M COSMOS REVUE ENCYCLOPEDIQUE HEBDOMADAIRE DES PROGRES DES SCIENCES. ill /. Ce volume est la propriety exclusive de M. Tramblay. Tons les cxemplaires non reve'tus de sa signature seront reputes cuntrefaits et poursuivis comme tels. -&&0- PARIS. — IMPRIMERIE DE W. REMQUF.T ET C,e RUE GARANC1ERH , 5 COSMOS REVUE ENCYCLOPEDIQUE HEBDOMADAIRE PROGRES DES SCIENCES ET DE LEUHS APPLICATIONS AUX ARTS ETA LINDVSTBIE. Fomleo par If. K. fg. »e If OH FORT Redigee par IB. l'abbe 1IOIGIO TOME QUATRIEME. PARIS A. IHAMBLAY, DIRECTS l^U, RUE DE L'AMIEXM-COMEDIE. TABLE ALPHABETIQUE PAR NOMS D'AUTEURS. =*>&fk8Qtf\w, 3'|5. Armadd. Machine a hatlre con tie l'aluciie; prix, p. 84, 465. Atwood. Purification des alcools, p. 482. Acrert. Caoutchouc filt' ; medaHle, p. 656. Auzoux. Cours d'analomie clastiquc, p. Si. Aymard. Fossiles de la Haulc-Loire, p. 4«5. Babimrt, p. ia5, ag5, 453. — Tables lournantes, p. 17a. — Telegraphs electro-magualique, p. 203. — Attache a l'Observatoire, p. 281. — Nebu- leuse d'Orion, p. 584. — Cartes hornalograpbiques, p. 726. Bacot. Photographic, p. (586. Eaer. Merabre de laSociele royalede Londres, p. 761. Baxxmere, edileur, p. 277. Baik. Telegraphic eleclrique, p. 2o5, 238, 3;6. Balard. Rapport, p. \o\. — Sulfites nouveaux, p. 244. — Azote des plantes. p. 644. Bai.dcs. Photographic, p. 67. — Gravure heliographique , p. 6i5. — Pho- tographic an Champ-de-Mars, p. 7i5. Bahcalari. Magnelisme des flammes, p. 27, 846. Baranowski. Taxe Machine; medaille, p. 655. Barlow (reverend). Institution royale de Londres, p. 55o. Barrai.. Laboratoire d'analyses chimiques agricoles, p. 87. — Etude des eaux de pluie, p. 245. — OEuvres d'Arago, 35S, 379, 391,392*406, 774. — Alcool d'asphodele, p. 43o. — Manuel du drainage, p. 447. — Ammo- niaque de 1'air, p. 5 12. — Altaque contre le Cosmos, 644. — Animaux pho- tographies, p. 715. Barrat. Charrue a vapeur, p. 6o5. Barreswill. Lilbopholographie, p. 87. — Reaclif pour le sucre, p. 107. — Chimie pholographique, p. 264. — Bronie en photographic, p. 3 18. Basset. Salep francais, fecule de glayeul, p. 285. — Distillation des betteraves, p. 342. — Nouveau mordant, p. 372. Fecule de lis blanc, p. 421. Baudement. EnipUii de la betterave comme fourrage, p. 669. Baodbns, p. 668, 737, 773. — Rhiooplastie, p, 322, 62a. — Reduction des hernies, 668. Bauoin (aniiral). Organisation de robservatoiro, p. i53. — Membre du Bu- reau des longitudes, p. 167. Baudrimont, p. 64. Histoiredes Basques, p. 56. Baudry, editeur, p. 358, 774. Bayard. Photographie, p. 37. Bazin (pere). Exploitation du Mesuil-Sainl-Firmiu, p. 422. Bazin (Armand. Charles et Stephane). Maladies des plautes, produiles par des insectes, p. 45o. Bazin (Armand). Note sur la maladie des plantes, p. 475, 596. — Nouvelles varietes de froment, p. 610. Beard. Photographie, p. 67. BEAUTEMrs-BEALTRE. Geographe du Bureau des longitudes p. 157. — Sa nioit, p. 357. — Notice nccrolpgique, p. 432, 56>j. Becquerel (pere), p. 108, t65, 095, 6o3, 620. — Emploi des actions elcc- tiiqnes lentes, p. 1 10. — Telegraphie eleclrique, p. 206. — App'areils de- TABLE DES NOMS D'AUTEURS. vn polarisateurs tic I'electricite, p. 160, 219. — Amelioration de la Sologne, p. 276. — Formation electriqne des cristaux, p. 344» 5o3, 532, 667. — Sources nonvelles de conrants eleciriques, p. 619. — Traitement electro- chimique des mineranx, p. 770. Recquerel (Alfred). Composition du lait de femme, p. 689. ISecquerei. (Edniond). Reclamation en faveur de son pere pour la pile a effets constants, p. 220. — Machine d'induclioi), p. 44o. — Rayons chimiqucs, fluorescence, p. 5og. Bedfort (due de), p. 741. Beer (de Berlin), Carte de la lune, p. 70 r. Beer (de Bonn). Formules deFresnel, p. 573. Belhatte, graveur du Cosmos, p. 184. Belloc. p. 617. — Belles enreuves photographiques, p. 36. — Traite de pho- tographic, p. 55g, 617, 644, 664, 684> 769. — Correction des positifs, p. 7 i3. BenoIt. Rapport sur la'macbinea calcul, p. 76, 78. Berwick. Photographie, p. i52. Bettaucourt (de). Telegraphie electriqne, p. 2o3. Bettigkies (de). Fabrique de porcelaine tendre, p. 43. Bernard (Claude). Recompense, p. 164. — Prix de physiologie, p. 464, — Candidal, p. 6g5, 767. — Elu, p. 773. Bernouilli. Navigation, p. 129. Berry. Collodion bromure, p. 217, 264. BeRTH£LEMOT, |). 62O. Berthelot. Combinaisons de la glycerine, p. 411. Berthier. Analyse des cendres des vegetaux et des terres, p. 168. Bertin. Polarisation rotatoire magnetique, p. 704. Bertrasd. Eaux du Monl-Dore, p. 693. Bertsch. Iinatjesphotogiaiihiquesd'objetsmicroscopiques agrandis, p. 53o, 590. Berzelius. Forces catalytiques, p. 582. Biancui (Barthelemi). Parafoudre des telegraphes eleciriques, p. 6o3. Bibron. Histpire des serpents, p. 357. Biela. Sa coniete, p. 33g. Bienayme. Rapport, p. 117, 123. — Ecoulement dts liquules, p. 771. Billet. "Vin de betteraves, p. 371. Bineau. Composition de ['atmosphere, et des eaux de pluie, p. 168. — Am- inoniaque de Pair, p. 5 12. Binet, p. 1 5 i, 447, 666. Biqt, p. 8, i53, 447, 693, 694. — Bureau des longitudes, p. 157. — Rapport sur le prix du premier Consul, p. 253, 668. — Preface a la methole de chi- niie de Laureut, p. 756. BisHor. Observatoire, p. 282. Bissen. Montresans clef, p. 146. Bisson. Photographie, g5, 6o3. — Collodion anliiipc, p. 714. Blainville (Ducroiay de), p. 117. , Blanc. AccllmatatSon, p. 197. Blanchard. Conservation des corps, p. 112. — Scorpionides, p. 670. Blord. Teinture, p. 372. Bloxam. Echappement des horlogcs, p. 4S4. Blum. Don fait a PAcademie, p. 731. — Cartes homalographiqties, p. 7117. Bobierre. Bronzes destines au doublage des navires, p. in. 144. Till COSMOS. Ronaparte (!N;i|Kilr.i!i le (Viand). Prix fonde en Tan X, p. 253,658, 667. /'.CNAi-ARiE (Napoleon III!, l'rix pour I'electricite, p. 669. Bonaparte (prince Charles); Oiscaux d'Amoriqwe, p. a 5, 80, i6r, 275, 3oo, 339, 602. — Remarques sur les saumons, 206, 243. — Vers intestinaux, p. 5o4. Bond. Nebuleuse d'Orion, p. 584. Bowet.i.i, p. ><). Metier clectrique, p. 167, 246, 277, 657,660. Boniteau. Musique octale, p. 27. Bonpi.and. Leltre aM. Delesscrt, p. 297. BoNYOL, p. 4:S- Boquillon. Appareil brulant la fumee, p. 43. — Bibliothcque du Couserva- toire, p. 374. Borne. Elevc des sangsues ; medaille, p. 656. Bory (de Saint-Vincent). Doctrines materialistes, 292. Boslan. Matierea graisser, p. i46. Botta. Fouilles de Ninive, p. 579, Bouchut. Maladies des Nouveau-nes, p. 719. BooonER. Navigation, p. 129. Booley. Peripneumonia epizootique, p. 5a6. Boulu (docleur). Elcclricite appliquee a la therapeutique, p. 222. Bourgois, p. j 17, 127, 773. — Prix, p. 117. — Experiences sur les helices a vapeur, p. 129. Bourguignon. Concours Monthyon, p. 4o5. Bocssingaclt, p. 72, 666, 694. — Presence de 1'ammoniaque dans l'air et les eaux, p. 161. — Curare, p. 276. — Assimilation de l'azote par les plantes, p. 399, 447, 454, 471, 5ll, 559, 56i, 634. — Volcan d'air et de boue, p. 5o3. Boyer. Procede de teinture, p. 5o4. Brainard. Venin des serpents, curare, p. 276. — Fractures non reunies, p. 322. Branca. Pihinoplastie, p. 32 2. Brascbetti. Telegraphie clectrique, p. 737. Bravais. Carles marines on leve sous voiles, p. 3ao. — Marees des mers du Nord, p. 32i. — Candidat, 535, 568. — Academicien, 599, 668. — Ses titres, p. 625. — Hydrographie et navigation, 625. — Astronomie, physique, p. 626. — Physique du globe et meteorologie, p. 629. — Sciences natu- relles, p. 63:. — Influence du mouvement sur la temperature, p. 756. Breant. Legs, p. 168. Bregoet. Moniteur clectrique des chemins de fer, p. 89, gi, 5o8, 535, — Artiste du Bureau des longitudes, p. 157. — Courauts en sens contraires, p. 2 16. Breton (freres). Appareils electro-medicaux, p. 224. Breton (de Champ). Fabrication du verre, p. 697. Brett. Telegraphe sous-marin, p. no, 346, 736. Brewster (sir David), p. 164. — Sur la decouverte de la telegraphie elec- trique en 1753, p. 204. — Dichroisme, p. 107. Briand. Traite de medecine legale, p. 532. Brongniart, p. 36o, 476, 775. Brooch. Optique, p. 575. Brougham (lord). Sur la diffraction; p. 447. Brown (Robert). Bolanique, p. 775. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. IX Bkouwn-Seqcard. Section des filets musculaires, p. 80, in. — Transmission de la sensibilile, p. 702. Bbubns. Coiiicte, p. 490. — Planete, p. 55 1. Brunher. Artiste adjoint du Bureau des longitudes, p. i58, — Equatoriale, p. 394- Bronow. Perturbations de Flore, p. 49° • Buff. Etat electrique des divers organes des plantes, p. 643. — Couductibilite des liquides, p. 672. Bujis-Ballot. Inslitut meteoroiogique d'Utrecht, p. 407. Bunsen. Sa pile, p. 22, 27, 345. Burcbardt. EiTeur dans la paiallaxe de la lune, p. 49°- Bhrdach. Zoologie, p. 269. Burdin. Moyens de propulsion, p. 696. Bossy, p. 81, 666. Butillon. Eleve astrouome, p. 281. Cahoijrs. Ethers salicyliques, p. i3t. —Action du chlorure de cyauogene , p. 247. Calard. Machine a percer les plaques metalliques, p. 42. Calvert. Desulfuration du coke, p. 2o5, 772. C.\MraiA.s(docteur). Observations meteorologiques a Bareges, p. 295. Canson (de). Papier-; photographiques, p. 148, 767. Carbuccia. Prix de slatislique, p. 137. Cari-Mantrand. Nouveau mode de preparation du phosphore et de l'acide siilfurique, p. 604,674. Carkot (Sadi). Equivalent de la chaleur, p. 122. Carnot. Ministre, p. 374. Cation (Thomas). Observalions astronomiques, p. 483. Caucby. Theoiie mathemalique de la lumiere, p. 80. — Torsion des prismes, p. 3i4. — Lois de la reflexion, p. 573. — Transformation des fonctions, p. 670. — Theorie des planetes et des cometes, p. 698. — Integrales curvi- lignes, p. 725. Cavai.lie-Coix. Grandes orgues, medaille, p. 657. Cavailo. Telegraphie electrique, p. 2o3. Cayley. Candidal correspondant, p. 357. Cbabot. Pisciculture, p. 168. Chacornac. Medaille, p. 120, 164. — Astronome adjoint, p. a8t. — Nou- velle nlanete, p. 282, 296, 35g, 490. — Taches du soleil, p. 476. Challis. Observations a Cambridge, p. 487. CaAMroNNOis. Procede de distillation des betleraves, p. 226, 258, 370, 734. Cbampoulion. Pouvoir conservaleur de la uicotine, p. 3io. Cbapelle. Preparation economique de l'aluminium, p. 247, Cbarles. Cachexie des moutons, p. 523. Cbarriere(uIs). Appareil de chloroformisation, p. 198. Cbasles. Membre de la Societe royale de Loudres, p. 761. Chatin. Presence de l'iode dans l'air, p. Si. — Action des sels sur les vegetaux. p. i65. Cbaude. Traite de medecine legale, p. 53a. Cbaussenot (jeune). Calorifere a air chaud, p. 338. Cbenot. Fabrication des metaux terreux , p. 507 , 772. — Maladie des plantes, p. 671. Cbevallier (Charles). Appareils photographiques, p. i5o. X COSMOS. Chevreol, p. 28, if)',, 3*a3; 694. — Photographic, p. 93. —Analyse des ccndres et des terres, p. i0:>. — Tables tournantes, p, 176. — Sciences naturelles, p. 207. — Corps gras, p. '1 1 3. — Salubrite, p. 066. Children. Pile giganlcsque, p. 344. Chiozza. Combinaisons salicyliques, p. i3y. — Amides, p. 36:. CuoMEr.. Bienveillance, p. 137. Christofle. tilectrotypie, p. 660. Cbuard. Lampc de siirele, p. 46;). CiviAi.K. Urelrotomie, p. 33o, 33i. -- Reirecissements, p. 6a3. Clarke (Marmaduke), p. 27. Royal panopticon des sciences, p. 38, .',o. Clarke (Latimer), p. 289. — Experiences avec Faraday, p. 238. Claudet. Theorie des epreuves steicoscopiques, p. 64, 3o2, 3t4. -- I'holo- graphie, p. 67. —Stereoscope, p, i47- Clausard. Peintnre des photographies sur verre, p. 747. — Epreuves stcreos- copiques stir verre, p. 748. Clausius, p. 784. Claussen. Propriety desinfectanles des sels calcaircs, p. 167. Cleg. Chemins de fer atmospberiques, p. 75 1. Clemest-Desormes. Cbaleur speeifigue du gaz, p. 5gj. Clement (Jules). Chassis umtinlirateurs et cuvettes porlatives, p. 614. Clerget. Rapport sur les s. mneries electro- telegraphiques de M. Mirand , p, /(3. — Fabrication do sucre, p. 100. — Alcool d'asphodele, p. 43o. Cloes. Action du chlorure de eyanogene, p. 247. Codlentz. Gahanoplastie, p. 65o. Colla. Sur diverges cometes, p. 86. — Perturbation maguetkjue extraordi- naire, p. 87, 114. — Comete, p. 200. — Petiles planetes, p. 55i. C.OLLADON, p. 478. Collas. Benzine, p. 94. — Essence d'ananas, p. 951. Collia. Etherisation, p. 65o. Combes, p. 117, 120, 164, 277. Cooke. Telegraphie electriqua, p. 2o3, 20:). Corvisart (Lucien). Aliments el nutriments, p. 5. Coste. Pisciculture, p. 160, 168, 6o5, 6g3, 710. — Education des saumoir=, p. 206, 243. Cox-Stevens. Navigation, p. 129. CRErLiN. Zoologie, p. 271. Crookes. Collodion preserve, 589, 766. — Rayons chi.miques, p. 665. Cysat, astionome de Lucerne, notice sur sa vie, p. 700. Daguerre. Usurpation de la decouvertc de la photographic, p. 684. Dallery. Navigation, p. 129. — Cliaudiere tubulaire, p. 755. Uamoiseau. Parallaxe de la lune, p. 490. Daniel. Sa pile conslante, p. 109, 220, 345. Darcet. Enduits pour les murs, p. lot. Darcy. Econlement des liquiJes, p. 277, 771. Dareste. Coloration des mers de la Chine, p. 3oo Daussy, membre adjoint du Bureau des longitudes, p. i58. — Candidal, p. 535, 568. Davaine. Hydrotherapie generate, p. 56. Davanne. Lithophutographie, p. 37. — Chirnie photogiaphique, p. 264. 3i8. Davenne. Guerison des varices, p. 16S. Davis. Nautical alinanath ameiicaiu, p. 586. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. xi Davy. Decouvertes en electricite, p. no, 25o, 3'|3, 344* Dawes. Division de l'anneau de Saturne, p. 585. Debray. Gluey nium, p. i63, 5o5. Decoux, p. 49*>. Delafono, p. 4o5. Delafosse. Formes hemiedriques, p. 5rg. Dei.ahayk. Epreuves chromolithographiques, p. 247. Delauaye. Venn's a transport, p. 767. Delaunay. Cours elementaire d'astronomie, p. 7 56. DelilSsert, p. 727, 297, 447. Deleuil (pereet fi!s). Eclairage eleclrique des docks Napoleou, [1. 533, 659. Delille. Helice pour les naviies, p. 129. Delisle. Epreuve des materiaux, p. 102. — Pegmatite, p. 695. Delisle. Tiaile de geometric analytique, p. 757. Deli>y. Medii'le pour sa methode de guerisou des vigncs malades p. 91. Deloffre, caudidat an Bureau des longiludes, p. 774. Delvigne. Porte-amarre de sauvelage, p. 80. Dejiidoef (prince). Elabh'ssement d'acclimatation, p. 197. , Demoulin. Maladie de la vigne, p. 696. Deran. Theorie des voutes, p, 73 r. Derouledi, p. 49(1. Derriex (Edouard, de Nantes), ("uanos nrlificicls, p. 4o3, 737. Desaiks, p. 27, 649. Courant en sens contraire, p. 2i5. — Pouvoir caloii- fique emissif. p. 297, 3 r 3. — Pouvoir diffusif pour la lumiere, p. 671. Descamps. Palmier nain, p. 367. Desci.oiseaux. Mesure des angles des cristaux, p. 25g.. Desgranges, p. 496. DESioNGcaAMrs. Nouvelles varieles dufroment, p. 611. Desnoyers. Bibliolheque du Museum, p. 373. Dessaignes. Chimie, p. 56. DEsrRETz (Cesar), p. 108, 416, 453, 667. — Musique octale, p. 27. — Con- ductibilile pour la chaleur, p. 291. — Grandes experiences voltaiques, p. 40;, 65g. — Travail de la pile a deux liquides, p. 672. Deveria. Photographie, p. g5, 164, 616. Deville 'Charles Sainte-Claire}. Roches par voie de fusion, p. 276. Deville (H. Sainle-Claire). Nouvelle preparation de I'aluminium, p. 162 35S, 4a5, 427, 659. — Perles qu'eprouvent les mineraux par la chaleur, p. 209. — Glucynium, p. 5o5. Dezautier, p. 3g5. Diamond. Photographie, p. 67. Digby-Wyatt. Palais de Crista!, p. 762. Disderi. Photographie au Chump-de-Mar.;, p. 710. Domeyro. Cristaux de ch!oruhromure d'argent, p. 258. Dourlan. Palmier nain, p. 367. Doyere. Tue-teigne, p. 48, 84, 117. — Respiration des choleriques, p. 466, 80, i33. — Composition du lait, p. 690. Drater. Photographie, p. i52. Drion. Combiuaisons salicyliques, p. 140. Dobois (Paul). Chloroformisation extcrieure, p. 198. Du Eots Raymond. Couranls musculaires, p. no, 346, 599. Duiioscy, p. 12, 393. — Optique stereoscopique, p. 33, 5gr,665, 715. — XH COSMOS. Lampe electrique, p. 346. — Teles de daguerreotype a quatre lins, p. 748, 769. Dubrunfaut. Distillation des betteraves, medaille, p. 667. Duchartre, candidat a la section de botanique, p. 28, 5l, 2/15, a5j. — Aris- tolochiees, p. Si, 774. Ddcros. Proci'de de teinlure, p. 5o4. DuFRENOY, p. 472, 521. Dufour, p. 478. — Insectes d'Espague, p, 671. — Analyse par le microscope solaire, p. 736. Duges. Zoologie, p. 269. Duguay. Fiche-elalas, medaille, p. 655. Duuamel, p. 666. Dujardin (de Lille). Vapeur contre l'incendie, p. 470, 670, 705. Dujardin (de Rennes). Vers intestinaux, p. 271. — Systeme achromalique, p. 592. DuLONG, p. 297, 597. Dumas, p. 36, i53, 36o, 666, 694, 733, 772. A annonce la decouverte de l'alumininm, p. 162, 2.47, 425. — Ether fluorhydrique, p. 333. — Glu- cyniuni, p. 5o5. — Origine de l'azote des plantes, p. 56i, 63i, 666. — Discours, p. 657. Dumas (Ernest). Drainage en Anglelerre, p. 607. Dumeril (pere). Encephale des poissons, p. 243. — Curare, p. 276. — Sque- lette fossile, p. 409, 774- Dumeril (fils). Histoire des serpents, p. 357. — Archives du Museum, p. 4o5. Du Momcel. Explosion des mines par 1'electricite, p. 29, 493. — Horloge electrique et contioleiir des chemins de fer, 5g, 89, 534. — Electricite de tension, produite par l'induclion, p. 167, 211, 36o, 440. — Eclairs en boule, p. 277. — Magnetisme statique et dynamique, p. 416. — Regulateur electrique de la temperature, 696, 729. Dunesme (Maxime). Decouvertes en geometrie descriptive, p. 666. Duperrey, p. 167, 535, 620, 774. — Eloge de l'amiral Roussin, p. 43i. — DeM. Beautemps-Beaupre, p. 4^2. Du Petit Tbouars. Candidat, p. 416, 535. — Titres, p. 568, 599. Dupin, p. 638. — Rapport sur l'application de la vapeur a la navigation, p. 117, 127, 265, 773. Dufre. Observations meteorologiques , p. 55o. — Liquide inflammable , p. 738., DuroNT. Hisloire de l'impiimerie, p. 695. Dupuy de Lome. Prix pour la navigation a vapeur, p. 117, 127, i3o. Durand (Amedee). Moulin a vent pour l'elevation des eaux, p. 566. Durieu. Chambre obscure a soufflet, p. 554. Durocher. Temperature relative du sol et de Pair, p. 5o4. Durvili.e (amiral), p. 620. Duscu. Fermentation et putrefaction empechees, p. 58 1. Dussauce. Peintures muralessur encaustiqne a la cire, p. 100. Dusuzeau. Almanach rural du bon savoir, p. i45. Duval (Mlle Fanny). Insecte de la vigne, p, 597, Duvernoy, p. 56. — Fossiles, p. 101, 357, 404, 774. — Encephale des pois- sons, 243, 273. — Dignite de l'homme, p. 292. Duvivier. Aluminium extrait du dysteme, p. 73i, Ehrehbehg. Coloration des mers, p. 3oo. — Candidat, p. 47a. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. XIII Elkington. Argenture et dorure electrique, p. 660. Elie de Beaumont, p. 26, 5o, 1x7, i\5, 276, 359, 56o, 774 et ailleurs. — Vues panoramiques des Alpes, p. 3i5. Elliot. Photographie en mer, p. 49s- Ellis. Aslronome a Greenwich, p. 438. Emcke. Parain de Bellone, p. 3fio. — Candidat, p. 447- — Mouvement des pelites planetes, p. 490. Ercolani. Devtloppement des vers intestinaux, p. 5o4. Ericsson. Macliine calorique, p. 123, 225. Evenf.r UurnNT. Coloration des mers, p. 3oo. Ermann. Prix, 256. — Corps conducteurs de Pelectricite, p. 243. Fabien. Electricite appliquee aux mines, p. 492. Fabry. Pioue pneumatique, medaille, p. 657. Fairbairn. Fer prepare au coke purine, p. 164, 2o5, 772. Faivre. Action de l'oxygene sur I'economie animale, p. 323. Falconi. Conservation des corps et des pieces auatomiques, p, 112. FALLoux(de). Bienveillance, p. 7."!. Faraday, p. 12. — Decouvertes electrtques, p. 81, 109, 346, 397. — Tables lournantes, 178. — Experiences grandioses d'electricile, p. 23i. — Induc- tion laterale, p. a35, 440. — Intensite et quantite electrique, p. 240. — Loi electrolytique, p. 242, 249. — Courants d'induction, p. 344. — Con- ductibilitedes liquides, p. 672. — Yerre pesant, p, 703. Farcot. Machine a vapenr, p. 48. Farinaux. Machine a vapeur, p. 42. Fau (le docteur). Douze lecons de photographie, p. 148. Faye, p. 5g6. — Rentre a l'Observatoire, p. a8i. Fechner. Lois des couranis derives, p. 344. Fedor Tbomak. OEuvres d'Arago. Fehling. Analyse des builes, p. 25g. Fenton. Photographie, p. 67. Ferguson Brandon. Propriete* arlistiques du savou, p. 64. — Palais de Cris- tal, p. 762. Fermond. Conservation des sangsues, p. 481. Ferrouilh. Reparation des medailles, roues dentees, p. 654. Ferrier. Epreuves stereoscopiques, p. 33, 34, 769. Figuier, Gravure heliogiaphique, p. 6i5. Fitz Roy. Bureau des observations meleorologiques. p. 54g. Fizeau, p. 117. — Vitesse de I'electiicite, p. 5g, 237, 346. — Condensateur pour les machines d'induction, p. 238, 440. Fl/ihaut (comle de), p. 751. Flandin. Toxicologic, p, 323. Flandrin. Peintures murales. p. 10 1. Flechey. Palmier nain, transl'orme en filasse, p. 368. Flecry (Louis). Fievres intermittentes gueries paries douches froides, p. 55i. FIourkns, p. 54, 117, i6'i, i65, 243,245,649, 727. — Hisloire de la cir- culation du sang, p. 756. Foissac. Meleorologie medicale, p. 277. Foley. Palmier nain employe en filature, p. 365. Fontaine. Parachute pour les puits de mine, prix, p. 468. Fontaine. Cjrsels hygicniques, medaille, p. 656. Fontaine. Fen gregeois liqui.le, p. 738. xiv COSMOS. Forbes (d'Kdimbonrg). Sons produits paries corps rhauffes, p. 326. — Ktin- celle des .-limants, p. 345. Forbes. Palais de Cristal, p. 76S. Forchhammer. Analyses eliimiques, p. 211. Forth-Rooin. Vers a soie de la Chine, p. 708. Fortoui. (Charles). Commission, p. i53. Focc.vui.t. Fixation de la lumiere eleclrique, p. ito, 117. — Couranis en sens contraire , p. 214. — Loi electrqtypiqne, Conductibilite des liqindes, p. 742,248, 274, 289, 3qo, 3g8. — Lampe eleclrique, p. 346. — Candi- dature, p. 649. — Sur les experiences de M. d'Almeida, p. 697. <>|>- tique, p. 784. Foiu.Hioux. Mcdecin, p. 116, Folqce. Cliimie, p. 209. Franchot. Prix de meeanique, p. 56, rso, 164. Frakkenreim. Chalcur et froid produits pnr le courant vultaique, p. 770. Franz. Conductibilile eleclrique, p. 291. Fremy. Composition des Quorures, fluor, p. 2-5,332, 307. — Composition des oeufs, p. 3ao, 536. — Metaux associesaii plaline, p. 695. Fresenius. Incrustations des generateurs a vapeur, p. 5a4. Fresnei., p. 8, 9. Fritz-Solier. Caoutchouc en lames, medaille, p. 656. Froment. Tclegraphe eleclrique, p. 478. — Magneto-eleclrique, p. 596. Frost. Locomotive marine, p. ii5. Foster. Arsenieux febrifuge, p. 3a4. Gaffre. Porte-plumes electro-magnetique, p. 452, 648. GALUSKt, p. 392. Garenne (de la). Enrayeur, p. 696. Gasparin, p. 729, 757. — Cocons de ver a soie, p. 472. — filanchiment des arbres, p. 706. C.AsrARis (de). Planetes decouverles, p. 114, 120, 164, 282, 36o, 490. Gassiot. Experiences avec la machine d'induction de Ruhmkorff, p. 440. Gaudichaud. Sa mort, notice bisiorique, p. 57, 620. Gaudin (Marc-Anioine). Faussc theorie des cpreuves slereoscnpiqucs, p. C,\} l*9, 3l7, 769. Gaudry. Mont Pautelique, p. 404. Gaugain. Force cleetro-molrice, p. 407, 443. — Eleclricile nee de la combus- tion, p. 472, 54i, 6g6. — Eleclricile nee de l'evaporatioii, p. 7 i> .'"! . Gaultier de Claubp.y. Traite de chirnie legale, p. 532. Gauss. Theorie du magnetisme et magnetomelre, p. iro, 345, Gauthier. Navigation a vapeurs combinces, p. 25S, 478. Gay (Claude). Histoire naturelle du Chili, p. 6rg, — Potamiees, p. f\\y . Gay-Lussac, p. 256, 343, 597. Genet, p. 496. Geoffray (et non pas Geoffroy). Nouvel enduit photogenique, eeroleine, p. 9'!, 348,53o, 55». — Chambre obscure et chassis du voyageur, p. 534, 683. — Nouveaules photographiques, p. 716. Geoffroy-Saint-Hilaire, p. 36, 472, 665. — Sociele d'acclimatation, p. 197 602. 6o5, 712. — Regnes organiques, p, 208. Gerdy. Rapport, p. 33i. Gerhardt. Combinaisons nouvelles de salycile, p. 5t. — Traite de chioviu 01- ganique, p. 56. — Salycile, p. 137. — Amides, p. 36 r. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. XV Gfrono. Traite de geometrie analytique, p. 7^7. Gervais. Acide arsenieux febrifuge, p. 324. Gervais (Paul). Recompense, p. 1 64, 268, 329.. Gluckman. Telegraphe clectrique desconvois, p. 368. Gianetti. Ballons souleveurs, p. 40. — Action des ga/. sur I't'ronomie , p. 3a3. Gide. Editeur, p. 358. — Defense, p. 406, 774I Gilbert. Extirpation radieale des tumeurs cancereuses, p. 199. Giraldes. Concours Monlhyon, p. 4°4- Girard. Caoutchouc file, medaille, p. 056. Girariiin (de Rouen). Composition du lait , p. 690, Givry (de). Carles du littoral de I'Afrique, p. 43 1. — Candidat, p. 555. Godard. Blioiheque du Conservatoire, p. 3-5. Godeat;. Contagion du sang de rate, p. 609. Goldfnberg. Insectes fossiles, p. 408. Gore. Aluminium etsilicium precipites par l'eleetricite, p. 371. Gorini. Geologie, p. 56. Goueaud. Concours Monlhyon, p. 4<>4. Coin. Libraire, p. 168, 342. Gouin. Ateliers, medaille, p. 677. Goujon. Eleve astronome, p. 281. — Demi-diametre du soleil, p. 587. Gould (et non Gotir). comete de Klinkerfues, p. 200. GotJNEr.. Vitesse de l'eleetricite, p. 09, 237, 346. — Courants en sens con- traire, p. 2 16. Govt. Description do royal panopticon des sciences, p. 38. — Refracteur inter- ferentiel, p. 1 85. Grabb. Telescope, p. 490. Graham. Ammoniaque de Pair, p. 456. — Force osmolique, p. 761. Green. Lois de la reflexion, p. 574. Grenet, p. 602. Griseri. Alcoo! de l'asphodele rameux, p. 3i. Grotbus. Decomposition electrolytique, p. 344» Groci.t, p. 496. Grove. Pile a gnz, pile a platine, p. no, 221. 345. — Transmission de l'elee- tricite a travers les flammes, p. 438. — Induction, p. 44o. Grugriaux, p. 579. Grdneut, p. 117. GnENON. Signes des vaches lailieres, p. 606. Guerard (doctemj. Ventilateur refrigerant, p. 609. Guerin (Jules). Periode prodromique du cholera, p. 3o. Giierin Mekneville. Maladie des vegelaux, p. 52. — Vers a soie ameliores, p. 472. — Hannetons, p. 712. Guillon. Urethrotomie, reclamations de priorite, p. 33 t, 623. Guilloud. Manuel de physique appliquee aux arts et metiers, p. io3. Gcrney. Prix de photographie, p. l52. Guthrie. Etherisation, p. 65o. Guyot (Jules). Traitement du cholera, p. 3r. Hachette. Chemins de fer, p. 5g5. Haidimger. Polychro'isme, p. 107. Halette. Chemin de fer atmospherique, 761. Hat.then. Ether siccatif pour la photographie, p. 67. xvi COSMOS. Hansen. Mouvemcnts des peliles planetes, perturbations d'Hegerie, p. .',90. — Theoric du peudule, p. 58!!. — Tables de la lune, p. 580. Hardy. Culture algerienne, p. 6g3. — Pcpinicre cenlraled' Alger, p. 728.— Cultures a entreprendre, p. 729. Hare. Calorimoteur, p. 3/« 4. Harrowby. Association britannique, p. 733. Hartnuf. Observations a Liverpool , comparaison des chronometres , ballon signal, p. 489. Haughton. Lois de la reflexion, p. 574. Haxo. Guide du pisciculteur, p. 168. Heffner. Manuscrit de Tycho-P.rahe, p. 55o. Helper. Vers a soie sauvages, p. 708. Helmbotz. Vitesse du courant d'electricite animale, p. no, 117, 784. — Vi- tesse de l'agent nerveux, p. 346. Henderson. Parallaxe de la lune, p. 491- Hennah, photograpbie, p. 6". Henry (Joseph). Bobines d'induction, p. no. Hericart de Thury. Sa mort, p. i65. HERriN. Prix pour son larare insecto'ide , p. 84, 466. — Proprietes du son, p. 323. Herschel, candidal, p. 447. — Fluorescence, p. 5io. — Voyage au cap de Bonne-Esperancc ; nebulcuse d'Orion , p. 584. Hind, p. 120. — Medaille, p. 164. — Amphylrite , p. 282, 35g, 490, 55». Nouvelle comete, p. 393, 447. Hittorpf. Architecture, p. ior. Hiver. Pisciculture, p. 711. Hodgkinson. Double refraction teuiporaire, p. 279. Hoeffer. Maladies des plantes, p. 671. Hook. Navigation, p. 129. Hornds. Rubans-compteur, medaille, p. 655. Hubbard. Prix de statistique, p. 123. Hcot. Distillation de^ betteraves, p. 226. Hulot. Galvauoplastie, p. 65 1,660. Humbert de Molard. Photograpbie, p. 498, 5o2, 554, 686. Humboldt (De). Curare, p. 276. — Corps planetaires derouverts depuis 1608, p. 383. — OEuvres d'Arago, p. 358, 39 r, 406. — Souvenir, p. 36o. Hunt (et non Hant). Histoire de la photograpbie, p. 664. Israeli (d'). Telegraphie electrique , p. 2o3. Jacob. Observations a Madras, mouvement de 0. du Cenlaure, p. 489. — Divi- sion de I'anneau de Saturne, p. 585. Jacobi. Invention de la Galvanoplatie, p. 109 , 345. — Machine magneto- electrique, p. 5g6. Jackson. Poissons vivipares, p. 3g5. — Etherification, p. 65o. Jacquinot ( contic-amiral ). Candidat, p. 535. Jamin. Conduclibilile electrique des liquides,p. 274, 290, 297. — Lois de la reflexion, p. 573. Jansin. Meteorologie, p. 407. Jayet. Machine a calcul, p. 72. Jobard. Propriele industrielle , p. 3. — Table3 parlantes , p. 170, 45o. — Compteur a gaz, p. 36o. — Nouveau luyau acoustique, p. 069, — Ma'a- dies des plantes, p. 449. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. xvn Jobert ( de Laruballe ). Thei apeutiquc des nevralgics, p. 404 . — Corps articu- laires etrangers, p. 694. — Candidal, p. 6g5, 757,773. — Professeur de clinique externe, p. 773. Joret. Danse de Saint-Guy, 11G. Jouffroy (Marquis de). Locomotive a roues a jautes de bois sur rail strie, p. 5i, 128. Joule. Chaleur des fils condncteurs dn com ant, p. 776 Jussieu (de), p. 117, 727. KAEPptuK, Appareils de pressurage et de pesage, p. 3a3. Kersall Vrigg. Chemins defer souterrains, p. g5o. Kerhai.et (de, capitaine de vaiss^au ). Candidal, p. 535. Kessler. Distillation des betleraves, p. 370. Kilburk. Portraits slereoscopiques, p. 36. Klin&erfues. Nouvelle comele, p. 200,490,757. Kkauss. Analyse des huiles, p. 25g. Koelliker. Anotomie microscopique et generate, prix, p. 687. Koblrausch. Residu de la bouleille eleclrique , p. 572, 779. Kokscbarow. Mesure d'angles de crislaux, p. 576. Kreill. Meleorologie, p. 1 58 . Kummer. Candidal rorrespondant, p. 358. Kucbeh-Meister. Developpement des vers inteslinaux, p. 38;. Kublman. Chimie, p. 67*). Kupfer, p. rJo4. — Comele, p. 447. Laborde (I'abbe). Bain d'argent, p. 35r, 38o. — Agents revelateurs, p. 588, — Iodure d'argent liquide, p. 5oa. La Chaise. Fabrication du sucre, 111. Nouvelle meihode, p. 141. Lacheze. Prix de statistique, p. 125. Lacroix. Papier photographique, p. 199. Lagneau. Rapport, p, 334, p. 6^3. Laignkl. Frein vertical, p. 30o. Lalanke, p. 602. Lallemano. Essence de thym, p. 6g4. Lami. Rapport, p. 3 i5. Lamarke. Zoologie, p. 269. Lamarrk Piqdot. Vers a soie du Bingale, p. 707. Laplace. Chaleur specifique des gaz , p. 598. Laplace ( Mnie la marquise). Prix, p. 267. Laplace ( vice aroiial ), p. 8. — Candidal, p. 416. Largeteac. Astrodome du Bureau des longitudes, p. 157. Lassel. Telescope, p. 490. — Observations a Malte, p, 583. ■ — Anneaux de Saturne, p. 585. Latham. Palais de Cristal, p. 763. Latodr. Meleorologie, p. 359. Laugier (Ernest), p. 12, 158,596. — Quitte l'Observatoire, p. 281. — Comete, p. 3g4. — Planetes, p. 55 1. — Meleorologie, p. 532. Laugier. Candidal, p. 725, 729, 757. Laurent. Cristallographie, p. 63i. — Meihode de chimie, p. 756. Layard. Fouilles de Ninive, p. 579. — Palais de Crislal, p. 762. Leblanc. Decomposition eleclrique de l'eau, p. 2, 3oa. — Conductibilite elec- lrique, p. 291, 302, 520. Lecamu. Analyse des liquides animaux, p. 690, b xvin COSMOS. LECLERc(de Tours). Appaieil nerveuxde la sensitive, p. 731. Lecot (I'abbe). Parole rendue aux sourds-muets, p. 5og. Leconte. Des eaux d'Knghien au point de vue cliimiqiie et medical; p. 567. Lk Gavrian. Marliines a vapeur, p. 42. Lb Gray. Mclhode sur papier cire, p. 348, 34g, 499, 5o2, 686, 786. — [nventeur de la photographic sur collodion, p. 742, 769. — Traite de pho- tographic, p. 7 16. Legrocx, p. 309. Lejeune-Dirichlet. Candidal associe liJ>re, p. 447- — tin associe libre, p. 472, 56G. Lemaitre. Gravure heliographique, p. 5gi. Lemercier. Lilliophotographie, p. 37, 5gi. Le Mercier, Bibliotheque du Museum, p. 373. Leopold de Bucn. Sa mort, p. 447. Lequien. Ecole de dessin, medaille, p. fi55. Lereboulet. Traite des crustacesde i'Alsace. p. 56. — Recompense, p. 164, 268. Lererours. Lilliophotographie, p. 37,591. — Adjoint du Bureau des longi- tudes, p. i58. — liquaioriale, p. 489. — Foyer chimique, p. 509. Le Roux (de Vitry). Enrayeur, p. 696. Lerouxeau de Saint-Didran. Prix, p. 267. Leroy. Rouleaux en relief pour les papiers peints, medaille, p. 655. Leroy d'Etioi.lf.s. Inslrument ponr ('extraction des corps elrangersde la vessie p. 53, 306,729, 757. — Reirecisscment dcl'urctre, p. 623. Lesage. Telegiaphie electiique, p. 2o3. Leslie. Sons produits par les corps chauffes, p. iiG. Leuckart. Developpement des ccenures. p. 24 5. Leverd. Cuvettes en gutta-percha, p. 743. Le Verrier. p. 164, 246, 247, 35g, S95, 409, 436, 476, 604.— Organisa- tion de l'Observatoire, p. i53, 281 — Noramii directeur de l'Observa- toire, ]). i54. — Astronome adjoint du Bureau des longitudes, p. 1 53.-— Observations meteorologiques, p. 532, 6g5. Levol. Analyse de divers alliages de cuivre, p. 4i. — Composilion chimique desalliages, p. 45. Liais. Horloge eleclrique, p. 89. — Eleve astronome, p. 281. Liebig. Candidat, p. 447. _ Origine de l'azole des planles, p. 637. Limet. NouvelleMethode de filature, p. 472. Liouville. Geometre du Bureau des longitudes, p. i5«. — p. 447, 472, 623, 666, 727, 774. Liouville (Ernest). Influence des diaphragmes des lunettes, p. i65, 3g4, — Usage et importance des mires, p. 621. — Comete , p. 757. Litleton. Navigation, p. 129. Lomond. Telegraphie eleclrique, p. 2o3. Long. Etherisation, p. 65o. Longet. Candidat, p. 757, 773. — Acoustique, p. 783. LoNGsrRETH. Tables de la lune, p. 086. Loomis. Determination electiique des longiludcs, p. 346. I.ouvRiE (de); Trousseau diviseur pour engrenages, p. 46. Louyet. Fluorureset fluor, p. 275, 332. Luca (de). Chalumeau a effet continu, p. 286, 324, 379. Ldcas. Etoiles variables, p. 486. Lucet. Alcool extrait de l'Asphodelerameux, p. ?r. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. XK Lusseraeu. Cabinet d'aisance des alienes, medaille, p. 654. Luther. Medaille, p. 120, 164.— Nouvelle petite planete, p. ag6, 36o, 490. Lyte (Maxwell). Procede de photographie sur collodion, p. i5o. — Collodion anticipe, p. 766. Machecourt. Parachute pour les puils de mine, prix, p. 468. Maedler. Observations siderales, p. 587. —Tables de la tune, p. 901. Magendie. Rapport sur le prix de physiologie, p. 464. — Hygiene, p. 666. — p. 727- Magne. Prix pour la maladie de la vigne, p. 733. Magnus-Huss. Alcoolisme chronique, p. 717. Mai. Armes perfectionnees, medaille, p. 654. Maisonneuve. Traitement de l'ozene, p. 62. — Uretrotomie, p. 212, 33o.— Candidat, p. 695. — p. 737, 773. Maistre (Jules). Thermometre electrique, p. 729. Malaguti. Ethers, p. i38. Malgaigne. Candidat, p. 695. — p. 757. Mallet-Bachelier. Editeur, p. 756, 737. Mandl. Traitement de la phthisie pulmonale, p. 36o. Mante. Gravure heliographique, p. 95. Magriani. Geometric, p. 56. Marcel de Serres. Perineal ion des coquilles, p, 729. Marguerite. Afiiuites chimiuues, p. 3o3. Marie-Davy. Nouvelle machine eleclro-magneiique, p. 36o, 620, 657, 660. Marion. Papier photographique, p. 767. Marloye. Acoustique, p. 36g. Marth decouvre line nouvelle planete, Amphylrile, p. 282, 296, 35g. Martens. Vues panoniariques, p. 3i5. Martin (Adolphe). Photographie, p. 149, 261, 3i8. Martin (Stanislas). Solidification de I'liuilede morue, p. 429- Martins. Pluie coroparee des climals du nord et dn midi, p. 16S. Mary, p. 602. Massat. Couteaux a lames virolles, p. 100. Masson. Courants electriques en sens contraires, p. 26. — Exlra-eoiirauls , p. no, 3i5. — Machine d'induction , p. 44o , 44 1 - — Acoustique, p. 575, 783. Mathieu. Leitre de M. Barral, p. 3g. — Machine a calcul, p. 76. — Bureau des longitudes, p. 157. — Protestation, p. 358. — p. 596, 774. Mathieu (Charles). Comete, p. 757. Mathieu. Instruments de chirurgie, p. 54. — Chalumcau a effet continu, p. 286. — Ventilateur anesthesiquc, p. 3o6. Mathieu (de Vitry). Fecule de lis et non d'iris blanc, p. 3-22. — Sorgho sucre, p. 4»i. Matteucci. Courants musculaires, p. no, 5gg, 600. — Conductibilile de la terre p. 242, 3go. — Polarite electrique, p. 291. — Lobe electrique de la torpille, p. 345. — E'ectricite nee de la combustion, p. 542. Maumenee (au lieu de Monnet). Metier electro-magnelique, p. 56, 167, 246, 323. — Analyse des huiles, p. 259. Maurei.. Machine a calcul, p. 72. Maurice. Conservation des substances alimeutaires, p. 168. Maury. Telegraphs transatlaiilique sous-marin, p. 477. — Campagne meleo- rologique, p. 549. b. XX COSMOS. Maury. Objections conlre l'emploi de la ceroleine, p. 55>.. Mauvielle. Gaze pour les bluieries, mcdaille, p. 65;. Mauvais. Aslronome adjoint du Bureau des longitudes, p. i58. — i Quitlel'Ob- servatoire, p. 281. — Sa mort, notice necrologique, p. 4 35. Medheurst. Chemins de fer souterrains, p. ;5o. Mehi.is. Zoologie, p. 471. Mei.ier. Tiaiiement de Fozeiie, p. 63. Msli.er (Prosper). Navigation aerienne, p. 167. Melloni. Reclamation, p. 3oo. — Transmission du erislal de roche, p. 3i3. — Candidal, p. . 620. . Ore. Transmission de la sensibilize par la moellc rpimci-e. p. 70.. Ostbogbadsri. Caiulidat correspondant, p.388. Owen. Candidal, p. 447. 762, 763- Paist. Analyse des Indies, p. 259. Pai.issy (Bernard de). Petrification des coqu'dles, p. 7*9- Par wet Denomination des differenles mers, p. 4*6' Paris (capitaiue). Calechisme du mecanicien a bord des va.sseaux a vapeur, „ 50-, — Candidal, p. 535. Pascal. Rapporteur en come, medaille, p. 655. • Passy (Anloine). Candidal, p. 5o3, 53 t. Paulin. Lit de sauvelnge, p. 98. Paulton. Navigation, p. 129. Paxton. Palais de Cristal, p. 763. Pater. Conservation des substances azolees, p. 49, «<>4, 7'9- - Presence de I. chaux dans.les planles, p. 161, 164, 167. - Organisation vegelale, p. 36o. - Substances alimentai.es, p. 6G6. - Distillation des belteraves, Pater. Organogenie vcgetale, p. 322. - Candidal, P. 5i, 24s, 252. Pelacuon. Pisciculture, p. 711. Pelouze (pere). Culture du coton en Algerie, p. 727- Pelouze. Chimie, p. 244, 3o3, 472, 638, 694, 757- - Curare, p. 276. - Synlhese des corps gras, p. 41 5. Pelouze (fils), p. 3o3. ..'•:"'; Peligot. Composition chimique des bles, p. 8a,, 247, 757- - Elhcr Quorhy- drique, p. 333. — Azote desplantes, p. 401. Peltier. Froid par le pasaa-e des couranls, p. 109, 345, 776. Perny (le P.). Versa soie de la Cbine, p. 708. Pierre (Isidore). Drainage, p. 607. Pinchon (dame). Pisciculture, p. 7 1 1 . Perreaux. Dyuamometre des tissus, medaille, p. 656. Perrey (Alexis). Tremblements de terre el ages de la lune, p. a5, 7a5. Perrot. Broderieseu gutta-percha, p. 14-*. Peters. Constanle de la nutation, p. 49'- - Parallaxe des etoiles, 487. Petrina. Application des courants derives a la telegraphie electrique, p. 352. Petzwald, p. 1 17. Peyronny (de). Fabrication du verre pour les objectifs de lunette, 697. Peytier (Colonel). Candidat, p. 535, 599. Philippe. Machine a vapeurs combinees, p. 258. Phillips. Photographic de la lune, p. 585. PHiLtrPEAUx. Structure de l'encephale des poissons, p. »&3i Picadlt. Rasoirs a dos rapporte (medaille), p. 655. Picot. Peintures murales, p. 101. Picot (general). IN'ouveau feu gregeois, p. 5a5. Piddingtos. Coloration des mers, p. 3o2. Peak de Saint-Gilles, p. 3o3. Sulfites nouveaux, p. 244- Pecqueur. Chemin de fer atmospherique, p. 75i. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. XXIII Peisse. Tables lournantes etparlantes, p. 174. Pinkos. Chemins de fer souterrains, p. 75o. Piobert (au lieu de Robert), p. 56. PiorrV. Guerisonde la phthisie par les vapeurs d'iode, p. 229. — Defi pro- pose, p. 55i. — Phosphate calcaire daDS 1 'alimentation, pi 691. Piria. Chloro-salicyle, p. 140. Pitto. Tube hydraulique, p. 771. Pixri. Machine magneto-eleclrique, p. 109, 345. Place. Fouilles de Ninive, p. 579. Plana. Parallaxe de la liine, p. 490. — Tables, p. 586. Planavergue. Locomotive aquatique, p. 225. Plateau. Rapport surle memoire de M. Montigny, p. 418. Plixker. Decouvertes electriques, p. 109, 117. — Maguctisnie et axes des cristaux, p. 346. — Induction des substances magnetiques, p. 57a. Poggendorff. Annales de physique et de chimie, p. 672. Poggiale. Composition du lait, p. 690. Pogson. Etoiles variables, p. 486. — Parallaxe des etoiles, p. 487. Poillt (de). Collodion sec, p. 73t. Poinsot. Geomelre du Bureau des longitudes, p. 157. Poirel. Taille des nieules (medaille), p. 655. Poisson. Recherches sur l'electricite el le magnelisme, p. 3$ 4. Pol. Institution royale de Londres, p. 55o. Pommier. Distillation de la belterave, p. 257. Poncelet, p. 28, 102, 164. Pontalba (de). Societed'alimentation, p. 197. Pontecotjlant. Parallaxe de la lune, p. 490. Ponsort (de). Squelette f'ossile, p. 409, Porret. Endosmose electrique, p. 344. Porro. Flexion des lunettes, p. 428, 473. — "Visibilite des fils de son micro- metre, p. 5o5. — Tacheometre, 6or, 602. Porte (de la). Acclimatation, p. 197. PouiLLET, p. 108. — Telegraphie electrique, p. 161. — Conductibilite de la terre, p. 242. — Lois des courauts, p. 344. — Eleclricite nee de la com- bustion et de la vaporisation, p. 542, 758. — Prix du premier Consul, p. 667. Pravaz. Guerison des anevrismes, p. 1 15. Prazmowshi. Erreurs personnelles, p. 476, 545. Privat, p 478. Provostaye (de la), p. 27. — Couraot en sens contraire, p. 2i5. — Pouvoir calorifique emissif, p. 297. — Pouvoir dispersif de la lumiere, p. 671. Pcysaie (de). Des eaux d'Enghien au point de vue chiinique et medical, p. 567. Quatrefages, p. 117,215, 246,268, 382,476. — Insectes nuisibles au ble, P- 774. Queruel. Alimentation des chntidieres a vapeur, p. 338. Quet. Magnetivme des liquides, p. 36o, 446. — Machine d'induction, p. 44-6- — Stratification de la lumiere eleitiique, p. 699. — Sur M. Thenard, p. 787. Qdetelet. Determination electrique des longitudes, p. 58. — Siatistique p. r43. — Almanach seculairede l'observatoire de Mruxelles, p. 55o. Ragoenet-Roland. Peignes pour le tissage, medaille, p. 654. XXIV COSMOS. Rawlinson. Fouilles de Ninive, p. 579. Rayer, p. 47a, 666, 694, 737. — Curare a liulericur, p. 377. Read. Hi>toire de la photographie, p. 664- Kiiiiiin-. Eleve astronome, p. aSi. Redi. Zoologie, p. 269, 970. Regnaro. Telegraphie electrique, p. 16 ij Regnauld (Jules). Determination des forces electromotrices, p. 54. — Piles opposees par les poles contraires, p. 2i3, 443. — Force electromotrice des tissus musculaires, p. 599. Rignault, p. 108, 164, 3oa, 696, 774. — Recherches sur les vapeurs, p. 265. — Couduclibilite electrique des fluides, a65, 290. — fipreuves slereosco- piques. p. 317. — Elu vice-president de I'Academie des scieuces, p. 472. — Acide pyrogallique, p. 5oa. — liclairage electrique, p. 533. — Clialeur spe- cifique des gaz, p. 597. — Prix du premier Consul, p. 667. Remy. Pisciculture, p. 6o5. Reybaro. Uretrotomie, p. 33o, 33i. Reynoso (Alvaro). Origine du sucre dans les urines, p. 69 r. Richarii (du Cantal). Societe d'acclimalation, p. 197. Richelot. Candida* correspondant, p. 358. Ricbet. Aneslhesie locale, p. 3og. Ricordon. Trisecteur d'angle, p. 324. Riess. Action des cotirants lateraux, p. 345. Riffault. Gravure heliographique, p. 95, 610. Risler. Machine a preparer le coton pour la filature mccanique, p. 98. Rive (de la). Aurora boreale, p. 61. — Courants in sens contraires, p. 217. — Traile d'electricite, p. 309. — Polarisation des electrodes, p. 344. —• Dorure electrique, p. 345. — Couduclibiliie do liquides, p. 398, 478. Rivet. Sucre de betleraves, p. 577. Robert. Mccanique, p. 12 3. Robert (Eugene). Magnanerie de Sainte-Tulle, p. 197,473, 688. Roberts. Coke purifie, p. 164. Robin (Charles). Taches du sang, 533. — Chimie anatomique et physiologique, p. 688. Robin (tdouard). Agents conservateurs des substances animates, p. 3io. — Theorie des agents anesthesiques, p. 692. Robinson. Telescope, p. 48°- Roceenbach. Gaze pour les bluteries, medaille, p. 654. Ronalds. Telegraphie electrique, p. 2o5. Ronge. Encre pour les plumes metalliques, p. 479. Roret. Manuel de physique appliqueeaux arts et metiers, p. io3. — Suites a a Buffon, p. 357. Rose (Guslave). Pseudomorphoses, p. 576. — Mineralogie, p. 63i. Rose iHenry). Cyanuie de potassium, p.. 578. Rosenheim. Candidal correspondant, p. 358. Rosse (comte de). Telescope, p. 4go. — Soirees, 734. — Images photogia- pbiques de la lune, p. 734. Roubaud. Prix de statistique. p. 126. Rougier. Comete, p. 3{)3. Rousseau. Photographie zoologique, p. 36, y5, 164, 616. Rousseau (freres). Aluminium, p. 507. RoussEtoN, Rapport sur les produits de l'Algerie, p. 728. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. xxv Koussin (amiral). Marin du Bureau des longitudes, p. 157. — Sa mort, p. 276. — Notice necrologique, p. 43i. Roux. Sa mort, p. 389. — Notice necrologique, p. 433. Rozet. Difference de temperature entre la surface du sol et l'air, p. 409, 5o4. — Amelioration des eugrais de ferrae, p. 45 1, 472. RuAur.T. Nouveau mode d'attelage des animaux, p. 80. Rudolphi. Physiologie, p. 270. Kue (de la). Papier pour I'earegistrement des passages, p. 485. Rue (Warren de la). Telescope, p. 490. — Carle de Saturne, p. 585. — Pho- tographic de la lune, p. 585. Rumker. Catalogue d'etoiles ; Medaille, p. 483. — Observations a Durham, p. 488. Ruhmkorff. Machine ^'induction, p. an, 346, 440, 672. — Conduttibilile electrique, p. 2go. — Telegraphe imprimant, p. 478. — Inflammation electrique des poudres, p. 492. — Fusees electrique, p. 4g5. — Stratifi- cation de la lumiere electrique, 699. Ruolz (de). Electio-typie, p. 660. Ruspini. Nouvel agent hemostatique, p. n5. Sacc. Acclimatation, p. 197. Saigey. Histoire de l'anneau de Saturne, p. 4. Saijxt-Simon Sicard. Appareil plongcur, p. 40. Saint-Venant (de). Toision des prismes, |). 5 1 4. Sali.enave. Experiences sur finflammation des poudres, p. 4g6. Salva. Telegraphic electrique, p. ao3. Salvandy, ministre, p. 374. Salvetat. Rapport sur la fabrication de porcelaine lendre, p. 43. Samuda. Chemins de fer atmospheriques, p. 75i. Sanis. Carte en relief de la Turquie d'Europe, p. 6o3. Santi-I,inar£. Etincelle de la torpille, p. no, 345. — Elincelle des courants d'induclion de la terre, p. 345. Santini. Comete de Biela, p. 340. Sar. Appareil distillatoire, p. 34i. Sarrus. Candidal torrespondant, p. 358. Saunders. Papier pholographique, p. 499. Sauvage. Helice pour les navires, p. 129. • Savare. Diverse? manieres de niettre le feu aux mines par l'electricite, p. 492, 53i. Savary. Magnelisme par la decharge electrique, p. 344. Shiff (et uon Schikk). Alteration el regeneration des nerfs incises, p. 3oo. — Influence des nerfs sur la nutrition des os, p. 723. — Functions de la moelle epiniere, p. 623. — Bruit physiologique, p. 7W. Schleidpn. Botanique, p. 775. Scuoenbein. Passivite du fer, ozone, p. 345. Schoer. Bain sensibilisateur, p. 3ig, 555. Scuroeder. Fermentation et putrefaction empechees. p. 58 1. Schubert. Preparation de l'aluminium, p. 3a2. Schutzenbach. Progres de 1'industrie sucriere dans le Zollvetein, p. 98. ■ — Nouvelle methode d'extraction, p. 14 t. Schwann. Zoologie, p. 270. Schhtiger. Mulliplkateur, p. 344. Schweizer. Comete, p. 490. XXV1 COSMOS. Scott. Photographic en mer, p. 498. Secchi. Declinaison magnetique, p. 61. — Aurorc borcale, p. n3. — Rayon- neraent calorifique do soleil, p. 3.3, 453. — Flexion des lunettes, p. 4*8. — Comele, p. 4<)o. — Elements d'Amphytrilie, p. 55i. Secretan. Foyer chiiniquc, p. Sog. Sedillot. Hypertrophic de la langue amputee, p. 246. — Retrecissement de 1'urethre, p. 623. Seebeck. Decouvertes electriques, p. 109. — Pile thermo -electrique, p. 344. Segcier (Armand). Locomotion par laminage, p. 5o, 753. — Nouveau mode d'attelage, p. 80. — Propulseur par reaction, p. 274, 447. — Chambre obscure, p. 55',. Seguin (aine). Chemins de fer atmospheriques, p. 696. — Proprietc de Fonte- nay, p. 711. — Chemins de fer atmospheriques soulerrains, p. 749- — Inventeur des chaudieres tuhulaires, p. 755. Seidel, p. i r7. Senarmont (de) Dichro'ismc et polychro'isme artiticiel, p. 104, io5. — Zircon, p. i63, 209, 477> 5o3> 6o2- Serres, p. 727. — Encephale des poissons, p. 243, 273. — Homme separe de l'auinialite, p. 292. Sestier. Angine laryngee cedemateuse, p. 719. Sheepshank. Yard etalon. p. 489. Smir-ARD (Gaz electrique), p. 199. Shields. Esprits frappeurs, p. 681. Siboor (Archeveque de Paris). Tables parlantes, p. 19. Siebold. Zoologie, p. 271. Silyestre, p. 727. Sims. Yard etalon, p. 489. Smee. Pile voltai'que, p. 346. Smith (de Blackford). Impression photo-chromatique des etoffes, p. g3. Smith. Helice pour les na vires, p. 129. Soleil (pere). Construction du refracteur interferentiel, p. 7, 68, i85. Soleil (fils). Direction de l'axe optique dans le crislal de roche, p. 3a5. Solon. Sculptures reproduces photographiquement, p. 37, Soemmering. Telegraphe electrique, p. 2o5, 344. Sondhaoss. Sons resultant de i'tcoulement de l'air, p. 575, 782. Soret. Conductibilite electrique, p. 291, 302. — Production de l'ozone, p. 335. Soriniere (de la). Traite de photographie, p. 748, 768. Soubeiran, p. 27. Soulier. Peinture des photographies sur verre, p. 747- — Epreuves stereosco- piques sur verre, p. 748. Sr-ALLANZANi, p. 6, 270. SriLLER. Collodion preserve, p. 589, 766. Staite. Fixation de la lumiere eleclrique, p. 110, 3.'|(i. Statham. Cables electriques, p. 2 3i. — Ses fusees electriques, p. 241, 495- Steiner. Nomine corr'espondanl de l'lnsiitut, p. 357. Steinheil. Telegraphie electrique, p. 109, 2o5. — Conductibilite de la terre, p. 345. — Machine magueto-electrique, p. 5g6. Steen Strup. Generation alternante, p. 272> 289. Stephenson, p. t64- Sterling. Mecanique, p, ia3. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. XXVII Stores, p. 117. — Fluorescence, p. 5io, 576. Stone. Papier photogiaphique, p. 499- Struve. Anneau de Saturne, p. 4- — Candidal, p. 447, — Observations side- rales, p. 587. Sylvester. Candidat corre=pondanl, p. 358. Tagliafico (et non Tagliaco). Rhiuuplaslie, p. 3aa. Taillandie. Bibliolheques , p. 374. Talbot. Pliolograpbie sur papier, p. 5o2. Tannyon (de), photographe en Crimee, p. 498. Taylor. Machine a vapeurs combinees, p. 208. — Atterissements, p, -36. Tchihattcheef. Vegetation du mout Targete, p. in. — Terrains paleozoo- logiques de l'Asie-Miueure , p. 411. Terrien. Physique apphquee aux arts et metiers, p. io3. Tessan ( de ), candidal , p. 535, — Voyage autour du inonde, p. 56g, 599. Texier. Traite de pholographie, p. 746, -68. Theiler. Nouveau telegraplie imprimant, p. 478. Thenard, p. 10S, 164, 638. — Euduit pour peintures murales, p. 101. — Chiinie, p. 244. — Prix, p. 256, 667. — Recherches electro-chimiques, p. 343. — Remarque critique, p. 357. — Hygiene, p. 666. — Analyse des eaux du Monl-Dore, p. 6g3, 770. — Services eminents reudus a la science, p. 787. Thomas (de Colmar). Arithmometre, p. 72. — Sa description, p. 186. Thompson. Photographie, p. 67. Thomson, p. 572. — Thermo-chimie, p. 117. — Magnetisme, p. 407. Thwaites. Coloration des rners, p. 3oo. Touache. Vapeurs combinees, p. 257. Townsend. Methode de pholograpliie sur papier cire, p. 745. Tramblay, direcleur du Cosmos, p. 376. Vignes malades , p. 597. Trecui., candidat a la section de botanique, p. 28, 5i. — Tides acade- miques, p. 25a. —Dispositions anoimales des feuilles , p. 670. — Forma- tions spirales annulaires. et reliculees, p. 774. Tremblay, Nouveau porte-amarre de sauvetage, p. 80, 167. Trembley (Du). Macliiues a vapeurs combinees, p. 257. Trevelyan. Sons produits par les corps chauffes, p. 326. Trousseau. Medecine, p. 116. Tulasne, candidal a la section de botanique, p. 28. — Elu membrede l'Aca- demie, p. 5i, 104, 23 1. — Developpemenl des champignons microsco- piques, p. 5o3, 771. TURPIN, p. 727. Tyndall. Sons produits par les corps chauffes, p. 3a6. — Inslituiion royale de Londres, p. 55o. Vaillant (Marechal), p. 697. —Organisation de l'Observatoire , p. i53. — Membre du Bureau des Longitudes, p. i57. — Question posee, p. 282. — Eleclricile appliquee aux mines, p. 497, 53i, — Algerie agricole et in- dustrielle, p. 677, 727. Valenciennes. Composition des ceufs, p. 320, 357, 536. Vallee. Geomelrie descriptive, p. 26. — Candidat, p. 5o3, 53 1. — De l'oeil el dela vision, p. 6g5. Vallence. Chemins de fer souterrains, p. 750. Vallesnieri. Zoologie, p. 259. Van Arsdale, Comete, p. 490. XXVIII COSMOS. Vxir Beneden. Prix, p. 117. — Developpement dcs vers inleslinaux, p. 27a, 383. — Triomphe, p. 2 ',5. — Poissons mons dans !es etangs, p. 55o. Vauvert de Mean. — Volcan de bone et d'air, p. 5o3. Velpbau, p. 472. — ElogedeM. Koux, p. 433. Verdeil. — Fermentation el putrefaction empechees, p. 58 1. — Chimie ana- tomique et physiologique, p. 688. Verdet. — Polarisalion rotBtoire eleetro-magnelique, p. 702. Verdu. — Amorces eleclriques, p. 49^. — Electricite appliqnee aux mines, p. 53i, ("96. Verite (de Beauvais). — Tclegraphe electrique des cliemins de fer, p. 20, 5o8, 535. — Horloge electrique, p. 59. "Verneuil (de), candidat academicien libre, 5o3. — tin academicien libre , p. 53i, 566. Vkrkois. — Composition du lait de ferame, p. 689. Vicat. — M01 tiers, p. in, 228. Vidal (de Cassis). — Sypbilis, p. 721. Vigier (comtede). — Photographie, p. 67. — Vue des Pyrenees, p. 5oi. Villarceau (de) , astronou e a l'Observatoire, p. 281. — Orbile d'Amphytrite, p. 35g. — plancte, p. 55 1 . — Position geographique d'Ava, 5g6. — Etoile double d'Hercule, p. 604. Ville (Georges). — Assimilation del'azotepar lesplantes, p. 4o3, 447. 454, 477, 5r 1, 56o, 634. Vii.i.erme, — Tables de morlalile, p. i43. Violette. Produclion el composition du charbon de bois, p. 104. VoErsE. — Geomelrie des anciens, p. 323. Vohet.er. — Aluminium, p. 162, a47. 358, 4*5. — Separation du zinc et du nickel, p. 428. —Glucinium, p. 5o5. — Elu membre de la Societe royale de Londres, p. 761. Votgtlander. — Objectils, p. 769. VoLnctLLi. — Electricite nee du displacement des corps, p. 247. — Nouvellc propnete electro-stalique, p. 287. Vulliamy (et non Wulliam). Eebappement a cbevilles ; medailles, p. 657. Vulpian. — Structure de 1'encepbale des poissons, p. 243. Wagner. Macbine mngneto-electrique , p. 5g6. Walflrdin, candidat, p. 5o3, 53i. -~ Tbermometre maximum, p. 5o4. — — Thermomelre a deversement, p. 7 76. Walker. Vitesse de leleelricile, p. 59, 237, 346. Wanner. — Melbode refrigerante, p. <;-68. Ward. Drainage, p. 6o5. Warrentrap. Azote des planles , p. 401. Wartmak, p. 47S. Way. Analyses ehimiques agricoles p. 8S. — Azote de I'air, p. 4o3. AVeber, p. 117. Conslantes de IVlectro-dyiiamisme, p. 346. — Polarisation ro- laioirc, p. 703. Weber. Reliure mobile, medaille, p. 655. Wells. Etberification, p. 65o. Welter. Cbaleur specifique dei gaz, p. 597. Wertheim ^Guillaume). Double refraction temporaire, p. 279- — Relations nntre la composition chimique et I'elaslicite, p. 5r8. — Elaslicite des me- taux', p. 427. Whatman. Papier photographique, p. 499. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. xxix Wheatstone, p. 35,117. — Dccouvertes electriques, p. iog — Telegraphe eleclrique, p. ao3, ao5, 345. — Vitesse de leleclricile, p. a36, 344. — Enregistreur electrique, p. j3i. — Force eleclro-motrice, p. 444- — Hor- loge electrique, p. 345. Whewell. Maries du nord , p. 3ai. Whxtworth, p. 3g. Wiedeman. — Polarisation rolatoire magnifique, p. 704. Wii.lemiw. — Boulon d'Alep, p. 721. Winlock. — Demi-diametie du soldi, p. 586. Widhwan. Coiiduclihilile eleclrique, p. 291. Williamson. Ethers composes, p. 4i3. WiNNtRL. Machine a calcnl, p. 77. Wolf. Notice stir Jean Cysat, p. 700. Wolfel. Pianos perfect ion ties, medaille, p. 657. Wolff. Kpretives positives ,sur toiles, p. 261. Younc (Thomas). Premiere experience photograpliique en i8o3, p. 664. Zambeau. Nouveau systeme de chandieres lubuiaires, p. 422. Zamboni. Pile seche, p. 344. «=3*fr»^®4-e=- TABLE ALPIIABETIQUE PAR ORDRE DE if ATIERES. ■~*V\Af)®(J\PSir-- Acoustique. Musique oclale, p. 27. — Sons produits par le contact des corps chauds, p. 326. — Nouveau tuyan acoustique, p. 36g. — Sons produits par l'ecuulement de 1'air, p. 5y3. — Vitesse du son , p. 627, 628. Acclimatation (Sociele d'), p. 197,712. — Des vers a soie sauvages, p. 707, 708. Adherence electrique, p. 275, 3o5, 660, Alfinitcs chiuiiques, p. 3o3. Ages de la lune et tremblements de terre, p. 725. Agriculture. Causes des diselles en cereales, p. 6. — Tue-teigne, p. 48, 466. — Destruction des limaces et des limacons, p. 143. — Alrnanach rural, p. 145. — Conservation des Lies, p. 284. — Replantation et tallage du froment, p. 369. — Mode nouveau de propagation des arbres a fruits, p. 43o. — Amelioration des engrais, p. 45i. — Vers a soie ameliores et acclimates, p. 472. — Machine a haltre contre l'alucite, p. 465. — Tarace contre I'alucite, p. 466. — Blan- chiment des arbres, p. 706. — Produits de la culture des Grangers eu Algerie, p. 377. — Destruction du colchique, p. 578. — Insec- tes de la luzerne, p. 582. — Drainage, p. C07. — Nuuvelles \arietes de froment, p. 610. — Hybiidile et alavisme, p. 612. — Retterave comme fourrage, p. C69. — Concours pour la maladie de la vigne, p. 783. Air, ecoulemenl, sous produits, p. 073. Alcool d'asphodele, p. 430. — De chiendent, p. 731. — Purification des alcools, p. 482. — Alcoolisme chronique, p. 717. Algerie agricole ei industrielle, p. 677, 707. — Cultures algeriennes, p. 6g3. — Progres accomplis, p. 727. — Ses produits, p. 728. — Culture a entreprendre, p. 729. Aliments et nutriments, p. 5. Alliagcs de cuivre, p. 41, 45. Aluminium, p. 731. V oyez Chiuiie. Amides, p. J61. Ammoniaque de I'air, p. 456, 5 12. Amorces eleclriques, p. 4g3. Amphytrite, p. 359, 409. Ananas (Essence d'), p. 95. TABLE DES MATIERES, XXXI Anatomie. Anatomie claslique, p. 32. — De I'encephale, a43 Microsco- pique, p. 687. — Chimie auatnmique, p. 688. Aneslhesie et Anesthesiques, p. 309, 692.— Veritable inventeur de lelherifi- calion, prix, p, 65o. Anevrismes. Gueiison, p. ir5. Anthropologic. Homme separe de I'animalile, p. 202. Archeologie. Histoire des Basques, p. 64. — Fouilles de Ninive, p. 569. Arithmaurel, p. 72, Arithmometre, p. 72, 186. Armatures aimanlces, p. 162. Armes perfectionnees, 654. Arsenic dans les eaux du Mont-Dore, p. 693. Artillerie. Bouches a feu accouplees et divergentes, p. 65a. Astronomic Anneau de Saturne, p. 4.— Comete de Klinkerfues, p. 36, 200, 701. — Comete de Kruhns, p. 86. — Elements d'Euterpe. p. 114. — Influence du diapliragme des lunettes, p. i65. — Amphitrile, p. 282. — Corps planetaires decouverts depuis 1608, p. 283. — Prix d'astronomie, p. 339. — Nouvclle comete, p. 3g3. — Elimi- nation de la flexion des lunettes, p. 428. — Seance publique an- nuelle dc la Societe royale astronomique de Londres; travaux ac- com|)lis en iS53, p. 48 3. — Observation de Catton, p. 483. — Transmission clectrique du temps, p. 484, 488. — Eniegistralion electrique des passages, p. 485. — Determination des longitudes, p. 485. — Etoiles circumpolaiies, p. 486. — Etoiles doubles et varia- bles, p. 486. — Parallaxe des etoiles, p. 487. — Mouvemenl propre d'Alplia du Cenlaure, p. 489. — Installation dans l'hemisphere sud d'un grand telescope, p. 489. — Calcul du mouvement des petite3 planetes, p. 4go. — Eneur our la parallaxe de la lune, p. 490. — Iuegalite seculaire de la lune, p. 491. — Nouveau micrometre, p. 5o5. — Erreurs person nelles, p. 445. — Ordre des petites plane- tes, p. 55 r. — Obeervations faites a Malte par M. Lassel, p. 583. Satellite de Neptune, p. 584. — Satellites d'Uramis, p. 584. — Nebuleuse d'Orion, p. 584, 701. — Carle de Saturne, p. 585. — Nautical, almanacb americain, p. 585. — Mesure du demi-diameire du soled. 586. — Usage e! importance des mires, p. 621. — Mou- vemenl de translation du soleil, p. 626. — Distance des satellites de Saturne, p. 701 . Association britannique, reunion a Liverpool, p. 733. Atavisme, p. 610. Ateliers des Batignoles, p. 677. Attelage. Nouveau mode, p. 80. Atterissement, p. 736. Aurore boreale, p. 61, n3, 620. Bain d'argent. P'oyez Photographic, p. 38o. Basques. Leur histoire, p. 64. Blanchissagea la vapeur, p. 86. Bellone. Planete, p. 36o. Benzine, p. 94. Betleraves, p. 577, 669, 657. Voyez Chimie agricole et distillation. B.bbograph.e. Histoire geuerale des serpenls, p. 357. _ Souvenirs de phy- sique et de geologic, p. 36o. _ Calechisme des mecaniciens a bord xxxii COSMOS. des vaisseaux a vape.ur, p. 5o4. — Traite de medecine legale, p. 53a, 55 1. — Des MUX d'Knghien au point de vtie chimique el medical, p. 567. — Traile de cristallographie, p. 63i. — Flore du Chili. p. 619. — Traite de photographic, p. 617. — Hisloire de I'impri- merie, p. 695. — Traite notiveau dfe. photographic, thcoriqiie et nratique de Le Gray, p. 743. — Methode de chimie, p. 756. — Histoire de la circulation du sang, p. 7 56. — Coins eic.mentaire d'astronomie, p. 756. — Traile de geomctrie analylique, p. 757. — Traile eomplet et pratique de photographic, p. 768. Biographic Notice sur Cysat , p. 700. Blanchiment des arhres, p. 706. Bles. Composition chimique, p. 82. — Lavage, p. 368. Bnlanique. Maladie des vegelaux, p. 52. — Froid sur les \igues malades, p. 86. — Champignons microscopiques, p. 5o3, 771. — Flore du Chili, p. 619. — Disposition des feuilles, p. 65i, 670. — Lois de la croissance de divers arhres du Nord, p. 63 1. — Formations spi— rales, annulaires et reticulees, p. 774. Bouches a feu accouplees, p. 65 a. Bouteille de Leyde, p. 572, 779. Bouton d'Alep, p. 721. Broderies en gutta-percha, p. 141. Biome en pholographie, p. 3 1 8. Bronzes pour doublage des navires, p. 111, 144. Cabinets d'aisance pour alieues, p. 654. Cables electriques, p. a4«- Cachexie des moutons, p. 520. Calorique. Chaleur. Pouvoir calorifique emissif, p. 297. — Nouvelle meihode pour le determiner, p. 299. — Transmission calorifique du eristal de roche, p. 3x3. — Calorifere a air chaud, p. 338. — Alimeniatiou des chaudieres a vapeur, p. 3 38. — Chaleur specifique des gaz, p. 5g7. — INouveaux feux gregeois, p. j56. — Influence du niouvementde l'air sur la temperature, p. 738. Cancer. Tumeurs cancereuses, p. 199. Caoutchouc. Chalumeau a effet continu.p. 2S6. — File, p. 656. — Fit lames, p. 656. Capillaritc, p. 626. Catalyliques, forces, p. 582. Cendres des vegelaux. p. l65. Chaleur. Foyez Calorique. Chalumeau a effet continu, p. 286, 324. Champignons microscopiques, p. 5o3, 771. Charbou de bois. Production et composition , p. 104. Chassis multiplicateur, p. 534, 614, 683. Chaudieres a vapeur, p. 33 S. Voyez machines et mecaniques. Chaux dans les plantes, p. 161, 167. Cheminee fumivore, p. 43. Chernius de fer almospheriques soulerrains, p. 696. Chimie. Chimie pure, combinations nouvelles de salycile, p. 5-a, 137. — Alu- minium, p. 162, 247, 322, 425, 731. — Pertes des mineraux par la chaleur, p. 209. — Sulfites nouveaux , p. 244. — Fluorines et floors, p. 275, 332. — Al'tiniti-s chiiniques , p. 3o3 — Ozone, TABLE DES MAT1ERES. XXXIII p. 335, — Amides, p. 36 1. — Glycerine, p. 41 1. — Glucynium, p. 5o5. — Metaux lerreux, p. 507. — Laboratuire d'essais des subs- tances miueiales de I'Ecole des mines, p. 5ai. — Systeme thermo- chimiqtie , 672. — Cyanure de polassium agent d'analyse clumique , p. 573. — Preparation du phospliore et de I'acide sulfurique , p. 604,674. — Metaux associes au plaliue, p. 695. Chimie agricole. Alcool de l'asphudele rameux , p. 3r. — Vin de betteraves, 3i, 371, — Composition des bles, p. 24, 82. — Conservation des substances yzoiees, p. 4g. — Sucre de betteraves, p. 98, 100, 577. — Azole de l'air, p. 161, 456. — Cendres des vegetaux, i65. — Action des seis sur les vegetaux, p. 166. — Alcool de betteraves, p. 206, 257, 34 1 , 342, 370, 722, 734. — Pain de froment et de riz, p. 227. — Fecule de divcrses planles, p. 285, 421. — Palmier uain transforme en Classe , p. 365. — Azole des planles, p. 3gg, 454, 5n, 034. — Alcool de diverses planles, p. 421, 43o, 482. — Salpelre exlrail de la bourache, p. 577. Chimie industrielle. Porcelaine tendre, p. 43. — Alliages de cuivre, p. 41, 45. — Proprietes artistiques du savou. 64. — Blancliissage a la va- peur, p. 86. — Eucaiistique a la cire, p. 100. — Mortiers, p. in, 228. — Bronzes de doublage des navires , p. m, 144. — Etamage de la fonie, p. ii5. — Gutta-percha purifiee, pi 141. — Malierea graisser, p. 146. — Desulfuratiou du coke, p. 206. — Analyse des huiles, p. 259. — Nouveau mordant, p. 372. — Entire pour plumes metalliques,p. 479. — Fabrication du verre, p. 697. Chimie medicate. Proprieles digestives du sou, p. 323. — Solidification de 1'huile de morue, p. 429. — Eaux miueiales arseniees, p. 693, 770, 784. Chimie physiologique. Chaux daus les planles, p. 161. — Composition des ceufs, p. 320, 536, 537, 538, 540. — Fermentation et purification, p. 58o. — Chimie anatoniique et physiologique, p. 588. — Com- position du lait de la femme, p. 689. — LiquiJes animaux, p. C90. — Phosphate dans l'alimeutation, p. 690. — Sucre des urines. P- 691. Chimie pholographique, p. 264. Clnrurgie. Extraction de, corps elrangers de la vessie , p. 53, 5g4. — Ozene guerie, p. 62. — Guerison des varices, p. 168. — Extirpation des tumeurs cancereuses, p. 199. — Urelroloroie el retrecissements, p. 2n, 33o,623. — Hypertrophic de la laugue, p. 246. — Rhino- plaslie, p. 322, 622. — Nevralgies gueries par section et cauterisa- tion, p. 404. — Hernies reduites, p. 668. Chloroformisation, p. 198, 277. Cholera. Periode prodomique, p. 3o. — Traitement, p. 3i, Climats du Nord et du Midi, p. 168. Coke purine, p. 164, ao5. Colchique. Destruction, p. J78. Collodion. Voyez Photographic. Conietes. Voyez Astronomic. Combustion, electricile, p. 472. Couduchbilile eleclrique, p. 282. Conservation des corps et des pieces aualomique', p. 112. Contre-poison universel, p. 4 3o. Corsets bjgieniqiie<, p. 656. Cusmco. Salons do .'(dure et de travail, p. 37 j. C xxxiv COSMOS. Couleaux a lames virolles, p. ioo. Cristallographie. Cristaux, 576, f>3o, 03r. Danse de Saint-Guy, p. 11G. Declinaison mngnetique, p. 61. Diaphiagmcs des lunettes, p. i65. Dichroisme, p. 104. Disettes (Cause ties), p. 6. Dispersion atinospherique, p. 418. Distillation des betleraves, p. 622, 734. Voyez Chimie agrioole. Domestication des eailles et perdrix, p. 709. Drainage, p. 607. Douches conlre la fievre, p. 55 1. Eaux du Mont-Dor, p. 693. Echappement des horloges, p. 484, 657. Eclairage electrique, p. 65g. Ecole dedessin, p. 655. tcole des mines, laboraloire'd'essais, p. 52 1. Egerie (et non Hegerie), planete, p. 490. Elasticite et composition chimique, p. 5i8. Electricite en general, vilesse de l'electricile, p. 59, 236. — Grandes decou- vertes electriques, p. 109, 253, 343. — Intensile et quantite , p. 240. Electricite ordinaire ou de tension, produite paries machines d'induction, p. 167. — Nee du defacement, p. 247. — Nouvelle propriete electro- stalique, p. 287. — Nee de la combustion, p. 54i-— Residu de la bouteille electrique, p. 572, 779. — Nee de l'evaporation, p. 768. Electricite d'induciiou, appareil d'induelion, p. 27, 440. — Induction dans les cables, p. 23i, — Induction lalerale, p. 236. — Courants iuduits dans les liqnides, p. 397. Electricite voltaiique, courants en sens contraire, p. 26, 214. — Forces eleclro- molrices, p. 54, 443, 446, 599. —Appareil regulateurdes courants, 160, 219, 696. — Piles a el'fels couran's, p. 220. — Piles opposees, p. 2i3. — Conductibilite des liquides, p. 248,274,289,291,390, 5ao,532, 697. — I.oi electrolytiqne, p. 249. — Polarite electrique, p. 3oo. — 1 Courants derives, p. 352. — Electricite a travels les flammes, p. 43S. — Sources nouvellesde courants, p. 619. — Courant circulate, p. 627. — Travail interieur de la pile , p. 672. — Sira- tificatio 1 de la lumicre electrique, p, 699. — Polarisation rotatoire magnelique, p. 704. — Chaleur et froid produits par l'electricile, p. 776. Electricite appliquee, telegraphe electrique, p. 20t, 226, 477, 478, 6o3, 786. — Telegraphie des chemins de fer, p, 368. — Telegraphic pour longitudes, p. 58. — Explosion eleclrique des mines, p. 492. — Sonneries electriques, gaz electrique, p. 199. —Electricite medi- cale, p. 222, 224, 260. — Adherence magnelique, p. 275, 3o5. — Electro-chimie, p. 371. — Eclairage eleclrique, p. 533. — Machines magneto-eleclriques, p 595. — Role de l'electricile dans les arts, p. 657. — Thenno-regulaleur eleclrique, p. 729, — Traitement electro-chimique des minerals, p. 770. Encaustique a la cire, p. 100. Eucephale des poissons, p. 243, 273. Encre pour plumes metalliques, p. 479. TABLE DES MATIERES. xxxv Euduit pour pein lures murales, p. 101. Enghien, eaux sulfureuses, p. 567. Engrais de ferme, p. 45 i, 472. Euseignement, Cours du Museum de geologic pratique de Londres, p. 55o, — Institution royale de Londres, p. 55o. Erreurs personnelles, p. 54-5. Esprits frappeurs, p. 681. Etamage de la fonte, p. n5. Ethers, p. i37, Etherification, p. 65o. Etoffes. Impression pbotographique, p. 92, Eulerpe. Planete, p. 114. fitoile double, p. 604. — Mouvement des etoiles, p. 626. — Etoile variable, p. 487. Fermentation et putrefaction, p. 58i. Feu grcgeois, p. 7 38. Feuilles. Dispositions anormales, p. 670. Fievres gueries par l'acide arsenieux, p, 324. — Par les douches, 55 1. Filature. Metbode nouvelle, p. 473. Flexion des lunettes, p. 428, 473. Flore, petite planete, p. 490. Fluorescence, p. 576. Fluorines et fluor, p. 332. Folie, maladie, p. 718. Fonte, son etamage, p. n5. Fossiles, p. 357, 404, 409. Foyer chimique, p. 509. — Foyer optique, p. 535. Froment, replantation et tallage, p. 36g. — Nouvelles varietes, p, 611. Fusees elecliiques, p. 495. Galvanoplastie, visite dans deux ateliers de galvanoplastie, p. 65o, 660. Gaz, action sur 1'economie animate, p. 32 3. Gaz electrique, p. 199. Gaze pour les ■bluteries, p. 654. Generation alternante, p. 38g. Geodesie, tacheometre et metbode lacbeometrique pour lesnivellements, p, 661 1 Geograpbie, position geograpbique d'Ava, p. 5g6. — Carle en relief de la Turquie d'Enrope, p. 6o3. — Projections homalographiques, p. 726. Geologie, alteiissements, p. 736. Geomelrie descriptive, droiles dislribuees dans l'espace, p. 26, 666. Glulen des bles, p. 24. Glucynium, p. 5o5. Glycerine, combinaison, p. 4n. Gravure heliogiapbique, p. 6i5. Hannelon, insecle nuisible, p. 712. Hclice pour les navires, p. 129, Hemostatique (Nou\el agent), p. n5. Hemyedrie, p. 519. Hernies reduites par la glace, p. 668. Histoire naturelle. Hisioire naturelle generale des regnes organiques, p. 208. — Archives du Museum, p. 4o5. Horlogerie. Horloge electrique, p. 89. — Montre sans clef, p. 146. Horticulture. Avenir horticole de l'Algerie, p. 705. C. xxxvi COSMOS. Huiles. Analyses, p. 259.— Huile de moriie, p. 429- Hybridite, p. 610. Hydrographie el navigation. Leves sous voiles, p. 62.5. — Equilibre des corps flottants, marees du nord del'Enrope, p. 626. Hydropisies, p. 719. Hydrotherapie generate, p. 56. Hygiene publique. Documents denmndes par I'Anglelerre, p. 666. Impression photographique des eloffes, p. 9a. Iacendies eleinls par la vapeur d'eau, p. 705. Incrustations, p. 524. Induction. Voyez Electricite. Insectes miisibles, p. 712. Institution royale de Londres, p. 55o. lode dans Pair, p. Si . Kytes, p. 719. Laitde femme. Composition, p. 689. I„impe rhalumeau deM. Deville, p. 329. — Lampe dc siirete, p. 469. — Lampe moderateur, p. no. Lapin extraordinaire, p. 32. Leve sous voiles, p. 6a5. Locomotive par laminage, p. 5o. — Locomotive marine, p. 2aS. Londres. Population, p. 3og. Longitude eleclrique, p. 346, 734. Lune. Parallaxe, p. 490. — Cartes, p. 701. Maladies des planles, p. 671, 696, 733. Marees du Nord, p. 32r. Maleriaux. Leur resistanre, p. 102. Machines. A percer les plaques, p. 42. — Trousseau diviseur, p. 46. — A va- peur, p. 48, 257, 338, 422, 480. — A calcul, p. 72, 186. — Nou- vel attelage, p. 80. — Porte-amarre, p. 80. — Lit de sauvetage, p. y3# — a preparer le colon, p. 9S. — Locomotive, p. 5o, 5i ; marine, p. 225. — Machine calorique, p. 122, 225. — Propul- seur a reaction, p. 274. — A imprimer les tissus, p. 654. — Moulin a vent, p. 566. — Magneto-electrique, p. 657. — Parachutes des mines, p. 467. Magnetisroe. Voyez Electricite. — ■ Declinaison magnetique, p. 61. — Arma- tures aimanlees, p. ifia. — Des liquides, p. 36o. Mathematiques. Ai ilhmomelre, p. 72, 186. — Theorie de la lumiere, p. 80. — Probabilite, p. 63o. — Points dans l'espace, p. 63o. — Transforma- tion des fonctions, p. 670. — Integrates curvilignes, p. jaS; Mecanique theorique. Torsion des prismes, p. 3i4- — ■ Theorie du pendule, p. 5S3. — Lois du mouvement des eaux, p. 771. Mecanique appliquee. Chemins de fer atmospheriques souterrains, p. 749. — Resistance du fer, p. 772. Medecine. Periode prodomique du cholera, p. 3o. — Danse de Saint-Guy, p, 1 !6. — phihisieguerie paries vapeurs d'iode, p. 229. — Migraine, p. 479. — Fievres intermitlentcs gueries par les douches, p. 55 1. — Prix, p. 717. — Aleoolisme chronique, p. 717. — Traite theorique et pratique des maladies mentales, p. 7 18. — Angine laryngee cede- mateuse, p. 719. — Hydropisies et kystes, p. 719. — Maladies des nouveau-nes, p. 720. — houton d'Alep, p. 721. — Syphilis, p. 72 r. — Medecine veterinaire. Cachexie des mouions, p. 5-j3. — TABLE DES MATIERES. xxxvii Peripneumonie epizootique du gros betail, p. 5a6. — Contagion du fang de rate, p. 609. Mers. Denominations, p. 416. — Couleurs, p. 3oo. Melcorologie. Necessite d'organiser la meteorologie a l'Observatoire imperial, p. i58, 53 1 , (195. — Inslilut meteoiologique d'Utrecht, p. 407. — Temperature relative du sol et de l'air, p. 409. — Erreurs sur la temperature moyenne do Paris, p. 53a. — Grande campagne meteorologique, p. 761. Metier clectrique, p. 607, 660. Meules (taille des), p. 655. Microscope solaire, p. 736. Migraine. Remede, p. 479. Miueralogie. Pseudomorpboses, p. 576. — Mesures dangles de cristaux, p. ^76. — Cristaux de cbloro-bromure, p. a58. Mines allumces par la lumiere electrique, p. 696. Mires. Usage el importance, p. 621. Moelle epiniere. Fonctions, p. 622. Moniteur electrique descbemins de. fer, p. 5o8. Mont-d'Or. Ses eaux arseniees, p. 693. JWontre sans clef, p. 1 4(>. Mordant nou\eau, p. 372. Mortalile. Tables, p. 1.4.3. Mortiers hydrauliques, p. 228. Moulin a vent, p. 566. Muscles. Force electro-motrice, courant, p. 599. Navigation aerienne, p. 167. — A vapeur, 265. Nebuleuse d'Orion, p. 584. Necrologie. Mort de M. Gaudichaud, p. S-]. — Mort de M. Hericart de Thury, p. i65, 653. — De I'amiral Roussin, p. 276,431. — De M. Beau- temps-Beaupre,p. 357,435. — De M. Roux, p. 889, 433. — De M. Mauvais, p. 4^5. — De M. Leroy, p. 436. — De M. Bouiiat, p. 653. — De M. Mallet, p. 655. Nerfs. Galvanisation et section, p. 111. — Agent nerveux , p. 43o. — In- fluence stir la nutiitilion des o.«, p. 723. — De 1;; sentitive, p. 73i. Nevralgie, p. 404. Ninive fouilles, p. 079. Nutation constante (de I.V, p. 4. 91. Nutriment*, p. 5. Observatoire. Notivelle organisation de l'Observatoire imperial, p. i53. CEil, p. 695. OF.uls. Composition, p. 337, 536. — Hyilro-inrjbatioi), p. 579. Optique. Uefracteur iuterlerentiel, p. 7, 180. — Dicbroisme et polycliroisme, p. io5. — Double refraction ternporaire, p. 279. — Axe optique p. 325. — Refraction et dispersion almospherique, p. 418. — For- mulesde Fresnel, p. 570. — Dioptrique, theorie des ap|>areils opti- ques, p. 627. — Nouveau polariscope et doubles refractions peu energiques, p. 627. — Optique meleorologiqtie, arc-en-ciel , halos, mirage, crepuscule, polarisation, aurores boreales , p. 629. — Pou- voir diffusif, p. 671. — Polarisation rotatoire magnetique, p. 701. — Microscope solaire, rooyen d'analyse, p. 736. Grangers, culture, p. 577. Orgues, p. 657. XXXVIII COSMOS. Ozene, trailemcnt, p. 63. Ozone, p. 335. PalaisdeCrislal. Papier transparent, p. 7 26. — Photographique. /^oi. photographie. Paleontologie. Insectes fossiles, p. 408. Palmier nain, p. 365. Panopticon royal, p. 38. Pendule. Theorie, p. 58. — Conique, p. 628. philosophic bermetique. Tables parlautes, p. i3, 169, 206. — Esprits frap- pauls, p. 681. Phosphore de chaux dans ['alimentation, p. 41. Phosphate, preparation, p. 674. Photograph ie en general. Soriete photographique , p. 37. — Prix propose, p. i52. — Son histoire, p. 664. — Experience d'Yonng, p. 665. — Veritable inventenr de la photographic snr collodion, p. 634, 769. Photographie , appareils. Cuvette on hassine Nadard , p. 26 r. — Chambre obscure et chassis du voyageur, p. 434, 683. — Chassis et cuvettes portatives, p. 614. — Cuvettes en gutta-percha, p. 743. — Tetes de daguerreotype a quatre fins, p. 745. Photographie, agents. Nouvel induit phologenique, ceroleine, p. g3. — Vernis a la benzine, p. 94. — Ether siccatif, remplacant ie collodion, p. 67. — Bain revelateur , p. 3i8 , 588. — Bain sensibilitateur, p. 3ig, 38o, 555. — Papier photographique, p. 499, 55g. — Vernis a transport, p. 767. — Collodion des versa soie, p. 767. Photographie, proccdes. Sur papier a la ceroleine, p. 348, 652, — Papier eire, p. 745. — Sur verre collodionne, p. 36, i5o, 217, 261, 262. — Collodion bromure, p. 264, 558. — Collodion anticipe, p. 589,714, 743, 766. — Comparaison des divers genres, p. 6g5. — Correction des epreuves, p. 713. — Peinture des photographies, p. 747. — Transports des ncgatiis, p. 766. Photographie, applications. A la zoologie, p. 36, 498, y*5. — Reproduction de sculpture, p. 37. — Catalogues illustres, p. 693. — Lithopho- tographie , p. 37. — Vins panoramiques du Mont-Blanc et du Montrose, p. 317. — Appliquee a la guerre et a la marine, p. 38i, 498. — Au microscope solaire, p. 590. Photographie stereoscopique. Theorie des epreuves stereoscopiques , p. 33,64, 3i7. — Epreuves de Kilburue, p. 36. — Experience stereoscopique, p. 147. — Belles Epreuves, p. 3o2, 3r 4. Photographie induslrielle. Impression photographique des eloffes, p. 92. Photographie. Chimie photographique, p. 264. Photo-lithographie, p. 591. Physiologie. Phosphate dans l'alimentation, p. \i. — Aliments et nutriments, p. 5. — Sections des nerfs, p, 80, in. — Respiration des choleri- ques, p. 80, i33. —Conservation des corps, p. 112, 3io. — Agent hemoslatique, p. 1 15. — Ueveloppement des co3nures, p. 245. — Action des gaz sur l'economie, p. 323. — Fonctions du nerf grand sympathique, p. 464. — Transmission de la sensibilite par la moelle epiniere, p. 702. — Influence des nerfs sur la nutrition des os,p. 723. — Bruit avec le muscle du peronier, p. 731. — Appareil nerveux de la sensitive, p. 731. Physique de Patmosphere. Aurore boreale, p. 61, n3, 629. Physique du globe, physique des eaux. Coloration des mers de la Chine, p. 3oo. — Cartes marines, p. 320. — Mareesdu Nord, p. 323. TABLE DES MATIERES. XXXIX Physique du globe, Tremblements de lerre et age de la lune, p. 25, 725. — Magnetisme terrestre, p. 87. — Influence de la roialion de la terre sur le pendule, p. 6a8. Physique moleculaire. Relations enlre la composition chimique et I'elasticite des mineraiK, p. 5i8. — Action capillaire, p. 626. —Force osmotique, p. 7G1 . Phihisie guerie par l'iode, p. 229. Pianos perfectionnes, p. 657. Pile. A effets constants, p. 429. — Travail iuterieur, p. 672. Pisciculture. Eleve des saumons, p. 160. — Guide du pisciculteur. p. 168. — Precedes piscicoles, p. 693. — Son histoire, p. 710. — Ses limites, p. 712. Plantes. Electricite des plantes, p. 643. — Azote des plantes. Voyez Chimie agricole. Plongeur. Appareil, p. 40. Poids et mesures. Construction et copie d'un yard etalon, p. 489. Poissons vivipares, p. 3<)5i Polarisation rotatoire, p. 702, 703. Polariscope, p. 627. Polycrhoi'sme, p. 104. Porcelaine tendre, p. 43. Porte-amarre de sauvetage, p. 80. Porte-plume galvanique, p. 648. Prismes. (Torsion des), p. 3i4. Prix proposes ou decernes, p. 119, 265, 267, 268, 63o, 649, 65o, 687. Projections homalographiques, p. 726. Propriety Industrie! I e, p. o. Propulseur a reaction, p. 274, 696. Pseudomorphoses, p. 076. Pyrotechnic Nouveau feu gregeois, p. 525. Rasoirs a dos rapporte, p. '55. Reflexion. Voyez Optique. Refracteur iuterferenliei, p. 7, 69, 179. Refraction double temporaire p. 279. — Atmospherique, p. 4*8. Reliure mobile, p. 655. Retrecissements de I'uretre, p. 623. Respiration des choleriques, p. i33. Rhinoplastie, p. 622. Rubans compleurs, p. 655. Salep francai?, p. 285. Salycvle. Combinaisons, p. 52. Sang de rate, p. 609. Sangsues. (Eleves des), p. 656. Saiurne. Divisions, p. 5S5. — Carte, p. 5g5. — Satellites, p. 701. Saumons. Varietes, p. 243. Savon. Proprieles artisliques, p. 64. Scintillation, p. 420. Scorpionides, p. 670. Sels. Actions sur les vegelaux, p. 166. Sensibilite. Transmission par la moelle epiniere, p. 702. Serpents (Veniu dos), p. 276, — Histoire, p. 357. Silicium, p. 371. XL COSMOS. Societe d'cncouragements. Seance publique. Prix, p. 653. Soleil. Demi-diamelre, p. 586. Sou (Principe digestif du), p. 3a3. Son. Sa Vitesse, p. 627. — Produit par le cunlact des corps cliauffes, p. 326. Souneries electriques , p. 656. Sonne. Preparation , p. G74. Syphilis, p. 721. Slalisliquu. Societes de prevoyance. Prix, p. 123, 126. — Decisions prises par les conseils de revision, p. ia5. — Conceptions et naissances a Versailles, p. 126. — Slatislique niedicale de la France, p. 126. — Du dromadaire, p. 127. — Tables de moiialite, p. i/»3. — Popu- lation de Loudres, p. 3o(). Stereoscope et eprruves stereoscopiques. Foyez l'holograpliie. Stratification de la lumiere electrique, p. 699. Sucre. Industrie sucrierc, p. 98. I'oyez Chhnie iudustrielle. — Dans les m ine;, p. 691. Tables touniantes et parlantes, p. 169, 207. foycz, Philosophie hermelique. Tacheomelre, p, 601. Tarare contre 1'alucite, p. 465. Telegrapbe electrique. foyez, Electricite. Telescope, p. 490. Thermonietre maxiniiiin, p. 5o4. Thermoraelre electrique, p. 729. Toxicologic — Venin des serpents, curare, p. 276, 3m3. — Contte-poison universel, p. 43o. l'reuibleinents de lerre el age de la lune, p. 72s. Trousseau diviseur pour eugrenages, p. 40. Tue-teigues, p. /\Qf\. Uretrotome. Foycz Cliirurgie. Vaches laitieres, p. 608. Vapeur d'eau. Eleint les incendies, p. 705. Varices. Guerisons, p. i65. Ventilateur aneslhesique, p. 3o0. Verre. Fabrication, p. 697. Vers a soie. Cocons, p. 472. — Samages de la Chine, p. 707. — Du lUn- gale, p. 709. Vers intestinaux, p. 387. Vision, p. 695. Voitures de luxe, p. 655. Volcan de boue et d'air, p. 5o3. Yak. Accliuiatation, p. 190. Zoologie. Accliraatation des auimaux 198. — Ornitbologie, p. 1, a5, 161. — Lapin extraordinaire, p. 3i. — Developpement des vers intestinaux, p. 268. — Generation alternaute , p. 272.— Dignite de I hoinme, p. 292. — OEufs de poissons, p. 320. — Poissons vivipares, p. 3rj5'. — Sangsues, p. 481. — Poissons tues, 55o. — ■ Hydro-iurubalion, p. 578. * * t» >s>e^»»»fri»«- T. 4. 6 JANVIER l853. TUOISIlhlE ANNEE. COSMOS. Nous commencons avec cette livraison le quatrieme vo- lume du Cosmos, le premier volume tie la troisieme annee. Les volumes desormais et Ies abonnements partiront du ier Janvier et du i" juillet. Nous ne pouvons que nous fe- liciter du suedes constant et rapide de notre Revue; le nom- bre de nos abonnes a presque triple depuis six mois, et nous comptonsaujourd'bui plus de souscripteurs que nous n'avions ose l'esperer. 11 est done vrai que, sans avoir ja- mais eu recours a la publicite, nous sommes parvenu a exciter partout l'attention, et a conquerir de genereuses sympathies. Cependant nous n'avons pas encore rempli toutes nos promesses , et nous 1'avouerons meme franche- ment, notre. apprentissage n'est pas termine. La redaction de notre feuille n'est pas encore devenue pour nous comme une de ces nobles fonctions organiques de la vie qui s'exe- cutentavec une aisance merveilleuse et sans fatigue. Tou- jours ecrase par l'abondance des malieres , toujours, par consequent, excedede travail, nous n'avons pas puconser- ver notre liberte d'esprit tout en tiere, discerner et prepa- rer assez longtemps a l'avance ce qu'il failait absoiument publier sur-le-champ, ce dont on pouvait differer la pu- blication, ce qui ne devait apparaitre qu'en analyse, ce qu'il convenait de reproduire integralement. Nous avons resolu dans notre vie bien des problemes, a un tres-grand nombre d'inconnues, determines ou indetermines , mais jamais aucun de ces problemes ne s'est montre aussi ina- bordable, nous dirions presque aussi insoluble que celui de la redaction du Cosmos, alors qu'il s'agit de condenser en vingt-huit pages l'ensemble de toutes les recherches e 2 COSMOS. de toutes les nouveautes scicntifiques et industrielles heb- domadaires du monde. Aussi , quoique notre conscience nous rende ce temoignage que nous n'avons rien neglige pour qu'on ait pu , pour qu'on ait du dire a chaque nouve'le livraison du Cosmos : il croit et il progresse , procedit et crescit, nous n'en appellerons pas a notre passe com me garantie de notre avenir, parce que nous ferons certainement beaucoup niieux, que nous tiendrons de plus en plus au courant de tout ce qu'il y a de neuf, d'utile et d'interessant. Le plus difficile, l'impossible presque, mais nous en viendrons a bout a force d' efforts et de soins, c'est de rediger notre feuille de telle sorte qu'elle interesse vivement les savants sans ennuyer les amateurs, qu'elle instruise les esprits simplement eciaires sans degouter les maitres de la science, qu'elle soit utile a tous, agreable a. tous, indispensable a tous les amis du progres. FAITS DIVERS. PROPRIETE INDUSTfitELLE. Nous donnerons pour etrennes aux inventeurs l'annonce du triom- phe de leur cause plaidee avec tant de talent, d'esprit , de courage et de perseverance, par notre ami M. Jobard de Bruxelles. Voici ce qu'il ecrit a M. Darnis, redacteur du Moniteur industriel : « II est maintenant decide que les brevets beiges seront de vingt ans, qu'ils ne pourront plus etre annul -is faute de mise en execution dans un temps donne, et qu'ils ne couteront plus que 10 fr. la pre- miere annce, 20 fr. la deuxieme , et ainsi de suite jusqu'a la ving- tieme annee, d'apres l'echelle progressive que j'avais dtablie. La clause si fatale aux brevetes francais par l'article 51 est tellement affaiblie dans la loi beige, qu'on peut la regarder comme abolie ; il faudra que la description et les plans complets aient 4te imprimes anterieurement dans un livre public en Belgique pour pouvoir pro- voquer la decheance. « lnformez les inventeurs et industriels francais qu'il est un pays oil ils pourront mettre les oeuvres de leur intelligence a l'abri de la contrefacon, et qu'ils doivent commencer leur prise de brevet par la Belgique , qui leur accorde trois mois de secret pour leur donner le temps de se pourvoir ailleurs. Tel est le result.it des quarante-trois publications que j'ai gratuitement repandues depuis vingt-cinq ans, pour demontrer que chacun doit etre proprieHaire et responsable de ses oeuvres, si Ton veut que la justice regne ici-bas. " L'exemple de la Belgique sera contagieux, ehaque pays s'era- pressera desormais de favoriser l'inventeur comme le premier homme dumonde, apres l'avoir si longtemps traite comme le dernier... L'e- dit de Nantes revoque a enrichi I'Angleterre; la revocation de l'edit berodiaque des brevets d'invention de 1817 enrichira la Belgique. La Fiance, qui n'attendait que cet essai, va sans aucun doute se ren- dre a l'opinion de son chef illustre qui croit que Iceuvre intellectuelle est une propriete comme tine terre, une r/iaison , quelle doit joint: des mimes droits, et ne pouvoir etre alienee que pour cause d'ulilite publique; je copie, car j'ai devant les yeux ces sublimes paroles tracees de la propre main de l'Empereur. » U COSMOS. ANNEAU DE SATURNE. M. Saigey a public dans la Revue do I 'Instruction publique, sous le titre de Histoire de l'anneau de Saturne, deux ou trois articles pleins d'interet et d'tfrudition dont nous citerons simplement les conclusions : .. M. Othon Struvo, en discutant immediatement les observations des astrononies, est arrive aux. consequences suivantes : 1° le dia- metre exterieur du grand anneau brillant ne varie pas sensiblement ; 2° sa largcur augmente un peu ; 3° la largeur du petit anneau aug- mentc plus rapidement; 4° cet anneau diminue en diametre, sur- tout a l'intericur, et cette diminution supposee uni forme amenera l'anneau obscur au contact de la planete en cent vingt-cinq ans. Quelle que soit l'epoque ou ce phenomene cosmologique aura lieu, il resulte evidemment des observations de deux siecles que l'anneau de Saturne ne forme pas un systeme invariable : toutes les parties de ce systeme ont subi des changements notables et en subiront en- core de plus grands dans un laps de temps moins considerable. Des ]ors tout porte a croire que cet anneau merveilleux n'est pas un ac- cessoire que Saturne tiendrait de son origine, mais un pur accident de la vie de cette planete, une rencontre fqrtuite avec quelque ma- tiere chaotique, precedemment errante dans les espaces celestes. Bientot cette matiere viendra se joindre au corps de la planete qui l'absorbera, et le spectacle magnifique qu'elle nous presente dans sa forme cessera pour jamais. La posterite aura peine a y croire, et traitera peut-etre de fabuleux le recit des astronomes de nos jours. " Maintenant si nous remontons le cours des siecles, a l'aide de notre formule empirique, nous trouverons que le diametre interieur du petit anneau etait egal au diametre exterieur actuel du 'grand anneau en 1108; d'oii nous concluons que le bord exterieur du grand anneau aura marche de toute la largeur des deux anneaux, vers l'an 259S , et que deux cent quinze ans apres, e'est-a-dire vers Van 2813, tout aura disparu. » ROLE DU PHOSPHATE DE CHAUX DANS l'aLIMENTATION. M. Mouries enonce comme certaine^les propositions suivantes : l^Le phosphate de chaux joue chez les animaux un role plus im- COSMOS. 5 portant qu'on ne le pensait jusqu'a. ce jour. Independamment de son influence sur la production du systeme osseux , ce sel agit en en- tretenantl'irritabilit^sans laquelle il n'y a ni assimilation, ni, conse"- quemment , nutrition. Aussi son insuffisance tres-accusee produit- elle la mort avec tous les symptomes de l'inanition, tandis qu'une insuffisance moins marquee fait naitre la serie des maladies lympha- liques. 2° L'alimentation des villes est insuffisante sous ce rapport; le lait des feinmes a consequemment le meme defaut, et l'enfant comme le foetus souffrent de l'absence de cet aliment indispensable a leur vie et a leur developpement. De la une des principales causes de l'e- norme accroissement du chiffre des morts-nes et de celui de la mor- tality des enfants dans les villes. 3° L'addition de ce sel, uni a une matiere animale, complete les aliments et previent les maladies et la mort, qui suivent toujours l'absence ou l'insuffisance du phosphate des os. ALIMENTS ET NUTRIMENTS. M. Lucien Corvisart a lu sous ce titre, a l'Academie de rnedecine, un tres-long et tres-bon travail qui se resume assez bien dans les propositions suivantes : L' aliment n'est qu'une substance brute qui laisseperir d'inanition celui qui ne digere pas; de meme que l'ceuf brut re^oit tout a coup par la fecondation 1'aptitude a faire un nouvel etre, l'aliment brut par la digestion acquiert tout a coup une aptitude a. nourrir ou, si Ton veut, a faire vivre. 1° lorsquil a acquis cette propriete elevee, l'aliment devient nutriment ; 2° le nutriment a par lui-meme la pro- priete de nourrir meme celui qui ne digere pas ; 3° l'albuminose est un nutriment, mais il est bien loin d'etre seul ; 4° il y a plusieurs nutriments azotes ; il y a plusieurs manieres de faire des nutri- ments azotes; plusieurs sortes de nutriments azotes sont aussi necessaires pour faire vivre que plusieurs aliments azotes, et par la meme raison; 5° on reconnait un nutriment a ce qu'il agit a la ma- niere des substances digerees quand on l'introduit dans la profondeur des tissus, quoiqu'on ne lui permette pas de toucher les organes di- gestifs ; 6° toute substance soluble qui n'est pas utilisable pour l'e- conomie et qui y penetre est rejetee par les secretions (surtout uri- naires) ; ainsi des poisons, ainsi des medicaments, ainsi des aliments 6 COSMOS. bruts ; 7° toute substance utilisable, comme est le nutriment, est retenue, utilisee et n'est pas rejetee par les urines; 8° l'injection dans les veines d'un animal, pourvu qu'on observe nombre de pre- cautions operatoires, permet de reconnaitre a l'instant un aliment d'un nutriment ; 9° ni les caracteres physiques , comme croyait Spallanzani, etc., ni les caracteres chimiques, comme il resulterait des travaux deM. Mialhe, ne peuvent faire connaitre un nutriment; le caractere physiologique et organoleptique seul est irrefragable ; 10° on peut nourrir les malades dont l'estomac par faiblesse oui m- puissance, ne digere point ; les nourrir en se passant, pour ainsi dire, de leur estomac ; faire ses fonctions sans lui et aussi bien qu'il les au- raitfaites lui- meme, avec autant de profit pour la nutrition et l'en- tretien de la vie. Qu'y a-t-il de plus simple , de plus naturel , de plus puissant que d'employer avec les prises ou cuillerees nutrimen- tives la force vive que renferme le principe digestif, cette force qui n'a de comparable que la force fecondante. CAUSES DES DISETTES EN CEKEALES. D'une etude consciencieuse des faits relatifs aux disettes e"prou- v£es depuis le commencement du xixe siecle, M. Charles Morren, de l'Academie royale des sciences de Bruxelles, tire les conclusions suivantes , qui meritent d'etre enregistr^es pour 1'instruction de l'avenir : 1° Le deficit dans la production des ceVeales d'hiver cultivees de 1852 a 1853 n'est point le r£sultat de la maladie d'aucune de ces plantes. 2° II n'est la suite nid'envahissementd'insectes nuisibles, ni de plantes parasitiques. 3° 11 consiste surtoutdans un epiage impar- fait et dansun avortement des caryopses ou des grains. 4° Ces deux atrophies semblent etre la consequence d'une temperature douce qui a preside pendant plus de quatre mois au semis et au premier developpement hivernal des cereales , epoque pendant laquelle les rudiments des epis se sont formes, d'une part; 5° de l'autre de Tac- tion defroidstardifs qui ont produit uneespece d'hiver au lieu et place du printemps, a l'dpoque naturelle de celui-ci; etpar consequent, le deficit du grain est la consequence d'un defaut de developpement des organes destines a le produire par suite de phdnomenes m^teo- rologiques dependant de la temperature. 6° La disette del853 est done analogue, quant a ses causes replies, a celle de 180.1 a 1802. SCIENCE PURE. REFRACTEUR INTERFERENTIEL. Nousdonnons comme etrennes de i854 aux physiciens abonnes ou lecteurs du Cosmos, la figure el la description completement inedites , d'un instrument merveilleux , chef-d'oeuvre du genie de Francois Arago, construit d'apres sesordres et sous sa direction, parle pins habile de nos artistes en optique moderne, par M. Soleil, il y a six ans, inais dont son illustre auteur a retarde la presentation a l'Academie et l'apparition dans le monde savant, par le seul motif qu'il n'avait pas acheve encore les experiences positives qui devaient mettre en evidence ses ad mi tab les proprietes. Un des beaux souvenirs de notre vie, sera d'a- voir provoque par d'incessantes solicitations la construction de cet instrument, dont la precision est si etonnante qu'il assigne la difference entre deux nombres, les coefficients de refraction de l'air sec et de l'air sature d'humidite, qui ont six decitnales communes, qui different a peine d'un millio- nieme ; d'avoir ete charge par M. Arago lui-meme d'en presser et d'en surveiller 1' execution ; d'avoir enfin ete autoiise a devenir son parrain; nous l'avons appele Refracteur interferentif.l, et ce nom a ete accepte par Francois Arago. Avan tdeledecrireetd' en expliquerl' usage, nous re[)rod uirons ce que nous en avons dit (lorsqu il n'etait encore qu'a l'etat de projet, ou de disposition ebauchee et realisee provisoirement vingt-cinqannees auparavant)dans notre repertoire d'optique moderne pages \5q etsuivantes. Nous tenons d'autant plus a reproduire cet expose general, qu'il est l'ceuvre de M. Arago lui-meme, la reproduction litterale de notes redigees et publiees par lui a de longs intervalles; ces pages portent le cachet du maitre par excellence, cachet que nous n'aurions pas puleur donner; et a l'ceuvre magnifique, tout le monde reconnaitra le su- blime ouvrier. Entrons en matiere. 8 COSMOS. « Si deux faisceaux de himiere blanche, sortis d'une source com- mune, se sont propag^s dans un lticme milieu homogene, et ont parcouru des chemins a peu pros egaux, us forment partout ou ils se croisent sous de petits angles, un systems compose de quelques franges obscures et brillantes, parfaifement visibles. La frange cen- trale est la moins irisee de toutes, elle est presque ou blanche ou noire, blanche entre deux noires, noire entre deux blanches, et ce caracteresuffitpour la faire reconnaitre.Dans la place qu'elle occupe, les rayons interferents ont parcouru des chemins exactement egaux. Tout est pared de forme, d'intensite et de coloration de part et d'au- tre de cette frange centrale. M. Arago reconnut, il y a bien des annees, que les conditions des chemins parcourus ne determinent pas seules la place des franges formees ainsi par Interference de deux faisceaux de lumiere. En placant dans l'air une lame de verre excessivement mince sur le trajet d'un des faisceaux, il vit les ban- des marcher du cote de la lame. Cette experience, repeteeun grand nombre de fois, avec toutes sortes de milieux solides, liquides. ga- zeux, conduisit a une loi qui lie d'une maniere t res-simple le displa- cement que les franges cprouvent a la puissance refringente eta, Fepaisseur du corps diaphane qui est traverse ainsi par tin seul des deux faisceaux. Des qu'il eut d^couvert ce mo}"en, entierement nouveau, de me- surer la puissance refractive des corps diaphanes, I\!. Arago dut songer a l'appliquer a l'etude de cette puissance, dans l'air humide. II y avait, en effet, un grand interet a savoir definitivement si l'hy- grometre devait figurer dans le calcul des refractions astronomiques, c'est une question deja traitee par deux illustres physiciens; d'abord par Laplace, a, l'aide de la supposition gencrale, que les vapeurs et les liquides dont elles proviennent ont le meme pouvoir refrin- gent, supposition tres-plausible clans le systeme de remission, mais que des recherches posterieures n'ont pas confirmees; ensuite par M. Biot, d'apres des experiences tout aussi exactes que la methode employee pouvait le comporter. Fresnel voulut bien se joindre a M. Arago pour ex^cuter l'exptfrience que celui-ci avait projetee. Voici comment on la realisa : deux tubes en cuivre mince, d'environ un metre de long, furent soudes 1'un a l'autre, comme les deux ca- nons d'un fusil a deux coups; a chaque extr^mite, ces deux tubes elaient fermes par une seule et meme plaque de verre, a, faces pa- COSMOS. 9 rallelcs; des robinets donnaient passage aux substances dont on voulait etudier les effets. Quand les lubes renfermaient de l'air de la meme densite, de la merne temperature ct du merae iegv6 d'hu- midite, le faisceau qui traversait le tube de droite, produisait, en se mciant a sa sortie au faisceau provenant du tube de gauche, des franges irisees, dont la place co'incidait presque exactement avec cellos des franges qui resultaient de Taction de ces memesfaisceaux se propageant a l'air libre. Si la force tMastique etant toujours egale dans les deux tubes, l'un renfermait uu chlorure de calcium, et l'autre de l'eau ; si, des lors, le premier tube etait rernpli d'air completement sec, et le deuxieme d'air sature d'liumidite, les bandes formees par 1 'interfe- rence du faisceau qui, dans sa course, traversait un metre d'air hurnide, et du faisceau qui traversait un metre d'air sec, n'occu- paient plus la place des franges engendrees a l'air libre ; l'interpo- sition des tubes produisait un displacement notable, un displacement d'une f range et demie; ce displacement se faisait toujours du cot6 de l'air sec. Le sens du displacement des franges prouvait d'abord, d'une ma- niere incontestable, que l'air sec avait plus de puissance refringente que l'air hurnide; re^tait a, assigner la difference. De la loi dont ii a etc question plus haut, ou bien d'experiences faites sur l'affaisse- ment de pression que l'air devait subir dans l'un des tubes, pour que les franges se deplacassent d'une f range et demie vers le cote" oppose, on concluait directement la difference des pouvoirs refractifs des deux airs. Mais il etait possible qu'une legere couche d'humi- dite se fut pi-ecipitee a, la surface interieure des deux verres, dans les portions correspondantes au tube a air hurnide; or, une pareille couche, quelque mince qu'on la supposat , jouerait dans le ph£- nomene un role important; elle masquerait la plus grande partie des effets cherches. Telle est la difficulte qui detourna Fresnel de donner aucun chiffre a l'appui de la conclusion que M. Arago et lui tirerent de leur experience commune. Cette difficult^, M. Arago l'a, depuis, completement levee, en repetant l'ancienne experience a l'aide de deux autres tubes, l'un sec et l'autre hurnide, fermes a. leurs deux extr£mites paries deux memes verres dont on s'etait d'abord servi; mais, cette fois, les tubes, au lieu d'un metre n'avaient plus qu'un centimetre de long. 10 COSMOS. L'influence de la difference de puissance reTringente des deux airs, se trouvant ainsi a pcu pros climinee, il ne devait plus guere rester qnel'effet de la couehed'humidite, precipitee a la surface interieure des deux plaques de verre du cote* du tube humide ; cet effet fut constamment inappreciable. Le mouvement d'une f range et demie observe avec les tubes d'un metre de long, dependait done exclusi- vcnient des proprieties refringentes comparatives de l'air sec et de Tair sature" d'huinidite; la difference etait telle, a 25° centigrades, que si pour l'air sec on prenait comme rapport du sinus d'incidenco au sinus de refraction, pour le passage de la lumiere du vide, dans l'air, le nombre : 1,0002945 ce rapport devenait pour le passage du vide dans l'air humide, 1,0002936 Chose singuliere! une difference sur la 7e decimale des indices de refraction se trouva ainsi constats a l'aide d'experiences dans les- quelles aucun rayon ne s'etait refracte. Ajoutons que 1' exactitude de la methode ctant proportionnelle a la longueur des tubes em- ployes, rien n'aurait empeche d'aller encore beaucoup plus loin. Cette experience aura un complement dont M. Arago s'occupe. II s'agit de savoir si la chaleur exerce sur la refraction de l'air une influence qui puisse, qui doive etre distinguee de sa proprietc dila- tante. Le doute merite d'autant plus d'etre leve que le verre ehaud /efracte plus que le verre froid. II faudra encore, pour ne rien laisser dans le vague sur la ques- tion si importante des refractions astronomiques , etudier l'influence de l'electricite en repos et de l'electricite en mouvement. Tout cela est maintenant accessible et sera promptement eclairci. Nous allons indiquer brievement quelques autres applications dont la methode de M. Arago est susceptible et qu'il a exposees a l'A- cademie. Concevons un seul tube d'une certaine longueur, vide d'air, bouche a ses deux extremites par deux plaques de verre, et hermetiquement ferine. En choisissant convenablement ces deux plaques de verre et une troisieme plaque mobile destinee a etre placee a cote du tube sur la route du faisceau exterieur, on peut faire en sorte que, par tm effet de compensation, des franges se forment par l'interference COSMOS. li des rayons propag(5s a travers le vide , et de ceux qui ont traverse l'air exterieur , tout comme si les uns et les autres s'etaient mus dans un milieu homogene. Seulement, si l'atmosphere exterieure change de puissance refractive, lesfranges se deplaceront; leur mou- vement se fera vers le tube vide quand le pouvoir refractif dimi- nuera, et en sens inverse quand le pouvoir retraetif augmentera. Un pareil instrument pourrait done , dans les observatoires , etre employe, au lieu du barometre et du thermometre, a la determina- tion de la force refractive de l'atmosphere. L'observation s'execute- rait a la hauteur de l'objectif de l'instrument astronomique, et ainsi finiraient d'interminables disputes sur laconvenance de faire usage, dans le calcul des refractions, du thermometre exterieur ou du ther- mometre inte'rieur. La refraction de l'air est fonclion de sa pression et de sa tempe- rature ; la pression restant constante, si la temperature varie d'un seul degre centigrade, les franges, dans un instrument de 11 deci- metres de long, se deplaceront de plus de deux franges entieres. Ce mouvement, on le mesure a la precision de 1/10° de frange. L'in- strument dont il vient d'etre question, combine avec le barometre, peut done servir a determiner la temperature de l'air a l/20e de de- gre pres. Cette extreme sensibility pourrait etre accrue indefiniment en augmentant la longueur du tube vide; et cependant e'est la un des moindres avantages de la methode.Un thermometre, etant influence par le rayonnement du ciel , par le rayonnement du sol , par le rayonnement de tous les autres objets qui l'entourent, ne donne jamais la temperature de l'air. Au contraire, le resultat deduit d'une propriete de l'atmosphere, fonction de sa temperature, est comple- tement a l'abri de toutes ces causes d'erreur. Dans les voyages, si Ton voulait se contenter des temperatures atmosphdriques, teiles qu'on les determine aujourd'hui avecle ther- mometre, le tube vide pourrait servir de barometre. Une longueur de tube d'un metre permettrait d'apprecier des variations de pres- sion de 1 a 2/10es de millimetre. Un barometre sans liquide semble- rait assurement une chose assez curieuse, mais les voyageurs re- marqueraient surtout son peu de fragilite. M. Arago a montre que sa methode pour determiner les refrac- tions pourra servir a saisir l'etat des atmospheres a toutes les dis- 12 COSMOS. tances des corps <5chaufTes ou non echaiifles, a poursuivre les int€- mces de M. Faraday surles atmospheres limittfes du mercury, et sur lew diminution de densite a mesure qu'on s'eloigne de ce liquide ; peut-etre meme a rendre sensible avec des tubes suf- fisaujwent longs l'influenee des odours. L'instantaneite de l'obser- vation permet encore de concevoir l'esperance qu'en orientant le tube vide d'unc manic-re convenable par rapport a un fort centre d'cbranlement, on rendra sensible a l'ceil plusieurs proprietcs des ondes sonorcs . Quant aux liquides, il resulte d'expdriences deja faites, que, par 1 'observation des franges, on peut saisir, meme pros du maximum ! site , les changements de refraction de l'eau correspondant a. 3/40° de degre centigrade. Qui ne voit la un moyen nouveau et d'une precision extreme, d'etudier la propagation de la chaleur dans cette partie du corps sans qu'il faille desormais briser leur continuity, en introduis-ant dans sa masse la boule et la tige du thermometre? La meme remarque s'applique a l'etude de la propagation de la cha- leur a travers les corps solides diaphanes. II n'est pas enfin jusqu'aux augmentations du pouvoir refractif de Teau ct du verre resultant de la compressibilite de ces substances qui ne puissent etre apercues a l'aide des nouveaux instruments. Avec un tube d'un metre de long, la compressibilite de l'eau sera visible pour chaque 2/100Ps d'atmosphere ; sur un tube de verre de meme longueur, l/10c d'atmosphere deviendra sensible. Le barometre, le thermometre interferentiel serait susceptible d'une grande amelioration si Ton etait parvenu a resoudre un pro- blcme difficile dont d'illuslres physiciens, MM. Arago et Babinet, n'ont pas encore trouve la solution. II s'agirait d'amener, sans de trop longs tatonnements, a des conditions d'interference utile, deux rayons lumineux qui ont cte separ^s de plusieurs centimetres. Dans la procha'me livraison nous donncrons la figure, la descrip- tion et la theorie de 1'instrument construit par M. Soleil, et que M. Babinet voudra bien presenter a lAcad^mie dans la seance de lundi 9 Janvier. II nous sera meme donne" d'ajouter a notre travail les rt'sultats de quelques experiences faites sous la direction de M. Arago par MM. Laugier, Soleil et Duboscq sur le pouvoir rdfringeiit du brouillard, compare au pouvoir refringent de l'air pur. UNION DE LA RELIGION ET DES SGIENCES. TABLES PARL ANTES. II y a longtemps, bien longtemps que nous resistons aux instances pressantes d'un grand n ombre de nos abonnes qui nous conjurent de leur transmettre notre opinion sur les faits etranges des tables par- lantes. lis nous pardonnent difficilement un silence dont les motifs sont cependant fuciles a comprendre. Nous nous sommes tu , parce que malgre les innombrables communications qui nous out ete faites, parce qu'en depit des mille recits etranges qu'on nous a adresses de toutes parts, parce que nonobstant les experiences auxquelles nous avons assise, ouplutot parce qua cause de ces communications, de ces recits, de ces experiences, nous sommes reste convaincu que les faits merveilleux dont on a fait tant de bruit n'ont en pour cause qu'une supercherie ridicule ou coupable, n'ont eu de respite que dans l'imagination extravagante des pauvres dupes de l'adresse ou de la malignited'autrui. Nous nous sommes tu, parce que, comme nous l'avons deja dit tres-nettement, si la verite d'un seul de ces entre- tiens extraordinaires avec les esprits absents sur notre terre, ou vi- vant dans un autre monde, d'une seule de ces manifestations du passe, de ces notifications du present, de ces revelations de l'ave- nir nous etait tlemontree , nous serious forcement amene, a moins d'abjurer notre raison, ou de renoncer a notre foi, plus chere que notre vie, de proclamer bien haut la realite d'une intervention sata- nique, de crier a. la magie, a la necromancie, a la demonologie a la demonolatrie, etc. Nous nous sommes tu, parce que nous avons vu presider a. ces folles evocations une ignorance grossiere des premiers principes de la foi, de la morale, de la logique, de la physiologie, de toutes les sciences en un mot, divines et humaines. Nous avons gte saisi d'une tristesse profonde, discns-le courageusement , d'un degout amer, en voyant des esprits graves, des cceurs honnetes ne reculer devant aucune absurdite, se livrer sans remords aux pratiques les plus superstitieuses, les plus dangereuses, les plus desastreuses ; accepter sans fremir cette tyrannie des esprits mauvais dont le christianisme avait eu tant de peine a triompher; ne pas s'arreter alors que 1'improportion absolue de la cause a l'effet apparaissait manifeste a leur intelligence, et faisait a leur conscience un devoir ri- goureux de s'abstenir ; preter aux demons et aux ames separ^es des 14 COSMOS. corps un pouvoir d'intuition et de revdlation que la foi et la raison attribuent a Dieu seul ; oublier que la science des esprits bons ou mauvais est, comme la notre, essentiellement bornde, et qu'ils ne sa- vent, en dehors de l'ordre ordinaire de leur existence, que ce qu'il plait a l'lntelligence divine de leur manifester ; condamner Dieu, par consequent , a se faire lui-meme l'interm&iiaire de rapports deplora- bles, l'esclave d'une curiosity vaine etcoupable, le jouetde caprices insensfe et honteux. Nous nous sommes tu, parce que rien n'est contagieux comme la folie, parce que rien n'est st'-duisant comme le mystere, parce qu'il est absolument impossible de persuader le so- phiste, de convaincre l'ideologue, d'arreter l'imngination en delire, d'eclairer l'aveugle volontaire, ou de se faire entendre du sourd obs- tine a fermer ses oreilles. Nous nous sommes tu, parce que des qu'un esprit est assez devoye" pour ne pas se revolter a la seule pensee de demander aunboisinerte, aunmeublegrossier, les secrets de laterre et des cieux ; parce que lorsqu'un cceur est assez blase" pour avoir entitlement perdu le respect de soi-meme et le respect des morts; parce que lorsqu'une conscience est assez endurcie pour supporter sans froissement le contact de l'esprit mauvais, il n'y a plus rien a esperer. Exposer, alors, discuter, combattre, reprouver, condam- ner, e'est peine perdue ; on ne nous ecoutera pas, on ne nous croira pas, on ne nous obeira pas; une fois entre, comme dans la fameuse danse satanique d'Holbein, au sein du tourbillon des morts, on n'en sortira plus que marque du stigmate de la bete, apres avoir abjure la foi, ou perdu la raison. Nous nous sommes tu, enfin, parce qu'au fond il n'y avait rien a dire; ou mieux, parce que ce que nous avions a dire ne pouvait qu'irriter sans convertir, que blesser l'oeil sans eclairer, que dechirer l'oreille sans faire entendre. Ou bien les faits des tables parlantes sont des hallucinations malheureuses, des tupercheries odieuses, et alors pourquoi nous obliger a intervenir ; nous sommes en droit de vous dire comme le philosophe grec a l'un de ses confreres qui deraisonnait : « Permis a vous de traire le bouc, mais permis a moi de ne pas tenir l'ecuelle.» Ou bien ces faits sont vrais, et vous entrez en pleine intimite avec les demons; conti- nuez, mais de grace, laissez-moi chercher mes amis ailleurs. Nous nous sommes tu, mais la voix d'un venerable prelat s'est fait entendre, et elle a parle un langage si raisonnable, si elev6, si persuasil'; et elle a rencontre tant de nobles echos, que e'est pour nous COSMOS. 15 un devoir de lui ouvrir aussiles colonnes de notre journal • nous re- prod uisons done avec bonheur la lettre pastorale de Mgr l'eveque de Viviers; nous prendrons ensuit enotre coeur a deux mains pour resumer dans un second article cette meme question a un point de vue nous ne dirons pas plus scientifique, mais plus humain. « Depuis assez longtemps, on se preoccupe beaucoup, dans le monde, de phenomenes granges, que l'on attribue a nous ne sa- vons quel agent mysterieux, et que l'on croit obtenir, en imposant les mains d'une certaine facon sur des tables ou meme sur d'autres meubles. Ces tables se meuvent, s'agitent en sens divers, sans cause impulsive apparente, et respondent, dit-on, au moyen de si- gnesconvenus d'avance, aux diverses questions qu'on leur adresse. .» Ces experiences commencerent en Amerique : on s'y hvra d'abord avec une fureur inouie, et Ton assure qu'elles ont donne naissance a une nouvelle secte, qui s'est ajoutee aux mille sectes religieuses qui divisent ce pays. De la, cette fievre s'est rapidement propagee en France, dans les villes surtout, ou iln'y a presque pas de famille qui ne se soit procure, pendant les soirees, le passe-temps de ces seances. « Tant que ces operations n'ont presente que le caractere d'un exercice purement recreatif, ou que la curiosite n'y a cherche que les effets d'un fluide repandu dans la nature, notre sollicitude ne s'est point alarmee. Nous avons cru que cette mode passerait bien vite dans notre pays, dont l'esprit mobile accueille et rejette, avec une egale facilite, toutes les nouveautes qui apparaissent dans le monde. « Aujourd'hui, nous ne sommes pas sans apprehension, et nous croyons qu'il est de notre devoir de donner des avertissements. Ces pratiques ont pris une tout autre direction : on s'y livre avec un esprit serieux ; on pretend s'en faire un moyen de renverser la bar- riere qui nous separe du monde invisible, d'entrer en communica- tion avec les esprits, de leur demander la revelation des evenements futurs et des choses de l'autre vie, de s'elever enfin a un ordre de connais^ances que notre esprit ne peut atteindre par ses forces na- turelles. Ce qui, dans l'origine, ne paraissait qu'un jeu de physi- que amusante, ressemble tout a fait aujourd'hui aux operations mysterieuses de la magie, de la divination ou de la necromancie. - Nous admettons, bien volontiers, l'excuse de l'entrainement, 16 COSMOS. et nous reconnaissons que, jusqu'ici du moins, on n'a pas apporte" des intentions mauvaises, ni un esprit hostile a. la religion, dans ces experiences. Mais, si les personnes qui s'y livrent veulent bien se soustraire, pour un moment, aux trompeuses impressions de l'i- magination, et reflechir dans le calme, elles apercevront tout ce qu'il y a de temeraire dans la pretention de sonder des secrets ca- ches a noire vue, et se eonvaincront facilement que les moyens employes dans ce but, ne sont rien moins que des pratiques absur- des, pleines de perils, superstitieuses, que Ton croirait renouvelees du paganisme., « II y a, sans doute, des relations entre 1'intelligence de l'homme et le monde surnaturel des esprits. Ces relations sont necessaires, elles sont surtout douces et consolantes pour la pauvre creature exilee dans cette valine de larmes. Mais Dieu nenous a pas laisse la puissance de nous chancer dans cet autre monde par toutes les voies que l'imprudence humaine tenterait de s'ouvrir. II nous com- mande de nous elever jusqu'a son essence infinie par l'adoration, par la priere, par la contemplation de ses divins attributs ; dans son ineffable bonte\ il livre a nos ames 1' aliment divin de l'Eucha- ristie, oil le ciel et la terre ne sont separes que par un voile ; il veut que, du fond de notre misere, nous puissions invoquer l'intercession des anges et des saints qui assistent autour de son trone ; il a meme etabli entre nous et les ames qui achevent de se purifier de leurs fautes, une loi de charite qui nous permet de leur appliquer le md- rite de nos oeuvres et de nos propres satisfactions... « Mais, si l'homme doit se renfermer dans le cercle que la main de Dieu a trace autour de lui, ne serait-il pas doublement coupa- ble d'employer, pour franchir cette limite, des moyens qui ne sont pas moins reprouves par la religion que par les lumieres de la droite raison? Or, que fait-on pour parvenir a la connaissance des secrets que Dieu a derobes a notre investigation? On interroge, dans les experiences des tables parlantes, les anges rested fideles a Dieu, et les saints qui, par leur victoire, sont devenus semblables aux anges ; on eVoque les ames des morts qui achevent leur expiation dans le purgatoire ; on ne craint pas meme d'interpeller les demons, ces anges dechus de leur principaute\ et les ames de ceux qui ont me*- rit6, par leur infidelite, de partager leurs supplices; enfin on se met en communication avec nous ne savons quelle ame du monde, COSMOS. 17 dont la notre ne serait qu'une emanation. Car, d'apres les recits qui nous ont eHe faits, ou qui sont rapportes dans les feuilles pu- bliques, on s'adresse tour a tour a ces di verses classes d'esprits, auxquels on demande des reponses sur toute sorte de matieres. « Or, tout cela n'est-il pas la reproduction des erreurs gros- sieres, des pratiques superstitieuses que le christianisme a com- battues a son apparition dans le monde, et qu'il a eu taht de peine a, deraciner parmi les peuples idolatres et barbares, en les ramenant a la verite? Le paganisme attachait un esprit ou un genie a tous les objets physiques; il avait des augures et des devins pour predire les choses futures; ses pythonisses elevees sur la table a trois pieds, agitees par le Dieu, lisaient dans Tavenir. Tout le culte ido- latrique n'etait qu'une communication incessante avec les demons. Socrate conversait avec son demon farnilier. Pythagore croyait a l'ame du monde, qui anime, selon lui, les differentes spheres, coinme l'esprit anime notre corps. Le poete Lucain a decrit les mysteres dans lesquels on se mettait en rapport avec les manes des morts, et dans des temps plus recules encore, on evoquait ces ames de l'autre monde pour leur demander la revelation des choses cachees, puis- que, au livre duDeuteronome, Mo'ise declare que Dieu a en abomi- nation ceux qui demandent la verite aux morts... « Sont-ce les anges et les ames des saints dont vous recherchez le commerce dans vos pueriles experiences'? Vous croyez done que le Createur a sounds ces sublimes esprits a, vos volontes et a tous les caprices de votre fantaisie? Jusqu'ici, appuye sur la doctrine des saintes Ecritures et sur l'enseignement de l'Eglise, nous avions cm que ces intelligences si parfaites etaient entre les mains de Dieu de nobles instruments dont il se sert pour executer ses volontes sou- veraines ; nous aimions a nous les representer coinme ses miinstres fideles, entourant son trone, toujours prets a porter ses ordres par- tout, a annoncer ses mysteres, a remplir les missions que sa mise- ricorde ou sa justice leur confie. « Mais etait-il jamais venu dans la pensee d'un chretien que Dieu eut cree ces esprits si dleves, qui sont ses amis et les princes du ciel, pour en i'aire les esclaves de l'homme ; qu'il les eut mis aux ordres de notre indiscrete curiosite ; qu'il les eut, pour ainsi dire, enchaines a tous les meubles qui decorent nos appartements, et qu'il vouliit enfin les contraindre a repondre a l'appel injurieux qu'on 18 COSMOS. leur adresse en tourmentant une table sous la pression des mains?. .. i Que dirons-nous a ceux qui ne craignent pas de s'adresser a l'enfer, pour en cvoquer l'esprit de Satan, car c'est a cet esprit malin que Ton fait jouer le role principal ctle plus ordinaire'? Certes, ce n'est pas nous qui mettons en doute Intervention funeste des anges dechus dans les choses huinaines. Nous ne savons que trop qu'ils sont pour 1'homme de merchants conseillers, qu'ils sement sous ses pas les pieges seducteurs, qu'ils reveillent les passions assoupies en agissant sur l'imagination, et qu'ils fomentent le foyer impur de la triple concupiscence. Mais nous savons aussi que Jesus-Christ, par la victoire qu'il a remporte'e avec la croix, « a mis dehors le » prince de ce monde, - que la puissance exterieure du demon, dont nous rencontrons si souvent les tristes effets au temps du Sau- veur et dans les ages precedents, a ete singulierement affaiblie, et qu'elle ne s'exerce plus d'une maniere sensible sur 1'homme regenere\ que dans les circonstances rares que Dieu permet dans les desseins de sa justice et quelquefois de sa misericorde. « Comment peut-on envisager sans frayeur, regarder comme exemptes de peril pour le salut eternel, ces communications avcc les esprits de l'ahime? Demons ou damncs, ils sont les uns et les autres victimes de la justice divine ; Dieu les a maudits, il les a retranches de la vie qui est en lui seal. Et vous qui aspirez a l'amitie et a l'eternelle possession de Dieu, pouvez-vous croire qu'un com- merce familier vous soit permis avec ceux qui sont dans la mort eternelle? Nos rapports avec ces etres degrades et malfaisants ne peuvent etre que des rapports de haine, de malediction, de repul- sion absolue; et vous voudriez, vous, en etablir d'amusement, de curiosite, je dirais presque de bienveillance! Avez-vous done oublie la parole de saint Paul : « 11 ne peut exister de commerce entre la " lumiere et les tenebres, ni d'alliance entre Jesus-Christ et Belial ; » et cette autre du meme apotre : » Nous ne pouvons participer en « meme temps a la table du Seigneur et a la table des demons ; » et enfin la terrible reponse d'Abraham au mauvais riche, qui de- mande que Lazare vienne repandre une goutte d'eau sur sa langue embrasee : « Entre nous et vous, il y a un abime, en sorte qu'on » ne peut passer d'ici vers vous, ni venir ici du lieu oil vous etes. » Ainsi tout se r^unit pour vous faire repousser les pratiques dont il COSMOS. 19 est question ; tout vous les montreimpies, superstitieuses, conclam- nables a toute sorte de titres... « Si nous avons combattu des observances qui nous paraissent pleines de dangers, il ne faut pas conclure de la que nous aimet- tions, dans notre pensee, la rtfalite des phenomenes attribues a l'at- touchement des tables. « Non, nous sommes plutot porte a croire que ces faits merveil- leux n'ont d' existence que dans l'imagination des personnes qui prennentpart a ces operations comme agents ou conime temoins. II en est, parmi elles, nous le savons, dont le caractere exclut toute supposition d'artifice et de fraude; mais nous connaissons aussi ce que peut l'iinagination quand elle s'exalte, et comment, sous l'em- pire de l'enthousiasme, l'homme le plus sincere devient facilement le jouet de ses propres illusions. « Quelle que soit, du reste, l'opinion qu'on se forme a. cet egard, la force de nos observations subsiste. Que les phenomenes dont nous parlons soient veritables ou qu'on les regard e comme de pures crea- tions del'exaltation de l'esprit, on doit renoncer a des experiences qui, dans le premier cas, portent une atteinte sacrilege a l'ordre etabli par la Providence, ou qui, dans le second, ne servent qu'a entretenir des illusions fantastiques. » Monseigneur 1'archeveque de Pciris , dans la derniere conference ecclesiastique, a annonce a son clerge" reuni qu'il adoptait pleinement les principes et les prescriptions de la lettre pastorale de Monseigneur de Viviers. INDUSTRIE. NOUVELLE APPLICATION DE L'ELECTRICITE A LA SECUR1TE DES CIIEMINS DE FER, jtar M. Ycrite dc Bcanvais. Un des vocux les plus ardents que forment nos lecteurs est Lien eertaincment que l'annee qui commence ne devienne pas, com me TaiiiU'e qui unit, tristement celebre par le nombre et la gravite des accidents de chemins de fer. Pendant les douze mois qui viennent des'ecouler, lAmerique, l'Angleterre, la France, out etc presque sans cesse emues et constcrnees par le recit de sanglantes catas- trophes ; elles so sont succede" avec une si desesperante regularity qu'on les croirait entrees dans les habitudes definitives de la loco- motion sur les voies de fer ; et que nous entendions presque retentir autour de nous ces mots fatals : necessite! resignation! Et cepen- dant, apres qu'elle eut fait surgir, au moment marque clans ses divins decrets, la magnifique invention des chemins de fer ; apres qu'elle eut inspire ces progres inesperes de la science et de l'art, qui ont pennis de realiser ces vitesses excessives qui constituent par elles-memes un clanger eminent et immense, la bonne Providence a fait apparaitre tout a coup l'invention plus merveilleuse encore du telegraphe electrique, dont les signaux s'elancant avec une vitesse infiniment plus grande que celle des convois, les devancent par des bonds immenses , et permettent d'assigner a chaque instant leur position exacte dans l'espace. C'est pour nous une conviction profonde que toutes les collisions qui ont fait couler tant de sang et tant de larmes auraient ete absolument impossibles si relectricite* avait preside incessamment, comme cela devait etre, a la marche des convois. Mais il est si doux de s'abandonner au laisser-aller, de dormir le sommeil de la routine, qu'on ne prend une resolution ge- nereuse, qu'on n'a recours aux grands moj^ens qu'autant que la conscience publique alarmee pousse un cri de desespoir ou d'indi- gnation. Nous en sommes presque arrives a ce moment criticpe ou il ne sera plus pennis de fermer l'oreille aux millions de voix qui, de toutes parts, implorent une securite, non pas seulement relative, mais absolue, ou la plus grande possible; et nous sommes heureux de pouvoir repondre, pour notre part, a cet appel des multitudes COSMOS. 21 affrayees, en exposant un plan simple, ingcnieux, efficace, qui nous a 4te communique par un artiste aussi modeste qu'habile, M. V^rit^, de Beauvais, dont nous avons decrit, il y a peu de temps, la char- mante horloge clectrique. Nous supposerons, pour fixer les idees, qu'il s'agit de regulariser la marche des convois sur le ehemin de fer du Nord, de Paris a Amiens. On mstalle, a chaque station, deux cadrans accouples, portes par une colonnette en bois ou en fonte; l'un de ces cadrans regartle Paris, l'autre Amiens ; ils peuvent etre facilement aper^s paries mecaniciens, au moment oil ils arrivent a la station; chacun d'eux poite une aiguille tres- visible, et leur circonference est divisce en autant d'espaces qu'il y a de kilometres entre les deux stations consccutives ou ils sont places; chacun des espacesporte un nombre et les numeros sont comptes a partir du sommet du cadran mar- que 0. Admettons qu'un train parte de la gave du Nord et que la pre- miere station soit Saint-Denis, distant de Paris de huit kilometres, le cadran de Paris sera divise en huit parties egales, et l'aiguille au depart du train sera verticale, sa pointe marquera 0. Quandle train aura parcouru un kilometre, l'aiguille pas^era du chiffre 0 au chif- fre 1 ; elle passera au chiffre 2 quand le train aura parcouru 2 kilo- metres, et ainside suite; de sorte que si le train arrive sans encom- bre a Saint-Denis , l'aiguille du cadran de Paris aura parcouru la circonference entiere et sera revenue a 0 pour attendre le depart d'un second train. La premiere locomotive, en arrivant a Saint -Denis, entrera en rapport avec un deuxieme cadran ayant aussi son aiguille au point 0 et divise en autant d'espaces qu'il y a de kilometres entre Saint-Denis et Enghien, qui est la deuxieme station qu'il doit attein- dre; le convoi, dans sa progression, agira sur l'aiguille du cadran de Saint-Denis, comme il a d'abord agi sur l'aiguille de celui de Pa- ris , et quand il sera arrivee a Enghien , l'aiguille du cadran de Saint-Denis sera aussi revenue a 0. Ce meme jeu recommencera d'une station a l'autre, jusqu'a 1' arrivee du train a. l'extremite de la ligne. De cette maniere, on peut suivre comme pas a pas le train qui part d'une station jusqu'a son arrivee a la station suivante , savoir, a 1 kilometre pros, le point oil il se trouve, etc.; s'il survenait quelque accident ou quelque retard dans la marche du train, on en 22 COSMOS. serait immediatement averti par le stationnement de 1' aiguille sur le cadran ; cette aiguille, en s'arretant en meme temps que le train, indiquerait, par le chiffre auquel elle correspond, la distance a la- quelle l'accident est arrive. En funeral, l'exigence du service des lignes les plus encombrees ne doit pas exiger que deux trains cheminent en meme temps sur la meme voie dans l'intervalle qui separe deux stations. En effet, la distance entre les stations les plus eloignees est , au maximum, de 20 kilometres, que la locomotive parcourt en moms de vingt-cinq minutes ; admettre que deux convois ne se trouveront pas sur la voie entre deux stations , c'est admettre que les convois ne se suc- cederont que de vingt-cinq minutes en vingt-cinq minutes; or les interets des voyageurs, dont la securite doit etre garantie autant quelle peut l'etre, les interets aussi des compagnies, qui doivent menager leur materiel, commandent, il nous senible, que les departs des convois ne soient pas plus frequents. Cela pose, comme les conducteurs des trains verront immediate- ment, en arrivant a line station quelconque, oil se trouve le convoi qui les precede ; comme ils ne quitteront la gare de cette station qu'autant que l'aiguille du cadran, en revenant a 0, indiquera que le premier convoi est entre dans la gare suivante , il sera absolu- ment impossible que le deuxieme convoi se precipite jamais sur le premier. Dans les cas exceptionnels, ou les trains devront se succ^der a moins de vingt-cinq minutes de distance, et oil deux convois, par consequent, devront forcement se trouver sur une meme voie entre deux 'stations , on en sera quitte pour etablir un ou deux systemes de cadrans accouples dans l'intervalle des deux sta- tions. Indiquons maintenant quel est le moyen imagine^ par M. Vente pour assurer la marche des aiguilles sur les cadrans : Derriere chaque cadran se trouve une roue dont le nombre de dents est egal au nombre des divisions ou au nombre des kilometres compris entre les deux stations : la roue est gouvernee par un echappement qui laisse passer une dent chaque fois quelle fonc- tionne; 1' echappement , a son tour, est mis en mouvement par 1'attraction d'un fer doux qu'aimante un courant que la locomotive ferme elle-meme chaque fois quelle a parcouru 1 kilometre. Un COSMOS. 23 des poles d'une pile est mis en communication avec un fil porte comme les fils ordinaires du tek5graphe par les poteaux installs sur la voie; de kilometre en kilometre, un embranchement de ce fil vient aboutir pres du rail oil il se termine par un plan incline" ; 1'au- tre pole de la pile est en communication avec le sol ou mieux avec un des rails de la voie ; la locomotive ou le tender sont armes aussi d'une piece mobile en metal terminer de meme en plan incline, et disposee de telle sorte quelle rencontre necessairement dans son passage, les plans inclines des embranchements du fil conductew, espaces de kilometre en en kilometre ; des lors et quelle que soit sa vitesse, la locomotive arrivee a l'extremite d'un nouveau kilo- metre, fermera le courant ; le courant ferme aimantera l'electro- aimant qui met en jeu l'ecbappement; l'echappement mis en jeu fera avancer la roue d'une dent, l'aiguille aura fait un pas sur le cadran , et son displacement constatera que le convoi a fait un kilo- metre de plus. S'il s'agissait de preVenir les accidents beaucoup plus rares oc- casionnes par la rencontre de deux trains engages sur la meme voie et marchant 1'un vers l'autre, on (Hablirait des cadrans speciaux con- venablement places et sur lesquels les conducteurs liraient en pas- sant la distance qui les separe du convoi qui vient vers eux ; ils ra- lentiraient alors leur marche on se gareraient de maniere a rendre toute collision impossible. M. Verite a fait en petit, dans ses ateliers de Beauvais, l'essai des precedes que nous venons de decrire ; cet essai lui a si bien rdussi qu'il a presque la certitude de les voir rdussir aussi en grand ; il est tout pret a en tenter Tapplication sur une ligne de chemin de fer aussitot que l'invitation lui en aura et£ faite par Son Excel- lence le ministre des travaux publics. ACADEMIE DES SCIENCES. SEANCE l)U 2 JANVIER l854. La seance a ete tres-courte, parce que, dans un long comite secret, l'Academie devait discuter lea ititres des candidats presenles par la sec- tion de bolanique, pour la place devenue. vacanle dans son sein, par la mort de M. Jussicu. — La parole est d'abord accoidee a M. Millon, qui lit une note pleine d'uili'iel, sur le gluten des blcs. En 1S4S et iS4q, l'etude de plusieurs Lies recoltes dans I'arrondissemept de Lille, avail amene l'babile cbi- miste a constater de graudes variations dans la proportion de gluten que fournissaienl les farines; il avait rencontre certains Lies roux anglais, assez riches en azote, qui renfermaient au plus 6 pour 100 de gluten. Apj-ele depuis, en Algi'rie, par son service de pbarmacien mili- taire, il recul de M. Pioy, inspecleur de colonisation, un Leau Lie ten- die, extremement remarquable par le volume de ses grains, recolte a Guyotville, en 1S52; et cliose singuliere, en operant avec tout le soin possible, il ne put jamais extraire de gluten de la farine de ce ble. Ce qui restail a la place de gluten, e'etait une matiere grisatre et friable, re- presentant, apres dessiccation. 4, 8 pour cent du poids de la farine: cetle fois encore, cependant, la proportion d'azote contenue dans le Lie elait assez grande, et correspondait a i'i,5 pour cent de gluten, ou mieux ce principe albuminoi'de. La recolte de i853 a donne le meme resultatque celle de i852. De plus, en exaininant ce ble depres, M. Mil- lon vit qu'il se composait de deux varietes distinctf s, l'une composee de grains glacesa la surface, et a cassure deini-cornee, quidonna une quan- tile de gluten egale a 11,8 pour cent du poids de la farine; i'aulre a grains plus blancs, plus fcculeux a 1'interieur, dont la farine ne donna pas la moindre trace de gluten. Un ex a men attentif d'autres bles tendres d'Alger ou de Provence, a mis aussi en evidence ce fait tres-important, l'existence de Lies tres-Leaux en appaience et excessivement pauvres en gluten. 11 peut done arriver que la farine la plus fraicLe, la plus Lelle, ct de la moulure la plus loyale, contienne, dans des cas exceplionnels, il est vrai, mais peul-etre assez frequents , moins de sept pour cent de gluten. En matiere d'experlise, ce resultal est d'une grtivite extreme; W. Millon a eu enlre les mains un rapport tres-consciencieux concernant nne saisie de farine : or, l'etude minulieuse du rapport, et des rensei- gnements surs, le portent a croire que le leger deficit de gluten constate par les experts tenait a la nature meme du Lie; la redaction du rapport 11'en a pas moins enlraine une amende forte, la confiscation des farines, et l'emprisonnement de leur detenteur. Eu presence d'une recolte m- sullisante, on est expose d'haLitude a une sorte de recrudescence dans les tenlalives de sopbisticalion des farines; si les experts, en de pareils COSMOS. 25 moments, doivent redoubler de vigilance, il f.iut aussi que leurs conclu- sions tiennent compte de tuutes les donnees de la science et de l'expe- rience. Cette distinction des bles riches on pauvros en gluten a encore de l'opportunile, en ce sens, que la farine des bles riches on gluten sup- porte micux l'addilion de la farine denial's, de la fecule de pommes de terre, et probablement aussi de toute autre substance feculente. La panification se fait, sans peine, avec un melange ou ces substances en- trent pour une forte proportion, des que la farine du ble contient beau- coup de gluten. Sous ce rapport, les bles durs dans Iesquels tout l'azote se retrouve represented par un gluten energique, l'einportent encore sur tous les bles tendres. M. Millon fait, toutefois, remarquer que le gluten n'est pas indispensable a la panification; la pate alors est courte, sa fer- mentation est lente ; le pain s'arrete en quelque sorte au gosier, etc. — S. A. le prince Charles Bonaparte lit une note relative a quelques oiseaux d'Amerique d'especes assez rates. — Lenouveau secretaire perpetuel, M. Elie de Beaumont, depouille la correspondance d'une voix faible; le bruit des conversations ne nous permet de 1b suivre qu'avec beaucoup de peine; les communications qu'il transmet sont peu nombreuses et pen interessantes ; les analyses qu'il en fait sont d'ailleurs assez nettes, et il est grandement desolant qu'elles ne s'imposent pas a l'audiloire, par l'accent et l'animation indis- peusables a une seance publique. — M. Alexis Perrey, professeur a la Faculte des sciences de Dijon, avait adresse a l'Academie, dans la seance du 21 mars i853, un memoire sur les rapports qu'il croit exister entre la frequence des ^emblements de terre et l'age de la lune. En comptant tous les jours de la lune notes par des secousses, depuis iSor jusqu'a i85o, il trouva un total de 5 388 jours, et il lui semblaque la loi de distribution des tremblements de terre suivantles phases lunaires, se manifestait d<^ja suffisamirient. II repre- sent les tableaux de ses donnees par une construction graphique, et la loi de distribution devint, dit-il, tout a fait manifeste et evidente. II partagea la lunaison, d'abord en douziemes, puis en huitiemes, et fit meine, plus tard, commencer le milieu de chaque huitieme avec les phases, et il retrouva encore des resultats analogues : ainsi les jours de tremblements de terre se distribuent ainsi : 854 jours a la nouvelle lune ; 834 au premier octant; Siian premier quartier ; 825 au deuxieme oc- tant ; 873 a la pleinc lune; 808 au troisieme octant ; 772 au dernier quar- tier; Si5 au qualrieme octant. Les differences paraitront peu considera- bles ; mais, repond M. Perrey, cette allure des chiffres peut-elle etre due au hasard? N'apparaissent-ils pasdeduiisdu cwlcul d'une fonction pe- riodique?N'est-on pas autorise a en conclure que e'estau commencement, au milieu et a la fin de la lunaison que les jours de tremblements de terre sont plus nombreux ; d'autant plus que, quelle que soil la longueur de la periode de temps etudiee, on 1 etombe sur les memes resultats. M. Perrey ajoutait : i° qu'il y a loujours plus de tremblements de terre au perigee 26 COSMOS. qu'a I'apogee ; 20 que ces resultats n'ont rien qui repugne aux ides ad- mises dans la science, qu'il est plutot conforme aux opinions de la plu- part dcs astronomes, des physiciens et des geologues, sur la nature fluide de l'interieur de la tone, et se 1 attache coinme un corollaire ne- ccssaire a la grande lot de la gravitation universelle. Dans la nouvelle note dont M. Elie de Beaumont essaie de donner une idee, le patient chronique.ur maintient ses premieres conclusions, il aflinne que les tremblemcnts de terre sont non-sculement plus nombieux aux zyzygies qu'aux quadratures, mais que lenr noinbre est plus grand lorsque le pas- sage au meridian, a l'epoque d'une zyzy^ie, se fait tres-pres du zenith, que lorsqu'il a lieu plus pies de Thorizon ; il demande enfiu qu'un prompt rapport de l'Academie lui fasse connaitre s'll doit perseverer dans cette voie de recherches, ou l'abandonner complelement. \I. Valloe, inspectiur iles ponls et chaussces, et l'un dcs gc'ometres qui possedent le mieux la science de Monge, qui sont le plus italics aux theories de la geometrie descriptive, adi esse une note sur divers tltt'o- remes lelalifs a des droites distributes dans l'espace suivant certaines lois, aux sui faces gaudies que ces droites cngeudrent en s'appuyant les unes sur les autres, aux intersections de ces surfaces, etc., etc. M. Vallee fait ensuite l'applicalion de ces principes a la theoiie de l'ceil, ou mieux a la marche des rayons lumineux dans l'ceil. — M- Masson, professeur de physique au lycee Louis-le-Grand et dont nous admirons grandement l'ardeur infatigable et la lecondile, avait re- clame la priorite du fait enonce par MM. de la Provostaye et Desains, re- lalivement aux phenomenes produits par deux courants electriques qui parcourent un meme circuit dans le meme sens ou en sens conlraire. M. Masson croyait avoir annonce , dans la seance du 7 fevner i853, que deux courants electriques marchant dans le vide et en sens con- traire pouvaient coexister sans se delruire , et cessaient de produire dans leur par tie commune l'incandescence de 1'air rarefie ou l'etincelle electrique. Cette premiere experience l'avait natui ellement conduit a monlrer dans les solides le fait qu'il avait constate dans les fluides i-las- tiques, mais il n'avait pas public les resultats de ses nouvelles experiences lorsque ses nobles rivaux decrivirent leur experience su.vanl lui tres- conlestable. Ces physiciens supposent que deux couran!s electriques op- poses circulent dans leur ftl de plaline, et que celui-ci resle Iroid : ceite coexistence, (lit M. Masson, est certainement possible, mais l'experience dans les conditions oil i's 1'ont faite, ne prouve rien, parce qu'il y aurait dans le fil ou les deux fils superposes, uon pas deux courants en sens contraire, mais absence complete de courant; il lui semble que la de- monslration ne sera rigoureuse qu'aulant que Ton substituera aux pdes dans lesquelles la force electrique reagit sur Taction chimique, d'autrcs sources electriques qui possedent une existence independante du cou- rant et que celui-ci ne puisse modifier en reagissant sur elle. Les appa- reils liiagneto-eleclrique.s ou les appareils d'induction de M. Rhumkorff COSMOS. 27 nesont-ils pas dans ce cas ? Celle idee de M. Masson nous semblerait tres-jusle et ties-heureuse si les nouveaux courauts conservaient cette continuity absolue qui est Ie caractere essentiel des courauts des piles. Quoi qu'il en soil, enoncons rapidement les resultats de ses experiences- II a pris deux appareils d'induction a peu'pres identiques, animes parle courant de 16 elements moyens de Bunsen, interrompu par un seul et meme commulateur ; il les a isoles en lesplacant sur des tabourets a pieds deverrc, afin d'eviter lespertes, et il a constate les fails suivanls : 10 Lors- que les courants induits circulaient dans le meme sens, on obtenait un effet d'aimantation et d'llluminalion par l'elincelle beaucoup plus "rand avec les deux courants qu'avec un seul courant; lorsqu'on ren versa it l'un des courants, 1'aimanlalion elait tres-faible, les etincelles appa- raissaient encore, mais peliles et iiitermilteiites ; a° avec le courant induit d'un seul apparcij Iraversant le fil total des deux, on decom- posaill'eau; avec deux courauts de meme sens, la decomposition etait beaucoup plus energique ; avec deux courants de sens opposes, Taction cbimique etait airetee; j° les commotions sont restees les metnes, que lescouianls fusseut directs ou opposes; 4° les courants des machines d'induction ne rougissaient pas un fil de platine; mais avec deux appa- reils de Clarke, ce lil a r'le rougi parle courant d'un seul appareil circu- lant dans les deux bobines ; il a ele fondu avec les deux courants di- rects, il est resle froid avec les courants en sens contraire. Le savant phy- sicien conclut de ces faits que si les deux courants qui doivent se pro- duire en sens opposes ne reagissent pas sur la cause qui les engendre, en arretant raimantation des eleetro-aimanls, ce qui semble peu probable, il fiiul hien admellre que les deux couranls se superposent ou traversent un meme circuit aussi bien quand ils sont de sens opposes que lorsqu'ils *ont directs. Pourquoi faut-il que ce malenconlreux SI reduise a neant l'argum. ntalion de M. Masson el le replace dans la meme condition que MM. de la Provoslaye et Desaint? Ces messieurs se sont etonnes tie la reclamation de fit. Masson, d'autant plus que dans sa note du 7 levrier, celui-ci seniblait dire en termes formels que les deux couranls circulant ensemble en sens contraire n'exercaient aucune influence mu- tuelle, que les phenomenes lumineux lui avaient paru plus intenses lors- que les deux courants marchaient en sens contraire, que lortqu'ils mar- chaienl dans le meme sens ; nous nesaurons que par les comptes rendus comment M. Masson s'est tire de ce pus difficile. — M. Soubeiran, nouvellement inslalle dans la chaire nouvelle de phar- macie creee a TEcole de medecine, fait horn in age de sa these de doctoral dont le sujel etait l'etude microscopique des fecules ou des pretend ues fecules. — M. Despretz presente une brochure de M. le docleur Bonileau, in- titnlee Musiqitc octalc. Dans te travail M. Boniteau partage la gamine en quatte tierces mineures: si, re, fa, la bemol, si, et chaque tierce en deux portees cgales. En sorte que dans le sysleme propose l'oclave serait 28 COSMOS. composee dc huit tons egaux, I'quivalenls chacun, a Irois quarts de ton de la gamme diatonique. M. Bonitpau emit trouver dans le chant naturel de 1'homine et des oiseaux des fails a l'appui de son opinion. 11 pense aussi que ^application de sa methodc rendrait l'ctude de la musique plus facile. M. Desprrtz, sans discuter le systume deM. Boniteau, et tout en ren- dant justice au zele et a l'habilite de ce jeune docteur, fait remarquer que ce systeme, comme tous les syslemes reformateurs de la gamme adoptee, Btamt au moins le grave inconvenient de rendre bieutot iniu- telligibles taut de chefs-d'oeuvre produits depuis deux siecles. — Les autres communications sont restees pour nous a l'etat de lettre morte. — L'Academie se forme ensuile en comite secret, apres toutefois le depouillement d'un scrutin qui nomine MM. Chevreul et Poncelct membres de la Commission administrative pour i85\'v. M. Chevreul a obtenu 33 voix , M. Poncelet 3o , M. Binet, 3, MM. Morin , Pouillet, Malhicu, Babinet , Poinsot, Constant Prevost , chacun i. Le comite secret s'est prolonge jusqu'a 5 heures 1/2 ; on l'a dit tres- anime ; la section de botanique rcduite a 3 membres, MM. Adolphe Brongniart, Gaudichaud et Montague , etait unanime dans sa presen- tation 5 elleplacait en premiere ligne M. Tulasne. en seconde ligne M. Moqnin-Tandon , en troisieme ligne, ex cequo et par ordre alpha- belique MiM. Duchartre et Trecul. Le debat s'est engage surtout enlre M. Brongniart, qui defendait l'ordre assigne par la section, et M. Isi- dore GeofiVoy St-Hilaire ,.qui voulait qu'on placat M. Moquin-Tandon au premier rang ; e'etait au fond une lutte des deux ecoles , autrefois beau- coup plus vivantes, l'ecoledes Cuvier et des de Jussieu, d'une part; des Geofi'rov St-Hilaire et des Goethe , de l'autre. La victoire est restee pro- visoirement a M. Brongniart; nous disons provisoiremeut , car au grand jour de la bataille definitive , M. Moquin-Tandon pourrait bien vaincre a son lour. On nous aurait su gre de faire connaitrc en quelques mots les titres de chacun des candidats , que l'usage leur fait un devoir d'exposer eux-memes. Ce travail ess imprime, et nous regrettons vivement qu'il n'ait pas pu trouver place dans cette livraison. A. TRAM BL AY, proprietaite-gerant. PARIS. JMPRIMERIE DE W. REMQUET ET Cie., R'JE GAKANCJERE, 5. T. IV. l3 JANVIER l853. TKOISllhlE AXKEE. COSMOS. FAITS DIVERS. EXPLOSION DES MINES DETERMINES A DISTANCE. ML Dumoncel a eu l'idee, que nous croyons heureuse, de substi- tuer Taction mecanique des courants electriques a leur action phy- sique, et il est arrive de cette maniere a construire un petit appa^- reil tres-peu couteux, marchant a toute distance et pouvant agir sur un nombre illimite de mines a la fois. Voici en quoi il con- siste : Qu'on suppose incruste dans l'une des parois d'une petite boite de chene, un electro-aimant a fil fin, et dont l'armature a ressort porte un butoir de detente ; a une lame de ressort fortement tendue contre ce butoir est fixe un porte-allumette vertical a vis de pression ; sur le chemin que l'allumette doit parcourir lorsque la lame du ressort qui la porte est detendue, on repand de la poudre fine communi- quant a une fusee ; la fusee aboutit au fourneau de la mine et lui transmet l'inflammation de l'allumette. Tout etant ainsi dispose, on etablit le courant : l'electro-aimant s'aimante ; il attire son armature; le ressort se defend, l'allumette frotte et s'enflamme, la poudre s'allume et la mine fait explosion. S'il s'agit de faire detoner un certain nombre de mines eloi^nees, il fauilra obtenir que le courant, apres avoir detendu un premier appareil, se trouve renvoye dans le suivant, et de celui-ci dans un autre, et ainsi de suite, de proche en proche. Pour cela M. Dumoncel ajoute a l'appareil ci-ilessus un ressort contre lequel vient butter la lame du porte-allumette, cjusnd elle est deteinlue ; cette lame alors ferine de nouveau le courant ; le second aimant est aimante a son tour, la seconde allumette s'enflamme, etc. Nous ne nous arreterons pas a enumerer les precautions qu'il fau't prendre pour assurer l'inflammation de la fusee et prevenir les dan- 30 COSMOS. gers de l'explosion ; nous dirons seulement que l'allumette, apres avoir frotte un instant sur du papier a l'emeri ou de la fonte striee, doit se trouver tout a coup au-dessus d'un vide; que les parois de la boite en chene doivent avoir au moins 10 centimetres d'epaisseur, et qu'il est bon de le recouvrir d'une grosse pierre suffisamment appuyee. Mis bien souvent en experience, le nouvel appareil a fonc- tionne de la maniere la plus satisfaisante. TRAITEMENT DE LA PERTODE PRODROMIQUE DU CHOLERA. M. Jules Guerin semble admettre que le cholera est une veritable intoxication, et que la diarrhee prodromique qui le precede presque toujours, dans Pimmense majorite des cas, est un phenomene d'eli- mination. S'il en est ainsi , le traitement rationnel de la cholerine doit avoir pour but et pour effet de favoriser 1' Elimination cholerique, et de proteger l'organe contre les atteintes du travail eliminatoire. II faut pour cela : 1° proteger le travail eliminatoire dans son ac- tion spontanee ; 2° aider ce travail et au besoin le provoquer ; 3° prevenir et combattre les accidents dont il peut se compliquer. Cela pose, 1° on protegera le travail de Termination en ne le com- pliquantpas du travail de la digestion, en suspendant 1' alimentation, en ordonnant la diete ; pa,r l'ingestion de boissons aqueuses chaudes legerement excitantes , comme du th<5 leger ou toute autre infusion de plantes aromatiques avec ou sans addition d'une petite quantite de rhuffi ou d'eau-de-vie ; par l'usage de lavements adoucissants amylaces ; par le repos du lit. 2° On aidera et Ton piovoquera le travail d' elimination en recourant a une purgation saline, a l'eau de Sedlitz, par exemple, si ce sont les prodromes intestinaux qui do- minent, prise a dose moddree, deux ou trois verres; mais alorsseu- lement que l'estomac et l'mtestin seront vides d'aliments et exempts depuis vingt-quatre heures de tout travail de digestion. Si ce sont au contraire les prodromes gastriques qui dominent, les nauseas, la plenitude de l'estomac, l'inappetence, on donnera la preference aux vomitits par 1'ipeca que Ton serait autorisE a regarder comme le specifique de la cholerine. 3° On previendra ou Ton combattra les accidents du travail d'elimination, les coliques, les secretions dys- senteriques, etc., etc., par les preparations opiacees, le laudanum administre par l'estomac ou en lavements. M. Guerin ajoute que e succes a toujours repondu aux experiences de cette methode de COSMOS. 31 traitement. M. ledocteur Jules Guyot conseillait de remplacer l'eau de Sedlitz ou le sulfate de magnesie par le sulfate de soude ou le sel de Glauber beaucoup plus efficace. ALCOOL EXTRAIT DE l'aSPEIODELE RAMEUX. L'asphodele rameux est une plante sauvage de la famille des lilia- cees, qui par une heureuse particulante couvre d'une riche vegeta- tion les terrains incultes de l'ile de Sardaigne. Chaque pied produit une masse agglomer^e de raeines tuberculeuses qui se multiplient rapidement, envahissant et detruisant toutes les plantes voisines. Elle est aussi considered commeune plante inutile, parasite, et por- tant grand dommage aux terrains qu'elle occupe. M. Lucet qui con- naissait les proprietes chimiques de l'asphodele, essaya d'en extraire de l'alcool, et en obtint une grande quantite et d'une qualite sup£- rieure. M. Griseri, preparateur au laboratoire de chimie de Turin, a qui on avait confie l'examen de cette plante, y a trouve de la gomme , de la mannite, du sucre de canne et du glucose ; il termine ainsi son rapport : » II doit etre tres-avantageux de convertir le sucre de cette plante en alcool , si Ton a soin que la fermentation alcoolique se fasse avec la plus grande rapidite possible, afin d'empe- cher la fermentation visqueuse. La fermentation alcoolique peut s'obtenir avec une temperature peu elevee, de 18 a 20 degres, en ajoutant de la levure de biere, si le ferment naturel de la plante ne suffit pas. » M. Lucet a obtenu un brevet de notre gouvernement pour dix annees et a constitue une societe en commandite pour l'exploi- tation de l'alcool d'asphodele. La fabrication doit etre en activity a la fin du mois dans cinq usines pour commencer. La richesse des tubercules de l'asphodele sous le rapport de la fecule, est connue depuis longtemps; plusieurs fois on en a fait du pain en les melan- geant avec de la farine, dans les annees de disette. II serait impor- tant de voir si cette plante amelioree ne pourrait pas remplacer en partie la pomme de terre qui a pris trop de place dans les cultures de l'Europe. VIN DE BETTERAVE. Ce n'est plus seulement de l'alcool qu'on fait avec la betterave, on vient d'essayer de fabriquer du vin avec cette racine et les essais paraissent avoir assez bien reussi. On aurait obtenu du vin d'un 22 COSMOS. gout et (Tune limpidite qui laissent peu a desirer et qui, dit-on, se- rait aussi sain que celui du raisin. Voici comment on proeode pour cette fabrication : quand on a epure le jus de betterave par le pro- cede ordinaire, et que Ton a ubtenu une solution pure de sucre et d'eau, on la fait evaporer convenablement jusqu'a consistance du moilt de bons vins ; apres quoi on precede a la fermentation en ajou- tant de la creme de tartre, et on lui donne le bouquet que Ton desire au moyen de plantes aromatiques. Le vin de betterave parait meme se preter a la fabrication du champagne. UN LAPIN EXTRAORDINAIRE. Ce lapin, dleve par M. Alsopp de Leicester, est regarde comme une curiosite chimerique; il a remporte en septembre 1851 un pre- mier prix a l'exposition des lapins, il pesait pres de 4 kilog. a l'age de trois mois, et a un an son poids s'elevait au-dessus de 8 kilog. Ses oreilles, les plus longues que lapin ait jamais portees, avaient d*une extrdmite a l'autre une longueur de 56 centimetres , leur lar- geur etait de 14 centimetres. II etait regarde comme le plus pesant et le plus fort des lapins connus jusqu'a ce jour. II possedait toutes les qualites qui appartiennent aux meilleures varietes, comme la forme, la constitution, lacouleur. COURS GRATU1T d'aNATOMIE COMPAREE. M. le docteur Auzoux commencera son cours d'anatomie humaine et comparee, place de VEcole-de-Medecine, n° 2, le dimanche, 15 Janvier, a une heure. Ce cours sera continue les dimanches sui- vants a la meme heure. Les jeudis, aussi a une heure : 1° confe- rences sur la lecon du dimanche ; 2° experiences chimiques et phy- siologiques, propres a faire apprecier les conditions qui favorisent, cmpechent ou modifient les fonctions par lesquelles la vie s'entre- tient; 3° considerations hygieniques et physiologiques, appliquees a l'homme, au cheval, a tous les animaux domestiques. L'admirable collection d'anatomie elastique creee par M. Au- zoux, et qu'il manie avec une habdete extraordinaire, donne a ces lecons un caractere special et un interet saisissant ; elles ne fati- guent jamais et instruisent au dela de ce qu'on peut imaginer. PHOTOGRAPHIE. Nous aurions dte bien heureux de pouvoir offrir pour etrennes aux nombreux photographes , abonnes fideles du Cosmos , la des- cription de quelque precede nouveau, objet de tant de voeux, qui leur rendit plus facile et plus douce la pratique de leur art, pratique entouree encore de tant de difficultes; mais nous sommes en plein hiver, et en biver la photographic dort forcenient un long sommeil, condamnee qu'elle est a unc inaction, a une impuissance desespe- rantes. Heureuseinent qu'en l'absence de precedes, de secrets d'ate- lier, de tours de mains que nous prodiguerons quand la belle taison sera venue, nous pouvons au nioins apporter une bonne nouvelle, reveler l'apparition inattendue d'un merveilleux instrument : le STEREOSCOPE COSMORAifclQUE , OU lllieUX : 1'oPTIQUE STEREOSCOPIQUE. Tout le monde a vu ce yieil appareil , connue dans nos cabinets de physique sous le nom d'opTiQUE : c'est, dans sa forme la plus com- mune, une tres-grande boile en bois, armee en haut d'une glace etamee ou miroir incline a 45", munie sur sa paroi anterieure d'une ou de deux lentillcs convergent et grossissantes ; on etend horizontalement sur le fond de la boite une gravure ou dessin colo- rie , representant uu monument ou un paysage, et Ton regarde a. travers la lentille ou les lentilles 1 image reflechie du dessin redressee par le miroir; on l'apercoit alors en face de l'ceil, verticale et agrandie , produisant un olTet de perspective et d'illusion que 1'oeii contemple avec quelque cbarme. Les chambres optiques gigantes- ques du Conservatoire des arts et metiers de Paris, de Politechnic Institution, du Collosseum et de la galerie Adelaide a Londres, funt lesdelices des visiteurs. Or, voici que M. Jules Duboscq a realise et nous a montre une optiqle stereoscopique qui est par rapport a l'optique de Sigaud de Lufond , ce que le telegraphe clectrique est par rapport au telegraphe de Chappe. Au fond d'une longue boile rectangulaire d'un metre de long, de 18 centimetres de large, de 10 centimetres de haut, il a lixe un de ces charmants couples d'images stcreoscopiques sur verre albumine, sixieme de plaque, que M. Ferrier va multipliant sans ces=e avec une ardeur et une habilile incomparables ; en face de chacune de ce^ deux epreuves il fixe dans la boite deux lentilles achromatiques dont 3a COSMOS. la distance aux <5preuves soit plus grande que leurs longueurs fo- cales, de sorte que les epreuves soient au dela du foyer des lentilles; sur le traiet des rayons sortis des lentilles et au dela de leur croi- sement on dresse deux systemes de lentilles plan-convexes, seinbla- bles aux lentilles de champ des oculaires d'Huyghens et d'un ties- grand diamotre; on regarde er.fin les images agrandies des epreuves a travers deux loupes qui les grossissent encore. II resulte de cette disposition que les dimensions rectilignes des epreuves stereosco- piques sont amplifiers dans le rapport de 12 a 1 ; que leur surface est 144 fois plus grande, en nieme temps que l'effet stereoscopique ou de relief est parfaitement conserve ; le monument, le paysage que ces epreuves representent apparait ainsi avec une magnificence vrai- ment extraordinaire. Ce n'est plus comme dans l'optique ancienne un dessin incomplet , peniblement trace par la main de l'homme, c'est la nature qui s'est representee elle-meme avec une exactitude absolue; ce n'est plus une illusion, une imitation imparfaile, un trompe-l'ocil agreable, resultant principalement de l'isolement de la gravure au sein de la boite optique; c'est l'illusion necessaire, in- vincible, ou plutot la miraculeuse realite du stereoscope, qui confond veritablement I'imagination. Quel ravissant spectacle produiront les 200 couples d'images deja. conquises par M. Ferrier et que Ton fca defiler tour a tour devant le fond ouvertde l'optique stereoscopique! Dans une de ses plus mdmorables excursions, il a pris, par excmple, toutes les belles vues du Rhin, depuis Strasbourg jusqu'a Rotter- dam ; en les faisant s'avancer dans l'ordre de leur apparition au re- gard du touriste que les bateaux a vapeur emportent, on croira refaire ce ravissant voyage. La serie des monuments et des vues panoramiques de Paris, de Londres , de Rome, donnera de ces grandes etbelles cites une connaissanceplus frappanteet plusparfaite que cello qu'on acquerrait en les parcourant, et en les etudiant pas a pas. L'optique stereoscopique est le nee plus ultra de l'exhibition des beautes de la nature etdesceuvres de l'art ; elle sera bientot montee dans les ateliers de M. Dubosq, et meme, nous l'esperons, dans les galeries du Conservatoire; la chacun pourra partager notre enthou- siasme , surtout lorsque l'inventeur aura passe du sixieme de plaque a la plaque entiere. COSMOS. 35 La figure ci-dessus donnera une id£e plus parfaite encore de cet appareil et de la marche des rayons lumineux. I, I' sont les deux epreuves stereoscopiques, dont les sujets sont remplaces par des fleches; L, L' sont les deux lentilles; M,M'; N N' les couples de mdnisques plan-convexes; J, J' les images resultantes; L, L' les loupes a. travers lesquellesonlesregarde. Au fond et dans sa com- position essentielle le stereoscope cosmoramique est un micros- cope ordinaire dont la lentille grossissante est un objectif a long foyer, dont les lentilles de champ ont un large diametre. Cette nouvelle application fait le plus grand honneur a M. Jules Duboscq, qui a deja. donne tant de formes nouvelles au delicieux instrument sorti du genie de M. Wheatstone, qui a cree tour a. tour : 1° les stereoscopes omnibus etbinocle, sans lesquels les albums etles atlas stereoscopiques n'auraient pas existe; 2° le stereoscope a reflexion totale, qui seul permet de voir en relief les epreuves plaques entieres et les images projetees sur les ecrans par la lumiere electrique; 3° le stereo -fantascope, le bioscope a disque circulaire ou a tambour qui ajoute au relief les phenomenes du mouvement; 4° les deux stereoscopes panoramiques , a miroirs incline's, lorsque les deux series d'images sont placets l'une au-des- sus de l'autre sur deux lignes horizontales, a prismes places a 45 degr£s, lorsque les deux series d'images marchant de bas en haut, suivant deux lignes veiticales, doivent etre ramenees a defiler horizontalement, pour representer une vaste galerie en mouvement; 5° le stereoscope portefeuille et le stereoscope ecrin. Quelle admirable chose que cet ensemble de stereoscopes pro- duisant tous des effets de plus en plus etonnants, et quelle a etd fteonde l'ingenieuse idee de M. Wheatstone ! Que de merveilles elle a permis de r&iliser ! que de travail elle a cr£e ! Que de families elle a fait vivre! Quel avenir brillant elle a ouvert a la photo- graphie ! 36 COSMOS. — M.Kilbum, le plus celobrr des photographes portraitistes et ste>eo?copistes de Londres f nous a ertvoye les phis charmantes etn nnos, et nous Ten remcreions dc tout notre eoeur. Cost un de ces delieioux stereoscopes ecrins qui ont excite" tant d'admiration ct de surprise La boite, artistenicnt tnwaillee, toute bri'.lante d'orne- ments, a la forme d'un livre d'heures gothijues; elle renferme a l'iiif I'rirur un de ces delicienx portraits sterc'o.-copiquos sur plaque et eolories, comme M, Kilburn seul sail les faire. C'est un peeheur as=is sur un pochef au Lord de l'eau, et entoure de tous ses engins. Nous serons heureux de faire a.lmirer ce chef-d'oeuvre incomparable a tous les amateurs, et nous le tenons a leur disposition dans les bureaux du Cosmos. — Nous avons appris avec une bim grande joie que, vaincue par les instances de MAI. Dumas , Geoffroy-Sfdnt-Hdaire et Milne- E Iwards , la commission administrative de l'lnstitut avait accorde a MM. Louis Rousseau et Deveria , une gratification ou indemnite de 2 000 francs. Quoique faible en apparence, cette somme assure l'avenir de leur belle collection d'histoire naturelle reproduce pho- tographiijiiement et multiplier par la gravure heliographique. La justice nous fait un devoir de faire remarquer que la derniere livrai- son, si belle, presentee a l'Academie ne contenait encore que des dessins obtenus avec les cliches ou positifs de MM. Bisson hexes. Ces habiles photographes regrettent d'avoir vu se rompre leur asso- ciation avec MM.Rousseau et Deveria ; mais cette contrariete ne ra- lentira pas leur ardeur ; ils ont depose dans nos bureaux d'admirables epreuves, et ils nous en ont montre de plus belles encore, entre au- tres, des vues sur vaste echelle de divers monuments de Paris, vues sans rivales sous le rapport de la dimension et de la beaute. — M. Belloe, autrefois l'un de nos photographes praticiens les plus exeices, aujouid'hui profe-seur grandement recherche de pho- tographic sur verre collodionne, nous a montre son album vraiment magnirique ; c'est la plus belle collection de portraits et d'acade- uiies sur collodion que Ton puisse voir ; nous ne savions vrai- ment pas que ce bcl art eut deja fait assez de piogres pour qu'on eut pu realiser tant de chefs-d'oeuvre. Ce qu'il y a de plus eton- nant, c'est que tous ces positifs sont sans retouche aucune , et que M. Belloe opere presque a coup sur. Les epreuves qu'il a envoyees rccemment a Londres ont excite tant de surprise et d'enthousiasme, COSMOS. 37 qu'elles ont valu a notre compatrioto des propositions avantageuses au dela de ce qu'il pouvait esperer, dans le cas oil il se d^ciderait a accepter la direction d'un des plus beaux ateliers photographiques de Londres. Nos lecteurs apprendront avec plaisir que M. Belloo redige en ce moment l'expo^e complet de sa methode, et qu'il nous sera donne de la decrire dans le courant de fevrier. — Nous reservons pour la prochame livraison des details pleins d'inteiet sur la fondation de la nouvelle Societe photographique ; nous avons promis a son directeur, M. d'Olivier, que nous le se- conderions de tout notre pouvoir dans sa belle entreprise. — M. Solon, fabricant et pos^esseur de sculptures d'eglise en car- ton-pierreouautresniatieresplastiques, s'estfait photographedansle but dereproduire lui-meme, pour ies faire mieux connaitre, ses nom- breux niodeies. II a parfaitement rt'ussi, et nous sommes heureux de pouvoir le compter aujourd'hui au nombre des artistes qui ma- nient le collodion avec le plus d'habilete et de succes constants. Les epreuves qu'il nous a montrees sont de premiere beaute et parfiiites dans toute l'acception du mot. Nous avons surtout admire ks cffets etonnants de relief qu'il a obtenus par le procede d'eclairage ires- oblique de M. Bayard, et des ombres pot tees d'une vigueur vraiment extraordinaire. — MM. Lemercier, Lerebours, Barreswil et Davanne ont pre- sente a l'Academie des sciences, et ont bien voulu nous offrir aussi la premiere livraison de leur Lithophotographie, ou impressions obtenues sur pierre, a l'aide de la photographie. Les six planches de cette livraison representent des vues de" monuments archeologiques; elles sont reussies au dela de ce qu'on pouvait esperer, et Ton peufc affirmer sans crainte que , comme sa sceur cadette, la gravure he- liographique , la photolithographic est aujourd'hui non-seulement sortie des ianges, mais arrivee a l'etat adulte; mais, pour en arri- ver la, que de recherches, que d'essais, que de fatigues, que de defenses ! Nous ne saurions assez feliciter M. Lemercier de sa courageuse perseverance, couronnee d'un si magnifique succes. Les photolithographies ont un caractere artistique incomparable, on les dirait l'ccuvre d'un crayon de grand maitre; on passerait desheures entieres a contempler, par exemple, l'epreuve du portail dela cathedrale de Strasbourg, chef-d'oeuvre du xme siecle. 38 COSMOS. I\0\AL PANOPTICON DES SCIENCES. On nous saura gre de completer ce que nous avons deja Hit du magni- fique etabliasernent cree par M. Clarke, par l'extrait suivant d'un char- mant article que M- Govi a publie rccemment dans le journal V Illus- tration : « Dans Leicester-square s'eleve un trcs-bel edifice d'archi lecture mau- resque , orne de coupoles , de minarets, d'arabesques et de couleurs biznrres, ayant dans son inlerieur des amphitheatres, des niagasins , des ateliers, des boutiques presentant , lout a la fois , l'agreable et I'ulile, le pain et l'idee, l'enseignement theorique et I'application induslrielle. « Eutrez avec nous par cette porte, que Ton dirait prise a Grenade ou a Cordoue, et voyez avec quelle severe magnificence s'cpanouit sous vos veux la "rande rotonde, large de plus de 3o metres, et donl la coupole s'eleve a une hauteur presque egale pour verser une lumiere ahoudante et tranquille sur les galeries qui entourent la vasle place du centre. Ces celeries sont les veri tables rayons d'une ruche indusirielle. Soixante boutiques de style mauresque, beaucoup plus elegantes et beaucoup plus riches que les boutiques de Stamboul et du Caire, offrent aux visileurs des ateliers modehs de toute espece d'industries. Ce sont la autanl d'al- veoles ou les abeilles de la civilisation elaborent lenr miel el leur cire. A cote de vous c'est V i?nprimeur iixanl a jamais la pensee sur les feuilles blanches du papier, que lui apporte le pnpelier industrieux, dont les machines infaligables dechirent sans cesse les fibres du cotonnier des Indes, du chanvre et du lin, de I'aloes et du bananier, pour en former une pale legere et tenace, souple et nerveuse comme les idees de l'liomme, qu'elle est destinee a conserver. Pius loin vous voyez le chnpelier arron- dissant en cylindres le liege, et le couvrant du tissu soyeux qui lui ou- vrira les portes des salons elegants du grand monde. La c'est un atelier de moubce de cette resin e proteiforme que nous connaissons sous le nom de gulta-jiercka, et qui a rendu plus de services en quelques annees que la gomme elastique en deux siecles. Aspirez voluplueusement ces doux pai funis qui s'exhalentdu laboraloire oil Ton pulverise 1'iris et l'ambre, le muse et le bois de sandal, oil le benjoin et le slorax se melent aux baumes du Tolu et du Perou, a I'aloes et a la myrrhe pour composer des cassolettes odoriferantes ! La on distille les huiles essentielles de la rose et de l'oranger, de la vanille et du thyra ; la on impregne de la senteur suave des violettes et du reseda l'huile blanche et douce du Ben. — Ail— leurs c'est le fleuriste qui prepare a l'hiver une eblouissanle parure prin- taniere. \Joplicien,\ 'horloger, le graveur, le peinire sur porcelaine, le tourneur, \'armurier,\<>. mouleur en pl&tre, le gnlvanoplasie, le dorcur, tous operant dans la vaste enceinte du Panopticon ; tous y sont large- inent et splendidement etablis. Et nous n'ituliquons ici qu'un petit nom- bre d'industries parmi celles qui doivent sieger dans le grand monu- ment du progies. Abritce sous le dome du superbe edifice, bouillonnera COSMOS. 39 sans repos la machine a vapeur, ame et vie cle mille organes mecaniques sorlis des premiers ateliers d'Angleterre et dr- France. Lss machines 4 tourner etraboler le fer, de MM. Whitworlh de Manchester, dont nous avons deux maguifiques echantillons an Conservatoire, les meliers a tisser de Jacquart et ceux que M. Bonelli vient de perfectionner d'une f'acon si inattendue par l'application da courant electrique ; l'appareil magneto- inducteur, qui promet le gaz d'eclairage a des prix inrsperes ; tous les bras, en un mot, toutes les mains que l'homme a su creer, et dont l'e- ao cosmos. liergic ohoissante ri'poinl aux ordres de s;: volonte, lous viendront sc rangt r sous lo loit liospitalicr :c/tts dc physique h faire palir les tabiucls de l'ecole :' .-Unique, du college de France, dc la Soibonne, qui passaient j.idis pour des mcdeles du genre ? Ici les Ross, les Clarke, les Ploessel, les Bnnnier, Irs Froment, lesMarloye, les Deleuil, les Chevalier, lesDubosrq, les Oherh.iuser, les jNachel, apporLeront chacmi les fruits spleudides d'uiic Qoble cuuilalion. Yoycz deja cette reine elinceianle du lieu, cette machine Alecliique dont le plateau a 3 metres et plus de diamelre, qui lance au loin dans l'air avec fracas ses jels de feu moins terribles, mais haaucoup plus utiles que les carreauj de Jupiter. — A ses coles, la pile, faisanl cireuler son energie autourd'une masse enormede fonte, donnc au metal inerle une vigueur telle, que de ses mains invisibles il pourra soulever trcnlemille kilogrammes et les relenir suspendus dans l'espace. Yeyez-vous, la-baa, dansun coin, cetlc large citerne remphe d'eau claire ejt tranquility? File a S metres de hauteur sur une largeur de 3 metres. La cloche a plougeur, les appareils sous-marins de M. Sainl-Simon Si- oard; les ballous souleveurs de Ml. Giannetlij toules les machines hy- drostaliques, en un mot, pourront s'y ebattre a leur aise. lis pendant que nous admirons ces prodiges, ces incarnations mi- raculeuses de la pensee, la nuitcouvre le temple, et Tobscurile s'apprele a nons derober l'aspect de taut de merveilles. Tout a coup deux jets d'oxyg."'.nc et d'hydrogenes'elancent sur un cylindre de chaux ; une elin- '■'rclriqun met le feu a ce soullle et 1'anime, la chaux blanchil et rayonne comme un fragment de soleil, la miil se dissipe ; les machines, les ouvriei s, les prodnils, tout a disparu; une immense toile fait face aux spectateurs, et des vues de contrees lointaines se succcdant sans transition, comme des reves, ti ansportent et lvposeut agi eablement l'es- jprit fatigue de tout le travail que les homines out deploye sous nos yeux. « Mais voila (pie la clartii disparait, lo songe se dissipe, et par deux grandes gai'tea lali'rahs, les assistants se piccipilent dans les amphi- thealn s, ou la voix des savants lear expliquera les merveilles de la na- ture et de i'ir.telligence. Plus de deux nolle pcrsonnes peuvent s'asseoir dans ces \astes enceintes oil tout ce que les sciences out amoncele de faits (t de lois dej ids Thaies jusqu'a nos jours, tout va leur etre expose et montie aux yeux d'une mauiere claire et precise.... » M. Claike s'est ollense de ce que M. Govi avail cru voir dans le Pa- nopticon le developpement de noire idee du Cosmos. Nous n'avous nul- lement la pretention de lui avoir ouverl la voie ; il a ele avant nous et comme nous inspire par la peusee d'uii immense vide a combler ; et plus heureux que nous il a reussi! F. Moigno. COSMOS. 41 SOCIETE D'ENCOURAGEMEKT. TAITS TIUNCIPAL'X DES SEANCES DES i6 ET 3o NOVEMBUE lS53. On a recti d'Australie, dans ces demiers temps, des lingots de cuivre noir olirant des caracleres physiques vraiment singulis s. Quoiqoe d'un title ties-eleve, ce cuivre n'a que fort pea de duetilite, sa CBSSttre est la- che et cristalline ; traite en grand par les meilleures methoai- s d'nilinage, il donne uu prodnii satis fariauil pour l'ceil , mais qui parlage malheu- reusement sous le rapport de laduclilile les mauvaises quahles du cuivre noir dont il provieut. A quelles substances etrangeres faul-i! altribuer ce defaut? L'analysc chimique pouvait seule le fa ire so up cornier, et M. Levol l'a faite avec le plus grand soin. Le cuivre noir, avec 99, 4 de cuivre pur sur 100 parlies, contenait J 43 milliemes de souffie, 144 milliemes de bismuth, mi dix-milliem*' d'nrgent et des traces d'or, d'elain el d'antimoine. Ce meme cuivre, apres l'affi- nagp, ue contenait plus de souiii e, mais renfermait edCOtfe 4$ milliemes de bismuth, avec 3(J2 milliemes de plomb, la meme qu'inlili- d'argent et d'or qu'auparavant, avec des traces d'antimoine, d'etain el dephlS d'ar- senic. En tiers du bismuth primitif etait done resle, et ce n'etait qu'a la presence de ce metal qu'ou pouvait altribuer raisonnablement le defaut de duclihte du cuivre affinc. Pour juslifler cette conclusion, il fallait paster de l'analysc a la symhese, M. Levol a done prepare de loules pieces des alliages de cuivre et de bismuth renfermant ce dernier metal a la proportion d'un cc:;!icme d'abord, dun millieme ensuite. Les deux alliages piescutent line tex- ture cristalline ; le premier oifre une teinte grise bien marquee, et se dechiiv sous Ic marieau ; cliauife fortement,a l'abri du contact de l'air, il laisse suinler des globules de bismuth ; le second est aussi ti es-tad)!e- ment ductile. II est remarquable que le bismuth, dont les proprieties chimiques ont asstz d'analogie avec celles du plomb, altere si prolon- demenl ses qualiti's quand il lui est melange. II devient par la meme Ircs-neeessaiie de rechei cher le bismuth dans les cuivres du commerce, cc que l'on a trop neglige jusqu'ici. — M.Farcot, con.' ti ucteur de machines au poi t Saint-Ouen , a fait S«r deux machines a vapeur, fabriquers et livrcespar lui a la manufac- ture d.e glaces de Saint-Gobin , des essais qui peuvent srrvir de base a une colli j aiaison ligmreuse entre les machines a un etdeux cylindres. Les experiences ont ele fades sous le contrdle de M. Laforei, ingcnipiu* de la glaciere de Chauny. La premiere machine, a deux cylindres, est d'une force nominate de So chevaux, et marchs a 2S tours par minute. Essayee le a G outobre pendant cinq heures a 38 chevaux, sous une pres- sion de ^,:5 a 5 atmospheres, elle a consomme, par force de chevai ?t par heure, moins de 1 kilo, ia de chai bon ordinaire, lout vcnuni de Charleroy. Essayee ensuite a 45 chevaux, elle a fonclionne avec la plus 42 COSMOS. grande aisance. La seconde machine est horizontale, a un seul cylindre, marcliant a 42 tours par minute, et aussi u'une force nominale de 00 chevaux. Essayec le 28 oclobi e pendant cinq hemes, elle n'a consomme par clirval cl par heme que 1 kil. iof> du meme charbon de moyenne qualile ; essayee cnsuite a 49 chevaux, elle n'a presente aucune fatigue dans les pieces en mouvement. Ccs deux machines, d'ailleurs, font de- puis plusieurs mois un service (res regulier, et marchent hahituellement avec la force de 40 a 45 chevaux. On avait admis jusqu'a present que les machines a deux cylindres depensaient moins de vapeur et de charbon qne celles a un cyliudre ;les experiences precedeutes prouvent que daus de bonnes conditions d'eta— blissement, la depense est la meme dans les deux systemes. S'il est vrai theoriquement que les machines a deux cylindres out une marche plus reguliere, il est certain aussi que, pratiquement, les machines a un cylin- dre de M. Farcot fonctionnent avec une regularity parfaite; des machines horizontals, par exemple, conduisent des filatures et des papeteries plus regulierement que les moleurs hydrauliques qu'elles remplacent, et sans laisser ahsolument rien a desirer ; leur prix, a force egale, est moindre que celui des machines fixes, et leur vilesse est mieux en rapport avec celle des arbres a commander. Nos lecteurs remarqueront les chiffres si bas de la consommalion des deux machines nouvelles , 1 k. i5, 1 k. 106 ; e'est beaucoup moins que ce qu'exigeaient jusqu'ici les meilleures machines a rotation connue ; et ces chillies s'abaisseraient encore pour des machines de plus grande force. L'industrie a done realise sous ce rapport un progres immense, de 2 et meme 3 kilog. par heure et par cheval ; la consommalion des machines a vapeur a ete reduile successivement a 1 k. 73, 1 k. 5o, 1 k. 10G ; ce progres, c'esl a la Societe d'encouragement que nous en sommes redevables, car c'esl elle qui l'a provoque, constate, sanctionne, recom- pense. Le concours ouverl par elle avec tant d'intelligence et de genero- site a donue des resullats inesperes. Un des plus beaux titres de gloire de M. Farcot sera d'avoir i-epondu a ce noble appel et d'avoir pai tage avec MM. Le Gavrian et Fariuaux, de Lille, les honneurs du triomphe. — M. Colard, ingenieur mecanicien , rue Leclerc, 8, depose un me- moire descriptif de ses machines a percer les plaques metalliques. Ces nouveaux outils ditTerent de tons ceux qu'on a employes jusqu'ici par ce caractere essenliel que ce n'est plus le foret que Ton deplace ; il reste fixe dans une position invariable, et ne fait que tourner sur son axe ; c'estla plaque qui monte et qui vient chercher le foret, a mesure que le trou augmenle de profondeur. Les perfeclionnements apportes par M. Colard aux machines a percer par emporte-piece sont beaucoup plus importants encore ; elles percent plusieurs trous a la fois ; ces trous peuvent avoir des formes ou des di- mensions quelconques ; ils peuvent elre disposes dc maniere a produire tous les dessins voulus, Taction des machines est a la fois plus reguliere COSMOS. 43 et plus rapide, les trous qu'elles percent sont sans bavures aucunes, et c'est un avanlage immense. — M. Boquillon, bibliotliecaire du Conservatoire des arts et metiers, soumet a l'examen du conseil de la Societe un appareil de cbauffage do- mestique ayant pour but de bruler la fumee du charbon de teire qui se degage chaque fois que l'onrenouvelle le combustible. Cet appareil, sous une des formes qu'il peul revelir, fonctionne en ce moment chez l'auteur, et it sera mis a la disposition de la Societe aussitot qu'elle le desirera. Nous regretlons que le savant tecbnologiste, qui decrit avec taut d'ha- bilete et de soin les inventions des autres, n'ait pas donne plus de de- tails sur la sienne ; nous croyons savoir que l'organe essentiel du nou- veau foyer est une grille tournante. — M. de Bettignies, fabricaut de porcelaine a St-Amand-les-Eaux, pres Valenciennes (INord), presenle et soumet au jugement de la Societe une nombreuse collection d'objets en porcelaine tendi e, oil nous avons tout admire, beaute de la pate, elegance des formes, perfection du dessin, richesse du coloris. La fabrication dela porcelaine tendre, d'apres des procedes analogues a ceux employes a Sevres avaut la decouverte du kaolin de Saint-Iriex, ne se fait plus que dans deux manufactures, celle de Tournai (en Belgique) et celle de St-Amaud-les-Eaux. A l'e- poque de la derniere exposition, les objets sortis de la fabrique de M. de Bettignies laissaient a desirer sous le rapport dela blancheur, mais ils sont aujourd'hui si parfails que l'ceil le plus exerce les distinguerait a peine des vieux-Sevies. Nous attendrons, pour entrer dans plus de details, le rapport que prepare M. Salvetat. •— M. Clerget, au nom du Comite des arts economiques, lit un rapport sur les sonneries electro-telegraphiques de M. Mirand, 10, rue du Petit- Pont. Le but du charmant appareil sounds par M. Mirand au jugement de la Societe est de remplacer avec beaucoup d'avantages les sonnettes, les timbres et les tuyaux accoustiques, dans les etablissements publics ou prives, et dans les maisons particulieres. II constitue une espece de telegrapbe domestique, propre a la transmission d'ordres oude signaux; chacun peut le faire agir a telle distance qu'il voudra, sans qu'on ait be- soin d'imprimer un mouvement aux fils de communication, et de recou- rir pour Installation a aucun mecanisme accessoire : compas de renvoi, tringles de jonction, ressorls de rappel, etc. On n'a besoin, pour etablir les communications, que de fils tres-fins, qu'on n'est pas force de tendre, qui peuvent suivre tous les detours imaginables, et d'une pile a effet constant, dont Taction se continue des semaines enlieres, sans qu'on soit oblige d'y apporter la plus petite at- tention. La pile adoptee par M. Mirand est une simple pile de Daniel, alimentee avec de l'eau et du sulfate de cuivre ; elle se compose de huit petils elements enfef mes dans une boite de 4o centimetres de long sur 22 centimetres de large, et qu'on peut cacher dans un coin ; elle nn re- pand aucune odeur, les vapeurs qu'elle emet u'exercent aucune action ft\ COSMOS. delt'lere : lous les deux mois, on ajoute un fWa d'cau et quelques cristaux de sulfate de cuivre. Les fils t res- fins soul en laiton recouvert de gutta- percha dans les lieux liutnides, de colon partout aillcurs. La sonncrie, tres-simple, consiste dans un timbre muni d'un marteau mu diroctemcnt par la force electrique; le courant passe par l'armalure d'un electro-aimant ; cette armature verticale, et a laquelle tient la tige ou poiguee du marteau, est portee par uue lame d'acier fixee a son extre- niite inferieure, et qui .tend a s'ccarU r des fers de l'clectro-aimant en pressant vers son extremite opposee centre une autre lame plus faible faisant ressort, et qui a pour d .■slinalion de ramener la premiere lame a sa position primitive quand Taction du courant vient a cesser. La sonncrie est placee au point d'arrivee du signal et remplace le rccep- totr des telcgraphes eleclriques. L'appareil tra?i.i?ncttc;:r , place au point de depart, sous la main de l'avei tisseur, est plus simple encore. G'est un disque en bois d'ebenisterie, de quelques centimetres de dia- melre, portant a son centre un boulon mobile en ivoire. En appuyant le doigt sur le bouton on determine le contact de deux lamelb s de laiton qu'il recouvre, et qui sont Tune directement, 1'aulre a travels le fil con- ducleur, en liaison metallique avec les deux poles de la pile; on ferine ainsi le circuit, l'electricite circule, l'eleclro-aimant devient actif, il attire l'armalure, et le marteau qu'elle porte vient frapper un coup sur le tim- bre ; ce sera un coup unique si on tetire le doigt; ce sera au contraire une serie tres-rapide de coups, une sorle de rouleincnt, si le doigt reste appuye pendant un certain temps sur le bouton. En combinant cntre eux le roulement et les coups isoles, et se bornant a cinq pressions successives, on obtient sans peine, en outre des signaux necess.iires pour representor les lettres de l'alpbabet, soixante autres signaux assez simples, auxquels on peut faire signilier des mots ou des phrases convenus a l'avance : M. Clerget affirme qu'il suffil de tres-peu d'inslants pour s'initier au vocabulaire de M. Miiand. Une disposition particuliere pennet a celui qui recoit le signal , sinon de donner la re- ponse, au moins de faire savoir qu'il a entendu. Dans ce but, au-dessous du transmetleur, est place un tres-pelit elec- tro-aimant, commando parun second transmetteur place pres de la son- nerie ; aussitot que celui qui a entendu presse le bouton de ce transmet- teur, celui quia sonne voit tomber dans une ouveriure praliquee au sein d'une planchelte en bois poli une plaque de metal sur laquelle est grave le mot entendu. Dans les grands elablissemenls, oil les transmissions doivent aboutir a un grand nombre de points different, le Iransmelteur de depart fait tomber au point d'arrivee un numero indiquaut le lieu d'oii vient l'avertissement, l'ordre ou la demande ; c'esl toujours ie meme courant qui satisfait a cisbesoins multiples. Les nombreux locataires d'un vaste edifice, ou meme d'une cite, pourraient ainsi etre prevenus par le concierge de la presence du facleur ou des visiteurs, et faire savoir sans se derancrer s'ils vont descendre ou s'ds sonl visibles. COSMOS. k5 En elles memes, les sonneries eleclriques de M. Mirand n'ont lien d'essenliellement neuf; il y a longiemps quo des appareils de ce genre ont ete inventes et appliques en Angleterrc et en Allemagne ; inais, at ce sont les termes memes du rapporl, elles sonl ingenieuses, fort bini elu- diees, parfaiiemenl executees ; elles sont d'un usage peu dispenriieux et tres- facile : loutes les personnes qui en ont fait usage en sonl plcincment satisfaites ; elles peuveut rendre des services importauts. En consequence, ]e comite des arts m.'caniques propose de lemercier M. Mi ran 1 de sa communication, d'auloriser l'insertion, au bulletin de la Sociele, du rap- port dont elle a ete l'objel , de reproduire enfin, par la gravure, les des- sins de ses differenls appareils. — M. Levol preset) le la deuxieme pai tie de son memoire sur les alliages consideres sous le rapport de leur composition chimique. Cetle seconde partie comprend l'etude des alii iges d'or et d'argent, d'or et de cuivre , d'argent et de plumb. M. Levol part de l'hypolhese que les melaux sounds a l'experience sont susceptibles de former l'un avec l'autre une ou plusieurs coinbinaisoiis en proportions deliiiies, et il cherche expe- rimentalement la foi'mule propre a chaque alliage binaire atomique, dont l'hoinogeneite auia ete etablie par 1'annlyse de ses differeutcs parties. 1" Alliages formes dor et d'argent. Les combinaisons etudiees par M. Levol soul : deux atonies ou equivalents d'or, et un atome ou equiva- lent d'argent; un atome d'or et uu atome d'argent; un atome d'or et deux alomes d'argeni ; un atome dor et seize atomes d'argent. Le pre- mier alliHge est do cou'eur jauue verdalre ; le second est d'un blanc a peine jaunati e , quoique le poids de lor soit preque egal a celui de l'ar- genl; le Iroisieme conserve la cou'eur blaiuhe pure de l'argent fin, bien qu'il ren ferine pies du tiers de son poids d'or. Tou-s les quatre, et e'est le fait le plus important mis en evidence par les rechercbes de M. Levol, coules sous forme spherique , peuvent etre consideres comme parlaite- ment homogenes, pourvu qu'ils aient ete convenablenieut brasses en bain. 20 Alliages formes d^oretde cnivre.. M. Levol en a eludie 6 : 4 or et i cuivre; 3 or et i cuivre ; 2 or et £ cuivre ; 1 or et 1 cuivre ; 1 or et 2 Cuivre; 1 or et 10 cuivre. On ne soupconuerail pas la presence de Tor dnns ce dernier alliage, il est d'un rouge de cuivre loselte; les proprieles physiques des autres n'ont lien de remarquable. Tous ont ete reconnus homogenes ; mais pour les obteuir tels , il est indispensable de se mettre en gaide conlre deux circonstauces qu'il est assez difficile d'eviter coni- plelement : l'oxydation , d'unepart; et de l'autre, malgre l'affinile Ires- marquee que Ton suppose generalemeut entre l'or et le cuivre, la diili- culte d'nllier ensemble ces deux melaux. 3° Alliages formes d'argent et de plomh. M. Levol a explore et analyse douze spheres formecs des alliages 10 arg. 1 plomb; 6 arg. 1 pi. ; 5 arg. 1 pl«; * a»'g J pi i 1 arg. 2 pi. ; 1 arg, 3 pi. ; 1 arg. 4 pi. ; 1 arg. 10 pi.; A6 COSMOS. i arg. i5 pi. , i arg. 20 pi. ; 1 arg. 100 pi. L'alliage 10 arg. 1 pi. est assez blanc, a cassurc grise , assez peu malleable; il se contracte foitement en se solidifiant. L'alliage o arg. 1 pi. est blanc grisatre, sa couleur rrs- semble a celle da platine me me dans la cassure , qui est a grains fins; il se contracte fortcment en se solidifiant , et s'altere rapidement a l'air bumide. L'alliage 5 arg. 1 pi. est blanc grisatre, a cassure grise : il se contracte fortement en se solidifiant. Lorsqu'on le cbaufle a une tempe- rature suilisammeut elevee, au contact de l'air, il acquiert une trus-Lelle couleur violacee qui nest point celle que prend le plomb pur dans cette meme circonstance; a une temperature tres-voisine de celle a laquelle il entre en fusion, il eprouve un gonflement ties-considerable, et, en aug- mentant de volume, il produit une masse spongieuse dont la forme rappelle celle du cbou-fleur. Des experiences que M. Levol a faites pour expliquer ce singulier phenomene, il rosulle qu'il a tres-probablement pour cause l'absorption de l'oxygene par le plomb faisant partie de l'al- liage; s'll se produit surtout avec l'alliage 5 arg. 1 pi, , c'est, sans doute, parce que le plomb est alors dans un etat de division favorable, et que la temperature a laquelle l'oxydation a lieu n'est pas assez elevee pour fondre l'oxyde de plomb. L'alliage 2 arg. 1 pi. est gris bleuatre: il est assez ductile, on peut l'aplatir et le laminer, mais il conserve alors pen de tenacite; les vapeurs hydrosulfurees et l'air bumide l'alterent en peu de temps, il fond a une temperature voisine du rouge-cerise. Aucun des onze premiers alliages jusqu'a 1 arg. 20 pi. n'est bomogene; letitre varie considerablement avec la position dans la sphere; seul , l'alliage 1 arg. loo pi. peut etre considere, siuon comme parfaitemenl bomogene, da moins comme ne donnant point de differences notable'? dans les essais; son titre paralt pouvoir etreetabli d'apres le rendement d'un point quel- conque de la masse, ce que ne permet aucun des alliages precedents. — M. de Louvrie, ingenieur civil a Saint-Marc, pies Clermont (Puy- de-D6me), soumet au jugement du comile des arts mecaniques un nou- velappareil a mouler les roues dentees qu'il appelle trousseau diviseur. II ne se propose rien moins que de supprimer completement le modele en fonderie, que d'arriver a construire ses engrenages sans modeles et avec une perfection telle qu'on soit completement dispense de les tailler. Ses procedes sont appliques depuis six mois et avec un succes constate par des certificats authentiques signes des hommes les plus bonorables etles plus competents; l'economie qu'il realise est de pres de trois cents pour cent. L'engrenage est l'organe mecanique le plus universellement employe, et il n'admet pas des « peu pres dans les dimensions des espacements qui le constituent. S'il n'est pas taille a la machine, le modele n'est jamais precis ; s'il est en bois, il joue incessamment , l'eau dont il faut neces- sairement le mouilleret le sable humide dans lequel on l'enterre le de- terment necessairement un peu. Alors meme qu'il est en fonte ou en cuivre, ce qui le rend tres-cher, en le sortant du sable, on ebranle les COSMOS. hi parois de la cavite qui le contenait , on agrandit le vide, on le deformc; l'engrenage qui en sorlira sera tatalement imparfait; il faudra le tourner et le tailler, source nouvelle cle depenses considerables, etqu'il itnporte grandement d'epargner. Presque toujours aussi, quand on relire le mo- dele, il tombe quelques dents que le modeleur raj us I e tant bien que mal ; s'il n'en tombe pas, c'est que le vide est trop grand, et par la meme les dimensions de la roue d'engrenage ne seront plus celles du modele. S'il doit etre construit expres, le modele coute presque aussi cher que la piece a mouler, et quand, ce qui esl le cas ordinaire, cette piece aura besoin d'etre tournee, taillee, ajustee, ce sera une seconde depense egale a la premiere, et la roue aura coule, en definitive, Irois fois son prix reel. II est, nous le savons, des usines qui possedent de trcs-riches collections de modeles tout faits : mais quel encombremenl, quelle enorme avance de fonds qui dorment ! Cette surabondance u'empechera pas que la roue demandee soit precisement celle dont le modele n'exisle pas , et alors quelle tenlation de se servir d'un a peu pres, et de fournir une piece de dimensions reellement differentes, qui ne fera un bon service qu'autant qu'elle aura passe par les mains du tourneur, du ciseleur, du limeur, etc* Ces considerations prouvent, il nous semble, jusqu'a 1'evidence, que la suppression du modele dans les ateliers de fondeiie serait un progress immense, un bienfait considerable, une veritable revolution. Ce piogres, ce bienfait, cette revolution pacifique, M. de Louvrie croil les avoir rea- lises dans son modeste etablissement de Saint-Marc. Avec un trousseau diviseur dont les frais de construction premiere ne depassent pas 400 fr., avec des dents mobiles dont la drpense pour cbaque type nouveau n'est que de quelques francs, il est en mesure de mouler, de fondre, de livrer tous les engrenages possibles, au meme prix que ses confreres, parfaite- ment ronds, a dentures d'une regularite absolue, qu'il ne faudra jamais tailler, qu'il suflira dans tous les cas d'ebarber et d'ah'ser. Mais de quoi se compose ce bienheureux trousseau diviseur? D'organes tres-simples: l°d'un arbre cylindrique, mobile a ses extremites, en bas sur une crapaudine, en bautsousla pointe d'une vis; 20 d'une regie en fonte pouvantmonteretdescendre le long de l'aibre, pouvant se fixer a un point quelconque de cet ordre par une vis de pression ; 3° d'une grande roue dentee mobile autour de l'arbre faisant, a volonte, corps avec la regie qu'elle entraine; 4° dune vis sans fin engrenant avec la roue dentee, supportee a ses deux extremiles par des paliers dont les pieds portent sur un support en fonte scelle dans le sol, mise en rnouvement par une manivelle munie d'une aiguille ou index, dont la pointe parcourt un cercle divise en 3Go degres. Pourmonter un engrenage, on accole a la regie a l'aide d'une presseune plancbe dont la largeur est egale a l'epaisseur de l'anneau de la roue augmente de la hauteur de la dent ; on fail tourner la regie degagee alors de la roue dentee ; la planchelte creuse dans le sable une gorge de plus en plus profonde a mesure que la regie descend le long de l'aibre; des 48 COSHOS. que la profondcur est suffisante el egale a 1'epaisseuv de la planebette , on s'arrfele; ilnes'agit plus que de menagnr la place des dents, en i>osant dans la gorge des noyaux qui represented cxaclement le vide qui doit sepan r d> u\ dents. On pose un premier noyau que Ton appuie contre la plancbetle ; pour determiner la place du suivant, on divise le nombre des dents de la roue dentee qui fait mouvoirla regie par le nombre des dents de la roue qu'il s'agil de mouler ; le quotient indique le nombre des lours que Ton doit fairefaire a la manivclle de la vis sans fin; les fractions de tour sont indiquees par un petit cadrau additionnel ; la plaucbelie ainsi recule d'une ccrlaiue quantile , el l'ou pose a cole un autre noyau comine prc- Cedemmenl. Tour les roues d'angle, il suQIt d'lnc.lmer les plancbeiles du nombre de degres eonvenable, el l'onopeie de la nieme maniere. ]\on- axons di'ja dit que le trousseau diviseur fonctioune depuis cinq mois, et que des engreuages obtenus par sou inoyeu ne laissenl absolu- ment rien a desirer. C'esl uue solution si simple d'uu probleme ini|H);-tanl qu'il est vrai- ment elonnant qu'on ne l'ait pas devine plus tot et pratique parlout. Peul-eire n'est-elle pas aussi neuve que le pense i\l. de Louvrie. — M.Uoyere a soumis mix comiles des ails mi'-caniques et econonn- ques son tuc-teiync, excellent appareil qui , par un cboc niecanique et en frappaut le grain, fail peril- les insectes dcstiucleurs des cereales. Des modeles de tue-leigne conslruits par ordre du iniiiistre de la guerre ont fonclionue a Versailles et scront bientot mis en experience a la manuteuliou centrale de Paris. La Soeiete d'encouragement se fera rendre cojCBPte de ces essais, couronnes ailleurs de grands succes. W. Doyere, d'ailleuis, a considers daus son ensemble et resnlu com- pletemenl le prubelme capital de la conseivatiou des bit's , el nous consaererons a ses recberches un article special qui les fera parfaile- co menl counailre ACADEffllE DES SCIENCES. SEANCE DU 9 JANVIER l854. M. Elie de Beaumont a Id le proces-verbal de la derniere stance d'une voix claire et suffisamment forte. Quoique la salle fut tres-agitre , il se faisait facilement entendre ; tout fait done esperer qu'avec un peu d'exer- cice et d'habitude.il remplira ses fonctions a la satisfaction generate; nous avons entendu un grand nombre d'academiciens exprimer le desir ardent et sincere de les lui voir accepter definitivement, et nous nous unissons de grand coeur a ces sympathies anciennes et nouvelles. La haute position sociale,la fortune considerable, l'illustration scientifiqUe, le caraciere a la fois doux ct ferme, modeste et energique du nouveau secretaire per- petuel, et, par-dessus tout, le fail imprevu de son election ne sont-ils pas autant d'indices certains d'une vocation vraiment providentielle? Per- sonne n'est mieux place que M. Elie &e Beaumont pour devenir le centre du niouvement scientifique, et quand il le voudra, il reunira aut>ur de lui les homines nationaux et changers qui aiment la science pour elle- meme. Ce sera un beau jour pour nous que celui oil il nous sera donne d'annoncer et de raconter les soirees scientifiques du secretaire perpe— tuel de l'Academie des sciences, comme nous annonrons et nous racon- tons les soirees du comte de Rosse, president de la Sociele rovale de LonJres. — M. Payen lit une nouvelle suite de ses recherches sur la conserva- tion des matieres azotees et des substances ammoniacales, par addition d'une cerlaine proportion de substances acides on salines. « 1° La presence, ainsi que la reaction de 2 grammes d'acide sulfurique dans 100 centimetres cubes d'urine, a preserve cetle urine pendant trente-six jours de toute deperdition ammoniacale; une dose moitie moindre du meme acide a conserve les 96 centiemes, on n'a laisse perdre que 4 centiemes de l'azote total ; enfin , l'acide oxalique, dans une eva- poration directe, avait conserve plus des 0,97 de l'azote de Purine. « 20 Deuv centiemes d'hydrate de potasse ont sufli pour preserver de deperdition pendant trenle-six jours, et durant l'evapoi ation finale an bain-marie, plus des gr centiemes (0,91(1) de l'azote. manifestant ainsi une eflleacite analogue a celle de la chaux dans des circonst i::oes semllables ; une dose insuflisanle moitie moindre, ou seulement egale a i centieme, du meme hydrate rle potasse, n'a conserve qiieles ,»2, e'est-a-dire a laisse perdre les 4S centiemes des substances ammonia- cales ou de l'azote correspondant. « 3° Les suies de houille et de bois , dans les proportions de 2 pour 100, ont laisse perdre respectivement, par la putrefaction en trente-six jours, et l'evaporation subsequente , les 85 et 89 centiemes de l'azote primitivement contenu. Ces substances ont pu Modifier 1'odeur de Purine, sans arreter sensiblement les emanations ammoniacales. . « 4° Le carbonate de potasse employe en doses de 1 et de 2 centiemes 50 COSMOS. a plulot angmenle les deperdi lions qu'il a'aurait coutribue a les amoin- drir, puisque sa perte s'esl elevee a 92,4 pour 100. « 5" La propriete preservatrice des acides sulfurique et oxalique est tres-eucrgique, et, a pen de chose pres , egale ; la chaux hydralee vient ensuile, el occupe un rang sieve par les agents anlisepliques. « 6° Dans les terrains sufEsamment pourvus de cabonate de chaux, l'a- cide sulfurique ajoute aux engrais rendrait de grands services ; il y au- rail de l'inlerel a en faire l'addilion le plus lot possible, apres emission, des urines. » — M. le baron Arrnand Seguier lit une note sur les iuconvenients de la neige dans la locomotion sur les chemins de fer actuels. « Les perturbations apportees dans le service des chemins de fer par la neige viennent dese faire sentir cetle annee d'unc facon j)lus facheuse que jamais... Sur certains points la circulation a ele et est encore cora- pletemcnl interrompue.... La chute de la neige ne peut pourlant pas etre regardee comme un de ces fails exceptionnels qu'il faut subir et contre lesquelsla prudence humaine doit rester inactive... Nous croyons qu'un chemin de fer avec an materiel approprie pourrait toujours lenir sa voie en etat de circulation. Mais pour qu'il puisse en etre ainsi, il faudrait renoncer au mode de traction actuellement en usage,... et adopter celui que nous avons appele locomotion far laminagc , dans lequel le chemi- nemenl de la locomotive n'est plus le resultat de l'adherence de ses roues sur les rails, par suite du poids seul de toute la machine, mais bien la consequence forcee du rapprochement de deux rouleaux laminant entre eux un rail sur lequel la locomitive se loue comme les bateaux a vapeur sur la chaloe dormanle qui leursert de point d'appui... La cause princi- pale de l'obstacle oppose par la neige est l'insufhsance de la force initiate de la locomotive qui rend, meme en temps ordinaire et dans les circon- stances les plus favorables, le demarrage tres-difficile, et force souvent de recourir a des sabliers qui font couler du gravier entre les surfaces frottanles de la roue et du rail... Dans mon mode de traction, il serait possible de construire une machine speciale a grands pistons, a longues manivelles, a tres-petits rouleaux de laminage, pourvue des organes convenables pour fouiller la neige et la rejeter sur les bas-cotesde la voie dont le passage, a des intervalles de temps en relalion avec l'abondance de la chute de la neige, tiendrait la voie suffisamment libre, pour que le service ne fut jamais interrompu ; une semblable machine exercerait , en effel, un effort superieur a celui des machines acluelles, dans le rap- port de la difference des rayons des roues motrices ordinaires aux rayons des rouleaux laminants... Par l'adoption de mon systeme de traction on pouri'ait aussi obtenir que les roues qui porlent la locomotive ne pe- sissent pas plus sur les rails que les roues des wagons avec charge ordi- naire... Rien, en effet, n'empecherait alors de placer le geuerateur sur un train, et le nioleur sur un autre, de repartir la charge totale de la locomotive sur un tel nombre d'essieux que chacun ne supporte qu'un COSMOS. 51 poids egal a celui que porle l'essieu d'uti wagon ordinaire... Gette sepa- ration du nioteur ct du genc'rateur presente au point de l'economie du materiel des avantagrs considerables qu'il serai t facile d'enumerer... Le nioteur installe dans des wagons vitres serait preserve de toutes les influences exterieures si prejudiciables... lis seraient abordables de tous cotes, tous leurs organes pourraient foncliouner sous la surveillance in- cessante du mecanicien... etc., etc » M. Seguier nous permettra-t-il de rappeler que le systeme de traction inventeparM. de Joufl'roy, et qui consistait essrntiellement dans l'emploi d'une locomotive a roue unique avec janteen bois debout, roulant sur un rail central strie prc'sente a un degre plus grand peut-etre encore les avan- tages de son mode de locomotion par laminage? En effet : i° la locomotive de M . Joutfroy etait partagee en trois parties, generateur, moteur, tender, comme le veutM. Seguier, et les rails n'avaicnt a supporter qu'un poids egal a celui des wagons ; i° cetle meme locomotive pouvait cheminer len- tement et lulter contre la resistance des neiges sans rien perdre de sa force, tandis que la puissance des machines actuelles est nulle des que leur vilesse est trop ralentie ; 3° la pression de la jante en bois sur les rails a stries transvei sales faisait echapper jiresque en totalite la pluie el la neige, et maintenait une force de traction suflisanle dans les circonstances les plus defavorables. La locomotive Joufl'roy enfin etait un veritable chef- d'oeuvre, ou tout avait ele prevu et combine de maniere a procurer la plus grande sommed'avantages possibles, et a faire eviler preque tous les inconvenients qu'on est force de subir aujourd'hui; un des plus grands chagrins de noire vie a ete de n'avoir pas pu la faire adopter ; heureu- semeut que lout nous annonce qu'elle le sera enfin sur un sol ou la routine n'a pas impose encore ses tyranniques lois. — L'Academie procede ensuite a l'eleclion du membre qui doit rem- plir dans la section de botaniquela place devenue vacanle par la mort de M. de Jussieu. Les candidats, comme nous J'avons dit, sont : au premier rang, M. Tulasne; au deuxieme rang, M. Moquin-Tandon ; au troisieme rang, ex cequo et par ordre alphabetique, MM. Duchartre et Trecul. La lisle signee annonce la presence de 54 membres ayant droit de voter ; la majorite absolue est par la meme de '28 suffrages ; l'urne contient en effet 54 votes; et le depouillement du scrutin doune a M. Tulasne 54 voix, a M. Moquin-Tandon 18 voix, a M. Payer 1 voix; il y a de plus un billet blanc. M. Tulasne ayant obtenu, des le premier lour de scrutin, 6 voix de plus que la majorite absolue, est proclame l'elu de l'Academie des scien- ces; son election sera soumise a l'approbalion deS. M. l'Empereur. De- puis vingt ans, nous avons assiste a presque loutes les elections de l'A- cademie des sciences, et toujoursle fatal billet blanc quia signale l'electiou actuelle a fait son apparition periodique, toujours il a ete salue par un rire bruyant et ironique. Serait-il done vrai, comme on le repetait par- tout autour de nous, qu'il est dans l'Academie des sciences un homme qui n'a voulu prendre part a aucune election, sans doute par ce motif 52 COSMOS. incroyable qu'il ne juge personne digue d'occuper un fauleuil voisin du sien. Cel honorable excentrique, on le nomine, on le designe, il sait qu'on le monlre du doigt ct de l'oeil, et lien ne le fait deroger a sa vieillc habitude. Nous nous rappelons que cet odieux billet blanc exci- tait toujours chez M. Arago un sentiment penible d'indignation et le ren- dait vraiment furicux. Nous sommes heureux de pouvoir dire que la nomination de M. Tu- lasne a ete accueillie avec grande faveur par les membres et les hdles de 1'Acad'mie des sciences ; tous applaudissaient a celte noble re- compense accordee au nierile modeste et profond ; la certitude de l'e- lection prochaine de M. Moquin-Tandon ne laissait d'ailleurs aucune place au regret. Nous donnerousa ['article Varicles les notices biographi- ques que nous avons annoucees dans noire dernicre livraisou. — ftl. Cierhardt lit une note pleine d'inlcret surdiverses combinaisons nouvelles de la salycile, combinaisons que ses savantes theories lui avaieut fait prevoir, et qu'il est parvenu a realiser dans son laboratoire si fecond et deja si celebre. Nous n'essaierons pas d'analyser cette note ; nous at- tendrons pour la reproduire integralement l'analyse qui en sera publiee dans les comptes remlus officiels. — M. Guerin Menneville litun memoire intitule : Recherches sur les maladies des reyeta?tx, extrail du Journal des observations agricoles ct scienlifiqiies failes dans dix departements de la France pendant les mois de mai, juin, juillet, aout, septenibre et oclobre iS53. Lebut de l'auteur est de demontrer la verite d'une theorie emise, dit- il, par lui, en i85a, et qui trouve la cause principale de la grande epidemie qui a sevi sur beaucoup de vegetauv, et specialement sur la vigne, dans un phenomene de tbmpdratttre. Enumerons rapidement les faits les plus saillants sur lesquels il s'appuie. Toutes les vallees parcourues par un grand coins d'eau et orientees de nianiere a subir, pendant l'hiver surlout, des vents froids et principa- lement ceux du noi d; sont exemptes de la maladie d'une manieie plus ou moins complete. Les versants des collines qui regardent le nord, sont generalement dans le meme cas, et certains plateaux plus ou moins ele- ves, soit dans l'extreme midi, soil dans la Fiance centrale, n'en souffrent que peu, ou seulement dans les tieux oil les anfi actuosites de terrain formnil des abris. Ainsi, en particulier, la grande vallee de la Durance, qui court gene- ralement du nord au sud, est regardee comme une localile froide, dans laquelle les recoltes sont en retard sur celles des plaines plus elevees et des coteaux voisins. Pendant lout l'hiver et souvent dans les autres sai- sons, elle est parcourue par les vents dunord qui passent sur les Alpes, encore en partie couvertes de neige jusqu'au milieu de juillet. Elle est conslamment refroidie par le vent qu'on nomine la monlaynere. Eh bien, il est avere. que les nombreuses vignes plantres dans celte graude plaine n'ont pas encore ete atleintes par la maladie, tandis que celles des co-. COSMOS. 55 teaux qui la bordent, et celles meme de celle plaine qui pe trouve dans des anlractuosites de terrain abritees eta l'exposition de l'est et du sud sont ravagee sdepnis trois ans. Dans la grande vallee du Rhone, M. Guerin Menneville a observe les monies phenomenes. Dans le Gard, il a appris de M. Sibour fieiG de l'illust re et venerable archevoque de Paris, et Tun des agricultcurs et des sericiculteurs les plus dislingues, que la maladie dr-s vignes ne sevissait dans la petite plaine qui va de I'ont-Saint-Esprit a Bagnols, que dans les bas-fonds, dans les anfractuositees abritees des vents qui suivent la vallee presque en toutes saisons. De ces faits etd'nn ties-grand nombre d'autres, M. Guerin Mennevilla conclut : i° Que la maladie de la vigne, cornme celle de tons les autres vegetans, et peut-elre des vers a soie, est due a nn phenomene de caloricile, a une temperature tropclevee denos hivers qui persiste'depuis quelques annees. 20 Que cette maladie consiste en un drfaut de tonicite dans les tissus en une production trop abondante, trop halive et par consequent mal elaboree de la seve, donnant aux vignes une espcce de pleihore albumi- neuse. 3° QuelVi'dium est un des symplomes. un deseffels de cette maladie- qu'il soit l'analogue des boutons, des eruptions de peau qne Ton observe sur les animaux, ou qu'il soit une especc vegetale dont les corpuscules reproducleurs, repandus partout el porles sur L'ailc des vents, ne se de- veloppent sons la forme d'oi'dium Tuckcri que lorsqu'ih tombenl sur des vignes ou sur quelques-unes de lours parties predisposees a favoriser leur vegetation par les alterations que leur seve a subies en aeissant pendant I'hiver. 4° Quecette maladie disparnltra quand les saisons auront repris leur coins ordinaire, quand nos hivers seront redevenus froids. 5° Qne, peut-etre, si hob annees continuent a etre dessaisonnees (qu'on nre passe l'expression) cornlne elles l'ont ele jusqu'ici, la vi. 5° Couple Joule. Zinc ainalgame, acide sulfmique (SO4 H, 10 aq.); cuivre, sulfate de cuivre: 173. 6° Couple Grove. Zinc ainalgame, acide sulfui ique (SO* H, 10 aq.) • plaline, acide nitrique : 3 10. 70 Couple J oui.e. Zinc ainalgame, sulfate desoude; p la tine, acide nitrique: 5n. S° Couple Joule. Zinc amalgame, selmarin; plaline, acide nitrique : 3a4. 90 Couple Wiieatstone. Amalgame liquide (1 potas- 56 COSMOS. Shim, i5o mercure) ; chlorine do sodium ; plaline, chlorine de platine : liif. io° Couple Joi'LE. Zinc amalgame, hydrale tie potasse ; peroxyne, de plomb ol)tenu sons forme delame galvano-plastique, acide sulfurique (SO'H, ioaq.) : 466. M. Ucgnauld, en lerminanl, compare, autant qu'il peut le faire, ces nombres, avec < eu\ obtenus par MM. Wheatslone el Joule, les difference* sont asscz considerables ; mais comine le procede de ine.sui e qu'il emploie est, ilil-il, direct et ties-simple, qu'il lui semble a l'abri des objections qu'on peut adresseraux moyens on usage auparavaut, il croitelre plus pres de la verite, et presente ses resuliats an moius comme uue premier* approximation grandement utile. — M. Davaine signale, dans son traite d'hydrotherapie generale, qu'il a adresse pour leconcours des prix M on 1 by on, les parlies qui lui sem blent plus originates et plus nemes. — M. Monnel demande qu'une commis- sion soit cbargee d'< xaininer son metier a ti.'ser, electro- magnelique, sys- teme Jacquart. — M. Baudrimont , chimiste ties connu de l'Academie, adresse son bisloire des Basques. — M. D'Arcbiac offre un nouveau vo- lume de son grand ouvrago sur les progies de la geologie. M. Gerhardt offre une nouvelle livraison de son Traile de chimie orijanique. — M. Gorini expose dans une brochure italienne, renvoyoe a M. Elie de Beau- mont pour un rapport verbal , sa theorie dc la formation des monlagnes. — M. Magriani demande que sa nolo sur la somme des trois coles ct des trois angles d'un triangle, soumise a I'examen de M. Binet, devictiue l'objet du rapport d'uno commission. — M. Dessaignos annonce qu'il est parvenu a combiner son acide tarlro-nilrique avec differentes bases, la potasse, l'argent, etc. — M. Duvernoy presente, au nom de M. Lereboulet, professeur d a- natomie compan'e a la faculle des sciences de Strasbourg, son Traite des crustaces qui habilent les environs de la capitate de 1' Alsace. Ce petit livre, dit le savant acadeinicien , que M. Milne- Edwards avait recom- niande a rattention de 1 Academic, alors qu'il n'etait qu'a 1'etat de ma- nuscril et que son autenr a grandement perfectionne en le bvrant a l'impression , est un modelo parfait de iiTonograpnie complete, conscien- cieuse, precise, etc. II prouve que l'otude des etres les plus vulgaires Ct en apparence lesmieux connus, peut conduire a des observations tres- neuvt-s et tres-origiiiales, a de veritables decouvertes. — Nous avons appris avec bonlx ur que, dans son comite seci'et, l'A- cademie, sur le rapport de M. 1'mberl, avait accorde a M. Franchot un, grand prix do mecanique, avec supplement de 2,000 IV. pour ses recher- ches sur les machines caloriques et lampes-moderateurs. A. TRAMBLAY, proprielalre-girant. PARIS. IMTRIMERIE DE W. REMQUET ET cie., RVE GARA.NCIERE, 0. > T. IV. 20 JANVIER l854- TROISIEME ANNEE. COSMOS. FAITS DIVERS. NECROLOGIE. Nous avons a transmettre a nos lecteurs une bien triste nouvelle : M. Charles Gaudichaud, membre de la section de botanique de l'Academie des sciences, le celebre auteur de la Theorie des phy- tons, et qui travaillait avec tant d'ardeur a jeter les bases d'une nou- velle organogenie vegetale, est mort lundi dernier 16 Janvier a une heure et demie apres-midi. Nous l'avons beaucoup connu; il nous temoignait une grande affection ; il prenait un vif interet a notre oeu- vre du Cosmos; et nous avons eu la douloureuse consolation d'assis- ter a son agonie, de recevoir son dernier soupir, de lui fermer les yeux. II avait au plus soixante-quatre ans; mais les fatigues de ses voyages de circumnavigation et ses travaux incessants etaient venus s'ajouter aux suites fatales d'une blessure grave qui avait atteint les organes de la respiration, et ses forces etaient epuisees avant le temps. C'etait une de ces ames naturellement bonnes, et par la meme, comme disait Tertullien, naturellement chretiennes; il etait doux, affable, toujours gracieux et bienveillant pour tous. II s'est prepare de bonne heure a la mort; des la premiere visite que lui fit le vene- rable cure de Saint-Sulpice, il se montra dispose" a remplir tous ses devoirs religieux, et peu de jours apres , il re$ut a la fois le sacre- ment de I'Extreme-Onction et la Sainte-Communion. A partir de ce moment , il fut calme et resigne; quoiqu'd eut un grand d6sir de vivre encore quelques annees pour completer ses grandes theo- ries, 1'approche de la mort ne l'irrita point , et il cnnserva toute l'a- menite de son caractere ; il aimait, meme au milieu de ses plus cruelles souffrances, a etre entoure de ses amis, et il exigeaitque sa porte leur restat toujours ouverte. II a £t<§ pour tous un parfait mo- dele du philosophe chretien ; il mourait comme on part pour un long voyage. II voulut, quelques jours avant sa mort, recevoir 58 COSMOS. le saint Viatique, et il le fit avec une foi si vive que les assistants en furent profondement emus. Son agonie a ete longue et cruelle ; mais, nous le croyons du moins, il a perdu de bonne heure la connais- sance et le sentiment. Nous donnerons bientot l'analyse complete des travaux de notre savant ami. LONGITUDE ELECTRIQUE DE BRUXELLES. L' ' Athenccum anglais du samedi 14 Janvier, nous apporte des details pleins d'interet et que nous nous empressons de reproduire sur les resultats de la communication telegraphique «5tablie entre Londres et Bruxelles, dans le but de determiner la difference de longitude de ces deux capitales. « Une communication metallique continue, sans interruption, avait etc etablie entre les deux horloges des deux salles meridiennes de Bruxelles et de Greenwich, a travers le cable ou conducteur sous-marin de Douvres a Ostende. Les piles necessaires aux expe- riences avaient ete genereusement fournies a Greenwich par la com- pao-nie du telegraphe sous-marin, a Bruxelles, par la compagnie du telegraphe sous-marin et europeen. Un astronome de l'observa- toire de Bruxelles etait alle a Greenwich, pendant qu'un astronome de Greenwich venait s'etablir a Bruxelles. Lorsque la moitie des operations exigees par cette grande entreprise a ete terminee, ces ' deux memes astronomes ont repris leurs places dans leurs observa- toires respectifs, pour completer les observations. Cet echange d'observateurs avait ete conseille par M. Challis, et il avait pour but de se mettre a. l'abri des erreurs connues sous le nom d'equations personnelles ; il avait aussi l'avantage de mettre M. Quetelet et son collegue installe a Greenwich, parfaitement au courant des difficultes que Ton avait rencontrees dans les memes operations deja realisees entre Greenwich et Cambridge, Greenwich et Edim- bourg. M. Quetelet, par ce moyen, avait pu aussi transmettre a M. Airv ses idees sur diverses modifications a apporter au mode d'observations, idees qui, dans la pratique, se sont montrees reelle- menttrcs avantageu^es. « Le rcsultat de tous les arrangements pris a eteTentree en pos- session de trois mille signaux observes simultanement dans les deux observatoiies, pour la comparaison des deux horloges de passage. .< L'ensemble entier de ces observations peut concourir a la de- termination de crrtaines donnees physiques, dont la plus importante est le temps que le courant electrique met a franchir la distance de COSMOS. 59 Greenwich a Bruxelles, "et r^ciproquement de Bruxelles a Greenwich . Autant qu'on peut le conclure au point ou en sont maintenant les reductions des observations, ce temps peut etre lvalue tres-approxi- mativement a un dixieme de seconde. Quelque grande que soit la vitesse que ce temps si court suppose, vitesse de 4 345110 me- tres, ou 4 345 kilometres, en la supposant uniforme sur le par- cours en tier de la ligne, elle est beaucoup moins grande que celle qui resultait des experiences d'Edimbourg , 12 330 kilometres, elle differe beaucoup plus encore des vitesses de 130 000 et 180 000 kilometres, conclues des experiences de MM. Walker et Mitchel en Amerique, de MM. Fizeau et Gounel en France. Cette diffe- rence depend, sans aucun doute, de cette circonstance que la plus grande partie du conducteur entre Greenwich et Bruxelles est un fil soutenain et sous-marin, cette condition des fils, qui ne diminue en rien leur isolement, le plus parfait peut-elre qui existe au monde, determine tres-probablement un effet d'induction encore mal dcfini et qui retarde la propagation du courant. « La totalite des signaux obtenus ne peut cependant pas servir a la mesure de la difference de longitude. Pour mettre parfaitement en evidence cette difference, il est necessaire non-seulement de comparer les deux horloges des passages, au moyen des signaux electriques, mais encore d'etablir le rapport du temps donne par ehaque horloge au temps sideral de la localite, par le moyen des observations de passage des etoiles au meridiem Prenant en consi- deration la perfection des comparaisons electriques des horloo-es, les astronomes ont admis comme un principe fondamental que les signaux ne peuvent etre regards comme valables pour la longitude, qu 'autant que les passages des etoiles au meridien ont ete observes aux deux stations , un instant tres-court avant ou apres la compa- rison. Le resultat de cette epuration est que 1 000 signaux restent et peuvent servir a la mesure de la difference de la longitude, en combinaison aver; 150 observations de passage aux meridiens'des memes etoiles, faites presque simultanement dans les deux observa- tions pendant sept jours. II n est pas douteux que la determination deduite de ces observations simuhanees l'emporte beaucoup en exac- titude sur toutes les determinations des differences des longitudes obtenues jusqu'ici. « Voila done que l'exemple de l'application des fils telegraphiques a la mesure de la difference de la longitude des observatoires est solennellfment donne\ Sous peu, sans aucun doute, Greenwich sera en communication de la meme maniere avec les observatoires de 60 COSMOS. France et d'Allcmagne. Ces observatoires, a leur (our, se relieront aux centres plus lointains, et toutes les capitales de l'Europe entre- rontainsi dans un grand systeme de determination des differences des longitudes astronomiques. « Le besoin de determinations plus exactes s'estde\jasouvent fait sentir. Dans le calcul de ses nouvelles tables lunaires, le professeur Hansen a cprouvo de grandes difficultes pour combiner les obser- vations de Dorpat avec celles de Greenwich, et ces difficultes te- naient au moins en partie a l'incertitude de la difference entre les longitudes. « L'Europe presqueentiere, ad' exception del'Espagne, est main- tenant couverte d'un vasie reseau de triangulations geodesiques qui unit les cotes ouest de l'lrlande et de la France avec l'interieur de la Russie et les frontieres de la Turquie. La combinaison des mesures geodesiques avec les differences certaines de longitude fournit les materiaux les plus excellents pour arriver a une mesure de la terre aussi exacte que possible, Greenwich, par la meme, jouera un role tres-important dans cette determination. Un grand arc de parallele europeen commence a Vallentia, en Irlande (point relie avec Greenwich par l'astronome royal, il y a quelques annees), et s'etend au loin dans l'interieur de la Russie. Un autre arc com- mence a Marennes sur la cote ouest de France, et a deja etc con- duit jusqu'a Padoue et Orsowa : mais la partie astronomique de ce secondare est loin d'etre parfaite ; etcomme l'ademontrdM. Struve, il sera absolument necessaire, pour donner a cet arc toute sa va- leur, de determiner exactement sa difference de longitude entre Marennes et Greenwich, parce que la longitude de l'extremite est de cet arc dependra probablement des observations russes , rap- portees immediatement a Greenwich par les grandes operations chronometriques qui relient Greenwich avec Altona et Pulkowa. « Nous felicitons grandement le monde astronomique de l'in- troduction si heureuse, realisee enffn en Europe, d'une methode couronnee de tant de succes en Amerique, et qui promet d'etre grandement feconde en resultats d'une exactitude inesperee. » L'article que nous traduisons est si^ne des initiates suivantes : A. B. G. ; nous croyons y reconnaitre la signature et la redaction habile de l'astronome royal lui-meme, Georges Biddal Airy. HORLOGE ELECTRIQUE ET CONTROLEUR ELECTRIQUE DES CHEMINS DE FER. A l'occasion des deux articles que nous avons consacres a l'ex- position des deux excellents appareils de M. Verite, de Beauvais,, COSMOS. 61 nous avoiis recu de M. Theodose du Moncel une reclamation de priorite que notre noble ami nous pennettra de ne reproduire et de ne discuter que dans notre prochaine livraison. DECLINAISON MAGNETIQUE. Le reverend P. Secchi a cru qu'il etait important de determi- ner cette annee la declinaison magnetique a Rome. L'instrument dont il s'estservi, et qu'il decrit dans la Correspondenza seientifica, est une sorte de magnetoinetre construit d'apres les principes de Gauss. Des nombreuses observations faites dans une des plus grandes salles du college romain , il resulte que le 30 octobre 1353, a 8 heures apres midi , la declinaison magnetique a Rome etait 14° 3' 35'', ouest ; cette valeur peut etre regardee comme exacte a. une minute pres, elle differe notablement de celle trouvee il y a quelques annees par d'autres observateurs. En la comparant aux deelinaisons des annees del640 a 1853, le P. Secchi constate que nous nous trouvons maintenant dans une periode descendante, et que la declinaison va en diminuant d'environ 4' 28" par annee. En outre de la variation seculaire , il existeune variation diurne assez sensible dont il faut tenir compte; le P. Secchi n'a encore fait a son sujet qu'un petit nombred'observations qui lui semblent con- duire aux resultats suivants : 1° L'amplitude de l'observation diurne est d'environ 5 minutes et demie; 2" le maximum de la deviation orientale du pole nord a lieu entre 7 et 8 heures du matin ; a partir de cette heure , la pointe nord de l'aiguille marche vers l'occident; 3° le maximum de la de- viation occidentale a lieu une heure ou un peu plus apres midi , le pole nord commence alors a, retourner vers l'orient, mais plus lente- ment qu'il ne s'en etait eloigne" le matin ; 4° la plus grande vi- tesse du mouvement de deviation de l'aiguille a lieu environ une heure avant midi. Ces particularity du mouvement diurne sont celles observees au commencement de novembre; si les observations etaient faites dans d'autres mois de l'annee , elles se modifieraient sans doute notablement. AURORE BOREALE. M. de la Rive rdsume dans les propositions suivantes un long m^moire surles aurores bordales : 1" Toutes les observations concourent a d^montrer que l'aurore boreale est un phenomene ayant son siege dans l'atmosphere , et qui consiste dans la production d'un anneau lumineux ayant pour 62 COSMOS. centre le pole magneHique et d'un diametre plus ou moins grand. 2° L'experiencedemontrequ'en operant, dans Pair tres-rarefie, la reunion des deux electricites pres du pole d'un fort aimant artificiel, on produit un petit anneau lumineux semblable a celui qui eonslitue l'aurore boreale, et anime d'un mouvement de rotation semblable. 3° L'aurore boreale serait due par consequent a des decharges electriques s'op^rant dans les regions polaires, entre l'electricite positive de l'atmosphere et l'electricite negative du globe terrestre; electricites s^parees elles-memes par Taction directe ou indirecte du soleil, principalement dans les regions dquatoriales. 4° Ces decharges electriques ayant lieu constamment , mais avec des intensites variables, suivant l'dtat de l'atmosphere, l'aurore boreale devrait etre un phenomene journalier plus ou moins intense , par consequent visible a de plus ou moins grandes distances , et seulement quand les nuits sont claires , ce qui est parfaitement d'accord avec ['observation . 5° Les phenomenes qui accompagnent l'aurore boreale , tels que la presence et la forme des cirro-stratus, et surtout ceux qui sont relatifs aux perturbations qu'eprouve Y aiguille aimantee, sont de nature a d&nontrer la verite de l'origine electrique que nous venons d'attribuer a l'aurore; hypothese avec laquelle ces phenomenes se concilient jusque dans leurs moindres details. 6° L'aurore australe, ainsi que cela requite du petit nombre d'ob- servations dont elle a £te l'objet, presente exactement les memes phenomenes que la boreale, et s'explique par consequent de la meme maniere. Nous nous proposons d' examiner avec soin les conclusions de M. de la Rive. NOUVELLE METHODE DE TRAITEMENT DE l'oZENE Par M. Mat'sohneuve, L'ozene ou punaisie est, comme chacun sait, une infirmite qui consiste dans une excessive puanteur des secretions nasales, et cette puanteur est elle-meme le resultat du scjour prolonge des mucosites, du sang ou du pus, au fond des cavites anfractueuses, ou elles sont soumises a la triple action de l'air, de la chaleur et de rhumidite. A chaque expiration l'air qui traverse ces cavites se charge d'e- manations fetides et forme autour des malades une atmosphere in- ecte. De sorte que les malheureux atteints de cette affection d£- COSMOS. 63 goutante deviennent un objet d'horreur pour tous ceux qui les en- tourent. Jusqu'a present l'art ne possedait contre cette affection que de bien faibles ressources. A part l'ozene syphiiitique, contre lequel les preparations mercunelles et iodurees ont une action directe toutes les autres varices etaient generalement considerees comme a peu pres incurables. On employait bien les cauterisations , les insufflations des poudres astringentes ou detersives, on recomman- dait aux malades d'aspirer des liquides emollients ou balsamiques ; on faisait meme quelques injections timides au moyen de pelites seringues: mais tous ces moyens ne constituaient que des palliatifs insuffisants etles malades affectes de punaisie n'en continuaient pas moins a exhaler une odeur repoussante. Personne u'avait songe a conseiller les injections a grande eau dans la persuasion ou Ton dtait que le liquide devait necessairement pen^trer dans la gorge. Or, des experiences multipliers ont demontre d'une maniere positive que cette persuasion etait completement erronee , et que des injections violemment poussees dans une narine, au moyen. d'une forte seringue, ressortaient entitlement par la narine opposee. II resulte de ce fait que Ton peut, avec la plus grande facilite, la- yer a fond les fosses nasales et les debarrasser ainsi des croutes, du mucus ou du pus, qui par leur s£jour produisaient la punaisie. Rien n'est plus simple que cette operation; il suffit, pourl'execu- ter, d'introduire dans une des narines la canule d'une forte seringue et de pousser energiquement le piston. 11 s'etablit un courant qui sort a pleine narine de l'autre cote et entraine avec lui toutes les matieres etrangeres contenues dans les cavites nasales. Ces injec- tions n'ont rien de penible, les malades eux-memes peuvent les ex^- cuter facilement, surtout au moyen de l'irrigateur mecanique. Sous I'iufluence de ce moyen, l'odeur repoussante de la punaisie disparait instantanement, et bientot meme les conditions morbides de la muqueuse se modifiant d'une maniere directe, on arrive a, une guerison definitive. M. Maisonneuve ajoute : « Notre tres-honore confrere, M. le docteur Melier, a eula bonte de nous faire savoir que le fait dont nous venons de parler, lui avait ete rdvele chez un malade qu'il traitait d'un ozene, et que depuis lors il employait constamment avec succes les grandes injections dans cette maladie. Nous sommes heureux de nous etre rencontre avec cet honorable maitre. « 64 COSMOS. IIISTOIRE DES BASQUES OU ESCUALDUNAIS PfiTMITIFS. M. Baudrimont resume ainsi sesidees sur l'origine et les emigra- tions des peuples, qui out fait le sujet de ses rccherches : « J ai trouve, comme l'avaient deja indique d'aillenrs quelques-uns des savants qui se sont oecupes de la memo question, qae les Bas- ques ou Escualdunais primitifs avaient pris naissance dans la partie meridionale de T Asie, qu'ils avaient ensuite habite la region voisine du cercle polaire arctique comprise entre 1'Obi et le lac Ba'ical, qu'ils etaient revenus vers la Mesopotamie en passant entre la mer d'Aral et les montagnes qui bornent la Chine a l'occident; que la ils avaient eu de nombreuses relations avec les peuples semitiques et etaient venus habiter le Caucase, puis enfin les Pyrenees fran- £aises et espagnoles. « J'ai encore trouve par lameme methode (l'emploi simultane des indications philologiques et ethnologiques) que les Basques avaient eudes relations avec les Eskimaux, qu'ils etaient probablement des ancetres de la race turque, et que bien avant la decouverte de l'A- menque par Christophe Colomb, ils avaient fourni des colons a la region comprise entre le Rio de la Plata et le fleuve des Amazones. » FROPKIETES ARTISTIQUES DU SAVON. M. Ferguson Branson de Sheffield adresse au journal de la Societe des Arts , une lettre dontnous extrayons quelques passages. Depuis plusieurs annees , l'auteur desirait ardemment trouver ane matiere qui put rempiacer facilement le bois dans la gravure , plus facile a entailler , et cependant assez resistante pourpermettre de prendre des empreintes a sa surface, au moyen du metal a ca- racteres ou d'un depot galvanique. Son choix s'est enfin arrete sur le savon ordinaire, et les experiences qu'il a deja faites Font convaincu qu'on pouvait en tirer un excellent parti dans la realisa- tion deplusieurs procedes artistiques tres-utiles, et aujourd'hui com- pletoment inconnus. On peutexecuterun dessin avec une pointedure sur un savon mou, aussi facilement, au.-si legerement , et dans un temps aus-i court qu'avec un crayon sur un papier blanc : chaque trait ainsi produit est net, aigu et tres-bien defini ; lorsque le dessin est termine,on peut en prendre une empreinte enmoulant auplatre, ou mieux encore en pressant fortement la masse de savon contre une masse de gutta-percha chauffe; on pourrait enfin seservir, pour la reproduction du dessin, de cire a cacheter ou de soufre fondus. PHOTOGRAPHIE. STEREOSCOPE. Nous reproduisons, clans ce quelle a de plus essentiel, une nou- velle lettre de M. Claudet au redacteur en chef du journal La Lu- miere, qui confirme de plus en plus les theories que nous avons tou- jours defendues comme settles vraies : « Je vois par la reponse de M. Gaudin [Lumiere du 24 decem- bre), qu'il sera bien difficile de nous entendre. II n'est pas encore con- vaincu que Tangle binoculaire naturel est insuffisant pour la produc- tion de l'effet sterebscopique dans les images de la chambre obscure. S'il est satisfait du relief que presentent les objets eloignes, lorsque nous sommes obliges de considerer ces objets pres de nous, c'est une affaire de gout qu'on ne peut clisputer. Habitues que nous som- mes a des representations sans relief, le moindre relief nous parait exagere, quoiqu'il ne soit pas suffisant; mais plus- nous examine- rons des images stereoscopiques , et plus nous deviendrons exi- geants. Nous en avons dit assez l'un el, l'autre pour appeler l'atten- tion des personnes qui s'occupent de l'application du stereoscope a la photographie, et la pratique aura bientot decide qui de nous a raison. En attendant, j'ai la satisfaction, si je ne me trompe, d'a- voir emis des idees qui s'accordent avec les theories sur lesquelles sont bases les memoires du celebre inventeur de la stereoscopic C'est done aux memoires de M. Wheatstone qu'on fera bien d'a- voir recours pour etudier la question « M. Gaudin pretend que mes conclusions sont fondees en grande partie sur unetheorie que je me suis faite, en m'appuyantsouvent sur des faits imaginaires; mais c'est justementles observations que ses opinions me donnentle droit de lui appliquer, et je laisse aux per- sonnes competentes le soin de juger celui de nous qui merite le re- proche. « M. Gaudin ne me comprend pas, et j'avoue, peut-etre a ma honte, que je ne le comprends pas davantage. Je ne puis pas saisir la portee des arguments par lesquels il cherche a prouver que let dpreuves sont aussi grandes que nous paraissent les images de la nature, quand ces epreuves, que nous examinons a la longueur de la vue distincte, ont ete faites avec des objectifs dont la distance focale est sensiblementegale a la longueur de la vue distincte. Qu'est- ce que c'est que la vue distincte \ Est-ce celle qui est determinee par 66 COSMOS. la longueur du foyer de notre oeil ? Dans ce cas, chaque personne a sa longueur propre de vue distincte, et entre un myope et un pres- byte, cette longueur est si differente, qu'en placant, comme le dit M. Gaudin, une dpreuve faite sur verre entre l'ceil et la vue qu'elle reprdsente, pourles uns 1'image pourra etre trois ou quatre fois plus grande que pour les autres, car le myope placera l'image au point de sa vue distincte, qui pourra etre de 6 centimetres, et le presbyte la placera aussi au point de sa vue distincte, qui pourra etre de 30 cen- timetres. Quel rapport peut-il done y avoir entre la longueur de la vue distincte et la longueur locale des objectifs qui produisent des images stereoscopiques? S'll y en a un, il d iff ere pour chaque per- sonne, et il faudrait ainsi employer des objectifs d'une distance fo- cale qui varierait pour chaque individu. « M. Gaudin remarque que s'il s'agissaitde prendre a 1' usage du stereoscope une vue d'objets fort eloignes separes par une large ri- viere, l'appareil de M. Claudet, non plus que celui de M. Quinet, n'y saurait reussir; et dans ce cas, ajoute-t~ilfacetieusement,faites-moi le plaisir de passer la riviere ! A cette plaisanterie, je repondrai se"- rieusement : Mais, pour passer la riviere, il faudrait un pont, et il n'y en a pas; faites-naoi done le plaisir de me jeler un pont sur cette riviere! Si cette operation vous est trop difficile, j'ai un moyen bien plus simple, sans me deranger, de prendre la vue, a quelque angle que je desire. Je n'ai qu'a enlever la vis qui unit les deux branches de mon appareil et a visser chaque branche sur un pied separe ; car mon appareil n'est complet que lorsqu'il est accom- pagne. de deux pieds, et il n'y a rjen de plus facile pour moi que de separer mes deux chambres obscures de 5, 10 ou 100 metres, s'il le faut. Dans le cas de separation de plus d'un metre, j'aurai naturellement besoin d'un aide pour ouvrir et fermer les appareils. On a parle de faire des images stereoscopiques de la lune. Je de- manderai a M. Gaudin quel angle binoculaire il proposerait pour cette operation. Est-ce celui du quine'toscope ou celui de la vision naturelle \ II n'aura certainement pas la malice de me conseiller, par ce temps froid, de me placer dans un ballon et , muni d'un quine'- toscope, de partir avec mon attirail photographique pour me rap- procher de notre satellite Puisqu'il n'y a pas moyen de nous dinger vers la lune, voici ce que je proposerais : « Pendant une longue nuit d'hiver, un photographe de Paris fe- rait une image de la lune, pendant qu'un confrere de New-York en ferait une autre. On choisirait le moment oil l'astre serait pour chaque station a la meme hauteur de l'horizon, a Test du meridien COSMOS. 67 de New-York et a l'ouest de celui de Paris; c'est pour cette raison qu'il faudrait choisir une longue nuit. Des chambres obscures ordi- naires ne pouvant donner que des images trop petites, on aurait a. se servir de lunettes ou telescopes capables de representer la lune d'un diamfetre de 4 ou 5 centimetres et monte sur des appareils Squatoriaux, pour suivre le mouvement de la lune pendant plusieurs minutes. Tout cela est possible et digne de stimuler le zele de quel- ques photographes et astronomes courageux. .. Certes, un angle forme par une ba?e de 1 500 lieues devrait donner une espece de relief qui, quoique tres-faible, ne serait pas moins apparent. Le resultat serait du plus grand interet , et ce serait vraiment un des plus beaux triomphes des sciences modernes que de pouvoir contempler la lune dans un stereoscope, et de la voir pour la premiere foisavec toutes ses montagnes, ses volcans et ses vallees dans un relief naturel. L'angle sous-tendu par une base de 1 500 lieues pour une distance de 80 000 lieues ne serait que de 2°, 8 ; mais il equivaudrait a Tangle visuel naturel pour un modele en relief de la lune vue a 3 metres 1/2, et d'une dimension d'un metre environ de diametre suivant l'amplification ordinaire du ste- reoscope. « J'avais done raison de dire qu'on ne pouvait pas etablir de lois fixes pour determiner Tangle binoculaire des images stereoscopiques produites par la chambre obscure et que cela depend de la distance a laquelle on est place des objets et du relief qu'on peut ou qu'on veut leur donner ; car il est des cas moins extremes que celui de la lune, ou neanmoins les deux images visuelles n'offrent aucun relief ou n'en offrent qu'un tout a faitinsuffisant, ou il fa ut exagerer le relief si Ton veut obtenir un effet stereoscopique satisfaisant. La Societe photographique a organise une nouvelle exposition qui a eu Thonneur d'etre visitee par Sa Majeste laReine etle Prince Albert. On admire surtout : 1" la collection d'epreuves de M. Thrus- ton Thompson, Tamphitheatre de Nimes de M. Baldus; les vues de Russie de M. Roger Feuton , les portraits de fous ou types de folie de M. Diamond, les vues de Tile de Wight, les animaux vi- vants du comte de Montizon (don Juan d'Espagne) ; les vues des Pyrenees du comte Vigier ; les portraits de MM. Hennah , Beard, Claudet, etc., etc. M. Louis Halphen annonce dans la Lumiere la decouverte d'un nouveau succedane de Talbumine et du collodion , Tether siccatif prepare avec un des elements de la cire de la Caroline. Nous atten- dons de plus amples imfonnations pour en parler. APPAREIL PHOTHOIETRIQUE DE FRANCOIS ARAGO. La presentation academique du refractometre intcrferentiel n'ayant pas pu sc faire dans la seance derniere, nous sommes force" d'ajourner a la prochaine livraison nos dessins , notre description, notre theoric ; ce retard nous aurait attriste" s'il ne nous avait pas ete" donnc de le compenser par la publication d'un autre appareil non moins ing'nieux du grand physicien, dont le dessin et la des- cription nous ont ete domes par notre collaborateur et ami M. Govi, qui en avait enrichi la premiere et unique livraison de son Phy- sicien. La Iumiere qui eclaire l'instrument est empruntee a un long 6feran A, fig. 1, en papier blanc tendu sur un cadre, fixe par le mi- lieu de son bord inferieur a l'extremite B d'une regie horizontale en cuivre B C, de 46 centimetres de longueur. Cette regie porte a 9 centimetres de son extrenrite B, une deuxieme regie faisant croix avec elle, de 12 centimetres environ de longueur. Ces deux regies, qui ferment le pied de l' instrument, sent munies de vis calantes a. l'aide dcsqiu lies on peut les rendre horizontales. Aux deux bouts de la petite regie s'elevent deux montants en cuivre E,E, fendus sur toute leur longueur et donnant passage aux queues de deux pinces mobiles F, F, qui peuvent etre fixees par des vis de pression a°differentes hauteurs au-dessus du pied de l'instrument. Ces pinces sont destiiu'es a porter deux tiges horizontales noires et opaques qui servent de mire dans l'utude des intensities lumineuses. Quelquefois ces tiges , qui se dessinent en noir sur un champ plus ou moins eclaire , sont remplacees par deux lames semblables a COSMOS. 69 celles de la fig. 2 qui donnent deux images blan- ches plus ou moiiis lumineuses sur un fond noir et opaque. Quant aux pinees, elles sont disposees coinme on le voit dans la fig. 3, sur laquelle on a beaucoup exagere 1'ecart des deux tables de la pince , afin de montrer comment, a l'aide d'une vis placee sur l'un des coins et travei>ant un rcssort a boudm qui appuie coniie les deux tables , on peut dormer a celle de dessus un petit mouvement de rotation autour de celle de ses arretes qui porte les deux vis qui la fixent a la table inferieure.Ce petit mouvement a pour but d'amener a un paralielisme rigoureux les tiges noires ou les fentes que les pieces doivent presenter parallelement a l'ecran. A dix-huit centimetres, environ, de 1' extremity B se trouve, sur la grar.de regie, le centre d'un cercie divise M, de 12 centimetres de diametre. Une alidade longitudinale N tourne autour de ce centre et transporte, dans son mouvement de rotation, un vernier qui permet d'estimer en minutes 1'arc pareouru dans la rotation de 1'alidade. A la surface superieure du cercie M et au- dessus de son centre, on a fixe une regie horizontal a parois mo- biles, a l'aide de laquelle, et au moyen de trois vis, on peut placer verticalement au-dessus du centre du cercie une lame mince G, de crown-glass, de flint-glass, ou de toute autre sub ur la- quelle on veut etudier des phenomenes de reflexion et de refraction de la lumiere. Le plan de cette lame doit satislaire a la triple condi- tion d'etre perpendiculaire a l'ecran, perpendiculaire au plan du cercie M, et de passer par son centre. L'alidade N porte, en outre, deux pieces distinctes ; la premiere est un bout de tube P, tournant a frottement doux dans un anneau divise, et qui est destine a porter un prisme birefringent. Ce bout de tube peut etre mu le long de l'alidade et y etre fixe a l'aide d'une vis de pression. L'autre piece portee par la regie N est une lunette ou , pour mieux dire, un tube oculaire O, qui n'a point de lentilles, qui est destine a une seule chose , a diriger les rayons visuels et a ecarter I'jnfluence du rnyonnement lateral. ■ — ■ Du cote de P, ce tube porte une coulisse dans laquelle on peut introduire la lame birefringente de M. Arago, fig. 4, qui se compose de deux plaques en crista! de roche, tail'ee, l'une perpen- diculairement et l'autre parallelement a l'axe de double refraction. Un des bords des deux plaques est L u.-e en forme de biseau pour qu elles puissent se I^T" "1 superposer sur une certaine etendue et ne former 70 COSlMOS. qu'une seule lame a faces paralleles. Cette construction particuliere fournit une plaque d'apparence homogene, mais qui jouit reelle- ment de la double refraction a son milieu , tandis que , sur les cotes, elle transmet des images tout a fait simples. L'extremite du tuvau, par laquelle on regarde, peut etre enfoncee ou retiree a l'aide d'un bouton a cremaillere qui permet d'adapter l'instrument a la distance de la vision distincte des differents yeux qui doivent s'en servir. Voici maintenant de quelle maniere on peut employer cet appa- reil pour l'etude des intensities relatives des lumieres transmise et reflechie, sous une incidence quelconque, par une meme lame dune substance determined. Apres avoir enleve le prisme et la plaque birefringente, on place l'appareil vis-a-vis d'une partie du ciel tres- eclairee^et Qui n'envoie , autant que possible , que de la lumiere blanche. L'ecran de papier que cette lumiere traverse lui donne en- core plus d'homogeneite et permet d'apporter une grande precision dans les determinations photometriques. On fixe, a l'aide des deux pinces F, F, les tiges noires ou les fentes lumineuses, a tres-peu pres sur une 'meme ligne horizontale, sans qu'il y ait pourtant coinci- dence parfaite, car on n'aurait pas alors deux images distinctes comme on a besoin de les obtenir, et la comparison ne serait plus possible. Cela fait, et ayant fixe invariablement la lame G dans sa coulisse , de maniere a remplir les conditions prccedemment indiquees, on place l'oeil a l'extremite du tuyau oculaire que l'on fait tourner doucement avec son alidade, jusqu'a ce que l'image de la tige ou de la fente vue a travers la plaque G , et celle de l'autre image renvoyee a l'oeil par reflexion sur la premiere surface de cette meme plaque paraissent avoir la meme intensite. On sait par les expe- riences de Bouguer, de Lambert, de Potter et de Ritchie, que l'oeil est assezbonjugedel'egalite d'eclat de deux images; et que cette appreciation n'entraine pas d'erreur superieure a un quarantine en- viron de I'intensitereelle. Le vernier de l'alidade indique alors 1' angle dont l'axe de la lunette a tourne\ et comme cet angle est le comple- ment de l'angle de reflexion, on aimmediatement ce dernier par une simple soustraction. Quant a la deviation de l'image vue par trans- mission, comme on suppose la lame G tres-minceet a surfaces pa- rallels, elle peut etre considered comme nulle, et Ton peut regarder l'angle trouve par reflexion comme identique avec l'angle de refrac- tion correspondant. Par ce proceed, M. Arago apu reconnaitre qu'une lamede verre ordinaire, dont malheureusement il n'a pas indiqu6 l'indice moyen de refraction, reflechissait et transmettait la lumiere COSMOS. 71 avec une intensity egale, quand Tangle d'incidence de cette lumiere etait de 72°52' avec la normale, ou de 11°8 , a part.r de la surface. Resterait a voir maintenant de quelle maniere l'emploi des pnsmes birefringents et celui des lames a refraction double et simple pea- vent servir a la determination des incidences pour lesquel es 1 in- tensity de la lumiere reflechie est le quart, la moitie, le double ou le quadruple de celle de la lumiere transmise sous la meme incidence. Mais cela sortirait du cadre dune simple description d appareil ; nous ne I'aborderons done pas ici, d'autant plus que la publication des ceuvres d' Arago va beaucoup mieux remplir cette tache que nous ne saurions jamais le faire. MONUMENT D' ARAGO. Le chiffre des fonds pour la souscription du monument a elever a Francois Arago augmente chaque jour, et nous approchons du mo- ment ou la commission devraarreter les plans et ordonner 1 execu- tion. Qu'il nous soit permis d'exprimer a cet egard une pensee qui nous preoccupe grandement. Nous demandons en grace: 1° que le monument del'illustre secretaire de l'Academie des sciences ne soit pas un objetde simple curiosite ou une ceuvre d'art muette et ste- rile • 2° qu'au lieu d'etre relegue au cimetiere du Pere-Lachaise, i vienne decorer la grande allee du Luxembourg, entre le palais et l'Observatoire ; 3° qu'il ait une haute portee scientifique, et consacre une des plus belles decouvertes de ce siecle, undes plus beaux li- tres d' Arago. Voici notre plan : Centre les quatre faces d'un soubassement rectangulaire s appuie- raient les quatre statues assises de Huyghens , de Mains de Fresnel, d* Arago, les quatre grands noms auxquels se rattache a decouverte et le theorie de la polarisation de la lumiere. bur e soubassementse dresserait une colonne de belles proportions et a colonneserait couronneeparunehorloge chromatique de M. Wheats- tone, dont nous publierons prochainement le dessin, la description que notre illustre ami nous a recemment adresses. C'est au Luxembourg que Malus decouvrit la polarisation de la lumiere par reflexion; c'est a l'Observatoire qu' Arago observa le premier la polarisation chromatique et rotatoire; c'est la qu avec Fresnel il posa les bases de la theorie de ces brillants phenomenes. Huyghens aussi habita longtemps l'Observatoire royal et y fit plu- sieurs de sesplus brillantes inventions. ARITHMOMETRE OU MACHINE A CALCUL 1NVENTEE PAR Iff. LE CHEVALIER THOMAS, DE COLMAR. Voici ce que nous racontions dans la Pressedu 6 mars 1S4.9 : " Deux jeunes habitants d'une des plus riantes vallees do l'lsere, le menie jour, presque a la meme heure, con9oivent le plan dune machine acalculer. Unis par une meme inspiration, ils ne se SL'pare- ront pas dans l'execution. Ils mettent en coinmun intelligence, ar- deur, travail , bourse, helas ! trop legere , mais courage et perseve- rance sans bornes. Apres dix annees d'etudes difficiles, de combi- naisons incessantes, d'essais dispendieux, de privations inouies, de misere effrayante, ils ont construit une premiere machine; elle est parfaite, mais in^uffisante, charmante, mais trop limitee. Fiers de ce premier succes, ils partent ; ils epuisent en longs voyages leurs deinieres ressources ; ils courent de leur village a Paris, de Paris a Lille, de Lille a Londres , demandant partout un homme gene- reux qui les comprit, qui virit en aide a leur intelligence , qui les aidat dans le dernier et sublime effort d'un enfantement gigantesque, qui mit a leur disposition les quinze mille francs necessaires pour assurer leur paternite, et rendre viable fen'fant de leur genie. Par- tout on les admire, mais d'une admiration sterile ; et deja le deses- poir s'est empare de leur cceur, quand un des homines les plus excellents et les plus cruellement eprouves qne nous ayons ren- contres dans la vie, leur tend une main amie et genereuse au dela presque du devoir; il leur donne le moyen d'acquitter les droits de patente et de brevets d'invention, alors exorbitants , alors veritablement homicides; il leur assure le pain de chaque jour, le salaire des ouvriers qu'ils emploieront, et il les envoie vers Fun de ces humbles villages de la Franche - Comte ou Ton construit avec tant de perfection et a si has prix les innombrables rouages de nos montres et de nos horloges. Maurel et Jayet se mettent a roouvre avec une ardeur nouvelle. Chaque instant du jour et de la nuif voit grandir le merveilleux in- strument, il est enfin termine ! Ils s'elancent d'un bond vers les portes de l'Academie des sciences qui s'ouvrent avec eclat ; M. Arago les recoit avec: bonheur , il fait fonctionner avec enthousiasme le bril- lant outil a calcul devant ses iliustres confreres, et demande qu'il devienne 1'objet d'un prompt rapport. Confie a. M. Binet , l'un de nos ^eometres les plus profonds et les plus consciencieux , ce rapport COSMOS. 73 ne se fait pas longtemps attendre, l'Arithmaurel est solennellement approuve. Quelques jours apres il fonctionne sous les yeux clu Prince President de la Republique , aujourd'hui Empereur , qui ne se lasse pas de 1* admirer ; par ses ordres, M. de Falloux , mmistre de 1 In- struction publique, plaide avec tant d' eloquence la cause des jeunes artistes quils obtiennent tous deux une place dans 1' Administration des Poi'ds et Mesures ; leur sort est ainsi assure , leurs norms ne se- ront pas fatalement inherits au martyrologe des inventeurs illustres. Quelques mois plus tard le Jury de 1'exposition leur accorde la raedaille d'or, ila sont portes pour la croix de la Legion-d Honneur. Nous les avions pris sous notre protection , ces braves jeunes gens et ils ont bien voulu reconnaitre en toute occasion que notre patronage leur avait ete grandement utile , que nous les avians con- duits au port. . , L'on sera peut-etre surpris de retrouver ce recit en tete d un ar- ticle oil nous venous decrirc , recommander , celebrer une autre machine a calcul , l'Arithmometre de M. Thomas de Colmar. Estce que nous en serions arrive a regretter le concours empresse et efficace que nous avons prete a MM. Maurel et Jayet ? Oh! non. Viendrions-nous retracter les eloges enthousiastes que nous avons prodigues a leur merveilleux mecanisme? Oh ! non. Serait-ce que dans la course au clocher du progres indefim nos ieunes amis auraient ete distances a leur tour? Non, encore non, toujoursnon. Leur machine est sortie de leur cerveau complete armee de pied en cap, comme Pallas du cerveau de Jupiter. Elle est et elle restera la solution la plus bardie du probleme qui avait dene le oenie des Pascal et des Leibnitz. Mais qu'est-ce done? Et pourquoi venons-nous discuter encore une question dont le dernier mot semble avoir ete" dit ? Pourquoi? Parce qu'avant tout e'est un devoir sacre" que de repa- rer aussitot que l'occasion en est offerte, ce que notre conscience nous reprochait depuis longtemps comme un oubh grandement. regrettable, peut-etre meme un peu comme une injustice coupable. Pourquoi ? Parce que la perfection absolue nest pas de ce monde ; parce qu'il est de la condition essentielle des ceuvres humaines que l'on perde d'un cote ce que l'on gagne de l'autre ; parce que MM. Maurel et Jayet ont peut-etre depasse le but; parce qu en conce- vant et executant leur tour de force incroyable, ils ne se sont pas assez souvenus que la matiere et les instruments matenels ne peu- vent pas toujours suivre Tesp.it dans ses elans audacieux ; parce 74 COSMOS. qu'en exigeant au dela de ce qu'ils devaient exiger, ils ont impose a leurceuvre des li tr.it es infranchissables ; parce qu'en creant une machine a calcul automatique dans toute l'acception du mot, qui ajoute, retranche, multiplie, divise, par ses seuls organes , mus simplement par l'application des doigts, sans Intervention de Intel- ligence et de la memoire , ils ont rendu sa construction tres-difficile alors meme qu'il s'agit de satisfaire aux besoins du commerce, des finances, de l'industrie; impossible s'll etait question de repondre aux exigences des astronomes calculateurs ; parce qu'en raison des immenses difficulty de sa construction, leur machine meme usuelle coutera toujours trop cher pour qu'elle puisse se repandre et s'im- poser comme necessaire ou grandement utile; parce qu'en un mot sa perfection par trop ideale la condamne presque a ne pas sortir du domaine de l'abstraction, lui ferme presque 1' en tree du monde reel. Ce n'est pas d'aujourd'hui que le mieux est devenu l'ennemi du bien ; on nous pardonnera done, apres avoir exalte le mieux, de venir plaider la cause, hater le triomphe du bien. Entrons en matiere. L'invention de 1'Arithmometre est deja vieille de 33 ans, d'un tiers de siecle, M. Thomas, de Colmar, construisitet fit breveter son pre- mier modele en 1820; presente a la Societe d'encouragement pour l'industrie nationale en 1821, ce modele devint en fevrier 1822 i'ob- jet d'un premier rapport fait au noin du comite des arts mecaniques par deux homines celebres, par deux juges competents, s'll en fut jamais , MM. Francceur et Breguet. Citons quelques passages de ce premier rapport : « La machine de M. Thomas ne res- semble en rien a celles de Pascal, de De l'Epine, de Boitissendeau , de Diderot... Elle donne de suite les resultats du calcul sans taton- nements aucuns ;... elle sert a faire non-seulement toutes les addi- tions et soustractions, mais encore les multiplications et les divisions des nombres entiers ou affectes de fractions decimales... Pourvu que le produit n'ait pas plus de six chiffres, on le trouvera imme- diatement... Rien n'empeche d'etendre l'usage de l'instrument a sept, huit chiffres et plus, selon les besoins... La plus grande dif- ficulte, celle contre laquelle le genie meme de Pascal avait echoue, e'etait de faire porter les retenues sur le chiffre a gauche...; le me-- camsnie par lequel M. Thomas opere ce passage est extremement ingenieux ; le report se fait de lui-meme, sans qu'on y songe. II est reellement impossible de combiner mieux les agents de l'instrument qui^'ous^est presents, et de mieux surmonter lesembarras du sujet... A considerer cette machine sous le rapport du merite d'invention, et sous celuindela difficult^ vaincue, vous n'hesiterez pas a, lui accorder COSMOS. 75 votre suffrage... Elle esttres-jolie, tres-ingenieusement concue, elle remplit tres-bien sa destination... Vos commissaires vous proposent d'accorder votre approbation a l'oeuvre de M. Thomas. » Au niois de novembre de cette meme annee, 1822, un des mem- bres les plus estimes de la Societe d'encouragement, M. Hoyau, faisait inserer dans ses bulletins un long memoire descriptif de l'Arithmometre, qu'il terminait ainsi : « II est facile de conclure de ce qui precede que tousles problemes de l'arithmetique peuvent etre resolus au moyen de la machine, et que dans les calculs compliques elle doit apporter une rigoureuse exactitude et une grande celerite. L'invention de M. le chevalier Thomas nous parait devoir etre rangee au nombre de ces decouvertes qui font honneur a ceux qui LES CONQOIVENT ET SONT GLOR1EUSES POUR l'ePOQUE QUI LES PRODUIT. » Aiiibi doncle magiiifique probleme pose, aborde, poursuivi inces- samment par Biaise Pascal , dont la solution , a peine ebauchee , avait coule a Leibnitz de longues annees de travail et plus de cent mille francs de depense, a £te resolu pour la premiere fois, en 1820, par un de nos compatriotes, par un Francais, par M. Thomas, de Colmar, et nous l'avions completement ignore! Et quand nous avons entonne notre hymne a la gloire de MM. Maurel et Jayet, nous avons admis implicitenient, explicitement, que seuls ils avaient re- solu le probleme impossible, que leur solution etait entierement et absolument nouvelle, quelle tombait comme du ciel, qu'il n'y avait ici-bas aucun antecedent auquel on put sinon la comparer, du moins la raitacher ! Et parmi les mille voix qui se sont faites l'echo de la notre, il ne s'en e.-.t pas trouve une seule qui ait rappele le nom et 1'cGuvre de M. Thomas, de Colmar ! Que dansun noble sentiment de geneYosite M. Thomas lui-meme se soit tu , qu'emu , ainsi qu'il nous l'a raconte, du recit que nous avions fait des enormes difficultes que nos jeunes amis avaient eu a. vaincre, des cruellesepreuves qu'iis avaient a subir, il n'ait pas voulu entraver leur triomphe, qu'il se soit laisse enchainer a leur char comme un vaincu, sauf a faire valoir plus tardson independance et ses droits de priorite. Ou bien qu'alors que tous les yeux dtaient eblouis par 1'immense eclair qui illuminait soudainement l'horizon, M. Tho- mas ait sagement pense qu'il essaierait en vain de faire apparaitre aux regards la douce lumiere de sa bienfaisante decouverte ; tou- jours est-il que l'Arithmometre se perdit completement dans l'au- reole etincelante qui entoura l'Arithmaurel ; il n'en fut pas plus question que s'il n'avait jamais existe. Lorsqu'un jet de lumiere electrique surgit tout a coup dans une 76 COSMOS. enceinte e*elairee par la cire, l'huile ou le gaz, les bougies, les lam- pes, les bees s'eteisnent ou n'apparaissent plus que comme des ombres honteuses d'elles-memes, ct qui font peine a voir; on les eroirait a jamais liumiliecs , detronees, proscritcs; mais bientot l'ccil, offense de l'eelat trop condense, trop vif, trop eblouissant de la nouvelle lumiere, retrouve avec bonbeur scs vieilles amies. L'eclairage electrique a de'passe le but, e'est encore le MiBtrx en- nemi nu bien ; on abandonne le beau ideal qui ne peut etre que 1'cx- ception, et Ton revient au bon, plus en rapport avec les conditions normales de l'existence. Ainsi I'Arithmometre, un instant eclipse ou refoule dans l'ombre a, peu a peu, repris sa place au grand jour. II s'est trouve presque cote a cote avec son gloricux rival dans les salles de l'exposition des produits de l'industrie franchise en 1849, et sembla encore vaincu : l'Arithmaurel resplendissait comme un soleil , on le de- cora de la mcdaille d'or, I'Arithmometre ne brilla que des pales reflets du satellite de la terre, on ne lui accorda que la medaille d'ar- gent. Mais cette defaite fut plus apparente que reelle, et le Rapport du jury ouvrit une ere nouvelle a rArithmomctre : il fut proclame une machine simple, qui pourrait etre livree a un prix trcs-molere , qui pouvait s'etendre indetiniment ; M. Mathieu declara que le princi- pal organe, l'AMEde 1'Arithmaurel, le cylindrecannele avaitpreexiste dans l' Anthmometre, etait 1'invention de M. Thomns ; il reconnut que pour aller meme a clix chiffres MM. Maurel et Jayet seraient forces d'augmenter notablement le volume et le prix de leur machine. Deux ans plus tard, en 1851, M. Thomas qui, depuis trente ans, n'avait pas cesse un seul instant d'ameliorer son ceuvre, la jugea assez parfaite, assez transformed, assez differente de ce qu'elle etait a son berceau, pour qu'il put la presenter a la Societe d'encoura- gement comme une machine entierement nouvelle. Le comite des arts mecaniques chargea de son examen M. Benoit , savant auteur du Traite de la regie a calcul, et calculateur £minemment exerce. Un Arithmometre de seize chiffres, donnant, par consequent, les produits de la multiplication de huit chiffres par huit chiffres, fut mis a sa disposition ; M. Benoit l'a manic pendant une annee entiere; il a fait avec lui les calculs les plus compliques; ce qui lui a permis de faireen douze mois plus d'operations qu'il n'auraitpu en faire en vingt longues annees. Son rapport fait admirablement ressortir la ^impli- cite de composition des organes elementaires qui constituent I'Arith- mometre, la facilite de l'etendre assez pour pouvoir opeYer sur des nombres formes d'autant de chiffres significatifs que Ton voudra; la COSMOS. 77 certitude et 1' exactitude des resultats qu'il foumit; le temps pre- cieux qu'il peut economiser aux calculateurs, etc., etc. Le comite l'a juge" digne de tout l'interet de la Societe et de Tun des plus hauls temoignages de son approbation, de sa grande medaille d'or; il a fait decider « qu'il serait adresse a l'inventeur des remerciments et des felicitations pour sa perseverance et sa reussite dans ses tentatives de perfectionnement d'une machine a laquelle il a su donner un plus grand degre d'utilite; dont il a rendu la manoeuvre tres-aisee et la fabrication plus facile, circonstance qui en fait ressortir la valeur a un prix modere. A l'exposition universelle de Londres , l'Arithmometre occupait une noble place ; le rapport du jurv declare qu'il est la meilleure machine a calcul soumise a son examen ; qu'il est sorti victo- rieux des epreuves dedicates qu'on lui a fait subir; qu'il a donne les resultats des operations avec une exactitude et une rapidite sur- prenantes, enhn qu'il a merite une grande medaille de prix. L Anlhmaurel, lui, n'avait pas pu prendre part a la lutte. Les dif- ficultesdesa construction sent telles, qu'a l'heure qu'il est, et apres quatre longues annees de travail, les machines de huit chiffres com- mandees an plus celchre de nos horlogers de precision, a M. Win- nerl^ne sont pas encore livrees. Pendant ce inenie espace de temps, M. Thomas, de Colmar, a vu s' achiever sous ses yeux plus de deux cents machines de dix chiffres, cinquante machines de seize chiffres, et toutes les pieces d'une machine de vingt chiffres. II a pu offrir et faire agreer a presque tous les»ouverains de 1'Europe des Arithmometres admirablement parfaits,. qui ont excite partout le plus vif enthou- siasme, qui lui ont valu les felicitations les plus louangeuses, les recompenses les plus flatteuses et des decorations en si grand nom- bre, que Theureux inventeur n'a plus rien a envier a nos diploma- tes, a nos ecrivains, a nos savants, a nos artistes les mieux partages, aux Raoul-Rochette, aux Gudin, etc., etc. L Anthniometre et 1'Arithmaurel se montreront encore ensemble au grand jour du palais de cristd des Charnps-Elysees, en juin 1855, et ils seront examines , compares , jnges en dernier ressort. Lequel l'emportera f On sera peut-etre grandement surpris de nous voir an- noncer que le vainqueur pourra tres-bien etre M. Thomas, de Colmar. Pourquoi ? 1° Precisement parce que l'Arithmometre n'est pas une machine purement automatique ; parce qu'il laisse quelque chose a faire a l'esprit et a la memoire ; -° Parce que la serie de ses manoeuvres extremement rationnelles 78 COSMOS. et palpables, rappelle, figure, suit non point pas a pas, mais par bonds intelligents, la marche des methodes et des operations ordinaires de l'arithmetique, de l'algebre et de la trigonometrie. 3° Parce que celui qui l'emploiera, meme journe'.lement.neperdra pas son aptitude a caleuleravec la plume, etne deviendra pas incapable de faire seul,etsans le|seeoursdesonoutil,descalculs memecompliques. 4° Parce que les machines a calcul n'ont un immense avantage que dans les gramles operations, lorsque les nombres a ajouter, a. soustraire, a multiplier, a diviser ont au moins cinq figures, lorsque Jes resultats des additions et des multiplications sont composes au moins de dix chiffres; or, f Aritmaurel de l'exposition universelle ne multipliera directement que des nombres de quatre chiffres, tandis que l'Arithmometre multipliera des nombres de dix et peut-etre de quinze chiffres ; que tout est prepare pour lui faire exprimerla somme desinnombrables grains de ble produits par la terre entiere. 5° Parce que, bor. gre, malgre, 1'instrumentdeMM. Maurel et Jayet estfatalement limite, qu'il ne fonctionneparfaitement que dans les cas ou son emploi est moins necessaire alors qu'il ne l'emporte pas sur les tablesdelogarithmes, tandis que l'instrument de M. Thomas, de Col- mar, est indefini, et qu'il conserve toute sa simplicity de construction, toute sa facilite de manipulation, son volume toujours reduit, alors meme qu'il opere sur des nombres cnormes, et qu'il a laisse bien loin derriere lui les tables de logarithmes. 6° Parce que la manoeuvre de l'Arithmometre plus compliquee, plus multiple et plus lente en apparence, est, en realite, plus ele- gante, plus simple et presque aussi rapide. C'est toujours la meme et unique manivelle que Ton fait toujours tourner dans le meme sens, pour l'addition et la soustraction, pour la multiplication et la division; tandis que dans l'Arithmaurel il y a autantde manivelles qu'il y a de chiffres au multiplicateur ou au diviseur, et qu'il faut faire toumer ces manivelles tantot dans un sens, tantot dans l'autre. Par l'Arithiriometre, une multiplication de 8 chiffres par 8 chiffres s' execute en 18 secondes; une division de 15 chiffres par 8 chiffres demande 24 secondes; en une minute 1/4, on fait, avec la preuve, l'exlraction d'une racine carree d'un nombre de 15 chiffres; en moins de trois minutes, M. Benoit a fait ecrire par les lucarnes les cinquante carres des nombres compris entre 155 500 et 155 550, ex- primes tous par 9 chiffres. Ce meme savant a applique la machine au calcul dela formulede MM. AragoetDulong, quidonnelapression p de la vapeur sur une surface d'un centimetre carre en fonction de la temperature t, etila trouv^enS minutes pour £ = 128°, 8,/? = 2k, COSMOS. 79 6 382 267 345 ; et pour t = 265° , 89, p = 51*, 699 472 430 ; avec dix decimales exactes; lesvalcursdonndes paries tables sont respecti- vement 2k582, 51k 650,etsontloin,commeonle voit.detreexactes. Les vitesses attributes a l'Arithmaurel, dans les rapports les plus favorables, ne sortent pas de ces limites; ainsi, M. Binet constate que Ton a obtenu, en moins de 20 secondes, le produit 10 877 793 des deux nombres 2 749 et 3 957 ; en moins de 10 secondes, le pro- duit 49 X 53 X 73 ; en 33 secondes, la somme des deux produits 7 493 X 2 531 + 2 548 X 5 952 ; etc. 7° Enfin, parce que l'Arithmometre est l'instrument classique par excellence, le bon absolu, et que l'Arithmaurel est l'instrument ro- mantique, le beau abstrait ou ideal. Comme on n'a demande a l'Arithmometre que ce qu'on pouvait, que ce qu'on devait exiger d'une machine materielle, le nombre de ses organes est aussi limite qu'il pent l'etre ; la seule condition a remplir, et elle n'est pas difficile dans les conditions actuelles de 1'art mecanique, c.'est qu'ils soient mathemati juement failles, leur ajustage alors se fait sans peine aucune, leur jeu n'e^t entrave par rien, et Ton peut sans crainte faire produire a la machine les ope- rations les plus cffrayantes, metlre a la fois tous les cylindres, tous les pignons, toutes les roues en mouvement. M. Benoit et un inge- nieur en chef des ponts et chaussees dont nous invoquerons bientot le temoignage, affirm en t que le travail leplus opiniatre ne fatiguait en aucune maniere l'instrumentdontilsseservaient, qu'il possedeune soliditea touteepreuvedepuisqueson mecanisme exclut toutressort. Si ces tours de force de l'Anthniaurel continuaient a exercer leur prestige, et nous nous en rejouirions pour eux, au moins dans sa haute equite le juiy de l'exposition universelle de Paris proclamera plus solennellement encore que M. Thomas, de Colmar, a inventele cylindre a cannelures echelonneessur sa demi-circonference,ec!airde genie, d'ame de l'.Arithmaurel et de l'Arithmometre; que c'est lui qui a produit la premiere machine a calcul, faisant toutes les opera- tions de rarithmetique ; qne sa machine actuelle possede au plus haut degie toutes les qualites qui constituent une ceuvre humaine parfaite : simplicity, unite, elegance, solidite, etc., etc. ; qu'enfin en creant un outil mecanique abbreviateur des calculs numeriques, qui depasse dans une proportion considerable en puissance, en eten- due, en rapidite, le merveilleux outil intellectuel de Neper, la table de logarithmes, il a des droits acquis a la reconnaissance de son pays, que son nomdoitetreinscrit avec celuide Maureletde Jtiyetau tableau des inventeurs qui ont le plus honore la France. (F. Moigno ) ACADEMIE DES SCIENCES. STANCE DU 1 6 JANVIER 1 854. Les materiaux de cette seance nous sont parvenus trop tard, et nous avons trop mal entendu la correspondance, pour que nous puissions dormer, des aujourd'hui, l'analyse complete de toutes les communications academiques. Nous nous contenterons done d'un apercu rapide. — ML Cauchy lit un memoire sur les avantages que Ton peut tirer, clans la theorie malhcmatique de la lumiere, de la considera- tion d' elements nouveaux, qu'il designe sous le nom de points as- socies, et rayons vecteurs associes. Ce travail, au fond, n'avance en rien 1' expose de la savante theorie dont la publication est atten- due avec tant d'impatience ; e'est seulement un moyen plus simple d'arriver aux equations gencrales des mouvements vibratoires mo- leculaires. — Son Altesse le Prince Charles Bonaparte terrain e par une der- niere note ses considerations sur les collections rapportees par M. A. Delattre, de son voyage en California et dans le Nicaragua. M. Tremblay lit un memoire fort interessant, sur un nouveau porte-amarre de sauvetage propose^ par lui, et adopte par l'admi- nistration de la marine, preferablement au porte-amarre du brave capitaine Delvigne. Nous avons era entendre que le principal agent du nouvel appareil etait une fusee qu'on lance par les moyens connus, et qui porte avec elle la corde ou amarre d'une grosseur suffisante, pour que le navire puisse immddiatement se haler sur elle. Nous reviendrons bientot sur cette interessante question. M. Doyere lit un long resume de son memoire sur la respi- ration et la chaleur humaine dans le cholera. C'est un travail im- mense et de tres-haute porlde ; nous avons entre les mains le ma- nuscrit du resume, mais il se compose de vingt enormes pages in- folio dont l'analyse exigera un temps considerable, force nous est done de l'ajourner. Si le legs Breant avait pour effet d'amener seu- lement quatre ou cinq grandes series de recherches semblables a celle de M. Doyere, il faudrait benir "plus encore la memoire du legataire. — M. Brown-Sequard lit, d'une voix un peu sourde et precipi- tee, une note sur les phenomenes de mouvement ou de caloricite determines par la section de certains filets musculaires ou nerveux. — M.le baron Seguier lit un rapport de quelqueslignes relatifades COSMOS. 81 experiences faites en 1843, par M. Ruault, sur un nouveau mode d'attelage des animaux, mode qui permettrait, de les appliquer avec avantage, a la traction sur les routes ordinaires armees derails. Les chiens ou les chevaux atteles dans le tambour de M. Ruault agissent a la fois et par leur poids et par leur force musculaire ; Teffort qu'ils produisent ainsi est bcaucoup plus considerable , et il pourrait etre utilise de maniere a communiquer aux vehicules une vitesse plusgrande que celle des moteurs animes du tambour, une vitesse comparable a celle des voies de fer actuelles. La Commission reconnait que les idees de M. Ruault sont justes ; mais elle njoute qu' elle manque tout a fait des elements necessaires pour apprecier au point de vue pratique et economique ce nouveau mode de trans- port. — Madame Oersted, veuve de Tillustre physicien danoisqui a de- couvert Taction des courants electriques sur l'aiguille aimantee, fait valoir, dans une petition a Sa Majestc TEmpereur, les droits de son mari.devenusles siens et ceux de ses enfants, a ladelivrancedu prix de 60 mille francs, fonde en l'an X par ie premier Consul, et qui devait etre decerne a, l'auteur d'une decouverte comparable, dans le domaine de Telectricite, a celles(de Franklin et de Volta. Renvoyee au conseil d'Etat , la petition de la noble veuve a ete prise en con- sideration ; mais avant dTy faire droit le Gouvernement a juge plus sage de consulter TAcademie des sciences. Une commission nom- inee en seance publique sera chargee d'examiner cette question neuve et grande; nous la traiterons de notre cote avec quelque eten- due. Nous felicitons des aujourd'hui madame Oersted de son ini- tiative, nous ferons des vceux pour que sa demarche soit couronnee de succes; mais il nous semble qu'il estd'autres grandes decouvertes qui pourraient, et qui devraient entrer en partage du prix : l'aimantation par le passage du courant, decouvert d'abord par M. Arago ; Taction des courants sur les courants, decouverts par M. Ampere ; les cou- rants d'induction, decouverts par M. Faraday ; et enfin Tapplication decesquatregrandsfaitsalatelegraphie electrique, et sa realisation, par M. Wheatstone. Nous n'en dirons pas davantage aujourd'hui. — M. Brongniart depose au nom de M. Duchartre sa monogra- phic complete des aristolochiees, grande famille du regne vegetate, trop peu etudiee encore et trop peu connue. — M. Bussy presente, au nom de M. Chatin, une suite a ses re- cherches sur la presence de Tazote dans Tatmosphere et dans les eaux. Nous n'avons pas reiju, en temps utile, Tanalyse qui nous avait etc promise; elle fera partie de la prochaine livraison. 82 COSMOS. — M. Millon presente un m^moire ayant pour (itre : De la com- position ehimique des bl^s. » Un sejour de trois ans a. Lille et le concours obligeant des principaux agriculteurs de cette ville et de ses environs m'ont donne toute facilite pour analyser les principales varietes de ble qu'on recolte dans l'arrondissement. Ces premiers resultats ne mo- difiaient pas assez les indications generates fournies par le travail de M. PcMigot, pour que j'aie pense qu'il Cut urgent ni meme utile de les publier. Peut-etre ne m'y serais-je jamais decide sans de nou- velles observations faites en Algerie sur le meme sujet pendant un sejour assez prolonge. Le contraste des deux cultures et des deux climats, l'opposition naturelle des produits et quelques remarques neuves qui decoulent du rapprocbement ont excite" mon interet ace point que je publie le tableau complet des nombres obtenus dans mes analyses. » II nous serait impossible de reproduire ce tableau , mais nous sommesheureux d'enregistrer les remarques generates auxquelles sa discussion conduit. Eau. — La quantite d'eau que les bles abandonnent a Taction de la chaleur est surtout sous la dependance de la temperature et de l'etat hygrometrique de T atmosphere ; a la suite de ces deux causes principales et dorninantes, il taut faire intervenir encore la nature du grain. Dans des conditions egales leble tendreretient environ 1,5 pour 100 d'eau de plus que le ble dur, et le ble dont le perisperme est lisse et mince retient sensiblement moins d'eau que celui dont les teguments sont epais et plisses. Cendre. — Les sels obtenus par Tincineration des bles ne va- rientdans les bles du nord que de 1,37 a 1,70 ; dans les bles de l'Algerie, cette variation est plus etendue, elle va de 1,41 a 2,10, rnais il est possible que cette difference tienne aussi aux soins avec lesquels les bles du nord sont depiques. Ligneux. — La proportion de ligneux varie seulement dans les bles du nord de 1,17 a 2 pour 100. Dans les bles du sud, les nom- bres oscillent entre des limiles bien plus etendues , entre 1,40 et 2,35; mais, pour les uns et les autres, cette quantite de ligneux est en rapport avec le volume des grains et l'epaisseur des teguments, plus le grain est petit, plus le chiffre du ligneux s'eleve. Graisse. — La matiere que dissout Tether est comprise pour les bles du nord entre 2,41 pour 100 et 1,80 ; pour les bles du sud entre 1,88 et 2, 10. La matiere grasse qui entraine avec elle la matiere aromatique offre done peu de variation entre les bles d'une COSMOS. 83 me:r.e latitude ; mais les hies du midi sont incontestablement plus riches en principes de cette nature et ce resultat eoncorde avec ce qu'on sait de la saveur excellente des pains fabriques avec de la fa- rine de ble dur. Azote et gluten. — L'azote des clivers bles dont la culture est suivie dans l'arrondissement de Lille differe tres-peu ; il est com- pris entre 1,637 et 1,929 pour 100; soit 10,23 et 12,05 de prin- cipes albuminoides. Dans les bles du sud au contraire, ces diffe- rences dans le poids de l'azote combine sont enormes; elles montent de 1 ,58S (moins d'azote que dans les bles les moins azotes du nord) a 2,729 ; le principe albuminoide varie presque du simple au dou- ble; les variations sont encore bien plus considerables pour le chiffre du gluten, qui peut disparaitre completement. M- Millon insiste ensuite sur quelques faits d'analyse qui lui sem- blent propres a diriger dans la connaissance des bles et a en prepa- rer une classification conforme aux intdrets de l'agriculture et aux transactions du commerce. •• Les faits que j'ai enregistre"s, dit-il, sur la proportion relative de gluten et d'azote permettent de donner des bases solides et tout a fait scientifiques a deux distinctions deja consacrees par le lan- gage usuel du commerce, je veux parler des bles tendres et des bles durs ; ce sont la. deux divisions vraiment naturelles qu'on peut ap- puyer sur les caracteres suivants : " Bles tendres. — Cassure blanche, opaque, d'ou l'amidon s'e- chappe plus ou moins abondamment ; remplacement partiel et meme total du gluten par un principe albnminoide soluble; grandes varia- tions dan la proportion d'azote. « Bles durs. — Cassures cornees, demi-transparentes, sans ap- parence d'amidon; tout l'azote existe sous forme de gluten et le poids de celui-ci est toujours un peu superieur a la quantite de prin- eipe albuminoide que represente l'azote; variation faible dans la proportion d'azote. « II existe dans les bles des etats intermtdiaires aux deux prece- dents, et le commerce les distingue en les qualifiant du nom de bles mi tadinsou glaces; il serait beaucoup plus convenable de les appeler demi-durs. Cette denomination aurait pouravantage deles rapprocher des bids durs, avec lesquels ils ont la plus giande affinite, tandis qu'ils sont tres-eloignes des bles tendres. Les bles demi-durs ont une cassure moins ferine et moins cornee que celle des bles durs; elle est blanchatre au point de l'ecrasement, la proportion de glu- ten se confond, pour ainsi dire, avec la proportion de principe albu- 8ft COSMOS. minoide, representee par 1' azote ; la proportion d'azote se main- tient toujours a ces chiffre eleve. En adniettant ces trois points de depart, cos trois distinctions capitales, ces trois essences, tendre, dure et demi-dure, la definition du ble se complete facilement, par Vindication des caracteres tires du volume du grain, de sa couleur, des teguments et du sillon. II suffit ici duplications sommaires. Volume. Le grain est grele, petit, mince, allonge, gros, reufle, etc. Couleur: le grain est blanc, jaune, roux, rouge, brun, etc. II est bon de remarquer si la matiere colorantequi reside habituellement, ainsi que M. Payen l'mdique, dans un plan de cellules formant la membrane la plus interne du tegument, est retenue et con- centred dans les cellules, ou bien si elle s'est infusee en quelque sorte plus ou moins profondement dans l'interieur du grain. Teguments. £'enveloppe du.grain est lisse, unie, transparente , glacee, ou bien opaque, t^paisse, rugueuse, plis=ee. Sillon. II participe au caractere du tegument, mais le rephs carpeliaire qui le constitue, penetre plus ou moins dans le grain, et ce caractere, joint a ceux qui se tirent du perisperme , fournit d'excellents indices sur le temps de blutage auquel il faut soumettre la farine. . . II ne faut pas oublier, non plus, combien il importe de savoir si un ble marchand est net, ou bien sail par les poussieres et la terre, s'il est melange de pierres, de sable, de paille, de gravier, d'orge. ou de graines etrangeres, et lesquelles ; si son odeur et sa saveur sont francb.es ou bien si elles rappellent le silo, le charencon, les moi- sissures, etc. ; s'il est tachete, mouchete, boule, comme on dit dans le commerce, enfin, s'il est atleint du charencon, de l'alucite, de la teigne, ou bien du charbon, de la rouille, etc. _bNous apprenons que dans le comite secret, la commission des artsinsalubres, a fait voter a M. Doyere un prix de 2,500 fr. pour ses recherches sur l'alucite des cereales et la conservation des grains; a M. Arnault, pour sa machine a battre a grande vitesse , et a M. Herpin pour son tarare insecticide, deux prix, chacun aussi de 2,500 fr. Ces instruments avaient ete decrits et recommandes par M. Doyere dans son beau memoire. A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. S. — IilrRlMERIE DE W. REMQUET ET cie., R'JE GARANCIERE, 5. T. IV. 27 JANVIER 1854. TR0IS1EME ANNEE. COSMOS. FAITS DIVERS. EFFETS DES DERNIERS FfiOIDS SUE LES VIGNES MALADES. •« La rigueur du froid qui s'est fait sentir pendant le mois der- nier a produit un singulier phenomene. Une personne a eu l'ide"e de verifier ses treilles, et elle a reconnu, a son grand etonnement, que le bois , qui precedemment etait noir, avait repris sa couleur natu- relle; la meme personne a visits une vigne qu'un cultivateur se pre- parait a arracher, et elle a constate que le meme changement s'y etait operc, quoique d'une maniere moins generale. « Nous donnons ce renseignement , qui peut etre precieux , et qui, si le fait signale etait general, pourrait bien detourner les vi- gnerons de nos pays d'arracher leurs vignes , comme beaucoup d'entre eux en ont l'intention. " Nous avons jete les yeux sur l'immense treille qui existe dans la cour de la caserne de gendarmerie , a Villefranche. Avant les froids, tous les sarments en etaient noirs; depuis trois ans, cette treille etait improductive, on songeait a, l'arracher; aujourd'hui , un grand nombre de sarments ont repris leur couleur naturelle. Une chose singuliere, c'est qu'une partie de cette treille, qui avait ete la premiere atteinte, il y a trois ans, pr^sente aujourd'hui beaucoup de sarments avec leur couleur naturelle ; et, en coupant le bois, on remarque dans l'int^rieur une verdeur d'un heureux aup-ure. Par contraste, un sarment qui n'a ete atteint par le mal que l'ann^e der- niere a persiste dans sa couleur noiratre. BLANCHISSAGE A LA VAPEUR. — L'hotel de Saint-Nicolas , a. New-York, a tous les jours trois mille a cinq mille pieces de linge a. laver. Un homme et trois femmes sufrisent a cette £norme besogne. Comment? Au moyen d'un appareil fort simple. Le voici : Un cylindre en bois de 1 metre 20 centimetres de diametre et 1 metre 35 centimetres de longueur est monte sur un bati, et peut 4 86 COSMOS. etre mis en mouvement a l'aide dune petite machine a vapeur. L'arbre de ce cylindre est creux et communique de telle sorte, avec divers tuyaux, qu'on peut introduire dans l'appareil de l'eau chaude, de l'eau froide ou de la vapeur. Le cylindre etant a moitie rempli d'eau , on ouvre une trappe et on y jette trois cents a cinq cents pieces de linge et une quantite convenable de savon et de lessive alcaline. On referme la trappe , et on fait tourner lentement le cylindre , d'abord d'un cote , puis en sens oppose. Ce mouvement alternatif a pour effet de plonger le linge dans l'eau, de Ten faire sortir et de le projeter contre les pa- rois du cylindre. Pendant cette operation, on introduit la vapeur qui, apres avoir penetre le linge pendant quinze a vingt minutes, s'echappe par un autre tuyau. On introduit eusuite de l'eau chaude fournie par lc condenseur de la machine; enfin, de l'eau froide qui, en quelques tours, acheve de rincer les articles. Apres avoir fait egoutter le linge, on l'introduit dans une ma- chine a secher les etoffes. II est sec en six ou sept minutes, ayant fait, dans ce court espace de temps, dix-huit a vingt-et-un mille re- volutions. De la, apres l'avoir suspendu a des cadres, on le pousse dans une etuve, chauffee par un tuyau de vap2ur oil il acheve de s£cher. [Presse, M. Victor Meunier.) COMETE DE M. KLINKERFUES. M. Colla, directeur de l'observatoire de Parme ,'nous adresse une note interessante sur la troisieme comete de 1853, decouverte a Goettingue par M. Klinkerfues. Les elements de cet astre ont ele calculus d'une part par l'astronome qui l'a decouverte, depre- sses propres observations des 2, 11 et 15 decembre; de l'autre, par M. Brunhs, d' apres les observations du 2 decembre a Goet- tingue,.du 11 a Vienne et du 25 a Berlin; les nombres obtenus different tres-peu, comme on le verra par le tableau suivant. Les premiers nombres sont ceux de M. Klinkerfues , les seconds sont ceux de M. Brunhs. Passage auperihelie. 1854. janv ier 5,5198 Janvier 4,9863 Longitude de pe.il.61ie 5S» 23' 44" 55° 39' 55", 8 Longitude du nocud ascendant. . 227" 8' 3" 6 227° 7' 35", 5 Inclinaiso. 6G' W 48" 8 66" 1C 58", 1 Distance perihelie 2,0402 2,041845 MouTCincnl rilroerade. Mouieoifiit rclrograde. Ces elements representent les observations a moins de 30 se- condes pres. Les deux astronomes ont en outre calcule les epheme- COSMOS. 87 rides de la oomete , et assigned sa position de deux en deux jours jusqu'au 28 Janvier; nous ne les reproduisons pas, car elles ne ser- viraient a rien; la darted actuelle de la comete est moitie" moindre qu'a son apparition ; pour essayerde la voir il faudrait braquer une puissante lunette sur les petites (Hoiles du Poisson , au milieu de l'espacecompris entre epsilon et eta. PERTURBATION MAGNETIQCE EXTRAORDINAIRE. Dans la journee du 5 decembie 1853, M. Colla, en observant la marche de son magnikometre, remarquaque dans l'aprcs-midi elle £tait tres-irr^guliere , le ban eau s'eMoignait de plus en plus de sa posi- tion normale. Le lendemainG, l'irregularile de marche continua de plus en plus; de 0 h. 45 m. a 4 h. 45 m., et de 8 h. a 11 h. du soir, les deviations furent plus etendues que la veille, elles s'^le- verent jusqu'a 40 et 50 minutes, et supposaient l'existence d'un veritable orage magnetique; la somme de toutes les deviations anor- males observees s'eleva presque a 2 degres. Le 7 decembre les per- turbations continuaient encore, mais elles eHaient moins intenses. Pendant ces trois jours le ciel fut presque entitlement couvert , M. Colla ne put done pas s'assurer si l'affolement de l'aiguille cor- respondait a l'apparition d'une aurore boreale ; il s'etait empresse* de transmettre son observation a plusieurs de ses correspondants, espeVant qu'il arriverait ainsi a decouvrir la cause de ces perturba- tions extraordinaires, mais il n'a encore rien appris sinon qua Rome l'aiguille aimantee fut aussi tres-agitee, et qu'a Milan le ciel pen- dant la soiree du meme jour se montra enflatnme du cote du cou- chant pendant 18 minutes , mais sans apparition des caracteres cer- tains d'une aurore boreale. . A Parme la declinaison magnetique atteint vers 1 h. apres midi son maximum, 14° 42' 1", et son minimum 14° 33' 26" vers 9 h. du matin ; ces nombres, r£&ultats d'observations ou Ton ne s'dtait pas mis a l'abri de toutes les influences perturbatrices lo- cales , ne sont qu'approchds ; M. Colla nous annonce qu'il va pro- coder sous peu avec le R. P. Monti , professeur de physique du college Marie-Louise, a une determination plus exacte de la decli- naison et de l'inclinaison. LABORATOIRE d'aNALYSES CIUMIQUES AGRICOLES. M. Barral annonce dans la chronique du. Journal de I agricul- ture qu'il dirige, la realisation d'un projet qui rendra de grands 88 COSMOS. services u l'agriculture ; nous le laisserons exposer lui-meme sa pensee, en nous y assoeiant de grand cocur : « Nous avons eu 1' occasion de parler du laboratoire d'analyses chimiques, organise par la Societe royale d'agriculture d'Angle- terre, oil chacun de ses cinq mille memhres a le privilege de l'aire faire les essais ou analyses de ses engrais , marnes, terres, etc., moyennant un tarif extremement rcduit. Ce tarif estle suivant : Fr. 1° Unc opinion sur la purete d'un engrais commercial. . 6 2' Determination de l'ammoniaque ou du phosphate de chaux d'un engrais 12 3° Un dosage d'azote 12 4° Determination de la proportion de chaux dans une terre 9 5° Determination de la proportion de magnetic ... 12 6° Determination de la proportion de chaux et de magnesie 18 7° Analyse d' une pierre calcaire oud'une marne ... 25 8° Analyse partielle d'une terre arable ...... 25 9° Analyse complete d'une terre arable 75 10° Analyse d'un engrais, fumier ou autre matiere animale 25 11° Analyse d'un tourteau pour la quantite d'huile, etc. . 37 12° Analyse d'une eau minerale 25 13° Avis sur une question technologique 9 14° Avis sur plusieurs questions technologiques. ... 12 « M. Thomas Way , chimiste consultant de la Societe royale d'agriculture d'Angleterre, recoit un traitement de 5 000 fr. et a en outre 5 000 fr. de frais de laboratoire. II publie dans lc jour- nal de la Societe le resultat de ses recherches qui ont un interet general. « Plusieurs agriculteurs considerables ont souvent regrettc de- vant nous l'absence d'une pareille institution en France, ou les cul- tivateurs ne trouvent nulle part, a moins de depenser des sommes assez fortes, les moyens de se renseigner sur la valour des engrais, des marnes, des chaux, etc., qu'ils achetent. On nous a dcrit pour nous demander comment on pourrait obvier a ce fait regrettable. Malgre le surcroit de travail qui doit en resulter pour nous , nous avons resolu de nous rendre aux vceux qui nous ont ete' manifestes. A dater du commencement de ce mois, un laboratoire d'analyses chimiques agricoles est done annexe, pour ses abonnds seulement, a la direction du Journal d'agriculture pratique, sous notre surveillance etavec notre collaboration. Nous esperons qu'on comprendra que COSMOS. 89 nous ne faisons pas line speculation, et que nous voulons seulement rendre service aux agriculteurs. Nous avons pris des mesures pour que Ton n'eprouve jamais de retard dans les questions posces.; les rEsultats des analyses seront toujours transmis dans les huit jours au plus tard. » RECLAMATION1 DE PRIORITE DE M. DU MONCEL. Nous l'avouerons franchemement , nous avons peine a nous ex- pliquer 1' accusation de plagiat que M. du Moncel souleve contre M. Verite\ et le reproche amical, il est vrai, mais neanmoins sen- sible, qu'il nous fait d' avoir presente comme neuves des dispositions deja anciennes. Ce n'est pas pas pour lui , mais plutot pour son livre, pour son Expose des applications de lelectricite, et pour des auteurs dont il a decrit les inventions dans son volume, que M. du Moncel nous adresse sa reclamation de priorite. II lui semble 1° que l'horloge electrique de M. Verite n'est qu'une copie de l'horloge electrique de M. Liais, decrite page 108 de Y Expose; 2° que le controleur electrique des chemins de fer de M. Verite ressemble a s'y meprendre au moniteur Electrique de M. Breguet , page 162. Il ne nous sera pas difficile de constater qu'il existe entre les appa- reils de M. Verit6 et ceux de MM. Liais et Breguet des differences considerables, bien plus que suffisantes pour constituer des inven- tions distinctes. Parlons d'abord de l'horloge electrique. A la fin du mois dernier le 31 decembre, nous avons vu fonctionner a Beauvais l'horloge de M. Verite ; nous venons de relire attentivement la description que M. du Moncel donne de celle de M. Liais, et nous affirmons avec pleine connaissance de cause, qu'au point de vue de l'intervention de l'electricite , il n'y a entre les deux appareils aucune ressem- blance. II est bien vrai que, de part et d'autre, le mouvement oscil- latoire du pendule est entretenu par un poids souleve en temps opportun et abandonne a lui-meme , que de part et d'autre aussi le pendule est arme d'un balancier horizontal ; mais, d'abord et avant tout, ce poids, qui vient periodiquement imprimer au pen- dule une impulsion constante, ce balancier horizontal, ajoute" au pendule, sont les elements essentiels de l'echappement libre invente par M. Verite, il y a plus de douze ans, et dont on voit un charmant modele construit par M. Winnerl dans le cabinet de travail de M. le baron Seguier. L'horloge electrique ne differe de l'horloge a echappement libre. que dans la substitution , en qualite de moteur, du courant electri- 90 COSMOS. que aux ressorts et aux poids. Cette substitution se fait-elle de la meme maniere dans les mecani>mes de M. Liais et de M. Verite ? Non eeitainement. La condition essentielle qu'il fallait absolument remplir, et que M. V^rittS a reellement remplie, c't'tait que le pen- dule se mut avec une liberte entiere, et qu'il rer;ut a chacune de ses oscillations une impulsion rigoureusement constante, sans qu'on lui imposat un travail quelconque , sans qu'on l'obligeat a faire quoi que ce hit pour se donner a lui-meme cette impulsion. Evidem- ment , et M. du Moncel en conviendra lui-meme, le meeanisme de M. Liais ne satisfait point a cette condition vitale. La lame qui, parsa chute, doit donner 1'impulsion au pendule est, chez lui, articulee a une de ses extremites; la resistance a la chute est par la meme variable et 1'impulsion, par consequent, n'est pas constante ; de plus, c'estle pendule lui-meme qui doit degager en temps voulu l'encliquetage par lequel la lame est retenue ; enfin le guide du pen- dule est condamne' a la fin de chaque excursion a mettre en mouve- ment un cercle moitie cuivre, moitie ivoire, sur lequel appuie un ga- let epais, pour fermer et ouvrir le courant ; or, avec une semblable complication il est tout a fait impossible que le pendule fasse des oscillations rigoureusement egales , et mesure le temps d'une ma- niere parfaite. II n'y a rien de semblable dans l'horloge de M. Ve- rite ; aussi sa marche est-elle reguliere au dela de ce qu'on peut imaginer ; s'il e*tait donne- a M. du Moncel de la voir et de la suivre, il serai t convaincu comme nous que M. Verite a donne" le premier ]a solution complete d'un des plus beaux problemes des temps mo- dernes ; il serait enthousiasme" comme nous par la vue d'une horloge electrique dont l'echappement est entierement libre et tout a fait independant de l'intensite du courant moteur. Tout ce qu'on pou- vait craindre, c'etait que les contacts s'alterassent avec le temps, et que le mecanisme cessat de fonctionner ; or neuf mois se sont deja ecoules depuis que la pile de M. Verite a ete mise en action; elle a continue de faire un service regulier sans meme qu'on lui ait rien ajoute, et les contacts ne se sont en aucune maniere oxydes, et ils sont aussi excellents que le premier jour. Dans quelques se- maines, l'ceuvre de notre artiste, aussi modeste qu'£minent, fonc- tionnera et dans les cabinets de l'Observatoire et dans les bureaux du Cosmos , et chacun pourra verifier par lui-meme l'originalite' , Ja nouveaute , la Constance , la r^gularite de son admirable meca- nisme. Arrivons au controleur electrique des chemins de fer ; ici notre tache est beaucoup plus facile encore, car nous nageons dans nos COSMOS. 91 propres eaux. Le moniteur de M. Brs%uet est decrit page 571 de la seconde edition de notre grand Traite de telegraphie elcctrique, et notre description ne differe en rien de celle de M. duMoncel. Or quel a ete le but de M. Breguet % « J'ai pense, dit-il, qu'un in- strument qui, de lui-meme, laisserait sur une bande de papier une indication permanente des differentes vitesses , ainsi que la duree du temps passe- aux diverses stations, pourrait etre utile au service des chemins de fer. » Est-ce la ce qua voulu M. Vented Evidem- ment non. II a voulu obtenir et il obtiendra quand on le voudra que le conducteur d'un train , en entrant a toute vitesse dans une station quelconque, puisse d'un seul coup d'ceil connaitre la position exacte du train qui precede le sien, s'assurer que la voie est libre et qu'il peut continuer sa route en toute surete. Entre des cadrans dresses sur lavoie, et un chronographeinstalle, soit dans le cabinet du chef du mouvement pour signaler par la rotation d'une aiguille le passage du convoi devant les poteaux kilometriques, soit sur un des vehicules du convoi pour ecrire la vitesse de marche, il y a, tout le monde en conviendra, une difference capitale ; et nous sommes dispense de toute autre explication. Nous ne ne°-ligeons rien, absolument rien pour nous tenir parfai- tement au courant des matieres que nous traitons ; et, malgre cela, nous nous tromperons certainement plus d'une fois ; aussi accueille- rons-nous avec empressement les reclamations qui nous seront adres- sees ; mais qu'il nous soit permis , en consideration de l'attention extreme que nous apportons a notre redaction, de demander qu'on ne nous juge pas trop legerement. — Nous apprenons avec plaisir que la SocieHe des sciences in- dustrielles et litteraires, dans sa seance de vendredi 20 Janvier 1854, a accorde\ a l'unanimite, la medaille d'or a notre excellent confrere M. l'abbe Delpy, pour l'ouvrage qu'il apublie, sous ce li- tre : « GUER1S0N DE LA VIGNE MALADE PAR UN NOUVEAU MODE DE CUL- TURE; » ouvrage que nous analyserons tres-prochainement. PHOTOGRAPHIE. IMPRESSION PHOTO-CHROMATIQUE DES ETOFFES. M. R. Smith de Blackford , imprimeur sur etoffes , s'est mis en tete de charger la lumiere solaire d'imprimer ses produits; celle-ci s'est pret^e a. son desir, et c'est maintenant une affaire faite. M. Smith expose des tissus imprimis par lui et la lumiere; Smith and light , of Blackford. II appelle cela : impression phnto-chro- matiqtie. Un tissu vegetal ou animal, peu importe, estplonge d'ahord dans une solution chimique, puis s£che dans l'obscurite, et le voila de- venu sensible a l'action de la lumiere. On l'expose done a la lu- miere, en presence du modele a reproduire ; et, quand il a subi Taction actinique des rayons solaires, on le transporte dans une solution qui developpe les couleurs et les rend permanentes; c'est 1' operation du fixage. Apres quoi on lave, etc. La machine a imprimer se compose d'un simple chassis rectan- gulaire monte sur des pieds comme la premiere table venue. Le chassis porte sur un de ses cotes une ensouple , et sur cette en- souple on enroule le tissu convenablement prepare qu'on veut im- primer. De la le tissu s'avance sur la table et passe sous une feuille de verre sur laquelle , au moyen d'une combinaison de pieces opaques ou transparentes , des morceaux de papier, par exemple, on a figure le dessin quelconque qu'on veut reproduire. Toute la portion de tissu que le carreau recouvre demeure sous ce carreau le temps ne'eessaire pour subir l'action chimique de la lumiere, et on com- prend que cette action ne s'exerce que sur les portions de tissu qui restent exposees aux rayons solaires; celles qui s'abritent derriere les decoupures en sont necesssairement preservers. Tant que cette exposition dure , le tissu reste en contact avec la face inferieure du verre : ce contact s'obtient ainsi : la portion d'dtoffe exposee repose sur un coussin compose d'un plancher de sapin et de plusieurs doubles de rlaneile , et deux ressorts, un de chaque cote, pressent ce coussin contre le carreau. Des que Taction chimique s'est produite , ce qui se reconnait a. ce que la surface exposee devient blanche ou brune , selon la prepa- ration sensible dont on s'est servi, l'ouvrier abaisse le coussin a Taide d'un levier ; Tetoffe devient libre , une portion nouvelle de tissu remplace sur le carreau celle qui s'y trouvait precedemment , et qui va subir T operation du fixage. A cet effet , cette derniere COSMOS. 93 est ramenee par deux rouleaux de guides sous la table meme ou se trouve une auge contenant la solution qui doit developper l'impres- sion. La piece est tiree a travers I'auge par un couple de cylindres formant laminoir et que l'ouvrier fait marcher a la main a 1'aide d'une manivelle, des qu'il a abaisse le coussin dont il vient d'etre question. Le fixage est maintenant opere, et il faut laver l'etoffe ; c'est ce qui a lieu tout aussitot, les cylindres formant laminoir et les deposant dans une cuve remplie d'eau. Les principales couleurs obtenues par ce merveilleux procede sont le rouge, le jaune, le pourpre et le bleu , le blanc et le vert. Pour produire un dessin bleu-pale sur fond blanc, ou blanc sur fond bleu , on emploie des solutions de citrate ou de tartrate de fer et de ferro- cyanique de potassium ; le tissu est ensuite plonge dans une solution etendue d'acide sulfurique. Les tons bruns ou chamois s'obtiennent avec une solution de bichromate de potasse. Le sel qui impregne les portions sur lesquelles la lumiere n'a pas reagi etant enleve par les lavages, ces portions restent blanches ou sont dccomposees par un sel de plomb , pour former un chromate jaune de ce mental. En combinant les deux pi'octides , et en employant de plus la garance , le campeche , etc., out peut obtenir une variete infinie de nuances. L'exposition a la lumiere varie de 2 a 20 minutes , suivant le procede employe et l'objet qu'on traite, Des essais nombreux ont dcmontre que la lumiere d'un jour bas d'hiver a toute la puissance ne"cessaire ; on a produit de tres-beaux echantillons jusqu'a quatre heures du soir, au mois de Janvier. Un certain nombre de machines disposees les unes a cote" des autres peuvent etre surveillees par un seul operateur. Les essais, du reste , ont eu lieu sur la plus grande echelle qu'on puisse donner au travail en fabrique. Des articles de teinture et de toilette ont ete imprimes avec le plus grand succes. (Presse , feuilleton de M. Victor Meunier.) NOUVEL ENDt'IT PHOTOGENIQUE. M. Stephane Geoffroy, avocat, nous adresse de Roanne la lettre suivante : « Depuis l'application de la cire a la photographie, par M. Le- gray, j'avais entrevu tout le parti qu'on pourrait tirer un jour de cette substance comme vehicule photogenique ; aussimes recherches tendaient toutes a trouver un procede a la fois plus facile, moins laborieux et plus sur que ceux publies encore pour impregner tres- convenablement, le papier de cire. Apres l'essai d'un grand nom- bre de dissolvants, je me suis arrete, en attendant mieux, a l'em- 94 COSMOS. ploi de la benzine, dont la composition chimique me faisait esperer bon succes. Je veux completer mes essais avant de vous en envoyer )e detail ; maid en attendant la description des differents moyens par lesquels j'arrive, grace a la benzine, a d'excellents resultats, faites de ma note l'usage que vous jugerez utile. Je serais heureux si la publication de ces quelques Iignes pouvait, en dirigeant de ce cote les recherches d'amateurs plus habiles, faire faire un nou- veau pas au bel art de la photographic. J'experimente, en ce moment, les differentes cires livrces par le commerce, et les constituants particuliers de ces cires diverses ; j'ai cru remarquer que la benzine dissolvait beaucoup plus facile- ment la cire jaune que la cire blanche; la myricine et la cerine en- semble m'ont paru beaucoup plus photogeniques que les cires dans leur integrity d'une part, et que la ceVoleine de l'autre. » 13ENZINE COLLAS. La benzine dont M. Geoffroy vient de tirer un si heureux parti, et a l'aide de laquelle M. Niepcc de Saint-Victor a tant perfectionne' les precedes de gravure heliographique, inventus par son oncle im- mortel, est encore une substance tres-peu connue, et Ton nous saura gre de la faire mieux connailre par la publication de la note sui- vante : « Parmi les produits liquides de la distillation de la houille pour la fabrication du gaz d'&lairage, M. Collas, pharmacien, rue Dau- phine., est parvenu, par des moyens economiques, a isoler un des plus lagers, la benzine. Ce catbure d'hydrogene dissout les corps gras et resineux avec une merveilleuse facility, il s'evapore tres- promptement sans se resinifier et sans laisser d'odeur persistante, comme l'essence de ter^benthine. M. Collas a tout aussitot pense a l'utiliser pour enlever les taches de toute espece de tissus, soie, laine, etc. La Societe" d'encouragement, bon juge en pareille ma- tiere, a recompense, par une medaille, cette heureuse application. « La, ne se borne pas l'utilite de la nouvelle essence. En traitant la benzine par l'acide nitrique monohydrate et l'acide sulfurique, M. Collas l'a transformed en essence d'amandes ameres, huit fois moins chere que l'essence veritable , jouissant de toutes ses pro- prietes aromatiques, ayant meme un avantage considerable, celui de ne pas contenir d'acide hydrocyanique, et de n'exercer, par consequent, aucune action deletere sur l'economie animale. • L'utilite de cette humble, mais importante d^couverte, est toute pratique, elle permet de livrer a la consommation, a tres-bon mar- COSMOS. 95 che, des savons parfumds a l'essence d'amanrle, savons tres-re- cherchds, et que chacnn pourra ddsormais s'accorder presque au meme prix que le savon ordinaire. Aussi s'en fabrique-t-il deja de tres-grandes quantites pour les besoins du commerce de la parfu- merie. •< L'huile de houille, autrefois presque sansemploi, afourni en- core a M. Collas une autre essence, ou mieux un nouvel ether, car c'est un ether ; il le nomine essence d'ananas , et il le fabrique avec les residus d'essence artificielle d'amandes ameres. Encore quelques decouvertes semblables, encore quelques nou- velles applications, et la fabrication du coke ne se fera plus qu'en vase clos; et nous ne verrons plus se perdre, dans l'atmosphere, une foule de produits vaporisables ou gazeux, qui, depuis longtemps, auraient pu devenir le point de depart d'industries lucratives. M. NIEPCE DE SAINT -VICTOR. A l'occasion de l'indemnite de deux mille francs accordes a, MM. Rousseau et Deveria, l'habile photographe que ces messieurs s'etaient associe, en se separant de MM. Bisson fieres, a eu la pensee, que nous croyons malheureuse, de se poser en victime d'une injustice qui n'a de realite que dans son imagination ; nous ne parlerions pas de ce penible incident, s'il n'avait pas eu pour resultat d'amener une constatation plus solennelle encore des droits de M. Niepce de Saint-Victor, a une noble recompense pour sa grande decouverte de la photographie sur verre albumine, et les perfectionnements inattendus apportes aux procedes de gravure heliographique du grand Niepce; voici comment se sont exptime's, a cet egard, MM. Milne Edwards et Chevreul. « En presentant a l'Acadomie, dans la seance du 19 deVembre, une des livraisons de ce dernier ouvrage, M. Milne Edwards a eu soin de rappeler que le merite de cette invention appartient a M. Niepce, et il regrette qu'aucun des prix dont 1 Academie dispose ne soit applicable a une decouverte de ce genre , car le service rendu par M. Niepce lui parait digne d'une recompense eclatante. Quant a l'indemnite p^cuniaire qu'il a demandee dernierement pour M.Rousseau, elle etait destinee, non pas ar^compenserune inven- tion qui n'appartient pas a ce naturaliste, mais a fournir a celui-ci les moyens de continuer des essais divets relatifs a 1'application de la photographie a l'iconographie zoologique. Les r^sultats obtenus dans cette voie, soit par M. Rousseau lui-meme, soit par MM. Deveria, Bisson, Mante et Riffault sont certainement fort remarquables, 96 COSMOS. mais laissent encore beaucoup a desirer aux yeux du naturaliste, et c'est pour faire entreprendre de nouveaux essais et dans l'espoir d'obtenir de meilleurs resultats, que M. Milne Edwards et plusieurs autres membres de 1' Academic ont demande" a. la commission ad- ministrative de venir en aide a M. Rousseau, dont les travaux en- trepris dans l'interet de la science seulement, ont 6t6 pour celui-ci la cause de depenses tres-considerables et n'auraient pu etre conti- nues sans un secours de ce genre. » « M. Chevreul partage l'opinion que M. Milne Edwards vient d'exprimer. La commission administrative a laquelle avait et6" en- vovce la proposition faite a l'Acade'mie par les naturalistes appeles a juger l'utilite de la publication de M. Rousseau, n'a voulu, con- formement a l'opinion de ces naturalistes, qu'encourager cette pu- blication dont l'auteur fait les frais. S'il eut ete question de donner, non un encouragement, mais une recompense pour une invention, M. Cbevreuil aurait propose de la donner a M. Niepce de Saint- Victor qui, en developpant le germe d'un art que Ton doit a son oncle, est l'auteur des progres que 1' Academie a constates depuis que M. Niepce de Saint-Victor a public, de la maniere la plus gd- nereuse, tous ses precedes, et notamment la maniere de preparer 1 excellent verrii dont j'ai communique, en son nom, la composition a rAcademie. M. Chevreuil serait heureux si ceux de ses collegues qui sont plus que lui dans le cas d'apprecier les services que M. Niepce de Saint-Victor a rendus aux sciences naturelles, le ju- geaient digne d'une recompense de l'Academie. » SOCIETE D'ENCOURAGEMENT- FA1TS PRINCIPAL'X DE LA SEANCE DU 10 DECEMBRE 1853. — M. Risler de Cernay (Haut-Rhin) communique a la Societe les dessins de son epurateur, machine destinee -a preparer le coton pour la filature mecanique. II est generalement reconnu en filature qu'apres les passages successifs du coton sous les batteurs, il faut encore deux cardages pour obtenir un bon fil , mais ce double car- dage, quoique utile, occasionne des frais et des deohets considera- bles; l'epurateur a pour but de prevenir les dechets et de diminuer les frais. II separe et eloigne les boutons et les impuretes que ren- ferme le coton , au moyen de Taction de la force centrifuge et de brosses mecaniques flexibles et elastiques, qui, malgre leur sou- plesse, acquierent par la vitesse de leur mouvement assez de puis- sance pour projeter les corps les plus lourds a. travers la grille placee sous les cylindres alimentaires. II produit, avec du coton tres-ordinaire de l'Amerique, en douze heures de travail, graces a. ses alimentations multipliers et a sa construction solide, de 90 a. 100 kilogammes de coton en nappe , plus parfaitement ouvert et mieux nettoye que par les meilleurs cardages en gros. L'economie du dechet est de 4 1/2 a 5 0/0 pour le coton neuf, de 8 a 9 0/0 pour les residus des operations ante"- rieures ; en ajoutant a cette dconomie celle des frais generaux et de la main-d'ceuvre, il en resulte une reduction de 6 a 8 centimes par kilogr. de file, numeros 30 a, 40. Plus le coton est charge et court, moins le dechet produit par l'epurateur est considerable ; ces resul- tats sont confirmes par les experiences les plus minutieuses faites dans un grand nombre de filatures de premier ordre. Plusieurs eta- blissements sont deyk montes completement en epurateurs et pro- duisent depuis 600 jusqu'a 1400 kilog. de files par jour. M. Risler a eu l'heureuse idee d'appliquer a. la fabrication directe des ouates sa machine, qui semblait etre faite expres pour cela. La nappe, en sortant de l'epurateur, ayant deja une dpaisseur et une consistance telles qu'elle peut s'enrouler et se derouler isole- ment, Ton forme sur le devant de la machine des rouleaux qui sont plus tard triple's et quadruples pour arriver a l'dpaisseur voulue; on obtient ainsi des pieces de ouates d'une longueur quelconque. Cette fabrication est si differente de l'ancienne qu'elle constitue une industrie nouvelle. Convaincue que l'epurateur, tant pour les beaux resultats qu'il fcurnit des aujourd'hui que pour l'avenir qui lui est 98 COSMOS, re'serve' dans les autres applications qu'on en fera bien certainement merite son approbation et ses encouragements , la socidte indus- trielle de Mulhouse a decerne a. M. Risler un de ses premiers grands prix; a 1' exposition universale de Londres cette meme machine avait obtenu une m>.''daille du premier ordre ( Council medal). M. Risler a complete sa merveilleuse invention par la creation d'une nouvelle carde appelee p:tr lui dpurateur en fin trieur, qui simplifie d'une maniere etonnante le cardage des fils fins , nos 40 a 120. — M. Paulin, colonel du genie en retraite, autrefois comman- dant en chef des sapeurs-pompiers de Paris, l'inventeur du celebre appaieil a feux de cave, qui permet aux sapeursde travailler au sein de la chaleur la plus intense et delafumeela plussuffocante, presente aujourd'hui, sous le nom de lit de sauvetage, un appareil destine a recueillir sans danger les enfants, les femmes, les vieillards, les pompiers memes, que les progres de l'incendie condamnent a etre jetes ou a se jeter par les fenetres. C'est un veritable lit a fond mecanique qui cede a la pression du corps qui tombe, amortit le choc, et detend, en cedant, deux branches recourbees portant un filet qui emprisonne en quelque sorte l'objet ou la personne tombee, et l'empeche de rebondir. Le modele du lit de sauvetage soumis au jugement de la Societe est tres-ingenieux ; pour passer al'execution en grand, il ne s'agira plus que de calculer la force a donner aux ressorts pour qu'ils puissent resister au choc du corps lourd tombant d'une certaine hauteur. Le sac de sauvetage actuellement en usage est 6videmment plus commode et moins perilleux ; mais on ne trouve pas partout des pompiers assez exerces au manege gymnastique pour faire avec succes la manoeuvre de l'echelle a crochets que 1'emploi de ce sac exige. Les journaux racontaient recemment, qua Bruxelles, des sa- peurs-pompiers ne trouverent d' autre expedient, pour sauver de pauvres enfants de la fureur des flammes, que de les rouler dans des coussins, des matelats, des couvertures et de les jeter par les fenetres; ce moyen extreme reussit, aucun de ces enfants ne fut tue, mais ce fut un vrai miracle, et qui peut esperer de le voir se renouveler'? Dans le dernier incendie de la rue Vivienne, une femme etun jeune homme, reduitsa sauterparlacroisee,ont(§te grievement blesses; le brave colonel Paulin pense que son lit de sauvetage leur auiait epargne les cruelles blessures qu'ils ont regues. — M. Dumas, president de la Societe, lit une lettre par laquelle M. Schutzenbach lui transmet des renseignements tres-pr^cieux sur les progres que l'industrie sucriere a faits depuis quelques annees COSMOS. 99 dans les Etats du Zollverein et principalement en Prusse. Voici les faits recueillis et verifies par lui sur les lieux memes ; on verra qu'ils interessent grandement la France. 1° La quantite* de bette- raves employee l'annee derniere a la fabrication du sucre dans les Etats du Zollverein a ete" moins grande d'un bon tiers qu'en France, et cependant la quantite de sucre obtenue dans ces Etats a sur- passe de pres d'un dixieme la quantite de sucre obtenue en France; 2° le rendement du sucre brut en Allemagne a ete, en moyenne, de 5 a 8 0/0 du poids de la betterave ; en France le rendement est de 5 a 6 0/0 au plus; 3° la qualite" du sucre brut allemand pris en masse est meilleure et plus belle que celle du sucre francos; 4° les frais de fabrication pris en general sont moins grands en Allemagne qu'en France. D'oii vient cette desolante inferiorite? Le sol et le climat ne sont certainement pas plus favorables a la fabri- cation du sucre en Allemagne qu'en France, les procedes de fabri- cation sont les memes quant aux operations essentielles, mais 1'ap- plication de ces procedes est bien mieux entendue en Allemagne, et surtout la betterave y est incomparablement mieux cultivee et conservee qu'en France. Le fabricant prussien cultive presque tou- jours lui-meme sa betterave, il s'y applique avec le plus extreme soin ; il ne la plante jamais dans un champ humide ou nouvellement fume ; il ne sacrifie jamais la qualite" a la quantite ; ses racines ne sont pas volumineuses, mais elles sont tre*-compactes, tres-riches en sucre, tres-pauvres proportionnellement en matieres azotees; tres-propres par consequent a etre conservees sans alteration. Bien loin de degenerer, l'espece s'ameliore d'annee en annee, et les dis- positions prises pour la conservation sont de plus en plus ration - nelles. On peut dire, en un mot, que le cultivateur prussien est parvenu, parson mode de culture et de conservation, a obtenir a, moins de frais, d'une surface egale de terrain, une quantite de sucre plus grande, et a l'obtenir avec la plus extreme facilite, parce qu'il opere sur une quantite de matieres beaucoup moindre. « On rendrait, ajoute M. Schutzenbach, un service a l'industrie sucriere en France, serieusement menace'e de decliner de plus en plus, si Ton parvenait a faire comprendre aux fabricants qu'ils doi- vent absolument recourir a des modes plus rationnels et meilleurs de culture etde conservation. Ce n'est pas un Stranger qui peut entreprendre avec succes ces bienheureuses reTormes ; il faut pour cela l'autorite" d'un nom illustre comme le votre. » M. Clerget, qui, lui aussi, s'est fait un nom celebre dans l'indus- trie sucriere, par ses ouvrages sur la saccharimeHrie, fait remarquer 100 COSMOS. qu'il a, depuis longtemps, appeld l'attention des fabricants sur les avantages qu'ils pourraient tirer, pour se guider dans le choix des betteraves et dans l'amelioration de leur culture, d'un mode d' ap- preciation d'une grande simplicity, et qui consiste a rapprocher la richesse saccharine des jus de leur densite. Quand on connait la richesse en sucre, on sait par la meme pour quelle part le sucre tntre dans la densite" totale, et il est Evident que la betterave sera d'autant meilleure que cette part sera plus grande. — M. Massat, coutelier, 7, rue de la Monnaie, soumet a l'ap- preciation de la Society, un nouveau systeme de coutellerie de ta- ble, brevete par lui sous le nom de lames-viroles. II consiste essen- tiellement dans le remplacement de l'ancienne virole, distincte de la Hame et du manche, par une virole ou douille creusee dans le corps meme de la lame, ou dans une <5paisseur de matiere rdservee a cet effet vers le point de jonction de la lame avec le manche. La douille qui fait corps avec la lame s'emboite sur la partie superieure du manche qui l'empeche ainsi de tourner, en meme temps que la soie qui traverse de part en part la lame et le manche, et qui se ter- mine a une extremite par un £crou ou rivet, empeche la lame de sortir. Le couteau ainsi monte acquiert, une solidite parfaite ; ce mode d'union, applicable a tous les instruments a manche, s'adapte avec plus d'avantages encore aux manches en metal creux, lesquels n'etaient fixes jusqu'ici que par un simple ciment qui se cassait a la moindre fatigue, ou fondait a. la moindre chaleur. — M. Dussauce, artiste industriel et peintre decorateur, avait appele l'attention de la Societe sur ses travaux relatifs a l'applica- tion de son art aux produits de l'industrie; et particulierement a l'emploi pour les peintures murales et monumentales, au lieu de l'huile qui est ordinairement en usage, de la cire ou encaustique , a l'instar de ce qui avait lieu dans l'antiquitd. Aujourd'hui la com- mission des beaux-arts, par l'organe de MM. Gourlier et Salvetat, rend compte de l'exameii consciencieux qu'elle a fait des produits soumis a son approbation. Une longue experience en accord parfait avec la theoiie ddmontre que la cire possede le grand avantage de ne permettre aucune efflorescence minerale ou vegetale, d'enfermer les matieres colorantes dans une enveloppe parfaitement inerte, de les preserver de Taction de la lumiere et des gaz ; de conserver dans tout leur dclat et leur fraicheur les tons les plus fins et les plus delicats ; de procurer enfin des teintes brillantes sans les in- convenients du miroitage. La peinture a l'huile est sans aucun doute d'une execution facile COSMOS. 101 et commode; et moyennant un choix dclaire des matieres les plus convenables et 1'emploi de tousles soins necessaires, elle a produit des resultats tres-remarquables ; mais comme l'a demontrd M. Che- vreul dans des experiences r^centes, il y a dans la peinture a l'huile absorption incessante d'oxygene et augmentation successive de poids ; elle devient a la longue dure et cassante , souvent l'altera- ration se manifeste presque immediatement par des crevasses qui detruisent la correction des lignes et la richesse du coloris , qui amenent une degradation plus ou moins prompte. C'est done a bien juste titre que des amateurs, des savants et des artistes eclaires avaient cherche depuis longtemps a faire revivre 1'emploi de la cire. II etait grandement a desirer qu'on generalisat pour la preparation desmurailles ce que MM. Thenard et Darcet avaient si heureusement indique pour la coupole de Sainte-Genevieve , que le talent de Gros devait illustrer. M. Dussauce est entre courageusement dans cette voie , il s'est £tudie" de longue main a la pratique des precedes qui devaient assurer cette grande reforme , et il s'est trouve tout pret a la rea- liser lorsqu'il a eta" charge , sous la direction de M. Hittorff, de preparer les fonds des grandes peintures murales et monumentales de l'eglise Saint- Vincent-de-Paul. Ces peintures se composent de deux frises dans tout le pourtour interieur de l'eglise, et d'un vaste hemicycle, occupant ensemble pres de 1 200 metres de surface et formant ainsi une des plus grandes pages de fresques connues. La frise superieure, recouverte surtout d'ornements, est terminee depuis plus de douze ans; la frise inferieure et l'hemicyele , compo- sition historique du style le plus eleve , ont etc acheves tout re- cemment par MM. Picot et Flandrin. M. Dussauce, dans son Memoire, decrit avec le plus grand soin la serie de toutes les operations; nous ne pouvons que les enumerer rapidement : 1° Frottage au gres et epoussetage; 2° premiere couche d'une solution de perchlorure de mercure, sublime corrosif, fortement etendu d'eau, ayant pour objet d'empecher toute vegetation; 3° chauffage a l'aide de rechauds places a 30 centimetres environ de distance de la surface , arm d'eviter toute calcination; 4° satu- ration des surfaces ainsi chauffees , a l'aide d'un gluten, enduit dans la composition duquel entre un savon metallique ; 5° premiere couche de fond ; 6° masticage a plusieurs couches ; 7° deuxieme et derniere couche de fond; 8° preparation, pour le broyage et 1'em- ploi des couleurs par les artistes, d'un gluten dans lequel l'essence de New-York ou d'Amerique, le spermaceti et le copal a l'essence 102 COSMOS. ont remplace* les essences d'aspic rectifie et de resine el£mi , d'un emploi difficile , peu satisfaisant , et de plus tres-dangereux pour le systeme nerveux. " II ne nous appartient pas, disent MM. les rapporteurs, de juger du merite de ces hautes compositions artistiques , mais nous avons le droit de signaler la beaute des fonds ainsi que l'eclat et le brillant des tons divers , en rappelantl'epoque assez eloigned depuis laquelle la frise superieure est terminee , et de proclamer apres les tdmoi- gnages les plus honorables et les plus competents que M. Dussauce a apporte" au procede de la peinture h l'encaustique, principalement pour les compositions murales et monumentales , des ameliorations importantes en ce qui concerne la beaute et la solidite des fonds et des couleurs, ainsi que la commodity et la salubrite deleur emploi. « Les conclusions de la commission, qui n'a rien neglige pour ses convaincre par elle-meme de la realite de ces resultats , sont : 1° qu'il soit ecrit au nom du conseil a M. Dussauce , pour le remer- cier de sa communication et joindre ce suffrage a ceux que ses tra- vaux lui ont deja fait obtenir; 2° que les presents rapports soient imprimes dans le bulletin de la Societe , ainsi que les notes remises par M. Dussauce sur ses precedes de peinture a l'encaustique. » Nous ajouterons en finissant que M. Dussauce a grandement contribue a ameliorer la fabrication des papiers de haute decoration par des teintes plus larges, plus harmonieuses; mieux fondues, d'un meilleur effet artististique et en meme temps d'une execution moins couteuse ; que loin de se reserver le secret et la propridte des nouveaux procedes decouverts par lui, il les a decrits avec le plus grand soin, pour qu'ils pussent etre appliques par tous; que dans la restauration et la decoration a neuf des voitures du futur sacre de l'Empereur, il vient de faire preuve une fois encore d'un talent hors ligne, etc ; puissions-nous apprendre bientot qu'il a obtenu la haute recompense nui lui a 6t6 promise, et qui couronnerait glo- rieusement une noble carriere industrielle et artistique ! — M. Michelot, ingenieur des ponts et chaussees, a ete charge par l'administration d'un travail qui comprend la statistique des carrieres d'un assez grand nombre de departements , au point de vue g^ologique et de la quality des materiaux. Ce travail est acheve , et pour le completer M. Michelot , de concert avec M. De- lesse , ingenieur des mines , a entrepris des experiences sur la re- sistance des mateViaux a l'aide d'une machine nouvelle ; il d^sirerait obtenir de la Societe l'autorisation de faire quelques essais dans son local , offrant de mettre sa machine a la disposition du comite char- COSMOS. 103 ge" d'experimenter la insistence des mateViaux hydrauliques. Cette machine est connue de M. Poncelet , qui 1'a approuvee. — M. Roret recommandea l'attention de la Societe la nouvelle Edition du Manuel complet de physique appliquee aux arts et me- tiers , redige par M. Guilloud , professeur de mathematiques, et annote par M. Terrien, professeur de physique a l'ecole Turgot. Le monde industriel , dit tres-bien 1'auteur, peut se partager en trois classes : la classe de l'entrepreneur, la classe de I'ouvrier et la classe du savant. L'entrepreneur dirige l'execution et paye I'ouvrier; I'ouvrier execute ; le savant trouve et fournit a I'ouvrier les moyens d'execution les plus simples et les plus economiques : l'art de faire le plus d'ouvrage possible avec un travail donne , ou un ouvrage donne avec le moins de travail possible; de mieux faire sans plus de fatigue , ou de faire aussi bien avec moins de fatigue. Mais, pour que I'ouvrier puisse mettre utilement en pratique les conseils et les perfectionnements du savant, il est bon , pour ne pas dire neces- saire , qu'il connaisse au moins sommairement lesprincipes , les phe- nomones , les termes de la science, Les ouvrages qui, en depouillant la science de tout ce qui n'a pas avec. l'industrie un rapport immediat , la limitent a ce qui est certainement utile , satisfont par la meme un besoin reel , et leur publication merite d'etre grandement encouragee. Sous ce rap- port, la vaste collection de M. Roret a rendu de tres-grands ser- vices, et elle est devenue pour le courageux et infatigable editeur un titre a la reconnaissance publique. Le manuel de physique appli- quee aux arts et metiers traite successivement des propriety gene- rales des corps, du calorique, de l'air et des gaz , de i'eau et des liquides, de la lumiere , de l'eleclricit(5 et du magnetisme ; il ren- ferme toutes les notions scientifiques necessaires a la construction des fourneaux , des caloriferes a, air et a vapeur; des machines a vapeur, des pompes, a l'art du fumiste, de l'opticien , du distilla- teur, de l'eclairage, etc., etc. ACADEME DES SCIENCES. .si: unci; du jj JANVIER i854. La seance publique a ete tres-courte , parce que 1' Academie devait se former de bonne heure en comite secret, pour entendre la lecture des rapports relatifs aux prix Monthyon qui doivent etre distnbues, lundi prochain, 30 Janvier, dans la seance annuelle : M. Flourens, secretaire perpetuel, lira dans cette seance l'eloge historique deM.de Blainville, naturaliste celebre. — La parole est donnee a M. Balard qui lit, au nom de la commis- sion,le rapport sur les belles etimportantes recherchesdeM.Violette, commissaire des poudres et salpetres, sur la vapeur surchauffee, la production et la composition des cbarbons de bois. Pour nous, qui taut de fois avians appele 1' attention sur les belles experiences de la poudriere d'E>querdes, ce rapport redige avecle plus grand soin,et entierement favorable, etaitune borine fortune. Nousle reproduirons presque integralement; M. Payen a eu la bonne pensee de faire voter par 1' Academie qu'il serait envoy 6 au ministre de la guerre. — M. Flourens lit le decret imperial qui approuve l'election de M. Tulasne, nomine membre de la section de botaniqueen rempla- cement de M. de Jussieu. Sur l'invitation de M. Roux, vice-pre- sident, M. Tulasne vient prendre place parmi ses collegues a cote" de M. Payen. Nous donnerons enfin bientot aux varieHes les petites notices annoncees sur les titres des candidats a la place desormais remplie par M. Tulasne. — M. de Senarmont lit un memoire plein d'interet sur le dichro'isme et le polychroisme artificiels obtenus par 1' addition aux eaux-meres dansjesquelles se forment lescristaux, de substances incristallisables et inertes chimiquement. A l'attention avec laquelle cette note est ecoutee , on sent qu'il s'agit d'une grande et belle nouveaute scien- tifique ; quand la lecture a ete terminde , un grand nombre de membres se sont leves pour venir feliciter leur heureux collegue, et voir par eux-memes les phenomenes du dichro'isme artificiel ; au nombre des plus empresses nous remarquons MM. Biot, Cauchy, Regnault, Pouillet, etc. M. de Senarmont a bien voulu ordonner qu'on mit a notre dis- position une e"preuve de sa note , nous la reproduisons textuelle- ment : COSMOS. 105 EXPERIENCES SUR LA PRODUCTION ARTIFICIELLE DU P0LYCHR01SME DANS LES SUBSTANCES CRISTALLISEES, PAR M. DE SENARMONT. " Des recherches sur la cristallisation, que je poursuis depuis plusieurs annexes, m'ont conduit a m'occuper de l'absorption de la lumiere dans les cristaux colores, et du polychroi'sme qui l'accom- pagne. » On sait que cette propriete singuliere, propre a beaucoup de mineraux et de produits artificiels, consiste essentiellement en ce que les deux rayons lumineux, resultant de la double refraction, eprouvent, chaque fois que leur route est sepan'e a 1'interieur du cristal, une extinction inegale dans leurs elements colorifiques, de sorte qu'un filet incident de lumiere blanche et naturelle est separe a. Emergence en deux filets differemment colores, en memo temps qu'ils sont polarises a. angle droit. « On peut se demander si un pareil phenomene a pour cause necessaire et exclusive la coloration, soit de la substance merae du cristal, soit de quelque autre matiere qui lui serait chimiquement combinee; s'il ne peut jamais etre 1'effet de deux causes diverses et coexistantes , d'une function birel'ringente exercee par la matiere cristalline proprement dite, et d'une fonction absorbante exercee par quelque substance coloree etrangere a !a cristallisation, acci- dentellement repartie dans ses interstices, a la maniere des souil- lures que les cristaux empruntent a des eaux meres impures. « Cette question ne peut etre decidee que par la synthese; elle serait resolue si Ton parvenait a introduire dans les sels cristallises toutes espfeces de matieres tinctoriales, incapables de former avec eux une union chimique, mais pouvant s'y incorporer par une sorte d'imprdgnation. « Or le probleme, pose en ces termes, parait plus simple qu'il ne Test en realite ; car le dichroi'sme venant pour ainsi dire choisir dans chacun des rayons refractes des couleurs differentes, pour les faire disparaitre, il est impossible que sa cause reste tout a fait in- dependante de celle qui, dans la refraction cristalline, dedouble ainsi les rayons lumineux. Les molecules de l'agent d'absorption , quel qu'il soit, doivent etre, au contraire, connexes, et, en quelque sorte, subcrdonnees a la cristallisation; si elles ne peuvent reaider dans les particules cristallisees non colorees , il faut au moins que leur agencement continue jusqu'a un certain point le milieu cris- tallin, qu' elles soient symetriquement coordonnees par le fait meme de leur interposition entre les materiaux essentiels de l'edifice 106 COSMOS. moleculaire, et tellement adaptees a sa structure, qu'elles partici- pent a son arrangement regulier. « 11 s'agissait done de trouver des principes colorants assez subtils ponr etre en quelque sorte assimiles par les cristaux pen- dant leur formation, pour ser^partir presque moleculairement dans leur interieur, sans s'accumuler trop grossierement dans quelques parties de leur masse ; et il fallait rencontrer des sels d'un tissu moleculaire assez lache pour se constituer en cristaux rt^guliers suf- fisamment homogenps , au milieu d'eaux meres fortement colorees, et, par consequent tres-impures, sans que leur formation fut pour- tant accompagnee d'un travail d'elimination assez energique pour expulser complement toutes les matieres qui leur seraient etran- geres; enfin, meme apres toutes ces conditions reniplies, il restait encore douteux que, dans le milieu mixte ainsi produit, le poly- chroisme fut observable ou meme developpe" ; car rien ne prouve qu'il soit inherent a toute espece de coloration , et ses conditions efficientes reelles noussont absolument inconnues. " Ce n'est done qu'apres des essais infinis que je pouvais esperer de realiser ces conditions multiples et presque contradictoires. Avant de rien conclure d'un resultat nt'gatif, il fallait mettre en presence et associer , deux a deux , trois a trois , une grande varieHe desels, de matieres tinctoriales diverses; et quoique, dans cette ceuvre de patience , oil je marchais d'abord en aveugle et presque auhasard, j'en sois arrive' aujourd'hui a entrevoir quelques prin- cipes generaux , il n'est peut-etre pas temps encore de presenter dans leur ensemble , a l'Academie , des resultats trop incomplets , et je me bornerai aujourd'hui a enoncer le fait capital qui resulte de toutes mes experiences. « Une matiere colorante , diss&ninee avec continuite a l'in- terieur d'un cristal, entre ses lames d'accroissement, mais abso- lument etrangeres a sa substance, inerte chimiquement , et s'elimi- nant spontanement par quelques dissolutions suivies de cristallisation dans l'eau pure, peut neanmoins lui communiquer au plus haut degre les proprietes du polychroisme , et une ^nergie d'action absorbante comparable , sinon superieure, a celles des substances naturellement colorees oil elle se manifeste de la maniere la plus prononc^e. « Comme preuve de ce que j'avance, j'ai l'honneur de deposer sur le bureau de l'Academie de volumineux cristaux d'azote de strontiane, formes dans une teinture concentr^e de bois de cam- peche, amenee au pourpre par quelques gouttes d'ammoniaque. Us prennent ainsi une couleur comparable a celle de l'alun de COSMOS. 107 chrome, et un polychroi'sme assez prononce pour montrer d'une maniere evidente les phenomenes suivants : " 1° La lumiere naturelle blanche y developpe, par transmis- sion, sous certaines incidences, une couleur rouge, et, sous d'au- tres, une couleur bleue et violette. « 2° Observes avec un prisme birefringent, ces cristaux se d<5- doublent en deux images, l'une rouge, l'autre d'un violet fonce, selon l'epaisseur, et qui font echange de couleur, en passant par l'^galite, a mesure que la lame cristallisee tourne dans son propre plan. " 3° Deux pareilles lames parfaitement transparentes, superpo- sees dans une orientation parallele , laissent passer en faisceau pourpre une portion de la lumiere blanche incidente ; superposes dans une orientation crois^e, elles l'arretent a la maniere dcs tour- malines, ou au moins la reduisent a une nuance violette tellement obscure, qu'on peut la considerer comme eteinte. « 4° Un dernier phenomene viendrait d'ailleurs, s'il en etait be- soin, fournirune demonstration palpable de 1'etroite connexite qui s'est t^tablie dans ce milieu mixte entre l'absorption determined ainsi artificiellement, et les proprieties birefringentes naturellement pr£- existantes. « On peut, en eftet, detacher de ces cristaux des lames parfai- tement homogenes et pures, faiblement inclines sur les axes opti- ques ; or, en placant tres-pres de 1'ceil une lame de ce genre, eclairee par la lumiere blanche et naturelle, on voit alternativement, dans la direction de chacun de ces axes, une tache orangee brillante tra- versed par une branche hyperbolique. Ces deux branches s'epa- nouissent a droite eta gauche de la section principale, sous la forme de pinceaux courbes, mi-partie de violet et de bleu sombre, et par- tagent le champ de la lame en deux regions oil les nuances pour- pres se degradent regulierement de part et d'autre de leur limite commune. » Les houppes sombres interrompues par la tache lumineuse, sont d'ailleurs frang£es vers la pointe d'un peu de jaune et de bleu, coloration toute locale, et qui tient manifestement a la dispersion des axes optiques correspondant aux differentes couleurs. Cette dispersion est, en effet, assez prononcee dans l'azotate de stron- tiane. " Ces apparences, tout a fait caracteristiques du polychroi'sme dans les cristaux a deux axes optiques, absolument semblables a -celles que sir David Brewster a d'abord observers dans la cordie- 108 COSMOS. rite, que M. Haidinger a retrouvees dans l'andalousite du Bresil, et qui sont assez reconnaissables dans certaines variett's d'epidote, se manifestent avec une toute autre magnificence dans les grandes lames qu'on peut ainsi facilement preparer avec 1'azotate de stron- tiane. II est inutile d'ajouter que, dans leur dtat naturel, les cris- taux incolores ne montrent rien de semblable, et que les axes opti- ques n'y deviennent visibles qu'a la Iumiere polarisee ou moyen des appareils ordinaires. » D'autres matieres colorantes convenablernent choisies, d'autres sels cristallises, produisent a divers degresdeseffets analogues; mais je reserve ces details pour l'epoque oil j'aurai pu reunir les elements d'un travail plus complet sur ces phenomenes, dont l'etude exige de longs tator.nements, et des preparations chimiques laborieuses. » Puisque j 'ai commence a. entretenir 1' Academie de mes recherches sur la cristallisation, qu'il me soit permis d'ajouter quelques mots sur un fait appartenant a un tout autre ordre d'experiences , mais qui n'est pas sansinteret par lui-meme , je veux parler de 1'influence qu'exerce, dans certains cas, sur la cristallisation, par sa seule pre- sence au sein d'une dissolution, unematiere elle-meme cristallisable, incapable d'agir chimiquement sur la liqueur, differant complete- ment du sel dissous par sa composition, mais de forme a peu pres identique. Cette influence est tellle, qu'elle imprime a tous les cris- taux formes une orientation determinee. » Ainsi, de 1'azotate de soude en rhomboedres del06°33', se depose sur des cristaux de chaux carbonatee, de maniere que les axes de figure et les sections principales des individus juxtaposes soient paralleles ; et cette orientation a lieu, non-seulement sur les faces du rbomboedre de 105° 5', mais sur les faces des rhomboedres plus aigus ou plus obtus, sur celles des prismes hexagonaux ou des scalc'noedres de la chaux carbonatee, quoique ces formes secondares ne paraissent pas jusqu'ici appartenir a 1'azotate de soude. .. — On precede au scrutin pour la nomination de la commission de cinq membres charges de faire un rapport sur la reclamation de Mn'°CErsted ; les membres qui ont reuni le plus de suffrages, et qui par consequent composeront la commission , sont MM. Regnault, Pouillet, Becquerel, Despretz et Thenard. Voici en quels termes M. le ministre de l'instruction publique a porte cette grave question devant l'Academie des sciences : « Messieurs les secretaires perp^tuels, j'ai l'honneur de vous communiquer par ordre de l'enipereur une lettre de M. le comte de Moltke, ministre du Danemark a Paris, et un rapport adress"e a COSMOS. 109 S. M. par la commission des petitions otablies pres le conseil d'Etat, concernant une demande formee par la veuve du savant danois CErstecl,al'effet d'obtenir qu'il soit dispose en safaveur a. raison des travaux de feu son mari du grand prix de 60 000 fr. fonde en Tan x par le premier consul pour celui qui, parses experiences et ses de- couvertes, ferait faire a l'electricite et au galvanisme un pas compa- rable a celui qu'ont fait faire a ces sciences, Franklin et Volta, et ce, au jugement de 1'Academie des sciences. " Je vous prie de presenter ces pieces a l'examen de 1'Academie et de me faire connaitre son avis, sur la suite qui pourrait etre donnee a la demande de Mme (Ersted. » II nous semble impossible que la commission acaddmique ne se prononce pas pour ['affirmative, c'est-a-direpour la haute conve- nancequ'ily aurait a remplir le vceu du grand empereur. Mais il s'e~ levera necessairement une question subsidiaire : le prix de 60 000 fr. doit-il etre donne tout entier aux hentiers CErsted, ou ne convient- il pas de le diviser entre tous les savants ou artistes qui depuis la fon- dation du prix ont fait dans le domaine de l'electricite une ddcou- verte capitale? Au nombre de ces homines on pourrait compter : 1° M. Ampere, quia decouvert Taction des courants sur les cou- rants et cre6 la theorie des phenomenes electro - dynamiques ; 2° M. Arago, qui a decouvert 1'aimantation des fils de fer ou d'acier autour desquels circule le courant ; et qui surtout , comme nous l'a fait remarquer M. Babinet, a decouvert le magnetisme de rotation, fait sans precedent aucun, et qui a conduit a constater le magnetisme dans une foule de substances, oil il n'ctait meme pas soupconne ; 3° M. Faraday, quia trouve les courants d'induction et les faits im- prevus du diamagnetisme, du magnetisme de 1'oxygene, de la pola- risation rotatoire magnetique, etc.; 4° Seebeck, qui a invente les courants hermo-electriques; 5° Peltier, qui a constate le fait dtrange du refroidissement ou de l'abaissement de temperature par le pas- sage du courant ; 6° M. Ohm, qui asu formuler sagrande syntheseet ses immortelles lois de l'intensite du courant ; 7° H. Pixii , qui a con- struit la premiere machine magndto-electrique; 8° M. Wheatstone, qui a mesure la vitesse dans l'electricite, et imagine le premier tele- graphe electrique fonctionnant ; 9° MM. Morse etSteinheil, qui ont realise presque en meme temps que M. Wheatstone la telographie electrique; ]0° M. Jacobi , de Saint-Petersbourg , l'inventeur de la galvanoplastie; ]1° Daniel, qui a imagine" la premiere pile a effet constant; 12° Plucker de Bonn, qui a le premier mis en Evidence les attractions et les repulsions magnetiques en rapport avec les 110 COSMOS. axes des cristaux; 13" Santi-Linari , qui a obtenu la premiere ekin- celle d'induction magnetique du globe terrestre; 14° Gauss, qui a construit le magn£tometre et cree de toutes pieces la theone du magnetisme terrestre ; 15" Joseph Henry, qui a fait les premiers M. Decaisne communique au nom de M. de Tchihatcheffune note curieuse sur la vegetation des nombreuses terrasses qui forment par leur superposition le montTargete, nous la transmettrons a nos lecteurs. — On annonce que le nombre des medecins et des chirurgiens admis a partager les prix Monthyon est considerable, trop consi- derable, et que la somme partagee entre eux s'eleve a plusde vingt- cinq mille francs. Pourvu que chacun des candidats remplisse les conditions posees par le genereux fondateur, nous ne pourrons qu'applaudir a la generosite de la commission ; mais si quelqu'un des candidats s'est assis au banquet academique sans la robe nuptiale, nous le renverrons impitoyablement aux tenebres exterieures. 112 COSMOS. CONSERVATION DES CORPS ET ))ES 1MECES J?llornES A l'eTUDE DE ]/aNATOMIE. On a deja fait bien des tentatives pour atteindre ce but, qui seinblc toujours fuir devant ceux qui le poursuivent. Rl. Falcoui sera-t-il plus lieureux que ses devanciers? C'est ce que le temps seul pourra nous apprendre. Son procede, exti emempnt simple, est acluellemeut soumis a l'examen de l'Academie de medecine. II consisle dans l'injection d'une dissolution de sulfate de zinc, moyen qui a deja ete propose, si nous ne nous trompons point, et qui parait jouir, lempo- rairement dumoins,de proprietes autiseptiques assez notables. Une attestation du professeur d'aualomie Tomali, de l'universiu': de Genes, assure que ce procede, qui n'altere pas les instruments tran- cbanls, offre de grands avantages pour la conservation des pieces ana- tomiques , pendant quelques semaines , pour la salubrite des amphi- theatres de dissection , comme aussi pour les rechercbes de medecine legale. L'auteur cite en outre 1'extrait d'un rapport des professeurs d'anatc- mie el de chirutgie de l'universite de Genes, oil sont exposes les resul- tats de diverses experiences analogues, egalement favorables. La dissolution saline eu question serait egalement applicable a la con- servation des corps, au point de vue des beaux-arts et a titre d'embau- mement. Nous n'en dirons pour le moment pas davantage jusqu'au jugement de l'Academie dont nous informerons nos lecteurs. (Steele, M. P, H. Blanchard.) A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. PARIS. — IMrRlMERIE DE W. REMQUET ET cie.f R'JE GARANCIEKE, 5. t. iv. 3 EJ&YMBB i854. j troisijjme annjsje. COSMOS. FAITS DIVERS. AURORE BOREALE. Le R. P. Secchi adresse a la Correspondenza itallana une ob- servation d'aurore boreale, faite par lui, a Rome, dans la soiree da 2 Janvier. Vers 5 heures 45 minutes du soir il fut averti par un des assistants de l'observatoire que l'aiguille du magnetometre etait sous 1 'influence d'une perturbation remarquable; elle avait en effet marche vers Test, en 1 heure environ, de 15m 5/10 d'arc, pour re- venir plustard vers l'occident, a 22;, 8 au dela de sa position nor- male ; a 6 heures 21 minutes elle avait repris sa position ordinaire pour se porter encore d'abord versl'ouest, puis vers Test, et la de- viation fut alors de 11'. Le savant directeur eut en ce moment la pensee que ces perturbations pouvaient tres-bien indiquer la pre- sence d'une aurore boreale; il ouvrit la fenetre, il examina le ciel tres-attentivement, mais il ne vit rien. A 9 heures 16 minutes l'ai- guille revint a la position quelle occupe ordinairement a cette heure, mais a 9 heures 36 minutes elle devia encore vers Test de 4", 5 ; l'orage magnetique t§tait par trop prononce et il lui sembla impos- sible que l'aurore boreale ne se fut pas enfin manifested; il sortit et fat bientot convaincu, par une illumination des nuages qu'il etait im- possible d'attribuer a l'etat actuel de la lune, de la presence d'une aurore boreale, phenomene ordinairedans les rayons du nord, mais assez rare a la latitude de Rome. II n'y a au fond dans cette obser- vation rien qui soit digne de fixer l'attention des savants; mais elle a fourni au savant directeur l'occasion de quelques remarques impoi- tantes que nous nous empressons d'enregistrer. 1° On voit par ce lait les services que peut rendre l'observation assidue du ma°neto- metie ; ce sont ses deviations qui ont corame force le R. P. Secchi a discerner une aurore boreale resile au sein de phenomenes insuffi- sants a la mettre en evidence. 2° Cette observation semble aussi laire ressortir une liaison remarquable entre l'aurore boreale et les circonstances atmospheriques; l'apparition electrique parait coin- 114 COSMOS. cider avec la condensation et la precipitation des vapeurs del'air; les perturbations magnetiques ne suivent pas toujours l'etat du ciel , mais il n'en est pas moins vrai qu'elles sont plus frequentes alors que le temps est plus mauvais, comme en hiver : depuis que le temps s'est gate, dit le P. Secchi, j'ai deja observe trois perturba- tions notables, tandis que pendant toutle inois precedent qui avait ete beau, je n'en avais observe^ aucune. II est constate que l'aurore boreale suppose un certain etat des vapeurs atmosphcriques, elle est presque toujours pr^eddee d'un voile nebuleux qui en un clin d'ceil envahit tout l'horizon; quelquefois meme le phenomene s'ar- rete a cette premiere periode, la lumiere ne lui vient pas. Le colonel Sabine, par la discussion d'un tres-grand nombre d'ob.-ervations, a trouve que l'heure des perturbations magnetiques extraordinaires etait le plus souvent la neuvieme heure apres le midi du lieu ; or, le P. Secchi, en construisant les courbes diurnes des temperatures, a constat^ qua 9 heures du soir corresponds aussi un second maximum : y aurait-il quelque relation entre la cause atmosphe% rique qui vers cette heure produit l'aurore boreale et celle qui de- termine la variation thermometrique observee 1 3° La perturbation signalee par M. Colla, dans la soiree du 6 decembre, co'incidait, a l'instant de son maximum, vers 9 heures 25 minutes, avec un tres- beau bolide d'une grandeur apparente dgale a celle de Saturne , et qui se mouvait, dans leplan vertical passant par cette planete, vers le sud-sud-est, a. partir du zenith. N'est-il pas a, desirer que les observateurs examinent avec soin si les perturbations magnetiques ne sont pas liees de quelque maniere avec l'apparition des bolides < Ceux-ci sont formes presque en totality de fer ou de mateiiaux magnetiques; or, si une masse semblable vient a passer a une dis- tance de la terre qui ne soit pas trop grande, ne peut-elle pas pro- duire une deviation passagere de l'aiguille aimanteet Cette deviation ne sera pasnecessairementinstantanee, car, en raison del'orbite qu'd parcourt, le bolide reste un temps notable en presence tie la terre, et 1' action qu'il exerce sur le magnetometre, peut prec^der l'instant ou il se montre enflamme dans l'atmosphere. J'ai cru, dit le P. Sec- chi, qu'il etait temps de soulever cette question ou de poser ce pro- bleme ; sa solution, alors meme quelle serait negative, sera utile a la science. ELEMENTS ELL1PTIQVES D EUTERPE. M. de Gasparis a adresse" a. la Correspondenza italiana les ele- ments elliptiques de la derniere petite planete, calculus par M. Fer- COSMOS. 115 gola, d'apres les observations de Londres, de Rome et de Naples. Les donnees du calcul choisies par lui sont les observations sui- vantes : T. M. de Greenw. Asc. droitc. Declinaisoir. 1853. Nov. 8,3573878 49° 52' 56",0 -J- 16° 4' 33", 5 Nov. 21,4087129 46 36 10,4 + 13 25 45, 9 Dec. 7,3230452 43 26 3,1 +14 53 41, 4 Voici les elements resultant du calcul : Epoque 1855; nor. 8. 0 T M. de Greemvicli. Anomalie moyenne. . 354° 17' 49"}5 Longitude du perihelie 56 6 32,5 Longitude du noeuJ. . 89 28 9,2 Incliuaison 1 52 3,9 Angle d'excentricitc. . 5 29 41,S Logarithme de la distance moyenne 0,3809984 Logarilhme du monvement diurne moyen 2,9785090 La position moyenne est ainsi representee : Longitude observee — Longitude ealculee = -|- 1'' , 7 Latitude observee — Latitude ealculee =z. 0, 0. NOUVEL AGENT HEMOSTATIQUE . Un cbimiste italien fort distingue, M. J. Ruspini, vient de sub- stituer avec succes l'acetate de sesqui-oxyde de fer au perchlorure du meme metal dans le traitement des hemorrhagies. L'on connait les belles experiences de M. le docteur Pravaz sur l'emploi du per- chlorure de fer pour la guerison des anevrismes ; il paraitrait, d'a- pres les essais tentes dans la meme voie par M. Ruspini, que l'ace- tate de sesqui-oxyde de fer serait de beaucoup superieur au chlorure comme substance hemostatique, et ce sel aurait en outre l'avantage de contenir un acide organique dont Faction sur l'economie animale n'aurait jamais de fiicheuses consequences. ETAMAGE DE LA FONTE. Ayant reconnu que la fonte de fer s'etame mal a cause de son heterogeneite, M. Muchuy a eu l'heureuse idee de la recouvrir au moyen de la galvanoplastie d'une couche de fer completement ho- mogene. II fait dissoudre du fer dans de l'acide chlorhydrique, pour obtenir un protocblorure de fer que Ton verse dans une cuve; on plonge lemorceaude fonte dans la cuve, qu'on met en communication avec une ou plusieurs piles de Daniel. Le pole zinc correspond a la fonte immergee dans la cuve ; le pole cuivre correspond avec un 116 COSiMOS. morceau de fer egalement immerge dans la cuve; les conducteurs sont en cuivre rouge. Sous l'influence du courant le protochlorure est decompose, le fer se depose sur la fonte et forme au bout de quelques heures une couche d'epaisseur suffisante. Pour etamer la fonte on la plonge dans l'hydrochlorate de zinc, et on la trempe dans un bain d'etain fondu; si Ton veut que la surface soit dure, on ajoute a l'etain du regule d'antimoine. On peut donner a la fonte etamee l'aspect de la dorure, en prenant du bronze clair en poudre delaye dans du verr.is de metteur en couleur et l'etendant au pmceau; avec du vernis a argenture, l'etamage, bruni d'abord et poli, conserve son eclat metallique blanc et imite parfaitement l'argent. Lorsqu'il s'agit d'objels composes de plusieurs pieces et qu'il s'a- git de souder, M. Muchuy emploie, avant l'etamage, la soudure a la limaille de fer ou la soudure de chaudronnier, apres l'etamage, la soudure a l'etain des ferblantiers ou l'etain pur; il trempe la fonte dans l'acide chlorhydnque, la brosse avec du gres, applique la sou- dure et chauffe a la forge jusqu'a ce que la soudure fonde. DANSE DE SAINT-GUY. M. le docteur Joret tire de ses recherches sur le traitement de la danse de Saint-Guy par la poudre d'ecorces de racine d'armoise les conclusions suivantes : Nous sommes loin, a coup sur, de regarder la poudre d'ecorces de racine d'armoise comme le specifique de la choree, et nous ne nous abusons pas au point de la conseiller a l'exclusion de tous les moyens preconises jusqu'a ce jour ; seulement nous nous croyons antonse* a. dire d'apres nos observations : 1° que cette poudre exerce une ac- tion speciale sur les centres nerveux; 2° qu'elle agit vraisemblable- ment a la maniere des strychnos conseilles par le docteur Foulhioux (de Lyon) et M. le professeur Trousseau; 3° qu'elle modifie tout aussi bien qu'eux la marche de la maladie; 4° que son mode d'ad- ministration est facile et que son innocuite sur les principaux or- ganes, permet de la faire prendre sans danger, ce qui n'arrive pas toujours avec la strychnine, l'opium, la belladone, etc., etc. En definitive, nous croyons qu'a^sociee au fer et aux toniques en general, lorsque la choree a pour cause l'anemie et la chlorose, la poudre d'ecorce de racines d'armoise procurera desguerisons nom- breuses, promptes et durables. ACADEMIE DES SCIENCES. SEANCE I'UULIQUE DE LUNDI 3o JANVIER 1 854, La seance rlont nous avons a rendre compte est la plus solen- nelle et la plus interessante de celles auxquelles il nous a ete donne d'assister depuis vingt-cinq ans, et elle ne ressemble heureusement en rien a la seance publique de l'annee derniere qui nous avait tant desole, qui nous avait entraine a des observations penibles. Le programme des pvix proposes et des prix decernes remplit une enorme brochure in-4° de 170 pages ; c'est presque un volume , et un volume precieux qui sera grandement recherche , en raison de l'importance des trois excellents rapports qu'il renferme : le rap- port de M. le baron Dupin pour le prix extraordinaire de la navi- gation a la vapeur , le rapport de M. Bienayme pour le prix de statistique, et surtout le rapport de M. de Quatrefages pour le grand prix des sciences physiques. MM. Bienayme" et de Quatrefages rem- plissaient pour la premiere fois les fonctions de rapporteurs des prix, et ils s'en sont parfaitement acquittes; ce debut est pleind'es- perances pour l'avenir, et ces esperances ne seront pas trompees, parce que les deux savants academiciens sont des hommes aussi serieux qu'eminents. Les prix aussi, au lieu d'etre presque exclusi- vement prodigues a la medecine et a, la chirurgie, ont ete noblement repartis entre les diverses branches des sciences. Les ceuvres cou- ronnees sont en general des ceuvres grandement recommandables; quelques-unes meme , l'ceuvre de MM. Dupuy de Lome, Moll, Bourgois, le Napoleon ; l'ceuvre de M. Doyere, la solution com- plete du probleme de la conservation des bles ; l'oeuvre de M. Van- Beneden , le dernier mot d'une des enigmes les plus impenetrables de la zoologie, etc., etc., sont des ceuvres de premier ordre. Nous aurons tres-peu de reserves a faire . de reclamations a adresser ; les prix, les recompenses, les encouragements, a tres-peu d'exceptions pres, ont ete bien merites, et octroyed en pleine conformite avec les volontes du testateur et avec les termes des programmes. Nous regrettons vivement que les sujets des grands prix de ma- thematiques soient choisis dans un tel domaine d'abstractions, si en dehors des preoccupations actuelles des geometres et des besoins des sciences, que personne ne puisse ou ne veuille les resoudre; ces defis arides , jetes a. l'intelligence alors que tant de graves questions a. Tordre du jour l'absorbent tout entiere, sont vraiment un contre- sens facheux. Si l'Academie daisnait mettre au concours les belles H8 COSMOS. et utiles theories de la chaleur dynamique, de l'electricite, du ma- ■mdtisme , du diamagnetisme , etc., qui ont deja inspire taut de brillants mdmoires aux Gauss, aux Ohm, aux Weber, aux Thomp- son, aux Stockes, aux Plucker, aux Seidel , aux Grunnert, nux Pestwahld, etc., etc., sa voix ne se perdrait pas tristement dans le desert; on repondrait de toutes parts a son appel intelligent. II est un abus plus contristant encore, nous oserions meme dire si revoltant, que nous ne comprenons pas qu'il n'ait pas plus excite Pattention. II semblerait que l'Academie est desormais impuissante a provoquer et a recompenser les grandes decouvertes physiques. Que d'experiences neuves, brillantes , pleines de present et d'a- venir, ont surgi de toutes parts, sans qu'elles aient etc" pressenties, sans qu'elles aient excite, au moins authentiquement, solennelle- ment, les sympathies et la reconnaissance du corps illustre qu'elles devaient surtout interesser ! Personne ne comprend qu'elle n'ait pas pu faire participer a ses g Trou- ver pour un exposant entier quelconque to les solutions en nombres entiers et inegaux de l'equation x-\-yn = z„, ou prouver quelle n'en a pas. » Dix-huit memoires ont ete deposds au secretariat; plusieurs d'entre eux ont ete adresses par des personnes qui ne connaissaient pas la difficulte du sujet : d'autres memoires renfermaient quelques tentatives ingenieuses, mais qui n'atteignaient pas le but. Les com- missaires jugent qu'aucun memoire n'est digne du prix. II. Grand prix de mathematiques propose en 1848. « Trouver les integrales des Equations de l'equilibre interieur d'un corps so- lide elastique et homogene, dont toutes les dimensions sont finies, par exemple, d'un parallelipipide ou d'un cylindre droit, en sup- posant connues les pressions ou tractions inegales exercdes aux dif- ferents points de la surface. » Un seul memoire a ete depose, avec la devise Fortiter et recte; il indique chez l'auteur des connaissances etendues, mais il manque 12 COSMOS. de clarte et de precision, et a paru, aux commissaires, insuffisant pour me>iter le prix. III. Grand prix de mathematiques propose en 1847 . « Etablir les equations des mouvements gen£raux de l'atmosphere terrestre, en ayant egard a la rotation de la terre, a. Taction calorifique du soleil, et aux forces attractives du soleil et de la lune. » Une seule piece etait parvenue au secretariat, et elle n'a pas paru meriter le prix. IV '. Prix d'astronomie fonde par lU. de hi Lande. Cinq nou- velles planetes telescopiques ont ete decouvertes depuis le concours de 1852. M. de Gasparis, astronoine de l'observatoire de Naples, et M. Chacornac de l'observatoire de Marseille, ont ddcouvert le meme jour, le 6 avril 1853, deux nouvelles planetes, qu'ils ont nominees Themis et Phocea. M. Luther, astronome de l'observa- toire de Bilk, pres de Dusseldorif', a decouvert Proserpine, le 5 mai 1853. Enfin, M. Hind, surintendant du Nautical almanack, a qui Ton devait la decouverte de sept planetes, a encore trouve Thalie, le 15 decembre 1852, et Euterpe, le 8 novembre 1853; ce qui porte a vingt-sept le nombre des planetes deja decouvertes entre Mars et Jupiter. L'Academie accorde, a chacun de ces quatre astronomes, une medaille de la fondation la Lande. V. Prixde mecanique fonde par St. de Montjon. L'Academie decerne le prix de mecanique a M. Charles-Louis-Felix Franchot; 1° pour ririvention de la lampe connue sous le nom de lampe a rao- de>ateur, construite par lui en 1836 et 1837, dont l'usage est au- jourd'hui devenu general ; 2° pour les essais de construction de ma- chines motrices a air cbaud, qu'il poursuit, avec une perseverance soutenue, depuis l'ann£e 1836. La somme restee disponible pour le prix de mecanique en 1853, n'etait que de 665 fr. ; l'Academie, sur la proposition unanime de la commission, a decide que la valeur du prix serait augmentee de 2 000 fr. Nous reproduisons, presque en entier, le rapport tres-net et tres- instructif redige par M. Combes: La lampe a moderateur doit le succes qu'elle a obtenu a une ingenieuse combinaison d'organes simples, qui en assurent le jeu re- gulier pendant longtemps, sans exiger des soins d'entretien minu- tieux, et permet de livrer les appareils de ce genre a des prix tres- peu elevfo. Une grande capacite cylindrique , menagee dans le pied de la COSMOS. 121 lampe, sert de reservoir d'huile. L'ascension du liquide au bee est determinee par Faction d'un ressort a boudin et a spires inegales, afin qu'il puisse, lorsqu'il est eomprime a fond , tenir dans un espace dont la hauteur depasse a. peine le diametre du fil metallique dont il est forme. Ce ressort , loge dans la partie superieure du reser- voir ,,presse sur un piston garni d'un cuir embouti , dont le large rebord , tourne" vers le bas , est maintenu applique" contre la paroi cylindrique du reservoir par la pression de l'huile. Le piston est perce, a son centre, d'un trou auquel est adaptee une tige cylin- drique creuse. Dans l'axe de celle-ci s'engage un fil metallique ter- mine inferieurement par une pointe conique, et fixe par le haut a, la partie superieure de la lampe. L'huile, pressee sousle piston par Taction du ressort , monte dans la tige creuse et arrive a un espace mis en communication avec le porte-meche , par le conduit a section annuluire retrecie, qui resulte de l'enfoncement du fil metallique dans cette tige. A mesure que l'huile est depensee, le piston s'a- baisse , le ressort a boudin s'allonge , la pression qu'il exerce et qui determine l'ascension de l'huile diminue. En meme temps, le fil metallique est degage de plus en plus de l'interieur de la tige du piston. L'huile a a parcourir un trajet de plus en plus long pour ar- river au bee ; mais la portion retrecie et capillaire du conduit dimi- nue de longueur; de la requite, pour des proportions convenable- ment determinees, une compensation par suite de laquelle l'huile afHue a la meche avec une regularite completement satisfaisante , quelle que soit la position du piston. Quand, apres plusieurs heures, celui-ci est arrive pres de la limite de sa course descendante , il suf- fit de le remonter au moyen d'une clef fixee a. demeure sur l'axe d'une petite roue dentee qui conduit une cremaillere lice au piston , pres de la tige creuse. L'huile en exces , qui a decoule du porte- meche goutte a goutte, et est retombee sur le piston, passe au-des- sous , entre la paroi du reservoir et le rebord de cuir , qui fait ainsi le double office de garniture pour refouler l'huile dans le canal ascen- sionnel , et de soupape s'ouvrant de haut en bas, pour laisser passer au-dessous du piston l'huile qui est au-dessus. Si la tige creuse et mobile par laquelle l'huile monte vient a etre obstruee par quelque impurete , elle est nettoyee naturellement par renfoncement du fil metallique Sxe„ toutes les fois qu'on remonte le piston. Les organes que nous venons de decrire , dont quelques-uns etaie:,t deja connus , et d'autres indiques, au moins dans leursprin- cipes corarae pouvant etre appliques dans la construction des lampes, ont ete combines et mis en oeuvre pour la premiere fois par M. Fran- 122 COSMOS. chot, danssalampe a modeVateur , qui jouit, depuis l'origine, d'une faveur bien meritee. — Les premieres etudes de M. Franchot sur les machines a air chaud remontent a pros de vingt ans. II a public, dans le bulletin de mars 1S36 du journal des travaux de 1'Academie nationale, agricole, manufacturiere et commerciale, un projet de machine de ce genre, oil la chaleur del'air rejete , apres avoir agi sur un piston , £tait uti- lised pour le chauffage de l'air pris a l'exterieur et qui devait le rem- placer. A cet effet , il faisait parcourir aux deux masses d'air, dans un appareil nomme calefacteur , un long trajet dans lequel elles etaient separees par des lames mdtalliques minces tres-etendues , et marchaient en sens inverse l'une par rapport al'autre. Le 10 aout 1840 , il a presente a V Acad£mie un memoire oil il clablit, en partant des idees theoriques emises par Sadi Carnot en 1S24, que les machines a air chaud convcnablement disposers au- raient , sous le rapport de l'economie du combustible , des avan- tages marques sur les machines a vapeur. II donne la description d'une machine modele , executee par lui , et les resultats de quelques experiences auxquelles il l'avait soumise. Elle se compose de deux capacity cylindriques dont les extr£mit£s opposees sont maintenues a des temperatures differentes entre elles de 250 a 300 degres. Des refouloirs , qui ne les remplissent qu'en partie , obligent , par leurs deplacements altematifs , l'air qui y est enferme a se porter del'ex- tremite chaude a l'extremite froide , et vice versa • il resulte des temperatures inegales que prennent simultanement les masses d'air egales contenues dans les deux capacites , des differences de pres- sions qui determinent le mouvement alternatif d'un piston dans un cylindre alese , et communiquant par ses deux bouts avec les extre- mites froides des capacites oil se meuvent les refouloirs. Le passage de l'air de la partie chaude a la partie froide , et inversement , s'o- pere par 1'interieur des refouloirs, soit , est-il dit dans le memoire, « en glissant entre les surfaces concentriques , soit en parcourantun « canal interieur rempli de toiles metalliques ou de fragments de « meHal tres-divises. » L'auteur annonce avoir reconnu par l'expe- rience que l'echange de chaleur entre l'air et le metal s'opere tres- promptement, de telle sorte que la chaleur de l'air , dans son trajet de la partie chaude a la partie froide , reste emmagasinee dans le mdtal , et est restitute a l'air , lorsqu'il retourne de la partis froide vers la partie chaude , meme lorsque le trajet de l'air a lieu dans un temps trcs-court. M. Franchot a concu, en 1848 , un nouveau systeme qu'il a fait COSMOS. 123 executer en petit, et qui ne comporte ni tiroirs, ni soupapes , ni re- fouloirs. C'est celui dont il propose maintenant l'adoption : il est combine de maniere a utiliser le mieux possible le travail moteur du calorique, soit que Ton admette les principes de Sadi Carnot, ou que Ton veuille se rattacher a la nouvelle thcorie dynamique de la chaleur qui semble prevaloir aujourd'hui. Ces masses d'air enfer- mees dans le systeme entre deux pistons , subissent , en effet , des variations continues et graduelles de pression et de temperature, et reviennent periodiquement a leur ctat primitif , sans aucune varia- tion brusque et sans cesser d:agir sur les pistons qui transmettent a 1'exterieur le travail moteur et resistant exerce par l'air, alternati- vement echauffe et refroidi , sur leurs surfaces. Ce n'est pas le lieu de discuter les questions de priorite d'inven- tion et de merite relatif entre M. Franchot et les personnes qui ont dirige" leurs travaux et leurs etudes vers le meme but que lui , telles que MM. Robert et James Stirling- en Ecosse , Erisson en Amerique, et peut-etre encore d'autres ingenieurs francais ou etrangers. Les conceptions propres a M. Franchot. sur un sujet d'un interet si grand , suffiront, dans tous les cas , pour lui assigner un rang tres- eleve parmi ses competiteurs. VI. Prix de statistique fonde par M. de Montyon. 1° L'Acade- mie decerne une premiere medaille d'encouragement de la valeur de 300 ft., a M. Gustave Hubbard, secretaire du comite" de pro- pagation des Societes de prevoyance, pour son memoire intitule : « Del' organisation des Societes de prevoyance ou de secours mu- tuel, et des bases scientifiques sur lesquelles elles doivent etre etablies, avec une table de mortality et une table de maladie, dres- sees sur des documents speciaux. » Le nombre probable des So- cietes de secours mutuels est evalue\ par l'auteur, a 2 500, il leur attribue 400 000 membres, il porte leurs coti>ations annuelles a 7 millions de francs, a raison de 18 francs par tete et par an. Trois points ont fixe son attention : la statistique passed et presente des Societes; les tables de mortalite et de maladie, les procedes mathe- matiques appliques pour tirer des observations recueillies tous les renseignements qu' elles peuventrenfermer. Quant a ce dernier point, le rapporteur, M. Bienaym£, est force de declarer que les methodes employees n'offrent rien de nouveau, qu'elles sont meme un peu en arriere de la pratique commune des associations financieres, soit a 1 ^~ tranger, soit en France. II regrette aussi que l'auteur n'ait pas pu re- cueillirdes renseignements parfaitement exacts, relativement a la sta- tistique des Societes; il lui reproche d'etre trop imbu de l'idee que la m cosmos. France est fort arrierde ; « il faut, dit-il, quand on traite la face his- torique d'une question, rendre justice a tout le monde, surtout a son pays. M. Hubbard attache trop de confiance aux travaux statisti- ques Strangers, et trop peua ceux de sescompatriotes; il semblen'a- voir pas vu que la table de mortalitS tie Deparcieux, dont il conteste la valeur, et qui date d'un siecle, a fini, en realite, par etre adoptee partout. II ne faut pas s'imaginer que les observations des Stran- gers aient dSpasse celles de Deparcieux ; une Stude approfondie tend a faire pcnser le contraire; il est assez curieux que 1'auteur vienne confirmer lui-meme, une fois de plus, l'exactitude de De- parcieux, ce membre si modeste a la fois, et si plein de bon sens, de cette Academie; sa nouvelle table de mortality ne diffcre pas, en effet, d'une maniere essentielle , de celle de Deparcieux. » M. BienaymS donne aux Societes de bienfaisance un cor.seil plein de sagesse ; si elles le suivaient, elles se mettraient a l'abri des ftp* convonients que peiit entrainer rinsuffisance des meilleures tables de mortalite. » La ineilleure table, pas plus que celles que Ton possede au- jourd'hui, ne dispenserait nullement d'une prSvoyance incessante; tout Stablissement du genre dont il s'agit ici doit, a de courts in- terfiles, au plus de deux on trois ans, faire faire un examen, une liquidation complete de sa situation, par quelque personne qui ait Studio leg mnthematiques appliquees a la statistique. Car le calcul des probability demontre, ce que le bon sens fait prSvoir, que, sur un grand nombre de societes, l'effet moyen de la mortalite ne sau- rait'se realiser en meme temps dans chacune ; de sorte que les unes pourraient se ruiner par les memes calculs qui feraientla pros- perite de la plupart des autres. II faut done ne pas attendre que les mtSrets, en se composant, aient creuse un abime impossible a com- bler : on doit appeler a. temps une main habile. L'exemple des caisses'de retraites des administrations publiques, caisses dont la marche reguliere eut Ste si facile a assurer, il y a quarante ans, met malheureusement en evidence les resultats certains de l'empi- risme et de la routine, decores du nom de pratique. Les gerants des Societes de secours mutuels ne doivent jamais perdre cet exem- ple de vue. » L'incertitude des tables de maladies est beaucoup plus grande encore que celle des tables de mortalite. Les tables anglaises sont en discordance [flagrante les unes avec les autres : entre 21 ans et 65 ans, une des tables ne compte que 407 jours de maladie ; une seconde Sieve ^ce nombre de jours a 551; une troisieme, la plus COSMOS. 125 rt^cente, le porte jusqu'a 655 ; la table du Memoire de M. Hub- bard, ne compte, dans le meine intervalle, que 386 jours; ainsi, d'apres ses observations, il y aurait en France presque deux fois moins de jours de maladies; une pareille difference estpeu probable; si les travaux faits en Angleterre sont plus conformes a la realite que les siens, en proposant aux associations de baser leurs calculs sur ses tables a lui, ne les conduirait-il pas a la ruine que tous ses conseils out pour but de prevenir? Dans l'etat actuel de ce genre de recherches , les societes doivent preferer pour bases de leurs cotisations les tables qui portent au plus haut les jours de maladies, sauf a rectifier plus tard leur tarif d'apres leur propre experience , ou I'experience d'autres societes analogues. En resume , la nouvelle table de mortalite parait con- firmer les resultats connus anterieurement; et la nouvelle table de maladies contredit les tables d'un pays voisin, qui deja etaient entre elles en pleine discordance ; l'Academie, en consequence , n'entend nullement en conseiller l'emploi. 2° Une medaille de la valeur de 200 francs est decernee a M. Adolphe Lacheze , docteur en medecine a Angers , pour son « Resume statistique et medical des decisions prises par le ccnseil de revision du d^partement de Maine-et-Loire de 1817 a 1850. » Indiquons rapidement les faits saillants que le rapport met en evi- dence. Dans ledepartement de Maine-et-Loire, environ 4 200 jeunes gens atteignent, cbaque annee, l'age de 20 ans; pour les 35 annees, le total s'eieve a 147 917; sur ce nombre, les conseils de revision en ont appele et visits 77 348 , dont ils ont declare 34 873 propres au service; la liberation des 42 475 autres se trouve motivee avec soin dans les decisions des conseils. M. Lacheze separe d'abord les motifs d' exemption independants de la constitution des individus, puis il distingue les infirmites ou les maladies sous un tres-grand nombre de chefs , et il classe sous ces chefs les 42 475 exemptes. Puisqu'il a fallu visiter 77 348 individus arm de constater que 34 873 etaient propres au service, on voit qu'il n'y a dans Maine- et-Loire que 100 homines capables de servir sur 222. Le nombre varie notablement d'un arrondissement a I'autre : dans l'arrondis- sement de Beaupreau, sur la gauche de la Loire, il suffit de 204 in- dividus; dans l'arrondissement de Bauge, a qnelque distance de la rive droite du fleuve , il en faut 236. Quelles sont les causes de ces differences? L'auteur ne parait pas s'en etreoccupe.C'est unegrande lacune a laquelle il s'est resigne en avouant nai'vement qu'd n'est nullement dans le cas de resoudre les problemes que son travail !26 COSMOS. souleve; il les laisse a ses concitoyens plus jeunes, plus actifs, plus instants. M. Bienayme prouve par un exomple bien choisi combien cette recherche des causes reelles des faits est importante et diffi- cile. L'arrondissement de Segre" exempte 1 fils aine de veuve sur 13,78 individus visites; l'arrondissement voisin de Bauge" n'offre ce genre d' exemption qu'une fois sur 16,17. Segre" exempte un frere aine d'orphelins sur 70 individus visites ; Bauge* en exempte 1 sur 120. II serait naturel d'en conclure qu'il y a rttellement une moindre proportion de veuves et d'orphelins dans l'arrondissement de Bauge que dans l'arrondissement de Segre. Mais cette difference s'expli- querait tout aussi bien si a Bauge" les fils de veuves aimaient mieux se faire exempter par defaut de taille ; tandis qu'a Segre" les jeunes gens trop petits prefereraient reclamer 1' exemption comme fils aines de veuves. De fait, les tableaux de M. Lacheze montrent qua Bauge" les exemptions pour la taille sont de 1 sur 10,54, et seulement de I sur 11,22 a Segre. 3° Une premiere mention honorable est accordee a M. ledocteur Bcrigny, pour un petit memoire public sous ce titre : « Recherches statistiques sur les conceptions et les naissances a Versailles dans leur rapport avec la population et les sexes, les anne"es, les mois, les heures et les saisons met^orologiques. » II y aurait, dit M. Bien- ayme , de longues remarques a faire sur les procedes de calcul em- ployes parl'auteur pour tirer quelques conclusions de ses tableaux; il ne parait pas avoir fait de ses mdthodes une etude assez attentive, de sorte que ses assertions ne sont pas toujours bien justifiees. Le r&sultat le plus interessant des nombres de M. Berigny est relatif a la distribution remarquable des naissances entre les heures du jour et de la nuit. De 9 heures du soir a 9 heures du matin, il s'est pre- sents" 16 864 naissances, et seulement 13 738 de 9 heures du matin a 9 heures du soir : ces nombres sont a peu pros dans le rapport de 123 a 100. 4° Une seconde mention honorable est accordee a M. le docteur Roubaud pour sa « Statistique m&Licale de la France. » C'est sta- tistique des medecins qu'il aurait fallu dire, car il s'agit exclusive- ment de recherches sur le nombre des medecins, des officiers de sante" et des pharmaciens. Sans etre tres-exacte, et quoique la dis- cussion des tableaux laisse a desirer, cette statistique peut etre d'une utilite reelle dans differentes circonstances. II y a en France II 217 medecins , 7 221 officiers de sante, 5 175 pharmaciens; et malgre" ce grand nombre , il se trouve 591 communes d'une popu- lation superieure a 2 000 ames dans lesquelles il n'y a ni medecins, COSMOS. 127 ni officiers de sante\ ni pharmaciens; ces communes ne sont proba- blement que des collections de hameaux. 5° Enfin une troisieme mention honorable est accordde a M. le general Carbuccia pour son ouvrage « Du dromadaire comme bete de somme et comme animal de guerre. » Ce livre, qui n'a pas et6 compose pour le concours, renferme un grand nombre de renseigne- ments utiles sur le dromadaire ; et ces renseignements £taient si bien pris, que l'auteur a pu tirer d'un corps de dromadaires impro- vise tous les services qu'un train de mulets n'eut rendus qu'avec des depenses bien plus considerables. La commission du prix de statistique demande a l'Academie de fixer dorenavant au 1" Janvier , au lieu du ler avril , le terme de la remise des memoires et autres pieces destinees au concours. VIII. Prix extraordinaire sur I' application de la vapeur a la navigation. Au mois de novembre 1834, sur la proposition de M, le baron Charles Dupin , alors ministre de la marine , le gouver- nement fonda un prix de six mille francs pour le travail ou memoire qui ferait faire le plus grand progres a l'application de la vapeur a la navigation et a la force navale. Depuis cette epoque jusqu'en 1848 , de grands perfectionnements ont eu lieu relativement a l'ob- jet du prix que l'Academie , juge du concours, devait decerner , mais ce n'£tait pas en France que ces perfectionnements etaient d'abord pratiques; e'etait en Angleterre et en Amerique. Aujour- d'hui par la construction et le succes du Napoleon, vaisseau de ligne a voiles et a vapeur, le but du prix est completement atteint; le progres tant desire est enfin obtenu; le prix est noblement gagne. C'est a M. Dupin, le createur duprix, que revenaient de droit l'honneur et le bonheur de proclamer les maitres du camp. II l'a fait par un rapport vraiment remarquable, qui fera epoque dans les annales de l'Academie des sciences et de la marine franchise. Sur la proposition faite par lui au nom de la commission , l'Academie des sciences a accorde sur les 6000 francs du prix propose : 1° A M. Dupuy de Lome, officier superieur du genie maritime , un prix de 2 000 francs pour la conception et la construction du vais- seau a voiles et a vapeur , avec helice , le Napoleon, qui reunit l'en- semble le plus remarquable de vitesse et de qualitesa la mer; 2° A M. Moll, officier du genie maritime, sous-directeur des constructions d'Indret , un prix de 2 000 francs pour avoir calcule les m^canismes du Napoleon, et construit avec perfection ces me- canismes; et pour avoir, de concert avec M. Bourgois, fait les ex- 128 COSMOS. periences sur l'helice, dont les resultats sont aujourd'hui la regie des ingenieurs ; 3° A M. Bourgois , capitaine de fregate , un prix de 2 000 francs pour l'ensemble de ses travaux perseverants sur l'helice, et pour ses considerations sur la transformation progressive du materiel de la marine militaire actuelle en marine mixte a voiles et a vapeur. Pourquoi faut-il que les limites de notre Cosmos soient si etroites, et que nous ne puissions reproduire que dans une analyse rapide le travail si consciencieux et si plein d'interet de M. le baron Dupin ; il est a la fois une histoire presque complete de la navigation a la vapeur en general, un traite de l'helice considered comme propul- seur des navires , une monographie du Napoleon qui ne laisse rien a desirer. M. Dupin constate d'abord qu en France, longlemps avant Ful- ton, M. le marquis de Jonffroy avait fait marcher sur la Saone un bateau a vapeur, mais helas ! ajoute-t-il , on ne sut pas tirer parti de cet essai si remarquable ; nous le felicitons et nous le re- mercions de cet acte de justice et de reconnaissance. Le premier navire a vapeur qui reussit entierement hit celui de Fulton , aime de roues a aubes, comme le bateau de M. de Jouffroy. La Grande-Bretagne la premiere , en 1836, inaugura la naviga- tion reguliere transatlantique par des batiments a vapeur. Les Ame- ricains, qui, plusieurs annees auparavant, avaient une fois traverse^ l'Ocean en employant ce genre de moteur, entrerent prompte* ment avec les Anglais dans une lutte dont les resultats furent mer- veilleux En 1S40 le gouvernement fran9ais con^t le dessein d'effectuer sur un vaste plan ce nouveau genre de navigation ocea- nique; il fit construire a la fois et sur le meme plan un grand nombre de paquebots transatlantiques... e'etaient des batiments estimables sans doute , mais inferieu'rs airx batiments anglais et americains.... On calcula que dans cette gigantesque entreprise , larecetteseraitinferieure aux depenses dans une proportion enorme, on y renon9a sans faire faire, ce que M. Dupin ne s'explique pas -, un seul voyage, a l'un au moins des paquebots. Heureusemeut que, abandonnes par radministration a la marine militaire , ils sont de- venus ses batiments de transport les meilleurs et les plus puissants, mais beaucoup, helas! ont deja peri. Jusqu'en 1845, la marine de guerre n'avait retire de l'emploi de la vapeur que des avantages tres- secondares; l'armement des batteries laterales etait empeche par la position et la grandeur des roues a aubes, il fallait necessairement recourir a un autre pro- COSMOS. 129 pulseur. On songea a appliquer l'helice; ce n'etait pas une idee nouvelle. Des le milieu du dernier siecle, l'Acadelnie des sciences proposait ce prix en quelque sorte prophelique : « Chercher le meil- leur mo};en de mettre en mouvement les grands vaisseaux, sans em- ployer 1' effort du vent. » L'illustre Daniel Bernouilli remporta le prix par un beau memoire, en 1753. II proposait d'employer des plans inclines qui, pressant obliquement l'eau, tourneraient autour d'un axe longitudinal et parallels a la marche du navire ; c'etait in- augurer l'helice employee par elements isoles, systeme dont on finira par se rapprocher apres beaucoup d'essais et de perfectionnements. En 1768, Paul ton, apres Hook et Bouguer, proposa de faire servir la vis d'Archimede a la propulsion des navires. Litleton , en 1792, Dallery, en 1803, Cox Stevens et Livingston, en 1804, propose- rent tour a tour 1'hiMice, on fit meme a cette epoque quelques essais infructueux. MM. Delille et Sauvage , en France, MM. Smith et Ericson, en Angleterre, poserent le probleme beaucoup plus nette- ment ; 1'honneur du succes revient surtout a M. Francis Peter Smith, simple fermier du Middlesex. Son brevet est du 31 mai 1836; son helice fut d'abord continue ; un heureux accident l'amena plus tard a se servir d'un simple segment de vis ; il construisit un premier bateau sur la Tamise; bientot il se hasarda a lutter contre les diffi- cultes de la mer et s'aventura dans la Manche; il amena par sa per- severance T Amiraute anglaise a lui commander un premier navire a helice, I Archimede, de 237 tonneaux, qui fit en vingt-quatre heu- res le trajet de Gravesend a Portsmouth ; puis en 1843 un second, le Rattler, du port de 888 tonneaux, qui reussit mieux encore. En 1845, on installa des machines a vapeur et des helices sur les petits vaisseaux de 70 a. 74 canons, dont on rasait les hauts, et qu'on ar- niait d'un nombre reduit de canons, mais incendiaires ; on creait ainsi , sous le nom de garde-cotes , des navires marchant par la vapeur avec des vitesses de cinq a liuit nccuds, et capables de devenir sur toutes les mers de formidables assaillants. Le meilleur travail theorique et pratique sur l'helice est du, sans contredit, a un officier de la marine francaise, a M. Bourgois, qui, de 1844 a 1849, fit un nombre considerable d'experiences sur le Pelican, navire a vapeur et a helice de la force de 120 chevaux ; il determina le premier, au moyen de formules vraiment simples le rapport entre la force transmise par la vapeur a l'helice et la re- sistance du navire. Les mecanismes mis en experience par M. Bour- gois avaient ^te construits a Indret , sous 1 'habile direction de M. Moll, qui prit une part brillante aux experiences. 130 COSMOS. Ce fut en en 1846 que 1' administration francaise resolut la crea- tion des vaisseaux de guerre mixte, et ouvrit un concours dont l'objet etait d'appliquer aux vaisseaux de ligne existants une force auxi- liaire et moderee, produite par la vapeur. M. Dupuy de Lome vint alors unir ses efforts a ceux de MM. Moll et Bourgois ; l'union de ces trois homines de talent et d'energie a re] eve la marine rrantjaise de sa desolante inferiority; elle lui a fait remporter un eclatant triomphe, en la mettant a meme de montrer avec orgueil aux na- tions rivales le vaisseau a grande vitesse le plus parfait , et sur lequel Taction de la vapeur est utilised dans les conditions les plus excellentes. Terminons par quelques details sur le Napoleon. Voici d'abord ses dimensions comparers a celles d'un vaisseau a voiles de 90 canons. Vaisseau de 90 Vaisseau de 92 Dimensions compares. seulement a voiles. a voiles el a vapeur. Metres. . Metres. Longueur principal* a la flottaison CO, 271 71,230 Largeur principale a la Qoltaison 16,210 16,800 Tirant d'eau moyen 6,070 S,960 Tunne.nnx. Tunneaux. Volume de la carene, le vaisseau complelement arme 4 058 2/10 5120 Avec son armement complet, la batterie basse du vaisseau s'est trouvee de 2 metres 3 centimetres au-dessus de la flottaison, hau- teur jugee suffisante pour le combat, uieme par une mer assez for- tement agitt^e. II etait a craindre qu'un vaisseau simplement a deux ponts , et ndanmoins plus long que les plus grands batiments a. trois ponts, ne prit a la mer un arc considerable , e'est-a-dire une deformation facheuse occasionnee par l'inegalite des masses , preponderantes aux extremites, etde la repulsion de l'eau, pr^ponderante au milieu du navire. Apres l'armement complet, Tare s'est trouve mesurc par une fleche de 11 centimetres seulement. Les epreuves d'une mer agitee ont ensuite demontre" que la char- pente du Napoleon n'&ait pas seulement capable de resister a d'e- normes differences de pression dans 1'dtat de repos. Sans que ses liaisons aient souffert, il a supporte les plus grands efforts de lames profondes. Enfin, pour eprouver sa solidite dans le sens perpendi- culaire a la quille, on l'a fait courir parallelement a de fortes lames, afin d'obtenir les roulis de la plus grande amplitude. Ces roulis ont etedoux; ils n'ont pas depasse" des limites moderees, et la con- struction du navire a bien supporte cette epreuve. COSMOS. 131 La voilure du vaisseau ordinaire de 90 canons est de 31 metres carres, par metre de section tranverse maxima de la carene ; ce nombre, pour le Napoleon^ est reduit a 28,44. Par de beaux temps et lorsque le vent etait faible, les vaisseaux a voiles marchaient un peu plus vite que le Napoleon rdduit au seul usage de ses voiles. Mais voici le fait important : a mesure que le vent devenait plus fort, la difference de marche diminuait, et le Napoleon deployait des qualitEs croissantes. II s'est montre facile et sur dans ses Evolutions ; surtout pour l'operation, toujours delicate, de virervent (levant. L'appareil entier des machines a vapeur et de leurs chaudieres est au-dessous du plan de flottaison. Entre ces machines et la mu- raille du vaisseau sont etablies les soutes ou magasins a charbon ; elles servent d'abri contre les projectiles, afin que les boulets de l'ennemi ne puissent atteindre aucune partie de l'appareil moteur. C'est la premiere fois qu'un vaisseau de ligne presente cet avan- tage capital dans un combat. Les soutes a charbon sont divisees en compartiments, revetus en tole de fer, et parfaitement etanches. Par ce moyen, lorsqu'on opere de fortes dopenses de charbon, Ton peut, des qu'une soute est vide, remplacer la houille consommee par de 1'eau de mer, en tournant un simple robinet. Au point de vue de l'execution, la precision rigoureuse des as- semblages pour les parties fixes, le forage parfait des cylindres et le travail des arbres de couche les plus volumineux que nous eus- sions encore forges et tournes, tout offre le resultat d'une precision mathematique. Les juges compdtents , apres un examen severe , ont reconnu que les meilleurs ateliers d'Angleterre n'auraient pas accompli pared ouvrage mieux que ne l'ont fait les ouvriers et les maitres de norre arsenal d'Indret, sous l'enseignement et la direction de M. Moll. La machine est a basse pression, d' apres le systeme de Watt. La solidite du systeme permet d'elever dans les cylindres la pression jusqu'a 119 centimetres de hauteur de mercure , c'est-a-dire jusqu'a une atmosphere et 43centiemes. Les dispositions imaginees par M. Dupuy de Lome pour com- muniquer le mouvement de l'arbre de couche a l'essieu de ThElice sont ingenieuses , et leur succes ne laisse rien a d^sier. Cet ingenieur a le premier mis en pratique le systeme de la per- manence de l'helice. Au lieu de la retirer de l'eau quand on veut substituer la force du vent a celle de la vapeur, il en degage, ou , 132 COSMOS. comme on dit , il en desembraye l'essieu ; il la laisse alors libre de toumer comme une aiguille affol^e. On peut etablir avec certitude que, dans une mer immobile, la vitesse maxima du Napoleon , mu par la seule force de la vapeur , n'est pas moindre de 13 nceuds 50 parheure. Les paquebots transatlantiques des Anglais et des Americains, favorises par des courants dont ils profitent, accomplissent en dix jours au moins le trajet entre Liverpool et New-York, avec une vitesse de douze noouds. L'experience, en outre, a mis en evidence le fait le plus precieux pour rapplication de la vapeur aux armees navales. Ce que Ton appdle le coefficient d' utilisation de la vapeur , s'est trouve, pour le Napoleon, 0,1793, tandis que sa plus grande valeur observee jusqu'ici n'avait ete que 0,098; il a ete prouve , en un mot, par la mesure (/.'utilisation de la vapeur, qu'on obtient, sur la vitesse du vaisseau de 92 , un effet plus que double de celui qu'on obtenait sur un petit navire de 120 cbevaux. Nous comprenons ainsi comment la vitesse effective maxima du Napoleon, au lieu d'etre de onze noeuds, s'e.^t elevee a 13 noeuds et demi , et cela quoique la force nominale de la machine , au lieu de s'elever a 960 chevaux nominaux, n'eut pas depasse 900. On pouvait craindre que l'helice avec son mouvement giratoire , n'imprimat a l'eau de la mer, en avant et si pres du gouvernail , un mouvement pcrturbateur qui rendit le navire moins sensible a Taction de ce gouvernail ; l'experience faite sur le Napoleon a prouve" qu'une telle crainte etait sans fondement. L'on pouvait craindre aussi, quandle navire marchait seulement a la voile avec son helice affolee, que l'on perdit une portion notable de la force par ce mouvement devenu sans effet utile. Apres divers perfectionnements pour r6duire au minimum les frottements que l'essieu de l'helice eprouve entre ses coussinets , Ton a reconnu que la perte devenait extremement peu considdrable. L'experience a fait voir un dernier resultat de la plus haute im- portance : e'est la petitesse du ralentissement dans la marche du navire, par le jeu de l'helice dans un milieu parfaitement libre, comme l'eau de la mer.. On a seigneuseuaent mesure' pour chaque vitesse du Napoleon la quantite dont avance le vaisseau par tour d'helice. Dans les voyages , ayant donne les vitesses les plus grandes , on a trouve qua chaque tour d'helice, le Napoleon avancait de 8 metres 60 ; 1' avance moyenne est de 8 metres 32. VARIETES. SUR LA RESPIRATION ET LA CHALEUR HUMAINE DANS LE CHOLERA , PAR M. L. DOYERE. Plusieurs medecins, et entre autres M. le docteur Henri Roger, avaient deja fait de nombreuses observations de temperature dans le cholera, mais ce n'etaient que des faits isoles. D'uu autre cote, MM. Clanny et Barruel avaient cru constater qu'il n'existait plus, dans le cholera, ni absorption d'oxygene, ni exhalation d'acide car- bonique, mais que Fair sortait des poumons tel qu'il y etait entre. MM. Davy et Rayer s'etaient au contraire contentes d'affirmer que dans certaines phases du cholera il pouvait bien y avoir absence com- plete de respiration, mais qu'en general cette fonction etait seule- ment diminuee dans une tres-forte proportion. Telles etaient les principales donnees acquires sur les phenomenes qui ont ete l'objet des recherches de M. Doyere. Enumt'rons rapi- dement les resultats auxquels il est parvenu, apres avoir dit toute- fois quelquesmots sur la maniere dont il operait, soitpour recueillir les procedes respiratoires, soit pour en determiner la composition chimique. II recueillait l'air expire" au moyen d'un appareil a soupape ap- plique sur la bouche du malade et qui permettait 1'introduction de l'air exterieur, la sortie de l'air des poumons par des orifices diffe- rents, et sans resistance aucune : le gaz etait conduit dans un bal- lon d'un litre et demi a deux litres, rempli d'hydrogene ; une mi- nute tout au plus suffisait pour chasser jusqu'aux dernieres traces d'hydrogene ; grace a ce temps si court , les malades n'etaient nullement incommodes, et ils se pretaient de bonne grace a Impli- cation de l'appareil. Pour analyser le gaz, on suivait la marche que voici : 1° Inflammation du gaz mesure provoquee par l'dtincelle elec- trique, apres introduction d'environ 20 pour 100 de gaz de la pile ; les deux tiers de la diminution de volume representant l'hydrogene reste dans le ballon sont a negliger ; le troisieme tiers , qui corres- pond a l'oxygene disparu dans la combustion, doit etre ajoute au residu : la somme donne l'air expire reellement contenu dans la quantite de gaz analysee ; 2° determination de l'acide carbonique par la potasse ; 3° determination de l'oxygene restant par l'absorption ou la combustion eudiometrique ; M. Doyere a toujours opere par combustion. Ces trois operations, avec les quatre mesures qu'elles comportent, n'exigeaient pas en moyenne plus de 30 minutes. Ar- 13d COSMOS. rivons maintenant aux resultats obtenUS par l'observation de trente- huit cas de cholera et f analyse de cent soixante-dix produits de res- pirations choleriques. I. L'asphvxie est un phenomene constant et peut-etre le seul phenomene constant du cholera ; son intensite est dans une rela- tion etroite avec le degrd de gravite de la maladie, a ce point qu'un asphyximetre continu, s'il pouvait en exister un, indi- querait l'etat cholerique, comme un thermometre donne la tempe- rature da bain dans lequel il est plonge\ L'asphvxie semble com- mencer aussitot apres l'invasion de la maladie. II. Les proportions de l'acide carbonique produit et de l'oxygene absorbe diminuent, ce qui est le caractere de l'asphyxie ; et, de plus, le rapport numerique qui existe entre ces deux elements de la res- piration diminue, lui-meme, d'une maniere ties-sensible. Dans l'e- tat normal , la quantite d'acide carbonique produit varie entre 0 0477 maximum et 0 0405 minimum ; la quantite d'oxygene con- somme oscille entre 0 0518 maximum et 0 0382 minimum. Le rap- port numerique de l'acide carbonique produit a l'oxygene consomme a pour valeur moyenne 0,977. Or, dans certains cas de cholera, la quantite d'acide carbonique produit est descendue jusqu'a 0 0023 ; la quantite' d'oxygene absorbe jusqu'a 0 0010, et le rapport de l'acide carbonique produit a l'oxy- gene consomme est tombe jusqu'a 0,18. Chez les malades qui out gueri promptement , l'acide carbonique produit n'est pas tombe au-dessous de 0 023, ni l'oxygene consomme plus bas que 0 0303, moitie environ des quantites normales. On voit tres-nettement , dans le plus grand nombre des observa- tions, ces deux elements diminuer a mesure que la gravite des sj'mptomes augmente ; se relever des que la reaction commence, la preceder meme comme une cause precederait son effet ; diminuer de nouveau progressivement jusqu'a la mort, si la reaction n'aboutit point, augmenter au contraire , si la reaction est favorable jusqu'a la guerison complete. III. L'asphyxie est-elle un phenomene essentiel du cholera, oubien n'est-elle que la consequence de barret survenu dans la circulation du sang? M. Doyere se prononce pour l'afrlrmative ; il admet l'as- phvxie essentielle, tout en reconnaissant qu'elle peut etre modifiee par l'etat de la circulation. Le fait qui lui a paru le plus dckisif a cet egard est celui d'un malade qui pendant quatre-vingt-seize heures a presente tous les accidents choleriques les plus graves , avec un pouls plein et febrile, avec une chaleur brulante de la peau profon- COSMOS. 135 dement cyanosee. Un thermometre place sous son aisselle indiquait la temperature de l'etat de sante, et cependant il y avait asphyxie intense ; les quantites d'acide carbonique produit et d'oxygene con- somme depassaient a peine la moitie de leurs chiffres normaux, et leur rapport numerique est reste constamment au-dessous de sa va- leur minimum dans l'etat normal. M. Doyere admet avec M Rayer que l'asphyxie cholerique doit etre attnbuee a 1' alteration du sang plutot qu'a une lesion de l'or- gane respiratoire lui-meme , ce qui nous semble s'accorder moins facilement avec l'hypothese d'une asphyxie essentielle. VI. L'analyscchimiquedesproduits exphvs, ou l'examen incessant de l'etat de la respiration, serait sans aucun doute le meilleur moyen lie constater et de suivre Taction qu'un medicament donne exerce- rait dans le cholera. M. Doyere recommande ce sujet d'etude aux medecins et aux chimistes qui le suivront dans cette voie, qu'il a ete force d'abandonner. II est aussi dans son travail une autre lacune qu'il voudrait bien voir combler. II lui avait ete impossible en 18 19 de mesurer la quantite de la respiration des choleriques, ou les vo- lumes d'air soit inspire, soit expire dans un temps determine. C'est cependant un des elements essentiels du probleme. V.I1 signale en passant un resultat relatifa l'air expire" dans l'etat de sante et qui merite d'exciter l'attention des physiologist es. On admet gendralement que la quantite d'oxygene qui disparait dans les poumons est superieure a celle qui reparait dans l'air expire, combine avec le carbone sous forme d'acide carbonique. Et cepen- dant vingt-et-une analyses de l'air expire par un sujet sain, a des heures differentes de nuit et dejour, pendant une duree de trente- sept heures, ont prouve a M. Doyere que, neuf fois dans les pro- duits de la respiration, l'oxygene contenu dans l'acide carbonique exhale l'emportait en volume sur l'oxyger.e consomme; les valeurs moyennes de ces deux volumes deduites des vingt-et-une analyses etaient 0.0436 et 0,0447, nombres qui se rapprochent assez de I'egalitd pour qu'on puisse conclure que ces deux elements de la respiration soient identiques, pourvu qu'on les prenne dans une du- ree de temps suffisante. II nous reste a. enumerer les resultats relatifs a la chaleur humair.e dans le cholera. Apres quelques observations comparatives de tem- peratures prises dans la bouche et sous l'aisselle , M. Doyere a donne" la preference ce dernier mode d'exploration. Cela pose" : VI. II a vu deux fois la temperature des choleriques s'ahaisser a trente et trente-deux degrds, mais ces chiffres si has lui paraissent le 136 COSMOS. resultat d'une erreur d'observation. En ayant soin de ne lire a. la temperature qu'apresquele thermometre etait reste stationnaire pen- dant au moins dix minutes il ne l'a pas vu descendre au-dessous de 34 degrees, ou, au minimum, 33 degres six dixiemes. Ainsi l'ensem- ble des observations accuse chez les choleriques une temperature re- lativement fort elevce et a peine inferieure de plus de 3 ou 4 degrees centigrades a la temperature normale; ce qui n'empeche pas toute- fois que l'abaissement de temperature jusque clans les organes cen- traux ne soit un fait certain. La reaction amene le retour de la temperature normale ou meme d'une temperature un peu plus ele- vee, mais cette surelevation parait etre fort limitee dans les reac- tions francbes et qui doivent etre suivies de guerison. VII. C'est un prejuge presque universellement recu que les cada- vres des choleriques se rechauffent apres la mort, au point meme de devenir brulants au toucher : c'est l'expression dont on se sert. M. Doyere affirme, au contraire, que les cadavres des choleriques n'eprouvent pas de rechauffement, que toujours l'ascension thermo- mcHrjque s'arrete au moment precis de la mort ; mais il a constate que la mort des choleriques est preceded, dans la plupart des cas, d un reehauffement qui peut porter leur temperature au chiffre de 42 degres , qui jamais encore n'avait et6 signale dans la chaleur humaine. Nous avons dit dans la plupart des cas, mais nous de- vrions dire peut-etre toujours, car l'elevation de temperature un peu avant la mort semble le fait general, a ce point que M. Doyere a ose predire une mort imminente d'apres le seul indice que lui four- nissait la marche ascendante du thermometre, et au moment meme oil tout semblait annoncer la reaction la plus favorable. Ce rechauffement des mourants n'est pas seulement propre au cholera, M, Doyere l'a trouve dans un cas de fievre typho'ide, c'est probablement la loi generale, et ce fait est d'autant plus extraordi- naire qu'en meme temps que la temperature va en s'elevant, l'ab- sorption de l'oxygene et l'energie de la respiration vont sans cesse en diminuant. Comment expliquer cet etrange phenomene 1 Sous quelle forme se trouve dans l'organisation en sante cette chaleur latente que Ton voit ainsi reparaitre au moment ou Taction nerveuse et la contrac- tilite musculaire s'eteignent, comme reparait la chaleur thermome'- trique lorsque les vapeurs repassent a l'etat liquide, en perdant leur tension me"canique. Ces faits, au fond, ne portent aucune at- teinte a la theorie qui montre la source de la chaleur animate dans la combustion respiratoire; mais ils prouvent evidemment qu'a un COSMOS. 137 certain moment donne le rapport de la combustion respiratoire a la temperature du corps est moins eHroit qu'on ne l'a pense jusqu'ici ; qu'entre la cause et l'effet il existe quelques fonctions remplissant pour la chaleur l'office que le volant remplit a l'egard de la force me'canique dans les machines, l'absorbant , la rendant latente , et pouvant la restituer a un instant donne sous forme de temperalure. Parmi les faits de l'organisme qui trouveraient la leur explication, M. Doyere cite l'^quilibre de la temperature dans les animaux a sangchaud, equilibre dont toutes les theories donnees jusqu'ici ne rendaient pas suffisamment compte. Nous ferons remarquer, dans 1'int^ret de M. Doyere, que ce fait qui constitue une decouverte tres-remarquahle, tout a faitdigne d'un prix Montyon, a deja e'te consigne par lui dans le proces-verbal de la seance du 22 octobre 1849. II disait aussi alors, comme il le repete aujourd'hui, qu'il avait cherche avec une attention toute particuliere s'il n'existe pas dans l'air expire des choleriques d'autres produits que l'acide carbonique, de l'hydrogene, par exemple, ou un exces d'azote ; et qu'il s'etait prononce definitivement pour la negative, du moins dans les limites de precision oil il operait, c'est-a dire jusqu'aux dix milliemes. II avait annonce peu de jours auparavant que la sueur visqueuse recueillie avec soin sur le front, les joues, les bras, les avant-bras des choleriques , renfermait une substance capable de reduire les composes de cuivre du reactif de M. Barreswill a la maniere du sucre de fruits. M. Doyere en terminant exprime sa profonde reconnaissance a M. le professeur Chomel dans le service duquel ont e'te faites toutes les observations, qui l'a puissamment aide de son appui et de ses en- couragements. RECHERCHES SUR DE NOUVELLES COMBINAISONS SALICYLIQUES PAR M. CHJRLES GKRHARDT. « Les chimistes savent que les ethers salicilyques dont on doit la connaissance a M. Cahours, presentent une anomalie singuliere dans l'histoire de ces combinaisons : ces ethers, en effet, bien qu'ils correspondent a des salicylates neutres, ont la propriety de se combiner avec les bases, et de produire des sels me'talliques par- 138 COSMOS. faitement dessin^s. Ainsi , le salicylate de methyle (liuile de gaulte- ria), offre une composition semblable a cede du salicylate d' argent C'H°0* ( 0 salicylate de methyle. ' a I ° Salicylate Sargent. Et, cependant, le salicylate de methyle se combine avec la potasse, la soude la baryte, etc. II en est de meme du salycilate d'ethyle. Ces deux ethers se comportent done comme de veVitables acides. « <• Voici encore une autre anomalie. Lorsqu'on traite un ether ordi- naire par le chlore ou par le brome, le premier effet de ces agents consiste tou jours a operer des substitutions dans les elements dthy- liques ou methyliques, de maniere a donner des produits ohlores ou bromes, que les alcalis ne transforment plus en alcool ou en esprit de bois, mais qu'ils convertissent, comme l'a demontre M. Mala- o-uti, en acide acetique ou en acide formique. Les ethers salicyli- ques se comportent tout differemment : en agissant sur eux, le chlore et le brome commencent par attaquer les elements salicyliques, et donnent ainsi les others de l'acide chlorosalycilique, de l'acide bro- mosalicylique, etc. » Cette difference de maniere d'etre tenant evidemment a une difference de constitution moldculaire, j'ai ete conduit, en apph- quant mes dernieres theories aux ethers salicyliques, a les consi- derer , non comme une molecule d'eau dont les deux atomes d'hy- drogene etaient remplaces, l'un par du salicyle et l'autre par du methyle ou de l'ethyle, mais comme une molecule d'eau dont un atome d'hyclrogene seulement £tait remplace' parlegroupe methyl- salicyle ou ethylsalicyle , e'est-a-dire par du salicyle contenant deja lui-meme du methyle ou de l'ethyle en substitution a de l'hy- drogene. G' Hl(CH3) O2 ) „ Hydrate de G7 H* (C2 H»)02 I _ Hydrate H ) methylsalicyle. H j d'ethylsalycile. « Le salicylate de methyle devient ainsi l'hydrate de methylsali- cyle ou l'oxyde d'hydrogene et de methylsalicyle ; la salicylate d'e- thyle devient l'hydrate d'ethysalicyle, ou l'oxyde d'hydrogene et d'e thylsalicy « On en d^duit naturellement que, par exemple, la combinaison du salicylate de methyle avec la potasse, represente l'oxide de po- tassium et de methylsalicyle : O H (CH ) O 0,H Oxyde de potasse et de methylsalicyle. - Or, puisqu'il est demontre par mes experiences sur les acides COSMOS. 139 anhydres, qu'on peut remplacer l'hydrogene basique des acides ou le metal des sels par des groupes oxygenes, benzoiles, cumyles, ace"- tyles, etc., je devais pouvoir effectuer un semblable change dans les Others salicyliques, si mon opinion sur la constitution des corps etait juste. » L'experience a pleinement justifie mes preemptions, rien n'est plus facile, en effet, que d'etheVifier les Others salicyliques, comme on eHherifie l'alcool ou l'esprit de bois. Si, par exemple, on met l'alcool ou l'esprit de bois en contact avec le chlorure de ben- zo'ile ou le chlorure de succinyle, on obtient un degagement d'acide chlorhydrique , ainsi que du benzoate d'ethyle, du succinate de me- thyle, etc. Qu'on traite les ethers salicyliques par les memes chlo- rures, la reaction sera encore la meme, et Ton obtiendra du ben- zoate d'ethylsalicyle, du succinate de methylsalicyle, etc. En un mot, on peut avec un ether salicylique et le chlorure d'un acide quelconque, produire autant de composes qu'on en obtient avec un alcool et un semblable chlorure. Tous les composes que j'ai ainsi prepares sont parfaitement cristallis^s. » « Le benzoate de methylsalicyle s'obtient en faisant reagir a chaud de l'huile de gaulteVia et du chlorure de benzo'ile et cristallise en beaux prismes rhombo'idaux , renfermant : C7 H* (C-H5) O2 ) Benzoate de methylsalicyle, ou oxyde de C" H50 J Ijenzoile et de methylsalicyle. Le benzoate d'ethylsalicyle se prepare par le meme proce'de au moyen dc 1'eHher salicylique : O'H'fC'H'jO8 1 Benzoate d'ethylsalicyle, ou oxyde de C7 Hs O j benzo'ile et d'ethylsalicyle. Le cuminate de methylsalicyle cristallise dans l'alcool bouillant en paillettes rhombcs tres-bnllantes : C' H4 (CH3) Oi l Cuminate de methylsalicyle, ou oxyde de C10 H" O ^ cumyle et de methylsalicyle. Le succinate de methylsalicyle s'obtient au moyen du chlorure de succinyle que nous avons fait connaitre dernierement, M. Chiozza et moi ; il se depose par le refroidissement de sa solution alcoolique , sous la forme de grosses lames rectangulaires composees de fibres juxtaposees qui se detachent aisement. II derive de deux molecules d'eau comme l'acide succinique qui, comme on sait, est bibasique : C7H<(CH')o* ) n , _ .'.'" ■„,,•, . j C" H4f('H3W)2 C Succinate de melhylsalieyle, ou oxyde de G*H*Os I O I succinyle etde methylsalicyle. uo COSMOS. II serait aise de multiplier ces exemples. « J'ai egalement essaye, dans le but de produire le chlorure de methylsalicyle, de soumettre l'huile de gaulteria a Taction du per- chlorure de phosphore ; mais dans la reaction tres-energique de ces deux corps, le groupe meihylsalicyle se def'ait et Ton obtient du chlorure de methyle, ainsi qu'un chlorure nouveau, le chlorure de salicyle. C? H" ci [ cllloiure de salic)'le» « Ce corps n'est pas a. confondre avec la substance a laquelle M. Piria a donne le meme nom, et qui, dans mon opinion, repre- sente l'hydrure de chloro-salioyle. Mon chlorure de salicyle est une liqueur fumante que l'eau decompose a la maniere des chlorures de silicium, de phosphore, d'acetyle, etc., en acide chlorhydrique et en acide salicvlique ; il rengit d'une maniere violente sur l'alcool et sur l'esprit de bois, en les transformant, en ethers salicyliques ; c'est meme avec ce chlorure de salicyle qu'on prepare bien plus aisement le salicylate d'ethyle qu'au moyen d'un melange d'acide salicyli- que, d'alcool et d'acide sulfurique. M. Drion, qui continue dans mon laboratoire l'etude des combinaisons que je viens de fairecon- naitre, a egalement, avec ce nouveau chlorure de salycile, obtenu le salicylate d'amyle (hydrate d'amylsalicyle), que plusieurs chi- mistes avait vainement cherche jusqu'a present a preparer par les procedes connus. « Les resultats precedents semblent venir a l'appui des vues que j'ai eu l'honneur d'exposer a l'Academie dans mes derniers travaux. » A. TRAMBLAT, proprietaire-gerant. PARIS. — IMPRIMERIE DE W. REMQUET ET Cie., RVE GARANCIERE, O. T. IV. 10 FEVRIER l854. TUOISllhiE AN'NfcE. COSMOS. FAITS DIVERS. IMITATIONS DE BRODERIE. L'inventeur si ingenieux de la perrotine, M. Perrot, a invente et fait breveter un nouveau procede d'impression dedessin sur lestis- sus, qui imite d'une manieretres-agreablelabroderie. II prepare d'a- bord un mastic demi-rluide, commeles en cres d'impression, aumoyen de gutta-percha blanchie prealablement au chlore , puis dissoute dans le sulfure de carbone, l'huile de caoutchouc, l'huile de naphte, la benzine ou meme la ter^benthine ; ce mastic est insoluble dans l'eau et r£siste au lavage. Au m'oyen d'un rouleau grave tres-profon- d£ment, place au-dessous d'un autre rouleau presseur et alimente" avec le mastic renferme dans une auge, on transporte celui-ci sur le tissu, qui presente alors grave" sur le rouleau, le dessin reproduit en mastic. Quand le mastic est encore mou, ou sur le mastic ra- molli par Taction de la chaleur, on fait adherer soit des poudres metalliques, or et argent, soit un duvet de tontisse, ou tonture de laine, de coton, de soie, etc., blanc ou teint de la couleur qu'on veut obtenir ; limitation de broderie en or, en argent, en soie, en velours est alors produite. On peut aussi, si on le veut, colorer in- te>ieurement le mastic par l'addition d'un peu de poudre coloree. Le ramollissement de la gutta-percha pour y faire adherer les poudres ou tontisses peut etre obtenu en faisant passer le tissu imprime sur un cylindre ou une plaque chaude. NOUVELLE METHODE d' EXTRACTION DES SUCRES. Dans un de nos derniers comptes rendus de l'Academie des sciences, nous avons parle d'une communication relative a un nou- veau procede d'extraction des sucres, faite par M. Lacheze , gendre de M. Schutzenbach , celebre chimiste et agriculteur du grand du- che de Bade; nous trouvons dans le Journal du Havre, a ce sujet , quelques details que nous nous empressons de transmettre a nos lecteurs. Tout le secret du nouveau moyen de fabrication reside dans la 6 U2 COSMOS. substitution d'un systeme de lavage des pulpes, a 1'extraction par IVmploi des presses hydrauliqucs; les fabricants de Prusse, en tra- vaillant d'apres cette methode la meme quantite de sucre , ou eco- nomisent 16 0/0 de la quantity de betteraves , ou bien obtiennent plus de 20 0/0 de matiere sucree en sus , en employant la meme quantite de betteraves qu'auparavant ; c'est, du moins, ce qui a £te" avance dans la seance de l'lnstitut, de lundi dernier. IMais ee qui rend cette invention digne de 1'aUention generale, c'est quelle est appli- cable a 1'extraction du sucre de Cannes coinme a celle du sucre de betteraves , et quelle rendrait des services tout aussi precieux dans les distilleries de betteraves ou de grains ainsi que dans les brasse- ries. Non-seulement, dirons-nous encore, les fabricants obtiennent plus de produits , en adoptant la nouvelle methode , mais ils econo- misent une grande partie des frais que leur occasionnait l'enjploi des presses. Ainsi il a ete dit qu'un appareil d'extraction par le la- vage, d'apres la methode de M.Schutzenbach, suffisant pour un tra- vail de 50 a 60 000 kilogrammes de betteraves par 24 heures, peut etre construit et mis en place pour une somme de 5 a 6000 fr. au plus. On sait que pour pressurer la pulpe d'une meme quantite de betteraves dans le meme espace de temps, il faut employer 6 presses hydrauliques qui coutent en moycnne 20 000 fr. II y a done eco- nomie des trois quarts dans les frais de premier etablissement, pour toute nouvelle enlreprise qui se fonderait. Les frais d'entretien ne peuvent guere etre lvalues a plus de 5 0/0 de la valeur , tandis que l'entretien des presses hydrauliques et de tous leurs accessoires s'e- leve a environ 20 0/0 par an. Nous ajouterons que pour faire fonc- tionner 6 presses hydrauliques, il faut une force moti ice de 4 chevaux, tandis que le nouvel appareil n'a besoin que de 2 chevaux de force. Ainsi done cconomie de frais de premier etablissement , economie de frais d'entretien, de force motrice et de main-d'eeuvre , d'une part, et de l'autre augmentation de rendement d'un cinquieme, tels sont les avantages que prcsente l'emploi de l'appareil d'extraction par le lavage. II est incontestable que la canne ne donne pas aujourd'hui toute la matiere saccharine qu'elle contient; voici une nouvelle methode d'extraction qui prometd'accroitre le rendement dans une proportion considerable , et qui peut etre appliquee sans debours extraordinaire. Pourquoi n'en fe rait-on pas l'application partout oil Ton cherche les moyens de tenir tete a la concurrence incessante des sucres de bet- teraves I Pourquoi nos colonies ne s'approprieraient-elles pas la de- couverte du chimiste allemand ? COSMOS. 143 TABLES DE MORTALITE. Un de nos plus eminents statisticiens , M. Villerme , a lu a l'Aca- demie des sciences morales et politiques de savantes et utiles consi- derations sur les tables de mortalite , qu'il resume ainsi qu'il suit : « La conclusion de ce qui precede, c'est que les tables de morta- lite n'ont pas toujours etc ealculees, tant s'en faut, a l'aide des meil- leures methodes, et avec un tres- grand soin. On nesaitguered'ailleurs tirer de ces tables toute l'utilite qui peut en revenir, et le plus souvent peut-etre, on ne les applique pas bien, parce qu'on ignore ou qu'on n'apprecie pas les circonstances qui en ont fausse les resultats. Com- munement on en exige trop ou pas assez; en un mot, on s'en sert mal. Ajoutez qu'il faudrait les renouveler beaucoupplus souvent, et, avant dVn faire usage, savoirsi, depuis leur redaction, les condi- tions qui influent le plus sur la vie des homines sont restees les memes. Enfin, en supposant que rien ne soit change, on devrait encore se demander si les tables que Ton peut consulter conviennent a la ville, au canton, au climatparticulier, a la classe des habitants aux quels on se propose de les appliquer. A plus forte raison, se- rait-il necessaire de ne pas employer, comme on le fait chez nous, une table de mortalite beaucoup trop rapide (celle de Duvillard), dont la date est ant^rieure a 1789, et a la decouverte de la vaccine. D'un autre cote, on ne sait jamais bien si une table supposee meme rigoureusement exacte pour l'epoque actuelle , ne cessera pas bientot de l'etre, ni dans quel sens elle ne le sera plus. u Je ne terminerai pas sans dire que je n'ai voulu en rien depre- eier les tables de mortalite. Loin qu'il en soit ainsi, je reconnais qu'elles sont une belle et utile application de la theorie des probabi- lity, et je me plais a rendre justice a tous ceux a qui ces tables doi- vent quelques perfectionnements. Montrer combien il est difficile d'en rediger de bonnes, mettre en garde contre le mauvais emploi que Ton en fait trop souvent, prouver que les meilleures ne sont que des appreciations tres-voisines, il est vrai, de l'exactitude pour les epoques auxquelles se rapportent les calculs, mais qui s'en eloi- gnent frt'-quemment bientot apres, appeler l'attention sur le travail de M. Quetelet, et remplir un devoir envers l'Academie : telles ont il£ mes seules intentions. •> DESTRUCTION INSTANTAXEE DES LIMACES ET DES LIMAgONS. Voici un procede qui a ete employe avec le plus grand succes : jetez du sel sur le sol un soir oil l'air sera assez impregne d'humi- m COSMOS. dite pour faire sortir les limaces et les limacons : le lendemain vous trouverez sur la terre qui a rec,u le sel, tous les limacons et les li- maces qui y seront venus, pas un seul n'aura cchappe" ; les limaees paraitront comme roties par un feu violent, et les limacons seront desseches dans le fond de leur coquille. Ce procede, tres-convena- ble pour protiVer les semis de fleurs, de navets et de carottes, et de tout ce qui concerne 1' horticulture, peut etre aussi applique aux ^randes cultures; il faut alors un hectolitre au moins par hectare. [Moniteur de I agriculture.) ALTERATION DES BRONZES EMPLOYES AU DOUBLAGE DES VAISSEAUX. M. Bobierre, dans les Memoires que nous avons analyses, a demontre que la mauvaise qualite de ces produits depend le plus souvent d'une inegale repartition des elements voltaiques desti- nes a rea°ir sur l'eaude mer ; que cette inegale repartition tient a deux causes : 1° a la minime quantite d'etain introduite dans l'alliage (2, 3 a 2,5 pour 100 quelquefois) ; 2° a l'impurete du cui- vre, circonstance qui le rend impropre a une combinaison reguliere. Aux exemples qu'il a invoques a l'appui de cette these, il peut ajouter les farts suivants : En avril 1851, le navire la Sarah, dont le premier doublage en bronze avait ete completement perfore apres dix-huit mois de na- vigation, fut double a neuf. II examina le nouveau bronze apres son application, et le resultat de son examen fut depose sous pa- quet cachete. Ayant appris, il y a quelques semaines, par l'arma- teur de la Sarah, que ce doublage etait de qualite defectueuse, et qu'on avait ete dans l'obligation de changer une grande partie des feuilles metalliques a Marseille, M. Bobierre fit ouvrir son paquet eachete, par M. le secretaire de la chambre de commerce de Nantes. L'armateur put se convaince que le bronze de la Sarah ne renfer- mait que 2,8 pour 100 d'etain mal reparti, et que son emploi des- avantageux avait ete nettement predit. Le second fait est le suivant : l'armateur du navire de Nantes, 1'Eqvateur, dont le bronze a fait douze ans de navigation, lui remit, il y a quelques jours, un echantillon de ce bel alliage, dans lequel il trouva 5,5 pour 100 d'etain parfaitement reparti. L'alliage con- lient de l'arsenic en notable proportion, ce qui prouve une fois de plus que la presence de ce corps , ordinairement facheux dans les doublages en cuivre rouge, n'implique pas necessairement un vice radical dans la constitution des bronzes, COSMOS. 145 ALMANACH RURAL \1V BON SAVOIR POUR 1854, 1 VOL. 1N-1 8. Depms plusieurs annces, quelques-uns denos dcrivains agricoles ont consacre ]eur temps et leur plume a la redaction d'almanachs qui ont rapport a ^agriculture. Nous devons les feliciter d'une pa- reille entreprise, car c'est rendre un immense service aux classes laborieuses des campagnes que d'ecrire pour elles de petits trace's renfermant de sages et utiles conseils. La routine, les prejuges, les mauvaises habitudes , arretent tout progres chez les petits cultivateurs. Puur combattre les erreurs de la routine, signaler le danger des prejuges, on ne peut mieux choisir, selon nous, que l'almanach qui est le livre populaire par excellence, le seul livre achete et lu par les classes pauvres ; et il n'est pas douteux qu'un almanach agricole bien concu ne contribue incomparableinent plus au duveloppement des progres de ragriculture et du bien-etre des populations, que tous les Mathieu Lansberg, les Nostradamus, les Liegeois passes, presents et avenir qui, jusqu'ici, ont etc les seuls livres repandus dans les campagnes. Parmi les almanachs agricoles qui ont paru pour 1854, X Alma- nack rural da boa savoir que nous devons a, M. Jules Dusuzeau professeur d'agriculture au Menil-Saint-Firmin (Oise), mcrite une mention speciale. C'est un petit livre oil Ton trouve des renseume- ments fort utiles, et d'une application immediate, sur la valour com- parative des en^rais, des plantes alimentaires, des fourrages, sur les rations a donner aux animaux, sur le choix des boeufs d'engrais, des vae-hes laitieres, et sur les remedes a employer contre la meteo- risation, le pietain, etc. Un calendrier complet sur toutes les branches d'industrie agricole rappelle, en outre, au cultivateur, 1'epoque de tous les travaux et de toutes les operations qu'il doit executer dans sa ferine. Acute de ces chapitres bien cents, on en trouve quelques autres relatifs a la biographie, a l'histoire, a la cosmographie, a l'econo- mie domestique, a l'oiscllerie, a la litterature, qui ont au?si de 1'in- teret, mais un interet, a notre avis, moins grand pour les lecteurs auxquels l'almanach rural est destine, que tous les chapitres pre- cedemment cites. Hatons-nous de dire, cependant, que ces derniers chapitres occupent, comparativement, une faible place. C'est d'ail- leurs, suivant nous, a cette condition seule qu'on peut se permettre deles introduire dans un almanach de ce genre. Somme toute, la lecture de ce petit almanach nous a satisfait, nous voudrions voir la Societe d'agriculture, les chambres consul- iU6 COSMOS. tatives, les cornices, le repandre dans nos campagnes, principale- ment chcz les instituteurs et lcs petits cultivateurs. [Annates de V .Agriculture.} MONTRE SANS CLEF. L'avantage qu'il y aurait a se passer de clef pour monter et rc- gler les montres est incontestable. En effet cet accessoire oblige est line cause cle reparations frcquentes. En outre de l'inconvenient deja tres-grand de la separation de la clef d'avec la montre , la pression si souvent exercee par la clefsurle carredu remontoir et sur eelui des aiguilles, altere peu a peu le mouvement et rend la marche de la montre moins sure ; la poussiere aussi s'introduit dans le mouve- ment par les trous dans lesquels entre la clef. On a deja propose plu- sieurs moyens plus ou moins compliques, plus ou moins dispendieux pour remudier a cet inconvenient ; tout recemment un horloger ha- bile, M. Bissen, est parvenu a resoudre ce probleme par un meca- nisme simple et dconomique ; il a place de chaque cote de la queue de la montre un bouton auquel il suffit d'imprimer un mouvement de va-et-vient pour monter la montre ou mettre les aiguilles a l'heure. NOUVELLE MATIERE A GRAISSER LES MACHINES. La matiere a graisser de M. Boslan se compose d'huile de ba- leine des mers du Sud, soigneusement raffinee, a laquelle on ajoute du caoutchouc ainsi que de la ceruse et du minium, de maniere a former une sorte de savon metallique d'une fluidity convenable. On chauffe l'huile a 200 ou 250°, et on y ajoute le caoutchouc coupe" menu, tant que l'huile peut en dissoudre, e'est-a-dire de24 a 2S ki- logrammes pour 1 000 kilogrammes d'huile ; on laisse baisser la temperature et on ajoute par portions egales de la ceruse et du mi- 7iium reduits en poudre fine, dans le rapport de 11 a 12 kilogrammes de chacun par tonne d'huile. Le nouveau compose possede des propri^tes lubrefiantes tres-su- perieures a celles des autres matieres a graisser, naturelles ou arti- Jicielles employees jusqu'a cejour ; il est tres-efficace etproduit une economie notable ; il ne se solidifie pas, meme au bout de plusieurs mois; il fonctionne aussi bien dans les temps froids que dans les temps chauds ; on peut lui donner differents degres de consistance en faisant varier les proportions de ceruse et de minium. PHOTOGRAPHIE. STEREOSCOPE. M. Claudet, comme dernier argument auquel M. Gaudin ne pourra rien repondre, cite T experience suivante qu'il fit, il y a en- viron un an, et dont les resultats interesserent vivement M. Wheats- tone: « Je representai un buste (tete d'Apollon) surune serie d'epreu- ves stereoscopiques, en commencant par un angle de deux degre"s et en augmentant de 2 degres par chaque paire jusqu'a un angle de 12 degres, ce qui donnait six paires dans les angles suivants, 2, 4, 6, 8, 10 et 12 degres. <• Ayant examine avec M. Wheatstone le resultat de toutes ces combinaisons, et l'effet stere'oscopique produit par les divers angles, nous observances que Tangle de 2 degres donnait l'effet d'un bas- relief et non d'un buste, quoique cet angle de 2 degres pour la dis- tance de 15 pieds anglais a, laquelle j'avais opere, fut egal a une separation de 4 pouces 1/2. L'effet de Tangle de 4 degres faisait apparaitre le buste dans un relief nature] ; celui de 6 degres ne pa- raissait pas exagere, et, enlin, celui de 12 degres ne donnait pas un relief desagreable ; cependant il equivalait a une distance entre les deux objectifs de plus de 3 pieds anglais, bien loin de Tangle quinetoscopique, ou de Tangle visuel naturel a 15 pieds de distance. Depuis cette epoque, je me suis bien garde de faire des portraits pour le stereoscope a Tangle visuel naturel. J'engage M. Gaudin et toutes les autres personnes interessees dans la question, a. faire des experiences de ce genre, et a juger par eux-memes du resultat de tous les angles. En operant avec des objectifs de divers foyers et de diverses ouvertures, on verra qu'il existe une certaine loi qui exige un angle en rapport avec Tampiification des images, et que Tangle visuel naturel parfait pour la perception stereoscopique, sui- vant la constitution optique de notre ceil, ne peut s'appliquer a des combinaisons differentes. •• Rien ne peut faire mieux comprendre le phenomene de l'effet stereoscopique et de ses variations suivant Tampiification des ima- ges, que de regarder alternativement avec le cote grossissant d'une jumelle et avec le cote diminuant, et ensuite a la vue simple. La comparaison de ces trois resultats sera plus instructive que tous les arguments th^oriques. » 148 COSMOS. DOUZE LEMONS DE PHOTOGKAPHIK. TAR M. LE DOCTEUR FAU. La pens^e qui a inspire ce petit livre est tres-nettement expri- mee dans la preface. Bien loin d' avoir la pretention de torturer 1'os- pritde ses lecteurs, par l'expose de toute.s les methodes de photo- graphie connues, M. Fau leur (lit tres-categoriquement : « Voici un procede simple, d'une execution facile, qui vous mettra a meme d'obtenir tres-souvent de bonnes epreuves ; apprenez-le d'abord ; quand vous le possederez a fond, vous pourrez aborder hardiment les modifications qu'on lui a fait subir, ou de nouveaux precedes plus ou moins efficaces ; et, en fin decompte, peut-etre, reviendrez- vous a votre A, B, C, heureux de vous reposer dans le succes de vos peregrinations fatigantes et infructueuses. •• Ce conseil est emi- nemment sage, et c'est parce qu'il est trop peu suivi qu'il y a tant de decouragements et d'avortements; si 1'on vent reussir, il faut ab- solument n'etudier a la fois qu'un seul procede, et ne jamws en aborder un autre, avant d'etre bien familiarise avec le premier. Nous avons lu avec attention les lecons de M. Fau; elles ne renferment rien de neuf et d' original, mais el'.es sont ties au cou- rant des derniers progres de la photographie. La premiere lecon traite des ne'gat/fs sur papier sec, du choix du papier, du cirage et du dec/rage. Le meilleur papier est celui de M. de Canson, il faut le choisir feuille a feuille, le cirer et le de- cirer soi-meme. Deuxieme le^n : Induration du papier. L'iodurage se fait dans un premier bain, compose ainsi : eau distillee, 250 grammes; iodure d'ammoniaque, 10 grammes ; miel Wane, une cuilleree a cafe. Troisieme lecon : Sensibilisation du papier iodure; exposition a la chambre noire. Le bain sensibilisateur est compose comme il suit : Faites dissoudre 18 grammes de nitrate d'argent dans 125 grammes d'eau distillee ; faites dissoudre 9 grammes de nitrate de zinc dans 125 grammes d'eau distillee ; melez les deux solutions et ajoutez 9 grammes d'acide acetique cristallise. Quatrieme lecon : Apparition de I 'image, fixage de I'epreuve. Le bain au sein duquel se dcveloppe l'image , est forme" d'une solu- tion de 3 grammes d'acide gallique dans 1 000 grammes d'eau dis- tillee. Le bain fixateur est forme de 15 grammes d'hyposulfite de soude, dissous dans 100 grammes d'eau. Lauteur recommande, par- dessus tout, de ne jamais chercher a faire apparaitre l'image 'trop COSMOS. 149 rapidement; c'est en se hatant que Ton fait des epreuves sales et manquant de transparence. Cinquieme lecon : Negatifs sur papier humide non tire iodu- rage et sensibilization du papier. Bain pour 1'ioduration : eau dis- tillee, 250 grammes; iodured'ammoniaque, 10 grammes ; mielblanc troiscuillerees a cafe. Bain sensibilisateur : eau distillee, 250 °ram- mes; nitrate d'argent, 18 grammes; nitrate de zinc, 9 grammes; acide acetique, 9 grammes. Sixieine le9on : Developpement, fixage et cirage de leprcuve. Bain revelateur : eau, 1000 grammes; acide gallique, 1 gramme; bainfixateur : eau distillee, 100 grammes; hyposulfite, 10 grammes. On cire en passant un pain de cire vierge sur la face inferieure d'un fer chaud, que Ton promene ensuite a plusieurs reprises sur l'en- vers de l'epreuve, on decire entre deux feuilles de papier buvard d'abord, puis, entre deux feuilles de papier lisse. Septieme lecon : Preparation du colon azotiqueet du collodion. M. Fau, pour le coton azotique, adopte le mode de preparation de M, Martin (de Versailles), deja decnt dans le Cosmos. Pour pre- parer le collodion simple, faites dissoudre, aussi bien que possible, 2 grammes de coton azotique dans 120 grammes d'acide sulfurique pur, et ajoutez 60 grammes d'alcool a 36 degres. Pour preparer le collodion a l'iodure d'ammoniaque, faites dissoudre 2 grammes d'iodure d'ammoniaque dans 20 grammes d'alcool a 36 degres, et ajoutez 180 grammes de collodion simple. La preparation du col- lodion al'ioduie d'argent, est plus longue, nous ne la decrirons pas. Huitieme lecon : Nettoyage des plaques de verre ; procede a suivre pour etendre la couche de collodion et la rendre impres- sio unable a la lumiere C'est une se>ie de manipulations qu'il faut suivre pas a pas. Le bain sensibilisateur est forme d'eau distillee, 150 grammes; azotate d'argent, 10 grammes. Neuvieme lecon : Exposition a la chambre obscure, developpe- nient de l image, procede pour dormer de la vigueur a lepreuve. On fait paraitre en versant sans interruption une nappe du liquide ainsi compose : eau distillee, 300 grammes; protosulfate de fer, 50 grammes ; acide sulfurique, 10 gouttes ; alcool a 36 degre"s, 8 gr. Pour donner de la vigueur, on plonge la plaque dans un se- cond bain qn'on obtient en faisant dissoudre 10 grammes d'azotate d'argent dans 200 grammes d'eau distillee, et ajoutant, acide azo- tique, 6 gouttes ; alcool, 6 gr. Dixieme lecon : Fixage des epreuves, application du vernis, images positives directes. Le bain fixateur est forme" d'eau, ] 00 gr.; 150 COSMOS. hyposulfite de soude 15 gr. Le vcrnis pour les negatifs est un beau vernis a tableaux; M. Fau, pour les positifs, conseille le vernis au bitume de Judee. Onzieme lecon : Epreuves positives sur papier, cfioijc du pa- pier , sa preparation , papier albuminc , precede a suivre pour titer des epreuves par un jour sombre on a la lumiere dune lampe. M. Fau prelere pour les positifs le papier de Saxe, petit format ; on le prepare en l'etendant tour a tour sur deux bains, l'un : eau dis- tillee, 100 gr.; chlorure de sodium, 10 gr ; l'autre : eau distillee, 100 gr.; azotate d'argent, 15 gr. Si on voulait operer sur papier albuminc, ce qui ne sourit pas beaucoup a M. Fau, les bains se- raient modifies comme il suit : 1° albumine, 100 gr.; eau filtree, 25 gr. ; chlorure de sodium, 10 gr.; 2' eau, 100 gr.; azotate d* ar- gent , 25 gr. Douzieme lecon : Tiragc des epreuves, fixage, procedes pour obtenir des tons varies. Le bain fixateur est forme d'eau , 1 000 gr.; hyposulfite de soude, 100 gr. M. Fau recommande particulierement les appareils construits par M. Charles Chevalier. Le soin , dit-il , que cet habile et con- sciencieux constructeur met a. verifier par lui-meme tous les in- struments sortis de ses ateliers est deja une grande garantie de leur perfection, qui est d'ailleurs hautement proclamee par les photo- graphes de tous les pays. Ce petit volume se termine par un cata- logue fort utile des appareils, des accessoires et des produits chimi- ques dont on se sert pour obtenir des epreuves photogeniques. NOUVEAUX PROCEDES DE M. LYTE. M. Fau cite en passant les procedes de M. Lyte, mais avec trop peu de details pour qu'on puisse les appliquer utilement. Les voici tels que nous les trouvons dans les journaux anglais et amen- cains : M. Lyte prepare son collodion avec du papier a filtrer suedois, bien preferable, dit-il, au coton, surtout parce qu'on est sur d' obte- nir ainsi une substance completement soluble, dont les propn^te's et la facilite de manipulation ne laissent rien a. desirer. Premier procede. Sensibilisation du collodion. Apres avoir pre- pare un collodion limpide et passablement epais, on prend : 1" Alcool rectifie 1 once. . 31 grammes. 2° Iodure d'ammonium.. . . 45 grains. . 3 3d Bromure d'ammoniunm. . . 12 grains. . 0,77 4° Chlorure d'ammonium. . . 1 grain. . 0,065 COSMOS. 151 5" Iodure ersel, so comptaient par myriades, eleves rdduitsa un tres-petit nombre pour l'ceil qui les voit. Au moment oil M. Coste ex- primait l'espoir de voir bientot les saumons du Danube se multiplier dans nos rivieres de France, le prince Charles Bonaparte a eu la singuliere idee dfl demander a son savant collegue ce que c'est que le saumon du Danube ; c'est, a repondu imperturbablement M. Coste, un saumon a chair de couleur tres-difierente de celle du saumon or- dinaire; je demande , replique le prince Bonaparte avec le plus grand sang-froid, que cette reponse de notre honorable collegue soit consignee dans le process-verbal de la seance. — M. Becquerel pere n'a pas seulement lu un memoire, il a pre- sente deux appareils nouveaux qui ont beaucoup excite l'attention. Si nous l'avons bien compris, il avait principalement pour but, dans son memoire, de revenir sur la belle decouverte des piles a effet ou courant constant, et de faire valoir ses droits de priorite. Nous dfeirerions ardemment pour M. Becquerel qu'il eut reellement in- vente ce bel appareil, maisil n'en est rien malheureusement. La pile dont il pretend faire deriver tour a tour, par une simple substitution, la pile de Daniel , la pile de Grove , la pile de Bunsen , n'est pas proprement une pile a eifet constant ; et il y a bien longtemps que toes les physiciens sont unanimes pour dire a M. Becquerel qu'eri maintenant ses pretentions, il ne prouverait qu'une chose, c'est qu'il ne veut pas savoir ce qui constitue une pile a effet constant ; qu'il ne se rend pas compte du principe essentiel de leur construction. Quant aux appareils, que nous n'avons fait qu'entrevoir , les modifications qu'ils ont subies et qui les differencient des appareils ordinaires du meme genre, consistent dans l'adjonction de commu- tateurs mis en jeu par le courant lui-meme, et qui ont pour fonction de faire que le courant circule touj ours dans le meme sens et non pas tantot dans un sens, tantot dans un autre. Cette persistance COSMOS. 161 avait doja ete obtenue par d'autres construcleurs et par des moyens analogues, aumoins pour les appareils magneto-electriques. M. Bec- querel l'a etenclue aux courants alternatit's nes d'actions chimiques. Cette extension, sur laquelle nous reviendrons, seraitplus originale etplusneuve. La note de M. Becquerel nous est parvenue trop tard, — M. Payen a lu un memoire interessanl sur la presence de la chaux dans les plantes ; nous en donnerons plus tard une idee com- plete. Le fait capital mis en evidence par cette curieuse serie d'ex- periences , c'est que dans les plantes la chaux existe toujours ou presque toujours a l'etat de carbonate. — M. Boussingault continue autant qu'il le peut, a Paris, ses ex- periences sur la presence de l'ammoniaque dans l'air et les eaux de pluie. II a dispose sur un toit, dans le voisinage de la place Royale, un uclometre semblable a celui que nons avons deja decrit. Dans une averse de pluie t:es-abondante, il a pu le 3 Janvier recueillir suc- cessivement 5 litres de pluie qu'il a analysee ensuite litre par litre. La premiere prise d'eau ou le premier litre contenait 7 milligrammes d'ammoniaque ; la seconde, 4 milligrammes; la troisieme 3...; la cinquieme en fin 7 dixiemes de milligramme seulement.La moyenne par litre etait 3 milligraminesd'ammoniaque, quantite beaucoup plus considerable que celle contenue dans les eaux de pluie recueillie loin des villes ; la moyenne au Liebfrauenberg etait de 3 dixiemes de milligramme ou dix ibis moinclre. M. Boussingault fait remarquer en outre que le premier litre de pluie recueillie, quoique limpide, etait assez fortement colored, sans doute parce qu'elle renfermait la dissolution des corps organiques qui fiottent dans l'atmosphere. Le 23 Janvier le brouillard fut si epais qua dix heures du matin on voyait a peine dans les appartements ; ce brouillard deposa sur l'u- dometre une certaine quantite d'eau qu'on put analyser ; la propor- tion d'ammoniaque mise en evidence etait vraiment enorme, 50 mil- ligrammes, en moyenne, par litre, ce qui aecuserait clans l'air la presence de 74 centigrammes de carbonate d'ammoniaque. Est-il e4onnant que des brouillards charges de tant de matieres organiques presentent quelquefois une odeur sensible ? — M. Duvernoy lit une note sur des ossements fossiles decou- verts dans les environs d'Athenes. — Son A. le prince Charles Bonaparte expose dans une lecture assez courte les caracteres distinctifs de quelques especes impor- tantes. — M. Pouillet presente un memoire tres-etendu sur la telegra- phie electrique de M. Regnard, juge suppleant. Apres une appre- 162 COSMOS. ciation tres-intelligente des principaux appareils employes jusqu'ici, M. Regnard expose le perfectionnement, suivant lui tres-impor.tant, qu'il a realise, et qui consiste essentiellement dans la substitution des armatures aimantees d'une maniere permanente aux armatures en fcr doux ; il demerit ensuite les applications qu'il a faites de ce mecanisme a la construction de telegraphies parlants ou acoustiques, epelant, ecrivant, imprimant, etc. Nous arrivons enfin au grand evenement de la seance. — M. Dumas demande la parole pour exposer de nouvelles re- cherches faites par un des chimistes les plus distingues de la gene- ration nouvelle, M. Sainte-Claire Deville , maitre de conferences a l'Ecole normale. Aux premieres paroles sorties de la foouche de l'habile chimiste, 1'auditoire entier a fremi. II a senti spontanement qu'on allait lui annoncer une heureuse nouvelle, un fait completement inattendu. Les precautions oratoires dont l'eloquent professeur s'entourait prou- vaientsurabondamment qu'il avaitetegrandement surpris lui-meme, qu'd n'avait cru que vaincu par V evidence des faits, que parce qu'il avait vu de s-es yeux et touche de ses mains cette magnifique con- quete de la science. C'est, en effet, quel que chose de bien extraor- dinaire que la transformation de l'argile et de la terre glaise de nos terrains , de la marne de nos champs, en un metal aussi blanc et aussi brillant que l'argent, aussi malleable que l'or, aussi inatta- quable que leplatine, plus inoxydable que l'etain , fusible a une temperature moyenne, et, en merae temps, aussi ldger que le verre. C'est une delicieuse esperance que celle qui nous est donnee de voirbientot ce metal mysterieux, produit en quantite assez grande, a un prix assez bas pour qu'il puisse se preter aux besoins de l'in- dustrie , ou des mille industries qui l'appliqueront tour a tour. II nous serait facile de dechirer le voile de l'avenir et de faire briller aux yeux eblouis les etonnants resultats de la decouverte de M. Sainte-Claire Devilie; mais ce serait aller trop vite, et nous nous contenterons aujourd'hui de transmettre a nos lecteurs la note si in- teressante dans laquelle l'heureux inventeur expose lui-meme ses recherches: " On sait que M. Wolher a obtenu l'aluminium pulverulent, en traitant le chlorure par le potassium. En modiflant convenablement le procede de M. Wohler, on peut regler la decomposition du chlo- rure d'aluminium de maniere a. produire une incandescence suf- fisante pour voir les particules de ce metal s'agglomerer et se re^oudre en globules. Si on prend la masse composee du metal et COSMOS. 163 du chlorure de sodium (il vaut mieux employer le sodium), et si on la chauffe dans un ereuset de porcelaine au rou^e vif , l'exces de chlorure d'aluminium se degage et il reste une matiere saline a reaction acide, au milieu de laquelle se trouvent des globules plus ou moins gros d'aluminium. " Ce metal est aussi blanc que 1'argent, malleable et ductile au plus haut point; cependant quand on le travaille, on sent qu'il rfeiste davantage et on peut supposer que sa tenacite est plus considerable, II s'ecrouit, et le recuit lui rend sa douceur. Son point de fusion est peu different du point de fusion de 1'argent. Sa densite est 2,56; il conduit tres-bien la chaleur, on peut le fondre et le couler a l'air, sans qu'il s'oxyde sensiblement. •• L'aluminium est complement inalterable a l'air secou humide. II ne se ternit pas, il reste brillant a cote du zinc et de l'etain fraiche- ment coupes et qui perdent leur eclat. — II est insensible a Taction de l'hydrogene sulfurc. — L eau froide n'a aucune action sur lui, l'eau bouillanle ne le ternit pas. L'acide nitrique faible ou con- centre, l'acide sulfurique faible, n'agissent pas non plus a froid. Son veritable dissolvant, c' est l'acide chlorhydrique : il en d<'°-a°-e de l'hydrogene et il se forme du sesqui -chlorure d'aluminium ; quand on le chauffe jusqu'au rouge dans l'acide chlorhydrique ga- zeux, il se forme egalement du sesqui-chlorure d'aluminium sec et volatil. •< L'on comprendra combien un metal aussi blanc et inalterable que 1'argent, qui ne noircit pas a l'air, qui est fusible, malleable, ductile et tenace , et qui presente la singuliere propriete d'etre plus leger que le verre ; combien un pared metal pourrait rendre de services s'il etait possible de l'obtenir facilement. Si Ton considere, en outre, que ce metal existe en proportions considerables dans la nature, que son mineral est l'argile, on doit desirer qu'il devienne usuel. J'ai totft lieu d'esperer qu'il pourra en etre ainsi ; car le chlorure d'aluminium est decompose avec une facilite remarquable a une temperature elevee par les metaux communs ; et une reaction de cette nature que j'essaye en ce moment de realiser sur une ecdielle plus elevee qu'une simple experience de laboratoire, re"sou- dra la question au point de vue de la pratique. « M. Debray, jeuneagrege et habile chimiste, attache au labora- toire de l'Ecole Normale , qui prepare depuis longtemps un travail complet sur la glucyne , recherche en ce moment les proprietds du glucynium. M. de Senarmont ayant bien voulu se charger de me procurer en quantity suffisante pour l'etude, des zircons d'Expailly, 164 COSMOS. j'etendrai mes expei iences au zirconium, et serai bientot, je l'espere, en mesure de soumettre a l'Academie des resultats generaux sur les mclaux de ces terres, et le rang de leurs combinaisons chimiques dans la serie des matieres melalliques. » Pendant que M. Dumas parle encore , un Ires-grand nombre de membres , MM. Chevreul , Reynault , Payen , Le Verrier , etc. , se levent et viennent admirer les lames et les fils d'aluminium qui , plonges depuis longtemps dans L'.eau , l'acide sulfurique etendu et l'acide nitrique concentre , out conserve tout leur <5clat. Apres avoir echange quelques explications avec son honorable collegue , M. Thenard se lcve a son tour at demande a l'Academie si, en presence de si admirables resultats, il ne conviendrait pas de mettrea la disposition de M. Sainte-Claire-Deville une somme suf- fisante pour proceder immediatement a des experiences en grand. Cette proposition , chaudement appuyee par plusieurs membres de la section de chimie , a ete sanctionnee par un vote unanime ; et il a ete' decide que, dans sa plus prochaine reunion, la commission admi- nistrative fixerait le chiffre de la subvention quelle pourra accorder. — M. Poncelet , presente , au nom d'un celebre mecanicieu et constructeur anglais , M. Robert, de Manchester, un memoire sur les quab les superieures qu'acquiert le fer prepare avec le coke pu- rific; la resistance des I>arres de fer, ainsi obtenues, augmente dans une proportion considerable. Ces recherches experimentales , ren- voyees a l'examen de MM. Morin , Poncelet et Combes , out ete faites dans les ateliers et avec le concours de M. Fairbairn , autre niecanicien anglais eminent, present a la seance, et le veritable in- venteur, suivant sir David Brewster, des ponts tubulaires dont on fait honneur , a tort , a M. Stephenson. — M. Flourens depouille la correspondance a la place deM. Elie de Beaumont, qu'une indisposition, qui n'aura pas, nous l'esperons, de suites graves , retient chez lui. — M. le ministre de l'instruction, avec un empressement dont r Academic est grandement reconnaissante, ccrit qu'il autorise tres- volontiers l'Academie a prelever sur les reliquats desprix Montyon la somme de 14 000 francs quelle proposait d'accorder comme prix , recompense , encouragement , indemnite ou subvention a MM. Le Reboulet, PaulGervais, Franchot, Claude Bernard, Rous- seau et Deveria , Hind , de Gasparis, Chacornac , Luther , etc., etc. — M. Berthier, professeur a l'Ecole des Mines, qui depuis bien longtemps semblait comme Achille s'etre retired sous sa tente, pre- sente a l'Academie une brochure ayant pour objet l'analyse des COSMOS. 165 cendres des vegetaux et de diverses terres. Voici comment ce mo- moire estvenu au jour. Dans la seance de la Societe d'agriculture tenue le 2 novembre dernier , M. Chevreul avait entretenu l'assem- blee d'un manuscrit dont il devait, disait il , la communication a l'a- mitie d'un illustre chimiste, auteur d'importants travaux , et notam- ment d'un traite de docimasiepar la voie seche; ce manuscrit avait pour objet les analyses des cendres fournies par un grand nombre de plantes; M. Chevreul avait fait remarquer que les analyses les plus exactes des cendres des plantes avaient ete faites par M. Ber- thier lui-meme , que celui-ci dtant aussi habile analyste qu'ennemi des hypotheses, il ne donnait que des observations d'une precision remarquable; qu'il avait etudie la nature deplusieurs matieres orga- niquesqui se trouvent dans les cereales, et que les resultats auxquels il etait arrive sont extremement curieux. M. Chevreul enfin annon- cait que des qu'il aurait recu le complement du manuscrit de M. Berthier, i! en presenterait un resume" a la Societe, et en pro- poserait l'insertion dans les Memoires. M. Becquerel prenant la parole a son tour, avait dit que la Societe devait des remerciments a M. Chevreul pour sa communication , attendu que la remise obte- nue par lui du remarquable travail de M. Berthier , est une veritable conquete, a raison de l'interet et de la precision que presentent ses analyses. M. Payen enfin avait ajoute que l'insertion des belles re- cherches de M. Berthier dans les memoires de la Societe serait d'au- tant plus importante , qu'elle determinerait les experimentateurs a suivre cette voie de recherches fecondes. En entendant M. Flourens annoncer 1'apparition d'un court tra- vail de M. Benhier, personne tres-certainement n'avait soupconne qu'il y avait sous ce simple fait tout un evenement , une glorieuse coalition de trois honorables academiciens, dans le but de forcer en quelque sorte un de leurs savants collegues a reprendre parmi les travailleurs ou les producteurs , la noble place qu'il avait autrefois occupee. — Les fils de M. le vicomte He>icart de Thury annoncent la mort douloureuse de leur venerable et glorieux pere , membre libre de l'Academie des siences, mort a Rome dans sa 10"^ annee. — M. Ernest Liouville > fils du celebre mathematicien , eleve as- tronome de l'Observatoire, adresse une note sur l'influence exerce'e par les diaphragmes sur la precision des observations du passage du soleil au mendien ; cette note , sur la demande de M. Laugier, sera insereedans tes comptes rendus, et nous l'analyserons. — M. Chatin adresse la suite de ses recherches experimentales 166 COSMOS. sur faction qu'exercent sur la vegetation les divers sels employes a equivalents chimiques egaux. Dans la premiere. serie d'experiences que nous avons analysee , M. Chatin avait surtout etudie Taction des sels sur la pomine de terre Solatium Tuberosum; il a etudie cette Ibis Taction des sels sur le developpement du haricot , de l'epi- nard, del'orge, de Tavoine , du cresson alenois, mais en se bornant aux sels de potasse et desoude. En voici les lesultats : I. Haricot. he phosphate de potasse a £te favorable; le phosphate de soude n'a pas nui. Les nitrates ont ete defavorables (a la dose employee). Le carbonate de potasse n'a pas eu d'effet marque ; le carbonate de soude a ete tres-nuisible. Le chlorure de potassium a peu modifie la vegetation ; le chlorure de sodium a nui. Les tartrates et acetates ont eu peu d'effet (le tartrate acide de potasse et Tacide tartrique ont un peu retarde la vegetation). II. Epinard. Le sulfate de potasse a ete favorable; le sulfate de soude a nui. Le carbonate de potasse n'a pas en d'action marquee; le carbonate de soude a nui. Le nitrate de potasse a favorise la ve- getation que le nitrate de soude n'a pas modifiee. Le chlorure de po- tassium n'a pas eu d'effet sensible, le chlorure de sodium a nui fortement. Les acetates ont exerce peu d'imiuence. III. Orge. Le phosphate de potasse a ete plus favorable que le phosphate de soude. Le sulfate de potasse a laisse la vegetation se develop[:er commedansla terre non additionnee de sels; le sulfate de soude a ete nuisible. Le chlorure de potassium a laisse la vege- tation suivre son cours; le chlorure de sodium a ete nuisible. IV. Avoine. Le sulfate de potasse a ete un peu favorable; le sulfate de soude a nui sensiblement. Le carbonate de potasse n'a pas eu d'effet marque ; le carbonate de soude a ete nuisible. V. Cresson alenois. Le carbonate de potasse a £te sensiblement favorable ; le carbonate de soude a ete tres-nuisible. Le chlorure de potassium a nui; le chlorure de sodium a etc extremement nui- sible. Tous les (aits qui precedent s'accordent pour etablir que les sels de soude, ajoutes au sol, exercent une influence mauvaise sur la vegetation, et que les sels de potasse ont, au contraire, en gene- ral, une action favorable. On sait que les sels de soude sont, par contre, utiles aux animaux, a Texclusion des sels de potasse. II est mi'irie a remarquer que le chlorure de potassium, le seul des sels de la serie potassique qui paraisse indispensable aux animaux, chez qui il se localise dans les muscles, soit en nieme temps celui des COSMOS. 167 sels de potasse qui a ete le mops constamment favorable a la ve*- ggtation. Les faits signales par M. Chatin interessent e"galement la physiologie vegetale et la pratique agricole, dans laquelle on pre- conise encore les sels de soude qui, cependant, se sont montres ge- ne>alement nuisibles. — ML Prosper Meiler offre a 1'Academie une brochure imprimee, relative surtout a un phare acronautique de son invention, nous en parlerons bientot ailleurs. — M. Claussen reclame, contre M. Payen, la priorite des ob- servations relatives aux proprietes desinfectantes des sels calcaires et autres substances, nous y reviendrons des que cette note sera par venue jusqu'a nous. — M. Tremblay, qui fait en ce moment au Havre des xpe- riences en grand sur son porte-amarre de sauvetage, aurait bien desire que les commissaires nommes par 1'Academie, MM. Duper- rey et le general Morin eussent bien voulu constater de vim la por- tee de ces essais; dans notre prochaine livraison, nous donnerons la description et les dessins de cet appareil. — M. l'ingenieur Bonelli repond a la reclamation de priorite soulevee contre lui, par M. Maumenee, au sujet du metier a tisser electro-magnetique, nous analyserons bientot cette discussion. — M. Dumoncel adresse la suite de ses experiences sur les effets de l'electricite de tension obtenue par les machines d'induction. II resulte de ces experiences : 1° qu'une lame metallique peut etre charged d'electricite par influence, au travers de deux lames iso- lantes, et lournir des etincelles a distance avec un corps conducteur isole du circuit; 2° que les corps conducteurs legers, ou a un etat de division suffisant, connne la limaille de cuivre, sont animes d'un mouvement oscillatoire tres-energique, comme les balles de sureau dans f experience de la grele de Volta, quand ils subissent 1'effet par influence du courant, a travers deux lames isolantes ecartees a une certaine distance (12 centimetres environ) l'une de l'autre ; 3° que ce mouvement peut etre produit avec un seul des poles du circuit, a. la condition qu'un corps conducteur rempiace l'autre pole ; 4° que lesliquides et laflamnie ne sont pas immpressionnes, par 1'influence du courant, du moins quant au mouvement dont on vient de par- ler ; 5° que le jet de lumiere blanche degagee dans l'ceuf philoso- phique, par celui des poles qui fournit l'etincelle a distance, lors- qu'on Fexcite avec un corps isole du circuit, peut etre dirige a tra- vers la paroi du ballon, par un corps conducteur quelconque. Ce dernier phenomene est fort curieux, en ce que l'etincelle, au 168 COSMOS. lieu d'etre violette et stride, commecela a lieu quand elle s'echange d'un pole du circuit a l'autre, dans l'ocuf electrique, est parfaite- ment blanche, non striee et accompagnee de lueurs mouvantes bla- fardes, assez semblables aux plis llottants de l'aurore boreale, ces lueurs semblent converger vers deux points du ballon, a peu pros symetriques, par rapport au jet lumineux ; elles se reproduisent egalement dans le tube electrique, mais elles ferment alors comme une espeee de spirale mouvante. M. Dumoncel communique en meme temps une seconde note relative aux transmissions des courants en zigzags; nous l'analyse- rons plus tard. — M. le docteur Davenne annonce qu'il guerit radicalement les varices. — M. Martens, professeur a la Faculte demedecinedeMontpellier, adresseun examen comparatif de lapluie dans les climats du nord et du midi ; cette etude se resume dans des nombres que nous n'o- serious pas reproduirede souvenir, nous attendrons, en consequence, 'impression de cette notepleine d'inteVet. — M. Binault, chimiste habile et actif de Lyon, continue ses etudes sur la composition de l'atmosph^re et des eaux de pluie; les resultats auxquels il est parvenu confirment pleinement ceux obtenus par M. Boussingault. — M. Chabaud, directeur de la pisciculture d'Enghien, refute quelques-unes des assertions de la derniere communication de M. Millet. Nous reprendrons ties-prochainement cette belle ques- tion de la pisciculture, a l'occasion du Guide da pisciculleur de notre ami M. Haxo, publie a la ljbrairie centrale d'agriculture et de jardinage d'Auguste Goin ; la note deM. Millet, les remarques cri- tiques de M. Chabaud et la nouvelle lecture de M. Coste trouveront leur place dans ce nouvel article. — M. Maurice adresse une note sur un nouveau proceed de con- servation des substances alimentaires sans l'emploi du sel. — Puis viennent une foule de memoires relatifs a la maladie de la vigne, au prix Breant. A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. PAIUS. IMPR1MERIE DE W. REMQUET ET Cie., R'JE GARANCIERE, 5. . iv. r4 l'Evmr.n i85i. troisieme annee. COSMOS TABLES PAHLANTES. « Les tables touniantcs, disait recemment la Gazette medicate, ont pris u;i carartere cpideiniquc. II se produit en ce moment dans lesesprits, al'endroit decesfaitsextraordinaires, une preoccupation, une inquietude, un cbranlement profond ; les cas de folie se multi- plied. En Amerique, l'cpiddmie intellectuelle a fait de tels progres qu'elie menace de troubler les rapports sociaux. On peut s'en faire une idee par ce fait que danslaseule ville dePhiladelphie, il yatrois cents soci&tes s i u'unis-ant plusieurs fois par semaine pour evoquer les morts et converser avec les esprits. Dans quelques Etats, le gou- vernement songe serieusement a intervenir. En France, a Paris surtout , la tablomanie se propage avec une rapidite et une genera- lite alarmantes. L'autorite religieuse s'en est emue. et combat le mal avec les arrnes spirituelles qui lui sont propres. Enfin la situation est grave, plus grave que ne ne pourrait le faire croire une observa- tion superficielle. I! est temps d'y aviser. « Une demonomanie epidemique en plein xixe siecle, en face de I'&ead&nie des sciences, et de FAcademie des sciences morales et politiques, au temps de la vapeur, des chemins de fer, de la tele- graphie electrique, de la photographie , qui l'aurait pu prevoir ! Mais le mal existe ; il n'est plus possible de le nier ; il ne s'agit done plus que d'en chercher la cause, et si e'est possible le remede. « CVst a la science qu'incombent et le soin et le devoir de dissiper cecauchemar intellectucl. Jusqu'ici elle s'est en quelque sorte re- cusee par des motifs qui ne sont plus acceptables. Des faits singu- lars, extraordinaires, etranges, contraires en apparence a toutes les donnees acquises en physique et en psychologie se produisent cha- que jour, a toute heure, sous les yeux de quiconque a la curiosik' de les voir. Toute part faite a l'exageration, la reality de ces faits ne peut guere etre raisonnablement contested en gros. lis ont ete constates dans toutes les conditions d'une experience legitime et sin- cere par des homines de science. On ne peut done plus les repousser 6 bis. 170 COSMOS. par de simples fins de non-recevoir tirees de leur pretendue impos- sibility. II faut ies aborder directement et resolument. La question, autant que 710s propres recberches nous autorisent a le croire, ne porte plus sur l'existence ot sur la realite objective des phenomenes, mais uniquement sur leur interpretation. C'est cctte interpretation qui, en l'absence de la science qui so tient a I'ecart, livr^e a l'ela- boration des esprits mystiques et superstitieux, constitue I'etat mor- bide des intelligences et est un seandale pour la raison. La philoso- phie et la science, qui ont chassd du monde et de l'esprit humain tant de fantomes, auront, quand elles voudront, raison de ceux-ci. Ce sont la provisoirement les seuls exorcismes qu'on doit employer, et on n'auia pas probablement a recourir a. d'autres. •• Nous ne vpyons a redire a cet article, du reste fort sense, que la )e°erete avec laquelle l'auteur affirme que les faits extraordimrires des table.-, parlantes ont t'te constates dans toutes les conditions d'une experience legitime et sincere; et la puissance qu'il attribue bien gratuitement et bien maladroitement a la philosophie et a la science ; si la science n'avait pas elle-meme le sentiment proi'ond de son impuissance , se serait-elle tue si longtemps comme elle la fait au grand scandale de ceux qui avaient espere en elle? Pour dormer une idee des extravagances, ou des aberrations d'esprit auxquelles sont fatalement amenes les partisans des tables parlantes, nous reproduirons quelques passages d'un article in- sure, sur ce suiet, dans le Monotaupole , journal de la propriete iutellectuelle. Citons d'abord 1'explication on ne peut plus claihe (sic), que donne l'auteur des communications spirituelles , et de tous les phenomenes sous lesquels elles se produisent. ;«. Suivezbien...Un homme est en presence d'une pile galvanique; son intelligence ou son esprit lui font mettre un til en contact avec celui d'un telegraphe, d'un moteur electro-magnetique, d'un bain a dorer les metaux, d'unappareil a produire la lumiere. C'est cvidem- ment par sa volonte qu'il obtient l'un ou l'autre de ces effets : on ne saurait le contester. La volonte precede, prepare et determine librement Taction materielle, par Tintermediaire du iluide nerveux, qui met les muscles en mouvement. En meme temps que la volonte pousse l'homme a communiquer un signal par la vibration electro- magnetique, quelle que soit la distance de 1'appareil recepteur, il y a la-bas un autre esprit qui percoit la demande, une autre volonte qui renvoie la reponse, sans influence aucune sur le libre arbitre des deux correspondants. » Voila le principe, voicil'application. .. Une table ou mi objet quelconque devient pile ',clectro-bio-dy- COSMOS. 171 namique quand elle est chargee de fluide nerveux, vital ou humain. La volonte peut lui imprimer une vibration qui se communique a Te- ther ou a l'electricite universelle, laquelle rencontre certalnement dans ses anneaux immenses t ' univcrsalite des etres, et frappe sans anciindoute I 'esprit an quel vous avez la volonte ou la pcnsee de les adresser, et comme cet esprit possede une intelligence et une libre volonte" comme la votre, il vous renverra, s'il leveut, un signal par la meme voie, soit en rompant les lois de la gravitation, comme le fait le fluide galvanique par l'aimantation a distance, soit en in- diquant des lettres sur un cadran comme le telegraphe electrique' soit en produisant une etincelle , un mouvement giratoire... On a tort de croire que l'esprit est la dans la table, qui vous parle"; c'est comme si l'employe du telegraphe croyait que son interlocuteur est derriere le cadran... >. Qu'en dites-vous , chers lecteurs? Et ne voila-t-il pas une explication nette , simple, parfaitement satisfai- sante des faits merveilleux des tables parlantes? Vous imposez !es mains a un gueridon, et le voila tout a coup transforme en telegraphe electro-physiologique ; vous parlez, vous pensez, ce sont autant de signaux envoyes dans le inonde des esprits, au del, au purgatoire ou dans les enfers. Tous ces esprits, anges, ames eprouvees, rdprouvds demons, ont senti les fremissements de votre parole et de votre pen- se"e; ils sont devenus tout a coup attentifs, ils ont fait trove a leur extase , a leurs souffrances , a leur rage ; ,1s vous entendent. L'une d'ellesou 1'un d'eux a compris que vous l'evoquiez; maisil ne sont helas ! que recepteurs ; ils n'ont pas comme vous de gueridon en- chante; n'importe, ils sagitent, ils fremissent a JeuUour par un effort violent de leur volonte, ils reflrchissent les ondes intellec- tuelles que vous avez lancees dans les espaces imaginaires ; ces ondes reflechies viennent heurter fhumble bois que vos main's ont spiritualise; il souleve , impatient, ses pieds , et il frappe en coups reguliers ses revelations, ses oracles, ses secrets, etc., etc. » Mais prenez garde ; mettez a profit ce sage avertissement du Monotaupole : " Le monde spirituel ctant uniquement compost d'hommes sans corps, ayant vecu sur les globes, et ces esprits restant doues des memes faculty qu'ils possedaient pendant leur incarnation , ils ont aussi les memes defauts et les memes vertus , ce qui veut dire qu'il ne faut pas plus se livrer a eux sans examen qu'au premier passant ici-bas. . . Les bons esprits, les esprits vertueux et savants sont aussi rares la-haut que parmi nous; c'est ce qui a determine le clerge a defendre a ses ouailles d'entrer en commerce avec eux, 172 COSMOS. et surtout en commerce solitaire... A moins d'etre doae* d'une sup£riorite intellectuelle et morale transcendante, et d' avoir 6t6 averti par des esprits superieurs, on risque de devenir la proie des mauvais qui se pr£=entent souvent a l'improviste quand on n'en designe aucun. «C'est exactement le memo risque que court un homme faible ou mediocre qui se livrerait en aveugle a la direction ou a la discretion d'un filou spirituel et ruse. « C'est un malheur pour certaines personnes , pour certains eercles , quand un esprit inferieur, ignorant ou trompeur, s'em- pare de la conversation et devient leur esprit familier ; il est tres- diffieile de s'en defaire ; on a beau le chasser, il revient avec de faux noms pour vous tromper encore et s'amuser de votra cre- duhte. .. A quoi reconnaitre la valeur d'un esprit qui prend souvent la parole inopinement 1 Aux memes signes que nous reconnaissons la valeur du premier venu qui nous accoste. II suffit de le laisser parler pour juger de samoralite, de sa science ou de son incapacity maisJ en cela tout le monde n'est pas bon juge, c'est pourquoi nous recom- mandons la mefiance et plus encore la conservation de son libre ar- bitre et de sa raison, surtout pour les choses de l'avenir qu'on cherche a leur arracher, parce qu'ils se montrent tres-instmitssur les choses pas-ees et presentes. » L'aveu est curieux , convenez-en ; ce qui suit est plus curieux encoi e : « Ct-ux qui jugent de tout le phenomene par un seul echantillon quatre-vingi-dix-neuf fois de mauvaise qualite , se trompent en le condninnaiit. II en est ici comme de toute chose; c'est la continua- tion de la lutte eternelle du bier, et du mal , d'Oromaze et d'Ari- manf : il Paul savoir separer le bon grain del'ivraie, le temps qu'on y passe .ie sepa pas perdu pour les vanneurs, la moisson suivante en sera ■ ''-ill< e pour tous. .. Ni'ius »>mmes a meme de vous affirmer qu'il y a des tremors de mora!' de science et de style a. obtenir du commerce des bons es- prit - , '• iels enrichiront notre literature , nos arts et nos con- nCV-, . nous donneront des conseils si sages que nous serons obi:.. - »!' 'uer que Dieu parle par leur voix ! .. |> << nerce des mauvais esprits est le contraire ; la perfidie de bur i nuations, l'adresse de leurs calomnies, la puissance de leur, ii vec ves nous forceront d'avouer que c'est le demon qui s'en melt* ! COSMOS. 173 - - L'esprit religieux des uns, l'esprit athee des autres troul.leront bien des consciences , detraqueront bien des cervelles , feront bien des conversions et des perversions, tant que les expmmentateurs ne seront pas avertis de la necessity de conserver Jeur libre arbitre et Jeur jugement personnel. "Que de machines impossibles ont deja ete dictees et executees combien de voyages et de fouilles ont &e entrepris sans r&ultatsi mais aussi combien d'avis precieux et salutaires ont dte recus et mis a profit par ceux qui ont eu le bonheur de les recevoir! .. Nous avons ete desole" d'apprendre qu'un pieux et spirituel cure" de Fans, que notre sortie centre les tables parlantes avait o-rande- ment froisse, croyait serieusement a la communication avec les es pnts par le medium du guendon ; qu'il regardait ces evocations commeparfaitement legitimes ; qu'il en attendait des fruits mer- veilleuxdesalut etde science ; qu'il exposait religieusement dans son salon deux dessins miraculeux traces par les doigts invisibles d une jeune personne morte il y a quelques mois et dont la main alors qu elle n avait pas ete devoree par la tombe , n'avait jamais tenu un crayon ; qu'il ne pouvait attribuer notre incredulite qua la 7Z7au I"- k rign0mnCe- P°Ur lui' Comrae P™1'1* redacteur du • Les communications spirituelles sont un fait tellement repandu aujourdhui qu il nest plus possible a 1'homme doue de la Wique de la plus vulgaire, de le contester, a moins de pretendre que toutle monde est fou autour de lui , qu'il est seal sage, seal bon Le seul exempt de 1 epidemie generate, mais aussi le seul qui n'ait ne'n vu r.en essaye, rien appris du fait le plus considerable qu, ait visiie humamte depuis qu'elle existe, la communication directe avec lesmorls, la realite de l'apparition des revenants, 1'existence des talis* mauvais anges du christianisme, des genies inspirateurs et des Muses du paganisme, des Fees, des Peris, des Gnomes et de la Mais celui-ci ajoutait : - A quoi sert-il d'avoir brule tous ces pnemx, piusqu ils renaissent de leurs cendres ? . M le cure de *** par respect pour l'Eglise, ne condamnera pas ou ne regrettera pas les anathemes lances contre la rcagie. P Ce qui nous etonne plus encore que tout ce que nous vonons de rappeler, c est que M. Victor Meunier, le redacteur scienhrique de a Hesse, homme de science et d'esprit, mais rationabste ardent, que la ioi et le mystere revoltent, admette toutes les fables qui tour- 17a COSMOS. billonncnt autour de lui, et nous dise tres-serieusement dans son dernier feuilleton de la Presse, du mercredi 25 Janvier: « Que les tables se meuvent et qu'elles parlent sans comperage de la part de ceux sous la main desquels elles s'^cartent a ce point de leurs habitudes, personne ne le conteste plus. II y a si peu de comperage que beaucoup en sont devenus fous. A qui la faute? M. Peisse nous l'a dit : a la science, ou plutot aux savants qui se sont tenus a l'ecart. Si 1' Academie eut fait son devoir, tant de pau- Vres gens dont la tete a demenage seraient encore en possession de cet utile organe. On n'avaitpas su, jusqu'ici, tout le mal que peu- vent faire de mauvaises institutions scientifiques ; on le sait main- tenant. Les eveques se sont alarmes; ils ont tenu des conferences, ils ont interdit aux fideles l'usage de ce fruit nouveau de l'arbre de Ja science. » II est vrai que, grace a M. Arthur Morin, l'auteur du livre : Comment I' esprit vient aux tables, l'homme qui n'a pas perdu 1'esprit est arrive" a s'expliquer parfaitement a lui-meme tous ces phtinomenes Granges. " C'est qu'en effet, les tables tournantes nous mettent tout sini- plcment en presence d'un phenomene psychologique ; phenomene considerable, qui ouvre une voie nouvelle et que je comparerais a la decouverte d'CErsted , n'etait la distance toute a l'avantage du fait nouveau qui separe la psychologie de la physique. Dans leur im puissant dedain, les savants helas! laissent echapper l'occasion de faire entrer la psychologie dans le giron des sciences positives. « Nous voici done prevenus que le phenomene des tables est la chose la plus naturelle du monde, qu'il provient d'une force non pas nouvelle assurement, mais qui n'avait pas encore et6 scientifiquement reconnue, et dont l'auteur a retrouve les ressorts caches; puissance si grande, que ceux qui l'ont possedee ont cm la devoir a 1'inter- vention d'etres surnaturels. C'est elle qui operait dans la magie an- tique, dont le secret est maintenant decouvert, et qui va etre mise a la portee de tout le monde ; enfin, ce n'est autre chose qu'une puissance cicatrice dont la foi et la volonte sont douses ! » M. Meunier fait mieux encore, il nous promet la demonstration palpable et rigoureuse de ces propositions. Ah ! pourvu que son prochain article soit, en effet, une serie de preuves positives, et non pas un fiot de declamations! II se plaint amerement de ce que la science ait garde un silence obstine; de ce que 1' Academic ait manque a tous ses devoirs; or, voici que deux academiciens, MM. Chevreul et Babinet, abordent courageusement les tables tour- COSMOS. 175 nantes et parlantes. M. Meunier leur viendra-t-il en aide? Soyez bien siirs que non. II les fera repentir de leur intervention, bien plus qu'il ne les a fait rougir de leur silence; nous voulons bien croire que notre eriergique confrere veut la lumiere; mais tres-certaine- ment la lumiere qu'il appelle est la lumiere amie de ses yeux pr£- venus et malades, et non pas la lumiere pure et brillante du jour. Nous desirons ardemment que nos abonnes lisent dans le texte original, dans la Revue des Deux Mondes, le spirituel et curieux article de notre savant ami M. Babinet; aussi n'en reproduirons- nous que deux passages , son explication resumee du phenomene, si phdnomene il y a, des tables tournantes, car nous sommes tou- joursincredule, et ses conclusions a l'encontre des tables parlantes. « S'il y a done quelque chose d'etabli en mecanique et en phy- siologic, e'est que les mouvements naissants sont moins etendus, mais irresistibles. Alors si nous considerons plusieurs personnes ap- puyant les mains sur le pourtour d'une table, au moment oil seront etablis de petits mouvements de pression des doigts sur la table, pour chaque indiviilu, au moment ou tous ces mouvements agiront de concert, il en naitra une force considerable, surtout si les trepi- dations musculaires des mains sont renforcees par une excitation nerveuse, qui en centuple la force. On voit, par la, combien 1'ima- gination peut avoir de puissance dans le developpement de ces ac- tions, et comment la presence d'un spectateur suppose mentalement hostile a la manifestation du phenomene, peut influer facheusement sur les resultats. Le contact des doigts extremes peut ainsi faciliter 1'etablissement de cette espece de sympathie mecanique, je veu*. dire 1'etablissement de l'accord entre toutes les actions des opera- teurs... " II est certains esprits ambitieux qui, comme Alexandre, se trouvent a l'etroit dans ce monde, et voudraient entrer en relation avec un autre ordre d'etres moins materiels. Telle a ete, dans tous les siecles, la tendance de l'imagination de l'homme, et jamais rien de r£el n'est sorti de ces tentatives. Chaque siecle a containment pris en pitie les superstitions metaphysiques des siecles precedents, et, franchement, je ne vois aucun espoir que la magie des tables tournantes ait plus de credit, dans la posterite, que celle de la py- thonisse d'Endor, bien autrement poetique au moment oil elle est consultee par un vieux roi affaibli moralement par l'age et le mal- heur, et qui, dans ses Etats, avait autrefois proscrit la magie! Pour plusieurs esprits ardents, mais irr6fl£chis, il n'est point d'impossi- bilite. lis sont toujours sur le point d' accuser d'incredulite' aveugle 170 COSMOS. ceux qui n'admettent pas que la nature puisse, a tout instant, de- mentir ses lois. Qu'ils disent done a quel pouvoir supeVieur a la puissance ereatrice ils auront recours, pour dominer les lois etablies par cftte puiasaaee placee si haut par rapport a l'homme. Admettez le merveilleux, je le veux bien, mais a la condition que ce merveil- leux no sera pas absurde. En verite, on a peine a tenir son seVieux contre la naivete des improvisateurs du monde des esprits. Quand la police arreta l'essor des convulsionnaires de Saint-M6dard, on afficha sur les murs du cimetiere, ces deux petits vers bouffons : De par le roi , defense a Dieu D'opcrer miracle en ce lieu. « De par le bon sens, defense de faire parler les tables et de leur faire composer des vers et de la musique, ailleurs que sur les thea- tres des prest.idigitatcurs !... .■ Les conclusions de cet expose des lois de la nature relatives a notre sujet, sont : « 1° Que tout ce qui est raisonnablement admissible dans les cu- rieuses experiences qui ont ete faites sur le mouvement des tables oil Ton impose les mains, est parfaitement explicable par l'energie bien connue des mouvements naissants de nos organes, pris a. leur origine, surtout quand une influence nervcuse vient s'y joindre, et au moment oil, toutes les impulsions etant conspirantes, l'effetpro- duit represente l'effet total des actions individuelles ; « 2" Que, dans l'etude consciencieuse de ces phenomenes mecani- co-physiologiques, il faudra ecarter toute intervention de force mys- terieuse en contradiction avec les lois physiques bien etablies par 1' observation et l-'experience ; « 3° Qu'il faudra aviser a populariser, non pas dans le peuple, mais bien dans la classe eclairee de la society les principes des sciences. Cette classe si importante, dont l'autorit6 devrait faire loi pour toute la nation, s'est deja montree plusieurs fois au-dessous de cette noble mission. La remarque n'est pas de moi, mais, au besoin, je l'adopte etla defends. Si les raisons manquaienl, je suis sur qu'en tout cas Les exemples fameux ne nous manqueraient pas, comme le dit Moliere. II est a constater que l'initiative des recla- mations en faveur du bon sens, contre les prestiges des tables et deschapeaux, a etc prise par les membres eclaires du clerge de France. COSMOS. 177 « 4° Enfin, les faiseurs de miracles sont instamment supplids de vouloir bien, s'ils ne peuvent s'empecher d'en faire, au moins ne pas les faire absurdes... Vouloir nous convaincre de la reality d'un miracle ridicule, e'est vraiment etre trop exigeant! » Ce que nous avions prevu est arrive ; ces sages reflexions de M. Babinet , cette fin de non-recevoir , cette question prealable, si prudemment opposees a des pretentions ridicules et insensees , ont exaspere- M. Victor Meunier. II se fache tout rouge de ce que les faits extraordinaiies des tables tournantes et parlantes ne soient pas acceptes et proclames vrais sur sa parole; et, apres les avoir imposes denouveau , il en exige imperieusement l'explicalion. Cette intolerance tyrannique est vraiment etrange. Elleest, d'ailleurs, compleiement deraisonnable , puisque M. Meunier reconnait en mille endroits que M. Arthur Morin, l'incomparable auteur du livre Comment I' esprit i'ieiit mix tables , a donne de tons ces faits mys- tdrieux une explication parfaitement satisfaisante. Pourquoi de- mar.der ce que Ton possede si bien? Nous avons die- curieux de nous initier nous-meme a ces merveilleuses theories. Mais , helas ! quel cruel desappointernent ! Et comment M. Meunier ne s'est-il pas apercu qu'il est le jouet d'une mystification lamentable ; que les pretendues explications dont il se montre si satisfait ne different en rien de celles des savants qui l'impatientent tant ; que 1'homme le plus incredule a l'encontre des tables parlantes est M. Arthur Morin, en ce sens que, comme nous, il n'y voit que supercherie ou exaltation ou hallucination? Nous allons le prouver sans peine ; mais nous ne le ferons pas sans avoir exprime combien il nous est penible d'avoir a nous occuper d'un auteur qui, en dcrivant, n'a eu pour but que de mystifier ses lecteurs, qui parle pour ne rien dire, qui ne croit a rien, qui pousse l'impudence jusqu'a nier , page 144, que dans l'Evangile, qu'il cite a, chaque pas, il soit question une seule fois des bons esprits, des anges, qui sont, ajoute-t-il, une miserable il- lusion, tout autant que les mauvais esprits, etc., etc. Otez de son livre les grandes phrases creuses et absurdes sur 1'instinct, qui est un guide plus sur que les sens et le laisonnement lui-meme, qui parle sans que 1'on ait conscience de sa voix. II n'y reste plus rien, abso- lument rien, car tout le secret de M. Morin reside dans la toute- puis- sance de 1'instinct. * La volonte, laraison, Intelligence, l'esperance, lacrainte, tout, dit-il page 29, s'annihile devant 1'instinct; e'est lui qui dirige les mouvements involontaires de vos doigts, et la clef, la pendule, la baguette, la table, la muraille, peuvent alors etre despro- phetes veridiques sans qu'il y ait la un renversement de la nature." 178 COSMOS. Voici dans sa plus simple expression la magnifique thiorie qui a fascine M. Meunier ; nous copions fidfelement ; pages 105 et 106 : « — Maniere de diversifier les mouvements visibles j afin qu'ils rendent les impressions variees des facultes mises enjeu. „ Mise en activite de l'instinct par la passivite des autres fonctions de Tame. „ — Agitation ou vibration reelle des organes echappant a la eonnaissance du sujet lui-meme comme tout ce qui derive de l'in- stinct. « — Communication du mouvement vibratoire organique aux objets materiels par le contact, et n^cessite d'une resultante en eux sous 1' impulsion de plusieurs personnes a la fois. u — Correspon dance de la nature avec l'instinct, pour la satis- faction des besoins imposes a la nature. « — Enfin alphabet ou langage comprehensible tire de la diver- site et du nombre de ces mouvements ; par consequent possibility materiellc et logique donnee a l'homme par ce moyen d'entrer en rapport rationnel avec ce qu'il ne comprenait pas auparavant en lui- meme, e'est-a-dire les impulsions de ses instincts. » L'instinct, les impulsions de l'instinct, les vibrations nees de ces impulsions, les vibrations communiquees aux objets materiels, voila tout le secret de la magie naturelle, de la psychology experi- mentale sortie du cerveau de M. Morin et qui a fait tomber en ex- tase M. Meunier. De cette bizarre theorie, otez l'instinct qui n'y entre que pour la forme, ou mieuxla frime, que reste-t-il? II reste des vibrations, les petits mouvements nerveux , insensibles a l'experimentateur, mais evidents, pages 40 et 41 ; e'est-a-dire ce que nous avons admis, ce qu'ont admis les Faraday, les Arago, les Chevreul, les Babinet , ce dont M. Meunier ne veut pas et ne se contente pas. II nous reste a prouver que l'application de la theorie est la ne- gation pure et simple des faits merveilleux dont on a fait tant de bruit. Page 90 : Dans les cercles bourgeois l'instinct est inconse- quent ; les tables, dominees par I inconsequence de leur entourage, ne rendent que I inconsequence. Page 91 : Les banquiers deman- dent aux tables les variations de la bourse. Or la nature na pas eclaire £ instinct sur les variations de la bourse. Les tables done trompent le plus souvent I En lui faisant de pareilles questions vous vous moquez de l'instinct, il vepond en se moquant de vous... Page 92 : Chez un banquier journaliste , l'instinct , devie de sa vraie route, laisse pour sanction une fausse route... Dans le cercle COSMOS. 179 fourieriste, page 92 , les tables rencherissent encore sur le sys- teme de Fourier qui les anime ; la confiance dans l'instinet se sanc- tionne par l'esperance. Dans une reunion de spiritualistes croyant a la transfusion des times... Page 94 : La foi dans l'illusion se sanctionne par 1' hallucination; enfin, page 95 : Dans une societe incredule, la negation ne pouvait se sanctionner que par l'impuis- sance. Inconsequence done, ridicule, fausse route, impuissance, halluci- nation, voila ce que les tables rendent ; et elles le rendent , parce qu'elles ne sont que l'echo fidele de ceux qui les interrogent et qui parlent par elles. II est impossible evidemment de mieux demontrer le n£ant de tant de folles experiences qu'en disant naivement, comme le dit M. Morin page 92. " Appeles par la fantaisie, les esprits de la maison prennent des noins de fantaisie, mats ils ne sont toujours que les esprits de la maison. » Si des phenomenes d'ordre plus commun nous passons aux phe- nomenes de l'ordre surnaturel , aux evocations et aux apparitions de fantomes, ce sera bien autre chose, et les explications de M. Mo- rin seront des negations beaucoup plus absolues encore. II afiirme positivement que tout se passe dans l'iinagination du medium. Page 118 : « Qu'est ce done qu'une apparition i Un caique plus ou moins exact de la pensee qui porte en elle-meme limage d'un etre materiel... C'est la figure positive daguerreotypee d'apres la pensee qui l'a prise negativement... » Page 121 : « C'est Socrate revenu sur la terre a la demande d'un quidam assez ose pour appeler les morts, mais assez bete pour croire qu'ils vont reprendre pour lui plaire ce qui en eux, au moins, est a jamais detruit. C'est, page 122, Sardanapale c'voque par M. Morin lui-meme et qui se montre a la fois de face a quatre personnes opposees dans un cercle dont il de- vait occuper ie milieu, et dont aucune ne lui voit ni le dos ni les flancs. Enfin, s'il arrive que dix personnes partagent a la fois la raeme illusion, M. Morin nous dit crument, page 121 : « Je ne con- nais pas de maladies plus rapidement epidemiques que celles de 1'esprit; l'hallucination est comme la peur, demandez aux mede- cins. » Arretons-nous, e'en est assez, il nous semble , pour faire re- gretter mille fois a notre intrepide confrere de la Presse ses frais de sympathie et d'enthousiasme. Nous terminons par une derniere profession de foi ; la ])lace nous manque, nous la reproduirons ailleu.-s. F. Moigno. RfiFRACTEUR interferektiel DE FRANgOIS ARAGO. Description. La fig. 1 represente l'enscmble de l'appareil, vu ile cole, monte sur un batis ou banc en bois, sur lequel ll est solidement fix»>; sa longueur totale est d'environ 2 metres, sa hauteur de 1 metre , sa largeur de 15 centimetres. Cette meme figure est aussi une coupe faite dans l'appareil par un plan vertical passant par l'axe longitu- dinal du banc. La fig. 2 represente l'appareil vu d'en haut, ou une coupe faite par des plans horizontaux paralleles a la surface du bane. La fig. 3 enfin est une coupe theorique faite ffassi par un plan horizontal passant par l'axe de l'appareil. Pour que cette description soit plus facile a saisir, nous distin- guerons dans l'appareil quatre parties : 1° La partie eclairante ; 2° la portion tubulaire ; 3° la portion interferente , e'est-ii-dire la portion ou les interferences' se produi- sent et sont mesurees; 4° enfin la portion oculaire, ou l'ccil est place et voit le phenomene. 1° Partie eclairante. L', fig. 1 et 2, est une lampe-moderateur bien allumee, portee par une console et maintenue ainsi a une hau- teur telle, que le centre de la meche corresponde au centre de l'ap- pareil ; le verre est recouvert par une enveloppe ou cheminee en tole mince, mobile et percee d'une fente verticale. F, tig. 1, 2, 3, est une fente longitudinale et verticale a la fois, a ouverture mobile, e'est-a-dire que Ton peut elargir ou retrecir a volonte, en faisant tourner le bouton place en bas, dans un sens ou dans l'autre; que Ton peutaussi faire pivoter sur son axe et incliner a droite ou a gauche, de maniere a la bien centrer, en agissant sur e bouton v , en communication avec elle par la tige horizon- S'< fig- 2. La fente est au foyer de la lentille L, fig. 1, 2, 3, et par con- sequent les rayons emis par la fente, et qui ont traverse la lentille, sont rendus paralleles; la lentille fait ainsi fonction de eollmiateur, et les rayons qui doivent plus tard interferer peuvent etie consi- ders comme venant de l'infini. Cette disposition, imaginee par M. Soleil, a permis de reduire la longueur totale de l'appareil a 2 metres, et d'en faire un instru- ment portatif; dans la disposition essayee par Arago et Fresnel , l'observation exigeait une distance de 10 a 20 metres. flegg' Fig. 3. Fig. 1. 182 COSMOS. 2° Portion tubulaire. Elle est censee constitute par deux tubes fermes; mais presque toutes les experiences permettent de se dis- penser de 1'un des deux tubes, remplace par un espace accessible a l'air. On ne voit done dans l'appareil fig. 1, 2, 3 que le seul tube quadrangulaire en cuivre T, termine" uses deux extremites par deux glaces a faces paralloles G, G ; ces glaces se prolo'ngent au dela des parois des tubes, dans l'espace accessible a l'air qui remplace le second tube, afin que tout soit parfaitement symetrique sur le pas- sage des rayons qui doivent interferer, rayons dont la condition essentielle est qu'ils aient parcouru des distances rigoureusement egales dans les memes milieux en dehors des tubes. On a menage dans le tube Tune ouverturesurlaquelles'embouche, au moyen d'un manchon serre par la vis de pression ;•, fig. 1 et 2, un tube en plomb t, fig. 1 ; ce tube t est en communication avec la pompe a air/?, a l'aide de laquelle on peut faire le vide, et dans le conduit en plomb et dans le tube T, en tirant et refoulant tour a tour le piston place sous la main de l'observateur. La fig. 4 represente une sorte de bou- teille ou flacon F au goulot duquel s'a- dapte un tube en caoutchouc t' , que Ton fixe a l'aide d'un manchon et d'une vis de pression r tres-pres de l'extremit6 G du tube T ; ce flacon a pour fond une plaque mince en bois poreux .?, presse fortement a vis contre un rebord interieur. Quand, en retirant le piston p', on aspire l'air dans le tube T, pour y faire momentane- ment le vide, l'air aspire" est force de tra- verser la lame de bois ; et si Ton a place sur cette lame des fragments d'un corps solide vaporisable , ou si Ton a verse sur elle quelques gouttes d'un liquide volatil, l'air qui p£netre dans le tube^sera charge de vapeurs, tandis que l'air en dehors du tube restera pur ; on pourra- done , de cette maniere, ^tudier Taction des vapeurs produites sur le rayon lumineux. Enfin la fig. 5 represente deux tubes cylindriques r, r' fendus lon- gitudinalement et erases en gouttieresle long dejla fente; on les sub- stitue au tube T, lorsqu'on veut comparer le pouvoir refringent de l'eau ou d'un liquide quelconque a la temperature ambiante au pou- voir refringent de ce meme liquide, apres qu'on a abaisse ou eleve ga temperature, ou qu'on la melange de tel ou tel autre liquide. £Les COSMOS. 183 fentes permettent d'introduire dans le liquide soit un agitateur A pour le melanger et l'amener partout a la rneme densite et a la Fig. 5. nieine temperature, soit un thermometre T pour determiner cette temperature uuiforme. Les deux tubes sont fermes a leurs extre- mites par deux memes glaces paralleles c c' . 3° Portion interference. En avant et tres-pres de la glace de gauche G, en face de la ligne de separation verticale des deux tubes ou de la cloison tout a fait rectiligne, qui separe la portion fermee de la portion ouverte, se dresse un obstacle ou prisme triangulaire represente en projection fig. 3 , dont l'arete verticale , aussi tres- droite, est situee du cote de la lumiere; dont l'hypothenuse ou base du triangle de projection a 2 millimetres de longueur. A droite et a gauche de cette base se trouvent deux ouvertures ou espaces rectan- gulaires d'un millimetre de largeur. Le faisceau lumineux venu de lafente F et rendu parallele par la lentille L est partage en deux faisceaux aussi paralleles, d'abord par la cloison du tube T, puis par l'arete ou biseau de l'obstacle qui les rejette dans les deux ou- vertures. Le premier faisceau en avant du tableau passe dans le tube T vide ou rempli de vapeur, ou occupe par le milieu dont on veut etudier le pouvoir refringent ; le second passe dans l'espace libre ou rempli d'air. Par suite des milieux differents qu'ils ont traverses, des actions diverses qu'ils ont subies, de leur difference de marche, en un mot, ces deux faisceaux donneront naissance au dela de l'ob- stacle a des bandes d'interference dont la position deviee permettra d'estimer a posteriori la difference de marche , et , par suite , les actions subies. Derriere et tres-pres des ouvertures se trouvent deux larges glaces minces a faces paralleles et maintenues verticales ; ces glaces sont montees dans deux chassis verticaux qui les embrassent en laissant libres, toutefois, les deux bords verticaux interieurs ; ceux- ci sont aussi rapproches que possible l'un de l'autre , afin que les faisceaux lumineux passent en entier a travers les glaces; les deux 184 COSMOS. chassis sont relies en haut par un axe vertical commun autour du- quel ils peuvent tourner. Pour produire ce mouvement de rotation on a fixe aux bords superieurs horizontaux des chassis tjui portent les glaces deux secteurs circulaires horizontaux, de 60 degres environ ; ces secteurs cngrenent avec deux pignons places au sommet de deux axes verticaux ; ces axes portent en bas deux roues d'angle hori- zontales qui engrtment avec deux autres roues d'angle verticales liees aux deux tringles^et a deux boutons b, fig. 1 et 2 ; le second bouton b est cache dans la fig. 1 par le banc , dans la fig. 2 par le bouton c situe au-dessus de lui. On voit tres-bien dans la fig. 1, qu'en faisant tourner chacun des boutons />, on fait tourner l'axe vertical correspondant, et avec cet axe le secteur dentc qu'il porte , et avec le secteur la glace, qui decrit un angle autour de son arete restee fixe. Pour pouvoir raesurer cet angle on a eHabli horizontale- inent au-dessus des deux secteurs dentes, un demi-cercle divise" muni de deux alidades avec vernier a. Le centre du cercle divise et les centres de rotation des alidades sont situes sur l'axe vertical commun des deux chassis ; celles-ci font comme corps avec les bords horizon- taux superieurs des deux glaces ; les alidades tournent par consequent en meme temps que les glaces et decrivent les memes angles qu'elles, angles exprimes par le nombre de divisions compris entre les ze>os des verniers des alidades et les zeros du cercle divise. Quand le zero de 1' alidade coincide avec le zero du cercle divist;, la glace est per- pendiculaire au rayon lumineux, et la longueur parcourue par lui dans la glace est au minimum; cette longueur croit de plus en plus a mesure que la glace tourne ou est plus inclinee sur la direction du raj'on ; elle croit en raison inverse du cossinus de Tangle de rota- tion de la glace. L'ensemble des deux lames que nous venons de decrire fait dans 1'appareil l'office de compensateur, en ce sens que si l'un des fais- ceaux, en passant dans un milieu moins dense ou moins refringent, aparcouruequivalemment unchemin moindre, ce qui a eu pour effet de dcplacer les franges d' interference du cote du milieu plus dense ou plus refringent, on peut, en inclinant la glace placee sur le trajet du premier faisceau, lui faire parcourir dans cette glace un chemin plus grand, et compenser ainsi la difference de marche ou rendre les chemins parcourus equivalemment egaux, ce qui ramene les franges deplacees au centre de 1'appareil. On verra aussi plus tard, com- ment, par la combinaison des mouvements de rotation ou des incli- naisons successives des glaces, on arrive tres-simplement a estimer le d^placement des franges soit par la determination du nombre COSMOS. 185 ties franges rejetees du cote du milieu plus refringent , soit par la raesure directe de l'espace parcouru par la frange centrale. Au lieu d'une glace unique dressee sur le trajet de chaque faisceau, M. Arago, dans une derniere modification, a fait placer de chaque cote" une couple de glaces ou deux glaces, dans le but d'obtenir que les rayons qui interferent suivent exactement, apres leur passage a. travers les glaces, la memeligne droite qu'ils suivaient auparavant : pour cela, les deux glaces de chaque couple tournent en meme temps, mais en sens contraire , l'une en avant, 1' autre en arriere, d'angles rigoureusement egaux ; nous ne donnons pas le dessin de cet arrangement, d'abord parce qu'il n'est pas realise dans l'appa- reil de M. Soleil que nous decrivons , et ensuite parce qu'il nous semble que revaluation du deplacement par le maniement alter- natif des deux glaces e^t plus simple, plus facilement reductible en tables construitcs d'avance. 4° Portion oculaire. Cette portion est la moins compliquee de toutes; c'estune lunette formee d'une lentille L'', fig. 3, faisant fonc- tion d'objectif et d'une lentille oculaire /. Seulement entre l'objectif et l'oculaire, on a installe une aiguille ou fil micrometrique parfaite- ment vertical, et servant de points de repere, en ce sens que Ton fait toujours co'incider avec le fil la frange lumineuse centrale, blanc entre deux mffrs, pour estimer ses deplacements. L'observateur met au point soit en tirant le tube /R, soit en faisant tourner dans un sens ou dans l'autre le bouton k, jusqu'a ce que les franges d'in- terference soient tres-nettes et tres-distinctes. Nous reservons pour un dernier article Texpose- de la manipu- lation, de la theorie et des applications du Refracteur interferentiel. Les figures de cet article , dont le tirage a. la mecanique ne fait pas assez ressortir la perfection, ont ete dessinees par M. Gilbert Govi et gravees par M. Belhatte. ARITHMOMETRE DE I. THOMAS, DE COLMAR. MEMOIRE DESCRIPTIF. I. VIE EXTERIEURE DE LA BOITE , ORGANES APPARENT*. La figure ci-jointe represente une machine de cinq chifFres, avec ]0 lucarnes, ou donnant les produits de cinq chifFres par cinq chif- fres. La platine inferieure est fixe , eile est sillonnde par cinq cou- lisses ou fentes , dans lesquelles glissent les boutons avec index qui marquent les chifFres a soumettre aux operations ; elle porte de plus le bouton du commutateur du mouvement , et la manivelle qui effectue les operations. A, A, A, A, A, sont les cinq boutons a index, auxquels on a fait ecrire le nombre 35695. B est le bouton du commutateur ; on le pousse vivement a droite pour 1' addition et la multiplication , a gauche pour la soustraction et la division. N est la manivelle au repos et horizontale , on la releve et on la maintient verticale pendant qu'on la fait tourner ; on la tourne tou- jours dans le meme sens. La platine superieure est mobile; elle porte les dix cadrans et les dix lucarnes dans lesquelles apparaissent les chifFres resultats des operations ; on voit ecrit dans les lucarnes le nombre 71390 , resultat de l'addition du nombre 35695 a lui-meme , ou de son pro- duit par 2 , addition ou produit que Ton obtient par deux tours de manivelle. C, C, C,.... sont les lucarnes. O est le bouton pour remettre a zero les chifFres des lucarnes. II. ORGANES INTERIEURS ESSENTIELS. L'Arithmometre se compose essentiellement d'autant de cylindres disposes parallelement les uns a. cote des autres, que les nombres a ajouter, a. soustraire, a. multiplier, doivent renfermer de chifFres. Chaque cylindre est garni de neuf dents ou cannelures saillantes, egalement espacees sur un peu moins de la moitie de leur periph^rie ; une seule de ces cannelures saillantes, la premiere, occupe toute la longueur du cylindre, la seeonde et les suivantes, dans le sens du mouvement, sont successivement de moins en moins longues, et ^ \V: M%\<3iS»S*°a' A "5i \)0 ^r> fe\ b» ^.N=t>* o e ie entiere des chiffres du quotient. 196 COSMOS. Mais la pratique a prouvc que les appendices dont il vient d'etre question, l'inclicateur des tours et les cadrans des ehiffres du quo- tient n'etaient ni indispensables ni meme veVitablement utiles ; que l'pbligation de compter les tours , imposee a l'opfrateur, ne lui donnait, en realite, aucune peine et n'^tait pas une source d'er- reur ; on les a done supprimes. 8° Preuve des operations fondamentales. L'Arithmometre denne le moyen de verifier l'exactitude d'une operation quelconque avec la plus grande facilite et en aussi pen de temps qu'on a mis a la faire. Si la premiere operation a etc" une addition, on la v^rifie par la soustraction, en mettant le bouton blanc a Soustraction et dormant un second tour de manivelle ; s'il n'a ele" commis aucune erreur , le nombre inserc primitivement dans les lucarnes doit reparaitre de nouveau. La soustraction est controls de la meme maniere par l'addition ; la multiplication par la division ; la division par la multiplication. 9° Operations diverses plus compfiquees. L'extraction des racines carrees et des racines cubiques, se fait tres-simplementavec l'Arithmometre, ensuivantpas a pas, comme pour la division, la suite des operations indiquees par la marche du calcul ordinaire: le quatriemeterme d'une proportion, ou lamoyenne proportionnelle entre deux nombres donncs ; le troisieme cote' d'un triangle rectangle , dont deux cot<§s donnas ; 1'r.n quelconque des angles ou des cotes d'un triangle, quand les autres cotes ou les au- tres angles sont donnes en nombre suffisant par leurs lignes trigono- metriques naturelles ; le sinus , la tangente , toutes les lignes tri- gonometriques, de la somme ou de la difference de deux angles ou de deux arcs s'obliennent sans peine aucune. L'Arithmometre, enfin, se prete tres-bien au calcul des tableaux numeriques, baremes, tables de multiplication, table des carres ou des cubes, etc., des racines carrees, cubiques, quatriemes, etc., des nombres premiers, etc. A. TRAMPLAY, proprietaiie-°crant. — 1MPRIMEBIE DE W. REMQUET ET Cie, RUE CARANCIERE, 5. T. IV. 1 7 FEVilllilt l854- TIIOISL&ME ANNE£. COSMOS. FAITS DIVERS. SOCIETE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Nous apprenons avec une grande joie, qu'il s'est forme en France sur l'initiative et sous la presidence de M. Isidore Geoffrey St- Hilaire, une societe dont le but est : 1° ['introduction, l'acclimata- tion, la domestication des especesd'animaux utiles ou d'ornement ; 2° le perfectionnement et la multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquees; quoique nee a peine, elle compte deja plus de cent membres, et possede de puissants moyens d'action, comme on en jugera par l'extrait suivant du rapport de M. Richard du Cantal : <« M. de Pontalba a mis a. la disposition de la Societe, aux environs de Paris, un pare immense avec des dopendances pour faire des experiences sur les mammiferes herbivores et la pisciculture ; M. de Metz offre a la colonie de Mettray, qu'il dirige avec tant de de- voument, les moyens d'acclimater des especes nouvelles de vers a soie; M. Eug. Robert de Sainte-Tulle en fait autant dans le Midi; M. le baron de Montgaudry, neveu de Buffon, s'associe a. l'ceuvre immortelle de son oncle en mettant a votre disposition les ressources que ses proprietes peuvent offrir a vdtre ceuvre ; plusieurs manu- facturers habiles proposent de vous envoyer des laines de Lama, d' Alpaca et de Cachemire, avec des echantillons de tissus fabriques avec des produits exotiques, pour que vous puissiez jujjer des avan- tages que notre industrie trouverait dans l'acclimatation des ani- maux qui produisent ces laines de choix. En Italie, M. le Prince Demidoff, qui a forme a sa terre de San-Donato un etablissement d'acclimatation, dirige par un ancien eleve kdu Museum d'histoire naturelle de Paris, M. Blanc, vous offre son concours et ses res- sources; en Suisse, M. le professeur Sacc s'associe a vos vues pour acclimater la chevre d'Angora dans les Alpes suisses ; M. de la Porte, consul au Caire, auquel le Museum d'histoire naturelle doit desi precieux animaux, est tout dispose a vous procurer ceux dont vous pourrez avoir besoin en Egypte. » 198 COSMOS. Nous pouvons des aujourd'hui, signaler une bonne oeuvre de la Sociele d'acclimatation. M. de Montigny, consul general de Chan- gay, rentrant en France, avait eu l'heureuse pensee d'amener avec lui douze yacks. L'yack ou buffle a queue de cheval , originaire des montagnes du Thibet, est un animal du genre boeuf, remarquable. ainsi que son nom vulgairel'indique, par sa queue entierement garnie de longs poils lustres et soyeux comme celle du cheval, il porte en outre une d-paisse criniere, et ses flancs et le dessous de son corps sont garnis de poils touffus. Malheureusement le navire qui portait M. de Montigny, a ete assailli par la tempete en face des Afjores ; il a fallu debarquer, et depuis trois mois, le consul de France, qui n'a pas voulu abandonner son troupeau dont il s'est constitue le gardien, attend patiemment et vainement les raoyens de rentrer en Europe avec sa precieuse cargaison, Informee de cette situation, la Societe d'acclimatation a charge" une commission de faire aupres du gouvernement les demarches ndcessaires pour obtenir le transport des douze yacks et, du meme coup, la cessation de l'exil que s'impose si genereusement M. de Montigny. CHLOROFORMISATION EXTER1EURE. MM. Nclaton et Paul Dubois ont employe" tout recemment avec un grand succes, un tres-joli appareil invente par M. Harris celebre chirurgien de Dublin , importe par M. Charriere fils, et qui a pour but de soumettre directement a Taction des agents ancsthe- siques et de frapper d'insensibilite les parties qui doivent etre le siege d'une operation. La Gazette des Hopltaux raconte, qu'apres avoir dirige pendant cinq minutes sur un abces le jet de chloroforme, M. Nelaton a pu pratiquer une incision a la face palmaire du pied, sans que le malade ait fait le momdre mouvement qui put indiquer un sentiment qudconque de douleur. Dans le service de M. Paul Dubois, une jeune fille avait un abces a l'aisselle, une plaie au poignet ; elie souffrait beaucoup de l'an et de l'autre, et se trouvait dans l'impossibilite de se servir de son bras. La premiere application du chloroforme fut faite sur la tumour de l'aisselle ; cette tumeur, jusque-la. si douloureuse que la malade ne •jouvait souffrir qu'on y touchat, devint si indolente qu'on put la manier impunement, et la jeune fille put faire usage de son bras. COSMOS. 199 Ce qui est admirable, c'est que l'insensibilite, notez ceci, a dure trois heuresl L'operation n'eut pas lieu ce jour-la. L'abces etant mur, on renouvela la fumigation chloroformique; tout aussitotM. P. Dubois plongealebistouri dans la partie malade, sans qu'aucune sensation en avertit la jeune fille. « Elle n'a su qu'on venait d'ouvrir son abces qu'apres y avoir porte la main. » De plus , a dater de ce moment, elle n'a plus ressenti aucune dou- leur dans cette region. Enfin , la petite plaie de la main, fumige'e de la meme maniere, est restee depuis completement insensible. A propos du chloroforme, le Scientific american Journal an- nonce qu'un chirurgien des Etats-Unis applique cet agent, avec le plus grand succes au traitement des nevralgies ou tic douloureux , et du tetanos. II a gueri un cas tres grave de tetanos en appliquant un linge sature de chloroforme tout le long de l'epine dorsale, et le recouvrant d'un tissu en caoutchouc. Dans les rages de dent pro- venant de caries, il suffit de remplir la cavite avec du coton imbibe de chloroforme , et de renouveler, s'il le faut , cette petite opera- tion pour obtenir l'insensibilite complete du nerf et la cessation de la douleur. — Le meme journal annonce et prouve par le recit de faits tres- authentiques que M. le docteur Gilbert, habitant autrefois laNou- velle-Orleans, et fixe" aujourd'hui a New-York , est en possession d'un moyen d'extirpatiou radicale des tumeurs cancereuses, du fungus-cancer, par exemple, sans intervention aucune du scalpel. L' extirpation faite, le retour a la sante est tres-rapide. GAZ ELECTRIQUE. M. Meunier annonce dans la Presse du 15 fevrier que M. She- pard a formule de la maniere suivante la composition du liquide dont il extrait le gaz electrique : » Le compose chimique qu'on emploie est dissous ou melange dans l'eau pour faciliter la production des gaz resultant de la d6i composition de ce liquide, ainsi que pour rendre ces gaz plus aptea a se combiner avec les matieres carburets ou hydrocarburees. « On peut faire usage pour cet objet de diverses combinaisons ou melanges de composes chimiques, en combinant un acide mine- ral, l'acide sulfurique par exemple, avec un acide organique ou v£- g(5tal, par exemple l'acide oxalique, de maniere a ce que la pro- portion des acides et de l'eau soit en rapport avec l'intensite du courant decomposant. Voici les proportions que j'emploie ordinal- 200 COSMOS. rement : 3 pour 100 d'acide sulfurique, ou autre acide mineral, avec 45 pour 100 d'acide oxalique ou autre acide organique. « Cet acide oxalique doit etre pur, bien cristallise et dissous dans l'eau en sufhsante quantite pour que le liquide soit sature* a la temperature de 15° cent., avant d'ajouter 1'acide sulfurique. L'eau a laquelle on ajoute ces solutions est placee dans un vase ou Ton puissc la soumettre a 1'action ducourant ou des courants elec- triques , en ayant soin de preparer des recipients ou Ton puisse recueillir les gaz qui s'echappent des vaisseaux generateurs. .< Les gaz ainsi produits par la decomposition de l'eau sont alors melanges ou combines a un hydrocarbure quelconque pourvu qu'il soit suffisamment riche en carbone. Voici le moyen que j'ai em- ploye pour produire un hydrocarbure gazeux : « On commence par produire des eponges metalliques en plon- geant dans l'eau des morceaux de coke sortant du four a coke. On sature ces fragments avec une solution de nickel ou de cobalt, et on chauffe dans un creusetcouvert. Les eponges sont alors placees dans un vase en cuivre ou autre vase convenable, renfermant de l'huile es- sentielle de refine qu'on soumet ensuite a la chaleur pour la conver- ts, autant que la chose est possible, en un hydrocarbure gazeux. « Les gaz produits par la decomposition de l'eau sont melanges a cet hydrocarbure gazeux avec ou sans portion d'air atmospheri- que, pour en former un melange ou une combinaison de gaz pro- pres a l'eclairage. » COMETE DE M. KLINKERFUES. Nous nous empressons d'annoncer que M. Colla, directeur de l'observatoire de Parme, a retrouve le 17 Janvier a six heures et demie du soir, la comete de M. Klinkerfues apres son passage au perihelie ; cette precieuse observation a ete faite avec l'excellente lunette de Lerebours de 48 lignes d'ouverture. La comete se trou- vant a la place assignee par les ephemerides de M. Klinkerfues, entre les etoiles Epsilon et Eta, des Poissons par 1 heure 9 minutes d'ascension droite, et 10 degres de declinaison. Sans doute que pen- dant les belles nuits du 17 au 30 Janvier, d'autres astronomies auront observe" cet astre ; a Parme, le ciel a (He d'une transparence extra- ordinaire, la lumiere zodiacale se detachait tres-bien et s'elancait jusqu'aux pleiades situees alors presque au meYidien. II rteulterait d'un document publie par M. Gour, que la comete dont nous venons de parler, aurait £te vue a New-York huit jours avant que M. Kinkerfues ne la decouvrit a Goettingue. TELEGRAPHE £iECTRipE DECOUVERT E.\ ECOSSE E.N 1753. Un de nos correspondants ecossais nous adresse le numero du 21 Janvier 1854 d'un journal deGlasgow, le Common Wealth, sans nous indiquer en aucune maniere le passage de cette feuille sur lequel il appelle notre attention ; mais il nous a ete facile de reconnaitre qu'il nous recommandait l'article dont nous venons de traduire le titre. Cet article , en effet , est trfcs-curieux, et nous nous decidons a lui donner des aujourd'hui la publicity du Cosmos, II a pour but de prouver, par une lettre authentique imprimee en fevrier 1753, il y a un siecle, dans le vol. xv, page 78, du Scots-Magazine , que le veritable inventeur du telegraphe electrique estun humble Ecossais, dont le nom n'est encore revele que par les deux lettres initiales C. M. Traduisons d'abord sa lettre : « Renfrew, ler fevrier 1753. « Sir (Monsieur), « 11 est bien connu de tousceux qui s'occupent d' experiences d'e- lectricite que la puissance electrique peut se propager, le long d'un fil fin, d'un lieu a un autre, sans etre sensiblement affaiblie par la longueur de sa course. Supposons maintenant un faisceau de fils en nombre egal a celui des lettres de l'alphabet, etendus horizontale- ment entre deux lieux donnes, paralleles l'un a l'autre , et distants l'un de l'autre d'un pouce. « Admettons qu'apres chaque vingt yards les fils sont relies a un corps solide par une jointure en verre ou en mastic de joaillier, pour empecher qu'ils n'arrivent en contact avec la terre ou quelque corps conducteur, et pour les aider a porter leur propre poids ; la batterie electrique est placee a angle droit des extremites des fils, a un pouce au-dessous de ces extremites ; les fils, a six pouces de leurs extremites , sont portes par une piece solide de verre; les portions des fils qui vont du verre-support a la machine ont assez d'elas- ticite et de roideur pour revenir a leur position primitive apres avoir eHe amenes en contact avec la batterie. Tout pres de ce meme verre-support, une balle ou boule descend suspendue de chaque fil, et a un sixieme ou un dixieme de pouce au-dessous de la balle, on place les lettres de l'alphabet, ecrites sur de petits morceaux de papier ou d'une autre substance quelconque assez legere pour pou- 202 COSMOS. voir etre attiree et souleve'e par la balle electrisee ; on prend en outre tous les arrangements necessaires pour que chacun de ces pe- tits papiers reprenne sa place lorsque la balle cesse de l'attirer. « Tout etant dispose comme ci-dessus , et la minute a laquelle doit comtr.cncer la eorrespondance etant fixee d'avance, je com- mence la conversation avec mon ami a distance de cette maniere : Je mets la machine electrique en mouvement, et, si le mot queje veux transmettre est SIR, avec un baton de verre, ou avec un autre corps electrique par lui-meme ou isolant , je presse sur le fil S de maniere a le mettre en contact avec la batterie, puis je fais la meme chose tour a tour pour les fils I, R. Au meme instant, mon correspondant voit ces differentes lettres se porter, dans le meme ordre, vers les balles electrisees a l'autre extremite des fils ; je continue a e'peler ainsi les mots aussi longtemps que je le juge eonvenable ; et mon correspondant, pour ne pas les oublier, ecrit les lettres a mesure qn'elles se soulevent; il les unit, et il lit la de- peche aussi souvent que cela lui plait. A un signal donne, ou quand j'en ai le desir, j'arrete la machine, je prends la plume a mon tour, et j'ecris ce que mon ami m'envoie de l'autre extremite de la ligne. " Si quelqu'un juge que ce mode de eorrespondance est quelque peu ennuyeux, au lieu de balles, il pourra suspendre au plafond une serie de timbres, en nombre egal aux lettres de l'alphabet, et dimi- nuant graduellement de dimension depuis le timbre A jusqu'au timbre Z. Du premier faisceau de fils horizontaux, il en fera parti r un autre aboutissant aux differents timbres , e'est-a-dire qu'un fil ira du fil A au timbre A, un autre du fil B au timbre B, etc. » Alors celui qui commence la conversation amene successive- ment les fils en contact avec la batterie comme auparavant, et l'e- tincelle electrique se dechargeant sur les timbres de dimensions dif- ferentes designera a. son correspondant par le son produit les fils qui auront etc tour a tour touches. De cette maniere, et avec un peu de pratique les deux correspondants arriveront sans peine a traduire en mots complets le langage des carillons, sans etre assujetlis a l'ennui de noter ou d'ecrire chacune des lettres indiquees. On peut parve- nir encore au meme but d'une autre maniere : supposons que les balles soient suspendues au-dessus des caracteres comme dans la premiere experience ; mais au lieu d'amener les exti emite's des fils horizontaux en contact avec la batterie, concevons qu'un second l'aisceau de fils partant de relec'trifieateur vienne aboutir aux fils horizontaux du premier faisceau, et que tout soit en meme temps COSMOS. 203 dispose de telle sorte que chacun des fils de la deuxieme serie puisse etre detach^ du fil correspondant de la premiere , par la pression sur une simple touche, et qu'il revienne de nouveau aussitot qu'on lui rend sa liberte en cessant de presser. Ceci peut etre obtenu par Tintermediaire d'un petit ressort ou de vingt autres moyens que Ton imaginera sans peine. De cette maniere les caracteres adhereront constamment aux balles, excepte lorsque Ton eloignera un des fils secondares du fil horizontal en contact avec la balle, etalors la lettre, a 1'autre extremite du fil horizontal, se detachera immediatement de labahe, et sera par la. meme montree au correspondant. Je men- tionne en passant cette nouvelle disposition comme une variete in- teressante. " Quelqu'un pensera peut-etre que quoique le feu ou flux elec- trique n'ait pas paru sensiblement diminuer d'intensite dans sa pro- pagation a travers les longueurs de fils experimentees jusqu'ici, ce- pendant , comme ces longueurs de fils n'ont pas depasse 30 ou 40 yards (metres), on peut raisonnablement supposer que, sur une longueur beaucoup plus grande , cette intensite diminuera eonside"- rablement et sera probablement entitlement epuis^e par Taction de l'air environnant, apres un parcours de quelques milles. « Pour prevenir cette objection et sans perdre le temps en ar- guments inutiles, je dirai qu'il suffira de recouvrir les fils d'une ex- tremite" a 1'autre avec une couche mince de mastic de joaillier : ceci peut se faire avec une depense additionnelle tres-minime ; et comme cette couche est electrique par elle-meme, c'est-a-dire isolante, elle mettra efficacement chaque partie du fil a l'abri de Taction epuisante de Tatmosphere. " Je suis, etc., C. M. » Cette lettre est vraiment extraordinaire, et nous regrettons vi- vement de ne pouvoir pas inscrire aux fastes de Thistoire le nom de son auteur, que des recherches ulterieures feront bientot connaitre, nous Tespdrons du moins. Elle fait evanouir completement les fai- bles droits de priorite de Lesage, dont le projet date au plus de 1774 ; de Lomond, qui ne fit son experience qu'en 1787 ; de Rei- ser, qui ecrivait en 1794 ; de Salva, dont il n'est parle qu'en 1796 ; de Cavallo, de Betancourt, etc., etc. Nous trouvons dans Tarticle du Common Wealth une note qui nous desole profond^ment, parce qu'en meme temps qu'elle nous r£vele le nom de Tauteur de Tarticle, elle nous le montre occupe a un travail de demolition d'une injustice criante. Voici cette note : 20ft COSMOS. « Depuis que ces lignes sont livrees a l'impression, nous avons lu dans le Times du 17 Janvier un article de M. D'Israeli, danslequel 1 'invention du telegraphe electrique est attribute a M. Wheatstone, tandis qu'il est certain que M. Cooke a prEcEde" M. Wheatstone. » Cette note, tres-certainement, a (He Ecrite par l'un des plus illus- tres savants Ecossais, par l'une des lumieres de la Societe royale de Londres, par l'un des plus eminents associes etrangers de l'lnstitut de France ; et le grand physicien I'a ecrite dans le but de dEpouiller son collegue, M. Wheatstone, de sa gloire d'inventeur du tdlegraphe Electrique, comme il a deja essaye de le depouiller de sa gloire d'inventeur du stereoscope. Nous sommes consterne" de tant d'achar- nement , et nous protestons solennellement contre cette coupable tentative. Le stereoscope et le tclegraphe electrique ne cesseront pas d'entourer d'une aurdole de gloire immortelle le nom de M. Wheatstone ; c'est a M. Wheatstone et non pas a M. Cooke qu'appartient le droit de disputer a MM. Morse et Steinheil la prio- rite d'une des plus brillantes decouvertes des temps modernes. Tres-certainement M. Cooke a beaucoup fait, immensement fait pour la realisation dela telegraphie electrique en Angleterre, etsous ce rapport nous lui avons rendu pleine justice dans notre telegraphie electrique, mais dans sa noble association avec M. Wheatstone, il a etd l'homme de finances et d'execution, il n'a pas ete l'homme de science et d'invention. Nous le prouverions sans peine, meme par le document ou jugement arbitral reproduit avec tant d'adresse dans le Common Wealth par notre tres-eminent, mais trop mediant ami. Nous profiterons de cette occasion pour rappeler que la premiere proposition serieuse detelegraphe electro- magnetique est venued'un Francais, du grand Ampere. En effet, dans le petit traite d'elec- tricitd qu'il a publie avec le concours de M. Babinet en 1822 , dans le cinquieme volume du supplement a la chimie de Thompson, nous avons lu hier encore ces lignes memorables : >- On pourrait se servir dans certains cas de Taction de la pilesur l'aiguille aimantee pour transmettre des indications an loin. II faut alors employer un fil conducteur assez gros , parce que le courant Electrique s'affaiblit tres-sensiblement dans les fils fins quand la longueur du circuit est considerable. Cet inconvenient n'a pas lieu avec un fil d'un diametre suffisant , alors l'aiguille se met en mou- vement des que 1'on etablit la communication. Nous ne nous arre- terons pas a developper les cas ou ce genre de telEgraphe prEsente- rait quelque utilite et pourrait etre substitue aux porte-voix et aux COSMOS. 205 autres moyens de transmettre des signaux, il nous suffira de re- marquer que cette transmission est pour ainsi dire instantanee. M. Soemmering avait imagine un telegraphe du meme genre, mais au lieu d'employer Taction d'un faisceau de fils sur autant d'ai- guilles aimantees qu'il y a de lettres, il proposait d'observer la de- composition del'eau dans autant de vases separes. » Et ce qu'il y a de plus extraordinaire, c'est qu'a la marge, a cote de ceslignes, le gdnie d' Ampere a ecrit ces mots : Telegraphe ELECTRO-M AGNETIQUE . En resume, C. M. en 1753; Soemmering en 1811 ; Ampere en 1823 : voila les glorieux inventeurs du telegraphe electrique sous ses trois formes : telegraphe simplement eh ctrique; telegraphe gal- vano-chimique; telegraphe magn^to-electrique. Les realisateurs de ces sublimes idees sont : pour la premiere, M. Ronalds en 1823 j pour la seconde, M. Bain, en 1842; pour la troisieme, M. Wheats- tone , en 1837, suivi de pres par MM. Morse, Cooke et Stein- heel . DESULFURATION DU CHARBON ET DU COKE. M. Calvert vient de faire une invention qui lui rapportera a la fois gloire et argent , la purification du charbon et du coke , au moyen du sel marin. Le nouveau combustible epure , depouill6 de son soui're, lorsqu'on l'emploie dans la fabrication du fer, ne donne plus lieu a cette sulfuration qui fait le desespoir des metallurgistes. Le fer prepare avecle nouveau combustible, desulfure pour 1 penny par tonne, acquiert une tenacite de 2 pour 100 superieure. Les dtudes faites a ce sujet par Tinstitution des ingenieurs civils de Lon- dres, et dont M. William Fairbairn a ete le rapporteur, ne laissent aucun doute sur le merite exceptionnel de cette invention. ACADEffllE DES SCIENCES. SEANCE PUBL1QUE DE LUNDI 1 3 FEVRIE71 1 854. M. le ministre de l'interieur a consulte depuis longtemps l'Aca- demie sur les meilleurs telegraphes electriques ; une commission a t5te nominee, et Ton attend son rapport avec impatience. M. Bec- querel est venu expliquer aujourd'hui, en son nom, les raisons du silence qu'elle a garde, raisons tres-legitimes, puisqu'elles consis- tent principalement dans l'absence absolue des moyens d'action et d'experimentation; il a ete decide que la commission se reunirait de nouveau et qu'elle notifierait a M. le ministre, par une lettre collective, l'impossibilite ou elle s'est trouvee de repondre a ses desirs. — Nous avons parle" d'un incident qu'avait fait naitre la note suivante de M. Coste : « L'ann^e derniere, j'ai mis sous les yeux de l'Academie, des saumons qui venaient d'eclore dans mon appareil du college de France. Ces saumons, conserves dans un bassin d'eau dormante, de 5 metres de surface et de 40 centimetres de profondeur, y ont pros- pere au point d' avoir acquis, dans l'espace de dix mois, une longueur de 14 a 18 centimetres, comme l'Academie peut en juger par les echantillons vivants que renferme le bocal place sur le bureau. Des resultats analogues ont £te obtenus par M. de Vibraye, dans le bel etablissement qu'il a fonde sur les bords de la Loire ; par M. Desme, dans son domaine des environs de Saumur ; par M. Blanchet, dans le departement de l'lsere. L'acclimatation des especes, dans des localites diff^rentes de celles ou elles ont coutume de vivre, n'est done pas aussi difficile qu'on l'avait suppose ; aussi, avons-nous pu deja introduire avec le meme succes dans certaines eaux de la France, le saumon du Danube (Salmo Hue ho, Linn.), l'Ombre che- valier (Sal. umbla, Linn.), la Fera (Corcgorws Fera, Jur.), et dans le lac du Ballon (Vosges), en particulier, les grandes truites des lacs de la Suisse (Sal. Lemanus, Cuv,); dont je mets sous les yeux de l'Academie un certain nombre d'individus eclos depuis plus d'un mois au college de France. » Le prince Charles Bonaparte doutait que M. Coste connut bien le saumon du Danube, dont il parlait. Par cela seul que M. Coste l'avait designe" sous son nom spdeifique, Salmo Hucho, et que surtout il avait indique- le naturaliste qui avait baptise" ce saumon, Linnde, il pouvait se dispenser de toute explication. II use, et nous Ten COSMOS. 201 felicitons, de plus de managements ; il a repondu que le saumon du Danube etait un saumon a chair blanche, dont la longueur peut atteindre de 4 a 5 pieds, dont le poids est quelquefois de 40 a 50 kilogrammes ; qui se distingue de toutes les autres especes, par oes caracteres tres-sail!ant, qu'il fraie a la fin du printemps et pond en juin; que les jeunes reflechissent une teinte verdatre particuliere avec absence complete des taches brunes laterales qu'on retrouve chez tous les autres saumons. M. Coste avait apporte avec lui clans des bocaux de petits saumons de France et de petits saumons du Danube, pour que chacun put les comparer. — M. Chevreul a lu un long memoire intitule: Considerations generates sur les sciences naturelles. Membre et rapporteur d'une commission chargee primitivement de prononcer sur des questions relatives a la baguette divinatoire, et subsidiairement d'examiner les notes sur les tables tournantes, M. Chevreul devait surtout dire a l'Academie, pourquoi il ne pouvait pas faire de rapport : comme certaines personnes, di t— il, ont etendu. des le debut aux tables tour- nantes, des principes que j'ai poses il y a longtemps, a l'occasion d' experiences sur le pendule explorateur, je serais a la fois juge et partie. Cette raison est bien mesquine, et nous aurions mieux aim6" que M. Chevreul eut dit tout simplement qu'il ne voulait pas faire de rapport. II se contentera done de discuter devant l'Academie, dans une serie de memoires, ce que Ton a appele les phenome- nes du pendule explorateur , de la baguette divinatoire et des tables tournantes , phenomenes fres-connexes, tellement connexes, que dans l'histoire que les PP. Lebrun et Menestrier ont faite, en 1693, 1694 et 1702, de l'epidemie de baguette divinatoire, on croit lire l'histoire de l'epidemie actuelle des tables tournantes. Quant aux tables parlantes , qu'elles sachent bien que l'entree de l'Academie des sciences leur est rigoureusement interdite, et que M. Chevreul ne s'en occupera pas plus que si elles n'avaient jamais existe. Jacassez tant que vous voudrez, impitoyables commeres, on ne fera aucune attention a vos caquets. M. Chevreul n'a fait aujourd'hui que poser les fondements de 1' edifice qu'il veut elever. C'est un petit traite des mdthodes , une oraison funebre de la methode a priori, une glorification de la me- thode a posteriori, une justification des academies et des corps sa- vants que Ton a vu nier pendant longtemps ies faits les plus pal- pables, jusqu'aux pierres tombees du ciel. On a tort de leur en vou- loir de cette lenteur a, croire, consequence necessaire de la methode a posteriori, qui doit guider tous leurs jugements et qui se trans- 208 COSMOS. forme bientotcn demonstration rigoureuse des veVites nouvelles. Aux methodes a priori et a posteriori se lient par des liens etroits l'en- seignement analytique et l'enseignement synthetique auxquels M. Chevreul a accorde, en terminant, une large part dans sa dis- sertation philosophique, qui, au fond, nous ainteresse. — M. Isidore Geoffmy-Saint-Hilairepresente le premier volume de son Ilistoire naturelle generate des regnes organiques; il ex- pose en peu de mots le but qu'il veut atteindre par la publication de ce grand outrage qui comptera six volumes. " L'histoire naturelle, dit-il, si riche en traites partiels, manque encore d'un ouvrage d* en- semble sur les etres organises, etudies comparativement et sous un point de vue general ; e'est cet ouvrage que j'ai eu la pensee de donner a la science... Je ne me suis dissimule ni l'etendue ni les difficultes immenses d'une telle entreprise. Mais le temps est venu d'essayer de constituer cette science deja devinee et denommee par Buffon, l'histoire naturelle generale , d'exposer nos connaissances sur 1'ensemble et sur les groupes principaux des etres vivants, de relier par une m^thode commune les notions diverses d'origine et de divers ordres, qui nous sont acquises ; de les subordonner hierarchi- quement selon leurs rapports de filiation logique et de causalite; par la meme en donnant a chaque resultat sa place, de le mettre dans tout son jour et de lui donner sa juste valeur ; de discuter, d'appre- cier comparativement ces hautes conceptions qui forment, depuis Buffon uitout, le brillant, mais trop problematique couronnement dela philosophie naturelle; de faire entre elles la part de la verite', de l'erreur et du doute; de separer nettement de ces hypotheses settlement vraisemblables clont le jugement appartient a l'avenir celles sur lesquelles nous sommes en droit de prononcer; les unes decidement fausses, alliage impur qu'il faut rejeter loin de nous, les autres deja demontrdes ou presentement demontrables ; d'elever chacune decelles-ci, desormais partie integrante et imperissable de la science au rang d'une theorie rationnelle , et toutes les theories prises ensemble, toutes les formules, toutes les lois, au niveau d'un corps de doctrine; de remonter en un mot, par echelons, des pre- mieres notions aux dernieres consequences , des racines au faite, jusqu'a. ce qu'enfin l'histoire des etres organises revete le double ca- ractere de toutes les parties vraiment avancees du savoir humain , certitude et unite" !... « Dans un travail redige de 1827 a 1829, je resolvais deja en grande partie les questions relatives a la methode zoologique comme je les resous ou plutot comme nous les resolvons presque tous au- COSMOS. 209 jourd'hui; faisant essentiellement consister cette metjaode dans I'as- sociation logique de l'observation d'abord, et secondemcnt dp I'expe- rience, pour la decouverte des foils,, du raisonnement d'almnl el se- condement du calcul, pour la decouverte des rapports et des lois; montrant dans l'observation la source unique en histoii e natui elle de toute certitude, mais aussi dans le raisonnement le principe de toute grandeur dans les resultats ; l'une a laquelle il appartient tie jeter les iondements de 1'edifice, l'autre de le construire ; tous deux egalement indispensables, non-seulement a la dignite, mais a l'existqnce meme de la science : sans l'une ou sans l'autre, nous n'aurions devant nous qu'un amas de materiaux ou que des plans vainement traces dans l'espace... En 1833 , on lisait dans la preface de mes essais zoologiques : " Les resultats de mas recherches pourront-ils un jour former un ensemble en tete duquel il soit permis d'ecrire [sans trop do pre- scription ces mots : Traite de zoologie generale 1 Je n'ose dire que telle est mon esperance, mais telle est mon ambition ; j'ai au- jourd'hui plus d' esperance Treize annees de plus me donnent le droit et je crois aussi le devoir d'oser davantage... » L'ouvrage que nous armoncons est non pas une histoire univer- selle, mais ce qui est bien different, une histoire generale des etres organises. II debute par une introduction historique et comprendra sept parties. lre, prolegomenes ; 2C, notions biologiques fondamentales ; 3e, faits generaux, rapports et lois organologiques ; 4e, faits generaux, rapports et lois ithologiques ; 5e, faits generaux, rapports et lois geonemiques ; 6e, philosophic naturelle. — M. de Senarmont presente, au nom de MM. Sainte-Ciaire- Deville et Fouque , un beau travail de chimie analytique intitule : " Memoire sur les pertes qu'eprouvent les mineraux par, la chaleur, determination de leur nature et de leur qualite, specialement en ce qui concerne le fiuor. - M. de Senarmont dans ses £tudes'_sur les axes optiques des topazes avait remarque que dans les cristauxen appa- rence identiques les angles des axes optiques etaient tres-differents; il attribua ces differences a une difference de composition chimioue, et il importait grandement que cette explication fut confirmee par des analyses directes. Ce fut alors que le savant physicien osa prier M. Sainte-Claire-Deville d'analyser les topazes qu'il avait experi- mentees au point de vue optique. C'etait soulever un redoutable probleme que M. Deville fonnule comme il suit : .< Le plus grand nombre des mineraux silices, les chimistes 1'ont 210 COSMOS. bien souvent constate, contiennent du fluor. La nature des pertes qu'ils eprouventau feu varie n£cessairement avec leur composition. Quelle relation existe entre la composition de la partie volatile et la composition du mineral? » Exposons maintenant la solution due surtout a lemploi des deux precieuxoutils, des deux lampes dont nousavons dejaparle plusieurs fois. La premiere lampe, la petite lampe, est alimented par un me- lange d'alcool et d'essence de terebenthine, et activee par un cha- lumeau. La seconde, lagrande lampe, est a vapeur d'essence : nous en avons donne" la description ; nous en publierons le dessin dans notre plus prochaine livraison. Des experiences preliminaires avaient mis en Evidence ce fait capital, qu'ily a une grande distance entre la temperature a laquelle 1'eau s'echappe des mine'raux et celle ou le degagement du fluor commence ; que la temperature de la pre- miere chasse toute l'eau, en meme temps que son emploi bien regie" fait eviter toute perte de fluor ; qu'au contraire, a. la temperature de la grande lampe, tout le fluor est chasse\ Laissons maintenant M. Deville exposer lui-meme les rEsultats de sa nouvelle mEthode d'analyse : « Nous avons pris deux matieres de compositions essentiellement differentes; nous avons forme un silicate de soude basique ne per- dant pourtant rien a la grande lampe ; et nous y avons ajoute une quantite connue de fluorure de calcium pur. Le melange fondu a. la petite lampe n'a pas change de poids; a la grande lampe, tout le fluor est parti , et sous une forme telle qu'il n'a pas entraine la moindre trace de silicium. Le silicate alumineux, residu de cette operation, est remarquable par son infusibilite ; on le retrouve sans deformation sous un culot de platine parfaitement fondu. Le fluor parti, la chaux formee aux depens du fluorure de calcium remplacait, Equivalent pour equivalent, une partie de la soude qui avait disparu, la matiere extraite etait du fluorure de sodium pur. « Un autre cas extreme nous etait fourni par la topaze. Nous avons constate que la perte au feu etait de 23 0/0, en moyenne, et que cette perte Enorme etait constitute par du fluorure de silicium pur. Nous l'avons prouve en recevant les vapeurs dans de la chaux, au moyen d'une combinaison de petits creusets concentriques, droits et renverses, au centre desquels la topaze 6tait parfaitement isolee. Le systeme ne perdait pas sensiblement de son poids apres la calcina- tion. Par un procede nouveau, dont la description ne peut entrer dans cet extrait, nous nous sommes assure que la chaux renfermait du fluorure de calcium et du silicate de chaux, dans lesquels le fluor COSMOS, 211 et le silicium Etaient dans les rapports de trois Equivalents du pre- mier et d'un Equivalent du second. Lamatiere volatile etait done du fluorure de silicium pur. « Les angles que forment entre eux les axes optiques des topazes, sont variables : de meme, la perte par le feu est plus grande pour les topazes blanches, plus faible pour les topazes jaunes, changeant comme les inclinaisons des axes optiques en meme temps que la coloration. On devait penser que ce phenomene etait du a la varia- tion de deux elements isomorphes, susceptibles de se remplacer sans affecter sensiblement les positions relatives des faces du cristal. Cela nous parait exactement vrai pour la topaze , en admettant , pour (OV representer sa formule, le symbole 3 Sit ^,,1 4 J I2 O* ou sont in- scrits sur la meme ligne verticale les elements isomorphes. » Les topazes blanches ne different done des topazes jaunes, au moins dans les especes que nous avons analysees, que par une plus grande quantite defluor qui se substitue a l'oxygene. « Les analyses de M. Forchhammer conduisent egalement a ce resultat. »Entre ces topazes, qui ne perdent que du fluorure de silicium, et les verres basiques et fluores, qui ne perdent que des fluorures alca- lins, se trouvent places un grand nombre de mineraux auxquels nous appliquerons une methode speciale d'analyse, fondee sur la volati- lisation dans des conditions determinees. Nous devons dire que nous avons peu de confiance dans la determination du fluor a l'Etat de fluorure de calcium , matiere qui se decompose avec une facilite extraordinaire a la calcination, et que d'ailleurs, on obtient rarement pure par precipitation. <• En terminant, nous ferons remarquer parmi les mineraux fluorEs, se comportant au feu comme substances intermediates entre celles qui degagent et celles qui retiennent le silicium, les mineraux a base de lithine, la lepidolithe en particulier.Elle donne a la grande lampe une flamme rouge d'une grande intensite , et Ton peut constater ainsi, tout aussi bien que par l'analyse, la volatinisation d'une quan- tity considerable de lithium. Ce fait vient confirmer les previsions deM. Th. Sainte-Claire-Deville, au sujet des irregularites quepre"- sentent les analyses oil Ton a determine en meme temps, et apres calcination, le lithium et le fluor. » — M . DuMoncel continue ses experiences sur les courants d'induc- tion produits par la machine de M. Ruhmkorff. Cette nouvelle serie d' experiences a surtout pour objet , les phenomenes produits par 212 COSMOS. l'introduction, au sein des liquides, de 1'etincelle d'induction. L' ex- perience de la luiniere dans l'eau est une des experiences les plus curieuses de la physique ; pour la faire reussir avec le courant di- rect des poles, il faut un grand nombre d'elements ; voici comment M. Du Moncel la realise avec la machine de RuhmkorfT, animee par un seul element de Bunsen. II prend un voltametre, qu'il remplit d'eau et met en communication avec un des poles de l'appareil ; il verse de l'huile sur cette eau , et avec 1'autre conducteur il provoque 1'etincelle de la part de la surface de l'eau ; la lumiere electrique apparait alors au sein de l'huile coloree en vert. M. Du Moncel signale comme un fait curieux, que l'huile dont le conducteur libre se trouve impregne quand on le plonge dans l'eau, de"gage 1'etincelle de l'electrode de platine dont on le rapproche, ce qui n'a pas lieu sans la presence de l'huile. Les deux conducteurs reunis au sein de l'alcool donnent nais- sance a un bruit metallique particulier ; et 1'etincelle est d'un rouge vif. Un fil de fer en communication avec un des poles de l'appareil rougit et bmle quand on l'amene au contact de l'eau du voltametre, lie au second pole de l'appareil. Ala fin de sa note, M. Du Moncel revient sur les attractions exer- cees a travers des lames isolantes sur les corps legers; il constate qu'elles sont beaucoup plus intenses quand les deux poles agissent a la fois. Quand le corps leger se trouve entre les deux conducteurs, il se prdcipite sur le conducteur le plus voisin; a distance egale, c'est le conducteur d'ou part 1'etincelle qui attire le plus. En faisant agir a travers une lame isolante 1'etincelle echangee entre deux conduc- teurs, M. Du Moncel a cru remarquer une faible repulsion. L'habile experimentateur constate enfin que certains corps mauvais conduc- teurs, comme le cuir, deviennent conducteurs apres avoir ete imbibes d'eau, et conservent cette propriete meme apres dessiccation. — M. Maisorineuve adresse un memoire sur une nouvelle metho.de d'uretrotomie pour la cure radicale des retrecissements : nous avons ce memoire entre les mains ; une impossibility materielle nous em- peche seule d'en publier l'analyse et de renvoyer au prochain nu- mero la fin du compte rendu de cette seance. Le memoire de M, le docteur Boulu, sur un nouveau procede d'application de i'electrieite- a la therapeutique, acependant trouve place ailleurs. PHENOMENES RESULTANT DE L ACTION SIMULTANEE DE DEUX PILES UNIES PAR LES POLES DE MEME NOM OU DE NOMS CONTRAIRES. M. Jules Regnauld insiste pour que nous inserions dans le Cos- mos la demonstration donnee par lui du principe qui a servi de base a sa comparaison des forces electro-motrices des diverses piles. Nous nous rendons a son desir, d'autant plus volontiers qu'il n'est nullement entre dans notre pensee de jeter des doutes sur la valeur de cette demonstration ; tout ce que nous avons voulu dire, c'est que le jeune physicien aurait pu la rendre un peu plus rigoureuse en la completant. II fornmle ainsi sa demonstration. " Que Ton prenne un couple dont l'intensite\ d'apres la notation C 6 ordinaire, est -, et us deuxieme dont 1'intensite est - ; e, extant les forces electromotrices, /' et r> les resistances. Si Ton vient a op- poser ces couples pole a pole, on doit admettre que, dans cette dis- position, les forces electro-motrices luttant l'une contre l'autre, le courant n'est plus engendre que par la difference de ces forces anta- gonistes : mais , comme d'ailleurs , toutes les resistances d'un tel systeme s'ajoutent, il en resulte que le courant qui circule apres l'opposition, doit vaincre la somme des resistances propres a chacun des couples rdunis. « II suit de la, qu'en nommant i 1'intensite du courant , on peut ecrire : » r =-'' ~ +" Voici la forme que nous aurions donnee a cette meme demonstra- tion : Appelons e, e' les forces electro-motrices des deux couples; /*, r', les resistances, soit interieures, soit exterieures , que les courants produits ont a. vaincre; i, i les intensity de ces courants ; on aura, tant que les couples seront isoles, Si ces couples etaient amends a faire partie d'un meme circuit, la resistance /• du premier couple s'augmenterait de la resistance r' du second, et reciproquement la resistance du second s'augmente- rait de la resistance du premier, de sorte que les deux courants 2\U COSMOS. auraient chacun a vaincre la resistance r-\-r' ; des lors, si l'on ap- pellait it, i'\ leurs intensites modifiees, on aurait Si maintenant on unit les deux piles par les poles de meme nom, comme si on voulait faire eirculer les courants en sens contraire dans le circuit commun, l'intensite resultante I en un point quel- conque du circuit sera la difference des intensites composantes , et Ton aura Or cette formule prouve 1° que si les forces electro-motrices sont egales, e'est-a-dire que si Ton a e' = e , on aura I=o, et par con- sequent 1' aiguille du galvanometre introduit dans le circuit marquera zero ; 2° que, reciproquement, si l'aiguille du galvanometre reste a zero, on aura ne^cessairement e — e' = o, e = e' et par conse- quent les forces electro-motrices seront egales. Ce raisonnement s'etend de lui-meme au cas de deux series de couples unies par les poles de meme nom. En appelant e la force electro-motrice d'un des couples de la premiere serie, n le nombre de ces couples, R la somme des resistances, i son intensite; e' , n' , R', V , les memes elements pour la seconde serie, enfin i\, i\' les in- tensites modifiees par l'union des deux series; I l'intensite resultante on aura encore, '— ~R' ' — R' ' l—RJrR>> ' — R+R' R + R' ' Done si I est nul ou si le galvanometre du circuit marque zero, on aura n« = n'e', et si b=1, e' = 1 ; e = n', C'est-a-dire que la force electro-motrice cherchee'du couple mis en experience est representee par un nombre egal a celui des couples unites qu'il aura fallu lui opposer pour ramener a zero l'aiguille du galvanometre. Voila bien le principe qui a servi de depart aux me- sures de M. Jules Regnauld. Sous la forme que nous lui avons donnee pour la rendre rigoureuse et complete , cette demonstration semble supposer que les deux courants circulent en meme temps et en sens contraire dans le cir- cuit commun. Mais MM. Foucault et Regnauld font remarquer avec COSMOS. 215 raison qu'alors meme que les deux courants ne parcourraient pas le circuit co-mmun, on n'en doit pas moinsles considerer, en raison de leur action reciproque, comme subissant chacun I'influence de la re- sistance du circuit entier ou la resistance r -j- r' , ou R -f- R' ; ce qui suffit pour que la demonstration ne laisse rien a desirer. Cette remarque est d'autant plus opportune que ces deux physiciens nient formellement non-seulement la realite, mais encore la possibilite de la circulation dans un meme circuit de deux courants de sens con- traire. Cette negation nous ramene a l'experience tant discutee de MM. de la Provostaye et Desains, au sujet de laquelle on nous de- mande encore des explications. Rappelons d'abord les f'aits. Deux fils de platine parfaitement iden- tiques sont portes a l'incandescence par deux piles formees du meme nombre de couples et sensiblement egales ; on approche les deux fils et on les applique Tun contre 1' autre ; alors : 1" si les deux piles sont unies par les poles de meme nom, la partie commune devient beau- coup plus briliante ; 2° si les deux piles sont unies par les poles de nom contraire, la partie commune s'eteint brusquement. Le fait est tres-simple, mais il a donne lieu a des interpretations contradic- toires. MM. de la Provostaye et Desains scmblaient affirmer : 1° que dans les deux cas les deux courants sont reels et circulent dans la partie commune ; 2° que cette partie commune s'eteint dans le second cas, parce que les actions des courants en sens contraire se neutrali- sed ou se detruisent. M. Foucault, au contraire, trouve cette inter- pretation etrange, elle l'a grandement surpris, et il ne craint pas de dire qu'avant peu ses auteurs en seront tout aussi surpris que lui. II admet que dans le premier cas, oil les piles, de fait, sont unies par leurs poles de meme nom et ne forment qu'une pile unique, de surface et d'intensite' doubles, les deux courants passent reelle- ment dans la partie commune et s'ajoutent pour produire une incan- descence plus grande. II nie formellement que dans le second cas, ou les piles sont unies par les poles de noms contraires, les courants circulent reellement dans la partie commune ; il soutient qu'il n'y a pas de courant produit. Un courant nul ou deux courants egaux qui se detruisent, c'est bien la meme chose quant a, l'effet produit, mais en soi et au point de vue de la theorie c'est tout autre chose. Represen tons-nous un grand H, et admettons que les extremites superieures des jambes soient les deux poles des deux piles ; que la barre du milieu soit la partie commune des deux fils, il nous semble evident 1° que si les poles de meme nom sont en presence, chaque courant parti du pole positif, et qui tend invinciblement 216 COSMOS. vers le pole negatif de la meme pile, traversera necessairement la barre du milieu qui lui offre moins de resistance que le pas- sage a travers l'autre pile ; ils circuleront ensemble et de meme sens dans le fil commun ou dans les fils superposes, et ajouteront leurs effets; 2° au contraire que si les poles de nom oppose sont en presence, le fiotd'olectricite positive parti dupole de la premiere pile, ira immediatement au pole negatif de la seconde pile par le chemin le plus court et de plus faible resistance, e'est-a-dire par la jambe gauche de l'H ; qu'il en sera de meme du flot d'electricite positive parti du pole positif de la seconde pile ; et que, par consequent, le courant ne circulera certainement pas dans la barre du milieu ou dans la partie commune du fil. L'experience de MM. la Provostaye et Desains ne prouve done absolument rien quant a la neutralisa- tion de deux courants cheminant en sens contraires. Allons plus loin, supprimons la barre horizontale de l'H ; e'est-a- dire admettons que les deux piles soient simplement unies par leurs poles de meme nom. Qu'arrivera-t-il alors? Onpeutfaire deux sup- positions : 1° les deux courants circulent en sens contraire dans toute l'etendue du circuit commun; il y a courant sans tension; 2° les cou- rants de sens contraire ne circulent pas, ne s'annulent pas, mais se contre-balancent ou se font dquilibre; il n 'y a pas de courant, mais il y a tension ; absolument comme dans le canal de jonction de deux vases communicants de meme hauteur ou de meme niveau. Laquelle de ces deux hypotheses est la plus probable? Nous penchons vers la premiere, car depuis longtemps nous sommes grandement dis- pose a croire que deux courants de sens opposes peuvent tra- verser un meme fil, sans que leurs effets de calefaction ou d'incan- descence se detruisent, ou mieux sans qu'ils s'annulent. M. Fou- cault est d'un avis tout oppose : pour lui la seconde hypothese est settle vraie; pour lui la comparaison des vases communicants est l'expression du fait de la nature; le courant est la circulation d'une veine fluide veritable ; deux courants en sens contraire sont une impossibility absolue. Et cependant, nous avons enregistre page 301 de la seconde Edition de notre Traite de telegraphic electrique la note sui- vante de M. Breguet : " De concert avec M. Gounelle, nous essayames de transmettre dans le meme moment sur la ligne de Paris a Rouen des signaux en sens inverses. Les signaux se reproduisirent de part et d' autre avec la plus parfaite exactitude. Cette experience fut repetee plusieurs fois, le 7 avril 1847, entre autres devant une commission de la COSMOS. 217 chambre des deputes, et la reussite fut toujours complete. >. Nous ajoutions : Le fait du passage simultane de courants en sens con- traires peut etre assimile a. celui d'une multitude de rayons lumi- neux partant ensemble de tous les points d'un vaste horizon, ettra- versant le meme petit trou perce dans une carte, sans que la vision cesse d'etre distincte. Nous n'avons pas change" d'avis. M. Auguste de la Rive, dans l'avant-derniere livraison de la Bibliotheque de Geiieve. affirme qu'il fit, il y a plus de vingt-cinq ans, l'experience de MM. la Provostaye et Desains, et l'explique ainsi : « Quant a moi, ('interpretation du rdsultat negatif qu'on obtient ne m'a jamais paru douteux. II est evident que dans cette expe- rience le courant ne traverse plus le fil de platine du moins dans une proportion suffisante pour l'echauffer. L'experience revient a celle-ci : on a deux piles voltaiques d'un certain nombre de couples chacune ; elles sont unies par leurs poles contraires au moyen de deux conducteurs de maniere a former un circuit complet. On unit par un fil de platine ces deux conducteurs et s'il y a un courant derive qui traverse ce fil, il doit etre tres-faible, parce que chacune des auges est meilleur conducteur que le fil de platine, et ce qui le prouve, c'est que celui-ci devient incandescent quand il est dans le circuit de l'une on de 1'autre des deux auges. » J'estime done que l'experience telle que la coneoivent MM. de la Provostaye et Desains est impossible k realiser, c'est a-dire qu'on ne peut pas faire passer deux courants electriques en sens con- traires a travers un fil metalliqne. •> Cette explication de M. de La Rive nous etonne singulierement , nous ne croyons pas du tout que la resistance du fil de platine soit plus grande que celle des deux auges ; le fait de l'incandescence du fil place dans Tun ou 1'autre circuit ne prouve nullement cet exces de resistance; si reellement chaque courant traversait l'auge de chaque pile qui lui presente une resistance moindre, c'est que les deux courants circulent a la fois dans le circuit commun ; or, cette circulation simultanee, M. de La Rive la declare impossible. En resume, la circulation de deux courants en sens contraire a pour elle : 1° le fait constate par MM. Breguet et Gounelle, fait auquel on ne peut repondre qu'en disant que les signaux n'etaient pas ^changes dans un meme temps indivisible ; '2° la comparaison entre la propagation des courants electriques et la propagation de la lumiere et du son ; 3° les experiences faites par M. Masson avec les courants magneto-electriques. Tout le monde admet la circula- 2 18 COSMOS. tion de deux courants de meme sens, qui s'accorde aussi mal avec la comparaison des vases communicants de M. Foucault, que la cir- culation de deux courants en sens contraire. Si le courant est vrai- ment l'ecoulement d'une veine fluide, cette veine a coup sur ne remplit pas le fil conducteur : s'il est le resultat d'une serie de vibra- tions ou de decompositions et recompositions, rien ne s' oppose a la circulation simultanee de deux courants en sens contraire ; ce qui se passe dans le cas ou les piles sont unies par leurs poles de merries noms, 1' incandescence du fil de jonction, la deviation du galva- nometre, l'existence reelle d'un courant double, alors qu'il serait naturel d'admettre que le Hot d'electricite positive emane du pole positif de la premiere pile sera neutralise par l'electricite' du pole negatif de la seconde pile, et -vice versa; tout cela n'est-il pas un argument puissant en faveur de l'independance mutuelle de deux courants, circulant dans le meme sens ou en sens contraire? L' experience qui sert de base au procede rheometrique de M. Regnauld est dans tous les cas extremement interessante, et lui fait le plus grand honneur. Mais elle n'est pas decisive, puisqu'elle s'explique egalement, soit dans l'hypothese de deux courants circu- lant en sens contraire; soit dans l'hypothese de deux courants s'ar- retant, s'equilibrant mutuellement , et faisant naitre, au lieu de la circulation dynamique, une tension statique tres-grande dans la seconde hypothese, nulle dans la premiere. Ce qu'il faudrait done, pour vider le debat, ce serait de mettre en evidence la tension dont la theorie de MM. Foucault et Regnauld suppose n<§cessairement l'existence. Ainsi pose, le probleme n'est pas au-dessus des forces des deux jeunes et savants physiciens , et en le resolvant ils ren- draient a la science un tres-grand service. APPAREILS DEPOLARISATEURS DESTINES A DONNER DES COU RANTS ELECTRIQUES CONSTANTS. L'idee que nous avons essaye de donner dans notre compte rendu de l'Academie des sciences des appareils polarisateurs de M. Bec- querel est par trop incomplete et inexacte. Nous nous empressons , en consequence de reproduire la note inseree aux comptes rendus officiels ; et parce que cette note est elle-meme trop vague, nous irons, sur l'invitation qui nous en a ete faite, voir fonctionner ces deux mecanismes pour les mieux expliquer. •• Les deux appareils depolarisateurs decrits par M. Becquerel ont pour but , l'un de depolariser continuellement deux lames de platine en communication avec un couple a force constante et servant a decomposer l'eau ou une solution saline, afin d'avoir un courant constant; l'autre est destine" a obtenir un courant constant avec l'i51ectricite degagee dans la reaction lente de deux solutions l'une sur l'autre , en d^polarisant les lames de platine employees a re- oueillir cette electricite. » Le premier est form^d'un vase de verre cylindrique renfermant un liquide et dont le bord est recouvert d'une garniture metallique, interrompue en deux points. Chacune des moities est mise en com- munication avec l'un des elements du couple a force constante. Sur la garniture viennent s'appliquer avec pression les deux extre- mites d'une traverse horizontale mobile en laiton, destinees a prendre les electricites de la source. La traverse est interrompue sur une longueur de 1 centimetre par une tige d'ivoire servant d'isolant. A chacune des branches de la traverse est fixee une lame de platine qui vient plonger dans le liquide du vase. De chacune de ces memes branches part une lame de cuivre formant ressort et qui vient s'ap- pliquer sur un interrupteur cylindrique mobile place au-dessus et mis en rapport avec une boussolede sinus, ou un multiplicateur.On imprime a tout le systeme un mouvement de rotation au moyen d'un engrenage et d'un moteur electro-magnetique. A l'aide du double interrupteur, les deux lames de platine £tant sans cesse de- polarisees, et la meme espece d' electricite entrant toujours par le meme bout du fil formant le circuit de la boussole ou du multiplica- teur, le courant est constant. •« Le second appareil est d'une application beaucoup plus etendue: il est pourvu egalement de deux interrupteurs, mais il est construit de telle sorte que les deux lames de platine se trouvent chacune dans un vase separe, renfermant le meme liquide ou un liquide dif- 220 COSMOS. ferent. Ces lames peuvent, au moyen d'un mecanisme particulier, passer d'un vase dans l'autre, oil elles se depolarisent. Entre les deux vases se trouve un support en verre oil Ton place les deux liquides qui doivent reagir l'un sur l'autre et qui sont en relation avec les liquides des vases au moyen de meches de coton imbibe'es d'eau. Avec ces dispositions , le courant electrique resultant de la reaction chimique est constant. » Ainsi que nous l'avons dit , le but principal de la lecture de M. Becquerel avait etc de revendiquer pour lui la priority de la d&ouverte des piles a effet constant, de la pile de Daniel, que nous avons cru ne pas lui appartenir. Craignant de nous tromper, nous avons prie M. Edmond Becquerel de nous rappeler les documents sur lesquels il fonde les droits de son dlustre pere ; il l'a fait dans une lettre dont nous le remercions. Voici les passages les plus sail- lantsde sa reponse : Dans les Annates de chimie et de physique, deuxieme serie, tome 41, annee 1829, pages 19 a 25, apres avoir decrit les couples dont il se servait, couples formes de la maniere suivante; une boite est divisee en deux compartiments par une baudruche ou vessie ; dans l'un des compartiments plonge une lame de cuivre , dans l'autre une lame de zinc, M. Becquerel dit en termes formels , page 23 : .. Le maximum d'intensite s'obtient sensiblement quand le cuivre plonge dans une dissolution de nitrate de cuivre et le zinc dans une dissolution de sulfate de zinc II m'est arrive plu- sieurs fois d'obtenir une compensation telle , que les deviations de l'aiguille aimantee etaient constantes pendant une heure, avantagc que Ton n'a jamais avec les piles ordinaires... J'ai cherche si les rapports precedents, obtenus avec un seul couple, dtaient encore les memes quand on en reunissait plusieurs, de maniere a former une pile ; ces resultats ont ete absolumer.t semblables. » « Ne faut-il pas, ajoute M. Edmond Becquerel , avoir bien mauvaise volonte" pour ne point voir la la premiere pile a deux liquides avec diaphragme et a force constante ? Si mon pere avait mentionnc l'addition de cristaux de nitrate pour que le liquide fut toujours a saturation, Da- niel n'aurait absolument eu rien a reclamer. » Cette argumentation n'est pas, en effet , sans valeur, mais elle ne nous persuade pas. Le malheur est que M. Becquerel n'ait pas eu confiance en son ceuvre etl'aitabandonnee trop tot. II a evidemment pose la matiere de la pile a effet constant ; mais, lui a-t-il donne sa forme? II a faconneun corps, mais lui a-t-il donne une ame? Nous ne le pensons pas. Nous COSMOS. 221 pouvons, toutefois, nous tromper, quoique le plus grand nombre des physiciens soient du meme avis que nous. Quant au passage suivant dans lequel M. Becquerel affirme que les piles de Bunsen et de Grove sont de simples modifications de la pile a acide nitrique et a solution de potasse, sdpares par un diaphragme, il a cause" une sur- prise extreme et penible. " Le premier appareil de ce genre a ete pre"sente par lui a l'Aca- demie le 21 aoiit 1826 ; il se composait de deux liquides differents, acide nitrique et solution de potasse , separes par un diaphragme poreux et de deux lames de platine plongeant chacune dans un de ces liquides. D'apres la nature des effets electriques produits au contact de l'acide et de 1'alcali et de Taction electro-chimique qui en resul- tait, les lames dtaient sans cesse depolarisees, etle courant qui en re- sultait etait a force constante. M. Grove, en 1839, modifia cette pile en substituant a la solution de potasse de l'acide sulfurique etendu, et a la lame de platine qui plongeait dedans une lame de zinc. En 1843, I\I. Bunsen remplaca la lame de platine en contact avec l'a- cide nitrique par un cylindre de charbon. » Dans la pile de M. Becquerel, les lames de platine etaient evi- demment de simples electrodes. Or, transformer en electrodes la lame de zinc de la pile de Grove, et le cylindre de charbon de la pile de Bunsen, e'est par trop fort. APPLICATION DE L ELECTRICITE A LA THERAPEUTIQUE. PAR M BOULU, m^decin par quartier du l'Empcreur. L'observation extraite de la Gazette des Hopitaux nous a paru digne de fixer au plus haut degre 1'attention des praticiens : elle nous offre l'exemple d'une heureuse application de l'electricite" dans un casde tumeur lymphatique d'un volume considerable. M. B..., des environs de Lyon, est un homme d'une robuste et saine constitution, age de trente-deux ans, dun temperament san- guin; il avait joui d'une parfaite sante jusqu'au jour ou, par suite de refroidissements successifs gagnes a la chasse, il eprouva de vio- lentes douleurs rhumatismales. C'est a la suite de ces douleurs, qui semblaient s'etre fixees dans la tete, qu'est survenue, dans la region parotidienne du cote gauche, une tumeur, qui, a son debut, h* avait qu'un tres-petit volume. Cette tumeur, qui apparut dans les pre- miers mois de 1851 , ne tarda pas a prendre des proportions plus considerables. Les principaux chirurgiens de Lyon furent consulted, et, pendant deux ans, le malade suivit regulierement les divers traitements qu'ils conseillerent, sans qu'aucune amelioration se iut manifested dans son etat ; il avait employe les fondants, les pommades iodurees, les bains generaux de tous genres : il fit usage des amers les plus con- centres : loin dese reduire la tumeur augmentait toujours. Dans cette position, il resolut de venir a Paris consulter les hom- mes speeiaux. Nouveaux traitements sans resultats. Le malade nous ayant consulte, nous constatames bientot, apres examen, qu'a la re- gion parotidienne du cote gauche existait une tumeur lymphatique d'un volume semblable a celui d'une forte orange aplatie, entouree de petites glandes engorgees et globuleuses, a convexite non rt5gu- litre, inegale et legerement bosselee ; la peau qui avoisine les glandes n'asubi aucune alteration. II est facile de reconnaitre qu'on a affaire a une forte tumeur lymphatique, dure, non fluctuante et insensible au toucher ; ses pro- longements ne paraissaient pas ttes-etendus ; elle etait neanmoins inoperable par l'mstrument tranchant a cause des vaisseaux et des nerfs importants qu'elle recouvrait. En presence de l'insuccesde tous les traitements deja tentes, nous songeames a recourir a. l'emploi de l'electricite , dontnous avions souvent obtenu de si beaux resultats, et nous l'appliquames a l'aide de l'ingenieux appareil des freres Breton, celui qui, par sa simplicitd, est le mieux approprie aux besoins de tous les praticiens. De legeres frictions electriques et sur COSMOS. 223 la tuineur et dans les parties voisines, furent d'abord pratiquees. Nos seances duraient de quinze a vingt minutes. Nous agimes en- suite avec une intensity plus marquee, en localisant le fluide elec- trique sur toute l'etendue de la tumeur, sans toutefois jamais inter- vertir les poles du courant magnetique. A chaque application du fluide, il se developpait dans la tumeur une chaleur considerable. Apres quinze jours de ce traitement, la tuineur avait change d'as- pect, elle avait perdu sadurete; apres quinze jours de nouvelles ap- plications les nombreuses petites glandes avaient disparu ; le vo- lume etait moindre. Enfin, apres deux mois d'applications quoti- diennes de fluide electiique il ne restait plus aucune trace de la tumeur ni des gonflements glandulaires qui l'accompagnaient. Ce premier succes a enhardi M. le docteur Boulu ; il l'a conduit a imaginer, a realiser et a appliquer un ensemble complet d'appa- reils medico-electriques , qu'il vient de soumettre aujugement de 1'Academie des sciences, et que nous allons decrire rapidement : 1° J^cntouse electrique. Elle a pour but de localiser d'une maniere plus certaine Taction des courants electriques, de la faire penetrer pius profondement dans l'epaisseur des tissus , on l'applique sur la tumeur qu'il s'agit de resoudre, on fait le vide ; quand le vide est fait, on met les deux pointes dont elle est armee, en communication avec les poles de l'appareil electro-medical , et Ton fait passer le courant. Traites de cctte maniere, des engorgements, des ganglions lvmphatiques, des goitres et certaines tumeurs des seins, se r^sol- vaientde pluscn plus chaque jour etdisparaissaientaubout d'unmois. 2° Appareils a courants derives. Quand on fait agir sur un point unique, le courant assez intense pour devenir efficace, il determine des contractions violentes et des douleurs quelquefois insupportables qui desesperent le malade et lui font prendre le traitement en hor- reur. Pour remedier ace grave inconvenient. M. Boulu, a l'aide de bifurcations inteliigentes, a partage le courant principal en un nom- bre suffisant de courants partiels ou derives, qui agissent sur autant de points differents; la quantity d'electricite appliqu^e est toujours la meme, on continue a 1'administrer a forte dose, mais la sensation n'est plus concentree, et elle devient par la meme tres-tolerable. Quand on agit sur des organes tres-deUicats, ou lorsqu'on a a com- battre des paialysies graves, la dissemination de l'electricite par l'appareil a courants derives est tout a fait indispensable. 3° Eponges electriques. On se sert depuis longtemps avec a van- tage de petites eponges montees dans des demi-spheres en cuivre, pour agir sur les muscles atrophies a travers les teguments ; mais 224 COSMOS. ces sponges produiraient tres-peu d'effet dans le cas d'affections qui ont envahi de larges etendues da corps, telles que les nevralgies des membres, dc la tete, de la moelle epiniere , les lombagos et les di- verses maladies articulaires. II a done fallu etablir de larges eponges doublees interieurement de Handle , inunies exteYieurement de sur- faces metalliques de diverses grandeurs et de diverses formes, et armees de plusieurs boutons oil viennent aboutir les fils muliiples de 1'appareil a courants derives. L'experience a prouvc que ces eponges rendues humides par un liquide convenablement choisi con- duisent parfaitement les courants et localisent leur action en la re- partissant egalement sur les parties malades, sans secousses et sans o-randes douleurs. De nombreuses nevralgies de la tete et des mem- bres, et des rhumatismes aigus ont cede en tres-peu de temps a Tac- tion bienfaisante des eponges electris^es. 4° Sac electrique. C'est une sorte de vetement de laine sillonne" par des bandes circulaires en tissus metalliques, dans lequel on place le malade quand il s'agit de repandre a profusion le fluide electrique sur la totalite du corps humain. Tout autour du sac on a fixe sur le tissu metallique des boutons auxquels aboutissent les fils conducteurs des courants derives ; quand tout est pret, on fait fonc- tionner 1'appareil medical au maximum de sa force, et le malade est comme plonge dans un bain de fluide electrique qui agit a la fois sur tous les nerfs , les muscles et les tendons. Cette action generale peut rendre de tres-grands services lorsque l'organisme entier est l'asatteint, comme dans le cholera, pliyxie par immersion ou stran- gulation, la suspension delavie pal'action trop energique des agents anesthesiques, etc., etc. En outre du sac qui revet le corps entier, M. Boulu a fait Etablir des envoloppes partielles pour chacun des membres, la tete, les bras, lesjambes, les doigts ; des bonnets, des manches, des bas, des gants electriques. Habilement construits par MM. Breton freres, ces divers appareils, deja soumis a un grand nombre d'essais, ont parfaitement fonctionne. M. Boulu a pris Tengagement de publier bientot une observation de guerison de paralysie generale due uni- quement a remploidu sac electrique et de 1'appareil electro-medical a courants derives. Nous donnerons dans notre plus prochaine livraison la figure et la description de cette excellente machine. A. TRAMBLAY, proprie'tairc- gerant . PARIS. — IMTRIMERIE DE W. REMQUET ET CIC, RVE GARANCIERE, 5. T. IV. a4 riiVRlER 1.354. IRMSIEMK ANNEE. COSMOS. FAITS DIVERS. NOUVELLES SCIENTIFIQUES AMERICARVES. M. Henri Frost, de Worcester, ecrit au directeur du Scientific American, a la date du 18 Janvier : « Depuis quatre ans je travaille a la construction d'une locomotive marine, qui ne ressemble en rien aux vaisseaux qui traversent aujourd'hui 1'Ocean. Un de ses plus grands avantages sera de n'eprouver a l'avant aucune resistance de la part de l'eau quelle deplace, de telle sorte que sa vitesse croi- tra proportionnellement au nombre des revolutions de ses roues... Si a l'heure qu'il est,' quelqu'un a decouvert une locomotive qui fera en quatre jours le trajet de New-York a Liverpool, qu'il parle; inais s'il n'a pas encore realise cette sublime invention, qu'il dorme en paix, car il arriverait trop tard! >. Nous n'aurions pas donne a cette etrange annonce le nom de nouvelle americaine , mais bien celui de canard americain , si M. Meunier ne nous avait pas tant vante dans la Presse les merveilles de la locomotive aquatique de M. Planavergue. — M. Ericsson ecrit a l'editeur de X Express de New- York : « J'eprouve un grand plaisir a vous assurer que le doute exprime par vous relativement au succes de mon entrepnse n'a pas le moindre fondement. Les nouvelles machines sont completes ; elles sont en jeu depuis plusieurs jours, et la maniere dont elles se sont comportees demontre que les difficuites pratiques de ma premiere, disposition sont tout a fait surmontees. Les nouvelles machines ont des dimen- sions beaucoup moindres; le principe de leur action est reste le meme , avec cette seule exception que l'air atmospherique con- dense ou comprime a remplace l'air atmospherique ordinaire dans la production de la force motrice. Cette modification permet une augmentation de puissance qui n'est limitee que par la resistance que les cylindres peuvent opposer a la pression. J'ai eu sous ce rap- port quelques obstacles a vaincre, et ils sont la cause des retards que Ton me reproche. J'en ai triomphe a l'heure qu'il est, et le pu- \ 8 226 COSMOS. blicaura sous peu l'occasion d'apprdcier par des experiences prati- ques le meVite du riavire calorique. Le Scientific Jmerican qui a fait a la machine calorique une opposition siviolente annonce dans son dernier numero que X Erics- son est arme de sa nouvelle machine, qu'il navigue sur la riviere du Nord, que son apparence extcrieure est a peu pres la meme que l'annee derniere ; qu'il se montre sous un aspect brillant. — Une feuille de papier blanc tres-fin trempee dans une solution epaisse de gomme arabique et pressee entre deux feuilles seches du meme papier, acquiert la propriete pr^cieuse de rendre transparent 1' ensemble des trois feuilles. Cette nouvelle sorte de papier transpa- rent a de grands avantages sur le papier huile. — Un cable de telegraphie ^lectrique de 2 centimetres d'epais- seur, de 800 kilom. de longueur et pesant 1 762 kilog. a el6 depose au fond de la riviere Hudson pour faire communiquer Whasington avec le fort Lee. RESIDUS DES BETTERAVES. » Les residus de betteraves laisse's par l'operation de l'extraction du sucre forment environ le cinquieme, ou 20 pour 100 du poids de la betterave employee. C'est un compose" des fibres et tissus de laplante, cellulose et pectose ; mais, malgre la forte pression a la- quelle ils out ete soumis, ils contiennent encore de l'eau dans une assez forte proportion, pr^sumablement un peu de sucre et quelques portions des sels qui entrent dans la composition de la betterave. Ses fibres et tissus seuls ne repr^senteraient guere qu'un pour cent. En cet etat, ces residus ontdonc une valeur nutritive reelle presque eo-ale, moins le sucre, a celle de la betterave. En les rachetant poids pour poids, moitie du prix de la betterave, le cultivateur fait une sa°-e operation. II peut augmenter son bewail en proportion de la quantite de ces residus et produire d'excellents engrais. Mais ces \esidus ne doivent pas etre employes seuls comme aliment pour les 4nimaux ; il faut les melanger avec des substances nutritives seches, paille et fourrages hach^s, soit pour compenser l'exces d'eau qu'ils contiennent, soit afin d'y ajouter des aliments azotds gras et salins, indispensables a une nutrition complete. « Dans la fabrication de l'alcool par le proce"de" Champonois, tel que nousl'avons vu fonctionner chez M. Huot, de Troyes, les resi- dus de la maceration destines aux bestiaux represented non pas 20 pour 100 du poids de la betterave employee, mais 80 pour ]00 ; c'est-a-dire qu'il n'y a d'autres ddchets que le sucre trans- COSMOS. 227 forme" en alcoo] , et la quantity d'eau qui a pu s'evaporer dans les diverses operations. Si on se rappelle maintenant que la mace- ration par ce procede se fait au moyen des vinasses, c'est-a-dire des residus de la distillation, qui ne sont autres que les jus memes de la betterave , moins le sucre, on comprendra que la pulpe apres maceration est tout aussi riche de matieres azotees , al- bumine, casein e , substances gomrneuses, matieres grasses, sels de potasse, etc., etc., que la betterave meme ; et que, de plus, elle a l'avantage d'etre a peu pres cuite, avantage que n'a pas la pulpe de betterave provenant de la fabrication du sucre. « La culture de la betterave entre done, des a present, dans une phase nouvelle. Le cultivateur, soit qu'il la vende au fabricant de sucre on d'alcool, soit qu'il la traite directement dans son exploi- tation, doit toujours avoir pour but d'en consacrer les residus a la nourriture du bewail : l'important pour lui est de calculer quel est le procede qui lui procure la nourriture la plus riche et la plus eco- nomique. » [Echo agricole.) PAIN DE FROMENT MELE DE RIZ. M. Moride nous engage a publier la note suivante , qu'il nous adresse de Nantes : « On a beaucoup parle clans ces derniers temps des pains econo- miques ; la plupart des journaux ont publie des formules qui de- vaient atteindre, disaient-ils, ce r^sultat desire, mais aucune d'elles, que nous le sachions, n'a ete consacre'e par l'usage. « Cependant , pleine de confiance dans l'economie qui semblait re'sulterde l'addition de la farine de riz acelle de from en t pour faire du pain, l'aclministration de Nantes a institue une commission de conseillers municipaux, de negociants, de boulangers, d'hommes competents enfin en pareille matiere , dont la mission devait etre d'e"tudier la question en se livrant a des experiences probantes. Les essais ont eu lieu dans les premiers jours de fevrier : 6 kilogr. de riz ont et£ portes a Ebullition dans 55 kilogr. d'eau pendant deux heures ; le resultat de l'operation pesait 36 kilogr. 600 gr.; on y a ajoute 48 kilogr. de froment, et on a obtenu une pate tres-courte, a laquelle il cut ete impossible d'ajouter d'autre riz sans la rendre incapable d'etre travaillee. « Cette pate a servi a confectionner cinquante pains moulds de 1 kilog. 750 gr. chaque, et en outre un petit pain de 750 gr. D'autre part, comme experience comparative, 54 kilog. de farine de froment ont etc petris avec 30 kilogr. d'eau et ont donne lieu a 228 COSMOS. la confection de cinquante-et-un pains de 1 kilog. 750 gr., plus un tourtcau dc 1 Kilog, 350 gr. «, Apres la caisson de ces deux sortes pates dans les memes con- ditions on a obtcnu 77 kil. 100 gr. de pain de riz, et 81 kil. 200 gr. de pain de froment |pur. Quelques jours plus lard de nouvelles ex- periences repetees dans les memes conditions ont donne" des chiffres identiques. . . „ D'ou il rdsulte que le pain de riz n est nullement avantageux soit sous le rapport du poids, soit sous celui du volume, soit meme sous celui del'cconomie. ., Le serait-il encore sous ce dernier point de vue, comme il est moms nournssant que celui de froment, il n'y aurait aucun mteret a le fabriquer. » MORTIEBS HYDRAULIQUES. Dans une note cachetee dont il a demande l'ouverture dans line des demieres seances de 1' Academie des sciences, M. Vicat resumait ainsi ces etudes et recherches touchant Taction destructive que 1 eau de mer exerce sur les silicates, connus sous les noms de morhers hy- drauliques , ciments et guangues a pouzzolanes quelconques. 1" Leshydrosilicates doubles d'alumine et de chaux sus-nommes sont des combinaisons tres-peu stables. _ 2° Tous sans exceptions, quels 'qu'en soient 1 age et la durete. , etant reduits en poudre aussi fine que le comportent les moyens me- caniques, et sous cette forme noyes dans une quantite d eau pure sunWe y abandonnent une notable quantite de chaux lorsqu Us ri'ont subi en aucune maniere , ou du moins que tre.s-incompletement rinfiuence de l'acide carbonique ; 3« Si dans les memes circonstances on substitue a 1 eau pure une dissolution tres-etendue de sulfate de magnesie , la plus grande par- tie et invent la totalite de la chaux de ces silicates passe a 1 etat de sulfate , a moins qu'il ne s'y soit introduit de l'acide carbonique dans lequel cas il reste en chaux carbonatee, tout juste ce que cet acide est capable de neutraliser; 4° Toutes les pouzzolanes, quelles qu'en soient 1 ongme et la com- position n' exigent pour leur saturation complete qu une quantite de chaux bien moindre que celle qu'on leur donne en pratique eu egard surtout a leur defaut de finesse et a la maniere grossiere dont on confectionne les melanges; 5° L'affinite de l'acide carbonique pour la chaux carbonatee clans ces divers silicates est si puissante, qua l'aide dun certain degre COSMOS. 223 d'humidite, etlorsque son introduction est possible, il la neutralise toujours en totalite , laissant en dehors tous les autres principes qui, combines ou non entre eux , ne se trouvent plus alors qua l'etat de melange dans le compose. II suit de ces resultats que l'eau de mer detruirait tous les ci- ments , tousles mortiers et toutes les guangues a pouzzolanes possi- bles, si elle penetrait dans le tissu des masses immergees. Or comme certains de ses composes resistent facilement a une immersion cons- tante, tant dans les eauxde I'Ocean que dans celles dela Mediterra- nee, necessite est qu'ils ne soient pas penetres par l'eau de mer. Son introduction est done empechee par leurs surfaces, et la cause de cet empechement reside principalement dans un enduit superfi- ciel de chaux carbonatee, qui se forme soit anterieurement , soit posterieurement a leur immersion , et augmente en ^paisseur avec le temps; a. cet empechement principal s'ajoutent dans quelques cir- Constances : 1° l'effet d'une espece de cimentation produite par 1 introduction d'une certaine quantite de magnesie dans le tissu su- perficiel oil elle passe a l'etat decarbonate; 2° l'effet des incrusta- tions et des vegetations sous-marines. Mais il n'est pas donne a tous ces enduits de se maintenir avec egale persistance autour des masses enveloppees; les differences observees sous ce rapport tiennent tantot a la constitution chi- mique et a la cohesion propre des silicates, tantot a leur situation sous-marine , relativement aux coups de mer, et aux galets qu'elle lance ; de la les differences observees par les constructeurs dans la duree des betons dont les silicates forment la °;uan<>ue. Les developpements qui expliquent en quoi consiste cette consti- tution chimique des silicates resultants , comparee a celle de ceux qui ne resistent pas et qui montrent le role preponderant de la silice dans ces phenomenes , feront l'objet d'un memoire special. TRAITEMEM DE LA PHTHISIE PAR LES VAPEURS d'iODE. Tel est le titre d'un memoire lu par M. Piorry a l'Academie de medecine, et qu'il resume dans les propositions suivantes : 1° Les aspirations de vapeurs et de teinture d'iode peuvent etre utiles dans la curation de la pneumo-phymie; 2° Dans un grand nombre de cas , elles sont suivies d'une dimi- nution dans l'etendue des parties indurees qui entourent les tuber- cules et d'une amelioration dans les symptomes generaux ; 3° II n'est pas probable que les phymies elles-memes dispands- sent sous l'influence de l'iode aspire; 230 COSMOS. 4° Les aspirations de vapeur de teinture d'iode peuvent contri- buer a 1' evacuation des cavernes pulmonaires dues a des tubercules ramollis ; 5° Dans les cas de ramollissement de la matiere tuberculeuse dans les poumons, il peut arriver que la caverne qui en reste se cicatrise spontanement ; 6° La compression thoracique , dirigee par une diagnose plessi- metrique et stetoscopique tres-severe, peut contribuer a la curation du mal local, et par suite des accidents de phymie; 7° L'iodure de potassium a l'interieur, les frictions avec la tein- ture d'iode etendue de dix-neuf vingtiemes d'eau , et faites sur les parties du poumon nialadcs et adherentes , peuvent avoir aussi beaucoup d'utilitd. La lecture du memoire de M. Piorry a fait naitre un petit inci- dent , que la Gazette medicate raconte de la maniere suivante : « M. Moreau, dont certains termes techniques a euphonie un peu barbaresque, avaient, ace qu'il parait, choque l'oreille, s'est avise" de donner a l'auteur le conseil amical de retrancher de son memoire ces mots heteroclites qui, a son sens, le deparent. Un frisson a couru dans l'Academie. On s'attendait a une explosion terrible. II n'y a eu qu'une replique calme, solennelle et d'une froideur aceree ; M. Piorry a fait observer a son critique : 1° qu'ayant rempli cinq a six volumes de mots du meme genre , il lui etait bien permis d'en semer une demi-douzaine dans un memoire destine" a l'Academie ; 2° quecette nomenclature queM. Moreau pretend ne pas compren- dre est parfaitement comprise et couramment parlee par les Sieves de sa clinique et de son hopital; 3° qu'en particulier la composition des mots phymo-pneumonie et pneumo-phymie , que M. Moreau trouve etrange, a un sens profond, le premier indiquant que e'est le tubercule (phyma) , quia produit la phlegmasie pulmonaire, et le second que e'est ia pneumonie qui a developpe le tubercule; 4" et enfin qu'il ne croyait pas s'exposer a n'etre pas compris en se ser- vant de termes derives du grec au sein d'une compagnie si savante, et surtout de termes qui, comme\e pky ma, objet de l'animadversion de M. Moreau, sont dans Hyppocrate. »« Apres cette replique ecrasante, il n'y avait plus qu'a clore au plus tot la discussion , et e'est ce que le president s'est hate de faire. On craint cependant qu'elle ne recommence mardi prochain. Et puis qu'on vienne dire que les mots ne sont rien. •> INDUCTION fiLECTRIQUE COURANTS ET EFFETS STATIQUES SIMULTANEMENT OBSERVES PAR M. FARADJY. : Dans sa lecon a l'institution royale du 20 Janvier, M. Faraday a expose les resultats d'experiences grandioses qu'd a faites dans les ateliers de la compagnie des conducteurs sous-marins. Nous allons analyser avec soin cette brillante lecon. Ces conducteurs, comme on sait, sont formes de fils de cuivre revetus de gutta-percha. Chaque fil a ordinairement un demi-mille (800 metres) de longueur ; lorsque les fils sont. enduits d'une couche tres-reguliere de gutta-percha, on s'assure qu'ils sont isolants de la maniere suivante, imaginee par M. Statham, le directeur des tra- vaux. On etend les tils le long de grands bateaux flottants sur un canal, de telle sorte qu'ils plongent dans l'eau , a 1'exception des deux extremites qui sont redressees dans 1'air ; deux cents de ces fils sont ainsi immerges a la fois ; on les unit par leurs bouts libres en serie, et Ton obtient un circuit de plus de 100 milles (plus de 160 ki- lometres, ou 40 lieues) de longueur, dont les extremity's peuvent etre amenees dans un cabinet d'experimentation. Une pile isolee de plu- sieurs couples zinc et cuivre, avec de l'acide sulfuriqu? dilue, a un de ses poles en communication avec la terre pendant que l'autre pole est en contact avec le fil submerge : si l'isolement n'£taitpas parfait sur cette immense longueur, et qu'une partie de l'electricite s'echap- pat dans l'eau, on en serait immediatement averti par la deviation du galvanometre : or, dans une experience faitedevant M. Faraday avec une forte pile disposee pour l'intensite , la deviation de 1' ai- guille d'un galvanometre tres-sensible n'a ete que de 5 degres ; l'i- solement etait done admirablement parfait. Le fil avait un seizieme de pouce (1 millim. et demi) d'epaisseur, la couche de gutta-percha avait 2 millim. et demi environ. Pour comparer les phenomenes produits par un circuit suspendu dans l'air avec un circuit immerge' dans l'eau, on avait etendu dans un hangar couvert une autre serie de fils de meme longueur ; la pile qui donnait le courant avait trois cent soixante couples de plaques de 4 pouces de hauteur sur 3 pouces de largeur. Premiere serie d 'experiences. L'un des poles de la pile isolee dtait uni a la terre par un tres-bon conducteur, on approchait 1 autre pole de l'une des extremites du circuit submerge, on dtablissait le contact pendant un instant , puis on le rompait : alors une personne 232 COSMOS. en communication avec le sol touchait le fil et rcccvait une violente secousse. Cette secousse etait plutdt celle d'une pile voltai'que que d'une battefie electrique, la decharge n'dtait pas instantanee; en touchant rapidement plusieurs fois de suite , on avait une sdrie de petites secousses dont le nombre a etejusqu'a quarante. Quand on avait laissd s'ecouler un certain temps entre la charge et la decharge du fil, la aecousse etait nioindre, mais elle 6tait encore sensible apres deux, trois, quatre minutes et meme plus. Lorsque, apres avoir mis le circuit en contact avec.lapile, on unissait ses deux extremites .avec celle d'une fusee de Statham, la fusee s'enflammait, meme trois et quaire socondes apre* que le fil etait separe de la pile; mis de la jneine manic-re en communication d'abord avec la pile, puis avec un galvanometre, le circuit immerge touche par la pile produisait une deviation considerable, meme apres vingt ou trente minutes. Lors- que le galvanometre isole etant en contact permanent avec une des u:u's du circuit submerge, on faisait communiquer le pole de )a pile avec l'aulre fil du galvanometre, il etait tres-curieux de voir avec quelle rapidite 1'electricite se precipitait dans le fil ; mais ce I -.i.iicr eflet produit, et quoiqu'on continuat le contact, la deviation ne depassait pas 5 degres tant etait grand l'isolement. En separant le pule du fil du galvanometre et touchant celui-ci avec un conduc- t'.'Lir alh'nt a la lerre, on voyait de meme lV'lectrieite revenir preci- pitatument da ill, et maintenir l'aiguille pendant un certain temps, e en sens contraire de la deviation qu'elle avait subie au mo- ment ou le contact avait ete etabli. Ces elfets se produisaient egalement bien avec l'un ou l'autre pole de la pile , l'une ou l'autre extremite du fil; il importait peu que Ton etabli t et rompit le contact a la meme extremity ou a deux extremites differentes. II avait ete necessaire d'employer une pile de grande intensite pour des raisons que nous dirons tout a fheure ; cette pile decomposait dans un temps donne une tres-pe- tite quantite d'eau ; un pile de Grove de huit ou dix couples, beau- coup nlus puissante sous le rapport de la decomposition de l'eau, aurait beaucoup moins affect e" le fil. Lorsqu'on en vint a experimenter de la meme maniere les 40 lieues de fil suspendu dans l'air, et aussi parfaitement isoltS , conime on s'en assura par une experience positive, on n'observa rien de semblable; il n'y avait plus m secousse, ni inflammation des fu- sees, ni deviation sensible. La cause des effets produits dans le premier cas est assez evi- dente : le fil enduit de gutta-percha est une bouteille de Leyde con- COSMOS. 233 struite sur grande echelle: le fil de cuivre est charge d' electricity statique parson contact avec le pole de la pile; cette eieetricite agit par induction a travers la gutta-percha sur la surface de l'eau qui forme ainsi l'nrmature exterieure de cette singuliere bouteille de Leyde. La surface du fil entier de cuivre est de 8 300 pieds carres, la surface de l'eau en contact avec la gutta-percha est quatre fois plus grande ou de 33 000 pieds carres. En voila certes plus qu'il n'en faut pour expliquer les decharges electriques. Si la meme chose n'a pas lieu dans l'air, c'est parce que l'air ne peut pas rem- plir comme l'eau la fonction d'armature exterieure, ou la remplit tres-mal. Les phenomenes que nous venons de decrire fournissent une preuve frappante de 1'identite' entre l'electricite dynamique et l'd- lectricite statique. La puissance totale d'une pile considerable peut par ce moyen etre partagee en portions separees , mesurde et ex- primee en unites de force statique, et employee ensuite pour pro- duire tous les effets de l'electricite voltaique. Deuxieme serle d' experiences . Des fils revetus de gutta-percha, et enfermes ensuite dans des tubes de plomb et de fer, ou enfouis dans la terre o, ou plonges clans la-mer, seront aptes a produire les phenomenes, parce que le plomb; le fer, la terre, l'eau, peuvent faire l'office d'armature exterieure. De semblables fils souterrains existent entre Londres et Man- chester ; lorsqu'ils sont tous unis en une seule serie , le circuit re- sultant a plus de 500 lieues de longueur ; et comme a Londres ce circuit vevient plusieurs fois a Londres, il peut etre observe par un meme experimentateur sur des points separes par une dis- tance de plus de 133 lieues, au moyen de galvanometres places en ces points de retour. Ce circuit entier, sa moitie , son quart, pre- sented tous les phenomenes deja demerits ; avec cette seule diffe- rence qu'a cause de l'isolement moins parfait , la charge electrique persevere moins. Considerons une longueur de ce fil egale a 250 lieues, et supposons qu'on installe trois galvanometres, l'un a a la premiere extremite, le second b au milieu, et le troisieme c a la seconde extremite; et tous trois dans le cabinet de l'experimen- tateur; admettons enfin que le troisieme galvanometre c soit en par- faite communication avec la terre. En amenant le pole de la pile en contact avec le fil a travers le galvanometre a, l'aiguille etait immediatement deviee ; l'aiguille de b etait deviee a son tour, mais apres un temps sensible ; et l'aiguille de c ne se mouvait qu'apres un temps tou jours plus long encore. Avec le circuit entier de 500 234 COSMOS. lieues, il s'ecoulait deux secondes avant que le courant electrique atteignit le troisieme gal vano metre. De plus, si lorsque les trois aiguilles etaient deviees, mais in6- galement, a cause des deperditions le long de la ligne, on inter- rompait le contact avec la pile en a ; l'aiguille du premier galvano- metre revenait subitement a zero ; l'aiguille b ne revenait a zero que plus tard, et l'aiguille c plus tard encore. Un courant venait de la seconde extremite du circuit, alors qu'il n'y avait plus de courant a sa premiere extremite. Ce n'est pas tout , en touchant rapidement en a avec le pole de la pile, on pouvait faire devier l'ai- guille, et la voir revenir a zero, avant que le courant eut atteint l'ai- guille b ; celle-ci avait de meme le temps de devier et de revenir a sa position d'equilibre, avant que le courant fut arrive en c. Une onde de force avait ainsi 6te lancee dans le circuit; elle l'a- vait parcouru de proche en proche dans toute sa longueur, et elle s'etait rendue elle-meme sensible a des intervalles de temps succes- sifs, sur differents points du circuit. II etait toujours possible, en reglant convenablement les contacts etablis avec la pile , d'obtenir deux ondes simultanees, se suivant l'unel'autre, de sorte qu'au moment ou l'aiguille c etait affectee par la premiere onde, l'ai- guille a ou l'aiguille b fussent deviees par la seconde. II n'est pas douteux qu'en multipliant les galvanometres et observant avec attention on puisse obtenir a la fois quatre ou cinq ondes , mar- chant simultandment a la suite l'une de l'autre. Si apres avoir dtabli et rompu le contact de a avec la pile , on met immediatement a en communication avec la terre , on voit ap- paraitre de nouveaux ph6nomenes interessants. Une portion de l'e- lectricite entree dans le fil, revient sur ses pas, et repasse en a en deviant l'aiguille en sens contraire ; de sorte que les courants cir- culent aux deux extr&nitds du til dans des directions differentes , alors meme que la source electrique a cesse d'alimenter le fil. Si a est mis tres-rapidement en contact avec la pile d'abord , puis su- bitement avec la terre, on verra un courant entrer d'abord dans le fil, et en sortir tout a coup par la meme voie, sans que presque rien ait apparu en b ou en c. Avec un circuit de meme longueur suspendu en 1'air , et experi- mente de la meme maniere; on ne retrouve aucun de ces effets, ou du moins ils sont a peine sensibles ; la deviation a. la seconde extrd- mite du fil , ou en c, est infiniment peu en arriere de la deviation en a; et Ton ne peut plus observer d'accumulation sensible de la charge electrique dans le fil. COSMOS. 23$ Tous ces resultats quant au temps et aux autres circonstances, dependent evidemment de la meme cause qui dans la premiere serie d'experiences produisait la charge d'electricite statique ; c'est-a- dire, de I'induction latkrale ; ils sont une consequence'naturelle des principes de la conduction de X isolation et de X induction , trois termes qui dans leur signification sont inseparables l'un de l'autre. Si nous placons une plaque de gomme-laque sur un electrometre a feuille d'or, et un chargeur d'electricite (une boule isolee de metal , de deux ou trois pouces de diametre) au-dessus de la plaque de gomme-laque, les feuilles de l'electrometre divergent; en eloignant le chargeur, la divergence cesse tout a coup ; cela est a la fois iso- lation et induction : si nous remplacons la gomme-laque par une plaque de metal, le chargeur fait diverger les feuilles comme aupa- ravant , mais si on l'eloigne meme apres le contact le plus court possible, la divergence persiste ; ceci est conduction. Si enfin au lieu de m<*tal on emploieune plaque de spermaceti, et que l'on repete l'experience, on verra que la divergence cesse en partie, mais de- meureaussienpartie, c'est-a-dire quelle est simplement'diminuee, parce que le spermaceti isole en meme temps qu'il conduit, isole et conduit imparfaitement. Mais la gomme-laque conduit aussi, comme on le voit quand on prolonge Taction du chargeur pendant un temps assez long; et le metal a son tour isole ou arrete la conductibilite, comme onle prouve par uneexperience tres-simple. Un fil de cuivre de 23 metr. de longueur et de 2 millim. de dia- metre, isole dans l'air, porte a. son extremite m une boule metallique ; son extremite e est en communication avec la terre, et les portions du fil voisines de m et de e sont rapprochees comme on le voit dans la figure, en S, de sorte que leur distance ne soit plus que de 1 centime- tre ] /2 ; on fait communiquer l'extremite e avec la terre ; alors avec une bouteille de Leyde ordinaire convenablement chargee, donton fait communiquer l'armature exterieure avec e et 1 'armature interieure avec m, on electrise le fil et l'on voit que la charge au lieu de le tra- verser tout entier, et quoiqu'il soit tres-bon conducteur , se decharge en partie en S a travers l'air, sous forme d'dtmcelle brillante; la resistance a la conduction opposed par le fil est done plus grande que la resistance de l'air en S, pour Tin- 236 COSMOS. tensite dont il s'agit, et le fil, en raison de sa longueur, fait en partie l'office de corps isolant. En admettant qu'il soit prouve par cetle experience et d'autres semblables, que la conduction a travers un fil est precedee de fait par l'acte de l'induction, tous les phonomenes presented par les circuits submerges ou souterrainss'expliquent sans peine, et leur explication confirme les principes post's il y a longtemps par M. Faraday. Apres que M. Wheatstone eut mesure en 1834 la vitesse de propar gation d'une onde d'<51ectricito dans un fil de cuivre, et donne pour valeur a cette vitesse 288,000 par seconde, M. Faraday, s'ap- puyant sur ces principes , osa affirmer en lb'38, que la vitesse de la discharge electrique a travers le meme fil peut varier considerable- ment.ou avoir, suivant les circonstances, desvaleurstres-differentea. Elle peut varier, parexemple, avec la tension ou l'mtensite de la force qui agit au debut ( first urging force), laquelle tension est charge et induction. Si , par exemple, les deux extremity du cir- cuit, dans l'experience de M. Wheatstone, etaient en communication immediate avec deux larges surfaces metalliques isolees et exposees a l'air, de telle sorte que l'acte premier de l'induction, apres qu'on a etabli le contact pour la decharge, puisse etre en partie de- tourne de la portion interieure du fil, au premier instant, et amene pour un moment sur la surface metallique, conjointement avec l'air et les conducteurs environnants, M. Faraday ne craindrait. pas d' af- firmer a priori, que l'appariiion de l'etincelle du milieu sera plus retardee que d'abord, et qu'elle eprouvera un retard encore plus grand si les deux plaques metalliques sont les deux feuilles qui for- ment les armatures interieures et exterieures d'une grande bouteille de Leyde, ou d'une batterie electrique. Or c'est preeisement le cas des circuits submerges ou souterrains, excepte qu'au lieu de porter les surfaces de ces circuits vers les armatures inductrices , ce sont les armatures inductrices qui s'avancent ou marchent vers les sur- faces des circuits : dans les deux cas, l'induction consecutive a la charge, au lieu de s'exercer a. peu pres entierement et en un instant au sein du circuit, s'exerce exterieurement sur une grande etendue ; la decharge ou conduction est ainsi causee par une tension plus laible, et elle exige par consequent un temps plus long. Telle est la raison pour laquelle, avec un fil souterrain de 1 500 millesouSOO lieues, l'onde employait deux secondes a passer d'une extremite a l'autre, pendant qu'avec la meme longueur de fil aerien le temps de la propagation etait tout a fait inappreciable. A ce point de vue, il est inte>essant de comparer entre elles les COSMOS. 237 mesures de la vitesse de l'electricite dans des fils de metal, donnees par les differents experimentateurs. Millcs. Kilom. Wheaslone , en 1834, CI de cuivre 28S 000 ou 460 000 Walker, eu Atnerique, fil de fer lelcgraphique 18 780 30 000 Mitchell, id. id. • 2S524 45600 Fizeauet Gounel, fil de cuivre 112 6S0 ISO 000 Id. Id. fil de fer 62 600 100 000 A. 15. 6. (Airy), fil de cuivre enlre Londres et Bruxelles.. . 2700 4320 Id. fil de cuivre enlre Londres et Edimbourg. 7 600 12000 On voit, en comparant la premiere et la cinquieme determination quela vitesse dans un fil de meme substance, le cuivre, peut varier de 1 a 100. Les experiences de MM. Fizeau et Gounel prouvaient en outre quo i;i vitesse n'est pas proportionnelle au pouvoirconducteur, a la conduciibilite , et qu'elle est independante de l'epaisseur du fil. Toutes ces anomalies dtsparaissent rapidement, lorsqu'on reconnait et que Ton piend en consideration l'induction laterale du fil qui con- duit le courant. S'il s'agit de determiner la vitesse de propagation d'une courts decharge electrique dans une longueur donnee dufil; la simple circonstance que ce fil sera enroule autour d'une bobine ou d'un cadre, ou etendu en l'air sur un grand espace, ou adherant a un mur, ou depose sous le sol, produira une difference dans lesresultats. ience decrite plus haut, sans qu'elle manque une seule fois ; la decharge aura toujours lieu en tres-grande partie en S : mais si Ton met les deux fils n et o en communication avec les armatures interieures d'une bouteille de Leyde isolee , l'etincelle ne partira jamais en S et toute la charge passera dans le circuit en- tier du long fil. Comment cela se fait-iH La quantite d'electricite est la meme, le fil estle meme, la resistance est la meme, et la re- sistance de l'air n'a pas change ; mais parce que l'intensite est di- minuee, par l'induction laterale momentanement proJuite , elle nesera jamais assez forte pour jaillir en travers l'air en s; la charge est finalement prise tout entiere par le fil, qui, dans un temps un peu plus long qu'auparavant, efTectue la decharge complete. M. Fizeau a applique avec de grands avantages cette meme disposition aux courants volta'iques primitifs ou principaux du bel appareil d'induc- tion de M. Ruhmkorff. II diminue ainsi l'intensite de ces courants au moment oil elle aurait de graves inconvdnients. Cette applica- tion est un exemple frappant de l'avantage qu:il y a a. considerer les phenomenes statiques et dynamiques com me les resultats des memes lois. M. Clarke a disposdun telegraphe imprimant de Bain avec trois plumes de maniere a mettre en evidence et enregistrer dans des experiences palpables etbriliantes des phenomenes semblablesa. ceux dont il vient d'etre question. Les trois plumes sont des fils de fer, au- dessous desquelles une bande de papier imbibee de ferrocyanate de potasse, s'avance entrainee rdgnlierement par un mouvement d'hor- logerie ; des lignes rdgulieres de bleu de Prusse sont ainsi pro- duces lorsque le courant passe, et leur longueur enregistre la du- ree du courant. Les trois lignes tracers par les trois plumes, sont COSMOS. 239 a cote l'une de l'autre, et separees par une distance de vingt-cinq millimetres. La plume m fait partie d'un circuit de quelques pieds de fil seulement,et dans lequel circule.un courant produitpar ur.epile separee ; elle ecrit toutes les fois que la touche de contact est pre^see par le doigt ; la plume n est placee a l'extremite terre d'un long fil aerien ; et la plume o aussi a l'extremite terre d'un long fil sou- terrain ; un arrangement particulier du clavier ou des touches, permet d'envoyer l'electricite" de la batterie principale dans l'un ou l'autre de ces fils, simultanement avec le passage a travers la plume m du courant du court circuit. Lorsque les plumes m et n sont en action, la trace de la plume m est une ligne d'egale epaisseur, indiquant, par sa longueur, le temps pendant lequel l'electricitd. a circule dans les deux fils. La trace de la plume n est egalement une ligne reguliere, parallele et egale en longueur a la premiere, et nullement en arriere sur elle; indiquant ainsi que le long fil aerien transmet son courant electrique, presque instantanement, a son ex- tremite la plus eloignee. Mais quand les plumes m et o sont mises a la fois en action, la plume o ne commence a tracer sa ligne bleue qu'un peu de temps apres la plume in, et la continue apres que celle-ci a cesse d'ecrire, alors que le circuit a ete rompu. De plus, cette meme plume o iraprime d'abord des traits fins; ces traits grossissent jusqu'a un maximum d'epaisseur et d'intensite qu'ils conservent tant que la pile continue son action, pour revenir peu a peu a n'etre pas visibles. Les traces de la plume o montrent done aux yeux que l'onde ac- tive demande du temps pour atteindre la seconde extremite du fil submerge ; elle montre aussi par sa finesse initiale que la puissance electrique est affaiblie par la production de l'induction laterale sta- tique le long du circuit ; par le fait du maximum qu'elle atteint, et l'egalite qui suit, elle indique quand l'induction est devenue propor- tionnelle a l'intensite du courant de la pile ; en commencant a di- minuer, elle signale l'instant auquel le courant de la pile a et£ interrompu; par son prolongement et sa diminution graduelle, enfin, elle donne la mesure du teipps de l'ecoulement de l'electricite sta- tique propagee dans le fil et la cessation consecutive reguliere de l'induction regulierement excitde. Au moyen des deux plumes;/?, et o la conversion d'un courant inter- mittent en un courant continu est rendue manifeste d'une facon tres- brillante ; le fil souterrain par l'induction statique qu'il rend pos- sible agit aux yeux d'une maniere analogue au volant des machines a vapeur ou du reservoir d'air des pompes. Ainsi si la touche de <2M) COSMOS. contact est regulierement, mais rapidement abaissee et relevee tour a tour, la plume m trace une serie de lignes courtes, separees par des intervalles dYgale longueur. Apres que trois ou quatre de ces lignes ont etc tracees, la plume o, qui fait partie du fil souterrain, commence a marquer ses traces, faibles d'abord, atteignant ensuite un maximum, mais toujours continues. Si le mouvement de la touche de contact devient moins rapide , on voit apparaitre but la trace de la plume o des epaississements et des ainaigrissements successifs , et si les introductions du courant electrique a l'une des extremites du fil souterrain se font a des intervalles de plus en plus longs, les traces de son action a l'autre extremite deviennent discontinues ou separees les unes des autres. Tout cela montre tres-parfaitement comment le courant ou onde individuelle, une fois introduite dans le fil, et ne cessant pas de marcher en avant, peut etre affectee dans son intensite, dans le temps de sa propagation, et ses autres circon- stances ou conditions par son emploi partiel a la production de rinduction statique. Pard'autres arrangements des plumes n et o, l'extremite la plus rapprochee du fil souterrain peut etre mise en communication avec la terre immediatement apres sa separation d'avec la pile , et alors le retour en arriere de 1'electricite, le temps qu'il exige, la maniere dont il se fait, sont a leur tour admirablement enregistres. Nous avons fait subir a. ces experiences plusieurs variantes, et Ton peut en imaginer d'autres. Ainsi les poles de la pile isolee ont ete re- lies aux deux extremites du long fil souterrain ; et les deux demi- moities de ce fil, mises en communication avec la terre, ont donne deux courants de retour en sens contraire. Dans ce cas le fil est po- sitif et negatif a ses deux extremites, et ces deux etats opposed sont rendus permanents par sa grande longueur et Taction incessante de la pile , il se trouve ainsi dans la rr.eme condition que le fil court de l'experience deja decrite page 236, au moment de la decharge de la bouteille de Leyde, ou danscelle d'un filament de gomme-laque ayant ses extremites chargees positivement et negativement. Coulomb nvait constate la difference que presentent les fils longs ou courts relativemeiit au pouvoir isolant ou conducteur, de semblables fila- ments et ces differences se retrouvent dans les fils m£talliques longs et courts. Le caractere des phenomenes decrits dans cette note engage M. Faraday a revenir sur la signification des deux mots intensite et quantitc , dans leur application a 1'electricite ; mots employes si souvent par lui. - Ces mots, dit-il , ou leurs equivalents entrent COSMOS. 204 necessairement dans le vocabulaire des physiciens qui etudient a la fois les relations statiques et dynamiques de l'electricite. D'un cotd, toutcourant qui a a vaincreune resistance comprend en lui-meme l'e16ment statique et l'induction; de l'autre, tout phenomene d'iso- lation entraine avec lui plus ou moins de l'element dynamique ou de la conduction , et nous avons vu qu'avec une meme source voltaique, le meme courant, dans une meme longueur 'du meme fil, donne un resultat different , lorsqu'on fait vaner l'intensite ou l'induc- tion a l'entour du fil. L'idee d'intensite, ou le pouvoir de vaincre la resistance est aussi necessaire a l'electricite sous forme statique ou sous forme de courant, que l'idee de pression est inseparable de la vapeur dans un generateur , ou de l'air qui passe a travers des ouvertures ou des tubes; et il faut que nous ayons des expressions convenables pour exprimer ces conditions et ces idees. De plus je n'ai jamais trouve que l'un ou l'autre de ces deux termes conduisit a des meprises relativement a Taction electrique; oudonnat naissance a quelque faux apercu sur le caractere de l'electricite ou de son unite. II m'a ete impossible d'inventer d'autres mots d'une signifi- cation aussi juste et aussi pratique ; ou qui, en meme temps qu'ils exprimeraient les memes ictees, ne donneraient pas lieu a plus d'abus. Ily aurait done affectation de ma part a courir apres d'autres mots; d'autant plus que ces dernieres recherches m'ont donne 1'occasion de m'assurer plus que jamais de leur grande valeur et de leurs avan- tages particuliers dans la langue de l'electricite. » Dansun post-scriptum, M. Faraday donne quelques details sur les fusees de Statham dont il a ete' question plusieurs fois. Voici en peude mots leur histoire et leur constitution. Quelques fils de cuivre avaient £te recouverts de gutta-percha sulfuree; apres plusieurs raois on s'aper^t qu'il s'etait forme une couche de sulfure de cuivre entre le metal et son enveloppe ; on constata plus tard que si on cou- paitsur un point quelconque la moiti6 superieure de l'enveloppe de gutta-percha, puis, que si dans cette echancrure on enlevait un morceau du fil de cuivre, de six millimetres.de longueur, le sul- fure de cuivre adherent a la moitie inferieure du canal de gutta- percha suffisait a etablir la communication ; que de plus un cou- rant intense en traversant ce sulfure le faisait entrer en ignition vive; et que, par consequent, si dans le canal ainsi creuse on depo- sait de la poudre a canon, cette poudre prenait feu. Le conducteur enduit de gutta-percha, dans lequel on a ainsi menage, en enlevant une petite longueur de fil, une cavite tapissee de sulfure de cuivre et qu'on remplit de poudre, est precisement la fusee de Statham. 2&2 COSMOS. M. Faraday affirmait a ses auditeurs qu'il avait fait faire explosion a un canon a l'aide d'une de ces fusees, a travers cent milles de fil de cuivre immerge dans l'eau. Nous ne voulions qu'analyser et nous avons traduit litteralement jusqu'a la derniore ligne , ces precieuses pages. C'est que nous avons etc entraine et comme fascine par l'expose de ces grandioses et magnifiques experiences. Quels moyens d'action et quels resul- tats. Ce circuit immense, cette puissance magique conquise par l'ob- servateur etqui, d'un seul coup d'oeil, lui permet de voir a la fois, ce qui se passe pres de lui et ce qui se passe a cinq cents lieues de lui ; ces foudres qu'il lance dans l'espace en leur ordonnant de revenir et qui reviennent lui dire nous sommes la, etc., etc., tout ceci con- fond l'imagination. Voila bien l'homme, roi de la creation, l'homme geant. Cet homme roi, cet homme g£ant , nous le retrouvons une fois de plus sous le nom de Faraday ! C'est une gloire pour nous et un bonheur que d'avoir ete appele ]e premier a nous faire l'echo de ces belles recherches ; mais c'est un plus grand bonheur encore que d'y trouver la confirmation ecla- tante des doctrines que nous avons formulees et courageusement defendues a l'occasion de la conductibilite" de la terre. Que pourront opposer MM. Matteucci et Pouillet a ce fait incroyable, mais que nous avionsprevu, d'une pile isolee, en communication par ses deux poles avec les deux extremitcs d'un circuit partage en deux moities, communiquant chacuneavec le sol, donner naissance, quand la lon- gueur du circuit est assezgrande, a deux courants en sens contraire? Dans chacun de ces deux circuits l'electricite nait a. une extremite, et elle se perd dans l'autre comme dans un puisard. P. S. Une bonne fortune bien rare nous permet de mettre en re- gard du magnifique expose" de M. Faraday, la description inedite d'une experience, tres-importante au point de vue de la theorie faite, tout recemment par M. Leon Foucault. Nous inserons cette description, page 248, sans reflexion aucune, et sans nous effrayer de l'effet quelle doit produire. Nier ou rdvoquer en doute la verite d'une loi aussi celebre que la loi electrolytique du grand Faraday, c'est certainement un acte de courage, presque de temerite ; mais, quand on appuie sa negation ou ses doutes d'une experience aussi nette et aussi concluante, on est pleinement dans son droit. Nous dirons, dans la prochaine livraison, comment et pourquoi nous par- tageons les convictions de M. Leon Foucault. F. Moigno. ACADfcffllE DES SCIENCES. SEANCE I-UBL1QUE DU LUNDI 20 FEVRIER l854. Le prince Charles Bonaparte se 'plaint qu'on ait insere" dans les comptes rendus, sans quelle ait ete lue et quelle ait pu etre lue en seance publique, une reponse de M. Coste a ses observations sur le saumon du Danube ; il annonce la presentation prochaine d'un memoire sur cette variete du genre salmo, et persiste a affir- mer que M. Coste n'en parle pas avec pleine connaissance de cause M. Coste avoue ne rien comprendre a l'insistance du prince naturaliste ; il presente la description et la figure du salmo Hucho par Agassiz, et montre pour la troisieme fois dejeunes eleves pro- venant d'oeufs fecondes artificiellement sur les bords memes du Da- nube. n, . . — M. Duvernoy lit un rapport sur le memoire de MM. Pnilip- peaux et Vulpian relatif a la structure de l'encephale des poissons cartilagineux, et a l'origine des nerfs craniens. La conclusion prin- cipal que les auteurs tiraient deleurs recherches est: « que 1 ence- phale des poissons est semblable a celui des autres vertebres , en ce sens qu'il est compose des memes parties disposees de meme, a tres- peu de chose pres. « Le rapport conclut 1° a ce que l'Academie ac- corde son approbation au memoire de MM. Philippeaux et Vulpian; 2° a ce quelle les invite a etendre leurs recherches a d autres es- peces de poissons. La lecture deM. Duvernoy est suivie dune longue discussion a laquelle prennent part, tour a tour, MM. Serres, Flourens , Du- me>il et le prince Charles Bonaparte. M. Serres souleve diverses objections centre certains passages'.du rapport; il est convaincu, et illeprouvera en temps et lieu, que la determination donnee par MM. Philippeaux et Vulpian de certaines portions de 1'encephale des poissons est inexacte ; que les doctrines professees par ces mes- sieurs ne sont plus acceptables dans l'etat actuel de la science ; qu'il y a entre Vencephale des poissons et celle des autres vertebres des differences essentielles ; que ce ne sont pas de part et d'autre les memes organes, ranges dansle meme ordre, etc., etc. Le prince Charles Bonaparte critique tres-vivement les denomi- nations de poissons osseux et poissons cartilagineux, il demande que ces mots vieillis , et dont il n'est plus permis de se servir au milieu du xixe siecle, disparaissent completement. Apres ce long 2^ COSMOS. debat, les conclusions du rapport sont adoptees, mais avec des mo- difications que le savant rapporteur voudra bien faire. Dans la seance du 20juin 1553, un jeune chimiste, eleve du laboratoire de M. Pelouze, M. Pean de Saint-Gilles, avait pr<5- sente des recherches sur plusieurs sulfites nouveaux, a. base d'oxyde mercutique et cuivreux. II avait etudie d'une maniere particuliere les sulfites de cuivre, les sulfites cuivroso-cuivriques , les sulfites cuivroso-alfcaiins,. et les sulfites intermediaires ou sulfites verts, formes parlWon, molecule a molecule, d'un sulfite cuivroso-cui- vrique avec un sulfite cuivroso-alcalin. M. Pean de Saint-Gilles avait formule comme il suit les principales consequences de ses recherches : 1° Taction de l'acide sulfureux libre sur le sulfite cui- vrique dpifcetre entierement assimilee a celle des sulfites alcahns ; il agit en raison de sa masse sur l'oxyde cuivrique du sulfate, et produit one certaine proportion de sulfite jaune cuivroso-cuivrique qui reste dissous a l'aide de l'exces d'acide employe ; par une ele- vation de temperature, cet acide reprend son elasticite gazeuse, et le sulfite entre alors en dissolution dans Lle sulfate cuivrique, qu'il colore en vert emeraude, puis il est enfin decompose par l'acide sul- furique d'abord elimine qui dissout l'oxyde cuivrique et dedouble l'oxyde cuivreux dont il separe le cuivre metallique en paillettes cristallisees : 2° les caracteres essentiels des sulfites de cuivre per- mettent d'attribuer a l'acide sulfureux un role precisement inter- medial re entre celui des autres oxacides et celui des hydracides dans les combinaisons salines de ce metal; en effet, tandis que les oxacides ne peuvent sous aucun etat se combiner par voie humide, a l'oxyde cuivreux, et que les hydracides donnent au contraire peu do combinaisons cuivriques tres-stables, l'acide sulfureux ne fourmt il est vrai aucun sel simple cuivrique ou cuivreux, mais donne nais- sance a des sels doubles d'une stabilite remarquable, qui ont pour type principal la combinaison des deux sulfites cuivrique et cui- vreux. Renvoye a l'examen d'une commission, ce memoire a ete l'objet d'un rapport de M. Balard, rapport tres-f'avoiable et dont les con- clusions sont : 1° approbation du memoire ; 2° insertion dans le recueil des savants etrangers. Avant que 1'Academie vote ces con- clusions, M. Thenard. prend la parole pour recommander, d'une maniere particuliere, a sa bienveillance, M. Pean de Saint-Gilles, jeune homme plein ^intelligence et d'ardeur, et qui, possesseur d'une belle fortune, s'est assujetti, par amour pour la science, aux travaux les plus penibles d'un laboratoire de chimie. COSMOS. 2/i 5 1 — L'Academie precede a l'election d'un membre pour remplir, dans la section tie botanique, la place devenue vacante par la mort de M. Auguste de Saint-Hilaire. Les candidats etaient : au premier rang, M. Moquin-Tandon ; au deuxieme rang ex cequo, et par or- dre alphabetique , M. Duchartre et M. Payer. Le nombre des vo- tants est de 50, la majorite, par consequent, est de 26. Au pre- mier tour de scrutin, M. Moquin-Tandon obtient 36 voix, et est pioclame membre de 1'Academie, sa nomination sera soumise a Tapprobation de S. M. 1'Empereur. M. Duchartre a obtenu 6 voix, M. Payer 5, il y avait 3 billets blancs ! — Avant de depouiller la correspondance, M. Flourens donne des nouvelles consolantes de la sante de M. Elie de Beaumont, dont la maladie touche a sa fin; e'etait la petite verole qui, heureuse- ment, n'a pas ete aussi grave qu'on l'avait crud'abord. — M. Van Beneden, qui a remporte, comme nousl'avons dit, le grand p:ix des sciences naturelles, et qui, a Louvain, a ete l'objet d'une veritable ovation, a laquelle ont pris part les autorites de la ville, les professeurs et les eleves de 1 Universite catholique, de- mande qu'il lui soit permis de reprendre les planches de son me- moire pour les coordonner et les completer avant qu'elles soient gravees pour le recueil des prix. M. de Quatrefages demande, en outre, qu'il soit permis a M. Van Beneden d'ajouter a son texte priniitif des notes explicatives ou supplementaires. M. Valenciennes ^met le vceu que les preparations adressees par M. Van Beneden, a l'appui de ses decouvertes, soient deposees au Museum d'histoire naturelle. Ce vceu sera renvoye a la commission administrative. Nous sommes bien desole de n'avoir paspu publier encore 1'analyse et l'appreciation des recherches de M. Van Beneden, faites par M. Quatrefages clans son admirable rapport; nous comblerons bien- tot cette lacune. — M. Leuckart a fait, sur le developpement des ccenures, sorte de vers intestinaux, une experience comparative tres-remarquable. II nourrissait, depuis longtemps, dans deux cages distinctes, des souris blanches, et sur aucun de ces animaux il n'avait trouve de ccenures. Ayant place, plus tard, dans Tune des cages, des ceufs de taenia crassicollis , en ayant mis dans J'eau et les aliments qu'il in- troduisait dans la cage, il a vu, qu'au bout de quelque temps, les souris qui habitaient cette cage, etaient infecteesde ccenures, tandis que cellesde la cage voisine n'en avaient pas plus que par le passe\ Les ceufs des vers intestinaux du chat s'etaient done transformes en vers intestinaux de souris, une observation de meme genre com- 246 COSMOS. muniquee aujourd'hui par M. de Quatrefages, constatait que, rdci- proquement, des vers intestinaux de souris s'etaient transformed en vers intestinaux de chats. — M. Sedillot, professeur de pharmacie a la Faeulte de Stras- bourg, envoie le recit d'une gue>ison d'un cas ties-grave d'hyper- trophie de la langue, par l'amputation partielle. — M. Millet adresse une serie de belles epreuves photographi- ques, portraits et vues, obtenues par un procede en partie nouveau et que nous dderirons a l'article photographie. — M. Le Verrier, directeur de l'Observatoire , ecrit qu'il a donne les ordres necessaires pour que M. Barral puisse continuer les importantes etudes des eaux de pluie qu'il poursuit depuis plu- sieurs annees, sur l'invitation de l'Academie, et avec les appareils quelle Iui a fournis. Nous felicitous M. Le Verrier de sa bienveil- lante initiative, elle est une preuve de plus qu'il ne cherche que les interets de la science, et que les questions personnelles ne seront pour rien dans ses determinations. — Nous avons deja dit que M. Maumene avait adresse- a l'Aca- demie dans la seance du 9 Janvier, la description dun nouveau me- tier Jacquart eleclro-magnetique. II etait, disait-il, parvenu a faire disparaitre ou a attenuer, au inoyen de certaines modifications, di- verses imperfections essentielles du systeme propose par l'inventeur M. Bonelli. L'habile directeur des telegraphes de Sardaigne avait reclame contre cette critique prematuree de son oeuvre, qu'on de- vait, disait-il, le laisser perfectionner a. son aise , et il annongait etre en mesurede prouver par des faits : 1° que le systeme pourle- quel il a pris un brevet est applicable sans nulle difficulte aux metiers; 2° qu'il presente dans son etat actuel toutes les conditions d'econo- mie et de bon succes. Dans la seance de ce jour, M. Maumen^ est revenu a la charge. II declare , a la verite, qu'il n'a nullement la pretention de disputer a. M. Bonelli la priorite de sa brillante inven- tion, mais il s'attribue en meme temps le droit d'apporter au me- tier a tisser cMectro-magnetique les perfectionnements qu'il a ima- gines. II a fait plus, il a commande a M. Breguet un modele de sa facon et \\ demande a l'Acaddmie de le faire executer sous les yeux d'une commission nommee par elle. Nous le dirons franchement , cette conduitede l'ingenieur frangais nous parait tout a fait deloyale. Nous ne comprendrons jamais qu'on puisse venir ainsi, sur les bri- sees d'un inventeur, modifier ou mutiler son oeuvre, avant meme qu'ill'ait produite, et opposer machine a machine, etc., etc. En pre- COSMOS. 2i7 tant l'oreille plus longtemps aux communications de M. Maumene, l'Academie se compromettrait bien certainement. — M. Chapelle, preparateur de chimie au lycee imperial de Be- sancon annonce qu'excite par le succes de M. Deville, il a cherehe de son cote un mode de production economique de raluminium. II a pris del'argile, il l'a reduite en poudre ; il l'a melee a une certaine quantite de chlorure de sodium, selmarin, et de charbon de bois ; il a fait fontlre le melange dans un creuset au sein d'un fourneau a re- verbere alimente avec du coke, etil a chauffe au rouge blanc. Apres le refroidissement il a trouve dans le creuset refractaire de petits globules meialliques qui s'ecrasaient sous le pilon dans un mortier comme des grains de plomb, et que divers essais lui ont prouve etre de 1' aluminium. Dans de nouvelles experiences il elevera encore la temperature de son fourneau et espere ainsi obtenir des resultats plus satisfaisants. A pi'opos de cette communication M. Flourens lit une lettre dans laquelle M. Wohler exprime que ses droits de priorite ont peut-etre ete quelque peu oublies dans la presentation de M. Dumas. Ce qu'il avait decouvert etait bien de raluminium , et il lui semble que le mode de preparation de M. Deville ne differepas essentiellement du sien. M. Dumas repond qu'il n'a rien voulu enlever au merite de la decouverte de M. Wohler ; il a cru et il croit encore que ralumi- nium du savant chimiste allemand, poudre grise presque infusible, ne pouvaitpas etre, a l'etat de purete, le metal obtenu par M. De- ville, lequel se fond a une temperature tres-moderee. — M. Volpicelli adresse une nouvelle note sur lesphenomenes de 1'electiicite produite par le replacement des corps. Nous y revien- drons dans notre prochaine hvraison et nous donnerons la figure et la description de 1'appareil du savant secretaire perpetuel de l'A- cademie des Lynccci. — Un professeur de mathematiques de Saint-Omer, bien connu de M. Le Verrier et recommande' par lui, envoie une theorie com- plete des eclipses de soleil et de lune. — M. Delahaye presented'admirables epreuves chromo-lithogra- phiques obtenues par un procede nouveau applicable a la reproduc- tion de tous les objets d'histoire naturelle, mineraux, vegetaux et animaux, mais dont il ne donne pas le secret. — M. Peligot presente au nom de MM. Auguste Cahours et Cloes, des recherches tres-importantes relatives a Taction du chlo- rure de cj'anogene sur les bases ammoniacales. SUa LA CONDUCTIBILITE PHYSIQUE DES LIQUIDES : COURANT PARTIELLEMENT TRANSMIS PAR l'eAU SANS DECOMPOSITION, PAR M. LEON FOUCAULT. J'ai essaye de demontrer par une experience nouvelle [Cosmos, 3° vol., page 553,) que les liquides composes possedent generale- ment une conductibilite propre ou physique, indcpendante de lew conductibilite electrolytique ou chimique, et qui leur permet de transmettre une certaine quantite d'electricite sans subir de decom- position. En vertu de cette conductibilite physique, un couple hydro-electrique ne demeure jamais au repos absolu , et lors meme que les poles ne communiquent pas metalliquement, le circuit se ferine par le liquide lui-meme qui joue alors le role d'un conducteur imparfait non decomposable. Prenant, par exemple , pour origine du courant, la surface du metal attaque, j'admets que 1'electricite positive suit d'abord sa marche ordinaire a travers le liquide, gagrie la lame negative par voie electrolytique et qu'au lieu d'y rester accumulee a l'gtat de tension elle revient en^uite au metal attaque, a travers le liquide, en operant ce retour par voie de conductibilite physique. Tout en s'effectuant a travers le meme milieu, Taller etle retour ne s'operent done pas suivant le memo mode de conductibilite; dans un sens l'agent electrique se propage par voie de conductibilite chimique, et dans l'autre. \ar voie de conductibilite physique; il franchit le meme mlcu dans deiix directions opposees, mais il ne suit pas mole,-::'.; irement le meme chemin. Telle est la notion nouvelle qu'il imporie d'introduire dans la science si Ton veut, comme je l'ai deja dit ( Cosmos, 3e vol., page 553 ), rattacher aux principes de l'e- lectro-chimie la theorie des reactions qui se passent entre liquides composes. Tout element hydro-electrique dont les poles sont maintenus separes, n'en constitue done pas moins un circuit qui se complete par l'interposition du liquide lui-meme comme il se completerait par l'emploi de tout milieu, physiquement et sensiblement conducteur. II en resulte que les tensions apparentes des poles sont toujours moindies qu'elles ne seraient, si le liquide etait depourvu de toute conductibilite physique; il en resulte aussi queces tensions sont d'au- tant plus faibles, que le liquide a moins d'epaisseur et qu'il permet une circulation eiectiique plus active. Voila pourquoi, toute choses egales d'ailleurs, l'apposition de deux couples donne toujours l'a- vantage acelui dont les plaques tont les plus ecartees. Le pheno- cosmos. 249 mene etant general, nereconnait, selon moi, que cette explication, et demontre peremptoirement l'existence d'une conductibilite phy- sique dans les liquides communement employes. Neanmoins quelques personnes hesitant encore a douer les li- quides composes d'une propriete qui compromettrait dans la ri- gueurla loi electrolytique de M. Faraday, et suivant une judicieuse remarque de M. de la Rive, il importerait de montrer pour elucider la question, qu'un merae courant peut efFectivement traverser plu- sieurs electrolytes, sans dormer des produits de decomposition proportionnels aux equivalents chimiques. Si unliquide a decomposer possede les deux sortesde conductibilite, l'une chimique C, '["autre physique c, tout courant dirige a travers ce milieu, se partagera en deux autres dont les intensites seront propor- tionnelles a C et c. La partie chimiquement transmise agira seule sur l'electrolyte, en sorte que le produit de la decomposition sera re- duit dans le rapport de C -J- c a C. C Or 1 expression ■ , , ■ est toujours plus petite que l'unite et varie dans le merae sens Que — . c Q II suffit done d'alterer le rapport — dans deux electrolytes conse- cutifs pour que les produits de la decomposition ddiogent a la loi de M. Faraday. Mes experiences sur les piles sans metal (Cosmos, 3C vol., page 554) m'avaient deja designe l'eau distillee comme possedant une conductibilite physique considerable par rapport a sa conducti- bilite chimique; des lors j'ai pense qu'en acidulant cette eau, je ne ferais qu accroitre sa conductibilite chimique sans faire varier notablement sa conductibilite physique, et que dans tousles cas, alte- C rant considerablement le rapport — , je me procurerais deux liquides tres-propres a dormer, sous 1'influence d'un merae courant, des pro- duits de decomposition inegaux. J'ai done dispose sur le trajet du courant fourni par trois couples de Grove, deux voltametres identiques en tous points, si ce n'est que l'un contenait de l'eau distillee et l'autre une eau aiguisee de 1/50 d'acide sulfurique ; aussitot les communications etablies, les degagements ont commence de part et d'autre avec des activites tres- inegales, et ils ont persiste aussi longtemps qu'il a ete necessaire pour recueillir du cote de l'eau acidulee 10 centimetres cubes de gaz 250 COSMOS. et de l'autre cote 1 centimetre seulement. L'experience reproduce plusieurs fois a toujours donne* un r^sultat en contradiction mani- feste avec la loi electrolytique. Quand on veut rendre ce resultat promptement apparent, il con- vient de former chaque voltametre d'un faisceau de lames de pla- tine bien dressdes, maintenues a une fraction de millimetre les unes des autres, et constitutes par un systeme de contacts dans des etats electriques alternativement opposes. L'experience ainsi pro- duite estprompte, decisive et dement en quelques instants ce que Ton croyait savoir de mieux assure" relativement aux decomposition, electrolytiques. Si au lieu de conserver deux voltametres semblables, on reduita, deux fils de platine celui qui fonctionne a l'eau acidulee , on etablit entre les deux appareils une difference conditionnelle qui a l'avan- tage de la conductibilite physique dans Tun, et de la conductibilite chi- mique dans l'autre ; et alors le phenomene s'exagere au point que le courant passe a travers l'eau distillee sans decomposition sensible, et produit dans l'autre voltametre une effervescence active et soutenue. En operant de lasorte, j'ai obtenu des quantites de gaz assez consi- derables et qui se degageaient en presence de quantites de liquide assez petites pourqu'il ne soit pas possible d'admettre qu'une simple dissolution des produits de la decomposition, ait pu m'en imposer. II est done bien prouve que l'eau pure 'possede pour l'electricite une conductibilite propre et independante de toute decomposition chimique. II est meme probable que ce pouvoir conducteur per- siste dans les dissolutions habituellement employees a former les combinaisons volta'iques. S'il echappe alors aux moyens d'inves- tigation ordinaires, cela tient a. l'extreme predominance de la con- ductibilite chimique, ou en d'autres termes, a l'enorme valeur du Q rapport—. La m6thode d'apposition que j'ai employee pour mettre en evidence ce mode de transmission de l'electricite dans les liquides a precisement pour but, de restreindre les phenomenes concomi- tants de conductibilite chimique, et de faire predominer ceux qui procedent de la conductibilite physique. VARIES. TITRES DES CANDIDATS AVJX PLACES VACANTES DANS LA SECTION DE BOTANIQUE. M. Tulasne avait ete choisi comme collaborateur par M. A. deSt-Hilaire, qui preparait alors une Revue de la Flore bresilienne , et il prenait part a ce travail , lorsqu'au mois de fevrier 1842 , M. Ad. Brongniart voulut bien l'appeler a remplir au Museum la place d'aide-naturaliste laissee vacante par le deces de M. Guillemin. Depuisce temps M. Tulasne a du donner ses soins a la mise en ordre des collections immenses conservees au Museum, et s'est occupe en particulier des herbiers provenant du nouveau continent. II a egalement ete charge de la formation d'une part importante de l'herbier general des plantes cryplogames. La nature de ses occupations journalieres au Museum, autant que ses etudes ante- rieures, ont determine M. Tulasne a donner a ses travaux la direction qu'ils ont recue , c'est-a-direa les poursuivre a la fois dans le champ des plantes cryplogames et dans celui de la phanerogamie, de meme qu'a allier, dans l'un et l'autre domaine, la botanique descriptive a des re- cherches d'un interel purement organographique ou physiologique. A cet egard les questions relatives a la reproduction des vegetaux tant pha- nerogames que cryptogames, ont specialement attire son attention et sont encore l'objet de ses recherches les plus assidues. 11 a publie, en collaboration avec le docteur Ch. Tulasne, son frere, un ouvrage devenu celebre, les Fungi hypogaei, histoire et monographie des champignons hypoges ou qui, comme les truffes, vivent habituelle- nient sous terre et s'y derobent a l'observation. Les travaux qui contri- bueront le plus a illustrer son nom sont ses recherches, notes^et memoi- res sur l'appareil reproducteur dans les lichens et les champignons, qui ouvrent un champ tout nouveau aux investigations des mycologues, don- nent en germe la solution du probleme de la sexualite pour les champi- gnons, etc., etc. M. Tnlasne est aujourd'hui membre de l'lnslitut. — M. Moquin-Tandon, est docteur es-sciences , docteur en medecine, correspondant de l'Institut de France , chevalier de la Legion d'hon- neur. II a rempli tour a tour dans l'enseignement les fonctions suivantes : professeur de physiologie comparee a l'Athenee de Marseille, de 1829 a i83o; professeur de botanique a la Faculte des sciences de Toulouse, de i833 a i853 ; secretaire de cette Faculte pendant douze ans; charge du decanat pendant trois ans; professeur de botanique de la ville de Tou- louse, de 1834a i853; direcleur du Jardin des plantes de cette ville, pen- dant le meme espace de temps; professeur de botanique et d'lusloire naturelle medicale a la Faculte de medecine de Paris ; directeur du Jar- din des plantes de cette faculte. ._ L'ouvrage qui a fonde sa reputation a pour titre : Elements de tera- 252 COSMOS. iologie vegetale, on Ilistoirc ahregee des anomalies de forganisatio?i dans les vegetaux ; j usque-la la teratologic vegetale n'exislail pas com me science ; Le uoin dc teratologic n'avail ete employe que dans le regne ani- mal; on ne voyaitdans les monstruosites vegelales que des phenomenes bizarres, iuexplicables, echappaot a toule regie; M. Moquin a su lier entre eux ces fails sans lois apparentes ; il a ramene lenr production a dcs principes commnns ; et demontre que les lois qui f>ssent les ano- malies ne sont autres que les lois memes de l'organogenie. II a fait le recensement de cinq families dans le grand et classiquc ouvrage dc M. de Candolle, Prodroimis systcmatis universalis regni vegetahilis ; il est un des botanistes que M. de Candolle a designes en mourant pour aider son fils a terminer cette vasle publication ; il a faitavec M. Auguste de Saint- Hilaire le travail des polygalees de la Flore du Bresil. — M. Ducliarlre est agrige a la Faculte des sciences de Paris ; il avait conquis au concours la chaire de professeur a I'Inslilut agronomique de Versailles. Ses observations anatomiques et organogenique sur la Clan- destine d'Europe, inserees dans les savants etrangers, le montierenl par- faitement au couranl des travaux modernes et lui conquirent line place honorable pormi les botanistes. Son memoire sur l'organogenie da la fleur dans les planles de la famille des Malvacees est plein dc details uouveaux et bien observes ; il a publie pendant deux ans, sous le patro- nage de M. Delessert une revue botanique tres-estimee ; il a redige la partie botanique des qualorze derniers volumes du Dictionnaire universcl d'his- toirc naturclle, a part les families des Dicotyledonees traitees par M. de Jussieu, el la cryplogamie due a MM. Brongniart, Montague et Leveille. — INos lecteurs connaissent mieux M. Trecul, dont nous avons essaye de faire ressorlir le merite eleve. II aborda courageusement en 1S43 Porganogenie vegetale proprement dile, il resolut d'etudier 1'origine et le developpement de tous les organes des plautes, et jugea d'abord utile de suivre le developpement de cliacuu de ces organes sur une m6me piante ; il publia alors ses bonnes et belles rechcrcbes sur la structure et le developpement du nivphar ltdea. TVous avons parle de son long voyage et de sa mission dans l'Amerique du Nord ; il a preseute a l'Academie, depuis son retour, onze memoires sur les questions les plus delicates et les plus controversies de l'organogenie vegetale; nous les avons analyses avec soin a mesure de leur presen- tation. Nous sonimes force d'ajouruer la notice sur M. Payer. A. TRAMBLAY, proprietaire- gerant. PARIS. — IMrRIMERIE T)E "W. REMQUET ET cie., R'JE GAUANCIERE, T. IV. 3 MARS 1 854. I 'TnoI.SIEMK ANNEE. COSMOS. FAITS DIVERS. PRIX FONDES PAR LB PREMIER CONSUL EN l'aN X. Nous avons pense qu'on lirait avec le plus grand interet le do- cument suivant, tire des memoires de l'lnstitut national, sciences mathematiques et physiques, tomeV, pag. 233 et suivantes. Le programme remarquable de M. Biot aidera grandement dans la re- daction de son rapport la commission chargee de prendre en consi- deration la reclamation de Mme ve Oersted. La lettre da premier Consul au ministre de l'interieur est un trait de genie; on devrait la graver en lettres d'or sur une table de marbre. Rapport, fait a la classe des sciences mathematiques et physiques del ltistitut national, sur le prix fonde par le premier Consul pour les dccouvertes relatives a I ' electricite et au gah>anisme. « Le premier Consul qui, meme au milieu des soins dela guerre, a fait prosperer les sciences, veut que la paix lesporte au plus haut degre qu'elles puissent atteindre, et il vient de donner a l'lnstitut national un nouveau moyen d'en ameliorer les progres. Ses inten- tions, a cet egard, sont exprimees dans la lettre suivante, qui a ete~ transtnise a la classe par le ministre de l'interieur. » Paris, le 26 prairial. « J'ai intention, citoyen ministre, de fonder un prix consistant en » une medaille de trois mille francs pour la meilleure experience » qui sera faite dans le coursde chaque annee sur lefluide galvani- - que. A cet effet, les memoires qui detailleront lesdites expe- « riences seront envoyes, avantle ler fructidor, a la premiere classe « de l'lnstitut national, qui devra, dans les jours complementaircs, « adjuaer le prix a 1'auteur de l'experience qui aura ete la plus - utile a la marche dela science. .. Je desire donner en encouragement une somme de soixante « mille francs a celui qui , par ses experiences et sps decouvertes, 9 25a COSMOS. «• fera faire a l'electricite' et au galvanisme un pas comparable a .- celui qu'ont fait faire a ces sciences Franklin et Volta, et ce au « jugement de la classe. » Les Strangers de toutes les nations seront egalement admis au >i concours. » Faites, je vousprie, connaitre ces dispositions au president de « la premiere classe de l'lnstitut national, pour quelle donne a ces » idees les developpements qui lui paraitront convenables, mon but ., special etant d'encourager et de fixer l'attention des physiciens m sur cette partie dela physique qui est, a mon sens, le chemin des N grandes decouvertes. « Signe Bonaparte. » « L'lnstitut national, quiapris uiie part active aux grandes de- couvertes dont vient de s'enrichir la theorie de l'electricite, sentira dans toute son etendue l'importance du sujet indique par le premier Consul. De toutes les forces physiques auxquelles les corps de la nature sont sounds, l'electricite parait etre celle qui manifeste le plus souvent son influence. Non-seulement elle agit sur les sub- stances inorganiques, quelle niodifie ou decompose, mais les corps organises eux-memes en eprouvent les plus etonnants effets. Ce qui n'eUiit pour les anciens qu'un simple resultat de quelques pro- prietes attractives, est devenu pour les physiciens modernes la source des plus brillantes decouvertes. u On peut diviser l'histoire de l'electricite en deux periodes qui se distinguent autant par la nature des resultats que par celle des appareils3 employes pour les obtenir. Dans l'une , l'infkence elec- trique est produite par le frottement du verre et des matieres r^- sineuses; dans l'autre, l'electricite est mise en mouvement par le simple contact des corps entre eux. On doit rapporter a la premiere de ces deux epoques la distinction des deux especes d'electricite , r^sineuse et vitree, 1' analyse de la bouteille de Leyde, Implica- tion de la foudre, l'invention des paratonnerres, et la determina- tion exacte des lois, suivant lesquelles la force repulsive de la ma- tiere electrique varie avec la distance. La seconde comprend lade- couverte des contractions musculaires excitees par le contact des m&aux, l'exphcation de ces phenomenes par le mouvement de l'electricite metallique ; enfin la formation de la colonne electnque, son analyse et ses di verses propriety : Volta a fait, dans cette se- conde periode, ce que fit Franklin dans la premiere. « Les sciences sont maintenant tellemen tliees entre elles, que tout COSMOS. 255 ce qui sert a en perfectionner une , avance en meme temps les au- tres. Sous ce point de vue, le galvanisme fera dans leur histoire une epoque memorable, car il est peu de decouvertes qui aient donne a la physique eta la chimie autant de faits nouveaux , et eloignes de ce que Ton connaissait auparavant. Deja l'ensemble de ces faits a <5te rapporte a une cause generale , qui est le mouvement de 1'e- lectricite : il reste a determiner avec exactitude les circonstances qui les accompagnent , a suivre les nombreuses applications qu'ils presentent , et a decouvrir les lois generates qui peut-etre y sont renfermees. « La plupart de ces effets chimiques oflerts par les nouveaux appa- reils ne sont pas completement expliques, et il est d'autant plus im- portant de les bien connaitre, qu'ils fournissent a ]a chimie des moyens assez puissants pour decomposer les combinaisons les plus mtimes. II est egalement interessant d'examiner si les proprietes electnques que certains minemux acquitment dans leurs variations de temperatures ne dependent pas dune disposition de leurs ele- ments analogue a celle qui constitue la colonne de Volta. Enfin il est a dearer que la theone de 1'electricite , augmented de ces nou- veaux phenomenes, soit completement soumise au calcul dune ma- mere generale, directe et rigoureuse, et les pas qu'on a deja faits dans cette carriere, ont prouve que ce sujet difficile demande la sa- gacite de la physique la plus ingenieuse et le secours de l'analyse la plus profonde. Mais c'est surtout dans leur application a l'economie animale qu il importe de considerer les appareils galvaniques. On sait deja que les metaux ne sont pas les substances dont le contact determine le mouvement de 1'electricite. Cette propriety leur est commune avec quelques liquides, et il est probable qu'elle s'etend avec des modifications diverses, a tous les corps de la nature Les phenomenes qu'offrent la torpille et les autres poissons electriques ne dependent-ils pas d'une action analogue qui s'exercerait entre les diverses parties de leur organisation, et cette action n'existe-t-elle pas avec un degre d'intensite moins sensible, mais non moins reel dans un nombre d'animaux beaucoup plus considerable qu'on ne 1'a crujusqu'a present I L'analyse exacte de ces effets, Implication complete du mecanisme qui les determine, et leur rapprochement de ceux que presente la colonne de Volta, donneraient peut-etre la clef des secrets les plus importants de la physique animale. En consi- derant ainsi l'ensemble de ces phenomenes, on pressent la possibi- He d une grande decouverte qui, en devoilant une nouvelle loi de la nature, les ramenerait a une meme cause, et les lierait a ceux 256 COSMOS. que nous a offerts clans les mineYaux le mouvemcnt de l'elpctricite. Ces considerations avaient sans doute ote bien senties par la classe, et si elle n'a pas propose de prix pour le perfectionnement de cette partie de la physique, e'est que l'etendue du sujet paraissant neees- siler plus d'un concours, elle ne pouvait pas lui consacrer les encou- ragements quelle doit en general a toutes les connaissances utiles : cependant chacun de ses membres et tous les savants de l'Europe devaient vivement ddsirer que les recherches des physiciens se diri- geassent vers ce but important , et ils doivent se feliciter de voir leur vecu rempli de la maniere la plus complete. i. Pour repondre aux intentions du premier Consul, et donner a ce concours toute la solennite qu'exigent l'importance de l'objet, la nature du prix et le caractfere de celui qui l'a fonde, la commission vous propose a l'unanimit£ le projet suivant : .. La classe des sciences mathematiques et physiques de l'lnstitut national ouvre le concours general, demande" par le premier Consul. » Tous les savants de l'Europe, les membres memos et les asso- cies de l'lnstitut sont admis a concourir. « La classe n'exige pas que les memoireslui soient directement adressfe. Elle couronnera chaque annee l'auteur des meilleures ex- periences qui seront venues a sa connaissance, et qui auront avance la marche de la science. « Le wrand prix sera donne a, celui dont les decouvertes fourniront, dans l'histoire de l'electricit6 et du galvanisme, une epoque memo- rable. « Le present rapport , renfermant la lettre du premier Consul, sera impiime et servira de programme. *■ De la lettre du premier Consul et de l'interpretation donnee par l'Academie il resulte.que le grand prix de 60 000 fr. doit rester in- divis, qu'il ne doit pas etre fractionne, comme nous l'avions pens£, ou partake entre plusieurs inventeurs illustres. Ce ptix alors, tout le monde est d'accord sur ce point, reviendrait de droit a (Ersted. Ce document met de plus en evidence la fondation oubliee d'un prix annuel de 3 000 fr. qui n'a eie" decerne que trois fois ; 1° en 1807, a M. Ermann pour sa classification des corps conducteurs de l'elec- tricite, bi-polaires et uni-polaires, positifs et negatifs ; 2° en 1803, a Davy, pour la decomposition des alcalis fixes par la pile ; 3° en 1810, a MM. Thenard et Gay-Lussac, pour leurs expediences sur /ammonium. Si Ton fait revivre le grand prix, si Ton reconnait les droits d'CErsted ou des heritiers CErsted a la dehvrance des 60 000 fr., il faudrait par la raeme raison faire revivre les prix COSMOS. 257 partiels, et reclamer du Tresor une somme de 120 000 fr., qui se- rait, elle, partagee entre les emules et les suecesseurs d'CErsted, les Ampere, les Arago, les Faraday, les Ohm, les Seebeck, les Wheat- stone, les Jacobi , etc., etc. Tout alors se ferait noblement, gran- dement. Cette distribution, cette execution solennelle d'une volonte sublime seraitdans l'histoire des sciences et du monde un evenement immense. Le verrons-nous se realiser sous nos yeux dans un court delai? Nous l'esperons , parce qu'il suffit pour cela que l'Academie des sciences fasse appel a une autre volonte, a la volonte du neveu, echo ficlele de la volonte de l'oncie immortel; volonte, elle aussi, eminemment intelligente, forte et genereuse. Nous savons qu'une grande difficuhe a surgi. Le grand prix et les prix annuels ont etc certainement decrees, mais rien ne prouve qu'ils aient ete reelle- ment fondes ; que les sommes qu'ils representaient aient etc homolo- gies et versees au Tresor, de telle sorte qu'on puisse les retrouver. C'est possible, ties-possible; mais l'empereur Napoleon III est la! La lettre du 25 prairial an X est un testament glorieux ; les savants qui, aujugement de l'Academie des sciences, ont fait les plus belles experiences sur le flu'ule galvanique, sont avec le savant qui a fait faire au gahmnisme un pas comparable a celui qii ont fait f aire a ces sciences Franklin et Volta, des heritiers neeessaires de Napo- leon Ipr. AVENIR DE LA DISTILLATION DU JUS DE BETTERAVES. M. Du Trembley, inventeur du systeme de machines a vapeur combinees, ecrit a M. le directeur du Moniteur industriel la lettre suivante : " J'ai lu avec un interet tout particulier dansle Moniteur indus- triel du 16 tevrier courant le compte rendu fait par M. A. Pom- mier sur la distillation de la betterave d'apres le precede" de M. Cham- ponois, je ne doute point que 1'industrie trouve promptement la place de l'alcool que la generalisation de ce procede pourra produire. quelque grande que soit la quantite introduite dans le commerce: cependant je puis pour mon compte en indiquer un emploi immeJiat assez considerable, et qui dans l'avenir pourra prendre une grande extension. Les essais faits a Marseille par la maison L. Armand et Touache sur le navire Du Trembley et a Lorient par le gouverne- ment sur le navire le Galilee ont demontre les avantages econo- miques que prdsentent les machines a vapeur combinees , et il est a croire qu'avant peu de temps l'usage de ces machines sera gene.ale- ment repandu; or, elles emploient comme liqui le auxiliaire Tether 2b8 COSMOS. sulfurique et 1c ehloroforme. L'alcool entre pour la majeure partie dans la fabrication de res deux agents qui, pour cause, sc vendent aujourd'hui k un prist assez 61eve\ Quelque minime que soit la perte ou la consommation de ces liquides, il ne parait pas possible quelle puisse etre reduite a, moins d'un quart de litre par vingt-quatre heures et par force de cheval , dans les machines le mieux confec- tionnees et dans les appareils les plus parfaits. Ces machines, ap- plicable.-; snrtout a la navigation maritime et fluviale, cumptent leur puissance par centaines de chevaux , et il est des lors facile de se faire une idee du prodigieux developpement qu'elles doivent donner a la consommation de l'alcool. Dans ce moment, on eonstruita Mar- seille, chez MM. Philippe, Taylor, deux appareils de 350 chevaux chacun pour MM. Armand, Touachefreres, de cette ville; et chez M. Cave, a Paris, deux appareils de 500 chevaux chacun pour MM. Gautier freres, de Lyon. Ces quatre appareils, representant une force de 1 700 chevaux, consommeront environ 425 litres d'e- ther sulfurique par vingt-quatre heures, ce qui, pour cent cinquante jours de marche dans Fannee, donnera un total de 63 750 litres. Je crois qu'il faut environ 3 litres d'alcool pour produire 1 litre d'ether sulfurique, ce qui represente pour la marche de ces quatre navires seulement une consommation annuelle de 191 250 litres d'alcool. Si Ton considere que l'emploi de ces machines sur terre et sur mer donne une economie nette de 5 pour 100, au minimum, deduction faite de la consommation d'ether sulfurique, on ne peut doutcr que leur application s'^tende enormement Jans un temps donne, et je ne crois pas qu'on puisse trouver un plus immense debouche a la pro- duction de l'alcool. Ne semble-t-il pas que Dieu fasse eclore ehaque decouverte en son temps! En face des besoins crees par la genera- lisation des machines a vapeur combiners, doit - on attribuer au simple hasard cet heureux concoursde circonstances qui fait que les ingenieux procedes de M. Champonois viennent a point fournir un aliment a ces besoins, et augmenter encore par le bas prix auquel il pourra livrer ses produits, l'economie apportee par le systeme des machines a deux vapeurs justement alors que l'extension donntte a J'industrie et particulierement aux moteurs a vapeur, eleve le com- bustible a un prix excessif ? » CRIST AUX NATIFS DE CHLOROBROMURE d'aBGENT. M. Domeyko, professeur de chimie au college de Valparaiso, connu de l'Academie par plusieurs communications iiit''ressantes, a decouvert dans !a mine de Chanavtillo , au Chili , de tres-beaux COSMOS. 259 cristaux de chlorobrumure d'argent. II a recemment envoye en don a l'Ecole imperiale des mines l'echantillon qui les contient. Cet echantillon etant exceptionnel par la beaute des cristaux , M. Du- frenoy a pense devoir le mettre sous les yeux de l'Academie. II est p^netre, dans tous les sens, de chlorobromure d'argent et d'argent natif ; mais les cristaux les plus interessantsrecouvrent les faces d'une fente que Ton voit sur un des cotes de l'echantillon. Ces cristaux, aussi remarquables par leurs dimensions que par la nettete de leurs faces., ont de 6 a 8 millimetres de cote; les cristaux que possedent les differentes collections de Paris sont , en general, de la grosseur d'une tete d'epingle. Les cristaux presentes a l'Academie ont des cubo-octaedres et des cubo-dodecaedres ; queiques-uns appartien- nent a la variete triforme de Haiiy. On remarque sur ce meme echantillon un mineral nouveau et en- core tres-rare ; c'est de l'iodure d'argent en petites lamelles d'un blanc nacre, sous la f >rme de tables a six faces regulieres. Quelques- unes de ces tables offrent meme des facettes sur les aretes de la base; malgre leur tenuite, M. Descloizeaux a pu en mesurer les angles. On connait done maintenant l'iodure d'argent sous deux formes tres-differentes : en cube et en prisme a six faces regulier. La peti- tesse des cristaux de cette derniere variete et la faible quantite qu'on en possede n'ont pas permis de s' assurer si la composition des cristaux d'iodure cubique est la meme que celle de l'iodure en prisme hexagonal ; on ne sait done pas si ce mineral pr^sente un nouvel exemple de dimorphisme ou s'il existe deux especes d'iodure d'argent ; cette derniere opinion parait , quant a present, la plus probable. ANALYSE DES HU1LES PAR l'aCIDE SULFURIQUE. II resulte de recherches presentees a l'Academie des sciences par M. Munmene, que les huiles melangees a l'acide sulfurique s'echauf- fent et que le developpement de chaleur pour une meme huile est constant dans les raemes circonstances, mais differe pour les diverses huiles. L'importance qu'il y a pour l'industrie a decider d'une ma- niere certaine si une huile est pure ou melangee , le peu de confiance que presentent les moyens proposes jusqu'a present ont fait pense r a. M. Fehling qu'il y aurait de l'int6ret a examiner cette question avec plus d'attention, et il a charge' deux des eleves de son labora- toire,-MM. Paisst etKnauss, de rep^ter les experiences de M. Mau mene sur des huiles pures et sur des melanges de differentes huiles * 260 COSMOS. Nous indiquerons rapidement les principaux resultats de lours ex- periences. Elles ont et6 fades avec l'acide sulfurique hydrate pur ou auque] on ajoutait 10 pour 100 d'eau ; on operait sur 15 grammes d'huile verses clans un petit verre ; on ajoutait goutte a goutte 5 grammes d'acide. 1° Les elevations de temperature aequises par les huiles pures ont ete avec l'acide concentre ; huile d'olive, 38°; huile de Lecce, •10°; huile d'amandes, 40°; huile de navette, 55°; huile d'ocillette, 70°; avec l'acide a 90 pour 100 : huile 'de Lecce, 30° ; huile de na- vette. ST, 5; huile de lin, 75°. 2° Dans le melange d'huile d'olive et d'huile d'ocillette , l'eleva- tion de temperature augmente avec la proportion d'huile d'ocillette; 1'accroissement est d'a peu pros un degre et demi pour chaque ving- ticme d'huile de navette ajoute. 3° Dans le melange d'huile de lin et d'huile de navette, la tem- perature diminue proportionnellement a la quantite d'huile de na- vette ajoutee. 4° Dans le melange d'huile de lin et d'huile de Lecce, la tempe- rature diminue d' environ deux degres pour chaque vingtieme d'huile de Lecce. II importe de remarquer que le degre d'eievation de temperature depend beaucoup de la rapidite avec laquelle on ajoute l'acide, de la force et de la quantite de cet acide, de la temperature des liquides avant l'experience, des quantites qu'on emploie pour un essai, de la grandeur et de l'epaisseur des vases. L'huile de Lecce est une huile d'olive impure qu'on rencontre dans le commerce en Allemagne, et qui renferme un peu d'essence de terebenthine en quantite variable. L' ELECTRISATION ET LES MARCHANDS DE VIN. Un grand nombre de marchands de vin de la capitale avaient imagine de distribuer aux consommateurs de petits verres une ou plusieu-s electrisations destinees soit a recreer les chalands, soit meme a les guerir des differents maux dont ils pouvaient etre at- teints. Ces etranges pratiques avaient deja occasionne des accidents graves que M. le prefet de police a voulu prevenir en defendant expressement aux marchands de liqueurs et de vins de placer dans leurs comptoirs des machines eiectriques d'aucune espece, et en leur enjoignant de faire disparaitre immediatement celles qui sont deja ^tablies. PHOTOGRAPHIE. EPREUVES POSITIVES SUR VERRE EMAILLE 1>AR M. MILLET. Ces £preuves, presentees a l'Acade'mie, et qu'il nous a ete donne de eontempler de pres, sont vraiment belles et d'un brillant effet. Ce sont au fond des negatifs sur collodion transformed en positifsdirects, par le procede , non pas de M. Leborgne, mais de M. Martin de Versailles, etc., proctMe" decrit en detail, tome ler, p. 247 du Cos- mos. M. Millet leur a donne un plus grand eclat en les recouvrant de son email. Nous le laisserons parler lui-meme : .. Mon procede" additionnel consiste a recouvrir l'epreuve d'un email limpide et transparent, qui la rend inalterable ; on peut la la- yer et la frotter comme la peinture sur porcelaine. « Ainsi que 1" Academie pourra s'enconvaincre, ces epreuves qui sont mes premiers essais, ont les memes qualites que celles sur pla- ques d'argent, jusqu'a present les plus parfaites, sans en avoir le desavantage (miroitage et oxydation a l'aiij. La finesse de leur mo- dele, la vigueur de leurs tons, leur solidite, les rend bien superieures a celles sur papier. « Permettez-moi d'ajouter encore , qu'obtenues presque a coup sur, elles ont en outre l'avantage de pouvoir etre livrees a bien meilleur marche. » L'email transparent permet de les encadrer sans verre. «J'ose esperer que ces divers perfectionnements auront quelque interet pour 1'Academic. » La Lumiere espere beaucoup des premiers essais de M. Millet, et ses esperances sont pour nous un nouveau triomphe; car les pro- cedes dont elle se montre si satisfaite ne different en rien, le vernis excepte, des proc^des deMM. Martin etWulff que nous avons de- fendus de son silence ou de ses attaques. Les noirs de M. Millet sont trop exageres, ses blancs sont trop gris; sous ce rapport, il n'y a aucun progres et la fragilitedu verre ft-ra regretterla solidite du metal de M. Martin ou de la toile de M. Wulff. CUVETTE OU BASSINE NADARD. La Lumiere fait un eloge enthousiaste de la nouvelle disposition- donnee par M. Nadard jeune a lacuve a collodion. » Qu'on se figure une cuvette verticale dont Tune des parois est la glace elle-meme, reposant sur une autre cuvette horizontale, de- 262 COSMOS. vant servir, celle-ci, de deversoir au liquide sorti de la premiere. Le liquide, une fois introduit dans la cuvette verticale, la quitte aussi- tot au moyen d'un robinet place a sabase , apres avoir laiss^sur la plaque une couche d'une nettete et d'une transparence parf'aite. JV1. Nadard jeune donne jusqu'a cinq couches a ses plaques, et ces cinq couches, tellement ehacune d'elles est imperceptible, nedonnent pas une plus grande epaisseur que celle obtenue par l'ancienne maniere, mais dont on comprend facilement la consistance La premiere couche doit etre secheavant d'appliquer la seconde. Avant de passer au nitrate, il faut laisser s'ecouler un temps egal a celui des premieres operations. « Ainsi point de perte de collodion ; une egale repartition de la cou- che sans stries , sans rides ni jaspures ; une extreme facilite dans les operations, exempte desormais d'inconvenients puur la sante; point depousMere sur la plaque: une finesse inouie du negatif et alaquelle onn'etait parvenu encore que par l'emploi de l'albumine : tels sont les moindres avantages de l'ingenieux appareil. » L'idee de M. Nadard est en effet simple et ingi'mieuse, mais pour la juger , il faut attendre qu'elle ait etc appliquee par plusieurs ope- rateurs; ilneserait pas difficile d'opposer aces eloges prematures des objections graves. Les grands maitres en collodion que nous con- naissons repoussent les cuvettes verticales profondes et ne veulent que des cuves horizontals plates. VOILE DES EPRETJVES SIR COLLODION. Dans un article du journal de la Societe photographique de Londres, M. Hardwick enumere avec soin les principales causes du voile ou des taches nuageuses qui apparaissent si souvent sur les ncgatifs au collodion, a, la grande desolation des operateurs : 1° La premiere et la plus frequente de ces causes est une trop longue exposition a la lumiere. Quand il a ete bien prepare, le collodion est extremement sensible; si Ton se sert d'objectifs com- bines sans avoir soin de diaphragmer l'ouverture, Taction de la lumiere est trop soudaine et trop violente. L'iodure d'argent est decompose et l'argent reduit, la meme ou cette decomposition et cette reduction ne devaient pas se produire ; ce seront autant de nuages on fogs (en anglais). Le remede est de diaphragmer, meme alors que 1'exposition k la lumiere ne devra etre que de deux ou trois secondes. 2° La seconde cause est la presence d'une petite quantity de lumiere blanche dans la chambre ferm^e oil Ton prepare les plaques ; COSMOS. 263 il faut absolument exclure, avec le plus grand soin, cette lumiere etrangere. 3° Les chambres obscures ou boites de daguerreotypes ne sont presque jamais assez solides, assez inaccessibies a la lumiere latd- rale; ce n'est pas assez que de les avoir achetees d'ouvriers consciencieux, il faut les soumettre a Tepreuve et les surveiller constamment. On recouvre de temps en temps une plaque de verre d'une couche d'iodure d'argent ; on installe cette plaque dans la chambre obscure, comme si on voulait prendre une image, et sans ddcouvi ir l'objectif, on la laisse deux ou trois minutes au sein de la boite; on la retire ensuite; on lui fait subir Toperation du developpement de l'image, on la soumet a Taction de l'acide pyrogallique , et de Thypo-sulfite de soude ; si la chambre obscure est parfaite, la plaque de verre apparaitra parfaitement nette et transparente. 4° La quatrieme cause est le defaut d'acidite du bain develop- pant. Tous les acides, et en particulier l'acide nitrique, exercent une action protectrice, ils empechent la reduction de I'argent; les alcalis, au contraire, favorisent la reduction du metal; et comme les nuages ne sont en general que de I'argent re*duit, la oil il ne devait pas l'etre, un bain alcalin doit les produire, un bain un peu acide doit les prevenir. II faut done ajouter un peu d'acide aedtique a l'acide pyrogallique qui sert au developpement de l'image, et main- tenir meme a l'etat de reaction acide le bain de nitrate. 5° La cinquieme cause, enfin, etcontre laquelle il faut surtout se mettre en garde, est la presence, dans le bain de nitrate d'argent, de ce que Ton peut designer sous le nom de matiere organique. Une couche collodionnee d'iodure d'argent, qui n'a jamais dte exposed a la lumiere, supportera parfaitement bien Taction du fluide develop- pant, si le bain de nitrate d'argent est pur; mais , si ce bain ren- ferme des matieres organiques, elle exigera , pour etre protegee, Taddition au bain revelateur, d'une certaine quantite d'acide nitri- que, car la tendance a la reduction de T argent est alors beaucoup plus grande. Cette addition d'acide nitrique a des inconvenients reels, et il vaut mieux, pour dviter les taches nuageuses, purifier le nitrate d'argent. On le fait tres-simplement en faisant evaporer, jusqu'a siccite la solution de nitrate dans un vase en verre ou en porcelaine; on place le residu sec, ainsi obtenu, sur un disque aussi en porcelaine, dont on eleve la temperature en le tenant sur quel- ques charbons enflammes ; le nitrate fond d'abord, puis laisse echap- per de nombreuses bulles de gaz oxygene, qui detruisent toute la 264 COSMOS. matiere organique ; on cloigne le disque du feu, on laisse refroidir le residu, et on le traite par une petite quantitc d'eau, acidulee par quelques gouttes d'acide nitrique ; on l'evapore, enfin, une seconde fois a une temperature plus basse; cette derniere precaution est nur verre a l'albumine ou au collodion ; la maniere de pre- parer soi-meme tous les reactifs, de les employer et d'utiliser les residus ; les recettes les plus nouvelles ; des details sur la gravure photographique et la lithophotographie. ACADEME DES SCIENCES. SEANCE PUEEIQUE ANNUELLE DU 3o JANVIER l854. PRIX DECERNES. (Suite.) II nous reste encore quelques mots a dire relativement aux prix des sciences mathematiques ; il nous serait impossible de passer sous silence les sages reflexions et l'heureuse initiative qui terminent le rapport de M. le baron Charles Dupin : « Le grave defaut du systeme actuel d'application de la vapeur a la navigation, c' est la depense considerable du combustible. II en requite que l'approvisionnement, toujours trop restreint a bord, oblige a d'^normes sacrifices d'approvisionnements de vivres, si precieux pour des batiments de guerre. " Des a present, par le seul emploi des machines a moyenne pression, de quatre a cinq atmospheres, onpourrait epargner consi- derablement le combustible ; on pourrait fonctionner avec des ma- chines plus legeres, moins encombrantes et moins couteuses. Les Arnericains emploient ce systeme pour le commerce, et n'y trouvent pas de plus grand peril qu'avec la basse pression. La crainte de ce danger, que l'experience dement, ne doit pas pouvoir arreter des marines militaires. « D'apres les considerations aussi savantes que neuves, develop- pees par un de nos honorables collegues, M. Regnault, on peut voir combien est grande la chaleur perdue dans les machines a basse pression, et meme dans les machines a pression plus ou moins elevee. « II reste a faire de ce cote des conquetes considerables. Elles seront incomparablement plus precieuses pour nous que pour les An- glais et pour les Am^ricains. « La cherts de notre combustible est un des obstacles qui , jus- qu'ii ce jour, ont ralenti et presque paralyse" Introduction de la va- peur dans notre marine commercante. <• Toute reduction notable dans la consommation de la houille sera done pour nous une economie beaucoup plus grande que pour nos e mules. " Le tonnage effectif des batiments marchands a vapeur est, en Amerique 481 805 tonneaux , en Angleterre 187 600 tonneaux, en France 13 925 tonneaux seulement. On peut mesurer par la le vaste champ q\ii nous reste a parcourir , si nous voulons approcher du developpement atteint par la navigation a la vapeur des deux 266 COSMOS. puissances qui nous ont d£vanct*es. Marchons a grands pas de ce cote\ « Nous pourrions parler aussi de la substitution d'autres gaz et surtout de l'air chaud a la vapeur. II faut ctudier les innovations pompeusement annoncees, exagerees a coup sur, mais qui cependant recelent le germe de progres dont il est impossible encore d'assigner le terme. » I/architecture navale doit continuer ses efforts pour adapter la forme des carenes aux exigences du nouveau mode de propulsion; les poupes, et surtout les proues des vaisseaux, ne sont pas encore arrivees au dernier terme de la perfection. « 11 est des vibrations facheuses qu'il faut faire disparaitre lors des grandesvitesses, surtout a l'arriere. « Des machines a vapeur moins encombrantes et le combustible economise permettront de diminuer le tirant d'eau des vaisseaux de ligne a vapeur, ce qui sera favorable a la vitesse. .. En presence d'un tel etat transitoire, la commission croit de- voir, a I'unanimite, emettrele voeu suivant : « L'Academie des sciences, etpar les prix qu'elle a souvent pro- « poses, surtout dans le siecle dernier, et par les marins, les savants « et les constructeurs celebres qu'elle a possedes comme membres « ou comme correspondants, les Borda, les Fleurieu, les Bouguer, « les Sane, les Forfait, les Hubert , etc., 1'Academie a rattache « son histoire a tous les progres notables de l'art naval. Nous sou- u haitons qu'elle demande au gouvernement de proposer, sur la « meilleure application de la vapeur a la navigation et a la force « navale, un nouveau prix, dont la valeur ne soit pas inferieure a .- cede du prix aujourd'hui decerne : ce prix serait reserve" pour un » grand progres a venir. » Nousn'avons pas besoin d'ajouter que ce voeu a ete sanctionne a I'unanimite par 1'Academie des sciences et que le gouvernement le r&ilisera bien certainement. Qu'il nous soit permis d'ajouter que sans doute dans l'opinion meme de M. Dupin, et quoiqu'il ne l'ait pas exprimd formellement , le propulseur a helices n'est pas le der- nier mot de la science. L'helice est inferieure aux roues a aubes sous le rapport de l'effet utile, puisqu'elle rend un cinquieme de moins environ de la force motrice employe ; mais elle est incompa- rablement plus avantageuse sous beaucoup d'autres rapports. Es- pdrons que le genie de l'invention inspirera bientot un mode de pro- pulsion beaucoup plus efficace encore que les roues a aubes, et d'un emploi plus commode et plus sur que l'helice. COSMOS. 267 PRIX FONDE PAR MMB LA MARQUISE DE LA PLACE. La collection complete des ceuvres de de la Place, les cinq vo- lumes de la Mecanique celeste, Y Exposition du systems du monde et le Traite des probabilites sont remis par M. le president a M. Lerouxeau de Saint-Dridan , sorti le premier de l'Ecole poly- technique, le 23 septembre 1853, et entre a l'Ecole des ponts et chaussees. PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES. 1° Grand prix des sciences naturelles pour 1850, remis au con- cours pour 1853. — L'Academie avait ainsi formule son pro- gramme : •' 1° Etudier les lois de la distribution des corps organises Jos- " siles dans les differents terrains sedimentaires, suivant leur « ordre de superposition. « 2° Discuter la question de leur apparition ou de leur dispa- « rition successive ou simultanee. « 3° Recheiclier la nature des rapports qui existent eutre I'etal " actueldu regne organique et ses etats anterieurs . •• « Elle desirait que la question fut traitee dans toute sa generalite; mais elle consentait a couronner un travail comprenant un des grands embranchements, ou meme seulement une des classes du regne animal , et dans lequel l'auteur apporterait des vues a la fois neuves et precises , fondees sur des observations personnelles, et embrassant essentiellement toute la duree des periodes geolo- giques. « Elle a re9u quatre Memoires sur l'ensemble de ces questions. La Commission a juge qu'aucun de ces Memoires n'y avait repondu d'une maniere assez satisfaisante pour meriter le prix. « Mais elle a distingue le memoire n° 2, comme ayant traite" avec beaucoup de details la premiere question, relativement aux animaux vertebres, et plus particulierement aux Faunes de mammiferes qui se sont succed£, et dont les restes ont 6t6 observes dans les divers terrains stratifies. La troisieme question, sur la nature des rapports qui existent entre l'etat actuel du regne organique et les £tats ante- rieurs y est aussi discutee , eu £gard aux animaux vertebres seu- lement. Mais la seconde question, de leur apparition ou de leur dis- parition, ne s'y est trouvee traitee qu'implicitement avec celle des Faunes successives, et non particulierement comme on le demandait. II ne contenait rien sur les circonstances atmospheriques et clima- 268 COSMOS. teriques, qui ont pu co'incider avec les differentes populations v^ge- tales et animales, et donner i' explication de leur succession... Con- sidrrant que l'auteur a du consacrer beaucoup de tenuis a ce labo- rieux travail, auquel elle a reconnu, dans ce qui concerne surtout la classe des mammiferes fossiles , un merite incontestable de savoir etendu ; et ayant egard aux defenses que l'auteur a du faire pour vi- siter plusieurs des collections paleontologiques de France, d'AUe- magne , et d'Angleterre , l'Academie lui accorde une somme de 1 500 francs. L'auteur est M. Paul Gervais, professeur de zoologie a. la faeulte" des sciences de Mont pel lier. 2° Grand prix de 1849, remis an concours pour\Q5'3. — Voici le programme : •• Etablir, par I etude du developpement de I embryon dans deux •• espcces, prises tune dans I'e/nbranc/ternent des vertebtes , et " i autre, soit dans lembranchement des mollusques , soit dans " celui des articules, des bases pour I ' embryologie comparee. » " Parmi les deux ouvrages qui ont (He" deposes au secretariat pour repondre a cette question, celui qui a pour epigraphe : " Ars (ota in obseivationibus , n° 2, » a fixe plus particulierement l'atten- tion de la Commission. Cet ouvrage se compose de deux monogra- phies, l'une sur le developpement du brochet et de la perche, l'autre sur le developpement de l'ecrevisse. La Commission, satisfaite de la maniere dont le developpement particulier de chacune de ces especes a ete traite dans ces monographies, n'aurait pas hesite a decerner le prix a leur auteur, si, aux termes du programme, il eut fait res- sortir avec plus de detail ce qu'il peut y avoir de semblable et de dissemblable dans le developpement compare des vertebres et des invertebres. Elle n'a pas voulu cependant qu'une ceuvre aussi impor- tante restat sans encouragement ; elle propose done d'acorder a son auteur, M. Lereboulet, professeur de zoologie a la faeulte des scien- ces de Strasbourg, une recompense de 2 000 fr. 3° Grand prix des sciences naturelles pour 1853. — Le rapport a ete fait par M. de Quatrefages, et nous l'analysons avec quelque etendue. Le programme du prix etait : « Faire connailre, par des observations directes et des expe- - riences, le mode de developpement des vers intestinaux et celui « de leur transmission dun animal a un autre : appliquer a la " determination de leurs affiniles naturelles les fait s anatomiques •• et physiologiques ainsi constates. » " L'Academie demandait aux concurrents de traiter la question d'une maniere comparative pour les genres principaux. Prenant COSMOS. 269 d'ailleurs en consideration l'etendue et la difficulty du probleme, elle se declarait prete a couronner des recherches portant sur les trematodes et les cestoules seulement , c'e>t-a-dire sur les deux groupes renfermant, 1'un la douve du foie et les vers qui s'en rap- prochent, l'autre les tenias et les genres voisins. Les nematoides et les acanthocephales se trouvaient ainsi pourainsi dire ecartes... •< L'importance du sujet mis au concours par l'Academie resulteet de sa nature propre, et de ses rapports avec quelques-unes des ques- tions les plus eleveesde la physiologie generale. De toutes les bran- ches de la zoologie, I'helmintologie s'est peut-etre consituee la der- niere... Parmi les problemes les plus importants que souleve. cette branche de zoologie, il en est que l'anatomie seule est impuissante a r^soudre; il en est d'autres qu'elle ne peut pas meme aborder. Dans les groupes a. type variable, il arrive parfois qu'un animal se deforme, dans le cours de son existence, au point que les caracteres fondamentaux disparai-sent ou sont com me masques par l'exagera- tion de quelques caracteres secondares. Des lors les affinites et les analogies deviennent fort difficiles ou impossibles a reconnaitre, et, pour les retrouver, il faut suivre l'animal des les premiers temps de sa vie. La difference des opinions professees par les plus grands maitres de la science sur la nature des rapports qui relient les in- testinaux entre eux et les autres invertebres, suffirait a elle seule pour montrer combien il dtait necessaire de recourir ici aux etudes embryogeniques. <- La puissance creatrice qui a donne naissance aux etres vivants a-t-elle cessd de s'exercer a. la surface de notre globe, ou bien agit- elle encore aujourd'hui ? En d'autres termes, le phenomene appele gene"ration equivoque ou spontanee est-il une realite? On sait com- ment les anciens repondaient a cette question. Pour eux, tout corps en putrefaction engendrait de nouveaux organismes, et ces idees universellement adoptees se propagerent jusqu'a nos jours. Ce n'est que vers la fin du xvne siecle et au commencement du xvme que Redi et Vallisnieri demontrerent la veritable nature des larves d'm- sectes vivant dans les animaux et dans les vegetaux. Des lors, des idees plus justes commencerent a se repandre. Mais, tout en perdant du terrain, les partisans de la generation spontanea ne se tinrent pas pour battus; ils restreignirent seulement le champ des applica- tions de leurs doctrines. Or, a mesure que la science faisait des progres, ce champ se reUrecissait de plus en plus. Alors les partisans de la' generation spontanee se diviserent. Les uns, parmi lesquels je citerai Lamarck, Burdach, Duges, continuerent a regarder les agents 270 COSMOS. physiques, ehaleur, lumiere, electricite, commc suffisant a organiser et a animer la matiere brute, de maniere a la transformer en etres vivants. Les autres, au nombre desquels on compte Redi lui-meme, Rudolphi, Moren, Oken, Nordmann, admirent que, dans les etres deja organises et vivants, les forces piastiques pouvaient eprouver une sorte de deviation d'oii rfcultaient de nouveaux etres tres-dif- fe"rents des premiers , mais en emanant directement. De ces deux opinions, la premiere s'appuie surtout sur des faits empruntds a l'etude des Infusoires et des Intestinaux; la seconde s'applique aux Intestinaux seulement. Or, les experiences de Schwan ont rr.ontre, contrairement a. ce qu'avait cru voir Spallanzani, qu'il ne se deve- loppe jamais d'animalcule dans les infusions entourees d'une atmos- phere d'air parfaitement debarrasse de toute matiere organique. Ce re'sultat, du au perfectionnement des procedes d' experimentation, sape par la base la moitie* des arguments invoques de nos jours en faveur de la generation equivoque. Restent ceux que Ton emprunte a l'histoire des Intestinaux, et surtout ceux qui s'appuient sur l'isolement de certaines especes, sur l'abatologiques... Aux y eux de M. Van-Beneden iln'existeaucune difference fondamentale entre les trcmatodes et les COSMOS. 273 cestoids arrives a l'etat parfait ; Bins ces derniers n'atteignent leur forme definitive qu'en passant par divers etats, et en particulier par 1 etat de cystique ou de ver a vessie, et de cestoide ou de ver ruba- naire . Le cysticerque, loin d'etre un tenia deforme" et devenu monstrueux, est un jeune tenia possedant ses formes normales.. . Le tenia developpe' qui en provient n'est qu'une forme transitoire... De monozoique il est devenu polyzoique... Chacune de ses articulations doit se separer a son tour, acquenr seulement alors tous ses carac- teres et vivre d'une vie independante. . . Le ver completement adulte qui a retrouve son individuality et vit d'une vie independante, res- semble alors a un trematode. Dans ses trois metamorphoses le ver in- testinal est tour a tour scolex, strobila, proglottis. Le^o/^persiste dans *on etat de ver simple et agame aussi longtemps qu il reste dans les tissus ou il s'est developpe. Pour devenir strobila il faut qu'il passe dans un tube digestif; cette migration a lieu lorsqu il est de\-orlus ou moins polie, plus ou moins rugueuse bur la vitesse de l'ecoulement, etc. — M. Andral accompagne d'une note tres-favorable la presenta- tion du bel ouvrage en deux volumes que M. le docteur Foissac vient de publier sous ce titre : De laMeleorologie dans ses rapports avtc la science de i' ho mme , et piincipalement avec la tnedecine et I' hygiene publique. Paris, J.-B. Baillere. MEMOIRE ET THESE SUR LA DOUBLE REFRACTION TEMPORAIREMENT PRODUITE DANS LES CORPS ISOTROPES. PAR. M G. WERTHEIM. Conclusions. " 1° La double refraction artifk'iellement produite soit par une traction, soit par une compression, est, pour une meme substance, proportionnelle aux changements lineaires que cette force mecanique produit suivant les axes prinoipaux, et, par consequent, proportion- nelle aus^i aux changements de volume du corps. •< 2° Les allongements et les raccourcissements temporaires que fait naitre un poids donne, selon qu'il agit par traction ou par pres- sion, ne sont ni rigoureusement egaux entre eux, ni exactement pro- portionnels a ces poids tant que ceux-ci sont relativement petits ; mais ces differences disparaissent des que les charges deviennent un peu considerables , et longtemps avant celles qui produisent les pre- mieres alterations pennanentes sensibles. « Si Ton porte les poids sur l'axe des abscisses et les allongements et raccourcissements correspondants sur l'axe des ordonnees , les premiers au-dessous et les seconds au-dessus de cet axe, on obtient deux courbes semblables , sinon egales, dont la premiere est con- vexe et dont la seconde est concave vers l'axe des abscisses, qui se redressent insensiblement, et qui, pour des changements lineaires a peine mesurables par les moyens ordinaires, se confondent deja avec la ligne droite , laquelle repr^sente la proportionnalite entre les charges ct leurs effets temporaires. Ces faits sont confirmed par les experiences directes faites par differents observateurs, experiences dont les resultats etaient seulement trop incertains pour mettre cette loi en evidence. Cette confirmation resulte notamment des ex- periences de M. Hodgkinson, lorsqu'on les calcule de maniere a ne tenir compte que des effets temporaires, et lorsqu'on a egard aux causes d'erreur qui influent sur toutes les experiences directes par le moyen de la compression. « 3° Les axes optiques coincident avec les axes mecaniques pour tout corps veritablement isotrope, que ce corps ait ete doue de la double refraction negative au moyen d'une pression, ou de la double refraction positive au moyen d'une traction. La double refraction ou la difference de marche entre les deux rayons ordinaire et extra- ordinaire, peut se determiner tres-exactement au moyen des teintes plates complementaires que prennent les deux images d'un rayon COSMOS. 279 blanc , lorsque les sections principales du niccol polariseur et du prisme bi-refringent analyseur font un angle de 45 degres avec la direction de la force qui est appliquee au corps place entre ces deux prismes. Dans les deux cas, les couleurs montent avec les charges en suivant exactement la serie des anneaux colores de Newton • mais pour les mesures, on ne peut guere se servir que des couleurs des sept premiers demi-anneaux : les couleurs des anneaux trans - mis sont celles de 1 'image ordinaire, tandis que les teintes des an- neaux reflechis correspondent a l'image extraordinaire. « 4° Abstraction faite des petites differences que nous venons de signaler, la double refraction temnoraire est ind^pendante de la hauteur et de la longueur de la piece, proportionnelle au poids ap- plique et au pouvoir bi-refringent de la substance, et reciproque- ment proportionnelle a sa largeur et a son coefficient d'elasticite mecanique. " 5° Le pouvoir bi-refringent d'une substance isotropedevenu tem- porairement bi-refringente ne peut etre exprime que par la difference entre son indice ordinaire et son indice extraordinaire; cette diffe- rence change seulement de signe, selon que Ton applique une pres- sion ou une traction, ce qui n'aurait pas lieu si Ton voulait exprimer le pouvoir bi-refringent par une fonction des deux indices autre que la difference de leurs premieres puissances. « 6° La dispersion de double refraction est insensible pour les sub- stances que nous avons soumises aux experiences. " 7° Les verres qui avaient ete soumis a 1'operation du refoulement ont cesse d'etre des corps optiquement homogenes, et cette altera- tion entierement distincte de ce que Ton appelle la trempe du verre, ne disparait pas toujours par le recuit. « 8° Le pouvoir bi-refringent n'est pas le meme pour differentes substances isotropes ; on ne peut £tablir aucun rapport entre ce pou- voir et entre l'indice de refraction ordinaire ou meme la densite. « 9U Par analogie avec le coefficient d'elasticite ordinaire ou me- canique E, nous ajipelons coefficient d elasticity optique C le rapport entre la charge appliquee a l'unite de surface et entre la double re- fraction quelle fait naitre ; on a alors, en appelant I0, Ic les deux indices ordinaires et extraordinaires l'equation simple E Io— le c qui sert a determiner le pouvoir bi-refringent P=±(fo — h). " 10° La valeur du pouvoir bi-refringent etant une fois connue 280 COSMOS. pour une substance, on peut seservir des phenomenes de doable re- fraction pour determiner l'une quelconque des quantites qui entrent dans l'equation + P(I„-Ie)=d. E.La, dans laquelle P est la charge ou le poids applique ; d la difference de marehe des deux rayons ordinaire et extraordinaire , mesure na- turelle de la double refraction temporaire ; I„, I,, les deux indices de refraction ordinaire et extraordinaire, dont la difference donne le pouvoir bi-refi ingent E ; p le coefficient d'electricite, et La la lar- geur de la piece; cette equation est d'ailleurs la consequence neces- saire des lois enoncees, 4° et 5°. « 1 1° La plus importante de ces applications consiste dans la de- termination de la force P, quel que soit son mode d'action. Le dynamometre chromatique donne immedialement et sansl'emploi d'aucun coefficient de correction, la pression effective qu'exerce une presse a vis, un bulaneier, une presge hydraulique, un levier, etc.; il pourra servir a Lire connaitre, pour toutes ces machines, le rap- port entre 1'effet utile etl'effet theoiique, a etalonner d'une maniere exacte les manometres ordinaires et a me^urer meme des forces vives. « 12° La meme formule pourrait servir a determiner le coefficient d'ela&ticite mecauique, si nous avions un moyen direct pour trouver l'indice extraordinaire L; inais en attendant, ellc m'a permis d'eta- blir le coefficient optique du diamant, et de fixer certaines limites entre lesquelles est compris son coefficient mecanique. « 13° La difference de marehe d etant mdependante de la longueur d . * , •, d'ondulation X; si le rapport - doit rester le meme pour des valeurs differentes de X, il faut que P varie proportionnellement a X; ce qui fournit un moyen facile pour determiner les longueurs d'ondulations, et pour decider si une lunnere donnee est homoge-ne ou quels sont les different^ rayons simples dont elle est cninposee. « 14° Les ph/'nomenes de rotation magnetique disparaissentdans tous les corps a mesure qu'ils cessent d'etre mecaniquemen homo- aenes et optiquement iaotropes; il est a remarquer que parmi les corps naturellement bi-refiingents ou rendus tels par I'emploi d'une force mecanique, ceux qui out les pouvons rotatoires les plus euer- o-iques, sont doues des pouvoiis bi-refiingents les plus laibles. » A. TKAMl'.LAY, proprieta'm-gerant. 1KIS. — H1PKIMEKIE DE VV . RhMQUET ET Cie., R'JE GARANC1KRE, T. IV. 10 MARS l854. TROISllhlE ANNIE. COSMOS. FAITS DIVERS. OBSERVATOIRE IMPERIAL DE PARIS. Nous avons insere dans le Cosmos le decret de reorganisation de l'Observatoire imperial de Paris ; nous avons ditles esperancesquela direction forte et intelligentede M. LeVerrier nousfaisaitconcevoir; nous sommes heureux aujourd'hui de pouvoir constater un premier succes qui fera e'poque dans les annales de l'Observatoire, quoique, par une singuliere coincidence , ce ne soit encore qu'un demi triom- plie. Faisons connaitre avant tout le nouveau personnel de ce bel etablissement, qui commence une ere nouvelle, une ere napoleo- nienne. Au grand regret de tous les amis sinceres et desinteresses de la science, MM. Mauvais et Laugier n'ont pas cru pouvoir et de- voir continuer leurs fonctions ; il ont quitte l'observatoire qu'ils ha- bitaient depuis longues ann£es, et n'appartiennent plus qu'au Bureau des longitudes; et le bruit court cependant a Paris qu'ils ont forme le projet d'un observatoire libre dans lequel ils continueraient de mettre au service de l'astronomie leur experience et leur babilete. Un decret imperial du ler fevrier 1854 a nomine astronomes en titre de l'Observatoire, MM. Faye et Villarceau, connus, le premier par la decouverte d'une comete periodique, le second par ses recher- ches sur les etoiles doubles. Deux arretes ministeriels en date du 2 fevrier ont nomine astronomes adjoints MM. Babinet, membre de l'lnstitut, Goujon, eleve astronome ; eleves astronomes, AJM. Bur tillon, Reboul et Liais, secretaire de la Societe litteraire de Cher- bourg. Enfin un troisieme arrete en date du 2 mars nomine astro- nome adjoint M. Chacornac, eleve de l'observatoire de Marseille, auteur de la decouverte de deux petites planetes, Massilia et Pho- csea, auteur aussi des precieuses cartes des etoiles de l'ocliptique , dont nous parlerons plus tard. En s'associant M. Chacornac, qui a ete entraine vers l'astronomie par un attrait invincible, qui est plena d'intelligence et d'ardeur, M. Le Verrier avait surtou! poar but de hater la decouverte de nouvelles petites planetes, di'assurec k l'Ob- servatoire imperial une noble et large part dans les eoti'juetes a ve- 10 282 COSMOS. irir; son attente n'a pas etd trompde. M. Chacornac est entrd en fonctions le 2 mars dans l'apres-midi, et dans la nuit du 3 an 4 mars, a 1 heure 25 minutes du matin, il avait decouvert, tres-pres de l'Epi de la Vierge, une nouvelle petite planete dont voici la position approchde : Temps moyen de Paris IS" 14' 57'' Ascension droile 131' 1G' 33" 43 Declinaison boreale 10° 5' 9" MM. Chacornac et Le Verrier saluaient deja le nouvel astre d'un nom aime qui est reste leur secret, du nom peut etre d'Eugdnie ; ils le revirent dans la nuit du 4 ; quand son acte de naissance eut ete dresse en bonne forme, M. Le Verrier rddigea sa lettre ency- clique ou de faire part aux principaux observatoires de l'Europe ; celle de ces lettres destinee a M. Hind etait deja cachetee, quand, dimanche matin, le courrier d'Angleterre apporta une lettre datde aussi du 5 mars, et dans laquelle M. Hind annoncait de son cote la decouverte de cette meme petite planete (baptisee ddja du nom d'Amphytrite) faite par M. Marth a l'observatoire de M. Bishop, le ler mars, deux jours avant qu'elle n'eut dte vue par M. Chacornac. Tout espoir cependant n'est pas perdu encore ; notre jeune astro- nome franc,ais pourrapeut-etre reconquerir Amphy trite sur M. Marth comme il a reconquis Massilia sur M. de Gasparis, grace a l'heu- reuse habitude qu'il a prise de marquer a leur place, sur les cartes de M. Hind ou sur ses propres cartes, les dtoiles qu'il voit pour la premiere fois, et dont les circonstances atmospheriques ne lui per- mettaient pas de suivre la marche pendant un certain temps. II est tres-possible, des lors, qu Amphytrite ne soit qu'une dtoile vue par lui dans la nuit du 4 fevrier, et qu'il a pointee sur l'une des cartes ecliptiques. Quoi qu'il en soit, il est au moins prouve jusqu'a l'evi- dence qu' Amphytrite a ete* decouverte a l'Observatoire imperial de Paris d'une fa9on tout a fait independante, avant qu'on eut rien su de son apparition au dela du Detroit. M. le mardchal Vaillant nous a adresse stance tenante, c'est-a- dire aussitot apres la communication de M. Le Verrier, la question suivante : « Me trompe-je en croyant que depuis Dominique Cas- sini, c'est-a-dire depuis un siecle et demi, depuis que cet ijlustre astronome a decouvert le quatrieme satellite de Saturne„on n'a rien trouvd a l'Observatoire de Paris en fait de corps plahetaire, et que la decouverte de M. Chacornac, dans la nuit du 3 au 4 mars, est la premiere de ce genre l » Le noble mardchal ne se trompe pas ; il est tres-vrai que depuis la fin de mars 1684 jusqu'a mars 1854, COSMOS. 283 pendant cent soixante-dix ans, on n'a trouve" a l'Observatoire royal national, imperial de Paris, ni planetes ni satellites de planetes. La question du marshal Vaillant nous engage a publier le tableau suivant, extrait du Cosmos de M. de Humboldt, t. Ill, p. 465. TABLE CHRONOLOGIQUE DES CORPS PLANETAIRES DECOUVERTS DEPUIS L'lNVENTION DU TELESCOPE EN 1608. XVlie SIECLE. *« m„_ o: t\t_ • » . Quatre satellites de Jupiter, decouverts par Simon Marius a An5- bach, le 29 d^cembre 1609; par Galilee, a Padoue, le 7'janvier 1610. J Triplicite de Saturne, signalee par Galilee, en novembre 1610- les deux anses reconnues par Hevelius, en 1656 ; decouverte defi- nitive de la veritable forme de l'anneau , par Huygens le 17 d<§« cembre 1657. 6° satellite de Saturne (Titan) ; Huygens, 25 mars 1655. 16^ satellite de Saturne (Japhet) ; Dominique Cassini , octobre 5e satellite de Saturne (Rhea) ; Cassini, 23 decembre 1672 3e et 4e satellites de Saturne (Thetys et Dionel ; Cassini fin de mars 1684. ' XVllie SIECLE. Uranus ; W. Herschel, a Bath, 13 mars 1781. 2C et 4e satellites d'Uranus; W. Herschel, 11 janvierl787 lcr satellite de Saturne (Mimas); W. Herschel, 28 aout 1789 2- satellite de Saturne (Encelade) ; W. Herschel, 17 septembre lcr satellite d'Uranus ; W. Herschel, 18 Janvier 1790. 5e satellite d'Uranus; W. Herschel, 9 fevrier 1790. 6e satellite d'Uranus; W. Herschel, 28 fevrier 1794. 3e satellite d'Uranus; W. Herschel, 26 mars 1794.' XIXP SIECLE. Ceres; Piazzi, a Palerme, lcr Janvier 1801. Pallas; Olbers, a Breme, 28 mars 1802. Junon ; Harding, a Lilienthal, le* septembre 1804. Vesta ; Olbers, a Breme, 29 mars 1807. (Un intervalle de trente-huit anndes s'ecoule sans amener aucune decouverte de planetes ni de satellites.) Astree; Henke; a Driesen, 8 ddcembre 1845. Neptune; Galle, a Berlin, sur les indications de Le Verrier. 23 septembre 1816. 284 COSMOS. lcr satellite de Neptune ; W. Lassell, a Starfield, pros de Liver- pool, novembre 1846 ; Bond, a Cambridge (Etats-Unis). Hebe; Henkea Driesen, Prjuillet 18-17. Iris; Hind, a Londres, 13 aout 18-17. Flore; Hind, a Londres, 18 octobre 1847. Metis ; Graham, a Markive-Castle, 25 avril 1848. 7C satellite de Saturne (Hyperion); Bond, a Cambridge (Etats- Unis), du 1G au 19 septembre 1848 ; Lassel, a Liverpool, du 19 au 20 septembre 1S48. Hygie ; de Gasparis, a Naples, 14 avril 1849. Parthenope; de Gasparis, a Naples, 11 mai 1850. 2C satellite de Neptune ; Lassell, a Liverpool , 14 aout 1850. Victoria; Hind, a Londres. 13 septembre 1850. ■ Egerie; de Gasparis, a Naples, 2 novembre 1850. Irene; Hind, a Londres, 19 mai 1851; de Gasparis, a Naples, 23 mai 1851. Eunomia ; de Gasparis, a Naples, 29 juillet 1851. Psyche; de Gasparis, a Naples, 17 mars 1852. Thetis; Luther, a Bilck, 17 avril 1852. Melpomene; Hind, a Londres, 24 juin 1852. Fortuna ; Hind, a, Londres, 22 aout 1852. Massalia ; de Gasparis, a Naples , 19 septembre 1852 ; Chacor- nac, a Marseille, 20 septembre 1852. Lutetia; Goldschmidt, a. Paris, 15 novembre 1852. Calliope; Hind, a Londres, 16 novembre 1852. Thalie ; Hind, a Londres, 15 decembre 1852. Phocea; Chacornai, a Marseille, 6 avril 1853. Themis; de Gasparis, a Naples, 6 avril 1853. Proserpine ; Luther, a Bilck, 5 mai 1853. Euterpe; Hind, a. Londres, 8 novembre 1853. Nous ferons remarquer que dans le tableau du Cosmos, on a ou- blie Parthenope , et assignc a Hygie la date du 14 avril 1849, au lieu du 11 mai 1850. conservation des bles. M. Moitrie', modeste proprietaire de Baccarat, Meurthe , adresse a l'Academie des sciences et a la Societe imperiale et centrale d'agriculture la description d'un moyen simple, beaucoup plus pratique et plus economique que ceux deMM. Arnaud, Her- pin, Doyere, pour defend re les bles des alucites et autres insectes nuisibles. COSMOS. 285 c Aussitot, dit-il, que je rernarque 1'agglomeVation des grains de ble sur le tas, je le fais rdpandre en couches de 18 a 20 centimetres d'epaisseur. II est ensuite pietine en tous sens par un manoeuvre chausse de souliers ou de sabots , en ay ant soin de ne point repasser dans les memes pas, mais sur les elevations formees par la pres- sion de ses pieds, et de temps a autre de relever les bords de la couche , afin que tous les grains soient bien pietinfe et fortement frottes les uns contre les autres. Voila le choc que je fais imprimer au ble et dont je me sers depuis 1852. II est bien suffisant pour tuer les larves et les insectes, et surtout les teignes et les charancons, aussi efficacement que le meilleur tue-teigne. « Le ble, arrive a ce point, est crible d'une maniere quelconque pour en separer une sorte de poussiere. Cette derniere operation faite, il ne reste plus qua placer le ble dans un lieu convenable dont les ouvertures seront parfaitement fermees, soit par des chassis vitres, soit par des volets interieurs , si on veut Jui conserver sa couleur doree ; et quand on juge a propos de changer l'air du gre- nier, il ne taut le faire que par un vent du nord ou du nord-est, par les ouvertures de ces cotes, afin d'empecher les insectes qui sillon- nent 1 'atmosphere aussitot le retour des chaleurs, de venir s'abattre sur les tas de ble. « J'estime que l'hectolitre de ble, ainsi travaille, revient de 15 a 20 centimes, ici ou la journee d'un bon manoeuvre est de 1 fr. 50 e. a 2 fr. Mais le prix de revient sera sensiblement rMuit si 1' operation est faite par le cultivateur, ou ses ouvriers, ou par les proprietaires qui possedent les ustensiles necessaires le plus ordinairement. SALEP FRANgAIS. M. Basset nous communique la note suivante sur le parti avan- tageux que l'on pourrait tirer du slajeul commun, pour preparer une sorte de salep francais, ou substance alimentaire analeptique d'excellente qualite. " La cultui-e du glayeul commun (gladiolus communis, Linnee) est tres-simpleettres-facile; il croit volontiers partout, pourvu que Je sol soit frais et n.i-sablonneux. On en plante les bulbes au prin- temps, a 30 centimetres de distance en tout sens, sur un bon la- bour preparatoire fait a la beche. Quelques sarclages sont neces- saires dans le cours de 1'ann^e pour tenir le sol propre et libre de mauvaises herbes, et Ton recolte a l'automne, quand les tiges sont mortes. ° " Le glayeul produit une trfes-grande quantite de petites bulbes 286 COSMOS. dont la grosseur varie depuis celle d'une noisette jusqua celle d'un ceuf de pigeon. Ces bulbes, que j'ai analysees, contiennent en fecule un tiers deleur poidsal'etat frais, et apres la dessiccation, a 120% la proportion de fecule est de 92 a 96 0/0. « Voici du reste l'experience que j'en ai faite : 500 grammes de ces bulbes, depwuillees de leur epiderme, qui s'enleve tres-facilement ont £te jetds dans de l'eau bouillante, contenant environ 2 centiemes tie soude. Apres les y avoir fait bouillir pendant cinq minutes, j'ai remplace l'eau sodee par l'eau ordinaire, dans laquelle s'est achevce la cuisson. Cette cuisson a demande douze minutes. J'ai soumis alors les bulbes egouttees a la dessiccation, a. la pulverisation, et j'ai obtenu 434 grammes de farine d'un blanc legerement jaunatre, eminemment propre a la confection des potages analeptiques et for- tifiants , d'un gout savoureux et legerement parfume d'un arriere- goiit de noisette. - M| Basset constate qu'au point devue alimentaire sous le rapport de l'hygiene, dans la convalescence des maladies longues qui epuisent et ruinent le temperament, cette substance toute franchise serait aussi avantageuse, aussi utile que les produits de l'lnde, de la Perse ou du Nouveau-Monde. Ce produit coiiterait au plus 25 a 30 centimes le demi-kilogramme, tandis que Ton vend 3 francs, et meme 5 francs, le demi-kilogramme de tapiocas, de saleps, d'arovvroots etrangers ; n'est-il pas evident par la meme que 1' exploitation du glayeul commun peut devenir l'objet d'une grande industrie , d'une Industrie a la fois eminemment lucrative et bien- faisante? CHALUMEAU A EFFET CONTINU. Avecles chalumeaux ordinaires, ilest indispensable de s'habituer a produire un jet continu et regulier en expulsant I'air contenu dans la bouche par la seule action des muscles de la joue, sans faire au- cun effort de la poitrine : pour renouveler cet air dans la bouche, il faut aspirer par le nez. Tout le monde ne parvient pas a. faire sans fatigue cette s£rie de mouvements organiques ; aussi tres-peu de personnes deviennent-elles habiles a manier le chalumeau, instru- ment excellent cependant, et qui dans l'analyse chimique vaut a lui seul une boite a reactifs. Avec le chalumeau a effet continu de M. de Luca, toutes les difficultes s'^vanouissent ; il n'y a plus ni apprentissage a faire, ni effort penible a produire, l'operateurn'a plus simplement qu'a souffler. Tout le secret de ce charmant appareil, construit par M. Mathieu, fabricant d'instruments de chirurgie, consiste dans l'adjonction d'une boule en caoutchouc vulcanise^ COSMOS. 287 munie a i'interieur d'une soupape qui s'ouvre de dehors en dedans et se ferme de dedans en dehors, et qui est placee a Texti-omite" du tube- embouchure. Cette soupape, qui permet l'entr^e de l'air, en empeche la sortie par le tube adducteur ; comprime a la fois par le souffle et la boule en caoutchouc qui tend a reprendre son volume primitif, l'air s'echappe regulierement et d'une maniere continue a travers la pointe du chalumeau, sans qu'il soit necessaire de souffler constamment, commecelase pratique dans le chalumeau usite. On peut done, a l'aide de cet artifice, entretenir la flamme du chalumeau pendant des heures entieres sans eprouver de fatigue et sans imposer une gene quelconque a la marche normale de la respi- ration. Avecla modification proposee par M. de Luca, le reservoir cy- lindrique du chalumeau ordinaire cesse de devenir indispensable ; il est en effet avantageusement remplace par la boule en caoutchouc, qui serf a la fois de reservoir et de condensateur , ce qui permettra de rendre la construction de cet instrument plus economique. C'e*t peu de chose en apparence que l'invention de M. de Luca; mais e'est beaucoup en realite. Appliquee d'abord au chalumeau, la boule en caoutchouc passera successivement dans les pompes pour remplacer le reservoir d'air, et rendre leur jet continu, dans les en- criers, dans les lampes, etc., etc. Nous aurons a reveler bientot une application bien plus importante encore, et qui est due a M. le docteur Gianetti. NOUVELLE PROFRIETE ELECTROSTATIQUE PAR M. VOLFICELLI. Des experiences reiterees et variees de differentes manieres ont fait voir que des corps parfaitement isoles, developpent, lorsqu'ils viennent a se rapprocher, une tension electrique, tandis qu'en s'e- loignant ils en developpent une contraire. En recherchant la cause de ce phenomene , M. Volpicelli a decouvert une propriete eleetro- statique qu'il croit nouvelle et qui consiste dans le fait suivant : " Lorsqu'une tige isolante, en verre, en cire d'Espagne ou en soufre parcourt, dans le sens de sa longueur, un support isole (par exemple en glissant a travers un ou plusieurs anneaux en commu- nication ou non avec le sol), l'electricit(5 naturellede cette tige se dis- tribue par le frottement qui nait du mouvement, d'une maniere tres- remarquable, e'est-a-dire que l'electricite s'accumule dans une des extremites de la tige et diminue en meme temps dans l'autre, en 288 COSMOS. sorte qu'il y aun point entre ccs extremites qui se trouve en etat d'electricite naturelle. Ainsi les extremites de la tige vont se con- stituer par ce mouvement l'une a l'etat d'electricite positive, l'autre d'electricite negative, et la tige acquiert par consequent une pola- rite electrostatique. " L'extremite anterieure de la tige, c'est-a-dire celle qui est du cote vers lequel s'opere le mouvement, pr^sente, si la tige est en verre, l'electricitd positive, et la posterieure, l'electricite negative; le contraire a lieu si la tige est en cire d'Espagne ou en soufre. " La polarite electrostatique se manifeste dans les extremites meme quand le frottement n'a lieu que sur une tres-petite partie, au milieu de la tige isolante, de maniere que pendant ce frottement les extremites n'en subissent d'aucune espece. En faisant usage de l'eiectroscope de Bohnenberger, j'ai trouve que la plus petite excur- sion de la tige sur les supports suffit pour que le phenomene se ma- nifeste. » Nous sommes force, bien a regret, de renvoyer a. la prochaine livraison 1' article Photographie. Nous apprenons avec un grand bonheur que M. Niepce de Saint- Victor, l'inventeur de la photographie sur alhumine, et le realisateur de la gravure heiiographique, a ete promu d'abord au grade de chef d'escadron de gendarmerie; puis, par la volonte de S. M. l'Empe- reur, nomine commandant du Louvre. UNE SOLENHEUE ET RASSURANTE ADHESION. M. Faraday a daigne nous remercier par une lettre bien chere de la publicite que nous avons donnee dans le Cosmos, avant meme que les journaux scientifiques anglais en eussent parle, a ses si gran- dioses experiences. II regrette seulement , parce que le nora de Clarke est, tres-commun en Angleterre, que nous n'ayons pas ap- pele de son nom distinctif Latimer Clarke, l'liabile ingenieur des ateliers de gutta-percha, qui a reproduit sous ses yeux les faits qu'il discute et explique avec tant de bonheur. Nous avions prie l'illustre physicien de nous dire son opinion sur la note de M. L£on Foucault, et il nous repond par une adhesion entiere qui rejouira grandement le jeune physicien francais, en meme temps quelle re- tablira la verite historique sur un point delicat de la science de l'electricite. Nous traduisons litteralement : « Les resultats obtenus par M. Foucault m'ont tres- fortement impressionne, et je suis heureux de voir qu'ils confirment mes propres opinions; opinions dont je dois dire, puisque vous m'inter- rogez, qu'aucune raison ne m'a fait tendre a les abandonner. Je veux parler de la croyance que les electrolytes fluides ont une conduction ou une conductibilite propre qui n'est pas la conductibilite electro- lytique. Dans l'annee 1833, jai montre que les electrolytes solides, comme la glace, a une temperature tres-basse, l'iodure de potas- sium, le chlorure de sodium, le chlorure de plomb, etc., peuvent conduire l'electricite avec une intensite suffisante pour affecter un electrometre delicat a feuilles d'or, et cela hbrement. Par cela meme qu'ils ont ce pouvoir, il y a toute raison d'admettre qu'ils le pos- sedent pour de l'electricite a intensite moindre, et proportionnelle- ment a cette intensite. Or si les corps, qui, alors que devenus solides ils ont cesse d'etre des conducteurs electrolytiques , sont cependant en possession d'ltn pouvoir conducteur propre , semblable a celui desmetaux, on ne doit pas s'attendre, il me semble, a ce qu'ils perdent ce pouvoir lorsqu'ils sont liquefies; et, par consequent, j'ai toujours cru que de semblables liquidesjouissent de ce pouvoir con- ducteur. « En 1834, lorsque j'ai examine a, fond la conductibilite des liquides, j'ai done dit en termes formels : II est probable que le pou- voir conducteur ordinaire des electrolytes a l'etat solide est le meme que celui qu'ils possedent a, l'etat liquide relativement aux courants dont la tension est au-dessous de l'intensite necessaire a la decora- position electrique. » [Exper. Reseaiches, part. 984.) 290 COSMOS. « Les experiences de M. Foucault sont pour moi vraiment con- vaincantes ; quoique je ne lcs aie pas reptitdes, et que j'eprouve une grande difficulte a juger de ce que je n'ai point vu , M. Foucault cependant a fait preuve d'une telle perception mental e, d'un tel pouvoir de discernement, d'une telle habilete d' experimentation que je me repose avec grande confiance sur ses descriptions et ses con- clusions. « Koyal-Institutioti, ler mars 1854. « Michel Faraday. » Quelques personnes ont semble croire que M. Jamin repoussait la conductibilite propre des liquides composes, la conductibilite phy- sique distincte de la conductibilite chimique ; hatons-nous de dire qu'd n'en est rien, que le jeune et savant professeur de l'Ecole poly- technique est sur ce point essentiel tout a fait d'accord avec M. Leon Foucault. Ce que M. Jamin revoque en doute , c'est la valour de la demonstration publiee dans le Cosmos ; il ne veut pas que Ton con- clue de la non-apparence de decomposition ou de production des gaz a la non-production reelle; de ce que, dit-il, dans un de vos deux voltametres vous n'avezpas vu de gaz se degager, vous ne pouvez pas conclure que la decomposition n'a pas lieu, puisque moi, dans des experiences semblables aux votres, j'ai constate, la ou vous n'a- vez rien vu, des phenomenes d'electrisation, de condensation, etc., quiprouvaient une decomposition reelle. Voilatoute l'argumentation de M. Jamin, et pour la rgfuter, il suffirait a M. Foucault de prou- ver que ses deux voltametres etaient bien, a la difference de conduc- tibilite pres, dans les memes conditions , dans les conditions qu'e- noncait si bien M. Regnault dans la derniere seance de l'Academie, ou il n'y a pas production extraordinaire d'ozone , ou les gaz de- gag6s sont sensiblement dans le rapport de 1 a 2. Quant a la con- ductibilite physique en elle-meme, repetons-le, M. Jamin l'admet formellement. Et comment et pourquoi ne l'admettrait-on pas! M. Ruhmkorff nous a montre, il y a longtemps, des courants excessivement faibles n&3 du contact de metaux plonges dans l'eau pure, et qui traver- saient une bobine a fils fins de trois mille metres de longueur. De meme que les liquides jouissent par rapport a la chaleur d'une double conductibilite, d'une conductibilite mecanique resultant du displacement des molecules, d'une conductibilite physique propre, semblable a celle des corps solides, et mise en evidence par les ce- lebres experiences de M. Despretz, de memo les liquides ont, par COSMOS. 291 rapport a l'electricite, deux conductibilites , l'une chimique par de- composition et recomposition successives; l'autre, physique, qui leur est commune avec les corps solides ou les liquides indecompo- sables. La conductibilite physique pour la chaleur est extremement petite quand on la compare a la conductibilite mecanique, si petite qu'on l'a longtemps niee ou revoquee en doute; de meme la con- ductibilite physique pour l'electricite est extremement petite, com- pared a la conductibilite chimique ou electrolytique. On verra par l'analyse du mthnoire de MM. Franz et Wiedeman, qui aurait du etre publie il y a six mois, que les jeunes physiciens de Berlin enon- cent comme un fait extraordinaire, mais incontestable, que les con- ductibilites relatives des corps pour l'electricite sont exactement les memes que leurs conductibilites relatives pour la chaleur ; des lors, puisque l'eau a une conductibilite physique propre pour la chaleur, elle doit necessairement avoir une conductibilite propre pour l'elec- tricite ; et cette conductibilite' est exprim£e par Ie nombre tres-petit qui, dans les experiences de M. Despretz, repr£sente la conductibi- lite de l'eau pour la chaleur. Un probleme bien pose est un probleme resolu. Nous avons nette- ment pose le probleme de la conductibilite propre ou physique des liquides pour l'electricite ; aucun physicien ne parviendra desormais a l'entourer de nuages. Nota. Nous recommandons a l'attentionde MM. Jamin, Leblanc et Soret, le passage suivant d'une lettre de M. Matteucci, datee de Forli, le 10 septembre 1850, et ins£ree dans la Bibliotheque uni- verselle de Geneve, t. 45, p. 140 : "II etait doncsuffisammentprouve' que le degagement de 1'hydrogene au pole ne"gatit' de la pile, cessait d'avoir lieu uniquement parce que le gaz etait employe a reduire les oxydes metalliques deja separes de leur combinaison avec les acides, par l'effet de la pile. » Voila done 1'hydrogene a l'etatnaissant, e'est-a-dire, au moment ou il provient de la decomposition de l'eau, opert^e par le courant electrique , capable de decomposer les oxydes , propriete qu'il ne possede ordinairement qu'a des temperatures elevees. » Cette note est vraiment remarquable ! ACADEMIE DES SCIENCES. STANCE DU 3o MAKS 1 854, Aussitot apres la lecture du proces-verbal , M. Duvernoy de- mande la parole pour protester, avec une noble et sainte indigna- tion, centre l'intention que lui pretait M. Serres, de se refuser a separer entierement 1'homiTie de l'animalite, de disputer a l'homme un caractere specifique, parfaitement tranche, qui lui assign e un rang a part dans l'echelle des etres ; nous nous faisons un devoir d'inseVer textuellement cette dloquente protestation, cette solennelle profession de foi. M. Serres repond qu'il n'est jamais entre dans sa pensee d'as- similer M. Duvernoy aux zoologues materialistes qui, par une ten- dance fatale et avec une persistence deplorable, voulaient faire descendre de la simiologie a l'encephale si degrade des poissons, en passant par les phoques, le caractere le plus specifique de l'ence- phale humain. « Entre M. Bory de Saint-Vincent et M. Duvernoy il y a, dit-il , certainement une difference enorme ; inais si notre honorable collogue eut suivi la marche de l'anatomie moderne, il cut vu que, derriere la jonction du nerf optique, on trouve, chez les em- bryons, un disque de matiere grise, semblable a la commissure molle des couches optiques. Cette matiere devient apparente au deuxieme mois du mouton, au commencement du troisieme du oheval et du veau, et a la meme epoque chez l'embryon humain. Avant l'arrivee des nerfs optiques, et pendant la separation ante- rieure des pedoncules, on remarque, en cet endroit, un petit tuber- cule gris qui, plus tard, se confond, en se reunissant a celui du cote apposi, en une masse homogene sans raphe apparent; e'est une veritable conjugaison de pedoncules. Chez les embryons des singes, chez ceux des carnassiers et chez quelques ruminants, un sillon median tres-faible vient diviser cette masse en deux parties : la presence de ce sillon opere sur elle un effet analogue a celui de la formation du sillon sur les tubercules quadrijumeaux ; il parait forme sur le plateau des eminences par l'ecartement des pedoncules en avant. Chez l'embryon humain, le sillon se developpe vers le sixieme mois; alors la masse grisatre se bouche extdrieurement en arriere et se deprime dans son milieu. Au septieme mois, le sillon se prononce fortement ; une pellicule blanchatre parait sur la superficie des eminences aux huitiemes et neuviemes mois ; elles deviennent sphdriques et sont tellement isolees l'une de l'autre, qu'on douterait COSMOS. 293 de leur reunion primitive, si, comme l'ont fait avant moi Haller, les freres Wentzell et Tiedraann, on en avait suivi toutes les transfor- mations. « De plus , ces transformations eussent montre, d'une part, le me- canisme admirable par lequel s'etablit la suprematie de l'encephale de 1'homme ; et il eut vu, d'autre part, comment et pourquoi le cer- veau des singes, celui des carnassiers et des ruminants ne sont, sous ce rapport, que des temps d' arret de l'encephale humain. » Voici, maintenant, la reponse de M. Duvernoy : « Je me determine a regret a r^pondre a la seconde attaque de M. Serres. Si elle est differente, pour le fond et pour la forme, de sa replique verbale, qui n'etait peut-etre pas assez academique pour le ton qu'il prend avec un confrere, dont les publications ont contribue a, lui ouvrir sa carricre anatomique , elle n'en comprend pas moins une insinuation que je me fais un devoir de repousser. " Les anatomistes ne pourront s'empecher de sourire, lorsqu'a l'occasion des tubercules mamillaires de 1'homme, refuses obstine- mentpar M. Serres aux Mammifcres, ils liront la phrase qui ter- mine la replique de notre confrere, et qui commence ainsi : « L A- cadeinie jugera par les details anatomiques, etc. » " Lorsque M. Serres aura eleve 1'homme, dans ses publications, comme je me suis efforce de le faire dans huit leenns d'anthropologie professees au college de France en 1849, et dont un extrait fidele a et6" imprime dans la Revue zoologique de 1850, je lui en ferai com- pliment. Mais aucune circonstance de ma longue vie ne lui a donne le droit de me dire, a l'occasion du cerveau des poissons, que j'a- baisse 1'homme arbitrairement audessous du rang eleve et excep- tionnel dans lequel la nature Pa place. >• Cette phrase, sans doute , n'a aucune ported scientifique, comme je vais le prouver, mais elle renferme une insinuation qui pourrait paraitre fondle, aux personnes, du moins, auxquelles les connaissances anatomiques ne sont pas familieres. Je la repousse de toute l'energie de mon ame ; je la repousse par les doctrines que j'ai professees toute ma vie, d'apres mes plus intimes convictions, sans egard pour les idees regnantes, encore moins pour encenser les saints du jour. « J'en viens a present a la question scientifique qui predomine dans la replique de M. Serres, celle sur l'existence des eminences mamillaires. « M. Serres ne les reconnait que chez 1'homme, et nie leuriprd- sence chez les animaux vertebras. 294 COSMOS. « Les Eminences qui sont a la merae place et qui, dansbeaucoup de cas, chez les Mammiferes, sont reunies en une seule, il les de- termine, ainsi que chez les Poissons, comme eHant le tuber cinereum ou le tubercule cendre\ ■• Comment decider cette question? Par trois circonstances ana- tomiques : •« 1" Celle de la nature de la substance de ces eminences. Elle est grise dans le tuber cinereum, dans toute la partie exterieure, de la, son nom ; elle est blanche, au contraire, dans les eminences mamillaires, du moins a leur surface et dans la plus grande partie de leur epaisseur. « 2° Viennent ensuite les rapports de position et de connexion. « Des dissections dedicates, difficiles sans doute, conduisent a demontrer, dans les Mammiferes, que les piliers anterieurs de la voute viennent aboutir dans les eminences mamillaires. Jel'exprime dans ma premiere reponse (pages 368 et 369 des comptes rendus de l'Academie), au sujet du Sa'i capucin, du Sa'i roux et du Sajou. « 3° En troisieme lieu, l'existence simultanee des eminences ma- millaires et du tuber cinereum demontre incontestablement la presence de ces eminences chez les mammiferes ( voir encore l'ar- ticle que je viens de citer). » La grande extension donn^e par M. Serres, a cette discussion particuliere, sur l'existence exclusive des Eminences mamillaires chez riiomme, et sur le developpement extraordinaire du tuber ci- nereum chez les vertebres et surtout chez les poissons , n'est qu'une citation continuelle de son ouvrage , dont la publication , il ne faut pas l'oublier, date de 1824. Mais la science a marche durant ce long espace de trente annees. « L'ouvrage de M. Serres, quelque merite qu'il ait pu avoir lors de sa publication, particulierement sous le point de vue sans doute tres-interessant de i'embryogenie, n'a pas du arreter les pro- gres de l'anatomie comme de nouvelles colonnes d'Hercule. « Je n'en citerai qu'un exeinple parmi beaucoup d'autres. II montrera que sa doctrine sur les eminences mamillaires comme propres a l'homme, n'est pas adoptee dans l'enseignement. » Voici les determinations professees dans un ouvrage el£men- taire d'anatomie veterinaire, sur l'existence simultanee du tuber ci- nereum et des eminences mamillaires chez les Mammiferes do- mestiques : « Au point d'union de la tige pituitaire avec le plan- .« cher du troisieme ventricule, est un amas peu considerable de « matiere grisatre, qui a re9u le nom de tuber cinereum. COSMOS. 295 « Le corps pisiforme ou tubercule mamillaire est en arriere de « la tige pituitaire et ne peut etre decouvert qu'apres l'enleve- » ment de l'appendice ou son renversement en avant. Ce petit •• corps, blanchatre et gros comme un pois, est double dans les " carnassiers , comme chez l'homme ; il est le point oil aboutis- .. sent les deux piliers anterieurs du trigone cerebral. » " Mes deux rapports ont montre de tres-sensibles progres clans la connaissance du cerveau des poissons, que renferment les deux Memoires de MM. Philipeaux et Vulpian. « Ce sera desormais a ces messieurs a defendre leurs determina- tions des differentes parties du cerveau dans cette classe, et a de- montrer 1'exactitude de leurs observations anatomiques ; entre autres celles concernant la voiite et ses piliers, que M. Serres denie aux poissons, qu'ils decrivent cependant dans cette classe, et que j'ai vue dans leurs dissections. « Si notre confrere juge a propos de r^pliquer encore a ma nou- velle defense, je declare a l'Academie que je garderai le silence. « A mon age, le temps qui reste est trop precieux pour l'em- ployer a des discussions qui ont le double inconvenient de ne pas avancer la science, et de detourner de travaux qui se multiplient sous vos pas a mesure qu'on descend le torrent de la vie. » ■ — ■ M. Elie de Beaumont, qui a enfin repris sa place au bureau et qui remplit ses fonctions de secretaire perpetuel, appelle 1' atten- tion de l'Academie sur d'admirables vues panoramiques des gran- des chaines de montagnes de la Suisse, du mont Rosa, du Fiste- rahorn, du mont Cervin, etc., prises par l'un des plus habiles pho- tographes de la France et du monde, par M. Martens. Nous con- sacrerons une notice speciale a ces "nouveaux chefs-d'oeuvre , qui sont en meme temps une heureuse application de la photographie aux sciences. — M, Babinet lit un court rapport sur les tableaux thermome- triques de la saison des eaux a Bareges, en 1853, par M. le doc- teur Campmas, medecin principal des armees, chef de service de l'hopital militaire et thermal de Bareges. Comme ce rapport est tres-court et qu'il renferme des apercus precieux, nous l'insererons textuellement. « M. le docteur Campmas prdsente a l'Academie le resultat des observations thermometiipies de cette localite , pour la saison des eaux, savoir : en juin , juillet, aoiit et septembre 1853, et il offre, si l'Academie le iuge utile, de continuer ses observations a Tavenir. j i Au point de vue purement scientifique, et pour les progres de la 296 COSMOS. meteorologie, son travail seraitd'une importance secondare; mais, au point de vue de l'hygiene, et venant d'un praticien de premier ordre, 1' Academie pensera sans doute qu'en joignant aux observa- tions du thertnometre celles du barometre, du psychrometre et de la direction des vents, et en mettant en regard les effets hygieniques et pathologiques concomitants, M. le docteur Campmas rentrera dans une voie peut-etre restreinte, mais dont, a coup sur, l'initiative sera du plus heureux augure et d'un avantage incontestable. Dans le vaste domaine de la mcteorologie, les influences de l'atmosphere, sur 1'homme en sante et surtout sur l'homme malade, sont aussi importantes a connaitre que peu etudiees jusqu'ici. .. On pourrait extraire du travail de M. le docteur Campmas plu- sieurs faits curieux de variations thermometnques ; mais, comme d n'a point donne la direction du vent, ces deductions laisseraient ne- cessairement a desirer. » Les conclusions de ce rapport sont que 1' Academie remercie M. le docteur Campmas de sa communication, et que, d'apres son oflre, elle l'engage a suivre et a completer, surtout par des obser- vations hygieniques, ses tableaux met^orologiques. M. Le Verrier annonce la decouverte d'une vingt-huitieme petite planete faite presque simultanement et independamment, a Londres par M. Marth, de l'observatoire de M. Bishop, a Pans par M. Chacornac, de l'Observatoire imperial ; nous avons donne plus haut les details de cette decouverte, mais voici un incident nouveau. Au moment oil M. Le Verrier proclame l'existence de la vingt-hui- tieme planete, M. Elie de Beaumont l'arrete, en lui disant : Prenez garde que votre vingt-huitieme planete ne soit en reahte que la vingt-neuvieme, car voiciune lettre de M. Luther, de Bilk, qui an- nonce de son cote la decouverte faite par lui dans la nuit du 1" mars d"un ast^oride nouveau, dont il assigne ainsi la position : Temps moyen de Bilk 12 ' 24' Ascension dro.te 181° 23' 37" 3 Declinaison austiale. 7" l' 32" 3 La difference des ascensions droites, la difference et le sens con- traire de la declinaison, boreal pour la planete de Paris et de Londres, australe pour la planete de Bilk, ne laissent aucun doute sur la realite de deux astres distincts. M. Luther a done en effet decouvert la vingt-huitieme petite planete; MM. Marth et Cha- cornac la vingt-neuvieme. La campagne de 1854 s'ouvre done avec un errand eclat ; les lunettes sont braquees de toutes parts sur la zone COSMOS. 297 stellaire ecliptique; des sentinelles vigilantes sont a leur poste pendant toutes les nuits; une noble emulation centuple leur ardeur et leur force: le ciel, de son cote, se montre complaisant a l'exces; il s'est depouille de tous ses nuages ; il est done bien certain, comme le disait M. Le Verrier a l'Academie, qu'aucune des petites planetes dont la visibilite est comparable a celle des etoiles de douzieme grandeur n'echappera a. l'ocil percant des Hind, des de Gaspans, des Luther, des Chacornac, etc., etc. M. Francis Delessert lit divers extraits d'une longue lettre de M. Bonpland, dont l'Academie etait fort inquiete, parce qu'elle n'en avait re$u aucunes nouvelles depuis sa longue sequestration au Paraguay. L'honorable correspondant , aujourd'hui age" de quatre-vingt- deux ans, a reconquis enfin sa liberte ; il a acquis dans la province de Corrientes une vaste propriety de 5 lieues de superficie qu'il cul- tive par lui-meme ; nous emprunterons a sa lettre, quand elle aura ete publiee , des details pr^cieux sur diverses plantes de l'Ura- guay. — M. Jamin, dans une note assez courte, communique les r£sul- lats des experiences dont il a deja entretenu l'Academie, et qu'il avait consignees dans un paquet cachete ; nous reproduirons cette note integralement quand notre jeune et savant ami aura termine quelques nouvelles experiences. — M. Desains lit en son nom et au nom de M. la Provostaye, 1' analyse de leurs nouvelles recberches experimentales sur le pou- voir calorifique emissif des diverses substances a des temperatures plus ou moins elevees. Leur note, tres-importante et que nous re- produisons textuellement , contient une nouvelle methode d' obser- vations tres-ing^nieuse , et un nouveau mode de mesure riche aussi d'avenir. « Jusqu'ici la determination des pouvoirs emissifs des corps a ete faite a 100 degres ou environ. Dans le travail que nous avons l'hon- neur de soumettre a l'Academie, nous avons pour but principal de les mesurer a de hautes temperatures. Pour faire comprendre l'interet qui s'attache a la solution de cette question, nous devons rappeler : 1° que, d'apres MM. Dulong et Petit, les pouvoirs emissifs demeu- rent constants a toutes temperatures ; 2° que, pour des motifs divers, que nous avons deja enonces autre part, nous etions portes a. revo- quer en doute ce principe fondamental. II etait done important de trouver un procede direct et sur qui permit de lever tous les doutes, 298 COSMOS. et c'est effectivement une methode de ce genre que nous allons indi- quer en peu de mots. - Nous prenons pour corps rayonnants une lame de platine tres- mince, de 18 millimetres de largeur et 75 millimetres de longueur, que nous portons a volonte" a toutes les temperatures comprises entre 100 et 600 degres, a. l'aide d'une pile de Bunsen d'une tren- taine de couples souvent assembles 4 a 4. Ce mode d'echaurlement a un avantage considerable qu'un mot suffira pour faire apprecier. II permet d'elever ou d'abaisser, pour ainsi dire, instantanement la temperature en augmentant ou rdduisant le nombre des couples qui font partie du circuit. L'on peut ainsi verifier a tout instant que la surface n'est pas alteree d'une maniere permanente; et, sans d£- placer la lame , sans deplacer l'appareil mesureur , lire successive- ment et alternativement quelle est la valeur du pouvoir emissifa 100 et a 5 ou 600 degres. « Notre methode de mesure presente une innovation non moins grande. Elle consiste essentiellement dans l'emploi simultane de deux appareils thermoelectriques, compares d'avance, dont Fun sert de temoin, et rend les resultats parfaitement surs, meme quand il s'agit de mesurer des rayonnements qui varient d'un moment a l'autre. « Voici comment on peut concevoir la marche des operations. On recouvre les deux faces de la lame d'un enduit identique, de noir de fumde par exemple (1). On porte la lame a 100, a 300, a 400 degres, et on determine par tatonnement la position des deux ills pour pour qu'elles donnen> les memes deviations sous l'influence simut- tanee des deux rayonnements. Cela fait, on remplace l'un des en- duits par un autre, tel que du borate de plomb, et on observe de nouveau simultanement les deux emissions. Si la quantite de cha- leur envoyee par le noir de fumee reste exactement la meme, le rapport des deux deviations produites par le rayonnement de l'autre face , successivement couverte de noir de fumee et de borate de plomb, donne le pouvoir i-missif de la derniere substance. Si la source a un peu varie, si la temperature s'est un peu elevee ou abaissee , la correction peut se faire immediatement. <■ II est facile de voir qu'on peut arriver aux memes resultats en modifiant legerement le procede , et qu'il n'est pas necessaire d'a- (1) Dans quelques cas, quand on veut atteindre des temperatures un peu Iiautes, il faut remplacer le noir de fumee qui brule ou se souleve par un melange forme de trcs-peu de borate de plomb e! de beaiicotip d'oxyde de cuivre. COSMOS. 299 mener les deux appareils thermoelectriques a donner exactement les memes deviations dans la premiere partie de l'experience. Mais ce sont la des details sur lesquels il est inutile d'insister. Nous nous bornons aussi a noter que c'est par l'intercallation de resistances convenables dans le circuit des piles thermoscopiques qu'on change leur sensibilite, de maniere qu'on puisse les laisser toujours dans la me me position, quoique les rayonnements deviennent 20, 30 fois plus intenses. " Telle est la methode. Voici maintenant un des re.-ultats qu'elle nous a fournis. Le pouvoir emissif du borate de plomb cprouve une forte diminution quand on eleve sa temperature au rouge naissant. A 100 degres il est e'gal ou sensiblement egal a celui du noir de fumee; a 550 degres environ, il n'est plus que 0,75. Du reste, le borate n'eprouve aucune alteration permanente; car en le ramenant a 100 degres, son pouvoir emissif reprend exactement sa valeur premiere. On peut ainsi s'arranger de maniere qu'il emette alter- nativement a peu pres autant de chaleur que le noir de fumee , ou seulement les trois quarts de ce qu'emet cette substance a meme temperature (1). « Nousavonsddja mesure d'une part, dans quelle rapide proportion le pouvoir absorbant du blanc de ceruse et des substances analogues varie avec la qualite des rayons incidents, et prouve d'autre part que le pouvoir absorbant du platine ne change pas avec la tempe- rature de sa surface, pourvuqueles rayons incidents soient toujours les memes. Tout semble indiquer, par consequent, quoique quel- ques recherches nouvelles soient necessaires pour l'dtabhr com- pletement, que le pouvoir dmissif d'un corps varie, moins par suite d'une modification permanente ou passagere dans I'd tat de sa sur- face due a l'elevation de temperature, que par suite d'un change- ment dans la nature des rayons qui se prdsentent pour sortir. " Sans vouloir aujourd'hui entrer dans de plus grands details sur les applications de la methode que nous venons de faire connaitre, nous ajouterons que nous l'avons employee avantageusement dans d'autres recherches tres-differentes. Un exemple suffira. Nous avons deja annonce que les chaleurs rayonndes a meme temperature par des surfaces de nature diverse sont inegalement transmissibles a tra- vers le verre. Or, en prenant la lame de platine revetue sur une de ses faces de borate de plomb, quelques minutes suffisent pour reconnaitre que vers 400 a 450 degrds, la chaleur envoyde par la (1) Nous sommes arrives a ties consequences analogues, mais a des temperatures plus basses, en emplovaut ties l>ains d'allinges pour source de chaleur. 300 COSMOS. face platine traverse une lame cle verre dans la proportion de 39 centiemes, tandis que celle qu'emet la couche de borate a meme temperature ne passe a travers la meme lame que dans la pro- portion de 22 a 23 centiemes. » — M. Charles Bonaparte lit un memoire de M. Schirk , de Franc- fort sur les alterations des nerfs incises et sur leur regeneration. — M. Melloni protestede nouveau contre les conclusions de MM. de la Provostaye et Desains relatives a la non-transmissibilite en pro- portions toujours egales de la chaleur ravonnante a travers le sel gemme, quelle que soit la temperature ; ne pouvant determiner les deux physiciens francais a retracter leurs assertions, il en appelle au jngement du monde savant et des physiciens de tous les pays. — M. de la Rive fait hommage a l'Academie du premier volume de l'edition franchise de son Traite de I'electricite, nous consacre- rons un long article de noire prochaine livraison a 1'examen de cet important ouvrage. — L'Academie procede a la nomination d'une commission com- posed de six membres chargee de presenter une liste de candidats a la place d'associe etranger devenuevacante par la mort de M. Leo- pold de Buch. Les membres qui out obtenu le plus grand nombre de voix et qui formeront la commission sont MM. Elie de Beaumont, Liouville, Flourens, Thenard, Biot et Chevreul. — M. Dareste presente la note suivante sur la coloration en rouge ou en jaune des mers de la Chine : " Les observations de M. Ehrenberg , celles plus recentes de MM. Evener Dupont etMontagne, nous ont appris que les eaux de la mer Rouge sont a certaines epoques colorees en rouge par le developpement en quantity prodigieuse d'algues microscopiques appartenant a une espece que le premier de ces savants a decrite sous le nom de trichodesmium crjtliraeum. Des l'epoque oil les observations ont etc faites, on a pense qu'elles donneraient l'expli- cation d'un grand nombre de colorations accidentelles des eaux de la mer, phenomenes dont il est question dans beaucoup de recits de voyage. On a pense egalement que de pareils phenomenes se- raient plus frequemment observes et decrits, du moment que les naturalistes en auraient demontre l'intdret scientifique. Je dois a l'obli- geancede M. Mollien, ancien consul general de France a la Havane, et l'un des Francais qui ont penetrd le plus avant dans l'interieur de l'AIYique, d'avoir pu observer un nouveau fait de ce genre. « M. Mollien a observe l'annee derniere que la mer de Chine etait COSMOS. 301 coloree enjaune et en rouge sur une tres-grande e ten clue, et que cette coloration n'etait point continue ; mais quelle se presentait par plaques separees les unes des autres par des intervalles transpa- rents. La couleur rouge predomine dans cette partie de la mer qui est appelee plus specialement mer de Chine (Nan Hai) , celle qui ba'gne les cotes de la partie meridionale de la Chine , au sud de l'ile de Formose; tandis que la couleur jaune predomine au nord de i'ile, dans la partie de la mer que Ton designe sous le nom de mer jaune (Heang-Ha'i). « La cause de ce phenomene etait inconnue. M.Mollien, de retour en France, m'a remis une certaine quantite de cette eau coloree qu'il avait puisee dans un certain endroit ou la mer etait rouge, au mois de septembre dernier. Cette eau avait laisse deposer un limon de couleur brune que j'ai soumis a l'observation microscopique. J'ai reconnu que ce limon ne contenait point de particules terreuse et qu'il etait forme uniquement par l'agglomeration de petites algues, presque microscopiques, et plus ou moins alterees ; mais les debris sont assez remarquables pour que leur nature ne puisse etre douteuse, et pour quej'aie pu m'assurer que ces algues appar- tiennent a 1'espece meme que M. Ehrenberg a decouverte dans la mer Rouge. M. Montagne, dont l'autorite est si grande en pareille matiere, a bien voulu examiner les objets et me confirmer dans l'opi- nion que j'avais concue sur leur identite specifique avec les algues de la mer Rouge. M. Montague a recu, il y a quelques annees, cette meme algue de Ceylan, d'ou elle lui a ete envoy^e par M. Thwaites ; ainsi le trichodesmium crythraeum , se retrouve clans presque toute l'etendue de la mer du Sud, depuis l'Afrique jusqu'a la Chine, et cette petite plante microscopique est l'une de cedes qui occupent la plus large surface sur le globe. « Telle est ^videmment la cause de la coloration rouge que j'ai mentionn^e au commencement de cette note. Est-elle egalement la cause de la coloration jaune qui se retrouve surtout au nord de Tile de Formose? Pour qui connait la variabilite de la couleur des algues, le fait doit paraitre possible ; ici je n'ai pu malheureuse- ment faire d' observations directes ; mais je dois a ce sujet mention- ner un phenomene fort remarquable, observe le 15 mars 1846 a. Shangai, par le docteur Bellot , chirurgien de la marine royale d'Angleterre. - Ce phenomene a consiste dans une pluie de poussiere qui s'est produite pendant dix-sept heures, et qui a coincide avec la pre- sence au-dessus de 1' horizon d'un nuage qui, d'apres les calculs de 302 COSMOS. M. Piddington , curateur du Musee de geologie economique du Bengale, devait occuper line etendue de 3 825 milles car res. Cette poussiere, d'apres les observations chimiques et microscopiques de M. Piddington, etait former d'un sable quartzeux tres-fin, melange avec des filaments de nature organique, presentant les caracteres des conferves et impregnes d'un sel de soude. Pendant toute la duree du phenomene, le vent soufflait du N.-E,, c'est-a-dire de la pleine mer. Les petites algues qui constituaient la plus grande partie de cette poussiere, venaient toutes de la pleine mer, comme l'indique d'ailleurs le sel de soude, qui, ties-probablement, n'etait autre que le chlorure de sodium et le sable quartzeux si abondant comme on sait dans les bas fonds de la mer Jaune. « Les details tres-incomplets de cette observation ne me permet- tent point de decider si les conferves de M. Piddington appartien- nent a l'espece qui fait le sujet de cette note. II taut esperer que leur determination sera faite par les naturalistes qui auront l'occa- sion d' explorer les mers de la Chine. » — M. Leblanc adresse un enonce rapide des resultats obtenus par lui dans des experiences sur la decomposition de l'eau, resultats anologues a ceux auxquels M. Jamin est de son cote parvenu. M. Dumas certifie que les experiences de M. Leblanc sont anterieures a la communication de M. Jamin. — M. Regnault communique a son tour une lettre dans laquelle M. Soret, de Geneve, prend date comme M. Leblanc, pour des ex- periences sur la decomposition de l'eau. On voit que la note de M. Leon Foucault a produit un tres-grand effet dans le monde scientifique ; le Cosmos lui a porte bonheur, nous en sommes quel- que peu tier. A l'occasion de la communication de M. Soret, M. Re- gnault fait remarquer qu'il a toujours su 6viter la formation de l'o- zone, les condensations et les combinaisons signalees par MM. Ja- min, Leblanc, etc. : en elevant la temperature de l'eau qu'il decom- posait par la pile , en la maintenant presque a la temperature de l'eau bouillante ; les quantites de gaz qu'il obtenait ainsi et qui ser- vaient a ses experiences eudiometriques etaient toujours dans le rapport de la composition chimique, c'est-a-dire dans le rapport de 2 d'hydrogene pour 1 d'oxygene. — Le reste de la correspondance nous a completement echappe, a l'exception toutefois de la presentation des belles epreuves stereos- copiques de M. Claudet faite par M. Regnault et dont nous parle- rons a l'article photographie, dans cette livraison ou dans la livrai- son prochaine. VARIETfiS. RECHERCHES St'R LES AFFINITES CHIMIQUES. PAR M. MARGUERITE. Un jeune homme , possesseur d'une brillante fortune noblement acquise dans la grande industrie par son si honorable pere, M. Mar- guerite, a voulu subir a son tour les epreuves d'un long noviciat scientifique et partager pendant plusieurs amines les travaux du la- boratoire classique de M. Pelouze, a cote de M. Pelouze fils, dont nous avons raconte avec bonheur le brillant debut; a cotd de M. Pean de Saint-Gilles, dont M. Balard exaltait naguere les etu- des si consciencieuses etsi bien dirigees; a cote de M. Alvaro Rey- noso , dont les cnurageuses recbercbes sur Taction de l'eau a ime temperature elevee seront glorieusement inserees dans les memoires des savants etrangers, et qui, dans le dernier concours academique, a obtenu un noble encouragement, etc., etc. L'apprentissage fini, il fallait faire ses preuves pour passer niaitre ; et, dans ce but, M. Marguerite a traite a. fond une des questions les plus delicates, les plus obscures, les plus controversies de la chimie, une question longtemps et souvent agitee par les Bergman , les Berzelius, les Thenard, les Berthollet, les Gay-Lussac, mais dont le dernier mot n'etait pas dit encore, les affinites cbimiques consi- derees surtout dans les reactions de deux dissolutions salines. Cette etude est 1'objet d'un memoire present^ a l'Academie des sciences et imprime a part avec luxe dans une brochure qui a pour titre : Recherches sur les affinites chimiques. Essayons d'en donner une idee. Les reactions etficaces possibles entre deux sels se resument dans les deux cas suivants : il peut se produire ou un sel plus soluble ou un sel moins soluble que le moins soluble des sels employes. De la force de solubility depend la dissolution des sels; dela force d'inso- lubilite, leur retour a l'etat solide; de ces deux forces a la fois la disposition ou le partage des elements. 1° Solubilite : lorsque par le melange de deux sels entre lesquels toute precipitation immediate est impossible , il peut se former un sel plus soluble que le moins soluble des sels employes, l'eau en les dissolvant opere entre eux une double decomposition , et par cela meme la dissolution reprt*- sente en general 1'inverse des sels primitifs. 2° Insolubilitc : lors- qu'une dissolution renferme l'inverse des sels primitifs, l'evaporation 304 COSMOS. donne le contraire des sels dissous et reproduit, par consequent, les sels primitifs. Pour arriver a une theorie rationnelle des faits de double decom- position, il faut done tenir compte des deux forces opposees , la so- lubilite et l'insolubilite ; car s'il est vrai que l'affinite du dissolvant determine la formation de la combinaison nouvelle , il est vrai ausii (iue, ties-souvent, e'est l'absence d'affinite ou la repulsion du dissolvant pour le corps solide qui determine sa formation et sa pre- cipitation. Voici, au reste , comment le jeune et savant auteur formule lui- meme le principe general qui, suivant lui, preside a toutes les dou- bles decompositions : a Lorsque, par le melange de deux sels qui ont satisfait a. la loi d'insolubilite , il peut se former un sel plus soluble que le moins soluble d'entre eux, Taction de l'eau en determine toujours la for- mation dans certaines limites. « C'est done l'affinite du dissolvant , la force de solubility, comme on voudra l'appeler, qui groupe les elements d'apres sa tendance pour former une combinaison plus soluble que le moins soluble, tout comme la repulsion du dissolvant, ou la force d'insolubilite deter- mine la formation d'un sel moins soluble que le moins soluble des sels employes. « Comme on le voit, ces deux forces sont en antagonisme con- stant ; d'oii il resulte que les effets de chacune d'elles ne sont pas absolus, mais seulement relatifs. .. Je citerai encore quelques exemples qui montreront que la force de solubilite ne cesse pas d'agir la meme ou Ton supposerait qu'elle est completement vaincue par la force d'insolubilite. « Le sulfate, le carbonate debaryte, l'oxalate, le carbonate de chaux, sont consideres comme des sels completement insolubles, car la solubilite du sulfate de baryte n'est que de 1/200000 ; carbo- nate, 1/14137 ; oxalate de chaux, 0/q ou x; carbonate de chaux, 1/16000; et il semblerait que lorsqu'on precipite l'une de ces com- binaisons, l'eau meme ne doit en retenir qu'une quantite correspon- dante a sa solubilite. .. Cependant, ces combinaisons ne sont pas precipitees dans les circonstances determiners en presence de sels qui peuvent les con- vertir en composes plus solubles. « Au point de vue theorique et pour l'analyse, ces r£sultats doi- vent etre pris en consideration, car ils attestent combien est puis- COSMOS. 305 sante l'influence du dissolvant sur la disposition des elements, en un mot sur les affinites chimiques. « Le milieu alcoolique laisse voir nettement les effets de l'affinite Elective du dissolvant a l'egard d'elemenls engages dans des combi- naisons insoluhles. « Je me bornerai a l'exemple suivant : on sait qu'en ajoutant de l'alcool a une liqueur renfermant du sulfate de chaux, on precipite ce sel. « Cependant, si Ton ajoute a cette liqueur une certaine quantite de nitrate ou de chlorhydrate d'ammoniaque, de nitrate de soude ou de potasse, de chlorure de sodium ou de potassium, l'alcool ne precipite plus le sulfate de chaux. « Dans ces circonstances, l'alcool ayant de l'affinite pour le ni- trate de chaux ou le chlorure de calcium, qu'il peut dissoudre, en determine la production en detruisant le sulfate de chaux qui, n'exis- tant plus dans la liqueur, n'est pas precipite. .< C'est encore en vertu du principe de solubilite que ces decom- positions s'accomplissent ; car il y a formation d'un sel plus soluble que le moms soluble des sels employes. •< J'ajouterai que cette influence si sensible du dissolvant sur l'union des elements par double decomposition, est assez puissante pour operer partiellement le deplacement simple et direct d'une base energique par une base faible , et l'elimination d'un acide fort par un acide faible ; en d'autres termes, pour determiner le partage des bases et des acides. « D'apres cela, il semblerait que le dissolvant decide toujours de la nature des coinbinaisons qui doivent se faire, et que les affinites reciproques des bases et des acides ont bien peu d'influence sur le resultat des doubles decompositions, de sorte qu'il serait plus exact d'attnbuer la formation d'un sel quelconque a l'affinite ou a la re- pulsion directe du milieu pourle compose soluble ou insoluble, que de faire intervenir les affinites propres ou relatives des elements que l'on sait d'ailleurs etre tres-souvent interverties dans les doubles decompositions. » RECHERCHES SUR I ADHERENCE MAGNETIQUE, PAR M. n;ckl£s. Les recherches de M. Nickles ont pour objet la demonstration experimental d'un principe sur lequel il a deja appele l'attention ; c'est 1'attraction magnetique convertie en adherence, se comportant 306 COSMOS. dans quelques cas comme l'adherence de la pression exercee par les ressoi ts ou les surcharges, et apportant dans ce travail les pro- priety particulieres a 1' attraction exercee par les aimants. Cette demonstration peut etre faite soit par Taction magne- tique a distance, soit par l'attraction exercee au contact. Dans 1'une et l'autre methode on se sert d'un petit chariot marchant sur un chemin de fer dispose de telle facon , qu'on puisse en faire varier la pente ; le chariot recoit le mouvement par un moyen quelconque applique" aux roues motrices , et il remorque une charge suffisante pour produire les differents effets dont il va etre question. L'electro-aimant employe" dans la premiere methode est un fer a cheval ordinaire fixe sur le chariot et place de maniere a ce que chaque ligne de rails receive l'impression d'un pole. Cet electro- aimant est done place a cheval sur la voie; i\ ne touche pas celle- ci, ses surfaces polaires en sont distantes de 4 millimetres. II e.-t forme dune tige cylindrique en fer de 1 centimetre de section, re- course en fer a cheval et garnie a chacun de ses poles de fils de cuivre d'un millimetre d'epaisseur formant environ 250 tours de spire par branche. Le petit chariot consiste dans une chassis en fer marchant sur quatre roues acccoupldes ; le mouvement est produit par un poids soutenu par une corde dont les extremites sont enroulees sur les es- sieux moteurs, de sorte qu'en abandonnant ce poids a lui-meme, il tend a tomber, pese par consequent sur la corde qui se deroule, et imprime des lors aux roues un mouvement de rotation dont la vi- tesse peut etre variee au gre de l'operateur. La charge a remorquer doit etre assez lourde pour que les roues soient amenees au patinage lorsque le poids moteur exerce son action et que l'electro-aimant n'agit pas. Lors done que les roues sont mises en mouvement sans changer de place, qu'elles tournent sur elles-memes sans avancer, ce qu'on desi^ne sous la denomination technique de patinage, on etablit le courant, et aussitot l'electro-aimant, commencant a agir, le chariot franchit la rampe sans difficulte. Si a cet instant on supprime le courant , le chariot ramene a sa condition primitive redescend la rampe avec rapidite et s'arrete de nouveau des que Ton a retabli le courant. Ainsi, adherence insuffisante et, par suite, point de mouve- ment de translation, lorsque le chariot est abandonne a lui-meme; adherence, au contraire, et mouvement en avant lorsqu'on fait in- tervenir l'electro-aimant. COSMOS. 307 Dans cette experience , la pression magnetique agit evidem- ment comme une pression quelconque; l'attraction exerc^e a dis- tance par l'electro-aimant applique au milieu du chariot s'est trans- ported au point de contact des roues, ou elle s'est traduite en un effet d'adherence capable d'equihbrer une certaine charge. II y a pourtant une distinction a faire entre ce mode d'agir des electro-aimants et les effets produits par le concours des surchar- ges. Les unes obeissent a la pesanteur, la rdsultante de leur action est parallele a cette force, et forme, par consequent, un certain angle avec le plan incline. Au contraire , Taction magnetique des Electro-aimants n'est pas influencee par la pesanteur, et elle s'exerce toujours perpendiculairement au plan de 1'armature. II doit resulter de la que le chariot, abandonne a lui-meme sur la rampe, se com- porte differemment suivant qu'il est sous l'influence de l'electro-ai- mant, ou qu'il est a l'abii de cette influence; et en effet, dans le premier cas, il reste immobile, tandis que, dans le second cas, il descend la rampe avec une vilesse croissante , conformement a la loi qui regit les corps materiels, mobiles sur un plan incline. Ces considerations se verifient de meme par l'experience dans laquelle les electro-aimants agissent au contact. Le procede em- ploye" pour convertir les roues en electro-aimants, et pour assurer a un point toujours variable de leur circonference une certaine somme d' attraction consiste tout simplement a aimanter le bas des 'roues motrices al'aide d'une helice fixe dont la paroi interieure embrasse la jante de la roue sans la toucher ; la roue peut ainsi se mouvoir dans cette helice, sans eprouver de frottement , tout en se polari- sant magnetiquement sous ['influence du courant. L'un des poles, le boreal, par exemple, comprendra toute la portion de la jante qui se trouve au-dessus de l'helice; l'autre, austral, animera la partie in- ferieure, et comme l'helice estplacee le plus pres possible du point de contact, cette partie de la jante sera plus fortement aimantee que la partie superieure, le fluide austral etant concentre dans un plus petit espace. Les essais tentes par M. Nickles de concert avec un mecani- cien , M. Amberger , pour appliquer l'adherence magnetique a la locomotion sur chemins de fer ont ete etendus a la transmis- sion du mouvement par la substitution d'electro-aimants aux en- grenages. On comprend en effet que si , au lieu de faire mar- cher une roue aimantee sur un rail , on la fait marcher contre une autre roue en fer, celle-ci tournera sous l'impulsion de la premiere tout comme si ces roues etaient munies de dents , avec cette diffe- 308 COSMOS. rence qu'elles produiront moins de frottement, (]u'e lies donneront un mouvement plus regulier, et que la transmission de ce mouve- ment pourra avoir lieu sans intermediaire entre des roues ayant les diametres les plus diflerents. Ces faits ont t*te verifiis snr bien des appareils; les poulies magnetiques, destineesa transmettrele mouvement etaient toujours disposees de maniere a admettre le concours des deux poles; on prend pour cela des poulies a gorge formees de disques en fer ap- pliques sur un moyeu ; chacun de ces disques porte en son point de contact une bobine dans laquelle il peut tourner sans frottement; maisl'une de ces bobines possede une polante differente de l'autre, de sorte que la poulie commandee, qui sert d'armature, re9oit Tac- tion des deux poles de cet electro-aimant mobile , ce qui augmente la somme d'attraction sans demander une augmentation du courant. Un autre arrangement realise encore plus completement ce but; il consiste en deux poulies a gorge semblables , en fer, tournant l'une centre l'autre, et aimantees toutes les deux, de maniere que les quatre cercles qui composent ces deux poulies plongent deux a, deux dans la meme bobine, conformement a ce fait bien constats, que deux cylindres de fer s'attirent et ne se comportent plus que comme un seul cylindre, lorsque, marchant l'un vers l'autre dans le sens de leur axe, ils se rencontrent dans une helice. L'une des bo- bines de cet appareil etant dextrogyre, l'autre Itevogyre, il en re- sulte que les deux cercles qui se rencontrent dans chacune d'elles se touchent par des poles de nom contraire. Si le fer qui entre dans la construction de ces electro-aimants jouit de force coercitive, ces appareils sont entaches d'un vice qui ap- parait par la rotation a grande vitesse. L' adherence diminue alors, ce qui s'explique par la maniere dont T electro-aimant recoit Taction du coun. nt. Cette diminution est plus forte dans les roues qui n'ont qu'un pole au point de contact, car on a vu plus haut que, sous Tinfiuence du courant, la roue se trouve divisee en deux parties, magnetique- ment distinctes, que la rotation force incessamment a changer de sens; chaque revolution de la roue amene done deux neutralisa- tions de fluide suivies de deux inversions de pole. » Nous indiquerons dans un prochain article comment on remedie a ces mouvements. A. TRAMBLAT, proprietairc-gerant. PARIS. IMl'RIMERIE DE W. REMQUET ET C1C, RVE GARANCIERE, T. IV. 17 MARS l854. mOISIEME ANNEE COSMOS. FAITS DIVERS. POPULATIONS DE LONDRES. Londres s'etend sur une surface de 7 800 hectares, et le nombre de ses habitants , croissant sans cesse avec rapidite , £tait de 2 362 236 a la date du dernier recensement. On peul se faire une idee de cette masse enorme de population par le fait suivant : si la metropole de l'Angleterre etait entouree d'un tour ayant une porte aunord, une porte au midi, une porte a Test et une porte a l'ouest; si chacune de ces quatre portes etait assez large pour laisser passer librement une colonne de quatre personnes de front ■ si enfin une ne"cessitd pressante exigeait l'evacuation immediate de la cit£, cette evacuation ne pourrait s'accomplir qu'en 24 heures. A l'expiration de ce temps, la tete de chacune des quatre colonnes se serait avancee a une distance de 115 kilometres (28 Iieues) de la porte correspondante, cette foule compacte restant toujours en co- lonne de quatre rangs. ANESTHESIE LOCALE PAR REFRIGERATION. « Nous venons d'assister al'instant a une experience d'anesthesie locale par refrigeration, qui a assez bien reussi. Cette experience a etc faite par M. Richet dans 1 'amphitheatre de l'Hotel-Dieu en presence de scs eleves et de plusieurs medecins, parmi Iesq'uels nous avons remarque" MM. Legroux et Leroy-d'Etiolles. II s'agis- sait d'enlever chez une femme une tumeur melicerique du volume d'un petit oeuf environ, qui siegeait a la region inferieure de la joue droite, appuyee sur la branche horizontale du maxiliaiie inferieur. Pendant qu'un aide versait de flithe* goutte a goutte sur la tumeur,' au moyen d'une capsule de verre munie d'un petit robinet (on a em- ploye l'ether sulfurique a defaut dither chlofhydrique qui eul dte preferable a cause de sa grande activite), M. Mathieu dirigeait sur cette meme partie un courant d'air rapide, au inoyen de l'ins- trument ventilateur de son invention. La mcdade a eprouve uoe 510 COSMOS. assez vive sensation de froid pendant cette operation preliminaire qui a dure trois minutes ; et les assistants ont pu remarquer des Ies premieres insufflations , que la peau qui recouvrait la tutneur et qui etait d'un rouge vif, avait un peu pali. M. Richet, prenant alors le bistouri, a pratique" une incision verticale d' environ 5 a 6 centimetres. La malade n'a pousse aucun cri, et n'a fait aucun mouvement ni aucun signe qui temoignat de la douleur. Interrogee a cet £gard, elle a r^pondu quelle venait de sentir une douleur, mais tres-legere, ajoutant d'ailleurs que d'habitude elle n' etait pas tres-sensible. Cependant une incision de 5 a 6 cen- timetres sur la peau de la face qui est a peine sentie, cela ne pou- vait guere laisser de doute sur 1' influence anesthesique du moyen de refrigeration qui venait d'etre employe. Ce doute d'ailleurs, s'il existait dans l'esprit de quelques-uns des spectateurs, a du se dissiper bientot, lorsque, apres la dissection de la tumeur, l'operateur a portc l'instrument sur les parties pro- fondes pour en operer l'ablation complete. La patiente a accuse alors en effet une douleur assez vive. L'on concoit aisement que Faction refrigerante et anesthesique de la volatilisation rapide de Tether n'avait pu se faire sentir sur les parties profondes. On a done eu la une sorte d» contre-epreuve qui ne permet pas de douter que la peau ait ete effectivement rendue en grande partie insen- sible. C'est un fait a. enregistrer parmi les fails positifs... [Gazette des Hopitanx). M. Mathieu nous affirme que ce mode nouveau d'anesthesie par Evaporation et refrigeration avait ete indique par M. le docteur Guerard, medecin de l'Hotel-Dieu. Iagents conservateurs des substances animales. M. le docteur Champoulion decrivait, il y a quelqucs semaines, dans la Gazette des Hopitaux, diverses experiences sur le pouvoir conservateur de la nicotine; or ces experiences ne sont qu'une simple verification d'un fait decouvert longtemps auparavant par M. Edouanl Robin, qui presenta a l'Academie, dans la seance du 10 fevrier 1851, de la chair conserved depuis quatre mois dans la vapeur de nicotine, et maintenue ainsi dans un etat de parfaite frai- cheur. Mais ce qu'il importe d'observer, c'est que, pour M. Edouard Robin, cette observation remanjuhble n'est pas un fait isole , elle se rattache a toute une doctrine dont la generality nous a frappe, dont nous avpns parle plu>ieurs fois en passant, et que nous croyons devoir expo^er un peu plus longuement, parce quelle sera certai- COSMOS. 311 aement feconde. Cette doctrine comprend et un principe general et la raison ou explication de ce principe. 1° Principe general. — Tout agent qui , malgre la presence de foxy gene humide , conserve energiquement les matieres animales mortes, joue un role nettement determine pendant la vie. Intro- duit alors dans la circulation, il exerce une action toxique si la dose est assez forte ; une action sedative, si la dose est plus faible. A ce dernier titre, il entre dans la medication des maladies nerveuses et des maladies inflammatoires. Le plus actif comme antiputride apres fa mort est, en general, le plus actif comme poison ou comme sedatif pendant la vie. M. Edouard Robin a soumis a un examen attentif les faits de la science relatifs a la conservation des matieres animales mortes ; il a decouvert une multitude d'agents de conservation nouveaux et tres- actifs ; il a exp^rimente sur les animaux dans le but de constater le pouvoir toxique quand il n'etait pas connu ; il a compulse les ouvrages de toxicologic, les ouvrages de therapeutique, et nombre de recueils, pour reunir tous les faits acquis a. la science ; et malgre toutes ces recberches, il n'a pas pu rencontrer une seule exception an principe general que nous venons d'enoncer! Les arsenicaux, les mercuriaux, les composes metalliques conve- nablement choisis, les composes cyanhydriques , les divers ethers , le chloroforme, les composes h}'drocarbures artiriciels, analogues auxhuiles volatiles, etc., tous energiquement conservateurs apres la mort, exercent tous, dans la circulation, pendant la vie, un pou- voir energiquement sedatif, energiquement toxique. Les faits les plus nombreux concourent done a montrer le pouvoir conservaleur apres la mort comme lie, de la maniere laplusintime, a Texercice dans la circulation pendant la vie d'un pouvoir qui, sui- vant la dose des matieres, devient sedatif ou toxique. Avant d'employer une substance chez 1'homme, veut-on prevoir «mel mode d'action elle exercera dans la circulation? Qu'on mette la substance en contact avec des matieres animales mortes , et qu'on voie si, malgre la presence de lair, il y a conservation bien evi- dente ; s'jl y a conservation , si cette conservation est tres-pronon- t*ee, la substance en question est une substance sedative a dose insuffisante pour determiner la mort, toxique a dose elevee. Voila eomment le pouvoir conservateur devient un guide precieux dans les applications therapeutiques et dans les applications toxicologiques. 2° Raison da principe general. — Quelle est la raison d'un prin- eipe general si remarquable ( Pourquoi cette coincidence entre le 312 COSMOS. pouvoir antiputride apres la nrfprt et les pouvoirs scdatifs et toxi- ques pendant la vie? Les donnces les plus certaines de la science conduisont a une explication, a une throne nette, simple, diri- geant avec une egale surety dans la recherche des antiputrid.es et dans leurs applications, soil a la therapeutique, soit a la toxicologic. La chimie nous apprend que la respiration indispensable a la vie consist^ essen'tiellemen't en une combustion lente' des elements oroa- niques du fluide nutritif. De cette combustion nait la chaleur qui, sous differences modifications, est neeessaire a. l'apparition et a l'entretien de toute vie, animale ou vegetale. Eh bien ! d'apres tous les faits qui noussont connus, la putrefac- tion n'est, jusqu'a un certain point, que la continuation du phcno- mene de la combustion vitale. Non-seulement au debut, comme on l'admettait avant M. Edouard Robin, mais du commencement a la fin, elle exige une combustion lente par l'oxygene humide. Pendant la vie, les materiaux sur lesquels s'exerce la combustion se renouvellent ; ils suffisent ainsi au soutien de la combustion et la retfderit limitee. Apres la mort, le renouvellement n'ayant plus lieu, la combustion envahit le mecanisme entier et devient cause des transformations qu'il subit. Arieter la putrefaction des matieres mortes, c'est deslors arreter leur combustion lente. L'agent qui protege energiquement les ma- tieres animales mortes centre la combustion lente, exerce tout naturellemont, dans la circulation, une protection analogue sur les matieres animales vivantes, c'est-a-dire que, s'opposant a l'exercice d'une fonction essentielle a la vie, la respiration, il devient, suivant la dose, sedatif ou poison asphyxiant. Voila la theorie ; mais bien d'autres applications resteraient a indiquer : L'action sedative sur le sang peut entrainer differentes modifi- cations de la vie ; les antiputrides ont differents modes d'action sur les matieres animales mortes, et chaque mode d'action conduit a des applications therapeutiques particulieres, etc., etc. Ou nous nous tromponsgrossierement, ce quenous ne pouvonspas admettre, ou ce sont la des idees originales, grandes, fecondes. M. Edouard Robin en a deja. tire un admirable parti dans ses mcmoires sur les substances anesthesiques et leur mode d'action , sur le role de l'oxygene dans la respiration et la vie des vegetaux , sur l'albumine et l'eclampsie, memoires imprimes en 1854, chez B. Baillere, et que tous liront comme nous avec le plus vif interet, et avec un certain fruit, s'ils consentent a rompre quelque peu avec COSMOS. 313 les lieux communs de l'ecole, et a se laisser entrainer hors du cercle trop etroit des idees vulgaires. PROTESTATION HE M. MELLONI. Dans Tim possibility oil noussommes de reproduire textuellement la longue reclamation de M. Melloni, que la persistance de MM. de La Provostaye et Desains desespere, nous insererons au moins ses conclusions : « Le sel gemme est done reellement doue d'une transmission con- stante pour toute espece de radiation calorifique. MM. de La Pro- vostaye et Desains soutitnnent que cette propriete ne saurait s'accorder avec l'existence du poiivoir emissif qu'ils ont trouve dans le sel gemme echauffe : d'autres savants pourraient bien etre d'un avis contraire : mais il ne s'agit point ici d'assigner le lien qui reunit ensemble ces deux ordres de faits. Les rayonnements des diverses sources calorifiques sont-ils ou non egalement transniis- sibles par la meme lame de sel gemme? Voila. la question que les physiciens doivent decider avant tout, et leur reponse ne peut etre qu'affirmative, s'ils veulent bien se donner la peine de repeter les experiences que je viens de decrire , car ces experiences sont inde- pendantes de tous les elements perturbateurs, erieurs de la gradua- tion thermoscopique, difference de reflexion, difference de chemin parcouru dans Tinterieur de la lame , et donnent par consequent des resultats irrefragables. « C'est ainsi qu'apres avoir determine la position convenable pour que Techauffement des corps soumis a Taction de la chaleur rayon- nante n'exerce aucune influence appreciable sur la pile thermo- electrique, on met hors de doute Tinegale transcalescence des mi- lieux incolores, le passage immtkliat de certains rayons de chaleur par des substances complement opaques, 1 'interception totale d'autres rayons par des corps parfaitement limpides, la refraction de la chaleur obscure, les divers degres de polarisation thermique des tourmalines et Tdgali-te de Taction polarisante que les piles de mica exercent sur toutes sortes de rayons calorifiques. Ces propo- sitions, le maximum de chaleur du spectre solaire, plus eloi moire de haute analyse dont nous ne pouvons qu'mdiquer l'objet, en reproduisant 1'expose qu'en a fait l'illustre geometre : « La torsion des prismes ou cylindres a base rectangulaire oa meme a base quelconque, le changement de forme des prismes tor*- dus, et la determination des points de leur surface ou la rupture est le plus a craindre, sont, dans la theorie des corps elastiques, des questions capitales, dont la solution interesse au plus haut degre les ingenicurs, les constructeurs et generalement tous ceux qui veulent deduire de cette theorie des resultats aptespourla pratique. « Je me suis deja occupe dans le quatrieme volume des exercices de malhematiques de la torsion des prismes a base rectangulaire. Mais les resuitats que j'ai obtenus en negligeant certains termes des series introduites dans le calcul, ne peuvent etre considercs que comme approximatifs, en subsistant sous certaines conditions. M. de Saint-Venant, ayant reporte son attention sur cet objet, est parvenu, dansun memoire approuve par l'Academie, a des formules dignesde remaiques. II suit de ces formules que, contrairement a l'opinion ad- mise jusqu'a ce jour, le danger de rupture est le plus grand, non pas dans les points de la surface les plus eloignes de l'axe de torsion, mais dans les points les plus rapproch.es de cet axe. L'analyse de M. de Saint-Venant met cette conclusion en evidence pour des prismes ou cylindres de diverses formes, specialement pour ceux dont les bases sont rectangulaires ou elliptiques, et elle fexpliquc en faisant voir que ces bases, loin de rester planes, sont gaucnies par la torsion. Grace a ce gauchissement, les aretes d'un prisme ou d'un eylindre droit transformers en helice par la torsion, peuvent reste-r a tres-peu pres normalesaux elements des bases. D'ailleurs leur in- clinaison sur ces elements, par consequent le danger de rupture, est generalement plus faible pour les aretes eloigners de l'axe de tor- sion que pour les aretes rapprochees de cet axe, attendu que, dans un prisme ou dans un eylindre droit, les parties saillantes et ; .'' < - jninentes sont par ccla meme plus independantes du teste dv la COSMOS. 315 masse, et pluslibres d'obeir separement, sans sedeformer, a Taction des pressions exterieures. « Uiie lecture attentive du beau travail de M. de Saint-Venant m'a conduit a faire, sur la torsion des prismes ou cylindres droits, des reflexions nouvelles qui ne sont pas sans importance. M. de Saint-Venant s'est borne a considerer le cas oil Tangle de torsion 0 relatif a T unite* de longueur mesuree sur Taxe de torsion, est une quantity constante. Or on peut deinontrer que l'equation indefinie dans laquelle Tinconnu est un tres-petit deplacement parallcle a cet axe, ne cbangera pas de forme et co'incidera encore avec celle qui represente Tequilibre des temperatures dans un prisme ou cylindre droit, si Taxe de torsion etant un axe d'elasticite, Tangle tie torsion, suppose tres-petit, fdevient fonction de la distance a Taxe. De plus, on peut deduire immediatement ducalcul des residus, non-seulement les formules remarquables trouvees par M. de Saint-Venant pour la torsion d'un prisme a. base rectangulaire, mais encore des for- mules analogues relatives au cas oil Tangle do torsion 0 varierait avec la distance de Taxe du prisme et serait represente par une fonction entiere du carre de cette distance. » Nous profitons ds cette occasion pour inserer les conclusions si favofables du rapport, fait par M. Lame, sur le memoire de M. de Saint-Venant , dont nous avons donne Tanalyse dans le Cosmos : - Le travail dont nous venons de rendre compte, merite des elogesa plusd'un'titre par lesnombreset lesrebuitatsnouveaux qu'il offre aux arts industriels ; il constate une fois de plus Timportance de la theorie de Tequilibre d'elasticite\ par Temploi dela methode mixte, il indique comment les ingenieurs qui veulent s'appuyer sur cette theorie peuvent utiliser tous les procedes actuellement connus de Tanalyse mathematique; par ses tables, ses £pures et ses mo- deles en relief, il donne la marche qu'il faut necessairetnent suivre dans ce genre de recherches pour arriver a. des resultats immediate- ment applicables a la pratique ; enfin par la vari^te de ses points de vue il offre un nouvel exemple de ce que peut faire la science du geometre unie a celle de Tingenieur. « En consequence, vos commissaires sont d' avis que le memoire de M. de Saint-Venant est tres-digne d'etre approuve par TAca- demieet d'etre insere dans le Recueil des savants etrangers. » Les conclusions de ce rapport sont adoptees. PHGTOGRAPHIE. VUES 1WN0RAMIQUES nr. M. MARTEN'S. Voici en quels termes les comptes rendus de l'Academie des sciences parleritdes admirables epreuvesde M. Martens : |M. Elie de Beaumont met sous les yeux de l'Academie, de la part de M. Frederic Martens, artiste graveur et photographe a Paris, un certain nombre de photographies sur papier representant plusieurs glaciers et montagnes de la Suisse, notemtrrent les prin- cjpaux glaciers de la valleede Zerm'att (raontRose), ainsi que le mont Cervin et quelques roches du bord du lac de Geneve. Un panorama des pentes et des glaciers du mont Rose qui descendent vers Zermatt, dessine d'apres quatre des photographies ci-dessus mentionnees , est egalement presente a l'Academie. M. Ehe de Beaumont signale particulierement a son attention le caractere frappant de verite de ce dessin , Verite qui h'est, pour ainsi dire, que le reflet de la verite necessairement parfaite qui est un des avantages des photographies lorsqu'elles sont bien distinctes , et celles de M. Martens le sont eminemment. En passant en revue quelques-unes de ces photographies, oil les contours et les details des masses de rochers ne sont pas moins bien exprimes que ceux des glaciers, M. Elie de Beaumont fait remar- quer que, dans deux d'entre elles, qui montrent, sous des points de vue differents , la pyramide si pittoresque du mont Cervin , ^ cette pyramid e parait obtuse et comme ecrasee, comparativement a 1' as- pect quelle presente sous la plupart des vues dessinees a la main et a celui que lui attribuent les habitant de la Suisse, qui, dans, leur langage familier , l'assimilent a une ba'ionnette : e'est que l'illusion d'optique, aujourd'hui si connue et deja si souvent signalee , qui nous fait voir les objets dresses devant nous verticalement, tels que les montagnes et meme les edifices eloignes, cornme s'ils etaient plus hauts et plus elances qu'ils np sont rdellement, se trouve natu- rellement redressee dans les photographies; de meme, au reste, que dans les dessins faits a la chambre claire et dans ceux meme qu'on dessine en s'aidant d un instrument propre a mesurer les angles. VUF,S STEREOSCOPIQUES. DE M. CLAUDET. Dans sa note sur les epreuves stercoscopiques de M. (!!laudet, COSMOS. 217 M. Regnanlt affirme que, pour toutes, la distance angulaire des deux points de vue a et£ si bien calculda que, des l'instant oil Ton applique ies yeux alajumelle, on ne voit pas deux images, mais une seule, celle d'un objet a trois dimensions. Ajoutons que toutes les personnel, academiciens, artistes, ama- teurs, qui out contemple ces belles epreuves, s'accordent a recon- naitre que le relief est parfaitement naturel, qu'il n'a absolument rien deheurte ou d'exagere. Ces epreuves, cependant, sont toutes prises sous des angles qu'il est impossible d'obtenir avec le Quine- toscope, sous des angles qui, dans la theorie de M. Gaudin, seraient des angles absurdes. Cette presentation a cti', pour laphotographie et pour M. Claudet, un veritable trioinphe, d'autant plus qu'en sa qualite de membre titulaire de la Societe royale de Londres, nous avons pu et du reclamer pour lui l'honneur d'occuper un des fau- teuils reserves aux celebrites de la science. Le talent joint a. l'acti- vite et a la perseverance, conduit, on le voit, bien loin. PHOTOGRAPIIIE SUR COLLODION BROMURE. FROCEDE DE M. BERRY. Par une itiadvertance incroyable, dans un article qui avait uni- quement pour objet la substitution du brome a l'iode, nous avons ecrit iodhre d' ammonium au lieu de bromure d 'ammonium ; nous n'avons pas pu des lore etre compris : il s'agissait cependant d'un pro- gres tres-important. Heureusement qu'a quelque chose malheur est bon, et nous nous rejouissons de pouvoir mieux formuler l'excellent precede de M. Berry. Couche impressionnable , Prenez 60 grains (26 centigrammes) de bromure de potassium, bromhydrate de potasse, dissolvez-les dans la plus petite quantite possible d'alcool ; ajoutez assez de collodion pur pour que le melange pese 1 once (31 grammes). Bain sensibitateur. Prenez 60 grains (3 grammes) de nitrate d'argent pour chaque once (31 grammes) du bain. Bain rcvelaieur. S'il s'agit d'epreuves positives, developpez dans la dissolution de sulfate de fer, comme a l'oidinaire. S'il s'agit d'e- preuves positives, prenez, acide pyrogallique, 6 grains (40 centigr.); acide acfti.que ordinaire , 1 drachme (1 gramme 8 decigrammes); esprit-de-vin, 1 drachme (1 gramme 8 decigr.); eau , 6 drachmes (10 grammes 80 centigr.). Si Pepreuve negative apparaissait trop faible, on verserait de la solution d'acide pyrogallique dans un vase de verre, on ajouterait quelques gouttes du bain de nitrate d'argent, et Ton plongerait la plaque dans ce nouveau bain. 318 COSMOS. A l'article bromhydrate d'ammoniaque de leur Traite de cJuiuee photographique MM. Barreswil et Davanne disent tout simplement; « Ce sel dontie, dit-on , de la rapidite aux operations pkotogra- phiques, surtout aux preparations humides. « Ces messieurs n'au- raient pas du ignorer que la substitution du bromure a l'iodure a ur tout autre avantage parfaitement constate" ; ce n'est qu'avec le bro- mure qu'on obtient une impression des differentes couleurs propor- tionnelles a leur intensite, une reproduction vraie des images colo- rees par des teintes ou demi-teintes blanches ou sombres qui les re- presented convenablement. Nous avons cependant traduit pour le Cosmos les belles expc- iences de M. Crookes et les explications de M. Stokes. DES BAINS REVELATEURS TAR M. ADOLFHE MARTIN. » Plusieurs auteurs de proc^des photographiques ont recom- mande 1'emploidu sulfate de fer pour faire apparaitre les epreuves au sortir de la chambre noire. Le sulfate de fer, qui doit toujours etre acidule, exclut l'emploi de l'hyposulnte comnie dissolvamt de l'iodure d'argent non modifie par la lumiere ; en effet l'acide libre agirait sur l'hyposulnte en produisant un depot de soufre qui, a» moment oil il est a Fetat naissant, se combinerait avec l'argcnt re- duit et produirait ainsi un sulfure d'argent nuisible dans la plupart des cas, mais surtout dans la production des epreuves positives di- rectes. " Cet effet ne se produirait pas si l'epreuve avait etc lavee avec .un soin tres-grand au sortir du bain de sulfate de fer, mais c'est la l'ecueil de la plupart des photographes, qui ne peuvent obtenir de beaux resultats. La decomposition de l'hyposulfite a du reste lieu d'une maniere spontanee, et si on n'a pas eu le soin de filtrer la dis- solution d'hyposulfite, les memes accidents se representent. « Frappe de cet inconvenient de l'hyposulnte, nous avons pro- pose, au mois de juin 1852, l'emploi de l'argento-cyanure de po- tassium (ou pour mieux dire du cyanure d'argent dissous dans le cyanure de potassium) comme dissolvant de l'iodure d'argent mo- difie par la lumiere. Le cyanure simple de potassium ne produirait pas le mcme resultat. Examinons en efiet ce qui aurait lieu dans l'emploi de l'un ou de 1'autre de ces deux sels. Une epreuve retenant quelques traces de sulfate de fer plongc dans un bain de cyanure simple de potassium donnerait lieu a la COSMOS. 31S production d'une certaine quantity de ferro-cyanure de potassium, el la quantite de ce sel augmentant, il arriverait un moment ou il n'y aurait plus dans le bain de cyanure simple, il n'y aurait plus que du cyano-ferrure, et la moindre trace de sulfate de fer excedant don- nerait lieu a une production de bleu de Prusse qui tacherait les epreuves en bleu intense. Si au contraire on a employe le cyanure d'argent dissous dans le cyanure de potassium, il se produit bien un peu de ferro-cyanure de potassium qui, en presence des sels d'argent, se decompose en donnant lieu a un depot d'hydrate de peroxyde de fer ( qui est couleur de rouille, bien moins intense, par consequent, que le bleu de Prusse), qui adhere bien moins forte- ment a l'epreuve que ne le fait le bleu de Prusse. Si la quantite de cet hydrate de peroxyde de fer n'est pas considerable, un lavage un peu prolonge avec de l'eau ordinaire l'enlevera facilement. » Cet article, comme le precedent, comblera une grande lacune du Traite de pholographie ckimique. Ses savants auteurs n'ont pas du tout compris Taction du double cyanure de potassium et d'ar- £ent- — Nous reservons pour une prochaine livraison 1' appreciation du bain sensibiliseur de M. Scheer que nous faisons experimenter sous nos yeux. ACADEffllE DES SCIENCES. siVwcr. DV 1 3 mars 1 854. M. Valenciennes, trnvailleur infatigable, mais dont les communi- cations academiques sont tres-rares, a lu la premiere partie de ton- gues et importantes recherches faites par lui, en collaboration avec un de nosplus habiles chimistes, M. Fremy, sur les ocufs des pop- sons. Nous analyserons avec soin ce grand travail , qui a mis en Evidence un fait capital : la difference essentielle de constitution physique et de composition chimique des ocufs de poisson et d'oi- seau. Les observations microscopiques et les analyses chimiques ne laissent, a ce sujet, aucun doute, les dissimilitudes d'organisation exteneure et intime sont beaucoup plus tranchees que les analogies nesont tHroites. Chemin faisant, les savants auteurs ont decouvert plusieurs substances nouvelles tres-dignes d'interet, et, entre autres, des granules de formes variees, dont ils ont fait un examen appro- fondi. Les granules de l'albumine animale des poissons cartilagi- neux, raies, torpilles, etc., etc., sont surtout remarquables par leurs dimensions. — M. Bravais, candidat a la place devenue vacante dans la section de gvographie et de navigation, lit l'analyse abregee de deux memoires; I'un, sur la construction des cartes marines ou le lever sous voiles ; 1'autre, sur les marees des mers du Nord. Nous les reproduisons avec quelque dtendue. I Pour faire un lever sous voiles, on fixe la position de trois points remarquables a terre ; ordinairement, on mesure pour cela une base a terre, et, de ses extremites, on releve quelques points interme- diaires dont la position se trouve ainsi fixee; puis, de ces points, on releve les trois ou quatre grands sommets ou points saillants de la cote, Cela fait, le navire s'avance parallelement a la cote, en faisant des stations hydrographiques de distance en distance, et de maniere a voir un point remarquable de plus ; par les relevements suffisants et la m^thode des segments capables, on place la deuxieme station du navire, qui se met en panne et par suite le quatrieme point que je suppose qu'on ait aussi releve de la premiere station. Ces deux relevements suffisent a la rigueur pour ce quatrieme point , si dela troisieme station hydrographique on peut relever les quatre premiers points; trois points suffisant pour fixer la station, on a une verifica- tion pour le quatrieme point. On peut continuer, en fixant alterna- tivement par les segments capables et les relevements ces points les uns par les autres. Telle est la methode du lever sous voiles. Les COSMOS. 321 erreurs vont en s'accumulant suivant une Gertaine loi ; elles peu- vent provenir des i .-rreurs d'observation sur les angles et des erreurs de position des Irois points primilifs. En outre, on omet g6neralement de corriger les angles, en les portant sur la carte marine de Mercalor, de la correction elite cor- rection azimuthale, oe qui occasionne une erreur faible d'abord, mais qui peut devenir ensuite plus considerable. Le but du memoire est de determiner les lois suivant lesquelles ces diverges sortes d'erreurs tendent a croitre, a mesure que la cote et la ligne des stations du navire qui lui est sensiblement parallele viennent a se prolonger, II y a un point ou l'incertitude peut de- venir assez grande pour obliger a arreter le navire et a prendre terre pour y faire de nouvelles mesures. M. Bravais a donne, dans son memoire , les fermules relatives aux diverses sources d'erreurs. M. Bravais est loin de considerer la question comme etant epuisee. II y aurait dans ce probleme, pris sous un point de vue encore plus general , de quoi interesser les geometres. II. M areas des mers du Nord. Malgre la latitude elevee, elles sont encore tres-sensibles au Spitzberg. On sait qu'il n'y a auctme the'orie au monde capable de regler a priori la grandeur de la ma- ree. Pourquoi est-elle si faible dans les iles de l'oc^an Pacifique, si forte a Saint-Malo et a. Annapolis? Nul ne le sait. Les vents, les courants, la forme des cotes, celle tres-peu connue du fond des mers, semblcnt devoir etre les causes determinatives des variations qu'eprouve la maree d'un lieu a un autre. Le phenomene important que M. Bravais a observe dans le Nord est celui-ci : l'onde diurne luni-solaire, qui est notablement plus faible sur nos cotes que l'onde semi-diurne, prend, dans le Nord, une valeur relative plus conside- rable. Ainsi, aHammerset, le rapport de l'unite de hauteur de l'onde diurne a l'unite de hauteur de l'onde semi-diurne est deux a trois fois plus considerable qua Brest; il en est a peu pres de meme en Islande. M. Bravais a donne les formules pour deduire ie 1'obser- vation des hautes et basses mers , les parametres de ces ondes ; en admettant le retard constant des actions comme inconnu, il montre en outre que, pour l'onde diurne, il n'est pas possible de le determiner par des observations de haute et basse mer. Seulement , il faut pour cela des observations intermediaires. Le fait le plus remarquable est 1'accroissement continu de 1'im- portance du role de l'onde diurne a mesure que Ton s'avance vers le nord. On sait, par un memoire de M. Whewell sur les voyages 322 COSMOS. de la Seniavine, que dans des marees des cotes voisines du detroit de Behring, a Sitka et a P^tropauloski, l'onde diurne a un effet au moins aussi marque que l'onde semi-diurne, ce qui reduit les marees ,1 une seule par jour. Cet accroissement relatif de l'onde diurne a mesure que Ton s'avance vers le pole par les deux grandes mers est un fait digne d' attention, ce qui donne la pensde d'une communi- cation entre les deux mers, peut-etre plus intime qu'on ne le croit generalement. — M. Schubert, de Wurzbourg, ecrit a l'Academie une lettre qui cause un peu d'emoi. A en croire la suscription d'un paquet cachete" qui accompagne sa lettre, le chimiste allemand aurait completement resolu le beau probleme pose par M. Sainte-Claire Deville ; il aurait reussi a'preparer en grand et <§conomiquementl'aluminium, objet de taut de vceux. Autorisee par les termes memes de la lettre a ouvrir le fameux paquet cachete, 1' Academie en demande la lecture avec impatience; il ne s'agissait, h&as! que d'un projet d'experiences et d'esperances encore tres-vagues. M. Schubert se propose de traiter le sulfate d'alumine ou l'alun mele a du charbon et a du chlorure de calcium a la temperature de la fusion du cuivre. M. Schubert , on le voit, est moins avance que M. Chapelle, qui a au moins obtenu des globules meHalliques. — M. Paul Gervais adresse ses etudes d'anatomie microsco- pique sur les infusoires. — M. le docteur Baudens present e un memoire sur les nombreux perfectionnements apportes par lui a la methode de rhinoplastie de Branca et Tagliacot , et rend compte d'operations de ce genre dans lesquelles il a parfaitement reussi a reconstituer les cartilages du nez. II revient sur ses recherches relatives a l'emploi du chloro- forme et affirme que dans plus de deux mille applications de^ cet agent anesthesique faites, en suivant fidelement les regies qu'il a tracees , il n'a jamais vu survenir d' accidents graves. — M. Brainard transmet l'expose de quelques idees neuves sur le traitement des fractures non r^unies, le ramollissement des os dans le but de les amener a se souder de nouveau ou de faire dis- paraitre les deformations qu'ils ont subies, etc. , etc. M. Payer envoie une nouvelle suite a ses recherches d' organo- genic v^getale. — M. Mathieu, de Vitry, pense et prouve par quelques essais heureux que Ton pourrait substituer avec beaucoup d'avantage , dans un grand nombre d' applications industrielles ou autres, la fe- COSMOS. 323 cule extraite des racines d'iris blanc a la fecule de pommes de terre. — M. Maumene repond une fois encore aux observations de M. Bonelli. Le savant ingcnieur piemontais a bien voulu nous re- mercier des quelques mots par lesquels nous avons plaide sa cause, qui est la cause de la verite" et du droit ; il nous transmet une nou- velle reponse aux critiques prematurdes dont sa bnllante invention a ete l'objet. Une nouvelle refutation complete des pretentions vrai- ment singulieres de M. Maumene; nous dirons notre dernier mot sur cette penible discussion dans la prochaine livraison du Cosmos. — M.Voepke, mathematicien eminemment erudit, et qui compulse avec une ardeur infatigable les manuscrits relatifs a la science orien- tale , adresse une nouvelle note sur les procedes par lesquels les geometres de Tantiquite calculaient approximativement le sinus d'un degre. — M. Mouriez a fait une nouvelle etude du principe digestif du son, soluble ou insoluble, ^ur les moyens de l'isoler, etc., etc. ; sur la demande de M. Chevreul , sa note sera imprimee dans les comptes rendus, et nous la reproduirons en la mettant en regard d'idees depuis longtemps emises sur ce sujet par M. Herpin. — M. Kaeppelin, de Mulhouse, adresse pour le concours de me- canique la description de quelques appareils nouveaux de pressurage et de pesage. — M. Flandin, dans le but de faire valoir ses droits a l'un des prix de medecine et de chirurgie, envoie l'enonce des faits nouveaux mis en evidence dans son traite des poisons. — MM. E. Faivre et Gianelli , docteurs-medecins, s'occupent depuis quelque temps de Taction que les corps gazeux exercent sur l'economie animale, et ils ont constate que Toxygene ramene a la vie avec une promptitude extraordinaire les animaux chez lesquels elle etait presque eteinte, de meme qu'il rallume les corps enflam- mes qui ne presentent plus que quelques points en ignition. II etait tout naturel de penser que le gaz qui entretient la combustion, sans lequel la respiration est impossible, et qui joue chez les etres vivants un role si important, devait , bien employe, ranimer la vie prete a s'eteindre. La science, d'ailleurs, est en possession de- puis longtemps d'experiences de ce genre. MM. Faivre et Gia- nelli ont pense qu'il restait encore beaucoup a faire dans cette voie a peine ouverte, et ils ont en consequence organise un systeme suivi d'experiences sur des animaux soumis a Taction prolongee du chloroforme , asphyxies par strangulation ou par Tinhalation de 32k COSMOS. l'acule carbonique. Quand ilfi n'apercevaient plus presque aucttn signe Je vie, que les battements du pools, les mouvements des levres etdelapoitrine, las mouvements du occur etaient presque insensi- bles, ils ont injecte de l'oxygvne dans les poumons, et presque aus- silwt ils ont vii le sentiment et la vie se retablir comme par enehan- tement. Des experiences comparatives, fattes dans des conditions parlaitement semblables, leur ont prouve que l'air atmospherique etait presque toujours sans action, ou du moins que son action ne peut Stre en aucune maniere compares a celle de l'oxygene, qui est toute- puissante et instantanee. Ils se proposent de decrire bientot, avec tous les details necessaires, les experiences qu'ils ont iaites et qui leur paraissent avoir une grande importance pratique. MM. Fuster et Gervais, professeurs a l'ecole de Montpelber, appellent l'attention etles encouragements de l'Academie sur leurs recherches relatives a 1" action de l'acide arsenieux , substitue au sulfate de quinine dans le traitement des fievres paludeennes, inter- mittentes ou pernicieuses. M. Launay, qui travaille avec ardeur a la construction d un calendrier perpetuel mobile, prie l'Academie de mettre a sa disposi- tion X Art de verifier les dates. Sa lettre est renvoyeea M. Large- teau, qui le secondera dans ses recherches. — M. Ricordon decrit un appareil trisecteur d'angles, remarqua- ble par l'exactitude de ses operations. M. Balard presente, au nom de M. de Luca la figure et la description de son nouveau chalumeau a jet eontinu. Nous avons deja publie, cette descnption ; nous donnons aujourd'hui la figure et la legende. COSMOS. 325 La fig. 1 indique un chaluraeau ordinaire, muni d'une boule en caoutchouc vulcanise. Le chalumeau qui represente la fig. 2 man- que du recipient cylindrique. Enfin la fig. 3 montre les details de construction de la boule en caoutchouc, fixee sur deux tubes D et E reunis au moyen d'une tige metallique aux points B et C afin de les maintenir en ligne droite. La soupape A est fixee a l'extremite du tube D. — A la suite de la correspondance, M. Babinet pr^sente de la part de M. Soleil fils, une note sur la direction delate optiquc dans le crista! de roche. Le probleme a resoudre consistait a trou- ver dans un morceau de quartz transparent oil manquent tous les indices des faces de cristallisation ; le sens de l'axe necessaire a connaitre pour tous les emplois optiques de cette matiere. Cette de- termination du srns de l'axe doit etre obtenue par le plus petit nombre po-sible de faces artificielles. Pour cela, M. Soleil taille au hasard deux faces paralleles qui, avec la polarisation, donnent des couleurs, si elles sont perpendiculaires a l'axe ou a peu pres. S'il en est ainsi, le probleme peut etre considere comme resolu, il ne reste plus qu'a fixer rigoureusement la position de l'axe, au moyen de l'appareil de Bohnenberger et des spirales d' Airy, comme l'a indi- que M. Soleil pere. S'il n'y a pas de couleur, on observe, a la loupe, la duplication des images d'un petit trou perce dans une lams ap- pliquee sur l'une des faces paralleles; la ligne qui joint les deux images est parallele au plan de l'axe : on taille alors deux faces late- rales paralleles a cette ligne et a ce plan, et Ton determine ulterieu- rement le sens de l'axe par des procedes connus en operant sur ces faces paralleles. Pour reduiie le travail a peu de cbose, M. Soleil evite de polir les faces d'essai, en y collant des plaques de verre or- dinaire. Alors les essais n'exigent plus que peu de travail et de temps, on arrive tres-promptement aux anneaux colores sans croix noires et aux spirales d'Airy, qui caracterisent l'axe du cristal de roche. Cette solution elegante d'un probleme interessant fait grand honneur au jeune artiste qui s'est place tout a. fait au premier rang, sous le rapport de la determination des donnees optiques et la taille des cristaux. VARIETES. SUR LES VIBRATIONS ET LES SONS PRODUITS PAR LE CONTACT DE CORPS A DES TEMPERATURES DIFFERENTES , TAR M. TYNDALL. Tout le monde connait les curieuses experiences de M. Arthur Travelyane, et les sons rendus par un prisme polygonal ou gout- tiere de cuivre , chauffe a. une temperature assez elevee et que Ton pose sur une masse de plomb.En 1831, ces sons et ces vibrations sin- gulieres avaient etc l'objet de recherches profondes et d'une lecon faite a l'institution royal e , par M. Faraday. Comme MM. Tra- velyane et Leslie , le savant professeur expliquait ce phenomena par les pulsations de la masse chaude contre la masse froide pla- cee en dessous , pulsations assez rapides dans certains cas pour produire un son musical. La cause de ces vibrations etait pour lui l'expansion et la contraction alternative de la masse froide au point ou elle est touchde par le prisme chaud. M. Faraday expli- quait enfin le fait constate que I'experience reussit surtout lorsque la masse froide est une masse de plomb, par la grande expansibilite du plomb combinee avec son faible pouvoir conducteur, cette et ; c'est Tether fluorhydrique de l'alcool [ordinaire. On prepare cet ether en sou- mettant a la distillation, dans un appareil de platine un melange de sulfovinate et de fluorhydrate de fluorure de potassium. L'ether fluorhydrique est gazeux, et par ses proprietes generales rappelle le compose correspondant de l'esprit-de-bois, qui a ete decouvert comme on le sait, par MM. Dumas et Peligot. La seconde classe se compose des fluorures neutres et hydra- tes; ces corps sont caracteris^s par la facilite avec laquelle ils se decomposent en oxyde et en acide fluorhydrique, lorsqu'on essave d'enlever l'eau qui entre dans leur constitution; ils se comportent reellement comme deveritables fluorhydrates. Ainsi le fluorure d'ar- gent eristallise, qui appartient a. la classe des fluorures hydrates degage de l'acide fluorhydrique et produit de 1 'oxyde d'argent quand on le desseche meme dans le vide. Lorsqu'on chauffe le fluorure d'ar- gent hydrate, il degage de l'acide fluorhydrique, de l'oxygene et laisse un residu d'argent qui est tres-pur; il agit done, dans ce cas comme un fluorhydrate d'oxyde d'argent. Le fluorure de mercure, qui est element hydrate, se decompose par la chaleur, comme le sel precedent, en degageant de l'acide fluorhydrique, du mercure et de l'oxygene. La troisieme classe comprend les fluorures anhydres. Ces sels sont ind^composables par la chaleur et peuvent etre, suivant la na- 334 COSMOS. ture du m£tal qu'ils contiennent, decomposes par l'oxygene, l'hy- drdgene, le chlore, le sulfure de carbone, et la vapeur d'eau. L'attention de M. Fremy devait se fixer naturellement sur les lluorures qui, par leur nature, pouvaient se preter a la preparation du fluor. U a etudie naturellement d'une maniere toute particuliere les fluo- rures formes par les metaux peu oxydables, esperant que, par Tac- tion de la chaleur ou par celle de tout autre agent, il pourrait de- "ao-er du fluor : les recherches faites dans cette direction ne lui ont donne aucun resultatsatisfaisant. En effet il a reconnu d'abord, a sa grande surprise, que l'acide fluorhydrique ne se combinait ni aux oxydes d'or ni aux oxydes de platine. Le fluorure d'argent , lorsqu'il est hydrate se comporte com me un fluorhydrate, et ne degage, par la chaleur, que de l'oygene et de l'acide fluorhydrique; lorsqu'il est anhydre, il est indecompo- sable. Le fluorure de mercure n'existe pas a l'£tat anhydre, et quand il est hydrate, il produit, par Taction de la chaleur, de l'oxygene et des vapeurs acides. II fallait done renoncer a l'emploi de ces fluorures pour obtenir le fluor; M. Fremy a ete conduit alors par une serie d'experiences qu'il est impossible de decrire dans cet extrait, et quisont exposees avec detail dans son memoire, a soumettre les fluorures anhydres a des forces de decomposition energiques. Partant des experiences qu'il fait en ce moment avec M. Ed- mond Becquerel, et dans lesquelles le chlorure de calcium en fusion est decompose avec une grande rapidite par la pile, il a soumis d'a- bord a l'influence d'un courant electrique les fluorures anhydres a l'etat de fusion , tels que ceux de potassium, de plomb et de cal- cium. La decomposition s'est operee facilement ; il a vu se degager au pole positif un gaz qui attaqua-it vivement le platine. Mais les diffieultes de toute espece que presente cette experience l'ont em- peche, jusqu'a present, de recueillir le gaz qui se degage dans ce cas, et d'en faire une £tude veritable. 11 a reconnu qua la temperature du feu de forge , le chlore sec decompose tres-lentement le fluorure de calcium et degage un saz qui attaque vivement le verre et qui parait etre du fluor. L'oxygene passant egalemeut a la temperature du feu de forge sur le fluoruie de calcium le decompose avec plus de rapidite' que le chlore et produit, comme dans l'experience precedente, un gaz COSMOS, 335 qui attaque le verre ; M. Fremy a ete oblige, a son grand regret, de suspendre ces experiences interessantes sur la separation du fluor dans les fluorures, parce qu'elles ont deja determine la perforation de trois tubes de platine ; nmis l'Academie devrait bien lui venir en aide ! NOTE SUR LA PRODUCTION DE L OZONE PAR LA DECOMPOSITION DE L EAU A DE BASSES TEMPERATURES, PAR M. SORET. (Extrait.) « A l'occasion d'experiences oil j'employaiun voltametre refroidi dans un melange de glace et de sel marin, j'ai observe que le gaz qui s'en degageait et qui devait traverser des tubes dessechants, at- taquait et percait rapidement les tubes en caoutchouc reunissant les differentes pieces de l'appareil. Lorsque le voltametre n'etait pas refroidi, le caoutchouc retenait parfaitement le gaz. Cette action corrosive me parut devoir etre attribute a la presence d'une quan- tity plus considerable d'ozone lorsqu'on decompose l'eau par le cou- rant voltai'que a une basse temperature. " J'ai eherchd a apprccier cette quantite de la maniere suivante : l'ozone jouit, com me le chlore, de la propriete de transformer l'a- cide arsdnieux en acide arsenique. Si Ton a une dissolution titree d'acide arsenieux telle qu'il faille un litre de chlore pour en trans- former tofalement un litre en acide arsenique, et que Ton en prenne 50 c. cubes dans lesquels on fasse passer le gaz de la pile, l'ozone quiy est contenuopereral'oxydation d'une partiede l'acide arsenieux, Pour determiner la quantite qui a subi la transformation, il suffira de comparer la quanlite d'hypochlorite de chaux qui est necessaire pour achever l'oxydation de l'acide arsenieux, dans lequel on a fait passer le gaz, avec la quantite d'hypochlorite de chaux qu'il faut employer pour transformer en acide arsenique 50 c. cubes de la liqueur normale. « Soit N le nombrede centimetres cubes d'une certaine dissolution d'hypochlorite de chaux qu'il a fallu verser dans 50 c. cubes de la liqueur normale pour la transformer en acide arsenique, changement indique par la decoloration d'une goutte d'indigo. » Soit N' le nombre de centimetres cubes de la meme dissolution d'hypochlorite de chaux, qui ont ete necessaires pour amener la de- 336 COSMOS. coloration d'une goutte d'indigo dans les 50 c. cubes d'aoide arse- nieux partiellement oxyde par Taction de 1' ozone. » Alors, la quantitd d ozone qui a ete absorbee aura produit le meme effet que x centimetres cubes de chlore, x ctant donne par la proportion : N : N — IV : : 50rc : x, et si Ton admet que 1 c. cube d'ozone est equivalent a 2 c. cubes de chlore, " exprimera le nombre de centimetres cubes d'ozone... n Pour connaitre !e rapport de la quantite d'ozone a la quantite d'oxygene degage, il faut mesurer le volume de gaz detonant qui est produit. Dans ce but, j'ai employe deux voltametres traverses par le meme courant electrique. L'un £tait muni dun tube adduc- teur qui amenait le gaz clans un recipient jauge place sous la cuve a eau. Comme les deux voltametres degagent au moinsa tres-peu pres la meme quantite de gaz, on peut evaluer la proportion d'oxygene qui est produite par l'autre appareil ; le gaz qui sortait du second volta- metre etait amene, par un tube en verre, au fond d'une eprouvette, ou l'on avait verse les 50 c. cubes de liqueur chlorometrique; ce tube en verre etait recourbe a son extremite, et les bulles de gaz qui s'en echappaient arrivaient dans un entonnoir plonge lui-meme dans le liquide, La partie effilee de cet entonnoir etait recourbee de maniere a forcer le gaz a. venir se laver une seconde fois dans l'acide arsenieux, Malgre cet artifice pour obtenir une meilleure absorption, le gaz qui avait traverse possedait encore 1'odeur de l'ozone, et il y a lieu de croire qu'une assez forte proportion echappait a Taction de Tacide arsenieux. Les resultats obtenus ne sont done pas des determina- tions maxima. Nous ne citerons que les nombres de deux experiences compara- tives de M. Soret. 1° Acide sulfurique etendu d'eau : le rapport de la quantite d'ozone a la quantite d'acide degagee etait sans re- froidissement, 0,00129; avec refioidissement, 0,00383. 2° Acide chromique etendu d'eau : le rapport de Tozone a Toxygene etait sans refroidissement , 0,00036; avec refroidissement, 0,000758. A. TRAMRLAT, proprietaire-gerant. PARIS. — IMTRIMERTE DE W. RE5IQUET ET Cie., U'JE GATJ ANCiER E, T. IV. 24 MARS l654. ;TUOISIlhlE ANNEE. COSMOS. FAITS DIVERS. CALORIFERES A AIR CHAUD. DE M. CHAUSSENOT JEDNE. M. Chaussenot jeune est l'un des ingdnieurs qui, depuis plus de vingt ans, se sont occupes de chauffage avec le plus de succes. II a ete honore deux fois de medailles d'argent par le jury de l'ex- position de 1839 et par celui de 1844, et d'une medaille de platine par la Societe d'encouragement, pour ses nombreux et importants travaux de chauffage. Son nouvel appareil est considere comme dormant le chauffage le plus doux, le plus egal et le plus sain; il renouvelle quatre a cinq fois par heure l'air des pieces qu'il chauffe, et par sa puis- sante ventilation, il rend salubres les lieux les plus malsains, dont il enleve tous les miasmes. L'appareil Chaussenot depense, comparativement, le moins de combustible pour un chauffage donne : il brule 5 kilogrammes de houille a l'heure, pour donner 2000 metres cubes d'air chaud pen- dant le me me espace de temps. La chaleur que cette minime quan- tity de charbon degage, se trouve repartie sur 16 metres carres de surfaces chauffantes, dotit aucune partie ne peut rougir. Ces grandes surfaces appellent, dilatent, et font circuler Fair avec une tres- grande activite; cet air ne peut jamais etre chauffe a une haute temperature, ni par consequent etre vicie, ce qui fait que l'appareil emet toujours une chaleur douce, uniforme, semblable a celle del'et^. Le meme calorifere est remarquable par sa solidite et sa duree. Construit tout en fonte, monte a dilatation libre et a compensation, il ne peut, en aucun cas, permettre la moindre co, imunicatjon de la fumee ou de l'air brule avec l'air chaud qui arrive lans les pieces, ni par consequent y apporter de poussiere ni de mauvaise odeur. 338 COSMOS. La combinaison raisonn^e de l'appareil rend materiellement im- possibles ces resultats facheux. Enfin, bien que depensant le moins de combustible, l'appareil Chaussenot est tres-economique a etablir. Son nettoyage et son service s'executent avec la plus grande facilite. Cet appareil joint ainsi les propriety d'un bon chauffage aux conditions d'economie, de solidite et de duree. (Genie industries de MM. Armengaud freres, mars 1854.) ALIMENTATION DES CHAUDIERES DES BATEAUX A VAPEUR AVEC DE l'eau DISTILLEE. TROfEDE DE M. QUERUEL. On sait que les eaux douces des rivieres eontiennent en assez grande quantity des sediments calcaires, et que ces memes eaux, a 1'embouchure des fleuves, deviennent tres-chargees de vases et de sables, par suite des violents courants produits par les marees. II en resulte que les chaudieres alimentees avec ces eaux sont tres-rapidement couvertes a I'interieur de depots £pais non con- ducteurs qui, s'interposant entre le metal et l'eau, arretent le pas- sage de la chaleur, la forcent a s'accumuler dans la tole, au point de la faire rougir, et mettent ainsi la chaudiere dans l'un des cas d'ex- plosion. II faut done alors vider les chaudieres et les ouvrir pour les net- toyer. Ces operations, souvent re^tees, coutent fort cher, et oc- casionnent des chomages qui sont quelquefois prejudiciables au service. L'eau distillee fait disparaitre ces inconvenients de la ma- niere la plus complete. Seulement, il faut se la procurer par un moyen simple, ne donnant aucun surcroit de depense dans son usage ou dans son premier etablissement, d'une perfection telle qu'il n'apporte aucun obstacle dans la marche de la machine, afin que son poids et son volume n'attenuent pas les avantages qu'il peut presenter d'un autre cote. La quille des bateaux a vapeur en fer, utilisee comme conden- seur par surface, reunit ces avantages. Sa forme est celle d'un parallelipipede dispose suivant la longueur du navire, que Ton peut fermer de tous les cot&s et rendre completement etanche. Par sa position, la quille est tres-favorable a la condensation; elle est sub- merged dans une eau qu'elle parcourt avec vitesse ; ses surfaces sont baignees par des filets d'eau froide qui se renouvellent rapide- ment, et sa pente, vers l'arriere du navire, donne un tcouU ment COSMOS. 339 au produit de la condensation, qui s'accumule dans cette partie, et iacilite ainsi son extraction. Si, apres avoir fait le vide dans cette capacity, au moyen d'une ponipe a air, dont le tube d'aspiration plongerait au fond de la quille, on y introduit la vapeur a Tissue des cylindres, cette vapeur trouvera les parois froides de la quille, sur lesquelles elle se pre- cipitera pour se condenser, et la chaleur quelle aura transmise a la tole sera promptement absorbee par les filets d'eau que la quille traverse avec rapidite\ La condensation ayant lieu a travers un metal, il n'y aura point melange, et l'eau extraite du condenseur sera de l'eau distillee, entierement exempte d'air et de toute espece d'impuretes, et ne pouvant alors produire le plus leger depot. En alimentant la chau- diere avec cette eau, les coups de feu ne seront plus a craindre et la chaleur degagee par La combustion, ne trouvant plus d'ob^tacle a son passage, sera plus facilement absorbee par l'eau de la chau- diere, et donnera ainsi une economie de combustible. M. A. Queruel a fait construire expres, pour experimenter ce systeme, un petit bateau a vapeur a helice qui a fonctionne pendant un mois environ. II requite, de ses experiences, que la condensation s'opere de la maniere la plus satisfaisante. La surface refrigerante est de 33 cen- timetres carres par force de cheval, elle fournit un vide de 0m 70 a 0m 72 de hauteur de mercure, soit 4 a 6 centimetres de pression. L'eau, extraite de la quille condenseur, est a la temperature de 15 a 18° en hiver, et de 35 a 38 en t'te. La chaudiere n'a pas montre la plus petite trace d 'incrustation dans un voyage du bateau au Havre, et dans la baie de la Seine il n'est pas entre' une seule goutte d'eau salee dans la chaudiere. [Genie industriel de MM. Armengaud freres, mars 1854.) prix d'astrono.mie fonde par l'academie de saint-petersbourg. Dans sa seance publique annuelle tenue le 29 decembre 1853 TAcademie des sciences de Saint-Petersbourg a propose pour sujet de prix d'astronomie a decerner en 1857 l'examen des questions qui se rattachent a la division de la comete de Biela en deux corps. Voici le programme de ce sujet de prix :-«La division de la comete de Biela en deux corps, apparemment separes par un espace vide, est un evenement unique dans les annales de l'astro- nomie. Otte catastrophe, qui eut lieu en 1846, presque sous les 3&0 COSMOS. yeux des astronomes, a dt£ suivie de changements extraordinaires dans les apparences et dans l'eclatdes deux tetes. Des changements analogues se sont r(5pet6s lors du retour de la comete en 1852, imlgrd l'augtnentation considerable de la distance reciproque des deux tetes. lis accusent, a ce qu'il parait, l'existence continue d'une action mutuelle tres-remarquable. Toutes ces circonstances font de la comete de Biela un objet du plus haut interet scientifique. A cela s'ajoute encore, qu'a l'occasion du dernier" retour de la comete, en 1852, les positions observers ont enormc5ment differe de l'eph&ne- ride calculee d'avance par M. Santini , et qu'il n'est pas encore decide si les differences entre le calcul et 1 'observation doivent etre attribuees uniquement a des imperfections du calcul , ou si elles ont ete produites par des forces qui, lors de la division de la comete, ont effectue des changements brusques de l'orbite. Par cette raison, une recherche rigoureuse de l'orbite de cette comete a paru a l'Academie imperiale des sciences digne d'etre proposee au con- cours des astronomes et des geometres comme sujet d'un prix extraordinaire. En considerant qu'a l'epoque actuelle il est im- possible de prevoir toutes les consequences auxquelles meneront les recherches, l'Academie ne croit pas devoir trop restreindre le probleme a resoudre. Le programme se resume ainsi dans les points suivants : 1. L'Academie demande une recherche rigoureuse des elements de l'orbite que decrit le centre de gravite de la comete de Biela; recherche qui doit etre basee sur une discussion minu- tieuse de toutes les observations , obtenues dans les six apparitions observers entre 1772 et 1S52, eu egard a toutes les perturbations perceptib!es produites par les planetes. 2. Dans le cas oil il n'y aurait pas moyen de representer, d'une maniere satisfaisante , par une seule orbite , toutes les observations, il faudra diviser la re- cherche en deux parties, dont l'une embrassera les observations faites depuis les temps les plus recurs jusqu'a l'epoque de la sepa- tion d?s deux tetes; l'autre, les observations faites depuis cette epoque jusqu'a present. 3. La recherche doit etre particulierement dirigee par les relations mutuelles des deux tetes, afin de determi- ner, non-seulement la position du centre de gravite" entre les deux ietes, maisaussi, si c'est possible, les lois d'apres lesquelles se sont <>ffeetu£s les changements de leurs positions relatives. 4. Le me- moire de concours devra etre accompagne dune ephemeride calculee d'avance pour le prochain retour de la comete en 1859. Vu les longs et pembles calculs que reclamera la solution complete de ce probleme , l'Academie fixe au ler aout 1857 le terme pour lequel COSMOS. 341 les memoires destines au concours devront etre presented. » Le prix sera decerne, s'il y a lieu, dans la seance publique qui aura lieu au mois de decembre de la meine annee 1857. Les concurrents pourront ecrire leurs memoires, a leur choix, dans 1'une ou 1' autre des langues francaise, anglaise, allemande, russeou latine. Suivant la regie ordinaire des concours academiques , les memoires devront etre accompagnes d'une devise et d'un billet cachete contenant le nom de l'auteur. Le memoire couionne sera public par l'Academie, et l'auteur en aura 50 exemplaires a sa disposition. — Le prix est de la valeur de 300 ducats de Hollande (3534 francs); il y aura en outre un accessit de la moitie de la valeur du prix. APPAREIL DISTILLATOIRE DE M. SAK a Saint-S£bastien, pres Nancy. M. Sar, apres de longs essais et de nombreuses experiences sur la distillation des marcs de raisin et autres fruits fermentes, que de temps immemorial on distille en deux fois, vient d'inventer un nouvel appareil dit Rectificateitr , au moyen duquel on oblient. d'une seule chauffe, l'eau-de-vie la plus pure, de 50 a. 70 degres centesimaux, sans aucuns flegmes ou repasses. Cet appareil, aussi simple qu'ingenieux, et mis par son prix a. la portee des petits com me des grands fabricants, se plonge dans line petite bfu-he ou cuvette, superposeesur I'ancien refrigerant qui con- tiasitle&erpentMi. Un seul suffit pour deux alambics; il s'ajusteatous, et meme aux plus anciens, sans qu'd soit necessaire de rien changer aux chaudieres, ni de les sortir de leurs ibumeaux. Les vapeurs alcooliques qui viennent de l'alambic , penetient immediatement dans le Rectificateur ; elles y sont condensees instantanement par l'eau froide contenue clans la petite bache; les flegmes qui se pro- duisent entrent deux fois de suite en ebullition dans l'appareil ; les vapeurs spiritueuses de Iaseconde, qui s'operent sans pression, se rendent directement dans 1'ancien serpinlin et s'y conden-ent en eau-de-vie; les flegmes rctournant continuellement dans l'alambic, pour y etre distills de nouveau jusqu'a fin de cuite, empechent la chaudiere de se bruler. D'apres l'inventeur, les eaux-de-vie fabriquees a Paide de son appareil ne peuvent jamais etre infectees du gout desagreable qu'ort appelle le brule ; elles se produisent pur^s et sans aucune mauvaise odeur. La petite bache contient sans cesse de l'eau a 80 degres de 3.'i2 COSMOS. chaleur, qui sert a alimenter l'alambic, c'est-a-dire a le charger de nouveaux marcs , ce qui doune une grande avarice a la cuite. Les cuites peuvent se renouveler jusqu'a. quatre fois en 24 heures, avec un seul alambic. Dans ces conditions, les avantages qui r&ultent de l'emploi de l'appareil Rectirlcateur l'appellent naturellement a de grands succes, et il devra faire revolution dans l'art de la distil- lation des marcs , car il s'agit ici d'une grande ^conomie de com- bustible et de temps, et d'une notable augmentation dans les pro- duits. Rien n'est change^ d'ailleurs dans le service ordinaire. ( Genie industriel de MM. Armengaud freres , mars 1854.) PLANETE AMPHYTRITE. En annoncant la decouverte de la vingt-neuvieme petite planete par M. Chacornac, nous avons commis une erreur que nous croyons devoir rectifier. Ce n'est pas le 2, mais bien le 3 mars, que notre jeune ami est entre en fonctions. et il a apercu Amphy trite dans sa premiere veille a l'Observatoire de Paris. Ainsi qu'il l'ecrivait a M. Le Verrier, dans son annonce officielle, il n'observait pas au ha- sard, il cherchait a. retrouver un astre qu'il avait entrevu le 4 fe- vrier; et puisqu'il est certain aujourd'hui que cet astre etait bien Amphytrite, il nous semble que M. Marth devrait abrliquer en fa- veur de l'astronome fran^ais. M. Hind s'est trop pressc, il nous semble, de baptiser la nouvelle planete; l'emission si prompted'un nom qu'il est presque impossible -de changer plus tard, est line usurpation peut-etre illegitime. Ajoutons que la declinaison d'Am- phytrite n'est pas bor^ale, mais australe; c'est la declinaison de Bellone qui est boreale. — Aujourd'hui que la distillation dujus de betterave devient une question importante pour l'industrie, nous croyons etre agreable a nos lecteur^;, en leur annonpant que M. Gouin, t^diteur de la li- brairie centrale d'agriculture et de jardinage, va publier, dans le plus bref delai, une notice complete sur l'alcoolisation de la bette- rave, d'apres les documents fournis par M. Basset, jeune nitdecin, bien connu de nos lecteurs par ses travaux sur la fecule de fritillaire et son salep fran9ais. Cet ouvrage renferme tous les renseignements n^cessaires a ccux qui veulent s'occuper de cette importante industrie. PRIX DU PREMIER CONSUL. DERNIER MOT. Des documents que nous avons publies clans I'avant-derniere livraison du Cosmos, de lalettre du premier Consul etde l'interpre- tation donnee par 1' Academie, il resulte : 1° que le grand prix de 60 000 francs doit rester indivis, ou qu'il ne doit pas etre fraction- ne ; 2° qu'en outre de ce grand prix, le premier Consul a fonde a perpetuite un prix annuel de 3 000 francs ; cette fondation est tout aussi certaine que la premiere. On voit meme par les Annates de I' Academie des Sciences que le prix de 3 000 francs a ete decerne trois fois : En 1807 aM. Ermann, pour sa classification des corps conduc- teurs del'electricite, bi-polaires et uni-polaires; positifs et negatifs. En 1808 a Davy, pour la decomposition des alcalis fixes par la pile ; En 1810 a MM. Thenard et Gay-Lussac, pour leurs recherches physico-chimiques et leurs experiences sur l'ammonium et I'ammo- niure de mercure. Si Ton fait revivre le grand prix, il faudra par la meme raison faire revivre les prix annuels qui n'ont pas ete distributes a partir de 1810; et il en resulterait que le gouvernement, pour recompenser les decouvertes faites dans le vaste champ de l'electricite, pour rait disposer d'une part de 60 000 fr., de l'autre de quarante-trois fois 3 000 fr. , ou 129 000. Le grand prix de 60 000 fr. , tout le monde est d'accord sur ce point, revient de droit a CErsted ou aux heritiers (Ersted ; car c'est bien lui qui, par la decouverte de la deviation de l'aiguille aimantee sous l'influence du courant volta'ique, fait minime en apparence, immense en realite, fecond au dela de ce qu'on aurait pu imaginer, a ouvert une voie entierement nouvelle et fait une veritable revolu- tion. Quelles sont maintenant les meilleures experiences, les plus sa- vantes recherches relatives a l'electricite, auxquelles reviennent de droit des recompenses de 3 000 fr.'? Nous allons les enumerer ra- pidement et aussi compleHement que possible ; s'il nous arrive d'omettre quelques noms glorieux, nous reparerons plus tard , ou mieux, la commission de 1' Academie des sciences reparera notre oubli ou notre injustice involontaire. Nous suivrons autant que pos- sible l'ordre chronologique. ZUU COSMOS. 1811. TY'legraphe electro-chimique de Sommering. 1812. Memoire de Poisson sur l'electricite , suivi plus tard des Memoires sur le magnetisme et le magnetisme de rotation. 3814. Pile seche et eleclro-moteur perpetuel de Zamboni. 1S15. Experiences memorables de Children avec une pile gigan- tesque , reduction d'un grand nombre d'oxydes , volatilisation du diamant, etc. 1816. Porret decouvre le premier fait d'endosmose electrique et de transport mecanique des liquides dans le sens du courant. 1819. Hare construit son calorimoteur et fait de grandioses ex- periences. 1820. CErsted publie son experience de la deviation de l'diguille aimantee sous l'infiuence du courant electrique ; cette experience inaugure une ere nouvelle. 1820 et 1821. Ampere met en evidence Taction des courants sur les courants, jette les bases de la theorie generale de Telectro-dyna- misme dont il deduit une foule de consequences et de phenomenes completement nouveaux et imprevus. — Schweiger constmit son multiplicateur. — Arago aimante par Taction du courant. Grothus explique la decomposition electrolytique. 1822. Seebeck decouvre les courants thermo-electriques. 1821. Davy, qui avait deja decompose les alcalis et decouvert Tare electrique attire et repousse par Taimant, observe les mouve- ments dont le mercure s'anime au passage du courant, et applique les theories electriques a la preservation du doublage des navires. M. Becquerel commence la publication de ses rccherches si fe- condes sur le role de l'electricite a faible tension dans la production des composes chimiques et la formation des cristaux. 1825. Arago decouvre le magnetisme de rotation. Nobili invente le galvanometre a aiguille astatique. 1826. Savary publie ses curieuses experiences sur le magnetisme produit par la decharge electrique et le passage du courant. 1827. M. de la Rive decouvre la polarisation des electrodes. Ohm decouvre, verifie et publie ses fameuses lois des courants. M. Pouillet le suit de pres. 1830. Nobili construit son thermometre multiplicateur. Wheatstone mesure la vitesse de Telectricitd. 1831. Faraday decouvre les courants d'induction et rcvele ou explique une multitude de faits sans liaison. — Fechner publie ses JVlaasbestimmungen, et etablit les lois des courants derives. COSMOS. 345 Forbes d'Edimbourg tire de l'aimant la premiere etincelle e4ec- trique. Hippolyte Pixii construit la premiere machine eleetro-magne- tique. 1834. Peltier fait la decouverte du fait sans antecedents aucuns dun abaissement de temperature produit par le passage du courant. Dal Negro formule la premiere application de Telectro-magne- tisme a. la mecanique. 1836. Santi-Linari tire de la torpille la premiere etincelle elec- trique. M. Matteucci decrit sa belle experience de Taction du seul qua- trieme lobe du cerveau de la torpille, et met en evidence les cou- rants de la grenouille. 1837. Daniell invente sa pile a effet constant. Whealstone construit son premier telegraphe Electrique. II in- vente tour a tour l'horloge electrique, le chronoscope, l'appareil en- registreur des observations meteorologiques. Morse invente presque en meme temps son telegraphe impri- mant. Masson fait connaitre les effets singuliers des courants inter- rompus. 1838. Steinheil etablit un telegraphe electrique, et decouvre le faitjcapital de la conductibilite de la terre. Gauss publie sa theorie generate du magnetisme terrestre et la complete quelques annees plus tard. 1839. Grove invente la pile a gaz et sa pile a. effet constant. 1840. Jacobi de Saint-Petersbourg decouvre la galvanoplastie. Wheatstone emploie le telegraphe electrique a la transmission du temps. De la Rive publie la premiere experience de dorure galvanique. Schoenbein revele la passivite du fer et l'existence de l'ozone. Riees constate que la decharge electrique est ralentie par Taction d'un conducteur situe dans le voisinage du circuit qui ferme la batterie. 1S42. Bunsen invente sa pile a effet constant. 1843. Santi-Linari obtient la premiere etincelle des courants d'in- duction de la terre. 1844. Armstrong construit sa machine electrique a vapeur. 1845. Neef montre que la lumiere electrique nait d'abord au pole negatif de la pile. 346 COSMOS. 1847. M. Loomis emploie la telegraphie electrique a la deter- mination des longitudes. M. Weber publie ses determinations celebres des constantes de Telectro-dynamisme. 1848. Bancalari decouvre Taction du courant sur les flammes. Faraday publie ses m&norables experiences sur le magnetisme et le diamagnetisme, suivies bientot de la decouverte du magnd- tisme de Toxygene. 1849. Plucker met en evidence Taction des courants sur les liquides, les gaz et Torientation des axes optiques des cristaux. Despretz commence et continue pendant plusieurs annees ses experiences avec une pile de Bunsen de 600 elements, volatilise un grand nombre de substances refractaires, fondle charbon, decouvre de nouvelles proprietes de Tare electrique. Foucault a Paris et Staite a Londres construisent les premiers appareils fixateurs de la lumiere Electrique. M. Du Bois Raymond fait devier Taiguille aimantee par Taction du courant ne des contractions musculaires volontaires. Bain invente son telegraphe electro-chimique, une des merveilles du monde. Brett etablit la premiere communication electrique entre la France et TAngleterre a travers la Manche au moyen d'un cable conducteur sous-marin. 1849 et 1850. Walker et Mitchell, en Amerique, Fizeau et Goune!, en France, mesurent la vitesse du courant electrique dans les fils du telegraphe. Helmholtz met en Evidence et mesure la vitesse de Tagent nerveux. Nous n'irons pas plus loin, et nous croyons n'avoir omis aucun progres Eclatant, aucune experience celebre. Nous ajouterons seule- ment que les hommes qui ont Ete assez heureux pour attacher leurs noms a quelque instrument ou machine d'un usage universel, comme les piles de Daniell , de Grove, de Bunsen, de Smee, comme la machine a courant d'induction de M. Ruhmkorff, la lampe elec- trique de M. Jules Duboscq, etc., etc., ont aussi des droits Evidents a un prix de 3 000 fr. Cette distribution , cette execution solennelle d'une volonte su- blime serait dans Thistoire des sciences et du monde un evenement immense. Le verrons-nous se realiser sous nosyeux dans un court delai \ Nous Tesperons, parce que, comme nous Taverns deja. ait, il COSMOS. 3^7 suffit pour cela que l'Academie des sciences fasse appel a une autre volontd, a la volontd du neveu, echo fidele de la volonte de l'oncle immortel ; volonte, elle aussi , eminemment intelligente , forte et g£ne reuse. Que la commission le remarque bien, la question qui lui est soumise n'est pas une question de finances ; ce qu'on lui demande-,- c'est une appreciation de titres scientifiques, un jugement , une clas- sification. CErsted a-t-il, oui ou non , fait dans le domaine de l'electricite une conquete comparable aux conquetes de Franklin et de Voltat Oui, mjlle fois oui, evidemment. Dites-le done, acclamez-le done. Si le prix de 60 000 francs est reellement decre'te et fonde , CErsted 1 'a-t-il merite 1 Si les fonds des prix annuels de 3 000 francs dtaient de fait disponibles , les Ampere, les Faraday , les Arago , les Seebeck , les Ohm , les Gauss , les Jacobi, les Wheatstone, ies Peltier, les Santi-Linari , les Matteucci , les Plucker, les Du Bois Raymond, les Helmholtz, les Brett, les Bain, etc., les ont-ils gagnes? Voila la question. Ne vous renfermez done pas dans un silence qui excite un etonnement et presque une indignation universelle ; ne vous laissez done pas arreter par de vains scrupules, jugez, prononcez, dressez d'une main ferme la liste des laureats ! l'empereur Napoleon III fera le reste. La France sera toujours assez riche pour payer sa gloire ; a ddfaut d'argent elle a des couronnes. Les croix de commandeur, d'officier, de chevalier de laLegion-d'Honneur seront bien placees sur d'aussi nobles poitrines ! On sera plus fier de les porter, quand elles auront resplendi de l'e- clat du genie d'invention ! PHOTOGRAPHIE. NOUYELLE METHODE POUR PAPIER HUMIDE OU SEC. Nous reccvons de M. Stephane Geoffroy , avocat, a. Roanne, une lettre qui inteVessera vivement nos abonn^s photographes, et que nous nous empressons d'inseier au moment oil va s'ouvrir la cam- pagne daguerrienne : « Je regrette beaucoup de ne pas pouvoir encore vous donner les details que je vous avais annonces sur mes experiences photogra- phiques avec la benzine; jusqu'a present, je ne suis pas parvenu a obtenir avec ce produit une rapidite plus grande que celle des pa- piers cires a la maniere ordinaire , et comme cette rapidite ne me satisfait pas, j'attends, pour publier mes essais sur le nouveau v£- hicule photogenique, d'avoir trouve le moyen de joindre a tous ses autres avantages celui d'une grande sensibdite. •< Neanmoins, je vous adresse desaujourd'hui la description com- plete d'une methode pour papier humide ou sec, qui a sur celle pour papier cire de M. Legray , de tres-serieux avantages. — Je vous l'af- firme excellente, et ses r^sultats se sont toujours produits d'une ma- niere si facile, si simple et si continue, que je crois etre utile aux photographes en la publiant... « § lcr. J'introduis 500 gr. decirejaune ou blanche dans 1 litre d'alcool au degre du commerce dans une cornue de verre, et je fais bouillir l'alcool jusqu'a dissolution complete de la cire (j'ai eu soin de disposer a la suite de ma cornue un appareil au moyen duquel je puis recueillir tout le produit de la distillation). Je verse dans un vase le melange encore liquide ; bientot , a mesure quil y a refroi- dissement, la myricine et la cerine se solidifient, et la ceroleine reste seule en dissolution dans l'alcool ; j'isole ce liquide en le pas- sant sur un linge fin ; et par une derniere operation, je le filtre a travers un papier dans un entonnoir de verre, apres y avoir mele l'al- cool resultant de la distillation. Je conserve en provision cette li- queur dans un flacon bouche a 1'emeri et je m'en sers a mesure que j'en ai besoin apres l'avoir melangee de la maniere suivante : « § 2. D'autre part je fais dissoudre dans 150 grammes d'alcool a 36 degres 20 grammes d'iodure d'ammonium (ou de potassium), 1 gramme de bromure d'ammonium ou de potassium, 1 gramme de fluorure de potassium ou d'ammonium. « Dans une capsule j'ai verse sur 1 gramme environ d'iodure d'ar- COSMOS. 349 gent fraichement prepare" , et goutte a goutte, ce qu'il faut seule- ment pour le dissoudre d'une solution concentree de cyanure de potassium. «. J'ajoute cet iodure d'argent dissous au melange precedent et j'agite ; il reste comme en depot au fond du flacon une epaisseur assez considerable de tous les sels ci-clessus, qui servent a saturer l'alcool par lequel je remplace successivement eelui sature que j'ex- trais au fur et a mesure dans les proportions ci-dessous. « § 3. Ces deux flacons composes, et lorsque je veux preparer des negatifs, je prends 200 grammes environ de la solution n° 1 de ceroleine et d'alcool auxquels je mele 20 grammes de la solu- tion n° 2, je filtre le melange avec soinpour eviter les cristaux non dissous qui tachent toujours le papier, et je lais dans une cuvette en porcelaine un bain oil je laisse s'imbiber pendant un quart d'heure environ et par cinq ou six a la fois, jusqu'a ^puisement de la li- queur, les papiers choisis et coupes. — Retires, suspendus par un angle et seches, ces papiers, qui ont pris une teinte rosacee toujours ires-uniforme, sont enfermes a l'abri de la poussiere et conserves au sec. Quant a la sensibilisation par le nitrate d'argent, 1' appari- tion de l'image sous Taction de l'acide gallique et la fixation de l'epreuve par l'hyposulfite de soude, je suis les methodes ordinaires, celle de M. Legray le plus souvent. J'ajoute seulement, si j'en ai de dissoute, 1 gramme ou 2 d'eau-de-vie camphree a 1 litre de la dissolution d'acide gallique. " Permettez-moi, Monsieur, de dire quelques mots sur les avan- tages precieux que j'ai toujours remarques en preparant mes n£- gatifs par cette methode. « Tous ceux qui emploient les papiers cires par le procede de M. Legray, savent combien sont nombreuses, lentes et difficiles, les operations preliminaires jusqu'a la sensibilisation par le nitrate d'argent. lis savent combien il faut de precaution pour obtenir des papiers uniformement enduits et sans taches au milieu de si longues operations oil les occasions d'accidents sont si nombreuses. En effet , il faut etre en garde avec une attention soutenue contre les impure- tes des cires livrees par le commerce, contre la poussiere pendant rimpirgnation du papier et tout le travail du fer, contre la trop giande chaleur de celui-ci, contre la mauvaise qualite du papier employe pour etancher, etc. Les photographes savent aussi ce qu'on perd de cire par ce procede et ce que coutent les quuntlth de papier necessaires pour etancher convenablement. — On com- prend encore combien est difficile et lente l'imbibition d'un papier 350 COSMOS. cire au prealable par une solution aqueuse. — Au contraire, par la m^thode dont je vous donne la description, l'ioduration et le cirage se font par une seule, simple et rapide operation ; l'imbibition est, on le concoit, tres-uniforme et tres-complete , grace a la fa- culty de penetration que possede l'alcool, et ce grenu des epreuves cirees ordinaires qui est si facheux, ne peut se produire de cette maniere, grace au caractere de la ceroleine ; ce corps est effective- ment d'une remarquable elasticity. « La solution de ceroleine dans l'alcool est d'ailleurs tres-facile a preparer et relativement peu couteuse, car les residus de stearine et de myricine, ou bien peuvent etre rendus au commerce, ou en tous cas sont d'un excellent emploi pour cirer les epreuves fixees. t La solution dont je vous donne la formule est photogenique a un tres-haut degre; en effet, employee avec des papiers minces ou forts, elle donne, des le premier bain d'acide gallique, des noirs d'une intensity vraiment remarquable, qu'il est impossible d'obte- nir au meme point avec le papier Legray, et que les autres papiers accusent a peine apres avoir ete traites une seconde fois par l'acide acetique ou le bichlorure de mercure. Elle conserve en meme temps les blancs et les demi-teintes d'une maniere qui me surprend a chaque nouve'le experience ( je n'ai pas pu obtenir encore une seule epreuve piquee par l'acide gallique additionne de nitrate d'argent). La transparence des Epreuves est toujours admirable, et la nettete' de l'image ne le cede en rien a celle des Epreuves obtenues sur albumine. « Le papier, prepare comme je le dis, est aussi tres-rapide relati- vement au papier Legray, il gagne sur ce dernier un quart, et con- serve sa parfaite sensibilite dans la meme proportion de temps, trois jours de plus sur douze. Ainsi, il est a la fois plus rapide et moins alterable; cette rapidite relative se concoit tres-bien, en se rappe- lant que la ceroleine est un element beaucoup plus mou que son compose; quant a la fixite\ elle tient a la maniere intime et com- plete, suivant laquelle s'est faite l'ioduration, a la purete des ele- ments qui y ont concouru et a une aptitude photogenique propre de la ceroleine que la science expliquera sans doute bientot. " Je vous sais assezbienveillant, monsieur, pour excuser l'impor- tunite* d'une si longue communication, vous me pardonnerez d'ail- leurs facilement, en pensant que, si j'ai recours a la publicite de vo- tre excellente Revue, c'est persuade de livrer un proc^de reelle- ment avantageux a ceux qui, comme moi, retires dans la province, loin des ressources de Paris, attendent trop souvent, en vain, les COSMOS. 351 communications consciencieuses , dont manquent, presque toujours, les nombreuses brochures repandues a foison et sans avantages pour les acheteurs. » Nous remercions sincerement notre aimable correspondant de son interessante communication, et nous l'encourageons a continuer ses experiences, persuade qu'il nous adressera bientot quel que autre nouvelle importante. Nous avons aussi regu, de notre honorable ami, M. l'abbe La- borde, professeur de physique, une lettre oil il nous donne la com- position d'un bain d' argent dont la propriete consiste a faire appa- raitre, instantanement, l'image sous l'influence de 1'acide gallique ; l'espace nous manquant aujourd'hui, nous la publierons dans un de nos prochains numeros. APPLICATION DES COURANTS DllRIVtS A LA TELEGRAPHIE ELECTRIQUE PAR M. PETRINA, DE PRAGUE. M. Petrina s'occupait depuis dix-huit mois de la construction d'appareils interrupteurs du courant, semblables a ceux dont on se sert dans les machines d'induction electrique. Un de ces appareils, par ses vibrations rapides, produisait des tons fort distincts , et lui donna l'idee de realiser un hannonica electro-magnetique avec un ensemble d'interrupteurs. 11 crut d'abord qu'il serait oblige, pour faire jouer son harmonica, d'ernployer autant de petites piles qu'il y avait de tons , persuade qu'il etait , s'il n'avait recours qua une seule pile, que le courant, en sedivisant, serait par trop affaibli, que le nombre des interruptions ne serait plus le meme, que par conse- quent chaque appareil ne donnerait plus le son qu'on en attendait. Mais l'experience lui prouva qu'il se trompait ; avec un seul petit ele- ment pour les huit interrupteurs de son harmonica, il n'observa ni affaiblissement du courant, ni changementde tons. etc. ; on pouvait, sans perturbation aucune, faire resonner, soit a. la fois, soit combinees d'une maniere quelconque, les huit lames vibrantes. II n'en pouvait pas etre autrement, car le fait mis en evidence par l'experience est une consequence necessaire de la theorie de Ohm et des lois des courants derives. Suivant la theorie de Ohm, en effet , le courant d'un appareil galvanique croit proportionnellement a la diminution des resistances totales du circuit ; et la loi des courants derives veut que chacun de ces courants ait l'intensite qu'il aurait si le circuit etait ferme par son seul conducteur , en admettant toutefois que la resistance de l'electro-moteur soit tres-petite ou sensiblement nulle, non-seulement par rapport a la somme des resistances de tous ces circuits , mais encore par rapport a la resistance de chaque circuit conducteur ferme\ M. Petrina s'£tonne que la theorie si importante des courants derives n'ait ete appliquee nulle part a. la telegraphie electrique, au moins a sa connaissance. Dans le bureau central de Vienne il y a autant de piles principals qu'il y a de lignes telegraphiques par- tant de ce bureau, et meme autant de piles locales ou de relais qu'il y a d'appareils ecrivant de Morse ; tandis qu'il suffirait d'apres ce que nous venons de dire , d'une seule pile principale et meme d'une seule pile locale, d'un seul relais, alors meme qu'on enverrait des signaux a la fois sur toutes les lignes. La seule condition a. remplir serait que la pile unique fut assez forte pour transmettre les signaux COSMOS. 353 a la station la plus eloignee ij on unirait un de ces poles avec les fils de toutes les lignes, l'autre pole communiquerait a l'ordinaire avec la terre. Designons par F la force electro-motrice de la pile , par Ri, Ra, Rs, ... les resistances respectives des diverses lignes, par h, la, Is, ... les intensites des courants pour chaque circuit ferme, on aura, en vertu des lois de Ohm, T — F T — F T F puisque par hypothese la resistance de la pile est infiniment petite relativement aux resistances des circuits et qu'on peut la negliger. Si la pile fonctionne a la fois pour toutes les stations, on aura, en appelant R la somme de toutes les resistances et I rintensite" du F courant que la pile peut faire naitre alors, I = ~ ; en supposant R toujours que la resistance de la pile peut etre negligee par rapport a la resistance totale R. On a, d'ailleurs, comme tous le monde sait, R Ri ~R2~K3~ et par suite R = . Hi*, A*.. I_R2R3-F+RtR3...F-|-RiR2F... F , F , F R2 R3... +Ri R3 ... + Ri R2... ..-+R1R2F... F , F , F , R,R2R3 =R^+r2+R7f-=:I'+r2+l3+- Cette derniere Equation prouve evidemment que dans le cas oil la pile dessert toutes les lignes, son intensity actuelle est la somme des in- tensites des divers circuits termed separement , et comme d'ailleurs chaque courant derive est aussi intense qu'il le serait si la pile 6tait fermee parson seul conducteur ; il en resultequeles courants derives sont independants les uns des autres, et n'exercent Tun sur l'autre aucune influence, soit qu'ils soient simultanement excites, soit qu'on les mette en jeu tour a tour. Ce que nous venons de dire s'etend evidemment aux piles locales ou aux relais , et rien n'empeche qu'une meme batterie fasse fonc- tionner un nombre quelconque de telegraphes dcrivants a la fois. La seule objection pratique qu'on pourra faire a l'application de la theorie, c'est que les courants derives des stations les plus voisines seraient trop forts pour faire un service regulier ; M. Petrina repond ; l"'que tout bon appareil telegraphique doit pouvoir fonctionner 354 COSMOS. avec des courants d'intensites tres-differentes ; 2° que l'on ne manque pas de moyens d'affaiblir a volont^ un courant trop fort. Voici un de ces moyens tres-simple et tres-approprie au but qu'il s'agit d'at- teindre. Si les lignes telegraphiques partant d'un meme bureau sont de longueurs remarquablement differentes , on ne gardera que la pile de la station la plus eloigned, et Ton fixera les extremites des autres stations, suivant l'ordre de leurs longueurs et l'intensite du courant dont on a besoin, de maniere a faire entrer dans ie circuit le courant de 12, .18, 24, 30 elements de cette meme pile de la station eloigned : on obtiendra de cette maniere des courants derived de toute intensity voulue. On peut prendre de la meme ma- niere dans cette pile principale unique meme les elements neces- saires pour constituer les piles locales. La discussion que Ton vient de lire est extraite des comptes rendus des seances de l'Academie imperiale de Vienne, ann£e 1853, tome x, 1" cahier, p. 3 et suivantes. Nous trouvons au bas de la p. 6 la note suivante : Son excellence le president de l'Academie fait remarquer que les experiences faites dans le bureau central de "Vienne ont pleinement confirme les id£es theoriques qui avaient conduit M. P^trina a affirmer qu'on pourrait diminuer considerable- ment le nombre des piles. On a pu , en effet, de cet maniere , require le nombre des elements; a Vienne, de 480 a 84; a V6- ronne de 180 a 60; a Triest de 150 a 84 ; a Salzbourg, de 180 a 60; a Oderberg, de 96 a 36. Au lieu de 1102 elements que Ton employait autrefois dans ces stations reunies, on n'en em- ploie done plus que 324. C'est un progres considerable, on le voit, et l'exemple donne a Vienne me>ite d'etre suivi partout. D'apres ce que nous venons d'entendre dire vaguement, il n'y au- rait non plus a l'administration centrale des tetegraphes de Paris qu'une seule pile servant aux besoins de toutes les lignes. Dans une seconde note insSree dans la livraison de juillet des comptes rendus de l'Academie des sciences de Vienne, page 375 , M. Petrina indique un autre nouveau moyen de simplilier la corres- pondance telegraphique a de grandes distances. Quatre stations successives A, B, C, D sont reliees entre elles dans l'ordre des lettres, et il s'agit de correspondre avec D. Dans la dispo- sition recue le courant va d'abord de A en B ; en B il met simplement en action une seconde pile appelee translateur ou relais et va se perdre dans la terre. Le courant venu de A pour mettre en jeu le translateur, doit avoir une certaine intensity que nous designerons par I ; en appelant R l'ensemble des resistances entre A et B, et F COSMOS. 355 la force electro-motrice n£cessaire a engendrer le courant qui doit F les vaincre, on aura I = „ • En supposant que le translateur en C R ait le meme degre de sensibilite que le translateur en B, il faudia que la station B envoie a C un courant de meme intensite I, et si Ton designe par R' la resistance totale entre B et C par F' la force F' electro-motrice correspondante , on devra encore avoir I = — ; on F" aura enfin de meme pour la station C, 1 = ^. C'est ainsi que le courant ne en A, et dont l'intensite est I, arrive en D, en meme temps que la pile de chaque station opere pour elle-meme ou separement. Concevons actuellement que Ton supprime les translateurs en B, C, . .. et que les piles placees en A, en B, en C soient unies au moyen des conducteurs aeriens de la ligne telegraphique par leurs poles de noms contraires, de maniere a constituer une seule pile ; alors dans cette pile les forces electro -motrices F, F', F" seront en jeu a la fois; et puisque l'ensemble des resistances entre A et D est R-J-R' -f-P'S si 1 on fait abstraction de la resistance des transla- teurs supprim^s, on aura pour l'intensite du courant que donne cette pile composee — R-f-R' + R" On tire d'autre part des trois Equations deja. etablies .— ■ p_lf'_I-f" IR = F, IR' = F', IR"=F", I(R+R' + R")=F + F' + F", l=£Tj£pS et par consequent I' = 1; ainsi, dans les deux dispositions adop- tees, soit que chaque pile fonctionne separement, soit que les trois piles soient unies de maniere a fonctionner comme une pile unique , l'effet produit est le meme. Mais comme en unissant entre elles les piles des batteries on annule la resistance des translateurs, resis- tance que M. Petrina a prouve" etre egale pour chacun d'eux a 14 ou 18 lieues, suivant la grosseur, du fil conducteur de la ligne, il est evident que V sera toujours plus grand que I , et qu'en adop- tant la seconde disposition, on epargnera de la force, et d'autant plus que la ligne est plus longue , jusqu'au point de pouvoir suppri- mer une pile sur trois. Les experiences de M. Petrina prouvent : 1° qu'en ce qui con- cerne l'intensite du courant , on peut indirTeremment accumuler 256 COSMOS. toutes les resistances en dehors de la pile entre les deux poles, ou la repartir par portions egales ou inegales entre les elements memes de la pile, dans son interieur en quelque sorte. 2° Que les signaux tele- graphiques se transmettent parfaitement et sans perturbation ou irregularite quelconques a travers le circuit d'une pile ainsi frac- tionnee ou dispersee. 3° Que ces signaux peuvent partir d'un point quelconque de ce circuit et etre recus a a un autre point quelconque. 4° Qu'avec le meme courant par lequel on envoie un signal tele- graphique de A vers D, on peut envoyer un signal de D vers A, sans qu'il soit nulleinent necessaire d'introduire dans le circuit la pile placee en D. 5e Enfin que si Ton reunit en une seule pile unique plusieurs fortes piles dont chacune en raison de ses resistances to- tales donne un courant d'intensite i, la pile unique composee pro- duira elle-meme un courant d'intensite i , en admettant que la somme des resistances des piles partielles soit restee la meme. Pour parer 1' objection qu'on aurait pu lui faire qu'il n'avait pas verifie les resultats de la theorie sur des lignes telegrapluques suf- fi.>amnient longues, M. Petrina, par l'introduction entre les piles sur leMjuelles il operait, de voltametres remplis d'eau , plus ou moins conductrice, s'est cree des circuits artificiels dont la resistance etait egale a celle d'un conducteur telegraphique de 200 lieues de longueur. Fort de cette verification il conclut ainsi : Puisque la modification que je reclame donne plus de surete dans la transmis- sion's signaux, quelle epargne de la force et par consequent de la depense, qu'elle n'exige aucune disposition nouvelle, aucune ad- dition aux appareils existants, j'ai tout lieu d'esperer qu'elle sera adoptee, qu'on supprimera les translateurs qui sont non-seulement inutiles, mais nuisibles, puisqu'ils creent une resistance sans but, et dont on pourrait d'ailleurs tirer parti en les employant comme re- lais pour les appareils imprimants qu'on voudrait introduire sur la ligne telegraphique. ACADEMIE DES SCIENCES. SEANCE DU 20 MARS 1 854. A l'ouverture de la stance, le president, M. Combes, annonce a l'Academie la perte nouvelle qu'elle vient de faire, dans la personne de M. Beautemps-Beaupre\ membre de la section de geographie et de navigation , decede le 16 de ce mois. M. le capitaine Duperrey a prononce sur sa tombe un discours au nom de l'Academie, qu'il avait ete" charge de representer en cette douloureuse circonstance. — M. Valenciennes reprend ensuite la lecture du travail fait en commun avec M. Fremy, sur la Composition des oeufs dans la serie des Animau.v, lecture qu'il avait commencee dans la precidente stance. Nous rendrons compte de ces longues et laborieuses recherches lorsqu'elles seront parvenues en entier a notre connaissance. — M. Duvernoy , charge" de faire un rapport verbal, sur une com- munication relative a une piece fossile, trouvee dans le royaume de Wurtemberg, profite de l'occasion pour enumerer avec detail tous les meritesde ce morceau paleontologique, dont ll voudrait engager l'Academie a Pairs l'acquisition pour le Museum d'histoire natu- relle. M. Thenard se plaint de l'etendue donnee a ce rapport, qui manque, suivant lui, de son caractere le plus essefltiel, c'est-a-dire, d'etre fait de v'we voix et non par ecrit ; il demande ensuite a ce que tous les rapports soient un peu moms detailles, et que Ton en fasse davantage. Quant a la proposition faite par M. Duvernoy, d'acheter la piece fossile wurtembergeoise, la section de zoologie sera chargee de l'examiner. — La parole a ete prise ensuite par M. Dumeril , afin de presenter a l'Academie le septieme volume de son Histoire generate des Serpents, publiee par M. Roret, dans son recueil des Suites a Buffon. Cet ou- vrage, commence' par son savant auteur, en collaboration avec M. Bibron, a ete" acheve avec le concours de M. Dumeril fils, qui a succede a M. Bibron dans la place d'aide-naturaliste au Museum d'histoire naturelle. — Apres cette communication de M. Dumeril, l'Academie a pro- ced4 a la nomination d'un correspondant dans la section de geome- trie, en remplacement de M. Chasles, elu membre de 1'Acadeime. La section de o-eometrie avait presente la liste suivante de can- didats a la place de eorrespondant : 1° au premier rang et hors ligne, M. Steiner, a Berlin ; 2° au deuxieme rang, et par ordre.al- 358 COSMOS. phabrtique, MM. Cayley, a Cambridge.; Kummer, a Berlin ; Os- trogradski , a Saint Petcrsbourg; Richclot, a Kcenigsberg, Rosen- heim, a Breslau ; Sarrus, a Strasbourg; Sylvester, a Londres ; Thompson, a Glasgow. Les membres ayant droit de voter etaient au nombre de 52. Le depouillement i!u scrutm a donne 47 bulletins (majorite- 24). Au premier tour M. Steiner a reuni 46 voix, 1 voix s'est portee sur M. Richelot ; M. Steiner a done et£ proclame membre correspon- dant de l'Academie des sciences. — L' election terminee, M. Mathieu a pris la parole pour protester contre le mode d'impression des ceuvres d'Arago. « Le jour de sa mort, a ditle savant academicien, Arago, s'adressant a ma femme eta ma fille, leur avait dit : Vous publierez mes ceuvres. Puis apres quelques instants, s'adressant a ma fille il avait ajoute : Tu me le promets, n\st-ce pas? » Lorsque MM. Gide et Baudry eurent achete des heritiers d'Arago la propriety de ses ocuvres , il fut con- venu que M. Banal serait charge" dusoin de 1'edition qu'on allait en- treprendre, et que les epreuves passeraient toujours sous les yeux de M. Mathieu avant d'etre livrees au tirage definitif. Cette der- niere condition n'a pas ete remplie; M. Barral s'est donne\ dans le volume des ceuvres d'Arago qui vient de paraitre , comme ayant et6 charge par l'illustre auteur lui-meme de la publication de ses tra- vaux, ce qui est tout a fait contraire a la verite ; enfin on a mutile expres l'introduction de M. de Humboldt pour y parler de M. Bar- ral et de sa mission d'editer les ceuvres d'Arago, ce qui ne se trou- vait point dans le manuscrit original. Tous ces motifs ont pousse" M. Mathieu a reclainer hautement et publiquement contre une facon d'agir qui ne saurait repondre aux intentions exprimees par Arago dans le cours de son existence et sur la fin de ses jours. — La reduction de l'aluminium operee avec tant de bonheur par M. Deville, avait souleve une reclamation de la part d'un soi- disant neveu de M. Woehler, qui revendiquait pour son oncle la gloire de cette decouverte. M. Woehler eerit aujourd'hui a M. Du- mas pour se declarer tout a fait stranger a cette reclamation de priorite, faite par une personne qui lui est completement inconnue, son unique neveu s'appelant Woehler et n'etant pas encore d age a s'occuper de chimie. M. Woehler expose ensuite les resultats de ses dernieres recherches sur 1 'aluminium , recberches qui datent de 1845 et qui ont 6"te publiees a cette epoque dans les Ann. der chim. undpharm. Comme nous n'avons pas sous les yeux le travail du savant chimiste allemand, nous ne pourrons en parler que dans COSMOS. 359 lenumero prochain. Dans cette meme lettre adressee a M. Dumas, M. Woehler decrit aussi plusieurs composes organiques nouveaux et une meihode analytique pour la separation du nickel et du /-inc. M. Deville a repondu a la lettre de M. Woehler qui lui avait ete communiquee par M. Dumas. Nous reproduirons lareponsedu jeune chimiste aussitot qu'elle nous aura ele transmise. M. Le Verrier a mis sous les yeux de l'Academie les elements de l'orbite tiAmphytrite, tels que M. Yvon de Villarceau les a ob- tenus d'apres les observations de MM. Hind, Marth et Chacornac. Voici quels sont ces elements : Anomalie moyenne le 0 mars ; t. m. de Paris 53° 26' 19" 42 + 1,7/1083 St Compteesdere-jLon„itudedu p{,riWlie i06n 34' 4S" 15 — 0,74083 St ateur la premiere chaudiere d'un appareil distillatoire continu dispose a ceteffet apres le depart complet de l'alcool. Ann de ren- dre cette cuisson plus facile, on ajoute dans 1" appareil une certaine quantity de jus bouillant , sorti d'un precedent traitement , on ouvre une porte et le melange est conduit par des canaux dans des appareils de dep'acement, sortes de cuves en bois, larges du haut, etroites du bas, a doubles fonds, percds de trous, et basculantsurun axe horizontal. Les jus s'ecoulent en filtrant par le double fond et se rSpandent sur une plate-forme oil ils se refroidissent. On entretient leur ^coulement en arrosant les tranches, d'abord avec des jus faibles, ensuite avec de l'eau. Lorsque les liqueurs sorties de l'appareil ne marquent plus que trois degre"s de l'areometre de Baume" , on les met a part pour commencer un nouveau displace- ment. Les premiers jus sont pompte dans les cuves et mis en fer- mentation ; ils marquent ordinairement 5 a 5 1/2 degres et torn- bent a 0 au moment oil ils doivent etre distills ; il faut 6 a 8 litres de levure pour 25 hectolitres de jus. On reconnait que les pulpes sont £puis£es quand les liquides marquent 0 a l'areometre. On les laisse alors egoutter, puis on ren- verse les appareils qui se trouvent aussitot prets a recevoir un nou- veau chargement. Ces pulpes melees aux vinasses bouillantes constituent une nourriture excellente, nullement acide au gout , et renfermant sen- eiblement tous les elements de la betterave, moins le sucre, mais plus la levure. Si cette derniere 6tait rare on la remplacerait au 4/5 par une addition de farine de malt et de grains, a laquelle on ferait eubir la saccharification , comme a l'ordinaire , operation que Yon peut meme executer avec les premiers jus Joules aussitot qu'ils sont refroidis a 75 ou 70 degrds centigrades. La distillation s'effec- tueavolonte\ soit dans un alambic ordinaire, soit dans un appareil de Derosne. COSMOS. 371 VIN DE BETTERAVE. M. Adolphe Billet, distillateur a Cantin, vient de presenter a la Societe" d'agriculture, sciences et arts, du departement du Nord, un echantillon de vin de betterave. Cette boisson vineuse , legerement sucree et acidulee , est peut- etre appelee a remplacer avantageusement dans diverges contrees les boissons ordinaires et couteuses du peuple, telles que le cidre, la biere et le vin. II est possible qu'on se recrie d'abord sur un gout de betterave un pen prononce" et auquel il faudra s'habituer. Mais cette saveur plus sensible quand on deguste le liquide par petites gorgees, devient d'une fraicheur agreable quand on boit a plein verre. Ce gout ne paraitra facheux qua quelques palais preVenus. Que dirait-on, d'ailleurs, du gout de la biere, s'il s'agissait d'en essayer aujourd'hui pour la premiere fois ; et s'il fallait, sans con- naitre ses proprietes nutritives et bienfaisantes, la deguster pour experience dans un verre a liqueur ? Le vin de betterave ou la betteravine, si Ton veut lui donner ce nom, a £te goute avec plaisir par quelques niembres de la Societe* d'agriculture, et plus completement par quelques personnes a qui nous avons eu l'honneur d'en offrir et qui comme nous s'en sont fort bien trouvees. Pouvait-il en etre autrement d'une boisson natu- relle et d'une purete parfaite1? La betterave coutant 20 fr. les 100 kilog. , la betteravine serait livre"e a la consommationauprix de8 centimes le litre. Est-ce assez dire le peu de fabrication et le facile acces aux classes pauvres et laborieuses qui se consument avec I'alcool quand elles out un si ur- gent besoin d'une boisson abondante et salutaire \ Quant a Taction de la betterave sur l'estomac des consomma- teurs, nous laissons a l'experience le soin de demontrer ce doat la theorie est convaincue. (Moniteur industriel.) PRECIPITATION DE L ALUMINIUM ET DU SILICIUM PAR LELECTRICITE. A la date du 24 fevrier dernier, M. Gore adressait aux redac- teurs du Philosophical Magazine deux echantillons de cuivre , l'un couvert d' aluminium et l'autre de silicium obtenus, par le procexle electrique. Pour precipiter 1' aluminium, M. Gore fait bouillir pen- dant une heure un excesd'hydrated'aluminesec, dissous dans l'acide chlorhydrique, il dicante la dissolution etl'etend d'un sixieme de son volume d'eau. 11 plonge dans la liqueur un vase de terre poreux, contenant de l'acide sulfurique eHendu de douze fois son volume 372 COSMOS. d'eau, avec une lame de zinc amalgame ; dans la dissolution du chlorhydrate d'alumine, il plonge une piece de cuivre offrant a peu pros la meme surface que le zinc, et il joint les deux metaux par un fil de cuivre. Au bout de quelques heures, on trouve que le cuivre s'eat couvert d'une couche d'aluminium couleur de plomb; mais qui, sous le brunissoir devient blanc comme leplatine. Inalte- rable a l'air et a l'eau, cette couche est attaquee par les acides sulfurique et nitrique. Si l'appareil est entretenu a une temperature elevee et le cuivre beaucoup plus petit que le zinc , le depot se forme tres-vite et en moins d'une demi-minute. II se forme encore plus promptement si le chlorhydrate d'alumine est employe sans eau. L'auteur obtient encore un rapide depot d'aluminium, quoique moins pur, en dissol- vant de la terre de pipe dans l'acide chlorhydrique bouillant, eten- dant la dissolution, et agissant comme ei-dessus. II a pu aussi rem- placer le chlorhydrate d'alumine parl'acetate d'alumine concentre, et meme par une dissolution moins saturee d'alun de potasse ; mais alors Taction est beaucoup plus lente. Dans tous les cas, on peut activer le depot de l'aluminium , en interposant dans le circuit un , deux ou trois petits couples de^smee. Pour obtenir un depot de silicium, l'auteur fait dissoudre dans sept parties d'eau une partie de monosilicate de potasse (obtenu en chauffant une partie de silice avec deux parties trois-quarts de car- bonate de potasse) , puis il procede comme pour 1'aluminium et active le depot du silicium par une paire galvanique. Si Taction est tres-lente, le metal ainsi depose est beaucoup plus blanc que l'alu- minium et apparait presque comme de Targent ; mais ses autres proprietes n'ont pas encore e"te" reconnues. [Revue de £ instruction publique.) DECOUVERTE d'uN NOUVEAU MORDANT. On nous annonce la nouvelle suivante : « M. Basset, chimiste, a Paris, rue de Vaugirard, 33, vient, apres cinq mois de recherches spdciales, de decouvrir un mordant nouveau , destine a remplacer completement la creme de tartre dans toutes ses applications tinc- toriales. Les experiences faites sur laine, chez M. Blond, 20, rue des Amandiers-Popincourl, Tun des plus habiles teintuners de Pa- ris, ont donne les resultats les plus satisfaisants. Le mordant nou- veau coute quinze a dix-huit fois moins que la creme de tartre, fomiiie prix de revient. » SALON DE LECTURE ET DE TRAVAIL DU Cosmos. Nous dcrivions de Berlin, le 25 octobre 1845, au directeur du journal YEpoque : «La petite ville de Goettingue ne compte pas dans son sein la dixieme partie des homines d'etude et de science qui sont reunis a Paris. Le budget de son universite et de sa bibliotheque est ties- borne, et cependant cette humble cite" met a la disposition des pro- fesseurs et des eleves sur lesquels se fondent ses esperances des moyens d'instructions tellement vastes, que, quand, apres les avoir conteinples, on rapporte sa pensee sur la penurie extreme ou plutot absolue qui est ime des plaies de l'immense capitale de la France, on est saisi dune tristesse profonde. « La bibliotheque de Goettingue, en outre de tous les livresnou- veaux qui portent un nomconnu, qui ont eu quelques retentissements ou qui traitent un sujet interessant, est abonnee a plus de 150 re- cueils periodiques , quotidiens , hebdomadaires, mensuels, de litte- rature, de sciences, d'arts, d'industrie, etc., dans toutes les langues du monde. Chacune de ces feuilles ou de ces journaux, au lieu d'aller s'entasser pele-mele dans un depot inaccessible, pour ne re- paraitre qu'apres six mois, un an, deux ans et plus, sous forme de volume (lesquels, pour comble de malheur, passeront immediate- ment dans les mains de quelques accapareurs privilegies), sont de- posed, le jour merne de leur reception , dans une vaste salle , sous la responsabilite d'un gardien vigilant et erudit. La pendant quinze jours ou un mois, les professeurs et les Aleves qui ont rempli cer- taines formalites faciles peuvent les parcourir et les etudier et se mettre, par consequent, au niveau des progres que les lettres, les sciences et les arts font chaque jour. « II est impossible a Paris, quelle que soit la bonne volonte qu'on y mette, et l'activite qu'on deploie, de se procurer dans un e^ablis- sement public la livraison d'un recueil periodique qui vient de pa- raitre ou qui n'a qu'un mois de date. Oil irait-on , en effet? A la Bibliotheque royale? Elle ne donne a ses lecteurs presqueaucun re- cueil periodique. A la bibliotheque de l'lnstitut? Quand ses rares journaux scientifiques deviennent acccessibles a ses hotes , ils ont deux ans et plus de date. A la bibliotheque du Jardin des Piantes? La, jel'avoue, de grandes ameliorations ont ele faites ; le bibho- th&aire, M. J. Desnoyers, et son si erudit confrere, M. Lemercier, ont deja des droits acquis a la reconnaissance des naturalistes, des 374 COSMOS. physiciens et des chimistes ; maisplusieurs des journaux que le Jardin des Plantes recoit passent d'abord entre les mains des redacteurs du journal Ylnstitut, qui les gardent plusieurs semaines, et ils sont trop peu nombreux. A la bibliotheque des Arts et metiers? Grace a MM. Boquillon et Godard elle s'etait placee presque au premier rang sous le rapport des nouveautds scientifiques industrielles, mais le nombre des recueils periodiques auxquels elle avait pu s'abonner £tait tres-borne. « On refusera peut-etre de croire , en de"pit de mes affirmations, que j'ai vainement couru dans Paris pendant plusieurs jours, pour trouver une livraison r^cente, non dun recueil rare et peu connu en France, comme par exemple des Gelehrte Anzeigen, de Gcettin- gue, ou des Astronomiscke Nachrichten, de Schumacher, mais de la Bibliotheque universelle de Geneve , mais des Annales de chi- mie et de physique, mais du Journal des savants. » II est impossible de comprendre tout ce qu'une semblable p6- nurie ajoute de fatigue , de decouragement , de degout meme aux difficultes deja sigrandes dont la science est herissee. «M. leministredel'instruction publique entendra le cri de detresse qui s'est echappe malgre moi de mon sein ; j'ai dit ce que bien des hommes honorables sentent et expriment vivement. II s'agit d'une douleur commune, d'un mal general qui ne peut rester sans remede. II est d'ailleurs si facile de realiser a Paris ce qui a ete institue a Gccttingue, a Berlin, a Munich. Dans ces deux dernieres capitales, la salle des ecrits periodiques est dans l'enceinte memede la biblio- theque, elle est ouverte de dix heures a deux heures; on y trouve un nombre incroyable , quatre cents a Berlin , cinq cents a Mu- nich , de journaux fran5ais , anglais , allemands , italiens , ameri- cains, etc., etc. « M. de Salvandy qui a tant de fois temoigne" de ses sympathies profondes pour les travailleurs serieux, qui a deja realise plus d'une reforme salutaire, voudra, je n'en doute pas, attacher a. son nom la gloire de la noble initiative a laquelle je le convie. Avant peu la salle des recueils periodiques sera constitute pros de la Bibliotheque royale. « Pourquoi aussi la commission administrative de l'lnstitut n'en- trerait-elle pas dans la voie d'un progres si desirable? Pourquoi n'augmenterait-elle pas le nombre des recueils periodiques que sa bibliotheque recoit? Pourquoi ces recueils ne seraient-ils pas mis jmmediatement, dans un local particulier, a la disposition des mem- COSMOS. 375 bres de l'lnstitut et de ceux qui, sous leur patronage, sont admis a la bibliotheque? « Si ma voix n'etait pas entendue, si je ne reussissais pas a ob- tenir du gouvernement qu'il fasse disparaitre l'abus lamentable que je viens de signaler, si Ton n'obtenait rien de nos administrations publiques, je vous conjurerais, monsieur le directeur, de me laisser mettre a la disposition des hommes de science, dans un local con- venable, les nombreux recueils periodiques auxquels vous m'avez permis de m'abonner. II s'agit ici des interets de la science grave- ment compromis ; il s'agit d'dpargner a l'une des plus nobles por- tions de la socie'te des depenses au-dessus de ses faibles ressources , un surcroit de fatigues inutiles, des desappointements douloureux ; nous serons trop heureux d'y parvenir, meme en nous imposant quelques sacrifices. D'autres feront pour les lettres et les arts ce que nous aurons fait pour la science, et nous n'aurons plus rien a envier aux nations voisines. » Nous revinmes a Paris en decembre 1845, et notre premier soin fut d'adresseraM. de Salvandy un memoire sur l'urgente necessite de constituer au sein d'une des grandes bibliotheques de la capitale une salle des ecrits periodiques. En r^ponse a ce memoire nous re- cumes une lettre de remerciments. Notre pensee etait proclamee heureuse, la creation que nous sollicitions etait reconnue n^cessaire et opportune, on nous promettait de la soumettrea un examen se- rieux, de provoquer sa realisation ; nous nous applaudissions de notre demarche, mais, helas ! trois ann£es s'ecoulerent , et 1848 arriva sans qu'on eut rien fait. Lorsque, apres la revolution de Fevrier et sous le ministere de M. Carnot, une commission de reorganisation et de direction gdne- rale des bibliotheques eut £te" institute, nous r£digeames un second memoire, et nous le portames nous-meme a M. Taillandier, presi- dent de la commission. Ce furent des felicitations plus vives , une approbation plus explicite encore : on nous assura que notre projet allait etre mis immediatement a l'^tude, et nous apprimes en effet, quelques mois plus tard, qu'il dtait question d'annexer la salle de lecture des Merits periodiques a. la bibliotheque Mazarine. Nous triomphions ; mais ce triomphe ne fut pas de longue dur^e : M. Taillandier nous apprit, peu de temps apres , qu'il avait com- plement echoue\ En 1852, M. de Monfort voulut bien nous associer a lui pour la realisation dela grande pensee de notre vie, l'enseignement ecritet oral du Cosmos : il loua la belle maison du boulevard des Italiens, et 376 COSMOS. Tun de nos premiers soins fut d'organiser un salon de lecture des journaux scientifiques. Nous 1'annoncions dans un prospectus im- prime, nous n'attendionspour l'ouvrir qu'une automation qui, helas! ne vint pas, ou qui fut ajournee jusqu'a la future promulgation de la loi sur ['instruction superieure, sur l'enseignement des Facultes. M. de Monfort replia satente, et nous nous trouvames seul, le coeur bien gros, mais toujours plein d'espoir d'arriver enfin au but que nous poursuivions depuis tant d'anndes. Un ami illustre et gen 6- reux, amene par la bonne Providence sur notre rude chemin , prit la place de M. de Monfort ; il nous adopta avec notre Cosmos et notre projet arrets de salle des cents periodiques. Releve par lui, nous nous vimes installs" dans un local qui put tout contenir, oil tout au moins put germer et prendre ses premiers developpements. Ainsi s'est fonde le modeste etablissement de la rue de l'Ancienne-Com6- die. M. A. Tramblay en est le proprietaire et le directeur , il a re- organise d'abord le journal, il l'a fait entrer dans une voie de pro- gres et de prospe>ite qui lui assure un brillant avenir. Ce premier succes obtenu, M. Tramblay a fait aupres des autorites competentes toutesles demarches necessaires pour obtenir l'autorisation d'ouvrir chez lui un salon de lecture et de travail. Ses demarches ont ete lon- gues, nombreuses, penibles; il adu memese r&oudre a faiee l'acqui- sition d'un brevet de libraire, etc., etc.; mais la pensee de l'utilite in- contestable et grande de 1'oeuvre qu'il voulait fonder l'a soutenu, et tous les obstacles sont ley.es, et il nous est enfin donne, apres dix ans de prieres,de supplications, de luttes, d'eff'orts incessants, d'annoncer aux amis et aux ouvriers de la science que les sources auxquelles ils pourront puiser les eaux vives du progres sont ctesormais ouvertes. Notre entreprise ne pouvait pas, ne devait pas etre comple- ment desintdressee, car un cabinet de lecture, ouvert sans retribu- tion aucune, serait une atteinte grave portee a des intdrets legitimes, a une Industrie parfaitement honnete. Nous ne pouvions pas, nous ne devions pas prendre a notre charge les depenses et les frais mar teriels de cette creation; carle gouvernement seul, riche de la fortune publique, pourrait, et il le fera un jour, mettre a la disposition de tous les tresors de la science, de la literature et des arts. Si le gou- vernement a recule devant les defenses que la fondation d'une salle de lecture des ecrits periodiques devait entrainer, nous, humbles et petits individus, nous aurions fait acte de folie en nous montrant geneVeux et prodigues a l'exces. Mais le fait mesne d'ouvrir a tous les sources que nous pouvions rdserver pour nous seuls , mais, les conditions si douces que nous faisonsa nos souscripteurs , ma-is. les COSMOS. 377 arrangements que nous prendrons , les combinaiscms auxquelles nous nous preterons pour rendre notre depot accessible au plus grand nombre, mais enfin notre vie tout entiere, suffiront a prouver sura- bondamment que la pensee d'une speculation industrielle, que l'ap- pat d'un lucre materiel, n'ont absolument aucune part dans notre determination; non, notre Cosmos ne sera pas une boutique, mais un sanctuaire. II nous reste maintenant a dormer la nomenclature ou la liste des journaux ou ecrits periodiques que nous pouvons, des l'ouverture, deposer sur les tables de notre salle de lecture et de travail. PERIODIQUES FRAN^AIS. Feuilles quotidiennes. — Le Constitutionnel. Les Debuts. La Gazette de France. Le Moniteur universel. Le Pays. La Presse. Le Steele. L' Univers. La Voix de la verite. Feuilles hebdomadaires. — Jthenceum francais,de Didot. Cosmos, de M. Tramblay. Comptes rendus de V Academie des sciences. Gazette hebdomad, de medecine et de chirurgie, de M. Masson. Gazette des hopitaux, de M. Lesourd. Gazette medicale, de M. Jules Guerin. L illustration, deM. Paulin. bistitut, de M. Arnoult. Journal de I' instruction publique, deM. Dupont. Journal des chemins de fer. Lumiere, de M. Gaudin. Magasin pittoresque, de M. Charton. Moniteur des hopitaux, de M. de Castelnau. Moniteur Industrie}, de M. Darnis. Le Propagateur, de M. Cazaux. Revue de l instruction publique, de M. Hachette. Union medicale, de M. Amedee Latour. Feuilles bi-mensuelles. — Bulletin de la Societe d' encourage- ment pour I' Industrie nationale. Journal d agriculture pratique , de MM. Bixio et Barral. 378 COSMOS. Revue des Deux-Mondes , de M.^Buloz. Revue de Paris, de M. Ulbach. Revue britannique, de M. Pichot. Feuilles mensuelles. — Annales de chimie et de physique, n Annales forest ieres, de M. Michel. Annales des mines. Annales des ponts et chaussees. Annales des sciences naturelles. Bibliotheque wiiverselle de Geneve. Rulletin de I Academie royale de Bruxelles. Bulletin du musee de Vindustrie, de M. Jobard. Bulletin technologique , de M. Roret. Genie d invention, de MM. Armengaud. Invention, de M. Gardissal. Journal des e'conomistes, de M. Gamier. Journal des connaissances chirurgico-medicales , de Mart. Lauzer. Journal de pharmacie et de chimie, Revue medicale, de M. Cayol. Revue de zoologie, de M. Guerin-Menneville. Santeuniverselle, de M. Masse. PERIODIQUES ANGLAIS. Art journal. Athenaeum. Galignani . Gardners chronicle. Journal of the Photographic Society. , Journal of the Astronomical Society. Journal of the Society of arts. Litterary gazette. Mecanics magazine. Philosophical magazine. Proceedings of the royal Society. Quarterly journal of the Chemical Society. PERIODIQUES AMERICAINS. American journal of science and arts, de Silliman. Humphreys journal of daguerreotype and photographic of arts. Journal of the Franklin institute. Scientific american journal. PERIODIQUES ALLEMANDS. Annalen derPhysik und Chemie, de Poggendorff. COSMOS. 379 Centralblatt der Natunvissenschaften und Anthropologic , de Fechner. Gelehrte Anzeigen, de Goettmgue. Gelehrte Anzeigen, de Munich. Jahrbuch der kaiserlich-kdniglichen geologischen Reidisan- stah, de Haidinger. Journal fiir practische Chimie, de Erdmann. Monatsberichte der koniglichen preussischen Acadenue der Wissenschaften zu Berlin. Polytechnisches Journal, de Dingier. Sitzungsberichte der kaiserlichen Academie der Wissenschajten, zu Wien. PERIODIQUES IT ALIENS. Annali dichimica, de Polli. Ateneo italiano, de MM. de Luca et Muller. Corrispondenza scientifica in Roma, de Scarpelhm La Ricreazione de M. Caselli. PERIODIQUES ESPAGNOLS. Bolelin del instituto medico Valenciano. El precursor de la exposition. Resumen de los actos de laAcademia reai/lecienciasde Madrid. Revista de los progresos de las ciencias. PERIODIQUES RUSSES. Bulletin de l Academie des sciences de Saint-Petersbourg. Nous dirons, dans un second article, comment nous esperons que cette premiere collection prendra des accroissements rapides. FIu- sieurs de nos collegues de ia Presse scientijique, MM. barral, Nickles, Meunier, de Luca, nous ont paru disposes ajoindre eurs iournaux aux notres, pour former un ensemble unique ; il n est pas un de nos souscripteurs qui ne consente a nous preter les recueils qu'ils recevraient en dehors du Cosmos; nous savons enfin que des hommes intelligents et genereux n'attendent que l'ouverture de nos salons pour accroitre nos richesses scientifiques. Terminons en annoncant que le salon de lecture du Cosmos deviendra aussi la salle de d^pot de toutes les nouveautes scienti- fiques; que, grace au concours des libraires de la capitale on y trouvera les brochures et les ouvrages publics en France ou a 1 etran- sev, sur les matieres comprises dans le cadre de notre Revue ency- 6, , ,• . F. Moigno. clopedique. L PHOTOGRAPHIE. " On parle beaucoup d'un bain d'argent dout on tient la composi- tion secrete, et dont la propriete consi&te a faire apparaitre instan- tancment l'image sous l'influence de Yacide gallique. Je me suis rappele, a ce sujet, d'anciennes experiences dans les- quelles j'obtenais de pareils resultats sur le papier, en associant soit le nitrate de plomb au bain d'argent ou a. l'acide gallique, soit le nitrite de potasse a 1'iodure. J'ai cherche vainementa. appliquer au collodion les efFets du,ni- trate de plomb : l'image vient assez promptement, il est vrai, mais elle est terne et sans vigueur. J'ai reussi parfaitement, au contraire, en ajoutant au bain d'ar- gent un sel de plomb moms oxygene : le nitrite. La preparation de ce bain sensibilisateur est tres-facile; il suffit de laisser digerer pen- dant 24 heures environ la solution d'argent sur le nitrite de plomb. On en met le ■— du sel d'argent. II se forme par double decomposi- tion, un peu de nitrite d'argent qui, trcs-probablement, joue un role important; mais, comme'le nitrite d'argent se transforme peu a peu en nitrate, il est bon de laisser au fond duliquide, les nitrites de plomb et d'argent non dissous. En ajoutant au collodion la minirne proportion de nitrite de po- tasse qu'il peut dissoudre, on obtient a peu ,pres les memes resul- tats. Ce second procede sera peut-etre prefdre" au premier, car on peut employer la solution ordinaire d'argent, et Ton evite ainsi les changements que presente le bain au nitrite de plomb, qui demande un peu de surveillance. J'avais deja observe sur les glaces albuminees, un effet assez curieux, qui se rattache aux faits precedents : on introduit dans un fiacon la solution d'argent, let Ton y dirige les vapeurs rutilantes qui se degagentd'un melange d'acide nitrique etd'amidon chauffes ensemble; on obtient ainsi un bain qui donne beaucoup desensibi- lite a la coucbe d'albumine; mais son efficacite disparait au boUt de quelques heures, parce que l'acide nitreux ou hyponitrique m- troduit dans le liquide se change peu a peu en acide nitrique nui- sible a la formation ou au developpement de Timage. J'ai cru de- voir citer cette observation, car il est si desirable que l'on puisse 6tablir la theorie exacte et positive des differentes operations pho- tographiques qu'il est bon d'apporter tous les materiaux. Toutesles fois qu'une substance tend a s'oxyder pour former un compose qui'n'estpas nuisible, on a de bonnes raisons pour en es- COSMOS. 381 saver l'emploi en photographie ; c'est un auxihaire , que 1' on off re a l'agent lumineux. J (Communication de M. I abbe Laborde.) LA PHOTOGRAPHIE ET LA GUERRE. On lit dans le journal de la Societe photographique de Londres ; : . C'est touiours avec un remarquable interet qu'on suit les de- veloppements de tout art nouveau, et que l'on constate par combien d'issuesinattendues il poursuit son cours. La photographie est un exemple frappant de cette serie indefinie d' applications imprevues que rLit tour a tour une decouverte nouvelle. Elle est apparue d'abord comme un jeu philosophique, elle fit bientot des progres in- cessants.jusqu'adevenir enfin un instrument. puissant manie par un grand nombre de mains, et venant seconder acUvement les pro- gres de l'art et de la civilisation. Jusqu'ici, ses usages ont ete des usages de paix , elle va commencer a se montrer propre a suivre toutes les operations de la guerre. Nous apprenons que le gouver- nement a re.olu d'attacher des photographes aux corps expedition- naires qui partent pour le theatre de la guerre navale a la fois e militaire. Son importance sous ce rapport est evidente , et aussitot que l'administration sera convaincue de sa valeur pratique, les re- sultats qu'on obtiendra depasseront toutes les. provisions. . Enumerons en quelques mots les services que la photographie pent rendre au point de vue d'une cainpagne militaire : une depeche, illustree par des vues photographiques , ne peut pas manquer de donner a l'esprit des notions beaucoup plus exactes qu un simple document ecrit, quelque etendu et quelque technique que puisse etre la description qu'il contient. , Les profils de terrains, les lignes des cotes, les forts, les forte- resses, les dispositions des flottes ou des corps d'armees, 1 aspec general de la contree, les positions militaires, etc., etc. , peuvent lire prises instantanement ; et si, surtout, ces vues prises stereosco- piquement se transforment en un relief parfaitement exact, le re- sultat obtenu depassera infiniment tout ce qu on pourrait attendre d'une'description verbale, quelque claire et quelque minutieuse qu on a !.ULe° proccde de photographie sur collodion, si rapide ou plutot presque instantane, semble surtout propre a ce genre de. service et la poudre-coton, quoique ses quahtes explosives n aient pa, . 6te trouvees aussi. excellentes qu'on 1'avait cru d'abord, ^?7Z nant, dissoute dans l'ether et transformee en collodion, prendre iune position importante comme auxiliaire d'une campagne militaire. ACADEffllE DES SCIENCES. SEANCE PUBLIQUE ANNUELLE DU 3o JANVIER. (Suite.) PRIX DECERNES. GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES POUR 1853. [Suite et fin.) M. de Quatrefages enumere en ces termes les nombreuses ques- tions que soulevait le programme du concours : » 1° Pour les trdmatodes, il y avait surtout asuivre les larves ciliees dans leur transformation en sporocystes, et les cercaires dans leur transformation en distomes. » 2° II fallait reconnaitre si tous ces trematodes passent ndcessai- rement par ces diverses phases embryogeniques. » 3° II fallait rapprocher terme a terme les faits recueillis chez cesintestinaux des faits observes dans d'autres groupes, afin de subs- tituer a des comparaisons jusqua ce jour trop vagues , des notions precises sur les differences et les ressemblances du mode de ddvelop- pement. n 4° En ce qui touche aux cestoi'des, il fallait surtout rechercher comment la larve trouvee dans les oeufs de tenia se change en ver cystique. » 5° II y avait a determiner si la forme du ver cystique est une phase normale du developpement, ou un accident teratologique. » 6° II fallait decider si les vers rubanaires a articles distincts sont des etres simples ou des etres composes. » 7° Dans cette derniere hypothese, il y avait a reconnaitre si les articles de ces vers sont des individus parfaits, ou bien s'ils doivent s'isoler et vivre d'une vie ind^pendante pour atteindre le dernier degr^ de leur developpement. » 8 Certaines affinites zoologiques admises jusqu'a ce jour dispa- raissant par le fait de cette transformation des articles de cesto'ides en animaux distincts, il fallait rechercher les affinites naturelles qui en resultent. » 9° II fallait rattacher les ph^nomenes du developpement des ces- to'ides aux ph^nomenes du meme genre observes, soit chez les tre- matodes, soit chez d'autres animaux. « 10° Enfin il fallait confirmer ouinfirmerlesvuesnouvellesdmises depuis peu sur les rapports generaux des intestinaux avec les autres groupe du regne animal. COSMOS. 383 u La commission a eu a examiner deux travaux. tnus deux en- voy<±s par des naturalistes Grangers. ,. 1° Le travail inscrit sous le n° 1 est moins un memoire qu un ou- vrage tres-considerable. II se compose d'un texte de 575 pages in- folio, et d'un atlas de 92 planches, renfrrmant pres de 1 000 figures ; l'auteur, M. Van Beneden, partage son travail en six parties : la pre- miere et la seconde comprennent l'expose des faits relatifs aux deux groupes des trematodes et des cestoides que l'auteur examine suc- cess! vement au point de vue de l'anatomie, du developpement et de la distribution systematique. La troisieme partie est consacr<*e a comparer entre eux, appareil par appareil et fonction par fonction, les trematodes et les cestoides. Dans la quatneme, l'auteur traite de la generation alternante, et la considere comme un cas particu- lier d'un ordre de phenomenes plus gtmeraux qu'il designe par 1 ex- pression de digenese. II fait Implication de ses idees aux pnnci- paux groupes d'invertebres, chez lesquels on a signale deja , soit la generation alternante , soit un mode de reproduction analogue. La cinquieme partie comprend l'histoire des migrations des divers groupes d'intestinaux, examines l'un apres l'autre. Enfin lasix.eme partie traite de la systematisation ou de 1' application des notions Prec6dentes a la zoologie. Dans tout son travail, l'auteur emploie les mots de scolex, de strobila et de proglottis avec les significa- tions que nous avons indiquees plus haut. « Nous ne pourrons qu'indiquer tres-rapidement les faits et les idees les plus remarquables de ce gigantesque travail. ,, Le premier fait curieux est le grand nombre d'organes qui con- court a la production de l'oeuf. .. Chez les cestoides , comme chez les trematodes , une glande speciale secrete les vesicules germinatives, une autre les granula- tions vitellines, et les premieres ont a accomplir un certain trajet, dans un canal special , avant d'arriver a l'embranchement des deux organes et d'etre enveloppees par les secondes. Lorsque l'appareil femelle acquiert tout son developpement, on y trouve, en outre, un oolype, organe destine a faconner l'oeuf avec les elements tout pre- pares quelui envoient le germigene et le vitellogene; un organe secreteur de la coque; une matrice, ou magasin a oeufs ; une vesi- cule copulative, ou magasin a spermatozoides ; un vagin et une vulve. On voit que la complication organique est ici portee bien plus loin que chez les animaux sup^rieurs. C'est la un des mille exemples qui prouvent, contrairement a des croyances prolessees encore par bien des naturalistes , que la degradation est loin d etre 384 COSMOS. toujours uniforme dans les diverses parties de l'organisme , et que les diverses appareils sont , sous ce rapport, tres-independants les uns des autres. « M. Van Beneden a le premier suivi un trematode dans le cours entier de son developpement. C'est le distoma militare. A l'etat de scolex (sporocyste des auteurs) , ce ver habite les organes de la paludine vivipare. C'est alors une sorte de gaine arrondie ; portant en arriere deux courts appendices lateraux , ne possedant d'autre organe qu'un tube alimentaire termine en coecum et loge dans la cavite generate du corps. A mesure que cette gaine prend de l'ac- croissement, on voit des especes de vesicules germer sur les parois internes de cette cavity, se detacher, et tomber dans le liquide qui la'remplit. La, ces vesicules se developpent comine de veritables spores. Mais ici se presente une circonstance bien curieuse. Tantot ces spores se transforment directement en proglottis (cercaires des des anciens observateurs) , tantot elles deviennent des scolex sem- blables a. celui qui leur a donne" naissance et qui produiront plus tard des cercaires, tantot enfin on trouve a la fois clans la meme cavite des scolex et des proglottis, croissant simultanement. Ces faits, an- nonces pour la premiere fois par Siebold , ont £te" confirmes par Steenstrup et par l'auteur du travail que nous analysons. Ainsi dans ces singuliers etres, non-seulement la forme embryonnaire est separee de la forme definitive par de veritables generations, mais encore le nombre meme de ces generations peut varier dans cer- taines limiies. « L'organisation des proglottis (cercaires) qui se developpent dans le corps des scolex (sporocrystes) est bien plus compliquee que celle de ces derniers, et varie d'ailleurs d'une espece a l'autre. Ceux qui doivent donner naissance au Distoma militare acquierent succes- sivement leur queue caract^ristique, un appareil digestif bifurque pourvu d'un tres-fort bulbe oesophagien, un appareil secreteur des- tine a se completer plus tard , enfin les crochets en couronne de la cercaria echinata. Alors les parois du scolex, distendues par l'ac- croissement d'une generation trop nombreuse , se rompent , et les proglottis deviennent libres. lis n agent d'abord avec beaucoup de rapidite, non plus a l'aide de cils vibratiles, mais en se servant de leur queue a peu pres comme des tetards de grenouilles. Puis, s'ils viennent a rencontrer une larve ou un mollusque dont lea tissus conviennent a leur developpement ulterieur, ils s'y fixent, et alors commence pour eux une nouvelle periode embryogenique. " Ces proglottis perdent d'abord leur queue devenue desormais COSMOS. 385 inutile, puis ils exsudent par tous les points du corps un liquide vis- queux'qui se durcit et les enveloppe entibrement. Ainsi enkystes, ilsdeviennent le si<%e de phenomfenes comparables a ceux qu'on a observes depuis longtemps chez les mouches. Les organes deja exis- tants se competent , et prennent leurs formes et leurs proportions definitives. En meme temps on en voit paraitre de nouveaux, et entre autres les organes genitaux, represeirtes jusque-la seulement par une masse granuleuse et amorphe. Des lors, la cercaire s'est transformee en distome ; le proglottis est devenu un individu adulte et complet. , « A l'esception des caryophillees , toutes les autres especes de cestoides paraissent destinees a subir des metarmorphoses plus ou moins semblables a celles des trematodes, avant d'atteindre leur forme definitive. Prenons pour exemple ce qui se passe chez les tenias La larveasix crochets, resultant de l'orgamsation du vitel- lus sort del'oeuf et vit quelque temps sous cette forme, c'est le pro'scolex. Dans son interieur se developpe par germination le scolex rroprement dit, qui porterait la couronne de crochets caractensti- ques de certaines especes de tenia. Le scolex est connu depuis bien longtemps sous lenom de cysticerque-, il peut etre considere comme le type des vers a vessie, et place dans des conditions convenables, il se\ransforme en ver rubanaire Chaque article de ce long cha- pelet estun individu qui doit se completer successivement, et dans la plupart des especes, mais non dans toutes , se detacher et vivre d'une vie independante... Chaque article se separe a son tour tou- jour d'arriere en avant; l'ensemble des articles est un strobila et chaque article est un proglottis... Quelquefois, mais tres-rarement le proglottis isole acquiert des organes nouveaux. .. Le plus souvent il semble se deformer, ses organes internes deviennent moins ciis- tincts par suite du developpement des ceufs et de la matiere qui les renferme... L augmentation de volume est telle quelquefois qu un article detache atteint des dimensions egales a celles du strobila en- tier. . C'est alors une sorte de game, une espece de sac a oeuts ao.it certains organes s'atrophient tandis que les autres atteignent leur maximum d'energie, pour jouer le role de machine a dissenunation, et assurer la propagation de l'espece... D'apres M. Van Beneden, les cestoides seraient done des etres ventablement pobzoiques... Suivent le savant rapporteur, cette doctrine est tres-probab.e, mais non rncore rigoureusement demontree. .. Quant aux rapports entre les trematodes et les cestoides, 1 au- teur est conduit a voir dans les cestoides adultes, e'est-a-dire am- 386 COSMOS. v£s a l'etat de proglottis, des trematodes inferieurs ; dans les vers rubanaires (tenia, botriocephale . tetrarhinque , etc.) de simples aggregations de trematodes en voie de developpement ; ces conclu- sions semblent etre la consequence logique des faits observes et dnonces ; mais elles sont peut-etre un peu forcees ou hasardees. Quant a la generation alternante et aux phenomenes qui s'y rat- tachent , nous nous bornerons a dire que M. Van Beneden trouve chez les animaux deux modes generaux de reproduction. Dans l'un, les sexes interviennent ; dans l'autre, ils n'interviennent pas. Tout animal qui n'emploie pour se propager qu'un seul de ces modes est un monogenese; tout animal qui emploie les deux modes est appe!6 digenese. La generation alternante de Steenstrup n'est qu'un cas particulier de la generation digenese. L'histoire de la repartition des helminthes dans le corps des ani- maux ou en dehors des organismes vivants, de leurs migrations d'un milieu dans un autre et d'un animal dans un autre animal, conduit l'auteur a des resultats curieux et importants. Ainsi les scolex de te- nias se trouvent presque exclusivement chez des animaux a<§riens herbivores; les tenias a l'etat de strobila ou de proglottis habitent presque tous des carnassiers respirant egalement l'air dans 1' at- mosphere. Chez les poissons, les tetrarhinques a l'etat de scolex ou a l'etat de strobila pre'sentent une repartition analogue. Dans la derniere partie de son travail, M. Van Beneden pre"- sente un historique complet des intestinaux, au point de vue de la systematisation ; il expose ensuite ses propres idees tant sur le groupe et les groupes voisins, que sur le regne animal consider^ dans son ensemble. La commission n'accepte pas son partage du regne animal en trois groupes fondamentaux, les hypocotyledones ou vertebres ; les e^icotyledones ou articules, les allocotyledones comprenant les vers, les mollusques et les zoophites, etc. « L'em- bryogenie, dit M. de Quatrefages, est destinee a jeter un jour tout nouveau sur bien des questions encore obscures , mais il ne faut pas rejeter, pour cela, comme etant sans valeur, les resultats four- nis par l'etude des formes definitives. A leur debut, tous »les ger- mes se ressemblent, les animaux auxquels ils donnent naissance ne se caracterisent que progressivement... Ce n'est pas trop de l'histoire entiere d'un animal pour arriver a connaitre s*s affinites zoologiques, les dix ou vingt rayons qui l'unissent au reste de la creation vivante. « Ces reserves, ajoute-t-il, en terminant, ne doi- vent diminuer en rien, aux yeux de l'Acaddmie la valeur tres- grande du memoire de M. Van Beneden. II a aborde' de front toutes COSMOS. 387 ]es questions, il n'a reculd devant aucune difficulte ; pour les re- soudre, il apporte une multitude de faits nouveaux et importants, et une theorie qui les embrasse tous en les reliant a d'autres phe- nomcnes qu'on croyait en etre fort eloignes. Si Ton adopte ses idees, la question est completemenl revoke dans sa generalite. En presence d'un pareil rdsultat, la commission n'a pas cru devoir ajourner la recompense promise, et a l'unanimite\ elle a ddcerne le prix au memoire de M. Van Beneden. De plus, et egalement a l'unanimite, elle demande a l'Acad&nie de faire imprimer, a ses frais, ce beau travail. « Nous avons deja dit avec quel enthousiasme la ville et l'Univer- site deLouvain avaient accueilli M. Van Beneden, lorsqu'il revint le front orne de la couronne academique. Un semblable triompbe lui a £te decerne, quelques jours apres, par les autorites et la po- pulation toute entiere de Malines, sa ville natale, et nous regrettons de ne pouvoir raconter en detail cette brillante ovation, dont la gloire rejaillit sur notre Acad^mie des sciences. Le second concurrent, M. Frederick Kuechenmeister de Zittau (Saxe), s'etait place- a un point de vue beaucoup plus restreint; il ne s'etait occupe que des vers cesto'ides, principalement des vers a vessie, et de leur transformation en vers rubanaires; mais son travail renferme une partie extremement importante ; il a fait le premier des experiences directes sur la transformation des cysticer- ques en tenias ; et il a expe*rimente avec succes sur des chiens, des chats et des lapins de tout age, en employant plusieurs especes de cysticerques. « Lorsqu'on a donne a des chiens de la chair de lapins infected de cysticerques, et qu'on les ouvre peu d'heures apres le repas, on trouve d'ordinaire les kystes rompus et les vers parvenus dans l'intestin grele. Leur invagination a cess£; la tete se montre et s'est fixee a l'aide de ses crochets contre la membrane intestinale. Peu apres, la vessie caudale s'affaisse comme par exosmose, et pr£sente l'aspect d'un funicule aplati. En meme temps, les corpus- cules calcaires, qu'on trouve dans les teguments des cysticerques, commencent a se dissoudre et ne tardent pas a disparaitre. Le ver entier, la tete surtout, devient plus transparent. « Au bout de plusieurs heures, le corps se separe du cou, de telle sorte que Ton voit le cysticerque trainer son corps par un filament tres-fin qui se rompt bifntot. II reste alors un cestoi'de de faille infiniment moins grande que ne l'etait le cysticerque. Le jeune ver grandit rapidement, puisque de 4 a 5 millimetres de long 388 COSMOS. qu'il a au bout de trente heures, il arrive a 390 millimetres apres vingt-quatre jours. On voit que l'accroissement est d'environ 12 millimetres par jour. Du cinquantieme au cinquante-cinquieme jour, ties proglottis se detachent spontanement. " Quelques anatomistes avaient pense que ce fait ne suffisait pas a demontrer la transformation, parce que, disaient-ils, les cjsticer- ques peuvent trbs-bien etre considered comme des tenias devenus accidentellement monstrueux par leur sejour au milieu de tissus im- propres a leur developpement normal; M. Kiichenmeister refute assez victorieusement eette opinion, ses experiences sur le cocnure cerebral sunt admises par M. de Quatrefages et par la commission comme parfaitement concluantes. " Le ccenure qui habite l'encephale des moutons, presente 1 'as- pect d'une vessie portant exterieurement plusieurs tetes de tenia. Guide par l'analogie, l'auteur a d'abord cherche si le ccenure se transformait en tenia. L'experience a continue cette presomption. On a obtenu ainsi un ver rubanaire que l'auteur regarde comme une espece nouvelle, voisine peut-etre du tenia marginata, trouve par Rudolphi dans l'intestin desloups. .. La presence du ccenure dans le cerveau des moutons deter- mine, on le sait, la maladie du tournis. Contrairement a ce qui ar- rive pour les autres vers, on pouvait done ici etre prevenu du mo- ment oil les parasites arriveraient dans l'organe qui doit leur servir de retraite, et l'auteur a eu l'idee tres-heureuse de mettre cette circonstance a. profit. Apres avoir infecte" les chiens de tenias en leur faisant avaler des coenures, il a tente l'experience inverse et a egalement reussi. II a fait avaler a une brebis, jeune et bien por- tante, des proglottis ou articles detaches de son tenia. Ces articles portaient des ceufs murs, a l'int^rieur desquels on distinguait les embryons a six crochets que nous avons vus etre le premier age de ces vers. La brebis mise en experience fut prise du tournis vers le quinzieme jour. On la tua le dix-septieme, et l'auteur trouva en divers points de l'encephale quinze petites vesicules qu'il considera comme de jeunes ccenures en voie de developpement. Pour verifier cette conjecture, l'auteur se procura un grand nombre de moutons affectes de la meme maladie, et en les suivant pendant plusieurs mois, en examinant des tetes de huit en huit jours, il parvint a faire l'embryogenie de ces si singulieres larves de tenias. II vit la vesicule se montrer d'abord isolee et sans tetes : puis il vit celles-ci germer a la surface de cette espece de cellule mere et se caracte- riser progressivement. COSMOS. 389 « En resume, dit M. de Quatrefages, l'histoire des'vers cystiques, histoire qui pouvait etre regards, il y a deux ou trois ans a peine, comme un des plus obscurs mysteres de la zoologie, est done au- jourd'hui a peu pros connue. Tous ces vers ne sont que des especes delarves, ou mieux desnourrices, selon l'expression de Steenstrup. Parmi elles, il en est qui restent toujours simples comme les em- bryons a six crochets qui leur ont donne naissance ; les cysticerques sont dansce cas. D'autres se multiplient par gemmation interne ou externe, comme le font les echinocoques et les ccenures. Toutes doivent, en definitive, donner naissance a des tenias. • «L'auteurdu memoire n° 2 a contribue" pour une part considerable a l'acquisition de ce resultat, naguere si difficile a prevoir. L'Aca- demie iui accorde une mention honorable avec adjonction d'uneme- dailledel500fr. » (La suite a une jtrochaine livraison.) L'Acad^mie des sciences ayant tenu sa seance mercredi au lieu de lundi , a cause des obseques de son vice-president, de M. Roux, nous sommes force de renvoyer notre compte rendu a la prochaine livraison. VARIETY. NOTE SUR LA CONDUCT1BILITE DES LI QU IDES. TAR M. MATTEUCC1. M. Matteucci, en nous remerciant d'avoir rappele que dans une note publiee, non en 1850, comme une faute typographique nous le fait dire , mais bien en 1830, il avait deja constate" les propriety caracteristiques de l'hydrogene a l'etat naissant, nous transmet quel- ques renseignements tres-dignes d'inteiet relativement al'experience de M. Foucault. « Cette experience, dit-il, m'a tellement frappe que je l'ai fait repeter sur-le-champ. Dans mes nombreuses opera- tions avec le voltametre, j'ai bien des fois constate des differences dans les volumes des deux gaz ; mais comme j'en connaissais la cause et que je savais les eviter, je n'avais pas pense que la conductibilite physique du liquide jouat dansces anomalies le role si important que lui prete M. Foucault. C'est un fait bien etabli , qu'en employant comme electrodes des fils de platine, qu'en operant surune solution d'eau acidulee chauffee a 40 ou 50° avec un courant fort, et ne re- cueillant les gaz qu'apres un certain laps de temps, l'hydrogene et l'oxygene recueillis sont dans le rapport de 2 a 1 . Si Ton prend pour electrodes des lames de platine, si le courant est faible, si le liquide n'est pas chauffe, il y a tout naturellement production d' ozone, re- composition des gaz, modification des electrodes, etc. ; c'est ce que MM. Jamin et Leblanc ont observe, Quant a la production de l'o- zone, voici une experience curieuse que j'ai ins^ree, je crois, dans le memoire que vous citez. Si on decompose une solution de nitrate d'argent avec un courant un peu fort, on voit 1' argent se precipiter au pole negatif en poudre ou en flocons : les flocons sont noirs pen- dant le passage du courant ; mais ils deviennent tout a. coup brillants des que le courant est interrompu. II se peut que l'ozone, qui, comme on sait, transforme l'argent en peroxyde, soit la cause de ce phe- nomene ; mais pourquoi se porte-t-il au pole negatif, et pourquoi se produit-il seulement quand le courant cesse 1 " Mais revenons a l'experience de M. Foucault : je l'ai done rd- petee ; je n'ai pas constate au meme degre que lui l'inegalite dans la maniere d'etre de l'eau pure et de l'eau acidulee ; mais pourtant j'ai remarque une difference appreciable entre les volumes des gaz des deux voltametres. J'avoue que si on ne prouve pas que la difference est due a quelque produit secondaire, je ne concevrai pas comment ce fait pourra se concilier avec les lois des actions definies des cou- rants et des equivalents electro-chimiques. » Pise , 21 mars 1854. COSMOS. 391 RECLAMATION. M. Barral nous ecrit la lettre suivante , que nous nous empres- sons de publier, en reconnaissant que noire collaborateur, M. Govi qui nous remplacait ce jour-la et qui a signe le compte rendu de l'A- cademie des sciences, s'est mal rappele la protestation de M. Ma- thieu. Suivant M. Govi, en effet, M. Mathieu aurait dit : >• M. Bar- ral s'est donne, dans le volume des OEiwres d Arago qui vient de paraitre, comme ayant etc charge par I'illustre auteur lui-meme de la publication de ses travaux, ce qui est contraire a la verile.... On a mutile expres V introduction de M . de Humboldt, pour y par- ler de M. Barral et de sa mission dediter les ccuvres d Arago ce qui ne se trouvait point dans le manuscrit original. » Or, void le texte des comptes rendus : « Je ne puis, sans reclamation laisser imprinter en tete du premier -volume qui vient d'etre publie que M. Barral dirige cette publication d apres I'ordre de M. Arago. - Cette assertion est contraire a la iterite : M. Arago da donne a personne I'ordre de publier ses OEiwres apres sa mort. « Si cette assertion se troiwe reproduite dans la belle introduction que M. de Humbolt a bien voulu mettre dans le premier volume c'est quelle a ete intercalee par les editeurs, car elle n'etait pas dans le manuscrit de I'illustre ami de M. Arago. » Le reproche s'a- dressait done non a M. Barral, mais aux ^diteurs , et la lettre ci- jointe prouvera jusqu'a l'evidence que M. Barral etait en effet com- pletement innocent de 1 'alteration qui a souleve ces pembles debats. Nous regrettons d'autant plus d'avoir contriste M. Barral , que sa conduitedans cette affaire est ^pleine d'honneur et de delica'tesse. II accomplit noblement un devoir difficile a l'exces ; place entre deux droits egalement sacres pour lui et qui se heurtent, entre deux affections anciennes soulevees l'une contre l'autre, il souffrira horri- blement, mais il n'en accomplira pas moins avec conscience et avec ardeur la mission qui lui est confiee.Nous profitonsde cette occasion pour renouveler l'engagement solennel de nous tenir a mille lieues du conflit des passions humaines , de ne jamais ouvrir notre ame et les pages de notre journal qua la bienveillance , a la defense de la verite" pour elle-meme, a l'amour du progres d^gagd de toute ani- mosity personnelle. L'affreuse catastrophe qui vient de jeter la consternation dans le monde savant est une lecon terrible. Serait-il possible quelle ne suffise pas a etouffer jusqu'au dernier germe/des divisions et des inimities qui sont aussi contraires a l'avancement d£s sciences qu'a la raison et a la charity \ F. Moigno. 392 COSMOS. Void la lettre de M. Banal : Votre dernier numcro, en rendant compte de la discussion soule- vtte dans la seance du 20 mars, de l'Academie des sciences, a pro- pos de la publication des (Euvres de Fran9ois Arago, donne une tra- duction tellement erronee de la lecture faite par M. Mathieu que je me vois force d'exiger une retractation complete des assertions de votre redacteur. Pour vous faciliter la reproduction des pieces du debat, je vous envoie copie de la lettre que j'ai ecrite a M. Mathieu et qu'il a lue lui-meme dans la seance d'aujourd'hui. Recevez mes salutations, J. A. Barral. LETTRE ADRESSEE PAR M. BARRAL A M. MATHIEU. « L¬e insert dans les comptes rendus de la derniere seance de l'Academie des sciences sur la publication des OEiwres de M. Ara- go, m'impose une reponse. Je ne crois pas pouvoir rendre un plus dclatant hommage a votre loyautd, qu'en vous priant de vouloir bien communiquer vous-meme cette reponse a l'Academie : « 1° Je suis completement etranger a la phrase qui me concerne dans l'introduction de M. de Humboldt; M. Galuski a ete seul charge de donner le bon a tirer de cette introduction ; « 2° Les titres ont <5t6 rddiges par l'editeur sans que j'y participe en rien; le seul des deux fils de M. Arago, present a Paris, m'a ^crit a ce sujet la lettre suivante que, dans une affaire si grave, je demande la permission de reproduire textuellement : « Mon cher « ami, Gide est venu me montrer , pour savoir si je les trouvais « bien, les titres des ceuvres de mon pere, a la publication des- « quelles vous voulez bien donner des soins si bons et si intelligents. « Je ne saurais vous dire combien j'ai ete heureux de voir votre nom « a cote de celui de mon pauvre pere qui vous aimait tant. Tout a « vous de cceur. » « 3° Sur le refus de l'editeur de vous envoyer directement des epreuves, je me suis fait un devoir de vous porter moi-meme celles de toutes les parties inedites du premier volume des ceuvres de M. Arago ; j'ai fidelement tenu compte de toutes vos corrections. " Veuillez agreer l'expression de mon profond respect , « J. A. Barral. » A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. PARIS. IMrRIMERIE DE \V. REMQUET ET Cie., R'JE GARANGIERE, T. IV. 7 VVRIL tS54. TEOIMEMH A.NNEE COSMOS. FAITS DIVERS. BRILLANTE COMETE. Le 30 mars dernier, un monsieur qui a signd sa lettre des sim- ples initiales de son prenom CH., avec un brillant parafe rn'in- terpellait ainsi : D'ou vient done ce silence sur la comete que je voisbriller depuis plusieurs jours au firmament?... Apres avoir longtemps cherche\ en vain, a nous rappeler le nom de notre mysterieux correspondant, dont l'ecriture ne nous est pas inconnue, nous avons transmis son indication a l'Observatoire im- perial. Nous apprimes, dans cette meme journee du 30, qu'un as- tronome de carrefour, M. Pierre Rougier, qui ne sait rri lire ni ecrire, et dont toute la science consiste a tracer son programme avec dela craiesurle trottoir en bitume de la cour du Carrousel, pres le guichet de la rue de l'Echelle, avait figure une comete qu'il di- sait avoir vue la veille. Nous courumes vers lui le soir, mais il n'e- tait pas a son poste, nous le trouvames lelendemain, il nous affirma de nouveau qu'il avait reellement apergu un astre chevelu. On apprit, dans la journee, a l'Observatoire, que cet astre avait ete remarque a Cherbourg et a Blois ; nous en etions la quai.d la Literary gazette, arrivee dimanche a Paris, nous a apporte 1'an- nonce suivante : n L'infatigable trouveur d'astres, M. Hind, a signale la pre- sence d'une comete tres-brillante a l'horizon, vers l'ouest, dans la constellation des Poissons. Son noyau, comparable a une etoile de premiere grandeur, a la couleur de l'or pur, sa queue a plusieurs degree de longueur, et se prolonge a partir du noyau, sous forme d'un faisceau unique assez serre. II suffit de jeter le regard sur le ciel du couchant, vers huit heures du soir, pour decouvrir le nou- vel astre. » Aussitot le journal re?u, je suis sorti de Paris pour alter a En- ghien, etla, avec M. Soleil et son gendre, M: Jules Dubosq, nous avons attendu, avec impatience, le coucher du soleil ; ses rayons i4 394 COSMOS. s'e'taient a peine caches, que deja la comete, avec sa queue pres- que verticale, apparaissait a nos regards satisfaits, a 30 degres au-dessus de l'horizon, tout a fait a l'ouest. Lundi dernier, elle a occupe- une partie de la sdance de 1' Aca- deme des sciences. Elle a ete vue et observed les 30 et 31 mars, les ler et 2 avril : 1° A l'Observatoire imperial ; 2" a l'Observatoire libre, provisoirement etabli rue de Vaugirard, n° 183. M. Le Ver- rier l'a fait representer telle quelle se montrait dans ses lunettes de 7 pouces 3/4 et 9 pouces. M. Laugier l'a decrite, dans une note que nous reproduisons, et a, de plus, calcule ses Kidmen ts parabo- liques. k Cette comete, dit-il, visible a l'ceil nu, a etd apercue, des le 30 mars, sur l'horizon de Paris, a peu de distance de l'horizon, apres le coucher du soleil; mais ce n'est que le 31 mars que nous avons pu l'observer avec MM. Charles Mathieu et Ernest Liouville, a l'aide d'un equatorial de M. Brunner, que ce celebre artiste a mis g^neralement a notre disposition ; la lunette de cet instrument a 4 pouces d'ouverture, l'heure a £te determined au moyen d'un cercle meridien portatif du meme artiste : voici les trois positions obtenues le 31 mars, le ler etle 2 avril : Asc. droile. DeclinaUon, 31 mars 7h 21m 43s; lh 36m 43s,87;4-19° 15' I5",7 ler avril 7 19 11 ; 1 51 39,90; -f- 13 43 12, 9 2 avril 7 29 28 ; 2 6 11,91 ; -j- 13 0 33, 7 J'ai calculi sur ces positions les elements paraboliques suivants : Passage au perihelie, 1854, mars 29,980586 T. M. P. Distance perihelie 0,275724 ; log. q = 9,4420463. Longitude perihelie. . . . • 214° 44' 25" Longitude du nceud ascendant 315 14 3 Inclinaison 83 21 10 Sens du mouvement retrograde. « Le noyau de la comete est tres-brillant, et peut etre aper^u au cr£puscule, peu de temps apres le coucher du soleil. Son diametre est de 18 secondes environ. La queue a paru aussi brillante au centre qu'aux bords, contrairement a ce qu'on observe dans la plu- part des cas ou les deux lignes limites sont plus brillantes que la ligne mediane. » M. Le Verrier affirme que dans la lunette de 9 pouces qu'il tient a la disposition de M. Laugier, comme tous les autres instruments de l'Observatoire imperial, la limite nord de la queue elait visible- mentplus brillante. M. Hind, de son cote, a adresse aujourd'hui a COSMOS. 395 l'Academie, les elements de la comete decouverte par lui le 29 mars, ils different peu de ceux de M. Laugier : Passage an perihelie, mars 23,2364 Logarithme de la distance perihelie 9" 44591 Longitude perihelie 207° 24' 8'',10 Longitude du noeud ascendant. . . 315 32' 32 Inclinaison 79 27 14 Sens du mouvement retrograde. Presque partout le nouvel astre a 6t6 decouvert le 29, au mo- ment oil il se degageait des rayons du soleil couchant. Quelques personnes cependant , et entre autres un certain M. Dezautier l'a apercu le 25 mars avant le lever du soleil. POISSONS VIVIPARES. Nous empruntons les details curieux qui suivent au feuilleton de M. Meunier du 29 mars. L'auteur de la decouverte de cette espece de poissonstout a fait nouvelle s'appelleM. A. C. Jackson, simple amateur de peche, habitant San-Francisco (Californie) : « Le 7 juin 1852, desirant manger du poisson a mon dejeuner, je jetai de nouveau ma ligne dans les eaux de San-Salita ; un crabe servait d'appat. Le temps etait peu favorable, il ventait tres-fort ; or, le premier et le second poisson quej'amenai furent precisement le male et la femelle qui font l'objet de cette lettre ; leur vivacite etait telle que ma faible ligne a truite courut un grand danger. « Je parvins cependant a m'en rendre maitre. Pendant la demi- heure qui suivit je ne pris rien, ce qui me decida a changer d'appat. J'eus l'idee d'amorcer avec un morceau des poissons deja pris ; en consequence j'incisai le ventre du plus gros. Jugez de ma surprise quand, par l'ouverture, je vis sortir un petit poisson vivant! Je sup- posai naturellement que ce petit avait ete avale par le gros, auquel je n'avais pas donne le temps de digerer sa proie ; mais ayant ou- vert le ventre plus largement, je trouvai le long du dos un long sac violet si transparent qua travers ses paroisj'apercusune multitude de petits poissons exactement semblables pour la forme et la cou- leur a celui auquel j'avais donne" le jour. Le sac en etait rempli : j'en comptai dix-huit , ce qui faisait dix-neuf avec celui qui etait deja dehors. Je les mis tous dans un seau d'eau , et ils nagerent avec autant de gaiete et de vivacite que s'ils n'eussent pa's fait autre chose depuis un mois. Non-seulement, ils se ressemblaient tous, mais ils ressemblaient tellement a celle qui leur avait servi de demeure, qu'on ne peut douter qu'ils ne lui fussent life par les liens 396 COSMOS. de la plus intime parente. Chacun d'eux etait comme h miniature de celle-ci ; seulement leur coloration etait un peu moins foncee, et aussi ils etaient proportionnellement moins gros que leur mere dans la partie moyenne de leur corps, ce qui s'explique probablement par I'&at de grossesse de cette derniere. Quand au male, il est plus mince, plus allonge" que la femelle. » M. Agassiz reconnait pourfidele la description que M Jackson a donnee de ce sac dans lequel sont contenus les jeunes poissons. On voit a sa surface de grandes ramifications vasculaires. II est sub- divise a. l'interieur en poches distinctes s'ouvrant par de large9 fentes dans sa partie inferieure. Ce sac parait n'etre autre chose que l'extremite inferieure elargie de l'ovaire et les poches sont pro- bablement formees par les plis de l'ovaire lui-meme. Dans chacune des poches un petit est enveloppe ou plutot em- maillotte comme dans une espece de drap. Tous sont empaquetes de la meme maniere et places tete beche, de maniere a economiser 1'espace. C'est done un etat de grossesse ovarienne normale, nouvel exemple de laconformite de la teratologic et de la zoologie. Quant a l'ouverture externe de cet appareil, elle est situee derriere cede du canal digestif, au sommet et au centre d'une protuberance conique formee par un puissant sphincter tenu en place par deux forts muscles transversaux attaches aux parois abdominales. M. Agassiz a donne a ces poissons extraordinaires le nom g^nerique d' Embyotoca. Dansun individudel'espece embyotoca Jacksonii qui avait lOpou- ces 1/2 de long et 4 pouces 1/2 de haut, les petits avaient pres de :3 pouces de long et 1 pouce de haut ; un autre individu embyotoca Caryi contenait des petits de 2 pouces 3/4 sur 7/8 de haut. On ne peut guere douter que l'eau ne ptmetre dans le sac marsupial, cac les petits ont les ou'ies tout a fait developpees. La taille qu'ils acquie- rent avant leur naissance fait exception a tout ce qu'on sait des es- peces vivipares. Electricity. DEVELOPPEMENT DES COURANTS INDUITS DANS LES LIQUIDES, PAR M. FAIiADAY. Nous empruntons a la Bibliotheque unwerselle de Geneve la description dune experience nouvelle de M. Faraday , faite a la demande de M. de la Rive, et qui constitue une d^couverte impor- tante ; car c'est la premiere fois que , par une experience directe, on constate l'existence d'un courant induit dans les liquides mau- vais conducteurs ou conducteurs imparfaits. M. Faraday a aimante, au moyen d'une pile de Grove de vingt elements , un puissant electro-aimant en fer a cheval , dont les poles formaient deux surfaces planes , horizontales, de 3 pouces et demi carres , separees par un intervalle de 6 pouces. II a donne a cet electro-aimant pour armature un barreau cylindri- que de fer doux, long de 8 pouces, et d'un septieme de pouce de diametre; il a enroule autour de 1' armature une helice formee d'un tube en caoutchouc vulcanise de 8 pieds et demi de lon- gueur, dont le diametre interieur avait un quart de pouce, et le dia- metre exterieur un demi-pouce; cette helice tournait sept fois au- tour de l'armature sans se deformer; on la remplissait facilement en faisant plonger une de ses extremites dans le liquide soumis a. l'experimentation et aspirant a l'autre extremite. Quand l'helice etait pleine, on faisait plonger dans le liquide, a. ses deux bouts, deux conducteurs en cuivre lies aux extremites du Ml d'un galvano- metre de 0,033 de pouce de diametre, long de 164 pieds, et fai- sant 310 revolutions; le galvanometre etait place a 18 pieds de dis- tance de l'aimant, pour qu'il ne fut pas influence par lui ; afin de mieux etablir le courant, les extremites des fils de cuivre qui unis- saient le liquide au galvanometre plongeaient dans de petites coupes en mercure. Quand tout fut ainsi prepare, M. Faraday remplit l'helice d'eau acidulee parun tiers en volume d'acide sulfurique concentre; il placa l'armature cylindriijue entouree de l'helice sur l'electro-aimant dans une direction telle, que la deviation que l'aimant aurait pu causer fut de sens oppose a. celle que le courant induit devait produire s'il se ddveloppait. Le contact du fil avec l'acide developpait un faible eourant qui deviait l'aiguille du galvanometre de 2 degres; cette de- viation constante d'intensite et de direction n'^tait pas un inconve- nient, elle indiquait que les communications etaient bien etablies, sans pouvoir masquer la deviation que le courant induit pourrait 398 COSMOS. produire. En effet quand le circuit de la pile de Grove fut ferme, que Je courant commenca a. circuler dans un certain sens dans le fil de l'electro-aimant, l'aiguille du galvanometre se mit en mouvement ct parcourut un certain arc dans la direction opposed a celle des devia- tions que l'influence directe de l'aimant aurait du produire. Quand l'electro-aimant fut aimante" en sens contraire , que ses poles furent ren versus, 1' aiguille du galvanometre marcha en sens contraire , toujours dans le sens des deviations qu'un courant induit au sein du liquide doit produire. De plus dans sa marche l'aiguille se mouvait par secousse , comme cela a lieu pour les courants d' induction. Quand en croisant les fils de cuivre plongeant dans le liquide, on intervertissait la communication avec le galvanometre, la deviation de l'aiguille changeait de sens; enfin quand on substituait a l'helice liquide un fil de cuivre, sans rien changer au reste de l'experience, les deviations, beaucoup plus fortes, se faitaient dans le meme sens; toutes ces circonstances prouvent invinciblement que l'influence de l'electro-aimant fait naitre dans l'helice liquide remplie d'eau aci- dulee un courant induit d'une certaine intensity. M. Faraday substitua a l'eau acidulee de l'eau distilled sans pou- voir obtenir le moindre signe de courant induit ; l'eau pure est done un trop mauvais conducteur pour donner des effets sensibles avec l'electro-aimant et le galvanometre dont il faisait usage. « Je considere done , dit en finissant le celebre physicien , Je developpement du courant d'induction dans les liquides non metalliques comme prouve , et , autant que je puis en juger, leur energie est proportionnelle au pouvoir conducteur du corps dans lequel ils sont produits. » La conductibilite en vertu de laquelle le courant induit est produit est-elle la conductibilite elec- trolytique, ou la conductibilite physique de M. FoucaulU Je crois, dit M. Faraday, qu'il existe dans les liquides une conductibilite propre et physique apte a propager un faible courant d'induction qui n'exerce pour un instant qu'une tendance a l'electrolyse ; un cou- rant induit plus fort peut etre transmis en partie de la meme ma- mere, en partie par une action electrolytique complete. M. de la Rive dit a son tour, dans une note, que la possibility de produire des courants d'induction dans les liquides est plutot favorable a l'o- pinion des savants qui, comme MM. Faraday et Foucault, croient qu'une portion de 1' electricity transmise a travers les liquides , les traverse sans les decomposer, de la meme maniere quelle traverse les conducteurs solides. Voila done M. de la Rive rallie a la conduc- tibilite" physique. ACADEMIE DES SCIENCES. SEANCES DU 29 MARS ET DU 3 AVRIL, 1 854, Nous donnerons dans un article special l'analyse complete des re- cherches de MM. Valenciennes et Fremy sur la composition des oeufs dans les animaux. — M. Boussingault lit un grand memoire sur la vegetation. C'est l'evenement le plus important de la seance; il a d'autant plus fixe l'attention que les conclusions des recherches du savant pro- fesseur d'agriculture au Conservatoire des arts et metiers etaient completement imprevues, et que M. Dumas les a, de son cote, so- lennellement acceptees. M. Boussingault entre ainsi en matiere : La question de savoir si les vegetaux fixent dans leur organisme l'azote qui se trouve a l'etat gazeux dans l'air, n'est pas seulement interessante au point de vue de la physiologie ; sa solution doit jeter une vive lumiere sur la theorie de la fertilite du sol. En effet, si le gaz azote n'est pas assimilable, si son role est borne a temperer en quelque sorte Taction du gaz oxygene auquel il est mele, on concoit dans les engrais l'utilite des matieres organiques qui , par suite de leur decomposition spontanee, apportent aux plantes les elements des principes azotes qu'elles elaborent. Si, au contraire, l'azote est fixe pendant l'acte de la vegetation ; s'il devient ainsi partie inte- grante du vegetal, on est tout naturellement conduit a cette conse- quence que la plus grande part des proprietes fertilisantes des fu- miers reside dans les substances mint§rales, dans les phosphates, les carbonates terreux et alcalins qui s'y rencontrent toujours en pro- portion notable ; car l'element azote serait alors surabondamment fourni par l'air atmospherique. >• A une epoque deja eloignee, on crut reconnaitre une absorption manifeste d'azote pendant le developpement d'une plante ; plus tard, Theodore de Saussure, non-seulement ne constata pas cette absorption , mais crut avoir aperc,u une faible exhalation de gaz azote. II y a quelques ann^es, en comparant la composition des se- mences a la composition des recoltes obtenues sur un sol entiere- ment prive, par la calcination , de toute trace de matieres organi- ques, M. Boussingault trouva : 1° que, cultivees dans un sol absolu- ment prive d'engrais d'origine organique, et sous les seules influences de l'air et de l'eau, le trefle et les pois ont acquis, independamment du carbone, de l'hydrogene et de l'oxygkne, une quantite d'azote &00 COSMOS. appreciable par 1'analyse ; 2° que 1c froment, cultive dans les me- mes conditions, a pris, a l'air et a. l'eau, du carbone, de l'hydrogene et de l'oxygene , mais que 1'analyse n'a pu reveler un gain ou une perte en azote, sans qu'on puisse toutefois en conclure que le fro- ment ne possede pas la faculte de fixer une certaine quantity d'a- zote. Si Ton considere combien est faible la proportion des substances azotees elabor^es par une plante placi^e dans un sol sterile, alors merne que la vegetation a ete prolongeependan tplusieurs mois, on est plus dispose a croire a l'intervention du gaz azote de l'air. On conceit mieux, au contraire, l'exigu'ite de la dose d'azote assimilee dans i'hypothese de l'intervention unique desvapeurs ammoniacales, par cette raison que l'atmosphere ne renfermant, pour ainsi dire, que des traces de carbonate d'ammoniaque, elle ne peut fournir qu'une quantite trcs-limitee d'elements azotes a. une vegetation accomplie sous les seules influences de l'air et de l'eau. La premiere idee qui se presente a 1'esprit pour decider si l'azote fixe est l'azote gazeux de l'atmosphere, e'est de disposer un appareil dans lequel la plante croitrait dans l'air depouille d'ammoniaque et que Ton renouvellerait sans cesse afin de lui assurer assez d'acide carbonique comme source de carbone; mais il est presque impossible de s'assurer que l'ammoniaque n'a pas penetre" dans l'appareil ou que l'atmosphere ne contient pas d'autres principes capables de con- courir a la formation des substances azotees dans les veg^taux ; cette methode ne pourrait etre considerde comme satisfaisante qu'autant qu'elle etablirait qu'il n'y a pas assimilation. Par ces motifs, M. Boussingault a prefere faire vivre la plante dans une atmosphere qui ne fut pas renouveiee ; ses experiences, commencies en 1851, ont ete continuees jusqu'en 1853. De la pierre-ponce concassee, debarrassee des poussieres trop tenues, lavee, chauffee au rouge et refroidie sous une grande cloche , en presence de l'acide sulfu- rique, a recu des cendres de fumier de ferme et de la cendre pro- venant de graines semblables a celles sur lesquelles on portait l'observation. On l'humectaitavec de l'eau exempte d'ammoniaque, puis le melange etait introduit dans un ballon en verre blanc de 70 a 80 litres; l'ouverture du ballon etait immediatement fermee avec un bouchon qu'on recoiffait d'une coiffe en caoutchouc. Quarante- huit heures apres, on enlevait le bouchon pour ajouter de l'eau pure de maniere a baigner la base de la ponce. C'est alors seulement qu'on plantait la graine a l'aide d'un tube de verre clans lequel elle glissait jusqu'au point ou Ton voulait la C0SJ10S. 401 placer. La graine introduite, on fermait de nouveau le ballon; et, lorsque la germination £tait suffisamment avancee, on chargeait Tatmosphere confinee de gaz acide carbonique. A cet effet, on sub- stituait au bouchon un second ballon ayant a.peu pres le dixieme de la capacite du grand ballon; ce ballon etant plein de gaz acide car- bonique pur, son col retreci traveisait un bouchon , enduit de cire d'Espagne sur ses faces interieure et superieure; on lutait avec la meme cire, et pour plus de siirete, on appliquait un manchon coni- que en caoutchouc, qui liait le col du second ballon au col du pre- mier; le caoutchouc etait entoure d'une longue bandelette de toile blanche, pour lui donner de la resistance et le preserver de Taction du soleil ; on enterrait cc ballon dans le sol d'un jardin a une profon- deur Se 1 decimetre et demi, pour que les racines ne fussent pas echauffees par le soleil. En supposant, comme cela est tres-vraisem- blable, qu'il soit impossible de priver complctement d'ammoniaque ou de poussiere de nature organique l'eau, le sol et l'air que Ton fait intervenir, les causes d'erreur restant limitees a ce qu'elles sont au commencement de Texperience, puisqu'on ne renouvelle aucun de ces agents; il n'est plus necessaire de remplacer l'eau qui aurait ete dissipee par T evaporation, la vegetation s'accomplit dans la meme atmosphere oil la graine a germe, et dans un sol permeable, conslamment humide, bien qu'il soit dans la condition d'un terrain draine. Quand une experience est terminee, on retire la plante du bal- lon au moyen d'un gros fil de laiton ayant a son extremite une fourche redressee dont en engage les dents sous les aisselles des pe- tioles. La ponce est ensuite versee dans une grande capsule en por- celaine ; et, apres avoir enleve, le plus promplement possible, les debris de la plante qui s'y trouvent meles, on desseche, pour pro- ceder au dosage de l'azote, par la methode de M. Warrentrap, modifiee par M. Peligot. Sauf dans deux cas speciaux , M. Boussingault analysait les plantes etlesol alors qu'elles etaient dans toute leur vigueur, avant qu'une seule des feuilles normales fut detachee, afin d'eloigner Tac- tion que doivent necessairement exercer des debris vegetaux. Les experiences de 1853 ont eu pour objet : 1° La vegetation du lupin blanc, pendant six semaines, pendant deux mois, pendant cinq mois; 2° La vegetation du haricot nain , pendant deux mois, pendant deux mois et demi. II en resulte, conime de celles de 185 L et 1852 : 402 COSMOS. 1° que l'azotede l'air n'a pas etc assimile' pendant la vegetation des haricots, de l'avoine, du cressoTi et des lupins; 2° Que les graines mortes, en agissant comme engrais, n'ont pas determine" l'assimilation de l'azote de l'air pendant la vegetation du lupin ; 3° Que, dans plusieurs experiences, non-seulement il n'y a pas eu absorption, mais il y a eu perte d'azote, et que cette perte une fois a represents le dixieme de l'azote que contenait l'engrais. Qu'on le remarque bien , les conclusions de M. Boussingault se rapportent uniquement a la vegetation des plantes dans une atmo- sphere limitee et jamais renouvel^e; nous admettons sans peine que dans ces conditions anormales, l'assimilation de l'azote n'ait pas lieu, que, aulieu d'absorption, il y ait meme perte reelle d'azote. En est-il de meme dans la vegetation a. l'air libre ou normal? C'est la question capitate, celle qu'il importe surtout d'examiner et de rdsoudre; M. Boussingault la reserve expressement. « Dans un autre Memoire, dit-il, je montrerai quelles sont les conditions les plus favorables a l'assimilation de l'azote , lorsque les plantes placees clans un sol sterile sont cultiv^es a l'air libre, e'est-a-dire lorsqu'elles se deve- loppent sous la double influence des vapeurs ammoniacales et des corpuscules organiques que renferme l'atmosphere. « Nous regrettons vivement que M. Dumas se soit montre moins reserve que son savant collegue , et qu'il ait cru pouvoir trancher la question sans meme attendre la communication promise. Nous lisons dans les comptes rendus : " M. Dumas fait remarquer, a la suite et a l'occasion de la pre- cedente lecture, que le beau Memoire de M. Boussingault n'a pas seulement pour resultat de confirmer ses anciens travaux et d'dta- blir comme une regie de la statique chimique des plantes, que, pour celles du moins sur lesquelles il a opere, elles n'empruntent point d'azote a l'air; son travail aura, de plus, une consequence impor- tante ; en faisant disparaitre les doutes qui s'etaient elevds a ce sujet, il ranimera des etudes du plus haut interet, ayant pour objet la fabrication des azotates, des sels ammoniacaux et des cyanures. En effet, si l'azote de l'air ne peut en rien suppleer a l'azote des engrais, les seuls moyens de remplacer les matikres animales qui font partie des engrais naturels, et qu'il n'est pas au pouvoir de la chimie de constituer directement, consiste a. produire, au moyen de l'air lui-meme, a bon marche" , les combinaisons azotees qui peu- vent seules jusqu'ici remplacer les matieres animales , e'est-a- dire les azotates, les sels ammoniacaux et les cyanures. II est inutile COSMOS; 403 d'ajouter qu'il sera toujours indispensable de faire intervenir, avec ces matieres, les phosphates et les sels mineraux qui font partie des cendres de ferme. II ne peut etre question , en effet , quand on appelle l'attention sur le role important que pourraient jouer les composes azotes artificiels, que du remplacement des matieres organiques azotees qui se trouvent dans toiis les engrais efficaces. L'Academie comprend qua l'aide de l'appareil si simple, si inge- nieux dont M. Boussingault vient d'enrichir le laboratoire du phy- siologiste, tous les problemes relatifs a l'utilite des azotates, des sels ammoniacaux, des cyanures dans la vegetation, peuvent d£sor- mais etre abordfe et resolus par notre savant confrere. » Nous applaudissons de grand coeur a ce noble elan de M. Dumas, tout en regrettant qu'il ait un peu depasse le but ; il y a evidemment de l'exageration : 1° dans ce saut par trop brusque de la vegetation dans l'air confine a la vegetation dans l'air libre ; 2° dans ces nega- tions par trop explicites : Elles ri empruntent point d azote a T air ; V azote de l'air ne peut en rien supplier V azote des engrais ; 3° dans ce programme par trop hardi : Remplacer les matieres ani- mates qui font partie des engrais naturels. Au lieu de montrer comme but a. atteindre ce remplacement temeraire et dangereux, mieux vaut mille fois pousser a. la fabrication des guanos artificiels, exciter a marcher sur les traces de M. Edouard Derrien, de Nantes, qui a dep obtenu des resultats excellents que nous exposerons dans une de nos plus prochaines livraisons. Si M. Dumas, comme toutes les intelligences elevens, comme toutes les imaginations fecondes, a peche par exces , M. Boussin- gault, quoiqu'il soit aussi un esprit eminent, s'est ouvert un horizon trop etroit. II nous semble qu'aux vapeurs ammoniacales et aux corpuscules organiques de l'atmosphere, il aurait du aj outer, sans contredire ses propres recherches, l'azote de l'air, que le sol ou la terre bien divisee absorbe, on ne peut plus en douter, d'apres les analyses positives de M. Way, chimiste de la Societe" royale d'agri- culture d'Angleterre, en quantit6 considerable, et qui, dans des conditions donnees, peut se transformer, soit en ammoniaque, sui- vant la theorie de Mulder, soit en carbonate d' ammoniaque, suivant la theorie de Liebig , et servir alors d'aliment aux plantes. Au reste, comme les conclusions du savant academicien sont en con- tradiction sur plusieurs points avec les resultats des recherches co- lossales d'un jeune chimiste qu'il n'a pas cru devoir nommer, M. Georges Ville, il nous semble impossible qu'elles ne deviennent pas, au sein de 1' Academic, l'objet d'une discussion elevde et con- 404 COSMOS. sciencieuse que nous appelons de tous nos vocux. Si nous avons lant insiste sur le Memoire de M. Boussingault, c'est, tout le monde le comprendra, qu'il s'agit d'une question vitale et d'une portee immense, — M. Duvernoy lit une deuxiome note sur les ossements fossi- les de Pikerni, pres d'Athenes. Les restes fossiles provenant des fouilles de Pikerni ont (He partages entre les musees de Munich et de Paris. La collection de Munich est tres-importante par les restes d'une et peut-etre de deux especes de singes, par ceux de plusieurs car- nassiers, dont 1'une de grande taille, et par des phalanges dema- crotherium ou de grand paresseux. Celle de Paris a beaucoup d'in- teret, pour avoir revele" l'existence d'une espece de cette derniere et singuliere famille de paresseux; et celle de la girafe, dont les restes paraissent manquer a la collection de Munich. — M. Gaudry lit une note sur le mont Pantelique et le gisement d'ossements fossiles, situe" a sa base ; c'est le lieu oil ont ete decou- verts les restes dont il est question dans la lecture de M. Duvernoy. — Nous reproduirons.ailleurs l'analyse du memoire de M. Ver- det, sur les propriety optiques des corps transparents soumis a l'in- fluence du magnetism e. — M. le docteur Jobert de Lamballe adresse un mot sur la the- rapeutique des nevralgies, procede mixte, section et cauterisa- tion du nerf. « II y a bien longtemps, dit-il, quej'ai indique Tac- tion du fer rouge comme moyen de guerison des nevralgies faciales, musculaires, craniennes, idiopathiquesousymptomatiques. En 1838, j'ajoutai de nouveaux faits aux premiers; je signalailes effets heroi- ques de la cauterisation contre la nevralgie cesophagienne, les ne- vralgies des membres abdominaux et thoraciques, etc. Ma maniere de voir sur les effets remarquables du feu n'a jamais change, et je les regarde comme un moyen des plus precieux lorsqu'il s'agit d'af- fections rebelled, telles que les nevralgies qui out resiste a tous les moyens employes. Aujourd'hui, je viens mettre sous les yeux de l'Academie quelques nouveaux faits qui meritent l'interet a plus d'un litre. - Suivent trois observations remarquables, l'une de scia- tique, l'autre de nevralgie violente, uterine, de nevralgie sous-orbi- taire, rapidement et completement gueries ; et des considerations pleines d'interet en reponse a cette question : La cauterisation re- currente peut-elle toujours suffire pour aneantir une nevralgie te- nace et violente? — MM. Goubaud et Giraldes envoient, pour le prix Monthyon, COSMOS. 405 un memoire relatif a ties experiences sur les injections de perchlorure de fer dans les arteres. MM. Bourguignon et Delafond demandent 1'admission au merae concours de leur Traite pratique d'enlomo- logie et de pathologie de la gale du mouton. M. Serret soumet a l'examen d'une commission un memoire sur les grandes perturbations du systeme solaire. «■ Bien que, de- puis plusieurs annees, je m'occupe, dit l'auteur, de recherches sur differents points d'astronomie mathematiques , ce memoire est le premier que je soumets au jugement des corps savants : si l'Aca- demie des sciences l'accueille favorablement, j'espere le faire suivre de plusieurs autres. •• — M. Dumeril fait hommage a TAcademie d'un memoire publie parson fils, Auguste Dumeril, dans les archives du Museum d'his- toire natus elle. Ce travail, dit-il , est une notice historique sur la menagerie des reptiles. Elleapourbutdefaire connaitrenon-seulementles nombreux animaux qui y out vecu, mais de presenter les resultats fournis par l'observation journaliere et attentive de ces especes si varices. On comprend que dans ces conditions heureuses et toutes nouvelles, car la fondation de cette menagerie remonte a peine au-dela. d'une douzaine d'annees, beaucoup de faits restes jusqu'alors ignores et. relatifs aux habitudes des reptiles et a leur genre de vie, aient pu etre constates. Par cela nieme aussi, des particularites intere^antes, touchant l'accomplissement de certaines fonctions , ont pu etre no- tees. Ainsi on trouve dans cette notice des details nombreux sur le mode d'alimentation des reptiles, sur les quantites d' aliments qui leur sont necessaires, sur le clioix a faire parmi les proies qu'on peut leur presenter et sur la duree possible de leur abstinence. Des especes s'etant reproduces dans cette menagerie qui , en outre, a recu de tres-jeunes boas et crocodiles, il a ete facile de suivre les phases de leur developpement et de tenir compte de l'in- fluence que peut exercer pendant cette periode le regime auquel on les soumet. L'ovo-viviparite de plusieurs especes, dont le mode de parturi- tion n\'taitpas connu, y a ete observee. On y a suivi les change- ments imprimes a la temperature animale par le travail de la diges- tion et celui de la mue. Enfin toutes les manifestations de la vie chez les reptiles ont ete observees avec soin. Ces etudes ont pu etre variees, car le nombre des especes qui ont vecu en captivite est considerable. Les releves, en effet, apprennent que cent quarante-six especes , dont beaucoup sont rares dans les &06 COSMOS. collections, y ont 6t6 vues vivantes. Prenant en particulier chacun des quatre ordres compris dans la classe des reptiles , on trouve ces especes ainsi rdparties : trente-neuf cheloniens ou tortues, trente et un sauriens , quarante-sept ophidiens ou serpents, et vingt-neuf batraciens anoures ou crocodiles. Enfin, d'apres les indications fournies par cette notice sur la me- nagerie des reptiles, on se rend compte de l'interet qu'elle offre aux zoologistes, et des secours qu'ils peuvent y puiser pour leurs etudes , trop souvent privdes de la connaissance des animaux a, l'etat de vie; aussi bien des caracteres spdcifiques ont-ils pu etre mieux saisis, et, pour un certain nombre, il a 6te possible de rectifier des inexactitudes relatives a leur coloration , si rapidement alteree par la mort dans la plupart des especes. — MM. Emmanuel et Alfred Arago font hommage a l'Acaddmie du premier volume des ceuvres de leur illustre pere. L'Academie, dit M. Elie de Beaumont , ne pouvait manquer d'accueillir avec une vive et respectueuse sympathie, ce volume, qui lui rappelle de chers et glorieux souvenirs. II renferme 1° une introduction consacree a la memoire et aux travaux de M. Arago, par M. Alexandre de Hum- boldt ; 2° une notice intitulee Histoire de ma jeunesse , par M. Arago , qui raconte lui-meme sa vie depuis sa premiere enfance jusqu'en 1830, epoque oil il devint secretaire perpetuel de l'Acade- mie; 3° six notices biographiques par M. Arago, a savoir : bio- graphie de Fresnel , lue en seance publique de l'Academie des sciences, le 26 juillet 1830 , une grande partie inedite ; biographie d' Alexandre Volta , lue en stance publique le 20 juillet 1831 ; bio- graphie de Thomas Young, lue en seance publique du 26 no- vembre 1832; biographie de Joseph Fourier, lue en seance publique le 18 novembre 1S33; biographie de James Watt, lue en seance publique le 8 decembre 1834 ; biographie de Carnot, lue en seance publique le 11 aout 1837. Nous ne reviendrons pas sur la triste polemique a laquelle ont donne lieu ces mots ajoutes dans l'intro- duction, et sur la couverture du volume II , publics par M. Banal, d'apres son ordre (l'ordre de Francois Arago), si ce n'est pour exprimer la peine generale qu'a causae cette dpithete de mercantiles, jet£e aux mains gendreuses qui ont paye si cher, 120 000 francs , l'honneur de publier les ceuvres completes de l'homme illustre qui a toujours appele" M. Gide son ami. Qu'on nous permette aussi de dire la douleur que nous avons ressentie en retrouvant dans l'histoire de la jeunesse d'Arago, des passages qui contristeront les ames sincerement religieuses, et COSMOS. U01 d'autres qui renouvelleront des inimitfes et des haines que nous avions crues a jamais 6teintes. Le respect de la religion et la pratique de la charite sunt un devoir pour tous et surtout pour les grandes limes; a l'heure qu'il est, Arago, bien certainement, regrette ces pages ^chappdes a l'entrainement des passions; il ne fallait pas les eterniser, en quelque sorte, en les imprimant. — Nous avons reproduit ailleurs la note de M. Gaugain., sur quelques-unes des causes qui peuvent faire varier la force electro- motrice. En la presentant a l'Academie, M. Despretz a ajoute : « M. Gaugain sait bien qu'au commencement de 1852, j'ai fait une serie d'experiences sur la pile a deux liquides, dans lesquelles j'ai mis le zinc en contact successivement avec differents liquides, et j'ai opere de meme pour le cuivre; j'ai vu les circonstances qui font varier ce qu'on appelle la force electro-motrice. Mais dans ces essais et d'autres qui y sont lies, je n'ai pas fait intervenir la pile thermo-electrique, en sorte que les observations que je fais ici n'ont pas le moins du monde pour objet une reclamation quelconque; M. Gaugain sait d'ailleurs que je dois les faire et lestrouvetoutesna- turelles. J'aurai l'honneur de lire sur ce sujet une note dans une des prochaines seances » En attendant, le savant physicien depose sur le bureau un paquet cachete. — Nous analyserons une autre fois les remarques de M. Wil- liam Thomson de Glasgow, sur les oscillations d' aiguilles non cris- tallisees, de faible pouvoir inductif paramagnetique ou diamagne- tique, et sur d'autres phenomenes magnetiques produits par des corps cristallise's et non cristallisds. — M. Bujis-Ballot a eu l'honneur et le bonheur de provoquer et de realiser, dans les Pays-Bas , un Institut met^orologique dont il indique le but dans ces quelques lignes : « Les observations meteo- rologiques faites en Hollande et dans les possessions n^erlandaises, aux Indes, en Ame'rique et en Afrique, seront rassemblees et dis- cutees d'apres la methode que j'ai fait connaitre dans XesAnnales de l observatoire d' Utrecht. Quant aux observations faites a bord des batiments de guerre et des navires du commerce, elles seront reu- nies et discutees suivant le plan propose" par la conference maritime tenue a Bruxelles l'annee derniere, par M. Jansen , de la marine royale, qui a assiste a cette conference. J'espere que bientot, les meteorologistes se concerteront pour dtablir un plan conforme a celui qui a £te arrete a Bruxelles, de maniere a ce que toutes les obser- vations faites dans le monde entier soient comparables entre elles, et puissent etre reunies. En attendant je me propose d'adresser a 408 COSMOS. 1' Academic, les observations qui seront rassembldes etles rcsultats des recherches qui seront faites a l'lnstitut royal des Pays-Bas, a Utrecht, oil Ton s'empressera de fournir les donnees qu'on aura ac- quises, et qui seront demandees pour des recherches faites ailleurs. » Nous applaudissons de grand cceur a l'initiative de M. Bujis-Bal- lot, etnous le seconderons de tout notrepouvoir, en publiant dansle Cosmos 1' analyse des travaux de son Institut. Si nous le pouvions, nous irions des aujourd'hui nous entendre avec lui sur la redaction d'une instruction generale, que nous pn'parons depuis longtemps, etqui, nous l'esperons, mettra de V unite dans les observations rao- teorologiques. Nous le prions instamment de nous adresser ses An- nates en dchange de notre journal. — M. Goldenberg, professeur au Gymnase de Saarbruck , fait hommage a 1'Academie], d'un exemplaire de son ouvrage sur les lnsectes fossiles du terrain carbonifere de Saarbruck. " Place entre la France et l'Allemagne, appartenant autant a l'une qu'a l'autre par mes etudes et mes travaux geologiques, je m'empresse d'offrir les resultats de recherches que je poursuis de- puis plus de vingt ans, au corps savant qui a compte, parmi ses membres, 1'illustre geologiste dont les travaux nous ont appris a reconnaitre et a faire revivre, pour ainsi dire, les especes nom- breuses appartenant aux faunes des diflferentes periodes geologiques. Faire l'histoire des premiers habitants ailes de notre globe, c'est, ce me semble, un beau sujet de recherches, mais un sujet herisse" de mille difficultes. En effet, les insectes de la periode carbonifere paraissent avoir forme des genres tout particuliers, et, en outre, on n'a dans bien des cas, sous les yeux, que les fragments de ailes sur lesquels on doit baser, d'apres les donnees generates de l'ana- tomie et de l'organographie, la determination et l'appreciation de leur affinite. Or, quoique tout soit lid dans un etre organique par des correspondances mutuelles; et que chacune de ces parties ait des rapports avec le tout, a quelle profondeur ne faut-il pas aller chercher ces rapports? de quelle patience ne faut-il pas s'armer? quelle circonspection ne doit-on pas avoir pour rester dans les voies imposees aux recherches scientifiques, pour s'arreter des qu'on n'a plus de guide sur, et se garder des ecarts de f imagination % Cepen- dant, tout en sachant combien la route etait difficile, j'ai continue ay marcher, soutenu par cette pensee, que c'etait quelque chose que de poser, au moyen d' observations exactes , les premieres pierres de Pedifice, ou du moins d'en'reunir les materiaux, laissant COSMOS. A09 a des savants plus habiles le soin de les disposer au jour avec plus d'ordre et avec plus de sagacite. SEANCE DU 3 AVRIL. — M. Le Verrier a presente les elements corriges de la planete Amphitrite, et communique des details et dessins de la nouvelle cometp, dont nous avons longuement parle dans les faits divers. — M. Dumeril a lu, au nom de la section d'anatomie et de zoo- logie, un rapport dans lequel il demande que l'Academie fassel'ac- quisition du beau squelette fossile de mystriosaurus, genre des cro- codiliens, decouvert recemment dans le lias de Boll, royauine de Wurtemberg, et dont M. le baron de Ponsort a adresse' une litho- graphie a l'Academie. C'est, dit M. Dumdril, une des plus precieu- ses medailles comm&noratives des evenements passes du globe, et son acquisition serait une bonne fortune pour le Museum d'bistoire naturelle. — M. Rozet, commandant d'^tat-major , lit la note ci-jointe sur la difference de temperature entre la surface du sol et l'air am- biant : « La surface du sol s'echauffe davantage sous l'influence des rayons solaires que l'air qui la touche. En 1830, j'avais trouve' que celle du sable du bord de la mer, aux environs d'Alger, depasse quelquefois de 30° celle de l'air. « En 1850, j'ai commence une serie d'observations a Orange, a 46 metres au dessus de la Mediterranee , avec deux thermometres, l'un suspendu a l'ombre, a 1 metre au-dessus du sol, et l'autre, place" dedans a 0m, 01 de profondeur et reconvert de terre. « En 1851, j'ai continue ces observations a Gap, a 750 metres au-dessus de la mer, pendant les mois de mai, juin et juillet; et je viens de les reprendre pres de Tours, a 90 metres au-dessus de l'Ocean, pendant les beaux jours de mars; voici les re^ultats obtenus : «Tous les sols nes'echauffent pas de lamememaniere (jen'ai point assez d'observations pour donner des nombres a cet £gard) ; mais la loi de variation des differences de temperature avec l'air est constante et la meme pour tous. « Par une belle journee, un ciel sans nuage, au lever du soleil, la difference est nulle ; l'exces de temperature du sol sur l'air croit ensuite ties-regulierement jusque vers deux heures et demie du soir; il diminue ensuite, de la meme maniere, jusqu'a une heure apres le coucher du soleil, epoque a laquelle la difference devient &10 COSMOS. 1 nulle de nouveau, et reste gendralement ainsi jusqu'au lever du soleil. Quatre fois settlement, pendant tout le cours de mes observa- tions, j'ai trouve\ au lever du soleil, la temperature du sol inf£- rieure de 1° a 2° a celle de l'air ; au coucher de cet astre, la diffe- rence n'est deja plus que 1°, 5; 1° et meme 0° 5, en sorte que, geneValement, pendant la nuit, la perte de la surface du sol, jusqu'a un centimetre de profondeur, n'excede pas ces nombres, les diffe- rences maxima ont 6te" en mars 9°, en mai 11° 5, en juin 14°, en juillet 14°. « Prenant sur une ligne horizontale, en allant de droite a gauche, deux parties egales pour representer le temps a partir du lever du soleil, et elevant a chaque point de division une donn IV. J'ai obtenu entre la glycerine et l'alcool, une combinaison analogue aux ethers composes decouverte par M. Williamson : La Dietliyline : C1 }H1<5Oc = 2 CJHsBr -{- C,!H8Oc 2 HBr se prepare en chauffant en vase clos a 100° pendant 60 h. de la glycerine, de Tether bromhydrique et de la potasse en exces (1). Apres l'experience, le liquide des tubes forme deux couches; on decante la couche superieure et on la distille. A 191° la dietliyline distille. C'est une huile limpide et inco'ore, peu ou point soluble dans l'eau, assez mobile, douee d'une odeur etheree legere, avec une nuance poivree. Sa densite est egale a 0,92. Si on laisse tom- ber quelques gouttes de diethyline sur de la chaux incandescente, il parait se produire de I'acroleine. Distillee avec un melange d'acide sulfurique et butyrique, la diethyline fournit de Tether butyrique. V. l.D'apreslesfaits qui precedent, et ceux que j'ai dejapublies, les combinaisons glyceriques artificielles dtudiees par moi se pre- sented comme des corps neutres formes par l'union en rapports equivalents des acides et de la glycerine. Dans cette union produite avec separation des elements de l'eau, les proprietes de l'acide de- viennent latentes. Ces corps, traites par la potasse, represented un sel neutre avec formation equivalente d'un corps, le meme pour tous, la glycerine. En meme temps les elements de l'eau se fixent, et les proprietes de l'acide reparaissent. Ces memes phenomenes de decomposition se manifestent dans les circon>tances les plus va- riees et souvent sous les influences les plus legeres. Ces conditions, ces phenomenes, ces produits sent precisement les memes qui accompagnent la decomposition des corps gras na- turels, comme l'ont montre, il y a quarante ans, les travaux de M. Chevreul. 2. Ces faits etablissent, comme il ]'a remarque, un rapproche- (1) J'ai prepare d'une maniere analogue, avec la potasse, l'elher elliylmelihylique. lx\k COSMOS. ment etroit entre les corps gras et les Others. D'une part, les ethers, comme les corps gras, se forment par l'union, directe ou mediate, d'un acide avec l'alcool. Cette union s'opere avec separation des elements de l'eau et disparition des propriEtes de l'acide ; d'autre part, les composes neutres ainsi formes reproduisent, par les pro- cedes les plus vane's, l'acide et l'alcool, en fixant les elements de l'eau. L'action des alcalis, celle des acides concentres, celle de l'eau, soit rapidement a 220°, soit lentement a la temperature ordi- naire, resolvent egalement les corps gras en acides et glycerine, les ethers en acides et alcool. Avec les uns comme avec les autres, Taction de l'ammoniaque produit des amides. Bien plus, 1'equivalence de la glycerine et de l'alcool, vis-a-vis des acides, peut etre dEmontrEe par des reactions directes et reci- proques. On peut a volonte, soit decomposer certains ethers par la glycerine et produire un compose* glycerique , soit decomposer un corps gras par l'alcool et produire un Ether. 3. Toutefois, si la glycerine se rapproche de l'alcool par la na- ture des combinaisons auxquelles les acides donnent naissance, la formule de ces memes composes, 1'existence de plusieurs combi- naisons neutres entre la glycerine et un meme acide, etablissent entre la glycerine et l'alcool une difference profonde. En effet, les composed glyceriques neutres appartiennent a trois series distinctes : La lre serie, analogue aux ethers, meme par ses formules, est formee par l'union d'un equivalent d' acide et d'un equivalent de glycerine, avec separation de deux equivalents d'eau : monostea- rine, /uonacetine, monochlorjdrine . La 2e serie est formee par l'union de deux equivalents d acide et d'un equivalent de glycerine, avec separation , tantot de deux Equi- valents d'eau, distearine dioutyrine; tantot de quatre Equivalents d'eau : Diacetine, benzoch/orhydrine, diethyline, dichlorhydrine. La 3e se*rie est formee par l'union des trois equivalents d'a- cide et d'un equivalent de glycerine avec separation de six equi- valents d'eau : Tristearine, frioleine, Triacetine, Tribenzoycine . C'est a cette serie que paraissent appartenir les corps gras natu- res. Dans la decomposition des corps de cette serie 3 KO remplacent vis-a-vis de l'acide anhydre le reste CcH503, dans lequel l'oxygene est le tiers de l'oxygene de l'acide anhydre , ce qui est le meme rap- port que dans les sels neutres. Ces faits nous montrent que la glycerine presente vis-a-vis de cosmos. 415 l'alcool precisement la meme relation que I'acide phosphorique vis- a-vis de I'acide azotique. En effet, I'acide azotique ne produit qu'une seule serie de sels neutres , tandis que I'acide phosphorique donne naissance a trois series distinctes de sels neutres ; les phosphates ordinaires, les pyrophosphates et les m&aphosphates : ces trois series de sels decomposes par un acide energique en presence de l'eau reproduisent un seul et meme acide phosphorique. De meme, tandis que l'alcool ne produit qu'une seule serie de sels neutres, la glycerine donne naissance a trois series distinctes de combinaisons neutres ; ces trois series, par leur decomposition en presence de l'eau, reproduisent un seul et meme corps > la glycerine. VI. La glycerine n'est pas le seul corps qui partage avec les alcools la propriety de former des combinaisons neutres par son union avec les acidesen general. J'ai retrouve cette propriete pres- qu'au meme degre dans la mannite. J'ai deja obtenu avec ce corps et I'acide stearique, lastearite; avec I'acide palmitique, la palmitite ; avec I'acide butyrique, la butyrite; avec de I'acide acetique, l'a- cetite; avec I'acide benzoi'que, labenzoi'te; avec I'acide chlorhy- drique, la clorhydrite.Plusieurs de ces corps decomposes par l'eau a une haute temperature ont reproduit I'acide qui les avait formes et la mannite cristallisde. Je poursuis l'etude de cette propriete , et, d'apres quelques expe- riences deja realises, j'espere l'etendre a plusieurs des corps neutres essentiels duregne vegetal. » Apres cette lecture, M. Pelouze se leve et fait ressortir, en quel- ques mots, l'importance de ces belles recherches : « La production de toutes pieces, et par voie de synthase, d'un grand nombre de corps gras naturels est, dit-il, un resultat d'une portee immense ; il est impossible que 1' Academie ne trouve pas moyen de le couronner et de le sanctionner par un des grands prix dont elle dispose." — M. Aymard, secretaire de la societe litteraire et scientifique duPuy, lit un Memoire extremement interessant surles fossilesde la Haute-Loire, nous le reproduirons, au moins par une lon°-ue analyse. — M. le ministre de l'instruction publique donne son approbation a la deliberation par laquelle la commission administrative disposait d'une somme de plus de 14 000 francs, reliquat de prix Monthyon pour encouragements a diverses recherches importantes que nous denombrerons plus tard. — M. Antoine d'Abbadie enumere, en quelques lignes tres-mo- destes et tres-simples, les titres qu'il croit avoir a figurer parmi les M6 COSMOS. candidats a l'une ties places devenues vacantes dans la section de geographie et de navigation, par la niort M. l'amiral Roussin et de M. Beautemps-Beaupre. M. l'amiral Laplace adresse la raeme demande. M. l'amiral du Petit-Thouars aspire a. remplacer M. l'amiral Roussin au bureau des longitudes, et prie l'AcadtSmie de l'inscrire sur la liste des candidats qu'elle devra un jour dresser. — M. de Paravey ecrit une longue lettre sur les denominations des differentes mers, rouge, verte, bleue, jaune, etc., elle nous a semble curieuse, et nous la reproduirons en partie. — M. de Tchihateheff transmet des considerations sur les ter- rains paleo-zoologiques de l'Asie-Mineure. — M. Despretz lit, au nom de M. DuMoncel, la note suivante, qui n'est pasproprementune reclamation, mais danslaquelle cepen- dant, il rappelle l'attention de l'Academie et des savants sur les rapports que les belles experiences de M. Faraday ont avec la theorie des effets statiques et dynamiques des courants, qu'il a ex- posee dans plusieurs notes inserdes dans les comptes rendus. Nous avons promis, il y a longtemps, d'analyser cette theorie, et nous tiendrons parole tres-prochainement. Nos lecteurs se rappellent les resultats curieux des belles expe- riences de M. Faraday, pubises dans le Cosmos du 24 fevrier 1854, et la maniere dont l'illustre physicien les explique : ils auront pu remarquer, entre autres phenomenes particuliers, le ralentisse- ment de vitesse de l'electricite, dans un fil recouvert de gutta-per- cha, lorsque celui-ci est plonge dans l'eau, dans un terrain humide, ou quand il est recouvert d'une enveloppe metallique. Ce ralentis- sement de vitesse n'est que la consequence de la reaction statique de l'induction laterale. C'est-a-dire que le fil de cuivre du conduc- teur pouvant etre alors considere comrae l'armure interne d'une bouteille de Leyde, dont la couche de gutta-percha representerait la partie isolante, et dont l'autre armure serait representee par l'eau, le terrain humide ou le metal qui entoure le fil. L'electricite du fil doit reagir par influence sur cette seconde armure, et se trou- ver en partie condensee, et par suite sollicitee a resteren repos (etat statique). De la, paralysation plus ou moms grande du courant, suivant le developpement et l'efrlcacite d' action des armures. Ce raisonnement ad mis par M. Du Moncel, depuis deux ans, dans la theorie du magnetisme statique et du magnetisme dynamique, rend parfaitement compte des effets si particuliers qu'on observe dans COSMOS. M7 lesaimants, par exemple, de la suspension du courant magnetique dans un aimant ferme, fait qui nous est assure : 1° Par les courants d'induction de l'appareil de MM. Breton freres, produits directement par l'aimant persistant sur le fil enduit, lors- qu'on fait tourner devant les poles une armature de fer doux; 2° Par la nullite de Taction dynamique d'un solenoi'de, sur un fer que Ton introduit dans son interieur, si cet interieur est garni d'un canon de fer doux, ou si le fil du soleno'ide est lui-meme un fei doux; 3° Par la permutation de poles que Ton observe sur une barre d'acier soumise a l'induction d'un electro-aimant tres-energique, apres que cette barre est enlev^e de dessus l'aimant conducteur; 4° Par l'aneantissement d'aetion d'un aimant cylindrique creux, a l'intdrieur duquel on a introduit un cylindre de fer doux. D'apres M. Du Moncel, en effet, le courant magnetique, grace a la force coercitive qui jouerait le role de corps isolant, reagirait par induction laterale sur le fer, et determinerait un effet statique qui paralyserait sa marche, comme dans le cas observe par M. Fa- raday. Seulement, cette action devrait etre plus energique, puisque l'induction laterale est infiniment plus puissante. Cette question des effets statiques et dynamiques des aimants a et6 etudide, par M. Du Moncel, dans deux memoires presentcs a l'Institut, l'un le 15 avril 1852, l'autre le 28 fevrier 1853, et dans deux grands memoires, imprimes dans les memoires de la SocieHe' des sciences naturelles de Cherbourg, l'un intitule : Memoire sur le magnetisme statique. L'autre intitule : Considerations sur la ma- niere dont il convient d'envisager les effets statiques et dynamiques des aimams. VARIES. REFRACTION ET DISPERSION ATMOSPHERIQUES. RECHBRCHES DB M. MONTIGNY, Rapport de M. Plateau.. « Cette premiere partie du travail a pour objet 1'eHude des ondu- lations apparentes que pr^sentent les objets eloignes et peu eleves au-dessus de l'horizon, lorsque la temperature du sol est notable- blement plus haute que celle des couches atmosphenques voisines. L'auteur annonce que, dans une seconde partie, il traitera de la dis- persion delalumiere qui, venant d'un astre, traverse les couches inferieures de l'atmosphere. » Apres des considerations generates, l'auteur decritlapositiondu lieu d'observation ; il donne quelques details sur le telescope qu'il a employe, ainsique sur le procdde" micrometrique dont il a fait usage pour la mesure des phenomenes. II passe ensuite a la forme de ce qu'il appelle les ondes aeriennes, c'est-a-dire des masses d'air qui s'elevent du sol echauffe, et a travers lesquels les rayons lumineux sont devies : il admet, d'apres certaines analogies, que les surfaces de separation entre ces ondes et l'air ambiant sont nettement tran- ches ; et, partant de l'aspect qu'offrent les ombres des ondes occa- sionnees par une barre de fer fortement echauffee, il attribue aux ondes aeriennes, en general, des formes telles qu'en supposant Tune de ces ondes coupee par un plan contenant le rayon lumineux, la section serait ordinairement limitee par deux courbes sinueuses, de maniere que l'espace compris entre celles-ci presenterait des renfie- ments et des etranglements. « Enfin, il cherche une formule exprimant la deviation du rayon lu- mineux en fonction des angles d'incidence et d'emergence aux deux surfaces de l'onde, de Tangle des deux plans tangents a ces surfaces aux points d'incidence et d'emergence, et des distances du point lu- mineux et de l'ceil a ces memes points d'incidence et d'emergence. « L'auteur a constat^, comme on devait s'y attendre, que les on- dulations les plus fortes se montrent en ete; mais il en a observe aus- si en d^cembre et en Janvier. II a constate egalement qu'en ete les ondulations ne deviennent ordinairement sensibles que longtemps apres le lever du soleil, meme par un ciel serein ; mais en hiver, il en a vu se manifester avant le lever du soleil ; et ce dernier effet doit etre attribue, selonlui, a des ondes plus froides que l'air ambiant. D'apres ses observations, l'amplitude des deplacements apparents des objets augmente generalement jusqu'a une certaine heure de la COSMOS. 419 matinee, mais le plus souvent elle atteint son maximum plusieurs heures avant celui de la temperature du jour. « La formule dont il a ete question plushaut, montre que, toutes choses egales d'ailleurs, les effets de deviations doivent etre d'au- tant plus prononces que l'ombre qui les produit est plus pres de l'oeil ; or, le lieu d'oii se faisaient les observations et l'objet vers le- quel le telescope etait dirige, se trouvaieut dans des conditions telles, que les rayons solaires echauffaient plus fortement tantotune partie du sol plus voisine de l'objet, tantot une autre partie plus voisine de l'oeil ; et l'aliteur s'est, en effet, assure que les ondulations avaient le plus d'amplitude dans cette derniere circonstance. II a re- connu que les ondulations persistent apres le coucher du soleil memeen toute saison, par suite de l'abaissement de la temperature du so!, surtout quand la ser^nite du ciel favorise le rayonnement. « L'auteur dit aussi quelques mots des observations qu'il a faites relativement a l'influence que le vent et l'interposition passagere des nuages exercent sur les phenomenes. « II a constate que les displacements des images dans le sens hori- zontal sont generalement, comme on devait le prevoir, beaucoup plus petits que dans le sens vertical ; le plus grand deplacement qu'il ait mesure dans ce dernier sens, a ete de 25 secondes. Cette mesure a ete prise le 16 juin. « L'auteur examine les circonstances qui rendent plus ou moins confuse la perception telescopique des objets vus au traversdesondes aeriennes; il fait voir d'abord, par le raisonnement , que les images doivent etre d'autant moins nettes, abstraction faite de l'etendue de leurs defacements, que l'ouverture du telescope est plus grande, et il obtient en effet la perception distincte d'images qui eprouvaient cependant des deplacements tres-considerables, en adaptant a I'ins- trument un diaphragme a ouverture etroite. Mais il signale d'autres causes plus puissantes de confusion dans les images; ces causes sont, d'une part, la diminution d'intensite resultant de ce que l'image, dans ses deplacements rapides, n'a pas le temps de produire une impression complete sur la retine, et, d'une autre part, la superpo- sition, au meme lieu de la retine, des impressions de differents points de cette image. •• En determinant artificiellement des oscillations regulieres dans l'image d'un objet vu au telescope, image dont son procede lui per- mettait de faire varier F^clat, l'auteur constate, conformement u une loi qui se deduit de mes propres experiences, que la rapidite d'oscilla- tion necessaire pour que l'image cesse d'etre distinctement percue, 120 COSMOS. est d'autant plus grande que cette image a plus d'eclat; ses obser- vations sur les effets produits par los ondes adriennes sont d'accord avec ce resultat. Les experiences ci-dessus le conduisent a recon- naitre qu'au moment oil par l'effet d'ondes naturelles, l'image teles- copique d'un objet eclaire par le soleil, cesse d'etre vue avec nettete dans ses details, les memes phases de deplacement de cette image doivent se representer apres des intervalles de temps moindres que l/10e de seconde. II a remarque que les circonstances etant les memes, les ondula- tions des objets fortement eclaires paraissent avoir plus d'amplitude que cedes des objets plus sombres ; mais ses mesures lui out mnntre que c'est la une simple illusion. Enfin l'auteur mentionne un dernier fait . Quelquefois des parties d'une image plus ou moins deformee par les ondulations font defaut, lors meme que les mouvements ap- parents sont assez lents pour qu'il n'y ait pas de confusion. II ex- plique ce phenomene singulier en faisant voir, que dans certains cas, les rayons lumineux doivent etre reflechis en totalite, soit a la pre- miere, soit a la seconde surface de l'onde, et ne peuvent ainsi parvenir a l'ceil. « En re"sume\ quoique le phenomene fondamental qui fait 1' objet du memoire soit bien connu et que la cause en soit evidente , M. Montigny a etudie avec soin ce phenomene dans ses details, et une semblable etude est toujours profitable a la science; le travail me parait bien fait, et d'ailleurs la seconde partie annoncee par l'auteur est relative a des phenomenes d'un plus haut interet. En consequence, j'ai l'honneur de proposer l'insertion du memoire act el dansle recueil des savants etrangers.» Nous nous hatons d'autant plus de reproduire le savant rapport de M. Plateau, qu'il nous apporte rimportante nouvelle de la solu- tion d'un piobleme que nous avions presse IM. Montigny de resoudre, la dispersion de la lumiere qui, venant d'un astre, traverse les couches injerieures de I atmosphere. Cette solution sera, nous l'esperons, une explication complete et definitive de la scintillation des etoiles. Nous sommes plus convaincu que jamais , que la theorie si ing£nieuse et si specieuse de M. Francois Arago n'est qu'une brillante utopie, que la scintillation n'est pas un phenomene d'interference proprement dit, mais un simple phenomene de re, fraction et de dispersion. A. TRAMBLAT, proprietaire-gerant. PARIS. — IUPR1MERIE DE W. REMQUET ET Cie., R'JE GARAKCIERE, T. IV. 1 4 AVIUJ, I 854. TROISIBME ANNE*.. cosmos. FAITS DIVERS. LIS BLANC ET SORGHO SUCRE DE LA CHINE. Des rapparition de notre petit article sur l'iris blanc comme plante feculaire, M. Basset nous fit remarquer qu'il y avait certai. nement erreur, soit de la part de M . Mathieu, ce qui semblait difficile a admettre, soit de la part du journal auquel nous avions emprunte cette nouvelle ; car, disait M. Basset, la racine d'iris ne contient pas ou contient infiniment peu de fecule. Nous nous appretions a publier la rectification int^ressante de'M. Basset, quand la paste nous a ap- porte la lettre suivante de M. Mathieu, un de nos plus anciens et de nos plus fideles abonnes. Cette lettre r&ablit parfaitement les faits, et de plus nous transmet une nouvelle agricole d'une extreme importance : « Dans une de vos dernieres livraisons du Cosmos Qlci xrtma m aveztait 1 honneur de me citer comme ayant decouvert une nou- velle source de fecule dans une plante tres-commune dans les jardins. Je vous en remercie infiniment ; mais il serait indispensable de rec- tifier un lapsus calami qui s'est glisse dans le texte de votre article: vous avez imprime iris blanc qui ne contient aucune trace de fecule tandis que c'est le lis blanc, lilium candidum, qui est le sujet de ma petite note a 1' Academic « Puisque l'occasion se presente et que je sais que les nouvelles agricoles vous sont aussi cheres que les decouvertes scientifiques, je vous ferai aussi connaitre que depuis deux ans je cultive le sorgho sucre, et que l'annee derniere j'ai adresse a ce sujet une note I la Societe d'agriculture de Chalons. Le resultat de ma petite exci- tation m'a paru assez avantageux pour le rendre public et pour continuer a cultiver le sorgho cette annee. Cette plante, sor- ghum sacearatum, nous vient de la Chine et differe assez peu des autres sorghos cultives dans le midi comme cereale et foun-a-e. Bien cultivee, elle peut donner 75 a 80 000 tiges par hectare, pe'- sant au mama 45 000 kilogrammes. Apres avoir enleve les feuilles &22 COSMOS. qui represented environ 7 a 800 kilogrammes de fourrage, les tiges hachces, broydes et mises a la presse produisent plus de 20 000 kilo- grammes de sue marquant 7 a 10 degres, et il reste encore a peu pres 15 000 kilogrammes de pulpe pour les bestiaux. Le sue, qui n'a aucune espece de mauvais gout, ni avant, ni apres la fermentation, pent immediatement etre converti en liqueur potable. Distille.il m'a fourni une excellente eau-de-vie dans la proportion de 3 000 kilo- grammes par hectare. Cette quantity de liqueur alcoolique est le rendement de la fermentation d'autant (3 000 kilog.) de Sucre pro- duit par un hectare de sorgho. « La culture possible de cette plante, l'extraction facile de son sue, et meme de son sucre, qui peut etre facilement converti en alcool, et mele directement au vin ordinaire, en fait une ressource pr£cieuse et bien preferable a la betterave pour le cas oil la vigne, loin de se guerir, viendrait a manquer plus general ement. » M. Mathieu voudrait-il bien nous dire s'il pourrait mettre a notre disposition une petite quantity de graines de sorgho pour les faire experimenter sous nos yeux au Mesnil-Saint-Fermin, dans la belle exploitaton de M. Bazin? NOUVEAU SYSTEME DE CHAUDIERE TUBULAIRE, PAR M. ZAMBEAUX, Ingenieur civil et adjoint au maire, a Saint-Denis. « Depuis son origine, la machine a vapeur a recu denombreuxet importants perfectionnements dans ses applications diverses, tandis que la chaudiere qui anime ses organes n'a, sous ce point de vue, que tres-peu progresse. Des essais nombreux ont ete faits pour con- struire une bonne chaudiere tubulaire, et, a 1' exception de celle de la locomotive, qui laisse elle-meme beaucoup a desirer, toutes celles qui ont ete imaginees jusqu'a ce jour sont imparfaites sous plus d'un rapport. Ce serait done une invention capitale que 1'invention d'un chaudiere tubulaire, eminemment applicable a 1'industrie, aux che- minsdans fer et a la marine a vapeur. Ce qui nous plait de la nouvelle chaudiere de M. Zambeaux, e'est quelle n'a rien d'excentrique ni d'anormal, que l'auteur a eu grand soin de prendre ce que les appa- reils de cette nature ont de bon, qu'il n'a fait qu'y ajouter, et en simplifiant la forme , ce que l'experience a reconnu qu'il leur man- quait. Supposons une chaudiere plus haute que large, et dans la- quelle existe un foyer surmonte d'un faisceau tubulaire y communi- quant; si 1'on allume dans ce foyer un feu d'une certaine intensite, l'ebullition de l'eau, qui s'opere convenablement d'abord, devient COSMOS. 423 bientot tumultueuse, et la vapeur qui se forme rapidement entraine alors avec elle une certaine quantite" d'eau. De la, source de plu- sieurs inconvenients : le plus grave ne requite pas de la perte de calorique contenu dansl'eau, ainsi entraineeparla vapeur, il consiste dans la presence des sels terreux contenus dans cette eau, et qui ont poureffetderayer les pistons, les cylindres etlestiroirs des machines a vapeur. Un premier avantage resultant du systeme de M. Zambeaux, et sur lequel nous appelons toute l'attention du lecteur, est done que, dans seschaudieres, la vapeur n'entrainepasd'eau dans sa formation. Voici a l'aide de quel artifice M. Zambeaux est parvenu a ce resul- tat. Afin de le faire comprendre, nous ne pouvons mieux faire que de citer un passage de la note de l'auteur : » Le principe de notre systeme consiste a, empecher la vapeur qui se forme sur les surfaces chauffers de penetrer dans toute la masse liquide, et cela au moyen d'une enveloppe m£tallique qui embrasse le foyer et le faisceau tubulaire, laquelle enveloppe ne monte pas jusqu'au sommet et ne descend pas jusqu'au bas de la chaudiere, de telle sorte qu'elle n'empeche pas l'eau d'y penetrer par sa partie inferieure et de s'en £chapper, melee a la vapeur, par son sommet. Une certaine quantite" de vapeur, etant toujours melee a l'eau contenue dans l'enveloppe, rend sa pesanteur specifique moins grande que celle qui existe a son interieur ; l'equilibre elant ainsi rompu, il en result e une circulation constante qu'il est facile de comprendre. » Au moyen d'une seconde piece concentrique fixe'e au sommet de la chaudiere et descendant a 0'"15 au-dessous de la prise de va- peur, l'eau qui descend en cascade du sommet de l'enveloppe ne peut jamais penetrer dans la prise de vapeur, ce qui fait que celle-ci sort entierement seche de la chaudiere. En effet, la vapeur formee dans un semblable appareil, et condensee ensuite au moyen dun appareil refrigerant, ne decele, au moyen des reactifs, la presence d'aucun sel calcaire, ce qui prouve bien qu'elle n' entraine pas d'eau dans sa formation. Ce resultat est d'ailleurs constate par une com- mission du ministere de la marine, dans des experiences relatives a la reception d'un appareil evaporatoire presents" par l'auteur desnou- velles chaudieres ; et ilnous suffira de citer un passage de ce rapport pour faire apprecier ce que Ton peut attendre de l'application du principe trouve par M. Zambeaux. Voici ce passage : « La disposition du foyer et du conduit de flammes est sufnsamment indiquee dans notre dessin pour qu'on COSMOS. puisse se dispenser de le decrire ici. Nous disons settlement que le chapeau en cuivre mince (l'enveloppe) , qui recouvre le conduit de llammes, a etc ajoute par M. Zambeaux a son appareil , posterieu- rement aux premiers essais qui ont sui\i le montage. Avant cette addition, le genera teur, qui, pour une puissante et large surface de chauffe, renferme une assez petite masse d'eau, ne produisait qu'une ebullition rapide et tumultueuse, et l'eau, remontant jusqu'a 1'orifice du tuyau condenseur, remplissait tous les conduits de vapeur, a telles ensei^nes, qu'il ne sortait du serpentin que de l'eau saumatre et d'un o-out insupportable. En enlevant le couvercle du generateur et en continuant le chauffage a l'air libre, on a pu voir aisement l'etrange ebullition dont il s'agit. Une masse aquo-vaporeuse occupait toute la section du generateur, s'elevait tout d'une piece a l'instar d'une trombe, et venait deborder en bouillonnant tout autour du cylindre. « Ceci se passait sans que le niveau d'eau vint a changer dans le tube de verre place au dehors du generateur, de la meme maniere que pour les chaudieres d'appareils a vapeur, ce qui explique suffi- samment la difference des densites de l'eau liquide contenue dans le tube et de la masse humide du generateur. C'est pour obvier a cet entrainement d'eau que le chapeau (l'enveloppe) a et6 installe; la vapeur qui se forme contre le conduit de fiammes n'a plus, pour ar- river a la surface de l'eau, a traverser la masse liquide arretee parune cloison ; elle est dirigee isolement a la surface. D'un autre cote, il y a assez de jour entre le fond du generateur et les bords interieurs du chapeau (l'enveloppe) pour que le renouvellement de l'eau liquide se fasse convenablement tout le long de la surface de chauffe, et pour qu'on puisse ne pas craindre l'etablissement des chambres a vapeur. Apres 1' installation de l'enveloppe, on a chauffe uneseconde fois l'appareil avec le generateur decouvert, et Ton a pu reconnaitre que le but qu'on attendait de cette installation a et6 suffisamment atteint. » M. le rapporteur, comme on le voit par les lignes qu'on vient de lire, ne s'enthousiasme pas sur le remarquable resultat obtenu par M. Zambeaux, a l'aide dun moyen si simple et cependant si efficace. Mais les ingenieurs qui s'oceupent d'appareils a vapeur ne manque- ront pas d'y voir un principe nouveau dont l'application peut singu- lierement ameliorer l'emploi des chaudieres tubulaires placees verti- calement ou horizontalement comme celles des locomotives. Nous ajouterons que ces chaudieres, d'une facile construction, oc cupent beaucoup moins de place que celles construites dans le meme but pour la marine. OSMOS. 425 r Celle dont nous avons vu le dessin au dixieme d' execution, de 3m de hauteur, tout compris, sur 1 ,n 1 0 de diamttre , peut produire la force de 25 chevaux. C'est 3 fois plus de puissance qu'on ne peut en obtenir avec la meme eapacite dans les chaudieres employees aujourd'hui dans la marine a vapeur. En resume, les nouvelles chaudieres sont d'une facile construc- tion ; elles peuvent produire, sous un faible volume, une puissance trois fois plus considerable que les chaudieres de la marine. La va- peur sen d eg age sans entrainer d'eau dans sa formation, cequi per- met l'emploi de la glaise, si favorable pour empecher l'adhesion des sels calcaires oudu sel marin sur les surfaces chauffees. » Cette notice, qui resume parfaitenitnt les explications donnees par le secretaire perpetuel de la Societe d'encouragement, est em- pruntee au Moniteur i/idustriel. Nous apprenons avec joie que les generateurs de M. Zambeaux sont en pleine experimentation sur deux locomotives du chemin de fer du Nord ; nous tiendrons nos lecteurs au courant de ces essais dont on attend les plus heureux resultats. Un grand progres serait accompli par un moyen bien simple; c'est le caractere des brillantes decouvertes. ALUMINIUM. LETTRES DE MM. VulILKR ET SAINTE-CLAIRE DEVILLE A M, DUMAS. J Nos lecteurs attendaient que nous revenions sur la belle ques- tion de Taluminium, ou sur la decouverte de M. Sainte-Claire De- ville. Une noble et modeste reclamation de M. Vohler, l'inventeur incontestable du nouveau metal, a amend la communication faite a l'Academie des sciences, d'une iettre de M. Deville a M. Dumas, que tous liront avec le plus vif interet. Ce n'est pas encore l'annonce d'un succes definitif, d'un grand progres accompli, mais elle souleve un coin du voile qui cache de si grandes esperances, et nous demandons qu'on la lise attentive- ment. Avant de la reproduire, disons quelques mots de la reclama- tion de M. Vohler. J'ai obtenu, dit-il, en 1845, de l'aluminium fondu, ayant a pen pres la couleur et 1'eclat de l'etain, et parfai- tement malleable, j'ai obtenu aussi une lame aplatie sous le mar- teau de 10mm de longueur, d'une densite egale a 2,67, faiblement magndtique, ne decomposant pas l'eau a la temperature ordinaire, mais ddgageant a 100 degres un peu d'hydrogene, etc. Le metal de M. Vohler etait-il bien celui de|M. Deville? le chimiste francais n'a-t-il rien ajoute aux conquetes du chimiste allemandt La est toute la question, et la Iettre a M. Dumas, comme deja la pre- U2Q COSMOS. miere note que nous avons publiee, prouve jusqu'u l'evidence que M. Deville a fait un grand pas de plus ; qu'il a plus fait et inieux fait. Au reste, M. Vohler sent qu'il restait beaucoup a faire. « Je suis extremement curieux, dit-il, d'apprendre les resultats ulte- rieurs de M. Deville. Ce serait un grand service pour la science et peut-etre meme pour l'industrie, si ce chimiste distingue reussissait a effectuer la reduction de l'aluminium, par un procede plus facile et plus economique. » Voici, maintenant, la lettre de M. Deville : « Vous avez eu l'obligeance de me communiquer une lettre de M. Vohler dans laquelle cet illustre chimiste vous entretient de ses experiences sur l'aluminium. Permettez-moi, a cette occasion, de vous adresser quelques details destines a elucider entitlement cette question. « Le mdtal que j'ai obtenu au moyen du sodium, mais dans des ap- pareils tout autres que ceux donton s'est servi jusqu'ici, me semble differer essentiellement de Taluminium de M. Vohler par la nettete" de ses reactions. Cette difference est due a des impuretes qu'il est impossible d'^carter lorsqu'on opere dans des vases de platine, alors meme qu'on emploie le mode operatoire quiaete recemment publie par M. Vohler. J'ai r£p£te ses experiences avec le plus grand soin, et, comme M. Vohler, j'ai obtenu l'aluminium sous forme d'une poudre metallique grise ; mais , a l'aide d'un examen plus attentif, on remarque a l'ceil nu de petites spheres metalliques fondues, d'un blanc d'etain, dont beaucoup ont parfois le diametre d'une tete d'e- pingle. •• Des analyses minutieuses m'ont demontre la presence du so- dium et du platine dans cette matiere, dont la fusion est determined par la chaleur de la reaction tres-vive pendant laquelle elle se produit et ne peut plus desormais etre obtenue que par la flamme du chalumeau. Cette temperature est tres-^levee, surtout quand on la compare a celle que j'emploie pour fondre l'aluminium, et qui est intermediaire entre les points de fusion du zinc et de l'argent. La presence du pla- tine expliquerait cette difference considerable ; a une temperature basse, l'aluminium agit sur le platine comme le mercure sur l'ar- gent. La presence du sodium enleve au metal la plupart de ses propri&es caracteristiques. L'aluminium, d'apres M. Vohler, de- compose l'eau a 100 degr£s et se dissout dans les acides faibles; or un fil d'aluminium pesant 149 milligr. 8 a 6te" laisse pendant plus d'une demi-heure au contact de l'eau bouillante dans un vase de verre ; sa surface n'a pas £te ternie, l'eau n'a pas perdu sa limpidite, et le fil remis sur la balance n'avait pas change de COSMOS. ^27 poids. Des globules pesant a peine quelques milligrammes sont restes pendant pres de trois mois dans de l'acide sulfurique ou de l'acide nitrique faible, et ne paraissent pas avoir subi d'alteration. Dans l'acide nitrique bouillant, la dissolution s'effectue avec une telle lenteur que j'ai du renoncer a ce mode d'attaque dans mes analyses. Enfin si on laisse tomber un globule d' aluminium sur de la soude caustique rougie et fondue dans un vase d' argent, il r^siste encore a cet agent energique. L'aluminium employe" a ces experiences et qui a 6te analyst etait parfaitement pur. C'est sur ces proprietes, jointes a l'inalterabilite" du m£tal a l'air, que j'ai fonde l'espoir d'avoir rencontre la une matiere qui puisse devenir usuelle. « Enfin dans les operations telles que les pratique M. Vohler, on a l'aluminium en globules microscopiques ou tout au plus gros comme une tete d'epingle, selon les hasards de la reaction : ma me- thode permet d'avoir des culots metalliques dont les dimensions dependent seulement des quantites de matieres soumises a l'exp£- rience. Elle a ete mise a l'epreuve devant plusieurs membres de l'A- cademie et jusqu'ici elle ne m'a jamais fait defaut. J'ajouterai encore que l'aluminium que je prepare maintenant par un procede nouveau, sans employer aucun reducteur alcalin, ne differe en rien de celui que j'ai obtenu a l'etat de purete, en modifiant convenablement le procede de M. 'Voider. J'ai l'honneur de vous en adresser un echan- tillon ; c'est une lame encore £crouee par Taction du laminoir. " Personne, j'espere, ne se meprendra sur les sentiments qui me dominent dans cette discussion ; mes experiences ne peuvent que faireestimer davantage une des plus belles decouvertes deM. Vohler, et je suis heureux d'avoir pu etablir quelques faits precis en etudiant unsujet difficile et qu'on aurait pu croire £puise. Dureste, d'autres metaux, plus communs que l'aluminium, sont peut-etre moins bien connus qu'on ne le pense, et dans un travail que je prepare depuis longtemps sur les metaux purs, produits et fondus par des proced^s que je decrirai plus tard, j'espere montrer quelques resultats inatten- dus. Permettez-moi de vous citer comme exemple, le nickel et le co- balt, qui possedent les proprietes physiques utiles , telles que la malleabilite et la ductilite developpees a un point tres-remarquable, joignez-y une tenacity extraordinaire bien superieure a celle du fer qui passait jusqu'ici pour un maximum : en effet, d'apres les expe- riences qua faites M. Wertheim sur ces metaux, pour des fils de meme diametre en fer, en nickel ou en cobalt, les charges qui deter- minent la rupture sont entre elles comme les nombres 60 pour le ft28 COSMOS. fer, 90 pour le nickel et 115 pour le cobalt; ce qui constitue pour celui-ci uiig tenacite presque double de la teriacite' du fer. D'ailleurs, le nickel et le cobalt se travaillent a la forge avec la memo facility quele fer, s'oxydent peut-etre moins que lui, et sont susceptibles de recevoir les memes emplois. » M. Voider clisait aussi dans sa lettre a M. Dumas, qu'il avait trouve une methode facile pour separer le nickel du zinc : on fait dissoudre les hydrates de ces oxydes dans un melange d'liydrate de potasse; et Ton precipite le zinc a l'etat de sulfure, par le proto- sulfure de potassium. FLEXION DES LUNETTES. La correspondance scientifique de Rome nous apportc nn travail fort remarquable du P. Secchi sur tk'ffcxtbn des l/mettcs, dont nous allons es~ayer de resumer ici les principaux rcsultats. La discussion d'une longue serie d'observations faites au cercle mdridien de son observatoire a conduit le savant astronome a s'occuper de la mesure de la flexion que subissent les grandes lunettes, suivant Tangle que Ton donne a leur axe en partant de la position ze'nithale. On avait admis, jusqu'a present, que cette flexion etait propor- tionnelle au sinus de la distance au zenith ; les observations du P. Secchi introduisent un element nouveau dans les fonnules, cle- ment qu'il serait presque impossible de determiner a priori, mais qui heureusement peut etre obtenu par des mesures directes. Nous avons parle autrefois de la methode proposee par M. Porro, pourl'elimination des flexions (Cosmos, vol. Ill), le P. Secchi aurait bien voulu l'appliquer a sa lunette meridienne; mais l'impossibilite d'obtenir un objectif dans les conditions exigees par cette methode, a force" l'astronome romain a suivre une voie differente. II a doncfix<§ a la partie de sa lunette qui portait l'objectif, et au-devant de l'ob- jectif lui-meme,un petit miroir plan qui venait d'un sextant de Mu- nich, et il a eclaire obliquement les fils du reticule oculaire. Les ra)^ons partis du reticule et ayant traverse l'objectif, tombaient paralleles sur la surface reflechissante, qui les renvoyait se reunir au foyer de l'objectif, e'est-a-dire a. la place meme occupee par le re'ticule oculaire. On avait ainsi superposition de l'image reflechie et del'image directe des fils, toutes les fois que les centres de l'ob- jectif et de l'oculaire se trouvaient sur une meme ligne droite. Les plus lagers mouvements de flexion du tuyau ti-lescopique suffisaient pour dedoubler l'image, et le deplacement qu'il fallait faire subir au fil du reticule, pour le ramener a. se superposer a son image, servait COSMOS. 429 de mesure a Tangle de flexion du tuyau de la lunette. En procedant de cette maniere, le P. Secchi s'est aper9u que les flexions etaient loin de suivrelaloi du sinus des distances zenithales. Ilyeut meme de telles anomalies dans les resultats obienus des deux cotes du ze- nith les observations au nord etaient tellement en disaccord avec les observations du cote sud, que le P. Secchi resta quelque temps dans 3a plus grande perplexite sur l'oi igine de ces divergences. Eniin ll s'apercut qu'il suffisait delaisser la lunette quelque temps en repos dans une position non verticale, dans ia position horizon- tale, par exemple, pour que sa flexion, nulle d'abord, depassat peu a peu un angle de deux secondes. La lenteur avec laquelle s'ac- complissait la flexion, et le temps quelle exigeait pour disparaitre, etaient les causes veritables de toutes les anomalies constatees. Mais comment tenir comptedans les observations d'elements si peu susceptibles de mesures? L'habile astronome propose d'adapter pour cela a toutes les lunettes des appareils propres a eliminer l'erreur de collimation , a se mettre a l'abri de la flexion des tuyaux telescopiques. Ces appareils pourront consister , soit dans les objectifs de M. Porro , soit dans le petit miroir plan dont nous venons de parler, soit dans un miroir concave fixe contre l'objectif, soit en fin dans une lentille intermediate qui se placerait de facon a, donner sur le reseau oculaire ftmage d'un reticule ap- plique contre la lentille objective. Cette derniere methode serait preferable au dire du savant astronome, car elle permettrait d' eli- miner les flexions et pendant le jour et pendant la nuit, landis que le peu de lumiere reflechie par les fils ne permet guere d'observer leur ima°e renvoyee par le miroir quand les rayons du jour pene- trent librement dans la lunette. Le memoire duP. Secchi se termine par quelques considerations micaniques sur le glissement des tranches des corps , parallelement a elles-memes et a la direction de la gravite, glissement dont on n'avait pas tenu compte lorsqu'on avait essaye de formuler la flexion des lunettes et qu'il faudra faire entrer dorenavant dans Vetablis- sement des formules. SOLIDTFICATION DE l'hUILE DE FOIE DE MORL'E. Un philosophe grec disait souvent : Prenez toujours la voie la plus courteet !e moyen le plus simple. M. Stanislas Martin a ap- plique cette maxime a la solidification de l'huile de foie de morue. Prenez : huile de foie de morue, 125 grammes; blanc de baleine, 25 grammes en etc, 20 grammes en hiver. Melez , chaufTez au baia &30 COSMOS. marie et en vase clos, coulez dans des flacons a large ouverlure, laissez refroidir sans agiter ; on peut aromatiser ce medicament avec une huile essentielle. L'huile de foie de morue, ainsi prcparce, a l'aspect d'une gelee; on l'avale dansdu pain azyme, humecte d'eau ou de sucre, degomme, de r^glisse ou d'amidon pulverise. Le doc- teur Launoy a pu faire prendre facilement ce medicament a des malades qui se refusaient a avaler l'huile a l'etat liquide. M. Martin emploie la ceHine ou blanc de baleine comme adjuvant, parce qu'on lui a attribue pendant longtemps une propriete bechique et adoucissante, a la dose de 2 a 8 grammes ; et qu'elle s'assimile parfaitement a l'huile, sans en augmenter beaucoup le volume. CONTRE-POISON fNIVERSEL. Dans le cas d'empoisonnement, lorsqu'on n'a pu determiner la nature du poison, apres l'emploi convenable des vomitifs, on peut avoir recours au melange suivant, recommande par un pharmacien de Montpellier, qui peut neutraliser la plupart des poisons mineraux, et notammentles preparations d'arsenic, de mercure et de cuivre : Prenez : Magnesie calcinee. . 1 Cliarbon pulverise.. ' a parties egales. Sesqui-o.xyde de fer ) F.au : quantite stiflisante. Administrez a grandes doses. ARBRES A FRIITS. Un journal invite ses lecteurs a propager la decouverte suivante qui lui semble tres-interessante pour l'agriculture. Au lieu de se servir de la greffe pour reproduire un arbre a. fruit, on prendun beau rejeton (de pommier, par exemple) qu'on plante dans une pomme de terre. On met en terre l'un et l'autre, de facon que 5 ou 6 centi- metres de rejeton restent visibles. Bientot celui-ci prend racine, se developpe, pousse et finit par devenir un bel arbre qui porte les plus beaux fruits. Cette melhode est due a l'invention d'un jardinier bohdmien qui possede une magnifique collection de pommiers. — On s'est emu d'un mot de M. Barral sur l'asphodele rameux qui, dit-il, ne renfermerait pas de sucre transformable en alcool. Nous pouvons affirmer avec M. Clerget, qui a fait 1' experience, que la matiere sucree de l'asphodele se convertit sous 1'influence des acides en sucre tournant a gauche, fermentescible et donnant avec facilite de l'alcool. NECROLOGIE, Qu'il nous soit permis, dans cette semaine des grandes douleurs, de rendre hommage a plusieurs morts illustres ou veneres, dont la toinbe encore entr'ouverte nous disposera mieuxa mediter le neant des grandeurs humaines, a penser serieusement a l'eternite. — « M. le baron Albert-Reine Roussin, amiral, senateur, mera- bre de l'Academie des sciences et du Bureau des longitudes, ancien ambassadeur, ancien ministre de la marine, ancien pair de France, etc., etc., etait ne" a Dijon le 21 avril 1781. A douzeans, en 1793, il s'engagea comme mousse sur la batterie flottante la Republique, pour sauver son pere accuse d'aristocratie. En juin 1801, il se pre- senta aux examens et fut recu immediatement aspirant de premiere classe; il devint lieutenant de vaisseau en 1808, capitaine de fre- gate en 1810, capitaine de vaisseau en 1814, contre-amiral en 1822, vice-amiral en 1834, apres la prise de Lisbonne. Chacun de ses grades fut conquis par de glorieuses campagnes et des actions d'eclat. Son principal titre scientifique a ete l'exploration hydrographique des cotes occidentales de l'Afrique en 1816. II s'agissait de rectifier la position de ces cotes, et surtout celle du banc d'Arguin , sur lequel la frigate la Meduse avait fait un effroyable naufrage au mois de juin precedent. On mit deux batiments aux ordres de M. Roussin ; et pendant seize mois que dura cette importante mis- sion, il releva quatre cent vingtlieues de cote, et produisit, conjoin- tement avec M. deGivry, la redaction complete des cartes de cette partie du littoral de l'Afrique, accompagnee d'instructions qui per- mettent aujourd'hui de la frequenter avec s£curite\ Au commence- ment de 1819, il fit sur les cotes du Bresil une seconde campagne hydrographique, non moms brillante que la precedente, a laquelle M. de Givry participa encore, et qui fut de 19 mois. Les rensei- gnements fournis par cette grande exploration embrassent neuf cents lieues des cotes orientales de l'Ame>ique, et forment le Pilote du Bresil, ouvrage qui a valu immediatement a son auteur le titre de baron, et quelques annees apres ceux de membre de l'Academie des sciences et du Bureau des longitudes. M. le capitaine Duperrey termine le discours qu'il a prononce sur la tombe de son illustre collegue en lui appliquant l'eloge fait t6- cemment'de l'amiral Ganteaume : « II avait beaucoup vu, il joignait a une memoire heureuse un esprit vif et penetrant , et personne ne saurait repandre plus de charmes dans l'intimite. II captivait sur- 432 COSMOS. tout par l'attrait de sa loyaute et la franchise de ses manures... II conserva dans les hautes positions une amrnite et une egalite" de caractere qui le faisaient chdrir et respecter par tous ceux qui le connaissaicnt. » II laissedans la marine an jeune officier, heritier de son nom , de ses merites et de ses vertus militaires. — « M. Charles-Francois Beautemps-Beaupre, ingenieur hydro- graphe en ohef de la marine, naquit a la Neuville-au-Pont, pres Sainte-Mei.ehould, le 6 avril 1766. II fit ses premieres etudes au depot general des cartes de la marine sous le celebre geographe Jean-Nicolas Bnache, son compatriote et son parent. II n'avait que dix-neuf ans quand M. de Fleury , ministre de la marine, le fit ingenieur et le chargea de dresser sous sa direction les cartes du Neptune de la Baltique. En 1791, il fut embarque comme in- genieur hydrographe, sous les ordres du contre-amiral Bruny d'Entrecasteaux, envoye avec deux fregates, la Recherche et I'Es- perance, sur les traces de l'infortune Lapeyrouse. Ce fut lui qui le premier substitua a l'emploi de la boussole les relevements astrono- miques, prit les angles de direction a l'aide du cercle a reflexion de Borda, et tiraun parti merveilleux de la proposition connue sous le titre de segment capable dun angle donne. « On doit au voyage de M. d'Entrecasteaux, auquel M. Beau- temps-Beaupre a si noblement participe, l'entiere reconnaissance des iles de Kermadec, des archipels de Santa-Cruz et de Salomon ; des cotes de la N ouvelle-Caledonie , de Tile Bougainville, des par- ties meridionales de la Nouvelle-Irlande etde laNouvelle-Hanovre; des parties septentrionales de la Nouvelle-Bretagne , de la Loui- siade, des lies de l'Amiraute et de Waigiou ; du detroit de Boutoun dans toute son Vendue ; de pres de trois cents lieues marines des cotes sud de la Nouvelle-Hollande, et, enfin, d'une suite de ca- naux, de baies, de rades et de ports formant la partie sud-est de la terre de Van-Diemen, quepersonne n'avait encore exploree. " II fut nomme membre de l'lm-titut en 1810, apres une nouvelle excursion dans la Baltique et une campagne de trois ans dans la mer Adrialique. Ce qui rend sa celebrite imperissable, c'est l'ex- ploration hydrographique des cotes occidentales et septentrionales de la France, monument qui fait lagloire de notre nation et f admi- ration des etrangers, notamment des Anglais, qui ont decerne a son auteur le titre de pere de l'hydrographie. - Le nouveau Pilote francais, tel est le titre que M. Beautemps- Beaupre a donne" au grand travail dont nous venons de parler, se compose de la collection, des cartes generates et particulieres, deve- COSMOS. £,33 nues indispensables pour naviguer avec securite dans toute l'etendue de nos cotes. Ce magnifique ouvrage a . d'immenses avanta<»es sur celui qu'il remplace, par la raison que toutes les observations astro- nomiques, geodesiques et nautiques qui lui servent de base out dte faites avec un degre d'exactitude que ne comportait pas l'emploi des instruments et des methodes surannes. — Ajoutons que, par suite de la latitude laissee a notre illustre confrere pour la direction de ses travaux, il fut amene a reconnoitre qu'il importa.it non-seu- lement de recueillir les materiaux necessaires a la redaction des nouvelles cartes des cotes de France, mais encore de reunir dans les archives du depot general de la marine tous les documents qui pour- raient etre utiles par la suite, dans le cas oil Ton aurait a apprecier 1'opportunite de projets relatifs a la navigation. L'exploration de nos cotes, considered sous ce dernier point de vue , prenait encore un developpement plus considerable; mais M. Beautomps-Beaupre nes'etait laisse effrayer ni paries difficult es ni par la longueur du travail. « C'est ainsi que le depot general de la marine po;sede aujour- d'hui, dans une collection qui se compose de527 volumes in-4°, les documents necessaires pourfaire dresser, au besoin, a de tres-grandes echelles, le plan de toutes les parties du littoral de la France sur lesquelles 1'attention du gouvernement pourrait etre appelee. « Apres ces grands travaux, terminer en 1838 et completement publies en 1843, les dernieres annees de M. Beautemps-Beaupre se sont ecoulees douces et paisibles ; il n'a connu que vers la fin de sa vie les infirmites de 1'age. Arrive au terme d'une carriere si utile- ment, si glorieuseinent parcourue, il s'est eteint, dans sa quatre- vingt-huitieme annee, au milieu d'une famille qui lui rendait en soins assidus tout ce que lui-meme ressentait pour el!e d'afTection et de tendresse. C'est la seule pensee qui puisse nous consoler de- vant cette tombe ou nous disons pour jamais adieu a un homme de bien, a un savant illustre, a, un confrere venere et profondement regrette. » Nous avons empruntc ces precieux details au discours prononce' sur la tombe de l'ilhi^tre deiunt, par son savant collogue, M. le ca- pitaine Duperrey, seul membre restant de la section de geographie et de navigation. — « M. Philibert Joseph Roux, ne a Auxerre, en 1780, savait assez de cbirurgie, en 1795, pour etre admisa 1'armee de Sambre- et-Meuse, en qualite de sous-aide. « C'est en 1797 qu'il vint a Paris, ou il ne tarda pas a faire la con- 434 COSMOS. naissance de Bichat dont il conquit bientot l'amitie et qui l'associa promptement a ses travaux. En 1801 il remportait deja un premier prix aux dcoles de sante ; en 1802 il disputait au concours une place d'hopital a Dupuytren , a Dupuytren qu'il devait rencontrer par- tout, dans l'avenir, sur son passage. « Chirurgien de l'hopital Beaujon, en 1806, a vingt-six ans, il entra au meme titre a l'hopital de la Charite, en 1810, a cote de Boyer, du grand Boyer, dont il est devenu le gendre, et qui des cette epoque avait reconnu dans son jeune adjoint le plus habile ope>a- teur du temps. En 1812 , se trouvant de nouveau aux prises avec Dupuytren , dans un concours memorable il suivit de si pres son redoutable adversaire , qu'une autre chaire , devenue vacante quelques annees plus tard , lui fut d£cernee par la Faculte tout en- tiere. L'ardeur, le savoir, developpes par M. Roux, dans ses luttes publiques, n'ont <5te egales parpersonne; a vingt ans il aidait dans la redaction de \ Anatomie descriptive le renovateur de l'anatomie franchise, et le cinquieme volume de ce grand ouvrage est tout en- tier de la plume de M. Roux. « On lui doit d'avoir fait ressortir, dans ses lecons, 1'importance de l'anatomie chirurgicale. La suture du voile du palais, operation qui a delivre l'humanite' d'une desolante difformite, lui est due tout entiere. « Une autre infirmite, plus triste encore, la dechirure du pe"rinee, a disparu aussi du cadre des affections incurables, sous le genie inven- tif de M. Roux. » C'est lui qui a r^pandu en Europe ces operations ingenieuses, ayant pour but de rem^dier aux difformit£s de la face et de la sur- face du corps en g^ndral. La resection des articulations malades lui doit ses plus belles pages et ses plus beaux exemples de succes. La reunion immediate des plaies , le traitement des anevrismes par la ligature des arteres loin de la tumeur , n'ont pris droit de domicile dans les hopitaux de Paris et dans la pratique vulgaire que sur les initiations de M. Roux. Qui plus que lui a popularise l'operation de la cataracte par l'extraction? Un nombre infini de proc£des op£- ratoires, sortis de sa main, font depuis longtemps partie du do- maine public. « C'est le bistouri a la main, surtout, que M. Roux n'avait point d'dgal. Avec quel art, quelle elegance, quelle adresse, quelle rare facility il se servait de cet instrument ! Comme tout dtait m£tho- dique, regulier, prompt et leger dans ses manoeuvres ! Rien de pro- pre et de coquet comme l'opdration qu'il venait de terminer, comme COSMOS. 435 le pansement qu'il venait de faire, et cette merveilleuse dexterite il l'a conserved jusqu'au dernier moment. A l'age oil chez les au- tres les doigts sont engourdis et tremblants, oil la vue s'obscurcit, il pratiquait encore l'operation de la cataracte avec autant de surete qu'au premiers temps de sa longue vogue. « Dune probite scientifique a toute epreuve, serviable et bon, franc, expansif, affectueux, M. Roux etait d'un commerce facile et agreable. A l'inverse de tant d'autres, il parlait volontiers de ses revers et de ses erreurs. Irreprochable dans ses intentions, il ne lui venait pas dans la pensee que de tels aveux pussent etre retournes contre lui, et servir d'armes a l'envie. « Son abandon, sa simplicity dans les relations professionnelles, le faisaient rechercher par tous. II eut ete malheureux de blesser qui que ce soit, le plus humble praticien, aussi bien que son egal en dignite. « Devoue aux eleves, il les exhortait sans cesse a. l'etude, au tra- vail, avec une sollicitude paternelle. Toujours pret a leur servir de guide, a les proteger, il tendait surtout la main a ceux qui laissaient entrevoir un certain amour pour la chirurgie. II etait heureux alors, autant que tier, de les faire operer sous ses yeux, d'etre temoin de ce qu'il appelait leurs premieres armes. Ceux qu'il sut s'attacher ainsi ont £te nombreux. « S'il etait dans la nature de l'homme de trouver hors de soi le bonheur parfait, M. Roux n'aurait rien eu a regretter ; rien ne lui a manque ici-bas, reputation sans tache, famille, aisance, honneurs, estime, etc., rien de ce que les hommes recherchent ne lui a ete refuse\ Le titre de membre de l'lnstitut avait comble tous ses vceux. « Presider l'Academie des sciences avait ete son dernier desir, et cette noble ambition allait etre satisfaite, quand la Providence a cru devoir rompre la chaine de ses jours. » Cette notice est extraite du beau discours prononce sur la tombe de M. Roux, par M. Velpeau, au nom de l'Academie des sciences. — Une mort cruelle nous a enleve M. Victor Mauvais, a la force de l'age. II etait ne a Marche, petit village du departement du Doubs, le 7 mars 1809. II entra a l'Observatoire de Paris, en 1836; sur les 150 000 observations consignees dans les registres, plus de 30 000 portent le nom de M. Mauvais, et sont toutes mar- quees au cachet d'une haute precision. II a decouvert trois cometes qui sont restees siennes; la premiere, le 3 mai 1843, la seconde, le 7 juillet 1844, la troisieme, le 4 juillet 1847. Ses memoires sur Zj36 COSMOS. la determination de l'obliquite de l'ecliptique par les observations solsticiales, et sur les intersections mutuelles des orbites des petites planetes, l'avaient fait remarquer. Dans son dernier travail sur la determination de la latitude de l'Observatoire de Paris, et l'etude du cercle meridien de Gambey, il fit preuve de beaucoup de sagacite, d'habilete d' observation, de patience et de perseverance. II fut elu membre de l'Academie des sciences, en remplacement de M. Bou- vard, le 20 novembre 1843. En 1848, il fut nomme depute a 1' As- semble constituante, par le departement du Doubs. C'etait un bomme modeste et doux, froid en apparence, mais au fond tres- sensible, tres-reconnaissant, tres-devoue ; il e4ait aime de tout le monde; il avait conserve les principes religieux dans lesquels il avait ete eleve, il se rappelait avec bonheur les annees qu'il avait passes au seminaire de Besancon ; on nous assure que quelques jours avant la crise violente qui l'a emporte, il s'est confess^ et a communie avec ferveur. Nous regrettons vivement qu'en annoncant a ses lecteurs cette fatale mort , le reMacteur de Littevary gazette ait ose dire que M. Mauvais avait ete" destitue de ses fonctions d'astronome, ou force de donner sa demission , par M. Le Verrier, le nouveau directeur de l'Observatoire. Cette insinuation, pour ne pas dire cette calom- nie, est aussi odieuse que fausse; et nous conjurons notre honora- ble confrere de la presse scientifique anglaise de la retracter solen- nellement. M. Le Verrier a fait tout ce qu'il a pu pour retenir M. Mauvais! Nous le savons mieux que tout autre, nous qui nous ctions donne la mission delicate de ramener notre malheureux ami aux lieux qu'il n'aurait jamais du quitter; nous qui, sans une malheu- reuse absence, aurions reussi dans cette ceuvre de salut. II y a plus, M. Mauvais avait accepte et accepte avec empressement, ce sont les termes memes de sa lettre que nous avons eut entre les mains, de s'associer a la reorganisation de l'Observatoire, et de continuer sa glorieuse carriere. On eut, helas! le triste courage de lui dire que cette determination spontanee, qui lui etait commandee par son propre interet, autant que par l'interet de la science, etait un outrage a la m&rioire d'Arago! Et sans le vouloir, sans le prevoir, sans doute, on l'a tue ! — M. Leroy, ancien professeur a l'Ecole polytechnique et a l'ecole normale, vient d'etre enlevea sa famille dans un ageassezpeu avance. Homme savant et recommandable a tous egards, M. Leroy a fourni une carriere utile a l'enseignement des sciences mathema- g dparticulierementde la geometrie descriptive. COSMOS. 437 II fut charge, en 1810, des fonctions de maitre de conferences de mathematiques a l'Ecole normale. Plusieurs fois les cours de mecanique et d'astronomie a la Faculte des sciences lui furent con- fies, et pendant trente-cinq ans, il a professe a l'Ecole polytech- nique le cours de geom^trie descriptive et de ses principales appli- cations, d'apres les methodes de Monge, illustre fondateur de cette branche du haut enseignement. Comme homme prive, M. Leroy laisse les plus vifs regrets. La droiture de son caractere etait egale a la rectitude de son esprit. II savait obliger avec empressement et delicatesse; il faisait le bien dans le secret. Une piete fervente etait le fondement des vertus de sa vie. Qu'il noussoit pennis d'exprimer ici notre reconnaissance pour notre maitre venere. Pendant quatre annees, M. Leroy voulut bien nous donner des lecons particuliferes de mathematiques, depuis 1' enseignement le plus element aire jusqu'a l'enseignement le plus eleve. Nous devons, a ce professeur incomparable, notre humble science et nos faibles succes. Temoin, pendant vingt ans, de ses vertus, nous osons dire que nous n'avons jamais rencontre une foi plus sincere et plus vive, un cceur plus droit, une ame plus pure, un chretien plus parfait. RECHERCHES RftENTES RELATIVES A L'ELECTRICITE. SUR LA TRANSMISSION DE L'ELECTRICITE , PAR LES FLAMMES ET LES GAZ. Nous traduisons d'une lecon faite a l'lnstitution royale , par M. Grove, la description abregee de trois belles experiences : 1° On tient a une petite distance de la flamme d'une lampe a esprit-de-vin, les extremites des fils fixes aux deux poles de l'ap- pareil d'induction de M. Ruhmkorff, pendant que les poles d'exfra- courants de ce meme appareil sont mis en contact avec les arma- tures d'une bouteille deLeyde; les deux extremites des premiers fils sont d'ailleurs s^parees par une distance telle , que dans l'air froid l'etincelle electrique ne puisse pas la franchir; et Ton est tout etonne de voir que, malgre la distance, l'etincelle jaillit en sui- vant les bords de la flamme; que, de plus, elle peut etre courbee, pliee ou tordue, a la volonte de l'operateur. L'etincelle electrique, dans ces conditions, represente parfaitement les Eclairs en zigzag; dont on soupconne ainsi la raison ou l'explication. Si la decharge d'electricite atmospherique ne se fait pas en ligne droite, ne serait- ce point, dit M. Grove, parce que l'air sur son passage est a des temperatures differentes en differents points, et ces differences de temperatures ne peuvent-elles pas etre determinees parl'effet me- canique de la de"charge elle-meme? 2° M. Grove a fait aboutir au sein d'un recipient contenant de l'air rarefie, deux fils de platine, qu'il pouvait a volonte mettre en ignition au moyen de deux piles galvaniques; ces deux fils etaient mis en outre en communication avec une troisieme pile dont ils for- maient les deux poles, et dont le circuit ne pouvait etre complete que par l'intermediaire du gaz rarefie. Or, alors meme que les fils etaient chauds et quelque rarefie que fut le gaz, l'aiguille du galva- nometre introduit dans le circuit ne subissait aucune deviation, il n'y avait aucun indice de courant. Mais des que les fils de platine etaient chauffes au rouge, l'aiguille etait deviee, le courant passait beaucoup plus facilement a. travers le gaz rarefie qu'a travers le gaz froid et dense. Cette experience sembleprouver, contradictoirement aux conclusions que M. Edmond Becquerel a tirees de scs patientes recherches, que les alterations dans la densite de l'air et des gaz sont sans influence sur la transmission de l'electricite ou leur con- ductibilite, tant qu'il ne s'est pas produit un certain changement d'etat dans les pointes terminales qui donnent issue au courant. La COSMOS. &39 justice nous fait un devoir de rappeler que dans ses remarques cri- tiques sur les experiences de M. Becquerel, M. Leon Foucault avait precisement attribue la transmission de l'electricite a un etat parti- culier des fils metalliques ; a un phenomene du genre de celui que M. Grove a mis en evidence parson ingenieuse experience; 3° M. Grove s'est procure, au moyen du chalumeau, un jet de flamme; il a contourne" en spirales les extremites de deux fils fins de platine, il a place ces spirales collectrices l'une un peu au-dessus de l'origine du fil vers la base du cone de lumiere bleue; l'autre au sein de la flamme jaune, un peu au-dessus du sommet du cone bleu; les deux fils de platine eUaient en meme temps mis en communica- tion avec les extremites du circuit d'un galvanometre : or des que la communication etait etablie, la deviation de l'aiguille manifestait l'existence d'un courant que M. Grove appelle le courant propre de la flamme. Ce n'est pas, bien certainement, un courant thermo- electrique du au rechauffement inegal des deux helices de platine. En effet, 1'helice la plus chaude est cede qui plonge en pleine flamme jaune, on connait done par la meme la direction du courant thermo-electrique, et l'expe>ience prouve que cette direction est contraire a celle du courant qui devie reellement l'aiguille : au lieu de produire la deviation observee, il tend a l'amoindrir. En refroi- dissant 1'helice de la flamme jaune, en introduisant dans cette meme flamme une capsule de platine remplie d'eau; en elevant la tempe- rature de 1'helice de la flamme bleue, par l'addition dans cette flamme d'un faisceau de fils de platine, on rend le courant thermo- electrique de meme sens que le courant propre de la flamme, et la deviation est un peu plus grande. En disposant une serie de jets alimentes par un large soufflet, en placant un faisceau de fils de platine juste au-dessus de la racine de la flamme, et une capsule mince en platine remplie d'eau juste au-dessus de la pointe du cone bleu, M. Grove a fait devier de 30 a 40 degres le grand galvano- metre de 1 'Institution royale ; la deviation alors etait rendue mani- feste a l'auditoire tout entier ; et elle changeait de sens quand on intervertissait les communications du faisceau et de la capsule avec le galvanometre. Le courant propre de la flamme, dans cette dis- position, decomposait l'iodure de potassium ; l'iode se degageait autour de la pointe de platine en contact avec la capsule. Un autre appareil multiple montrait la pile de la flamme arrangee en serie d'intensite ; la direction du courant etait la ligne qui joint le point ou la combustion commence au point oil elle finit ; son action etait transmise a travers une serie de voltametres a. solution d'iodure de MO COSMOS. potassium, places entre les divers couples. M. Grove ne voit, jus- qu'iei, aucune objection contre I'hypothese qui attrihuerait ce cou- rant a une action chimique : le platine place a l'origine de laflamme representerait le zinc qui brule ou se combine uvec l'oxygene ; !e platine place a la limite de la flamme jouerait le role de metal ne- gatif, en ce sens, qu'il y a en ce point tendance a la reduction ou a la desoxygenation; mais dans la pile a rlamme, Taction chimique, au lieu de se produire seulement a la surface du metal positif, et d'etre simplement transmise par l'electrolyte , se produit dans toute l'etendue de la ilamme; et, par la meme, l'intensite du cou- rant augmente entre certaines limites, avec la distance des deux elements positifs et n^gatifs, comme cela a lieu pour les piles ordi- naires. Ajoutons que l'emploi du chalumeau n'est pas absolument necessaire a la 'production du courant de la flamme; l'experience reussit, alors meme qu'on opera directement sur la rlamme. EXPERIENCES FAITES AVEC LA MACHINE D'iNDUCTION DE M. RUHMKOftFF. PAR M. GASilOT. Cette belle machine, qui est devenue entre les mains d'un si grand nombre de physiciens, des Faraday, des Grove, des Gassiot, des Fiseau, des Becquerel, des Masson , des Quet, des du Moncel, un instrument outil de premier ordre, conduit chaque jour a la de- couverte de phenomenes nouveaux et interessants. Nous enunie- rerons rnpidement les experiences que M. Gassiot decrit dans le Philosophical magazine, livraison de fevner 1854, pages 97 et suivantes. Nous rappellerons, avant tout, que les extremites du fil secon- daire sont port<5es par deux petites colonnes en verre, et qu'au moyen de deux vis de pres^ion on peut fixer les extremites du cir- cuit de longueur quelconque, dans lequel doit cheminer le courant d'induction, et que nous appellerons circuit connecteur : 1° Si le circuit connecteur est rompu et qu'on rapproche les ex- tremites des deux moities a une distance d'un dixieme de pouce, la decharge a lieu a travers l'air; 2° A travers la flamme d'une lampea esprit-de-vin, la decharge se fait a la distance de 1 a 2 pouces; si, de plus, les armatures in- terieure et exterieure d'une bouteille de Leyde , de moyenne grandeur, sont mises en communication par d'autres fils avec les extremites du fil secondaire ou mieux avec les poles de l'extra- courant, l'intensite de la decharge est grandement accrue; un filet COSMOS. bhi electrique long, lumineux, d'un blanc eblouissant traverse la flamme en produisant an bruit aigu ; 3° Si les extremities des moities du circuit sont des fils do platine separes d'un dixieme de pouce, la decharge est tres-rapide et continue ; le fil negatif devient rouge-feu au bout d'un temps tres- court; si Ton renversele courant, il redevient instantanement froid, et c'est l'autre fil devenu negatif a son tour qui s'e>.hauffe. M. Gas- siot fait remarquer, avecraison, que cette elevation de temperature, deja signalee par MM. Neef et Masson, se produit, dans le courant d'induction, en sens contraire dece quelle est dansle courant direct : dansle courant direct, c'est le pole positifqui rougit, dansle cou- rant d'induction, c'est le pole negatif. Pour bien distinguer les poles, ce qui n'est pas du tout facile, on a recours a un essai tres- simple : on fait reposer les extrenntes du circuit secondare sur un papier buvard sature avec une solution d'iodure de potassium, et Ton voit que l'iode est rexluit a l'une des extremity quand on ferme le circuit principal, a l'autre extremity et en quantite beaucoup plus considerable quand on rompt le circuit principal : or, le pole positif pour un courant d'induction donne quelconque, est celui oil l'iode est reduit a la nqiture du circuit, et c'est le pole qui reste froid dans la decharge, pendant que l'autre devient rouge-feu ; 4° Si la decharge a lieu dans le vide, entre deux boules en metal ou en charbon, la moitie inferieure de laboule negative est entouree d'une flamme brillante bleue ; tandis qu'il s'echappe de la boule positive un filet de lumiere brillante et rouge. A mesure que le vide devient plus parfait, les deux lumieres augmentent sans cesse d'intensite ; mais entre le filet de lumiere rouge et la flamme bleue, il y a un espace completement sombre, excepte dans le cas oil le fil negatif etant scelle dans du verre a la maniere de l'electrode de Wollaston, sa section est seule visible; 5" Quand les extremites des demi-circuits du courant d'induction etaient mises en communication avec les plateaux d'un electroscope afeuilles d'or de huit pouces de diametre, les deux feuilles diver- geaient en formant un angle de 45 degres, la decharge avait beu avec un bruit sourd ; l'air entre les plateaux etait charge et decharge comme une bouteille de Leyde ; 6n M. Gassiot a recouvert les de-:x tiers de l'interieur d'un go- belet en verre de Berlin d'une mince feuille d'etain ; en laissant a nu, a la partie superieure, une portion de 1,5 de pouce de hauteur; sur le plateau de la machine pneumatique, il a place une plaque de verre, et sur cette plaque le gobelet, il a recouvert le tout d'un W2 COSMOS. recipient a ouverture libre, sur laquelle reposait une plaque de lai- ton ; a cette plaque, enfin, dtait soude un fil de cuivre epais qui descendait, dans le recipient a travers une boite de cuir ne don- nant point acces a l'air : une des extr^mites du circuit secondaire e"tait attachee au fil de cuivre, l'autre au plateau de la machine pneuniatique. On faisait alors le vide, et a mesure qu'il devenait plus parfait on voyait se produire un phenomene d'efFet tres-sur- prenant : une lumiere fine, claire, bleue, semble d'abord s'elancer de la partie inferieure du gobelet vers la plaque ; cette lumiere devient de plus en plus vive, jusqu'a ce que par degr6s lents et croissant sans cesse en eclat, elle arrive a effleurer la ligne superieure du reveteinent interieur; tout etant alors grandement illuming, com- mence une decharge entre l'interieur du verre et le plateau de la machine pneumatique sous forme de filets diffus de lumiere bleue ; si Ton continue a augmenter le vide, la decharge devient un fiot continu de lumiere s'epanchant par-dessus les bords du gobelet, ab- solument comme si le fluide electrique etait un liquide materiel coulant en nappe; 7° Si on renverse le gobelet de maniere que son embouchure soit placee sur le plateau de la machine [.neumatique, et que le fil superieur soit ou au contact, ou a mains d'un pouce de distance de la surface exteneure du gobelet, des filets de flamme bleue descen- ded le long des parois, en les lechant, sur la plaque ; tandis qu'une decharge continue s'echappe du revetement interieur ; 8° Une plaque mince de talc, de mica ou de verre, revetue d'un cote d'une feuille d'etain, et recouverte sur l'autre face d'une figure ou dessin quelconque, etoile, lettres entrelacees, etc., tra- cees avec des bandes etroites de feuilles d'etain, fait naitre aussi des apparences tres-belles : on met la couche continue en commu- nication avec l'une des extrEmites du circuit ; le fil de l'autre extre- mity isole par un manche de verre, est promene sur le dessin qui s'illumine sur-le-champ avec beaucoup d'eclat ; on sent, en meme temps, l'odeur bien connue et tres-forte de l'ozone; 9° Si Ton fait le vide dans un tube en verre, long de quatrepieds, de deux pouces de diametre, semblable aux tubes electriques des cabinets, la decharge a lieu, et le tube se remplit de lumiere. Nous avons reproduit integralement cette note, quoique les ex- periences de M. Gassiot aient ete faites par MM. Masson, Quet, Du Moncel, etc. ; parce qu'elles font mieux ressortir les avantages de la machine a induction de M. Ruhmkorff sur les machines Elec- triques anciennes ; le nouvel appareil est toujours pret a fonctionner, cosmos. Z1Z13 et fonctionne aussi longtemps que Ton veut : M. Grove en a deja fait construire deux ; M. Gassiot trois; le dernier aura des dimen- sions doubles, et donnera, sans aucun doute, des resultats extraor- dinaires, nous en rendrons compte. SUR QUELQUES-UNES DES CAUSES QUI PEUVENT FAIRE VARIER LA FORCE ELECTRO-MOTRICE. PAR M. GAUGAIN. M. Gaugain, qui depuis trois a'ns employait dans des recher- ches sur les piles la methode d' opposition de M. Regnauld, et qui a ete surpris par la publication du memoire de ce dernier physicien, espere du moins qu'on lui saura gre" de l'explication qu'il donne de certaines anomalies dans les intensity des forces electro- motrices. « 1° Pile thernio-electriqae. — La force electro- motrice du couple - — — — - (je d&signe ainsi, pour abreger, le couple thermo-6lectrique bismuth et cuivre, dont les deux soudures sont l'une a 0, 1'autre a 100°) n'est pas aussi invariable qu'on le suppose generalement. En comparant deux a deux les elements d'une batterie ther- mo-electrique composed de quatre-vingts couples de meme mo- dele, j'ai reconnu que leurs forces electro-motrices etaient gene- ralement differentes, et j'ai constate des differences qui s'elevent pour certains couples a douze et quatorze centiemes de la force electro-motrice moyenne; ces differences dependent probablement de la texture du bismuth qui est plus ou moins cristalline, suivant que le refroidissement des barreaux , apres la coulee, a 6te plus lent ou plus rapide ; mais quelle qu'en puisse etre la cause, elles me paraissent tres-difficiles a eviter et en consequence je considere la force electro-motrice du couple .r- — ^— x com me une unite vague qui ne permet pas d'efablir une comparaison rigoureuse entre les resul- tats obtenus par des observateurs differents. La methode que je suis pour comparer les forces electro-motrices de deux couples thermo-electriques est tres-simple; j'oppose l'un a 1'autre les deux couples A et B que je veux comparer ; apres avoir place" l'une des soudures de A et l'une des soudures de B dans le meme bain de glace fondante et les deux autres soudures dans le meme bain d'eau bouillante, j'interpose un galvanometre dans le circuit commun ; puis si le couple A l'emporte sur le couple B, je fais intervenir un troisieme couple, C, tout a fait semblable aux M4 COSMOS. deux premiers et qui agit dans le meme sens que le couple B : l'une des soudures de C est plongee dans le bain de glace fondante etl' au- tre e-A placee dans un vase rempli d'eau dont j'eleve graduellement la tern peiaturejusqu'ace que l'aiguille dugalvanometresoit ramenee a 0 : s'il est necessaire pour remplir cette condition de porter a 10°, par exemple, la temperature de la soudure chaude deC, il est clair que la difference eutre les forces electro-motrices de A et de B est eo-ale aux dix centiemes de la force electro-motrice du couple 0, ou appmximativement aux 10 centiemes de la force electro-motrice de A et de B. Cette methode peut etre appliquee avee une legere modification a la comparaison de deux couples thermo-electriques d'especes dif- ferentes. 2° Pile de Wheatstone. — J'ai compare entre eux trois elements de Wheatstone qui ne differaient les uns des autres que par la na- ture du diaphragme poreux, et j'ai trouve que leurs forces electro- «'.■ Bi— Cu . motrices, (rapportees au couple thermo-electnque ^ — y--^pris pour unite) etaient representees par les nombres suivants : Foyer de pipe en terre cuile 171 Cylindre en bois depalissandre d'un demi-millinielre d'epaisseur 70 Cylindre en bois tic poirier sauvage de meme epaisseur 40 Les forces electro-motrices quejeviens de citer ont ete deter- miners par ma methode habituelle, celle de X opposition des piles; mais pour prevenir toute objection basee sur l'emploi de cette me- thode, j'ai fait une autre experience dans laquelle les forces electro- motrices ont ete determiners par le procede deM. Wheatstone lui- meme, j'ai obtenu ainsi les resultats suivants : Diaphragmes. Forces eleclro-molriccs. Foyer de pipe en terre (autre que celui de l'expcrienceprecedente) 140 C\lindre en bois de merisier d'un demi-millimetre d'epaisseur. ... 165 Id. de hetre Id. 59 L'influence des diaphragmes poreux sur la force electro-motrice de la pile de Wheatstone me parait dependre, en partie du moins, des depots de cuivre qui s'operent dans les pores du diaphragme par suite du contact etabli entre le. sulfate de cuivre et l'amalgame de zinc ; dans tous les cas il me parait 6tabli que la force electro- motrice de cette pile peut varier, suivant la nature du diaphragme employe, entre des limites extremement elendues. 3° Pile de Daniel. — La force electro-motrice de cette pile est independante de la nature des diaphragmes employes, mais elle peut COSMOS. lxU5 etre modifiee par un certain nombre d'autros circonstances ; notam- ment par la nature et le degre de saturation des dissolutions salines dans lesquelles se trouve plong^e la lame de zinc amalgame. J'ai oppose l'un a 1'autre deux elements de Daniel A et B, ayant tous les deux leurs lames de zinc plongees dans de l'eau ordinaire (de l'eau de Seine), puis apres avoir constate leur Egalite au n;^v en d'un galvanometre place dans le circuit cominun, j ai ajoutea l'eau contenue dans le vase poreux de A, une quantity de sel marin a peu presegale au vingtieme du poids de cette eau, l'equilibre electrique a Ete rompu sur-le-champ , la force electro- motrice de l'element A est devenue superieure a celle de l'element B, et elle a continue a croitre pendant une demi-heure environ ; au bout de ce temps elle est rested stationnaire et s'est trouv^e superieure a celle de l'ele- ment B d'une quantitc egale a quatre ^ — :—-= ; de nouvelles quan- tity de chlorure de sodium ajoutees a la liqueur de l'element A, n'ont pas fait prendre un nouvel accroissemeat a sa force electro- niotrice. L'experience qui vient d'etre decrite ayant ete repelee en rem- placant le chlorure de sodium par le sulfate de zinc , j'ai trouve que la force electro-motrice du couple qui recoit le sulfate de zinc est diminuee, que la diminution produite par une quantite de- termined de sel atteint en quelques instants son maximum, que cette diminution va en croissant (du moins entre certains limites) avec la proportion de sulfate employee, enHn que la difference entre les forces electro-motrices de deux couples dont l'un contient de l'eau de riviere sans addition de sel et 1'autre de l'eau a peu pres , , ,„ , . . • Bi— Cu saturee de sulfate de zmc, peut s clever a cinq - — ^rr. Les deux faits que je viens de citer me paraissent offrir un cer- tain interet th^orique; ils prouvent en effet que la force electro- motrice d'une pile hydro-electrique depend de toutes les actions chimiques qui s'exercentauseinde cette pile; et, par consequent, si Ton admet que la force electro-motrice soit reellement la mesure de la cause encore mal determinee qui produit le courant electri- que, il en resulte que cette cause n'a pas la simplicity qui lui est generalement attribute, mais qu'elle reside dans l'ensemble de toutes les affinity chimiques mises en jeu. En se placant a ce point de vue, on concoit aisement comment le sulfate de zinc , ajoute a l'eau dans laquelle le zinc est plonge, diminue la force Electro-motrice; car ce sulfate, en saturant la liqueur, diminue son affinite pour le 4A6 COSMOS. sulfate de zinc qui tend a se former. — On s'explique moins nette- ment le role du chlorure de sodium ; toutefois la lenteur avec la- quelle se developpe la force electro-motrice due a Taddition de ce sel me porte a croire que Taction qui la ptoduit s'exerce dans les pores du diaphragme entre le sel marin et le sulfate de cuivre. La force electro-motrice de la pile de Daniel peut encore etre modifiee par Telat de repos ou d'agitation de la dissolution saline dans laquelle est plongee la lame de zinc ; l'agitation diminue la force electro-motrice d'une quantite qui peut s'elever a quatre ou cinq Elements bismuth-cuivre ; j'ai retrouve cette influence singuliere de l'agitation des liqueurs dans toutes les piles ou j'ai employe des lames de zinc ou des lames de fer. » NOTE SUR LE MAGNETISME DES LTQUIDES PAR M. QUET. - L'elagante methode de M. Plucker pour reconnaitre si un liquide est magnetique ou diamagnetique, ne donne pas toujours des resul- tats tres-caracteris£s , surtout pour les liquides diamagnetiques. 11 m'a semble qu'on peut atteindre le but d'une maniere simple et directe par T experience que voici : Un tube de verre mince conte- nant une longue colonne du liquide a essayer, est place entre les poles de l'electro-aimant de M. Rhumkorff ; on le met perpendicu- lairement a la ligne des poles dans une situation sensiblement hori- zontale, et Ton amene le commencement de l'index liquide tres-pres des pieces polaires. Aussitot que l'electro-aimant est anime par un courant volta'ique, si la colonne liquide est magnetique, elle s'avance de toute la longueur des pieces polaires et atteint rapidement une position d'equilibre magnetique stable. Lorsqu'on supprime le cou- rant voltaique, l'index retrograde et reprend sa position primitive. L'attraction magnetique est ici constatee directernentet par un effet tres-sensible, c'est-a-direpar un deplacement de quatre ou cinq centi- metres, en supposant qu'on opere avec une colonne liquide suffisam- ment longue pourproduirelemaximumd'effet; maison peut seservir de colonnes memetres-courtes. Lorsqu'ils'agitd'unliquide diamagne- tique et que l'experience est preparee comme on vient de le dire, l'index fuit l'electro-aimant ; mais ici le mouvement est moins ener- gique et ne produit qu'un tres-petit ecart, parce que Taction dia- magnetique s'affaiblit a mesure que le liquide s'eloigne. Si Ton veut donner a Texperience un caractere tres-marque, et meme aussi mar- que que pour l'attraction magnetique, on amene l'index entre les pieces polaires de maniere a couvrir leur longueur : alors des que COSMOS. hUl le courant dlectrique passe , le liquide est fortement repousse" et ne s'arrete qu'au dela des pieces polaires a une distance plus ou moins grande. Ce mouvement , qui se produit sur une Vendue de 4 ou 5 centimetres, ne peut laisser aucun doute sur les consequences de l'experience. La sensibilite de cette espeee de magnetoscope est assez grande pour qu'on puisse reconnaitre la propriete diamagnetique de l'eau, meme en n'employant qu'un seul element de Bunsen de mediocre energie. Avec huit elements de Bunsen, une dissolution de chlorure de manganese se maintient dans sa position d'equilibre magnetique stable, meme quand on fait glisser rapidement le tube suivant son axe. Si Ton augmente la pression que l'air exerce sur l'une des extre- mites de la colonne liquide, on fait retrograder 1'index entre les pieces polaires, et Ton peut l'amener ainsi jusqu'a une position d'e-- quilibre instable. L'exces de pression que j'ai employe pour pro- duire ce dernier efTet, a ete d' environ 1; 140e d'atmosphere. Ce nom- bre montre 1' energie magnetique du chlorure de manganese, et en meme temps fait voir que le magnetoscope peut etre facilement transforme en appareil de mesure. Comme dernier exemple de la sensibilite de cette methode, j'in- diquerai que la dissolution de chlorure de manganese etendue de centfois son volume d'eau, conserve encore des proprietes magne- tiques tres-appreciables ; si on l'etend de deux cents fois son volume, le magnetisme du sel se trouve alors masque, et le diamagnetisme de l'eau'^devient predominant. La thdorie montre que l'elevation d'un liquide dans un tube ca- pillaire est en raison inverse de l'intensite de la pesanteur ; d'apres cela on concoit que les aimants puissent exercer une influence appre- ciable sur l'elevation capillaire des liquides ; c'est ce que j'ai verifie. L'une des branches d'un siphon capillaire est placee entre les poles de l'electro-aimant : on amene la surface capillaire d'un liquide magnetique un peu au-dessus des pieces polaires, et Ton fail pas- ser^le courant electrique, aussitot la surface capillaire monte jus- qu'a une nouvelle position d'equilibre. Avec un liquide diamagne- tique dont la surface capillaire est placee sur la ligne des poles, on a une depression de la colonne. » PfCe mode si heureux d'experimentation fait grand honneur a 3VI. Quet, il met en evidence d'une maniere beaucoup plus frap- pante des phenomenes importants ; il permet de les rendre visibles aja fois a un grand auditoire, et entrera certainement dans l'ensei- gnement public, ACADEME DES SCIENCES. SEANCE DU 10 AV1UL. La seance a etc tres-courte et peu remplie. Un botaniste, M. Gay, a lu un memoire sur les Potamees, dont nous n'avions rien pu entendre, pas meme le titre. — Coinrae nous l'avions pressenti, M. "Ville a entame la discussion que soulevait le memoire de M. Boussingault, discussion qui pro- met d'etre vive et serieuse. Le jeune chimiste n'aguere luencoreque les proambules de son memoire ; il a etc ecoute avec la plus grande attention, car ils'agit d'une question capitaleet a laquellepersonnene peut rester etranger. Nous publierons, avec le plus grand soin, toutes les pieces du debat, dans notre prochaine livraison ; la parole est reserved a M. Ville, pour le debut de la seance du 17 avril. La commission charged de presenter les candidats a la place d'academicien libre, vacante par la mort de M. Hericart de Thury, se compose de MM. Seguier et Delcssert, academiciens libres, Biot et Binet, section des sciences mathematiques ; Thenard et de Senarmont, section des sciences physiques. — Lord Brougham envoie la seconde partie de son memoire sur la diffraction. — M. Boussingault pre^ente le manuel du drainage de M. Bar- ral, que nous analyserons avec soin. M. Le Verrier annonce qu'il a recu de MM. Argelander, Kupfer et Hind, des lettres relatives a la comete, et communique les nouvelles observations de cet aatre faites a Paris. L'Academie se forme en comite secret pour la presentation des candidats a la place d'associe Stranger, vacante par la mort de M. Leopold de Bach. Le rapport est fait par M. Liouville, qui propose, aunom de la commission, la liste suivante : En premiere ligne et hors rang. M. Lejeune Dirichlet, geometre a Berlin. En seconde ligne et parordre cdphabetique. Airy, a Greenwich ; Argelander, a Bonn; Encke, a Berlin; Herschel, a Londres ; Lie- hig, a Munich; Melloni, a Naples; Jean Muller, a Berlin ; Murchi- son, a Londres; Owen, a Londres ; Struve, a Pulkowa. Nous omet- ton.; peut-etre quelques noms, nous les retablirons une autre fois. A. TRAMBLAY, proprietairc-gerant. PARIS. IMTR1MERIE DE W. REMQUET ET C1G., R'JE GARANCIERE, T. IV. 2 1 AVRII. l854. THOISIEME ANNEE. COSMOS. FAITS DIVERS. MALADIES DES PLANTES. Nous publions dans sa forme originate la note que nous adresse l'excellent M. Jobard avec ces quelques lignes : « Je vous envoie le remede a la maladie de la vigne et des pommes de terre; ce n'est pas autre chose qu'un decret qui condamnerait les fraudeurs qui empoisonnent de fumier leurs vignes et leur semence de pommes de terre pour la faire foisonner aux depens de la qualite. « S'il est vrai que l'homme a l'etat civilise , c'est-a-dire trop bien repu , est en proie a des maladies qu'il ne connaissait pas a l'etat de nature; n'est-il pas probable que la vigne et les pommes de terre trop bien fum<§es ont contracte des maladies analogues au typhus, a la petite verole, au cholera, etc.? « Ces maladies, d'abord exceptionnelles et endemiques, ne se- raient-elles pas devenues epidemiques par la continuation du mau- vais regime qu'on leur fait subirt « Ainsi la plante malade inocule son poison a la plante saine par la transmission des insectes infecteurs que la culture forcee et chaude a fait naitre, par le transport du pollen et des sporules de Xoidium et du botritis. On y a songe, et Ton a supprime la fumure sans succes, dit-on ; mais une maladie, d'apres Hippocrate, emploie autant de temps a disparaitre qu'a venir. « Pour en juger, il faudrait que le traitement fut generalement suivi et partout en meme temps. La vigne demande des coteaux pierreux et sees ; la pomme des terre, de terres sablonneuses et le- geres ; on a change leur assolement et leur regime ; on a descendu la vigne dans les plaines et plante la pomme de terre dans les terres fortes, en les fumant toutes deux a outrance pour les faire foisonner l'une et l'autre aux depens de la qualite. • Quelle difference trouvez-vous entre le marehand qui mele de l'eau au vin , du platre a la farine et de la poudre d'albatre a la 16 650 COSMOS. fecule pour obtenir du surpoids, et le cultivateur qui opere dans le meme sens pour atteindre le meme resultat? •• Cela ne pourrait-il etre range} dans la meme categorie, celle des fraudes alimentaires, et reprime de la meme facon? « Le cultivateur, direz-vous, ne sait pas qu'il frelate ses produits ; eh bien ! ne pourrait-on le lui apprendre par decret, tout en lui fai- sant remarquer le tort qu'il se fait a. lui-meine en couvrant a grands frais ses ceps et ses pommes de terre d'un fumier qu'il emploierait plus utilement ailleurs? « Vous qui n'avez pas peur d'ar.noncer les decouvertes du ciel, voudrez-vous bien repandre cette id£e terrestre, qui est peut-etre l'unique remede au cholera qui tue la vigne et les pommes de terre? » La lettre de M. Jobard se terminait par cette amende honorable, un peu tardive, que nous recommandons a. l'attention de nos lec- teurs : « Je viens de lire le livre d'Hennequin, Religion, ou il n'y a pasun mot de religion. II a un tuyau aromal de 1 535 metres im- plants sur l'occiput ; decidement , les tables font tourner les tetes et rien de plus ; il vaut mieux s'abstenir. » MALADIES DES HARICOTS, DES LAITUES ET DES MELONS. Nous signalons dans le compte rendu de la seance de l'Acade'mie de3 sciences un incident auquel nous avons pris quelque part. Pen- dant une apparition de quelques jours a. la ferme-ScQJe du Mesnil Saint-Firmin , M. Armand Bazin nous fit remarquer que des hari- cots cultives sur couche et sous chassis etaient gravement malades. Les feuilles de presque tous les plants etaient marbrees de taches jaunatres , elles languissaient , leurs fonctions respiratoires ne s'ex£- cutaient plus ; et si l'activite de la vegetation forcee n'avait pas fait naitre des feuilles nouvelles , la plante aurait certainement fini par perir. Quelle pouvait etre la cause de cette d^solante affection? M. A. Bazin, observateur habile et exerce, se mit a l'afl'ut et con- stata bientot la presence en tres-grand nombre de petits insectes de l'ordre des hemipteres homopteres , d'un genre tres-voisin des puces de terre ailes a la fois et sauteurs. Ces redoutables petites betes se cachent sous la surface inferieure des feuilles recouvertes de leurs excrements qui, pendant la nuit surtout, font des excursions sur La surface superieure, et en alterent le parenchyme, en l'empoisonnant par un venin subtil. II n'etait pas douteux pour nous que ces insectes COSMOS. A51 ne fussent la cause premiere et essentielle du mal , mais il fallait le prouver par une experience decisive. M. A. Bazin prit done un tube de verre , y introduisit d'abord des feuilles tout a fait intactes, puis un certain nombre d'insectes; et il attendit. En moins de vingt- quatre heures , les feuilles etaient toutes maculees et dans le meme etat que celles de la couche; la demonstration etait complete. Mais les laitues et les melons semes sur la meme couche etaient aussi attaques, et il £tait curieux de savoir si les memes effets etaient produits par la meme cause. M. A. Bazin continua done son inqui- sition , et il n'eut pas de peine a. rencontrer sous les feuilles de nom- breux rongeurs, ou plutot de nombreux infecteurs, car ces insectes empoisonnent plus qu'ils ne rongent. L'experience du tube donna les memes resultats parfaitement concluants. Si Ton veut bien remarquer que la maladie observee par nous ressemble parfaitement a la maladie des pommes de terre et des vignes; que MM. Charles etStephane Bazin ontdecouvert dejal'in- secte qui infecte les pommes de terre, que d'autres observateurs consciencieux n'ont pas hesite a attribuer la maladie de la vigne aux piqures d'un insecte de meme genre , on pourra et on devra etre des aujourd'hui entierement fixe sur la cause veritable du fieau de- vastates; la cause trouvee , il sera beaucoup plus facile d'indiquer le remede ; et d'ailleurs , par cela meme que tous ces desastres sont dus a la presence d'un insecte, on sera certain de les voir cesser un peu plus tot ou un peu plus tard. Ce qu'il importe , surtout, e'est que nos convictions soient partagees par tous. Les hesitations ne sont plus possibles en presence de faits aussi evidents. AMELIORATION DES FUMIERS DE FERME. METHODE DE M. ROZET. « Ce doit etre principalement par leurs racines que les v^getaux absorbent l'azote: si, par un moyen quelconque, ils pouvaient s'as- similer celui de l'air, en trouvant dans l'atmosphere au dela de leurs besoins, ce ne serait pas par leur azote que les engrais, enfouis dans le so], deviendraient principalement utiles a la vegetation ; or il est parfaitement demontre que les engrais les plus azotes sont les meilleurs. " Depuis dix ans que je m'occupe d' agriculture, j'ai reconnu que le meme fumier, en quantite egale, enfoui dans divers sols, ne donne pas les memes resultats : j'ai toujours moins recolte de ce- reales dans les sols argileux et les sols siheeux, que dans ceux con- tenant une certaine quantite de calcaire. 452 COSMOS. « Ce fait me porte a penser que les premieres terres devaient lais- ser perdre une partie des elements volatils du fumier. Etant par- venu a remddier a. cet inconvenient par le marnage, j'en conclus que le carbonate de chaux avait la propriete de fixer dans le sol les memes elements. Plus tard, ayant remarque le long d'un mur, crepi a la chaux et touche par le fumier, des aiguilles d'azotate de potasse, et une partie visqueuse dont la saveur 6tait celle de l'azo- tate de chaux, j'en tirai la consequence que le carbonate de chaux, en contact avec le fumier, determinait la formation de deux sels fixes, azotate de potasse et azotate de chaux; et que, des lors, il me devenait tres-facile d'augmenter, a, pcu de frais, la valeur de mes fumiers. Je les fis done disposer de la maniere suivante : " En sortant de l'etable, on ctend le fumier par couches de 0m, 2 d'epaisseur, dont chacune est. aussitot recouverte d'une autre de marne en poudre de 0m,04. Ce mode de stratification est continue pendand plusieurs mois, jusqu'a la fin de la motte. Les fumiers, ainsi prepares, sont presque sans odeur, et on ne voit pas de li- quide sortir de leur pied. « Par ce procede, avec la meme quantity de fumier, j'ai obtenu notablement plus de r^colte, non-seulement dans les sols argileux et les sols siliceux , mais aussi dans ceux contenant la proportion de calcaire necessaire a la vegetation des cereales. » PLUMES ELECTRO-GALVANIQUES. Nous lisions, il y a quelques jours, dans le Scientific american journal, l'annonce quevoici : « M. Alexander, de Birmingham, inge- nieur, a pris recemment une patente pour une invention qui a pour objet : 1° de magnetiser les plumes metalliques, ou de les placer sous l'influence d'un courant pour diminuer leur tendance a 1'oxydation et a la corrosion ; 2° de former le porte-plume de deux metaux aptes a produire un courant voltaique assez intense avec l'aida du con- tact des doigts toujours un peu humides, de telle sorte que ce cou- rant, en circulant dans la main et le corps de la personne qui 6crit, produise des effets hygieniques et therapeutiques. » Les porte- plumes de M. Alexander, qui jouissent d'une grande vogue en An- gleterre, en Belgique et enHollande, dont la reputation, on le voit, a deja franchi l'Ocean, avaient fait il y a quelques jours, leur ap- parition a Paris, on nous en avait apporte un comme un talisman pre'eieux. lis ont aujourd'hui sautd d'un seul bond sur le bureau de l'Acaddmie des Sciences, et au beau milieu de la correspondance, nous avons entendu M. Elie de Beaumont lire la note suivante : COSMOS. U5Z <• MM. Alexander, de Birmingham, et Simon Gaffre\ de Paris, soumettent a. l'examen de lAcademieun porte-plume galvano-elec- trique, dont la tige porte des fils soudes de cuivre et dezinc, formant une petite pile volta'ique. Cette pile, qui exerce une action sensible surle galvanometre, est destined a produire un effet salutaire sur les nerfs del'ecrivain qui l'emploie. Ainsi que dans rhomoeopathie, la grandeur des effets que Ton annonce avoir obtenus par ce courant e"lectrique tres-faible, tant en Angleterre qu'en Allemagne, ne pa- rait pas en rapport avec la petitesse de l'agent physique; mais l'in- venteur, commelemedecinhomoeopathe, a,sansaucundoute, compte' sur l'irnagination comme sur un puissant auxiliaire, que les enipyris- tes de l'Orient savent admirablement mettre en jeu au grand bien de leursmalades. » Le porte-plume electro-magnetique est renvoye a l'examen de deux physiciens celebres : MM. Desprets et Babinet. RECHERCHES SUR LA VEGETATION ' ET ORIGINE DE l'aZOTE DES PLANTES. PAR GEORGES VILLE. Les recherches presentees l'annee derniere par M. Ville a. l'Aca- demie des sciences, avaient principalement pour objet de remonter a l'origine de l'azote que les plantes tirent de l'atmosphere, et de determiner la forme sous laquelle cet azote est absorbe. Une suite non interrompue d' experiences commences en 1849 et termindes en 1852 l'avaient conduit a constater que l'ainmoniaque de l'air ne rend pas compte de l'azote que les plantes empruntent a l'atmo- sphere. Si Ton seme, disait-il, une plante dans le sable calcine, et qu'on l'enferme dans une cloche dont on renouvelle l'air plusieurs fois par jour, bien que Ton depouille cet air de toute poussiere et de toute ammoniaque, on trouvera que cette plante fixe une quan- tity importante d'azote; d'ou il avait tire" la conclusion que l'azote de l'air est absorbe par les plantes. Depuis cette presentation, plusieurs savants se sont efforces d'e- clairer la meme question en suivantdes methodes differentes. Enfin, dans la stance du 29 mars, M. Boussingault, hoirime considerable, et dont l'opinion a une grande autorite, a formule des conclusions contraires a celle de M. Ville. Ainsi, d'un cote, M. Ville admet que l'azote de l'air prend part a la nutrition des plantes, et de l'autre, M. Boussingault nie cette intervention. La question est done posee dans des termes tres-nets, trop nets pour que la vdrite ne sorte pas de la discussion, et pour nous, nous ne mettons pas en doute que M. Ville ne reculera devant aucun sacrifice pour atteindre ce but. Ainsi que nous l'avons promis,. nous allons analyser en detail et avec le plus grand soin les deux lectures , dans l'ordre qui nous a semble le plus rationnel, le plus propre a bien poser la question et, dans ce dessein, nous ferons passer la seconde avant la premiere. Le dernier memoire de M. Boussingault comprend : 1° Une critique de la methode suivie par M. Ville, dans ses re- cherches ; 2° L'exposition d'une methode diffdrente, que le savant acade- niicien croit preferable ; 3° La conclusion finale que l'azote de l'air n'est ni assimilable ni assimile par les plantes. Examinons chacun de ces points en particulier. Dans les derniercs recherches de M. Boussingault, un premier COSMOS. 455 fait nous frappe. Les recoltes obtenues par ce savant sont toujours tres-faibles. C'est a peine si elles s'clevent a deux ou trois fois le poids des semences. Ainsi, pour n'en citer que deux exemples, en 1852, un haricot flageolet du poids de 0s,53 a produit 0s ,90 de re- colte, apres deux mois de vegetation : en 1853, deux graines de lupin, pesant 0s,82 ont produit Is, 72 de recolte. Tous les autres resultats sont analogues. Dans les experiences de M. Ville, au contraire, En 1S50 38,04 de semence ont produit 646,20 en recolte (desseche a 120) En 1831 0, 35 — — 08, 80 — — En 1852 8, 00 — — 229, 6 (1) — — Ainsi, en 1851, le poids de la recolte est 196 fois celui de la semence ! Dans les experiences de M. Boussingault, la quantite d' azote mise en jeu par les cultures, varie depuis 0s,019 jusqu'a 0s,124. Dans les experiences de M. Ville, les seules quantites d'azote ab- sorbe sont : Pour 1849 — 0«,103 — 1850 — 1, 180 — 1851 — 0, 481 — 1852 — 1,624 Si nous nous reportons maintenant a ce qui se passe dans la na- ture, nous constatons que les plantes prennent plus de developpe- ment que dans les experiences de M. Ville, nous constatons qu'elles contiennent plus d'azote, et que, chaqueannee, elles reproduisent invariablement leurs graines. Dans les experiences de M. Ville, le ble a produit des grains dont l'organisation etait complete, et le soleil des graines rudimen- taires. Dans les experiences de M. Boussingault, les plantes n'ont jamais donne vestige de graines; ainsi, a premiere vue, on peut dire que M. Ville s'est beaucoup plus rapproche des conditions na- turelles que M. Boussingault, sans avoir pourtant reussi a les rea- lise!' toutes. Ce resultat general est independant de toute valeur numerique. Dans les experiences de M. Ville, la quantite d'azote absorbe* par les plantes est considerable : on conteste que cet azote vienne de l'azote de l'air; on en fait remonter l'origine a rammoniaque, (1) Georges Ville, Recherches experimentales sur la vegetation, t. I, p. 30, 31, 34 et35. 456 COSMOS. dont l'atmosphere contient a peine des traces. Examinons ce qu'il y a de fondc dans cette supposition. Dans les experiences de M. Ville, il y a deux appareils, dont l'un est indepcndant de l'autre : le premier sert a faire passer un certain volume d'air dans l'interieur d'une cloche, ou l'on a enferme des plantes semes dans le sable calcine" ; l'autre appareil sert a absorber l'ammoniaque de l'air, afin de savoir combien, dans les premieres experiences, l'air a pu fournir d'azote aux plantes sous cette forme. II requite de cette disposition , que le volume d'air qui a servi a. la vegetation est toujours connu. Eh bien ! pour ne parler que de 1'expeVience de 1850, le volume d'air qui a passe dans la cloche est de 65 154 litres, et la quantite" d'azote absorbe" par les plantes est de Is, 180. Pour que est azote put verser de l'ammoniaque atmospherique, il faudrait que l'air qui a passe" dans la cloche eut contenu Is, 535, ce qui ferait 17 kilogr. pour un million de kilogammes d'air; or, nous savons, avec certi- tude, que l'air contient moins de 133 gr. d'ammoniaque pour un million de kilogr. En effet, si on prend une cloche d'une grande eapacite, qu'on la remplisse d'air pur de tout ammoniaque, puis qu'on y degage une quantite de cet alcali equivalente a 133 gr. pour un million de kilogr. d'air, l'atmosphere de la cloche pr^sente une reaction alca- line tres-prononcee. Un papier rouge de tournesol qu'on y intro- duit passe immediatement au bleu : a l'air libre, le meme papier reste rouge. M. Graham, auquel la science est redevable de cette experience, en a tire la conclusion que l'air contient moins de 133 gr. d'ammoniaque pour un million de kilogr. En effet, les dosages les plus eleves de M. Ville n'en accusent que 31 gr. 7. Independamment de l'ammoniaque, l'air tient en suspension des poussieres de nature organique. Avant d'entrer dans la cloche, l'air traversait un tube en U rempli de coton carde pour les interceptor. On objecte que cette disposition est insuffisante, et que l'azote ab- sorbe par les plantes peut venir des poussieres de Fair. Voici la re- ponse de M. Ville a. cette objection : En admettant que les poussieres atmospheriques soient en effet l'origine de l'azote absorbe, et en admettant que ces poussieres contiennent 10 pour 100 d'azote, il faudrait qu'il en cut passe" dans la cloche 11 gr. 80. Or, M. Boussingault n'en ayant trouve" que 3 milligr. pour 15 000 litres d'air, les plantes n'auraient pu en recevoir que 0 gr. 0 14. En 1851 et en 1852, M. Ville a repris l'experience de 1850 COSMOS. &57 mais en se placant dans d'autres conditions. Avant d'entrer dans la cloche, 1'air traversait un manchon rempli de ponce imbibee d'a- cide sulfurique, et passait de la dans une dissolution de bi-carbonate de soude. L'ammoniaque et les poussieres ne pouvaient plus inter- venir dans les r£sultats. Pourtant dans ces conditions les plantes ontabsorbe autant d'azote que dans le premier cas. Mais a cette experience on objecte qu'en admettant que la purifi- cation de l'air ait ete complete et qu'il y ait eu absorption d'azote, il n'est pas permis d'en conclure que cet azote vienne de l'azote de lair, parce qu'il existe peut-etre dans I atmosphere tie V azote a un etat indetermine, qui serait V origine de cette absorption. M. Ville avoue humblement ne savoir que repondre a cet egard, car il ignore quelle experience au monde pourrait resister a cette objection qui repose sur trois hypotheses ; existence dans l'air d'un compose inde'- termine d'azote, lequel serait a la fois en quantity trop faible pour qu'aucune analyse en decele la presence, et cependant en quantity assez forte pour rendre compte de tout l'azote absorbe par les plantes. Les nouvelles experiences de M. Boussingault ont consiste inva- riablement a semer un certain nombre de graines dans la ponce calcinee, a enfermer le tout dans un ballon rempli d'air, auquel on ajoute un exces d'acide carbonique ; puis a enterrer ce ballon dans la terre, jusqu'a son equateur, et a abandonner l'appareil a Iui- meme pendant un temps qui a varie entre un et cinq mois. Dans ces conditions la vegetation est chetive, les recoltes faibles, et l'azote des recoltes se balance toujours en perte avec celui qui e"tait primitivement contenu dans les semences. Ces resultats confirment ceux que M. Ville a obtenus en 1851 en operant dans des conditions a peu pres semblables, et que nous empruntons a son ouvrage, dont la publication est anterieure au memoire deM. Boussingault. « Si on enferme dans une cloche, ay ant lm 80 de haut et 0m 80 de large, des pots contenant du sable calcine\ dans lesquels on seme du ble, du seigle, de l'orge et de l'avoine; puis qu'on degage dans la cloche 20 litres d'acide carbonique, et qu'on y adapte deux flacons, faisant l'officc de soupapes, pour que l'air interieur se mette en equi- libre avec lapression exterieure, voici ce qui arrive : Les graines germent, les plantes prosperent d'abord, mais lors- que le chaume a atteint de 6 a 8 centimetres de hauteur, il jaunit et se desseche. Du collet de la racine il sort un nouveau chaume, qui se desseche a son tour, et auquel il en succede un troisieme. Sur &58 COSMOS. quelques plantes il s'est forme un quatrieme chaume, toujours grele et chetif. Ces plantes n'ont pas produit de graines. » A propos de cette vegetation, M. Ville rapporte dans son volume ]e passage suivant, qui etait extrait de son journal d'observation : « II est manifeste qu'une atmosphere confinee est defavorable a la « veVetaticn, lorsqu'on cultive les plantes dans le sable calcine* : « chaque nouveau bourgeon ayant prospere plus que celui qui « l'avait precede, il est probable qu'une partie de la substance de « celui-ci a servi a sa formation, et qu'il y a eu resorption de l'ancien imentait. Ainsi,parexemple, Annales de physique et de ehimie, tome LXVII, page 28, on lit: « Le « trefle, revoke" apres deux mois de culture, etait d'un beau vert, « mais eu egard a ce qu'il eut et6" dans une terre fumee, on peut - dire qu'il etait chetif, sa hauteur moyenne ne depassait pas 5 cen- « timetres, les racines, fort minces d'ailleurs, avaient environ 6 cen- timetres. » Tome LXVIII, page 359, on lit encore : « Les racines « avaient pris tres-peu de developpement, les extremites etaient « tres-ehevelues, mais l'espece de fuseau qui constitue le corps de « racine n'avait fait aucun progres. » Dailleurs, la meilleure preuve que toutes ces vegetations etaient chetives, c'est qu'apres trois mois de vegetation, les trois pieds de trefle qui, le jour oil on les a repiques, pesaient Is, 106, apres trois moisde vegetation, n'ont pro- duit que 2s, 75 de recolte, c'est-a-dire qu'ils ont a peine double de poids. Pour son compte, en 1850, M. Ville a echoue dans tous ses premiers essais, pour avoir voulu employer des pots de porcelaine disposes comme ceux de M. Boussingault. ;- Lorsqu'on cultive une plante dans un sol sterile, pour que cette plante reussisse, il faut employer des pots de terre poreuse, il faut pratiquer a la partie inferieure des pots de larges trous de 2 centime- tres, puis remplir les pots a moitie avec de la brique en gros frag- ments; au-dessus de cette couche de brique on met la couche de sable; il faut enfin que le fond des pots plonge dans une nape d'eau distillee. Celte disposition est excellente, pour que les racines soient toujours pourvues d'humidite, et toujours en contact avec une atmosphere qui se renouvelle. Dans ces conditions, les plantes prennent un developpement re- marquable. Les racines sortent par les fentes infeneures des pots et s'epanchent en touffes epaisses, dans l'eau de la cloche, ou elles vont se ramifier au loin. Enfin, lesappareilsdont M. Ville disposait etaient plus grands que celui de M. Boussingault, le volume d'air qui passait dans ces clo- ches ^tait plus considerable, et il a toujours contenu un exc&s d'a- &60 COSMOS. cide carbonique, toutes choses qui, en favorisant le developpement des plantes, devaient accroitre encore l'absorption de l'azote. Lorsqu'on exp6rimente sur les etres vivants, plante ou animal, la premiere condition, c'est de placer ces etres dans des conditions ou ils puissent remplir toutes leurs fonctions. Si une plante est genee, soit parce que les racines ne peuvent s'Etendre, soit parce que leurs spongioles ne trouvent pas a leur portee les gaz et surtout l'oxy gene qui leur est nEcessaire; soit encore parce que l'appareil dans lequel on les enferme s'oppose a 1' Evaporation de la seve, il arrivera, infailliblement, que la vegetation sera chetive. Si d'une experience exEcutee dans de semblables conditions, on. conclut que les elements de Fair sont impropres a nourrir les plan- tes, on s'expose a faire remonter bien loin ce qui, en realite, n'est que le resultat d'une condition defectueuse de l'experience. Avant de nous resumer et de conclure, nous insisterons encore un moment, avec M. Ville , sur les conditions physiques qui sont favo- rables ou contraires a la vegetation. En mettant les experiences de M. "Ville hors de cause, nous constatons deux choses : la premiere, c'est que les plantes qu'on. eleve dans une atmosphere confinEe, contiennent moins d' azote que les graines dont elles sont issues; la seconde, c'est que les plantes venues dans une atmosphere renouvel^e, en contiennent notablement plus. Dans le premier cas, il y a perte, et dans le second, il y a gain : pourquoi cette difference? Une graine qu'on seme dans un ballon de 100 litres de capacite, rempli d'air , auquel on ajoute un exces d'acide carbonique , trouve dans l'air de ce ballon bien plus d'oxygene, de carbone et d'azote quelle n'en absorberait dans un autre appareil, dont on eut renouvele" l'atmosphere. La cause des effets differents qu'on obtient ne nous semble pas difficile a decouvrir. En etfet, si une plante qu'on enferme dansun ballon ferine, ne pros- pere pas, ce n'est pas que le volume d'air que ce ballon contient ne puisse amplement suffire a tous les besoins de cette plante,, mais c'est que, dans ces conditions, les plantes ne peuvent se d£- barrasser de l'exces d'eau que la seve fait affluer dans les feuilles^ et dont 1 evaporation est une des conditions essentielles de la cir- culation de ce fluide. II en resulte que les plantes sont placets dans des conditions anormales nuisibles a leur developpement. En effet, comment la s£ve s'cvaporerait-elle? la plante est entouree d'une atmosphere saturee d'humidite. II ne peut y avoir Evaporation que pendant la periode ou la temperature de fair suit dans l'interieur du ballon une progression ascendante, et pendant laquelle la force COSMOS. &01 elastique de la vapeur d'eau augmente en meme temps que le pou- voir de saturation de l'air pour rhumidite" : or, dans ce cas parti- culier, la plante perd une partie des benefices que lui eree cette Elevation de temperature, car l'eau qui ruisselle sur les parois du ballon, contribue pour une large part a saturer l'air d'humidite. Au contraire, dans une cloche dont on renouvelle l'air, l'air qui entre est a une temperature plus basse que celui de la cloche : a mesure que sa temperature s'eleve, il se charge d'une nouvelle quantite de vapeur d'eau. Chaque litre d'air qui arrive peut etre considere comme un espace vide, que l'evaporation de la seve doit contribuer a remplir, surtout si par une disposition que M. Ville a toujours adoptee, l'air qui arrive descend de la partie superieure de la cloche, et leche les plantes, depuis le sommet de la tige jusqu'a, sa base. Si nous degageons la discussion de toute question incidente, le dissentiment se pose done en termes tres-nets : d'un cote, on dit que l'azote de Fair n'est pas assimile par les plantes, et de 1'autre, au contraire, on affirme qu'il est absorbe. Pour justifier la premiere opinion, on invoque des experiences faites dans une atmosphere continue : pour demontrer la seconde, celle qui attribue a. l'azote de l'air la faculte" de servir a la nutrition vegetale, on s'appuie sur des experiences faites dans une atmosphere renouvelee. Toute la question se reduirait done a. prouver que les plantes ne se comportent pas de la meme maniere dans les deux cas, si M. Boussingaultn'avaitpas fait une experience en renouvelant l'air. Mais M. Boussingault ayant constate dans 1' atmosphere renouvelee une absorption d'azote, faible, il estvrai, mais pourtant certaine, le dissentiment le circon- scrit encore, et il se reduit finalement a savoir, s'il est dans la nature des phenomenes, que l'absorption d'azote reste faible, ou si on peut la rendre plus forte, en adoptant les appareils dont M. Ville s'est servi. La reponse, a cet £gard, ne peut etre fournie que par une nouvelle experience, faite sous le controle de la com- mission nominee par l'Acad^mie. Dans la derniere seance, M. Boussingault a dit que les travaux de Vordre de ceux que nous exposons ne pouvaient etre repetes par une commission, qu'il fallait qu'un membre isole se devouat a cette tache laborieuse, et que e'etait pour remplir ce devoir qu'il avait execute les experiences qui ont fait le sujet de la communication du 29 mars. A cela, M. Ville a repondu, e'est que M. Boussin- gault est le seul membre de l'ancienne commission qui n'ait pas •vu ses experiences et ses appareils, le seul qui n'ait pas accepte les 462 COSMOS. invitations que M. Ville a eu l'honneur delui adresser, sous ce rap- port, en 1849 et en 1850. Dans la derniere seance, M. Boussingault a dit, de plus, que si les plantes absorbaient vraiment de l'azote, on ne voit pas pour- quoi il serait n^cessaire d' employer des engrais azotes, puisque les plantes trouvent dans l'air un reservoir inepuisable d'azote. Le but et la portee de cette observation sont evidents. En eflet, on espere, a son aide, s'abstenir de discuter ; on oppose a M. Ville une sorte de refutation par l'absurde, et on souleve une difficulte qu'on suppose tres-embarrassante. Mais, en reality, la difficulte de cette objection ne reside que dans un jeu de mots. Supposons, en effet, qu'une plante elevee dans le sable aux depens de l'air et de 1'eau produise dans les quinze premiers jours qui suivent la germi- nation vingt feuilles ; supposons de plus que le produit de 1'ab- sorption de chaque feuille se traduise au bout des quinze jours sui- vants par la formation de vingt nouvelles feuilles et que le meme travail se reproduise invariablement de quinze jours en quinze jours, jusqu'a ce que la plante ait atteint le terme de son developpe- ment. Si les cboses se passent comme nous le disons, il en rdsultera que tous les quinze jours le nombre des feuilles de la plante aura double, et si la vegetation dure pendant trois mois , la plante se trouvera avoir produit 1 160 feuilles. Concevons maintenant une plante semblable a la premiere, mais cultivee dans un sol fume ; admettons que dans la premiere quinzaine , cette plante pro- duise seulement cinq feuilles de plus que la precedente, e'est-a-dire vingt-cinq feuilles , que dans les quinzaines suivantes , Taction de l'engrais se traduise invariablement par la formation de cinq feuilles supplementaires , les choses se passant d'ailleurs comme dans la premiere experience. Eh bien ! on trouve que la plante, apres trois mois de vegetation, aura du produire 2 975 feuilles , cest-a- dire presque trois fois plus que la premiere, bien que l'engrais n'ait contribue par sa substance qua. la formation de trente feuilles. Ce r6"- sultat qui, au premier abord, revet une apparence paradoxale, s'ex- plique de lui-meme, si on observe que les feuilles sont des organes d' absorption, et que celles qui derivent de l'engrais ne concourent pas seulement a. l'augmentation de la recolte par leur masse, mais encore par les feuilles issues d'elles, et qui sont le produit cons^cutif de leur absorption. Le but de l'agriculture etant de produire le plus de recolte pos- sible dans le moins de temps, on comprend comment l'emploi des COSMOS. 463 engrais azot&s sera toujours un auxiliaire necessaire pour atteindre ce but. M. Ville termine ainsi : « Je crois avoir repondu a toutes les ob- jections ecrites ou verbales , directes ou detournees qui m'ont et^ adressees; il ne me reste plus qua attendre avec une respectueuse deference le resultat de l'examen de la commission. » Desireux dele faciliter autant qu'il est en mon pouvoir, j'ai fait construire deux appareils que j'ai l'honneur de mettre a sa dispo- sition, m'offrant, si elle le juge convenable, pour les installer ou il lui plaira de m'appeler. » Avant de repondre au memoire de M. Boussingault , M. Ville avait cru devoir examiner le probleme de l'absorption de l'azote a un point de vueplus general, et, dans ce but, il avait trace l'histoire des efforts qu'on a faits depuis deux ans pour mettre la theorie qui fait deriver l'azote des plantes, de l'ammoniaque et de l'acide ni- trique de la pluie, en harmonie avec les faits de la grande culture qui la dement. Pour nous, nous avons cru faire mieux , en allant droit au der- nier Memoire du savant academicien, afin de mettre tout de suite la replique en opposition avec l'attaque : dans notre prochain cahier, nous suivrons M. Ville sur le terrain de son premier memoire, et apres avoir donne la parole a tout le monde, nous la prendrons a notre tour pour resumer la discussion et poser la question comme nous l'entendons. F. Moigno. {La suite et la fin a une prochaine Uvraison supplementaire.) ACADEMIE DES SCIENCES. SEANCE PUJBLIQUE ANNUELLE DU 3o JANVIEH. (Suiie.) PRIX DECERNES. PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPERIMENTALE. Le rapport a ete fait par M. Magendie ; la commission a de- mands que le prix fut accorde a M. CI. Bernard, pour des expe- riences qui mettent en lumiere une propriety entierement inconnue du systeme ganglionnaire. « Cette decouverte consiste a demontrer, par des experiences qui ont ete repetees sous les yeux de la commission, que la portion cervicale du grand sympatkique exerce une influence manifesto stir la temperature des parties auxquelles ses filets se dislribuent en accompagnant les vaisseaux arteriels. En effet, si, apres avoir verifie au thermometre ou par la simple application de la main la similitude de temperature des deux cote's de la tete d'un animal , on coupe l'un des filets cervicaux du sym- pathique, on constate immediatement une elevation tres-notable de temperature, du cote de la tete ou le filet a ete coupe\ Cet aecroissement subit de temperature, facile a constater dans 1 oreille, ou il peut etre de dix a onze degres centigrades , persiste pendant plusieurs semaines et meme pendant plusieurs mois, si, au lieu de se contenter de couper le filet, on a extirpe le ganglion cer- vical. L'augmentation de chaleur n'est pas limitee a la surface, elle s'dtend aux parties profondes; M. Bernard l'a reconnue dans les narines, les seins, les tissus sous-cutane"s et jusque dans la sub- stance cerebrale. « Tel est dans sa simplicity, dit M. Magendie, le fait nouveau auquel la commission a cru devoir decerner le prix de physiologie experimentale... II ne nous parait pas, pour le moment, susceptible d'une explication satisfaisante... Mais on ne saurait contester que par son caractere imprevu et son importance, il ne soit appel£ a ouvrir une voie nouvelle. » Nous regrettons vivement d'avoir a faire remarquer que les motifs enonces par la commission et son savant rapporteur n'ont pas paru fondds, et de nature a legitimer la concession d'un grand prix. Le fait, mis en evidence par M. Bernard , ne serait nouveau et riche d'avenir qu'autant qu'il constituerait une propriety inconnue et speci- COSMOS. 465 fique du nerf grand sympathique , qu'autant que l'elevation de tem- perature ne serait pas, comme M. Brown-Sequard l'affirrae et le de- montre, la suite tres-naturelle d'une congestion sanguine conse- cutive a la section des filets. L'appreciation de la commission est tres-certainement aventuree ou exageree, et elle aurait du attendre avant de decerner le prix. PRIX EELATIFS AUX ARTS INSALUBRES. 1. Epuration des bles. — Le rapport a ete fait par M. Du- mas. Les degats causes par l'alucite font eprouver des pertes incalculahles a l'agriculture fran9aise. lis sont pour les contrees- qu'elles frappent une cause de perpetuelle inquietude, de decoura- gementr de maladie. Le remede a de tels maux rentre-t-il dans la categorie des inventions que M. de Monthyon a voulu encoura- ged La commission academique se prononce unanimement pour 1' affirmative. Le grain attaque- par l'alucite occasionne de frequents eresy- peles chez les batteurs en grange, et surtout chez les lanceurs. La poussiere qui s'en echappe envenime la moindre ecorchure ; elle rend la guerison des excoriations ou blessures, si frequentes chez les ouvriers occup^s de tels travaux, fort longue et fort p^nible. Le pain fait avec du ble alucite est non-seulement l'objet d'un degoiit bien naturel et d'une repugnance que son odeur et sa con- sistance rendent souvent invincible , mais encore il est considere comme nuisible : on lui attribue quelques affections des entrailles ou du foie, observees dans les localites que l'alucite ravage. II est du moins avere" que les animaux les plus avides de grains laissent de cote le ble alucite : les poules, les souris, les pores meme n'y touchentpas. Nettoyer le ble, e'est done concourir efficacement au bien-etre public, a la salubrity generale ; et l'Academie etait tout a fait en droit de recompenser les travaux faits dans cette direc- tion. Elle a decerne trois prix. 1° Le premier, consistant en une gratification de 2 500 fr., est destine a recompenser le zele intelligent d'un agriculteur distingue, M. Arnaud, qui, des 1839 , en essayant d'introduire dans son do- maine 1'utile emploi de la machine a battre, s'est apercu quelle fournissait des grains debarrasses d'alucite. Convaincu, des lors, de l'immense utilite que son emploi offrirait aux contreea que l'alucite ravage, il s'est efforce, et il y a reussi, de modifier la machine a bat- tre, de maniere a la rendre applicable a ces bles alucites dont la paille sebrise trop facilement pour que les machines a battre generalement &66 COSMOS. employees puissent leur convenir. La machine a battre speciale dont M. Arnaud fait usage fonctionne depuis huit anneeschez lui avec economie et regularity. Au milieu d'une contree que i'alucite desole, ses recoltes en sont debarrassees ; l'insecte ne se retrouve , ni dans ses greniers, ni dans ses semailles. L'administration ren- drait un eminent service aux departements que I'alucite a envahis, en y favorisant 1'acquisition des machines a battre du systeme Ar- naud. Ces machines coutent 1 500 fr. environ; elles sont done au- dessus des ressources de la plupart des fermiers ; mais, comme elles seraient pour les communes un element de security et de pros- perity que rien ne saurait remplacer, les encouragements de l'Etat ne peuvent pas recevoir de plus utile application. 2° La commission, s'associant a la Societe centrale d'agriculture, a accorde un second prix de 2 500 fr. a M. Herpin. De son cote, il observait, en 1812, que les grains attaques par I'alucite en (Haient debarrasses par de violentes secousses ; il concluait de cette epreuve que le tarare, convenablement modified, constituerait un bon instru- ment d'epuration. Des essais en petit, mais deYisifs, ont justifie son opinion. II est bien a desirer que M. Herpin , poursuivaht ses ex- periences, fasse voir que le tarare ainsi modifie peut fonctionner avec economic, et qu'il est propre a manipuler de grandes masses debhS; car, le tarare, etant tres-repandu, permettrait d'effectuer partout l'epuration des bles. 3° La commission accorde enfin un prix, encore de 2 500 fr., a M. Doyere. L'histoire de I'alucite, traced par cet habile natura- liste, est le fruit d'une longue et consciencieuse dtucle. Elle con- stitue un guide excellent pour l'agronome et pour l'administrateur. M. Doyere a soumis a un examen scientifique severe, et a des expe-- riences sur une grande echelle, trois systemes d'epuration ou de conservation : la chaleur, le battage, l'emploi des silos. II prouve que le grain alucite est debarrasse des insectes qui l'at- taquent par une simple eleVation de temperature a 55°, laquelle est sans influence sur le germe et sur le gluten. II reconnait que des grains alucites, qu'on soumet a des chocs violents et repels, sont purges de leurs ennemis. Ces deux principes ont et6 mis a profit par M. Doyere pour la confection de deux appareils qui ont ete es- sayed en grand avec un succes complet. Dans le premier, l'epura- tion s'opere par la chaleur seule; dans le second, des chocs repet^s en font tous les frais. Les experiences faites a Bourges, et le service d'epuration orga- nise a Versailles dans les magasins de la guerre, n'ont laisse" aucun COSMOS. 467 doute sur l'efficacite des appareils de M. Doyere. Le charancon, l'alucite, la teigne, etc., ont disparu des bles soumis a leur action. Tout porte a croire que leur emploi deviendra general dans les ma- gasins consacres a l'approvisionnement et a la conservation des grains. lis epargneraient de grandes pertes, si, avant d'etre erama- gasin^s, les grains etaient toujours debarrassSs, a^ leur aide, de tous les insectes qui y pulluleront plus tard. Qu'il s'agisse, d'ail- leurs, du chauffage ou du battage des grains, la depense ne s'eleve pas au dela de 15 centimes par hectolitre, et se trouve bientot re* cuperee par les economies quelle permet de realiser sur les pelle- tages devenus inutiles ou dont on peut du moms diminuer beaucoup la frequence. M. Doyere s'est convaincu qu'apres avoir passe dans la machine a air chaud, les bles mis en silos avec des precautions faciles a observer dans la pratique en grand, offrent tous les gages d'une conservation qui depasse tous les besoins. Ses conseils a cet egard, accueillis par le gouverneur de l'Algerie, ont ete mis en pra- tique dans les approvisionnements de farmed d' Afrique. II. Parachutes pour le service des puits des mines. La descente et 1' ascension journalises par des echelles dans les puits de mines profonds occasionnent aux ouvriers une fatigue qu'ils deviennent incapables de supporter a un age assez peu avance, et qui dans la periode active de leur vie absorbe une partie notable du travail musculaire qu'ils sont capables de fournir. Aussi preferent-ils des- cends et remonter dans les tonnes mises en mouvement par des machines qui servent a l'extraction des minerais. Cette pratique donne lieu a des accidents nombreux causes par les ruptures de cable, les chocs de tonnes Vune contre l'autre on contre les parois des puits. On en a diminuc la frequence en ayant soin de s' assurer frequemment du bon . — M. Porro, a l'occasion des recherches du R. P. Secchi dont le Cosmos a publie l'analyse, adresse quelques observations relatives a la flection des lunettes. La flection du tube d'une lunette astronomique, monte sur un simple pied, pour contempler les astres, nuit a, peine a la nettete des images et a la perfection de leurs proportions ; mais quand il s'agit d'instruments d'astronomie proprement dits qui doivent, au moyen de cercles et autres organes, servir, par exemple, a la deter- &74 COSMOS. mination des coordonnees stellaires, les flections de toutes le# par- ties de l'instrument, notamment du tube de la lunette, seraient causes de graves erreurs et il faut absolument arriver a les eviter. Dans son memoire du 14 novembre dernier, M. Porro indique un moyen d'eliminer d'une maniere absolue les effets de la flection, mais ce moyen n'est applicable qu'aux lunettes construites sur un principe nouveau, avec des modifications substantielles : il consiste dans l'observation des fils refldchis par la quatrieme surface de l'ob- jectif qui est pour cela concave et de courbure convenable. Ce moyen ne peut pas servir a l'etude de la flection dans un instrument de construction ordinaire, parce qu'il exige que l'objectif seul soit relic directement au cercle alidade. Une note du R. P. Secchi, inseree dans la derniere livraison du Cosmos, nous apprend que cet habile astronome a experiments ce moyen de rectification avec un cercle meridien de Reichenbach. Mais comme l'objectif n'etait pas construit d'apres le principe nou- veau, le P. Secchi y a ingenieusement supplee par un miroir colie sur la premiere surface et produisant le meme effet. Le phenomene que M. Porro designe sous le nom de pheno- mene cathyalitique consiste dans la superposition de l'image reflechie du fil a l'image directe suffisamment eclairde ; mais M. Porro croit devoir remarquer que Tangle qui mesure le deplacement de rimage du fil ne represente pas la flection, ni meme une fonction mathe- matiquement assignable de la flection. II en eut ete de meme si, toutes choses egales d'ailleurs, l'objectif eut ete taille, comme il est dit dans son memoire du 14 novembre. La me'thode proposee par le P. Secchi n'elimine done pas la flection des lunettes; elle serait, au contraire, completement eliminee dans les instruments construits dans le nouveau systeme de M. Porro, parce que, dansceux-ci seu- lement, l'axe optique de la lunette se trouverait mis optiquement en relation immediate, d'une part avec la ligne de visee par un fil quelconque ; d' autre part avec le diametre zero du cercle clivise ; et cela presque a l'instant meme de l'observation d'un astre quel- conque, sans piece de rechange, sans qu'on touche a l'instrument, sans deplacement de l'observateur. D'autresastronomes, deja, qui comme le P. Secchi out tente des applications du moyen cathyalitique se sont plaints, comme lui, du manque de lumiere : ne connaissant pas de quelle maniere ces observateurs out illumine leur micrometre, M. Porro se borne a dire que les oculaires fabriques dans ce but a l'institut technomatique donnent, sous ce rapport, des resultats parfaitement satisfaisants. COSMOS. 475 Depuis la presentation de cette note , M. Porro a fait l'exp^- rience positive que voici, et qu'il communiquera sans aucun doute a l'Academie des Sciences, il a dirige" une lunette de 110 millimetres, quatre pouces environ d'ouverture de 1 430 millimetres de foyer (a peu pres 4 pieds) , grossissant environ 120 fois , vers une belle flamme produite par un bee de gaz en eventail , et place a un metre de l'objectif; il illuminait en meme temps les fils du mi- crometre par la lumiere laterale d'une lampe a huile; or dans ce CHAMP EBLOUISSANT DE LUMIERE , IL A NETTEMENT DISTINGUE L'lMAGE DES FILS PRODUITS PAR LA REFLEXION A LA QUATRIEME SURFACE DE l'objectif. Cette experience, vraiment extraordinaire, donne a M. Porro la certitude qu'avec une lunette meridienne construite dans son systeme , on pourra observer en plein jour la superpo- sition d'une 4toile, non-seulement avec les cinq fils, mais avec les cinq images de ces cinq fils, reflechies par la quatrieme sur- face de l'objectif; la moyenne des dix observations donnerait rigou- reusement l'instant de la coincidence avec l'axe optiqueabsolu ; et ce serait un progres immense. Nous sommes convaincu comme M. |Porro que la substitution de determinations purement opti- ques aux determinations dependantes de la forme et du mode d'a- justement des parties metalliques ou solides de l'instrument , est le nee plus ultra des perfectionnements auxquels on peut aspirer aujourd'hui pour les instruments d'astronomie. — M. de Quatrefages lit la note de M. Armand Bazin sur la maladie des haricots, des laitues et des melons de 1854. » M. Armand Bazin soumet a l'examen de la commission queM. le president de l'Academie des sciences voudra bien nommer un cer- tain nombre d'insectes trouves par lui sur des feuilles de haricots, de laitues et de melons cultives sur couche et sous chassis. On remarquait depuis quelques jours que les feuilles des plants de haricots, deja. assez avances pour donner des gousses bonnes a man- ger, dtaient piquees de taches jaunatres ; que lorsque le nombre des feuilles attaquees et des taches etait assez considerable , la plante commencait a languir et devenait plus tard gravement malade. On ne savait a quoi attribuer cette affection morbide. Inquiet de la voir grandir chaque jour, M. Armand Bazin se mit a l'affut et decouvrit bientot que ces ravages etaient causes par une multitude de petits insectes ailcs et sauteurs qui devorent le parenchvme a la surface superieure de la feuille et se cachent sous la surface inferieure toute recouverte de leurs excrements. Pour mieux constater le fait essentiel de l'infection des feuilles, M. Armand Bazin mit plusieurs insectes 476 COSMOS. dans des tubes de verre remplis de feuilles entierement saines, et vit eu effet qu'apres quelque temps ces feuilles eHaient attaqu^es et r£- duites a la merae condition que les feuilles malades des chassis. L'insecte ne ronge pas seulement le parenchyme, il empoisonne la feuille et la rend impropre a remplir ses fonctions respiratoires ; la plante alors souffre et finirait sans doute par mourir, si, sous l'in- fluence active d'une vegetation forcee, de nouvelles feuilles ne ve- naient pas sans cesse remplacer celles qui ont (He infect^es. Les haricots verts de 1854 sont done malades, et la maladie a pour cause, sans aucun doute, la presence £t la morsure d'un in- secte. Autant qu'on en peut juger par un premier examen, cet in- secte, inconnu jusqu'ici au Mesnil, est un hemiptere homoptere d'un genre tres-voisin des tettigones ou des psylles. Comme les feuilles des laitues nouvelles et de melons r^cemment sortis de terre se montraient aussi macules , dans un etat assez semblable a celui des haricots, etat qui , pour les melons ainsi que pour les citrouilles, s'etait deja manifesto l'annee derniere. M. Bazin exer9a une surveillance assidue et retrouva sur les feuilles de ces plantes , le meme insecte devastateur. Nous rappellerons a cette occasion que MM. Charles et St^phane Bazin ont decouvert, il y a deux ans, sur les feuilles des pommes de terre malades des insectes du genre podure, qui se cachaient pen- dant le jour, qui ne couraient que la nuit, et dont les morsures veni- meuses semblaient aussi etre la cause determinante de la maladie qui a fait tant de ravages. Enfin l'infection des feuilles de haricots observee aujourd'hui a tant d'analogie avec celle des feuilles de vigne que Ton semble en droit de prononcer que puisque la maladie des haricots a pour cause unique un insecte, la maladie de la vigne, comme quelques observateurs consciencieux l'ont deja annonce, doit avoir la meme origine. •> Cette note et les insectes qui l'accompagnent sont renvoyes a Fexamcn de MM. Brongniart, Milne-Edward et de Quatrefages. — M. Le Verrier pre^ente : 1° de tres-beaux dessins de.. taches solaires actuelles, faits par M. Chacornac ; 2° une note de M. Praz- mouski sur un moyen de determiner les erreurs personnelles. A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. PARIS. — IlirRlWERIE DE W. REMQUET ET Cie., R'JE GARANCIERE, T. IV. 28 AVIUIi l854.' TROISIEME ANNEE. COSMOS. FAITS DIVERS. TELEGRAPHE TRANSATLANTIQUE SOUS-MARIN. M. le lieutenant Maury, qui fait autorite" dans le domaine de la science, se declare parfaitement convaincu de la possibility pratique d'etablir une communication electrique sous-marine entre l'Ame- rique et l'Europe, parla voiede Terre-Neuve etdel'Irlande, il a ex- pos^ les bases desa conviction dans un m^moire presente surcesujet au ministre de la marine des Etats-Unis. De Terre-Neuve, dit-il, jusqu'en Irlande, sur une distance de 1 600 milles , le fond de la mer semble etre un plateau specialement dispose dans le but de porter les fils d'un telegraphe sous-marin. II est assez profond pour ne pas pouvoir etre atteint par les montagnes de glaces ou les glares fiottantes; il n'est pas trop profond pour qu'on ne puisse y deposer sans peine les fils conducteurs ; sa profondeur varie de 1 500 a 2000 brasses; il n'y a sur ces bas-fonds ni courants sensibles, ni agents d'erosion en action ; les eaux de la mer y sont aussi en repos qu'au fond d'un etang de moulin. Ces faits ont ete constates par les sondages operas sur place, et qui prouvent que le fond est recouvert de coquilles microscopiqu.es sans aucune molecule de sable ou de gravier; or, s'il y avait des courants sur ces bas-fonds, les co- quilles seraient rayees et confondues avec le sable ou gravier. L'ac- tion des vents et des courants ne s'etend done pas a cette profon- deur , et par consequent le fil telegraphique une fois pose sur le fond sera aussi a l'abri de tout accident, que s'il £tait tendu dans une boite a air ferme. En resume, de Terre-Neuve ou du Cap situe sur le cote nord du detroit de Belle-He jusqu'en Irlande , 1'eta- blissement du telegraphe sous-marin ne souffrira aucune difficult^. De Belle-Ile a la terre de Labrador, la difficulte sera beaucoup moindre encore evidemment. Dans le but de hater l'achevement de cette ligne qui rendrait al'AmeVique des services incalculables, le lieutenant M. Maury engage le gouvernement a offrir un prix 17 478 COSMOS. national a la Compagnie qui fera passer la premiere un signal tel£- graphique a travers 1' Ocean. TELEGRAPH E IMPR1MANT. Nous avons vu fonctionner il y a quelques jours, chez M. Ruhm- korff, un channant modele de telegraphe impriinant , invents" et construit par un brave horloger d'Einsiedlen, canton de Schvvitz. Les experiences ont admirablement reussi , les depeches sont ecrites en lettres romaines parfaitement formers. Nous ne pouvons mieux faire pour appeler l'attention sur ce telegraphe, que de publier le rapport d'une commission de la Societe des arts de Geneve. Les noms des commissaires, MM. de la Rive, Colladon, Wartman, Gautier, colonel Dufour , Bonyol , Privat , doivent inspirer une confiance absolue. L'appareil comprend d'abord un clavier forme d'un aussi grand nombre de touches qu'il y a de lettres, de signes ou de chiffres a transmettre. Ce clavier communique par un seul fil avec la station de reception. Dans celle-ci se trouve un mecanisme destine a 1'impression de la depeche , au moyen de deux roues pourvues de signes saillants a leur peripheric, qui s'encrent incessamment par leur passage devant un rouleau d'imprimerie, et qui s'abaissent au mouvement voulu pour tracer sur le papier le signe desire. Le mecanisme du manipulateur a une certaine analogie avec celui qua invente et execute M. Froment a Paris. II en differe toutefois essentiellement en ceci , qu'il suffit d'ouvrir et de fermer le circuit une seule fois pour la formation de chaque lettre ; le jeu des touches est combine avec celui d'un mecanisme doue d'un mouvement uni- forme, mouvement precisement de meme rapidite que celui qu'exe- cute un autre mecanisme situd dans le r^cepteur. Ainsi au lieu que ce soit une succession de ruptures et de clotures du circuit qui agissent pour etablir la correspondance des roues d'impression avec les touches, comme dans l'appareil francais, c'est un mecanisme pourvu d'un ^chappement qui assure l'uniformite. Une autre particularity essentielle qui distingue l'appareil de M. Theiler , c'est que la roue "est, apres 1'impression d'une lettre quelconque, ramen^e a sa position initiale. II en resulte que la machine rectifie elle-meme immediatement l'erreur qui peut se commettre dans la transmission, et qui du reste ne peut guere affec- ter qu'une seule lettre. Dans le modele qui a fonctionne sous les yeux de la classe, on peut obtenir une lettre par seconde. Mais cette limite sera facilement d^passee , et le constructeur obtiendra sans COSMOS. 479 doute une amelioration notable en introduisant dans un nouveau modele plusieurs perfectionnements qu'il a imagines , et dont il a fait part a la commission. Telle est entre autres la substitution d'une seule roue d'impression aux deux qu'il emploie actuellement. En somme, le tel<%raphe de M. Theiler offre, comme tous les t£- legraphes imprimants, l'avantage de ne rien laisser a Thabilete- et a l'attention du telegraphiste : il presente en outre plusieurs combi- naisons mecaniques fort ingenieuses , parmi lesquelles nous nous plaisons a citer : 1° L' application de Techappement libre au jeu dur^cepteur; 2° La disposition a l'aide de laquelle on reduit a deux les parties du commutateur qui fonctionnent pour la transmission de chaque lettre ; 3° Le m£canisme du remontoir spontane du ressort qui regit le rouleau entrainant la bande de papier sans fin; 4° L' artifice a l'aide duquel l'intervalle d'une lettre a l'autre, sur le papier, demeure constante et a. l'abri de toute impression. Nous avons l'honneur de proposer a la Classe de remercier M. Theiler de son inte>essante communication , et de decider qu'une copie du present rapport lui sera adressee en temoignage de sa satisfaction. » Geneve, 5 avril 1854. REMEDE SOUVERA1N CONTRE LA MIGRAINE. Prenez un certain nombre de gouttes d'huile de croton , melez- les avec de la farine et de la melasse, et faites autant de pilules que vous avez pris de gouttes. Lorsque le malade sent la migraine ve- nir, il prend, apres chaque heure, une demi-pilule jusqu'a ce que le remede ait produit Un effet leger de purgation. II fera la meme chose a chaque nouvel acces , et il ne tardera pas a s'apercevoir, non-seu- lement que les acces seront de plus en plus faibles, mais encore que, le plus souvent du moins, il sera completement gueri apres un petit nombre de traitements. II parait que l'huile de croton agit de trois manieres differentes : .1° en augmentant les secretions; 2° en con- tre-balan9ant Taction peristaltique de l'estomac et des intestins ; 3° en agissant sur le cerveau comme un contre-irritant. ENCRE POUR LES PLUMES METALLIQUES. M. le professeur Ronge a longtemps cherche la composition d'une encre qui ne deposerait aucun sediment, qui adhererait fortement au papier, qui resisterait a Taction des acides, et qui n'altererait pas les plumes metalliques. II a enfin obtenu un liquide de cette espece avec A80 COSMOS. dubois de campeche, du chromate de potasse et de l'eau ; sans vi- nai"re, sans gomme, sans sulfate de fer ou de cuivre, sans noix de o-alle et qui coute tres-peu. Les proportions sont 50 litres de decoc- tion de bois de campeche et 500 grammes de chromate de potasse. On fait bouillir le bois de campeche dans une quantite suffisante d'eau pour qu'une decoction de 10 kilog. de bois produise 80 litres de liquide ; quand le liquide est refroidi, on ajoute le chromate de potasse et Ton remue le tout fortement ; l'encre est alors toute pre- pared etpeut etre employee sur-le-champ : toute addition de gomme serait nuisible. II peut paraitre Strange qu'une si petite quantite de chrome convertisse en encre une si grande quantite de decoction ; i en est ainsi cependant, car si Ton augmentait la proportion de sel, la matiere colorante serait detruite; tandis que si la proportion est bien gardee, la matiere colorantevjaune du bois prend une couleur bleu-noir tres-belle ; cette encre n'est pas un precipite en suspen- sion comme le gallate de fer dans l'encre commune, mais une veri- table dissolution qui ne peut donner aucun depot. Le papier ecrit avec cette encre peut rester immerge" dans l'eau pendant 21 heures, sans alteration aucune ; les acides £tendus d'eau ne detruisent pas ou ne changent pas sa nuance ; il faut seulement que les plumes dont on se sert avec cette encre soient parfaitement exemptes de graisse ; on atteint ce but en les plongeant dans une lessive alcaline ou des cendres de bois. PRODUCTION DE LA VAPEDR ! EXPERIENCES ARDEMMENT DESIREES. Un anonyme demande au redacteur du Journal de VInstitut de Franklin, si, pour rendre beaucoup plus economique la production de la vapeur, on a deja essaye d'introduire dans le generateur de petites quantites de liquides plus legers et plus vaporisables que l'eau; une substance qui, en penetrant l'eau, la rendit plus per- meable et devint comme 1'intermediaire d'une action plus rapide et mieux diffusee de la chaleur. Une ou deux experiences grossieres avec de petites doses d'eau-de-vie de froment, faites par l'auteur, n'ont pas donne des resultats definitifs a cause du mauvais etat des appareils. C'est une question importante de savoir s'il existe ou non un liquide possedant les qualites exigees pour l'emploi qu'il b'agit d'en faire. Mais il est certain qu'il y a dans la nature un fiuide exti emement abondant, qui ne coute rien, et qui accelere gran- dement 1' evaporation des liquides lorsqu'il traverse leur masse ou qu'il est mele avec eux. Ce fluide, c'est l'air ordinaire, et l'auteur de la lettre que nous analysons demande instamment qu'un de nos COSMOS. 481 lecteurs examine si son introduction dans le ge'neVateur produirait du gain ou de la perte. On pourra, par exemple, placer entre la pompe alimentaire et le bouilleur un reservoir rempli d'air, sem- blable, sauf modifications, a l'appareil dont on se sert pour faire de l'eau gazeuse; le tube par lequel sortira le gaz devra peut-etre des- cendre jusqu'au fond du bouilleur, etre perce lateralement sur sa cir- conlerence, de petits trous, afin que Fair sortant rompe et divise en tres-petites gouttes l'eau chaude qu'il rencontrera. Nous recomman- dons cette note a l'attention de M. le Dr Barthelemy qui a fait de curieuses et importantes experiences de ce genre dans ses ateliers de St-Ouen ; nous savons. quil avait obtenu, dans cette voie, des r6- sultats merveilleux, mais irreguliers. CONSERVATION DES SANGSUES MEDICALES. M. Ch. Fermond croit avoir demontre, par des experiences com- paratives sur la conservation des sangsues : « 1° Que les eaux de Seine et de pluie conviennent mieux a. ces animaux que l'eau du canal de l'Ourq, et surtout que l'eau seleni- teuse des puits de Paris ; 2° Que les vases en faience sont bien preferables pour la conser- vation des sangsues aux vases de verre ou de terre vernisses, les- quels sont a leur tour superieurs, sous ce rapport, aux vases de gres que Ton a coutume d'employer ; 3° Que 1'obscurite est fatale a la conservation des sangsues et qu'il vaut mieux les placer a la lumiere ordinaire; 4° Que meme dans les conditions de meilleure conservation, dans l'eau de Seine ou de pluie et les vases de faience, il y a une diffe- rence entre les avantages de la conservation dans l'eau et la conser- vation dans la terre : que pour le meme espace de temps, tandis que la mortalite a ete dans le premier cas de pres de trois quarts, dans le second cas, au contraire , elle n'a ete au plus que d'un cin- quieme; 5° Que pourtant, dans l'experience que nous avons faite avec la terre, nous avons reconnu plusieurs inconvenients que nous avons cherche a faire disparaitre dans l'etablissement d'un petit appareil auquel nous avons donne le nom de majais portatif ; 6° Que les principaux avantages de ce marais sont surtout, 1 le renouvellement facile de l'air dans leur interieur, puisqu'a l'aide d'un stratageme particulier lious empecbons les sangsues de s'e- ehapper sans avoir besoin de les couvrir d'une toile ou autre tissu; 2 le renouvellement facile de l'eau corrompue par de l'eau fraiche &82 COSMOS. et pure au moyen d'un emplacement rationnel de bas en haut, pen- dant lequel la terre peut elle-meme etre lav£e et privSe des matieres infectes qui pourraient la souiller ; 7° Qu'une ldgere modification apportee dans ces marais por- tatifs peut les rendre tres-propres a la conservation des sangsues cHrangeres qui doivent subir les fatigues d'un long voyage sur mer ; 8° Qu'enfin il est possible d'appliquer notre systeme de depla- cement rationnel a la conservation en grand des sangsues dans un vaste etablissement, d'apies les principes que nous avons posers, d'un marais permeable , artificiel , aussi grand qu'on le jugera necessaire. » PROCEDE DE PURIFICATION DES ALCOOLS. M. Luther Alwood de Massachusset a pris un brevet d'invention pour unprocede" a l'aide duquel on depouille les alcools et les es- prits des huiles empyreumatiques qui leur communiquent une odeur desagreable. Je prends, dit-il, trois livres d'oxyde de manganese reduit en poudre fine, cinq livres de nitrate de potasse ou de nitrate de soude , je les mele aussi parfaitement que possible, je les fais fondre dans une cornue, et je continue Taction de lachaleur jusqua ce que la masse fondue passe de l'etat fluide a l'etat de matiere pa- teuse: quand cette masse est refroidie, je la reduis en poudre et la conserve seche pour l'usage que j'en voudrai faire. Elle contient du manganate de potasse ou de soude, ou des permanganates de ces bases avec exces de potasse ou de soude, et des impuret^s terreuses. Par chaque gallon (4 litres et 1/2) d'alcool a 85 ou 90 centiemes, j'emploie 2 onces (60 grammes) de poudre, je les dissous dans 8 onces (240 grammes) d'eau, et j'ajoute cette solution a l'alcool en meme temps que j'agite vivement. Ces proportions sont celles qui conviennent aux alcools ordinaires ; dans les cas extraordinaires, pn ajoutera assez du compose chimique pour faire disparaitre com- pletement l'odeur des huiles empyreumatiques. L'alcool ainsi pu- rine doit etre deliarrasse" par la distillation a une douce chaleur des matieres qu' elle tient en dissolution ou en suspension. STANCE PUBLIQDE ANNUELLE DE LA SOCIETE EOYALE ASTRONOMIQUE DE LONDRES , 10 FEVRIER 1854. Resume des travaux accomplis pendant lannee 1853 , dans leS obseivatoires de £ Angleterre et des possessions britanniques. La stance est presidee par M. G. B. Airy, astronome royal. MM. H. Toynbee, Arthur Martin, Joseph Glover, H. Besant, Charles Roberson , S. H. Wright, sont elusmembres de la Society. On lit le rapport relatif a l'analyse des travaux accomplis l'annee derniere. Le conseil a ete" mis en possession du montant du legs Tumor, destine a augmenter les richesses de la bibliotheque de la Societe ; l'emploi de ces fonds sera fait au fur et a mesure des be- soins et des circonstances, conformement a la volonte du testateur. Le conseil espere que, lorsque les membres apprendront la mise en vente d'ouvrages d'astronomie de quelque importance, que la bibliotheque ne possede pas, ilsferont connaitre au secretaire le titre de l'ouvrage et l'endroit oil Ton peut se le procurer. La grande medaille, dont la Society dispose chaque annee, est decernee a M. Riimker, pour son grand et laborieux catalogue d'6- toiles, aujourd'hui heureusement terming. Ce catalogue sera proba- blementla derniere ceuvre de cet astronome, dont tout le monde a admire la longue et feconde activity mais tout fait esperer que M. Riimker vivra encore assez longtemps pour voir les fruits de son travail, et se rejouir des progres qu'il aura fait faire aia science a laquelle sa vie fut tout entiere consacree. Le vingt-deuxieme volume des memoires de la Societe vient de paraitre. Le conseil croit devoir appeler l'attention sur le memoire suivant : Observations du reverend feu Thomas Cation, du college Saint-Jean a Cambridge. Ces observations sont surtout relatives aux Eclipses des satellites de Jupiter , aux occultations des etoiles par la lune, et autres phenomenes semblables : comme elles s'eten- daient a une periode de quarante annees , et qu'elles semblaient faites avec le plus grand soin, il etait grandement a d^sirer qu'on les publiat sous une forme qui les rendit accessibles a tous les astrodo- mes. Le travail de reduction a et6 fait sous la surveillance de f as- tronome royal : imprime" aux frais de la Society il est precede d une lumineuse preface de M. Airy, et d'une introduction dans laquelle celui-ci condense les r^sultats et les conclusions auxquelles ces ob- servations conduisent. « C'est, ajoute le rapport, une de ces nom- 484 COSMOS. breuses circonstances dans lcsquellos je conseil se plait a reconnai- tre et a proclamer les nobles efforts que fait chaque jour M. Airy, pour faire profiter la science de materiaux qui, malgre leur valeur intrinseque, auraient entitlement peri, ou seraient restes enfouis pendant des siecles, dans les archives de quelque bibliotheque pu- blique. Le volume des memoires contient aussi un travail sur la theorie de l'echappement des horloges, parM. Bloxam de Madere; on reconnut, en le lisant, que c'etait line ceuvre de grand merite; mais il n'avait pas le caractere astronomique que Ton exige des memoires imprimes dans les Transactions de la Societe; M. Airy a bien voulu le remanier et en surveiller l'impression ; c'est done a lui que les astronomes praticiens devront de pouvoir consulter avec fruit des recherches prdcieuses sur un sujet digne de toute leur attention. Observatoire royal de Greenwich. — En ce qui concerne les instruments astronomiques principaux, ou instruments etalons de l'Observatoire, on n'y a fait aucun changement essentiel ou impor- tant. Le cercle des passages du cercle meridien conserve toujours son caractere eleve {high character) d'instrument parfait qu'd doit a ses grandes dimensions et a. sa stabilite; les observations iaites avec ce cercle sont excellentes au premier degre (first rate excel- lence). L'altazimuth a ete employe avec la meme assiduite, et les qualites relatives des observations de la lune faites avec cet instrument, comparees a celles faites avec le cercle des passages, sont les memes que l'annee derniere. L'organisation des operations galvaniques annexees aux travaux oidinaires de l'Observatoire , devient de plus en plus complete. Par le moyen de l'horloge mo- trice electrique, et le systeme de fils conducteurs qui relient l'Ob- servatoire avec la station centrale, au pont de Londres, de la com- pagnie du chemin de fer du sud-est, des signaux horaires, donnant exactement le temps solaire moyen de Greenwich, sont transmis aux bureaux de la compagnie du telegraphe electrique, a Lothbury, dans le Strand, a Londres, a Tunbridge, a Deal, a Douvres, plu- sieurs fois par jour. La chute de balons-signaux est determinee sur la tour du Strand, et a Liverpool, simultanement avec la chute du ballon de Greenwich, a une heure apres midi. De plus, par le moyen d'une disposition ingenieuse menagee a Lothbury, des signaux de temps sont envo}'es a dix heures avant midi, et a une heure apres midi, chaque jour, de Greenwich, aux diverses stations sur la ligne de la compagnie de telegraphie electrique. On installe en COSMOS. 48S ce moment, dans le port de Deal, un ballon dont la chute sera de- terminee par celle du ballon de Greemvich, au moyen des fils con- ducteurs de la ligne du South -Eastern. Les irregularites qui se montraient de temps en temps dans le mecanisme du bardlet, ou du mouvement d'horiogerie qui fait tour- nerle cylindre sur lequel sont immediatement enregistres les pas- sages observes au cercle meridien ou l'altazimuth, suivant la me- thotle americaine, out ete elimin^es; le mouvement conduit main- tenant, avec une regularity parfaite, le cylindre qu'il commande; et la marche de ce cylindre a toute la stabilite desirable. L'astronome royal est entre en negotiation avec M. De la Rue, pour la fourni- ture d'un papier plus apte a recevoir l'impression des observations de passage, et ce gentleman, avec le zele qui l'anime toujours quand il e.st question des interets de la science, a pris ce sujet en grande consideration. Des epreuves satisfaisantes ont ete faites relative- merit a l'efficacite generale de l'appareil ; on a etendu sur les cylin- dres une feuille de papier ordinaire, sur laquelle une pointe mise en action a chaque battement de l'horloge des passages, par un electro- aimant, fait des marques parfaitement regulieres et d'intensite par- faitement egale, pendant plusieurs revolutions successives du ba- rdlet. Aussitot apres la pose des fils conducteurs qui lient 1'Observatoire de Greenvich avec les stations du chemin de fer du sud-est et de la compagnie de telegraphie electrique, on avait compris que 1'une des plus interessantes et des plus usuelles applications de cette commu- nication telegraphique serait la determination des longitudes des principaux observatoires des lies Britanniques et de ceux du con- tinent, places dans le voisinage des fils. Pendant l'ann^e qui vient de s'ecouler, on a profite de cette occa- sion £minemment favorable pour fixer definitivement les longitudes de Cambridge, d'Edimbourg et de Bruxelles. Cette entreprise a ete couronnee d'un plein succes, au moins en ce qui concerne les com- munications galvaniques et l'observation reguliere des signaux. La longitude de la lunette meridienne de 1'Observatoire de Cambridge, a 1 est de la lunette meridienne de 1'Observatoire de Greenvich, de- duite de 279 signaux, est de 22" 956. La ndcessite de transmettre le temps de la station du chemin de fer a 1'Observatoire au moyen d'un chronometre a amene quelques inexactitudes qui forceront a repeter les experiences, de sorte que la longitude de 1'Observatoire d'Edimbourg n'est pas encore arretee. Les temps sideraux des observations simultanees d'etoiles, faite &86 COSMOS. a Bruxelles et Greenvich dans la seconde seVie d'experiences, ont ele* calculus a Greenvich, mais ils ne le sont pas encore a Bruxelles. On ne peut done pas donner encore la longitude exacte de Bruxelles par rapport a Greenvich. Les 446 signaux, transmis et recus dans la premiere stfrie d'experiences, donnaient pour cette longitude le nombrel7'29"256Q\ Parun decret recent, l'Observatoire de Paris a £te soustrait de la sur-intendance du Bureau des longitudes : il est possible que la nou- velle administration apporte quelques delais a la terminaison des arrangements arretes pour l'union electrique des deux Observatoires de Paris et de Greenvich. Observatoire de Radcliffc. — Les instruments meVidiens de l'Ob- servatoire de Radcliffe ont ete employes pendant l'annee derniere a completer le catalogue des etoiles circumpolaires, sur un plan ar- rets d'avance, et qui consiste a observer chaque dtoile pendant au moins deux amines. Quoique ce procede soit grandement labo- rieux, on a reconnu qu'il est absolument necessaire pour assurer l'identite des Etoiles observers dans les deux instruments, surtout lorsque ces astres forment des groupes tres-serr^s. II reste a faire, sous ce rapport, beaucoup plus qu'on n'avait pense\ a tel point que l'on a du renoncer pour le moment a. etendre le catalogue a des etoiles plus australes, comme on l'avait rcsolu. L'attention que l'on avait de noter a chaque observation la grandeur de l'etoile, quand il ne restait plus aucun doute sur sa determination, a fait decouvrir 4 nouvelles etoiles variables qui ne paraissent pas avoir ete signalees jusqu'ici. Voici les positions de ces etoiles en ascension droite et en decli- naison ou distance au pole nord : lel* A.R. 10h 34m 15s D.P.N. 20° 37' 6 2e = 12 37 32; = 28 6, 4 3e =: 19 32 54; = 40 7, 6 4e = 23 51 1; — 39 25, 4 (28960e Groombridge.) La premiere etoile est l'etoile principale d'une etoile double; son compagnon est de 10e grandeur 1/2, et n'est pas variable. MM. Pogson et Lucas, a qui est due la decouverte de ces change- ments, assignent pour periodes, apres des observations faites pen- dant deux ans avec le plus grand soin : a la premiere, 304 jours ; elle descend de la 7e grandeur et 1/2 a l'invisibilite ; a la 2C, 222 jours et 1/2, elle descend de la 7e grandeur a la 12e; a la 3C, 387 jours, el!e descend de la 8C grandeur a la 13e; a la 4C, 500 jours environ, elle descend de la 6C grandeur et 1/2 a la 13e et 1/2. COSMOS. &87 On avait.pense que l'heiiometre serait d'un excellent emploi dans la determination des parallaxes des etoiles, et que des determinations de ce genre seraient eminemment propres a mettre en Evidence les qualite de ce bel instrument ; on a, en consequence, pendant les an- nees 1852 et 1853, fait de longues series d' observations sur les Etoiles 1830e du catalogue de Groombridge, et la 61e du Cygne. Quoique l'ensemble de ces observations n'ait pas encore ete discute, elles justifient deja. l'annonce faite par Bessel , pour la 61c du Cy- gne, d'une parallaxe annuelle, et assignent a cette parallaxe une valeur tres-rapprochee de celle trouv^e par le celebre astronome de Koenigsberg. Les etoiles de comparaison choisies par M. Pogson sont differentes de celles choisies par Bessel ; ce sont la 7320e du catalogue B. A. C., de sixieme grandeur a peu pres, et la 41030° de Lalande, de huitieme grandeur. Les observations deja. reduites com- prennent a peu pres trois pe>iodes de maximum et de minimum ; traitees par la methode de Bessel, elles donnent pour la parallaxe de la61cdu Cygne 0",384 avec une erreur moyenne de + 0,0182 ; on sait que la derniere determination de Bessel etait 0",348 avec une erreur moyenne de + 0,044, et quelle devait subir encore une cor- rection relative a la temperature de la vis micrometrique ; cette cor- rection, suivant M. Peters, amenerait la parallaxe a 0",360, avec une erreur moyenne de + 0,016. Quant a. l'etoile 1830e du catalo- gue de Groombridge , le re^ultat promet d'etre moins decisif. Observaloire de Cambridge. Les observations meridiennes de 1848 sont imprimees; le professeur Challis reduit maintenant celles de 1849 et des armies suivantes. Ce travail de reduction est rendu beaucoup plus rapide par l'emploi de l'instrumentdecrit dans le vo- lume 10, page 182 des Monthly notices. La publication des observa- tions equatoriales des planetes et des cometes se fera sur un plan beaucoup meilleur, qui permettra d'enregistrer complement et ra- pidement chaque observation, et le r^sultat moyen des series d'ob- servations de chaque astre pendant la duree de la nuit entiere Les observations des astero'ides faites particulierement avec l'equato- riale de Northumberland sont poursuivies avec une tres-grande di- ligence. Observatoire d Edimbourg . Les astronomes d'Edimbourg s'oc- cupent exclusivement des mesures meridiennes des etoiles ; les ob- servations sont completement requites jusqu'a la fin de 1852 , et meme en partie pour l'annee 1853. Un ballon-signal a ete installe sur la haute tour du monument de Nelson, dans le voisinage de l'Observatoire ; il est en liaison imme- &88 COSMOS. diafe, par des fils conducteurs, avec l'horloge des passages, qui ]e fait tomber au moment convenu. Depuis trois mois que cet ap- pareil fonctionne, il s'est montre si exact et si grandement utile, que des dispositions sont prises pour installer de semhlables ballons a Glascow, a Greenock , a Dundee et autres ports de l'Ecosse. La chute de tons ces ballons sera determined simultanement par un si- gnal kMegrnphique parti de l'Observatoire d'Edimbourg. Observatoire de Durham. A Durliam l'attention s'est principale- ment portee sur les petites planetes et les calculs qui les concer- nent. Le directeur de l'Observatoire, M. Ellis, qui a passe a l'Ob- servatoire de Greenwich, a 6te remplace par M. Georges Riimker, tres-connu com me calculateur praticien. Observatoire de Liverpool. A Liverpool, M. Hartnup continue de se devouer aux observations faites en dehors du meridien, d'une na- ture plus delicate, qui sont d'un interet plus immediat et plus pres- sant. Les pages des Astronomische JSachrichten montreront mieux l'habilete" et ' 'intelligence de cet observateur zele, les excellentes qualites de ses instruments, et le grand cas qu'on fait en Europe dee observations de Liverpool. Les positions donnees par M. Hart- nup ont rendu beaucoup plus facile a MM. Bruhns et Marth le calcul des orbites de Calliope, de Thalie et d'Euterpe ; M. Hartnup a ob- serve la troisinne comete de 1853 en pleiu jour, ce qui n'a encore ete obtenu , autant que nous le sacbions, que par lui et M. Jules Schmidt. Les observations meteorologiquesde l'Observatoire de Li- verpool sont publiees chaque semaine dans les journaux politiques, commerciaux et medicaux. Les marins anglais et americains commen- cent a prendre l'heureuse habitude de deposer leurs chronometres a l'Observatoire; M. Hartnup se prete avec beaucoup de zele aux observations necessaires pour determiner leur marche et les for- mules empiriques propres a donner la correction correspondaute aux diverses temperatures. Un ballon-signal est aussi installe sur l'Ob- servatoire de Liverpool et tombe par Taction de l'horloge meridienne de Greenwich; il est scrieusement question de placer ce ballon dans un lieu beaucoup plus eleve\ Observatoire de Madras. Le capitaine Jacob, directeur de l'Obser- vatoire de Madras, a publie un nouveau catalogue de 100 etoiles dou- bles, resultat d'observations faites de 1850 a 1852, avec l'equatoriale de Lerebours : e'est comme la suite de son catalogue de Poona. II si- gnale avec soin les Etoiles qui semblent anim^es d'un mouvement propre ; la plus remarquable est a duCentaure pour laquelle Tangle que form en t les rayons visuels menes aux deux etoiles change d'une COSMOS. 489 maniere tres-manifeste, raeme dans une courte periode de temps. Nous n'avons pas, dit le rapport, arecommander les catalogues de Poona et de Madras aux observateurs d'etoiles doubles; le zele et 1'intelligence du capitaine Jacob sont grandement apprecies de tous ; et l'importance de ce nouvel apport fait par lui a l'une des branches les plus interessantes del'astronomie pratique ^erabientot estimee a sa juste valeur. Malheureusement le climat de Madras n'est ni tres- propre aux observations astronomiques , ni favorable a la saute" de de l'observateur. Travaux divers. Une commission avait ete chargee de faire construire pour le parlement un nouveau yard-etalon, en remplace- ment de celui qui avait peri. Elle etait chargee en meme temps de procurer de nombreuses copies de cette mesure officielle ; ces copies devaient etre faites avec differents metaux, en cuivre, en laiton , en fer, en acier, etc. Leurs longueurs ont et6 comparees avecle plus grand soin, sous la direction de l'astronome royal, M. Airy, par MM. Sims et Sheepshanks, a diverses temperatures ; il est resulte de ce travail une excellente echelle de comparaison des dilatations, et elle ne s'etend encore que de 7 a 18 degres, mais on a resolu d'en faire par de nouvelles mesures prises a des temperatures plus basses et plus elevens, une echelle complete et absolue de dilatation. Tout le monde sait que les tables usuelles de dilatation sont vraiment erronees , surtout en ce qu'elles supposent que l'accroissement de longueur est uniforme entre la temperature de la glace fondante et celle de l'eau bouillante, tandis que la dilatation correspondante a un degre- est beauc^up plus grande vers zero que vers cent degre's. De tous les metaux que nous avons nommes, la fonte de fer est celle qui se dilate le moins ; vient ensuite l'acier fondu. Dans son rapport au gouvernement, le comite , pour la construction du yard et de la livre etalons, appuie fortement sur la neeessite absolue de courier desormais la garde et la direction des poids et mesures du royaume a un homme de science, dont l'aptitude etles connaissances speciales soient hautement proclaaiees. Un bon geometre, a l'ceil et aux doigts delicats , parfaitement initie a. tout ce qui concerne les poids et mesures, familiarise avec les langues et les usages du conti- nent, s'honorerait lui-meme en acceptant un semblable poste, et rendraitde grands services au pays. Le comite de la Societe royale de Londres, charge depoursuivre avec activite l'installation dans l'hemisphere du sud d'un grand telescope a reflexion, a fait au gouvernement la demande des fonds necessaires, et tout fait esperer que cette demande sera bientot &90 COSMOS. homoloouee. Le devis avait pour base une estimation faite par M. Grubb, de Dublin, en adrnettant que le telescope serait un r6- flecteur de quatre pieds monte" equatorialement sur un plan pro- pose par MM. Robinson et Grubb. Une sous-commission, compo- sed, en outre de M. Robinson, du comte de Ross, de MM. de La Rue et Lassel, est chargce d'etudier et de resoudre les difficultes que prdsente l'installation equatoriale d'un telescope r£fi£chissant. Le concours d'hommes si <§minents r£alisera certainemcnt une ceuvre paifaite. Le rapport entre dans d'assez longs details sur les 4 petites pla- netes decouvertes en 1853, par MM. de Gasparis , Chacornac, Luther et Hind ; sur les 5 cometes vues d'abord par MM. Secchi , Schweizer, Klinkerflues , Bruhns et Van Arsdale. MM. Encke et Hansen, deja si connus par leurs grands travaux relatifs aux perturbations planetaires, ont entrepris plus recemment des recherches sur la theorie des mouvements des petites planetes, et sont arrives, chacun de leur cot£, a des resultats qui paraissent tout a fait satisfaisants. Ces deux geometresont etabli des formules au moyen desquelles on pourra, sans un trop grand travail, calcu- ler les perturbations d'une planete quelconque pendant une periode indefime de temps , dans le passe ou dans l'avenir. M. le docteur Brunow, qui a aide M. Encke dans ses recherches sur ce sujet, a deduit de ses formules les perturbations de Flore , par Jupiter et Saturne, en employant les coordonn£s polaires du mou- vement trouble de la planete. M. Hansen a fait 1' application de sa methode au calcul des perturbations d'Hegerie par Jupiter. Nous avons dit que M. Adams avait reconnu que l'expression fondamentale sur laquelle Burckhardt fait reposer le calcul des tables des parallaxes etait erron^e, parce qu'on avait neglige certains termes ; l'erreur pouvait s'elever, en certains cas, a. 6 ou 7" ; elle est d'autant plus regrettable, que les tables de Burckhardt ont ete employees p'artout dans le calcul des positions de la lune, pour les ephemerides publiees annuellement dans diverses contrees de l'Eu- rope. Les rectifications indiquees par M. Adams ont et^ deja prises en consideration par les calculateurs du Nautical almanack et des ephemerides de Berlin ; et, sans aucun doute , on en tiendra compte dans toutesles publications a venir. M, Adams a soumisa un rigoureux examen les expressions de la parallaxe de la lune, etablies theon- quement par MM. Damoiseau, Plana et Pontecoulant. II a r^ussi a si bien rectifier les calculs de ces gSometres, que les trois valeurs de la parallaxe presentent un accord qui ne laisse plus absolument rien cosmos. un a desirer. Le jeune et savant astronome geometre a niontie, en outre, que la valeur de laconstante de la parallaxe deduite par M. Henderson, de l'observation jointe aux tables lunaires de Da- moiseau, celles-ci etant corrigees avec soin, s'accorde parfaitement avec la valeur qu'on deMuirait de la theorie, en prenant pour base le chiffre assigne par M. Peters a la constante de la nutation. Les re- sultats auxquels M. Adams a ete conduit dans ses recherches sur la parallaxe de la lune , pourront etre verifies directement par les observations qui vont etre faites de notre temps ; il n'en sera pas ainsi d'une autre rectification d'un point de la theorie lunaire sur lequel M. Adams a porte son attention , avec les succes que lui assure sa grande puissance d' analyse. II a decouvert tout recem- ment, dans l'expression connue de l'inegalite seculaire du moyen mouvement de la lune , l'existence d'une classe de termes qui ont echappe" a la sagacite de Laplace, et qui, a cause de la grandeur considerable de leurs effets reunis , peuvent exercer une influence sensible sur la date de plusieurs eclipses anciennes. Les doutes, a, cet egard, ne seront compl^tement leves qu'apres que M. Adams aura complete de la meme maniere l'examen de l'inegalite seculaire du perigee et du noeud de l'orbite lunaire, examen qui, en ce moment, l'occupe tout entier. Ce qui nous a encourage surtout dans le travail long et difficile que nous imposait la traduction de ce precieux document, c'est la pensee de son utilite. En voyant cette longue serie annuelle de tra- vaux astronomiques faits dans l'Angleterre, moins peuplee et moins generalement savante que ne Test notre France, on compren- dra mieux ce que nous avons a faire pour soutenir une si re- doutable concurrence , ou pour mieux suivre de loin les traces de nos inf'atigables voisins. .1.1 est temps que nous sortions de no- tre trop vieille inertie ! Nous conjurons le nouveau et ardent di- recteur de l'Observatoire imperial de faire bientot actede presence, ne fut-ce qu'en obtenant immediatement qu'un premier ballon-si- gnal soit installe sur le palais de la Bourse, la tou'r Saint-Jacques ou l'une des tours Notre-Dame, et que ce ballon, mis en mouve- ment par un signal electrique, parti de l'Observatoire, indique en tombant le temps moyen exact de Paris. Des ballons semblables tomberont plus tard simultanement au Havre, a Cherbourg, a Nantes, a Brest, a Pochefort, a Bordeaux, a Toulon, a Marseille, et la glace sera rompue. II faudra ensuite restaurer nos rares obser- vatoires et en etablir d'autres, etc., etc. F. Moigno. APPLICATION DE I/ELECTRICITY SVR LES DIVERSES MANIKRES DE METTRE LE FEU AUX MINES PAR I.'kLECTRICITE , ET EN PARTICULIER PAR LA MACHINE A INDUC- TION DE M. RHUMKORFF. FAR M. SAVARE, Chef du g(5nie, au Mans. Dans tout precede pour mettre le feu aux mines, il faut distinguer trois choses : la source d electricity, le conducteur et 1' amorce. La premiere application tentee en France de l'electricite- a l'ex- plosion des mines date de 1832. La source de 1' Electricity Etait la bowtcille deLeyde; le conducteur, un fil de laiton recouvert de re- sine; l'amorce, un petard eleetrique tres-ingenieux : malgre tout ce qu'on peut reprocher a ce precede, il etait le seul qui jusqu'a ce jour eut pu produire les explosions simultanees d'une maniere par- faite, et en aussi grand nombre qu'on voulait. Le grand obstacle que presentait ce precede etait l'isolement des conducteurs, et si le lieu- tenant Fabien, qui a le merite d'avoir fait le premier ces experien- ces, avait eu a sa disposition des fils de gutta-percha, il n'y a pas de doute qu'il ne fut arrive aux resultats obtenus cette annee au camp d'Olmutz, oil Ton n'operait qu'avec l'electricite ordinaire. De 1832 a 1844, on essaya d'utiliser les effets d'incandescence produits par le courant de la pile voltaique; mais ces effiets etaient trop inconstants et trop clifficiles a obtenir avec les piles a un seul liquide. Des que les piles a effet constant furent inventees ; que la composition de la pile de Bunsen fut connue, le commandant de l'ecole regimentaire de Montpellier se hata de se la procurer et obtint des resultats qui n'ont pas ete depasses. Dans 1'etat actuel de l'art, la source d'electricite est done unepile de Daniel, de Grove ou de Bunsen; le fil conducteur est un fil cylindrique de fer ou de cuivre recouvert de gutta-percha; l'amorce est une boite remplie de poudre, au centre de laquelle aboutissent deux fils fins en platine; l'etincelle qui enflamme la poudre part entre ces deux fils, separes par une distance convenable; on a choisi le platine parce qu'il n'est attaque ni par l'eau, ni par l'air, ni par les substances com- posantes de la poudre. Pour les explosions sous l'eau, l'etui de l'a- morce est depose au centre d'un tonneau hermetiquement ferme et garanti parfaitement de l'humidite. Pour les fougasses ou fourneaux des petites mines, et pour les explosions sous l'eau de moindre impor- tance, l'etui est plonge dans une bouteille contenant la poudre, ermee et lutee avec le plus grand soin, de maniere a ce qu'il n'ait COSMOS. £93 rien a craindre de l'humidite' pendant un sejour de plusieurs mois dans l'eau ou la terre humide. L'experience a constate" un fait assez singulier, c'est que plusieurs bouteilles pleinesde poudre, enfermees dans une meme boite enfouie en terre, et clout une seule contenait 1 etui d'amorce, faisaient explosion simultanement, comme si ]a charge avait ete reunie sous une meme enveloppe. Avant qu'il eut eu connaissance des experiences faites en Angle- terre et en Fiance, M. le capitaine Savare determinait l'explo.sion de la poudre au moyen d'un petit appareil mecanique mis en mou- vement par le courant £lectrique. Un ressort fixe solidement a une de ses extremiles, et portant a l'autre un marteau, etait tendu au moyen d'un levier en spirale ou d'un excentrique lie a une arma- ture en fer doux , placee en face des poles d'un electro-aimant : lorsque le courant passait, l'armatur e etait attiree et faisait tomber 1'excentrique; le ressort du marteau n'etant plusretenu sedetendait, et le marteau venait frapper la capsule detonante. L'avantage de ce procede est de pouvoir agir a de grandes distances avec un tres- petit nombre d'elements et un seul conducteur, en faisant entrer la terre dans le circuit ; son principal inconvenient etait de ne pouvoir etre adapte avec assez de surete a la boite aux poudres, soit avant, soit apresle bourrage. Dans le systeme propose par M. Du Moncel, la lame-ressort, au lieu de marteau, porte une allumette, laquelle, quand le ressort se detend, frotte sur du papier a emeri colle au fond de la boite et s'en- flamme. S'il s'agit de i'aire partir simultanement plusieurs four- neaux, le ressort de M. Du Moncel, en se defendant, va butter contre une piece metallique et ferme le courant, qui va alors direc- tenient a la seconde boite ou amorce. Quelques precautions que Ton prenne pour assurer l'infiammation, celle de creuser en V le fond de la boite pour qu'apres avoir frotte, l'allumette se trouve au-dessus du vide, on a toujours a craindre que l'amorce rate ; le capitaine Savare affirme que les officiers du genie n'oseraient pas se fier a ce moyen, tout simple et tout efneace qu'il soit en apparence. M. Savare avait deja fait plusieurs essais de son appareil, lors- qu'il apprit que Ton venait de mettre le feu a un canon, de Douvres a Calais, a travers le detroit, en faisant passer par le cable sous- marin un courant intense qui allume la poudre de la fus£e de Sta- tham bien connue des lecteurs du Cosmo*, et dont nous rappelions naguere encore la construction et la theorie. A la pile de Bunsen, le colonel Verdu substitua plus tard les ma- chines a induction de Clarke et de Ruhmkorff ; il fit a Paris et a. m COSMOS. Madrid des experiences sur grande eohellc; elles out parfaitement rcussi , mais nous ne savons pas qu'elles aient ete etendues n des explosions simultanees d'un grand nombre de fourneaux. Voici les procedes adoptes par M. Savare. Sa source d'e- lectricite' est la machine de Ruhmkorfl" dont nous avons deja d£- crit tant de ibis les proprieties incomparables. Son fil conduc- teur est un fil de cuivre recouvert d'une couche epaisse de gutta- percha , sans solution aucune de continuity. Sa boite a amorce est une boite rectangulaire dans laquelle p^netrent de chaque cote" les deux fil s conducteurs denudes vers leurs pointes, et amenes vis-a- vis l'un de l'autre a une distance d'environ deux millimetres. L'un des fils conducteurs communique avec la machine d'induction ; l'autre, long de 20 a 30 centimetres , est tout bonnement plonge dans le sol par son extremite mise a nu ; ce second fil peut meme ne pas etre recouvert de gutta-percha. Pour charger la boite, on la remplit de poudre jusqu'aux pointes ; on recouvre cette poudre d'un morceau d'etoffe amene a l'etat de piroxyle ou de coton fulminant ; on interpose ensuite entre les deux pointes une petite quantite de coton-poudre ou piroxyle, qui ne soit ni com prime, ni tordu ; on re- couvre le tout d'un second morceau d'etoffe prepared de la meme maniere. M. Savare affirme que les boites ainsi disposees n'ont ja- mais rate- par faute de l'amorce, tandis que les fusees de Statham ratent assez souvent. Les boites d'amorce pour les explosions simultanees ont du subir des modifications importantes, par les raisons que nous allons indi- quer rapidement. Jusqu'ici on introduisait tous les fourneaux qui devaient eclater a la fois dans un meme circuit, mais on a reconnu 1° que ce circuit unique etait souvent rompu par les premieres explo- sions, et que des lors les autres ne pouvaient plus se produire ; 2° que dans cette disposition le cou;ant, pour devenir efficace, de- vait etre beaucoup plus energique; M. Savare a done mieux aime- renoncer a des courants derives en mettant les divers fourneaux en communication avec un conducteur principal. Le premier fil de chaque fourneau s'embranche sur ce conducteur principal , tandis que le second est plonge dans la terre. Mais l'experience a prouve" qu'afin que les courants derives ne se nuisent pas l'un a l'autre, il faut quechacun d'eux cesse des que le feu a ete communique aux poudres. Cet effet peut s'obtenir en faisant qu'upres l'explosion les deux pointes des fils s'ecartent. M. Savare en consequence a termine ses conducteurs par des pointes fornixes d'un metal fusible, qui n'est autre que le metal de Darcet, auquel on njoute une petite quantite COSMOS. 495 de mercure. Ce n'est pas assez encore : au moment de l'explosion , la boitc d' amorce se separe ordinairement en deux parties, et la por- tion denudee du conducteur derive, en communication avec le con- ducteur principal, pourrait entrer en contact avec le sol. Pour eviter cet inconvenient, on introduit la pointe du metal fusible et une por- tion du conducteur derive dans un tuyau de gutta-percha que Ton soude a ce conducteur, de maniere que l'extremite de la pointe sortant du tuyau, son prolongement , long d'un centimetre environ , occupe le centre de l'espace vide enveloppe par le tuyau ; on remplit cet espace avec du pulverin delaye dans de l'eau gommeV, il en resulte qu'au moment de l'explosion le m£tal fond jusqu'a un centimetre de profondeur, dans la gutta-percha ; et la communication du conducteur derive avec le sol devient impossible. Avec des boites preparees de cette maniere, on peut iaire sauter autant de fourneaux que Ton veut. Le metal fusible, en s'echauffant et en fondant, suffirait presque pour enflammer la poudre; sa preparation est d'ailleurs facile : on achete 1'alliage de Darcet tout fait, on le fond dans un creuset, on y mele une certaine quantite de mercure, et, pour l'obtenir en fil, on aspire le metal fondu dans de petits tubes en verre ; quand il est refroidi, on le retire des tubes, on le soude aux conducteurs en cuivre, et Ton effile les pointes a la lime : la proportion de mer- cure ne doit pas etre grande , car, sans cela , le metal serait trop cassant. Les amorces angiaises ou fusees de Statham sont formees de deux bouts de conducteurs couverts de gutta-percha et tordus en- semble en helice ; les deux pointes des conducteurs placees en re- gard sont maintenues dans un petit tuyau, echancre" en dessus, de gutta-percha vulcanisee, dans lequel on a fait sojourner longteinps un hide cuivre; et qui est, par consequent, revetu a l'interieur d'une couche de sulfur'e de cuivre : dans l'interieur du tube echancre for- mant 1' enveloppe des pointes on verse la poudre que le courant doit enflammer. M. RuhmkorfT a eu l'idee de deposer d'abord sur les parois de la cavite une petite quantite de fulminate de mercure, qu'il recouvre de poudre ou de pulverin ; il enveloppe ensuite le tout d'une bande de caoutchouc vulcanise : ces amorces, tres-peu volu- mineuses, aussi portatives que les amorces de fusil, sont excellentes; elles ne detonent jamais sous le choc ; rien n'empecherait d'en fabriquer a l'avance une certaine quantite pour le service des mi- nes, etc.; mais le genie militaire a horreur du fulminate de mercure. M. Savare a trouve que Von pouvait remplacer le sulfine de cui- vre par du sulfure noir de mercure ou du deutosulfure d'etain avec 496 COSMOS. lesquels on frotte la gutta-percha vulcanisee; on trouvera sans doute d'autres substances ptopres a la fabrication d'amorces qui b'enflam- ment au passage des courants les plus faibles. M. Savare termine son memoire par quelques conclusions pra- tiques. De tous les moyens proposes pour mettre le feu aux mines le plus excellent est certainement celui ou Ton substitue aux piles volta'iques si mobiles, si complexes, si embarrassantes, la machine de M. Rhumkorff si solide, si portative, qui permet au besoin de se servir de iilsnon revetus de gutta-percha, suspendus aux galeries ou dans l'air sur des poulies en bois ou en porcelaine. Get appareil exige encore l'emploi d'un element de Bunsen, de Grove ou de Da- niel ; mais M. Rhumkorff travaille activement a la construction dune machine de Clarke de petites dimensions, legere, simple, avec laquelle on pourra sans 1'usage de la pile mettre le feu aux mines dans tous les cas. Excepts dans le cas des explosions simultanees oil les amorces en coton-poudre sont absolument necessaires, on pourra se servir des amorces anglaises clout le volume est si limits, la fabrication si simple, le transport si facile. On lira avec interet le proces-veibal des experiences faites par M. Savare, en presence du directeur general des fortifications, M. Sallenave; du commandant du gtmie de l'armee de Paris, M. Schuster; du chef de bataillon du genie, M. Genet; des capi- taines du genie, MM. Desgranges, Decoux, Deroulede, du lieute- nant du genie Groult: Le vendredi 2 decembre 1853 M. le general Sallenave, direc- teur des fortifications, commandant superieur du genie de l'armee de Paris , accompagne des officiers du genie ci-dessus, s'est rendu au polygone sis aGrenelle, pour assister aux experiences du capitaine du genie Savare sur un nouveau moyen de mettre le feu aux mines par l'electricite. Les deux principales experiences consistaient : 1° a produire 1 'explosion simultanee de dix petits fourneaux de mines au moyen d'un fil unique partant de la machine destinee a cominuniquer le feu ; 2° a faire sauter une mine a une distance de 700 metres, tou- jours au moyen d'un seul fil allant de la machine a la mine. Ces fils etaient isoles du sol, et supportes par de petits poteaux en bois, un tambour donnait le signal du feu par trois coups de baguette. Pour la premiere experience, les dix mines ont fait explosion au signal donne; et ces explosions, sansetre parfaitement simultanees, ont 1 6tej produites dans un temps moindre qu'une seconde, ce qui COSMOS. 497 est bien suffisant dans la pratique. Le capitaine Savare, exposant alors son procede, a demontre qu'd etait applicable a tous les cas, quel que soit le nonibre des fourneaux. Ce re^ultat est d'autant plus reniarquable que, jusqu'a ce jour, on n'avait pu obtenir l'expiosion simultanee que de quatre ou cinq fourneaux de mines au plus. La deuxieme experience a donne un resultat aussi satisfaisant que la premiere : au troisieme coup de baguette, le fourneau situe a l'extremite du fil de 700 metres a fait explosion. Cette longueur de 700 metres etait limitee par l'espace dont on pouvait disposer; mais par la nature du procede, le feu pourrait etre mis a une dis- tance de plusieurs kilometres. Ces experiences ont ete terminees par une application au cas oil Ton aurait a renverser soit un mur, soit une ligne de palissade, soit une porte de ville. A un signal donne, un sapeur prend un sac de poudre attache a l'extremite d'un til conducteur de Telectricite, et se dirige en courant vers l'obstacle qu'on veut renverser ; le fil se deroule pendant sa course ; le sapeur ayant pose le sac pres du mur ou de la palissade, et enfonce en terre un fil de cuivre pour fermer le circuit, se retire, et le feu est mis au moyen du courant electrique. Cette derniere experience a tres-bien reussi, ainsi que les precedentes. Des experiences semblables ont ete fades tout recemment, et avec le plus grand succes, en presence du marechal Vaillant, ministre actuel de la guerre, charge, en sa qualite de membre de l'Academie des sciences, d'un rapport sur le memoire et les essais du colonel Verdu. Nous attentions avec impatience ce savant rapport fait par une des plus grandes capacites de l'arme du genie en France, et qui formulera, sansdoute, d'une maniere definitive, l'art si impor- tant de l'application de l'electricite a l'expiosion des mines. A 1'aicle de cet agent si puissant, on parviendra certainement, dit le capitaine Savare, a remplacer le plus souvent les rameaux ou meme les gale- ries de sape, par de simples fils enterres allant a des fourneaux etablis, soit au fond d'un puits, soit dans un trou tres-profond creuse par un forage artesien. Notre but, en publiant ce long article, a etede preparer les voies a l'illustre marechal. F. Moigno. PHOTOGRAPHIE. PREMIERE EXPERIENCE DE PHOTOGRAPHIE EN MER. Le capitaine Scott, un des raembres de la Societe photographi- que, avait avec lui a bord de I'Hecla, dans le detroit du Sund, M.Elliot, qui a pris avec un objectif double et sur collodion, un certain nombre de vues des cotes, pendant que le navire marchait avec une vitesse de dix nceuds a l'heure. Quoique prises dans des circonstances tres-defavorables, a bord d'un vaisseau encombre, oil Ton n'avait pris aucune disposition pour assurer le succes des ope- rations, ces reproductions instantanees sont extremement satisfai- santes; et suffisentbien au delaa demontrer les grands services qu'on peut attendre de la photographic La forteresse de Kronberg, les lignes de cotes avec les caps ou promotoires, etc., sont tres-nette- ment definies, et il est tres-evident, des aujourd'hui, que de sembla- bles dessins ont de tres-grands avantages sur les dessins au pin- ceau , parce que dans ce dernier il est tout a fait impossible d'eviter les exagerations dans les dimensions, surtout dans la representation des hauteurs, dont les proportions exactes sont cependant un point de tres-grande importance. Quoiqu'elle n'eut pas ete officiellement consultee, la Societe" photographique de Londres a adresseaux bu- reaux competents une lettre renfermant tous les renseignements qu'elle jugeait necessaires ou utiles. II est certain que des photo- graphies seront adjoints a l'expedition; mais on n'acceptera pas les offres des amateurs volontaires. Des homines pris dans le corps des sapeurs sont actuellement formes a fart de la photographie, et ils formeront une escouade a part sous la direction d'un ingenieur. L'enthousiasme avait cependant gagne les photographes ; Jes lettres d' offres de services pleuvent de toutes part dans les bureaux du secretaire de la Societe. En France aussi, de nombreuses offres ont ete faites au gouver- nement ; un de nos photographes les plus eminents et qui jouit d'une fortune honorable, d'une heureuse independance, M. Hum- bert de Molard, nous avait communique la lettre par laquelle il demandait a son Excellence M. le ministre dela guerre de s'associer a l'expedition, sans appointements ni honoraires, avec la seule ga- rantie des n^cessites de la vie. Sa demande n'a pas ete acceptee: d'apies la Lumiere, le seul artiste ou amateur francais que Ton sa- che etre autorise a accompagner l'annee a ses risques et perils, est M. de Tannyon, COSMOS. 499 PAPIER PHOTOGRAPH IQUE. Le journal de la Societe des arts publie la lettre suivante qui lui est adressee par M. William Ston : " La difnculte que le photographe eprouve de trouver un papier convenable nous a depuis longtemps preoccupes M. Saunders et moi, et nous nous sommes decides a fabriquer quelques rames de papier specialement destine a la photographie; j'ai l'honneur de vous en envoyer plusieurs preparees d'apres des methodes diffe- rentes et j'ai pense qu'il serait bon de joindre a ce papier quelques observations sur ce sujet. " Un ecrivain francais qui a ecrit sur la photographie, M. Gus- tave Le Gray, a dit : « Lechoix du papier est vraiment important; on ne saurait trop y faire attention, pour le portrait surtout Je prefere a tous le papier Whatman legerement glace... Son encol- lage a la gelatine le rend un peu moins rapide que les papiers fran- cais, mais, par cela meme, il supporte bien plus longtemps sans al- teration Taction de 1'acide gallique, etle retard est ainsi compense. Le papier de M. Lacroix est le plus sensible de tous , mais il faut bien le choisir, car son encollage n'est pas toujours assez fort.» » Sur le continent le papier est generalement encode" avec de la fa- rine, et c'est a la presence de l'amidon que Ton doit attribuer la sen- sibilite du papier de M. Lacroix. En outre de ces recommandations qui s'appliquent au caractere general des papiers manufactures pa les etablissements renommes que je viens de nommer, tous les pho- tographies que j'ai eu 1 'occasion de consul ter considerent un bon pa- pier comme un article qui manque encore. " Pour etablir autant que possible les causes qui s'opposent a ce qu'on arrive a fabriquer un papier convenable, je crois devoir vous rappeler les divers mateViaux employes dans la fabrication, et les operations qu'ils subissent : « 1° Les materiaux generalement employes sont formes de chan- vre, de lin ou de fibres de coton ; le melange de ces diverses matieres estordinairement employe, etavec avantage, pour les papiers ordi- naires. Bien que ce sujet n'ait pas etd suffisamment etudie, on ne peut douter que les fibres de ces differentes substances vegetales ne different au moins quelque peu par leur pouvoir d'absorption des liquides, de transmission de la lumiere, ou d'affinites chimiques ; de la vient, dansl'emploi d'une meme substance, sur des papiers pre- pares avec divers melanges, une difference notable d'action photo- gen i que. 500 COSMOS. u 2° On fait bouillir lesmatieres premieres du papier dansune solu- tion alcaline; elles sont ensuite hlanchies par le chlore soit engendre a l'etat de gaz, soit emprunte au chlorure dechaux. Je crois impos- sible, quel que soin que Ton prenne pour laverla pate, d'enlever en- tierement ces agents chimiques, et leur presence modifie Taction des agents photogfiniqUes; le photographe n'opere pas alors sur des fibres inertes, mais sur des substances actives, quoique leur propor- tion soit tres-petite relativement a. celle des agents speeiaux. •< 3° On divise ensuite les materiaux du papier en petits morceaux au moyen de lames de couteau mobiles ; si ces lames sont nouvel- lement repasses, il peut arriver que quelques petites particules d'a- cier se melent a la pate du papier; et bien qu'elles soient assez di- visees pour n'alterer en rien le papier ordinaire , elles peuvent de- venir un inconvenient grave pour le photographe; le contact des outils divers tend aussi a introduire dans la pate de petites quantites de cuivre. « 4° Suivant l'usage presume auquel servirale papier, la pulpe en est plus fine ou plus grosse, preparee avec plus ou moins de soin, ce qui cause frequemment des differences de texture. Quand la pulpe est mal preparee, quoiqu'elle soit faite avec les memes matieres, la feuille de papier peut presenter, au double point de vue de l'absorp- tion et de la transparence, des differences plus grandes que celles qui resulteraient de 1'emploi de fibres de vegetaux differents. « 5" Le mode d'encollage influe beaucoup sur sa qualite. Dans ce pays on colle ordinairement a la gelatine, tandis que sur le conti- nent on emploie en general de Pamidon et d'autres ingredients. « Apres avoir examine ces differentes source de maux , il nous a semble qu'elles pouvaient etre en grande partie evitees par des soins suffisants, et c'est dans le but de faire une epreuve utile que nous vous adressons les papiers ci-joints : nous avons coupe" nos feuilles de dimensions differentes sans depasser toutefois 6 pieds, et nous fournirons gratis, pendant les trois mois qui vont s'ecouler, des feuilles specimens a tous les photographes qui voudront en faire l'essai, et qui nous en feront la demande a 1'adresse suivante : " T. H. Saunders , paper manujacturers , Queenhilhe , Lon- don. « Nous les prions, en echange, de nouscommuniquer les resultats des experiences qu'ils auront faites avec ce papier... Suivant qu'ils seront favorables ou non, nous produirons en plus grandes quantites les sortes qui se seront trouvees bonnes, ou nous procederons a de nouvelles experiences. >• COSMOS. 501 PHOTOGRAPHIE SUR PAPIER. Interroge par le redacteur en chef de la Lumiere sur lesprocides par lesquels il a obtenu ses admirables vues des Pyrenees, M. comte Vigier repond : « Helas ! il n'est pas nouveau, e.'est le vieux precede de M. Fox Talbot... Faire dissoudre, dans 150 grammes d'eau distillee, 6 grammes 5 centigrammes de nitrate d'argent; ajouter une quantite egale d'iodure de potassium, pour precipiter l'iodure d'argent, et redissoudre ce precipite par un exces de ce meme iodare de potassium... Pour arriver a ce r^sultat, il faut en- environ 54 a 58 grammes d'iodure de potassium. » M. Vigier etend une couche bien uniforme d'iodure d'argent ainsi obtenu, au moyen d'un pinceau, sur l'endroit du papier; il met le papier a secher, et quand il est sec, il le laisse plonge au moins douze heures dans l'eau ordinaire. Seche de nouveau, le papier peut se renfermer dans un carton ; si l'iodure d'argent est bien pur, il est tout a fait insensible a Taction de la lumiere et peut se garder indefiniment. Pour sensibiliser, on prepare a l'avance et Ton verse dans deux flacons les liquides suivants : fiacon n° 1, acetonitrate : nitrate d'ar- gent, 10 grammes; acide acetique tres-pur, 20 grammes , eau dis- tillee, 100 grammes: fiacon n° 2, acide gallique, solution saturee. Les proportions des deux solutions necessaires a unesensibilisation parfaite sont essentiellement variables avec la lumiere, la tempe- rature, la vue a prendre, le temps plus ou moins long apres lequel on opere. M. Vigier, qui sensibilisait ses feuilles pour toute la jour- nee, par un temps chaud, r^ussissait parfaitement, en ajoutant a 1 once d'eau distillee 10 a 12 gouttes du premier et du second fiacon. Pour avoir une sensibilite extreme, il aurait ajoutea chaques 32 grammes d'eau distillee 5 a 6 grammes de chaque solution. Dix a douze gouttes ou 4 a 5 grammes, voila done les proportions extremes; la difference est effrayante! II faudra, dans chaque cas, faire des essais preliminaires. II ne s'agit done pas reellement d'un procede pratique et sur, mais de regies generales et elastiques! Plus on veut de sensibilite, plus il faut augmenter la dose des solutions; le papier doit etre d'autant moins sensible qu'on peut le garder plus longtemps; le melange peut etre d'autant plus sensible que la lu- miere est plus intense; il doit etre d'autant moins sensible que la lumiere est plus faible ; on supple, dans ce dernier cas, par la pro- longation de la pose. Pour faire venir l'image, on emploie un tiers d'aceto- nitrate pour deux tiers d'acide gallique. Le fixage se fait a 1'hyposulfite de soude concentre. 502 COSMOS. M. le comte Vigier termine sa lettre a la lumiere par une com- parison entre le procede Talbot et le procede Legray, au papier cire. II les emploie tous deux concurremment ; ils se completent, dit-il, l'un 1* autre; il fautque chaque photographe apprenne a les mettre egalement en oeuvre. Le procede Talbot exige imperieu.se- ment des papiers anglais; le procede a la cire admet tous les pa- piers; le papier Talbot se conserve a peine un jour, le papier cire dure un mois entier. Une minute de trop perd une epreuve sur pa- pier Talbot ; cinq ou six minutes de t.iop ne nuisent pas au papier cire. Avec le papier cire, vous aurez des resultats constants, presque infaillibles, des negatifs donnant plus iacilement des epreuves, et moins susceptibles de se tacher; avec le papier Talbot, vous aurez des resultats peut-etre plus parfaits, comme finesse, comme trans- parence dans les ombres, comme eclats de contrastes , comme ve- rite de plans et de perspective aerienne. Le Propagateur, journal special de photographie, nevoit, a cette communication de M. Vigier, qu'un inconvenient dont il accuse, en termes trop peu parlementaires, l'lngenuite* du photographe. C'est que le noble comte donne a M. Talbot ce qui ne lui appartient certainement pas, qu'il depouille la France aux depens de l'Angle- terre. » Quel rapport, dit-il, le procede de M. Talbot, qui consiste a imbiber tour a tour la feuille de nitrate d'argent d'abord, puis, quand elle est seche, d'iodure de potassium, avec la methode qui emploie l'iodure double d'argent et de potassium, en un seal temps, instantanement, en pleine lumiere, dans des proportions toujours identiques, sans la moindre maculature ni piqure, sur quelque na- ture de papier que ce puisse etre? Ce dernier procede, qui est une decouverte importante, date de 1849 seulement; il fut presente a l'Academie des Sciences en aout 1850, par M. Humbert de Molard, qui montra en meme temps une serie d'epreuves obtenue par l'io- dure d'argent liquide, solution de precipite jaune d'argent redis- sous dans une seconde solution d ' iodure de potassium en exces. Le 20 novembre 1852, M. l'abbe Laboide apprit a preparer l'iodure d'argent liquide, par Je cyanure de potassium, et pratiqua, a son tour, l'ioduration directe. 11 fut suivi de M, Baldus, qui tenait l'io- dure double d'argent en suspension dans la gelatine. On lit dans la Lumiere du 5 juin 1852, la note suivante deM. Legray : » L'appli- cation a la photographie de l'acide pyrogallique et celle de l'iodure d'argent liquide, sont aussi deux inventions franchises; la premiere est due a M. Regnault, de l'lnstitut; la seconde, a M. Humbert de Molard. - Unicuique suam, (La suite au prochain numero.) ACABEffllE DES SCIENCES. SEANCE DU 9.4 AVIUL. M. le president annonce que la seance publique sera tres-courte, parce quel'Academie doit se former de bonne heure en comite secret, pour entendre les titres et arreter la liste des candidats a. la place d'academicien libre devenue vacante par la mort de M. Hericart de Thury. Ce comit6 secret a eu lien , en effet ; le rapport de presen- tation a ete lu par M. de Senarmont. La commission pr^sente en premiere ligne , M. de Verneuil , l'un des plus eelebres et des plus infatigables geologues amateurs que la France s'honore deposseder dans son sein. En seconde ligne, et par ordre alphabetique , 1° M. Passy , ancien ministre des finances, membre de l'Acad£mie des sciences morales et politiques , section d'economie politique et de statistique ; 2° M. Valine, inspecteur general des ponts et chaus- s£es en retraite , connu surtout par ses traites de g^ometrie des- criptive et de la science du dessin, par ses dix-buit in 4 moires sur la theorie de l'ceil et de la vision. 3° M. Walferdin , physicien ama- teur, tres-distinguc, inventeur des thermometres adeversement qu'il emploie avec tant d'habilete a l'observation et a. la mesure des phe- nomenes de la meHeorologie et de la physique du globe. Le rapport de M. de Senarmont est surtout favorable a M. de Verneuil dont l'election est presque assuree. M. Arago avait toujours appuye chaudement la candidature de M. Walferdin qu'il avait choisi plu- sieurs fois pour collaborates ; M. Vallee a reuni longtemps un nom- bre de voix considerable et a ete huit fois candidat, plusieurs fois en seconde ligne. — M. Becquerel pere lit un nouveau memoire sur le degagement de l'electricit^ dans les compositions chimiques; l'analyse faite par le savant academicien lui-meme, nous est parvenue trop tard. — M. Boussingault lit un rapport sur lexploration du volcan de boue et d'air de Turbaco, pres Carthagenes (Nouvelle-Grenade) , par M. Vauvert de Mean. Nous donnerons un court extrait de ce rapport dont les conclusions sont que l'Academie vote des rerner- ciements au noble voyageur. — M. Tulasne lit une note sur le mode de developpement des champignons : a notre demande le savant botaniste abien voulu re- sumer pour nous ses recherches. D'apres \m sentiment partag^ par un grand nombre de cultiva- teurs , les ronilles /wires rles moissons seraient le second age des rouilles orangees qui infestent les cereales au printemps. Quelques 504 COSMOS. anoiens botanistes adoptaient aussi celte opinion , mais ils suppo- saient que les grains spheriques et oranges des rouilles vernales se transformaient peu a peu en fruits noirs et biloculaires, tels que sont ceux qui constituent les rouilles brunes et tardives. On a reconnu depuis que cette transformation n'avait aucunement lieu , et Ton a continue" a croire jusqu'ici que les rouilles orangees et noires consti- tuaient des productions cryntoganiiques differentes , mais accoutu- mees de vivre ensemble ou de se succeder sur le meme point clans un ordre constant. Une etude plus serieuse du sujet conduit a croire plutot que ces memes productions s'appartienncnt reciproquement, que ce sont des Uredinees climorphes ou douses d'un double appa- reil reproductcur. Une multitude de genres differents , tellesque les Puccinia, Pi/eo/aria, Cronartium, Me/ampsora, Coleosporium, etc. fournissent toutes des arguments a la doctrine de la multiplicite des appareils reproducteurs de natures diverses dans la meme espece de champignon. — Son altesse le prince Charles Bonaparte analyse en quelques mots les recherches de savants physiologistes italiens, Ercolani et autres sur la propagation, le developpement et les transformations des vers intestinaux. — M. le capitaine Paris, qui a fait trois voyages de circum- navigation autour du monde et ecrit un grand nombre d'ouvragos, entre autres le Cntcchisme da inccanicieu a lord da vai.sseau a vapeur, demande a ce que son nom soit inscrit s«,r la liste des can- didats a la place vacante dans la section de Geographie et de navi- gation. M. Durocher, en collaboration avec un autre observateur dont le nom nous est dchappe, avait entrepris, il y a longtemps, des re- cherches sur la temperature relative de Fair et de la terre : il est arrive" aux memes resultats fondamentaux que M. Rozet, c'est-a- dire qu'il a constate que la temperature du sol est en general supe- ricure a celle do l'air ; il 3joute seulement que le maximum de cha- leur du sol ne correspond au maximum de la chaleur de l'air que lorsque le sol a etc expose a la radiation directe soleil : a roinbre, les deux maximum peuvent tres-bien ne pas se corresponds. Nous ne citerons de la correspondance depouillee par M. Flou- rens que les communications de quelque interet. M. Walferdin expose une methode nouvelle de transformation des thermometres a deversement en thermometres a maxima. M. Boyer, de Nimes, et M. Ducros demandent qu'une com- mission soit chargee d' examiner leurs nouveaux procedes de tein- COSMOS. 505 ture, dans lesquels la creme de tartre est remplacee avec avantage par un nouveau mordant beaucoup plus economique. M. Chevreul, qui devait faire partie de la commission, se recuse par des raisons particulieres dont il garde le secret. — M. Porro communique 1'observation sur la visibilite des fils du micrometre dont nous avons eu les premisses. A cette premiere observation il en joint trois autres : « En plein jour, la meme lunette etant dirigee sur le fond bleu d'un ciel pur, le phenomenea ete' parfaitement visible 1° avec toute l'ou- verture de l'objectif et les fils illumines avec la cbandelle ; 2° avec 1'ouverture reduite a moitie- par un diaphragme, quand les fits ne re- 9oivent de cote que la lumiere diffuse du jour ; 3° en mluisant 1'ou- verture au tiers, les fils eclairds par la seule lumiere diffuse et la lu- nette dirigee sur le ciel un peu blanchatre, le phenomene s'est encore nettement m an i teste. « Les memes experiences ont reussi avec une intensite legerement moindre avec une autre lunette de 120 millimetres de diametre , 1 800 millimetres de foyer , grossissant 150 fois environ, dont l'ob- jectif est fait a la maniere ordinaire, et devant lequel objectif on a monte- une glace parallele fixee dans le meme anneau. " 11 est tres-probable qu' avec Tune aussi bien qu'avec 1'autre de ces dispositions et avec mon moyen d'eclairer les fils, on pourra, a la lunette meridienne et a toutes les heures du jour, observer les etoiles de premiere et meme de deuxieme grandeur dont le passage a lieu entre le zenith et le pole, et noter l'appulse aux cinq images des cinq fils tout aussi bien (mieux peut-etre ) qu'aux cinq fils eux- memes, ce qui donnera dix observations dont la moyenne represen- tera le passage par 1'axe optique vrai de la lunette. « Le meme resultat s'obtiendra-t-il pour le soleil X Je le crois pos- sible." — Le fait principal de la seance a ete la presentation faite par M. Dumas, au nom de M. H. Debray, agrege, preparateur de chi- mie al'Ecole normale superieure , de tres-beaux globules de glucy- nium obtenus par la methode de M. Sainte-Claire Deville. La note ci-jointe fera parfaitement connaitre ces belles recherches et leur important resultat. " On sait qu'il existe dans l'emeraude une base deeouverte par Vauquelin et qu'il a nominee glucyne. M. Wohler obtint le metal de cette terre en se servant de l'ac- 506 COSMOS. tion reductrice que le potassium exefce sur ]e ehlorure de gluey - nium, et voici les propriety que l'illustre chimiste lui nssigne (1) : « Le glucynium se pr^senle en une poudre d'un gris fonce qui a •• entitlement l'apparence d'un m£tal precipite en parties tres- •< divisees. Sous le brunissoir il prend un e\:lat metallique sombre. •• Comme a la chaleur violente a laquelle il est reduit il n'eprouve « aucune agglomeration , on peut penser qu'il doit etre tres-diffi- •• cile a fondre. A une temperature ordinaire, il ne s'oxyde ni dans •• l'air ni dans l'eau , memelorsqu'elle est bouillante. •■ Le glucynium chauffe dans l'air sur une feuille de platine , - s'enflamme etbrule avec un vif eclat, et se transforme en glucyne « blanche.... II se dissout facilement dans les acides sulfurique , " hydrochlorique et nitrique , dans les deux premiers avec degage- « ment d'hydrogene, et dans le dernier avec d^gagement de gaz ni- « treux. » Les dernieres recherches sur 1'aluminium m'ont engage a. re- prendre l'^tude du glucynium, et j'ai pu, aide des conseils de M. Sainte-Claire-Deville , et en appliquant ses process , obtenir quelques resultats nouveaux que je crois dignes d'etre soumis a l'Academie. Le glucynium est le plus leger de tous lesmetaux connus qui ne d^composent point l'eau a la temperature ordinaire, ou a la tempe- rature d'erjullition , sa densite est de 2, 1. II est, comme on le voit, plusldger que 1'aluminium. Son aspect pourrait le faire confondre avec le zinc , mais sa fusi- bility moindre qui le place entre ce metal et 1' aluminium , sa fixite au feu, et sa faible densite sont autant de proprietes physiques qui suffiraient a. le distinguer du zinc. Inalterable a la temperature ordinaire , il s'oxyde superficielle- ment a la temperature la plus elevee du chalumeau , mais sans ja- mais presenter le phenomene d'ignition qui se produit quand or. place le zinc ou le fer dans les memes circonstances. L'acide azotique concentre" ne l'attaque qu'a. chaud : l'acide azo- tique faible ne le dissout en aucune circonstance. Les acides chlorhydrique et sulfurique, meme etendus, le dissol- vent avec degagement d'hydrogfene. La dissolution concentree de potasse le dissout meme a froid, mais 1'ammoniaque est sans action sur lui. La glucyne , dont on extrait ainsi un veritable metal , peut aussi (1) Ann. de phys. e> de cliim.,'i.K serie, t. \xxix, p. 79. COSMOS. 507 donner des sels bien cristallises, que j'ai examines avec soin, et dont l'etude formera un travail complet que j'aurai l'honneur de presenter prochainement a l'Academie. — M. Auguste Chenot adresse une nouvelle note sur la fabrica- tion industrielle des metaux dits terreux. M. Chenot affirme que, des 1847, il avait obtenu, par reduction, des oxydes terreux au moyen des eponges metalliques une serie d'alliages contenant jus- qu'a 40 pour 100 des metaux dits terreux ; en 1849, il disait a la Societe d'encouragement : « En prenant des precipites de ces metaux terreux, ils sont tous reduits par l'eponge, et forment des alliages extremement remarquables. C'est un moyen de s'approprier ces metaux et de les faire passer dans l'industrie. Ainsi j'ai fait des bariures, des siliciures, des aluminiures, etc. ; tous ces alliages sont d'un beau blanc d'argent , tous tres-durs , inoxydables a l'air et au contact des vapeurs acides ; ils sont fusibles et susceptibles d'etre modes; ils depouillent parfaitement bien au moulage. » II y a done bien longtemps que M. Chenot poursuit le beau probleme de l'em pi oi industriel des metaux terreux. II ecrivaita l'Academie, il y a quelques jours: « Jen'ai jamais tant regrette d'etre dans un etat de sante qui m'interdit tout travail ; sans quoi, au lieu de ces lignes, j'adresserais a l'Academie, non pas quelques centigrammes d'un metal terreux, mais quelques kilogrammes des plus remarquables par leur utilite , leurs proprietes et les bas prix auxquels ils peuvent etre obtenus. « La plupart de ces metaux peuvent etre obtenus par voie de reduction reciproque (sans l'intervention des metaux alcalins ) , soit de leurs oxydes ou sels, par l'eponge d'un metal (du fer sans doute ) , soit encore par leur propre eponge , a des prix inferieurs a beaucoup de metaux tres-usuels , a meilleur marche que le cuivre » M. Chenot, dont l'imagination est si ardente, si feconde, ne se fait-il pas illusion? II a promis d'envoyer a l'Academie un Memoire com- plet sur la question. Nous aimerions beaucoup mieux, qu'en se fai- sant aider de quelques amis, il arrivat enfin a produire un kilo- gramme d'aluminium. De son cote, M. Sainte-Claire Deville pour- suit incessamment , en collaboration avec MM. Rousseau freres , fabricants tres-habiles de produits chimiques, ses recherches sur la preparation economique et abondante du metal qu'il a comme res- suscite. — M. Verite, de Beauvais, est profondement desole de l'accu- sation d'usurpation que M. du Moncel a formulae contre lui dans le Moniteur industriel, a l'occasion d'une note que nous avons publiee dans le Cosmos. Nos lecteurs se rappellent comment, par l'installa- 508 COSMOS. tion sur la voie de cadrans dont les aiguilles seraient misas en mouvement par la locomotive elle-meme, au moyen de communi- cations electriques, M. Verite voulait parvenir a rendre impos- sible toute rencontre de convois. A l'apparition de ce moyen, simple et ingenieux, M. du Moncel crut pouvoir reelamer la priority de cette heureuse idee en sa faveur, et en faveur aussi de M. Breguet. Nous ci times devoir faire observer que le moyen de M. Verity dif- fere essentiellement et absolument de celui de MM. Breguet et du Moncel, tels du moins qu'ils ctaient formules dans le trade des appli- cations de l'electricite M. du Moncel a depuis 1110111116 profondement sa pensee; il a sounds au jugement de l'Acadcmie une disposition toute nouvelle , et c'est M. Verite qui l'accuse a son tour de plagiat. Voila les faits dans toute leur simplicity ; nous ne nous en occuperons plus ; mais nous p ranter ons de cette occasion pour apprendre a nos lecteurs deux bonnes nouvelles. La premiere , c'est qu'avant un mois ds pourront voir fonctionner dans les salles du Cosmos l'horloge elec- trique, si simple et si etonnante de M. Verite, qui marche depuis onze mois avec une regularite parfaite, sans que les contacts aient fait de- faut un seul instant, et sans qu'on ait rien ajoute a la petite pile de Daniel qui produit le courant. L'habile artiste installera en meme temps a l'Observatoire imperial un regulateur ou horlogeastronomi- que donnant les secondes, qui n'aura pas d'autre moteur que l'elec- tricite, etdont la marche pourra etre comparee a cede des pendules les plus celebres. Laseconde nouvelle, c'est que M. Verite a concu le plan, demontre" la possibility, et commence la construction d'un appareil qui enregistrera d'une maniere exacte et tres-lisible , jour par jour, heure par heure , et sans qu'on ait besoin de s'en occuper ou d'y toucher pendant un mois entier : Pl'elevation ou l'abaissement de temperature ; 2° les variations de pression atmospherique ; 3° les instants ou il pleut ; 4° la quantite d'eau tombee ; 5° le temps que met cette eau a s'evaporer; 6° l'etat hygrometrique de l'amosphere; 7° la direction du vent, sa yitesse la plus ou moins grande, et son intensite ; 8° les moments oil le soled luit; 9° les moments oil il neige, la quantite de neige tombee, le temps quelle reste a fondre; 10° peut-etre enfin l'etat electrique de l'atmosphere et le magne- tisme terrestre. Toutes ces indications seront enregistrees sur une feuille de papier disposee dans ce but; chaque feuille comprendra et montrera aux yeux les observations de chaque mois ; les douze feuilles reunies, que Ton pourra multiplier par la photographie oula lithographie, donneront les observations de l'annee. Voila certes un COSMOS. 509 magnifique probleme et il est beau d'apprendre qu'il est ue dans le cerveau d'un modeste horloger de province, de voir sa solution pro- gresser chaque jour dans son humble atelier. Le premier de ces self- registers francais, qui laissera bien loin derriere lui les self-registers anglais et allemands, sera construit aux frais de la Soci A. TRAMBLAT, proprie'taire-ge'rant. PARIS. — IMPIUMERIE DE W. REMQUET ET cie., R'JE GAUANCIERE, T. IV. 5 M.YI I'S.H. TKOISIlhlK AVNKE. COSMOS. FAITS DIVERS. LABORATOIRE d'eSSAI DE l/ECOLE IMPERIALE DES MINES. — M. le directeur de l'Ecole des mines vient d'adresser a M. ]e ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics, le compte rendu, pour 1853, des travaux du bureau institue pies cette ecole pour les essais ou analyses des substances minerales. Nous empruntons au Moniteur quelques extraits de ce rapport : « Les demandes d'essais et d'analyses faites au bureau ^essais pendant l'exercice 1853 ont ete de886; elles avaient ete de 890 dans l'annee 1852, nombre presque identique au precedent; les reponses se sont elevees a 745. u Le tableau ci-joint fait connaitre la nature des demandes adres- sees au bureau des essais et des travaux qui ont e"te executes : Demandes faites. Travaux csecules. Comb'sstililes 248 253 Minerals deplomb et d'argent 151 72 — defer 55 46 — de cuivre 80 47 — de zinc 24 13 — de nickel et de cobalt 7 G — d'argent et d'or 14 31 — de plaline 2 1 — de mercure 1 1 Alliages divers 57 41 Ceruse et litharge 4 4 Arsenic et anliraoine. . 2 2 Manganese . . . ,, 1 » Soufre et pyrite 3 2 Bitumcs et schistes bilumineux 14 2 Se>s divers 23 26 Calcairi's, marnes, chaux liydrauliques 142 122 Terres vegetates 22 18 Eaux de sources 5 12 Eaux minerales 30 42 Tangues 1 1 Engrais » 4 8S6 WS iS 522 COSMOS. .. Le nombre d'analyses de combustibles mineraux s'eleve pres- qu'au quart des travaux executes au bureau des essais ; elles ont, la plupart, pour objet, des cokes employes dans les chemins de fer; elles sont d'un baut interet pour cette industrie , la purete et l'ho- mog£n£ite des cokes exercant une grande influence sur les depenses de combustible et sur l'usure des locomotives. « Les analyses demarnes, de calcaires et de chaux bydrauliques occupent la seconde place en importance dans les travaux du bu- reau des essais. Une grande partie de ces analyses ont ete entreprises sur la demande des ponts-et-chaussees charges de l'ex^cution des travaux a la mer; elles ont ete occasionnees par les inquietudes soulevees sur la nature des mortiers, a la suite des faits observes depuis quelques annees dans plusieurs ports de mer. II y a tout lieu d'esperer que ces inquietudes ont ete pouss^es trop loin. Les re- cherches faites par les ing^nieurs sur cette grande question, dtabli- ront sans doute bientot des regies precises sur la nature et la fa- brication des mortiers, et le laboratoire de l'Ecole des mines aura sa part dans ce resultat important pour l'avenir de nos ports. « Les minerals de plomb et les minerals de cuivre ont ete, en 1853, 1' objet de nombreuses demandes faites au bureau des essais; ils proviennent, pour la plupart, des recherches entreprises en Al- c6rie. Ces minerals sont generalement assez riches et semblent pro- mettre une exploitation avantageuse, autant du moins qu'on peut juger de la valeur d'une mine par la teneur de quelques echantil- lons. Peut-etre est-il utile de rappeler aux personnes qui se livrent a l'industrie minerale que la prosperite des entreprises de cette na- ture repose plus generalement sur l'abondance du mineral que sa richesse meme. « La premiere etude a. faire est done de constater sur les lieux, par des travaux de recherches, la quantite de minerai riche donn^e parun certain nombre de metres cubes de minerals extraits. .. Les analyses d'alliages metalliques qui ont et6 faites en 1852 et 1853 ont porte sur des bronzes dont l'usage pour le doublage des vaisseaux commence a s'elendre; plusieurs ont eu pour objet les bronzes qui servent aux coussinets des locomotives ; enfin, trois ou quatre analyses ont ete faites sur des alliages destines aux nou- velles monnaies de cuivre. u Les ^eaux de sources, de rivieres et les eaux mine>ales ont donne lieu a 54 analyses. Celles des eaux douces ont etc faites, pour la plupart, a la demande des compagnies des chemins de fer, afin de connaitre la nature des depots qu'clles produisaient dans COSMOS. 523 les chaudieres des locomotives. Les analyses d'eaux minerales ont 6t6faites dans un interet public et a la demande de 1' administration de l'agriculture et du commerce. Ces analyses sont longues et diffi- ciles. Souvent, en efl'et, des elements probablement tres-energiques ne se trouvent dans les eaux minerales que dans des proportions tres-faibles, et leur dosage exige une grande precision. " Nous citerons particulierement l'arsenic, qui n'avait pas 6te dose dans les eaux de Vichy ; et qui, cependant, existe dans plu- sieurs sources, dans une proportion qui ne saurait etre indifferente ; on a reconnu que les sources dites de la Grande- Grille, du Puits- Lardy et de Mesdames contiennent par litre 2 milligrammes d'a- cide arsenique, en sorte qu'une personne qui en boit 40 verres par jour, ainsi que cela est ordonne pour certaines medications, s'assi- mile en realite 2 centigrammes d'acide arsenique. Cette proportion d'un remede aussi actif peut rendre compte des effets particuliers que Ton a souvent indiques pour les eaux de ces sources. « Vous remarquerez aussi, monsieur le ministre, dans le tableau place en tete de ce rapport, que le bureau des essais a execute dix- huit analyses de terres vegetales. Dans ce nombre figurentles terres formees par les alluvions du Nil et du P6, que vous avez adress^es a l'Ecole des mines, sur l'invitation de S. Exc. le ministre des re- lations exterieures, qui, lui-meme, en avait re$u la demande des gouvernements de S. M. l'empereur d'Autriche et du vice-roi d'E- gypte. Les autres analyses de terre, faites en partie sur la demande du directeur general de l'agriculture et du commerce, ont eu pour objet de comparer des sols de qualites differentes, et de conclure de leur comparaison la nature des amendements ay ajouter. >■ CACHEXIE DES MOUTONS. Un agriculteur de la Belgique , M. Charles, a Sterpigny, pres Houffalise, raconte le faitsuivant : » La cachexie, nous dit-il, fai- sait de tels ravages que je n'osais garder les brebis plus d'une annee de suite, et qu'a chaque automne je vendais les meres et les agneaux. II y a troia ans j'engageai un vieux berger de quatre-vingts ans, qui avait la reputation de n'avoir jamais de betes malades de la ca- chexie. Depuis qu'il est a mon service, j'ai garde les memes brebis et aucune n'a ete atteinte. Voici les precautions qu'il prend : u Quand il fait sortir le troupeau, il commence par le conduire dans la bruyere, et c'est seulement au bout de deux ou trois heures qu'il les mene dans le paturage plus gras, ou dans le trefie, quand la saison est venue. Lorsque le temps est huruide, il donne en rentrant 554 COSMOS. dans la bergerie, le soir, 100 ou 200 grammes de foin bien sec, sui- vant que la saisonest pins ou moins humide. Lorsque l'humidih' est persistante comme 1'annee derniere, avant de faire sortir le trou- peau, il donne 200 grammes de paille par tfite et ne rentre dans la beigerie qu'apres avoir repasse par la bru} ere. Depuis trois ans mes brebis paturent les trcfles a l'automne, apres la deuxieme coupe, ce que je n'osais pas faire auparavant et je n'ai pas eu une seule ma- lade. J'ai remarque depuis lors que les cantons d'oii je tirais mes brebis auparavant, quand je les vendais chaque annee, sont des can- tons pauvres , peu cultiv6s et ou les troupeaux sont toute 1'annee dans la bruvere, le pays ne produisant aucun autre paturage. » MOVEN DE FREVENIR LES INCRUSTATIONS DES GENERATEURS A VAPEUR. M. Fresenius avait remarque que, depuis 1821, il ne s'etait forme aucutie incrustation dans le bouilleur d'une machine a vapeur a Ems lorsqu'il dtait alimente avec de l'eau contenant en poids 22 grammes sur 100 des matieres solides suivantes : carbonate de soude, 11 gr. 35 ; sulfate de soude 0,11 ; chlorure de sodium 7,27 ; sulfate de potasse, 0,44; carbonate de chaux, 1, 24; carbonate de baiyte, 1,07; carbonate de baryte et de strontiane , 0,002; carbonate de fer, 0,017; carbonate de manganese, 0,009 ; phos- phate d'alumine, 0,011 ; silice, 0,38. De ce fait M. Fresenius coo- clut que ce n'etait pas le carbonate de chaux, mars bien le sulfate de chaux qui produisait les incrustations ; et que la formation de ce sel dans le cas present ctait empechee par la grande quan- tite de sonde contenue dans l'eau. II partit de la pour faire di- verses experiences qui consistaient a ajouter de la soude aux eaux charges de sulfate de chaux, et qui, jusque-la , avaient donne lieu a de fortes incrustations. Cette addition fut toujours couronnee d'unplein succes; M. Fresenius a ete" amene ainsi. a conseiller l'em- ploi de la soude, comme ctant le meilleur moyen d'empecher les incrustations. La savant chimiste donne, en outre, la regie sui- vante pour eviter que la soude ne soit ajoutee en exces : 100 parties de sulfate anhydre de chaux sont decomposers par 78 parties de chaux ealcinee pure ; en partant de ce principe, on d£terminera sans peine aucune, dans chaque cas particulier, la quantite exacte de soude qu'il faut ajouter a l'eau, il faut seulement qu'il y ait tou- jours un leger exces de cette substance preservatrice, et par conse- quent l'eau du bouilleur doit etre eprouvee de temps en temps. Voici un moyen tres-simple de faire cette dpreuve : on prend une COSMOS. 525 quantite mesuree de l'eau du bouilieur, filtree s'il est necessaire, on la divise en deux portions egales ; on ajoute a. l'une une partie de de soude, a l'autre une partie d'eau de chaux ; si la premiere reste claire pendant que la seconde se trouble quelque peu, la pro- portion de soude est bonne ; si le contraire a lieu, il faut ajouter de la soude ; on en retirerait, au contraire, si l'eau eprouvee avec l'eau de chaux etait Ires-trouble. , NOUVEAU FEU GREGEOIS. Nous avons assiste , mercredi, a une curieuse experience de py- rothecnie niilitaire, executee par M. Niepce de Saint-Victor, sur le bassin du Palais-Royal, que le commandant du palais, M. Picot, avait eu l'obligeance de mettre a sa disposition. Une fiole en verre a moitie pleine d'un liquide transparent, dans lequel na^eaient de petits globules noiratres, fut jetee sur l'eau du bassin et cassee d'un ■coup de gaule. A peine le ballon a-t-il ete brise\ et le liquide re- pandu a la surface de l'eau, que les globules noiratres se sont mis a tournoyer; et au bout d'un instant, des flamtnules bleuatres ont parua la place de chaque globule, et le feu, s'etendant avec rapidite, sur tout le liquide repandu, on a eu le curieux spectacle d'un bassin d'eau couvert de ilammes. Ces flammes jouissaient dune puissance calorique tres-grande, puisque nous] en etions affecte a une dis- tance assez considerable. Que serait-ce, si de pareils feux o-rea-eois s'allumaient sur mer, au milieu d'une flottille en mouvement? PERIPNEUMONIE tPIZOOTIQUE DU GROS BfiTAIL. RAPPORT FAIT AU NOM DE LA COMMISSION INSTITUTE FAR M. LE MINISTRE DU COMMERCE , POUR ETUDIER LE MODE DE PROPAGATION ET LES MOYENS PREVENTIFS DE CETTE MALADIE. PAR M. BODLET. professeur k l'Ecole d'Alfort. Experience surla cohabitation. — Conclusions. — 1° La pe- ripneumonia epizootique des betes a comes est susceptible de se transmettre par voie de cohabitation, des animaux malades aux ani- maux sains de la meme espece ; 2° Tous les animaux exposes a la contagion par cohabitation ne contractent pas la peripneumonie ; il en est, parmi eux, qui demeu- rent-completement refractaires a Taction contagieuse, et d'autres qui n'eprouvent, sous son influence, qu'une indisposition legere et de peu de duree ; 3° Parmi les animaux qui contractent la maladie, les tins gueVis- sent et recuperent, apres leur guerison, toutes les apparences ex- terieures de la sante, les autres succombent; 4" Les animaux qui ne pre^entent que des symptomes d'une indisposition legere a la suite d'une premiere cohabitation, parais- sent preserves par ce fait, a l'avenir, contre les atteintes de la pe- ri pneumonie ; 5° Les animaux qui ont ete atteints une premiere fois de la pe- ripneumonie, ne paraissent plus susceptibles de la contracter de nouveau. Telles sont les conclusions gendrales que la commission s est crue autorisee a deduire de ses experiences sur la contagion par coha- bitation. Quant aux questions de savoir quelles peuvent etre, dans un troupeau soumis a l'influence de la contagion, les proportions relatives des animaux qui demeurent refractaires a son action; de ceux qui tleviennent indisposes ; de ceux enfin qui contractent la peripneumonie, et parmi ces derniers quel est le rapport des morts aux guerisons, la commission n'a pas pense" avoir r£uni un assez grand nombre de faits pour formuler une conclusion qui fat 1'ex- pression absolue de ce qui se passe dans les conditions habituelies de la pratique. Elle a du se borner a enoncer ici les chiffres qui re- sultent de ses experiences particulieres. D'apres le relev^ de ces experiences, 45 animaux sur 100 ont contracts la peripneumonie par le fait de la cohabitation, et 2\ ont eprouve une indisposition legere; ce qui fait, en resume, 65 am- COSMOS. 527 maux qui ont ressenti l'influence contagieuse a des degres divers, et 35 qui s'y sont montres reTractaires. La proportion des animaux qui ont recupere" toutes les apparences exterieures de la sante, apres avoir contracts la maladie, a ete de 83 pour 100 des animaux malades, et celle des sujets qui ont suc- combe a £te de 17 pour 100. ■' Experiences sur I 'inoculation de la peripneumonia. — Conclu- sions. — 1° L'inoculation du liquide extrait des poumons d'une bete bovine, malade de la penpneumonie, ne transmet pas aux ani- maux sains de la raeme espece auxquels on la pratique une maladie semblable, tout au moins par son siege, a celle d'ou procede le liquide inocule. 2° Les phenomenes appreciables, consecutifs a l'inoculation, sont ceux d'une inflammation locale, legere et circonscrite au lieu de l'inoculation, sur un certain nombre des sujets inocules; grave, diffuse, accompagnee d'une reaction generate, proportionnelle a l'intensite de la reaction locale, et compliquee d'accidents gangre- neux sur un autre nombre des animaux inocules, pouvant enfin se terminer par la mort pour quelques-uns de ces derniers. — Dans les experiences de la commission, l'inoculation a <5te benigne dans ses effets sur 61 pour 100 des sujets inocules ; grave et compliquee d'accidents gangrcneux sur 38; mortelle pour 11. — 88 sujets sur 100 ont done recupere leur sant6" apres l'inoculation; 61 sans presenter de traces apparentes de l'operation qu'ils avaient subie, et 27 avec des lesions exterieures locales, plus ou moins etendues et accusees, suivant l'inlensite des accidents gangreneux auxquels l'inoculation avait donne naissance. 3° L'inoculation du liquide extrait des poumons d'un animal ma- lade de la peripneumonie possede une vertu prdservatrice ; elle investit l'organisme du plus grand nombre des animaux auxquels on la pratique d'une immunite qui les protege contre la contagion de cette maladie, pendant un temps qu'il reste a determiner, mais qui, dans les experiences rapportees plus haut, n'a pas ete moindre que de six mois. Si maintenant, pour apprecier la valeur economique de l'inocu- lation dont l'experience directe demontre les proprietes preserva- trices, on voulait comparer les r^sultats que sa pratique a donnes dans les differents essais rapportes plus haut, avec ceux qui ont ele1 fournis par toutes les experiences de cohabitation relatees dans ce compte rendu, voici les conclusions auxquelles ce rapprochement conduirait : 528 COSMOS. Du releve" statlstiqxie des experiences faites par la commission, il resulte d'une part : Que sur 100 animaux de l'espece bovine exposes a Tinfluence de la contagion par cohabitation, 31,61 sont dpargnes, et 21,73 n'eprouvent qu'une indisposition passagere et de pen espere. L'A/he/ieeum conjure le gouvernement d'augmenter les appointements des professeurs, de telle sorte qu'ils puissent rc- peter chaque lecon plusieurs fois. Cette institution est tout a Londres, et n'est encore qu'un premier pas vers la creation d'un -r9 550 COSMOS. e*tablissement national semblable a notre Conservatoire des arts-et- metiers. — L'Institution royale de Londres a quelque analogie avec no- tre College de France, excepte* qu'elle a ete organised, non par l'E- tat, mais par des particuliers, et qu'elle est entretenue d'abord par les contributions annuelles des souscripteurs ou actionnaires ; puis par la cotisation des personnes qui suivent les lemons. Ces cotisa- tions, en 1853, ont depasse" le chiffre de 110000 francs, qui jamais encore n'avait et6" atteint ; cet accroissement de revenus a permis d'augmenter le nombre des professeurs ; les inspecteurs se felicitent grandement de l'adjonction, en cette quality, de M. Tyndall. Dans l'assemblee g^n^rale, tenue le ler inai, le due de Northumberland a ete" elu president; le tresorier sera toujours M. Poll; le secretaire, M. Barlow; le conseil d'administration est compose d'un grand nombre d'hommes haut places et celeb res. Belgiqae. — L'Academie des sciences de Bruxelles s'est pr^oc- cupee d'un fait tres-grave, l'extinction presque complete du poisson dans les etangs, pendant les dernieres fortes gelees de l'hiver, mal- gre les precautions ordinairement prises en pareille circonstance. Les observations recueillies s'accordent a montrer que generale- ment cette destruction n'a eu lieu que dans des etangs qui n'etaient point alimentes par des sources, et ou les eaux etaient naturelle- ment stagnantes ; elle parait etre le resultat de causes morbides spe- ciales, bien plus que des froids. Les anguilles ont peri comme les autres poissons, et M. Van Beneden fait observer qu'a Ostende on a perdu un grand nombre d'huitres. Dans beaucoup de localite"s le fretin est presque aneanti ; heureusement que les fecondations arti- ficielles, dont on s'occupe beaucoup en Belgique, contribueront gran- dement a. reparer le mal. — M. Quetelet, membre et secretaire perpetuel de l'Academie, vient de publier X Almanack seculaire de I ' Observatoive de Bruxel- les, pour servir de complement aux annuaires du meme etablisse- ment. M. Dupre a publie ses observations meteorologiques pour 1852. — M. le docteur Heffner de Wurtzbourg ecrit qu'il a trouve recemment un manuscrit en latin de l'astronome Tycho Brahe, adresse au landgrave Guillaume de Hesse, et qui contient une rela- tion tres-etendue sur la comete qui fut visible depuis la fin de fe- vrier jusqu'au commencement de mars 1590. M. Heffner croit cette relation inedite, et demande s'il conviendrait a l'Academie de la COSMOS. 551 publier. Quelques nouveanx renseignements seront demandes au savant allemand. Italie. — Le R. P. Secchi a observe la planete Amphitryte a l'Observatoire du college romain, les 3, 6, 7 et8 avril. Les trois dernieres observations lui ont servi a determiner les elements de cet astre : si nous ne les reproduisons pas, c'est qu'ils different trop consideVablement de ceux qui ont 6t6 publics par MM. Villarceau Bruhns, Laugier, Hind, etc. M. le commandant Colla fait remar- quer qu'en admettant les elements calcules, Amphitryte, sous le rapport de la distance moyenne au soleil, occuperait le quatorzieme rang, dans legroupe du milieu, entre Lutece et Thetis; sous le rap- port de l'excentricit£, elle viendrait aussi au quatorzieme rano- en- tre Lutece et Flore, enfin, sous le rapport de l'inclinaison, elle se- rait la quinzieme parmi les petites planetes, entre Flore et Vesta. La planete Bellone est la vingt-cinquieme, au point de vue de la dis- tance au soleil, dans le groupe le plus eloigne entre Pallas et Cal- liope; au. point de vue de l'excentricite, elle est la dix-huitieme entre Irene et Euterpe; enfin, au point de vue de l'inclinaison, elle est la dixieme entre Irene et Melpomene ; les inclinaisons et les excentricit^s dans les comparaisons precedentes sont toujours comp- ters a partir du minimum. TRAITEMENT DES FIEVRES INTEBMITTENTES PAR LES DOUCHES FROIDES. M. Louis Fleury, createur et directeur de 1'Etablissement hydro- therapique deBellevue, jette a M. le docteur Piorry ce noble deli : « Mon cher professeur, je prends l'engagement de vous demon- trer, quand vous voudrez : « 1° Que les douches froides sont une medication heroique con- tre la fievre intermittente legitime, paludeenne, simple (aucun cas de fievre pernicieuse ne s'etant presente a moi), de tous les ao-es de tous les types, de toutes les origines ; trois douches ayant presque toujours suffi pour couper definitivement les acces, et le succes ayant ete constant depuis sept ans ; " 2° Que les douches ramenent graduellement la rate et le foie a leurs limites physiologiques, conformement a la loi que j'ai etablie et que vous connaissez sans doute ; « 3° Que les acces febriles disparaissent sans retour, bien avant que la rate ait ete ramenee a son volume normal ; * 4° Que le sulfate de quinine ne guerit pas autrement, — lors- qu'il guerit. » PHOTOGRAPHIE. COMMUNICATIONS NOUVELLES DE M. STEPHANE GEOFFRAY. Commencons d'abonl par rectifier une erreur de lecture et de ty- pographic, qui a contnstc notre si honorable correspondant. L'au- teur de la nouvelle methode de photographie sur papier, prepare a la ceroleine, s'appelle non pas Geoffroy, mais Geoffray ; cette er- reur est d'autant plus regrettable, que l'article du Cosmos a ete reproduit par tous les journaux de photographie, francais et Gran- gers. La nouvelle methode, et nous nous en rejouissons grandement, a deja fait le tour de 1'Europe, elle nous revient traduite danstoutes les langues. M. Maury, redacteur du Propagateur, avait souleve trois olijections, auxquelles M. Geoffray a repondu, courrier par courrier. " Le papier prepare a la ce>oleine, disait-il, n'est pas cire; il est necessaire de cirer l'epreuve negative avant de tirer les epreuves positives : en ce cas, on retombe dans l'inconvenient qu'on cherchait a eviter : il faudra toujours des rames de papier Buvard et des kilogrammes de cire. " M. Geoffray repond : « J'ai declare que je cirais mes negatifs avec le re'sidu obtenu dans la preparation de la ceroleine ; et je dis avec vous que le plus souvent e'est neces- saire. Cependant, l'expcrience vous prouvera bientot qu'il est pos- sible d'obtenir a la ceroleine d'excellents negatifs, immediatement propres a la reproduction sans cirage prealable. D'ailleurs, le ci- rage apres, tous les photographes le savent bien, n'est pas com- parable, pour ses difficultes, au cirage avant, et coute relativement si peu, soit de temps, soitde cire, soit de papier aetancher, qu'il n'est venu alapensee de personne de se plaindre decette operation, dont, d'ailleurs, no depend, sous aucun rapport, le succes d'une epreuve, avanlage immense sur le cirage avant. Ensuite, le cirage avant, dans le proccde Legray, ne dispensait pas, dans le plus grand nom— bie des cas, du cirage apres. Siconde objection : " La ceroleine contenue dans la cire, dans la prqj ortion de 4 a 5 pour un, seulement, est tres-soluble dans l'al- fool, meme a froid. Des lors, a quoi bon embarrasser l'operateur .;■? coinues pour faire bouillir le melange, et d'appareils distilla- toires pour recueillir l'alcool? " II suffit, pour dissoudre la ceroleine de mettre l'alcool en con- tact avec de la cire parfaitement divisee soit rap£e, soit, ce qui est encore mieux, liqueTiee; pour cela, nous avons introduit la cire en .cuts, dans un ballon a long col, nous avons ajoute l'alcool et I us avons plough le ballon dans un bain-marie, nous avons ogite . COSMOS. 553 et filtre" la partie liquide, apres le refroidissement, le papier pre- pare avec la solution de ceroleine faite comrae l'indique M. Geof- iray, n'etait pas plus cire que la notre, nous prefeVons done notre manipulation bien plus simple et moins couteuse. » Reponse : « Si je n'ai pas donne" le moyen economique que vous proposez pour extraire la ceroleine de la cire, e'est persuade que mon procede, celui du reste de tous les livres de chimie, permet d'ob- tenir, avec la meme quantite de cire, une plus grande quantite de ceroleine... Je ne doute pas que ma ceroleine ne soit plus concen„ tree que la votre; cela, du reste, au point de vue photographique est sans importance, car fetends ordinairement ma liqueur d'une certaine quantite d'alcool neuf, surtout si je veux preparer des pa- piers forts. En definitive, les photographes qui, pour uae raison ou une autre, ne tiendront pas a obtenir la plus grande quantite pos- sible de ceroleine d'une quantite donnee de cire, feront tres-bien d'employer le procede que vous leur conseillez, et dont je ferai moi- meme mon profit. » 3e objection : " Quant a la solution sensibilisatrice, nous croyons que l'addition des bromures, fluorures et cyanures est parfaitement inutile, et n'ajoute rien, ni a la sensibilite du papier, ni a la vigueur de l'image... Nous affirmons que 1'iodure de potassium seul donne d'excellents resultats. » Reponse : « II ne m'est jamais arrive" de ne pasajouler, en meme temps que de l'alcool neuf, du bromure, du fluorure et de 1'iodure d'argent dissous dans du cyanure de potassium : je n'ai pas assez. de confiance dans l'efficacite du fluorure pour en affirmer 1'uiilite" photogenique, et je vous avoue sincerement n'avoir jamais employe ce corps que par scrupule. Quant a 1'iodure d'argent, il a reellement des avantages, employe dans le premier bain. Le bromure etudie' spewalement par moi, depuis quelque temps, m'a donne des effets evidents, justement avec la ceroleine : j'ai obtenu, en auornentant considerablement la proportion du bromure, des ejoreuves qui mon- traient tous leurs details avant d' avoir recu Taction de 1'acide p-alli- que; et cela, apres 7 minutes d' exposition avec un objectif simple normal, ayant un diaphragme de 1 centimetre. Ce phenomene s'est toujours repete avec les papiers prepares de meme, et je l'ai fait observer a deux photographes qui n'avaient jamais vu, au sortir du chassis, des epreuves aussi evidemment dessinees. J'ai remarque de plus, que ces epreuves terminees avaient un modele tres-beau grace a la delicates3e des details et a la conservation bien gradu£e des demi-teintes. Tout ceci ne m'a pas etonne, sachant que le bro- 554 COSMOS. mure est sensibilisateur lui-meme. Neanmoins, je me joins a vous pour conseiller aux photographes encore inexp^rimentes et incapa- bles de bien comprendre les differentes nuances artistiques d'une £preuve, de simplifier leur solution sensibilisatrice, et de n'employer que l'iodure soit d'ammonium, soit de potassium, selon les ressour- ces de leurs locality. Nous ne saurions trop feliciter M. Maury et le Propagateur de 1'eHude consciencieuse qu'ils ont faite du proc£de de M. Geoffray, proc^de qu'ils proclament, avec raison, excellent. Leurs experiences, leur discussion, leurs objections memes ont 6te faites avec une ma- turite et une habilete" qui sont un bon exemple a suivre. Arrivons maintenant a la nouvelle communication que M. Geof- fray veut bien nous faire, et qui aura, nous l'esp£rons, le meme re- tentissement. Ce qu'il dit de son bain sensibilisateur au sel triple d' argent, de plomb et de chaux, pique vivement notre curiosity. L'idee de la chambre noire a souffiet n'est pas absolument neuve : MM. Seguier, Humbert, de Mollard , Durrieu , ont construit d£ja d'excellents appareils de ce genre ; mais l'ensemble des dispositions adoptees par M. Geoffray, la commodite et la modicite du prix de sa chambre et chassis accouples , seduiront bon nombrede photographes. Nous regrettons beaucoup de ne pouvoir publier, des aujourd'hui, les dessins necessaires a la parfaite intelligence du texte, mais nos lecteurs ne les attendront pas longtemps, nous les accompagnerons d'une courte legende explicative. CHAMBRE OBSCURE ET CHASSIS DU VOYAGEUR. M. Stephane Geoffray nous adresse la lettre suivante : « Je vous remercie, monsieur, des encouragements que vous me donnez avec une si gracieuse bienveillance ; je tacherai d'y repon- dre, heureux si je ne reste pas indigne des bonnes paroles que vous avez bien voulu m'adresser. « J'aurai bientot a vous soumettre de nouvelles communications qui, je crois, auront de l'inte>et ; j'ai compose" un sel triple d'argent, de plomb et de chaux, dont les resultats m'ont paru, dans un grand nombre d'applications, excellents , et qui, a des avantages moins douteux et plus surs que ceux des sels doubles d'argent et de plomb, joint une fixity complete, quality pr£cieuse au point de vue de Y6- conomie d'argent et de temps. « Je vous d^crirai, dans ma prochaine, les ressources diverses de ce bain, avec la maniere facile de le preparer; je controle ces jours- ci mes experiences, sous le double rapport chimique et pratique. COSMOS. 555 Aussitot mes observations resumees, je vous adresserai le procede tel qu'il reussisse entre toutes mains. « J'ai a l'etude le phosphore et le carbone. J'espere beaucoup des composes de ces deux elements, et bientot je compte vous faire part d'heureuses innovations. » Aujourd'hui, monsieur, je vous adresse la description d'un ap- pareil de voyage dont j'ai eu l'idee, il y a plus d'un an. Je ne vous ai pas communique plus tot ce systeme, parce que les memes be- soins devant amener, selon moi, les memes ameliorations, je pen- sais que si j'avais simplifie mon appareil de campagne, les autres photographes avaient du. en faire autant et mieux. Quelques publi- cations m'avaient meme fait penser qu'il existait deja des appareils ayant des avantages equivalents. •• Neanmoins, puisque, de fait, je n'en ai pas encore vu d'aussi simple et d'aussi commode que le mien, et que je suis sollicite d'ail- leurs, par divers amateurs, de donner de la pubiicite a. une disposi- tion qu'ils proclament avec moi heureuse , je vous en adresse la description. « Mon appareil de voyage se compose d'une chambre noire et de quelques accessoires pour une campagne prolongee. » La chambre noire est faite de deux boites d'egale epaisseur, renfermant, entre leurs parois, un soufflet, dont le tirage est de 70 centimetres. L'une des boites porte l'objectif sur sa face anterieure, l'autre est munie d'une double rainure, dans laquelle sont gliss^s, tour a tour et suivant le besoin, divers chassis, le chassis a glace depolie, deux chassis pour papier humide (inutile en campagne) et le chassis multiplicateur, que je decrirai plus loin. » On developpe le soufflet en ecartant les deuxcompartimentsou boites parallelementl'un a l'autre, le long d'une coulisse etroite, a. la- quelle on les assujettit, Tun a l'extremite" de la coulisse, l'autre a un point mobile et variable, avecle foyer de l'objectif; on atteint ce point al'aide d'une vis de rappel situdevers l'extremite opposed de la cou- lisse et faisant cremaillere. Les parois horizontale et verticale des deux boites de la chambre noire portent chacune deux ecrous a l'aide desquels on puisse dinger la chambre obscure horizontalement, verticalement, ou obliquement, suivant la vue que Ton veut pren- dre. La vis de rappel, dont il a ete question, s'adapte a une piece plate portant deux dents qui penetrent dans la boite mobile quand elle est monteesur la coulisse, et l'entrainent toujours parallelement a la boite fixe. Cette piece est d'ailleurs travers^e par la vis ail£e 556 COSMOS. de pression, qui serre ct fixe la partie posterieure de la chambre noire a la coulisse. « L'ecrou de la vis de rappel est incruste dans le bois de la cou- lisse. La traverse, sur le devant de la coulisse, porte aussi deux dents qui p^netrent dans le bois de la premiere boite et lui conser- vent une position perpendiculaire, par rapport aux lords lateraux de la coulisse. « Quant au chassis multiplicateur, le voici : c'est une boite tres- haute , deux ibis plus haute que les cpreuves qu'elle doit recevoir ; elle se compose de deux parties : la partie inferieure est disposee au chassis, garni d'un volet, d'ime planchette reliee par une bande d'etolie. Sur cette planchette s'appuie un ressort, pressc suivant le besoin, par une vis de rappel ailee, qui a vson ecrou fixe sur la face exterieure de la boite. Derriere le volet se trouve une feuillure qui retient les cartons presses par la planchette. Ces cartons, garnis d'un cote d'une feuille de papier impermeable, ont, colles sur leurs bords, de ce cote, des papiers sees destines a devenir des negatifs. Chacun de ces cartons est, en outre, garni d'une chevillette ou tige nunu'rotee et assujettie au milieu, au moyen de laquelle il est possible de l'elever dans la partie superieure de la boite, quand son papier impressionnable a subi Taction de la lumiere. Le bout de chaque chevillette passe a travers les dents d'un peigne, dispose sur une planchette, qui forme la partie superieure de la boite, a trois cen- timetres du couvercle. « Pour aimer le chassis multiplicateur, on dispose les cartons munis des papiers sees , entre la feuillure et la planchette , dans la partie inferieure ; et apres avoir passe" le bout de chaque chevil- lette a travers les dents du peigne, on assujettit le fond, qui s'eleve sur des charnieres, poarlaisser charger le chassis. «Lorsqu'on opere, la boite mont.ee sur la chambre noire, le volet ouvert, le premier carton ayant eu son papier impressionne, le volet du chassis referme\ le ressort d^tendu au moyen de la vis de rap- pel, le carton eleve dans la partie superieure de la boite a l'aide de sa chevillette , on ramene le ressort contre la planchette ; le se- cond carton est pousse et serre contre la feuillure, derriere le volet, et le papier sensible qu'il porte est pret a subir a son tour Taction de la lumiere ; ainsi de suite desautres cartons. Je dois ajouterque les cartons remontes dans la partie superieure du multiplicateur ne peuvent pas retomber, car ils sent soutemis par Tcpaisseur des car- tons presses par le ressort, d'une part, ou bien par Tetoffe qui relie la planchette au fond de la boite. COSMOS. 557 4 La chambre noire repliee laisse place, dans le vide forme" par !'<£- paisseur des plis du soufflet, pour une boite qui peut contenir un flacon d'acide gallique saturc, un flacon de bromure de potassium dissous en solution concentree , un flacon d'acetonitrate d'argent, un petit flacon de nitrate d'argent cristallise , un d'acicle acetique cristallise, une capsule en verre et son eponge, un godet de colle de pate et deux pinceaux, l'un pour la colle, petit , et l'autre en brosse pour debarrasser les epreuves du depot do gal late d'argent. « Le chassis a glace depolie est muni d'une espece de sacportant une garniture en caoutchouc, au moyen de laquelle je puis, en y passant la tete, avoir le cou serve et ainsi mettre au foyer, les mains libres et sans souci du vent, completement preserve" des importuni- tes de la lumiere exterieure. En route, ce sac est replie surlui-meme et retenu contre la glace par trois cuvettes en gutta-percha, entrant l'une dans l'autre et fixees fucilement sur le chassis par une courroie. La chambre noire ainsi armee n'a pas un volume plus conside- rable que celui d'une boite de peinture de campagne ; je la porte sur le dos comme un havresac, au moyen du meme systeme de cour- roies. Au-dessus, a la place du porte -manteau, j'attache la coulisse et au besoin il serait possible d'y placer \esjambes du trepied; a. un des cotes lateraux, je suspends mon objeclif, enveloppe dans une bourse en peau, mes deux chassis pour la voie humide et le porte - feuille trouvent place dans la courroie qui reunit les cuvettes a la glace depolie. Si j'emporte mon chassis multiplicateur, je le monte sur la chambre noire a. la place du chassis a. glace depolie, et je place celui-ci, retenu par un systeme de courroies, contre la partie supe- rieure s'elevant au-dessus de la chambre noire avec les cuvettes, les chassis a voie humide et le portefeuille qui renferme les papiers buvards, les papiers prepares soit simplement dans le bain de ce- roleiue, soit aussi sur le bain sensibilisateur et s^ches. » BAIN SCHOER. Dans la lle livraison du Cosmos, tome IVe, nous promettions a nos lecteurs de leur donner notre appreciation sur le bain negatif de M. Schoer; aujourd'hui que de nombreuses experiences nous ont fixe a cet egard, nous sommes heureux de leur annoncer que ce bain, dont M. Schoer garde le secret, fournit d'excellentes epreu- ves; tres-bon pour le portrait, et lc paysage, il est presque sans egal pour la reproduction, et Ton eA vraiment etonne de rencontrer dans les positifs sur papier, une fidelite de details comparable a celle de la plaque, ou du verre albumini. 558 COSMOS. Entre autres epreuves, nous avons sous lesyeux une reproduction cTune eau forte du celebre Le Pautre, qu'on pourrait facilement confondre avec la gravure elle-meme, tant la finesse des traits, la nettete des lettres de la l^gende, et le ton du papier, concourent a favoriser l'illusion. Certainement que les Belloc, les Bisson, les Bertsch, les Bin- gham, les Plumier, n'ont pas besoin du bain de M. Schoer pour produire d'excellents cliches; mais il n'en est pas de meme de l'a- mateur qui, ne cherchant dans la photographie qu'un delassement auquel il consacre ses loisirs, n'a pas l'experience de ces maitres de l'art, et trouve souvent des mecomptes; pour lui, il n'est point indifferent de rencontrer un auxiliaire qui lui permette d'obtenir, presque a coup sur, des epreuves satisfaisantes. Nous terminerons notre article en donnant des formules de M. Schoer, pour la preparation d'un collodion et d'un papier po- sitif. COLLODION. &her sulfurique a 62° 100&r Coton poudre 1, 25 Alcool a 36° 10 Melez et laissez dissoudre completement, ensuite filtrez ou decan- tez apres repos. Mettez dans un autre vase : Eau distillee 5Sr Iodure de potassium 0, SO Iodure d'ammonium 0, 50 Bromure d'ammonium 0, 25 Laissez dissoudre completement, et ajoutez ensuite a cette so- lution : Alcool a 40° 15Sr Agitez, ou mieux chauffez un peu dans un petit ballon en verre, pour que le melange soit plus intime. Ensuite, melez cette liqueur avec le collodion precedent. L'iodure d'ammonium joue ici le role de corps accelerateur, et le bromure d'ammonium est ajoute pour donner de la finesse et des details a l'image. PAPIER POSITIF. ler bain. Phosphate de soude 5§r Eau distillee ou ordinaire. .... 100 COSMOS. 559 Prenez le papier par deux angles opposes, et posez-en la surface '.a plus unie sur le liquide, en £vitant d'interposer des bulles d'air, relevez de suite et faites secher. Cette preparation donne a l'dpreuve un ton bistre tres-artisti- que; si Ton veut avoir un noir de gravure, il snffit de remplacer le phosphate de soude par Is, 50 de chlorure de sodium. Mettez dans un ballon en verre : 2e bain. Nilrate d'argent cristallise 20Sr Ammooiaque ires-pure 25 Agitez jusqu'a dissolution complete du nitrate d'argent; placez ensuite sur une lampe a esprit de vin, et r^duisez des 2/3, retirez de la fiamme et laissez refroidir completement. Si le nitrate est pur, il ne doit pas y avoir de precipite. Ajoutez ensuite : eau distillee tres-pure, 100 grammes, etfiltrez. Mouillez votre papier comme precedemment. Ce papier, tres- sensible, doitetre prepare le matin meme du jour oil Ton doit s'en servir. Bain jixateur. Eau distillee llitre ;, Chlorure d'or lgr Hyposulfite de soude. 120 Chlorure d'argent recemment prepare 6 Acide acetique 56oul,e, Acide chlorhydrique 5 Enfin, pour le lavage, servez-vous d'eau chaude a 70° si vous etes presse d'obtenir votre epreuve. Dans notre prochain numero, nous nous entretiendrons des belles epreuves de M. Bertsch, que nous ne pouvons, faute d'espace, exa- miner aujourd'hui. Nous avons aussi une bonne nouvelle a annoncer, c'est l'appari- tion, pour la semaine prochaine, du Traite tie photo graphie sur collodion, par M. Belloc. Nous analyserons avec soin cet ouvrage, attendu depuis longtemps par tous ceux qui s'occupent de photo- graphie. REPONSE de m. bodssingault AU MEMOIRE DE M. G. VILLE. M. Boussingault s'est exprimd ainsi : « L'auteur do la communication imprimee dan* le compte rendu de la prdcddente seance m'a fait une singuliere situation. En effet, je n'ai pas a me defendre d'une attaque qui serait dirigee contre mes travaux ; loin de la, j'ai a me defendre d'avoir fait une decouverte. On le voit, la situation est assez nouvelle. Ainsi, mes recherches de 1837 auraient etabli de la maniere la plus positive le fait de l'assi- milation de l'azote de Fair par les plantes. Je crois, moi, que dans tout ceci, si j'ai constate- quelque chose, c'est que l'azote, qui est a l'etat gazeux dans l'air, n'a pas dtd fixe pendant la vegetation des plantes qui ont ete l'objet de mes dernieres experiences. Au reste, je comprends d'autant mieux la conviction profonde de l'auteur de la communication, qu'il l'avait avant d'avoir fait une seule analyse. Voici ee qu'on trouve dans un mdmoire prdsentd a l'Academie dans la seance du 21 octobre 1850. « Apres avoir decrit dans sa gdndralitd la methode que j'ai donnde en 1837, et qui consiste a analyser comparativement la semence et la reeolte, il ajoute : " Bien que la rdcolte des plantes n'ait pas en- .. core ete faite, on peut considerer la question comme resolue. II « est manifeste, en effet, qu'une certaine quantity d'azote a ete as- « similde par les plantes, et que cet azote vient de l'azote de Fair ; « car les plantes ont pris dans la cloche un developpement remar- « quable ; et l'air, au sortir de la cloche, s'est trouve contenir la « meme quantite d'ammoniaquequ'a son entree. •> Ainsi la conse- quence qui se deduit de la seule inspection de la cloche, c'est que l'azote de l'air a ete" directement assimile par les plantes, et que l'ammoniaque atmospherique n'a joue aucun role sensible. Que l'ammoniaquene soit pasintervenue, c'est possible, quoiqueles pro- cedds du dosage de cet aleali soient encore bien imparfaits pour qu'on puisse affirmer qu'il etait sorti de la cloche autant d'ammonia- que qu'il en £tait entre; mais je crois qu'avant de conclure a l'assimilation de l'azote de l'air, il est prudent d'analyser la reeolte. « Je me hate d'ajouter que, depuis, toutes les analyses faites par l'auteur du Memoire sont venues justifier pleinement ses impressions antdrieures. Au reste, d'ici a peu de temps, j'aurai l'honneur de comniuniquer a l'Academie des experiences physiologiques qui mon- treront , je pense , que les plantes ne fixent pas l'azote gazeux de l'air. Sur ce qui a e'td dit dans la seance d'aujourd'hui , je me bor- COSMOS. 561 nerai a faire cette simple observation : quand, dans un appareil, les plantes croissent, fleurissent et portent des graines, on doit en con- clure que la vegetation s'y accomplit dans toutes ses phases. J'a- joutemi que, dans les conditions oil j'ai fait developper les plantes, il y a toujours eu gain en azote, quand le sol contenait la plus minime quantite de raatiere organique azot<2e agissant comme engrais. « Voila toute la reponse que M. Boussingault a faite a M. Ville : exaininons-la, puis nous resumerons la discussion. M. Boussingault se defend d'avoir affirme en 1837, de la ma- niere la plus positive le fait de l'assimilatiafl de 1' azote par les plan- tes. Ilimporte d'autant plus debien cqnstaterce que M. Boussingault pretendait avoir demontre a l'epoque qu'il rappelle, que M. Dumas a dit " Ce beau memoire de M. Boussingault n'a pas seulement POUR RESULTAT Dli CONFIRMER SES AN CI ENS TRAVAUX, ETd'eTABLIR, COMME UNE DES REGLES DE LA STATIQUE CHIMIQUE, QUE, POUR CELLES DU MOINS SUR LESQUELLES IL A OPERE, ELLES n'eMPRUNTENT POINT d'azote a l'air. >> Confirmer ses anciens travaux ! Voyons ce qu'd y de vrai dans cetfe assertion. Le premier memoire de M. Boussin- gault a ete lu dans la seance du 22 Janvier 1838 ; il a pour titre : Recherches chimiques sur In vegetation, entreprises dans le but de determiner si les plantes prenneni de I azote a T atmosphere. Or voici la troisieme conclusion de l'auteur : « Durant la culture du trefle, dans un sol absolument prive d'engrais, et sous la SEULE INFLUENCE DE l'eAU ET DE l'aIR, CETTE PLANTE PREND DU CARBONE, DE l'hYDEOGENE, DE l'oXYGENE, ET UNE QUANTITE AP- PRECIABLE d'azote. » Ce Memoire fit une si grande sensation, que, par une exception infiniment rare, il devint dans la seance suivante, 29 Janvier, l'objet d'un rapport fait par M. Dumas, qui, tout a l'heure, donnait si genereusement a son lllustre ami un cer- tificat de fidelite a ses anciennes convictions. Voici ce que tout le monde peut y lire : « L'Acad^mie a vu que l'auteur s' est propose de resoudre net- « tement une question qui a preoccnpe toutes les personnes qui « ont refiechi au grand probleme qui se rattache aux conditions x des etres organises a la surface du globe... On a ete involon- « tairement tente de croire que l'azote demeurait passif dans tous ■• ces phenomenes, car on sait que l'azote, pris a l'etat gazeux, ne « contractede comhinaison qu'avec beaucoup de peine... M. Bous- « singault s'etait done pose une des plus belles questions de la « philosophie naturelle, celle de savoir si les plantes empruntent 562 COSMOS. « de l'azote a l'air, et si elles ont le pouvoir de s'assimiler ce gaz a. « toutes les £poques de leur existence ; montrons d'abord qu'il « s'est mis parfaitement en mesure de resoudre ce probleme II « fallait cr£er une methode d'observation d'une exactitude ex- - treme... » « M. Boussingault analyse par les methodes connues, au moyen « de l'oxyde de cuivre, les plantes ou graines avant l'expeVience ; il " les analyse apres. II peut done comparer leurs elements : carbone, " hydrogene, azote, oxygene, et voir ce qu'elles ont gagne ou perdu. « De plus , il les fait vegeter ou germer dans un air sans cesse re- « nouvele et bien lave, pour le depouiller de toute poussiere; il les « arrose avec de l'eau distillee, et il les cultive dans un sable siliceux. " Ces precautions sont faciles a observer, au moyen d'une cloche, « oil les plantes sont continues, et dont l'air se renouvelle sans cesse « par le jeu d'un tonneau aspirateur. M. Boussingault a fait vegeter " du trefle dans cet appareil pendant deux et trois mois ; et il a vu « que le trefle fixe une grande quantite d' azote, EMPRUNTEE « NECESSAIREMENT A L'AIR... Ainsi, il demeure prouve que »i les trefles s'emparent de l'azote de l'air etTOUT PORTE A « CROIRE QUE CE PHENOMENE EST GENERAL; si les « plantes a cet egard different entre elles, e'est probablement par « L'EPOQUE A LAQUELLE ELLES FIXENT L'AZOTE. « C'est ce que M. Boussingault nous apprendra, en continuant ses " experiences ; car le mtmioire qui nous occupe ne peut etre consi- « dere que comme la PREFACE d'un grand ouvrage que l'auteur « est parfaitement en mesure d'executer. » (C. R., vi., p. 129.) Le deuxieme Memoire de M. Boussingault a ete presente le 19 novembre 1838 ; on y lit : " Les experiences faites dans le courant de l'annee derniere ont » etabli que le trefle ne et cultive dans du sable, prealablement cal- « cine a la chaleur rouge, admet dans son organisation une certaine « quantite d'azote , provenant tres-probablement de l'atmosphere. « En cultivant cette annee des pois, semes dans des conditions « exactementsemblables, j'aiobtenulesmemes resultats; etdeplus, « j'ai eu l'occasion de constater un fait assez inattendu : c'est que « les pois, sous l'influence d'un semblable regime, n'ayant pour tout « aliment que l'eau et l'air, ont fleuri et donn6 des semences d'une « maturite parfaite... Pour les pois cultives dans un sol sterile, le « poids de l'azote contenu primitivement dans la semence se trouve » plus que doubl6 dans larecolte (0,110 au lieu de 0,046)... Dans « ce raerae sol, le trefle, en deux mois de vegetation, aux depens de COSMOS. 563 « l'air et de l'eau, a pour ainsi dire triple le poids de sa matiere « elementaire , et l'azote a presque double Les recherches que « j'ai entreprises semblent done £tablir que , dans plusieurs condi- « tions, certaines plantes sont aptes a puiser de l'azote dans l'air. » Le troisieme Mthnoire date du 31 decembre 1838 ; il se termine ainsi : « Dans les divers travaux que j'ai eu l'honneur d'adresser cette » annee a 1'Academie, se trouvent deux faits qui, si je ne m'abuse, « ont un certain interet physiologique ; l'un, qui m'a deja valu des « encouragements de 1'Academie , etablit que l'azote de I'at- « mosphere peut etre assimile clurant la vie vegetate. » C'est M. Boussingault lui-meme qui a souligne ces mots. Comptes rendus, t. vii, p. 1153. Quinze jours se sont a peine ecoules, et M. Dumas, vient lire un second rapport ; ecoutons-le : " Quand l'auteur veut reconnaitre l'influence de l'eau, celle de « l'air sur une plante , il la met en vases clos en rapport avec ces » deux substances (l'eau et l'air) ; et il fait l'analyse elementaire de <• la plante avant et apres son introduction dans cet appareil, qui la " derobe a toute l'influence etrangere... 11 a reconnu que certaines « plantes empruntent beaucoup d'azotea l'air. Cette consequence de - ses recherches estNOUVELLE ET DE LA PLUS HAUTE IMPORTANCE. . Done le dernier memoire de m. boussingault a eu pour resultat, NON DE CONFIRMER , MAIS DE NIER SES ANCIENS TRAVAUX. Done, M. Boussingault, bon gre\ mal gre, est atteint et convaincu , d'a- voir Jaisse dire, en 1837, de la maniere la plus positive, qu'il avait d^couvert, etabli et prouve l'assimilation de l'azote de l'air par les plantes. II y a plus , c'est cette pretendue decouverte qui a ouvert a M. Boussingault les portes de 1'Academie ; il n'est devenu si vite membre de l'lnstitut que parce qu'on a cru qu'il l'avait faite. Le premier rapport de M. Dumas a eu pour effet immediat, prevu et voulu evidemment , de faire inscrire son nom , SEANCE TE- NANTE , sur la liste des candidats pour la place devenue vacante par la mort de M. Tessier; e'etait la premiere fois qu'on lui faisait cet honneur, et il figurait au sixieme rang, apres MM. de Gasparin, Leclerc-Thouin, Vilmorin, Audouin, Huerne de Pommeuse. Dans la stance qui suit celle oil fat lu le second rapport de M. Dumas, il est devenu candidat encore , mais cette fois au premier rang , et huit jours apres, le 28 Janvier 1839, il a etc" proclame" membre 56fc COSMOS. de la section d'economie rurale en remplacement de M. Huzard. Jamais la marche d'un vainqueur n'avait ete* aussi rapide , aussi eclatante ; c'est que jamais aussi une decouverte n'avait cte tant exalted , 1'assimilation de l' azote par Ees plantes devait amener pour M, Boussingault, d'ailleurs tres-digne de cette faveur, 1'assimi- lation DE LA GLOIRE ACADEMIQUE. Ce simple retablissement des faits suffit surabondamment a ren- verser tout l'echafaudage du dernier Memoire de M. Boussingault, car, quand il est admis qu'il fait jour, comment prouver et dtablir en meme temps qu'il fait nuit? Puisque M. Dumas a epuise' tous les verbes de la langue francaise, prouver, de'montrer, etablir, etc., pour exprimer le fait incontestable, inconteste, sanctionne- , cou- ronne de 1'assimilation de l'azote de l'air par les plantes, comment eomprendre que M. Dumas vienne epuiser de nouveau ces memes verbes pour celebrer le fait contraire et contradictoire de la non-assi- milation de l'azote de l'air par les plantes? Prenons garde, cependant, a. une circonstance que l'on pourrait nous opposer. II y a plantes et plantes, les plantes des premieres experiences, et les plantes des derniores experiences. Par une raison dont il a garde" le secret, M. Boussingault n'a pas voulu, de 1850 a 1853, faire germer de nouveau les plantes qu'il avait fait germer en 1837 et 1838. En 1837, le trefie deVore ets'assimile l'azote de l'air ; en 1852, le lupin refuse obstinement l'azote de l'air. En 1838, le pois emprunte a l'air un poids d'azote double du sien; en 1852, le haricot rend a Fair une portion appreciable de son azote primitif ou essentiel. Le lupin est cousin germain du trefie, mais ce n'est pas le trefie; le haricot est cousin germain du pois, mais ce n'est pas le pois. Pourquoi le trefie et le pois ne seraient-ils pas complai- sants a. l'exces; le lupin et le haricot refractaires outre mesure? Si nous avons refait cette histoire trop oubliee des rapports des plantes avec l'azote gazeux de l'air, ce n'est pas, qu'on veuille bien le croire, pour nous donner la triste satisfaction de mettre MM. Bous- singault et Dumas en contradiction flagrante avec eux-memes , il n'y a aucun deshonneur a retracter noblement, loyalement, dans l'age mur, une opinion que Ton a professee dans sa jeunesse; a. enseigner a. cinquante ans le contraire de ce qu'on a enseigne a trente; et il arrive sans cesse, dans l'ecole, qu'on oppose un docteur qui a vieilli, senior, a ce meme docteur encore jeune, junior. Le • respect de soi-meme, de la vdrite et du public defend settlement qu'on nie avoir fait une decouverte dont si longtemps on fut fief; et plus encore qu'on ne pose avec solennite la negation tardive d'un COSMOS. 565 fait, d'un travail, d'une doctrine, comme la confirmation glorieuse de ce fait, de ce travail, de cette doctrine. Nous avons retabli les circonstances relatives a cette grande question pour en tirer un enseignement d'une haute portee, pour constater que le nouveau debat suscite' au sein de l'Academie n'a rien de se>ieux, que tout est fini, que la cause est jugee en dernier ressort, causa finita est. Dans ce but, nous allons demontrer, en quelques mots rapides, les propositions suivantes : 1° Le fait de l'assimilalion de 1'azote gazeux de l'air, par les plantes, s'est produit, en 1837, et quoique la demonstration de M. Boussingault fut incomplete, avec de tels caracteres d' evidence, entoure d'un tel ensemble de confirmations irreTragables, il a ete accepte avec un enthousiasme si raisonnable et si raisonnd, qu'il y a plus que de la temerite" a venir aujourd'hui le reVoquer en doute; 2° La methode d' experimentation suivie par M. Boussingault, dans ses premieres experiences, a dte crue et proclam£e si ration- nelle et si sure dans ses dispositions fondamentales, si exacte clans ses resultats, que, maintenant surtout que M . "Ville l'a si heureuse- ment completee, si habilement d£gag£e de toutes les objections qu'on pouvait lui faire encore, il ne peut plus rester l'ombre d'un doute sur la realite absolue du fait qu'elle devait mettre en evidence ; 3° Enfin, la nouvelle methode suivie par M. Boussingault est aussi mauvaise que sa premiere methode est bonne en la suppo- sant completee; ses nouvelles experiences sont aussi nulles et aussi steriles quant aux conclusions qu'on en peut tirer, que ses pre- mieres experiences bien interpreters etaient probantes et fecondes. {La suite a la prochaine livraison.) ACADfiffllE DES SCIENCES. SEANCE DU 8 MAI. " M. le ministre de l'instruction publique transmet deux d^crets , par lesquels S. M. l'Empereur approuve les elections de M. Le- jeune Dirichlet, en quality d'associe" etranger, et de M. d2 Verneuil, en qualite d'academicien libre. Sur l'invitation de M. la president, M. de Verneuil s'asseoit au fauteuil acad^mique et rec, jit les felici- tations empressees d'un grand nombre de ses confreres. — On passe immddiatement au depouillement de la correspon- dance ; l'Academie £coute impatiemment , pressee qu'elle est de se former en comite secret, pour la discussion des titres des candi- dats a la place vacante a la section de geographie et de navigation. Cette correspondance, d'ailleurs, n'offre rien de tres-inteVessant. — M. Elie de Beaumont presente, au nom d'un certain inven- teur de Nantes, la description d'une nouvelle arme, qui aurait pour effet, en raison de sa puissance extreme de destruction, de rendre la guerre materiellement impossible. Autant que nous avons pu le com- prendre, il s'agirait d'une lance veritablement merveilleuse. Lesoldat qui la tiendrait a la main , mis a l'abri des balles par une cuirasse et un casque impenetrates, s'approcherait des colonnes ennemies, l'al- lumerait, par un moyen mecanique ; la lance alors projetterait tout a coup un jet terrible de fiamme, et ferait entendre un bruit insuppor- table aux oreilles humaines. Pendant la nuit, et sans rien perdre de ses proprietes fulminantes qu'elle doit deploy er plus tard , cette meme lance eclairerait une colonne d'attaque, et rendrait faciles des operations tres-fatales a l'ennemi. — II y a dix ans, M. le maire fie la ville de Gerberoy (Oise), a installe une machine a. elever l'eau par Taction du vent, systeme de M. Amedee Durancl. Place sur 1' hotel de ville, a une petite dis- tance de l'eglise tres-elevee qui 1'abrite malheureusement du cote" du nord, ce moteur se relie a un puits distant de 12 metres, et fait fonctionner une pompe qui alimente d'abord un reservoir spacieux, puis une fontaine publique. Les autorites competentes de cette pe- tite ville viennent affirmer aujourd'hui que cet ingenieux moulin a vent, qui brave pour ainsi dire la violence des vents, par suite des changements de direction imprimis mecaniquement a ses voiles, n'a pas cesse un instant de bien fonctionner et a fourni constamment l'eau necessaire aux besoins de la ville. Ces certificats authentiques sont adresses sans aucun doute comme un titre aux prix de meca- nique Monthyon. — Un grand nombre de m^decins adressent la nomenclature de COSMOS. 567 ce qu'il y a de plus original et de plus important dans les ouvrages pour lesquels ils sollicitent la faveur d'un prix Monthyon. Nous consacrerons quelques lignes au volume que MM. de Puisaye et A. Leconte ont publie sous ce titre : Des eaux d'Enghien au point de vue chimique et medical. Decouvertes dans le siecle dernier par le celebre P. Cotte , pretre de l'Oratoire , les eaux sulfureuses d'Enghien, administrees aujourd'hui par M. le docteur Becourt et M. Michelot, les eaux sulfureuses d'Enghien ont pris aujourd'hui une extension considerable. En 1852, ila 6te donne 13 721 bains, dont 6 584 aux homines et 7 131 aux dames. Le nombre des dou- ches a ete de 5 990, dont 2 859 aux homines et 3 131 aux dames, il a eHe" donne- gratuitement 349 bains et 302 douches. La quantity d'eau expediee, vendue ou consommde sur place a ete de 52 594 li- tres. Ces chiffres demontrent, d'une maniere frappante, la prospe- rity de l'etablissement. Le travail de MM. Puisaye et Leconte est le fruit de trois annees de recherches et d'etudes physiques, chimiques et the"rapeutiques. Au point de vue chimique une nouvelle analyse devenait n^cessaire, elle a conduit les auteurs a substituer le nom d'eaux sulfurees a celui d'eaux sulfureuses qu'on avait donne jus- qu'a ce jour aux eaux d'Enghien, parce qu'elles ne renferment ni acides sulfureux ni sulfites, mais bien de l'hydrogene sulfure. Non content d'etudier l'eau a sa source, les auteurs l'ont suivie dans tout son cours, depuis son point d'emergence jusqu'au moment oil eile arrive dans la baignoire ; ils ont pu ainsi se rendre compte des alte- rations qu'elle eprouve, soit par son contact avec l'air, soit par l'in- fluence de la chaleur, et indiquent un moyen nouveau et efficace de rem^dier acette double alteration. D'un tres-grand nombre d' obser- vations, ilsconcluent que les eaux d'Enghien doivent etre placees au premier rang, dans le traitement des affections catarrhales, telle que la bronchite, la laryngite et les diverses especes de pharyngite ; qu'elles conviennent dans les affections diathesiques, et notamment dans les diatheses scrofuleuses , tuberculeuses , rhumatismales et herp^tiques ; que leur action s'exerce surtout sur les fonctions gene- rales, et principalement sur les phenomenes de nutrition, etc., etc. Sur 354 malades de ces diverses affections, 109 ont ete radicale- ment gueris, 179 ont eprouve" une amelioration sensible, pour 66 l'usage des eaux n'a produit aucun effet. Elles seraient plus efficaces si les malades se r^signaient a un repos complet ; c'est une condition bien difficile a obtenir des personnes qui frequentent l'etablissement d'Enghien . car l'extreme proximite fait qu'elles y continuent leurs affaires et leurs plaisirs, souvent aux depens de leur sante. — Nous profitons de ia place qu'une seance si courte nous laisse 568 COSMOS. ibre, pour exposer plus en detail les titresde Fun des principaux can- didats a la place devenue vacantepar la mort de l'amiral Roussin.A en juger par ce qui est venu jusqu'a nous, les candidats qui rcunis- sent le plus de chance soit pour l'election actuelle, soit pour l'elec- tion prochaine, en remplacement de M. Beautemps-Beaupre, sont : M. Bravais, que la Commission a place en premiere ligne, M. le vice-amiral Du Petit-Thouars, qui excite de tres-grandes sympa- thies, et M. Daussy. — M. Bravais presente un magnifique ensemble detravaux qui temoignent d'une vie, nous dirons presque d'une jeunesse noblement remplie ; M. Bravais est encore aux debuts de l'age mur. Dans une note justificative, il se defend d'un reproche quo, certes, il rie meri- tait pas, celui d'etre par trop geometre et analyste , de ne pas tenir assez compte de l'observation et de l'expe>ience. II est Evident , au contraire, que tous ses travaux, meme les plus abstraits, out tous eu pour but direct et pour terme l'etude et 1' explication des phcno- menes de la nature. La grande et serieuse objection opposee a. sa candidature actuelle est qu'il n'a £te ni assez navigateur, ni assez geographe pour qu'on puisse 1'imposer a la section de navigation et de geographic. On dit, avec beaucoup de raison, que quand une section est composee d'un si petit nombre de membres, la justice et la conscience font un devoir rigoureux et sacre de la reserver aux hommes speciaux. Nous n'avons pas voix au chapitre; mais nous regarderions comme un malheur que M. Bravais, avec tant et de si beaux ti- tres, restat longtemps encore etranger a, l'lnstitut. Ce que 1'Acade- mie des sciences devrait faire, eclairee par la difficulte de la situa- tion actuelle, ce serait d'obtenir du gouvernement la faculte de completer la demi-section qui fait anomalie ; de l'appeler desor- mais section de g^ographie, de navigation, et de meteorologie, et de porter le nombre des membres a six. Ce serait une bienheureuse innovation, tout le monde y applaudirait, et la science y gagnerait beaucoup. CARRIERE ET TRAVAUX DE M. DU PETIT-THOUARS. Entre au service de la marine , en 1804, il exerca son premier commandement, en 1816, surla goelette le Gocland. En 1819, il commanda le Joubert, et alia se placer sous la direc- tion de M. Beautemps-Beaupre, pour cooperer a la levee des cartes de France, cartes auxquelles son nom est reste attache". En 1821 , il posa a Saint-Domingue les bases de l'emancipation de cette ancienne colonie. La meme annee, il visitala baie de Sidi- COSMOS. 5C9 Ferusch, pres Alger, avec lapresqu'ile da meme nom ; il 1'indiqua au gouvernement, comme le lieu le plus propice an debarquement de 1' expedition dirigee contre Alger ; elle lui dtait apparue comme un camp retranche naturrl, lorsqu'on est maitre de la mer ; et ses pro- visions furent verifiees. M. Du Petit-Tbouars prend a. Brest le commandement de la fre- gate de 60 canons, la Venus, destinee a faire un voyage de circum- navigation, enfaisant route par l'ouest, doublant le cap Horn, re- montant ensuite au nord, jusqu'au Kamtschatka, pour revenir en Europe en doublant la terre de Van Diemen par le sud. Dans le prineipe,le but de ce voyage etait politique et commercial, plutot que scientifique, la Venus avait pour mission de montrer le pavilion Francais dans des pays oil il a rarement paru, tels que le Kamts- chatka, ou personne n'etait alle depuisnotre celebre navigateur La- perouse, de proteger partout nos batiments baleiniers, de recon- naitre quelles sont les mers les plus favorables au succes de cette prccieuse industrie; de se mettre a meme de donner des renseigne- ments sur la possibility d'etendre nos relations commercialcs avec les habitants des rives occidentales de l'Amerique centrale et du Nord. M. Du Petit-Thouars, malgre- la grandeur et l'importance du batiment qu'il commande, ne veut pas laisser echapper une oc- casion si favorable d'etendre nos connaissances g^ographiques sur ces pays, jusque-la si peu visites; il demande et obtient du mi- nistre de la. marine qu'un ingeVieur hydrographe, M. de Tessan, lui soit adjoint pour le seconder. Les r^sultats acquis durant cette campagne, sont consignes dans l'ouvrage intitule : Voyage autour du monde sur la fregate la Venus. Un exemplaire de ce livre et des atlas qui l'accompagnent, offert a. l'Academie des sciences, a pu permettre aux membres de cette illustre assemblee de juger et d'apprecier jusqu'a quel point M. Du Petit-Thouars a rempli le mandat qu'il avait reclame. Pas un port n'a ete* visite par la Venus sans que le plan n'en fut leve, et que des instructions nautiques n'y fussent jointes dans la relation du voyage. Pendant cette grande navigation, des observations de physique ont ete faites d'heure en heure, et nuit et jour, depuis le depart jusqu'au jour de la rentree en France de la fregate. M. Du Petit-Thouars a compris dans ses travaux personnels de nombreuses observations de distances prises avec le cercle de Borda, pour en deduire les longitudes. Le rapport fait a l'Academie des sciences, par M. Arago, et imprime dans X Jnnuaire du Bureau des longitudes de 1810, fait remarquer a quel degre de precision on peut atteindre avec cet instrument. L'un des resultats les plus scientifiques, les plus utiles du voyage de la 570 COSMOS. Venus, est l'atlas hydrographique dont M. Du Petit-Thouars a personnellement fait les sondes. Les plans et les cartes ont etc" leves d'apres la mtSthode de M. Beautemps-Beaupre. Cet atlas eomprend vingt et une cartes. Le rapport a l'Academie s'exprime avec eloge sur ces travaux. L'observation des marees n'a point ete negligee; les navigateurs de la Venus ont dresse une table d'eta- blissements pour quinze ports ; c'est tout ce qu'il a £te possible de recueillir dans des relaches necessairement tres-courtes. Ces ob- servations ne laissent rien a desirer pour le soin avec lequel elles ont ete faites. M. Du Petit-Thouars a donne une attention particuliere a la recherche des temperatures sous-marines ; malgre" la difficulte des sondes a de grandes profondeurs, elles n'ont point ete sans resultat; on en a obtenu quarante-cinq, qui paraissent reunir toutes les garan- ties desirables, et doivent etre classees parmi les plus exactes qui aient ete faites jusqu'a ce jour; ces sondes sont surtout remarqua- bles par l'immense etendue de l'echelle des profondeurs qu'elles comprennent. L'imperl'ection des instruments de sonde dont la Venus etait pourvue, a nui au succes de ce genre de recherches; toutes les fois que la sonde parvenait a plus de 4000 metres, et que l'etui en cuivre qui renfermait le thermometrographe avait a subir une pression de 3 a 4 atmospheres, etui et instrument re- venaient a. la surface entierement brises. Les observations de la temperature de la mer, prises d'heure en henre, de nuit et de jour, depuis le depart jusqu'au retour, ont per- mis de constater l'existence de nouvelles zones de courants a tem- perature elevee, semblables a celles qui forment dans 1' ocean Atlan- tique ce que Ton nomme le Gulf-Stream. On sait que les marins pratiques de la cote orientale de f Amerique du Nord pretendent pouvoir se passer d'observations pour determiner les longitudes, et qu'ilsrectifientleurserreursparlarencontredeseauxduGulf-Stream ; ilslont, aceteffet, grand usage du thermometre plongeur. Si l'onne peut attribuer a ce moyen une exactitude vigoureuse, il faut ce- pendant reconnaitre qu'il a une valeur qui n'est point a d^daigner, c'est au moins un avertissement utile de l'approche des cotes. Les courants signales par la Venus, mieux determines et limites en Etendue, offriront peut-etre un jour un moyen de rectification sem- blable ; c'est done deja une constatation utile et importante, et un pro- gres qui permettra, plus tard, d'apprecier le systeme de navigation thermometrique propose par Jonathan Williams. Citons encore, comme resultat du voyage de la Venus, quelques sondes de tem- perature classees dans l'ordre de l'itineraire du voyage ; elles servi- COSMOS. 571 ront a la solution du probleme de la navigation thermometrique. A Brest, l'eau de mer avait le meme degre de temperature qu'au large, et 1 degre de plus qu a l'atterrage ; a Valparaiso, la tempe- rature du mouillage etait de 4 a 5 degres au-dessus de la tempera- ture du large; au Callao, cote de Lima, la difference dans le meme sens n' etait que de 1°5; a Payta, la difference toujours dans le meme sens, etait de 2° 0 ; aux iles Calapagos, cette difference etait de 1° seulement ; a Monterey, la difference etait de 1° 5 ; a la Bate de la Magdeleine , Basse-Californie, elle etait de 1° 0 ; au Port- Jackson, elle etait de 1°5; a. Palu-Bay, cap de Bonne-EspeVance, la difference a e"te trouvee de 4° 0, difference qu'il faut attribuer, peut-etre, au courant du banc des Anguilles. A ces sondes, il con- vient d'en ajouter d'autres, qui n'ont donne lieu a. aucune contesta- tion dans la difference de temperature, et qui semblent une excep- tion a la regie que Ton voudrait d^duire de ces differences. A Honoloulou, iles Sandwich, par un tres-grand fond et presde terre, il n'a £te trouve' aucune difference entre les temperatures de la mer ; a Taiti, cote a pic, aucune difference n'a eHe constats ; a la Bale d Avatscha, Kamtschatka, point de difference; a. Bourbon, point de difference ; a Sainte-Helene, point de difference. La constatation de cesfaitsne s'accorde pas completement avec le systeme de Jonathan Williams, et demontre que, pour la com- plete solution de ce probleme, de nouvelles observations sont indis- pen sables. Les observations des sources n'ont point £te negligees, non plus que les autres recherches scientifiques auxquelles on a pu se livrer. Oblige* de limiter cette note, on s'en reTere au voyage de la Venus, On sait egalement, que pendant cette longue navigation, les interets du Museum d'histoire naturelle n'ont point ete oublies, que tout ce qu'il a £t6 possible de recueillir, on l'a recueilli, et a l'arrivee de la Venus, M. Du Petit-Thouars s'est empresse de tout offrir au Museum, sans aucune reserve. Pendant l'annee qui a suivi le re- tour de la fregate la Venus, le commandant s'est occupe de la re- daction de ce voyage ; il est publie depuis dix ans. En 1841, M. Du Petit-Thouars alia sur la Reine-Blanche prendre possession des iles Marquises, cette campagne dura trois ans. Appele en 1846 au conseil de l'amiraute, il a £tudie et suivi, avec le plus grand interet, les progres qui ont eu lieu dans la ma- rine par l'application de la vapeur a la navigation. II compte au-, jourd'hui plus de tronte-cinq ann£es d'embarquement en rade ou sous voiles. ANNALES DE PHVSIQl'E ET DE CHIMIE DE POGGENDORFF. Nous avons de^ja re$u quatre livraisons de ce recueil si important et nous allons les analyser aussi complement qui! sera possible. lre LIVRA1SON. JANVIER 1854. VOL. XCI , lor CAHIER. I. Stir les lots de I 'induction da?is les substances paramagnetiques et diamagnetiques, par M. Plucker. C'est un beau Memoire de 56 pages, dontnous avons deja enonce les principaux resultats dans letroisieme volume du Cosmos, page 516. Nous ne donnerons ici que les titres des paragraphes. Paragraphe premier, vues theoriques; paragraphe second, ob- servations et resultats numeriques; paragraphe troisieme, discus- sion des resultats obtenus et consequences generates. Pages 1 a 56. II. Theorie du residu electrique de la bouteille de Leyde, par M. R. Kohlrausch. L'auteur s'est pose, comme un probleme tres- important a resoudre, de determiner l'origine ou le mode de forma- tion, et la quantity de ce qu'il appelle Ruckstand, ou residu de la bouteille de Leyde. On est force\ dit-il, de partagerla quantite d'e- lectricitd contenue dans une bouteille de Leyde, en deux parties, Tune que Ton peut decharger subitement, et que Ton appelle dis- charge disponihle; l'autre qui semble empechtte de prendre part a la premiere explosion, et qui ne commence a. se manifester que lors- que la decharge disponible a ete enlevde ou au moins diminuee. C'est cette derniere portion que l'auteur designe sous le nom de re- sidu; c'est ce qu'on appelle, en France, lelectricite dissimulee de la bouteille electrique. Pour (Hudier ce pttenomene, il a invente un nouvel electrometre, qu'il designe sous le nom d'electrometre des sinus. Nous nous contenterons d'enoncer les propositions princi- pales, qu'd tire de nombreuses series d'experiences : 1° la charge disponible est proportionnelle a la tension reelle de l'electricite au bouton de la bouteille ; 2° pour une meme bouteille et dans le meme temps, le residu cache est proportionnel a la charge primitive; 3° le goulot de la bouteille, ou la portion du verre qui n'est pas recou- verte d'etain, n'a qu'une tres-petite influence, ou n'a peut-etrepas meme d'influence sur la quantite du residu ; 4° une bouteille dont le verre etait presque trois fois plus epais, a donne, sous forme de nSsidu, la meme quantite" d'electricite" qu'une bouteille a verre trois fois plus mince. (Pages 56 a 82.) III. Bases fondamentales d'u/i systeme thermo-chimique , par COSMOS. 57S M. Thomsen. C'est la suite d'un Memoire dont nous avons donne 1' analyse. L'auteur 6nonce, ainsi, qu'il suit les consequences qu'il croit pouvoir tirer des experiences decrites dans cette nouvelle por- tion de son travail, sur les actions mutuelles des oxydes et des aci- des. Les acides doivent se diviser en deux groupes jouissant de proprietes essentiellement diiferentes. Les acides du premier groupe, les acides complets ou parfaits, comme, par exemple, l'acide sulfurique, l'acide nitrique, l'acide chlo- rique, etc., s'unissent toujours dans une proportion constante avec les bases dissoutes dans l'eau, c'est la veritable neutralisation. Les acides du second groupe, au contraire, comme l'acide borique, l'a- cide phosphorique, l'acide silicique, ne s'unissent pas aux bases dis- soutes dans l'eau en proportions determinees ; ils agissent par leur masse, et le degre de saturation de la base depend de la masse de l'acide. Les acides du second groupe, en dissolution aqueuse, doivent etre considered comme des acides faibles ; car ils sont entitlement separes de leurs bases par les acides du premier groupe. Les acides du pre- mier groupe ne peuvent pas, dans leur action reciproque, se sepa- rer entitlement l'un l'autre de leurs combinaisons; ils agissent aussi alors par leurs masses, et le degre de la decomposition depend de la masse de l'acide ajoute. (Pages 83 a 104.) IV. Sur Vemploi du cyanure de potassium dans la chimie ana- lytique, par M. Henry Rose. C'est la suite et la fin d'un Memoire analyse, page 771 du 3e volume du Cosmos. L'auteur dtudie Tac- tion du cyanure de potassium sur les combinaisons de bismuth, de plomb et de zinc. Les resultats n'ont lien de bien net, et qu'on puisse formuler en quelqueslignes. (Pages 104 a 115.) V. Demonstration des formules de reflexion connues sous le nom deformules de Fresnel, par M. Beer de Bonn. Les lois qui regis- sent les rapports d'intensite de la lumiere reflechie ou refractee, a la surface de separation de deux milieux amorphes, ne sont, comme on le sait deja depuis longtemps, representees exactement par les formules de Fresnel, que dans quelques cas tres-rares, ceux ou la polarisation de la lumiere incidente, et reflechie ou refracted, est completement rectiligne. Or, en general, comme les recherches si bien faites de M. Jamin l'ont prouve, un rayon de lumiere rectili- gnement polarisee, devient, apres la reflexion, un rayon polarise' elliptiquement. M. Cauchy a, le premier, appele l'attention sur ce phenomene; et il y a bientot trente ans qu'il en a repre"sent6 les .ois par une serie de formules, sans avoir indique encore suffisam- 574 COSMOS. merit comment il les avait eHablies. Ces formules s'accordent aussi parfaitement avec les dormers de TexpeVience qu'on peut le desirer, et renferment, comme cas particulier, les formules de Fresnel, que cetillustrephysicien avait £tablies d' une maniere empirique, sans les rattacher a une theorie generale. Dans une note intdressante, pu- blic en 1853, sous ce titre : Sur la reflexion de la lumiere polari- see a la surface des corps transparents [Philosophical magazine, vol. VI, page 81), M. Haugton croit avoir demontre- qu'il n'e% tait pas necessaire d'introduire dans les formules une constante distincte de l'indice de refraction , dependante de la nature du corps refiechissant, et que M. Cauchy a designee sous le nom de coefficient de polarisation elliptique ; car en modifiant les for- mules de M. Green qui ne renferment pas cette constante, M. Haugton est parvenu a leur faire reprdsenter les resultats des experiences de M. Jamin , presque aussi parfaitement que le fai- saient les formules de M. Cauchy. Cette discussion a done jete quelques doutes sur la theorie de Tillustre geometre francos; et dans cet t^tat de choses, M. Beer a pense qu'il etait bon d'exami- ner separement le cas de ce qu'on peut appeler la reflexion neutre, le cas oil les rayons incidents et reflichis sont tous deux pola- rises rectilignement ; de maniere a etablir les formules de Fresnel d'une maniere completement independante. U considere deux milieux homogenes, l'un moins dense MM, l'autre plus dense optiquement M'M', separ^s par une surface plane SS. Au-dessus et au-dessous de la surface de separation , il considere deux surfaces limites LL, L'L', qui separent, dans chaque milieu, les portions oil la constitution de Tether n'est pas modifiee par Fac- tion mutuelle des deux milieux, de celles oil cette constitution estalte-- ree. Ainsi, dans la couche SS LL du premier milieu, et dans la cou- che SS L' L' du second milieu, la densite de Tether n'est plus ce quelle etait au-dessus de LL ou au-dessous de L' L' ; les couches troublees sont, d'ailleurs, infiniment minces, et Ton admet que leur epaisseur est, par rapport a la longueur d'onde, un infiniment petit qu'on peut negliger. Ces suppositions faites, M. Beer part des formules les plus generales par lesquelles M. Cauchy exprime les coordonnees d'un mouvement oscillatoire de Te"ther homogene, dans le cas oil les am- plitudes du mouvement sont infiniment petites relativement a la distance de deux molecules contigues de Tether, et deduit de ces equations celles du mouvement de propagation d'ondes planes dont les longueurs d'onde sont tres-grandes par rapport a la distance de deux molecules contigues d'dther. En etudiant de plus pres les ter- COSMOS. 575 mes qui entrent dans la valeur de la composante de la force acceleYa- trice, il est amene a faire sur ces termes diverses hypotheses ou con- ditions qui ne peuvent s'exprimer qu'analytiquement , mais qui ont leur raison physique dans le contact, Taction mutuelle de ces deux milieux ; et il arrive enfin ainsi aux equations simplifies et definiti- ves, d'ou il deduit les amplitudes des rayons reflechis et refractes en fonction de l'amplitude du rayon incident, et des angles d'incidence et de refraction, 1° dans le cas oil les oscillations sont paralleles au plan d'incidence ; 2° dans le cas ou les oscillations sont perpendicu- laires au plan d'incidence; or, les couples d' equations definitives auxquelles il parvient ainsi sont pr^cisement les equations de Fresnel. II nous est impossible, malgre notre bonne volonte" , de mieux rendre compte de cette note; elle suppose dans son jeuneauteur une grande puissance d' analyse, et, ce qui est beaucoup plus rare encore, qui le place dans un rang tout a fait exceptionnel , une connais- sance parfaite des savantes et dedicates theories que M, Cauchy a a. peine exposes. Sous ce rapport, M. Beer n'a malheureusement pas en France de concurrent, et il n'a pour rival en Allemagne que M. Brooch, de Christiania. (Pages 115 a 125.) VI. Sur les sons qui resultent de lecoulement de l'air, par M. Sondhauss. Dans ce mdmoire que nous ne pouvons pas ana- lyser, parce qu'il n'est que la description d'une longue s£rie d'ex- periences, et que l'auteur n'a pas cru devoir formuler les conclusions auxquelles ses recherches l'ont conduit, M. Sondhauss s'est pro- pose d'etudier i° le mode d'entree en vibration de la couche d'air situee immediatement au-dessus de l'embouchure des tuyaux; 2° le mode de production des sons determines par le passage du vent a. travers les fentes ; 3° la production des sons que la bouche fait naitre quand on siffle. On voit qu'il refait de son cote l'immense travail qu'un physicien francais de grand m^rite, M. Masson, a recemment publie. Pour indiquer au moins quelques-uns des resultats obtenus par l'auteur, nous resumerons l'etude qu'il a faite des sons que 1'on obtient lorsque, au-dessus du courant d'air sorti d'une embouchure a minces parois, on suspend une petite plaque ou obstacle continu ou perce d'une ouverture de formes diverses ; le ton du son produit dans cette circonstance depend de la grandeur de l'embouchure, de la pression de l'air, de la distance a l'embouchure de la plaque que l'air vient frapper. Le ton est en general plus eleve 1° si l'embou- chure est plus petite ; 2° si la plaque frappee par l'air est plus pres de 1 embouchure ; 3° si la vitesse du cowrant d'air est accrue par une 576 COSMOS. pression plus grande. Mais 1' elevation du ton se fait par sauts, et non d'une maniere continue. Lorsque la plaque installee au-dessus de l'ouverture est elle-meme perceed'un trou, et mobile, il n'y a pas de son produit quand la distance est plus petite qu'un millimetre , et le son est excessivement faible quund la distance est plus grande que 18 millimetres. Le nombre des vibrations du son produit est directement proportionnel a la vitesse du courant d'air, et inverse- ment proportionnel a la distance de la plaque superieure : le ton depend aussi de la grandeur et de la forme soit de l'embouchure, soit de l'ouverture de la plaque mobile. (Pages 126 a 147.) VII. Sur deux pseudomorphoses remarquables du spath cat- enae et du fer oligiste (Eisenglanz), par M. G. Rose. Ces deux pseudomorphoses, auxqueUes nous ne pouvons pas nous arreter, sont un spath calcaire prenant la forme de 1'aragonite, et un fer oligiste, Eisenglanz, prenant la forme du spath calcaire. (Pages 147 a 154.) VIII. Result at de mesures prises sur des cristaux de rutil et de sulfare de plomb (Rutil und bleivitriol kristalleri), par M. Kokscha- kow. (Pages 154 a 158.) IX. Sur le changement de refrangibilite de la lumiere, par M. Stokes. II y a longtemps que nous avons reproduit cette note, tome III du Cosmos, p. 663. (Pages. 158 a 160.) L analyse de la seconde livrcrison paraitra dans le procJiain nuniero du Cosmos. A. TRAMBLAT, proprietaire-gerant. PARIS. — IMrRIMERIB DE w; REMQUET ET C1C) RUE GAEANCIERE, 5. T. IV. 19 MAI l854. TJlOISllhlE A.NNEE. COSMOS. FAITS DIVERS. NOUVELLES INDUSTRIES. •< On se preoccupe, dit le Courrier du Nord, dans un certain monde , de la decouverte d'un pharmacien de Provins, qui creerait une nouvelle industrie bien interessante pour nos agriculteurs et nos fabricants de sucre. «I1 s'agirait d'utiliser, en 6t&, apres la fabrication du sucre de betterave, les appareils, les locaux, etc.; pour fabriqueren grand et par des procedes a peu pres analogues a l'extraction du sucre de betterave , le salpetre obtenu d'une plante bien commune , qui n'exige quetres-peu ou point de culture, la bourrache, dont les tiges et les feuilles s'assimilent toute la potasse des terrains ou elle croit. — M. Rivet, a Dunkerque (Nord), en etudiant la fabrication du sucre indigene, telle quelle se pratique actuellement, a ete amend a reconnaitre qu'il ne serait peut-etre pas impossible d'extraire, au moyen du nouveau procedd, une plus grande quantite du sucre que renferme la betterave, tout en diminuant, d'ailleurs, dans une mesure importante, les frais generaux de la fabrication. « Ce procede consiste a soumettre d'abord les betteraves a la cuisson, a les raper, a en extraire le jus et a concentrer celui-ci jus- qu'a ce qu'il ait atteint la consistance de miel, puis a separer , par 1'alcool, les matieres eHrangeres au sucre. » — A Blidah et a Koleah, une superficie de 171 bectares 54 ares, renfermant 23 680 pieds d'orangers, donne, des a. present, un pro- duit annuel de 114 855 fr., sans compter celui des citrons, des li- nions, des cedrats et des bergamotes. Le revenu net de chaque orangerie est, en moyenne, de 800 fr., par hectare, et certains proprietaires europeens en retirent meine jusqu'a 1 200 fr. Deja, dans lecourant de l'ann^e 1852, 6 millions et demi d'oran- ges ont ete introduits en France, et cette importation a a un abaissement assez notable dans le prix de ce fruit. Pourtant h "? orangeries d'Afrique ne donnaient pas encore tout ce qu'elles sont 578 COSMOS. susceptibles de rendre ; aujourd'hui elles n'en sont pas tres-e!oign£es. La fleur de ces memes orangers est egalement l'objet d'une veri- table et lucrative speculation. La fleur d'oranger amer, surtout, donne beaucoup d' essence de neroli et, de plus, une eau qui l'em- porte en quelque sorte sur celle que Ton tire de Grasse et de Por- tugal. Avec une culture intelligente et soutenue, on finira par obtenir des oranges qui lutteront, sous tous les rapports, avec celles de Majorque, dej Valence et du Portugal. {Revue horticole.) — Le commerce des escargots prend chaque annee, a Paris, un d^veloppement considerable. C'est par 100 000 que les escargots se consomment maintenant a Paris. La Champagne et la Bourgogne, qui approvisionnent Paris, ont des escargotieres admirablement cultivdes, et qui plus est d'un tres-grand rapport. DESTRUCTION DU COLCHIQUE. — Une des plantes les plus nuisibles a nos prairies est le colchi- que. Elle se propage par cayeux et par semence, d'une maniere tres-envahissante ; elle donne un fourrage acre et malsain, que les betes refusent en general. Rien de plus facile que de la detruire a cette epoque de l'annee. Au moment oil la vegetation commence et oil Ton peut parcourir les pres sans inconvenient, la croissance pre- coce de la colchique permet de l'arracher a la main : la racine sort tout entiere de terre comme d'une gaine et se brise au raz de l'oi- gnon, pourvu que Ton ait la precaution de ne pas faire d'effurts trop brusques dans cette operation. L'oignon p£rit, maisl'on n'est pas toujours debarrasse de la plante, car chaque oignon a ordinairement un ou deux cayeux ; mais en renouvelant cette operation deux ou trois ans consecutifs, on est sur d'en etre completement debarrasse et presque sans frais. HYDRO-INCUBATION. On vient d'appliquer a Anvers le systeme de l'hydro-incubation, pour faire oclore des ceufs de poules et de canards, systeme qui peut s'etendre a toutes les especes de volailles. C'est tout simple- ment Taction de l'eau chaude maintenue a une temperature egale qui remplace celle de la mere. L'experience a parfaitement reussi. Avant-hier, samedi, a jour fixe, on a vu des poussins briser la coquille de leur oeuf, en sortir prestement, et s'elancer aussi pleins de vie que si l'incubation n'eut pas £te" factice. II en est ne plus de trente depuis deux jours, et COSMOS. 579 chaque jour en verra se produire. Hier, il y avait foule pour voir ce curieux spectacle. Mais le tout n'est pas de les faire eclore ; il faut les elever, il faut leur dormer l'equivalent de ce que leur donnerait la mere qui leur manque. On y a pourvu au moyen d'une autre machine egalement ingenieuse, dans les compartiments de laquelle ils trouvent la cha- leur qui leur est necessaire, un abri, du sable a gratter et la nourri- ture qui leur convient. Cette reussite est des plus encourageantes, et les directeurs ont la ferme conviction que, dans une quarantaine de jours, on pourra voir de jeunes casoars sortir de l'ceuf, comme en sont sortis les jeunes poulets. Cet appareil est le premier qui ait fonctionne sur le continent. L'honneur de cette initiative revient a l'etablissement d'Anvers, et c'etait, du reste, a lui qu'il appartenait de donner l'exemple, puis- qu'il est le premier de tous ceux qui ont ete cre^s en Belgique. LeFrecurseur se trompe quand il dit que cet appareil est le pre- mier qui ait fonctionne sur le continent. II est a notre connaissance que la couveuse a l'eau chaude a fonctionne, il y a six ou sept ans, a La Varenne Saint-Maur et a Vaugirard, pres Paris, et que lesre- sultats obtenus n'ont rien laiss6 a desirer, si ce n'est une grande difficulte pour l'&evage en grand. (Journal duferrnier.) FOUILLES DE NINIVE. Le dernier numero du Bulletin des Societes savantes publie la lettre suivante, de M. Guigniaux, membre de l'lnstitut : •• M. Place, consul de France a Mossoul, qui vient de deployer tant d'habilete et d'energie pour preserver les populations chre- tiennes des montagnes du Kurdistan, n'en poursuivait pas moins, avec un devouement egal a son courage, vers la fin de Janvier der- nier, ses recherches, deja si fructueuses, sur le sol de l'ancienne Ni- nive. Conformement au vceu del'Academie des inscriptions et belles- lettres, et ne pouvant, faute de ressources suffisantes, etendre le champ de ses fouilles au dela du palais de Khorsabad, il continue d'en suivre les contours, et se flatte d'en ddcouvrir le plan tout en- tier, pour peu que les engagements sur lesquels il croit avoir le droit de compter ne lui fassent pas completement defaut. C'est la une ceuvre toute francaise, admirablement commencee, il y a pres de dix ans, par M. Botta ; une ceuvre qui a donne l'impulsion aux travaux, si liberalement remuneres par l'Angleterre, deMM. Raw- linson et Layard; et qu'il serait deplorable de voir interrompre, 580 COSMOS. quand elle est si pres de son terme, quand elle peut ressusciter dans son ensemble et dans ses details le seul palais assyrien qui s'ofFre en quelque sorte intact et complet aux investigations de la science et aux meditations de ]'art. « En attendant, M. Place ajoutechaque jour par ses dccouvertes partielles aux materiaux qui doivent renouveler une branche aussi importante que curieuse de l'histoire et de l'archeologie orientnles. II retrouve un grand nombre de gros cylindres ou barils en argile, couverts d'inscriptions cuneiformes, certainement historiques, pla- ces dans les entrepilastres de longues lignes de colonnes qui enve- loppent la partie de l'^dirice qu'il qualifie de harem et qu'il acheve de deblayer. Une nouve'lle statue, predite par lui, a ete effective- ment decouverte, et il en predit une autre encore. « II nous est impossible de ne pas partager le regret qu'il eprouve de s'etre vu force de refuser les offres genereuses du colonel Raw- linson, qui l'avait autorise a entreprendre, au nom de la France, des fouilles dans cette mine arch^ologique si riche et deja si feconde de Koyoundjick. On vient, en effet, comme il l'annonce avec dou- leur et admiration a la fois, de faire, au lieu rneme ou il devait fouiller, une des decouvertes les plus belles qui aient et6 faites jus- qu'ici dans les monuments assyriens. C'est encore, a ce qu'il con- jecture, le harem d'un palais, mais orne de sculptures, tandis que celui de Khorsabad est forme de murs unis. Les bas-reliefs n'y sont pas brules comme tant d'autres; ils representent une multitude de scenes variees, entierement nouvelles, avec une profusion extraor- dinaire de details pleins d'interet. « Les animaux surtout sont traitds avec beaucoup de soin, et dans la terre s'est rencontre"e une quantite fabuleuse de gateaux en argile, couverts a la fois de caracteres cuneiformes, de lettres phe- niciennes et d'hieroglyphes egyptiens. Voila les tresors que perd notre Musee et dont va s'enrichir, heureusement dans l'interet ge- neral de la science europeenne, le Musee britannique. Voila sans doute l'une des confirmations les plus eclatantes des relations de la Syrie avec la Phenicie d'une part, avec l'Egypte de l'autre, et de 1' alliance de ces trois civilisations, les plus avancees, a bien des egards, de 1' antique Orient. » FERMENTATION ET PUTREFACTION. Nous recommandons ce petit article au lecteur. S'il veut bien allar jusqu'au bout, il reconnaitra qu'il s'agit d'experiences tres- COSMOS. 581 cuneuses, egalement importantes au point cle vue de la pratique et de la theorie. Ces experiences ont ete faites par deux savants allemands , MM. Schroeder et Dusch. M. F. Verdeil en rend compte dans un journal qui n'est encore qu'a la trentieme semaine de son age, mais auquel sa savante redaction assure une longue carriere. Je veux parler de la Gazette hebdomadaire de medecine et de chirurgie. 11 resulte de ces experiences que l'air filtre par son passage a travers du coton n'a plus d' action sur les matieres organiques mortes, c'est-a-dire qu'il ne determine ni fermentation , ni putre- faction. M. Verdeil decrit en ces termes la 'maniere dont procedent MM. Schroeder et Dusch. " L'appareil dont ils se servent se compose tout simplement d'un ballon de verre hermetiquement ferme par un bouchon de liege, en- duit de cire et muni de deux tubes dont Fun est en communication avec Tune des extremites du filtre, termine lui-meme par un petit tube a angle droit. Le second tube sert d'aspirateur; il plonge presque au fond du ballon , et communique hermetiquement avec ungazo metre. « Le ballon contient la substance fermentescible. Lorsqu'on s'est assure que les jointures sont parfaites, on met le ballon au bain- marie et on l'y maintient jusqu'a ce que les differents tubes de com- munication soient devenus chauds, apres quoi Ton s'assure de nou- veau de la parfaite hermeticite de l'appareil et Ton place le robinet de l'aspirateur de maniere que lecoulement d'eau s'opere goutte a goutte. » La premiere experience futfaitesur de la chair musculaire addi- tionnee d'eau. Afin d'avoir un terme de comparaison, on placa pies de l'appareil un second ballon contenant de la meme viande, mais communiquantlibrement avec l'air atmospherique. Au bout de la deuxieme semaine, la matiere contenue dans ce second ballon etait en pleine putrefaction ; elle exhalait une odeur insupportable; on fut oblige de l'eloigner du laboratoire. Au contraire, dans le ballon qui ne recevait que l'air filtre, la matiere n'avait pas change d'aspect, et quand. au bout de vingt- trois jours, on defit l'appareil, on reconnut que cette viande etait telle que le premier jour. Entre trois autres experiences, je citerai la suivante : Dans un ballon semblable au precedent, on fit bouillir un melange de chair musculaire etjd'eau, puis on boucha legerement avec un 582 COSMOS. tampon de colon, et on recouvrit le tout d'un bourrelet de meme matiere, retenu au col du ballon par un cordon de soie. L'appareil fut ouvert au bout de vingt-quatre jours. La viande &ait exempte de moisi et d'odeur putride ; cependant elle offrait 91 et la. de legeres taches blanchatres. Le liquide avait tous les carac- teres du bouillon frais non sale, et comme lui il rougissait legere- ment le papier du tournesol. II resulte de ces recherches que la viande recemment bouillie et le bouillon frais se conservent int acts pendant plus ieurs semaines dans line atmosphere qui aprecedemment filtre a travers du colon. A quelle cause attribuer ces curieux resultats? C'est un point sur lequel les auteurs eux-memes n'osentpas encore se prononcer. L'air deposeraitil dans le coton des matieres heterogenes, ou le coton modifierait-il, par sa seule presence, les proprieHes de l'air ; y aurait- il la une de ces actions que Berzelius appelle catalytiques, mot qui ne signifie rien, ou qui designe provisoirement des forces differentes de toutes celles que nous connaissons? Question que de nouvelles experiences pourront seules trancher. (Prcsse. V. Meunier.) INSECTES DE LA LUZERNE. Le colopsis atra, la barbarotte des Provencaux , le negril des Languedociens exerce les plus grands ravages sur les luzernieres. La seconde coupe de ce fourrage est perdue pour le cultivateur depuis plusieurs annces, c'est cependant pour notre Midi la nieilleure des coupes; elle represente le tiers de la recolte d'une luzerniere, et sou- vent tout son produit net. Cet insecte parait sur une partie fort reslreinte du champ et etend de lases ravages sur la totalite. A son eclosion, quand il est encore cantonne sur un petit espace, si Ton couvre cet espace de paille et qu'on y mette le feu, on se delivre completement de cet ennemi, soit qu'on brule les insectes ddja sortis de terre ou qu'ou etouffe ceax qui sont encore entre deux terres. La prairie ne souffre point de cette operation, et les plantes repoussent bientot plus vertes et plus vigoureuses, pourvu toutefois que Ton reste entre certaines limites. En agriculture les experiences ne peuvent se reqpeter qu'une fois chaque annee; je puis dire que celle-ci reussi 1'annde der- niere completement sur deux champs etendus ; c'est a l'avenir a la confirmer. SOCIETE ASTRONOMIOUE D£ LONDRES- SUITE DU RAPPORT ANNUEL DU CONSEIL. Une importante etude Je la th£orie du pendule, quand on y in- troduit l'effet de la rotation de la terre, a ete recemment publi^e par la Societe physique de Dantzick, dans un memoire de M. Hansen, qui a remporte le prix de cette Societe. Ce qu'il y aprincipalement de nouveau dans ce travail, c'est l'introduction de l'idee que le pen- dule n'est pas un simple point mathematique, mais bien un ensem- ble de particules physiques liees entre elles. En partant de ce point devue plus general, M. Hansen est parvenu a decouvrir plusieurs faits d'une nature abstruse, qui avaient jusqu"ici echappe a la per- spicacity des geometres. Leplus important de ces resultats consiste en ce fait qu'un mouvement de rotation du pendule autour de son axe est assez puissant pour exercer une tres-sensible influence sur le mouvement azimuthal du plan d'oscillation. M. Hansen eclaire ses resultats par une variete d'exemples frappants, et il conclut son excellent memoire, en recherchant le mouvement d'un pendule de nouvelle construction , invente par lui-meme, en vue de remedier a certains inconvenients que presente la forme ordinaire. Les resultats de Texpedition astronomique de M. Lassel, a Malte, ont 6te inseres dans les Notices mensuelles de la Societe, pour novembre et decembre 1852, et pour mars et avril 1853 ; ses ob- servations de Saturne sont maintenant en voie d'impression pour les Memoires. Quelques observations de la grande nebuleuse d'Orion et de quelques autres nebuleuses sont maintenant entre les mains des secretaires. Neanmoins les membres de la Societe sentiraient que le present rapport serait incomplet, si Ton omettait de faire con- naitre jusqu'a un certain point une si remarquable entreprise. Le motif principal qui a guide" M. Lassel, etait le desir de profiter de l'approche vers la conjonction des trois planetes les plus distantes, et de les observer dans une latitude moins elevee. Malte etant une pos- session de la Grande-Bretagne , facilement accessible et recnnnue comme etant favorisee d'un ciel plus frcquemment serein, parais- sait reunir plus d'a vantages qu'aucune autre locality. On esperait que cette ile, separee des terres les plus voisines, au moins par une centaine de milles de mer dans toutes les directions, jouirait d'une temperature peu variable et d'une atmosphere calme ; cet espoir n'a point 6te trompe\ la tranquillite de l'air etant meme plus remar- quable que sa transparence. On peut citer l'extrait suivant d'une lettre de M. Lassel a un des secretaires : « Excepte la transparence 584 COSMOS. de l'anneau obscur de Saturne on peut dire que mes d^couvertes a Malte sont plutot negatives que positives. Je me suis assure^, ou du moins j'ai acquis une entiere conviction, en ce qui me regarde, qu'il n'existe autour de Neptune aucun autre satellite assez brillant pour laisser l'esperance qu'on le dt5couvre sans apporter des per- fectionnements considerables a nos telescopes. (M. Lassel semble oublier la position favorable des observateurs qui seraient sur les sommites accessibles des hautes montagnes de l'equateur, circon- stanceindiquee par Laplace.) De plus , au moment ou je confirmais ma decouverte faite, l'annee precedente, de deux nouveaux satel- lites d'Uranus, dontl'orbe est anterieur a ceux des satellites prec£- demment connus , j'arrivai pareillement a la plus complete convic- tion, que ces deux satellites nouveaux, joints aux deux satellites, decouverts simultan&nent par sir W. Herschel, en 1787, composent tout le cortege de la planete reconnu jusqu'a ce jour. Dans la nebu- leuse d'Orion je pense avoir observe quelques petites Etoiles nou- velles dans le voisinage de Trapeze ; d'autre part il est quelques- unes des etoiles de ML Bond que je n'ai point pu retrouver. Une comparaison des dessins de sir John Herschel et de M. Bond avec les miens pour cet etonnant objet celeste, suggerent Y'ides de chan- gements dans la nebuleuse ou de variabilite dans les etoiles. Autre- ment il faudrait admettre des anomalies dans la maniere de dessiner auxquelles on n'eut pasdus'attendre. » Nous ferons remarquer que M. Babinet a indique comme cause possible de ces variations ra- pides d' aspect de la nebuleuse d'Orion, l'existence dans cette partie du del de la matiere ou poussiere cosmique deja admise pour expli- quer d'autres phenomenes et notamment 1' apparition momentanee des etoiles temporaires dont l'cclat n'est point periodique. Les membres de la Societe se joindront assur^ment au conseil pour fell— citer M. Lassel de son heureux retour et pour lui exprimer leur haute felicitation de son devouementa l'astronomie. On ne doit pas non plus oublier que de telles expeditions laissent quelque chose apres elles dans le pays qui en a ete' le theatre, en meme temps qu'elles fournissent de quoi rapporter a la metropole. Dans plusieurs annees d'ici , la notice necrologique de quelque correspondant, eloigne de la Societe, soit a Malte, soit au Cap de Bonne-Esperance, contiendra peut-etre l'indication que ce correspondant a ete appele a. s'occuper d'astronomie par Lassel ou par Herschel. II serait plus gai de penser que les correspondants en question reconnaitront de leur vivant et du vivant de MM. Herschel et Lassel 1' influence exercee par ces hommes celebres. COSMOS. 585 M. de La Rue a r£cemment presente a la Societe une belle repre- sentation coloree de Saturne , faite exclusivernent d'apres les resul- tats de ses propres observations de la planete , dans la periode de visibility qui a occupe la fin de 1852. Dans ce dessin, qui fait hon- neur a l'observateur et a son instrument, c'est. un telescope nevvto- nien de 13 pouces d'ouverture et de 10 pieds anglais de distance focale, monte equatorialement et construit par M. de La Rue lui- meme , il se presente plusieurs particularites caracteristiques tres- interessantes, lesquelles avaient deja etd communiquees en detail a la Societe. On peut, entre autres choses, mentionner que l'anneau exterieur laisse voir la division apercue par M. Dawes et d'autres observateurs de Saturne. M. Lassel, aMalte, ne voyait pas cette di- vision de l'anneau exterieur, tandis que M. Jacob voyait a Madras avec la lunette de Lerebours ; M. Dawes observe aussi avec une lu- nette et non un refiecteur. Comme M. de La Rue a grave son dessin sur acier, et qu'il en a liberalement mis des epreuves a la disposition des membres de la Societe, ceux qui n'en ont point encore obtenu peuvent s'adresser au secretaire assistant. Le bel art de la photo- graphic sembleappele a etre d'une grande utility pour arriver a une connaissance plus precise de la constitution physique des corps ce- lestes. A la visite annuelle de l'observatoire royal de Greenwich, au mois de juin dernier, une vive curiosite fut excitee par une image photographique de la lune dans son'premier quartier, laquelle avait ete obtenue avec le grand refracteurde l'observatoire de Cambridge, aux Etats-Unis. A la reunion de l'association britannique du mois de septembre, le professeur Phillips montra plusieurs essais interes- sants de meme nature obtenus avec un telescope de 11 pieds de foyer. M. de La Rue, qui avait aussi porte son attention sur cette branche de la photographie, a communique a la Societe, dans le cours de l'annee passee, un appareil qu'il avait imagine pour pren- dre plus facilement de pareilles images. Une bonne peinture de la lune prise sur collodion fut montree, et il fut indique qu'elle avait ete prise en 30 secondes, avec l'aide de l'appareil en question. Nos freres transatlantiques continuent a cultiverles diverses branches de l'astronomie avec la meme et energique perseverance, qui leur a deja assure une si honorable position dans le inonde scientifique. Leurs travaux duiant l'annee passee out etc signales par la publication d'un ouvrage qui doit etre le premier volume d'une ephemeride as- tronomique semblable en beaucoupde points au Nautical almanac et a d'autres ephemerides du meme genre, qui se publient annuelle- ment dans les principaux Etats de l'Europe. Un precis succinct de 586 COSMOS. cette importante production a deja paru dans les Notices men- suelles. II est a peine necessaire de dire que les fraisde cette publi- cation sont faits par le gouvernement des Etats-Unis, lequeh dans plusieurs autres occasions, a donne des preuvessatisfaisantesde son zele eclaire' pour aider a l'avancement de l'astronomie. Le lieute- nant Davis, appartenant a la marine des Etats-Unis, a ete charge de la surintendance general e de cette ephemeride. La partie qui se rapporte spfoialement a lathenrie a ete confiee au professeur Peirce. La bienveillance et le zele que plusieurs personnes d'une compe- tence reconnue et residant dans diverges provinces de 1 'Union ont mis a. coope>er a l'execution d'une grande partie des calculs labo- rieux qu'exigeait cet ouvrage, ne peuvent etre trop applaudis par tous les amis de la science. Ces efforts spontanea sont un presage aussi favorable qu'on pouvait le desirer pour la future carriere £mi- nente que l'astronomie, suivant toute humaine probability, est ap- pelee a parcourir en Amerique. Le conseil ne peut que citer brieve- ment les tables lunaires americaines, qui ont ete recemment publiees, en connexion avec l'ephdmdride ci-dessus mentionnee. Ces tables sontfondees sur la theorie de la lune de Plana, modifiee par les re- cherches d'Airy, de Hansen et de Longstreth. Le mode de forma- tion des arguments employes par Mayer, Burg et Burckhardt est rejete, et Ton donne aux expressions des coordonnees des positions de la lune la meme forme qu'elles prennent quand elles se deduisent directement de la theorie, avec une legere modification de 1'expres- sion pour la latitude, laquelle facilite les procedes de calcul , tandis qu'elle laisse encore en evidence la liaison avec la theorie. Mais la particularity par laquelle ces tables different de toutes les autres ta- bles lunaires consiste en ce qu'elles sont construites de maniere a donner les arguments en temps, au lieu de les donner en arcs de cerclc. Ce "modede construction, qui a deja £te employe avecsucces par Carlini dans ses tables dusoleil, fournit, sans aucun doute, de grandes facilites pour former les arguments. Mais quand la question se rapporte a la theorie des mouvements de la lune, sujet bien au- trement vaste, il serait premature d'avancer une opinion sur le me- rite de cette innovation avant de l'avoir mise a l'epreuve. Quant a plusieurs autres investigations auxquelles a donne" naissance la pu- blication des ephemcrides americaines, le conseil ne peut que men- tionner la determination du demi-diametre du soleil, par le profes- seur Winlock , d'apres les observations faites a Greenwich , par Bradley et Maskelyne, avec le quart de cercle mural de Bird , et d'apres les observations de Greenwich faites avec les cercles mu- COSMOS. 587 raux, entre les annues 1836 et 1851, sous la surin tendance du pre- sent astronome royal. Les anomalies qui caracterisent les resultats tirades observations modernes, conduisirent le professeurWinlock a examiner plus attentivement les donnees de la question, et il devint probable, par la comparaison des determinations obtenues par les divers observateurs groupes separement , que les contradictions pouvaient etre attributes a quelque cause constante pour le meme observateur, mais qui variait en passant d'un observateur a l'autre. Cette conclusion s'accorde avec le resultat d'une recherche sur le diametre horizontal du soleil entreprise, a peu pres dans le meme temps, par un astronome francais, M. Goujon, laquelle etaitfondee sur les observations des passages des deux bords opposes du soleil faites dans les dernieres annees aux observatoires de Paris et de Greenwich. M. Goujon trouva que le temps employe* par le passage du disque solaire par le meridien n'etait pas sensiblement affecte par l'emploi de diaphragmes de differentes formes et de differentes grandeurs, d'oii il resultait que les discordances qui se presentaient quand on comparait les resultats moyens des divers observateurs, tant dans Tun que dans l'autre des deux observatoires cites, nepro- venaient pas de la diffraction. Si la discordance est due a l'irradia- tion , ce qui est excessivement probable , cela semble confirmer la th^oriede cephenomene, originairement enonceepar Galilee, savoir que c'est un effet physiologique, susceptible d'etre modifie par la con- stitution particuliere de l'ceil de l'observateur. Le conseil ne peut omettre de faire mention d'un ouvrage remarquable de M. Struve, public en 1852, mais dont les exemplaires n'arriverent pas en An- gleterre assez tot pour etre compris dans la Revue annuelle de Fan dernier. L' ouvrage en question est en quelque sorte un sommaire des travaux sur l'astronomie siderale du grand observateur russe, durant sa residence a Dorpat; et il donneles positions moyennes de toutes les etoiles, dont le plus grand nombre sont doubles, observees sous sa direction propre et sous celle de son successeur, M. Madler, de 1822 a 1843. Cet ouvrage doit etre aussi considere comme le complement des Mensurce micromelricce , publiees en 1837 , et les deux volumes pris ensemble constituent un des plus riches tributs apportes a l'astronomie siderale dans ce siecle. Le premier volume contient les distances et les angles de position de 2 500 etoiles dou- bles, et le second, les positions moyennes , exactes , pour 1 830 de ces memes etoiles dans le ciel, aussi bien que les positions d'autres etoiles plus recemment decouvertes. PHOTOGRAPHIE. NOUVEAUX AGENTS REVELATEURS. par m. l'abbe laborde. « En faisant connaitre les proprietes d'une nouvelle substance ca- pable de jouer le meme role que le sulfate de fer ou l'acide pyrogal- lique, je n'ai pas l'intention d'en conseiller l'emploi en photogra- phie; car jusqu'a present elle s'est montree inferieure. Ceux qui s'occupent de recherches, savent que la liste des agents revelateurs est loin d'etre epuisee, et ils doivent esperer que leurs efforts seront tot ou tard couronne^s par la decouverte d'un produit superieur a tous les autres; mais pour atteindre un resultat aussi desirable, il est important de connaitre d'avance toutes les voies que Ton peut explorer : c'est a ce point de vue que je crois utile d'indiquer les proprietes de quelques protosels de cuivre. « On fait dissoudre du protochlorure de cuivre dans de l'ammo- ninque etendue de son volume d'eau, et on conserve cette solution a. l'abri du contact de l'air ; on l'emploie ensuite comme le sulfate de fer : l'image apparait subitement; mais elle est rougeatre et fai- blement accusee, meme dans les plus grandes lumieres. II est ne- C€«ssai?e d'enlever par un lavage Texces de nitrate d'argent qui re- couvrc la couche sensible, apres son passage au bain d'argent : sans cette precaution tout noircit sous Taction du protochlorure. Si on ne lave pasl'epreuve aussitot apres son apparition , elle s' efface peu a peu d' elle -meme : la presence de l'ammoniaque et du chlorure de cuivre explique cette disparition graduelle. >- Le protoxyde de cuivre ou le sulfite de protoxyde dissous dans l'ammoniaque produit a peu pres les memes effets. Ces expe- riences font voir qu'en essayant les protosels dont la base se suroxyde facilement , et en reglant convenablement leur action, on peut en espdrer des effets nouveaux et peut-etre prefdrables a. ceux que Ton a obtenus jusqu'a present. « Dans une note precedente j'ai fait connaitre les proprietes acce"- ln atrices des nitrites : ces substances donnent en effet beaucoup de sensibilite a la couche impressionnable, et la rendent accessible a Taction de l'acide gallique ; mais cette action n'est pas instantanee, et Ton peut a loisir surveiller la venue de l'epreuve. J'ai toujours reproche au sulfate de fer son action trop prompte, et par la meme difficile a regler ; il n'y aurait aucun avantage a transporter cet in- convenient sur un autre agent : aussi en conseillant l'emploi des nitrites, n'ai-je pas eu en vue Taction rapide de l'acide gallique, mais son efficacite. COSMOS. 589 « Au lieu de fairedigcrer le bain d'argent sur du nitrite de plomb, h trouve plus commode d'y ajouter du nitrite de cuivre ; le bain peut servir de suite, et bien souvcnt il ma pant plus efficace. » METIIODE A SUIVRE POUR CONSERVER LEUR SENSIBILITE AUX. PLAQUES COLLODIONEES PENDANT UN TEMPS CONSIDERABLE. Cette solution, au moins ebauchee , d'un probleme important et depuis longtenips poursuivi par un grand nombre de photographes , est clue a MM. John Spiller et William Crookes; elles nous est ap- portee par le Journal de la Societe des Jrts, celui-ci 1'emprunte au Philosophical Magazine de mai 1854 , qui tie nous est pas encore parvenu. La plaque, recouverte de collodion (celui que nous employons contient de l'iodure, du bromure et du chlorure d'ammonium, en proportions a peu pres egales) , est rendue sensible par l'immersion dans la solution ordinaire de nitrate d'argent (2 grammes de sel pour 30 grammes d'eau), et apres qu'on l'y a laisse sojourner pen- dant le temps habituel , on la plonge dans une autre solution com- posed de : Nitrate de zinc (fonJu) 60§r Nilrale d'argent 2 Eau ISO La plaque doit rester dans ce bain jusqu'a ce que la solution de zinc ait profondement penetr6 la couche de collodion ; cinq minutes suffisent amplement, bien qu'un espace de temps beaucoup plus long n'ait aucun inconvenient; on la retire ensuite, et on la laisse egoutter verticalement sur du papier buvard, jusqu'a ce que toute l'humidite de la surface ait ete absorbee ; apres une demi-heure en- viron , on la met de cote, jusqu'a ce que le moment soit venu de s'en servir. Lb nitrate de zinc qui adhere encore a. la plaque, suffit pour la maintenir humide pendant un temps indefini ; et aucune raison theo- rique et pratique ne s'oppose a ce que la sensibilite persiste elle- meme indefmiment. Les experiences que nous avons entreprises se continuent, nos plaques n'ont encore subi que l'epreuve d'une se- maine, ce temps s'est ecoule sans que la sensibilite ait subi aucune alteration appreciable, il n'est pas necessaire qu'on fasse developper l'image immediatement, on peut ne proceder a cette derniere ope* • ration qu'au moment opportun, pourvu que ce soit dans le courant de la semaine. Quand ce moment sera venu , on plongera la plaque pendant quelques secondes dans le bain primitif ( 2 grammes de sel 590 COSMOS. pour 30 grammes d'eau) ; apres qu'elle aura ete" retiree, on la de'- veloppera par l'acide pyrogallique ou le protosulfate de fer; on la lixera ensuite a la maniere ordinaire. Les a vantages de ce procede ne sauraient etre trop apprecids. En outre de la facilite qu'il procure d'operer en plein air, sans aucun appareil encombrant, la photographie lui devra de pouvoir etre ap- plique^ dans des circonstances ou jusqu'ici elle dtaitimpraticable, a cause de la faiblcsse de la lumiere, comme dans des int^rieurs mal eclaires, dans descavernesnaturelles, etc. Rien n'empechera mainte- nant de prolonger l'exposition pendant une semaine et plus, et a defaut de la lumiere diffuse, on pourra employer la lumiere £lectri- que, ou d'autres luniieres artificielles. Ce procede sera egalement d'une grande utilite quand la plaque devra etre conservee toute prete, et que l'instant de l'exposition depend de consequences indepen- dantes de la volonte- de l'operateur ; ou bien encore dans le cas ou il deviendrait impossible de preparer la glace au moment de l'exposer a la chambre noire ; c'est ainsi qu'il deviendra un auxiliaire puissant dans l'hypothese d'un combat sur terre ou sur mer, pourenregistrer, d'une facon certaine, la position des forces belligerantes. L' addition d'une petite quantite de nitrate de zinc au bain ordi- naire de nitrate d'argent n'altere en rien son action et peut parer aux inconvenients qui resultent souvent, dans les ateliers photogra- phiques, d'une temperature elevee, qui fait secher en partie la pla- que collodionee, avant l'exposition a la chambre noire. Ajoute" en plus petite quantite encore, a la solution d'argent employee pour sensibliser le papier Talbot (sans l'emploi de l'acide gallique), le nitrate de zinc maintiendra peut-etre la sensibilite du papier pendant un temps| plus long. Beaucoup d'autres substances conduiront sans doute au meme resultat que le nitrate de zinc; les nitrates de cad- mium, de manganese, et peut-etre les nitrates de cuivre, de nickel et de cobalt doivent etre essayds. La glycerine semblait d'abord promettre d'excellents resultats, mais le produit qui, dans le commerce, porte ce nom, a paru trop impur pour pouvoir etre employed PHOTOGRAPHIE MICROGRAPHIQUE. S'il est vrai que l'avenir d'une decouverte depende de futilite" de ses applications, l'esprit ne doit pas s'etonner des progres rapides de la photographie. En effet cet art merveilleux, qui se bornait d'a- bord a reproduire a grand'peine les traits du visage dans leur va- riete infinie, et les monuments de nos villes, a compris enfin sa mis- COSMOS. 591 sion civilisatrice ; et se faisant utile commence a donner son con- cours a. la science et a l'industrie. C'est ainsi que nous voyons MM. Niepce et Lemaitre l'employer pour lagravure, MM. Lemer- cier et Lerebours en faire un lithographe, M. J. Duboscq le rendre indispensable au stereoscope, et s'en servir encore pour ses interes- santes projections a l'aide de la lumiere electrique. A cote de ces applications, il en est une aussi tres-curieuse, c'est la micrographie, et, sous ce rapport, nous ne connaissons ni en France ni a l'etranger rien d'aussi beau que les epreuves de M. Bertsch. Apres trois ans de travaux perseverants, cet artiste est parvenu a obtenir de tels resultats que, sur trente-quatre epreuves que nous avons sous lesyeux, le choix est difficile, et Ton est etonne qu'on puisse arriver a un si haut degre de perfection. Insectes, \6g6- taux, mineVaux, tout a passe sousle microscope, et lenaturaliste n'a plus besoin desormais d'user sa vue dans des recherches longues et penibles ; il trouvera dans les cartons de M. Bertsch une ample provision pour l'objet de ses travaux ; et ces epreuves lui seront d'autant plus utiles, qu'elles sont faites avec l'intelligence du sujet et portent chacune le grossissemement qui les a produites. Pour mieux faire apprecier toute l'importance de ce genre de photo- graphie, nous allons d^crire a nos lecteurs les obstacles que M. Bertsch a rencontres sur son chemin. Les principales difficultes a vaincre pour l'application du mi- croscope aux reproductions photographiques sont le pouvoir dispersif des surfaces r^flechissantes, les phenomenes de diffraction sur les bords des diaphragmes, les franges et les anneaux colores resultant du defaut d'achromatisme dans les rapports des prismes aux lentilles, les differences souvent considerables entre ce que Ton appelle le foyer actinique et le foyer visuel, et enfin l'effet des vibrations dans les ap- pareils dont toutes les parties, a. cause de leur etendue, ne peuvent etre solidaires. Le microscope solaire, malgre les perfectionnements reels qui lui ont ete appliques, n'est encore, lorsqu'il s'agit d'expe- riences photographiques, qu'un instrument incapable, une sorte de lanterne magique dont les images sont loin d'avoir une nettete suffi- sante. Avant d'esperer un r^sultat convenable, il fallait transformer completement cet appareil. Au miroir ordinaire donnant parses sur- faces deux images superposes du soleil, M. Bertsch a d'abord sub- stitue, non un miroir metallique, dont le pouvoir dispersif est trop considerable, mais une lame d'anthracite plane et polie ne donnant qu'une reflexion. Au lieu de recevoir le rayon reflechi sur la partie centrale d'une large lentille a court foyer, comme cela se pratique, 592 COSMOS. il le fait passer par l'ouverture etroite ct a bords aigus d'un dia- phragme mobile dans la direction horizontale et qui permet, en Y6- loignarrt on le rapproc'hant, de ne recevoir sur le concentrateur que la quantity de lumiere n^cessaire a. I' experience, ou juste ce qu'il en faut pour eviter les anneaux colores. De la, au moyen de vis de rappel, le rayon est renvoye dans l'axe rigoureux d'un second sys- teme. Au lieu de traverser ce qu'on appelle le focus, il se rend a la surface d'une glace plane a faces paralleles qu'on a depolies et dou- cies avec le plus grand soin, afin de la rendre simplement translu- cide. Les franges et tous les phenomenes de diffraction se trouvent radicalement arretes et le rayon est alors tres-pur. Suivant l'effet qu'on veut obtenir, on fait passer ce rayon a tra- vers un systeme achromatique de Dujardin, ou on le re — M. Porro met sous les yeux de l'Acade'mie les instruments nouveaux qu'il a inventes et fait construire dans son institut tech- nomatique pour le lever rapide des plans avec nivellement general et simultane, suivant la methode tacWometrique. Le plus petit de ces instruments particulierement destine a l'en- seignement et aux petites operations, a re9U le nom transitoire de granhometre unwersel; les noms de theodolithe olometrique et de tacheometre sont reserves aux autres plus grands ; ces instruments permettent de determiner par une seule visee, d'une seule station les trois coordonnees polaires d'un point dans l'espace, et de les trans- former, sans calcul proprement dit, en coordonndes rectangulaires ; le temps necessaire pour tout cela n'excede pas deux minutes par point. Le degre d'exactitude avec lequel on peut obtenir ces determina- tions est d'un cinquantieme avec le plus petit instrument et d'un millieme a un quart de millieme pour les autres. Les avantages de cette methode et de ces instruments, le der- nier surtout pour le cadastre, pour les travaux publics et pour les leves topographiques et militaires, consistent en une tres-notable economie de temps, jointe a un degr6 d'exactitude et d'infaillibilite de beaucoup superieur a toutes les methodes connues jusqu'a ce jour. Les deux plus petits instruments ont des verniers a leurs cercles, les grands n'en ont pas; la lecture de l'apozenith s'y fait en vertu d'un taillage et de deux prismes d'agathe a un simple index, pour les degres entiers ; la division du niveau mobile donne la fraction. Dans le sens azimutal, le tacheometre donne les degres entiers par le taillage avec trois prismes en agathe, et la fraction par la vis micro- metrique qui sert de rappel. Le theodolithe olometrique donne les angles azimutaux par une lecture unique, sans verniers, a un micro- scope qui a la propriete de montrer dans son champ, l'une a cote del'autre, les deux extremites d'undiametre du cercle divise; et eli- mine ainsi l'erreur d'excentricite' s'il y en a : la fraction est donnee par un micrometre a glaces paralleles. 602 COSMOS. Mais ce qu'il y a de plus remarquable, c'est la propriete du ta- cheouu'tre d'etre reducteur self-acting des distances, c'est-a-dire que l'observation micrometrique sur la mire parlante donne direc- tement, et sans qu'il y ait lieu a aucune reduction, la distance ho- rizontalement comprise entre les verticales du pied de la mire et du centre de l'instrument; quel quesoit d'ailleursl'apozemth, c'est-a-dire l'inclinaison du rayon visuel. Cet effet s'obtient par un verre mobile relic a une espece de pa- rallelogramme de Watt, combinaison qui represente suffisamment bien la loi des sinus carres dans les limites necessaires a la pra- tique. La partie optique de cet appareil consiste a scinder le verre anal- latizant des lunettes diastimometriques en deux autres, separement achromatiques, dont un concave et 1' autre convexe, et dont les ac- tions se compensent. Dans une certaine position, le verre convexe est seul mobile, en vertu d'une espece de demi-parallelogramme de Watt [a bulles egales entre elles, et a la longneur focale du verre convexe. Ici comme dans le parallelogamme . de Watt, il y a des proportions a donner au systeme, au moyen desquelles, dans une etendue suffisante pour la pratique, les courbes represen- tees par ces deux equations se confondent a des quantites pres de l'ordre de celles qu'il est permis de negliger. Ajoutons : 1° que tous les projets de chemin de fer de la haute Italie et plusieurs grands travaux topographiques ont ete faits sous la direction de M. Porro, par sa methode, de 1825 a 1847, epoque a laquelle celui-ci est venu se fixer a Paris ; 2° qu'aussitot qu'ils ont ete connus des ingenieursfrancais, les travaux deM. Porro ont recu un brillant accueil ; 3° que l'ecole imperiale d'etat-major s'est, la premiere , empressee de les introduire dans son enseignement ; 4" qu'une commission nominee par M. le ministre des travaux publics et composee de MM. Mary, Senarmont, Grenet, Lalanne, apres un long examen et apres avoir opere sur le terrain avec les instru- ments de M. Porro, a fait un long et savant rapport, dont les con- clusions, eminemment favorables, approuvees par M. le ministre et publiees dans les Annales desponts-et-chaussees avec le memoire, portent, entre autres choses, l'introduction de cette methode dans l'enseignement a. l'ecole imperiale des ponts-et-chaussees et a l'ecole des mines; 5° enfin que la methode et les instruments soumis au ju- gement de l'Academie ont valu a leur auteur une medaiile d'or, vote'e par le conseil du corps imperial desponts-et-chaussees. La society d'acclimatation, quia pour president M. Isidore Geof- COSMOS. 603 froy Saint-Hilaire, et qui compte dans son sein dix-neuf membres de l'lnstitut, presente la premiere livraison de ses annales. Nous en rendrons compte dans une de nos prochaines livraisons. M. Sanis, professeur special de geographie, presente une grande carte en relief de laTurquie d'Europe, comprenant les principautes danubiennes, la Bessarabie, laMoldavie, la Valachie,la Bulgarie, la Roumelie, la Thrace, la Transylvanie, la Hongrie, la Servie, la Bosnie, l'Albanie, la Macedoine, le Montenegro, le royaume de Grece, l'Archipel, etc., etc., etc., avec les chaines des monts Car- pathes, des Balkans, des monts Rhodope, etc., avecle cours entier du Danube, depuis Vienne jusqu'a son embouchure; du Dniester, depuis Odessa jusqu'a Mohilew, etc. Cette carte, qui rivalise avec les cartes en relief de France, d'ltalie, d'Europe, publiees par le meme savant, tour a tour professeur et ouvrier, qui descend intre- pidement de sa chaire pour manier le repoussoir du mouleur et ga- cher le platre ou la pate de carton, etait accompagnee de deux belles reproductions photographiques faites par MM. Bisson freres sur une tres-grande echelle, et dont 1'efFet est vraiment saisissant. L'une de ces photographies, qui serontgrandementrecherchees, donne la carte entiere de la Turquie d'Europe; l'autre s'arrete aux limites des provinces danubiennes. — M. Becquerel presente, au nom de M. Barthelemi Bianchi, un nouveau modele de parafoudre des telegraphes electriques, appareil destine a mettre les telegraphes a l'abri des influences perturbatrices de l'electricite atmospherique, en la forcant a s'ecouler dans le sol et l'empechant, par consequent, de parcourir les fils. La construction des appareils de ce genre est fondee, soit sur le principe du conden- sateur, soit sur la propriete qu'ont les pointes metalliques de sou- tirer l'electricite de tension. C'est cette derniere propriete que M. Bianchi a utilisee. Son modele, d'un tres-petit volume, simple et d'une installation facile, se compose d'une sphere metallique, traversee par le fil du circuit et maintenue au centre d'une autre sphere en verre, formee de deux hemispheres reunies par un anneau mdtallique ; lequel est arme interieurement de pointes equidistantes, dont le nombre varie sui- vant les dimensions de l'appareil. Ces pointes sont dirigees vers le centre de la sphere inte'rieure, jusqu'a une tres-faible distance de la surface. Les deux hemispheres sont terminees par deux douilles, par lesquelles le fil de circuit passe, fixe par du mastic ; la partie inferieure de l'anneau de metal est terminde par un robinet aussi en metal, communiquant a l'interieur de la sphere de verre; ce ro- 6(M COSMOS. binet permet de faire le vide dans l'appareil et do ]'y conserver ; il est muni d'un pas de vis qui doit recevoir la tige mctallique, laquelle est destinee a mettre en communication directe avec le sol l'arma- ture mctallique despointes, en isolant completement le fil de circuit entendre par la pile, et la sphere metallique qui en fait partie. — M. Dumas annonce avec bonheur qu'un jeune chimiste, encore a son debut, a fait une tres-heureuse decouverte. M. Cari-Montrand, dans des experiences faites au laboratoire de la Sorbonne, et qui ont eupour temoin M. Despretz, serait parvenu, par un emploi ingenieux de l'acide chlorhydrique agissant en pre- sence du charbon : 1° a decomposer le sulfate de chaux, de maniere a en extraire de l'acide sulfurique ; 2° a obtenir directement des os, soit transformers d'abord en noir animal, soit traites directement, toute la quantite de phosphore qu'ils contiennent. Si les essais, heu- reusement et glorieusement tentes par ce jeune chimiste peuvent se constituer a 1'etat de pratique industrielle, il aura realise- un progres immense ; la fabrication de l'acide sulfurique au moyen du platre ou du sulfate de chaux est un des grands desiderata de la science ap- pliquee, et il y aurait de grands avantages a diminuer, par une pro- duction plus simple et plus rapide, le prix du phosphore. Des que les details de ces belles experiences seront parvenus jusqu'a nous, nous nous empresserons de les transmettre a nos lecteurs. — M. Le Verrier presente, au nom de M Yvon de Villarceau, un nouveau Memoire sur l'etoile double eta d'Hercule. Ces recher- ches, dit le savant directeur de l'Observatoire, presentent un grand interet, parce qu'elles doivent demontrer, d'une maniere definitive, que l'attraction universelle preside au mouvement des mondes stel- laires, com me elle determine et regit les mouvementsdu monde pla- netaire; elles conduisent en outre a cette conclusion que l'etoile double en question est une des etoiles les plus voisines de nous, ou que sa masse est beaucoup plus grande que celle du soleil. M. Le Verrier regrette vivement de ne pouvoir communiquer, en detail, les lettres qu'il a re£ues depuis la derniere seance de MM. Struve, Kupfcr, Argelander, etc., et proteste contre le fatal usage qui s'est introduit de renvoyer la correspondance etrangere a la fin de la seance. A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. PARIS. — IMrBIMERIE DE W. REMQUET ET cie., R'JE GARANC1ERE, 5. T. IV. 26 MAI lS54. TItOISIEMF. ANNKE. COSMOS. FAITS DIVERS. Ecoutez M. I. Geoffroy-Saint-Hilaire, exposant le but de la So- ci£te zoologique d'acclimatation : « II ne s'agit de rien moins, dit- il, que de peupler nos champs, nos forets, nos rivieres d'holes nou- veaux, d'augmenter le nombre de nos animaux domestiques, cette richesse premiere du cultivateur; d'accroitre et de varier les res- sources alimentaires si insuffisantes, dont nous oiiposons aujour- d'hui; de creer d'autres produits e^conomiques ou induslriels, et par la meme de doter notre agriculture, si longtemps languissante, notre Industrie, notre commerce, et la societe" tout entiere de biens jus- qu'a present inconnus ou negliges, non moins pi ^cieux un jour que ceux dont les generations anterieures nous ont \6g\16 le bienfait. » Ecoutez M. Coste, exposant les resultats qu'on doit attendre de cette industrie magnifique dont Remy et Gehin ont dute la Fiance : « II ne s'agit de rien moins que d'elever les moyens d'alimentation au niveau des besoins. » Et M. Coste ne promet que ce que la pis- ciculture peut tenir. Ecoutez cet ardent apotre des reTormes utiles, M. Ward, vantant le systeme hygienique et agricoje, dit systeme de circulation con- tinue : « II diminuera d'un tiers la mortalite des villes it doublera le produit des campagnes. » Et quand M: Ward parln de doubler le produit des campagnes, il reste de beaucoup au-de^sous de la ve>it£; on peut prouver qu'il ne l'eut pas atteinte en disant quar- drupler. Ecoutez les commissions institutes paries ministres de la guerre et de l'agriculture pour apprecier le merite de la machine a vapour de defrichement el de labour de M. Barrat : Eile resout les problemes de l'application de la vapeur a, l'agriculture. — Elle fait un travail 4gal a celui de la beche, laquelle donne deux fois l'effet utile de la charrue. — Elle rendra toujours possibles les labours profondsi, et, par la, rendra a l'agriculture fourragere et a la produtll'i h ' _. desclimats sees un service bien eclatant. — Elle assainira le 606 COSMOS. tr£es empestees. — Elle epargnera bien des vies dans les colonies. — Elle fera renaitre l'activite dans les campagnes que l'inertie des homines sortis de l'esclavage ou atteints par des effluves mortels, condamne desormais a la steriiite, etc., etc. Ecoutez les ingenieurs et les agronomes qui ont pu apprecier par experience les bienfaits du drainage, tous vous diront que nous avons en France quelques millions d'hectares, dont le drainage peut doubler, tripler les produits, au prix d'une defense qui serait cou- verte des la premiere annee, et que du meme coup vous supprime- riez une multitude de maladies endemiques. Descendez. aux details. Voici Guenon, qui, en se bornant a des evaluations moderees, vous offre les moyens de realiser, sur la production d'un seul article (le lait \ , un benefice annuel de 1 184 327 866 fr. 36 c. Tout agriculteur vous dira que l'invention d'un semoir qui eco- nomiserait un quart de la semence, vous procurerait une £conomie, et par consequent une richesse nouvelle de plus de 100 millions par an. Un ancien colon vous offrira d'introduire en France telle racine, l'igname, par exemple, qui, donnant une fecule plus saine et plus agreable que celle de la pomme de terre, atteint le poids de 30 a 50 livres, de sorte que 5 a 6 ares fourniraient la subsistance dune nombreuse famille. Songez a nos six a huit cent mille hectares de marais et a nos deux cent mille hectares d'etangs a. dessecher; a nos huit millions d'hectares de terres incultes a defricher-; aux coteaux denudes qu'il faudiait reboiser, aux terres arides qu'il faudrait irriguer! Passez en revae cette grande mecanique agricole; et cette machine a va- peur de defnchement, ame de la nouvelle agriculture, qui, en dix heures, laboure21 600 metres carres d'un sol moyen a la profon- deur de 30 centimetres; et ce batteur-trieur americain de Moffit, qui rend 220 hectolitres de ble en dix heures de travail ; et ces machines a moissonner, a faucher, a battre, a couper, a concas^er ; et ces ingenieux semoirs : ces machines enfin qui, sous l'impulsion de la vapeur, s'ofii'pnt a accomplir toutes les parcelles du travail agricole, comme, dans l'usine perlectionnee, d'autres machines ac- complissent toutes les parcelles du travail industriel. Et dites s'il y a quelque bon sens dans ce fameux aphorisme de Malthus : « Un homme qui nait dans un monde deja occupe, si les riches n'ont pas besqia de sin travail, est reellement de trop sur la terre. Au grand banquet de la nature, il n'y a point de couvert mis COSMOS. 607 pour lui. La nature lui commande de s'en aller, et elle ne tardera pas a mettre elle-meme cet ordre a execution. » Dites s'il nous faut autre chose qu'un peu d'intelligence et de bonne volonte, et s'il ne nous suffira pas de savoir appliquer nos forces aux choses utiles pour demontrer expdrimentalement l'inexactitude de cette pretendue loi : « Les subsistances s'accroissent en proportion arithmetique, tandis que la population tend a croitre en proportion geometrique. » M, Victor Meunier. (Dans la Presse). DRAINAGE. Le bulletin de la Societe d'encouragement publie, dans sa der- niere livraison, deux lecons sur le drainage faites a la Faculte des Sciences de Caen par M. Isidore Pierre, qui resume ainsi son en- seignement : 1° Le drainage abaisse le niveau des eaux stagnantes a une profondeur suffisante pour qu'elles ne puissent plus nuire au developpement des racines des r^coltes ; 2° il facilite le passage , a travers la couche arable et active, des eaux pluviales et des elements de fertilite qu'elles peuvent apporter sur le sol qui les recoit ; 3° il facilite a l'air le moyen de penetrer dans le sol, jusqu'a la portee des racines, et jusqu'au contact des engrais dont il active la decom- position au profit des r^coltes; 4° il contribue a l'ameublissement des terres fortes; 5° il augmente la chaleur du sol en diminuant l'evaporation superficielle de l'eau, et, par suite, en attenuant le refroidissement que cette evaporation produit toujours ; 6° il aug- mente la fertilite du sol, par suite d'une introduction plus facile , d'un transport plus regulier, d'une transformation plus avantageuse des gaz et des substances propres a contribuer au developpement des plantes cultivees ; 7° enfin , il produit une amelioration consi- derable dans l'etat sanitaire des contrees ou des travaux de cette nature sont executes sur une certaine echelle. — Dans un des derniers numeros du bulletin de la Societe d'en- couragement, noustrouvons aussi des recherches interessantes, faites par M. Ernest Dumas , directeur de la Monnaie de Rouen , sur le drainage, ses progres en Angleterre, et les lois qui, dans ce pays , ont contribue" a son puissant developpement. L'interet considerable qui s' attache a cette grande question agricole, nous engage a resu- mer, d'une maniere succincte , le travail de M. Ernest Dumas, fils unique de l'illustre chimiste. Le drainage proprement dit, considere au point de vue de l'ap- plication pratique, n'est pas de date ancienne. Ce n'est qu'en 1833 que l'exploitation agricole a commence, en Ecosse , a utilizer ce 608 COSMOS. moyen cle fertilisation. Depuis longtemps, il est vrai, Ton savait, dans un champ humide, faire des tranches, les remplir de pierre , pour creer aux sources nuisibles un nouveau lit ; mais cette opera- tion differait du drainage en ce sens, quelle avait lieu sur un terrain quelconque, tandis que celui-ci trouve toute son importance clans son application aux terrains argileux et impermeables. En 1833, Smith de Deanston donna en Ecosse, a la pratique du drainage, une forme methodique, et en fit une operation raisonne'e et reguliere. Dans les essais qu'il entreprit, un plein succes vint couronner ses efforts ; il trouva bientot des imitateurs, et, en 1836, une commis- sion agricole, institute en Angleterre, signalait les immenses pro- gres qu'avait faits le drainage depuis trois annees. En 1810, le gouvernement anglais desirant, autant.que possible, faciliter l'emploi du drainage, offrit aux agriculteurs de leur fournir et les capitaux necessaires, et des inge'nieurs capables d'executer. Des commissaires supcrieurs furent crees, investis d'un pouvoir considerable, charges d'examiner les cas ou devait agir le gouverne- ment, ceux ou il devait refuser, et dejugerles differends entre l'Etat et les particuliers. Cette loi a rendu, a l'industrie agricole en Angleterre, un immense service ; des 1843, les commissaires ve- naient declarer que des demandes avaient ete adressees pour 10 000 hectares; et qu'en general, le drainage, combine avec les operations generates de dessechement, rapporterait annuellement 10 p. 100 des sommes qui y seraient employees. Enfin, en 1846, a la suite de plusieurs mauvaises recoltes, sir Robert Peel, jugeant qu'il fallait a tout prix venir en aide a 1' agri- culture, fit adopter l'acte important qui etablit que tout proprietaire ou fermier pourra, sur sa demande, obtenir du gouvernement, a titre de pret, les sommes necessaires pour executer lui-meme, sur ses fermes, les operations du drainage. Cette loi ouvrait un credit de 75000000 defr. aux commissaires du tremor, sur lesquelsetaient affected 9 millions a 1' Angleterre, 41 millions a 1' Ecosse et 25 mil- lions a l'Irlande. Des cette epoque, le drainage fit des progres ra- pides ; on reconnut que, dans les terrains humides, il etait la ^eule base possible d'une bonne culture ; et, de tous cott%, les deman- des arriverent. En 1849, les commissaires des travaux publics d£- clarerent que les sommes votees avaient ete absorbees, et que les demandes s'etaient dlevees a plus de 100 millions de francs ; enfin , en 1850, le gouvernement fit ses dernieres avances de fonds ; elles s'eleverent a 50 millions de francs. Anjourd'hui, le role de l'Etat est termini ; les rdsultats qu'a pro- COSMOS. 609 duits sa genereu^e initiative sont immenses, et Ton pent calculer que le drainage a rendu a la culture un million d'hectares de terre au inoins. L'operation du drainage n'est pas dispendieuse, lorsqu'on la com- pare aux produitsqu'elle donne. Execute avec des tuyaux de terre, a quatre pieds de profondeur, le drainage coute environ 250 francs l'hectare, et, cependant, les fermiers qui, en Angleterre, l'ont em- pioyi- , paent aisement 6 et demi pour cent d'interet pour les sommes que le gouvernement leur a pre tees pour I'execution de ces travaux. Girard. (Patrie.) CONTAGION DU SANG DE RATE, M. Godeau, vdterinaire, vient d'adresser a. la Societe centrale d'agriculture de Bourges un memoire fort interessant sur lesa/ig de rate. a Le sang de rate de mouton, ce fieau terrible qui decime les troupeaux de la Beauce, de la Brie, de la Picardie et d'une grande partie de notre pays, n'avait etc considere , jusqu'a ce jour, d'apres M. le professeur Delafond, que « comme une plethore sanguine, determinee par une alimentation trop substantielle, resultat d'une proportion trop forte dans le sang des principes appeles globules, fibrine et albumine. « Malheureusement il n'en est point ainsi : la marche si rapide de cette affection, les ravages si grands quelle determine, sa coin- cidence dans les memes localites avec la pustule maligne de l'homme, maladie sevissant presque toujours sur des individus qui avaient eu des rapports de contact plus ou moins directs avec des animaux affectes ou morts du sang de rate, durent la faire considerer par les medecins et les veterinaires de la Beauce comme une affection con- tagieuse. « Les travaux auxquels ces medecins et ces veterinaires se sont livrds sont venus transformer leurs probability en certitudes et de- mon trer par des Jails, que le sang de rate du mouton, lafievre charbonneuse du clieval, la pustule maligne de l'homme, la mala- die de sang de la vache, sont des affections de nature septique, susceptible de se transmettre soit a l'homme, soit aux animaux. Touchant les moyens preservatifs et curatifs de cette maladie, devant laquelle la therapeutique est venue constamment avouer son impuissance, nous pouvons dire que nous personnellement, dans le cours de notre pratique, nous avons essaye les medications d 'bilis 610 COSMOS. tante, purgative, excitante, antiputride, et que toutes ont iences exactes, bien peu de faits positifs qui viennent corroborer ces assertions et nous eclairer sur la formation de ces differentes varietes. .. II est vraiment curieux de voir tout ce qui a ete invente et ecrit sur cette matiere. N'a-t-on pas avance, entre autres cboses-, " que des grains de froment donnaient quelquefois naissance a des grains d'avoine? que des tiges d'avoine pouvaient produire des epis d'orge et de froment 1 que le froment lui-meme et ses nombreuses variety provenaient , par transformation , d'une espece d'cegc- lops? etc., etc. Quelques observateurs disent meme avoir produit a volonte cette merveilleuse transformation ; mais toutes ces preten- tions sont trop opposees a ce que nous savons sur la permanence des especes pour que nous puissions les admettre sans des garanties satisfaisantes. « Au contraire, en regard de ces observations imparfaites et de ces appreciations exagerees, produites sans pieces justificatives-, sans documents authentiques, si Ton place les experiences conscien- cieuses et pers^verantes des hommes de la science, Ton ne peut s'empecher d'avoir la ferme conviction que, non-seulement le fro- ment est une espece tres-stable, mais que meme les varietds de fro- ment ontun degre" de permanence tel, qu'il est bien difficile de leur faire subir la moindre modification ; et lorsqu'on a sous les yeux les ouvrages oil sont consigned ces resultats , il est bien permis de se COSMOS. 611 demander s'il se forme actuellement encore cle nouvelles varietes de frometit. * M. Deslongchamps, dansle cours de ses nombreuses experien- ces, non-seulement n'a jamais pu constater la formation d'une variety de ble differente de celles qu'il avait semees, mais il croit de plus que, dans le froment, la fecondation se faisant a huis-clos, il n'y a pas d'hybridite possible. II pense aussi que la culture n'a que peu ou point modifie le froment, et il conclut naturellement que cette cereale ria pas change de puis les temps les plus recules. " Selon lui, les varietes se sont formees autrefois sous l'innuence des causes exterieures , telles que le transport dans les differentes contrees, la dissemblance dans la nature des terrains, des climats, des temperatures, des expositions. u « Dans nos essais, commences en 1838, nous nous proposions, il est vrai, deux choses : 1° determiner s'il se forme encore actuelle- ment de nouvelles varietes de froment; 2° choisir parmi les varietes connues celles qui pourraient etre avantageusement substitutes a celles que Ton cultive le plus generalement, et regenerer ces varietes en choisissant parmi elles les epis les plus beaux pour servir de souches a de nouvelles races. •• L'on sait combien nous avons ete heureux dans la solution de ce dernier probleme, en cultivant avec le plus grand soin deux epis magnifiques qui nous etaient tombes sous la main, et en faisant de ces deux epis, par un choix perseverant, deriver une race que Ton a designee sous le nom de ble du Mesnil. Cette variete est mainte- nant la seule que nous cultivions dans notre ferine, et ses excel- lentes qualites ont deja ete appreciees et preconisees par un grand nombre de cultivateurs distingues. « Quant au premier de ces problemes, qui concerne l'etiologie des vari^t^s de froment, nous avons, pendant dix annees consecutives, fait pour le resoudre des semis des varietes les plus diverses; nous avons entrepris dans ce but plusieurs centaines d'experiences, et nous etions arrive , au bout de dix annees , a des resultats tout aussi negatifs que ceux de M. Deslongchamps. Jamais, jusqu'en 1848, nous n'avions constate l'apparition d'une variete nouvelle. Toutes celles que nous semions conservaient leurs caracteres avec une invariability desesperante. Quand, par hasard, nous obtenions quelques epis differents, c'etait toujours parmi ceux provenus de grains qu'on nous avait donnes, et avec lesquels, bien certainement, s'etaient trouvees melees par megarde des varietes etrangeres. « Nous avions cependant tente tous les moyens de succes. Ainsi f 612 COSMOS. nous semions presque toujours des varietes qui avaient etc cultivees a cote les unes des autres, qui avaient fleuri a la meme epoque et qui avaient (He daus les meilleures conditions possibles pour donner lieu a des melanges de pollen et a des croisements de races. " Nous avions eu soin aussi de recueillir, au milieu des champs de ble, tous les epis qui nous paraissaient le plus s'eloigner des va- rietes cultivees dans nos environs, m Toutes ces precautions furent inutiles. Les varietes obtenues etaient toujours semblables a celles que nous avions semees. - II nous vint cependant a la pensee de tenter une derniere epreuve. Nous n'avions encore fait d' experiences qu'avec des bles d'hiver; il l'allait essayer des bles de mars. " Nous avions pour celades sujets excellents: c'tUait une poignee d'epis mutiques ou sans barbes, trouves dans un champ de ble barbu. " Cette fois, le resultat depassa de beaucoup nos esperances. Nous eumes tout au plus un dixieme d'epis mutiques, semblables a ceux que nous avions semes. Le plus grand nombre etait pareil aux epis barbus, au milieu desquels s'eHaient trouves les epis mutiques mis en experience. Ce qui nous surprit beaucoup, e'est qu'entre ces deux types s'en pla9aient onze autres., qui, par les epis plus ou moins allonges, les epillets plus ou moins larges, la presence ou l'absence des barbes, formaient des transitions et passaient d'une extremite a l'autre de ces caracteres par des nuances graduees. « Ces treize varietes provenuesdu meme type se distinguent entre elles par des caracteres tres-nets, tres-trancht% ; les differences dans les formes sont, en effet, comme l'observe M. de Candolle, celles qui presentent le plus de fixite et qui meritent le plus de confiance. « II resulte done de ces experiences : " 1" Qu'on peut, en semant certaines varidtes de froment, ob- tenir des varietes differentes. « 2° Que les varietes obtenues ainsi sont trop nombreuses, trop differentes entre elles, et trop distinctes de leurs parents immd- diats, pour qu'on puisse attribuer leur origine a des causes d'i//iosyn- crasie7 et que, selon toute probability elles sont dues a des pheno- mc^nes combmC'es d'/ijbrklite et d'atavisme. « 3° Que cette proprieHe" que possedent lesfroments de produire des varietes nouvelles, est susceptible de recevoir des applications utiles. Les agriculteurs peuvent, en eftet, provoquer la formation de ces varietes et profiler meme de celles qui se torment naturelle- ment pour faire un choix des types qui paraiiront ofirir le plus d'a- vantages. PHOTOGRAPHIE. CHASSIS MULTIPLICATEUR ET CUVETTES PORTATIVES DE M. JULES CLEMENT. M. Jules Clement a construit, vers la fin de la campagne photo- graphique derniere, un chassis multiplicateur dont nous signalerons les avantages. II permet d'emporter en course un nombre de feuilles sensibili- sees plus que suffisant pour les besoins d'une journde (20, 30 ou meme plus), de les introduire successivement dans le chassis et de les en retirer au grand jour, sans avoir a. redouter Taction de la lu- miere, le tout avec la plus grande facility. L'augmentation en poids et en volume qu'il fait subir au bagage pour 20 ou 30 feuilles est presque nulle, et il dispense de la tente du voyageur. II presence exterieurement la meme forme et les meifies dimen- sions que celui en usage , sauf 8 ou 10 millimetres d'epaisseur en plus. Chaque feuille sensibilisee est placee sans adherence dans un car- tonnage ayant par sa forme beaucoup d'analogie avec le chassis de bois ordinaire. Ce cartonnage est forme de deux portions de feuilles de carton-carte, et d'une portion de feuilles de papier buvard; le tout d'une dimension en rapport avec celle du chassis de bois, et n' ayant que 3 ou 4 millimetres d'epaisseur environ. L'etui qui contient toutes les feuilles sensibilisees doit done avoir une epaisseur de 3 ou 4 millimetres par chaque feuille , soit 4 centi- metres pour 10 feuilles , 8 centimetres pour 20. La manoeuvre de cet appareil est simple , prompte et facile. Chaque feuille sensibilisee et renfermee hermetiquement dans le chassis de carton, est introduite dans le chassis de bois par une ou- verture pratique^ vers la tetede ce dernier. Kile s' engage entre les deux glaces en soulevant la seconde au moyen d'un plan incline, puis vient s'arreter avec une precision mathematique a la place qu'elle doit occuper. On la demasque en enlevant un obturateur de carton (faisant partie du cartonnage) avant d'ouvrir l'obturateur de bois. — Apres l'exposition et apres la fermeture de l'obturateur de bois, on reintroduit l'obturateur tie carton, qui masque de nouveau. la feuille dans le chassis de carton , et on enleve celui-ci pour faire place a un autre. — L'introductiondu chassis de carton dans le chas- sis de bois et son retrait se font a. peu pros comme ceux d'un tiroir dans un meuble. 614 COSMOS. La presence du chassis de carton dans le chassis de bois masque environ un centimetre sur < haque bord de la feuille sensibilize. Si l'on veut utiliser toute la surface d' exposition que comporte une chambre, il suffit de joindrele chassis a celle-ci , non par un systeme de rainure intorieure, comme cela se pratique habituellement, mais par un systeme de gorge exterieure analogue a la forme d'un cou- vercle de tabatiere. La portion masquee par le chassis de carton se trouve en dehors de l'ouverture de la chambre; on utilise la partie de surface perdue dans les appareils ordinaires, et Ton compense ainsi tres-largement la perte d'un centimetre sur chaque bord de la feuille sensibilisee. M. Jules Clement ne s'est pas borne a cette amelioration dans le bagagedu photographe, il a aussi invente" un systeme de cuvettes articulees qui peuvent reridre de grands services aux photographes en voyage. Ellesse de\sarticulent pour l'aplanissement des bords; se posent completement a plat, au fond d'une boite etn'occupent qu'une epais- seur de 2 ou 3 millimetres pour chacune, quelle quesoitla dimen- sion. Elles se composent de deux parties : un support et la cuvette proprement dite. — Le support est en zinc; ses differentes parties sont reliees par un systeme de charnieres a ruban. — La cuvette proprement dite est'simplement un carre de toile revetue de caout- chouc, ou une feuille de papier cire , selon la nature des liquides. L'^paisseur de la plaque de zinc peut etre d'un demi-millimetre pour les cuvettes de 30 ou 35 centimetres; au-dela, et pour foutes les dimensions en usage, une epaisseur d'un millimetre suffit. Les toiles dont M. Jules Clement se sert sont celles avec le^quelles on confectionne les manteaux; elles ont a peine un quart de millimetre d'epaisseur. La cuvette Vendue a plat presente done uniquement une epaisseur : 1° d'un demi-millimetre pour le support dans les di- mensions de 30 ou 35 centimetres , et d'un millimetre dans les di- mensions au-dessus; 2° d'un demi millimetre environ pour le ruban des charnieres ; et 3° d'un quart de millimetre pour la toile ou le pa- pier. En tout un millimetre et quart pour 1'epaisseur des premieres cuvettes, et 2 millimetres et un quart pour 1'epaisseur des secondes. S'il existe quelques defauts dans 1' execution , ils peuvent se reveler par une epaisseur additionnelle d'un millimetre, mais il suffit de quelques soins pour les eviter, la construction etant ties-simple. La cuvette se pose a plat sur le support desarticule. On relcve les bords de celui-ci ; les angles que forment les coins de la cuvette COSMOS. 615 sortentaux quatre coins du support, et sont replies le long de ses bords pour y etreassujettis par un systeme de verrou d'une grande simplicity et tenant en outre les quatre bords du support dans une position verticale ; les bords de la cuvette, qui doivent avoir un exces de largeur sontrabattus, et maintenus autour des bords du support par un lien en caoutchouc ; ils debordent as• Sur la lame de cuivre recouverte de la resine impressionnable, on superpose une epreuve photographique sur papier de l'objet a graver; cette epreuve est positive et doit, par consequent, se traduire en negatif sur le metal par Taction de la lumiere. Au bout d'un quart d'heure environ d'exposition au soleil, l'image est produite sur l'enduit r^sineux, maisellen'y est point visible, et on la fait appa- raitre en lavant la plaque avec un dissolvant qui enleve les parties non impressionne"es par la lumiere, et laisse voir une image negative 616 COSMOS. representee par les traits resineux du bitume. Cependant le dessin est forme d'un voile si delicat et si mince, qu'il ne tarderait pas a disparaitre en partie par le sejour de la plaque au sein du liquide. Pour lui donner une solidite et une resistance convenables, on l'abandonne , pendant deux jours , a Taction de la lumiere diffuse; le dessin consolidc de cette maniere par son exposition au jour, on plonge la lame de metal dans un bain galvanoplastique de sul- fate de cuivre , et voici maintenant les veritables merveilles du procede. Attachez-vous la plaque au pole negatif de la pile, vous deposez sur les parlies du metal non defenduespar 1'enduit resineux une couche de cuivre en relief; la placez-vous au pole positif , vous creusez le metal aux memes points et formez ainsi une gravure en creux ; si bien que Ton peut a volonte\ et selon le pole de la pile auquel on s'adresse , obtenir une gravure en creux ou une gravure en relief, en d'autres termes une gravure a l'eau forte , pour le tirage en taille douce, ou une gravure de cuivre en relief analogue a la gravure sur bois, pour le tirage a l'encre d'impression. « L'epreuve photographique, dont on a fait usage pour la trans- porter sur le metal, n'a besoin d'aucune preparation particuliere lorsqu'il s'agit de reproduire une gravure ordinaire deja executee sur papier, et e'est le cas que nous avons admis plus haut. Mais tel n'est point le cas general et le but de la gravure photographique , e'est de reproduire sans aucun interm^diaire les objets pris dans la nature. Ici, quand il s'agit, par exemple, de graver des objets d'his- toire naturelle , des monuments ou des vues, l'epreuve photogra- phique dont on fait usage doit etre obtenue par un moyen qui differe un peu du proce'de ordinaire. Ce qui constitue en effet la difficulte essentielle pour la gravure des epreuves photographiques, e'est la production de ce que Ton nomme dans la gravure le grain , e'est-a-dire les eclaircies menagees par le burin dans les ombres du dessin. L'epreuve photographique ne presente rien de semblable, car les ombres y sont accusees par un empatement uniforme ; il faut done qu'un artifice particulier intervienne ici pour crder ce grain absent de l'epreuve photographique. Dans les ouvrages de MM. Rousseau, Deveria et Riffaut , on le produisait apres coup a l'aide du burin sur la plancbe de me'tal gravee. Dans le nnuveau procede que vient d'imaginer M. Baldus, ce grain, ne'eessaire a la giavure, est au contraire forme sur l'epreuve photographique nieme, ce qui rend par consequent superflue tonte intervention ulterieure du graveur. Ce grain se forme sur l'epreuve negative, grace a l'addition aux substances chimiques impressionnables d'un compose qui , en COSMOS. 617 cristallisant dans la masse du papier, y forme de petits grains cris- tallises et transparents. La publication complete de tous les details de ce nouveau procede, que 1'auteur ne manquera pas do faire sans doute, permettra de comprendre 1'effet chimique assez curieux qui se passe dans cette circonstance. « II ne reste plus qu'un mot a ajouter : les epreuves sur papier, obtenues avec cesnouvelles planches, d'origine photogrnphique, sont tellement parfaites , que Ton peut regarder comine definitivement resolu le grand probleme de la gravure par 1'agent lumineux. Non- seulement ce nouveau procede va reduire de beaucoup le prix des produits de la gravure, mais il n'est pas d'artiste, il n'est pas d'ama- teur de photographie qui ne puisse bien tot se donner le plaisir de reproduire en gravure , dans un coin de son atelier, toutes les epreuves photographiques sorties de ses mains. Ces resultats sont si remarquables , leur influence sur l'avenir des beaux arts est si visible et si directe, que toute reflexion a cette egard paraitrait su- peiflue. » — Nous annoncons avec plaisir a nos lecteurs que le Traite de Photographie sur collodion, par M. Belloc, vient enhn de paraitre. Cet ouvrage, dcrit avec elegance et clarte, se divise en quatre par- ties, qui comprennent l'Histoire de la Photographie, le Manuel operatoire, et des elements de chimie et d'optique photographique. L'auteur, dont tout le monde connait les beaux albums, a donne sa methode complete, et quoiqu'elle arrive apres bien d'auti es, elle n'en est pas moins une oeuvre toute nouvelle , grandcmeMt utile et qui rendra d'importants services a. ce genre de photographie. II ne nous est pas possible d'analyser aujourd'hui cet excellent, traite. Le choix est difficile parmi tant de chapitres si mtoressants; declarons seulement que nous comprenons tres-bien , en lisant la prtie ope- ratoire, pourquoi le collodion a ete jusqu'ici traite d'inconstant, et abandonn^ ou du moins grandement calomnie par les photogra- phes. Nous cnmprenons aussi pourquoi M. Belloc a obtenu de si beaux resultats et cela d'une maniere constante; sa ■theorie si simple, ses manipulations si bien decrites, permettent de reussir a coup sur, et il n'est pas etonnant que les nombreux eleves de cet habile professeur se fassent l'echo de sa renommee. ACADEMIE DES SCIENCES. SliANCE DU 23 MAI. M. Dumdril presente la seconde partie du septieme volume de son histoire gencrale des reptiles; il fait ressortir dans une courte lecture les avantages qu'il a retires du mode de classification adopte par lui, et qui a pour point de depart le systeme dentaire. Sans cette mcYhode nouvelle, qu'il avait formulee de concert avec son collabora- teur. si intelligent, si zele, M. Bibion , mort, helas ! a la fleur de 1'age, et qu'il a depuis considerablement modifiee, M. Dumeril af- firme qu'il lui aurait ete impossible de classer l'enorme famille des serpents. — M. Despretz, dans un memoire lu a l'Academie le 18 aout 1851, etait arrive a cette conclusion, que le travail chimique exte- rieur d'une pile quelconque est equivalent au travail chimique in- terieur et represents, par consequent, par le zinc dissous dans l'in- te>ieur de l'instrument. Ce resultat, parfaitement conforme aux theories admises , a la loi de Ohm, aux experiences anterieures de M. Faraday, aurait pu paraitre ebranle par les recherches recentes de quelques jeunes physiciens, et surtout par celles de M. L£on Fou- cault. Sans vouloir affaiblir le moins du monde le merite des tra- vaux des jeunes et habiles experimentateurs, M. Despretz regarde comme un devoir de constater qu'il s'etait mis, autant qu'on peut le faire, a l'abri de toutes les perturbations qui auraient pu masquer le fait capital qu'il s'agissaitde mettre en evidence; qu'il avait tenu compte, par exemple, de la combinaison possible des deux gaz, de ]a solubilite de ces gaz dans l'eau acidulee, du passage inefficace d'une certaine quantite d'electricite. II a fait plus, il a procede a une de nouvelles series d'experiences, faites dans les conditions les plus excellentes, et dontil donne aujourd'hui lesresultats. Nous regrettons vivement de ne pouvoir reproduire aujourd'hui, dans son int^grite ou dans ses parties essentjelles , cette note si importante ; en rai- son de la fete de l'Ascension, nous sommes force de reduire, dans une proportion considerable, la composition nouvelle du Cosmos, et nous demandons pardon ausavant acad^micien de lui faire subirun re- tard completement involontaire; nous prenons date au moins pour les conclusions de sa note si substantielle. 11 a prouve 1° qu'il ne passe dans la dissolution electrolytique qu'une tres-petite quantite d'elec- tricite inefficace, comme il l'avait admis en 1851 ; 2° que le volume de gaz hydrogene degage dans plusieurs voltametres renfermant de COSMOS. 619 1'eaupure, de l'eau acidulee, a un degre particulier pourchaque vol- tametre, est sensiblement le meme. — M. Becquerel annonce qu'il est parvenu a produire des cou- rants electriques et des courants electriques ihtenses dans des cir- constances toutes nouvelles et que personne n'avait encore soup- gonnees. A cette annonce enthousiaste 1' attention a etc vivemen't excitee ; tout le monde s'attendait a la revelation d'une nouvelle science d'electricite; ce n'etait helas ! qu'une nouvelle maniere de mettre en jeu les actions chimiques, et clans des conditions telles, que la tres-curieuse experience du savant professeur du Jardin ties Plantes ne sera peut-etre jamais rope tee. 11 a pri's un tube en fer , dans ce tube en fer il a introduit un tube en verre, et dans le tube en verre un fil de cuivre; il a mis le tout dans un fourneau a rever- bere; un reophore en cuivre mis en contact avec le fil de cuivre cen- tral allait a l'un des poles d'un galvanometre, d'une boussole des sinus ou d'un voltametre ; un fil de fer uni au tube de fer envelop- pant, allait au second pole de l'appareil indicateur de 1'electricite; toutes ces dispositions prises, M, Becquerel a chaufie et il a vu ap- paraitre un courant eleclrique dont l'intensite va en croissant jus- qu'a 300 degn5s environ, point de fusion du verre, et diniinue en- suite a mesure que Ton approcbe de plus en plus du point de fusion du cuivre. M. Becquerel a modifle de diverses manieres cette expe- rience fondamentale , mais sans mettre en evidence aucun autre fait digue d'etre mentionne, il fait remarquer avec beaucoup de raison que la nouvelle pile, qu'il t^ra impossible de rendre usuelle , n'est qu'un cas particulier de la pile a un seul liquide, et que ses efi'els s'expliquent de la meme maniere par Taction chimique exercee par le verre ecbauffe ou fondu sur le cuivre et le fer. Ce que nous admi- rons le plus, c'est le bel exemple donne par M. Becquerel ; il a la meme soif du progres et travaille avec la meme ardeur que dans les plus beaux jours de sa carriere scientifique. — M. Montagne presente la par'ti'e cryptogamique de la Flore du Chili, grand ouvrage accompagne de cent planches. L'initiative de cette si importante publication appartient au gouvernement du Chili, qui a depense des sommes considerables pour arriver a faire connaitre, dans ses plus petits details , les richesses botaniques des belles contrees qu'il administre. Soutenu par une genereuse allocation de fonds, M. Claude Gay, aide-naturaliste attache au Museum d'his- toire naturelle, a reuni pendant de longues annees les materiaux de sa grande ceuvre. Pour qu'il put mieux l'amener a bonne fin, pour que sa mission aussi fut plus utile a la France, 1' administration du Mu- 620 COSMOS. seum avait, de son cote, accorde une subvention a M. Gay , ce qui nous a valu un double des plantes recueillies. Si Ton r^flechit a l'im- mense developpement du Chili, qui occupe en longueur plus de 25 degres de latitude ; que l'exploration botanique s'est etendue jus- qu'au detroit de Magellan et a l'ile de Juan-Fernandez, on com- prendra sans peine l'immense portee de la Flore du Chili, qui com- prend des plantes de presque toutes les latitudes. II a fallu absolu- ment qu'elle fut composee en espagnol , car autrement elle aurait manque- son but, qui etait de rendre familiere aux agents du gou- vernement la connaissance des plantes du pays ; mais on a eu soin de rediger en latin les diagnoses des families , des classes , des gen- res, des especes, et tous les botanistes pourront par consequent y puiser les notions indispensables. M. Montagne , malgre son grand age, s'etait charge de rediger toute la partie cryptogamique , qui comprend 13 families, 76 genres et plus de 900 especes. C'est avec una vive satisfaction qu'il vient offrir a, l'Acad^mie le noble tribut do sa gratitude et de ses respectueuses sympathies. II se plait a rendre hommage a tous ceux qui ont contribue, par leurs recherches, a rendre la redaction de la Flore plus facile, a M. Gaudichaud, a l'a- miral Durville, a M. le capitaine Duperre}' , a M. Alcide d'Orbigny, a l'infortune" Berthelemot, etc., etc. — Nous avons dit dans notre dernier compte rendu que Ton avait renvoye* a. 1'examen de la section de physique la demande d'une subvention de deux mille francs a accorder a M. Marie" Davy, pour l'aider dans la construction d'une machine magneto-electrique de la force d'un cheval. Dans un rapport verbal , M. Becquerel annonce que la section de physique , dont il est le doyen , a approuve la de- mande d'allocation, qui sera, en consequence, soumise a la delibe- ration de la commission administrative. On a mis cependant a cette concession une condition assez onereuse ; on a exige que l'auteur fit la promesse formelle, dans le cas oil la somme de deux mille francs se- rait insuffisante, d'ajouter tout ce qui serait necessaire pour termi- ner la machine en question ; de sorte qu'il est engage d'honneur et moralement, a lafaire fonctionner devant 1' Academic En imposant cette charge, la section a agi sagement, mais elle aurait mieux fait d'entrer dans la voie que nous avions ouverte. Quand bcaucoup d'i- dees ont ete mises en avant , que des essais sont tentes sur un grand nombre de points, adopter et subventionner une idee, un essai, sans s'etre convaincu que cette idee, que cet essai avaient droit a une preference meritee, c'est sortir un peu des saintes regies de la jus- tice distributive. Et puis, repetons-le encore une fois, la somme mi- COSMOS. 621 nime de 2 000 francs n'est qu'une goutte d'eau j elle ne peut con- duire a rien. M. Mari6Davy, bien certainement, sera victime du bienfait qu'onlui accorde. Ce qu'il y avait done a faire, e'etait tout simplement de rappeler le concours ouvert par l'Empereur Napo- leon III. — M. Ernest Liouville , jeune astronome , qui fait aujourd'hui son debut academique, a lu un m^moire interessant sur l'usage et l'importance des mires, dans la determination et la reduction des erreurs qui entachent les observations faites a la lunette meridienne. Pour qu'une lunette meridienne donne des observations parfaites, il faut quelle remplisse trois conditions essentielles, e'est-a-dire : 1* que l'axe optique coincide exactement avec l'axe de figure ; 2o que cet axe de figure soit rigoureusement perpendiculaire a l'axe hori- zontal autour duquel se fait le mouvement de rotation de la lunette ; 3° enfin, que ce meme axe de figure, dans sa rotation autour de l'axe de rotation, decrive rigoureusement un plan. A ces trois conditions essentielles correspondent trois sortes d'er- reurs : 1° l'erreur de collimation; 2° l'erreurde declinaison; 3° l'er- reur de deviation de l'azimuth. Laissant de copies deux premieres erreurs, dont on se debarrasse sans trop de peine par les process connus, le retournement et la reflexion sur le mercure, le jeune astronome s' attache a l'erreur de deviation, et apres avoir rappele" comment jusqu'ici on parvenait a 1'evaluer et a, l'eliminer par 1'ob- servation des passages des etoiles fondamentales, et surtout, par le double passage des etoiles circumpolaires, apres avoir constate que ce mode d'elimination introduisait des erreurs, quelquefois plus grandes que celles dont on voulait se debarrasser, il arrive a son sujet principal, al'emploiet aux avantages des mires. II deorit la nouvelle mire installee depuis 1842, laquelle formee, d'une part, d'un disque ou ouverture circulaire, de l'autre, d'une lentille a long foyer, placed a une distance du disque egale au double de la distance focale, con- stitue ce qu'on appelle un collimateur, et remplace une mire an- cienne situee a l'infini ; il expose ensuite la maniere dont il s'est servi de cette mire pour estimer l'erreur de deviation, et corriger ainsi les observations faites a. la lunette meridienne. Nous ne le suivrons pas aujourd'hui dans les details tout a fait techniques qu'il est impos- sible de bien saisir ; ni dans ses conclusions qui nous ont semble un peu vagues. Nous avons ete frappe de la gravite, de l'aplomb deM. Ernest. Liouville, son assurance contrastait agreablement avec son extreme jeunesse, et en l'ecoutant, son pere, geometre celebre, membre de l'lnstitut et du Bureau des longitudes, a du eprouver une vive et 622 COSMOS. profonde satisfaction. Choisir pour son debut l'expose" d'unemeHhode nouvelle, c'est faire acte de courage et se bien poser pour l'avenir. — Le prince Charles Bonaparte lit au nom de M. le docteur Schiff de Francfort, une note tres-importante sur les fonctions de la moelle ^piniere. Le fait capital et nouveau, decouvert par le savant anato- miste allemand, c'est que la substance grise, qui transmet au cer- veau les impressions senties par la substance blanche, est elle-meme depourvue de sensibilite et fait l'office de simple conducteur. Par la raisonque nous avonsdite, nous sommes force" de nous arreter ici, la correspon dance, au reste, a offert tres-peu d'inteYet. DE LA BHINOPLASTIE , OU METHODE DE CELSE MODIFIEE, PAR M. BADDENS. On reproche a toutes les methodes de rhinoplastie l'aplatissement du nez de nouvelle creation. M. Baudens , ayant remarque" que le cancer, l'une des causes les plus fr^quentes de la perte dunez, envahit les parties molles avant les cartilages , a pens£ qu'il serait souvent possible, par une dissection attentive, d'enlever les parties molles cancereuses tout en conservant la charpente ; il a mis en pratique cette idee nouvelle, avec un plein succes, sur une femme de soixante- douze ans, sans qu'il soit survenu d' accident pendant, ni apres l'operation; la guenson £tait complete des le vingtieme jour. Convaincu que la methode italienne, qui consiste dans l'emprunt d'un lambeau a la region frontale, etait beaucoup moins avanta- geuse, M. Baudens, d'accord avec son illustre maitre Larrey, emprunte aux cot£s du nez et aux joues deux lambeaux qu'il amene par glissement au niveau de la perte de substance. L'affrontement de ces lambeaux sur la ligne mediane etait difficile ; ils menacaient de se desunir; pour parer a ce danger, il a suffi de faire au dehors des lambeaux, del'un et de l'autrec6t£, une incision verticale de3cen- timetres de longueur, qui les a rendus beaucoup plus extensibles. La glace a £te" appliquee heureusement pendant quarante-huit heures, pour enrayer une vive reaction des vaisseaux capillaires qui la me- nac^ait de mortification. Le chloroforme, enfin, a ete administr^ avec le soin de suspendre l'inhalation de cet agent, des que la sensibilite" est abolie, sans vouloir andantir du meme coup la sensibilite" et la contractility musculaire. VARICES, RETRECISSEMENTS DE l/uRETRE. M. C. S^dillot , professeur a la faculte de medecine de Stras- bourg , nous a adresse , a. la date du 9 avril , une lettre que nous re- produisons en supprimant seulement quelques details moins essentiels qui ne pourraient trouver place que dans une feuille speciale. « Diverses occupations m'ont empeche* de r^pondre plus tot aux critiques que vous avez formulees contre une operation dont je me suis declare le deTenseur, et que j'ai executed avec succes dans quel- quescasexceptionnelsetpresquedesespe>es. Vous vous etonnez gran dement qu'en I'annee 1854, apresles progres realises paries Leroy- d'Etiol/es, les Re/bard, les Civiale , les Merrier, les Guillon, on ait encore le courage de recourir a un traitement aussi bar bare, et vous ajoutez : Le winter, c'est assumer evidemment une responsa- biliteefj ray ante. [Cosmos, t. iv, n° du 17 mars 1854, p. 531.) « Comment avez-vous ete conduit a supposer , monsieur, qu'un professeur d'une des grandes facultes de France, charge d'un service de clinique chirurgicale des plus importants, ait hautement m6- connu, dans un travail presente a 1' Academie des sciences, les pro- gres realises par les specialistes les plus renommds ; et propage\ parmi ses eleves, les pratiques les plus dangereuses et les plus bar- bares \ « Est-il vrai que les moyens proposes par d'habiles et ing^nieux confreres, eten particulier par M. le docteur Guillon, puissent rem- placer 1' operation de la boutonniere? Vous l'admettez sans restriction, monsieur le redacteur, et vous ditesque « la meHhode de M. Guillon » guerit radicalement les retrecissements de l'uretre, les plus pro- « fonds, les plus indures, les plusinfranchissables; qu'il suffit, pour u obtenir une guerison complete, d'un petit nombrede stances; que « les incisions sont si peu douloureuses, que les malades veulent a u peine croire qu'ils ont £te" operes ; qu'apres quelques jours la cica- « trisation est achev^e. » Telle est votre opinion particulierement fondee sur le rapport de l'honorable M. Lagneau, et je regrette de ne pas la partager ; mes convictions a cet egard sont absolument contraires, et je vous opposerai une seule objection qui me parait, je l'avoue, pe>emptoire. « Parmi les quatre malades que j'ai soumis a l'ureHhrotomie pe^ri- neale (boutonniere), et dont j'ai rapporte les observations, l'un avait l'uretre obliter£; un autre ne put jamais etre sonde, et son retrecis- sement resta par consequent infranchissable, un troisicme, atteint 62a cosmos. de retention d'urine et soumis a deux ponctions de la vessie, pr6- sentait des accidents de ia plus grande gravite, et r<5clamait les plus prompts secours. On n'etait jamais parvenu a traverser la coarcta- tion uretrale, source premiere et unique des accidents, avec des bouo-ies de plus d'un millimetre de diametre; et il en fut de meme du quatrieme dont la position eHait cependant beaucoup moins fa- cheuse. u Telles £taient les conditions pathologiques auxquelles nous avionsaremedier, et, je vous le demanderai, monsieur le r6dac- teur , comment aurions-nous pu recourir aux urethrotomes de M. Guillon ou de tout autre chirurgienl « L'instrument le plus etroit de M. Guillon a au moins 3 millime- tres de diametre, et il est indispensable de le porter au dela du retrecissement pour en degager les lames et le faire agir. II etait done de toute impossibility de l'appliquer a nos malades, dont les coarctations eHaient infranchissables ou seulementsusceptibles d'ad- mettre, avec les plus grandes difficultes, des bougies d'un millime- tre a. peine d'epaisseur. C'est dans ces conditions que nous avons eu recours a une autre methode de traitement, dont chacun peut actuellement comprendre les raisons et la necessite. « C'est dans de pareils cas que j'ai recommande l'urethrotomie perin^ale, et que j'y ai eu recours avec des resultats vraiment re- marquables. L'operation est peu dangereuse, et la guerison prompte et assuree. .« Je me suis montre" partisan reserve de l'urethrotomie et n'ai pas unite l'entrainement des chirurgiens anglais, qui l'ont^ adoptee comme methode gdnerale de traitement. J'en ai restreint l'applica- tion a des cas spewaux, ou les autres process curatifs faisaient deTaut, et je maintiens cette appreciation. » Nous ne discuterons pas avec M. Sedillot, qui nous dit avec beaucoup de raison : « Notre dissentiment pourrait etre reduit a des affirmations contraires, et j'aurais peut-etre le droit, en raison de la speciality de mes eludes et de mon experience professionnelle, a une plus grande autorite\ » Nous avons cherche un moyen plus efficace de prouver a la fois : 1° que dans notre courageuse protestation contre l'injustice criante dont M. le docteur Guillon a eHe" la victime, nous n'avons pas ete aveugle par l'amiti£; que nous avons au contraire plaids la cause de la°verite, du bon droit, du progres noblement conquis; 2° qu'en repoussant la cruelle operation de la boutonniere dont les Desault, lesChopart, les Boyer, les Dubois, les Dupuytren, etc., ont fait COSMOS. 625 bonne justice, eu la proscrivant, nous avions certainement raison. Ce moyen, le voici : nous sommes alle trouver notre ami M. Guil- Ion, nous lui avons communique la lettre de M. Sedillot, et il nous a charge de donner, en son nom , au si honorable professeur de la Faculte de Strasbourg, ce noble defi : « Que M. Sedillot m'adresse a Paris quelques malades, cinq ou six , affectes de retrecissements de l'uretre , qu'il considere comme infranchissables ou non dilutables ; des malades chez lesquels la difficulty d'uriner est produite par les coarctations, pour la gueVison desquelles il preconise l'urethrotomie perineale ; et je lui prouverai qu'on peut tres-bien les guerir sans avoir recours a ce mode de trai- tement que je declare, avec vous, etre tout a fait baibare. - Non-seulement je donnerai gratuitement mes soins aux ma- lades dont il s'agit ; de plus, si leur position pecuniaire l'exige, je les ferai placer dans un hotel ou ils seront loges et nourris a, mes frais. Et dans le cas ou un ou plusieurs de ces malades n'au- raient pas d'argent pour faire le voyage, que M. Sedillot ait la bonte de mettre a leur disposition la somme necessaire; je la lui ferai pas- ser a Strasbourg, aussitot qu'on m'aura remis un petit mot con- stataht les avances qu'il aura faites. « M. Sedillot est un praticien trop honorable, trop ami de la ve- rite, pour refuser une semblable proposition. Quand il m'aura adresse" un certain nombre de malades dont il aura bien constate" l'etat auparavant, et que j'aurai obtenu leur guerison par ma me- thode, ce dont je ne doute pas, car le chiffre des guerisons que j'ai obtenues sans recourir jamais a l'operation de la boutonniere, de- passe deja dix-huit cents, il sera bien oblige de reconnaitre que l'urethrotomie perineale n'est pas necessaire, comme il le croit; et qu'on peut l'abandonner de nouveau a. l'avantage de la science, et surtout des malades. Cette epreuve solennelle me vengera des in- justices de la Commission d' Argenteuil ; elle prouvera, ce a quoi je tiens plus encore qu'a mon propre triomphe, que le si honorable M. Lagneau n'a rien exagere- qu'en redigeant son memorable rap- port, il n'a ceM6qu'a l'evidence des faits. ■ — 4° Note sur la vitesse du son. — C'est une re- ponse a. un memoire de M. Potter, qui attaque la theorie de La- place sur 1* introduction necessaire, dans l'expression du carre de la vitesse, du rapport existant entre les deux chaleurs specifiques de pair. — 5° Note de dioptrique. — Les quatre points caracteristi- ques indiques par M. Gauss sous les noms de points principaux et foyers principaux , s'eloignent a l'infini et cessent d'exister dans le cas oil le faisceau lumineux , entrant, compose de rayons paral- lels a 1'axe, sort a l'etat de faisceau forme de rayons encore paral- lels a l'axe. M. Bravais demontre que, dans cecas, ces points sont remplaces par un point singulier qu'il nomme point confocal de la lunette ; ce point est a lui-meme son propre foyer; tousles points du plan menes par ce point normalement a l'axe ont leurs foyers dans ce meme plan. — 6° Description d'un nouveau polariscope et recher- ches sur les doubles refractions pen encrgiques. — Ce polariscope de M. Bravais est tres-sensible a la moindre fraction de polarisation el- liptique, et, joint a un compensateur d'une nature particuliere, il me- sure numeriquement et avec une assez grande exactitude l'ellipticite de la vibration, ainsi que la difference de vitesse de deux rayons lu- mineux, qui ne serait egale qu'a un dix millionnieme de leur vitesse absolue. Dans la mesure des effets de la compression, sa sensibilite est telle, qu'un tube de verre legerement comprime entre les doigts 628 COSMOS. donne aussitot des signes de double refraction. La quantite de 1'ef- fet bi-refringent ainsi produit peut etre exprime en nombres imme- diatement ; il est de 0,00050 pour le verre , et 0,00059 pour le sel «emme. Physique du globe et meteorologie. 1° hi flue nee de la rota- tion de la terre sur le mouvement du pendule a oscillations co- niques. — Deux methodes out etc employees pour etablir la diffe- rence de durees dans les deux modes de rotation des pendules, la methode des observations successives et celle des observations simultanees. La difference de duree d'une oscillation pour un pen- dule de dix metres a ete trouvee egale a 0s, 00072 , ce qui s'ae- corde exactement avec la theorie. Dans le cas oil la suspension est effectuee au moyen d'un fil metallique, M. Bravais prouve qu'il faut tenir compte de la correction de longueur due a la flexion du fil ; cette correction , que Borda semble avoir negligee etait, dans les experiences de M. Bravais , de 10mm,5. — 2° Influence qu ' exerce la rotation de la terre sur un liquide tournant. — La courbure du paraboloide n'est pas la meme, selon que la rotation a lieu, d'occi- dent en orient, ou d'orient en Occident. — 3° Geographie physi- que de la France, redigee pour l'ouvrage P atria. — L'auteur a donne" le trace des lignes magnetiques de la France, ce qui n'avait pas encore ete fait. — 4° Intensite du magnetisme terrestre en Suisse et en Italic — Dans son ascension du mont Blanc, M. Bra- vais a mesure l'intensite magnetique au sommet le plus eleve. — 5° Temperature de Veau bouillante a d'werses pressions. — Dis- tribution de rhumidite absolue dans V atmosphere. — Influence qu exerce I'heure de la jour nee sur la mesure des hauteurs par le barometre. — Sur la variation dinrne de I'humiditeet de lapres- sion barometrique au sommet du Faulhom, et sur le decroissement de temperature sur les pentes de cette montagne. — Integration de laformule des nivellements barometriques . — 6° Note sur un nouveau procede •pour mesurer la hauteur des images. — Cette note contient Vindication de quelques-uns des resultats obtenus par la methode qui y est exposee.— 7° De la vitesse du son entre deux stations inegalement elevees au-dessus de la mer. — II s'agissait de verifier si la vitesse de propagation du son dans le sens vertical est identiqueavec la vitesse de propagation dans le sens horizontal. Le resultat conforme a la theorie a et6 : vitesse egale des sons as- cendant et descendant, a raison de 332 metres 4 dixiemes pour de fair sec, ;\ la temperature de la glace fondante. — 8° Nombreux travaux d'optique meteor ologique : — sur I 'arc-en-ciel en general; COSMOS. 629 des degenerescences et des variations qu il presente ; des arcs sur- numeraires; sur I' arc-en-ciel blanc en particulier. — Jpparences liimineuses engehctrees par les cristaux de neige suspendits dans I' atmosphere; halos et parhelies ; arcs tangents; paranthelie, co- lonnes lumineuses. — Le resultat general est que la theorie de Ma- riotte rend un compte satisfaisant de tous les phenomenes dus a la Taction reflechissante ou refringente des surfaces assemblies sous des angles diedres de 50 a 90 degres. M. Bravais a fait construire, par M. Soleil, un appareil qui reproduit et rend sensibles a. l'ocil les principales circonstances de ces meteores; il a presente l'enseinble de ses resultats degages des calculs, avec des recommandations de- tachers , relatives a la maniere dont ces phenomenes doivent etre etudies ; il a determine, avec le plus grand soin , l'indice de refrac- tion de la glace pour les differentes couleurs du spectre, a l'aide d'un appareil special. 8° Notice sur le mirage. — Explication theorique du reVevement des trajectoires lumineuses dans le mirage. — Sur la depression de I' horizon et sur le mirage qui, pendant thiver, accompagne presque toujours le phenomena de la depression de I 'horizon. M. Eravais passe en revue toutes les anciennes observations et les theories ; il explique tour a tour le mirage inferieur, le mirage avec simple ele- vation des objets, le mirage superieur, le mirage lateral , le mirage multiple; 9° Sur les phenomenes du crepuscule. Determination de la limite superieure de f atmosphere, d'apres des observations faites dans les Alpes, et cent-trente mesures angulaires; 10° Note sur la polarisation de I atmosphere. Observation des points neutres. 11° Aurores boreales. Le chapitre que M. Bravais a publie sous ce titre, dans le voyage de la commission du nord , comprend la descrip- tion de 150 aurores boreales observees a Bossekop, et une discussion etendue des principaux resultats qui s'en deduisent, en voici quel- ques-uns : la courbure des arcs reguliers de l'aurore boreale appro- che de la forme d'un petit cercle de la sphere ; elle s'en ecarte dans le voisinage de l'horizon ; 1' azimuth du point de culmination ne coincide pas avec le meridien magnetique; la difference est de 11° pour les arcs situes au zenith , elle est moindre pour les arcs situes au nord du zenith, et plus grande pour les arc situes au sud ; les rayons de l'aurore boreale ont une tendance a se juxtaposer latera- lement, de maniere a former des rangees courant dans une direc- tion perpendiculaire au meridien magnetique ; le centre de figure des couronnes boreales peut etre situe en un point quelconque de l'atmosphere celeste, visible pour l'observateur ; les phases de l'au- 630 COSMOS. rore bor^ale suivent une periode diurne reguliere ; la parallaxe de l'aurore boreale est a peine sensible pour deux observateurs eloigned l'un de 1' autre de 15 kilometres. M. Bravais a aussi recueilli des observations sur la moyenne orientation des nuages disposes en ban - des paralleles. Mathematiques. — 1° Position geometriquc des points dont les coordonnees sont des nombres entiers. — Des systemes de points distribues regulierement dans lespace. — Sur les polyedres syme- triques de la gcornetrie et les polyedres de forme symetrique. — 2° Probabilitedes erreurs de la situation dun point. — Probabilites considerees dans V etude des phenomenes naturels. — 3° Cristallo- graphie. En admettant que dans les corps cristallises les molecules sont disposes en filets rectilignes, a. centres equidistants ; en laissant indeterminee la forme simple ou composee de la molecule, on obtient un systeme reticulaire, poss^dant des proprietes geom£triques re- in arquables. En l'etudiant d'une maniere plus approfondie, on voit se dessi- ner la cause physique de la coexistence des faces dites de meme espece, et l'origine des formes cristallines, on reconnait que les di- verses sortes d'arrangements se ramenent a sept systemes cristal- lins; on trouve que plusieurs de ces systemes peuvent se subdiviser en types ou modes distincts ; on voit que le ph^nomene du clivage et celui de l'apparition plus ou moins frequente de telles ou telles faces sont intimement li£s avec la densite- du filet reticulaire. Dans un second M^moire, M. Bravais montre que la molecule n'est pas un point unique, mais un systeme de points ; un veritable polyedre doue de plans de sym^trie, d'axes de symetrie, etc., qu'a. une sy- m^trie mol^culaire determinee correspond ;ine structure cristalline pareillement determinee; enfin, que la symetrie preexistante dans le polyedre moleculaire est la cause de la symetrie que Ton observe dans l'assemblage cristallin. II resout ce probleme : etant donn6, le polyedre moleculaire d'une substance, trouver dans quel systeme la cristallisation doit s'effectuer, et quel genre d'hemie"drie doit en etre la consequence. II examine un autre genre de manifestation de la forme moleculaire, l'h^mitropie avec penetration intime. II di- vise les moldcules des corps cristallises en six grandes divisions, suivant qu'elles sont holo-axes, hemi-axes ou tetrato-axes, mono- symetriques ou polysymetriques. Tous les cristaux connus en ce moment comme doues d'un pouvoir rotatoire optique, appartien- nent a la categorie des cristaux mono-symetriques. Les cristaux pyro-electriques semblent aussi se reunir en un seul groupe, celui COSMOS. 631 des cristaux a molecules h£mi-axes depourvus de centre de sy- m£trie. Sciences naturelles. — 1° Sur la disposition des feuilles cur- viseriees autour des tiges des vegelaux. — 2° Sur la disposition symetrique des inflorescences. — 3° Sur la disposition des feuilles recti-seriees . — 4° Sur les lois de la croissance du pin sylvestre, du chine et du frene dans le nord de I Europe. TRAITE DE CRISTALLOGRAPHIE PAR AUGUSTS HUARD (M. FEDOR THOMAn). La cristallographie tient une place bien plus grande que l'on ne croit gene>alement dans cette grande branche des connaissances hu- maines que Ton a designee sousle npm collectifde/jAri"/y«e,-etquoi- que la mineralogie seule ait garde pendant quelques annees le mono- pole de la cristallographie, le temps est venu de l'etendre davantage et de faire ainsi un pas de plus vers cette synthese definitive qui doit grouper en un faisceau unique tous les grands produits de l'esprit humain dans la recherche de la verite. Deja la cristallographie, par l'^tude des corps isomorphes, dimorphes et polymorphes, s'est rap- prochee de la chimie, et l'a eclairee dans ses analyses; par la d6- couverte des phenomenes si remarquables de la double refraction, de la polarisation, de la polarisation chromatique et circulaire, du polycht'o'isme, de la fluorescence, elle est devenue indispensable au physicien ; et ce qui du temps de Rome Delisle servait a peine a la distinction de quelques especes minerales, a envahi peu a peu toutes les sciences qui ont pour objet la manifestation des forces molecu- laires. Ce n'est done pas aujourd'hui un petit everiement que la publication d'un traite de cristallographie simple, clair, a la portee de tout le monde. Les traites classiques de Haiiy, de Neumann, de Miller, de Rose, presentent, il est vrai, un cadre complet des con- naissances cristallographiques ; mais les mdthodes de calcul em- ployees dans ces livres ne conduisent au but que par de longs de- tours, incompatibles avec les exigences des travaux du chimiste et du physicien. Quant aux livres elementaires de Muller, de Lau- rent, etc., nous ne croyons pas qu'ils puissent jamais rdpondre aux besoins de la science ; ils sont clairs, mais aux depens de la preci- sion; ils nous apprennent la filiation des formes cristallines, mais ils ne nous disent rien de la maniere dont il faut les etudier ct les mettre en formules. Ainsi, point d'alternative : ou faire de la cris- tallographie ex-professo, ouse borner a une connaissance moins que 6uperficielle du groupement des atomes. 532 COSMOS. Le petit traite que M. Fddor Thoman vient de faire imprimer remplit done une lacune regrettable. L'histoire de la cristallographie y est traitee d'une maniere complete ; l'auteur a, non-seulement in- dique les diverses Stapes de cette science sur le chemin du progres, il a donne en outre une bibliographic tres-interessante des recherches cristallographiques. La theorie du groupement des atomes et les differents modes de cristallisation des corps ont recu dans ce petit volume des developpements qui ne laissent rien a d&sirer. L'au- teur. qui manie le calcul avec une aisance de maitre, et qui pour- tant abhorre les echafaudages analytiques inutiles, a repris la cris- tallographie telle que Hauy nous l'avait faite ; et l'a depouillde de ses difficultes, en la ramenant a desformulestellement simples, que les moins exerces au maniement du calcul sauront les comprendre et les mettre en pratique. Par un heureux artifice, substituant aux fonctions des angles planes les fonctions equivalentes de leuis moi- ti£s, l'auteur du nouveau traite a pu resserrer en une formule d'un petit nombre de termes, des pages entieres de developpements alge- briques. M. Thoman a simplifie aussi et complete la notation des cristaux , ce qui n'est pas a dedaigner; car une representation abreg^e de faits tres-complexes ne saurait etre sans de grands avantages pour la synthase a venir. II nous serait impossible de montrer ici la methode que l'habile calculateur a suivie pour arriver a de si heureux resultats ; mais nons pouvons assurer sans crainte cpie, par l'etude du petit traite" de cristallographie de M. Thoman, on apprendra beaucoup plus en quelques jours que par la lecture des livres classiques en plusieura mois de longues et pdnibles analyses. MEMOIRE SUB LE DEVELOPPEMENT DE LELECTEICITE DANS I.ES ACTIONS CHIMIQUES. FAR M. BECQUEREL PERE. — CONCLDSIONS. Les experiences qui ont conduit M. Becquerel aux conclusions suivantes, ont ete faites avec ses nouveaux appareils depolarisa- teurs : « 1° Dans toutes les actions chimiques quelconques, il y a dega- gement*d'eiectricit6. -. 2° Dans la reaction des acides ou des dissolutions acides sur les mdtaux, ou sur les dissolutions alcalines, les acides et les disso- lutions acides prennent toujours un exces d'electricite" positive, les metaux et les dissolutions alcalines un exces correspondant d'elec- tricit^ negative. COSMOS. 633 « 3° Le engagement d'electricite dans la combustion 'est regi par le meme principe, e'est-a-dire, que le corps combustible de- gage de l'electricite negative, le corps comburant de l'electricite positive. " 4° Les decompositions produisent des effets electriques in- verses. « 5° II n'y a de degagement d'electricite qu'autant que les deux corps en presence sont conducteurs d'electricite, ainsi dans la com- binaison d'un metal avec l'oxygene, l'iode oule brome sec, il n'y a pas production d'electricite. « 6° Dans le melange des acides avec l'eau, ou dans leur com- binaison avec elle, l'eau se comporte comme une base, tandis qu'elle agit comme un acide par rapport aux dissolutions alcalines. « 7° Les dissolutions concentrees de sel neutre agissent a l'egard de l'eau, sous le rapport des effets electriques produits, comme les acides par rapport aux bases. « 8° Les acides, dans leur combinaison ou leur melange avec d'autres acides, se comportent de telle maniere, que les acides les plus oxydants sont les plus electro-positifs; les acides, dans leurs combinaisons avec les bases paraissent conserver cette meme pro- priete, de telle sorte que. dans la reaction ou le melange de deux dissolutions satur<5es de sel neutre, le nitrate est positif par rapport au sulfate, le sulfate a l'egard du phosphate, etc. •• 9° Lorsque plusieurs dissolutions acides neutres ou alcalines sont placees a cote les unes des autres de maniere a se melanger tres-lentement, les effets electriques produits sont la resultante des effets individuels qui ont lieu a chaque surface de courant. " 10° Contrairement a, l'opinion de Volta, on peut former une chaine electrique, ou plutot un circuit ferme uniquement avec des liquides danslesquels circule un courant electrique, et d'oii resultent des phenomenes de decomposition et de recomposition , s'il existe dans ce circuit des corpuscules conducteurs de l'electricite ; les corps organises vivants pvesentent des exemples nombreux de circuit de ce genre pouvant donner lieu a des effets electro-chimiques qui n'ont pas encore ete etudios. - ASSIMILATION DE L'AZOTE DE LAIR PAR LES PLANTES. EXAMEN DE LA REPONSE FAITE PAR M. BOUSSINGAULT A M. VILLE. RESUME DE LA DISCUSSION. On a semble dispose a faire contre notre dernier article une objec- tion qui en affaiblirait la portee. La contradiction entre les travaux anciens et nouveaux de M. Boussingau.lt , entre les assertions an- ciennes et nouvelles de M. Dumas, pourrait bien, dit-on, etre^plus apparente que reelle ; car, dans les recherches de 1837 et de 1838, ce qui etait en jeu, c'etait l'azote de l'air ; et sous cette expression, azote de l'air, on pouvait comprendre et l'azote gazeux et les va- peurs ammoniacales de l'air ; tandis que dans les recherches de 1851 et 1852, il n'est plus question que de l'azote gazeux de l'air, a l'exclusion des vapeurs ammoniacales. Ce que M. Boussingault aurait done affirme" , ce que M. Dumas aurait tant exalte en 1837 et 1838, ce serait l'assimilation par lesplantes des vapeurs ammo- niacales de l'air; ce que M. Boussingault a nie, ce que M. Dumas c&ebre avec tant d'enthousiasme en 1854, e'est la non-assimilation par les plantes de l'azote gazeux de l'air. Nous ne pourrons pas empecher que les deux illustres academi- ciens essaient de decliner notre terrible argumentation par cette dis- tinction extremement commode; mais en agissant ainsi ils parleront contre leur conscience et contre la verite, nous dirons meme contre l'6vidence. Comment en effet le probleme a-t-il £te pose par M. Du- mas'? Comptes rendus, t. VI, page 130 : On a etc" involontaire- ment tente de croire que l'azote demeurait passif dans les ph£no- menes de la vegetation, car on sait que l'azote pris a l'etat gazeux ne contracte de combinaison qu'avecbeaucoup tie peine... On n'a- vait pas refiechi suffisamment a la facilite avec laquelle l'azote dis- sous contracte, au contraire, des combinaisons energiques... On n'avait pas songe\ etc., etc.- On levoit, ce dont il s'agit e'est de 1'azotea l'etat gazeux. Continuons. Quel est le magnifique resultat que M. Dumas fait approuver par 1'Academie? Page 131 : « II demeure prouve que le trefle s'empare de l'azote de l'air, et tout porte a croire que ce phenomene est gene- ral. » L'entendez-vous^ s'empare de l'azote de l'air, et non pas emprunte de I azote a l'air, puise de I 'azote dans l'air et moins en- core s'assimile. les vapeurs ammoniacales de l'air. » Quel est le grand fait que M. Boussingault se felicite d' avoir ddcouvert et qui, dit-il, lui a valu les encouragements de l'Acaddmie? « L'azote de Pair COSMOS. 635 peut etre assimile durant la vie -vegetal e. » L'azote de l'air et non pas de l'azote exlstant dans I' air a 1'etat de vapeurs ammo- niacales. Dans les anciens Memoires de M. Boussingault, substi- tuez a cette expression azote de l'air, qui signifie evidemment azote gazeux de l'air, substituez vapeurs ammoniacales del 'air ; tout le prestige s'evanouit, il n'y a plus l'oiribre meme d'une d^couverte! L'empressement extraordinaire de M. Dumas afaire, coup sur coup, deux rapports, une fois apres huit jours, une fois apres quinze jours d'attente ; les portes de l'Academie qui s'ouvrent a deux battants devant le candidat improvise, tout ce fracas, en un mot, dont nos oreilles sont assourdies encore a seize annees de distance, devient une mystification ridicule et miserable. La demonstration palpa- ble des trois propositions enoncees dans notre dernier article, va acbever de mettre a neant ce vain subterfuge auquel nous n'aurions pas du nous arreter. I. L' ASSIMILATION DE l'aZOTE DE l'aIR PAR LES PLANTES EST UN fait incontestable et formellement affirme par mm. boussin- gault et Dumas en 1837 et 1838. Demonstration . Premiere preuve. Dans les Memoires de M. Boussingault et les rapports de M. Dumas, cette assimilation est sans cesse donnee comme un fait, etabli , prouve, general, dont la decouverte ho- nore grandement son auteur. Deuxieme preuve. La verite de cette assimilation est rehaussee par les phenomenes les plus certains et les plus eclatants de la na- ture. Ecoutons d'abord M. Boussingault, Comptes rendus, t. VI, p. 106 : « En laissant les racines du trefle dans le sol, et en y en- fouissant la derniere pousse, on rend au sol une quantity de matiere organique plus forte que celle a la formation de laquelle il a contri- bute et qu'on a enlev^e comme fourrage ; tout compte fait, le sol a recu de l'atmosphere plusqu'iln'a fourni a la plante recoltee » Page 107 : « Prenons pour exemple une ferine consacree a la cul- ture des cereales, possedant par consequent un nombre assez limite de bestiaux; on connait par experience la quantity d'engrais indis- pensable, ainsi que le rapport qui doit exister entre la surface cul- tivee en fourrage et celle destinee a la culture du produit marchand : je suppose l'etablissement ainsi forme, chaque annee on exportera dufroment, du caseum, quelques pieces de betail ; ainsi il y aura eportation constante de produits azotes, sans qu'il y ait importa- tion appreciable de la meme matiere. Cependant la fertilite du sol 636 COSMOS. ne s'affaiblira pas. On voit que, dans de semblables conditions, la matiere organique, continuellement exportee, sera remplacee par la culture des plantes a in el i or antes ou par les jacheres ; et 1'art de 1'a- griculture consiste a adopter l'assolement qui favorise le mieux et le plus promptement possible la transition des elements de l'atmo- sphere dans le sol. » Tome VII, p. 115 : « Dans l'assolement de cinq ans, comprenant la rotation suivante : pommes de terre ou bet- teraves fumees, froment, trefle, froment, avoine, l'azote primitive- ment renferme dans l'engrais d'un hectare pesait 157 kilogrammes; dans les recoltes le poids de ce principe a atteint 251 kilogrammes ; l'atmosphere aura done fourni pour sa part 94 kilogrammes d'azote par hectare. « Dans un autre assolement tres-productif, mais qui a eHe" aban- donne a cause du climat, la matiere organique gagnee sur l'atmo- sphere etait encore plus considerable que dans la rotation precd- dente: l'azote exceptant s'cMevait a 163 kilogrammes. - Pago 1152 : « Le topinambour est de toutes les plantes celle qui puise le plus largement dans l'atmosphere... Le poids de l'azote a plus que dou- ble... » « Les principaux resultats de mon travail montrent nette- ment que les rotations de culture qui ont ete jugees dans la pratique comme les plus productives sont precisement cedes qui prelevent la plus grande quantite de principes sur 1' atmosphere. » Voila la verite vraie ! Ecoutons M. Dumas. Comptes rendus, tome VI , page 130 : «• On avait ^te tente" de croire que l'azote de l'air demeurait passif dans les phenomenes de la vegetation... On n'avait pas songe aux circonstances qui se presentent dans les paturages des hautes mon- tagnes, ou, chaque annee, on extrait tant d'azote par l'engrais des bestiaux et la production du laitage, et ou. neanmoins l'azote ne- peut gucre parvenir que par l'air atmosphenque lui-meme. » Tome VIII, p. 50 : - L'auteur a done pese le fumier et les se- mences; il a cherche, par des analyses nombreuses, a, se rendi'e compte de la quantite et de la nature des elements que renfermaient ces deux corps... II a pese de meme toutes les revokes, et il a fait leur analyse exacte... En general les recoltes renferment moitie en sus de l'azote que la semence ou l'engrais pouvaient fournir a la plante... •• Bien entendu que si l'auteur admet que tous les elements de l'engrais ou de la semence passent dans la recolte, e'est seule- ment pour se placer dans le cas oil leur effet serait port^ au maxi- mum ; l'influence qu'il attribue a l'air et a l'eauest done evaluee au plus bas, et elle est deja fort grande comme on voit, puisque, par COSMOS. 637 hectare de terre, les topinambours empruntent a l'air plus de 130 kilogrammes d'azote. II nous semble impossible que l'auteur se soit trompe sur le sens de ces phenomenes.. . •> En meme temps que M. Dumas ecoutons M. Liebig, qui a resume" et interprete les anciens travaux de M. Boussingault. Lettres sur la c/iimie, edition francaise, pages 269 et suivantes : On recolte, sur un arpent de prairie d'un bon rapport, 1 250 kilogrammes de foin : les prairies donnent cette recolte sans qu'on y porte des sub- stances organiques, sans qu'on y r£pande un engrais carbone ou azote. . . On peut doubler ce rapport par des irrigations convenables. . . Tout l'azote de ce foin provient evidemment de l'atmosphere... En Virginie, on recolte par arpent, sur une seule et meme terre, sous forme de ble, en minimum, 11 kilogrammes d'azote; pour que cet azote vint de la terre, ll faudrait que chaque arpent recut des mil- lions de kilogrammes d'excrements animaux... On fait en Hongrie, sur une seule et meme terre, des recoltes de tabac et de ble, sans y porter d'azote... Comment l'azote de ces recoltes proviendrait-il du sol? Tous les ans, les hetres, les chataigniers, les chenes, etc., etc., se couvrent de feuilles; les feuilles, la seve, les glands, les cbataignes, les faines, les noix de coco, les pommes de pin, les mousses, les lichens, etc., sont riches en azote ; cet element ne vient pas du sol... Sur un arpent plante de miiriers, nous recoltons, sous forme de vers a soie, l'azote des feuilles dont ces vers ont ete nourris ; ils nous en rendent une partie sous forme de soie, conte- nant plus de 17 pour cent d'azote, et cette recolte se renouvelle tous les ans, sans que nous portions sur le sol un fumier azote\.. II est incontestable que l'azote des plantes sauvages tire son origine de l'air... Les plantes cultivees ne puiseraient-eiles pas leur azote a la meme source que les plantes sauvages... Les terres de la val- lee du Nil ne recoivent aucun engrais autre que les cendres des excrements animaux... et leur fertilite, qui remonte aux temps les plus recules, est encore aussi admirable qu'elle l'avait ete jadis. . . La vase qui recouvre ces terres contient aussi peu d'azote que le limon des Alpes... Le fromage provient des plantes... les plantes des prairies de la Hollande tirent cet azote de la meme source que les notres, elles le puisent dans l'air . . . •> M. Liebig, discutant plus a fondles observations de M. Boussin- gault sur le rendement des prairies , rendement obtenu sans addi- tion de substances organiques ou d' engrais azote, et admettant dans sa theorie que cet azote a 6te fixe par la plante sous forme d'am- moniaque, arrive a ce resultat, que l'air devrait renfermer un cent 638 COSMOS. millieme de son poids d'ammoniaque ; or, les experiences de M. Gra- ham ont prouve inyinciblement que l'aircontient moins de 133 grammes d'ammoniaque pour un million de kilogrammes ou pour un billion de grammes ; et les recherches directes de M. Ville ri'ac- cusent, en effet, au maximum, que 31 grammes 7» En tenninant l'expose de sa methode et de ses resultats, M. Bous- singault se replie encore sur lui-meme (C. R., tome VII, page 891) : « Les recherches que j'ai entreprises semblent done etablir que, dans plusieurs conditions, certaines plantes sont aptes a puiser de l'azote dans l'air ; mals dans quelles circonstances et a quel etat cet element se fixe-t-il dans les veg6taux? C'est ce que nous igno- rons encore. En effet, l'azote peut entrer directement dans les plan- tes, si leurs parties vertes sont propres a le fixer. L'azote peut encore etre porte dans les vegetaux, par l'eau toujours aeree qui est sans cesse respiree par leurs racines. Enfin, il est possible, comme le pensent plusieurs physiciens, qu'il existe dans l'air de ties-pe- tites quantites de vapeurs ammoniacales. » Les poussieres ou im- mondices de l'atmosphere n'apparaissentplus ; ce qu'il restait a faire pour completer la methode de M. Boussingault, pour meltre en Evidence ce qu'il ignorait encore, pour prouver, d'une maniere ab- solue, que c'est bien l'azote gazeux de l'air que les plantes absor- bent ou s'assimilent, e'etaituniquement d'eliminer aussi les vapeurs ammoniacales dont M. Boussingault parle pour la premiere fois. Or, pour faire cette elimination, que l'illustre academicien n'avait pas tentee, il fallait, avant tout, ce qui (Stait un travail enorme, doser une bonne fois l'ammoniaque de l'air, estimer ce que con- tient en mqyenne , d'ammoniaque, un litre d'air : il fallait, en se- cond lieu, purger d'ammoniaque, comme on l'avait purg£ des pous- sieres organiques, l'air incessamment renouvele" au sein duquel vegetent les plantes ; il fallait, en troisieme lieu, jauger tres-exac- tement les quantites d'air qui ont alimente la cloche, pour pouvoir, au besoin, et dans le cas oil 1' elimination n'aurait pas ete complete, estimer la quantite de vapeurs ammoniacales, qui avaient pu, en poussant tout a l'extreme , arriver au contact des plantes pendant leui\ vegetation; il fallait, en quatrieme lieu, fournir a ces plantes des quantites suffisantes et parfaitement dosees d'acide carbonique tres-pur; il fallait, en cinquieme lieu, que les plantes fussent mises au sein des cloches, en presence de quantites d'eau distillee ni trop abondantes, ni trop faibles. COSMOS. 641 Or, voila precisement ce qu'a fait M. Ville; voila comment il a complete, perfectionne la methode deja tant vantee de M. Bous- singault. Et quand, apres toutes ces precautions, prises dans les conditions les mieux combiners et les plus excellentes; apres Termi- nation a la ibis antccedente et subsequente des poussieres et des vapeurs ammoniacales de l'air , M. Ville a solennellement constate, lui, aussi, que des plantes, ramenees autant que possible aux con- ditions de leur vegetation naturelle et noi male, mises seulement dans 1'impossibilite de puiser ailleurs que dans un air tres-pur l'a- zote necessaire a leur developpement complet, s'assimilent des quantities appreciates, ponderables, considerables d'azote, qui ne peut etre que l'azote gazeux de l'air; e'est alors, disons nous, que M. Boussingault renie tout a coup son passe, foule aux pieds ses titres academiques, les plus chers autrefois et les plus glorieux, donne un dementi aux grands faits de la nature qu'il avait eclaires jadis d'une si vive lumiere ; condamne et abjure une methode en faveur de laquelle on avait epuise le dictionnaire entier de la cama- raderie scientifique et litteraire ; adopte une methode nouvelle , mesquine et irrationnelle, vient proclamer des resultats insignifiants, incroyables, qu'il nous reste enfin a apprecier. III. La nouvelle methode. suivie par m. boussingault est AUSSI MAUVAISE QUE SA PREMIERE METHODE COMPLETEE EST BONNE, SES NOUVELLES EXPERIENCES SONT AUSSI NULLES ET AUSSI STERILES QUANT AUX CONCLUSIONS Qu'lL EN VEUT TIRER , QUE SES PREMIE- RES EXPERIENCES BIEN INTERPRETERS SONT PROBANTES ET FECONDES. Disons d'abord qu'on peut a peine donner le nom de methode a la nouvelle manipulation de M. Boussingault. Semer des graines dans un ballon en verre , hermdtiquement ferine,, e'est bien peu de chose, et si, en presence de ce peu, M. Dumas s'ecrie : « L'ACADEMIE COMPREND Qu'a l'aIDE DE LAPPAREIL SI INGENIEUX dontM. Boussingault vient d'enrichir le laboratoire.du physio - logiste, tous les problemes peuvent desormais etre abordes et resolus par notre savant confrere; » nous nous coiuenterons de lui rappeler qu'il a dit de 1'ancienne methode, aujourd'hui declaree mauvaise, abandonnee, abjuree, et en elle-mcme et dans ses re- snltats : elle est exacte , bonne, heureuse , pleine d'avenir ; ELLE SE PRETERA A LEXAMEN DE TOUTES LES QUESTIONS PHYSIOLO- GIQUES ET AGRICOLES. Cela pose, nous disons : 1° que les experiences de M. Boussin- gault ne prouvent rien, parce qu'elles ne sont pas en rapport avec le but qu'il fallait atteindre. (jlxl COSMOS. Quepoursuiten effetM. Boussingault? La solution d'un grand pro- blemerelatifa la v^gtHation naturelle des plantes. Ilvoudrait.ee sont ses propres paroles, jeter une vive lumiere sur la theorie de la fertilite du sol. C'etait si bieri le but de M. Boussingault que M. Dumas, sautant immediatement de la theorie a l'application , de l'innniment petit a l'infiniment grand, formule ainsi les conclu- sions pratiques du dernier memoire : les plantes n'empruntent point d'azote a l'air, comme il avait formule les conclusions pra- tiques des memoires de 1837 et 1838 : le trefle s'empare de L' AZOTE DE L'AIR , ET TOUT PORTE A CR0IRE QUE CE PHENOMENE est general. On remarquera que les nouvelles conclusions ne sont pas seulement contraires aux anciennes, contradictoires des ancien- nes. M. Dumas ne se contente pas de dire : Les plantes ne s' emparent pas de l'azote de l'air; il va beaucoup loin et dit : Les plantes n'em- pruntent pas d'azote a l'air, comme s'il voulait exclure meme les poussieres, les vapeurs ammoniacales, les nitrates, etc., et ne faire venir l'azote des plantes que de l'azote des engrais,ce qui est renver- ser de fond en comble le bel edifice construit en 1837 et 1838 par M. Boussingault; or pour pouvoir conclure de l'experience a la pra- tique, il fallait se rapprocher autant que possible des conditions de la nature , placer les plantes dans un milieu ou elles pussent remplir toutes leurs fonctions; or, M. Boussingault a fait absolument lecon- traire, et si ses plantes n'ont pas absorbe d'azote, e'est tout simple- men t parce qu'elles ont ete impuissantes a le faire : pour qu'un enfant puisse manger de la viande, il faut avant tout qu'il ait des dents ; quelque assimilable que soit un aliment, il ne sera pas transform^ en nutriment si l'estomac est malade. 2° Les experiences nouvelles ne prouvent rien, parce que, en realite, les plantes n'ont pas depasse la periode de vegetation ou l'azote de la graine suffit a leur alimentation. La preuve ovidente de cette circonstance capitale, e'est que de fait, toutes les expe- riences se resument en perte d'azote; que les plantes non-seulement se sont passees d'azote pris hors de la graine; mais qu'une partie meme de l'azote de la graine s'est perdue dans l'air. Quoi de plus simple que le fait d'une plantequi n'emprunte pas d'azote a l'air envi- ronnant, parce qu'elle n'en a pas besoin, parce qu'elle n'a pas at- teint la phase de vegetation oil commence l'absorption de l'azote, parce qu'en outre, elle est impuissante a exercer cette absorption, cette assimilation? Une des belles decouvertes de M. Boussingault, en 1837, etait precisement la distinction essentielle des deux phases de la vie des plantes, de la phase de germination et de la phase de COSMOS. 643 vegetation, de la phase oil l'azote de l'air reste intact et de la phase oil l'azote de l'air est absorbs. Presque toutes ou toutes ses dernieres experiences ont etc arretees au moment de la chute des cotyledons; or, cette chute est probablement le passage de la premiere phase a la seconde, de la phase ou la plante se suffisait a elle-meme, a la phase oil elle aura besoin de l'azote de l'air, ou eile va commencer a s'assimiler l'azote de l'air si ses organes sont dans un etat suffi- samment normal ; 3° Les experiences nouvelles ne prouvent rien, parce qu'elles ne renferment pas les conclusions qu'on en tire. Ouvrons notre classi- que et vieille logique de Port-Royal ; ou plutot consultons le simple bon sens, et il nous dira qu'il n'est permis a personne, pas meme a un academicien, de conclure d'un fait plus que ce fait ne renferme ; que lorsqu' on a attache aux premisses une condition mauvaise, cette condition mauvaise est inseparable des conclusions. M. Bous- singault a fait vegeter les plantes dans une atmosphere confinee, et au sein d'un ballon en verre, il n'a pas depasse la phase de ve- getation ou la plante se suffit a elle-meme, done, bon gre malgre, ses conclusions ne peuvent etre que celles-ci : dans un sol absolu- MENT STERILE, DANS UNE ATMOSPHERE CONFINEE, AU SEIN d'un BAL- LON EN VERRE , DANS LA PHASE QUI SE TERMINE PAR LA CHUTE DES CO- TYLEDONS, LES PLANTES NE SASSIMILENT PAS LAZOTE GAZECX DE l'air. Voila done tout ce queM. Boussmgault a etabli, or, evidem- ment, ce n'est rien, moins que rien, en eomparaison de ce qu'il voulait demon trer. Ajoutons, en terminant, que l'assimilation incontestable de l'a- zote de l'air par les plantes, depend, sans aucun doute, de certaines conditions encore inconnues, de certaines actions physiques ou phy- siolpgiques qui peuvent ne pas se realiser dans tel mode d'experi- mentation; si la realisation n'a pas lieu, ce mode d'experimentation sera par la meme necessairement mauvais. Ainsi, par exemple, M. Buff a demontre recemment que toutes les portions interieures des plantes contenant de la seve sont cons- tamment dans un etat d'electricite negative ; tandis que la surface humide ou humectee des branches vertes, des feuilles et des fruits est, au contraire, dans un &at permanent d'electricite positive. Qui pourrait dire que cet etat electrique des plantes n'est pas precisd- ment la cause determinante de l'assimilation de l'azote de l'air par les plantes ? Or, si vous faites vegeter les plantes dans une atmo- sphere confinee, dans un ballon de verre, ne doit-il pas arriver que cet etat electrique cesse, puisque I'&ectricite' negative desracines ne 64a COSMOS. peut plus s'ecouler dans le sol , puisque l'e'lectricite' positive des feuilles ne peut plus se perdre dans l'atmosphiTo, etc.? L'assimi- lation de l'azote cesserait par la meme, et les faits ncgatifs des der- nifenes experiences de M. Boussingault seraient expliquds. Ceci nous ramene au veritable etat de la question, que nous resu- merons en quelques mots. Au fond, tout le monde , a, l'Academie, est convaincu que M. Boussingault, ainsi que nous l'avons deja dit, a inal pose" le probleme, a trop restreint son programme; qu'en ou- tre des vapeurs ammoniacales, des nitrates etdes poussieres del'at- mosphere, il fallaitde toutenecessite faire intervenirune action beau- coup plus generale, qu'on peut designer sousle nom de nitrification. Nitrification au sein de l'air, nitrification au sein du sol, nitrification dans l'organisme des plantes, avec absorption de l'azote, soit de Fair, soit des engrais, etc.; voila peut-etre la veritable thcorie de la vegetation. Nous avons entendu M. Balard et M. Dumas la formuler comine nous ; aussi l'illustre chimiste nous pardonnera la severite de notre critique, qui n'avait d'autre but que la manifestation dela v6- rite; aussi encouragera-t-il et secondera-t-il M. Ville dans la nou- velle campagne qu'il va ouvrir sous les yeux de la commission aca- demique. P. S. Les articles que nous avons publics dans le Cosmos sur la grande question de l'assimilation de l'azote par les plantes ont ete" vio- lemment attaques par le redacteur en chef du Journal d' Agriculture pratique. Pour mettre nos lecteurs a meme de juger de la valeur extrinseque et intrinseque des accusations dont nous sommes 1'ob- jet, il nous suffira de les faire connaitre, et de leur opposer quelques mots simples et calmes. Les voici done, pages 436 et 437 de la livraison du 20 mai : « 1° Tant que nous ne verrons que des discussions personnelles et des manques d'egards inqualifiables envers un savant aussi digne de tousles respects, enversunsavantacademicienauqueU'Europeentiere rend hommage, nous croirons bien faire en defendant a notre plume de faire chorus dans un concert d'eloges non encore merites. » Ce que nous avons fait, e'est 1° d'opposer M. Boussingault a lui-meme, en n'ajoutant rien aux faits consigned dans les comptes rendus de l'Academie des sciences ; 2° de juger la valeur de ses nouvelles ex- periences qu'il a, sans aucun doute, decrites pour qu'on les discu- tat. Nousavions ce droit, incontestablement, nous en avons use en notre ame et conscience : nous continuerons quoi qu'il arrive. « 2° On nous fait dire : « Tous ceux qui ont cherche si , par « exemple, il n'y a pas d'ammoniaque dans l'atmosphere ont evi- COSMOS. CZi5 « demment trempe dans une intrigue, ou bien ils ne sont que des « maladroits. » Loin de nier l'existence de l'ammoniaque dansl'at- mosphere, nous l'avons affirm £, nous avons donne le chifFre qui exprime la quantite moyenne d'aminoniaque contenue dans un litre et dans un million de litres d'air; nous avons applaudi aux expe- riences et aux analyses de l'eau de pluie, par lesquelles M. Barral a constate l'existence de l'ammoniaque dans l'air. Loin de procla- mer M. Barrai maladroit, nous lui avons donne des eloges, plutot exager^s que restreints. Mais nous avons dit et nous avons prouve, par M. Boussingault et avec M. Ville, que l'ammoniaque de l'at- mosphere et des pluies ne rendait pas compte de l'azote assimile" par les plantes, par les topinambours, par exemple, et l'article que nous discutons prouve, surabondamment, que M. Barral, sur ce point, partage completement nos convictions. " 3° On ajoute : " Les hommes qui adoptent la banniere de « M. Ville n'y vont pas de main morte. En dehors de nous, di- « sent-ils, il n'y a que des imbeciles. » Ce disent-ils, fidelement copiedela page 437, premiere colonne, ligne 33, montre trop sous quelle inspiration ecrit M. Barral. Nous n'avons vu d'imbeciles nulle part, et notre langue ignore ce mot ignoble. » 4° L'electricite n'a pas cesse de jouer un role dans l'atmo- sphere oil vegetaient les plantes dans les experiences de M. Ville. » Nous relevons cette phrase etrange, pour ne pas laisser deplacer la question. Est-ce que, par hasard, on voudrait aujourd'hui faire croire que M. Ville a afHrm6 l'assimilation de l'azote gazeux, sans action electrique ou sans autre action encore inconnue ? Cette preten- tion n'est pas acceptable, et nous la repoussons. M. Ville affirme, et nous affirmons avec lui l'assimilation de l'azote gazeux de l'air sous l'influence probablement de Taction dlectrique, sour l'influence, dans tous les cas, d'une action sui generis, m3'sterieuse, mais effi- cace et incessante qu'il espere bien mettre en Evidence, si on ne r^ussit pas a l'arreter.Peut-etre meme, hatons-nous de ledire que le mot de l'^nigme, que le denoument du fameux nceud gordien est dans ce simple rapprochement : les plantes de M. Ville ont absorbe de l'azote gazeux de l'air, parce que, dans ses experiences, l'elec- tricite n'a pas cesse de jouer son role; les plantes des secondes ex- periences de M. Boussingault, n'ont pas absorbe d' azote gazeux de l'air, en partie, parce que l'electricitd ne pouvait plus jouer son role. L'action de l'electricite personnifiee dans l'ozone plait infihi- ment a M. Barral. Or, cette action, nous prouverons que e'est nous qui l'avons le premier mise en avant en 1845, nous l'avons 6£i6 COSMOS. enoncee brievement au commencement de cette discussion, et nous y reviendrons plus tard. Voila done M. Barral complement d'accord avec nous; a ce compte, nous lui pardonnons l'acrete de son lan- Sa£e" 3". •■ Quelle decouverte a-t-il done fait(M. Ville) ? quesespro- neurs, qui noircissent d'incommensurables colonnes de journaux de toutes formes et dimensions, veulent bien nous le dire, et nous nous empresserons de proclamer les Veritas nouvelles qui nous seront de- voilees. » La reponse est bien simple. M. Ville a fait r^ellement la decouverte que M. Boussingault crut avoir faite en 1837 et 1838, qui lui valut tant d'eloges de la part de M. Dumas, qui le conduisit au fauteuil academique. II a demontre" le premier, par des experien- ces grandioses et irrefragables, que dans une atmosphere renou- velee et epuree, ne renfermant plus ni vapeurs ammoniacales, ni nitrates, ni poussieres organiques, les plantes assimilent une quan- tite notable d'azote gazeux de l'air. En donnant de la valeur aux nouvelles experiences de M. Boussingault, M. Barral enleve toute sa raison d'etre au fracas de 1837 et 1838, bien plus bruyant que le fracas de 1854; car de par lui, dans sa premiere campagne, M. Boussingault n'aurait fait que verifier une vieille assertion de Saussure, 4°. « En demontrant que dans une atmosphere non renouvelee les plantes ne s'assimilent pas d' autre azote que l'azote des engrais, M. Boussingault a rendu un veritable service a l'agriculture. » Pour qui connait les premieres regies de la logique, cette assertion ne pourrait avoir de sens qu'autant que les agriculteurs feraient vegd- ter leurs bles dans des atmospheres confinees ! 5°. " Du reste, les agriculteurs savent bien que rien nepeut les dis- penser, pour accroitre leurs recoltes, d'employer les engrais azotes. » Nous ne citons ce passage que pour empecherune seconde foisqu'on ne fausse la discussion. Parce que les engrais azotes sont necessaires, s'en suit-il que les plantes en dehors de l'azote des engrais ne s'assi- milent pas de l'azote gazeux de l'air? Evidemment non. M. Barral avoue lui-meme que les plantes s'assimilent, dans quelques cas, plus d'azote quil riy en a dans le sol. Pourquoi l'utiliteet la ne- ces.site des engrais n'auraient-elles pas, au contraire, leur raison d'etre dans ce fait qui contribue a mettre les plantes en etat de s'assimiler l'azote gazeux de l'air? C'est bien simple et bien vrai. Alors meme que nous admettons comme rigoureusement demon- tree 1' assimilation de l'azote gazeux de l'air par les plantes, nous reconnaissons et nous proclamons l'utilite et la necessite des engrais COSMOS. 647 azotes, tant qu'on n'aura pas, ainsi que M. Barral lui-meme, le pres- sent, arrache" a la nature le secret bien garde" par elle, de I'action qui determine l'absorption incontestable de l'azote de 1'air, et qu'on ne sera pas arrive a niettre cette action en jeu par d'autres mojens quel'apport d'engrais azotes, par des irrigations reguiieres, par exeni- ple, comme M. le docteur Barthelemy l'a tente avec tant de succes. Jamais, certes, nous n'aurions laisse" ^chapper de notre plume cette phrase de M. Boussingault : « Si, au contraire, l'azote est fixe pendant l'acte de la vegetation, on est tout naturellement con- duit a cette consequence, que la plus grande part des proprietes fertilisantes des fumiers reside dans les substances minerales... l'e- lement azote serait alors surabondamment fourni pari' air atmosph6- rique. -• Ce que nous reprochons surtout a l'ecole de M. Boussin- gault, c'est l'exageration. Les engrais azotes sont aux plantes ce que le lait est a un enfant; ils les conduisent a l'assimilation de l'a- zote gazeux de l'air, comme le lait conduit l'enfant a l'assimilation d'aliments plus solides. « 5° Allons, monsieur Ville, a l'ouvrage, et les hommes que vos amis injurient, MM. Dutnas et Boussingault, et beaucoup d'autres se ha- teront de vous recompenser ; car ils aiment la science, lors meme qu'elle vient de coterie. - Nous regrettons vivement que l'ensemble entierde l'article de M. Barral nous condamne a ne voir dans cet encouragement qu'une ironie amere. N'est-il pas aussi faux et aussi mechant cet encouragement, qu'est faux et mechantlereprochequ'on nous fait d'avoir injurie M. Dumas etM. Boussingault? Nous n'avons pas injurie, et nous n'injurierons jamais. Nous avons rapped desfaits memorables, pour poser nettement une grande question ; nous avons discute loyalement et au grand jour. Provoquer contre notre modeste independance la haine et la vengeance des potentats de la science, que nous respectons, que nous aimons, et au-dessus des- quels nous ne plagons que la verite, c'est une mauvaise action. On peut nous menacer , mais on ne fera pas taire nos convic- tions, mais on ne nous empechera pas de plaider eloquemment la cause du bon droit meconnu ou opprime. Quand nous aurons dit tout ce que nous avons a dire , nous nous presenterons hardiment a M. Dumas et a M. Boussingault, et ils daigneront nous tendre encore une main amie. Pourquoi presser M. Ville de marcher en avant , il marche et il marchera plus qu'on ne le desirerait peut- etre. Que demande-t-il ? Bien peu de chose , qu'd lui soit donne de proceder immediatement a une experience solennelle en pre- sence, sinon de la Commission, ou d'un membre de la Commission , 6ii8 COSMOS. au moins sous les yeux d'un expert choisi par elle. Se refuser a une deinande si petite et si humble, serait une injustice par trop criante , mieux vaudrait dire qu'on veut l'dcraser. 6° Au reste, pour renverser toute la diatribe de M. Barral, nous n'avions qu'a relever cette simple phrase qui le condamne irrevoca- blement au fond et dans la forme : " Tout (dans le laboratoire de M. Ville) est monte avec beau- coup d'art, et a I'aide debeaucoup d'argent que donne l'archeveque de Paris, que donne, etc... Bref , 1'argent ne manquant pas, les experiences ont marehe\.» Je dis que cette phrase condamne^ irre- vocablement M. Barral, premierement, au fond, parce^qu'elle ren- ferme une faus^ete coupable, l'archeveque de Paris n'a 'pas donne d'argent a M. Ville ; et que, suivant le vieil adage, quand on'dit faux volontairementsur un point, on estcapable de dire faux sur tout le reste ; secondement, quant a la forme, parceque cette phrase^est mauvaise et odieuse dans la bouche surtout de celui qui vient nous accuser d'avoir donne a la discussion un caractere personnel. 7° « LES VERITES SONT SUPERIEURES AUX INTERETS PARTICULIERs'*DE quelqtjes amours-pro pres. » Ainsi s'exprime M. Barral, et en s'ex- primant ainsi il nous justifiepleinement; il nousreleve a nospropres }?eux ; il nous rend presque fier d'avoir pousse notre devouement a la verite jusqu'a lui sacrifier tous les amours-propres, les amours- propres memes des academicians les plus illustres, des homines les plus puissants et que nous aurions tant d'interet, si nous les_estimions moins, a manager, fut-ce en abjurant nos convictions les plus ine- branlables. F. Moigno. RECTIFICATION. C'est par erreur que dans notre 16c livraison, page 453, nous avons associe le nom de M. GofFre a celui de M. Alexandre, dans la presentation a l'Academie, du porte-plumes galvano-electrique ; nous sommes invite a declarer que M. Alexandre est le seul in- venteur de ce charmant appareil. A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. PARIS. — IMrRIMERIB DE W. REMQUET ET cie., RUE GARANCJERE, 5. T. IV. 2 JOIN 1 854. TKOISIEME ANNEE. COSMOS. FAITS DIVERS. CHRONIQUE DE LA SEMAINE. — M. le ministre de l'instraction publique vient d'inviter la Fa- culte de m^decine a lui adresser une double liste de candidats pour la chaire de clinique chirurgicale ou externe vacante par suite du d^ces de M. Roux. — M. Paul Desains, docteur es-sciences, professeur de physique au lycee Bonaparte, qui a fait en collaboration avec M. de la Pro- vostaye des recherches et des de'couvertes importantes relativement a la chaleur rayonnante, est nomme professeur de physique a la Faculte des sciences de Paris. M. Leon Foucault;, qu'ont rendu ce*- ebre dans le monde entier les experiences si brillantes et si neuves par lesquelles il met en Evidence la rotation de la terre au moyen du pendule et du gyroscope, a longtemps dispute a M. Desains les chances de la nomination a la chaire devenue vacante par la demis- sion de M. Pouillet. Les longs et eminents services universitaires de M. Desains, qui avait fait le cours l'annee derniere avec distinc- tion en qualite de professeur suppleant , Font comme impose au choix de Sa Majeste l'Empereur. Tout le monde a applaudi a son exaltation, en regrettant, toutefois, que son jeune et si habile rival reste par la en dehors non-seulement de 1'enseignement, mais de tout emploi qui, en assurant son avenir, lui permette de deployer les ressources de son esprit si inventif . M. Paul Desains a commence" son cours samedi dernier et traitera specialement de l'optique. — M. Flourens, secretaire perpetuel de l'Academie des sciences, ouvrira son cours de physiologie comparee, au Museum d'histoire naturelle, mardi 30 mai 1854, a onze heures precises, et le conti- nues les mardi, jeudi et samedi de chaque semaine, a, la meme heure. — La Socidte- de mddecine de Lyon met au concours les deux questions suivantes : 1° Determiner l'infhience que les recentes de- couvertes chimiques et physiologiques relatives aux fonctions des 650 COSMOS. organes digestifs doivent exercer sur la pathologie et la therapeuti- que des maladies de ces organes. Le prix est une m£daille d'or de 300 francs. 2° R^diger pour les ouvriers de Lyon un opuscule oil ils puissent trouver les notions qu'il leur importe le plus de poss£der sur leurs interets hygi£niques et sanitaires. Cet e'crit, adresse directement aux ouvriers, sous une forme substantielle et dans un style qui sache les attaoher, doit avoir pour principal but de les e'clairer sur leurs prejuges et de les mettre en garde contre les suggestions du charlatanisme. Le prix est une medaille d'or de 500 fr. Ces deux me^lailles seront distributes dans la stance pu- blique de Janvier 1855. — La Societe" de medecine de Strasbourg met au concours la question suivante : Faire l'histoire anatomopathologique des tuber- cules considers en eux-meme en s'aidant de tous les moyens d'in- vestigation modernes. PRIX POUR LA DECOUVERTE DE l'eTHERISATION. Le 19 avril dernier, le senat des Etats-Unis a vote" une somme de 10 000 dollars destines a recompenser la decouverte de l'anes- the^sie ou de l'etherisation , operation qui consiste, comme tout le monde le sait , a rendre insensible a la douleur les personnes qui doivent subir les operations chirurgicales par l'inhalation de l'£ther ou du chloroforme. Le decret statue que cette somme de 10 000 dol- lars sera d^posee dans les mains du secretaire de la tresorerie jusqu'a. ce qu'une enquete en regie ait mis en evidence le fait ainsi que le nom et les droits du veritable inventeur. Plusieurs noms ont deja. 6t6 mis en avant, et entre autres ceux de MM. Jackson et Morton, de Massachussets, Wells, du Connecticut , Guthrie et Collia, de New-York; et Long. Le Scientific American fait remarquer que le fait de rendre les personnes insensibles a la douleur pendant les ope- rations chirurgicales n'est pas nouveau, que c'est, au contraire, une vieille chose, de sorte que si la recompense de 10 000 dollars doit etre accordee suivant le decret a la nouveaute du fait, il n'est pas probable quelle puisse sortir des caisses de la tresorerie. Ce jour- nal ajoute que, dans sa seance du 21 avril, la chambre desrepr£sen- tants a vote tres-sagement l'ajournement de ce decret. VISITE A DEUX ATELIERS DE GALVANOPLASTIE . Dans un des articles si savants et si spirituels dont il enrichit la Revue des Deux-Mondes , M. Babinet raconte deux visites faites COSMOS. 651 par lui , a deux ateliers de galvanoplastie, les ateliers de MM. Co- blentz et Hulot. n Arrivons chez le premier de ces artistes, M. Coblentz, dans un atelier de la rue Chariot, 52. Cet atelier n'est pas un appartement pas meme une mansarde , c'est plutot un galetas, ou de sales ba- quets, pleins d'un liquide metallique , sounds a Taction de piles de Volta de la plus grossiere forme, travaillent silencieusement a 1'ceuvre artistique dont les elements sont emprunt^s a la science del'electricite. La manoeuvre consiste a remplir de liquides des ba- quets, a entretenir les lames de cuivre, de zinc, qui constituent la partie active du proc£de. Vous detournez les yeux d'un travail opera par des ouvriers inintelligents , gages d'un salaire propor- tionne a leur capacite , et dans la salle voisine qui contient par mil- ]iers les produits obtenus, vous trouverez des objets dignes d'admi- ration. Ce sont des bronzes d'une etonnante legerete et d'un relief qu'il y a peu d' annees on aurait juge impossible . Ce sont les planches des cartes du depot de la guerre , reproduces avec une telle fide"- lite , qu'il est impossible de distinguer les epreuves tiroes avec les planches galvanoplastiques d'avec les epreuves tirees avec la planche primitive; mais le prix de ces dernieres n'est rien aupres du prix de la planche graved. Ce sont les grands sceaux de l'Etat pour le regne de Napoleon III , reproduits en argent avec toutes les finesses de la gravure artistique , qui rendent nos medailles et nos monnaies actuelles presque impossibles a contrefaire. Ce sont des objets d'ornement sculptes en ronde-bosse, avec une fantaisie fabu- leuse pour ceux qui n'auraient v^cu qu'avant 1850. Qu'on apporte a M. Coblentz un modele en cire , en platre, en terre-glaise , des armoiries a figures delicates, l'empreinte d'un cachet, ou tout autre objet naturel ou artificiel , et il en tirera le fac-simile metal- lique avec autant de bonheur que de simplicite ouvriere. » Abordons maintenant notre grand Hotel des monnaies et visitons le splendide atelier de M. Hulot. La, des piles de luxe artistement et scientifiquement etablies, travaillant avec une intensite et une ra- pidite merveilleuses , deposent du cuivre d'aussi bonne qualite que les produits des fontes de premier ordre. C'est par cent mille francs qu'il faut compter cette belle installation, dont les produits sont des objets dart qui ont concouru avec avantage a l'exposition de Londres. Ce sont des medailles reproduites en toutes sortes de m<$- taux etmeme d'alliages. Ce sont des timbres-postes, fabriques par dizaines de millions en un petit nombre de semaines. Ce sont des cartes a jouer d'un relief etonnant , des reproductions galvanoplas- $52 COSMOS. tiques de statuettes d'un fini pr^cieux , a cote des gravures electri- ques, des billets de banque, des lors incontrefaisables. Plusieurs planches, gravees d'un art sans £gal, reproduisent toutes les tailles, toutes les finesses de la nature primitive, que celle-ci soit sur cuivre ou sur acier, et cela sans la moindre crainte d'endommager l'origi- rial souvent unique, dont la galvanoplastie opere la production. Quant a la quantite de science d'observation m^canique , metallur- gique, physique et chimique, emmaga sine" e> dans cet atelier scienti- fique et artistique de M. Hulot, il faudrait un volume pour en dormer une idee , sans compter les procedes exclusifs, fruits d'une observa- tion perseverante, qui n'ont point encore ete preterites a rAcad^mie des sciences et mis dans le domaine commun de la pratique indus- trielle. La remarque faite dans cet atelier, qu'a une temperature trop basse le depot metallique se ralentissait fort , avait conduit a employer une £tuve pour accelerer le travail et obvier aux inconve^- nients de la saison froide, c'est le meme proc^de qui depuisasi bien reussi a M. Mathiot en Amerique. » BOUCHES A FEU ACCOUPLEES ET DIVERGENTES. M. Ador, 1' autre jour, a fait fonctionner devant nous le modele en petit et inoffensif d'une nouvelle arme de guerre veritablement terrible et que Ton devrait, il nous semble, s'empresser d'adopter pour rendre la guerre impossible. Figurez-vous deux canons, accou- ples ou soud£s sur une meme culasse, et formant entre euxun cer- tain angle, avec un seul tonnerre ouune seule ame, une seule charge de poudre, une seule lumiere, une seule capsule. Dans chacun des canons, parfaitement alezes et polis, entre un piston de forme cylin- drique aussi , de meme calibre que le canon, tourne au tour, poli et graisse\ Ces deux pistons sont rendus jumeaux ou unis ensemble, par une corde ou un fil de fer, s'il s'agit d'un fusil; et s'il s'agit de canons, par une chaine de fer ou un lien incendiaire, depuis un metre jusqu'a cent metres de longueur. Les pistons font l'officede projec- tiles : aussitot qu'on a mis le feu a l'amorce, ils partent en meme temps, s'elancent dans 1'air, et tendentla chaine qui les unit; cette chaine' alors balaie l'espace ouvert devant elle, et renverse tout ce quelle rencontre, hommes, chevaux, mats de vaisseaux, cheminees des navires a vapeur. Cette idee est tres-simple, elle est formida- ble; on a peine a comprendre qu'ellen'ait pas £t«5 formulae plustot, et 'que Ton se soit arrete jusqu'ici aux boulets rames, qui "n'ont presque aucune portee et ne detruisent guere que l'arme qui les lance. SEANCE PUBLIQUE BE LI SOCIETE D'ENCOURAGEIENT. Le 17 mai dernier, la Societe tVencouiagement a tenu sa stance generale pour la distribution de ses recompenses et medailles an- nuelles. Le fauteuil etait occupy par M. Dumas, qui a paye d'abord un juste tribut de regrets et de louanges aux quatre membres du conseil que la mort a enleves dans 1'annee qui vient de s'ecouler MM. Olivier, Bouriat , Hericart de Thury et Mallet. M. Olivier, savant distingue , professeur eminent, homme de bien , pratiquant jusqu'a l'exageration le desinteressement et le devouement envers sesamis, cachait sous une apparence de rudesse et de fermete une bienveillance reelle et grande. M. Bouriat prenait depuis longues annees une part tres-assidue aux seances et aux travaux de la Societe ; il fut l'un de ses pre- miers administrateurs ; son amenite et sa bienveillance le faisaient estimer et cherir de tous ses collegues. M. Hericart de Thury avait aussi grandement a coeur les inte"- rets de la Societe ; ses rapports comme membre du conseil d'admi- nistration sont des modeles qui seront consultes avec fruit-, il a grandement contribue a propager en France l'ait important du son- dage, et a fait rnieux apprecier la richesse et la beaute des marbres fran9ais. La variete et l'etendue de ses connaissances, la distinction de ses manieres, l'honorabilite de son caractere, le faisaient recher- cher partout , et il a ete membre de presque toutes les Societes et Commissions ayant pour but les applications de la science a l'agri- culture, a l'industrie, aux arts. M. Mallet appartenait depuis 1823 au Comite des arts mecani- ques, et s'y faisait remarquer par son talent d'observation : malgre son age tres-avance , il assistait a toutes les reunions , ses rapports etaient le resultat de longues etudes et de patientes recherches; son urbanite exquise charmait tous ses collegues et lui conciliait de vives sympathies. Vingt-cinq contre-maitres ont obtenu cette annee les medailles que la Societe a instituees pour recompenser le zele , l'intelligence et les services rendus par ces employes subalternes, sur lesquels re- pose en grande partie la prosperite des etablissements agricoles et industriels. Nous regrettons vivement de ne pouvoir pas reproduire ici les noms et les etats de services de ces vingt-cinq braves ou- vriers; tous avait rempli, et au dela, les conditions du programme; tous s'etaient distingues par leur moralite" et leur intelligence, par des decouvertes ou des perfectionnements remarquables , apportes 65a COSMOS. aux procedes de fabrication ou de manipulation. MM. Plon , impri- meur; Charriere, fabricant d' instruments de chirurgie; Deleuil. fa- brican't d'instruments de physique , etc., etc. ; ont eu la consolation de voir couronner le merite d'un ou de plusieurs de leurs employes. Les recompenses de la Soci&e, par une heureuse innovation, sont descendues cette annee jusque dans les £coles industrielles elemen- taires. Des sommes de 300 francs ont <§te" mises a la disposition des directeurs de trois de ces etablissements , pour etre distributes a leurs eleves les plus meritants. C'est une excellente pensee, que de saisir ainsi, au debut de leur carriere, les homines que la Societe suivra plus tard dans les ateliers ou dans les champs , quelle cou- ronnera encore quand ils seront devenus chefs de manufactures ou proprietaires agriculteurs. Le Conseil a decerne" cette ann£e dix medailles de bronze , huit medailles d' argent, cinq medailles de platine et cinq medailles d'or. Nous allons enumerer rapidement les titres des laureats, dont le plus grand nombre est deja connu de nos lecteurs par nos comptes rendus des seances bi-mensuelles. Medailles de bronze. 1° M. Raguenet Roland, de Lyon, est le constructeur par excellence des peignes qui servent a maintenir les his ecartes pendant le tissage-, il les execute en acier trempe, avec une perfection trcs-grande , ses peignes pour velours sont surtout remaruqables par leur finesse excessive. 2° M. May avait presente une arme se chargeant par la culasse, et tres-heureusement modified par lui. Le rapport louait surtout l'excellente disposition de sa cartouche metallique.ou l'infiammation de la charge commence toujours par le centre. 3" Madame veuve Mauvielle et M. Rockenbach ont apporte" un perfectionnement important au mode de reunion transversale des les de gaz des bluteries ; le partage de la farine en portions de di- vers degres de finesse est ainsi accompli d'une maniere beaucoup plus sure. 4° M. Lussereau, piqueur des travaux et mecanicien de la maison imperiale de Charenton , a grandement amelior^ une partie impor- tantedu service des alienes, par les dispositions nouvelles qu'il a donnees aux cabinets d'aisance. 5° M. Ferrouihl, ouvrier fondeur, intelligent et habile, a tres-heu- reusement triomphe des difficultes qu'il a rencontrees quand il s'agit de reparer promptement une roue dentee mise hors de service, et dont le modele n'existe pas dans l'etablissement. COSMOS. 655 6° M. Pascal fabrique des rapporteurs en come d'un usage tres- commode. 7° M. Hornus a vu couronner ses rubans compteurs. 8° M. Baranowski a rendu la comptabilite des eHablissements in- dustries plussimpleet plus rapideparl'inventiondesontaxe-machine. 9° M. Poirel, simple ouvrier pour la taille des meules, a imagine l'adjonction aux outils d'un mecanisme qui, par le mouillage ou par projection d'eau , empeche les poussieres siliceuses de se repandre dans 1'air, et de produire par consequent leurs effets pernicieux. 10° M. Lacombe, par la composition meilleure de ses £maux et la forme plus Elegante de ses fleurs , a fait de grands pas vers une imitation plus parfaite de la nature. Medailles d'argent. 1° M. Leroy, fabricant de papiers peints, a resolu le premier, d'une maniere satisfaisante, le probleme difficile de la fabrication des papiers peints a l'aide de rouleaux graves en re- lief; la production est ainsi beaucoup plus rapide et plus economi- que ; et pour beaucoup d'articles importants, les nouveaux produits sont tres-superieurs a ceux que Ton obtient par la planche plate. 2° M. Picault fabrique avec une economie notable de matieres et de combustibles, de main-d'ceuvre et de temps, etil livre au com- merce, a des prix extremement reduits, des rasoirs a dos rapporte's. d'un fini et d'une qualite remarquables, executes a l'aide de procede's tres-ingenieux. 3° M. Duguay, mecanicien a Argenteuil, a invente, pour planter en terre les echalas, un outil mecanique simple, efficace, que les femmes peuvent manier, qui, en supprimant le mode de fichage barbare employe" jusqu'ici, epargneia aux ouvriers beaucoup de fa- tigue et des blessures graves, et accelerera grandement le travail. 4° M. Weber a imagine" une sorte de reliure mobile, applicable aux collections d'estampes, de plans, de cartes geographiques, de toutes les ocuvres, en un mot , artistiques, ou litteraires qu'on est dans l'usage de conserver en portefeuille. De grands etablissements publics , la Bibliotheque imperiale , le Museum d'histoire natu- relle, etc., se sont empresses d'adopter ce systeme ing&rieux pour la conservation de leurs collections. 5° M. Moussard s'est distingue par ses voitures de luxe, d'une execution tres-soignee; qu'il a enrichies d'accessoires nouveaux et ingenieux. 6' M. Lequien, statuaire, ancien grand prix de l'Ecole des Beaux- Arts, et professeur de dessin a l'Ecole Turgot, a institue, a ses frais, et dirige, depuis dix-sept ans, rue M6nilmontant, une €56 COSMOS. ecole de dessin et de sculpture pour les adultes. Assistc" par ses fils, il donne, tous les soirs, de sept a dix heures, au prix modique de 3 francs par mois, des lecons thcoriques et pratiques. Des la pre- miere annee, le nombre des eleves a ete de quatre-vingt-dix, et il a toujours etc en augmentant; il est actuellenient de plus de deux cent soixante, appartenant a toutes les professions industrielles. Les eleves frequentent generalement 1'ecole pendant deuxans, em- ployant ainsi utilement, chaque jour, un temps qu'ils derobent en partie au repos et a des amusements dangereux. L'^cole de M. Le- quien a 66911, depuis peu, le titre d'ecole municipale. 7° M. Mirand a applique, avec le plus grand succes, la telegra- phie electrique aux besoins de la vie privee. Ses sonneries et appa- reils a signaux atteignent parfaitement le but qu'il s'est propose" ; leur emploi sera tres-avantageux dans les maisons particulieres, les grands domaines, les administrations, les manufactures et les chan- cers de construction ; sur les navires, les convois de chemin de fer en marche, etc. 8° M. Borne, a Saint-Arnould, pres Rambouillet, a realist en grand l'eleve des sangsues, dans des conditions excellentes et ap- prouvees par l'Academie de medecine. La Societe est heureuse d'encourager cette industrie naissante. Medailles de platine. — 1° M. Perreaux acr^e pour mesurerles resistances a. la rupture d'une bande de tissu, un dynamometre d'une construction parfaite, qui fonctionne admiiablement, et que les ad- ministrations publiques se sont empresseesd' adopter. Avec ce nou- vel outil, onpourra faire de curieuses et utiles recherches relatives a l'effet que produisent sur la resistance du tissu la nature et le mode d'entrelacement des tissus; et ces recherches, sans aucun doute , ameneront de grands progres dans la belle industrie du tissage. 2° MM. Gerard et Aubert, a Grenelle, ont donne une grande impulsion a l'industrie du caoutchouc, par la production habile et <5conomique de fils parfaitement ronds et r&sistants. 3° M. Fritz-Solier travaille aussi le caoutchouc, non plus en fils, mais en lames parfaitement unies et minces, qu'il colore, avec une sup^riorite incontestable, de nuances inalterables. 4° M. Fontaine s'est illustre par la fabrication mecanique et d'une seule piece- de corsets hygieniques de toutes dimensions. Cette fabrication, qui est un chef-d'oeuvre de tissage, n'a pu etre r&tlisee que par la combinaison ingenieuse de toutes les ressources j qu'offre le metier a la Jacquart. 5° M. Wulliam, de Londres, a rendu un veritable service a l'hor- COSMOS. 657 logerie, en la dotant d'un echappement a chevilles, dont toutes Ies dents presentent une resistance uniforme, et qui jouissent, par suite de la mobilite des touches, de la propriete d'etre presque inusables. Medailles d'or. — 1° A M. Ernest Gouin, fondateur et direc- teur des magnifiques ateliers de construction "de Batignolles, que nous avons decrits ailleurs. ,' 2° A M. Wolfel, pour la fabrication perfectionnee et eminem ment habile de ses pianos. 3° A M. Fabry, inventeurde la roue pneumatique, appareil des- tine a l'aerage et la ventilation des mines, et dont plus de cinquante modeles fonctionnent deja en France et en Belgique. 4° A M. Cavallier-Coll, fils, pour sa fabrication, tout a fait hors ligne, de grandes orgues, et particulierement pour la construction de l'orgue de Saint-Vincent-de-Paul. 5° A M. Dubrunfault, pour les services qu'il rend, depuis long- temps, a la chimie industrielle, et principalement pour avoir realise* pratiquement et constitue a l'etat de grande Industrie la production de l'alcool par la distillation des jus de betteraves. Apres la distribution des recompenses, la Societe a vu fonction- ner, sous ses yeux,avecle plus vifinteret, deux machines nouvelles, mais deja familieres aux lecteurs du Cosmos. La premiere lui a £te offerte pour ses collections, par M. le chevalier Bonelli : c'est le metier a tisser electrique, systeme Jacquart. La seconde est le mo- teur magn£to-electrique de M. Marie Davy. Les deux inventeurs recoivent chacun une medaille de bronze. M. Dumas a clos la seance par une brillante allocution sur le role de l'electricite" dans les arts ; nous la reproduisons presque inte- gralement. » Un baton de cire, vivement frott£, attire les poussieres ; une fourrure, sur laquelle on passe la main, se herisse, petille et donne des etincelles ; une pierre d'aimant, oblongue, se dirige vers le nord ; deux pieces de monnaie, de m^taux differents, excitent les nerfs de la langue par leur contact; un morceau de jonc, arme d'un fil da laiton, qu'on plonge dans une dissolution de plomb, y fait naitre cet arbre de Saturne, objet de simple curiosite pour les anciens chi- mistes : voila les premieres lueurs dont l'homme s'est empare! Ce mouvement, qui agitait les poussieres, est devenu une force mo- trice qui menace de detroner la vapeur ! Les etincelles des fourrures, cesont les eclairs orageux, le petillement qui les accompagne, c'est le tonnerre. La pierre d'aimant a fait naitre l'aiguille aimantee, ame de la navigation lointaine ; par elle on a decouvert l'Amerique? 658 COSMOS. et l'Australie. A.pres avoir fourni le moyen de sillonner toutes les mers du monde , elle va servir a lier entre eux tous les continents au moyen de la telcgraphie electrique, dont elle est a la fois l'ori- gine et Tagent. u Ces arbresde Saturne et de Diane, objetssteriles de 1' admiration de nos ancetres, ont onfin porte leurs fruits, et c'est sur le principe meme de leur formation que reposentla galvanoplastie, ladorureet l'argenture du bronze et de tous les metaux. .< En fin des contractions excitees dans les membres de la grenouille par le contact des deux metaux heterogenes, est n£e la pile de Volta, c'est-a-dire le plus admirable des instruments scientifiques, Tame de presque toutes les decouvertes modernes « Napoleon ler ne s'y &ait pas trompe, le puissant genie, qui de- vinait la filature mecanique du lin et le sucre indigene , des les premieres manifestations de la puissance electrique, en avait sonde les mysterieuses destinees. A peine Volta avait-il decouvert la pile qui porte son nom, avant qu'aucune application en eut indique" 1'avenir, il ecrivait a l'lnstitut le 26 priarial an X. « Je desire donner en encouragement une somnie de 60000 fr. a celui qui, par ses experiences et ses decouvertes, fera faire a Telectricite et au galvanisme un pas comparable a celui qu'ont fait faire a ces sciences Franklin et Volta. » Egaler ou surpasser Franklin et Volta. Combien de gens le jugeaient alors impossible ! « Eh bien ! trente annees ne s'6taient pas encore ecoul^es, et deja CErsted decouvrait Taction du fluide de la pile sur le fluide de l'ai- mant; Ampere, Taction du fluide de la pile sur lui-meme; Arago, Taction des corps tournant sur T aiguille [aimantee ; Faraday, les phfeomenes d'induction ; quatre decouvertes qui, prises isolement, peuvent etre comparees chacune aux decouvertes de Franklin, qui, reunies et mutuellement fecondees, constituent un grand evenement social . u A T^tat sauvage, l'homme n'avait que sa propre force a son service ; il y ajouta bientot celle de quelques animaux, ses compa- gnons fideles. Plus tard, le vent, les chutes d'eau vinrent a son aide. La vapeur, domptee a son tour, a, de nos jours, enfante des miracles. .< Mais qui oserait prevoir ceux qu'il faut attendre de Te1ectncite\ de cette aide magique et irresistible, Tame du monde qui se trans- pose instantanement d'un point a un autre, qui, au gre de Tope"- rateur se transforme en force docile , en chaleur, en lumiere, en puissance chimique, agent universel aussi souple qu'il est mys- terieux 1 COSMOS. 659 « A son tour, Napoleon III nes'y est pas trompe.le premierusage qu'il ait fait de son pouvoir le prouve. Le 23 fevrier 1852, il ins- titue un prix de 50 000 fr. a decerner en 1857, en faveur de l'au- teur de la decouverte qui rendra la pile de Volta applicable avec dconomie, soit comme source de chaleur, soit comme source de lu- miere, soit comme agent chimique, soit comme agent me^canique, soit comme agent therapeutique. « Que de gens ont dit encore, malgre les lemons du passe, que ce prix ne serait jamais remporte, qu'il ne pouvait pas l'etre! Eh bien ! voyons quel dementi deux ann^es a peine ont deja donne a leurs teme'raires assertions. " Comme source de chaleur, la pile entre les mains de M. Des- pretz, professeur de physique a la Sorbonne, est devenue un irre- sistible foyer. On croyait naguere qu'il existait des matieres in- fusibles ou fixes. Au foyer de la pile, tout fond, tout se volatilise, les m^taux, les terres les plus refraetaires coulent en liquide, ou se dis- sipent en vapeur. Si quelqu'obstacle empeche encore l'application industriellede cette forge ardente au travail du platine, par exemple, c'est moins, peut-etre, la depense quelle exige, queladifficulted'en regler les trop puissants effets, et de prcvenir la volatilisation du mental platine qu'on veut seulement mettre en fusion. « Comme source de lumiere n'a-t-on rien fait de la pile? Un mot vanous l'apprendre : dans les cours publics, l'experience, populaire maintenant, de l'e'clairage electrique, exigeait il y a trente ans une depense de 50 a 60 fr. pour un essai de quelques minutes. « Aujourd'hui , grace a la perseve" ranee intelligente d'un cons- tructed lhabile, M. Deleuil, les travaux des docks Napoleon ont pu continuer la nuit comme le jour. 800 ouvriers ont £te" eclair^s a l'aide d'une depense moyenne de 20 francs par nuit, e'est-a-dire de cinq centimes par ouvrier. « Si le problemede l'eclairage economiqueaumo}',enderelectricite n'est pas encore resolu, est-il permis de nier dapres cela que la solution n'en soit possible? « Comme agent chimique, la pile a qui nous devions deja la galva- noplastie, la dorure et l'argenture electrique, la pile, par les mains de M. Deville, maitre de conferences a. l'Ecole normale, a tire" de l'ar- gile raeme un metal nouveau, I aluminium, que ses belles qualitds recommandent a l'attention de l'industrie. Entre les mains de M. Despretz, elle a fait plus encore, elle a converti le charbon en diamant, non sans doute en diamants faits pour prendre place dans les parures que le joaillier faijonne, mais du moins en diamants que 660 COSMOS. la science reconnait pour tels. Si tie ces decouvertes nous passons a des applications deja acceptces par la pratique, comment n'etre pas frappe d'admiration en voyant avec quelle precision merveil- leuse l'electricite faconne, par simples depots galvanoplastiques, les belles planches que M. Hulot emploie pour 1'impression des timbrss-postes? Comment meconnaitre 1'immense avenir de l'indus- trie fondee par les travaux de MM. Elkington et de Ruoltz, et si habilement mise en ceuvreparM. Christofle, dontlesaleliers, animes par la pile seule, rivalisent d'importance ndanmoins avec les plus belles usines, et dont les travaux surpassent en r£gularite les pro- duits des anciennes industries? <■ Etpourtant lorsqu'on a vu les ateliersde M. Elkington marcher a. leur tour au moyen d'une electricite" que la pile n'engendre pas, qui est emprunt<^e a des aimants fixes, au moyen de masses en fer doux, mises en mouvement par une machine a vapeur, il semble qu'on ait constate un progres de plus... « Est-il necessaireici, aujourd'hui surtout, de vous prouver que la pile a fait de serieux progres a titre d'agent m^canique? « Ignorez-vous qu'un de nos mecaniciens les plushabiles, M.Fro- ment, fait marcher depuis longtemps ses ateliers au moyen d'un moteur electrique ; qu'il trouve dans son emploi une regularity, une simplicity, une economie meme , qui lui assurent une superiority in- contestable sur tous les autres agents? Avez-vous oublie les resul- tats remarquables obtenus par M. Nikles pour la construction des freins electriques qu'il applique aux chemins de fer? « N'avez-vous pas vu comme exemple de machine industrieuse, le metier que M. le chevalier Bonelli vient d'exposer sous vos yeux, oil le lissage et la mise en carte necessaires dans les metiers a la Jac- quart sont supprimes, et ou le travail promet de s'effectuer avec une defense d'electricite" bien minime, avec une diminution serieuse dans les fatigues de l'ouvrier? « Enfin , n'avez-vous pas ete frappes de la simplicite et de l'energie du moteur electrique qui vient de fonctionner sous vos yeux, qui, avec un prix d'acquisition de 1 000 fr. et une depense journaliere de 2 fr. au plus , realise deja la force d'un cheval-vapeur ; et dont le jeune inventeur, M. Marid-Davy, professeur a la Faculte des scien- ces de Montpellier, est loin de regarder pourtant la construction comme arrivee a son dernier terme? « L'electricite, qui transporte la pensee avec une rapidite telle, qu'en moins d'une seconde, elle aurait fait quatre fois le tour de la terre, transporter done bientot de la lumiere, de la force chimique, COSMOS. 661 de la force mfoanique, peut-etre meme de la chaleur pour quelques usages sp^ciaux. « Ce transport, chose merveilleuse, se fait sansgrandespertes pour du courtes distances. Faut-il agir, la force est toujours prete. Faut- il se reposer, elle ne depense rien. Faut-il se mouvoir, rien ne lui fait obstacle. Elle descend les vallees , gravit les montagnes , tra- verse les cours d'eau, passe au milieu des cites et se trouve au terme du parcours, avec toute son energie, comme un liquide qui reprend son niveau. « En 1850, nous demandions ici, est-il done impossible decreerde petits moteurs capables de prendre place dans les chaumieres? N'y a-t-il aucun moyen, ce moteur etant place au centre du village ou du hameau , de s'en servir pour distribuer la force dans chaque chau- miere a la ported de chaque famille? Un pareil moteur, disions-nous encore , permettrait au pere de famille de travailler pres de son foyer, au milieu de ses enfants ; a la jeune fille , d'accomplir sa ta- che sous les yeux de sa mere. II donnerait aux habitants des campa- gnes la faculte" d'accroitre leur bien-etre par un travail manu- facturier, sans entrer en contact avec la corruption et le d&sordre , en restant au milieu des conditions de salubrite et de moralite que la vie de famille realise seule. « Nous avions raison, vous voyezaujourd'hui, quesi les progres de l'industrie avaient force les ouvriers a se grouper autour de chutes d'eau ou de machines a vapeur, des progres nouveaux, rendant fa- cile la distribution de la force a distance , reconstitueront un jour, l'independance du foyer domestique et 1'unite de la famille labo- rieuse. » Personne n'a applaudi plus que nous a ce tableau si vivant du progres et de l'avenir, embelli par l'imagination poetiquede M.Du- mas; mais nous manquerions a la verite, si nous ne faisions pas remarquer, 1° que la machine presentee par M. Mari^ Davy, loin d'avoir la force d'un cheval-vapeur, n'exerce qu'une tres-petite fraction de cette force, la force d'un jeune chat; 2° qu'une machine semblable de la force d'un cheval-vapeur coutera, non pas 1 000 fr., comme l'a dit M. Dumas, non pas 2 000 fr., comme le pense l'in- venteur, mais plus de 5000 fr. ; si tant est qu'on parvienne a la realiser, ce dont il est tres-permis de douter ; 3° que la depense jour- nalise de la machine d'un cheval sera avec les piles actuelles, non pasde 2 fr., mais de 18 a 20 fr. ; 4° enfin, qu'appelerdiamantsre- connus par la science, les cristaux microscopiques de M. Despretz, e'est aller beaucoup trop loin. PHOTOGRAPHIE. LA PHOTOGRAPHIE ET M. SOLON. Apres avoir signale dans un de nos derniers numeYos Tune des plus belles applications scientifiques de la photographie, qu'il nous soit permis de descendre de la science a l'industrie, qui est La science appliquee, et de montrer a nos lecteurs quel parti avantageux M. Solon a su tirer de l'admirable decouverte de Niepce et de Da- guerre. Nous prenons le nom de cet artiste parce que nous aimons le progres, et que jusqu'a ce jour il est presque le seul dans l'indus- trie qui ait su se faire de la photographie un auxiliaire utile et louable. On sait que notre habile sculpteur s'etait pose le difficile pro- bleme de remplacer toutes ces statues , cheniins de croix et orne- ments de mauvais gout qui d^shonorent l'architecture de nos edi- fices religieux, par de belles creations de son art, accessibles a l'humble £glise du village comme a la plus riche cath^drale de nos villes.Sonoeuvre,commenceeenl844, s'estseulement termineel'an- nee derniere ; mais sa collection est si riche, qu'il peut offrir au clerge les plus beaux modeles de l'art a des conditions inespdrdes. A cette noble entreprise il fallait un moyen de publicity, il fal- lait reproduire sur le papier ces beaux types religieux. S'adresser dans ce but aux graveurs ou aux lithographes , c'etait a coup sur s'exposer a n'avoir que des dessins infideles, peu propres a inspirer la confiance, tant le charlatanisme a trompe la bonne foi publique ! M. Solon dut done frapper a une autre porte, et en homme intelli- gent, il s'adresse a la photographie. Surpris du parti qu'il pouvait en tirer, il fait faire de suite quelques epreuves ; mais ces premiers essais sont malheureux, les photographes qu'il emploie ne savent pas eclairer ses sujets; et l'art entre leurs mains ne donne que [de miserables images, sans reliefs ni details, auxquelles le crayon du dessinateur ne peut rien envier. D'autres, dans cette circonstance, eussent renonce a leur projet, M. Solon, au contraire, n'en est que plus pers^verant ; il semet aus- sitot a apprendre la photographie pour donner lui-meme a ses mo- deles la lumiere convenable, et leur faire produire les effets qu'il a cherch^s ; il quitte le ciseau et le voila maniant le collodion avec la meme ardeur qu'il a deployee dix ans de suite dans son travail. Apres quelques mois d'eHude seulement, il faisait de fort belles epreuves, qu'il pr£sentait a la Societe" d'encouragement ; et stimuli par les eloges qu'il en a recus, il a profite des beaux jours du prin- COSMOS. 663 temps qui viennent de proteger son nouvel art, pour completer un album unique en son genre pour futilite* qu'il en peut retirer, et remarquable par la beaute" de ses e"preuves. Aujourd'hui M. Solon part pour faire connaitre lui-meme ses progres a tout le clerge de France, de Belgique et d'Espagne, il peut dire qu'il emporte sa galerie de sculpture avec lui ; ses echan- tillons sont la verite meme, ce ne sont pas ces dessins plats, ces reproductions de chimiste qui manquent de modele etd'effets; il a adopte en photographie un principe qui lui a reussi parfaitement, c'est de choisir ses jours, ses heures, sa lumiere; il obtient ainsi par des degradations d'oinbrebien calculees, des rondes-bosses ad- mirables, et des noirs si fouille's qu'on les prendrait pour de verita- bles reliefs. Nous allons maintenant faire voir que l'etude de la photographie ne profite pas seulement a M. Solon sous le rapport de la publicite, mais qu'elle lui sert encore pour son art meme. Ayant a faire pour une eglise des environs d' Orleans une chapelle £clairee mysteVieuse- ment, comme celle de 1'egliseSaint-Sulpice, il profite des observations qu'il a faites des effets de la lumiere sur la sculpture, il construit sa chapelle , et contreles regies recuesil 1' eclaire par trois jets de lumiere. On serait tente" d'abord de croire que cette lumiere est fausse, mais il n'en est rien ; un jour perpendiculaire eclaire le fond de la niche decoree d'une gloire et de cherubins voltigeant autour de la Vierge; il frappe a. plat sur les nuages du bas; des rayons obliques viennent atte'nuer la durete des ombres produites par la lumiere perpendicu- laire, et enfin un jour formant un angle d'incidence de 25° au plus, Eclaire legerement le devant de la statue , et donne a cette chapelle un aspect vraiment celeste, qui saisit l'esprit d'un sentiment reli- gieux. C'est encore pour M. Solon le sujet d'augmenter son album photographique , il montre les copies de cette nouvelle oeuvre, et ob- tient des commandes semblables. Nous qui avons une de ces charmantes e'preuves sous les yeux, nous ne craignons pas que notre appreciation paraisse au-dessus de la verite, et nous sommes certain que la perseverance et le talent de M. Solon seront couronnes du plus grand succes dans le long voyage qu'il vient d'entreprendre. Nous pensons que chacun comprendra les avantages incalculables que non-seulement la science, mais encore les arts et l'industrie peuvent retirer des applications de la photographie ; ce que M. So- lon a fait , mille autoes peuvent le r£peter , et nous esperons que notre grande exposition prochaine ne nous montrera plus, comme 664 COSMOS. ses devancieres, dps dessins partiels qui font souvent mal juger'de la chose representee; mais qu'au contraire on y rencontrera, a cote de chaque exposant, une belle epreuve photographique, oil le public jugera, sans deplacement, de l'ensemble d'une machine, des dispo- sitions d'un appareil, etmemede l'agencement d'un grand etablis- nient industriel. HISTOIRE DE LA PHOTOGRAPHIE. Nous avonsgrandement admire, et tout le mondeadmireracomme nous, dans le livre nouveau de M. Belloc, son excellente histoire de la photographie, de la photographie sur plaque ou Daguerreotypie, de la photographje sur papier ou Talbotypie, de la photographie sur verre ou Niepcotypie. Cette histoire, dont les dates sont d une exac- titude absolue, oil justice pleine et entiere est rendue a tous les noms, celebres ou moins populaires, est vraiment tracee de main de maitre, et nous prendions plaisir a en reproduire quelques belles pages. Aujourd'hui nous nous proposons seulement de fournir a l'habile historien photographe un document precieux que M . Read a mis en lumiere dans une lettre adressee par lui a M. Hant, et pu- bliee par le Philosophical, magazine de mai 1854. II s'agit d'une experience de photographie vraiment etonnante, faite par le doc- teur Thomas Young, le Newton du xixe siecle, et decrite par cet illustre physicien dans sa Lecture Bakerienne de 1803; la voici fide- lement traduite du texte original : « L' existence dans la lumiere solaire de rayons plus reTrangibles que les rayons violets manifestos par leur action chimique, a et6 d'abord dc'montree par Ritter; Wollaston fit, peu de temps apres Ritter, les memes experiences, sans avoir connaissance de ce qui avait ete public sur le continent. Les rayons paraissent s' entendre au dela des rayons visibles du spectre prismatique, sur un espace presque egal a celui occupe par le violet. Dans le but de mieux com- parer leurs proprietes avec cedes des rayons visibles, je desirais exa- miner ce que produirait leur reflexion sur une couche mince d'air, dans les conditions qui donnent les anneaux colores de Newton. Je produisis done une image de ces anneaux, au moyen du microscope solaire et de l'appareil a anneaux, quej'ai decrit dans le Journal de l Institution royale; et je la projetai sur un papier imbibe d'une solution de nitrate d'argent placee a la distance de neuf pouces du microscope. Apres une heure, des portions de trois anneaux obs- curs devinrent distinctement visibles ; ces anneaux etaient beaucoup plus petits que ceux qui repondaient aux anneaux brillants de l'i- COSMOS. 665 mage coloree, et coi'ncidaient a tres-peu pres dans leurs dimensions, avec les anneaux de la lumiere violette, qui se montraient quand on interposait un verre violet sur le passage du rayon lumineux. II me sembla que ces anneaux obscurs e^aient un peu plus petits que les anneaux violets, mais la difference n'etait pas assez grande pour etre constats exactement ; elle £tait tout au plus d'un trentieme ou d'un quarantiemede diametre. II n'y a, au reste, riende surpre- nant a la voir si petite, car les dimensions des rayons colores ne doivent nullement varier vers l'extremite violette du spectre aussi rapidement que vers l'extremite rouge. Pour faire cette experience avec une exactitude tres-grande, il [serait n^cessaire d'employer un heliostat , parce que le mouvement du soleil amene un faible de- placement de ritnage; en outre, du cuir impregne de cJdorure d ar- gent manifesterait Taction des rayons, d'une maniere beaucoup plus sensible. Cette experience cependant, dans son etat actuel, suffit a completer l'analogie des rayons invisibles aux rayons visibles, et a montrer qu'ils obeissent egalement a la loi gen^rale des interferences qui est le sujet principal de ce memoire. » Ainsi done, en 1803, Young avait fait une belle experience de photographie, il avait etudie et fixe les bandes ou anneaux d'interference des rayons invi- sibles, comme l'ont fait cinquante ans plus tard M. Edmond Bec- querel, M. Crookes, etc., etc. Nil sub sole novum. Nous sommes heureux d'apprendre a nos lecteurs qu'un des pro- gres dont nous poursuivons avec le plus d'ardeur la realisation, est enfin compris et adopte. M. Jules Duboscq avait montre a. Mi Isidore Geoffroy Saint-Hilaire quelques reproductions stereos- copiques des animauxvivants du Jardin des Plantes, des jacks avec les Cbinois qui les soignent, de l'hippopotame avec l'Abyssinien.qui le garde, des lions, des tigres, des lamas, des alpacas, etc. Ce n'e- tait encore qu'un essai tente pendant la mauvaise saison; mais le resultat obtenu est deja. si merveilleux que, prenant une glorieuse initiative, le savant professeur a ordonne que tous les animaux pre- cieux, faisant partie de la menagerie imperiale, seraient reproduits de la meme maniere. II a, de plus, fait admirer ces epreuves au directeur du Zoological Garden de Londres, et celui-ci s'est em- presse de commander une collection semblable qu'il sera heureux, disait-il, de presenter au prince Albert et a la reine Victoria; on sait quel interet la reine et son noble conjoint portent a la photogra- phie. ACADfiffllE DES SCIENCES. SEANCE DU 29 MAI. M. Binet, en son nom et au nom de M. Duhamel, lit un rapport sur un memoire de geometrie descriptive presents' par M. Maxime Dunesme, maitre de travail graphique au lycee Napoleon. Nous repro- duirons ce rapport presque integralement ; il constate que le travail du jeune geometre, qui s'est forme lui-meme, est vraiment original, qu'il contient des vues et des propositions tout a i'ait neuves, que l'au- teur a droit aux encouragements et aux remerciments de l'Academie. M. Babinet, examinateur permanent de geometrie descriptive a l'Ecole polytechnique, qui a fait faire des progres remarquables a la belle science creee par le g6nie de Monge, et qui connait a fond le memoire de M. Dunesme, aurait voulu qu'en raison de son origina- lite, ce memoire fut insure dans les volumes des savants etrangers ; mais, sur une observation de M. Liouville, les conclusions du rap- port ont ete maintenues. Nous avons suivi, nous aussi, avec le plus grand soin et avec le plus vif int^ret, le developpement des idees de M. Dunesme, et nous affirmons que son debut le place au rang des hommes peu nombreux qui ont approfondi les theories ardues de la geometrie descriptive; il continuera glorieusement les traditions des Hachette, des Leroy , des Olivier, etc. — M. le ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics avait invite l'Academie a lui transmettre les documents propres a faire connaitre les resultats des etudes qui ont ete faites en France relativement a l'influence exercee sur la sante publique par diverses industries dites insalubres, et relativement aux moyens chimiques ou mecaniques qui ont £te pris dans le but d'en prevenir ou d'en attenuer les dangers. Ces documents, demanded par l'am- bassadeur de S. M. britannique , sont destines a etre transmis au conseil general de salubrite de Londres (general board of health). Une commission, composee de MM. Thenard, Magendie, Dumas, Boussingault, Payen , Rayer et Bussy , avait ete chargee de preparer un rapport en reponse a la demande de M. le ministre ; ce rapport a <5t£ lu aujourd'hui par M. The'nard. II conclut a ce que Ton envoie au ministre, pour les mettre a la disposition de l'ambassadeur d'An- gleterre : 1° une collection complete des Comptes rendus depuis 1835 jusqu'en 1854; 2° une copie des rapports faits chaque annee par la commission des prix Monthyon relatifs aux arts insalubres ; 3° divers Mdmoires publics par des membres de l'Academie , les COSMOS. 667 Memoires de M. Chevreul sur la salubrity des grandes villes , de M. Payen sur les substances alimentaires et leurs falsifications, etc. C'est evidemment tout ce que l'Academie pouvait faire ; les autres Societes savantes auxquelles M. le ministre se sera sans doute adresse" enverront aussi leur contingent, et la collection de documents solli- citee par le gouvernement anglais sera enfin completee. — A propos de ce rapport, disons a nos lecteurs quelques mots de la reponse faite a une question posee par M. le ministre de l'in- struction publique et dont nous les avons si souvent entretenus. Il s'agissait d'ur.e demande formee par la veuve du savant danois (Ersted, a l'effet d'obtenir qu'il soit dispose en sa faveur, a raison des travaux de feu son mari, du grand prix de 60 000 francs fonde" en l'an X par le premier Consul. M. le ministre demandait a l'Aca- demie de lui faire connaitre son avis sur la suite qui pourrait etre donnee a la demande de Mme (Ersted. Ainsi formulee, la question etait assez vague ; elle avait ete renvoyee a l'examen d'une com- mission composee de MM. Regnault, Becquerel, Pouillet, Thenard et Despretz. Le rapport a 6te fait en comite secret par M. Re- gnault, et il n'en a pas ete du tout question dans les Comptes rendus. Nous aurions voulu que, laissant de cote la question de finances et se preoccupant seulement des grands interets de la science, la com- mission jugeat en dernier ressort, et declarat si (Ersted avait reel- lement fait faire a l'electricite un pas comparable a celui qu'ont fait faire les travaux de Franklin et de Volta; si ce pas avait ete fait par d'autres que (Ersted; si d'autres physiciens, etlesquels, avaient droit a partager avec (Ersted le prix de 60 000 francs ; si le mo- ment n'etait pas venu de faire revivre les prix annuels de 3 000 fr., fondes par le premier Consul, et de couronner ainsi les decouvertes des Ampere, des Arago, des Faraday, etc., etc. Nous avons appris avec une vive douleur que la commission , poussant la prudence ou la reserve a l'exces, avait decline la ques- tion scientifique, et s'etait contentee de repondre que la fondation faite avec tant d' eclat par Napoleon Ier, etait sans doute restee a l'etat d'intention, de velleite, de projet , puisque les fonds n'en avaient ete ni faits, ni deposes a la caisse des consignations, ou dans le tresor de l'Academie des sciences; qu'on ne trouvait nulle part des traces d'une allocation faite dans cebut; que toutes les fois que l'Academie avait decerne le prix annuel de trois mille francs, elle avait eu bien de la peine a obtenir cette somme du tresor, etc. La reponse academique se traduit done par une triste fin de non-rece- voir. L'illustre veuve reclamait un prix, on lui repond : Nego sup- 663 COSMOS. positum; ce prix n'estqu'un etre fictif ! II avait ete cependant, ce prix, l'objet du rapport celebre de M. Biot; le programme avait ete" redige, appel avait ete fait aux concurrents; c'est, on en conviendra, une cruelle mystification. Quel beau spectacle 1'empereur Napo- leon III donnerait au monde, quel noble acte de justice et d'intelli- gence il accomplira;t si, consacrant par un decret nouveau la glo- rieuse volonte de son oncle, il faisait ^crire a 1' Academie que de par lui, le prix de soixante mille francs a existe et existe, qu'il n'atlend pour l'octroyer, que le jugementdu savant areopage. Nous appelons des voeux les plus ardents cette consecration de droits solennelle- ment acquis. — M. le secretaire perpetuel lit le decret en date du 24 mai, par lequel SaMajeste l'Empereur confirme l'electionde M. Bravais. Retenu par une indisposition heureusement legere, M. Bravais n'a pas pu venir occuper le fauteuil qu'il a si noblement conquis. — M. Baudens, inspecteur general du service de sante, ouvre la course au clocher qui doit conduire levainqueur au fauteuil, devenu vacant par la mort de M. Roux. II lit un memoire sur l'efncacite, dans le traitement et la reduction des hernies etranglees ou mena- cees d'etranglement, des refrigerants unis a la compression metho- dique. II y a bien longtemps que cet habile chirurgien des armees, marchant sur les traces de Wanner, a tire un excellent parti de la methode refrigerante, dans la guerison des lesions trauinatiques, dans les reductions des luxations et des entorses, etc., etc. Cette meme methode, appliquee a la reduction des hernies enflammees, a donne des resultats plus etonnants encore ; dans une foule de cir- constances, elle a arrete une peritonite mena9ante, et dispense de recourir a faction du bistouri, toujours si dangereuse. Le symptome le plus habituel et le plus grave de rinflammation des hernies est un developpementvraiment eitrayant de chaleur, dont il est difficile d'assigner la source ; et ce symptome, il faut se hater de le combattre par l'application des refrigerants, avant de songer a, la reduction. Les refrigerants peuvent etre ou l'eau simplement froide, ou de la glace, ou enfin un melange de glace et de sel marin, qui abaisse la temperature jusqu'a 14 degres au-dessous de zero. On augmente Tintensite du froid, et Ton prolonge son action aussi longtemps que le malade peut la supporter sans trop souffrir. En prenant pour guide la sensation qu'il eprouve, sensation agreable d'abord, et en ne. s'arretant que lorsque cette sensation est devenue par trop p£- nible, on ne fera jamais fausse route. Quand l'exces de chaleur a disparu, on exerce la compression non pas en general par le taxis COSMOS. C69 qui dans le plus grand nombre des cas, presente des inconvenients graves, mais par des bandes elastiques a tension graduees, et pres- que toujours le succes couronne les efforts du praticien. — M. Baudement, professeurde Zootechnie au Conservatoire des arts et meters, lit un memoire un peu diffus, mais plein d'interet, sur l'emploi de la betterave comme fourrage, sur les propnetes nu- tritives composees de six varices de betteraves : le globe rouge, la disette blanche, le globe jaune, la grosse jaune, la champetre, et 1b. &ll(?S16 Les experiences sur lesquelles Vauteur appuie ses conclusions ont eHe faites, a l'lnstitut agronomique de Versailles, en 1850 et 1851 Les betteraves etaient semees dans des terrains tout a lait semblables ; on pesait et on comparait la recolte ; on les donnait en aliment a des attelages de bceufs bien choisis, nourris a 1 etable ou employes a un travail ; on pesait les boeufs avant et apres chaque experience ; on evaluait, avec le plus grand soin , la perte ou le gain resultant de 1'alimentation et du travail, etc., etc. M. Baudement resume lui-meme ses recherches dans les proportions suivantes, que nous reproduisons aussi exactement que possible : 1° A ration egale, les six varietes de betteraves nournssent presque egalement. 2° II y a cependant un avantage appreciable en faveur de la va- line globe rouge; viennent ensuite la disette blanche, le globe jaune, la grosse jaune et la champetre ; la silesie, ou betterave du sucre par excellence, vient au dernier rang. 3° L avantage en alimentation est en raison directe de la pro- portion de matieres azotees ou assimilables, de la proportion des ma- teriaux respiratoires ; l'analyse chimique a prouve, en eftet, que la variete globe rouge etait la plus riche en azote et en carbone. ^ 4° En rangeant les animaux par categories de poids de 400 a 450 kilogr., de 450 a 500, de 500 a 550; de 550 a 600, etc., on constate que les animaux qui pesent le moins sont aussi ceux qui profitentle moins par 1'alimentation, a rations egales, et qui perclent le plus par le travail. 5° La perte due au travail est, a ration egale, directement pro- portionnelle au travail. , 6° A moins que des fourrages ne soient tres-semblables ou de meme genre, il est impossible de les comparer, d'expnmer ,eur va- leur nutritive au moyen dune unite commune. Cette valeur nutr.tive vane d'ailleurs suivant les conditions dans lesquelles les animaux sont places ; elle nest pas la meme pour une bete de travail, pour 670 COSMOS. une vache laitiere, pour un animal a l'engrais ; elle varie encore, sansdoute, avec la nature du sol, le climat, la saison, etc. ; mais ces dernieres variations ne sont qu'accidentelles, etles resultats moyens restent constants. M. Baudement insiste, en finissant, sur l'utilite qu'il y aurait a creer, par la culture, une variete de betteraves propres a l'alimen- tation, comme on a cree, en Sil^sie, la variete propre a la fabrica- tion du sucre. — M. Cauchy lit deux memoires ; le premier a pour titre : Sur la transformation des fonctions implicites en fonctions explicites. Nous ne connaissons le sujet du second que par les Comptes ren- tlus, et il nous sera difficile d'en donner une idee satisfaisante, parce que e'est de l'analyse pure et transcendante. — M. Blanchard lit une note sur les insectes de l'ordre des scorpionides. Cette note, tres-bien redigee, se resume dans ce fait im- portant que le developpement de l'insecte, le nombre de ses yeux, qui atteint jusqu'au chiffre de douze, la taille, la largeur de son ab- domen, le volume et la force de ses pinces sont en proportion directe de la condensation, de la concentration dans un espace plus resserre de son systeme nerveux. Ce fait se constate non-seulement sur l'in- secte adulte, mais meme sur l'insecte a l'etat d'embryon. — Nous signalerons d'abord dans la correspondance, depouillee par M. Flourens, une communication de M. Trecul sur une dispo- sition singuliere et anormale des feuilles et des stipules dans les plantes du genre nelumbium. Toutes les premieres feuilles sont dystiques et n'ont qu'une stipule ; les feuilles qui naissent ensuite sont unilaterales et presentent trois stipules : la premiere protege le bourgeon, la seconde enveloppe la feuille, la troisieme sert d'enve- loppe generale au bourgeon et a la feuille. Cette transformation d'une portion de la feuille en stipules est d'ailleurs le resultat d'un arrangement r^gulier et providentiel. — M. Dujardin, de Lille, que l'indifference de l'Academie aurait du, ce semble, decourager, ne se regarde pas, et nous Ten feli- citons, comme definitivement vaincu; il fait taire ses repugnances pour plaider encore une fois, au nom de l'humanite, la cause qu'il defend avec tant d'ardeur et depuis si longtemps. Tout le monde a su par les journaux qu'un boulet rouge, entre dans les fiancs de la frigate a vapeur, le Vauban, a aliunde" un incendie qu'elle n'a reussi a ^teindre qu'en s'eloignant pendant deux longues heures de sa ligne de bataille, et appelant a son secours d'autres vaisseaux de l'escadre. Or, ecrit M. Dujardin, si l'Academie des sciences avait COSMOS. 671 sanctionne" ma si utile d^couverte des proprietes dtonnantes que pos- sedelavapeur d'eau d'dteindrepresque inslantanement les incendies; si sur sa recommandation ma methode avait £te formulee et ordon- nanc^e par le ministere de la marine, le capitaine du Vauban sans quitter son poste, aurait fait fermer les £coutilles et lancer la vapeur de ses chaudieres dans le foyer profond que les flammes avaient en- vahi, tout aurait etc" tini en un instant. Nous constatons aveebon- heur que la lettre de M. Dujardin a produit une grande sensation; qu'il a et6" decide qu'elle serait transmise au ministre de la marine avec toutes les communications faites anteYieurement sur ce suiet. Nous vous en conjurons, monsieur Dumas, achevez le triomphe d'une grande et bonne verite, en faisant accorder a votre ancien commettant, a un enfant de Lille, ville oil vous avez re<;u tant d'hom- mages, le prix Monthyon qu'il a cent fois merite. — M. L£on Dufour, a qui l'Academie a accorde une gratifica- tion de 2 000 fr. pour qu'il put £tendre aux insectes d'Espagne ses etudes et ses methodes incomparables, voudrait que sa mission nit authentiquement et officiellement regularised ; il suffirait pour cela, comme l'a fait remarquer M. Thenard, d'une lettre ecrite par le se- cretaire perpetuel. — MM. de la Provostaye et Desains transmettent de nouvelles experiences sur le pouvoir £missif des corps pour la lumiere; nous regrettons vivement de ne pouvoir publier des aujourd'hui leur note complete; nous dirons seulement, 1° qu'ils ont constate que, dans des conditions identiques d'echauffement, les surfaces de na- ture differente envoient des quantites de lumiere tres-ineVales * 2° qu'ils demontrent ce fait en couvrant d'oxyde noir de cuivre la moitie des faces anterieures et posterieures de la lame dont ils veu- lent etudier le pouvoir emissif ; en en comparant apres echaurTement au moyen d'un courant electrique et par la methode d'Arago, fon- dee sur la loi de Malus, les lumieres £mises par la portion noircie et la portion libre : ainsi l'or ^chauffe au rouge n'emet queledixieme de la lumiere £mise par l'oxyde de cuivre ; le platine est plus lu- mineux. — MM. Chenot et Hceffer se sont assures que les taches diffuses sur la surface des feuilles des vegetaux malades sont dues incontes- tablement a l'action de larves introduites entre le derme et l'epi- derme, et qui ont devore la chlorophille ; c'est l'opinioti que nous soutenons parce qu'elle est pour nous l'expression des] faits. L'A- cademie malheureusement croit encore a l'infection anticedente par l'oidium. VARICES. TRAVAIL INTER1EUR ET EXTERIEUR DE LA PILE A DEUX LIQUIDES. PAR M. DESPRETZ. Nous allons analyser avec le plus grand soin , ia note prdsentee dans la derniere seance par le savant professeur et academicien. Apres avoir rappele ses experiences de 1850 et constats, comme nous 1'avons dit , qu'il s'etait mis en garde contre les trois sources d'erreurs qui pouvaient affecter les resultats formules par lui , la combinaison possible des deux gaz , la solubilitc du gaz dans l'eau acidulee, le passage d'une certaine quantite d'electricite inefficace, il se pose les questions suivantes qu'il importait granderaent de resoudre. 1° Passe-t-il de l'electricite dans l'eau ou dans un liquide aqueux sans qu'il y ait decomposition i 2° En passe-t-il une quantite capable d'alteVer le rapport entre le travail interieur et exterieur? 3° Un courant electrique traversant plusieurs voltametres , pre- sentant chacun a ce courant une resistance particuliere , decompose- ra-t-il dans ces divers voltametres des quantites d'eau egales et inegales 1 I. Sa reponse a la premiere question est affirmative, conforme- ment aux resultats obtenus par M. Faraday sur les corps fondus, et a 1' experience dans laquelle M. Buff a vu que les deux poles d'une pile isolee perdent une partie de leur tension , quand on les reunit par une colonne d'eau pure, sans que le liquide soil decompose. M. Despretz a place dans le circuit voltaique trois voltametres : le premier, a l'entree du courant, etait plein d'eau acidulee par un vo- lume d'acide sulfurique pur monohydrate sur neuf parties d'eau pure; le second, plein d'eau distillee ; le troisieme, plein d'eau aci- dulee par un deux millieme en volume du meme acide ; l'intervalle desfilsde platine etait d'environ 12 millimetres; le courant, fourni par quatre elements de Bunsen charges en tension , marquait, au moment de la fermeture du circuit, 9 degres, au moment de la rup- ture, 7° 5' , a un galvanometre de M. Ruhmkorff de 120 tours, il a traverse les trois voltametres pendant plus de deux heures , sans qu'on ait pu percevoir le moindre indice de decomposition. II importe grandement de remarquer que ce courant, capable de devier de 11 degr^s l'aiguille du galvanometre, est sans action au- cune sur les boussoles de tangentes des plus petits rayons, qu'il est par consequent tres-faible en lui-meme ; de sorte qu'il n'est pas COSMOS. 373 permis de conclure de 1'expdrience ci-dessus decrite que la quantite d'electricite transmise sans decomposition soit considerable. ^ II. Le moyen employe par M. Despretz pour appretier la quan- tite d'electricite inefficace , quant au travail exterieur, qui a passe a travers les voltametres , consiste a. peser les zincs avant ou apres 1'experience; or, on trouve que le poids du zinc dissous dans la pile, quand le courant est ferme , ne surpasse que d'une quantite" tres- petite le zinc dissous dans la pile quand le circuit est rompu , ou meme le zinc dissous dans l'eau acidulee au dixieme : sans etre d'une exactitude rigoureuse , cette methode prouve au moins , dit M. Despretz, que la quantite" d'electricite inefficace est representee par bien peu de zinc. III. Quant a. la troisieme question , elle est beaucoup plus bfrave et heureusement beaucoup plus facile a resoudre. Si les quantites de gaz degagees dans les divers voltametres etaient tres-differentes , il n'y aurait plus de mesure certaine pour apprecier le travail inte"- neur d'une pile, et la loi des decompositions chimiques de Faraday serait attaquee dans sa base; mais il n'en est pas ainsi. Dans deux experiences faites avec douze elements de Bunsen , et dans trois voltametres remplis d'eau pure, renfermant le premier un dixieme, le second un vingtieme, le troisieme un centieme d'acide sulfurique' il s'est degage" en 8 minutes la meme quantite de gaz, 18 centi- metres cubes 2 dixiemes : la temperature etait de 9 degres centi- grades. Quand on a remplace l'eau contenant un centieme d'acide par de l'eau distilled, que pour obtenir une decomposition sensible on a porte lenombre des elements a trois cents, et qu'on a pris des precautions suffisantes pour empecher la formation d'une certaine substance blanchatre , nacree , qui se depose sur les parois du tube renfermant l'eau pure, les quantites de gaz degagees en deux heures vingt minutes , a la temperature de 15 degres, ont He pour l'eau acidulee au dixieme et au vingtieme, 13cc,57; pour l'eau dis- tiliee 13cc,50. Les precautions prises par M. Despretz consistent : 1° a souder le fil de platine du voltametre au tube de verre qu'on lui fait traverser ; 2° a ne donner a ce fil qu'une faible longueur, 2 a 3 centimetres; 3° a faire quele tube qui l'enveloppe s'eieve au moins a deux centimetres du fond. Avec quatre cents elements et deux vol- tametres, 1'un plein d'eau distiliee, l'autre plein d'eau acidulee par un dixieme de son volume d'acide sulfurique pur, la moyenne des quantites de gaz degagees en 45 minutes, dans quatre experiences, a ete pour l'eau acidulee, 10cc,09, pour l'eau pure , 10cc,19. L'er- reur d'observation pouvant s'eiever a un centieme, ces deux quantites 674 COSMOS. peuvent etre conside>£es comme e"gales ; et M. Desprelz se croit par consequent autorise" a affirmer que les quantity's d'electricite qui traversent efficacement plusieurs voltametres sont sensiblement egales. » Si , ajoute-t-il , dans une experience de M. Foucault, pu- bliee par le Cosmos, tome iv, page 249, on a trouve" que la quan- tity de gaz d^gagee dans l'eau pure est dix fois moindre que la quantite degag£e dans l'eau acidulee au cinquantieme, c'est que la disposition et le faible dcartement des electrodes facilitaient la combinaison des deux gaz; du moins c'est la notre opinion. » On remarquera en effet que dans les experiences de M. Despretz , les electrodes , non pas larges , mais reduits a de simples tils, etaient separes par une plus grande distance, 12 millimetres. M. Despretz ajoute : « La decomposition de l'eau distillee est tout a fait caracterisee par les phenomenes qui l'accompagnent. La tem- perature s'eleve vingt fois plus meme qu'au sein de l'eau ne renfer- mant qu'un deux milliemes d'acide sulfurique. » Toute l'eau du vol- tametre. plus d'un litre devient mousseuse et blanchatre par suite de 1' extreme division des milliers de molecules gazeuzes mises en hberte; tandis que l'eau acidulee au dixieme ou au deux milliemes conserve toute sa transparence. Le degagement du gaz se mani- feste settlement a l'extremite des fils , sous forme d'un cercle de bulles ayant pour centre la pointe de l'electrode. Les experiences de M. Despretz sont evidemment tres-bien faites, et leurs r£sultats, extremement nets et precis, demontrent invinci- blement les deux propositions qu'il voulait e^ablir. 1° A travers l'eau pure et les liquides aqueux , il ne passe qu'une tres-petite quantity d'^lectricite inefficace. 2° Le volume de gaz hydrogene degage* dans plusieurs voltametres renfermant de l'eau pure , de l'eau acidulee , a un degre particulier pour chaque voltametre , est sensiblement le meme. PBODUCTION DU PHOSPHORE ET DE L AC1DE SULFURIQUE PAR L ACTION DE LAC1DE CHLORHYDRIQUE EN PRESENCE DU CHARBON. PAR M. CARI-MANTRAND. La premiere question que s'est posee le jeune chimiste, que la complication , la longueur, et surtout le peu de rendement de l'ope- ration par laquelle on produit habituellement le phosphore avaient d^sesp^re, est celle-ci : Pourquoi n'existerait-il pas et ne decouvri- rais-je pas une reaction qui permit de retirer directement et en COSMOS 675 totality le phosphore du phosphate de chaux des os? En y refl^chis- sant se>ieusement, il crut deviner qu'en traitant par l'acide chlorhy- dnque un melange convenablement choisi de phosphate de chaux et de charbon, on pourrait obtenir du carbone, du chlorure de calcium de 1'hydrogene et du phosphore libre, on a en effet : Ph 0s, 3 Ca 0 + 8 C -f 3 CIH = 8 Co + 3 CaCl + 3 H + Ph L'exp^rience confirmera-t-elle la theorie , et les symboles de la formule se traduiront-t-ils en fait? Notre tout jeune homnie, chi- miste a sa premiere annee de laboratoire, a introduit dans un tube de porcelaine un melange intime , a parties egales , de charbon de bois en poudre fine et de cendres d'os; ce tube, place dans un four- neau long, communiquait par une de ses extremites avec un appa- reil pret a degager du gaz acide chlorhydrique sec ; une allonge de verre, ajustee a son autre extremite et courbe'e a angle droit, le met- tait en relation avec un recipient a moitie rempli d'eau : il a porte graduellement le tube au rouge vif , et il a fait arriver le gaz chlo- rhydrique sur la matiere incandescente. Presqu'au meme instant, d'abondantes vapeurs de phosphore, entrainees par un degagement rapide de gaz oxyde de carbone , sont venues se condenser dans les parties froides de l'allonge, l'experience commencait a verifier les previsions de la thdorie. Le chlore de l'acide chlorhydrique sous l'influence de la grande affinite du carbone pour l'oxygene, s'em- pare du calcium pour former du chlorure de calcium ; l'acide phos- phorique mis a nu, et decompose" a son tour par le charbon, cede la totality de son phosphore. Quand l'oxyde de carbone a cesse de se de'gager, on a arrete" le developpement de l'acide chlorhydrique; le tube refroidi ne contenait plus que du chlorure de calcium roule en globules dans le charbon employe" en exces , sans trace aucune de phosphate de chaux , l'allonge renfermait reellement du phosphore pur. Dans une seconde experience, M. Cari-Mantrand remplac^, l'acide chlorhydrique par du chlore sec ; le melange d'os et de char- bon se transforma avec plus de rapidity encore en oxyde de carbone, en chlorure de calcium et en phosphore; il devenait Evident par la, que 1'hydrogene, dans la premiere reaction, jouait un role purement passif ; il pouvait meme nuire a l'operation en donnant naissance a une petite quantity d'hydrogene phosphor^. Dans le second cas, ces reactions se formulent ainsi : Ph 0s, 3 CaO-j- 5C + 3CIH =5 CO -f- 3 HO-[-3 CaCI-f- Ph En supposant que dans le passage de l'experience en petit a l'exp£- 676 COSMOS. rience en grand, ce procdde" ne rencontre pas de difficultes serieuses, il prdsentera sur le procedc" ancien des avantages e"vidents ; simpli- fication extreme de la main d'ocuvre et extraction de la totalite du phospliore contenu dans les os, etc. Arrivonsala production de l'acide sulfurique. Traits de la meme maniere , c'est-a-dire , melange au charbon en quantite suffisante , chauffe au rouge et attaque par l'acide chlorhydrique ou par le chlore sec, le sulfate de chaux se transforme en chlorure de calcium, l'acide sulfurique elimine est en partie distille en nature , en partie trans- forme sous 1' influence de la chaleur en acide sulfureux et en oxy- gene. Ici le passage du petit au grand , de la thdorie a la pratique , serait encore plus difficile, parce que la quantite- d'acide chlorhydri- que nt5cessaire a operer la decomposition, et la necessite de desse"- cherlesgaz, suivant M. Kuhlmann, empecheront toujours d"arriver a une production economique. Mais qui sait si ces obstacles, pretendus invincibles, ne seront pas surmontes un jour? Voici deja qu'en substituant au sulfate de chaux les sulfates de potasse et de soude plus fusibles , et par la meme plus facilement attaquables , M. Cari-Mantrand a obtenu une quan- tite notable d'acide sulfurique anhydre ; il obtenait en meme temps un liquide brun visqueux, fumant a l'air, produisant au contact de l'eau un sifflement aigu , avec effervescence , avec degagement d'acide chlorhydrique , exere;ant sur la peau 1'effet dun caustique violent, et qui est sans doute le resultat d'une combinaison du chlore avec l'acide sulfhydrique anhydre. Remarquons en passant que la decomposition du sulfate de chaux par le chlore sec avait produit un acide sulfurique contraire a. la loi de Berthollet, enoncee, comme on le fait ordinairement dans une reaction semblable , tentde sur le phosphate de chaux. M. Cari-Mantrand n'a pas obtenu d'acide phosphorique, excepte" toutefois, lorsqu'il n'employait que la quan- tite" de charbon strictement necessaire pour n'enlever que l'oxygene de la chaux; dans ce cas , en effet , l'acide phosphorique anhydre apparaissait en quantite" assez grande. A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. PARjS. IMrRIMERIE DE W. REMQUET ET cie., R'JE GARANCJERE, 5. T. IV. § JU1N lS54. TROISIEME A.NNKE. COSMOS. FAITS DIVERS. ALGERIE AGRICOLE ET INDUSTRIELLE. M. le mart'cha! Vaillant, ministre de la guerre, a adresse recem- ment a Sa Majeste l'Empereur un resume succinct de I'histoire mi- litaire, administrative, commerciale, industrielle et agricole de I'Al- gerie, en 1853. Ce rapport prouve jusqu'a l'evidence que notre colonie est definitivement sortie de la periode des essais ; que chaque jour revele de nouvelles ressources, et augmente, en les groupant, les forces de production ; que les efforts de tous repondent aux in- citations et a la sollicitude du gouvernement; qu'aptes de si lon- gues hesitations et de si douleureuses epreuves , le but apparait enfin ; que le succes rayonne a. l'horizon, et qu'on l'aiteindra. Nous extrayons de ce precieux document tout ce qui, rentrant dans le cadre de notre Revue, est de nature a interesser nos lecteure. Fertilite de I'Algerie. — En 1853 , elle a found a la France plus de 1 million d'hectolitres de cereales , d'une valeur de plus de 14 millions de francs; elle aproduit des bles tendres comme jamais il n'en a ete recolte en France , pesant SS ou 88 kijpgr, au lieu de 75 et 76; les seigles ontun grain d'une belle apparence, et &i nourri, qu'on a pu les confondre souvent avec des bles durs. Certains grains de bid ont produit 150 epis ; certains grains d'orge jusqu'a. 342epis. Culture du tabac. — En 1853, le nombre dtectares cultives en tabac s'est eleve a 2 277; independammment de la consommation locale et des quantites restees entre les mains des colons , on peut constater, officiellement, le placement de 1 800 000 kilog., sur les- quels la regie a achete 1427 276 kilog., pour un'e s'omme de 1303 000 fr.; le prix moyen des 100 kilog. a ete de 91 fr. 30 c. Les tabacs algeriens laissent deja loin derriere eux ceux d'Egypte, de Macedoine et de Grece; les tabacs de Hongrie ont un gout moins agreable, ceux de Kentucky ne sontni plus fins, ni plus combustibles; enfin, les tabacs de Maryland ont un defaut d'elasticite et un gout d'amertume qu'on ne saurait reprocher a ceux de 1'A c '; i •. lis sont 23 678 COSMOS. done classes plus avantageusement que des tabacs qui, sans occuper le premier rang, ont cependant une grande reputation. Industrie sericicole. — La qualite superieure des soies algeViennes, consacr^es d^ja par deux medailles a l'exposition de Londres, et par les prix auxquels elles sont cotees sur le marche de Lyon , ne per- met plus de douter que l'Algdrie ne prenne une place distingue'e dans ce groupe de pays, qui doivent aux vers a soie une bonne part de leurs richesses. En 1853, trois cent trente-cinq educateurs ont recolte dans le seul departement d' Alger, 14 000 kilog. de cocons. Les nouvelles plantations de muriers qui se font journellement dans les trois provinces, t&noignent suffisamment de la volonte des co- lons de donner a cette industrie tout le developpement dont elle est susceptible. Culture de la garance. — La superiority des garances de prove- nance algerienne sur celles de Chypre , qui sont les plus estimdes , a ete constatee par un grand nombre de rapports authentiques ; et il re'sulte des calculs de plusieurs colons , que le prix de revient est de 70 fr. par 100 kilog., tandis que les cours de la bourse de Rouen attestent que le prix de 100 kilog. de garance varie de 140 a 155 fr.; le benefice du colon sera done de cent pour cent. Education de la cochenille. — La possibility de cette Education n'est plus aujourd'hui douteuse; les resultats heureux des dernieres anne"es ont determine un certain nombre de colons a. se mettre re"- solument a l'ceuvre; quelques-uns ont consacre toute leur fortune a la culture du nopal. Un hectare plante de 13 000 pieds , donne un produit brut de 10 a 12 000 fr., dont 2 000 seulement doivent etre preleves pour les depenses; on compte actuellement 29 nopaleries et 500 000 pieds de nopal. Culture du colon. — L'Angleterre, si bonne appreciatrice en ce genre de produits, a accords, a l'exposition de Londres, onze re- compenses aux echantillons de coton provenant de l'AIgerie; et depuis 1853, cette culture est definitivement acquise a ce pays. Les deux varietes qui reussissent le mieux dans ce pays , sont celles dont le prix est le plus eleve, parce que l'Amerique n'en peut four- nir que 30 000 balles , et celle dont le rendement est le plus consi- derable. Europeans et Arabes se sont mis a l'oeuvre , et en une an- n6"e, le departement d' Alger a ddcuple ses ensemencements en coton. Un immense cri de reconnaissance a accueilli le d^cret par lequel Sa Majeste" l'Empereur a fonde pour dix annees cons^cutives , un prix de 20000 fr., qui sera donne" au planteur des trois provinces COSMOS. 679 qui sera juge" avoir rdcolte , sur la plus vaste echelle , les meilleurs produits en coton. Commerce des /utiles. — L'olivier atteint en Algerie les propor- tion de nos arbres de haute futaie; certaines contrees , et notam- ment la Kabylie , en sont couvertes. Depuis 1852, le commerce deshuiles a pris un developpement rapide; les Kabyles ont apporte" sur les marches de Bougie, de Dellis et de Djidjelly de grandes quantites d'huiles qui ont ete immediatement achetees par des neo-o- ciants francais. Des usines, bien dirigees par des Europeans, ont dte e'tablies au milieu ineme de leurs montagnes, et des eleves indigenes recoivent dans nos pepinieres des lemons de greffe des oliviers. En 1853, quoique la production fut bien au-dessous de la moyenne, le chiffre des exportations s'est eleve a 2 914 450 kilog. Pepinieres du gouvernement. — Produire un grand nombre de jeunes arbres et les livrer aux colons au plus bas prix possible, es- sayer la culture des diverses plantes industrielles , exotiques, et re- chercher s'il est possible de les acclimater en Algerie, tels sont les deux buts que l'administration s'est propose d'atteindre en fondant ces etablissements. On doit a la pepiniere centrale la culture du coton , celle de garance , l'^ducation de la cochenille et 1'industrie sericicole; on lui devra peut-etre l'acclimatation tentee non sans quelques succes, du cafeier et de l'arbrea the\ Les oasis sont rede- vables aux jardins d'essais de Biscara de la culture du riz de Chine, qui croit au pied des palmiers sans ne'cessiter des soins speciaux. D'autres cultures promettent egalement des resultats avantageux, telles que celle du lin , de l'arachide, de la cesame, de la cannaroot, etc. Richesses forestieres. — Le domaine forestier de l'Algerie au- jourd'hui connu, comprend 1 200 000 hectares environ, les essences de chene-liege composent une grande partie de ces forets ; deja 12000 hectares de ce bois, d'autant plus precieux qu'il commence a manquer ailleurs , sont exploites par les compagnies concession- naires. Sur la ligne du Tell, on rencontre des forets de cedres dont quelques-uns atteignent 4 et 5 metres de circonference. Un inge- nieur de la marine a reconnu et signale recemment l'existence de tres-beaux bois propres a toutes les constructions navales ; nous pour- rons bientot aller chercher en Algerie, des approvisionnements pre- cieux pour les chantiers de notre marine; d'autres essences pren- dront sans doute une place impot tante dans la confection des meu- bles de luxe : par exemple , le terebinthe , le genevrier, le tuya , l'olivier, le noyer noir, etc., qui ne le cedent a aucun des arbres de I'Amerique. €80 COSMOS. Industrie metallurgitpie et mineralogique. — Les exploitations des mines de cuivre de Mouzaia et de Tenez out etc activees au moyen de permissions temporaires d'exportation a l'<§tranger ; l'im- portante usine de Carsuh a commence" ses travaux. La mine de plomb argentifere de Kef-Oum-Theboul continue d'etre fructueuse pour les concessionnaires ; il a et£ exporte 3 111 516 kilogr. de mi- neral. Les mines de fer et les hauts-fourneaux d'Allelik, dont les produits rivalisent avec les aciers de Suede , on pris un elan qui as- sure la prosperite, non-seulement de la Compagnie, mais encore de la contnfe entiere. De nombreux permis d' explorer ont ete accordes en 1853, pour des gisements de cuivre et de plomb argentiferes , au mont Bousaseah et dans la vallee de l'Oued-Acdes; de plomb pres de Setif et dans la vallee de Bou-Merzouq ; de plomb et de cuivre au mont Filfila et au Sidi-Regbis; de plomb et de plomb argentifere pies de Lalla-Margbnia et Rouban. Le marbre blanc du mont Filfila ne le cede en rien au plus beau marbre d'ltalie; l'exploitation de ces carrieres a commence, et tout porte a croire que leurs produits seront adoptes par la sta- tuaire. Une carriere d'onyx translucide des plus precieux , et qui porte encore toutes les traces des travaux romains , a ete decou- verte pres deTlemcen. Cette matiere est aussi belle que la corna- line et la chalce'doine , et susceptible d'etre vendue de 1500 a 5 000 fr. le metre cube. Peche du corail. — 156 bateaux corailleurs ont exploite, en 1S53, les parages de Bonne et de la Calle, et ont recolte' en moyenne 230 kilogr. par bateau, soit en totalite 34 880 kilogr. Au prix de 60 fr. le kilogramme, la valeur de la peche a ete de 2 152880 fr. Sur les cotes de la province d'Oran , des bancs considerables ont et<5 d^couverts recemment , et 150 balancelles espagnoles sont venues y chercher un riche butin. Commerce des ldin.es et des peaux brutes. — L'une des branches les plus considerables du commerce actuel de 1' Algeria est , sans contredit, le commerce des laines : leur exportation , en 1853, s'est elevee a 4 354 490 kilogr. Pendant cette meine annee , ii a etc exporte pour 2 059 847 fr. de peaux brutes. Exposition permanente de la rue de Bourgogne. — Mieux con- nues et mieux appreciees en France, les recbeiches de l'Algerie ap- pelleraient dans notre colonie plus de bras, plus de capitaux. Dans le but de convier le public a verifier lui-meme les rt-sultats obtenus, le gouvernement a cr^e une exposition permanente des produits al- geriens accessible a tous.Toute reduite quelle est, cette collection COSMOS. 68l presente pour l'observateur une etude du plus haut interet. Les co- tons, les soies, les garances, le tabac, la cochenille, les bois les metaux, les huiles de 1' Algerie , y sont represented d'une maniere satisfaisante. A cote" du produit brut figure le produit manufac- ture; pres des cotons egrenes sont places ces memes cotons files et convertis en tissus , depuis les plus grossiers jusqu'aux produits les plus fins. On peut, en outre, suivre des yeux les essais tentes dans les divers autres genres d'agriculture ou d'industrie. Plusieurs ma- nufacturers ont temoigne hautement leur admiration pour les pro- duits algeriens , et cette admiration s'est traduite plus d'une fois par des demandes de concessions. ESPRITS FRAPPEURS. Une des dernieres seances du senat americain a ete marquee par un incident des plus ridicules. M. Shields s'est exprime ainsi : " J'ai l'honneur de presenter au senat une petition, portant 15 000 signatures, sur un sujet aussi singulier que nouveau. « 1. Les signataires represented que certains phenomenes phy- siques et moraux , d'une nature toute mysterieuse, attirent l'atten- tion publique en ce pays et en Europe. L'analyse partielle de ces phenomenes devoile l'existence d'une force occulte qui se mani- feste par le soulevement, le glissement, la suspension, par le mou- vement, enfin , qu'elle communique aux corps ponderables, contrai- rement aux lois naturelles. « 2. En second lieu , cette force se manifeste par des lueurs qui apparaissent tout a coup dans des lieux ou aucune action chimique ni aucune phosphorescence ne sauraient se developper. " 3. Par des sons mysterieux , semblables, tantot a des coups frapp^s par un esprit invisible , tantot au murmure des vents ou au grondement du tonnerre. Quelquefois on entend le son de voix hu- maines ou de quelque instrument de musique. « 4. Les fonctions animates se trouvent quelquefois interrompues subitement ; et cet agent mysterieux a gueri des affections regar- d^es comme incurables. « Les petitionnaires sont divises d'opinion , quant a l'oria-ine de ces phenomenes; les uns les rapportent a la puissance intellio-ente des esprits delivr^s de l'enveloppe materielle; les autres pretendent qu'on les peut expliquer d'une maniere rationnelle et satisfaisante. Mais tous s'entendent sur la realite des phenomenes , et demandent qu'une commission soit nominee pour proceder a une investigation patiente et scientifique. 682 COSMOS. ., J'ai donne on resume fidele de cette petition , qui, du reste, estredigeed'une tnanierc fort convenable, parce que je me suis fait une regie de presenter au senat toutes les petitions inoffensives. Mais apres avoir rempli ce devoir, on me permettra de dire que l'empire de semblables aberrations chez un grand nombre de nos contemporains et dans un siecle aussi avance\ a sa source, selon moi, ou dans un systeme defectueux d' education, ou dans un de- rangement partiel des facultes intellectuelles , produit par quelque disorganisation physique. Aussi, je ne puis croire que ces aberra- tions soient repandues au point que l'indique cette petition. .. Chacun des ages du monde a eu des illusions de ce genre. L'al- chimie a occupe pendant plusieurs siecles l'attention d' homines eminents. Mais il y avait quelque chose , au fond , de sublime et de reel dans l'alchimie; on y £tudiait patiemment la nature, et si elle n'a pas donne* aux alchimistes ce qu'ils en attendaient, elle les a re- compenses par des decouvertes inestimables. >■ M. Shields passe en revue les illusions et les deceptions des Rose- Croix et autres spiritualistes, et arrive a Cagliostro , le grand pro- fesseur qui vendait l'lmmortalite" aux vieilles et la beaute aux jeunes. « Pour avoir des esprits gardiens , il suffisait de les payer. Pas une grande dame qui ne soupat avec Lucrece, dans les appar- tements de Cagliostro. Les officiers y discutaient de l'art militaire avec Alexandre , Annibal ou Cesar ; les jurisconsultes conversaient avec Ciceron. Ces sortes de manifestations avaient quelque prix sans doute , et tous nos esprits frappeurs , deg^ner^s et vulgaires , peuvent se voiler la face devant Cagliostro. » M. Shields termine en citant ce mot , qu'il attribue a Bucke : •• La credulite des dupes est aussi inepuisable que la supercherie des fripons. » Inutile d'ajouter que cette petition n'a donn^ lieu qua des rires et des quolibets. PHOTOGRAPHIE. APPAREIL de m. stephane geoffray. Nos lecteurs photographes savent combien nous avons a cceur de les tenir au courant des progres de leur art ; chaque semaine nous consacrons plusieurs pages de notre recueil a la publication d'articles interessants, inedits jusqu'alors, ou empruntes a la presse etrangere. C'est done avec plaisir que nous venons completer aujourd'hui , par un dessin, la description que nous avons faite, dans le numero 19, de la chambre obscure et du chassis de M. Stephane Geoffray. Notre aimable correspondant a associe, dans ce but, ses efforts aux notres; il nous a adresse des epreuves photographiques representant son appareil, et ce sont ces epreuves que notre graveur a fidelement copiees. L'une de ces figures , celle de droite, fait voir l'appareil tout pret pour le voyage. Voici sa legende explicative : A, cuvettes en gutta-percha; B, chassis a glace depolie et pour papier humide; C, portefeuille ; D, coulisse; E, chassis multiplica- teur, monte sur la chambre obscure ; F, chambre obscure; G, sac en cuir contenant l'objectif. Le tout est lie par des courroies, et la partie inferieure apparente est celle qui se porte sur le dos, oil elle est maintenue par d?UJt brassieres, comme le havre-sac d'un soldat. 684 COSMOS. A cote de eel appareil sont le chassis multiplicateur , la cou- lisse et d'autres accessoires; on a designe" les differentes parties de ces objets par les lettres suivantes : P, vis de predion ; Q, ecrou de ladite vis; RKwm, porte ; DD, fermoh s ; mm, charnieres a goupiiles mobiles servant aussi de fermoirs (pour eviter les indiscretions) ; C, manette pour porter le chassis seul s'il y a lieu ; B, bout de cuir pour monter, a l'aide des boucles AA, un systeme de courroies sur le derriere du chassis , si le besoin l'exigc ; 00, partie du chassis dont la feuillure glisse dans la rai- nure de la chambre noire ; II, coulisse sur laquelle est montee la chambre obscure ; H, vis de rappel au bout de laquelle s'engage le bois R; T, ecrou servant a fixer la coulisse sur le pied de la cham- bre obscure ; E, rondelle destinee a retenir le bois R sous Taction de la vis S ; R, bois traverse par la vis qui fixe le chassis posterieur sur la coulisse ; il porte deux dents qui s'engagent dans le cote du chassis, et tiennent celui-ci toujours parallele au chassis de devant. Ce bois, monte sur Textremite de la vis de rappel , fait de plus mouvoir le chassis qui lui est fixe, suivant Taction de la vis. QTTELQUES PAGES DU TRA1TE DE PHOTOGRAPH1E DE M. BELL0C. Page 9 : » La photographie fut un jeune arbre, et commenca a s'orner de fleurs et de fruits le ler decembre 1837, quand Daguerre eut completement resolu le magnifique probleme de la fixation des images formees au foyer des lentilles, et arrache a. Niepce ce cri d'ad- miration : » Quelle difference entre le procede que vous employez et celui avec lequel je travaille; tandis qu'il me fallait presque une journee pourfaire une epreuve, il vous faut quatre minutes ! quel avantage enorme! » Pourquoi faut-il que cette admirable decou- verte de Tinfluence qu'exercent les vapeurs de mercure pour faire apparaitre Timage latente sur la couche d'iodure, decouverte qui n'est en realite qu'un perfectionnement de la methode de Niepce, ait amend la clause lamentable du nouveau traite signe entre M. Da- guerre et M. Niepce fils : « Le procede iiwente par Joseph Nice- pit ore Niepce... et perfectionne par M. Louis-Jacques Monde Daguerre portera le noni seul de Daguerre ! » Le monde entier a cru ainsi, et bien a tort, que Daguerre avait le premier reproduit spontanement, par Taction de la lumiere avec les degradations de teinte du blanc au noir, les images regues dans la chambre obs- cure. Page 25 : « Chacun des quatre grands genres de photographie qui ont paru tour a tour, la photographie sur metal, la photographie sur COSMOS. 6&5 papier, la photographie sur verre albumine*, la photographie sur verre collodion^, a ses avantages et ses inconvenients. Sur ntdtal, et pro- duit dans l'atelier d'un artiste consomme, le portrait est d'une exe- cution facile et presque instantande; la nettete, la vigueur du ton, le modele des formes, l'harmonie de 1'ensemble, la finesse des details, la degradation des teintes, ne laissent ahsolument rien a d£sirer; mais cette epreuve si belle est un type unique, elle miroite de- sagreablement; elle est alterable et les traits da modele y sont renverses. " Avec la photographie sur papier, telle que savent la faire les artistes que nous avons deja cit£s, les reproductions peuvent attein- dre des dimensions enormes et peuvent etre multipliers a Tinfini : le miroitage n'existe plus, 1'operateur a des allures plus libres, il peut varier a son gre le caractere de l'epreuve; il la renforce si elle esttrop faible, il l'affaiblit si elle est trop foncee; il devient artiste presque au meme degre que le graveur; il fait, comme il lui plait, un tableau vague ou ferme ; le papier coute peu, il r£siste au frot- tement et se conserve ind^finiment : mais, en revanche, la texture fibreuse du papier, ses asperites et ses creux, la communication capillaire qui s'etablit entre les diverses parties de la surface inega- lement imbibees, sont autant d'obstacles qui s'opposent a la rigueur absolue des lignes et a l'exacte degradation des ombres et des lu- mieres : la precision de l'image laisse a. desirer, les details sont plus confus, les traits moins bien accuses : il en resulte toutefois une certaine homogeneite d'ensemble, une fusion insensible des lumieres et des ombres, une imitation meilleure des effets que Tart des peintres et des dessinateurs cherche a produire. Les epreuves sur albumine ont bien toute la finesse desirable, l'image est parfaitement nette, les details completement accuses; la glace peut etre preparee longtemps a l'avance, elle offre, sous le rapport de la facilite du transport, un avantage incomparable ; mais la finesse excessive de l'epreuve la rend seche et dure, elle est presque toujours d'un aspect faux, comme relation de ton entre la lumiere et les ombres, elle ne rend pas assez 1'effet de la nature. L'action de la lumiere est si lente que le portrait negatif sur albu- mine est presque impossible, et quant a obtenir une couche albu- minee propre et sans poussiere, c'cst un travail d'une difficulte' extreme. La couche de collodion est, en quelque sorte, une feuille tres- mince de papier, a pate parfaitement homogene, sans inegalit^ aucune : elle a au plus haut degre la propriete de se laisser impre- 686 COSMOS. gner completement par les liquides, qui lui communiquent unesen- sibilite exquise. Par la promptitude d'impression, elle lutte avec la plaque meHalli- que, mais elle est fragile a l'exces et d'une grande alterabilite" : un souffle, la poussiere, l'agent chimique le plus faible, l'alterent quand 1'image est en voie de formation. Si Ton fait la balance des avantages et des inconvenients des diverses methodes, on conclura imm^diatement : 1° Que s'il s'agit d'obtenir un portrait unique, d'un beau carac- tere, avec une grande finesse de ddtails, une degradation parfaite de lumiere et d'ombre, une ressemblance absolue, il faut recourir a la plaque d'argent ; 2° Que dans la reproduction des monuments de l'art ou des paysages, sur grande echelle, la preference doit etre accordee au papier cire, albumine ou gelatine; 3° Que pour la reproduction sur petite echelle et en grand nom- bre de sujets immobiles , rien , surtout pour le photographe voya- geur, ne remplace la glace albuminee; que Ton peut garder plu- sieurs jours sensibilized, avant et apres l'exposition a la chambre noire, sans la soumettre a l'agent r£velateur. La glace allmminee est bien plus precieuse encore et tout a fait necessaire, quand il s'agit d'obtenir des positifs sur verre pour le stereoscope, des vues pano- ramiques, des dissolving views, ou de fixer les objets agrandis par le ^microscope solaire , avec des contours fortement accuses et des details parfaitement dessines; 4° Enfin, pour les portraits, pour les academies, qu'il s'agit de multiplier, pour toutes les scenes plus ou moins anim^es de la na- ture, partout. en un mot, oil il y a vie, respiration, mouvement, et lorsque l'objet doit etre represent^ avant que la lumiere qui l'eclaire ait 6te modifiee, l'albumine et le papier s'effacent etle collodion triomphe. Tout bien pese-, la part restee au collodion est la part du lion, et la photographie sur glace collodionde sera la premiere de toutes les photographies, jusqu'a ce que MM. Humbert de Molard, Bacot et Legray aient produit', les uns leur albumine instantanee, l'autre son papier sec au collodion. •> Nous sommes force, faute d'espace, d'attendre a notre prochain numero, pour continuer ces extraits, et faire part anoslecteurs d'une communication tivs-interessante de M. Belloc. ACADEMIE DES SCIENCES. SEANCE FUBI.IQUE ANNUELLE DV 3o JANVIER. (Suite.) PRIX DECERNES. PRIX DE MEDECINE ET DE CHIRUROIE. RAPPORT DE M. SERRES. Anatomie et physiologic — 1° Deux ouvrages de M. Kcelliker, professeur d'anatomie et de physiologie a l'universite de Wurtz- bourg, V Anatomie microscopique , ou I' anatomie des tissus de Uhomme; et le Manuel de I anatomie generate de I'homme, ont fixe\ d'une maniere toute particuliere, l'attention de la commission. Ce qui distingue ces travaux de M. Kcelliker, ce sont V exactitude et la clarte des descriptions, la nettete et la solidite des discussions scientifiques. Apres un aper9u general des tissus, l'auteur passe a leur etude spdciale ; la peau et ses parties accessoires, les cheveux, les ongles, les glandes sudoriferes, cerumineuses et sebacees, l'or- ganisation des muscles des os, et de la substance nerveuse, sont etu- di£es et d^crites avec tout le developpement que comporte l'etat actuel de la science anatomique. Dans aucun ouvrage, la structure intime du systeme nerveux n'est exposee d'une maniere aussi nette et aussi complete : les tubes nerveux , les cellules de la substance grise, les caracteres de la substance nerveuse centrale et des nerfs pe>isphe>iques, la conformation particuliere des ganglions encepha- liques etcelle des ganglions peripheriques, toutesces parties ont £te ddcrites avec un talent remarquable. Mais ce qui recommande plus particulierement les travaux de M. Kcelliker a l'attention de l'Aca- demie , ce sont ses observations originales et ses decouvertes ana- tomiques. Une d'elles a rendu le nom de M. Kcelliker cdlebre parmi les anatomistes : nous voulons parler de la d^couverte d'une espece particuliere de fibres musculaires, les fibres cellules, dont il a de- montr^ 1'existence dans un tres-grand nombre d'organes. Ces fibres musculaires particulieres , qui sont lisses et pourvues d'un noyau, existent dans le tube digestif, dans les bronches, dans les voies bi- liaires, dans la peau, a la base et autour des bulbespileux, au pour- tour des glandes sudoriferes, dans les papilles de la boucheet de la langue, dans les villosites intestinales ; M. Kcelliker a demontre aussi leur existence dans la rate, chez I'homme. Ces fibres musculaires sp^ciales forment meme chez plusieurs animaux une enveloppe 688 COSMOS. complete aulour de cet organe ; M. Kcelliker a encore constate la presence de ces fibres musculaires dans les arteres et dans les grosses veines. Enfin, M. Kcelliker a fait line serie d'eUudes tres-interessantes sur les glamles du tube digestif, sur les follicules de Lieberkuhn, sur les follicules clos et sur les organ es complexes, gendralement connus sous le nom de glandes de Peyer. L'Academie lui accorde une recompense de 2 000 fr. 2° Le Traite de chimie anatomiqtte et physiologique de MM. Charles Robin et Verdeil appartient essentiellement a. la science medicale. Cet ouvrage niontre, avec tous les details neces- saires, les nombreuses applications de la chimie a l'etude et a la connais-ance des faits qui int£ressent l'anatomie, la physiologie et la patlmlogie. II suffit de jeter un coup d'ceil sur l'ensemble de cet ouvrage et sur I'atlas qui l'accompagne , pour se convainere com- bien il est aujovrd'hui necessaire d'allier la connaissance de la chimie a celle de l'anatomie et de la physiologie pour donner ensuite a la pathologic medicale le cachet scientifique dont, chaquejour, elle tend a s'empreindre de plus en plus. Places a ce point de vue, les auteurs exposent, de la maniere la plus complete, l'etat actuel de la science sur la constitution chimique des humeurs et des tissus, et font connaitre quelques faits nouveaux qui leur sont propres. On leur doit une description tres-exacte de 1'otoconie dans le labyrinthe membraneux et de la distribution de cette poussiere formee de cris- taux microscopiques reguliers de carbonate de chaux, le long des canaux demi-circulaires. lis ont constate que le phosphate acide de soude dtait une des principales causes des variations d'acidite- de l'urine. lis ont extrait des poumons un principe acide nouveau cristallisable (acide pneumirpie) auquel lis font jouer un role important dans la res- piration. D'un autre cote\ tout ce qui a trait a la structure et a. la composition chimique des muscles, des cartilages, des os, du tissu elastique, est expose de maniere a. donner les notions les plus pre- cises sur chacun de ces tissus. Les auteurs ont en outre demontre l'existence d'une matiere grasse, d'une couleur speciale , clans la constitution des corps jaunes de 1'ovaire, et ilsont eclairci plusieurs faits obscurs d'anatomie pathologique relatifs aux fausses mem- branes des membranes muqueuses et des membranes sereuses. La recherche de la matiere colorante de la bile, poursuivie dans toutes les humeurs oil elle se rencontre normalement ou pathologi- quement, a montre aux auteurs que cette matiere pouvait, dans COSMOS. 689 certains cas, devenir la cause de colorations accidentelles, rares, de la couleur bleue de quelques suppurations, par exemple. On doit en- core aux auteurs des recherches interessantes sur la penetration dans les voies de la circulation des poussieres de charbon et d'autres corps solides ingeres, avecles aliments, et de nouvelles observations sur la matiere noire charbonneuse des poumons, sur son origine, son accumulation, etc. MM. Charles Robin et Verdeil out dtudie'avec soin la composition descalculs vesicaux, et ontde^nontre' la presence de l'urate de magnesie dans plusieurs de ces productions morbides. Enfin, ils ont expose, avec de nouveaux d^veloppements, un point tres-important de pathologie, a savoir que, dans certaines maladies gdnerales, les alterations du sang consistent beaucoiqi moins dans une variation en poids de ses principes constituants que dans une modification qualitative, se manifestant par un mode special de coa- gulation, et quelquefois par la possibility de transmettre, par simple contact, ces alterations a des substances organiques normales. D'apres ce court expose, on voit que l'ouvrage de MM. Charles Robin et Verdeil renferme des recherches et des etudes d'un ordre tres-importaut pour la mddecine scientifique, et d'une utilite incon- testable pour la medecine pratique. L'Academie decern e aux auteurs une recompense de 2 000 fr. 3° MM. Vernois et Alfred Becquerel, dans un travail : Sur la composition du lait chez lajemme dans Fetal de sante et de mala- die, ont examine un grand nombre de questions du plus haut interet, au point de vue de l'alimentation des enfants du premier age : ainsi ils ont etudie les uiverses influences qui modifient plus ou moins la composition du lait, telles que l'age du lait, la constitution de la nourrice, son etat de primi ou de multipaiite. Ils ont aussi etudie 1 influence de la gestation , celle du developpement des mamelles, celles des traites, de la menstruation, de la couleur des cheveux bruns ou blonds, de la bonne ou de la mediocre alimentation. Ils ont porte leur attention sur l'dtat de la sante* des nourrissons, suivant que la femme a beaucoup ou peu de lait, et ils ont suivi ces Etudes chez les nourrices saines et malades ; enfin, ils ont termine leur travail par une etude generate du lait, et par l'indication des caracteres qui peuvent dinger dans le choix d'une nourrice. Nous sommes force, bien malgre nous, de protester contre l'en- couragement de 1 200 fr. , accorde a MM. Vernois et Becquerel. On se rappelle que leur travail a souleve des objections tres-graves; que le procede suivi par eux. dans leurs analyses, et les nombres sur les- quels ils appuyaient leurs conclusions ont et£ attaques et demon- 690 COSMOS. tres inexacts par des chimistes tres-distingu6s. MM. Poggiale, Doyere, Girardin de Rouen, et que nous avons du aussi nous refu- ser a les accepter. Ces messieurs se sont fort mal defendus; au lieu de reconnaitre franchement et nettement leur erreur , ils ont eu re- cours a des recriminations et a des arguments sans valeur. On nous affirmc que dans un supplement a leurs recherches ils ont rectifie leurs chiffres; mais ce supplement, officieusement accueilli par la commission, n'a pas ete" officiellement admis au concours ; la justice exio-eait d'ailleurs, pour qu'on dut en tenir compte, qu'il fat precede d'une retractation publique. Done, puisquele memoire sur la com- position du lait ne contenait aucune decouverte importante, condi- tion essentielle des prix Monthyon, qu'au jugement meme de la commission ses resultats sur beaucoup de points etaient insufji- sants, ses analyses trop pen nombreuses pour quilfut permis d'en tirer des conclusions satisjaisantes , il fallait en bonne conscience attend re qu'il eut £te continue^ complete, qu'il fiat devenu inatta- quable par des objections graves, etc., etc. 4° Depuis un grand nombre d'annees, M. Lecanu s'estoccupe, avec autant de zele que de succes, de l'analyse de differents liquides animaux, et spe"cialement du sang et de l'urine. « II a le m£rite in- contestable d'avoir montre un des premiers, de quelle importance eHait ce genre de recherches pour Sclairer la physiologie et la pa- thologie; en s'y livrant, il a trouve" plusieurs faits inconnus avant lui, qui depuis sont devenus le point de depart d'autres recherches. Dans le cours de l'annee qui vi'ent de s'ecouler, M. Lecanu a pre- sents a l'Academie un nouveau travail sur le sang, danslequel il a fait connaitre des resultats dignes d'attention, sur la composition et l'isolement des globules. II a constate" experimentalement, dans ces petits corps, l'existence de l'eau, qu'on n'y avait admise que par in- duction et independamment de l'hematosine, deux matieres ana- logues, l'une a la flbrine, et l'autre a l'albumine , mais qui different sensiblement de la fihrine et de l'albumine que Ton trouve dans le serum. » L'Academie lui accorde un encouragement de 500 fr., une somme si minime en comparison de celle accordee au travad precedent, devait, il nous semble, etre excusee par quelques remar- ques critiques. 5° Parmi les principes mine>aux que l'homme et les animaux empruntent journellement au monde exterieur, pour entretenir le jeu des phenomenes de la vie, il en est qui ont plus d'importance les uns que les autres. M. Mouries s'est occupe" du phosphate cal- caire, dont l'elude est tres-int^ressante a ce point de vue. Apres COSMOS. 691 avoir calculi, d'apres un grand nombre d'experiences (dont les unes existaient deja dans la science, et dont les autres lui appartiennent), les quantites de phosphate calcaire contenues dans le sang de divers animaux et les proportions de ce sel qui leur sont necessaires pour vivre et se developper dans un etat de sante parfaite, M. Mouries arrive a cette conclusion, que le sang contient d'autant plus de phosphate de cliaux qu'il appaitient a des animaux chez lesquels les fonctions nutritives offrent une plus grande activity. Partant de cette donnee M. Mouries a eHe* conduit a penser que le phosphate de chaux , independamment de son role dans le developpement du systeme osseux, etait un excitant de la vie generale. M. Mouries cherche en outre a prouver que, dans les villes, beaucoup de femmes enceintes ne trouvent pas dans les aliments la dose de phosphate de chaux necessaire ; que le lait des nourrices des villes est moins riche en phosphate de chaux que celui des femmes de la campagne, et qu'il devient necessaire d'introduire dans leur alimentation une certaine quantity de phosphate de chaux pour assurer le developpement regulier du systeme osseux des enfants a la manielle et prevenir certaines maladies du premier age. La commission declare que les faits contenus dans ce travail sont insuffisants pour justifier plusieurs des vues qu'il a emises ; elle au- rait du ajouter que le fait capital, signale par M. Mouries, l'amelio- ration du lait des nourrices par 1'emploi du phosphate de chaux, a ete depuis longtemps revels par M. le professeur Piorry ; et en pre- sence de ces lacunes, de cette anteriorite , des objections graves soulevees dans une discussion au sein de TAcademie de medecine, elle aurait du attendre ou ajourner son encouragement de 500 fr. 6° Les inspirations d'ether et de chloroforme ne se bornent pas seulement a produire des phenomenes d'insensibilite chez l'homme et les animaux ; elles peuvent encore donner lieu a d'autres modifi- cations de l'organisme, parmi lesquelles se trouve 1' apparition sin- guliere du sucre dans l'urine. Ce fait, dont on doit la connaissance a M. Reynoso, se realise facilement chez les animaux soumis a Tac- tion du chloroforme. M. Reynoso a vu le meme phenomene se pro- duire chez l'homme bien portant , soumis a Taction du chloroforme. Cette presence du sucre dans l'urine, produite par Taction du chlo- roforme, n'est pas un effet aussi constant de cet agent que le pheno- mene de Tinsensibilite. Dans quelques cas, le sucre ne se montre pas dans la secretion urinaire, bien que les animaux soumis a Taction de Tether ou du chloroforme eprouvent les memss effets anesthesiques que d'ordinaire. Ces exceptions que l'auteur reconnait, montrent 692 COSMOS. qu'il y a encore des conditions du phenomene a etudier ; mais ces exceptions n'otent rien de l'interet tres-grand qui s'attache a cette experience. II y avait dans le memoire de M. Alvaro-Reynoso bien plus que l'experience ingcnieuse signalee par la commission ; et nous sommes grandement surpris qu'elle n'ait pas assez compris la poi tee du tra- vail du jeune chimiste. II s'agissait avant tout d'un principe capital, d'une relation certaine entre la presence du sucre dans les urines et les phenomenes d'une respiration insuffisante et incomplete. M. Ber- nard avait peut- etre entraine la science et la therapeutique dans une fausse route en chercbant la cause principale de la production du sucre diabetique dans une action du foie , et nous savions bon gre" a M. Alvaro-Reynoso de signaler ce qu'il y avait d'exagere ou d'errone dans ce point de vue trop exclusif. II n'avait pas expe- rimente settlement sur les personnes soumises a 1 'influence des agents anesthesiques, mais bien sur des sujets epileptiques, asthma- tiques, etc., et sur les vieillards, etc. Le rapport de la coinnns.-ion donne done une idee par trop incomplete de ces patientes et con- sciencieuses recherches, et nous regrettons vivement de ne les avoir pas encore analysees commenous en avions pris 1' engagement. L'Academie leur accorde un encouragement de 500 francs, et nous Ten felicitons. Ajoutons enfin que le travail de M. Alvaro-Reynoso etait une confirmation frappante de la theorie des agents anesthesiques de M. Edouard Robin, theorie que la commission des prix Monthyon ne devait pas passer sous silence, parce qu'elle est a la fois neuve, vraie et riche d'avenir. (La suite a une prochaine livraison.) ACAD£fflIE DES SCIENCES. SEANCE DC 5 JUIN. La stance a ete" ouverte par M. de Gasparin, qui est venu lire un rapport tres-favorable sur un memoire de M. Hardy, ayant pour objet les cultures algeriennes. M. Coste a presente ensuite une note sur \esfra jeres artificieUes , etablies parM. le docteur La my . Ces frayeres const ituentunperfectionnementremarquabledes procedes piscicoles. Elles permettent de recueillir sur des lits artificiels, les oeufs d'abord, la semence ensuite de plusieurs poissons, tels que les truites, les saumons , 1'ombre de riviere, etc., etc., dont les oeufs presentent une puissance adhesive trop faible pour etre simplement abandon- nes sur les lits ordinaires. II paraitrait, d'apres M. Coste, que les Chinois auraient applique" des methodes semblables a la culture des poissons depuis un temps immemorial, par la substitution de nattes aux fonds couverts d'herbes de leurs viviers. M. Coste a terming sa communication, en faisant esp^rer que des procedes analogues pour- ront etre appliques, non-seulement a la culture des poissons, mais encore a celle d'autres animaux des eaux douces et salees. — Apres la lecture de M. Coste , la parole a et£ donn^e a M. Thenard. A l'instant, les bruits des conversations particulieres, qui couvrent presque to uj ours a l'Academie la voix des lecteurs, se sont apaises , un silence plein de respect s'est etabli autour de l'illustre chimiste , et 1'emotion la plus douce s'est emparee de tous les coeurs , quand on a vuM. Biot, l'auguste vieillard a 1'esprit tou- jours jeune, s'asseoir aupres de son vieil ami et lui appreter pendant la lecture, le verre d'eau destine a rafraichir ses levres fatiguees parl'age, et sechees par une parole encore pleine de toute la chaleur d' autrefois. M. Thenard 4tait alle au Mont-d'Or , et comme tous les grands ouvriers de l'intelligence qui ne sauraient se reposer , M. Thenard avait eu l'idee d'analyser les eaux thermales de cette source celebre. Les analyses anterieures ne le satisfaisaient pas , il lui semblait que ni l'acide carbonique , ni les sels de la source, ne pouvaient suf- fire a lui donner les vertus medicales quelle possecle, la nature ca- chaitla-dessousun secret, etlachimiedevait r^ussir a lesurprendre. M. Thenard, aide par les docteurs Bertrand pere et fils, recueil- lit done 38 litres 25 centilitres d'eau de la source du Mont-d'Or, qu'il fit evaporer doucement dans une bassine d'argent , de facon a les reduire a 765 centimetres cubes. Cela fait , il transporta chez lui cette eau concentree, et l'ayant traitee par l'hydrogene naissant, 694 COSMOS. dans un appareil de Marsh, dispose dune maniere convenable, il eut la satisfaction d'en retirer une quantite ponderable et parfaite- ment caracterisee d'arsenic reduit. Des pesdes faites avec le plus grand soil) lui ont ainsi demontre que l'eau du Mont-d'Or renferme Ogr. ,00045 d'arsenic par litre, ce qui reprdsente 0,692 milligr. decide arsenique, ou 1,055 milligr. d'arseniate neutre de chaux. C'est a l'etat d'arseniate de chaux que l'arsenic parait se trouver dans cette eau thermale , d'apres M. Thenard, et ce serait , suivant lui , a la presence de ce sel que Ton devrait attribuer les propridte's si remarquables de la source. Quant a l'origine de cet arseniate, on pourrait la reconnaitre dans Taction du carbonate de chaux sur l'arseniate de fer, d'autant plus que les depots terreux de la source contiennent du carbonate de fer mele avec des traces d'arseniate du meme metal. M. Thenard a termine sa note en excitant les chi- mistes a rechercher par le proeede de Marsh , ou par des methodes equivalentes, les quantites tres-minimes d'arsenic qui pourraient exister dans d'autres sources , et dont la presence ne saurait etre revdlee par les procddes de l'analyse ordinaire. M. Jobert de Lamballe , qui se presente comme candidat a la place restee vacante par la mort de M. Roux, est venu lire a. l'A- cademie un tres-long memoire sur les corps etrangers articulaires , et en particulier sur les corps etrangers du gcnou. M. Biot, apres avoir demande a l'Academie, au nom de la com- mission chargee de l'examen des memoires envoyds au concours sur les actions capillaires , de vouloir adjoindre MM. Regnault et de Senarmont aux autres commissaires , presente un memoire de M. Lallemand, professeur au lycee de Rennes, memoire qui forme la continuation de son travail sur 1'essence de thym et sur ses deri- ved. Dans cette nouvelle etude , M. Lallemand s'est occupe" des combinaisons homologues du phenyle et de ses derives. M. Biot demande, en outre, et obtient de l'Academie l'autori- sation d'insdrer dans les comptes rendus quatre figures representant des formes cristallines , sans lesquelles un memoire fort interessant qu il prdsentera dans une seance prochaine, ne pourrait etre com- pris du lecteur et perdrait presque tout son inteVet. L Academie proeede a la nomination de cinq commissaires char- ges d'examiner les pieces envoyees au concours pour le prix Mon- thyon sur les arts insalubres. Le depouillement du scrutin a donne" une commission composee de MM. Chevreul, Rayer, Dumas, Pe- louze, Boussingault. — M._Fr£my presente de nouvelles recherches sur les metaux COSMOS. 695 qui accompagnent le platine dans ses minerals. Apres avoir divise* ]es residus platiniques en trois classes, savoir : la poudre, composee d'iridium et de rhodium ; les paillettes , formees par de l'iridium, du ruthenium, du rhodium, de l'osmium, dies groins contenant du rhodium, de l'osmium et de 1 'iridium, Mi Fremy procede a l'ex- position des methodes employees par lui dans le but d'isoler ces divers metaux, et d'en etudier les proprietes. Nous donnerons pro- chainement la note de M. Fremy, quand elle nous aura ete com- munique^. — M. Morand a lu ensuite un memoire metaphysique sur l'elec- iricite et les actions planetaires. — M . Cauchy est venu exposer le resultat de ses nouvelles recher- ches sur la theorie des planetes et des cometes. Les formules aux- quelles est parvenu l'illustre geometre permettront d'assigner do- renavant 1'orbite d'une comete sans avoir recours a la methode des quadratures, c'est-a-dire, sans se contenter d'approximations toujours incertaines. — M. Le Verrier depose sur le bureau de 1'Academie, les obser- vations meteorologiques du mois de mai , faites a l'Observatoire imperial de Paris. — La correspondence, depouillee par M. Elie de Beaumont, avec une voix tres-faible, au milieu du bruit continu des personnes qui sortaient de la salle, n'est parvenue a nos oreilles que par bouf- ttes, et il nous serait impossible de l'analyser ici. Nous avons entendu annoncer plusieurs lettres de candidats se presentant pour succeder a M. Roux : c'^taient les lettres de MM. Bernard, Malgaigne, Jobert de Lamballe et Maisonneuve. Le secretaire a fait connaitre ensuite des demandes d"echanges de publications de la Societe phi- losophique de Cambridge, de la Societe d'histoire naturelle de Geneve etc., etc. Plusieurs brochures out £te presentees et meme analysees par M. Elie de Beaumont, parmi lesquelles nous avons distingue cellesde M. Vallee, sur l'ceil et la vision, de M. Hachette, sur les cheminsde fer, de M. Delesse, sur la composition de la peg- matite, d'un Allemand, sur les reliefs de la surface lunaire, et enfin un ouvrage en deux volumes par M. P. Dupont, ayant pour titre : Histoire de I ' imprirnerie. — Unepersonne a envoye" un paquet cachete, avec recomman- dation de l'ouvrir dans six mois precis, a partir du jour de sa re- ception ! — M. Burdin, correspondant de 1'Acad^mie, ecrit pour lui faire connaitre de nouveaux moyens de propulsion, applicables aux na- 696 COSMOS. vires sous-raarins et aux navires sous-aeriens , si nous pouvions nous servir de cette expression pour designer lesballons. — Un correspondant de 1' Academie, M. Seguin aine , a adresse" un memoire sur les chemins de fer atmospheriques. Nous ne tarde- rons pas a faire connaitre a nos lecteursle contenu de ce travail, dont pour le moment nous ne pouvons donner que le titre. — Nous avons entendu parler ensuite d'un mdmoire sur les vents, d'un autre sur les fausses routes dans les voies urinaires, d'une note de M. Gaugain sur un mode particulier de developpe- ment de 1' electricity d'une autre de M. Du Moncel sur un regula- teur electrique de la temperature dans un espace limited d'un echantillon de guano, d'un systeme nouveau d'enrayage pour les chemins de fer, par M. de la Garenne, et d'un autre par M. le Roux de Vitry ; de cinq lettres sur l'emploi des gaz chauffes, de plusieurs memoires sur les perfectionnements de la navigation, envoyes au concours pour le prix de 6 000 fir. ; d'une lettre sur Yo'idium tuckerii; de quelques projets de mouvement perpetuel ; mais avec la meil- leure bonne volonte de notre part , il nous serait impossible d'en dire davantage. A la suite de la correspondance, M. Regnault a prEsente une note sur de nouvelles experiences faites par M. le colonel Verdii en Espagne, par ses precedes d'allumage Electrique des mines. M. Ver- du aurait reussi a allumer 20 ou 30 fourneaux a plus d'une lieue de distance „ M. Regnault depose ensuite sur le bureau, de la part de M. Reeeh, un grand travail sur la theorie generate des effets dy- namiques de la chaleur. La seance a ete close par M. Montagne, qui a presente a l'A- cademie une brochure de M. Charles Demoulin, de Bordeaux, en reponse a un travail anterieur de M. Montagne lui-meme, relatif a la maladie de la vigne. G. Govi. VARIETES. FABRICATION DU VERRE POUR LES OBJECTIES DE LUNETTES. M. le marechal Vaillant a presente au nom de I'auteur, M. de Peyronny, capitaine du genie a Cherbourg, un memoire sur ten nou- veau procede de fabrication du verre, dont sont formees les lentilles des lunettes astronomiques. u Dans l'etat actuel de cette fabrication, la masse de verre etant amende a. l'etat de fusion clans un creuset, on se borne a brasser la matiere pour la rendre homogene et pour chasser l'air quelle ren- ferme ; mais on ne parvient jamais a atteindre comoletement ce double rdsultat ; et 1'operation du brassage, telle quelle est executed, occasionne elle-meme la formation de stries nombreuses, ce qui oblige a. rejeter une grande partie du cristal brut que Ton retire du creuset comme impropre a la construction des lentilles. De la. vient surtout la difficult^ d'obtenir des objectifs de grande dimension. « M. de Peyronny croit avoir trouve la solution de cette diffi- culty, c'est-a-dire, le moyen de fabriquer du verre exempt de defauts, en imprimant au creuset qui contient la matiere en fusion, un mou- vement de rotation assez rapide autour d'un axe vertical; la force centrifuge aurait pour effet, selon lui, de reunir toutes les bulles d'air vers le centre de la masse vitreuse. tandisque les stries engen- drdes par le brassage disparaitraient pour la plupart, et que d'ail- leurs, celles qui persisteraient seraient circulates et d'un faible in- convenient, si Ton avait le soin de donner pour axe a la lentille, l'axe de figure de la masse primitive. « Sans vouloir en rien prejuger le merite des idees exposees dans ce memoire, dit M. le marechal Vaillant, j'ai pense que le sujet qui y est traite etait denature a. interesser l'Academie, et je la prie, en consequence, de nommer des commissaires pour examiner le travail de M. de Peyronny. » M. Breton de Champ, dans une lettre adressee a l'Academie, reclame la priorite de 1'idee emise par M. de Peyronny et appuie sa reclamation d'un memoire publie par lui en 1849. DECOMPOSITION DES SELS SOUS iAnFLUENCE DU COURANT, PAR M. D'ALMElDA. • La decomposition des dissolutions salines par le courant de la pile est un phenomene moins simple qu'on ne l'avait cru d'abord. Si, par exemple, on se propose de decomposer une dissolution bleue de sulfate de cuivre en y plongeantles deux poles de la pile represented 698 COSMOS. par deux lames de platine, on doit s'attendre a recueillir d'un cote" du cuivre metallique, et de l'autre, une quantity equivalente d'acide sulfurique. Le phenomene, tel qu'on le concoit thdoriquement, est tellement symetrique, que Ton doit s'attendre a voir la decomposi- tion s'accomplir avec la meme activity autour des deux lames de platine. Cependant si l'experience est faite dans un tube en U et prolongee pendant un certain temps, si surtout on a eu la precaution d'opposer un obstacle quelconque au melange des liquides contenus dans les deux branches, on voit avec etonnement l'epuisement du sel de cuivre accuse par une decoloration survenue presque unique- ment dans la branche negative. Au lieu de chercher la veritable explication d'un fait bien avere, on a passe outre en disant tout simplement que les deux poles de la pile ne possedaient pas le meme pouvoir de decomposition. C'etait faire une faute comparable a celle qu'on commettrait en supposant que l'eau versee par la riviere dans l'Ocean n'est pas egale a celle que l'Ocean rec/nt de la riviere. Entre les deux poles d'une pile, la seule difference a etablir e'est que pour l'electrieite 1'un est la porte d'entree, tandis que l'autre est la porte de sortie; quoique dirigees en sens inverses, les forces qui s'y exercent sont essentiellement egales en valeur absolue. Ceci etant irrevocablement pose et admis en quelque sorte comme un axiome de physique, il fallait rendre raison de l'ine'galite qui n'etaitqu'apparente, comme vient dele prou- verM. d' Almeida, professeur de physique au lycee Napoleon. Pour retablir I'egalite, il suffit de veiller a ce que la dissolution ne devienne pasacide; autrement le phenomene se complique et reclame une explication particuliere. Supposons en effet que, par suite des progres de la decomposition, une certaine quantite d'acide soit devenue libre dans la branche du tube en U qui recoit le pole positif, cette bran- che ne contient plus de sulfate de cuivre pur, mais bien un melange de sulfate de cuivre et d'acide sulfurique, tous deux a l'etat de dis- solution dans l'eau. Des lors Taction d^composante du courant se partage entre les deux dissolutions, et comme precisement la conductibilite de l'eau acidulee l'emporte considerablement sur celle du sulfate dissous, il en resulte que celui-ci echappe en majeure partie a la decomposi- tion. Riende pareil n'arrivant dans l'autre branche, le sel de cuivre continue a y etre decompose proportionnellement a la quantite d'e- lectricite qui passe. Enunmot, M. d'Almeidaposeenprincipe que, dans le phenomene de la decomposition des substances salines par la pile, le phenomene COSMOS. 690 n'est simple qu'autant que la dissolution reste chimiquement neutre. Du moment ou il y a predominance de l'alcide ou de l'alcali, le con- ducteur devient mixte et Taction du courant porte en partie sur l'eau et en partie sur le sel. Nous avons pris comme exemple et pour fixer les idees, le sulfate de cuivre, mais il va sans dire que M. d'Almeida a etendu ses recherches a beaucoup d'autres composes salins. Non- seulement les phenomenes se sont toujours produits dans le sens prevu, mais en tenant compte des conductibilites respectives des dissolutions melangees, M. d'Almeida a fait intervenir, avec la pre- cision des mesures, ces verifications rigoureuses qui portent en elles- memes les vrais elements de la certitude. L. Foucault. (Debats.) STRATIFICATION DE LA LUMIERE ELECTRIQUE. NOTE DE M. QUET. " Lorsque le vide est fait aussi exactement qu'on peut l'obtenir avec une machine pneumatique dans le recipient , connu sous le nom d'oeuf electrique, si Ton met les deux tiges du recipient en communication avec les bouts du fil induit de la machine de M. Ruhmkorff, on voit se produire deux lumieres qui se distinguent l'une de l'autre par la couleur, la forme et la position. L'une d'elles est violette, entoure regulierement la boule et la tige negatives , et se presente comme une enveloppe atmospherique lumineuse d'une certaine epaisseur; l'autre est rouge de feu. Elle adhere d'un cote a la boule positive , s'etend de l'autre vers la boule negative , et a pour limite laterale une surface de revolution autour de l'axe du re- cipient. Cette manifestation d'une double lumiere electrique est une experience neuve et curieuse de M. Ruhmkorff. En etudiant cette double lumiere , je suis parvenu a etablir qu'elle se compose d'une suite de couches brillantes, entierement separees les unes des autres par de couches obscures , et qu'elle est comme stratifiee. Pour bien ddvelopper ce phenomene de stratification et lui donner de l'cclat , je me sers du vide fait sur l'une des vapeurs fournies par Tesprit de bois, l'essence de ter^benthine , l'huile de naphte , l'al- cool, le sulfure de carbonne , le bichlorure d'etain, etc., ou sur un melange de ces vapeurs et d'air, ou bien encore sur le fluorure de silicium, etc.; je fais passer dans ces vides le courant d'induction de l'appareil de M. Ruhmkorff, et j'obtiens alors une multitude de couches brillantes , separees par des couches obscures , formant comme une pile de lumiere electrique entre les deux poles du re- cipient. Le phenomene est tres-marque dans l'oeuf electrique ; il se presente avec des caracteres curieux et particuliers dans le tube electrique. 700 COSMOS. La lumiere electrique dans ces experiences n'a pas une duree con- tinue , elle consiste en une suite de decharges se suceddant avec rapilite; et en effet, la machine de M. Rhumkorff a pour rdsultat final de lancer, a travers le vide du recipient, une suite d'ondes electriques parfaitement distinctes ou une serie de courants discon- tinus. Cela s'obtient par un petit marteau magne'tique , qui tour a tour se leve et tombe sur une enclume de platine ; chaque fois qu'il se leve, la lumiere electrique se produit dans le recipient. Au lieu de laisser au marteau le jeu alternatif et tres-rapide que lui donne la construction de la machine, on peut le manoeuvrer avec la main, et en le soulevant une seule fois, on obtient dans le vide une Amission de lumiere quine dure qu'un instant. Dans ces conditions, toutes les illusions d'optique cessent , on n'a plus ni les mouvements ondula- toires et progressifs , ni les mouvements gyratoires qui peuvent masquer le veritable ph6nomene; mais on voit la pile entiere de couches alternativement brillantes et obscures se dessiner avec une forme tres-nette. En renouvelant cette manoeuvre a volont6, il de- vient facile d'eludier les details du phenomene. NOTICE SUR JEAN-BAPTISTE CYSAT, ASTRONOME DE LUCERNE. PAR 1U LE PROFESSEUR WOLF. Jean-Baptiste Cysat , n6 a. Lucerne vers 1586 , est connu parti- culierement par ses observations sur la comete de 1618. II etait le huitieme des quatorze enfants qu'avait eus son pere , historien et chancelier de la ville de Lucerne. II entra vers 1603 dans l'ordre des Jesuites , et alia en 1611 etudier a Ingolstadt, sous le P. Scheiner astronome celebte, comme etant un des premiers qui aient constate" l'existence detaches sur le disque du soleil. Cysat a 6te cite pour temoins par Scheiner, dans son d6bat de priorite sur ce point avec l'illustre Galilee. II apprit aussi de Scheiner l'art de construire les lunettes astronomiques, etil en envoya une a son pere, a Lucerne, en 1613, coutant un ducat. Cysat aurait vivement desire etre envoye" en mission aux Indes , mais son voeu ne fut pas exauce ; il fut choisi pour succ^der au P. Scheiner dans la chaire de math^matiques a Ingolstadt, et put alors se livrer aux observations astronomiques. 11 publia dans cette ville, en 1619 , celles qu'il fit sur la comete, qui avait paru l'anne'e prec^dente , dans un petit volume in-quarto ayant pour titre : Ma- thematical astronomia, de loco, motu , magnitudine et causis cometa? qui, sub Jinem anni 1618 et initium anni 1619, in coelo fulsit, etc. Le celfebre Bessel, dans le calcul qu'il a fait en 1805, des COSMOS. 701 Elements paraboliques cette comete, a employe trente et une posi- tions de cet astre, determiners par Cysat, et seulement deux de celles obtenues par Harriot et Snellius. L'ouvrage de Cysat, que je viensde citer, renferme aussi une des- cription graphique du systeme du monde, qui presente deux traits assez remarquables. La premiere est que , outre les quatre satellites de Jupiter, qui avaient ete decouverts quelques annees auparavant, on y trouve mentionn^s deux satellites de Saturne. Or, on admettait jusqu'a present, que la d^couverte du premier satellite de Saturne avait £te faite par Huygens en 1655; et celle du second , par Domi- nique Cassini en 1671. Le second trait digne de remarque dans la description de Cysat est la mention qu'il y fait d'un amas d'eHoiles, situe" versl't^Jed'Orion, et ressemblant a un nuage lumineux : ce qui montre qu'il avait deja reconnu la belle nebuleuse d'Orion, dont on attribuait la premiere decouvertea Huygens en 1656. Cysat fut rappele a. Lucerne en 1624 en qualite de recteur et s'y concilia, par son denouement a ses fonctions, un haut degre d'es- time. II fit un voyage en Espagne dans l'annee 1627, observa en 1628 une eclipse de soleil a Barcelonne, et obtint pour la latitude de cette ville une valeurde 41° 50', un peu plus grande que la valeur de 41° 22' 1/2 obtenue plus tard par Mechain. II retourna ensuite a. Ingolstadt et resida quelque temps a Inspruck, oil il exerca encore les fonctions de recteur. C'est la qu'il observa avec succes, a l'aide de ses lunettes, le passage de la planete Mercure sur le disque du soleil du 7 novembre 1631 ; passage que Kepler avait pour la pre- miere fois annonce a l'avance. II revint plus tard a Lucerne et y tra- vailla encore activement a la redaction de divers ouvrages ecrits en latin. M. Wolf donne le titre de deux d'entre eux qui sont restes in^dils, et dont la publication auiait probablement offert de FintSret. L'un est relatif a l'ceuvre poursuivie dans le monde par la divine Providence, a travers les siecles ; l'autre avait pour objet les voyages des trois mages d'Orient qui se rendirent a Bethleem, a l'epoque de la naissance de notre Sauveur. Cysat mourut a Lucerne, le 3 mars 1657, dans sa soixante-on- zieme annee. M. Wolf remarque que, si on ne lui a pas eleve de monument dans sa ville natale, son nom a servi a Riccioli a designer une des montagnes de la June. Sept autres savants suisses, Ber- noulli, Euler, Lambert, de Luc, Oken, Piazzi,Pictet et de Saus- sure, out obtenu plus tard le meme honneur sur la grande carte de la lune publiee par MM. Beer et Mcedler. [Biblio. univ. de Geneve.) 702 COSMOS. TRANSMISSION DE LA SENSIBILITE PAR LA MOELLE EPINIERE. PAR M. OKK. « 1° J'admets, comme M. Brown -Sequart, que la transmission des impressions sensitives dans la moelle epiniere est croisee, mais je pense, contrairement a ce physiologiste, que cet effet croise n'est pas complet. U existe toujours dans le membre oppose au cote de la moelle divisee, une certaine sensibilite qui est due aux fibres sensi- tives directes. 2° Si Taction produite sur la sensibilite est incomplete , il n'en est pas de meme pour celle que produit sur la motilite la section du faisceau anterolateral. En effet, apres cette section, le mouvement est entierement aboli dans le meme cote\ 3° L' electricity est le seul moyen d'excitation qui permette d'ob- server les effets indiques precedemment sur la sensibilite, quand on agit sur les animaux superieurs adultes. Tous les autres moyens d'excitation sont impuissants. 4° Le bulberachidienexerce, comme la moelle, une action croisee sur la sensibilite; mais, dans le bulbe comine dans la moelle, cette action n'est pas complete. Contrairement a ce qu'on observe pour le mouvement dans la moelle epininiere, Taction du bulbe sur cette propriete est croisee. II existe done dans le bulbe rachidien des effets croises pour la sensibilite et pour la motilite ; il est important de noter que ces effets ont £te obtenus par la section d'une moitie du bulbe rachidien, en avant de l'autre croisement des pyramides an- te>ieures. 5° Les fibres sensitives offrent dans la moelle epiniere la dispo- sition suivante : elles forment deux couches, Tune superficielle, l'au- tre profonde. La couche superficielle est formee par des fibres direc- tes ; la couche profonde est formee par des fibres transversales qui s'entre-croisent dans la commissure grise. 6° Les faits pathologiques observes chez l'homme viennent a l'appui des conclusions physiologiques enoncees precedemment , comme le prouvent ies observations que je rapporte a la suite de ce m£moire. » RECHERCHES SUR LES PROPRIETES OPTIQUES DES CORPS TRANSPA- RENTS SOUMIS A L'lNFLUENCE DU MAGNETISME. PAR M, VERDET. Nous empruntons aux comptes rendus de TAcademie des sciences Tanalyse de ces recherches faite par l'auteur lui-meme : « J'ai cherche s'il existait une relation simple entre l'mtensitd COSMOS. 703 des forces magnetiques et la rotation du plan de polarisation d'un rayon de lumiere qui traverse une substance transparente, parallele- ment a la direction de ces forces. J'ai mesure la rotation du plan de polarisation par les moyens generalement usites, specialement par l'observation de la teinte de passage. Quant a l'intensite des forces maguetiques, je l'ai determinee a l'aide du principe suivant qu'ont £tabli les recherches de M. Neumann et de M. Weber, sur l'induc- tion : si Ton dispose un conducteur circulaire, de maniere que son plan soit parallele a la direction de la force magnetique, et qu'ensuite par un mouvement de rotation, on l'amene a etre perpencliculaire a cette direction, le courant produit dans le conducteur circulaire est proportionnel a l'intensite de la force magnetique. En conse- quence, j'ai fait construire avec du fil de cuivre de 0mm 75 de diametre, une petite bobine d'environ 30 millimetres de dia- metre, sur 15 millimetres de hauteur, montee de maniere a pouvoir tourner de 90 degres autour d'un de ses diametres; dans chaque experience, j'ai place cette bobine entre les armatures de l'electro- aimant, au point raeme ou je devais ensuite placer la substance transparente ; je l'ai disposee de facon que son plan fut parallele a la ligne des poles, et que le diametre autour duquel elle pouvait tourner fut perpendiculaire a cette meme ligne : je n'ai eu qu'a lui imprimer une rotation de 90 degres et a mesurer le courant induit de\reloppe de cette maniere, pour mesurer l'intensite" de la force magnetique. Substituant alors a la bobine la substance transparente a etudier, j'ai determine l'azimuth de la teinte de passage ; j 'ai renverse" le sens du courant (en ayant soin de ne pas interrompre le circuit) ; j'ai determine le nouvel azimuth de la teinte de passage, et j'ai mesure de nouveau l'intensite de Taction magnetique. La difference des deux azimuths donnait evidemment le double de la rotation du plan de polarisation, et je n'avais qu'a comparer cette difference a la moyenne des intensites de la force magnetique determinee au com- mencement et a la (in de l'experience. Je n'ai regarde comme satis- faisantes que les experiences oil la difference de ces intensites n'excedait pas un centieme de leur valeur moyenne. « J'ai expeVimente sur le verre pesant de Faraday le flint ordi- naire et le sulfure de carbone. La loi manifestee par les experiences a ete tres-simple. « II y a proportionnalite' entre la rotation du plan de polarisa- tion et l'intensite de la force magnetique. Cette proportionnalite se maintient, soit qu'on fasse varier l'intensite de la force magnetique, en faisant varier l'intensite du courant qui circule autour de l'elec- 704 COSMOS. tro-aimant, soit qu'on change la distance des armatures. II resulte de la qu'on peut formuler de la maniere suivante la loi elementaire du phenomene : la rotation magnetique du plan de polarisations produite par une tranche (§l£mentaire d'une substance monoreTrin- gente, varie avec la distance et Tenergie des centres magnetiques, qui agissent sur la distance, exactenicnt suivant la meme loi que Taction qu'exercerait le systeme de ces centres magnetiques sur une molecule de fluide magnetique, occupant la meme position que la tranche considered. M. Wiedeman avait deja demontre que la rotation produite par l'electricite seule, sans l'intervention du ma- o-netisme, etait proportionnelle a Tintensite des courants electri- ques, ce r£sultat s'accorde entitlement avec la loi pr£cedente. .. Je me trouve, au contraire, en contradiction complete avec une loi formulee par M. Bertin, d'apres laquelle la rotation due a l'influence d'un seul pole magnetique, decroitrait en progression geometrique, lorsque la distance de la substance transparente au pole croitrait en progression arithmetique. L'explication de ce di- saccord n'est pas difficile: M. Berlin considere comme pole la sur- face terminale du fer doux d'une des branches de l'electro-aimant de Mi Ruhmkorff ; or, cette surface ne saurait etre regardee comme un pole, du moins si Ton attribue a cette expression le sens precis qu'on doit lui donner : c'est un systeme de centres magnetiques distributes sur une as?ez grande etendue et dont Taction ne peut etre assimilee a ceile d'un centre unique. En effet, si a 1'aide de la bobine decrite plus haut, on cherche comment varie Taction ma- o-netique d'une branche de l'electro-aimant a diverses distances de Textremite de cette branche, on trouve un decroissement t res-lent, et qui peut etre passablement represents par une progression geome- trique decroissante, comme le decroissement des rotations du plan de polarisation ; si Ton ajoute a l'electro-aimant une des grosses armatures dont il a etc question plus haut, le decroissement de Tac- tion magnetique est encore plus lent ; il est au contraire plus rapide si Ton remplace cette armature par une armature terminee en cone. On voit done que la loi cnoncee par M. Bertin n'est qu'une loi empirique, relative a Tappareil dont il a fait usage ; c'est une forme particuhere de la loi generate que j'ai enoncee. » A. TRAMBLAY, propftiVaire-gerant, PARIS. — IMriUMEIUE DE W. REMQUET ET cie., R'JE GAIUNC1ERE, 5. T. IV. :6 JU1N iS54. TltOIStEME ANNJSE. COSMOS. FAITS DIVERS. ■VAPEUR D'EAU ET INCENMES. Nous avions dit que la derniere lettre ecrite a 1'Academie par M. Dujardinde Lille, avait vivement excite l'attention, et qu'il avait eHe decide qu'elle serait renvoyee a. son excellence le ministre de la marine, avec toutes les communications faites sur ce sujet important. Les comptes rendus officiels n'ont conserve' aucune trace de l'effet heureux produit par la lettre en question , ils ont seulement en- registre une objection que nous n' avions pas du tout entendue, que nous ne soupconnions meme pas. M. Piobert, sans nier la propriete que possede la vapeur d'eteindre les incendies ordinaires, doute beaucoup que ce moyen eut reussi dans le casparticulier du Vauban, ou le feu avait ete mis a la coque par un boulet rouge. Ce doule a pique" M. Dujardin. Se mettant aussitot a l'ceuvre, il adresse au- jourd'hui a 1'Academie les details d'une experience que chacun peut repeter, et qui prouve qu'une masse de fer rouge, si elle est enveloppee d'une atmosphere de vapeur, peut rester longtemps en contact avec le bois le plus inflammable sans l'enflammer. « J'ai mis, dit-il, en ebullition dans une marmite haute, etroite et decou- verte, environ deux litres d'eau ; j'ai fait rougir a blanc un disque epaisde fer, pesant 3 kilogrammes, et muni a son centre d'une longue tige de fer servant de manche; j'ai mis un disque en bois de sapin, perce* d'un trou a son centre, en contact avec le disque de fer rouge en faisant passer le manche du disque de fer a travers le trou central du disque de sapin: le bois s'est enftamm^ aussitot, j'ai alors plongc les devix disques rdunis dans la partie superieure de la mar- mite, au sein d'une couche epaisse de vapeur, mais k 15 centime- tres de la surface du liquide en ebullition ; la flamme qui s'echap- pait de toutes parts de la circonference du disque de sapin, s'e"teignit presque instantancment ; au bout d'une minute d'immersion des deux disques dans la vapeur, je les ai retires ; et le sapin s'est en- flamme de nouveau; j'ai recommence" l'immersion dans la vapeur, le bois s'est eteint encore; recommence'e plusieurs fois,cette e"preuve 34 706 COSMOS. a toujours ri^ussi. N'est-il pas permis de conclure de ce fait, qu'un boulet rouge pourrait rester longtemps inoffensif dans les flancs d'un navire et s'eteindre sans causer aucun doramage, si on pouvait l'entourer pendant un temps suffisant d'une atmosphere de va- peur. » L'experience de M. Dujardin prouve une fois de plus, qu'il y au- rait un immense interet a etudier d'une maniere complete l'action de la vapeur d'eau dans les incendies. Si notre voix avait 6t6 ecou- t£e, si l'Academie avait recompense, comme elle le devait, l'impor- tante ddcouverte qu'on lui recommande en vain depuis si long- temps, cette 6tude aurait ete faite, elle aurait amene des resultats excellents , elle aurait ejDargne de grands d£sastres. LAIT DE CHAUX EMPLOYE AU BLANCHIMENT DES ARBRES. M. Auguste de Gasparin adresse a M. Barral, redacteur du Jour- nal d' agriculture pratique , les observations suivantes : II a perce avec une tarriere , deux arbres places dans les memes conditions d'exposition ; il a blanchi le premier au lait de chaux , et laisse" l'autre dans son elatnaturel; il a introduit dans chacun un thermometre : pendant la nuit, en l'absence des rayons solaires, les deux thermoinetres out marche parallelement; mais des que le soleil a paru sur l'horizon , une difference notable s'est manifested dans la chaleur acquise. La moyenne des differences entre les tem- peratures des deux arbres, qui n'etait le matin que de 0,6, etait le soir de 5,4; la difference, on le voit, est enorme. Les neuf observations dont ces moyennes sont conclues, ont toutes ete faites au mois de mars dernier par un temps clair, M. de Gasparin a vainement attendu un nuage; il avait hate de les publier, pour fixer l'attention et provoquer de nouvelles experiences. II lui semble evident qu'on pourrait, parce procede, preserver les oliviers non du froid, mais du retour instantane a la chaleur, qui cause leur mortalite. Au matin des nuits glaciales, l'olivier conserve encore la verdeur de ses ra- meaux; l'apies inidi, si le temps est clair, si le soleil luit, tout est perdu; tout aurait ete sauve, au contraire, si le temps etait reste couvert, quelle que fut l'intensite du froid. Empecher une elevation de temperature de 5 a 7 degres, ce sera peut-etre produire l'effet d'un ciel couvert ; echapper au desastre d'une ann£e funeste ; sauver un capital d'un milliard, capital qui se ddtruit du moins en partie tous les vingt-cinq ans, et qui reste vingt ans a se reconstituer ; sauver ce capital, c'est aussi l'augmenter indefiniment : si la Provence, au lieu de ses oliviers nains, avait les oliviers geants de COSMOS. 707 lltalie , de la Grece ou de 1'Algerie , son Industrie agricole qui se traine peniblement , prendrait des developpements considerables' die prodmrait en quantity toujours croissantes ces huiles tant recherchees et qui n'ont pas de rivales. Ne pourrait-on pas arriver aussi a decouvrir un moyen de mod<5- rer le reveil et l'elan de la seve; de retarder la floraison toujours trop hative des arbres fruitiers, la foliation trop precoce des muriers si souvent atteints par les gelees blanches ? AVENIR HORTICOLE DE LALGERIE. L'Algerie tend a devenir le jardin des primeurs et la serre tem- peree de la France. Eile commence a nous fournir un coniingent remarquable en petitspo.s, haricots verts, artichauts, asperges oranges, c.trons et dattes , et cela presque en toute saison, a des pnx jusqu'ici inconnus. Deja, en effet, l'ann<5e derniere, les primeurs et les fruits de luxe ont pris une large place dans les speculations de 1 horticulture a Alger, et l'on cite des marches importants, conclus tant pour la colome que directement pour la mere-patrie. Ainsi, on a vu les jardiniere de la Maison-Carree s'engager en 1853, pour la fourniture dartiehauts pendant toute l'annee, a 40 cent, la d'ouzaine Un navire a debarque a Marseille, un jour, 24 000 artichauts et 858 kilog. de petits pois. Pour ce dernier produit, on a constate" du reste, que du ler au 30 avril il en a e*te expedie, du seul port d' Al^er 45 334 kilog. , en meme temps que 132 363 kilog. de legumessecs, et 2453 kilog. de pommes de terre, qui ont completement cesse d e'tre importcs de France, pour commencer a etre e.Nportes. Le prix des legumes, en general, est d'ailleurs, sur beaucoup de points de la colonie, d'une modicite vraiment fabuleuse. SOCIETE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. La seconde livraison des bulletins de cetteSociete vient de pa- raitre , nous 1'analyserons rapidement. Importation des vers a soie sauvagcs. Les missionnaires jesuites de la Chine, et entre autresle P. d'Incarville, ont souvent parle de vers vivant a l'etat sauvage, sur le frene ou sur le chene, et qui produisent une soie d excellen.e quahte. La soie provenant des vers du frene est surtout estimee; elle estd'un beau grisde lin, et dure le double de la soie ordinaire; elle se tache difficilement , les gouttes d'huile ne s'y Pendent pas et s'effacent sans peine. M. Lamarre-Piquot a ob- serve au Brngale les cocons du Bombix Mylitta , que les Indiens vont recueillir dans les bois, d'oclobre en decembre , et dont les 708 COSMOS. chenilles se nourrissent de feuilles de terminalia et de jujubier. M. Heifer a signale en 1837 six especes de vers sauvages dont les soies sont tres-recherchees au Bengale. Plus recemment, M. Forth Rouen et le P. Perny, missionnaire, ont envoyd de Chine en France des caisses remplies de cocons, pro- venant des vers qui vivent sur le chene ; plusieurs de ces cocons ont donne des papillons qui ont peri faute de soins ; ces faits suf- fisent a prouver que Ton pourrait tres-bien faire arriver en France cette espece dont la soie est en Chine l'objet d'un grand commerce, et sert a l'habillement de plusieurs millions d'habitants. Pour intro- duire cheznous ces animaux exotiques, si productifs dans les pays oil ils prosperent, pour essayer de rendre domestiques des especes que Ion n'apas encore tente d'utiliser, il faudrait, dit en terminant M. Guerin-Menneville , envoyer dans les pays ou elles abondent, -des naturalistes consommes, speciaux , inities aux pratiques des applications industrielles et agricoles. Acclimatation du Ka/tgurou. — M. Florent-Prevost recommande l'acclimatation de ce mammmifere , remarquable par la bontd de sa chair; sa peau fournitune excellente fourrure, et comme gi- bier, par son mode si extraordinaire de progession, progression par sauts ou bonds, il offrirait au chasseur un tird tout a fait nouveau dans nos climats. De 1825 a 1826, une paire de kangurous geants, places dans le pare de Rosny, au sein d'un espace vaste, isole et entoure de bouquets d'arbustes, ne tarderent pas a s'acclimater et a se reproduire ; ils formerent bientot un petit troupeau. Deux jeu- nes, donnes a la reine d'Espagne par madame la duchesse de Berry, ont si bien reussi, qu'un des pares royaux , aux environs de Ma- drid, possede aujourd'hui une grande quantite de kangurous. Cet animal n'est pas destructeur, il vit d'herbes et de jeunes feuilles , il est d'un naturel fort doux et devient familier au bout de quelques jours ; il protege ses petits contre les animaux nuisibles, en les ca- chant dans la poche qu'il porte sous le ventre. Lait du Yak. — M. Joly, professeur a laFaculte des sciences de Toulouse, a fait avecson collegue M. Filhol, l'analyse du lait d'yak, etl'a trouve plus riche en principe sucre que celui de la vache. II y a trouve, en revanche, peu de beurre, mais cela ddpendait sans doute de la fatigue dont les yaks souffraient au moment ou les chi- mistes ont fait leurs premieres analyses ; ils les renouvelleront dans de meilleures circonstances. Domestication de la Perruche ondulee. — M. Jules Delon fait le plus grand eloge de cet oi&eau d'ornement. Son plumage, dit— il , est COSMOS. 7Q9 si varie , son caractere et ses moeurs si interessants, que plus on la voit, plus on l'aime. Elle vit dans une temperature descendant meme jusqu'a zero ; demai jusqu'a novembre, on peut la laisser dans une voliere a l'air libre, l'hiver, on la place dans un appartement peu chaufle. Elle niche dans des troncs d'arbres, et prdfere a tous les arbreslo saule; elle pond de deux en deux jours, jusqu'a six et huit oeuf's blancs ; elle couve vingt et un jours, les petits aussi eclo- sent a deux jours de distance. Une seule et meme paire a produit l'an dernier, en quatre couvees, douze petits , tous parfaitement venus, Domestication des cailles etperdrix. — M. Allary, curd de Gen- nevilliers (Seine), adresse une note sur les moyens de faire produire a la caille de trente-cinq a quarante petits; a la perdrix, de cin- quante-cinq a soixante. Ces moyens, experiments par moi pen- dant dix ans, dit-il, sont simples, faciles, a la portee de tout le monde ; ils ne n§clament que cinq a dix minutes depensees chaque jour avec quelque intelligence. Procurez-vous dans une cour tran- quille, ou un jardin a l'exposition du levant, une voliere grande au moins d'un metre et demi en carre, ou puissent pendtrer la rosee la fiaicheur et les rayons du soleil. Bechez la terre qui forme l'aire de la voliere, plantez-y de petits bouquets de buis nain , de ma- niere a former de petits sentiers ; si la terre est grasse, recouvrez- la de sable, placez-y une paire de cailles ou de perdrix jeunes bien portantes, nourrissez-les avec un melange de ble , de sarrasin de millet et d'un dixieme auplus de chenevis. Ces oiseaux commence- ront et continueront leur ponte aussi regulierement qu'en pleine li- berty,- la caille pondra de 12 a ]8 oeufs, un par jour; la perdrix de 15 a 22. Assurez-vous, sans avoir fair de voir, qu'il y a un nou- vel ceuf chaque jour; et aussitot apres le dernier ceuf, avant que la femelle ne commence a couver , enlevez-lui tous ses ceufs. Apres quelques jours de depit, elle recommence dans un autre endroit une seconde ponte au moins aussi abondante que la premiere; enlevez-lui encore cette seconde -ponte avec les memes precautions'excessives elle en recommencera une troisieme moins abondante. Vous voici en possession de trente-cinq a quarante ceufs de cailles , de cm- quante a soixante oeufs de perdrix; les femelles ne doive'nt pas les couver, parce qu'elles ne reussiraient pas bien , parce qu'elle^ ele- veraient mal leurs petits, etc. Ayez sept ou huit petites poules an- glaises, bien soignees, depuis longtemps avec leurs coqs; au moment de la ponte des cailles, cbauffez-les en leurjdonnant un peu plus de chenevis, afin de les pousser a couver et de pouvoir leur confier vos 710 COSMOS. ceufs. Le mieux est d'avoir deux paires de cailles, de prendre la premiere ponte de chaque paire, de les donner a une poule , puis les autres a une autre poule, et ain si de suite ; les ceufs gardes reus- sissent presque toujours mal. II faut des poules douces et en tres- bonne sante ; on choisit un endroit tranquille, un demi-jour, on met les couveuses dans une petite boite en bois de vingt-cinq a trente centimetres carres, sur un nid en paille fraiche; on les visite et on les leve tous les jours, pour leur faire manger de la graisse fraiche, un melange de ble, d'avoine, de sarrasin, de cherievis ; on les defend de la vermine , sorte de petits pous rouges pelot.es ensemble ; on change de boite s'il le faut. Les petits eclosent tous a. la fois, for- mant comme un paquet de gros frelons sortis des oeufs fendus par le milieu ; enlevez la poule, deposez-la dans une nouvelle boite ad hoc, dont l'auteur donne la description ddtaillee ; glissez les petits sous la mere et fermez la boite. Ne faites boire vos petits que dans des canaris en verre ; les ceufs de fourmi sont indispensables aux cailles, pendant les deux ou trois premiers jours , aux perdreaux, pendant huit ou quinze jours; donnez-en peu etsouvent; apres ce temps, les ceufs seront remplaces par une patde faite avec de la mie fine de pain, des ceufs durs et de la salade bien hacbie ; plus tard, par du millet, du ble, un peu de chenevis ; les malades continueront a manger des ceufs de fourmi. Au bout de trois a quatre semaines, les boites seront trop petites, il faut les agrandir ou mettre les pe- tits en voliere; l'espace qu'ils occupent doit ainsi grandir sans cesse avec eux, sans cela ils se piqueraient (les perdreaux surtout), les uns les autres au-dessus de la queue, s'arracheraient les plu- mes, feraient couler le sang, et ce serait bientot une epidemie ou line fureur generale. Le moment vient bientot de les lacher dans le jardin, apres leur avoir coupe les plumes d'une aile pour les empe- cher de s'envoler ; ils ne degradent rien, au contraire, ils detruisent beaucoup d'insectes, et ne font que becqueter un peu les salades et les autres herbes. Des la fin des feuilles, vous pouvez commencer a manger de vos petits, s'ils ont ete bien soignes. Pisciculture. — M. Coste adresse des observations severes au sujet d'une note inseree dans le dernier bulletin ; il demontre par des documents qui nous ont paru concluants, qu'il n'est pas vrai, comme on l'a gratuitement pretendu , que d'autres , depuis la renaissance de la pisciculture, aient mis en pratique avant lui des precedes dont 1 se serait attribue le merite. — M. le baron de Montgaudry lit des observations sur la pisci- culture.II prouve d'abord que la pisciculture n'est pas nouvelle; que COSMOS. 711 des le xive siecle, les monies s'en occupaient activement, et savaient peupler les etangs et lescours d'eau de leurs domaines, des especes qui pouvaient y vivre et s'y multiplier. — DoiuPinchon, moine de l'abbayede Reome, a decrit en detail il y a trois cents ans, la maniere de proceder. En 1S26, MM. Hivert et Pilachon appliquerent de nouveau a Touillon et a Fontenay les procedes de dom Pinchon. M. Pilachon montre encore aNo^ent, pres Montbard, les boites dont il se servait. » Les plus savoureuses truites du monde entier, ditM. deMontgaudry, naissent a Touillon, dans une fontaine dite la fontaine de l'Orme, et dans un etang dit l'etang de la Roche. La , les truites sont saumonees au plus haut degre, leur chair est rouge, elle s'exfoliole en pieces arrondies, comme des pieces de monnaie; dans les interstices, entre chaque exfoliation, se rencontre une delicieuse graisse, figee par la cuisson, d'un blanc de creme et d'un gout exquis. De Touillon a Fontenay, la distance est de 3 kilometres. « Les truites restent saumonees; mais elles changent de qualite a Fonte- nay. De Fontenay a un etang dit l'etang de Choiseaux , la dis- tance est d'une demi-lieue, les truites ddgenerent dans l'etang de Choiseaux. De Choiseaux a Marmagne , il n'y a pas plus d'une demi-lieue; les truites changent encore dans la riviere de Marmagne; la riviere de Marmagne tombe dans la Brenne , oil la nature des truites change completement; et a une lieue du confluent les rares truites qui se rencontrent ne sont plus saumonees. Ces faits se pas- sent a six heures de Paris : cinq heures de chemin de fer et une heure de route. » Le lieu ou M. de Montgaudry place avec raison les plus excellentes truites du monde, est la valine de Fontenay, habitee autrefois par saint Bernard, qui y fonda une abbaye celebre ; posse- dee tout entierepar M. Seguin aine, et animde par les belles usines a papier de MM. Montgolfier, pere et fils. Ce delicieux sejour, oil nous avons re$u une si noble et si touchante hospitalite, est en effet la terre classique dela truite, elley vit par milliers et acquiert sou- vent un volume considerable, un poids de 5a 7 livres. Les truites saumonees de notre ehereBretagne, tant vantees cependant, nesau- raient leur etre comparees ; et nous comprenons que cet humble ruis- seau, exploite d'api es toutes les regies de l'art , par les procedes peut- etre d'une sorte de pisciculture, ait pu suffire al'alimentation d'une communaute tres-nombreuse. A quoi attribuer ces qualites extraor- dinaires? Ne serait-ce pas aux coquilles d'eau douce quisurabondent dans les etangs de Touillon, etangs oil la carpe se deforme , prend une chair brune, et ne depasse pas la troisieme generation? M. de 712 COSMOS. Montgaudry ne cherche pas a arracfter son secret a la nature ou a la Providence, « que I'homme, dit-il, ne peut pas forcer a lui fournir ce qu'ellc n'a pas decrete de produire dans telles ou telles conditions. Elle permet de la prendre au passage, elle accepte que I'homme l'accompagne et lui vienne en aide, elle recompense largement le concours qu'on lui a pret6; elle va meme jusqu'a, se detourner de sa route un instant, mais elle y rentre promptement, et on ne lui fait pas longtemps violence. Vouloir peupler de saumons ou de truites toutes les eaux serait une folie; il faut donner a chaques eaux les especes de poissons qui peuvent y vivre et s'y maintenir avec les qualites propresde leur espece. - II n'est pas douteux que certains poissons puissent etre acclimates loin des contrees ou ils sont nes ; la carpe, venue de Perse, pullule en Europe, partout oil les eaux lui conviennent, et elle est devenue un de nos bons poissons ; mais il faut agir avec discernement. Quoique le saumon du Danube ait la chair blanche et soit d'une qualite inferieure, son acclimatation serait une bonne chose ; ce serait un aliment du gout de tout le monde. Apres avoir critique avec beaucoup de moderation certains details desessais tentes au College de France par M. Coste, M. de Mont- gaudry, et nous nous associons de grand cceur a cethommage rendu a la verite, conclut ainsi : «Ce que M. Coste a fait dans son labora- toire, a eu un but d'utilite gene'rale ; ses experiences out cte vues par un grand nombre de personnes, on s'est familiarise avec la grande pensde de la reproduction artificielle; beaucoup se sont applique's a la repandre. Chacun maintenant observera de son cote, la Societd zoologique d'acclimatation resumera les observations de tous; et il en sera bientot de la pisciculture com me de l'elevage des animaux domestiques; il n'y aura plus personne qui ne puisse la pratiquer. » Cette analyse suffira a prouver que le bulletinjde la Societe nou- velle est vraiment interessant a un tres-haut degre ; nous felicitons sincerement son illustre president, M. Isidore Geoffroy Saint-Hi- laire, d'une organisation si prompte etsi forte. Haimctans. — Dans la seance dont nous avons le proces-verbal, il a £te beaucoup question des hannetons et du moyen de les detruire M. Guerin-Menneville a parle d'une farine faite avec ces insectes desseches, et qui pourrait servir a l'alimentation des oiseaux de basse-cour. M. Montgaudry craint que cette nourriture ne donne aux ceufs et a la chair un mauvais gout ; nous pouvons ajouter qu'elle est peut-etre dangereuse; en 1830, nous avons vu un tres-grand nombre de poules auxquelles nous avons fait manger des hannetons, perir toutes dans une nuit d'empoisonnement ou d'indigestion. PHOTOGRAPHIE. MOYEN EMPLOYE PAR M. BELLOC POUR CORRIGER LES EPREUVES POSITIVES. On sait que de tout temps les arts et l'inclustrie ont du bon nom- bre de leurs succes a certains procede"s que la theorie n'ertseigne pas, et qu'en termes d'atelier on appelle tours de mains. C'est sur- tout en photographie que ces petits moyens ont de l'importance et nous sommes heureux de repeter a nos lecteurs ce que M. Belloc nous a appris d'une application tres-ingenieuse du chlorure d'or acide, dont ll a donne la formule, page 132 de son Traite de Pho- tographie. Chacun saura gre a l'excellent professeur du service qu'il rend a son art en publiant un moyen in^dit jusqu'a ce jour, et que nous pensons n'avoir ete mis en pratique par personne avant lui. Pour donner a notre communication toute la precision necessaire, laissonsparler M. Belloc: « Assez souvent , trop souvent, helas ! 1'opdrateur se voit oblige de mettre au rebut un cliche qu'il regarderait comme excellent s'il ne manquait d'harmonie dans ses tons : les parties claires da module sont venues trop vite, les portions moins eclairees ou possedant des couleurs peu actives, sont restees en retard. Personne n'io-nore quelles epreuves positives donne un cliche dont les parties mdtal- lisees tamisent lentement la lumiere pendant que les parties trans- parentes la laissent penetrer sans obstacles. Les demi-teintes de l'image positive seront completes, et les noirs seront evidemment passes au vert-bronze metallique; ce dernier ton ne disparaitra pas au fixage. » Nous avons dit. page 132 de notre Traite, qu'une epreuve posi- tive, passee a la nuance metallique, pouvait etre ramene"e a un ton convenable , et nous avons indique le moyen de parvenir a. ce but en feasant usage du chlorure d'or acide. Voici maintenant ce qu'il faut faire pour degrader partiellement une dpreuve, ou lui donner, selon les besoins, certaines lumieres. « Malgre toutes les precautions prises, il peut arriver qu'un por- trait dont la figure est d'ailleurs parfaite, manque de details dans les habits, qu'un paysage, complet dans ses lointainset dans ses fabri- ques, soit moins bien vena dans les masses de verdure ; retablissez l'harmonie par le moyen suivant : « Au sortir du chassis-presse positif, mettez l'epreuve dans 1'eau, lavezun instant, changez l'eau, et n'en conservez dans la cu- vette que 50 grammes environ, que vous rejetez dans un angle en inclinant la bassine pour laisser l'image sans eau. Trempez dans le 71 A COSMOS. chlorure d'or acide un pinceau pour l'aquarelle, et passez-le rapide- ment sur la partie vert-bronze; ramenez de suite l'eau surcet en- droit; jetez cette eau, reprenez-en de nouvelle en egale quantity et repetez cette manoeuvre sur toutes les parties metallises* , en ayant bien soin de ne pas laisser passer le chlorure d'or sur les parties claires de l'image, qu'il detruirait; lavez immediatement, apres chacune de ces operations, assez delicates, il est vrai, mais qui n'offrent aucune difficult^ serieuse. « On peut degrader ainsi les cheveux eux-memes, tout en respec- tant la figure, et un peu de pratique en apprendra plus sur les appli- cations de ce procede que tout un volume. « Une fois cette operation faite, on lave ; on met dans le bain d'hyposulfite et Ton fixe. « C'est alors que l'operateur pourrait croire son epreuve perdue; elle presente en effet deux tons si opposes qu'il faudrait la rejeter si Ton ne pouvait y remedier, et voici comment : il est dit, p. 137 de notre Traite, que le chlorure d'or, destine au fixage de la plaque argentee, ramenait a un ton tres-harmonieux les epreuves musses fixees par l'hyposulfite; c'est ce chlorure d'or que nous prendrons pour fondre les nuances de notre epreuve. Quand done, apres le fixage, elle aura sejourne dans l'eau pendant deux heures a peu pres, on la couvrira de la solution de chlorure d'or, en latraitant comme a la page 138, et Ton attendra quelle soit entitlement viree au ton que Ton cherche ; on remettra ensuite dans l'eau, etc. » COLLODION ANTICIPE DE MM. BISSON. MM. Eisson freres ont presente lundi dernier a I'Acaddmie et expos6 dans la salle d'attente, une ceuvre photographique, quia excite au plus haut degre, nous ne dirons pas l'interet, nous ne di- rons menie pas l'admiration, mais l'enthousiasme. C'est une magni- fique reproduction de la principale facade de "l'interieur du Louvre, la facade de l'horloge, dont les plus belles sculptures sont de Jean Goujon. Cette reproduction, qui a cent quarante centimetres de lon- gueur, soixante centimetres de hauteur, qui laisse loin derriere elle tout ce qui a ete produit en ce genre, qui depasse presque les limites du possible, est un positif sur papier produit au mnyen d'un negatif sur glace collodionee. Elle ^e compose de trois photographies si'-pa- r^es, raccordeesaussiparfaitement que possible, d'un ton si sem hi able et si identique, qu'on les dirait obtenues par une seule et meme ope- ration ; d'une nettete et d'une finesse incomparables, qui ne peident rien, qui gagnent au contraire a etre vues a travers un verre grossis- COSMOS. 715 sant. Personne, biencertainement, n'auraitcru, il y a quelques mois, que le collodion put ainsi etre manie en plein air, et dormer des re- sultats qu'on aurait demanded en vain a l'albumine. MM. Bisson nous ont affirme, et nous les croyons, qu'ils ont opere avec du col- lodion anticiptS, c'est-a-dire, sur des plaques prepareesdansl'atelier et transporters sur place toutes sensibilisees ; ils ont ajoute- qu'ils n'ont eu nullement besoin de se presser dans le trajet, et qua leurs plaques peuvent conserver leur sensibilite jusqu'au soir ; c'est un progres considerable, et la revelation de leur secret fera epoque dans 1 'his— toire de la photographie; puissent-ils se decider bientot a. decrire ce merveilleux procede ! Felicitons-les, en attendant, d'un succes qui les place non pas seulementau premier rang, mais en avant du premier rang desphotographes denature morte. Un nombre tres-considerable de reproductions, toutes sur grande echelle et tres-belles, de monu- ments, de gravures, etc., etc., exposees en meme temps que la vue gigantesque du Louvre , prouvaient surabondamment que leur chef- d'oeuvre nest pas un jeu du hasard, mais qu'ils operent presqu'a coup sur, ce qui est plus etonnant encore. PHOTOGRAPHIE AU CHAMP-DE-MARS. MM. Baldus et Disderi ont obtenu de belles epreuves et en assez grand nombre. En rendant compte dans notre prochaine livraison du concours general de l'agriculture , nous aurons a dire le role important que la photographie a joue dans cette solennite agricole. Trois photogra- phes etaient a l'ceuvre samedi dernier. M. Baldus avait recu de l'ad- ministration la mission officielle de reproduire sur collodion les ani- maux couronnes d'un premier prix , on lui avait dress6 une tente large et commode, rien ne pouvait entraver les operations ; et il nous tarde de voir plus en detail les r^sidtats qu'il a obtenus. M. Disderi prenait, sur collodion aussi, les epreuves photographi- ques qui devront servir aux gravures sur bois que publiera le jour- nal 1' Illustration; nous avons admire- son ardeur et son activite, puisse-t-il avoir completement reussi ; il etait bien gene. M. Jules Duboscq, venu tres-tard, et pour qui rien n'avait e'fe prepare, a pris sur plaque d'argent des images stereoscopiques de quelques-uns des animaux premiers prix, et de quelques machines couronnees. Nous avons vu ses reproductions; sans etre absolunient parfaites, parce qu'il etait place dans de mauvaises conditions, elles sont interessantes au plus haut degre ; ce ne sont plus seulement des dessins parfaits de forme, mais les machines et les animaux inemes, 716 COSMOS. tels qu'ils sont apparus aux juges du concours ; et le dessinateur de M. Barral entireraun grand parti pour \e Journal d' J gricalt urepra- tique.hes reproductions sten'oscopiques sont le dernier termedel'art. ANNONCES INTERESSANTES DE M. STEPHANE GEOFFRAY. Au moment de elore notre article photographie , nous recevons de M. Stephane Geoffray une lettre dont nous extrayonsle passage suivant : « J'ai plusieurs communications nouvelles a vous adresser ; outre le bain d* argent, de plomb et de chaux [triple sel, etnon pas sel tri- ple, comme vous l'avez annonce et comme je vous l'avais dit, mais en soulignant avec soin l'adjectif triple), je vous enverrai une m£* thode pour amcliorer les mauvais papiers, grande ressourcepourles photographes de province, qui se procurent si difficilement des pa- piers passables. J1" proposerai ensuite aux amateurs de l'albumine, unealbuniine de poisson dont la composition chimique est bien supe- rieure au point de vue photographique, avec des moyens de coagu- lation preferable*, je ciois, a ceux donnes dans les traites. J'ai aussi quelques observations utiles sur lefixage des epreuves negatives et po- sitives, et sur la conservation de ces dernieres, quelques conseils sur les precautions a prendre pour retraiter les epreuves negatives fai- bles. Plus tard je ferai part a vos lecteurs d'assez curieuses expe- riences sur le phosphore et sur l'emploi direct de certains phos- phites Je joins a"'ma lettre une epreuve faite sur un bout de papier ami'liore par le procede que je vous annonce; je vous prie de faire abstraction de l'e'preuve generate, qui n'a pas ete' soignee, bien entendu, et de ne fixer votre attention que sur les qualites de finesse quelle possede , je crois, a un degre suffisant pour faire preuve en faveur du moyen employe. Je la fais accompagner du de- testable papier que je puis utiliser, grace a ce correctif, dont l'appli- cation precede l'immersion dans le bain du ceroleine. » Nous sommes certains que les communications de M. Stephane Geoffray trouveront beaucoup de sympathie ; ses essais, bases sur une dtude approfondie de la chimie, seront a coup sur couronnes des plus bri Hants succes. Nous ne saurions mieux prendre conge de nos lecteurs, qu'en 1 eur annoncant un nouveau volume de photographie, comprenant tous es procedes et manipulations sur papier et sur verre. "Dire que e'est a seconde edition revue, corrigee et augmentce du traite de M. Le G ray, e'est evidemment le recommander a nos lecteurs, et nous leur promettons de les en entietenir dans notre procliainelivraison. ACADEIIE DES SCIENCES. SEANUJ! 1'UJJLIQUE ANN'UELLE DV 3o JANVIER. (Suite.) PRIX DECERNES. PRIX DE PATHOLOGIE INTERNE. 1° L'ouvrage que M. Magnus Huss, membre de TAcademie des sciences de Stockholm, a publie, en 1852, sur Yalcoolisme chro- nique, presente le tableau effrayant des desordres graves cause's par Tabus, longtemps prolonge, des liqueurs spiritueuses. Onsaitjus- qu'a quel point est porte Tabus des boissons alcooliques dans les regions septentrionales de TEurope, et particulierement en Suede. Place depuis longtemps a la tete du plus grand hopital de Stock- holm et charge de Tenseignement clinique, M. Magnus Huss a pu rassembler un grand nombre de faits sur Talcoolisme clironique, qu'on observe beaucoup plus rarement en France. Dans la premiere partie de son ouvrage, M. le D1' Huss expose T ensemble des acci- dents produits par les liqueurs alcooliques. II fait suivre cet expose d'une serie d'observations qui represented tres-fidelement les formes principales et les degres varies de Talcoolisme chronique. Ces observations, au nombre de cinquante, et qui n'occupent pas moinsde 250 pages in-S°, sont analysees par Tauteuravec une saga- cite tres-remarquable. Elles montrent que, sous Tinfluence de Ta- bus prolonge des liqueurs spiritueuses, Thomme pent eprouver les desordres les plus varies et les plus graves, dansTappareil digestif, dans les reins, et surtout dans le systeme nerveux. Sous cette in- fluence deplorable, Thomme prend a peine quelques aliments so- lides ; un tremblement se manifeste dans les mains, surtout le ma- tin, ou lorsque le malade fait un effort; puis surviennent des etour- dissements passagers, la sensation d'un nuage ou d'un trouble mo- mentane de la vue, souvent un peu de tremblement de la langue et d'hesitation dans la parole. Le sommeil est trouble par des reves ; des fourmillements se manifested dans les membres, surtout le soir; la marche devient vacillante, et les forces musculaires diminuent d'une maniere tres-sensible; surviennent ensuite de Tanesthesie, qui s'etend a. des surfaces de plus en plus considerables, et de ve>i- tables hallucinations. A ce degre de Talcoolisme chronique, si le malade renonce a ses funestes habitudes, les accidents graves peu- vent diminuer et meme cesser entitlement ; s'il y persiste, au con- 718 COSMOS. traire, des nauseas et des vomissements se declarent ; l'amaigrisse- ment fait des progres ; des convulsions passageres se manifestent ; les hallucinations deviennent plus frtfquentes, les forces diminuent de plus en plus, et le malade finit par suceomber. M. Magnus Huss etudie, avecle plus grand soin, chacun des symptomes les plus or- dinaires de V alcoolisme chronique , qui se montrent rarement dans leur ensemble, chez un meme individu. L'aftaiblissement des forces musculaires atteint d'abord les doigts et de preference le pouce, l'index et le medius. Le tremblement des mains et celui des autres parties du corps ont un cafactere particulier. Les convulsions debu- tent ordinaireinent dans une jambe ou dans un bras, et deviennent quelquefois cpileptiformes. M. Huss etudie, avec une sagacite* remarquable, 1'hyperestWsie qu'on observe dans l'alcoolisme chronique , et s'attache a la distin- o-uer de celle qui survient dans d'autres conditions morbides dusys- teme nerveux. Elle pent etre si vive a la peau, que le malade pousse des cris au plus leger contact; d'autres fois, l'exageration de la sensibilite a lieu dans les parties profondes. L'anesthesie de l'alcoolisme debute generalement aux doigts, d'oii elle peut se pro- pager a toute l'etendue des membres ; elle presente celade remar- quable, quelle persiste plus longtemps que la plupart des autres accidents. L'auteur s'attache ensuite a caracteriser les troubles de la vue, de l'ouie, du gout, de la parole, qu'on observe dans l'alcoo- lisme chronique. II s'efforce aussi de distinguer, par une savante analyse comparative, les hallucinations, les diverses formes de mo- nomanie, suicide ou homicide, la stupidite et la demence produites par Tabus des liqueurs spiritueuses , des phenomenes et des mala- dies analogues, determines par des causes etrangeres a l'ivrognerie. Enfin, il demontre, par de nouvelles observations, l'infiuence de l'alcoolisme sur la production des inflammations des organes diges- tifs, de la cirrhose et de la maladie de Bright (nephrite albumi- neuse chronique). L'Academie accorde a M. Magnus Huss une recompense de 2 000 fr. 2° Dans un ouvrage qui est un traite theonque et pratique des maladies mentales, M. le docteur Morel, medecin de l'asile de Mar- ville (Meurthe) , expose avec hettete et precision l'etat present de la science sur les aberrations de l'intelligence. Tout en faisant une part large a la psychologic M. Morel place la question des aliena- tions sur le terrain de la physiologie, et arrive, par une analyse ju- dicieuse des faits, a cette idee qui domine tout son livre, savoir, COSMOS. 719 que X alienation est une mctladie at n est pas toujours le produit de I' exageralion de la passion. L' application qu'il fait de cette vue fondamentale a la monomanie, merite au plus haut degre de fixer l'attention des medecins et des magistrats. II en est de meme de la demence paralytique, qui reclame plus que jamais l'attention des observateurs, afin de faire rentrer cette affection deplorable dans les cadres des maladies organiques de l'axe cerebro-spinal du systeme nerveux. Mais ce qui surtout a frappe votre commission, c'est la suppres- sion des loges dans un etablissement qui renferme mille alienes. L'auteur est arrive a cette reforme, si utile pour les malheureux alienes, en placant le malade dans un milieu oil 1 ' irritabilite ner- veuse, qui fait la base de son etat pathologique , peut etre calmee et modifiee. La fureur maniaque, qui etait considered comme un etat typique, n'existe plus, dit l'auteur, a l'asile de Mareville. L'Aeademie accorde a M. Morel une recompense de 2 000 fr. 3° L'angine laryngee cedemateuse, decrite, ou plutot indiquee pour la premiere fois par Bayle, sous le nom d'cedeme de la glotte, a ete pour M. le docteur Sestier 1'objet d'un travail serieux, qui a fixe d'une muniere toute particuliere l'attention de la commission. En rassemblant tous les faits relatifs a cette maladie, jusque-la. dis- semines et rested sans valeur, en y ajoutant un certain nombre d'au- ties faits encore inedits, M. Sestier a donne a leur ensemble une importance qu' on n'aurait pas soupconnee ; il en a tire des conse- quences que leur isolement ne permettait pas d'entrevoir, et il est ainsi parvenu a composer une monograpbie pleine d'interet scienti- fique et d'une grande utilite pratique dans laquelle il trace une his- toire veritablement nouvelle de l'angine laryngee cedemateuse , maladie sur laquelle, avant le travail de M. Sestier, on ne poss£- dait que des notions confuses et incompletes. La commission a par- ticulierement remarque dans cet ouvrage la description que donne l'auteur des alterations qui, sur le cadavre, caracterisent ou accom- pagnent l'cedeme de la glotte, l'indication des maladies diverses dans le cours desquelles il s'est montre, une appreciation rigoureuse de ses symptomes, ainsi que des differents traitements qu'on peut lui opposer, et specialement des chances de succes que presente, en pared cas, l'operation de la tracheotomie. L'Aeademie accorde a M. Sestier une recompense de 2 000 fr. 4° M. Abeille a fait pour les hydropisies et les kystes un travail analogue a celui de M. Sestier sur l'angine laryngee cedemateuse. Dans cet ouvrage, qui est une monographic complete, l'auteur donne 720 COSMOS. une histoire exacte et do(aill6e de toutes les especes d'hydropisies, soit internes, soit externes ; il etudie ces maladies dans les cavitds sereuses naturelles, comme dans les caviies closes accidentelles ; dans lesparenclnnies, comme dans le tissu cellulaire; et partout il ajoute a l'experience d'autrui le fruit de ses propres recherches, de son experience personnels. Ce qu'il dit de l'anemie albumineuse et de la cachexie paludeenne comme cause d'hydropisie en parti- culier, nous a para digne d'etre pris en grande consideration. Nous en dirons autant du chapitre relatif a 1'origine des kystes et de l'etat des visceres dans les hydropisies en general. La therapeutique de ces affections n'a ete traitee nulle part avec autant de precision. M. Abeille etudie avec un soin extreme, dans son livre, Taction des injections iodees et montre comment cette medication, qui a pris une si grande extension depuis dix ans, doit etre conduite pour rendre les services dont elle est susceptible. L'em- ploi qu'il a fait de la gomme-gutte lui a permis de distinguer, dans cette resine, deux proprietes assez distinctes, qui la rendentpre- cieuse dans le traitement des epanchements sereux. L'Academie accorde a M. Abeille une recompense de 2 000 fr. 5° La commission a egalement remarque le traite de M. le doc- teur Bouchut sur les maladies des nouveau-nes. Ce traite contient un assez grand nombre de resultats nouveaux qu'il a obtenus en se livrant a des recherches assidues sur ces maladies pendant plusieurs annees. Nous citerons en particulier : 1. ses observations sur la pneumonie des nouveau-nes, oil il montre l'importance qu'il y a a etudier, dans cette maladie, la maniere dont se fait 1'expiration ; 2. une semeiologie complete de la meningite granuleuse, ainsi que des faits nouveaux relatifs a l'influence des maladies sur la crois- sance des enfants, et reciproquement a l'influence de la croissance sur la production des maladies ; 3. des recherches sur la syphilis he- r^ditaire chez les nouveau-nes, sur la transmission des accidents secondares de cette maladie des enfants a leurs nourrices, et sur l'infection generale qui en resulte ulterieurement pour celles-ci ; 4. des exemples chez les nouveau-nes de la phthisie granuleuse de Bayle, ou l'auteur a trouve, a 1'aide du microscope, (jue certaines granulations miliaires du poumon sont exclusivement composees de cellules epitheliales et d'elements fibro-plasiiques, sans qu'en puisse y trouver les elements du tubercule. Nous signalerons encore un travail , rempli de faits peu connus, sur la fievre intermittente des jeunes enfants, que ce travail apprend a diagnostiquer d'une maniere plus sure; enfin, de nouvelles re- COSMOS. 721 cherches sur le muguet, et sur l'hemorrhagie intestinale des nou- veau-nds. L'Academie accorde a M. Bouchut une recompense de 1 000 fr. 6° Le boufon d ' Alcp est une affection peu connue en Europe ; M. le Dr Willemin, qui, pendant plusieurs annees a rempli en Orient les fonctions de m£decin sanitaire , a profile de son sejour dans cette contree pour l'etudier avec soin , et il a adresse" a l'Aca- d£mie une excellente monographie sur cette maladie. A la des- cription qu'il en a faite , l'auteur a joint un ensemble de dessins q.ii mettent en lumiere ses differents degr£s , ainsi que les caracteres particuliers qui les distinguent. L'Academie accorde a M. Willemin une recompense de 1 000 fr. 7° Attache* successivement , comme chirurgien, a deux hopitaux specialement consacres au traitement des maladies veneriennes, M. Vidal (de Cassis), dclaire par une longue experience, parfaite- ment instruit des decouvertes de ses devanciers et de ses contempo- rains, a expose avec beaucoup de talent, dans un traite exprofcsso, les faits, les pratiques, les theories memes dont se compose aujour- d'hui le domaine de la syphiliographie. L'auteur a decrit avec une exactitude remarquable les accidents primitifs et les accidents se- condares de la syphilis, et les formes si nombreuses et si variees qu'ils presentent. Le mode particulier d' evolution de ces diverses affections, leurs caracteres sp^ciaux, leur gravite relative, les me- thodes de traitement les plus accreditees, applicables a chacune d'elles, tous ces points ont ete trails avec une nettete et uue pre- cision dignes d'eloges. Aucun fait important n'a ete neglige, et les recherches les plus recentes sur les affections syphilitiques des vis- ceres ont ete signalees avec la reserve que commandent de pre- mieres observations , de premiers apergus. Enfin les observations de l'auteur ont contribue fortement a resoudre, dans le sens des con- tagionnistes, la question si grave et si vivement controversee de la transmissibilite des accidents secondaires. L'Academie accorde a M. Vidal (de Cassis) une recompense de 2 000 fr. {La suite a une prochaine livraison.) ACADfiMIE DES SCIENCES. SEANCE I)U 12 JUIN. M. Payen presente le traitd de la distillation des betteraves qu'il vient de publier a la librairie de Mmc Bouchard-Huzard. Nous lais- serons le savant auteur exposer lui-meme le but de son livre. Dans ce traite special de la distillation des betteraves, les cho- ses sont presentees suivant l'ordre de leur plus grande opportunity. En exposant d'abord des considerations generates surl'etat actuel et l'avenir probable de cette Industrie nouvelle , nous avons voulu appeler les reflexions des agriculteurs et des manufacturiers sur les chances diverses qu'ils pourraient courir dans le cours de ieurs ope- rations, et sur les mesures qu'ils auraient a prendre afin de limiter les pertes possibles, tout en profitant descirconstances favorables et rdalisant les benefices qu'elles peuvent ofTYii'. A ce point de vue , nous devions d'abord decrire le systeme de production qui parait etre le mieux dispose a resister aux atteintes des fortes depreciations dans les cours commerciaux. C'est , a ce qu'il nous semble du moins, celui qui permet de consideVer la fabri- cation de l'alcool comme annexe de la ferme , et, l'alcool obtenu , comme un produit accessoire ; tandis que le but principal sera la preparation de la substance alimentaire pour les bestiaux, et, par consequent, la production economique de la viande et des fumiers. On comprendra qu'ainsi Ton ait du se trouver conduit a decrire plus tard les operations manufacturieres montees sur une plus grande echelle, soit dans les sucreries transformers, soit enfin dans les dis- tilleries speciales ; ces dernieres ont leplus a redouterles effets de la concurrence ; car les frais de premier etablissement y sont con- siderables ; et si elles n'ont un emploi avantageux de leurs residus comme l'industrie casee dans les fermes, elles ne peuvent, comme les sucreries transformers, choisir entre la fabrication de l'alcool et l'ex- traction du sucre. Apres avoir presents successivement le notions les plus directe- ment applicables, puis un court historique de la nouvelle Industrie et des travaux precedents qui avaient d'avance e^laire la route a sui- vre, nous avons expose les principes scientifiques sur lesquels re- pose la theorie de l'extraction du jus des betteraves, de sa fermenta- tion alcoolique, de la distillation et de la rectification de l'alcool. Nous avons cru devoir decrire seulement alors la structure , ainsi que la composition immediate des betteraves, en rapprochant ces documents de l'explication des principaux phenomenes accomplis COSMOS. 723 durant les operations qui ont pour objet la production del'alcool. En termir.ant cet ouvrage, nous avons donne la liste des applica- tions principales dans les arts, 1'indu-trie, les laboratoires et l'eco- nomie domestique del'alcool des diffrrentes origines, et indique les motifs qui font prevoir le developpement de la consommation, lors- que la concurrence entre les producteurs aura fait bai^ser le cours de ce produit. » — M. le docteur Schiff, de Francfort, lit un memoirerelatif a l'in- fluence des nerfs sur la nutrition des os. Si Ton coupe les nerfs dun des membres d'un animal, oiseau, reptile, mammifere, etc.; apres les six premiers mois, l'os se trouve atropine ; il est plus mince, sa ca- vite medullaire est plus large, sa composition chimique est alteree; de sorte que les parties anorganiques, les sels calcaires, etc., ont dirninue ; tandis que les parties organiques, la gelatine, etc. , ont augmente. Une fois, chez une chienne qui avait mis bas un petit six semaines apres l'experience, quelques parties des os etaient tellement ramollies , qu'elles se trouvaient reduites a l'etat carlilagineux. Il est tres-vraisemblable que l'etat puerperal a exerce une action par- ticuliere sur cette exagvration de l'atrophie, qui ne s'est jamais pro- duite a un si haut degre. Si Ton attend un an ou dix-huit mois apres l'experience , alors quelques parties des os se trouvent hypertro- phies, pendant que les autres sont encore a l'etat d'atrophie. Cette hypertrophic, qui apparait si tard chez les animaux adultes, survient beaucoup plus promptement, et meme clans les premiers mois apres l'experience, si 1'animal est plus rapproche de l'c'poque de sa nais- sance. On peut voir des couches hypertrophiques, neuf jours apres l'experience, chez les jeunes pigeons. Cette hypertrophic existe a cote de l'atrophie de l'os primitif ; et Ton voit une couche spon- gieuse, poreuse, peu dure et facile a couper, qui est presque encore a l'etat hbro-cartilagineux, qui contient des areolesnonossifiees, su- perposees a l'os primitif ; celui-ci est pi us dur , et se montre moins gran- dement hyperemie et atrophia, quand on le separe des couches ad- ventetes, couches si epaissesquelquefois, que l'os a double de volume, comme on le voit surtout chez les os minces, et notamment sur le perone. Le perioste de ces os hypertrophies contient beaucoup de sang, et se divise facilement en couches quelquefois tres-nombreu- ses; la couche hypertrophique adhere si fortement au perioste, qu'on ne peut pas Ten detacher sans arracher en meme temps des parcelles de l'os. II y a done la deux alterations opposees : au com- mencement, l'atrophie; et plus tard l'hypertrophie. II importe de remarquer que par la section des nerfs on met en jeu deux causes 724 COSMOS. qui pouvont toutes deux r^agir sur la nutrition de l'os , l'immobi- lite dcs muscles qui s'y attachent ; et la paralysiedesnerfs vasculai- res, qui doit produire une dilatation des petits vaisseaux de l'os. M. Schiff attribue l'ainincissement a rimmobilite" : en effet , si Ton coupe le nerf sciatique d'une grenouille, les os du membre s'atro- phient ; raais l'atrophie n'apparait pas si en galvanisantchaquejour la jambe de la grenouille, on lui imprime un mouvement artificiel : on sait d'ailleurs, par certaines observations chirurgicales, qu'alors qu'il n'y avait pas de paralysie des nerfs, l'atrophie est survenue par suite de l'immobilite. L'h}q>ertrophie , au contraire, rdsulte de la dilatation des petits vaisseaux et de I'abondance desang que cette dilatation doit produire dans le tissu osseux : cette hypertrophic, en effet, ne manquait pas dans l'aile d'un jeune pigeon dont M. Schiff avait coupe les nerfs depuis quinze jours, et qu'il galvanisait chaque jour pendant une heure ; l'immobilite n'y est done pour rien. On comprend que les deux alterations se contrebalancent l'une l'autre ; et e'est pour cela qu'il taut attendre toujours un temps considerable jusqu'a ce que l'une ou l'autre se montre d'une maniere tres-pro- noncee. Chez les jeunes animaux, ou la nutrition de l'os est plus energique, l'hypertrophie dependante de 1 'alteration de la nutrition doit paraitre plutot et etre plus forte que chez les animaux adultes ; e'est ce qui a lieu en effet. De plus, si M. Schiff a bien compris le role deces deux alterations opposees , il faudra : 1° que si Ton coupe le nerf maxillaire infe- rieur , et par cela meme que cette operation ne prive pas de son mouvement le cote opere de la machoire, il faudra, disons-nous, que l'hypertrophie se montre d'une maniere plus prompte et plus energique que dans les autres os qu'on a pu jusqu'ici atteindre par l'experience : 2° qu'il n'y ait jamais trace d'atrophie precedant l'hypertrophie : or, e'est ce qui a etd pleinement confirme par 1' ex- perience, comme le demontrent les preparations qui ont passe sous les yeux de l'Academie : meme apres trois semaines.il existe deja. une hypertrophic tres-notable chez des animaux adultes , sans trace d'atrophie. M. Schiff a cru devoir en outre refuter 1'opinion qui attribuerait ces alterations a la paralysie des fibres du nerf sympa- thique ou ganglionaire, comprises dan'; le nori coupe, il appelle en terniinant, l'attention sur les analogies qui existent entre les alterations signalees par lui et la maladie connue sous le nom de rachitisme; cette analogie est si grande, que Ton peut determiner par la section des nerfs un veritable rachitisme. — M. le docteur Laugier, candidat a ia place vacante par la COSMOS. 725 mortde M. Roux,litun memoire surle traitementdesplaiesexposces. — M. Elie de Beaumont lit un rapport consciencieusement fait et tres-bienveillant, sur les Memoires de M. Alexis Perrey, profes- seur a la Faculte des sciences de Dijon, relatifs aux relations qui peuvent exister entre la frequence des tremblements de terre et l'age de la lune. Nous avons analyse avec soin ces recherches dans la premiere Jivraison du volume actuel du Cosmos , page 25, et le rapport du savant secretaire perpetuel n'ajoute rien a notre analyse; nous n'y reviendrons done pas. Ce que desirait surtout M. Perrey, e'est que l'Academie lui fit connaitre si a son jugement il etait entre dans une bonne voie, et s'il devait y perseverer. Les conclusions de la commission ne lui laissent a cet egard aucune inquietude, elles approuvent completement la direction donnee a ses travaux et l'en- gagent a les poursuivre avec ardeur ; la commission a fait plus, elle a demande que Ton examinat s'il ne serait pas convenable de prelever sur les reliquats des prix Monthyon une certaitie somme qui serait mise a la disposition de M. Perrey, pour achat des livres , des journaux, etc., necessaires a la confection de ses tableaux. — M. Elie de Beaumont avait signalc l'existence probable de de- pots de charbon au dela du bassin houiller de Sarrebruck; une 6tude attentive de la geologie de ces contrees lui avait fait penser que le calcaire des Vosges pouvait tres-bien etre superpose dans les environs de Carville, aux terrains houillers. M. Mulot fils, un de nos plus habiles sondeurs, lui apprend aujourd'hui qu'il a en effet rencontre des depots de houille exploitable dans les lieux oil la science faisait pressentir leur existence. — M. Cauchy est entre dans une nouvelle voie de decouvertes et de conquetes inesperees. II avait reussi , comme nous l'avons dit, a transformer les i'onctions implicites en fonctions explicites, repre- sentees par des integrales curvilignes; il a montre depuis que, pour developper ces integrales en series convergentes, oi'domiees suivant les puibsances entieres ascendantes et descendantes des variables, il suffit de developper en progression geometrique un des facteurs compris dans chaque integrate. Les courbes.auxquellesserapportent les integrales curvilignes, peuvent d'ailleurs changer de forme, s'e- tendre ou se retrecir entre certaines limites ; et en les choisissant convenablement, non-seulement on determine les modules de cha- cune des series , mais on obtient des valeurs tres-rapprochees des termes d'un rang eleve. Pour premiere application de ses formules generates, M. Cauchy a choisi les series qui se presentent au calcu- lates dans la determination du mouvement des planetes ou des co- 726 COSMOS. metes, sdries qui, lorsque 1'inclinaison et l'excentricite ne sdrit pas tres-petites, doivent, pour demeurer convergentes , s'ordonner sui- vant les sinus et cosinus des multiples de l'anomalie mojenne. Transformers par la nouvelle methode, ces series deviennent facile- merit calculables; la theorie des petites planetes se simplifie extra- ordinairement, quelle que soit l'excentricitd; et Ton arrive, dans un grand nombre de cas, a determiner completement 1'orbite des co- metes periodiques, sans recourir aux quadratures, ce qui n'avait pas encore ete obtenu jusqu'ici. Dans la seance dont nous rendons compte aujourd'hui, M. Cauchy annoncequ'en prenant pour courbe a laquelle se rapportent les integrates eurvilignes, deux portions de spirale logarithmique a parametre determine , et dont l'ensemble constitue une courbe fermee en forme de eoeur, les series qui donnent les elements des orbites des planetes ou des cometes deviennent tel- lement convergentes, qu'on n'a besoin de calculer qu'un tres-petit nombre de termes : ['erreur commise, en s'arretant au quatrieme terme, n'est souvent que d'un cent millieme, elle est d'un dix mil- lieme si Ton s'arrete au troisieme, et d'un quart de millieme seule- meritsil'on ne prend que le premier terme. Une approximation aussi rapide, une precision si grande et si aisement conquise, sont un progres immense. La seconde application reahsee par M. Cauchy a un caractere d'actualite bien plus saisissant encore. M. Babinet a invente un nouveau systeme de projections qu'il appelle projections homolo- graphiques, et qui permettront d'etablir des cartes geographiques bien superieures a toutes celles qu'on a realisees jusqu'ici. Le savant academicien s'est propose et a resolu pratiquement ce beau probleme : couper la sphere par des plans paralleles a l'dqua- teur, et un meridien par des droites paralleles a la trace de l'equa- teur , de telle sorte que les zones interceptees sur le meridien soient proportionnelles aux zones interceptees sur la surface de la sphere. Dans les nouvelles cartes de M. Babinet, les portions comprises entre deux meridiens et deux paralleles seront done toujours rigou- reusement proportionnelles aux portions de la surface terrestre, dont elles sont la projection ; jamais une grande zone de terre ne sera representee par une bande etroite, et reciproquement ; or, e'est evi- demment, en outre de laverite materielle, un avantage considerable. Mais la construction des cartes homolographiques, entrepiises par M. Ernest Bourdin, et qui seront bientot livrees au public, imposait lasolution d'une equation transcendante, elle exigeait qu'on develop- pat en serie une fonction transcendante imphcite, qui liait la latitude COSMOS. 727 d'un des points de la sphere situds sur l'un des plans secants, avec la distance au pole du point ou le meridien est coupe par la s<*cante correspondante a ce plan. Un ami de M. Blum avait reussi a. r£- soudre cette equation par des precedes empiriques, par des inter- polations patientes qui exigeaient un temps considerable; M. Cau- chy, a qui le probleme avait ete soumis, exprime immediatement la valeur cherchee de l'inconnue, au inoyen d'uue serie dont il calcule sans peine les coefficients, et qui est tres-convergente. — On precede a la nomination de la commission chargee de juger les pieces envoyees au concours, pour les prix de physiologie Monthyon; elle se composera de MM. Magendie, Flourens, Rayer, Serre.s et Milne Edwards. — M. le marechal Vaillant met a la disposition de l'Academie, un grand nombre d'exemplaires du rapport presente par lui a l'Empe- reur, sur la situation de l'Algerie en 1853, rapport que nous avons analyse dans notre derniere livraison. •• L'Academie des sciences, dit, l'illustre marechal, n'est pas restee etrangere aux progres ac- complis en Algerie, elle les a souvent provoques et encourages; si efficace dans le passe, son concours peut devenir beaucoup plus fecond encore dans l'avenir, et voila pourquoi je confie aux savantes mains de chacun de mes confreres un exemplaire de mon travail. » A l'appui de ce que vient de dire M. le marechal Vaillant, de la prise par l'Academie des sciences, aux questions qui interessent part l'Algerie, M. Liouville rappelle que le 29 Janvier 183S, le ministre de la guerre adressa a l'Academie un memoire ayant pour titre : Expose complet de la culture clu colon am: Antilles, precede dun apercu de cette culture dans les Etats-Unis d ' Ainerique, et de con- siderations preliminaires sur la similitude du climat et sur I'oppor- t unite des cultures torridiennes dans l'Algerie, par M. Pelouze , pere du celebre chimiste membre de l'lnstitut, ancien planteur de coton, et proprietaiie d'habitation a Sainte-Lucie. « Le sujet de l'ou- vrage de M. Pelouze, disait le ministre, est d'un haut interet pour l'avenir de l'Algerie, et je desirerais que les questions qui y sont traitees fussent soumises aux lumieres de l'Academie des sciences. Je lui serai oblige de me faire connaitre son opinion, et les observations auxquelles l'examen qui aura ete fait, pourra avoir donne lieu. » Moins de six semaines apres, le 12 mars, la commission, composee de MM. Silvestre, de Jussieu, Turpin, Delessert, Mirbel , rappor- teur, presentait un rapport etendu et dans lequel , apres une dtude consciencieuse de la question elle concluait ainsi : « Rien ne nous semble plus raisonnable que de tenter la culture clu cotonnier dans 728 COSMOS. 1'Algerie. .. Nous n'affirmons pas quelle rdussira , mais nous in- cliiions a !e croire, car cette contrde jouit pendant une grande partie de la nuit d'une chaude temperature ; son sol est meuble et fertile ; la beige de mer porte sur le littoral une humidite chargee de sel ; dans l'interieur, on trouve des sources salees; pendant les longues periodes de la vegetation, les pluies ne sont pas trop frdquentes.... » M. Pe- louze pere , et nous Ten felicitons, avait 616 beaucoup plus explicite ; il ne doutait pas que le coton ne prosperat en Algerie, par cette raison surtout , que la brise de mar se fait sentir sur toute la cote pendant la chaude saison. II ajoutait que l'indigotier etait une des premieres plantes, dont il faudrait s'occuper en Algdrie apres !e cotonnier. — En nous adressant un exemplaire de son tableau, M. le mare- chal Vaillant nous communique le rapport inedit sur les produits de l'Algerie.presente au jury de l'exposition d'avrill854, parM. Rous- selon , avec la decision du jury. Les produits adresses par M. le ministre de la guerre comprenaient du tabac, de diverses prove- nances, des cigares, du sida tiliacea, des filasses de phormium tenax , iVurlica nivea, d abutilon indicum , de palmier nain ; du crin vegetal , des cotons de Georgie et autres , de l'opium , des es- sences diverses, de l'eau-de-vie d'asphodele , des arachides , des olives, de l'huile d'olive, des soies greges et des cocons de vers a soie, de l'indigo argents, de la garance, de la cochenille, du safran, plusieurs legumineuses , du ble dur, du ris sec, dujmais, des fruits sees, du chanvre de Chine, des voliges d'olivier etdes tiges de bambou. La pepiniere centrale d'Alger, dirigee par M. Hardy, envoyait plusieurs racines de dioscorea Japonica, et altissima, des fruits de sec/tium edide ou chayotte, espece de cucurbitacee , de bombusa arimdinacea , Toccarsii et autres, des tubercules de colocasia es- culenta , des Rhizomes de Zingiber officinale; des Cannes a sucre rubannee et blonde ; des fruits de nefiier du Japon ; des fils de ca- suavina equiseti folia , de cannabis sinensis, de corchorus textilis ; un sapindius indicus, un giraumon turban, etc., etc. En presence de ces lots qui prouvent d'une maniere dvidente les progres que fait la culture en Algene, etles efforts de Tindustrie pour utiliser les produits de son sol , Societe imperiale, dit le rapport, ne peut pas rester indifferente : il lui appartient au contraire de donner un td- moignage dclatant de l'interet quelle porte au succes de ces deux branches de rdconomie publique sur la terre d'Afrique ; elle decerne en consequence une n.ddaille de premier prix a M. Hardy; elle ac- corde et met a ladi -position deM. le ministre de la guerre cinq md- COSMOS. 729 dailies d'argent aux cinq produits suivants qui lui ont semble" plus interessants, 1° le coton ; 2° le tabac dont plusieurs echantillons out paru doues d'un arome excellent ; 3° la soie; 4° les plantes oleagi- neuses ; 5° la cochenille. Le desir de la Societe est que M. le mi- nistre fasse parvenir ces cinq m^dailles a ceux des colons qui au- ront fait faire le plus de progres a. la culture de ces divers pro- duits. A cette occasion qu'il nous soitpermis d'exprimer timidement un regret et un voeu. Le rapport presente a Sa Majeste l'Empereur ne contient aucun nom propre, il ne nous reVele ou ne nous rappelle aucun des createurs des belles industries qui promettent tant pour l'avenir. C'est une lacune douloureuse et nous serons heureux le jour oil elle sera comblee par un supplement insere au Moniteur. — Ajoutons enfin que, dans l'avant-derniere seance de 1' Academie, M. de Gasparin , au nom d'une commission compose'ede MM. Bous- singault, Payen et de Gasparin, a fait son rapport sur une note de M. Hardy relative aux cultures qui peuvent etre entreprises a El- Aghouat. La commission propose de remercier M. Hardy de sa communication et de 1'encourager dans la tache qu'il a entreprise et qu'il poursuit avec tant de succes. — M. Marcel de Serres revendique pour l'illustre Bernard de Pa- lissy la priority 1° de l'enonce de ce fait que la petrification des co- quilles se continue dans l'epoque actuelle au sein des mers ; 2° de l'explication duphenomenedel'elevationdeseauxdespuitsartesiens. — MM. Leroy d'Etioles et Laugier demandent a etre porles sur la liste des candidats a la place vacante dans la section de mede- cine et de chirurgie. — M. Charles Mathieu adresse le calcul des elements de la se- conde comete de 1854. — M. Jules Maistre presente un charmant modele de thermo- metre electrique ; c'est-a-dire de thermometre dont les indications sont transmises a. distance, au moyen de l'electricite ou du courant galvanique ; nous donnerons bientot la description de ce petit appa- reil. Son auteur, en le presentant , craint d'avoir ete devance par M. Du Moncel, qui, dans l'avant-derniere seance, soumettait au jugement de 1' Academie un regulateur electrique pour la chaleur ; mais il nous semble que le but des deux instruments est complete- ment different. Celui de M. Du Moncel a pour objet de rendre con- stante et de porter a un degre voulu la temperature dun espace limite, c'est une idee tout a fait originale, une application entiere- ment neuve. Son regulateur consiste essentiellement dans un ther- 730 COSMOS. mometre a tube ouvert, dont la colonne mercurielle peut reagir sur deux circuits electriques , en rapport avec deux electro-aimants, ayant action sur deux bouches de chaleur. Un des poles d'une pile de Daniel communique metalliquement au mercure du thermome- tre; l'autre pole, en rapport avec deux electro-aimants, correspond, d'une part, a une pointe de platine soutenue au-dessus du mercure du tube par une tige a cremaillere; etde l'autre, a une capsule rem- plie de mercure, egalement montee sur une cremaillere. Ces deux cremailleres sont mises en mouvement par deux pignons d'un assez grand diametre, pour qu'un tour complet, accompli par eux, cor- responde a la longueur de l'echelle thermometrique. En divisant done la circonference du bouton qui leur correspond, en autant de parlies egales qu'il y a de degres sur l'echelle thermometrique, on peut, au moyen d'un repere, savoir de combien de degres du ther- mometre on avance ou on reculela pointe de platine ou la capsule, en tournant ces boutons. D'un autre cote, le mercure du thermo- metre supporte un petit flotteur qui, par l'intermediaire d'un fil de platine recourbe, peut indiquer au dehors l' elevation ou l'abaisse- ment de la colonne thermometrique. Ce thermometre est place" a l'interieur d'un globe muni de deux bouches en communication par des tubes metalliques, l'une avec un foyer calorifique place a distance, l'autre avec un ballon rempli de glace et hermetiquement ferine" : des leviers mus par les armatures des deux electro-aimants fixes a l'interieur du globe, ouvrent ou ferment tour a tour ces bouches. Cela pose, pour maintenir l'interieur du globe a une temperature constante, par exemple a 5 degres, on abaisse d'abord la pointe de platine circulant dans le tube a 5 degres , en amenant le n° 5 du bouton devant le repere. Si la temperature ambiante du globe est plus elevce, la pointe plonge dans le mercure d'une certaine quan- tity, le circuit electrique est feruie" a travers l'electro-aimant de la bouche relrigerante; elle s'ouvre etla temperature s'abaisse jusqu'a ce que le mercure du thermometre descende au-dessous de la pointe de platine; aloislecourantsetrouveinterrompu, etla bouche relrige- rante se ferine. On fait alors arriver la capsule remplie de mercure un peu au-dessous du cinquieme degre, et il peut en resulter deux choses : ou la temperature du globe, apres cet abaissement force, tendra a monter, ou bien elle tendra a descendre : si elle monte, le mercure du tube thermometrique rencontrera la pointe de platine ; le courant sera ferine une seconde fois du cote de la bouche refrig-e- rante,latemperaturediminuera denouveau. Si la colonne baisse, le COSMOS. 731 fer du flotteur rencontrera le mercure de la capsule, la bouche refrige- rante sera fermee. Le globe se trouvera done forc^ment maintenu a une temperature qui ne pourra varier que d'un petit nombre de degres. La justice nous fait un devoir de rappeler que l'idde premiere d'indiquer les temperatures par la fermeture ou la rupture du cou- rant, au moyen d'une pointe en platine mobile, qui entre dans le mercure ou en sort, appartient a M. Wheatstone, que nous avons decrit son charmant enregistreur dans notre telegraphie electrique. — M. Duvivier annonce qu'en plagant au sein de l'arc electrique obtenu avec une pile de Bunsen tres-forte, un fragment de disthene lamellaire, il l'a vu non-seulement fondre, mais se decomposer; et qu'il a ainsi obtenu des globules d'aluminium tres-pur. — M. Normand envoie un echantillon d'alcool de chiendent ob- tenu par un procikle tres-simple, qu'il decrit et qu'il nous tarde de connaitre. ^ — M. Dujardin adresse la lettre que nous avons reproduite en tete de notre livraison; nous avons le regret d'avoir a dire que M.Pio- bert a maintenu son assertion sous une forme qui aura pour effet d'ajourner encore le triomphe de l'utile decouverte dont nous nous sommes fait le heraut. — M. Leclerc , de Tours . qui a decouvert, comme nos lecteurs le savent, l'appareil nerveux de la sensitive, annonce qu'en faisant agir sur cet appareil le courant d'une pile galvanique, il a obtenu constamment des indices de sensibilite et de mouvement; lorsqu'il letouchait avec un seul pole, il n'y avait artcun mouvement produit. Cette experience ne prouvera ce qu'on en attendait qu'autant qu'il sera bien demontre que la cause des mouvements observes n'est pas une simple elevation de temperature. — M. Poilly, qui craint d'avoir etc" devance par les Anglais, et qui veut conserver ses droits de priorite , adresse l'expose de^a'ille de sa methode de photographie sur collodion sec. — M. Blum fait don a l'Academie d'un exemplaire manuscrit de la T/ieorie des Voutes du P. Deran, de la compagnie de Jesus. Cet ouvrage, remarquable par son texte , ses planches, et surtout par sa date (1643), prouve que des cette epoque le savant jesuite savait appliquer les principes d'une science qui n'a ete formulee qua la fin du siecle dernier. — M. Rayer, au nom de M. Schiff, present a la seance, et qui, comme on l'a vu, a communique son importante decouverte de l'a- trophie et de l'hypertrophie des os apres la section des nerfs, pre- ! £2 COSMOS. sente la note suivante, que nos lecteurs liront avec le plus grand in- teret : « II n'y a pas encore longtemps que les phenomenes des esprits frappeursont occupe les savants ; et quoiqu'on ait propose pour les ex- pliquer une foule d'hypotheses qui sont souvent plus ou moins en contradiction avec les lois de la physiologie, aucune explication scientifique satisfaisante n'en avait encore £te donnee. Par l'ob- servation attentive d'une fille qui produisait ce pretendu sortilege, j'avais acquis la conviction que le bruit trompeur se produisait dans l'interieur du corps humain , et n'etait pas le resultat d'un choc d'une partie du corps contre un objet etranger. Ayant rdflechi dans quelle partie du corps ce bruit si fort pouvait etre engendr£, sans aucun mouvement visible des membres, je suis arrive" a cette conclusion qu'il ne pouvait avoir pour point de depart qu'un seul muscle, le grand muscle peronier, dont le tendon passe en arriere de la malleole externe, dans laquelle il est ordinairement retenu par une bride ligamenteuse. Lorsque cette bride manque, ou lors- qu'elle est assez relachee, si on raccourcit le muscle d'une maniere tres-energique, en empechant en meme temps tout mouvement du pied qui pourrait resulter de ce raccourcissement , il peut arriver que la tension du tendon devienne si forte qu'il sorte rapidement de la malleole, en produisant un bruit semblable a celui d'une corde tendue par un crochet et qu'on lacherait subitement. Cette sortie du tendon est favorisee par la situation oblique du cartilage qui recou- vre la face posterieure de la malleole et qui ne se voit plus dans le squelette: on concoit en meme temps que plus le pied restera immobile par la contraction des muscles flechisseurs du pied, plus la tension du tendon sera grande et plus le bruit sera sensible. - En faisant des essais continus, je suis arrive\ en employant assez d'energie. a contracter le muscle peronier sans remuer le pied, a detendre sur soi-meme ce ligament a un degrt§ tel que je produis a volonte et d'une maniere rhythmique des coups tout a fait comparables a ceux des prctendus esprits frappeurs; pendant que je frappe on peut sentir le mouvement du tendon qui se leve et s'abaisse alternativement, en posant sa main sur le malleole externe. M. le Dr Ott s'est assure^ que ces vibrations etaient tres-sensibles chez un des premiers mediums des esprits frappeurs en Allemagne, la jeune fille dont il a ete question au commencement de cette note. » A. TRAMF.LAY, proprietalrc-gerant. PAUIS. — JMPIUMERIE DE W. REMQUET ET C1C, R'JE GARANC1E1.E, O. T. IV. 23 JU1N iS54. lltOISIG.MK ANXEE. COSMOS. FAITS DIVERS. CONCOURS POUR LA MALADIE DE LA VIGNE. On nous communique la lettre suivante, adressee par Son Excel- lence le min.stre de l'agriculture et du commerce, M Ma-ne a M. Dumas, president de la Societe d'encouragement • - Monsieur, depuis l'apparition de la maladie qui attaque nos vignes 1 administration s'est fortement preoccupce de la marche du rleau et de la facheuse influence qu'il peut exercer sur cette bran che si importante de notre production territoriale. Aussi ai-ie vu avec un veritable interet la Societe d'encouragement, qui a &M rendu tant de services a 1'industrie et a l'agriculture , mstituer des pnx et recompenses, dans le but de combattre cette alteration si fu- neste dans ses re^ultats. « J'ai meme juge a propos de m'associer, en cette circonstance a' ses utiles efforts. J'ai , en consequence , l'honneur de vous informer que j ajouterai une somme de 7 000 fr. au prix promis par le pro gramme de la Societe « a l'inventeur du moyen preventif ou destruc- " teur le plus efficace pour la maladie de la vigne. .. <• Je vous serais oblige, monsieur, de vouloir bien m'accuser re- ception de la presente depeche, et de prendre toutes les mesttres que vous jugerez convenables pour donner a la decision dont j'ai l'hon- neur devous faire part toute l'utilite dont elle est susceptible. « P. Magne. » NOUVELLES d'aNGLETERRE. L'Association britannique pour l'avancement des sciences tiendra sa v.ngt-quatneme reunion a Liverpool, sous la presidence du comte lord Harrowby, a partir du mercredi 20 septembre. La cir- culaire que nous avons sous les yeux s'exprime ainsi • « Depuis la premiere reunion a Liverpool, en 1835, les avantages que ce grand port offre a l'Association ont cm dans une proportion conside- rable, et les officiers locaux ont dcja pris tous les arrangements necessaires pour assurer lebien-etre des etrangers savants ou ama teurs de la science, qui voudront bien venir prendre part aux scan ces de la reunion. » »5 734 COSMOS. — Lord Rossc donnait sa quatrieme soiree , en qualite" de presi- dent de la SocieHe" royale, samedi dernier, dans son hotel de Con- naught place. On savait, que cette reunion serait helas ! la derniere de toutes ; et cette pens^e, toujours triste, mais beaucoup plus triste dans la circonstance actuelle, alors que l'hote dont il faut se separer a jamais est un homme aussi Eminent et aussi excellent que lord Rosse , faisait naitre dans toutes les ames un sentiment de sympa- thie profonde, une emotion concentred et reconnaissante, en dehors des habitudes des reunions scientifiques. Le prince Albeit et le roi de Portugal honoraient la soiree de leur presence. Les notabilites des arts, de la litterature et de la science, desolees de voir se rom- pre une sorte de societe" intime dont le noble lord etait Tame, se de- mandaient avec anxiete si , quand et oil elles se reuniraient encore autour d'un nouveau centre de glorieuse et vivifiante attraction. Dans une des dernieres seances de la Societe royale astronomi- que, lord Rosse a rendu compte des essais tentes par lui pour la production d'images photographiques de la lune. Mecanicien £mi- nemment habile, en meme temps qu'astronome de premier rang, lord Rosse n'a pas eu de peine a armer son telescope gigantesque d'un mouvement apte a conduire la plaque de verre sur laquelle la lunedevait imprimer son image ; il a done obtenu des epreuves assez nettes, mais qui sont loin de le satisfaire ; car, dit-il, aucun precede photographique connu n'est assez sensible pour reproduire undessin dont les details puissent etre compares, meme de loin, a ceux que l'ocil percoit. — M. Challis annonce que la discussion des 281 signaux de te- l^graphie electrique echanges entre les observatoires de Cambridge et de Greenwick a donne\ pour la longitude definitive du premier de ces observatoires , 22s, 69, Est. Cette longitude est inferieure de 85 centiemes de seconde a la longitude adoptee jusqu'ici, et Ton etait loin de prevoir une difference aussi considerable. DISTILLATION DE LA BETTERAVE. Procede Champonnois. — Rapport de M. Payen. « M. Champonnois s'est propose" de rendre facilement applicable aux besoins des petites et grandes exploitations agricoles la distilla- tion des betteraves. « II fallait rendre cette operation aussi facile et aussi simple que la distillation des ce>eales et des pommes de terre , en evitant les chances des mauvaises fermentations , visqueuses ou aciues , et les inconvements de la distillation des matieres pateuses , tout en re- COSMOS. 735 servant pour la nourriture du betail les substances alimentaires de la betterave autre que le sucre. - Les moyens que M. Champonnois a mis en usage pour at- teindre ce but reposent principalement sur deux idees heureuses : 1° extraire des betteraves decoupees en menue cossette le jus sucre* qu'elles contiennent , en le deplaieuses objections faites a ce procede est, dit-il, sa lenteur tres-grande, si on le compare a la methode calo- type primitive et aux autres modifications de cette methode ; on se plaint aussi que la preparation du papier cire necessite des manipu- lations complexes. M. Townsend simplifie d'abord ce procede, ma- teriellement, en supprimant les fiuorures et cyanures de potassium, indiques par M. Le Gray, et qui n'ajoutent absolument rien , dit-il, a son efBcacite, sous quelque rapport que ce soit, acceleration ou autre. L'iodure et le bromure de potassium, unis a l'iode libre, four- nissent un papier qui donne des resultats rapides , surs et tres- beaux. M. Townsend rejette aussi le sucre de miel ou de raisin , re- gardes aujourd'hui comme essentiels, et que l'experience prouve n'etre en aucune maniere necessaires. II a montre trois epreuves ne- 746 COSMOS. gatives d'une meme vue, prises coup sur coup, a huit heures du ma- tin, par des expositions de trente secondes, deux minutes et demie et dix minutes; chacune d'elles est non-seulement bonne, mais par- faite : la formule definitivement adoptee par lui est la suivante : Iodure de potassium de 39Sr Bromure de potassium de 98'" 75 a . . 16, 25 lode resublime 0, 90 F.au distillee 12 40 Le papier cire doit etre entierement im merge" dans cette dissolu- tion, et on doit l'y laisser plong6 pendant au moins deux heures , on le suspend ensuite pour le faire secher a la maniere ordinaire. On sensibilise le papier en le plongeant dans un bain d'aceto-nitrate d'argent prepare" comme il suit : Nitrate d'argent IS1', 95 Acide acetiijue (minimum). 1, 95 Eau distillee 31 Les feuilles doivent rester plong^es dans cette solution au moins pendant huit minutes ; on les lave ensuite dans deux eaux en les laissant huit minutes dans chacune, et on les eponge ensuite comme a l'ordinaire. M. Townsend affirme qu'on ne court aucun danger en laissant le papier trop longtemps dans le bain sensibilisant ; il a prolonge l'im- mersion jusque pendant quatorze heures sans alteration aucune ; il affirme que le papier ainsi prepare se conserve pendant dix ou douze jours ; il se conserverait peut-etre meme plus longtemps, mais il n'a pas fait l'experience ; il montre un portrait pris en cinquante-cinq secondes, dans une chambre eclairee par la lumiere oblique, sur son papier, mais non cire, qui avait ete seche" au papier buvard en sortant dubain sensibihsateur, et employe deux heures apres. M. Townsend emploie pour developper 1' image, une solution sa- turde d'acide gallique, a laquelle on ajoute 17 centigrammes d'aceto- nitrate par chaque quatre onces de liquide; il y a de l'avantage a augmenter plutot qu'a diminuer cette proportion d'aceto-nitrate. II assure en finissant que le succes de la nouvelle methode est cer- tain , on n'a jamais a redouter de voir le papier prendre cette cou- leur brune qui apparait si souvent dans les autres proced^s. En ou- tre de la rapidite d'action, on a encore l'avantage de ne pas avoir a craindre une trop longue exposition a la lumiere. La proportion de bromure peut varier de 10 a 16 grammes ; moins de 10 grammes n'est COSMOS. 7A7 pas suffisant pour atteindre le maximum de rapidity ; tout ce qu'on ajoute a 16 grammes ne produit aucun effet. APPLICATION DE LA PEINTURE A LA PHOTOGRAPHIE SUR VERRE. PAR MM. SOULIER ET CLAUZARD. «• Animer par la peinture des epreuves photographiques sans de- formation , et leur donner une solidite plus grande que la peinture a l'huile sur toile, tel etait le probleme que nous nous sommes ap- pliques a resoudre. II y a deux ans , des essais (bien imparfaits sans doute) avec couleurs transparentes et couleurs opaques, essais encourages par M. Niepce de Saint-Victor, permettaient d'esperer la realisation de cette idee; aujourd'hui, on peut dire que les difficultes sont vaincues quant au proced^s a. la manipulation chimique , et que , dans de bonnes conditions de lumiere et d'optique, les resultats obtenus out une grande importance. Au premier examen de ces peintures, la chose paraitextremement simple : le photographe comprend que c'est une epreuve positive sur glace albuminee, provenant d'un negatif redresse, epreuve sur laquelle on a applique par derriere des couleurs solides , en sorte que l'image photographique reste intacte entre le verre et la peinture. La finesse extreme de 1' epreuve sur verre n'est done pas alteree, comme il arrive toujours avec les retouches sur plaque ou sur papier. Toutefois, cette application pr^sente des difficultes dont on ne se rend pas compte au premier abord, difficultes qui expliquent le temps qu'il nous fallu a pour arriver a des resultats a peu pres cons- tants, et les echecs qu'ont eprouves bon nombre d'operateurs seduits par la simplicity apparente des procedes. Un excellent positifsur glace (ce qui est deja difficile a obtenir) est insuffisant, s'il ne reunit pas d' abord les qualites suivantes : Une grande douceur et une transparence parfaite jusque dans les ombres les plus intenses, la peinture devant faire son effet a travers l'epreuve; il faut ensuite modifier par parties, faire venir selon le besoin la teinte de cette epreuve par l'emploi au pinceau de certains reactifs.toutenconservantune transparence parfaite ; car onconcoit, par exemple, que si l'epreuve etait noire, il serait impossible d'ob- tenira travers le dessin une teinte de chair, ou debleu, de rouge, etc. (Nous nous occupons dans ce moment de vitraux transparents.) 748 COSMOS. C'est aussi l'emploi da res moyens que nous avons etudies avec perseverance, qui nous pcrmet de donner a nos epreuves ster^osco- piques sur verre la transparence et les beaux tons qui les out fait immediatement remarquer. D'ailleurs, ces epreuves se disting.uent par une modification importante qui les rend plus legeres, d'un meilleur effiet et d'un aspect plus agreable. Jusqu'ii ce jour, les epreuves sur verre se composaient de trois verres , si Ton voulait qu'elles fussent pourvues d'un verre depoli : a. savoir l'epreuve elle-meme; un verre a passe-partout, pour la prbteger et l'encadrer, et enfin, le verre depoli employe par suite du brevet de M. Duboscq, brevet qui assure a cet habile opticien la propriete des stereoscopes a fond en verre depoli. Cette disposition , en outre du poids , qui est un inconvenient pour l'exportation, etait disgracieuse et nuisait a, l'effet dans le ste- reoscope, le passe-partout noir, opaque, attenuant trop la lumiere. Nos epreuves n'ont que deux verres, y compris le verre depoli, et une elegante marge a jour, faite sur l'epreuve elle-meme, remplace a la fois le troisieme verre et le lourd passe-partout noir. » Nous sommes restes vraiment emerveilles de la beaute, de 1' ele- gance, de la legerete des epreuves st^reoscopiques de MM. Soulier et Clauzard. C'est certainement ce que nous avons vu de plus par- fait en ce genre. Leur precede de peinture est aussi d'un brillanteffet et tres-riche d'avenir. TETE DE DAGt'ERREOTYPE A QUATKE FINS. On vante beaucoup l'heureuse modification que M. Duboscq ap- porte en ce moment aux tetes de Daguerreotype. II a trouve le moyen de tirer quatre objectifsd'un objectif. Avec un objectif a ver- res combin^spourportraits, plaque normale, de48 lignes d'ouverture, de 18 centimetres de foyer, il forme tour a tour : 1° un second ob- jectif de 48 lignes de diametre , de 45 centimetres de foyer, per- mettant de couvrir 30 centimetres sur 40; parfaitement adapte, par consequent, pour vues et paysages; 2° un troisieme objectif de 38 centimetres de foyer ; 3° un quatrieme objectif de 28 centimetres de foyer. Cette annonce est puisee dans le traite complet de photographie de MM. le comte de laSoriniere et Texier,. traite que nous analyse- rions des aujourd'hui si nous savions les auteurs disposes a faire les corrections que nous leur demanderons dans l'interet de la justice, de la verite, et aussi de leur livre. CHEMINS D£ FER ATMOSPHERIQUES SOUTEREAINS. PAR M. SEGUIN AiNE. Ce Memoire, qui, comrae nous l'avons annonc£, a ete presente a l'Academie des sciences dans la seance du 5 juin, produit un grand e^onnement ; on se demande avecquelque anxiete, comment l'illus- tre inventeur de la locomotive a grande vitesse a pu se resoudre a signaler, dans un avenir prochain, l'instant oil sa sublime creation devra rentrer dans le neant ; l'instant ou le cheval de fer, si Elegant, et si fort cessera de s'elancer comme un geant pour fournir au grand jour sa course impetueuse. On ne peut pas comprendre qu'une des plus belles natures intellectuelles des temps modernes ait pu se donner la singuliere mission de preparer les esprits a l'avenement du mode de propulsion le plus etrange, le plus impopulaire, le plus barbare de tous, 1' aspiration au sein d'un canal souterrain. On serait tente de croire quenotre noble maitre et ami n'aplus cette puissance si grande de discernement et de discussion, s'il ne plantait pas son nouveau drapeau d'une main tout a fait jeune et ferme. Nousn'essaie- rons pas de le justifier et de le defendre; les impressions dont nous nous sommes fait le fidele echo, prouvent surabondamment a elles seules, qu'en formulant son projet de chemins de fer atmospheri- ques, il a ete entraine par l'evidence de la verite, ou plutot par la violence de la ndcessite. II n'y a rien de plus vrai que ce qui est necessaire et inevitable, or, les voies de fer atmospheriques et sou- terraines sont un progres qu'il faudra su'oir bon gre mal gre, un progres qu'il est temps, grand temps de formuler et d'organiser. Honneur a. l'homme de genie qui sait prevoir les exigences de l'a- venir, qui entreprend de dompter la fatalite, et de la convertir en bienfait pour les generations nouvelles ! Lorsqu'en 1826, M. Seguin voulutdoterla France des voies defer actuelles, oncria aussi detoutes parts, au reve, a l'impossible ; le reve est devenu la plus grande realite des temps modernes, l'impossible a tout envahi et regne en souverain ; M. Seguin a la conviction profonde et invincible de l'adoption prochaine et universelle de ce qui n'apparait encore que comme un paradoxe ou un reve. «« Dans une communication que je fis a l'Academie, le 20 juillet de l'annee 1846, je signalai les dangers auxquels on est expose sur les chemins de fer lorsqu'on depasse une certaine limite de vi- tesse; et apres avoir recor.nu que les moyens de locomotion actuel- 750 COSMOS. lement employes permettent de beaucoup depasser cette limite, j'exprimais la crainte que la disposition du public a fermer les yeux sur les dangers auxquels il s' expose, lorsqu'il croit trouver un in- teret materiel a les braver, ne devint la source de nonibreux acci- dents. - J'annoncais alors que j'etudiais un systeme au moyen duquel il serait possible d'obtenir, et meme de depasser les plus grandes vitesses connues, sans courir aucun danger. C'est le resultat de mon travail que je viens soumettre a 1' Acaddmie. « Le mode que je propose de substituer a celui gdndralement adopte aujourd'hui, est loin d'etre nouveau dans son 'principe; il est base sur la facility avec laquelle on peut mettre de grandes masses en mouvement par l'intermediaire de l'air ; il a dteindiqud, des 1'annee 1810, par un Anglais, nomme Medheurst, dont M. A- rago parle dans son lumineux rapport a la Chambre des deputds, sur la question des chemins de fer atmospheriques. » En 1826, M. Vallence entreprit, a Brighton, quelques essais ayant pour but de realise!' l'application de ce systeme; mais, a cette epoque, ces tentatives ne pouvaient evidemment avoir de resultats utiles, car ce mode de locomotion ne prdsente desavantages qu'au- tant que Ton a des masses considerables de transports a executer avec de grandes vitesses; or 1'on sait que, dans leur origine, les chemins de fer furent etablis avec des voies etroites et des wagons contenantapeineun tonneau, servant au transport des houilles, mine- rais, castines, ardoises, etc., et qui etaient traineV' par des hom- mes ou des chevaux avec des vitesses tres-faibles. " Vers cette meme annee, M. Stewenson, de Newcastle, ima- gina d'executer les transports au moyen de machines locomotives de son invention ; mais ces machines, tres-lourdes, et qui produisaient peu de vapeur, n'arrivaient a faire parcourir aux convois que 2 metres environ par seconde. « En 1827, M. Medheurst, a la suite des experiences de M. Val- lence, publia une brochure dans laquelle il jeta les premiers fonde- ments des idces qui ont donne naissance au systeme atmospherique que Ton a tente infructueusement de substituer a celui des loco- motives. « Plusieurs essais faits, de 1834 a 1836, par differents ingd- nieurs, et entre autres par M. Pinkus, qu'un certain William Ker- sall-Vrigg pretendit avoir devance, parurent ne pas avoir donne a leurs auteurs des resultats assez satisfaisants pour etre poursuivis : COSMOS. 751 c'est ce dont M. Vallence semblait convaincu en reprenant ses pre- mieres experiences. « A eet effet, il etablit, en 1840, a Brighton, un cylindre en bois, d'environ 67 metres de long et de 3 metres de diametre re- couvert en toile. II placa dans cette espece de tunnel une cloison en planches, a laquelle il fixa une voiture dans laquelle voya^erent, a diverses reprises, un grand nombre de curieux, parmi lesquels on cite M. le due de Bedfort, lord Holland et M. le comte de Fla- haut. Cette voiture otait mise en mouvement au moyen d'une pompe aspirante, qui produisait une rarefaction ^quivalente a. une soustraction de pression de 1/5 de millimetre de mercure, ce qui suffisait pour communiquer a la voiture une vitesse d'environ 2 lieues a 1'heure, bien qui] restat un intervalle de 27 millimetres entre le pourtour du diaphragme etles parois du tunnel. « Nous avons vu enfin MM. Cleg et Samuda, Halette et Pec- queur proposer diverses modifications, dont aucune n'a encore ob- tenu la complete reussite dont leurs auteurs s'etaient flatted. « Convaincu moi-meme que la transmission de mouvement des moteurs aux convois, par l'intermediaire de 1'air, etait le moyen le plus simple, le plus sur et le plus economique de satisfaire aux exigences de l'epoque, je me suis attache a 1 'etude d'un systeme qui me paraissait devoir mieux procurer ces resultats que ceux es- sayes, sans succes, jusqu'a. ce jour. On ne peut pas se dissimuler d'abord que les vitesses auxquelles on est parvenu depuis 1'annee 1828, ou Ton a commence a employer generalement les chaudieres tubulaires de mon invention, n'ont 6te obtenues qu'en elevant con- siderablement le chiffre des depenses d'exploitation et en exposant les voyageurs a de grands dangers ; puis , qu'il s'est presente une foule d'inconvenients qu'il eut ete difficile de prevoir, et qui appel- ant sur les chemins de fer une reforme dont la necessity est ddmon- tree par la multitude de tentatives des inventeurs, et le grand nom- bre deprojets que Ton voiteclore de toutes parts. " Les vices que Ton reproche aux chemins de fer actuels sont : « 1° Les nombreux contacts qu'ils ont avec les voies de commu- nication ordinaire ; " 2° Les chances d'accidents inseparables des grandes vitesses avec lesquelles on exige qu'ils soient parcourus par les convois ; » 3° La certitude absolue qu'il faut avoir qu'aucun employe ne s'ecartera jamais en rien de la consigne qui lui est donnee , sous peine de voir arriver les plus terribles accidents ; 752 COSMOS. « 4° Les inconvenients et les depenses d'entretien , qui sont les resultats inevitables d'une ligne construite avec des materiaux essen- tiellement alterables par les variations atmospheriqu.es, et la diffi- culte de la parcourir en hiver, lorsqu'elle est encombree de neige, de glace, de verglas, et meme simplement de rosde ; « 5° EnSn, la resistance de l'air dans les grandes vitesses, qui ab- sorbe quelquefois une grande partie de la force du moteur, lorsque la direction du vent est contraire a la marche du convoi. « Tant que les besoins d'une vitesse aussi grande que celle avec laquelle on voyage actuellement ne s'etaient pas manifestos, et que le nombre des voyageurs n'avait pas atteint le chiffre auquel il^est arrive aujourd'hui, il est evident que tous les inconvenients que je viens de signaler n'existaient pas. « Les machines locomotives etaient jusqu'ici les moteurs les plus convenablcs. En effet, le poids qu'elles peuvent entrainer est tou- jours d'autant plus considerable que leur vitesse est plus petite ; la depense qu'elles exigent est proportionnelle au temps pendant le- quel elles sont employees a effectuer les transports; et ces deux ca- racteres s'accordent parfaitement avec la condition de masses peu considerables a transporter avec de faibles vitesses. .. Dans le systeme que je propose, la defense, au contraire, est a peu pros la meme, quelle que soit la quotite des transports ; et e'est en cela, joint a son extreme simplicite et a l'improbabihte de tout accident, qu'il diftere de ce qui se pratique aujourd'hui, « J'admets que la ligne quidevra etre parcourue, ou le chemin defer, soit divisee en sections de 4, 6, 10 et meme 12 kilometres, determiners par les distances entre les points ou il sera necessaire d'etnblir des stations. Ces stations auront une etendue d'environ 1 000 metres ; elles seront disposers partie a ciel ouvert, partie sous des hangars, et plus elevees de 3 a 4 metres dans le milieu que vers les extrlhnites, formant ainsi un dos d'ane , sur lequel les convois s'eleveront en vertu de leur vitesse acquise, et redescendront ensuite par 1'effet de la gravite. .- Les convois, pourparvenirdel'une a l'autre deces stations, tra- verseront des tunnels de forme elliptique, maconnes oucuvelds d'une manierequelconque, etexactement closdetoutes parts pour empecher la communication avec l'air exterieur ; leur section sera de 7 a 8 metres carres, un peu superieure a celle qu'occupe une voiture des- tinee au transport des voyageurs, et its pourront, si le besoin s'en faisaitsentir, etre eclaires de distance en distance sur tout ou partie de leur longueur, partout oil il sera praticable de le faire. COSMOS. -353 » La voie du chemin de fer sera formee par deux lignes de rails inferieurs pour supporter Ies vortures, et deux autres rails plus fai- bles sur les cotes, pour les empecher de sortir de la voie. On pourra meme, au besoln, ajouter dans le milieu de la voie un fort madrier en bois, contre lequel s'appuieraient en roulant des poulies fixees aux voitures, suivant la disposition proposee par M. Seguier pour les chemins de fer a traction laterale. Les convois seront mis en mouve- mentdans ces tunnels parl'effet d'un courant d'air qui sera determine au moyen de pompes aspirantes et foulantes, mises en jeu elles- memes par de puissantes machines a vapeur. La pression de l'air exterieur, determined par l'aspiration, impiimera au convoi une vi- tesse qui ira en augmentant jusqu'a ce qu'il se trouve en face de la machine ; et, arrive la, l'air refoule derriere lui par cette machine lui fera continuer son mouvement avec une vitesse decroissante jusqu'a la sortie du tunnel. " Oncalculera la vitesse de maniere quelle soit encore de 10 me- tres a la sortie du tunnel, arm que, par l'effet de la vitesse acquise, le convoi puisse atteindre la partie la plus elevee de la station, et se remottre ensuite en mouvement par la seule cessation de Faction du frein sur les roues. " Les machines destinees a mettre les convois en mouvement as- pireront l'air dans un grand reservoir et le refouleront dans un autre. Ces reservoirs seront disposes de maniere a pouvoir etre mis en com- munication a volonte avec la partie en amont ou en aval du perce- ment. "En face de chaque machine il y aura, dans les tunnels, deux cloisons, distantes l'une de l'autre de 200 metres, fermees chacune par deux portes pour isoler, d'un cote, l'espace dans lequel s'ope- rera le vide partiel, et, de l'autre, celui ous'operera la compression. Ces portes seront ouvertes pour laisser passer le convoi, et ensuite refermees par l'effet altematif de l'air dilate et comprime, qui s'in- troduiradans une chambre derriere les portes. Des soupapes, que ] e convoi commandera au moment tie son passage, feront executer avec precision ces mouvements. Mais il est visible que meme, sans ce moyen, la seule compression de l'air operee par le convoi en vertu de sa vitesse acquise, determinera 1'ouverture des portes pour le laisser passer , et tendra ensuite a les faire refermer apres son passage. « La principale depense de ce systeme consistera dans la diffi- culte de mettre en mouvement de longues colonnes d'air avec de 754 COSMOS. grandes vitesses. Aussitot avant le passage des convois lorsque l'air agira par aspiration, et apres son passage lorsqu'il agira par com- pression, il y aura des portes qui s'ouvriront ou se fermeront par le moyen de detentes a ressorts, que le convoi lui-meme fera partir au moment de son passage, afin d'etablir une communication entre l'in- terieur du tunnel et l'air exterieur, de maniere a ne mettre en mouvement que la portion d'air comprise entre la machine et le convoi. " Des cantonniers seront places dans des loges mises en com- munication avec l'air exterieur par une double porte remplissant 1'office d'une £cluse a air ; ils surveilleront et executeront au besoin ees mouvements. " II est evident que, par suite de ces dispositions, les convois pourront parcourir successivement toutes les stations par le seul effet des machines qui se les transmettent de l'une a l'autre : l'ou- verture, la fermeture des portes et des soupapes aurontlieu par l'ef- fet meme de leur passage, de la meme maniere que s'exdcutent les choses dans le mecanisme d'une machine a vapeur ; avec cette ana- logie encore que des gardiens, disposes partout pour veiller a ce que ces mouvements s'effectuent avec exactitude, pourront les suspen- dre, ou au besoin les intervertir, s'il y avait necessite ou conve- nancede le faire. « La difference de pression avec l'air exterieur, necessaire pour obtenir des vitesses que Ton pourra porter a 25, 30 metres par se- conde et plus, ne s'elevera jamais au deia de 2 et 3 centimetres, ainsi que je le demontrerai dans un autre Memoire que je soumet- trai a l'Acad&nie, et dans lequel je donnerai tous les details et cal- culs propres a eclairer le public sur les a vantages et l'economie de ce nouveau systeme ; cette difference de pression, bien inferieure aux variations journalieres du barometre, sera tout a fait insensible et ne pourra etre de nature a incommoder les voyageurs ni meme a ^tre appreciee par eux. « II r^sultera de cet ensemble : « 1° Que la ligne sera completement isolee de tous les lieux ha- bites, a l'exception des points de stations oil elle se retrouvera ne- cessairement en contact avec les autres voies de communication ; " 2° Que tout accident par suite de deraillement ou de rencontre de convois, deviendra impossible, puisque la couche d'air qui sepa- rera les convois maintiendra toujours entre eux une distance assez grande pour les empecher de trop se rapprocher les uns des autres, et encore moins de s'entre-choquer ; COSMOS. 755 «« 3° Que Ton evitera le poids si enorme des locomotives, et que Ton pourra rendre le nombre de voitures qui composent les convois aussi grand, et par suite leur masse aussi faible qne Ton voudra; » 4° Que les inconvenients resultant des grandes vitesses se trouvant elimines, on pourra voyager aussi vite que le comporteront les moteurs, sans courir aucun danger ; « 5° Qu'il sera tres-facile et sans inconvenients d'interrompre brusquement de quelques metres la regularite de la pente, lorsque le passage d'un pont, d'une route, les abords d'une ville, ou tout autre obstacle pourront l'exiger. A tous ces avantages, il faudrait ajouter pour les regions froides, celui de pouvoir construire des tunnels en bois cercles en fer, engages a moitie dans le sol, a des prix tres-bas, vu la faible valeur de ces mat^riaux dans les contrees du Nord ; et la facility de voyager aussi promptement et aussi siirement au milieu des frimas que dans la belle saison. » — Dans le feuilleton de la Presse d'hier, 22 juin, M. Victor Meunier consacre au Memoire de M. Seguin quelques lignes d'e"- tonnement et d'incredulite\ Nous ne discuterons pas les impres- sions ; mais nous repousserons avec energie son accusation de plagiat. II ne veut pas que M. Seguin s'exprime ainsi : Les chau- dieres tubulaires de mon invention, parce que, de par lui, les chaudieres tubulaires sont V invention de M. Charles Dallery. II ne sait done pas qu'il y a chaudieres tubulaires et chaudieres tu- bulaires! II y a des chaudieres tubulaires dans lesquelles les tubes renferment l'eau a vaporiser; et celles-la peuvent appartenir a Charles Dallery; mais il y a aussi des chaudieres tubulaires oil l'eau a vaporiser est exclue des tubes, ou les tubes ont pour fonction de donner passage au feu ou a 1'air chaud provenant de la combus- tion; et celles-ci sont incontestablement l'invention de M. Seguin. Les premieres donnaient au plus 300 kilogrammes de vapeur etdes vitesses de 5 a 6 kilometres par heure. Les secondes, eclairs de genie, ont donne tout d'abord 1200 kilogrammes de vapeur et des vitesses de 40 kilometres par heure ; sans elles la locomotive a grande vitesse n'existerait pas ! En presence de ce fait si evident, persister a. dire que M. Seguin n a fait vers 1828 que ce que M. Dallery avait fait en 1803, e'est, pour reparer une pretendue injustice, en commettre une beaucoup pluscriante; et nous conjurons M. Meunier de se retracter loyale- ment et promptement : il le fera, car il est homme de coeur. F. Moigno. ACADEMIE DES SCIENCES. SEANCE DU J 9 JUIN. La seance puhlique a ete tres-courte , et n'a presque rien offert d'interessant. L'Academie etait pressee de se former en comite se- cret pour la presentation et la discussion des titres des candidats a la place vacante dans la section de medecine et de chirurgie. — M. Bravais lit une petite note sur l'influence que le mouvement de l'air peut avoir sur la temperature indiquee par les thermome- tres tournants. U a imprime a un thermometre a deversement, de M. Walferdin, dont chaque division de l'echelle mesurait un vingt- cinquieme de degre, un mouvement de rotation rapide, et il a con- state que la variation de temperature due a ce mouvement ne de- passait pas un vingt-cinquieme de degre. C'est tout ce que nous avons pu saisir de cette courte lecture ; cependant, apres avoir rap- pele l'heureux parti qu'il a tire des appareils propres a imprimer un mouvement de rotation de sens horizontal, dans son haloscope et ses experiences sur le pendule conique , le nouvel academicien a exprime le vceu que tous les cabinets de physique fussent pourvus d'un appareil de ce genre. — M. Biot donne lecture cCun avis au lecteur, £crit par lui , et qui doit servir de preface a un ouvrage posthume ducelebre chimiste Laurent, que M. Mallet-Bachelier va publier incessamment sous ce titre : Methode de chimie, volume in-8° de 30 feuilles. Etroitement lie avec Laurent, initie par des entretiens intimes a lapens^e deson livre, M. Biot s'est donne la mission de l'exposer; nous pourrions des aujourd'hui analyser avec etendue, cette lecture pleine d'interet, mais comme elle ne doit pas etre inseree dans les comptes rendus de 1' Academie, nous attendrons pour les reproduire integralement , 1' apparition du volume annonc^. — M. Flourens presente a l'Acad^mie une histoire de la d^cou- verte de la circulation du sang, qu'il a recemment public, et deux notes de physiologie experimentale , dont le titre n'a pas meme ete entendu. — M. Eiie de Beaumont annonce que le tome xne des Memoires des savants strangers est en distribution. — M. Ch. Delaunay, ingenieur des mines , professeur a l'ecole Polytechnique et a la Faculte des sciences de Paris, adresse la se- conde partie de son cours dlementaire d'astronomie , concordant avec les articles du programme officiel , pour l'enseignement*de la cosmographie dans les lycees, ediW parM. Victor Masson, 17, place de l'Ecole-de-Medecine. COSMOS. 757 Nous ferons plus tard un examen plus detaille de ce charmant ouvrage qui fait partie de la Bibliotheque Poly technique pour l'en- seignement scientifique des lycees. — MM. Delisle et Gerono font hommage de leur trade de °-eo- metrie analytique, edite par M. Mallet-Bachelier. — Une nouvelle comete telescopique a eHe decouverte le 4 juin, parM. Klinkerfues aGcettingue; cet astre a ete observe deja par plusieurs astronomes, qui adressent a l'Academie les positions de- terminers par eux. Le mauvais temps des derniers jours n'a rendu possible, soit a l'Observatoire imperial, soit a l'observatoire libre, qu'une seule observation; maisMM. Liouville et Charles Mathieu, en s'aidantde deux des observations faites en Allemagne, ont pu calculer d£ja les elements paraboliques de cette troisieme comete de 1854 : Passage du perihelie, juin. .... 22,06531 Distance perihelie 0,647867 Longitude du perihelie 272° 57' 52'' Longitude du nceud ascendant 347 40 57 Inclinaison 71 20 1 Sens du raouvement Retrograde. — M, Edouard Derrien soumet au jugement de l'Academie les engrais qu'il prepare depuis plusieurs annees, dans son usine de Chantenay, pres Nantes, et qu'il livre au commerce en grande quantite sous le nom de guanos artificiels speciaux. II fait accompa- gner son Memoire d'echantillons de guanos pour diverses plantes et de nombreuses lettres ou certificats qui en attestent l'efficacite. La commission chargee d'examiner les guanos de M. Derrien se compose de MM. Pelouze, de Gasparin et Peligot. Convaincu comme nous le sommes que ces engrais, prepares avec le plus grand soin, vendus sur analyse complete et dans des sacs plombes, peu- vent rendre de tres-grands services a l'agriculture, nous en ferons une etude serieuse dans une de nos plus prochaines livraisons. — M. de Gasparin presente plusieurs Memoires de M. Baude- mens, professeur de zootechnie. — Nous apprenons que dans le comite secret la liste suivante de candidats proposes par la commission, a ete acceptee apres une dis- cussion assez longue : Au premier rang, M. Claude Bernard ; au second rang, M. Jo- bert de Lamballe; au troisieme rang, ex wquo , MM. Longet et Baudens ; au quatrieme rang, ex a;quo , MM. Laugier et Mal- gaigne ; au cinquieme rang, ex ce.quo, MM. Leroy d'Etioles et Mai- sonneuve. Toutes les chances de l'election sont pour M. Claude Bernard. VARICES. NOTE SUR LELECTRICITE QUI ACCOMPAGNE ^EVAPORATION DE l'eaU SALEE ET SUR l'oRIGINE DE LELECTRICITE ATMOSPHERIQUE. TAR M. 1. M. GADGA1N. « M. Pouillet a constate, il y a longtemps, que lorsqu'on fait evaporer dans un creuset de platine une dissolution saline quel- conque, le creuset se charge d'electricite resineuse, mais les circtin- stances qui concourent a la production de l'electricite n'ont pas et<5 jusqu'ici determiners d'une maniere precise, et il m'a paru utile de les etudier de nouveau. J'ai recherche d'abord quelle etait l'influence de la temperature du creuset sur le developpement de l'electricite. Suivant M. Pouillet, cette circonstance influerait seulement sur l'intensite des effets obser- ves, et l'electricite se produirait avec plus ou moinsd'abondance pen- dant toutes les phases de l'evaporation, mais ce point a ete conteste par Peltier; ce savant assure au contraire que l'electricite se produit exclusivement, au moment ou le liquide, quittant l'etat spheroidal, eprouve une espece de decrepitation ; j'ai fait un tres- grand nombre d'experiences en vue de decider la question, et j'ai toujours trouve, comme Peltier, que l'electricite semanifeste exclu- sivement pendant la decrepitation qui succede a l'etat spheroidal ; l'evaporation tranquille qui s'opere quand le petillement a cesse\ ne m'a jamais donne le moindre signe d'electricite, je me suis servi, comme l'a fait M. Pouillet , de l'electroscope a feuilles d'or de Volta , et dans la serie des recherches dont je rends compte en ce moment, j'ai opere sur une seule dissolution, sur la dissolution de sel marin. Peltier concluait de l'observation que je viens de rapporter, ■ que l'electricite se produit au moment ou une decomposition chi- - mique a lieu, et non pendant la separation de l'eau surabon- <* dante ; » mais cette conclusion me semble peu rigoureuse, et la correlation bien etablie qui existe entre la decrepitation et le deve- loppement de l'electricite, me parait prouver au contraire que ce phenomene est le resultat d'un frottement analogue a celui qui se produit dans les experiences d'Armstrong et de Faraday ; cette in- terpretation se trouvejustifieeparles experiences que jevaisexposer. D'abord on peut prouver par une experience directe que le pla- tine chaud peut etre electrise par le frottement de l'eau pure. Quand on fait evaporer de l'eau distillee dans un creuset de platine bien propre et chauffe au rouge , il n'y a pas d'electricite produite, ou COSMOS. 759 s'il y en a, elle n'est pas appreciable avec l'eiectroscope a feuilles d'or, ainsi que M. Pouillet l'a constats, mais c'est qu'aussi la de- crepitation est nulle ou tres-faible; si au lieu d'abandonner a elle- meme 1'evaporatioii, on lance, au moyen d'un soufflet, un leger couiant d'air dans le creuset et qu'on dirige le vent de maniere a imprimer a l'eau globulisee un mouvement de giration rapide, on parvient par ce petit artifice a provoquer une decrepitation assez vive au moment oil le platine devient susceptible de se mouiller, et Ton obtient des signes d'eiectricite rdsineuse qui ne sont pas tres- marques, mais qui sont tres-constants. J'ai repete cette experience un tres-grand nombre de fois, et j'ai regulierement obtenu un ecar- tement des feuilles d'or compris entre 7 et 12 millimetres; l'elec- tricite produite ne peut evidemment etre mise sur le compte d'une segregation chimique et ne me parait pas pouvoir etre attribute a. une autre cause qu'au frottement de l'eau contre les parois du creu- set de platine. En second lieu, les sources electriques dont l'affinite chimique est le principe, jouissent de certaines proprietes tres-remarquables sur lesquelles j'ai deja plusieurs fois insist^ dans les diverses communi- cations que j'ai eu l'honneur d'adresser precedemment a l'Academie. Lorsqu'on met de telles sources en rapport avec un condensateur elle lui communique instantanement le maximum de charge que l'appareil comporte, et cette charge croitindefiniment avec la surface du condensateur employe. Ces proprietes me paraissent propres a caracteriser l'electricite qui derive de Taction chimique et a la dis- tinguer de celle qui est produite par le frottement; le frottement, en effet, developpe des quantites d'eiectricite qui croissent quand le frottement se prolonge et qui pour un temps donne, ont une valeur invariable, independante de I'etendue des surfaces des condensa- teurs dont on se sert. II m'a done paru interessant de rechercher si l'electricite qui se developpe pendant l'evaporation de l'eau salee jouissait ou non des proprietes caracteristiques dont je viens de parler; or, j'ai constate d'abord que si le creuset dans lequel l'eva- poration s'opere est mis en communication avec un electroscope, les feuilles d'or s'ecartent de plus en plus, tant que dure la decrepita- tion, qui est la condition du developpement de l'electricite; ainsi ce developpement est graduel; en second lieu, la deviation des feuilles d'orobtenue avec un electroscope simple depourvu de con- densateur, est plus forte que celle qu'on obtient en faisant usage du petit condensateur de Volta; et si Ton essaye de se servir de l'clec- troscope a double condensateur que j'ai precedemment decrit, on 760 COSMOS. trouve que l'emploi du grand condensateur qui angmente dans une proportion considerable la charge finale de l'electroscope, quand la source que Ton etudie a son principe dans I'affinitc chimique, dimi- nue au contraire cette charge, au point de la rendre insensible quand il s'agit d'apprecier l'electricite produitc par l'evaporation de l'eau salee; ainsi la quantite d'electricite que ce phenomene developpe a une valeur determinee, independante de la grandeur des surfaces des condensateurs employes. En resume^ l'electricite" produite par l'evaporation de l'eau salee, presente les caracteres de l'electricite qui provient du frottement. Les faits qui precedent me paraissent demontrer que l'electricite qui se manifeste pendant l'evaporation de l'eau salee provient d'un frottement, mais on peut se demander quelles sont les substances entre lesquelles ce frottement s'exerce; car le plateau n'est pas frotte seulement par l'eau; il Test aussi par les particules de sel qui se trouvent lancees hors du creuset au moment de la decrepi- tation. Pour faire la part de l'electricite qui peut provenir de ce dernier frottement, j'ai place au fond d'un creuset de platine chauffe* au rouge, quelques pincees de sel marin sec et en poudre, puis j'ai souffle dans le creuset de maniere a. en faire jaillir le sel; l'electros- cope qui avait ete mis en rapport avec le creuset, a cite" tres-forte- ment electrise dans cette circonstance, mais c'est d'electricite vitree qu'il s'est charg^ ; et puisque c'est de l'electricite resineuse qui se produit pendant l'evaporation de l'eau salee, le frottement du sel contre les parois du vase ne peut pas, par consequent, contribuer a la production de l'electricite qui se manifeste dans ce cas ; celle-ci provient done exclusivement, comme dans les experiences d'Arms- trono- etde Faraday, du frottement de l'eau contre les parois du vase. J'ai fait quelques experiences sur diverses dissolutions acides et alcalines, et toutes m'ont donne a peu pres les memes resultats que la dissolution de sel marin ; les substances dissoutes ne me pa- raissent concourir a la production de l'electricite, que parce qu'elles provoquent la decrepitation; mais comme la question a une cer- taine importance theorique, je me propose de continuer mes re- cherches et de lea etendre a un plus grand nombre de dissolutions. Du reste, les faits que je viens d'exposer conduisent deja a une consequence importance, c'est qu'on n'est plus en droit d'attribuer l'electricite de l'atmosphere aux segregations chimiques qui s'ope- rent pendant l'evaporation tranquille de l'eau des mers. A. TRAMRLAT, proprUtaire-gerant. PARIS. IMPRIMERIE DE W. REMQDET ET Cie., R'JE GARANCIERE, O. T. IV. 3o JU1N i854. [tiioisilme annee. COSMOS. FAITS DIVERS. NOUVELLES d'aNGLETERRE. La Society royale de Londres , dans sa derniere seance de la saison (15 juin), a elu membres etrangers M. Chasles , geometre francais tres-distingue" et membre de l'lnstitut, M. Baer, et M. Voider, chimiste allemand tres-celebre. — La lecture bakerienne, r^servee commel'on sait au travail le plus neuf del'annee, a ete" faite par M. le professeur Graham ; elle a eu pour objet la force osmotique , e'est-a-dire la force qui produit les phenomenes de l'endosmose et de 1'exosmose. Nous analyserons ces belles recherches avec le plus grand soin. — Le Bureau du commerce, avant d'arreter les cadres de ques- tions meteorologiques qui seront envoyes aux capitaines de vais- seatrx et aux autres personnes qui devront prendre part a la grande serie d'observations faites sur le p'an uniforme arrete la nuit der- niere , a prie la Societe royale de Londres de rediger un rapport sur les desiderata dela meteorologie, et sur la meilleure forme a donner aux observations pour mettre mieux en evidence ies grandes lois de I'atmosphere. Pour atteindre ce but, le conseil de la Societe" royale s'est adresse aux meteorologistes et aux physiciens les plus eminents. de l'Angleterre, leur demandant leur cooperation et leurs conseds. PALAIS DE CRISTAL. EXPOSITION DE SYDENHAM. Extraits du rapport de M. le general Morin. J " Justement tiers de leur habiletc dans les arts industriels , les Anglais savent parfaitement recormaitre en quels points leurs rivaux sont leurs egaux ou superieurs. Sans discuter sur cette preeminence, ils recherchent promptement' le moyen de la faire cesser et de s'as- surer la superiorite. Les soins infinis, les sacrifices immenses qu'ils ont consacres a l'amelioration des races d'animaux, a la recherche des matieres premieres de meilleure qualite, aux perfectiflnrrenrionts de leurs machines et de leurs precedes de fabrication , atiestent assez qu'ils ne s'arretent pas metne devant les difficultes qu«3 la na- ture semblait leur avoir imposees. >6 762 COSMOS. L'exposition universelle de Londres avait montre d'une maniere incontestable a tous les yeux que', dans les arts qui dependent du colons, les peuples de l'Orient l'emportaient de beaucoup , pour l'harmonie des couleurs, sur tous ceux de l'Occident, et qu'apres eux , la France laissait aussi ses rivaux derriere elle. Dans tous les arts du dessin , l'Angleterre avait aussi reconnu que de grands pro- gres lui restaient a faire. Eufin , a une epoque de prosperite gene- rate, oil le developpement des fortunes particulieres tend a couvrir le sol d'une foule d' Edifices publics ou privet, Ton pouvait, a bon droit, s'etonner de l'absence de regies, de gout, d'harmonie, que Ton remarque dans la plupart des constructions modernes de l'An- gleterre. Donner a la population et aux artistes , a divers degres et selon leurs besoins, la facilite d'acquerir de bonne heure le sentiment de la couleur et des formes les plus heureuses , les principes de l'archi- tecture, par la comparaison des ceuvres les plus celebres de l'art an- tique et moderne , etaient le moyen le plus sur de diminuer cette in- feriorite que l'Angleterre reconnaissait. Pour y parvenir, le ministre du commerce a cree le departement de la science et de l'art, a accru et double" ses musees de Marlborough-House et de Jermyn-Street , et ouvert deja de nombreuses ecoles de dessin. Mais il etait reserve a l'initiative particuliere des fondateurs de la compagnie du Palais de Cristal de creer une sorte de musee universel , dans lequel tous les types de l'art, depuis les temps les plus recules jusqu'a nos jours, fussent reunis. lis rfeolurent de s'assurer le concours des artistes et des savants les plus distingues de l'Angleterre qui , par de longues etudes et des recherches infatigables , s'etaient penetres des prin- cipes de l'art chez les differents peuples , et aux differents ages de la civilisation, pour reproduire de grandeur naturelle, avec une ri- goureuse precision , dans leurs proportions, dans leurs formes, dans leurs details et sous leur aspect primitif , les monuments et les chefs- d'oeuvre les plus remarquables des arts. Telle est l'origine de ces cours admirables, oil Ton trouve les monuments et les arts de Ni- nive; ceux de l'Egypte , retablis par les soins de M. Layard; l'ar- chitecture grecque et roa;aine , ainsi que la statuaire de ces deux epoques; l'art des Arabes dans la reproduction fidele de l'Alhambra; l'art byzantin, celui du moyen age, la renaissance, dont plusieurs beaux types sont empruntes a la France , et les chefs-d'oeuvre du siecle des Medicis, reproduits sous la direction de MM. Owen Jones, Digby Wyatt et James Fergusson. L Mais la ne devait pas se borner 1' instruction que Ton voulait of- COSMOS. 763 frir par la simple vue des objets. 1/ etude des di verses formations du globe, des races d'hommes et d'animaux qui l'ont peuple depuis sa creation jusqu'a nos jours, des vegdtaux qui couvrent sa surface presente des difficulty, exige des Etudes telles qu'il n'est donne qua un petit nombre d'hommes d'acquerir sur ces sujets importants des connaissances meme elementaires. Les directeurs ont voulu que leur palais donnat , par la vue ces notions generates, mais exactes, qui suffisent pour pendtrer le cceur de 1'honime d'une admiration profonde pour la puissance infinie qui a preside a tant de creations. Les differentes formations genlogiques du globe seront reprodui- tes, ainsi que les animaux antediluviens, tels que la science les a retablis ; les vegetaux de toutes les regions de la terre y seront en- tretenus vivants a la temperature qui leur convient, depuis les buis- sons de l'Himalaya jusqu'aux plantes tropicales ; les diverses races d'hommes sous la forme de modeles, peut-etre meme sous celle de sujets vivants, y seront representees. Cette partie scientifique a et6 confide aux soins de MM. D.-T. Ansted et R. Owen, geolo°-ues aides1 de M. Hawkins, pour la restauration des animaux de M. Ed. Forbes, pour la zoologie, et de M. Latham pour l'ethnolo°-ie. Dans ce musee universel des sciences et des arts, l'industrie, ce grand art des nations modernes, et le commerce, auquel l'Angle- terre doit sa richesse et sa prosperite, ne pouvaient etre oublies. Une grande partie des galeries sera consacree a exposer leurs mer* veilles et a faire connaitre leurs progres. Les matieres premieres sur- tout, que fournissenta 1'industrie manufacturiere les differentes par- ties du monde, y seront reunies en grand nombre pour familiariser le public avec leurs qualites les plus remarquables. L'attrait des oeuvres d'art et des produits de l'industrie n'eut pas suffi sans doute pour faire affluer d'une maniere permanente un pu- blic assez nombreux au nouveau Palais deCristal, si on ne l'avait place au milieu d'un lieu de repos et de plaisance, oil les visiteurs pussent se delasser de la fatigue inevitable que causent les musdes • et d'ailleurs, comme on se proposait d'oifrir au public de Londres aux jours de fetes, le moyen de gouter des distractions honnetes en meme temps qu'instructives , il etait indispensable de joindie aux collections un pare suffisamment etendu , bien situe et d'un abord facile. Cette derniere consideration a determine le choix de l'emplace- ment , et les beaux coteaux de Sydenham , a 8 milles de Londres, sur lesquels l'art du celebre sir Joseph Paxton a cred un pare de 764 COSMOS. 120 hectares, ont recu If nouveau palais. En le construisant , Ton s'est attache a eviter la monotonie de l'ancien , et par d'heureuses cotnbinaisons Ton est parvenu a obtenir avec des entraxes egaux un Edifice heureusemenl varie dans ses formes et d'un as(>ect reellement grandiose. On a donne au nouveau batiment un etage de plus qua l'ancien. Le transsept de Hyde-Park a ete place a l'une des extremites; un semblable a ete construit a 1 'autre bout, et au milieu s'eleve un transsept de 37 metres de large sur 60 metres de hauteur; enfin, deux ailes en retour, dont les extremites supportent de vastes reser- voirs, comnletent l'odifice. Un einbranchement special du chemin de fer de Croydon conduit de Londres dans le palais meme , et le dimanche, le public de cette orande cite, pour la faible somme de 1 fr. 25 cent., pourra venir passer sa journee dans le palais des arts et de la science, et retourner chez lui. II faut dire, a la louange desfondateurs de ce vaste etablissemerit, que le mobile principal de cette entreprise gigantesque n'a pas ete le desir ni l'espoir du benefice, fort legitime, qu'ds pouvaient atten- dre, mais l'intention a la fois patriotique et philanthropique d'offrir a leurs conciioyens un beau sejour de repos , de loisirs honnetes et destruction. Un obstacle inattendu est venu jusqu'ici s'opposer a la realisation de cette genereuse esperance, le texte de la loi anglaise ne permettant pas de recevoir le dimanche le public dans les Heux ou l'on paye 1'admission; mais il faut esperer quel'esprit l'emportera bur la lettre, et qu'un bill ne tardera pas a faire , pour le palais de Sydenham , une exception justifiable a tant de titres , ce qui peut d'ailleurs etre accorde sans rien enlever a l'observation des devoirs religieux. Le pare de Sydenham se compose d'une partie distribute dans le f^enre anglais, et d'une portion tracee, avec terrasses, escaliers et bassins dans le genre de Versailles , et dans le style du celebre Lenotre. Des eaux abond antes, elevees par des machines de la force de 1 200 chevaux , doive-nt y reproduire des merveilles hydrauli- ques analogues a celles du jardin de Louis XIV, et dans les ilesre- serv^es au milieu des eaux , on reproduira les animaux antedi- luviens, aiasi. que les formations geologiques des epoques correspon- dantes. Tel est, monsieur le ministre , l'ensemble de cette merveille mo- dor ne ; l'avenir dira si elle atteindra le but genereux que les fonda- tt'urssesont propose. COSMOS. 765 Dos le jour de la seance d'ouverture, 22 000 souscripteurs avaient pris des billets de saison a 50 fr., et produit une recette de I 100 000 fr.Ce debut doit faire esperer que la creation de ce musee gigantesque sera assez appreciee par le peuple anglais et par les etrangers pour que les recettes re^nunorent cette belle entreprise et permettent de donner aux collections tout le de'veloppement qu'elles doivent successivement recevoir. Quel que soit l'interet que prcsentent les diverses parties des collections scientifiques et industrielles reunies au palais de Syden- ham, il est evident, par 1' eminence des artistes qui ont ete appeles a la former, par les sommes considerables qu'on lui a consacrees, que la collection d'art est celle a laquelle ses fondateurs ont attache le plus d'importance, et qu'ils ont compte' sur cette reproduction des chefs-d'oeuvre des divers temps et des divers pays, pour epu- rer, rectifier, developper le bon gout de leurs artistes et des jeunes generations. Si Ton rapproche ces efforts particuliers de ceux que fait le gou- vernement lui-meme, en se rappelant qu'il a deja consacre a la riche collection d'art et de modeles de Marlboroug-House et a d'autres £coles pres de 200 000 livres sterling; que pour 1855 il allouera au departement de la science et de l'art un budget de plus de 100 000 livres sterling ; qu'il a fonde plus de quarante dcoles speciales de dessin, aide de ses secours plus de deux a trois cents ecoles ou 1'on joint l'enseignement du dessin a d'autres etudes; que par tous les moyens il cherche a former des maitres capables de propager l'art du dessin dans toutes ses varietes , depuis l'ecole de l'enfance jus- qu'a celle des adultes, on partagera sans doute avec nous la con- viction que, quel que confiance que nous puissions avoir dans le genie national, nous devons ouvrir des yeux vigilants sur les efforts que font nos rivaux pour nous enlever le scepter du gout. » PHOTOGRAPHIE. COLLODION ANTICIPE. Nous avons annonce il y a quelque temps, que MM. Spiller et Crookes etaient parvenus a maintenir humides les plaques de collo- dion par l'emploi du nitrate de zinc, obtenu de la double decompo- sition du nitrate de baryte et du sulfate de zinc, meles equivalent a Equivalent. Des experiences rEcentes et encore inEdites ont prouve a ces MM. que l'acetate de potasse, sel beaucoup moins causti- que, pouvait etre substitue avec beaucoup d'avantages au nitrate de zinc. Voici une autre methode pleine d'avenir. Apres que la plaque de collodion a ete sensibilisee a la maniere ordinaire, M. Lyte verse sur sa surface une solution desucre de rai- sin, sucre d'amidon, ou glucose, a laquelle on ajoute une petite quan- tity de nitrate d' argent, il fait couler l'exces de liquide et laisse la plaque inclinee contre un mur pendant une demi-heure , pour mieux l'etancher; on place alors la plaque dans le chassis et on peut ne l'exposer a la lumiere qu'apres plusieurs heures. Ce procede accroit beaucoup la sensibilite de la plaque, et deja M. Lyte a presente a la Societe royale de Londres des epreuves negatives de vaisseaux agites par les vagues de l'Ocean. Ces deux procedes sont encore int'dits, ils nous ont ete communi- ques par M. Malone, professeur de chimie a I'lnstitution de Lon- dres et photographe de grand renom. TRANSPORT SUR PAPIER DES NEGATIFS SUR PLAQUE COLLODIONNEE , PAR M. WILLIAMS NEWTON. Dissolvez 31 grammes de mastic en larme, gum-mastic , bien choisi et pur, dans 248 grammes d'alcool a 31° (non absolu) ; laissez ce melange dans le vase pendant deux ou trois jours, en remuant de temps en temps; exposez-le a. la chaleur en placant le vase dans un recipient rempli d'eau chaude, la chaleur aura pour el'fet de rendre le vernis plus epais et plus tenace, laissez ensuite reposer, et quand le melange sera redevenu tres-clair,versez- le dans un autre rlacon ou bouteille; prenez du papier le plus mince, le plus fin et le plus resistant, coupez-le de meme forme, mais de dimensions un peu plus petites que votre glace collodionn^e; tout etant ainsi prepare^ versezun peu du vernis ci-dessus sur votre nEgatif, a la maniere ordinaire, faites-le couler d'un angle a Tangle oppose , puis, post z la glace a plat sur la table , de maniere que le vernis s'etende uniformement, ayez soin pour cela qu'il en reste une quantite sutlisante; alors, avec unpinceau en poil de chameau, ver- nissez le papier en le saturant completeraent et en le recouvrant sur COSMOS. 767 toute sa surface; placez le cote vernisse en commencant par la tete ou par le bord superieur sur votre negatif , abaissez-le et faites-le adherer peu a peu, en prenant soin qu'il n'y ait entre eux ni bulles d'air, ni particules etrangeres quelconques , sans quoi le vernis n'adhererait pas completement, etla couche de collodion se fendille- rait sur le papier en sechant. Quand le vernis est sec, ce qui a lieu lorsque le papier est redevenu blanc, placez l'ensemble dans de l'eau non chaude, mais tiede (et meme froide si le papier est tres-mince), le cote papier en dessus, et laissez-le jusqu'a ce que le papier se s6- pare de lui-meme du verre, ce qui aura lieu sans qu'on ait besoin de faire un effort quelconque , enlevez alors le papier auquel a adhere' le collodion ; pressez-le soit entre deux feuilles de papier buvard , soit entre deux tissus lagers de coton , et placez-le a plat pour s£- cher ; des qu'il sera sec, il sera bon de le cirer le plus tot possible, la cire empechant le negatif de se fendiller. Ce transport peut etre fait a toutes les epoques, meme apres que le negatif a ete verni; il sera mieux de 1'executer a la fin de la journee. On remarquera que dans cette operation l'epreuveest ren- versee, et que , par consequent, pour prendre les positifs il faudra placer le cote collodion en dessus, le cote papier en contact immediat avec le papier positif. M. Newton recommande des'essayer d'abord sur des negatifs sans valeur ; car quoique la manipulation soit ex- tremement facile, il faut un peu d'habitude pour reussir, surtout sur des plaques un peu grandes. Le papier negatif ordinaire de De Canson n'est pas assez fin pour un transport certain, le papier negatif de MM. Marion ne laisse rien a. dt^sirer; le papier a lettres francais tres-fin convient aussi. M. Newton annonce qu'il a assez bien reussiafaire adherer a l'avance du collodion sensible au papier, de sorte que les voyageurs seront bientot dispenses de porter des plaques de verre dans leur bagage. Sur notre demande , M. Delahaye mettra des aujourd'hui, a la disposition des amateurs, du vernis a transport tres-bien prepare et efficace. On sait que M. Le Gray transporte sur papier tousses negatifs, il decrit son procede p. 110 de son livre. COLLODION EXTRAIT DES VERS A SOIE. " 11 y a huit a dix ans, j'ai retire des vers a soie une matiere propre a e"galer l'albumine et le collodion pour les epreuves pho- tographiques. Peut-etre cette matiere, non encore experimented pour cet usage, 768 COSMOS. produirait-elle des effets nouveaux entre les mains de personnesqui s'occupent de photographie. Chacun suit que si I'on ouvre un ver a soie sur le point de monter, on y trouve un organe plein de la ma- tiere destinee a former sasoie. On met dans unc capsule de porcelaine les organes pareils de cin- quante vers, aprcs les avoir laves dans 1'eau froide pour les debar- rasser des corps etrangers ; on les couvre de 200 grammes d'eau distillee ; puis on chauffe la capsule en agitant avec une tige de verre; apres environ 10 a 20 niinutes d'ebullition, toutes les pe- tites poches se vident et se prennent apres la tige de verre ou nagent dans le liquide. On passe au travers d'un linge fin avec expression ; 1'operation est plus prompte et plus certaine si Ton ajoute a l'eau 4 ou 5 0 0 de carbonate de soude. Cette liqueur doit s'employer dans les vingt-quatre heures ; passed ce temps, elle se prend en une seule masse ^pongieus.3 qu'aucun dissolvant ne peut plus dissoudre ; versee sur une glace et aban- doning a l'evaporation, elle laisse une pellicule analogue a celle du collodion. » TRAITE COMPLET ET PRATIQUE DE PHOTOGRAPHIE, FAR MM. LE COMTE DE LA SORINDiRE ET TEXIEII. Ces messieurs, dans leur preface, prennent les choses de tres-haut, affichent de grandes pretentions, et entassent force gros mots contre les pretendus professeurs de photographie. Nous aurions aime plus de modestie , de gravity , d'urbanite, de correction de langage aristocratiques. Nous n'aimons pas beaucoup les declarations du genre de celle-ci , qui pechent plus encore par le fond que par le style : " Nouslivrons avec confiance cet ouvrage au public, sur d'a- vance qu'avec sa sngacin' habiluelle (la sagacite du public !) il saura en apprecier la veracite. Forts de plusieurs annees d'etudes se- rieuses, d'observations ou d'essais consciencieux, nous voulons qu'il devienne le guide pratique de chaque photographe de profession, par la simplicite des procedes, et surtout par la verite vraie, entiere absolue de ses formules Revoltes des dangers de toutes sortes, auxquels sont exposes les conunencants, nous avons entrepris la pu- blication de ceTraite, qui, livrant en entier et sans restriction les procedes les plus pratiques a suivre pour obtenir de bons resultats, deviendra, nous en avons la certitude, le vade-mecum de chaque personne -.'occupant de photographie. » Avouez, que c'est battre la grosse caisse un peu fort, et avoir beaucoup de confiance en soi. Nous nous disposions a analyser le nouveau Traits avec quelque COSMOS. 769 Vendue, lorsque nous nous sommes apercu qu'il surabondait en personnalites, ou louangeuses a l'exces, ou acerbes et injurieuses; il est impossible que les auteurs ne coinprennent pas bientot qu'en agissant ainsi, ils ont fait grand tort et a eux-memes et a leur ceu- vre; notre conscience nous fait un devoir d'attendre, pour les aider de notre publicite, qu'ils se soient courageusement executes, et que par l'insertion d'un grand nombre de cartons ils aient corrige leurs attaques injustes et leurs erreurs. La page 26 , par exemple, est inconvenante a l'exces et tout a fait deplacee. Cette assertion de la page S6 : « Le collodion est une decouverte tout anglaise, malgre qu'elle soit revendiquee par un photographe fran9ais, qui cite a l'ap- pui de ses pretentions deux lignes de la preface d'une petite bro- chure sur papier qu'il publiait, disant qu'il etait possible d'encoller son papier avec du collodion medicinal, » est fausse au dela de ce qu'on peut imaginer et d'une injustice criante. Voici le passage sur lequel M. Leg-ray appuie ses droits tout a fait legitimes, il est extrait non dela preface, mais du post-scriptum de sa brochure, publiee en Angleterre, en 1850; M. Belloc l'a fidelement traduit : « Je viens de decouvrir un procede de photographie sur verre, par Tether fluorhydrique et le iluorure de potassium, dissous dans l'alcool a 40 degres, meles a Tether sulfurique et satures avec le collodion. Je sensibilise ensuite avec l'aceto-nitrate d'argent,et j'ob- tiens ainsi des epreuves dans la chambre noire en cinq secondes a l'ombre; je developpe l'image par une solution faible de sulfate de fer, et je fixe avec l'hyposulfite de soude. J'espere par ce procede arriver a une grande rapidite, l'ammoniaque et le bromure de po- tassium procurant des degres differents de vitesse. » Comment, en presence d'un document si clair , et quand il s'agit d'un procede' complet de photographie au collodion, oser parler du papier encolle au collodion medicinal I Allons, messieurs de laSoriniere et Texier, amendez-vous gene- reusement ; soyez vrais et justes, les formules pratiques ne sont pas plus.sacrees que la verite historique. MM. Gaudin ne sont pas des dieux, leur maison n'est pas le ciel ; M. B., de la rue Saint-Pierre- Montmartre , ou de la rue de Saintonge, n'est pas le diable, et sa maison n'est pas l'enfer; les objectifs de M. Duboscq ne font pas palir ceux de Voigtlander ; M. Ferrier est pour quelque chose dans la creation despositifs sur albumine pour stereoscope ; tout l'avenir de la photographie n'est pas dans le papier, etc., etc.Etyotre style, votre style incorrect, entortille, obscur,a tel point que c'est a peine si nous avons quelquefois pu vous comprendre, corrigez-le, adou- cissez-le, nous vous en conjurons ! ACADfiMIE DES SCIENCES. SEANCE DU 27 JUIN. La seance a et6 longue, et cependant notre compte rendu sera assez court, parce quelle a etc" remplie par un petit nombre de com- minications ou de rapports tres-etendus. — M. Thenard lit une nouvelle note sur l'analyse des eaux du Mont-Dore. Lorsque l'illustre chimiste presenta a 1' Academie, dans l'avant-derniere seance, le Memoire que nous reproduisons aujour- d'hui, il ignorait completement que Ton eut deja constate la \)v6- sence de l'arsenic dans les eaux du Mont-Dore ; si, en effet, on con- suite tous les ouvrages publies jusqu'ici , ou menie le dictionnaire des analyses chimiques de MM. Violette et Archambault, on n'y trouve aucune indication qui puisse faire meine soupc/mner cette presence. Et cependant, deux habiles chimistes, MM. Chevallieret Goblet , dans un travail presente a 1' Academie de medecine , avaient affirme qu'on trouvait de l'arsenic dans les eaux analyses par M. Thenard; pour mettre l'arsenic en evidence, ils s'etaient aussi servis de l'appareil de Marsh, mais ils ne l'avaient pas dose" ; et ils n'avaient pas cherche a reconnaitre a quel etat de combi- naison, ou sous quelle forme il etait contenu dans les eaux.Leurs recherches etaient done imparfaites, mais M. Thenard n'a pas pense que cette imperfection le dispensat de leur rendre une justice solen- nelle et empressee. 11 ajoute qu'un grand travail d'ensemble sur l'analyse chimique et physique de toutes les eaux mineVales de France est non-seulement desirable , mais n^cessaire ; que le Gou- vernement devrait prendre a cet ^gard une heureuse initiative ; qu'il serait digne de l'Academie des sciences d'encourager cette grande ceuvre par des allocations prelevees sur les reliquats des prix Mon- thyon. « Quant a moi , dit le glorieux veteran, je me contenterai d'analyser les eaux voisines du Mont-Dore , mon age et mes forces ne me permettent rien de plus. » — M. Becquerel pere depose sur le bureau de l'Academie le ma- nuscrit d'un gros volume , dans lequel il expose Vensemble de ses travaux et de ses experiences sur le traitement electro-chimique des minerals d'or, d'argent, de plomb, de cuivre, etc. II lit 1'intro- duction historique de cet ouvrage ; il nous serait impossible de 1 a- nalyser apres une simple audition , rendue difficile , par le bruit incessant de la salle; nous ferons ce travail a tete reposee, et sur l'epreuve imprimee qui nous sera communiquee. COSMOS. 771 — M. Tulasne lit line note relative aux champignons entophytes tels que celui de la pomme de terre. Une observation attentive montre qu'ils sont aussi essentiellement parasites que les ure'dine'es les mieux caracterisees, et qu'ils vegetent comme elles aux depens de tissus vivants dans lesquels ils determinent des dL5sordres plus ou moins graves. C'est a tort que beaucoup de botanistes les assimilent aux moisissures ordinaires qui naissent des corps en decompositon et ne sauraient nuire aux plantes vivaces. Independamment de leur existence parasite , les botrytis congeneres de celui de la pomme de terre ont pour caractere distinctif de posseder un appareil de reproduction renferme dans le sein des tissus qui les nourrissent ; cet appareil consiste en des theques monospores qui manquent tout a fait aux moisissures proprement elites. — M. Morin lit un rapport etendu et tres-favorable, sur le Me- moire que M. Darcy, inspecteur divisionnaire des ponts-et-chaus- se"es , avait presente sous ce titre : Lois du mouvement des eaux courantes. Ce qu'il y a surtout de remarquable dans ce travail sur lequel nous reviendrons, c'est : 1° le soin et l'incertitude avec les- quels les experiences ont ete faites , et leur nombre considerable ; 2° l'heureuse idee de tenir compte, dans la determination des cons- tantes de l'equation qui donne la vitesse en fonction de la charge, ou r^ciproquement de l'etat des parois du tube d'ecoulement ; on concoit a/w'onila necessite absolue de la prise en consideration de cette cir- constance essentielle, et cependant elle avait ete negligee par tous les hydrauliciens meme les plus celebres, par Dubuat, Daubuisson, de Prony, etc.; aussi, les formules employees jusqu'ici ne donnaient- elles qu'une approximation insuffisante. Le Memoire de M. Darcy a recu la plus haute approbation de l'Academie, et sera imprime dans les Memoires des savants etrangers. M. Liouville, et avec raison il nous semble , avait demande une modification a cette partie du rapport, oil M. Morin donnait , comme tres-exactes, les determinations de vitesse obtenues avec le tube de Pitto; il semble impossible au savant mathdmaticien qu'on puisse se confier entierement a un instrument aussi imparfait. MM. Morin et Combes ont repondu que M. Darcy avait opere avec un tube de Pitto modifie, et dont les inductions ^taient parfaitement concordantes ; l'objection a ete ainsi ecartee. On pouvait, il nous semble, en formuler une autre beaucoup plus forte, qui n'avait pas ^chappe" a M. Liouville, et que M. Bienayme trouve aussi extreme- ment grave. Pour exprimer par le calcul la relation entre la charge et la vitesse', M. Darcy emploie tour a tour la formule, a un terme 77-2 COSHOS. proportionnel au carre* de la vitesse, ou la formule a deux termes proportionnels , l'un a la premiere puissance , l'autre. a la seconde puissance de la vitesse ; il determine les coefficients de ces deux formules, de manieie a ce que les nombres calcules s'accordetit parfaitement avec les nombres observes; or, il y a dans cette ma- niere de proceder quelque chose d'illogique et de contiaire aux saines theories. La loi de la nature qui he la vitesse a la charge est une, absoliunent une , et il est absurde quelle soit exprimee a la fois par deux equations differentes, l'une a un terme, l'autre a deux termes. Par la meme que les deux Equations dont on a de- termine convenablement les coefficients representent toutes deux les phenomenes, c'est evidemment parce que ni l'une ni l'autre nesont F expression de la loi de la nature, qu'elles masquent et denaturent cette loi , au lieu de la mettre en evidence ; ce sont de simples et mesquines formules d'interpolation qui ne rendent que ce qu'on y a mis , qui repondent a un certain besoin materiel , mais qui con- tristent l'intelhgence etfont perdre de vuela solution vraie et ration- nelle du problem e. Nousne pouvons pas faire un crime a M. Darcy d'etre entre dans cette voie, qui est fatalement la voie battue, mais pour nous la partie vraiment interessante , vraiment digue de louanges de son immense travail, est la partie experi men tale. — M. Morin lit encore un rapport verbal sur un Memoire de M. Fairbain, relatif a la resistance comparee du fer prepare avec la houille ou le coke ordinaire, et du fer prepare avec le coke purine de M. Calvert. De nombreuses experiences qui ne laissent aucune place au doute , le savant mecanicien anglais conclut , que le rap- port de la resistance du nouveau fer a la resistance de l'ancien, est le rapport de 53d a 194, ou de 6 a 5, ce quiconstitue un avantage considerable en faveur du coke purifie. La lecture de M. Morin a donne lieu a une discussion longue et sans portee , qui n'avait de raison d'etre que dans un malentendu ; si M. Morin avait dit en commencant que sa note etait un simple rapport verbal, M. Du- mas n'aurait pas eu la pensee de reclamer son exclusion des comptes rendus. Ce n'etait pas M. Calvert, mais M. Fairbain, correspondant de l'lnstilut, qui etait en jeu ; le procede de M. Cal- vert, sounds aussi au jugement de l'Academie, a ete renvoyca une autre commission ; et M. Dumas aurait du, en raison de l'im- portance du sujet, en raison aussi de la reclamation de priorite soulevee par M. Chenot, presser cette commission de faire son rap- port, dont la note de M. Morin faisait mieux sentir l'opportunite\ — M. Morin, enfin, lit un troisieme rapport sur une proposition COSMOS. 773 faite par un sujet ottoman, et qui avait pour objet de prier l'Aca- ddmie des sciences de provoquer l'adoption en Turquie d'un sys- teme uniforme de poids et mesures. II n'est que trop vrai qu'il y aanarchie complete, sous ce rapport com me sous tant d'autres, dans les etats du grand sultan, et 1'Academie emet le vocu qu'apres la guerre actuelle, le gouvemement francais fasse de genereux efforts pour faire cesser un etat de choses qui compromet les interets du commerce et de l'industrie. — L'Academie procede a l'election d'un membredans la section de mddecine et de chirurgie. Le nombre des votants est de 51, la majority, par consequent, de 26. Au premier tour de scrutin, M. Claude Bernard reunit 42 voix contre 4 donnees a M. Baudens, 2 a M. Jobert de Lamballe, 1 a M. Longet et 1 a M. Maison- neuve. M. Claude Bernard est, en consequence, nomine membrede 1'Academie des Sciences presqu'a l'unanimite ; on se rappelle qu'il y a quelques mois, un decret de S. M. l'Emperenr crea, pour lui, a la Faculte de Paris, une chaire de pbysiologie animale; on trouve- rait, dans l'histoire des sciences, peu d'exemples d'une carriere aussi rapide, d'un succes aussi dclatant. M. Bernard est encore un jeune homme, et il est arrive au comble des honneurs, et a sa premiere lutte academique, il a laisse bien loin derriere lui une foule de con- currents celebres ; puisse-t-il ne pas se reposer sur ses lauriers, et prouver, par des conquetes plusincontestables et plus glorieuses en- core, qu'il etait digne d'un si magnifique triompbe ! M. Jobert de Lamballe, nomine" professeur de clinique externe a, la Faculty de Medecine, comblera le second et grand vide creus<5 par la mort de M. Roux. — M. Dupin lit un rapport sur le Memoire dans lequel M. Bour- gois, capitaine de vaisseau, rendait compte d'une mission qui lui avait ete confiee par le gouvernement francais et qui avait pour ob- jet l'etude de la navigation commerciale a vapeur et a voiles, dans le royaume de la Grande-Bretagne. La lecture de M. Dupin, emi- nemtnent instructive etinteressante, n'a pas dure moins d'une demi- heure ; nous la resumerons dans notre prochaine livraison. — La correspondance que M. Flourens devait depouiller a etc* r^servee pour la prochaine seance. M. le secretaire perpetuel lit cependant une lettre par laquelle M. le ministre de ^Instruction publique autorise 1'Academie a pro- lever, sur les reliquats des prix Monthyon, la somme de 1500 fr., necessaire a l'acquisition du precieux squelette de jMystnosaurus, trouv^ dans le royaume de Wurtemberg, achete par M. de Pon- 774 COSMOS. sort, et qui a dtc 1'objet de deux rapports, l'un de M. Duvernoy, l'autre, de M. Dumeril, dans les stances du 20 mars et du 3avril. L'Acade"mie, par l'organe de M. de Quatrefages, avait fait de- mander a M. le preTet de l'Eure des renseignements exacts sur les ravages causes par des larves recueillies dans la commune de Pin- terville, et quelques insectes a l'^tat parfait. M. le prefet r^pond que ces insectes ont disparu, par suite de reparations faites a la maison qu'ils infestaient. — M. Barral annonce l'apparition du quatrieme volume des OEuvres de Frana.is Arago, contenant les notices sur le tonnerre, l'electro - magneHisme, l'electricite animale et les aurores bo- r^ales ; il fait , en outre, hommage a l'Academie , au nom de MM. Gide etBaudry, d'un manuscrit de 2 956 pages, ecrit pres- que en entier de la main d' Arago, admirablement soigne, dans le- quel sont consignees et discutees 73000 observations de magne- tisme terrestre ; les moyennes de ces observations, reduites habile- ment par M. Fedor Thoman, ont pu seules entrer dans la collection de ses ceuvres ; il est tout naturel que ce beau travail soit imprime en entier dans les Memoires de l'Academie ; une commission, compo- sed de MM. Elie de Beaumont, Mathieu, Liouville, Regnault et de Senarmont, est chargee d' examiner la haute convenance et l'oppor- tunite" de cette impression, qui sera vot£e bien certainement a l'una- nimite. Avec l'autorisation des g^nereux editeurs, nous ferons quel- ques larges emprunts au volume qui vient de paraitre. — M. Duperrey, membre de l'institut, et M. Deloffre, contre- amiral, presentes au premier et au second rang par le Bureau des longitudes comme candidats aux places vacantes dans son sein, de- mandent a etre porles sur la liste que l'Academie devra dresser. — M.Duchartre presente un nouveau Memoire sur la famille des aristolochies. — M. Trecul presente a l'Academie un nouveau travail intitule : Memoire sur les formations spirales, annulaires et reticulees des cactees, du cucurbit a pepo, etc. Voici un court apercu des prin- cipaux resultats obtenus par 1'auteur : Les cactees, dont les formes sont si remarquables, ont un sys- tcme nbro-vasculaire qui, a la premiere vue, semble ne pas differer de celui des autres vegctaux dicotyledonds ; mais les especes qui ont la tige courte, globuleuse, principalement , comme les ee/;/no- cactus, les mamdlaria, les melocactus, etc., ont une structure qui n'a pas d'analogue chez les autres plantes; car les fibres ligneuses COSMOS. 775 ordinaires y sont remplacees par des cellules oblongues , a parois minces, transparentes, qui renferment tantot une lame spirale con- tournee comme un escalier a vis, tantot des anneaux ou des disques perces d'un trou au milieu , et places a des intervalles reguliers en travers de cesutricules. Ces elements divers sont melanges dans la meme plante avec des vaisseaux spiraux qui s'en distinguent surtout par leur spiricule plus etroite. Meyer, Robert Brown, ont cormu cette singuliere organisation, et MM. Ad. Brongniart et Schleiden en ont donne d'excellentes figures. C'est en cherchant l'origine de ces organes et leur develop- pement, que M. Trecul a etc conduit a des resultats de la plus haute importance pour la physiologie vegetale, et qui jettent un jour tout nouveau sur la structure et la formation des vaisseaux spiraux, des vaisseaux canneles, des vaisseaux reticules, etc. Ces resultats etaient d'autant moins attendus que Ton croyait etre bien fixe sur ce sujet, depuis les travaux de MM. Hugo Mohl, Schleiden, etc., qui pen- sent que les trachees sont produites par des depots en helice, effec- tues, a la surface interne des cellules, par les matieres renfermees dans ces utricules ; ils croient aussi que les reticulations et les an- neaux sont de meme constitutes par de tels depots secondares operes en reseau ou en anneaux dans l'inteiieur des cellules primaires su- perposeespourdonnernaissance a ces vaisseaux. M.Treculavuque, dans les plantes qu'il cite, les organes munis de spirales, d'anneaux, de reticulations, n'ont pas la structure que leur assignentactuellement lesbotanistes actuels; il a reconnu que les spirales, les reticulations, les anneaux sont formes par la membrane primaire elle-meme, que les spiricules sont des tubes creux contournes en helice, les anneaux des tubes annulaires, enfin que les reticulations sont constitutes ega- lement par des canaux anastomoses, nes de la membrane cellulaire qui s'est epaissie dans les points correspondants.Cescanalicules spi- raux, annulaires ou reticules contiennent une substance ordinaire- ment gt'latineuse dont la consistance varie. Outre la structure tubulee de ces organes, ce qui prouve encore que les reticulations des vaisseaux du vucurbita pepo ne sont pas des depots effectues dans la cavite des cellules qui les composent , c'est que les depres- sions qui alternent avec les parties retiformes renfiees, existent tout aussi bien a l'exterieur qu'a l'intdrieur des vaisseaux parfaitement isoles de tous les autres elements du tissu. Ces faits demontrent done que les theories admises pour expli- quer la formation des vaisseaux ne rendent pas compte des phe- nomenes. SCIENCE ALIEMDE. ANNALES DE P0GGEND0RFF. Livraiscm dc fcvrier 1854; {. LXXXXL 1. Sur la chaleur on le froid developpes dans le circuit volta'ique, a la surface litnite de dear con duct ears, par M. L. Franren- iieim,/a 161 a 179. Dans un circuit fcrmc, abstraction faite de Taction chimique exercee au sein du 1 i qui de , il existe un double developpement de temper; tin e. Le premier consiste dans un echauffement qui se fait sentir dans le circuit tout entier; le second est circonscrit a lalimite de deux conducteurs. Le premier, aussi, est independant de la di- rection du courant, et il doit, par consequent, etre exprime par une fonction del'intensite I du courant, qui ne change pas quand on change -j- I en — I. M. Joule, en effet, et d'autres physiciens ont trouve que l'intensite de cette chaleur, que Ton peat appHer chaleur primitive, est proportionnelle au carre P de l'intensite du courant. Le second developpement de temperature produit a la hmite de deux conducteurs est toujours comme mele a la chaleur primitive; et la temperature des portions voisines de cette limite ou de la surface de contact est la somme -oil la difference des deux temperatures primitive et secondaire. Cette derniere n'est liee par aucun rapport simple avec l'intensite du courant; et dans le voisi- nage des hmites, dans des conditions, en apparence, presque sem- blables, on observe, tantot de la chaleur, tantot du froid, quelque- fois meme la temperature de ces portions semblen'eprouver, dans le passage du courant, aucune variation sensible. Quoique ce de- veloppement anormal ct secondaire de temperature ait ete dt-cou- vert, il y a vingt ans, par Peltier, on n'a pas encore essaye, jus- qu'ici, de le relier a. l'intensite du courant par une formule rigou- reuse, et e'est ce que M. Frankenheim tente aujourd'hui. La tem- perature secondaire n'est certainement pas proportionnelle au carre de l'intensite, car sans cela, elle serait. comme la chaleur primitive, independante de la direction du courant, ce qui n'est pas. Au contraire, si pour -(- 1 elle est + «■> elle devra devenir — a quand -f I se changera en — I. Si done on appelle b la chaleur primitive, la temperature des portions Hmites sera £gale a b -f- a ouai-fl, suivant la direction du courant, et si Ton designe par A et B les temperatures observees dans le passage de deux cou- rants t>gaux et de sens contraire, on aura : COSMOS. 777 A — B , A-t-B Ar:ti+(i, B r= b — a ; et par suite a — , £ _ ; — : en admettant que les differences de temperatures observees sont proportionnelles aux forces generatrices de la chaleur, ce qui est vrai, lorsque les observations se font entre des limites assez res- serrees, oil lorsque les variations de temperatures ne sont que de quelques degres. L'auteur decrit en detail la maniere dontil a fait ses observations et les instruments dont il s'est servi, un thermometre a air, une pile thermo-electrique, une boussole des tangentes, un rheostat, un commutateur, et enfin l'appareilen croixde Peltier, compose, comme Ton sait, de deux barreaux de bismuth et d'antimoine, croises Tun sur l'autre et soudes a leur milieu. Deux des extremhes contigues de cette croix etaient mises en communication avec les poles d'une pile de Grove ou d'un appareil galvanique ; les deux autres etaient reliees aux deux extremites du fil d'un galvanometre ; la chaleur ou le fro id excites au point de soudure developpaient un courant ther- mo-electrique qui faisait devier 1'aiguiUe d'un galvanometre; le commutateur et le rheostat places dans le premier circuit servaient a regler la direction et l'intensite du courant. Le premier resultat mis en evidence par les nombres ou les mesures des experiences est, que le rapport a : I de la temperature secondaire a. l'intensite du courant est constant, c'est-a-dire que la temperature secondaire est proportionnelle a l'intensite du courant, tandis que l'intensite b de la chaleur primitive est proportionnelle au carre de l'intensite du courant. Si Ton pose a b Ci = - , C2 = — ; I 12 on aura A = a -)- b = Ci I + C2 12 ; B — b — a — — Ci I -f C2 I2. Si l'intensite I croit a partir de 0, B est d'abord negatif, la tem- perature secondaire sera done d'abord de signe contraire, c'est-a- dire qu'au point de soudure ou de croisement, il y aura un veri - table refroidissement ; ce refroidissement croitra avec l'intensite et sera le plus grand possible, lorsque I sera egal a Ci : 2 Ca ; B sera alors un minimum si l'intensite continue a croitre, le refroidisse- ment diminuera, il redeviendra egal a 0 pour I = Ci : Ca, et sera plus tard, remplace par un echauffement reel. Pour que le rapport C\ = a : I soit constant, il faut que ce soient toujours les memes bras de la croix qui soient en communication avec les poles de la pile. Si Ton passe de deux bras a deux autres, la constante en gene- 778 COSMOS. ral ehangera de valeur, mais, et c'est un fait constant, ces varia- tions seront moins sensibles pour les croix formeesde barreaux epais que pour les croix formees de barreaux minces. L'influence de l'e- paisseur des barreaux sur la temperature secondaire est tres-diffe- rente de l'influence exercee sur la temperature primitive. Pour celle-ci, la quantite de chaleur degagce par le passage du courant est directement proportionnelle a la resistance de conductibilite; la temperature secondaire, au contraire, ne varie pas sensiblement avec l'epaisseur du barreau. Peltier croyait que cette meme tempe- rature dependait de la conductibilite du barreau ; il n'en est pas ainsi; M. Frankenheim a trouve, comme les autres physiciens qui ont fait des experiences de ce genre que les metaux, dans leur apti- tude a. engendrer de la chaleur secondaire, suivent le meme ordre que dans la production des phenomenes de la thermo-electricite or- dinaire : le bismuth et l'antimoine sont aux deux extremites de la serie, le cuivre est a peu pres au milieu. Deux combinaisons de me- taux qui donneraient des differences de temperature thermo-elec- trique dont le rapport serait in : n donneraient des differences de temperature secondaire dont le rapport serait m1 : n%. M. Franken- heim espere pouvoir mettre en evidence cette loi assez simple. Le courant secondaire produit au point de soudure par le rechauffement ou le refroidissement n'agit pas seulement sur le galvanometre, il re"agit aussi necessairement sur le courant de la pile, 'et le diminue dans une proportion qui varie avec la nature des conducteurs, leur etat de cristallisation, etc. Nous ne suivrons pas l'auteur dans les considerations qu'il developpe a cet egard. II a essaye aussi d'ex- primer en degres du thermometre ordinaire la temperature qui cor- respond a un developpement donne de chaleur secondaire ; il a trouve, par exemple, que la difference de temperature du point de soudure pour une intensite de courant deviant de 45 degres l'ai- guille de sa boussole des tangentes, etait de 25 degres centigrades. II termine en disant : 1° que deux metaux heterogenes par leur con- tact developpent un courant dont l'intensite est, du moins entre cer- taineslimites, une function de la temperature des metaux ; 2° que la veritable electricite de contact n'est pas 1'electricite ordinaire de Volta, mais 1'electricite de Seebeck; 3° que le courant hydro-galva- nique a sa source dans une action chimique; 4° que 1'electricite or- dinaire de frottement est en partie thermo-electrique et en partie chimique; et que dans nos machines electriques c'est certainement Taction chimique qui domine. M. Frankenheim se range, se declare done partisan de la theorie chimique de la pile. COSMOS. 779 Theorie du residu electrique tie la bouteille de Le/de , par M. Kohlrauscfi. (Suite et fin, pages 179 a 214.) — Pour expliquer le phenomene du residu electrique de la bouteille de Leyde , ou de l'electricite dissimulee d'abord, puis reparaissant par parties a cha- que nouvelle decharge, on admettait que la pression de l'electricite communiquee a l'armature et l'attraction de l'electricite de nom con- traire developpee par influence sur l'autre armature fais dent pene- trer peu a peu dans l'interieur du verre l'electricite d'abord distri- bute a la surface : l'electricite entree dans le verre, ou du moins la portion de cette electricite qui a penetre dans des couches plus pro- fondes serait empechde de prendre part a la decharge et resterait dissimulee j elle pourrait reparaitre en partie apres la'decharge, par la cessation momentanee de la pression exercee par l'electricite de la surface. M. Kohlrausch rejette cette explication, parce qu'elle ne s'ac- corde pas avec les experiences et les lois etabiies dans la premiere partie de son Memoire, et avantde tenter une explication nouvelle, il formule mieux le phenomene. Une quantity Q d' electricite" est communiquee a l'armature iso- lee de la bouteille de Leyde, et il s'etablit un certain etat d'equili- bre; cet etat d'equilibre se modifie peu a peu, parce qu'une portion R de Q entre dans un nouvel etat , oil elle n'exerce plus de tension electroscopique et ne peut plus prendre part a la decharge. Cette portion R va sans cesse en croissant, rapidement d'abord, pluslenle- ment ensuite, convergeant vers une limite L qu'elle n'atteindrait qu'a. 1'infini. Pour une meme bouteille, cette limite est une fraction deter- mince de Q ; de sortequel'ona h = m Q. Siaun instant quelconque on vient a decharger la bouteille ou a enlever la charge disponible Q-R; le residu R, a. son tour, se partagera peu a. peu en deux par- ties, Tune dissimulee R', l'autre a l'etat de seconde charge disponi- ble R-R'. Au lieu de considerer le residu R comme emprisonne au sein du verre d'ou il ne peut plus sortir, soit personnellement, soit sous forme d'action exercee , M. Kohlrausch concoit que ce residu reste a la surface du verre, immediatement au-dessous de l'armature , mais influence par une force nee apres la charge, consequence de cette charge , fonction non-seulement de la charge Q, mais encore du temps T. Cette force ne peut etre evidemment qu'une force elec- trique ou electro-motive inherente au verre, une sorte de polarity electrique dont on pourrait se former une idee paries considerations suivantes. Sous {'influence de la charge primitive, l'electricite na- 780 COSMOS. turelle de chacune des dernieres particules du verre a pu etre de- composer ; les deux electricites composantes peuvent se separer, et cette separation pcut subsister meme apres que la cause quil'a pro- duite a eesse d'agir; le verre alors est dans un etat de polarite elec- trique. Si Ion admettait que dans chaque derniere particule les elec- tricites composantes sont naturellement separees, on pourrait con- cevoir que sous 1'inlluence de la charge, toutes ces particules, avec les electricites separees qui y adherent, se sont tournees ou se sont orientees dans une meme direction, de telle sorte qu'alors la somme des distances aim plan quelconque de toutes les molecules d'electri- cite positive soit differente de la somme des distances a ce meme plan de toutes les molecules negatives; de plus, la difference varia- ble de ces deux sommes peut, relativement a un plan determine, devenir un maximum ; le verre alors sera polarise electriquement par rapport a ce plan, et la normale a ce plan devient une sorte d'axe electrique. M. Kohlrausch admet done que la charge consti- tue le verre de la bouteille a l'etat de polarite electrique, le rend apte a exercer une action electro-motive, mesuree par un certain moment electrique. Ce moment electrique, ne de la charge et qui at- teint son maximum apres un certain temps, reagit sur la charge et lui fait subir une nouvelle distribution en la partageant en deux por- tions superposees l'une a l'autre, et placees dans des etats d'equilibre differents; l'une R, qui est dissimulee, l'autre Q-R, qui est seule a l'etat de charge disponible. Mais il importe de remarquer que ce n'est pas seulement la portion disponible, mais la charge entiere Q d'electricite deposee a la surface du verre qui determine la polarite" et le moment electrique. Si on enleve la charge disponible, le mo- ment electrique diminuera, mais lentement , comme il a cru lente- ment, et, sous son influence, le residu dissimule R, re^te seul a la surface, devra se convertir, a son tour, en une nouvelle charge dis- ponible et un nouveau residu R'. II est tout naturel, d'ailleurs, que les electricites composantes pour se separer, ou les particules pour tourner ou s'orienter, exi- gent un certain temps, et la lenteur avec laquelle se forme la pola- rite electrique est ainsi suffisamment expliquee. Dans le cas d'un verre plus epais, un plus grand nombre de particules prennent part a la polarite; le moment electrique et le residu peuvent, par la meme, augmenter en quantite. • M. Kohlrausch essaie de soumettre au calcul son idee theorique et arrive a etablir 1' equation de la courbe des residus oude la courbe dont les ordonnees representent les intensites des residus, quand on COSMOS. 781 prend pour abscisses les valeurs correspondantes du temps. II com- pare les valeurs calculees aux valeurs observes ou mesurces, par une methode qu'il developpe danstrois appendices a son Memoire : Faccord est tres-satisfaisant ; les deux valeurs ne different entre elles que de quelques milliemes; dans plusieurs cas, la perte d'elec- tricite est sensiblement proportionnelle au temps; il calcule aussi le temps apres lequel la charge disponible aura atteint une valeur don- nee ou sera devenue nulle, etc., etc. A force d'etude et de patience, nous avonsreussi a donner decet enorme memoire que l'auteur n'a pas daigne analyser lui-meme, une idee aussi exacte et aussi complete que possible. Que penser de la nouvelle explication? Qu'elle est encore bien vague ; que, trop fidele a suivre les habitudes ou les errements des savants allemands , M.Kohlrauseh abuse des mots polarite, polarisation, moment, po- tentiel, etc., mots qui finiront bientot par ne plus rien signifier, si Ton continue a leur faire exprimer mille choses differentes et mal definies. L'auteur, au reste, est pen stir iui-meme de son succes d£fi- nitif; car il dit naivement a la fin de ses soixante mortelles pages : w On nensera ce qu'on voudra de ma theorie de la polarite ou du moment electriquc, mais on ne niera pas que je sois arrive a calculer avec une exactitude sui'Hsante la charge disponible apres un temps donne, quand on connait la charge initiale. » Qu'il nous soit permis d'ajouter que les editeurs ou directeurs de Revues seientifiques devraient etre unanimes et inebranlables dans la resolution de ne publier des Memoires originaux d'une certaine etendue, qu'autant que les auteurs auront pris la peine d'exposer, dans le plus petit nombre de paroles possible, ce qu'ils cher- chaient ; ce a quoi ils sont parvenus ; en quoi et comment ils modi- fient les donnees acquises de la science. C'est une condition indis- pensable de progres et de diffusion scientifique. Si des inventions oudes theories, excellentes d'ailleurs, sont restees si longtemps en dehors de l'enseignement ou de la pratique, c'est qu'elles ont ete noyees dans une mer de mots et de pages ; c'est qu'elles n'ont pas ete mises en lumiere par quelques lignes accessibles a tous. Si mal- gre la meilleure volonte du monde nous annates toujours ties en retard dans nos comptes rendus des publications allemandes, c est parce que les auteurs ne se resument presque jamais, et que pour discei ner ou meme deviner ce qu'il y a de neuf dans leurs Memoires, diffus a l'exces, il faudrait des journees entieres de travail, jourmies impossibles quand on est aussi accable que nous le sommes. Nous denoneerons lmpitoyableaient tous les savants qui ne se seront pas 782 COSMOS. soumis a cette loi de progres et de charite; s'ils ne peuvent pas dire eux-memes ce qu'ils out fait, ils sont par la meme suspects d'avoir mal fait ; s'ils ne le veulent pas, de quel droit exigeront-ils des autres un travail auquel ils se refusent; ils meritent qu'on les passe tout a fait sous silence, et ils seront mal venus a se plaindre de l'oubli auquel on les eondamne. III. Sur les sons produits par Vecoulement de lair, par M. Sondhauss. (Fin.) Pages 214 a 240. — Nous avons doja ana- lyst la premiere partie de ce Memoire. L'experience capitale de l'honneur consiste a placer, sur un reservoir a, air, une embouchure a mince parois, a faire sortir un jet d'air, sous une certaine pression, par cette embouchure, a faire frapper par ce jet d'air une petite plaque continue ou percee d'un trou, placee a quelque distance de l'embouchure. La seconde partie du Memoire est presque toute employee a repondre a cette question : quel est celui des corps mis en jeu dans l'experience que nous venous de decrire qui produit le son observe? 1° Ce n'est pas, dit-il, la plaque que le jet d'air vient frapper, car le son est produit alors meme que la plaque est parelle-meme, ou est inise volontairementdans 1'impossibilite' de vi- brer •, 2° ce n'est pas la masse d'air contenue entre les deux pla- ques, la plaque fixe, dans laquelle l'embouchure est percee, et la plaque mobile, car cette masse d'air n'est nullement un volume d'air limite susceptible d'etre anime de vibrations regulieres, con- stantes ; car les dimensions et la forme des deux plaques n'influent pas sur le ton du son produit ; car on peut modifier de diverses ma- nieres, par l'introduction du doigt ou d'un autre corps, le volume de cette masse d'air interposee, sans changer le ton du son, ce qui n'empeche pas cependant que la masse d'air environnante ait une influence reelle sur la facilite de production du son, sur son inten- site et meme jusqu'a un certain point sur sa tonalite" ; 3° ce n'est pas la masse d'air contenue dans le reservoir, car sans cela le ton ne changerait pas si facilement quand on fait varier la pression sous laquelle l'air sort, ou la distance des plaques; car si au lieu d'une seule embouchure on en ouvre deux egales , le ton du son reste le meme, que l'air sorte par l'une des embouchures ou par les deux , que les deux jets d'air frappent une seule plaque ou en frappent deux, ce qui n'empeche pas que la masse d'air placee au-dessous de l'embouchure ne prenne quelque part au mouvement vibratoire auquel le son est du, et ne reagisse dans une certaine proportion sur le ton de ce son ; 4° le son n'est pas produit par les chocs suc- cessifs des molecules d'air contre la plaque superieure, comme tend COSMOS. 783 a le faire croire la loi observe que le nombre des vibrations du son est directement proportionnel a la vitesse d'dcoulement ; car le choc de l'air contre une plaque qu'il rencontre en son milieu n'est pas aple a produire un son ; car le son devrait etre d'autant moins dis- tinct que la plaque superieure serait plus rapprochee de la plaque inferieure, d'autant plus distinct que les deux plaques seraient plus eloignees, etc. Ces eliminations faites, il ne reste plus qu'une seule hypothese admissible; celle que le jet d'air sorti de l'embouchure peut et doit etre consider^ comme un corps distinct de l'air environ- nant au repos, comme un baton frotte a sa surface pendant sa pro- gression et amene a vibrer longitudinalement par le frottement contre lesbords de l'ouverture faite dans la plaque superieure, ou contre l'air environnant. M. Sondhauss enumere longuement les raisons qui le determinent a adopter cette derniere opinion qui est en effet la plus probable; il regarde surtout comme concluante l'expe- rience dans laquelle il a substitue a, la plaque superieure une feuille de papier a lettres tres-mince, percee d'un trou en son mi- lieu ; le son produit, qu'il etait impossible cette fois d'attnbuer au choc des particules d'air, elait tres-distinct, et ne pouvait avoir pour cause que le frottement doux du jet d'air contre les bords du trou. 11 explique de la meme maniere, par le frottement et les vi- brations longitudinales, 1° les sons que Ton obtient au moyen des sifflets construits avec untuyau en verre, en bois, en carton, en me- tal fixe" a une plaque epaisse percee d'une ouverture dont les bonis, des deux cotes, sont rendus aigus, sifflets qui resonnnent, soit par insufflation, soit par aspiration; 2° les sonsde laharpe eolienne ou les sons que rend l'air en traversant les fentes ou lorsque dans sa marche il rencontre des fils tendus ; 3° enfin les sons que nous produisons avec la bouche en sifflant. Nous avons deja dit que M. Sondhauss avait refait, sans le sa- voir, un travail que M. Masson avait entrepris a la demande de M. Longet; mais le physicien fran9ais est alio beaucoup plus loin et a mieux fait ; il n'a pas seulement constate les pht'iiomones, il a mis en evidence leurs lois, lois que les experiences du physicien al- lemand confirment pleinement. Fidele a 1'engagement que nous avons pris, nous denoncons M. Sondhauss comme n'ayant pas pris la, peine d'analyser lui-meme son Memoire. IV. Reponses aux remarques de M. Clansius, par M. Helm- holtz. Pages 241 a 260. — Nous ne voulons enlrer, ni de pres ni de loin, dans cette polemique que l'auteur n'a pas daigne resu- •jSlx COSMOS. mer. MM. Helmholtz et Clausius sont cles physiciens habiles, ties inatlu'maticiens exerces, mais peut-Gtre ne doutent-ils pas assez de leurs forces, et vont-ils trop loin dans leurs applications de l'analyse a la physique ; en ce sens que dans leur mise en equation des pro- Llemes, il y a beaucoup d'arbitraire, surtout dans les hypotheses qui leur servent de point de depart. Le Memoire de M. Clausius sur les phenoinenes optiques de l'atmosphere nous avait d'abord seduit, nous nous sommes aperc,u plus tard qu'il s'evanouissait en fumee quand on voulait le discuter serieusement. II en a ete de meme des recherches deM. Helmholtz sur les couleurs complemen- taires du spectre solaire; en refaisant ses experiences dans l'excel- lente methode de M. Foucault, il a obtenu des resultats tout diffe- rents. Nous serons plus defiant a l'avenir. VARIETES, ESSAI D'ANALYSE DES EAUX MINERALES DU MONT-DORE, PAR M. THENARD. « Je fis evaporer dans une grande bassine d'argent, que M. Au- bergier de Clermont voulut bien mettre a ma disposition, trente- huit litres un quart de l'eau de la source de la Madeleine, qui est celle que Ton boit. Je les reduisis a sept cent soixante-cinq centili- tres cubes, y compris le depot qui sefit et qui fut recueilli avec le plus grand soin. J'emportaile tout avec moi au laboratoire de mon fils a Talmay oil les experiences furent faites ce mois d'aout. u Le depot se composait d'acidecarbonique, dechaux, de magn^- sie, de sihee et dune quantite tres-minime d'oxyde de fer. Traite convenablement, on en a extrait aussides traces d' arsenic. « Quant a. la liqueur, elle ne contenait que des sels a base de soude, carbonate, sulfate et sel marin; mais au moyen de l'appareil de Marsh, on pouvait en tirer en meme temps assez d'arsenic pour recouvrir promptement de taches m^talliques plusieurs capsules de porcelaine. « L'exp^rience se fait si facilementque, pour demontrer la pre- sence de l'arsenic dans les eaux du Mont-Dore, il suffirait meme d'en prendre deux litres, de les require a. quatre a cinq centilitres, etde leseprouver, a la maniere ordinaire, par le zinc et l'acide sul- furique. « Si Ton demande maintenant a quel dtat est l'arsenic dans les COSMOS. 7«5 eaux du Mont-Dore, il sera facile de voir qu'il doit s'y trouver a l'etatd'acide, uni avec la soude, puisqu'd fait partie de la liqueur que Ton obtient en rdduisant l'eau minerale a peu pres du quaran- tine de son volume, et que cette liqueur ne renferme que des sels de soude. « Tout me porte a croire que le sel arsenical est un arseniate et non un arsenite. II provient peut-etre de Taction du carbonate de soude surl'arsdniate de fer. Ce qui donnequelque probability a cettc hypothese, c'est qu'on trouve dans les reservoirs ou sejournent les eaux, un depot rouge, qui contient del'oxyde de fer arseniate. « Maintenant, combien l'eau du Mont-Dore contient-elle d'arse- nic, et par suite, d 'arseniate de soude? « Pour cette determination, on fit passer l'arsenic a l'etat d'hy- drogene arsenique, lequel fut decompose completement par la cha- leurdansun petit tube de verre. Le verre fut ensuite seche, pese exactement, puis separe de l'arsenic par l'aeide nitrique, et enfin lave, seche et pese de nouveau. La difference de poids donna la quantite d'arsenic. « Quoique cet appareil soit bien connu, je pense qu'il n'est pas inutile de decrire l'experience avecsoin. « Dans un petit fiacon a deux tubulures, on mit de l'eau, de ma- niere a remplir le fiacon aux deux tiers, et du zinc distille etgre- naille. « A l'une des tubulures, on adapta un tube droit qui plongeait aufond du liquide, et dont la partie inferieure, legerement effilee, etait recourbee pour empecher les bulles de s'y introduire. « A l'autre tubulure, on adapta un petit tube recourbe a angle droit, qui se rendait dans un tube de verre horizontal, ouse trouvait d'abord un peu de coton pour retenir lesgouttelettes qui auraient pu etre entrainees, puis des fragments de chlorure de calcium pour dess£cher les gaz. « Ce tube horizontal communiquait avec un second tube, e«-ale- ment horizontal, long, etroit et place, dans sa premiere moitie, sur une grille au-dessus d'un fourneau ; il etait entoure de glace dans sa derniere moitie et termine' en pointe a son extremitd. Une feuille de clinquant protegeait la partie chauffee contre 1'ardeur du feu. « L'appareil etant ainsi dispose, on commenga par verser peu a peu de l'aeide sulfurique dans leflaeon a deux tubulures par le tube droit, au moyen d'un petit entonnoir mobile. Quand les vases furent pleins de gaz hydrogene, on chauffa le second tube horizontal jus- qu'au rouge naissant, et Ton s'assura que, dans cet etat, il ne se 786 cosmos. deposait rien dans la partie du tube refroidi, et qu'en allumant le gaz a l'extremite du tube, il ne produisait aucune tache sur une capsule de porcelaine, precautions necessaires pour reconnaitre que ni 1' abide sulfuriqne, ni le zinc ne contiennent d'arsenic. « Ceci fait, on versa peu a peu la liqueur a analyser dans le flacon tubule au moyen du tube droit, surmonte du petit entonnoir ; et de temps en temps aussi, pour soutenir Taction, on versa de l'acide sul- furique. On etait guide par le degagement de gaz qui ne doit pas etre rapide, et que Ton apprecie facilement en allumant quelquefois le jet gazeux d'hydrogene a l'extremite" de l'appareil. S'il arrivait que des bulles parvinssent a se degager par le tube droit, quoique effile et recourbe a, sa partie inferieure, il faudrait en fermer la partie superieure avec un petit bouchon de liege. « Bientot on vit l'arsenic se deposer dans la partie du tube re- froidie ; il y forma une couche nietallique tres-brillante ; il n'en passa pas de traces au dela : aussi le gaz hydrogene qu'on enflam- mait ne tachait-il pas les capsules de porcelaines avec lesquelles on le mettait en contact. « L'experience fut continuee assez longtemps pour etre certain que lout l'arsenic avait ete enleve. " Lorsqu'on jugea quelle etait terminee (ce qu'il est facile de reconnaitre, en ce que le jet de gaz enflamme ne fait plus de taches sur la porcelaine et ne trouble point une dissolution etendue de ni- trate d'argent), on laissa refroidir l'appareil; on coupa avec une lime la partie du tube qui contenait l'arsenic , un peu au-dessus et un peu au-dessous du depot. Le tube ay ant ete bien desseche interieu- rement et exterieurement , on le pesa; puis on dissolvit l'arsenic dans l'aeide nitrique, on lava le tube a l'eau distillee, on le fit secher, et on le pesa de nouveau. La difference du poids donna la quantity d'arsenic. « J'ai trouve ainsi que les 200 centimetres cubes provenant des 765 centilitres auxquels avaient ete reduits par evaporation les 38 litres 25 de l'eau sur laquelle j'operais, contenaient 4 milli- grammes 50 d'aisenic. " Consequemment, les 765 centilitres, et partant, les 38 litres 25 d'eau , qui les avaient fournis, devaient en contenir 0 gramme 0172. « Par consequent aussi, il y a dans un litre d'eau du Mont-Dore : 0Sr, 00045 d'arsenic, 0S'",000GS9 d'acide arsenique, OSfjOOlOSS U'arseniale neutre de sonde, COSMOS. 787 en admettant que l'acide arsenique soit forme de 100 d'arsenic et de 53,139 d'oxygfene, et que l'arseniate neutre de soude le soit de 100 d'acide et de 54,97 de base. « On peut done dire que les eaux du Mont-Dore contiennent par litre, a la temperature de la source, 1 milligramme, ou, plus exactement , un peu plus d'un milligramme d'arseniate neutre de soude. « On ne saurait mettre en doute que ce ne soit a l'arseniate de soude qu'elles doivent leur puissante action sur l'economie animale. » D'autres eaux, voisines du Mont-Dore, et d'autres meme qui en sont eloignees, contiennent probablement aussi de l'arsenic. Quelques essais faits, mais sur moins d'un litre, m'autorisent a croire que celles de Saint- Nectaire sont clans ce cas. » En transmettant a ses lecteurs l'analyse de la communication academique de M. Thenard , M. Quet, redacteur de la partie des sciences du Journal de I' Instruction publique, la fait preceder d'un apercu rapide des eminents services rendus a la science par M. Thenard. Nous reproduisons avec bonheur cette expression sin- cere et ardente d'une reconnaissance qui remplit tous les cceurs, et qui dans le notre surabonde. » Pendant cette lecture , la plupart des academiciens et des sa- vants, eleves de l'illustre professeur, ecoutent avec emotion, dans un religieux silence, cette puissante parole qui, autrefois, leur avait inspire l'amour des grandes etudes ; les autres, trop jeunes pour avoir connu le maitre, sont heureux de la bonne fortune qui se presente. On se dit : N'est-ce pas M. Thenard qui a ouvert la voie a la chimie organique aujourd'hui si justement fiere de ses progres? N'est-ce pas de lui quest venue l'idee, la grande idee qui a tout feconde dans cette science? Chacun se rappelle les decouvertes si belles et si nom- breuses, par lesquelles il a jete tant d'eclat sur la chimie minerale. Tous se plaisent a reconnaitre en lui le bienfaiteur des sciences qui a fortement organise chez nous l'enseignement de la physique. « Yoyez ce qu'etait autrefois la chimie organique : un simple re- cueil de recettes et voila tout. En distillant, on obtenait des charbons, des produits liquides et gazeux, c'etait la une analyse organique. M. Thenard imagine de briiler les substances avec l'oxygene condense du chlorate de potasse et, par cette combustion parfaite, il change la face de la science; e'est alors que se re'velent les com- positions si curieuses du ligneux, du sucre, de l'alcool et d'une foule de produits organiques. Aujourd'hui on a d'autres procedes a manipu- lation plus aisee, mais l'idee mere n'est pas la, dans ces changements 788 COSMOS. d'i.ppareils. Au reste, des l'origine, et il y a de cela prfes d'un demi- sieclc, les analyses de M. Thenard ont 6t6 faites avee un art si parfait que maintenant encore, leur degre d'exactitude ne peut pas etre depasse, meme par les etudes le plus savamment combinees. « En chimie minerale, les services rendus par M. Th£nard ne sont pas d'un or.lre moins eleve : le chlore range parmi les corps simples ; le potassium et le sodium prepar6 par une methode qui les donne dans un tel <5tat de purete qu'on est encore oblige d'y avoir recours dans les recherches exactes; l'eau oxygen£e, ce compose si curieux qui a offert tant d'enigmes ; une longue suite de substances, ounou- veltes ou rendues en quelque sorte nouvelles par des Etudes appro- fondies indiquent assez ce qu'est M. Thenard. « On sait dans quel etat se trouvait avant 1830 l'enseignement de la physique; les cabinets de physique n'existaient presque nulle part dans les lycees, l'enseignement ne reposait sur aucune base, les chaires etaient donnees sans regies fixes. Des que M. Thenard arrive au conseil de l'Universite; il cree et developpe partout des collec- tions d'instruments, il organise les etudes de l'ecole normale; il prend dans cette ecole des eleves distingues pour leur confier l'en- seionement de la physique ; il anime d'un souffle de vie toute la nouvelle population de professeurs ; il communique son ardeur a tous. Auiourd'hui M. Thenard peut se reposer doucement , il a fait une grande ceuvre qui porte des fruits et restera. » A. TRAMIiLAY-, propnetaire-gerant. PARIS. — IMrRIMERIB DE W. REMQUET ET C1C, R'JE GARANCIERE, 0.