutons, c'efl:-'^- dire de petits Polypes , qui en poufl'ent d'autres à leur tour. Ce font des Branches qui produi- fent d'autres Branches, & celles-ci des Ra- meaux. Plufieurs Générations demeurent ain- fi attachées les unes aux autres, & toutes à la Mère Polype. Cela ne relfemble pas mal à un petit Arbre fort touflu. La nourriture que prend un des Polypes fe communique bientôt à tous les autres. Enfin le petit Arbre fe dé- compofe en fes Branches & en fes Rameaux : les jeunes Polypes fe détachent de leur Mère & vont donner naiifance à de nouvelles fuites {a) Ibii, Edit. in du Microfcope , qu'une multitude innombrable de petits Grains qui fe colorent par la nourri- ture- L'intérieur de mon Ver m'offrit au con- traire le même appareil d'Organes , ou à peu près , qu'on découvre dans celui de la plupart des Infectes. La principale Artère fur - tout , avec fes ramifications latérales, formoit un grand fpeclacle. Je ne pouvois me laffer d'y con- templer la circulation du Sang qui fe faifoit (^a) Traîti d' InfeElologîe ; ou Obfervations fur quelques efpèce^ ie Vers d'Eau douce , qui cqupcs par morceaux^ deviennent aùtan^ d'Jnîmâux complets. Seconde Partie, Introduction. Paris 1745 a Vol. C O R P 5 O R G A N I S £' S. 189 régulièrement de là Queue vers la Tête (/j}. Un Etre en qui l'on découvroit un Cœur, un Eftomach , des Inteftins ; un Etre en qui circu- îoit une Liqueur analogue au Sang , ne pouvoit être pris un inftant pour une Plante ; & fi cet Etre fe mukiplioit de Bouture , il étoit démon- tré que cette propriété étoit commune au Vé- gétal & à l'Animal. J'obfervai donc les Vifcè- res fe prolonger dans chaque Partie du Ver coupé ; je vis de nouveaux Organes fe former peu à peu , une Tête , des Anneaux , une Queue ; & en affés peu de tems j'eus deux Vers très complets CO* Je partageai de ces Vers en vingt-fix Portions qui n'étoient prefque que des Atomes, & ces Atomes devinrent fous mes yeux des Animaux parfaits (^). La circulation du Sang étoit àuiTi régulière dans ces Atomes avant la répro- duftion , qu'elle l'étoit dans le Tout dont ils faifoient auparavant partie ( ^). Je dreflai des Echelles de l'accroifTement gra- duel de différentes Portions de ces Vers , & ces Echelles m'apprirent ce que l'on n'auroit pas foupçonné, que des huitièmes & des dixièmes, faifoient en tems égal autant de progrès que des moitiés & des quarts Qe^, Je vis le même Individu laiiTé dans TEau pu-' (fl) Ibîd. Obf. ï. (è) Ibid. Obf. II. U) Ibîd. Obf. Ilf. :' ; 'pN . ( d ) Ibid Obf. XV. (O ibid. OW; IV. IX. .:...! .i.vv .j : îpo Considérations Sur le^ re., poulTer fucceffivement douze Tctes, après avoir été mutile onze fois dans fiT Paitie anté- rieure (^). ' Je découvris enfuite pluficurs autres Efpè- ces de Vers d'Eau douce , du môme genre que les précédents , & que je multipliai de mê- me par la feélion. Mais , parmi ces Efpèces il y en eue une qui m'offrit une grande fmgula- rité dont j'ai fait mention dans le Chapitre IV. page 34. & fuivantes (Z»), IP3-. Qiie les Fers de Terre multiplient aujfi de Boutures* Les Vers de Terre font des Eléphants com- parés à ceux dont je viens de parler ; & ces E- léphants peuvent être auffi multipliés par Bou- ture , mais beaucoup plus lentement. Je m'en fuis aifuré en failant fur eux les mêmes expé- riences que j'avois faites fur les Vers d'Eau dou- ce (<:). ip4. Qii>e la même propriété a été découver- te -depuis dans d'autres. Efpèces d''/lni^ maux. Je n'ai eu que l'avantagQ d'avoir confirmé le premier une Découverte qui fera à jamais cé- lèbre en Hiitoire Naturelle , & dont on efb re- devable à la grande figacité de Mr. Trembley, Ca) nid. Obf. X. (&) Ibid. Obf. XXI. & fuivantes. ^c) Ibià. Explication det Figures , page 205.^ fffîvantw* Corps Organise'». 191 mon Ami & mon Compatriote ; elJe Fa été de- puis par d'excellents Obfervateurs qui ont é- tendu leurs recherches à des Infeéles de difFérens genres. Les Etoiles & les Orties de Mer qui onc tant de rapport par leur ftru6ture avec les Po-' lypes , n'en ont pas moins par la manière dont elles fe produifent après avoir été partagées. Une Etoile poulie de nouveaux rayons à la place de ceux qui lui ont été enlevés. Cou- pée ou déchirée elle donne autant d'Etoiles qu'on a fait de fragments. L'Ortie , dont la forme ell conique , coupée en difFérens fens , donne de même plufieurs Cônes ou Orties à qui rien ne manque. Une Efpèce àeMillepiés^ malgré le grand nombre de fes Anneaux & de fes Jambes , peut auffi être multipliée de Bou- ture , & cette propriété appartient encore aune Efpèce de Sangfuë (.^}- 195. Qjie cette propriété n'efi pus moins ê- tendue dans le Végétal que dans l'Animal. Preuves : les Boutures de Feuilles ^ &c. Lors qu'on voit un Polype ou un Ver ha- ché en pièces fe réproduire dans des Portions d'une petitelle extrême , on feroit tenté de croire que l'Animal polTède cette propriété dans un degré plus éminent que le Végétal. Mais, une Feuille eft bien à peu près à tout le Corps d'une Plante , ce qu'ell une de ces Portions^ k (a) Voyez la Préface du Sixreme Vplume des Mémaîrss pont firvir à l'HiJîoire des InfeSles. 192 Considérations Sur Le^ tout le Corps de Tlnfecle. Or , une Feuille peut devenir une Plante, elle peut comme une Plante entière , ou comme une Bouture , poulFer des Racines , & végéter ainfi par elle-même. G'cft ee que j'ai eu le plaifir de voir plufieurs fois (d)y & qui lève les doutes railbnnables qu'on pou- voit former fur les curieufes E.xpérîences d'A- GRicOLA Çby On fçait encore que certaines Racines , cou- pées par rouelles très minces , peuvent devenir autant de Plantes parfaites. ipd. Caufe finale de cette Propriété dans les Infectes, Les divers accidents auxquels plufieurs Efpc- ces d'Infecles font naturellement expofées, exi- geoient apparemment qu'elles pufFent reparer les pertes que ces accidents leur occafionnent. J'ai, péché dans les RuiÛeaux de ces Vers que j'ai multipliés de Boutures, dont les uns avoient per- du la Tête , les autres la Queue , d'autres la Tê- te & la Queue à la fois. Parmi ces Vers il y en avoit qui commençoient à fe completter , & qui Ont achevé de fe completter fous mes yeux (j:'). On pêche de même des Etoiles de Mer qui îi'ont qu'un feul Rayon , accompagné d'un , ou de plufieurs Rayons naiiïants (^). 197. (a) Recherches fur Tufage des Feuilles dans les Plantes; Art. LXXVIII. ( 6 ) L' agriculture parfaite &c. Ce) TraHé d' InfeStologie. Ohf. VI. id ) Préf. du 6e. Vol. des Mémoirss pour/etvtr à VBJloîrt ies ^JeSes, Corps Organise'^, ig^ 197. Polypes & A }7 gui lie s qui multîplîefit naturellement ^e Bouture, La nuiltiplLcation par Bouture de quelques Efpècés d'Infecles , ne dépend pas toujours de l'art , ou des circonllanccs extérieures. Il pa-» roit qu'il leur a été accordé de fe multiplier m- turelleraent par cette voye^ Les Polypes àBraâ le partagent quelquesfois d'eux-mêmes. Il fe forme quejque part fur leur Corps un léger é- tranglement. Cet étranglement augmente peu à peu 5 & devient enfin i\ profond , que les deux Parties ne tenant plus Tune à l'autre que par un fil délié , le plus petit mouvement de l'Animal fuffit pour les fcparer. Elles reprennent enfuite ce qui leur manquoic pour être des Polypes par- faits Qa'). Mes obferVations fur une très petite Efpèce d'Anguilles d'Eau douce, conduifent à penfer qu'il lui a été aufli donné de fe multiplier natu* Tellement de Bouture. J'ai montré jufqu'où cet- te étrange multiplication peut aller (Z'). ,198. Millepié qui multiplie aujji de lui-même par Bouture é' comment. Une petite Efpèce de Millepiéa aquatique ,^ remarquable par un Dard charnu dont fa Tête eit armée , fe multiplie auifi de Bouture ; mai» (a") Mémoires fur les Polypes, &c. Méin. 3. ta 8?o. Tom. a« pag. 94. & 95- (b) Traité à'InfsUolagie. OIC XKI. N 194 Considérations Sur Les d'une façon très fmgulière. Il nait une Tête ^ environ aux deux tiers du Corps de l'Infeéte , à compter du bout antérieur. On voit le Dard de cette nouvelle Tête s'élever perpendiculaire- ment fur le Corps du Millepic. La Partie pof- rèrieure, garnie de cette nouvelle Tête, fe fé- pare du refte du Corps ; & c'efl ainfi que d'un leul Millepié il s'en forme deux (a)* Cet In- fecte peut auifi être multiplié par la feftion Qi)^ 199. Multiplication des Polypes à Bouquet par divifîon naturelle. Les Ruiiïeaux font peuplés d'une très petite Efpèce de Polypes , qui s'attache '^ différents Corps & qu'on prendroit pour une moilîflure. Sa forme imite celle d'une Cloche renverfée. L'ouverture de cette Cloche efl la Bouche du petit Animal ; les bords en, /ont les Lèvres. On y découvre un mouvement très rapide , qui fixe agréablement l'attention , & que l'on cora- pareroit volontiers à celui d'un petit Moulin. Ce mouvement excite dans l'Eau un courant qui entraine dans la Bouche les petits Corps dont rlnfecle fe nourrit. La Cloche eft portée par un court Pédicule , qui s'allonge peu à peu ,- & dont l'extrémité fe fixe à quelque appui. La Génération de ces très petits Polypes diffère beau- coup de celle des Polypes à Bras, Lors qu'un de ces Polypes efl fur le point de multiplier, ( a) Mémtîresfur les Polypes. Mém. 3e. in 8vo. Tom. 2. p. 152. Cb) Ibid. Préf. du Sixième Vol. des Mémoires pour fervir è SÎiiJioire des InfeUes. pag. 59. Corps Organise' s. ig$ il peid peu à peu la forme de Cloche : fa Par* tie antcrieure fç ferme & s'arrondit. Les Lè- vres rentrent en dedans , & leur mouvement dis- paroit. L'Animal s'accourcit enfuite de plus en plus ; & enfin il le partage infenfiblement par le milieu fuivant fa longueur. Après cette divi- fion , on voit deux Corps fcparés & arrondis par leur Partie antérieure , & attachés au Pédicule commun pnr un Pédicule propre. Ce font deux nouveaux Polypes , plus petits que celui dont ils ont été formés. Leur Partie antérieure s'é- vafe peu ù peu ; les Lèvres fe montrent davan- tage. On y aperçoit un mouvement d'abord très lent ; & qui s'accélère à mefure que la Clo- che s'ouvre. Vingt - quatre heures après , cha- que Polype fe partage encore fuivant fa lon- gueur, & l'on voit quatre Polypes attachés à la même Tige. Cette divifion fmgulière croît ainfi de jour en jour : elle va de quatre à huit , de huit à feize , de feize à trente-deux &c. Tout cet aiTemblage forme un joli Bouquet , qui a fait don- ner à ces Polypes le nom de Polypes à Bouquet, ils fe détachent enfuite, & Ton ne trouve plus i\ la place du Bouquet , que la Tige accompag- née de fes Branches. Les Polypes qui fe font détachés, vont en nageant fe- fixer fur quelque Corps où ils donnent nailTance à de nouveaux Bouquets (^). (a) Mémoire fur les Polypes à Bouquet, par Mr. Tremblet; tiré des Transactions Fbilofopbiqiics , à Leide chez Elie Luzac !• Fils. 1747. N % ïp5 Considérations Sur Les 200. Miiltipîîcation des Polypes en Enton- noir par dïvi[ion naturelle. D'autres Polypes encore plus petits , dont la forme approche de celle d'un Entonnoir , multiplient de même en fe partageant en deux ; mais tout autrement que les Polypes ^ Bouquet, Les Polypes en Entonnoir fe partagent en biais ou en écharpe. Ainfidcs deux Polypes qui pro- viennent de cotte diviiion , l'un a l'ancienne Tête & une nouvelle Queue , l'autre, une nou- velle Tête & Tancienne Queue. On con^iprcnd que la Tête eft ici l'embouchure de l'Entonnoir, la Queue le fond. Ce que Ton apperçoir d'a- bord dans le Polype qui commence ^ fe parta- ger, ce font les nouvelles Lèvres du Polype in- férieur, ou de celui qui a l'ancienne Queue, Elles ont un mouvement ailes lent qui aide à les faire reconnoître. Elles ne fmit pus difpoféeg en ligne droite fur la longeur du Polype ; mais en biais. La portion du Corps q^ui eft bordée par ces Lèvres, fe ramade peu 11 peu;, les Lè- vres fe rapprochent infenfiblemcnt , , décliirer la Peau du Polype qui le renferme ; & \ s'en féparer en tout , ou en partie, Cette Greffe réuffit pourtant quelque- fois: le Polype intérieur refte dans le Polype extéiieur. Les deux Têtes fe greffent l'une ii l'autre, & n'en compolent plus qu'une feule, & ce Polype d'abord double , & enfuite uni- que, mange, croît, & multiplie C^)* Les Orîks de Mer peuvent auffi erre gref- fées. On peut réunir les moitiés de différentes Orties : mais pour les affujettir , on ell obligé d'avoir recours à la future (^/;). (a) Mémoires fut ki Polypes à Bras; Mém. 4. in 8vo. Tom. 2. pag. 282. {b) Ibid. Expérience faite par Mr. de Villabs , & rap- portée Gans une Lettre deMr. deReaumur, à Mr. Trembley. M^iii. fur les Polyp. Tom. 2, pag. 294. & 255. in 8vo. N s 202 Considérations Svk Les 203. j4utre Exejr^k de Greffes animales : la Greffe de l'Ergot du Coq fnr la Crête. Nous avons un autre exemple de Greffe a- nlmale dont je dirai un mot. Après avoir cou- pé la Crête à un jeune Coq, on lui fubltituë un de fes Ergots. Il s'y greffe , & devient une Corne de plufieurs pouces de longueur. Cette Corne tombe enfuite naturellement en tout ou en partie , & fe réproduit. Le méchanifme de cette chute & de cette réproduélion elt très fimple. La Corne eft compofée de plufieurs Cor- nets emboités les uns dans les autres , & qui s'endurciflent fuccellivement. Les Cornets ex- térieurs s'endurciflent les premiers ; & l'endur- cifîement commence toujours à la pointe de la Corne. Celle-ci eft déjà offeufe, tandis que la baze eft encore cartilagineufe. Lorfque les Cornets les plus extérieurs ont achevé de s'en- durcir , ils ne peuvent plus céder à l'impulfion de ceux qui font au defTous , & qui tendent aies prqjonger en tout fens. Ils fe détachent & tombent , & une nouvelle Corne prend la pla- ce de l'ancienne Ç^}. 204. Réfutation de r opinion finguliere de Vallisnieri fur la Formation du ïœnia m Solitaire. Avant que l'expérience eut appris qu'un A- niraal pouvoit être greffé comme une Plante, (fl) Mr. Duhamel: Mémoires de l'académie Royali des Sei* tr.cej, années 17/^6, 175 1* Corps Organises. 203 l'on avoit imaginé que le Tœnia étoit formé, d'une fuite de Vers qui fe greffoient en quel- que forte les uns aux autres. Vallisnieri cec excellent Obfervateur, qui a tant enrichi ri-Iif- toire Naturelle , a accrédité le premier cette é- trange opinion , & fon autorité a entraîné des fuiFrages illuftre?. J'ai oie le réfuter dans une Differtation que L'Académie Royale des Sciences a publiée dans le i^K Volume des Sçavanîs Etrangers , & qui devoit compofer la"'3me. Partie de mon lufeclologïe. J'ai fuivi cet: Auteur pas à pas , & j'ai fut voir ce qui lai ^xv avoit impofé. Il y a lieu de s'étonner que cet habile Naturalise fe foit contenté d'arguments auffi foibles que ceux fur lefquels il appuyé fou fentiment. Ils peuvent tous fe réduire à ces trois. 1°. Les Anneaux du Tœnîa après avoir été féparés les uns des autres , lui ont paru c^^pables des mêmes mouvemens que les \"ers fans Jambes ont coutume de fe donner.' 2\ Il croit' avoir découvert à l'extrémité antérieure de ces Anneaux deux efpèces de Crochets, lef- quels vont s'inférer dans deux petites folfes qu'on obferve à fextrèmité pollérieure de l'An- neau qui précède. 3". il n'a pu appercevoir de VaifTeau continu d'un bout à l'autre du Tœ- nia. On peut voir dans ma Difiértation (^) {a) DiJJertation fur le Fer nommé en Latin Tœnia , ^en Frari' çois Solitaire, où après avoir parlé du nouveau Secret pour l'ex- pulfer des Intejiim dans lefquels il eft lo^é y qui a eu d'heureux fuccès , Von donne quelques Obfervations fur cet %fiàe. Queft. IV. Mém. de Math & de Phyf. préfentés à l'Académie Royale des Sciences par divers Sçavants &c. pages 513. & fuivantes Tome 1er, in 4:0. 1750. Ci04 Considérations Sur Les la difcuflion de chacun de ces argaments. Je me contenterai de rappeller ici , i"^. Que les Membres de quantité d'infectes confcrvent a- près avoir été fcpnrés de l'Animal , les mêmes mouvemens qu'ils avoient avant que d'en être réparés. 2'. Que ces prétendus Crochets ne font que des appendices charnus incapables des fondions que l'Auteur leur alîigne. 3°. Que l'on a injecté les VailTeaux du Tœnia , & que l'injeclion a paflé lans interruption d'an Anneau à un autre. Mais , ce qui achève de dilTiper les doutes fur Xuuiîé du Tœnia , c'efl: la décou- verte que j'ai fiiite de fa Tète. L'on lait com- bien l'exirtence de cette Tète a excité de dif- putes parmi les Naturaliites. J'ai prouvé qu'el- le elt garnie de quatre Mamelons ou Sucçoirs, dont j'ai décrit la forme, & qui font placés à l'extrémité de ce iii délié qui corapole la Par- tie antérieure de l'infede (a). Ce Fil eil for- mé d'une fuite de petits Anneaux , qui aug- mentent de grandeur par dégrés , à mefurc qu'il? s'éloignent du bout antérieur. Or , fi le pre- mier Anneau du Tœnia a des Parties qu'on ne trouve point aux autres Anneaux ; fi ces Par- ties font propres par leur flrudure à fliire l'of- fice de Bouche , comment fe refufer à la con- féquence naturelle qui en rèfulte , que le Tœ- nia eft, comme tous les Vers que nous coji- noiffons , un feul & unique Animal ? Le juge- ment de Mr. dk Reaumur eil: d'un fi grand, poids dans cette matière , que je ne puis me (a) Ihîd. Addition, pag. 455, & 455. Corps Organise' s. 205 dirpenfer de le trtinfcrire ici. Je le tire d'une Lettre qu'il me fit l'honneur de m écrire le 17. Août 1747 5 donc voici l'extrait. Lohferva- tkn que vous p^ aviez pas encore faite , lors que vous écriviez fur la 4^. Oiiejîion , <2f que vous avez ajoutée à votre Lettre ^ décide cette Qtief- tion mieux que tous les bons raifonneniens par lefquels vous réfutez le fentiment de ValliSnie- RI. Des que le dernier Anneau a' un des bouts a des Parties qui ne fe trouvent pas aux au- tres Anneaux , & que ces Parties font faites comme celles qui font defîinées à fuccer , // eji bien démontré que cette longue chaîne n\(î pas faite a' une fuite d"* Anneaux femblabks ; &* dès que le dernier de la Chaîne a Jeul les Parties propres à fuccer ^il rietî pas moins dément ré que ce dernier Anneau eft chargé de nourrir tous les autres , & qu'il ejî la Tête, Mais , quand je dis que le Tœnia n'elc point formé d'une luice de Vers , je ne prétends point que fes Anneaux féparés les uns des autres , & rappro- chés fur le champ , ne puilîènt le réunir , com^ me il arrive aux Portions d'un Polype. J'ai montré dans ma Diflèrtation , Queflion V., qu'il ell très probable que le Tœnia repoufle après îivoir été rompu : il pourroit donc relTembler encore au Polype par une autre propriété , par celle de pouvoir être greÇé. Mr. de Reau- MUR paroît porté à îe Ibupçonner : ceft au moins ce qu'il m'eft permis d'inférer d'un autre endroit de fa Lettre. Il me femble , dit -il, qii'on ne peut guères nier que les Fers Qucurbi* 2o6 Considérations Sur Les tains 716 s'attachent quelquefois les uns aux au- tres ; je crois avoir lu fur cela des Obfervatians que je n^oferois croire fauffes ; mais pour hs croire vrayes , je voudrois les tenir de vous. Fous ne vous feriez pas contenté de conftater le fait , vous auriez examiné comment ces Fers s'u- mjfent , & fî c'eft avec une régularité , qui puis- fe donner les apparences d'un Ver compofé de plufîeurs Anneaux , fil «*j a pas des irrégula- rités qui décèlent la jonction faite pour ainfi di- re par art. J'ajouterai cependant , qu'il me paroît très difficile que la Greffe dont il s'agit, puiiTe s'opérer dans un lieu tel que les Intellins, où les mouvements font presque continuels , & les obllacles à la réunion fi multipliés. Mr. Trembley a remarqué que fi les Portions du Po- lype qu'on veut réunir , ne fe touchent pas ex- actement , & ne font pas dans un repos par- fait 5 leur réunion ne fe fait point. 205. Polypes retournés (^ déretournés. Phé- nomenes remarquables qui fuivent les dé- re tournem e ns incomplets. Je fuis las de raconter des prodiges. Les Po- lypes à Bras en ont un autre à nous offrir dont nous n'avions encore aucun exemple ni dans le Règ;ne végétal, ni dans le Règne animal. Ils peuvent être retournés comme un Gand ; & ce qui efl: vrai fans être vraifemblable , les Polypes mfi retournés , mangent , croîlTent & multi- plient comme s'ils n'avoient point été retour- nés. Cette opération qui ne pouvoit être ima- Corps Organise' s, 207 ginée& exécutée que par Mr. Trembley, fait donc de l'extérieur du Polype fon intérieur , & de l'intérieur fon extérieur. Les Parois de l'Es- tomach deviennent ainfi l'Epiderme , & ce qui étoit auparavant TEpiderme devient les Parois d'un nouvel Eftomach. On n'a pas oublié que tout le Corps du Polype n'efl qu'une efpèce de Boyau ou de Sac : l'opération confifte donc à retourner ce Sac , & à le maintenir dans cet é- tat (^). Un Polype qu'on retourne, a fou- vent des Petits nailfants attachés à fes côtés. Après l'opération ces Petits fe trouvent renfer- més dans l'intérieur du Sac. Ceux qui ont dé- jà pris un certain accroîlfement , s'étendent dans l'Eftomach de la Mère, & vont fortir par fa Bouche, pour s'en féparer enfuite (Jj)- Ceux au contraire qui n'ont pris que peu d'accroîfle- ment fe retournent d'eux-mêmes, & fe placent ainfi à l'extérieur de la Mère , fur les côtés de kqaelle ils continuent à pouffer (^r). Un Polype retourné plufieurs fois ne cefTe point de s'acquitter de toutes fes fondions. Il y a plus ; le même Polype peut être fuccelfive- ment coupé , retourné , recoupé , & retourné encore fans que fOeconoraie animale en IbufFre le moins du monde Qd^, Le Polype n'aime pas à demeurer retourné ; il tâche à fe remettre (û) Mém. fur les Polypes y Métà. 4. Edit. in Svo, page 208. & fuivantes Tom. 2. (&) Ibîd. page 253. (c) Ibid. page 226. {d) Ibid. ptige 231. 2o8 Considérations Sur les dans fou premier état; il fe déretourne en tout, ou en partie. On Tempêche d'y parvenir en le transperçant près de la Bouche avec une Soye de Sanglier , & cette efpèce de Bride ne nuit i?i aucune des fondions de l'Animal. Les Polypes qui fe font déretournés en partie ne font pas moins fmguliers que ceux qui de» meurent retournés en entier. Quelquefois les efforts que fait le Polype transpercé pour fe dé- retourner, déchirent un peu fes Lèvres , & cette petite playe donne lieu à la produ6tion de deux Têtes, qui d'abord n'ont point de Col, & qui en acquierrent un dans la fuite ^ ^ ). Mais , ce font les Polypes retournés lailTé* à eux-mêmes , & qui font parvenus à fe dére* tourner en partie , qui offrent le plus de Phé- nomènes intéreÛants. Ils révêtent fucceffive- ment des formes très bizarres ; ils font des pro- ductions de tout genre , & dont je ne fçaurois donner une idée nette ians recourir 'A des Figu^ res. Je me bornerai à quelques traits. Quand un Polype entreprend de fe déretour- ner il renverfe fa Partie antérieure fur la Por- tion de fon Corps qui demeure retournée. Cel- le-là s'appliqvie & fe greffe fur celle-ci. La Peau du Polype eft comme doublée à cet endroit. Les Lèvres répondent ainfi au milieu du Corps, qu'elles embraffent comme une ceinture ganiie de franges: ces franges font les Bras du Poly- pe? (a) Ihii. pas^ 224, 225. Coups Organise' s. hcç pc , dirigés alors vers fon bout poflérieur. Le Polype n'a donc plus que la moitié de fa lon- gueur. On s'attend apparemment qu'il va pous- fer une nouvelle Tête au bout antérieur , à ce bout où la Peau a le double de l'épaifleur qu'el- le a ordinairement, h ce bout, en un mot, qui efl: demeuré ouvert ; car fë bout oppofé efl tou- jours fermé ; il arrive toute autre chofe : ici l'on risque fouvent de fe tromper en voulant deviner la Nature ; les Potypes font d'excellents Maîtres de Logique qu'il fiiut confulter. Ne cherchons donc point à deviner & obfervons. Le bout antérieur fe ferme ; il devient une Queue furnuraéraire , qui s'allonge de jour en jour. Que fera donc ce Polype à deux Queues & fans Tête? Comment fe nourrira - 1 - Il ? Ne nous défions pas des relfources que la Nature ô'efl ménagée dans l'oeconomie merveilleufe de rinfecle. Sur le milieu du Corps, près des an- ciennes Lèvres, il fe forme non une feule Bou- che, mais plufieurs; & ce Polype dont nous demandions, il n'y a qu'un moment, comment ii fe noiirriroit , a maintenant plus d'Organes qu'il n'en faut pour cel^ (^). On fcait que la Bouche des Polypes de ce genre efl garnie d'un iifles grand nombre de Bras , qui ne font que des Fils déliés, capables de mouvemens très variés , & qui s'allongent & fe raccourcilTent au gré de l'Aniriial. C'eft avec ces Fils qu'ils fai- (a) Ibid. page 238. &c. 0 ^10 Considérations SurLes fiflent les Infec^tes ciont ils fç nourriflent. Les nouvelles Bouches qui fe forment près des an- ciennes Lèvres , ont quelquefois un de leurs cô- tés garni des anciens Bras , tandis que de l'au- tre elles en pouffent de nouveaux , d'abord très courts, & qui atteignent peu à peu la longueur des anciens. Si on laiffe tomber fur une de ces Bouches un petit Infeéle vivant, les Bras s'en faififfent auifi-tôt, la Bouche favale , & la nour- riture fe répand dans tout le Corps. Lnmédia- teraent après que le Polype ell parvenu à fe déretourner en partie, il eft étendu en ligne droite. Bientôt il fe coude : la Portion dére- tournée commence à faire un angle avec celle qui demeure retournée. Cet angle devient peu à peu aigu. La principale Bouche eO: au fom- met. Les deux Queues du Polype font les Jambes de l'angle. Elles prennent de jour en jour plue d'accroîffement , & de petits Rejet- tons fortent de toutes deux. Dans i;îi Polype qui s'étoit déretourné en partie & coudé en fuite , un Petit parut au bout antérieur de la Portion qui étoit demeurée retournée : il s'y grefFa & ne compofa plus avec elle qu'un feul Polype , d'au- tant plus fmgulier qu'il étoit formé d'un Petit & d'une Portion de fa Mère fur laquelle il étoit en- Ité C^> 206. Prompîîtuâe des Rêproâu&îons dans les Polypes, (fl) Mémoires fur les Folypes à Bras &C. Méïïl. 4. in 8vo. Corps Organise' s. èil Au refle , tout s'opère très ptomptemént dans îôs Polypes. Soit qu'on les coupe transverfale- ment, pu fuivant leur longueur; foit qu'on les ente oii qu'on les retourne, il ne leur faut en é- té qu'un jour ou deux pour qu^ils puilTent s'ac- qiritter de leurs fonélions. Ils multiplient d'au- tant plus qu'ils prennent plus de nourriture , & ils prennent d'autant plus de nourriture qu'il fait plus chaud. Les Polypes à Bouquet , & ceux en Entonnoir , fe partagent en moins d'ur- ne heure (t-z). 207. Réflexion fiir ta belle Hiftoire des Poîy" pes de Mr. Trembley ^ & fur un pajjage de r Hiftoire de r Académie de Truffe. L'Esquisse que je viens de crayonner des découvertes de Mr. Treiviblky, répond fi im^ parfaitement au tableau qu'il nous en a lui-mê- me tracé dans fes beaux Mémoires , que je ne puis que renvoyer mon Leéleur à l'Ouvrage même. Je ne fçais ce que je dois y admirer le plus, des merveilles qu'il renferme, ou de la fageife avec laquelle il eft écrit. Je le propo- ferai avec confiance aux Naturalises comme le meilleur modèle qu'ils puilTent fuivre , & com- me une Logique où ils doivent étudier l'art trop peu connu encore de fe conduire dans la re- cherche des védtés de la Nature. Je ne fçaurois finir ce Chapitre , ians releveif (#) VaU* Mena. J, & 4. Mém. fur tes Polypes à BoUfu^é o % 1ÎI2 Considérations Sur Lbs un pafiage de l'Hiftoire de rAcadémie Royale des Sciences dePruiïe ,pcrur l'année 1745. Dans ce paflage le cclèbre Hilloriographe de cette fçavance Compagnie , Mr. Formey , enta-eprend de prouver que la dévouverte des Infeéles qu'on multiplie de Bouture, n'eit pas auiïi nouvelle qu'elle l'a voit paru. ,, Je remarquerai dit il(^)j „ que quelque étonnante que foit la découver- ,, te des Polypes , elle n'efl: pourtant pas aufll 3, nouvelle qu'elle l'a paru. 11 y a là-dellus quel- y, que chofe de bien fingulier & de bien mar- ,, que dans le petit Traité de la Connoijfance 3, des Bétes (Z?) que le Père Par die s publia 3, vers la fin du Siècle paffé. Je vais en trans- crire un paflage auquel je fuis furpris qu'on n'ait pas fait plus d'attention. Confidérons lin de ces petits Animaux à phifteurs pieds , , femhlable à celui dont parle St. Augustin au Livre de îa Quantité de l'Ame. Ce Saint Doreur raconte quun de [es Amis prit un de ces Animaux^ qu'il te mh fur une tahle^ ^5 &q:uil le coupa en deux ^& qu''en même temps 5 ces deu x Parties ainfi coupées fe mirent à mar^ cher & à fuir fort vite , l'une dun cote , ^ , Vautre de l'autre J'ai fait fouvent une femhlable expérience a'cec bien du plaifir ; ^ Ariftote dit que cela arrive à la pltfpart 5, des infectes longs à plufuurs pieds ) ô* mêmt il dit dans un autre endroit , qu'il arrive à ^, peu près à de certains Animaux ce que mui 3> 55 5? 5? (a) H^. de VAcad. de Pruf. 1745. page 84» <é) f âge 48. de TEdition de la Haye, Corps Organise'». «13 3, Voyons dans les Arbres: car comme en prenant 3, un Rejet ton &' le transplantant ^ nous le voy* 3, ons vivre , & de partie d^ Arbre quil et oit „ auparavant , devenir lui-même tm Arbre far- „ ticulkr ;auffî dit ce Philofophe ^ EN coupant „ UN DE CES ANIMAUX, LES PIECES QUI AUPÂ- 5, RAVANTNE FAISOlENT ENSEMBLE QU'UN ANI. 3, MAL, DEVIENNENT ENSUITE AUTANT D'aNL 3, MAUX SEPARE'S. St. AUGUSTIN dît que Cette • „ expérience le ravit en admiration , & qu'il „ demeura quelque temps , fans Javoir que pen- 3, fer de la nature de l'Ame, „ C'eft ainfi qu'on a tous les jours occafion „ de fe convaincre de la maxime du Sage, 5, qu'il n'y a rien de nouveau fous le foleil". Je ferai remarquer à mon tour à Mr. For- MEY5. que la découverte dont il eft queftion, ne confiftoit pas à prouver que des Portions de Vers de terre , de Millepies , &c. confer- voient la vie & le mouvement après avoir été réparées de l'Animal. Les Enfims ont fçu ce- la de tout temps. Mai^ il s'-dgiffoit de démon- trer par des expériences bien £ii£es , que cha- que portion acquèroit ce qui lui manquoit pour être un Infefte parfait , qu'elle pouflbit une Tête , des Bras , une Queue , &c. qu'il s'y dé- veloppoft de nouveaux Viscères, un nouveau Cœur , un nouvel Eftomacb , &c. & voilà ce qu'ARïSTOTE, St. Augustin & le P. Pardies n'ont pas vu , & n*ont pas môme cherché à voir. Jls n'ont parlé que d'un petit Fait . trcQ O q 214 Considérations Sur les remarquable h h vérité , & qui étoit fous les yeux de tout le monde ^ & quand Aristote Gonclud de ee Fait , que certains Infedes mul-? tiplient de Bouture , à la manière des Plantes , fa conclLifion eft bazardée , puis qu'elle ne re^ pofe Hu: aucune preuve : car quelle conféquen- ce tirer de la confervation de la vie & du mou- vement dans les Portions de l'Infede divifé , à •la rcproduclion , d'une Tête, d'un Cerveau, d'un Cœur ? &c. Une Guêpe partagée par le milieu du Corps, continue à marcher, & fori Ventre darde l'Aiguillon comme le feroit la Guêpe elle-même. Seroit on bien fondé à en conclurre que la Guêpe multiplie de Bouture? la conclufion feroit très faufle. La maxime du Sage ne trouve donc pas ici fon aplication. Le Retoiirnemetit & la Grejfh des Polypes n'ont -ils pas été quelque chofe de nouveau fous le foIeW^ Et combien de merveil- les inconnues au Sage & aux Anciens , que nos Inftrumens & nos méthodes nous ont dé- voilées ! En rendant juitice aux Anciens , il faut éviter de faire tort aux Modernes. CoRP^ Organise' S. sij CHAPITRE XI L 2v./V/'A Réflexions fiir la Découverte des Poly- pes , fur /'Echelle des Etres Natu-* rels ^furies Re^es prétendues qi'^ nérales. Expofttion abrégée de divers Faits con^ çernms les Végétaux , Sf à cette occafion d.e /'Analogie des Arbres ^ des Os. EJfaï d'explication de ces Faits. 208 Qjie nous fom^es mieux placés pour ex^ pliquer les merveilles des Polypes , qii*on ne l'ètoit au tems de leur Découverte, Ré* flexions fur les Caufes qui ont retardé cette Découverte, A' préfent que nous fommes un peu reve- nus de l'excès d'admmidon dans lequel les Po- . lypes nous avoient jettes , & que nous fom- mes en état de comparer des Faits de tout gen- re; nous pouvons commencer à raifonner fur la Génération & fur la Réproduction de ces In*' fedes. Tandis que les Naturalises n'ont eu dans la Tête que les Modèles des Animaux les plus connus , ils ne pouvoient foupçonner qu'il eue O4 il6 CONSIDERATIO^îS §UR LëS (été accordé à rAnimal de fe muîtiplier par de$ voyes qui' avoient toujours paru propres' au Végétal. Il étoit cependant des Faits bien con- ftatés qui invitoient à fiûre en ce genre des ex- périences nouvelles. On avoit vu cent & cent fois des Vers de terre , des Miilepiés , &c. dont les Portions réparées continuoient de vi- vre & de fe mouvoir. Il étoit fans doirte très naturel de chercher à découvrir ce que àevc- noient ces Portions , & fi elles réproduifoient i'Efpèce. Mais , quand on connoit la force des préjugés y on n'eft pas étonné que depuis Arisïote jufqu'à Mr. Trembley , perfonne 51 'ait tenté une Expérience fi facile. Les An- ciens & les Modernes connoifloienj: pourtant 4es Animaux , qui s'éloignent bçaucoup des au- ties par Jçur manière de cîqjtre , je veux parler des Iiifedes qui fe métaiHorphoJknt, Il étoit, cefemble, trçs Hmple d'en tirer cette confé- qlience , qu'il ne falloit pas juger de tous les Animaux par ceux qui étoient les plus connus; & cette conféquence devoit conduire à aban- donner ici l'Analogie pour fe livrera rF>xpérien- œ. C'eft néanmoins ce qui n'eil: point arrivé» L'idée d'un Animal qui renaît de Bouture , étoit pour tous les Phyficiens une forte de contra- dicliûn, & Ton ne s'avife pas de combattre une contradiction par des Expériences. Mais , les préjugés & les erreurs mçmcs font quelquefois Utiles. ' Le préjugé fur l'impoffibilité de la mul- tiplication d'un Animal par Bouture , qui ,iem-> Poat n'être propi'ç qvj'à nous éloigner toujours Corps Organise' s. ai 7^ de l'Expérience , ce préjugé , dis- je , efl: précis lémenr ce qui a valu à Mr. Tremble y Hi b3lle Découverte. 11 en étoit imbu comme tous les Naturalises; & ce fut pour s'airurer fi Ton Po- lype étoit une Plante ou un Animal , qu'il s'a- vifa de le partager. ]1 en fait lui-même le mo- defte aveu dans fes Mémoires Qa'), „ L'i- 55 dée , dit-il , dans laquelle on a été , qu'au- 5, cun Animal ne pouvoit être multiplié par 5, Bouture , ne paroit propre qu'à fîiire perdre 5, les occafions de découvrir la propriété qu'on 5, a trouvé aux Polypes lors qu'on les a cou- 5, pés : cependant il eft arrivé par un hazard j, alfez fmgulier, que cette idée a beaucoup „ contribué à cette Découverte ; car je n'ai 5, entrepris l'expérience dont elle a été une fui- 3, te , que parce que j'ai fuppofé qu^ les mor- 3, ccaux d'tm Animal ne pouvoient pas devenir 5, des Animaux complets ". 209. Qjie le Polype met en évidence la Gra- dation qui eft entre toutes les Parties de la Nature. Extrait d'une Lettre de Leibnitz , qui prouve qu'il avoît Joupçonné l'exiftence de cet Infecte, Réflexions fur /'Echelle des Etres Naturels publiée par r Auteur, La Découverte de Mr. Trembley 4 beaii- (a) Mém. pour fervir à rHifioire des Polypes à Bras, page ^•8. Tom. 2, in 8^^. o s Î2i8 Considérations Sur Les coup étendu nos connoiflances fur le Syfîème Organique, Elle a mis pour ainfi dire en évi- dence cette Gradation admirable que quelques Philofopiies avoicnt apperçuë dans les Produc- tions naturelles. L l i b n i t z avoit dit que la Nature ne va point par Jauts ; & il eft très re- marquable que la Métaphyfique de ce grar. ' Homme l'eut conduit à foupçonner l'exillence d'un Etre tel que le Polype, „ Les Hommes , „ écrivoit-il C^'O ^ ^^^ -^"^i Herman, tien- ,5 nent aux Animaux , ceux ci aux Plantes , & ,, celles-ci derechef aux FolTiles , qui fe lieront 3, à leur tour aux Corps , que les Sens & l'I- „ magination nous repréfentent comme parfai- ,, teraent morts & informes. Or puifque la ,5 loi de la continuité exige , que , quand les 5, déterminations ejjentielles d'un Etre fe rap' 33 prochent de celles Sun autre , qu'auffi en con- 3, féquence toutes les propriétés du premier doi- 3, vent s'approcher graduellement de celles du 3, dernier 'y il eft néceifaire, que tous les ordres 5, des Etres naturels ne forment qu'une feule 5, chaîne , dans laquelle les différentes claffes , 5, comme autant d'anneaux , tiennent fi étroi- „ teirtent les unes aux autres, qu'il eft impof- 5, fible aux Sens & à flmaginationde fixer pré- „ cifément le point, où quelqu'une commence ,3 ou finit : toutes les Efpèces , qui bordent , „ ou qui occupent, pour ainfi dire, les Régions 3, d'inflexions & de rebrouffement , devant ê- Ca) Ap^tl au Publie ptr M. I^oenig; Leide, chez Elie Lu» îac, 1752. p«S' 44. & fuivantes. Corps Organis e's. 219 5, tre équivoques & douées de caraélères , qui „ peuvent le rapporter aux Efpèces voifmes é* „ gaiement. Ainfi rexiftence de Zoophytes, 5, par exemple^ j, ou comme Buddeus les nom- 5, me, de Plant- Animaux , n'a rien de mon- 5, ftrueux ; mais il eft même convenable à l'or- „ dre de la Nature , qu'il y en ait. Et telle 5, eft la force du Principe de continuité chez „ moi, que non feulement je ne ferois point 5, étonné d'apprendre , qu'on eut trouvé des „ Etres , qui par rapport à plufieurs proprié- 5, tés , par exemple , celles de fe nourrir , ou j, de fe multiplier , puifientpafler pour des Vé- 55 gétaux à auiTi bon droit que pour des Ani- „ maux, & qui renverlaflent les règles com- j, munes , bâties fur la fuppofîtion d'une fépa- , ration parfaite & abfoluë des diffcirens or- „ dres des Etres fimukanés , qui remplifTent 5, l'Univers ; j'en ferois fi peu étonné dis -je , j, que môme je fuis convaincu qu'il doit y en j, avoir de tels , que l'Hiftoire Naturelle par- „ viendra peut-être à les connoitre un jour, ,5 quand elle aura étudié davantage cette infi- „ nité d'Etres vivants , que leuf petitefTe dé- 5, robe aux obfervations communes , & qui fe ,, trouvent cachés dans les entrailles de laTer- „ re & dans l'abîme des Eaux. Nous n'ob- „ fervons que depuis hier , comment ferons- ,5 nous fondés à nier à la Raifon ce que nous 5, n'avons pas encore eu occafion de voir?" Rarement la Métaphyfique eft auffi heu- reufe à devUier la Nature. L'efpèce de prédic- %iû Considérations Sur Les tien qu'elle avoit infpirée à Leibnitz , s'ed ac-. complie. Le Polype a cté découvert dans les Eaux , & les deux Règnes organiques fe font unis. Frappé de cet enchaînea'ent , je bazar- dai en 1744. de drefTer une Echelle des Etres naturels , qu'on a pu voir à la fin de la Préfa- ce de mon Traité à' itjfé&ologje. Je ne la don- nai alors que pour ce qu'elle étoit en effet , je veux dire pour une foible ébauche , & je n'en penfe pas plus favorablement aujourdhui. Il y a certainement une Gradation dans la Nature \ bien des Faits concourent à l'établir. Mais nous ne faifons qu'entrevoir cette Gradation ; nous n'en connoiffons qu'un petit nombre dq termes. Pour la faifir dan? toute fon étendue, il faudroit avoir épuifé la Nature , & nous n'a- vons fait encore que l'éfleurer , ou comme le dit Leibnitz, nous n'obfervons que depuis hier. Si le Polype nous montre le pafTage du Végétal à l'Animal , d'un autre côté nous ne découvrons pas celui du Minéral au Végéta], Ici la Nature nous femble faire un faut ; la Gradation eft pour nous interrompue , car l'Or- ganifation apparente de quelques Pierres & des Criftalifations , ne répond que tïès imparfiiite- ment à celles des Plantes. SIC. Ohfervations fur le fentitnent de Mr. BouRGUET &' de quelques autres Auteurs touchant la Prétendue Organîfation- des Sels , des Cr'iflaux , des Pierres. Qtie mus igrtorons k pajjage du Foflrle aU Végétal. Corps Organise' s. 22ï Un Sçavant eflimable dont l'imagination s'efl plue à tout organifer , a voulu nous faire en- vifager les Sels & les Criflaux comme des Touts organiques , qui lient le Minéral au Végétal (a). Il avoit fait de curieufes recherches fur leur for- mation 5 qui l'avoient conduit à y reconnoitre une merveilleufe régularité. Il avoit découvert que le Criftal eft formé de la répétition d'u» nombre presqu'infini de triangles qui repré^ fentent pour ainfi dire le Tout très en petit. Mais 5 le Criftal , comme tous les Corps hriits^ fe forme par appoftîion , & un Corps organifé ne fe forme point à proprement parlel* ; iJ eft préformé &' ne fait que fe développer. Les molécules triangulaires qui font les éléments fenfibles du Criftal , s'arrangent & s'uniflent par les feules loix du mouvement & du contact. Les atomes nourriciers s'arrangent & s'uniflent dans le Tout organique conformément aux loix d'une Organifation primirive. Ainfi les atomes nourriciers ne forment point le Tout organique^ mais ils aident à fon développement. Je ren- voyé là-delTus à ce que j'ai expofé dsns lé Chapitre VI. , & en particulier dans le dernie,i' Paragraphe du Chapitre X. Ce feroit donc a- bufer de la fignification du mot à' Organifation que de l'appliquer au Criftal , aux Sels , & aux autrei Corps bruts dans lefquels on découvre C a) Lettres Philofophiques fur ta Fonnatîm des Sels ^ dis Çriflaux , ^ fur la Gér.ération &? le Mecbanijne organique des Fiantes ^ des Animaux &c. par Mr. Bourguet, à Amfterda^Sî chez FuAçols THoBexé 1729. io 8vo. pages 57. & 58. 222 CONSIDERAtlONS SUR LeS une régularité confiante. Comparer un Sel , ou un Criltal à une Plante, c'eft comparer une Pyramide à une Machine Hydraulique. Il y a bien loin encore du Corps brut le plus par- fait à la Plante la moins élevée dans l'Echelle. De nouvelles Obfervatiocrs viendront peiit-étre un jour remplir ce vuide. Si les prétendues Plantes marines, qu'on avoît nomméespierreu/ès , étoient en effet des Plan- tes , la chaîne paroîtroit prefquSiufTi continue du Minéral au Végétal, qu'elle reft du Végé- tal à l'Animal: mais, on a vuci-defTus, art. i88. ce qu'on doit penfer de ces Produétions marines. Cependant quand il y auroit des Plantes vrayement pierreufes 5 fi ces Plantes ne difFéroient des autres que par la nature de leurs fucs 5 cette différence feroic bien légère en com- paraifon de celle que l'Organifation met entre le Végétal & le Minéral. Celui - ci eft - il con- tenu originairement dans un Germe ? Regarde- ra-t- on les petites Pyramides des Sels & des Criftaux comme autant de Germes? Ce feroic s'écarter beaucoup de l'idée qu'on attache au mot de Germe & que j'ai tdché à bien délinir dans cet Ouvrage. On feroic presqu'auili fon- dé à dire , que la Nature pafle du Minéral à l'Animal; parce qu'on a découvert un Coquil- lage dont tout le Corps efl compofé extérieure- ment & intérieurement de petits Criftaux (,r;). (a) Stvammerdam a décrit ce Coquillage fingalîer dans fâ SiagniÊque Bib. de la Nat, Qncba, vivipara, mirabiiU, Corps Organise' s. 223 Rien ne prouve mieux ce que peut la pré- vention en Éiveur d'un fyltème , que la per- fuafion où étoit TouRNEFoaT que les Pierres végétoient. On fçait ce qui en avoit impofé à cet habile Homme , & avant lui à ïheophras- TE , à Peiresc , & depuis à d'autres (a^. Au- jourd'hui les Pierres ne végètent plus , & l'Art les imite: que dis -je! il égale en ce point la Nature. Un Phyficien eft parvenu par une voye très fmiple à faire des Cailloux artificiels femblables en tout aux Cailloux naturels (Z?). Concluons que nous ignorons encore par quels dégrés la Nature s'élève du IVlinéral au Végétal , & quel eft le lien qui unit l'accroiflé- ment par appofition à celui par intujjufception. Le Minéral ne travaille pas les fucs dont il effc formé : le \^égétal s'ainmile ceux dont il efl: nourri. Mais , ne prononçons pas qu'il y a ici un faut , une lacune : la lacune n'eft que dans nos connoilîances adluelles. 211. Obfervations fur r opinion de Mr. de Mauplrtuis touchant la prétendue réalité des interruptions dans l'' Echelle des Etres naturels. Réflexions fur les progrès de VEfprit humain dans les recherches phyfîques. Feu Mr. de Maupertuis a penfé dilFérem- (a") Voyage au Levant. Hijl. de VJcad. 1708. Obf. cwieufts JUr la Pbyj. Tom. i. page 419- & fuivantes 1730. (i; M. Bi^siNj Hiji, de l'Asad. iiZ9' pag. i. & a. 224 Considérations Sur Lès ment. Il a imaginé que rapproche d'une Co- mète avoit détruit une partie des Eljpèces, & que de là refultoient les interruptions que nous remarquons dans l'Echelle Qi) : mais avant que de chercher une caufe à ces interruptions , il falloit s^étre aflur-é de leur réalité. Tandis que le Polype étoit encore ignoré , un chaînon fem- bloit manquer à la chaîne.- Leibnitz ofa pré- dire qu'on découvriroit ce chaînon , & il n'ima- gina point qu'une Comète l'avoic détruit. Que penferoit-on d'un Phyficien qui ne f^iifant que d'entrer dans un riche Cabinet d'Hiftoire Natu« relie fe prelTeroit de prononcer que les fuites n'en font pas complettes? Combien d'Efpèces ou de chaînons dont nous ne foupçonnons point Fexiftence , & que d'heureux hazards , ou de nouvelles recherches pourront nous décou- vrir! Voyez les progrès de la Phyfique & de l'HiftOire Naturelle depuis la renailiance des Lettres : combien de vérités inconnues aux An- ciens 5 & de conféquences fures à déduire dé ces vérités ! On ne fçauroit dire quelles font les bornes de l'Intelligence humaine en matière d'Expérience & d'Obfervation ; parce qu'on ne fçauroit dire ce que TEfprit d'Invention peut ou ne peut pas. L'Antiquité pouvoit - elle de- viner l'Anneau de Saturne , les merveilles de l'EleiSlricité , celles de la Lumière , les Animal- cules des Infufions , &c. ? L'invention de quel- ques (a) EJfai de Osmelogk; Leide, chez Elîe Lvzac, 1751. pajV Corps Organise' â. ^225 ques Ihflruments nous a valu toutes ces véri- tés : & ne pourra - 1 - on pas un jour les perfec- tionner ces inllruments , & en inventer de nou- veaux , qui porteront nos connoiflances fort au- delà du terme où nous les voyons aujourdhui ? L'Hiftoire Naturelle eft encore dans Tenfance : quand elle aura atteint l'âge de perfeétion, je veux dire , quand on aura la nomenclature ex- aéle de toutes les Efpèces que nôtre Globe renferme , alors , & feulement alors , on pourra, dire fi l'iichelle des Etres naturels eft réellement interrompue. En attendant, au~lieu de fuppo- fer qu'une Comète a frappé la chaîne de nôtre Monde, l'on préférera fans douce de penfer que fi elle a frappé quelque chofe , c'efl- au pms le Cerveau trop mobile de l'Auteur. Ce Glo- be où il ne voit qu'un amas de ruines , ell pout les vrais Architeétes un Edifice très régulier & d,ont toutes les Parties font étroitement liées par des rapports qu'on aperçoit , dès qu'on n'a aucun intérêt à ne les pas voir. La plupart des Etres ne paroiffent à Mr. de Maufertuis qu& comme des Monftres Qa^: il ne trouve qu'êbs» curité dans nos connojjj'ances : la Te? re lui pa* roit un Edifice frappé de la foudre. Je ne fuis point fupris qu'un Homme qui voyoit tant de monftruofités dans les détails , ait combattu les Fiîîs ^ & leur ait fubflitué la Loi de la Minîmi- i^ C^5* J^ ^^^^ ^^^^ éloigné de chercher à iu- (à^ Ibid. page 57. (t) Ibid. Avant' Propos f page 12, 13, & fuivantes. P i2& CONÎIDERATIOÎ^S SUR Les firmer la preuve que cette Loi fi chère à l'Au- teur, lui fournit en faveur de l'Exiftence de Dieu ; mais je crois que le Sens commun a- vouera toujours que rOeil a été fait pour voir , & je ne penfe pas que cette preuve le cède en évidence à celle qu'on peut tirer de la confidé- ration d'une Loi de la Nature. 212. Lumières que les Polypes peuvent ré- pandre fur divers points de Phyfîologie. Non feulement la Dévouverte des Polypes conduit à admettre une Gradation dans les Pro- ductions naturelles ; elle peut encore contribuer à l'éclaircifrement de plufieurs points intéres- fants de Phyfiologie. De grands Anatomiftes qui ont médité les Polypes , un Alîîinus , un Haller favent tout ce que peut fournir cette Branche féconde de l'Anatomie comparée, 11 fe pafle mille chofes dans le Corps humain fur lefquelles la réproduction des Polypes répand du jour. Les Fibres élémentaires femblables en quelque forte à ces Infeéles, fe réproduifent auOTi dans les Playes de tout genre , & leur ré- production devient plus facile à faifir , lors qu'on la compare à celle des Polypes , & des autres Infectes qui peuvent être greffés , & mul- tipliés de Bouture. Les Expériences qu'on ten- te fur ces Animaux, peuvent encore fervir à é- claircir les grandes queftions que nous offrent la Serifibilité & r Irritabilité (^). Enfin, je (a) Voyez l'Ouvrage de Mr. de Haller qui a pour tître, Jkïimoires J'ur les Parties ftnfiblts ^ irritables du Ctrft fln/aw»^. Corps Organise' s. ^22 montrerai ailleurs , que la Découverte dont je parle concourt à diminuer les ténèbres qui cou- vrent la première origine des Etres organifés. 213. Que l^s Polypes nous enfeignent à nous défier des Règles générales. Réflexions fur l'ufage ^ fur tabusd& /'Ana- logie. Mais cette Découverte nrous donne fur-tout rimportante leçon de nous défier des Règles générales , & d'ufer fobrement de l'Analogie. La Nature a certainement des Loix confiantes: la confervation du Syftème les fuppofe. ' De puiflants Génies nous ont découvert quelques- unes de ces Loix : & combien en ell - il que nous ignorons encore ! Combien de Forces, de Propriétés , de Modifications de la Matière qui fe dérobent à nos Sens & à nôtre Entende- ment ! On a voulu juger de la totalité des E- très par un petit nombre d'Individus. On a tiré des conclurions générales de cas particu- liers. On s'eft prefle de faire des Règles avant que d'avoir étudié tous les Etres que l'on fup- pofoit gratuitement leur être foumis. C'étoit avoir beaucoup fait que d'avoir démontré la faulTeté des Générations équivoques : mais , on ètoit allé trop loin quand on en avoit inféré que toute Génération exigeoit le concours des Tom. 4. Réponfe à Mr. Whytt. Laufamc , chez d'Arnay 1760. P a ÛS8 Considérations Sur Les Sexes. Le Puceron eft venu démentir cette Rè-* gle prétendue générale. On avoit regardé com- me un caraélère diftindif du Végétal la proprié- té de pouvoir être multiplié de Bouture : le Polype nous a appris que cette propriété eft commune à un grand noitbre d'Efpèces d'in- feftes. On a divifé les Animaux en deux claf- fes générales , en Vivipares & en Ovipares : aujourdhui nous connoiflbns des Animaux qui font Vivipares dans un tems & Ovipares dans un autre. Nous en cormoiflbns encore qui ne font ni Vivipares , ni Ovipares ; mais , qui multiplient en fe divifant & en fe fubdivifant naturellement. Enfin , parce qu'on voyoit le Sni^g circuler dans les grands Animaux , on en a conclu qu'il circuloit dans tous , & on a étendu, cette conclufion jufqu'aux Plantes. Cependant la Moule & le Polype ne nous offrent rien qui ait rapport au Syftème de la circulation , & j'ai montré dans le ^^^. Mémoire de mes Re- cherches fur rUfage des Feuilles dans les Plan^ tes , combien il eft probable qu'on a trop don- né à l'Analogie quand on a foutenu la circula- tion de la Sève. Il nous manque une Logique qui feroit infiniment utile , non feulement dans les Sciences phyfiques, mais encore dans les Sciences morales \ je veux parler d'un Traité de l'Ufage & de l*Jbus de r Analogie, J'y join- drois les Principes de V^rt dtohferver , cet Art fi univerfel , & dont je puiferois les préceptes & les exemples dans les grands Maîtres qui noiîs pnc découvert tant de vérités. Je voudrois que Corps Organise' s. 225 cet Ouvrage fut l'Hiftoire de la marche de leur Efpric dans la découverte de ces vérités. Si l'Analogie nous égare quelquefois ; elle peut auflî nous conduire au but. Le fecret de la Méthode analogique confifte principalement à falfembler fur chaque genre le plus de Faits qu'il ell poflible , à les comparer , à les com- biner , & à fe rendre attentif aux conféquen- ces qui en découlent le plus immédiatement. C'efl: de la colleétion de ces conféquences que doit naître l'hypothèfe qui éclairera le côté obf- çur du Phénomène. 214. IntvQdii&ion à rejjaî â^expUcaîîon des Reproductions z'égétales & animales. Je vais eflayer , fuivant ces principes , d'ex- pliquer d'une manière fatisfaifante , ce qui con- cerne les Greffes & les Boutures fbit végétales, foit animales , & en général tous les Faits que j'ai expofés dans le Chapitre précédent. Je m'en fuis déjà occupé dans le Chapitre IV.^; mais , je dois traiter à préfent plus en détail , ce que je n'ai' encore confidèré que d'alfés loin, & approfondir autant que j'en fuis capable un fujet fi digne des recherches du Phyficien. Je commencerai par les Végétaux , parce qu'ils font plus généralement connus , & plus faciles à ob- îerver. J'expoferai quelques nouveaux Faits, & je développerai un peu ceux que je n'ai flùc qu'indiquer. B 3 ©30 CoNSiD ERATioNs Sur Les 215. DesVhye^ des Arbres & de ce qui fi pajfe dam leur confoUdation. Si l'on fait une Playe à un Arbre en enle- vant un fragment d'Ecorce., & qu^on mette ainfi le bois à découvert , il fortira des couches les plus intérieures de l'Ecorce , où fi l'on veut d'entre l'Ecorce & le Bois , un Bourlet verdà- tre. Ce Bourlet fe montrera d'abord à la par- tie fupérieure de la Playe ; puis fur les côtés , & enfin à la partie inférieure où il demeurera toujours plus petit qu'à la partie fupérieure. Ce fera une nouvelle Ecorce qui s'étendra infenfi- blemcnt fur le Bois , qui le recouvrira peu à peu ; mais fans s'unir jamais avec lui. Celui- ci fervira feulement d'appui à la nouvelle E- corce ; & fi cet appui venoit à lui manquer, la Playe ne fe cicatriferoit point. Voilà ce qui fe pafïe dans les Playes qu'on lailfe à découvert : le Bois n'y fait aucune produélion parce qu'il fe defîeche. Si l'on prévient ce defîechement en renfermant la Playe dans un tuyau de Cris- tal qui mette le Bois à l'abri du contaél de l'Air, il concourra à former la cicatrice. On verra a- lors fortir du haut de la Playe un Bourlet gal- leux 5 qui fe montrera enfuite fur les côtés & à la partie inférieure. Peu après on obfervera c'a & la fur la furface du Bois de petits Mam- melons gélatineux & ifolcs , qui paroitront naî- tre des interftices des Fibres de XAidner qui é- toient demeurées attachées au Bois. On re- marquera encore en divers, endroits de \:^ fur- Corps Organise' s. 23 1 face du Bois de petites taches rouiïes , qu'on reconnoitra bientôt pour des Membranes ou des couches naiilantes. On les verra s'épaiiîir par dégrés. Des productions grenues , blanchâtres, demi-tranfparentes , gétatineufes paroitront fou- lever les Feuillets membraneux. Cette matière gélatineufe deviendra grifâtre , puis verte ; & toutes ces produdions en fe prolongeant de haut en, bas recouvriront la Playe , & forme- ront la cicatrice. Cette cicatrice ne fera pas lis- fe; mais comme elle réfultera de la réunion de pîufieurs Parties qui étoient d'abord ifolées, on y découvrira bien des inégalités. Si au-lieu d'enlever Amplement un fragment d'Ecorce; l'on fait au Tronc une incifion annulaire qui pé- nètre jufqu'au Bois , la Playe fe cicatrifera un peu différemment. Il naîtra comme à l'ordi- naire un Bourlet cortical , qui tendra à recou- vrir le Bois , mais ce Bourlet ne fortira que de la partie fupérieure de la Playe ( <^ ). 2id. Loîx delà confulidation des Places vé- gétales. Refait at s généraux, La réunion des Playes des Arbres fuit donc des Loix confiantes. C'efl: toujours le bord fupérieur de la Playe qui fournit le plus à la réparation ; & dans certaines circonflances il l'o- (a) Pbyfique des arbres par Mr. Duhamel, Liv. IV. Chapi ni. Art. lil. & V. P4 't32 Considérations Sur Les père feul. Les Fibres qui en fe développant recouvrent peu à peu le Bois , tendent à fe prolonger de haut en bas. Elles reflemblent d'abord à une fubftance mucilagineufe : elles de- viennent enfuite herbacées , & enfin corticales, ou ligneufes , comme je l'ai dit ailleurs. (Article 169.) On a vu ci-deflus (^) (VL Fait.) qu'au commencement de l'Incubation les Vif- cères du Poulet font prefque fluïdes , & que cette forte de fluïdité qui n'efl: qu'apparente , cache une véritable Organifation. Une Expé- rience démontre qu'il en efl de même de l'état de mucilage que les Fibres des Arbres paroif- fent d'abord révêtir. Si l'on remplit d'Eau le tuyau de Criftal dans lequel on renfenne la Playe , le mucilage ne s'y diffoudra point , & la Elaye fe cicatrifera. Ce mucilage n'efl donc qu'apparent, & il efl elTentiellement organi- féCO- 217. Expérience qui conftate la produ&ion d'un nouveau Bois, " Nous venons de voir que le Bois peut dans certaines circonftances produire une nouvelle E» corce ; l'Ecorce peut auffi dans certaines cir- confiances produire un nouveau Bois. Si l'on applique fur le Bois mis à découvert une Feuil- le de Papier ou d'Etain , & qu'on remette fur te champ en place le morceau d'Ecorce qu'on (0) Article 147, Q) Fbff, des Arbr, U%^ IV. Chap. III Art. II. 5. VIL GoRPS Organise' s. 233 avoit détaché , il fe greffera aux Parties voifi- nes par le prolongement réciproque des Fibres latérales , & au bout de quelques tems l'on trouvera la Feuille de Papier recouverte d'une pouvelle couche ligneufe (^). 218. Que le Bois parfait eft incapable de fai- re de nouvelles froductions. Ordre & progrès de l'endurciffement dans les différentes couches. Mais , quand on dit que le Rois peut faire des produftions, cela ne doit s'entendre que du Bois encore imparfait, ou qui n'a pas ache- vé de s'endurcir. Car comme la Fibre anima" le devenue offeufe ne s'étend plus , de même aulTi la Fibre z'égétak devenue ligneufe n'effc plus fufceptible d'accroiiïemenr. J'ai infiflé là- delTus dans le Chapitre X. J'y ai fait remar- quer qu'un Arbre eft un compofé d'un nom- bre prefque infini de petits cônes infcripts les uns dans les autres. En effet, on voit à l'œi! que le Tronc & les Branches font des cônes très allongés. Les cônes les plus intérieur* s'endurciltent les premiers &c. Ainfi il y a à la baze & au centre d'un Arbre de cent ans un cône ligneux de cent ans ; tandis qu'à l'ex- trémité de la Tige & des Branches il n'y a que des cônes d'un an. Il faut donc fe repréfenter chaque cône ligneux , ou deftiné à devenir li- (a) Ibià. 5 s «34 Considérations Sur Les gneux , comme formé lui-même d'un grand nombre de lames infiniment minces , donc les unes font déjà endurcies, & dont les autres font encore capables de faire des produélions. Quand on dit que TEcorce peut produire du nouveau Bois , cela ne doit non plus s'enten- dre que de la Partie de l'Ecorce qui eft la plus intérieure , ou la plus voifine du Bois. Si l'on enlève une lame d'Ecorce qui n'aît que peu d'épaiffeur , ce qui fe reproduira à la place ne fera que de ÏEcorce, 219. L'Aubier, fa nature & fes fon&ions. L.' Aubier cette fubftance blanche placée en- tre la vraye Ecorce & le vrai Bois , eft un Bois imparfait , ou qui n'a pas encore acquis le dé- gré de confidence propre au Bois parfait. On pourroit comparer l'Aubier au Cartilage qui doit devenir Os : c'eît un état mitoyen par lequel paffe le Bois en fortant de celui d'Ecorce pour arriver à fon état de perfection. La durée de cet état mitoyen eft proportionnelle à la vigueur du fujet ; elle eft d'autant plus courte qu'il eft plus vigoureux. L'épaiifeur & le nombre des couches de l'Aubier obfervent la même pro- portion : elles font d'autant plus épaifies & d'au- tant moins nombreufes que le fujet a plus de vigueur. La plus grande épailTcur des couches de l'Aubier réfulte donc du plus grand accroif- feraent de chaque lame ; la diminution du nombre des couches réfulte de la promptitude Corps Organise' s. £35 avec laquelle les lames fe convertiîTept ea Bois Qa'). Si l'on regarde les couches les plus extérieu- res de l'Aubier comme faiiant partie de l'Ecor- ce , il fera vrai de dire que cette partie de l'E- corce peut devenir du véritable Bois. Mais , c'eft un fait certain que les couches corticales qui ne tiennent point à l'Aubier ne fe conver- tifTent jamais en Bois. Si donc l'on enkve quel- ques-unes de ces couches , la Playe fe cicatrifera par la produélion de nouvelles couches pure- ment corticales Qb^. 220. Différefjces oara&ériftiques entre lajîruc* ture du Bois & celle de l'Ecorce, Qu'il neft point de véritable converfion de VEcorce en Bois, Raifons de cette affer- tion. Solution d'une diffictdtè de Mr, Du- hamel. Ce n'eft pas feulement par fa denfité & par fa dureté que le Bois diffère de l'Ecorce ; il en diffère encore par des caraélères plus effenti- els : il a des Organes qu'on n'a point trouvé jufqu'ici dans fEcorce. On fait que les Tra- chées des Plantes font des tuyaux formés d'u- ne lame élaftique tournée en fpirale à la ma- nière d'un Reffort à Boudin ; la conformité parfaite de ces Trachées avec celles des Infec- tes 5 fuppofe dans les unes & dans les autres les (a) Pbyf. des Arh. Liv. I. Chap. ITI. Art. VI. (è; nu, Li?. IV. Chap. III. g. Vill. %2^ Considérations Sur Les mêmes fonélions. Or, il n'y a que les cou- ches ligneufes , ou appellées à le devenir , qui pollèdent des Trachées. L'Aubier a donc des Trachées , & l'Ecorce proprement dite n'en a point. Enfin , le Bois a des fondions qui lui îbnt propres , & ces fonélions dépendent de Fadion de Vaifleaux dont l'Ecorce elt dépour- vue, j'ai prouvé fort au long dans le dernier Mémoire de mon Livre fur l'Ufage des Feuilles dans les Plantes^ que la Sève ne s'élève que par les Fibres ligneufes. Elles font donc les ca- naux deflinés à porter le fuc nourricier à tou» tes les Parties ; & fi je n'ai j?imais vu ce fuc monter par l'Ecorce , c'eft une preuve qu'elle eft dépourvue de ces canaux. Il y a plus ; quand j'ai dépouillé des Branches de leur Eçor- ce, les Liqueurs colorées n'ont pas laifle de «""y élever avec la même rapidité que dans les Branches garnies de leur Ecorce (^). Ainfi comme le changement de la Chenille en Papil- lon n'efl point une véritable mètamorphofe (/^), le changement de l'Ecorce en Bois n'eft point pon plus une véritable cmverfion. Le Bois eft ellentiellement dans fon origine ce qu'il fera toujours , & il n'eft pas moins bois quand il fe montre à nous fous l'apparence trompeufe d'un mucilage , (jue lors qu'il réfifte au tranchant de la hache ou qu'il porte les plus grands far- deaux. Si (Jonc l'Ecorce paroit dans certaines f«) Recherches fur l'Ufage des Feuilles dans Us Plantes', Art„ XG. et} VoyoB d.dcîTus, p?gè iji,- ija. Corps Organise' g. ^37 circonflances produire du nouveau Bois , ce n'efl: point qu'elle fe convertilTe réellement en Bois ; mais des Fibres originairement ligfieufes cachées fous l'Ecorce, & qui fans ces circonftan- ces ne fe feroient pas dévoloppées , fe dévelop- pent & fourniffent à de nouvelles couches lig- neufes. Ceffc fur ces principes que j'eflayerois de réfoudre la difficulté que Mr. Duhamel fe propofe page 47, de la a'^e. partie de fon excel- lent Livre fur la Phyftque des Arbres, „ Néan- 5, moins , dit - il , fi l'hétérogéneïté des couches „ de'flinées à devenir ligneufes ou corticales, „ étoit prouvée , comment concevoir que lô 5, même Organe, qui efl: TEcore, puifle for- mer dans un même lieu , entre l'Ecorce & le Bois, des productions fi différentes.?* C'eft une difficulté qui mérite l'attention des Phy- ficiens ". 95 5> 221. Analogie entre U formation du Bois (S? celle des Os , dans les Idées de Mr. Du- hamel. On peut comparer le Corps ligneux aux Os. Il eft révêtu de l'Ecorce comme ils le font du Période. Des lames minces femblent fe dé- tacher de l'Ecorce pour fournir à faccroiffement & à la répararion du Corps ligneux. De là , ces couches annuelles & concentriques qu'on remarque fur la coupe horizontale du Tronc. Des lames minces femblent auffi fe détacher du Période pour fournir à l'accroifieraent & à la réparation de l'Os, Cette analogie a fait peu- 23S Considérations Sur Les dant plufieurs années l'objet des profondes re- cherches de Mr. Duhamel , & il l'a fuivie fort loin avec une grande fagacité ( <î ). Mon des- fein n'eit point ici de traiter à fond de l'analo- gie des Arbres & des Os ; je dois renvoyer cet- te difcuflion à mon Parallelle des Fiantes &' des Animaux ; mais , j'indiquerai les Faits qui ont le plus de raport avec mon fujet , & qui peu- vent fervir à l'éclaircir. Kous avons vu que toute l'Ecorce n'efl: pas propre à produire le Bois : tout le Périofte n'eft: pas propre non plus à produire l'Os. Il peut arriver cependant que tout le Périofte s'offifie, comme il arrive qu'une Artère s'oflifie. Ce font les lames les plus intérieures de l'Ecorce qui contiennent les éléments du Bois : ce font auffi les lames les plus intérieures du Période qui contiennent les élémens de l'Os. Comme l'E- corce ne fe convertit pas proprement en Bois , de même encore le Périofte ne fe convertit pas proprement en Os: mais les lames intérieures de cette Membrane ont une Organifation & des qualités d'où réfultent l'Oflification & fes effets divers. L'Ecorce' & le Périofte ne s'en- durcifTent que par dégrés. Le Bois qui a ac- quis toute fa dureté, ne s'étend plus : l'Os par- fait n'eft plus fufceptible d'accroifferaent. Dans les Arbres bleffés ou rompus , les Fibres vraye- ment ligneufes ne concourent pas à la répara- (fl") Mém, de l'Jcad. Roy, des Sci, An. 1739. i74Ij i743, 1746, &c. Corps Organise' s. 139» tion; mais, des Fibres herbacées qui naiflent de l'Ecorce, prennent peu à peu la confiftfence du Bois , & la Playe efl: marquée par un Bour- let que produit le développement de ces Fibres. Dans les Os percés Ou rompus , les Fibres vrayement ofTeufes ne concourent pas à la répa- ration ; mais des Fibres membraneufes qui é- manent du Période, prennent peu à peu la con- fidence de rOs, remplilTent le trou, ou re- couvrent la fracture , qui fe trouve marquée par une grofîeur qu'on nomme le Cûl^ & qui doit fon origine au développement de ces Fibres, 222. Expofîtion abrégée du Sentiment dels/h. DE Haller y^^r la formation des Os ^ en op* pofition avec celui de Mr. Duhamel. Mr. DE Haller, qui a vu de fi près la for- mation du Poulet , a combattu cette analogie dans fes Mémoires fur les Os (^^}. Je vais donner le précis- de fes preuves. Des extrémités d'un Os rompu fuinte un fuc gélatineux, qui s'épailTit par dégrés , & devient une gelée tremblante. Cette gelée ac- quiert peu à peu la confiflence du Cartilage, & enfin celle de fOs. Le Cal s'achève & les deux extrémités fe réuniffent. On voit bien que cette gelée animale efl: organifée dès le com- mencement , comme l'efl: la gelée végétale. (a) Mémoires fur la Formation des Os. A Laufanne chez Marc Michel Bousquet X758' pages 39. & fuivantes, page 143^ fc fuivantes. 04^ Considérations Sur Les Mais ce qu'il n'importe pas moins de remarqnefji c'efl qu'elle fe répand quelquefois fur la furfa- ce extérieure du Périofte , & que celui - ci n'eft point adhérent au Cal. Loin de précéder la formation de l'Os, le Période ne renaît que lors que le Cal eft déjà bien avancé. La ftruclure du Périofte diffère elTentielIe-^ ment de celle de TOs. Ce dernier eft formé de Fibres parallélles S fon axe. Le tilFu du pre- mier eft au contraire cellulaire : fes Fibrilles n'ont aucune direélion conftante , & c'eft à ce défaut de direélion qu'on reconnoit les Oflifica«* tions contre nature. Dans les premiers tems le Périofte eft d^une finefle extrême , & il n'eft point lié â l'Os. Lors qu'il commence à s'y unir, c'eft précifément dans les endroits où l'Oflification ne fe fait point encore. Si les lames minces fe détachoient du Pé- riofte pour fournir à l'accroiflement de l'Os , iî femble que cette Membrane devroit être plus epaiffe dans le Fœtus que dans l'Adulte. Elle devroit encore être toujours fortement unie à l'Os , & fur-tout aux endroits oi^i l'OfTifica- cation commence. Elle eft conftamment blan- che : la Garance ne la colore jamais , & elle colo- re les Os. Les Vaifîeaux du Périofte n'admettent donc pas des Particules colorantes ; il ne nourrit donc pas les Os ; il ne contribue donc pas à leur accroilfementjcar l'expérience démontre que le Car- Corps O r g à n i s e' s.' 241 Cartilage ne devient Os que lorfque fes Vaif- féaux fe font afles élargis pour admettre les Glo- bules rouges du Sang (^). Or les VaiiTeaux du Périolte demeurent toujours très petits & prefque invifibleSi Enfin il eft dés Os que le Période ne revêt: point , & qui croilFent fans fon fecours : tels îbnt en particulier les Noyaux ofîeux & les Dents. 223. Précis de la Réponfe de Mr, Fouge- Roux aux Objediions de Mr, de H al- ler, pour fervir à'édaircîjjhnens aiixA'^ nalogies de Mr. Duhamel. Mr. Fougeroux , de f Académie Royale des Sciences , & Neveu de Mr. Duhamel, vient de répondre à Mr. deHaller. îl règne dé part & d'autre dans cette difpute une modef- tie , une politeffe & une modératioi. qui né peuvent partir que d'un amour fincère pour lé vrai ; & fi toutes les difputes littéraires relie m- bloient à celle - ci , nous n'aurions pas à nous plaiifdre de l'indécence & de l'inutilité de plufi- eurs. En abrégeant les réponfes de Mn Fouge- îioux , je tâcherai à ne les point afFoiblir Q?y, Je (a) Voyez le Chapitre X. page I5 dante. Si cette Sève defcendoit uniquement par fon propre poids, il ne devroit point fe for- mer de Bourlet dans une Branche tenue ren- verfée, & fur laquelle on auroit pratiqué une incifion ou une ligature. Or il arrive précifé- ment le contraire, il fe forme un Bourlet, pla- cé comme à l'ordînaire du côté de l'extrémité de la Branche , & qui ne diffère point du tout de ceux qui naiffent fur les Branches qu'on laif- fe dans leur fituation naturelle. La defcente de la Sève, comme fon afcenfion, efl donc l'effet d'une Force expreffe (/'). 230. Ejfet à 63 deux Bourleîs qui naijjint au - déjjus & au - deffous de la Playe, Tout concourt à établir que la Sève defcen- dante eft deftinée au développement & à la nourriture des Racines , & que fi cette Sève eft interceptée par une incifion ou par une li- gature, elle produit un Bourlet qui peut doa- (0) Voyez les Articles i68. & 169. (ft) P/jy/. des Arh, Liv. IV. Cliap. V. Art. I. pag. 108J de la 2. X'anie. . , 2^6 Considérations Sur Les îier naifîhnce à des Racines. Quand un Arbrô a plufieurs plans de Racines placés les uns au- deffus des autres , les Racines du plan fupérieur font toujours les plus groflesi Et comme les Branches font nourries au contraire par la Sève afcendante , celles du plan inférieur font tou- jours les plus confidérables. Si donc il naifToit un Bourlet au-deifous de Hncifion ou de la ligature ^ ce Bourlet ten droit à produire des Bourgeons , comme le Bourlet fupérieur tend à produire des Racines. Il naît en effet uii Bourlet au - deffous de fincifion ; mais il eft conftamment plus petit que l'autre. Si Ton en- tretient autour de lui une humidité convena- ble , il en forcira bieiuôt de petits Bourgeons 231. Expériences qui prouvent que ces âeu% Bourlets font de même nature^ Arbres plantés les Racines m enhaut & qui reprennent. Ne nous prefTons pas néanmoins d*inférer de ces Expériences , que les deux Bourlets dif-» fèrent elfentiellement. L'Expérience elle-mê- me nous conduit à penfer qu'ils font de même nature. Si l'on étête un Arbre , & qu'on ait foin de le dépouiller de tous fes Rejetions , il fortira d'entre le Bois & l'Ecorce un gros Bour* let 5 qui donnera nailTance à de petits Bour- geoûSrf fa) Uid. pag. 113. iî^. CdRPs Organise' S. i^f. geoiiSi Si l'on coupe de même une des prin- cipales Racines de cet Arbre , & qu'on recou- vre de terre le chicot , il fe formera pareille- ment entre le Bois & l'Ecorce un Bourlet ^ d*où fortiront. de. petites Racines. Mais, fi le ebicot n'eft point recouvert de terre , & qu'il foit à l'air ^ le Bourlet produira des Bourgeons Tous les BoLirlets font donc propres à pro- duire des Bourgeons & des Racines ; des Bour- geons dans l'air , des Racines dans îa terre. Cette circonftance purement extérieure, a ici tant d'influence , qu'elle va jufqu'à fiire déve- lopper des Branches fur les Racines , & des Racines, fur les Branches. Un Saule planté k contre-fens, je veux dire les Branches dans 1^ terre , les Racines dans l'air , ne périt pas ; mais, fi l'on a foin de prévenir le defiechement des Racines par une enveloppe qui n'interdit pas tout accès à l'air, elles produiront des Bour- geons comme les Branches naturelles. Il for- tira en même tems des Branches qu'on aum mifes en terre j une multitude de Racines, dont les principales naîtront des nœuds qui font aux trifurcations des Branches , & du petit Epurlet naturel qui fert de fuport aux Feuilles (l/)'. Puis qu'un Arbre planté à contre - fens con- tinua de vivre & fait de nouvelles produéli* (a) Ibid. pag. 102. Cb] Ibid. pag. 11$. 258^' Considérations Sur Le^ ons, on voit déjà qu'il en doit être de même des "Boutures plantées auiïi à contre - fens. On peut' même les difpofer de manière que les Ra- cines fe développeront au-delîus desBourgeons nailïants. On aura un plan de Racines" placé au-deffus d'un plan de Bourgeons* Mais la Na- ture n'aime pas la contrainte : dans tous ces cas, les productions feront d'abord moins vigoureu-* fes que dans l'ordre naturel Q a ). ^.,.^:^p., Conféquence des Expénences précéâen' :"r. rjey contre les Valvules, que quelques AU' ..^, \teurs o?2t admifes ^ dans les Faîjjeaux, Expérience de F Auteur à ce fzijet, ' L'Analogie avoit porté ^ imaginer des Fal- ijules à^ins les Fibres ligneufes, parce qu'on en découvroit dans les Vai fléaux fanguins : on a- voit même crû entrevoir ces Valvules ; les Ex- périences que je viens d'indiquer ne lailFent pas lieu à les admettre. J'ai Vu une teinture d'encre s'élever afles haut daïis des Boutures que j'y avois plongées h contre-fens. Les traits qui marqu oient le palTage de la' teinture étoient feulement plus fins , ou plus_^ foibîes que dans ïa fituation naturelle ( Z' ). J'ai dit là - deflus , „ que les VaifTeaux féveux de la Tige étant „ de petits cônes fort allongés , dont la baze ^5 ell au Collet , les traits que la matière ce- yy lorante y produit , doivent être plus fins (a) Ibîd. pag. 115. 136. (&) Recherches fur l'Ufagi des FeuîÙss dans les Plantes , p»- ^^e 257, Corps ÔrganIsij's, 259 3, & s'étendre moins , lorsque cette matière 35 pénètre dans la Tige par le fommec des j, cônes , que lors qu'elle y pénètre par leur 5, baze; D^tns le premier cas , les particules 35 colorantes font en bien moindre quantité; 55 & fe divifant de plus en plus à mefure 5, qu'elles s'élèvent, parce qu'elles ont à oc- 5, cuper un plus grand efpace ^ elles devieii- 3, nent toujours moins fenilbles." 233. Pourquoi le Bourlet fupé rieur efl plus gros que C inférieur. Action des Feuilles i^ îablie par l'Auteur. Au rede, fi le Bourlet qui fe forme au-del- fus de l'incifion ou de la ligature, eil conftam- nient plus gros que celui qui fe forme au-def^ fous 5 c'eft fans doute qu'il fe joint à h Sève afcendante une autre Se ve que les Feuilles pon> pent dans l'Air , & qu'elles tranfmettent aux Branches & aux Troncs, d'où elle defcend vers les Racines; J'ai traité avec beaucoup d'éten- duc de yUfage des Feuilles dans les Plantes , & en particulier dans les Arbres. J'ai prouvé par un grand nombre d'Expériences répétées avec foin , que c'eft à la furface inférieure des Feuil- les, que font les principaux Organes qui les met- tent en état de pomper l'humidité répandue dans l'air, & avec elle les particules hétérogènes dont elle eft imprégnée (^). J'ai démontré' Ça) Art. VI, VII, IX, X, XV. K 2 û6o Considérations Sur les de plus 5 que c eft encore à la furface inférieure des Feuilles que font les principaux Organes dé cette tranfpiration donc Mr. H a l e s a fuivi ii loin & avec tant de fagacité les effets divers (a), 234. Qt/e les Bourlets favorîfent rêmpùon des Germes ; maïs qiiils ne lui font pas nécejjhires, preuves tirées de quelques Boutures Jinguliè' res de l'Auteur, Je ne veux pas laiffer penfer que les Tu- meurs ou Bourlets, foit naturels, foit artificiels, foient abfolument nécelfaires à k produélion des Racines : ils la favorifent feulement , & c'eft de-k\ qu elles partent plus volontiers. JVi parlé dans le Chapitre précèdent, Article 195. de Boutures finguiières , de Boutures qui pro- venoient de fnnples Feuilles dctachces de leur Sujet & qui avoient pouffé des Racines. J'ai vu ces Racines fortir immédiatement de la fur- face de l'Ecorce , & s'allonger beaucoup. Quel quefois elles étoient en grand nombre: les unes demeuroient fimples ; les autres pouiToient el- les-mêmes des Radicules. C'étoit du Pédicule qu'elles partoient ; tantôt elles fortoicnt de fon extrémité , tantôt de fes côtés. Dans ce der- nier cas celles des Feuilles du Haricot afFec- toient un arrangement fymétrique très remar- quable. Elles fe diftribuoient fur quatre lignes parallèles & à égale diftance les unes des aii- Corps Organise' s. tôt tïes. J'ai obfervc le même arrangement dans des Radicules qui forcoienc de la Tige. Je voy- oîs çà & h fur l'Ecorce, de petites ouvertu- res oblongues qui annonçoient l'éruption des Radicules. Examinées à la loupe , elles pa- roiflbient toutes Ibrtir d'une pareille ouverture. La Tige ayant été plongée dans une teinture de Garance , les Radicules y cnt pris une forte teinte de rouge, & la Tige^elt demeurée blan- che. Ces Radicules reffembloient en naiflant à de petites Epines ( ^ ). 235. Ds r union de la Greffe avec fin Sujet confttiéréedans les diffé refîtes fir tes de Gref- fes, L'Union des Greffes avec leur Sujef^ s'opè- re comme la réunion de toutes les Playes qui intéreffent fEcorce & le Bois. Dans les Gref- fes en fente , la principale attention confifte à faire coïnfider exaclement V Aubier du Sujet a- vec celui de la Greffe. Bientôt il fort de l'un & de l'autre une fubitance d'abord gélatineufe, puis herbacée , & enfin corticale , ou ligneu- fe , qui opère Vunion & fait de la Greffe une Branche naturelle du Sujet. J'ai dit en plufieurs endroits de cet Ouvrage , que le Bois une fois formé ne s'étend plus : aufli remarque-t-on ,quQ le Bois du Sujet & celui de la Greffe , ne con- tribuent point du tout à leur union. Les nou-? (â) /tîf Art. Cyi. R 3 26i Considérations Sur Les velles couches qui fe développent dans Tun & dans l'autre, s'uniffent en différents points , & l'on voit celles du Sujet s'incliner vers celles de la Greffe. A meiure que l'union fe fortifie par le développement de ces couches & par Ten- durcilî'ement qu'elles contractent peu à peu , il fe forme un Bourlet fur Vinfertion , qui tend à recouvrir la Playe. Ce Bourlet a la rhême o- rigine que celui que nous avons vu fe former au - dcilus des incifions ou des ligatures : il eft produit par la Sève qui defcend de la Greffe dans le Sujet. Et ce qui ne lailfe pas lieu d'en douter , c'eff que fi on le recouvre de terre , il produira des Racines de même nature que cel- les de l'Arbre dont la Greffe aura été tirée , & fi ces Racines viennent à pouffer des Rejetions^ ils porteront tous les caraâères de la Greffe , & non ceux du Sujet. Dans ce cas, la Greffe cef- fera de l'être , & deviendra une Bouture (a)* Je crois avoir démontré ci-deffus^Art. 183., que le Bourlet dont je parle , n'efl: paâ un Filtre ou une Glande végétale , comme font penfé quelques Phyficiens, La Greffe ef2 éct/ffon offre les mêmes parti- cularités effentielles que celle en fente. 11 fort des bords de f écuffon une fubffance femblable ^ celle que j'ai décrite ^ qui forme tout -au -tour des points d'adhérence avec le Sujet , en forte quej'écuiibn paroit coufû à celui-ci. Il fe dé- (a") Phyjîque des Arbres Uv. IV. Ghap. IV. Art. VI. fdç. fanis, page 80. & fm'vantes. Chap. V. Art. I. pag. 40p. Corps O r g a n i s e' s. $6;^ veloppe eniliite fur la furface intérieure de l'é- cuflbn un feuillet ligneux qui acquiert de jour en jour plus d'épaiffeur, & qui s'unit par diffé- rens points au ^ujet, dont les productions coii- courent auffi i\ cette union Qa'), La Greffe en couronne & celle en fiflet ou en flute^ ne font que des niodilications delà Greffe en fente & de celle en écujjon. La Greffe par cir proche tient de Tune & de l'autre , & c'eft par- tout le même principe d'unfon & de régéné- ration. On e.xécute des Greffes qu'on poii^roit nom* mer corticales , parce qu'elles confiftent dans la fimple union de deux morceaux d'Ecorce ; foit qu'on les détache de leurs Sujets ; foit qu'on greffe par aproche en n'entamant que les Ecor- ces. Dans l'un & l'autre cas , l'union s'opérera par le développement de petites Veines herba- cées qui naîtront des deux Ecorces (^^}. Comme le Bois une fois formé ne croît plus, de même auffi fEcorce une fois formée eft in- capable de fhire de nouvelles produ6lions. Les régénérations de toute efpèce ne s'opèrent que dans les couches corticales ou ligneufes qui n'ont pas achevé de fe développer ( ^ ). 23(5. E f ai â^ explication de la régénération dc$ [«) Ihîd, :&) Ibid. (f )md. {«) Ihîd, Chap. IV, Art. Vî. (&) Ibid. page 84. R 4 t64 Considérations Sur Les Phyes végétales. Rejfources ménagées ai loin par la Nature» J'ai iraflemblé afles de Faits , & de Faits cer- tains fur les Végétaux & fur leurs productions (àiverfes: il s'agit maintenant de tirer de la com- paraifon de tous ces Faits , une explication rai- fonnable. On a vu que le Corps d'un Arbre efl: un com- 'pofé d'un nombre indéfini de cônes très allon- gés , inlcripts les uns dans les autres (d). Cet- te compofition s'obferye jufques dans les plus petits Rameaux, Chaque cône n'eft pas fim- ple : il eft lui-même formé de lames très min- ces appliquées les unes fur les autres. Dans leur première origine , tous ces cônes étoient gélatineiix ou prefque fluïdes: j'ai montré com- inent ils s'endurciilent peu à peu , & quelles font les i.oix qui préfident h cet endurcifTe- ment : j'ai indiqué la méchanique qui déter- mine l'accroiflement en grolleur & en hauteur; je fupppfe que mon Lecteur a tqut cela pré- fent à l'efprit. Voyons maintenant ce qui doit fe paiTer dans la régénération d'une Flaye qui pénçtre jiifqu'au Bois. Cette Playe a intérelTé tous les cônes com- pris depuis la Hirface extérieure de l'Ecorce jus- qu'au Eois : tous ont foufïert à cet endroit une foîution de continuité. Les lèvres de la Playe font donc formées d'un alfembjage de feuillets; d'inégale épaiiïeur & dlnégale confiflence. Par- ^s) Voysz Art. i»59« Corps O r g a n i s e' s. 265 mi ces feuillets il en elt qui font encore géla- tineux , ou herbacés ; tandis que d'autres qnc achevé de s'endurcir. ïî elt prouvé que ceux- ci ne peuvent contribuer i\ la réunion de la Playe , parce qu'ils font incapables d'extenfion. Ce "fera donc liir les autres que la Sève travail- lera. Nous avons vu que c'efi: conftarament celle qui defcend des Parties fupérieures de l'Ar- bre peur la nourriture & le développement des Racines , qui contribue le plus à la r»:^génération des Playes. Si cette Sève éprouvoit par - tout la même réfulance , elle travailleroit uniformé- ment fur tous les feuillets qui n'ont pas ache- vé de fe développer ou de s'endurcir ; & tel elt le cas d'un Arbre qui n'a point été blefle. Mais , la réfillance diminue autour des bords d'u- ne Playe : les Parties qui réagilToient ont été fupprimées : la Sève defcendante deyra donc fe porter avec plus de facilité aux extrémités des feuillets placés autour du bord fupérieur de la Playe : elle devra tendre à les prolonger de ha\it en bas & fur les côtés. On verra donc fortir entre l'Ecorce & le Bois, de petits feuil- lets herbacés, que Ton reconnoîtra ficilement à leur couleur verte & h la délicatelfe de leur tiflli. Le reti-anchement des Canaux intercep- tant le cours de la Sève , elle féjqurnera autour des bords de la Playe ; elle y développera un grand nombre de Fibres & de Fibrilles qui fe prolongeront en divers fens, & qui formeront le Bourlet que j'ai décrit, page 230, 231. R 5 • ' zâS Considérations Sur Les Mille accidents divers menaçoient les Etres organifés : I'Auteur de la Nature qui les a- voit prévus , a préparé de loin des fources de réparation. Il a conflruit fon Ouvrage fur des rapports plus ou moins' directs à certains cas poflibles. Il Fa organifé dans le rapport à la Santé & à la Maladie. Un Arbre fain contient originairement une multitude de Fibres qui ne font appellées à fe développer que dans certai- nes circonflances purement accidentelles. Tel- les font la plupart de celles qui fournirent à la réunion des Playes de tout genre. 23.7. Comment toutes les Fibres s'endurcijfent peu à peu , 6? paroijfent revêtir une autre nature. Ces Fibres fe montrent d'abord fous la for- me d'une gelée : mais l'expérience prouve que ce n eft là qu'une fimple apparence qui cache une véritable Organifation Qa^. Dans ce pre- mier état les Canaux font d'une finelfe extrê- me : ils n'admettent que les fucs les plus déliés. Une impulfion fecrette les développe (Z') : leur calibre augmente , & fe proportionne à des Particules hétérogènes & grofTières. Il aug- mente de plus en plus & admet enfin la terre , fource de la plus grande dureté. Ainfi la pré- tendue gelée devient //^r^^ , Ecorce ^ Aubier ^ Bois. (a) Voyez Article r-iô. (b) Voyez Article 167. & 168. Corps Organises. 267 Mais, TAliment que l'Etre organilé s'affimi- le ne change point la ftriiCLure des Organes : le Chêne lo?,é dans l'étroitte capacité d'un Gland eft eirectiellement ce qu'il fera lors qu'il.porte- ra dans les airs la tête niajeftueufe. L'Aliment n'orf^anife rien; mais ce qui étoit auparavant organifé, le reçoit, le prépare, l'arrange, fa l'incorpore C^^- ^^ ^'^'-^^ àouc pas, l'Ecorce Te change en Bois : vous ne feriez pas exaél : vous le ferez û vous dites, des couches lieneu- fes qui n'avoient que la confiftence de l'Ecor- ce, acquièrent celle du Bois Qby 238. Germes répaiirhis dans tout le Corps âe la Plante ^ fotirce féconde de réprodu&ions^, Preuves de cette d'ij]'émination. Il efl: dans les Etres organifés d'autres four- ces de réparation: je veux parler des Germes (defLinés à la produélion des Touts organiques. Plus on approfondit la nature à^rOrganifation^ j& plu^ on fe perfuade que celle de la inoindre Fibre ne peut être le réfultat du fimple épailfis- fement des fucs. A' plus forte raifon un Or- 'gane & un fyftême d'Organes ne peuvent-ils a- voir une pareille origine. Le Poulet met cette vérité dans le jour le plus lumineux : il effc prouvé que toutes fes Parties coéxiftent à la fois , & que leur invifibilité ne tient qu'à leur (a) Voyez Article 170. C^) Voyez Aruc[e 220. i68 Considérations Sur Les tranfparence & à leur petitefle ( ^ ). Une Ra- dicule^ un Bourgtûn nailTants, éxifloient dont: très en petit dans le fujet qui paroit les produi- re. Ils ne proviennent pas du prolongement des Fibres de l'Aubier dans lequel ils ont pris leurs premiers accroiflements. 11 eft aifé de s'afllirer- qu'un Bouton renferme une Branche en migna- ture. Ses Parties ont des formes , des propor- tions , des rapports , un arrangement que n'ont point les Fibres qui compofent les couches de l'Aubier , & qu'elles ne pourroient acquérir par aucune Méchanique à nous connue. Si la Na- ture a concentré pour ainfi dire , dans un point tous les organes du Poulet , pourquoi n'auroit- elle pas de même concentré dans un point tous les Organes d'une Plante"^. Nous fommes fon- dés à l'admettre puisque nous le voyons à l'œil dans la difleélion d'un Bouton ou dans celle d'u- ne Graine. Noiis découvrons les Pépins long- tems avant que le Bouton s'ouvre (^). Je me borne à rappeller ces Faits très connus , & j'évite de recourir aux prodiges que les Microsco- pes de Leeuwenoek ont enfanté en ce genre: il cft trop difficile de percer après lui dans cette, région de l'Infini: on aura plus de confiance aux Obfervations moins merveillcufes des Mal- piGHi , des GuEW , des Duhamel. On obfei-ve un grande conformité entre la production des Racines & celle des Branches. (rt) Voyez les Articles 14^* 3î 4. S» &c. J (b) Voyez Article i6i. Corps Organise' s. 26^ Les Racines doivent leur naiffance k àesMam- melons très analogues aux Boutons d'où fortent les Branches (^). Si les Racines & les Branches étoient rônfef- mées originairement dans des Germes ^ il faut reconnoitre que ces Germes font répandus uni- verfellement dans tout le Corps de l'Arbre. Cet- te conféquence eft très, légitime, puisqu'il ne s'y trouve aucun point dont il ne puiffe Ibrtir , ou dont on ne puiffé faire fortir des Radicules & des Bourgeons, Les Boutures de Feuilles en fourniirent une preuve bien remarquable (^). £39. Comment certaines circonflances fa- vorifent r éruption des Germes» Tous ces Germes ne parviennent pas natu- rellement à fe développer. Il en efl un grand nombre qui ne fe développent qu'à l'aide de circonftances purement accidentelles pour lef- quelles il paroillént avoir été mis en referve. Si les Germes éclofent plus ordinairement dans les Bourlets naturels ou artificiels , c'eft que la Sève y éprouve des retards qui donnent lieu à un travail & à des préparations favora- bles à l'éruption des Germes. Les plis & les replis que les Vaiffeaux fouffrent dans ces Tu- meurs , produifent fur la Sève les mêmes effets eiTentiels qu'y produifent tes contournements (les Vaiffeaux déférents des Fruits, Les iiici- (a^ Voyez Article 126* i\i) Voyez Axùcle 195. 270 Considérations Sur Les fions & les ligatures interceptent le cours de la Séve,& le déco«irnent au profit des Germes &; des VaifTeaux qui leur correfpondené. Les Ca- naux devenus plus ou moins tortueux rallentif- fent plus ou moins le mouvement de la Sève , & l'on a mille preuves que ce rallentilïëment elt très avantageux à la Fru&ificaîion, 240. Comment unt'jîmple Bouture^ une fim- pie Feuille , &c, peuvent faire par elles-mê- mCy de nouvelles produâions. Les Organes efîentiels à la Vie font répan- dus dans tout le Corps de la Plante & julques dans fes moindres Parties. On retrouve dans une fimple Feuille tous les Vaifleaux & tous les Vilcères propres au Végétal , des Fîhres Ug- fieufes 5 des Trachées , des Vafes propres , des Utricules, La Feuille a donc en elle-même tout ce qui e(t néceflaire à la Vie végétale. Elle peut donc continuer à végéter féparée de fon Sujet , pouffer des Racines & devenir une Bou- ture, Ceft ainfi que les Boutures ordinaires , les Greffes , les Ecuffons , peuvent faire par eux- mêmes de nouvelles produélions. Ils font pour- vus d'Organes qui reçoivent , préparent , di-" gèrent , les fucs qu'ils pompent au dehors. ^241. Explication des Greffes. Une Greffe efl une forte de Bouture plan- tée dans un Tronc vivant. Elle n'y poulFe pas de véritables Racines , mais , elle poulfe des Coups Organise' s. 271 VaiiTeaux qui en exercent les fonélions les plus eflentielles. Ils $' anajlomoftnt ou s'unifient à ceux qui partent du %ujet : ils ne s'abouchent pas bout à bout : la dilEeclion des Greffes mon- tre que les uns & les autres changent de di- re6lion ; qu'ils fe replient en divers fens : ils s'unillent donc par différents points Qa), Cette union eft d'autant plus durable, qu'el- le effc plus parfaite ; & elle eft d'autant plus parfaite , qu'il y a plus à'aruîlogie entre le Su- jet & la Greffe. Cette analogie confifte prin- cipalement dans le rapport de l'Organilation & des Liqueurs. La Greffe doit devenir une Branche naturelle du Sujet ; ainfi plus elle au- ra de rapports avec les Branches naturelles , & plus elle aura de difpofition à s'miîr avec lui. Les rapports qui fe rencontrent dans l'Organi- fation & dans les Liqueurs, déterminent le teras où le Sujet & la Greffe entrent en Sève , & la quantité de Liquide que l'un & l'autre doi- vent tiret' pour leur entretien & pour leur ac- croiffement. Je ne citerai ici qu'un exemple. Si l'on greffe V Amandier fur le Prunier^ la Greffe ne fubfiftera que peu d'années. D'a- bord elle groffira beaucoup : il fe formera à fon bout inférieur un Bourlet confidérable. Le Sujet diminuera au contraire de grolfeur , & cette diminution s'accroîtra ^ mefure que la Greffe pouffera davantage. Elle l'affamera en- Ca) Thyf. des Jrhr, Ur. IV, Chtp. IV, Art. VIU. >K part. pag. 95 , 96. 272 Considérations Sur Les fin , & ils périront tous deux. L'Amandier plus vigoureux & plus hàcif que le Prunier , lui de- mande trop & trop tôt* On obfervera le con- traire dans la Greffe du Prunier fur TAmandier, & cette obfervation achève de démontrer l'im- portance de Vanalogîe Ça). Il faut partir de ces principeo pouf juger de ces Greffes extraordinaires ou monlbueufes , fi vantées par des Auteurs peu Phyficiens. Les unes meurent fans avoir fait aucune produc- tion : les autres femblent d'abord réuflir & pé- riffent enfuite^ Une difleclion délicate de cel- les-ci indique qu'elles avoient dû leurs foibles progrès à quelques Fibres qui s'étoient dévelop- pées , & *"" f/ .0» H > '^, "■% u Wv « ^5^*^ ^ 'Av '* ^«K- »•♦ '. i: n ♦ L^