iNi^ ^ ¥: 1 m 3^ ^ \ / J| L ^ \ Ce t)olunie est la propriete exclusive de M. Tramblay. Tous les exemplaires non revctus de sa signature seront reputes contrefaits et poursuivis comme tels. J^^^-^^^^ J'ARIS. — liirrilMr.RIEDE W. REMQUET ET C', nCE GA'.IANC EHE, N. 5. COSMOS REVUE ENCYCLOPEDIQUE HEBDOMADAIRE DBS PROGRES DES SCIENCES ET DE LEURS APPLWA TIONS AUX ARTS ET A L INDUSTRIE. Fondee par SI. B.-R. DE AIOHFORT. Redigee par II. I'abbe AIOIGHO. TOME CINQUIEME. PARIS A. TRAMBLAY, DIRECTEUR, 18, RUE DE L'ANCIEME-COMEDIE. — Les drolls ilc Uadtrctroiriout reserrts. — TABLE ALPHABETIQUE PAR MOM!§ D'AfJTEftJUS}, Abate (Feliv). Therraolypie, p. 40. AisEir.r.E. Administration tlu sulfate de strychnine dans le cholera, p. lao I 32. Ap.RrA. Magnelisnie de rotation, p. 129. Presentation d'un memoire, p. 113, Anon. Hclairage an gaz, p. 257. -4 CARD. Systems d'evaporalion, p. 671. ,^GARD DE Bds (d'J. Choleia, p. 495. ^(lAssE. Four a chaiix, p. 719. Airy. Experiences sur le pendule, p. 2o5. — LongiluJe des o!jservatoire£ tie Paris et Greenwicli, p. 382, 386. — Densite de la terre, p. 657. Ai.cAN. Deridage des cocons du ver a soie du ricin, p. 445, — Rapport, 'a, 566. Aii.Air. Marhioes niaqneto-electriques, p. 86. Ar.vARo liFYNoso. Experiences sur le curare, p. 53. — ttherification, p. 44-5.. Amic. Nouveau febrifuge, p. 705. Amoretti. Rhabdomancie, p. 107. Amdssat (Alphonse). Cautcrisatiun par la pile, p. 480. AwcELOK. Dosage du chloroforme, p. 444. AsnRAL. Tremblement de terre du 20 jnillet, p. 112. — Meteorologie meSi- cale, p. 3 19. AwnRtws. Noiivelles malieres a papier, p. 5 if. AwTOKELLi. Transparence de ralmosphere, p. 93. Appel. Impression anaslatiqne, p. 86. Arago. Paragieles, p. 3o. — Liimiere, p. .',91, 497. Archer. Coni;res de Liverpool, p. 425. Argyle (leduc d'), president du con<;res de Glascow, p. 428. Arnoui.d. Fabric ation d'alrool avec la scinrede hois, p. 494. Arnuux (fib). Recul des trains arlicule.';, p. 126. VI COSMOS. AoBRT, jury iiileniational, p. i. Acc^riTAiNK (If baron Henry), p. 639. Atmar (Jariiue>). Soiircier, p. loS. Babbage. Slali>liqiie des phares, p. 166. Babiwet. Transparence de I'air. p. g^, ia5, 126. — Cartes homalographi- qucs, p. 3i3. — Refraclionsastronomiques, p. 336, 491, 49;.— Cartes et bas-reliefs en {jalvanoplaslic , p. 5s8. Bacbboffner. Fijer a gaz, p. 86. Bacon. Craiute d'erreur judiciaire, p. 36. Bain, p. 5o5. Balard. Aluminium, p. Sga, 476- Bai.dus. Photosripliie, p. 239. BoLLAERT (Edouard). Bateaux a vapeur, brouettes, p. i68. Bargioki. Mi'nioire sur la nialadie de la viijne, p. 1 13. Barlow. Securite sur les 1 heniius defer, p. SaS. Barral. Distillalion de la betterave, p. 32; — Maladie de la vigne, p. ii3. — OEuvres completes d'Arago, p. SaS. Barral. Commission bordalaise, p. i43. Barrat (freres). Becheuses a vapeur, p. 23? . Barreswill, p. 569. Barth, membre 'e rAcademie de medecine, p. 2o5. Barthelemt la Pommebaye. OEufs de hoccos, p. 639. Barthelot. Slalique du cheval, p. 166. Basils (Valentin), p. 107. Bassereau. Affections syniptomatiques de la syphilis, p. 358, Basset. Traile d'alcoolisation, ]). 622. Baodelocque. Guerison d'un sourd-muet de uaissance, p. 3:8. — Candidal, p. 480. Baudens. Memoire sur les fractures, p. 162. Baudrimost. Trailemeni dn cholera, p. 480. Bazin. Deslru'-tioii des insecles des belteraves , p. 79. — Maladie du ble, p. 104. — Mdadies des plantes, p. 169, 204. Bazin (Arnaud), Uouilledes bles, p. 104. — Maladies des plantes, p. 123. — Maladie des uoyers, p. 338. Beaumont, p. 184. Beaovoys. Engourdisscment des abeilles, p. 3o3, 642, Bechump. Re( herches sur I'amidon, p. 411. — Action des prolosels de fer sur la iiitro-naphialine ct la nitio-benzine, p. 536. Beche (Henri de la). RInsee geuiogique, p. 207. Bechi. Memoire sur la maladie de la vigne, p. n3. Becqcirel, p. 609. Becquerel (Edniond). Jury inlernaiional, p. i. — Photographie, p. 6. — Plioiographie, re|)roJiiction des couleurs, p. i4i 721. Beeckey. Gravure sur bois, p. 544. BEtR. Aberration de la lumiere, p. 616, 49i« Beiir. Kalcdgraphie, p. 546. Belloc. Plioliigraphie, solubilite du coton azotique dans I'elher, p. 37, — His- toue de la pholograj'liie, p. 264. Benoit. Bogulaleur du chaufl'age, p. 343. Bei.GERtT. IMcnioire sur le pus, p. iC5. BEHiTAt-.D (Claude). Merabre de rAcadimie, p. 10. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. VIJ Bernard (Felix). Determination des indices de refraction, p. i3. — ludices de refraction des plaques epaisses et des liquides, p. 54, iiS. — IndiCts de refraction, p. 254. — Polarisation de ralinosphere, p. igi. Bettignies. Porcelaiae lendre, p. 3 17. Berry. Photogiaphie de la lune, p. 457. Berthelot. Piopyleiie, propilammine, iodhvdrine, p. 47*- Bertranb. Precede de ;paiiificalion, p. 56i). BlLUNT. Machine magiielo-electrique, 317. Billet. Dccou\erte dans la doubl*^ refraction, p. 479- BioT. Commission, p. 12, /.gi. — Constante do la precession, p. i63. Refrac- tions aslronomiques, p. 3o8, 334, 363, 382, 4:4. 5a7, 562, 563.— Deu- site de la lerre, p. 657. BissoK (IVeres). PrudiL;es de photographic, p. *o8. Blanchard (EniileV Acdimalalioii du bonibyx, p. dio. Blanche. Traitement de la clwree. p. i4d- — Ncuvelle matiere inQammable, p. .344, 529. Blattin. Boucle de sellerie, arcanson, p. 543, — Aballage des ummaux, p. 709, — Arcansenr, p. 712. Blondeac. Multiplication des perdrix, p. 3o2. Blum. Cartes liomalographiques, p. 3i3. Bobierre. Guanos artificiels, p, 188. BocQLET, Guanos artiOclels, p. i88. Bonaparte (le prince Charles). Histoire nalurellc, p. 14. — Memoire sur lei oiseaux grands-voliers, p. 368. — Tableau des oiseanx de proie, p. SgS. — Sqneletle de saurieu fossile, p. 493. — Coup-d'fleil sur I'ordre des pigeons, p. 55o, 643. BONELLt, p. 144. BoNHEOR (Mile Hosa). Dessins d'yarks, p. 642. BoNNtL. Proccde de panificalion, p. 569. BoNrL\ND. Importation dela ficloria r^qia, p. 2o3. KoKziNim. Maladie de la Vigne, p. 1 13. BoRUA. Anemomelrie, p. 93. BoiiBKE. Marche geologiiiuc du cholera, p. 419. BouDiN. Accidents causes par la fondre, p. 490- Bo UK, t.hemins de fer de la Turquie d'Europe, p, 585. BouET. Lisez PoEY. Meleorolngie de la Havane, p. 609. BouiLLET (Henry). Pieces d'orfevrerie galvanoplaslique solidiliees, p. 43i. — Rec'amation de priotile, p. 680. Bouis. INouveaux radicaiix orgaiiiqnes, p. 166. Bouis (Jules). Huile du medicinier, p. 56o. Bouquet. Analyse des eaux miueraks, p. 487. — Analyse des eaux de Vichy, p. 562. Bourgeois. IN'avigalion cotiimerciale en Angleterre, p. 21. — Chevre d'An- gora, p. 3o2. — Navigaliun, p. 643- BoussiNGAULT. Fixation de I'az )le dans les plantes, p. 29. — AUiaiinium, p. 392. — Memoire sur la vegelaliou, p. 4i5, 438. Bouteille. Dommages causes aux cereales par une uredo, p. 46. BouTRON. Jury inleriiation.il, p. r. Bouviek. Emploi du feu en chirurgie, p. 367. BoYER (Phdippe). Traile de chirurgie, p. 164. Brachet. Traitemenl des choleri.pies, p. 84, Ym COSMOS. V««roKiroT, p. 495, BtUkKDBi-RY. Impressions naturelles, p. 86. Brame. Reclierches legates d'iutoxicalion, p. 563. — Hauteur des atmospheres du mercurc, p. 592. Sbaksoh. Impressions naluielies, p. 86. SitAwn. Maiiere plasli(|iip, p. 260. BuTon (de Champ). Aberration de sphericile, p. 367. — Sur les lignes de {aitesetde thalweg, p. .'119. B«ETT. Teli'graphe suus-mar in, p. i44i 464. 5o2. ^BT-r (John). Pose dts cables enlie le Piemorit, la Corse et la Sardaigne, p. 33x. — Origrnedu lelegraphe sous-marin, p. 5o2. BuEWSTER. Plrrralitrj desraondes, p. 87. — Slereoscopie, p, i55, 497, Kkiot. Engr-ais artifrcitis, p. i83. Brisseau de MiRBEr-. Mort, p. 324. JUkosgn-iart. Transformation de Vagylops ovala, p. 79, 317. SKVLLrs. Tcnias des poiasons cypi'ino'ides, p. 487. B«tnT. Fillre plongeirr, p. 293. SucKLAND. I'rijsideut du longres britanuique, p. 42S. BcBGE. Inspiration et respiration, p. 480. BnnsEH. Redrrction drr magnetisrne, p. 298. — Aluminium, p. Sga. Bdkuis. Navigation aerieirne et sous-marine, p. i, BoRBocF (E.). Vitesse de I'electricite, p. 366. BnssT, p. 476. Caqet. Matieres fecales des choleriques, p. 419. (Uiru-ivD. Mollnsques perfoi'arits, p. 394. C*iixETET. Dosage de la fccuie de pomme de terre, p. 896. CAI.1.ARD. Feuilles nietalliques, p. 720. Cai.lok. Jury international, p. i. CittOK. ludicateiir du niveau de I'eau des chaudieres , p. 63o. AMPBEI.I.. Collodion sur papier, p. 307. ClftaPER, p. 493. C*RBi:cciA. Mori, p. 3o3, ASROsio. Pile a gaz, p. 317, GiSTETs. Quinine ariifuuelle, p. 166. Cbaussier. Conservation des corps, p. 190. CkucBT, dispense du serment, p, i, in. — Remede conlre la maladie de la TfgTie, p. 410, 660. CaicoRKAc. Constitution de la surface du soleil, p. 242, — Bolide observe, p. 369. — Nouvelle planele, p. Sog. Cbailemaisok. Drainage, p. 144. t^HALirs. Progres recents de raslrouomie, p. 598. Cbamponkois, p. 557. Cbapbts. Nouveau febrifuge, p. 705. CsATiN. Des Tropcolees, p. 44. Anatomic des naiades, p. 609. CxMXALioN. Niveau d'cquiiibre de la mer, p. 45, tioEKOT. Prepar-ation de I'aluminium, p. 284. CaiTAUER (Charles). Stereoscope, p. 140. Ca«vAi.uER. Engrais, p. ia6. — Commission, p. i43. CawAixiER (fils). Notice sur I'asphodele , p. 683. — Emploi de la tourbe, f^ 6S4. Cktbedi. Jury international, p. i. — Baguette divinatoire, pendule expio- TABLE DES NOMS D'AUTEURS. IK raleiir, mouvement des tables, p. 106, 122, 216. — Considerations stir la pliolographie , p. 271. — Gravure l)eliogra|)hique , p. 409, 433. — Tapisserie des Gobelins el de la Savonnerie, p. 477, 487. — Harraoni« d« couleurs, p. 671, 584. Clair. Indicateur de pression, p. 63i. Clamageron. Drainage, p. 144. Claudet. Pholograpbie, p. i55. Claudet (Henry). Pholograpbie, p. i56. Clerget. Alcool d'asphodele, p. 556, 634, 684. Cloes (de Lambaeck). Rouleau perfectionne, p. a36. CI.OQ0ET. Candidat, p. 643. CoBLENTz. Carles el bas-reliefs, p. SaS. CoLLiNET. Maladie de la vigne, p. ii4. CoLOMBE. Brouelle el voitures balayeuses, p. 34. Combes. Jury inlernalional , p. i, — Appel , p. 337. — Indicateur de pres- sion, p. 63 1. Constable. Modeles d'ecriture, p. 6o3. CoNTi (le prince de). Baguelle divinaloire, p. 109. CoQuiLLARD. Pave mineral, p. 680. Cora Millet-Robinet (M"®). Cafe substitue au vin, p. 542. Cornelian (M™* de). Silos suspendus, p. i3. CoRTAMBERT. Carle des celebriles de la France, p. 164. Cot (I'abbe le). Transmission des sons par les corps solides, p. i36. Coblyier-Gravier. Meteores du loaout, p. 222, '^55. CouRNiER. Moissonneuse , p. 237. CouRNOT. Recieur de I'Academie de Dijon , p. 287. Cox. Presse lilhograpliique, p. 86. Craig. Grande lunette, p. 458. Cristofle. Pieces d'orfevrerie galvanoplastique solidifiees, p. 3i4. — Gilvur- noplaslie, p. 571, 680. Crookes. Collodion anticipe, p. n8. CnNARD. Navigation, p. 22. CoKDALL. Photographic, p. 2 39. CuviER , p. 493. Dagderre. Pholograpbie, p. i55. Dameron. Voilure, p. 683. Dana. Crainle d'erreur jndiciaire, p. 36. Danyau. Chloroformisalion, p. i53. Darremberg. OEuvres de Gallien, p. i65. Dabbree. Production artiGcielle des silicates et des aluminates, p. 76. Dausse. Hirondelles et cholera, p. 56o. Davidson (Robert). Courants cleclriques, p. 60. Davy. Pholograpbie, p. 272. Deake. Stereoscope, p. 458. Decaisne, Jury inlernalioDal , p. i. — Destruction des insectes, p. 181. — Igname, p. 237. Defreiss. Foyer a gaz, p. 86. Delahaye. Collodion, p. 38. — Planches cbromolitbographiques , p. a«5, Delanoce. Mutamorphisme, p. aSa ,337. Delarive. Aluminium, p. 392. De la Rue. Papiers irises, gaufres et peinls , p. 86. X COSMOS. DitAn»\T. Jury tnleniational, p. i. DBt.Ei.li.. Appuveil rimilateur tie la liimiere clectriciue, p. a34. D«tKZEWSE, p. .'ipr. Delopkrk. Candidal, p. 80. — Membre dii Bureau des Longitudes, p. 2o5. Demidoff. Progiamme dii pii.\ londe par lai, p. J65. Demidoff (le comte). Obscrvolions meteorologiqnes sur I'Oural, p. 492. Dekiere. Jiiiy intenialioiial , p. i. Dero^.si. Gncrison do la fievrc par relectiicite,p. l5t. Derkten. Guanos arlificiels, p. rSa. Desains (Paul). Jury inlernalional , p. r, 711. DtscuAMPS. Art de forinnler, p. i65. Desgr\nges. Guerison dfs polypes, p. i53. Desiderio. Therapenlique geuerale, p. 4x9. Desmazieses. Maladie du lin, p. 84. Desoyss. Maladie des plantes , p. 493- Desprutz. Jury inlernalional, p. i. — Sucrage des vIds, p. 263, 5^8, vii. DE.SURMONT. Incendies eleiiits par la vapeur d'eau, p. 537. nEvii.i.E (Sainle-Claire). Preparation economique de ralutninium , p, 297, 222, 368, 391. — Reponse a M. Rnnsen, p. 554. Devinck. Machine a enveloppBr et cacheler le chocolaf, p. 569, DiAMOKD. Vernis a Tambre, p. i2;i. DicKERT. Relief de la lune, [>. 371. DiDOT (Firmin). Jury inlernalional, p. i. DisDERi. Photographies, p. 548. DoLFUS, Laine des yaks, p. 641. DOreigny. Imporlalion de la Victoria regia, p. 2o3. DoYtRE. Tiie-leignc, p. 287. Droisnet. Mesnre delavilesse des navircs, p. 69. — Velocimetre, p. 147, Dubois. Feuilles de bois , p. 147. DuBosQ. Experiences d'opliqne, p. 85. — Pbotographie, p. i55. — Cascade eleclriqiie , p. 207. — Lampe electrique , p. 232. — Lampe eleclrique perfectioiinee, p. 720. DuERUNFAUT. .Sucragc des vins, p. 26 1, DucBATEL. Soufrage de la vigne, p. 116. — Drainage, p. i44. DncHARTRE. Plianerogames niarins, p. 584, — Candidal, p. 664. DucHAUssoix. Cholera, p. 149. Duchesne. Conlroleur des receltes des voitures, p. 568. DucLOT. Naltes indiennes, p. 56g. DucouRET. V^oyages , p. 49?. DuFossE. Herniaphrodisme chez certains verlebres, p. 553. DujARDiN. Incendies eleinls par la vapeur d'eau, p. 53?, 600. DuLONG , p. 125. — Remerciemenis a I'Aeademie, p. 563. DuMAS. Presentation de meinuires, p. in, 283, 227, 228, 280, 476, 477j 538, 558, 600. — Relaliuns eulre les proi)ri6tes physiques et les pro— prielcs chimiques des corps, p. 609. — Alcool d'asphodele ; scille mari- tinis, p. 634. — Proprielts physiques et chiniiques des corps, p. 635, 643. DcMERiL. Maladie de la vigne, p. 10. — Erj]eiolQgie generale, p. 3io. DuMERii. (Ills). Classification des reptiles, p. 247. Du MoNCEt. Appareil ele(:lro-pliysiologi(jue, p. 448. DuMONT, Zincogiaphie, p. 292, DuKAL, Sur I'cegylops ovala, p. 79. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. XI DoNESME. Proprieles nouvelles des developpees des courbes planes, p. 6l. DcNKiN. Longitude de Gretnvvich, p, 388. DcPERREY. Candidal, p. 12. — Elu candidal en remplacement de I'amiral Roussin , p. 80, 2o5. DuPEYRAT. Culture du mai's, p. 678. Ddpiht (Charles). Travaux de la Commission francaise a I'Exposition de Londres, p. 44 > 643. — Reclamation, p. 698. DuRAND (Amedee). Jury inlernaliunal, p. i. — Aiguilles superfines, p. 568. — Cuirs forts pour semelles, p. 628. Ddreau de la Malle. iVIauuscrit, p. 584. DuRocBER. Morliers, p. 126. — Reponse a M. Vicat, p. 454. DcssAUD. Mine monslre, p. 342. DuvERHOT. Opuscules sur les sciences nalurelles, p. 368. — OEufs et os de I'epyornis, p. 527. Edwald. Axe opiique du diopside, p. 691. Edwards. Photogiaphies t'e la lune, p. 457. Edwards Forbes. Deces, p. SgS. EicBMAN. Guerison d'un cancer du sein, p. i54. Elie de Beaumont, p. i23, 254. — Dolomisation des roches, p. 303. Com- uiissiou, p. 4o3, 492. — Carle de Rome, p. SSg. Emery. Conservation des corps, p. 198. Ercolini. Nemaloides, p. 14. Ericsson. Nouvel essai, p. 320. EvAN5. Impressions nalurelles, p. 86, Fabre. Condensation des gaz par les corps solides, p. 477,' Fabroni. Cliicorec sauvage, nourriture du hombyx du ricin, p. 592. Fairbairn. Densitedes corps soumis a des pressious enormes, p. 469, 5oi. Falconi. Conservation des corps, p. rgo. Faraday, p. 5i8,5ig, 52o. — Electricile, P.6S7, 721. Fahler. Jury international, p. i. Facvehe. Nouvelle application du caoutchouc, p. 53t. Faye. Refractions aslronomiques, p. 268. — Traiie de cosmographie, p. 283. — Recteur de I'Academie de Nancy, p. 287. — Vitesse de lelectricite, p. 219. — Refractions astronomiques, p. 3o8, 363, 382. — Longitude de Greenwich , p. 3-34, 388. Fee. Candidal, p. 112. Ferguson. Nouvelle plar.ete, p. 410, 586. Fermond, Developpement des merylhales, p. 339, 554. Ferkandez-Ferrero. Nouvelles eloiles variablei, p. 166. — fitoiles chan- geante-, p. 480. Ferrier. Negatifs sur albumine, p. 458. Fichet. Serrurerie, p. 204. FiGuiER (Louis). Chimie agiicole, p. ag. — Histoire de I'alchimie, p. 53a, 449. Filbol. Matiere colorante des fleurs, p. in, 128. Fhzroy. Travaux hydrograpliiques, p. 4o5. FiTzwiLLiAM (le comie de). President du congres brilannique, p. 4a8. FizEAu. Pothograpliie, p. i55. Flaut. Combustion de la fumee, p. 594. Florent Prevost. Accliniatation du colin, p. 3oo. Flourens, p. 8r, 123, i65, 282. XB COSMOS. toaskt. Meleorologie appliqueea la niedecine, p. Sig. FoHTAN. taux niineiales des Pyrenees, p. 36o. FoaviELLE. I'iltie ploiif;eur, p. agS. FoKGET. Cliloroformi.salion, p. i53. Forrest. Photugrapliie de la liiiie, p. 457. FoucAULT (Lei)u), Jury inleiuatioual, p. i. — Gyroscope, p. 464. Foucher-Lepelletier. Jury iiilcrnalioiial, p. i. Foo-QUET. Rrouelteset voituies balayeuses, p. 35. FouRDiNOis. Jury international, p. i. FouRNEYRON. luceudles eleinls par la vapeur d'eau, p. SS;, FRiMOND. Monogrnpiiie des saiigsues medicinales, p. i65. Freht. Jury international, p. i. — Aluminium, p. 800, — Composiliou des OS, p. 611. Frksnei., p. 491. Fbitschler. Chariue, p. i44' Fritz-Solier. Tissus impermeables, p. 570. FROMErjT. Trausniission electrique du temps moyen, p. 141.^ — Jury interna- tional, p. I. FHU)i«£itr-MEURicE. Reclamation?, p. 571, 628. Fdsi. Ressorts, p. 679, — Transport des veaux a I'etat de liberie, p. SSg. Saj^fet. Soufflel, p. ti5. Gaiffe. Machine a graver, p. 68a. Gail-Borden. Lait coDser%e, p. 596. GAt-Lois (I'abbe). Baguette divinatoire, p. no. G&BKAL. Embaumement, p. 190. Gardissal. Technologic, p. 624. —Journal V Invention, barbaries, p. 65o. Gar!iier. Proprieles des nombres, p. 704. Gasfarin, p. 184. Gasparin. Moissonneuse de M. Cournier, p. 237. Gasparini. Description de I'o'idium Tuckeri, p. n3, Gasparis (de). Elements des cometes et des petiles planetes, p. i23. — Theorie d«s orbites plauetaires, p. 492. Gacdonset. Mecanisme pour tenir les sons, p 570. G&vfiAiN, Developpemenl de I'eleclricile dans I'evaporation des dissolutions aqueuses, p. 94. — Eleclricile, p. 126. — Inleusite des courants induils, p. 557. — Courants ioduits, p. Sga. Gadssin. Jury international, p. i. GussLER. Vaporimetre, p. i35. GzoFFaAY (Slepliane). Application des solutions de cireaux papiers pbotogra- pbiques, p. 75. — Papier pbotograpbique, p. 102. — Photographie a la eeroleine, p. 804, 353, 354, 355. — Emploi du baume de copahu eu pho- tograpbie, p. 38 o. GEOFFaOY-Sx-HlLAIRE, p. 486. Cioffroy-St-Hilaire (Isidore). OEuf et os de repiornis, p. 527. — Notions bistoriques sur les regnes de la nature, p. 55o. — Etudes surracclimatalion, p. 638. Gr&boik. Rbabdomancie, p. 107. GuDY. Cure des hernias, p. 586. GinsiAin de Saiht-Pierre. Sur le phenomeae de la divulsion, p. 44. — Mons- truositcs des planles, p. 274. ■AiH Sarrdt. Regime alimentaire des colleges tenus par les benedictios, p . 7 3 1 . TABLE DES NOMS D'AUTEURS. XIII GiESLER LtoTD. Consei'valion de I'acide gallique, p. 606. —Collodion qui se conserve iDdefinimenl, p. 606. Gilbert. Jury international, p. i. GiNTL. Transmission de depeches siiiiultanees en sens contraire, p. 599. GiRADiAS. Nouveau febrifuge, p. 785. GiRALDES, Hydropisie du sinus maxillaire, p. 35g." GiRAUDET. Action du chloroforme, p. 4io. GoDARD. Optique, p. 157. GoDEMARD. Metiers a lisser, p. 566. GoLDScBMiDT. Nouvelie panele, p. 5og. GoKTiER. Memoire sur la maladie de la vigne, p. 11 3. — Soufflet, p. n5. Gasse. Eau de mer arlificielle, p. 593. GossELiN. Operation de la cataracte, p. 35g. Govi. Analyse du travail de M. Dumas, p. 664. Graham. Force osmotique, p. i5. Grangoir. Serrure a gardes mobiles, p. 633. Gr/vtiolet (Pierre). Communication du nerf optique avec le cerveau, p, i63, Cray. Cause du mouveraent des planetes, p. no. Gray (Ic). Photographie, p. 289. Green. Photographie, p. 14. Greenocgh. Cirle geologique de I'lndoustan, p. 49a. Greg. Meleorolilhes et asieroides, p. ,107. Grenier, candidal, p. H2. Grosjean. Broueiies et voitures balayeuses, p. 35. Grove (William), p. 486. GuBLER. Maladie du foie liee a la syphilis luTeditaire, p. 358. GoERARD, p. 491. GcERiN (Jules). Traitement de I'empyenie, p. Sn. — Candidal, p. 643. Gueris-Menneville. Maladie de la vigne, p. 114. — "Vers a soie, p. 228. — Maladies des plautes, p. 283. — Mouches nuisibles aux cereales, p. 408. — Devidage des cocons du vera soie du ricin, p. 445, 486. GniBooRG. Histoire des drogues simples, p. 36o. GtriLLEMijf. Vitesse de I'electricite, p. 366, 219. GciLLERMOND. Solution iodo-taonique, p. i5i. GniLLON. Plaie produile par una arme a feu, p. 8r. — Guerison d'un retre- cissement de I'uretre, p. i54. — Urelrolome, p. 666. GuiLLOT. Maladie de la vigne, p. 114. GuYARD. Telegraphie electrique, p. i3. Haidinger. Aiineaux du mica, p. 690. Halevy. Jury interoalioual, p. i. Hall. Melamorphisme, p. 76. Hamilton, p. 548. Handerson. Paquebots-posle a vapeu p. 542. Hansteen. Aurores boreales, p. 4. Hardy. Culture des plautes leinctoriales , p. 283. — Ver a soie du ricin , p. 643. Harper. Inflammation sponlanee des residus huilcs de colon et de laine, p. 291 , Harkowby (comie d'). Discours, p. 397. — President du congres de Liverpool, p. 483. — Discours, p. 524. Hartmann. Pale de papier avec le bois, p. 295. Hartnup. Images (ihotographiques de la lune, p. 370. — Photographies dc av COSMOS. la lune, p. 45?. — Travaux divers, p. 402. —Variations dans la marchedes chronometres, p. Sat. HAYnoN. Sucre ajoute an bain d'argent, p. 607. Heildrouw. Zincosmophie, p. 571. Hennfqciw. Alrool d'aspbodele, p. 683. Hkrens (I'ahbed'). Reniede du cholera, p. 126. Hkbmaww Halleux. Photoyra|ihie sur pierre lilbographique, p. 5l4. Herscbeli,. Comitd, p. 36.— Helicgrapbie, p. i55. Herve Mangon. Drainage, p. 36 r. HEURTELonp. Lilbolritie, p. 3 Jg. — Extraction des calculs vesicaux, p. 369. IlEUZt. Maladie de la vigne, p. ii4. Hewari) Mac Glasuen. Macbiue a Iransporler les arbres, p. 697. HiFFEi.sHEiM. Locomotion du c(Eiir, p. 609. HiGHLEY (Samuel), p. 458. Hill. Machines magueto-eleclriques, p. 86. Hind. Noavelle planele, p. ii3, 12J, 398. HiRSCHEN (le baron Leopold de). Set de vie, p. 533. HiTTORP. Jury internalional, p. i. Hlasiwetz. Ameiioratioiis des negatifs, p. 3o6. HocKiN. Pholograpbie, p. aSg. Hoffman. AIcool de chiendent, p. a88. HoFFMAMN. Coups de chimie, p, 207. — C.himie organique, p. 641. — Quinine arlificiel, p. 600. HoNORE. Jury inleinational, p. 1. Hooker, p. 54 1 . HoPKiss. Meteorologie, p. i3. — Effels de la pression sur la temperature de fusion, p. 469, 5or. Hossard. Refractions astronomiques , p. 385. — Refractions geodesiques , P. 419- HoDZEi.oT. Emploi du chloroforme dans les accouchements, p. i53. HowiN Trancbf.rk. Gaz extrait de I'eau, p. 3i6. HuLOT. Travaux a la Monaaie, p. 34 1. Hdmboldt, p. 167. — Danse des etoiles, p. 289, HcTTON. Aiicmoraeire, p. 73. HuzARD. Commission, p. i43. Huxley. Histoire naturelle, p. 207. HoYGHENS. Appareil universel, p. 86. Jackson. Cruinle d'eneur jiidiciaire, p. 36. — Gisements de cuivre, p. 49a. Jacobi, p. 721 . jACfjuELAiN. Rapport sur le four a cbaux de M. Simonneau, p. 718, James Rootii. Divisibilile des nombres, p. 7,11 tt l3, p. 648. James Price. Alchimiste, p. 449. Jamet. Engraisseraent des been Is, p. 235, JoBABD. Pompe, p. 167, Jobert dk Lamballe. Guerison d'uue hernie inguinale, p. i54. — Cure des hernies, p. 444. — Influence des operations sur le sysleme nerveux, p. 526. Johnson. Animaux de basse-cour, p. 3oi. JouRDiER (Augiiste). Consommalion du fer par I'agricullure, p. 235. JoMARD. Eons effets des eaux du Mdnl-Dore, p. 487. JuNOT. Causes et trailement du cholera, p. 445. KiLBCRH. Photographie, p, i55, 157. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. XY KiRCRHAM. Gaz extiait de I'eau, |i. 3i6. Klappmeyer. Fenaisoii par les temps pluvimix, p. 3 3. Kliwkerfces. Comete, So. Knight. Nouveaii stereoscope, p. 240. Knoblauch. Transmission de la dialeur rayonnanle u Iravers un crista! p. 614. KoMAROFF. Letire, p. 721. Laborde (l'ai)be). Pile a couranl couslant , p. 62. Laborde (Leon de). Jnry iuleniational , p. i. Laborie. Cliloroformisalioii, p. i53. Lacaze-Duthiers. Hieres acephales lanjellibrancljtis, p. 46, p. 79, 127, LAHAiiE (de). Cuvette verticale pour la pkolugrapkie , p. 73. Laignel. Fieins, p. 2S4. Lallemand (docleur) . Fondation d'un piix p. 164. Lallemaptd. Essence de ihym, p. 476. Lamain. Fournean-larape, p. 684. LAMARiiE(Edouard de). Traitemeiit et guerison de la pblhisie, p. 527. Lami. CoMimission, p. 4i>3. Lapi.ace. Candidal, p. Sq., Lartigue. Candidal, p. 80. La I\ue (de). Papier au blanc de zinc, p. 542. Langhton. (liavure sur Luis, p. 544. Laugier (Ernesi). Coucher exiraordinaire du soleil, p. 281. — RefraclioB aslronomiqiie, p. 363, 3S5. — Laugier, Bourgeons charnus, p. 584, 491. Laurent, Meihode de chiniie, p, /,7, _ Travaux et mort, p. 027. Lebert. Candidal, p, 82. Lebrun. Kaguelte divinatoire, p„ 107. Lecocq. Contignralion des roches primitives, p. 49a. Leconte. Analyse du lait, p. 393, Ledagre. Jury inlernational, p, i. Lefevre-Chabert. Maladie de la vigne, p. 114. Lefranc-Frezon. Preparation de I'orseille, p. 68a. Legrand. Theorie des refractions, p. 4i5. Legray. Photographie, p. io3 , 3o4. Lejeune-Dirichlet. Associe etianger, p. 363. Lemoyne. Appreciation de-laritbuiomelre, p. 66i. Lentz , p. y2i . Leonard de Vinci. Vision binocnlaire, p. i55. Lkpaute ( Henri ). Jury internalioual , p. i . LkPrestre. Cygne noir, p. 639. Leras. Cumbiislion des gaz, p. 3i8. Lereeours (pere). Lunelle, p. 141. Le Riche. Hydropisie, p. i3. Leroy. Maladie de la vigne, p. 114. Leroy d'Etiolles. Paquet cachete, p, 337. Le Secretan. Lunelle equatoriale , p. 5G2. Lksobre. Tue-teigne, p. 287, Lesoin. Preservalif contre la maladie de la vigne, p. 84. Lespiault. Pbolograpble, p. 102. — Papier terebenlhiuo-circ, p. 352. Lestieuudois. Reclierches de ca.pogn,pbie anatomique, p. 44, 12a, a45. — Sliucture comparce des liges des vegetaux vasculaires, p. 55i. XVI COSMOS. Lethuiliier-Pinel. Indiraleur niasneiique, p. 63o. Lk Vaillant. Alcool d'aspliodcic, \k C^'H. Le Yerrier. ObsenalionsmeleoTOlo^iqiuvs, p. 80. — Precession des equinoxes, p. iCS. Transmission elec'riiiue dii temps, p. a85. — Ameliorations realisees a robservatoire, p. 3o8. — Refiacleur astronomique, p. 342. — Longitude des observaloires de Paris el de Greenwich, p. 382, 386, 410, 509. — Pianeles, p. 5ii, 527. — Lunelle equaloriale, p. 562. — Orbites des pianeles Pomone et Polymnie, p. 607, 586, 6i3. LiEBiG. Nouveau bouillon, p. i5o. LiGNAC (de). Lait conserve, p. 596. LiouviLLE. Commission, p. 12, 4o3, Sga, 6i3. LiouviLLE ( Ernest). Influences des diapbragmes dans les observations d'etoiles, p. a54. LiprER. Cbalrographie, p. 546. Livingston. Voyage a travers I'Afrique, p. 208. Llotd. Eau de mer artificielle, p. 593. LoisEL. Ci yptogame sur les liges du lin, p. 84, LoMBo -Mir AVAL. Hateaux en fil de fer, p. 292. LoNSDAiE-Ei.MEs (Henry). Construction de Saint-Georges -Hall, p. 481. LoRiEux. Jury international , p. i. LoTz. Machines, p. 144. LoYER. Navigation aerienne, p. i. LUSTREMAN, p. f)66. Luther. Nouvelle planete, p. SgS. Mabrc. Conservaiion du lait, p. 3a5, 596, Macaire. Flit de surele, p. 632. Maccaud. Fuiles des tuyaux el des bees de gaz , p. 259. Mac-Farlane. Couranis eleclriques, p. 60. Maes. Jury international, p. i. Magnus. Reclamalion, p. 563, 721. Maisonneuve. Extirpations des lumeurs fibreuses du cou , p. 160. — Cure des hernies, p. 444. Maistre. Thermometre eleclrique , p. 342. Mai.aguti. Morliers, p. 126. — Reponse aM. Vical, p. 4i4. MALArERT. Maladie de la vigoe, p. 114, Maldant. Nouveau sysleme de distribution de la vapeur, p. 560. Malden. Comite, p. 36. Malgaighe. Cataracle, p. 694. Mallebrancbe. Baguette divinatoire, p. 107. Mali,et-Bachei,ier. Application de I'algebre a la geomelrie, p. SSg. Mangeot. Huile de resine, p. 670. Mansion. Peinlure de photographie, p. i58. Marie-Davt. Nouveau systeme de broches pour filatm'e, p. 565. Marion. Papier pour la photographie, p. 73. — Chassis preservateur,p. 625. Marloye. Jury international , p. i. Marth. Nouvelle planete, p. 398. Martin. Gravure sur bois, p. 544. Martin dh Brette. Applicaiion de I'electricile al'art militaire, p. 563. Marville. Photographie, p. 239. Massa, Couteaux-viroles , p. 148. Matbieu. Refractions aslronomiques , p. 334, 366. — Rapport, p. 660. TABLE DESNO.MSD'AUrEURS. xvii Matteucci. j;leclricite dans les actions chimiqucs, p. i23. — Magnelisme et diannai;netisme, p. 33^. Maumene. Dosage du sucre, p. 283. — Origine dii goitre, p. 36S. — Lignites sulfureux des environs de Reims, p. 487. — Transformation du sucre de Cannes, p. 558, Maury. Travaux hydrographiques, p. /107. — Communicalion, p. 586. Maxwel-Lyte. Collodion revivifie, p. 54;. Mayall. Photograpliie, p. i55, i56. — Support pneuinatique , p. 267. — Puissance de la photographic, p. 546, 6o3. Mayer. Photograpliie. Reproduction du portrait de S. M. I'lmperatrice , p. 43. Mazzoi.ier. Chcvaux de race en Syrie, p. 602. Melloni. Influences electriques , p. io5. — Mort le 11 aout, p. a33. — Electricite, p. 687. Menard. Tue-teigne, p. 287. Merryweather. Sangsues barometres, p. 117. Metz (de). Essais sur le bonibyx cinthia, p. 642. Meurice. Reclamation, p. 628. Medx. Disparition de la fiimee, p. 594. Meynier (Prosjier). Nouveau montage de metiers a tisser, p. 566. MiERRE. Nouveau procede de filature, p. 414. Miller. Axe optique du diopside, p. 691. Millet. OEiifs de poisson, p. 45. — Fecondation des oeufs de poissons, p. 65. — Papier marque dans la pale, p. 8i. Milne-Edwards. Acephales lamellibranches , p. 79, 166, 170, — Acclima- talion du bombix du ricin , p. 270. — Soie du bombix du ricin , p. 4"'> 493, 721. — Reclamation, p. 4 86. MiNOTTo. Photographie, p. yf>. MiscHER. Histoire naturelle, p. 5o. MoGFORD. Nouveaux procedes de photographie sur verre. p 604. MoHL. Belies cultures de I'Espinasse, p. 540. MoiGNO. Description des experiences d'opti(|ue faites en Angleterre par M. Duboscq, p. 85. — Programme des seances des reunions a I'Athenseum, p. 144. — Guanos artificiels, p. 182. — Rtponse a M. Lacan , p. 264. — Conservation temporaire et indefinie des corps, p. 182. — Reponse a M. Lacan, p. 264. — Relractions aslronomiques ; etat de la question, p. 309. — Reponse a M. Lespiaut, p. 352. — Lettre a M. Tramblay, p. 425. — Recherches sur la vegetation, p. 438. — Lettre a M. Tramblay ; histoire du Congres de Liverpool, p. 481. — Retractation a I'egard de M. Lucan, p. 5/19. MoKCEL ( du ). Reclamation, p. 46. — Alhimage des mines, p. 4i4 , 419. — Electricite dans la pile el les machines , p. 56i. — Monileur electrique, p. 703. MoNTAGKE. Rapport sur la maladie de la vigne, p. 10, la. — Chicoree sau- vage, nonrritiire du ver a soie du ricin, p. 592. MoNTiGNY. Anemometre chronumelrique , p. 88. MoNTiGNY (de). Igname, p. 237. MoNTizoN (lecomtede). Photographie, p. i58, 2i3. MoKTURELx (de), p, 681. Moquin-Tandon. Nouvelle paire de ganglions dans les acephales, p. 160. — Mollusqiies acephales, p. Sg^. XVIII COSMOS. MoRtv. Nuuvellc a[)plicalioii dii caouichouc, p. 53o. MoRiDE. UirJo, p. 46. MuESE, p. 3oa. MoaraiiiR. Mouvciucnt des planeles, p. 110. MoTHK (de la). Instil iit photo^rapliique, p. aSg. MoLRiEZ. Principe digestif dii IVoinent, p. 53i. MnLLER. Eileuillenieiit des raves, p. (555. MuLi.ER (de). Equateur et pole magueliques, p. 64 3. MuLi.ER(Jeaii). Prix,aiialoiiiie coiuparee, p. 54l. MuLOT. Houilles de la Moselle , p. J 23. Mlrray, p. 8j. Nachet. Nouveaii niicroscope, p. 493. Nelatok. CaiHerisalion ihermo-i^alvauique, p. 702. Nelson. Accidents des chemins de ler, p. 3. Neveu-Derothrie. Guanos artificiels, p. 188. ISewton. Opti(iue, p. i55, 6o3. Newton (J.). Vernis pour transport do collodion, p. 39. Nicki.es. InDueuce des milieux sur les cristaux eu voie de formalion, p. 8a. — Aimanialion, p. 41 5. NiEPCE. Photograpbie, p. i55. KiEPCE deSt-Victor. Photograpbie, p. i55, 271. — Nouveaii feu gregeois, p. 207, aSa, Siq. — Gravure beliograpliique, 409. — Memoire sur la gra- vure beliograpliique, p. 433. NozAuic. Culture des pomraes de lerre, p, 12G. Odiot. Reclamation, p. 628. OLivEiRA(d'). Don de 5o liv. sterl., p. 2. Oliveira (d'). Enregislration des laches du soleil, p. 54i. Orbicny (Charles d'). Classenient des monlagues, p. 5i. OvERDuiN. Yelocimetre, p. 117. OwtN. Diornis gracilis, p. 597. OzANAM. llliabdomanlie, p. 107. Palmieri. Eleciricite, p. 68 7. P*jR.AMEi.i.E(rabbe), p. 107. Parkinson. Collodion preserve, p. 6o5. Passv (Autoine). Trendilemenl de tene, p. 112. Pasteur. Dimorphisme, p. i38. Patera. Preparation du jaune d'urane, p. 65a. Payer. Elu nienibre de I'Academic, p. 696. Payen. Jury iuternalioual, p. i. — Maladie de la vigne, p. 11. 184. — Ma- ladie des pommes de lerre, p. 175. — Des substances alimeulaires, p. 217. Payer. Candidal, p. 664. Peligot, p. i66. — Aluminium, p. jgi. Pei-odze. Jnrj iuternalioual, p. i. — Aluminium, p. 392, 447, 471/494. Pexouze (Cls). Essence de houille dans la peinlure a I'buile, p. 29a. Pemberion. Cliluroforme du commerce, p. 320. Penny. Pecbes do baleines, p. 370. PEriN. Cbangenicul de coloration des flours, p, 23o. Pepper, f^.xperieuccs d'optique, p. 85. — Nouveau feu gregeois, p. a07. Percy. Mi'lalliirgie, p. 207. Peksoh. Equivalent mecauique de la chaleur, p. 69a. Pescatore. Soulrage de la vgne, p. 116. TABLE DES NOMS D AUTEURS. XIX Petit-Jean. Preservation de la vigne contre la gelee et le coulage , p. 680. Petley Photographie, p. 289. Peyronny. Cadran iiniversel et perpetuel, p. 622. PiATTi. Machine a dessecher, p. 707. PicoT. Noiiveaii feu gregeois, p. ao7, 232, Pierce. Perturbations d'Uranus, p. 49. PiLLET. Jury international, p. i. PiLLOY. Desiruclion des iosectes, p. i8i. PlOBBRT, p. 660. Plucker. Melange des vapeurs, p. i3o,a2r, 721. PoiLLY ^de). Plioiographie, reclamation, p. 354. PoLLi. Maladie de la vigne, p. 11 3. Pollock. Chambre obsrure, p. 6o3. Pommier. Preparation de I'orseille, p. 682. Poncelet, p. 6 1 3, PoRRo. Micrometre parallele, p. ia3. — Elimination de la flexion des lunettes, p. 446. — Projet et devis de trois observaloires, p. 588. Porta. Chambre obscure, p. i55. Porte?.. Ciainle d'erreur judiciaire, p. 36. PouiLLET. Electricite, p. 97. — Paratonnerres, p. 696. PouLAiw, Cholera, p. SSg. Pradt. Systeme d'evaporation, p. 671. PfiEvosT (Hippolyte). Stenographie, p. 680. QuATREFAGEs. Histoirc naturelle, p. 12. — Acephales lamellibranches, p. 46, 170. — Memoire sur les physalies, p. SgS. QuET, recleur de TAcademie de Besancon, p. 287. — Thcorie des tiiyaux ou- verts, p. 340. QcETELET. Botanique, p. 4. Rabattc, Mine mousire, p. 342. Ralph, p. 6o3. RAMBossorr. Langage mimique, p. 679. Ramon be la Sagra. Tissus fabriques avec les fibres de plantes textiles de I'lnde, p. 55r, 639. Ramsay. Geologic, p. 207. Rabce (le P. de). Baguette divinaloire, p. 109. Ranssine. Chaleur solaire, p. 448. Rasi'ail. Maladie des plantes, p. 68. Rayer. Juiy international, p. i. Regnault. Photographie, p. 14. — Couranls thermo-electriques, p. 58. — Influences electriques, p. io5, 122. — Force elastique des vapeurs, p. 248, a2i, 274. — Forces elastiques des vapeiirs dans les gaz, p. 275. — Re- fractions astronomiques, p. 335, 386, 366, 384. — Aluminium, p. Sga 4li, 487, 496. — Empreinles de poissoiis, p. 552, 608, 721. Regnault (Jules). Cauterisation thermo-galvaiiique, p. 702. Regnault, chef de traction. Indicateur de la marche des trains, p. 629. Resch. Reclamation, p. 166. Reveille-Parisse. Traite de la vieillesse, p. 36o. Reybard. Cliirurgie, p. 126, Reynell. Machine a imprimer les letlres, p. 86. Ricci (le marquis de), p. 5o4, XX COSMOS. Richard, Comparaison cnire les pro.Iuptioiis des moutagiies et celles des plainrs, p. 3oo. — AcclimalaliDii dc rhcinione, p. 637. RicHE. Combiiiaisons clilorees derivt-es des sulfures de metyle et d'ethyle, p. 568. RiFFACLT. Poiirait de I'Empeieur, p. 4<>9- RiFFAiii.T (Mmc;. Porlrait de reinperi'ur, p. 409. Ru'iNMii. l-lioloi;iapliies coloriees, p. 6o3. RiTTF.R. Klial)d(imaiK'ie, p. 107. RizziiLAii (Mf;r). Trailement dii cholera en Chine, p. 678. KoBERT (Eiisene). Crane celte, p. 227. — Roches cieiisees par des oursins, p- 414. RoBEKT (Henry). Appareils cosmographiques, p. C32. Robert Houhin, p. 54S. Roberts. Plioto;;iaphie, p. aSg. RoBKRTY. Drainage, ]). i44- Rubin (Charle^). Knveloppe de nerfs, p. 337. RoBouAM. Maladie de la vigne, p. 368. Roger Finton, p. tJo3. RoLLAND. Syslemede panification, p. 285. Rome. Rotation dii globe, p. 4i4- Ross. Stereoscope, p. 241. RoussaAti. Traitemeiil des blendes, p. 632. Rou-sEAU (Louis). Crane celte, p. 227. — Anatomic photographique, p. 528. Kocx (Jules). Guanos artiQriels, p. 18S, 643. Rozet. Limite des neiges perpetuelles, p. 723. Sabine. Magnetisiiie teriestre^ p. 4^3. Sabine (Edward), secretaire general du cougres de Liverpool, p. 483. Salomon. Extinction des incendies, p. SSg. Salvetat. Commission, p. i43. — Porcelaine tendre, p. 317. — Rapport, p. 685. Salzmann. Monuments judaiques photographies, p. 42. Sanson. Mi-ision, p. 339. Saussdre. Cyanometre, p. 93. Savart. Maladie des pomnres de lerre, p. 175, 491. ScBiFF. Centre secondaire de pulsation? arterielles, p. 337. Schimper. Histoire naturelle, les sphaignes, p. 12. — Eiu membre correspon- dant, p. 1 12, 444. ScHiNTz (Charles). Suifsolidifie, p. 320. Sculagintweit. Plans en relief des Alpes bavaroises, p. 166, Schlesinger. Pate de papier avec le bois, p. 29$. ScHi.oMutRGER. Lainage des yaks, p. 641. Schmidt (J.-F. Julius). Relief de la lune, p. 371. ScHOERER, Paramorplii^nie, p. 254. Schott, p. 107. ScuwARTztMBERG, Carte gcolosique de la Hesse, p. 1(14. Scoresby. Changements dans les indications des boussoles, p. 573. Scott. Photugraphie, p. i55. Secchi. Astronomie, p. 124 , i25, a32. — Magnetisme terrestre, p. 447- — Le soleil est tin aimani, p. 453. — A^ariatious du magnetisme terrestre, p. 587. SfniLLOT, Cauterisation ignee, p. 3it. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. XXI SsfiuiER. Jury inleriiational, p. i. Seguin (aine). Chemiii lie fer almospheriqtie soutenain, p, 373, 693, Sf.mi.er (Jeaa-Salomon), alchimisle, p. 45i. 532. .Senarmokd (df), p. 491. Senarmont (del. Rapporl, p. 062. Serres. Histoire nalurelle, p. 14. — Oraiie celle, p. 227. — Programme du prix Rieaul, p. SSg, 414. — Squelelle de saurien lossile, p. 493. Sirres (Marcel de). Empreintes de coqiiilles, p. 480. Serrex. Coin's d'algebre siipeiieure, p. 79. — Approximaliuiis mimeiiques, p. 6i3. Seze (de). Soufiage de la vigiie, p. r 16. SuADBOLT. Plwtugrai>hie, p. 119. — Cblorofoime ajoute au collodion , p. 547- Shaw. Pliolograi)hie, p. aSg. Shepherd. Nouveau balancier, p. 524. SiEBoLP. Elat des sciences chez les Japonais, p. Sai. Sileermahk. Commissiun, p. i43. — Rappoil, p. 632. SiLLiMAN. Ciaiiiie d'erreur judieiaire, p. 36. SitVESTRE. Rapporl, p. 632. SiMMs. Photographie. p. J70. SiMONNEAH. Four a chaux, p. 718. SwEt (Alfred). Perspective hinoculaire, p. 5i2. Smith (tiharles). Couranis eleclriques, p. 60. Smyth. Miiieialogie, p. 207. SocQUET. Solution iodo-tonique, p, iSi. Show-Harris. Paratonnerres, p. 698. SoFTCs. Palais a Mossoul,p. 60 r. SOLEIL, p. 499- SoRET. I^quivalenls eleclro-cliimiques. p. 336. Spacosky. Appareils fisaleiirs, p. 721. Spencer (J. -B,). Mise au point sans glace depolie, p. Sg, Spiller. Collodion anticipe , [>. ii8. — Conservation de I'acide gallique , p. 548. Stahley-Crawford. Collodion snr papier, p. 604. Steenstrup. Histoire nalurelle, p. 5o. Stenson. Laminage du ler, p. 652. Stepbeksok. Bois du Rengale, p. 643. Stokes, p. i45. — Phjsique, p, 107. — Vice-President de 1' Association britaU' nique, p. 461. Stoltz. Operation cesaiienne, p. 410. Strecker. Reclierches siir diverses questions de chimie, p. 674. Sdttow. Coniparaisoii des divers procedes phologrjphiques, p. 607. Taillefer. Grdles fnmivores, p. 594, 623. Tai-bot, Phoiographie, p. i55. — Puteutes photograpliiques, p. 653. Teuten. Cuir noir, p. 680. Thenard, Aluniiniuui, p. 392. — Maladie de la vigne, p. 10. — Dosage de I'ar^euic des eaux du Monl-Dore, p. 486. Thenard (Paul). Destruction de I'ecrivain de la vigne, p. 552. Thibault (Gerniaiu). Jury inlerualiunal, p. i. Tbibout. Nouvel appareil plongeur, p. 567. THOMAs(de Colmar). Arilhmomeire, p. 4C4, 660. Thomas (Ambruise). Jury iulerualioual, p. i. XXII COSMOS. Tbome (Mile). Drosometre, p. ii6. TnoMSON. Origiue et effet des courants thernio-eleclriqties, p. 1,6. — Coiiiants (I'lerliiques, p. i25. — Deiisite du niiiieu lumineux, p. 368. — Cbaleur so- laire, p. 448, 5oS. — Therino-electricite, p. 57. Thomsom (Ihcopbilr). Huiiede coco, p. a. TuouiN. Accliiiialalion, p. 637. TBoiiBET. Reclamation, p. 6»8. Tii.i,*Ri). IModilicalion d" papier therebeiiliiio-cire, p. 353. TiRAUD. Baguette divinaloire, p. log. TissiER (CliarUs). Reaclious de I'acide boiique, p. 128. Tis>iER (Jules). Dissolution de plusieurs si-ls par I'acide borique, p. 106. TowsoN. Enquete, p. 574. TozETTi. Memoiresuria maladie de la vigne, p. ii3. To. — Culture des plaules lincloriales, p. 283. — Asphotlfli-, p. 6S3. — Ignanie, p. 286. — l^upuliue, p. 655. — Planks textiles de I'lnde, p. 55i. — Alcool de cliiendent, p. 288. — Drainage, p. 144, 36i. — Fenaison par les temps pluvieux, p. 33. — Emploi de la tourbe, p. 684. — Silos suspeudus, p. i3. — Becheuse a vapeur, p. 237. — Guanos arlificiels, p. 182. — Chaidage des grains, p. 538. — Yacks ou boeufs a laine, p. 641. — Maniere americaine d'elever les veaux , p. 655. — Eugraissement prccoce, p. 235. — Acclimalalion du bombyx du ricin, p. 270. — Bunib)\ du ricin en Algerie, p. 473. — Devidagedes cocous du ver a soie du ricin, p. 445. — Sole des bombyx du ricin, p. 4io. — Maladie dis plantes, p. 68 , 104, 123, 169. — Maladie de la vigne, p. 10, 32. — Remede contra la maladie de la vigne, p. 410. — Destruction de I'eumoipe de la vigne, p. 552. — Emploi du soufre CODtre la maladie de la vigne, p. 114. — Applic;ition du lait de chaux centre la maladie de la vigue, p. 84. — Conconrs pour la maladie de la vigne, p. 11 3. — Maladie des pouimes de terre, p. a38. — Destruction des insectes des betteraves, p. 79. — Mouches nuisibles aux cereales, p. 408. — Dommages causes aux cereales par uue uredo, p. 46. — Destruction des insectes, p. 181. — Cryptogame sur les tiges malades du lin, p. 84. — Destruction des couitilieres, p. 2. — Maladie des noyers , p. 338. — Consonuiialion du fer par I'agriculture, p. 2 35. — Exposition agricole a Bordeaux, p. 143. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. xxv Alchimie , p. 448, 53 j. Alienalioii produife par le camphre, p. Sig. Alioientalion d'eaii de la ville de Paris, p. 714. Alimenls. Nouveau bouillon, p. i5o. — Biscuit-viande, p. 257. — Tue- teigne, p. 287. — Acclimalalion du colin, p. 3oo. — Nouveau pro- cede de panification , p. 569. — Nouvelles varieles de pommes de lerre, p. 54o. Afuminium, p. 222. — Preparation economique, p. 297 3()t. Analoniie. Enveloppe des nerfs, p. 337. Anatoniie microscopique. Coiislitiition de la reliue p. 4aa. Auatoniie photograpliiqiie, p. 528. Ancmomelre cliionomelritiiie, p. 88. Aneslhesie des abeilies, p. 642. Aritlimonietre, p. 660. Associaiiun Lritanniciue pour I'avancement des sciences, p. 425, 461, 481 5oi, 5i6, 573. ' ' Asleroides, p, 5o7. Astronomie, p. 5. — Perl.nbations d'Uranus, p. 49. — Comele deWestphal, p. 5o. — NouvL'lle plaiiele de Hind, p. ii3. _ Elemeuls des conieles et des peliles planeles, p. laS. — Nouvelie planele, p. laS. — Precession ues equinoxes, p. i63. — Longitude des observa- toires de Paris et dc Greenwich, p. 382, 387. — Planete de Fer- guson, p. 410. — Dhux ijouvelles planetes , p. Soy. — 3i" petite planele, p. 586. — Elements d'Amphitrite, p. 618. — Soleil bleu p. 281. — Reli.fde la lune, p. 371. — Nouvelles etoiles variables, p. 166. — Lunette de 9 pouces d'onverlure , p. i4t. — Bolide p. 369. — Danse des otoiles, p. 289.— Refractions astronomiqiies, p. 268, 3o8, 334, 382, 474, 527, 562. — Coi.stanle de la pre- cession, p. .63. — Lunette eqiiatoriale du college Romain, p. 587. ' — Transmission elertrique du temps mo^en, p. 141. — 'I'ransmis- sion eleclrique du temps, p. 285. — Lunette equaloriale, p. 562. — Derniers progi es de I'astronomie, p. 3g8. Aurores boreales, p. 4, 480. Baguette diui.aioiie, p. 106. — Pendule explorant , tables tournantes p. 123. ' Belons inaltaquables a I'eau dc nier, p. 55i. Betlerave, p. 32. To; ez Distillation. Belleraves. Destruction des insecies qui les atlaquent p. 79. Ble du Mesnil-.Saii)t-Firniin, p. 33. Boissons. Cale sr.bstitne au \iii, p. 542. Botanique. Mi'moire sur la vrgelaiion , p. 4i5,— Recherches sur la vegeta- tion, p. 438. — Aciliinatation de vegetaux eu Algerie, p. 347. lufloiesceuces centrifuges du dorstcnia, du (iguier, etc., p. 247. Structure cumpaiee des li-ts dis u'gdiaux vasculaires, p. 55i. _ Formatious annu'aires, spiralesel rc'iiculees, p. 544. — Developpe- ment des meriihallis, p. 55 i. — Pliauerogames marins, p. 584. — Tomate grelfee sur la pomme de lerre, p. 601. — Scille maritime, p. 634. — Arbies nains , p. 60 1. Boucle de sellerie, p, 543. Cable sous-marin, p. 144. Cadran universel et perpetual, p. 6aa. XXVI COSMOS. Calorique. Foyer i. gaz , p. 86.— Fourneau-lampo , p. 68/,. — Chaleiir de gazeificatioa et d'absoipiiou coniparees, p. 477- — Effets (). Geologic. Classenient des nionlagnes, p. 5r. — Houille de la Moselle, p. laS. — Metamorpliisnie, p. 262. — Li;;ues de faile el de thalweg p. 419. — Ligniles sulliireux des environs de Reims, p, 4S7. Grilles fumivores, p. 623. Gyroscope de M. Foiicault, p. 464. Hisloirenalurelle des spliaignes, p. 12. — Physalies, p. 12. — Des tropeolees, p. 4',. — Des sphaignes, p. 244. — Acepliales lamellibranclies, p. 127. — Kegnes de la nature, p. 55oj Horlogerie. Variation dans la marche des clirononielres, p. 52 1. Horlicuiture. Changenient de coloration des fleurs, p. 23o. Hnile de coco, p. 2. — De mediciuier, p. 56o. — De resiue. p. 070. Hygiene et niedecine populaire, p. 209. Hygiene des collei;es, p. 724. Incendics eteinis par la vajieur d'eau, p. 537, 600. Infnsoires, nemaloides, p. 14. Invention des canons et des bombes, p. 5S4. Jury inleruational, p. i. Lait conserve, p. 596. Lait falsifie, p. 142. Lam;nage dii ler, p. 652. Limacons dclruits par le se) marin, p. 3o3. Limile des neiges perpetuelles, p. 723. Machines. Brouelies balayenses, p. 34, — Voiiiircs balayenscs, p. 34. — Ma- cliine a iniprimer les letlres, |>. 86. — Appareil pour le broyage des quartz anriferps, p. 86. — Charrue, p. 144. — Machine a batire, p. 1 44- — Machines a vapeur. Locomobiles, p. 144. — Velocimetre, p. 147. — Moissonncnse de M. Courtlier, p. 237. — Nouvean svs- teine de broches pour lilalure, p. 56.S. — Nouvean sysleme de dis- tribution de la \apeur, p. 566. — Nouvel appareil plougnn-, p. 567. — Conlroleur des receltes des voitures, p. 568. — Macliine a enve- lopper el cacheler le cbocolat, p. 569. — Machine a Iransporler les arbres, p. 597. — Indicaleur de pression, p. (>3 1 . — Ressorls Fusz, p. 679. — Macliine a dcssechei', p. 707. — Arcanseur, p. 712. Magnesium, p. 29S. Magnelisme, p. 337. — Magnelisme de rolalion, p. I'jg. — Influence de I'e- carlement des poles sur la force des barreaux aimantes, p. 4i5. — Action du magnelisme .sur les corps tiansparents, p. 411. — Magne- tisnie leireslre, p. 447. — Le ,'oleil est un aimaiit, p. 453. — F'lirce di.iiiiagiielique, p. 464. — Quelqucs particniarites du diamp magne- t.qiie, p. 5 1 6. — Changcmenls dans les indications des boussules ma- TABLE DES NOMS D'AUTEURS. xxix lines . p. 373. — Variations du inagnetisme terreitie, p. 587 Maiees. Niveau d'e(iiiilibie de la nitr, p. 45. Maladies syphililiqiies, p. 358. Matliemaliques. Piopiieles nouveltes des developpees des courbes planes, p. 61. — Cours d'algeljie siiperieure, p. 79. — Abeiialiou de l.» lumiere, p. 616. — Approximations uuiueriques, p. 6i3. — Propneles des uoMiLres. p. 644, 7o4- Mecanique. Resisiance du fer, p. 5o. — Nouveau monlage de metiers a lisser, p. .^(6. Medecine. Hydiopisie, p. i3, — Hydropisie du sinus inaxillaire, p. SSg. — Traitement du la choree, p. 54g. — Sulfate de sirycliiiine coiiire le cholera, p. i5o, iSa. — Animalcules pyozoaires, p. i65. — Ori- gine du goitre, p. 368. — Traile de la vieillesse, p. 36o. — Traite- ment des cliolcriques, p. 84. — Causes et traitemeut du cholera, p. 144. — Traitement chinois du cholera, p. 679. — Guerison de la muti-surdile, p. 3i8. — Cataracte, p. 694. — Nouveau febii- fuge, p. 7o5. — Guerison de la photophobie par I'iode, j). 706. — Traitement et guerison de la phihisie, p. 626. — InQueiice des ope- rations snr le systeme nerveux, p. 526. Medecine legale. Recherches d'iutoxiealion, p. 563. Medecine populaire, p. 209. Meiallurgie. Traitemeut des blendes, p. 633, Meleores du 10 aoiit, p. 255. Meleorolilhes, p. 507. Meleorologie, Transparence de I'atmosphere, p. gS. — Drosomelre, p. 116. — Sangsues barometres, p. 117. Meteorologie appliqueea la medecine, p. 3t9. — Observatoire de Kew, p. 402. Meleoiologie de la Havane, p. 609, Micrometre parallele, p. 128. Mineralogie. Influence des milieux sur les cristaux en voie de furmalion, p. 82. Mortiers, p. 126, Navigation. Mesure de la vitesse des navires, p. 69. — Navigation aerlenne et sous-marine, p. i. — Navigation commerciale en Angleleiie, p. 21. — Bateaux en fil de fer, p. 29a. — Pa(|uebots-posle a vajieur, p. 542. — Bateaux a vapeur broueties, p. 568. — Perte du TajUur, p. 573. Necrologie. Mort de M. Brisseau de Mirbel, p. 324. — Mort de M. Lauient p. 527. Optique. Determination des imlices de refraction, p. i3. — Indices de refrac- tiou des plaques epaisses et des liquides, p. 54. — Experit iices de M. Dubosq, p. 85. — Aberration de spliencile, p. 367. — Double refraction, p. 479. — Polarisation de raimosjiheie, p. 491, 497. — Nouveau microscope, p. 498. — Micioscopes a uri sou, p. SgS. — Anneaux du mica, p. 6go. — Polarisation, p. 691. Ornithologie. Coup d'oeil sur I'ordre des pigeons, p, 55o. Paleonlhologie. Saurien fossiie, p. 493. — Empreiutes de pois>ons, p. 552. — Diornis gracilis, p. 597. — OEufs et os de I'epyoruis, p. 5i8. — Fossiles, p. 601. Papier. Nouvelles matieres, p. 5:5. Papier au blanc de zinc, p. 542. Pale de papier avec le bois, p. 295. Paragrelef, p. 3o. XXK COSMOS. Paratoniieri't's, p. figB. Pave iiiiiicral, p. 680. • P6che de baleiiies, |>. 370. Peiidulc cxploraleiir, p. 106. Photogrspliie, p. 6. — Photograpbie an point de vue abstrail, p. 271. — Repoiise a M. Lespiaut p. 35i. — Reproduction descouleurs , p. 14. Sur collodion sec, p. 14. — Comparaison des divers precedes, p. 607. — Sociele phologiapbique de Liverpool, p. 45- — Peispeclive binociilaire, p. 5 12. Photographie, appareiN. Cuvette verticale de M. Delahaye, p. 73, — Sup- port pneunialique, p. 267. — Photographies de la lune projetees sur un vaste ecran, p. 457. — Chassis Marion, p. CaS. Photographie. Agents. Pieparation du colon-poudre, p. ai3. — Eniploi du baume de copahu, p. 38o. — Bitume de Judee, p. 433. — Vernis hebopraphique, p. 434. — Diverses categories d'essences, p. 434. — Proprieles diverses de I'liyposulCte de soude, n. 606. — Conserva- tion de I'acide galliqne, p. 548, Photographie, procedes. Solubilile dn colon azotique dans I'elher, p. 37. — Vernis pour transporl du collodion, |i. 39. — Mise au point sans glace dcpoiie, p. 39. — Posilifs sur collodion, p. Sg. — Peinlures des j'holographies, p. 70. — Papiers de M. Mniion, p. 73. — Papier cire, p. 75. — Papier photogenique, p. 102. — Collodion anticipe, p. 118, 119. — Collodion sec, p. 355. — Reuforceraenl des negatifs sur collodion, p. 459.— Albuinine niele au collodion, p. 547, — Cliloroforiiie ajouJe au collodion, p. 547. — Positil's directs convertis en negatifs, p. 047. — Collodion sur papier, p. 3o7, 6o4- — Col- lodion preserve, p. 6o5. — Photographie sur pierre lithographique, p. 5 1 4. — Collodion inslanlane, p. 333.- — PoitiaitssaillanlSj p. 333. — Anu'lioialiou des negalil's, p. 3o6. — Yernis a I'ombre, p. 121. Photographie, applicalioi;s. Reproduction de monunienis judaiqnes, p. 42. — Reproduction du portrait de S. M. I'liiiperatrice, p. 43. — Galerie de portraits, p. i55. — Images photographiqiies de la lune, p. 372. — Giavuie heliographique, p, 409, 433. — Application a la gra- vure sur bois, p. 544. — Gravure pliologiapbiqne en France, p. 546. Fleurs photographiees, p. <)o8. — Photographies d'Orient, p. C08, — F.xpusilion de photographies, p. 437. Photomeire universel, p. 491. Phvsiologie. Locomotion du coeur, p. 609. Physique, llffet de la prcssion sur ia temperature dc fusion, p. 5oi. — Den- site des corps souniis a des pressions cnormes, p. 5oi. Pby>ii(|ue du globe. Densite de la teire, p. 657. Pierres a graver artifirielles. p. 601. PiscicuUure. Fiicoiidaliou des ccufs de poissons, p. 65. Polarinielrc, p. 491, 498. Polaiisation de I'atmosphere, p, 491, 497. Pompc Jobard, p. 167. Population bi'ilauiiii|ui', p, 20S. Posle aux hiioiuKlh s, |i. 2o3. I'rcpaialiun de r;dimiiuiuni. p. 391. Prix proposes ou decenics, p. 322, 345, 358, 372, 541, Sgg, 6i3, 621, Pyrotechnic mililaire. rs'ou\cau feu grrgeois, p. 529, TABLE DES NOMS D'AUTEURS. xxxi Reboisenienl des mon'.ai^iies d'Auvergne, j). 677. Refractomelre, p. 491. Rejjiilaleur du cliauflage et de la venlilalion, p. 342. Silicium, p. 223. Socifcte d'encouragement, p. 565. Sodium, ses proprietes, preparation, p. 555. Stalistique. AccidcDls des chemins de fer, p. 3. Sucragedes vins, p. 261. Suif sulidifie, p. 32o. Syphilis, p. 358. Tables toiirnantes, p. 106. Telegraphie electrique, nouvelle application, p. i3., ij6. Telegraphie electrique. P'oyez Electricile. Theorie des tremblements de lerre, p. 4o3. Thermo-electricite, p. 57. Tlicrmometre electrique, p. 342. Thermotypie, p. 40. Tissus impermeables. p. 5;o. Tremblement de tenedu 2ojuillet, p. 112. Truffes troiivees pres de Reauvais, p. 656. Vapeurs, p. i3i. Vapeiir du merciire, p. 592. "Vaporimelre, p. i3i. Vers iiitesliiiaux, p. 4. Vins eirangers en Angleterre, p. 3 19. Zoologie. Vers a soie sauvages, p. 36. — OEufs de poisson, p. 45 , — Acephales lamellibranches, p. 79. _ Multiplication desperd.ix, p. 3oa. — Animaux de basse-cour, p. 3oi. — Erpetologie geueial'e, p. 3io, Organisation des pbysalies, p. 393. — Mullusques perfora'nls, p. 394. Oaughons medians des mollu^ques acephales, p. SgS. Tableau des oiseaux de proie, p. SgS.— Caracieres de la fauna de la Nouveil'e-Hol- lande, p. 414. — Coup d'oeil sur I'ordre des pigeons, p. 55o.— Herroaphrodisme chcz certains verlebres , p. 553. — Cygne noir, p. 639.— HoccDs, p. 639. — Acclimalalion de I'hcmione, p. 637! — Bombyx <,Yec/o/;/(7, luna et poljp/iemiis, p. 640. — Chevres d'An- gora, p. 642. Zincosmophie, p. 571. T. V. 7 JUILLET l854. TliOISlEME ANNEE. COSMOS. FAITS DIVERS. NOUVELLES DE FRANCE. Nous apprenons avec un grand bonheur que notre illustre maitre, M. Cauchy, a ete dispei)S(^ du serment present par la Constitution, et qu'i! a ete reinstalle dans sa chaire d'astronomie analytique a la faculte des sciences de Paris. II consacrera les quelques legons du semestre qui va finir, a la theorie math^matique des cartes homa- lographiques de M. Babinet. — Le jury qui dans le d^partement de la Seine doit prononcer surles demandes d'admission a I'exposition universelle est compost comma il suit : MM. Aubry, Edmond Becquerel, Fillet, Boutron, Gallon, Chevreul, Combes, Decaisne, Delaunay, Deniere fils , Paul Desains, Despretz, Firmin Didot, Amedee DurantI, Fauler, Leon Foucault , Fouche-Lepelletier , Fourdinois, Fremy, Froment, Maxima Gaussen, Gilbert, Halevy, Hittorf, Honor^, Leon de La- borde, Ledagre, Henri Lepaute, Lorieux, Maes, Marlove, Payen, Pelouze, Rayer, Seguier , Germain Thibault, Ambroii^e Thomas, Velpeau. Le bureau est forme de MM. Chevreul , pie.sident; baron Seguier, vice-president; Boutron, secretaires Li^on Foucault, vice- secretaire. -,af' NAVIGATION AERIENNE ET SOUS-MARINE. Un de nos abonnes, M. Loyer, nous demande quelques details sur le m^moire adresse recemment a 1' Acad^mie des sciences par un de ses correspondants , M. Burdin, de Clermont-FerraTid (Puy-de- Dome) ; nous regrettons de ne pouvoir satisfaire que tres-incomple- tement a son desir. Le probJeme que s'est pose I'habiie mecani- cien est celui-ci : Faire marcher dansune direction donne'e, et a une hauteur voulue, soit un bateau sous-marin, soit un aerostat. Dans les deux cas, dit-il, les plus importantes conditions sont communes, et le mecanismequi convient pour I'undoit, avec quelques modifica- tions, devenir applicable a I'autre. L'organe demouvementqui lui a semble le plus avantageux est une roue munie de palettes, qui s'eloi- 2 COSMOS. enent de I'axe par I'effet de leur poids. et qui en sont rapprochees ensuite par la rencontre dune tringle de fer convenablement recour- bce, et il en calcule les effets. DESTRUCTION DES COURTILIERES. La courtilifere, ou taupe-grillon. insecte de I'ordre des orthop- tbres est I'un des fleaux les plus malfaisants de I'agriculture et de rhorticulture. En praliquant des galeries presqu'a fleur de terre, cet insecte d^vore les racines de toutes les plantes qu'il rencontre. II creuse sa demeure a uiie profondeur de cinquante et meme soixante centimetres, et s'y retire dfes qu'un danger le menace. La femelle depose ses oeufs a environ 6 centimetres sous terre, dans une petite excavation arrondie, qu'on decouvre aisement en suivant la galerie indiquee au-dessus du sol; on peut ainsi s'emparer de toute la nich(5e. qui se compose quelque fois de cent ccufs. La courtiliere fait cette ann^e des d^gats inusites dans les champs et dans les jardins, et nous avons entendu bon nonibre d'horticul- teurs inexperimentesse plaindre de ne savoir comment s'en dcfaire. Nous croyons leur rendre service en leur indiquant les moyens sui- vants, qui sont le plus habituellement employes pour la destruction de ces botes importuns. On laisse couler de I'eau dans leurs galeries : les courtiberes en sortent alors ordinairement, et il est facile de s'en saisir. On place aussi des pots a moitie remp'.is d'eau et d'un peu d'huile a 6 ou 8 centimetres au-dessous du niveau de la terre, dans les champs et les plates-bandes oil I'on remarque leurs degats. Pendant leurs pe- regrinations nocturnes, elles y tombent, et I'huile les suffoque pres- que immediatement. La taupe e^t I'ennemie la plus acharnt^e de la courtiliere ; on fera done bien de manager les taupes partout oil I'on s'apercevra de la presence de cet insecte. NOUVELLES d'aNGLETERRE. M . OH veira, membre du parlcment, a mis a la disposition du Conseil de laSociete royale une somme de 50 livres sterling; cette somme, ajoulde a une autre somme de 100 livres, prelevee sur les fonds de donation, seraconsacr^e a I'intallastion, dans Tobservatoire de Kew, d'un appareil photographique convenablement dispose pour I'enre- gistralion des laches du dlsque solaire. — M. Theophile Thomson, de la Societe royale de Londres, a fait d'imporlantes recherches sur les propri^tes de I'huile de noix de COSMOS. 3 coco, compardes a celles de I'huile de foie de morue. II a constat^ que la premiere de ces huiles a comme la seconde, dont elle peut devenir un succedane, ou meme un rempla^ant avantageux, la pro- priete , quand on I'administre aux phthisiques , de rendre leur sang plus riche en corpuscules ou globules rouges. L'huile de coco sur laquelle le savant docteur opdrait, etait obtenue par pression de l'huile brute de coco , extraite a Ceylan et sur la cote de Malabar, de I'amande seche de la noix de coco ; on la rectifie en la traitant par un alcali, et on la lave a plusieurs reprises avec de I'eau dis- tillee. INSIGNIFIANCE DES ACCIDENTS DE CHEMINS DE FER. On trouve, dans une statistique sur les chemins de fer et sur les accidents qui y sont arrives de 1840 a 1852, lue par M. Nel- son a la Societe royale des sciences de Londres, les faits suivants : De 1840 a 1851, le nombre des voyageurs s'est eleve a 478 448 607, sur lesquels 237 ont ete tues et 1416 blesses, ce qui donne une proportion d'un mort sur 2 018 239, et d'un blesse sur 337 916. Sur 40 486 ingenieurs, mdcaniciens , chauffeurs et employes, 275 ont ete tues et 274 blesses; dans la proportion de 1 tue sur 177, et de 1 blesse sur 148. De 1844 a 1851, le nombre des milles parcourus par les voya- geurs a ete de 517 044 469 484, et 176 personnes ont ete tuees; ce qui donne une proportion d'une mort sur un espace de 40 025395 milles parcourus. En supposant un voyageur toujours sur un che- min de fer a une vitesse de 20 milles par heure, en comptant les static-igif., il fera 175 200 milles par an, et il pourra voyager 228 ans, d'apres les proportions ci-dessus, sans accidents. Sur les noinbres enonces deja, 3 personnes ont ete tuees et 7 blessees en sautant hors de voiture avant I'arret complet des trains. Sur les chemins de fer en AUemagne, en 1848, 1S49 et 1850, la longueur des lignes etait de 8 480 milles anglais, le nombre des voyageurs, de 51 713297. La quantity de milles parcourus a ete de 1 155 436 890. Un seal voyageur a ete tue et 1 bless6; 54 em- ployes, mecaniciens, chauffeurs, etc., ont 6t6 tues, et 83 blesses. M. Nelson, par ce travail statistique, a voulu prouver combien les craintes d'accidents en chemins de fer ^taient exagerees; car, d'apres ses calculs, il ne doity avoir qu'une personne de tuee sur deux millions et demi de voyageurs, c'est-a-dire un seul accident sur toute la population de Londres qui voyagerait en meme temps 4 eosRros. NOUVErXES DE BELGIQUE. M. Quetelet conclut ties tableaux qui lui ont ^t^ adresses par divers observateurs, (lu'en Belgique, au 20 avril dernier, la vege- tation se trouvait en avnnce de huit a dix jours. Le lilas qui, a Bruxelles, ileurit moyennement le 28 avril, etait en fleurs des le 18. Dans le Devonshire, le lilas etait en fleurs des le 9 avril. Depuis pres de vingt ans, cet arbuste, a Bruxelles, n'a jamais fleuri avant le 12 avril. — Le meme savant communique a I'Acadcmie le catalogue des aurores boreales observees a Christiania, de 1846 a 1847. Ce ca- talogue, dress^ par M. Hansteen, ^tablit avec la derniere evidence la p^riodicite annuelle a laquelle les aurores boreales sont assujetties. On trouve deux maxima fortement prononcds aux dpoques des deux (Equinoxes, et deux minima aux ^poques des solstices. Le minimum du solstice d'ete est si fortement prononce que, pendant les seize dernieres annees, on n'a pas constate la presence d'une seule auiore bor^ale au mois de juin; et dans le siecle dernier, de 1739 a 1762, sur 783 aurores boreales, une seule a ete obser- vee dans le meme mois. — M. Hansteen a determine de nouveau la loi de la decrois- sance de I'inclinaison magnetique a Bruxelles, et I'epoque oil I'in- clinaison atteindra son minimum au commencement du siecle pro- chain. L'inclinaison calculee pour mars 1853 etait 67° 47 ,6; I'inclinaison observee le 20 mars dernier dans le jardin de I'Obser- vatoire etait 67°, 45', ce qui s'accorde parfaitement avec la loi theo- rique de decroissement. L'epoque du minimum sera la fin de 1905 ou le commencement de 1906. — De nouvelles experiences sur le coenure cerebral du mouton, communiquees a I'Academie de Bruxelles par M. Van Beneden , M. Kuchenmester de Zittau tire les conclusions suivantes : Les coenures adultes vivent et se developpent dans I'intestin du chien, et forment le tcenia ccemirus que Ton a confondu jusqu'a present avec le iop.nia serratn. La maladie connue sous le nom de TOfKNis se propage ainsi : les bergers coupent la tete des moutons atteints de cette aff( ction et la jettent aux chiens qui avalent avec le cerveau les coenures renfermes dans cet organe. Dans I'intestin des chiens ces coenures deviennent des tenias, ils ont quelquefois jus- qu'a 300 tetes, et comme chaque tete peut produire un tenia, la muUiplication peut devenir excessive. Les chiens suivent les mou- tons dans les prairies, et evacuent les proglottis charges d'oeufs, . COSMOS. 5 en meme temps que leurs excrements; ces oeufs sont ainsi semes sur I'herbe que le mouton doit brouter. Les prairies humides sont plus favorables au deveioppement de cette maladie, parce que les proglottis et les oeufs se dessechent plus lentement. M. Kuchenmester avait propose a M. Van Beneden de kii'en- yoyer par la poste des proglottis conserves dans du blanc d'ceuf a la condilion qu'il les ferait avaler par des brebis. Get envoi de- yait se faire le 22 mai; M. de Quatrefages annon^ait aujourd'hui a I'Academie, qu'en effet, M. Van Beneden avait regu les proglottis que les brebis, auxquelles on les avait fait avaler, avaient mani- feste peu de temps apres tous les symptomes du tournis ; qu on les avait tuees, et qu'on avait trouve dans leur cerveau des coenures vivants. Cette experience a etc repetee en meme temps a Berlm par MM. Jean Muller, Gurlt et Lichtenstein; a Giessen par M. Leuckaert. La question est done tout a fait resolue; la trans- formation des proglottis en coenures, et des coenures en tenias e^t aujourd'hui un fait incontestable. ' NOUVELLES d'iTAUE. ^T^^?",^"r^^^''^" "'"'" ''"'■°''' '•^^'^ observations de la comete de M. Klmkerfues faites a la lunette mcndienne, lors du passacre inf^rieur. ° aSjuin. 12h era 14s ^_ ^ gt 21m ggs gg Dec!. + 6P 0' 1" on 27juin. la- 40- 43%88 A. R. 1^ 3- 4S-,37 +60" 70' 33/'62 Cette comete a maintenant une belle queue, et elle e^t visible ' 1 ail nu sous forme de nebulo^ite faible. Le 24, la queue "dtait tre-" ^roite, elle s' est sans cesse elargie; le 28 nu soir elle etait aussi large aue la nebulosity, et longue d'un degre et demi Lt*P. Secchi nous annonce aussi que son nouvel observatoire est completement termme, que les anciens instruments sont deil remstales, qu il attend avec impatience le grand equatorialde 14 pieds, construit dans les ateliers de Mers a Mumch et qui e.t presque acheve. Le nouvel Edifice ne laisse rien a desirer il Z. tres-sohdement construit, parfaitement commode, et mem^ d'unp architecture elegante. Le savant directeur va reprendre incessam ment la mesure de la base trigonometrique de la via Appia Tse rejouit grandement de lacquisition qu il a faite des appareils de nivelement de M. Porro, tres-ingenieusement construits'd ! e dune manipulation fort simple. ' PHOTOGRAPHIE. IMPRESSIONS COLOREES PRODX ITES PAR l' ACTION CHIMIQTJK DE LA LUMIKRE. PAR M. EDMOND BECQDEREL. a L* action chimique de la lumifere m'a permis, comme on le sfiit, de rendre sensibles les effets ^lectriques produits lors des reactions qui s'opfereiit sous I'influence du rayonnement lumineux (1). D'un autre cote, il y a plus de six ans (2), j'ai ete conduit a Tobservation de ce fait : (ju'il est possible de preparer une surface chimiquement impressionnable a la lumiere, de fagon quelle se colore precisement de la teinte des rayons lumineux qui la frappent. La mati^re sen- sible qui possede cette propriete remarquable, est un chlorure d'ar- gent que Ton peut appeler le chlorure violet, ayant moins de chlore que le chlorure blanc, et se presentant en general melange avec ce dernier. Le chlorure d' argent dont il s'agit , pouvant etre mis dans des conditions telles qu'il ne soit affect^ qu'entre les limites de refran- gibilite des rayons perceptibles a I'organe de la vision, il etait im- portant d'etudier attentivement de quelle maniere il se comporte- rait dans I'appareil que j'ai nomme actinometre electro-chimique; quels seraient les effets resultant de Taction des differents rayons lumineux dont on ferait varier I'intensite dans des limites determi- nees; et enfin s'il serait possible d'dtablir une methode photome- trique , fondee sur des principes differents de ceux qui sont habi- tuellement en usage. Dans le memoire citd plus haut [Aitnnles de physique, i, xxxii), j'ai deja commence cette etude, mais j'ai etc amene a reconnaitre la necessite d' examiner denouveau les dif- ferentes circonstances qui accompagnent la preparation de la ma- tifere sensible, et les modifications que produisent sur elle la chaleur et la lumiore, avant que les rayons lumineux lui impriment leur couleur; tel est le but du travail que j'ai I'honneur de presenter a I'Academie. Dans les publications precedentes j'ai fait connaitre differents moyens a I'aide desquels on peut obtenir des surfaces enduites de chlorure d'argent violet donnant des impressions colorees (3); mais celui qui donne les meilleurs effets , consiste a decomposer par un courant elcLtrique une dissolution d'acide chlorhydrique dans I'eau (1) Annates Jc physique et de ch'imie, t. is, p. 257 et t. xxxii, p. 176, (2) Comjiles rendus dc I'Academie, t. xxvi, p. 181 (fevrier 1848). (3) Annalc! de pliysiqne et de chimie, t. xxii, p. 451 et t. xxv, p. 447. COSMOS. T et a faire arriver le chlore sur une lame d'argent plac^e au pole po- sitif de la pile. On rend ce precede d'une application facile et cer- taine, en determinant dans chaquecirconstance, etachaque instant, la qaantite de chlore qui se transporte sur la lame d'argent. On in- terpose a cet efFet dans le circuit voltaique un voltametre a eau, de sorte que le courant qui decompose I'acide chlorhydrique et trans- porte le chlore sur I'argent , decompose ^galement I'eau acidul^e; les decompositions electro-chimiques ayant lieu en proportions d^- finies, il se porte autant de chlore en volume sur la lame d'argent qu'il se degage de gaz hydrogene dans I'eprouvette placee au-des- sus de I'electrode negative du voltametre. On garantit le verso de la lame a I'aide d'un vernis, afin que le chlore ne se porte que d'un seul cote. Quand le volume du chlore ddgage a la pression ordinaire est en centimetres cubes 2,80, la teinte donnee par la coucbe dans I'ordre des teintes des lames minces est du deuxieme ordre; son epaisseur en millimetres est de 0,00068, la pesanteur specifique du chlorure d'argent etant 5,27. Si le volume du chlore varie de 3,89 a 3,90, la teinte de la couche passe au troisieme ordre , son epaisseur varie de 0,00092 a 0,00095. Enfin si le volume du chlore est compris entre 6,50 et6,90, la teinte passe au quatrieme ordre, c'est alors que les reproductions colorees du spectre lumineux sont les plus belles; I'epaisseur de la couche est comprise entre 0,00158 et 0,00168. Dans le memoire se trouvent toutes les indications relatives aux differentes circonstances de la preparation des lames impressionna- bles, circonstances qui ne doiventpas etre negligees. En employant une couche plus epaisse que celles qui precedent, les resultats obtenus ne seraient pas aussi satisfaisants. On doit done operer entre les limites de 4 et 7 centimetres cubes de chlore a la pression ordinaire par decimetre carr^ de surface d'argent; mais dans ces conditions plus la couche est mince , plus la substance est impressionnable, mais moins les nuances obtenues sont belles. Si Ton projette sur une surface impressionnable ainsi preparee un spectre lumineux, on ne tarde pas a avoir une impression qui commence dans le jaune et I'orange, c'est-a-dire dans les parties les plus lumineuses de I'image prismatique, et s'^tend jusqu'aux ex- tremit^s rouges et violettes. Cette impression, ainsi que je I'ai deja demontre dans un memoire precedent, reproduit les differentes nuances colorees du spectre. Mais les nuances, quoique tres-vives, sont assez foncees ; du c6t6 du rouge entre les lignes B et A et 15 COS^IOS. an dela de A rimjiression tourne an violet et fonce rapidement. Quand la prt^paration a (5t6 faite en suivant les indications donndes dans ce travail, on ne voit aucune impression se produire en dehors du violet ; sauf la coloration noire du c6t6 du rouge, I'iinage ne s'etend pasbeaucoup au dela des limites A et H, et occupe la meme dtendue que le spectre visible. Si des rayons luinineux melanges viennent frapper la surface "sensible, ils laissent comme les rayons du spectre une einpreinte coloree de meme nuance que celle qu'ils possedent. Mais cette meme substance, lorsqu'elle est soumise a I'influence de la chaleur ou de la lumifere, avant Tactiondes rayons lumineux, conduit a des resultats remarquables dont il va etre question. L'action de la chaleur modifio profondement le chlorure d'argent violet. Une elevation de temperature de 100 a 150" fait changer la teintede la lame preparee, sans luifaireperdrede traces dechlore,iTiais, en meme temps, elle change le mode d'action des differents rayons lu- mineux ; la lumifere diffuse ou lalumifere solairedirecteagitenblancau lieu dedonner une impression de teinte grise; et, en outre, les nuances colorees sont claires au lieu d'etre sombres, comme avant le recuit. Mais ce qui est remarquable, c'est qu'en maintenant la temperature entre 30 et 3.5 degres pendant piusieurs jours, on atteiiit le meme but et avec de bien meilleurs resultats. Les teintes jaunes et vertes qui, lors de Taction du spectre lumineux sur une plaque recuite a haute temperature, ne se reproduisaient pas avecnettet(§, paraissent 'dans ces conditions. Ainsi on peut utiliser les plaques preparees de cette maniere pour les reproductions des images colorees de la chambre oV)Scure. On ne peut attribuer a une action chimique I'effet produit sur le chlorure d'argent par une difference de temperature aussi faible, mais soutenue pendant piusieurs jours. II se manifeste probable- ment, dans cette circonstance, une modification de I'etat physique de la substance impressionnable. Ce serait alors un effet du meme genre que ceiui qui a lieu lors de la formation du phosphore rouge. L'action exercee par les rayons les moins rdfrangibles de la lu- mifere est cgalement fort curieuse, car elle conduit a un resultat ana- logue a celui que Ton obtient en prolongeant I' elevation de temp^ rature des lames. II semble done que, dans I'un et I'autre cas, il se produit des effets moleculaires du meme ordre. Le spectre lumi- neux agit de la maniere suivante sur le chlorure d'argent modifiepar es rayons rouges extremes. L'action commence, comme prdc^dem- COSMOS. 9 ment, clans I'orange, le jaune et le vert , puis, s'etend ))eu a peu vers ]e violet et vers le rouge. Toutes les teintes correspondantes aux couleurs du spectre sent claires , comme si les plaques etaient re- cuites, mais rimpression prisniatique est plus belle , et meme le vert, le jaune et Torange ont des nuances plus vives qu'avant Tac- tion des rayons rouges extremes. Ainsi a I'avantage que possede le chlorure modifie par les rayons les moins refrangibles, sur celui qui a subi le recuit, de donner un fond noir sur lequel viennent se pein- dre les differentes nuances prismatiques, se joint celui de conserver les teintes vertes et jauiies. Du cote du rouge Timage du spectre na donne une teinte brillante que jusqu'en B ; a partir de cette liniite, la teinte noire qui se serait produite etant celle qui domine sur toute la surface, aucun effet n'a lieu dans les premiers instants. Cepen- dant si , primitiveraent , le chlorure n'a sejourne que pendant un temps insuffisant sous Taction des rayons rouges extremes , le spectre solaire donne encore une impression foncee au dela de B et deA. On obtient sur la matiere ainsi modifiee par la chaleur ou par la lumiere de belles reproductions colorees de spectres lummeux. Les figures des anneaux colores et celles que donnent les lames cristal- lisees traversees par la lumiere polarisee sont egalement bien repre- sentees avec leurs nuances. On pent aussi reproduire les images de la chambre noire qui se trouvent, pour ainsi dire, peintes par la lu- miere; mais ces reproductions, quoique ayant des nuances plus vives que celles que j'avais obtenues il y a plusieurs annees, n'ont encore qu'un interet purement scientifique, et on ne peut songer, quant a present, a une application, puisque les impressions ne se conservent que dans Tobscurite. Je n'ai pas encore pu arreter Taction ulterieure de la lumiere diffuse qui detruit peu a peu les images ; ce n'est pour ainsi dire que dans un etat de passage que la matiere impression- nable a la propriety de reproduire les couleurs. On voit done que la substance impressionnable dont la methode de preparation est indiquee dans ce travail permetd'obtenir non- seulement des effets de coloration ti;'es-remarquables , mais encore des resuUats parfaitement comparables, lors de son emploi, pour observer les effets electriqiies dus a Taction chimique de la. lu- miere. " Nous sommes force de renvoyer a la prochaine livraison la des- cription de I'actinometre electro-chimique de M. E. Becquerel, et des. nouvelles de Photographie fortimportantes. ACiDfMIE DES SCIENCES. SEANCE DU 3 JUIN. M. le secretaire perp^tuel lit un d^cret par lequel Sa Majesty I'Em- pereur approuve I'election de M. Claude Bernard. Sur I'invitation du president, le jeune et savant physiologiste prend possession de son fauteuil academique. — 31. Montagne lit, au nom d'une des commissions de la maladie de la vigne, un rapport ties-peu consolant. Aucun des memoires examines n'a satisfait , meme de loin , la commission. Les vues theoriques qu'ils renferment ou les recherches des causes de ces ma- ladies sent vagues , incertaines, contradictoires. Les donnees piati- ques ou les moyens preventifs et curatifs proposes par les auteurs , sont en general etranges, ridicules ou inapplicables ; et leur prt^ten- due efficacite n'a pas ete sanctionn^e par des experiences suffisantes. II est done impossible de formuler aujourd'hui un jugement d'en- semble definitif , d'autant plus que trois commissions differenles ont a se prononcer sur les recherches soumises a I'Academie. M. Mon- tagne exprime le vocu que ces trois commissions soient reduites a deux, Tune chargee exclusivement de ce qui concerne la maladie de la vigne, I'autre qui s'occuperait specialement des maladies des autres v^getaux alimentaires. M. Thenard se rejouit de ce que la commission ait eiifin rompu le silence , on commen^ait a croire qu'elle restait indifferente ou qu'elle voulait rester etrangere a I'une des plus grandes calamites des temps modernes ; le rapport de M. JMontagne , quoiqu'il ait avorte , prouvera du moins que I'Academie s'est occupee s^rieuse- ment de cette grave question. M. Dumeril , president de la seconde commission , avait charge M. Decaisne, professeur de culture au Jardin des Plantes, de I'examen et de Texperimentation des procedes soumis a son examen ; il in- vite son savant coUegue a donner quelques details sur ce qu'il a fait. M. Decaisne est encore moins rassurant que M. Montagne ; il avoue non-seulement qu'aucun des moyens preservatifs et curatifs essay^s par lui ne s'est montre efficace, mais que dans les collections memes du Jardin des Plantes , au centre de la science botanique , s()Us les yeux des savants les plus speciaux et les plus comp^tenls, la maladie de la vigne, en d^pit de tous ses efforts, exerce encore cette ann^e ses ravages. Tous les ceps, mais surtout les ceps de chasselas blanc, sont dans un etat de paleur et de souffrance qui afflige le regard ; Toi'dium n'a pas reparu, mais tout annonce sa prochaine invasion. COSMOS. 11 II viendra, dit M. Decaisne, non pas comme la cause d'une maladie d^ja existante , certainemeiit interne , mais connme effet et comme symptome cons^cutif. Le savant professeur, on le voit, partage nos convictions sur la nature de la maladie, au moins quant a Taction de Toidium, qui suit la maladie et ne la determine pas. M. Payen s'etonne grandement du decouragement et des conclu- sions evasives de ses illustres confreres, en presence surtout des rapports, des approbations, des recompenses solennelles des So- ci^tds imperiales et centrales d'agriculture et d'horticulture. Pour tous les membres de ces Societes, il est constant et avere qu'il existe un moyen preventif et curatif de la maladie de la vigne, moyen experiments dans un tres-grand nombre de serres, de treilles, et meme de vignobles comme les vignobles de Thomery; moyen tellement efficace, qu'on a pu preserver un cotS d'une lon- gue rangee de vignes, en abandonnant I'autre a I'o'idium, un cep au milieu d'autres ceps infestes, une branche, une grappe d'un cep quand toutes les autres branches ou grappes pourrissaient, etc. Ce moyen est le soufre employ^ en vapeur ou en poudre Ires-fine. Dans les serres Torches, il suffit de repandre la fleur de soufre sur les tuyaux de conduite de la chaleur : en plein air, on insufSe la fleur de soufre soit sur les vignes humides de rosee ou as;pergSes, soit, et c'est la meilleure methode, sur les vignes seches. Un chi- miste anglais a conseille d'immerger les bourgeons avec une so- lution de penta-suifure de calcium , il prevenait ainsi la maladie beaucoup a I'avance. Le mal est si bien conjurd desormais, ajoutait M. Payen, au moins pour les exploitations peu etendues, que les cultivateurs qui alimentent les marches de Paris de raisin de luxe, produit d'une culture forcee, sont desormais sans inquietude au- cune sur I'avenir de leurs fournitures ; les raisins de primeur sont cette annde tres-abondants. M. Payen ajoute que, sans rejeter les causes internes, il croit, vaincu par les fails que nous venons de rappeler , a I'influence preponderante de causes exterieures. M. Thenard, qui avait peine a croire aux propriStes merveilleuses attribuees a la vapeur de soufre, I'a employe sur les humbles vignes de sa charmante solitude de Fontenay-aux-Roses, et il les a pr^- serv^es de la contagion. Quoiqu'il ait peu de confiance dans les commissions trop nombreuses qui, dit-il, ne font jamais, ou presque jamais rien, il se rallie a la resolution du President qui reunit en une seule, composee de quinze membres, les trois commissions an- terieures. — M. le ministre de I'instruction publique invite I'Academie a 12 COSMOS. ]ui presenter una liste de cantliJats pour la place devenue vacante au sein du Bureau des longitudes, par la mort de I'anniral Roussin. Le president avail charge les sections r^unies d'astronomie, de na- vigation et de geographic, de dresser la liste en question. Sur una observation fort juste et tres-bien accueillie de M. Liouville, la section de geoilietrie s'associera aux deux autres sections pour for- mer une coiiiniission unique presidee par le doyen des doyens de rinslitut, par M. Biot. C'est la premiere fois que 1' Academic des sciences prendra part aux Elections du Bureau des longitudes; elle s'enipressera sans doute de placer au prea.ier rang, et avec une grande unanimity, un de ses menibres, M. le capitaine Duperrey, que ses longs voyages, ses recherches sur le magnelisme du globe terrestre, sa position de fortune si modeste, designent au choix du gouvernement. — M. Montagne lit un second rapport sur le mdmoire de M. Schimper, relatif a I'hisloire naturelle des sphaignes , genre de mousses extremement interessant. Nous regrettons de ne pouvoir reproduire des aujourd'hui au moins une longue analyse de ce rap- port, ecrit non-seulementavec elegance, mais avec cette verve et ce sentiment poetique qu'insplrent aux ames ^levees les mysterieuses et douces harmonies de la nature. L' Academic approuve le beau travail du botaniste stra^bourgeois, et en ordonne I'impression dans le recueil des savants etrangers. — I\I. de Quatrefages pendant un court sejour a La Rochelle a eu la boime fortune d'entrer en possession d'un certain nonibre de physalies ou syphonophores, pliysalius aret/uisias , physigiada de de Blainville, animaux marins vraiment extiaordinaires, sortes de monstres intermediaires entre le regne animal et le regne vegdr- tal.'qui habitent ordinairement les merschaudes, mais que les vents de I'ouest amenent quelquefois sur nos cotes. Le savant academi- cien profile de cette circonstance pour recomniencer I'etude de ce zoophite gigantesque dont les tentacules veneneuses a I'exces ont quelquefois plus de 10 metres de long ; dont la nature est encore si mal defiiiie, qu'on ne sait pas si c'est un etre unique ou un etre composi5 ; dont les organes ont ete mal decrits ou mal compris quant aux fonclions qu'ils ont a remplir, etc., etc. Nous reviendrons sur cette importante communication. — M. de Q,uatrefages presente aussi deux charmants volumes publics par lui a la librairie de M.Victor Masson, sous ce titre ; Souvenirs (Vun zoologiste. C'est une reproduction de delicieux ajF^ tides publics autrefois dans la Revue des Deux-Mondes^ et dans COSMOS. ifi lesquels I'auteur, par un talent tres-rare, savait iinir I'exactitude du langage scientifi(iue, aux charmes da langage litt(^raire le plus pur et le plus fleuri. Nous n'oublierons jamais le plaisir que nous avons trouve a suivre M. de Quatrefages dans ses excursions aux archipels de Chaussey et de Brehat, sur les cotes de Sicile et de Saintonge, dans la bale de Biscaie, etc., etc. — Madame de Cornelian demande que I'Acadi^mie soumette a I'examen d'une commission un s3-steme de silos suspendus pour la conservation des grains invente par son oncle, le cclebre Philippe de Girard; elle attache d'autant plus d'importance a cet examen que ces memes silos sont presentes en ce moment et experimentes, sous un autre nom, au minigtere de la guerre. — M. Biot fait hommage des methndes de chimie de feu Lau- rent, publiees cette semaine a la librairie Mallet-Bachelier; nous reproduisons ailleurs I'avis aux lecteurs si savamment redige par M. Biot lui-meme, et dont nous avons deja parle. — M. Felix Bernard, professeur de physique au lycee imperial de Bordeaux, envoie un memoire sur la determination des indices de refraction plaques ^paisses et des liquides. La methode de M. Ber- nard consiste a mesurer experimentalement ce que M. Babinet appelle le transport, ou la plus courte distance comprise entre les deux directions paralleles que suit le rayon lumineux, avant et apres son passage a travers la lame placee dans une position oblique. Nous pubh'erons dans une prochaine livraison I'analyse de ce Memoire que I'habile physicien a bien voulu nous commuriquer. — M. Le Riche, docteur-medecin, envoie des recherches et des observations sur le traitement des hydropisies du ventre et de la poitrine par les injections iodees. — M. Dujardin, de Lille, eciit que, dans ses dernieres lettres a I'Academie, il avait moins pour but d'indiquer sa methode d' extinc- tion des incendies par la vapeur, comme applicable au cas particu- lier du Vauhnn^ que d'appeler de nouveau I'attention de I'Academie sur une decouverte qui ne rendra les immenses services qu'on pcut en attendre que lorsque I'illustre Societe aura daigne s'en occuper et la recommander. — M. Pouilletoffre, 1° au nom de M. Hopkins, une nouvelle Edi- tion de son ouvrage sur divers phenomenes meteorologiques ; 2''au nom de M. Guyard, le plan d'une nouvelle application de la tele- graphic electrique. Le probleme que M. Guyard a voulu resoudre est celui-ci : empecher deux locomotives placees sur la meme voie de se rencontrer. La solution consiste a faire en sorte par un mdca- 14 COSMOS. nisme partic^lier, qu'aussitot que les locomotives sont a une dis- tance I'une de I'autre nioindre que telle longueur donnee, elles se si- gnalent mutuellement leur presence par la mise en jeu d'un carillon special . — M. Serres, au noni de S. A. le prince Charles Bonaparte, qu'un fatal accident, une jtimbe cassee par un coup de pied de che- val, tient etendu sur un lit de douleur et eloignera trop longtemps dess(?ances de I'Acadc^mie, lit une note de M. Ercolani sur les ne- matoides, leurs transformations successives, leur identite dans I'un des L'tats successifs par lesquels ils passent avec certains infusoires doiit jusqu'ici on ignorait la veritable nature. — M. Regnault communique le memoire tres-remarquable de M. EdmondBecquerel, dontnousdonnons I'analyseetendueetr^dig^e par lauteur lui-meme a I'article Photographie. Le fait capital de ce travail est la realisation d'une sorte de retine artificielle qui n'est ini- pressionnable que par les rayons visibles du spectre; qui re9oit les impressions deces rayons, colorees d'une [nuance, sinon identique , du moins tres-voisine de leur nuance naturelle; surlaquelleles rayons oranges, pour lesquels 1' intensity lumineuse est un maximum, sont auasi ceux qui impriment les premiers leur image; ce fait, disons- nous, n'est n'est pas nouveauj M. Becquerel en fit la decouverte il y a plusieurs ann^es ; mais, comme on le verra, il est beaucoup mieux etudie et expose dans ce dernier memoire, que nos lecteurs liront avec le plus vif inteiet. Mais, hclas ! ces impressions colo- rees, comme au reste celles de la retine, sont fugitives encore, et jusqu'ici il a ete impossible de les fixer. — Un photographe amateur, qui s'appelle , nous le croyons , M. Green , envoie des epreuves photographiques prises dans des cavernes obscures ou ^clairees par une lumiere trop faible pour que I'ceil piit rien decouvrir. Ces epreuves, celle, entre autres, que nous avons vue et qui repr^sente un des tombeaux des caveaux fun^raires de Tiiebes, son veritablement tres-belles; c'est imenouvellevoie ou- verte a I'art magique de la photographie. — II est encore question une fois du procede de photographie sur collodion sec de M. Poilly, qui, en sa qualite d'ouvrier, se de- clare incapable d'exposer sa m^thode dans une note intelligible, out en ofiVant d'initier a son secret les membres de la commission nommt^'e par I'Academie, en operant devant eux ; cette proposition, quelque peu contraire aux reglements, est accept^e. MM. de S6- rarmont, Seguier et Despretz sont les commissaires d^sign^s. SOCIETY ROTALE DE LONDRES. SUR LA FORCE OSMOTIQUE. 'par m. graham. — {Lecture Baclierienne.) On a donne le nom de force osmotique a la puissance qui fait p^- netrer les liquides a travers des membranes humides , ou d'autres recipients poreux, dans les experiences d'endosmose et d'exosmose. On a montre, qu'avec une dissolution saline d'un cote du recipient poreux et de I'eau pure placee de I'autre cote (ce qui est la condition de Tosmometre de Dutrochet, lorsqu'il est rempli dune dissolution saline et plonge dans I'eau) , le passage du sel , de dedans en de- hors, se fait entierement par diffusion ; et que Tinterposition d'une membrane mince n'empeche pas sensiblement cette action moldcu- laire. Le mouvement est limite aux particules du sel, et ne s'etend pas a I'eau qui tient ces particules en dissolution ; cette eau reste entierement passive ; ce ph^nomene n"a pas besoin d'explication ult^- rieure. Mais, d'autre part, le flux d'eau, en penetrant a I'intdrieur, affectedes masse sensibles de fluide, et c'est le seul des mouvements auquel on puisse appliquer proprement le mot de courant : c'est la I'osmose et I'efTet de la force osmotique qu'il s'agit de discuter. Comme la diffusion est toujoursun double mouvement, que, pendant que le sel se repand au dehors , une certaine quantite d'eau se re- pand necessairement en meme temps au dedans , on pourrait etre tente de croire que la force osmotique est la diffusibilite. Mais I'eau introduite de cette maniere dans I'osinometre est toujours en quan- tite delinie , et dans un certain rapport avec la quantite de sel qui a abandonne cette eau; elle s'eleve rarement a plus de quatre ou six fois le poids du sel ; tandis que la quantite d'eau qui entre dans Tosmometre est au moins cent fois plus grande que la quantite du sel qu'on a abandonne ; la diffusion est en consequence tout a fait impuissante a rendre compte du courant d'eau. La theorie, qui pretend expliquer I'osmose par la capillarite ne repose pas sur un fondement plus solide. Les grandes inegalites d ascension admises pour les fluides aqueux s'^vanouissent lorsqu'on observe leur capillarite avec un tres-grand soin ; et plu- sieurs des solutions salines qui font naitre les osmoses les plus eleves , different a peine de I'eau pure dans leurs ascensions capil- laires. L'auteur decrit deux series d'experiences relatives a I'osmose. La premiere serie a ete faite avec un recipient poreux , la seconde avec une membrane animale. L'osmometre , en terre de pipe ou en 16 COSWOS. porcolaine tendre , etnit uii de ces cylindres poreux dont on se sert dans les piles volta'iqucs, de 5 pouces de profondeur, surmontt^ par un tube cii veirc ouvert de 6/10 de pouce de diametre, fixe a I'em- bouchure du cylindre par un couvercle en gutta-percha. Dans chaque expi^rience, on reniplissait le cylindre avec la dissolution sa- line jusqu'a la base du tube en verre , et on le plongeait immcdiate- ment dans un grand vase rempli d'eau; conime le fluidedu cylindre montait dans le tube pendant Texperience , on ajoutait de temps en temps de I'eau dans le vase exterieur, pour se mettre a I'abri d'une diff(5roiice de pression hydrostatique. L' elevation du liquide dans le tube etait tout a fait uniforme, on I'observait d'heure en heure et I'exp^rience se terminait ordinairement en cinq heures. On a oper^ de cette nianiere sur une tres-grande vari^tc de substances solubles, et Ton a constate que I'elevation de I'osmose est tout a fait insignifiante pour les substances organiques neutres en gonoral, comme le sucre, I'alcool, I'urce, le tannin, etc. Les sels neutres des terres et des metaux ordinaires , comme ausst les chlorures de so- dium et de potassium, les nitrates de potasse et de soude, et le chlo- rure de mercure sont dans le meme cas. L'osmose est un peu plus sensible, mais encore faible pour les acides chlorhydrique , nitrique, acetique, sulfureux , citrique et tartrique ; il est un peu plus fort pour les acides mineraux plus energiques , les acides su'furique et phosphorique, et pour le sulfate de potasse : ce dernier sel produit cependant moins d'action que les autres sels de potasse et de soude, possedant une reaction prononcee, soit acide, soit alcaline, comme ■le bi-oxalate de potasse , le phosphate de soude, les carbonates de ;potasse et de soude. Les substances tres-osmotiques produisent leur effet avec plus d'intensite lorsqu'elles sont en plus petites proportions, le maximum de l'osmose correspond en general a la proportion d'un quart pour cent de sel dissous ; de sorte que Tosmose est eminemment le pheno- mene des dissolutions faibles. Ces memes substances fortement osmotiques sont aussi toujours des substances chimiquement actives, douses d'affiniti^s qui les ren- dent aptes a, attaquer la matiere du vase poreux; apres 1 osmose on ■trouve (oujours de la chaux ou de I'alumine dans la solution saline; de sorte que la corrosion du recipient semble etre une condition ne- cessairedu flux osmotique.Des recipients formes d' autres matieres, de carbonate de chaux pure, de gypse ou platre, de charbon compri- •m^, de cuir de semelle tanne , etc., quoique dou^s de porosite , ne donnaient ])as d'osmose, sans doute parce qu'ils n'etaient pas attar- GOSJIOS. 17 quables chimiquement par les solutions salines. La capillarite etait evidemmenl insuffisanle a produire seule le mouvenient du liquide, et la force motrice 6t&it certainement une action chimique. L'endosmose dlectrique decouvert par Porrett , que M. Wide- mann a ^claire recemraent d'une viva lumiere , a semble indiquer que I'eau liquide possedait une constitution chimique particuliere ; ou que du moins elle pouvait prendre cette constitution lorsqu'elle dtait polarisee par le passage du courant electrique, ou lorsqu'elle etait disposee a agir chimiquement sur d'autres substances. Un Dombre considerable, m,ais variable, d'atomes d'eau s'unissent en- semble pour former une molecule d'eau liquide : un atome indivi- duel d'oxygene, reste apart, forme un radical negatif analogue au chlore ; tandis que les atomes restants constituent un radical positif ou basique analogue aux radicaux organiques, recevant sa basicite d'un equivalent d'hydrogene qui n'est pas dissimule; c'est ce radical basique volumiiieux, qui se met en raouvement dans la decomposi- tion electrique de I'eau pure , qui va au pole negatif se resoudre en hydrogene et en eau, et qui determine I'accumulation d'eau obser- \ee a ce pole; pendant que I'oxygene seul va a I'autre pole par la direction opposee. C'est un fait reconnu, que les acides et les alcalis en dissolution se conibinent chimiquement avec beaucoup d'eau d'hydratation ; I'acide sulfurique , par exemple , donne un degage- ment de chaleur lorsqu'on lui ajoute le cinquantieme de son equi- valent d'eau. Dans les combinaisons de ce genre de substances, la disposition de I'eau doit etre prise en grande consideration. M. Gra- ham considere I'osmose comme dependant de certains resultats secondaires de combinaisons analogues a celui dont nous venons de parler, c'est-a-dire du grand nombre de molecules d'eau ou de la proportion volumineuse d'eau faisant partie de la combinaison. Le recipient poreux est le moyen de produire et de rendre visiblesdans I'osmose , soit electrique, soit ordinaire, ces mouvements de li- quides qui accompagnent les combinaisons et les decompositions chimiques. Quoique la nature et la maniere d'agir de la force chimique qui produit I'osmose demeurent toujours quelque peu obscures, les expe- riences faites avee des recipients formes de membranes animales I'e- clairent d'un jour considerable. Une vessie de bocuf acquerait une activite beaucoup plus intense et agissait avec une regularite beau- coup plus grande lorsqu'on I'avait prealablement depouillee de sa couche musculaire exterieure. Ducalicot decoton impregne avee de I'adburaine liquide , qu'on exposait ensuite a laichaleur pourla faire 18 COSMOS. coaguler, cessait d'etre trop permeable et devenait un excellent recipient tout a fait comparable aux membranes animales. L'osmo- metre avait la forme ordinaire en bulbe ; la membrane etait suppor- t^e par une plaque en zinc percee et pourvue d'un tube en verre de grand diametre. Ce diametre ^tait la dixieme partie de I'ouverture de I'osinometre bulbiforme, et une Elevation du liquide dans le tube de 100 millimetres indiquait qu'il ^tait entr6 dans I'osmomfetre, a travers la membrane , 100 millimetres d'eau ou la quantite suffi- sante pour recouvrir d'un millimetre d'eau les parois interieures du recipient membraneux. Ces divisions en millimetres sont les degr^s de fosmometre et ont la meme valeur dans tous les instruments. L'osmose dans les membranes a presents a peu pres les memes carac- tferes que dans les vases poreux. La membrane a constamment subi une decomposition chimique et son action osmotique s'est montree in^puisable. Les sels et autres substances qui deterininent les os- moses intenses sont toujours des substances actives chimiquement. Les sels metalliques neutres monobasiques, comme le chlorure de sodium, n'agissent que tres-faiblement ou sont completeinent inertes. Les substances actives sont aussi plus efficaces lorsqu'elles sont en faibles proportions. Lorsque Ton emploie une solution bien prepar^e, l'osmose , ou le passage des fluides a travers la membrane, se fait avec une vitesse qu'on ne rencontrait pas dans les premieres expe- riences. Avec une solution coiitenant un dixieme pour cent de car- bonate de potasse, I'^levation du liquide dans le tube de I'csmo- metre etait de 167 degres ou millimetres, en cinq heures. Avec une solution de 1 pour 100 du meme sel, I'^levation etait de 206 milli- metres; avec une autre membrane et une solution plus forte, I'ele- vation 4tait de 863 millimetres dans le meme temps. II etait entre dans le recipient, a travers la membrane, assez d'eau pour couvrir sa surface entifere d'une couche de 8 millimetres d'epaisseur. Pour que l'osmose puisse etre produit , il faut que les actions chimiques exercees sur I'interieur et I'ext^rieur de la membrane soient diffe- rentes, non-seulement en intensite ou en quantite , mais encore en qualite. L'action chimique doit etre alcaline sur la substance albu- mineuse qui tapisse la membrane a I'interieur, et acide sur I'albu- mine de I'extdrieur de la membrane. On peut enoncer cornme une conclusion empirique de ces recherches que I'eau s'accumule toujours sur le cote alcalin ou basique de la membrane. Ainsi avec un sel alcalin comme le carbonate ou le phosphate de soude place dans I'interieur de I'osmomfetre , avec I'eau en dehors, le flux a lieu de dehors en dedans; tandis qu'avec un acide place dans losmometre COSMOS. 19 le flux , au contraire , a lieu de dedans en dehors ; le Hquide s'a- baisse dans le tube et I'osmose est negatif ; dans ce dernier cas , I'eau situ^e en dehors est basique par rapport a I'acide plac^ dans I'interieur du recipient , le flux se fait encore de I'acide vers la base. Les chlorures de sodium, de barium, de magnesium, et les autres sels neutres, semblent indiff"erents ou n'agissent que d'une maniere tres-secondaire comparativement aux autres substances acides ou basiques qui se montrent actives, en quelque petite quantite qu'elles se trouvent dans la solution ou dans la membrane. Les sels qui peuvent se decomposer en un sous-sel basique et en acide libre manifestent une activite osmotique de I'ordre le plus eleve ; de ce nombre sont I'acetate et les autres sels d'alumine, de fer et de chrome, le protochlorure de fer, le chlorure de cuivre et d'^tain, le chlorure de cuivre et le nitrate de plomb, etc.; I'acide va de dedans en dehors par diffusion, constituant la surface interieure de la membrane a I'i^tat basique, et la surface exterieure a I'etat acide, ce qui est la condition la plus favorable pour un osmose po- sitif tres-intense. Les sels bibasiques de potasse et de soude, de meme que le sulfate et le tartrate de potasse, quoique lout a fait neutres, manifestent un osmose positif, en consequence saiis doute, de leur decomposition en un sur-sel acide et une base alcaline libre. Quelques personnes pourront croire que le caractere chimique assigne a I'osmose par les recherches de M. Graham lui fera perdre de I'interet qu'il presentait au point de vue physiologique, en ce sens que la decomposition de la membrane semble incom- patible avec les conditions vitales ; et que , par consequent , les mouvements osmotiques devraient etre exclusivement reserves aux matieres mortes ; mais ces craintes, dit I'auteur, sont sans fonde- ment suffisant, ou du nioins pr^maturees. Toutes les parties des or- ganismes vivants sont reconnues etre dans un etat de decomposition et de renouvellement ; la decomposition que subirait une membrane vivante pendant la periode de propulsion osmotique peut , par la meme, etre denature reparable; sous d'autres rapports, I'osmose chi- mique semble etre une action eminemment apte a jouer un jeu dans r^conomie animale. On a vu que I'osmose est surtout produit par les dissolutions salines tres-elenduescomme le sont, en general, les sues des etres organiques ; et les proprietes alcalines ou acides que ces sues possedent toujours sont une autre condition tres-favorable a I'action des membranes. L'exercice naturel de losmose dans la 20 COSMOS. substance dcs membranes ou des parois cellulaires qui separent les solutions salines dont se composent les liquides organiques semble a peu pros inevitable. On trouve d'ailleurs dans I'osmose le rempla- cement direct trfes-remarquable d'une des grandes forces de la nature par son dquivalent en une autre force , ou , si Ton peut s'exprimer ainsi, la conversion de I'affinite cbimique en puissance mecanique. Enfin, quepourrait-ondesirer de mieux dans la theoriedes fonctions animales que la presence d'un mecanisine produisant de la force mo- trice par la ddcomposition cbimique qui a lieu dans les tissus? Dans les cellules microscopiques, les mouvements osmotiques qui ne de- pendent que d une action de surface peuvent se produire avec une Vitesse aussi grande qu'on voudra I'imaginer. Ne doit-on pas espe- rer, par consequent, qu'on trouvera dans I'nijection osmotique des fluides le lien encore inconnu qui unit certainement les mouvements musculaires avec la decomposition cbimique? La table suivante donne I'osmose produit par les diverses substan- ces mises en dissolution dans la membrane a la dose de 1 pour 100 : Aeide oxalique Acide cliluihjilrique, . . , Tiichlorure d'or Biclilonire J'etain Bichlonire de platine. . . , Chloniie de magnesium.. Chloiure de soJlum. . . . , — 148 degre — 92 — 54 — 46 — 30 — 3 + 2 OMoi'ure de potassium 18 Milrale de soude 2 Nitrate d'argeiU , , . , 34 Sulfate de polasse 21 .i 60 Sulfate de magnesie 14 Clklortire de calcium 20 Chloiure de barium 21 Chlorure de strontium 26 Chlorure de cobalt 26 Chlorure de manganese .... 34 Clilorure de zinc 34 degies. Chloiure de nickel , 88 Nitiale de plonih 125 a 211 Nitrate de cadmium 137 Nitrate d'uranium 234 a 458 Nitrate de cuivre 204 Chlorure de cuivre 351 Proloclilorure d'etain 289 Prolochlorure de fer 435 Chlorure de mercure 121 Protouilrate de mercure 356 Pernitrate de mercure 476 Acetate de sesquioxyde de fer 194 Acetate d'alumine 280 a 393 Chlorure d'aluminium 540 Phosphate de soude 311 Carbonate de potasse 439 {Traduit de The Athenseum, l^juin 1854.) VARIETES. ' RAPPORT SUR UN OUVRAGE DE M. BOURGOIS , CONCERN ANT LA NAVIGATION COMMERCIALE A VAPEUR DE l'aNGLETERRE. PAR M. LE BAROIf CHARLES DUPIN. — {Extratt.) .. L'auteur etudie , avant tout, les enlreprises speciales form(5es pour le transport accelert^ des depeches et des voyageurs dans les difFerentes mers. Des connpagnies puissantes se sont 'forinees pour construire et faire naviguer des paquebots a vapeur tres-differents de volume et de puissance, selon les distances a parcourir. « Les premieres grandes entreprises de ce genre qu'on ait for- nixes devaient I'etre naturellement pour etablir uiie communication accelf^ree antra les daux contr(5es qui font le plus richa commerce maritime de I'ancien et du nouveau monde , c'est-a-dire entre I'An- gleterre et I'Amerique. " L'Amiraute britannique fut chargee de fixer les conditions des encao-ementsparlesquelsl'Etat, moyennant subvention, obtenait le transport par mar des depeches publiques et privees. .< A partir de 1839, on remplaga, par des navires a vapeur, les paquebots a voiles qui desservaient la ligne de I'Angleterra a I'A- merique meridionale , ainsi qu'aux Antilles. La Royal-India-Mail- Steani-Packet-Companr ^ni I'engagement de parcourir annuella- ment, avec ses paquebots, entre les Antilles et I'Angleterre , 636 000 kilometres, equivalant aseize fois le tour du globe, moyen- nant una subvention de 6 000 000 de francs. On payait ainsi 9 fr. 43 c. par kilometre que parcourait chaque baquebot a vapeur de 490 chevaux; 2^2, pour chaque kilometre parcouru par chaque cheval-vapeur. » Precedemment, I'Etat depensait 4 090 000 fr. pour les paque- bots a voiles ; il a done ajoutd seulement 1 910 000 fr. pour le ser- vice incomparablemant plus regulier et plus rapide des paquebots a "vapeur. « Le service des communications postales, etendu des Antilles au Bresil, se faisait avec de plus petits batiments, beaucoup moins coateux, et, par consequent, avec une moindre subvention : 3 fr. par kilometre. « Les paquebots de cette premiere entreprise etaient en bois , avec des roues a aubes, et n'atteignaient pas a la vitessa de 8 noeuds; ils parcouraient au plus 14 kilometres par heura. •' Cette entreprise, qui fut longtemps ruineuse, a fini par devenir profitable 22 COSMOS. " M. Bourgois examine ensuite une ligne incomparablement plus importante et mieux desservie que la precedente, entre Liverpool, Halifiix, Boston et New-York, c'est-a-dire entre les quatre ports les plus prospferes de I'Angleterre, des colonies cnnadiennes et des Etats- Unis ; faisant un voyage par semaine pendant les neuf mois de bonnes saisons, et seulement un par deux semaines pendant les trois mois d'hiver. " On doit cette belle entreprise a M. Cunard , habile construc- teur de Halifax. " Le contrat n'obligeait qua donner auxpaquebots 400 chevaux de vapeur ; M. Canard leur en a donne 650 au minimum, il a port^ le rapport entre la longueur et la largeur des navires, a 5, a 6, a 6 1/2, et memeau dela. Eiifin, en augmentant la tension habituelle de la vapeur, il aporte la vilesse moyenne effective a 19 kilometres ou 5 lieues moins un quart par heure. " La subvention accordee a M. Cunard par 1" Ainiraut^ d'Angle- terreest de8 fr. 32 c. 1/2 par batiment et par kilometre parcouru. " Des 1850, nous voyons les Americains entrer en lice par les efforts de M. Collins, pour rivaliser avec la Grande-Bretagne entre New-York et Liverpool. « Les Americains, en employant des paquebots d'une grandeur et d'une force de vapeur extrememerit considerables, ont contraint par leur concurrence la Compagnie britannique deM. Cunard a leur en opposer de comparables, afin de ne pas perdre ses voyageurs, EUe a fini par construire des navires qui, pour 2 400 tonneaux de jauge anglaise, ont une force motrice de 960 chevaux. Ces derniers navi- res, V Arable et la Perse, sont construits sur lesbords du Clyde, et les machines sont I'oeuvre de M. R. Napier, de Glasgow, construc- teur renomm^. Le navire la Perse est en fer. Enfin, pour ces deux navires on a porte la longueur jusqu'a sept fois la largeur princi- pale, ce qu'on n'avait pas encore fait. " En meiiie temps on elevait la pression moyenne de la vapeur (mesures anglaises) de 4 livrespar pouce carre, comme on le prati- quait vers I'annee 1845, jusqu'a 14 livres. « Avec tant de moyens reunis, on a fini parobtenir, en construi- sant le navire I'^m^i^?, une vitesse moyenne de 21 kilometres (cinq lieues un quart) par heure. " II est juste de dire que la Compagnie des Etats-Unis n'a pu soutenir avec un tel succes Ja concurrence, qu'en ajoutant a ses re- venus une subvention tres-iiberale accordee par le gouvernement federal; cette subvention a permis de grands sacrifices. COSMOS. 23 « Proportion gardee avec le service qu'elle est chargee d'accom- plir, la compagnie americaine re9oit de son gouvernement une sub- vention double de celle accordee a la compagnie ano-Iaise. " Tous les cinq ans, le gouvernement britanniquepaye a la Com- pagnie qu il subventionne une somme ^gaie a la valeur complete de son materiel et deson capital circulant. Le gouvernement des Etats- Unis paye une somme egale a tout le materiel, phis le capital cir- culant de la Compagnie qu'il subventionne. en moins de quatre ans. » Comme subvention, le gouvernement d'Angleterre paye a sa Compagnie presque le double du combustible depense, et le gou- vernement des Etats-Unis paye presque le triple de ce que vaut ce combustible ! « Quoique, dansl'ensemble, les batiments am^ricains soient d'un plus fort tonnage et d'une plus grande puissance de vapeur, le fret provenant des personnes et des marchandises transportees ne sur- passe par voyage que de 2 3/10 pour 100 la recette des batiments britanniques. « Ce rapprochement d^montre qu'au point de vue d'une econo- mie bien calculee, dans les grandes navigations a vapeur, il est une limite de tonnage qu'il ne faut pas outre-passer. « Mais entre les Anglais et les Americains, c'dtait a qui presen- terait aux voyageurs les navires les plus rapides, les plus grands les mieux installes et les plus luxueux. On a prodigue parfout la- cajou, le cuivre, le cristal, la sole, le velours dans des salons et dans des chambres que nos cites les plus somptueuses remarque- raient pour le luxe et pour I'elegance. C'est une maniere agreable en attirant I'affluence, de restituer au public d'enormes subventions accordees sans trop compter par des gouvernements rivaux! A partir de 1850, il s'est forme a Glascow la Compagnie qui na- vigue, sans subvention, entre I'Angleterre et I'Amerique du Nord avec des batiments construits en fer, a helice et sans luxe. Elle se contente d'une force de 300 chevaux pour 1 600 tonneaux de jauge, et d'une vitesse de 8 noeuds par heure, au lieu de 10 et 11 nceuds que parcourent les navires subventionnes. II n'y a pas la de mys- teres; elle economise en vitesse et par consequent en force motrice, 1' equivalent de la subvention qu'elle n'a pas. Un resultat curieux et que fait bien ressortir M. Bourgois, c'est qu'en tenant compte des batiments de reserve que les Compagnies subventionnees sont obligees de posseder pour que leur service ne manque jamais , les navires a moyenne vitesse et mus par I'helice font, dans une annee, autant de voyages que les paquebots acceleres. 26, COSMOS. Les frets compares 1" des batiments a voiles, 2° des batiments a helice et a moyenne vitesse, 3" des batiments a roues et de grande vitesse, sont respectivement 31 fr., 78 fr., 75 c, 105 fr. « Les batiments a voiles transportent a deux cinquiemes de prix des batiments a helice en fer , et ceux-ci aux deux tiers de prix des batiments subventionnes. Cela demontre d'abord que les op^rar lions possibles jusqu'a ce jour, en employant la vapeur, ne peuvent. convenir qu'au transport des voyageurs et des marchandises de prix, ou des marchandises dont I'arrivage exige beaucoup de ra- pidite. « La Compagnie />«W?iSM/aire orientate, connue d'abord seule- menl sous le premier de ces litres, avail commence, des I'annee 1837, a faire le service postal maritime entre I'Angleterre et la Peninsule espagnole. Elle niettait en communication Falmouth, Vigo, Oporto, Lisbonne, Cadix et Gibraltar. « Elle emploie des batiments mus par 410 et 450 chevaux , a la communication directe et sans arret entre Alexandrie et I'Angle- terre ; la vitesse moyenne est de 15 kilometres par heure. « Elle organisa en 1840 un nouveau service a vapeur, dans toute la longueur de la mer Rouge, el de la jusqu'a I'lndoslan, avec des navires mus par une force de 520 chevaux, ayant une vitesse moyenne de 8 1/2 nocuds. Ce qui rendait plus dispendieux les voyages de Suez a I'Asie orienlale, c'est qu'il fallail transporter d'Anglelerre le combustible necessaire au service de la mer Rouge et de I'ocean Indien. Grace a I'emploi de la vapeur, les voyageurs et les leltres ne mirent plus que quarante-sept jours pour traverser trois mers el I'Egypte, entre I'lndoslan el la Grande-Bretagne. Apres de longues difficultes, les Anglais ont obtenu de construire, au compte du pacha d'Egypte, un chemin de fer qui sera fini des Tannine prochaine, depuis Alexandrie jusqu'au Caire, dans une lon- gueur de 200 kilometres. II ne reslera plus qu'a le continuer dans une etendue un peu superieure a 100 aulres kilometres, pour at- teindre Suez. Alors on aura mis I'Angleterre el I'lnde en commu- nication complete par la vapeur, dans un temps qu'on peut espdrer de rt^duire a quaranle jours de voyage effectif ; tandis qu'il faut quatre mois aux navires a voiles qui contournent 1' Afrique en dou- blant le cap de Bonne-Esperance. « Le service de la Compagnie peninsulaire orientale s'elend au- jourd'hui a Bombay, a Calcutta, a Ceylan , a Singapore et jusqu'en Chine, a Canton, a Shanga'i ; elle a meme un service accessoire pour r Australia. COSMOS. 25 " La derniere convention passde entre cette CompagnieetrAmi- raute d'Angleterre montre bien le progrfes de la navigation par la vapeur; elle stipule que, sur la ligne principale, les batinnents par- courront en moyenne 10 nocuds ou 18 et 1/2 kilometres par heure; ce qui suppose a peu pres 12 noeuds dans une epreuve oil la mer et le vent sont calines. " Pour compenser les sacrifices que de telles vitesses comportent, le gouverneirient anglais paye chaque annee 5 millions de francs de subvention; ajoutons que ce gouvernement retire annuellement du service postal opere par la Compagnie, 3 680 000 fr. , ce qui re- duit son debourse ddfinitif a 1 320 000 francs par annee. Moyen- nant cette somme, les navires a vapeur de la Compagnie parcou- rent, en douze mois, 1 234 000 kilometres, c'est-a-dire cent vingt- trois fois le quart du meridien ou trente et une fois le tour en- tier de la terra. » Le capital social de la Compagnie orientale est de 31 250 000 francs. " C'est ici le lieu de montrer combien TAmiraute d'Angleterre a vu ses previsions deques au sujet des conditions nombreuses et genantes qu'elle avait imaginees, dans la construction des paque- bots a vapeur, afin qu'au moment du besoin ces navires pussent etre convertis en batiments de guerre. Des 1852, lord Raglan avait fait ^tudier par une Commission mixte d'officiers de vaisseau et d'artil- lerie la transformation de ce genre qui pouvait etre operee, et dont il ne semblait pas qu'on diit avoir si prochainement besoin. « Les conclusions de la Commission mixte sont remarquables ; il faut en citer quelques points : " 1° Jamais les nai'lres transformes ne pourroiU elre considcres comme de bons batiments de guerre ,• " 2° L'elancement de la poupe rendrait dangereux le tir d'un canon dans la direction de Varriere; « 3° Les navires des Compagnies ont beaucoup trop peu de ma- ture; des entre-ponts trop Aleves ; des salons, des logements de luxe trop spacieux pour les besoins austeres de la guerre ; il y a trop d'espace occupe par la macbine a vapeur, ainsi que par le char- bon, dont la depense serait enorme et d'un remplacement perpe- tuel ; " 4° Les machines et les chaudieres sont exposees aux boulets ennemis, de meme que les roues ; celles-ci sont d'lm poids et d'un volume extremes qui nuiraient beaucoup a la marche sous voiles : elles seraient tres-vulnerables ; 26 COSMOS. .. 5" L'artillerie, ajout^e aux poids sup^rieurs, diminuerait la stability, surtoutsous voile, etc., etc. •< En definitive, il faudrait changer les installations et les emme- nagements, fortifier les ponts et les oeuvres-inortes ; en un mot, faire d't^normes dcpenses pour obtenir des batiments inferieurs a ceux que la marine militaire construit et qu'elle arme pour faire la guerre. " 11 est essentiel que Ton connaisse de tels fails. Par ce moyen, dans le cas ou la France croirait devoir subventionner a grands frais des lignes de paquebots a vapeur, elle sera prevenue de ne pas payer de trop larges sommes, pour imposer des conditions qu'on trouve- rait certainement illusoires, lorsque arriverait I'instant du besoin. .. N'est-ce pas un resultat admirable de voir en si peu d'annees, dans les trois royaumes britanniques, la force totalede la vapeur ap- pliquee a la navigation maritime s'elever a celle de 60 OOO chevaux (annee 1S51), et cette force transportant par annce trois a quatre cent mille voyageurs dans toutes les parties du monde? On est frappe de voir que cette immense puissance est le resultat dune progression qui la fait doubler en dix ans. L'imaginalion, impa- tiente de lire dans I'avenir, aime a s'associer en quelque sorte k la rapidite des progres de la force nouvelle ; elle se plait a supposer que la vapeur achevera, dans un temps assez prochain, de rempla- cer, comme im moyen suranne, I'antique force du vent. En 1851, le tonnage total des navires a voiles aete 3 216 194 ton- neaux ainsi reparlis : cabotage , 685 651 ; melange de cabotage ct de navigation exterieure, 242 656 , navigation exclusivement cxte- rieure, 2 287 897. Les tonnages correspondants des navires a va- peur sont: total, 144 741; cabotage, 78 820; mixte, 4 926; na- vigation exterieure, 60 995. Pour un million de tonneaux transportes par les navires a voiles, les navires a vapeur ti'ansportent dans le cabotage, 114 958 tonneaux ; navigation mixte, 50 770 tonneaux; navigation exterieure, 26 660 tonneaux. " On sera frappe certainement de la diminution si rapide qua pre- sente le tonnage des navires a vapeur, aussitot qu'on s'eloigne du cabotage exclusif. '« Afiii qu'on se forme une idee un peu preci>e de I'etat actuel de la navigation exterieure operee par les deux genres de forces, nous divisons en quatre parties cette navigation. « 1" Navigation avec I'Europe occidentale ou rapprocbee, dont les distances nioyennes aux principaux ports des trois royaumes britan- niques sont par nous evaluees a 1 200 kilometres ; tonnage total a vapeur, 1 546 472 tonneaux; a voiles, 1 935 321 tonneaux; COSMOS. 27 " 2" Navigation avec TEurope eloign^e et I'Asie occidentale, ce qui coinprend la mer Blanche, la Baltique et la Mediterranee, sui- vant une distance moyenne de 4 000 kilometres : tonnage total a vapeur, 117 880; a voiles, 1611 200; « 3" Navigation avec I'Afrique et rAmerique des deux cotes de I'Atlantique, suivanl une distance moyenne evaluee a 7 000 kilo- metres : tonnage total a vapeur, 226 944 tonneaux ; a voiles, -3 217 313 tonneaux; " 4" Navigation avec I'Asie orientale , suivant une distance moyenne evaluee a 22 000 kilometres : tonnage total a vapeur, 4 444 tonneaux; a voiles, 1 056 882 tonneaux. '• Ainsi en prenant pour 1 le tonnage par les navires a voiles, les tonnages par navires a vapeur, dans ces quatre navigations sont respeclivement: 0,850; 0,073; 0,070; 0,040. •■ Les divisions geographiques adoptees par nous, et les distances moyennes approximatives qui leur correspondent, vont nous per- mettre d'offrir une Evaluation numerique du travail maritime accom- pli, dans une annee, par les forces respectives de la vapeur et du vent. " Afin de comparer ces deux forces, nous prenons pour unitE du travail accompli, le transport opere sur une route ordinaire par un cheval de trait, doue d'une force moyenne et faisant parcourir a ] 000 kilogrammes 32 kilometres, ou 8 lieues, par jour, pendant six jours de cbaque semaine. " Ce travail annuel, en negligearit une fraction tres-minime, egale 1 000 kilogrammes, ou un tonneau de mer, transporte a 10 000 ki- lometres, c'est-a-dire exactement la distance du pole a I'equateur. Telle est la force annuelle que nous prenons pour unite. " Si maintenant nous multiplions les tonnages precedents par les moyennes distances que nous avons etablies en kilometres, et si nous divisons par 10 000 les produits, nous obtiendrons les re- sultats du travail annuel opere separement par la vapeur et par le vent. " On arrive ainsi aux nombres suivants : Europe rapprochee : travail des navires a vapeur 154 647 chevaux , navires a voiles 193 532. Europe eloignee ^ Asie occidentale .-navires a vapeur 47 152 , navires a voiles 644 680. Jf'n'que, Amerique : navires a vapeur 158 861, navires a voiles 2 2-52 119. Jsie orientale: navires a vapeur 9 777, navires a voiles 5 415 271. Si Ton ex- prime par 1 000 000 le travail des navires a voiles, celui des navires a vapeur sera 68 406. 28 COSMOS. " On voit qu'en 1851 le travail accompli par la vapeur n'^tait pas encore e^gal a la quatorzieme partie du travail accompli par la force du vent. « Lps perfectionnements qu'on apportera dans 1 'application et surtout dans reconoiiiie de la vapeur, accelereront , et les progres de la navigation qui I'emploie comme force motrice, et la part tou- iours croissante de cette tionvelle navigation , dans la marine com- mer^ante ainsi que dans la marine militaire. « II faut pourtant se garder d'admettre que la navigation op^ree par la seule force du vent n'emploiera pas elle-meme de nouvea-ux efforts pour se perfectionner et conserver une large part du travail maritime. « Des progres speciaux auront lieu , et ce seront peut-etre les plus importants, par la reunion, plutot que par I'antagonisme des deux forces molrices. " Aujourd'hui , on ne voit plus que dans la navigation sur les ri- vieres ou les canaux, quelques bateaux qui fassent usage uniquement de la vapeur. Pnrtout, a la mer, on reunit les deux forces de la va- peur et du vent. " Deux chiffres donnes , en passant, par M. Bourgois, sont pro- pres a faire apprecier I'economie qu'offre I'addition du vent a I'em- ploi de la vapeur. " Pour un batiment a helice de 600 tonneaux de charge, le prix de I'appareil entier exige par la vapeur est de 13 440 livres ster- ling, c'est-a-dire 336 000 francs ; tandis que le prix du greement, de la mature et de la voilure est porte seulement a ce prix, qui sem- ble bien faible, de 354 livres sterling, ou 8350 francs. « En dehors de cette alliance des deiix forces sur les memes ba- timents , on construit , depuis quelques annees, des navires pure- ment a voiles (c///;/;«rj), dont on s'efforce d'augmenter la vitesse en se rapprochant de la forme des navires a vapeur. " D'un autre cote, les marins, dans les navigations lointaines, ont fait une etude de plus en plus approfondie des vents periodiques et des courants dont peut profiter la navigation. » En France, la navigation mixte avec une moindre proportion de vapeur, est celle qui convient le mieux ; et la combinaison du bois avec le for, pour construire des bailments de commerce perfectionnes, aura plus d'avantages que le pur emploi du fer. A. TRAMBLAY, proprietaire-gcrant, PARIS. — IMrUIMERIE DE W. REMQUET ET cic, RUE GARANCIERE, 5. T. V. I4 JUILLET 1 854. TnOlSli.ME AXiSEE. COSMOS. FAITS DIVERS. VEGETATION DES PLANTES DANS UN SOL STERILE. M. Boussingault ecrit de Liebfrauenberg Woerth a M, le presi- dent de I'Acadeinie des sciences : « Mon sejour a la canipagne pouvant se prolonger jusqu'en au- tomne, je vous prie de vouloir bien me faire reinplacer dans la com- mission instituee pour determiner si I'azote de I'air en mouvement est fixe par les plantes. Quoique cette circonstance ne me permette pas de prendre part aux travaux de la commission, je ne renonce pas a m'occuper de la question. J'ai en ce moment plusieiirs plantes quise sont developpees dans un appareil oil il a deja pass^ plus de 15 000 litres d'air, et ou, d'ici a la fin de I'experience, il en passera encore 30 a 40 000 litres. Lcs resultats de cette observ ^tion, que jesurveille avec toute I'attention dont je suis capable, seront consi- gncs dans le memoire qui fera suite au travail dont j'ai eu I'honneur d'entretenir I'Academie. » Nous pouvons done esperer que la grande question de la fixation de I'azote par les plantes sera bientot completement resolue. M. Ville va r^peter au Jardin des Plantes, sous les yeux de la com- mission, dans laquelle M. Dumas remplace M. Boussingault, i'ex- perience qu'il a deja faite avcc le plus grand succes, et que M. Boussinga\ilt repete aussi de son cote. M. ViUe, en meme temps, repetera, dans son magnifique labora- toire du passage Lemaire, a Grenelle, mais dans des conditions beaucoup meilleures, les experiences de M. Boussingault sur la ve- getation dans des atmospheres confinees. Patience done encore pen- dant quelques mois, et nous aurons arrache a la nature un de ses plus importants secrets. M. Louis Figuier, qui s'est place au premier rang des ecrivains scientifiques ou vulgarisateurs de la generation nouvelle, exprirae ainsi, dans I'avant-derniere livraison de la Revue de Pari», le sen- timent d'admiration qu'ont e;;cite en lui les creations de notre jeutte et savant ami : 30 COSMOS. « Si done la juste curiosite qui se rattache a la connaissance des •^randes questions scientifiques a I'ordre dujour poussait un de nos lecteurs a rendre visite a I'interessant laboratoire de chimie vegetale de M. Ville, installe au milieu du joli village de Grenelle, 11 aurait besoin d'avoir prosentes al'esprit les reflexions qui precedent pour ne pas trop s'etonner du luxe d'appareils qu'on y adnjire etde i'appa- rente complication de tant de systemes mecaniques qu une prd- voyance ingenieuse a disposee en vue de I'etude des grands problfe- mes physiologiques qu'il s'agit d'approfondir. Entre ces majestueux (Edifices de cristal et de fer, ou des plantes emprisonnees vivent et respirent comme dans I'air libre de nos champs; entre ces gazometres immenses, d'une capacity totale de six mille litres, qui, durant des mois entiers, se vident et se remplissent sans cesse, et, comme les jets d'eau de Versailles, dont parle Bossuet , ne se taisent ni jour ni nuit ; entre ces moteurs electro-magiietiques qui s'elancent et s'ar- retent a la volonte de la main et au commandement de la pensee ; en un mot , entre les merveilles reunies de la m^canique et de la physique modernes et le naif ouiillage du modeste Schub, que nous rappelions plus haut, il y a certes un intervalle immense; maisle resultat de cette comparaison n'a rien qui doive nous ctonner , et, dans cette difference de precedes etde modes operatoires, il nefaut voir que le progrfes des sciences et la difference des temps. » DES PARAGRSlES. A I'exemple deM. Barral, nous reproduisons le curieux ehapitre de la notice surle toniierre, reeditce dans le quatrieme volume des CEuvres d'Arago : <■ Les observations que j'ai reunies sur le tonnerre ouvrent une large et brillante carriere dans laquelle il est regrettable qu'on ne soit pas entre. La formation de la grele semble incontestablement hee a la presence dans les nuages d'une abondante quantite de ma- tiere fulminante. Soutirez cette matiere et la grele neparaitra point, ou bien elle restera a I'etat rudimentaire et vous ne verrez plus tomber sur la terre que du gresil inoffensif. Doute-t-on des grands avantages que i'agricullure retirerait, dans certains pays, de la dis- parition des orages de grele? Voicima rdponse : en 1764, un habi- tant eclaire du midi de la France ^crivait ces lignes dans L'Encyclo- pecLe : •■ II n'y a pas d'annee ou la grele ne ravage la moili^, « quelquefois les trois quarts des dioceses de Rieux , Comminges , " Conseians, Auch et Lonibez. '- Le seul orage dul2juillet 1788 frappa, en France, mille trente-neuf communes, Une enquete offi- COSMOS. 31 cielle porta le degat a 25 millions de francs. Je sais tres-bien que la manoeuvre du cerf-volant n'est pas exempte de danger, que I'o- rage nait, se developpe, se fortifie par un temps generalement calme ; que le vent , a 1,'aide duquel I'appareil pourrait etre lance dans les airs, ne commence a souffler qu'au moment oil la pluie etla greletombent deja, etc. Aussi n'est-ce pas des cerfs-volants qu'on devrait, selon moi, se servir, Je voudrais qu'on employat des aeros- tats captifs pour cette grande et belle experience; je voudrais qu'on les fit monter beaucoup plus haut que les cerfs-volants de Romas, Si, en depassant d'une centaine de metres la couche atmospherique oil s'arretent ordinairement les extremites des paratonnerres de petites aigrettes deviennent des langues de feu de 3 a 4 metres de long, que n'arriverait-il paslorsque tout le sj^stfeme, suivant les cir- constances, s'etant eleve trois, quatre, dix fois plus, irait presque effleurer la surface inferieure desnu^es ; lorsque aussi, et cette par- ticularite a de I'importance, la pointe metallique sous-tirante qui serait en communication avec la longue corde demi-metallique fai- sant les fonctions de conducteur, etant fixee vers la partie sup^- rieure du ballon, sepresenterait auxnuagesapeuprfes verticalement ou dans la position d'un paratonnerre ordinaire? II n'y a rien de trop hasarde a supposer que, par ce systeme, on parviendrait a faire avorter les plus forts orages. En tous cas, une experience qui in- teresse si directement la science et la richesse agricole du pays, me- rite d'etre tentee. Si Ton se servait de ballons de dimensions medio- cres, la depense serait certainemeiit inferieure a celle de tant de d^charges de boites, de canons que s'imposent aujourd'hui, sans aucun fruit, les pays vignobles. « C'estsurtoutdans les vignobles delaBourgogneque les ravao-es occasionn^s par la grele sont considerables ; on calcula, en 1847, que les deux petites communesdeVauxetd'Arbuissoiiasavaient perdu par Taction du met^ore, des recoltes dont la valeur depassait un million et demi. Aussi, des proprietaires des departements de Saone- et- Loire et dela Cote-d'Or me temoignerent-ils le desir de se reunir pour mettre en pratique le moyen que j'avais propose. M. Berthier de Chaussailles , voulut bien me consulter sur les moyens de vain- cre les obstacles qui devaient se presenter pour la realisation de ce projet. Les doutes qui se sont eleves depuis sur I'origine electrique de la grele, les difficultes qu'on a oppobees a la theorie de Volta m'ont prouve qu'il fallait commencer par lexamen de la question meteorologique. Mais cet examen je n'ai pas eu , dans le pays que j'habite, occasion de le faire d'une maniere entierement satisfaisante. J2 COSMOS. Lorsque la science aura dit son dernier mot a ce sujet, on pomra reveiiir, s'll y a lieu, a I'ldee de transiormer, a I'aide de ballons ar- rays de pointes metalliques , les nuages orageux en nuages inof- fensifs, et r^aliser ainsi une experience eniinemment profitable a ['agriculture. » MALADIE DE LA VIGNE. •• N'os lecteurs savent que la Societ(5 d'encouragement pour I'in- dustrie nalionale a ouvert un concours et promis 12 000 francs de prix et d'eneourageinents, pour ceiaxqui decouvriraient un moyen de gu(5rison, qui t'eraient connaitre la cause de la maladie, ou au moins mettraient sur la voie d'ua remede efficace. Plus de cent vingt pieces ont e\6 envoyees a ce concours. Nous en avoiis lu un grand iiombre ; nous avons entendu le resume des autres. Eh bien! Bous ne pouvons que declarer que les questions soulevees sont loin de nous paraitre resolues. Aussi nous croyons que la Societe ne decernera que des encouragements et, en reservant les droits de tous les concurrents, mettra de nouveau le prix au concours. Nous pensons qu'on connaitra bientot les noms des concurrents, dont les recherches ont dt'ja fait Faire quelques pas a la question. >• [Journal d A griculiure pratique^ livraison du 5 juillet.) DISTILLATION DE LA BETTERAVE. La rectification suivante de M. Barral n'est pas sans intdret : « A propos d'alcool de betterave, nous devons dire que nous avons ete dtonn^ de nous voir recemment attaque devant une im- portante Societe d'agriculture du Midi, celle du departement de I'Herault, pour avoir promis une trop belle fortune a, ce liquide. Peut-etre cependant devons- nous le coniprendre de la part des agriculteurs du Midi, qui voient dans la betterave un ennemi. Mais pour les rassurer sur noire opinion, nous leur dirons que les inte- resses dans les entreprises de distillation de la betterave pretendent que nous ne fai-ons pas a cette fabrication une part assez belle. Nous dirons encore (ju'un hectolitre de bon alcool de betterave a 70" coute 65 francs actuellenient a Bregy, a Petit-Bourg, a Troyes, partont oil on fait de .ce liquide. Un fougueux partisan de la betterave^ M. Pommier, s'ecrie que 10 francs en sont a peine le prix de revient. Pour nous, nons' nous somraes tenu dans une sage inesnre, mais la veritd, comme cela arrive tres-souvent, ne plait ni aux twis ni aux autres. Nous convenons, du reste, pour rassurer jdavantage encore notre critique meridional, que I'alcool de bette- COSMOS. 35 rave bon gout est fort rare, et qu'il ne luttera jamais a prix egal avec le 3/6 de vin de premiere quality. Lorsque I'alcool descendra a 60 ou 70 francs I'hectolitre, la distillation de la betterave de- viendra une mauvaise affaire. » [Join-iial d^ Agriculture pratique.') FENAISON PAE LES TEMPS PLUVIEUX. Voici en deux mots la m^thode Klappmeyer, telle qu'elle est d^- crite dans la plupart des bons ouvrages : » L'herbe est mise en tr^s- grosses meules des le lendemain du jour oil elle a ^t^ fauchee, en la pressant et foulant souvent le plus rdgulibreraent possible. La fermentation s'y etablit peu d'heures apres ; elle augmente rapi- dement, et lorsqu'elle est parvenue au point que la chaleur ne per- met plus de tenir la main dans la meule, on demonte celle-ci, lors meme qu'il ferait mauvais temps. Quelques heures de soleil ou de nuit suffisent pour dess^cher suffisamment le foin et pour qu'on puisse le rentrer, ou le remettre en meule. II est devenu brun, mais il est sucr^, savoureux, a conserve toutes ses feuilles, et a une odeur miellee qui plait aux animaux. Tout serait gate si on ne demeulait pas au moment precis. " ( Journal cC Agriculture pra- tique. ) BLE DU MESNIL-SAINT-FIRMIN. Voici quel a 6te le r^sultat d'une experience faite a la ferme- ^cole du Mesnil-Saint-Firmin (Oise), pour constater combien il est plus avantageux de semer en lignes avec le semoir que de semer a la volee. Dans un hectare de terre , on sema a la volee 200 litres de bl^ du Mesnil. Dans un autre hectare, voisin du premier, et prepare de meme , on sema avec le semoir- H agues 110 litres da meme bl^. Le premier hectare donna a la r<5colte 38 hectol. 41 ; le deuxieme hectare en- semence en donna 45 hectol. SO. Toutefois, il ne faudrait pas g^n^raliser ces donn^es, attendu que c'est la seule fois que I'ensemencement en lignes ait donn6 au Mes- nil d'aussi beaux r^sultats ; mais , de toutes lea exp^^riences faites dans cette exploitation , il r^sulte que 150 litres de bl6 semes en lignes produisent autant que 200 litres sem^s a la volee. C'est done une ^conomie de 25 0/0 sur les semences. Dans un compte rendu des travaux de cette meme ferme, on trouve, sur le rendement d'un ble qui se cultive de preft^rence dans cette exploitation, des details qui interessent I'agriculture. 34 COSMOS. Ce 1)1(5 , qui n'est autre qu'une variettS du triticum hibernum de Linn^, rend en moyenne 20 0/0 de plus que les bids cultivds gdnd- ralement en France. Le facies de ce bid , dont les epis contiennent ordinairement de 70 a 80 grains, est tres-caracteristique. On a fait au Mesnil de nombreuses experiences , afin d'apprdcier d'une maniere exacte la supdrioritd de ce bid sous le rapport du rendement. Le directeur d'une grande exploitation agricole aux en- virons de Roye (Somme ), ayant apporte d'Angleterre une varidtd qu'il trouvait beaucoup plus pioductive que toutes les autres, voulut la comparer a celle du Mesnil. On fit alors I'experience suivante : On ensemen9a 177 ares avec le He d'Angleterre , et , dans le meme champ, on ensemen^a 171 ares seulement avec le bid du Mesnil, Voici ce que Ton obtint a la rdcolte : Les 177 ares ont donnd (bid d'Angleterre) 57 hectol. 75 de grain, Boit par hectare 32 hectol. 63 Les 171 ares (bid du Mesnil) ont donnd 68 hectol. 25, soit par hectare. . 39 — 91 Diffdrence en plus 7 hectol. 28 C'est done pour le bid du Mesnil un avantage de 18 0/0 , bien que, dans cette expdrience , on ait pris pour terme de comparaison tine espece rapportde d'Angleterre comme tres-feconde, et trouvee, en effet , beaucoup plus productive que les autres varidtds de bid cultivdes en France. BROUETTE ET VOITURES BALAYEUSES, DE M. LE DOCTEDR COLOMBE. L'instrument propose par M. Colombe est une espece de brouette qui balaie et ramasse en meme temps, et pent etre conduite, par tin seul homme, sur la voie publique pavde ou empierrde. Sa lar- geur est de 60 centimetres, et pent etre portee a 1 metre. Son par- cours est celui d'un homme au pas ordinaire, de deux pieds par se- conde, soit 4 000 metres ou une lieue a I'heure, qu'on peut rdduire a 3 000 metres pour tenir compte du temps employd a vider le rdservoir, a mesure qu'il se remplit; ce qui donne, par cinq heures, 15 000 metres ; tandis qu'un balayeur, dans le meme espace de temps, ne fait que 16 a 1 700 metres, 2 000 metres au plus. L'ad- ministration paye ses balayeurs, terme moyen, 1 fr. 50 cent, a 2 fr. par jour, de cinq a dix heures, soit 1 fr. par 1 000 metres ; pour 15 000 metres, 15 fr. : avec la balayeuse, les 15000 metres ne couteraient que 2 fr. 12 a 13 cent, le mille. Meme economie sous le rapport du temps : le balayeur a la COSMOS. 35 main emploiera trente-sept heures quarante minutes a balayer la nieme surface, c'est-a-dire 15 000 metres qu'un balayeur a la me- canique balaiera en cinq heures ; il en resultera done une grande ecoiiomie de temps et d'argent. Mais ces avantages sont peu de chose en comparaison de ceux qu'on pent obtenir avec la voiture a trois ou quatre roues, dont la voie est de 2 metres. Attelee d'un cheval, elle est susceptible de balayer une etendue double de celle de la brouette, et meme plus, avec le concours d'un homme seulement ; ainsi toute I'etendue du boulevard de la Madeleine a la Bastille, qui comporte 4 kilometres, sera balayt^e en deux heures et demie a trois heures par quatre voitures. Les brouettes reviendraient a peine a 150 francs, les voitures ne coiiteraient pas le prix auquel s'est ^levee la machine anglaise dont on ne peut tirer aucun parti, 2 000 fr. Les brouettes serviraient aux cantonniers, aux balayeurs, qui opereraient plus facilement et plus vite. Les voitures desserviraient les grandes surfaces pav^es ou empierr^es, suivies de tombereaux qui recueilleraient les matieres a mesure qu'elles seraient balayees, et les conduiraient a la ddcharge. Ce service n'encombrerait pas la voie publique comnie celui des balayeurs. Dans I'hiver, il pourrait se faire a la lueur des lanternes attachdes aux brouettes ou aux voitures; dans I'ete, il s'opererait sans poussiere, comme M. Co- lombe I'a demontre dans les experiences faites en presence de MM. Fouquet, inspecteur general de la salubrite, Grosjean, in- specteur, Dupuit, ingenieur municipal, Mayer, inspecteur charge de I'empierrement, Calmard, Charles, architectes voyers de la ville de Paris, Royer, architecte expert a la mairie du oiizieme arron- dissement. Les brouettes ont ete experiment^es pendant les temps pluvieux de cet hiver sur toute I'etendue du quai Saint-Bernard (20 000 me- tres), sous les yeux d'une commission nommee par M. I'inspecteur general de la salubrite. Pour que ces experiences fussent plus com- pletes, on avait laisse le quai pendant deux jours sansetre balay^; les deux voitures ont fonctionne, et en trois heures, ces 20 000 me- tres etaient nettoyes comme avec le balai. Ce service a dte continue pendant dix jours, concurremment avec le balai, sans qu'on piit distinguer le point de jonction de ces deux modes. L'administra- tion attend maintenant avec quelque impatience I'essai de la voi- ture a un cheval. 36 COSIVIOS. CRAINXE d'eREEUR JUDlCLilEE. En juin et juillet 1853, un Americain, Jean Hendriekon, fut con- damn6 a la peine de mort par te jury d' Albany , comme ayant empoisonnesafemme aumoyende I'aconitine, dont ledocteur Swin- burne et le docteur Salisbury etaient censes avoir constate la pre- sence dans restomac deladefunte. Lemeurtrier devait etre execute la semaine derniere, lorsqu'un exemplaire complet de la procMure tomba entre les mains du professeur Wells. Celui-ci fut vivement frappe du peu de valeur des preuves par lesquelles les niedecins ex- perts croyaient avoir demontre la realite de I'eimpoisonBemeMt ; il ne coniiaissait en aucune maniere le condamne , il n'avait par conse- quent aucun interet personnel a le sauver; inais I'idee de voir ser- vir la science a la condamnation peut-etre d'un innocent, I'^mut profondement. II communiqua la procedure et ses doutes a un grand norabre de chimistes ^minents des Etats-Unis, qui, convaincus comme lui de I'inanit^ des preuves tirees d'une mauvaise analyse chimique, se sont reunis pour signer une petition dans laquelle ils conjurent le gouverneur d' Albany de ne pas laisser proceder a 1' exe- cution. Parmi ces chimistes, nous trouvons les noms lesplus (,'elel)res de la science americaine, les Jackson, les Bacon, les Wells, lesSil- liman, les Dana, les Porter, etc. rNIVERSITE DE RIELBOURNE. Le gouvernement a decide de crder une Universite a Melbourne (Australie du Sud), et il a deja nomme un comite charge d'exami- ner les candidats qui se presenteraient pour occuper les chaires de la future Universite. Au nombre des membres de ce comite se trou- vent sir J. Herschell, astronome royal, et M. le docteur Maiden. Les professeurs de TUniversite de Melbourne recevront un trai- tement annuel de 1 000 liv. sterl. (25 000 fr.), et ils seront loge& aux frais de la ville. VERS A SOIE SALVAGES. Dans une des dernieres seances de la Societe zoologique d'ac- climatation, un des membres ayant propose d'importer en France quelques-unes des races de vers a sole sauvages de la Chine, ou elles s'elevent en plein vent sur le chene, le frene et la fagara, une somme de 1 000 fr. a et^ votee pour faire venir des graines et ac- climater dans notre pays ces espfeces nouvelles, plus rustiques que les notres, et susceptibles, par consequent, de braver I'intemperie des saisons. PEOTOGRAPHIE. SOLUBILITE r>r COTON AZOTIQfK DANS l' ETHER PAR SIMPLE ADDITION d'alcool IODURE. M. Belloc nous communique la lettre suivar.te, qu'il adresse a M. Renault, I'un des redacteurs du Propagateur: " Dans le nuraero du 22 juin du Propagateur^ et a propos des conseils donnes par les auteurs des Traites de photographie, con- seils qui se concilient assez rarement , vous me faites dire : « M. Belloc affirme que le fulmi-coton ne vaut rien. s'il n'est en- « tierement soluble dans Tether ; » et vous ajoutez : " Tandis que « M. Laurent donne comme indice de pnrete de I'ether, le defaut " de solubilite du fuhni-coton dans ce liquide; lequel des deux a « raison? » J'ai dit dans mon Traite^ page 57 : .• Le coton-poudre , s'il est « bien reussi, doit se dissoudre dans I'dther a QQ'^ , mais le cas est " excessivement rare , et il est toujours plus sur d'employer de ■" I'ether a 62°, qui dispensera d'une addition d'alcool ; il est mieux " de n'employer que de I'ether pur, il entrera toujours assez d'al- « cool , par les preparations qai le rendront plus tard photoge- « nique. » Vous voyez, monsieur, que je n'ai pas employe le mot entierement qui , a mon avis, serait un non sens ; mais je suis trop heureux de pouvoir donner ici des explications sur une redaction un peu obscure de mon livre, pour ne pas vous remercier sincerement de les avoir provoquees. A cette question : lequel des deux a raison? je pour- rais repondre : les deux assurement. « Les livres comme les conversations, a dit Voltaire, nous don- «' nent rarement des idees precises. » Et Voltaire a raison. Par piirete de I'ether, M. Laurent entend bien certainement ether absolu; car I'ether a 56°, par exemple, peut etre Ues-pur et dis- soudre environ 6 p. 0/0 de coton-poudre. De meme en pailant d'ether a 66", j'ai du comprendre que I'o- perateiir avail fait lui-meme , ou possedait du coton soluble paiv fait, et j'ai pu conseiller de n'employer que de I'ether absolu; en effet , la foriuule suivante : Coton azotique. 0, 6 t-lher a 66" 80 AIcooI iodure 15 doDoe un oaliodion photographique d'une sensibilite et d'une tdna- 38 COSRIOS. cit6 parfaites; — et cependant, j'ai ajout^, qu'il ^ait mieux de n'employer que de Tether a 62% car, si le coton n'est pas soluble dans I'tHher absolu, ou si la quantite dissoute est inappreciable, il se dissoudra parfaitement avec le melange d'alcool iodure: quant a I'ether a 62", il en dissout plus que la quantity suffisante a la den- site convenable, et I'ether a 56" en dissout pres de 7 p. 0/0. Pourquoi done Tintroduction de I'alcool dans I'ether pour aider a la dissolution du coton azotique? Je suis si oppose a cette opinion que je me suis laiss6 aller a proscrire I'alcool presque entiereraent et a n'introduire dans I'^her que I'alcool iodur^. Si ie reconnais sur ce point une exageration, ou, si vous aimez mieux une erreur, je n'en persiste pas moins a dire que de la quan- tity d'alcool employee a la fabrication du collodion normal depend la qualite du collodion photog(5nique. Les chimistes, il faut le reconnaitre, qui ne fabriquent pas specia- lement pour la photographic, sont peu soucieux a I'endroit de la solubilite du coton azotique et ne craignent pas I'addition al- coolique. Si le collodion Delahaye a d(^ja une reputation aussi bien etablie que bien merit^e, elle est due aux soins extremes que cet habile chi- miste apporte a la preparation du coton azotique, a I'absence pres- que complete d'alcool dans le collodion. Qu*est-il besoin, du reste, que I'ether dissolve une grande quan- tity de coton, puisque la formuie : ^tlier a 62° SOS"- Alcool iodure 55 Coton soluble 0, 6 donne une fluidity convenable, une t(inacit(^ a toute epreuve et sur- tout une grande sensibility. Je ne saurais trop vous remercier, monsieur, d'avoir provoqu6 cette reponse dont je tirerai les conclusions suivantes : Faire exactement le coton-poudre d'apres ma methode, et le col- lodion photographique d'apres la formuie ci-dessus; ou si Ton a achete le collodion normal, d'une densite toujours trop grande, le jendre photogenique en prenant : Collodion normal ^OS"" Elher a 62° 50 Alcool a 36° sature a froid d'iodurede potassium 14 ou 13 Dans mon Traite de Photographie, j'ai donne cinq formules de collodion photogenique, et Ton pourrait me reprocher, avecquelque COSSIOS. 39 raison, cette espece d'inconsequence, piiisque j'ai reconnu et rae plais a reconnaitre encore qu'il n'y a vraiment qu'un seul bon moyen d'obtenir un collodion photogenique sans defaut , c'est de le faire, d'aprfes ma deuxieme formule, a I'lodure de potassium sans ad- dition d'iodure d'ammonium. Toutefois, je dois dire aussi que les autres formules peuvent don- ner des resultats satisfaisants et que I'operateur pourrait se trouver dans de telles conditions d'atmosphere et de milieu, qu'il lui serait utile de les essayer toutes. » VERNIS POUR TRANSPORT DU COLLODION. M. J. Newton annonce, dans la derniere livraison Am Journal de la Societe photographi(ine, qu'en ajoutant trente gouttes d'huile de pavot achaque once (31 grammes) de son vernis a Tesprit-de-vin, il prdvient toute tendance au fendillement de la couche transportee sur papier; cette addition, en retardant I'evaporation de I'alcool, rend en outre la manipulation plus facile ; on a moins besoin alors de se presser. M. Newton revient aussi sur le papier qui ne pent pas etre trop mince, et dont le grain ne pent pas, dit-il, etre trop fin. POSITIFS SUR COLLODION. Apres que I'image a ete prise dans la chambre obscure, develop- pez-la par I'acide pyrogallique a la maniere ordinaire ; fixez a I'hy- posulfite de soude, lavez etsechez; quand elle est seche, placez-la dans une boite a ioder, semblable a celles dont on se sert pour les plaques daguerriennes, et chauffez a 75 ou 80 degrds. Au bout de deux minutes, si la temperature a monte d'une maniere reguliere, voire positif sera termine : il apparaitra peut-etre d'abord macule sur divers points de taches jaunes ou violettes; mais apres une demi- minute d'exposition au soleil , il redevient parfaitement uniforme, quelque nombreuses qu'aient pu etre les taches , et I'image revet alors une riche couleur crenie inclinant fortement vers le jaune : si on lui donne pour fond un papier bronze et glac6 , elle produit, dit I'auteur anonyme de ce precede, le plus bel efFet qu'on puisse voir; il s'etonne que jaunes par reflexion , ces epreuves apparaissent jaunes par transmission , quand on les eclaire par de la lumiere blanche; c'est cependant une loi generale de la nature. MIS£ AU POINT SANS GLACE DEPOLIE. L'id^e de M. J. B. Spencer est tellement simple qu'il est vrai- aO COSMOS. ment ctonnant qu'on ne I'ait pas 6imse plus tot. Sur I'obturateur de la tetc du dagucrrdotype il ajusle un disque de verre jaune sombre ou rouge de 2 pouces de diametre, et qu'on peut diaphragmer au moyen d'une ouverture in6tallique mobile. Le verre doit etre inti- mement colore et travaill^, a faces paralleles, afin que Timage pro- duite par les rayons qui le traversent soit tres-nette. Le chassis qui re9oit la plaque albuminde, au lieu d'etre ferme par un volet en bois, est ferme par une glace aussi en verre jaune ou rouge. Quand le chassis est en place les objets situc's en avant de la chambre ob- scure formcnt leur image sur la plaque albuminde ou collodionnee, a travers I'obturateur en verre jaune ou rouge qui arrete les rayons photogdniqii' ; et empeche Taction de lalumifere sur la couche sen- sible ; on reg"' ie cette image a travers le fond transparent du chas- sis qui la ))rotdge aussi centre toute action chimique, et on met au point directement sans aucun intermddiaire ; on enleve I'obturateur et Ton prend I'lmage. Ce procdde rdalise evidemment une economie de temps ; M. Spencer ajoute qu'il rend la mise au point plus par- faite et qu'il s'applique avec succes au papier cird. [Journal de la Societe photographique de Londres, 21 juin.) THERMOTYPIE, ART o'lMPRIMER AU MOYEN DE LA CHALEUR. Supposons qu'il s'agisse d'une tranche de bois dont on veut pren- dre une impression fidele. On expose cette tranche pendant quelques minutes a Taction des vapeurs froides d'acide hydrochlorique ou sulfuriijue, ou on la mouille legerement avec une dilution de Tun de ces acides; on essuie ensuite la tranche avec soin ; on la pose sur un morceau de calicot, de papier ou de bois blanc, on met cet ensemble sous la presse et Ton donne un coup de balancier ; Timpression est d'abord completement invisible, mais si on I'expose a Taction d'une forte cbaleur, on voit apparaitre tout a coup une image parfaite et tres-belle de la tranche de bois. Cette operation peut se repeter vingl fois et plus; quand elle ne reussit plus, on expose de nou- veau la tranche a Taction de Tacide, et Ton continue ainsi indefi- niment sans aucune alteration du bois. Pour un grand nombre de bois, le chone, le noisetier, Terable , etc., Timage est de meme teinte; mais pour d'autres bois, Tacajou, le bois de rose, etc., la couleur se niodifie, et si Ton veut une ressemblance parfaite, il faudra prendre Timpression sur un fond convenablement teintd. Nous trouvons la description de ce proccdd inventd par M. Felix Abate, de Naples, dans la derniere livraison du Journal de la So- ciete des arts de Londres. COSMOS. hi FIN DES EXTRAITS DU TRAITE DE PHOTOGRAPHIE SUR COIXODION" PAR M. BELLOC. Page 43 : Pkotoffraphie pratique, — " ... Pour etre parfait, ua tableau photographique, cornme-un tableau dessin^ ou peint, doit, avant tout, satisfaire aux regies de rharmonie, et rharmoiiie depend principalement de la valeur luniineuse de cha pae partie de I'image, par consequent du mode d'eclairement du inodele. " Bon nombre de portraits grimaient et sont a peine ressemblanfs, uniquement parce que le modele a ett' mal eclaire, qu'il a ete place au hasard, dans uii atelier mal partage sous le rapport de la lumiere. " Les photographes qui n'ontpour atelier de pose qu'une cham- bre ne feront jamais de beaux portraits; en effet, pour qu'un por- trait reproduise Ics formes veritables et I'ovale du modele, il fuut que celui-ci soit eclaire du cote le plus developpd par une lumiere tombant a peu pres a 45°, tandis que le petit c6t6 trois quarts, ou en raccourci, doit nager dans une ombre l^gere; alors seulement Timage feral'efTet d'une belle ronde-bosse, dont les points saillants, la pommette du cotd developpe , le front, la cote du nez, soront vivement eclaires , pendant que la cloison du nez, la pommette du cote raccourci, etc. , resteront dans la demi-teinte; I'ensemble sera plein d'harrnonie. " Ces conditions peuvent etre tres-bien remplies dans un atelier principalement eclaire par une large ouverture tournee vers le nord, mais dans lequel cependant I'operateur peut faire arriver, du cote oppose et un peu en avant du modele, la lumiere diffuse qui doit engendrer les demi-teintes. " Dans une chambre, au contraire, quel que soit d'ailleursle deve- loppement de croisees, le cote du raccourci sera dans une obscurite relativement trop grande ; il en resultera un contraste ou une oppo- sition de tons trop foite, trop heurtee. II faudra recourir, dans ce cas, a des surfaces reflechissantes, ou faire poser le modele, contre tous les principes de I'art, en eclairant le cote en raccourci ; c'est la seule ressource , en effet , qui reste a I'operateur, le seul moyen de ne pas produire un Rembrand, qui Jure toujours en photographie ; quelle que soit done la reussite cornme photographe, son ^preuve n'en sera pas moins toujours pitoyable comme portrait ; Tovale sera plus court, le nez plus plat , plus gros et a peu pres con- fondu avec la pommette de la joue eclairee. ^. '• II faut done avoir soin,, quand il s'agit d'un portrait, d'^clairer 43 COSMOS. le module sagement, de manifere a ^viter les oppositions trop fortes d'ombre et de lumi^re, de maniere surtout a ce que la cote du nez, le point du visage le plus lumineux soit aussi le point le plus brillant de I'iinage. Quant aux vues, il y a beaucoup moins de difficultds : la scule condition a remplir, c'est que le monument a reproduire soit 6clair^ par un soleil oblique : reclairement de face est rarement avantageux. Le paysage exige beaucoup de lumifere a cause des masses de verdure. Si la lumifere diffuse convient mieux au portrait, il faut pour les arbres et les rochers un soleil pur et matinal, il ne faudrait pas operer apres midi. A deux heures, le soleil, meme en et^, prend une teinte jaune, et quelque eclatante que puisse paraitre alors la lumifere , I'ijr.age se produit moins vite dans la chambre obscure, elle se developpe penihlement sous Taction des r^actifg chimiques, le cliche est lourd, sombre, mauvais. » M0^rUMENTS JUDAIQUES PHOTOGRAPHIES PAR M. SALZMANN. — Nous nous empressons d'annoncer une bonne nouvelle a nos lecteurs. M. Salzmann, dont nous avons publie recemment une lettre dat^e de Jerusalem , lettre dans laquelle il nous faisait part de d6- couvertes extremement iniportantes pour I'archeologie judaique, vient de revenir a Paris avec la plus riche moisson de vues photogra- phiques des monuments de tous les ages de la citd sainte. Dans cette collection inappreciable, la periode, puremeiit juive, est repre- sentee par plus de cinquante dessins dont il n'est pas possible de r^cuser la fidelity plus que ]'autorit(§. On se rappelle que M. de Saul- cy, a son retour de Palestine , a souleve des tempetes de dendga- tions contre les assertions neuves qu'il ne pouvait justifier encore, que sur les dessins qu'il avait recueillis. Parmi les opposants, les plus polls se bornerent a douter ; d'autres nierent, sans hesiter, tout ce qui derangeait leurs theories toutes faites, et s'ils n'oserent parler d'imposture, ils se crurent au moins permis d'accuser I'imagination de notre coUaborateur. Aujourd'hui, la plus douce des satisfactions estdonnee a M. de Saulcy par I'apparition des photographies de son ami M. Salzmann. Le soleil est un dessinateur dont il n'y a gu^re moyen d'accuser I'imagination ; il faudra done , bon grd , mal grd, que les recalcitrants, main tenant qu'ils peuvent, sans prendre la peine de se deranger, etudier les monuments eux-memes, se rendent a r^vidence, ou cherchent des explications que nous declarons a I'avance impossibles, pour les fails qui n'en ont et qui n'en peuvent avoir qu'une, celle que M. de Saulcy a eu la hardiesse de proclamer. C0S3I0S. liZ L'atlas de son voyage a paru tout entier, nous avons pu comparer ses planches avec celles de M. Salzmann, et nous devons declarer qu'il y a toujours concordance aussi satisfaisante que possible entre les deux representations des memes monuments. Maintenant que le doute et Taction pure et simple sont plus que difficiles , il faudra bien qu'on se decide a admettre I'existence de cet art judaique que M. de Saulcy a rehabilite le premier, ou bien il faudra se refuser a regarder, ne filt-ce qu'une fois, le raerveilleux album de M. Salz- mann, Deux cents photographies composent le tresor amasse par M . Salz- mann, et chacune des periodes, romaine, byzantine, latine, arabe et turque de I'histoire de Jerusalem a fourni le contingent le plu3 riche. Nousle disons hautement, sans crainte d'etre ddmenti, jamais la photographie n'a jusqu'ici rendu un pared service a la science. Les planches sont toutes admirablement belles, et surpassent ce qui a paru jusqu'a ce jour en ce genre. C'est que M. Salzmann n'est pas un photographe ordinaire, mais bien un peintre distingue et un anliquaire instruit et passionn^ ; en un mot, ce que nous pouvons appeler un veritable artiste qui fait tout ce qu'il faut aussi pour de- venir un veritable savant. Graces lui soient done rendues pour le talent, I'energie et le devouement dont il a fait preuve en allant accomplir la conquete dont il nous a dte permis d'admirer les tro- phees. {^Athenceum francnis.) MM. Mayer ont obtenu une charmante reproduction du portrait de S. M. rimpdratrice, peint par M. Winterhalter. Cette belle epreuve, sur laquelle on ne reconnait qu'a peine la difference d'ac- tion photogenique de quelques tons du tableau, prouve k I'evidence qu'entre des mains habiles la photographie pourra se preter avec succes a la reproduction des chefs-d'oeuvre de peinture que la gra- vure et la lithographic rendent toujours d'une maniere assez impar- faite. Nous ne pouvons que feliciter MM. Mayer d'avoir obtenu un si beau succes, et M. Winterhalter d'avoir rendu avec tant de bon- heur la suavite des traits de I'auguste personne qu'il avait ete charge de representor. ACiDtllE DES SCIEIfCES. siANcE DU 10 JUIN. En I'absence de M. Combes, la seance a ete presidee par M. Re- gnault qui, apres la lecture du procfes-verbal de la seance precd- dente, a donne la parole a M. Lestiboudois. Ce savant botaniste a longuetnent raconte ses nouvelles recherches de carpographie ana- tomique. Nous reviendrons plus tard sur ce travail, dont M. Lesti- boudois vient de nous communiquer un extrait. M. Charles Dupin a prie ensuite I'Academie de vouloir bien agreer I'hoininage qu'il lui faisait en son nom et au noin de ses coUegues, des Irois volumes contenant le resultat des iravaux de la Commission fran^aise a I'exposition de Londres. M. Germain de Saint-Pierre est venu lire un memoire tres- etendu : Sur le phenoiiiene de la dhnilsion (^faciation et dedonhle- nient) chez les vegelaiLX. La lecture de ce travail a et6 suivie par celle d'un autre memoire de botanique ayant pour auteur M. Chatin, et dont le titre etait : des Tropeolees consider^es dans leur organ ographie, leur anato- mie, leur organogenie, leur teratologic, leur geographie botanique, leurs propri(5tes medicales et leurs affinites. Pendant ces diverses lectures, I'Academie a procede a la nomi- nation de deux commissions. La premiere, ayant pour objet I'exa- men des pieces envoyees au concours pour le prix mecanique de 1854, a ete composee de MM. Poncelet, Combes, Morin, Du- pin et Piobert. — Laseconde, pour le prix Lalande, a ete formee de MM. Liouville, Mathiea, Laugier, Biot et Leverrier. — Le depouillement de la correspondance par M. Elie de Beau- mont, a ete fait, comine d'habitude, d'une voix si faible et avec si peu de details, que nous nous voyons forc6 de remettre a plus tard I'analyse des pieces adressees a I'Academie dans cette seance. Nous ne ferons qu'indiquer pour le m.oment quelques noms et quelques titres que nous avons cru entendre, mais qui pourraient bien n'etre ni les noms ni les titres veritables. II serait inutile de s'arreter sur les lettres de remerciments du genre de celle que ]\L le secretaire de la Societe llneenne de Londres adresse a I'Academie pour I'envoi de ses actes et de ses comptes rendus. Nous ne parlerons pas non plus des ecrits relatifs a la quadrature du cercle et a la direction des aerostats, sur lesquels M. le secretaire perp^tuel s'arrete parfois avec trop de comjilaisance. — II nous serait agreable de dire ici COSMOS. 65 quelques mots d'une communication cle M. Millet, relative aux fe- condations naturelles et artificielles des o:ufs de poissons, raais nous esperons pouvoir en entretenir prochainement nos lecteurs. — M. Bella, qui a etudid ce qu'il appelle les extraits de viande, pro- pose leur emploi pour I'alimentation des armees de terra et de mer, et conseille la transformation en extraits de viande, facilement transportables, de tant de materiaux perdus sur plusieurs points de la Nouvelle-Hollande et des Terres australes, ou les animaux ne sont tuds que pour en avoir la peau. — Undigne abbe de Boulogne, pr&s de Paris, propose de faire en- tendre les sourds-muets en leur faisant tenir entre les dents le bout d'un porte-voix , a I'autre extremite duquel on applique la bouche , et Ton articule des mots. Ce moyen, fonde sur la transmission facile des vibrations longitudinales a travers les corps solides, est loin d'etre nouveau, I'auteur parait le reconnaitre lui-meme, il croit cependant que la sanction de I'Academie pourrait transformer cette vieille idee en une amelioration nouvelle facilement applicable a I'e- ducation des personnes privees du sens de I'ouie. — Une note egaree dans le dedale des couloirs de I'lnstitut s'est trompee de porte, et au lieu d'entrer uu bureau de I'Academie fran^aise, est venue s'abattre sur celui de I'Academie des sciences. Cette note avait trait a plusieurs actes de devouement , qui etaient signales a Tattention des commissaires chargds de la repartition des prix de vertu. M. Elie de Beaumont n'a eu qu'a remettre cette piece entre les mains de son confrere, M. Flourens, elu depuis peu de jours directeur de I'Academie frangaise , et le document s'est trouve rendu sans retard a sa veritable destination. M. Chazallon, ingenieur hydrographe, qui a deja presente un tra- vail remarquable sur les marees solaires observees a Brest , envoie aujourd'hui une nouvelle lettre sur le niveau d'dquilibre de la mer. M. Chazallon a reconnu que ce niveau est loin d'etre constant, qu'en novembre il se trouve plus t51eve qu'au mois de mai, ce a quoi ne paraissent pas devoir contribuer pour beaucoup les attractions du soleil etde la lune. M. Chazallon se demande si cette difference ne proviendrait pas plutot d'une dilatation des eaux de I'Ocean pro- duite par le rayonnement calorifique du soleil ; mais il n'ose pas encore se prononcer a cet egard. II recommande de nouvelles obser- vations et il conseille a tous ceux qui voudront bien s'y adonner, d' avoir de bonnes echelleshydrometriques, inalterablesetsolidement fixees, qui puissent fournir des points de repere absolus. M. Cha- zallon envoie comme exemple de ce genre d'echelles une partie de 66 cosmos. celle qui lui a servi a Brest, et qui a ^t^ peinte a Sevres, du temps de Brongniart, sur de larges plaques en porcelaine. Apri's la communication de ce travail, nous avons entendu proiion- cer le nom deM. I'abbe Laborde, mais nous ne saurions dire a propos dequoi. — M. Bouteille signale les domm.ages caus(^s aux cdr^ales par une uredn, qui semble s'attacher cette annde de preference aux epis de froment et en arieter le developpement et la maturation. M. Payen ajoute a cet ^gard que M, Moride lui avait deja envoye une note sur cette cryptogame, note qu'il avait presentee a la Societe d'agri- culture. II faut espt^rer que cette Societe et I'Academie voudront maintenant s'occuper du nouveau fleau qui s'attaque a nos aliments les plus indispensables , et que les rapports de ces deux Corps illustres ne se borneront pas a constater simplement que fleau il y a , comme on I'a fait , helas! pour la maladie ou Yoidium de la vigne ! — Un travail surlesgrandes perturbations du systeme solaire, un autre sur I'iodure de gluten ou sur V iode aiiimalise, un memoire sur rasphodele et le principe fermentiscible que renferment ses racines [asphodeline), une communication de M. Thompson de Glascow sur rorigine et les effets des courants thermo-electriques , une boite de bouchons en gutta-percha, une reclamation de M. du Moncel, un memoire sur I'application de la vapeur a la navigation, un autre sur les engrais artificiels : voila quelles etaient les autres pieces dont se composait la correspondance academique de ce jour. — Apres le secretaire perp(^tuel, la parole a ete donn(^e a M. Qua- trefages, qui a present^ des recherches de M. Lacaze-Duteil sur le groupe des acdphales lamellibranches. — M. Balard a depose sur le bureau une note dune personne dont le nom nous a echapp6, sur quelques nouveaux ethers de laserie salicilique. — M. Valenciennes est venu apporter aussi un travail, dont nous n'avons entendu ni le titra, ni le nom de I'auteur; apres quoi I'Academie s'est formee en comite secret. G. Govi. vari£t£s. METHODE DE CHIMIE PAR AUGUSTE LAURENT. Volume in-S" de 488 pages, avec figures dans le texte. — Prix : 8 fr, At'is au leclenr par M. Blot. Get ouvrage, rempli d'idees nouvelles, qui, maintes fois, ont et6 f^condes pour I'auteur lui-meme, vous offre les convictions intimes d'un hoinme qui a enrichi la science de ddcouvertes nombreuses at inattendues. C'est le resunne des pens^es de toute sa vie; et il atta- chait tant d'interet a laisser apres lui cet heritage, qu'il a travaill^ a le finir, jusque dans les bras de la mort. Ces motifs disent assez qu'il in6rite d'etre re9u avec une attention s^rieuse, exempte de preoccupations anticipees. Mais, pour le lire avec utilit(5, pour I'ap- pr^cier avec justice, il faut se bien mettre devant les yeux le but que Laurent s'etait propose en le coniposant. II voulait, il esperait mettre aux mains des chimistes un ensem- ble d'analogies symboliques tirdes de I'experience, qui les guidat avec les plus fortes probabilites, sinon avec certitude, dans les in- terpretations auxquelles ils sont continuellement obliges de recou- rir. Les operations de I'analyse chimique appliquee a un proJuit, soit naturel, soit artificiel, font seulement connaitre I'essence et les proportions de poids relatives des substances simples, ou reputees telles, qui le composent. Elles n'apprennent point si les molecules materielles de ces principes constituants y entrent dans un etat de combinaison general, le meme pour toutes ; ou si elles y sont repar- ties en groupes distincts, combines entre eux sans decomposition in- dividuelle, et coexistants avec leurs qualites propres, dans le pro- duit total. L'alternative est pourtant d'une importance extreme a decider et a fixer dans ses particularites speciales ; car on doit bien s'attendre que les reactions d'un systeme materiel serontdifferentes, selon qu'il aura une constitution moleculaire, homogene ou hetero- gene; et, dans ce dernier cas, selon la nature des groupes qui s'y trouveront associes. Aussi a-t-on beaucoup d'exemples de corps qui, form(5s des memes elements simples, en meme proportion de poids, ont des proprietes physiques et des affections chimiques tres-di- verses. Mais, sur ce point, leplus ^lev^ de lachimie rationnelle, I'a- nalyse chimique ne peut nous donner aucune indication immediate, puisque ses resultats ne definissent chaque compose que paries ele- ments simples quelle en retire, soit isoles, soit combines en groupes dont elle ne saurait affirmer la preexistence. Ce qui a fait dire avec liS COSMOS. justesse, qu'elle ne juge des corps qu'aprfes qu'ils n'existent plus. L'otat procxistant ne peut done etre conclu que par induction, en se fondant sur des analogies de propri^tes et de reaotions ; ou sur des idees spc^culatives, qui, en donnant une conception simple de chaque produit considcre, le rapprochent, par des indices vraisem- blables, de ceux avec lesquels il parait avoir le plus de rapports dans sa constitution moleculaire. Or cette liberie d'interpretation que chaque chiiniste emploie pour son usage , dans chaque serie particuliere de ses recherches, jette aujourd'hui dans la s.cience une confusion deja tres-grande, qui ne fera que s'accroitre , surtout a mesure que Ton avancera da- vantage daiis I'etude des produits organiques, oii les combinaisous ' d'un petit nombre de principes simples, toujoursles memes, se pre- sentent avec une variett^ d'association presque infinie. Lauient a eu pour but de rcgler I'exercice de cette liberti^, en I'assujettissant a des lois uniformes et 'generales. Dans la multitude infinie des for- mes symboliques, par lesquelles on peut representer theorique- ment les corps dont I'analyse chiinique a fait connaitre la composi- tion, il s'est propose de chercher, d'assigner cellos qui , dans I'etat actuel de la science, meritent d'etre preferees, corame oifrant le plus d'avantages generaux pour le classement et I'etude pratique des coi'ps composes ; en rapprochant les analogues, et separant les dissemblables par des traits assez nombreux comme assez mar- ques, pour que le seul aspect de leur formule symbolique fasse pre- voir le plus graind nombre possible des reactions qu'ils doivent exercer et des produits qu'on en peut deduire. En un mot, il a en- trepris de faire, pour I'ensemble des recherches chimiques actuelles, d'apros une methode de classification generale et uniforme, ce que chaque chimiste fait aujourd'hui pour les siennes propres, avec une diversity arbitraire de vues el d' ^nonces. A-t-il completement reussi dans cette grande tache, pour laquelle la chimie n'oflre peut- etre pas encore une somme de materiaux assez nombreux , assez assures? On n'oserait I'affirmer sans doute ; et il y aurait de Tin- justice a I'exiger. Mais ce qu'il faut se proposer en lisant son ou- vrage, c'est de voir si, dans le plus grand nombre des exemples sur lesquels il s'est appuye, ses vues sont conlbrmes a I'experience ; de sorte que chacun alt des chances fondees de les trouver fecondes pour soi-meme, comme elies I'ont ete pour lui, et souvent pour d'autres. Si elles ont cet effet, meme dans ces limites, on ne devra qu'y applaudir, en travaillant a les perfectionner. Les repousser, ou, les rejeter au premier apergu, parce qu' elles sont 6trauges, ou enon- COSMOS. U9 cdes, parfois, avec une hardiesse d'expression trop absolue, ce se- rait une politique peu profitable a la science. S'il a secoue quelque- fois un peu trop rudement ce grand edifice, forme de parties pro- gressivement ajoutees les unes aux autres , c'est , qu'en voyant rincoherence des materiaux accumules qui le composent, il a pens^ qu'il serait plus profitable de travailler a le reconstruire, que de s'obstiner a le conserver tel qu'il est. II a vuulu seulement aider a cette oeuvre, en signalant des rapports de formes et de symboles, qui, a defaut de notions intimes , offrissent generalement des mo- tifs fondes de rapprochement ou de disjonction. La chimie pourrait , dans beaucoup de cas , sortir de cet empi- risme oil elle est jusqu'a present restee. Le pouvoir rotatoire que possedent les molecules qui constituent un grand nombre de corps, jusqu'ici exelusivement organiques, fournit un caractere certain pour confirmer ou infirmer les speculations abstraites que Ton peut for- mer sur la constitution des composes dont elles font partie , soit qu'eiles y existent naturellement , sdt que I'art les y introduise. L'application de ce caractere, ainsi dirigee, offre un moyen direct et assure poor resoudre une multitude de questions controversees de chimie rationnelle , du genre de celles que Laurent a traitees. Mais I'usage'n'en est encore que peu repandu, quoiqu'il ait ete tou- jours fructueux pour ceux qui I'ont fait servir a leurs travaux. PRIX PROPOSES PAR LA SOCIETE HOLLANDAISE DE HAELEM. 1° D'apres les recherches publiees deja en ]848 par I'astronome americain B. Pierce, le mouvement observe dans la planete Uranus serait parfaitement explique par 1 'intervention de la planete Nep- tune, si Ton supposait a celle-ci une masse egale a 1/2000 de celle du soleil, taiidis que la perturbation observ^e dans le mouve- ment d'Uranus qui a donnd lieu a la decouverte de Neptune, ne peut etre completeraent explique par la seule action de ce dernier quand on lui attribue, comme il parait resulter des travaux de 0. Struve, 1/14494 de la masse du soleil. II ne parait pas que de- puis Pierce aucun astronoine se soit occupe de cette recherche im- portante, tandis que rexactitude des resultats obtenus parO. Struve se trouve forteroent confirmee par les recherches ulterieures de ce savant, consignees dans le bulletin physico-mathi^matique de I'A- cademie de Saint-Petersbourg, t. IX, p. 125. La Societe desire en consequence que les calculs de Pierce soient refaits, et que les observations existantes sur Uranus et Neptune soient soumises a un severe examen, dans le but de pouvoir deci- 50 COSMOS. der si 1' existence de Neptune peut expliquer la perturbation dans le mouvemeiit d'Uranus qui n'etait pas encore expliqude. 11" La comete ddcouverte le 24 juillet 1852 par Westphal a Gocttingue decrirait, d'apres les calculs de Sonntag et Marth, son orbite autour du soleil dans I'intervalle d' environ soixante ann^es; ce qui rend ce corps celeste digne d'un examen rigoureux. La So- ciete accordera sa medaille d'or a I'astronome qui aura deduit des observations existantes, selon la m^thode la plus parfaite, les ele- ments de I'orbite de cette comete. Ill" Afin de pouvoir calculer Taction du vent sur les voiles des moulins et des vaisseaux, et de juger de son effet meteorologique, il est important de bien connaitre le rapport entre la pression que le vent exerce sur une aire donnee, et la vitesse de cet agent. On demande des experiences bien faites, d'ou rdsulterait une determi- nation exacte du rapport qui existe entre la vitesse du vent et sa pression sur une surface normale a sa direction. La Society desire que les experiences s'^tendent jusqu'a des vitesses d'au moins 20 metres par seconde. IV° Les experiences faites en Angleterre, en 1849, par ordre du gouvernement britannique, sur la resistance du fer employ^ dans la confection des ponts et des autres ouvrages des chemins de fer, ont prouve que les barres flechissent plus sensiblement par I'effet d'une charge en mouvement, que lorsque cette charge pese immobile sur cette meme barre. La Society demande une ih6one analytique de 1' augmentation de cette deflexion par laquelle la grandeur de la charge sur les barres, ainsi que le poids des barres elles-memes, seront pris en consideration, et elle ddsire que cette deflexion soit coinparee aux r(5sultats des experiences. V" D'aprfes Mischer et Steenstrup, Xesfilarla et les cercarm se- raient des animaux incomplets, qui se transformeraient en une masse immobile et renfermee dans un tissu cellulaire, laquelle, aprfes avoir subi la perte de I'extremit^ caudale, deviendrait plus tard un tetraschynchus o\i\m distoma. La Soci^le demande : 1" un examen detaille des chaiigements que subissent les difi^erents or- ganes de ces animaux pendant leur metamorphose; et 2", une serie d'observations sur de pareilles chrysalides des entozoaires. VP La Societ(^ demande que les tarets, les pholades et les mo- dioles qui percent des trous dansle bois, I'argile dure, la pierre, etc., soient compart's anatomiquement, et que Ton deduise avec certi- tude de cette comparaison quels sont les moyens que ces animaux emploient pour percer ces differentes matieres. COSMOS. 51 VIP II existe bien des causes qui font prendre aux detritus et aux morceaux detaches des rochers la forme sous laquelle ils ac- qiiierent le titre gen(5ral de blocs roules. Les glaciers, les courants d'eau douce, ceux qui existent dans la mer, les roulis des vagues sur les cotes y contribuent surtout. On demande si les forines.de ces pierres, leur gisement en masses plus ou moins grandes, peu- vent donner lieu a leur attribuer de preference I'une ou 1' autre de ces causes d'existence. VHP Depuis quelque temps , et surtout depuis que le systfeme des soulevements proposes par Elie de Beaumont a 6t6 adopts par un grand nombre de g^ologues, on a souvent tach^ de classer les roches plutoniques d'apres leur age. Charles d'Orbigny s'en est occupe tout recemment, et en a public une ^bauche de classification. Des observations plus recentes encore ont jet^ beaucoup de lumi^re sur ce sujet, et aujourd'hui, il est possible, pour un tres-grand nom- bre de ces roches plutoniques de determiner exactement I'^poque relative de leur apparition a la surface du globe. En consequence, la Societe demande une classification gdognostique des roches plu- toniques, suivant I'dpoque de leur apparition comme parties intd- grantes de I'ecorce du globe. IX° La Societe demande une description et une carte geologi- ques de la Guyane hollandaise. Elle desire que Ton fasse surtout attention aux fossiles organiques que Ton y rencontrera; que les objets les plus interessants soient decrits et figures , et autant que possible , que des echantillons caracteristiques lui soient envoyes. Le geologue qui s'occupera de cette question, ne devra pas negliger les terres rouiees, detritus de rochers souvent inaccessibles. Leur composition et les fossiles qu'elles renfermentdevront former I'objet principal de ses recherches. X" La Societe, persuadee que des recherches sur I'origine , la nature et I'accroissement des delta des grandes rivieres , peuvent encore conduire a des resultats interessants, demande qu'un delta quelconque a I'embouchure d'une des grandes rivieres de I'Europe, soit decrit avec exactitude; que son etendue, tant horizontale que verticale, soit mesuree ; que les matieres dont il est compose en dif- ferents lieux , ainsi que la maniere dont elles se trouvent disposees soient decrites, et que leur origine soit determinee. La Societe desire que cette description contienne tous les details necessaires pour que Ton puisse se faire une juste idee de la forme , des dimen- sions, de la composition et de I'arrangement des matieres du delta, et se rendre un compte exact de son origine. 52 COSMOS. Xl" La Societe demande une monographie accompagnee de figures des oiseaux fossiles. ''XH" Les cavernes des montagnes re9oivent en plusieurs endroits des ossenieiits Immains , qui se trouvent entremeles de restes fos- siles d'animaux dont I'espece a disparu. La Society demande un examen scrupuleux de la plupart des cas connus. EUe preforerait un nuMTioire qui contiendrait de nouvelles recherehes faites dans les ca- vernes ; ct elle desire, qu'en tout cas, cet examen conduise a un re- sultat dofiiiitif, d'ou Ton puisse Gonclure, avec certitude, si ces ani- maux lint vecu, ou non, en meme temps que I'homme. XI 11" Qi^eis sont les changements que la compression des cns- taux apporte dans leur conductibilite pour la chaleur et I't^lectricitd, et dans leur pouvoir refringent t On demande a cet ^gard des re- cherehes nouvelles. XIV" Dans I'appareil magneto-^lectrique en action il se ddve- loppe de la chaleur, tant directement, dans le fer doux qui prend et perd tour a tour I'etat magnetique, que par I'intermediaire du cou- rant clectrique dans I'hi^lice de I'inducteur, et peut-etre aussi dans d'autres parties de I'appareil. La Societe demande une recherche theorique et expcrimentale sur la relation existante entre cette cha- leur et le mouvement des diverses parties de I'appareil, d'ou cette chaleur r^sulte. XV" On salt que dans plusieurs grottes, en Carniole et dans d'autres on trouve des animaux qui ne quittent jamais ces grottes , oil la lumiere ne penetre pas et pour lesquels I'organe de la vue n'est d'aucune utilite. La Societe desire que Ton examine scrupuleusement au moins deux especes de ces animaux aveugles, et que Ton demon- tre clairement par la description anatomique , et par des figures, quelle difference cette cecit(S apporte surtout dans les parties c6r6- brales, et dans d'autres parties en rapport avec I'organe de la vue. XVI" Est-il possible d'obtenir de certaines sortes de tourbes, par un procede chimique, des substances qu'on ne pent pas, ou qu'on ne pent se procurer que trfes-difficilement d'autres matieres vegd- tales? Si la possibilite en existe, quelles sont ces substances? Com- ment les prepare-t-on et quelles sont leurs qualites chimiques? Le prix ordinaire d'une reponse satisfaisante a chacune de ces questions est une medaille d'or de la valeur de 150 florins, et de plus une gratification de 150 florins de HoUande , si la response en est jug^e dignc. II faut adresser avant le 1'='' Janvier 18.55 les rdpon- ses bien lisiblement 6crites, en hoUandais, fran9ais, anglais, italien, latin ouallemand (en lettres italiquesj,etaffranchies avec des billets CO5^«0S. 53 de la maniere nsitee , a J. G. S. van Brecla , secretaire perpetncT de la Society, a Harlem. EXPERIENCES SUH LE CURARE^ M. Alvaro Reynoso a adress^ a FAcadi^mie, dans sa demiere stance , I'expose d'experiences importantes et curieuses faites par liai sur le curare , en voici I'analyse succincte : Le veritable contre-poison du curare doit remplir I'une des con- ditions suivantes : l°ralentir I'absorption du poison; 2° decomposer et detruire le curare, le rendre inerte on incapable d'etre absorbe; 3° apres I'absorption , empecher son action toxique, ou prevenir les accidents qui peuvent survenir. La ligature empeche I'absoption, en eflFet, M. Alvaro Reynoso a pratique cette operation sur la cuisse d'un cochon d'lnde et intro- duitsousla peau, au-dessous de la ligature Os.060 de curare; trois quarts d'heure se sont ecoules sans que I' animal eprouvat rien; il defit la ligature, I'absorption eut lieu presque aussitot.l'animal mou- rut douze minutes apres. L'iode ne dt^truit pas le curare , comme le croyaient MM. Brai- nard et Green, mais il I'altere, surtout quand il est dissous dans I'alcool ; si done, l'iode pr^vient rempoisonnement, ce ne peut etre que comme caustique. L'hypochlorite de soude n'altere pas le cu- rare, mais il retarde sensiblement son absoiption. Au contraire, le chlore , soit a I'etat naissant, soit a I'etat de liberte, dctruit coniple- tement le curare. On a broye dans de I'eau de chlore 0s.060 de curare, on a ajoute un peu de carbonate de soude et quelques gout- tes d'hjqoosulfate de soude; inject^ sous la peau d'un cochon d'lnde, ce ni(5larige n'a determine aucun accident. Ajoute de la meme ma- niere au curare, le brome le detruit aussi conipletement ; il presente sur le chlore I'avantage d'une conservation et d'un eniploi faciles , son action est reellenient decomposante ; c'est d'ailleurs un causti- que tres-actif, il rendra d'immenses services dans les cas d'empoi- sonnement par les venins, et peut-etre meme de morsure par les animaux enrages. M. Alvaro Reynoso promet de faire des expe- rirncps dans cette derniere direction. L'acide sutturique , suivant la dose, peut ralentir Taction du curare, qui alors ne determine la mort qu'au bout d'un temps plas ou moins long, ou meme opere un tel ralentissement que I'animal ne meurt pas; l'acide nitrique a aussl cette propriete , mais a un degre beaucoup plus faible. II en est de meme de la potasse causti- que, de I'eau de chaux, des iodures et des bromures de sodium et de 54 COSMOS. potassium ; ce dernier sel a cela de curieux, qu'a partir d'un gramme 11 produit le meme effet , quelle que suit la quantite employi^e ; M. Alvaro Reynoso attribue cat effet a une action locale et non pas a une reaction generale, car, dit-il, I'iodure de potassium, introduit pr^alablement dans reconomie animale , ne retarde pas Taction du poison. Le curare empoisonne les viperes, dans un espace de temps trfes- court, et par la il se distingue du venin des viperes, qui n'est pas un poison pour elles. Un petit poisson a vecu pendant quatre jours dans un litre d'eau ou Ton avait mis 0s.60 de curare ; au bout de ce temps , on lui fit une petite blessure et il mourut huit minutes apres avoir ete ^emis dans I'eau empoisonnee. Cette experience prouve que les membranes des branchies ne sent pas endosmotiques pour le curare. INDICES DE EEFilACTION DES PLAQUES EPAISSES ET DES LIQUIDES PAR M. FELIX BERNARD. Dans un grand nombre d'exp^riences d'optique, il est necessaire de connaitre les indices de refraction de milieux r^fringents tallies sous forme de plaques a faces paralleles ; il n'est cependant pas toujours possible d'employer dans ces determinations les niethodes ordinaires : le proc^de suivant, auquel j'ai souvent recours dans mes recherches sur Taction des milieux absorbants sur la lumiere, est simple, commode et precis; ce procede repose sur les principes suivants : 1° Tout rayon incident perpendiculaire a la surface d'un milieu r^fringent a faces paralleles le traverse normalement. 2" Lorsque Tincidence est oblique, le rayon refracte dans ce mi- lieu en emerge parallelement a la direction du rayon incident, et la distance comprise entre ces deux directions ne depend que de Tangle d'incidence, de Tindice de refraction du milieu r(^fringent et de Te- paisseur de ce milieu . De la relation qui lie entre elles ces quatre quantites on pourra done deduire Tindice de refraction, lorsque les trois autres seront connues : or Tepaisseur du milieu est facile a mesurer, Tincidence peut etre prise arbitrairement, et la derniere, la seule inconnue, se determine par Tobseryation. Solent : a Tangle d'incidence, p Tangle de refraction, e Tepais- seur du milieu, n Tindice de refraction pour le rayon qui traverse la plaque, ^ COSMOS. 55 4-— ^•n=sina / 1 ^^^°^ V^ C'est la forinule qui donnera n quand , aprfes avoir mesure e et donne «, on aura determine d experinientalement. L'appareil qui sert a determiner else compose : 1" D'une mire formee d'un fil tres-fin fixe verticalement dans I'interieur dun tube horizontal ; a Tune des extremites de ce tube se trouve un diaphragrne perce d'une tres-petite ouverture, par ou la lumiere penetre dans l'appareil. Le parallelisme des rayons est obtenu au moyen d'une lentille plac^e dans le tube, a une distance du diaphragrne egale a la distance focale de la lentille : ce systeme constitue le collimateur de l'appareil; 2" D'un cercle horizontal destine a donner les incidences; au centre de ce cercle se trouve un support qu'une alidade fait mouvoir en parcourant le limbe du cercle divise simplement en degres ; 3° D'une lunette portant au foyer de I'oculaire deux tils croises trfes-fins , dont I'axe optique, parallele a celui du collimateur peut se deplacer perpendiculairement a cet axe : ce deplacement est me- sur^au moyen d'une vis micrometrique sans fin dont I'ecrou mobile fait mouvoir la lunette. Pour operer avec cet instrument, on etablit la coincidence de I'index de I'alidade avec le zero du cercle ; la lunette est pointee sur la mire, celle-ci est mise au foyer, la plaque est placee vertica- lement sur le support horizontal. En la faisant tourner sur son axe, sans depiacer I'alidade, on trouve, au bout de quelques secondes, la position quelle doit conserver et qui est telle que la mire est aper- 9ue sans deviation. Pour determiner d, on fait tourner I'alidade d'un angle «, puis d'un angle — «, en faisant marcher la lunette de maniere a la poin- ter sur la mire dans les deux positions de I'image refractee : le che- min parcouru par I'axe optique de la lunette, evalue au moyen de la vis, fait connaitre la valeur de d; les erreurs tres-faibles qui pour- raient provenir d'une legere obliquity de la plaque relativement a la direction des rayons incidents se Irouvent ainsi compensees. Si la plaque est legerement prismatique, on la fait tourner sur son axe de 180 degres; et Ton mesure de nouveau la distance des rayons emer- gents paralleles ; la moyenne des valeurs ainsi obtenues donne tres- approximativement la distance cherchee. Je me suis assure qu'un defaut de parallelisme dans les plaques, meme tres-sensible au sphe- rometio, ne nuit point a I'exactitude des observations. 56 COSMOS. La rniire |)eut etre eclairee soit par les rayons du spectre solaire projptos sur un ccran (ce spectre doit etre assez pur pour que les principales raics de Fraunhofer so dessinent nettement), soit par la lumiore d'une forte lampe modifiee par des absorbants convenable- ment choisis, soit enfin par la lumle're diffuse; on obtient dans ce dernier cas Tindice de refraction relatif a la partie du spectre la plus Eclairee. Lorsque la lumiere est trfes-vive, il faut placer au-devant du col- limatcur un verre depoli, et, dans tousles cas, un diaphragme d'une etendue suffisante pour intercepter les rayons qui ne doivent point peiietrer dans I'appareil. On pent mesurer les ^paisseurs avec la vis de I'appareil, ou au moyen d'un spherometre; mais dans ce cas, il faut determiner le rapport des longueurs des pas de vis des deux instruments, afin de rapporter les valeurs de e et de dk la meme unit-i. En operant de cette nianiere , sur des plaques de quartz de 7 a 8 millimetres d'epaisseur, M. Bernard a trouve pour indices de re- fractions correspondant aux raies D, E, F, G, etpourle rayon or- dinaire les nombres 1,5441 ; 1,5473 ; 1,5496 ; 1,5541 ; les nombres trouves par Rudberg etaient : 1 ,5442 ; 1 ,5471 ; 1 ,5496 ; 1 ,5542 ; les diderences, on le voit, sont au plus de 2 dix-milliemes. Une plaque de flint lourd de Guinand a donne pour la raie E deux fois le meme nombre 1,7226 ; pour un flint lourd de Fell et pour la raie H, on aobtenu 1,7179, 1,7176 ; la difference est de 3 dix-milliemes; enfin pour un verre de Saint-Gobin et pour la raie H , les nombres trouves 1,5222, 1,5226, differaient de 4 dix-milliemes. Les pla- ques sur le.^quelles M. Bernard a fait Tessai de sa mcthode ont dte prises au hasard , les faces de quelques-unes etaient sensiblement convergentes , et les erreurs , comme on le voit , se sont trouvees exactement compensees; dans un appareil mieux constrult, on pour- rait compter sur la quatrieme decimale. II n'est pas n^cessaire d'indiquer, en detail, comment on appliquerait aux liquides cette melhode, qui n'est peut-etre pas entierement neuve; nous croyons savoir que M. Fizeau en a fait beaucoup d'applications ; mais, ii notre connaissance du moins, elle n'a pas etc publiee, et I'hormeur en revient a M. Felix Bernard. A. T?xAP,IRLAT, propridlaire-gcrant. PARIS. — IMPRIMERIE DE W. REIIQUET ET cic, KOE GARASCIERE, 5, cossros.. VARl^TES. THEKMO-ELECTEICIT^. Nous tir^s des Comptes rendus de la deniicre seance de I'Aca- demie la note suivante de M. Thomson, sur les effeis des coumnts electriques dans des conducteurs inegalement echauffes et sur d'nutres points de la thermo-electricite. " Des considerations theoriques ( communiquees en d^cembre 1851 a la Societe royale d'Edimbourg), appuyees sur des observa- tions relatives aux lois des forces thermo~(51ectriques qui se develop - pent dans un circuit forme par deux metaux inegalement chauflos, m'bnt amene a conclure qu'un courant electrique doit exercer sur la temperature un effet convectif dans un conducteur homogene metal- lique dont les diverses parties sont inaintenues a des temperatures inegales. J'ai fait une application particaliere de mes raisonnements au cas d'un circuit forme par du cuivre et du fer, et je vais le rap- porter ici pour Jeter du jour sur les principes de mecanique sur les- queis le raisonnement general est fonde. " M. Becquerel a decouvert que si, dans un circuit forme par du cuivre et du fer, Tune des soudures est maintenue a la temperature ordinaire, et que la temperature de I'autre soudure soil, elevee gra^ duellement, il s'etablit en ce dernier point un courant dii cuivre au fer, et que son intensite va en croissant a mesure que la tcinporature augmente, pourvu que celle-ci reste au-dessous d'environ 300 degres centigrades ; le courant devient de plus en plus faible quand la tem- perature depasse cette limite : il s'arrete completement a un cer- tain moment pour reparaitre en sens ccntraire quand on arrive au rouge vif. Beaucoup d'experimentateurs ont declard (ju'il leur a elo impossible de verifier cette decouverte singuliere; mais la descrip- tion que M. Becquerel donne de ses experiences ne laisse aucun fondement aux doutes que quelques-uns d'entre eux ont cru pouvoir dlever sur ces conclusions, et Ton peut en conclure que, malgre son caractfere extraordinaire et inattendu, cette inversion thermo-elec- 3 58 COSMOS. trique entre le fer et le cuivre n'est pas un fait exceptionnel, mais un phcnomene qu'on peut s'attendre a voir se produire entre deux metaux quelconques, pourvu qu'on les essaye dans un intervalle de temperatures suffisamment etendu. M. Regnault a verifie jusqu'a un certain point la conclusion de M. Becquerel, puisqu'il a trouv^ que I'intensite du courant dans un circuit forme par du fil de cuivre et du fil de fer n'augmente pas sensiblement avec la temperature au dela de 240 degres centigrades, et commence a diminuer quand on d^passe de beaucoup cette limite ; mais I'inversion observee par M. Becquerel est necessaire pour montrer que la diminution de I'in- tensitd du courant est due a un afFaiblissement reel de la force electro- motrice, et non pas seulement a I'accroissement de rt^sistance qu'on sait resulter de I'^l^vation de temperature. * « II suit de la d6couverte de M. Becquerel que, pour des tempe- ratures inferieures a une certaine limite ( que, pour des echantillons particuliers de fil de cuivre et de fil de fer, j'ai trouve de 280 degres centigrades au moyen d'exp^riences que je rapporterai plus loin ), le cuivre est negatif par rapport au fer dans la s^rie thermo-electrique ; ilest positif, au contraire, pour des teniperatures plus elevees, et a la temperature limite ces deux metaux sent thermo-electriquement neutres I'un par rapport a I'autre. II en resulte, d'apres la theorie m^canique generale des courants a laquelle j'ai fait allusion plus haut, que I'electricite, en passant du cuivre au fer, produit une ab- sorption ou un developpement de chaleur suivant que la temperature des metaux est inferieure ou sup^rieure au point de neutrality, mais qua ce point, il n'y a ni absorption ni developpement ( conclusion que j'ai deja verifiee en partie par I'experience). Ainsi si, dans un circuit forme par du cuivre et du fer, une des soudures est mainte- nue a 280 degres, qui est la temperature de la neutralite, et I'autre a une temperature inferieure, il s'eiablira un courant thermo-elec- trique du cuivre au fer par la soudure chaude, du fer au cuivre par la soudure froide : ce courant produit un developpement de chaleur en ce dernier point, et pourrait servir a elever des poids si on I'em- ployait a mettre en mouvement une machine eiectro-magnetique ; mais il ne determine aucune absorption de chaleur au point de jonc- tion le plus echauffe. II faut done qu'il y ait une absorption de cha- leur en quelque autre point du circuit, et dans I'un ou I'autre des metaux consideres isolement ; et la chaleur absorbee ainsi doit etre egale a celle qui est developpee a la soudure froide, augmentee de la quantite de chaleur qui repond aux effets mecaniques produits en d'autres points du circuit. Les points oil celte absorption peut se COSMOS. 59 produire sont seulement ceux oii les temperatures des metaux consi- d^res isolt^ment ne soiit pas uniformes, puisque I'efFet thermique d'un courant dans un conducteur homog-ene uniformement dchauffe est toujoursiin developpement de chaleur. II faut done en conclure que I'absorption de chaleur est causae par le passage du courant du froid au chaud dans le cuivre et du chaud au froid daiis le fer. Quand on force un courant a traverser un circuit a I'encontre de la force thermo-electrique , le meme raisonnement fait voir qu'il se produit un developpement de chaleur, et Ja quantite ainsi develop- pee est egale a celle 'qui serait alors absorbee a la soudure froide, augmentee de celle qui repond a I'energie depens^e par les agents (chimiques et autres) servant a transmettre la force electro-motrice. L'effet thermique inverse total, qui se produit comrae nous I'avons demontre, dans les portions inegalement ^chauffees des metaux , peut etre attribue en totahtd a I'un d'eux seulement; ou, ce qui semble plus nature!, peut etre considere comme la somme ou la dif- ference de deux effets partiels. En adoptant, pour fixer les idees cette derniere supposition, sans toutefors exclure la premiere comme impossible, nous pouvons affirmer, ou bien qu'il y a absorption de chaleur par suite du passage du courant du chaud au froid dans le cuivre, et developpement de chaleur, quoique a un moindre de^re dans le fer qui complete le circuit ; ou bien qu'il y a absorption de chaleur par suite du passage du froid au chaud dans le fer, et deve- loppement de chaleur a un degrd moindre dans le cuivre '; ou enfin qu'il y a absorption de chaleur dans les deux metaux : dans chacun de ces cas, l'effet inverse se produit quand on change le sens du courant. Get effet inverse dans un seul metal, dont les diverses par- ties sont inegalement ^chauff'ees, pourrait etre nomm^ une convection de chaleur; et pour eviter toutes les circonlocutions. nous diions que I'electricite vitree porte avec elle de la chaleur, ou que la cha- leur specifique de cette electricite est positive quand cette convection se produit dans la direction nominale du courant; la meme chose s'appliquant a I'electricite resineuse quand la convection est con- traire a cette direction nominale. On est conduit ainsi a admettre la verite de I'une ou de I'autre des trois hypotheses suivantes : " L'electricite vitree porte avec elle de la chaleur dans un con- ducteur cuivre ou fer megalement echauffe, plus dans le cuivre que que dans le fer; « Ou i'electricite resineuse porte avec elle de la chaleur dans un conducteur cuivre ou fer inegalement echauff-e, mais plus dans le fer que dans le cuivre ; €0 COSMOS. « Ou enfin I'olectricite vitree porte avec elle de la chaleur dana vn conducteur en cuivre et I'eTectriJcite resineuse dans un conducteur err fer incgalement ^ehauffes. " Audsitot aprfes avoic comiiKinJqu)^' cettB' Hbforie a la Stoci^te royaJe d'Ediinbourg ^ jp' ine' suj® mis a^ I'oeuvre pmir rechePGliier par I'expericnce laq.uelle de ces treis hypotheses etait la vpaie;' les seules; donnees thermo-electriqmes que- possede la theorie ne- mc permet- laient pas, en effet, de faire un choix parmi elles. Mxjn esprit don— nait uiie legere preference a la preiniiere'sur la. seconde, pairce qua* la suite de Frajicklin on attribue g^neralement um sens positif a Te'-- lectricite vitree, et je repugnais aiaiGCorder quelque probabilite a la; troisieme. Mes rechenches ont ete eontiirruife& presque- sans interrup- tion pendant plus de deux anneesy gjiace a la perseverance de mon' aide intelligent, M. Mac Farlane, qui aconstruit pour moi les ap- pareils les plus varies, et m'a assiste' dans la conduite' denies expe- riences. M. Robert Davidson, M. Charles A. Srai'th:, et d'autres amis, m'ont aussi prete le concours' le plus utile pendamt une grande partie du temps que j'ai consacre aux investigations dont je ppesente- aujourd'hui le resultat. « Jiisqu'a ces derniers temps, les. experiences que j'aLentreprises sur des conducteurs, tant en cuivre qu'en fer, malgre leur nombre et leur variety, ne m'ont donne que des resultats negatifs ; mais mes anticipations theoriques etaient d'une telTe nature, que, bien que I'experience se refusat a en demontrer revidence, ma confiance en leur verite ne put etre ebranli^e par cet insuccfes. II y a environ quatre mois, je reussis enfin, a I'aide de nouveaux.agpareils, a de- montrer que r eleclricile resineuse porte avec elle de la chaleur dans un conducteur inegalement ecliauffe. " Un appareil semblable et d'une egale sensibilite ne me fournit aucun resultat pour le cuivre-. On aunait done pu sattjendre a trouver la verite dans la seconde hypothese ;: mais pouit etablir celte* verite- avec certitude, j'ai toujours Gontiniwe'depuis mes essaisv et fait pres- que chaque semaine une experience sur le cuivre avec des appareils de plus en plus sensibles. J'ai pu enfin reussirdans deux experiences a etablir avec certitude, que L' electricite vitree porte avec elle de la chaleur dans un conductmir, an cuivre inegalement eehauffa: " C'est done la troisieme hypothese qui se trouve etre la vraie : conclusion a laquelle je ne ra'attendais nullement ,. je dois Ta- vouer. » COSMOS. 6t PR0PRIETE6 NOTTVELLES DBS DEVELOPPEES DES COURBES PLANES. MJIMOIRE DE M. DUNESME. Rapport de M. Binet. Lorsque Ton se propose d'obtenir par des precedes graphi- ques Tonibre d'xm corps opaque eclaire par xm point lumineux , il est necessivire de reconnaitrela courbe d'illumination oulacourbe qui partage !a surface du corps en deux regions, Tune eclairee, I'autre privee de lumiere. Cette separation est aussi la courbe de contact du corps opaque et d'un cone , dont le sommet est au point lumi- neux; I'omljre portee r^stilte de I'intersection de ce cone par le plan, ou, en general, par la surface qui doit recevoir I'ombre du corps. Ces determinations soTit exactement les memes qu'exige la. perspective lineaire du corps opaque , en supposant le point de vue a la place du point lumineux. M. Dunesme a, specialement considere Fombre des corps terminus jDar des surfaces de revolution, et en supposant d'ailleurs que I'axe du corps rond est vertical, c'est I'ombre portee sur un plan horizon- tal qui est le sujet de ses recberches. II remarque en premier lieu qu'un parallele quelconque circulaire , qui coupe la separatrice sur le corps de revolution, fournit son ombre particuliere, laquelle sera un cercle tangent au contour de I'ombre portee du corps rond ; et , de plus, que la normale commune pourra etre regardee comme I'ombre du rayon horizontal du cercle parallele, qui rencontre la se- paratrice sur le corps : ce rayon horizontal de parallele coupe neces- sairement I'axe de revolution et la separatrice; ainsi , toutes les normales a I'ombre portee sont les ombres des horizontales, qui joignent les points de la separatrice avec I'axe du corps opaque. Le lieu general de ces rayons horizontaux forme la surface d'un co- noide ayant pour generatrice une droite horizontale, qui s'appuie d'une part sur la separatrice, et de I'autre sur I'axe vertical du corps eclaire. Eii traitant ce conoide a son tour, comme la surface exterieure d'un nouveau corps opaque eclaire par le meme point lu- mineux, I'auteur prouve facilement que I'ombre de ce conoide, portee sur le meme plan horizontal, a pour tangentes les ombres rectilignes des generatrices du conoide, ou les ombres des rayons qui se confon- dent avec les normales a I'ombre du corps rond. Al'aide de ces con- siderations, I'auteur etablit cette proposition : que I'ombre du corps rond a pour developpee I'ombre d'un conoide horizontal , determind- par la separatrice sur le corps opaque et par son axe de revolution, Ce theoreme repose , comme on voit , sur des demonstrations fort simples de geometrie descriptive ; sa generalite est manifesto ^ 62 COSMOS. puisque le meridien du corps de revolution est enticrement arbitraire, et que le point lumineux peut etre situf^ dans toutes les regions de I'espace, d oil il lui sera possible de projeter une ombre sur le plan horizontal. Le point eclairant peut meme s'eloigner indefiniment du corps ; en ce cas, le cone tangent au corps rend se transforme en un cylindre circonscrit, qui touche le corps selon la separatrice. Un conoide horizontal correspond encore a cette courbe et a I'axe du corps, et ce conoide, eclaire par les rayons paralleles au cylindre, fournira, par son ombre portee sur le plan horizontal, la developpee du contour de I'ombre horizontale du corps rond, eclaire par les rayons paralleles. ]M. Dunesme s'est propose de ddduire de sa remarque generale des constructions graphiques du rayon et du centre de courbure , d'une courbe plane consideree comme ombre portee d'une surface de revolution : ses constructions exigent que Ton puisse conduire des plans tangents a la surface du conoide precedemment defini. Pour cela , il faut tracer avec exactitude des tangentes a la s(?para- trice, et c'est'la que se transporte la difficulte inherente au sujet dans chaque cas. Quand la surface de revolution est du second degre, ]a separatrice est une courbe plane dont on obtient aisement la tan- gente : afin de donner des exemples simples et d'elegantes construc- tions, I'auteur a pris la sphere pour corps eclaire ; son ombre portee est , comme on sait , I'une des trois coniques. Les precedes de M. Dunesme fournissent ainsi une determination des centres de courbure de ces lignes du second ordre. On possede depuis Huyghens, pour ces determinations particulieres , des formules qui sont constructibles au moyen de la regie et du compas. Les epures de M. Dunesme offrent des solutions nouvelles et curieuses de plu- sieurs questions relatives a ces matieres. ANODES SOLUBLES INTRODUITS DANS l'aPPAREIL SIMPLE , PILE A COURANT CONSTANT, PAR M. l'aBBE LABORDE. Nous sommes heureux de mettre sous les yeux de nos lecteurs le texte de la communication que notre digne ami a faite a I'Aca- demie le luiidi 10 juillet, et dont nous n'avions pu rendre compte dans notre dernier numero : " On connait les avantages que presente I'anode soluble dans les operations de la galvanoplastie. Jusqu'a present, on n'a pu I'employer qu'en dehors de la pile, et le plus souvent a la suite de plusicurs elements reunis. J'ai trouve le moyende I'introduire dans COSMOS. 63 I'appareil simple, et cette disposition m'a paru si utile dans la pratique, que je crois devoir en donner la description. On introduit •dans un bocal en verre una feuille de zinc courbee en cercle, et qui s'applique sur le contour interieur du vase. La surface du zinc qui touche au verre est recouverte d'un vernis pour eviter une action inutile; I'interieur est amalgame. On place ensuite au milieu un vase en cuivre de dimensions telles que le contour soit separe du zinc par une distance de 3 ou 4 centimetres ; on verse dans cet es- pace de I'eau acidulee, et Ton remplit le vase de cuivre d'une solu- tion saturee de sulfate de cuivre; une lame d'argent ou de tout autre m^tal moins oxydable que le zinc est plongee dans cette so- lution et mise en contact par un fil metallique avec le zinc. La lame d'argent se couvre alors d'une couche de cuivre dont I'epaisseur augmente graduellement, sans que la solution s'appauviisse; car le vase de cuivre est attaque lui-meme, et I'entretient toujours au oaeme degre de concentration ; il oppose en meme temps un ob- stacle invincible au melange des deux liquides. J'evite a dessein de prononcer le mot diaphragme, car un diaphragme poreux, place entre !es deux liquides, n'interrompt pas leur electrolysation, qui continue dans I'epaisseur meme du diaphragme; ici, au contraire, cette action est interrompue : de I'hydrogene tend a se degager sur le cote du cuivre qui fait face au zinc; il prend au metal I'elec- tricite negative, et I'electricite positive, devenue libre, chemme, ou plutot dirige son action vers la lame d'argent, en sorte que le cuivre joue le role d'un metal negatif vis-a-vis du zinc, et celui d'un metal positif vis-a-vis de I'argent ou de tout autre metal plonge dans la solution, et moins oxydable que le zinc. Le cuivre lie se laisse sans doute traverser librement que par la minime quan- tity d'electricite due a la conductibilite physique des liquides. L'in- terposition d'un ecran metallique diminue, il est vrai, la force du courant imtial, ainsi que M. Delarive I'a demontre depuis long- temps; mais en galvanoplastie, on ne se propo-^e pas de conserver toute^leur force a des courants electriques dont il faut bien souvent, au contraire, moderer Taction ; I'essentiel est d'obtenir un depot metallique regulier. « Le cuivre peut etre remplace par une autre anode soluble, et en mettant a sa place une timbale d'argent remplie d'un liquide argen- tifere ; le metal qu'on y plonge, apres I'avoir mis en contact avec le zinc, se couvre d'argent, et le vase fournit a la solution I'argent qu'elle perd. » Pour la clarte des explications, j'ai dd supposer les dispositions ^4 tOSMOSi. les plus siim,p1es; mais il est ^videirt qiue la foree «!a couraiiit ditjai- nuera nromptemient, si on laisse plowger le cuivre et le zinc dans le meii.e liq.uide, sans interposer aucun diaphragme ; ot, tonte pile dans laqufille les forces electriciuesnese soutiennent pas longtemps, n'est plus acceptable en pratique. Void done, ea defiinrtive, b con- struction que j.'ai adoptee: on verse dte- I'eau pure dams le vase qui coiitient le zinc,, puis on y plonge un diaphragme cyldndTiiqu&en porcelaine degourdie dans kquel on a mis de li'aeide sulfnnque etenda de deux fois sen volume d'eau ;■ on introduit dans ce dia- phj-agme le vase en cuivne contenant la solution saturee de sulfate, et, dans cette solution, une lame mctalliquie, que Ton met en com- munication avec le zinc par un fill conducteuir. Un courant tres- ^nen^ique se inanifeste aussitot et se souitiemt a peu pres constant pendant plusieurs jours. Ce courant neprovient pas seulement du zinc qui plonge dans I'eau pure, mais auesi de Taction que I'acide sulfunque exerce sur I'eau. a travers le diaphragme, action dans laquelle I'acide sulfurique prend Telectricite positive, et I'eaa I'e- lectricite negative, em sorte que' cet appa^peil simple se compose reellemeiit de deux couples agissan* dans le meme sens. On utdase ainsi I'electricite developpee au contact de I'acide sulfuriijiie et de I'eau, electricite perdue dans laplupartdes piles oule melange est fait d'avance. A mesure que Taction de i'acide sulfurique sur Teau diminue, celle de Teau sur le- zinc augmente par Tacide dont elle s'empare peu a peu, et cette compensation progressive- contriljue a maintenir au meme degre la force du courant. " J'ai essaye Tacide sulfurique concentre ; mais outre qu'il est moins bon conducteur, il se decompose, et Thydrogene sulfure qui s' exhale rend tres-incommode ie maniement de la pile ; il faut qui'il contienne assez dl'eau poun echapper a une decomposition qui porte alors presque entierement sur Teau. II se^degage encore, d est vrai, un peu d'acide sulfureux, mais cedegagenaent indique une action favorable; car Thydrogene naissant tend a envelopper d'une mousse gazeuse la parol exterieuredu cuivre, et a former ainsi urn obstacle a, la circulation electrique ; cet bydrogene est enleve par Tacide sul- furique, qui perd uii equivalent d'oxygcne, d'oii la production d'a- cide suU'ureux. " On' peut ceujiir en pile plusieuTS de ces appareils ainsi construits, en faisant communiquer la plaque metallique qui plonge dans le sulfate de cuivre avec le- zinc de Tappareil suivant, et ainsi de suite; le cuivre se reduit dans chaque cellule, et Ton obtient ainsi de chaque couple uu. effet utile et aide par Teffet de tous les autres. COSMOS, 65 II n'est pas necessaire que chacun d'eux contienne les memes ele- ments; on peut cuivrer dans le premier, arg-enier dans le second, dorer dans le troisifeme, et ces couples, formes d "anodes solubles et deliquidesdifferents 6tant disposes en serie, ne s'en preteront pas moins un mutuel appui. On pourra adopter cette disposition toutes les fois que Ion voudra donner an depot metallique telle ou telle qualite dependant d'un courant plus fort, ou lorsque les solutions ne conduisent pas assez facilement rclectiicite; mais generaleraent un seul couple suffit. " Les vases de cuivre formant les anodes solubles se detruisent promptement ; pour eviter cet inconvenient, on applique sur leur contour interieur une feuille ordinaire de cuivre; cette derniere est seule attaquee, et fournit le cuivre a la solution. On peut facilement la renouveler lorsqu'elle est hors de service. » PISCICULTURE. Nous avons parle dans le compte rendu fort abrege de la der- niere seance academique d'un memoire deM. Millet sur les fecon- dations naturelles et artificielles des ocufs de poissons, voici mainte- nant le texte de ce memoire, que nous n'avions pu inserer dans notre dernier numero : " Dans les operations de pisciculture, on doit toujours, pour en assurer le succes, se rapprocher autant que possible des faits natu- rels. C'est d'apres ce principe qu'apres avoir etudie pendant de longues annees les habitudes et les moeurs des poissons, j'ai cher- che a determiner les meilleurs moyens de repeupler les eaux en bonnes especes comestiljles. Pendant cinq annees consecutives, de 1848 a 1854, j'ai fait et j'ai fait faire de nombreuses experiences sur les fecondations artificielles appliquees a I'eleve des poissons; j'ai recherche, en meme temps, s'il ne serait pas possible d'obtenir des resultats au moins aussi satisfaisants , en se rapprochant en- core davantage des conditions naturelles de la fraye, de maniere a rendre les operations plus simples, plus econoniiques etjlus sures. J'ai alors repris mes experiences sur la fraye naturelle, et j'en ai compare les resultats avec ceux de la methode des fecondations ar- tificielles. " Parmi les diverses especes de poissons, on distingue : 1° celles qui frayent dans les eaux vives ou courantes; 2" celles qui frayent dans les eaux tranquilles, dormantes ou stagnantes. Dans la pre- miere categorie, on a les saumons, les truites, les omibres, etc.;, dans 'la seconde, on a la carpe, la tanche, etc. 66 COSMOS. " La truite fait U)i veritable nid au moment de la ponte ; elle choisit un lit de gros gravier ou de cailloux laves par des eaux claires et vives ; elle les remue et les nettoye pour en faire sortir toutes les matieres tenues et tous les materiaux etrangers deposes par Veau. Puis, elle creuse des trous au milieu des cailloux, dans lesquels elle fait ecouler ses ccufs en se plagant a une faible distance contre le courant; au fur et a mesure de la sortie des oeufs, le male les fecoride par quelques gouttes ou jets de laitance ; la truite recouvre ensuite son nid avec les cailloux qu'elle avail deplacds. " On peut (J'tablir des frayeres meme dans les cours d'eau. Si le lit est garni de gros gravier ou de cailloux, on utilise ces materiaux sur place ; on se borne alors a les remuer avec une pelle ou un ra- teau pour en former des tas, des monticules ou de petites digues en pente douce. L'etablissement de ces frayeres ne presente aucune difficulte et n'occasionne qu'une tres-faible depense. Quand le fond de I'eau ne presente pas de materiaux convenables, on y introduit du gros gravier, des cailloux ou des pierres. « L'etablissement de ces frayeres artificielles a, parmi beaucoup d'autres avantages, celui de retenir les truites dans les cours d'eau que Ton veut repeupler. Leur efficacite est si reelle, que j'ai pu faire frayer des truites dans des trous et des fosses d'anciennes touibieres oil Ton avait jete, avant I'epoque ordinaire de la ponte, quelques brouettees de pierres cassees servant a I'empierrement des routes. " L'ombre chevalier fraye souvent a des prof.mdeurs tres-con- siderables (30 et 40 metres). J'ai fait jeter quelques metres cubes de pierres concassees et de cailloux dans des fosses de 8 a 10 me- tres de profondeur ; ces materiaux ont servi de frayeres aux ombres. « Pour le barbeau , le chevenne , le goujon , etc., on forme, dans les endroits on I'eau est courante et peu profonde, des greves en pente douce, des tas ou des monticules de pierres et de gravier de riviere, en ayaut iesoin de remuer et de nettoyer ces materiaux a la pelle ou au rateau. .. Lechabot, ou tetard-bavard et le veron frayent parfaitement dans les memes eaux que la truite, surtout dans les fontaine^i ou les ruisseaux. Les jeunes du chabot et du veron ^closent a ties epo- ques oil les saumoneaux, les petites truites, ombres, etc., peuvent deja se nourrir avec avantage de tres-petits poissons dont la chair pst encore peu substantielle. « Le chabot choisit les pierres dont le dessous offre quelques COSMOS. 67 cavit^s, danslesquelles il colle ses ocufs par petits groupes. Mais il procede toujours a un travail pr6paratoire, qui consiste a approprier la place ou il ventfaire son nid; il creuse alors une galerie ou un couloir qui a une entree et une sortie. La femelle glisse sous la pierre, se retourne brusquement sur le dos et presente son ventre contre la face de la pierre ou elle depose une portion de ses ceufs, qui s'y collent iinmediatement ; le male penetre alors dans le nid, et, par un mouvement semblable a celui de la femelle, il ejacule, en se retournant sur le dos, quelques gouttes de laitance sur les oeufs qui viennent d'etre pondus. Le chabot garde son nid, et se tient a I'en- tv6e de la galerie pour chasser les animaux nuisibles. « Pour la carpe, la breme, la tanche, etc., on dispose les fraye- res dans une eau tranquille et douce, que les rayons solaires peuvent porter a une temperature tiede. La carpe notamment fraye parfai tement dans des mares dont I'eau est completement stagnante. On peut etablir des frayferes mobiles a I'aide de fascines ou de clayon- nages, que Ton posea proximite des bords, en plan peu incline, et que Ton charge de quelques mottes de gazon ou de jonc. « La perche fraye d'une mani^re toute speciale. Ses ceufs, sou- des les uns aux autres par petits groupes, forment un large ruban qui a I'aspect d'une jolie o-uipure. Ce poisson n'a qu'un seul ovaire; il le vide completement en une seule fois. Dans un grand nonibre d'(^tangs, de lacs et de viviers, on recolte des ceufs de perche avec des iiigots ou fascines plong^s dans I'eau. A I'epoque de la fraye, la perche quitte les cours d'eau et gagne les lieux tranquilles. Pour preparer ces frayeres,-on met dans I'eau des mottes de joncs ou d'herbes, des fascines ou branchages, ou mieux encore on pique sur les rives, a une profondeur de 0™, 50 a 1 metre environ, quelques branches garnies de lingers rameaux, des branches de saule par exemple. II est toujours tres-facile de recueiUir les ceufs; car il suflRt de soulever les rubans avec un baton ou une petite fourche. " Les frayeres artificielles, appliquees a la ponte de quelques cyprins, notamment de la breme et du garden, et a celle de la perche, ont ete employees pour le repeuplement des eaux dans un grand nombre de localites. Des I'ann^e 1761, Lund en avait obtenu de tres-bons resultats; car il ^tait parvenu a produire plus de 10 millions de jeunes poissons. « J'aurai I'honneur de completer ult^rieurement ces observations sur la fraye naturelle etartificielle. » 0^ COSMOS. •MALADIES 'DES PLANTES. Void de quelle maniere M. Rasi)ail envisage la maladie des vi- gnobles, nous tii'ons cette note d'une lettre.adressee par le savant botaniste a iin journal de Paris : u Vous n'avez jamais refuse le concours de voire publicite aux nombreuses preuves que j'ai recueillies depuis 5 ans, ,en faveur de I'opinion que je publiai pour la premiere fois en 1845, sur rorigine exclu-ivement moteorolQgique de la maladie de la pomme de lerre, et plus tard., de la vigne. Vos lecteurs se rappellent , sans doute, coDibien de fois j'ai signaled , avec la plus grande precision , que la maladie de la pomnie de terre se manifestait d'un seul coup, imme- diatcmont apie^nn orage, par la gangrene de ses feuilles et la feti- dite qu'elle communiquait a I'air et a I'eau des ruisseaux grossis par la pluie. Je viens de constater le meme phenomene sur'nos pechers en es- palier, avec tous les caracteres maladifsqu'on observe sur la pomme de terre et sur la vigne. Dans la deiniere lettre que j'ai eu I'honneur de vous adresser, a la date du 6 mai dernier, je vous parlais de deux ou trois pechers, ronsos au tronc jivsqu'a la nioelle, et que j'avais remis a fleur par un badio-eonnage aloetique. Ma lettre etait ecrite le 5 mai; et le meme jour, a 4 heures du soir, un orage violent fondait sur les en- virons, et la foudre tonribait avec fracas sur notre village. Or, des ce moment, deux des pechers dont je vous parlais presenterent, par place , touted leurs feuilles fanees et comme flambees. Ces deux arbres sont pnlissiis, sur le cote est, d'un mur qui se dirige du nord au sud, et I'orage arrtvaitpar le nord. Les pechers paliss(5s sur les autres expositions n'ont nuUement ete: atteints par le metcore. Les feuilles flambees ontfini parnoircir et se detacher de labranche sur laquelle les peches continuent a grossir jusqu'a ce jour. Lps:memes circonstances se sont manifestoes, a ma connaissance, dans un rayon d'une lieue, sur tous les pechers qui se sont trouvOs palisses dans la direction de I'oragp. Dans un jardin du voisinage, tout un mur d'espaliecs a ete atteint , tandis ([ue les pechers des autres expositions nlont pas re^u la raoindre atteinte. Partoutles feuilles flambees ont noirci, se sont dessechees, sesont gangrenees enfin, avant dese detacher de la branche. Chez nous, a deux pas de nos pechers atteints , se trouvent d&ux autres pechers, ])alisses sur le meme mur,,et qui n'ont pas eprouvc^ le moindre dommage. COSMOS. 69 Ce phenomene ne s'etant pas manifeste sur d'autres especes d'ar- bres fruitiers, il est evident que, sans les considerations precedentes, il aurait introduit dans le catalogue une nouvelle maladie vegetale , la maladie du pecher. Tout concourt done a etablir que, dfepuis 15 ans , il s'est opere une certaine perturbation dans les lois de I'organisation vegetale, qui , ou bien a rendu certains vc^getaux meilleurs ou plus mauvais conducteurs de relectricite que de coutume, ou bien les a depouilles de la substance insolite qui, en recouvrant leurs surfaces, forniait un obstacle au passage du fiuide coniburant. La maladie des vegeta\ix ii'est done qu'un accident meteorolo- gique,quicessera de se reproduire des que ces plantes auront repris, par une amelioration progressive de la race , les qualites qui jusque- la avaient protege leur developpement contre Ifes- commotions ordi- naires de I'air, et dont une commotion plus forte que les autres les a depouillees tour a tour. Ce retour vers les lois de I'organisation primitive se fait deja sen- tir pour la pomme de terre, la maladie s'arrete en beaucoup d'en- droits a la fane, et la recolte du tubercule ne paralt pas en soufFrir, c'est ce que nous avons plus specialement remarque cette annee dans tous ces parages. Avantla recolte, toutes les fanes de nos pommes de terre s'etaient dessech^es et avaient noirci , et pourtant tous les tubercules sont restes sains a la cave jusqu'a ce jour; on nous en sert encore sur la table , et celles que nous avons sem^es sont deja presque en fleur. » — M. Droisnet a presenteleS juillet a I'Academie des sciences un ingenieux appareil destine a mesurer la vitesse de marche des navi- res. Parmi tant de lochs inventes depuis quelques siecles , il n'en est peut-etre pas un seul qui soit d'un maniement aussi facile que le velocimetre de M. Droisnet. Nous donnerons prochainement le dessin et la description de cet appareil qui nous parait destine a rendre de grands services a la marine. PHOTOGRAPHIE. Nous recevoiis de M. Minotto la reclamation suivante : '. Dans la vingt-cinquieme livraison du Cosmos^ a la page 747, il y a un article sur I'applicatioii de la peinture a la photographie sur verre. Si vous avez la bonte de lire la derniere livraison (juin 1854, p. 308) du journal le Genie iadustriel de M. Arinengaud, vous ver- rez que, sans connaitre aucunement les essais de MM. Soulier et Clouzard, j'eus la meaie idee non-seulement pour le verre, mais aussi pour le papier, ce qui est, selon moi, plus important, enfin pour tous les corps transparents, et que je m'en suis deja assure la propriete par un brevet obtenu il y a quelques mois. » Voici maintenant le procede de M. Minotto, que nous extrayons du Genie industrielde MM. Armengaud : " C'est principalement pour les portraits que le manque de couleur est a regretter ; cette lacune leur donne un air froid. presque cada- v^reux; elle nuit a la ressemblance, et souvent vieillit. " On a tache de parer a cete inconvenient en mettant apres coup des couleurs au pinceau sur I'image photographiee; mais, par cela meme, il arrive souvent qu'en voulant corriger le travail de la lu- miere, on en gate I'effet , on en detruit la ressemblance ; d'un autre cote, on fait souvent passer de mauvai^^es epreuves photographiques en les corrigeant a la couleur, et de la sorte on n'a plus un portrait photogiaphique, mais un portrait esquisse seulement par la lumiere et fait par le peintre. « II s'agissait done de conserver aux images photographiques toute leur finesse de details, d'ombres et de demi-ombres, tout en y ajoutant la couleur qui leur manque. « Ce que Ton n'est pas ])arvenu a faire par la superposition de la couleur a I'image photographique, M. Minotto I'obtient par le pro- cdde inverse , c'est-a-dire en appliquant la couleur sous I'image. « Ce systfeme de coloration , pratique en Allemagne dfes I'annee 1824, et meme brevet^ en ce meme pays en 1826, a ete applique aux gravuros et lithographies sous le nom d" oleocaleographie et de lithochrnmle. C'est cette melhode oubliee que I'auteur vient d'ap- pliquer a la photographie , et c'est cette application entierement nouveile qui constitue son invention. « Cette melhode ne pent s'appliquer qu'a la photographie sur verre, sur papier, sur toile, et eniin sur toutes les substances trans- parentes ou susceptibles de le devenir artificiellement. Nous allons d(§crire les manieres de proceder pour le papier ; les differences a COSMOS. 71 faire subir au travail pour les autres substances sont tres-petites et faciles a comprendre. « Premier moyeu. — On commence par placer le papier sur le- quel se trouve I'image a colorier contre la lumiere , on marque sur I'envers du papier, au crayon, les contours des differentes teintes, c'est-adire s'il s'agit d'un portrait, les contours des cheveux, de la chair, de la robe, du blanc des yeux, etc. ; puis, toujours sur I'en- vers du papier, on donne a chaque partie la couleur qui lui est propre. II est inutile de dire que Ton peut executer a volonte ces couleurs au lavis, a I'huile, au vernis, etc. " On laisse alors secher, et Ton recouvre le papier d'un vernis qui le rend bien transparent; on voit I'imag-e se colorier, et, si To- peration est bien faite, prendre I'aspect d'une miniature et meme d'une peinture a I'huile. " Deuxieme moyen. — On peut aussi commencer par vernir le papier, le laisser secher et le colorier ensuite a I'envers. L'avantage de cette maniere de proceder est que Ton peut se dispenser de faire I'esquisse au crayon, et qu'en outre, en voyant de suite I'efTet des couleurs, on peut les corriger a volonte. On comprend que, dans ce cas, il est necessaire d'employer des couleurs qui prennent sur le vernis ; si le papier est mince , on peut voir les contours par trans- parence et colorier, puis vernir ensuite. " Troisieme moyen. — On peut dessiner ou calquer les contours du portrait sur un papier a part ou sur une toile, et mettre les cou- leurs sur cette esquisse ; cela fait, on I'applique contre I'envers du papier qui porte I'image; en faisant coincider les contours et en pressant ces deux papiers I'un contre l' autre, on voit apparaitre les couleurs. » Ce procede presente sur les deux precedents les avantages suivants : » 1° On conserve intacte et sans couleur , quoique cependant vernie, I'image telle qu'elle a ete produite par la lumiere. " 2" On peut facilement corriger la coloration en recouvrant les premieres teintes par d'autres. pans les deux premiers precedes , au contraire, c'est toujours la premiere couche de couleur qui pa- rait, et on est oblige de I'enlever si on veut la modifier. " 3" On peut donn?r,a la meme image plusieurs aspects difPerents en executant plusieurs doublures coloriees, et changer ainsi la nuance de la robe, et meme si on le voulait, pour un caprice, la couleur des cheveux, des yeux, de la chair, etc. On peut, en outre, faire servir le meme papier colorie a plusieurs epreuves photographiques tiries d'une meme negative. •• 4" On peut dccouper le papier qui porte les couleurs et I'appli- quer successivement sur des fonds differents , afin de voir lequel convient le mieux. On peut meme obtenir des fonds sables en sau- poudrant de poudre d'or, d'argent ou de couleur le fond avant que le vernis suit sec. " Qiioique Texccution du travail , en elle-meme , soit tres- simple, nous croyons devoir entrer ici dans quelques details a cet ^gard. » Pour faire les epreuves positives que Ton veut colorier de cette manifere, il faut choisir un papier dont la pate soit bien egale et re- jeter celui qui, par transparence,, presenterait un aspect cotonneux et iiK^gal. II est bon de faire I'essai du papier en en vernissant quel- ques morceaux. " Quant a I'epaisseur du papier, elle doit etre peu considerable, jusqu'a un certain point, afin de ne pas trop voiler les contours. Neanmoins, un papier trop mince presenterait de graves incon- venients. » Les ombres ne seraient pas assez fortes , on apercevrait la moindre irr^gularite dans les teintes , on remarquerait trop le pas- sage d'une teinte a I'autre , et Ton n'obtiendrait pas cette douceur de teintes resultant de leur fusion produite par le voile du papier, et qui constitue un des merites de cette invention, m^rite important, airtoutpour les chairs. " Si, d'un autre cote, le papier etait trop epais, on courrait da- vantage le risque d'avoir une pate inegale, et les teintes ressorti^ raient trop peu. L'auteur estime que de bon et fort papier a ecrire est ce qu'il y a de meilleur. « II faut que I'image photographique'Soit bien prononcee et d'un ton appropric aux couleurs que Ton veut y apppliquer. II est trfes- important que les blancs soient nets et que I'envers du papier soit exempt de taches. " Les teintes doivent toujours etre vigoureuses,, car leun force est diminuee par le voile que produit le papier photographic , et elles doivent etre d'autant plus intenses que le papier est plus epais et nnoins transparent. D'un autre cote, leur force doit etre d'autant plus faible que les ombres sont plus legeres. On peut quelquefois supplier a la faiblesse des ombres en superposantaux couleurs deux epreuves positives au lieu d'une seule. « II faut evidemment regler les teintes d'aprbs celles de I'objet. COSMOS. 7* Pour les portraits,, il inaporte de couserver exactement la cculeur des cheveux, de la carnation et meme quelquefois celle des levres et des yeux. .. I! est bon de faire les teintes plates le plus r^gulieres possible ; neanmoins, comme la superposition du papier les fond tres-bien, rinexpc'riencen'est pas un grand inconvenient, pour peu que le pa- pier ait une epaisseur suffi=ante. Un point tres-important est de ne pas depasser les contours. " Le vernis doit etre incolore et tel que le ,papier, une fois sec, conserve sa transparence et qu'il ne devienne pas jaune. On cora- prend qu'il existe plusieurs especes.de vernis reniplissant ces condi- tions. Le vernis de mastic est tres-bon. On pourrait aussi fai; e usage de celui dont on se servait dans V oleocaleographie.^ e,t qui consiste en .7 parties d'essence de terebenthine, i partie de mastic premiere qualite, 3 parties de terebenthiiie de Yenise, 10 parlies de verre bianc en poudre. " On pourrait aussi faire usage de cire, d'huile et. en particulier, d'huile de beii et d'autres substances ayant la propriete de donner une transparence durable au papier. CXrVETTE VERTICALE DE M . B. DE LAHAYE. Aujourd'hui que la photographic est devenue un art s6rieux , il est bon que les personnes qui se livrent a la construction des appareils ou a la fabrication des produits chimiques servant aux photographes , soient initiees elles-memes aux manipulations pho- tographiques ; faute de quoi il peut arriver qu'avec d'excellentes intentions , les materiaux fournis soient impropres a I'objet auquel on les destine. Heureusement , il y a deja bon nombre d'industriels qui ont compris la necessity de cette initiation, et qui n'ont recule de- vant aucune des difficultes materielles contre lesquelles echouent trop souvent ceux qui viennent d'entrer dans la carriere. M. Marion ne fait de bon papier pour la photographie que grace a ses connais- sances en cet art. M. De Lahaye a reussi a livrer d'excellents pro- duits chimiques aux photographes, parce qu'il en est lui-meme un des plus hahiles. Mais ne se bornant pas a la simple exploitation de son industrie, M. De Lahaye vient d'imaginer maintenant une nou- velle cuvette verticale inattaquable, pour lasensibilisation, etc., etc., des cpreuves. Nous allons emprunter a son brevet la description de ce.t appareil et I'c^numeration des avantages qu'il presenter 74 COSMOS. La cuvette verticale en cristal ou en verre, inoulee ou taillee d'une seule piece, est destinee ii reinplacer les cuvettes en faience, porce- laine ou gutta-percha, employees jusqu'a ce jour dans I'art de la photographie. Les cuvettes en faience sont promptement attaqu^es par les agents chimiques en usage dans la photographie, non-seule- ment elles absorbent une partie des substances chimiques, mais encore elles occasionnent des taches dans les epreuves , aussi les a-t-on bientot abandoiinces; elles furent remplacees par des bas- sines ou cuvettes en porcelaine : ces dernieres presentent plusieurs inconvenients qui ne sont pas moindres que ceux signali^s dans les cuvettes en faience. Jamais les fonds ne sont bien unis , elles pre- sentent une large surface, les bains sont expos(^s a I'air et a la pous- siere, si elles ne sont pas poreuses comme les premieres , I'inegalite de leur fond en rend I'emploi tres-difficile , le collodion se detache par places de la glace a cause de la rugosite des parois de la cuvette, il y a evaporation du liquide, qui se recouvre constaminent de la poussiere ambiante du laboratoire; la couche de collodion ioduree, pendant son exposition a la lumiere et le fixage des epreuves, est souvent recouverte d'une infinite^ de petits points noirs qui mar- quent en blanc sur I'epreuve positive. Les cuvettes en gutta-percha sont encore d'un eflfet plus desas- treux en photographie , surtout celles qu'on affecte aux bains d'ar- gent, la gutta-percha a une aciion redu'ctrice ties-intense sur ces bains, qu'elle decompose promptement, les paillettes metalliques jouent le role d'un corps etranger opaque, qui surnage le bain et provoque ces taches indelebiles qui perdent les cliches. On a bien essaye de parer a quelques-uns des inconvenients qui viennent d'etre enumeres, en construisant les cuvettes en morceaux de glace colitis avec la glu marine, ou tout autre mastic ; mais ces luts s'alterent promptement malgre les chassis dont on les entoure, les bains transpirent , les enduits disparaissent peu a peu , et on est oblige de faire r^parer fr^quemment ces appareils, auxquels , du reste , on n'a jamais pu donner la forme convenable pour remplir le role auquel on les destinait. La cuvette photographique de M. De Lahaye, etablie d'une seule piece , cfire tous les avantages qu'on peut desirer en photo- graphie et n'a aucun des inconvenients qui viennent d'etre si- gnalt§s. Elle est d'un emploi commode, elle se ferme par un couvercle bien ajuste en gutta-percha , elle peut supporter I'entonnoir pour filtrer le bain, qui restera d'autant plus longtemps limpide, qu'il sera COSMOS. 75 constamment a I'abri de I'air et de la poussiere , elle se lave facile- ment, el!e n'est pas susceptible de se tacher, comme les cuvettes en porcelaine ou en faience, elle permet de voir, avant Timmersion de la glace coUoJionee , si le bain est trouble, effet qui se manifeste frequemment et qu'on ne peut jamais bien voir dans une cuvette horizontale, d'autaiit plus qu'on opere toujours dans un laboratoire • ou Ton ne laisse penetrer que de la luiniere jaune. On peut aussi surveiller la teinte du sous-iodure d'argent qui se forme, et retirer la glace quand cette teinte est parvenue a la couleur opaline. La partie anterieure est concave en dedans, pour eviter tout frottement de la couche collodionee contre les parois. On introduit la glace dans la cuvette au moj-en d'un crochet en verre, qui peut servir aussi a collodioner la glace et dont I'emploi est- d'une tres-grande facilite. Un pied-support fait partie de la cuvette et peut s'enlever a vo- lonte. Disons en terminant que les beaux resultats que nous avons vu obtenir avec cette cuvette I'appellent a rendre de grands services, et lui predisent un biillant avenir. — Nous aurioiis voulu inserer aujourd'hui une lettre a nous adressee par M. Slephane Geoffray , I'habile photographe , en re- ponseaplusieurs attaques dirigees contre lui; mais le defaut d'es- pace nous oblige a renvoyer insertion de ce document a notre pro- chain numero. II nous est toutefois impossible de quitter la plume sans revendiquer, en faveur de notre correspondant , le droit de priorite, qui jusquici nous parait incontestable, pour ('application des solutions de cire aux papiers photographiques. iCABEMIE DES SCTENCES. SUANCE nU 17 JUIN. La st5ance a etc ouverte par la lecture d'un travail de M. Dau- bree sur la production artificielle des silicates et des aluminates • par I'aclion des vapeurs sur les roches. L'habile mineralogiste , auquel on doit deja plusieurs resultats fort remarquables de ces reactions artificielles imitant la nature, expose de la maniere sui- vante les conclusions auxquelles Font amen6 ses dernieres ex^pe- riences : " La geolog'ie moderne admet coinme demontree une modification des roches s^dimentaires , au contact ou dans le voisinage des ter- rains massifs cristallrns ; c'est cette idee theorique qui leur a valu la qualification de roches mdtamorphiques . Depuis la memorable expe- rience de Hall , on a admis comme agent principal du metamor- phisme une temperature elevee. Toutefois la seule intervention de la chaleur ne peut expliquer dans leurs details les modifications profondes que ces roches ont subies .dans de nombreuses contrees. Des actions chimiques complexes ont evidemraent contribue aussi a alleier le type primitif. Dans des recherches anterieures , que I'Academie a accueiUies favorablement, M. D. s'est occupe principalement des especes mi- neral es propres aux gites stanniferes, comme I'etain oxyde, I'opalit^, lalopaze. Les mouvelles experiences ont la meme idee theorique pour point de depart , en etendant la portee a la formation d'une categoric de roches cristallines. Le chlorure de silioium reagissant a I'etat de vapeur sur diver- ses bases portees au rouge, il se decompose en forniant par echange des chlorures et de I'acide silicique. Tantot cet acide reste libre , tantot il se combine avec les bases en excfes , et forme des silicates simples ou multiples. Cette reaction presente ceci de remarquable, sous le rapport chi- mique et surtout au point de vue geologique, c'est que I'acide sili- cique qui prend ainsi naissance et les silicates qui en sont les pro- duits, ont une extreme tendance a cristalliser. Les cristaux sont de petite dimension, mais en gt^n^ral fort nets. En outre, il imports de I'observer, la cristallisation de ces composes a lieu alors a une temperature de beaucoup inferieure a leur point de fusion. Avec la chaux , la magnt^sie, I'alumine, la glucine, on obtient du quartz cristallise, sous la forme ordinaire de prisme hexagonal py- ramide, et une partie de la base passe a I'etat de silicate. C'est ainsi COSMOS. 77 que le silkate de chaux rioinme wollastonite a une grande tendance a se produire en tables rhombes avec troncatures, qiui sont souvent groupoes perpendieulairement entpe elles a la nriaTuere des prismes de staurolide. C'est ainsi qu'avec la magnesie on obtient le peridot en prismes rectangulaires. L'aluraine donne un silicate en prismes allonges ayant les caracteres du distliene.. Pour former un silicate double ou multiple il faut ,, non-seulement melanger les deux bases a silicater dans les proportions oonvenables, mais encore fournir, en ajoutant I'une d'entre elles enexces, roxy- gene necessaire a la formation de I'acide silicique. Un melange de chaux et de magnesie donne des cristaux de pyroxene dLopside incolores , d'une lirapidite parfaite , presentant la large troncature et le biseau qui sont ordinaires a I'augite. Sept Equivalents de potasse ou de soade, un equivalent d'alumine ou un Equivalent d'alcali, un equivalent d'alumine avec six equivalents de chaux, produisent, sous la reaction du chlorure de silicium, des cristaux en prismes obliques , avec biseau obtus, inattaquables par Facide sulfurique, fusibles au chalumeau,qui,en un mot, presentent ks caracteres desjeldspaths. Par le meme procede , et en faisant varier les proportions et la nature des bases soumises au chilorure de silicium, M. D. est arrive a des silicates offrant les caracteres cristallographiques et chimiques de la willeiuite^ de V/docrase, du grenat, de la phenakite^ de X eme- raude,del' euclnse , du zircon etenfinde la tounnallne. Cette derniere espece est en prismes hexagonaux tres-raccourcis avec leur double pointement rhomboedwque tres-obtus. . Le chlorure d' aluminium peut etre utilise de la meme maniere que le chlorure de silicium. En passant sur de la chaux au rouge, il produit du chlorure de calcium et de I'alumine en cristaux qui se rapportent a deux types propres au corindon telesie. Un melange des chlorures d'aluminium et de magnesium mis au contact de la chaux., portee aussi au rouge, produit le spinelle. Le spinelle zincifere ou gahnlLe et \-a. franklinite s'obtiennent d'une maniere analogue. Le chlorure de titane donne le titane oxyde avec la forme de la brookite.. L'oxyde d'etain obtenu d'une maniere analogue est cristal- lise sous la meme forme que celui obtenu anterieurement par M. D. gar la decomposition de la vapeur d'eau.. Enfin , la magnesie cristallisee ou periclase de la Somma peut etre obtenue aussi par la reaction de la chaux sur le chlorure de magnesium , qu'on trouve parmi les abondantes vapeurs chlorurees 78 COSMOS. des fumaroles du Vesuve. Le meme chlorure, decompose par la va- peur d'eau , donne aussi le periclase. >• Les resultats qui viennent d'etre signales condaisent a des con- sequences qui ne peuvent etre enonc6es ici que tres-brievement. M. D. ne pretend pas etablir que tous les sdicates qui component la masse des roches cristallines se soient formes par des vapeurs; niais, meme au milieu des roches fondues du Vesuve, on trouve un certain nombre de min^raux , sur lesquels M. Scacchi a recemment appele Tattention, et qui paraissent etre un produit de sublimation. Parmi lesiuineraux de plus ancieniie formation , il en est beaucoup qui n'ont pu evideminent venir, par voie de fusion, tapisser les fissures ou on les rencontre aujourd'hui si bien isoles. Quellesqu'aient ete les impuretes oiiginelles des calcaires cristallins, le corindon, la spinelle, le periclase, la chondrodite, n'ont pu s'y d^velopper sans I'introduction posterieure d'agents chimiques qui leur etaient Strangers. Tous ces produits varies de transport, silicates, aluminates, oxydes et autres combinaisons formees, soit dans les fissures, soit au sein de roches de venues aujourd'hui tres-compactes, s'expliquent dela maniere la plus satisfaisante, d'apres I'auteur des experiences, par I'intervention d'l^manations chlorurees et fkorees. D'ailleurs, quand il s'agit de composes aussi volatils et aussi penetrants , rien ne s'oppose a ce que leur action se soit etendue sur des epaisseurs considerables, telles que celle des roches schisteuses des Alpes ou du Bresil. Les cidcaires cristallins nous restent conime des temoins per- petuels de ces anciennes exhalaisons. Le mode d'enchevetrement du quartz et des silicates , principa- lement dans les roches granitiques, a ete longtemps une des diffi- cultes de toutes les hypotheses sur la formation des roches primor- diales. Or, on voit maintenant, dans les dernieres experiences, le quartz cristalliser en meme temps ou meme plus tard que les sili- cates, moins refractaires que lui, a une temperature qui depasse a peine le rouge-cerise, et par consequent enormeinenl inferieure a leur point de fusion. Si le mica exhale encore par lachaleur des fluorures de silicium, de bore ou de lithium, on ne pent afhrmer que les pates granitiques n'aient pas aussi reiit'erme dans I'origine des chlorures de silicium, de bore ou d'aluminium, bien que ces corps manquent au milieu des vapeurs qu'on recueille aujourd'hui a proxiniite des orifices volca- niques. II n'est nuUement demontre que la presence d'une certaine quan- COSMOS. 79 tit^ de vapeur d'eau soit, a de hautes temperatures, un obstacle aux reactions qui viennent d'etre decrites, puisque le silice et I'alu- mine se separent anliydres d'une dissolution aqueuse par une tem- perature de 300 a 400 degres. — M. Blot a pris ensuite la parole afin de presenter a 1' Academie le Cours d" algehre superieure, public par M. Serret. Dans cet ou- vrage, M. Serret a cherche a completer les traites d'algebre ele- mentaire, en y reunissant les conquetes les plus recentes de I'esprit humain dans le domaine de Fanalyse alg^brique. L'auteur a non- seulement traite de la theorie gdndrale des equations, mais il a introduit en outre dans ce volume ce qui se rapporte a la theorie des nombres, qui a tant progresse depuis le commencement du siecle. M. Biot a prononce le plus bel eloge que Ton puisse faire du livre de M. Serret, en disant qu'il se recommande « par une clarte de redaction tres-remarquable « ; etre clair est toujours un moyen ex- cellent de reussite dans les travaux didactiques, mais c'est surtout une chose indispensable dans I'enseignement des sciences mathema- tiques. — Un travail de M. Dunal a dte prdsente par M. Brongniart. Si nous avons bien compris, l'auteur de ce memoire s'etait proposd de demontrer que la pretendue transformation de X cegylops ovala en triticum n'etait rien autre chose qu'une fecondation de la pre- miere de ces gramindes par le pollen de la seconde. Nous revien- drons plus tard sur ce sujet. — M. Milne-Edwards a depose sur le bureau de I'Academie un nouveau memoire de M.-Lacaze-Duthiers (que nous avons nomme par erreur Lacaze-Duteil dans le numero precedent), sur le deve- loppement de I'appareil respiratoire des acephales lamelhbranches. Nous analyserons prochainement les differents travaux de ce jeune naturaliste. Le meme savant a communique a I'Academie une lettre de M. Bazin, qui a reconnu dans la benzine un excellent remede contre les insectes nuisibles aux differents vegetaux ; mais M. Bazin re- garde I'emploi de cette substance comme un moyen peu praticable vu son prix trop eleve. — Le meme M. Bazin a decouvert les in- sectes qui attaquent les betteraves, et il a essay6 contre eux plu- sieurs moyens de destruction. Celui qui parait lui avoir le mieux reussi a consiste tout simplement dans I'alternation des cultures. L' Academie avait ete invitee par le gouvernement [a presenter deux candidats pour la place restee vacante au Bureau des lono-i- tudes par la mort de M. I'amiral Roussin, C'etait la premiere 80 COSMOS. fois que pareille chose arrivait a TAcademie des sciences; aussi le president, M. Combes, s'est oru oblige d'avertir ses confreres que Ton nommerait les deux candidats en deux scrutins separes, aprcs quoi on a precede a I'election. Au premitr touT de scrutin, sur 40 nfienibres ayant droit de voter, M. Duperrey a r^uni 34 suf- frages , M. Deloffre 2, M. Laplace 2; il y a eu 2 billets blancs. M. Duperrey a done ete inscrit comme candidat de TAcaderaie en premiere ligne. Au second tour de scrutin, sur 35 votants, M. De- loffre a obtenu 24 voix, M. Laplace 9, M. Lartigue 1 ; il y a eu un billet blanc. Le nom de M. Deloffre a done ete plac^ sur la liste de presentation, a la suite de celui de M. le capitaine Du- perrey. — Apres cette election, la parole a ete donn^e a M. Valat, qui est venu lire un memoire sur les polyedres demi-reguliers, Ce travail a deux parties bien distinctes. La premiere est consa- cree a I'exposition des proprietes des corps demi-r(5guliers, connus sous le nom de solides dArchimede; deux geometres seulement, Kepler, dans son l)el ouvrage sur les Harmonies du monde, et Li- donne, a la suite de sa table des Nomhres premiers, publiee en 1808, en ont fait Tobjet d'une etude speciale, quoique tres-incom- plete. La deuxieme contient les conditions d'existence de ces corps, ex- primees par trois Equations fondamentales dans le cas des combi- naisons ternaires ; elles sont analogues a celles que Laplace donne dans ses lemons al'Ecole normale pour les corps r(^guliers, et a celles que M. Poinsot a trouvees pour les polyedres reguliers etoiles. L'auteur en deduit d'abord les treize solides connus ; ensuite deux autres groupes en nombre illimite de polyedres jouissant des memes proprietes que les premiers. 11 propose de les designer sous le nom de corps prismatiques droits et corps prismatiques gauches. Dans le premier groupe, forme tout entier de vrais prismes droits, se trouvent , en consequence, le prisme triangulaire et le cube; les termes de la deuxieme serie, parmi lesqueis se trouve Yoctaedre, ont, comme ceux de la precetlente, deux faces regulieres dgales et paralleles, mais interceptant des triangles ^quilateraux ; le rappro- chement des deux series donne lieu a des r^sultats remarquables, que l'auteur indique et se propose d'etudier plus compl^tement. — 1\L Le Verrier a present(^ ensuite les observations mete^orolo- giques du inois dernier, faites a I'Observatoire imperial de Paris , une sorie d' observations de la comete de M. Klinkerfues, faites au meme Observatoire , des observations meteorologiques envoy^es de C083I08. gf S^tif, en Algdrie, et des obseuvaiiDns recenfces de la petite planete Amphytrite. — Noua n'avons pas pu saisir ks quel ques mots prononces par M. Cauchy em presentant a. I'Aeademie quelques-unes de ses !iou- velles elucubrations. — La correspondance, d^pouillee d'une voix claire et nette par le secretaire perpctue], M. Flourens,, contenait d'abord une lettre de M, le ministre de la marine, a<3Compa§naTit un rapport de M. le vice-amiral commandant en chef de L'escadte de la MediterraTiee, sur un cas de foudre. torabiue a vapeur, systfeme Armstrong dont les efTets sont si prodigieux, a ^te reinstallee dans une salle interieure- ment nouvelle. .. J'ai souvent aussi visite et admire avecM. Duboscq le Piojal Panopticon, dont j'ai plus d'une fois entretenu les lecteurs du Cosmos.^ Les formes extericures de I'l^difice sont d'une grande cle- COSMOS. 87 gance; les proportions de la rotonde et du dome a I'interieur sent tout a fait grandioses; inais ce qui nous a paru vraiment merveil- leux, ce que riniagination a peine a concevoir, c'est I'organisation intinie, ce qu'on pourrait appeler I'aine de cet edifice modele. Une machine a vapeur, de la force de dix chevaux , fait circuler partout I'eau, I'air, le feu, lemouvenient, etc., etc.; I'electricite et la lumiere peuvent aussi circuler partout et apparaitre sur tous les points. On pourrafairejaiilir de ces sources de vie des torrents de merveilles; les nouveaux directeurs , M. Wenhann et M. le docteur Bibers, com- prennent leur mission et ils la rempliront glorieusement ; qu'il nous soit permis , en attendant, de feliciter 1 ancien directeur, M. Mar- maduke Clarke, de sa niagnifique creation. " Si je continuais aujourd'hui le recit de mes impressions, vous ne le recevriez pas a temps ; je m'arrete en vous signalant un fait vraiment extraordinaire. Vous ne devineriez pas ce qui preoccupe en ce moment les sommites intellectuelles de I'Angleterre; c'est si etrange que je crois rever en vous le racontant. Partout oil vous allez , on vous demande srrieusement si vous avez lu le pamphlet qu'un membre de la Societd Royale de Londres , un grave profes- seur de Cambridge, vient df publier sous ce titre : On the plura- lity of worlds , la pluratite des mondes, et dans lequel il pretend prouver, par des arguments sans replique, que la terre est le seul nionde v^ritablement digne de ce nom , seul vaste , seul habi- table, seul habite. Ces singulieres doctrines , qui renversent d'un seul coup toutes les theories et les decouvertes de I'astronomie moderne, ont mis en verve sir David Brewster, qui repond a M. Wewhell par un charmant volume: « More world that one, » // y a plus dun mantle. Qui, oui, la pluralite des mondes , voila le grand sujet de toutes les conversations actuelles ; en moins de quinze jours, I'edileur de M. Brewster, M. John Murray, a vendu plus de deux mille exemplaires du volume, que j'analvserai d^ns ma prochaine lettre. » VARlfiTES. ANEMOMETRE CHRONOMETRIQUE. Nous recevons de M. Montigny, professeur de physique a I'A- th^nee de Namur, la description suivante d'un nouvel aiiemometre qu'il vient dinventer, en reponse a la question pos^e par la Soci^t^ des sciences, des arts et des lettres du Hainaut (Belgique) : « Faire « connaitie un moyen sur et exact de recueillir, d'une maniere con- « tinue ou a des instants tres-rapproches, I'indication de la vitesse « de lair, notamment dans un puits ou une galerie de mine, pen- « dant au moins douze heures consecutives, >• Solent A un mouvement d'horlogerie, indiquant I'heure, la mi- \iute et la seconde; jnB son pendule de 1 metre environ de lon- gueur ; le tout place dans une caisse herm^tiquement ferm^e. L'axe de rotation j?i du pendule est prolonge en dehors de la caisse d'une quantity suflisante pour qu'un levier metallique m c, faisant corps avec l'axe m, maintienne a une certaine distance du plan de la caisse la plaque rectangulaire a b, implantee a I'extremit^ de la tige per- pendiculairement a sa longueur. Une masse pesante n, fix^e al'axe dans I'interieur de la caisse, equilibre le poids du levier et de la plaque exterieurs, de maniere que m c soit horizontal quand le pen- dule atteint la verticale m'SI . Les parties vie eiab doivent etre construites avec legeret^, sans que cependant elles soient flexi- bles. Admettons d'abord que I'on ait fait fonctionner dans I'air calme, a I'abri de tout courant d'air, I'appareil dispose de cette maniere, COSMOS. 89 dans le but de comparer sa marche a celle d'un chronometre, comme on le ferait pour une horloge ordinaire, at de regler sa mar- che sur celle de ce dernier, sinon exactement , du moins de ma- niere a rendre les differences tre.-^-faibles, et a noter I'etendue de celleS'Ci, afin de faire subir les corrections necessaires aux indica- tions de Tinstrument. Nous supposerons en premier lieu que Ton ait ^tabli un synchronisme parfait entre I'anemomfetre et le chro- nometre. Actuellement, pla^ons I'instrument au milieu d'un courant d'air horizontal, dans une position telle que le plan d'oscillation du le- vier m c soit parallele a la direction du courant, et ce levier dirige d'ailleurs dans le sens de celui-ci, comme I'indiquent les fieches de la figure. En vertu de sa vitesse, le courant d'air exercera une pression continue contre la plaque ah, au plan de laquelle il sera normal dans la position d'equilibre horizontal de m c. Quand Tap- pareil fonctionnera et que le levier et la plaque oscilleront, la pression re9ue par celle-ci , pendant le parcours d'un arc d'oscilla- tion, aura evidemment pour resultat de diminuer la dur^e de Toscil- lation. En effet, remarquons qu'en tout point de I'arc decrit par le cen- tre de ab, autre que le milieu de I'arc, la pression totale/'du cou- rant, oblique au plan de la plaque, est susceptible d'etre decom- posee en deux forces, I'une f'c tangentielle a I'arc, et rautrey"c, dirigee suivant le prolongementde mc. Or, lacomposante/'c tend a ramener mc a la position horizontale de la meme maniere que la composante tangentielle du poids de tout le systeme oscillant /;icB, considere a son centre de gravite, tend a ramener ce systeme sur la verticale nil. Inferons de la que la pression du courant contre la plaque, combinee avec les actions de la pesanteur sur le systeme oscillant , accelerera ses oscillations ; il en resultera necessairement qu'apres un certain temps, I'anemomfetre accusera, dans ses indi- cations, une avance sensible par rapport au chronometre, avec le- quel sa marche serait restee concordante s'il eut continue de fonc- tionner dans I'air calme, ul'abri de Taction du courant d'air. Evi- demment, I'acceleration de I'appareil croitra avec la duree de I'observation, des I'instant que !e courant persiste. II est facile d'etablir une relation entre I'avance a, eprouvee par 1 anemometre, compare dans ses indications au chronometre, apres un temps d'action T, et la vitesse V du courant que, pour plus de simplicite, nous supposerons constante pendant Tintervalle de temps T. En effet, si nous admettons d'apres les experiences de Borda et 90 COSMOS. de Hutton, que pour des vitesses moindres que 10 metres, la pres- sion du courant d'air centre une plaque perpendiculaire a sa direc- tion est proportionnelle au cane de la vitesse, nous obtiendrons r^quation suivante pour I'expre^sion de V : V^l + X2 ' q est un facteur numerique inddpendant de la vitesse du courant, et dont la valeur est fixde d'apres I'aire de la plaque, la longueur du levier inc , le poids de tout le systeme oscillant, la distance du centre de gravite de celui-ci a I'axe m, et enfin la tension et la tem- perature de Fair. Afin d'eviter aux observateurs le calcul de la vitesse V en fonc- tion de I'avance a et de la duree T de I'observation, on peut former a I'avance une table renfermant les vitesses du courant d'air corres- pondant a des avances successives de une seconde et a des durees T d'observation croissant de 5 minutes. Voici une partie de la table calculde par I'auteur, dans la supposition de ^=10: Table des vitesses du courant d'air , calculees d'apres I'avance que V anemomiire epronve pendant une duree determinee de I'observation , et dans la supposition do q = 10. A Vance DE l'anemOMETRE. DURF.E DE t'OBSERVAxrON. gm iO™ 1o" 20™ 25'" 30™ M M M M M M IS 0,817 0,574 0,469 0,406 0,363 0,332 2' 1,158§ 0,817 0,6G3 0,574 0,513 0,469 ! 3^ 1,417 0,994 0,817 0,703 0,629 0,574 4' l,638j 1,158 0,938 0,817 0,726 0,663 i^» 1,833 1,293 1,035 0,916 0,817 0,745 I Un exeinple prouvera la facility que presente I'emploi de cette table : Ajires avoir d'abord fixe, commedonnees fondamentales, les ^l^ments du systeme oscillant 'Qmcab d'un anemometre, pour qu'il decrive une oscillation par seconde, ^l^ments parmi lesquels la plaque a h est supposee etre un carre de 0'",20 de cot^, I'auteur trouve par le calcul 19,74 pour la valeur du coefficient, q propre a COSMOS. 91 cet andmomfitre. Si Ton suppose que I'appareil, apres avoir etd rdgle pr^alablement sur le chronometre , soit plac6 dans les con- ditions indiquees, au milieu d'un courant d'air, et que celui-ci lui fasse ^prouver une avance de 5' aprfes une observation de 10" de duree, on calculera la vitesse du courant d'air en effectuant le produit de 1°,29, vitesse correspondant dans la table ci-jointe a I'avance 5' et a la durde 10"" d'observation, par le noinbre "19,74, qui est le rapport du coefficient propre a I'appareil, au coefficient 10 qui a servi a la construction de la table : le produit 2°', 546 obtenu , exprimera la vitesse du courant d'air cherchee. Tel est le principe de ran^mometre nouveau. 11 est fonde, comme on a pu le remarquer, sur un mode de reception de Taction du courant d'air qui n'a pas encore et^ employe. En outre de lagrande sensibilite que pri^sentera un appareil conslruit sur ce principe, il offrira ceci : la marche de I'anemometre sera affectee dans un sens ou dans I'autre , aussitot que la vitesse de I'air augmentera ou di- minuera, au point que la duree d'une oscillation du pendule devra subir I'effet, ineme tres-petit , de toute variation de vitesse que ce courant eprouvera pendant quelle s'effectue. Or, I'anemometre a ailettes de Voltmann et ceux construits sur le meme principe ne peuvent prendre aussi rapidement le regime propre a des variations de vitesse brusques; il arrive necessairement qu'un anemometre de cette espece, fonctionnant d'abord j'au milieu d'un courant d'air, doit continuer ses revolutions pendant un certain temps, en vertu de la vitesse acquise, quoique Taction du courant ait compl element cesse. Quand V anemometre-pendide sera place au milieu des memes circonstances. il ne fonctionnera plus que par les actions du meca- iiisme d'horlogerie et de la pesanteur , aussitot que, la vitesse du courant cessant, celui-ci ne pressera plus contre la plaque. Alors Tan^mometre fonctionnera comme dans Tair calme pendant la dur^e de cette interruption ; la difference entre ses indications et la marche du chronometre proviendra seulement de Tinfluence du courant pendant la premiere partie de Tobservation oil celui-ci aura regne. Nous n'entrerons dans aucun des details de dispositions particu- lieres, ni de conditions mecaniques auxquelles I'appareil doit satis- faire et que Tauteur a fait connaitre datis^un memoire special. Nous ajouterons seulement que Tappareil, compost^ d'unmouvement d'hor- logerie de bonne facture , et dont T^chappement le plus convenable est celui a chevilles , peut etre enchasse avec sa caisse, dans une niche pratiquee dans la parol latdrale d'une galerie de mine ou Ton voudra determiner les variations de vitesse d'un courant d'adrage 9B COSMOS. pendant une p^riode de tem|is plus on moins prolongde. La plaque et le levier qui la relie au pendule interieur , se trouvant ainsi en soillie sur la paroi , seront les seules parties de I'apparei! qui recevront Tinflaence de la vitesse du courant. On congoit que, si lagalerie est inclinre, on puisse donnerau levier w c, une inclinaison quelconque,. sans laquelle il sera parallcle k la direction du courant d'air quand il atteindra sa position de repos. Ainsi, dans un puits oil regnerait un courant ascendant , le levier serait dirige verlicalement , la plaque au-dessus de I'axe de rotation du pendule. Lorsque I'appareil sera fix^ a demeure, on pourra, k tout instant, le faire fonctionner a I'abri de Taction du courant, dans le but de comparer sa marche a celle du chronometre, sans deplacer I'an^- mometre, et sans interrompre la circulation de I'air. Un dcran, perce d'une rainure afin de laisscr le le\ier eft'ectuer librement ses oscillations, que Ton placera momentanenient en face de la plaque, en avant par rapport au courant, soustraira completement la plaque a la pression de I'air en mouvement, aussitot que la eomparaison de I'appareil et du chionometre I'exigera. L'interposition de I'ecran sera necessaire quand on voudra, par cette eomparaison, constater les differences que pent presenter la marche de I'anemometre dans I'air calme par rapport au chrono- metre ; differences qu'il est important de constater de temps a au- tre, afin d'introduire les corrections dans les nombres observes h I'aide desquels on doit deduire la vitesse du courant, et cela avant de faire u>age de la table, comme I'auteur I'indique. Lafiicilite de determination de ces differences, soit avant ou apres une observation faite sous I'influence du vent, doit lever tout doute sur la possibilite d'introduire avec avantage dans une galerie de mine, un appareil qui, par la nature de son mecanisme, semble d'abord expose a subir les effets d'infiuences perturbatrices. Dans les mines, la temperature de I'air ne subit pas des variations aussi «§tendues qu'a la surface de la terre : les perturbations resultant de la non-compensation du pendule seront done peu sensibles. Les effets de I'humidite de I'air sur la marche de I'appareil seront peu sensibles. Les procedes galvanojtlastiques permettront de mettre a I'abri de la rouille certaines parlies de I'appareil. L'auteura termine son travail en faisant connaitre une disposi- tion de I'appareil plus complete, qui, tout en reposant sur le meme princijje que celui-la, permettra a I'instrument d'enregistrer lui- meme la difference de marche comparative de I'anemometre et dvt chronometre, a des intervalles de temps tres-rapproches. COSMOS. 95 L'appareil, ainsi dispose, dispensera d'operer le releve des diffe- rences a des instants designes, comme on serait oblige de le faire avec Tanemomfetre plus simple. M. Montigny, auquel cat anemometre a valu una medaille en vermeil de la part de la Societe des sciences, des arts et des lettres du Hainaut, se propose d'appliquer ce mode de reception de la pression d'un courant d'air a la determination precise des lois de cette pres^sion en fonction de la vitesse du courant. Ces recherches, qui exigeront beaucoup de soin, pourront completer les experiences de Borda et de Hutton sur cette question importante de mecanique appliquee. DE LA TRANSPARENCE DE l'aTMOSPHERE , Methode d'oiservation proposee PAR LE B. P. ANTONELLI. On cherche depuis longtemps un procede pratique capable de don- nerla mesuredekipureteou transparence de 1 'atmosphere. Le cyano- metre de Saussure et les appareils cyanometriques de Biot et d' Arago avaient ele proposes dansle butde resoudre cet important probleme de meteorologie pratique. M. Babinet est souvent revenu sur cette question, et d'autres physiciens encore ont essaye la mesure de la dia- phaneitede I'air, soitpar des moyens photometriques, soit par I'ob- servation des raies du spectre. Voici maintenantun astronome Italian, un piariste, le P. Antonelli, qui croit avoir vaincu les difficultes que presentait ce genre de recherches. Nous trouvons en effet dans X A- teneo italiano un long article de ce savant professeur consacre a Texposition de sa methode diaphanometrique . Le procede qu'il emploie consiste dans 1' etude comparee des memes astres a des epoques differentes a travers les memes lunettes ou les memes te- lescopes. Suivant le P. Antonelli les images telescopiques ofFrent dans leurs changements un moyen precieux d'evaluer la transpa- rence des couches atmospheriques; et ses observations, commencees en 1849 et continuees pendant plusieurs mois , Tout amene aux conclusions suivantes : 1" La transparence de I'atirjo^phere subit des variations remar- quables d'un instant a I'autre et dans une meme region, aussibien que d'une heure a I'autre, suivant differentes directions, et dans di- verses saisons, II parait done que I'ocean atmospherique est conti— nuellement agite, toujours traverse par des substances etrangerese de densites fort differentes qui le maintiennent dans un etat de per- turbation plus ou moins sensible plus ou moins facile a constater. 94 COSMOS. 2° Malgrc rachromatisme des appareils optiques, les corps celestes soumis a una observation attentive se montrent un taut soit peu co- lords sur les bords ; et ces ph6nom&nes lumineux varient d'iiitensit^ et d'aspect pour un meme objet , son eclairage et sa hauteur au- dessus de I'horizon restant les memes, suivant les variations des con- ditions atmospherJques. 3° Lorsque la vision nette et distincte d'un objet semble prouver une grande purete d'atmosphfere, il arrive assez souvent qu'un trem- blement considerable ou un soubresaut imprevu de I'astre observ6 rendent impossible une bonne observation astronomique. 4" Quelquefois, au contraire, les objets nous paraissent immo- biles et non ondulcs, inais leur lumiere se trouve tellement affaiblie et leurs contours si estompes et si peu saisissablcs que Ton est pousse a nettoyer les objectifs, les miroirs ou les oculaires, dans I'espoir d'obtenir une vision plus nette, que toutes ces precautions ne parviennent cependant pas a nous donner. 5" L'etat sec et electrique de I'air est un signe de sa diaphaneity, qui se trouve etre troubiee par les conditions opposees. 6" Enfin plusieurs de ces changements et de ces trepidations at- mospheriques paraissent etre independants des changements de pression et de densite de I'air ; en sorte que, meme les mouvements qui deforment le plus I'aspect et la clarte des astres, devancent de quelques jours les abaissements de la colonne barometrique et pea- vent annoncer beaucoup mieux que ceux-ci rap[iarition des nuages, de la pluie et des vents. DEUXIEME NOTE SUR LE DEVELOPPEMENT o'Ef-ECTRICITE QUI ACCOM- PAGNE l'eVAPORATION DES DISSOLUTIONS AQUEUSES. PAR M. S. M. GAUGAIN. Les recherches dont je vais rendre compte ont porte sur les dis- solutions aqueuses d'un assez grand nombre de corps, dont on trou- vera plus loin Teimmeration ; mais le developpement d'electricit^ qui accompagne I'evapofation de toutes ces diverses dissolutions presente les memes caracteres generaux qui m'ont ete offerts par la dissolution de sel marin (voir le Compte rendu de la seance du5 juin) et par consequent il me suffira de rappeler en quelques mots ces caracteres : 1" I'electricite ne se manifeste qu'autant que lYvapo- ration est accompagnc^e de decrepitation ; 2" la charge de I't^lec- troscope s'opere graduellement et va en croissant tant que la decre- pitation dure ; 3" cette charge est plus forte, toutes choses (5gales d'ailleurs, quand on se sert d'un t'^lectroscope simple que quand on COSMOS. fS emploie un electroscope a condensateur, et devient inappreciable quand on veut faire usage de mon appareil a double condensation ; on peut done dire de toutes les dissolutions que j'ai ctudides ce que j'ai dit de la dissolution de sel inarin, et cnnclure que, dans tous les cas, I'electricite qui se manifeste pendant I'evaporation est due au frottement; reste a determiner entre quels corps le frottement s'exerce : j'avais pense d'abord qu'il n'y avait d'efficace que le frot- tement de I'eau centre le platine, mais les considerations suivantes font voir qu'il en est autrement. D'abord si I'electricite etait due exclusivement au frottement de I'eau et du platine, elle devrait toujours etre de meme signe et comme on le verra tout a I'heure, elle est tantot vitree, lantot re- sineuse suivant la nature des dissolutions employees. En second lieu, quand on fait ^vaporer dans un creuset parfaite- ment propie une dissolution quelconque, Ton n'obtient en general que des signes electriques tres-faibles, lors meme que Ton opere sur une dissolution saturee; mais si Ton repete plusieurs fois I'expe- rience sans nettoyer le creuset, et si la substance dissoute est une substance solide, susceptible de se deposer a I'interieur du creuset, on reconnait que la presence des depots qu'elle forme augmente presque toujours d'une maniere tres-notable le developpoment de I'electricite. Enfin, et cette raison me parait tout a fait decisive, on peut ob- tenir des signes d'electricite tres-mani testes, dans des circonstances oil I'eau projet^e par la decrepitation ne rencontre pas du tout de platine, et oil le seul corps qu'elle puisse frotter est de meme nature que celui qui se Irouve dans la dissolution sur laquelle on opere; I'experience suivante me parait etablir trfes-nettement ce fait: j'ai calcine une certaine quantity de sel marin et I'ai chauffee assez for- tement pour en former une petite masse solide ; j'ai fixe cette masse a I'extremite d'un fil de platine dont I'autre bout communiquait a I'eiectroscope, etjel'ai chauffee de nouveau avec une lampe a al- cool; puis mettant de cote la lampe, j'ai fait tomber sur le culot de sel chaud quelques gouttes soit d'eau pure , soit d'eau contenant deja du sel marin; j'ai obtenu ainsi un developpement d'electricite trfes-considerable, qui ne peut etre attribue qu'au frottement de I'eau centre le sel. Les raisons que je viens d'exposer me paraissent demontrer clairement que reiectricite qui se prodult pendant I'evaporation, provient en tres-grande partie, du moins dans beaucoup de cas, du frottement de I'eau centre les depots qui tapissent I'interieur du 96 COSMOS. creuset ; I'examen des resultats particuliers fournis par les diverses dissolutions sur lesquelles j'ai operd, confirme encore cette maniere de voir ; ces resultats se trouvent r^sum^s dans le tableau suivant : Cliai-ge transniise par le crcusct Designation des substances dissoutes. a relectroscopc. Potas5e vilree assez forte. Sonde id id . Barvte id id. Stronliane t . . id id. Cliaiix id Ires-faiLle. Ammoiiia(|ue resineuse id. Acide sult'urique conceotre nulle Id. etendu resineuse tres-faible. Acide acctique concentre ou etendu. . . . nulle. Acide azotique concentre nulle. Id. etendu resineuse tres-faible. Acide chlorliydrique concentre ou etendu resineuse faible. Id. borique , id. tres-forte. Id. phosphorique id. id. Clilorure de sodiuai id. id. Chlorure de baiyum id. id. Sulfate de potasse vilree faible. Sulfate de sonde , resineuse ....... id. Sulfaie de mas^nesie id tres-faible. Phospbale de soude id forte. Borate de sonde id li es-faible. Azotate de pota-se ^ id faible, Azotale de soude id foi te. Azolale de baryte. . , id id. Azotaie de sircntiane id id. Carbonate de polasse vilree Ires-forte. Chlorate de polasse resineuse faible, D'abord, si Ton rapproche les substances qui ne developpent point d'electricite ou n'en donuent que de faibles signes, on voit qu'elles different beaucoup les uues des autres par leur nature chiini- que ; les unes sont des acides, les autres des bases, les autres des sels ; raais elles ont en general cela decoinmun, que leurs dissolutions s'e- vaporent avecune decrepitation nulle ou tres-faible; au contraire, les substances qui donnent des signes tres-marques d'electricite sont celles dont les dissolutions s'evaporent avec un petilletnent vif et prolonge et qui peuvent en outre laisser des depots sur les pa- rois du creuset. En second lieu, si Ton cherche a saisir la condition qui determine le signe de relectiicitt^ developpee, on voit qu'elle ne pent resider dan5 la nature chiinique des corps dissous ; en eflet, parini les sub- stances peu nombreuses qui chargent le creuset d'electricite viti^e, COSMOS. 97 on trouve cinq bases et deux sels ; mais on peut faire cette remar- que que les corps qui se chargent pendant I'^vaporation de Tune ou de I'autre des deux electricit^s sont en general ceux qui ont de I'ap- titude a prendre par le frottement la meme espfece d'electricit^ ; j'ai d(^crit dans ma prect^dente note une experience qui prouve que le sel marin sec et en poudre s'electrise r^sineusement par le frot- tement du platine chaud; j'ai repete cette experience avec toutes celles des substances comprises dans le tableau precedent qui peu- vent conserver I'etat pulverulent a une temperature un peu 61evee et j'ai constate ainsi que dans les conditions de I'experience, la ba- ryte, la strontiane , la chaux, le carbonate de potasse et le sulfate de potasse prennent I'electricite vitrde, qu'au contraire, le sulfate de soude, le borate de soude, le sulfate de magnesie, le chlorure de baryum, le chlorure de sodium et le phosphate de soude se chargent d'dlectricite resineuse; or si Ton rapproche ces resultats de ceux qui ont ^te fournis par 1' evaporation des dissolutions cor- respondantes, on voit que, conform^ment a ce que j'ai annonce, les corps qui prennent une electricite determinee par le frottement, communiquent au creuset la meme Electricite dans les experiences d'Evaporation ; cette analogie remarquable me parait etreun nou- vel argument en faveur de I'interpretation que j'ai donnde plus haut. Toutes les experiences dont je viens de rendre compte ont ete ex^- cutees avec un creuset de platine; mais j'ai constate que dans le cas oil Ton emploie un vase de laiton, le developpement d'electri- cite qui accompagne I'evaporation presente encore les proprietds caracteristiques de I'electricite due au frottement. L'oxydation du vase ne peut pas developper d'electricite appreciable a I'electro- scope simple ; pour rendre manifeste I'electricite provenant de cette source, il est non-seulement indispensable d'employer un conden- sateur, mais il faut encore etablir une communication directe ou in- directe entre I'un des plateaux et le liquide, en meme temps que I'autre plateau est mis en rapport avec le metal oxydable ; comme ces conditions ne se trouvent remplies ni dans les experiences de M. Pouillet ni dans les miennes , je regarde comme certain que les signes Electriques obtenus dans ces experiences sont tout a fait in- dependants de l'oxydation des vases oi^i s'effectue I'evaporation. En resume, il me parait demontrd que I'electricite qui se mani- feste pendant I'evaporation des dissolutions aqueuses provient ex- clusivement des frottements auxquels le p6tillement du liquide donne naissance ; ces frottements s'exercent soit entre I'eau et les parois du creuset, soit entre I'eau et les depots qui tapissent ces 98 COSMOS. parois, soitenfin entre le vase et les poussieres projet^es au dehors; ces deux derniers frottemcnts semblent toujours produire des 6\ec- tricites de signes differents ; les deux premiers d^veloppent tantot des electricitds de meme nom, tantot des ^lectricites de nom con- traire; le frotlement exerce centre les depots formes a I'interieur du creuset parait etre le plus energique. Je n'ai pas r^pete les experiences de M. Pouillet relatives a la decomposition des oxydes reductibles par la chaleur, mais M. Mat- teucci, qui s'est occupe de ce sujet [Jnnuaire de chiinie et de phy- sique, 2' s^rie, tome xvi, p. 265), affirme qu'il ii'a pu obtenir la moindre trace d'electricite en decomposant par la chaleur les oxydes d'argent, le peroxyde de plomb et le chlorure d'or; je crois done qu'il est aujourJ'hui permis de dire qu'il n'est pas un seul fait bien ^labli qui prouve que la segregation chimique soit une source d'd- lectricite ; cette conclusion est importante en elle-meme pour la theorie des phenomenes electriques et semble d'ailleurs conduire a cette autre consequence, que le developpemeut d'electricite qui ac- compagne les combinaisons chimiques ne r^sulte pas non plus de Taction de la combinaison. SUR LA POLARITE ELECTRO -STATIQCE PAR M. VOLPICELLI. 1° Ayant pris une tige cylitidrique de cuivre jaune, longue d'en- viron 1™,5, epaisse d'environ 0°,03, je I'ai recouverte a I'une de ses extremit^s d'une couche d'isolant resineux , de la longueur d'environ 0'",3, et d'une epaisseur d'a peu pres O^.OOS. Cette tige, ainsi preparee , je I'ai fait glisser librement dans le sens de sa lon- gueur sur un support annulaire aussi de cuivre jaune d'abord Isold , en la retenant par son extremite recouverte. Pour eviter qu'il y ait frottement ou pression sur la couche isolante a I'endroit ou Ton tient la tige , il suffit d'adapter convenablement une petite virole metal- lique sur rextrdniite recouverte, et de tenir la tige par cette virole en ayant soin que celle-ci n'ait aucun contact avec la tige elle-meme. Par une telle disposition, la tige et ie support seront , on le voit, isoles , et, moyennant un mince fil de cuivre qui parte , tantot de I'extrdmite recouverte d'isolant , tantot de la partie de la tige ddcouverte , on pourra recueillir sur I'electrometre condensateur , I'eiectricite developpee par I'isolant, dans le premier cas , par sa surface exterieure , et dans le second par sa surface interieure , et cela dans chaque excursion de la tige executes dans le meme sens , COSMOS. 99 et rep^tee autant de fois qu'il sera necessaire pour avoir^ un effet sensible. Or si, dansle mouvement progressif de la tige , c'est I'ex- tremit^ decouverte qui avance, I'electricite fournie par celle-ci et par le support sera n(5gative , tandis que celle obtenue de la sur- face ext(5rieure de Tisolant sera positive. Si, au contraire , c'est cette extrdmite, c'est-a-dire la partie decouverte, qui recule , on aura I'electricite positive par la tige metallique decouverte et par son support, tandis qu'on I'aura negative par la surface ext6- rieure de I'isolant. II est clair que dans cette experience, I'electricite de la partie metallique provient de la surface int^rieure de I'isolant, et I'on pourra en conclure que I'isolant, par les vibrations longitudinales de la tige, presente une polarit6 electro-statique sur les deux surfaces, interieure et exterieure; c'est-a-dire que nous avons en ce cas une polarite electro-statique dans le sens de I'cpaisseur de I'isolant. 2" En continuant a tenir la tige par son extremite recouverte , mais faisant en sorte que le support, et, par consequent la tige, meme soient en communication avec lesol, si dans I'excursion, I'ex- tr^mite decouverte avance, I'electricite obtenue par la surface exte- rieure de I'isolant sera positive, etsi, au contraire, cette meme extremite recule , I'electricite obtenue sera negative. .3° En faisant glisser la tige tenue par I'extreinite decouverte , elle sera, comme ie support, en communication avec le sol; et si, dans le mouvement progressif, I'extremite decouverte avance , I'e- lectricite obtenue par la surface exterieure de I'isolant sera positive; mais si, au contraire, I'extremite indiquee recule, alors I'electricite obtenue sera negative. 4° Si Ton recouvre d'isolant I'une et I'autre extremite de la tige metallique , chacune d'elles sur 0"\S environ de longueur et O-^.OOS d'epaisseur. et qu'on fasse glisser la tige en la tenant par sa partie moyenne decouverte , en ce cas la tige et le support seront en com- munication avec le sol, et I'on trouvera que pour les excursions faites dans le meme sens, I'electricite obt?nue par la surface exterieure de I'isolant sera en meme temps negative sur I'extremite qui avance , et positive sur celle qui recule. Amsi, I'on aura une polarite elec- tro-statique produite dans I'isolant par les vibrations longitudinales que lui communique la tige metallique en glissant sur le support. 5" En repetant la meme experience, mais en tenant la tige par une des extremites recouvertes, si, en ce cas, le support est isoie, la tige le sera aussi , et I'electricite de la surface exterieure de I'lso- 100 IIOSMOS. lant se trouvera negative dans I'extremite qui pr^cbde , et positive dans celle qui suit. 6° En tenant encore la tige par una des extr^mites recouvertes , mais faisant communiquer le support avec le sol , I'electricite obte- nue de la surface exterieure de I'isolant par une extremite quelconque sera nieme en ce cas negative ou positive, selon que Textremite que Ion considere dans lexcursion sera ant^rieure ou pos.terieure. 7" En conservant toujours le support de cuivre jaune, j'aifait aussi des experiences avec des tiges d'autres in^taux, et j'ai trouv4 que I'argent agit de la meme maniere que le cuivre jaune ; que le cuivre donne des resultats plus faibles , que le fer ne s'y prete pas si Lien, et I'acierljien moins encore. Puis, en general, ilm'a paru que quand des tiges metalliques glissent sur des supports annulaires du nieme metal, les phenomenes sont toujours plus marques. Je crois cependant que les faits qui se rapportent aux differents m^taux ont besoin d'etre confirm^s. 8" De toutes ces experiences , qui d'ailleurs s'accordcnt parfai- tement avec celles qui ont fait I'objet de ma premiere communica- tion , je crois qu'on peut conclure que le frottement engendre les vibrations longitudinales, et que celles-ci, communiquees a I'isolant, developpent en lui la polarite electro-statique. 9° Quand I'atmosphere est seche et froide, les experiences dont je viens de parler r^ussissent avec beaucoup d'intensite. J'ai tou- jours associ^ I'electroscope de Bohnenberger au condensateur de Volta avec un tres-grand avantage, et j'ai trouve un accord parfait entre ces deux pr(^cieux instruments. Pour isoler lesfils de cuivre, conducteurs de I'electricite, j'ai employe des batons de cire d'Es- pagne, mais garnis de viroles metalliques a leurs deux extremitds , de sorte que, dans les experiences, cet isolant n'etait jamais touche par la main ; en outre ces viroles empechaient aussi que I'isolant ne touchat la table sur laquelle il etait place; au moyen de ces precau- tions tres-utiles , on empeche toute induction electro-statique de la part de I'isolateur. Je dois, en terminant, avertir qu'avant de commencer ces exp^-- riences, il faut , afin qu'elles r^ussissent bien, oter convenablement de la surface de I'isolant ce voile d'humidit^ que I'atmosphere y depose avec le temps. II faut aussi remarquer que lorsque I'atmo- sphere est surcharg^e d'humidite, ou bien lorsque les nuages sont tr^s- rapproch^s du sol , le phenomena s'aflaiblit, et memen'apas lieu du tout, mais il nem'est jamais arrive que par des circonstances atmo- ppheriques, la polarite dont il est question ait ete renversee. PHOTOGRAPHIE. Nous donnons aujourd'hui la lettre de notre actif correspondant, M. Stt^hpane Geoifray , que le defaut d'espace ne nous avail pas per- mis d'inserer dans la derniere livraison : « Si vous voulez bien revoir la premiere lettre que j'eus Thonneur de vous adresser a propos de la benzine, vous trouverez la confirma- tion de ce que je vais vous dire sur les experiences auxquelles je m'etais livre dans le but de cirer et iodurer les papiers par bain et d'un seul coup. Je crois etre le premier qui ai pense d'une manifere fixe a faire entrer dans cette nouvelle voie les operateurs photogra- phistes, les quelques lignes du Propagateur, qui suivent ma se- conde communication , celle relative a la cirol^ine, me confirment dans cette croyance. Je crois etre le premier qui ai songe d'une manicre serieuse et suivie a employer la cire ou ses elements en dissolution. Or, j'en suis persuade, la est une grande source de pro- gres pour la preparation des papiers ; vous comprenez alors, mon- sieur, que j'ai la faiblesse de teiiir a conserver d'une maniere au- thentique le mdrite de cette innovation. Mes experiencesjusqu'apresent n'ont pas dementi la theorie a la- quelle vous vous interessez. Dans quinze jours, si mes papiers con- servent les qualites qu'ils ont encore, je pourrai me croire suffisam- ment assure ; et alors je vous adresserai la formule tres-simple qui m'aura r^ussi; jusqu'a present les epreuves que j'essaie chaque jour laissentvoirlesmemescaracteresetneperdentrienruneapresl'autre, la sensibilite seule est diminuee, mais a un degre sans consequence. II y a deux ans, a mon retour de Rouen, lorsque je pus reprendre mes experiences photographiques, je commengai mes essais sur les cires et leurs elements, en partant de cette idee qu'il serait avanta- geux d'enduire les papiers par bain et de les iodurer par la meme impregnation. L'essence de terebenthine etait connuede toutes les bonnes mena- geres comme dissolvant de la cire, et avant meme d'avoir etudie serieusement la chimie organique, je me mis a essayer ce produit bien rectifie. J'observai de suite que mes papiers etaient par ce moyen rarement assez uniformement impregnes. — La volatilisation de l'essence se fait d'une maniere plus ou moins rapide €n donnant lieu a une r&inification qui produite en couche plus ou moins epaisse suivant que telle ou telle partie du papier avait garde eiisejour plus ou moins de I'enduit , faisait par places des insensibilUes plus ou moins grandes. J'obtenais de beaux resultats, mais quelquefois sea- lement. Jen'avais pas dans ces resultats une Constance qui mesatisfit. 102 COSMOS. Je ne dosais pas a mon gre, suivant les effets que je desirai?, pour la sensibilite de mes papiers ; je trouvais d'ailleurs qu'a formule identiquelaterebenlhine we dnn unit pas la mcme sensil>i/ite que celle obtenue avcc la methode Legray. De plus la t^rebenthine employee seule, sans I'addition des sucres de lait, des fecules de riz, etc. , etait incapable de me faire des noirs equivalents. J'acquis enfin la certitude que ce corps n'^tait nullement photo- genique et meme que la resine abandonnee toujours irr^gulierement par les elements volatils etait una cause de lenteur par trop grande. Je crus done devoir laisser sans publicite mes essais avec ce dissol- vant, malgre I'espoir dans lequel il in'avait confirme. J'experinientai ensuite tous les autres dissolvants indiques dans les livres de chimie et qui pouvaient s'appliquer a I'objet de mes recherches. Je reconnus a tous d'autres inconvenients encore. Enfin la benzine de Collas, dont j'eus bientot la formule, me donna, avant toutessai, de belles esperances. J'experiinentai d'abord avec enthou- siasme. J'avais des epreuves sans taches trop facheuses , d'un mo- dele parfait , et auxquelles je n'avais a reprocher qu'une certaine ir- regularite dans la sensibilite. Ce d^faut tenait aussi a la volatilisa- tion precipit^e du dissolvant qui laissait, avant ecoulement complet et egal , plus ou moins de cire par places. Quant a la rapidite du papier, elle n'etait guere plus grande que celle des papiers a la t^- r^benthine, c'est pourquoi j'ai passe outre cette fois encore, croyant inutile de proposer une methode sans avantages importants. Jemeraisalors a essayerla ciroleine. A premiere vue, cet enduit nouveau m'avait paru d'une richesse insuffisante. L'experience m'a prouv^ depuis,et me prouve tous les jours de plus en plus que la so- lution de ciroleine dans I'alcool, si elle n'est pas chargee, est, par centre, pleine de qualites photogeniques qui rendent son emploi tres- satisfaisant, et la font capable de subir une grande variete de for- mules. — En ofiet , a la fois elle peut etre sensibilisi5e pour une grande rapidite, et aussi elle peut etre ioduree pour resister aux in- fluences des climats meridionaux ; elle peut subir, en un mot, tous ces dosages qu'un habile photographe sait appliquer a propos pour obtenir chacun des degies n^cessaires a tel ou iv\ efFet. La ter^benthine et la benzine m'avaient donn^ une grande finesse , mais j'ai obtenu depuis avec la ciroleine bien mieux sous ce rapport. A cet endroit, je dois faire observer que la methode Lespiault est d^fectueuse en un point tres-important. Le correspondant de la Lumiere n'a pas pri^vu un des graves inconvenients de la methode Legray, celui auquel est dii ce grenu reproche par la plupart des COSMOS. 103 operateurs aux (^preuves drees prealnb/emenf . M. Lespiault, conime M.Legray, iodureparuneseconde manipulation. Jecrois avoir toutes raisons pour engager les chercheurs a ne pas raster satisfaits si les enduits exp^rimentes par eux (dans I'ordre qui nous occupe, bien entendu) ne peuvciit tenir en dis.--olulioii les premieres substances sensibilisatrices. M. Lespiault, sous le ciel de Nerac, n'a pas pu conserver mon papier assez longtemps, c'est probable, puisqu'il raffirme. Je feral observer seulennent a I'honorable photographe que cela prouve seu- lement une trop grande sensibility de la part de la ciroleine avec la- quelle il aexpdrimente. Or il est toujours facile de diminuer la sensi- bilite d'un vehicule quelconque , et je ne doute pas qu'en dosant d'une maniere proportionnelle a la chaleur du pays qu'il habite, M. Lespiault n'arrive a conserver aussi longtemps que je I'ai dit les papiers a la ciroleine, et cela, monsieur le redacteur, sans le secours du moyen conservateur, dont je vous entretiendrai plus tard, quand. le temps m'aura fourni une certitude complete. Quant au degre de fusion de la ciroleine, regarde par M. Lespiault comme cause de reduction dM papier a la ciroleine dans le Midi, vous savez s'il peut etre pour quelque chose dans le phenomene reproche. Les corps hydrog^nes, etendus a tel dtat, restent en place d'abord, et ensuite ne subissent pas les niemes modifications mole- culaires qu'en masse ; n'est-il pas aussi tie principe que les sub- stances sous I'influence de I'alcool se comportent d'une inaniere toute particuliere? Je termine ce sujet en invoquant I'opinion meme de M. Legray, qui, se servant de lacire non dissoute, reconnait a la ciroleine lafaculte, au meme degre, de conservation. Je dois d'ailleursrdpondre aux observations que M. Legray m'a fait I'honneur de m'adresser dans sa brochure. Ce sera pour moi I'occasion de donner sur la ciroleine et le parti qu'on en peut tirer pour le papier humide ousec,Ae nombreuses considerations, en meme temps celle de satisfaire, autant qu'il me sera possible bien entendu, aux questions qui me sontjournelleinent adress^es. " ACAD£]ffI£ DES SCIENCES. STANCE DU 24 lUlN. Aprfes la lecture et I'approbation du proces- verbal de la seance pr^cedente, la parole a 6te donn^e a M. Bazin, qui est venu entre- tenir I'Academie des differentsinsectes decouverts par M. Annand Bazin sur le froment, la pomine de terre, la vigne et la carotte, et qui paraissent etrela cause des maladies de ces plantes. MM. Bazin fils, devoues comme leur pere aux interets agricoles, n'ont pascess6, depuis I'apparition des maladies sur les plantes alimentaires, de s'occuper de la recherche des causes et des remedes de ces mala- dies; et ils ont deja fait plusieurs communications a ce sujet a dif- ferentes societes. Voici en attendant la premiere des notes de M. Bazin, celle qui est relative a la maladie du froment : " Depuis quelque temps, on voit les ^pis de bl^ se couvrir de ta- ches d'un jaune rougeatre, et si Ton ouvre les balles en ces endroits, on s'aper9oit que les grains ne se forment pas ou se forment mal. On attribue generalement ces tachesa la presence d'un cryptogame. On dit que les epis de ble se rouillent sous I'influence de la pluie et de Fhuinidite, et les esprits commencent a s'alarmer, parce que cette affection presente par son aspect une analogie frappante avec I'alteration des feuilles que les cultivateurs designent sous le nom de rouille. Cette analogie n'est qu'apparente. Si la pluie et les cryptogames ^taient la cause de cette affection on aurait raison de s'en prdoccuper , parce que le mal pourrait ra- pidement se propager et causer de veritables desastres. Heureuse- mantil n'en est rien. Ce qui arrive cette annde au froment arrive tous les ans, un peu plus, un peu moins. La veritable cause de ces taches rousses est une larve d'insecte, de diptere. Ouvrez avec precaution les balles qui jaunissent, et vous trouverez a I'interieur, vers la base, a la place du grain qui n'a pu se developper, des groupes de ces petites larves jaunatres , sorties d'ceufs qui sans doute ont 6te deposes la par leur mere, au moment de la floraison du bl^. Or toutes les larves qui doivent naitre cette annee sont mainte- nant ecloses. Tout le mal qui doit etre fait existe aujourd'hui. On peut I'apprecier a sa juste valeur et il est facile de se convaincre qu'il est peu considerable. Voila done une maladie frappant la plante qui nous interesse le COSMOS. *05 plus et clont un insecte est certainement la cause, quoique plus tard, sous Tinfluence de I'etat niorbide de la plante, il puisse se ddvelopper des vegetations cryptogames. Dans un moment ou Ton s'occupe si vivement, si justement des maladies des plantes, nous avons cru utile de signaler ces observa- tions, d'abord afin de rassurer I'opinion publique , ensuite pour I'em- pecher , comme cela n'arrive que trop souvent, de s'^garer dans I'appreciation de la cause de cette maladie. » — M. Regnault a expose ensuite le contenu d'une lettre de M. Melloni, dans laquelle I'illustre physicien fait connaitre de nouvelles experiences qui paraissent infirmer la theorie des influen- ces electriques. Nous allons citer de souvenir I'analyse fort suc- cincte du travail de M. Melloni, donnce par M. Regnault; aussi reus ne garantissonspasl'entiere exactitude de nos citations. Nous ferons plus tard, s'il y a lieu, d'apres les Comptes rendus officiels, le rectifications ndcessaires. Tout le monde a rdpete jusqu'a ce jour que si Ton appro- che un conducteur isole d'un corps charge de tluide eiectri- que, I'influence de celui-ci se fait sentir a une certaine dis- tance ; I'electricite, contraire a celle du corps charge, se porta sur la partie du conducteur qui regarde ce dernier, tandis que le fluide de meme nom s'accumule a I'extremite opposee. On a I'habitude de prouver cette assertion par les mo;ivements des feuilles d'or ou des boulettes en moelle de sureau, attachees a des fils fins, que Ton suspend au deux bouts du conducteur isoie et charge par influence. On voit alors qu'un baton de cire a cacheter, frotte et approche des feuilles ou des boulettes eiectroscopiques, produit deux effets opposes aux deux bouts du conducteur. Ainsi, dans le cas ou le corps influent aurait ete electrise positivement, la cire a cacheter aurait repousse I'eiectroscope avoisinant la source electrique, et attire au contraire les paillettes ou les petites boules situeessurrextremite la plus eloignee. Cette experience, facile a re- peter, et que Ton refait tres-souvent dans les cabinets et aux cours de physique, ne reussit plus, suivant M. Melloni, si Ton interpose un ecran metallique non isole entre la source influente et les appa- reils eiectroscopiques. On voit, dans ce cas, au dire du physicien italien, que tousles electroscopes, sur quelques points du conduc- teur qu'on les ait attaches, s'eiectrisent de la meme maniere, et qu'un baton de verre frotte, parexemple, les attire ou les repousse tous egalement a quelques petites differences d'intensite pres. II parait que la lettre de M. Melloni contient encore un grand lOfi COSMOS. nombre d'autres experiences opposdes a rancienne maniere de voir des physiciens sur I'electrisation par influence; nous ne pou- voiis rien dire aujourd'liui sur la valeur de ces faits, que nous ne connaissons point, mais contre lesquels il nous semble voir s'dlever toujours la bouteille de Leyde. M. Regnault s'est demande en ter- minant cetle communication , s'il ne serait pas possible d'expliquer toutes ces experiences sans niettre de cole I'ancienne theorie des in- fluences, M. Melloni ne paraissant pas encore fixe sur ce point, et n'ayant en vue, par sa communication, que de provoquer les re- cherches des physiciens a cet egard. M. Pouillet est du meme avis que M. Regnault. II trouve indispensable, avant de formuler un ju- genient quelconque sur ces faits curieux, d'examiner la complication que doit introduiie dans les phcnomenes, I'interposition des ecrans mtHalliques non isoles. II faudra done examiner I'etat diectrique si- multane et de I'ecran et des paillettes electroscopiques ; ce qui parait n'avoir pas encore ete fait par M. Melloni. La lettre de ce savant se termine par quelques considerations relatives aux experiences de M. Clarke, sur la vitesse de I'electricile dans de tres-longs con- ducteurs isoles, experiences dont nous avons deja rendu compte , et qui prouvent, d'apies M. Melloni, que I'electricite est un niou- vement vibratoire, analogue a la chaleur et a la lumiere. Si tous les faits observes par M. Melloni etaient arrives a notre connaissance, nous aurions pu, des a present, les rapprocher de quelques pheno- menes analogues , etudies par d'autres physiciens ; mais avant d'etablir une comparaison entre des choses qui n'ont peut-etre au- cun rapport, nous aimons mieux attendre la publication de la lettre de I'habile professeur napolitain. — En meme temps que le memoire de M. Melloni, M. Regnault a depose sur le bureau de I'Academie un travail de M. Jules Tis- sier, sur les phenomenes de dissolution de plusieurs sels metal- liques , et surtout du phosphate de chaux par I'acide borique en dissolution. Nous ne connaissons'que le litre de ce travail. — La communication la plus curieuse et la plus (itendue qui ait dt6 faite dans la seance de ce jour, est sans contredit le fragment d'un livre : Sur la baguette dwinatoire , le penduls exploratenr et les tables tournantes ^ que M. Chevreul a voulu faire entendre a ses con- freres avant de le livrer a la publicite. Ce fragment n'est, en derniere analyse, qu'une amplification de cette pensee ingenieuse de I'auteur : que lous les phenomenes de mouvement des corjjs ineites , parais- sant obeir a des lots mysterieuses , ne sont que des tours de charla- tan^ ou des manifestations de nos pensees par I' interniediaire des COS^IOS. 107 organes^ sans le concoiirs explicite de la volonte. M. Chevreul, a la priere deDeleuze, s'etait deja occupe en 1812 de phenomenes de cette espece. II n'avait lu jusqu'alors aucun des auleurs qui ont ecrit sur cette matiere, et dont il a pris connaissance dans ces derniers temps. Aussi sa lettre a Ampere, publiee en 1833 et dont nous avons donne un extrait lors des discussions relatives aux tables parlantes, n'etait que Texpression de ses convictions personnelles, determinees par des experiences faites avec tous les soins ima^ji- nables. Aujourd'hui , M. Chevreul vient corroborer ses anciennes assertions par I'histoire de la Rhabdomnntie , qui lui offre a toutes les epoques la preuve irrecusable, soit de I'adresse d'habiles jon- gleurs , soit de I'influence que la preoccupation de I'esprit peut avoir sur les mouvements de la baguette divlnatoire. Basile Valentin au xv'' siecle, et le P. Schott dans sa Technica curiosa, se sont occupes les premiers du pouvoir mysterieux de la baguette; les demonologues en ont tous paile, et les travaux des PP. Malebranche, Vallemont, Lebrun, etc. , sur ses facultds merveilleuses , ne sont que le prolongement des discussions ant^- rieures sur les pratiques des sourciers et des chercheurs de tresors. Ce qu'en ont ecrit quelques physiciens, tels qu'Ozanam et le P. Regnault, n'a presque pas de valeur, leurs opinions n'etant point etayees d'experiences rigoureur^es ; enfin , quoique pares de grands mots scientifiques,les travaux modernes de Ritter , d' Amoretti , de Gerboin , du comte de Tristan et de beaucoup d'autres rhabdo- inanciens, tels que I'abbe Paramelle, ne valent guere mieux que les revasseries cartesiennes , ou les explications theologiques de leurs predecesseurs. M. Chevreul rappelle tous ces noms et les faits qui se rapportent a chacun d'eux, dans le but de jeter quelque lumiere sur ce sillon te- nebreux laisse par j'ignorance a travers I'histoire du passe. Mais avant de s'occuper avec plus de details des faits relatifs a la baguette divinatoire, le savant acad^micien distribue le sujet a traiter en qua- tre parties distinctes, qu'il marque par les qualre questions que voici : La baguette divinatoire fait-elle decouvrir : I" les metaux et les sources ; 2° les bornes deplacees dans les champs ; 3° les coupables et les innocents; 4° les faits du monde moral, et par consequent les choses futures? M. Chevreul a toujours eu I'habitude de proceder avec une m^thode rigoureuse dans ses investigations, ce qui a donn4 a ses travaux une apparence de secheresse et de nudite qu'ils sont loin d'avoir quand on les examine de plus pres. Sur une char- pente scolastique, ce savant etale en effet tant de doctrine et d'e- 108 COSMOS. rudition, queles nervures s'effacent sous I'abondance du tissu qui les recouvre. La lecture qu'il a faite aujourd'hui a ses confreres en est une preuve frapimnte ; commenc^e au milieu du bruit, elle adt6 ter- minee au sein d'un auditoire attentif. Les episodes dramatiques dont ces pages etaient emaillt^es, ont effac(5 les delimitations systematiques, et ils ont contribue pour beaucoup au recueillement o-eneral qui a accueilli cette lecture. Si la memoire ne nous fait pas d^faut, nous allons essayer de fixer a notre tour I'attention de nos lecteurs, en citant quelques passages du travail historique de I'il- lustre academicien. Avant 1630, d'apres M. Chevreul, on ne s'etait guere occupe en France d'interroger les branches d'aulne ou de coudrier sur des evenements du domaine de la conscience. On s'etait borne a cher- cher tresors et sources, suivant Tancienne tradition, et quoique la reussite n'eiitpas toujours couronn^ les pratiques des Rhabdoman- ciens la foi vive de nos pferes ne s'etait point alarmde des insuccfes des baguettes. A son apparition, Jacques Aymar le sourcier, trouva done les esprits du plus grand nombre fort disposes a se laisser convaincre de la realite de ses decouvertes. Jacques Aymar n'^tait qu'un paysan , mais de cette race de pay- sans qui, sous I'ecorce rude et primitive de I'homme des champs, ca- chent une intelligence fine et rusee, laquelle a d'autant plus beau jeu avec les gens du monde, que Ton se doute moins de son existence. II etait de Saint-Verran, pres de Saint-Marcelin, en Dauphine, et depuis plusieurs annees on le consultait dans son pays pour avoir de I'eau dans les campagnes, ou retrouver des tresors voles ou ca- ches. On pretend meme qu'il decouvrait les petits voleurs et les peches mignons des dames. Toutefois, en 1692, sa celebrite n'avait pas encore franchi les limites de sa province. II arriva alors que, dans la ville de Lyon, le 5 juillet 1692, sur les dix heures du soir, on assassina dans une cave, a coups de serpe, un marchand de vins et sa femme. Personne n'avait vu les meurtriers, et Ton resta quelque temps sans pouvoir suivre les traces des coupables. Enfin, la pensee vint a quelqu'un d'aller consulter Jacques Aymar, et de mettre sa baguette a la recherche des assassins. Le paysan vint a Lyon, et fut introduit chez le procureur du roi, qui le fit conduire immediatement dans la cave oil le crime avait ete commis. A peine y fut-il entre que, saisi, a ce que Ton raconte, d'une fievre vio- lente, il tomba dans une sorte d'etat cataleptique. Revenu a lui, il assura pouvoir suivre les traces des coupables; et, accompagne d'un C0S310S. 109 commis du greffe et de quelques cavaliers de la mardchaussee, il se rendit a Beaucaire. Arrive la, il courut droit a la porte de la prison oil Ton avait I'habitude d'enfermer les filous pendant la foire. On lui presenta une vingtaine de ces honnetes personnel, devant les- qnelles la baguette du paysan resta immobile, mais elle se mit a faire toutes sortes de courbettes aussitot que Jacques Aymar se fut arrete devant un mechant petit bossu, qui avait pali et tremblait de tous ses membres a I'aspect de ce denicheur de criminels. On s'empara du bossu, on lui donna question ordinaire et question extraordinaire, tellement, qu'il faillit presque en devenir droit; et, un beau matin, la nouvelle se repandit dans Lyon que le bossu avait avoue sa participation au crime, et le nom de deux personnes qui I'avaient pris pour complice dans cette horrible entreprise. Le petit bossu fut roud sur la place des Terreaux, et Jacques Ay- mar, apres avoir poursuivi de sa baguette les deux autres assassins jusqu'a Toulon, et de la par mer jusqu'aux frontieres du royaume, assura que, si Ton avait pu le lui permettre, il les aurait pour- suivis et d^couverts au dela des frontieres, se fussent-ils cache's au bout du monde. On peut se figurer ais^ment ce que souleva de bruit ce succes da Rhahdornancien, tous les beaux esprits du temps en furent emus. Malebranche admit 1 'intervention du diable dans ces pratiques super- stitieuses, I'abbe Vallemont ecrivit un Traite de la baguette dwina- toire, le P. Lebrun. le P. de Ranee, I'abb^ Tiraud, s'occuperent sdrieusement et pendant longtemps de ses vertus merveilleuses • mais il etait reserve au prince de Conti de d^masquer le fripon et de faire comprendre aux doctes metaphysicians qu'en matiere d'ex- p^riences, il faut brider I'imagination, consulter les ftiits, et ne tirer que fort tard les consequences. Ce prince fit venir Aymar a Paris, et I'ayant conduit sur sa ter- rasse de Chantilly, il eut le bonheur d'y constater tout de suite un premier insucces. La baguette du paysan ne bougea point, quoique la terrasse du prince fiat situ^e au-dessus de la riviere ; les eaux souterraines n'etaient done pas un aimant irresistible pour le cou- drier revelateur. Monseigneur fit alors creuser plusieurs puits dans son jardin ; il en rempHt quelques -uns avec des metaux ; un puits fut rempli de cailloux, et un autre resta vide. Le tout fut soi- gneusement bouche ; Aymar vint inspecter les lieux avec sa ba- guette ; elle resta immobile sur les metaux, tourna sur les cailloux et se raontra fort agitee sur le puits vide ; les metaux n'agissaient done pas mieux que la riviere. Enfin le prince ayant ete averti qu'a la 110 COSMOS. rue Saint-Denis un archer du guet avail ^te as^asain^, on alia avec Jacques Aymar sur les lieux ou le crime avail ete commis ; la place 6tait encore couverle de sang, mais les yeux du paysan avaient ^te bandi'^s. II passa el repassa a plusieurs reprises sur I'endroil ensan- glante sans le reconnaitre, et ce fut apres cetle derniere epreuve que le fourbe ful chasse de Paris comme il I'avuit ete deja de son pays, ou ses revelations avaient trouble la paix de plusieurs nienages. Colbert lui-nieme s'etait occupe un instant de ce charlatan et avail charge I'abb^ Gallois de le presenter a T Academic des sciences; mais le docte abbe sut prendre si adroitement au pi^ge le ruse com- pere, que celui-ci crut decouvrir une bourse d'or dans, le jardin ou I'abbe Gallois avail ^te remuer la terre, tandis que la bourse etait restee entre les mains d'une personne a laquelle on I'avait confiee avant meme d'entrer dans le jardin. Ainsi finit la verlii mysterieuse de Jacques Aymar, dont il arriva a peu pres ce qui etait arriv6 de la dent d'or ; quand on voulut I'etudier de pres, on trouva qu'elle n'avait jamais existe. M. Clievreul, apres avoir raconte cetle histoire, a passe en revue quelqups autres fails du meme genre sur lesquels nous ne nous ar- relerons pas, car nous avons hale d'arriver a des recherches en ap~ parence beaucoup plus serieuses, aux recherches de Gray, le savant illustre auquel I'electricile doit ses premieres et plus curieuses decouverles. Gray etait uii grand physicien, mais il avail le defaul de se laisser comme lant d'aulres entrainer par la folle du logis. — Sur la fin de ses jours il crut done avoir fait une grande decouverte. II ne s' higissait de rien moins que de la cause vraie du mouvement des planetcs autour du soleil. Mortimer, secretaire de laSociele royale, continua les recherches de Gray, que ia mort avail inlerrompues. Wheler pril part aux travaux de son confrere, et tous les deux eurenl bientot la conviction que le desir de voir certains mouve- ments se produire avail ele la seule cause des plit^nomenes obser- ves par I'illusU'e defunt. Voici d'ailleurs quelles ^taient les experiences de Gray , lelles qu'on les trouve decrites dans les Transactions philosophiques et dans les Histoires de Priestley et de Sigaud de la Fond : » Placez , dit Gray, un petit globe de fer d'un pouce ou d'un pouce et demi de diametre, faiblement electrise, sur le milieu d'un gateau circulaiie de r^sine de sept ou huit pouces de diametre; et alors un corps le- ger, suspendu parun fil tres-fiii de cinq a six pouces de longueur, tenu dans la main aa-dessus du centre de la table, commencera de COSMOS. HI lui-meme ase mouvoir en cercle autour du globe de fer, et constam- meiit d'occident en orient, Si hi globe est place a quel'que distance du centre du gateau circuliiire, le petit corps decrira une ellipse, qui aui a pour excentricite la distance du globe au centre du gateau. Si le gateau de rdsine est de forme elliptique, et que le globe de i'er soit place a son centre, le corps leger decrira un orbite ell)pti(]ue de la nfieme- excentricite que celle de la forme du gateau. Si le globe de fer est place dans un des foyers du gateau elliptique, le corps leger aura un mouvement beaucoup plus vite dans I'apogee que dans le perigee de son orbite. Si le globe de fer est fixe sur^un piedestal a un pouce de la table , et qu'on place autour de lui un cercle de verre ou une portion du cylindre de verre creux electrise, le corps leger se mouvra comme dans les circonstances ci-dessus, et avec les n^emes varietes. » Nous venous de dire que Wheler et Mortimer ayant repete les r^cherches de Gray, n'obtin.rent aucun resultat, et qu'ils en tirerent la meme conclusion que M. Chevreul tira en 1833 de ses propres experiences , a savoir , que I'attente d'un certain mouvement suffisait ponr le determiner. Amsi done, les histoires merveilleuses de la baguette divinatoire, les faits, bien etudids, du pendule explorateur, se reduisent, en defini- tive , soit a des jongieries, soit a des inouvements determines par la pensee de I'operateur, quoique independants de sa volonte. On peutdoncconclure avec M. Chevreul, qu'anjourd'hui le doute n'est plus permis sur les niouvements du pendule explorateur et de la baguette, et qu'il faut toujours se mettre en garde, dans I'examen de faits semblables, quelque habile que Ton soit d'ailleurs , contra ce coup de pouce du langage vulgaire, qui fait tout le fond des pro- diges dont il vient d'etre parle. — Le docte academicien se pro- pose de traiter prochainement de la danse des tables et des autres phenomenes qui peuvent etre expliques par des actions ana- logues. La lecture de M. Chevreul ayant pris tout le temps de la seance, on a accorde foit tard la parole a M. Malaguti, qui a lu un travail sur Taction que I'eau de mer exerce sur les chaux hydrauliques et sur les ciments. — M. Cauchy a depose une nouvelle note dont le titre nous a ec appe. — iM. Dumas est venu presenter un memoire de M. Filhol, pro- fesseur de chimie a Toulouse, sur la non-existence du pretendu ar- senic normal dans le corps de I'homme , et un autre travail du meme auteur sur les matieres coloriintes des fleurs, ct plus specia- MO coswos. lement, sur la mati^^e tinctoriale des fleurs blanches qui se colore en jaune sous raction de rammoniaque et del'air; a cette colo- ration M. Filhol attribue la teinte verte que pr^sentent plusieurs fleurs rouges, soumises a I'influcnce des memes agents qui auraient transforme simplement le rouge en bleu, sans la presence de la ma- tiere blanche des petales. — M. le secretaire n'a pas eu le temps de depouiller la corres- pondance. II n'a fait que lire troislettres sur le tremblement de terra du 20 juillet. L'une de ces lettres, ^crite des Eaux-Bonnes, ^tait de M. Antoine Passy; I'autre venait d'Arcachon, la troisieme de Cha- tillon-sur-Dordogne. Les details contenus dans ces Merits s'accor- dent a donner aux ondulations terrestres du20 juillet une direction du sud au nord ou tres-approchee. M. Andral a parle d'une ob- servation du meme genre faite a Cotterets, M. Flourens a cit6 une lettre de M. L^on Dufour sur le meme sujet, et M. le mardchal Vaillant a pris la parole pour raconter que I'hopital militaire de Bareges a ^te aussi fortement ebranle par la secousse. A la fin de la seance, M. Valenciennes a presente un travail de M. Abria, dont nous n'avons pu entendre le titre. On a elu dans cette seance un membre correspondant dans la section de Botanique. II y avait un grand nombre de candidats prd- sentes. Au pretnier tour de scrutin , sur 29 membres votants , M. Schimper a reuni 25 suffrages, M. Grenier 1 , M. F^e 3. M. Schimper a ete done proclant)e membre correspondant de 1' Aca- demic. G. Govi. A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. PARIS. — IMPRIMERIE DE W. REMQUET ET 016., R'JE GARANCIERE, 0. T. V. 4 AOUT 18S4. ! TUOiSlCTME ANNEE. COSMOS. FAITS DIVERS. NOUVELLE PETITE PLANETE. Le Morning Chronicle cite ces paroles de M. J.-R. Hind : « A onze heures quarante-einq minutes, temps moyen, dans la nuit du samedi, 22 juillet, je decouvris un astre brillant comma une dtoile de dixieme grandeur, ou meme un peu plus brillant, qui se trouve etre un nouveau membre du groupe des petites planfetes. Cette nouvelle planete estpresqueexactementsitueesur I'ecliptique, a mi-chemin environ entre deux etoiles de la cinquieme grandeur 29 et 32 du Capricorne, catalogue de Flamsteed. » CONCOURS POUR LA MALAWE DE LA VIGNE. La commission nomra^e au sein de la Society d'encouragement pour juger les memoires des 116 concurrents , a fait son rapport par I'organe de M. Barral;nous n'en publions aujourd'hui qu'un resume rapide : " Voire commission a jug^ , messieurs, que les deux questions principals mises au concours , c'est-a-dire du traitement le plus efficace de la vigne malade et dela nature de cette maladie, n'^taient pas encore completement rfeolues ; mais elle a reconnu qu'un assez grand nombre de memoires qui vous avaient ete envoyes jetaient des lumieres nouveiles sur plusieurs phdnomenes importants, et que les auteurs avaient assez approch^ du but pour meriter les encoura- gements que vous aviez promis pour exciter leur z^le. Dans cette situation, votre commission vous propose de voter deux encourage- ments de 1 000 fr. chacun : » 1" A M. Gontier, pour I'application de la fleur de soufre ; " 2" A MM. Bargioni, Tozetti etBechi, pourleur memoire surla nature dela maladie, et leur travail d'analyse chimique surle raisin. « Huit encouragements de 500 fr. chacun : « 1° A M. Gasparini, pour la description de Toidium Tuckeri et I'histoire deson d^veloppement; " 2° A MM. Polli etBonzanini, pour la bonne direction de leurs experiences sur divers proc6des curatifs ; £ 114 COSMOS. « 3" A M. Camille Leroy, pour son histoire de la marche de la maladie; " 4° A M. Guerin-Menneville, pour ses planches ou sont des- sines roidium dans ses diverses evolutions , et les vignes attaquees a diverses epoques de I'invasion du mal ; " 5" A M. Heuze, pour ses efforts a repandre Teniploi de la fleur desoufre, eta faire et a diriger des experiences sur une grande (/chelle : « 6° A M. Guillot, pour ses experiences de I'emploi de la va- peur d'eau bouillante ; « 7° A MM. Malapert et CoUinet, pour leurs nombreuses expe- riences sur divers moyens curatifs; " 8" A M. Lefevre-Chabert, pour son enquete sur la marche et les diverses phases de la maladie. « En second heu, voire commission vous propose d'ouvrir un nouveau concours, qui serait ferme le 11 decembre 1854, et de pro- poser a tous les concunents anciens et nouveaux : « 1° Un prix de 10 000 francs , qui serait celui du gouverne- nient et de la Society d'encouragement, pour Tinventeur du moyen preventif ou destructeur le plus efficace de la maladie de la vigne ; « 2" Un prix de 3 000 francs, pour I'auteur du meilleur travail sur la nature de la maladie qui attaque la vigne; « 3" Des encouragements de 1000 ou de 500 francs, uiontant ensemble a la somme de 6 000 francs, pour les auteurs qui appro- cheront le plus du but, ou qui auront fait les meilleures experiences ou recherches sur la cause de la maladie , sur la propagation de 1 oidium, sur les moyens curatifs ou preventifs a employer, sur les appareils a mettre en oeuvre pour appliquer les remedes signales, sur tous autres faits propresa apporter des lumieres sur la question. « Votre commission pense que I'impression de ce rapport, suivi des considerants du programme de I'an dernier, expliquera d'une nianiere suffisante le but que vous voulez atteindie avec le concours du gouvernement, et les conditions auxquelles devront satisfaireles concurrents. » Les conclusions de ce rapport sont successivement mises aux voix et adoptees. EMPLOI DU SOUFRE CONTRE LA MALADIE DE LA VIGNE. « Vivement preoccupy des souffrances de I'industrie viticole , le COSMOS. 115 ministre de I'agriculture et du commerce avait nomme una commis- sion chargee d'^tudier les moyens curatifs de ce terrible fleau et de lui adresser un rapport motive sur ses observations. Ce document rendu public, il y a quelque temps, renferme des faits curieux rela- tifs au vignoble de Thomery, qui fournitle chasselassi bien appr^ci^ dans la capitale. " La commission a visite d'abord les jardins ou enclos de Tho- mery ; elle s'est ensuite transportde dans les vignobles en plein champ. Les uns et les autres ne laissaient rien adesirer : jets vioou- reux, bois aoiatt^, sarments d'une belle couleur, exempts de touts trace de maladie, yeux formes, prouvaient clairement que Tomery n'avait pas souflFert du fleau en 1853. « Les cultivateurs avaient employ^ le soufre, et avec le plus grand, succfes. Le soufrage, a Thomery, est applique indistinctement a toutes les vignes, quel que soit leur mode de culture, en treilles ou par souches disposees en palmettes sur des lignes rapprochefs. Le soufre, r^duit en poudre bien seche, est projete a I'aide du soufflet Gontier, perfectionne par M. Gaffet de Fontainebleau. Chaque soufrde se fait par allee et vp.nue, afin que toutes les surfaces de la plante soient mises en contact avec le soufre ; on y revient a trois reprices, chaque annee. Le premier soufrage a lieu des que les boi2?'2;eons ont atteint quelques centimetres de ddveloppement. Le sercnd se donne aussitot apres la floraison de la vigne ; on soufre ' nfin une troisieme fois, avant la maturite, quand le raisin com- mence a tourner. II est bien reconnu aujourd'hui que le soufrage a une vertu curative d'autant plus pronipte et plus efficace qu'il s'effectue par un soleil plus ardent , aussi I'applique-t-on de midi a deux heures; il est alors dans toute son energie. Ceux- la memes qui soufrent le matin et le soir ne contestent nulle- ment la superiority du soufrage a sec vers le milieu du jour ; ils trouvent seulement que ce mode d'emploi expose davantage les yeux de I'ouvrier a des ophthalmics legeres resultant souvent, en effet, de I'emploi du soufre pour la guerison de la vigne. On n'est pas tout ii fait d' accord a Thomery sur la dose de soufre qu'il con- vient de repandre par hectare. Les uns n'emploient que 60 kilo- grammes, les auires en mettent 70 kilogrammes pour la meme eten- due, dans les trois soufrages que la vigne recoit chaque annee. En calculant d'apres la plus forte dose, ce serait une premiere depense de 28 fr. Un ouvrier actif peut soufrer par jour de 1 000 a 1 200 metres superficiels ; I'hectare de vignes pleines, contenant 1 200 sou- ches dress^es chacune sur quatre coursons , exige, pour etre soufr^, iU& COSMOS. trois journdes d'homme, de dix heures chacune, a raison de2 fr. par jour. En additionnant ces 6 fr. de main d'oeuvre au prix du soufre, on voit que le soufrage d'un hectare de vignes revient, a Thomery, a 34 fr. et non pas a 18 fr., comme on I'avait avancd par erreur. " Depuis un an, le soufrage de la vigne est vulgairement pratiqu^ a Thomery. Le soufre a sec a reussi dans la Gironde, sur les vignes de M. le comte Duchatel, de MM. de Seze et Pescatore ; grace a lui, les cultivateurs de Thomery ont completement sauve leurs re- coltes dans la derniere campagne. Cette commune, si laborieuse et si intelligente, a exports sur Paris, en 1853, pres d'un million de kilogrammes de chasselas : toutes les grappes etaient aussi saines et aussi bien developpees que dans les meilleuresannees. » NOUVELLE APPLICATION DU TELEGRAPHE ELECTRIQUE. La direction de la Bibliotheque royale de Berlin , afin d'obtenir promptement des secours pour combattre tout incendie qui viendrait a dclater dans cet etablissement ou dans le voisinage, a fait etablir des fils t^legraphiques souterrains partant des divers points de la Bibliotheque et des logements des principaux conservateurs , et aboutissant a retat-major du corps des sapeurs-pompiers , ou tou- jours 200 hommes , pourvus du materiel necessaire , se tiennent prets a se porter, au premier signal, partout ou ils seraient appeles. Eh outre, la direction de la Bibliotheque a fait construire une autre ligne t^legraphique, pareillement souterraine , entre I'hotel de la Bibliothbque et celui du ministere de la guerre, aupres duquel il y a un nombreux poste d'infanterie, que le ministre a mis a la dispo- sition de la direction de la BibUothfeque pour tout cas d'incendie. Un seul mouvement de I'aiguille du cadran de chacun de ces tele- graphes sufBt pour annoncer le besoin de secours. DROSOMETRE DE MADEMOISELLE THOME. <■ Je prepare un tissu d'un decimetre en superficie, de laine, drap, ilanelle, etamine, etc., double de plusieurs epaisseurs, pour absor- ber et contenir les ros^es les plus penetrantes. Le soir, au soleil couchant, je pese avec soin cet appareil a I'^tat tres-sec, et je I'e- tends a I'aide de quatre fortes epingles de tapissier, sur une plan- <'he que j' expose pendant la nuit dans la plaine, oil le tissu absorbe 5rt part superficielle de la rosee qui tombe sur le sol. Au soleil le- T;mt, je detache mon drosometre, je le pfese a une balance tres- scnsible, tr^buchant a 1 milligramme (je ne pense pas d'ailleurs qu'une precision aussi rigoureuse soit ndcessaire), et, deduction COSMOS. 117 iaite de la tare pesee de la veille, j'ai le poids de I'eau de rosee tombee la nuit sur un decimetre carre, par suite sur la superficie d'un hectare. L'identite du kilogramme au litre donne chaque mois le volume d'eau de rosee, qui, ajoute au volume d'eau pluviale, complete la quantite integrale d'eau tombe.e. Tel est, monsieur, le moyen on ne peut plus simple, a la portee de tous, dont je me suis avisee pour apprecier I'eau de rosee. " Si Uon voulait se contenter de mesurer la quantite de la rosee, le meilleur drosometre serait un decimetre carre en peau d'agneau, parfaitement degraissee, munie de sa laine, offrant la plus grande analogic avec le relief d'une prairie ou d'un gazon de cereales. Dans le cas oil Ton desirerait doser la composition chimique de I'eau de rosee suivant les saisons ou les lieux, il paraitrait plus con- venable d'employer pour drosometre des etoflfes velues, en coton, comme exemptes des substances animales toujours contenues dans la laine la mieux lessivee. » SANGSUES BAROMETRES. C'est une des habitudes de la sangsue d'annoncer , par des pro- nostics infaiUibles, I'approche d'une tempete. On voit alors ces an- nelides interessants quitter leur etat d'engourdissement , se dt5battre avec une vivacite proportionnelle a I'intensite de la tempete qui va suivre, et faire destentatives, infructueuses quelquefois , pour esca- lader les parois du vase qui les renferme. On congoit tout le parti qu'on peut tirer de ce barometre naturel. Ce serait, a bord des vaisseaux, un moyen precieux d'annoncer I'e- tat extreme de I'atmosphere, et de controler les indications du baro- metre H mercure ou du barometre aneroide. M. Merryweather a eu I'heureuse idee de regler les mouvements excentriques des sangsues et d'en faire accuser les effets d'une iria- niere plus marquee,. Voici le mecanisme par lequel ce physiologiste distingue atteint ce but. Sur un banc ou table sont disposees plu- sieurs bouteil les remplies d'eau en partie, et dont chacune contient une sangsue. Un tube en verre ou en metal verni plonge dans I'eau et communique a I'exterieur par le goulot. Ce tube est obstrue en partie par une petite tringle en baleine qui, a son tour, est articulee a un fil communiquant en dernier lieu avec le battant d'une son- nette. La sangsue, inquietee par I'^tat electrique de I'atmosphere, suit son instinct et monte dans le tube ; elle deplace done la ba- leine, et le bruit de la sounette vient nous mettre au fait de Totat de Tatmosphere. PHOTOGRAPHIE. COLLODION ANTICIPE. MM. Spiller et Crookes, en substituant le nitrate de magn^sie aa nitrate de zinc, croient etre parvenus a rendre parfaitement appli- cable la m^thode par laquelle ils conservent aux plaques de verre collodionees leur sensibility premiere , pendant un temps assez long. Voici leur nouveau procdd^, d^crit dans le dernier num^ro du Journal de la Societe photo graphlque de Londres : La plaque, revetue de collodion a la manifere ordinaire, est ren- due sensible dans un bain renfermant 30 grains (2 grammes) de ni- trate d'argent ; on laisse la plaque dans le bain un peu plus long- temps qu'on ne le fait ordinairement, environ cinq minutes ; on la rince alors legferement et on la plonge dans un second bain renfer- mant : nitrate de magndsie, 4 onces (113s'",4) ; nitrate d'argent, 12 grains (Os', 177) ;.acide acetique cristallis^, 1 drachme (ls'',77); eau, 12 onces (340s'). On laisse la plaque dans ce bain pendant cinq minutes; on la retire alors et on la place verticalement sur du papier buvard ; on attend que toute I'humidit^ exc^dante de la sur- face se soit ecoulee et ait ^te absorbee : cette preparation dure environ une demi-heure, et la plaque peut alors etre mise dansune boite convenablement dispos^e jusqu'a ce que le moment de s'en servir soit venu. Non-seulement la sensibility de la plaque n'est pas diminuee par ce traitement, elle est au contraire quelque peu augmentee ; on a pris des negatifs inslantanes sur des plaques qui avaient et^ pi dpart^es plusieurs jours auparavant ; d'autres plaques , conservees pendant troissemaines, n'etaient nullement deteriorees. Les auteurs ont vu qu'il etait bon, avant de developper I'image, d'humecter le collo- dion par immersion dans un bain d'argent pendant une demi-mi- nute ; sans cela, les solutions d'acide pyrogallique et de fer ne s'e- tendraient pas uniformement sur la surface de la plaque. L'operation du fixage est conduite a la maniere ordinaire. MM. Spiller et Crookes appellent I'attention sur les remarques- suivantes, dont on se trouvera tres-bien dans la pratique : 1° Les plaques de verre doivent etre nettoyees avec plus de soin que si Ton devait s'en servir immediatement ; une forte solution d'a- cide nitrique appliqu^e avec unebrosse a dents est le meilleur mode de nettoyage. 2" Ils ontopere avec un succfes passablement uniforme sur plu- sieurs ^chantillons de collodion ; cependant le plus grand nombre de i COSMOS. 119 leurs experiences ont ^te faites avec un collodion assez epais, dans lequel les proportions d'alcool et d'^ther ^taient celles de 1 a 2 ; ce collodion ^tait rendu sensible par 4 grains (0s^26) d'iodure et 1/2 grain (06'',032) de bromure d'ammonium, ajoutdachaque once |30 grammes) de fluide; le collodion avec iodure et bromure de cadmium leur a aussi trfes-bien r^ussi. 3" Dans le bain sensibilisateur renfermant 30 grains de sel d'ar- gent, il vaut mieux employer I'acide acdtique que I'acide nitrique, pour donner au bain cette l^gere reaction acide recommandee par plusieurs operateurs. 4° Le nitrate de magnesie fondu du commerce contient assez sou- vent du chlore, ou prdsente une reaction alcaline : les quantit^s d'a- cide acetique et de nitrate d'argent indiquees dans la formule du bain preservateur de la sensibility supposent que le nitrate de magne- sie n'est niimpur ni alcalin ; s'il n'en ^tait pas ainsi, on precipiterait le chlore par le nitrate d'argent, et on ramenerait la solution a I'e- tat neutre par I'addition d'acide acetique ; on ajouterait ensuite les proportions indiquees d'acide et d'argent : si le nitrate etait par trop impur, 11 faudrait se garder de I'employer. Ce bain se conserve bon pendant assez longtemps a la condition qu'on aura soin de la- ver Idgerement la plaque de verre sortant du bain sensibilisateur ou meme de s^cher le derriere de cette plaque avec le papier buvard avant de I'introduire dans le bain de nitrate de magnesie; ce bain, sans cela, contiendrait bientot trop d'argent. 5° Mais ce qu'il y a de plus essentiel , c'est de mettre les pla- ques qui ne doivent servir qu'aprfesun certain temps compldtement al'abri de toute lumifere et de toute Emanation gazeuse, surtout des vapeurs ammoniacales. — M. Shadbolt propose dans le meme but le precede suivant : « Je prepare, dit-il, un sirop preservateur de la manifere sui- vante : a trois volumes de miel pur, j'ajoute cinq volumes d'eau dis- tillee, et j'agite le melange avec une baguette de verre jusqu'a ce que le miel soit entierement dissous ; je filtre a travers du papier buvard ( op(5ration qui dure plusieurs heures ) et j'ajoute un volume d'alcool. Apres avoir revetu la glace de collodion et I'avoir rendue sensible a la maniere ordinaire ; apres que I'ayant retiree du bain sensibilisateur, j'ai fait ecouler autant que possible la solution de nitrate d'argent qui humectait la surface, en touchant s'il le faut un des angles avec du papier buvard pour mieux absorber le liquide, je verse immediatement sur la plaque humide assez de sirop preser- vateur pour la recouvrir d'une couchede ce sirop, comme je I'ai recou- 120 COSMOS. verte d'une conchede collodion, en evitant avec ie plus grand soin les bulles d'air ou d'ecunne. Je repete cette opc^ration trois ou qiiatre foisavec la meme portion de simp, ce qui a pour effet d'enlever de plus en plus le nitrate d'argent. Je place alors la plaque verticale- ment sur du papier buvard, qu'elle ne touche que par un de ses bords, en ayant soin de tourner la face eollodionee du e6t6 du mur, afin de la mettre mieux a I'abri des poussiferes ou autres matiires en suspension dans I'air; apres dix minm'tes , je I'introduis soit dans un chassis obseur, soit dans une boite hermetiqueinent fermoe ; et je la conserve aiiisi jusqu'a ce (jue le moment soit venu de I'exposer a la lumifere dans la chambre obscure. " M. Shadbolt ajoute : " La sensibilite de la plaque ainsi preparee es-t certaine- ment diminuee, et autant que je puis en juger, le temps de I'expo- sition doit etre environ double de ce qu'il aurait dte, si la plaque avait ete placee dans la chambre obscure immediatement apres sa sortie du bain sensibilisateur ; mais je n'ai pas remarquo que la sen- sibilite fut ultorieurement diminuee pendant les vingt-quatre heures qui suivent. Une fois j'ai attendu trois semaines avant de prendre I'dpreuve ; elle a et^ belle, mais le temps d'exposition avait du etre quatre fois plus long que si j'avais opere sur une plaque fraiche. J'ai essaye tour a tour le sucre d'amidon, le sucre de raisin, le sucre de lait, la mannite, le miel, seals ou meles a la glycerine ; le miel est ce qui m'a le mieux reussi. J'ai d'abord eu beaucoup de peine a de- velopper I'image, parce que la solution revelatrice coulait et s'eten- dait mal sur la surface de !a plaque ; je suis enfin parvenu a vaincre cette difficultd de la raaniere suivante : je fais plonger d'abord la plaque avec son image latente dans un bain d^eau distillee pendant un temps suffisant, de cinq a dix minutes, pour que la couche de collodion soit suffisamment humectee , et que le sirop preservateur soit aussi eliinine que possible , il est bon de soulever la plaque et de la laisser retomber tour a tour, de temps en temps; je la retire ensuite, je fais ecouler toute I'eau exc^dante, je la plonge pourun instant dans lebain de nitrate, je la retire immediatement, je fais ecouler dans un vase de verre les gouttes de nitrate d'argent et je developpe ii la maniere ordinaire. Le bain revelateur ou qui sert a d^velopper I'image est compose comme il suit : acide pyrogallique, 8 grains (Os>,52) ; eau distillee, 5 onces (150 S'); acide acetique ordinaire non cristallise, 2 onees (60 s») ; alcool, 1 once (30 ?•) ; Ja plaque est ensuite lavee et fixee par les procedes coniius. " J'ai la confiance, dit en terminant M. Shadbolt, qu'en suivamt la methode que je viens de decrire, on produira presque a coup siir COSMOS. 121 de bons negatifs avec un temps d'exposition raisonnable, de trente secondes a 2 minutes pour les objectifs a long foyer, de dix a qua- rante secondes pour les objectifs doubles. Je prefere preparer mes plaques la veille ; elles peuvent etre exposees dans la journee sui- vante et developpees le soir ; elles seront encore tres-bonnes les jours suivants, si la boite qui les renferme ne donne aucun acces a la lumiere. VERNIS A l'aMBRE, FORMULE DE ST. DIAMOND. Rdduisez en poudre fine 1 once (30 grammes) d'ambre, versez cetfe poudre dans une bouteille renfermant 8 onces (240 grammes) de chloroforme ; agitez vivement et a divers intervalles. Apres une maceration de vingt-quatre heures ou plus, le chloroforme aura dis- sous toute la portion resineuse transparente de I'ambre , celle dont dependent ses qualitesj^comme vernis ; la portion bitumineuse qui entre en grande quantite dans la composition de I'ambre, n'est pas du tout attaquee et devient spongieuse ; pour s'en debarrasser on fait passer la dissolution par compression a travers un morceau de soie fine ou de mousseline serree, avant de la verser sur le papier a filtrer, sans cela il y aurait une perte considerable de liquide ab- sorbe. II y a plusieurs varietes d'ambre, et Ton trouve, en outre, dans le commerce diverses substances si semblables a I'ambre, que les con- naisseurs eux-memes y sont trompes. L'ambre qui donne le meil- leur vernis, dit M. Diamond, est celui qui provient d'embouchures de pipes cassees, que Ton trouve chez les marchands de tabac ou chez les importateurs de pipes en ecume de mer, et qui se vend 2 shillings (2 fr. 50 c.) I'once. Les grains fins des colliers sont souvent com- poses d'uii produit oriental beaucoup moins dur que I'ambre, et qui donnerait un vernis moins bon , car il conserverait la trace des doigts. Le vernis a I'ambre parfaitement pr^par^ est tres-transparent et si flaide qu'il suffit d'une tres-petite quantite pour recouvrir les images sur collodion ; applique a froid, il seche instantanement et devient si solide, qu'on le distingue a peine du verre. acad£ihie d£s sciences. SEANCE nu 3i JUILIXT. M. Lestiboudois lit la suite de son nicinoire sur la carpographie anatoiuique; nous analyserons plus laid cet interessant travail. — M. Regnault, qui presidait la seance en I'absence de M. Combes, annonce la mort de M, Lalleniand, arrivee a Marseille le 23 dece mois. M. Lallemand etait un des praticiens les plus ha- biles, un observateur plein de sagacite, un ecrivain (Eminent. — M. Chevreul continue sa lecture sur ie pendule explorateur, la baguette divinatoire et les tables tournantes. Cette lecture n'a- joute absolunient rien a ce que nous avons dit dans le Cosmos. De meme qu'on interroge aujourd'hui les tallies sur le present, le pass6 et I'avenir , on faisait autrefois a la baguette divinatoire les nieines questions, ainsi que le prouvenl d'une maniere certaine les extraits empruntes aux ouvrages des PP. Menestrier, Lebrun , Malle- branche, etc.; les reponses des baguettes etaient tout aussi vaines que les reponses des tables ; les tables tournent comnie les baguettes sous Taction de mouvements imprimes par la pens^e de I'op^rateur, sans qu'il en ait la conscience ou qu'ils soient un effet de sa volonte. En preuve de cette these, M. Chevreul cite particulierement les experiences de M. Faraday, bien connues de nos lecteurs. " O vous, s'ecrie-t-il en terminant, qui croyez de bonne foi a la faculty reve- latrice des tables pariantes, al'intervention d'espi'ils toujours pfets a soulever pour vous le voile qui couvre les mysteres du moiide present et a venir, faites preuve au moins d'inteiligence; au lieu de vous perdre dans un iabyrinthe de questions vagues, oiseuses, im- prudentes, interessez-vous aux grands maux qui ailligentrhumanit^, demandez a vos oracles si complaisants le preservatif et le remede a la maladie de la vigne, a la fievre jaune , au cholera ; vous aurez fait preuve alors d'une science vraiinent sublime , et nous n'aurons plus le droit de vous traiter en reyeurs. » La lettre ecrite par M. Chevreul, a Ampere, en 1833, et que nous avons reproduite presqu'en entier, p. 584 et suivantes, t. II du Cosmos y contenait , comme on pent le voir, des considerations philosophiques pleines d'int^ret sur les mouvements involontaires, sur les actes de la vie et de I'instinct, le savant academicien les a rappel^es aujourd'hui en les etendant quelque peu, et il a termine sa longue lecture par une dissertation sur le mal de mer, qu'il attribue a la lutte que fait naitre dans notre organisme la n(§cessit6 de nous maintenir en ^quilibre, malgre Taction plus ou moins violente du COSMOS. 12S roulis et du tangage ; cette lutte irrite le cervelet dont I'excitation rdagit a son tour sur le cerveau. Quand la note de M. Chevreul aura paru dans le livre que M. Mallet-Bachelier va bientot mettre en vente, nous I'analyserons avec le plus grand soin. — L'Academie procede a la nomination d'une commission de cinq membres chargee de prononcer sur le merite des concurrents au prix C.uvier. Ce prix, de 1 500 francs, est decerne tous les trois ans a I'ouvrage le plus remarquable soit sur le regne animal, soit sur la geologie; le concours actuel comprend tous les travaux publics du 1" Janvier 1850 au 31 deoembre 1853 ; la commission nommee se compose de MM. Flourens, Elie de Beaumont, Geoffrey Saint- Hilaire, Milne-Edwards et Dumeril. — Une lettre de M. Hind annonce la decouverte qu'il a faite d'une vingt-cinquieme petite planete dans la nuit du22 juillet, nous parlons ailleurs de cet astre. — MM. Mulot pere et fi!s, dans denouvelles lettres adressees a M. Elie de Beaumont, entrent dans plus de details sur les veines de charbon mises par eux en evidence dans les nombreux sondages qu'ils ont faits dans la Moselle, a la suite du bassin de Sarrebruch. Certaines couches, rencontrees a des profondeurs trfes-accessibles, moinsde 300 metres, ont plus d'un metre de profondeur, et seront par consequent tres-exploitables : il estaujourd'hui completement demontre que les terrains houillers de la Prusse Rhenanes'etendent, comme M. Elie de Beaumont I'avait pressenti, sous une partie no- table du departement de la Moselle. — M. de Gasparis, celebre astronome napolitain, adresse I'expose de deux methodes nouvelles pour la determination approchee du plan de I'orbite et des elements des cometes ou des petites pla- netes. — M. Matteucci transmet de nouvelles experiences sur le role de r electricity dans les actions chimiques ; le litre seul de sa note qui sera inseree dans les comptes rendus a ete lu en seance pu- blique. — M. Armand Bazin, du Mesnil-Saint-Firmin, complete ses si interessantes communications relatives a la cause des maladies des plantes,par I'envoi d'un memoire pour servir a I'histoire des moyens curatifs de ces maladies. Ce travail, dont la lecture nous a grande- mentint^resse, fera partie d'une deslivraisoris prochaines du Cosmos. — M. Porro presente a I'Academie un charmant et excellent appareil , qu'il appelle micrometre parallele ou de transport, et qui a pour but de rendre beaucoup plus facile et beaucoup plus i2& COSMOS. exacte I'apprcciation de tres-petites fractions sur une dchelle di- visee. Le I\. P. Secchi, qui s'occupe activement de mesurer de nouveau la celebre base de Boscovich sur la voie Appienne, et qui aura a comparer plusieurs types ou mesures etalons, desirait ardeniment pouvoir estimer mieux qu'on ne I'a fait jusqu'ici les fractions infini- ment petites des divisions des dchelles; M.|Porro a^construit pour lui un nouveau microm^,tre qui s'adapte a tous les microscopes de I'appareil principal, et dont les indications, independantes de tout ajustage metallique quelconque . reposent sur I'observation d'un phenomene purement optique. Ce phenomene est le transport que subit I'image d'un objet vu a travers une plaque a faces paralleles, placee obliquement , transport visible a I'oculaire, lorsque la plaque coupe un pinceau lumineux convergent ou divergent. Le petit appareil qu'on interpose entre I'echelle et I'objectif du microscope se compose d'un axe horizontal, avec cercle et vernier, a une extremite duquel s'adaptent des glaces paralleles de diffe- rentes epaisseurs, et d'un axe vertical avec vis a caler qui permet d'amener I'instrument sur le microscope : un petit niveau spherique indique approximativement la verticalite de cet axe, et un niveau cylindrique plus sensible sert a etablir le point de depart de la divi- sion qu'on determine en faisant refl(5chir les fils micrometriques par la glace meme de I'instrument, ce a quoi se prete parfaitement le microscope Panfocal. En designant par e , I'epaisseur de la glace, parn, son indice de rt^fraction, par i, son inclinaison, par r Tangle de refraction, le transport / est donn^ par les formuies (sin. I — r) . . . < = e ,sin. r^zn sin. i oos. r formuies qu'il convient de reduire en tables. L'instrument donne i a un centieme de degr^ pres, ce qui, avec la glace la plus mince, correspond a un d^cirniUieme de milJiimetre environ. Cette frac- tion est au-dessus des limites de visibilite par les microscopes, meme avecle plus fort grossissement ; mais elle est rigoureusement exacte, et non pas seulement nominale, comme dans la plupart des micrometres connus. La glace la plus epaisse permettrait d'appre- cier un transport d'un millieme et plus, et par suite une fraction d'un millieme de millimetre. Pour eliminer les petites erreurs qui pourraient resulter d'un leger d^faut de parall^lisme ou de planitude de la glace, il n'y a qu'a repeter I'observation dans les quatre po- sitions que la glace peat prendre, etc. COSWOS. 125 Nous donnerons un jour la description des microscopes panfocaux dont il est question dans cette note, et qui jouissent de proprietes vraiment merveilleuses. lis s'adaptent a toutes les distances par la simple rotation d'une tete de vis, et se transforment par consequent au besoin en lunettes. Le R. P. Secchi, dans une iettre toute re- cente adressee a un officier d'etat-^major attache au ininistere de la guerre, disait qu'avec un de ces charmants instruments de quel- ques pouces de longueur, il apercevait distinctement les bandes de Jupiter, alors menie que le ciel n'etait pas parfaitement pur. Le phenomene de transport dont M. Porro vient de tirer un si heureux parti, a ete, comme nos lecteurs Font vu, atilis6 par M. Bernard, de Bordeaux, pour la mesure des indices de refiac- tion des lames et des liquides ; M. Babinet nous a fait remarquer qu'd s'est certainement glisse une erreur dans la description que M. Bernard a donnee de son proced^. LI resulterait, en effet, de la note inseree aux Comptes rendus et au Cosmos, que M. Bernard place la lame entre deux coUimateurs, c'est-a-dire au sein d'un fais- ceaii de I'ayons paralleles , or dans cette position le transport ne serait pas observable. — M. Vallat fait hommage a I'Academie de divers opuscules ou memoires de math^matiques. — M. Flourens demande a etre charge, au noin de TAcaderaie, d'aller s'informer de I'etat de M. Dulong, si cruellement mutile par un accident de chemin de fer, et presenter a sa famille les senti- ments de condoleance de I'illustre Corps. Fds du grand Dulong, d'uu homme qui a si bien servi et tant honore I'Academie des sciences, le noble blesse nous est, dit M. Flourens, uni par des liens etroits et profondement sympathiques, la douleun de sa famille doit etre notre propre douleur. Tous les membres pr&ents ontapplaudi a ces touchantes paroles, et M. Flourens a re9u immediatement la pieuse et douloureuse mission qu'il sollicitait. Le lendemain de la belle fete de I'inauguration du chemin d'Orsay, quelques heures apres une bien douce ovation, M. Dulong, pour donner ses ordres en qualite d'administrateur, est descendu du tender de la locomotive avant que le convoi fut arrete, il est tombe et les roues des wagons out brise I'un de ses bras ; la blessure etait si horrible qu'il a fallu recourir immediatement a 1' operation tres-grave de la desarticulation du bras. — M. Thompson, de Glascow, adresse des observations curieuses sur les phenomenes que fait naitre , lors du passage des courants thermo-electriques, I'etat de tension ou de compression des metaux qui engendrent ou transmettent le courant ; le titre seul de la. note 126 COSMOS. du savant physicien anglais a ^t6 lu par M. le secretaire per- pdtuel. — M. Arnoux fils, beau-frfere de M. Dulong, dont nous venons de rappeler le malheur, adresse une note relative a un perfection- nement apportd par lui au systeine de trains articul^sjinventds par son pere, et appliqud d'abord sur le chemin de fer de Paris a Sceaux et a Orsay. Autant que nous avons pu I'entendre, la modification proposee par le jeune ing^nieur des ponts et chauss^es aurait pour but de rendre plus facile le recul des trains articules, recul qui ne pou- vait s'opdrer jusqu'ici que par le deplacement des chaines qui lient les wagons. — M. Gaugain adresse une nouvelle note sur I'^lectricit^ nde de i'evaporation des liquides. M. Jobert de Lamballe demande a reprendre son memoire sur les corps etrangers log^s dans les articulations. — M. Ferdinand Barrot desire rentrer aussi en possession de sa note sur la ddcouverte d'un antidote specifique centre le cholera; il regrette vivement que rAcaddmie n'ait procede ni a I'examen de son travail, ni a I'essai du remede mis par lui a la disposition de la commission. — M. Chevallier fils adresse un exemplaire de son memoire sur les engrais qu'il prepare a I'aide de residus animaux n^glig^s ou mal utilises jusqu'a ce jour, au detriment de la sante publique. — M. Nozahic demande instamment que I'Academie se pro- nonce sur la valeur du mode de culture des pommes de terre soumis par lui a son jugement, et qui aurait le double avantage de donner deux recoltes par annee, de prevenir la maladie regnante. — M. I'abbd d'Herens , vicaire de Saint-Louis-en-l'Ile , croit avoir decouvert le veritable remede du cholera et s'inscrit pour le concours Bryant. — M. Reybard indique ce qu'il y a de v^ritablement neuf dans son Traite des retrecissements de I'uretre , ouvrage pour lequel il soUicite un prix Monthyon. — M. Babinet pr^sente, au nom de sir David Brewster, associd dtranger, un exemplaire de I'ouvrage More JVorlds that one, dont nous avons deja dit quelques mots dans le Cosmos , et que nous avons rapporte de Londres. COMPLEMENT DE LA DERNIERE SEANCE. ACTION DE l'eAU DE MER SUR LES MORTIERS. Des palientes et consciencieuses recherches sur ce sujet si impor- COSMOS. 127 tant, MM. Malaguti et Durocher tirent les conclusions suivantes : 1° La decomposition deschaux, ciments et mortiers par I'eau de mer ne s'opere pas constamment de la meme maniere. La substitu- tion de la magnesie a la chaux a lieu souvent, mais pas toujours; et comme elle est accompagnee d'addition d'acide carbonique, le mor- tier altere presente la reunion d'un hydrosilicate alumineux et d'un carbonate double qui tend a se rapprocher de la dolomie. II y a des cas ou il y a disparition de la chaux sans introduction de la magne- sie, et le phenomeneparait alors se passer comme s'il avait lieu dans une eau non salde, mais charg^e d'acide carbonique. En outre, dans I'alteration des mortiers moyennement hydrauliques, il y a partage des elements du mortier en deux composes, I'un riche en carbonate terreux, I'autre riche en alumine, qui vient former a la surface du mortier un depot neigeux que les vagues enlevent. Le partage n'a pas lieu, ou du moins il ne se produit que tres-lentement dans les ciments ou mortiers trfes-durs et faisant prise rapidement. L'alt^ration que ces derniers manifestent consiste en un simple fendillement de la masse, et dans la disparition d'une petite quantite de chaux, avec ou sans remplacement par de la magnesie : dans les deux cas il tend a se produire une augmentation de volume d'oii resulte le fen- dillement de la masse. 2" Les ciments reputes comme les plus resistants a I'action des- tructive de I'eau de mer, les ciments de Pouilly, Vassy et Parker, contiennent toujours des quantites notables d'oxyde de fer. Certaines combinaisons de silice, alumine et chaux, donnent, toutes choses egales d'ailleurs, des reactions fort differentes, suivant qu'elles sont d^pourvues ou qu'elles contiennent beaucoup d'oxyde de fer. ORGANES GENITAUX DES MOLLUSQUES ACEPHALES LAMELLIBRANCHES, PAR M. LACAZE-DUTHIERS. Chez ces mollusques, !a separation des sexes est la condition la plus frequente; I'hermaphrodisme, contrairement aux opinions re- 9ues, est la plus rare. Les lamellibranches se partagent done en deux groupes : les dio'iquesei les mono'iques. Dans ces derniers, les glandes des deux sexes peuvent etreou nettement separees les unes des autres, comme chez les pectens, ou confondues comme chez les huitres. Dans les acephales lamellibranches vivant fixes, laf^condation, un peu abandonnee au hasard, doit se faire par I'intermediaire de I'eau, absolument comme dans les plantes dioiques, elle se fait par I'inter- 128 COSMOS. raediaire de I'air. La vivacite et la vitalite des sperraatoides est en rapport avecGette.CGndition pliysioJogique. Les molRisques monoiques doivent se feconder eux-memes, et I'o- pnnou ancieiine tl'spres laquelle tous les acephales se suffisaient leur est applicable. L'epoque de la reproduction peut etre raodifiee par les conditions locales ou individuelles. REACTIONS DE l'aCIDE BORIQUE, PAR M. CHARLES TISSIER. La chaux hydratee, I'hydrocarbonate de magnesie, les protoxydes hydiates de fer etde manganese, I'oxyde de zinc, se dissolvent tres- facilement dans une solution bouillante d'acide borique. L acide borique en dissolution n'a aucune action sur I'alumine, le sesquioxyde de fer, les carbonates de baryte, de chaux et de ma- gnesie. Si, a une solution acide contenant du phosphate de chaux et un exces d'acide borique, on ajoute assez de borate de soude pour satu- rer 1 acide qui tenait en dissolution le phosphate, 11 ne se prccipite pas de borate de chaux, tandis que tout I'acide phosphorique se precipite sous forme de phosphate de chaux, ayantune composition constante et une formule bien definie, 8 CaO. 3 PhO% et contenant 49,09 d'acide phosphorique, 50,91 de chaux. Ce mode de precipi- tation rendra beaucoup plus facile le dosage des phosphates conte- nus dans les verres, les engrais, etc, MATIERES COLORANTES DES FLEUHS. PAR M. FILHOL. 1° Les roses blanches et une multitude d'autres fleurs soumises a 1 action de Tammoniaque etendued'eau, ou en vapeur, prennent une teinte jaune plus ou moins vive et qui persiste pendant longtemps : SI apres avoir rendu jaune une fleur blanche on la trempe dans de 1 eau acidulee, elle reprend peu a peu sa couleur primitive. Si Ton feit bouillir des petales de roses blanches avec de I'eau distillee, et qu'on ajoute a la decoction uu peu de carbonate de soude et de sul- fate de cuivre, comme s'il s'agissait d'un bouillon de gaude, on ob- tiendra un liquid© d'une couleur jaune doree assez vive, dont on pourrase servir pour teindre en jaune, avec assez de sohdite, des fils ou tissus de lin et de coton. La matiere a laquelle les fleurs blan- ches doivent la propriete de se colorer en jaune, est peut-etre la luteoline ou la matiere colorante de la gaude ; elle se dissout tres-bien dans I'eau, mieux encore dans I'alcool, moins bien dans I'ether, COSMOS. 129 2" Exposees et soumises a Taction de rammoniaque, les fleurs rouges de coquelicot et de pelargonium zonule deviennent d'un beau violet ; la solution de ces fleurs dans I'eau bouillante oul'al- cool est rouge-violacee ; elle prend une belle teinte dcarlate sous I'in- fluence des acides, meme les plus faibles ; une teinte rouge verdatre assez prononcde sous I'influence de rammoniaque. Les fleurs de ver- veine, d'un rouge fonce, contiennent deux matieres distinctes, I'une devient bleue et I'autre jaune sous I'influence des acides. Les fleurs depivoine rouge et de roses rouges tres-foncees deviennent bleues lorsqu'on les expose a Taction des vapeurs ammoniacales ; leurs so- lutions alcooliques deviennent rouge fonce sous I'influence des acides. 3" Les fleurs joses renferment un melange de deux sues, dont Tun est incolore dans les liqueurs acides, tandis que Tautre est rouge; le premier devient jaune par son melange avec les alcalis, le second devient bleu; le melange de ces deux nuances produit la teinte verte que presentent les fleurs roses soumises a Taction de Tammoniaque. 4° Les fleurs bleues sous I'influence de Tammoniaque preiment aussi une teinte verte; et cette teinte verte est d'autant plus jaune, que la fleur bleue etait plus lavee de blanc. 5° Quand on fait infuser dans Talcool des fleurs d'iris, de vio- lettes, de pivoines , etc., on est frappe du peu de richesse de la teinte de Tinfusion, alors surtout que les petales sont completement ddcolor^s. Si Ton verse dans la solution une petite quantite d'lm acide soluble , elle devient sur-le-champ d'un rouge vif : suivant M. Filhol, la decoloration primitive est due au melange du sue ren- ferine dans les cellules incolores avec celui des cellules colorfies ; les sues blancs dissimulent la matiere colorante et Tacide la rend libre de nouveau. LOIS DU MAGNETISME DE ROTATION, TAR M. ABRIA. Ces recherches avaient pour but de determiner : 1" la valeur de la force developpee , lorsqu'un aimant et une plaque metallique etanten presence Tun de Tautre, Tun des deux corps est en mouve- ment; 2° I'influence qu'exercent Tintensite de Taimant, sa distance a la plaque, Tepaisseur et la nature de celle-ci; Tauteur les resume ainsi : Lorsqu'un aimant est en presence d'une plaque horizontale, la valeur de la force peut etre determinee par deux methodes dis- tinctes. La premiere, qu'on peut appeler methode des oscillations. ^30 COSMOS. consiste a observer le rapport de deux amplitudes cons(§cutivPs ; la force est proportionnclle au logarithine de ce rapport , niultiplie par un coefficient dependant de la matiere de la plaque : dans la seconde, a laquelle on peut donner le nom de methode de rotation, on dt^te'rmine la deviation que I'aimant ^prouve de la part de la plaque. Les experiences conduisent aux conclusions suivantes : 1" L'intensite dela force est proportionnclle al'intensite magnd- tique; 2" lorsqu'on superpose plusieurs plaques, I'effet total est egal a' la somme des actions partielles , et peut etre ties-different de celui d'une plaque unique d'une epaisseur egale a leur somme; 3° la loi suivant laquelle la force varie avec la distance, depend des dimensions de la plaque, et ne parait pas pouvoir etre representee dans les cas ordinaires, par une puissance de la distance. SCIENCE ALLEMANDE. RECHERCHES SUR LES VAPEURS ET LE MELANGE DES VAPEURS. PAR M. PLUCKER. II y a bien longtemps que nous attendioiis avec quclque impa- tience cesimportaiitesrecherches, aux resultats desquelles M. Plu- cker nous avait initie dans son dernier voyage a Paris : !a sixienne et deniiere livraison des Annales tie Poggendorff^ que nous rece- vons a I'instant ne nous apporte encore que la premiere partie de ce long memoire; mais c'est la plus essentielle, parce quelle renferme le programme de I'auteur parfaitement formule. Nous allons I'a- nalyser rapidement. La loi de Mariotte, suivant laquelle la force d'expansion ou de tension d'un gaz est en raison inverse de sa densite, a ete etendue par Dalton au melange de plusieurs gaz. Deux ou plusieurs gaz contenus dans un espace ferme se melent completement avec plus ou moins de facilitc ; et la force d'expansion du melange est egale a la somme des forces d'expansion des divers gaz pris isolement, et agissant conformement a la loi de Mariotte. On a exprime ce fait en disantque chaque gaz se comporte, par rapport aux autres gaz, comme le ferait un espace vide : on I'aurait exprime plus exacte- ment en disant qu'un gaz n'oppose aucune resistance a la force d'expansion d'un autre gaz, ou ne lui oppose qu'une resistance qui va en s'evanouissant ou s'annulant de plus en plus, sinon instanta- n^ment, du moins apres un temps plus ou moins court ou plus ou moins long. La loi de Dalton se verifie dans le cas oil I'un des gaz permanent est remplace par la vapeur d'un liquide, quand pour la temperature donnee, ou a laquelle se fait le melange, cette vapeur se trouve au maximum de density. Elle subsiste encore lorsqu'un liquide est renferme dans un espace ferm^ au contact d'un gaz per- manent : le fluide dmet de la vapeur jusqu'a ce que cette vapeur ait attaint son maximum de tension : le gaz permanent n'exerce done aucune pression sur ces vapeurs, qui se condenseraient si cette pression existait. Mais la ne se bornent pas les phenomenes, et d'autres questions restent a resoudre. Des observations faites avec leplus grand soin ont demontre que la tension de la vapeur restee, a une temperature donnce, en contact avec les liquides melanges qui lui doiinent naissance ou les produisent, depend d'une maniere entierement constante des proportions des liquides melanges. L' ex- plication de ce fait nous ramene au phenomene de rabsorption par les fluides des gaz soit permanents, soit liquefiables. 132 COSMOS. Lorsque de I'air est en contact avec de I'eau, il arrive que pen- dant qu'une certaine quantite de vapeur d'eau se inele a I'air, une certaine quantite d'air est aussi absorbee par I'eau. Si, la tempe- rature (5tant supposde ou restant constante, I'air exterieur vient a etre comprime, une plus grande quantite d'air sera absorbee par I'eau ; mais cet exc^dant se degagera de nouveau quand la com- pression viendra a diminuer. II s'etablit done entre I'air et I'eau une sorte d'echange en vertu duquel I'eau est penetree par lair, et de telle sorte que la quantite d'air absorbee par I'eau varie avec la den- site de I'air exterieur. On a reconnu que ces variations suivaient la loi de la simple proportionnalit^. Dans cette maniere d'envisager les faits, admettons que de meme qu'un gaz en penetre un autre avec une plus ou raoins grande resis- tance, de meme I'eau est penetree par I'air, lequel, modifi^ dans sa force d'expansion par les forces moleculaires, rencontre plus ou moins de resistance dans son mouvement de penetration au sein de I'eau. Si nous admettons en outre que les forces moleculaires exer- cees au sein de I'eau, et dont il vient d'etre question, agissent sur I'air absorbe proportionnellement a sadensite plus ou moins grande, il en resultera n(^cessairement qu'apres un temps plus ou moins long, aussitot que les forces d'expansion ou les tensions de I'air ex- terieur et de I'air absorbe se feront equilibre, le rapport des densit^s des deux airs sera constant. II me semble, dit M. Plucker, qu'il est tres-important de resou- dre par des experiences positives les questions que cet expose sou- leve. Je ne sache pas qu'il existe encore de donnees aumoyen des- quelles on puisse se faire une idee exacte de la resistance qu'un gaz rencontre dans I'acte de son absorption par un liquide ; ou, ce qui revient au meme, du temps necessaire a cette absorption, et de la maniere dont elle s'opere. On est en droit de se demander ou meme de douter si la loi de la proportionnalite ou du rapport constant entre la density de I'air qui presse sur le fluide et la densite de Fair absorbe par le fluide est toujours observee, si elle ne cesse pas au dela de certaines limites. La condition ou I'etat dans lequel se trouve un gaz absorbe, est tres-6quivoque ou incertain, surtout dans le cas oil le corps solide ou fluide, peu importe, donne acces dans ses pores a un volume dgal a plusieurs fois son volume apparent, cent fois plus grand, par exemple,d'un gaznon liquefiablealapression exterieure, I'oxygene, par exernple. II faudrait admettre dans ce cas, si toutefois les gaz dans r interieur du corps ne changent pas de mode d'aggregation ou de COSMOS. 133 constitution, que les forces inoleculaires diininuent dans une propor- tion enormela force d' expansion de ces gaz, afin qu'elle puisse se raettre en equilibre avec la tension da gaz extdrieur. L'eau plac^enon plus dans une atmosphere d'air, mais dans une atmosphere de vapeur d'alcool, absorbe cette vapeur comme elle absorbait I'air, et en I'absorbant elle la condense par suite de la con- traction qu'elle lui fait subir ; en meme temps il monte de la va- peur d'eau dans I'atmosphfere d'alcool. II s'titablit encore cette fois un ^tat d' Equilibre. L'alcool, plac^ dans une atmosphere de vapeur d'eau, se conduit d'une maniere tout a fait analogue. On devrait s'at- tendre deslors, dans le cas oil deux recipients contenant I'un de l'alcool, I'autre de l'eau, sont unis par un espace ferme dans lequel chacun d'eux emet librement sa vapeur, que, par I'intermcdiaire de ces vapeurs, les deux fluides se meleront peu a peu, de telle sorte qu'enfin, apres un temps plus ou moins long, I'espace ferme con- tiendra un melange en proportions d^finies de vapeurs d'alcool et d'eau, et que les fluides dans les deux vases contiendront des li- quides parfaitement idenliques. Les choses se passent en efFet conime si les deux liquides avaient ete meles primitivement, et que leurs vapeurs emises dans un espace ferme se fussent melangees dans un rapport qui, pour une temperature donn^e, depend unique- ment des proportions dans lesquelles les deux liquides sont melan- ges ; ce rapport est absolument constant, et il en resulte un moyen precieux de determiner immediatement la composition d'un liquide melange par la tension des vapeurs qu'il emet dans un espace ferme. Les lois que nous venons d'enoncer s'etendent au cas oh le liquide eontient en dissolution des corps solides qui ne sont pas soumis a une evaporation concomitante. Ainsi, par exemple, la tension des vapeurs d'eau qui se degagent dans un espace ferme d'une dissolu- tion de sel marii) , est d'aulant plus petite qu'il y a plus de sel con- tenu dans la dissolution. La mesure de cette tension prise a 100 de- gres donne le contenu en sel d'une solution saline , presque aussi exactement que le pese-sel le plus delicat. Lorsque de l'eau pure bout, chaque buUe de vapeur de I'interieur a une tension egale a la pression exterieure. On est porte a consi- derer une semblable bulle comme un assemblage de vapeur d'eau qui est absoibe par l'eau bouillante et qui , en consequence, doit avoir la meme densite que la vapeur qui se degage librement de l'eau ; de sorte que, dans ce cas, les forces moleculaires en exercice au sein du liquide ne produisent aucune action sur la vapeur absor- 13ft COSMOS. b^epar I'eau. Mais il en est tout autrement, par exemple, dans une solution de sel marin : ici les forces moleculaires modifiees determi- nent une diminution de tension de la bulla au sein de la solution. Cette bulla alors na peut pas exister a la temperature de i'eau bouil- lante , ella se condense; il en r^sulte que la solution entre d'abord en ebullition a une temperature plus elevee ; et que les vapeurs qui se degagentala temperature ordinaire d' ebullition, dans un espace ferme, ont une tension plus faible que dans le cas de I'eau pure. La tension de la vapeur qui, a une temperature donnee, se d^gagedans un espace ferm^, d'une part de la solution saline, de I'autre de I'eau pure, donne par la meme, pour cette ten)perature, la mesure re- lative das forces moleculaires en action dans les deux cas, et la loi suivant laquelle cas forces croissant avac la proportion croissante de sel contenu dans I'eau. Aussitot que les vapeurs, lors de TebuUition a I'air libre d'une solution saline, se degagent dans I'atmosphere, leur force d' expansion au dehors est plus grande, et pendant que ces vapeurs se mettant en equilibre avec la pression atmosph^rique, elies piennent, avecun volume plus grand, la temperature d'^bulli- tion ordinaire de I'eau. II se prdsente encore une question : les bulles de vapeur qui se degagent au sein d'un melange bouillant a I'air libre d'alcool et d'eau (nous choisissons ces daux liquides pour miaux fixer les id^es), vapeurs qui ne sont pas affectees par les forces moleculaires , ont- elles la meme tension qu'alles auront plus tard, c'est-a-dire lorsque, croissant toujours, elles se degagerontenfin du liquide, et prendront la tension de i'air axterieur? On demande, en un mot, si les bulles de vapeurs melangees se conduiront comme des bulles de vapeur d'eau naissant au sein de I'aau pure, ou comme des bulles de vapeur d'eau naissant au sein d'une solution saline. Dans le premier cas, on pourrait, de la temperature d' ebullition donnee, etdes tensions obsarveesdes deuxvapeurs a cette meme tem- perature, deduire, en vertu de la loi de Mariotte, la composition du melange de vapeurs, et conclure reciproquement de la composition connue du melange de vapeurs, la temperature d'ebullition du mi^- lange des deux liquides. II est impossible que les observations ou determinations directes de la temperature d'ebullition] de fluides melanges donnent des r^sultats exacts. On ne peut arriver a de semblablas resultats exacts, qu'en donnant pour point de depart a ces determinations le fait admis en principe, qu'un liquide entre en ebullition a la tempe- rature 'a laquelle les vapeurs qui s'echappent de son sein dans un COSMOS. 135 espace ferme, exercent une pression ^gale a la pression atmosph^- rique. On pourra aiissi mettre en evidence des rapports remarquables d'affinile, si, apres avoir ajoute un troisieme liquide au mdlange des deux premiers ou fait dissoudre des sels dans ce melange, on ob- serve la tension des vapeurs pour en conclure leur composition. Ainsi , par exemple , I'eau ajout^e a un melange d'alcool et d'ether sulfurique augmente la tension des vapeurs melangdes, et diminue la temperature d'^bullition du melange. De meme, le sel marin augmente la tension de la vapeur qu'un melange d'alcool et d'eau d^gage dans un espace ferm^, et diminue, ce qui est la conse- quence ordinaire, la temperature d'ebullition du melange : le sucre, au contraire, se montre compl^tement indifferent. Les considerations precedentes suffisent a donner une idee des recberches de M. Plucker. L'occasion de les entreprendre lui a ete fournie par M. Geifsler , constructeur ^minemment habile d'appa- reils thermometriques, auquel un industriel de Bonn avait demande un instrument a I'aide duquel il piit determiner exactement la proportion d'alcool contenu dans les vins, Lorsque M. Geifsler montra I'instrument imaging et construit par lui a M. Plucker, le savant physicien fut grandement surpris de voir qu'on piit, d'une maniere si simple et si frappante, mettre en evidence la presence de quelques gouttes d'alcool au sein d'une grande masse d'eau. La premiere pensee de I'artiste avait ete de doser la proportion d'alcool par la temperature d'ebullition du melange, mais il s'aper9ut bien- tot que cette mdthode ne donnait pas de r^sultats exacts, parce que le degagement des vapeurs faisait varier a chaque instant la compo- sition du liquide ou sa richesse en alcool. II eut ensuite I'idee d'em- prisonner les vapeurs degagees, et construisit un appareil dans le- quel les vapeurs degagees par le liquide soumis a I'examen, a la temperature de I'ebullition , venaient occuper un espace determine, rempli d'air, et exer9aient une pression plus ou moins grande sur le mercure qui fermait cet espace , suivant la proportion d'alcool con- tenu dans le liquide. M. Plucker lui fit observer que, dans cette dis- position', I'air contenu dans 1' espace ferme ne pouvait qu'exercer une influence perturbatrice , et qu'il serait beaucoup mieux de faire degager les vapeurs dans le vide ; M. Geissler se mit de nouveau a I'oeuvre, et donna ainsi sa forme definitive a I'excellent appareil qu'il a faitbreveter en AUemagne et dans plusieurs pays strangers, sous le nom de Vaporimetre. {La suite a tine prochatne livraison.) VARlfiTES. TRANSMISSION DBS SONS PAR l'iNTERMEDIAIRE DES CORPS SOLIDES; APPLICATION DE CE FAIT A LEDUCATION DES ENFANTS ATTEINTS DE SURDITE COMPLETE. PAR M. L'aBBE LE cot, Cur6 de Boulogne-sur-Seine. « Frapp^ depuis longtemps de la difficulte qu'(5prouvent ]es sourds-muets a sefaire comprendre dans les usages ordinaires dela vie, et considdrant qu'ils peuvent presque tous entendre quelques sons, j'ai cherche le moyen d'utiliser cette aptitude en profitant de ce phenombne connu, que le son est transmis d'line maniere bien plus energique par les corps solides que par les gaz. Le resultat a depasso mes esperances. » Voici le moyen que j'emploie : je prends un porte-voix ordinaire ait en zinc ou en fer-blanc, j'en fais saisir entre les dents, par le sourd-muet, I'extremite a petit diametre, et j'articule les sons dis- tinctement, niais sans effort, en pla9ant ma bouche au centre du pa- vilion. Oblige, pour appliquer ce proc6de a un grand nombre de sujets, de le faire connaitre aux personnes naturelleinent chargees desenfants, jel'avais ddcrit dans un paquet cachete que j'ai eu I'iion- neur d'adresser a 1' Academie et qu'elle a bien voulu recevoir dans sa seance ^du 20 mars dernier; j'ai su depuis qu'Itard , longtemps avantmoi, avait eu la meme idee et I'avait publiee dans son ou- vrage ; mais comme les resultats obtenus d'apres les indications fournies par ce savant medecin paraissent avoir iti peu importants, puisque sa methode a ete compldtement abandonnde ; que ceux qu'il m'a ete donne d'obtenir sont , au contraire , tres-marques, je crois pouvoir m'adresser a I'Academie pour lui soumettre le rd- sultat de mes travaux. « J'ai essaye ce procede deja sur un assez grand nombre d'en- fants, certainement plus de vingt, et presque tous ont immddiate- ment. repute les sons qu'on leur faisait entendre ; mais trois enfants pauvres ont etd specialement I'objet de mes efforts. « Le premier, Aimee Rollet, jeune fille agee de dix ans, n'ayant re9u aucune espece d'instruction et n'articulant aucun son , a et^ soumise a ce procede au mois de fevrier dernier ; aujourd'hui elle epelle, ecrit tous les mots qu'on lui dicte et prononce un bon nom- bre de mots usuels ; I'intelligence de cette enfant s'est considerable- ment developpee depuis le commencement de ces exercices ; le sens de I'ouie s'est tellement ameliore qu'on peut aujourd'hui lui faire entendre tous les mots qu'elle connait sans I'aide du porte-voix, et COSMOS. 137 quelle per^oit des sons tout a fait inattendus, tels que celui d'une sonnette 61oignee. « Le deuxi&me, Herit, gargon de dix [ans, ^galement sourd de naissance, dans les memes conditions d'instruction que le premier, soumis au mois de mars dernier a ce proc^de, a donnd les memes r^sultats ; il parle mieux que le precedent , mais ecrit moins bien, ce qui parait tenir ace qu'il a moins d'intelligence. « Enfin le troisifeme, Eugene Rollet, •ag6 de huit ans et demi, frere du premier sujet, a commence a suivre les exercices a la fin de mai ; aujourd'hui il lit I'alphabet et articule deja un certain nombre de mots. " Je ne crois pas, monsieur le president, parvenir ainsi a faire entendre des enfants absolument sourds , cette pretention serait ridicule, mais je crois fermement qu'on peut ainsi considerablement ddvelopper le sens de I'oui'e , et qu'on parvient, apres un certain temps, a faire entendre, sans le secours du porte-voix, des phrases entiferes a des enfants qui, d'abord, paraissaient ne percevoir aucun son. Les mdthodes savantes employees avec tant de zele et de dd- vouement, a I'lnstitution des sourds-muets, pour apprendre a ces malheureux enfants a articuler les sons, reussissent, il est vrai, mais d'une maniere imparfaite : on parvient a les faire parler, mais sans qu'ils aient conscience des sons qu'ils emettent ; il en rcsulte d'abord que les eleves ont besoin de faire un grand effort d'attention et d'intelligence qui n'est pas a la portee de tous ; il en rdsulte en- suite que, ne comprenant pas parfaitement ce qu'ils font , sortis de I'ecole et rentres dans la famille, lorsqu'ils en auraient le plus be- soin, ils s'en degoutent, ne s'exercent pas et oublient ; il en resulte enfin que les sons qu'ils rendent sont souvent faux et discordants, sans qu'ils puissent concevoir memelevice de leur prononciation. " Si je ne m'abuse pas sur la valeur du precede que j'emploie, il pourrait, entre les mains des personnes exercees dans I'art si diflS- cile d'instruire les sourds-muets, venir puissamment en aide aux mdthodes actuellement en usage, et abreger considerablement le temps des etudes ; mais de plus il peut etre applique par les per- sonnes les plus etrangeres a I'education des sourds-muets, de sorte que la mere peut commencer elle-meme I'education de son enfant etl'instituteur primaire la continuer. « Mais , pour qu'une methode autrefois essay^e , puis presque immediatement abandonnee, puisse etre reprise, il faut quelle soit sanctionnee par une autorite irrefragable; voila pourquoi, monsieur le president, je viens m'adresser a vous. 138 COSMOS. Une commission, composde de MM. Raver, Vclpeau et Betnaid, est invitee a se nicttre en communication avec M. I'abbe le Cot. SUR LE DIMORPHISME DANS LES SUBSTANCES ACTIVES, PAR M. PASTEUR. II rcsulte des recherches ant(5rieures de M. Pasteur, que toute substance ciistallisable active sur la lumiere polarisee a une forme cristalline telle, que son image vue dans un miroir, ne Iiii est pas superposable. La proposition reciproque n'a pas lieu; c'est-a-dire qu'il ne faut pas conclure de I'existence de Themiedrie non super- posable a I'existence de la propriete rotatoire mobile. Ainsi, le sulfate de magnc^sie est h^miedrique a la maniere des tartrates, du Sucre, de I'asparagine, etc., et cependant les solutions les plus concentrces de sulfate de magnesie n'ont aucune action sur la lu- miere polarisee. Toute cristallisation de formiate de strontiane reu- ferme des cristaux hemiedriqucs, et meme les deux sortes droite et gauche, comme cela arrive pour les cristallisations nalurelles de quartz, sans qu'il y ait jamais de deviation. Ainsi done des mole- cules inactives sur la lumiere polarisee, peuvent se grouper a I'in- stant de leur cristallisation, de maniere a former des crislaux qui, sous le rapport de la forme, ont tous les caracteres des cristaux hemi^driques des substances actives. Cela pose, supposons pour un moment que des molecules non plus inactives, mais douees, au contraire, de la propriete de devier le plan de la lumiere polarisee, se o-roupent, a I'instant de leur cristallisation, de maniere a pre- senter la particularite qu'offre le sulfate de magnesie ou le formiate de strontiane. Les deux formes du tartrate, dans cette circonstance, ne pourront pas etre comparables par leur hemiedrie, aux i!eux formes du formiate de strontiane; car ce tartrate a son inverse, et celui-ci place dans les memes circonslances que le premier, ne pourrait offrir evidemment que ces deux memes formes deja pre- sentees par son inverse. II n'y aurait done aucune difference de forme entre deux tartrates, I'un deriv6 de I'acide tartrique droit. I'autre derive de I'acide tartrique gauche; ce qui est tout a fait impossible , parce que I'identite absolue des formes entrcdnerait forcement I'identite des deux produits; identite qui n'existe pas de fait. La realisation de la supposition qui vient d'etre faite en- trainerait, par consequent, I'existence d'un veritable dimoiphisme; , cette existence, M. Pasteur vient de la constater pour la premiere fois. Le tartrate iieutre d'ammoniaque droit s'obtient facilcment en COSMOS. 139 saturant I'acide tartrique droit par rammoniaque. La solution laisse deposer par refroidissement ou par Evaporation spontanee de beaux cristaux volumineux de tartrate d'ammoniaque qui ap- partiennent au systeme du prisme oblique a base rectangle, ties- voisin d'un prisme droit ; ce sera la premiere forme. Le tartrate neutre gauche dainmoniaque s'obtient de la nieme maniere avec I'acide tartrique gauche. Les formes des deux tartrates sont les raemes, et non superposables, comme cela a lieu pour toute la sdrie de ces deux genres de sels. Lorsqu'a la dissolution de ces tartrates, droit ou gauche, on ajoute une petite quantite de malate neutre d'ammoniaque, le tartrate change absolument de forme, en restant anhydre, et sans entrer d'ailleurs en combinaison avec le malate. Sa nouvelle forme, qui sera dite la denxieme^ appartient au prisme droit a base rhombe ; elle est, par consequent, incompatible avec la premiere, et constitue un nouvel exemple de dimorphisme. Cette deuxifeme forme est tres-bizarre au premier aspect ; mais elle est facile a etudier et a comprendre lorsqu'on la considere comme derivant d'un octacdre du prisme droit a base rhombe. Supposons un prisme droit a base rhombe portant des troncatures sur les huit aretes identiques des bases, de maniere a presenter a ses extremites deux pointements octa^driqucs a quatre faces, et que Ton prolonge ensuite une face a chaque pyramide, jusqu'a ce que les six faces restantes des deux pyramides disparaissent. On aura precisement une forme du genre de celles que nous etudions, si Ton a soin de considerer deux faces extremes non paralleles. Cette forme en comporte trois autres identiques, et non superpo- sables avec elle. Pour les obtenir, il suffira de prolonger successi- veinent dans I'octaedre rhomboidal, deux faces extremes non-pa- ralleles. En faisant toutes les combinaisons possibles, on dcduira quatre formes composees des memes parties, inclinees de la meme maniere, et dont aucune n'est superposable a I'une des trois autres; ce n'est plus une hemiedrie, mais une tetartoedrie non superpo- sable. Le tartrate gauche d'ammoniaque donne, dans les memes conditions que le tartrate droit, une deuxieme forme incompatible avec celle qu'il prend habituellement, et reproduit I'une des quatre formes d^duites par tetartoedrie du prisme rhombo'idal octae- drique. " Les faits qui precedent, ajoute M. Pasteur, peuvent eclairer utilement la question du dimorphisme, envisagee d'une maniere gen^rale. En effet, on pent se reprcsenter le dimorphisme de deux manieres, comme le resultat d"une faible alteration dans I'arran- IftO COSMOS. geraent des atoraes de la molecule chimique, ou bien comme le r(5- sultat d'un groupement des molecules chimiques, suivant un autre ordre dans le crista!, sans que, d'ailleurs, chacune d'elles soit rao- difi^e en rien quant a I'arrangement de ses atomes clementaires. Or, je suppose qu'une substance active, telle que le tartrate d'am- moniaque, soit dimorphe par suite d'une alteration quelconque dans I'arrano-ement des atomes a I'intL^rieur de la molecule; la nouvelle molecule, dyssimdtrique a la maniere de la molecule ordinaire, devra conduire a une hdmiedrie du meme genre que le sien, a une hdmi^drie simple et non superposable. Que si, au contraire, le di- morphisme a seulement pour cause un nouveau mode de groupe- ment des molecules naturelles dans le cristal, alors on con9oit que, dans le cas de molecules actives, ce mode de groupement doive se produire lui-meme dissymt^triquement, soit dans un sens, soit dans un autre, ainsi que cela se voit, raais d'une maniere exceptionnelle chez les molecules inactives. De plus, la dissymetrie premiere des molecules devant etre traduite par quelque chose sur 1' assemblage d^finitif, aussl bien que celle qui r^sulte du mode de groupement dans le 'cristal, il y aura alors deux dissymetries superposees en quelque sorte, par consequent, quatre formes possibles, deux pour las molecules droites, deux pour les molecules gauches. Et, comme il est materiellement impossible que les deux formes du sel droit soient les memes que les deux formes du sel gauche, les quatre formes, quoique identiques dans leurs diverses parties, ne seront pas superposables entre elles. << M. Pasteur n'a'pas pu etudier les proprietes optiques des cris- taux tetartoedriques , parce qu'il ne les a obtenues qu'en operant sur de petites quantites de matiere, et qu'ils se pretent d'ailleurs difficilement a de pareilles observations. Mais s'll y a une action du cristal sur la lumiere polarisee dependante de sa structure dissy- m^trique, et tout porte a croire que cette action doit avoir lieu, il est ne^cessaire que I'effet produit se r(5pete quatre fois avec des ca- racteres d'idendite et de dissemblance correspondants aux quatre formes signalees. On ne voit pas h priori ce que pourrait etre Tac- tion optique propre aux formes tetartoddriques, ou un phenomene optique capable d'etre quatre fois identique et non superposable a lui-meme. A. TRAMBLAT, propr'ietaire-gerant. PARIS. — raPRIMEEIE DE W. REMQUET ET Cie, ROE GARANCIERE, 5. T. V. II AOUT 1854. TROISIEJIE ANNEE. COSMOS. NOUVELLES. France. — On lit dans le Moniteur de Varmee : « Le ministre de la guerre n'a pu voir, sans un vif mdcontentement, que les resul- tats d' experiences ordonndes par lui, et se rapportant a desperfec- tionnements a introduire dans nos moyens d'attaque ou de defense, eussent ete rendus publics et communiques aux journaux, avant meme d'etre portes a la connaissance du chef de I'armee. II y a, dans les indiscretions de cette nature, un manque de patriotisme qu'il suffira sans doute de signaler pour qu'elles ne se reproduisent plus. Le ministre est, d'ailleurs, bien decide a ne pas tolerer ces infractions a tous les devoirs militaires. » — La lunette de 9 pouces d'ouverture , acquise autrefois de M. Lerebours pere , par le Gouvernement, au prix de 18 000 fr., vient d'etre montee ^quatorialement, et installee dans un pavilion special dlev^ sur la terrasse de I'Observatoire. Ce bel instrument est mis particulierement a la disposition de M. Chaeornac, etdoitservir aux observations extra-meridiennes, a la recherche surtout des pe- tites planetes qu'il ^tait presque impossible de ddcouvrir avec la lunette equatoriale de 3 pouces et demi d'ouverture, dont I'habile astronome s'est servi jusqu'ici. Ce n'est plus gucre que parmi les astres de douzieme grandeur et au dela, qu'on peut esperer de ren- contrer de nouvelles planetes ; or, ces astres ^chappaient forcement a la lunette de I'ancienne equatoriale. Ajoutons que M. Chaeor- nac aura bientot termini^ ses cartes des heures de I'ecliptique, bien plus etendues, quant al'ordre de visibilite des ^toiles, que les cartes anglaises; nous pouvons esperer, par consequent, qu'il reparera le temps perdu bien malgre lui , et partagera glorieusement , avec MM. Hind et de Gasparis, les conquetes de I'avenir. — Nous avons appris aussique les essaisde transmission electrique du temps moyen de I'Observatoire imperial, a I'Hotel-de-Ville et a la Bourse, s'achevent en ce moment; et que dans quelques jours un rogulateur de Berthoud, place dans la salle meridienne, indiquer-a I'heure exacte sur plusieurs cadrans de la grande cite : c'est un progres absolument nc^cessaire, que nous avons vivement sollicile, 0 142 COSMOS. et dont nous serons redevable au zh\e de M. Le Verrier. Depuis plusieurs jours, on peut deja lire, sur un cadran plac6 dans I'Hotel de 1 'administration des telegraphes, la minute, et la seconde de la pendule de I'Observatoire. Cette transmission du temps est organis^e par M. Froment. — La sixieme chambre de police correctionnelle , presid^e par M. d'Herbelot, a condamnc, dans son audience du 15 juin, un sieur Nicolas Lefevre, marchand de lait en gros, demeurant a Paris, rue d' Amsterdam, 44, a six mois de prison et a 20 000 fr. d'amende, pour avoir, depuis moins de trois ans, vendu et mis en vente du lait qu'il savait etre falsifie ; " Attendu, dit le jugenient, que la fraude, operee dans des pro- portions considerables, et d'une maniere permanente et journaliere par Lefevre, g^rant de la Socii^te dont il s'agit, est une veritable falsification de substances alimentaires destint^es a etre mises en vente, et que les benefices realises par Lefevre peuvent etre arbi- tres par le tribunal a 80 000 fr. pour trois ans. - Ainsi, d'apres la teneur du jugement, benefice net, 60 000 fr., restant au profit du coupable au premier chef, puisqu'il s'agit d'un aliment indispensable dans toutes les classes. Cette nature de crimes est done trop lucrative, pour qa'on cesse de les commettre tant qu'on ne leur appliquera pas la loi commune aux vols le plus gra- vement qualifies, c'est-a-dire la juridiction desCours d'assises et les galeres. Le voleur sur les graiides routes s'expose et paye de sa personne, et le v'oyageur a le droit de se mettre contre lui en legi- time defense ; niais que peut faire le consommateur quand on le vole par un abus quotidiea de confiance ; que Ton compromet sa sante et celle de ses enfants, qui, dans le premier age, n'ont d'autre nourriture que le lait? Combien d'enfants ont du leur mort a la falsi- fication de ce pr^tendu laitage ! — M. le Prt^fet de police vient d'ordonner une surveillance tres- active et continue sur la vente de tous les comestibles qui, par les chaleurs excessives, se gatent et deviennent tres-prejudiciables a la santt^ publique. Tous les commissaires de police de Paris et de la banlieue devront faire des vioites tres-freque;;tes chez les mar- chands de vins, les traitcurs, les pati&siers, les restaurateurs, les bouchers, les charcutiers, etc., a Teflet de surveiller leurs marchan- dises , et principaleinent les vases et ustensiles de cuivre dont le mauvais ^lat d'(^tamage pourrait occasionner de graves accidents. — Sur le chemin de fer de Paris a Sceaux, deux locomotives, marchant en sens contraires, se sont violemment heurtees, et plu- COS 31 OS. 143 sieurs voyageurs qui avaient pris place dans le premier wagon de troisieme classe, ont ^te cruellement blesses ; plusieurs ont eu les deux jainbes cassdes, et I'uii d'eux a dii subir immediatement I'am- putation de la jambe au-dessus du genou. Get accident pourrait se renouveler fataleinent sur cette ligne, maintenant surtout que deux sections, celles de Sceaux et d'Orsay, viennent s'embrancher toutes deux a Bourg-la-Reine, sur une voie unique, si radniinistration ne faisait pas dtablir immediatement une correspondance eiectrique, dont nous ne comprenons pas qu'on ait ose se passer jusqu'ici. Avec le telegraphe qui signalera la presence des locomotives entre Paris et Bourg-la-Reine, et la gare d'evitement circulaire de cette derniere station , les accidents deviendraient, au contraire, impos- sibles, la securite serait absolue. — II existe a Bordeaux plusieurs Societds scientifiques quiluttent d'efforts pour faire de cette ville un centre de lumieres et de proo-res, comme le font d'ailleurs plusieurs citds du nord de la France. Parmi ces associations se trouve la Societe philomatique, qui a voulu se mettre a la tete du mouvement ; elle a eu I'ldee de crder, a Bor- deaux, une exposition agricole et industrielle pour toute la France qui s'y ouvrirait tous lestrois ans. C'est pour la neuvieme fois que Bordeaux offre ainsi son hospitalite a la France; I'achevement du chemin de fer de Paris a donne a la solennite actuelle un plus "-rand developpement. Plus de six cents exposants ont repondu a I'appel de la Societe philomatique. La Societe d'encouragement pour I'industrie nationale a voulu etre representee dans cette solennite par une commission speciale et temoigner ainsi de son intdret pour I'industrie et I'aoriculture me- ridionales; une commission, composee de MM. Chevallier, Huzard Salvetat, Silberman et Barral, a ete chargee, par le conseil d'ad- ministration de cette Societe, de lui faire un Rapport sur les produits et machines exposes. Voici quelques extraits du Rapport de M. Barral : " Le bassin de la Garonne, de la Dordogne et de la [Gironde est remarquable par son sous-sol argileux, impermeable, qui donne naissance a de vastes marais tourbeux. Quelques-uns de ces marais sont celMues par la quantite enorme de sangsues qu'on y eleve, d'une fa9on si productive, que cette Industrie y prend des propor- tions alarmantes pour Thygiene du pays. Dans un tel pays, le drai- nage doit produire une sorte,de revolution. L'exposition que nous venons de visiter demontre que les methodes perfectionnees d'as- sainir les terres et de doubler ainsi, pour le moins, leur fecondite. 4J^i COSMOS. est aujourd'hui approuv^e. Nous avons vu des tuyaux de drainage expos(4s par M. Challemaison, directeur de la compagnie des landes de Gascogne; par le comte Duchatel, par MM. Clamageron et Ro- berty ; une machine a fabriquer les drains, et les outils de drainage bien faits se trouvent a cote. Le drainage prend ainsi son droit de cite dans le Midi; il prouve, par le fait, combien avaient tort ceux qui croyaient que dans le Nord seul son application pouvait etre PiTlC3.CG . « Nous avons retrouv^ ici plusieurs exposants du concours de Paris : M. Fritschler a amene ses charrues; M. Lotz,ses machines a battre, ses machines a vapeur locomobiles, etc. Parmi les produits locaux, nous avons remarque les riz magnifiques que M. Fery cul- tive dans les landes de la Teste ; les coconset les soiesgr(^gesou filches deMM. Bellard, Beutzmann, Guinard, Royer, etc. La production du lin et du chanvre parait devoir etre essayee avec succfes dans le pays; M. Terwange, de Lille, I'a compris, et il a envoye des echan- tiUon's remarquables de ses produits obtenus par un nouveau precede. » PiEMONT. — M. Bonelli, directeur des tck'graphes electriques, transmet la depeche suivante d'un des compagnons de M. Brett : « Je suis parti hier au soir du cap Corse, apres avoir vu poser, avec plein succes, le cable du telegraphe sous-marin. La plus grande profondeur a laquelle il est parvenu est de 348 brasses (la brasse de mer equivaut a 2 metres). Pendant quarante heures nous sommes restesen place, retenus uniquement par le cable qui ^taitaune pro- fondeur de 250 brasses. Le travail de la pose du cable a dure trente- quatre heures. Le reste du temps a ete employe a reparer les ma- chines trop faibles pour la pose meme. Brett est reste sur le Per- sian, II doit, aujourd'hui, etablir le cable dans le detroit de Boniface. » Akgleterre. — Nous empruntons a I Athenmim anglais, le programme des sdances et soirees de la prochame reunion , a Liver- pool del" Association britanique pour I'avancement des sciences. Le mercredi 20 septembre , le Comite general se reumra a midi pour I'expedition des affaires du Congress. A cinq heures apres midi les officiers de 1' Association dineront chez le raaire de Liver- pool ' A huit heures du soir , le meme jour , les membres de 1 Asso- ciation s'assembleront dans St-Georges Hall pour entendre le dis- cours inaugural du president Lord Harrowby. Jeudi 21 apres les ravaux des sections , il sera donn^ une grande soiree dans le magni- COSMOS. 145 fique salon de St-Georges Hall. Vendredi, dans la conversation du soir M. le professeur Owen lira un discours sur les singes antro- pomorphes. Samedi, apres les seances des sessions aura lieu le grand diner preside ordinairement par le president du Congres, probablement dans St-Georges Hall. Le maire de Liverpool invi- tera les membres a une soiree dans la brillante serie des salons de ToAvn Hall (maison de Ville), salons qui ne sont surpasses en beaute par aucune salle des edifices publics de I'Angleterre. Lundi la conversation du soir consistera en un discours sur le magnetisme terrestre par le colonel Sabine ; on annonce que cette dissertation sera illustree j)ar de nombreux dessins ou experiences. Le lende- main soir , M. le professeur Stokes , assiste de deux Fran^ais, M. I'abbe Moigno et M, Duboscq , exposera et reproduira dans une grande serie d'exp^riences faites a la lumiere electrique, les principaux phenomenes de la lumifere : la Societe photographique de Liverpool appellera ensuite I'attention sur divers sujets interes- sants relatifs au bel art qu'elle a pour mission de propager. Mer- credi , I'Association terminera ses travaux , et le President clora le Congres par son discours d'adieu. Les excursions , accessoire oblige de la. reunion, commenceront le jeudi, le lendemain du jour de la cloture du Congres, et elles ofFri- ront un interet extraordinaire : le comite qui les dirige a obtenu des compagnies de chemins de fer aboutissant a Liverpool ou a Bir- kenhead, le privilege pour tons les membres de circuler sur toutes les voies dans un rayon de 100 milles, 33 lieues, autour de Liver- pool , en ne payant qu'un seul trajet, I'allee sans le retour ; privi- lege designe en anglais par 1' expression Single fare. On cite parmi les buts assignes aux excursions , Bangoz-State-Querries et Holy Head, les mines de sel du Cheshire, les districts d'exploitation du charbon et de fabrication du verre de Ste-Helene; les cotes de Mersey ou Ton sera conduit gratuitement sur un des paquebols qui font le service entre Liverpool et Halifax. Si la liberalite des habitants d'une cite imniensement riche, et le desir ardent de se rendre agreables, peuvent beaucoup ajouter aux charmes de ces graudes reunions scientifiques , on doit esperer que le Congres de Liverpool sera remarquable entre tous les congres deja tenus par 1' Association. — On annonce que I'hotel et I'enclos deHolford, situes dans la par- tie la plus (^levee, la plus seche et la plus saine de Regent's-Park , vont etre achetes par I'Etat , pour etre transformes en un grand mus6e scientifique populaire qui manque tout a fait a Londres , e^ 146 COSMOS. danslequel s'etaleraient les riches collections nationales d'histoire naturelle, aujourd'hui entassces ou enfouies dans des Hpux inacces- sibles. — Le Journal de la Societe des Arts appelle I'attention sur de singulieres anomalies du service postal de I'Angleterre : « Si vous voulez envoyer au nieilleur marche possible une publi- cation p^riodique de Calcultta a Delhi, dirigez-lapar Londres, elle coutera alors 8 pences \Q0 c.) de port pourun parcours de 8000 milles a I'all^e, et 8 000 milles au retour ; tandis que pour 800 milles de trajet direct, vous aurez a payer un port de deux roupies ou quatre schellings (5 fr.) La malle de terre de Calcutta est la meme dans les deux cas, seulement par la voie la moins chere, le paquet exp^die aura eu I'avantage d'un voyage de mer de 16000 milles. Un journal non timbr^, pesant moins de deux onces, paye 4 pences (40 c.) de port, de Westminster aKinsington (5 a 6 kilom.), et un penig (10 c.) seulement de Wetsminster a New-York. Pour envoyer par la poste, a raison de 1 penny un journal non timbre, il faut que son poidssoit moindre d'une demi-once ; maisun journal timbr^ pesant plus de 4 onces, circule en tout temps pour un penny. » HoLL.'VNDE. — La Society des sciences de Harlem, dans sa cent deuxieme stance du 20 mai , n'a couronnd qu'un seul des memoires en reponse aux programmes des prix proposes par elle pour 1853. Ce m^moire avait pour objet les raies brillantes des spectres obtenus de la flamme des m^taux briilants , entre les poles de la pile ; son auteur est un de nos plus savants physiciens, M. Masson, profes- seur au lycde Louis-le-Grand, auquel le prix a ^t(S decerns. Belgique, — Dans la derniere seance de 1' Academie des sciences de Bruxelles, M. Qu^telet a rendu compte des mesures prises dans divers pays pour donner suite aux demandes de la conf , que les enfants ex^cutent d'eux-memes, avec ou sans I'aide de machines. — M. Vernois, medecin de I'hopital Necker, ayant administr^ a un assez grand nombre de malades atteints du cholera, les medi- caments dont I'absorption peut etre le plus parfaitement constatee, a ete amene a conclure avecM. Duchaussoix, que « dans lecholdra intense , il existe une periode , pendant laquelle I'absorption par I'estomac, le gros intestin et la peau est absolument nulle, ou telle- ment faible, qu'on ne peut compter sur elle pour obtenir une action therapeutique. Cette perte de la faculty d' absorber persiste dans les derniers temps de la vie , alors meme que les evacuations ont cesse; elle explique et les pretendus succes obtenus par des re- mfedes dou6s de propridtes differente^ , ou meme opposdes , et Yir 150 COSMOS, nefficacit^ si fatalement av^r^e des medications les plus energiques dirigees centre le chol(^ra a cette poriode. Dans I'un et I'autre cas, il n'y a pas eu d'absorption r^elle. — Les m^decinsles plus distingues de Munich ont employ^, I'hi- ver dernier, un nouvcau bouillon fortifiant qui peut remplacer avec avantage la nourriture animale solide, dans les cas oil les fonctions digestives sont incompletes, par exemple , dans certaines periodes du typhus. Voicila recette : a 540 grammes de viande, de poule ou de bceuf , provenant d'un animal recemment tue , on ajoute 400 grammes d'eau distillde, avec 4 gouttes d'acide sulfurique pur. et 15 grammes de sel marin. Apres avoir bien mel^, on laisse la masse reposer pendant une heure, et on la fait egoutter sur un tamis. Lorsque le liquide est ecoule, on arrosece qui rcste sur le tamis avec 180 grammes d'eau versee par de petites portions. La liqueur claire qui s'ecoule est bue a froid. II est indispensable de conserver en dt6 cet aliment dans un endroit trfes-frais , ou bien de I'entourer deglacea I'intdrieur; sa preparation a ete indiquee parM. Liebig. — M. le docteur Abeille avait annonce a I'Academie des scien- ces que I'administration du sulfate de strychnine a la dose de 0,015 a 0,030, deuxfois par jour, et en quatre prises, dans quatre heures, a d^termin^ presque dans tous les cas une reaction progressive avec r^apparition et ascension du pouls. Pour empecher que les malades rejettent le medicament, il est important de leur fiiiie avaler apres un morceau de glace. Quand le pouls et la chaleur reparaissent , il faut ne donncr qu'une dose par jour, et s'arreter definitivement, des que la reaction esl r^tablie. II reste a continuer les boissons chaudes et a surveiller les malades pour combattre les phenomenes typhoi- ques qui ne se montrent que trop souvent pendant la poriode de reaction . M. Abeille reconnait en outre qu'il est tellement vrai que la diarrh^e precede presque toujours les autres syinptomes , que sur quarante-six cas observes par lui avec une tres-grande rigueur, la diarrhee s'est montr^e quarante-quatrefois d'un a quinze jours avant le d^veloppement des autres phenomenes choleriques. II a informe I'Academie que la methode de traitement que nous venons de d^- crire, vient de subir a I'hopital du Roule une experimentation offi- cielle, sous le controle du medecin en chef : sur vingt-deux choleri- ques arrives a la periode algide avec teinte bleue , vomissements, dejections liquides, crampes, gene de la respiration, menace d'as- phyxie, suspension de la secretion urinaire, aphonie, etc., dix-neut sont entres dans la pdriode de reaction, dix ont et^ gu^ris. COSMOS. 151 L'habile medecin ne craint pas d'avancer que « quand il aura donnd tous les developpements, on sera convaincu que le suljate de strychnine nest pas inferievr par ses effets dans le cholera, au sulfate de quinine dans la fievre des marais, qu'il en constitue le SPECWXQVE proprement dit. Ah! si c'ctait vrai ! — La necessite de trouver un succedane au quinquina qui de- vient chaque jour plus rare et plus cher, doit faire accueillir toutes les tentatives qui ont pour but de le remplacer. Plusieurs auteurs avaient deja propose I'emploi de I'electricite dans les fievres perio- diques ; Lindhult, en 1753 I'avait merne d^ja employ^, M. Derossi a repris ces essais avec succes , en se servant de la pile de Volta ou d'un appareil magneto-electrique. Quatre ou six malades sont dis- poses de maniere a former une chaine , que le courant interrompu traverse; les seances sont d'une demi-heure, trois fois par jour. Deux soldats ont ete gu^ris , I'un d'une fievre tierce simple, I'autre d'une fievre double tierce , apres avoir ete souniis aux commotions electriques; le premier six fois, pendant quinze minutes, chaque fois; le second quinze fois en trois jours. — Nous avons lu avec le plus vif interet le memoire sur unenou- velle combinaison de I'iode avec !e tannin, de MM. Socquet et Guil- lermond : cette combinaison en proportion definie, appelee solution iodo-tannique , s'obtient en melangeant intimement a froid, 7 gram- mes de tannin de ratanhia , 1 gramme d'iode et 300 grammes d'eau. L'eau se decompose, il y a formation d'acide hydrodique ; une porportion de tannin est transformee par oxydation en un tan- nin particulier, moins soluble que le tannin ordinaire ; le tannin non alt^r^ forme avec I'acide hydriodique une combinaison soluble et stable que la distillation meme ne peut pas alt^rer. La solution iodo-tannique, a laquelle on a fait absorber une quantity d'iode egale en poids a la moitie du tannin employe, donne un produit nouveau appeld solution ioduree. Avec ces deux solutions les au- teurs ont compose trois sortes de preparations pharmaceutiques, le sirop iodo-tannique pour I'usage interne; la solution iodo-tannique normale, et la solution iodo-tannique ioduree pour I'usage externe, elles ont ete employees avec le plus grand succfes dans plusieurs cas de bronchites chroniques, de tubercules pulmonaires ou mesente- rique, d'engorgements glandulaires du cou, de flux muqueux intes- tinaux ou uterins, des goitres avec hypertrophie du cou, d'amd- norrhees, etc. Les avantages de la nouvelle combinaison iodique sont certains et se resument de la maniere suivante : 1° Parfaitement soluble elle se prete, a un haut degr^, a Tab- 15B cosaios. sorption de I'iode; elle est, par cons(5quent, trfes-propre a d6velopper les efFets dynamiques de cet agent. 2" La substance avec laquelle est combing Tiode , dtant de nature v^getale, se brule peu a peu, en absorbant I'oxygene une fois quelle est introduite dans le torrent circulatoire ; elle laisse ainsi se dega- ger lentemcnt, mais d'une maniere continue, I'iode; celui-ci se prd- sentant alors, pour ainsi dire, a I'etat naissant aux organes malades, r^agit sur eux d'une maniere douce , moder^e, et ne peut jamais amener a sa suite d'accidents s&'ieux. 3" Son absorption est plus facile et plus complete que celle de I'huile de foie de morue ou des diverses huiles iodees et iodur^es que Ton a proposces dans ces derniers temps. 4° Elle est tout a fait definie, du moins en ce sens que, pendant sa manipulation, il ne se fait aucuneperte d'iode, puisque, meme soumise a la distillation, elle ne laisse dchapper qu'une eau aussi pure que I'eau distillde. 5° Le sirop iodo-tannique fait avec la solution, ne laissant apr^s lui aucun gout dt^sagrdable , est pris avec plaisir par les maladesi, circonstance tres-importante quand il s'agit de faire la, m^decine chez les enfants, et meme chez certaines personnes adultes tres-delicates. L'iode , sous cette forme, nous a toujours paru etre supports avec une admirable tolerance. 6° Elle est stable, car, apres plusieurs mois, la. combinaison dans laquelle I'iode avait ete engage n'avait point et^ modifiee. 7" Elle offre enfin un avantage qu'on n'a cess^ de rechercher, celui de combiner I'iode ayec une substance vegdtale, afin que son action fiit moins violente et son assimilation plus facile, imitant en cela les produits qui contiennent naturellement de I'iode, comme les huiles de foie de morue,Jes fucus, etc., etc. — M. Abeille ecrit dax-Moniteur des Hopitaux : « Pour prouver la specificity du sulfate de strychnine, il fallait voir si son action devient plus sure a mesure que les cas sont moins graves. Nous avons trait(5 par ce medicament douze cas de cholera moyen sans aucun autre adjuvant, et nous avons obtenu onze gui^risons radicales. Nous avons etendu ensuite son emploi a dix-sept cholerines, c'est- a-dire au plus faible degrd du cholera, et nous avons gu6ri dix-sept fois. Done, la strychnine s'attaque au systeme primitivement l^se, a- quelque degre qu'il le soit; elle est pour le cholera aussi sp^cifi- que que le sulfate de quinine pour la fievre mar^matique. » CHIMRGIE. M. Desgranges, chirurgien de I'Hotel-Dieu de Lyon, crolt avoir ^abli les propositions suivantes : I" La cauterisation sur le point d'lmplantation des polypes naso- pharyiigiens est un moyen de gueikon radicale.; 2"^ Avec ]e chlorure de zinc , elle se pratique d'un seul coup en cinq ou six heures ; 3° Le chlorure de zinc peut efcre jnaintenu dans le pharynx sans danger : son action peut etre limitee au point de .contact ; 4" L'operation est facile, les suites en sont tres-simples ; 5" Les avantages du nouveau proc^de sont , independamment d'une execution rapide, de ne point avoir a diviser le voile du pa- lais, ni a perforer la voute palatine; par consequent de s'exempter .pour plus tard de la staphyloraphie, et de ne point courir les chances d'lme reparation tardive ou incomplete de la division du palais ; 6° La prudence fait une regie de cauteriaer tous les polypes du pharynx et de cauteriser chaque fois plutot trop que pasassez {Ga- zette hebdomadaire de medecine, 7 juillet 1854). — II y avait lieu d'etre surpris que I'aneslhesie , employee si frequemment en Angleterre dans la pratique obstctricale, avec I'u- nique intention de soustraire les femmes aux douleurs physiologiques de la parturition, n'eut pas encore penetre dans les habitudes de ■nos praticiens.. . La Societe de chiruigie de Paris a re9U de M. Hou- zelot, de Meaux, un memoire contenant vingt observations d'ac- couchements dans lesquels on a fait usage du cbloroforme, au grand -avantage des meres, dit-il, et sans inconvenient pour les enfants. Dans itous les cas, raccouchement a ete facile et sans douleur; les suites (de couche ont et^ heureuses, et, chez la plupart des femmes, il n'y mpaseu de tranchees uterines. M. Laborie admet en principe, comme M. Houzelot, I'utilite des inhalations chloroformiques dans -fcs accouchements. Les inhalations , dit-il , doivent etre intermit- tentes : du chloroforme etant depose sur un mouchoir, la fenime I'aspirera elle-meme , de fa9on a cesser de percevoir la douleur, sans que jamais I'aneslhesie devieniie complete. M. Danyau, mede- icin de la Maternite. pense aussi qu'en effet on pourrait donner a .I'-emploi du chloroforme plus d'extension qu'on ne I'a fait jusqu'a ce jour en France. M. Voillemier emploie egaleraent le chloroforme dans I'accouchement naturel ; il croit qu'on rend ainsi aux femmes un tres-grand service , sans les exposer a aucun inconvenient. M. Forget a ete le seul membre de la Societe de chirurgie qui se i5h COSMOS. soit ^leve centre 1' inhalation du chloroforme dans I'accouchement naturel. Nous serions bien tent^ d'ajouter qu'il avait seul raison centre tous ; la pratique anglaise est certainement un abus grave et presque une deraison. — Apres une discussion tres-longue et trfes-animde sur le traite- ment des deviations de I'uterus par le redresseur ut^rin, TAcaddmie imperiale de medecine a adopte les conclusions suivantes : 1" L' application du pessaire uterin peut donner lieu a des acci- dents serieax et meme a la mort. 2" Dans les cas, rares d'ailleurs, ou cet instrument a pu produire des resultats avantageux, il n'est pas prouve qu'il ait toujours agi en reduisant I'uterus. 3" Dans quelques cas exceptionnels, ou les deviations de I'uterus determinent des troubles fonctionnels serieux et ont resiste a tous les tnoyeiis therapeutiques connus^ on peut tenter, comme derniere ressource^ I'application du pessaire intia-uterin. Que penser de cette decision , en presence de ces deux assertions de M. Velpeau : » Le pessaire uterin a ete applique plus de mille fois, et il ne semble pas que le nombre des accidents soit en propor- tion de celui des applications ! .. Chacun, soyez-en bien convaincus, n'emploiera ni plus ni moins le redresseur, quand vous aurez vot6 de telle ou telle fa^on ! ! ! » — M. Jobert de Lamballe a presente a 1' Academic un jeune malade qu'il a gueri radicalement d'une hernie inguinale, au moyen de I'mjection iodee dans le sac. — M. Eichman, de Flatow, affirme qu'il a gueri un cancer veri- table du sein, en moins de dix-sept semaines, par I'application d'un sachet de toile renfermant de la ouate de coton et de I'iode : un emplatre agglutinatif retenait ce sachet et Ton renouvelait I'iode tous les quatorze jours. — M. Guillon presentait lundi dernier, a une commission de I'Acaddmie des sciences, un officier d'artillerie qu'il avait radicale- ment gueri, sans douleurs aigues et sans accidents graves, d'un re- trecissement tres-ancien de I'uretre, compliqu^ de vegetations fon- giformes sanguinolentes ; c'est un nouveau succes ajoute a tant d'autres, par la methode d'incisions profondes faites d'arrifere en avant couronnee, helas I sous le nom de M. Reybard. Se peut-il que M. Sedillot n'accepte pas le defi de M. Guillon. PHOTOGRAPHIE EN ANGLETERRE. Pendant le sejour qu'il nous a ete donn^ de faire a Londres avec M. Jules Duboscq, nous avons visite les principaux ateliers de photo- graphie, grandenient desireux de nous initier a tous les progres re- cents ; et nous devons dire d'abord que partout nous avons ete accueilli avec la plus grande bienveillance , le plus cordial empressement; MM. Claudet, Mayall, Kilburn, William, Scott, etc., et nous les en remercions de tout notre coeur, nous ont fait completement oublier par leur douce hospitalite que nous ^tions sur la terre etrangere. M. Claudet, notre glorieux compatriote, a ete enchante de nous faire les honneurs de sa brillante galerie, veritable monument dleve a la gloire de la photographic. Cette galerie est un carre long, eclair^ par un tres-joli vitrage a compartiments octogones, for- mant plafond. La frise superieure se compose d'arabesques etde m^- dailloiis, contenant les portraits des savants et des artistes auxquels la photographic et les applications de la photographic doivent leur naissance et leur perfection actuelle : Porta, createur de la chambre obscure; Davy et Wedgevvood, les premiers apprentis photogra- phes, qui devinerent et tenterent la fixation des images de la cham- bre obscure; ie grand Niepce, Daguerre, Talbot; Herschel, experi- mentateur habile d'hehographie et theoricien profond ; Niepce de Saint- Victor, Fizeau ; Arago, qui plaida avec tant d'eloquence et gagna avec tant d'eclat la cause de Daguerre ; Wheatstone qui in- venta, et Brewster qui modifia et lan^a le stereoscope ; Leonard de "Vinci qui soup9onna la difference des images de la vision binoculaire; Newton, le pere immortel et incomparable de I'optique; Louis- Philippe, la reine Victoria, le prince Albert. Dans cinq panneaux compris entre les arcades, des peinturessym- boliques figurent la statuaire, la peinture, I'invention de la photo- graphic, I'application de la photographic aux portraits simples ou en reliefs par I'adjonction du stereoscope; la photographie sur pa- pier, sur verre et sur metal. Les dessins des medallions rappellent les grands centres de civilisation : Athenes, Rome, Paris, Londres; la Chambre des deputes ou la pension de Daguerre fut solennel- lement votee ; Sommerset-House ou la Society royale de Londres admira les premiferes epreuves de M. Talbot; le Palais de cristal. Des deux cotes de la porte qui introduit dans les ateliers du si ha- bile photographe, sont inscrits les noms des savants et des artistes qui ont contribue au perfectionnement de I'art magique qui devra a M. Claudet son charmant temple. La modestie est une douce et belle 156 COSMOS. vertu, mais elle doit s'efFacer devant la vt^rite ; M. Claudet n'avait pas le droit de derdbei- a oes glorieuses listes le nom a jamais cdlfebre de celui qui, en cmployant la premiere substance accel6ratrice, rendit possible le portrait photographique et stcreoscopique ; son nora , dont lui et ses petits-enfants seront justement tiers. On admire a I'aise, dans ce salon enchanteur, cette incomparable collection de portraits etde groupes, ou I'oeil, arme du stereoscope, retrouve tout, la vie, le relief, la couleur. Dans le sanctuaire de ses laboratoires , M. Claudet nous a fait admirer des appareils nouveaux, ou des dispositions ingenieuses qu'il n'a pas fait connaitre encore, son rechaud fixateur, oil six plaques a la fois sont soumises a la bienheureuse action du chlorure d'or ; sa boite a mercure oii, dans des coulisses separ^es, vingt plaques r^vfelent ensemble leurs images latentes, sans qu'aucun atome de vapeur puisse atteindre i'ouvrier; son secheur, ses polis- seurs, etc., etc. A cote de son pere, M. Henry Claudet, capitaine au long cours, s'exerce , en attendant son embarquement , et projetant une riche moisson lointaine, au maniement du collodion. II op^re habilement et a coup siir, il a fait nos portraits avec la prestesse et le bonheur d'un maitre ; il nous a promis d'attacher bientot son nom , dans les pages du Cosmos, a un perfectionnement qui fera epoque dans I'his- toire de I'art. — On dirait en voyant M. Mayall le genie incarn^ de la photo- graphie; deja depiiis longtemps un des rois dela plaque, il est I'un des princes du collodion dont il fait ce qu'il veut. Ses portraits-crayons font un effet vraiment extraordinaire. Nous publierons sous peu la gravure de I'appareil etoile qu'il fait tourner lentement entre le Vi- sage de la personne qui pose et la plaque sur laquelle se point son image. A la reouverture des sdances de la SociSte de photographie M. Mayall communiquera, et nous adressera, un precede entifere- ment nouveau pour communiquer a I'albumine la sensibility exces- sive et I'instantaneit^ du collodion; c'est le grand postulatum de'la photographie. Voici en quels terraes Y A the nee urn anglais rendait compte des admirables portraits photographiques de grandeur naturelle que M. Mayall venait d'exposer dans les galeries de I'institution^ poly- technique, et que nous avons aussi sincerement admires. « L'appa- reil qui donne les portraits est presque gigantesque : il a fallu re- courir aux plus grandes lentilles achromatiques que I'art moderne puisse construire ; I'artiste n'est arrive a un r6sultat aussi saisissant COSMOS. 4j5S que par une s^rie de combinaisons et de manipulations ingenieuses au plus haut degre. Le portrait de grandeur naturelle est obtenu sans qu'on fasse le plus linger sacrifice a la nettete de I'iniage ou a la rigueur des contours, sans la inoindre ddformation. II semble, au contraire, que les imperfections du negatif aux petites dimensions ont ete corrigees dans le positif agrandi. Les nouveaux portraits ^tonnent et confondent le regard par une vdrite photographique et nn aspect artistique tout a fait extraordinaires ; ils constituent un progres substantiel et considerable. Conserver a I'image toute sa bont(5 premiere, en lui donnant les dimensions de la nature, c'est deja un immense merite; raais le merite est plus que centuple quand on ajoute a ces qualites essentielles I'effet artistique et une plus giande perfection d'ensemble. •> « Les grands maitres du dessin et de la peinture pourront seuls lutter desormais dans la reproduction des traits du visage humain avec la peinture heliographique arrivee au degre de perfection qui caracterise les dernieres asuvres de M. Mayall. » — M. Kilburn, photographe de la reine, sortait d'une tres-grave maladie quand nous I'avons revu ,' une fievre c^rebrale I'avait presr que amene aux portes du tombeau ; un voyage en Suisse lui a rendu presque toutes ses forces. II ne nous a rien montr^ de nouveau, parce que, reste fidele a la plaque, et arrive depuis longtemps au beau iddal, il ne peut que continuer a multiplier ces chefs-d'oeuvre de veritt^ , de grace , de coloris , de relief qui ecrasent 1' imagi- nation. — M. William a droit aussi a de grands 41oges ; il est le digne ^mule de MM. Claudet, Mayall et Kilburn ; ses portraits simples ou binoculaires, ses vues et ses reproductions des objets d'art duJPa- lais de cristal, sont aussi beaux qu'il est possible de les concevoir beaux ; et ses positifs stdreoscopiques sur papier cire, repr^sentant des scenes prises dans la nature ou des groupes merveilleusement agenc^s , sont les tableaux de genre les plus d^licieux que nous ayons jamais vua. M. William est puissamment aide et encourage par un des vi^ter rans de I'optique anglaise, par M. Godard, homme excellent, dont nous conserverons un tendre souvenir, qui a fait a Londres le pre- mier appareil de polarisation pour la manifestation par projection des anneaux des cristaux doublement refringents , des verres cora- primds. et tremp(^s; qui disputa a M. Claudet, au moins dans la conception et en projet, I'emploi du brome et des bromures comme agents accelerateurc?. 158 COSMOS. — M. Scot dirige avec un grand talent et un grand sucobs les ateliers de I'lnstitulion royale polytechnique, dont la collection pho- tographique vraiment innombrable s'^tale avec orgueil sur les murs du vasoir-^faire; car, au dire de tous ses amis, il devrait etre plu- sieurs fois millionnaire. M. Armand Seguier avait acceptede presenter a rAcadcmie des sciences la pompe-joujou; 11 I'a fait fonctionner devant ses illustres confreres, qui s'en sont beaucoup amuses. Elle est quelque peu traitre; le petit jet a ose s'attaquer aux nobles figures dumardchal Vaillant, ministre de la guerre, et de M. Le Yervier. A. TRAMliLAT, proprletaire-gerant. PARIS.— IMriUMERIE DE W. REIIQUET ET cie, RUE GARANCIERE, 5. T. V. II AOUT 1 854. thoisieme annee. COSMOS. MAL4DIES DES PLANTES. RECHERCHES DE MM. BAZIN , DU MESNIL-SAINT-FIRMIN. Nous disions dans notre derniere livraison que, depuis I'appari- tion des maladies des plaiites alimentaires, MM. Bazin n'avaient pas cesse un instant de rechercher les causes et les remedes de ces singu- liferes et terribles affections. Ces recherches, ^minemnrient actives et intelligentes, ont ete couronnees d'un succes eclatant ; nos amisont eclaire d'un jour tellement vif le difficile et important probleme de I'origine ou de la cause de la maladie, qu'a I'heure qu'il est le doute n'est plus possible. Pour ne pas admettie : 1" que Tinfection a pour cause premiere et essentielle les piqiares d'insectes venimeux, difle- rents en general pour les differentes plantes, 2" que les botrytis ou duvets cryptogamiques sontla consequence, I'effet consecutif de I'al- teration, de I'empoisonnement produit par la morsure des insectes, il faudrait fermer lesyeux a I'evidence ou se faire aveugle volontaire. Les doctrines que nous avons defendues ont ainsi re^ii une confirma- tion eclatante, et nous nous en rejouissons, non pas aa point de vue d'un amour-propre satisfait, mais parce que I'infection par les insectes, necessairement accidentelle et passagfere, est bien moins redou- table, moins desolante que la viciation intrinsfeque, ou la degeneres- cence des plantes elles-memes. Nous avons pens^ qu'on nous sau- rait gre de reunir en un seul faisceau, dans cette livraison supple- mentaire, I'ensemble des travaiix de M. Armand Bazin, la serie entiere des notes soumises par lui a 1' Academic des sciences, a la Society d'encouragement , a la Societe imperiale et centrale d'agriculiure. MM. Charles et St^phane Bazin ^taient entr^s les premiers dans la lice ; ils decouvrirent, en 1852, I'insecte qui determine par ses mor- sures la maladie des pommes de terre ; ils le surprirent exer9ant ses ravages ; ils crurent pouvoir conclure a la rt^alite d'un principe v^neneux qui, de la plaie, p^netre dans les tissus plus intimes, entre dans la circulation de la plante et parvient jusqu'aux tubcr- cules , qu'il corrompt. 6 his. 170 COSMOS. M. Charles Bazin exposa cette decouverte et ces conjectures, mais d'une maiiifere trop vague , dans un article public par le journal la Patric. M. Armand Bazin n'a rien publie avant 1854, parce qu'il voulait arriver a la certitude absolue et pouvoir demontrer aux plus incr6- dules la verite des faitspar lui ^nonces. Sa premiere note a ete pr^- sentde dans la seance du 17 avril dernier; les autres dans les stances du mois de juillet ; le travail que nous publions a ete re- dige par lui, et nous le laissons parler. PREMIERE PARTIE. CAUSES DES MALADIES. Maladies des haricots^ des laitues et des melons. On remarquait depuis quelques jours que les feuilles des plants de haricots, deja assez avanc^s pour donner des gousses bonnes a manger, *6taient piquees de taches jaunatres ; que, lorsque le nom- bre des feuilles attaqu^es (^tait assez considerable, la plante com- men9ait a languir et devenait plus tard gravement malade. On ne savait a quoi attribuer cette affection morbide. Inquiet de la voir grandir chaque jour, je me mis a I'affut et decouvriy bientot que ces ravages ^taient causes par une multitude de petits insectes sau- teurs , qui devorent le parenchy me a la surface sup^rieure de la feuille, et se cach^nt sous la surface inferieure, toute recouverte de leurs excrements. Pour niieux constater le fait essentiel de I'infection des feuilles, je mis plusieurs insectes dans des tu;bes de verre remplis de feuilles entii^remeiit saines ; et vis, en effet, que: bientot les feuilles etaient attaquees et r&luiiles, a la meme. condition que les feuilles malades des chassis. L'inseete ne mange pas seulement le parenchyma, il empoisoiine la feuille et la rend impropre a remplir ses fonctions respiratoires ; la plante aloxs souffre et finirait sans doute par mou- rir, si, sous I'iiilluence active d'une vegetation forcee, de nouvelles feuilles ne venaient sans cesse remplacer celles qui ont et6 in- fectees. Cette premiere note a 6te, comme nous I'avons d^ja dit, I'objet d'un rapport de M. Milne-Edwards ; le savant academicien , ainsi que MM. Brongniart et de Quatrefages, admet sans contestation aucune que I'etat morbide des v^getaux observes par M. Bazin est dii a la piqure de l'inseete dont ces plantes sont infest^es. Cet in- secte est le cicada aptera de Linn^, Xastemma de Latreille, X halti- cus palicornis de Hahn; il se rapproche beaucoup des pucerons COSMOS. ni dont les rosiers de nos jardins et les pommiers des environs de Caen sont infestes. Maladie des betteraves pendant leur premier age. Tous ceux qui cultivent la betterave savent que sa levee et son premier developpement rencontrent de grandes difficultes. Tantot les germes perissent dans le sol; tantot les jeunes plantes, a peine sorties de terre, meurent avec un rapidite qui rend la cause du mal trfes-diflficile a saisir. Ordinairement ce sont les betteraves sem^es les premieres, au mois de mars, qui sont le plus maltraitees. Quand la vegetation est languissante, soit a cause du froid, soit a cause de la pauvrete du sol, la plante est perdue. Elle lutte quelque temps, mais succombe toujours. La s^cheresse hate aussi sa ruine, Lorsque la terre est legere , raeuble, les risques sont fort grands, la mort presque inevitable. Au contraire, si le sol est compacte, comprimd ii est probable que la recolte sera sauvde. Ajoutons que si Ton fait revenir, pendant plusieurs ann^es sans interruption , les betteraves dans les memes champs, on pent etre certain qu'elles seront plus ou moins endommagees. Quelle est la cause du mal? Un oidiumt... Une influence atmo- spherique 1 . . . On pourrait le croire, mais il n'en est rien. 11 existe uu tout petit coleoptere, tres-friand de la betterave, qui se reproduit avec une fecondite surprenante, et qui echappe tres-facilement aux regards de I'observateur. II va, en effet, se cachant dans le sol, ou. il ronge les germes des betteraves a mesure qu'ils apparaissent. Qu'on souleve l^gerement les mottes de terre et I'on en verra sou- vent des quantites innombrables. Get insecte ne se contente pas d'attaquer la racine : quand le temps est beau, il sort de terre, monte sur la tige et mano^e Tes feuilles. Nous avons vu quelquefois de ces petits coleopteres rdunis par groupessur une petite betterave qui, au bout de quelqnes heures n'offrait plus qu'une tige sans feuilles, bientot fletrie et morte. Le coleoptere qui cause tous ces ravages est Vafomaria linearis (Stephens), atoinaria pygmcea (Heer). II est etroit, lineaire, long a peine d'un demi-milhmetre. Sa couleur varie du roux ferruo-ineux au brun-noir. C'est en 1839 que nous avons, pour la premiere fois observe cet insecte au Mesnil-Saint-Firmin. II y a sept ou huit ans, il a ete signale par M. Macquard aux cultivateurs du Nord. II se montre en mai et juin, plus rarement en juillet et acmt. 172 COSMOS. Maladie des cnrottes. On voyait les feuilles des carottes jaunir, rougir, se faner. L'examen le plus attentif, le jour, la nuit, ne pouvait faire decou- vrir la presence d'aucun insecte. Mais en arrachant les plantes, nous vimes que les carottes etaient al'exterieur sillonnees par de petites galeries, et paraissaient en ces endroits alt^rees et comma cariees. En examinant ces galeries, nous y decouvrimes seulement deux ou trois larves , petites , blan- chatres; mais dans la terre, a I'entour des petites racines, il y avait una o-rande quantity de nymphes qui ^videmment provenaient de ces larves. Maladie des potnmes de terre. Nous adressons a I'Acad^mie des sciences un certain nombre de pucerons, dont I'espece sera d^terminee plus tard. Ces pucerons que nous observons depuis longtemps sont, selon nous, la cause de la maladie des pommes de terre. Ces insectes sucent avec leur bee les feuilles et les tiges , et, comme un grand nombre de leurs congeneres, nous pensons qu'ils inoculent dans les tissus de la plante une liqueur qui occasionne une veritable maladie. Au bout de quelques jours, sur tous les points attaqu^s, on voit apparaitre de petites taches, d'abord jaunes, puis bmnes, et enfin noires : ces taches s'agrandissent a mesure qu' elies se colorent. Ellessont tan tot arrondies,tant6t ramifiees, en suivant les nervures, tantot au-dessous, tantot au-dessus des feuilles. Des taches de la meme couleur apparaissent 9a et la sur les tiges. Bientot les feuilles et les tiges se fanent, tandis que les tubercules ressentent de leur cote I'influence du poison, et subissent I'alteration qui a ete si bien observ^e et decrite par M. Pay en. Deux raisons bien simples expliquent comment il peut se faire qu'un insecte aussicommunait jusqu'a cejour echappe aux regards des observateurs. La premiere, c'est qu'il se cache sous les feuilles; la seconde, c'est qu'il ne sejourne pas longtemps sur les plantes qu'il a attaqu^es : lorsque les feuilles commencent a se maculer, sou- vent il n'y est deja plus ; lorsqu'elles se fanent, il est deja loin, et quand les tubercules sont atteints, il est peut-etre deja mort. Cette d^couverte ne detruit en aucune maniere celle des champi- gnons microscopiques. Les botrytis existent; seulement, les insectes viennent d'abord , les champignons ensuite , et en reality , les in- sectes sont la cause premiere de 1" alteration de la plante, et par COSMOS. 175 consequent, des moisissures. Ces observations sont , selon nous, de quelque int^ret, car il nous semble qu'avant de gu^rir le mal, il faut d'abord apprendre a le connaitre. Maladie des bles. Depuis quelque temps, on voit les dpis de ble se couvrir de ta- ches d'un jaune rougeatre, et si Ton ouvre les balles en cet endroit, on s'aper^oit que les grains ne se ferment pas ou se forment mal. On attribue gen^ralement ces taches a la presence d'un cryp- togam e. On dit que les ^pis de bl^ se rouillent sous Tinfluence de la pluie et de I'humidite, et les esprits commencent a s'alarmer, parce que cette affection presente par son aspect une analogic frappante avec I'alteralion des feuilles que les cultivateurs designent sous le nom de roidlle. Cette analogic n'est qu'apparente. Si la pluie et les cryptogames ^talent la cause de cette affection, on aurait raison de s'en preoccuper, parce que le mal pourrait rapi- dement se propager et causer de veritables desastres. Heureusement il n'en est rien. Ce qui arrive cette ann^e au froment arrive tous les ans, un peu plus, un peu moins. La veritable cause de ces tacbes rousses est une larve d'insecte de diptfere. Ouvrez avec prt^caution les balles qui jaunissent, et vous trouverez a I'interieur, vers la base, a la place du grain qui n'a pu se developper, des groupes de ces petites larves jaunatres , sorties d'oeufs qui, sans doute, ont et4 deposes la par leur mere, au moment de la floraison du ble. Or, toutes les larves qui doivent naitre cette ann^e sont mainte- nant ccloses. Tout le mal qui doit etre fait existe aujourd'hui. On peut I'apprecier a sa juste valeur, et il est facile de se convaincre qu'il est peu considerable. "Voila done une maladie frappant la plante qui nous interesse le plus, et dont un insecte est certainement la cause, quoique plus tard, sous I'influence de I'etat morbide de la plante, il puisse se de- velopper des vegetations cryptogamiques. Dans un moment oil Ton s'occupe si vivement, si justement des maladies des plantes, nous avons cru utile de signaler ces observa- tions, d'abord afin de rassurer I'opinion publique, ensuite pour I'em- pecher, comme cela n'arrive que trop souvent, de s'egarer dans I'appreciation de la cause de cette maladie. t3a COSM©S. Maladie lie la vlgne. La maladie de la^igne ne rSgnant pas dans nos pays, nous nV vons pu Tetudier. Aujourd'hui seulement, nous avons vu une vigne qui commen9ait a etre atteinte. Le mal est a son debut ; ses caracteres presentent avec ceux de la maladie de la pomiiie de terre une analogie telle, que nous n'h^si- tons pas a lui assigner la meme origine. Nous avons observe sur cette vigne plusieurs especes d'insectes. Quelle est celle qui a cause le mal, c est ce qui ne peutetre affirm^ qu'apres quelques experiences. Est-ce un puceron? est-ce un autre insecte( C'est ce qui sera bientot decouvert, peut-etre par nous, si nous en avons le loisir ; probablement par d'autres, mis sur la voie par nos communications, et places dans de meilleures conditions pour observer, dtudier et d^crire. Nous sommes compl^tement persuade que la maladie de la vigne a aussi pour cause un insecte. Les causes ^tant connues, il sera impossible a I'avenir de s'(^- aarer, comme on I'a fait jusqu'ici, dans la recherche et rindicatiou des m'oyens propres a gu(?rir ces maux. Et deja il devient facile a tout le monde de prononcer en connaissance de cause, et de choisir les remedes parmi tous ceux qui ont deja et^ indiques , en at- tendant que Ton en trouve de plus actifs et de plus salutaires. SECONDE PARTIE. MOYENS CUBATIFS DE CES MALADIES. I. Mojens hjgieniques. Des 1' apparition de la maladie de la pomme de terre, on a einis I'opinion que les trop grands soms donnes a cette plante pouvaient bien etre la cause du mal; nous ne partageons pas cet avis. M. Payen dit au contraire (Maladies des pommes de terre, p. 36) : " V ameuhlissement da sol par les labours, les hersages et les sarclages en temps utile, les hinages, le buttage, en un mot, tous les soins de culture propres a donner plus de vigueur a la plante, et d'actwite soutenue a sa vegetation, concourent a mieux faire resister les pommes de terre aux attaques de la maladie. « Cela est vrai , parce qu'une plante bien cultivee reparera par la naissance de nouvelles feuilles le dommage occasionne par celles qui sont atteintes, etc. Cette remarque s'applique a toutes les plantes. Froment. Pour la maladie du ble, faussement appelee rouille^ et causee q^aiOS. 175 par la larve d'un diptere » que nous avons signage , il faut surtout prendre en consideration le moment des seraailles et les varietes de h\6. Nou5 avons remarque , en efiet , que les bles sem4s les premiers etaieni moins attaques que les autres, parce que probablement dans ceux-la les grains etaient deja formes au moment de I'appari-.- tion de I'iiisecte. Nous avons vu aussi que les hies qui ont les epiliets les plus serres , les bales les plus epaisses, sont plus a I'abri que les autres. Nous citerons, par exemple, le ble du Mesnil, le ble Hickling, et les diverses varietes du triticum turgiduin. Aux blaniules qui d^vorent les bles de semence , il faut opposer lasecheres.se, et suivre I'ancien adage, qui dit : Seme^vos i/iars en poudrette. Pommes de tene. Le choix des varietes est necessaire : quelques-unes sont plus rus- tiques ; d' autres murissent de bonne heure, avant presque I'appa- rition des pucerons , ou au moins avant la troisieme penode de la maadie (1). Ce sont ces varietes qui doivent etre preferees (2). C'est pour cette meme raison que les plantations automnales de M. Leroy-Mabille sont tres-recommandables. Malheureusement, dans I'emploi de cette ni(5thode il y a deux ecueils : une plantation trop profonde, qui est nuisible ; et la gelee, qui peut faire de grands ravages. La methode de M. Savart, recommandee pur M. Payen [ibidem, p. 38), est un preservatif. Cette methode consiste a planter des pommes de terre de la variete la plus hative. La premiere recolte a lieu en mai . On fait a cette epoque une deuxieme plantation qui a lieu en octobre. On a ainsi la meme annee, sur un meme terrain , deux recoltes saines. On comprend pourquoi; le puceron existe a peine en mai , il est niort en octobre. Le choix du plant mt§rite quelque attention. Quoique en plantant ll) Il y a ilans la maladi« de la pomme de terre trois periodes : 1''* periode. Apparition de petiles taclies sur les feuillels. 'i^ penode. Les taches s'agraadissent, se coloreiit ; les tiges se tachent aussi. Les cryplogames commencent a se developper, Z^ penode. Les tiges se faneut, les tubercules s'alterent, (2) Celles qui ont de grosses liges, Leaucoup de feuilles, resistent mieux. Nouj avons depuis quelques annees une variete qui presente ces caracteres et qui en meme temps miirit de bonne heure. Elle est moins exposee que les autres ; ses tiges se ta- chent lenteraent el les tubercules murissent a vant la Iroisieine periode de la mnladie^ 176 COSMOS. des pcMnmes de terre malades, on obtienne quelquefois des pommes de terre saines, cela n'est pas prudent, parce qu'en plantant des tubercules atteints, on s'exposerait a communiquer la inaladie, meme sans la presence des insectes, aux plantes qui en naitraient. II sera bon aussi de faire tremper le plant dans un bain de chaux , ou dans une lessivecaustique. Parnii les terrains, ceux qui sont permeables, sont pr^ferables aux autres , parce que la pomme de terre, quand elle est attaqude , se decompose plus vite a I'humidite qu'a la si^cheresse. C'est pour ce motif que les tubercules l^g^rement malades peu- vent se conserver, si on les met dans un endroit sec. C'est une tres-bonne pratique de couper les tiges , pourvu que cette operation soit faite a propos , c'est-a-dire , juste au moment oil I'affection va se communiquer aux tubercules; plus tard , le mal serait deja fait; plus tot , on priverait la plante des tiges , qui , quoique malades , lui servent encore pour achever de miirir. 11 faut brill er ces tiges (1). Cela nous parait une operation facile et qu'il ne faut pas negliger. II doit en etre de meme de toutes les tiges et feuilles qui restent au-dessus du sol apres la recolte, il faut les mettre en monceaux et les bruler. Les cultures ombrag^es sont tres-bonnes, Les topinambours, les l^ves, le chanvre , etc. (2), et surtout les plantes aromatiques a odeur forte, la citronelle, le thym , I'hyssope, intercalles entre les lignes de pommes de terre, empechent les insectes d'approcher. En general, ces pucerons aiment assez I'air et la chaleur; sous les arbres, ils n'apparaissent que quand il fait chaud. L'assolement est un point important. On comprend combien il est avantageux de faire alterner les cultures de la pomme de terre avec celles d'autres recoltes (3). il" (1) Cuvier dit {R. anim., I. nr, p. 411), en parlant des femelles des pucerons : « Elles pondent des aufs sur les //ranches des nrbres quiy restent tout I'liiver. ■ Si, comme cela ne parah pas douteux, it en est ainsi pour le puceron de la pomme de terre, on comprend combien il doit etre utile de bruler les tiges a rautonme. (2) Nous pensons que le chanvre serait tres-bon pour cet usaj;e , car son odeur ne convient guere aux insectes. IN'ous avous entendu dire que dans les pays oil Ton cullive beaucoup de chanvie, la nialadie de la pomme de terre faisait peu de ravage. Ce fait, que nous avons cru remarquer nous-meme, merile un examen serieux. (3) Nous pensons que nos decouvertes touchant les insectes qui exercent des ra- vages considerables dans presque chaque recolte, modifieront considerablemenl les theories des assolements. Nous croyons en effet que la rotation des plantes cultivees a piincipalement sa reisou d'etre dans la difference des especes d'insecles qui atta- queul les differentes especes de plantes. COSMOS. 177 Betteraves. Contre Vatomaria linearis, nous avons trouve des pr^servatifs infaillibles : 1° rassolement ; 2° la compression du sol par les rou- leaux ; 3° una bonne culture ; 4° une forte fumure ; 5° de la graine suffisamment pour la semence (1). Pour detruire la larve du diptere {Jiymelia coarctata), qui mine les feuilles de betteraves , il suffit de faire couper, par les ouvriers qui sarclent cette plante, les feuilles tach^es qui contiennent les larves, et de froisser ces feuilles sous le pied pour ^eraser les insectes. F'igne, Pour la vigne, si, comme nous le pensons, la cause du mal est un insecte; si, comme il est probable, cet insecte depose, a I'au- tomne, ses ceufs sur les feuilles ou sur les tiges de cette plante, les remfedes les plus surs, les plus simples, le plus facilement appli- cables, seront evidemment les soiiis donnas pendant I'hiver (2). II faudra, comme pour la pomme de terre, recueillir toutes les feuilles, tous les debiis prnvenant des vignes , les mettre en monceaux et les bruler. Nous dirons, en terminant, que la nature des engrais peut jouer aussi un grand role dans ces maladies. Ainsi les carottes, dont nous venons de signaler la maladie, ont ete fumi^es avec des engrais musculaires. Or, ces sortes d'engrais sont tres-favorables a la re- production des dypteres. Nous pensons aussi que, pour la pomme de terre, il faudra rem- placer les fumiers humides par les engrais pulverulents et sees, tels quele guano, etc. II. Substances medicamenteuses. — La cause du mal etant connue, on peut choisir les remedes avec discernement ; on peut surtout les appliquer avec intelligence. C'est dans la classe des Anthelminthiques qu'il faut chercher un medicament; c'est en efFet parmi eux que se trouvent les corps dont on a deja reconnu I'efficacit^. (1) C'est par ces moyens que nous nous etions encore preserves cette annee, tandis que les meilleurs agriculleurs, MM. Gouvion, Decrombecque, Boquet, Hetle, n'en etaient pas a I'abi'i ; et que dans le Noid plus de2 000 hectares elaient ravages par ces insectes. (2) Pendant I'hiver, les vignerons, etant moius occupes, pourrout aisement se livrer a ces soins. J78 COSMOS. Pomtnes de ierre. Les cendres, la chaux., la suie, les terres pyriteuse?, le Boufre, sem^s a propos (1) et avec intelligence sur les feuilles de ^mBaes de terre produisent un boneifeL On peut aussi faire, a celte plante, des fumigatians de.tabac, de soufre, etc. On a invente de.petites machines pour soufrer ia vjgne ; on inventera des instruments pour faire cesfuinigati©ns. "figne. Nous recommandons le soufre pour la vigne. Le soufre est \m des meilleurs remedes contre les insectes. N'est-ce pas avec le soufre que Ton detruit Vacams de la gale dans les animaux? On a nie les efFets du soufre sur la vigne; nous savons bien pourquoi. Le soufre est bon, mais le soufre mis a propos. Par exemple, si vous soufrez votre vigne quand les insectes sont partis et quelle porte deja a I'ln- terieur de ses organe? Te poison qui la ronge, il est bien certain que, dans ce cas, vous perdrez votre temps et votre soufre. C'est au debut du mal qu'il faut soufrer la vigne. Pour la vigne, encore, nous sommes persuade qu'il serait bon, avant I'apparition de la maladie, c'est-a-dire, avant I'invasion des insectes, d'enduire tous les ceps avec un corps sulfuieux, ou peut- etre meme avec une autre substance. Les chimistes devront recher- clier quel doit etre, pour cet usage, le corps le plus energique, le moins cher et le plus facile a emplo3-er. II nous semble qu'il devrait etre liquide. Nous aimerions assez le goudron provenant de la distil- lation de la houille. N'a-t-on pas aussi, pour le meme emploi, prononcc le nom de I'alofesl L'alofes est encore un anthelminthique excellent, preconise dans les maladies memes des animaux. On ferait bien encore de mettre de la suie, de la cendre, etc., au pied de la vigne. Puisque les horticulteurs se debarrassent avec la fumee de tabac du puceron des pechers {aphis persica] , ne devraiton pas aussi (1) II faut employer ces moyens au moment oil les pucerons commennent .i appa- railre (oiLlinalrcment au mois de mai). Plus tard ces remedes seraient insuffisants pour deuxraisous : la premiere, parce que le virus elant introduit dans la jilanle, on delruirait eu vaiu les pucerons, le mal ne serait p?,s entrav6. Le deuxiemc , parce que ces pucerons se multiplienl avec une fecondite telle qu'on ue peut plus, quand ils sont si nombreux, esperer de les faire p6rir tous. Un observaleur, M. Totigard, dit que, dans certaines especes de pucerons, un seiil individu donne naisfance, en ,une seule annee, a ua quintillion d'etres de son espece. COSMOS. 179 employer le tabac pour la vigne l II faudrait des moyens faciles: ne pourrait-on pas tout simpleinent cultiver 9a et la, au milieu des vignobles, quelques plants de tabac que Ton couperait, secherait et brulerait sur place? ^litres plant es. Pour la maladie des laitues, des melons et des haricots cultiv^s seus chassis , nous avons contre Vhaldcus palliconiis de bons re- medes indiques par M. Milne Edwards: la benzine, le soufre, le ta- bac, etc. Pour d^truire le puceron lanig^re [myzoxylus rnali. Blot) qui fait tant de mal aux pominiers, et le puceron da pecher [aphis persica], les horticulteurs savert que les fumigations de tabac sont excel- lentes. Nous nous demandons, en finissant cette nomenclature, si, pour les maladies des plantes comme pour celles des animaux, on ne pour- rait pas aussi administrer a I'inlerieur quelques medicaments, et si on ne devrait pas arroser les plantes malades avec certaines solu- tions qui, absorbees par elles, seraient des antidotes et des preserva- tifs contre les attaques et les ravages des insectes. III. Animaux destructcurs des insectes nuisibles. Plusieurs de nos observations pourront paraitre insignifiantes , et pourtant elles ont une veritable valeur. II y a parmi les insectes, dans I'ordre des Nevropteres, un genre, le genre hemerobe (demoiselle terrestre) , dont les Inrves ont 6t6 appelees par Reaumur Lions des pucerons, parce qu'elles se nour- rissent de ces insectes, et Geoffroy dit, en parlant des pucerons : « Le meilleur et le plus silr moyen de les exterminer, c est de mettre sur les arhres qui en sont attarjues quelques lan>es du Lion des pucerons (liemerobius perla ^ Linn, genre d' insectes de Vordre des ISevropteres]... Les larves voraces detruisent tousles jours une grande quantite de ces insectes d autant plus facilement que ceux-ci restent tranquilles et immohiles aupres de ces dangereux enneniis qui se promenent sur les ras de pucerons quails diininuent peu a peu. " Sans doute il est impossible de prendre et de porter sur chaque pied de pommes de terre une larve d'hemerobe ; mais ne peut-on pas. par quelque moyen, attirer ces insectes? Ne trouverait-on pas, ar exemple, des plantes qu'ils aiment, et ne pourrait-on passemer 180 COSMOS. dans les champs de pommes de terre quelques graines de ces plan test Les fourmis, que nous accusons si souvent a tort , nous rendent aussi de grandes services, en d^vorant heaucoui) d'insectes nuisibles. Cuvier dit (/?. ani/n., t. iii, p. 436) : " On sail que les fourmis sont tres-friandes d'une liqueur sucree qui transsude du corps des puce- rons et des galliiisectes. Quatre a cinq especes portent et rassem- blent au fond de leurnid, surtout dans la mauvaise saison, ces pu- cerons et leurs oeufs ineines. » II en est de meme des coccinelles, ces petits destructeurs d'in- sectes, dont le peuple, dans son bon sens, sait apprecier les bien- faits et qu'il appelle si bien Betes a Dieu , et dont Cuvier a dit : « Elles se nourrissent de pucerons ainsi que de leurs larves. » C'est aussi en parlantdes coccinelles que Salacroux dit : " J^es pucerons sont si nuisibles aujardinage et a l agriculture quon ne peut que henir le Createur de lew avoir donne beaucoiip d' ennemis . » (Sal., Nouv. eleni. dhistoire naturelle^ p. 618.) Nous citerons encore les larves des syrphes, certains crabres et quelques peinphredons (1). N'oublions pas aussi le^ araignees qui tendent partout a nos plus grands enneinis des filets et des pieges (2). Nous demandons enfin un droit protecteur pour tous les oiseaux insectivores et en particulier pour les liirondelles (3) qui , chaque annee au printemps, arrivent des terres etrangeres pour detruire les insectes (4). Les deboisements ne concourent-ils pas a faire disparaitre plu- sieurs especes de passereaux fort utiles, et a ce point de vue la con- (1) « Les larves des coccinelles [genre d'insectes de Cordre des Coleopteres et des syrphes de I'ordre des Diptires) se nourrissent excliisivement de pucerons. Certains cra- bres et quelques pemphredons de I'ordre des Hymenopteres en approvisionnent leurs nids. •» (2 C est done une faiite, dans la maladie de lu vigne, de dinger conlre les araignees les asiieisious de soufre. (3j Elles passent pour ainsi dire leurvie en I'dir^ poursuivant en troupes et a grands cris les insectes dans les plus hautes regions. » (t;uv,, R. anim., t. i, p. 378.) (4) On devrait favoriser la propagation de tous ces petits oiseaux si utiles. Loin de la, on laisse impunemenl detruire leurs nids, et i'on ne s'occupe nullemenl de luer les aniniaux nuisibk-s tels que le lerot(wHi nitella, Om.), qui dims certains buis est devenu lellement abondant qu'il y devore dans leurs nids presque tous les petits des oiseaux. On comprend alors pourquoi certains oiseaux utiles deviennent si rares. Nous ci- terons I'engoulevent, espece^essentiellement insedivore, qui autrefois elait tres-com- jnun dans nos pays, et qui maitucnant ne s'y rencontre presque plus. COSMOS. 181 servation des forets ne doit-elle pasetre I'objet de la soUicitude du gouveriiementi Nous sommes loin sans doute d'avoir ^puise la liste de tous les remedes connus et de tous les remedes a connailre. Mais nous croyons avoir rempli noire tache en esqiiissant rapideinent ce ta- bleau. Uii ouvrage complet surce magnifique sujet, sur cette science nouvelle, ne peut etre I'oeuvre d'un seul jour , dun seul liomme. II faut pour ce grand travail le concourd de tous : chiniiates, agri- culteurs, naturalistes, observateurs de tous les pays, I'intervention des Societes savantes, des Academies et du Gouvernement lui-meme. A tous nous faisons un appel et nous disons : Voyez partout dans nos champs les plaiites qui sont malades, les betteraves, les carottes , les pommes de terre , le froiucnt lui-meme ; dans nos boiri, les feuilles de nos chenes , de nos tilleuls , de tous nos arbres, laci^rees, trouees , niaculees; dans nos jardins, nos plantes d'agr^- ment tachees, d&honor^es; et tous ces effets produits non par le brouillard , ni I'atmosphere , ni le soleil contre lesquels tous les remedes sont impuissants , mais par des chenilles , des coleopteres , des larves de dipteres(l), des pucerons, etc. Tous uniront leurs efforts pour conjurer les fl&ux qui nous menacent. Nous nous aiderons , et la Providence aussi nous viendra en aide par des saisons plus favorables, des hivers plus rigoureux, ou peut-etre encore par un de ces moyens que les hommes ne peuvent prevoir et dont elle seule a le secret. (1) M. le colonel Gouieau a publie dans les Annalcs de la Snciete entomoiogiqtie, t. IX, p. 131, un travail fori inleressant sur les larves des diplfires qui minent les feuilles et les plantes, et il a decrit un grand nombre de ce> insecles [Hemypt. par Amyot). P. S. Parmi tous les procedes de destruction des insectes, I'un des plus efficaces est certainement I'emploi de la poudre et des eaux de M, Pilloy, dont M. Decaisne a reconnu et proclame la su- periorite. Les fourmis, les cochenilles, les punaises, les lisettes, les pucerons, I'altise bleue, les araign^es, les pierides, en un mot tous les insectes destructeurs ou infecteurs, s'enfuient aussitot apres I'ap- pHcation de ce specifique, pour ne plus reparaitre dans la meme saison. Nous croyons rendre un veritable service aux agriculteurs, a tous ceux qui s'occupent d'horticulture ou de jardinage, en leur transmettant cette pr^cieuse indication. Le d^pot de M. Pilloy est quai de la M^gisserie, 46, entree rue Bertin-Poiree, 2. DES GUANOS ARTIFICIELS DE BI. EDOUARD DERRIEN. Nous avons promis, depuis assez longtemps, aux abonn^s du Cosmos, Tine dtude s^rieuse des guanos artificiels de M. Derrien ; et I'une des remarques les plus importantes de I'intc^ressant Mcmoire de M. Arinand Bazin nous dc'tennine a remplir immediatement notre promesse. ■« La ratnre des engrais, dit Thabile agriculteur, peut jouer un grand role dans les maladies des plantes.... Les carottes, dont nous venons de signaler la maladie, avaient ^t<^ fumdes avec des engrais musoulaires ! II faudra, pour la pomme de terre, remplacer les fu- miers humides par des engrais pulvorulents et sees. » Les guanos artificiels de M. Derrien sont sees et pulverulents, ils possodent une odeur ammoniacale assez forte pour Eloigner les in- sectes malfaisants ; I'expdrience en grand a prouv^ que, par leur emploi, la vt^getation des jeunes plants de betteraves et de pommes de terre etait plus certaine, plus rapide et plus energique. Rappro- cher dn recit des ravages des insectes r(5nonc6 des proprietes excel- lentes'du guano artificiel, c'est, nous en avons la conviction, placer leremede efficace a cote du mal redoutable qu'il s'agit de conjurer. Seduit autrefois par des theories saines , mais dont nous exag^- rions la pottle, par des experiences brillantes, mais dont, sans doute, on ne nous avait pas dit le dernier mot, nous avons cru et nous avons enseign^ qu'il suffisait de donner aux essences fourra- geres, et aux cereales, la petite provision d'engrais dont la graine ou le grain^peuvent s'entourer dans cerfaines operations de pralinage; ee qui suffit pour assurer la viabilite des germes et le developpement complet des organes essentiels d'assimilation. Nous pensions que la plante, ainsi developpce, trouverait surabondamment dans les sels du sol et dans I'azote de I'atmosphfere , les materiaux ndcessaires a I'exercice plein et entier de ses fojactions, a la floraison, a la fructi- fication, a la maturation. C'etaitune grande, une dangereuse erreur, £t i:oussommes heureux de trouver I'oGcasion de la retracter solen- nellement. Nous admettons, et nous proclamerons desormais , la necessity impdrieuse et absolue des engraisj des engrais riches en sels et en azote; des engrais donjies au sol, non pas a, doses homoeopathiques, mais en quantites considerables. Nous allons plus lob, nous recon- Jiaissons que le fumier de ferme, convenabiement ani^nag^, ce qui est rare, holas! dajos nos campagnes, est le premier des engrais, I'agent naturel de la fertilisation ; que la restitution a la terre des substances contenues dans les plantes alimentaires, par I'apport des COSMOS. f9A excrements des animanx, est le point de depart de toute culture ordinaire et normale. Nous serions meme tent^ die idire, avec le president du cornice agricole de Quimper, M. Briot, dont nous ad- mironsla franchise bretonne : « En general, j'ai tres-peu d'estime pour les eugrais artiBciels, et je donnerai toujours aux cultivateurs qui voudront bien m'ecouter, le conseiL de faire le plus possible d'engrais d'etable, pares qu'en somme il est to-njours le ineilleur nourrisseur de la terre et des belies reeoltes. " Mais I'achat pr6a- lable des bestiaux qui doivent le protluire, rapprravisionneraent an- ticipe de fourrages pour la nourriture de ces bestiaux ; la construc- tion dispendieuse de vastes batiments pour le logement des bestiaux et remmagasineinent des fourrages; les pertes imeTilables causees par les epizootics ; I'adoption forcee d'un assolement peu lucratif; le prix de main-d'oeuvre pour sortir de I'etable, entaisser, charger,, etendre et enfouir une masse contenant 80 pour cent d'eau; le re- tour dans les terrains eiasemences des germes d'ane mtiltitude de mauvaises herbes ; une production lente et liiinitee, qui force a at- tendre quand il faudrait agir, qui enipeche si souvent d'ensemencer en temps utile ou dans la saison convenable, etc., etc.; voila, certes, des inconvenients irrecusables et tres-graves, qui contre-balancent les avantages des fumiers de fermes, qui les rendent era reality tres- chers. lis sont d'ailleurs insuffisants, et insuffisnnls dans une propor- tion enorme. Nous n'avons pas a prouver cette insuffisance, personne ne la conteste et ne pent la contester en presence des importations si considerables de guanos naturels , et des innombrables ateliers exclusivement consacres a la fabrication d'engrais artificiels. Sans, ces produits de I'art et de I'industrie, ragriculture r^sterait fatale- ment stationnaire , le progres serait rigoureusement inipossible , la production ne repoivdrait jamais aux besoins sans cesse croissants, de la consojnmation. Pour que des Etats a civilisation avanc^e, I'Angieterre, la France, rAllemagrve, entrent dans une ere de bien- etre et de prosperite , il faudrait que chaque beet-are de terre cul- tivee piit nourrir au moins quatre grosses tetes de betail ; or, chaque hectare ne nourrirait qu'une grosse tete et demie , si pour fertiliser le sol et reparer ses pertes on se bornait a Femploi des fumiers natu- rels. Nous dirons done encore avec i\L Briot : « Puisq'je les engrais ordinan-es ne suffisent pas, puisque les cultivateurs sont forces de se procurer a tout prix des engrais pris hors de leurs fermes , tachons de leur faire connaitre ceux de ces engrais qui ne donneront pas de 184 COSMOS. mdcomptes a la rdcolte. » Nous recommandons sans crainte aucune, avec une confiance entifere , les guanos artificiels de M. Derrien, et voici pourquoi. 1° En niai 1852, au concours national de Versailles, dans un rapport fait au nom d'une commission composee de MM. de Gas- parin, Payen, de Beaumont, de Montreuil, Tanquerel-Desplanches, Louis Leclerc et Boitel, M. Payen s'e^t exprime ainsi : « Au pre- mier rang, parmi les habiles et honorables fabricants d'engrais com- merciaux, se pr^senie a I'exposition M. Edouard Derrien. Nous avons attentivement examine ses cchantillons , et nous avons pu nous convaincre que , comprenant bien le role des matieres nutri- tives pour les plantes , notamment des phosphates, des sels et des debris organiques azotes , il reunit avec intelligence ces agents de I'alimentation vegetale. II salt meme proportionner jusqu'a un cer- tain point ces aliments des veg^taux aux exigences de chaque cul- ture; choisir parmi les debris animaux ceux qui se d^composent le plus vite , pour en former I'engrais des plantes dont le developpe- ment est le plus prompt. II a done rendu un important service a Tagriculture , et fourni I'un des meilleurs exemples de I'interet bien entendu des fabricants honnetes , qui doit toujours s'accorJer avec I'interet des cultivateurs. Des travaux aussi utiles, un succes aussi bien justifie, meritent la premiere recompense dont le jury dispose. II decerne la medaille d'or a M. Derrien. » 2° Les guanos artificiels sont vendus sous la surveillance et le controle de I'administration : pour garantie de la valeur du pro- duit qu'il livre, M. Derrien depose entre les mains de I'acheteur un bulletin de vente portant I'analyse complete de I'engrais special livre; les chifFres indiquds peuvent etre verifies soit a la prefecture de la Loire-Inferieure, soit au chantier departemental, soit prfes du verificateur officiel, soit enfin par tout chimiste exp^rimente. Nul, avant M. Derrien, n'avait pris ces precautions exagerees toutes en faveur de I'acheteur, et tendant a prouver I'lionnetete du march^. II a consenti le premier a signer d'avance sa condamnation, parce qu'il est parfaitement sdr que ses chifFres sont exacts. Dans sa fa- brique et dans ses depots, chaque espece de guano est surmont^e d'un ecriteau portant I'analyse complete, et il ne craint pas que ses declarations re9oivent jamais un dementi. Ce n'est pas tout, les guanos artificiels sont vendus absolument sees et au poids. Les poids sont les memes partout ; la balance est exacte pour tous ; les mesures, au contraire, varient d'un lieu a I'autre, et la quantity du produit mesure depend beaucoup du tour de main. Sans calcul, COSMOS. 185 sans reduction, I'achefeur de 100 kilogrammes d'engrais artificiel qui a sous les yeux I'analyse du produit livre, sait aussitot ce qu'il achete et ce qu'il einploiera de tel ou tel principe fertilisant. Enfin, les guanos de Chantcnay sont livres dans des emballages, sacs ou tonneaux parfaitement clos, portant la marque de fabrique, I'indi- cation du poids et de la specialiti^ du contenu. Les sacs sont plom- bes quand il s'agit d'expeditions au loin. II est impossible evidem- ment de mieux prouver I'esprit de parfaite loyaute qui preside a la fabrication et a la vente. 3" Les guanos artificiels sont ^minomment riches en principes fertilisants. D'un grand iiombre d'analyses de guanos naturels im- portes en France, il resulte que leur composition moyenne est ex- primee par les chiffres suivants : sels ammoniacaux 32 pour cent; phosphate de chaux 21; sels fixes 0,07; eau 20; sables, pierres 20; azote 3 a 4 pour cent. Or, nous avons sous les yeux le bulletin d'une livraison de guano artificiel, pour froment, seigle ou orge, avec I'analyse suivante : matieres organiques 42 pour cent; sels solubles divers 3,50; phosphate de chaux 41; carbonate de chaux 7; sulfate de chaux 3; silice, alumine, oxyde de fer 3,50; azote 4 et demi pour cent. Ainsi done, tandis que les guanos naturels ren- ferment en moyenne 3 pour cent d'azote, et 21 pour cent de phos- phate de chaux, les guanos artificiels contiennent reellement 4 et demi pour cent d'azote, et 41 de phosphate de chaux, element de fertilisation aussi precieux que I'azote, et dont la proportion a etd quelque peu exagdr^e pour repondre aux besoins des terres de la Bretagne et de la Vendee: mais les guanos naturels sont alteres par 40 pour cent d'eau et de pierres, tandis que les guanos artificiels sont parfaitement sees, purs, et ne contiennent que des elements utiles et efficaces. Lenoir, residude raffinerie, contient 30 a 35 pour cent d'eau, 60 pour cent environ de matiere seche, dans laquelle I'analyse constate 2 pour cent d'azote et 50 de phosphate de chaux; les noirs de Russie, tres-recherches dans certaines contrees, ne contiennent que des traces d'azote; les noirs, quels qu'ils soient, sont done moins riches que les guanos artificiels. 100 kilogrammes enfin de ces guanos contiennent autant de phosphate de chaux que 10 000 kilogrammes, autant d'azote que 2 500 kilogrammes, autant de materiaux fertilisants que 3 000 kilogramuies de fumier de ferme ordinaire. 4° Le prix des guanos artificiels est fixd a 15 francs les 100 ki- logrammes, et M. Derrien recommande de n'en employer que 450 kilogrammes, 500 au plus par hectare; or, dans ces conditions, ils 186 GGSlfeS. deviennent reellement les moins chers de tous les engrais. Si, ■€!) effet, partant des chifFres qui repr^sentent la composition relatire des guanos natarels et artificiels, on evalue leur valeor intrins^ue, on trouvera que, si le meiileur gnajio peruvien vaut 25 francs les 100 kilogrammes, la moyenne des guanos importes 15 fr. 23 cent., le guano artificiel vaudrait 28 fr. 63 cent. En d'autres termes : le prix de vente du guano artifidel etant 15 francs, le prix du guano p6i'uvi,en, premier choix, devrait etre 13 fr. 09 cent., tandis qia'il varie entre 28 et 40 francs; le prix moyen des guanos importes devrait etre 7 fr. 98 cent., taiidis qu'il depasse reellement 25 fr. La difference du prix de revient entre les guanos artificiels vendus 15 francs les 100 kilogrammes, et les noirs residus des raffineries vendus 15 fr. 50 cent., est en faveur des guanos artificiels de 20 pour cent au point de vue du phosphate; de 275 pour cent aa point de vue de I'azote. Et, dans cette comparaison, nous n'avons peu teim compte de 1 etat d'humidite considerable des guanos na- turels et des noirs. Meme en Bretagiie, la fumure d'un hectare de terre, par la methode ordinaire, coute de 70 a 90 francs,- en moyenne 80 francs, 5 francs de plus que le maximum de M. Der- rien. Mais comme I'a fait tres-bien remarquer M. Briot, il y a en faveur du guano artificiel une notable eeonoDiie dans les frais de transport, et I'avantage incomparable d'avoir sans eesse sous la main, condense en un petit volume, im engrais puissant, toujours parfaitement semblable a lui-meme. Aux environs d'Arras, de Va- lenciennes, de Lille, de Strasbourg, le prix de fumure d'un hectare de terre varie de 120 a 200 francs. En Belgique, il atteint quel- quefois 400 et meme 500 francs. II est rare, infiniment rare, que les 1 000 kilogrammes de fumier d'etable produit dans la ferme, et etendu sur le terrain, content moins de 10 francs les 1 000 ki- logrammes, et la fumure annuelle de chaque hectare exige 10 000 kilogrammes. Ekifin, d'une multitude de donnees recueillies sur tous les points die la France, un ecrivain competent et conscien- cieux a conclu quie le prix moyen de la fumure d'un hectare de froment, dans le systeme ancien, etait de 135 francs; 6.5 francs de plus que dans le systeme de M. Derrien. -5" Sans avoir eu la folle pretention de preparer un engrais spe- cial pour chaque naturede terrain, ou pour chaciue espece de plante, M. Derrien cependant a tenu compte des differences essentielles ; il n'a pas confondu un sol sihceux ou calcaire avec un sol tour- benx, des terres anciennes avec les terres nouvellement defrich^es. II est aussi arrive par des etudes pratiques et pers^v^rantes a satis- COSMOS. m faixe aux besoins essentiels de cha(]ue plante , et a lui fournir les aliments qu'elle recherche avec plus d'avidite, sans avoir cree plus de six engrais speciaux; parce qu'il a reconnu de bonne heure qu'on jiouvait rapprocher ou grouper les plantes qui se ressem- blent par le mode de culture , la p^riode de vegetation , la nature ou I'emploi des produits, alors meme qu'elles appartiennent a des families ou a des genres tres-eloignes les uns des autres. Avec six preparations correspondantes aux sixgroupes siiivants : 1 . Fronient , seigle , avoine , orge ; 2, ble noir, ma'is , millet ; 3, trefle, coupages, luzernes ; 4, choux, navets, colza; 5, pommes de terre ou betteraves ; 6, prairies naturelles , gazons; il satisfait actuellement a toutes les exigences des cultures les plus progres- sives et les ptos complexes; I'avenir mettra peut-etre en evidence la necessite de divisions nouvelles. 6° Rien de plas simple que I'emploi des guanos artificiels; il n'exige aucune precaution particuliere ; on le repand comma le guano naturel , le noir ou la poudrette ; en choisissant, a cause de sa tenuite et de sa secheresse extremes , un temps humide et calme ; en le melant dans le champ meme avec un peu de terre , si un vent fort vient a souffler. II faut I'enterrer peu profond^ment, le mieux est de Fenfoncer par le trait de herse qui recouvre la semence. S'il s'agit d'une plantation de choux , on en depose une pincee recou- verte de terre au fond du trou , ou Ton jette cette pincee dans le second trou que fera le planteur pour serrer la terre contre les racines de la plante, de telle sorte que le guano ne soit pas en con- tact immediat avec les racines. Pour les pommes de terre et les betteraves, le guano se rdpand sur toute la longueur de la raie de plantation , non pas au fond, mais sur le cote. On fera bien, en general, de ne donner au sol , au moment des semailles , que les deux tiers de I'engrais, et de r^server I'autre tiers pour I'epoque ou les jeunes plants seront sortis de terre. Cette methode est excellente, meme pour les cereales, d'autant plus qu'en -distribuant la seconde dose d'engrais, on peut venir en aide aux portions des champs oil la vegetation est moins active , et mieux «gahser la recolte, Les prairies naturelles, non soumises au patu- rage apreslafaux, et les prairies artificielles se trouvent ^galement tres-bien de ces deux demi-fumures. II est un autre essai que nous voudrions bien voir tenter; ce serait de melanger la poudre fertilisante a de la paille , du genet, •de laj^fougere, haches , avant de Tenfouir dans le sol. On se rappro- 188 COSMOS. cherait ainsi des fumiers d'4tables, dont un des principaux avan- tages est de maintenir la terre a un etat de division , d'adration , d'himiidite, qui contribue pui^samment a la rendre feconde. Les guanos i.rtificiels employes seuls peuvent-ils suffire a con- server a la terre toute sa fertilite , sans chaulage ou sans mar- nage subsequent? Le temps seul pourra donner a cette question une reponse satisfaisante ; tout ce que M. Derrien pent affirmer aujourd'hui, c'est que deux parties de son champ d'etudes, defrichees depuis cinq ans, n'ont jamais re^u d'autre engrais, et qu'elles ont donne largement toutes les recoltes qu'on leur a demandees. II ajoute avec raison : Mes engrais sont les plus rationnels et les niieux etudies , les plus riches et en meme temps les plus economiques ; ils sont bons, et le cultivateur qui les emploiera judicieusement ne trouvera nulle part de plus puissant auxiliaire; maisje ne les pr^- sente a personne comrne doues de vertus miraculeuses, comme ca- pables de produire des recoltes magnifiques , la meme ovi les autres conditions essentielles de succes ne seraient pas remplies. 7" Enfin, nous recommandons les guanos artiticiels de M. Der- rien, parce qu'ils ont ^t6 employes avec un succes incontestable par les hommes les plus consciencieux et les plus competents. Nous avons entre les mains un tres-grand nombre de certificats authen- tiques. M. Jules Roux, president de la chambre du commerce de Nantes ; M. Neveu Derothrie, inspecteur d'agriculture de laLoire-Inferieure ; M. Bobierre, verificateur en chef des engrais; M. Rieffel, directeur de I'ecole regionale de Grand- Jouan, etc., etc. , s'accordent a dire que sur les guanos artificiels et speciaux, ils ont constate une vege- tation reniarquable et superieure a celle des terres voisines. L'efficacite des guanos est attestee : 1" pour le premier groupe, froment, seigle, avoine, orge, par seize certificats; 2" pour le se- cond groupe, ble noir, mais, millet, par dix-huit; 3" pour le troi- sieme groupe , trefle, coupage, luzerne, par deux; 4° pour le qua- ' trieme groupe, choux, navets, colza, par sept ; 5° pour le cinquieme groupe, pommes de terre et betteraves, par trois experiences solen- nelles, qui demontrent qu'en outre d'un rendement au moins egal a celui qu'on obtient avec les tourteaux, les betteraves engraissces avec le guano artificiel contiennent tres-certainement une plus grande quantite de sucre , de un demi a deux pour cent en plus ; ce resultat est affirme par M. Bocquet, de Douai; il a ^t^ verifie par M. Vasse, secretaire d'une commission nommde par la Soci^te d'a- griculture de Douai, et par M. Bobierre, professeur de chimie a COSMOS. 189 Nantes, qui I'a transmis alaSociet^ centrale d'agriculture; de plus, la vertu du tourteau, s'epuise avec la premiere recolte, tandis que celle du guano artificial persevere; 6" pour le sixieme groupe, prairies naturelles et gazons, les certificats enliereiiient favorables sont au nombre de six. Nous croyons avoir coinpletement justifie nos sympathies , en demoiitrant, par des faits eclatants, que les guanos artificiels de notre compatriote et ami repondent pleinem;nt aux besoins si grands el si pressants de ragriculture Iraii^aise. On ne lui a fait jusqu'ici qu'une objection, et elie est vraiinent singuliere : si vous etes si certains de la parfaite composition de vos engrais et de leur excellence, pourquoi ne les vendez-vous pas a I'essai, a la seule con- dition qu'on ne vous payera que si Ton est content du resultat I C'est comme si on lui demandait de garantir une belle recolte, d'as- surer une temperature favorable a la germination, a la floraison, a la fructification, d'assurer la loyaute et I'habilete de I'acheteur, la bonne preparation tie la terre et I'ensemencement en temps oppor- tun; ce qui est tout simplement absurde. Ce qu'il peut faire et ce qu'il fait, c'est, en livrant ses engrais, de mettre le cultivateur en dtat de constater par lui-meme , par des arbitres ou par des juges consciencieux, qu'ils renferment tels et tels agents de fertilisation dans telle ou telle proportion. Ce n'est pas meme lui qui donne les analyses et affirme leur authenticite, c'est I'administration, quand I'acheteur veut bien prendre la peine de s'adresser au chantier de- partemental. Mais, h6las ! le croirait-on ? c'est dans ce chantier departemental, la pr^cis^ment oil la securite est absolue, que s'o- perent le plus petit nombre de transactions ; le chantier de Nantes, dont la creation devait etre un immense bienfait, est presque desert et couvre a peine les frais, minimes cependant , de son institution. Hatons-nous d'ajouter que M. Derrien est toujours pret a accep- ter des essais tentes par des hommes haut places, intelligents et honorables. Ainsi il nous a autorises a mettre a la disposition de MM. Bazin telle quantite de guanos artificiels qu'il leur plaira, en les priant de proceder dans le plus court delai possible a des expe- riences solennelles, au double point de vue d'une vegetation plus active et d'une preservation entiere des insectes et des maladies. Ce qu'il fait pour MM, Bazin, il le fera pour tout autre abonne du Cosmos place dans des conditions semblables. Parfaitement sur de lui-meme et de sa fabrication, il redoute une seule chose que nous redoutons plus encore que lui, la routine et les pr^jug^s. F. MoiGNo CONSERVillON TEISPORAIRE £T INDEFINIE DES CORPS. PEOCEDES DU DOCTJiUR FALCONI. La question que nous aliens trailer est d'une importance extreme, et nous desirons ardemment qu'elle fixe d'une mani&re toute parti- califere I'attention de nos lecteurs : c'est une sorte de croisade centre des abus enormes que nous allons precher, et nous avons be- soin d'auxiliaires convaincus pour mieux assurer notre triomphe. Une premiere fois, deja, nous avons remporte une bien douce vic- toire. C'l^tait en 1839; nous avions rencontre dans un journal le recit p^nible de I'embaumement du cardinal Isoard. » Les visceres ont ete retires de leurs cavites et plonges dans un vase plein d'al- cool, sature de sublim^ corrosif. On a ensuite fait une injection de sublime par les arteres carotiies, axillaires et femorales; les vis- ceres ont ete replaces dans leurs cavites, et le corps a ete enveloppe debandelettes agglutinatives. " L'ecrivain, ou la reclame, avait osd ajouter : Cc mode d' embnumement est le tneilleiir moyen deprcserver les corps et de les rendre indestructihles pendant des niilliers d'annees. Cette incroyable assertion, ce dementi brutal donne au progres, nous indignerent, et nous nous hatames de protester en ces termes : •■ II n'est pas vrai que ce mode d'embaumement soit le meilleur moyen de consorver les corps; et il est plus faux encore qu'il les rende indestructibles pendant des milliers d'annees. L'il- lustre professeur Chaussier, qui d(^couvrit le premier, il y a vingt- cinq ans, les propriott^s conservatrices du chlorure de mercure, I'ap- pliqua et le vit appliquer par d'autres, a la conservation des pieces anatomiques ; mais il n'attribua jamais a cette substance la propridte de conserver les corps enfermes dans un cercueil : nous defions ceux qui, dans I'embaumement, se bornent a I'emploi du sublim^ corrosif, de montrer un seul cadavre qui, enterre, soit reste incor- ruptible pendant une seule annde. " Nous ajoutions : " n est Tm autre procdd^, qui a valu a son auteur de nobles et flatteuses recompenses , mais que la routine ou I'envie voadraient faire meconnaitre et oublier. Ici, plus de ces opc^rations de boucherie, plus de cea lainbeaux de chair humaine plonges dans un liquide mal- fkisant, plus de ces nombreuses et degovitantes mutilations. II suf- fit a M. Gannal d'une plftie de quelques lignes, destinee a donner passage a la liqueur conservatrice. Cette simplicity des operations permet de se conformer aux lois de la plus stricte et de la plus reli- gieuse decence. Combien de mourants, par une louable pudeur, re- COSMOS. I'Sl poussent avec effroi I'id^e d'un embaumeinent, parce qu'elles'unit, poureux,a I'ideed'une profanailion sacrilege et reivoltante ! Rien dans la methode nouvelle ne peut effrayer la modestie la plus siiintement ombrageuse. M. Gannal preserve les cadavres d'une dissolution au- trefois indvitable, ,sans meme les depouiller des vetements qui les couvrent. II a d'ailleurs si bien devine le liquide conservateur, il est si heureux dans ses injections, il salt si bien les faire parvenir jus- qu'aux demieres ramificatiocs des vaisseaux capillaires les plus de- li^s, que chaque partie injectee conserve presque la consistance, la souplesse, la couleur quelle avait dans I'etat nature). Ses prepara- tions resistent aux ravages de I'humidite, des vers et du temps, et se conservenl, deptiis cinq ou six ans, dans la plus parfaite integrite ; les personnes einbaum^es parlui ont plutot I'apparence de personnes vivantes que de cadavres. » Notre article parut en septeinbre 1S39 ; Ms"' de Quelen, arche- veque de Paris, dtait alors presque niourant; la description qu'on lui lisait du nouveau noode d'embaumement le frappa vivement; dans un mouvement de douce resignation, il montra du doigt sa gorge, indiquant qu'il acceptait de grand coeur I'injection conserva- trice. Une clause ajoutee a son testament expriniait sa derniere vo- lonte d'etre embaume par la methode de M. Gannal ; et tout Paris vint, en effet, en pelerinage a la chapelle ardente de la rue de Va- rennes, contempler le pieux-prelat , qui semblait encore vivre et sourire. Cetait la premiere fois, depuis les temps historiques, qu'un mort rcstait.ainsi expose, a visage di^couvert, pendant huit jours. Le triomphe de la science fut complet. Les vieux etbarbares precedes d'embaumement auraient ete a jamais oubli^s, sans la fatale conju- ration de chirurgieus inti^ressea, qui eurent le triste courage de les faire revivre a la mort du due d'Orleans, aved'insuccesle plushon- teux. Ouvert plusieurs fois depuis 1839, le cercueil de M. de Que- len a montre son corps tout a fait preserve des ravages de la cor- ruption. Moins de huit jours apres I'embaumement , le corps de Theritier du trone etait dans un etat de decomposition horrible et repandait une odeur iiifecte. En 1840, pendant les chaleurs de I'ete et durant pres de quinze jours, une foule immense put voir sur les dalles de la Morgue , le corps du jeune Eligabide, assa&sine par son cruel pere, corps injecte trop tard, apres un commencement de putrefaction, et qui cependant fut admirablement restaure et preserve. A partir de cette epoque memorable, M. Gannal coxupta par centaines ses operations d'em- baumement. 192 COSMOS. Qa'est-il arrivd plus tard? Nous ne le savons pas bien. Des con- currents surgirent,ils affirmerent que le liquide de M. Gannal n'etait pas uiie solution pure d'ac^tate d'alumine, commeon I'avait pense, que la merveilleuse conservation des cadavres etait due a une addi- tion d'arsenic , que la loi ne tol(5rait pas. Des experiences faites a I'EcoIe-Pratique parurent confirmer ces accusations, la m^thode de M. Ganiial perdit beaucoup du terrain quelle avail conquis, la vic- toire passa dans le camp rival et enneini d'une compagnie nouvelle, qui voulaitsubstituerlechlorurede zinc, mel^d'hyposulfitedesoude, a I'acetate d'alumine melange d'arsenic. Mais en r^alite, et quoiqu'il en soit d'une vogue momentanee, le chlorure de zinc est aussi im- puissant que I'acetate pur d'alumine et meme que le perchlorure de mercure, a conserver un cadavre indefiniment. Eneffet, I'humidit^ et I'oxygene decomposent ce sel , lis separent le chlore du metal ; celui-ci.devenuinerte, reste dans les tissuset nejoue plusaucun role, taridis que le chlore mis en liberie se combine, en les decomposant, avec les matieres animales ; ce qui devait conserver le corps I'altfere el le detruit. On a beau ajouter de I'hyposulfite de soude , il arrive un moment oil ce nouveau sel, salur^ par rhumidit^ sans cesse affluente, ne peutplus garanlir le chorure de zinc : la decomposition, un instant supendue, entraine la decomposition du cadavre. L'hydro- gene d'ailleurs repandu parlout en abondance dans la nature, a plus d'affinite pour le zinc que le chlore, et son affinite n'est pas com- battue par la presence de I'hyposulfile de soude; il s'unil au chlore pour former de I'acide chlorhydrique qui, comme le chlore, ronge les chairs. Malgre les progres accomplis et les etonnanls resullats obtenus, il reslail done un grand pas a faire ; il fallait decouvrir le veritable agent conservateur , souverainemenl efficace comme le liquide Gannal , mais exempt d'arsenic, en dehors, par consequent, des prohibitions de la loi; energiquement actif , comme le cholure de zinc, mais indecomposable par I'oxygene ell'humidite, inalterable par consequent au sein meme de la terre. Ce liquide, un m^decin ilalien de beaucoup d'intelligence , M. Falconi , I'a cnfin decou- vert. II a fail plus encore , il a pose d'une manifere beaucoup plus complete le probleme capital de la conservation leinporaire ou in- definie des corps humains, et il I'a resolu sous loutes ses faces, au grand bienfait de I'humanite. Entrons a ce sujet dans quelques de- tails qui puissenl faire apprecier a sa juste valeur cette brillante d^couverte. COSMOS. 193 7. Conseruatinn temporaire ati point de vue des inhumations el des exhumations . II est rigoureuseinent demontre aujourd'hui que parmi les in- noinbrables cas de mort reelle, il y a quelquefois des cas de mort apparente; que la loi qui ordonne I'inhuniation apres vingt-quatre heures, a et6 souvent homicide ; que des personnes reputees mortes soiit revenues a la vie; que des infortun^s ont ^te enterres vivants; qu'on ne peut pas fixer un temps pour le retour a la vie; que le seul caractfere iiifaillible de la mort est la decomposition cadav^- rique; que cette decomposition est souvent immMiate, inais qu'elle peut aussi ne se manifester qu'apres plusieurs jours ; qu'il faut, par consequent, veiller'avec attention sur le lit funebre, conserver assez longlemps le cadavre, et ne I'enterrer qu'apres I'apparition de la decomposition caract^ristique du trepas. Mais cette conservation temporaire dans les demeures priv(^es ou dans les obituaires pu- blics, aurait des inconvenients excessivement graves, si, par I'em- ploi de substances desinfectantes et conservatrices, on ne s'opposait pas efficacement a I'invasion des miasmes cadav^riques et putrides. Le remede serait alors pire que le mal, pour defendre une mort apparente possible des horreurs dus^pulcre.onmultiplierait les morts reelles, surtout dans les monients d'epidemie, oil les exhalaisons des cadavres concourent a propager la contagion. Le but qu'il faut atteindre a tout prix est done de plonger le cadavre dans un milieu capable de detruire tous les miasmes au fur et a mesure qu'ils se degagent, d'absorber et de neutraliser les liquides resultants de la decomposition, tout en laissant le corps dans des conditions telles que rien ne s'oppose a I'^ventualite d'un reveil, du retour a la vie. Le moyen par lequel on atteindra ce but ne doit nuire en aucune maniere a I'integnte du cadavre et a la sant^ des personnes qui I'eiitourent; il faut qu'il puisse etre employ6 dans la demeure meme du defunt, que son application n'offre pas de grandes diffi- culles; qu'il ne change pas sensiblement la temperature ambiante; qu'il periuette que de temps a autre on puisse mettre en oeuvre les ressources therapeutiques par lesquelles un medecin ^claire vou- drait tenter de ramener une vie qui n'est peut-etre pas encore eteinte; il faut que les substances employees ne soient pas de na- ture a entraver les recherches de la medecine legale, etc., etc. Ni le chlore, de quelque maniere qu'il soit degag^, ni les aromates ou les e.^sences, ni le charbon, ni le tan et les poudres astringentes, ni les niille autres ingredients employes tour a tour depuis des siecles. tS/t COSMOS. n'avaient donniS une solution acceptable de. ce difficile problfeme. M. Falcoiii I'a seul r^solu par I'lnvention de sa mixture, compos6e en grande partie d'un sel neutre du sulfate de zinc. C'est une pou- dre blanche et d'une odeur agr^able, d'un prix modique, antim^- phitique a la fois et antiseptique, qui n'alterenuUement les tissus organiques, qui detruit instantanement toute mauvaise odeur, qui conserve les substances animales privees de la vie, qui absorbe les produits liquides et gazeux de la decomposition eadavi^rique ; qui ne s' oppose ni de pres ni de loin aux recherches qui pourraient avoir pour objet la constatatioii dun empoisonnement anterieur ; qui pro- tege, en un mot, les viv ants de toute atteinte nuisible, et menage les eventualites du retour de la vie. L'hygiene la plus sevfere, la medecine legale la plus scrupuleuse, le respect des morts le plus exagere, les douleurs de families les plus susceptibles, toutes les exigences, en un mot, quelles qu'elles puissent etre, sont parfai- tement satisfaites par I'emploi de cette bienheureuse mixture, sans qu'on puisse soulever I'ombre meme d'une objection, et il ne reste plus qu'un vqju a former, c'est que son usage se r^pande partout, c'est qu'elle devienne comme un objet de premiere necessite, c'est qu'on se fasse en quelque sorte un crime de ne pas I'employer dans tous les cas. Rien n'est plus simple, et combien de maux redou- tables seraient ainsi conjures ! Aprcs avoir entoure du linceul I'interieur de la biere , on etend une couche de mixture de I'^paisseur de 5 a 6 centimetres environ, sur laquelle on pose le cadavre ; ensuite on ajoute suffisamment de mixture pour reniplir la biere, ayantsoin de laisser le visage decou- vert pour tout le temps qu'on voudra conserver le corps a la maison ; enfin lorsque la mort bien constatee ne laisse plus aucun espoir, on n'aura qua ramener le linceul sur le cadavre et a fermer la biere. Mais on refuserait peut-etre de croire a la merveilleuse efficacit^ de la mixture Falcony, si nous ne nous hations de dire qu'elle a cte demontree par d'innombrables experiences. Citons-en une seule , celle qui a convaincu un medecin distingue de Lyon, M. le docteur Luppi, et qui I'a conduit a plaider avec tant d'eloquence la cause qu'anotre tour nous venons defendre. » Nousavonschoisi le cadavred'un homme de vingt-sept ans, mort depuis quarante-huit heures, a la suite d'une fifevre dont nous n'a- vons pu connaitre ni la nature ni la durde. II pr^sentait une infil- tration oed^mateuse aux membres inf^rieurs, et la peau abdominale, un peu tendue par raeteorisme, 6tait toute parsem^e de taches ver- datres qui aimon^aient le prochain travail de la decomposition. COSMOS. 195 » Ce cadavre, place dans une biere, et tout plong^ dans la mixture conservatrice, doiit nous avions rehausse I'efficacite en doublant la dose des sels antiseptiques qui en forment la base, n'exhalait huit jours apres aucune espece d'odeur,, et ne presentait aucune trace de decomposition. Quinze jours plus tard nous constatames la nieine absence d'emanations fetides et la meme intcgrite de la peau. II en fut de meme au bout de trois semaines, ainsi qu'au bout d'un mois lorsque Jious decidames de mettre im terme a une experience que nous avions deja poussee beaucoup plus loin qu'il ne le fallait pour arreter notre conviction. •• Cette belle cause, au reste, est d^ja gagnee, au moins en partie, comme nous I'apprend la brochure de M. Luppi. On sait qu'un reglement de police de la ville de Paris exige que les corps qui doivent etre transportes au loin soient entoures de sub- stances propres a en empecher la decomposition pendant !e voyage ou tout au moins capables de neutraliser les consequences de cette decomposition. Jusqu'a ce jour, faute de mieux, on se contentait d'un melange de charbon pulverise et de tan, melange dont le de- faut capital, au point de vue de I'hygiene , est I'insuffisance de sa faculte conservatrice. Aujourd'tiui , d'apres un rapport tres-favora- ble du Conseil de salubrite publique de Paris, constatant la superiorite de la mixture Falconi , M. le Prefet de police en a immediatement autorise la substitution : outre qu'elle n'inspire aucune repugnance aux families, elle presente I'inconteslahle et precieux avantage de conserver plus longtemps et de desinfecter beaucoup mieux. Au vote du Conseil de salubrite de Paris on peut ajouter le suf- frage du Consed de salubrite de Lyon, qui, a la suite d'experiences irrecusables , a egalement constate la possibilite de con.server in- tactes, al'aide de ladite mixture, et, pour uncertain temps, les sub- stances animales mortes, sans qu'ily ait a craindre en aucune ma- niere le degagement d'emanations desagreables ou malfaisantes. D'apres ces experiences, M. le Conseiller d'Etat, administrateur du departement du Rhone, n'a pas hesite a en permettre I'eraploi. Les directeurs des entreprises des pompes funebres des villes de Paris, de Lyon, de Rouen, de Lille ont adresse aux families les cir- culaires suivantes qui ont produit le plus heureux efFet : " II arrive souvent que les corps, apres leur mise dans les cer- cueils, laissent echapper des liquides ou des gaz deleteres, soit lors de I'exposition a la maison mortuaire, soit lors du transport a I'e- glise, soit enfin dans I'^glise meme, ou les exhalaisons deviennent alors insupportables. 196 COSMOS. " Ces inconv^nients graves disparaissent quand le corps, au mo- ment de sa mise dans le cercueil , est plac6 dans un milieu absor- bant capable de neutral iser ces emanations. " II est prudent d'dviter I'emploi du son, dent la partie glutineuse, essentiellement putrescible, hate la decomposition des tissus orga- niques. " Pour ^viter les inconvdnients qui viennent d'etre signalSk exhalee paries matieres animalesen p-utf efaction , sans en alt^rer le caraclere ; ce r^sultat important s'obtient presque instantaiiement par I'emploi d'une quantity relativement petite ; il devient ainsi vm moyen tres-utile et prcferalile a tout autre lorsque, dans Tinteret de la justice, ou doit £aire des aiutopsies sur des cadavres enterr^ depuis longtx-mps. .. Un professeur d'anatomie des plus distingues de I'ltalie, le doc- teur Dubiiii, nous a assure personnelleinent qu'U ne connaissait pas une matiere capable d'enlever aussi promptement des mains la mau- vaise odeur qu'elles contractent dans les operations, surtout quand on a manie des intestins en putrefaction ; dies sont^, presque instanta- nement, purifiees de toute mauvaise odeur; et, ce qui estmieux en- core, preservees du contact empoisonne et de Tinoculation d'uu pus delet^re, souvent cause de maladies tres-graves. II n'affecte pas I'epiderme et ne tache pas les vetements. Pour toutes ces raisons, nous croyons que le liquide Falconiestun moyen des plus puissants a employer dans les etudes anatomiques, et que, dans plusieurs cas, il ne peut etre remplace par cuucun autre de ceiix proiies jus- qiiici. " M. Emery, professeur d'anatomie a I'ecole des Beaux- Arts, avait charge son prosecteur, M. Leger, d'experimenter Tacticn de ce meme liquide, et voici les conclusions de son Rapport : " Le liquide Falconi me parait appele a rendre de grands ser- vices dans les preparations anatomiques, en cela qu'il conserve le cadavre sans infiltrations, pendant un temps considerable, dans sa forme primitive, et avec la souplesse de ses tissus. « Cnmme desiiifectant, je n'ai encore, jusqu'ici, rien trouve qui I'eo-alat, et mes recherches furent aussi serieuses que les mauvaises conditions du local le permettaient. Comme embaumement, la tete, qui aujourd'hui semble appartenir a un mort d'hier, me semble le raisonnement le plus affirmatif, si j'ajoute que nous I'avons aban- donnee sur une table sans aucune precaution. Plus de quinze jours apres Top^ration, les cheveux , les cils , la barbe adheraient a la tete injectee comme a une tete vivante; Les Jones avaient toute leur souplesse, leur mobilite et leur couleur na- turelles. Les auditeurs de M. Emery constaterent ce fait avec une admiration r&lle , surtout^apres que le professeur leuc eut fait re- marquer I'importance au point de vue de I'art de la conservation pendant un temps considerable d'un cadavre donne, avec sa forme, sa couleur et sa consistance normales; avec la faculty laissee aux ar- tistes de modeler et de peindre, etc., etc. COSMOS. f99 Regularisation ile la dissolution cadaverique dans les cimetieres. Cest une question toute nouvelle et dont nous ne voulons dire aujourd'hui qu un mot en passant , nous reservant de la trailer a fond plus tard. Pour les aines , et elles sont encore iiombreuses, qu'un saint respect des inortspenetre vivenaent, qui voiit souvent se recueillir et epancher leur douleur sur la tombe des personnes aimees, n'est-ce pas une pensee desesp^rante que la pens^e de cette af- freuse dissolution , de cette infection nausfebonde, de cette pourri- ture et de ces vers qui ont envahi des restes si chers ! Ne serait-ce pas pour elles une consolation grande , que de savoir que le travail desastreux de la toinbe s'acheve sans toutes ces horreurs , que le corps de leur pere, de leur frere, de leur epoux , de leur Spouse, de leur ami, se transforme lentement en poussiere, et arrive a se con- fondre avec la terre dont il sortait, sans rien qui revolte I'imagina- tion et le souvenir t Or, cette consolation grande, chacun pourra se la procurer desormais; il suffira d'enfermer avec le cadavre , dans une biere plus grande. ou d'cnfouir dans la _tombe une quantite suffisante de la mixture Falconi. Si cette addition devenait la regie g&erale, les cimetieres ne seraient plus, comme ils le sont trop souvent, des foyers d'emanations fetides; Thygiene publique, nous dirons meme la conscience publique, auraient triomphe d'un abus deplorable. Conservation indejinie ou embaumement. A toutes les epoques de I'histoire, les peuples, mus parun senti- ment pieux, ont voulu arracher a la decomposition et a la destruc- tion totale, les restes de quelques-uns de leurs morts. La douleur , I'amitie , I'amour , la veneration , la reconnaissance , ont vu dans rerabaumement. un genre de manifestation plus solennel et plus eclatant qui les attire et les s^duit. On a embaum^ dans les temps passes, on embaumera dans les temps a venir, et Ton accueillera toujours avec reconnaissance un precede efficace de conservation indefinie des cadavres. On accep- tait, on achetait au poids de I'or les procedes barbares dont nous parlions au commencement de cet article ; on benira les inventeurs qui ont reduit lart de rembaumement a une operation simple, •chaste et sans effusion de sang. M. Falconi a suivi les traces de M. Gannal : comme lui , avec des instruments perfectionnes , il fait penetrer dans le systeme de la circulation le liquide conserva- teur ; mais ce liquide n'est pas empoisonne|, il est au contraire in- ofFensif, quoique souverainement efficace. Ces quelques mots nous 200 COSMOS. dispensent de tout autre commentaire. Qu'on nous permette seule- ment en finissant de rappeler le passage de notre article de 1839, oil nous faisions ressortir I'un des plus heureux partis a tirer de rembaumeiTient. Les considerations dont nous avons eu I'initiative ont trouvd depuis beaucoup d'^chos : » II n'est personne qui n'ait g^ini de la pauvreti^ de nos plus gran- des yglises, et de cette absence presque complete d'ornements qui contnste le coeur et compriirie, je le crains, les elans de la piete. Ce triste spectale fait sur inon ame une impression plus vive et plus profonde depuis qu'il m'a ete donn^ de visiter ces eglises de Bel- gique si orn^es, si dignes du Dieu qu'on y adore. Avec quels amers regrets je reportais mes yeux vers la France quand ils avaient con- temple ces chefs-d'oeuvre incomparables de peinture, ct ces sculp - tures plus etonnantes encore peut -etre ! Plein de ce double sentiinent d'admiration et de douleur, je me suis demand^ comment nous pour- rions echapper a I'inferiorite fletrissante qui pese sur nous. •' Au mal qui nous pr^occupe, je ne vols qu'un remede : mettons tout en oeuvre pour obtenir, par une modification a la legislation ac- tuelle, qu'il soit de nouveau permis de confier aux eglises les d^- pouilles des morts, sous la condition d'un embaumement parfait. " Quand la legalile des inhumations dans les eglises sera reconnue, les conseils de fabri(]ue pourront ceder le droit de st^pulture a ceux qui prendront le ])ieux engagement d'elever un monument conve- tiable fcur les tombeaux des personnes qui leur sont chferes. Ce ino- nument, confie a des sculpteurs ou a des peintres, sera cor.struit sur un plan trace d'avance par des hommes habiles constitues en jury, et a qui seuls il appartiendra de prononcer sur le merite du travail des artistes, d'admettre ou de refuser, mais de telle sorte qu'un morceau d'art n'entre dans le temple qu'autant qu'il s'elfevera au- dessus de la mediocrite. " Telles sont les bases d'un projet qui ne me semble pas chime, rique. Un grand nombre de families ne pref(5reront-elles pas, pour des restes veneres , le calme et la ferveur du sanctuaire a I'asile bruyant et glac^ de nos cimetiferes? Excitees par le double motif dune pi^te chretienne et filiale, refuseraient-elles de consacrer a la decoration de leur eglise, de leur seconde m^re, une faible partie de cet or, que le luxe et souvent la vanite jettent a pleines mains sur ces champs du repos, qui ressemblent trop a des promenades pu- bliques? .. F. Moigno. COSMOS, 18, rue de I'Ancienne-Comedie. A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. PARIS. — IMrRlMERIB DE W. REMQUET ET cic, R'JE GARANCIEKE, 5. T. V. l8 AOUT l854. TnOISlEME ANNEE. COS^IOS. AVIS. A partir de lundi prochain, 21 aout, les salons de lecture et de travail du Cosmos seront definitivement ouverts depuis neuf heures du matin jusqu'a dix heures du soir. Tout nous fait es- perer que I'innportance de cette creation nouvelle sera grandement appr^cide, qu'on repondra a notre invitation, qu'on nous saura gre de notre g^nereuse initiative. Les etablissements semblables de Ber- lin, de Munich, de Goettingue, ont Tinconvenient tres-grave de n'etre ouverts que pendant la journee; beaucoup de personnes en sont par la meme exclues. II est vrai que, fond^s et entretenus par le gouvernement, ils sont gratuits, mais la retribution que nous sommes forces d'imposer bien malgre nous aux abonncs du Cosmos est si minime, et nous userons detant de menagements, que les avan- tages resteront du cote de notre oeuvre. Le nombre des journaux ou recueils periodiques mis en lecture est beaucoup plus considerable que nous ne I'avions annonc^, et Ton trouvera des I'ouverture, dans nos rayons, plusieurs tetes de collections importantes ; la biblio- theque universelle de Geneve, depuis sa fondation jusqu'a ce jour; les comptes-rendus de I'Academie des sciences, le Journal de 31a- thematlques de M. Liouville, le Penny cyclopedia, T Encyclopedie du XI X^ siecle; les quatre dernieres annees des Annales de Pog- gendorff, de Y Jthceneum anglais, de Litterary-Gazet'e, et les principales nouveautes de librairie scientifique de 1854, etc., etc. En echange de leurs feuilles, nous oflrons aux directeurs des jour- naux quotidiens, I'envoi du Cosmos et une carte d'entree gratuite dans nos salons pour leur principal redacteur scientifique. Nous fai- sons la meme offre aux editeurs des Revues ou Recueils dont le prix de I'abonnement est double du prix d'abonnement du Cosmos. Nous faisons enfin appel aux hommes intelligents et gniereux : ajouter deslivres a nos livres, des journaux a nos journaux, ce sera contribuer efficacement a la diffusion des lumieres et auprogres; 7 202 COSMOS. nous entourerons d'hommages et de reconnaissance les noms des pa- trons do notre utile entreprise. Nous appelons d'une maniere toute sp^'ciale I'attention de nos lecteurs sur la livraison supplementaire, 6 bis du 5' volume du Cosmos. Ce que nous avons fait pmir la belle synthese de M. Armand Bazin, pour les guanos artificiels de M. Derrien, pour les procedcs de conservation de M. Falconi, nous sommes prets a le faire pour toutes les recherches originales, les decouvertes importantes, les inventions que nous croirons riches d'avenir. Cette livraison a ete tiree a deux mille exeinplaires, et elle a ete aussitot distribuce dans le monde entier ; c'est done une publicite considerable qui coute tres-peu a ceux auxquels elle profite. Nous ferons deslivraisons supplementaires aussi souvent que le be- soin s'en fera sentir. Que les auteurs et les inventeurs qui desireront qu'on expose, avec de grands developpemeuts, leur idee ou leur d^couverte, se fassent inscrire des aujourd"hui dans nos bureaux ; aussitot qu'ils seront en nombre suffisant pour que, reparties sur ce nombre, les depenses d'impression d'une feuille ou double feuille supplementaire deviennent relativement tres-minimes ou pesent peu sur chacun, la double feuille sera publit^e, en meme temps qu'un nombre d'exemplaires proportionne a la somme versee par lui sera remis a chaque interesse. Si Ton daignait comparer ce mode de publicity aumode adopte jusqu'ici, lequel consiste dans rimjiression a grands frais de brochures individuelles, souvent mal redigees, qui se r^pandent avec beaucoup de peine, qui ne sont pas meme lues de ceux auxquels on les remettait avec le plus d'empressement, qui dis- paraissent presque sur-le-champ, etc. ; on verrait qu'on gagnerait cent pour cent, en suivant la voie si naturelle, si economique et si efficace que nous indiquons. — Puissions-nous etre entendus et ecoutes des inventeurs d'idees, de theories, de faits ou de precedes ! NODYELLES. France. — On vieiit de construire au Jardin-des-Plantes, sur la terrasse ou s'^levent les belles serres deslinees a la culture des plantes exotiques, une serre nouvelle en fer, de 52 metres de lon- gueur, sur 10 de largeur et 3 de hauteur. Cette serre est divisde en trois coinpartiments : le premier est affecte a la culture des f'ou- geres et des aroidees; le second renferme un vaste aquarium, dont la profoiideur est a peu pres de 1 metre, et le premier qui soit con- struit en France ; il est chaufFe intdrieurement par des conduits d'eau chaude et maintenu a la temperature de 25 a 30 degr^s centiora- des. Le lit de cet aquarium, ou Ton cultive la victoria regia^ \ eu~ riale ferox^ le papyrus des anciens et, en general, toute la riche famille des iiynipkceacees, est compose de terres provenant du fond de la Seine. On sail que ies feuilles de la victoria regia, originaire de la riviere des Amazones et importee en France par MM. Bon- pland et D'Orbigny, n'ont pas moins de 1 metre 50 centimetres de diametre. Lafleur, d'un blanc rose, odorante, atteint aussi des pro- portions considerables. Les orchideesetles bromeliaceesoccupent le troisieme comparti- ment. Pour cette serre, on a employe un vitrage qui est double dans ]e.s parties oil une grande lumiere n'est point necessaire , et qui est forme d'un verre dun nouveau genre, ^pais, cannele et d'une couleur verdatre. Outre la serre dont nous venons de parler, on en construit encore au Jardin-des-Plantes deux autres provisoires pour y conserver les plantes des anciennes serres, Baudin, Buffon et Philibert, qui sont completement demolies, et sur I'emplacement desquelles s'elevera plus tard le complement des grandes serres deja existantes. — On assure qu'un essai de poste aux hirondelles , fait il y a quelques jours, a ete couronne d'un succes qui depasse toutes les cspdrances. Six hirondelles, prises dans leurs nids a Paris, ont ete transportees a Vienne (Autriche) par le chemin de fer; la on leur a place sous le ventre un petit pli contenant une sdrie de nouvelles de 1 510 mots; puis a sept heures un quart du matin , on a mis en liberie les six captives. Sur ce nombre, deux sont arrivdes a Paris un peu avant une heure de I'aprfes-midi, une a deux heures vingt iHinutes, une a quatre heures ; les deux autres se sont perdues en route. — Une experience publique qui int^resse au plus haut degre les banques, les administrations financi^res, les compagnies de chemins 204 COSMOS. de fer, les caisses de depot, tea agents- de change, notaires, etc., vient d'avoir lieu clans les ateliers de M. Fichet, serrurier-niecani- cien, et connu, depuis vingt-ciivq annees, par les progres que ses travaux ont imprimis a la serrurerie. Des papiere revetus de la si- gnature de personnes presentes , ont et6 enferm^s, le jeudi soir 20 juillet a quatre heures, dans trois compartiments d'une caisse placee a rint(^rieur d'un pavilion; la clef de la caisse est restce de- posee entre les mains du commissaire de Batignolles; ce pavilion a ^te remplide matieres combustibles et incendit^. Le feu a ete entre- tenu pendant vingt-deux lieures, sous les yeux d'une commission designee par les autorit*§s de la commune de Batignolles ; et a I'ou- verture de la caisse, le vendredi 21 juillet, les papiers qui y avaient ^te deposes ont ete retrouves parfaitement in tacts. — Uliidependant. de Douni annonce la reussite complete d'ex- periences en grand de fabrication d'alcool extrait du mais pris dans difFerentes phases de sa croissance. Nous ne comprenons pas bien ce qu'il y a de nouveau et d" extraordinaire dans ce fait. Tout le monde sait que toutes les plantes feculentes, et par consequent le mais, peuvent donner de i'alcool. Nous comprenons encore moins I'exageration de cette assertion singuliere : cctte nouvelle fabrica- tion peut produire uiie revolution complete dans la culture des terres du departement du Noid, visiblement epuisees par la culture de la betterave. Le mais murira-t ii dans le iiordi Nous en doutons. — M. Armand Bazin a obtenu la permission de continuer au jardin du Museum ses reeherches sur la cause des maladies des plantes ; il lui a suffi de quelques heures pour retrouver sur les plantes malades toute la serie ties insectes recueillis par lui au Mes- nil-Saint-Firmin, et pour se mettre a meme de demontrer aux plus incredules que I'origine de I'infection des pommes de terre etait non pas I'envahissement des botrytis, comme les savants professeurs I'enseignent encore, mais les piqures ou morsures de pucerons. M. Bazin, en effet, n'a passeulement trouv6 en grand nombre sur tous les pieds atteints les insectes dont on ne soupti-onnait pas I'existence, il a pu mettre sous les yeux de M. Decaisne des plants de pommes de terre evidemment malades , dont les feuilles etaient toutes tachees, sans qu'on piit y decouvrir aucune trace des botrytis, qui sont la suite et non la cause de la maladie. Encore quelques jours, nous le repetons sans crainte, et tout le monde sera d'accord. — Le 24 juillet dernier a eu lieu au Havre , pour la premiere fois, la vente pi\blique des cotons algeriens : un nombreux concours se pressait dans la salle de la Bourse, oil se faisaient les encheres. COSMOS. 205 Certaines parties dont la qualite ne laissait rien a desirer ont ete vi- vement disputi^es et enlevees a des prix depassant de beaucoup les cours des produits similaires des Etats-Unis. Ainsi des cotons Loui- siane se sont vendus jiisqu'a 3 fr,75 c, 4 fr. 05 c, et 4 fr. 70 c; des jumels jasqu'^ 2 ft-. 70 c. le demi-kilogramme. Les Georgia longue soie out atteint des taux proportioimellement moiiis eleves ; ils n'avaient pas re9u a la r^colte ces soins exeeptionnels avec les- quels nos plaiiteurs, dont les essais datent d'hier, ne sont encore que tres-imparfaitement familiarises. II est deinontre aiijourd'hui que le sol de 1' Alg^rie est egalement propre a la culture des cotons courtes soies et des junaels. Un des principaux filateurs de Man- chester louait sans reserve les cotons mis en vente ; il t^nioionait hautenient le desir que I'Algerie piit procbainemejit entrer large- ment en concurrence avec les Etats-Unis , et soustraire riiidustrie europeenne aux exigences chaque annee plus marquees des planteurs americains. — Un decret imperial a nomm^ M. le capltaine de vaisseau De- loflFre membre du Bureau des longitudes, en remplacement de M. I'amiral Roussin. M. DelofFre etait place en seconde lio-ne sur les listes de candidats presentos par le Bureau des lonoitudes et TAcademie des sciences. M. Duperrey etait au premier rano-.' — Un autre decret confirme 1 'election faite par I'Academie de m(5decine, de M. le docteur Barth, pour remplir la place vacante dans la section d'anatomie pathologique. Angleterre. L'astronome royal, M. Airy, prepare une nou- velle et grande carapagne. II a visite la semaine derniere le district des mines de charbon des bords de ia Tyne; il est descendu dans le puits d'Horton Pit, le plus profond de tous, 1260 pieds, et il a pris toutes ses mesures pour proceder le plus tot possible a une serie d'experiences sur le pendule et la pesanteur. Les observations se- ront faites simultanoment au fond du puits et a la surface de la terre; on espere qu'elle.s resoudront certaines questions encore con- troversees, relatives a la densite moyenne du globe et des planetes. Les proprietaires et les directeurs de la mine ont temoigne les plus grands egards aM. Airy, ils ont mis a sa disposition non-seulement leurs puits, mais leurs personnes et leurs ouviiers. — Le gouvernement anglais a decide que les societos savantes I ne recevraient plus dans Sommerset-House I'hospitalite qu'on leur, I accorde depuis des siecles. La Societe royale, qui montre encore au- jourd' hui avec orgueil le fauteuil ou s'assit le grand Newton ,3 ( done a la veiile d'une emigration. Mais en prcnant cette mesur'e ri- 20,6 COSMOS. goureuse, commandee par les besoins des bureaux de la marine, les ministres ont decide que les societ^s exil^es trouveraient un noble asile dans un autre palais, Burlington-House, au sein de Piccadilly, situation vraiment centrale. Les autres societes savantes de Londres, les societes de botanique, de statistique, de pathologie, des epide- xnies, d'ethnologie , d'entomologie, de philologie, etc., voudraient profiter de cette occasion pour se rapprocher de leurs illustres soeurs, pour arriver a vivre avec elles sous le meme toit, a confondre leurs bibliotheques avec les leurs, etc., etc. Dans ce but, elles ont envoy^ une nombieuse deputation a Sir William Molesworth. Le ministre leur a repondu que, sans engager en aucune maniere le gouverne- ment, il prenait en consideration la demande que I'Etat procurat aux diverses societes savantes les lieux de leurs reunions ; mais qu'on n'avait du et pu s'occuper d'abord que de celles qui quittaient forcement Sommerset-House. Don Manuel de Ysacy,- secretaire de 1' Association des postes coloniales et internationales, propose la reunion a Paris, pendant I'exposition universelle , d'un congres postal , dans lequel tous les- gouvernementsseraientrepresentes par des deleguesofficiels, charges de discuter un projet d'association generale sur les bases suivantes : 1" Chaque contree qui adhererait a la convention fixerait, perce- vrait etgarderait les frais de poste de toutes les leltres envoyees a I'etranger; et delivrerait Tranches de port toutes les lettres venues des bureaux des pays unis. 2° Chaque gouvernement fixerait a son gre le larif des lettres a destination etrangere , mais le tarif serait le meme pour toutes les contrees unies. 3" Les pays que traversent les malles a deslination etrangere regleraient d'avance et definiti- vement les droits ou la sonime qu'ils veulent percevoir , en compen- sation de cette charge, sans pouvoir rien exigerau dela. 4" Regie generale, toutes les lettres seronl affranchies ; toute lettre non af- franchie paierait un port decuple du port ordinaire. Toute la prcsse anglaise est unanime afeliciter I'habiie direc- teur de I'lnstitution poly technique, M. Pepper, d'une determination nouvelle qu'il vient de prendre. Les ouvriers de toutes les manu- factures et tie tous les ateliers , munis d'un certificat signc du direc- teur ou du contte-niaitre, seront admis le lundi soir, avec tous les membres de leurs families, au prix de six pences par personne au lieu d'un schelling. Chaque lundi , a 8 heures du soir, ces braves ouvriers pourront as^sister a une legon speciale, faite par un des maitresde la science sur Its maticres* les plus propres a les inte- resser ou a les instruire, avec accompagnement de figures et d'ex- COSMOS. 207 p^riences. La brillante experience de la fontaine ou cascade elec- trique, que nous avons inauguree a Londres, avec M. Duboscq, continue a attirer un noiiibre immense de visiteurs; on la repete r^gulierement chaque soir, et ce sont toujours les memes applau- dissements frenetiques. Nous apprendrons avec bonheur que M. Pepper a ajoute a son programme I'incendie du grand bassin par le nouveau feu grdgeois de MM. le g^n^ral Picot et Niepce de Saint-Victor, le melange de benzine ou d'ether avec le potassium. Nous recoramandons de nou- veau a I'infatigable directeur Tillumination de ce meme bassin au moyen du nouveau modele de lampe electrique que M. Duboscq a dispose pour eclairer le fond des fleuves ou des mers ; on suivrait alors, sans peine, tous les mouvements et les operations de I'homme qui plonge dans le bassin arme de I'appareil respiratoire ; I'excur- sion au sein de la cloche a plongeur aurait aussi un interet beau- coup plus grand. Quand done Paris aura-t-il son institution poly- technique, son panopticon, son co>mos? — L'un des etablissements de Londres que nous avons visits avec le plus de plaisir, est le mus^e de geologie pratique, admira- blement organise et dirige par l'un des plus il lustres geologues de I'Angleterre, sir Henri de la Beche, correspondant de I'lnstitut de France. C'est dans cet etablissement que le ministre du commerce a etabli la nouvelle ^cole de science appliquee aux mines et aux arts. Les cours, cette annee, seront au nombre de huit: chimie, M. Hoff- mann ; metallurgie, M. Percy; histoire naturelle, M. Huxley; mineralogie, M. Smyth ; mines, M. Smyth; geologie, M.Ramsay; mecanique appliquee, M. Robert Willis; physique, M. Stockesj dessin de mecanique, M. Binn. A I'exception de deux, M. Smyth et M. Binn , tous ces professeurs sont des membres eminents de la Societe royale de Londres. Les cours ne sont pas gratuits comme a iiotre Conservatoire des arts et metiers ; mais ils sont publics, ou ouverts a tous, ce qui n'a pas lieu pour nos Ecoles des mines, des ponts et chauss(^es et polytechnique. Pour I'enseignement entier, qui dure deux ans, on paie 30 livres, 750 francs en une fois, ou 40 livres, 1 000 francs, en deux paiements annuels de 500 francs. On paie en outre 10 livres, 250 francs, pour avoir le droit de ma- nipuler pendant trois mois dans un des laboratoires de cbmie ou de metallurgie. On paie enfin, pour chaque cours separe, 50, 75 ou 100 francs. Les employes du gouvernement ou de la Compagnie des mines, les directeurs ou conducteurs des travaux des mines en activite paient moitie prix. Les maitres d'ecole brevetes, les chefs 208 COSJIOS. d'institution et les personnes employees clans red-ucatiou sont aussi admis a des prix rt^duits.. La ]e<;on inaugurale de I'annee scolaire se fera le 2 octobre prochnin. — M. ledocteuc Livingson, parti du cap de Bonne-Esperance, et n'ayant que ses seules ressources, a traverse tout. I'interieur de TAfrique, et se trouvait le 18 avril a Cassange , poste commerGial situe a 180 milles de Saint-Paul de Loando. — Nous trouvons dans VAthceneum anglais des details curieux sur la population britannique. Sur 14 422 801 individus vivants eiv 1821, 6 981 068 avaient inoins de 20 ans ; 7 441 733 avaient plusde 20 ans; tandis que sur les 21 185 010 individus vivants en 1851, 9 558 144 out moins de 20 ans, 11 626 896 ont plus de 20 ans. Ainsi le nombre des individus ayant en 1851 20 ans et plus surpasse de 2 068 782 le nonfibre de ceux qui ont moins de 20 ans, ce qui denote un accroissement considerable de vitality dans la nation. 596 030, plus d'un demi-million d'habitants, ont passe I'age de 70 ans ; 9 847 ont 90 ans ; 2 038 ont 95 ans ; et 319 ont vecu plus de 100 ans. Les deux tiers parmi ces derniers sont des femmes. L'age moyen des femmes surpasse de 10 mois I'age rooyen des hommes; 33 hommes et 32 femmes sur 100 sont mari^s ; le nombre actuel des mariages est 3 368913 ; le nombre des veufs ou veuves,^, 3 437 830 ; l'age moyen des epoux est 43,05; celui des veufs ou veuves, 40,65. Sur la population entiere, 17 234 490 soient nes en Angleterre et dans le pays de Galles ; 2 754 360 en Ecosse; 122 808 dans les iles des mers britanniques ; 733 866 en Irlande ; 41 316 dans les colonies ; 73. 637 a I'etranger. On remarque une tendance vraiment extraordinaire qui entralne vers Londres les ha- bitants de toutes les parties de 1' Angleterre : sur 2 362 000 individus formant en 1851 la poi)ulation de Londres, 645 000 ayant 20 ans et au-dessus sont nes a Londres ; 538 000 dans les autres parties de I'Angleterre; 14 000 dans le pays de Galles ; 25 000 en Ecosse; 16 000 dans les iles des mers britanniques ; 80 000 en Irlande ; T 000 dans les colonies ; 24 000 a I'etranger ; 525 sur mer. HYGIENE ET ffl^DECINE POPULAIRE. Le Moiiiteur public Ja lettre suivante, adressee a M. Je Ministre de la guerre par Sa Majeste I'Empereur : " J'appelle votre attention sur les tristes accidents qui se renou- vellent chaque annee a pareille epoque quanJ on eat oblige de faire voyager des troupes pendant les grandes chaleurs. S'ils ont lieu malgre toutes les precautions prises , il n'y a de reproches a faire a personne ; inais si par exces de zele et pour executer trop a la lettre un ordre general donne de loin, on compromet la sante et jusqu'a la vie des soldats, je veux que les chefs soient severement blames. Je ne citerai pas d'exemples ; inais, dans plusieurs divisions niililaires, les generaux n'ont peut-etre pas , comme ils devaient le faire , pris sur eux de faire executer avec une prudente circonspection les ordres ^manes du Ministre de la guerre. " En temps de guerre, lorsqu'un chef de corps arrive a I'heure dite au point assigne d'avance, il faut le-louer hautement , eiit-il laisse la moitie de son monde en route , car alors I'interet militaire est le premier de tous ; mais en temps de paix , le premier devoir d'uu chef est de manager ses soldats et d'eviter soigneusement tout ce qui compromettrait inutilement leur vie. Je vous prie done d 'a- dresser aux commandants des divisions militaires une circulaire qui leur rappelle les precautions a prendre pour pr^venir autant que pos- sible le retour de seaiblables malheurs. Sur ce, monsieur le juare- chal, que Dieu vous ait en sa sainte garde. " Edit a Biarritz, le 1" aoiit 1854. .. — En presence des accidents nombreux qui arrivent chaque jour dans les rues de Paris , nous croyons utile de rappeler qu'indepen- damment des pharmaciens , dont les secours ne sont jamais recla- mes en vain, il existe , dans tous les arrondissements de Paris, des boites de secours deposees dans differents postes , et renfermant, outre des instruments de chirurgie, des bandes a saigner, de la char- pie, etc., ainsi que de nombreux medicaments, tels qu'eau-de-vie camphree, eau de melisse spiritueuse, ether sulfurique, alcali volatil. On y trouve aussi une instruction claire et succinate redigee par le conseil de salubrite, sur la maniere d'employer tous ces objets, sui- vant les accidents , en attendant Tarrivee de I'un des medecins du voisinage, dont le nom et Tadiesis.^ se trouvent placardcs sur la boite meme. Pour rendre efticaces les premiers secours a porter aux personnes blessees accidentellement sur la voie publique, le conseil de salubrity de la Seine a public I'instruction suivante : 210 COSMOS. Dans Ions les cas, relever le bless6 avec precaution, et le conduire oule transporter, sur un brancard , au poste voisin, on dans le lieu leplus rapproche ou il puisse etre secouru. En cas deplaie^ si le medecin tarde a arriver et s'il parait y avoir du danger, il faut decouvrir doucement la partie blessee, en coupant avec des ciseaux, s'il est necessaire, les vetements, afin de s'assurer de I'f^tat de la blessare ; on lavera celle-ci avec une eponge ou du linge imbib(5 d'eau fraiche, pour la debarrasser du sang ou des corps etrangers qui peuvent la souiller. S'il lij a qnune simple conpure, et que le sang soit arreto , on doit rapprocher les bords de la [)laie et les inaintenir en cet etat, en la couvrant d'un morceau de taffetas gomme dit taffetas d'Anale- terre, ou de bandelnttes desparadrap qu'on aura pris soin de passer devant une bougie allumee.'ou au-dessus de chaibons ardents pour les ramollir et les rendre coUantes. S'ily a perte de sang ahondante ou bemorrhagie par une plaie, on devra chercher a I'arreter, en appliquant sur cette plaie, soit des morceaux d' amadou, soit des gateaux decbarpie.soutenus au moyen de la main , d'un mouchoir ou de tout autre bandage qui comprime suffisamment, sans exageration. Si le sang s'echappe par un jet rouge, ecarlate, saccadd, et que !e bless^ soit pale, defaillant , menace de mourir par bemorrhagie, il importe d'exercer de suite , avec les doigts, une forte pression sur I'endroit d'oii part le sang. Cette compression sera remplacee en- suite par un tampon d'amadou , de charpie ou de linge, applique sur la plaie ou au-dessus d'elle , et mnintenu par une bande assez serree, sans I'etre cependant au point d'etrangler le membre. Si le blesse crache ou vomit le sang^ il faut le placer sur le dos ou sur le cotecorrespondant a la blessure, la tete et la poitrine dlevdes, doucement soutenues, et lui faire prendre par petites gorgees del'eau fraiche. Les plaies qui peuvent exister a I'exterieur et qui fournissent aussi du sang seront fermdes au moyen de linge fin pose sur elles, et de charpie surmont^e de compresses et d'un bandage. Des compresses trempees dans de I'eau fraiche pourront , en outre, etre appliquees sur la poitrine ou sur le creux de I'estomac. Dans le cas de briUure, il faut conserver et replacer avec le plus grand soin les parties d't^piderme soulevees ou arrachees ; on percera les cloques ou ampoules avec une epingle , et on en fera sortir le li- quide ; on couvrira ensuite la partie briilee d'un linge fin , enduit de c^rat ou trempe dans de I'huile d'amandes douces , et on placera COS^JOS. 211 par-dessus ce linge ties compresses imbibees d'eau fraiche que I'oa arrosera frequemment. Dans les cas de foidure oil d'entorse, il faut plonger, s'il est pos- sible, la partie blessee dansun vase d'eau, et I'y maintenir pendant tres-longtemps, en renouvelant I'eau a mesure qu'eile s'echauffe. Si la partie ne peut etre plongee dans I'eau, il faut la couvrir ou I'envelopper de compresses d'eau que Ton entretiendra fraiche au moyen d'un arrosement continue). Dans le cas de luxation ou dehoilement ^ il faut eviter avec le plus grand soin de faire executer au membre malade aucun mou- vement brusque et etendu. On se contentera de placer et de sou- tenir ce membre dans la position qui occasionne le moins de dou- leur au blesse, et Ton attendra ainsi I'arrivee du chirurgien. Dans le cas de Jractiwe, il faut dviter, plus encore que dans le cas de luxation, d'imprimer au membre blesse aucun mouvement inutile : pendant le transport du blesse, on doit le porter ou le sou- tenir avec la plus grande precaution. S'il s'agit d'un bras, de I'avant-bras ou de la main , on rappro- chera doucement le membre du corps et on le soutiendra avec ime echarpe dans la position qui sera la moins penible pour le blesse. Si le mal existe a la cuisse ou a la jambe, il faudra, apres avoir placd doucement le blesse sur un brancard ou sur un lit, etendre avec precaution le membre fracture sur un oreiller, et I'y maintenir a I'aide de deux ou trois rubans suffisamment serres par-dessus I'o- reiller. On peut aussi, a defaut de ce moyen, rapprocher le membre blesse du membre sain, et les unir ensemble dans toute leur lon- gueur, sans trop les serrcr, mais de maniere que le membre sain soutienne I'autre et previenne le derangement de la fracture. Un point important est de soutenir le pied et de I'empecher de tourner en dedans on en dehors. Dans le cas de syncope on de perte de connaissance, il faut d'a- bord desserrerles vetements, enlever ou relacher tous les liens qui peuvent comprimer le cou, la poitrine ou le ventre. On couchera ensuite le malade horizontalement, la tete mediocrement t^levee, et on s'efforcera de le ranimer au moyen de fortes aspersions d'eau fraiche sur le visage , de frictions sur les tempes et autour du nez, avec du vinaigre. On pourra passer un flacon d'ammoniaque sous les narines, sans I'y laisser sojourner ; on fera des frictions sur la region du coeur avec de I'alcool camphrd ou toute autre liqueur spiritueuse ; ces secours doivent quelquefois etre prolongds longtemps avant de produire le 212 COSMOS. rappel a la vie. Si le blesse a perdu beaucoup de sang, s'il est froid, il faut pratiquer sur tout le corps des frictions avec de la flanelle, le couvrir avec soin et rdchauffer son lit. Lorsque la syncope commence a se dissiper et que le blesse re- prend ses facultes, on peut lui faire avaler de I'eau sucrce avec quelques gouttes de liqueur spiritueuse. Lorsque la parte de connai^sance est accompagn^e de blessures consid(5rables au crane, il faut se contenter de placer le bless6 dans la situation la plus commode, la tete mediocrement soulevee, main- tenir la chaleur du corps, surtout des pieds, et attendre rarrivee du medecin. II importe de se rappeler qu'un nonibre trop grand de personnes autour des individus blesses ou autres, qui out besoin de secours, est toujours nuisible. Morsures par des chietis enrages. V Toute personne mordue par un animal enrage ou soup9onne tel, devra a I'instant meme pre^ser sa blessure dans tous les sens, afin d'en faire sortir le sang et la bave ; 2° On lavera ensulte cette blessure , soit avec de I'alcali volatil etendud'eau, soit avec de I'eau delessive, soit avec de I'eau de sa- von, de I'eau de chaux ou de I'eau salee, et a ddfaut avec de I'eau pure ou meme de I'urine ; 3° On fera ensuite chauffer h hlauc un morceau de fer que Ton appliquera/^/-o/o«f/c'/«e//; sur la blessure. Ces moyens bien employes suffiront pour ccarter toute espece de danger. II est inutile de dire que toutes les fois qu'ils pourront etreadniinistres par un homme de I'art, il y aura avantage pour la personne mordue, et que, dans tous les cas il sera nccessaire d'en appeler un, meme aprfes I'emploi de ces moyens, attendu qu'il pourra seul appr^cier la profondeur des blessures et qu'une cauteri- sation qui aurait et6 incompletement faite, serait sans efficacite. Le maire de Genes, M. Elena, a publie une proclamation ainsi concjue : •• Hier au soir et ce matin, beaucoup de personnes se sont presentees a rHotel-de-Ville, demandant I'autorisation de faire traitor les cboleriques par les modecins homocopathes ; et elles ont d(5clare que ces derniers ne pouvaient pas exercer I'homoeopa- thie sans la permission du mairc. .. Le maire declare qu'il ne peut pas empecher et qu'il n'a jamais empeche quelque medecin que ce soit, ni les homocopathes, de trai- ler qui ils veulent et comme ils le veulent. Cette proclamation ser- vira a dctrompcr ceux qui croient qu'il en ett autrement. » PHOTOGRAPHIE EN ANGLETERRE. (SuilB.) Voici la methode de photographie sur verre collodione donn^e par M. le cointe de Montizon. Preparation da cotoii-poudre. — Mettez dans un vase bien propre 10 drachmes (17^,72) d'acide sulfuriquede force ordinaire ; une once et demie(42s,52) de nitrate de potasse et 40 grains (2s, 60) de co- ton card6 tres-net. Avec une baguette de verre, pressez sur le coton jusqu'a ce qu'il soit sature de jiquide , portez-le ensuite au seini d'une eau abondante que vous changerez six ou sept fois; lavez-le de nouveau deux fols dans de I'eau distillee , mieux il sera lav^ , mieux il se dissoudra dans I'ether; pressez -le dans unlinge propre, puis, entre plusieurs plis de papier buvard , et apres avoir ^carl^' les fibres avec !a main, faites-Ie sccher pres du feu. Faites toujours votre coton-poudre en tres-petite quantity,, jamais plus de 40 grains (2s,591). Dissolution du coton-poudre. — Plongez 8 grains (0^,518) de coton-poudre bien sec dans une once (28s, 348) de bon ether sulfu- rique ; si le coton-poudre est bien prepare , il se dissoudra comple- tement; il est quelquefois necessaire d'ajouter un peu d'alcool a I'ether quand il est trop pur ou trop fort ; servez-vous d'un vase un peu grand pour pouvoir decanter au besoin ; vous laisserez d^- poser si vous ne devez pas employer le coton-poudre immediate- ment; dans le cas contraire, vous filtrerez. loduration du collodion. — Premiere preparation : collodion, une once (28s, 349), une petite quantite d'iodure d' argent; 3 ou 4 grains (del9a25centig.) d'iodure de potassium ; remuez bien ; taliqueurse troublera, mais s'eclaircira apres quelques heures de repos; quand elleseraclaire, vous decanterez dans une autre bouteille. Deuxieme : collodion,! once (28s, 349) ;iodured'animonium, 2 grains (13 centig.); cette preparation donne une tres -belle gradation de teinte , mais I'image est moins vigoureuse. Troisieme : dans 8 drachmes (14s, 176) d'alcool, faites dissoudre parfaitemenl, 8 grains (52 centigrammes) d'iodure d'ammonium ou de pota^sium, avec un deini-grain (32 mil- lig.) d'iodure d'argent recemment prepare ; ajoutez 24 drachmes (42s, 528) de collodion : cette preparation e.sttres-sensible, mais le3 demi-tons sont moins accuseds. Quatrieme : dans 8 drachmes (14^, 176). d'alcool, faites dissoudre 8 grains (51 centig.) d'iodure de potassium, 4 grains (259 millig.) d'iodure d'ammonium et un grain et demi (32 millig.) d'iodure d'argent; ajoutez 24 drachmes (42s, 528) de collodion; cette preparation est tres-sensible. Cinquieme : 2\k COSMOS. dans 2 onces 1;2 (70e,872j de collodion, Sdrachmes (8e,86) d'alcool et 5 gouttes d'aminoniaque liquids , faites dissoudre 14 grains 90 cenlig.) d'iodure d' ammonium. Ce collodion est trfes-bon, inco- lore et tres-sensible. Sixieme : dans 2 drachmes (36,544) d'alcool, faites dissoudre 6 grains (388 niillig.) d'iodure de potassium , et ajoutez 6 drachmes (10s, 632) de collodion. Application du collodion. — N'employez pour nettoyer la glace que de I'eau pure en grande quantite ; frottez la glace avec la main jusqu'a ce que I'eau coule librement a sa surface; faites-la secher, essuyez avec un linge tres-propre et lave sans I'emploi du savon. Versez le collodion, etendeza I'ordinaire, et plongcz immediatement dans le bain d'argent contenant 30 grains (Is, 944) de nitrate par once (3081 d'eau ; sortez et rentrez plusieurs fois pour faire mieux evaporer 1 Vther ; quand la plaque a pris una teinte bleue opaline, elle est prete a servir : I'addition d'une partie d'alcool pour dix parties d'eau rend la couche plus sensible et procure une image plus vigou- reuse. Il est bon de donner a la plaque, dans le bain de nitrate et dans le chassis, la position ou direction qu'elleavait quand on a ^tendule collodion. Si le bain est vieux, la plaque peut rester immergee sans danger apres qu'elle a pris la teinte opaline : il n'en est pas ainsi quand le bain est neuf ; un bain neuf devient aussi inoffensif qu'un bain vieux, par I'addition d'un grain (65 millig.) d'iodure d'argent pour chaque once (30s) de bain ou de liquide : on purifie le bain sans le filtrer en passant sur sa surface un petit morceau de papier bu- vard : si le bain contient de I'alcool, on le garde dans une bouteille fermee. Mise au chassis. — Le chassis doit etre tres-propre, et il ne doit entrer dans sa construction aucune matiere capable de decomposer le nitrate d'argent ; il est prudent de revetir les bords contre lesquels la glace appuie, avec des bandes de papier buvard ; un chassis en bois enduit de vernis a la gonime laque ne tache jamais la plaque. Exposition a la chanibie obscure. — 11 faut dans des essais pr^li- minaires faire varier le temps d'exposition jusqu'a ce qu'on soit arriv^ a connaitre la sensibilite de son collodion ; on commence par un temps tres-court, car tel collodion, qui donnerait de mauvaises images si on exposait pendant 30 secondes, en donne de tres-bonnes en 2 secondes. Developpeinent de t image. — L'acide pyrogallique est unmeil- leur agent que le proto-sulfate de fer j ne mettez pas la glace sur un support; tenez-la a la main ; versez sur elle, de maniere a la couvrir entierement, la solution suivante ; acide pyrogallique , 3 grains COSMOS. 215 (19centig.), acide acetique , un demi-drachme (82 centig.) ; eau, une once (30 s^] ; n'ajoutez de nitrate d'argent que si !e negatif est trop faible et cesse de se d^velopper si vous ne faisiez developper qu'apres un temps assez long, il serait bon de plonger la plaque pour un instant dans le bain d'argent. Le vase qui contient I'acide galli- que doit etre lave a I'eau distill^e apres chaque negatif; il ne faut preparer le bain r^velateur a I'acide pyrogallique que deux jours au plus avant de s'en servir ; sanscela, il perd sa vertu. Le bain de proto-sulfate de fer a eel avantage qu'on peut y faire baigner la pla- que ; il convient en consequence pour les grandes plaques ; on peut le composer comme il suit : proto-sulfate defer, 12drachmes(21 s''J; acide acetique, 2 drachuies et demi (Os^SQ); eau, 250 drachmes {443s''); acide sulfurique, 11 gouttes. Toujours, et surtout pendant qu'on la developpe, la plaque sensible doit etre mise completement a I'abri de toute lumiere. Fixation de I' image. — Employez une solution saturee d'hypo- sulfite de soude ; et lavez ensuite le negatif avec grande abondance d'eau; faites secher, mais non en approchant du feu; protegez la surface par un vernis, le vernis a ambre de M. Diamond, ou le vernis a la gomme (gum dammar) de M. Home.- Transport sur papier de la coiiche de collodion. — Quand I'i- mage est fixee et la couche lavee , avant qu'elle soit seche et avant I'application du vernis, prenez un morceau de papier buvard aussi large que la glace; mouillez-le et posez-le sur la glace, en laissant deborder les angles du verre ; prenez un des coins dela couche, soule- vez-le, retournez-leetcouchez-lesurle papier ; faites la meme opera- tion pour les trois autres angles; enlevez alors le papier avec soin , la couche le suivra, adlierant a lui ; imbibez un cote d'une feuille de papier Canson mince avec de la gomme arabique , ou quelque autre liquide agglutinatif ; placez-Ie milieu de la couche de collodion sur le milieu de papier gommd, en chassant avec soin toutes les bulles d'air ; rabattez sur le papier Canson les angles de la couche de collo- dion replies sur le papier buvard, et pressez de maniere a (aire adhe- rer; soulevez un des coins du papier liuvard pour vous assurer qu'il se separe de la couche, et enlevez-leainsi successivement, graduel- lement sur tous les points. M. le comte de Montizon aime mieux transporter ainsi la couche de collodion que la vernir : cette ope- ration est, dit-il, tres-facile et tres-prompte. Ainsi s'evanouit la principale objection qu'on faisait a I'emploi du collodion, la n^ces- site de porter avec soi une grande quantite de verre. ACA&EIIE DES SCIENCES. SBAVCK nv li AOUT. — -\I. Chevreul offre a rAcadetnie, pour sa bibliotheque, I'ou^ vrage qu'il vient de publier a la librairie de M. Mallet-Bache- lier, sous ce litre : " Da la b,igiiette diinnatoire , du p en dale , dil explorateior et des tables tournatttes ^ au point de I'ue de I histoire , de la critique et de la niethode experlnientah. » C'est un volume in-B" de 258 pages, dedie a la memoire du P: Pierre Lebrun, de la congregation de TOratoire, auteur des Lettres qui decouvrenfc rillusion des philosophes sur la baguette divinatoire et qui detruisent leurs systemes; et de V Histoire cri- tique des pratiques superstitieuses qui ont sdduit les peuples et eiiibarrasse les savants. Hoinmage, dit M. Chevreul, a I'erudit et a I'ecrivain, aussi consciencieux que modcre, qui deinontra, des 1693, que le mouvement de la baguette est independant de la pre- sence de toute substanee malerielle , et qui eut la noble peiisee de soumettre la derniere de ses oeuvres a des theologiens, en ce qui concerne la purete de la foi , et a rAcadeinie des sciences , en ce qui concerne la science propiement dite. Nous reviendrons sur cet interessant ouvrage, dont la meilleure analyse est la lettre de M. Chevreul a M. Ampere , deja inseree dans le Cosmos. Nous condenserons aujourd'hui en quelques lignes Tepilogue auquel le savant auteur a donn^ le titre de Dernieres reflexions : « II est diffi- cile de concevoir que des faits capitaux, reputes vrais durant des siecles, et qui le sont reellement, tombent dans un oubli pro- longe.... Cet argument sufiit a renverser I'opinion qui attribue a la baguette divinatoire une faculte surnatnrelle , celle de decouvrir les choses morales, de faife remonter a la connaissance du passe, de penetrer dans lai connaissance de lavenir. S'il n'y avait pas ea d'illusion de la part de ceux qui croyaient a su puissance, ne serait- il pas inconcevable que les connaissances humaines ne leur dussent aucun de leur progres? Si Ton veut bien se rappeler que plus d'un siecle et demi s'est ecoule depuis- I'epoque oil Ton adiessait a la baguette les memes questions que Ton adresse aujourd'hui aux tables frappantes, les esprits serieux verront que les sciences et la. societe ont peu a) esperer de celles-ci... Je partage completement I'opinion des autorites respectables qui blamaient I'usage de la ba:- guette et la regardaient comme illicite. On ne peut retirer aucun avantage de I'usage de la baguette ,, du pendule et des tables, em- COSMOS. 217 ployes coinme moyen de divination ; et les consequences peuvent en etre plus ou moins facheuses pour les personnes qui s'y livrent de bonne foi, et autrement que pour passer le temps. Si la disposition a croire aux choses merveilleuses et surnaturelles avait pour der- nier terme de favoriser le retour des indifferents ou des incredules a la religion de leurs peres , je concevrais de la part des esprits reli- gieux la pens^e de I'encourager...; mais je ne crois pas que la dis- position dont je parle doive avoir ce r^sultat pour terme dcfinitif, du moins a I'egard du plus grand nonibre de ceux qui s'y laisseront aller , parce que la disposition a croire chez les jeunes gens d^- pourvus d'id^es religieuses , les porte actuellement beaucoup plus vers des ideas qu'ils jugent nouvelles, qu'elle ne les dispose a revenir aux traditions rfligieuses du passe. Or ce sont ces idees , pretendues nouvelles , qu'aucune tradition ne recommande et qu'une foi aveugle adopte sans examen prealable , que je crois dangereuses; et c'est pour en combattre les consequences que j'invoque la raison. " Je crois a la civilisation et, consequemment, a une perfectibilite humaine, non indefinie, mais en rapport avec nosfaculteslimitees... Cette civilisation ne peut etre assuree que par la raison..., par des conversations reflechies. et non passionnees. Tout ce qui tend a soustraire rhomme a I'empire de la raison ne dure pas. La duree n'appartenant, quoi qu'on disc et qu'on fasse, qua ce (]ui est vrai, et consequemment juste, dans I'interet prochain ou eloigne de la so- ciete, evitez I'erreur si vous voulez hater la marche de la civilisation en assurant le progres. Si je dis croyez a ce qui est du domaine de la tradition religieuse , j'ajoute raisonnez avant d'admettre comma vrai ou meme comnie possible ce qui est en dehors de cette tradi- tion. " Tout le raonde applaudira a ces sages et nobles pensees. — jVI. Payen presente la seconde edition de son excellent livre " Des substances alimentaires et des moyens de les ameliorer, de les conserver et d'en reconnaitre les alterations, •• volume in-i2, format de la Bibliolheque des chemins de fer, de 329 pages, pu- blic par la maison Hachette et C'^. Ce qui caracterise et differencie cette seconde edition, c'est un ensemble de nouvelles analyses exe- cutees par MM. Payen et Wood, dans le but de determiner la com- position elementaire de quelques poissons comestibles. Si Ton ran- geait tour a tour les poissons dans I'ordre que leur assigne les pro- portions d'azote, de oarbone, de graisse et d'eau qu'ils renferment, on formerait les quatre tableaux suivants : 1" Azote : niorue salee, 5,02 ; anguillede mer, congre, 3,95 ; raie, 3,85; maquereau, 3,74; carpe, 3,49; brochet, 3,25; .haveng sale, 3,11 ; limande, 2,89; 218 COSMOS. goujon, 2,77; merlan, 2,41 ; sauinon, 2,09; aiiguille^ 2; sole, 1,91 ; hareng frais, 1,83 ; barbillon, 1,57; le chiffre cori'espondant de la viande de boueherio sans os est 3. 2" Carbone : anguille, 33; harengs sales, 23; maquereau, 18,76; hareiig frais, 18; niorue salce, 16; sauraon , 14; goujon, 13; raie , 12,25; carpe, 12, 10; brochet, 11,50; limande, 11; anguille denier, 10: inerlan, 8; sole, 7,25; barbillon , 5; le chiffre correspondant de la viande de boucherie est 11. 3** Graisse : anguille, 23,86; hareng sale, 12,70 ; hareng frais, 7,10 ; maquereau, 6,76; anguille de iner, 5,02; saumon, 4,85; goujon , 2,67 ; limande, 2,05; carpe, 1,09; brochet, 0,60; raie, 0,47; morue salee et merlan , 0,38; sole, 0,25 ; barbillon, 0,21 : viande de boucherie de 2 a 20. Eau : bar- billon , 89,35; sole, 86,14; merlan, 82,95; anguille de mer , 79,91; limande, 79,41; brochet, 77,53; carpe, 76,97; goujon, 76,89; saumon, 75,70; raie, 75,49; hareng frais, 70; maquereau, 68,28; anguille. 62,07; harengs sales, 49; morue salee, 47,02: viande de boucherie , 78. M. Payen donne en outre un tableau des quantitos de dechets, de chair nette, et de matieres minerales dans chacun de ces poissons, tels qu'on les re9oit des marchands : sous ce rapport, les merlans, les limandes, les maquereaux, les brochets., les anguillos de riviere, les carpes, les barbillons laissent plus de dechets que n'en occa- sionnent les os dans la viande de boucherie ; tandis que les congres, les morues, les saumons, les raies, les soles, les harengs, les ablottes et les goujons en laissent moins. II ajoute : " Toutes les matieres grasses extraites de ces poissons ont une couleur brune et rougeatre fonc^e, et une odeur forte. Leurs proportions varient beaucoup entreles limites de 24 centiemes que contient la chair d'anguille de riviere, et 0,21, ou cent fois moins, que contient la chair de bar- billon. La consistance de ces substances grasses difl'ere aussi : 7 sont fluides ; ce sont , en commer9ant par la plus fluide, celle de I'an- guille, du hareng, de I'ablette, du maquereau, du congre, du sau- mon et des goujons ; 3 sont demi-fiuides a la meme temperature de 22", ce sont celles du brochet, de la carpe, de la limande ; 4 sont consistantes : celles de la morue, de la sole, de la raie, du merlan et du barbillon. La proportion considerable de matiere grasse que contient I'anguille est un fait tres-digne d'attention : n'est-il pas remarquable en effet que les deux tiers de la substance fixe de la chair d'un animal soient formers d'une substance grasse, fluide, sans qu'on aper9oive a I'oeil nu aucun tissu adipeux distinct! En voyant la grande variete de composition que pr^sentent les diffe- COSMOS. 219 rents poissons, on comprend mieux les cffets speciaux produits chez certaines personnes qui cprouvent des derangenfients s^rieux lors- qu'elles introduisent la chair de ranguille, par example, dans leurs rations alimentaires, tandis que piusieurs autres poissons ne leur causent aucun embarras. On admettra sans peine qu'eiitre un poisson comine !e barbillon, qui renferme seulement 2 milliemes et demi de matiere grasse consistante, et I'anguille qui contient 232 milliemes, ou 100 fois plus de substance grasse huileuse, la difference d'action sur les organes pent se trouver aussi etre tres-considerable. — M. Faye presente, au nom de M. Guillemin, pi-ofesseur de physique, et M.Emile Burnouf, professeurdephilosophieau iyceede Toulouse, la description et les resultats de longues et belles expe- riences nouvelles sur la vitesse de I'^lectricite dans les fils conduc- teurs. Voici un resume fidele de ce manuscrit. La justice nous fait un devoir de constater que la methode de MM. Guillemin et Burnouf est essentiellement celle de MM. Fizeau et Gounelle : nous reviendrons sur la difference entre les nonibres obtenus. Un interruptciu\ compose de quatre roues de bois fixees sur un meme axe, opere, en glissant sous des ressorts convenablement dis- poses, la charge et la decharge alternatives du fil ^lectrique. Chaque fois que les portions metalliques des deux roues de charge passent sous les ressorts, le fil revolt le courant d'une pde placee a lun de ses bouts ; si dans la rotation de I'appareil , le courant , revenu a la seconde roue, apres avoir parcoiiru le fil, trouve encore la portion metalliijue de cette roue, il traverse I'appareil, devie I'aiguille d'ua galvanometre place au dela, et se rend a la terre, Mais en accele- rant la rotation, on rencontre un moment ou I'^lectricite emploie a parcourir le fil le meme temps que cette portion metallique a passer sous son ressort; a ce moment, le courant, ne traversantplus I'appa- reil, toute deviation de I'aiguille doit cesser. II faut remar quer qu'a chaque instant, le fil se charge d'electricit^; et qu'ensuite, ses deux bouts, demeurant sur les intervalles de bois, il conserverait cette ^lectricite toute prete a agir sur I'aiguille au contact suivant, quelle que fdt la longueur du fil. Les deux autres roues sont de^tinees a dechargerle fil pendant les intervalles des contacts, ce qu'elles rea- lisent en le mettant par ses deux bouts en communication directe avec la terre. Dans une premiere disposition de I'appareil , le temps destin^ a la decharge du fil etait a peu pres le double du temps de la charge. Pour une faible vitesse de rotation, I'aiguille etait fortement device ; 220 COSiMOS. en accelerant, la deviation diminuait; elle atteignait ensuite un mi- nimum; et la rotation s'accelerant toujours, la deviation croissait de nouveau et approchait de_plus en plus de la deviation initiale, sans pouvoir I'atteindre. Ces faits ont etc constaininent les memes pour les deux poles de la pile et pour des piles de nature et de forces tres-diverses ; le miiiiminn a toujours repondu a une meme vitesse de rotation. On devait pre^uIner que ce minimum marquait le moment oil le courant dela pile cessait d'arriver au galvanonietre, et qu'il niesu- rait la vitesse du courant. Deux experiences I'ont prouve , en ex- pliquant la periode croissante et la presence d'un minimum au lieu d'une deviation nulle. 1° On a augment^ le temps de la decharge, et Ton s'est assure qu'elle etait complete, tandis qu'elle ne I'etait pas auparavant. Des lors la periode croissante a cess^ de se pro- duire, et le minimum est denieure constant pour toules les -vitesses superieures de la rotation. 2° On a separe a Foix les deux fils de la ligne telegraphique; leurs bouts, dans cette ville, etaient isoles dans I'air. Or, le courant, alteniativement lance dans le fii supe- rieur et de verse dans la terre, a fait naitre dans le fil inferieur,, en- tiereiuent separe de lui, des ondcs cl induction dont Teffet a cru d'abord avec la vitesse, puis a atteint un maximum correspondant precis^ment au minimum de la premiere experience. Ces deux ex- periences permettent de considerer ce minimum comma le zero cherche, et d'en deduire la vitesse du courant dans le double fil de Toulouse a Foix (longueur totale, 164 kil.) ; cette vitesse est d' en- viron 45 000 lieues par seconde. Une experience tout autre que les precedentes a donnt^ le meme resultat : les deux fils paralleles etant reunis a Foix et n'en formant qu'un seul, on a isole I'une des extremites a Toulouse ; a I'autre on a plac^ la pile, Tajipareil et le galvanometre; les ondes lancees dans le fil a tiavers le multiplicateur, et deversees directement dans la terre , ont produit une deviation croissant d'abord avec la vitesse de rotation, et atteignant un maximum constant, pour la meme vitesse que dans la premiere experience. On se rend compte ais^ment de cette pdriode et de ce maximum, si Ton considere que pour les rota- tions lentes,ronde,qui, a chaque contact, remplit le fil, y reste quel- que temps al'etat statique , et que ce temps, perdu pour I'effet ma- gnetique , est supprime lorsque I'onde va frapper I'extremite du fil, et revient aussitot sur elle-raeaie pour se deverser. En ce moment, la rotation de I'appareil indique exactementla vitesse du courant. Les faits les plus remarquables mis en lumiere par ces experien- COSMOS. 221 ces et par d'autres qui les completent, sont : 1° que la vitesse de transmission de I'onde ^lectrique peut, au inoyen de I'appareil, etre deternniiioe tians tous les cas et pour tous les conducteurs; 2" que cette vitesse est completement independante de I'intensile du cou- rant ; 3" que ladecharge du fil s'opcre beaucoup plus lentement que la charge ; 4" que I'induction existe entre des fils paralleles cloignes I'un de I'autre, quand ils sont assez longs; 5" q^ue I'induction se pro- duit dans ces niemes fils isoles par I'une deleurs extrdmites; 6° en- fin, que la vitesse est la meme dans les circuits formes et dans les fils interrompus. — M. Regnault, qui presidait la seance, prie 1' Academic de I'autoriser a s'accorder a lui-meme la parole, pour lire une suite im- portante de ses recherches sur les forces elastiques des diverses vapeurs a diverses temperatures. C'est I'analyse du memoire de M. Plucker , insi^'ree dans une des dernieres livraisons du Cosmos, et nous nous felicitons grandement de cette bonne fortune, qui de- termine M. Regnault a publier ce resume de ses longues et savantes experiences. II se borne aujourd'hui a I'expose de deux des six pro- blemes qu'il s'etait propose de resoudre : la determination de la temperature d'ebullition sous diverses pressions . determinees : 1° des liquides simples ; 2" des dissolutions salines. Nos notes sont assez completes pour que nous puissions des aujourd'hui decrire les methodes suivies par I'illustrephysicien etenumerer les resultats importants auxquels il est parvenu ; mais comme il a pris I'engage- ment de publier sa lecture dans la prochaine livraison des Comptes rendus, et qu'il s'agit de questions graves et tres-delicates , nous nous faisons un devoir de conscience d'attendre I'apparition de la redaction oflRcielle de M. Regnault. Mais puisque les nombres obtenus par lui ne sont pas connus encore, tandis que quelques-uns de ceux de M. Plucker sont deja donnes, nous publierons le plus important de ceux-ci, pour qu'on puisse etablir immediatement une comparaison grandement int^ressante et utile. La premiere chose qu'ait faite M. Plucker a ete de determiner la tension a 100 degres des vapeurs d'alcool absolu et entierement purgees d'air. L'alcool sur lequel il operait, apres avoir ete distille, avait, a 13", 75, une pesanteur specifique egale a 0,792 ; on I'avait prive d'air par une longue ebullition : le resultat definitif des expe- riences est que la tension de la vapeur entierement privee d'air de l'al- cool absolu a 100 degrees est mesuree par unecolonne de mercure dont la longueur a zero serait 1 691 millimetres 2 dixiemes. M. Plucker affirme, en outre, qu'entre les temperatures gO^/iO et 100", 10, I'ac- 222 COSMOS. croissement de tension de cette uieme vapeur d'alcool est mesur^ par une colonne de mercure egale a 5""", 81. Nous voudrions deja etre a dimanche pour pouvoir comparer a ces nombres ceux obtenus par M. Regnault, d'autant plus qu'ils ont suivi des methodes entiferement diffdrentes. Autant que nous avons pu enjuger, M. Regnault opere sur des quantites considi5ra- bles de liquides, tandis que les appareils si parfaits de M. Geissler permettent a M. Piucker d'operer sur des quantites tres-petites, 2 ou 3 centimetres. — M. Regnault avait dit qu'une des plus grandes difficult^s centre lesquelles il avait eu a lutter, ^taient les modifications mol^- culaires qu'eprouvent la plupart des fluides autres que I'eau, I'al- cool, parexemple, et surtout I'^therjorsqu'on leurfait subir Taction de temperatures ou de pressions elevees et variables ; ils different alors beaucoup de ce qu'ils etaient au commencement des expe- riences, leur temperature d' Ebullition n'est plus la meme, etc., etc. M. Chevreul a pris a cette occasion la parole pour dire qu'il avait constate des modifications tout a fait semblables , surtout lorsque I'ether ou I'alcool etaient longtemps en contact avec I'air; et que c'etaient meme ces modifications quil'avaient empeche, dans ses celebres recherches sur les corps gras, de s'en rapporter aux analyses obtenues en prenant pour dissolvant I'alcool ou Tether. Les chimistes qui Tont suivi ont ete plus hardis que lui, mais peut- etre, par cette raison meme, les resultats auxquels ils sont parvenus ne mcritent-ils pas une confiance absolue. On regardait comme une lacune dans son travail Tabsence de ce genre d'analyse, M. Che- vreul estheureux d'avoir trouve Toccasion d'expliquer les causes de sa reserve. M. Regnault fait observer que, par cela meme qu'elles avaieni lieu au contact de Tair, les modifications constatees par M. Chevreul different essentiellement des siennes, dues simple- ment aux changements de tempi^rature et de pression. — A Toccasion des meteores du 10 aout, M. Coulvier-Gravier, adresse a TAcademie une lettre que nous pub Hero lis. — M. Bernard, de Bordeaux, adresse une rectification suivantea son m^moire sur la determination des indices de refraction. — M. Ste-Claire Deville lit une suite a ses recherches sur Talumi- nium; il fait passer sous les yeux de TAcademie de larges bandes du precieux metal, etdes medailles grand module frappees a la Mon- naie de Paris, qui excitent Tadmiration universelle. Rien en effet de plus etonnant que ces larges pieces metalliques dont le poids se fait a peine sentir a la main, qui ne pesent pas plus qu'une masse COSMOS. 223 ^gale de verre. On voit aussi apparaitre pour la premiere fois, avec une satisfaction grande , sous un eclat metallique qu'on re lui con- naissait pas, une autre substance, le silicium, dont le minerai sura- bonde dans la nature. Encore un pas, un pas de geant, il est vrai, mais un pas que M. Deville saura franchir, et raluminium ainsi que le silicium deviendront des metauxusuels. Nous donnons, pres- qu'en entier, la note lue a I'Academie : « De nouvelles experiences m'ont conduit a ma premiere conclu- sion : I'aluminium dont les argiles les plus communes peuvent con- tenir jusqu'a 25 pour cent de leur poids , est eminemment propre a devenir un metal usuel. Je dois a I'Academie d'avoirpu realiser ces experiences et je lui en temoigne ici ma profonde reconnaissance. Le resultat de mes premieres etudes a et6 confirme entierement depuis que je possede I'aluminium en quantiteun peu considerable. Des medailles d'un grand module que j'ai fait frapper, les lames que je mets sous les yeux de I'Academie n'ont pas eprouve d'alteration a I'air : de petits lingots sont manies chaque jour depuis plusieurs mois sans perdre leur eclat. Enfin, cette matiere est tellement inoxy- dable qu'elle resiste a Taction de I'air dans une moufle chauffee a la temperature des essais d'or. Dans la coupelle le plonib brule, la litharge fond a cote de I'aluminium qui, ne perd rien de ses pro- pri^tes. Si ce metal s'alliait au plomb , il pourrait evidemment se cou- peller. L'aluminium conduit I'electricite huit fois mieux que le fer , par suite , aussi bieu et peut-etre mieux que I'argent. La place qu'il faut donner a I'aluminium parmi les metaux , pour rester fidele aux principes dela classification deM. Thenard, doit I'eloigner du ma- gnesium, du zinc (1) et du manganese a cote desquels il se trouve aujourd'hui. II faut en faire le type d'un groupe tres-naturel , com- pose avec lui du chrome, du fer, du nickel et du cobalt. lis ont un caractere commun auquel j'attache, au point de vue tht'oiique , la plus grande importance ; ils sont inattaquables par I'acide nitrique, (1) On me perniellra de metlre le zinc a rote dii magnesium : d'aborJ, le zinc de- compose sensiblenient lean a 100°; ensuile, malgre I'opinion commune, I'oxyde de zinc pur est irreductibie par I'hydrogene , an milieu duquel il se volatise, en lormant des cadmies artificielles. assemblage de cristaux ou Ton apercoit le pointcment rliom- bo'idi'ique du zinc oxyde. J'ai publie il y a deux ans une nielhode ana^lique, fondee sur celle propriete du zinc, que M. Debray a verifiee dtpiiis par de nombreuses expe- riences failesau laboraloire de I'Kcole Normale ; il a vu en outre que I'oxyde de zinc riisislait al'aclion reductive du gaz des marais , au milieu duquel il se volatilise entie- rement. 224 COSMOS. faible ou concentre , en presence duquel ils eprouvent lapasswite. L'aluminiuni, comma le fer, nes'allie pas au mercure et prend a peine quelques traces de plomb : il donne avec le cuivre des alliages logers, tibs-durs et tres-blancs, memo lorsque le cuivre entre pour 25 pour cent dans la composition du ra(51ange. II est caracteris6 au plus haut point par la facultt5 de former avec le charbon et surtout avec le silicium une fonte grise , grenue et ca?-sante, cristallisable avec la plus grande facilite. Lcs plans de clivage se coupent sous des angles qui paraissent droits. Lorsqu'on attaque cette fonte par I'acide chlorhydrique, I'hydro- gene a odeur infecte y indique la presence du charbon. Mais ce qu'elle contient surtout, c'est du silicium, qui se separe a I'etat de purete, lorsqu'on a prolonge Taction de I'acide chlorhydrique concentre et bouillant. II me parait (Evident que le silicium cxiste dans la fonte d'aluminium au meme ^tat que le carbone dans la fonte grise de fer, etat encore pe\i connu, sur lequel mes recherches relatives a I'alumi- nium me permettront, j'espere, de jeter quelque jour. Ce silicium a I'etat de purete est en lames metalliques, brillantes, entierement semblables a la limaille deplatine et, sous cette forme", il difiere essentiellement du silicium de Berzelius. Je pense que cette nouvelle forme du silicium est au silicium ordinaire ce que le gra- phite est au charbon. Ce corps possede, avec une inalterabilite plus complete, toutes les proprietes chimiques que Berzelius attribue au residu de la combustion inachevce du silicium ordinaire. Ainsi, pour donnerune idee de cette indifference a Taction des reactifs les plus energiques , je dirai que le nouveau silicium a etc chauffe au blanc sans changer de poids (et sans donner d'acide carbonique comme le carbure de silicium) dans un courarit d'oxygene pur, qu'il a r^siste a Taction de I'acide fluorhydrique, et s'est dissous seulement dans une sorte d'eau regale formee avec I'acide fluorhydrique et I'acide nitri- que. Lapotasse fondue le transforme en silice, mais Toperation est tres-longue a se completer. Ce silicium conduit Telectricite comme le graphite. La fonte d'aluminium dont j'extrais le silicium en contient plus de 10 pour cent. 11 parait que pour la production de cette fonte il faut que le silicium soit a Tetat naissant au moment de la combi- naison ; car Taluminium fondii dans un creuset de terre en attaque les parois (1) , met le silicium a nu, mais ne s'y unit pas; le metal (1) Je jni'parc mainleniml iles creuscis infusibles el inallacniahles, avec de I'aliimine calciiiee ixiulue plasliqiic au moyen de raliimine gelalintuse. COSMOS. 225 a conserve toute sa malldabilite et on trouve dans le creuset une poudre chocolat, a peu pres identique au silicium de Berzelius. On verra plus tard que cette fonte est le premier produit qui resulte de Taction de la pile sur le chlorure d' aluminium et sur le chlorure de silicium , qui existent toujours ensemble dans les matieres impures que Ton soumet a la decomposition. Je ne donnerai, dans cette note, que deux modes de preparation de raluminium, les seuls que je connaisse bien et que j'aie souvent pratiques. 1" Procede par h sodium. — On prend un gros tube de verre de 3ou 4 centimetres de diametre, on y introduit 200 ou 300 gram- mes de chlorure d'aluminium, qu'on isole bien entre deux tampons d'amiante. Par une des extremites du tube on fait arriver de Thy- drogene bien purge d'air et sec ( 1). On chauff'e dans ce courant de gaz le chlorure d'aluminium a I'aide de quelques charbons, de ma- niere a chasser I'acide chlorhydrique, le chlorure de silicium et le chlorure de soufre dont il est toujours impregne. On introduit en- suite dans le tube de verre des nacelles aussi grandes que possible, contenant chacune quelqiies grammes de sodium prealablement ecrase entre deux feuilles de papier bien sec. Le tube (^.tant plein d'hydrogene, on fond le sodium, on chaufFe le chlorure d'aluminium qui distille et se decompose avec une vive incandescence que Ton mod^re tres-bien,au point de la rendre nullesi Ton veut.L'operation esttermince quand tout le sodium a disparu et que le chlorure de so- dium forme a absorbe assez d'aluminium pour en etre sature. Alors I'aluminium baigne dans un chlorure double d'aluminium et de so- dium , compose tres-fusible et volatil. On extrait les nacelles du tube de verre , on les introduit dans un gros tube de porcelains muni d'lme allonge et traverse par un courant d'hydrogene sec et exempt d'air. On chauffe au rouge vif. Le chlorure d'aluminium et de sodium distille sans decomposition : on le recueille dans I'allonge et on trouve a la fin de 1' operation, dans chaque nacelle, tout I'alu- minium rassemble en un ou deux gros globules au plus. On les lave dans I'eau, qui enlfeve encore un peu de sel a reaction acide et du silicium brun. Pour faire un seul culot de tous les globules , apres les avoir nettoyes et sech^s, on les introduit dans une capsule de porcelaine, dans laquelle on met comme fondant un peu du produit distille de la pr^cedente operation , c'est-a-dire du chlorure double (1) Pour cela on fait passer le gaz au travers d'une boule reraplie d'eponge et de noir de plaline, et Icgerement chauffee. On !e desseche avecde la cbaux sodce. 226 COSMOS. d'aluniinium et de sodium. La capsule etant chauffee dans une inoufle a la temperature un peu inferieure a la fusion de I'argeiit ou au-dessus , on voit tous les globules se rdunir en un culot brillant , qu'on laisse refroidir et qu'on lave ; il faut maintenir le metal fondu dans un creuset de porcelains couvert, jusqu'a ce que les vapours du chlorure d'aluminium et de sodium, dont le mdtal reste toujours im- pretrne aient entieremenl disparu. On trouve le culot metalliijue en- veloppe d'une pellicule d'alumine provenant de la decomposition partielle du fondant. On con9oit qu'on pourrait remplacer le sodium par sa vapourqui se produit si facilement , et obtenir I'aluminium d'une maniere ^conomique, raeme en employant un reducteur alcalin. Mais je re- viendrai plus tard sur la modification qu"il faut faire a I'apparcil que ie viens de decrire, pour le rendre applicable a ce mode de fabrication. 2° Par la pile. — L' aluminium ni'a paru impossible a produire par la pile dans des liqueurs aqueuses. Je croirais nieine a cette impossibilite d'une maniere absolue , si les experiences brillantes de M. Bunsen sur la production du barium n'ebranlaient ma con- viction. Ci'pendant, je dois dire que tous les precedes qui ont ete publies dans ces derniers temps pour la preparation de I'aluminium ne m'ont donn^ aucun resultat. C'est au moyen du chlorure double d'aluminium et de sodium (AP CI' CI Na) dont j'ai deja parle (1) que j'efTectue cette decom- position. On prepare le bain d'aluminium en prenant 2 parties , en poids, de chlorure d'aluminium et y ajoutant 1 partie de sel marin desse- che et pulverise. On mele le tout dans une capsule de porcelaine chauffee a 200 degres environ. Bientot la combinaison s'efTectue avec degagement de chaleur, on obtient un liquide tres-fluide a 200 degres et fixe a cette temperature. On I'introduitdans un creu- set de porcelaine vernie, que Ton maintient avec quelques charbons a une temperature de 200 degres environ. L'electrode negatif est une lame de platine sur laquelle se depose I'aluminium melange de sel marin, sous forme d'une croiite grisatre. L'electrode positif est cons'itue par un vase poreux parfaitement sec, contenant du chlorure d'aluminium et de sodium fondu, dans lequel plonge un (1) CeUe suljstance inlcres-ante qui represente un spinelle a base de sodium, oil le clilore remiilacc I'oxygene, est le type d'un ^rmd nombie de corps analogiirs, dont je fais I'elude en ce moment, pour les comparer aux mineraux oxydes dont ils ne different que par le cblore qui s'est substituc a I'oxygene. COSiMOS. 227 cylindre de charbon (1) qui amcne I'electricite. C'est la que se por- tent le chlore et un peu de rhlorure d'alumiiiium provenant de la de- composition du sel double. Le chlorure se volatiliserait en pure perte, si on n'ajoulait un peu de sel marin dans le vase poreux. Le chlorure double et fixe se reconstitue et !es fumees cessent. Un petit nombre d'^ldments (deux suffisent a la rigueur) sont necessaires pour decomposer le chlorure double qui ne presente qu'une faible resistance a relectricite. On enleve la plaque de platine quand elle est suffisamment char- g^e de depot mt^tallifere ; on la laisse refroidir, on brule la masse sa- line et Ton introduit de nouveau la lame dans le courant. On prend un creuset de porcelaine qu'on enferme dans un creuset en terre, et on y fond, sans addition, la matiere brute detachee de la lame de platine. Apres refroidissement , on traite par I'eau qui dissout une grande quantite de sel marin , et il reste une poudre metallique grisc, qu'on reuiiit en culot par plusieurs fusions successives , en employant comme fondant le chlorure double d'aluminium et de sodium. Les premieres portions de metal obtenues par ce procede sont presque toujours cassantes. C'est la fonte d'aluminium dont il a ete question tout a I'heure. On peut cependant par la pile avoir un me- tal aus&i beau et aussi pur que par le sodium ; mais il faut employer du chlorure d'aluminium plus pur. Et en effet , dans ce dernier pro- cede, on enleve, au moyen de I'hydrogeue, le silicium, le soufre et meme le fer, qui passe a I'etat de protochlorure fixe a la tempera- ture oil Ton opere, tandis que toutes les impuretes restent dans le liquide que Ton decompose par la pile, et sont enlevees avec les pre- mieres portions de metal reduit. — M. Serres presente au nom de M. Louis Rousseau une double reproduction photographique d'un crane celte trouve a Meudorj, et genereusement offert au iMuseum d'histoire naturellepar M. Dumas, senateur, qui I'a decouvert avec M. Eugene Robert. Ces deux epreuves sont prises 1' une de face, I'autre de cotd; avec deux epreuves stereoscopiques on verrait le crane lui-meme. M. Serres en meme temps rend compte en peu de mots des fouilles faites par lui dans un dolmen ou mieux dans une galerie a sepulture, trouvee dans la foret de Carnel , faisant suite a la foret de I'lsle- Adam. Cette galerie, construite avec pierre et chaux, cachait trois {!) Ce cliaibon se dissout lies-rapidement dans le bain et se reduil en poudre ; de la 1x1 necessile du vase poreux. 228 COSMOS. coinpartiments , renfermant le premier des ossements de femme , le second des ossements d'hommes, le troisieme des cranes melan- ges, tres-vieux, trfes-uses, qni tombaient facilement en poussiere. On retrouve parini les cranes trois types differents, le type celte , le type niongol et le type scandinave. — IM. Dumas presente au nom de M. Vurtz, professeur de chi- mie a la Faculte de m^decine, un grand memoire sur les alcools extraits des eaux-de-vie de pommes de terre et de betteraves , et qui correspondent a la s^rie de I'acide butyrique. M. Dumas est entr6 dans trop peu de details pour que nous puissions analyser auiourd'hui cesimportantes recherches , nous y reviendrons. — M. Guerin Menneville lit une suite a ses rapports sur les rd- sultats obtenus a la magnanerie de Ste-Tulle relativement a raccli- matation eta I'amelioration des vers asoie. — M. Luther adresse les elements de la planete Bellone , cal- cules avec plus d'exactitude sur des observations nouvelles. II nous est echappe une petite erreur dans I'article sur les guanos de M. Derrien, p. 188, ligne 3, a partir du bas. M. Bosquet n'a pas pris part a la const atation faite, dans les betteraves cultiv(?es avec le guano artificiel, d'une plusgrande proportion de sucre. Ce fait incontestable est r6sulte des analyses de MM. Vasse et Bobierre ; ce que M. Bosquet avait reconnu, c'etait la levee meilleure et la ve- getation plus vigoureuse des betteraves semt^es avec le guano. Nous sommes heureux de pouvoir ajouter que I'efficacite et la superiorite des o-uanos artificiels dans la culture de la betterave sont rendues plus evidentes encore par les es-ais faits, cette annee, avec plus de 40 000 kilog. dans les departements du Nord et du Pas-de-Calais, sous les yeux de fabricants eminemment habiles, parmi lesquels nous pouvons citer M. Tiburce Crespel-Delisse et M. Crespel-Pintu. C'est M. le colonel Sykes, qu'on nous a fait appeler Sacc, qui a prete un si noble appui a MM. Schlaginweit. Longtemps promoteur actif et intrepide des recherches poursuivies dans les Indes; auteur de memoires importants sur la geographie physique et la geologic du Deccun; le celebre colonel a merite, par ses brillants etats de ser- vices militaires et scientifiques, de devenir meaibre de la Societe royale deLondres etl'un des directeurs de ia toute-puissante Com- pagnie des Indes. Le frere puine de MM. Schlaginweit s'appelle Robert et non pas Augusta. _^ A. TKAMl'.LAY, prupnetain'-genwt. S IMPRIMERIE DE W. REMQHET ET Cie, RUE GAUANCIERE^ O. T. V. 1 5 AOUT 1854. TROISIEJIE ANNEJJ. COSMOS. NOUVELLES. France. La distribution des prix du Concours general et des colli^ges s'est faite cette ann^e avec una solennite extraordinaire. Dans le discours prononce par M. le Ministre de I'instruction pu» blique a la Sorbonne , nous avons surtout remarque les passages suivants, vivement applaudis : " Les lettres et les sciences, qui se partageaient I'enseignement de I'antique Faculte des arts , ont forme une alliance nouvelle. Ne craignons pas de saluer ces bienfaitrices du monde moderne sous les noms que le moyen age leur avait consacres : le Trii>ium et le Qua- diivium se retrouvent , rajeunis et rapproch^s, dans I'enceinte agrandie de nos colleges. Sous leur forme nouvelle, appropriee aux besoins de notre age, puissent-ils parcourir une carriere aussi longue et aussi glorieuse que celle qu'ils ont fournie d^ja ! « Associees dans les travaux de votre adolescence, toutes les no- bles connaissances qui font I'orgueil de I'esprit humain vont resser- rer aussi leur union dans les amphitheatres oil viendront bientot se feconder les meditations de votre jeunesse. » La tli^ologie, le droit, la medecine, les sciences, les lettres re- noueront leur antique faisceau ; et les Facultes toujours distinctes, mais partout solidaires , recevront la meme impulsion , pour que plane sans cesse au-dessus de toutes les parties de I'enseignement cet esprit superieur qui en est la vie, et qui , dans les applications les plus diverses, fait reparaitre I'unite en meme temps que la gran- deur de I'intelligence humaine. « Ainsi, dans les principaux centres que le g^nie de la France a tour a tour visites aux jours anciens, pourront se ranimer des foyers qui eclaireront les progres de la society nouvelle. Rattachees entre elles, comnie les Facultes memes dont elles se composent, les Aca- demies seront gouvernees par la loi uniforme du pays; des chaires les plus elevees jusqu'aux plus humbles ecoles, la lumiere se repan- dra avec une gradation certaine ; les recteurs, retablis au sonimet de la hierarchie dans la plenitude de leur magistrature, r^pondront 8 230 COSMOS. devant I'Einpereur que la nation pourra compter sur tous les dcve- loppements, sur tout Teclat quelle a droit de demander encore aux sciences, aux lettres et aux arts, » Ces changenients, accomplis sans que la liberte ait rien C(5de a I'autoritd, quireprend ses attributs naturels, achfeveront derendre au corps enseignant sa dignite , sans porter atteinte aux interets d'aucun de ses membres. .. Au milieu de ces soins nouveaux, croyez-lebien, jeuneseleves, notre preoccupation la plus tendre sera toujours pour yous, notre plus douce recompense sera toujours dans vos succes. C'est que vos luttes et vos triomphes ne sont pas seulement I'epreuve infaillible des systcmes d'enseignement : ici on peut interroger surement les destinees de la patrie. « Si dans ces heureuses annt^es oil vos ames s'ouvrent tout entieres aux impressions de la vertu et du savoir, les le9ons , les exemples de vos maitres ont pu developper en vous les principes dune science plus vraie, d'une vie plus pure, d'une culture mieux reglee a la fois par la religion et par la raison, alors nous oserons vrairaent prddire au paysun avenir digne des desseins que I'Empereur a sur vous. " Secondons cette volonte puissante, qui assigne a la France le but le plus eleve quelle se soit jamais propose. Dans ces luttes de la civilisation oil il n'est permis de ramener le passe qua ceux qui sont tout devoues au present, devenons tous des soldats pour com- battre ; conjurons, par un accord genereux des intelligences et des coeurs.'la menace que laissent peser sur nous ceux qui, des gloires dont la France a dte si longtemps enivree ne savent augurer pour I'avenir que la decadence. " — Au lycce Louis-le-Grand, M. Dumas, dans une allocution ou r^clat du style le disputait a I'elevation de la pens^e , a montre les avantages du nouveau plan d'etudes et cel^bre I'union des lettres et des sciCTces. 11 a ete spirituel en defendant la double cause des sciences, trop dedaignees par les litterateurs exclusifs , et des let- tres, injustementm^priseesparlesutilitaires; il a ete eloquent en d^crivant I'avenir ouvert a I'esprit humain par I'alliance intime des sciences et de la litterature, et I'auditoire qui se pressait dans la vaste salle des concerts de Louis-le-Grand a accueilli cette belle allocution par de vifs et unaiiimes applaudissements. — M. Pepin, chef des cultures au Jardin-des-Plantes de Paris, a fait derniferement, sur le changement de coloration qu'eprouvent les fleurs par la culture, des remarques tr^s-curieuses dont voici le re- sum^ : Les plantes cultivdes et annuelles offrent plus promptement COSMOS. 231 des changements de nuances que les especes vivaces, car chaque annee on les renouvelle par la voie des semis. Ce phunomene se rencontre neanmoins aussi parmiles especes bisannuelles ou vivaces, et meme, inais tres-rarement, parmi les especes ligneuses. Les types des plantes annuelles du Chili, du Texas et de la Ca- lifornie ont beaucoup de tendance a produire des varietes a fleurs blanches, surtout quand elles rentrent dans I'une ou 1 'autre des trois couleurs ])rimitives, rouge, jaune et bleue. 11 en est de meme pour beaucoup d'autres especes introduites dans les cultures fran9aises. Ainsi les clarkia palchella et elegans qui ont leurs fleurs rose violace, ont produit des fleurs blanches et rose clair ; les gilia bleu et tricolor, les leptosiphon a fleurs roses ont donne des varietes d'un blanc pur. Enfin, on voit encore auiour- d'hui au Museum des fleurs de Tropoelum (caapuine) d'un jaune presque blanc, et cette espece s'est tellement modjfiee depuis quel- ques annees, qu'il est rare de rencontrer I'ancien type. M. Pepin trouve ces transformations tres-remarquables en ce sens que ce sont les varietes a couleur blanche surtout qui se mon- trent les premieres; les panachures n'arrivent qu'ensuite. — Angleterre. L'asseinl)loe semestrielle des proprietaires de la compagnie du telegrupheelectrique, a Lothbury, s'est tenue recem- ment a Londres. Depuis la derniere reunion, il a ete pose des fils sur tieize chemins de fer differents , et Ton compte maintenant 3 869 milles de nouveaux fils. Le dividende du semestre a ete de- clare etre de 7 0/0 par an, et une resolution a ete adoptee, assi- gnant aux directeurs une allocation de 2 300 livres sterling par an. — M. John Brett revient en Angleterre apres avoir glorieusement rempli la mission qui lui avait ete confide de ddposer au sein de la Mediterrannee les deux enormes cables qui unissent, a I'heure qu'il est, le Piemont a la Corse, la Corse a la Sardaigne : ce dernier cable avait 135 milles, 45 lieues de longueur. Le troisieme anneau de cette merveilleuse chaine, qui partant de la Sardaigne doit se rat- tacher a la terre d'Afrique, est entierement fabrique, et si I'un des deux gouvernements de la France ou de I'Angleterre pouvait mettre A la disposition de la compagnie un bateau a vapeur d'un tonnao-e suffisant, la pose de ce troisieme cable pourrait se faire avant la mau- vaise saison. — Le rapport de la commission anglaise des chemins de fer des royaumes unis constate que la longueur des nouvelles lignes con- c^dees par les chambres en 1853 est de 940 milles, 1 505 kilome- tres ; 947 kilom. en Angleterre ; 128 en Ecosse et 430 en Irlande. 232 cos;\ios. La longueur totale des lignes ouvertes a la fin de 1853 (5tait de 12 008 kilometres, ou deplus de 3 000 lieues ; dont 9 409 kilom. en Angleterre, 1 600 en Ecosse , 1 359 en Irlande. Sur ces lignes 11 144 kilomfetres sont a petite voie iriandaise de 5 pieds 1[4; 991 kilometres sont a large voie; 158 kilometres a voie rnelang^e. La longueur des lignes a voie unique est de 2 748 kilometres : 1826 kilometres en Angleterre, 212 en Ecosse et 710 en Irlande. La lorgueur des lignes en cours de construction au 30 juin 1853 etait del 097 kilometres; le nombre des ouvriers employes etait de 37 764 ; 12 000 kilometres ont ^te ouverts au trafic ; et le service a occupe 80 409 employes. Le nombre des passagers a 6te en 1852, 89 135 727 ; en 1853 , 102 286 660. Les recettes de toutes prove- nances ont depasse en 1852, 392 millions, en 1853, 450 millions. La plus grande partie des recettes provient des wagons de troi- sieme classe •, c'est un resultat consolant ; une locomotion croissante suppose un accroissement de bien-etre ; et maintenant que les com- pagnies savent que leurs plus beaux bc^nefices proviennent des clas- ses pauvres, elles s'empresseront sans doute de donner au peuple des facilites nouvelles de deplacement, et d'ameliorer la condition des wagons qui lui sont destines. — Nos voeux ont ete exauces ; dans le programme de cette se- maine, labrillante experience dunouveau feu gregeoisde MM. Picot et Niepce de Saint-Victor figure dans le programme des soirees de rinstitution polytechnique ; et M. Pepper a donne ordre a M. Du- boscq de lui expedier la larripe electrique brulant au sein des eaux les plus profondes, pour eclairer I'interieur du grand bassin. Itatje. — Le R. P. Secchi ecrivait il y a quelques semaines a M. Quetelet une lettre pleine d'interet dont nous extrayons le pas- sage suivant : " J'ai appris avec plaisir que votre observatoire est en communi- cation avec celui de Greenwich. J'avais obtenu quele notre fiit mis en rapport avec la ligne telegraphique de Naples, et , I'automne passe, i'etais alle dans cette ville pour organiser la communication entre les deux observatoires ; j'en etais parti avec de grandes espe- rances. mais jusqu'ici, rien n'a etf5 fait de ce cote. II parait que Ton n'a pas encore decide qui doit faire la ddpense des fils de jonction entre les stations et les observatoires. II ne faut cependant pas deses- perer. " Mon projet, outre la determination de la longitude, ^tait encore I'etude des etoiles filantes, que les astronomes ne devraient pas n^- c'liger autant qu'ils le font. Comme je ne puis realiser moi-meme ce COSMOS. n$ projetpour le present, je desire vous le communiquer. Au moyen du telegraphe electrique , une etoile filante observee en un lieu peut etre imm^diatement sigiialce en un autre; et Ton peut ainsi arriver a constater deux choses : 1" si I'^toile est apparue aux deux places au meme instant (je crois qu'on trouvera des temps assez dif- ferents) ; et 2° si elle s'est montree au meme point du ciel. On doit marquer la place avec soin lorsque Ton est sur que la meme etoile a ete observee dans les deux localites. Avec la connaissance de ces deux elements, je crois que Ton pourra resoudre plusieurs doutes qui restent sur ce sujet. On a admis la slmultaneiie de I'apparition d'une meme etoile filante dans difFerents lieux, mais on ne I'a par demontr^e directement ; les observations faites autrefois entre Rome et Naples me font soup9onner que cela n'estpas toujours vrai. .» — Un savant dont le nom rempliraune noble place dans I'histoire de la physique, M. Macedonio Melloni, correspondant de I'Acade- mie des sciences, est mort le 11 aoiit, a Portici, dans sa53''' annee, a la suite d'une violente attaque de cholera. Belgique. — Les adversaires de ia propriete intellectuelle vien- nent d'eprouver successivement deux echecs considerables en Bel- gique, par I'abolition de la contrefagon littoraire et la nouvelle loi des brevets, sans qu'aucune des perturbations qu'ils predisaient se soit fait sentir. Les 52 000 ouvriers (lisez 500) qui vivaient de la reimpression beige n'ont pas ete jetes sur le pave. La production in- dustrielle, qui devait s'arreter net quand on ne pourrait plus four- rager le doraaine de Tinvention, n'eprouve pas la moindre inter- ruption. Seuleraent, les 16 850 brevets pris a I'etranger pendant I'annee derniere refluent vers la Belgique ; le tresor en profile pendant que I'industrie s'apprete a les exploiter plus loyalement. C'est pour favoriser la rencontre du capital et du talent qu'il vient de se fonder, par les conseils et sous les auspices du promo- teur de la loi nouvelle, M. Jobard, une Societe generale pour la re- daction, la prise, l^echaiige et la defense des brevets. Quiconque aura I'intention de placer des fonds dans une Industrie nouvelle, a I'abri de la libre depredation, n'aura qu'a parcourir la liste des brevets a placer, ouverte dans les bureaux de cette Societe. La rencontre de I'offre et la demande en cette matiere continue- raita rester impossible autrement. Cette idee ne peut manquer d'ob- tenir a la fois I'approbation des inventeurs et celle des capitalistes. — On nous communique une observation capable de rallier la presse entiere aux interets des inventeurs. En ettet, ia source inta- 234 COSMOS. rissable des annonces qui font la propri^te des journaux anglais ^mane presque exclusivement de la loi des patentes ou registra- tions dans ce pays, c'est-a-dire de la securite de ce que les indus- triels anglais appellent des monopoles sans y attacher le meme sens que nous. Tout individu qui exploits une patents ou un monopole exclusif lie peut en tirer parti qu'en faisant connaitre, le plus vite et le plus gen^ralement possible par des annonces, le produit qu'il confec- tionne. Des sommes considerables sont consacrees a la divulgation ; telle petite branche de commerce insignifiante parmi nous, le cirage, par exemple, applique jusqu'a 500 000 fr. d'annonces par an a la pu- blicite, et fait la fortune des entrepreneurs et celle des journaux sans nuire au public. Les journaux des pays sans brevets n'ont pas d'annonces, les pays oil les brevets sont mal proteges leur fournissent tres-peu d'annonces, parce qu'il faut que I'annonceur puisse se dire : Tout avis qui porte rapporte a moi qui paye et non a mes concurrents. Ces renseignements devraient suffire pour engager tous les jour- naux fran^ais a eclairer 1' opinion sur la question de la propriete in- dustrielle, et a reclamer une loi reellement protectrice de I'invention, de quelque nature quelle soit. Si, aux traites conclus pour I'abolition de la r^impression sans droit a I'etranger des ceuvres litt^raires et scientifiques, on avait ajoute le mot industrielles, le droit europeen serait complet et les anciens droits d'aubaine seraient entierement d^truits. On assure que ce grand oeuvre ne tardera pas a s'accomplir, pour peu que la presse y mette de bon vouloir , en songeant a ses int^rets propres, qui se rattachent cette fois a la prosperite ge- nerals. Nous nous rendons bien volontiers a I'invitation suivante de ]VI. Deleuil : .. Nous vous serions obliges si vous vouliez, a la nouvelle lampe electrique de notre clier confrere M. Duboscq, laquelle est indiqu^e dans votre 7-^ livraison du Cosmos, ajouter notre appareil regula- teur de la lumiere electrique, pour lequel nous avons obtenu un bre- vet, en 1849 , et qui fonctionne depuis quatre ans, dans les belles soirees d'ete, a I'etablissement des bains Henri IV; cet appareil, place a une hauteur de 10 metres au-dessus de la surface de I'eau, permet de voir le nageur a 4 et 5 metres de profondeur, et d'en sui- vre tous les mouvements. » AGRICULTURE. M. Vincent, secretaire de la chambre consultative d'agriculture de I'arrondissement de Marvejols , affirme avec raison , que I'en- graissement prdcoce doit etre encourage et protege d'une maniere toute speciale, mais qu'il doit I'etre avec discernement et sans exclusion ; que s'il est bon de recompenser le z^e des eleveurs qui s'etforcent de propager en France, cette pr^cieuse race de Durham, I'une de nos plus riches conquetes, il importe aussi qu'une partie des sacrifices que I'Etat s'iinpose, et qui sera de beaucoup la plus fructueuse, serve a I'amelioration de celles de nos races indigenes, qui tenant de leur rusticite le merite de prosperer sous tous les climats et de vivre de tous les regimes, possedent aussi une grande aptitude a cet engraissement precoce, tout en demeurant dans de meilleures conditions d'economie , et peuvent encore , la oil les besoins de I'agriculture I'exigent, lui fournir de robustes et sobres travailleurs. M. Jamet, au contraire , trouverait mauvais qu'on cherchat a donner plus d'aptitude a prendre la graisse aux veritables animaux de trait, car ce serait leur oter une partie de I'energie qui en fait d'excellents travailleurs , sans leur donner entierement la quality des veritables betes de boucherie. II y a, dit-il, economie de fourrage , en etnployant des betes bovines de race et de nature differentes pour la production de la viande et du travail. C'est une folie de vouloir faireTun et I'autre avec les memes animaux. Le boeuf bien conform^ pour le travail produira necessairement peu de viande et de graisse en consommant beaucoup de nourriture; un bceuf parfaitement conforme pour la boucherie perdra beaucoup de son poids en faisant un mauvais travail. Si nous devious formuler notre jugement dans cette discussion , nous nous prononcerions en faveur deM. Vincent. — De recherches ^clairees sur la consommation du fer par I'agri- culture , M. Auguste Jourdier tire les conclusions suivantes : « En resume, nous croyons avoir otabli suffisamment que la culture proprement dite consomme beaucoup plus de fer qu'on nele pense generalement (316 889 850 kilogrammes au moins) , et que par consequent elle est int^ressee a un tres-haut point , non-seulement a la suppression partielle des droits sur les fers, mais bien a une abo- lition a peu pres pure et simple. Ce serait pour elle un degrevement d'au moins 40 pour 100 de ses impots, et ce degrevement couterait a peine au tr^sor 2 a 3 millions. Par cette abolition , la consommation deviendrait beaucoup plus grande, et I'agriculture ferait d'immenses progres, parce quelle 236 COSMOS. pourrait alors importer les instruments perfectionnes. Un cultivateur a voulu demiorementse servir en France d'uu rouleau perfectionne, fabrique en Belgique, d'aprfes les modeles de M. Claes de Lan)baeck. II I'a achete dans le pays 160 fr. ; et il a ^te oblige de payer a la douane 190 fr. de droit ; sans compter les dif!icult<^s et les ennuis qu'il a du subir pour pouvoir, meme en payant, devenir possesseur dcfinitif du susdit mstrum.ent. Le cultivateur dont il vient d'etre question est M. Hette, directeur de la Compagnie agricole et su- criere de Bresles. M. Jourdier ne va-t-il pas trop loinl — L'igname, plants de la famille des dioscorees, est anniaeWepar ses tiges, elle est vivace par ses racines, ou mieux par ses rhizomes, tres-feculents et legerement laiteux, veritables tiges souterraines , qui au lieu de s'elever ou de ramper a la surface du sol, s'y enfoncent perpendiculairement, a la profondear d'un metre et quelquefois davantage. Les tiges proprement dites acquierent de un a deux metres de longueur; elles sont cylindriques , de la grosseur d'une forte plume a ecrire, voluhiles de droite a gauche , de couleur vio- lette, et parsemees de petites taches blanchatres. Quand on les abandonne a elles-memes, elles s'etalent sur la terre et s'y enraci- nentavecune extreme facilite. Les rhizomes peuvent etre compares a des massues, leur volume, dans saplus grande epaisseur, est a peu pres celui du poignet ; il diminue insensiblement vers la partie sup^- rieure, au point de n'avoir plus que la grosseur du doigt. Par la cuisson le tissu parenchymateux gorge de fecule s'attendrit et s'asseche comme le tubercule de la pomme de terre dont il a tout a fait le goijt. Une meme plante peut donner naissance a plusieurs rhizomes, dont le poids, ordinairement de 300 a 400 grammes, atteint quelquefois un kilogramme. Le mode de culture de l'igname consiste en general a faire vers le commencement d'avril, dans un terrain sablonneux, des fosses de 60 centimetres de large et de 3 metres de long. On remplit les fosses d'un compost de parties egales de terre et de fumier d'etable, on coupe les rhizomes couverts de radicelles, par morceaux de 10 centimetres environ, en les imbri- quant les uns sur les autres comme les tuiles d'un toit, on les re- couvre par 15 centimetres du meme compost; si le temps est sec, on arrose moderement; on soutient plus tard les tiges pouss^es avec des tuteurs. Au mois d'octobre, on retire les grosses tetes des racines pour les serrer dans une cave. On peut proc^der aussi par semis dans les memes fosses. Apres un an, les racines peuvent servir a 1 'alimen- tation. Ces details sont extraits d'un article ins^rd dans la Revue COSMOS. 237 horticole, par M. Decaisne, a I'occasion des ignames importes de Chine par M. de Montigny. Le savant professeur et M. Barral re- grettent vivement que la Societe generale et centrale d'agriculture II ait pas cru devoir encourager, par la fondation d'un prix, les es- sais de culture de cette plante si utile. II y a plusdedixans qu'un excellent homme, M. Rey de Morande, a conjure a grands oris les Soci^tcs savantes et des proprietaires de le mettre a inenie de faire en grand des essais de culture de rigname. Nous avons souvent plaidesa cause, sans la gagner, helas! M. Decaisne sera sans doute plus heureux. — On a fait recemment sur les terres de S. A, I'archiduc Albert d'Autriche I'essai d'une becheuse a vapeur. En sept minutes, elle a beche 148 pieds carres ; ce qui ferait 1 188 pieds carres par heure; la quality du travail a ete jugee suffisante. On desirait ce- pendant que la chaudiere fiit plus puissante, et que la herse ajoutee a la becheuse divisat mieux les iiiottes. Tout fait esperer qu'avec quelques perfectionnements, le travail de cette machine depassera celui de la charrue et de la beche, et rendra de grands services a ragriculture. Une fois en marche, la machine tourne sur elle-meme et continue jusqu'ace que tout le champ soit laboure.Presqueaucun des journaux fran9ais qui ont repete cette nouvelle, n'a cru de son devoir de rappeler les experiences beaucoup plus importantes faites avec la charrue adefrichements, ou piocheuse a vapeur de MM. Bar^ rat freres, que les inventeurs font reconstruire sur un nouveau plan, et qui, nous I'esperons, fonctionnera bientot avec un succescomplet. — Cinq des yaks ou boeufs a laine du Thibet, ramenes par M. de Montigny, consul en Chine, et deposes depuis le mois d'avril a la menagerie du Jardin-des-Plantes, avaient ^te donnes par le gouver- nement a la Societe zoologique d'acclimatation. Cescinq yaks vien- nent d'etre conduits au chemin de fer de Lyon par leurs gardiens chniois, et ils sont partis pour Dijon et Chalon-sur-Saone, d'ou ils gagneront, les uns les montagnes du Doubs, les autres celles du Jura. Ils doiventy etre places dans les etablis^seinents agricoles de MM. Cuenotet Jobert, menibres de la Societe d'acclimatation. D'autres essais de naturalisation auront lieu parallelement en Auvergne et sur un point des Alpes, par suite de mesures prises par M. le Ministre de I'instruction publique. Trois individus resteiont a la menagerie de Paris. — M. Auguste de Gasparin transmet au Journal d'agriculture pratique la bonne nouvelle suivante : .. M.Courniervient d'executer une moissonneuse qui ne laisse absolument rien a desirer. Cet ins- 238 COSMOS. trument, a la construction duqiiel TAni^rique et rAngleterre ont employe leurs plus habiles constructcurs, vient de sortir parfait des mains d'un de nos humbles compatriotes. Nous ravions vu en septembre dernier au concours de Valence ; mais n'ayant pas pu le faire fonctionner, nous en apprcciames imparfaitement la portee. Frappe cependant de I'importance de cet instrument, que la greve des moissonneurs dans Fextreme IMidi rcndait presque indispen- sable, jemesuis transports a Saint-Marcelin, sur lesbordsde I'lsere, et la j'ai joui du spectacle le plus ravissant pour un ami du progres agricole. En deux lieures et un quart, la moissonneuse de M. Cournier put faucher un hectare de ble avec un seul cheval et trois servants; ellene laisse pas un epi sur le champ ; elle reunit les tiges en gei'bes qu'elle abandonne sur le sol et qui n'ont plus qu'a etre liees. Avec un cheval de relais, on moissonnerait cinq hectares par jour : c'est le travail de dix faucheurs et d'une multitude de moissonneurs a la faucille. L'organe essentiel de la machine est un systeme de sicca- teurs; I'essieu transmet le mouvement; le cheval est la force ; un rateau, ingenieusement agence, rSunit les tiges ; un adolescent, assis sur un tabouret et emporte par la machine, determine le mouvement qui precipite la gerbe. » — M. le comte de Gasparin ecrit de Lauzanne a M. Barral, ii I'occasion des ravages exerces par la maladie des pommes de terre : « Je ne sache pas de procdde plus efficace pour propager le ciyp- togamme a semences fines et legeres, que de recueilhr les tiges avec soin, comme on le fait presque partout, de les meler aux fumiers, et de se servir de cet engrais pour fumer les recoltes suivantes... Permettez-moi de me servir de la voie de votre journal pour con- seiller aux agriculteurs de briiler sur le terrain les tiges et les moin- dres debris de pommes de terre malades, et de dt^truire ainsi, sinon la maladie, du moins un nombre infini de germes reproducteurs. Sans reprSsenter tons les elements de fertilite contenus dans les tiges, leurs cendres, repandues sur le sol , lui rendraient au moins leurs alcalis et leurs principes fixes. " On remarquera que I'un des prin- cipaux moyens de guerison conseillS par M. Armand Bazin est celui- ci : II faut briller les tiges, parce que, dit-il, le puceron de la pomme de terre pond sans aucun doute des oeufs qui y restent tout I'hiver. Aux sSminules des bothrytis M. Bazin substitue les oeufs des pucerons, ce qui est plus raisonnable et plus vrai, ce que tout le monde admettra avant peu ; I'eflGcacite du moyen prSservatif n'en est que plus 6vidente. PHOTOGRAPHIE EN ANGLETERRE. — M. Hockin , chimiste , 289 Strand , prepare un collodion qui jouit a Londres d'une tres-grande reputation ; d'une reputation au moins ^gale a celle du xilo-iodure d'argent , de M. Richard Thomas. M. Hockin garde le secret du nouvel iodurage auquel son collodion doit sa sensibilite , et la propriete de produire des n^gatifs excel- lents , tout a fait stables , avec degradation parfaite de teintes et des demi-tons d'une delicatesse extreme. Pour assurer le succes de ses clients, il a publie une methode fort courte, dontil reclame im- pdrieusement I'ob.servation exacte. Nous la publierons dans ce quelle a d'essentiel , aussitot que nos lecteurs pourront se procurer, chez M. Delahaye , le collodion de M. Hockin. — L'Institut photographique et I'exposition permanente de M. de la Mothe meritent d'etre visites par les amateurs. On y trouve en grand nombre de tres-belles ^preuves de MM. Petley, Shaw, Roberts, le Gray, Baldus, Marville, etc. Nous avons sur- tout admire un tour de force de M. Cundall. Un comite de la Chambre des Communes deliberait sur la concession d'un embran- chement de chemin de fer; il manquait des donnees necessaires pour apprecier I'importance de certaines expropriations; I'ingd- nieur appelle M. Cundall et lui donne la mission de prendre, sur une echelle donn^e , des vues photographiques des edifices a expro- prier. Celui-ci monte en chaise de poste , descend a chaque station indiquee, croque ses ndgatifs, les developpe en voiture en passant d'une station a I'autre, tire les positifs dans le trajet qui le ramene a Londres, et les porte incontinent a I'ingenieur qui les soumet le soir au comite. Ce n'est qu'au Palais decristal, dont il est le photographe atti- tr^, que nous avons pu rencontrer M. de la Mothe, dont le nom est tout fran^ais , mais qui n'entend pas un mot de notre langue. II a achete fort cher , dit-on , le privilege exclusif des reproductions photographiques du magnifique Palais etde tout ce qu'il renferme; il s'est reserve de faire par lui-meme et ses aides les epreuves sur papier ; M. William est charge des reproductions sur plaques. Ce monopole a bien quelque chose d'attristant , mais force est de le subir ; et Ton pardonne sans peine a une compagnie qui a d^pens^ d^japlus de 25 millions, de prendre tous les moyens possibles pour rentrer dans ses debourses et assurer I'existence de sa gigantesque creation. Les photographies dupalais, signees du nom de M. de la Mothe,'^ opdrateur ^minemment habile , se vendent en consequence 2^0 COSMOS. fort cher, a des prix qui effraient les oreilles et les bourses fran^ai- ses; dies no s'eii (^couleront pas moins en nonibre enorme. Le jour de rinauguration, S. M. lareine restaquelques instants deboutsurle trone dresse pour elle au centre du grand^transsept, sous un dais magni - fiquo; elle etait entouree de niilliers de personnes en grande toilette; MM. de la Mothe et William ont profite de cet instant pour fixer sur verre collodion^ et sur plaque cette assemblee si imposante; les (^preuves sont tres- belles; on y voit condensers des centaines de portraits vivants, mais Teffet, et on le comprend, n'est pas tres- agroable : I'oeil est fatigue d'une si effrayante vari^t^ de tetes mi- croscopiques. N'importe, c'est un magnifique triomphe romporte par la photographie, etce triomphe confond ['imagination. Nousf^li- citons M. de la Mothe de sa royaute photographique de Sydenham. — Nous avons vu chez M. Knight un nouveau stereoscope bre- vete, qu'a la demande de I'inventeur, M. Duboscq s'empressera de construire ; il est tres-ingenieux , tres-simple, et perinet de faire superj)oser des images plaque entifere, ce qu'on ne faisait facilement qu'avec le stereoscope a r('^flexion de M. Wheatstone , beaucoup moins portatif, ou le stereoscope a reflexion totale. M. Knight prend une lentille spherique de grand diametre et la coupe en deux suivant un de ses diametres, il taille parallelement a ce diametre les bords exterieurs des deux moiti^s, il les r^unit, interverties, par les bords tailles et les enchasse dans une monture rectangulaire. Les deux demi-lentilles adaptees ordinairement a des tubes ocu- laires separes, sont done ici simplement assocides et contigues; elles forment une espece de bi-prisme plus mince au centre, plus epais sur les bords; on regarde simplement, avec I'appareil tenu a la main, les deux images stereoscopiques ou binoculaires suspendues a ane certaine distance. — Hatons-nous de dire que nous avons vu chez M. Wheatstone, entre autres nouveautes ingenieuses que nous decrirons avec bonheur, et dont I'cxhibition a exige plufeieurs heures, un stereoscope par re- flexion dans lequel degrandes vues, prises par M. Roger Fenton, le zele et si habile secretaire de la Societe photographique, produi- saient un effet qu'il est impossible de rcndre : nous ravouons fran- chement, nous n'avions encore rien vu de pareil ; avec le stereoscope par refraction , on n'a pas atteint ce beau id^al. Nous feiicitons M. Charles Chevalier d'avoir reproduit un appareil de ce genre qui lui fut montrc I'annde derniere par un ami de iM. Wheatstone; et nous esperons que M. Duboscq, qui s'est laisse devancer dans cette COSMOS, 24C circonstance, se hatera de prendre sa revanche en construisant le modele plus recent encore que nous avons tant admir^. Nous avons eu tort mille fois d'accorder a notre illustre ami, sir David Brewster. I'invention du stereoscope par refraction, M. Wheatstone, en effet, a mis entre nos mains une lettre datee, le croirait-on, du 27 septembre 1838, dans laquelle nous avons lu ces mots, ecrits par I'lUustre savant ecossais : >• / have also staled that you promised to order for me your stereoscope, both with re- flectors and PRisMS. — J'ai aussi dit (a lord Ross) que vans aviez promts de commander pour nioi votre stereoscope^ celui avec re- Jlecteurs et celui ai^ec prismes. Le stereoscope par refraction est done, aussi bien que le stereoscope par reflexion, le stereoscope de M. Wheatstone, qui I'avait iiivente en 1838 et le faisait construire a cette epoque pour sir David Brewster lui-meme. Ce que sir David a imagine, et c'est une idee tres-ingenieuse, dont RI. Wheatstone ne lui disputa jamais la gloire, c'est de former les deux prismes du stereoscope par refraciion avec les deux moities d'une meme lentille. La justice nous faisait un devoir de retablir une derniere fois la ve- rite des fails. — Nous regrettons de n'avoir pas pu visiter en detail les ateliers de M. Ross, de n'avoir pas admire de plus pres ses tetes de daguer- reotype : c'est de lui que le jury de I'exposition universelle a dit: « M. Rossconstruit des lentilles pour portraits et paysages, dont les images sont les plus intenses qu'on ait encore obtenues. II arrive a ce resultat par la coincidence exacte des foyers des rayons opti- ques, chimiques et actiniques. L'aberration de sphericite est aussi corrigee avec le plus grand soin, pour les pinceaux obliques comme pour les pinceaux paralleles a I'axe principal. II a construit la meil- leure chambre obscure de I'exposition , avec une double lentille achromatique de trois pouces d'ouverture. La il n'y a pas de temps d'arret, le champ est tout a fait uni , I'image absolument parfaite, JQsque sur les bords. - Mais nous sommes entre en relation avec M. Ross; il nous tiendra au courant de ses travaux, nous le rever- rons a Londres; nous le trouverons a I'exposition universelle de^ 1855; il fera sans doute partie du jury anglais. — M. Thomas Wood a fait une application entierement nou- velle de la photographie; il s'en est servi pour mettre en evidence la nature probable du corps du soleil. Le corps du soleil est-il solide ou gazeux, ou tous les deux a la fois? Les astronomes ne sont pas d'accord sur ce point. Les apparences particulieres des taches , et les changements qu'elles subissent , tendent a faire admettre que 242 COSMOS. quel que puisse etre en lui-meme le globe du soleil, il est certaine- ment entouri^ d'une enveloppe gazeuse; et le fait ddcouvert par M. Arago, que la lumiere directe du soleil n'est pas polaris^e, tend a prouver que cette enveloppe est une flamme. Voici par quelles experiences, M. Wood croit pouvoir confirmer cette opinion, au- jourd'hui le plus g(5neralement admise. II a pris dans la chambre obscure et sur une meine plaque photographique, qu'il faisait avan- cer successivement , une serie de huit images du soleil, obtenues, la premiere par une exposition presque instantande , la seconde par une exposition un peu j)lus longue, et aiiisi de suite. En examinant ensuite attentivement ces images, il a vu 1° qu'elles differaient nota- blement'de grandeur , et que leur diametre allait constamment en augmentant jusqu'a une certaine limite, a mesure que le temps de I'exposition etait plus long; 2" que le centre de chaque image 6tait beaucoup plus iinpressionne que les bords. Ce dernier fait, d^ja connu, prouve simplement que la lumi»5re de la portion centrale du soleil est plus intense ou plus energique que la lumifere des bords. Mais que signifie I'accroissement du diametre de I'image? M. Wood a pris dans la chambre obscure des images successives de la flamme d'une chandelle et d'un bee a gaz, et il a constats que, comme pour le soleil, les dimensions des images croissent comme le temps de I'exposition. II a oper6 de la meme maniere sur la lumifere Drummond, c'est-a-dire, sur un morceau de cliaux rendu incandescent par un jet enflamme d'oxygene et d'hydrogene, et il a vu, cette fois, qu'au contraire le diametre de I'image restait sensiblement le meme par des temps d' exposition tres-diff^rents ; sauf, toutefois, une legere aureole due a I'atmosphere gazeuse qui entoure la chaux. La lumiere du soleil agit done , non pas comme la lumiere des corps solides, mais comme la lumiere des corps gazeux ; il est done probable que sa surface est une enveloppe gazeuse. Nous donnons I'analogie de M. Wood pour ce quelle vaut , en profitant de cette occasion pour annoncer la prochaine apparition d'un Memoire de M. Chacornac, qui resoudra d'une maniere presque complete tous les problemes relatifs a la constitution de la surface du soleil. Des observations suivies et faites dans des conditions toutes nouvelles lui ont prouve jusqu'a 1' evidence , que les ph^no- menes des taches des p6nombres, des facules, etc. etc., avaientlieu au sein d'une atmosphere gazeuse. P. S. Depuis notre retour, nous n'avons pas encore dit un mot de la photographie en France , et si Ton nous demande la raison de COSMOS. 243 notre silence , nous dirons trfes-franchement qu'il a pour cause un sentiment invincible de repugnance. Les photographes fran9ais sont dans un ^tat d'agitation et d'exaltation vraiinent incroyable. Ce ne sont partout que des reclamations a perte de vue, des discussions interminables, des critiques oiseuses, etc. , etc. ; et au milieu de tout ce bruit, pas un progres reel, pas une decouverte de quelque impor- tance ! La Lumiere et le Propagateur sont transformes en champ-clos oil les duels succedent aux duels d'une maniere vraiment desolante ou ridicule. M. Stephane Geoffray a invents une excellente methods de photographie sur papier, laquelle, a I'heure qu'il est, a fait le tour du monde; et voici que MM. Le Gray, Lespiault, de Poilly, aprfes de longs mois de silence, s'acharnent a lui ravir le merite de sa de- couverte. M. Belloc a ecrit un tres-bon livre; aussitot MM. Lacan Renault, Charles Chevalier, I'accablent sous une nuee d' objections, de reproches, de rectifications, etc., etc. Nous aurions bien voulu rester etranger a cette melee confuse, d'autant plus que notre vo- lonte forte est de n'ouvrir les quelques pages que nous reservons chaque semaine a la photographie qu'a I'annonce des progres accom- plis, a la description des precedes vraiment utiles, aux eloges jus- tement merites, etc. Mais on nous rend la neutralite impossible en nous prenant nous-meme a partie, en declarant mauvais ce que nous avons jug^ bon , vieux ce que nous exaltions comme neuf , inexact ce qui nous semblait etre I'expression de la verite et de la justice, etc., etc. Force nous est done de parler et nous parlerons. Nous justifierons M. Belloc des critiques de M. Lacan; nous main- tiendrons M. Stdphane Geoffray en possession d'une methode qui est sienne, que M. Le Gray ne peut en aucune maniere lui disputer, qui difTere absolument du precede de M. de Poilly. Nous connais- sons enfin ce dernier procede et nous le publierions des aujourd'hui, si I'auteur n'avait pas accepts de le soumettre a une experience deci- sive dontnous attendonsles resultats. Jeudi prochain done nous pren- drons notre coeur a deux mains et nous prononcerons. MM. Belloc, Geoffray, de Poilly, Le Gray, eussent peut-etre mieux aime nous voir publier integralement les lettres qu'il nous ont adressees, mais cela nous est absolument impossible, mieux vaudrait cesser la publi- cation du Cosmos; qu'on daigne attendre et Ton verra que nous avons pris le parti le meilleur. F. MOIGNO. BOTANIQUE. HISTOIRE NATL'RELLE DES SPHAIGNES. PAR M. SCHIM.PER. Analyse du rapport de M. Montague. Si les mousses, qui constituent le genre sphaigne ^ son! remar- quables par la singuliere organisation de leurs feuilles , dont le tissu cli'gant n'a pas son pareil dans toute la famille, elles n'offrent pas moins d'importance par les usages qu'elles sont appelees a remplir dans I'economie de la nature. C'est dans les sphaignes, qu'en 1822, M. Nees d'Esenbeck observa pour la premiere fois le mouvement spirilloideducontenudesantheridies, el que, plus tard, M. linger determina la forme des antherozo'ides et la nature de leurs mouvements. Les deux proprietes les plus remarquables des sphaignes sont : 1" la faculty qu'elles possedent d'absorber I'humi- dite du sol et de ratmosphere, sorte d'hygroscopicite qui n'est pas sans influenr-e sur certains phenomenes geologiques , comme , par exemple , la formation, sur les hauts plateaux tourbeux, de ces re- servoirs qui alimentent les sources du pied des montagnes ; 2" leur mode d'innovation et de rajeunissement , qui contribue si puissam- ment a la production des tourbieres, par raccumulation sur place de leurs generations successives et ininterrompues : elles sont, comme le lichen d'Islande, employees dans I'economie domestique; melangees avec de la farine , elles donnent un pain qui n'est pas desagrdable a manger. II existe dans les plantes de ce genre deux sortes de spores ou seminules, les unes, grandes et fertiles, les autres, beaucoup plus petites et steriles. Les premieres, qui revetent la forme d'une pyra- mide t^traedre deprimee, s'engendrent par qaatre dans les cellules meres ; les secondes sont de petits polyedres reunis au nombre de seize dans una cellule g-lobuleuse unique : ce qu'il y a d'etrange , c'est que ces deux sortes de spores tantot sont reunies dans une meme capsule, tantot se montrent dans des capsules propres a cha- cune. M. Sehiinper a seme de ces spores fertiles , et en a observe jour par jour la germination et le developpement. II se passe trois moisavant que la spore emette !a premiere cellule deson embryon; mais des que revolution de la plante a commence , celle-ci par- court avec une grande rapiditc toutes les periodes de sa croissance : on voit poindre bientot les racines, qui n'existent que dans le jeune age, et sont remplacees plus tard par un autre systeme d'organes de nutrition. La tige est formee d'un axe principal simple, a veg^ta- COSMOS. 245 tion terminale iiid^fiiiie, et d'un grand noinbre d'axes secondaires, steriles ou fertiles , a vegetation annuelle limit^e. Les branches reflt^chies constituent un sjsteme hydraulique dont les effets sont au plus haut degre surprenants et curieux : une tige de spliaignes , haute de plusieurs decimetres, que M. Schimper avait plongee par sa base, garnie de branches reflechies, dans un flacon rempli d'eau, Fa vide en fort peu de temps , en deversant le liquide par son ca- pitule terminal , qu'il avait eu la precaution d'incliner un peu de cote. » Supposez , dit I'auteur, et c'est ce qui a lieu en effet dans les grandes tourbieres , que des milliards de siphons semblables agissent de la meme fa^on et avec autant de puissance , et vous comprendrez quels etonnants resultats pourront se produire dans cet immense laboratoire naturel. » La propriety hygroscopique de ces plantes est telle que dans les marais tourbeux , ou les chaleurs de I'dte avaient fait descendre I'eau a pres d'un metre au-dessous du niveau des gazons de sphaignes, ces mousses etaient encore tellement imbibees d'eau, que d'une seule poignee arrachee au hasard , on pouvait en exprimer un quart de litre. Les feuilles sont definitivement composees de deux especes de cellules : les unes, nominees aeriennes, sont grandes, hyalines, percees de larges trous, souvent parcourues par d'etroites bandelettes ou fibres disposees en lignes spirales ; les autres, plus etroites, colorees et forniant un reseau, dont les premieres semblent constituer les mailles. Les faits les plus saillants, mis en lumiere par les recherches de M. Schimper, sont surtout relatifs au sac de I'antheridie et a son contenu fecondant. La poche qui renferme les cellules spermatiques ou les corpuscules, developpes plus tard en antherozoides, auxquels on attribue la faculte fecondante , est composee d'une couche de cellules que revet une pellicule cellulaire de matiere extra-cellu- laire concrete parfaitement hyaline. — Nous avions entrepris d'analyser avec quelques etendue les trois Memoires de M. Lestiboudois sur la carpographie anatomique, ou anatomie des fruits; mais en corrigeant I'epreuve de notre ana- lyse, nous I'avons trouv^e compldtement inintelligible, et depourvue par consequent de tout interet. Force nous est done de nous con- tenter de quelques aper9us generaux. Dans son premier Memoire, I'auteur etablit que les carpelles, comme les sepales, les p^tales et les etaiiiines sont formes par les faisceaux fibro-vasculaires des tiges ; qu ils tirent ainsi leur origine des memes sources que les feuilles ; qu ils se distribuent symetriquement comme ces organes ; que con- sequemment ils sont leurs analogues et doivent montrer la meme 246 COSMOS. conformation. Dans le second Mdmoire , il montre comment, au milieu de I'immense divcrsite des fruits, on peut toujours recoiinaitre dans les carpelles la forme simple des expansions foliacees, discerner comment le type primordial s'est alter^, et en apprecier avec jus- tesse les caracteres. Dans le troisieme Memoire, il examine les di- verses modes de dehiscence et de partition des carpelles a la matu- rite, et prouve qu'ici encore comnie dans les divers modes de soudure, on retrouve toujours la structure priinordiale des feuilles carpellaires sans changements essentiels. Arrivant alors au but principal de ses recherches, a la classification des fruits , il pose les principes qui lui serviront de guide : " Des considc'rations precd- dentes, il resulte que la structure fondamentcile des fruits est con- stante : qu'ils sont formes de feuilles seminiferes en leurs bords ; que les modifications subies par les feuilles carpellaires sont innombra- bles ; que I'intervalle de toutes ces modifications est comble par des nuances infinies. La consequence d'un tel etat de choses est qu'il n'est pas rationnel de vouloir faire des especes de fruits au moyen des modifications des feuilles carpellaires : elles ne seraient pas fon- damentalement distinctes, puisque I'organisation priinordiale des feuilles carpellaires est la meme ; elles seraient trop nombreuses, puisque les modifications sur lesquelles reposeraient les distinctions sont sans bornes; elles ne seraient pas nettement caracterisees, puisque Ton passe d'une modification a I'autre par des transitions insensibles. Enfin, en creant pour ces varidtes de structure des en- tites diverses, exigeant des noms distincts, on dctruirait le nioj^en de saisir les analogies de structure. II faut done pour les fruits, comme pour les autres organes des vegetaux, se contenter de designer les alterations successives de structure par des epithetes qu'on peut nuancer, temperer, corroborer, modifier autant que Ton veut, et qu'on dispose methodiquement pour faire apercevoir les liens qui rattachent les unes aux autres les transformations des feuilles car- pellaires. ACADEMIE DES SCIENCES. SEAKCE nV I I AOIT. M. Dumeril fils lit sur la classification des reptiles, et priricipa- lement sur les caracteres distinctifs des trois especes, crapauds, gre- nouilles et rainettes , un Memoire que nous analyserons une autre fois. — M. Trecul lit un Memoire sur les inflorescences centiifuges du figuier , du dorstenia , etc. , dont voici les principaux re- sultats. Les botanistes out jusqu'ici consider^ la figue comme une inflo- rescence analogue a celle des composees, comme un rameau tres- contracte, deprime au point que le sommet de ce rameau ou de cette inflorescence, la partie la plus jeune enfin , serait au fond de la ca- vite, tandis que la base ou la partie la plus agee serait a I'orifice de la figue. On pensait done que les fleurs naissaient, dans I'interieur de celle-ci, de cet orifice vers le fond de la cavity, de haut en bas, par consequent. L'analogie seule avait conduit les botanistes a cette opinion, a laquelle Tobservation directe n'avait aucune part. En etudiant le developpement de la figue , M. Trecul a vuque, de meme que les ecailles qui la prot^gent pendant sa jeunesse , etcelles qui ferment son ouverture, naissent de bas en haut, de meme aussi les fleurs apparaissent de bas en haut, du fond de la cavite vers I'orifice; en sorte qu'il y a comme deux systemes opposes se d^ve- loppant dans le meme sens, I'un exterieur, form^ par les bract^es, et I'autre interieur par les fleurs. Chacun d'eux a aussi son appareil vasculaire particulier : celui des bractdes est peripherique et va se terminer dans les ecailles qui ferment I'ouverture; celui des fleurs, compos6 de faisceaux bien plus greles, occupe le milieu du pedon- cule ; ses vaisseaux les plus rapproches du centre vont aux fleurs du fond de la figue ; les autres faisceaux se repandent au pourtour de la cavite en envoyant des ramifications dans les fleurs qui tapissent I'interieur de celle-ci. s L'inflorescence du dorstenia appartient au meme type de forma- tion. Dans le dorstenia ceratosanthes, on peut constater avec la plus grande facility que I'epanouissement des fleurs se fait aussi de bas en haut , de meme que dans la figue. C'est done a tort que Ton a range parmi les inflorescences inde- finies ou centripetes, ces inflorescences du figuier et du dorstenia, qui sont evidemment centrifuges. 248 COSMOS. — M. Regnault litune suite de ses recherches sur la force dlastique des vapours. Analysons d'abord sa premifere lecture ; son memoire est divisc en cinq parties : 1" Resultats obtenus sur les forces elastiques des vapeurs a satu- ration fournies par un certain nombre de liquides choisis parmi ceux qu'i! est le plus facile d'obtenir a I'dtat de purete, en grande quan- tite et a un prix qui n'en exclut pas, a priori, I'emploi dans les machines ; 2" Forces elastiques des dissolutions salines, et de I'application qu'on en peat faire a I'etude de divers phenomenes de physique et de chimie nioleculaire ; 3" Phenomenes de la vaporisation des liquides dans le gaz ; 4" Resultats des experiences sur les forces elastiques des vapeurs qui sont fournies dans le vide par les liquides volatils, dissous ou superposes; 5" Enfin, exp(^'riences faites dans le but de decider si la tension qu'une vapeur prend dans le vide est dependante ou non de I'etat solide ou liquide qui la fournit. Analytons rapidenient les deux pre- mieres parties. I. Forces elastiques des vapeurs a saturation dans le vide. — Les resultats out ele obtenus soit par la determination des forces Elastiques dans le vide, soit par la inesure de la temperature que presente la vapeur du liquide en ebullition sous la pression d'une atmosphere artificielle. La premiere methode a ete suivie pour les basses temperatures ; la seconde a ete exclusivement employee dans les temperatures elevees. On s'est arrange de maniere que lescourbes des forces elastiques donnees par les deux m^thodes presentassent une partie commune d'apres laquelle on peut juger de leur coinci- dence. Pour I'eau les deux methodes donnent des resultats parfaits; il en est de meme pour les autres liquides volatils a I'etat de purete parlaite; iln'en est plus de meme si le liquide renferme une portion meme extremement petite d'une autre substance volatile ; de sorte qu'on trouve dans cette comparaison un moyen extremement delicat pour juger de I'homogeneite et de la puret6 d'une substance vapo- jisable. Le sulfare de carbone peut etre obtenu absolument pur; c'est chose tres-diJScile pour i'alcool et I'elher; c' est chose impos- sible pour le chloroforme. La constitution moleculaire de certains liquides, Tether, et surtout 1' essence de terebenthine, est considera- blemeiit modiliee lorsqu'on les fait bouillir longtemps sous des pres- sions elevees, ou meme lorsqu'on les abandonne longtemps a eux- memes dans des tubes hermetiquement fermds. COSSIOS. 2W Voici quekjues-uns des nombres obtenus par M. RegnauU pour la mesure en millimetres de mercure de la tension des vapeurs ; nous completons son tableau par I'adjonction des nombres trouves au- trefois pour I'eau : Ees. liteb. Eau. Alcool. Chloruforme. Sul. carb. Elhir. — 20 0,927 3,34 — 69,2 — 10 2,093 6,50 — 79,0 113,2 0° 2,1 4,60 12,73 127,3 182,3 lO" 2,3 9,16 24,08 130,4 199,3 286,5 20» 4,3 17,39 44,0 190,2 298,2 434,8 30° 7,0 31,34 78,0 276,2 434,6 637,0 40° 11,2 54,90 134,10 364,0 617,5 913,6 50° 17,2 91,98 220,3 524,0 852,7 1268,0 60° 26,9 148,79 350,0 738,0 1162,6 1730,3 70° 41,9 233,09 539,2 976,2 1549,0 2309,5 80° 61,2 354.28 812,8 1367,8 2030,5 2947,2 90° 91,0 525,45 1190,4 1811,5 2623,1 3899,0 100° 134,9 760,00 1685,0 2354,6 3321 ,3 4920,4 110° 187,3 110,00 2351,8 3020,4 4136,3 6249 Le nombre obtenu par M. Plucker pour la tension de la vapeur d'alcool absolu, dans le vide a 100" etait 1691,2; celui de M. Re- gnault est 1 685; la difference est 6,2; et nous la croyons comprise entre les limites des erreurs d'observations. Pour s'en assurer, ii fau- drait que M. Regnault eut donne les nombres obtenus par les deux methodes de tension et d'ebullition; il I'a fait pour le chloroforme: ainsi nous voyons par ces tableaux qu'a 36° la premiere methode donnde pour la tension de la vapeur, 342,2; la seconde, 313,4; la difference, 28,8 est tres-considerable,plus de quatre fois plus grande que la difference 6,2; et il s'agissait d'une temperature assez basse, 36°. Ce qui einpeche aussi la comparaison d'etre parfaitement con- cluante, c'est que M. Regnault n'a pas donne, quoiqu'il I'ait sans doute determinee, la pesanteur specifique de I'alcool sur lequel il operait. II. Temperatures d'ebullition des dissolutions salines. — Tout le monde sait aue les dissolutions salines exigent pour bouillir une temperature plus elevee que I'eau pure, sous la meme pression, et que, pour un meme sel, I'exces de temperature est d'autant plus grand que la proportion de la matiere dissoute est plus considerable; que toutes les substances n'ont pas an meme degre la faculte de re- tarder la temperature d'ebullition de I'eau dans laquelle elles sont dissoutes a poids egaux. Rudberg a tire d'un tres-grand nombre d'experiences la conclu- sion suivante : Quelle (jue soit la temperature qu'une dissolution doit 250 COSMOS. prendre pour entrer en Ebullition, la vapeur ne pr^sente jamais que la temperature quelle aurait si elle se degageait de I'eau pure : en d'autres termes, elle prdsente la temperature a laquelle la tension de cette vapeur, a saturation dans le vide, fait equilibre a la pression sous laquelle I'ebullition a lieu. On ne conceit pas clairement com- ment la vapeur, au moment ou elle se degage du liquide, peut pre- senter une temperature beaucoup inferieure a celle des dernieres couches liquides quelle vient de traverser. M. Regnault a fait quelques experiences pour tacher de recon- naitre si le fait constat^par Rudberg decoule d'une ioi g^ndrale, comme celle qu'il a enoncee, ou s'ii doit etre attribuE simplement aux circonstances dans lesquelles I'experience est faite.Il importait de constater d'abord si ce fait se presentait encore avec la memo Constance , lorsqu'on fait bouillir les dissolutions salines sous des pressions tres-differentes de la pression atmospherique ordinaire; des observations faites sur des dissolutions concentr^es de chlorure de calcium lui ont montre, en efFet que le thermometre plonge dans la vapeur de la solution marque constamraent une temperature un peu plus elevee que celle qui correspond a la vapeur d'eau pure sous la meme pression ; mais que cette difference est petite , et qu'on peut I'attribuer, alarigueur, au rayonnement du liquide plus chaud, et aux goutelettes liquides qui sent abondamment projetdes paries dissolutions salines en ebullition. On peut done admettre que le phenomene observE par Rudberg, sur les dissolutions salines en ebullition sous la pression ordinaire de I'atmosphere, se presente encore lorsqu'on les fait bouillir sous des pressions beaucoup plus grandes ou plus petites. Procedant alors a de nouvelles recherches, M. Regnault est enfin parvenu, au moins il le croit , a decouvrir la cause du fait singulier enonce par Rud- berg. " Toutes les fois, dit-il, que le thermometre plonge dans la va- peur n'indique que la temperature sous laquelle la tension de la vapeur aqueuse pure fait equilibre a la pression exterieure, on recon- nait que le reservoir est mouille. L'instrument marque, au contraire, toujours, une temperature plus Elevee, quand son reservoir est sec, ce que je n'ai pu realiser que dans les couches de vapeur qui se trouvent immediatement au-dessus du liquide. Jepense done que la vapeur [qui prend naissance dans les dissolutions salines souinises a I'ebullition est en equilibre de temperature avec elles. Si la tem- perature de cette vapeur s'abaisse promptement jusqu'au degre qui correspond a la saturation sous cette pression, cela tient a ce que COSMOS. 251 I'exces de chaleur, en raison du peu de capacity calorifique des va- peurs rapportees a leurs volumes, est accidentellement et prompte- ment absorbe par les causes de refroidissement ext^rieur, et surtout par la vaporisation qui s'exerce sur cette infinite de petits globules liquides qui sont continuellement projet^s dans I'atmosphfere de va- peur, au moment ou les bulles viennent crever a la surface du li- quide bouillant. M. Regnault a determind sur quelques solutions aqueuses , la temperature a laquelle il faut les dlever dans un appareil manomd- trique, pour que la vapeur, ainsi produite dans le vide, fasse equilibre a la pression de 760 millimetres : I'exces de cette temperature sur celle de 100 degres, qui donnerait a la vapeur aqueuse cette meme tension de 760 millimetres, si elle ^tait en presence de I'eau pure, peut servir de mesure, comme M. Plucker I'a fait observer, a I'exces d'affinite que la vapeur aqueuse possede pour la substance saline , par rapport a celle dont elle est douee pour les particules simil aires d'eau. Mais pour que cette affinity ainsi mesur^e constituat un caractere specifique des substances, il faudrait que, pour le meme sel, elle variat proportionnellement a la quantity de sel dissoute. Mais il n'en est pas ainsi; la variation suit une loi plus complexe, qui pa- rait dependre de la nature du sel. II y avait beaucoup d'interet a comparer la temperature a la- quelle la vapeur dmise dans le vide par une dissolution saline, fait Equilibre a une pression de 760 millimetres, avec la temperature que presente la meme dissolution quand on la fait bouillir sous cette meme pression ; maisil est a peu pres impossible de determiner avec quelque precision la temperature d'ebullition d'une dissolution saline concentree; I'ebullition est un phenomene tres-complexe , surtout lorsque le liquide n'est pas homogene , a cause de I'intervention de forces moleculaires encore inconnues. Au contraire, la force elasti- que ou tension des vapeurs que ces dissolutions emettent dans le vide, peut etre determinde avec une grande precision, etM. Regnault ne doute pas que cette ^tude ne fournisse par la suite un moyen trfes-precieux pour constater les phenomfenes chimiques qui se pas- sent dans les dissolutions : il s'est assure, en effet, qu'aussitotqu'un phenomena de cette nature a lieu entre les substances dissoutes, il se manifesto un point singulier dans la courbe des forces dlastiques de la vapeur fournie par la dissolution. Voici quelques-uns des phe- nomenes qui pourront etre Studies par cette methode : .1° Certains sels prennent en cristallisant des quantites d'eau dif- ferentes, suivant la temperature a laquelle la cristallisation a lieu; 252 COSMOS. on pourra lechercher si cette eau se combine aa sein meme de la liqueur, ou si la combinaison ne s';ffectue qu'au moment de la cris- tallisation. 2" On pourra comparer les variations que suit la force elastique de la vapeur fournie par une dissolution saline a diverses tempera- tures avec les variations que subit la solubility du sel dans les me- mes circonstances. 3° Quand on sera parvenu a constater la loi par laquelle on peut calculer la force elastique de la vapeur fournie par le melange, a proportions connues, de deux dissolutions qui n'exercent pas d'ac- tion chimique Tune sur I'autre, d'apres les forces dlastiques ^mises par les dissolutions Isoldes, on pourra constater si les doubles de- compositions ont lieu au sein meme des dissolutions ou seulement au moment de la precipitation, etc. III. Forces clnstiqries des vapeurs dans les guz. — Nous ren- verrons a ia prochaine livraison I'analyse de cette troisieme partie du Memoire de M. Regnault, en constatant cependant le fait capi- tal qui resulte de cette nouvelle sdrie d'experiences. On admet ge- neralement d'apres Gay-Lussac que, lorsqu'un liquide est contenu dans un espace ferm^ au contact d'un gaz permanent , le fluide emet de la vapeur jusqu'a ce que cette vapeur ait atteint son maximum de tension, le maximum quelle atteindrait dans le vide, d'oii il resulterait que le gaz permanent n'exerce aucune pression sur les vapeurs. M. Regnault a trouve que cette loi de Gay-Lussac n'est pas rigoureusement ou physiquement exacte, que la tension de la vapeur dans les gaz est toujours un peu plus faible qu'elle ne le serait dans le vide : ainsi pour I'ether a 5°, 17, la tension dans Fair sec etait 225,94, au lieu de 232,5 ; la difference Q3 ne peut pas etre attribuee aux erreurs d'observation : elle est toutefois as- sez petite pour que la loi de Gay-Lussac ne cesse pas d'etre math^- matiquementvraie; d'autant plus que cette difference peut tres-bien s'expliquerpar des causes physiques etrangeres au ph<^nomene dela vaporisation. Elle est due tres-probablement a I'aflfinite exercee sur la vapeur par les parois du vase qui la reiiferme, nflfinite qui a pour effet de determiner la precipitation des vapeurs bien au-dessous du point de saturation. — Un geologue amateur, M. J. Delanolie, est venu protester contre le metamorphisme et surtout contre Textension considerable et pour ainsi dire officielle qu'a prise la theorie de ce phenomene. II nepeut, dit-il, retenir plus longtemps I'expression de sa sur- prise et de son incredulitelorsqu'il voit les meilleurs g6ologues affir- COSWOS. 25? mer, comme chose toute naturelle, que Taction de la chaleur a pu produire, non-seulement la modification physique des roches nep- tuniennes, maisla transformation integrate de leur composition chi- mique. La silice, la soude, et, ce qui est plus incroyable encore, le feldspath, seraient sortis de la masse int^rieure du globe pour aller silicifier o'cfehlspathiser, non pas tous les depots stratifies, non pas les.plus voisines, mais seuleinent certaines couches subordonnees a d'autres couches intactes. D'autres foisce serait la magn^sie qui se serait, a son tour, elancee du sein de la terre pour aller m^tamorphiser certains calcaires inter- cales dans d'autres roches non alterdes, suivant en cela, comme le feldspath, une certaine loi de sympathie intermittente, loi myste- rieuse, suivant laquelle la moitie du calcaire de la roche aurait ete expuls^>e ou convertie en carbonate magnesique, de manierea meta- morphoser le calcaire en dolomie. Pourquoi ne pas admettre tout naturellement la preexistence et non I'intrusion uUerieure des Elements des roches metamorphiques? Certains calcaires et dolomies neptuniennes ont evidemment subi une fusion et une cristallisation posterieure (dolomie du Saint-Go- thard, etc.). Des macles, des grenats, des feldspaths, et une foule de silicates se sont formes sur certains points des roches neptu- niennes surchaufFees, toutes les fois qu'il s'y est trouve les elements pr^existants de la reaction. Le feldspath a cristallise ou recristallis^ parce que la roche sedimentaire contenait les silicates alumino-alca- lins des terrains pyrogenes dont elle est le detritus. M. J. Delanoiie signaleune nouvelle origine du feldspath par voie humide, c'est, dit-il, la combinaison qui se forme dans le labora- toire, lorsqu'on precipite I'alumine par le silicate sodique ; combi- naison insoluble, qui existe'dans les argiles malgre la solubilite de la soude, et qui a du necessairement se precipiter avec tous les sedi- ments des mers anciennes, si riches, comme il le prouve, en silicates sodiques et potassiques surtout aux premiers ages du monde. C'est la presence de ces silicates alcalins qui a donne naissance a cette immense quantity de quarzites, jaspes et silex qui se sont precipites incessamment a toutes les dpoques geologiques, surtout aux plus anciennes. Cesquartzites, jaspes, silex et feldspaths ont ete precipites chi- miquement avec tous les sediments, et c'est leur predominance sur certains points des roches neptuniennes qui leur a souvent donne une homogen^ite et une durete telIes,qu'on a dii recourir a I'hypo- these i'xvne feldspathisation metamorphique, c'est-a-dire ult^rieure, 25i COSMOS. pour expliquer la nature anormalo d'une roche ordinairement fria- ble ; c'est ce qui a eu lieu pour les grauwackes des Vosges. En resume, rien ne prouve que la silice , la soude , la magn6- sie 'etc., ne sont pas contemporaines des roches neptuniennes , oil on les rencontre aujourd'hui. L'action ni6tamorphique de la chaleur a pu alterer, cimenter, volatiliser une portion des ^l^ments de ces roches, mais ces modifi- cations de contact, de proche en proche et sur une petite echelle, n'ont puallerjusqu'aune transformation chimique integrale. La correspondance ne presente aucun interet. M. Schoerer adresse un Memoire imprime sur le role que joue le paramorphisme en chimie, en mineralogie et en geologie; ce tra- vail sera I'objet d'un rapport verbal. ]\1. Ernest Liouville adresse une suite a ses etudes sur I'in- fluence des diaphragmes dans les observations des etoiles et de la lune. Un inventeur adresse le projet d'une horloge marine merveil- leuse qui, pendant la marche du navire, enregistrerait la latitude et la longitude. — M. I'abb^ Zantedeschi, si notre oreille ne nous a pas trompe, reclame la priorite des rapports entrevus par M. Perey, de Dijon, entre les tremblements de terre et I'age de la lune. Tons les reveurs semblaient s'etre donne rendez-vous pour accabler M. Elie de Beaumont : production du cholera par I'elec- tricite negative inferieure du globe, mouvement perpetuel, direction des aerostats, specifiques du cholera, transmutation des metaux, substitution de la presse hydraulique a la vapeur pour la locomo- tion des navires, etc., etc., voila ce que I'infortune secretaire per- petuel a a^ forc^ de subir et de faire subir a ses collegues conster- nes, asesauditeursimpatientes. Quelle triste scene ! il est absolu- ment necessaire d'en finir avec les communications insensees ou ridicules que la bonte, la complaisance excessive du nouveau secre- taire perpetuel encouragent par trop. — Voici la rectification de M. Bernard, de Bordeaux; elle a ete communiquee aujourd'hul seulement a I'Academie : " Dans la seance du 3 juillet dernier, j'ai eu I'honneur de presen- ter a I'Academie un Memoire sur la determination des indices de refraction des milieux refringents compris sous deux laces paralleles : un extrait en a ete insere dans le Coinpte rendu de la meme seance. La description de I'appareil que j'ai employe laisse supposer que la lumiere qui rencontrait les plaques refringentes soumises aux ex- COSMOS. 255 perieiices, formait un faisceau parallele; or, dans ce cas, la position du foyer de I'image ne devant point changer avec la mouvement de la lunette, le transport n'aurait pu etre apprecie. Mais les observa- tions ont ete effectuees avec la plus grande facilite ; les indices ont ^te calcules tres-exactement ; et ces faits prouvent que ma redaction seule est incorrecte ; quelques mots suffiront pour la rectifier. Je rappellerai que dans la partie tubulaire que traverse d'abord la lumiere, se trouvent un fil vertical tres-fin; plus loin, une lentille convergente d'un court foyer, et a I'extremite du tube , un dia- phragme presentant une ouverture centrale qui livre passage a la lumiere. II resulte de cette disposition que, quelle que soil, dans le tube , la distance de la lentille au diaphragme , le pinceau lumi- neux, forme de rayons du spectre tres-peu divergents, qui rencon- trent la lentille, a une grande distance de leur point de convergence au dela du prisme, vient former son foyer en un point tres-voisin du foyer principal ; la mire est done ploiigee dans un faisceau con- vergent ou divergent, et regoit une quantite de lumiere qu'on peut faire varier avec sa distance kla. lentille (1). J'aurai, j'espere, I'honneur de presenter dans quelques jours, a I'Academie, un appareil construit par M. Duboscq sur le plan de celui qui m'a deja servi dans ces experiences ; Ton pourra s' assurer de la maniere dont il fonctionne et de la precision des resultats qu'il fournit. >• — Voici les observations de M. Coulvier-Gravier et la lettre qui ies accompagnait : " J'ai I'honneur d'adresser a I'Academie mes observations d'etoiles filantes, au retour periodique du mois d'aout. Cette annee, comme en 1846, ellesont etc contrariees par la presence de la lune. Le 9 aout, on n'a pu voir aucun met^ore a travers les eclaircies d'un ciel nuageux; niais les 10, 11 et 12 aout, nous avons obtenu les resultats suivants : Les corrections ont ete faites en admettant qu'on ne voit que les (1) M. Porro, en faisant remarquer [Comptes renins, seance du 31 jtiillet 1854), rimpossibilite d'operer avec un faisceau de njyons paralleles, ajoule que la niesure des indices, par la metiiode du transport, est employee depuis longtemps a I'lnstitut ihecnomatique. Je ne pense pas qu'il soil necessaire d'etablir ici men droit de priorite sur lapplicalion de cette mcthode, soit a la determination des indices de refraction, soit a celle des quantites qu'on peut deduire de la formule qui en donne la valeur. Je me Lornerai a constater que, pour prendre date, j'ai presente le 11 mars lSo2 a 1 Academie de Bordeaux, une note sur ce procede que j'ai menlionne plus tard dans un Memoire sur I'absorption de la lumiere paries milieux non cristallises. {Annales de chimie et de physique, 3™^ serie, t. jutxv, (annee 1832), p. 436.) 255 COSMOS. GScentiemes des etoiles par un ciel 0,3 etles 98 centifemes par un ciel 0,9, ce qui rt^ulte de I'ensemble de nos observations. Quant a- la lune, on sait deja que sa luinifere efface les trois cinquifemes des etoiles filantes. [Recherches sur les etoiles fdantes, p. 173.) Jour. c ou sans lune. Ciel. 01)ser»e. Corrig^. Notnbre boraire. sans liine aveclune 0,3 0,3 P } 52 S 194 37 sans luae avec lune 0,9 1,0 22 ) 115 ) 311 52 sans liiiie avec Iiine 0,9 1,0 19 i S6 ^" 160 40 II est assez remarquable que le maximum arrive cette ann^e le 11 aout, au lieu da 10, epoque ordinaire de ce maximum. Le nombre horaire moyen des 9, 10, 11 aout de I'annee precedente a 6te de 48 etoiles filantes [Comptes reiulns, 2'' semestre, p. 289). La moyenne des 10, 11, 12 aout de cette annee n'est plus que de 43 : diminution, 5 etoiles j ce qui confirme, autant que peuvent le faire les observations ci-dessus, I'afFaiblissement graduel de ce re- tour pcriodique et son extinction probable pour I'ann^e 1860. » Le vendredi, 11 aoilt, vers neuf heuros, par un ciel sans nuages, on a vu a Muret , dans la direction du nord ouest , a gauche de la voie lactee, un bolide de forme ronde et ovoide, plus gros que le soleil , qui semblait flotter a une hauteur immense , et brillait d'une lumiere jaune doree excessivement intense. II a paru se briser en deux parts egales, sous forme de deux disques toinbes I'un a droite, vers le sud-ouest ; I'autre a gauche, vers le nord-ouest. Au meme moment, un sillon de feu s'est elance du nord au midi, et des etincelles enflammees jaillissaient en tout sens. Quelques per- sonnes se sont crues agitees d'une commotion electrique ; une autre a cru entendre un bruit sourd semblable a celui d'une charrette. On a reniarque que cette meme nuit, de huit a neuf heures , le nombre des etoiles filantes etait plus considerable qua I'ordinaire, Comment, sur une diminution de cinq etoiles par nombre horaire, M. Coulvier-Gravier peut-il persister a affirmer I'affaiblisseinent o-raduel du phenoraene du 10 aout ? Nous sommes presque certain qu'il recevra un dementi, et que sur d'autres points on aura observe de tres-nombreuses etoiles filantes. Nous regrettons que, contrairement a ses priiicipes, M. Coulvier- Gravier nous ait donne , non des observations brutes , mais des ob- servations corrigees et interpolees. A. TIiAMl'.LAY, pvopndtaire-oirant. PARIS. — IJIPRIMERIE DE W. RBMQUET ET 016, RUE GARANCIEKE, O. T. V. I SEPTEMERE l854. TROISIF-.ME ANNEE. COSMOS. NOUVELLES. France. Depuis quelques annees on importe des quantites asse^ considerables de viandes dessechees dans les contrees m^ridionales de rAmerique, ou elles sont connues sous le nom d'assajo; elles produisent un bouillon assez analogue a celui que donne la viande fraiche. Une autre sorte d'aliment qui est preparee au Texas, le meat- biscuit (biscuit-viande) , est d'un usage general dans la marine americaine ; mais quoique grandement apprdcie a I'Exposition de Londres , il n'est pas encore entre dans les habitudes de I'Europe. II consiste, comme nous I'avons ddja ditailleurs, dans une espece de bouillon de boeuf d^graiss^, et evapor^ en consistance sirupeuse, puis melange avec de la farine de froment en proportion suffisante pour former une pate ferrae qu'on dtend sous le rouleau , qu'on perce de petits trous , qu'on d^coupe dans les dimensions ordinaires des biscuits de mer, qu'on faitcuire etdess^cher convenablement; on le consomme soit a I'etat sec, soit en le concassant, en y ajoutant vingt ou trente fois son poids d'eau , du sel, et quelques assaisonnements, et le soumettant a une ebullition de 25 a 30 minutes. En France, oil il n'y a pas comme en Amerique des quantites d'animaux que Ton tue, pour profiter simplement de leur laineet deleur peau, il serait impossible de preparer et de livrer a bas prix, soit I'assayo, soit le meat-biscuit. Mais on pouvait songer a la pensee d'utiliser le sang des animaux abattus , sang rc^pandu sans profit et utilise tout au plus comme engrais. M. Brocchieri s'est empare de cette idee: en traitant le sang de nos abattoirs par des precedes qui lui sont propres , en unissant a de la fine fleur de farine, I'albumine et la fibrine qu'il en extrait ; il fait des pains et des biscuits d'une conser- vation facile et pouvant servir de base a des potages tres-nutritifs. Cette preparation contient, suivant I'inventeur, moitie. del'azotedu sang consommt^. — M. Ador a enfin reussi a faire, sur la plus gr nnde echelle pos- sible, I'application de son systfeme d'eclairage r^u gaz. Dsns I'im.- mense cafe estaminet de Paris, transformc en ^^alons des diner^s eu- ropcens, il a *3tabliun grand nombre d'appareil ,3 fournissant en emble 258 COSMOS. pies de six cents bccs-bougies. L'appareil Ador consiste essentiel- lement en un tube auquel sont viss^es deux boules , I'une superieure que la llamme entoure , et ou se rend d'abord le gaz fourni par le gazometre ; I'autre inferieure remplie d'un hydrocarbure quelconque que le gaz surchauffc vient k^cher a sa surface avant de sortir, a travers les petits tubes dresses au sommet de cette seconde boule. Par suite de cette disposition du bee , le gaz se trouve dans des con- ditions tres-differentes de celles oil le placent les bees ordinaires. 1° L'^levation de temperature qu'il subit le dilate, liii fait occuper un volume beaucoup plus grand, le met en contact, par consequent, avec une plus grande quantite d'oxygene de I'air ; la combustion est ainsi plus parfaitc, et il n'y a plus aucune fumee; 2° Le contact avec I'hydrocarbure chaud sursature le gaz de car- bone ou de parties solides a un etat de division extraordinaire , et auo-mente dans une proportion considerable I'cclat de sa flamme, eclat proportionnel au nombre des molecules solides en ignition. Ce dernier effet est si certain et si excellent, qu' applique a I'hydro- gene pur extrait de I'eau, gaz qui en brillant donne beaucoup de chaleur, mais presque pas de lumiere, ce precede le transforme en gaz parfaitpourl'eclairage. Le resultat final des deux modifications que I'on fait ainsi subir au gaz ordinaire , est une economic d'au moins 50 pour 100 : en effet, il a ete constate par des experiences nom- breuses et positives que la seule elevation de temperature diminuait d'un tiers la quantite de gaz consomme, a lumiere cgale ; or, I'effet de la carburation est presque aussi grand. Lorsque nous avons visite les bees des salons des diners eu- ropcens, des fuites encore cacbecs avaient einpecbe qu'on ne rem- plit les boules inferieures d'hydrocarbure; on n'avait done realise que la moitie des avantages du systeme nouveau, et cependant I'e- elairage etait magnifique , bien superieur a celui qu'auraient donne des bees ordinaires ; il n'y avait absolument aucune fumee, au- cune mauvaise odeur , la meme oil des courants d'air intenses con- trariaient la combustion; et les boules blanches emaillees placees au-dessus des flammes n'ctaient nullement ternies. Chacun , au reste, pent, sans entrer ou monter, constater le succes incontestable de M. Ador : les neuf bees de la galerie de Valois, qui correspondent aux salons dont nous venous de parler, sont completement dans le nouveau systeme , avec echauffement du gaz et carburation ; or, pour I'oeil le moins exerce et le moins complaisant, la lumiere qu'ils repandent est beaucoup plus vive, leur effet beaucoup est plus bril- lant; et pour leur donner leur maximum de lumiere, il u'est jamais COSMOS. 259 n^cessaire, comme pour les autres bees, d'ouvrir tout a fait les ro- binets. Le triomphe remporte par notre vieil ami depasse ses espd- rances, inais il n'a encore conquis jusqu'ici que de la gloire achetee par d'enormes sacrifices, de cruelles privations et des angoisses de tout genre : puisse enfin sonner bientot pour lui I'heure de la mois- son et du repos ! Les proprietaires de ce bel dtablissement 154, galerie de Valois, ont des droits acquis a la reconnaissance publique d'abord , pour leur courageuse initiative, pour rhospitalite qu'ils ont gcnereuse- ment accordee a I'une des plus utiles inventions des temps modernes ; a notre reconnaissance aussi pour leur bon accueil, la facilite qu'ils nous ont accordee pour verifier les resultats du nouvel eclairao-e , la douce violence qu'ils nous ontfaite; il a fallu bon gre, mal gre nous asseoir a leur table, et partager le diner de leurs botes. Mets choisis et abondants, luxe de table, eclairage magnifique, en voila certes plus qu'il n'en faut pour une vogue durable, et nous la leur souhaitons cordialement. — Nous parlions tout a I'heure de fuites des tuyaux et des bees qu'on n'avait pas encore reussi a decouvrir, et qui retardaient I'em- ploi des hydro-carbures. C'etait en efFet jusqu'ici un pcnible et lono- travail que de mettre en evidence les solutions de continuite des appareils a gaz. L'odorat les fait sentir sur-le-champ, mais oil sont- elles et comment arriver a les toucher du doigt? II fallait, la main armee d'une bougie allumee, suivretoutes les sinuosites des tuyaux et des bees, approcher la flamme de tous les angles , et attendre qu'en prenant feu, le gaz indiquat lui-meme le point par lequel il s'l^chappait. Un homme ingenieux, M. Maccaud, est enfin parvenu afaire de cettelongue et difficile recherche un jeu d'eiifant. II ferme le robinet d'alimentation et les robinets des bees; puis, a I'aide d'une pompe foulante, il fait pcnetrer de I'air a une pression consi- derable dans I'ensemble entier des tuyaux qui conduisent le gaz aux bees. S'il y a quelque part une issue, Fair violemment comprime sort par ce trou, et, en sortant, produitn(5cessairement un son plus ou moins intense; I'oreille fait deviner a peu pres le point d'ou part le son ; la main guidee par I'oreille rencontre le jet d'air etletrou est bientot ferme. Antant I'ancienne methode etait longue, inefficace et dangereuse, a cause des explosions qu'elle amenait souvent, autaiit lanouvelle est prompte, efficace et innoeente; combien d'etabh's- sements ont deju ele delivres ainsi des emanations nauseabondes, et assainis! Nous disons assainis, parce que le gaz qui s'enfuit en- traine toujours avec lui une certaine quantite d'hydrogene sulfure. 960 COSMOS. principe essentiellement di^l^tfere; les fondateurs des diners euro- peens out eti des premiers a faire appel ;i I'habilete de M. Maccaud. Sur nn rapport fait par M. Silberman au nom du Comity des arts economiques, la Socicte d'encourageinent a donnd son appro- bation entiere a cette utile application, qui s'(5tend avec non moins de succes au nettoyage des ramifications d'(5clairage, sans demon- tage aucun. II suffit pour cela d'iiijecter, au lieu d'air, un liquide propre a dissoudre les matieres solides durcies par un long sejour. Angleterre. — Les journaux anglais ont soulev^ r^cemment un probleme tres-important. Ne serail-il pas possible d'enlever tel- lenient I'encre d'imprimerie d'une feuille de papier, quelle put servir a une impression nouvelle, ou etre vendue, du moins, au meme prix que les rognures de papier blanc, pour etre convertie de nouveau en patel i\l. C.-M. Archer, ccrit a VJf/ienceur/ianglais, qu'apres de longues etudes, il est enfin parvenu a decouvrir une mi^thode si elegante , si i^conomique et si efficace, d'utiliser le papier perdu par I'impression, que dans I'etat actuel du commerce de papier, elle pouira, par les avantages pratiques et les services qu'elle rendra, prendre une importance comparable a celle de la ddcouverte meme de la fabrication da papier. Apres avoir completement reussi dans des essais en grand, M. Archer a pris une patente; il se trouve au- iourd'hui en mesure de traiter tous les papiers salis par quelque o-enre d'impression que ce soit, et de leur rendre leur nettete pre- miere. Le Builder annonce que M. le docteur Emile Brawn est enfin parvenu a composer une matiere plastique se moulant avec toute la finesse de contours et de traits du platre de Pans;ayant toute la blancheur du marbre statuaire le plus fin, plus impermeable que le marbre a sa surface, inaccessible a I'humiditt^, et pouvant en conse- quence r^sister k toutes les intemp^ries des saisons. L'inventeur a deja produit plusieurs busies et statues que les pculpteurs et les artistes les plus comp6tents de Rome ont grandement admires; ils sont unanimes a reconnaitre la beauts et hi valeur incomparable de cetie matiere dont la cassure offre un aspect cristallise, qui se prete au moulage des plus petits objets comme a celle des pieces les pluscolossales, car elle ne s'ecrase jamais par son propre poids , •.luolque enorme qu'il soit. Le prix des objets d'art confectionnes avec cette pate ne surpassera guere le prix des memes objets mouMa en platre. GRANDE QUESTION A L'ORDRE DU JOUR. M. Dubrunfaut souleve dans le Moniteur industriel une question tres-grave : « Le sucrage des vins, recommande par divers auteiirs, experi- mente avec succes par plusieurs ocnologues, a ete I'objet de prati- tiques en grand dans plusieurs vignobles et notamment en Bour- gogne. Cette pratique, faite d'une maniere abusive avec des sirops de fecule, ayant port^ atteinte a la reputation des vins de Bour- gogne, lecongres des vignerons, reuni a Dijon, en 1846, a hau- tement condamne le sucrage. Cette decision est regrettable, car la methode qu'elle condamne peut, etant bien dirigee, rendre d'immenses services a I'industrie viticole. Une brochure que nous publierons sous peu de jours, a pour but de rehabiliter le sucrage des vins. La situation de nos vignobles, par suite de I'Didium et de la cou- line, donne au sucrage un intdret nouveau ; et en presence d'une mauvaise recolte , nous croyons ne devoir pas differer d'un instant la publication des conclusions principales renfcrmees dans notre brochure, d'autant plus que pour realiser dans leur derniere limite les avantages de cette pratique, conformement a nos vues, il est utile de s' assurer , non-seulement le concours actif des vignerons mais encore celui de I'administration. Voici les conclusions principales : Le Sucre de Cannes raffine peut seul etre employe utilement pour ne pas changer dans les vins les qualites auxquelles le consomma- teur est habitue. Les moscowades de canne et de betterave, les glucoses de fecules et autresne peuvent servir qu'a alcooliserdes venJan^es connnunes et quand les saveurs qu'ils substituent aux saveurs propres des vins ne peuvent pas compromettre la vente. Le sucrage au sucre raffine peut toujours etre pratique avanta- geusement pour toute espece de vin de bouche, et dans toutes les annees, excepte toutefois dans les grandes ann^es qui peuvent servir de type pour la qualite. On arrivera ainsi a regulariser la teneur des vendanges en sucre d'apres les bases des meflleures an- nees. D'apros ces donnees, I'enrichissement des vendanges en sucre excfedera rarement celui qui correspond a deux ou trois centienies d 'alcool, soit 37 a 55 kilog. de sucre par 1 000 litres de vin. 262 COSMOS. La question ^conomique admettanttoujours cette depense, imeme avec le sucre raffine de Cannes ou de betteraves aoquittd, a plus forte raison radmettrait-elle avec des sucres aflranchis. Le sucrage qui est toujours praticable pour les vins de bouche, pourrait I'etre en ce moment pour les vins de chaudifere, mais avec la condition de franchise. Le sucrage, qui peut regulariser la teneur alcoolique des vins ind^pendamment des conditions de maturite des raisins, est surtout utile comme correcteur des qualites dans les mauvaises annexes. II peut, dans des annees disetteuses et de grand prix, comme celle oil nous allons entrer, permettre d'accroitre utileinent et eco- nomiquement le volume de vin par une addition de sucre et d'eau, laite dans de certaines limites et avec certaines precautions. Cette addition est subordonn^e a la richesse des mouts en fer- ments eten tartre. L'addition en sucre ne doit dans aucun cas exceder celle qui peut etre transformee en alcool par le ferment naturel du raisin; l'addition d'eau doit etre r^glee pour conserver au vin sa richesse alcoolique normale, et par consequent elle doit etre variable avec la proportion de sucre ajoute; elle peut aussi, au point de vue du tar- tre, atteindre la limite ou le vin cesse de donner, apres fermenta- tion, un depot de tartre et de matiere colorante. Le sucrage ainsi envisage peut entrainer une consommation ^norme de sucre de Cannes ou de betteraves. II doit toujours regu- lariser I'une des qualites essentielles des vins , leur richesse alcoo- lique; et il peut, dans des annees disetteuses, pallier utilement I'in- suffisance des quantites et reagir ainsi sur les prix qui pesent au- lourd'hui si lourdement sur les consommateurs. Dans ce dernier cas encore il offre le moyen le plus simple et le plus ^conomique d'augmenter la production des vins sans changer trop brusquement les habitudes des consommateurs, et ce moyen est infiniment preferable a celui qui pretendrait remplacer les vins de raisin par des boissons alcooliquespr^pardesavec desbetteraves, etc. Pour atteindre promptementle but que nous signalons ici sommaire- ment, le vigneron, le fabricant de sucre et le raffineur qui sont int^- ress^s dans la question , devraient s' entendre pour obtenir du mi- nistre des finances le d^grdvement des sucres employes pour le sucrage des vendanges. Cette pratique, plus rationnelle que I'in- forme vinage a I'alcool, devrait trouver auprfes d'une administration bienveillante une protection au moins ^gale a celle qu'a rencontr^e ce vinage. COSMOS. 263 Le temps presse, les vendanges vont s'ouvrir sous peu de jours dans plusieurs de nos vignobles, et il serait urgent que !es vigne- rons fussent en position de pratiquer le sucrage en franchise d'apres les vues exposees ici. Cependant, si cette faveur n'etait pas accordee par I'administra- tion, le prix des vins est tel en ce monnent, qu'il y aurait profit pour le vigneron a utiliser meme le sucre acquitte. Le sucrage des mouts a dose equivalente a 3/100 d'alcool couterait aujouid'hui 18 fr 60 c. par piece de 225 litres. L'accroissement de volume du vin,' provenant de sucre libere d'impots, introduit dans les vendanges, donnerait pour prix derevientde ce vin, riche k 10/100 d'alcool, 75 Ir. par piece. Ce prix ne serait que de 45 fr. avec du sucre exempt de droit. La consommation du sucre, gen^ralisee dans les vignobles dans les annees ordmaires, et comme moyen de regulariser la richesse InnnnnlZ^^ ^'"^^ ^^^ ^°""^' ^""^^'' P«"rrait porter a plusde ffl n ^^ kilogrammes cette consommation specialede sucre raftne. Cette meme consommation faite avec accroissement des va- leurs des vins d'apres la teneur des mouts en tartre et en ferment pourrait etre plus que doubles. Dans tous les cas, le sucrao-e au sucrede Cannes, convenablement pratique, pourrait facilement of- tnr aux sucres un debouche prochain de 50 a 60 millions de kilo- grammes au grand profit de la viticulture et des consommateurs. .. Nous nous rappelons qu'il y a quelques anndes, M. Despretz, membre de 1 Institut, a conseille aussi d'ajouter du sucre au mout dans 1 acte de la fermentation. Bien conduite, cette pratique est cer- tamement excellente. Des vignerons de Chelles (Seine-et-Marne), qui ayaient suivi le conseil de M. Despretz, s'en sont tres-bien trouves,- personne ne voulait croire que les vins produits par eux etaient des vms des mauvais crus du pays. HISTOIRE DE LA PHOTOGRAPHIE. Nous avons loue sans reserve I'histoire rapidede la photographie qui forme la preface du Traite de M. Belloc; nos 61oges etaient le resultat d'une etude seri'suse , car nous avions verifie une a une toutes les assertions et Jes rlates, des lors la critique de M. Lacan devient pour nous comme une critique personnelle, a lanuel'Ie nous croyons devoir repondre en peu de mots. 1" Les premieres eprexives de Joseph-Nicephore Niepce ne remon- tent pas en 18-24, mais en 1822. M. Lacan confond les essais de gravure heliogra])hique, sans I'aide de la chambre obscure, et qui sont reellement de 1822. avec les premieres epreuves obtenues a la chambre obscure, et qui sont de 1824, comme I'affirme avec rai- son M. Belloc. 2" Nicephore Niepce, mort en 1833, n'a pas pu ecrire en 1837 a Daguerre : " Quelle difference entre le procedc que vous em- plo3^ez et celui surlequel j'aitravaille! - /?:'ornie en moins de yingt minutes ou un quart-d'heure, un gros sac do farine en une pate parfaitement liomogene, parfaitement levee, divisee, a(^ree; 2" son four a air chaud et a plate-forme tournante, dont il 286 COSMOS. n'a pas seulement exclu le bois, le charbon, les cendres; ou la fu- m^e meme du foyer ne peut pas pen^trer; que I'ouvrier remplit de pate, sans pelles de longueur d^nesurde, sans tendre les bras avec efforts , sans etre force d'ouvrir largement les yeux devant des sur- faces ardentes et pour decouvrirune place vide ; ou chaque cspace, au contraire, vient a son tour deinnnder et recevoir la pate qu'il changera en pain; qui permet de realiser jusqu'a dix-huit et vingt cuissons par jour, avec une cconoinie de combustible d'au moins 50 pour cent. En inoins de deux ans, de juin 1852 a juin 1854, la Societe qui exploite la decouverte de M. Rolland, a expedie de nombreux petrins et installe de nombreux fours en France , en Italie, en Autriche, en Boheine, en Hongrie, en Belgique, en Es- pagne, en Hollande, en Suisse, en Piemont, en Afrique, en Ame- rique, et jusque dans I'Oceanie. Elle a vendu ses brevets pour la Sardaigne, I'Autriche et 1 Espagne, et les privileges d' exploi- tation exclusive dans trente departements fran9ais et I'Algerie. Enfin, dans les sept derniers mois de son exercice, elle a realise un benefice net de 230 000 fr. Ce succos est d'autant plus extraordi- naire que jamais la routine n'est plus aveugle, plus opiiiiatre, plus acharn^e, que lorsqu'il s'agit de procedes consacres par la pratique de tous les temps, de tous les pays, et d'autant plus en- racini^s qu'ils sont plus barbares. C'est pour nous une graiide consolation que d' avoir ri^pondu le pre- mier a I'appel de ce si honorable inventeur qui, sans autre ressource que la force de sa volontc, sans autre appui qu'une perseverance inebranlable , a su preparer, sans se soustraire aux angoisses d'un dtablissement qui I'absorbait tout entier, une revolution que de longs siecles n'avaient pas enfantee. Quelques annees encore, et le pdtris- saf e odieux des bras et des pieds aura tout a fait disparu ; et Ton aura entierement renonce a se iiourrir d'un pain que I'ouvrier, avec des gdmissements profonds, arrose surabondamment de sa sueur, d'un pain tout sali de charbons et de cendres ; et Ton aura peine a croire que, pendant plus de mille ans, I'humanite entiere se soit resignee a faire sa principale nourriture d'un aliment dont la preparation ex- citait tant de compassion et de dej^out. Nous demandons instam- ment a chacun de nos lecteurs de s'associer a cette glorieuse propa- gande, de s'unir a nous pour faire adopter partout le petrin ineca- nique et le four a air chaud. Les appareils de M. Rolland sont jus- qu'ici les meilleurs que nous connaissions; mais il n'est pas absolu- lumerit impossible que d'autres inventeurs, marchant sur ses traces, j^ient fait aussi bien que lui ou fassent mieux un jour. L'essentiel, COSMOS. ^g^ c est que le principe que M. Rolland n'a pas d^couvert, car d'autres avant lu,, at notamment MM. Mouchot fr^res . ^taient entres dans a lice ma,s qu il a le premier rendu pratique et populaire, entre tout a fait dans les habitudes des generations nouvelles. ciant'Vr'r/'T'"''^'"^'"'^'"'"'' ^'^"'^^^^^^^ q"'' ^'^^'^s^o- ciant a M. Rolland. ont assure le triomphe de sa bienheureuse Le piobleme des problemes a I'ordre du jour, I'dnorme question des subsistances s est presentee a eux sous une autre de ses faces la conservation des bles. M. Doyere leur a apporte son tue-teigne' qui assainira radicalement les grains en detruisant tous les insectei qui les attaquent, qui sauvera par consequent dune perte iusqu'ici "leyitable le quart, le tiers, la moitie, les deux tiers quelquefois de Ja recolte; qui assurera a la consommation une farine touiours pure et nourrissante ; qui permettra par des reserves sans penl de d .e dre le pays des liausses subites qui effraient le gouvernement, deb baisses anormales qui ruinent les cultivateurs. M Doyere les a instamment pries de faire pour sa bienfaisante machine. encourag(inl (Uagricultiire -pratique, M. CoUot invitait les a.i'riculteuTs a chercher les moyens d'utili- ser les plan tes nuisibles a I 'agriculture, comme le chiendent; or il y a deja plusieurs mois, M. Hofftiiaur celle de M. Le Gray. Lorsquece dernier a pu- blie la seconde edition de »a Photographie , cette methode, dent le Cosmos avait eu les premices, etait comme et apprecice. M. Le Gray Tessaie a son tour. " Voue, disait-il, comme je le suis au progres de la photographie, il est de men devoir de reconnaitre tout ce qu'il y a COSMOS, 305 de bori clans les procedes indiqnes; celui-ci a d'excellentes qualites, il ni'a fourni de tres-bonnes epreuves. " N'est-il pas Evident par ce passage que M. Le Gray essayait, pour la premiere fois, le pro- cedd a la ceroleine, precede qu'il annon9ait sous ce titre : procede A LA CEEOLEINE DE M. STHEPHANE GEOFFRAY ? Et, en efFet, danS toutes les editions anterieures de son livre, M. Le Gray n'a pas dit un seul mot de la ceroyine et de son application a la photo- graphie. Qu'on juge done de notre surprise quand, le 28 juil- letl854, nous regumes de M. Le Gray la signification suivante : " J'espere, monsieur, que d'apres ce document, vous reconnaitrez, ainsi que M^L Stephane Geoffray et Lespiault, que le droit de priorite pour I'application de la cire et de ses composes, dans la preparation des papiers photographiques , m'appartient entiere- ment. •> Ce document estun brevet, pris en 1851, pour la fabrication du papier cire, dans lequel M. Le Gray aurait, dit-il, spccialement de- signd les differentes dissolutions de la cire dans I'alcool, dans I'es- sence de terr'benthine, dans I'huile de naphte, et les cires saponi- fiees. Nous regrettons vi.vement de n'avoir pas le texte meme du brevet de M. Le Gray, mais, quel qu'il puisse etre, il n'enleve rien aux droits de M. Geoffray. En efFet Pune indication vague n'est pas un procede complet; 2° si le brevet parle de la ceroleine, ce n'est que com me mode de cirage , anterieur a I'iodurage qui ne se fait que plus tard et par uiie operation distincte, tandis que M. Geof- fray mele avant tout les deux, solutions de ceroleine et d'iodure, et trempe son papier dans ce melange, I'enduisant ainsi, etl'ioducant tout a la fois : c'est la le caractere propre et distinctif de sa me- thode^ qui la differentie essentiellement du cirage, soit a la cire, soit a ki ceroleine. 3" Alors qu'il n'est question, comme dans le brevet de M. Le Gray, que de la fabrication de papier cire, on comprend que I'habile photographe ait prcfere la cire et decrit exclusivement son procede a la cire : mais on ne comprendrait pas du tout que devinant, combinant, essayaat I'emploi du bain de ceroleine et d'iodure, que pratiquant en un uiotla methode plus simple, plus facile, plus con- stante, formulee plus tard par M. Geoffray, que reussissant en 1851 comme en 1853, il I'eut laissee de cote sans meme en dire un mot, qu'il 1 eut etouflfee au berceau, qu'il I'eiit meme completement ou- bliee, au point de ne plus la reconnaitre, au point de Timprimer lui- meme sous le nom de M. Geoffray. En resumd, ce que M. Le Gray peut revendiquer, c'est le cirage du papier prealablement a I'ioduration, soit par la cire, soit par les 306 COSMOS. composes de la cire ; de la au proc^de complet d'iodurage et de cereolinage simultane, tel qu'il a ete decrit d'abord par M. Geof- fray, et applique depuis par tous les photographes avec des avan- tages telleiiient evidents, que le cirage simple de M. Le Gray a deja perdu beaucoup de ses partisans , il y a une distance eiiorme. Le precede a la c^roleine public par le Cosmos appartient a M. Geoffray comme le cirage du papier appartient a M. Le Gray ; 11 est sa decouverte ei sa propriete au moins autant que I'emploi du collodion est la decouverte et la propriete de M. Le Gray. M. Le Gray nous a su bon gre de lui avoir conserve par tous les moyens en notre pouvoir la gloire du premier emploi du collodion ; il trouvera par consequent tres-naturel et tres-juste que nous conservions a M. Geoffray la gloire de la decouverte du procede simultane d'en- duit par la cerolcine, d'ioduration par les iodures. II nous restera a dire quelques mots des reclamations de MM. de PoiUy, Lespiault , Charles Chevalier. — M. Hlasiwetz indique un moyen facile d'ameliorier lesn^gatifs gris qui ne donneraient que de mauvais positifs. On verse sur la plaque fixee et lavee a I'ordinaire une solution tres-etendue de sulfure d'ammonium , 1 volume de sel pour 20 vo- lumes d'eau; on laisse cette solution agir pendant une demi-minute environ et on lave de nouveau. Les parties sur lesquelles I'argent etait reste a I'dtat nu sont recouvertes de sulfure d'argent; les noirs prennent ainsi une intensite beaucoup plus grande, etlesblancs des positifs qu'on obtiendra plus tard seront plus delicats et plus fins. II y amemede I'avantage a traiterde la meme maniere les n6- gatifs qui auraient bien reussi. Vues par transparence , les plaques ainsi renforcees prennent une couleur bleu-noir tres-foncee ; vues par reflexion, elles sont couleur d'or-brun iris4. L'operation doit'se faire a I'air libre, pour ne pas infecter la chambre d'une mauvaise odeur et ne pas faire noircir les preparations d'argent situees dans le voisinage. — Le meme photographe conseille comme pouvant servir par- tout, dans I'atelier comme en plein air, le collodion iodure suivant, d'une sensibilite tres-grande et tres-constante : on prend 2 grammes d'iodure de potassium, on les dissout dans quelques gouttes d'alcool ordinaire , et Ton y ajoute 10 grammes d'alcool concentre, 80 gram- mes de collodion chimique, ayant la consistance du sirop de sucre, et 10 grammes d'ether. Si on a fait le melange le matin, on pourra le decanter tres-clair le soir. Un temps d'exposition de 5 a 7 se- condes a I'air libre, de 15 a 20 secondes dans I'atelier par une bonne COSMOS. 307 lumiore , suffit ordinairenient. L'addition d'iodure d'ammoniaque ou d'iodure d'argent n'a pas les avantages qu'on lui attribue. — M. Campbell recoinmande comme donnant de tres-bons resul- tats le precede suivant de collodion sur papier : Epreuves positives directes. — Prenez du papier, noir et glace d'un cot^, blanc de I'autre, et coupez-le plus large d'un huitieme sur tous les bords que la glace dont vous vous servez ; placez-le sur la glace, la face noire en dessus, et fixez-le aux quatre angles avec un peu de goinme; revetez-le de collodion, comnne vous feriez de la glace elle-meme; enlevez le papier de dessus la glace, et faites flotter la surface enduite de collodion sur un bain a 30 o-pains (Is, 95) de Tiitrate d'argent pour chaque once (30?) d'eau distillee. Quand la teinte sera devenue uniforme, retournez la feuille de pa- pier et faites absorber a I'autre face du nitrate d'argent pendant quelques instants, ce qui empechera le collodion de sdcher trop vite. Pour exposer a la chambre obscure, placez le papier encore humide sur line glace, la face collodionnee en haut; il adherera suffisain- nnent.Apresrexposition, vous placerez I'image sur un support hori- zontal, la face impressionnee en haut, et vous developperez avec la preparation suivante : Prenez acide pyrogallique, 5 grains (0,323); eau distillee, une once (30s) ; acide acetique cristallise , 1 drachme (1,772). Quand le moment dedevelopper sera venu, vous verserez dans 2 drachmes d'eau distillee, 20 minimes ou gouttes de la prepa- ration ci-dessus qui a la propriete precieuse de se coiiserver indefi- niment.Vous fixerez avec le cyanure de potassium, 2 grains (0,139) par once (30s) d'eau, ou avec I'hyposulfite de soude. Les positifs directs ainsi obtenus seront aussi beaux que I'operateur puisse le de- sirer. Epreiives negatives. — Au lieu de papier noir, prenez du papier negalifde Turner, qui fait un aussi bon service que la plaque de verre, et conserve sa sensibilite plus longtemps. La solution revela- trice doit etre plus forte que pour les positifs. Le collodion qui a le mieux reussi a M. Campbell dans ses expe- riences e.-it celui de- JMM. Home, Thornthwaite et Wood; mais on doitreussir de meme avec tous les bons collodions, Lorsque le ne- gatif a ete obtenu, on le fixe et on le lave; on le place ensuite sur un linge propre, le cole impressionne en haut; quand il est a peu pres sec, on le place entre deux feuilles de jiapier buvard, et Ton passe un fer chaud sur la face opposee a l"image, jusqu'a ce que le papier soit absolument sec. ACiDEMIE DES SCIENCES. StANCK Dll 4 SEFT£iIl!RE. On a vu que, dans la derniere stance, M. Faye a cru devoir ap- peler rattention sur la complete insuffisance de la theorie actuelle des refractions astranomiques. Par egard pour les grands noms qui ont foiide cette theorie, les Newton, les Laplace, les Ivory, les Bes- sel, elc, etc., par egard aussi pour lui-meme, car il a consacre plu- sieurs annees a I'^Lude de cette question eminemment delicate et ardue, M. Biot a cru devoir prote&ter centre la critique et les in- novations de M. Faye. L'illustre' doyen, avec beaucoup de dignite, de formes et de menagements, a francheinent avoue qu'il est en dis- sentiment complet avec son jeune coUegue; qu'il repousse dgale- ment et ses observations critiques et sa methode de rectification. Nous attendrons que la note de M. Biot ait paru dans les Comptes reiulus pour donner Tanalyse de son argumentation. « M. Faye a repondu avec beaucoup de moderation et de respect : II croit devoir maintenir ce qu'il a dit, d'autant plus que M. Biot avoue lui-meme I'insufEsance de I'ancienne theorie des que la dis- tance zenithale de I'astre observe depasseOO degres; or la ndcessite d' observer a de plus grandes distances ne peut pas etre revoquee en doute ; elle se presente chaque jour, soit qu'il s'agisse des etoiles circumpolaires, soit qu'il s'agisse du soleil, soit qu'il s'agisse du pas- sage des etoiles au meridien inferieur, etc., etc. - A quoi se redui- sent en reality mes pretentions, dit M. Faye ; a introduire dans la theorie et le calcul des refractions astronomiques le coefficient des refractions terrestres. Pour montrer que je suis dans le vrai, je pourrais invoquer I'autorite de M. Biot lui-meme, puisque, pour re- soudre certaines difficultes insurmontables de la theorie des refrac- tions astronomiques il a propose des experiences faites de I'Obser- vatoire sur des mires placees au sommet de la butte Montmartre. .- M. Le Verrier a profite de cette occasion pour donner quelques details sur les ameliorations deja realisees par lui a lObservatoire dans le but de resoudre par des ensembles d'observations appro- priees les questions encore controversees, celle entre autres de la re- fraction. Par inadvertance sans doute, apres avoir creuse jusqu'au fond des catacombes pour construire et elever les massifs ou piliers qui supportent les grands cercles meridiens de Fortin et de Gambey, on avait ma(^onnc les vides compris entre les voiites en pierre des salles et les piliers; les piliers faisaient ainsi corps avec les voutes G0SMO6. SOfff qui leur transmettaient toutesles vibrations du sol. II ^tait dcs lors vraiment impossible d'observer lesastres par reflexion sur les hori- zons de mercure toujours anime d'oscillations intenses. Aujourd'hui, pour le cercie au moins de Gambey, le pilier est entierement detache des voiltes et libre jusqu'a la surface du sol ; on I'aurait meine de- gage jusqu'a ses fondements si Ton n'avait y>as craint de diminuer la stabilite des bases qui portent la lunette meridienne. Grace a cette op(5ration et aussi a la substitution du macadam'au pavage dans les rues d'Enfer et Saint- Jacques, les trepidations fcont considerable- ment attenuees, et Ton peut tres-bien fixer la position du nadir par I'observation des astres vus par reflexion. M. Le Verrier pourra maintenant donner suite aux propositions.[de M. Biot , etablir une mire a une certaine hauteur, lier par des observations suivies et des Equations de condition theoriques ces trois|grandes inconnues ou in- deterininees , la latitude, la refraction et la flexion des lunettes, de maniere a ce que Ton puisse calculer leurs valeurs exactes. <• Mais pour atteindre ce but tant desire, pourarrivier a soutenir glorieuse- ment la concurrence a cote des observatoires si adniirablement mon- ies de Greenwich, dePulkova, etc. ,«tCL., il faut, ajouteM. Le Ver- rier, du temps, beaucoup de temps ; je n'arriverai qu'apres un an, deux ans, cinq ans peut-etre, mais j'arriverai. >• — On ne trouvera pas mauvais, sans doute,fque nous exprimions franchement notre pensee dans la discussion que la reclamation de M. Biot souleve, puisque M. Faye a bien voulu rappeler que nous avons nettement pose dans le tome P'' du Cosmos, p. 126, le pro- bleme des refractions atmospheriques. Nous avons en effet combattu, le premier peut-etre, la distinc- tion irrationnelle des refractions astronomiques et des refractions terrestres; nous avons retablices deux principesfondamentaux pres- que oublies par certains geonietres, trop peu physiciens, de I'ocole de Laplace, 1° Si un rayon luiuineux traverse une serie de milieux disposes consccutiveinent et separesles uns des autres par des sur- faces paralleles, la direction finale du:nayon, ou Tangle qu'il fera avec la normale a la surface de sortie, ainsi que sa deviation to- tale, ou la difference entre les angles d'entree et de sortie, seront les meines que si le rayon avait etc transmis iminediatement du pre- mier milieu dans le dernier, sans tcnir aucun compte de la densite de la temperature, et de I'indicede refraction des couches interme- diaires. 2" Comme I'atmosphere terrestre dams son etat normal et regulier est coinposee de couches concentriqnes ou paralleles de densite uniforme, la refraction dans. I'atmosphere terrestre se fait 310 COSMOS. conformement au principe ci-dessus, et la deviation totale, expri- mce pur la loi de Bradley, est ^gale au produit de la tanoente de la distance z^nithale apparente, multipli^e par un coefficient depen- dant de la densite ou de I'indice de refraction de la couche dans la- quelle I'astronome observe. Si cette loi est d'accord avec les obser- vations jusqu'a soixante degrds du zenith, c'est prdcisement parce que dans cet intervalle les couches de I'atmosphere sont sensible- ment paralleles ou concentriques; si, plus tard, les ecarts se mani- festent, c'est que le parallelisme des couches cesse ; niais par la meme on se retrouve dans la condition des refractions terrestres ; et il est alors, non-seulement tres-naturel, mais necessaire de faire intervenir la theorie ou le coefficient propre de ces refractions : c'est ce que M. Faye propose. Ce qui pent rester encore incertain et controverse , c'est si le mode special d'inlroduction du coefficient de la refraction terrestre, adopte par M. Faye, est suffisamment exact, s'il reprdsentera les phenomenes avec une approximation suffisante; or, ces incertitudes, M. Faye a eu soin de le dire, ne pourront etre levees que par des series d'observationssuivies. — M. Dumeril, en presentant le neuvieme et dernier volume de son Erpetologie generale editee par M. Roret, demande a entrer dans quelques considerations generales qui fassent mieux ressortir le ca- ractfere propre et I'importance de cette grande histoire des reptiles, commencee en 1834, terminee apres vingt annees de rechercbes in- cessantes. M. Dumeril eut d'abord pour collaborateur Gabriel Bi- bron, mort prematurc^ment, martyr de la science, victime de I'ex- ces du travail; M. Auguste Dumeril fils a succede a M. Bibron, dont le nom restera neanmoins inscrit au frontispice des derniers volumes. Les lignes suivantes de I'averlissement de I'illustre au- teur suppleeront a I'absence d'un compte rendu, plus etendu, que nous sommes force de differer : « Une table alphabetique generale est destines a faire retrouver, dans les neuf volumes, les pages oil sont inscrits les noms de toxis les ordres, sous-ordres , families, tribus et genres des especes de reptiles qui y sont d^crits. Chaque volume d'ailleurs coiitient, a part, des tables methodiques et alphabetiques des noms adoptes et meme de ceux qui ont ete proposes par d'autres auteurs , mais avec les renvois necessaires pour les faire retrouver au besoin. " On trouvera constamment dans cet ouvrage X etymologle des noms employes pour designer les ordres, les families et les genres, soit qu'ils aient et6 proposes par nos devanciers, soit qui! nous ait paru necessaire d'en produire de nouveaux. COSMOS. 311 « Quant a la synonymie, nousavons pris un soin tres-particulier surtout dans les derniers volumes et pour chaque espfece, de dispo- ser las noms des auteurs cites, d'apres leur st^rie chro'nologique, parce que cette disposition en fait connaitre I'ordre successif et de plus en plus perfectionni' par les naturalistes. Achacun des articles principaux de nos dix volumes, on trouve tous les details biblio- graphiques necessaires et une appreciation des travaux de nos devanciers. C'est avec confiance que nous livrons aujourd'hui cet ouvrage sur I'histoire naturelle des reptiles aux progres ulte- rieurs que cette branche de zoologie est appelde a obtenir. Nous avons I'espoir que nos travaux pourront beaucoup faciliter les etudes comparatives qui seules doivent servir a I'avancement de la science. Ce sera la recompen.se la plus flatteuse du travail assidu et conl sciencieux auquel nous avons dii nous livrer pour repondre a la con- fiance du gouvernement, pendant les cinquante-quatre annees que nous avons et^ appele a professer au milieu et a I'aide de la collec- tion erpetologique la plus nombreuse qui existe actuellement dans le monde entier. » — M. Sedillot, professeur de clinique chirurgicale a la Faculty de Strasbourg, lit un aper^u des nombreux et heureux resultats obtenus par lui dans I'application de son nouveau mode de caute- risation ignee. Au bouton d'acier rougi , au moxa si cruel, M. Se- dillot a substitue les pointes de feu produites par une tige effilee d'or ou d argent chauflee a la flamme d'une lampe a esprit-de-vin. Cette methode est simple et facile; le nombre des piqures est plus ou moins grand suivant I'intensite du mal, on les st^pare par des intervalles plus ou moins eloignes, la douleur qu'elles causent est trfes-supportable, les accidents qu'elles amenent trfes-rares , leur effi- cacite incontestable. En preuve de ces assertions, M. Sedillot rap- pelle un certain nombre de guerisons rapides et quelquefois ines- perees obtenues par lui dans des cas fort graves d'inflammations, d'ulcerations, d'eiigorgement des os, etc., etc. ^ — M. Jules Guerin lit un memoire sur le traitement et la gue- rison de I'empyeme. En voici I'analyse exacte : c'est une nouvelle et importante application de la methode de section sous-cutanee. qui a fait une veritable revolution dans la chirurgie operatoire , qui constitue pour son auteur un titre de gloire dont les plus gr'ands maitres seraient justement jaloux. 1" La thoracentese sous-cutanee constitue une application de la methode sous-cutanee generale realisant, a I'aide d'instruments par- 312 COSiAlOS-. ticuliers, les caractores et tons !es avantages de la mothode dont elle eniane. 2" Lps instruments employes par la thoraccntese sous-cutanee se composeut : A. d'un trocart plat recoube a son extrcmile libre et muni d'un robinet sur son trcijet ; B. d'une pompe hermetiq.ue munie d'un roljinet a double effft destine a permettre I'aspiration et I'expulbion du liquide sans deplacement. 3" La thoracenlese sous-cutande a pour caractere et pour but special d'operer Tevacuation du liquide renferme dans le thorax a I'abri du contact de I'air, avant, pendant et apres I'opdration. Elle se propose en outre d'operer cette evacuation de fa9on qu'aucune partie du liquide extrait ne s'epanche dans le trajet sous-cutane par- couru par le trocart, soit pendant, soit apres I'oporation. Le resultat physiologique de cette double precaution est de prevenir toute in- flammation suppurative de la plaie thoracique et d'en obtenir I'or- ganisation imuiediate. 4° L'application de la thoraceiitese sous-cutan^e consiste a faire un large pli a la peau, a ponctionner le thorax a la base de ce pli, de fa9on qu'apres 1' operation les deux plaies cutande et thoracique soient distantes I'une de I'autre de 3 a 4 centimetres. L'instrument dtant introduit avec les precautions qui previennent surement I'en- trce de I'air, I'extraction du liquide s'opere au moyen de la pompe, avec une prt'icision qui permet de s'aider des mouvements d'expira- tion dans la mesure et au degre utile au succes de I'opdration. 5° Sur seize sujets atteints d'empyeme et operes en public au depot de Saint-Denis, a I'Hotel-Dieu et au Val-de- Grace, et qui ont necessite trente ponctions, aucune operation n'a ete suivie d'ac- cidents immediats ou consecutifs ; onze sujets ont dte completement gueris ; les cinq sujets restants ont succonibe a des recidives com- pliijuees : un d'une affection organique du coGur ; trois d'une affec- tion tuberculeuse pulmonaire et constitulionnelle, et un d'une pleu- rdsie purulente aigue resultant d'un decollement traumatique de la plevre. Nous sommes forcd de renvoyer a la prochaine livraison une rote de M. Baudelocque, la seconde partie du memoire de M. Se- guin aine sur les chemins de fer atmospheriques souterrains , le Memoire du R. P. Secchisur le magnetisme terrestre, etc. A. TRAMBLAT, proprietaire-gerant. TAUIS. — IMPRIIIERIE DE W. REMQUET ET cie, ROE GARANCIERE, 0. T. V. l5 SEPTEMBUE l854. TliOISIE.ME AN'NEE. COSMOS. NOUVELLES. France. — Nous avons diique M. Babinet, membre de I'lnstitut, avaitimagine un systeme de projection dans lequel des surfaces egales sur la terre sont representees par Jes surfaces dgales sur la carte geo- graphique ; nous avons dit aussi qut- M. Blum avait pris xme grande part a la confection de ces cartes, dont le trace exige des calculs fort delicats ; I'iniportancede la collaboration de M. Blum est mieux e'ablie que nous ne I'avions fait par la lettre suivante adressee par M. Babinet a \ Estafelte : " L attention du public a etc appelee par vous et par plusieurs organes de la presse sur mon systeme de cartes homalographiques d'lme maniere trop honorable pour que je ne m'empresse pas de declarer que tout ce qui a rapport a Tutilisation de I'idee fondamen- tale appartient a voire savant collaborateur, M. Augusta Blum; de nieme que I'initiative de I'enseignement appartient a mon illustre ' confrere, M. Faye, de I'lnstitut, qui a introduit le systeme homa- lographique a I'ecole Polytechnique. M. Cauchy, qui a appliqu^ sa puissante analyse a la formule fondamentale, a bien voulu entrete- nir I'lnstitut et ses auditeurs de la Sorbonne de ces cartes, qui n'al- terent pas I'otendue des diverses regions du globe, et qui permettent meme aux personnes les moins exercees, de prendre des notions precises sur la grandeur des continents , des mers et des divers Etats. Comme mappemonde, cette carte est la seule qui jouisse de Get avantage. M. Blum a aussi imagine de plier la forniule a la re- prfeeiitation du globe et des divers Etats divises en mesures d'eo-ale superficie. Lescanevas qui! a construits d'apres cette idee, tout en conservant les indications ordinaires des degres de longitude et de latitude, ont attire I'attention de savants du premier ordre. " Je suis Ires-flatte que, devan^ant toute publication de ma part et toute communication directe a I'lnstitut, mes cartes hyirialagra- phiques soient deja appreciees scientifiquement etindustrielieinent. Sous ces deux points de-\-u»,,c'es!t a la conviction de M. Bium, a S07-! activite,^ a ses c-alculs, tl ses dessins, a .seii- canev^ais d'eppeuvea zx 3U COSMOS. et a ses d-marches incessantes pendant plusieurs annees , que mon systfeme de projection doit de n'etre plus seulement a I'etat de theorie. .. Babinet. " Nous avons sous les yeux une iriappemonde hoirialographi(|ue pu- blieepar M. Ernest Bourdin, et que le marechal Vaillant, niinistre dejla guerre, a fait colorier lui-meme ; elle produit un effet vraiment raagique, et donne de la configuration du sol, de I'etendue des divers Etats, des contours des mers, une idee qu'aucun autre sys- tame de projection ne pourrait meme faire entrevoir. — M. Henry BouiUet, rue de Boiidy , 56, a Paris, a invente, depuis plus d'une annee, et appliqud dans les ateliers de son oncle, M. Christofle, un pro cedede fabrication des pieces d'orfevrerie eminemment ingdnieux et riche du plus brillant avenir. II s'agit de Temploi combing de la galvanoplastie et de la fonte, et nous en sommes a nous demander comment une idee aussi simple n'a pas encore ete mise en ceuvre. Tout le monde comprend que, par la galvanoplastie , on peut oblenir soit d'une seule piece , soit par 1' assemblage d'un nombre plus ou moins conside- rable de coquilles, les objets d'orfevrerie les plus ornementes ; mais, abandonn^e a ses propres forces, la galvanoplastie ne donne- rait, si Ton peut s'exprimer ainsi, que la carcasse fragile de I'objet sans soliditd aucune. Ce qui restait a faire, c'etait precisement de consolider cette carcasse , de lui donner la resistance des pieces ^paisses obtenues par les anciens precedes de fonte ou de nioulage en matrice ; et voila ce que M. BouiUet realise de la maniere la plus simple. II prend la coquille galvanoplastique en cuivre rouge, fusible a une temperature tres-61evee ; il place dans son interieur des morceaux de laiton, ou autre alHage de cuivre fusible a une temperature plus basse ; il fait fondre ces fragments d'alliage au cha- lumeau de gaz hydrogene, ou par tout autre precede ; I'alliage fond seul, s'etend a I'interieur de la coquille, fait corps avec elle et lui donne I'epaisseur et la solidity voulues, etc., etc. Quand toutes les coquilles ont ete solidifiees tour a tour, on les unit au moyen de ce meme alliage fusible ; I'objet d'orfevrerie est alors tout construit ; on le termine au burin a la maniere ordinaire. Les avantages du ncuveau procede sont vraiment enormes, car 1" on supprime d'un seul coup dans la fabrication courante I'emploi des matrices en acier, toujours coiiteuses et dont les resultats, comme perfection de tra- vail, laissent beaucoup a d^sirer ; 2" la richesse d'ornementation, qui n'est guere qu'un jeu pour la galvanoplastie , n'a plus de bornes; on produira et I'on vendra a des prix excessivement reduits des ob- COSMOS. 315 jets d'art que la reproduction par la fonte et la ciselure auraient ren- dus inaccessibles aux fortunes modestes; 3° on produira presque d'un seul coup et avec le concours de trois ouvriers seulement, des pieces qui auraient exige le travail successif d'un fondeur, d'un monteur, d'un orfevre, d'un planeur, d'un ciseleur et d'un graveur; 4" a toutes les pieces creuses qui surabondent aujourd'hui on sub- stituera desorrnais des pieces massives incomparablement meilleures dans I'usage, d'une fidelity de reproduction, d'un fini d' execution et d'une bolidite qui ne laisseront absolument rien a desirer. Comma preuve d'un succes accompli, MM. Christofle et Bouillet avaient de- pose sur le bureau de la Societd una serie de produits de leur nou- vel at t ; ils ont excite I'admiration universelle ; nous avons voulu les voir a notre tour dans les ateliers inemes de fabrication • et nous devons dire que les eloges qu'on nous en avait faits n'avaient rien d'exagere. C'est quelque chose de tres-elementaire, de trfes-naif meme si Ton veut, mais cette fois ancore, comme tant d'autres fois la simplicity a fait naitre le merveilleux. Nous voici done en posses- sion d'une invention qui, pour la grande exposition de 18-55, as- sure a la France une victoire eclatante. Ces chefs-d'oeuvre d'orfe- vrerie , ofFerts k des prix fabuleusement bas, feront une sensation profonde. Une autre penaee nous consolait alors que nous les admi- rions. Nous touchons a I'epoque oil les procedes d'argenture et de dorure galvaniques tomberont dans le domaine public , ou la concurrence effrenee, efFrontee , surgira de toutes parts, ou la deloyaute viendra nifailliblement en aide a une rivalite desor- donnee, a moins qu'une legislation forte ne previenne des dano-ers immments par le retablissement des marques de fabrique, par la reconstitution des maitrises ou jurandes, etc., etc. A moins d'efForts surhumains, le bel art dont nous parlons d(§generera d'une maniere lamentable ; ses produits deviendront tellement mauvais qu'on finira peut-etra par les dddaigner et les repousser pour revenir a I'argenterie massive ou au fer. Mais il est un etablissemeiit sur lequel on peut compter pour conserver les saines traditions, qui contiimera une fabrication loyale et consciencieuse c'est celui de MM. Christofle at comp., qui fut si longtemps le pro- prietaire exclusif des procedes tombes maintenant dans toutes les mains. Eh bien! c'est une sorta de felicite publique que cet etablis- sement, par la bienheureuse idee de la solidification des coquilles galvanoplastiques, entre pour longtemps encore en possessioii d'un nouveau monopole se rattachant a celui qu'il perd, le lui rendant en quelque sorte, for9ant un grand nombre d'acheteurs da conti- 316 COSMOS. nuer a I'ui demander des argentures et des dorures de bon aloi. — Dans une lettre ecrite au Conslitulionnol^ M. Howyn de Tranchore aiinonce que tres-prochainement 1 'Hotel des Invalides sera eclaire avec le gaz extrait directement de I'eau, par le precede de M. Kirckham; precede auquel des experiences positives assure- raient une superiorite incontestable sous le triple point de vue de reconomie, du pouvoir eclairant et de I'hygiene publique. Nous- ne connaissons pas encpre ce precede, nous ne pouvons done pas en parler, mais nous savons que tous les essais tenths jusqu'ici avec les gaz extraits de I'eau ont fatalement echou^, a cause des de- penses considerables qu'ils entrainaient. On a dit inonts et mer- veilles de I'eclairage de ce genre, organise dans la fabrique de M. Christofle, rue de Bondy ; et M. Bouillet nous disait, il y a fortpeu de jours, qu'on I'avait abandonne pour revenir au gaz ex- trait de lahouille ou del'huile, soit pour rilluminiation des ateliers, soit pour le service des chalumeaux pour le soudage des pieces d'orfevrerie. Nous savons encore qu'il est impossible d'utiliser le gaz de I'eau, sans toinber sous le coup des brevets de M. Ador, qui a le monopole de la carburation. Une seule chose, a notre avis, pourrait rendre possible le gaz extrait de I'eau, ce serait un emploi plus ge- neral du sulfate de zinc, de telle sorte, que ce sel augmentat consi- d^rablement de valeur. C'est ce qui aurait lieu infailliblement, si Ton entrait dans la voie que nou^ avons ouverte en rendant compte des precedes de conservation des corps de M. Falconi; s'il etait admis en principe et en pratique qu'aucun mort ne resterait ex- pose dans les demeures particulibres ou les inaisons mortuaires, qu'aucun cadavre ne serait depose dans la tombe sans etre recou- vert d'une quantite suffisante de mixture preservatrice des emana- tions putrides et de la decomposition cadaverique. M. Howyn de Tranchere ajoutait que I'application du proced^ Kirckham serait suivie de pres de I'application du procodc She- pard, qui consiste, on le sait, a extraire le gaz hydrogene de I'eau, au moyen d'appareils magneto-electriques. Nous sommes bien loin de partager les esperancesde la compagnie, parce qu'il nous semble impossible que ce probleme, beau sans doute en th^orie, soit jamais r^solu pratiquement et economiquement ; c'est une brillante utopie et rien de plus. Et puis I'extraction du gaz de I'eau par Taction de I'^lectricite n'cst-elle pas du domaine public? II est vrai que la compagnie dont nous parlons- vient de faire breveter des machines Jl^Tlvelles, a ce jioint dfe Vtie que les aimants fonctionnent sur leurs den^ fao^j au-devant desqxteiles tournent deux systL-mes -de bo- COSMOS. 317 bines. II y a bien longtemps qu'un de nos meilleurs constructeurs, M. Billant, a prdsentc a MM. Breguet et Masson une machine etablie sur ce meine principe, et qui a fonctionne dans les cours de la Sorbonne. — Quelques-uns de nos lecteurs s'etonnent que nous ne leur ayons rien dit encore de la miraculeuse invention du docteur Car- rosio, de sa fameuse pile a gaz, de I'emploi comme moteur du gaz extrait de I'eau, au moyen de cette pile, etc. Notre excuse est tres-facile. L'inventeur d'abord ne nous a pas initie a son secret, et puis tout ce qui a ete ecrit jusqu'ici sur sa decouverte, ne nous est apparu que sous forme de mystification. Tout homme compe- tent qui lira ces pages ridicules, soulevera les epaules, et s'attris- tera a la pens^e de ces centaines de dupes, de ces millions jetes au vent. Nous comprenons, sans peine, qu'un de nos hardis con- freres avant d'emboucher la trompette ponr celebrer la machine a gaz ait juge necessaire d'immoler, sans retour, la science et les savants; d'annoncer que bientot les physiciens feraient place aux empiristes, les chimistes aux tripoteurs. — M. Salvetat, membre du conseil d' encouragement, a fait, au nom de la Commission des beaux-arts appliques a I'industrie, un rapport entierement favorable sur la porcelaine tendre fabriquee par M. de Betlignies, a Saint-Amand-les Eaux (Nord). La pate de Saint-Amand-les-Eaux est compos^e d'une fritte a base de soude et de potasse, de craie et de marne, elle exige, pour etre convenable, un feu vif et soutenu, sansetre cependant trop vio- lent; sa cuisson pr6sente de graiides difficultes, ainsi que la mise en vernis. M. Brongniart adit qu'il a fallu plus de recherches, plus de g^niememe, pour creer la porcelaine tendre, produit en quelque sorte artificiel, que pour obtenir la porcelaine dure, resultant du melano-e de deux Imatieres naturelles; M. de Bettignies, raalgre les tradi- tions de Tournay et du VieuxSevres, a done du deployer une grande habilete pour arriver a fabriquer couramment les produits qu il sou- met au jugement de la Societe, et qui se distinguent par des dimen- sions considerables, par une reussite que les Anglais eux-memes trfes-amateurs du Vieux Sevres, ont constatee et couronnee. II ne lui reste plus qua se rapprocher davantage encore des modeles qu'il a choisis, et qui se signalaient paruneblancheur caractcristique. La manufacture de Saint-Amand compte aujourd'hui panni les usines les plus interessantes du nord de la France ; elle produit pour environ 150000 francs par annee. M. Salvetat, quil'ayisitee dans ses plus grands details, partage lesespcrances que I'airondissement 318 C0S310S. de Valenciennes fonde, avec raison, sur I'avenir d'un etablissement qui represente seul aiijourd'lvai la fabrication de la porcelaine ten- dre, et qui a contrihue puissanimeiit '^eju, par ses produits, a I'in- troduction des porcelaines dans ranieublemeiit. — M. Leras, docteur es-sciences, professeur de physique au lycee d'Alen9on, a fait, sur la combustion des gaz dans un milieu autre que Toxygfene, quelques experiences dont voici les resultats : 1° Lhydrogene brule avec une tros-belle flamme dans le chlore, le brome et I'iode ; le resultat de la combustion est de I'acide chlorhv- drique, bromhydrique, iodhydrique. 2° L'hydrogene ars^ni^ brule tres-bien dans le chlore et les va- peurs de brome et d'iode. 3" II en est de meme de l'hydrogene sulfur^ ; cependant, dans le brome, la combustion est plus difficile. 4° Meme resultat pour le gaz d'eclairage. 5° L'hydrogfene phosphor^ se combine avec le chlore sous I'eau, en produisant des jets de lumiere et une serie d'explosions. c'est une des experiences les plus curieuses que Ton connaisse. Avec des vases suffisamment ri^sistants, on pourra porter la lumiere a une assez grande profondeur sous I'eau. 6° Toutes les fois qu'un corps A pourra etre volatilise et port*? a une temperature suffisamment ^levee, il brulera dans les vapeurs form^es avec le corps B lorsque ces deux corps pourront se combi- ner directement. ( Mojiiteur uuiversel .) — M. !e docteur Baudelocque a presente naguere a I'Academie un jeune gargon sourd et muet de naissance, radicalement gueri par lui ; il lui a adresse plusieurs questions, lui a fait reciter quelques fables, les commandements de Dieu, la table de Pythagore, etc. L'enfant fait quelquefois la sourde oreille ; il finit toujours cepen- dant par repondre aux questions proposees; il articule d'une ma- jiiere assez nette et se fait tres-bien entendre. La muti-surdite, dit Thabile chirurgien, maladie du systeme c(5r6bro-spina! , n'est done pas aussi incurable qu'on le pense: le nombre des guerisons que j'ai obtenues va croissant toujours. Dans la meme seance, M. Baudelo(5que a rendu compte d'une operation cesarienne vaginale, pratiquee par lui le 15 mars dernier avec un succes complet pour la mere et l'enfant. Dix-huit jours aprcs la delivrancc et quoiqu'il fiit survenu dessymptomes de peri- tonite, heureusement combattus par la teinture d'aconit, prise a la dose de huit gouttes pendant plusieurs jours; la dame dcsccndit a COSMOS. 319 son comptoir. Depuis cette ^poque sa sante n'a pas etd troublee, et I'enfant, un gros gar9on, a continue a vivre. — En presentant a I'Academie les deux volumes de nneteorolo- gie appliquee a la medecine que M. le docteur Foissac a publies, a la librairie de M. J.-B. Bailliere, et dont nous ferons bientot une analyse ^tendue, M. Andral s'est exprime ainsi : " Dans cet ouvrage, M. Foissac a rassembl^ et coordonn^ entre eux une foule de faits restes epars jusqu'ici, et auxquels, en les r^unissant, il a su donner une plus grande valeur. Le travail de M. Foissac est du nombre de ceux qui doivent contribuer a iinpri- mer une bonne direction aux recherches entreprises par les medecins pour d^couvrir les causes des maladies. Dans les branches de nos connaissances, comme la meteorologie, et surtout la metdorologie appliqut^e a la medecine, oil il ne s'agit pas encore d'instituer des lois, mais d'observer des faits dans leurs plus minutieux details, I'Academie me semble devoir favorablement accueillir les publica- tions comme cellcs-ci, qui, enregistrant dans une sorte de revue Bynoptique tous les faits bien constates, et les soumettant a la dis- cussion, en donnent ['intelligence, et preparent les recherches ultd- rieures. »> Angleterre. — On lit dans le Tarento- Colonist, reproduit par le Morning-Chronicle : " Huit personnes ont ete adrnises a la mai- son des alienes dans un etat d'alienation mentale cause par la con- sommation de quantity de camphre pour prevenir le cholera. Quel- ques-unes de ces personnes en portaient dans leur poche, et de temps a autre en mangeaient de petites quantites ; d'autres en faisaient dissoudre dans de I'eau-de-vie. Le camphre a produit rahenation mentale toutes les fois qu'il a dte pris a forte dose. C'est un fait bien connu qu'une tres-petite quantitCj de camphre rend fou un chien, et que la mort de I'animal suit de pres, I'indigestion de cet anti- aphrodisiaque. — Le parlement anglais vient de publier un rapport sur I'impor- tation des vins Strangers et coloniaux en Angleterre. Un fait remar- quable , c'est que, quoique la population soit presque doubl^e de- puis le commencement du sifecle, la consommation du vin a ete dt^- croissante. Dans I'annee 1800, I'Angleterre a re9u de I'etranger et des colonies pr&s de 33 millions de litres de vin ; en 1853 elle en a regu moins de 31 milhons. Quant aux annees intermediaires, les fluctuations ont ^i(t nombreuses. Rarement le chiflfre de 1800 a ^t^atteint; mais la consommation a ^te moindre qu'en 1853. 320 COSMOS. Le meme rapport fait mention de la consommation du the ; d'a- vril 1853 ii avril 1854, 55 549 454 livres de th6 sont sorties des magasins pour la consommation interieure. L'impot per9u s'est eleve a 5 181 908 livres (129 547 700 fr.). Amerique. — M. Chai'les Schintz, en traitant le snif par le ni- trite et le sulfate d'ammoniaque, est parvenu ale solidifier : les chan- delles a petites mfeches, faites avec le suif ainsi prepare, donnent 40 0/0 de plus de lumiere a depense egale que les chandelles ordi- naires ; elles n'ont pas tous les avantages des bougies steariques qui sont plus belles et^seches a la main, mais elles ne coulent pas, et peuvent sans danger etro transportees, meme dans des pays chauds. — On lit dans la Tribune de New-York, du 9 aofit : Le vaisseau YEriesson a penetre hier dans la bale pour faire un nouvel essai. 11 n'y avait a bord qu'une seule des machines; les autres ne seront pretes que dans huit jours. On nous apprend que Ton a substitue la vapeur a I'air chaud ; mais on a soin d'ajouter que cette vapeur est engendree et appliquee d'une maniere beaucoup plus economique. La verite, en eft'et, est que M. Ericsson acommande pour son navire trois generateurs a vapeur, avec de I'eau a I'interieur et du feu en dessous, ce qui ne rempeche pas de continuer a dire, dans Tin exces d'illusion d'inventeur qu'il emploie encore la puissance, motrice que la Presse de New-York a tant exaltee. " Definitive- ment, dit M. Fulton, dans le Journal de l Institut de Franklin, V Ericsson est un echec lamentable qu'on essaie de cacher encore, mais qu'on seraforc^ d'avouer : ce sera une grande le9on pour les actionnaires. " Italie. — Les recherches r^centes de M. Pemberton ontprouvi^ que le chloroforme du commerce contient une matiere huileuse, aper9ue deja par MM. Soubeiran et Mialhe, et que cette matiere se compose de deux substances liquides a odeur etheree, qui rappellent I'acetate et le valeriate d'amylene. Un de ces liquides est limpide, incolore, d'une densite de 0,840, il bout a 138" C. L'autre est moinsfluide etimoinsethere, il se decompose a la temperature de son ebullition. Ges deux matieres huileuses trait^es par un melange- de bichromate de potasse et d'acide sulfurique, se transforment eni valeriate d'amyle et enacidevalerique, ce qui prouve qu'ilsderivent de I'alcool amylique contenu dans Tesprit-de-vin ayant servi a la preparation du chloroforme. Le redacteur des Annali dl chimiea COSMOS, 321 applicata alia medicina , M. G. PoUi, fait reniarquer, a propos de ce travail, que Ton pourrait bien attnbuer a la presence de I'al- cool ainylique {FiUel-Oel den Allemands), dans le chloroforme, les cas de mort qui ont raalheureusement suivi quelquefois I'inspi- ration decet anesthesique. Cette remarque parait etre justifiee par un travail recent de M. Brown-Sequart, qui est parvenu a demon- trer que I'alcool amylique, extremement deletere lorsqu'on I'in- spire, ne produit pas d'alterations notables si on I'ingere sans en respirerla vapeur. HoLLANDE. —Dans la derniere seance de la Societe des sciences naturelles de Bonn, M. de Siebold, I'auteur de ce grand ouvrage sur le Japon que tout le monde connait, a lu un raemoire sur Y Etat des sciences chez les Japonais. 11 commence par faire voir comment les sciences et les arts p^ne- trerent du continent d'Asie par la presqu'ile Korai (la Coree) dans le Nippon (Japon), sous le convert de la religion et de la morale de Confucius. La date de ces aurores litteraires doit etreiixee de I'an 219 avant Jesus-Christ, a I'anneeolO de I'ere chretienne. Dans le principe, les indigenes croyaient reconnaitre quelque chose de divin dans les for- mes etranges et inconnues des objets qui se presentaient a leurs re- gards; ainsi une racine diffbrme, une pierre extraordinaire, un cra- paud bizarre, etc., causaient leur etonnement et leur respect. Les nobles et les riches, qui soignaient leur precieuse sante, allaient chercher eux-memes les herbes salutaires importees de la Chine et recommandees par les medecins, ce qui fait comprendre cette phrase inseree dans les annales de Nippon , sous la date de 611 : " Aujourd'hui, le mihado (souverain) a fait, avec toute sa cour, une chasse aux herbes. .. L'ouvi-age d'histoire naturelle en langue chinoise, peu-tsa, imprime vers Fan 1107, servit de modele aux savants de I'empire japonais. La collection de manuscrits concernant I'histoire naturelle rap- portee en Europe parM. de Siebold se monte a:plus de cent, compre- nant quelques centaines de volumes.. Aiin de donner aux membres de la Society une id^e exacte de I'etat des sciences au Japon, I'au- teur fit passer sous leurs yeux un choix de livres, de dessins et de manuscrits, entre autres une carte de I'empire, indiquant toutes les montagnes et lesvolcans, due a I'artiste Buntizo, qui s'amusa, du- rant sa vie, a visiter et a dessiner les innonibrables Elevations deter- rain dont ce pays est parseme. 322 COSMOS. Les savants g^ologues qui assistaient a la seance admirerent vi- vement ce travail. Pendant ce temps, M. Siebold leur raconta que les Japonais avaient adopts autrefois le systeme de leurs voisins, d'apres Icquel les objets de la nature sont divis^s en pierres, herbes, arbres, insectes, poissons, mollusques, oiseaux et manimifi'res. Les anciens livres pour le peuple sont con9us, disait-il, d'apres I'an- cienne m^thode chinoise. Mais les naturalistes actuels connaissent les systemes des savants d'Europe; celui de Linn^, par exemple, est fort ri^pandu, et r^dition du celebre botaniste parHouttryn, est entre les mains d'une foule de Japonais instruits, Dans ces derniers temps meme, on a traduit, sous la direction de M. Siebold , la Flora Japojiica de Thunberg et on I'a editee avec les gravures sur bois. Ses eleves ont, de concert avec les plus celebres naturalistes de 1' empire, fond^ a Owari une societe qui a fait paraitre 3 volumes de dissertations. Parmi les livres et les dessins de botanique presented a la societe, on s'est arrete surtout sur un dictionnaire d'histoire naturelle con- tenant les d(^nominations en chinois et en japonais de 5 300 objets, sur une description ornee de gravures fideles de tous les plans utiles, sur un calendrier des fleurs, sur des monographies de plantes qui ne servent qu'a Tornement, et sur un livre tres-remar- quable de toutes les productions a feuilles bigarr^es (foliis varie- gatis). On admira aussi beaucoup une florc d'uiie ile a peu pres inconnue des Kouriles, composee par le medecin imperial Pasura- gane ; enfin, pour terminer, I'auteur deploya une vaste carte repre- sentant la mine d'or de Kinsau, avec la maniere de fouiller le sol pour en extraire le pr^cieux mineral, ainsi que les ouvriers qu'on y emploie. — La Societe hoUandaise de Harlem propose, des a present, pour le concoursde 1856, les sujets de prix suivants : 1. Quelques physiciens pretendent qu'une partie d'un courant ^lectrique, passant par un Electrolyte, le traverse sans exercer d'ac- tion chimique. La Soci^tE demande qu'on soumette cette opinion a un examen experimental rigoureux, et que, dans le casoiielle serait trouvee exacte, on determine, au moins pour six Electrolytes diffE- rents, le rapport numerique existant entre la partie du courant qui decompose I'electrolyte, et la partie pour laquelle I'electrolyte semble douE d'une conductibilite pareille a celle des metaux. 2. Des experiences rEcentes de M. Faraday, faites avec de longs fils de metal enduits de gutta-percha et plonges dans I'eau, ont mon- trE que la vitesse de I'electricite n'est pas toujours la meme dans COSMOS. 323 tous les conducteurs, metalliques ou autres. La Society demande que les circonstances qui modifient cette vitesse soient determinees pardes experiences exactes. 3. Elle demande egalement que Ton fasse un examen rigoureux des ph^nomenesquequelqueschimistes expliquent encore enadmet- tant I'existence de la force dite catalylique, afin de decider s'il con- vient d^finitivement d'admettre ou de rejeter I'existence de cette force. 4. M. F.-G.-W. Struve a publie, en 1847, dans son ouvrage in- titule Etudes d'astronoinie stellaire, sur la structure de I'univers et la transparence de I'espace, des vues qui ont etd approuvdes par quelques astronomes, et contestees par d'autres. Parmi ces derniers, M. Encke a declare qu'il considerait ces idees comme hypothetiques et denuees de fondement. Un prix est propose par la Society pour le meilleur memoire dont I'auteur exposera, par une ^tude appro- fondie, ce que I'etat actuel de I'astronomie permet de considerer comme prouvc ou du moins comme probable dans la structure de I'univers. 5. Par une autre question de son programme, la Society de- mande oil, quand et comment il se produit du sucre dans le corps humain. G. Elle propose un autre sujet de prix pour une description com parative des vaisseaux lymphatiques et chyliferes dans les poissons; elle desire : 1" que Ton examine les divers rapports de ces vais- seaux et ceux du systeme sanguin; 2" que I'on repete et que Ton discute les observations de MM. Fohman etTreviranus sur les vais- seaux lymphatiques. On devra comparer, sous ce rapport, au moins trois families bien differentes, et ddcrire aussi compl^tement que possible le systeme entier de ces deux sortes de vaisseaux dans une meme espece de poisson , en accompagnant les descriptions de figures. 7. Rechercher, par un examen physiologique experimental et comparatif, quelle est la fonction de la matiere particuliere secret^e dans le gros intestin de plusieurs mammiferes. Get examen, qui forme le septiome sujet de prix, devra comprendre au moins les car- nivores, les ongules et les rongeurs. 8. Rechercher s'il y a un rapport bien constate entre les hyper- trophies de la rate et un etat morbifique du sang caracterise par une abondance de globules blancs (leucohemie). Eclaircir cette question par des etudes anatomico-pathologiques et par des observations cliniques. 824 COSMOS. 9. Dans le but tie dissiper I'incertitude qui reste toujours sur la manibre dort se fait la reproduction des algues, la Societe demande que Ton fasse ace sujet des rechercliesnouvelles, et que le dcvelop- pement depuis I'embryon jusqu'a I'c^tat parfait de trois cspeces au moins de plantes appartenant a des families differcntes, soit observe, decrit, et au besoin cclairci par des dessins. 10. Exposer quels sont les caracteres al'aide desquels, soit par Texamen des fossiles, soit autrement, il est possible de decider avec -certitude si des terrains d' alluvion ont ^t^ deposes dans de I'eau douce, dans de I'eau plus ou moins salee, ou dans la mer. Confirmer I'exactitude des caracteres qui seront indiquds par I'examen de dif- ferentes couches de terrain d' alluvion, dont I'originene soit pas dou- teuse. 11. Fairs une ^tude gdologique approfondie du terrain situd a I'ancienne embouchure du Rhin, prfes de Katwijk, afin de decider, sil est possible, par quelles causes a dte produite sa fermeture, soit cataclysme violent, soit abaissement progressif. Decrire les vestiges que cette embouchure a laisses. 12. Faire la description geologique et paleontologique d'une des lies peupl^es de I'archipel indien Neerlandais, autre que I'ile de Java, et determiner I'epoque geologique de la formation des terrains de Tile. Le prix de chacune de ces questions est une mcdaille d'or de 150 florins de HoUande, a laquelle peut etre ajoutee, si la Societe le juge convenable, une gratification de la meme valeur. Les me- moires peuvent etre Merits au choix des concurrents, en I'une des six langues : hollandaise, fran^aise, anglaise, italienne, latine ou al- lemande ; ils devront etre adressds, suivant la forme ordinaire des concours, au secretaire de la Societe, M. J.-G.-S. Van Breda, avant le 1" Janvier 1856. M. Brisseau de Mirbel, membre de I'Academie des sciences, professeur au Jardin-des-Plantes et a la Facult(^ des sciences, etc., est decode le 12 septembre 1854, a Champeret, rue de Villiers, 74, commune dc Neuilly. M. de Mirbel etait membre de I'lnstitut de- puis 1808, il est celebre surtoutpar ses etudes physiologiques. Dans moins de deux ans, la section de botanique, composee de six mem- bres, en a perdu cinq : MM. Richard, de Jussieu, Auguste de 'Saint-Hilaire, Gaudichaud, de' Mirbel. CONSERVATION ABSOLDE DU LAIT. METHODE DE M. MABRU FIT.S. Nous avons visite, il y a quelques jo-urs, le modeste atelier dans lequel M. Mabru fils a resolu de son cote un des plus charmants problemes relatifs a ralimentation , le probleme de la conservation absolue dulait, sans soustraction d'aucun de ses elements essentials, sans reduction de volume, sans addition aucune de substances etran- geres, sans coloration, etc., etc. M. Mabru ne rdduit done pas le lait en poudre par evaporation, comme M. Braconnot; il nele soli- difie pas comme M. de Villeneuve ; il ne le convertit pas en un sirop epais par soustraction d'eau et addition de sucre , comme M. de Lignac; il se contente de lui enlever les gaz , I'air, I'oxygene, I'a- cide carbonique qu'il contient, en ^levant sa temperature , non pas au contact de I'air, comme dans la methode Appert, mais dans una atmosphere de vapeur d'eau , en I'enfermant et le conservant dans un espace absolument plein , hors ou loin du contact de tout prin- cipegazeux. Ce qui constitue la brillante decouverte de M. Mabru, c'est sa maniere d'operer eminemment ingenieuse et efficace. II traite a la fois six litres de lait; dans une installation plus en grand il agirait sur vingt-quatre litres ; il met ces quatre litres de lait dans (^uatre longues bouteilles en fer blancouen fer emaille de M. Paris, terminees par des tubes en plomb, longs de pres d'un decimetre ; il en- gage les cols en plomb des bouteilles pleines dans une boite quadran- gulaire et les y visse fortement ; il installe cette boite rectangulaire avec les quatre bouteilles pendantes a sa base au-dessus d'une cham- bre a parois en metal et communiquant avec un generateur a va- peur; au moyen d'un entonnoir, il emplit la boite rectangulaire de lait, de maniere a ce que la couche depasse de quelques centi- metres le sommet des cols en plomb; il ferme la boite et la chambre; en chauffant le generateur il fait arriver dans la chambre de la vapeur a 100 degres et eleve ainsi la temperature du lait dans une atmosphere de vapeur ; il continue a chauffer ainsi pendant trois quarts d'heure ou une heure ; il enleve alors la boite rectangulaire avec les quatre bouteilles, il les plonge dans un vase rempli d'eau froide,, et les laisse refroidir , pendant qu'une couche epaisse de lait re- couvre toujours I'ouverture des tubes ; quand tout est froid il degage. les bouteilles avec leurs tubes de la boite rectangulaire, puis avec une* forte pince il les aplatit, encore pleins de lait, et ferme ainsi hermd- tiquement les bouteilles absolument pleines de lait, absolument vides de gaz. Elles peuvent aussitot etre expediees a toutes les distances, et par tous les modes de transport, sans ballottage intdrieur possi- 326 COSMOS. ble, sans formation possible de beurre, sans alteration possible au moins dans Timmense majority des cas. La crfeme seule se s(^pare peu a peu, monte au sommet du col en vertu de sa pesanteur speci- fique moindre, s'y condense et s'y epaissit, en restant parfaitement pure. Pour ouvrir la bouteille de lait, on coupe avec un couteau le col en plomb, un peu au-dessus de sa soudure avec la pinte en fer- blanc ou en fer lamine ; on enleve la creme ; le lait apparait alors liquide et blanc, tel qu'il etait au sortir du pis de la vache, avec son odeur et sa saveur naturelles , supportant rebullition sans se de- composer , pouvant donner immediatement par I'agitation un beurre d'excellente qualite, etc., etc. Un succfes si complet, apres tant et si longs efforts inutiles ou couronnes d'un succes incomplet, tient veritablement du pro- dige ; ce prodige nous ^tonne d'autant plus que nous avions deja beaucoup admir6 les preparations de MM. de Villeneuve et de Lignac. Faire passer par une operation eininemment simple le liquide le plus facile a s'aigrir et a se decomposer , a un etat d'inalterabilite , en quelque sorte absolue ou indcfinie, c'est certai- nement un tour de force, et ce tour de force ouvre comme une ere nouvelle, par les innombrables imitations qu'il suscitera . Nous fe- licitons surtout M. Mabru du mode si efficace de fermeture employe par lui ; cet humble accessoire I'emporte de beaucoup sur le princi- pale parce qu'il garantit la propriety de I'invention en rendant la contrefa9on impossible, et qu'il etablit une difference saillante entre la nouvelle methode et celle de M. Appert. Sans doute, M. Appert chasse aussi les gaz, mais pendant cette expulsion la surface du lait a conserver reste en contact avec I'oxygene de I'air ; avant de former le vase on rart^fie autant que possible fair ou les gaz contenus dans le col , mais bon gr^ mal gre il reste une petite quantite de ces gaz bientot reabsorb^s par le lait et qui constituent forcement un ferment dangereux. Chez M. Mabru, au contraire, I'expulsion a lieu au sein de la vapeur d'eau et la fermeture a lieu en plein liquide, sans in- trusion d'une seule buUe de gaz. Mais ce qui ddmontre mieux en- core la difference essentielle des deux precedes, c'est que celui de M. Appert, de son propre aveu, ne conserve pas le lait, ou le con- serve d'une maniere incomplete, a la condition d'une addition de bi-carbonate de sonde, de sucre, etc. II est bien rare que le lait con- tenu dans les boites de conserve qu'on trouve dans le commerce de Paris ou de Nantes, ne tourne pas a I'ebullition ; c'est du lait al- ter^; il vaut mieux que rien sans doute, mais il ne vaut pas grand' chose. S^CDRITE SUR LES CHEMINS DE FER; SYSTEfflE TYER. M. Power, agent de la compagnie des telegraphes sous-raarins, nous a presse d'assister a deux series d'expdriences d'un iiouveau mode de telegraphie electrique pour les chemins de fers, combine par unjeune mecanicien anglais de beaucoup d'intelligence, M. Tyer. On a expdriniente la premiere fois sur le chemin de fer de Suint-Ger- main, la seconde fois sur le chemin de fer du Nord; nous ne ren- drons compte que de ce dernier essai , qui a parfaitement reussi. Pour mieux faire comprendre le systeme de M. Tyer, nous tradui- rons d'abord fidelement uii passage important du rapport general, present!^ aux lords du comite du conseil prive, section du com- merce, sur les principaux accidents arrives sur les chemins de fer de la Grande-Bretagne, pendant I'annee 1853 : " Le telegraphe dlectrique, dit le judicieux rapporteur, p. 201, donne le moyen de realiser un plan depuis longtemps propose, et qui consiste essentiellement en ce que I'mtervalle entre deux trains consecutifs ne soit plus r^gie, comme jusqu'ici, par un intervalle de temps, la difference entre les heuresde leurs departs; mais par un inter- valle d'espace, une longueur determinee entre les points qu'ils occu- pent sur la voie. La principale ligne du chemin de fer du Sud-Est, de Reigate a Douvres est exploitee sous le controle du telegraphe elec- trique, et je suis informe que depuis I'etablissement complet des communications telegraphiques on n'a signal^ aucun cas de collision. Etcependant, nieme sur cette ligne, le systeme de controle electrique n'a pas atteint sa perfection, parce que les fils et les appareils par lesquels on signale les trains , sont ceux qui servent a la transmis- sion des depeches. II arrive, en effet, que certains trains ne peu- vent pas etre signales, parce que les appareils font un autre service; en outre , par suite de ce double emploi , les instruments sont plus compliques qu'il ne le faudrait pour un service simple, comme celui du signalement des trains ; et ne peuvent par consequent etre ma- nies que par des hommes speciaux. " Le vrai systeme d'exploitation d'une ligne de chemin de fer par le telegraphe electrique consisterait a consacrer exclusivement un fil conducteur a ce genre d'indications, et a mettre en communica- tion avec ce fil un instrument tres simple pouvant faire sonner un timbre et donner deux signaux, comme. par exemple, /i^ne libre, line clear, et stop, arretez. Ces instruments seraient places a des dis- tances ddterminees par I'importance et les exigences du mouvement Sur les points de la ligne ou le mouvement est plus considerable, oii 328 COSMOS. les (rains passent eji pluis grand nombre dans un meine intervalle de temps, la distance entre les instruments serait petite, d'un mille, par exemple, ou 1 500 metres ; sur les portions, au ccntraire, ou le nombre des convois est relativement petit, leur distance pourrait etre celle qui scpare les stations, c'est-a-dire qu'ils seraient simple- ment installes aux stations. Mais il faudra toujours admettre en principe absolument iminuable qu'un train ne pourra jamais- s'en- gager sur la portion de la voie comprise entre deux instruments, tant que le train precedent ne sera pas sorti de cette meme portion. M. le capitaine. Barlow, surintendant duchemin de fer duSud-Est, m annonce qu'il est decide a regler le mouvement ou la marche des convois de cette maniere, depuis la station du pont de Londres jus- qu'au point oii les lignes s'embianchent, sur une distance d'environ 3 milles (4 kilometres 1/2). Cette distance est partagee en trois portions ; un fil distinct ou separe est etendu le long de chaque portion, et chacun de ces fils unit deux instruments qui-se transmet- tent mutuellemeiit les signaux : un des instruments est place a la station du pont de Londres, les autres se suivent aux extremites des sections. Aucun train ne peul ni quitter la station du pont de Lon- dres, ni s'engager sur une autre section de la voie, tant que le train precedent n'a pas ete signale comme etant sorti de cette section. " Cette methods de regler leS' mouvements sur un chemin defer est la seule qui, dans la pratique, puisse mettre efficacement a I'a- bri de toute collision entre deux trains se suivant dans la meme direction, surtout 'sur les lignes oil les trains sont nombreux et ou ils cheminent avec des vitesses difierentes : or les accidents causes par ce genre de collision sont plus frequents que ceux qui ont une autre origjne. " Dans mon opinion, ce systeme d'amenagement.du tratic ne sau- rait etre trop souvent et trop fortement recommancle aux compa- gnies; il hut absolument les presser de I'adopter. La compagniedu Sud-Est a droit a des felicita,tions sinceres pour avoir, avant toutes les autres, apprecie les avantages de ce systfeme et s'etre resolue la premiere a le mettre en pratique. II est extremement a d(5sirer que ce mode parfait de signalementtelegraphique des. trains soit Etendu, leplus promptement possible a la ligneentiere, et aux lignes d!em- branchements du South-Eastern ; les avantages de la securite ainsi obtenue compenseront, et bien audela, les frais de premier i^tablis— sement et d'entretieu. » Le systeme, que M. Barlow avait resolu d'essayer, est pr^cise- ment celui de M. Tyer; les experiences faites avec les appareils du COSMOS. 359 jeune m^canicien ont dure huit mois; elles ont ete si satisfaisantes es nouveaux mecanismes ont si bien rempii leurs fonctions, que sur e rapport qui lui en a ete fait, le president de la commission cen- trale et gouvernementale des chemins de fer a , dans une circulaire recente, vivement recommande a tous les directeurs des compa-nies 1 adoption prompte de ces excellents appareils de surety. ° II nous reste a montrer par la description rapide du mode d'actioa des appareils, de la nature et du mode de transmission des signaux que, dans ce sjsteme , les collisions devenant reellement impossi- bles, tout danger s'evanouit. II y a deux groupes d'instruments : I'un est depose sur la lio-ne ou dans les cabinets des stations, I'autre est install^ sur les locomo- tives. Chaque groupe se compose : 1" d'un alarme ou timbre que le passage du courant fait sonner par pulsations successives et rapi- des; 2° d un telegraphe a aiguille, le plus simple de tous, un multipli- cateur de Schweigger. Les telegraphes des stations portent deux si- gnaux correspondant aux deviations a droite ou a gauche de I'ai- guille, suivant la direction du courant : a droite, line clear, voie hbre; a gauche, train ; le premier de ces signaux indique qu'il n'y a aucun obstacle sur la voie; le second annonce la presence et Tap- proche d'un train. Les telegraphes des locomotives donnent aussi deux signaux : I'un j^ar le mouvement de I'aiguille vers la droite, all right, tout va bien, permettant de continuer la route; I'autre, par le mouvement vers la gauche, stop, arretez-vous . Concevons maintenant deux stations consecutives de la ligne tel^- graphique du chemin de fer, ou ligne de siirete ; appelons A la pre- miere station ; B la seconde ; leur distance est plus ou moins grande, comme nous I'avons dit, suivant la multiplicitd plus ou moins grande des convois. Les stations A et B ont re9u leur alarme et leur tdle- graphe, communiquant ensemble par un fil isole en I'air, ou recou- vert de gutta-percha ; la pile est a la station A ; un de ses poles est rehe au fil qui unit A a B ; I'autre pole communique avec la terre, amsi que I'extremite du fil conducteur en B; le circuit est done com- plete par la terre ; le courant passe dans les telegraphes quand on incline a droite ou a gauche la manivelle. Entre les deux stations A et B, au miheu M, par exemple, de I'intervalle qui les separe, on a fixe a une petite distance du rail, et parallelement au rail, une lame de fer longue d'environ 6 metres et bandde en forme de ressort j cette lame-ressort correspond a une autre lame semblable attaches a la locomotive. Au moment du passage de la locomotive, la seconde lame monte sur la premiere, placee a une hauteur convenable ; elle 330 COSMOS. la presse et appuio, par son interm^diaire, sur une Inme-ressort plus petite liee au fil conducteur des stations. Par une disposition, quenousnenousarreteronspasadocrire, et, aumoyende filsiecou- verts de gutta-percha qui les lient a la lame-ressortde la locomotive, le teldgraphe et le timbre, que celle-ci porte, entrent eux-memes dans le circuit galvanique des deux stations A et B ; la locoinotive, en un mot, ne peut pas passer au point M de Id. voie, sans entrer en communication avec les deux stations, sans recevoir un signal de I'une ou de I'autre. Cela pos^ , suivons dans sa marche un train qui part de A pour aller en B : I'indicateur en A marqumt line clear ; le train part; les tintements du timbre en B ont annonce que la locomotive est en route, et I'aiguille du rdcepteur de B indique train ; la locomotive arrive en M ; aussitot le timbre resonne en A , I'aiguille du recep- teur marque line clear, une seconde locomotive peut se mettre en route ou partir de A. En meme temps, la premiere locomotive en M se trouvant, comme nous I'avons explique, en coinmu'.iication avec la station B, regoit un signal ; ce signal sera all right, si la voie est libre et en bon 6tat entre M et B, ou si la locomotive qui precedait est au dela de B; le signal sera, au contraire, stop, s'il y a quel- que embarras, le mecanicien saura qu'il doit s'arreter. M. Tyer a voulu de plus qu'en meme temps que I'aiguille mar- que stop, la soupape du sifflet de la locomotive s'ouvre ; le sifflet crie , la vapeur s'echappe , le mouvement se ralentisse et s e- teigne peu a peu, sans I'intervention directe du mecanicien : si cela ne suffit pas, M. Tyer, par un mecanisme electrique ad- ditionnel , fera former le robinet de communication entre le g^- nerateur et les cylindres. Voila done la locomotive arretee s'ii le fallait ; arrivee au contraire en B a toute vitesse pour continuer sa route, si I'aiguille de cette seconde station indique line clear. De B en C, avec une communication etablie en N, au milieu de la dis- tance, ou sur un point de I'intervalle BC, par une nouvelle lame-res- sort, tout se passera de meme ; jamais deux locomotives ne se trou- veront a la fois sur une une meme section ou subdivision ; tout dan- ger aura par consequent disparu , la securite sera absolue. M. Tyer a ajoute recemment a son mccanisme un (Element es- sentiel ; pour faire mieux comprendre la necessite de cette addition, pla9ons-nous dansun cas extreme, cas infiniment rare, mais que la fatality peut amener. La locomotive, arrivee en M, entre les deux stations A et B, a regu le signal all right, qui I'autorise a continuer sa route; mais entre M et B, a une tres-petite distance de M, un COSMOS. 331 essieu s'est bris^, la locomotive ou un wagon ont d^raille, il est ar- rive enfin un accident quelconque, qui force le convoi a raster sur la route qu'il obstrue. Comma en passant en M, cette premiere loco- motive aurait fait indiquer par I'aiguilie du rccepteur de A, le signe line clear, voie libra, una seconde locomotive seraitpartie ; et, parce que la premiere n'est pas arrivee en B, cette seconde locomotive aurait re^u en M le signal stop, le mecanicien aurait intercepte ou renverse sa vapeur ; mais la distance qui le separe du premier train qui en- combre la voie est trop petite, il n'a pas la temps d'eteindre sa vi- tessa, la collision a lieu avec toutes ses terribles consequences. Pour prt'venir ce cas extreme, qu'il fallait prevoir, qu'a fait M. Tyer? En M', entre M et B, a une distance MM', assez grande pour que le train lanc^ avec la plus grande vitessa possible ait le temps d'epuiser cette vitesse et de s'arreter, il installe un nouveau genre de mecanisme. Deux barres transversales , paralleles entre elles et aux traverses de la voie, sont placees sur des coussinets iso- lants; I'une de ces barres communique avec un conducteur aboutis- sant a la station A ; I'autre avec un conducteur aboutissant a la station B ; il y a done entre les deux fils une interruption qu'il faudra faire cesser pour que ^le courant circule de A en B ou de B en A. Une lame mtUallique parallele aux rails est tenue a dis- tance des deux barres, prate a s'abaisser pour combler I'intervalle et etablir la communication ; et, par un certain nombre de dispositions entre lesquelles on pourra choisir, M. Tver obtient que chacune des roues de la locomotive ou meme des wagons amene la lame en contact avec les barres. A ce meme moment, le courant passe et fait sonner le timbre de la station A ; le passage de chaque roue produit ainsi un tintement ; I'ensemble de ces tintements forme un roulement qui annonce I'arrivee du train en M'. Ce sera alors seulement que le gardien da la station A , qui a deja ragu la signal line clear, quand la locomotive passait an M, laissera partir la seconde locomotive, et de cette maniera, I'ombre meme du peril se sera evanouie. En resume, communication entre les locomotives arrivees en M et les deux stations A et B ; roulement produit a la station A par le passage du train en M', et la probleme de la securite absolue est resolu aussi parfaitement qu'un probleme peut etre resolu ici-bas. Pour cela il suffira de deux fils, I'un continu, sur lequel on prend un courant derive pour les signaux a produire sur la locomotive ; I'autre rompu en M' et que le passage de la locomotive complete en amenant la lame au contact des barres. Nous ne dirons rian du cas ou deux locomotives marcheraient sur 932 COSMOS. la meine voie en sens contraire, parce que la regularisalion du mou- vement par le telegraphe est alors beaucoup plus simple. II n'y a plus besoin d'appareils sur les locomotives ou de communications ^tablies entre les locomotives et les stations ; les instruments des sta- tions suffisent pleinement, parce que la regie generale est alors que deux trains ne se trouveroiit jamais sur une meme section A B ; que I'un des trains restera dans la gare d'evitement , dans la station A ou B, jusqu'a ce que I'autre train soit arriv4. L'on atteindra ce but par la transmission des signaux simples, line clear ou train, entre les deux stations d'une meme section. Le systeme de M. Tyer est ovidemment bon et efficace en theo- rie ou en lui-nieme ; il tient un juste milieu entre un controle pure- ment mecanique et un controle qu'on pourrait appeler purement moral, c'est-a-dire quidepende uniquement de I'exercice des volont^s humaines , de la vigilance des gardiens. II demande a I'electricit^ juste ce qu'il faut lui demander, et laisse a I'homrae la responsabi- lit^ dont on ne peut pas, dont on ne doit pas le decharger. Ce qu'il fallait pour faire accepter les dispositions nouvelles, c'e- tait de prouver qu'elles restaient dans la pratique ce qu'elles sont en theorie ; qu'il ne se presentait aucune difficulte insurmontable, que chaque mecanisme , tres-simple d'ailleurs , produisait son effet a coup sur, que le but propose etait toujours atteint , au moins dans I'immense raajorite des cas ; et c'est, comme nous I'avons dit au commencement de cet article , ce qui est resulte d'nne longue ex- perimentation, ou mieux d'un service regulier de huit mois, en An- gleterre, surle South-Eastern, presde lastation du pont de Londres, c'est-a-dire au point oil les trains se succedent avec le plus de ra- pidite. Parfaitement bien organises , grace a la bienveillance de Tad- ministration et a la complaisance des ingenieurs, les essais auxquels nous avons assiste dans la gare du chemin de fer du Nord n'ont rien laisse a desirer ; la reussite de M. Tyer a ^te complete; nous pourrions citer les noms de quelques inspecteurs soit des chemins de fer, soit des ti^legraphes, qui, aprfes avoir con9u quelques doutes et souleve quelques objections, nous ont avou(5 franchement. qu'en y rtiflechissaiit bien , lis etaient arrives a se convaincre eux-memes de Texcellence et de I'efficacite du nouveau systeme. II ne nous reste done plus qu'un voeu a former, c'est que les di- recteurs des compagnies, hommes de conscience et de savoir, fassent taire les scrupules materiels et miserables d'une depense a ajouter a leur budg-et. F. Moigno. PHOTOGRAPHIE. M. T. Woods conseille comme excellent, comme tres- sensible, ou plutot instantane, le collodion prepare d'apres la formule suivante: sulfate de fer, 40 grains {2s, 591); iodure de potassium, 24 grains (l,555j, sel commun, 6 grains (0,387) ; esprit-de-vin ou alcool, deux onces (60s); ether, deux drachmes (3,544); solution ou eau con- centree d'ammoniaque, trois gouttesapeu pres. Reduisezles selsen poudre tres-fine , et melez-les intimennent : ajoutez I'alcool, puis 1 ether, et enfin rammoniaque; laissez precipiter le melange. Pour preparer la plaque, melez una partie en volume de la solution pre- cedente clarifiee avec trois parties de collodion chimique auquel vous ajoutez une solution saturee de sel comnmn, dans la proportion d'une drachme (Is, 772) de la solution saline, pour 4 onces (120s) de collodion : etendez la couche sur la plaque a la maniere ordinaire ; plongez la plaque pendant une minute et demie , dans une solution neutre de nitrate d'argent, 30 grains (Is, 94) par once (30s), d'eau ; exposez, ddveloppez dans la solution de sulfate de fer un scrupule OS, 886 par chaque once (30s) d'eau; fixez a Thyposulfite de soude. On obtient de tres-belles epreuves en developpant dans un bain forme de 20 ou 30 grains (Is, 39 ou Is, 94) de sulfate de fer pour quatre onces (120s) d'eau; et ajoutant aubaind'hyposulfitequelques gouttes d'une solution aqueuse concentree d'ammoniaque, 20 ou 30 gouttes pour 6 ou 8 onces (180 ou 240s) d'hyposulfite. — M. Urie, de Glasgow, a propose, dans \e Mechanic s viaga- zine, le moyen suivant de faire produire aux (Epreuves un effet de relief : apres que I'image positive sur verre coUodionn^ a cte deve- loppoe a I'ordinaire et compl^tee, on revet le derriere de la glace, ou la face opposee a celle sur laquelle se trouve I'image , d'un vernis noir ou d'une couleur sombre, en ayant soin que le revetement n'em- piete pas du tout sur les contours de I'image; on I'encadre ensuite a I'ordinaire. De cette maniere I'image en se detachant sur le fond sombre, quoiqu'elle. n'en soit sdparee que par I'epaisseur du verre, prend une rondeur ou un relief vraiment remarquable. On peut donner plus ou moins d'intensitd au revetement de la glace pour varier I'effet obtenu. Ce meme M. Urie conseille de transporter sur platre la couche coUodionn^e qui forme I'image positive. On y parvient sans peine , dit-il, en versant du platre tres-fin gache sur cette couche, et recou- vrant le platre mou soit d'une feuille de papier, soit d'une lame se- che de platre preparde a I'avance; on laisse durcir le platre, et on I'enleve, entrainant avec lui la couche de collodion ; I'image ainsi transport^e se colore avec une extreme facilite.r ACAD^MIE DES SCIENCES. SEANCE UU II SEPTEMliKE. M. Faye rc^j^ond a la critique que M. Biot a faite de sa nouvelle th^orie des refractions. Nous avons pos^ la question d'une ma- niere si nette qu'il ne nous sem])le pas necessaire de nous y arreter longlemps encore; M. Faye a insist^ : 1° sur la necessite quoti- dienne d' observer a plus de 60 ou 70 degres du zt-nilh ; 2" sur ce qu'il y a d'arbitraire dans I'introduction de ce que les geonietres appellent la refraction nioyenne, dans le partage de la trajectoire en deux branches ; 3" sur la fixity, ou les variations entre des limites tres-restreintes, du coefficient de la refraction terrestre quelque part qu'il soit estimo, en pleine mer, sur un continent ou au somniet de hautes monlagnes, etc. M. Faye est certainementdans le vrai quant aux points essentiels, et un avenir prochainlui donnera pleine justice. M. Biotn'a pas suivi M. Faye dans sa replique, il s'est born(5 a maintenir les conclusions de sa note inseree dans les comptes rendus. M. Mathieu repousse energiqueinent les innovations de M. Faye; il remercie avec effusion M. Biot de sa protestation. II s'etoime et s'indigne qu'on ait ose porter la main sur une theorie qu'il proclame admirable, qu'on ait eu la triste pensee de corriger les refractions astronomiques parfaitement rigoureuses et certaines, par les refrac- tions terrestres essentiellem.ent incertaines ; il s'effraie de la respon- sabilite que fera peser a I'etranger sur la France et I'lnstitut la sor- tie intempestive d'un astronome academicien , sortie heureusement temperee, dit-il, par la sagesse des repulsions de I'illustre doyen, auquel il est tier de s'unir. M. Faye, sans s'eniouvoir, revient au tableau et dit tout simple- ment qu'avant de protester si solennellement, il faudrait compren- dre I'objet du debat, et ne pas ignorer, aprfes longues annees passees a rObservatoire : d'une part la necessity absolue d'observations faites jusqu'a 85 degres du zdnith, d'autre part I'impossibilite de faire ac- corder les observations avec la theorie, a cause de I'insuffisance complete des tables actuelles de refraction. Pour appeler incertain et inadmissible le coefficient de r(5fraction terrestre, il faut, dit-il, ne pas savoir ce qu'il est, etfermerles yeux a I'evidence. Ce qui prouve d'une maniere tout a fait irrefragable la legitimite de I'in- troduction de ce coefficient, c'est qu'en partant de la theorie des refractions terrestres et sans aucune observation astronomique, on retombe immediatement sur la formule de Bradley, legerement modifi^e dans ses coefficients et representant tr^s-bien les pheno- COSMOS. 335 menes dans Tintorvalie ou elle est applicable au jugeinent de tous, c"est-a-dire jusqu'a 70 degres du zenith. M. Regnault. sans se prononcer formellement en faveur de M. Faye, laisse cependant entendre qu'il croit a la legitimite de I'introduction du coefficient des refractions teriTstres, eta I'incohe- rence de la refraction inoyenne, d(^duite d'hypotheses sur les lois du decroissement de densite ou de temperature des couches de I'atmosphfere. Ces lois sont completement inconnues , et il est vraiuient singulier qu'on se soit appuye pour les formuler des observations faites dans les ascensions aerostatiques. Ces as- censions d'abord sont faites pendant le jour, sous I'influence d'une cause puissante de rechaufFement, la presence du soleil sur 1 'ho- rizon, tandis que les observations astronomiques se font la nuit sous I'influence d'une cause non moins puissante de refroidissement la radiation vers les espaces celestes. En outre, les ascensions faites en ballon, celles de MM. Barral et Welsh, par exemple, prouvent qu'il n'y a absolument rien de r^gulier dans la succession des den- sites, des temperatures et de I'^tat hygrometrique des couches de I'atmosphere : un refroidissement subit succede souvent a une cha- leur intense; une secheresse absolue a une humidity extreme, etc.; c'est un veritable tohu-bohu sur lequel il n'est vraimentpas permis de pretendre fonder une theorie matheinatique. Si le paralldlisme des couches a une certaine hauteur au-dessus de I'horizon ne faisait pas disparaitre toutes ces anomalies, ou ne rendait pas les refrac- tions independantes d'une constitution excessivement variable il i:'y aurait aucun accord entre les positions observees et les posi- tions calculoes des astres ; I'accord incontestable etinconteste entre les positions theoriques et les positions deduites au moyen des in- struments, suffit a lui seul pour prouver que la prt^tendue introduction des lois imaginees par les geometres n'est qu'apparente. L'opiniou de M. Regnault est certainement identique avec la notre ; il admet com:ne nous : l°que la oiile parallelisnie des couches existe, la seule formule possible des refractions astronomique, est la formule de Bradley ; 2" que la oil le parallelisme cesse, cette formule doit etre modifioe par I'introduction du coefficient des refractions terrestres; 3" qu'il n'est pas raisonnable d'^tablir une sorte d'antagonisme en- tre les refractions astronomiques et les refractions terrestres qui sont toutes deux une seule et meme refraction atmospherique. Esperons qu'il nous sera donne de trouver dans les Comptes ren- ihis quelques remarques fort importantes de M. Regnault sur la methode a suivre pour arriver a determiner enfin la temperature 83« COSMOS. reelle de I'air par des observations faites pendant le jour, non a Tora- bre, maisen plein soleil, ou faites la nuit en plein airavec plusieurs thermombtres, dont I'un a boule argentee, I'autre a boule noircie au noir de fumee, etc., etc. Nous regrettons que M. Babinet, arriv4 trop tard , n'ait pas pu prendre part a cette longue et grave discussion, sur laquelle il aurait jet6 un grand jour, en invoquant surtout le temoignage et I'expe- rience d'un astronome anglais d^mineniment habile, M. Johnston d'Oxford, qui a consacre sa vie a I'observation des etoiles circum- polaires, dans le but d'obtenir des donn^es fondamentales. Les etoiles dont il observait les passages superieurs et inferieurs ne descendaient qu'a peu de degri^s au-dessous du pole, et neanmoins les erreurs des tables de refractions tant vantees par MM. Biot et Mathieu , ^taient souvent erronees de 3 a 5 secondes , ce qui est enorme. M. Faye devrait appliquer imm6diatement ses formules a la reduction des observations de M. Johnston ; ellessubiraient ainsi une cpreuve decisive. M. Babinet aussi, a cette occasion, aurait fait ressortir la neces- site du nouveau mode d'observation qu'il propose de substituer a I'ancien, et qui aurait pour effet d'^liminer ces terribles refractions qui sont la pierre d'achoppement de I'astronomie. Aux observations faites dans le plan mi^ridien, au moment de la culmination, M. Ba- binet veut absolument et avec grande raison, qu'on substitue, en se servant d'instruments appropries, deux observations faites a droite et a o-auche du meridien, aux points du cercle oil I'f^toile atteint a Test et a I'ouest son plus grand azimuth, oil elle reste sensiblement stationnaire sur une ligne verticale. Nous faisons des voeux ardents pour que le savant physicien expose bientot son systeme d' obser- vations azimuthales d'une maniere complete, et qu'on en fasse I'essai a rObservatoire imperial. M. Regnault presente , au nom de M. Soret , de Geneve, un errand travail ayant pour but la decomposition electrique des liqui- des "et la verification de la loi des equivalents electro-chimiques de Faraday. Cette verification devenait tout a fait necessaire, depuis, surtout, que les experiences de M. Foucault ont semble demontrer qu'une portion del'electricite transmise a travers une solution elec- trolytique passait sans decomposition , en vertu de la conductibilit^ physique. Nous donnerons plus tard quelques details sur les recher- ches de M. Soret; nous nous contenterons pour aujourd'hui de constater 1" que laquantite d'electricite inefficace transmise par voie de conductibilit6 et snns d(^coraposition est une fraction tres-petite, COSMOS. 337 nn cinq-centieme au plus de I'^lectricite totale ; 2" que les quantites des divers metaux reduits par la pile vdrifient sensiblement la loi des equivalents de Faraday. — M. Regnault encore offre a I'Acaddmie le nouveau traite du magnetisme et du diamagnetisme de M. Matteucci, il lit une lettre, dans laquelle I'illustre physicien italien expose le plan de son livre et les diverges matieres dont il traite ; nous y reviendrons bientot. — M. Claude Bernard donne communication, avec quelque ^ten- due, de nouvelles recherches microscopiques de M. Charles Robin sur I'enveloppe des nerfs. Les nerfs sont constitues par un assem- blage de petits tubes enfermes dans une enveloppe plus resistante ap- peleenevrilene; or, I'habile micrographe a decouvert quecette enve- loppe n'est pas une, comme on I'enseigne generalement, mais dou- ble, et qu'elle se compose : premierement d'une couche externe, le n^vrilene proprement dit; secondement d'une couche interne, non decrite, et qu'il appeile pdrinerve. Le caractere essentiel du peri- nerve est qu'il n'est pas formd de tissu cellulaire; M. Charles Ro- bin le suit dans toute la ramification des nerfs, et le voit disparaitre, pour se fondre avec la dure-mere, dans le voisinage des ganglions. Cette etude le conduit a des idees nouvelles sur le mode de nutrition des nerfs. — M. Floureiis lit une lettre de M. Combes, president a la fois de I'Academie des sciences et de I'lnstitut tout entier pour I'annee 1854. M. Combes annonce que la seance annuelle des cinq acade- mies aura lieu le 25 octobre. et il fait appel a I'un de ses collegues de I'Academie des sciences pour la lecture d'usage. — M. SchifF, de Francfort, annonce qu'il a decouvert dans I'o- reille d'un lapin un centre secondaire de mouvements ou pulsations arterielles, completement independant des mouvements ou pulsations du coeur, et meme des mouvements de la respiration ; c'est done une sorte de coeur secondaire analogue a ceux que M. Flourens a decou- verts chez certains animaux a sang froid, les grenouilles, par exemple, et qu'un physiologiste allemand a rencontres plus tard chez un ani- mal a sang chaud, la chauve-souris. — L'Academie refuse a M. Leroy d'Etiolles la permission qu'il avait demandee d'ouvrir un certain nombre de paquets cachetes de- poses par lui, avec la faculte, aprfes s'etre assure du contenq, de les eacheter de nouveau, de maniere a leur conserver leur valeur. II a ete admis en principe qu'un paquet ouvert perd toute sa vertu prd- servatrice de priorite d'invention. — M. Delanoue, geologue amateur, pr-qteste de sonveau conive 338 COSMOS. uiie des consequences dcs theories metamorphiques admises : la dolo- misation ulterieure des roches calcairesaurait pour cause, suivantlui, non pas la transmutation chimique, mais una modification physique due priiicipalement a la chaleur. — Un docteur de Thubinge a invente une machine qui enie- gistre, en lignes tracees sur un papier noirci et anime d'un mouve- ment uniforme de translation , les pulsations du pouls grossies de 25 a 30 fois ; son invention est admise a concourir aux prix Mon- ty on. — M. Armand Bazin adresse la note suivante sur la maladie des noyers : « On a cette annee signale dans diffcrents pays une maladie du noyer. Des le mois de juin on voyait les feuilles se maculer, se dessecher et tomber. Les fruits ne grossissaient plus et souvent tombaient eux-memes. Les noyers ressemblaient a des arbres dont les feuilles auraient et^ grillees par le soleil, et ils etaient vraiment malades. Lescryptogamesn'apparaissaientpas encore sur les feuilles. Mais on aurait pu croire que I'influence de I'atmosphere etait la cause du mal, et cette opinion fut emise par quelques cultivateurs. Nous avons etudie avec soin cette maladie, et aujourd'hui nous pouvons assurer qu'elle est causee non par des cryptogames, non par I'atmosphere, mais par un insecte. Get insecte est un puceron, aphis juglandis, Linn., Syst. nat., 1. 1, p. 4, p. 2206. C'est un grand et beau puceron. Avant d'avoir ses ailes, il est plat, ovale, allonge, jaunatre, avec desrangees lon- gitudinales de points noir-verdatres sur le dessus du corps. Les an- tennes sont tres-courtes ; les cornicules sont a peine apparents. A I'etat parfait, ila les ailes longues, le corps arrondi, I'abdomen raye transversalement de bandes noires en dessus. Ces insectes ne se cachent pas sous les feuilles comme beaucoup de leurs congeneres. C'est a la surface superieure qu'ils se trouvent. lis vivent par groupes nombreux, places sur deux rangs, le long de la nervure mediane, les uns a gauche, les autres a droite, la tete or- dinairement tournee vers le petiole. lis restent immobiles, quelque- fois vingt ou trente sur une meme feuille, quelquefois davantage, la trompe enfoncee dans la nervure. lis sont ordinairement deposes par leur mere, vers le miheu de la feuille, et plus tard, probablemeiit quand la sdve s'epuise et n'arrive plus jusqu'a eux, ils descendent vers le petiole. On voit, meme a I'ceil nu, tous les petits points noirs formes par COSMOS. 339 leur piqure ; au bout de quelque temps ces points semblent se reu- nir, et la nervure ne presente plus qu'une seule ligne noire dans toute I'etendue de la longueur qui a ete piquee par les aphis. En meme temps, les parties les plus exterieures des feuilles, le contour et surtout I'extr^mite, jaunissent, et ces feuilles finissent par tom- ber, ou, si elles restent sur I'arbre, elles sont languissantes et ne remplissent plus que bien imparfaitement leurs fonctions. Nous avons pris des feuilles de noyer encore saines , avec les jeunes puceronsqui venaient de naitre, et nous avons trempe leurs petioles dans un vase contenant de I'eau. Les puceronsy resterent, y grandirent, et nous vimes apparaitre les points noirs qui bientot se traduisirent en une seule ligne noire sur la nervure mediane de la feuille. U est done impossible a tout observateur de contester ces faits , et nous affirmons que cette maladie vraiment grave du noyer est causee par X aphis juglandis . Ces pucerons, que nous avions irouves dans le mois de juin, dis- parurent ensuite ou devinrent beaucoup plus rares. Depuis quelque temps nous les avons vus reparaitre , et nous avons completement verifie I'exactitude de nos premieres observations. » — M. Cesar Poulain attribue le cholera aux morsures ou piqiires d'un insecte rencontrfi par lui sur un malade de Bourbonne-les- Bains. Dessine plus tard, de souvenir, I'insecte s'est trouve avoir la forme d'un homme ; ce dessin passe sous les yeux des graves aca- d^miciens, que ce cas singulier d'anthropomorphisme amuse beau- coup. — M. le docteur Sanson, charge par son excellence le ministre de I'instruction publique d'une mission sur les lieux du theatre de la guerre, demande a I'Academie des instructions scientifiques. — M. Fermond adresse la suite de ses recherches sur le develop- pement des merythales et des entre-noeuds des tiges des vegdtaux, — M. Heurteloup adresse pour le concours des prix Montyon son traite de la lithotiitie sans fragments, et demande qu'on complete la commission chargee de suivre I'application de sa nouvelle me- thode: MM. Velpeau et Rayer, en reinplacement de MM. Roux et Lallemand, sont pries de suivre les operations que M. Heurteloup est pret a pratiquer sur deux malades qui ont reclame ses soins. — M. Serres annonce que la commission chargee de formuler les programmes relatifs aux prix fondes par M. Breant pour la decou- verte des causes et du traitement speciiique du cholera , a arrets les bases de sa redaction si impaliemment attendue. ACOUSTIQDE. THEORIE DES TUYAUX OUVERTS, PAR M. QUET. Dans tons ces tuyaux, I'air peut vibrer sous 1' influence d'un son donne; mais il y a des longueurs pour lesquelles les vibrations sont tres-faibles, et d'autres qui correspondent a des vibrations relati- vement tres-4nergiques. La sonorite des tuyaux est la plus grande possible, lorsqueleurs longueurssont des multiples quelconquesde la demi-longueur d'onde ; elle est encore tres-grande lorsque les lon- gueurs sont voisines de ces multiples , mais elle d6croit a mesure qu'on s'en 61oigne, devient bientot faible , puis tres-faible , et elle est a son minimum lorsque les longueurs des tuyaux sont les mul- tiples impairs d'un quart d'ondulation. Les noeuds, au lieu d'etre immobiles comme ]e suppose Bernoulli, sont caract^rises seulement par un minimum de vitesse-, les ventres, conti-airement aux idees de Bernoulli , eprouvent des variations de condensation; mais la condensation y est constamment minimum. Quel que soit le son produit , les noeuds sont toujours equidistants entre eux , et leur distance est legale a unedemi-ondulation. Les ven- tres sont places a egale distance des noeuds ; ily a toujours un ventre a I'extremit^ du tuyau oppose a I'Drifice, et la distance de ce ventre au premier nceud est egale a un quart d'ondulation. Contrairement aux idees de Bernoulli, les noeuds etles ventres ne sont pas en gene- ral symetriquement places par rapport au milieu du tuyau. Cela n'arrive que lorsque ie son produit appartient a la serienormale des tuyaux ouverts. Si en partant d'lm son quelconque de cette serie , on augmente la quantite du son, la demi-concameration du second bout du tuyau s'allonge, tandis que la distance de I'orifice au pre- mier noeud diminue et devient plus petite qu'une demi-concameration. L'orifice n'est plus alors , a proprement parler, un ventre de vibra- tion. A mesure que la quantite du son augmente, la distance de l'orifice au premier noeud diminue toujours et finit par etre nulle , lorsque le son entre dans la serie normale des bourdons : alors l'ori- fice est U11 noeud et le tuyau resonne a peine. Si la quantite du son augmente encore , la distance de l'orifice au premier ventre devient plus petite qu'un quart d'ondulation , elle diminue de plus en plus jusqu'a devenir nulle ; alors le produit appartient a la serie normale des tuyaux ouverts, l'orifice redevient un ventre, les noeuds et les ventres sont symetriquement places par rapport au milieu du tuyau. A. TRAMCLAY, proprietaire-ge'rant. PARIS. IVrUI.MERIE DE W, KEMQUET ET Cie, RDE GARANCIERE^ 5. T. V. 23 SEPT£MBKE l854. THDISIU.ME AJCNEE. COSMOS. NOUVELLES. M. Hulot, graveur adjoint a la Monnaie, fut charg^ en 1846, par la direction, de faire des planches de cartes a jouer a une tete, avec recommandation de se rapprocher le plus possible des dessins types dus a M. Gatteaux pere ; il parvint a restituer aux cartes leur type primitif et a fournir quatre planches comporiees chacune de vingt-quatre figures. Les moyens mis en usage pour ce travail qui fut termine en 1849 avec quelques modifications appropriees, ont servi successivement a M. Hulot a la multiplication des billets types de la banque de France, notamment des billets de 100 francs dont cet etablissement possede 30 multiplications identiques, et a la composition ainsi qu'a la reproduction des planches de timbres- postes, dont le nombre, par suite de changements du type ou de la valeur des timbres, se trouve dcja porte a plus de 50. En raison de Turgencequi lui ^tait prescrite, M. Hulot a cherche et est parvenu a presser le depot galvanique de maniere a obtenir une epaisseur de pres de 1 millimetre par 24 heures ; le metal forme conservant la densite du cuivre fondu et prenant de la durete ou restant mou a volonte. Pour donner une id^e de la celerite qui le plus souvent lui est imposee dans ses travaux, M. Hulot dit que le 12 du mois dernier on lui conimandait huit planches de timbres-postes de 20 a 80 c. et dix millions de timbres livrables a I'administration du premier au vingt de ce mois. Les changements, en raison de la difference de prix, la confection des planches, le montage, la mise sous presse, la mise en train et le tirage ont ete executes si rapidement, que le premier du mois courant, il hvrait un premier million. II a dii ralentir les travaux, car la fabrication serait aujourd'hui du double de la commande. M. Hulot fait observer que ses planches avaient, avant le mon- tage, 7 millimetres d'epaisseur d'un mdtal dur et d'une perfection irr^prochable. Deux feuilles imprimeespar deux presses differentes- et superposees I'une a I'autre offrent, dans toute leur etendue, la preuve de la coincidence parfaite de tous les traits de la gravure. La mise en train d'une planche peut servir a une autre. 342 COSMOS. C'est un perfectionnement semblable que M. Hulot voulalt attein- dre, et qu'il a en effet obtenu clans les cartes a deux tetes. Ces cartes etant enluniinees avec des patrons, les memes patrons peu- vent servir aux epreuves provenant indifferemment de toute plan- che quelconque. En terminant, M. Hulot fait remarquer que, dans la meme carte, les deux figures sont identiques entre elles et avec le type original. [Bulletin de la Societe d encouragemenl .] — Le Journal de Cherbourg publie les details suivants sur I'ex- plosion d'une mine- mont^tre de 6 000 kilogrammes : « Un immense nuage de poussiere et de fumee, accompagne d"un bruit sourd et prolonge, s'eleva sur la grande masse attaquee. Le massif se souleva sous I'effort puissant oppose a sa cohebion et re- tomba lourdement sur son lit de carriere, divise en blocs de toutes dimensions, presque tous propres a etre enleves sans autre main- d'oeuvre et sans qu'une seule pierre ait ^te lancee a plus de 10 metres de distance. « L'importance de cette operation, dont I'effet s'est produit sur 70 metres de longueur, 15 ou 16 metres de hauteur et environ 50 metres de profondeur, est evaluee a 300 000 metres cubes de rocher detache. " Le systeme d'exploitalion par galeries souterraines dont nous venons de decrire I'efFet, a ete mis en usage dans les travaux pu- blics par MM. Dussaud et Rabattu, qui n'ont pas craint de risquer des sommes importantes pour ces experiences, et dont les essais, conduits avec des soins niinulieux etune surveillance soutenue, out ^te couronnes d'un plein succes. Mais nous sommes heureux de pou- voir ecrire ici qu'un de nos compatriotes, M. Th. du Moiicel, qui a d^ja bien haut marque sa place dans le monde scieiitifique, a puis- samment contribue a la reussite du precede de MM. Dussaud et Rabattu. Disposes par lui, cinq appareils electriques en communica- tion avec une.pile de Bunsen, ont, au signal donne , mis en meme temps le feu aux cinq poches pleines de poudre qui devaient faire sauter les massifs. » [h'JS^tn/ette.) — M. Maistre jeune, etudiant , a adresse a la Societe d'encou- ragement, le 18 mai dernier, un thermometre dit eleclrique, dont I'emploi a pour but soit de faire connaitre par un timbre d'avertis- sement, soit de regler par sa projire action la temperature du milieu dans lequel on le place. En construisant ce thermometre , le souffleur fait pi'netrer dans la boule ou le cylindre formant le reservoir, un hi de platirf^ dont I'extremit^ louche le mercure que contient cette boule ou ce cn imJre; C0S310S. 343 il introduit aussi dan^ la tige de I'instrument, par sa partie supe- rieure, avant d'en fermer I'ouverture a la lampe, un second fil de platine qu'il fait descendre au degr^ de I'echelle indiquant la tem- perature qu'il s'agit de signaler ou demaintenir constants. Si cette temperature est au-dessus de celle de Tatmosphere, sous I'influence de cette dermere il y a solution de continuite eiitre le mercure de la coloiine et la poinle du fil de la tige. Dans le cas contraire, c'est- a-dire si la temperature qu'il est question d'obtenir ou de surveiller est inferieure a la temperature de I'air ambiant au moment oil Ton met en place le thermometre, celle-ci maintient le fil de platine de la tige immergee dans le mercure. Les choses etaiit ainsi reglees , il suffit de reunir les extremites exterieures des deux fils aux conducteurs d'une pile, pour que, au moyen d'une des nombreuses dispositions connues qui servent a utiliserles forces electro-magnetiques, I'effet iiecessaire se produise. II est facile de concevoir que I'elevation ou I'abaissement de tempe- rature, en amenant le mercure de la tige thermometritjue au contact du fil de platine superieur ou en Ten separant , pourra mettre en mouvement soit le marteaa d'un tiiiibre avertisseur, soit un reo-istre determinant ou interroniitant une emission regulatrice d'air de va- peur, ou dun liquide chaufle ou refroidi. — M. Benoit propose, pour regulariser lechauflfage et la ventila- tion de la salie des seances de la Soci^te, de combiner a la fois le thermometre electrique de M. Maistre et I'electro-ainiant. S'il fait trop chaud dans une salle, que faut-il laire pour en mo- derer la temperature et la ventiler en meme temps i " II suffit, evidemment, d'oiwrir au plafond une ouverture cl e- facuation de fair chaud qui s'eleve toujours, d'ouurir au parquet une oui'erture d' introduction de i^airjrais et &e fermer les bouches de chaleur par lesquelles I'air chauffe arrive du calorifere dans la jalle. " Cos operations peuventetre faites, soit separement, soit simul- lanement, en combinant les deux appareils mentioniies avec un petulule conique employe, non plus comme il I'a toujours eie jus- qu'ici, pour moderer et regulariser la vitesse de rotation des ma- chines, mais bien comme organe mecanique special. On con9uit fa- cilement que la douille du pendule developpe omne et maintienne ouverts les obturateurs des ouuertures du plafond et du parquet et ferme et maintienne ferme le registre de la bouche de chaleur du calorifere, pendant tout le temps que relectro-aimantlait touiner ce pendule avec une vitesse constanle, convenable. UU COSMOS. « On congoit de m^me que, lorsque r^lectro-aimant cesse de mouvoir le pendule, cet organe rentrant sur Itii-meme, sa douille produi.-e des effets contraires a ceux prdcMemment iiidiques, c'e>t-a-dire C[ue\\efetf7te et nia'uiticnne fermes les obturateurs dii plafond el du parquet, et qiielle oui'te et niaintienne ouvert le re~ gistre de la bouche de chaletir du Calorifere, pendant tout le temps que le pendule reste au repos. « De la la possibilite de forcer mecaniquement la temperature de la salle a ne varier qu'entre deux limites tres-rapprochees, au-des- sus et au-ile?sous du point de I'echelle du thermometre electrique, auquel on fait correspondre I'extr^mite du fil de platine superieur de cet instrument, tout en operant la ventilation necessaire en ce cas. « II est evident, ajouteM. Benoit, que In meme combinaison du thermometre electrique de M. J. Maistre, de Xelectro-aiinant de M. Marie Davy, et dnpcnd'de coniqite, iitili.se, commejele propose, comme organe niecani(]tie special, peut etre employee pour rafrai- chir la salle, au besoin ; il buffit, en effet . en ^te , de lui faire ma- nceuvrer les seiils registres d' evacuation de Pair chaud au plafond et d' introduction de fair frais an parquet. « Le croquis trace sur !e tableau n'exprime graphiquement que l6s indications gencrales que je viens d'enoncer, en faisant voir neanmoins que les resistances passives du niecanisme peuvent etre reduites a fort pen de chose. Mais si le conseil trouve ma proposi- tion de nature a etre discUtee, et en renvoie I'examen , soit a un de ses comitt5s, soit a une commission sp(5ciale , je fournirai un trac^ a r^chelle, cote, avcc I^gende explicative et des nombres a I'appui de mon projet, qui regulariserait le chauffiige et la ventilation en hiver, et assurerait aussi la ventilation en t'te. " — M. Blanche, chimiste, de Puteaux, vient de ddcnuvrir une composition inflammable, unliquide foudroyant, qui embrascinstan- tancment tout ce qu'il rencontre en se rdpandant ; vers^ dans I'eau de puits, il fait d'un vaste cuvier un bol de punch enflamme; plus on remue I'eau, plus les tlammes augmentent d'etendue et d'inten- site. Versd sur le plancher d'une salle, quelque grande qu'elle soit, le liquide entlamme y degage une fumee et une chaleur telles, qu'elles aveuglentet sufFoquent tout ceux qui s'ytrouvent. Quelquesgouttes du liquide repandues sur une piiicde de poudre, amenent une explo- sion pareille a celle d'une piece de canon de 8, et eela sans aucune compression, la poudre ctant laissee a I'air libre et simplement eten- due sur la planche. Enfm le prix de revient est modique ; il n'excMe COSMOS. 345 pas le prix de la poudre ordinaire. Apres des experiences qui ont eu le plus foudroyant effet, et sur le rapport d'hoinmes compdtents M. Blanche a et^ appel(^ au camp de Boulogne, ou, sans doute se- ront faites de nouvelles et plus decisives experiences. — L'Acadcmie des sciences et lettres de Montpellier (section des sciences), a mis au concours, pour le prix de 500 fr. qm doit etre decerne en 1856, la question suivante : Etude chimique des vins et des divers produits formds pendant la vini6cation. La question etant tres-vaste, les concurrents pourront n'en abor- der qu'une partie nettement limitee et a leur choix. Sans leur impo- ser aucun programme, rAcad.'.mie leur rappelle les questions sui- vantes, si interessantes pour le Midi de la France : Etude chimique de la matiere colorante du vin et de I'lnfluence que ses modifications et ses alterations peuvent exercer sur le vin • Etude de la fermentation du mout de raisin, au point de vue des produits auxquels elle peut donner lieu, et des causes qui peuvent modifier ces produits; Etude chimique des divers alcools qui se produisent dans la fer- mentation , qui accompagnent I'esprit de vin ou qui s'en separent pendant la distillation ; Etude chimique des divers ethers ou huiles essentielles qui se de- veloppent dans le vin ou les eaux-de-vie; Emde chimique des residus de la distillation des vins ou des marcs. Les concurrents ne devront pas negliger de tirer de leurs recher- ches des conclusions pratiques, sans oublier cependant que c'est un travail scientifique que I'Academie attend de leurs efforts. Les Memoires devront etre adresses au secretaire general de I'A- cademie des sciences et des lettres de Montpellier, avant le l'-- aout 1856. —Dans les Ardennes, on faisait usage depuislongtemps pour I'a- mendement des terres, des marnes du lias, calcinees au moyen des matieres bitumineuses et des pyrites de fer qu'elles contiennent • mais personne n'avait songe jusqu'^ ce jour a profiter de la combus' tion pour augmenter la quantite de chaux que contiennent ces marnes. La Societe d'agriculture de ce departement vient d'annoncer qu un ing^meur beige a rcalis(5 cette idee, sans nouvelle depens^' de combustible, en mettant dans la mama a calciner des stratps de pierre calcaire, bnsee meme, qui alternent avec des strates de mar- S'lG COSSIOS. Jie. A propos de cette decouverte, la Soci^te des Ardennes dit que cette addition dechaux permet aux cultivateursd'utiliser les marnes des Ardennes sur leur sol ardoisier, qui est a peu pros prive de cal- caire, at sur lequel la marne ainsi preparee produit autant d'effet qu'elle en produisait peu quand elle ne contenait que 7 p. 100 de chaux apres calcination. Cette Society enumere ainsi qu'il suit les avantages que pr^sente la calcination : 1" La marne bruli^e contenant beaucoup plus de parties solubles quela jnarne brute, fournit des silicates de chaux, des silicates al- calins, et de la silice hydratee, dans un etat qui en permet I'assi- milation par lesplantes; 2" Mecaniquement, elle contribue avec beaucoup d'activite a I'a- meubhssement du sol. La marne calcinde possede en effet des moyens tres-energiques d'absorption sur I'atmosphere. 3° Enfin, elle est un compose nouveau, doue de proprietes diffe- rentes de celles de la marne brute; et comme elle contient beaucoup de parties actives, elle doit etre, par consequent, employee en bien moindre quuntite. t: ACCLIfflATATION DE Yl^GfiTAUX EN ALGfiRIE. Oil ne connait pas assez gendralement les conquetes qui ont ^te faites dans les differentes branches de culture, en Akerie, ni I'im- portance, soit comme nombre, soit comma espfece, soit comma uti- lity, des v^getaux qui y ont ^te introduits apres avoir 4te emprunt^s aux contrees les plus diverses du globe. On etonnerait certainement bien des gens si on leur demontrait qua c'est par milliers que se comptent aujourd'hui les acquisitions op^rees sous ce rapport. C'est ce que nous aliens entreprendre dans la prosente note, oil le defaut d'espace ne nous permettra, toutefois, de mentionner que les plus interessantes especes acclimatees. Siluea entre le 36" et le 33* degre de latitudeNord, I'Algerieest placee sous I'influence d'un climat de transition, et subit alternative- ment la haute temperature des tropiques et le refroidissement des contrees plus temperees. On n'y observe guere que deux saisons : lasaison seche et la saison des pluies. Ces conditions climateriques de la colonie la rendant eminem- ment propre a la culture de presqua tous les vegetaux du globe, le d^partement de la guerre n'a recul6 devant aucun sacrifice pour met- tre ces heureuses circonstances a profit. Dans I'enumeration des especes qui, en passant par I'etablisse- ment de naturalisation, ont deja pris possession du sol algerien, nous commencerons par celles originaires de la zone septentrionale. L'he- misphere boreal nous en ofFre 238 especes , qui se decomposent ainsi, par rapport a leur utilite : 28 especes a fruits comestibles. 127 — foresti feres. 60 — d'ornement, a fauilles caduques. 23 — resineuses et toujours vertes. Les especes fruitieres qui sont generalement cultivees en Europe ont ^te tout d'abord introduces. Avant notre occupation, les Ara- bes cultivaient quelques-unes de ces especes ; mais les produits en ^taient gdndralement sans valeur, et la plupart ne meritaient gufere de figurer sur une table franyaise. II faut en excepter cependant les amandes, les abricots, les raisins, lesfigues, les oranges, les citrons, les c^drats, qni ne laissent rien a desirer sous aucun rapport, et dont la perfection n'a pas ete surpassee par les espfeces nouvelle- ment introduites. Les varietes des especes fruitieres qui ont 6te acclimatees sont au nombre de 1 627. 348 COSMOS. La «ultane comparative (filn Htissi gf anH nombre de vaf iiJWa a ne- cessairement rlonnd des indications bur celles qui conviennent le mieux au cliniat aligeri*!!. II a ete reconnu que pour la plupart, et surtout pour les fruits a pepins, ce soiit les varices les plus bativias qui donnent les meilleurs produits. Les Arabes sont loin d'etre indiflTcrents a la vuede nos fruits dt a la belle vegetation des aibres qui les portent. lis recherchent vo- lontiers nos sujets, qu'ils preferent de beaucoup, pour leurs planta- tions, aux plants cbetifs et sauvag-es dont ils seservaient preeedem- raent. On peut dire que c'est par la plantation de nos arbres fruitiers qua commence chez eux la revolution agricole. Parmi les 127 espeoes forcsiieres import^es, quelques-unes ine- ritent une mention speciale. Le miirier existe depuis longtemps en Algerie, a en juger paries beaux exemplaires que Ton rencontre partout. Celui que Ton trouve le plus frequemment donne des fruits noirs a complete maturite ; sa feuille est excellente pour la nourriture des vers a sole. On a m- troduit, avec nos diverses varietes de niurier blanc, le miirier mul- ticaule et le miirier lou, qui parait susceptible de rendre de bons ser- vices, et les morns rubra d'Amerique. On a egalement naturalise deux espbces de frenes, desquelles d^coule la manne medicinale, \efraxinus omits et \e fraxinus mati- nij'era ; un chene de la Grece, le qnrrciis cegylops, qui produit une matiere employee par les teinturiers. Les sumacs, dont on se sert pour la preparation des cuirs, foiat aussi partie des cultures algeriennes; deux especes sont indigenes et[croissent spontaneinent; le sumac ordinaire, rhus corinria, et le rhus pent nphyll urn. Ce dernier est tres-abondant dans I'ouest de I'Algerie, et Ton assure que c'est a son emploi que les Marocains doivent la beaute et la superiorite de leurs cuirs. Deux autres es- peces ont ete importees: le sumac vinaigrier, rhus glaucuni, et le sumac amaranthe, rhus thfphinum. Vienneiit ensuite deux cbenes d'Amerique promettant des resuil- tats tres-satisfaisants , le planera de Tiflis, I'erable sjcoiwore et le negundo^ le bene de France, celui d'Amerique, rornie a krges feuilles, I'orme d'Amerique et le fauve, le peuplier de TOntairio, de laGreee, du Canada, de Virginie; troisnoyers d'Amerique, le noir, le cendr(! et le pacanier, le platane, le vernis du Japon, le robinier blanc, le fevier d'Amerique et le honduc. Parmi les conif^res ou resineux de la meme zone, dont vingt-trois especes sont citees plus haut, figure le cypres chauve de la Louisiane COSMOS. [schubertia disUcha], le cypres pyramidal, plusieurs vari^tesdeger nevriertf, I'if, les pins sylvestre, maritime et larico, le sapin deNor- maivlie et le sapin Pinsapo d'Espagne. Dans le groupe des especes dites d'agrement, transportees en Algerie, on distingue le sterculier a feuilles de platane, arbre d'or- neaient magnifique, I'acacia de Constantinople, le catalpa, le cha- l^f, le niaclura, \e pauloivniainiperialis, le cytise desAlpes, le gai- nier des bosquets, les robiniersrose, parasol et visqueux, le savonier panicule, etc. Tel est I'aper^u de la vegetation que la zone septentrionale a le- guee a I'Algerie. Nous allons examiner maintenant les vegetaux ligneux de la zone chaude, qui y ont et^ naturalises. lis compren- nent trois cent cinquante-sept especes. En tenant compte des differences, legeres il est vrai, qui existent entre les climats auxquels appartiennent ces especes, climats dont la temperature s'eleve graduellement, depuis les latitudes alge- riennes jusqu'aux zones les plus chaudes du globe, nous arrivons a former douze groupes. Les cinq premiers groupes comprennent des vegetaux qui vivent dans des regions dont la temp(5rature a beau- coup d'analogie avec celle de I'Algerie. lis sont au nonibre de cent quaranle et un. Les sept autres groupes, renfermant deux cent seize especes, appartiennent a des zones plus rapprochees de I'e- quateur, et d'une temperature consequemment plus elevee. Les arbres a fruits comestibles comprennent quatre especes de bananiers a la vegetation tropicale et luxuriante et aux fruits succu- lents ; quatre especes de goyaviers qui fructifient abondamment : ravocalier, /aunts persen (Lin.) ; Xaiioao cherbnolea (Miller), dont le fruit agreable mesure 27 centimetres de circonference; le neflier du Japon, le cookia punctata, de la famille des Grangers ; V Eugenia iwiflora (Lin.), dont les fruits, appeles roussailles aux colonies, sont si beaux a I'oeil et si agreables au gout; le secldnm edule, que Ton nouinie cayotte au Mexique, et chouchoa a Bourbon, etc. Parnii les especes medicinales, on remarque : \^e brucea J'errugihea (I'Her.), de lAbyssinie, dont I'ecorce est. employee centre la dyssenterie; lejatropha curcas (Lin.) oupignon de rinde, et jntraplia multifida (Liu.) qui donneiit des graines oleagineuseset purgatives ; y acacia nilottca (Delille), Tun des arbres qui produisent la gomme araliique^ le micania gtiaco (H. P.), em- ploye en therapeutique pour guerir la dyssejiterie ; le lanrus cam- phorca (Thunb.) de la Chine , qui donne cette resine odorante si employee sous le nom de.c<5i«j(y/^r^.,*,le, cassia fistula (Lin.) del'Inde,^ 350 COSMOS. qui produit la casse purgative, et le dracoina draco (Lin.) qui pro- duit de la gonime. Dans les espfeces ^conomiques on distingue : Ucvmathoxrlum campechiajumi (Lin.), de I'Aincrique meridio- nale, qui donne le bois de teintiire si connu sous le noin de cam~ peche; le snpindas saponaria (Lin.), de la ineme contree, ouon I'ap- ^eWesavonnier; \e co/fea arabica (Lin.), cafeier; \e celastms edulis (Vahl) de I'Yemen, dont les feuilles servent a la preparation d'une infusion semblable a celle du the; les Ccesalpinia punctata (Wild), C. echinata (Lain.), C. snppan{Lm.), C.pectinata (Cav.), lesdeux premiers du Bri^sil, le troisieme de I'lnde, etle qualrieme de I'Ame- rique meridionale, qui produisent les bois de teinture connus sous lesnoms de bois du Bresil, bois de Fernnmbouc, bresillet; Valcu- rites Triloba (Forst.) ou noyer de Bencoul ; ]e c/oton sebi/cru/n de la Chine, ou arbre a suif; \ejicus elastica ^ dont on obtient le caoutchouc. Parmi les especes economiques, il faut eom.prendre aussi les di- verses sortes de bambous : le grand banibou de I'Lide, bambusa ariindinacea (Lin.); celui de Madagascar, bambusa Thuarsil (Khunt), et le bambusa spinosa (Bla.) de la Chine. Dans la categorie des especes foreslieres, il se trouve diverses sortes de coniferes. Entete des principales vient se placer Yaraucaria excelsa (Lamb), del'ile de Norfolk, dans rOceanie, I'arbre le plus beau et le plus pittoresque qui se puisse imaginer. Ceux qui se prcsentent ensuite sont le piaus canariensis (D. C), de Teneriffe; \e pinus longifolia (Lamb.), de Nepaul ; le pinus tenuifolia et le pinus gra- cilis^ tous deux du Mexique ; le cedrus deodora (Roxb.), de I'Hima- laya; \^casuarina equisetifolia (R. B. R..), de laNouvelle-Hollande, et la casuarina lateriflora (Rich.), de Madagascar. Signalons, en outre, diverses varietes de podocarpits et A' acacias : V eucalyptus diversifolia (Bonpl.), \e. grcei>illea robusta{C\mn.], le leptospermum Jlexuosum (Swartz) , le prosopis juli/lora (D. C), \ejac.atanda mimoscefolia (Bot-Reg,), du Bresil, qui passe pour donner le bois de palissandre; le ficus religiosa (Lin.), de I'lnde, ou I'arbre des pagodes^ et une foule d'autres qu'il serait trop long d'enumerer. Les lianes, c'est-a-dire les veg^taux si gracieux par la flexibility de leurs tiges, par la l(?gerete de leurs rameaux, par I'abondance de leur feuillage et de leurs fleurs, si remarquables par la force de Jeur veg(5tation et par les surfaces immenses qu'ils recouvrent, of- COSMOS. 351 frent un grand nombre d'espfeces dont nous citerons seulement les suivantes : he Ijignoniaj'asminoides IJi.unih], duBiesil, le B. jasmini folia (Linde), de Orenoque, le B. venusta (Ker.) du Breail, le hougain- villea spectabilis [Jm?,s.), \e passi flora alata (Hort.), et Londonii de I'Amerique meridionale, le P. palmata (Lin.) du Bresil, \e P . serralifolia (Lin.) de I'Amerique meridionale, les genres amphilo- pliiuni et aplotophlum (Chom.). du Bresil, }^' aristolochia labiosa (Ros.) du Bresil. Nous ne terminerons pas cette revue de vegetaux naturalises en Alg^rie sans dire un mot du tabac, dont on possede un grand nom- bre de vari^tes; du colon dont la culture s'est si rapidement repan- due dans ces derniers temps ; du pavot dont le produit a etc estimtS I'egal des meilleurs opiums de I'lnde; de la vanille, de la canne a Sucre, du riz, et notamment du riz sec de la Chine; des plantes a essences, 20 varietes d'ananas, 5 de patates , etc. Mentionnons encore les plantes textiles et tinctoriales, lelin, le chanvre et parti- culierement celui de Chine, I'indigo, X enpatorium tiactorium , qui donne aussi I'indigo, la cochenille, la garance, le safran, etc. Independamment de ce5 vegetaux qui, pour la plupart, sont deja entres dans le doinaine public, beaucoup d'autres sont encore a I'^tat d'exp6riences, tels que le poivrier, le cannelier, la gutta-percha, le quinquina, la salsepareille, le rheedia aniericana ^ diverses plantes produisant des matieres sebacees et cireuses, I'arbre a the, etc. Cette courte esquisse de la vegetation recemment introduite en Algerie est iinpuissante a donner une idee du contraste frappant qui existe sous ce rapport entre I'Algerie et I'Europe. N'est-ce pas en efFet un spectacle digne d'admiration de rencontrer sur le meme point le bambou de I'lnde a cote du ble de la Beauce, le draccena et le latanier pres des modestesmonocotyledonees duNord, r^duites a I'etat d'herbes annuelles ou vivaces; le goyavier, Vannona, I'a- vocatier pres du poirier, du pommier et du cerisier ; les stephanotis de Madagascar pres du chevrefeuille de Germanie, lebananier pres du peuplier, le jacaranda du Bresil pres du frene? Ces faits portent avec eux un grand et pr^cieux enseignement, ils indiquent combien la carriere qui s'ouvre pour I'Algerie est susceptible de s'etendre, et combien de vegetaux disperses sur la surface du globe peuvent etre reunis sur son sol, afin de donner a I'homme, dans le voisinage de cette partie du monde qui est le centre du progrfes et le foyer de I'industrie humaine, un surcroit d' aliment pour son activite intellec- tuelle, et de nouveaux elements de richesses et de jouissances. PflOTOGRAPmE. La Lnmierc a public, le 8 juillet, le precede siuvarrtde photogra- phie sur papier teiebenthino-cire de M. Maurice Lespiault : « On prend 200 grammes de cire blanche en grains dans une bnuteille d'un litre , qu'on reniplit ensuite de t^rdbenthine rectifiee ; on plonge la bouteille dans un vase plus grand rempli d'eau chauffee de 30 a 40 degres, et on I'y laisse un quart d'heure en I'agitant de temps en temps. L'essence a alors dissous la quantiti? de cire conve- venable ; elle doit avoir la consistance de I'lmile d'olive et ne pas se prendre par le refroidissemeiit; si cela avait lieu, on ajouterait une certaine quantite d'essence rectifiee et Ton chaufferait de nou- veau pour rendre le melange liquide. On plonge dans cette prepa- ration, filtree a I'avance, les feuilles de papier photographique, de Canson ou de Saxe, de trfes-bonne qualite ; elles s'y imbibent imme- diatement, deviennent transparentes et prennent, par la dessicca- tion, un ton mat. On les sen^ibilise en les plongeant dans le bain suivant : eau de riz filtree, 1 litre; gelatine blanche, 5 grammes; Sucre de lait, 20 grammes; iodure de potassium, 25 grammes; iodure d'amnionium, 2 grammes; bromure de potassium, 4 gram- iries; chlorure de sodium, 2 grammes; fluorure et cyanure de po- tassium, 50 centigrammes environ de chacun. On seche le^ feuilles en les suspendant par un angle et elles seconservent indefiniment ; le temps de la pose est seulement un peu plus long, a mesure qu'on s'^loigne du jour de la preparation." M. Lespiault ajoutait : » Les feuilles prepardes a la cerdleine par la formule de M. Geoffray donnent, il est vrai, de beaux resultats le jour meme de leur preparation ; maisdans la saison chaude et dansle midi de la France, il est impossible de les conserver plusieurs jours. « Par cela meme que M. Lespiault a public le premier un procedS complet de photographic sur papier terebenthino-cir^, ce proced^ lui aprpartient, et M. Geoffray a eu tort d'avoir quelque vell^it^ d'en revendiquer la priorite, puisque, de son aveu, il I'avait aban- donn^ sans le formuler, parce qu'il n'en etait pas satisfait. M. Le Gray es' dans le meme cas que M. Geoffray, puisque, lui aussi, il a repousse, apres I'avoir entrevu, I'emploi de la cire dissoute dans Tessence de terebenthine. 'Plus tard, dans rapplication de son proc^d^ , M. Lespiault a rencontr^ des difficultes sinenses et de nombreux insucces. On trouvera, dans la Lumiere du 5 aout, I'indication des moyens pro- pres a pr^venir ces accidents; nous ne les avons pas reproduits. COSMOS. 353 parce qu'il 6ta.it evident pour nous que le precede a laceroleine est plus simple, plus rapide, plus sur. Mais nous dirons un mot a nos lecteurs d'une modification apportee par M. Tillard au papier te- r^benthino-cire, et que M. de Brebisson decrit dans la Lumiere du 9 septembre,. apres I'avoir, dit-il. essayee avecsucces. " Dans 1 litre d'essence de terebenthine verse dans un flacon a large ouverture,, je niets 25 a 30 grammes de cice blanche, que je laisse se dissoudre en agitant de temps en temps pendant vingt- quatre heures ; pour facditer roperation.^on peut mettre le tiacon au soleil autant que possible. " Apres avoir filtre, je prends 200 centimetres cubes de ce liquide, qui est tres-limpide, et j'y ajoute 1 gramme d'iode par, qui se dis- sout promptement. Le liquide, d'abord colore d'une teinterougeatre, ne tarde pas a prendre une teinte jaune analogue ti celle d'une solu- tion tres-etendue de chlorure d'or. Je verse ce liquide dans une bas- sine oil je plonge, pendant cinq minutes, les feuilles de papier que je veux preparer. Le negatif saxe est ctdui qui me reussit le mieux. Je retire ensuite le papier feuille a feudle, Tegoutte et le laisse se- eker, suspendu par un angle. " Quand je veux m'en servir, je plonge ce papier dans un bain d'argentQ'aceto-azotate de M.LeGray) pendant quelques minutes, puis dans une cuvette pleine d'eau, et apres ce lavage je le desseclie dans le papier buvard: les operations suivantes sont les meraes que celles indiquees par M. Le Gray. Ce papier donne de beaux noirs, en conservant les blancs, et il a beaucoup de finesse. II s'iiiipres- sionne assez rapidement a I'exposition dans la chambre noire. » Ainsi formule le precede a la terebenthine se rapproche beaucoup plus du proct^de a la ceroleine, et c'est de lui que M. GeoiFray a dit : » Si je n'ai pas trouve la cire dissoute dans I'essence de tere- benthine d'une application avantageuse, ce n'est pas que j'aie trop peu experiment^, c'est qu'en realite jene pouvais pasetre satisfait. Si je n'ai pas formule explicitement ce procede, ce n'est pas qu'il m'ait donne, en iodurant, des le premier bain, des resultats mal reussis ; c'est que ces resultats, compares a ceux que me donne I'emploi de la ceroleine, ont une valeur relative tres-petite. A quoi bon abandonner une substance pour la remplacer par une autre de qualite inferieure? » En resume ; 1" q.ue IVI. Geoffray ne suive pas les errements de M. Le Gray , .qu'il laisse MM. Lespiault et Tillai-d, en libre possession de leur papier terebenthino-cir^ ; 2" que les abonnes du Cosmos aient confiance en M. Geoffray et n'abandonnent pas l^gereaient, et jusqu'anouvelordre, la dissolution de cu'e dans I'al- 354 COSMOS. cool pour lui substituer la dissolution de cire dans la tdrebenthine, dont nous n'esperons pas beaucoup. — Voici venir maintenant M. de Poilly. Dans sa dernifere lettre qui resume toutes les autres , il nous prie instaniment de recon- naitre que la priorite de I'emploi de la ceroleine ou carina aux usnges photographiques lui appartient incontestablement ; parce que cette application a ete mentionnee et forinulee par lui dans un paquet cachete dispose a I'Academie des sciences le 7 novembre 1853, ouvert le 24 avril 1854, et renvoye a I'examen d'une com- mission. Malgre toute notre bonne volonte, nous sommes force de r^pondre a M. de Poilly les observations suivantes : 1" Que I'application de la ceroleine aux usages photographiques en general est revendiqude par M. Le Gray, qui I'a consignee dans son l^revet de 1851 ; 2" les paquets cachett^s n'ont qu'un effet, celui de donner une date certaine aux faits qu'ils renferment. lis ne sont nullement un droit de prio- rity ou de propridte ; le brevet d'invention pris par un tiers avant I'ouverture d'un paquet cachete est parfaitement valable; si avant cette meme ouverture , le tiers publie le fait en question, ce fait devra toujours rester attache a son nom; I'auteur du paquet ca- chete ne pent que se donner la satisfaction de faireconstater qu'ila eu I'honneur ou le bonheur de decouvrir le meme fait plus ou moins longtemps auparavant : en rdalite, il n'y a rien de plus inutile et de plus traitre qu'un paquet cachete ; S" puisque, de fait, M. Geoffray a publie son precede de ceroleine avant I'ouverture du paquet ca- chete de M. de Poilly, ce procedi lui appartient irrevocablement ; 4° au moment ou M. de Poilly apparut sur I'horizon academique, en depit de la repugnance que M. E. Lacan nous prete par la plus criante injustice, et I'interpretation effrontdment fausse d'une phrase tres-innocente , nous nous mimes a sa recherche , nous de- mandames son adresse au secretaire de I'lnstitut, nous voulions ab- solument donner de la publicite a ses recherches, si nous les jugions bonnes et utiles, et lui venir en aide ; or, le croirait-on , c'est seu- lement par une lettre du 15 aoiit 1854 que nous avons connu le proc6d(^ indique dans le paquet cachet^ du 7 novembre ; le voici, sans autre garantie que la parole de IM. de Poilly : « Prenez : cire, 20 grammes; alcool, 40 grammes ; faites bouillir jusqu'a reduction de moitie^, retirez du feu, laissez refroidir et ajou- tez : alcool rectifie, 20 grammes. Prenez de cette solution 8 gram- mes ; collodion pharmaceutique , 20 grammes; ether sulfurique, • 80 grammes ; iodure d'ammoniacum, 1 gramme. On peut mettre COSMOS, 355 n'importe quel lodure ou bromure, etc. Laissez reposer vingt-quatre heures et filtrez. •> II s'agit done simplement d'addition de ceroleine au collodion, ce qui n'a rien a faire avec le procede de photographie sur papier et a la ceroleine de M. GeofFray. Sous ce rapport , la reclamation de M. de Poiliy nous parait veritablement incroyable. Pour comble de malheur, avant que M. de Poiliy fit connaitre a la Lumiere et au Cosmos son idee d'addition de la ceroleine au col- lodion, un procede tout a fait semblable etait publie par M. Roman dans le Guide da Photogrnphe , de M. Charles Chevalier. Nous lisons en effet page 71 de la seconde partie de cet ouvrage : " Ayant lu la lettre fort interessante de M. Stephane Geoffray sur le papier a la ceroleine , il m'est venii a I'idee d'incorporer cette substance dans le collodion. J"y ai reussi parfaitement et au dela de mon attente. J'ai done ajoute a 90 grammes de collodion positif au coton-poudre , 30 grammes de solution aleoolique de ceroleine indiquee par M. Geoffray, et 1 gramme dune solution aleoolique d'iodure de potassium et d'argent (alcool, 100 centimetres cubes; iodure de potassium, 120 grammes; azotate d'argent, 50 grammes). Le collodion ainsi modifie s'etend parfaitement sur la glace et seche aussi vile : il est aussi sensible, et au sulfate de fer I'epreuve de- vient magnifique ; elle a une harmonie, une douceur, une finesse, tout a fait partieulieres et remarquables. Ce collodion, avec addition de ceroleine, est aussi beaucoup plus solide; je n'ai pas une seule epreuve oil il soit dechire, et cependant j'opere sur grande glace de 37 sur 29. •> M, de Poiliy avait en effet remarque que I'addition de la ceroleine permet de faire beaucoup plus facilement, et plusieurs mois meme apres le transport, des epreuves sur papier, toile, etc. Comment M. de Poiliy pourra-t-il disputer a M. Roman la prio- rite de cet excellent precede que nous recommandons sans crainte et qui est une precieuse extension de la methode de M. Geoffray? — M. de Poiliy revendique aussi la gloire d'avoir le premier con- serve au collodion sa sensibility pendant plusieurs heures ou d'avoir invente ce qu'on appelle si faussement le collodion sec,' et que nous avons designe sous le nom de collodion anticipe. C est seulement dans sa lettre du 15 aout, apres que nous avions fait connaitre I'emploi desselsde MM, Spiller et Crookes, I'emploi du miel ou du Sucre d'amidon de M. Shadbolt que M. de Poiliy a formule sa me- thode dans les termes suivants : <« Lorsque ma plaque collodionnee est parfaitement seche, apres I'avoir plong^edans un bain d'eau distill^e, je verse sur le collodion 356 COSJIOS. une couche de sucre de miel alcoolique incristallit-able, dela meine manifere que Ton verse le collodion, etjelaisse egoutter. J'obtiens le Sucre incristalli:>able de miel en diilayaiit 15 grammes de miel dans 30 grammes d'alcooi ; ce qui se depose an fond du flacon est le Su- cre crislallisable, le sucre incristallisable se trouve dans I'alcool, p filtre, etc. A 30 grammes de celte solution alcoolique de sucre de miel incristallisable, on peut ajouter 6 gouttes d'ammoniaque; la li- queur se trouble, mais elle redevient limpide pcu de temps apres. On peut ajouter aussi quelques sels deliquescents •> 6" Nous avions exige de M. de Poilly, avant de consentir a publier son precede, qu'il en fit I'essai dans des conditions posees par nous et acceptees par lui. 11 n'a pas.pu sans doute tenir son engagement, mais il nous ccrit du 11 septembre : « La semaine derniere, dans les atelie:s tie M. Millet, M. Le Borgne a eu la bonle de vouloir bien feire, sous ma direction, des essais de mon procede, pour ope- rera sec sur collodion (collodion Poilly). Les resultats ont etc par- faits, /toits avons obteiin des epreuves positives instniUnnces; les plaques avaient ete prepari^es plus de trois heures d'avance. Les portraits ont, en outre, un avantage bien marque sur ceux faits au collodion ordinaire ; c est celui de permettre d'appliquer les couleurs avec la plu> grandefacilite. » Nous voulons bien croire M. de Poilly sur parole; en homme d'honneur cependant d aurait dii remplir la promesse qu'il nous a faite : venir au rendez-vous convenu. M. Le Borgne, bien connu, tlit-il, de nous par saigrande reputation, n'est pour nous cependant qu'une demi-lumiere, une demi-autorite pho- tographi([ue; nous avons le droit de choisir un autre juge du camp. Voila la verite vraie, impartiale, consciencieuse sur M. de Poilly et ses reclamations. Apres ces trois longues dissertations ou discussions , il faudrait avoir fierement de mauvaise foi ou de mauvaise volonte pour ne pastrouver toute naturelle la repugnance invincible que nous mettions en avant, repugnance que Ton n'a pu transformer en injure pour les photogiaphes fran^ais, que par cette perfidie judaique dont nous demandons au ciel (ju'd nous preserve depuis bieiktot cinquante ans. Dans I'articlede M. Lacan cette per- fidie avait pris une autre forme qui nous revolte plus encoie. A Ten croire, dans notre aper9u de la photographie en Angleterre, a 1' ex- ception de quelques adresses de negociants, nous n'aurions fait que reediter prosaiquement des sujets traitespar la Luniiere en 1853. La Lumihre aurait dit en 1853, de M. Dela Mothe, de M. le cointe de Monlhizon, de M. Whealsfone, tout ce que nous en avons dit a notre retour aLondres. Or, il faut (lue les abonnes de la Lumiere COSMOS. 357 sachent que les assertionsdeM, Lacan sont un odieux mensonge, car : 1" la Luniiere n'avait pas dil en 1853, et n'avait pas pu dire un mot du tour de force de M. Cundell, de la royaut^ photographi- que de M. De la Mothe au palais de cristal, car 2° la Lnmiere n'a- vait pas connu la lettre dans laquelle sir David Brewster reconnait que M. Wheatstone avait invents 1p stereoscope a prisme, car 3" la Luniiere, tout en traduisant du Jonrnal de la Societe pholographi- que de Londres le proc^dd de M. de Monthizon, n'a pasdit conime nous ce quelle avait vu, n'a pas paye conime nous au jeune prince un tribrtt d' admiration, d'affection et de reconnaissance, si bien me- rite par le jeune prince photographe. C'est assez. Tout le monde connait notre amour pour la photographie, notre tendresse pour les photographes fran9ais, le bonheur que nous trouvons a mettre en luraierele merite et le succes. Tout le monde saitque le Cosmos est, non pas une bouticjue, mais un centre actif , ardent, passionne pres- qne, du progres sous toutes ses formes ; tout le monde est certain d'avance que le Cosmos aura toujours les premices des bonnes et belles choses ; que, loin de se laisser trainer a la remorque des autres feuilles periodiques,, il sera toujours en avant de plusieurs jours, de plusieurs seniaines sur les mieux informees. En voulez-vous une preuveecrasante, monsieurLacan \ Dans -voivefameiix article si inju- rieux du 2 decembre, vous nous disiez avec une forfanterie incroya- ble : " Que M. Moigno aille chez M. Niepce de Saint-Victor lui demander les details de ses nouvelles experiences-. ■• Or, M. Niepce de Saint-Victor, huit jours auparavant, dtait venu chez nous nous initier au secret de ses nouvelles experiences ; or nous les exposions in ex'enso et avec tous les eloges qu'elles meritaient, dans le Cos- mos du jeudi 1" septembre, tandis que vous, dans votre journal du samedi 2 septembre, non-seulement vous n'en disiez pas un mot, mais vous n'auriez meme pu en parler qu'en balbutiant, malgr^ la presentation a TAcad^mie ; or il vous a fallu, a vous qui nous aviez provoque si lachement, la remorque des comptes rendus officiels ; or, dans I'exces de notre affection pour M. Niepce de Saint-Victor, dont vous faisiez pour nous un sujet de repugnance ou de degout, nousallions meme trop loin, au point de m^riter lesjustes reproches de M. Chevreul, auquel revient veritablement I'honneur de la pre- miere idee et de la decouverte de ce phenomene important : que le bitume de Judee n'est pas modifie moleculairementet photographi- quement par la luniiere seule, sans le contact de I'air ou dans le vide. Voila comment le Cosmos repousse les photographes fran9ais ; voila comment la Lnmiere entend la veritd, la justice, la loyaut^. Ab uno disce omnes I F. Moigno. ACADEMIE DES SCIENCES. 5EANc:E I'UJiLIQUE ANNUELL.E DU 3o JANVIER. (Fin.) PRIX DECERNES. MALADIES SYPIIILITIQUES. 2" Les recherches de M. Gubler, sur une nouvelle affection till foie Uee a la syphilis hereditaire, chez les enfant s du premier age, ont contribue a rappeler Tattention des observateurs sur une des questions les plus graves de la pathologie. L'alteration du foie qu"il a rencdntree et dtudiee chez les jeunes enfants syphilitiques, est caracterisee par la presence d'elements fibro-plastiqnes et d'un liquide albumineux analogue au serum du sang, substances qui in- filtrent le parenchyme du foie, dont ils dissocient et attrophient meme les elements propres. Cette alteration peut etre generale, ou peut n'occuper qu'une portion tres-restreinte du foie. Dans le tissu altere, on decouvre une quantite considerable, quelquefois enorme, d'elements fibro-plastiques, a tous les degres d'evolution, au mi- lieu desquels les cellules de parenchyme sont dispersees et, pour ainsi dire, noyecs. La proportion de ces elements fibro-plastiques par rajiport a ceux du tissu propre de I'organe varie suivant que 1 alteration est plus ou moins avancee. Par suite de la production de ces elements de nouvelle formation, les portions envahies ac(]uie- rent une consistance et une elasticite remarquables, et une teinte jaunalre qui les distinguent au premier abord des parties restees saines. M. Gubler a pu constater que les vaisseaux de ces parties alterees se retrecissent et deviennent impermeables aux injections les plus fines. Malheurousement il est impossible aujourd'hui d'indiquer des signes positifs a I'aide desquels on puisse reconnaitre, pendant la vie, I'afTection du foie des jeunes enfants syphilitiques, cor.dition indispensable pour la combattre a I'aide d'un traitement efficace ; neanmoins son existence peut etre regardee comme tres-probable, lorsqu'on trouve reunis des troubles graves des functions digestives avec une chloroanemie bien caracterist^e et une augmentation du volume et de la consistance du foie chez un jeune enfant qui offre a I'exterieur des traces de syphilis. L'Academie accorde a IM. Gubler un encouragement de 100 fr. 3° M. Bassereau, dans son Traite des affections de la peau COSMOS. 359 syviptomntiques cle la syphilis, a expose comment il a ^t^ amene, par de noinhreuses observations cliniques, a envisager d'une ma- niere particuliere certaines manifestations de la syphilis. M. Basse- reau a cherche a etablir qu'il y avait deux e.speces d'ulceres vene- riens : dans I'une, le mal reste constaimnent local , chez tous les individus qui le contractent successiveinent les uns des autres ; dans I'autre , au coniraire, le mal est constamment ou presque constamment suivi d'accidents secondaires, et cela chez tous les individus qui se le sont successivement communique. M. Basse- reau assure avoir pu suivre de ces maladies, transmises avec leur caracteres spdciaux, jusqu'au huitieme et au dixieme individu. L'auteur affirme, en outre, que tous les enfants observes par lui, et qui ofFraient des symptomes syphilitiques precoces, descen- daient de parents atteints, au moment oil les enfants furent con- 9US, des symptomes dune syphilis rccente , et que les enfants at- teints peu de temps apres leur naissance de syphilides profondes, ou d'exosloses, etaient issus d'un pere ou d'une mere affectes de syphilis inveteree, et il en conclut que les parents infectes trans- mettent a leurs enfants des accidents syphilitiques du meme ordre que ceux dont ils sont atteint. Quoique les resultats obtenus et sig-nales par M. Bassereau ne puissent etre admis sans de nouvelles etudes, neanmoins ils me- ritent I'attention des observateurs , et nous invitons l'auteur a en poursuivre la verification. L'Academie accorde a M. Bassereau un encourafjement de 1 000 fr. PATHOLOGIE EXTERNE. 1° A I'aide de recherches speciales et d'observations exactes, M. Giraldes a introduit dans la science un fait nouveau. Get anato- miste distingud a effectivement demontre que la maladie commu- nement admise sous le titre Alijdropisie du sinus maxillaire est le plus souvent, si ce n'est toujours, constituee par un ou plusieurs kystes ayant des follicules muqueux pour point de depart. L'Academie lui accorde une recompense de 1 500 fr. 2° Etudiant les suites del'operation de la cataracte par abaisse- ment, au point de vue de I'anatomie pathologique, M. Gosselin a montre et decrit, mieux qu'on ne I'avait fait jusque-la, les desordres et les changements, soit m^diats, soit immediats, qui s'operent dans I'oeil des malades soumis a I'action de I'aiguiile, dans I'op^ra- tion dela cataracte. 360 COSMOS. L'Acadi^tnie accorde a M. Gosselia un encouragement de 1 000 fr. HYGIENE ET MATIERE M]Et)ICALE. 1° Sous le titre modeste d'Histoire iiaturelle des drogues sim- ples, M. Guibourt a public un excellent ouvrageen quatre volumes, qui renferme les notions les plus precises sur I'etat present de nos connaissances sur cette branche de la niatiere medicale. C'est sur les matieres meraes et sur leur application a la ixK^decine que I'au- teur a recueilli les renseignenients les plus exacts sur la veritable , nature et la provenance reelle, trop souvent erronee, des substances qu'il a parfaitenaent caracterisees- Ses recherches consciencieuses ont ete t^clairees par ses visites et ses correspondances avec les principaux droguistes de I'Europe et les negociants des ports de mer. C'est un ouvrage tres-utile a la medeciae et qui fait honneur a la science franijaise. L'Academie accorde a M. Guibourt une recompense de 2 000 fr. 2" Dans un traite complet dela vieillesse, feu M. Reveille-Parisse examine successivement cette epoque de la vie sous les rapports phystoiogiqne , patiiologique et hygieniqiie. Dans la partie physio- logiijue, il y a une etude remarquable des ages, sujet dont on s'est occupe anciennement, mais qui a ete tres-neglige de nos jours , et qui avait besoin d'etre revu. A propos de la constitution physiolo- gique de la vieillesse, I'auteur a une opinion particuliere. II pense que » le declin general commence par le declin du poumon, de I'ap- " pareil de la respiration , de I'hematose, et que c'est la I'origine « premiere, le point de depart de la vieillesse, » Cette opinion ne parait point admissible. La vieillesse est un ph^nomene general, qui at teintl' ensemble de nos organes, qui, selon la constitution individaelle, se fait sentir plustoitou plus tard sur les differents organes. La partie hygienique est remplie de conseils dictes par une longue et judicieuse experience, et rappelle I'excel- lent livre de I'auteur sur V Hygiene des gens de letlres. M. Reveille- Parise etait a la fois un medecin, un savant, un homme de lettres. II a laissc plusieiuts Merits remarquables, dont celui-ci est peut-etre le plus utile. L'Academie accorde a feu M. Reveillc-Parise une recompense de 1 000 fr. 3" Enfin les recherches sur les eaux min^rales das Pyreni^es, par M. Fontan, ont appele I'attention de voire commission par limpor- tance des questions qu'elles soulevent, et I'mteret des faits qui y COSMOS. 361 sont indiques. Ce travail, d'ailleurs, est d^ja connu de I'Acadi^mie, par un rapport favorable qai lui a ^t6 fait par une commission nommoe dans son sein, el qui a engage de continiier ses re- cherches. PRIX DE M. DE MOROGUES. M. le baron de Morogues a fonde un prix qui doit etre decern^ tous les dix ans par 1' Academie des sciences, a I'ouvrage qui aura fait faire le plus de progres a I'agricuUure en France. Le rapport du CODCOurs est fait par M. Peligot. " La commission que vous avez chargee d'examiner les pieces relatives a ce concours, est d'a\'is de decerner le prix de M. Mo- rogues a I'ouvrage public par M. Herve Mangon, ingenieur des ponts et chaussees, sous le titre : Etudes sur le drainage au point de vue pratique et adiniidstratif . Au nombre des ameliorations que I'agriculture a r(^alisees de nos jours, il faut placer au premier rang I'assainissement des terres par le drainage. Quoique I'art d'amelio- rer le sol par I'emploi de conduits souterrains reraonte a une epoque fort reculee, cet art n'est devenu d'une application generale que depuis qu'on a substitue les tuyaux de terre aux rigoles et aux materiaux de diverse nature qu'on employait anciennement. Cette substitution a etd faite en Angleterre , au moins sur une grande ^chelle ; car la decouverte toute receiite de tuyaux de drainage, places il y a plus de deux siecles, avant I'annee 1620, dans le jardin d'un couvent de moines oratoriens, a Maubeuge, nous donne des droits incontestables a la priorile de I'emploi de ces conduites en terre. Charge en 1850, par M. le ministre destravaux]:ublics, d'e- tudier en Angleterre et en Irlande cette question du drainage, M. Herve Mangon s'est voue a cette etude avec autant de zele que de succes. L'ouvrage qu'il a publie, et qui est extrait du rapport adressc par lui a I'administration sur cet important sujet, est divise en deux parties : dans la premiere il decrit avec detail les diverses operations du drainage ; apres quelques notions historiques sur I'o- rigine de cet art, il s'occupe de I'etablissement des drains garnis de tuyaux en terre cuite, puis de la fabrication de ces tuyaux ; il exa- mine le mode d'action du drainage sur les terres, et il discute les merveilleux effets que produit cette pratique en assechant lesol, tout en lui conservant un degr^ convenable d'humidite ; en augmen- tant sa temperature d'une manii re notable; en le rendant plus fer- tile par I'introduction des gaz et des substances necessaires au dti- velopptment des vi'getaux; enfin, en am^liorant I'etat sanitaire des 362 COSMOS. modifications atmospheriques qui sont produites par les grands tra- vaux de drainage. Ces importants resultats ont pu etre facilement constates en Angleterre, puisque, grace aux avances faites par I'Etat, dans le but de favoriser ces travaux, avances qui depassent aujourd'hui 180 millions de francs , I'etendue des terres drainees dans ce pays n'est pas moindre de 7 a 800 000 hectares. M. Herv^ Mangon s'occupe ensuite des resultats financiers des travaux de drainage, tant en Angleterre qu'en France et en Belgique. II eta- blit que ces travaux, faits avecdiscerneinent, doivent etre consid^r^s comme I'une des operations agricoles les plus lucratives et les plus sures. La seconde partie de I'ouvrage de M. Herve Mangon est re- lative a I'intervention du gouverneinent anglais dans I'execution de ces travaux et dans les ameliorations agricoles d'interet public ou prie. Cette partie renferme des renseignements precieux sur la legislation anglaise et sur I'organisation des compagnies agricoles en Angleterre ; enfin, I'auteur donne, dans un volumineux appen- dice, la traduction des principales lois anglaises aces ameliorations, ainsi que les reglements et les instructions necessaires a I'intelli- gence complete de I'organisation administrative, concernant les tra- vaux executes avec le concours de I'Etat. Ces details suffisent pour faire apprecier I'importance de I'ou- vrage de M. Herve Mangon ; c'est un excellent manuel de drainage dans lequel les ingenieurs et les agronomes trouvent tous les ren- seignements necessaires a la pratique de ces operations ; I'auteur de cet ouvrage a lui-meme execute, dans plusieurs localites, des travaux de drainage fort importants. •• ACAD^MIE DES SCIENCES. SEANCi: DU l8 SEPTEMBRE. Le president , M. Combes, annonce que M. Lejeune-Dirichlet, r^cemment elu associe etranger de I'Acad^mie , est present a la seance. La parole est donnee ensuite a M. Verdet, dont nous analyse- rons plus tard le travail , sur Taction des forces magnetiques dans les phenomenes de polarisation rotatoire. — M. Elie de Beaumont presente una note sur la dolomisation des roches , en reponse aux critiques formulees par M. Delanoue. Si la parole du savant geologue eut pu arriver jusqu'a notre oreille, nous nous serions empress(§ de rendre compte du sujet de sa recla- mation ; mais nous ne voulons pas essayer de resumer ici une lec- ture que nous n'avons entendue que par fragments et dont les Comp- tes rcndus nous permettront d'ailleurs d'analyser prochainement le contenu d'une maniere beaucoup plus exacte. — La discussion ouverte le 28 aoiit, au sein de I'Academie, par la lecture du travail de M. Faye, sur les refractions astronomiques et geod^siques, s'est continuee aujourd'hui avec non moins de viva- cite que dans les deux seances prdcedentes. M. Biot a lu d'abord une note par laquelle , en termes pleins de dignite scientifique et d'esprit de conciliation, il s'est efforce de ra- mener sur son veritable terrain un debat qui paraissait s'egarer sous I'influence de " miserables aigreurs et d'animosites persoimelles. » Quoique en etat de reproduire aujourd'hui presqiie int^gralement la note de I'illustre doyen de I'Academie, nous aimons mieuxattendre sa publication dans le recueil official que risquer d'amoindrir par une redaction imparfaite la justesse des conseils et des critiques t'ormules par M. Biot. Esperons que ce savant, dont les travaux relatifs aux refractions astronomiques remontent aux premieres an- nees de ce siecle, et qui n'a jamais cesse depuis lors de s'occuper de cette interessante matiere, pourra bientot tenir la promesse qu'il vient de fairt^ a I'Academie, et lui soumettre de nouveiles vues theoriques, de nouveiles formules et de nouveaux rt^sultats relatifs a la (jue^tion si heureusement soulevee par M. Faye. M. Laugier, considerant I'objet de la discussion sous un point de vue moins abstrait, demande a M. Faye la permission de lui expo- ser quelques objections qu'il croit pouvoir faire a sa formule des refractions astronomiques. — Et d'abord M, Laugier trouvea cette formule le meme defaut qu'a toute autre formule a coefficient con- sea COSMOS. staiit. Si on la sup|>ose apte a repr^senter les refractions depuis le zenith jusqu'a 70°, elle ne le sera pas pour de plus grandes dis- tances z^nithales ; done elle n'offre aucun avantage sur la formule approcht^e de Bradley. Le coefficient de la refraction g^odesique ou terrestre ne se rajiporte d'ailleurs qu'aux heures moyennes du jour et ne saurait etre le ineine pendant la nuit, epoque a laquelle se font presque toutes les observations astronomiques. Si Ton voulait con- siderer comine legitime I'introduction dans la formule du terme '^ '^ il en r6sulterait que les erreurs de refraction seraient d'autant 'plus redoutable^ que la valeur de n serait rnoindre, et reciproquement ; ce qui revient a 'dire que les refractions celestes seraient maxima , lorsque la refraction terrestre serait nulle. Comment cette formule peut-elle araener de si etranges conse- quences t M. Laugier croit que cela tient a la combinaison de la differenLielle de I'equation ^ =. 2 n v qui represente approxi- inativement la loi des refractions terrestres , avec la diflferen- tielle d p ^= — .'-^ de I'expression rigoureuse ]de Tangle de contino-ence. II ne faut done pas, suivant lui , remonter des refrac- tions "eodt'siques aux refractions astronomiques ; mais il faut trou- verVexpression complete de la loi de refraction, si tant est que cette expression puisse etre jamais trouvee, et deduire alors refractions terrestres et refractions astronomiques d'une seule et meme formule leo-itime dans toutes ces parties. '^M. Faye est loin de nier la justesse de quelques-unes de ces critiquf5^=! iviais il fait remarquer a M. Laugier qa'en mtroduisant dans sa formule le coefficient de refraction geodesique, il n'a jamais eu la pensee de donner une formule absolue ; que son but n'etait que de faire voir aux astronomes comment les refractions terrestres pouvaient conduire a une valeur de p egale a celle tiree par Bradley de ses nombreuses et admirables observations at^tronomiques et representee par lui avec sa formule. Tout le monde sait , dit M Faye , que cette formule se deduit facileraent de la suppo- sition d'uie certaine constitution atmospherique, mais ce que per- sonne ne savait, ajoute ce jeune astronome , c'est que I'on pouvait deduire cette meme loi, des refractions terrestres, sans avoir re- cours a aucune hypothese relativement a la denote variable des couches de I'atmosphere. M. Faye attendra avec la plus vive impatience les travaux que M. Biot se propose de presenter a ce sujet • mais il ne saurait se decider a penser que I'introduction du COSMOS. 365 coefficient de refraction terrestre dans la formule des refractions astronomiques soit aussi dangereuse que Ton a bien voulu le dire. Quant a la Constance du coefficient de refraction geodesique, les observations de Struve et de M. Hossard, deja cities par M. Faye, paraissent demontrer d'une facjon incontestable que, dans les climats les plus differents, la loi de variabilite de ee coefficient est a peu prfes la nierne, c'est-a-dire que de 10 heures du matin a 4 heures du soir, la valeur de n peut etre regardee comme constante, et cn- trer, par consequent, d'une maniere legitime dans les formules re- latives a la refraction astronomique moyenne. M. Faye avait dit lui-meme dans sa premiere note que : " malheureusement, cea va- riations n'ont pas ete suivies pendant la nuit. » II ne voit done pas de motif a la partie de la critique de M. Laugier qui poite sur cette absence des valeurs nocturnes de n. Un astronome russe s'oc- cupe a Moscou dans ce moment meme de la determination de la loi des refractions gdod^siques ; mais M. Faye ne connait encore que tres-imparfaitemeiit les rc^sultats de ces recherches. Avant de terminer sa replique , M. Faye revient sur la Constance du coef- cient // pendant une longue partie de la journ'ie, et cheiche a fixer I'attention de M. Biot sur ce fait remarquable des refractions geo- desiques. M. Laugier insiste sur I'illegitimite de la formule de M. Faye €t sur les erreurs auxquelles conduit I'introduction du coefficient n dans la formule des refractions. II croit, en outre, se souvenir d'un travail dans lequel un autre gdometre aurait fait dependre aussi les refractions celestes des memes elements, de telle sorte que I'idee de M. Faye serait loin d'avoir le caractere de nouveaute qu'il lui sup- pose ; la seule chose nouvelle dans son procede de calcul consiste- rait dans la combinaison de la formule inexacte des refractions ter- restres avec la formule rigoureuse qui exprime Tangle de contin- gence, et M. Laugier regarde cet artifice de calcul comme tout a fait illegitime. M. Faye rappelle quelques expressions de sa premiere note qui respondent a ur.e partie des objections de M. Laugier, et il ajoute qu'en ayant recours au coefficient /?, sa pensee n'a ete que de se rendre independant des observations barometriques et ther- mom^triqups doTit les angles p seraient fonction d'apres les formules de Laplace et de Bessel. M. Laugier ne renonce point a sa critique sur les deux cfif- ferentielles de p que M. Faye a voulu assimiler et qui n'etaient pas ■ comparables ; il admet, du reste , que cette assimilation une fois S66 COSMOS. faite, tout le calcul de son confrere est parfaitement rigoureux. M. Mathieu prend alors la parole pour repiHer ce que M. Lau- gier avait deja dit : il comprend que Ton puisse descendre des re- fractions astronomiques aux refractions terrestres, inais il ne com- prend pas que Ton puisse des dernieres remonter aux premieres. Laplace a fait aussi pour les refractions pres de I'horizoii p=2«y, niais il n'a jamais eu I'idee de tirer de cette formule approchi^e la loi des refractions astronomiques. L' analyse, on I'a dit assez sou- vent, ne donne que ce qu'on y met, or si M. Faye est parti d"une idee inexacte, il n'est pas dtonnant que sa formule finale se soit trouvde entachee aussi d'inexactitude. Tout ce que M. Faj'e a dit des refractions terrestres ne saurait etre conteste; mais ce .ju'il y a de contestable, c'est I'assimilation de leur loi a la loi des refrac- tions astronomiques. Le geonietre que M. Laugier a voulu citer, et dont M. Mathieu n'indique pas non plus le nom, s'est bieii servi dans ses calculs du rapport n, mais il le multipliait par une serie de termes qui dependaient de I'elevation du point vise au-dessus de I'horizon , car le coefficient n varie lui-meme avec cette eleva- tion. M. Faye repond qu'une loi de refraction astronomique etant donnee, on pourrait toujours en tirer la valeur de n; mais que cette valeur s'accorderait bien rarement avec celle deduite de I'observa- tion; tandis que /« etant donne par des nivellements executes sur tous les points du globe, nivellements si precis, que Ton a pu en dedaire I'egalite de niveau des mers les plus eloignees, il ne voit aucune illegitimite a Tiiitroduction de cette valeur n dans les for- mules astronomiques, afin d'en tirer la loi de constitution de I'at- mosphere, surtout lorsque lesconstantes de ces formules acquiorent, par Tintroduction de n, des valeurs identiquesaux coefficients don- nes par les observations astronomiques. — Apres cette longue discussion que nous nous sommes efforce de resumer aussi exactenient que possible, iM. Regnault a presente une reponse de MM. Guillemin et E. Burnouf, a la reclamation adressee par M. Gounelle dans la seance precedente. Ces mes- sieurs, apres avoir montre combien leur procede de mesure de la Vitesse de I'electricite diflere de celui employ^ par MM. Fizeau et Gounelle, donnent dans leur nouveau memoire les resultals obtenus apres leur premiere communication. Les experiences avaient lieu entre Toulouse et Bordeaux et entre Toulouse et Carcassoime, la vitesse de I'eleclricile obtenue a ele d'environ 180 000 kilometres , comme dans les precedentes experiences. COSMOS. 3g7 MM. Guillemin et Burnouf ont constate que deux courants peuvent se propagei- siinultanemeiit, en sens contraire, dans le meme fil, sans subir aucune alteration appreciable. M. Re^nault termine en faisant reniurquer le desaccord qui existe entre fes vi- tesses de I'electricite obtenues par differents precedes, et il ajoute que cela depend peut-etre de felasticite des fils parcoirus dont on n a pas tenu conipte, de leur tension et de quelques autres circon- stances qui pourraient niotlifier d'une maniere notable la vitesse de I'electricite, si I'on considerait cet agent comnie un mouvement ondulatoire qui se propage a travers les corps, dans 1 'ether ou dans un milieu analogue. — Le president, M. Combes, se leve pour annoncer k I'Acade- mie la nouvelle et douloureuse perte qu'elle vient de faire dans la personne de M. de Mirbel, I'un des botanistes qui ont le plus con- tribue a I'etude de roiganisation intime des vegetaux, et un des membres les plus anciens de I'Acadenjie. MM. Brongniart et Milne- Edwards ontete les interpretes des sentiments de I'Academie et de laFaculte des sciences, sur la tombe de I'illustre botaniste. — M. Bouvier a lu une dissertation fort etendue sur I'empioi du feu en chirurgie. Nous ne parlerons point des conclusions de ce travail, qui nousparait sortir du cadre de notre Rei'ue. — M.Breton (de Champ), Jngenieur des ponts-et-chaussees, lit un memoire sur I'aberration de sphericite et sur de nouvelles methodes a employer pour la detruire dans les appareils composes d'un nombre quelconque de surfaces spheriques, refiingentes ou re- flechissantes, disposees consecutivement sur un meme axe. Euler et les autres geometres qui se sont occupes de cette question ont considere un pmceau unique emane d'un point situe sur I'axe de I'appareil et ont cherche a faire en sorte que les rayons qui s'ccar- taient le plus de cet axe concourussent au meme point que les rayons centraux. Les rayons intermediaires remplissaient tant bien que mal la meme condition. M. Breton considere la question a un autre point de vue : il suppose une surface de revolution rayonnante, et trouve le moyen de calculer les rayons de courbure des deux Sur- faces de revolution sur lesquelles sont les points de contact du rayon principal de chaque pinceau avec les caustiques engendrees. Puis il rend egaux ces rayons, ce qui assure, dans une certaine etendue, la coincidence de ces surfeces et, par consequent, la nettete des ima- ges, car la confusion qui sy produit a pour cause la separation plus ou moms rapide des deux surfaces dont il s'agit, a mesure qu'on a eloigne du pomt oil elles se touchent sur I'axe central. 368 COSMOS. — La correspondance, depouillee par M. Elie de Beaumont, contenait une lettre de M. Sainte-Claire Deville, que nous donne- rons dans notre prochain numero, et un nnemoire de M. Thompson, de Glasgow, sur la density probable du milieu lumineux, cleduite de considerations trfes-ingeiiieuses de mecanique moldcniaiie. — M. Maumene, peu satisfait des recherches de MM« Grange, Chatin et autres sur la cause du goitre , iiiais convaincu que cette cause reside plutot dans les eaux que partout ailleurs, s'est propose de la decouvrir. Ayant done pris un petit chien en itttit de sante parfaite, M. Maumene commen9a parlui administrer 5 milligrammes de fluorure de calcium dans I'eau et il porta petit a petit la dose du fluorure jusqu'a un decigramme sans que Tanimal pariit en etre in- commodi^. Alors, au fluorure insoluble, M. Maumene s'avisa de substituer du fluorure de sodium qui, pris dans du cafe au lait, n'apporta aucun trouble dans I'^conomie de I'animal soumisa I'ex- p(5rience. Seulement, au bout de quelque temps, et lorsque la dose de fluorure irigere pouvait monter a 10 grammes environ, il semani- festa un bourrelet autour du cou du petit chien, bourrelet qui etait assez remarquable etqui indiquait un commencement de goitre. Mais la petite bete ayant disparu de la maison de M. Maumene, I'expe- rience se trouva interrompue et le temps lui a manqu(5 pour la re- commencer. En attendant, ce chimiste croit pouvoir assurer que les fluorures en solution dans I'eau determinent le goitre, et si les chi- mistes ne les ont pas decouverts dans les eaux des pays a cretins, c'est que leurs moyens d'analyse ne permettaient pas de recon- naitrela presence de ces corps en tres-petites quantites. — Le docteur Robouam annonce avoir gueri la vigne par des as- persions d'eau de chaux chaude. — Apres la lecture de la correspondance, M. Duvernoy presente divers opuscules : I'un ayant trait a un cas de guerison remar- quable d'une plaie profonde de la region thoracique avec sortie et perte d'une partie du poumon gauche; I'autre ayant pour objet la description des plantes vasculaires des environs de Montbeliard; le troisifeme traitant des ossements fossiles decouverts au mont Pen- thelique; et le dernier de M. Theodore de Siebold sur les vers intes- tinaux et les vers vesiculaires. — M. Montagne a presente a la fin de la seance un nouveau me- moire du prince Charles Bonaparte sur les oiseaux grands-voliers. G. Govi. A. XKAMIiLAY, propnetaire-^erant, PARIS. — IMPRIMERIE DE W, REMQUET ET cic, K>JE GARANCIERE,. 5. T. v. 29 SEPTEMBRE 1 854. TROISIEME ANNEE. COSMOS. NOUYELLES. M. Chacornac nous communique la note suivante relative a un bolide dont il a pu suivre la marche : « Le 7 septembre a 9 heures 33 minutes du soir, un bolide brillanta dte apergu dans I'est-sud-est de I'extremitc sud du jardin de I'Observatoire; surpris par le phe- nomene, M. Butillon et moi, nous n'avons pu apprecier la duree de son apparition qu'en comparant notre impression recente a un inter- valle de quelques secondes , et nous avons ainsi estira6 cette duree a trois secondes. " Le bolide a commence a etre sensible a peu pres a la hauteur de la lune et a un azimuth de "dix degres environ plus sud que celui de ce satellite; il a disparu dans le maximum de son dclat, derrierele toit du pensionnat de demoiselles de la rue du faubourg Saint-Jac- ques, dans le vertical raeme d'une fenetre dclairee de cette maison. La position de ce point de disparition a ete relevee au moyen d'un theodolite et on a trouve ainsi qu'iFetait a 3° 47' de hauteur au- dessus de I'horizon et dans la direction du sud 35° 25' est. Cette determination a 6t6 faite de I'equatorial de Lerebours pres duquel j'etais place au moment du phenomene. " Le mouvement angulaire diminuait sensiblement a mesure quele bolide se rapprochait de I'horizon, tandis qu'au contraire, son eclat et son diametre apparent allaient en croissant ; le ralentissement n'a cependant paru bien sensible que pendant la derniere seconde de la duree du phenomene; sa trajectoire apparente, Idgerement courbe, prdsentait sa concavite a la terre. Au point d' apparition le bohde etait a peine sensible et rouge vers le milieu de sa course; il etait deja plus apparent que Jupiter et sa lumiere prenait une teinte verte ; cette teinte a augment^, surtout a la par tie anterieure , en approchant du point de disparition ou son diametre pouvait attein- dre, environ trois ou quatre minutes de degrd; il etait suivi d'un cone lumineux au sommet duquel apparaissaient quelques etincelles rouge-fonce. Le phenomene n'a 6t6 accompagne d'aucun bruit. » — M.le docteur baron Heurteloup, I'ingenieux inventeur des ins- truments pour briser les pierres dans la vessie en operant par les voies naturelles, a faitfaire a cet art un noiiveau pas qui, a notre i3 370 COSMOS. avis, est fort grand. Au lieu de briser simplement les pierres comma cet auteur le faisait d'abord, ce qui expose les patients aux dangers que causent les fragments aigus que le malade doit rendre, M. Heur- teloup fait \' extraction immediate de ces fragments et consequem- ment de la pierre. Deux malades viennent d'etre opdres et gu^ris siir-le-champ, de cette maniere , devant des juges competents, MM. les professeurs Velpeau et Rayer, nomm^s commissaires par I'Academie des sciences. Les malades , apres I'operation , sont re- tournes a pied chez eux, a une longue distance, sont restes toujours bien portants depuis I'operation, et ont ete presentes gudris a I'Aca- demie des sciences, dans la seance du 18 septembre dernier. Ces deux exemples de guerison si prompte, d'une horrible maladie, sont les 163' et 164'' obtenus par M. Heurteloup au moyen de ce pro- c^de 6! extraction , qui ote a I'operation du broiement des pierres vesicales la plus grande partie de ses dangers. Angleterre. — On lit dans la derniere livraison des Comptes rendus de la Society astronomique : M. Hartnup a present^ des imao-es photographiques de la lune, prises sur collodion : les epreuves originales avaient un pouce un tiers de diametre; les copies photo- graphiees ont de 2 a 4 pouces et demi. Pour prendre les images, I'horloge etait rdglee de telle sorte quele telescope suivait a peu peu la lune en ascension droite. Le cercle des heures et le cercle de d^- clinaison dtaient tous deux arretes , et Ton maintenait la lune aussi parfaitement que possible a la meme place oil elle apparaissait dans le chercheur, au moyen des vis qui donnent a I'instrument le mouvement doux en ascension droite et en deciinaison ; le telescope avait quatre pieds de diametre. Deux de ces images prises I'une avant I'autre apres la pleine lune, mises ensemble dans le stereos- cope dnnnaient la sensation d'un relief bien accuse, on aurait dit un demi-globe a moiti^ transparent. Les Epreuves agrandies ont dt6 montrees en projection sur un ecran, par le proced6 de la lanterne magique ; on a beaucoup admire ; I'instrument qui servait a ces ex- periences, prete par M. Simms, etait malheureusement imparfait. II nous tarde d'etre a Liverpool pour voir ces images de notre satel- lite et repeter ces belles experiences de projection avec lesappareils de M. Duboscq. M. Hartnup a ete aide puissamment par MM. For- rest, Berry, Edwards, Mac- Jones et Towson de la Socicte royale de Liverpool. — A la suite des expeditions entreprises dans le but de chercher les traces ou les restes de sir John Franklin , un de ces courageux niarins qui sont alles fouiller les mers du pole , le capitaine Penny, COSMOS. 37J contrairement a tout ce qui s'etait fait jusqu'a present, est alio avec deux navires, \e Lady-FranJdin et le Sophia, pecher de> baleines dans les derniers jours de rautomne et dans les premiers jours du printemps. II avait emporte avec lui, comme les baleiniers du Sud tout I'apparei! necessaire pour extraire sur place toute I'huile que contenaient les poissons qu'il pourrait prendre. Les speculateurs qui ont armdces deux navires, sont assez sobres de d(5tails sur toutes les penpeties de cette peche d'hiver ; cepen- dant nous savons que, partis au plus fort de I'ete, les pecheurs ar- riverent dans les parages frequentes par les baleines vers la fin d'aout, et se mirent iminddiatement a pecher dans Hogarth's Sound sur une cote appelee NewVojn. II y avait la deux baleiniers am^- ricains, venus aussi dans le but de faire une peche d'hiver. Quand le froid fit arreter toutes les glaces et couvnt entierement le golfe, les navires se trouverent irrevocablement enchaines pour jusqu'au printemps, mais on avait d(§ja tue douze baleines. Les na- vires t^taientpourvus de tout ce qui pouvait neutraliser les effets du froid excessif qui survint ; le thermometre de Fareinheit descen- dit jusqu'a 49 degres 1/2 au-dessous de zero ; cependant les pre- cautions prises dtaient si completes que les deux equipages ont tou- jours joui de la meilleure sante, et que les deux navires^ont ramen^ tout leur monde. Les navires resterent pris dans la glace pendant neuf mois mais en quelques jours la mer se nettoya, et I'on se remit a la peche avec ardeur. On avait fait bouillir les chairs des poissons pris precedem- ment, on y ajouta en peu de jours seize nouvelles baleines : une partiede I't^quipage ^tait auxfourneauxconstruits sur lerivage, tan- dis que I'autre etait dans les pirogues a harponner et a depec'er les cetaces. Le Sophia et le Ladj -Franklin ont rapportd a Aberdeen 190 tonneaux d'huile pure que I'on evalue a 40 liv. sterl. le tonneau • leurs cargaisons valent done 190 000 fr., sans compter 15 tonneaux de fanons evalues a pres de 9 000 fr. le tonneau, II ne faut pas perdre de vue que ces retours sont le produit d'une periode de douze a quinze mois. Allemagne. — L'Academie des sciences a re^u sous ce titre : Selenographie, relief de V hemisphere visible de la lime execute par BIM. Dickert, a Vdchelle de 1/600 ^^ pour les distances et de 1/200 000 pour la hauteur, un opuscule imprime en aJlemand r^dip par M. J.-F. Julius Schmidt, astronome de I'observatoire d'Olmiitz , en Moravie, auquel nous empruntons quelques citations : 372 COSMOS. I Les diamfetres des crateres proprement dits varient de 6 milles a quelques centaines de pieds. lis sont innombrables et se trouvent, sans exception, dans toutes les contrdes de la surface de la lune. Leurs parois circulaires embrassent presque toujours des profondeurs considerables. La situation de plusieurs milliers de pe- tits crateres a fait presumer aux observateurs qu'ils sont quelquefois d'une origine r^cente, attendu qu'on voit clairement les effets qu'ils ont produits sur les montagnes anciennes dans lesquelles ils sont ouverts. « Les fentes qui se presentent sous la forme de sillons ou de fosses ^troites et profondes, ayant un grand nombre de milles de longueur, dans presque toutes les regions de la surface de la lune, constituent tine formation particuliere, et, a I'exception de trois, elles ont toutes et6 decouvertes dans les trente dernieres annees. Leur direction pa- rait etre completement independante de celle des accidents du sol qui les avoisine, soit montagnes, soit plaines; elles traversent dans leur cours des montagnes eiitieres, aussi bien que les contours circu- laires eleves des crateres profonds. Une etude telescopique ddlicate montre en elles un phenomene ^troitement li^ a la formation des crateres align^s. On reconnait dans les fentes la formation d' acci- dents la plus moderne de la surface de la lune , et peut-etre s'en forme-t-il de nos jours... » -— La Gazette de Fienne annonce que la section de I'Academie imperiale des sciences, pour les sciences mathematiques et natu- relles, vient de proposer plusieurs prix qui seront decernes a ceux qui s'occupent avec le plus de succes des questions suivantes : four- nir la plus grande quantity de determinations photometriques, aussi exactes que possible, des etoiles fixes, de sorte qu'elles contribuent considerablement au progres de I'astronomie. Le prix fixe par I'A- cademie est de 300 ducats, soit 3 300 fr.; les memoires doivent etre envoy^s avant le 31 d^cembre 1856 ; le prix sera decerne le 30 mars 1857. Le deuxierae prix, de 250 ducats, soit 2 750 fr., sera decerne au meilleur ouvrage sur la determination des forma- tions cristallines et des rapports optiques des produits fabriques dans des laboratoires chimiques ; le manuscrit doit etre envoys avant le 31 decembre 1856, et le prix sera decerne le 30 mai 1857. Les memoires peuvent etre ecrits dans une des langues parlees dans I'empire autrichien ou en latin : les auteurs ont a ajouter leurs noms sous enveloppe cachetee. L'ouvrage couronne sera publie aux frais de I'Academie et res- tera la propriety de I'auteur. Les prix ne peuvent etre partag^s. CHEfflIN DE PER ATfflOSPH^RIQUE SOUTERRAIN PAR M. SEGUIN AINE. (Suite.) « Dans un premier Memoire que j'ai presents le 5 juin dernier a TAcademie, j'ai expos^ les avantages du systems atmosphurique que je propose de substituer au systeme de traction par les locomo- tives actuellement en usage sur les chemiiis de fer ; il me reste maintenant a demontrer que I'adoption de mon systeme, en procu- rant les avantages que je lui attribue, conduira aussi, lorsque le trafic sera assez considerable, a realiser les transports avec plus d'economie. " La principale objection qu'on peut faire a I'etablissement de ce mode de transport, consiste dans la difficulte de mettre en mou- vement de longues colonnes d'air animees de grandes vitesses, i cause du frottement que I'air exerce contre les parois des conduits dans lesquels il est renferme. Cette resistance peut etre determinee au moyen des formules donnees par divers savants, formules dont les resultats et les constantes ont ete verifies par de nombreuses experiences. « En designant par L la longueur du conduit; D son diametre ; V la vitesse de I'air; Q le nombre de metres cubes qui passent par le conduit dans una seconde de temps, nombre egal a la Vi- tesse V multipliee par la section du conduit -: itD"^; H la hauteur de la colonne de mercure qui mesure la pres- sion que doit subir I'air, a I'entrde du conduit, au mo- ment de son introduction, et en admettant qu'il sorte librement par I'autre extremite. « M. Daubuisson trouve que les quatre quantites L, D, Q et H^ sent liees^entre elles par I'equation (1) Q = 2336 \/ ""° , ^ V L-J-42D' d'oii Ton tire l Q2L+42DQ2 (2) ■ H=^ > ' r^. ^ ' 5457 000 D" « L'inspection de ces formules nous inlique que la le.-istance 374 COSMOS. que Ton ^prouve a mettre de I'air en mouvement dans de longs conduits ou il est renferme, croit , sauf quelques modifications qu'indiquent les formules, proportionnellement au carrc de Q, et par consequent au carre de la vitesse, et en raison directe de la longueur L. Comme d'ailleurs la depense suit la meme proportion que la resistance, que le systeme se prete eminemment a faire va- rier les vitesses, qu'il suffit que deux ou trois convois express ou a grande vitesse franchissent chaque jour les espaces qui separent les stations I'une de I'autre pour satisfaire pleinement a tous les be- soins du service public et particulier ; qu'enfin, les autres convois- peuvent cheminer avec une vitesse beaucoup inoindre, on voit deja, a priori, qu'il sera possible d'equilibrer les depenses de maniere a produire des economies reelles. « J'admettrai que la vitesse des convois ordinaires de voyageurs et de marchandises est de 10 metres par seconde au moment de leur entree dans les tunnels; que cette vitesse atteint 15 ou 20 me- tres lorsqu'ils sont parvenus pres de la machine, pour diminuer ensuite et revenir a la vitesse de 10 metres a leur sortie des tunnels. Les waggons de marchandises et les voitures de voyageurs a petite vitesse, lances dans les tunnels, pourront former un ou plusieurs convois, dont je fixerai le maximum du poids a 200 000 kilo- grammes. Je supposerai que les resistances dues au frottement et autres causes s'^levent a ^ ou a 0,005 du poids entraind, soit 1 000 kilogrammes, et fais ant L := 4 500 metres, D=3 metres, V = 10 metres, d'ou Q = 70 metres ; et mettant dans I'^quation |2) ces differentes valeurs a la place des lettres qui les representent, on trouve 4S00 X 4900-1- A2X 3 X ^900_^^^^ 5437000 X 243 ' " Telle est !a valeur de la pression exprim^e en hauteur de la colonne de mercure, et a laquelle il faut maintenant aj outer la pression ne- cessaire pour vaincre les diverses resistances du convoi. » Ces resistances, que nous avons supposees etre de 1 000 kilo- grammes, se trouvaiit reparties sur la section du tunnel de 7 metres • . 1000 i^Q carr^s, representent pour chaque metre une pression de — — — i^o, laquelle, divisdepar 13,60, rapport du poids du mercure au poids COSMOS. 375 de I'eau, donne O^.OIOS; ce nombre ajoute au premier, 0,018 trouv^ ci-dessus, constitue un effort total mesure par le poids d'une colonne de mercure dont la hauteur est 0,018-j-0, 010.5=^0, 0285. « II suit de la que la puissance de la machine a vapeur capable de mettre en mouvement Fair du tunnel, avec la vitesse de 10 me- tres a une distance de 4 500 'metres, et d'exercer sur le convoi du poids de 200000 kilogrammes, pr^sentant une resistance egale a 1 000 kilogrammes, une pression suffisante pour I'entrainer avec cette meme vitesse de 10 metres, sera exprimee par le poids d'une colonne de mercure de 0'",0285 de hauteur sur une surface de 7 metres carres. « La pression totale a exercer sur la section da tunnel sera done dgale a 7 + 0™,0285 + 13 600 kilogrammes , poids de 1 metre cube de mercure, ou a 2 713 kilogrammes; et la puissance de la ,. , . , 2 713X10 macnme a vapeur sera exprimee par ^- ■, ou, en nombre 80 rond, 340 chevaux. Mais comme la machine devra aspirer I'air d'un cote et le refouler de I'autre en meme temps, cette puissance devra etre double et egale a 680 chevaux. " Dans les convois express^ la vitesse au depart pourra etre portee a 14 metres par seconde, et successivement a 25, 30 et 35 metres jusqu'au milieu du tunnel, pour diminuer ensuite graduelle- ment et revenir a la vitesse premiere. En substituant les donnees relatives a cette nouvelle supposition, a la place des lettres qui les reprdsentent, on obtient H = 0^,0334. Comme les poids a transporter dans ces trains de grande vitesse seront toujours extremement faibles, comparativement aux poids des marchandises et des voyageurs des trains de petite vitesse, j'admettrai que leur maximum ne depassera pas 50 000 kilo- grammes, offrant une resistance de 240 kilogrammes, correspon- dante a une colonne de mercure de0™,0026; la pression totale a exercer sera des lors mesuree par une hauteur de mercure de 0™,0334 + 0,0026 = 0", 036, et la puissance que devra d^ve- lopper la machine devra etre ^gale a 7 X 0,036 X 13600i''l X 14 X 2 ■ — = 1200 chevaux. « Une longue ^tude serait n^cessaire pour arriver a discerner les moyens les plus efficaces, c'est-a-dire les machines les plus simples et les plus avantageuses a employer pour imprimer dconomique- 376 COSMOS. ment a I'air les vitesses n^cessaires au transport des convois, dang les conditions que nous avons <^tablies. Ne pouvant entrer dans cette discussion qui m'eloignerait de I'objet que je me suis propose, je me contenterai d'esquisser les dements de la solution du probleme sous la forme la plus simple. " Concevons six grandes cuves en magonnerie, de 7 metres de diametre et 3 metres de hauteur, analogues a celles dans lesquelles plongent les reservoirs a gaz dans les usines ; dans ces cuves se meuvent des pistons de meme diametre garnis sur leurs bords de peaux de moutons auxquelles on aura conserve leur laine ; chacun de ces pistons est fixe a une tige qui le traverse, eta laquelle se rat- tache aussi un des pistons des six cylindres d'une machine a va- peur, cylindres de 1 metre de diametre, reprdsentant une surface. de 0'",7850. Les six cylindres sont c^tablis au-dessus des cuves, sur de fortes charpentes en fer, a travers lesquelles passent les pistons, et sont relies deux a deux par des balanciers de maniere a former Irois systemes complets de machines independantes les unes des autres. " Pour que trois de ces cuves puissent refouler ou aspirer en assez grande quantite et assez rapidement I'air qui doit imprimer aux convois une vitesse de 10 metres a I'origine du mouvement, il faudra que le produit de la section du tunnel, multipliee par la vi- tesse de lair et divisee par 3, soit egal a la section de la cuve mul- tipli(§e par la vitesse avec laquelle devra marcher le piston. En d^- signant cette vitesse par x, on aura done 7 X 10 = (3,50)2 ^ 3^14 X X, d'oii x = O^jGO. La pression sur le grand piston se deduira de celle exerc^e sur la section du tunnel, et que nous savons etre egale a 2 713 kilo- grammes; en multipUant par le rapport inverse des vitesses IQ : 0,60, et divisant par la longueur du cylindre, cette pression sera done 3 X 0,60 Cet effort devra etre reparti sur la surface du piston de la machine a vapeur que nous avons vu etre de 0""',7850, ce qui repr^sente deux atinospheres en nombres ronds. " Si I'int^rieur du tunnel restait, dans toute sa longueur, con- stamment sans communication avec I'air extt^rieur, la quantite de jjuissance mecanique developpde par la machine serait toujours la COSMOS. 377 ineme pendant que las convois passeraient d'une station a I'autre, et la vitesse des pistons ne varierait pas. Mais comme il suffira de mettre en mouvement la colonne d'air interposee entre !e convoi et ]a machine, on etablira de 1 000 en 1 000 metres des portes a bascule et a detente qui seront ouvertes par le convoi lui-meme a son passage dans I'aspiration, et fermees a son passage dans la compression. Ces portes pourront etre ouvertes au besoin par des cantonniers places dans des loges mises en communication avec I'in- t^rieur du tunnel par des portes a doubles fermetures. " Pour determiner la vitesse du convoi a un point quelconque du tunnel, on fera dans I'equation (1) H=; 0,018, valeur trouvde plus haut pour la pression H, D = 3, L=:100 metres, distance a la machine du point oil le convoi depasse le conduit qui ainene I'air dans le tunnel, et longueur reelle de la colonne d'air que la ma- chine doit mettre en mouvement ; on aura ainsi par consequent (1) Q = 2336 \/ _ V 1 100 _[- 42 X 3 et, par consequent, O 324 V= r-^= — = '46"',40 i - D2 7 ' « Mais si, au lieu de faire marcher le convoi avec cette vitesse^ on se borne a 20 metres, I'equation (2) nous donnera, pour la pres- sion correspondante a cette vitesse, 100 X 19600 -I- 42 X 3 X 19600 H = ■ = 0™,0033, 5 437 000x243 ' En ajoutant a ce nombre 0"^,0105, valeur de la pression ndcessaire pour vaincre les differentes resistances du convoi, on obtient 0,0033 +0,0103 = 0,0138 pour la pression de I'air correspondante a une vitesse de 20 metres, et lorsque la distance a la machine du conduit qui amene I'air est de 100 metres. « Pour obtenir cette vitesse de 20 metres, celle des pistons des reservoirs d'air et des machines a vapeur, que nous savons devoir etre de 0™,60, devra etre augmentee dans le rapport de 20 a 10 metres, et portee a l'",20. Le volume de vapeur d^pensee par suite de cette augmentation de vitesse des pistons se trouvera par con- sequent double ; mais comme dans le second cas la resistance oa pression de I'air est representee par la hauteur d'une colonne de mercure de 0,0138 seulement, au lieu de 0,0285, et que le pre- mier de ces nombres est a peu pres la moitie du second, il s'ensuit S78 COSMOS. que la production de vapeur suffira (^galement dans I'un comme dans I'autre cas. Le convoi, apres avoir d^pass^ le conduit qui as- pire I'air du tunnel, continuera sa marche en vertu de la vitesse de 20 metres dont il est pourvu, vitesse qui serait suffisante pour le faire elever a 20 metres de hauteur, et il parcourra la distance de ] 00 metres qui le s^pare du milieu du tunnel en face de la ma- chine, en chassant I'air qui se trouve devant lui ; et, lorsque la compression qu'il exercera sur cet air sera suffisante, elle fera ou- vrir deux portes placees au milieu du tunnel qui etablissent la sepa- ration entre I'air dilate et I'air comprim^. « Le convoi, toujours par I'efFet de sa vitesse acquise, parcourra la distance de 100 metres qui le s^pare de la communication du tun- nel avec la machine qui fournit I'air comprimd ; et au dela de ce point, cet air comprime lui fera continuer sa marche, en rneme temps qu'il determinera la fermeture des portes qui separent la partie du tunnel ou I'air se trouve comprime de celle oil il est dilate. « Tout le systeme sera d'ailleurs dispose de maniere a ce que les mouvements puissent s'executer dans les deux sens, au moyen de grandes valves a bascule qui permettront d'intervertir I'ordre des courants d'air; el comme la plus grande partie de la force sera em- ployee a mettre I'air en mouvement, si quelque portion de la ligne pr^sentait des pentes de plusieurs millimetres dans un sens ou dans I'autre, une legere variation dans la vitesse suffirait pour com- penser I'exces de resistance du convoi sans deranger sensibleiiient la regularite du service. En operant pour les grandes vitesses comme nous venons de le faire pour les petites, on trouve que, pour la meme distance de 100 metres, la valeur de V est de 63 metres. Reduisons ce chifFre de moitie environ, ou supposons que Ton fasse marcher le convoi avec une vitesse de 35 metres seulement, on aura H = 0°\0104, et en ajoutant a ce noinbre 0,0026, valeur de la pression necessaire pourvaincre les resistances du convoi, on a pour la pression totale 0,013 ; le piston de la machine marchera alors avec une vitesse de 35 0,84 X t2 = 2™,10. La d^pense en vapeur sera proportionnelle a la vitesse du piston et a la tension de la vapeur, et deviendra 7X0,013X31.00 6X35X2 , ,„„ , . :=: 1 100 chevaux, 80 c'est-a-dire, a peu de chose pres, ce qu'elle etaitdans la premifere hypoth^se, au moment de I'entr^e du convoi dans le tunnel. COSMOS. 379 « Me bornant a niontrer la possibility de mon systems et a faire pressentir ses avantages, sans avoir la pretention de donner une solution inathematique et rigoureusement exacte du probleine, je me contenterai d'indiquer sommairement que Ton pourra employer des machines a detente variable, fonctionnant a 4 ou 5 atmospheres, avec ou sans condensation ; il suffira que les chaudieres aient des dimensions un peu superieures aux besoins de la petite vitesse, parce qu'en activant le feu on pourra leur faire produire momenta- nement la quantite de vapenr necessaire a la depense des grandes vitesses. Je passe a I'examen de la question financiere, que je trai- terai aussi trfes-succinctement. " D'apros les calculs que j'avais etablis en 1846 , mais dont il serait trop long et superflu de donner ici les details, je trouvai qu'un chemin de fer ^tabli dans les conditions que je viens d'indiquer cou- terait, en moyenne, pour chaque section de 10 000 metres : Etablissement du chemin 4 3S0 000 fr. Machine et ses accessoires 500 000 Materiel des transporls, voitures et wagons SOD 000 Sommes eventuelles et a valoir 6S0 000 Total 6 000 000 Interet a 5 0/0 300 000 fr. Depenses et frais annuels. . 300 000 Frais d'administration , d'ex|iloitation, Id'entretien du materiel, estimcs a 20 0/0 de la recette que I'on suppose s'elever a 75 000 francs par kilometre. 50 000 Total 750 000 « D'ou il r^sulte que, lorsque Ton serait arrive a une recette de 75000 fr. par kilometre, recette d^ja realis^e sur beaucoup de lignes de chemin de fer, on retrouverait I'interet du capital engage. Cette limite atteinte et d^pass^e, les benefices croitraient avec une grande rapiditd. - PHOTOGRAPHIE. M. Stt^phane GeofFray nous a adress6 la lettre suivante relative a I'emploi du baiime de Copahu en photographie. Nous croyons faire chose agreable a nos lecteurs photographes en remplayant par cette bonne nouvclle plusieurs precedes , sujets a caution, qui nous avaient et^ fournis par les periodiques strangers. Voici la lettre de notre habile et zele correspondant : « J'ai ^tu- di^, cesderniers temps, les resines proprement dites; je n'y ai en- core rien trouve de reinarquable qui n'ait ete deja decrit ou indi- que. Mais les baumes ni'ont fourni I'occasion d'une petite d(^cou- verte que je vous communique. " Le corps que j'ai observe avec fruit est utilise aujourd'hui par moi comme accclorateur; sous ce rapport, il est d'unsucces constant. Les corps r^ducteurs en general, les essences surtout, -employees en melange dans le bain iodurant, ont le plus souvent le facheux incon- vt^'nient d'avoir des effets tr^s-capricieux qui en font rejeter I'emploi, tres-vite aux moins habiles ou aux moins patients; la substance que je conseille ici n'a diminue en rien la Constance de la ceiol^ine a laquelle je la joins dans mon bain n^gatif, et elle m'a donn6 un melange qui me permet d'obtenir de trcs-belles ^preuves en un temps d'exposition beaucoup moindre. " Je crois pouvoir ajouter que, grace a cette modification de mon precede, les blancs des negatifs sont plus souvent encore remplis de demi-teintes qui donnent des positifs ou Ton vo\i parfaitement clair dans les ombres. Les couleurs difficiles , comme les rouges et les verts , doiment par ce moyen toutes leurs nuances , et c'est la un immense avantage obtenu bien rarement. Ce corps pent d'ailleurs etre employ^ dans tous les vdhicules qui le dissolvent. Je I'ai employe seul comme v^hicule enduisant; mais il est infe- rieur a cet egard a beaucoup d'autres substances deja connues. « Ses propridtes comme accel^rateur n'^tonneront pas les photo- graphes qui savent sa composition. Voici en effet le resultat d'une des analyses du baume de copahu ( c'est la substance dont il est question) : Ficule omylacie , . . 8 Tannin 400 Acide gallicjuc ct cxtractif 50 Muqufnx 50 Chlorophyllc et liuilc soluble dans I'al- cool , 4 SarcocoUe \0 C^rine mel£e d'lmilc aromalique ct cie cbloropliylle ' Fibres ligueuses Eau evajHirec dans les operations et au- tres principcs volatiles, ainsi que la perle des diverses porllons emplojees pour Tessai des reactifs Total. . . 270 596 COSMOS. 381 Trfes-rdpandu dans le commerce , d'un prix relativement tres- tas, le baume de Copahu sera d'une application tres-avantageuse en photographie ; les soins qu'exige sa preparation a cet effet sont du reste tres-faciles a prendre. II faut dissoudre suffisamment les huiles qui entrent dans sa cons- titution ou qui y sont introduites par le commerce ; dans ce but , il est bon de le laisser se dissoudre quatre ou cinq jours dans de I'ether alcoolisd , jusqu'a ce que les perles observees d'abord dans le me- lange aient disparu. Au cas oil celles-ci ne disparaitraient pas assez facilement, il faudrait ajouter de I'ether , attendre encore , et enfin decanter. Ces precautions ont de I'importance , chacune des perles dont il est parle donnant lieu a une tache huileuse sur le papier ne- gatif. Le mode d'application du baume de Copahu a mon precede de C^rol^ine est dans ce moment celui-ci : J'introduis 30 grammes de Copahu liquide dans un fiacon conte- nant cent cinquante grammes d'^ther , j'agite frequemment , et apres quelques jours , lorsque les huiles me paraissent completement dis- soutes, je verse cette hqueur acceleratrice dans un htre de Ceroleme sensibilis^e. Le plus souvent je n'etends pas I'dther d'alcool pour eviter, lors de Tintroduction de la liqueur acceleratrice dans le bain primitif, un precipite de Ceroleine. En effet, toutes les fois qu'on ajoute de I'alcool trop faible au bain de Ceroleine , il y a precipite. J'espere d'ailleurs pouvoir bientot donner a vos lecteurs un resume suffisant de toutes les observations que j'ai pu faire sur I'emploi de la Ceroleine. Peut-etre ainsi repondrai-je d'une maniere generale a toutes les objections que I'inhabilete , I'imprevoyance ou le defaut de pratique souleverent chaque jour centre ce precede comme contre tout autre. ACAD^MIE DES SCIENCES. SEANCE nU 25 5EPTEMBRE. a II nous serait impossible de rendre un compte exact de ce qui 6t6 dit dans cette seance, sans reproduire integralement lesm^nnoires qui y ont ete lus. Nous espiirons pouvoir obtenir avant la mise en pages du Cosmos, et publier dans ce numero-ci, le texte meme d'un travail present(5 par M. Le Verrier, en son noin et aunom de M.G.- B. Airy, astronome royal d'Angleterre, sur la determination de la longitude des Observatoiresde Paris et deGreenwich, au moyen des signaux electriques. Mais dans la crainte que la publication de ce document important ne doive etre differee jusqu'au num(^ro prochain, nous allons inscrire ici , des a present , les longitudes obtenues par las deux illustres astronomes. Deux stories distinctes d' observations ont donne pour la longitude de la meridienne de I'Observatoire de Paris , rapportee a la meri- dienne de Greenwich, X = 9™ 20%63 en temps, ou 2", 20', 9" 45 en degres. L'ancienne meridienne 6tant situee a 0%12 de la meri- dienne actuelle, on aura pour la latitude de l'ancienne X'=9'",20%51 ou 2° 20' 7,, 65. L'electricite n'allait pas aussi vite de Paris a Greenwich, et vice versa, qu'elle aurait dii le faire d'apres les an- ciennes determinations de sa vitesse. Le ralentissement parait d^- pendre des conditions speciales dans lesquelles se trouve plac6 le cable ou conducteur sous-marin qui traverse la Manche. La lecture de ce memoire de MM, Le Verrier et Airy a ^t^ suivie par celle d'un travail de M. Le Verrier seul, ayant pour but de faire connaitre a I'Academie tout ce qu'il a fallu de travaux et de pa- tience pour mettre I'Observatoire de Paris en ^tat de donner le temps vrai , avec la meme precision que I'Observatoire de Greenwich. M. Le Verrier fait pressentir en outre, dans son memoire, toutes les ameliorations qu'il espere pouvoir r^aliser par la suite , et qui permettront aux astronomes fran9ais de donner a leurs observations le meme degre d'exactitude que Ton a deja atteint dans plusieurs Observatoires etrangers. — M. Biot commence la lecture des considerations qu'il avait pro- mis de presenter sur la theorie des refractions astronomiques et ter- restres. A la suite de cette premiere communication du savant g^o- metre, une discussion tres-vive s'est engag^e entre M. Biot et M. Le Verrier, ce dernier paraissant prendre parti pour M. Faye, ou plutot cherchant a rapprocher les opinions contraires par une sorte de terme moyen. » J'ai peur, aajoute M. Le Verrier, j'ai peur d'etre COSMOS. 383 le tertius inteiveniens qui se fait battre par les deux parties; •• ce- pendant, il n'a pas cru devoir reculer devatit d'aussi nobles adver- saires. Apres avoir dit que les considerations analytiques auxquelles on avail voulu s'attaquer etaient etrangeres au sujet du debat, et que toute la question se rediiisait a savoir si la niesure des refractions geodesiques pouvait etre de quelque secours aux astronomes, c'est- a-dire, si Ton ne ne pouvait pas lui donner avec avantage une im- portance au moins egale a celle des observations barometriques et thermorat§triques, M. Le Verrier a declare que pour son compte il ne voyait aucun inconvenient a ce que Ton essayat I'introduction de cette donnee dans la niesure des refractions horizontales ou tres-voi- sines de I'horizon. Le soleil et bien des etoiles ne s'observent a de certaines epoques a Paris qu'au-dessous des 70" garantis par les formules classiques; il faut alors avoir recours a des methodes de correction autres que les methodes ordinaires, pourquoi ii'essaierait-on pas de la methode deM. Faye? M. Biot a dit avec raisonquelatrajectoire geodesique ne traverse qu'une trop faible partie de ['atmosphere ; mais M. Faye ne pretend pas que sa methode de correction , basee sur la mesure dc I'inclinaison de la tangente a cette trajectoire, soit une methode rigoureuse, il la donne comme un jalon de plus qu'il faudra ajou- ter aux donnees m6teorologiques pour coiinaitre la route veritable de la lumiere et voila tout; que Ton donne a M. Faye un proced^ capable de faire connaitre un arc plus etendu de la trajectoire , et M. Faye s'empresseradel'adopter. Si Ton pouvait, parexemple, pro- longer indefiniment le rayon terrestre, alors la question serait resolue, on le ferait sortir de I'atmosphfere on pointerait sur I'extremite du rayon ainsi prolonge, et les deux refractions terrestre et celeste n'en feraientplus qu'une. Mais comment prolonger suffisamment un rayon terrestre , si les montagnes les plus elevees ne sont que des asp^ri- t^s insignifiantes a la surface du globe 1 M. Le Verrier pense qu'il faudrait refaire ce que fit I'Academie en 1690, quand elle envoya Richer a Cayenne, c'est-a-dire qu'il faudrait aller etudier la declinai- son des etoiles , de Fomalhaut par exemple , la oil elles ne subissent pas de refraction , et comparer ensuite les ddclinaisons ainsi obtenues auxdeclinaisons mesurees dans nos Observatoires. On aurait de cette manifere un signal a une hauteur parfaitement connue, on aurait pour ainsi dire prolonge le signal terrestre, et I'observation des re- fractions horizontales acqueriait dans ce cas toute la precision desi- rable. Les resultats moyens des Observatoires sont loin de donner les veritables declinaisons. II faudra bien profiter des observations 384 COSMOS. faites au Cap de Boiine-Esperance , oil la r(5fraction est nulle , afin de corriger les resultats des observations accomplies dans des con- ditions moins favorables. M. Biot dit que ce ne sont pas les difficultes inMrentes au pro= cede (k M. Faye qui le rendent impraticable , ce proc6d6 ne lui semble bon ni au point de vue physique , ni au point de vue ma- thematique , et il ne croit pas qu'une chose inexacte puisse etre utile au progres. D'apres M. Biot, la theorie meme de Bessel est raathematiquement vicieuse pros de Thorizon, parce que cet illustre astrononie y a fait entrer des considerations physiques inexactes. II faut avoir v6cu, comme ill'afait lui, avec Arago, sur de hautes montagnes pres des bords de la mer, loin de toute society, et n'ayant d'autres distrac- tions que celle d'observer les phenomenes de la nature, pour se faire une idee de la bizarrerie des refractions terrestres a peu de degres au-dessus de I'horizon. Comment faire entrer dans les observations astronomiquesdes donn^es aussi variablesd'un instant al'auti e, d'un point a I'autre du ciel? M. Biot regarde la question avec M. Faye comme entierement vid^e , mais il apportera successivement a I'Acad^mie les resultats de ses recherches,sur les perfectionnements possibles de la theorie des refractions. M. Le Verrier repond , qu'il est loin de vouloir rejeter les ob- servations meteorologiques , qu'au contraire il en a charge M. Liais, mais qu'il n'a pas encore pu donner a cette partie de son plan tous les ddveloppements dont il la croit susceptible. Toutefois, et lais- sant au baromerre et au thermometre I'importance qu'ils ont en r^alite, M. Le Verrier croit que la question soulev^e par M. Faye est une de celles qui ne sauraient etre tranch^es que par voie d'ex- p^rience. II cite a I'appui de son opinion les signaux etablies en Suisse sur les montagnes de Geneve, et dont les astronomes du. pays tirent d^ja des indications trfes-utiles. M. Biot est convaincu que les questions physiques ne s'attaquent pas empyriquement, e( que ce qui est vicieux en theorie ne saurait jamais etre d'un bon emploi dans la pratique. M. Regnault vient appuyer les opinions dmises par M. Biot; il regarde les colonnes d'air ascendantes et descendantes comme des obstacles insurmontables a la constitution d'une loi theorique des refractions pres de I'horizon. Deux barometres ne marchaient pres- que jamais d'accord dans des experiences faites au mont Pilat et a Saint-Etienne, I'un montait quand I'autre etait dans sa periode d'abaissement , et quelquefois les difFi^rences s'^levaient au meme COSMOS. 385 instant a plusieurs millimetres. Or, quelle peut etre la trajectoire th6orique a travers une atmosphere aussi bouleversee a chaque heure du jour? M. Regnault regarde le probleme ainsi pose comme tout a fait insoluble. Apres quelques mots encore de la part de M. Le Verrier, M. Lau- gier prend la parole pour insister sur I'importance de ses remarques a regard des formules employees par M. Faye ; il ajoute en outre que I'id^e donnee par M. Faye comme entierement neuve, lui parait appartenir a M. Hossard , qui I'a formulee dans le t. ix du Memo- rial du depot de la guerre, p. 454; et il cite les propres paroles de cet habile ingenieur. M. Faye se defend de I'accusation que I'on parait vouloir soule- ver en ce moment contre lui , en faisant remarquer qu'il a commence son travail en citant le memoire meme de M. Hossard, et qu'il n'a jamais , par consequent, eu I'intention de rien enlever a ceux qui I'ont precede dans cette voie, aujourd'hui si vivement attaquee. II donne ensuite lecture d'une r^ponse aux critiques formulees contre lui par MM. Biot , Laugier et Mathieu dans la seance precedente. La discussion dont nous venons de rendre compte, et la lecture de cette derniere piece , ayant prolong^ la seance au dela de 5 heures 3[4, le secretaire perpetuel demande a I'Acad^mie la permission d'ajourner a lundi prochain le depouillement de la correspondance, et la seance est levee a 6 heures. G. Govi. NOUVELLE DETERMINATION DE LA DIFFERENCE DE LONGITUDE ENTRE LES OBSERVATOIRES DK PARIS ET DE GREENWICH Par M. AiRT, directeur de I'Observatoire de Greenwich, et M. Le Verrier, directeur de I'Observatoire de Paris. La determination de la difference de longitude entre deux lieux du globe repose, comme on le sait, sur celle de la difference du temps que Ton compte dans les deux stations a un moment donn^ ; celui, par exemple, oii Ton observe un meme signe en ces deux sta- tions. Lorsqu'on fait ainsi usage de signaux, I'operation se divise en deux parties distinctes , celle de la determination des heures et celle de I'observation des signaux. Disons des a present que, dans la circonstance presente, on a fait usage de signaux transmis par le telegraphe ^lectrique. La determination de I'heure et I'observation des signaux sont su- jettes a des erreurs de plus d'un genre, et qui pourraient vicier le ri- sultat que Ton se propose d'obtenir, si Ton ne prenait soin de les eliminer ou de les apprecier de maniere a pouvoir en tenir compte. Nous allons rappeler, en peu de mots, en quoi consistent ces erreurs, et indiquer comment on a conduit I'operation pour se mettre a I'abri de leur influence. Le soin avec lequel ont ete eliminees toutes les erreurs constantes, est sans doute ce qui distingue la determination actuelle de celles qui I'ont preced^e. La determination de I'heure d'un lieu par I'observation des pas- sages des etoiles a la lunette meridienne presente une grave diflfi- culte provenant des erreurs personnelles des observateurs , erreurs qui peuvent produire des discordances s'elevantjusqu'a une seconde de temps entre les determinations de I'heure d'un meme lieu, faites par divers astronomes. Les determinations de longitude dans les- quelles on ne s'est point mis a I'abri de cette cause d'incertitude doi- vent n^cessairement inspirer fort peu de confiance. On peut echapper a cet inconvenient en calculant la longitude au moyen de deux series d'opt^rations dans lesquelles on fait I'dchange des observateurs. S'il etait necessaire que Ton conniit I'instant precis auquel un si- gnal electrique est donne par I'une des stations, on pourrait ^prouver quelques difficult^s a le fixer avec precision. On dvite cet embarras en donnant le signal a un instant quelconque et le faisant observer de la meme maniere dans les deux stations. Dans le cas oil il exis- terait une difference entre les deux observateurs, relativeinent a la COSMOS. 387 constatation de I'heure des signaux , cette difference disparaitrait du r^sultat final par I'echange des observatours. Un retard pent aussi etre du a la durre necessaire pour la trans- mission du courant electrique, et on a plus de raison de le craindre lorsque le courant doit traverser une grande ^tendue d'eau. On echappe a I'incertitude qui en pourrait rcsulter, en faisant partir les signaux successivement de I'une et de I'autre station. Cette dispo- sition permet, en outre, de mesurer le retard en question. On pourra meme, pour plus de security, varier convenablement le sens physique du courant. Enfin on eiat pu craindre quelque erreur provenant tant del'inertie des appareils que du changement d'intensite du courant. Apres avoir reconnu par des experiences directes que les appareils qui vont etre ddcrits n'^taient pas sujets a cet inconvenient, on a jug^ inutile de les echanger entre les stations, Ces explications gen^rales ^tant donnees, on comprendra mieux le sens de la convention intervenue entre les deux Observatoires, et dont nous allons Vappeler quelques-unes des principales dispo- sitions. L'appareil a signaux , observe dans chaque station , ^tait une simple aiguille recevant Taction directe d'un courant electrique. On s'attachait a observer le commencement sensible du mouvement de I'aiguille. Chaque Observatoire disposait d'une pile dlectrique composee d'un grand nombre d' Elements. On pouvait a volonte renverser le sens du courant qu'on envoyait a I'autre Observatoire ; ce courant , d'ailleurs , traversait toujours les appareils des deux stations. L appareil dont on se servait pour donner les signaux ^tait placd dans une autre salle que I'aiguille, afin que I'astronome qui obser- vait celle-ci ne put ni voir ni entendre la personne qui donnait les signaux . Les signaux ont ^te donnas par groupes, dont le nombre et I'in- stant approche ^taient indiques t^legraphiquement quelques mo- ments a I'avance ; cette disposition ayant pour but de menager I'at- tention de I'observateur et de lui ^viter une fatigue pr^judiciable a I'exactitude des observations. Chaque groupe comprenait dix si- gnaux environ, donnas de 10 a 15 secondes d'intervalle. Les observations des signaux ont dur^ une heure chaque jour. L'heure a 6te divisee en quatre quarts d'heure : dans le premier et le troisieme quart d'heure , les signaux ^taient donnas par I'une des 388 COSMOS. stations; dans le deuxieme et le quatrieme, par I'autre station. On avaitle soin, dans chaque station, de renverser le sens du courant dans la seconde serie de signaux. Pour faciliter I'^limination des erreurs personnelles par I'echange des observateurs, ces observateurs ont ete charges d'observer les passages des etoiles et les signes electriques. L'etat des pendules a ete, dans les deux stations, fixe precis^- ment a I'aide des memes donn^es astronomiques ; ou bien Ton n'a fait usage que des memes etoiles, auquel cas leurs positions abso- lues n'ont aucune importance ; ou bien; si Ton a fait usage d'etoiles dont quelques-unes pouvaient n'avoir point ete observees dans les deux stations, on ne I'a fait qua I'egard des Etoiles dites /ondamen- tales, et dont les positions relatives sont connues avec la derniere precision. II a ete convenu qu'on calculerait separement les rdsultats fournis par les deux raethodes. Tout en estimant que , dans le cas oil le temps se preterait con- venablement aux observations astronomiques, il suffirait peut-etre de continuer les signaux pendant trois jours pour chacune des deux positions relatives des observateurs, il avait ete convenu que les observations seraient continu^es chaque nuit jusqu'a ce que I'un et I'autre Observatoire eussent fait connaitre qu'ils regardaient I'op^- ration com me terminee. En consequence de ces conventions, M. Dunkin, assistant de rObservatoire de Greenwich, s'etant rendu a Paris, et M. Faye, as- tronome de I'Observatoire de Paris, s'etant rendu a Greenwich, les observations de la premiere serie ont pu commencer dans la soiree du 26 mai dernier. EUes n'ont pas ete favoris^es par l'etat de I'at- mosphere : les nuages ont souvent entrave les observations astrono- miques, et la tempete a quelquefois empech^ la transmission des signaux electriques. On a dii, en consequence, prolonger la premiere serie d'observations jusqu'au 4 juin. Si Ton s'astreint a n'employer que les jours d' observation dans lesquels un nombre suffisant d'etoiles communes ont ete observees dans les deux stations , quatre jours seulement peuvent etre mis a profit, pendant lesquels il a 6t6 ^change 563 signaux telf^graphiques utilement observes. Si , au contraire , on fait usage de toutes les Etoiles fondamen- tales indifleremment, on a cinq jours d'observation et 708 signaux utiles. La moitie de ces signaux est partie de Greenwich , I'autre de Paris. Ajoutons qu'onpeut, pour d^truire le retard que subit la trauB- COSMOS. 389 mission du courant electrique, faire usage de signaux transmis les jours ou il n'a pas ete fait d'observationsastronomiques. Ces signaux sont au nombre de 252. Les observations de la deuxieme serie ont commence le 12 juin et ont ete faites a Greenwich par M. Dunkin, et a Paris par M. Faye. Contrariees comme les premieres par I'etat de I'atmosphere , elles ont ^t^ continueesjusqu'au 24 juin. Sept jours d'observation ont pu etre utilises , soit qu'on n'emploie que les etoiles communes , soit qu'on ait recours a toutes les fondamentales indistinctement. 995 si- gnaux ont et^ utilement echangds. L'ensemble de toutes ces donnees ayant ^te discut6 sdparement a Greenwich! et a Paris, on est arrive aux conclusions suivantes, dans lesquelles nous distinguerons par les lettres A et B les rcsultats ob- tenus : 1" en faisant usage de toutes les Etoiles fondamentales indis- tinctement; 2" en employant seulement les etoiles observ^es le meme jour dans les deux Observatoires. RESULTATS OBTENUS A GREENWICH. Difference de lonR l854. l''e serie. Mai 27 31 Juin 3 Nombre des signaus 146 146 147 145 124 9™ 20%40 20,59 20,54 20,45 20,49 B 20',38 20,56 25,56 » 20 ,53 Moyennes : gm ii0\49 gm 20%51 2e serie. Juin 12 132 gm 20^77 gm 20^76 13 132 20,79 20 ,77 17 140 20,77 20],7S 18 137 20,69 20,73 20 148 20 ,74 20 ,75 22 155 20 ,79 20,74 24 151 20,84 20 ,84 Moyennes : gra 20%77 9" ' 20%76 Longitude conclue 9°' 20^,63 RESDLTATS OBTENUS A P4RIS. Difference de lo 1'* serie. Mai 27 29 31 Juin 3 4 Nombre des signaui. 145 145 147 145 125 9™ 20^38 20 ,58 20 ,54 20 ,44 20 ,49 9" 20%63 B 9°^ 20^36 20 ,55 20 ,56 20,53 Moyennes : 9"'_20%49 9"" 20%50 390 COSMOS. 2« serie. Juin 12 130 9°^ 20%79 9™ 20»,76 13 133 20 ,78 20 ,76 17 140 20, 77 20, 75 18 137 '-iO ,69 20 ,73 20 150 20 ,75 20 ,76 22 154 20 ,80 20 ,74 151 20 ,84 20 ,84 Moyennes : gm .2o\n 9™ 20%76 Longitude conclue 9™ 20%63 9™ 20%63 Si Ton veut rapporter la position de I'Observatoire de Greenwich a I'ancienne meridienne de France, il faudra retrancher du resultat precedent la quantite 0',12, qui represente la distance entre cette meridienne et la situation actuelle de la lunette meridienne de I'Ob- vatoire de Paris. On aura ainsi : Difference de longitude entre I'Observatoire de Greenvich et la meridienne de France, 9™,20%51. Le temps de la transmission du courant electrique a ete trouv6 en moyenne de 0%086 a Greenwich et de 0%079 a Paris. Nous ne ferons sur ces nombres que deux remarques : ]° La difference de longitude 9"'20% 63 ainsi trouvde entre Paris et Greenwich differe de pres de 1^ de temps de celle d(5duite de I'observation de signaux de feu en 1825. 2" La dur^e 0%08 du temps necessaire a la transmission du cou- rant electrique n'est sans doute si considerable qu'a cause de la disposition du cable au travers duquel le courant traverse la mer. Tous les details de cette operation seront publics prochainement dans un m^moire special. vari£tes. — Nous recevons de M. Deville la lettre suivante : « Je lis dans la 10* livraison du Cosmos (v* vol.) que je viens de recevoir, un extrait des Annales de Poggendorff, relatif a un me- moire de M. Bunsen sur la preparation de I'aluminium. Permettez- moi, a ce sujet, quelques observations que je vous serais fort recon- naissantde publier dans votre estimable journal. << Je n ai pas decritdans inon memoire le mode de preparation du chlorure d'aluminium, que tout le monde fait en France par un pro- c^de tout a fait semblable a celui de M. Bunsen, et qui a ete propose par Ebelmen pour la production du chlorure de silicium. — Les cor- nues de gres tubul^es (avec tubulure plongeante) qui servent a cette operation , se trouvent chez les marchands de verreriechimique. — Seulement on doit avoir soin, en les choisissant, de rejeter celles qu sont vernies interieurement avec de I'oxyde de plomb. — Je me suis servi comme recipient d'une cloche en verre munie d'une douille qui p^nfetre dans le col de la cornue et que Ton ferme a son extremite b^ante par un entonnoir dont le bord evase est maintenu sur la cloche parun lutquelconque, ouune bande de papier gomme. — J'ai prepare dans cet appareil, au moyen d'un melange de charbon et d'a- lumine calcines avec de I'huile, et en unejournee, pres de cinq kilo- grammes de chlorure d'aluminium. C'est une operation des plus faciles , dans laquelle on peut utiliser presque toute I'alumine intro- duite dans la cornue. « Les personnesqui voudront bien comparer mon precede a celui de M. Bunsen, que j'ai exp^rimente aussi , mais que j'ai aban- donne (1), peut-etre a tort, trouveront sans doute des inconvenients dans I'un et dans I'autre. « Dans mon precede I'appareil est plus compliqud et les premiers produits, a moins qu'on n'ait employ^ du chlorure d'aluminium ex- cessivement pur (ce qui est impossible en grand), sont toujours cas- sants. Dans le procMe de M. Bunsen, que j'ai dd pratiquer, si j'ai bien compris votre extrait , on perd des quantites considerables de chlorure d'aluminium et de sodium, qui est volatil bien avant la tem- perature blanche; on obtient, moyennant cette perte, un mdtal tr^s- pur, parce que le chlorure de silicium s'est rlissipd par suite de I'ap- plication d'une haute temperature et parcL- que le fer que peut contenir le chlorure d'aluminium , et qui s'est depose avec les pre- (1) Surtout parce que le cbarbon tlectrode se dissocie ties-facilemenl dans le bain a decomposer. 392 COSMOS. mieres parties metalliques, decompose lui-meme le chlorure d' alu- minium et se volatilise a I'etat de chlorure de fer. C'est ainsi qu'avait ^te pr<§paree et purifiee la lame metallique que j'ai pu montrer a I'Academie dans une de ses stances du mois de mars. « Permettez-moi, a cette occasion, de vous dire que les proc^dfe que j'ai publies devant I'Academie, le 14 aout, etaient connus de toutes les persoiines qui fr^quentent les cours de la Sorbonne oix ils ont ^tt^ exposes avec tous leurs details par M. Balard , au commen- cement de I'ete. M. Fremy les a ^galement decrits dans son cours de TEcole polytechnique ; enfin un grand nombre de savants, parmi lesquels je citerai MM. Thenard, Boussingault , Regnault, Pelouze, Peligot, Delarive, etc., ontbien voulu, a diverses epoques et a par- tir du mois de mars dernier, assister a mes experiences dans mon laboratoire, etces experiences ont ete repetees, je le sais , par un certain nombre de personnes. La publication de mon m^moire a 6te retardee par le desir que j'avais de montrer a I'Academie des ^chan- tillons un peu volumineux d' aluminium. _/ « Personne ne perdra a la coincidence des publications de M. Bun- sen et des miennes. Pour moi en particulier, je me trouve fort heureux de me rencontrer avec un homme qui occupe dans la science une position si considerable, a propos d'un probleme de ce genre pour lequel M. Bunsen a lui-meme ouvert la voie a taut de solutions nou- velles. Le memoire de M. Bunsen ne pouvait m'etre connu au moment de ma lecture a I'Academie, sans cela je me serais fait un devoir de citer et de discuter les faits qu'il contient et que je ne connais que par I'extrait du Cosmos , car je suis absent de Paris depuis le 16 aout dernier. « J'ai essaye d'expliquer les differences qui existent entre les pro- prietes de I'aluminium prepare par la methode de M. Wohler et les proprietes du metal que j'obtiens, par la supposition que M. Wohler aurait experiments sur un metal impur. M. Bunsen admet que ces differences tiennent a I'etat d'aggregation du metal, que, sous forme pulverulente , I'aluminium decompose I'eau. Y au- rait-il une difference essentielle entre les proprietes ihimiques d'un metal divise par voie chimique et les proprietes du meme metal en regale, en masses compactesi C'est une question qu'il faudra resou- dre par ^experience et en prenant bien des precautions . Ainsi I'aluminium precipite par la pile retient du chlorure double d'alu- minium et de sodium , qui fait par rapport a lui fonction d'acide et sous son influence decompose I'eau a la temperature ordinaire. COSMOS. 393 Toute decomposition cesse quand on etend la liqueur de beaucoup d'eau ou qu'on lave la poussiere metallique. « Agrdez , monsieur, I'assurance de ma consideration tres- distinguee. <- H. Deville. » — Voici I'analyse du memoirede M. Quatrefages surles physalies: On pent distinguer dans une physalie le corps et les appendices. Le premier est form^ par deux poches ou vessies eraboitees I'une dans I'autre, et laissant entre elles une sorte de double fond. La poche intdrieure est remplie d'air, et communique au dehors par un pore entoure d'une sorte de sphincter. M. de Quatrefages s'est as- Bur^ de la maniere la plus positive de cette communication, niee ou mise en doute par tous ses devanciers. Les parois de la poche exte- rieure se prolongent, a la partie superieure du corps, pour former la Crete qui joue le role d'une espece de voile, et a la partie inferieure pour donner naissance aux appendices. Ceux-ci sont de quatre Bortes, savoir : des bras tres-extensibles et tres-contractiles , pou- vant acquerir jusqu a 30 pieds de long; des su^oirs, des organes h^patiques, considerdsjusqu'a present comme des su^oirs imparfai- tement developpds , des organes enfin , trfes-probablement repro- ducteurs, destines a se developper sur place, sous forme de meduses. Tous ces appendices sont portes par un assez petit nombre de troncs qui se ramifient, de sorte qu'on compte plusieurs centaines de »U9oirs et surtout d'organes hepatiques sur chaque physalie. Tous ces troncs , ainsi que leurs dernieres divisions, sont creux, et cet ensemble de canaux communique avec le double fond, place entre les deux poches qui forment le corps. Tous les appendices naissent par voie de bourgeonnement, et se developpent a la manifere des bourgeons de I'hydre d'eau douce... Ceux de ces bourgeons qui doivent se changer en organes reproducteurs , presentent I'aspect d'une petite cloche a parois ext^rieures tres-Iisses , ou celui d'une m^duse a ombrelle un peu allongee et qui manquerait de bras. En pla9ant un de ces animaux vivants dans un baquet , M. de Quatrefages vit au milieu de ses tentacules un petit poisson de 8 a 10 centimetres , mort , mais bien entier : une heure environ apres, ce meme poisson avait change completement d'etat ; les chairs ^taient reduites en bouillie , les ecailles entierement dissoutes , les aretes ramollies, les vertebres desagregees sur plusieurs points! Un des grands su9oirs de la physalie, extraordinairement dilate, avait deja fait p^netrer dans son canal, environ 2 centimetres de la colonne vertebrale : a partir du point ou celle-ci s'etait arretce, une trainee, rendue brillante par le pygment des ecailles, indiquait la 394 COSMOS. route suivie par la matifere alimentaire , qui se rendait directe- ment dans le double fond ])lace entre les deux vessies qui forment le corps. Ainsi, dans ce siphonopliore , I'acte piiysiologique corres- pondant a la digestion stomacale est tout exterieur, et la chyinifica- tion precede la deglutition; le foie est repr^sente par des appendices spcciaux et independants , dont la disposition est telle, qu'avant d'atteindre le double fond place entre les deux vessies du corps , les aliments doivent necessairement se meler avec les produits de la secretion biliaire. La vessie hydrostatique n'est pas seulement un organe de suspension ; elle est en outre un organe de respiration , dans lequel I'air penetre, d'ou il est chasse sans doute au gre de I'animal , et dans lequel cet air subit les alterations caracteristiques de tout acte respiratoire. Ce n'est qu'aprfes avoir respire que les aliments sont transportes au milieu des tissus qu'ils doivent nour- rir : les residus de la digestion sont rejet^s par les su^oirs. Quelques naturalistes regardent les siphonophores comme mo- nozo'iques ou constituant un seul animal; d'autres, au contraire , voient dans chaque appendice un individu distinct. « Si, comme je n'en doute pas, dit M. de Quatrefages, les organes reproducteura se developpent en meduses destinees a mener une vie indepen- dante , il est clair que chacun de ces organes est , a un moment donne, un individu distinct; d'autrepart, on ne saurait separer les su9oirs des tentacules , qui leur servent evidemment de bras... La vessie aei'ienne est d'ailleurs une reunion d'organes et de fonc- tions qui touchent a I'ensemble de la physalie... Enfin , lorsqu'on observe des physalies vivantes , on constate des actes qui supposent une volonte active et centralis^e, au moins jusqu'aun certain point... J'ai vu I'animal, couche sur I'eau, se relever de maniere a redresser sa Crete... Je I'ai vu virer de bord par une manoeuvre assez com- pliquee , et qui suppose une veritable synergie de presque tous les organes, une sorte de volonte, par consequent , de moi, une cer- taine unite d'etre. » — M. Caillaud a fait sur les moUusques perforants les observa- tions suivantes : Tous les mollusques perforants dont les coquilles sont reunies par un ligament proprement dit, comme les saxicaves, les petricoles, leslithodomes, les gastrochenes , etc., perforent par le moyen chi- mique , par Taction d'un liquide corrosif. Toutes les especes qui portent des cuillerons sur lesquels sont inserees les fibres musculai- res, et qui, fortement incorpores dans la masse abdominale du mol- lusque , deviennent des leviers de nature a produire une force ma- COSMOS. 395 jeure dans les mouvements a imprimer aux valves de la coquiHe agissent par le precede mecanique. M. Caillaud a trouve le liquide corrosif ou capable de dissoudre le calcaire dans tous les acephales et les univalves , dans les huitres et les moules que nous mangeons chaque jour, et cependant ces moUusques ne perforent pas. On voit aussi des especes fluviatiles , des lymnees, des planorbes, des physes se grouper les unes sur les aulres et s'entre-ronger reciproquement leurs coquilles pour se procurer, en cas de necessite, les materiaux necessaires a I'accroissement de leur coque. II n'y a rien d'etonnant ace qu'un acide ass?z puissant pour dissoudre le calcaire ne puisse nuire en rien a la constitution des mollusques. — La nouvelle paire de ganglions observee par M. Moquin-Tan- don, dans le systeme nerveux des mollusques acephales fluviatiles est situee sur le trajet des grands nerfs, qui unissent les ganoHons buccaux aux ganglions posterieurs, dans le voisinage et un peu en avant des orifices de la glande genitale et de I'organe precordial II existe done quatre paires de ganglions dans les acephales fluviatiles ou du moins dans les trois genres duissenes, mulettes et anodontes • 1° les ganglions buccaux ^ dans le voisinage dela bouche et du mus- cle adducteur interieur; 2" \e& ganglions hranchiaux , dans le voi- smage de I'orifice anal et du muscle adducteur post^rieur • 3° les ganglions pedieux, pres du pied (id on ne trouve aucun orifice)- 4" \q^ ganglions nwdians, decouverts par M. Moquin-Tandon prfes des orifices genital et precordial (ici on ne trouve pas d'organ'e lo- comoteur). II serait important de rechercher si les ^«W/o«^ ^^e'. dians n'existent pas dans les autres acephales fluviatiles et dans les acephales marins ; il faudrait les chercher d'abord dans les especes a corps deprime. -^ — M. le prince Charles Bonaparte a public r^cemment un M^- moiremtitule : Tableau des oiseaux deproie. Dans ce tableau se trouvent rapportees a leurs families, sous-families et genres toutes les especes aujourd'hui connues de I'ordre des accdpitres 'ces es pfeces sont. d'apres le prince, au nombre de 451, savoir • 20 pour \esvulturida^; 3 pour \e,gj-paeidce ; 1 pour les gjpohieractdce ; 266 pour \esfalconidce; 1 pour les g)yogeranidce et 160 pour les stregidce. ^ _ - M. le docteur Leconte, professeur agr^ge a la Faculte de mede- cme. propose un nouveau procedd d'analyse du lait, fonde sur I'ap- preciation de la quantite de beurre contenue dans le lait a essayer Lomme il est prouve que les autres elements du lait le sucre et 396 COSMOS. Talbumine obfesent aux meines fluctuations que le beurre, M. Le- conte a pens6 qu'il suffisait de determiner ce dernier element. Son appareil se compose d'un tube ferm^a I'une de ses extremit^s de 2 centimetres de diametre environ, et divis^ en cinq parties pr^- sentant chacune une capacity de 5 centimetres cubes ; a la partie sup^rieure j'en sonde un autre d'un diametre beaucoup plus petit, et qui est divis^ en vingtifemes de centimetres cubes ; enfin, a la partie sup^rieure de ce dernier se trouve un autre tube, semblable au tube inferieur, mais beaucoup plus court et sans divisions, qui sert d'entonnoir et re9oit les liquides qui se dilatent pendant 1' ope- ration. Lorsqu'on veut faire une analyse, on mesure 5 centimfjtres cubes dans le tube inferieur, puis on y ajoute 20 centimetres cubes d'a- cide ac^tique cristallisable, cequi devient facile en raison des divi- sions gravies sur le tube ; puis apres avoir ferme I'orifice superieur avec un disque ou un bouchon de verre, on agite pendant quelques minutes; la caseine , qui s'etait coagulee au contact de I'acide ace- tique, se dissout peu a peu, etle beurre vient rapidement surnager la liqueur sous la forme de flocons blancs ; il suffit alors de chauffer avec une lampe a alcool pour liqu^fier le beurre qui forme alors a la surface une couche limpide dont il est facile d'appr^cier le vo- lume d'apres le norabre de divisions qu'elle occupe dans le petit tube gradue. — M. Cailletet propose le procdde suivant de dosage de la fecule de pommes de terre melangee a la farine de bl^ : On prend un poids donne de farine qu'il s'agit d'essayer; on la d^laye dans une burette graduee avec un volume donne de solution aqueuse de potasse. On y ajoute ensuite une quantite dgalement determinee de solution alcoolique de brome ; il se forme au bout d'un certain temps un precipite dont on note le volume. Or, comma on connait d'avance les volumes tres-differents des deux depots que formaient, dans des circonstances toutes semblables, d'une part de la farine de ble pur, de I'autre de la farine melang(^e d'un quart de fecule, on en conclut par une simple operation arithm^tique les proportions de la fecule dans la farine soumise a I'examen. A. TRAMBLAY, pioprietnire-gerant. PARIS. — IMI'RIMERIE DE W, REMQUET ET cic, RUE GAKANCIERE, 5. T. V. 6 OCTOBRE l8i4. TIIOISIEME ANNEE. COSMOS. ASSOCIATION BRITANNIQUE POUR L'AVANCEMENT DES SCIENCES. DISCOURS DU PRESIDENT, LORD HARROWBY. Bilan de la science de septeriihre 1853 a septeinbre 1854. " Ma premiere impulsion, lorsque je me suis recueilli pourrediger le discours que je devais prononcer aujourd'hui , avail ete de me justifier du reproche qu'on pourrait me faire d'avoir acceple au mi- lieu de vous une position si eminente, de m'etre laisse placer au sein du mondede la science, dans un rang auquel je n'aurais jamais du pretendre. Mais, en y pensant mieux, j'ai juge que, puisque j'avais consenti, non sang une resistance reelle , a devenir votre president, je ferais mieux, par respect pour vous et pour moi , de kisser la la toute apologie, et de remplir, aussi bien qu'il me sera possible, les devoirs que ma dignity m'impose; je vais le faire, mais non sans vous avoir conjure de ne pas attendre de moi ce que vous avez ob- tenu de plusieurs de mes illustres predecesseurs : une revue lumi- neuse de I'etat actuel des sciences physiques ; un recit de ses recents et multiples triomphes; I'indication des moyens qui doivent amener des conquetes nouvelles; je ne pourrai pas, comme eux, vous faire entrevoir des mondes plus brillants et tracer la route qui y conduit. a Allude to brighter worlds, and point the way. » " Quoique je ne sois pas reste spectateur indifferent decette mar- che lapide et triomphale de la science, laquelle pendant les cin- quante dernieres aiuiees a tant etendu , tant enrichi I'antique do- inaine de nos connaissances, et fonde, si je puis m'exprimer ainsi, des colonies nouvelles dans des regions inexplorees et qu'aucun pas hiiinain n'avait encore fouillees, mon role s'est cependant borne a etre simple speclateur; ma destinee m'a conduit a m'occuper nioins des proprietes de la inatiere, que de la coiiduite des affaires et des hoinmes , et en me drapant pour la premiere fois du manteau de savant, je crains d'etre trahi par la gaucherie de ma deraai che ; il est cependant certains points d'interet eleve et ^general , qu'il est i4 398 COSMOS. impossible de ne pas trailer dans une reunion semblable a la votre; i'ai eu recours pour le faire a la bonte de quelques amis, et les do- cuments qu'ils m'ont fournis ne sent pas indignes de vous etre pr^- gentes; comment, par exeniple, dans le pays de Newton et dans le plus grand port du monde, pourrais-je ne\gliger de parler de I'astro- romie^ Je doisau professeur Challis un etat de sa condition pr^sente, de ses progres recents , qu'avec votre permission je vais vous sou- mettre. « Depuis la derniere note de 1' Association britannique, on a de- couvert quatre planetes et quatre cometes. Tiois de ces nouvelles planetes ont ^te trouvces dans I'Observatoire de M. Bishop, deux par M. Hind, une par M. Marth; cette derniere a ete aussi trouvee la nuitsuivante a I'Observatoire d'Oxford; c'est, aprestant d'autres, un nouvel exemple de d^couvertes faites presque simultanement sur plusieurs points; la quatrieme planfete a ete vue d'abord a I'Obser- vatoire de Bilk , pres Dusseldoiff , par M. Luther, astronome dis- tingue, qui avait deja decouvert deux autres petites planetes. Une des nouvelles cometes a ete decou verte a Berlin , deux ont ete trouvees a Goettingue, la quatrieme a ete vue presque partout , a I'oeil nu, vers la fin du mois dernier; aucune d'elles n'a encore et6 identifiee avec les anciennes cometes. "En meme temps qu'elledemontre la diligente activite des astro- nomes, la decouverte d'un si grand nombre de planetes et de comfe- tes fait entrer de nouveaux ouvriers dans le champ de la science astronomique, et ne contribue pas peu, ainsi, a ses developpements. Les demandes d'observations, amenees par ces decouvertes , ont excite puissamment I'activite des observatoires existants, et deter- mine la fundation d'observatoires nouveaux par des ressources pri- vies ou publiques ; un Observatoire, par exemple , a ete erige I'an- nee derniere a Olmiitz, en Moravie, par un simple particulier, et a I'heure qu'il est, on s'y occupe activement d'observations relatives aux astres nouvellement decouverts. On pourrait, dans ces der- nieres annees, citer plusieurs exemples de ce genre; en outre des avantages que nous venons de signaler, les observations comman- does par la dt^couverte de nouveaux astres du systeme solaire ont porte ratlention sur I'etat de I'astroiioinie stellaire et sur les moyens a prendre pour perfectionner cette partie fondamentale de la science. Posterieuremenl a la formation des anciens catalogues des etoiles brillanles, les astronomes se consacierent d'une mani^re particu- heie a I'observation de certaines zones du ciel.en y comprenant les petites etoiles, jusqu'a la neuvieme grandeur inclusivement. Lalande, COSMOS. 399 Lacnille , Bessel , Argelander et Lament out etc les graiuls chefs do file dans cette nouvelle cainpagne ; naais des observations non rediiites et non cataioguees sont coniparativement de ties-iniiice valeur. L'Association britannique a rendu un immense service aux astiononies , en faisant reduire en catalogues les observations de Lalande et de Lacaille. Un catalogue d'line portion des 2on s de Bessel ;i ete publie a Saint-Petersbourg, la menie chose a eu lieu a Vienne pour une portion des zones d'Argelander ; et M. Lainont a reduit aussi , lui-meme, une portion de ses zones. Le cataloo-ue de 8 377 etoiles, puljlie par I'Assoeiation britannique, a ete compose en grande partie avec les anciens catalogues ; il contient cependant aussi quelques etoiles de septieme grandeur, observees une seule fois par Lalande et Lacaille. Les positions des etoiles donnoes par ce catalogue sont loin , par consequent , d'etre exactes au meme degre ; mais comme les autoritds sur lesquelles on s'est appuve pour assigner les positions sont indiquees avec soin, les astroiiomes ne peuvent pas etre induits, par la, en erreur. Les catalogues dont nous venons de parler sont ceux dont on se sert principalem.ent dans Tobservation des petites planetes et des cometes; les observations se font en general avec I'aide des etoiles fixes, prises pour point de comparaison. L'observateur choisit une etoile du catalogue, soft dans le but d'arriver a constater le deplacement de I'astre mobile soit pour fixer sa position. Mais a. cause de I'imperfection des cata- logues , il arrive quelquefois que I'etoile de comparaison ne se trouve pas a la place qui lui ^tait assignee, que cet espace est vide; ou du njoins, tant que la position de I'etoile n'a pas ete determinde par un nombre suffisant d'observations faites avec les instruments meridiens, elle n'est pas assez exacte pour qu'on en puisse conclure avec une approximation convenable les coordonnees de la planete ou de la comete. " Dans les catalogues reduits des observations des zones, I'ascen- sion droite des etoiles est deduite, en general, d'un simple passao-e au-devant d'un seul fil, et leur declinaison d'un simple angle de bis- section ; ce n'est pas assez, et les astronomes commencent a com- prendre la necessite de ne demander aux catalogues qu'une position provisoire, et de s'astreindre a determiner la position definitive par des observations m^ridiennes rdpetees. Cette rapide discussion aura pour effet de mieux faire voir comment la dec.ouverte des cometes et des petites planfetes contribue a accroitregraduellement les mate- riaux necessaires a la formation d'un catalogue plus exact et plus ^tendu que ceux publics jusqu'ici. L'Association britannique ajoute- liOO COSMOS. rait grandement aux bienfaits dont la science astronomique lui est redevable, en encourageant, aussitot que les materiaux auront dte r^unis cii nombre suffisant, I'impression d'un catalogue i>cneral de toiites les ctoiles, jusqua la iiein>ienic grandeur inclus'wenient^ qui nuront i'te observees un nombre sufjisant de fois avec les instru- ments nier'uliens. I. Les sources modernes pouvant servir des a present ii la confec- tion de ce grand travail sont : 1" les observations reduites et pu- bliees des Observatoires de Greenwich, de Pulkowa, d'Ediinbourg, d'Oxford, de Cambridge ; 2" le catalogue aujourd'hui complet de 12 000 etoiles observees et reduites par I'infatigable astronoine de Hanibourg, 31. Charles Rui/iker ; 3" les determinations des posi- tions des etoiles de comparaison que Ton trouve en grand nombre dansles Jstronnni/sche J\nc/trichten. " Pour completer cet aper(;u del'etat present de I'astionomie stel- lairo, il imiiorte de mentionner les deux volumes recemment publies par M. (vooper, coiitcnant les positions approximatives et rangees dans I'ordre de leurs ascensions droites de 80 186 etoiles de I'eclipti- que.depuislaneuviemejusqu'a la douzieme grandeur, etoiles dont on ji'avait encore observe jusqu'ici qu'un tres-petit nombre. Les obser- vations ont ete faites avec I'^quatoriale de Markree, et ont etc im- primeesaux frais du gouvernement de sa majeste. « La determination de la difference de longitude au moyen des signaux de la telegraphie electrique est une matiere astronomique de grande importance pratique. Cette methode, employee d'abord en Ameriquc. a ete introduite en Angleterre par I'astronome royal , M. Airy et a (He successiveinent appli(iuee a la mesure des diff(5- rences \le loiiaitude entre I'Observatoire de Greenwich et ceux de Cambridge, d'Edimbourg, de Bruxelles et de Paris. Les resultats deja publics pour Cambridge et Paris prouvent I'exactitude et le succes coinplct de la methode. En annoii^nnt recemment dans lc& feuilles publiques I'achevement des operations qui avaient pour but de reliei- I'Observatoire de Paris a I'Oservatoire de Greenwich, M. Airy iait reniarquer avec raison que ces grandes experiences ne peuvont etre faites et nienees a bonne tin qu'avee le concours des entreprises commercials , des compagnies de chemins de fer et de telegraphes electriques; et que ces compagnies s'honorent o-randement par leur association avec la science et les services (ju'eiles lui rendent. « Pendant I'ete dernier M. le professeur Encke, suivant le bon exemple donne par I'Angleterre, a deteimine avec un plein succes. COSMOS. 401 au moyen de signaux electriques , la difference de longitude entre Berlin et Francfort-sur-le-Mein. » L'electricile galvanique a ete nppliquee d'une autre maniere a des usages astronomlques. La inethode d'observation des passages au meiidien par rinterventioii dun circuit galvaiiique, methode formulee aussi d'abord en Amerique, et dans laquelle on ii'emploie que la vue et le toucher, sans imposer a I'oreille la necessite de compter les battements du pendule, est maintenant en oeuvre dans rObservatoire de Greenwich. Elle exige plus de travail que la ine- thode ancienne, mais comme elle est exenipte des erreurs person- nelles inseparables de I'ancienne methode , force sera de I'accepter partout. A Greenwich encore les courants galvaniques sont em- ployes a maintenir parfaiteinent d accord uii certain nombre d'hor- loges ou de cadrans places a distance, et a iaire tomber le ballon qui indique le temps aux navires de la Tamise. Un ballon installe a Deal tonibe chaque jour sous le coup d'une impulsion electrique communiquee de Greenwich. " Les astronomes etaient quelque peu inquiets sur la continuation de la publication tout a fait indispensable des Astronomisclic Na- chrichten, qui avaient perdu leur editeur, M. Petersen, mort en fevrier dernier. Les craintes ont disparu depuis que le roi de Dane- mark a resolu que les fonctions de directeur de I'Observatoire d'AI- tona se joindraient a celles de redacteur en chef du precieux recueil de M. Schumacher. "LI Astronomical journal ^ publication ameri- caine du nieme genre, entreprise par un j%une astronome et mathe- niaticien, M. Gould, dans le but de tenir ses concitoyens au cou- rant des progres de I'astronomie , a atteint la fin de son troisieme volume, etsera, nous I'esperons, indefiniment continue. » En resume, on peut dire de I'ai-trGnomie au moment present qu'elle est cultivee avec un zele extraordinaire et dans des propor- tions considerables ; que les observations sont plus nombreuses que jamais; que cette belle science interesse egalement les gouveme- ments et les particuliers, que tous s'empressent de contribuer a ses progres. «' Vous venez d'entendre le professeur Challis louer I'activite des entreprises priveesau point de vue de I'astronomie; pounais-ie a la place que j'occupe, ne pas signaler les admirables travaux de votfe giorieux compatriote, M. Lassell? Pourrais-je ne pas rendre hom- mage a I'esprit public si eclaire de cette grande cite? Stimulee par la premiere visite que nous lui avons flute en 1S37, elle a voulu en- trer en possession d'un Observatoire pourvu d'excellents instru- f,02 COSMOS. ments, sous la direction habile de M. Hartnup. Le 7A6 directeur n'a pas seulement rendu de grands services a la navigation de ce port immense par les soins qu'il a apportes a la regularisation des chronomclres, ses observations mcteorologiques et astroiiomiques ont conduit a des rosultats impor'ants. M. Hiirtnup a apporte aux chro- nometres des perfectionnements de giande valeur au moyen des- quels les erreurs -provenant des variations de temperature sont ou evitees, ou diminuees, ou du moins evalui'es. « Le rapport de la Societe royale astronomique de Londres con- state que si le capitaine d'un navire emploie constamnjeiit les cor- rections de temperature obtenues par la methodede M. Haitnup, la marche de ses chronometres sera beaucoup amelioree. Pour niieux faire ressortir les avantages de celte mcthode au point de vue de I'interet pratique dela navigation, je citerai un autre passage de ce meme rapport : •• II est en mer des dangers que la prevoyance la plus extreme ne peut pas conjurer; mais les naufrages amenes par des boussoles imparfaites ou des chronometres ma! regies doivent etre cousidcres et punis comme des crimes ; puisqu'avec une intel- ligence et des soins ordinaires, on peut parvenir a rendre exactes les indications de ces instruments. II n'arrive que trop souvent que la vie et les biens des passagers sont compromis par le manque de connaissances elementaires, faciles cependant a acquerir, et le peu de precautions que prennentnos marins, si enclins a ne tenir ;iucun compte des sauvegardes que la science moderne leur offre. » " Vous vous rappelez qu'a I'epoque de notre derniere reunion, des arrangements avaient ete pris avec le gouvernement pour la construction d'un telescope a reflexion de quatre pieds d'ouverture, qui permit d' observer les nebuleuses etles autres astres de I'h^mi- sphere du sud avec des grossissements bien superieurs a ceux em- ployL^s par sir John Herschel. - Vous apprendrez avec regret que, quoirjue le gouvernement n'ait fait aucune objection aux devis qui lui avaient ete adresses, le projet en question n'a pas 6te soumis encore aux deliberations du Parlement. II faut pardonner beaucoup aux preoccupations causees par la guerre. « Les travaux du comit6 de I'observatoire metdorologique de Ke-w sont poursuivis avec une pcrs^vc^rance que rien ne iasse, et une u^ilitfc'; toujours mieux comprise. Vous excuserez, sans aucun doute, la libertti que je prends d'insistersur la nocessite de continuer aussi sans fatigue, d'augmenter meme encore si vous le pouvez, les sacrifices que vous faites pour maintenir ce prccieux etnblissement. COSJIOS. /i03 En assurant Texactilude des elements essentiels des observations du thei mometre, du barometre, des poids et mesures, le coinite de Ivevv contribue puissammenl aux progres de la science en general, en Angleterre et dans les autres contrees : il a en ce moment entre les mains 1 000 thermometres et 50 baromelres de la marine des Etats-Unis, qu'il s'agit de comparer et de regler. Le ministere de la marine anglaise lui a confie aussi 500 thermometres et 60 ba- rometres destines a remplacer les instruments du commerce sujets a des erreurs quelquefois extraordinaires. « A I'instigation de sir John Herschel, le comitd de Kew a aussi entrepris d'enregistier chaque jour, a I'aide des precedes de la photographie, les diverses apparences du disquesolaire, dansle but d'arriver a reconnaitre par la comparaison des taches de !a surface du soleil, leurs positions, leurs grandeurs, leurs formes; s'il est pos- sible, d'etablir quelques relations entre leurs variations et d'autres phenomenes meteorologiques. Le conseil de la Society royale a fourni les fends, et I'instrument en voie de construction sera bientot acheve. Cette meme belle inven- tion aussi propre a promouvoir les interets de la science dans plu- sieurs de ses branches, qu'ti accroitre les ressources et les forces de I'art, est employee a Kew, sousla savante direction du comite, par le g^rant de I'Observatoire, M. Welsh, a enregistrer au moyen d'appareils, fonctionnant tout seuls, les observations ordinaires et les variations du magnetisme terrestre. Je veux laisser a voire illus- tre secretaire-general , M. le colonel Sabine, qui nous a promis, pour une de nos grandes soirees, une 6inde consciencieuse et eten- due du magnetisme terrestre , le soin de resumer les progres qu'a faits, depuis I'annee derniere, cette partie importante de la meteoro- logie; jft n'anticiperai pas nen plus sur le rapport de men savant et distingue predecesseur, dans cette chaire , M. Hopkins, qui doit appeler I'attention de I'Association sur les experiences qu'il poursuit de concert avec M. Fairbairn et Joule, et qui ont pour objet de mettre en evidence les effets de la pression sur la temperature de fusion et la densite des diverses substances ; dans le but d'arriver a Jeter quelque jour sur I'etat inlime , ant^rieur ou actuel , de notre planete. " Un rapport d'une commission de I'Academie des sciences de France, commission composee de M. Liouville, Lam^ et Elie de Beaumont, m'a ete adresse, pourquej'en transmette les conclusions a I'Association britannique; il a pour objet la theorie des tremble- ments de terre. De la discussion consciencieuse de plusieurs milliers um COSMOS. de phonomones de ce genre , observes de 1801 a 1850; de la com- paraison des dpoquesauxquelles ces phenoinfenes se produisent avec la position de la lune dans I'orbite quelle decrit autour de la terre, le savant professeur, M. Perrey de Dijon , oroit pouvoir coiiclure que les tremblements de terre pourraieiit bien etre le resultat de I'attraction exercee par la lune sur la masse encore fluide qui occupe la partie cenlrale de notre globe, phenomene analogue aux ma- rees de I'Ocean. La commission academique s'est montree si favo- rable a cette opinion, qua sa demande, I'lnstitut a resolu de tnettre a la disposition de M. Perrey des fonds, au moyen desquels il puisse continuer ses recherches. Je crois devoir vous rappeler que 1 'atten- tion de I'Associationaete souventappeleesurcesujetpar MiM.IMilne et Mallet; que ce dernier est toujours a i'oeuvre, que ies iaits sont accumuU^s depuis longues annees , et que Ion attend une theorie qui en donne enfin 1' explication. " Je legrette vivement d'etre trop peu initio aux etudes si at- tra3'antes et si utiles de la geologie. Je n'ai rien a vous dire sur ce sujet. sinon que la rarete toujours croissante des minerals de fer et du charbon, doit inspirer aux hommes pratiques un plus grand res- pect pour une science qui les rend aptes a reconnaitre, d'unemaniere presque certaine, les lieux oul'onpeut esperer de rencontrer ces mi- nerals, et les lieuxou Ton est sur denepas les trouver.Lorsqu'on arrive fatalement a se poser cette question : Parmi tous les terrains houillers de la Grande-Bretagne , est-il un mille carre qui ne soit pas actuel- lement exploited Quand on aura pousse jusqu'a ces dernieres limites les 5 000 milles Carres de charbon actuellement visible, combien restera-t-il de inilles carres de houilleres iiitactes? Comment pour- rait-on dedaigner une science qui , fecondee par les Murchison , les Phillips et tant d'autres, pent seule, en creant des ressouicos nou- velles , supplier a ce qui a disparu , et fournir les aliments neces- saires a la vie de la Grande-Bretagne ? « Ai-je besoin d'msister sur les services que Ton peut attendre de la meteorologie au point de vue des besoins de la vie materielle? Ce que j'aia vous dire de cette nouvelle branche des connaissances humaines fournira un bel exemple de la valeur que finit toujours par acquerir une accumulation de Iaits tres-peu importants en eux- memes, et qui semblaient n'avoir aucune connexion les uns avec les autres. Qu'y a-t-il en apparence de plus nnpossible a soumettre a des regies et a des lois que le vent si mobile, et la vague si Iraitresse? '• Cependant, meme ici, I'observation et la comparai:;on ont COSMOS. A OS conduit a d'excelleiits rcsultats, au point de vue de la science et de I'huinanite, et Ton peut esperer beaucoup plu3 encore pour I'avenir. Vous savez tous que le gouvernement americain, sur !es instances et sous la direction du lieutenant Maury, a fait recueillir par les capitaines de la marine niilitaire et marchande un tres-grand nom- bre d'observations de phenomenes propres des iners, coinme les vents, les marees, les courants et la tennperature de rOc(5an ; vous savez que les resultats de ces recherches, transformes en cartes et en livres, ont deja fourni les moyens d'accroitre, dans une piopor- tion viaiment extraordinaire, la vitesse et la securite des voyages de long cours. Vous savez qu'on a deinande a notre gouvernement de cooperer a cette grande oeuvre dans I'intdret commun de toutes les nations maritimes, et que cette question a ete soumise au Par- lement par I'un de vos vice-prc^sidents, lord Wrottesley, dans un discours qu'il a, depuis, fait iinprinier, et dont je recornmande la lecture k tous ceux qui douteraient encore des services que la me- teorologie peut rendre a la navigation et au commerce. Mais vous ne savez pas peut-etre que le gouvernement a accepte cette propo- sition, et cree dans ce l)ut un bureau special, dependant du miiiis- tere du commerce, et place sous la direction de I'homme le plus capable de remplir cetle difficile mission avec energie et avec suc- ces, mon ami, le capitaine Fitzroy, qui n'est pas moins cnnnusur les bords de la Mersey, des vieilles coipoi'ations de Liverpool, qu'il ne Test sur les cbamps d'honneur de la science maritime. Per- suade que ces matiercs devaient interesser d'une maniere toute speciale la reunion de Liverpool, qu'il importait grandement de faire appel aussi publiquement et avec autant d'extension que pos- sible, a la cooperation active de tous les hommes qui prennent part au commerce de ces contrees, j'ai prie le capitaine Fitzroy d'e- tablir, de la maniere la plusnette possible, I'etat actuel de la ques- tion ; il I'a fait en me transmettant officieusement, et non officiel- lement, le Tneniorandnm suivant, que je vais lire avec votre permission : " Le commerce maritime des nations ayantpris sur le globe entier des proportions jusqu'ici inconnues, et la concurrence etantdevenue si grande, que la valeur des cargaisons et le benefice des entreprises dependent plus que jamais de la longueur et de la nature des voya- ges , il y a une extreme importance a determiner les meilleures routes a suivre par les vaisseaux , pour arriver a obtenir que les traversees soient les plus rapides et les plus sures possible. L'em- ploi en si grand nombre de bateaux a vapeur a fait naitre le desir a06 COSMOS. universel de suivre !a ligne directe entre deux points doniies (I'arc de o-rand ccrcle qui les unit), d'aussi pres que le permettent les terres interposees, les courant? et les vents; et les perfectionne- ments de la navigation, si bien compris aiijourd'hui, exigent une connaissance plus precise et plus immodiatemeiit applicable de toutes les particularites des r^.gions les plus frequentces dolOccan. 11 ne suffit pas d'une plus grande exactitude dans les details; il faut r^unir en faisceau et disposer dans un ordre rationnel les renseigne- ments actuellement disperses. En outre, les erreurs des instruments employes jusqu'ici ont vicie les observations, et il en resulle que la plus grande partie des donnees meteorologiques recueiilies en mer ne peuvent etre considerees que comme de vagues approximations. C'est un des principaux devoirs du marin, dit un homme fort connu, M. Basil Hall, que de savoir oil il trouvera les bons vents, les cou- rants iavorables; mais avec les moyens dont on peut actuelle- ment disposer, cette connaissance pratique ne peut etre acquise que par de longues annees de fatigue et d' experience, excepte peut-etre dans les grands passages de I'Ocean qui sont tres-bien connus. Des carles aes vents et des courants ont ete publiees dans ces dernieres annees; elles ont eu pour point de depart les grands travaux execu- tes par le gouvernement des Etats-Unis, a Tinstigation et sous la direction du lieutenant Maury; en consultant les directions donnees par ces cartes, les navigateurs ont reussi a rendre leurs travorsees considerablement plus courtes. Les traversees ont ete abregees sou- vent d'un quart et quelquefois d'un tieis de la distance parcourue autrefois. Bien des documents ont ete reuniri et imprimes sur les vents et les courants par Rennell, Capper, Reid, Redfield, Thorn, Piddinglon et autres ; mais I'attention generale ne s'^tait pas fixee sur ce sujet, si important cependant pour les nations maritimes, avant la publication des admirables observations du lieutenant Maury. Encouragees par lesresultats pratiques dt^ja obtonus, et con- vaincues par les arguments sans replique de cet officier, les princi- pales puissances maritimes ont envoye des representants officiels a la conference tenue a Bruxelles I'annee derniere, et qui avait pour objet la met^orologie des mers. « Le rapport de cette conference a ete place sous les yeux du Par- lement, et le premier resultat de cette presentation a ete le vote des fonds necessaires a I'achat d'instruments et a la discussion des ob- servations. Toutes les donnees meteorologiques de quelque valeur ont ete leunies dans les bureaux de I'Amiraute, etcellesque Ton re- cueillera sur les divers points du globe seront discutees et conveities COSMOS. 407 eii tables dans le nouveau departement, cr^e pres du ministere du commerce , pour venir s'ajouter aux donnees deja acqniscs et con- duire a une plus grande exactitude pour I'avenir. Un tres-grand nombrc de vaisseaux, presque tous americains, sent iriaintenant en train d'observations regulieres; ils soiit aides par les instructions et les documents fournis liberalemeiit par le gouvernement des Etats- Unis, alademande du lieutenant Maury, dont le zele ei I'ardeur ne se ralentissent pas un seul instant. Le gouvernement donna gratui- tement les instructions et les cartes, non-seulement aux vaisseaux am6ricains, mais encore aux vaisseaux anglais qui s'engagent a rem- plir certaines conditions justes et faciles. Le gouvernement anglais, a son tour, va fournir un certain nombre de vaisseaux, partant pour des voyages de long cours, de registres meteorologiques et d'instru- ments compares, dans le but de concourir efficacement a mener a bonne fin cette grande entreprise nationale. Dans la preface de la derniere edition de la carte des courants et des vents de Johnston, publiee en juin dernier a Edimbourg, le docteur Buist dit •. •< On sait que les cartes et les directions de navigation du lieutenant Maury ont abrege d'un tiers la longueur des voyages des vaisseaux. americains. Si les traversees d'Angleterre aux Iiides et des Indes en Anoleterre etaient diminuees d'un dixieme, il en resulterait une economie, sur le fret seulement, de 250 000 livres, plus de six mil- lions de francs. En estimant le fret des vaisseaux qui prennent part au commerce de I'Europe avec les contrees lointaines a vingt md- lions de livres sterling par an, une economie d'un dixieme cquivau- drait a deux millions de livres sterling ; chaque jour perdu jusqu'a I'organisation et a lamise en oeuvre du plan propose par le lieutenant Maury, greve les intcrets maritimes d'une depense inutile d'au moins six mille livres sterling, 150 000 fr., sans tenir aucun compte des vaisseaux de guerre du monde. II est evident qu'en faisant la traversee en moins de temps, on n'epargne pas seulement des pertes aux marchands , aux armateurs , aux assureurs , on dimmue en meme temps les chances laiss^es a I'invasion des maladies perni- cieuses ; au lieu de perdre leur temps, sinon leur vie , dans les lo- calit^s malsaines, sous des pluies incessantes, dans des calmes ac- compagnes de chaleurs excessives, les marins, a bord des navires dont on aura abrege la traversee, resisteront k cette traversee et navigueront dans des circonstances beaucoup plus favorables. » ( La suite ait prochnin numero. ) ACAD^liE DES SCIENCES. SEANCE 1)1) 2 OCTOJiRE. M. Guerin-Meiineville lit une Note siir une apparition extraor- dinaire de monches nuisibles aux cerenles [chlorops lincata. Guer.) rewiies par myriades, le 1*'' octobre 1854, dans un appartevient dont les fenetres avaient ete laissees oiwertes depuis deux jours. « Hier diinanche, 1" octobre, dit M. Gueiin-Menneville, en entrant dans une chambre au second etage de la maisoii de campagne de madaine veuve Panckoucke, a Fleury-sous-Meudon, je fus frappe de la couleur noire du plafond et des corniches, ordinairement si blancs et si frais, et je reconnus bientot que cette couleur dtait due a, des myriades de petites mouches qui etaient venues s'abriter dans cette piece. » Ces mouches etaient la depuis le vendredi 29 septembre, et la femme de chambre avait en vain e-pou^sete le plafond avec un plu- ineau pour les chasser, laissant les fenetres ouvertes afin de per- mettre au nuage d'insectes qu'elle avait souleve, de sortir. En en- trant avec M. Guerin-Menneville dans cette chambre, le dimanche matin, elle lui avait affirme que le nombre de ces mouches, loin d'a- voir diminue, s'etait encore accru. M. Guerin-Menneville, apres avoir expose les observations qu'il a faites sur ces mouches, parle des nombreux parasites qui les ac- compagnent. Ces parasites appartiennent au groupe des hyme- noptores chalcidites, cr^e pour limiter la multiplication d'un grand nombre d'insectes qui couvriraient bientot le globe sans ce cor- rectif. Ces parasites suivent leurs viclimes, hivernent avec elles, et se trouveront prets a deposer leurs oeufs a cote de ceux de ces mouches, quand celles-ci, aux premiers jours du printemps, iront inftLrter nos jeunes bles. Ces mouches nuisibles ont ^t^ decrites pour la premiere fois par Linnee en 1746, et en 1781 par Fabricius, qui les a nominees musca lineata. M. Guerin-Menneville en a donne une nouvelle des- cription plus complete et de bonnes figures dans les Memoires de la Societe centrale d' agriculture (1842, p. 380), a la suite d'un travail de M. Herpin. II resulte de ces observations qu'elles pro- duisent deux generations par ann^e, dont la premiere s'attaque aux jeunes plants du ble, en faisant avorter un grand nombre de tiges, et la seconde aux bles prets a montrer leurs epis, en empechant ceux-ci de sortir de leur gaine et de se developper. Ces deux gene- rations occasionnent des pertes sensibles et plus ou moins grandes suivant les annees. GOSWOS. 409> On n'avait jamais observe de ces reunions de mouches des bles autour de Paris, mais ce phenomene a ete vu, dans des proporLioiis encore plus considerables en Pologne, oil M. Waga a trouve les plafonds des appartements de plusieurs maisons et le vaste dome de rObservatoire de Varsovie, entierejiient couverts et noircis par des mouches de la meme espece. M. Guerin-Menneville a joint a ce travail des dessins representant la larve de cette niouche dans les jeunes tiges du ble et dans le chaume, et il avait depose sur le bureau des bocaux remplis d'une quantite innombrable de ces pe- tites mouches vivantes. — M. Chevreul, qui est devenu depuis plusieur.s annees I'expo- siteur et le soutien des recherches photographiques, et, plus spe- cialement, des travaux de M. Niepce de Saint-Victor, le neveu de Joseph Nicephore Niepce, M. Chevreul est venu montrer aujour- d'hui a I'Academie de nouveaux produits de gravure photogra- phique obtenus par les procedes de ce dernier photographe. Tout en faisant passer sous les yeux de ses confreres le portrait de I'Em- pereur, dessine par la lumiere, grave par madame Riifault, et re- touche par M. Riffault, M. Chevreul n'a pas manque de faire ap- precier tout ce que les m^thodes heliographiques avaient gagne entre les mains du neveu de Nicephore Niepce. C'est bien encore le bitume de Judee qui constitue la couche sensible, mais I'emploi de la benzine et de I'essence de citron, comme dissolvants de ce corps, a permis de reduire le temps de I'exposition de huit heures a tiois- quarts d'heure, et certes, la plus grande rapidite possible n'a pas encore ete atteinte, Le vernis actuel, dont M. Niepce de Saint- Victor s'est servi pour obtenir les dernieres epreuves, est compost de deux parties de bitume judaique, quatre-vingt-dix parties de benzine et huit parties d'essence de citron. M. Niepce s'est apergu que I'exposition d'une dissolution de bitume a la lumiere, et surtout la conservation du bitume dissous, changeaient les pro- prietes de ce corps d'une fa9on remarquable. Ainsi, une solution gagne en sensibilite jusqu'a une certaine epoque apres sa prepara- tion, puis son impressionabilite diminue, et elle finit par disparaitre a peu pres compl^tement. Cela tient, sans doute, a des groupe- ments moleculaires particuliers (jUi prennent naissance sous Taction de la lumiere ou du temps, et qui font des particules du vernis au bitume quelque chose de fixe et d'insensible aux vibrations lumi- neuses. M. Niepce de Saint-Victor a reconnu, pendant le cours de ses recherches, qu'il y avait moyen de distinguer les huiles essen- tielles en deux classes bien caracterisees. La premiere comprend ^10 COSMOS. ceux de cos corps qui, verses dans les ethers, en troublent motnen- tandment la transparence. La seconde contient les essences qui, ne troublant pas les ethers, font naitre un nuage opalin dans la ben- zine. Le vernis au bitume de Judee, expose aux vapeurs des es- sences de la seconde classe, acquiert une solidity qui permet aux acides d'attaquer profondemerit la plaque d'acier sur laquelle il a ete depose sans faire ecaillerla couche proteclrice des parties blan- ches de I'image. L'essence qui se prete le mieux a cette operation, c'est Tesscnce d'amandes ameres. ]\I. Milne Edvv.irds presente quelques cocons de vers asoie du ricin, obtenus par iui des hoinbyces qu'il avait presentes il y a quelque temps a I'Ac^demie. II fait passer aussi sous les yeux de ses confreres un echantilloii de soie filee de ces memes vers, qui Iui adte remis par M. Gucrin-Menneville. M. Le Vorrier apporie les pieces principales de sa correspon- dance astronomique. Ces pieces consistent en une lettre d'un astro- nome italien, contenant le calcu! de I'orbite de la petite comete recemment observee; en une autre lettre de M. Bodmer, aslronome de Leyde, qui a calcule I'orbite de la derniere petite planete, la 30^ decouverte par M. Hind ; et enfin en un feuillet de la corres- pondance astronomique de M. Gould, qui apporte la position d'un 31" asteroide decouvert le 2 septembre, a Cambridge, par M. Fer- guson. Voici la position de ce nouvel astre et celle d'Egerie, dont il se trouvait fort rapproche : T. M. Washinglon. "■ Septembie 2 M^ 31"' 8- l'' 52"' 10',6 2° 57' 4'' (Kgerie) 2 11 27 18 1 52 34 ,0 2 57 56 "■ —M.Cauchy apporte unremede centre la maladie delavigne.Ce remede qui, au dire du savant math(5maticien, aurait eu une en- tiere reussite, consiste tout simplement en chlorure de sodium dis- sous dans I'eau froide (1 livre de sel pour 3 litres d'eau) dont on baigne les ceps en ivWmi d'en mouiller les feuilles. Des com- missaires ont et(5 nomm6s pour examiner Taction de ce remede; esp^rons que cette fois la vigne aura enfin rencontre un bon me- decin . — M. Velpeau presente deux brochures, I'une de M. Giraudet sur Taction du chloroforme, I'autre de M. Stoltz sur I'operation cesa- rienne. M. Giraudet, regardant la mort par le chloroforme comme une veritable asphyxie, croit pouvoir Tdviter en donnant au dia- phragme des opdres la plus grande liberte possible de mouvement. M. Stoltz discute au point de vue medical et au point de vue philo- COSMOS. ill sophique la question si debattue des accouchements provnqu^s ou prematures, et celle bien autrement grave des avortemeiits aux premiers mois de la grossesse pour les femmes a bassin mal con- fortne. II cite en faveur de I'operatioii cesarieniie les iiombreux succcs de ses devanciers, et ceux assez iiombreux qu'il a eu locca- sion de constater ou d'obtenir lui-meme. Sur 6 operations faites par M. Stoltz, aucune n'a inanque pour I'er.fant, 4 ont sauvc aussi la mere. L'habile operateur cite 17 autres cas egalement couroiinesde succes; ii annonce avoir opere 2 fois la meme personne et I'avoir sauvee deux fois. Mais toutes ces operations remarquables ii'expli- quent pas encore pourquoi I'operation cesarienne qui r(5ussit partout ailleurs manque toujour.s u Paris. Ce n'est pas bien certainement faute d'operateurs; les Dubois, Baudeloque et bien d'autre?, accou- cheurs illustres ont vu leurs malades succomber a i'operation sans avoir pu decouvrir la cause de tels insucces. M. Stoltz promet de s'occuper des conditions de reussite de I'operation cesarienne afin d'expliquer la fatalite qui pese sur les operateurs de la capitale. — M. Regnaultfait connaitre les resultats de nouvelles recherches entreprises par M. Bechamp sur I'amidon et sur les etats par les- quels il passe avant de se transformer en dextrine. " J'ai eu I'honneur, dit M. Bechamp, de presenter a I'Acad^mie, le 2.5 juillet 1853, une note dans laquelle j'annon^ais la regent^ra- tion de Tamidon de son derive nitrique, la nitramidine . Pour affir- mer ce fait, je m'etais fond^ sur ce que I'iode colore en bleu le pro- duit obtenu. Une publication de M. Blondlot est venue jeter du doute sur ma premiere interpretation. Voila I'origine du travail que j'ai I'honneur de presenter a I'Academie. Par des recherches sur la xyloidine que, jeme propose de publier bientot.j'ai ete amene aetudier Taction del'acide nitrique, de I'acide sulfurique, de I'acide acdtique cristallisable, du chlorure de zinc et enfin celle des alcalis caustiques sur la fecule. Tous les chinn'stes savent que la fecule subit, avant de se trans- former en dextrine, une premiere modification que Ton a nommee dextrine colorable par I'iode. J'essaie de prouver dans ce travail que I'indissolubilit^ de la fecule ne tient pas a son organisation et qu'il existe en r^alite une modification de cette substance qui est soluble dans i'eau froide, et intermediaire entre la fecule insoluble et !a dextrine pure. En effet, si Ton traite la fecule par I'acide nitrique tres-concen- *.re (melange a parties egales d'acides Az 0^ 4 HO et Az 0^ HO), eile se transforme d'abord en un empois epais qui finit par se dis- 412 COSMOS. soiulro dans un cxcos d'aculo. La liijueur obtenueest integralement soluble dans I'eau, il ne s'etail done pas forme de xylo'iJine. Mais si Ton ajoute siifBsamment d'alcool concentre, toute la fecule se se- pare sous la forme d'une masse poissante qui, lavee a I'alcool, se r^- duit en une poudre blanche parfoitement ueutre au papier de tour- l■^e^ol. Cette njatiere est deja un peu soluble dans I'eau froide, mais les 9/10 y sont insolubles. Si, au contraire, le melange visqueux de fecule et d'acide est abandonne a lui-meme pendant 48 a 60 heures, ou chauffe jusqu'a apparition de vapeurs rutilantes, ii se liquefie completement, et la fecule peut en elre separee tout entieie par I'alcool concentre. Le produit, lave a I'alcool faible pour enlever I'acide qui y adhere, est desorniais completement soluble dans I'eau froide. Dans tous ccs cas, matiere dissoute et matiere insoluble sont co- lorables en bleu par i'iode. Un melange epais de fecule et d'acide sulfurique concentre SO' HO, traitc par I'alcool, apres environ 4 minutes de contact, se compoi'te tout a fait comme le melange de fecule et d'acide nitrique, c'cst-a-dire que la fecule en est integraleraent separee et qu'elle est devenue en partie soluble dans I'eau froide. Au contraire, si le melange de fecule et d'acide sulfurique a ete abandonne a lui-meme pendant 1/2 heure, la fecule que I'alcosl en sdpare est devenue completement soluble dans I'eau froide. L'acideacetique cristallisable. chaufl'e a 100° dans un tube scell^, avec de la fecule, la transforme en modification soluble dans I'espace de 3 a 5 heures, sans que les grains se deforment ou se dissolvent, ils sont seulement fondus (mais non exfolies) dans la region opposee au hile. Toutefois, suivantla duree de i'action, la fecule peutn'etre soluble que dans I'eau a 60". L'acide acetique ordinaire C* H* 0^ 2 HO agit plus vivement sur la fecule et peut la transformer en dextrine. Une dissolution concentree de chlorure de zinc fondu, par conse- quent bien exempt d'acide libre, transforme, a froid, la fecule en empois. Cet empois se liquefie au bout de quelques heures lorsqu'on le chauffe a 100". Le melange peut etre chauffe ju:^qu'a 140°, sans qu'il se forme trace de dextrine-, mais la fecule que I'on separe de cette dissolution par I'alcool peut, suivant la duree de la reaction, devenlr integralement soluble dans I'eau froide. Enfin, la fecule chaufifee dans une dissolution ires-coticcntrde de potasse caustique, peut perdre tout son azote a I'etat d ammo- niaque. Je me suis assurd de ce degagement d'ff N, non-seu- C0S5I0S. >WS lementpar le papier de tournesol rougi, inais encore en transformant cet alcali en chlorure double de platine et d'ammoniaque. Dans ce cas encore, si, apres avoir sature I'alcali caiistique par I'acide acetique, on ajoute de I'alcool, toute la fecule se separe, Une petite quantite est devenue soluble, mais la plusgrande parlie rests a I'etat de modification insoluble, non-seulement dans I'eau froide, mais meme dans I'eau bouillante. Jamais il ne se forme de dextrine sous I'influence d'une dissolution coiicentree de potasse ou de soude caustique. La fecule desorganisee insoluble, presente cela de particulier, qu'elle ne forme plus d'empois avec I'eau chaude , mais elle peut devenir fecule soluble ou dextrine sous I'influence des acides. Je donne, dans mon memoire, des details qui montrent, jusqu'a I'evidence, le passage insensible de la fecule insoluble a I'etat de fecule defiiiitivemeiit soluble. Ces experiences me paraissent meltre hors de dcute le fait que la fecule est, comme I'a montre M. Payen, insoluble dans toutcs ses parties , mais formee de couches de differents ages , dont les plus jeunes sont plus facileiiient alterables. Les proprietes suivaiites de la fecule soluble la distinguent nette- ment de la dextrine : 1° Elle est ccilnroe en bleu pur par la teinture d'iode ; 2" L'acide taniiique y occasioiine un precipitc cumnie dans la dissolution appareiite de la fecule ordinaire ; 3" Elle trouble I'eau de chaux et precipite abondamment I'eau de baryte. Toutes ces reactions sont negatives avec la dextrine. 4° Sou pouvoir rotatoire moleculaire est beaucoup plus grand que celui de la dextrine ; il est [a] y ^ 209° environ. C'est ce qui resulte d'un grand nombre de mesures que je donne dans mon me- moire. La dissolution de fecule soluble traverse assez facilement les pores d'une membrane animale. Enfin, il fallait encore prouver que la dissolution de la fecule so- luble difl'ere de la dissolution apparente de la fecule ordinaire. — Je ne citerai que la preuve suivante : Si Ton fait bouillir de I'empois dans I'eau, de maniere qu'il y ait un grand exces de fecule et que Ton filtre, la dissolution filtree ne contient guere plus de 0,338 pour cent de fecule. — Cette dissolu- tion etant concentres au bain-marie, se trouble, la fecule se separe, et le liquide filtre ne contient pas plus de matiere dissoute qu'avant 414 COSMOS. revaporation. Uno dissolution de fecule soluble au contraire, peut etre ovaporee en coiisistuiice sirupeuse sans se troubler. II est bon de renmrquer que la propri6te dont jouit la fccule de se colorer en bleu par I'iode , est indrpendante du peu de matiere azotee qu'elle renterme , puisque la fecule dont I'azote s'est dcgage a I'etat d'ammoniaque, sous I'influence de la potasse caustique, continue de bleuir sous I'influence de ce motallo'ide. Je me suis assure, de plus, que la fecule conserve sa proprieto de bleuir par Tiode en presence de la salive et d'autres secretions ani- males et que Tabsence de coloration tient en partie a la presence d'un peu d'alcali libre, mais surtouta I'influence d'une matiore ani- male, qui masque la coloration. •• — M. Serres lit un travail sur le cnracVere fanniqne de la Nou- velle-Hollande. Nousn'avons pu saisir ni lenom de I'auteur, ni les conclusions de ce travail. La correspondance depouillee par M. Flourens contenait : — Une these de M. Trouessard sur la theorie de la vision. Nous rendrons compte dans un des num6ros prochains et de cette these, et d'un livre sur la meme question que M. Vallee vient de faire pa- raitre. — Une note de M. Dumoncel sur ses precedes d'allumage elec- trique des mines et sur les avantages materiels que ce mode d'in- flammation peut procurer. — Un tableau pour I'expnsition du systcine legal des poids et mesures, par un instituteur du deuxieme arrondissement. — Une reponse de MM. Malaguti et Durocher aux observations de M.Vicat, relatives a leur premiere communication sur les chaux hydrauliques et sur le role que joue I'oxyde de fer dans ces com- poses. — Une preuve mecanique nouvelle, mais imparfaitement formu- lee, du mouvement de rotation du globe, par M. Rome. — Un nouveau procede pour la filature , imagine par M. Mierre. II paraitrait que I'auteur se scrvirait du vide pour faire penetrer ditf6- rentes substances dans les fibres a filer. Puis une foule de communications sur le traitement du cholera, bon nombre de pieces sur la direction des ballons, et quelques re- medes contre la maladie de la vigne. — M. Eugene Robert envoie, avec quelques remarques , im ^chantillon de roche creusee par des ursins. M. Valenciennes fait observer a cette occasion que c'est un fait bien ancien et des long- temps connu que la perforation des roches par les ursins; que le COSMOS. U15 Museum possbde des echantillons de roches ainsi creusees qui y ont ete deposes dii temps de Lamarck; que M. de Quatrefages en a ap- portelui-meme plusieurs autres, et qu'enfin le mode de perforation employe par les ursiiis avait el6 analyse et decrit par lui dans ses cours, lorsqu'il avait a entretenir ses auditeurs des animaux tere- brants^ — M. Legrand, professeur de physique a Montpeliier, adresse a I'Academie une note sur la theorie des refractions, note dans laquelle M. Leijrand parait lie pas partager les id^es de M. Faye. Les pieces dont nous venons d'indiquer les litres appartenaient a la correspondance de lundi dernier, que la longue discussion sur les refractions astronomiques n' avait pas laisse le temps de faire con- naitrc. Voici maintenant I'enumeration des pieces dont se cunipo- sait la correspondance de cette semaine. — Un Memoire sur la vegetation , par M. Boussingault, dont nous ne connaissons que le titre, mais qui sera insere en entier dans le Cosmos, aussitot sa publication dans les Camples rendus. La note suivante de M. Nickles sur I'aimantation : " Dans un Memoire presente a TAcademie, dans la seance du 14 mars 1853, et traitant de rallongeinent des barreaux aimantes et de I'influence qu'il exerce sur leur puissance attractive, j'ai admis en principe que I'attraction doit augmenter avec la distance qui si'-pare les deux poles du barreau, me fondant sur cette conside- ration, qu'en dcartant ces poles, on diminue les effets de neutralisa- tion qu'ils peuvent exercer entre eux ; apres avoir donne des preuves a I'appui, je fis voir que I'influence ^-ignalee a une limite a partir de laquelle elle change de signe, et qu'elle est nulle chez les electro- aimants disposes en fer a cheval (1), agissant k la fois par les deux poles sur I'armature. Ces faits, qui ont ete verifies depuis, permettent de presumer ce qui se passera lorsque, sans rien changer au courant ou a I'helice, on viendra a faire varier la distance qui existe entre les branches polairesd'un electro-ainiant bifurque ; car, en augmentant cette dis- tance, on augmentela masse de ferq'ii faitpartiedel'aimantou, cequi revient au meme, on en allonge les branches polaires, ce qui consti- tue une tendance a I'augmentation de la force ; ensuite, on diminue la chance de neutralisation qui pourrait se produire entre les deux poles, d'oii resulteune autre tendance a I'augmentation de la force. On s'aper^oit facilement que les deux tendances ne sent pas de (1) Et uon pas seulement cliez ceux qui sonl gariiis de fils dans loiile leur longueur, conime on me le fait dire dans quelques ouvrages publics a relranger. 416 COSMOS. jneiiie espece ; I'une peut etre nulle, dans un cas donne, quand I'autre a tout son effet ; par I'ecartement des branches paralleles on ne change rien dans la situation respective des helices et du fer in- duit, mais on change beaucoup la position des poles a I'egard de I'annature, car il est Evident que celle-ci intercepte plusde rayons niagnetiques quand les poles sont ecartes que quand ils sont tres- voisins. Dans le cours de mes recherches sur les electro-aimants circu- laires, j'ai ete souvent a meme de verifier ce point de vue, et comme les lois de ces derniers sont les meines que celles qui regii'sent les dlectio-aiiiiants bifurques, on pouvait prevoir que recartcmeiit des poles serait egalement pour quelque chose dans la puissance de ces aimants. Tous les physiciens ne sont pas de cet avis, et M. Dub, entre autres, vient de se prononcer formelleiTient pour I'opinion contraire (1 ), a la su;te d'experiences dont on ne saurait nier la precision. Les faits que j'ai a faire connaitre ne contredisent pas les resultats de ses observations, mais ils infirment les conclusions qu'il en tire. Pour mieux le prouver j'opererai, conime lui, avec des electro- aimants bifurques. L'appareil consiste en un electro-aiinaiit en fer a cheval, dont I'une des branches est mobile et susceptible d'etre de- placee ; I'armature dejonction avec laquelle ces branches forment le fer a cheval est une barre de fer rectangulaite, d'une longueur ap- propriee, niunie dune rainure dans le sens de I'axe ; la branche fixe est rivee a I'une des extrc^mit^s de cette rainure, la branche mobile est munie d'un epaulement qui lui permet de voyager dans la rai- nure, des trous pratiques de distance en distance dans la piece de jonction permettent de fixer, au moyen d'une cheville, la branche polaire qui est destinee a etre deplacee. Les deux branches se ter- minent en lignedroite aleur extremite inferieure; I'extreinite sup^- rieure est recourbee; le rayon de la courbe est plus grand que le rayon de la bobine, de sorte que les deux poles peuvent etre amenes jusqu'a se toucher par un de leurs cotes, si on rapproche suffisam- ment les deux branches. Du reste, le contact immediat n'est pas necessaire a la demons- tration ; mais comme, d'un autre cote, on peut indefiniment ecarter les branches, il est aise de se placer dans des conditions extremes et de decider, du premier coup, la question en lilige. C est aussi de (1) Annates dc Poggendorff, I. xc, p. 451. COSMOS. 417 cette manifere que j'ai precede, en me servant d'un courant de la Constance duquelje m'assurais al'aide d'une simple boussole. nlSTAKCE tNTRE LES POLES. ATTRACTION. Courani b Courant d S feiiilles de papier a leltre 14 — lo''''^ bi^^^ 120 millimeires. 18 65 On le voit, la difference est notable; maintenant, il s'agit de sa- voir si ces nombres expriment des limites ou s'ils continuent a. gran- dir avec I'ecartement des poles ; il me fut aise de reconnaitre qu'avec les intensites en jeu, I'attraction ne grandissait plus a. partir de 12 centimetres d'ecartement; que la distance favorable a I'accrois- sement augmentaitavec la puissance magnetique developpee, qu'elle diminuait quand le courant diminuait lui-meme ; c'est ce que Ton peut voir dans le tableau suivant, qui contient quelques-uns des re- sultats que j'ai observes a diverses intensites : les elements employes ^taient de grandes dimensions ; les branches de I'electro-aimant avaient 15 millimetres de diametre et 9 centimetres de longueur ; les bobines contenaient chacune 47 metres de fil de 1 millimetre d'^- paisseur; I'armature etait un cylindre de fer de 15 millimetres d'e- paisseur et de 30 centimetres de longueur. DISTANCE ENTRE 1,FS POLES, ATTRACTION, COURANT. e b c d Epaissem- d'l feiiille de pajiier 5"^'^ lOl^" 17'''^ iS^'l Id. de 8 id. 8 14—15 22 52 0^025 10 IG 23 55 0,045 10 18 25—26 58—59 0 ,120 9 18 £7 65 0 ,220 7 18 27 66 0 ,280 5 15 27 66 Ces resultats ^tablissent une analogic de plus entre les electro- aimants bifunjues et les electro-aimants rectilignes (1); on voit que les nombres exprimant la puiss-ance d'aimantation s'accroissent d'abord regulierement comme chez ces derniers ; qu'ils decroissent ensuite apres avoir passe par un point d'arret, variable avec I'inten- site du courant ou du magn^tisme developp6 ; dans I'un et I'autre cas la s^rie se compose des trois termes -{-, 0, — qui se produisent sui- vant une courbe parfaitement reguliere. Le magnetisme lemanent des electro-aimants employes se mani- feste dans le meme rapport apres I'interruption du courant ; I'arma- (1) Silimaifs araeric. J. of sciences, t. xv, p. 380. /vl8 COSMOS. ture tombe spontaiiement quand les poles sont a une faible distance I'un de I'autre ; elle reste suspendue quand celte distance a ete aug- nientt'o; enfin, elle toinbe de nouveau quand rccaitement depasse la liiiiile de la pr()i;ression croissante. Des faits analogues out ete observes avec un dlectro-aimant circu- laire construit ad hoc; ij se compose de deux disques en fer de 9 cen- timetres de diametre et de 2 cenlimetres d'ei>aisseur, evides a une profondeur de 8 millimetres; ces deux disques sont rapport^s a frotteinent sur un moyeu de 3 centimetres et demi d'epaibseur; la boliine est enroulee sur ce moyeu qui est assez court pour pouvoir etre emprisonne par les disques evides; ces derniers sont mobiles et peuvent etre ecartes a volontedepuis le contact intimejusqu'a 15 mil- limetres. Avec cet appareil, raccroisseirient de force, produit par I'dcartement des cercles polaires, est tellement sensible qu'on le re- connait au simple attouchement avec une armature, malgre les di- verses causes qui lendent a produire I'eflet contrau-e. Voici quelques resullats : DISTANCE ENTRE LES CERCLES. ATTRACTION. Couraiil a r.uiiii;n /> Contact i^'^ ll;2kn Epaisseur d'l feuille de papier . 3 5 1 millimetre 5 10 2 id 9 12 — 13 10 id 9 IS 14 id 7 15 Ces faits, ajoutes aux precedents, expliquent les resultats ob- tenus par M. Dub, ainsi que les conclusions qu'il en tire. Ce physi- cien n'ayant pas assez etendu la limite de Tecartement des branches de ses electro-aimants (2 pouces et demi a 5 pouces un quart), a ob- tenu des nombres a peu pres invariables, analogues a ceux que j'ai moi-meme obtenus dans ces circonstances ( tableau 2 ) . Conclusions pratiques. — Au nombre des diverses conditions auxquelles il faut avoir egard, dans la construction des electro- aimants rectilignes, bifurques ou circulaires, il faut placer, desor- mais, le soin de donner aux poles un ecartement approprie a I'in- tensitd magnetique que I'on se propose de developper ; la distance moyenne que I'on pent adopter pour les electro-aimants bifurques de dimensions ordinaires, peut varier entre 6 et 12 centimetres, ce qui represente I'ecartement generalement usite. II faut absolument re- jeter des dispositions du genre de celles dont on trouve un exemple COSMOS. ^19 dansl'ouvrage intitule le Telegrnphe electro-magnetique americnin, disposition dans laquelle on s'eflbrce de rapprocher les poles de ma- niere a les ait)ener presqu'au contact. - M. Cadet ecrit avoir reconnu dans les matiores fccales des choleriques, una matiere muqueuse composite de fausses membranes, parmi lesquelles s'agitaient des vers. M. Hossard remercie les savants qui ont i)ien voulu citer avec tant de bont6 ses recherches sur les refractions geodesiques. II promel en meme temps d'envoycr une note dans laquelle il es- saierade preciser davantnge son idee surcette question aujouri'hni si controversee, afin qu'on ne lui prete pas des vues qu'il n'avait point lors de la redaction de son travail. II adresse en outreune note sur I'emploi d'un bain de mercure en remplacement du niveau dans les opt^rations geodesiques. M. Dumoncel adresse une nouvelle note sur les mines en- flammees par I'electricile. Des calculs precis ont demontre que I'ef- fet de ces mines etait a celui des mines ordinaires dans le rapport de 6 a 5. M. Boubee continue d'etudier la marche geologique du cho- lera, et promet I'immunite aux payssitues sur des micaschistes. M. Desiderio eiivoie une therapeutique generale et une theo- rie nouvelle de Taction des medicaments sur le corps humain. — Enfin la seance se termine par la presentation de deux memoires de M. Breton (de Champ) que M. Babinet analyse d'une maniere rapide devant I'Academie. L'un de ces deux me- moires est destine a signaler une erreur dans la definition que Ton donne generalement des lignes Aefaite et de thalweg, c'est-a- dire de partage et de reunion des eaux qui coulent a la surface du sol. Ces lignes remarquables rencontrent a angle droit les lignes de niveau et on admet, a tort , suivant M. Breton (de Champ) quelles sont le lied des points des lignes de niveau oil la pente de la surface est iin minimum. l\ prend pour exemple la surface engendree par un cercle horizontal dont le centre est assujetti a glisser sur une helice tracee a la surface d'un cylindre droit vertical. Si on appelle a la pente de I'helice directrice, r le rayon du cercle generateur, j la distance d'un point de ce cercle an diametrc qui rencontre I'axe du cylindre, la pentede la surface, en ce point, est exprim6e par la for- mule — . Sa valeur minimum correspond par consequent a r = r y . , ■ ainsi qu'on peut le voir d'ailleurs par des considerations geom^n- ques trbs-simples. Les points pour lesquels la pente de la surface Z»20 COSMOS. sur chaque section horizontale est ainsi uii minimum, forment deux helices, et d'apres la theorie admise , ces deux helices devraient reuconlrer a angle droit toutes les lignes de niveau. Or, elles les rencoiitrent sous un angle qui a pour tangente trigonometrique — , R etant le rayon du cylindre, et qui ne peut etre droit, que pour /• = 0, auquel cas il n'y a plus de surface engendree. La definition rappelee ci-dessus est done erronee. L' autre note de M. Breton (de Champ) a pour objet les erreurs dues a rexcentricitc de I'alidade dans la levee des plans a la bous- isole. On les neglige habituellement, soit pour abreger la duree des des operations sur le terrain, soit parce qu'elles sont du nieme ordre que quelques autres erreurs qu'on ne peut paseliminer. M. Breton (de Cliainp) a cherche a se reridre compte de la deformation qu'el- les produisent dans un polygene ABC...H, leve par la methode ordinaire de cheminement, c'est-a-dire en statiomiant successive- ment aux somniets ABC... et mesurant I'azimuth et la longueur de chaque cole. II suppose que tons les angles ont ete observes, comme cela se pratique d'ailleurs, avec la lunette a droite de la boussole. Dans ces conditions, il parvient a la construction tres- simple que voici : Ln iig/ie poJygonale ABC...H etniit rapportee sur le papier, tracez-eii line seconde abc.h dont les cotes ab, be, ... soicnl res- pectu'ernent parallel es aux cotes AB, BC. . de la premiere , et tons egaiix a l excentricite de lalidade. La diagonale ah vienee du point a au somniet quelconque h de ce polyglone auxiliaire sera egale en grandeur et perpendiculaire en direction au deplacement qn aura subi le sommet correspondanl H par t effet des erreurs dues a F exceutricite de lalidade. — Nous nementionnerons point ici les traitements centre le cho- lera, les medecines ponr la vigne, les artifices pourdiriger les bal- lons, et les decouvertes de mouvements perpetuels qui n'ont pas plus manque aujourd'hui qu'a toutes les autres seances. G. Govt. VARIETES. M. Verdet a exprime dans les termes suivants les conclu- sions de son nouveau travail sur les proprietes optiques des corps transparents, soumis a Taction du magnetisme : » Dans cette nouvelle serie de recherches, j'ai dfl recourir a la dis- position experimentale dont M. Faraday avail primitivement fait usage, et qui consisle a faire passer le rayon lumineux un peu au- dessus du plan des bases d'un electro-aimant ordinaire en fer a che- val. 11 est clair que Ton peut ainsi donner a I'axe de la substance transparente et au rayon lumineux telle direction que Ton voudra par rapport au plan de symetrie de Telectro-aimant et cons^- quemment par rapport a la direction de Taction magnetique ; mais il n'est pas moins evident que, pour la rigueur des experiences, il importe que Taction magn^tique soit constante en grandeur et en direction dans tout I'espace qu'occnpe la substance transparente. Cette condition n'est pas satisfaite lorsqu'on emploie les electro- aimants cylindriques qui se trouvent dans les cabinets de physique; on y satisfait aisement en fixant au-dessus des bases de ces electro- aimants deux fortes armatures en fer doux, presentant en regard I'un de Tautre deux bords rectilignes et paralleles d'une assez grande etendue, Dans mon appareil, ces deux bords rectilignes avaient 16 centimetres de longueur et etaient separes par un inter- valle de 8 centimetres. " Le rayon lumineux, reflechi horizontalement par un heliostat et polarise par un prisme bi-rcfringent, conservait une direction in- variable; il arrivait normalement sur la substance transparente, qui gardait aussi constamment la meme position. L'electro-aimant seul etait mobile et tournait autour d'un axe vertical passant a peu pres par le centre de la substance transparente. Afin de corriger les er- reurs qui auraient pu tenir a un defaut de sym6tne dans Tarran- gement de Tappareil, on repetait chaque observation deux fois, en faisant tourner successivement T electro aimant d'un meme angle a droite et a gauche de sa position primitive. " Les resultats des experiences peuvent, se formuler d'une iiia- niere tres-simple. Quelle que soit la direction du rayon lumineux par rapport a la direction de Taction magn6tique, le phenomene op- tique observe n'est jamais qu'une rotation du plan de polarisation, et cette rotation est proportionnelle au cosinus de I'angle compris entre les deux directions dont il s'agit, proportionnelle par conse- quent a la composante de Taction magnetique parallele au rayon de ^22 COSMOS. luniii^re. J"ai vcrific cctte loi sur les substances cHuciiees dans mon procodent niemoire, le verre pesant, te flint ordinaire et le sulfure de carbone, etj'ai otendu mes experiences jusqu'a des angles de 80 deo-res, comiHisentre la direction du rayon luiiiineux et celle de Taction magnetique, » CONSTITUTION DE LA EETINE. Le compte rendu des seances de I'Academie imperiale de Vienne contient, dans son nurnc^ro de decenibie 1853, un memoire de M. Maximilien de Vintschgau sur la structure jnicroscopique de la retine de rhoinme, qui nous parait digne de fixer I'attenlion des physiologistes et des physiciens. Afin d' observer la retine. M. de Vintschgau pla^ait des yeux tres-frais dans une dissolution d'acide chromique, et les y laissait trois ou quatre semaines, c' est-a-dire jusqu'a ceque, I'acide ayant p6n^tre suffisamment les membranes de I'oeil, la retine se trouvat avoir acquis assez de consistance, pour se laisser couper en lanieres tres-minces, sans que Ton eut a craindre un deplacement de ses elements constitutils. Coupee ainsi en lame mince par deux plans tres-rai)proches, paralleles entre eux et a I'axe de I'oeil, la retine presente six couches distinctes dans I'ordre suivant, a partir de la choroide : 1" couche des cones et des bdtontiets; 2° couche granuleuse externe ; 3° couche gramdeuse interne; 4" couche moleculaire ; 5° couche des cellules jien>euses ; 6° couche des fibres optiques. La couche des bdtonnets [a, b, c, d, Jig. 1) se compose de trois Elements , a savoir : des bdtonnets , des cSnes et de petits corps spheriques semblables a ceux qm sa ren- contrenl chez les autres animaux. Les bdtonnets ( «)^^"t cydmdri- nue^ longs environ de 0-»,014, et du diambtre de O--, 0010. lis refra'ctent fortement la lumiere et forinent une sorte de pdotis a COSftlOS. ^23 la surface externe de la retine. L'extremite des hdtonnets qui re- garde la choroide est aplatie, tandis que I'autre bout, tourne vers la coucke granuleuse, s'amincit et se prolonge bien avant dans les autres couches sous la forme d'un filament tres dolie , nomme fibre radiale. Les cones (r)sont munis du meme appendice; ils ont une forme ovoide allongee, leur hauteur est entre 0'""',015 et 0""",02(), leur plus grande largeur n'est que de 0"'™,0034 a 0""",0068. Ces cones renferment une matiere granuleuse et ont a leur centre un noyau tres-distinct (c/), large d'environ 0""", 0068. Ils sont relics entre eux par de petits processus qui prenneiit naissance sur leurs pailies latcrales pres de l'extremite interne. Ces processus constituent une sorte de reseau qui separe la couche hacilliforme de la couche nucleolaire voisine. Quant aux petils corps spheriques [b], ils se trouvent sur le bout exterieur des cones comme dans les autres animaux, on leur reconnait un dia- metre variable entre 0'"™,0034 et 0™'",0044. lis ne prdsentent pas de coloration dans I'homrae comme chez les oiseaux. Sur la tache jaune et un peu au dela de cette tache, on ne rencontre que des cones ^ dont chacun porte un hdtonnet, on n'y voit meme parfois que des cones tres-serres qui ne laissent aucune place pour les autres Elements. La couche granuleuse externe [e,f] est consti- tute par de petits corpu.scules ronds munis de processus excessi- vement delies, qui s'elancent dans toutes les directions, Chaque corpuscule a un nucleole a son centre, quelquefois aussi gros que son enveloppe, c'est-a-dire la reniplissant en entier. La couche granuleuse interne se compose de trois Elements : 1° corpuscules nucleolaires [h] semblables a ceux de la couche precddente ; 2° cor- puscules de forme allongee [i] faisant corps avec lesjibres ra- diaires [fig. 1, a] et paraissanten etre une expansion, leur hauteur est de 0""",0137; 3" cellules ai>ec noyau et nucleole [I] semblables aux cellules nerveuses; elles ont un diametre de 0'""',01 a 0""°,0137, leurs noyaux ont de 0""°,0034 a 0""",0044. Leur forme est tres-irreguliore [fig. 3), elles sont plus petites que les cellules ganglion nnires, hnrs processus sont moins longs; on les rencontre sur route I'epaisseur de la couche, mais plus particuherement a la limite qui la separe de la couche suivante. Entre la couche gra- nuleuse externe et I'interne, se trouve un intervalle [g) rempli de cellules spheriques tres-minces [Jig. 4), renfermant une masse mo- leculaire fort divis^e. Ces cellules abondent surtout pres de la tache jaune et des bords franges de la retine ; I'epaisseur de cet inter- valle est entre 0'""', 01 et O^'^.OIG. La couche granuleuse externe U2h COSMOS. augmente d'dpaisseur a mesure qu'elle seloigne du centre de la ra- tine, tandis que la couche interne s'amincit de plus en plus. La quatrieine couche, ou la couche molcculaire [in], a un epaisseur de 0'""',0-l:4 a 0™"',051; elle est formoe d'une substance nioleculaire tres-iine (peut-etre de micleoles] traversee par \e& fibres radlales qui donnent un aspect fibreux a cette couche. La cinquifeme couche est constitute par des cellules nerveuses [n] munies de noyaux, de nucl6oles et de processus, qui 'les relient aux fibres radlales et aux fibres optiques ; les fibres radlales, apres s'etre ramifiees dans la couche granuleuse interne, envoient quelques branches aux cellules nen'euses[/ig.'2, c], d'autres a la membrane limitante a travers la couche des cellules et celle des fibres optiques. Les cellules ner- veuses vont en diminuant du centre a la peripherie de la retine. A I'entree du nerf optique, elles forment ime couche de 0""",017 a Qmm 024 d'epaisseur, tandis que pres des bords franges, il n'y en a qu'une sdrie. Sur la tache jaune, I'epaisseur de la couche est de 0""",075 a 0'"'",079. La sixieme et derniere couche de la retine huinaine est formee "^duV V expansion du nerf optique (o) dont les fibres ont et6 bien observees et parfaitement dt^crites par ceux qui se sont occupes de ce sujet avant M. de Vintschgau; I'epaisseur de cette couche ^& fibres optiques est d'environ 0""\10, excepte sur la tache jaune, oil elle n'est tout au plus que de 0'""',017 ou de 0'"™,020. Toutes les observations, relatives a la tache jaune, prouvent qu'elle ne saurait etre un resultat de la putrefaction, corame quelques auteurs I'avaient prctendu. Cette tache, dont la decouverte est generalement attribuee a Soemmering, parait avoir etc observee et decrite avant lui en 1782 par Fran9ois Buzzi, chi- rurgien inilanais he'r^fibres optiques sont reunies en faisceaux, au milieu desquels s'insinuent quelques branches des fibres r-adiales qui vont rejoindre la membrane limitante. Quant a celle-ci, on la dit rccouverte d'un epithelium a sa surface interne, le fait est qu'elle adhere fortenaent a la membrane hyalo'ide. La retine se termine aux ora serrata par dc-i b(]rdri dcnteles [rnargo undulato-dentatus] ; la iiiembrane limitante couvre la face interne des proccs ciliaires dont elle est separee par une couche de cellules ovales, a membrane tres-mince, ayant un noyau distinct, portant des processus tres-petits, et renfer- mant de la substance moli^culaire. Lesvaisseaux sanguins dela r6tine se distribuent tous dans I'epaisseur de la couche Aes fibres optiques. A. TKAMbLAY, propiietnire-i;era/>t. TAIIIS. i.\IPRIH£UIE DE W. REMQUET ET clc, RIJE GARA.NCIERE. 5. T. V. l3 OCTOBUE l854, TROISIEME ANNEE. COSMOS. ASSOCIATION BRITANNIQUE [pour l'a vancement des sciences. CONGRES DE LIVERPOOL. Liverpool, 30 septembre. " Mon cher monsieur Tramblay, « Maintenant que les travaux si actifs du Congres scientifique de Liverpool out cesse, que le calme a succ^dd a une agitation bien- heureuse, mais excessive, que, rentre dans ma charmante chambre de Birkenhead d'oii la vue s'dtend sur les beaux jardins de Hamilton square, sur la Mersey, qui est moins une rivifere qu'un bras de mer et au loin sur les docks de la Cit6, Reine du commerce maritime, je puis donner un tranquille cours a ma pensde et la liberty a ma plume; il est temps de vous dire mes impressions et de commencer a faire entrer les abonnes du Cosmos en possession de la moisson queje suis venu, pour eux, chercher si loin. » Einbarque au Havre le samedi 16 septembre, avec MM. Fou- cault et Bernard, de Bordeaux, sur le Shamrock, un des o-rands bateaux de la coinpagnie Cunard, j'ai debarque a Liverpool , le mardi 19 a dix heures du matin , apres une traversee de soixante heures et une nuit passde dans le port a bord du paquebot. C'est presque un voyage de long cours, et il faut du courage pour I'entreprendre. Quoique la mer fut assez calme, nous avons passablement souffert ■ la journee du dimanche nous a paru excessivement longue ; il y avait un rude apprentissage a faire. " Aussitot apres notre arriv^e a Liverpool, nous somraes alles a Saint-George-Hall, et la nous avons rencontrd un homme vraiment admirable, M. Archer, de Custom-House , qui est devenu tout a coup pour nous un ami et un frfere. M. Archer a etd lame du Con- gres de Liverpool ; c'est lui qui a donnd la vie organique a ce corps immense ; il en a dirige tous les mouvements si difficiles avec une r^gularite qui est restee pour moi un mystere; c'^tait, comme l'a si bien dit sir Roderick Murchison, I'ubiquitd en personne; on le trou- vait a toutes les portes de toutes les salles, a toutes les reunions;. i5 &26 COSMOS. il ^tait tout a tous; il etait si bien tout a nous qu il nous semblait difficile qu'il put etie aux autres; les autres sans doute le sentaient aussi loul ;i (ux, et a cptte activite ilevorante s'uni^saiellt uiie pa- tience inaliorable. une douceur de iriaiiieres et de langiif^e qui d^pas- Sent les limiles du poss ble. C'est a M. Archer, disait encore sir Murchi.-^on dans le charinant banquet deSainte-Helfene, que 1 Asso- ciation br tannique doit son succes de Liverpool ; c'est a M. Aicher que nous devons d'y avoir r( 9U une si cordiale hospitalite. li avait choisi a i'avance les maisons que nous devious habiterj il m'avait menace a nuu, pretre cath()li|ue, une reception aussi douc^ qu'on puisse la trouver ici-bas, chez un de ses amis, calholi()ue fervent, avoue ou Solicitor a Liverpool. Je n'essaierai pas de dire conibien i'ai tri) ve .i'anie, de iceur, d'altentions, d'egards chez M. et M"*" Brolhertnii ; la letlre touchante qu'ils ni'ont ecrite a inon depart m'a vivcment emu. MM Duboscq el Bernard occupaient tout pr^s de tool un bel aiiparlement chez M. et M™*' Hilliard, qui, sans sa- voir un luot de Iran^ais, onl su leur prodiguer les soiiis les plus enipns.-e.>. M M. Leon Foucault a re9ii une hospitalite princiere a Thingwall- Hall, niagnifique habitation de M. Samuel Thompson, a 4 milles de L:ver|innl; il y etait sous tous les rapports comme un coq en pate, admire, tele, choye, et il pouvait d'autant mieux gouter les charmcs de ce delicieux sejour que M. et M"'" Thompson parlent notre laiiuue, presi|Ue comme deh Fran9ais. '. Le meicredi matin nou> sommes alles a St-Georges-Hall nous faire inscii e et prendre nos billets d'entiee; la nous appiiines que les ^tranger^ font partie de dr^ii du comite general, et n'ont absolu- ment ri'ii a jiayer. Ceit^ carte d'entreenous montra d^s I'abord ccrn- irent les Aug ais -avent (aire les choses , elle est lithographiee et cou- verte de ifiiseitjoements utiles ; 011 voit sur I'une de ses faces un plan com put du supi rbe [)alais de la Cour des Assises et de la .-alia St-Ge(/r^v.s quiouvraient lei.r.s va>te> flancs au Congres, avec une 16- gende indi(|uatit pour chaque section le lieu oil elle de\ait se reunir : le rever^ de la carte denliee est reiripli par un plan topographiijue de Liverpool avec une legende aussi , et renumeiation des piinci- pales rue> , des meilleurs hotels, des 6tablis. emeiits qui meiitent d'etre viMie-, etc., etc. On distribuait en outre a tous les membres un plan ire>-delaill6 des deux villes de Liverpool et de Biikenhead, une cane iles environs figurant les lieux ipji pouvaient deveiiir des buts d' excursion ; un plan de Liverpool au moyeii age; le pro- gramme complet des t-eances du Congres; le tableau des excursions COSMOS. ii27 projetces, etc., etc. Chaque matin encore, on distribuait a profusion d'aburd les prograinines des travaux des sections pour la journ^e puis une foule d'indications secondaires, la lisle des meinbres du congres avec leur adresse en ville , les deliberations du comite ge- neral, les programmes des grandes soirees, etc., etc. Aucune de ces innoinbrahles iiripres>ions ne se fait attendre, tout semble sortir de terre commepar eiichanteinent. Cette prodigalitc d'iniprimes , for- niant un vaste ensemble de direction morale qui ne laissait rien a desirer, etait>urpassee, lecroirait-on, par une prodigalitedesurveil- lants, d'employes, decommis, de commissionnairesdont on ne pent pas se faire une idee ; ces agents formaient un ensemble plus vaste encore de direction materielle ou physique qui reiidaient impossible jusqu'a roiiibre d'un embarras, d'uiie hesitation , d'un faux pas; vous etiez comme porte par mille mains jusqu'au lieu oil vous vouliez aller a travers ces im menses galeries , et toutes ces mains etaient bonnes , empressees a vous servir, habiles a venir au-devant de tous vos desirs. Des qu'on s'apercevait que quelque besoin n'etait pas satisfait, on y pourvoyait sur-le-champ. M. Archer, craignant de ne pas pouvoir deviner assez ce qui pouvait etre agreable a ceux d'entre nous qui ne parlaient pas anglais , engagea , seance tenante, un interprete au prix enorme de 15 schelhngs par jour, et lui ordonna de se tenir a la disposition des Fran9ais; il aurait fait la meme chose sans sourciller pour les Allemands , les Italiens , les Espa- gnols, etc., etc. II y avait v^ritablement cohue d'employes, mais ce n'etait pas une cohue importune , bruyante ; aucuns cris , aucuns murmures, aucunes brusqueries , aucuns jurements , aucuns blas- phemes: le calme, la douceur, la complaisance partout. Quelpeuple grand et bon ! Des le premier jour , M. Archer, me prenant par le bras, meconduisait aux portes exterieures de I'edifice, et, me mon- trant plusieurs voitures, il les mettait a ma disposition pour toutes les heures du jour, en recommandant aux cochers de me conduire partout oil je voudrais, d'etre pleins d'egards, etc., etc. " J'avais attendu, pour donner, dans le Cosmos , une idee exacte de cette admirable institution de I'Association britannique pour I'avancement des sciences, qu'il me fiit donne d'assister a I'une de ses reunions , de I'etudier de pres ; maintenant que mes vocux ont ete exauc^s , je parlerai avec une pleine connaissance de cause. L' Association fut fondee en 1830 par les savants les plus eminents de r Angleterre ; elle tint ses premiferes seances a York, en 1831. Les lieux de ses reunions successives ont ete, en 1832, Oxford ; en 1833, Cambridge; en 1834, Edimbourg; en 1835, Dublinj en 1836, fi28 COSMOS. Bristol ; en 1837, Liverpool; en 1838, Newcastle; en 1839, Bir- mingham; en 1840, GlascoAv; en 1841, Plymouth; en 1842, Man- chester; en 1843, Cork; en 1844, York; en 1845, Camliridge ; en 1846, Southampton; en 1847, Oxford; en 1848, Swansea^ en 1849, Birmingham; en 1850, Edimbourg; en 1851 , Ipswich; en 1852, Belfast; en 1853, Hull; en 1854 enfin, Liverpool. Elle a done visile tour a tour toutes les grandes cites des royaunies unis de I'Angleterre , de I'Ecosse et de I'lrlande ; partout elle a ete ac- cueillie avec une faveur immense ; partout elle a laisse des traces lumineuses de son passage ; et , plus vivante que jamais , ra- jeunie par la splendeur du triomphe qui I'attendait a Liverpool et qui a surpasse ses esperances , elle va continuer sa gloneuse car- rifere. Huit villes se sont dispute devant nous I'honneur de lui ou- vrir leur enceinte en 1855: Glascow , Brighton, Manchester, Chel- tenham avec Gloucester , Nottingham, Ryde et Dubhn ; Glascow I'a ernport(^; I'unanimite des membres du conseil a decide que le congres se tiendrait en aoiit ou septembre prochain dans les murs de la capitale de I'Ecosse industrielle. « Les presidents de ces vingt-quatre Congrfes ont ete tour a tour : le comtede Fitzwilliam, le reverend docteur Buckland, le Rev. Sedg- wick, sir Thomas Brisbane, leRev.LLoydle marquis deLansdowne, le conite de Burlington, le reverend Harcourt, le marquis de Brea- dalbane, le rev(5rend docteur Whewell , lord Francis Egerton, le: comte de Rosse , le doyen d'Ely , sir John Herschel , sir Roderick Murchison, sir Robert Inglis , le marquis de Northampton, le R^v. Kobinson, sir David Brewster, G. B. Airy, I'astronome royal, le colonel Sabine, William Hopkins , le comte d'Harrowby ; ces noms: sont ceux des plus hautes sommitc^s de I'aristocratie et de la science ; le due d' Argyle presidera les reunions de 1855 a Glascow. « Les proces-verbaux de ces Congres, les rapports qui y ont ^t6 lus les lecherches qui y ont ete ordonnees et subventionnees; les communications qui y ont ete faites, remplissent deja vingt-trois gros volumes in-8", et forment un tresor incomparable, une mine fe- conde de documents qu'on ne trouverait nulle part ailleurs; une histoire complete des progres de la science en Angleterre et dans le monde. C'est chaque annee un nouveau volume de 500 pages avec fio-ures, gravures, cartes, tableaux, etc., etc. On nous a promis, et. cette promesse nous a comble de joie, que cette si pr(§cieuse collec- lion ornerait bientot, ou mieux, enrichirait les salons delecture et de tiavail du Cosmos. .. L'objet, ou lebutde I'A'^sociation, est de donner une impulsion COSMOS. 429 plus forte, et une direction plus systematique ou d'ensemble, aux recher ches scientifiques ; de rendre plus actives et plus ^troites les relations entre les hommes qui cultivent la science sur les difFerents points de I'empire britannique et dans les pays etrangers ; d'appe- ler efficacement Tattention gen^rale sur les objets de science ; d'e- carter enfin tous les obstacles de nature publique qui s'opposent aux progres scientifiques. « Les inembres de I'Association sent ranges sous trois categories : 1" les membres a vie; ils payent au jour de leur admission une somme de dix livres, 250 francs; ils resolvent gratuitement les comptes rendus publies chaque annee ; ils sent eligibles a tous les emplois ou dignites de I'Association. 2° Les membres souscripteurs annuels; ils payent I'ann^e de leur admission une somme de deux livres, 50 francs, et chaque annee suivante 25 fiancs; ils re9oivent gratuitement les comptes rendus pour I'annee de leur admission, et pour les annees suivantes, aussi longtemps qu'ils continuent de payer leur souscription annuelle de 25 francs ; s'ils negligent, une certaine annee, de payer leur souscription, ils perdent, pour cette annee et toutes les annees suivantes, le droit de recevoir les vo- lumes de I'Association ; mais ils recouvrent leur qualite de mem- bres, et leurs autres privileges, en payant, aux reunions des annees suivantes, leur tribut d'une livie; ils sont eligibles a toutes les di- gnites de I'Association. 3" Les simples associes annuels ; ils sont admis en payant une livre ; ils ne re9oivent pas gratuitement les comptes rendus; ils ne peuvent etre appeles a remplir aucun eraploi ou dignite; ils ne peuvent pas etre membres des comites. Les dames peuvent devenir associees aux meines conditions que les messieurs; et Ton a cree pour elles une distinction delicate; elles peuvent transferer leurs cartes d'entree, c'est-a-dire que les billets des dames sont re^us de toutes les mains qui les presentent, pourvu que ce soient des mains feminines ; tandis que les billets des messieurs sont tout a fait personnels, ou ne sont re9us que des mains qui les ont payes. " En 1852, le nombredes membres a vie depassait deja 600, ce qui representait une somme de 150 000 francs. A Liverpool, cette annee, le nombre des membres a vie anciens, venus pour la reu- nion, a 6ie de 337 ; 21 nouveaux membres a vie se sont fait ins- crire en payant 250 francs ; le nombre des anciens membres annuels etaitdellD; 120 nouveaux membres annuels ont paye chacun 50 francs. On a compte 721 associes, parmi lesquels 523 dames : c'^tait en tout dix-huit cent quatre-vingt-onze membres ou asso- 430 COSMOS. cies ; jamais ce chiffre n'avait et^ atteint, jamais surtout autant de dames n'avaient pris part a la reunion, Le chiffre total des sous- criptions s'est eleve a 1 855 livres, trentesix mille trois cent soiXANTE-QviNZE FRANCS. Ceux qui coiTinie nous venaient pour la premiere fois s'asseoir sur les bancs de ces solennelles assises de la science, devaient done henir I'heureuse etoile qui avait dirige leurs pas vers Liverpool. Presque maudite autrefois de tous les amis de la science, parce qu'absorbce par les preoccupations du commerce, ellerestait completement en dehors du mouvement intellectuel, cette grande cite a noblement pris sa revanche ; et son nom se rattachera d^sormais a I'un des plus ^clatants triomphes de I'Association. » N'oubiions pas de dire que pour avoir I'honneur de devenir membre a vie de 1' Association britannique, il ne suffit pas, a la ri- gueur, de payer la cotisation de 10 livres; il faut, de plus, si Ton n'appartient pas a quelque corporation scientifique autorisee, avoir et6 elu et nomme en seance du comite general, ou en stance du conseil ; I'admission des souscripteurs annuels et meme des simples associes doit aussi etre approuvee par le comite ou le conseil. " La qualitede membres correspondants ou etrangers ne s'acquiert pas, elle est conferee par le conseil, sans qu'il soit permis meme de se poser candidat : en ]853, il n'y avait encore que 54 membres correspondants, et parmi eux, seulement 10 Fran9ais ou savants r^sidant en France : MM. Arago, Babinet, Boutigny, prince Charles Bonaparte, Dufrenoy, Dumas, Milne-Edwards, Le Verrier, Constant- Prevost, Pierre TchihatchefF; les membres correspondants re9oi- vent chaque annee gratuitement les volumes des comptes rendus. " Dans I'intervalle des reunions, les affaires de I'Association sent conduites par un conseil nomme par le comity general de la derniere reunion, et dont les presidents des congres anterieurs font necessai- rement partie. « Les seuls dignitaires permanents sont les trois Censeurs, sir Ro- derickMurchison, le tres-reverend doyen d'Ely, M. GeorgesPeacock, et M. John Taylor; le secretaire general, M. le colonel Sabine; I'as- sistant dusccretaire general, M. John Phillips, professeur de g^ologie a I'universite d'Oxford , et le tresorier general , ce meme M. John Taylor. Le president, les vice-presidents, au nombre de deux oa plus, le tresorier local, les secretaires locaux, les Auditeurs ou vdri- ficateurs des comptes sont nommes chaque annee par le comite gi- ndral. Ce comite general se compose des presidents et officiers de la reunion actuelle et des r(5unions pr^cedentes ; des auteurs des rapports imprimes dans les transactions ou volumes de 1' Association ; COSMOS. liil des membres qui ont presente a des societds scientifiques autori- sdes des memoires imprimes dans leurs annales et traitant de ma- tieres qui entrent dans les cadres des travaux des sections ; des offi- ciers ou des delegues, au nombre de trois seulement, des societ^s scientifiques qui publient des annales ; des officiers ou des delegues, au nombre de trois au plus, des societes scientifiques etablies au lieu de la reunion ou dans I'une des villes oil I'Association s'est r^unie ant^rieurement; des etrangers oil autres individus dont le concours est desir(5, qui ont ^t^ invites par des lettres speciales du president ou du secretaire general; enfin, des presidents, vice-presidents et secretaires des sections. De fait, tousles etrangers, honorablement connus sont membres du comite general, leur carte porte cette qualification, et ils acquierent par la meme le droit de prendre una part active a toutes les deliberations importantes : ils font reellement partie du corps gouvernant, goi'erning body. On ne pouvait pas pousser les egards plus loin. « Pour mettre plus d'ordre dans ses travaux, rAssociationaclass^ sous sept titres principaux les questions de science pure ou appli- qu^e qui pouvaient etre agitees dans son sein ; elle se partage ainsi en sept grandes sections : Section A, sciences physiques et math^- matiques ; section B, sciences chimiques: section C, geologic; sec- tion D, zoologie et botanique, comprenant la physiologie; sec- tion E, geographie et ethnologic; section F, statistique ; section G, science mecanique. On trouvera peut-etre singulier que la medecine et la chirurgie ne constituent pas une section a part, qu'elles soient en quelque sorte exclues de I'Association, ou qu'elles ne puissent y p^netrer que sous le manteau de la physiologie : tout le monde trouve cette exclusion parfaitement sage; ce n'est pas trop pour les m^decins et les chirurgiens, d'un Congres uniquement rempli par eux; admis a figurer sous leur nom propre comme membres du grand tout, ils auraient bientot absorbe et confisque I'Association; en laissant le champ libre aux discussions de la medecine et de la chirurgie, on aurait fait fuir les dames, qu'on a trop d'interet a conserver. " Chaque section est dirigee par un comite special, dont les offi- ciers, c'est-ii-dire le president, les vice-presidents et les secretaires sont nommes par le comite general , dans sa premiere seance. Les officiers, aussitot apres leur election, completent le comite de leur section en s'adjoignant, soit plusieurs membres du comite ge- neral, soil ceux des membres a vie ou des souscripteurs annuels dont la collaboration peut leur etre utile. C'est un devoir de conscience uii COSMOS. pour les comit^s de prendre en consideration toutes les propositions tendant a hater les progr^s des sciences ; de rechercher avec soin les points encore obscurs qui doivent devenir I'objet de recherches spe- ciales, les branches de la science dont la condition actuelle et [les progres doivent etre I'objet de rapports plus etendus; de designer les membres on de nominer les commissions charges de faire ces recherches ou ces rapports ; de prononcer si , et dans quelle pro- portion, la poursuite de ces recherches ou la redaction de ces rap- ports doivent etre encouragees et subventionnees par les fonds de I'Association britannique, du gouvernement, des societes savantes ou des autoritds locales. II est bien entendu que ces allocations de fonds ont pour but de couvrir non les depenses personnelles des membres, mais les frais n^cessit^s par les recherches elles-memes ou les experiences. Les membres charges d'un travail ou le presi- dent delacommission doivent ;\ la reunion suivante rendreun compte iidele de ce qu'ils ont re^u et depense, de la somme encore disponible, de ce qu'ils ont fait et de ce qui Jeur reste encore a faire. Les deman- des lie recherches speciales, de rapports sur certaines branches des sciences, d'allocations de fonds, doivent etre envoyees a un comite special, appele comite des recommandations, qui les examine et les soumet aux deliberations du comite general. "C'est assezpouraujourd'hui; j'aurais beaucoupabregeles details relatifs a I'organisation de rAssociation britannique, s'ils ne m'a- vaient ete comme imposes par des homnies auxquels ni vous ni moi ne saurions rien refuser. « Dans la seconde partie de cette lettre, je ne resterai pas dans le domaine de 1 'abstraction, je ne vous dirai pas ce qui devait etre, mais ce que j'ai vu de mes yeux; ce ne sera plus la theorie de ce grand corps, mais le recit anim^ de ses merveilleuses evolutions a Liverpool. II arrive trop souvent qu'on ne rencontre au terme d'une excursion lointaine qu'une disillusion douloureuse ; que ce qui de loin faisait un efFet grandiose et magique , prend, observe de pres, des proportions mesquines et vulgaires ; il n'en a certes pas et6 ainsi pour moi et pour mes compagnons de voyage. Nous le disons sans exageration aucune, nos previsions ont i^te grandement depas- sees, nous revenons tousavec un trop plein de satisfaction, d' ad- miration et de reconnaissance qu'il nous tarde d'dpancher dans des lesprits et dans des coeurs amis. » F. Moigno. PHOTOGRAPHIE. Un incident grave et imprevu avait empeche M. Niepce de Saint- Victor de nous transmettre a temps I'aiialyse plus etendue de son dernier memoire ; nous completons aujourd'iiui les souvenirs de M. Govi a I'aide des comptes rendus. Apres avoir decrit la serie des operations par lesquelles on a obtenu, soit le portrait de I'Empe- reur, legerement retouche apres Taction de I'eau forte, soit la vue du Louvre, absolument sans retouches, M. Chevreul ajoute : "Le per- fectionnemeiit apporte par M. Niepce au procede de son oncle est : 1° d'avoir rendu le vernis a base de bitunie de Judee environ seize fois plus sensible ; 2° d'avoir obtenu un vernis plus honiogene et plus susceptible de resister a Taction de Teau forte quand il a re9u non- seulement Timpression de la lumiere. mais encore, commey'e L'ai de- montre, Tinfluence du contact de Tair. Ce qui reste a faire pour por- ter le procede de Joseph Xicephore Niepce au dernier degre de per- fection, est d'operer dans la chanibre noire, surla plaque metallique, avec une matieie organique plus sensible que nel'est le vernis actuel, en meme temps que cette niatiere, modifiee par la lumiere et Tair, sera devenue insoluble dans son dissolvant primitif et dans les acides propres a ronger la plaque metallique mise a nu. Une fois ces resul- tats obtenus, il ne sera plus necessaire : 1° de se |)rocurer une image inverse sur verre albumine, rendu sensible par Tazotate d'argent; 2° de tirer de cette image inverse une image directe sur verre albu- mine sensible, pour Tappliquer sur la plaque nietalhque enduite de bitume de Judee ; parce qu'on exposera cette plaque immediate- ment dans la chambre noire, au-devant de Tobjet. Voici maintenant les passages les plus importants de la note de M. Niepce : Le bitume de Judee est la plus sensible de toutes les substances organiques a Taction de Tair et de la lumiere; mais cette sensibi- lite est excessivement vaiiable. La purete du bitume, son exposi- tion plus ou moins prolongee a Tair et a la lumiere, son etat de divi- sion plus ou moins grand, sont autant de causes modifiantes de sa sensibilite. Si, apres avoir fait dissoudre du bitume de Judee pour en former un vernis heliographique, on expose ce vernis a Tair et aa soleil pendant environ trois ou quatre heures, il acquerra une sen- sibilite double et triple de celle qu'il avait auparavant. Si Ton can» tinue Texposition, la sensibilite ccntinuera a croitre jusqu'a line certaine limite correspondant a un temps d'exposition de dix a douze heure; Tim age obtenue avec ce vernis, poussee ainsi jusqu'a la- ^34 COSMOS. limite reste voilce ; ce qui n'est cependant pas un obstacle absolu a Taction de I'eau forte. Des resines (le galipot, par exeinple) et des essences ; les es- sences entre autres, d'amaiides ameres, de t^rdbenthine, de citron, acquierent aussi de la sensibilite par I'expositioii a I'air et a la lu- mifere • il eii est de meme de la benzine qui se colore fortement , tandis cjue I'essence de citron se decolore ; mais una Irop longue exposition rend tous ces corps complctement inertes. Le meilleur dissolvant du bitume de Judee, le dissolvant le plus apte a le transformer en vernis heliographiqiie est la benzine addi- tionnee d'un dixieme d* essence : I'addition d'essence a ptmr but d'auo-menter la s( nsibilite, et en meme temps de rendre le vernis plus liant et plus visqueux. Toutes les essences ne sont pas egalement bonnes pour la pre- paration du vernis; la plus excellente de toutes est I'essence de zestes de citron obtenue par expression et parfaitement pure. On obtiendra done un vernis parfait, tres-homogene, tres-siccatif, trfes- sensible en prenant : benzine, 90 grammes; essence de zestes de citron pur, 10 grammes; bitume de Judee pur, 2 grammes. Apres I'essence de zestes de citron vient I'essence d'aspic pure qui donne le vernis le plus onctueux. Un vernis heliographique, renferme dans un flacon plein et bien bouche, tenu dans I'obscurite pendant quinze jours, n'eprouvera aucun changement , tandis que le meme vernis , tenu dans un fla- con a moitie plein, et expose a la lumiere diffuse d'un appartement, acquerra une sensibilite double ou triple de sa sensibilite pri- mitive. Les essences se divisent en deux categories bien distinctes : les unes troublent les ethers et ne troublent pas la benzine, tandis que les autres, au contraire, troublent la benzine et ne troulilent pas les ethers. Les essences d'anis , d'angelique, de citron . de camo- mille, de terebenthine , etc., etc., sont dans la premiere categoric et troublent les ethers , les essences d'amandes ameres, d'aspic, de bergamote , de girotle , de laurier , de lavande , de menthe. de me- lisse, de roses, de rotnarin, de thym , etc. , sont dans la seconde categorie et troublent la benzine. L'huile de naphte rectifiee , la benzine , le sulfure de carbone, le chloroforme, troublent les ethers; les ethers , I'alcool , I'esprit de bois , troublent la benzine. Si I'ori melange une essence qui trouble les Others avec une essence qui trouble la benzine, elles se troubleront mutuellement. mais !e trou- ble ou precipite disparaitra assez promplement ; le melange des COSSIOS. 435 deux essences troublera la benzinp ou les ethers, suivant la quantity predomiriante de I'une ou de I'autre. Les essences d^- la premiere cat^gorie nep.'rdent jamais la prnpri^te de trouhler les ethers rec- tifiees et. aistillees , ou chaufFees a I'air libie; les essences de la se- condecat(5gorie, rectifi^es ou chauffees, perdent la propriete de irou- bler la benzine. L'essence qui trouble le plus I'ether est Tesseiice de terebenthine ; l'essence qui trouble le plus la benzine est l'essence d'aspic pure , non rectifiee. Les essences de la seconde categorie sent tres-propres a conso- lider le vernis heliographique, a lui donner une plus grande resis- tance a Taction de I'eau forte; dans ce but on leg emploie en fumi- gations de la maniere suivante : apres que la plaque a subi Taction de la luitiiere et celle du dis^olvatlt , r-'est-a-dire apres la formation del'image, au fond d'une boite semhlable a celle oil les plaques daguerriennes sont soumises a Taction des vapeurs de mercure , fermant herinetiquement, et tenue a une certaine hauteur au-dessus du sol, on installe une capsule en porcelaine contenant l'essence d'aspic pure non distillee ou rectifiee, et Ton chauffe au moyen d'une lampe a alcool placee au-dessous, jusqu'a 70 ou 80 degit^s au plus; les vapeurs degagees se portent sur la p^Kjue et y deposent, en s'y fixant, une couche brillante, couleur de bronze, la plaque reprend ainsi a peu prfes Taspect quelle avait apres avoir re^a le vernis, avunt Texposition a la lumiere ; on iaisse ensuite la pliique secher au contact de Tair, puis on fait mordre Teau forte ; si ces opera- tions ont iHe bien faites, on obtiendra une resistance complete qu'il faut eviter de porter a Texces. II est quelquefois mieux d'ofierer la fumigation en deux temps; on chauffe doucement jusi^u'a ce qu'il y ait un leger degagement de vapeurs, et on Iaisse la plaque se charger de ces vapeurs pendant deux ou trois minutes ; on chauffe une se- conde fois et de nouvelles vapeurs s'ajoutent aux premieres. M. Niepce semble dire qu'une meme essence ne peut pas servir a la fumigation de plusieurs plaques. L'essence de bergamote est quel- quefois preferable a l'essence d'aspic, trop active et qui graisse un peu la plaque . cequi altere souvent le grain d'aijua tinta comple- ment indispensable de la gravure heliographique. C'est surtout lorsque Timaye obtenue dans la chambre ob-cure est voilee, ou non entierement decouverte , que les vapeurs d'essence de bergamote suffisent a procurer la resistance a Taction de Teau forte. M. Niepce peut produire un vernis coini)letement imperim^ble a I'acide sans le secours des fumigations ; il suffit, pour cela, de faire entrer dans la composition du vernis un gramme de caoutchouc, 436 COSMOS. pr^ahiblement clis=:ous dans I'essence de t^r^benthine, ou amen^ a r^tat de [)ate onctueuse. Mais ce vernis a Tinconvcnient de ne pou- voir pas supporter la cha'.eur a laquelle on est obligd de souniettre la plaque mdtallique pour produire le grain d'aqua-tinta dont nous avons d('j:\ parl^, grain que Ton obtient, coinine on sait, en sau- poudraiit la plaque de poussiere de resine tr5s-fine avant de fairs mordre I'acide. Suivaiit M. Chevreul, voici quelle aurait ^te la sdrie des opera- tions dans la reproduction par gravure h^liographique de la vue du Louvre : 1" production dans la chambre noire, sur verre albumin^, d'une image inverse ou negative de cette vue ; 2° production sur verre albumine, au moyen du negatif precedent, d'une image directe ou positive ; 3° application centre la plaque d'acier, enduite d'abord debitume, puis exposde a la vapeur d'essence de bergamote, de de I'image directe ou positive ; 4° exposition a la lumifere ; 5" enle- vement ou dissolution par la benzine du bitume non altere ou place au-dessous des noirs de I'image; 6° morsure de la plaque au moyen de I'eau forte. Si nous avons bien compris la note de M. Niepce, la serie de M. Chevreul serait inexacte, et pourrait induire les op^- rateurs en erreur. Ce ne serait pas avant I'exposition a la lumiere, mais apres cette exposition, et meme apres Taction du dissolvant ou de la benzine, que la plaque aurait ete soumise au dt§gagement des vapeurs de bergamote, immediatement avant de faire mordre a I'eau forte. Et, en effet, les fumigations ont pour but de rendre plus impermeable ou plus inattaquable a I'eau forte les blancs de I'image directe reprosentes par le bitume, que la lumiere, en le frappant, a rendu insoluble dans la benzine, et deja un pen resistant a Taction de Teau forte ; les parties de la plaque mises a d^couvert ou dt^pouil- lees de bitume par Taction du dissolvant, et qui correspondent aux noirs, doivent seules etre corrod^es ou creusees par Teau forte, afin de pouvoir prendre le noir de la gravure. M. Niepce recommande de ne faire mordre une planche d'acier, que lorsque T operation heliographique est parfaitement reussie, ou que I'image est tres-bien venue ; c'est ce qui aura lieu presque in- ■failiiblement, si la couche de vernis dtendue sur la plaque est nette, homogene, unie, exempte de grains de poussiere et de bulles d'air , form^e d'un bon bitume deJud(5e, convenablement expos6 a Tair et a la lumiere. Si ces conditions sont remplies, le temps de I'exposi- tion a la lumiere pourra etre tres-court; et Ton pourra presque prendre directement Timage sur la plaque metallique plact>e dans la chambre obscure, sans le secours d'un positif sur verre albumin^ ; COSMOS. 437 jusqu'a nouvel ordre, cependant, il est plus prudent d'agir par I'in- termediaire d'un positif place au-dessus et au contact de la plaque metallique et expose a la luniiere. Le nouveau vernis de M. Niepce, plus fluide que celui dont nous avons donne autrefois la formule, s'etendant en couches plus ininces, plus sensible, recevant des traits plus purs et reproduisant mieux les demi-teintes, se prete parfaitement a la gravure heliographique surverre. La plaque de verre est soumise aux memes operations que la plaque metallique , seulement au lieu de faire mordre la plaque metallique par I'acide nitrique, on traite la plaque de verre par I'acide fluorhydrique ; on la soumet a Taction des vapeurs de cet acide, si Ton veut graver en mat; on la recouvre de cet acide ctendu d'eau, si Ton veut graver en creux. On obtient ainsi de tres- jolis dessins photographiques, graves sur verre. En employant des verres colores sur une seule de leurs faces, on aura des dessins blancs sur un fond de nuance quelconque. M. Niepce termine sa note par deux observations de quelque int^ret : 1" Une plaque recouverte de vernis sensible, et soumise dans robscurite a Taction d'un courant d'air atmospherique, se trouve dans les memes conditions que si elle avait ete soumise pendant quelque temps a Taction combinee de Tair et de la lumiere, le ver- nis qui la recouvre n'est presque plus soluble dans la benzine ; 2" une plaque exposee a Taction de Tair et de la lumiere, de telle sorte que le vernis qui la recouvre ne soit plus soluble, reste dans les memes conditions d'msolubilite du vernis apres un long sejour dans une boite bien close; lasolubilite n'est pas r(5tablie comme quelquesper- sonnes Tavaient cru. — Les op(^ration3 heliographiques du portrait de TEmpereur et de la Vue du Louvre ont ete faites par M""" Pauline Riffault ; le tra- vail de la gravure a ete execute par M. Riffault, graveur. On nous assure que Sa Majeste TEmpereur a ete charmee de son portrait heliographique, et qu'elle a fait exprimer a M. Niepce de Saint- Victor, en meme temps que ses felicitations, le desir de voir reproduire par les memes procedes le portrait de Sa Majeste Tlm- peratrice. Ce noble voeu sera bientot exauce. RECHERCEES SDR LA VEGETATION. M. Boussingault, ainsi que nous I'avons aniionce, a adresse a I'Acad^inie des sciences, dans sa derniere evince, une suite inipor- tante a ses recherches sur la vef^elation. Le Imt du savant aoade- micien est toujnuis de prouver, conlrairenient a ses aneieiuies doc- trines et aux conclusions de M. Georges Villa, que I'azote gazeux de Tatmosphere n'est pas directement assimilable par les plantes. Ces nouvelles experiences fonnent trois series ou categories dis- tinctes, en voici 1 analyse parfaitHinent exacle et conscieiuMeuse : I. M. BoussingauU essaie d'abord de deinontrer que dans une atmosphere limilee ou confinee, qu'on ne renouvelle pas, la vege- tation s'accoinplit d'une tnaniere normale, si le sol renienne tous les dements nece~saires a la vie de la j)laiite. Le 17 mai 1854, il a rempli un pot a fleurs avec 3 kilogrrtnuries de bonne tene de jar- din; il a mis un poids ^gal de celte meme terre dans un va>e cylin- drique en verre, dune capacite de 68 hires; la terre etait huniide, mais bien ^gouttee; il a seme (la.;s chacun des deux va>es 3 graines de cresson; il a bouche le second vase, au moyen d'uii hege et d'un manchon en caoutchouc, par un ballon contenant 2 litres d'acide carbonique. Le 16 jum, les plantes venues dans le vase ferme avaient une hauteur double de celle des plantes venues dans le pot a I'air libre. les feuilles etaient beaucoup plus larges; le 15 juillet, le cresson enfeime etait couvert de belles fleurs, sa tige la plus haute atteignait 64 centimetres; les tiges du cresson poussant a fair libre ne depa-saient pas en hauteur 34 centimetres, et elles portaient moins de fleurs. Le 15 aoiit, les plants out ^te arraches, les tiges du cresson confiii^ avaient de 72 a 79 centi- metres de longueur, de 3 a 4 millimetres de diametre, elles ont fouini 210 graines; les t'ges du cresson venu a I'air libre avaient 40 a 42 centimetres de longueur, de 2 a 3 millimetres de diametre, elles ont fourni 369 grainns. La diff'tTence entre les rendements pourrait s'expliquer peui-etre, dit M. BoussingauU, par la pre- sence dans le vase ferm^ de quelques mauvaise^ herbes ; le r^sultat qu'il tire de cette experience est qu'en vase clos, une plaiite peut accomplir toutes les phases de la vie veg^tale, et atteindre un ac- croissement comparable a celui qu'elle ac(iuiei t dans l^s conditions oruinaires de la culture, quand le sol qui la supporte et I'atmosphfere qui I'entoure r^unissent en proportion suffisante les principes ne- cessaires a son existence. Cette experience est nette , mais dans quel but a-t-elle ^te faite? COSMOS. 639 quel rapport a-t-elle avec le fond du debat soulev^ entre M. Bous- singault et M. Villel M. Boussingault essaierait-il de prouver par la que la vegetation dans une atmosphere confin^e, est plus facile et plus complete que la ve^getation dans une atmosphere non con- fineel Ce n'est pas possible, et ses nouvelles experiences prouve- raient plutot le contraire. En 1853, en effet, dans I'atmosphere coiifinee, le lupin et le haricot ont quelquefois fleuri, mais n'ontpas donne de graines. En ]854, au contraire, dans I'atmosphere re- nouvelee, ces memes plantes ont donne des graines ; ces graines sont incompletes et rudimentaires, mais enfin il y a production de fruit, le travail physiologique a ete plus loin qu'en 1853. II. Dans la seconde s^rie d'experiences, les graines ont et^ se- mees dans de la ponce chauffee prealablement au rouge ou cal- cin^e, additionnee de cendres et humectee avec de I'eau pure; on les plagait dans une cage en verre de 104 litres de capacite, dont I'atmo- sphere etait sans cesse renouvelee au moyen d'un aspirateur, mais de telle sorte que I'air introduit traversal un systeme de tubes rem- plis de fragments de ponce inipregnee d'acide sulfurique; des quan- tites determm^es d'acide carbonique venaient se meler periodique- ment et regulierement a I'air aspire, de maniere a ce que I'atmo- sphere ou vivaient les plantes, contint toujours 2 a 3 pour 100 de ce gaz; les cendres ajoutees au sol etaient rendues exemptes de charbon qui aurait pu entrainer avec lui de I'azote; en cas de doute, on dosait avec le plus grand soin i'azote que ces cendres pouvaient contenir. Les experiences faites dans ces conditions ont ete : 1" ve- getation d'un lupin pendant deux mois et une semaine; 2° vegeta- tion d'un haricot pendant deux mois et dix jours; 3" vegetation d'un haricot pendant irois mois, avec production de graines ; 4" vegeta- tion dun haricot pendant trois mois et demi, avec production de graines; 5° vegetation de deux haricots pendant trois mois et une semaine, avec production de graines. En comparant, par des ana- lyses que nous acceptons comme parfaitement exactes, I'azote con- tenu d'une part dans les graines semees, de I'autre dans les plantes recoltees et dans le sol, M. Boussingault constate qu'il n'y a pas eu d'azote gagne pendant la vegetation; I'azote dela graine semble done avoir suffi compl^tement au developpement observe de la plante , depuis sa germination jusqu'a sa fructification , et rend suffisamment compte de I'azote trouve dans la recolte et le sol. Nous admettons ce resultat ou plutot ce fait ; mais nous ne croyons pas, ou mieux nous nions formellement qu'on en puisse conclure raisonnablement ou rigoureusement comme le fait M. Bous- urn COSMOS. sing^ault qu'au sein d'une atmosphere renouvelee , pourvue d'acide carbonique, et dans un sol completeinent stdrile, I'azote gazeux de ratmosphere n'est pas directeinent assimilable par les plantes. Voici en trfes-peu de mots les raisons de notro refus de croire , nous conjurons les homines scrieux de les peser murement. 1" Dans les experiences que nous venons d'enunieier, le develop- peirient de la plante a ete par tropincomplet; le poiilsde la recolte seche surpasse a peine le poids de la semence ou n>bt qu'un tres- petit multiple de ce poids; ainsi, dans laseconde, la graine pesait 0s,720, la recolte 2 grammes ; dans la troisi^me, la semence pe- sait 08,748, la recolte 2^,847 ; dans la cinqui^me, la semence pe- sait Is, 510, la recolte 5s, 15; jamais done le rapport du poids de la recolte au poids de la semence n'a atteint le rapport de 4 a 1. Un poids de recolte si minime suppose evidemment un developpe- ment par trop contrarie et rudimentaire, une plante a peine viable, des organes tout a fait impuissantsa exercerdes fonctions normales; il exige une quantitc tres-minime d'azote, une quantit(5 a peine su- perieure de fait ou inferieure meme a la quantite contenue dans la semence; et la plante si peu viable, si peu vivante, trouvant cette quantite minime dans la graine, ne doit pas ou ne peut pas la pui- ser ailleurs. Nous maintenons que des experiences de ce genre ne peuvent avoir de portee et devenir parfaitement concluantes qu'au- tant que le poids de la recolte sera un multiple consid(^rable du poids de la semence, qu'il sera douze, quinze, trente, quarante fois plus grand comme dans les experiences faites par M. Ville en 1849, 1850, 1851 et 1852. En 1850, 0s,599 de semence seche de colza avaient dotme 536,761 de recolte; en ]851 0s,184 de semence de soleil donnerent25s,586 de recolte seche, etc. Aussi, dans les me- inorables essais du jeune chimiste, la quantity d'azote des recoltes, loin d'etre a peine egale a la quantite d'azote des sernences, ^tait plus considerable dans un rapport enorme, presque dans le rapport du poids de la recolte au poids de la semence ; ] s,070 pour la r(5colte du colza, au lieu de 0s,026 contenus dans la semence ; 0^157 pour la rdcolte de soleil, au lieu de 0^,005 contenus dans la semence. Le fait que nous constatons, tres-saillant en lui-meme, est certai- nement le cote faible, tres-faible de cette serie d'exp^riences de M. Boussingault ; il suppose un d^faut grave ou un vice soit dans la maniere d'op^rer, soit dans le choix des graines sur lesquelles on opere. 2° L'insucces des essais tentes sur le haricot et le lupin s'ex- plique sans peine par les experiences faites en 1849 par M. Ville; COSMOS. liki elles n'ont pas 6t6 invent^es pour les besoins de la cause, puis- qu'elles sont imprimees il y a plus d'un an , page 30 du beau vo- lume presente a I'Acad^mie. 0b,531 de graines de cresson contenant 0s,026 d'azote ont doiine 8s,733 de recolte renfermant 0s,l47 d'a- zote; aucontraire, 0s,991 de giaine de lupin, renfermant 0b,064 d'azote, ont donne seulement, une fois 3b, 506 de recolte avec 0s,064 d'azote, juste ce qu'il y avait dans la semence ; une autre fois 2s, 565 de recolte avec 0s,047 d'azote ou 08,017 de moins que dans la semence. Ainsi, dcs 1849, M, Ville avait vu tres-nettement que dans une atmosphere renouvelee et sur un sol absolument sterile le poids de la recolte de lupin n'etait qu'un ties-petit multiple du poids de la se- mence, que I'azote de la recolte (^galait a peine I'azote de la semence, tandis qu'il en etait tout autrementpour le cresson, comme aussi pour le soleil, pour le tabac, etc. Le r^sultat des experiences de M. Bous- sinoault etait done prevu a I'avance : en operant sur le lupin et sur le haricot nam, tres-analogue au lupin, il ne devait pas, il ne pou- vait pas obtenir un poids de recolte supcrieur au poids de la se- mence; il ne pouvait pas, il ne devait pas constater d'emprunt d'azote fait a I'atmosphere; il ne pouvait, il ne devait trouver dans la recolte quel' a zotede la semence, avec perte memele plus souvent. Si Ton nous demande pourquoi cette difference si frappante entre le cresson et les lupins ou les haricots, nous repondrons, sans vou- loir I'expliquer pleinement que les graines de cresson sont tres- petites, celles du lupin et du haricot, relativement tres-grosses; que pour le cresson le developpement des feuilles peut devenir tres- rapide, tandis que pour le lupin et le haricot il est tres-lent; que dans les vegetations sur un sol entierement sterile, le depart brusque et la vigueur de I'appareil foliace sont des conditions essentielles de succes, a ce point, comme I'a fait remarquer M. Ville, que si le depart des feuilles est lent et borne , il serait tout a fait inutile de pousser I'experience plus loin. III. Dans la troisiemeserie d' experiences deM. Boussingault, rien n'a ^t6 change aux dispositions adoptees en ce qui concernaitle sol, les cendres ajoutees et I'eau ; la vegetation seulement se faisait a I'air libre, dans une galerie vitree oil I'air circulait avec la plusgrande faci- lity. Les essais ont ete au nombre de neuf : 1° un haricot, trois mois et demi; 2° un haricot, trois mois; 3" avoine, trois mois et demi ; 4" lupin, trois mois; 5" haricot nain, deux mois et demi ; 6" lupin, deux mois et trois semaines ; 7" deux lupins, pendant deux mois; 8° haricot, deux mois et demi ; 9° cresson al^nois, deux mois. Nous &42 COSMOS. trouverons sans doute dans le m^moire original qui paraitra tres- prochaineinent dans les Annales de physique et de chimie et dont les Comptes rendus ne contiennent qu'un extrait, des poids compa- res de la recolte et de la semence dans ses neuf expdn'pnces : ce rapport et^t donne une seule fois, dans la huitic'me; il est a peine de 3 ii 1 , et les proportions d'azote prouvent surabondanfinjent qu'il est toujours reste tres-petit; de sorte que nous soinmes en droit de faire pour cette serie les memes reserves que pour la seconde. Ce que nous ne nous expliquons pas, c'est qu'en se decidant a experimenter de nouveau sur des plantes placees a I'air libre dans un sol sterile, M. Boussingault ait choisile lupin etle haricot, au lieu du pois et du trelle qui lui avaient mieux reussi en 1837. Puisque toutes les plantes placees dans les inemes conditions n'absorbent pas une egaie quantite d'azote, I'amour de la v^rite doit faire un devoir de choisir , pour des experiences si delicales, celles qui en absorbent le plus. Or, tandis qu'en 1854 les haricots et les lupins ab-orbent 2 ou 3 milligrammes d'azote, un semis de pois en 1837 en avait absorbe 53 milligrammes, et un semis de trefle 42 milli- grammes! Aussi M. Boussingault affirmait-il en 1837 que cer- taines plantes sont aptes a puiser I'azote dans I'air, comme il af- firm'i aujourd'hui que I'azote de I'air n'est pas directement assimi- lable par les plantes. Voici textuellement les conclusions de M. Boussingault : » La quantite d'azote acquise par les plantes a toujours ete tellement faible que, veritablement, elle reste compiisedans la limite deserreurs in- herentes a ce genre d'observations. Neanmoins, comme a une excep- tion pies, I' assimilation s est constamment manifestee, je cherche si cette faible proportion d'azote provient du carbonate d'ammo- niaque ou descorpuscules organises, transportes par I'atmosphere. >. Ainsi I'ensemble des experiences, quoique le poids des recoltessoit toujours reste tres-petit, quoique par consequent les conditions in- dispensables de succes n'aient pas etd remplies, met en evidence une assimilation constante d'azote. Or, pourquoi I'azote absorb^ ne serait-il pas I'azote gazeux de I'atmosphere, puisque I'assimilation directe de I'azote gazeux devient incontestable quand le poids de la recolte e>t uffi-amment grand; puisque cette assimilation est de- montree par les experiences positives de M. Ville ; puisque c'est un prt^mier principe dans la methode scientifique, qu'une seule ex- perience positive suffit a reduire a neant des milliers d'experiences negatives? Nous insistons pour qu'on remarque bien, une fois encore, qu'en COSMOS. ftftS admettant, ce qui n'est pas, que les experiences de M. Boussingault ont ete faites dans les conditions les plus propres a faciliter I'assimi- lation de I'azote par des plantes vegetant sur un sol sterile, il sera toujours vrai que sa conclusion gent-rale, " L'azote gazeux de I'at- mosphfere n'est pas directement assimilable par les plantes, » n'est pas contenue par les premices, qu'elie est par consequent deduite centre les regies de la logique, c'est-a-dire qu'elie n'est nuUement demontree. Ce qui seul serait prouve, c'est que les plantes qui vegfe- tent dans un sol absolument depourvu d'azote, ne sont pas aptes a s'assimiler l'azote gazeux de I'atmosphere : ce fait negatif s'expli- querait tres-naturellement par la taiblesse meme de cette vegetation anonnale et contrariee, par le developpement insuffisant des feuilles ou des oiganes par lesquels cette assimilation pourrait s'efFectuer, si les experiences positives de M. Ville n'avaientpas d^montre que meme dans ce cas extreme, et pourvu que I'experience soit bien faite , pourvu que la vegetation devienne assez active pour que le poids de la recolte soit un grand multiple du poids de la semence, on peut mettre en evidence une assimilation appreciable et incon- testable d'azote. Les derniers essais de M. Boussingault ne font done pas avancer la question d'un pas; la lumiere et la demonstra- tion ne peuvent venir que d' experiences faites dans les conditions ou s'est place M. Ville au Jardin-des-Plantes , et que la commission academique va bientot discuter, nous I'esperons. F. Moigno. ACADEMIE DES SCIENCES. SEANCE DU 9 OCTOBUE. M. Junot, medecin frangais, qui a longtemps exerci? en Ame- rique avec une grande distinction, lit un extrait d'un memoire sur les causes et le traitement du cholera. — M. Ancelon, docteur mevlecin, communique des observations sur I'aptitude des sujets pour le chloroforme et le dosage de ce pre- cieux agent anesthesique. — M. Maisonneuve, chirurgien de I'hopital de la Pitie, et sans contredit I'un des plus habiles operateurs de la France et du monde, lit une note sur la cure radicale des herniespar les injections iodees, avec la description d'un proced^ nouveau aussi simple que certain puur la ponction du sacherniaire. " Lorsqu'en 1837, M. Velpeau demontra la possibility d'obtenir la cure radicale des hernies par les injections iodees, on put croire un instant que cette methode a la fois si efficace et si exempte de dangers^, deviendrait bientot d'un usage general ; il n'en fut rien ce- pendant. Une simple difficulte de detail, relative a I'introduction de I'instruraent dans la cavite du sac herniaire, suffit pour arreter les chirurgiens dans cette voie nouvelle. « Dix-sept ans plus tard, en 1854, de nouveaux essais ont ete tentes par M. Jobert, et le resultat en a ete des plus satisfaisants ; mais les mciyens d'exdcution etaient restes absolument les memes que ceux employes par M. Velpjeau, de sorte que les memes raisons qui avaient une premiere fois empeche les praticiens de suivre la voie ouverte par I'illustre professeur de la Charite, les empeche- rent encore d'imiter I'exemple du chirurgien de I'Hotel-Dieu. « Et cependant, chacun sentait qu'il n'y avait plus quun pas a faire pour que cette methode ieconde de la cure radicale des hernies par les injections iodees, fut definitivement acquise a la chirurgie pratique. C'est alors que je con9us I'.idee du procede suivant : « 1'"' temps. Etant donnee une hernie scrotale, je commence par refouler les visceres dans I'abdomen, puis, saisissant entre le pouce et I'index de la main gauche la partie moyenne du scrotum dans laquelle se trouve le sac herniaire vide, je transperce perpendiculai- rement le tout avec un trocart long et mince, que j'enfonce jusqu'a la garde et dont je retire immediatement le mandrin. « 2^ temps. Comme les parties pressdes entre le pouce et I'index n'ont guere qu'une dpaisseur d'un centimetre , la tige presque tout entiere du trocart fait sailUe en dehors des tissus. Alors, a I'aide COSMOS. hU5 de tractions douces et de pressions moderdes, j'etale, sur toute la lono-ueur de la canule, la peau du scrotum et les parois du sac qu elle renferme, de sorte que le trou d'entree et celui de sortie deviennent le plus ecartes possible, et (jue par consequent la tige de I'instrument parcoure la cavite du sac dans son plus grand dia- metre transversal. " Pour plus de securite, on peut encore engager le malade a faire descendre inomentanement sa hernie, ce qui complete I'ecartenrient des parois du sac et refoule celui-ci contre les teguments. « 3* tem/js. Pendant qu' avec le pouce et I'index de la main gauche, je maintiens les parties moUes du cote du trou de sortie, je retire doucement la canule, jusqu'a ce que son extremite rentre dans la peau des bourses et arrive dans I'interieur du sac. On reconnait sans peine cette circonstance capitale a la facilite qu'on eprouve a faire mouvoir la pointe de I'instrument dans la cavite du sac herniaire. " Deslors il neresteplusqu'apratiquer I'injection d'apres lespre- ceptes poses par M. Velpeau, preceptes auxquels je n'ai rien a aj outer. " Malgre sa complication apparente a la lecture, rien n'est plus simple que ce procede dans son execution, il suffit de s'y exercer un instants aur un sachet quelconque pour en comprendre le mecanisme et s' assurer de sa rigoureuse certitude. " Les applications recentes qui viennent d'en etre faites sur le vivant par moi-meme, et sur mes indications par mon excellent col- legue, M. le docteur Follin, n'ont rien laissd a ddsirer, et j'ai I'espe- rance que ce simple perfectionnement suffira pour vulgariser en peu de temps une operation qui promet d'etre une des belles conquetes de la chirurgie. - — M. Guerin-Menneville , qui a consacrd sa vie a I'etude theo- rique et pratique des progres de la belle et riche Industrie de la sole, rend compte des essais de devidage des cocons du ver a sole da ricin , tentes par lui dans les ateliers de M. Alcan. Bien differents des cocons ordinaires , les cocons du ver nouvellement importe en France, ne se ddvident qu'avec une extreme difficulte , a ce point qu'on croyait impossible de les developper en un fil unique; qu'on n'avait guere que I'espoir de les convertir en bourre de soie, qu'on transformerait plus tard en filoselle. Des documents obscurs , mais certains , sembleraient cependant indiquer que les Indiens des con- trdes oil le ver du ricin nait, vit et se propage naturellement dtaient en possession d'un procedd pratique pour le devidage des soies que ce ver produit. Entrd en possession d'un certain nombre de ces cocons, 446 COSMOS. M. Guerin-Menneville a aussitot tentt5 de les devider ; ses ess&is n'ont pas encore 6te couronn^s d'un plein succes , parce qu'il ope- rait sur une trop petite quantitd de inatiere et avec des moj-ens trop limites; mais il a du moins acquis la certitude qu'en suivant, avec quelques modifications que la pratique indiquera, la nouvelle m6- thode de M. Alcan , on resoudra sans trop de peine cette grande difficult^ , que Ton fera pour les cocons du ver a. soie du ricin ce qu'on a fait a Lyon pour les cocons du ver a soie vivant a I'^tat sau- vage sur le chene. — M. Porro poursuit avec ardeur la solution pratique du beau probleirie theorique pos6 par lui il y a quelques mois : I'elimination complete de la flexion des lunettes. II presente un ohjectif , taille dans ses ateliers, de 115 centimetres de longueur focale avec 1'^- norme ouverture franche et utile de 12 centimetres. Get objectif qui, essaye sur les test-objets astrononiiques avec des grossissements considerables, a donne des images d'une nettete des plus satisfai- santes , jouit de la propriete de donner au foyer meme de la lunette, et par une reflexion double d'abord sur une de ses faces internes , puis sur un diaphragme (miroir plan poll place au centre), une image des fils de I'oculaire. Dans cette disposition, toutes les fois qu'il y a coincidence entre le fil d'oii la lumiere emane et son image vue au foyer, le miroir est rigoureusement normal a la ligne de visee, et les iiidications de I'in- strument deviennent independantes de toute flexion. Si la coinci- dence n'avait pas lieu, le miroir ne serait plus normal a la ligiie de visee , mais le micrometre permettrait d'evaluer immediatement la correction a faire aux indications brutes de I'instrument. Ce sera done dcsormais ce miroir inflexible et non plus I'axe mobile et insai- sissable de la lunette qui servira de repere pour etablir la relation de la ligne de visee avec les indications du cercle. Esperons que les astronomes, fatigues de passer des ann6es a reconnaitre et a appre- cier les defauts de leurs instruments , pour n'arriver en definitive qu'a des corrections moyennes, fondees sur des hypotheses plus ou moins iiicertaines , se decideront a adopter les nouveaux objectifs avec lesquels la flexion est reellement eliminee. M. Porro presente, en outre, le nouvel oculaire a (^clairage par- tiel produit par une petite lame de verre prismatique , avec lequel il a constate pour la premiere fois la possibilite d'observer de jour le passage des etoiles sur le fil d'abord, puis sur I'image du fil r^- flechie par la quatrieme surface de I'objectif. II est heureux d'ap- prendre par la note du colonel Hossard, lue a la dernifere stance, que COSMOS. 447 ce genre d'oculaire sera bientot essaye au depot de la guerre par les officiers employes au trace de la carte de France. Suivant la fatale coutume , les perfectionnements tres-importants realises par M. Porro , et sur lesquels nous avons souvent appele lattention de nos lecteurs , sont iriieux connus et mieux apprecids a 1 'Stranger qu'en France. L'objectif et les oculaires deposes sur le bureau de I'Acadeinie sont, nous le disons a regret, expedies aujourd'hui meme pour I'Amerique. — M. Pelouze presente , au nom de M. Alvaro-Reynoso , une note sur I'eth^rification, ou le d^doublement de I'alcool en ether et en eau, par une de ces reactions mysterieuses dans lesquelles un corps intervient seulement par sa presence, sanssubiraucune modification. Voici les details de cette belle et courageuse experience tout a fait neuve et que I'avenir peut-etre fecondera : On prend de I'iodure de mercure, prepare par double decom- position, bien lave et seche; on I'introduit avec de I'alcool ab- solu dans un tube de verre vert ferme par un bout, et on scelle a la lampe I'autre bout apres I'introduction des corps reagissants. Le tube ferme est introduit dans un canon de fusil , qui est plac6 dans un bain d'huile. Si on chauffe I'huile jusqu'a 300°, I'iodure de mercure et I'alcool sont decomposes, la masse devient noire et des gaz en grande quantite prennent naissance. Lorsque cet effet a et6 produit, ii est prudent de jeter le tube au loin sans essayer de I'ou- vrir, il est tres-difficile et dangereux de recueillir les produits de la reaction. Si au lieu de chauffer I'huile a 300°, on la maintient seulement a 240° pendant quatre ou cinq heures, alors I'etherisation a lieu et la masse ne noircit pas. L'iodure de mercure amorphe se cristallise en partie et une petite quantite reste dissoute dans I'alcool en exces. La proportion d'ether ainsi obtenue est assez considerable. M. Alvaro-Reynoso a constate, iiicidemment, que le mercure, qui se dissout dans I'alcool sous la modification jaune, puisque I'eau, d'apres Selmi, le precipite sous cet aspect, passe au bout de quel- que temps a la modification rouge dans la dissolution meme , d'oii il est precipite par Teau avec cetle couleur. — La correspondance depouillee par M. Elie de Beaumont offre d'autant moins d'interet qu'il est absolument impossible de la suivre. Les titrea des communications et les noms des auteurs ne parvien- nent meme pas jusqu'a nous. Quelques mots entendus au hasard nous ont appris qu'on pr^- sentait le grand memoire du R. P. Secchi sur le mas;netisme ter- liUS COSMOS. restre : nous connaissons ce mcmoire depuis un mois, parce qu'il a ^te public dans la Corrispondenza scientifica , et nous Taurions analysed aussitot si nous n'avions pas attendu la presentation acade- mique. Una etude profonde et eminemment intelligente des faits, reunis en faisceaux par I'illustre secretaire perpdtuel de la Societe royale de Londres, a conduit le savant directeur de I'Observatoire du College remain a la decouverte d'un ceitain nombre de lois tres- simples et tres-iniportantes que le colonel Sabine n'avait pas entre- vues, ainsi qu'il nous I'a franchenient avoue lui-meme a Liverpool, apres avoir lu le niemoire du R. P. Secchi que nous lui avions com- munique et qu'il ne connaissait pas. C'est me:ne parce que le colonel Sabine nous a prie de lui laisser pour quelque temps encore ce beau travail , que nous ne pourrons en donner des aujourd'hui le resume complet; force nous sera d'attendre I'apparition des comptes rendus. — M. Elie de Beaumont lit aussi une longue lettre dans laquelle M. Thomson, de Glascow, d^veloppe assez longuement les id(^es que lui et M. Ranskine se sont faites relativement a Torigine de la chaleur soiaire , au mode d'entretien de ce foyer immense de com- bustion. Nous n'oserions pas redire, jusqu a nouvel ordre, ce que tout le mondecependaiita cru comprendre, que, danslapensee desjeunes physiciens anglais, le feu solaire serait alimente par les asteroides , les bolides, les etoiles filantes , etc., etc. Nous nous reservons de .'evenir plus lard sur ces 6tranges theories qui s'etaient fait jour des I'annee derniere ; et sans plus parler de ce que nous avons trop mal entendu, nous dirons en terminant que M. de Quatrefagesa enonce, au nom de M. Lacaze-Duthiers , les resultats d'une nouvelle etude de I'embryog^nie des Dentales, sorte de mollusques a coquille Irfes- singuliers. Le savant et actif nauraliste a reussi , ce qui etait tres-difficile, et ce que Ton n'avait pas fait avant lui : a apporter a Paris des embryons vivants de ces curieux anin)aux manns , de sorte qu'il pourra montrer aux maitres de la science les faits nou- veaux qu'il croit avoir decouverts. ■ — M. Du Moncel adresse une note sur un appareil electro-phy- siologique obtenu par la combinaison de la machine a induction de Rhumkorff et d'une pile de Daniel ; nous la reproduirons. — M. !e docteur Guillon qui, grace a la bienveillance de M. Lus- treman, professeur au Val-de-Grace, va pouvoir appliquer sur un nouveau malade sa m^thode curative des retrdcissements infran- chissables de I'urfetre, prie un ou plusieurs des membres de la Com- mission des prix Monthyon de vouloir bien suivre le traitement dont il espere un succes complet. HISTOIRE DE L'ALCHIMIE ET DES ALCHIMISTES. PAR M. LOUIS FiGDiER. — {Premier exlrait.) James Price, homme riche et savant, etait medecin a Guilford. 11 s'ocoupait de chimie , et son nom est reste attache, dans cette science, a quelques travaux interessants. Mais il eutle travers de se Jeter dans les folies alchimiques, et il s'imagina, en 1781, avoir reussi a composer une poudre propre a la transmutation du mercure etde I'argenten or. Cette poadre avait de si faibles vertus. le profit qu'on pouvait en retirer etait si mediocre, et les experiences si pe- nibles, qu'il hesita pendant deux ans a rendre publique sa pretendue di^couverte. II se decida neanmoins a la confier a quelques amis. Le P. Amlerson, naturaliste zele et chimiste habile , les freres Russel, conseillers a Guilford, et le capitaine Grose, coiinu par quelques ecrits sur I'antiquit^, furent ses premiers confidents. Cepcndant, a mesure que le bruit de ses operations se repandait au dehors, il s'enhardissait davantage, et il finit par acquerir une confiance en lui-meme qui lui avait manque jusque-la. De I'art de se troniper soi-meme a I'art de tromper les autres, il n'y a qu'un pas. En 1782, Price montrait a qui voulait les voir deux poudres rouge et blanche, avec lesquelles il transjnuait a volonte les metaux vils en argent ou en or. II executa plusieurs transmutations pu- bliques, et pour r^pondre d'une maniere peremptoire aux objections qu'elles avaient provoquees, il institua une serie d'experiences qui furent executees a Guilford dans son laboratoire, en presence d'un grand nombre de personnes distingu^es de la ville. Ces experiences, qui durerent deux mois, consisterent surtout a agir sur le mercure ou sur des amalgames , au moyen de ses deux poudres. L'operateur transmuait a volonte ce metal en argent ou en or. II faisait souvent usage d'huile de naphte pour ajouter au mercure, qui devenait mat et 4pais par son melange avec ce liquide. Le borax et le charbon de bois jouaient aussi un role comme ingredients dans les operations. Les experiences ne donnaient en general que de petites quantites de metal precieux ; mais, dans la neuvieme seance, qui eut lieu le 30 mai 1782, et dans laquelle on laissa le chimiste operer seul, on obtint, avec soixante onces de mercure, un lingot d'argentpesant deux onces et demie. La quantity de poudre philosophale employee fut de douze grains. Le lingot d'argent provenant de cette expe- rience fut offert en present au roi d'Angleterre, Georges III. Pour donner toute publicite a ces experiences, James Price en fit imprim.er, a Londres, les proces-verbaux detai]k% sous le titre de 450 COSMOS. Relation de quelqaes expenences stir le mercurc , lor el I' argent (I). Ces proces-veibaux portent la signature des principaux tomoins des experiences : outre les noms de Rassel , Ainlerson et Grose, on y remarque ceux de lord Onslow, lord King, lord Pahnerston, le che- valier Gartwaide, sir Robert Parker, sir Manning, sir Polle, le doc- teur Spence, le capitaine Hausten, les lieutenants Grose et Hol- lan:iby, les sieurs Philippe Clarke, Philippe Norton, Fulhani, Ro- binson, Godschall, Gregory et Smith, noms aujourd'hui tous in- connus. Cependant James Price etait membre de la Societe royale des sciences de Londres. Comine les croyances alchimiques avaient de- puis quelque temps perdu leur prestige, la Soci^t^ voulut savoir le fond de I'affaire. Le chimiste fut done somme de repeter ses expe- riences devant une commission choisie parmi ses membres, et com- posee des deux chimistes Kirwan et Higgins. James Price refusa de repeter devant eux ses experiences de Guilford. II donnait pour pre- texte que sa provision de pierre philosophale etait epuisi'-e, et qu'il fallait beaucoup de temps pour en preparer d'autre. II alleguait en- core que, faisant parti de la Societe des Rose-Croix, il ne pouvait divulguer I'un des secrets de sa confrerie. Mais toutes ces defaites etaient jugees a leur veritable valeur, et ses amis le pressaient de toute maniere d'obeir au voeu de la Societe royale. Un des mem- bres les plus illustres de cette Societe, sir Joseph Banks, insista Burtout pour lui faire comprendre jusqu'a quel point son honneur et celui de la compagnie scientifique dont il etait membre etaient en- gages dans cette affaire. Ainsi pousse a bout, James Price se decida a recommencer ses experiences , ahn de preparer une nouvelle quantite de sa poudre transmutatoire. Au mois de Janvier 1783, il partit pour Guilford, afin de s'y livrer a ses recherches, annon^ant son retour pour le mois suivant. Arrive a Guilford, il s'enferma dans son laboratoire; ensuite , avani de rien entreprendre, il commen9a par prepaier une certaine quantite d'eau de laurier-cerise, poison tres-violent. II ecrivit ensuite son testament qui conmneii9ait par ces mots : " Me croyant sur le point de partir pour un monde plus siir, je voiis consigne ici nies dispositions dernieres.... » Ce n'est qu'apres ces preliminaires sinis- tres qu'il se mit au travail. (1) An accutiiit of some cxpeiinienis on merciny, siher and gold, niaJu at Guil- ford, in may 1782, in the laboratory of James Price, M. D. F. R. S. Oxford, 17S:2, jn-4°. COSMOS. [^^l > Six mois se passerent sans que Ton entendit parler a Londres du chimiste Price. Au bout de ce temps, on apprit son retour; mais, comma on assurait qu'il revenait suns avoir reussi dans sa tentative' tous ses amis I'abandonnereiit au juste mepris que meritait sa con- duite. Ce ne fut done point samS surprise que la Societe royale regut de James Pnce la priere de se renJre en corps, a un jour desi^n^ du mois d'aoiit 1 783, dans son laboratoire. Deux ou trois personnes seulement, parmi tous les membres de la Societe, crurent pouvoir r^pondre a I'invitation de leur collegue. James Price ne put resister a cette deiniere marque de mepris; il passa dans un petit cabinet attenant a son laboratoire et avala tout le contenu du flacon d'eau de laurier-cerise qu'il avait rapporte de Guilford. Quand on reconnut, a I'alteration de ses traits, les signes du poison, on s'empressa de lu'i chercher des secours; mais il etait trop tard , et les medeoins qui accoururent le trouverent mort. Le docteur Price laissait , par son testament, une fortune de soixante-dix mille thalers, avec une rente de huit miile thalers qu'il distribuait a ses amis(l). —A peu pres a I'epoque oii cet evenement, dont le denoiiment fut si tragique, venait de s'accomplir en Angleterre, une autre aventure, qui n'eut cependant rien que d'assez rejouissant en elle-meme se passait de I'autre cote du Rhin, et precipitait la decadence des opi- nions alchimiques, en touniant conlre elles I'arme assuree du ridi- cule. Un professeur d'uiie universite d'Allemagne etait publique- ment force de convenir qu'il avait et^, par le fait de ses croyances alchimiques, le jouet d'une mystification grotesque. Jean Salomon Semler, savant theologien, etait professeur a I'uni- versite de Halle. Enfant, il avait bien des fois entendu un ami de son pere, I'alch-miste Taubenschusz, raconter des merveilles de la pierre des philosophes, et sa jeune imagination en avait ete vive- ment frappee. Lorsque, plus avance en age, il se livrait a ses etudes theologiques et aux travaux de sa profession, il savait se menager quelques heures de loisir pour des experiences chimiques. Ces expe- riences n'arrivaient jamais a lui demontrer la rdalite du grand fait poursuivi par la r^cience hermetique , mais il se gardait bien d'en tirer aucune conclusion centre la certitude de ses principes. Lorsque, ses etudes terminees , il put disposer d'un peu plus de temps, il se mit a comj)ulser les vent^rables in-fo/io du moyen age. Nous ignorons ce que le jeune theologien trouva dans la meditatton {l)lG,ntle„,cn magazine, 1791, p. 894. — Magasin scientifique de GcElliugue, 17S3. ^52 COSMOS. des dcrivains herm6tiques; mais, si mediocres que fussent ses de- coiivertes, elles etaientbien suffisanles pour un homine qui avait eu la foi avant la science , et une foi si robuste, que Ton est contraint de la respecter, tout en regrettant qu'elle n'ait pas ele recompens^e par quelque miracle. Un incident, qui survint plus tarddans sa vie, ne put d'ailleurs qu'ajouter a la fcrmet6 de ses croyances. Seniler ^tait depuis peu professeur de thcologie a Halle, lorsqu'un juif de cette ville amena vers lui un etranger revenant d'Afrique, qui lui demanda quelque secours; cet Stranger lui raontra avec mystfere un papier portant une douzaine de lignes de caracteres h^breux, mais dont les mots ^taient turcs ou arabes. II comprenait, disait-il, parfaitement cet ^crit ; seulement il y avait trois mots dont il ne pouvait saisir le sens, ce qui lui occasionnait un tournient inex- primable. II raconta, en effet, qu'il existait a Tripoli, a Tunis et a Fez un grand nombre de juifs qui avaient re9u, en heritage de leurs ancetres, le secret de faire de I'or ; ces juifs conservaient pr^cieuse- ment ce secret, et n'en tiraient parti que pour leurs besoins les plus urgents , afin de ne pas ^veiller Tattention des barbares; lui-meme avait servi longtemps chez un de ces juifs , et il aidait souvent son maitre dans ses travaux de transmutation. L'^crit qu'il presentait a Semler contenait une indication exacte des operations pratiquees par son juif; par malheur, les trois mots dont il avait oublie la si- gnification lui rendaient le reste inutile. Avec trois mots qu'un juif m'apprit en Arable, Je gueris autrefois I'infanle du Congo, Qui, vraiment, avait bieu un autre vertigo. Les trois mots du Crispin de Regnard (^talent sans doute les memes dont cet aventurier se mettait si fort en peine. Le bon et credule Semler fit tous ses efforts pour ddchiffrer ce lof^ooriphe. About de sa propre science, il invoqua celle des orien- taltstes les plus renomm^s de la ville et de TUniversite; mais ce fut en vain, Aussi, lorsque cinq jours apres, le juif vint le revoir, il ne put que Tinformer de ce resultat negatif. Notre homme s'en montra tout naturellement tres-affect(§, car il se voyait, disait-il, contraint de retourner en Afrique pour demander a son ancien maitre le sens des trois mots. Or, en ce temps-la, corame dans le notre, on ne faisait pas pour rien le voyage de Tunis. ( La suite au prochain numero. ) A. TRAMBLAT, proprielaire-gerant. PARIS. IMPRIMERIE DE W. REMQUET ET cle, RUE GARANCIERE, O. T. V. ao OCTOBRE l854. TnOISIEME ANNEE. COSMOS. LE SOLEIL EST UN AIMANT. BELLE STNTHESE DV R. P. SECCHI. « Tout le monde sait que les variations p^riodiques de I'aiguille ai- mant^e ont une liaison ^troite avec le mouvement du soleil, mais on n'est pas d' accord sur I'espece d' action qu'exerce cet astre, savoir : si elle est directe comme celle d'un aimant , ou seulement indirecte et I'effet des changements de temperature quelle produit sur la terre. Or, je croisque cette question pourra recevoir quelque lumiere des observations que je vais rapporter : « Le colonel Sabine, dans le dernier volume des Observations ina- gnetiques de Toronto, a fait remarquer I'opposition de signe ou le renversement que le changement de declinaison du soleil imprirae aux courbes qui representent la variation magnetique dans les pays tropicaux, niais il lui a paru difficile de faire ressortir ce meme ren- versement pour les pays eloignes del'i^quateur ; et, content d'avoir signale ce fait important, il ne le suit pas davantage, ce qui pour- tant I'aurait conduit a la veritable loi generale. La difficulty n'est qu'apparente et tient seulement au procede adopte par ce savant, qui rapporte les courbes mensuelles , ou a la moyenne absolue de I'annee, ou a la moyenne du mois lui-meme. En me servant done des Iravaux de M. Sabine, mais en combinant ses resultats d'une autre maniere, j'ai reconnu que la loi d' opposition, signalee pour les pays tropicaux en rapport avec la declinaison solaire, subsiste aussi pour tous les paysdu globe; c'est-a-dire que le soleil exerce sur toute la terre une action magnetique opposee , selon q\i'il se trouve au sud ouau nord de I'cquateur. On pent mettre cette opposition en ^viLJence de deux manieres , c'est-a-dire par I'analyse graphique des courbes ct par les resultats du calcul. Dansla premiere maniere, il suffit de prendre les courbes mensuelles, et de les rapporter, non pas a la moyenne annuelle absolue, mais a la courbe qui represente la variation moyenne horaire pendant toute I'annee. Pour nous faire mieux comprendre, rappelons que la position de i'aiguille (quelle que soit sa relation avec le soleil) doit dependre : l^de I'itngle horaire de cet astre ; 2" de sa declinaison. Une courbe diurne est la somrae ou la (,54 COSMOS. r^sultante de ces deux ^It^irients melos qu'il s'agit de separer. Pour effectuer cette separation, ddterminons la courbe moyenne annuelle horaire par une suite de plusieurs annees d' observations j dans cette couvbo , I'effet de declinaison solaire a disparu , car il agit en sens contraire pendant les deuxmoiti^s de I'annee. Si nous prenons main- tenant la courbe horaire r^elle, tracoe pour un mois quelconque de I'annee, cette courbe sera dependante de la declinaison solaire en ce inois,etsi, desordonncesde cette courbe niensuelie nous soustrayons ]es ordonnees de la courbe horaire annuelle , la courbe a jaquelle on arrivera ainsi mettra en (Evidence I'effet de la declinaison elle-meme. Cette operation graphique est en quelque sorte analogue a la diffe- rentiation analytique partielle, par rapport a une variable deter- minee. " Maintenant, j'ai fait toutes ces operations et trace les courbes resultant de la difference entre les courbes annuelles et mensuelles, heure par heure, et j'ai trouve pour les cinq observations de Hobart- Town, Toronto, Sainte-Helene, le cap de Bonne-Esp^rance et Ma- kerstown , en Ecosse , des resultats qui conduisent aux conclusions suivantes : " I. Les courbes derivees sont semblables pour les mois de meme declinaison solaire, mais opposees dans le sens de I'inflexion pour les d^clinaisons opposees. Ainsi, si en Janvier, a une certaine heure, la courbe d^rivee tourne la convexite en haut; en juillet, elle la tourne en bas. " II. Pendant que les sens de flexion des courbes horaires annuelles pour le meme pole de I'aiguille sont opposes dans les deux hemi- spheres terrestres, le sens de flexion des courbes derivees rests constamment le meme dans les deux hemispheres, et change seule- ment avec la declinaison solaire. II suit de la que la courbe depen- dante de la declinaison solaire, en se superposant a la courbe moyenne annuelle, produit par interference toutes les variations observ^es dans les differentes saisons de I'annee. En superposant ces courbes, les oppositions remarquees par M. Sabine, a Toronto et Hobart- Town, et le curieux defaut de symetrie dans les deux courbes prin- cipales de Sainte-Helfene, sont parfaitement. expliques. " III. L'excursion de ces courbes derivees est plus petite dans les mois les plus rapproch^s des equinoxes, et elle atteint son maximum aux solstices, de sorte que, aux epoques des equinoxes, elles seraient des lignes droites. Cependant, il parait que le veritable minimum est en relation avec le passage du soleil a I'equateur magnetique du lieu plutot qu'a son passage a I'equateur geographique, comme COSMOS. 455 aussi les points d'inflexion sont en relation avec le meridian magnd- tique plutot qu'avec le meridian geographique. " IV. La structure de ces courbes est assez r^guliere, plus qu'on. ne pouvait I'attendre an cette matiere ; at alias se montrant comme formees de la superposition da daux periodes : I'una diurne, I'autre semi-diurne. Cette rcgularite est surtout remarquabia pour les pays les moins sujets a de frequentes perturbations magnetiques : on. voit encore que leurs excursions dependent de I'intensite magnd- tique locale. " En voyant ces courbes, on ne peut s'ampecher da penser que le soleil agit comme un aimant sur laterre. J'aiessaye cette hypothese en appliquant au cas les formules connues qui expriment Taction des- aimants a distance.... " En tra9ant la courbe observee at la courbe calculee, on voit entre elles una parfaite ressemblance ; seulement on reinarque que I'epoque du maximum du matin est arrivee un peu plus lard dans la premiere ; mais cela ne doit pas surprendre , car dans le calcul de ces nombres on a suppose constante I'inclinaison de I'aiguille , ce qui n'ast pas exact, et la formula etant seulement approchee, on a omis des termes qui, a certaines ^poques de la journee, peuvent etre sansibles. Mais il y a une circonstance physique que les formules spheriques ne peu- vent exprimer, la circonstance que, pendant la nuit, la force solaire devant traverser I'epaisseur du globe pour arriver a I'aiguille , et celle-ci etant magn^tique , elle se trouve par cela meme affaiblie ; de plus , nous ignorons la position des poles magnetiques solaires. " II est impossible de developper ici tout ce qui regarde cette ques- tion ; je dirai seulement que, puisque les relations de distance et de position angulaires du soleil suffisent a expliquer les oscillations p^- riodiques magnetiques , il n'ast pas necessaire d'avoir racours a das actions indirectes de cet astre , comme aux courants tharmo-elec- triques, etc., et que nous pouvons consid^rer le soleil comme agis- sant a la maniere d'un veritable aimant, ce qui d'ailleurs ne doit pas surprendre les physiciens. Cela pourtant n'empeche pas qu'on n'ad- mette Taction des causes meteorologiquas comme perturbatrices de ces actions regulieres du soleil at produisant les perturbations extra- ordinaires de I'aiguille. » Les details qui precedent sont extraits d'une lettre a M. Elie de Beaumont; an voici quelques autres que nous empruntons a la lettre ^crite en meme temps, par le R. P. Secchi a \M.. Quetelet , qui Ta fait imprimer sur-le-champ, et nous en a adresse un exemplaire : « J'ai pris les formules de Savary qui donnent Taction d'un aimant 456 COSMOS. sur I'aiguille, eten I'appliquant au cas dusoleil j'ai trouvi? que son action doit se inanifester coinme cela a lieu reellement, par una pe- riode diurne et semi-diurne; que les coefficients des autres poriodes sont tres-petits; que si cependant Ton tient compte de ces autres poriodes, les oscillations diurnes sont encore inieux representees. J'ai applique ces memos formules au calcul des autres elements du ma^netisme terrestre , des composantes horizontales et verticales, etj'ai retrouve ainsi, d'uiie maniere frappante, les periodes ohser- vees ; entre autres la periode simple , qui presente la force magnd^ tique a Sainte-Helene , et les periodes si singulieres observees au cap deBonne-Esperance. Ce premier succes ne prouve-t-il pas que le moment est venu d'attaquer par le calcul le probleme des varia- tions dumagnetismo terrestre? Les mathematiciens qui la resoudront completemeiit feront d'heureuses decouvertes , et t5claireront d'une lumiere nouvelle plusieurs points obscurs de cette importante ques- tion. Mes formules, amoi, sont tout elementaires ; elles supposent que le soleil exerce une action directe sur I'aiguille aimantee; or; cette action n'est probablement qu'indirecte, en ce sens que le soleil modifie d'abord le niagnetisme du globe, et que ce magnetisme mo- difie reagit sur I'aiguille aimantee. Cette seconde maniere, sansdoute plus vraie,d"eiivisager la question , implique une liaisoTi entre les variations des forces magnetiques et la distribution du magnetisme a la surtace de la terre, et s'accorde mieux avec le fait observe que les variations dependent de I'intensite du magnetisme local. " J'espere que mon travail imprimera un nouvel elan a 1' etude du magnetisme terrestre, qui commen9ait a se ralentir. 1! y aurait un grand interet a faire imiuediatement une nouvelle discussion des observations dcja recueillies, en les rapportant : 1° au temps vrai et non pas au temps moyen; 2° a I'annee astronomique et non a I'an- nee civile; 3° a la rotation solaiie, ce qui ferait sans doute decou- vrir la position des poles du soleil, considere comme un veritable ai- mant; 4" a la position dela lune. " Je ferai remarquer, en titiissant, que Taction attribute par nioi au soleil n'exclut pas rinfluence des autres causes qui peuvent etre aussi en jpu, des variations nieteorologiques, par exemple , qui doi- vent necessaireinent modifier I'etat magnetique du globt^ au lieu oa. elles agissent, ou le magnetisme local. En considerant ainsi 1 aiguille aimantee comme [ilacee incessamment sousl'action de deuxaimants, I'un tres-eloigne et sensiblement constant, I'autre tres-rapproche et perturbe lui-meme par I'influence des agents meteorologiques, on arrivera tres-probablement a exi)li(iuer ces imnortants phoiiomcnes jusque dans leurs particulai'ites les plus insaisissables aujouixl hui. PHOTOGRAPHIE. La photographie n'a pas manque au rendez-vous que les diverges branches de la science et de I'industrie s'etaient donne a Liverpool; elle a meme brille d'un grand eclat; car I'un des principaux evene- inents de celte splendide reunion a ete Fexhibition faite dans la salle Saint-Georges des belles photograpliies de la lune, prises par MM. Hartnup, Forrest, Edwards et Berry, et dontnous avons d^ja parle. On avait tendu, au milieu de la salle, en face d'un des bal- eens de la galerie, une immense toile ou ecran de cinquante i)ieds Carres; sur le balcon, on avait installe une lanterne magique eclairee par la lumiere Drummond, c'est-a-dire par un jet abondant de gaz oxygene et hydrogene enflamme et tombant sur un baton de craie ; les photographies de la lune, plac^es au foyer de la lentille de la lanterne et eclair^es par cette vive lumiere se projetaient surl'dcran, agrandies dans des proportions enormes : elles etaient en nnnibre suffisant pour representer notre satellite dans toutes ses phases, depuis le croissant jusqu'a la pleine lune, et I'immense auditoire a pu, graces aux explications donnees par MM. Hartnup et Phillips, faire une etude complete des etonnantes particularites de cette sur- face herissee de crateres et de montagnes volcaniques. On a surtout admire une pleine lune vraiment etonnante et qui couvrait presque entierement le vaste ecran saiis perdre de sa nettete. Nous avons regrette, toutefois, que la difficulte d'obtenir des positifs sur albu- mine eut force de se contenter de negatifs ou d'images inverses. La photographie est cultivee avec ardeur a Liverpool; les nornbreux amateurs de cette grande cite se sont constitues en une societe tres- florissante, quipublie, comme la Societe photographique de Londres, un journal mensuel que I'on trouvera dans les salons du Cosmos. Elle avait, en outre, organise, dans les salles de I'lnstitution royale, uneexposition vraiment remarquable, oil Ton voyait un grand nombre de chefs-d'oeuvre, des Archer, des Diamond, des de La Motlie, des Mayal, des William, etc., etc. Nous avons ete frappe de la beaute des portraits positifs sur verre collodionne d'un jeune artiste de Li- verpool, M. William Keith. Castle street; ils soutiennent la com- paraison avec les plus beaux portraits sur plaque, et sont obtenus avec une rapidite extraordinaire : M. Keith a bien voulu operer devant nous sans nous rien cacher; il nous a de plus promis de nous adresser un expose complet de sa methode pour le publier. M. Berry, directeur du magnifique elablissement de pharmacie de CoquiU street;, ^.tablissement auquel on ne peut rien comparer ^58 COSMOS. ni a Londres, ni a Paris, et qui est unedesmerveilles de Liverpool, a prdsento a I'Association d'excellents negatifs sur collodion, obtenus par des proc^des de renforceineiit dont nous donnons la forniule. M. Wenliam avait apporte des photographies parfaites d'objets microscopiques, obtenus directement au foyer du microscope ordi- naire avec des grossissements considerables, par un mode d'eclaire- ment et un jeu de lentilles tout nouveaux. M. Samuel Highley, de Londres, dans une lecture dcoutee avec le plus vif intdret, a decrit un mecanisme fort ingenieux a I'aide du- quel le photographe plac6 sur un navire marchant a toute vitesse peut prendre des images photographiques d'objets fixes, situes en mer ou sur les cotes ; il a aussi apporte des perfectionnements im- portants a I'art difficile de la reproduction photographique des objets microscopiques pour les etudes de physiologic et d'anatomie. M. Deane a presente le stereoscope a lentille cosmoramique de M. Knight deja decrit dans le Cosmos. Nous avions dtd chargd par M. Ferrier d'offrir a I'Association britannique de grandes photographies sur papier, reprcsentant des vues de France et d'ltalie, obtenues au moyen de negatifs sur albu- mine; et nous ne saurions dire I'admiration qu'elles out excitee ; M. Fox Talbot, I'illustre inventeur de la photographie sur papier, nous a plusieurs fois rdpete qu'il n'avait jamais rien vu de plus par- fait, qu'elles etaient pour lui le beau ideal. C'est en contemplant de semblables chefs-d'oeuvre qu'on comprend le service que M. Niepce de Saint-Victor a rendu a I'art, en decouvrant les proprietes de I'al- bumine ; pourquoi faut-il qu'on ne soit pas encore parvenu a donner a cette substance si precieuse la seule qualite qui lui manque, la rapidite des impressions ? Les vues stereoscopiques sur verre albu- min^ de M. Ferrier ont ete plus admirdes encore peut-etre , parce que personne a Liverpool ne saurait les imiter, tandis qu'avec le collodion on y obtient des photographies sur papier, qui rivalisent, comme celles de MM. Bisson freres, a Paris, avec les grandes epreuves obtenues avec I'albumine par M. Ferrier. Disons enfin que I'immense lunette de M. Craig, a Wandsworth, de 24 pouces d'ouverture, de 77 pieds de longueur focale, a eti^ aussi dirigee surle soleil et lalune, ayant a son foyer des plaques collodionnees, sur lesquelles ces deux grands flambeaux de la terre ont imprime leur image dans des proportions inconnues jusquici, 9 pouces de diametre. Ce gigantesque appareil n'est malheureuse- ment pas parfait, et de plus il n'est pas monte equatDiialement ; ces prandos images laiisent done beaucoup a desirer. Un grand COSMOS. U59 noiribre de montagnes et de mers de la lime, et plusienrs taches du soleil , soiit cependant accuses nettement , et ce premier essai a paru si encourageant a M. Reade et a M. le docteur Lee, qu'ils ont presque pris rengagement d'apporter a la reunion de Glascow de tres-bonnes photographies du soleil et de la lune, d'un pied de diametre. Les defauts de courbure de I'objectif de M. Craig sent aujourd'hui bieii connus, et ou les corrigera dans un nouveau tra- vad mecanique des surfaces, execute sur un plan propose par lord Rosse et M. Lassel, les grands niaitres de I'art. Le moyen em- ploye par divers operateurs, pour maintenir la lunette fixe pendant qu'on^ prenait les photographies de la lune, est tres-simple et me- rite d'etre indique. On choisit sur la surface de la lune vue dans le chercheur une portion tres-nettement definie, la mer d'Aristarque, par exemple, et Ton amene sur cette portion un fd micrometrique de maniere a la diviser en deux parties dgales, ou a unir deux points tres-distincts ; tout consiste ensuite a faire mouvoir les vis ou les manivelles de la lunette, de telle sorte que le fil ne cesse ja- mais de passer par les deux niemes points; cette operation est sur- tout facile lors du passage de la lune au mcridien, quand I'astre se meut sur une ligne sensiblement parallele a I'horizon. NEGATIFS SUR COLLODION, PAR M. BERRY. Un certain nombre d'op^rateurs se plaignent de n'obtenir sur collodion, qu'avec beaucoup de difficulte, des epreuves negatives d intensite ou de vigueur assez grande pour pouvoir donner par impression de bons positifs sur papier. M. Berry r^ussit ordinai- rement a fortifier ses negatifs en versant sur eux une solution de chlorure d'or dans la proportion de (0s,065) pour une once d'eau (31 s). Si cela ne suffit pas, apres avoir enlev^ par un lavage I'exces de chlorure, il verse sur r(5preuve une solution de sulfure d'amrao- nium de densite variable, ou contenant de 30 a 40 gouttes pour une once (31 e) d'eau. De cette maniere, des impressions, si fai- bles qu'on les voyait a peine dans la lumiere transmise, prenaient assez de vigueur pour pouvoir donner des impressions. Mais il res- tait encore une difficulte a vaincre : la couche de collodion, toujours tres-tendre, lorsqu'elle est humide, se brisait si facilement, lorsque 1 on avait soumis la plaque a un procede de renfoncement, quel qu'il fut, que la production d'un negatif parfait etait I'exception et non pas la regie generale. Pour ^viter cet inconvenient, il faut laisser secher la plaque aprfes quelle a ^t^ developp^e et fixee par le cya- nure de potassium ou I'hyposulfite de soude, et la vernir ensuite a 160 COSMOS. la manicure ordinaire. Ce n'est qr.e plus tard, lorsque le moment d'imprimer les positifs sera venu, qu'on proccdera au reiifoncement par I'emploi du chlorure d'or ou du sulfure d'ainmoniuiii en prenant cette fois pour dissolvant, non de I'eau, mais de I'alcool rectifie; on remplace I'ancien vernis par une couche nouvelle. M. Berry a trouve que si Von ajoutait de I'acide gallique au bain d'argent, le temps de I'expositioii dans la chambre obscure devenait en effet plus long', mais que les images obtenues avaient une intensity extraordinaire. II a pu de cette maniere se procurer d'excellents negatifs, pourvu toutefois que les collodions employes ne fussent pas rendus sensibles par I'iodure ou le bromure d'ammonium. Une portion de gallate d'argent se precipite aussitot, mais les solutions d'argent d'une force moyenne reliennent toujours en dissolution une portion suffisante du corps precipitant. Cette propriete a ete utilisee par MM. Berry, Thomas et quelques autres, qui out ajoute au bain neuf d'argent un exces d'iodure d'argent humide pour com- battre la tendance qu'avait ce bain a dissoudre la couthe d'iodure d'argent dont etait revetue la plaque coUodionnee. Si Ton se sert de brome comme agent sensibilisateur, le meilleur agent renfor^ant qu'il faut substituer a I'acide gallique est le bromure de chaux ; le nitrate qui resulte de la decomposition de I'iodure dans le bain d'argent n'exerce aucune action del^tere; voici la formule a suivre : prenez, bromure d'argent, 4 grains (0^,26), faites dissoudre dans deux drachmes ( 3s,54 j d'esprit-de -vin; ajoutez 6 drachmes (il0s,63) d'ether rectifie, et ce qui est necessaire de coton-poudre. Le bain d'argent doit etre dans ce cas de 60 grains (3s, 88'°) pour une once (31s) d'eau. Le colloilion bromure est passable- ment rapide et, diiferent en cela de beaucoup d'autres, il devient meilleur en vieillissant; ii est encore tres-bon apres un an. M. Berry a fait usage de la formule suivante avec un bain a 30 grammes; il a opere dans toutes les conditions de lumiere possibles, et obtenu des 6preuves qui ne laissent rien a desirer pour la vigueur du ton. Prenez de I'iodure de potassium ce que vous voudrez, broyez-le dans un mortier avec de I'esprit-de-vin a 54 degres (anglais), jusqu'a ce que Tesprit-de-vin ne puisse plus dissoudre I'iodure, prenez de cette solution 3 parties, d'ether sulfurique, libre de tout acide, 5 parties, melez et faites dissoudre dans le melange la poudre-co- ton, de manifere a former une pate epaisse. Le bain revelateur est compose comme il suit : acide pyrogallique, 2 grains (0s,130) acide acetique cristallis^, 20 gouttes, esprit-de-vin 1 drachme (l8,77); on ajoute assez d'eau pour former une once (31c), ASSOCIATION BRITANNIQUE POUR l'avancement des sciences. Section A. — Sciences physiques et viathematiques. Cette section avait pour president M. Stokes; pour vice-presi- dent, le tres-reverend doyen d'Ely, M. Peacock ; le docteur LLoyd deDublin, leRev. docteur Booth, le Rev. professeur Walker, le Rev. docteur Whewell, le Rev. professeur Powell, M. Adam Esq , tous membres de la Societe royale de Londres. MM. LLoyd, Booth, Walker, Adams, n'oiit pas paru a Liverpool. Les secretaires ^taient : M. le professeur Stevelly, M. le professeur Tyndall, M. HaiePuckle, M. Hartnup, M. Welsh. Le comite etait compost de MM, d' Almeida, professeur de physique au lycee Napoleon, amiral Beechey, Bernard de Bordeaux, Charles Brooke, Bateman, Cayley, Dove, Duboscq, Foucault, Gassiot, Gray, Green, sir Ha- milton, Hopkins, Lee, Moig-no, Mitchell, FoUett Ostler, colonel Portlock, Rog-et, Scott-Russell, amiral Ross, Rev. Scoresby, capi- taineSmythe, colonel Sykes, Sprague, Thompson, Tovvson, Wilson, Webster. Void la nomenclature exacte des communications, rapports, notes oumemoires, dans I'ordrede leur presentation : Baden-Powell. Continuation du rapport sur les meteoreslumi- neux. Greg. Sur les m^teorolites et les asteroides. Vaughan. Recherches sur I'astronomie meteorique. Jacob. Sur le catalogue d'etoiles de i'Association britannique. Tyndall. Sur quelques particularites du champ magn^tique. Sir Ross. Sur la deviation de I'aiguille aimantee , particuliere a Liverpool. Bernard. Notes sur la polarimetrie et nouveau polarimetre. Des- cription d'un photometre universel. Nouveau refractometre. Waterston. Sur une methode d'evaluation des volumes absolus des dernieres molecules des liquides. Baden-Powell. Rapport sur lachaleur rayonnante. Snow Harris. Rapport provisoire sur la meteorologie. Tyndall. Sur la force diamagnetique. Sturm. Methode de fabrication mecanique des lentilles cyiindri- ques. Phillips. Note sur la montagne de Gassendi, et nouveaux essais de photographie de la lune. — Communication de dessins de di- verses regions lunaires faits par MM. Challis et Piazzi-Smyth. 462 COSMOS. Brett. Sur le tel(*graphe sous-marin et sa prolongation jusqu'aux Indes. ScoRESBY. Sur la perte du vaisseau le Tayleur; anomalies des in- dications des boussoles sur les navires en far. TowsoN. Sur I'insuffisance actuelle de la science relativement aux boussoles des navires en fer. Hopkins. Compte rendu d'experiences relatives aux effets de la pression sur la temperature du point de fusion de differentes sub- stances. Fairbairn. Sur la densite de divers corps soumis a des pressions ^normes. FoucAULT. Nouvelles demonstrations de la rotation de la terra autour de son axe, au moyen du gyroscope. Brooke. Methode facile pour la preparation de cellules minces de verre destines a recevoir les objets microscopiques. Varley. Pei'fectionnements aux communications t^l^graphiques sous-marines ou souterraines. Bright. Sur I'electro-magnetisme et les conducteurs souterrains. Archibald Smith. Sur une methode graphique pour la correction de la deviation des boussoles des navires. Portlock. Rapport de la commission des tremblements de terre, examen de divers seismometres construits sous la direction du major James. — Note sur quelques recherches experimentales re- latives a I'application de la pile electrique a I'ignition de la poudre a canon , par le capitaine Ward. Ross. Sur les erreurs qui peuvent avoir lieu quand on ne tient pas compte de Taction de la lumiere solaire ou artificielle sur les aimants. Hartnup. Sur les variations dans la marche des chronometres. Thomson. Sur les antecedents mecaniques du mouvement, de la chaleur et de la lumiere. Compte rendu de recherches experimen- tales sur la thermo-electricite. Formules de MM. Macquorn, Ran- kin, pour le maximum de pression et la chaleur latente des va- peurs. Cayley. Surla solution des Equations cubiques etbiquadratiques. Sir Hamilton. Sur quelques extensions des quaternions. MoiGNo. Nouveau photometre de M. Babinet. Nouvelles obser- vations de M. Chacornac. Sur les taches solaires et les facules, et sur leur veritable nature. Lee. Sur quelques images photographiques de la lune prises avec la grande lunette de Craig, COSMOS. ^163 MoiGNo. Arithinomfetre de M. Thomas de Colmar. Cartes homa- lographiques de M. Babinet. DuBoscQ. Ensemble d'appareils pourmontrer en projection sur un ^cran, aunvaste auditoire, tous les phenomenes de lalumiere. Dove. Appareil pour la lumiere polarisee elliptiquement. Sur quelques phenomenes st^reoscopiques. Methode pour mesurer I'ab- sorption de la lumiere polarisee dans les cristaux doublement re- fringents. ScoKESBY. Impressions picturales et photo-chromatiques sur la ratine de I'oeil humain. Varley. Sur divers obstacles a la construction de telescopes par- faits. Whewell. Sur les observations americaines de marees, de M. Bache. Follet Ossler. Description de I'anemometre de I'Observatoire de Liverpool, avec une discussion des observations enregistrees. Dove. Sur la distribution de la pluie dans les zones temperees. Syi^es. Sur la meteorologie de Nice. Poole. Sur le climat de la Nouvelle-Ecosse. ■ Drew. Sur le climat de Southampton. Nevins. Examen des ouragans qui ont visite I'Angleterre et I'lr- lande en 1852, 1853 et 1854, dans leurs rapports avec la theorir, des rotations. Lee. Sur quelques dessins photographiques de cristaux de neige tombes en Janvier 1854, pris par M. Glaisher. Dessins photogra- phiques des instruments metdorologiques. Macquorn Rankin. Sur les observations simultanees de chutes de pluie en divers points d'une meme chaine de montagne. Rankine. Sur la meteorologie de Huggate, et des plateaux du Yorkshire. King Watts. Aurores bor^ales observees a Saint- Yves. Petris. Sur une variation des lois el^mentaires du mouvement des fluides. Voila Tensemble des travaux qui ont rempli les stances de la section A, de 11 heures du matin a 3 heures de I'apres-midi, les jeudi 21, vendredi 22, samedi 23, lundi 25 et mardi 26 septenibre ; tous 6taient r^ellement int^ressants , tous renfermaient quelque aper9u nouveau ; mais on a surtout remarque : 1" les brillantes ex- periences de M. Tyndall sur le diamagnetisme ; nous avions peine a comprendre comment il avait pu rendre si frappante Taction des aimants ou descourants sur le bismuth, quand nous nous rappelions 464 COSftlOS. quecette action n'est qu'une fraction tres-petite de Taction exerc^e sur le fer ; 2° le gyroscope de M. Foucault, qui aete, comma nous I'avons dit, I'ev^nement saillant du congres de Liverpool ; 3" les magnifiques instruments de M. Bernard, de Bordeaux, si bien com- bines au double point de vue de la theorie et de la pratique, si bien construits par M. Duboscq; les recherches colossales de MM. Hop- kins et Fairbairn ; 5" la communication deM. Brett, relativement au t^legraphe sous-marin ; 6" les perfectionnements apportds au t^l^ graphe electrique par M. Varley ; 7" la splendide collection d'ins- truments d'optique de M, Duboscq ; 8" larithmometre de M. Tho- mas de Colmar. Nous allons analyser avec soin ces diverses commu- nications. I. SUR LA FORCE DIAMAGNETIQUE, PAR M. TYNDALL. On a ^mis un grand nombre d'opinions relativement a la na- ture ouaux caracteres distinctifs de la force diamagnetique. Weber, en Allemagne, affirme que les corps diamagnetiques possedent una polarite oppos^e a celle du fer. Un compatriote de Weber, M. Von Feilitsch, a combattu cette opinion dans una serie de memoires re- ceminent publics dans les Annales de Poggendorff; il affirme que la polarite des corps diamagnetiques est analogue a celle du fer ou de merne nature; et il essaie de concilier tous les phenomenes avec cette donnee fondamentale. En Angleterre , au contraire , M. Fa- raday, et, cesemble, M. le professeur Thomson, se refusent a ac- corder aux corps diamagnetiques una polarite de nature quelconque. Ces divergences d'opinion prouvent combien cette matiere est de- licate, et qu'en la traitant on ne saurait user de trop de precautions. Voulant la discuter, M. Tyndall a juge, en consequence, qu'il etait bon de commencer par I'examen des phenomenes les plus eiemen- taires, pour s'eiever graduellement aux phenomenes les plus com- pliques , que ce n'etait que da cette maniere qu'on pouvait arriver a mettre en evidence la nature reelle de la force de repulsion que les poles des aimants exercent sur certaines substances. Apres une longue serie d'experiences faites sur differents corps dans les cir- constances les plus variees , I'auteur a fait choix d'un petit nombre de substances les plus aptes a mettre en evidence la loi suivant la- quelle Taction repulsive augmente avec la force de I'aimant qui la fait naitre. Si la repulsion d'un corps diamagnetique avait pour unique raison une propriete de sa substance , sa repulsion serait simplement proportionnelle a la force de I'aimant; or, il est prouve, par Taccord unanime d'experiences faites a la fois en Allemagne , COSMOS. 466 en France, en Angleterre, qu'au moins entre des limites tres-eteii- dues de !a puissance magnetique , la repulsion croit proportionnel- lement au carre de la force de I'aimant repulseur. Ce fait conduit invincibiement a la conclusion que la repulsion d'un corps diamagne- tique depend non-seulement de Taction de I'aimant qui agit sur lui, niais aus^i de la reaction du corps diamagnetique, ou de Taction combinee du magnet ou aimant, et du diamagnet ou diaimant. Un morceau de bismuth, par exeinple, mis en presence d'un aimant, est amene par cet aimant a un etat d'excitalion qui varie avec la force de I'aimant, et par suite duquel il e^t repousse. Le point essenliel de la question est de decider si cet etat d' excitation, detennine par Taction d'un pole, dans un corps diamagnetique, consiste dans I'ap- parition d'un pole de quality opposee u celui qui le repousse. Pour resoudre ce problems, M. Tyndall a pris deux noyaux en fer doux, et les a plies de telle sorte que les deux extremites semi-cylindri- ques des deux noyaux etant juxtaposees, ils ne formassent plus qu'un seul cylindre de meme diametre que les portions rectilignes des deux noyaux. Ces noyaux etaient places au sein d'helices com- binees de telle sorte qu'on put faire naitre a volonte dans les deux extremites contigues des poles de meme nom oude noms contraires. Une barre de bismuth etait suspendue de fagon que les deux poles pussent agir simultanement sur elle. Lorsque les deux noyaux de de fer etaient excites de maniere a faire naitre deux poles semblables, ]a barre de bismuth etait repoussee; lorsque les poles etaient diffe- rents, la barre restait immobile, Taction exercee sur elle etait nulle. Cette experience confirme celles de Reich et prouve que Texcitation, quelle qu'elle puisse etre , causee dans la barre de bismuth par un des poles magnetiques, est neutralisee par Taction du pole conlraire; que chaque pole en particulier produit une excitation specialea lui, et Ton voit apparaitre ainsi le premier indice de la duahte de nature des forces inises ainsi en jeu. M. Tyndall examine ensuite la maniere dont les corps diamagne- tiques se comportent lorsqu'on fait agir sur eux : d'abord , I'aimant seul ; secondement , le courant electrique seul ; troisiemement , le courant electrique et I'aimant combines. Mais afin qu'on puisse donner un sens defini a cette expression : .■ maniere dontle bismuth se comporte , " il faut avant tout definir suivant quelle direction, par rapport aux plans de clivage , la barre de bismuth a ete taillfe dans la masse cristallisee. Une barre de bismuth dans laquelle les plans de clivage principal sont paralleles a la longueur de la barre, soumise a Taction du seul courant electrique se dirige parallelement 666 COSMOS. a la direction du courant ; une barre , au contraire, dans laquelle les plans de clivage sont perpendiculaires a la longueur, se place a angle droit avec la direction du courant. M. Tyndall appelle la premiere barre , harre diamagnetique normale , et la seconde , barre dlama- gnetiqne anormale. La maniere dont une barre normale se com- porte est en complete antithese ou opposition avec la maniere dont se comporte une barre de fer doux ; les forces, qui font devier la premiere de la droite vers la gauche , font df^vier la seconde de la gauche vers la droite. Si la premiere, dans sa position d'cquilibre stable , se dirige du sud-ouest au nord-est , la seconde se dirigera du sud-est au nord-ouest ; et cette opposition continue a se manifester dans toute la serie des experiences. M. Tyndall s'est procure , par un arrangement m^canique, une barre magnetique anormale, c'est- a-dire une barre qui se pla^ait avec sa longueur a angle droit avec la ligne qui joint les poles. La barre diamagnetique anormale se comportaitd'une fagon precisement opposee a celle dont se compor- tait la bane diamagndtique normale; mais quand on comparait la barre magnetique normale avec la barre diamagnetique anormale , ou la barre diamagnetique normale avec la barre magnetique anormale , on constatait une parfaite identite entre leurs deux ma- nieres d'etre. II devenait evident par la que si Ton ne prenait pas en consideration I'influence de la structure intime de la barre, on tom- berait dans les erreurs les plus graves, et Ton arriverait aux conclu- sions les plus inexactes relativement a la maniere dont se compor- tent les corps magnetiques ou diamagnetiques, places dans le champ magnetique. Mais ce qu'il importe surtout de bien constater , c'est la presomption justifiee par les experiences dont il vient d'etre question, que, quelle que soit la nature des influences exercdes sur les corps magnetiques par Taction des courants dlectriques et des aimants, soit seuls, soit combines, la maniere d'etre des corps dia- magnetiques doit etre attribute a une influence de meme nature , mais opposee dans sa distribution. La derniere partie des recherches de M. Tyndall met en Evi- dence, bien plus nettement encore, la veritable nature de Taction dite magnetique. On place deux helices ou bobines de telle sorte que les extremites des deux tron9ons ou noyaux de fer ajustds dans leur sein soient a une distance de six pouces mesuree de centre a centre. Les helices sont placdes des deux cotds opposes des plans tangents aux deux extremites du noyau; on introduit entre ces deux extremites une heiice de fil de cuivre, et Ton place dans cette helice une barre de bismuth de 6 pouces et denii de long, de quatre dixie- COSMOS. ^67 mes de pouce de diametre librement suspendue, et de telle sorte que les extremites de la barre de bismuth soient en regard des extrd- mitds des noyaux de fer. Si maintenant on vient a faire passer un courant a travers I'helice, et si la barre de bismuth, renfermee dans cette helice, vient a etre excitee par le passage du courant, il est tres-probable que la vraie nature de cet excitement se manifestera d'elle-meme par le genre ou mode d'action que les aimants exerce- ront sur le corps diamagnetique. En operant delicatement, on arri- vaita agir tres-puissamment sur le bismuth suspendu : or, lorsque le courant traversait Thelice dans uiie certaine direction, les extre- mites de la barre diamagnetique etaient repoussees par les electro- aimants ; et quand on renversait la direction da courant dans I'he- lice, ces inemes extremites etaient attirees par les aimants. On obtenait ce meme effet d'attraction au lieu de la repulsion, lorsqu'on renversait la polarite des deux aimants. En comparant les devia- tions ou deflexions de la barre de bismuth a celles d'un barreau de fer doux, on constatait qu'elles etaient completement opposees. L'excitement qui determinait I'attraction de la barre de fer deter- minait la repulsion de la barre de bismuth , l'excitement qui deter- minait la repulsion du barreau de fer determinait I'attraction du barreau de bismuth. Toutes ces experiences conduisent irresistible- ment a cette conclusion que quelle que soit la distribution ideale du magnetisme dans le fer, une distribution absolument opposee se produit dans le bismuth; ou, en d'autres termes, que la force dia- magnetique est une force polaire, mais que sa polarite est I'inverse de la polarite magnetique. S'il en est reellement ainsi, la barre de bismuth, lorsque le courant circule autour d'elle, doit avoir ses deux extremites dans des etats differenls; mais si ces extremites sont dans des ^tats differents, quand on fera agir a la fois sur elles deux poles actifs de meme nom, on devra avoir une attraction a I'une des extremites, une repulsion a ra.utre; et le r^sultat de ces deux actions opposees devra etre I'absence de deviation ou la persistance de la barre dans sa position d'equilibre. Cette experience decisive a ^t6 faite, et le resultat s'est trouve en parfait accord avec les con- clusions ci-dessus exprimees : lorsque les deux poles etaient de meme nom, ils se neutralisaient completement I'un I'autre. En poursuivant la serie de ces raisonnements, on arrive par cela meme a voir que si Ton faisait agir a la fois deux aimants sur la barre de bismuth par leurs poles de meme nom, de telle sorte que la direction des forces emanant de ces deux poles fiit la meme, I'attraction d'une extremite etla repulsion de I'autre, aulieu de se ^168 COSMOS. iieutraliser I'uiie I'autre, comme dans la premiere disposition, con- stitueraient uii couple mecanique tendant ii faire devier la barre ; de plus, si deux autres poles, aussi de meme nom' entre eux, niais de noin oppose aux deux premiers, venaient a agir en meme temps sur la baire, la deviation devrait etre aui,aneiitee. L' expe- rience sous cette derniere forme a ei6 faite en presence de la sec- tion. M. Tyndall employait quatre aiinants ; les deux poles places a droite etaient tous deux de meme nom ; les deux poles places a gauche etaient tous deux de nom contraire a celui des premiers; le r^sultat s'est montr^ conforme aux vues theoriques de I'auteur; la barre a ^te promptement device. Toutes ces experiences, sans exception aucune, confirment I'opinion qui veut que les corps dia- magnetiques soient doues d'une polarite contraire a celle des corps niagneti(iues ; mais elles ne demontrent pas que la theorie physique de Weber soit vraie ; et il semble reellement impossible que cette theorie resiste a des experiences evidentes par lesquelles on peut lacombattre. Une consequence de cette theorie, tres-belle ce- pendant au premier abord, est que si les particules des corps diama- gnetiques sont plus rapprochees les unes des autres, I'effet de ce rap- prochement sera d'affaiblir Taction magnetique le long de la ligne suivant laquelle il s'est op^re ; or, des experiences directes prouvent que le rapprochement des particules diamagn^tiques produit un efFet exactement oppose a celui assigne par la theorie. — M. le professpur Thomson, mis en cause par M. Tyndall, rappelle que deja, en 1847, il avait publie dans le Cambridge and Dublin mathematical Journal, livraison de mai, une theorie des phenomenes presentes par les corps diamagnetiques dans le voisi- nage des aimants. On etablissait, dans ce memoire, que le seul moyen d'expliquer les repulsions observees par M. Faraday, etait d'admettre que la force magnetique fait naitre par induction dans nn fragment de bismuth ou de toute autre substance diamagnetique, une polarild inverse de celle que prend un morceau de fer dans les memes circonstances. Le meme ensemble de formules math^ma- tiques s'appliquait soit aux substances paramagnetiques ou magne- tiques, a la fa9on du fer, soit aux substances diamagnetiques ou iriagnetiques a la fagon du bismuth; la seule difference entre les deux cas etait qu'un certain coefficient, le coefficient qui mesure la capacite magnetique de la substance, positif pour les corps para- magnetiques, devenait negatif pour les corps diamagnetiques. De- puis la publication de ce memoire, M. Thomson n'a ni con^u ni exprim^ aucun doute relativement a la theorie donn^e par lui des COSMOS. &69 phdnonifenes ^lemeiitaires dii diamagn^tisme. Quelques idees sur Vimpossibilit^ du mouveinent perpetuel qui semblerait devenir pos- sible si la substance diamagnetique etait reellement amenee par I'action magnetique a un etat d'induction inverse de celui du fer, id^es emises par M. Thomson dans la reunion de Belfast, ont ^te ntjises en avant comme contraires a la theorie de la polarite magne- tique. M. Thomson declare aujourd'hui que ces idees conduiraient, non ))as a la conclusion que le bisaiuth ne re9oit pas de polarity magnetique, mais a la conclusion que la magnetisation reelle ou ac- tuelle de cette substance n'est pas I'inverse de celle du fer doux, et que le milieu environnant ( I'air ou ce que Ton appelle habitueile- ment, mais a tort, le vide ) subit une magnetisation semblable a celle du fer dans la meme position, plus forte ou plus intense que celle du bismuth. Cette conclusion etant supposee vraie, un corps diamagnetique ordinaire devrait etre defini une substance moins magnetisable que I'air. M. Thomson avoue qu'il n'a pas une en- tiere confiance dans la verite de cette deduction, parce qu'une des suppositions sur lesquelles ses raisonnements etaient fondes, est reel- lement incerlaine. II ajoute qu'il ne garde aucun doute sur ce fait que la polarity resultante du bismuth, de quelque maniere qu'elle soit determinee, est I'inverse de la polarite du fer. II leririine en expri- mant son parfait accord sur ce point avecM. Tyndall, son admiration sincere pour la combinaison vraiment reinarquable des appareils puissants et delicats , pour les experiences si bien con9ues et si belles par lesquelles le savant professeur de I'lnstitution royale de Londres a demontre I'antithese ou Topposition existante antra le bismuth et le fer. II. EFFETS DE LA PRESSION SUR LA TEMPER.A.TURE DE FUSION DE DIFFERENTES SUBSTANCES. PAR M. HOPKINS. L'auteur reconnait d'abord qu'il doit le succfes de ses experiences a I'heureuse pensee quil a eue de reclamer des le debut la collabo- ration de M. Fairbain. L'illustre ingenieur a en effet accepte ses propositions avec enthousiasme, et a mis a sa disposition les im- menses et incomparables ressources de son celebre etablissement a Manchester. II donne ensuite une courte description de I'appareil dont il s'est servi, il expose comment les difficultes qui se presen- taient a chaque instant et les insucces contre lesquels il a fallu se mettre en garde I'ont enfin amene a un mode d'experimentation qui a parfaitement reussi. L'enorme pression que Ton faisait subir a la /i70 COSMOS. substance rendalt impossible I'emploi de cylindres en verre a travers lesquels on peut voir et saisir a I'ocil I'instant precis de la fusion. II a tourn^ cette difficulte d'une maniere fort ing^nieuse, en pla^ant une balle de fer au-dessus et au contact de la substance renfermde dans le cylindre : la presence en ce point de la balle de fer etait constatde par la deviation d'une aiguille aimantee placee au dehors du cylindre ; au moment de la fusion de la substance, la balle torn- bait au fond du cylindre, cessait d'agir sur I'aiguille aimantee, et celle-ci, en revenant dans sa position d'equilibre, indiquait I'instant de la fusion. L'emploi d'une aiguille magnetique exigeait que le cylindre fut construit en laiton ; or, il arriva, avecle premier cylindre en laiton dont on se.servit, qu'il se vidait compl6tement, entierement, du liquide resultant de la fusion. Apres avoir cherche tres-longtemps la cause de cat effet si singulier, on reconnut enfin que le liquide s'dchappait a travers les pores du m^lal, par des milliers de milliers de jets si delies, qu'ils ^talent completement invisibles. On rem^dia a cet inconvenient en fondant le cylindre de laiton avec beaucoup plus de soin, et le martelant longtemps a sa surface exterieure. On exergait la pression au moyen d'un piston bien alez6, et press^ lui-meme au moyen d'un levier. On avait adopti^ ce mode de compression parce qu'il permettait d'exprimer plusfacilement en nombresl'intensite de la force comprimante. M. Hopkins a expose aussi la m^thode tres- simple par laquelle on a evalue le frottement qui s'opposait a la descente du piston et qui diminuait, dans une proportion conside- rable, la pression exercise. On cherchait le poids ndcessaire pour faire parcourir au piston une petite distance determince; ce poids diminu^ du frottement, etait egal ii la force comprimante ; on cher- chait ensuite le poids capable de ramener exactement le piston a sa premiere position ; ce second poids, augmente du frottement, etait dgal a la force comprimante ; et, comme la force comprimante res- tait la meme dans les deux experiences, le frottement ^tait neces- sairement egal a la demi-difference des deux poids employes : on pouvait ainsi le calculer sans peine. { La suite au prochain numero.) acad£mi£ des sciences. SEANCi; DU l6 OCTOISRE. M. Pelouze rend compte d'etudes iiouvelles et importantes faites par MM. Berthelot et De Luca snr les produits auxquels donne nais- sance le traitement de la glycerine par I'iodure de phosphore et I'acideiod'hydrique. Le melange d'une partie d'iodure de phosphore cristallise etd'une partie de glycerine sirupeuse, est suivi d'une reaction tres-vive, qui donne naissance par degagement a un gaz, le propylene C W; et par distillation a deux liquides, de I'eau et du propylene iode C^ H' I. Pour obtenir le propylene iode pur, on distille le produit volatil provenant de la reaction dont il vient d'etre question, et on recueille separement ce qui passe a 101°. C'est un liquide insoluble dans I'eau, soluble dans I'alcool et dans I'ether; doue d'une odeur etheree d'abord, puis alliacee. II se colore rapidement par Taction de I'air et de la lumifere, et repand alors des vapeurs extremement irritan- tes; sa densite a 16° est egale a 1,789; I'ammoniaque aqueuse, au bout de 40 heures d'action a 40", le decompose entierement ; distill^ avec de la potasse, il donne un alcali tres-volatil et soluble dans I'eau, dont I'odeur rappelle a la fois I'ammoniaque et la maree. Get alcali, dont la composition est C H« Az. et qui parait etre de la propylammine, forme, avee I'acide chlorydrique, un chlorhydrate soluble dans I'alcool absolu et deliquescent ; il forme avec le platine un sel cristallise soluble dans I'eau bouillante. L'acide nitrique fu- mant detruit instantanement le propylene iod6, en precipitant I'lode; l'acide sulfurique sans action a froid, le charbonne a chaud, en de- veloppant une petite quantite de propylene. Introduit dans une fiole contenant un peu de zinc et d'acide sulfurique dilue, et chauffee le- gerement, le propylene iode est decompose, et legaz qui se degage contient un quart de gaz propylene : CCHSi + 2Z„ + HO = CCH" + ZnT + ZnO. Pour obtenir ce dernier gaz a I'etat de purete, on prend : 1° 50 grammes d'iodure de phosphore PF", pr(^pare par la m(5thode de M. Corimvinder, en dissolvant dans le sulfure de carbone 25 gr. de phosphore et200 gr. d'iode et faisant evaporer la dissolution dans un courant d'acide carbonique sec ; 2° 50 grammes de glycerine si- rupeuse du commerce, purifie par I'evaporation a 160 degres; on mele et Ton distille le melange dans une cornue tubul(5e; on excite la reaction au debut par une legere chaleur ; et Ton recueille dans un ^72 COSMOS. recipient refroidi environ SO grammes de pyroxilene iode; on intro- duit le produit dans un petit ballon avec 150 granunes de mercure et 50 a 60 grammes d'acidechlorhydrique fumant ; la rdaction aidee par une douce chaleur commence aussitot, et I'on obtient trois litres environ de gaz propylene. La formule de la reaction est '. C^HH -f CIH 4- 4Hy = C«h6 + Hy^CI + Hy^I. Dix volumes de ce gaz analyse par detonation donnentSO vo- lumes, 4, d'acide carbonique, en absorbant 45, 2 d ' oxygen e ; la formule C H« indiquerait 30 d'acide carbonique et 45 d'oxygene; les nombres theoriques different tres-peu des nombres observes. Le gaz propylene est absorb^ par I'acide sulfurique fumant ou concentre; I'acide acetique cristallisable en dissout cinq fois son vo- lume; le brome I'absorbe en s'}- combinant. Si Ton projette un peu d iode dans un flacon rempli de proxilene et qu'on expose le me- lange au soleil, on voitse former rapidement un liquide tres-lourd, que Ton purifie en I'agitant avec un peu de potasse; ce liquide est I'iodure de propylene C^ H^ p : recemment prepare, il est incolore etd'odeur etheree; Faction de I'air etsurtoutde la lumiere le colore rapidement ; son action sur les yeux est alors tres-irritante ; sa densitd a 18", 5 est egale a 2,490 ; refroidi a 10", il reste liquide; 11 est decompose par la chaleur ; chauffe au contact de la potasse etde Talcool, il se decompose en reproduisant avec abondance du proxi- lene doue des memes proprietes que le proxilene primitif. n. La glycerine saturce de gaziodhydrique et maintenue en vase clos a 100° pendant 40 heures, puis traitee par la potasse et I'ether, fournit un liquide iode particulier, que les auteurs appellent iodhy- drine: ce liquide est sirupeux, dore, insoluble dans I'eau, mais pou- vant absorber un cinquieme de son volume d'eau; soluble dans I'al- cool, d'un goiit sucre ; fixe ou non volatil, mais briilant sans r^sidu en degageant des vapeurs d'iode; sa densite est 1,783 ; sa compo- sition assez constante est probablement, C'^ H" 10^ ; la reaction qui lui donne naissance s'explique par la formule : SCHSOfi + HI = C»-^H'>IO« 4- 6HO. Traitee par la potasse I'iodhydrine se decompose lentement en donnant une substance analogue ouidentique avec la glycerine, de I'iodure de potassium, etun liquide exempt d'iode, assez volatil, so- luble dans I'ether , dont la composition serait C H' 0' ; on aen efFet CGh8()(; eqiiivaleiil de glycerine = CCH^O'' -{- 3H0. MM. Berthelot et De Lucaont quelque raison de croire que I'iode conteiiu dans I'huile de foie de morue et dans les huiles analogues peut y etre a I'ctat d'lodhydrine ; quoiqu'il en soil de cette conjee- COSMOS. ;i73 ture qui doniierait un nouvel interet a leur travail ; ils n'en auront pas moins la gloire d'avoir decouvert un nouveau gaz, le propylene, etun nouvel alcali, la propylammine ; un nouveau gaz en chimie, c'est comme una nouvelle planete ou du moins comme une comete en astronomie. — M. le iiiarechal Vaillant, ministre de la guerre, transmet un rapport de M. Hardy, relatif a une premiere education, en Algerie, du ver a sole du ricin dont il a taut ete question depuis quelques semaines. Le temps ecoule depuis I'eclosion jusqu'a la formation du cocon n'a ete que de trente-cinq jours; trois vers seulement sont morts sur soixante-quatorze ^clos; trois n'ont pas file de cocons ou les ont files plus tard ; les vers ont ^te nourris avec des feuilles de ricin hachees ou pilces. M. Hardy ne doute pas du succes d'une prompte acclimatation, mais il semble craindre que le trou menage dans le cocon par le ver ne rompe les fils et rende le devidage im- possible; les experiences recentes de M. Guerin-Menneville sont tres-rassurantes a cet egard, les fils tres-probablement ne sont que ployes. MM. Milne Edwards et Geoffroy Saint-Hilaire annoncent de nouveaux envois en grande quantij.e de la graine de ces vers. On pourra done proci^der a des experiences iiombreuses et sur beau- coup de points a la fois. M. Dumeril fait remarquer que le bom- byx, ou papillnn provenant du ver du ricin, appartieiit a une di- vision tres-differente de celle du bombyx du murier; il a beaucoup d'analogie avec le plus grand des papillons indigenes, le grand paon, dont les cocons pourraient peut-etre aussi donner de la sole; des essais seront tentees dans cette voie. M. Guerin-Meimeville, au sortir de la seance, nous a inontre des cocons enormes, longs d'un pied, et qui atteignent quelquefois deux pieds ; ils proviennent de vers ou chenilles fort communes a Saint-Domingue ; chacun d'eux est le produit non d'un seul ver, mais d'un grand nombre de vers associes ou travaillant en coramun ; leur sole ne pourrait pas etre devidee, mais elle pourrait etre cardee et transformee en filoselle. C'est une nouvelle acclimatation qu'il faudra tenter et que M. Guerin-Menneville couve de Toeil. Cet habile entomologiste de- ploie dans toutes ces questions un zele que nous ne saurions trop admirer, et nous faisons des voeux ardents pour qu'il obtienne bien- tot une place qui, en assurant son sort et celui de sa famille, lui permette de continuer en toute liberte ses patientes et utiles re- cherches. Pourquoi, par exemple, en recompense de tant d'activitiS et de services rendus, ne lui accorderait-on pas la place de profes- seur d'histou-e naturelle dans la nouvelle Faculte de Marseille ; il hlk COSMOS. serait ainsi a portee du bel etablissement de Sainte-Tulle, ou il poursuit, avec M. Robert, rimportant probleme du perfectionrte- ment des races de vers a soie. — M. Blot lit un nouveau memoire sur la refraction astrono- mique ; c'est une histoire extremement interessante de toutes les theories empyriques ou rationnelles de la refraction essaydes depuis Cassini qui donna les premieres tables de refraction en 1661, jus- qu'a Yvory en 1823, en passant par Newton, 1694, Euler, 1754, La Grange, 1772, Laplace, 1805, etc., etc. De la comparaison de toutes ces theories et de toutes ces tables, il resulte que jusqu'a pres de 82 degros du zdnith, les valeurs assignees par elles aux re- fractions, ne different que de quelques secondes les unes des autres et des refractions reellement observees. Et cependant les constitu- tions de I'atmosphere admises iinplicitement ou explicitement par ces grands genies sont completement differentes ; et aucune d'elles ne represente la constitution reelle. Les lois qu'ils assignent au de- croissement de la density, de la pression, de la tempi^rature, et les hauteurs qu'ils assignent a Tatmosphere, sont en complet desac- cord, et ils arrivent cependant aux meines nombres, aux nombres de la nature ; ce n'est que tres-pres de I'horizon que les differences apparaissent, encore ne sont-elles pas enormes; la plus grande n'atteint pas 25 minutes. II y a la, dit M. Biot, un mystere mathd- matique qui desespere I'intelligence, et qu'il faut avant tout sonder. Un autre mystere, non plus mathematique, mais physique, c'est que les innombrabies perturbations de I'atmosphere, perturbations constantes ou periodiques comme celles que le mouvement de la terre fait naitre en rejetant vers les poles les masses d'air chaud de I'dquateur, remplacees en dessous par des masses d'air froid; per- turbations accidentelles produites par les divers agents m^teorolo- giques, etc., etc. C'est, disons-nous, que toutes ces perturbations n'affectent pas sensiblement les refractions astronomiques r^elles, et les laissent egales a celles que Ton d6duit d'une atmosphere g^o- m^trique parfaitement calme. Nous n'avons pas parfaitement saisi les termes de I'explication que M. Biot a donn^e de ces deux mysteres, mais nous pouvons neanmoins la formuler tres-nettement. Comme tout le monde salt et comme nous I'avons rappele page 283 du premier volume du Cos- mos, en supposant que I'atmosphere est indefinie et homogfene, que sa densite est celle de I'air dans la couche oil est place I'oeil de I'ob- servateur, que sa surface limite est parallele a la surface du globe, que la refraction ou Tangle de deviation du rayon lumineux dans COSMOS. ^75 son passage du vide dans I'air est assez petit pour que son sinus lui soit sensiblement egal, et que son cossinus differe a peine de I'u- nite, on trouve que la refraction est proportionnelle a la tangente de la distance zenithaie : cette valeur est une premiere approximation ; mais elle est aussi la partie principale et preponderante de la refrac- tion reelle. De plus, comme toutes les theories admettent que i'at- mosphere est composee de couches concentriques ; que ces couches concentriques, surtout a cause des variations insensibles de la density, peuvent etre considerees , par rapport au rayon qui ne fait pas un trop grand angle avec le zenith , comme des couches paralleles. Comme d'ailleurs lorsqu'un rayon traverse une serie de couches pa- ralleles , sa deviation finale et sa deviation totale sent absolument les memes que s'il avait dte transmis immediatement du premier milieu dans le dernier , du vide dans la couche d'air ou est place I'oeil de I'observateur; il en rdsulte que, de fait, la hauteur de i'at- mosphere ainsi que la constitution des couches intermediaires sont en grande partie elimitiees, que Ton retombe comme forcement dans le cas d'une atmosphere indefinie ou homogene, que la valeur de la refraction, pour toutes les hypotheses qu'on aura pu faire, aura pour Element principal ou preponderant la valeur assignee plus haut ou proportionnelle a la tangente de Tangle au zenith. Nous avons dit en grande partie, parce que, de fait, les couches concentriques ne sont pas pour le rayon lumineux des couches paralleles, et c'est ce defaut de parall6lisme qui rend incomplete et inexacte la premiere valeur approchee, qui force a la corriger. Mais la correction est en elle-meme petite, et ce qui le prouve iiidependamment de tout cal- cul, c'est qu'en substituant dans laformule, comme I'a fait Bradley a la distance zenithaie apparente cette meme distance diminuee d'un petit multiple de la deviation, on lui fait representer les refractions reelles avec une rigueur presque mathematique. Quant aux pertur- bations atmospheriques ordinaires, leur effet s'elimine aussi ou n'a qu'une influence tres-faible par la meme raison , ou parce qu'elles n'alterent pas sensiblement la concentricite des couches. Restent done les perturbations extraordinaires, lesquelles, suivant M. Faye, qui n'a pas tort certainement quant au principe , ne peuvent etre ^liminees ou corrigecs que par I'introduction du coefficient des re- fractions terrestres. Nous nous proposons, au reste, de revenir sur cette grave discussion , parce que, pendant notre absence, elle est entree dans une nouvelle phase; mais nous attendrons qu'elle soit tcrminee. Disons, en finissant, les sentiments d'admiration qu'a ex- cit(?s en nous la longue lecture de M. Biot. Conserver au dela de (.76 COSMOS. quatre-vingts ans une memoire si fraiche, une si elonnante facility de travail, une si grande Elegance de style, une si parfaite lucidity de pensdes, une si puissante elocution, c'est le privilege des intelli- gences superieures, c'cst la recompense d'une vie noblement remplie et illustree par le travail et I'observation. — M. Bussy, au nom d'une commission coniposee de MM. Du- mas, Ballard et Bussy, lit un rapport sur un memoire de M. Lalle- mand, relatif a la composition de I'essence dethym. Le resultatle plus saillant du memoire de M. Lallemand avait ete la decou- verte d'un corps nouveau, le stoaroptene ou le thymol qui entre pour moitie dans la composition du thym , et qui avait cependant (^chappe aux recherches ant(5rieures des chiinistes, parce que dans I'analyse de cette essence ils employaient sans precaution la m6- thode incorrecte de la distillation fractionnee. Le thymol s'obtient cristallise en tables rhomboidales transparentes ; quand on evapore sa dissolution alcoolique ; il a une odeur douce de thym, une saveur tres-piquante et poivree ; il entre en fusion a 44 degres centigrades, et distiile sans alteration a la temperature con-,tante de230 degres. II peut rester longtemps liquide a la temperature ambiante, et pour determiner sa cristallisation, il suffit d'y projeter quelques fragments ddja solidifies ; il est tres-soluble dans I'alcool et I'ether, tres-peu dans I'eau qui ne le precipite pas de sa dissolution alcoolique; il ne po^sede pas le pouvoir rotatoire, mais ses cristaux deiivant du prisma oblique agissenten consequence ^.ur la lumiere polarisee a la maniere des milieux bi-refringents. Saformule chimique est C^"H'''0'^; il se combine avec la potasse et la soude ; il s'unit a Tacide sulfurique pour former I'acide sulfothymique, compose d'un equivalent de thymol et de deux equivalents d'acide sulfurique anhydre; on peut avec cet acide produire des sulfothy mates, dont la composition est : C-°(H'-S'0^)0-,MO. Le chlore attaque vivement le thymol a la lumiere diffuse; il se degage en abondance de I'acide chlorhydrique, et quand la reaction est terminee, on obtient un liquide visqueux jaunatre d'une odeur camphree tres-tenace et dont la formula est : Q20fjsQ[GQi_ L' acide azotique attaque vivement le thymol et le rd- sinifie ; en prolongeant Taction jusqu'a disparition presque com- plete de la matiere resineuse, on obtient un depot abondant d'acide oxalique cristallise. Pour preparer le thymol, on prend la portion liquide qui, dans la distillation de I'essence de thym, se distiile entre 185 ei 225 degres ; on agite ce liquide avec une solution concentree de soude caustique; on ddcante I'huile qui surnage, on etend d'eau ce qui reste, et on le sature avec de I'acide chlorhydrique ; le thymol COSMOS. un liquide netarde pas a se figer. En outre du thymol, M. Lallemand avait trouve dans la portion la plus volatile de I'essence de thym un hydrocarbure incolore, d'une odeur de thym agreable, entrant en ebullition a 155degres; isomere avec I'essence de terebenthine se combinant avec I'acide chlorhydrique , en donnant naissance a un camphre liquide qui presente une composition identique a celle du chlorhydrate de camphene solide. Le thymene , ne possede pas le pouvoir rotatoire. Sur les conclusions favorables du rapport de la commission, I'Academie a vote I'insertion du memoire de M. Lallemand dans le reciieil des savants etrangers. — M. Chevreul donne vetbalement I'analyse d'un rapport adresse par lui au ministre du commerce et des travaux publics, et qui a pour objet les deux celebres industries de tapisserie des Gobelins et de la Savonnerie ; comme ce rapport ne constate que des faits an- ciens, nous nous reservons d'en extraire plus tard ce qu'il offre de plus interessant. — M. Dumas presente au nom de M. Fabre des recherches sur la condensation des gaz par les corps solides; sur la chaleur dega- gee dans I'acte de cette absorption, et le rapport de cette chaleur avec les chaleurs latentes des gaz liquefies et solidifies. Nous nous contenterons d'indiquer aujourd'hui les resultats les plus importants de ce beau travail que M. Fabre, grace a la haute bienveillance de M. Dumas, a pu realiser dans le laboratoire particulier que I'illustre professeur s'est reserve pres de laFaculte des sciences. 1° Les chaleurs latentes de I'acide carhonique solide, du proto- xide d'azote et de I'acide sulfureux liquides, ou les chaleurs deo-a- gees dans le passage de ces corps de I'etat solide ou liquide a I'etat gazeux, ont 6t6 determinees a I'aide du calorimetre a mercure de M!\i. Fabre et Silberman un peu modifie. Ce qu'il y avait de plus remarquable, c'est que ces trois substances, si difficiles u manier, des quelles etaient introduites dans le calorimetre et mises au contact du mercure, se montraient parfaitement calmes, se reduisaient en vapeurs lentement et avec une regularite parfaite, comme I'eau a I'etat spheroidal. 2° En comparant d'une part la chaleur degag-ee dans Facte de la gazeification de I'acide carbonique, du protoxyde d'azole et de I'acide sulfureux avec la chaleur que degagent ces gaz dans Facte de leur absorption par le charbon poreux; M. Fabre trouve que ces dernieres chaleurs sont toujours superieures aux prece- dentes : ainsi, tandis que les premieres sont respectivement 130, 90, 100, les secondes etaient 150, 150, 148; la difTerence, on le voit/ 478 COSMOS. est considerable, et rien lie faisait prcvoir a priori que la chaleur d'absorption I'emporterait sur la chaleur de gazeification. M. Mit- Scherlich, parlant d'une evaluation mathL^niatique des surfaces des pores du charbon , avait ete conduit a admettre que I'acide carboni- que absorbc par le charbon devail se trouver, en partie du moins, a r^tat liquide ou solide au sein des cellules microscopiques. Le fait demontre par M. Fabre contrarie quelque peu cette maniere de voir ; il semble en effet exiger que le gaz soit dans le charbon plus qua I'etat solide, ou a un etat solide accompagne de compression. On pourrait cependant concevoir que I'exces de chaleur est du a la part que los atomes du charbon prennent au mouvement vibratoire; ce serait quelque chose de semblable au fait connu que les molecules de charbon combinees aux molecules de gaz hydrogene augmentent leur pouvoir eclairant dansune proportion considerable. Dans tousles cas, il est naturel d' admettre que I'exces de chaleur est du a une ac- tion moleculaire speciale, analogue a I'affmite, exercee entre le gaz modifie et le charbon. 3° Les gaz les plus absorbables par le char- bon se rangent dans I'ordre descendant suivant : ammoniaque, acide chlorhydrique, acide sulfureux, protoxyde d'azote et acide carbonique. Si Ton opere sur des poids de gaz egaux, absorbes par un poids de charbon constant et egal a I'unitc, on trouve que les chaleurs d'absorption se rangent dans le meme ordre descendant, c'est-a-dire que le corps qui est plus absorbable d^gage une plus grande chaleur d'absorption. 4° et c'est encore \m resultat entiere- ment nouveau ; si, au lieu de faire absorber d'un seul coup au charbon une certaine quantite de gaz, on opere par fractionnement, en par- tao-eant par exemple la quantite totale de gaz en deux moities ^gales, on trouve que la chaleur d'absorption degagee par la pre- miere moiti^ sera plus grande que la chaleur degagee par la seconde ; et ainsi de suite pour les fractions successives. M. Fabre croit pou- voir conclure de ce fait a I'existence entre le gaz etle charbon d'une affinite diflferente de I'affinite chimique, et qu'un chimiste distingu^ a designee sous le nom dt! affinite capillaire. Ne pourrait-on pas dire que les molecules du charbon, deja enchainees par le contact de la premiere portion de gaz, prendront un mouvement vibratoire moins intense lors de la seconde absorption, et que par consequent la cha- leur due a ce mouvement vibratoire sera moins intense que si les molecules avaient ete attaquces a la fois par la totalito des mole- cules ffazeuses? M.^Babinet pense que I'exces de chaleur manifeste dans I'ab- sorption compar^e a la gazeification peut etre attribue a ce que, COSMOS. ft79 dans le premier cas , les molecules du gaz trouvent dans Jes mole- cules solides du charbon comiiie des points d'appui , ce qui rend leurs vibrations plus intenses que lorsqu'elles vibraient isolees. L'affinite capillaire aurait pour effet d'amener le gaz du fond des cellules a un etat de condensation ou density plus grande qu'a I'entree. — M. Babinet est heureux de constater que M. Billet, profeg- seur de physique a la Facultc des sciences de Dijon, et qui a eu I'honneur autrefois de fournir aux savants calculs de M. Poisson des donnees experimentales d'un haut int^ret, a fait dans le do- maine de I'optique a la fois mathematique et physique une decou- , verte iinportante. On salt depuis longtemps que la bifurcation ou la sortie en deux faisceaux distincts du rayon lumineux qui a pene- tre un cristal birefringent lineaire, manque quelquefois, ou que les rayons se confondeiit a la sortie; c'est ce qui a lieu : 1" lorsque le rayon chemine suivant I'axe optique; 2" lorsque I'axe etant dans le plan de la face d'entrde, I'incidence est normale. Dans le premier cas, les deux rayons superposes marchent, dans le cristal, avec la meme vitesse, et ils restent superposes a I'emergence, quelle que soit I'inclinaison de la face de sortie; c'est-a-dire qu'il n'y a pas propre- ment de double refraction. Dans le second cas, au contraire, leur vitesse interieure est difForente, et ils ne restent confondus a I'e- mergence qu'autant que la face de sortie est parallele a la face d'entree; ils se separent des que ce parallelisme cesse. C'^taient jusqu'ici les deux seuls cas de superposition du rayon ordinaire et extraordinaire, mis en evidence par le calcul ou I'experience. Or, M. Billet demontre dans la note presentee a I'Academie que la su- perposition de ces deux rayons, avec inegahte de vitesse, est un phenomene doue d'une cerlaine generality ; qu'il est possible avec des faces obliques a I'axe ; et qu'alors il a lieu, non plus dans une seule, mais bien dans deux directions; de telle sorte que, pour ces faces, le nombre des rayons qui, de fait, echappent a la bifurcation ou au dedoublement dans des directions differentes, quoique dou- blement refractes, s'^leve a trois. M. Billet est arrive a ce resultat par une discussion plus atten- tive de la construction par laquelle Huyghens a appris le premier a trouver le rayon ordinaire et extraordinaire; nous donnerons, dans une prochaine livraison, I'equation et la construction gra- phique par lesquelles on arrive a trouver les deux points et les deux directions singulieres de non bifurcation. Une autre particularite curieuse, decouverte par M. Billet, c'est, qu'en de9a et au dela de ces deux directions, les rayons bifurqu^s ordinaire et extraordi- 480 COSMOS. naire ont une position relative inverse; c'est-a-dire que d'un c6t6 c'est le rayon ordinaire, et de I'autre le rayon extraordinaire, qui est le plus refracte; de sorte, ce qu'on savait deja, que ce n'est pas toujours le rayon dont I'indice de refraction est le plus grand, qui s'ecarte le plus de la normale. — M. Vallee adresse une redaction definitive de ses inemoires sur la theorie de la vision dont I'Acad^mie a vot^ I'impression dans le recueil des savants Strangers. — M. Villarceau transmet une observation d'aurore boreale, faite a i'Observatoire imperial, par M. Dien, dans la nuit du 26 sep- tembre ; ce recit n'offre aucune particularite extraordinaire. — M. Ferrero continue ses observations d'etoiles changeantes; les etoiles Beta et Delta de la Lyre lui semblent devoir etre rangees parmi les etoiles variables. — M. Baudelocque, un des inaitres de I'obstt^trique en France, et dont nous rappellions naguere les succes dans le traitement physio- logique de la surdi-mudite, se presente comme candidat a la place vacante dans la section de medecineet de chirurgie. — M, Alphonse Amussat fils transmet le recit d'une application couronnee de succes de son procede de cauterisation au nioyen d'un fil de platine rendu incandescent par la pile. II a pu ainsi atteindre des regions inaccessibles a tous les autres agents de cauterisation. M. Kolliker adresse les dernieres feuilles et planches de son Traite d'anatomie inicroscopique. — M. Budge transmet une note sur I'intervention du nerf pneu- mo-gastrique dana les phenomfenes de I'inspiration et de la respi- ration; une seule de ces fonctions, I'inspiration, est sous I'influence de ce nerf. — Un medecin dont le nom nous est echappe a constate que I'o- pium indigene contenait une plus grande quantito de morphine , 14 soixante-quinziemes, au lieu de 8 ou 9 au plus. — M. Baudrimond, professeur de chimie a la Faculte de Bor- deaux, insiste pour qu'on admette avec lui que le bi-carbonate de soude, pris un nombre suflRsant de fois a la dose de 4 a 10 grammes est I'agent le plus efficace dans le traitement du cholera. Nous reviendrons sur cette communication. — M. Marcel de Serres annonce qu'il a trouve dans les sables des empreintes de coquilles petrifiees a I'^joque actuelle. 11 adresse un memoire sur les mollusques perforants. A. TRAMHiLAY, proprietaire-geraiit , i'ARIS. IMPRI.MERIE LiK W. KE.MQliET ET Cie, KUE GARA.NCIEUE, 5. T. v. 27 OCTOBUE 1854. TnOISllJME ANNEE. COSMOS. ASSOCIATION BRITANNIQUE POUR L'AVANCEMENT DES SCIENCES. KEUNION DE LIVERPOOL. Liverpool, 30 seplembre 1854. Men cher M. Traniblay, J'ai done a vous faire I'histoire du Congres de Liverpool, le rdcit aussi attrayaiit qu'il me sera possible de tout ce que j'y ai vu et en- tendu de nature a interesser nos chers lecteurs du Cosmos. Si jamais 1' Association britannique n'avait vu se presser dans son sein una si grande multitude, jamais aussi elle n'avait tenu ses reu- nions dans unsi admirable local. Saint-Georges Hall est sans con- tredit une des plus imposantes, des plus belles et des plus classi- ques constructions que Ton puisse concevoir. C'est un monument grandiose commence en 1841 sur les plans d'un tout jeune archi- tecte, M. Henry Lonsdale Elmes, mort, helas ! avant le couronne- ment de son oeuvre, et sous lequei doivent s'abriter les differentes cours de justice de Liverpool : la cour des assises, la cour civile, la cour de la Couronne, la cour des sheriffs, la cour du duche de Lan- castre, la cour de Nisi-Prues, etc, Toutes ces grandes chamhres d'audience avec une vaste bibliotheque, un brillant salon de con- cert, etc., etc., se groupent autour d'une salle vraiment grandiose, plus grandiose que toutes les salles du monde les plus celebres ; de 167 pieds de longueur, de 77 pieds de largeur, de 82 pieds de hau- teur; avec une galerie de pres de 500 pieds de developpement, sup- portee par des colonnes en granit rouge, d'un seul morceau et du poll le plusparfait. Le pave est une mosa'ique en brique dure, email- lee, farmant des dessins circulaires d'une grande elegance. Le pla- fond est plus ornemente encore; la frise est toute parsemee de figures embl^matiques des mers, de tritons, de dauphins, etc., etc. L'edifice, de style corinthien, pur et sans melange, a 295 pieds de longueur, 85 pieds de hauteur ; il a trois portiques, I'un cir- culaire au nord, supportepar huit colonnes de 45 pieds de hauteur, de 4 pieds et demi de diametre; ie second, rectangulaire, au sud, 17 482 COSMOS. port^ par douze colonnes de memes dimensions, rang^es sur deux rangs, huit enavant, quatreen retrait; le troisifemeenfin, a Test, est une colonnade gigantesque de 200 pieds de long, de 40 pieds de profondeur, avec saillie de 26 pieds. On entre de plain-pied par le portique du nord ; des escaliers monumentaux conduisent aux por- tiques du sud et de Test. L'inscri[)tion suivante est grav^e sur le frontispice du portail de Test : Artibus, legibus, conciliis, locum MUNiciPES coNSTiTUERiTNT.'^/i«o DomiuiMDCCCX^Ll , ce qui signi- lie : Les officiers municipaux ontconsacr^ ce lieu aux arts, aux lois, aux assemblees, Ian du Seigneur 1841. De riches ecussons places aux quatre coins de la grande salle renferment les amies de la corpo- ration de Liverpool, un h^ron fantastique, seul habitant autrefois des rives mardcageuses de la Mersey, etsadevisecherie: Deus nobis h^c OTiA fecit : Dieu nous a cree ces loisirs. Pour donner plus d' eclat aux soirees et assemblees populaires, on a installe au fond de cette meme grande salle un orgue sans rival en Angleterre et unique en son genre, avec quatre claviers , deux octaves et demie de p^dales, cent huit touches; huit mille tuyaux, de longueurs variables , entre trente-deux pieds et trois huitiemes de pouce, ou formant dix octa- ves; deux immenses soufflets mus par une machine a vapeur a deux cylindres oscillants, etc., etc. La salle centrale enfin esteclairee par le gaz, amene dans dix lustres d'une grande magnificence, et elle ^tincelle de lumiere. Qnand quatre oucinq mille personnes, assises ou debout, la remplissaient, c'ctait un spectacle vraiment magique ou feerique. Ce n'etait pas chose facile que d'adapter cet Mifice, quelque immense qu'il fut, aux necessites d'une r(5union de quinze cents personnes, fractionn6es en sept grandes sections, avec la faci- lity laissee a chacun de passer a chaque instant d'une section a I'autre ; il fallait pour chaque section deux pieces, I'une pour la reunion du comite, I'autre pour la stance publique; etc. J'ai cru un instant que le maire, M. Lloyd, homme excellent, de manieres a la fois simples et distingu(5es , d'une grande affabilite , d'une douceur inalterable, d'une activite extraordinaire, se iaisserait discourager par les exi- gences qui s'amoncelaient de toutes parts, il n'en a rien ete : des le premier jour, tous les embarras s'(Staient evanouis comme par en- chantemenl ; et une necessittS nouvelle se faisait a peine sentir qu'on y avait d^ja pourvu surabondamment. Voici les salles assignees aux diverses sections : section A, scien- ces physique? et mathdmatiques, salle des concerts , rotonde fort belle, mais qui n'est pas encore terminee; section B, sciences chimiques, la cour des sheriffs ; section C, geologie , cour ou chambre civile ; COSMOS. 683 section D, zoologie et bolanique, la bibliotheque ; section E, geogra- phic et ethnologic, cour de laCouronne; section F, statistique, cour duvice-chancelier; section G, sciences inecaniques, salle d'entrdedu norcl, circulaire et seniblable a la salle des concerts. Les lieux de reunion des comites comniuniquaient en general avec les salles des sections. L'honneurde cette organisation mat^iielle , aus>i parfuite qu'elle pouvait I'etre, revient au conseil des officiers de I'Association dont nous nous faisons un devoir de donner ici les noms. President, comte d'HARROWBY; vice-presidents , lord Wrottes- LEY, sir DE Malpas Grey Egerton, Richard Owen, Rev. William Whewell, William Lassell, Joseph Brookes Yates; secretaire general^ colonel Edward Sabine ; secretaire general adjoint, John Phillips; tresorier general, John Taylor; secretaires pour la reu- nion de Liverpool^ Joseph Dickinson, docteur Thomas Inman ; tre~ sorier de la reunion de Liverpool, Robert Mac Andrew ; secretai- res locaux des sections. A, MM. Hartnup , HallPuckle; B, M. Edwards; C, M. John Cunningham ; D. M. Byerly; E, M. Ihne; F, M. Duncan ; G, M. Grantham. Commissions locales : commission generale, le mnire, M. John Buck Lloyd, president; M. ledocteur l^vixti , secretaire ; commission des finances , M. Sand- bach, president^ M. AiKiN, secretaire; commission de reception^ "M.Heywood, president , M. Stamford Raffles, vice-president; M. Archer, secretaire; commission des reunions des sections et des soirees^ M. Turner, president, M. Horner, secretaire; com- mission des excursions , M. Mac-Iver, president , M. Boult, se- cretaire; commission des impressions et da service de la poste ^ M. Bannin, president, M. Thomson, secretaire. En Angleterre , la terre classique du confortable , rien n'est ou- bh^ ; on va au-devant de tous les besoins et de tous les d^sirs. Quoique la ville de Liverpool surabonde de restaurants , de tables d'hotes, on avait organist un service special del'ordinaire, compre- nant : les dejeuners, les diners, les goilters, etc., etc. On trouvait ie dejeuner pret de 8 h. du matin a 10 h. , dans la grande salle de rafraichissements de la station du chemin de fer du North Western, Lime Street, a deux pas de Saint-Georges-Hall, au prix fixe de 2 schel- lings; le goiiter dans cette meme salle a partir de midi , au prix de 1 schelling 6 pences; le diner a 5 h., dans la grande salle de M. Tu- ton , meme rue , au prix de 5 schellings , les vins non compris. D^sireux de pouvoir inviter les membres auxquels il voudrait t^moigner des ^gards particuUers , le comite local avait en quel- ^4 COSMOS. que sorte pris a son compte les depenses de ces diners , en ce sens qu'il garantissait k M. Tuton la presence de deux cents convives. Le comite, malhenreusement, avail trop compto sur le concours et I'esprit de corps des membres de TAssociation ; la plupart prefererent conserver leur liberty et diner oil il leur plairait; le salon de Lime Street compta un trop petit nombre de convives, quatre-vingts au lieu de trois cents, et il en r&ultapour le comite local, apies troid jours, une perte enorme de deux cents livres sterlings, cinq mille francs; en France on se serait peut-etre desole, irrite, desespere; a Liverpool on resta calme, et Ton se con- tenta de degager sa responsabilite pour I'avenir, en laissant M. Tu- ton faire de ses diners une entreprise particuliere. Nous n'avons pas besoin de dire que incomparable M. Archer nous avait com- pris, malgre loute notre resistance, M. Bernard, M. Duboscq et moi, parmi les invites de la ville de Liverpool , que notre couvert devait etre mis chaque jour a des places d'honneur ; il n'a fallu rien moins que le mecorapte imprevu dont nous venons de parler pour noui? rendre a nous-meraes, et nous permettre de diner ensemble dans le modeste restaurant d'Adelphi. Enfin dans la salle d' entree du nord, seule ouverte pendant I'As- sociation. Ton avait organise un service complet des lettres, avec timbre et affranchissemeut, sous la presidence du directeur des pos- tes de la ville; on pressait vivement les membres de deniander plu- sieursfois par jour, en montrant leur carte d'entree, ce qui pourrait €tre arrive a leur adresse ; de sorte que rien n'etait plus facile au milieu d'un enconibrement, en apparence inextricable, que de corres- pondre avec I'un quelconque des quinze cents visiteurs de 1' Associa- tion, dont on avait d'ailleurs I'adresse imprimee. Les membres des comites trouvaient dans leurs sections respectives, les plumes, I'en- cre, le papier, les enveloppes , les journaux , etc., etc. ; les autres membres pouvaient ecrire leurs lettres ou billets dans la salle com- mune de reception. Chaque section avait en outre, comnie noup 1 avons dit, son portier pour recevoir les lettres et papiers adre^ses au comite, son messager toujours pret a faire les commissions et les recherches qu'on lui demandait. Nous sommes entre dans trop de details peut-elre, mais mu par un sentiment profond d'admiration et de reconnaissance , nous tenions a montrer combien est grande, large, gencreube, attentive et empressee I'organisation des bnllan- tes reunions de 1' Association britannique. Que ceux de nos Iccteurs qui ont assiste au congres de Tassncia- tioii frangaise, teau n'cemnient a D-'jon , lisent et comparent. Quel COSMOS. fi85 douloureux contraste! Quelle lamentable inferiority! Et la France cependant est, sans aucun doute, aussi eclairee et aussi avancee que I'Angleterre ! IMaisnous avons peut-etre trop de savoir-faire indivi- duel et trop peu de savoir-vivre en commun. J'arrive enfin au recit des travaux , des episodes , des peripeties de la reunion de Liverpool; le voici d'abord sommairement et jour par jour : Mercredi 20 septembre : a 1 h., reunion du comite general; a 5 h., diner donne par M. le maire au conseil et a quelques officiers de I'Association ; a 8 h., premiere seance geneiale, discours du pre- sident lord Harrowby. Jeudi 21 : a 10 h. , reunions des comitcs ; de 11 h. a 3 h., seances publiques des sections; a8h., grandc soiree dans Saint-Georges-Hall. Vendredi 22 : a 10 h., reunions des comites ; a 11 h., seances pu- bliques des sections; a 5 h., grand diner a Lime Street; a 8 h,, seance generale, discours de M. Richard Owen , sur les singes an- tropomorphes. Samedi 23 : alOh., reunions des comites ; all h.. seances publi- ques des sections; a 5 h., grand diner du president; a 8 h., grande soiree du lord-maire dans Town-Hall ou rHotei-de-Ville. Dimanche 24 : repos absolu. Lundi 25 : a 10 h., reunions des comites ; a 11 h., seances publi- ques des sections; a 3 h., comile general ; a 8 h., seance generale, discours ou lecture sur le magnetisme terrestre, par M. le colonel Sabine. Mardi 26 : a 10 h., reunions des comites; a 11 h., seances publi- ques des sections; a 8 h., grande soiree dans Saint-Georges-Hall, experiences de M. Foucault avec le gyroscope ; experiences de lu- miere (§lectrique, par M. Daboscq; projection des photographies de la lune. Mercredi 27 : a 10 h., reunions de quelques comites et seances publiques de quelques sections ; a 1 h. , derniore assemblee du comite general ; a 3 h., seance generale de cloture du Congres ; a 8 h. , soiree et seance litteraire donnee dans Saint-Georges-Hall par la Societe historique du Lancashire et du Cheshire. Jeudi 28 , excursions a Sainte-Helene et ailleurs. Voila cartes une semaine bien remplie , non-seulement en appa- rence, niais bien plus encore en realite; c'est une veritable cauipa- gne scientifique. Nous sommes heureux et fier d'y avoir pris une part active, ainsi qu'on le verra par notre journal. F. Moigno. ( La suite an prochnin 7iie?nero.) ACADEMIE DES SCIENCES. SEANCi: DU 23 OCTOBRE. M. William Grove, de la Soci^te Royale de Londres, I'illustre inventeur de la pile qui porte son nom, assiste a la stance, et re9oit de nombreuses felicitations. M. Milne-EJwards , a I'DCcasion du procfes-verbal , demande a r^tablir quelques dates qui prouvent que les premiers essais d'ac- climatation et d'^ducation, en France , du ver a sole du ricin ont ete reellement tenths et menes a bonne fin par lui, et sous sa direc- tion , au Museum d'histoire naturelle ; qu'il n'a pas ete prevenu, comme M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire semble le dire dans una une note inseree aux Comptes rendus, par M. Guerin-Meniieville. — M. Geoflfroy Saint-Hilaire regrette que sa pensee n'ait pas ete parfaitement comprise ; ce qu'il a voulu rappeler, c'est que les pre- miers bombyx vivants du ricin ont et6 presentes a I'Academie par M. Guerin-Menneville ; il est vrai que ces papillons n'etaient pas le produit d'une education faite en France , puisqu'ils provenaient de cocons envoyes d'ltalie ; il s'empresse de reconnaitre que I'lionneur de la premiere education revient incontestablement a son illustre collegue, M. Milne-EdAvards. — M. Thenard, de retour, dansun etat de sant^ tres-satisfaisant, de son voyage au Mont-Dore, lit un nouveau m^moire sur le dosage de I'arsenic contenu dans les eaux de ces sources celebres. II decrit les trois proced^s eniployes tour a tour dans les analyses faites au laboratoire de son fils, M. Paul Thenard, et signale I'accord par- fait des resultats donnes par les trois methodes. Appliquees aux eaux du Mont-Dore, elles ont prouv^ : 1" que I'arsenic, dans ces eaux, etait a I'etat d'acide arsenique, d'ars^niate de chaux ou de soude, et non pas d'acide ars^nieux ou de sulfure d' arsenic ; 2" que les quantites d'arsenic etaient pour la source de la Madeleine, 0"^°\112 par litre; pour la source de Royat, O^^.SS; pour la source Saint-Nectaire , O^^.ST; pour la source de la Boulboule, enfin, 10"^'",2, quinze fois plus que pour la source de la Madeleine. Si Ton cons'dere, d'une part, combien I'arsenic est un agent energique ; de I'autre , que ces eaux , d'une temperature assez ele- v6e, sont admiiiistrees a la fois en bains entiers, en bains de pieds, en douches, en buisson, en bains et douches de vapeur, on compren- dra sans peine I'efficacite qu'on leur attribue, et qui est attestee par les malades qui en ont fait usage. Comme exemple des bons etfets COSMOS. uii des eauxdu Mont-Dore, M. Thenard cite son savant collegue , M. Jo- mard, membre, autrefois, de I'expedition d'Egypte, et qui jouit encore d'une sante parfaite. M. Tii^nard a voulu aussi constater la presence de I'arsenic dans les vapeurs qui servent aux bains; il a fait en consequence condenser les vapeurs dans la salle meine ou les ma- lades sont expos(5s a leur action ; I'eau provenant de cette conden- sation renfermait certainement de I'arsenic, qu'on a mis en evidence par I'appareil de Marsh; mais il faudra proceder a une nouvelle experience pour arriver a un dosage satisfaisant. En terminant, M. Thenard insiste sur I'importance d'un grand travail d'analyse chimique, fait sous la direction de I'Academie, encourage par des fonds pris sur les reliquats des prix Monthyon, et qui comprendrait toutes les principals eaux minerales de France. « Si je croyais etre appuye, dit-il, par plusieurs de mes colleguesles plus influents, je ferais. a ce sujet, une proposition directe en comity secret. - MM. Chevreul, Regnault et beaucoup d'autres s'empressent d'assurer a M. Thenard qu'ils le seconderont de toute leur puissance et qu'il pent, par consequent, formuler sa proposition en toute s^- curite. M. Chevreul, en outre, constate que le memoire sur Tana- lyse chimique des eaux minerales, pr^sent^recemment par M. Bou- quet, est un premier pas important dans la voie ouverte par M. The- nard. — M. BruUe , professeur a la Faculty de Dijon, lit une note sur les ligules, vers intestinaux de la famille des tenias, qui se trouvent dans I'abdomen des poissons cyprinoides. — M. Maumenelitun memoire plein d'interet sur les lignites sul- fureux qu'on trouve en abondance dans les environs de Reims, et sur I'heureux parti qu'on en peut tirer comme combustible, ou dans diverses industries. « Onvoitcommencer, presde Reims, unechaine de collines qui entourent le bassin de la Seine et se prolongent en Bel- gique et jusqu'en Angleterre. Ces collines renferment un gisement de lignite mele de sulfure de fer et doue ainsi de la faculte de s'en- flammer a I'air : on les nomme dans le pays cendres sulf ureases; ces lignites ne sont employes que comme engrais. On a bien cherche depuis longtemps a les bruler ; leurapparence, surtout lors- qu'ils sont humides , se rapproche tellement de celle de la houille, et ils s'echaufFent d'ailleurs si facilement jusqu'au rouge, qu'on ne pouvait manquer d'essayer leurs qualites combustibles, mais on n'y avait pas r^ussi. On etait meme si bien convaincu de I'impossibilite de sen servir pour le chauffage que je ne saurais dire toutes les pro- testations soulevees centre la seule demande d'en faire I'essai. aw COSMOS. « Pourtant, il suffit de choisir une coucheconvenable, et sur envi- ron moitie de leur epaisseur, tous les bancs de nos environs en pr^- sentent pour se procurer un combustible d'un bon emploi sans aucune preparation. L'unite de chaleur , avec le lignite pris sur les lieux^ peut couter jusqu'a dix fois moins cher qu'avec la houille. " Je me borne, dans cet extrait, a indiquer le resultat general de mes nombreuses analyses. Les lignites de Reims sont formes, sur 100 de lignites, de : acide ulmique (C""* H'^ 0'=), 4 a 71 ; carame- lin, 0,15 a 1,2; matieres resineuses, 0,3 a 0,4; pyrite tres-divi- see, 6 a 15; sable et argile, de 2 a 90 ; carbonate et sulfate de chaux, 1 a8 ; humides comme ils le sont, dans la terre, ils ren- ferment en outre une quantite d'eau qui s'^leve de 63 a 64 pour 100. Ces analyses prouvent que'les lignites peuvent servir de com- bustible. En effet, avec 70 pour 100 d' acide ulmique, ils doivent contenir par kilogramme 0'^,51 de carbone et 0'',037 d'hydrogene, ce qui, theoriquement, fait prfes de 5 400 calories ou unites de cha- leurs. La houille moyenne, d'apres les analyses de M. Regnault, donnerait environ 8500; le lignite vaut done 5 400 : 8500=0,635 de la houille. Ce resultat est verifie d'une maniere tres-nette dans I'experience suivante : " Une filature deTxeims possede trois chaudieres absolument sem- blables et de la capacite de 9 500 litres (niveau au milieu de la chaudiere); une seule chaudiere peut alimenter la machine, qui donne 28 a 29 chevaux vapeur. Par une longue experience, on salt que cette chaudiere exige tres-exactement 100 kilogrammes de houille a I'heure. « Le 23 aoiit dernier, j'ai mis une de ces chaudieres en feu avec le lignite seul ; a midi et quart on etait en vapeur, et nous commen- cions a conduire la machine, nous avons marche jusqu'a cinq heures un quart avec le lignite : tout alia bien, les manometres ne bais- serent pas, meme aux instants d'aUmentation, et le service fut convenable; nous avons briile 800 kilogrammes de lignite, il aurait fallu 200 kilogrammes de houille. Ainsi, le lignite a representc 5 : 8 = 0,625 de la houille ; nombre bien pres de 0,635. « On voit quel parti peut offrir I'emploi du lignite de Reims re- pute, jusqu'ici, tout a fait impropre a la combustion. La houille coute a Reims de 25 a 35 francs la tonne ; le lignite peut, sur les lieux, c'est-a-dire dans un grand nombre de cas, etre obtenu a 2 francs la tonne, c'est, en raison de sa puissance calorifique, 2^X100:63 =3 fr. 17. « Les prix desdeux combustibles sont ainsi dans le rapport 3,17 COSMOS. tiS9 a 25 I'r., ou3,17 a 35 fr.; c'est-a-dire que Tunite de chaleur, dans le premier cas, coute 8 fois moins cher avec le lignite qu'avec la houille ; dans le second cas, elle coute 11 fois moins. " Le transport eleverait le prix du lignite a 3, 4, ou meme 5 fr.; il en resulte que, dans les conditions les moins favorables, le lignite donne I'unite de chaleur pour un prix trois fois moindre que la houille. « II faut observer que le lignite offre des inconv^nients : 1" les vapeurs sulfureuses se repandent quelquefois au dehors du foyer, et deviennent une gene pour le chauffeur. Get inconvenient est nul quand les cheminees tirent bien; " 2° L'entretien du feu de lignite exige une attention continuelle du chauffeur, il ne lui est plus possible de soigner a la fois la chau- diere et la machine, il lui faut un suppleant pour cette derniere. Cette diminution de I'^conomie offerte par le lignite n'est pas trfess- graiide il s'en faut, mais j'ai du la signaler. " 3° Enfin on aurait pu craindre Taction du soufre pour le metal des chaudieres et des cornues, ce qui aurait beaucoup d'importance. Pour les chaudieres meme en cuivre, Taction du soufre n'est pas a redouter, la temperature peu elevee du m^tal, la transformation complete du soufre en acide sulfureux, la presence d'un peu de cendre sur la surface metallique preservent entierement les chau- dieres. Pour les cornues, Taction des vapeurs du lignite est bien moins dangereuse qu'on ne le croirait; j'ai entretenu deux cornues de fonte|(l™,8 de longueur) au rouge, pendant sept semaines, et la place du coup de feune parait pas plus endommagee qu'avec la houille. En outre, rien n'empeche, et il est bon meme, a un autre point de vue, d'employer des cornues en terre. Le lignite peut etre employe dans les ateliers, les cuisines, les appartements memes ; il suffit de le briiler dans des foyers fermes. II a sur la houille le grand avantage de rester allume jusqu'a la derniere parcelle. " Quant au choix de la couche convenable dans le terrain, il est tres-facile. II faut prendre le lignite homogfene, brun, l^ger, sans paillettes brillantesdepy rite; il doitse diviser enfeuilletshorizontaux et en cassures verticales. Un travail de quelques heures met un ou- vrier en etat de le distinguer parfaitement. " Le noir de lignite, c'est-ii-dire le lignite calcine sans air, a une grande puissance decolorante, il faut seulement le laver a Tacide et a^Teau, on peutTemployer pour Textraction du sucre avec un grand avantage. En effet, le noir d'os, dont la calcination n'a pas ete par- faite, conserve de la matiere animale putrefi^e, dont les parties bien. 490 COSMOS. calcinees ne peuvent operer Tabsorplion. Malgre les precautions prises dans les fabriques de sucre, jamais ce danger ii'est ^vite d'une maniere absolue,et ce n'est pas aller trop loin que d'accuser le sucre d'etre toujours souiile d'une certaine quantite de cette mati('re dan- gereuse. Voici du moinsce qui trie semble en donner la preuve : « 1° Le noir animal du commerce, lave a I'eau distillee tiede, lui abandonne presque toujours un extrait qu'on oblient en rcduisant la liqueur au bain-marie et qui presente une odeur et une saveur des plus desagreables; cet extrait se colore encore par la liqueur azoto- mercuriijue de M. Millon. ■' 2" Le sucre candi le plus blanc , enferme dans un flacon a I'd- meri , parfeitement nettoye , prend toujours en quelques mois une odeur telide sensible. ■I Ces deux faits, et surtout le premier, me paraissent ne pas laisser de doute sur la mauvaise influence du noir d'os. II est bien evident que le noir de lignite ne donnerait aucune prise au soup9on. » Des essais se font en grand dans deux fabriques; quel qu'en soitle resultat, j'aurail'honneur de le faire connaitre al'Acaddmie. « En terminant, j'ajoute quele noir de lignite peut etre employe en peinture. II se niele sans peine a I'eau, a I'huile, au vernis ;i I couvre beaucoup et surtout il seche aisemeut ; le melange avec d'auties couleurs donne les nuances les mieux fondues et d'un bon effet. " — M. Boudin , chirurgien en chef de I'hopital du Roule , lit une note fort curieuse sur les accidents caust^s par la foudre. Reunis- sant en faisceau un trfes-grand nombre de faits connus, mais ^pars, il demontre : 1" que les accidents causes par la foudre sont beau- coup plus nombreux et plus graves qu'on ne le croit communement; 2° que le nombre des victimes de la foudre, en France, s'oleve en moyenne a 200; 3" que la region la plus frappee par la foudre est celle du plateau central, ^comprenant les departements du Cantal, du Puy-de-D6me, etc. ; 4" qu'd y a partout plus d'hommes que de femmes atteints par la foudre ; 5" que le quart au moins des per- sonnes foudroyees I'ont ete a la suite de I'lmprudence qui les avait conduites sous des arbres ; 6" qu'on peut citer un certain nombre d'images des objets exterieurs imprimees par la foudre sur le corps des personnes qu'elle avait foudroyees ; 7° qu'un assez grand nom- bre de personnes ont ete foudroyees debout, et sont restees immo- biles apres la mort, dans la position oil la foudre les avait frappees ; 8" enfin que les ravages de la foudre sur les animaux sont encore plus terribles que sur les hommes. COSMOS. Ml M. Felix Bernard, de Bordeaux, lit le memoire sur la pola- risation de I'atmosphere dont nous doiinons plus loin le resume. II pr^sente et decrit, sous le nom de Polariirietre,rinstrument tres-in- genieux, tres-sensible et tres-exact avec lequel ce genre d'observa- tions, presque inaccessibles autrefois, pourra se faire desormais avec une facilite tres-grande. Nous sonunes entres en possession d'un grand nombre de polariscopes, c'est-a-dire d'appareils propres a mettre en evidence les phi^nomenes de la polarisation; nous avons les polariscopes de Biot, d'Arago, de Savart, de M. Delezenne, de M. Guerard, de M. Babiaet, de M. Soleil, I'horloge chromatique deM. Wheatstone, etc., mais nous n' avons pas a proprement parler de polarimetre, c'est-a-dire d'appareil avec lequel on puisse mesurer facilement et rigoureusement la quantite de lumiere polarisee con- tenue dans un rayon ou dans un champ lumineux donne. M.. Ber- nard, en s'appuyant des theories de Fresnel et d'Arago, en suivan f une voieouverte par M. Babinet et M. Beer, deBonn, a enfin re solu ce beau probleme de la maniere la plus satisfaisante. II pr^- sente en meme temps a TAcademie un autre appareil, le Refrac- tometre dont il navait envoye jusqu'ici que la description; il a pour objet, comme nous I'avons deja dit en Tannongant, de permettre de mesurer avec toute I'exactitude desirable, jusqu'a la quatrieme decimale, les indices de refraction des corps solides ou liquides, amenes a I'etat de milieu a faces sensiblement paralleles. C'est en- core un appareil qui manquait presque entierement ; car on avait aussi beaucoup de methodes pour la mesure des indices de refrac- tion, mais pas de refractometre assez sensible ou assez delicat; on a sans cesse besoin cependant de determiner ces indices les plus importants des coefficients optiques. M. de Senarmont, qui I'a etu- die et essaye; M. Laugier, qui s'en est servi avec le plus grand suc- chs pour determiner I'lndice des plaques avec lesquelles, sous la direction de M. Arago, il a pris tant de mesures photometriques pr^cieuses; M. Babinet, qui a peine a comprendre que Ton ait pu se procurer un pointe si precis a estimer avec tant d'aisance et de rigueur le transport ou deplacement cause par la refraction ; tons s'accordent a reconnailre que le refractometre de M. Bernard est un instrument classique, un instrument modele, qu'il est pour I'optique une des plus precieuses acquisitions qu'on put faire. Nous avons deja dit que M. Bernard, entrain^, comme nous, a Liverpool, par son amour ardent du progres, avait presente a 1' As- sociation brilannique son Refractometre, son Polarimetre, et un au- tre appareil de son invention, plus beau peut-etre encore, sonPho- ?i92 cosmos. tombtre uriversel. Nous avons dit I'accueil extraordinaire fait a ses magnifiques instruments. Apros les avoir contemples de prfes, Tillustrehistorien des sciences d'induction, M. le docteur Whewell, a dit : « Je suis heureux d'exprimer le plaisir que leur t-tude m'a cause ; j'ai ele surtout frappe de la demonstration si claire fournie par le Photom^tre de M. Bernard, de ce fait capital : que la lumiere en chaque point du spectre solaire est simple, d'une seule longueur d'onde , et non multiple. Ainsi, I'opinion qui a prevalu pendant ces dernieres annces, qui est encore defendue par quelques physiciens, et qui voulait que le spectre du prisme fiit compost de plusieurs spectres superposes , ne repose sur aucun fondement et doit etre definitivement abandonnee. » C'est un bel exemple que celui d'un jeune et simple professeur de lycee, appliquant avec une aisance parfaite les plus hautes theo- ries de I'oplique; inventant et faisant construire a ses frais des ap- pareils dispendieux qui feraient honneur aux plus grands maitres; dotant ainsi la science d'instruments outils, qui manquaient tout a fait; et faisant en quelques jours des observations qu'on n'aurait pu faire autrefois qu'en un mois. La seule ambition de M. Bernard est de devenir professeur de faculte; il le sera certainement bientot; et quand il aura ete nomme, ce sera a la science plus qu'a lui que nous adresserons nos felicitations, elle pourra compter sur des conquetes prochaines et brillantes. — M. Elie de Beaumont presente au nom de M. Greenough, present a la seance , une grande carte coloriee de la geologie de I'lndostan , que ce savant geologue a pu tracer grace a la genereuse assistance de la Compagnie des Indes. Nous avions deja vu cette belle carte a Liverpool, et nous nous proposions de la faire connaitre avec plus de details. — M. le ministre de 1 'instruction publique prie I'Acad^mie de soumettre a I'examen d'une commission un rapport ou instruction sur le paratonnerre, redig^ par un ingenieur. — M. le comte Demidoff adresse la suite des observations m^tdo- rologiques faites a ses frais sur le mont Oural en 1853 et 1854. — M. de Gasparis, de Naples, envoie la continuation de sa th^orie mathematique de la th^orie des orbites planetaires. — M. Lecocq, de Clermont, a retrouve, dans les montagnes de I'Auvergne, une configuration singuliere des roches primitives que I'on n'avait rencontrde jusqu'ici que dans les monts scandinaves. — M. le docteur Jackson, de Boston, communique a M. Elie de Beaumont de nouveaux details sur les gisements de cuivre et COSMOS. 493 autres metaux recemment decouverts sur difFerents points du terii- toire americain. — M. Ducouret, le trop celebre iiiventeur des hommesa queue, auxquels personne bientot ne croira plus , adresse un exemplaire de ses voyages. — M. Desoyes, de Toulouse, prie TAcademie d' accepter unenou- velle redaction de son traits des maladies des plantes. — M. Milne-Edwards presente, au noni deMM. Nachet, pere et fils, un nouveau microscope qui, en lui-meme, n'a ricn de tres-neuf quant aux proprietes essentielles de ce genre d'appareils, la clarte, lanettete, le grossissement ; mais auquel une disposition eminem- ment ingenieuse donne des avantages qui le rendront extremement precieux, et presque indispensable dans I'enseignement des colleges et meme des facultes. Jusqu'ici, une seule personne pouvait regarder dans le microscope, et quand un observateur succedait a un autre, il fallait remettre au point. Par une heureuse combinaison de prismes a reflexion totale, par I'addition au tube principal de plu- sieurs tubes obliques armes de .lentilles, MM. Nachet ont obtenu que trois ou quatre individus puissent observer en meme temps le meme objet, et mettre au point separdment. II y aura ainsi grande ^conomie de temps, et meme un grand progrfes; car des observations faites simiiltanement par des hommes exerces conduiront certaine- ment a la decouverte ou a la confirmation de details inaper9U3. Si le controle est necessaire partout, il Test surtout dans les observa- tions microscopiques ; quand plusieurs verront a la fois, la discussion sera plus facile, plus profitable et plus promptement achevee. — M. Serres presente, au nom du prince Charles Bonaparte, une note sur le squelette d'un saurien fossile receminent decouvert. Ce squelette presente d'autant plus d'interet que I'exemplaire qui avail servi aux etudes et a la classification deja faites par Camper etCuvier ^taitcertainementfalsifi^, en ce sens que des parties arti- ficielles et arbitraires avaient ^te substituees aux parties naturelles manquantes. Ces falsifications, malheureusement, ne sont pas rares, et les naturalistes les plus exerces ont et6 les victimes de I'habilet^ et de I'audace des contrefacteurs chinois, indiens, ou autres; on a cr(§e quelquefois de cette maniere des etres trfes-disparates et inco- h^rents au fond, et qui, au premier abord, presentaient une unit^ parfaite. Le nouveau squelette confirme I'analogie etablie par Cu- vier entre les extr^mitc^s du saurien et les nageoires des poissons. — L'evenement principal de cette seance a ete I'annonce de la •^oi'tion tout a fait imprevue d'un probleme a I'ordre du jour, don- (,94 COSMOS. n&e par M. Arnould, chimiste distingue, qui s'est forme dans le la- boratoire de M. Pelouze. II ne s'agit de rien moins que de la fabri- cation en grande quantito , de la fabrication (5conomique , au point de vue de I'industrie, d'alcool et d'eau-de-vie de meiileure qualitd que Talcool et I'eau-de-vie de betteraves , par Taction de I'acide sulfurique sur les fibres vogetales ou sur la sciure de bois. Voici le precede, tel qu'il a 6te decrit avec le plus grand soin par M. Pe- louze : prenez du bois blanc, du peuplier, par exemple, qui convient parfaitement ; rc^duisez-le en poudre ; dessechez la sciure qui contient 50 a 60 pour 100 d'eau ; ajoutcz a la sciure s^che son poids d'acide sulfurique concentre ; agitez, divisez, triturez le melange avec une spatule; abandonnez-le a lui-raeme pendant vingt-qualre heures; ddlayez-le en I'^tendant d'eau ; portez-le a rebuliition-, il se trans- formera presque compl^tement en sucre de raisin ; saturez I'acide sulfurique en ajoutant au melange une quantite suffisante de craie, le sulfate de chaux se precipitera ; filtrez et decantez; ajoutez au liquide provenant de la decantation un des ferments connus, la le- vure de biere ou autre; la fermentation ne tardera pas a se produire, et il ne restera plus qu'a distiller par les precedes ordinaires. L'ex^ p^rience n'a encore dte faite que dans le laboratoire , mais M. Ar- nould se propose d'etablir incessamment une usine oil il fabriquera en grand. A enjuger par les premiers essais, 100 kilogrammes de bois rape donneraient de 75 a 80 pour 100 de sciure et 2 hecto- litres d'alcool. Au prix actuel de I'acide sulfurique et de I'alcool, et alors meme que Ton en serait rdduit a perdre entierement , en le transformant en sulfate de chaux , I'acide sulfurique qui n'est nullement decompose , il y aurait encore des benefices considera- bles a realiser. Mais il n'est pas douteux, ajoute M. Pelouze, qu'on n'arrive bientot a tirer parti de cet acide sulfurique dissimule, a lui faire faire la navette. On pourra, par exemple, le faire servir a la decomposition des acides gras, a la transformation en stearine et en ol6ine des acides st^arique et margarique ; on aurait ainsi a la fois et le Sucre, qui plus tard se changera en alcool, et la matiere des bougies. L'eau-de-vie presentee a I'Academie par M. Pelouze ^tait vraiment bonne ; on ne pouvait lui reprocher qu'une legere odeur empyreumatique dont on la debarrassera sans peine par des distil- lations successives , si on ne I'emploie pas telle qu'elle est dans I'industrie. On fait actuellement de l'eau-de-vie avec tout, la bette- rave, la pomme de terre, I'orge, le seigle, et meme, assure-t-on , le froment ; c'est un abus , ou un exces condamnable ; la fabrication nouvelle au moyen du bois, permettra de rendre la betterave a I'i'^ COSMOS. 495 dustrie du sucre cristallis^, et de conserver la pomme de terre et les C^reales pour I'alimentation, qui en a tant besoin. M. Pelouze a eu soin de rappeier que le point de depart des recherches de M. Arnould avait ete le beau travail fait en 1825 par M. Braconnot sur la dextrine extraite des fibres vegdtales. Le sa- vant chimiste de Nancy avait decouvert qu'en traitant la matiere ligneuse pure, par exemple, de la vieille charpie, par I'acide sulfu- rique, on obtenait un peu plus de son poids de matiere sucree tout a fait analogue au sucre de raisin, et que la fermentation convertis- sait en alcool. L'apparition, dans la reaction, d'une matiere forte- ment coloree avait sans doute empeche M. Braconnot de faire une application pratique des principes si heureusement decouverts par lui. M. Arnould n'est pas le premier chimiste qui ait essaye de faire passer dans Industrie les theories de M. Braconnot. II est a notre connaissance que, dans le printemps dernier, M. Triboulet, dans une usine de Clichy et sous les yeux de M. Armand Bazin, a essay^ d'obtenir de Talcool du bois, en le traitant par I'acide sulfurique et en faisant servir I'acide sulfurique, apres la transformation des fibres v%etales en sucre, a la decomposition des acidesgras. C'etait la mise en oeuvre complete de la inethode de M. Arnould et de la pensee de M. Pelouze. Je n'ai pas su pourquoi Ton avait abandonn(5 ces essais commences sous d'heureux auspices ; sans doute que 1 on n' avait pas devine, comme I'a fait M. Arnould, le secret ou le tour de main.- — Un venerable vieillard, auquel cinquante annees de bons ser- vices publics ont valu la croix d'honneur, intelligence elev^e , cceur noble, que les plus cruelles souflfrances n'ont pu abattre, hemipl^- gique depuis douze ans, prive de presque toutes ses facultes loco- motives, en partie meme de la vue, accable d'infirmites qui lui per- mettenta peine de tenir une plume, ardent cependant a suivre le progres et a entrer dans la lice, des que quelque grande question nouvelle et utile apparait sur I'horizon, M. d'Agard de Bus, d'ls- soudun, vient d'adresser a I'Academie et au Cosmos un dernier mot sur le cholera epidemique, en nous priant instamment de ne pas rester sourd a sa voix, comme nous I'avons et^ pour tant de com- munications anterieures qu'il nous a faites. Cette fois, nous nous laisserons attendrir ; nous analyserons rapide- ment dans notre prochaine livraison le dernier mot de notre si vene- rable ami, sans rien changer a sa pensee, quoiqu'elle ne soit pas en tout la notre. Si M. d'Agar de Bus, qui n'est pas medecin ainsi que nousl'avions cru et que nous Tavions dit a tort, a ose tenter la solu- im COSMOS. tion duredoutable et myst^rieux problfeme du cholera, ce n'est qu'a- pres que la science incdicale, par I'organe des Meslier, des Gendrin, dcs Fabre et de mille autres, s'est declaree incapable d'en decou- vrir la cause et impuissante a le guerir. Fabre, rcdacteur en chef de ]a Gazette des Hopitaux, ^crivait au commencement de cette an- n^e « Le siege, la cause et la nature du choldra sont pour nous le quid ignotuni d'Hippocrate, qu'il n'est pas donn6 a notre humaine nature d'approfondir, qu'il faut laisser le soin d'expliquer au divin et supreme auteur. >- A bientot la theorie de M. d' Agar de Bus. — M. Regnault presente un memoire de M. Viard, professeurde physique a la Faculte de Grenoble, sur les lois d'^coulement du gaz d'eclairage dans des tuyaux exclusivement construits en ciment ro- main. La ville de Grenoble a adopts, pour ses conduites a gaz, ce genre de tuyaux, et il importait grandement de reconnaitre d'abord quelle etait la deperdition de gaz occasionnee par la permeabilite du ciment, et comment cette deperdition variait avec la pression a la- quelle le gaz etait soumis; puis comment la vitesse d'^coulement etait modifiee par la nature des parois. M. Viard a constats, comme on devait s'y attendre, que la deperdition du gaz hydrogene carbon^ etait plus grande que celle de I'air, et qu'elle 6tait proportionnelle a la pression. Son travail, sur lequel nous reviendrons, se recom- mande, a dit M. Regnault, par un haut caractere d'utilite publique, et par le soin avec lequel il a ete fait. SDR LA POLARISATION DE L'ATMOSPHERE PAR M. FELIX BERNARD. Si Ton examine avec un polariscope un point quelconque du ciel serein, on trouve que la lumiere diffuse reflechie par les molecules gazeuses de I'atniosphere est generalement polaris^e. Dans certaines regions la polarisation est tres- sensible, dans d'autres au contraire la polarisation est tres-faible , quelquefois meme nulle ; et cet etat qui varie plus ou moins rapidement avec la position du soleil, I'etat hygrometrique des diverses couches aeriennes, la reflexion de la lu- miere sur les objets terrestres suffisamment etendus , et avec bien d'autres influences encore, est sourais a des lois dont les plus gene- rales nous sont connues ; mais ces lois ne nous ont presque encore rien appris sur leurs rapports avec certains phenomenes meteorologi- ques auxquels elles sont liees. MM. Arago, Babinet, Brewster, nous ont montre dans la voiite celeste des points remarquables, ou deux polarisations antagonistes se neutralisent; ces physiciens nous ont fait connaitre la position de ces points et la loi de leur deplacement; la position du maximum de polarisation a ete determinee; quelques nombres meme ont et6 donnas par M. Zantedeschi et par M. Brews- ter, mais ces nombres ne s'accordent pas toujours. Malgre les re- cterches, sur ce sujet delicat, des habiles physiciens que nous venons de citer, on ne pent se dissimuler qu'il reste encore beaucoup a faire. En faisant abstraction des circonstances accidentelles qui apportent souvent de grandes perturbations dans la polarisation du ciel, ii doit exister,pour chaque lieu, un etat general de polarisation normal, ne dependant que de la polarisation du soleil et des circonstances lo- cales, et cet etat semble pouvoir etre parfaitement defini au moyen d'un nombre suffisant d'observations. La methode suivante, basee sur la comparaison des intensites de deux images, dans les condi- tions experimentales les plus favorables , c'est-a-dire lorsqu'elles sont de meme couleur et au contact doit pouvoir etre employee avec avantage. Quelques considerations fort simples en feront con- naitre la theorie. I. Description de la methode. — Tout faisceau partiellement polarise peut etre consid^r^ comme resultant de la somme de deux faisceaux polarises , a angle droit , I'un dans le plan de polarisation de la portion polarisee de ce faisceau; I'autre dans un plan perpen- diculaire. Si Ton represente par aeib les intensites respectives des deux faisceaux composants , et par I'unite , I'intensite du faisceau mixte, la proportion de lumiere polarisee renfermee dans le fais- ceau resultant aura pour valeur a — b; c'est la quantity a determiner. &98 COSMOS. On peut toujours operer la dc^composition precedente du faisceau primitif au moyen d'un prisme bi-refringent d'un angle convenable, dont la section principale est dirigc^e paralleleinent au plan de pola- risation ; les intensit^s respectives de Tiniage ordinaire et de I'iinage extraordinaire sont alors proportionnelles aux valeurs de a et de h. Cesfaisceaux, npros leur passage a traversun prisme de Nicol analy- seur, donneront lieu a deux nouvelles images; mais ici I'image ordi- naire sera polarisde dans un plan perpendiculaire a la section princi- pale de I'analyseur, et I'image extraordinaire dans un plan parallele; les intensites deviendront egales pour un certain angle a forme par les deux sections principales, on aura done pour determiner a et h les deux relations a -\-b ■:=.'[., ]j. a sin^ a.z=.b cos* a, en representant par fji le rapport des deux intensites maxima des deux images, lorsque la lumiere iiicidente n'est pas polarisee. De ces deux relations on tire par une combinaison facde, et en posant fji tang- a = tang- a' a — bz=: cos 2 x' . Le facteur p introduit par I'inegalite de la reflexion due a la diffe- rence de vitesse des deux rayons dans le spath, et a I'inclinaison differente sous laquelle les deux faisceaux rencontrent les faces de I'analyseur n'est point negligeable ; nous verrons plus loin comment on le determine. II. Description de l' instrument on du polarimetre. — A I'une des extremites d'un tube a tirage, de deux decimetres de longueur, se trouve un prisme bi-rt^fringent polariseur , forme d'un spath et d'un prisme de verre qui n'achromatise qu'imparfaitement , mais d'une maniere egale, les deux images fournies par I'ouverture, de cinq millimetres de diametre, d'un diaphragme place a I'autre extreuiite. Contre le diaphragme est dispose un obturateur excen- trique presentant deux ouvertures; I'une est libre ; a I'autre est adaptee une plaque de quartz a deux rotations , de M. Soleil. Au-devant du polariseur est dispose un cercle qui porte une ali- dade et un vernier; dans la chape del'alidade est engage un prisme de Nicol analyseur, taille sous forme de parallelipipede droit; cet appareil, place dans un tube concentrique fendu et a charniere a vis de pression, dispose sur un support, constitue le polarimetre propre- irient dit, et peut s'adapter a d'autres appareils secondaires dont la disposition depend de I'origine du faisceau a analyser. Dans tous les cas, lorsque le faisceau est introduit dans I'appareil,' COSMOS. i99 on doit commencer par dirigerla section principale du prisme bi-re- friiigeiit parallelement au plan de polaris^ation du faisceau incident; la plaque bi-quartz de M. Soleil sert alors de regulateur; on I'amene au-devant I'axe de I'instrument, et Ton fait tourner le polarimetre d'un mouvement d'ensemble dans son collier, jusqu'a ce que la coloration uniforme des deux demi-disques de chaque image indique qu'on se trouve dans la position cherchee; le polarimetre est fixe dans cette position, et la plaque bi-quartz estdeplacee; on apei9oit alors deux iir.ages circulaires tangentes I'une a I'autre, et Ton determine les deux azimuths d'egalite y, y' les plus rapproches de Tazimuth d'ex- tinction, Ton a alors : ot =^ 2 Nota. Si Ton a employe un prisme deNicol taille en parallelipipede droit, c'est que les prismes de Nicol ordinaires occasionnent une perte de lumiere reflcchie, variable avec la position de la surface d'incidence, par rapport aux plans de polarisation des deux fais- ceaux incidents. III. Maniere de f'aire les ohseivntioiis. — Pour se servir de cet instrument dans les observations atmospheriques, on le dispose sur un appareil muni de cercles, de niveaux et d'une boussole qui per- mette de I'orienter, de determiner la position du point de ciel observe, et d'etudier la polarisation dans les grands cercles de la sphere. Un petit chercheur, place lateralement, sert a diriger, lorsque cela est necessaire, sans incommoder I'oeil, I'axe de I'appareil sur le so- leil. Le tout repose sur un trepied a vis calantes. Pour determiner ^ on pointe I'instrument sur une portion du ciel convert depolarisee, ou bien on interpose entre le diaphragme et I'obturateur une petit'i feuille de papier blanc ; on cherche les azi- muths •]/,y qui comprennent entre eux I'azimuth d'extinction; et si Ton represente par I, V les intensites des deux images a leur maxi- mum, on a les relations : Isin^i+iW'cos^*+i';, = L, = cot^ H^'. 2 2 1 2 Deux ou trois jours de beau temps ont permis a M, Bernard de faire avec cet appareil quelques ob-ervations sur la polarisation de I'atmosphere. II s'est propos6 d'examiner d'apres quelles lois varie I'intensite du maximum de polarisation du ciel serein. On salt que ce point est situe a 90" du soleil, et M. Brewster en a fait connaitre la valeur maximum dans le cas particulier ou le soleil est a 20° au 500 COSMOS. dessus de I'liorizon ; la polarisation de ce point lui a paru egale a celle qui serait produite sur la surface d'un verre d'indice de refraction 1,4826, sous I'incidence de eSoSO' ; en partant de ces donn(5es, les formules de Fresnel donnent pour mesure de cette quantite le nombre 0,64. Bicn que les observations de M. Bernard soient en nombre insuflisant pour permettre une conclusion definitive, on ne les trou- vera peut-etre point denut^es d'int(^ret, elles ont etc faites a Bor- deaux; la valeur de p etait de 1,081, ce nombre est, comme on le voit, assez considerable; voici les nombres obtenus : 1" 13 octobre 1854, apies-midi, M. Bernard a trouve que la polarisation du ciei, au point maximum, et pour les hauteurs sui- vantes du soleil, 25°, 20", 15°, 10", 5°, etait representee respec- tivement par les nombres : 0,6236, 0,6582, 0,6670, 0,6794, 0,0988. On voit tres-nettement qu'a mesure que le soleil s'eioigne du meridien, la polarisation croit d'une maniere continue, et atteint son maximum lorsque le soleil est pres de I'horizon ; I'amplitude de la variation est d'environ 75 milliemes. 2° 19 octobre, au matin. La polarisation de ce meme point maximum du ciel, aux hauteurs successives, 5", 10", 15", 20", 30", 35°, dtait representee respectivement par les nombres 0,7083, 0,6972, 0,6734, 0,6464, 0,6365. 0,6106. A mesure que le so- leil s'approche du meridien, la polarisation du maximum de pola- risation diminue; I'amplitude de la variation est egale a 0,097. Les differences entre les nombres de M. Brewster et les nombres de M. Bernard, pour la polarisation maximum, lorsque le soleil est a 20" de I'horizon, sont les memes au signe pres, 0,0059; la moyenne des deux nombres de M. Bernard ne differe pas d'un centieme du nombre de sir David Brewster. Get accord fait honneur meme a Tillustre physicien ecossais, et plus encore a son jeune et habile eiiiule. La continuity des nombres de M. Bernard, leur iden- titequandil faisaitdeux foisune meme observation, etc.,ddmontrent 1 excellence de son appareil, construit avec le plus grand soin par M. Jules Duboscq; sa manipulation est eminemment simple et ra- pide, puisque deux minutes suffisent pour une observation; et, comme on vient de le voir, ses indications sont parfaitement exactes et siires. ASSOCIATION BRITANNIQUE POUR l'avancement des sciences. Section A. — Sciences physiques et mathematiques. (Suite.) effets de la pression sur la temperature de fusion. — [Fin.) JM. Hopkins donne les resultats de ses experiences, nous ne cite- rons que les plus importants. Le spermaceti , soumis tour a tour adespressions, deOlivre, de 7 7901ivrespar poucecarre, dell 880 hvresparpoucecarre, a donne, successiveraent pour temperatures de fusion en degrcs Fahrenheit, 124°, 140«, 176°,5. Sous ces raeraes pres.ions, les temperatures de fusion pour la cire ont ete tour-a- tour 148° 5, 166° 5, et 176° 5 ; pour le soufre 225" 275° 5 285°; pour la stearins, 153°, 155°, 165°. On voit que' la tem- perature de fusion s'eleve d'une maniere sensible a mesure que la pression augmente. Lorsqu'on ne pla9ait aucun poids sur le pision, la substance etait simplement soumise k la pression atmo- sphcnque, qui est de 15 livres par pouce carre ; la pression de 7 790 livres par pouce carre est precisement celle qu'on a fait porter au SI celebre pont tubulaire Britannia, construit par M. Fairbairn M. Hopkins a aussi fait quelques essais sur les alliages metalliques qui se fondent a une basse temperature; mais il n'a pu constater qu un accroissement, enorme meme, de la pression entrainat pour la tusion une temperature plus elev^e. Cesdermeres experiences, toute- lois, ont besom d'etre repdtdes avant d'etre acceptees comme par- taitement concluantes. Nous avons expose I'ann^e derniere le but que le savant geologue, M. Hopkms, sepropcsait dans ses grandes recherches, but entifere- ment geologique et cosmogonique. III. SUR LA DENSITE DES CORPS SOUMIS A DES PRESSIONS ENORMES, PAR M. FAIRBAIRN. L'auteur expose brievement les appareils dont il s'est servi et les resultats auxquels il est arrive. En outre des pressions de 7 790 ou 11 880 livres, par pouce carre, exercees dans les experiences de M. Hopkins, il a employe des pressions de 80 000 et 90 000 livres par pouce carr(^ , cette derniere est equivalenteaupoids d'une colonne d'eau de33 milles (11 heues) de hauteur. Sous ces enormes pressions, Tar- gile et d'autres matieres terreuses acquierent la densite, la consis- tance et la durete de quelques-unes de nos roches les plus denses et les plus dures. Voici quelques nombres que nous avons puises dans le manuscrit de M. Fairbairn : Les densitds du spermaceti solidifi^ 502 COSMOS. sous les pressions de 908 et de 5 698 livres par pouce carr^ sont res- pectivement 0,94859, 0, 95495 ; la difference est 0,00636. Les densit^s de I'dtain fondu et solidifie sous ces meines pressions de 908 et 5 698 livres sont 7,3063 et 7,3154 ; la difference est 0,0091 . On voitdonc que la densitecroit d'une manifere tres-sensible avecla pres- sion sous laquelle la solidification a lieu. Get accroissement est meme assez considerable pour qu'on puisse esperer qu'on arrivera, dans un avenir prochain, a dotibler la t(5iiacite des mat6riaux, ou, du moins, de certains materiaux de construction. On comprend en effet qu'une augmentation, meme trcs-petite dans la density, peut accroitre la resistance de la rupture dans una proportion considerable. Voici d'ailleurs sur quelles experiences M. Fairbairn fonde ses esperances. 1° Une barre de spermaceti solidifiee sous la pression de 40 783 livres, supportait sans se rompre un poids plus lourdde 7 livres et demie, que celui supporte par une barre de la meme subs- tance solidifiee sous la pression de 6421 livres; la resistance de la premiere barre etait a celle de la seconde comme 1 a 0,876. II fal- lait deja un poids de 213 livres pour ccraser un cube de spermaceti d'un pouce dans ses trois dimensions solidifie sous cette pression de 6421 livres; 2° deux barres d'^tain solidifiees tour a tour sous les pressions de 908 livres et de 5 698 livres par pouce carre, suppor- taient jusqu'a rupture des tractions exprim^es par les deux nombres 4053 livres, 5737 livres; or ces deux nombres sont entre eux comme lest a 0,706, la resistance de la seconde barre etait done beaucoup plusgrande. M. Fairbairn ne desespere pas de mettre en evidence dans de nouvelles experiences la loi suivant laquelle la densite augmente avec la pression, et la resistance avec la densite. Voici enfin les resultats d'une des experiences qu'il a faites sur I'argile : un barreau, forme avec de I'argile en poudre et seche, a d'abord ete amene a un certain etat de solidity en le comprimantau marteau dans un cylindre; il avail alors 3 pouces et demi de lon- gueur, un pouce un quart de diametre; on I'a ensuite soumis a des pressions de 9 940 livres, 54 580 livres, 76 084 livres, 97 556 livres par pouc? carrd; son volume s'est alors reduit successivement a 2,958, 2,300, 2,288, 2,195 ; I'unite dtant le pouce cube. IV. SUR l'oRIGINE du TELEGRAPHE SOUS-MARIN ET SON EXTENSION AUX INDES ET A l'aMERIQUE. PAR M. JOHN ERETT. Apres avoir r^clain^ pour lui-meme et pour son frfere, M. Jacob COSMOS. 503 Brett, I'honneur, non-seulement de I'invention, mais du premier projet et du premier etablissement des t^legraphes sous-marins ou oceaniques, M. John Brett rend compte des difficultes qu'il a ren- contr^es, et des cchecs qu'il a subis dans I'etablissement du premier tdlegraphe sous-marin qui fonctionne depuis trois ans entre la France et I'Angleterre. II rappelle qu'il a realise avec non moins de boiiheur et de succes la communication tdlegraphique sous- marine qui unit I'Angleterre a la Belgique depuis le 1" mai 1853. II entre ensuite dans quelques details sur les obstacles qu'il a eus a vaincre, quand il a fallu poser le cable sous-marin au fond de la Mediterraii^e , surtout lorsqu'il s'est trouve en presence d'une val- lee dont la profondeur surpassait de 100 brasses celles qu'on affirmait exister sur la ligne qui unit le Piemont a la Corse. Les profondeurs rencontrees entre I'Angleterre et la France , ou entre I'Angleterre et la Belgique , n'excedaient pas un maximum de 30 brasses, tandis que dans la Mediterranee le cable est descendu a 350 brasses (la brasse est de 2 metres), profondeur 8 fois plus grande que celle du canal d'Angleterre. Tout le monde etait con- vaincu a bord que le cable se briserait sous I'enorme pression qu'il aurait a supporter en traversantce vide dnorme ; et les officiers expe- riraentcs de la marine sarde qui prenaient part a cette grande ope- ration conseillaient unanimement de faire \m grand detour de 8 milles pour aller chercher les iles de Gorgona et de Capuja , pres desquelles la sonde n'indiquait qu'une profondeur de 100 brasses. II etait a craindre qu'en n'agissant pas ainsi , on perdit entiere- rement le cable conducteur. M. Brett ne niait pas que ce parti fut plus prudent , mais il y avait la une grosse question qu'il fallait resoudre d'un seul coup. II ne s'agissait pas d'une ligne aboutissant a la Corse , mais d'une ligne qui , s'elan9ant de la Corse a la Sar- daigne, et de la Sardaigne au littoral d'Afrique, ne devait se ter- miner qu'aux Indes , laquelle par consi^quent aurait a traverser des mers dont la profondeur deviendrait de plus en plus grande. Or il importait grandement de decider, par le fait meme, si cette traversee etait possible. On se mit done resolument a I'cEUvre en faisant tom- ber le cable; il sembla d'abord descendre la pente d'une montagne sous-marine longue de plusieurs milles, jusqu'a une profondeur va- riable de 180 a 200. brasses, puis on crut s^ntir qu'il se trouvait tout a coup sur le bord d'un precipice dont le fond n'etait pas a moins de 350 brasses, profondeur qui surpassait de plus de 100 brasses celle que les meilUeures cartes indiquaient sur la route suivie jusque-la; le cable alors se precipita avec une vitesse effrnyante, 504 COSMOS. et s'il n'avait pas ete aussi solide, e'en etait fait certainement de lui. On fut oblige de rcster la tuute la nuit a I'ancre, sur le cable meixie, pour reparer les avaries du navire. M. Brett se fdlicite de la courageuse determination qu il prit de ne pas s'ecarter de la route la plus directe , parce que I'experience qu'il a acquise dans cette redoutable operation assure bien mieux Je succes de celles qui lui restent a faire dans des mers plus profondes. L'habile commandant du navire , le marquis de Ricci , qui jusqu'alors avait doute du succes de I'entreprise, fut ainsi pleinement convaincu que cette sorte de cables, par leur forme et la combinaison des elements dentils se composent, offrait des garanties de resistance telles, qu'avec quelques perfectionnements qui ont et(§ discutes depuis , ils pourraient defier les plus grandes profondeurs de I'Atlantique. H semblait plus naturel de suivre la Peninsule italique jusqu'a Naples et la Sicile; plutot que d'ailer d'un seul bond de Sardaigne en Afrique, mais on a redoute les embarras qu'auraient pu susciter les nombreux petits Etats qu'on aurait rencontres sur la route. Telle qu'elle sera, la ligne n'aura affaire qu'avec les gouvernements de Sardaigne et de France , qui ont encourage sa creation par les con- cessions et les garanties les plus genereuses , et qui ont admis que lesdepeches, dans quelques langues qu'elles fussent, passeraient sans mutilation aucune. A partir du littoral d' Afrique, il se pre- sente deux plans pour atteindre I'Egypte et Alexandrie. On peut , soit deposer un sable sous-marin dans les bas-fonds, le long des cotes de la Mediterranee , soit enfouir dans le sable, le long du ri- vage, un cable souterrain. On estheureux depenser que I'un ou 1' autre de ces plans, ou tous les deux , peuvent se realiser sans qu'on n'ait rien a craindre pour la surete de la ligne. M. Brett termine en expo- sant les etudes et les travaux qu'il a faits dans le but de tout pre- parer pour la ligne de telegraphic electrique qui doit unir I'Angle- terre a I'Amerique ; il indique les profondeurs qu'on aura a atteindre en suivant la route rccemment proposee avec pleine connaissance de cause par le lieutenant Maury; il donne un apercu du poids du cable et de son prix; et il etablit qu'une recette de 100 a 150 livres par jour (de 2 .500 fr. a 3 .550 fr.) suffirait a payer largement I'in- teret du capital engage. Le plan de M. Brett comprend plusieurs lignes de communication , il rejette entierement I'idee d'une seule ligne qui lui semble completement insuffisante. Qu'd nous soit permis d'appeler de nouveau I'attention sur les immenses services^^que MM. Jacob et John Brett ont rendus a la Societe par leur gigantesque creation; nous sommes vraiment sur- COSMOS. 505 pris et desoles que les divers gouverneinents de I'Europe ne leur aient pas donne encore de glorieux temoignages de leur satisfaction et de leur reconnaissance : les telegraphes sous-marins sont un pas de geant dans le progres. SUR LES PERFECTIONNEMENTS DE3 COMMUNICATIONS TELEGRAPHIQCES SOUS-MARINES ET SOUTERRAINES ; par M. C. F. Varlet. Le jeune inventeur expose les experiences qu'il a faites avec des fils recouverts de gutta-percha, et dont la longueur variait de 30 a 1500 milles (45 a 2250 kilom.). Les r^sultats de ces experiences sont representes sur un dessin agrandi dont I'original a et^ trace par lecourant lui-meme, qui deconiposait les solutions de ferro-cyanure de potassium et de nitrate d'ammoniaque dont le papier etait im- bibe, lis prouvent que le courant electrique n'arrive pas instantane- ment a I'extremite du fil conducteur, mais que, le fil etant charge par induction comme le serait unebouteille de Leyde, le courant se propage et augmente graduellement d'intensite. II n'atteint son pouvoir maximum, a I'extremite du conducteur de 1 500 milles, qu'apres 7 secondes de temps ecoulees, et il continue a circuler 7 secondes apres que son contact avec la pile a cesse. Dans le sys- teme actuel de telegraphie, avec un semblabie fil il faudrait 50 se- condes pour produire un signal, et comme il faut plusieurs signaux pour former une lettre, un moL exigerait, pour etre transmis, un temps moyen de S minutes. M. Varley montre qu'avec des con- ducteurs sous-marins ou souterrains, entre la Hollande, Londres, Liverpool et autres lieux, les appareils de Bain et de Morse ne pour- raient operer qu'avec une vitesse beaucoup trop petite pour les besoins du commerce; mais qu'avec I'aide d'un appareil imagine par lui, ces fils depuis six mois sufiisent a une transmission plus que sufKsante, celle de 25 mots par minute; ce qui suppose 300 inver- sions du courant par minute. Lorsque ces deux premiers telegraphes, ceux de Bain et de xMorse, veulent operer rapidementavec ces fils, les marques se confondent, parce que I'lmpres-ion electrique qui doit pro- duire une de ces marques n'a pas encore cesse quand la seconde im- pulsion est donnee. Avec I'appareil Varley , au contraire, en deversant la charge et renversant le courant a chaque mouvement de la clef, on fait naitre tres-rapidement dans le fil des courants alternes qui, quoique tres-faibles a re.xtremite du fil, sont cependant suflFisants pour agir sur le galvanoraetre qui fait fonction de rclai ; ce relai met en action une pile locale, laquelle a son tour produit les mar- 506 COSMOS. ques tolegraphiques. Le petit bras de I'axe du relai, au lieu de frap- per contra un arret fixeou mort, frotte obliquement contre un res- sort en or, depla(^ant la legere couche d'air qui, par son interposition, enipecherait la t'enneture du circuit local. Dans cette disposition, la pesanteur vient aussi aider I'etablissement du contact. Cat appa- reil est si sensible que 4 elements d'une pile da Daniell, cuivre et zinc, ont suffi a transmettre des depeches de Manchester a Londres. Les avantagesde ce mode de telegraphie chimique sur le telt^graphe a aiguille sont : de n'exiger qu'un seul fil, de donner une copie im- primee de toutesles depeches, de pouvoir fonctionner avec une force 4 fois plus faible, enfin de ne pas etre interrompu par un defaut dans I'isolement des fils. Ces avantages sont obtenus, 1° en dechargeant le fil conducteur a chaque mouvement de la clef; 2" en faisant que la pesanteur aide I't^lectricitiS pour etablir le contact, et utilisant ainsi la somme des deux forces au lieu de leur difference ; 3° en fai- sant glisser le contact du relai, de maniere a deplacer la mince cou- che d'air, ce qui permet de fermer le circuit avec une tres-petite portion du pouvoir de la pile. Get appareil fonctionnerait, lors meme qu'il y aurait ^coulement d'^lectricitt^ entre deux fils; et cette pro- priete fait que le nouveau tclegraphe est parfaitement appropri^ au cas ou les conducteurs sont suspendus dans Fair, et ou le courant se perd d'un fil a I'autre, dans les temps humides, lorsque les poteaux mouilles n'isolent qu'imparfaitement. Apres avoir discutd les diflficultes mdcaniques que Ton rencontrera dans I'dtablissement d'un cable conducteur entre I'Angleterre et I'Amerique, M. Varley enonce comme r^suUat de ses experiences les propositions suivantes : 1° si un fil pouvait etre suspendu au sein d'une atmosphere ou d'une masse non-conductriceindefinie, sans au- cun corps conducteur dans son voisinage, la transmission du courant ^lectrique serait presque instantanee, quelle que fiat la longueur du fil conducteur; 2° un corps conducteur quelconque, en s'approchant de ce fil, produira par induction un effet da diminution sur la vitesse de transmission du courant, comme on I'a vu dans I'experiencefaite avec le fil ayant 1 500 milles de longueur; 3" dans le cas d'un fil re- couvert d'une substance non conductrice, la gutta-percha, par exem- ple,l' induction diminue dans la meme proportion que I'epaisseurdela couche augmente ; 4° le pouvoir conducteur d'un fil est proportion- nel a sa masse, tandis que 1 'induction est proportionnelle a sa surface. M. Varley termine son memoire en calculant les dimensions d'un cable de 3 000 milles de longueur, pouvant suffire a une transmis- COSMOS. 507 sion de 25 mots par minute. « Un fil de cuivre, dit-i], d'un sixifeme de pouce de diametre, revetu d'une couche de gutta-percha d'a peu prfes un demi-pouce d'epaisseur, pourrait, avecmon appareil, trans- mettre 25 mots par minute a la distance de 3 OUO milles. Pour met- tre en ceuvre les telegraphes ordinaires, le fil de cuivre devrait avoir 3/8 de pouce de diametre et etre recouvert d'une couche de gutta- percha de 3/4 de pouce d'epaisseur, ee qui ferait un diametre total d' environ deux pouces. >- Les appareils de M. Varley ont etd expdrimentds pendant six mois par les compagnies du t^legraphe electrique international. JVI. SUE LES METEOROLITHES ET LES ASTEROIDES OU PETITES PLANETES, PAR M. GREG. Le memoire de M. Greg a pour objet de faire ressortir certaines particularites de I'apparition des meteorolithes et des asteroides, particularites non encore remarquees jusqu'ici, et qui semblent fa- vorables a la theorie qui affirme I'identite de nature et d'orio-ine de ces deux sortes de meteores. Apres avoir fait valoir quelques arguments contre la theorie qui fait naitre les aerolithes de I'atmo- sphere, M. Greg donne un resume des resultats qu'il a obtenus r^- cemment en analysant un catalogue tout a fait complet des chutes d'a^rolithes. Depuis I'an 1500 avant Jesus-Christ, on connait 175 chutes authentiques d'aerolithes, et le mois de leur chute. Les nombres correspondants aux differents mois de I'annee sont les sui- vants : Janvier, 9; fevrier, 15; mars, 17; avril, 14; mai, 15; juin, 17; ce qui fait pour la premiere moitid de I'annde, 87 chutes. Juil- let, 18; aout 15; septembre, 18; octobre, 14; novembre, 17; dd- cembre, 7; et pour la seconde moitid de I'annee, 88. La moyenne de chaque mois est 14,6; le nombre des aerolithes, tombes en de- cembre et en Janvier, est relativement tres-petit; celui des at^ro- lithes tombds en juin et juillet, est relativement grand. En admet- tant que ces aerolithes appartiennent au systeme des asteroides, et se meuvent dans des orbites dont la distance moyenne au soleil est plus grande que le rayon de I'orbite terrestre, on devra en conclure que c'est lorsque la terra est le plus eloignee du soleil, c'est-a-dire a son aphelie, que sa rencontre avec les aerolithes devient plus pro- bable. Or, il semble que c'est ce qui a lieu reellement, car la terre est a sa plus grande distance du soleil vers le solstice d'dte, en juin et en juillet, qui sont precisement les mois ou le nombre despierres tombees du ciel a ete plus considerable. M. Le Verrier a prouve par le calcul que la masse des Eclats de planetes ou des petites plan^tes 508 COSMOS. appelees asteroides, ne depasse pas le quart de la masse de la terre ; il a montr^ aussi que leur masse nioyenne 6tait a son peri- helie, et, par consequent, le plus pres possible de la terre a I'e- poque du solstice d'ete, ce serait un argument de plus en faveur de la theorie qui admet que les aerolithes sont de petits asteroides egares ou sortis de leur orbiie. La pesanteur specifique des pierres nieteoriquesvarieentrel,7, et3,9; elleesten moyenneS, la pesan- teur specifique de I'eau ^tant prise pour unit^. Or, cette pesanteur specifique moyennesemble reellement placer les aerolithes entreMars et Jupiter, c'est-a-dire dans I'espace assign(§ aux asteroides. En effet, les densit^s des diverses planetes prises dans I'ordre de leur distance au soleil, sont Mercure, 15,7; Venus, 5,9; la Terre, 5,6; Mars, 5,2; Jupiter, 1,4. M. Greg signale les jours suivants : 19 mai, 29 novembre, 17 decembre, du 15 au 19 fevrier, et 26 juillet, comnie ^tant des epoques aerolithiques, c'est-a-dire cor- respondantes a des nombres maxima de pierres tombees du ciel ; il lui semble tres-probable que les aerolithes sont tout a fait difFerents des etoiles filantes, que ce sont deux classes de corps tout a fait distincts, que les etoiles filantes se rapprochent beaucoup plus des cometes, en ce sens que le rayon de leur orbite est en general plus petit que le rayon de I'orbite terrestre, et que leur perihelie est tres- pres de la planete Mercure. M. Greg termine en emettant I'opinion que les etoiles filantes sont lumineuses par elles-memes, qu'elles sont moins denses que les aerolithes, mais plus denies que les co- metes. et qu'il n'est pas improbable qu'elles soient de nature fluide ou visqueuse. M. Thomson, de Glascow, dit que rien ne prouve que les etoiles filantes soient lumineuses avant d'entrer dans I'atmosphere, il veut que I'explication veritable de leur condition luniineuse ait (5te donnee il y a six ans a Manchester, par M. Joule, qui aurait ad- mis le premier que la vitesse de ces corps est assez grande pour qu'en frappant I'air, au moment de leur penetration dans I'atmo- sphere terrestre, ils s'echauffent et s'enflamment ; il nous semble que ceite opinion a ete emise bien longtemps avant M. Joule. (La suite au prochain nuinero.') A. TFiAMbLAY, proprielaiie-^erant. PAIUS. IMI'tlLMEKlE DE W. UJiilQ'JET ET ClU, liUE GARANCIEKE, O. T. V. 4 NOVEMJjnE l854. THOIS1EME ANNKE. COSMOS. NOUVELLES. DEUX NOUVELLES PETITES PLANETES. MM. GOLDSCHMIDT ET CHACORNAC. Dans la seance de Tlnstitut de lundi dernier, M. Le Verrier, di- recteur de I'Observatoire imperial, a annonce la decouverte dedeux nouvelles petites planetes. La premiere, la 32*= du groupe compris entre Mars et Jupiter, appelee Pomone par M. Le Verrier, a ete aper9ue pour la premiere fois par M. Goldschmidt dans la nuit du 26 au 27 octobre sous I'as- pect d'une etoile de onzieme grandeur. Dans la nuit du 27 au 28 cet astre, dent le niouvement cependant est tres-lent, avait certai- nement change de place, et comme il etait d'ailleurs impossible de le corifoiidre avec les planetes deja connues , M. Goldschmidt pro- non9a avec certitude que c'etait une nouvelle petite planete. Heu- reux de son succes, il alia a I'Observatoire et pria M. Le Verrier de faire proc^der a la determination plus approchee de la position du nouvel astre. Une observation feitea la lunette dquatoriale de 9 pouces, placfe a la disposition de M. Chacornac, donna les nombres suivants pour les coordonnees de la pladete : Temps moyen IS"* 18°^ 11" ,2 Ascension droile 2*' 24°^ 22* Declinaison boreole 14° 54' 35" 3 Une seconde observation faite dans la nuit du 29 octobre aux in- struments m^ridiens a donn^ : Temps moyen 11^ 51' 52" Ascension droile 2*^ 23' 1 Declinaison 14° 38' 00" M. Goldschmidt, qui a decouvert une premiere planete, LuxExrA, le ISnovenibre 1851, est, on se le rappelle, un artiste f>eintre de talent, passionnd pour Tastronomie : il consacre ses journees a I'art, ses nuits a la science ; c'est a peine si, dans la matinee, il s'accorde i8 510 COSMOS. quelques instants de repos. C'est une de ces natures delicates, de ces ames ardentes, de ces volontes fortes, chez lesquelles la lame use le fourreaii sans qu'elles s'en iiiquietent ou s'en attristent, ab- sorbees qu'elles sont par I'amour du beau et du progres. II n'a a sa disposition que deux humbles lunettes, I'une de 30 lignes, I'autre de 36 lignes d'ouverture, et il n'emploie (]iie des grossissements de trente fois au plus. Mais il supplee a I'insuffisance des moyens mate- rials par un travail opinialre et surhumain, dont on se fera une id^e quand nous dirons qu'avec son laible instrument il a ajoute plus de quinze cents otoiles a chacune des cartes horaires de Berlin, tracees cependant avec des lunettes d'une bien plus grande puissance. Le nombre des astres que M. Goldschmidt a du surveiller et suivre pendant de longues nuits pour surprendre Pomone dans ses ecarts etla constituer a I'etat d'astre errant ou de platicte , est vraiment incommensurable. Aux yeux des simples mortels, c'est bien peu de chose en apparence que la conquete d'un astre telescopique. M. Goldschmidt pense tout autrement; il se sent tout repose des fatigues d'une campagne de deux longues annees, et dbs demain il repreiidra la poursuite du grand oeuvre. Dans la nuit du 28 octobre, M. Chacornac venait d'achever la determination de la position de Pt)m(me; triste de se voir devanc^ parson noble rival, il reprenait sa minutieuse revue des etoiles de r(^cliptique, revue commencee il y a plus de trois ans, revue chaque nuit plus patiente, plus acharnee, lorsqu'une etoile ile neuvieme grandeur srieta son attention ; son coeur d'astronome battait vive- ment ; il pressentait,un triomphe, et une heure en effet ne s'etait pasecoulee, que deja il avail constate un deplacement sensible; c'etait, a n'en pas douter, une autre petite planete plus rapide dans ses mouvements, et plus voisine sans doute de la terre. Voici sa po- sition determinee immediatement par M. Chacornac a son equato- riale : Temps moyen, 28 octobre. . . U^ n"' 24' , 5 Ascension dioite 2 33 bS , 16 Declinaisun IS" hS' 43", 7 M. L f Verrier a donnt^ a cette tiente-troisifeme petite planete le nom de Polymnie, la muse de la Rhetorique, qui ne ligui e pas en- core dans le ciel astronomique. M. Chacornac decouvrit d'abord le 20 septembre 1852, Massa- lia, que M. de Gasparis avait aper^ue le 19 a Naples, ce qui lui enleva la moitie de sa glon-e; il trouva seul Phocea le 6 avril 1853; il rencontra deux jours apres M. Marth, le 3 mars 1S54, Ainphy- COSMOS. 511 trite qui deja, en fevrier, I'avait salue d'un regard, peu de jours avant son depart de Marseille; esperons qu'aucun astronome ne lui disputera Polymnie. " II est impossible, disait M. Le Verrier, de sorider les profondeurs du ciel avec plus d'ardeur, de courage et de patience que ne le fait M. Chacornac. A quelque heure des nuits tant soit peu sereines que j'entre dans son ])avillon, je le trouve entoure des cinquante-deux cartes completees ou mieux re- faites par lui et poussees jusqu'a la douzifeme grandeur , regardant d'un oeil le ciel, de I'autre son dessin ; faisant ainsi defiler devant lui et interrogeant plusieurs inilliers d'etoiles, notant celles qui ap- paraissent pour la premiere fois, marquant d'un t-igne celles qu'd ne retrouve plus, ne quiftant cet apre travail que lorsque I'aurore a blanchi le firmament, se consolant a peine de la presence de la lune sur I'horizon, s'indignant centre les nuages et les brouil- lards, etc., etc. " Grace au soin avec lequel il inscrit les moindres peripet.ies de ses nuits, il a pu montrer a M. Le Verrier qu'il avait tres-probablement vu Pomone, le 26 septenibre dernier ; et la position que ses cartes assignent pour ce jour-la a la nouvelle planete de M. Goldschmidt, un mois avant sa decouvcrte definitive, sera d'un trfes-grand secours soit pour calculer ses elements, soit pour la retrouver, si I'eclat de la lune ou un ciel couvert la faisaient perdre pour quelques jours. M. Le Verrier n'apas pu se det'endre de meler quelques accents de tristesse a cips bienheureuses annonces : " Je suis desespere de ne pouvoir presenter a I' Academie que des positions approchees , mais le peu de puissance des lunettes des instruments meridieiis de I'Ob- servatoire imperial permet a peme de voir les ^toiles de comparai- son, ou se refuse a des observations exactes. Les lunettes de rObservatoire de Greenwich sont deux fois plus fortes, nous com- battons done a armes inegales, et il est impossil)le que nous restions plus longtemps dans cet etat d'inferiorite desolante. >• PHOTOGRAPHIE. SIR LA PERSPECTIVE BINOCULAIRE. PAR M. ALFRED SMEE. M. Alfred Smee, chirurgien de la banque d'Angleterre, de I'ho- pital ophthalinique central de Londres, du royal dispensaire gene- ral, present a la stance, offre a I'Academie la seconde edition de son traite de I'ceil : The Eye in health and disease ; l'oeil sain et MALADE. L'origine de ce livre a ete une sdrie de legons faites a I'hopilal ophthalmique, sur la vision normale, les etats maladifs de loeil et de la vision, les lunettes et les autres aides de la vision, les diverses luniieres et leur influence sur la vision. Ces quatre le9ons forment autant de chapitres du traite de Tccil, Dans la seconde edition, M. Smee a ajout^ une cinquieine legon sur le stereoscope, le pseudo^cope et la perspective binoculaire. II souleve un probleme tout nouveau, sur lequel il defsiie vivenientap- peler I'attention des physiciens, des artistes et des'photographes. Un peintre peut-il representer les objets tels qu'ils sont vus par les deux yeux regardant a la foist Peut-il reproduire sur sa toile I'effet de perspective binoculaire? Son art est-il es.-entiellement li- mite a la reproduction del'objet vu d'un seul ociH Ne peut-il rendre que I'effet de la perspective nionoculaire ou geometrique? M. Smee s'etait d'abord prononc^ pour la negative ;»des etudes plxis approfondies, des experiences nouvelles, des essais, et nieme un commencement de succes, I'ont amene a croire qu'il peut des au- jourd'hui fornmler les lois que les peintres devront suivre pour re- presenter, jiisqu'a un certain point , les objets tels qu'ils sont vus des deux yeux , et par consequent avec leur relief et leur beauM naturelle. Quelques courtes considerations feront mieux saisir sa pensee. Par le fait que les deux yeux sont places a une certaine distance, a 7 centimetres enviion I'un de I'autre, les vues perspectives d'ua objet vu de I'un et de I'autre oeil sont reellement differentes; mais comme dans la vision naturelle et normale, les deux yeux sont diiiges a la fois sur un meme point de I'objet; le point de vue des deux perspectives oculaires sera le meme. La peinture qui devia representer la perspective binoculaire con- sistera reellement dans la superposition ou I'empif^tement de deux dessins en perspective dont le point de vue est le meme. Par celte supcrpo>ition ou cet empietement, on reproduit les lu- COSMOS. 515 niieres , les ombres , leseffets de relief et de proforideur tels qu'ils sont dans la nature. Les principales lois de la perspective binoculaire peuvent s'enon- cer comme il :^uit : 1° Le point de perspective est le meme pour les deux yeux que pour un seul oeil ; 2" Des objets petits ou moins larges que !a distance entre les pu- pilles des deux yeux, s'ils sont places dans un plan situe en avant du point de perspective , sont accrus en largeur , et rendus totale- ment ou partielleinent transparents suivant leur distance a Yozil ; 3" Les objets larges situes dans un plan en avant du point de perspective sont accrus en largeur ; leurs bords lateraux deviennent transparents , et permettent de voir les objets a travers leur trans- parence ; 4° Les objets ou portions d 'objets situes de I'un et I'autre cote du point de perspective sont accrus en largeur et leurs bords devien- nent transparents ; 5° Les objets situes dans un plan au dela du point de perspective sont vus en deux lieux, niais non distinctement, parce qu'ils sontau dela du foyer, et parce que leurs deux images tombent sur la sur- face interne de la retine a des distances plus grandes ou moins grandes du point de la vision distincte ; 6° Les corps solides ou les portions de corps solides devenus transparents modifient la teinte des objets vus a travers d'eux ; 7" Les corps de couleur claire jettent un voile de lumiere sur les objets vus derriere eux. Les corps de couleur soinbre jettent un voile sombre sur ces memes objets; 8" Les couleurs de caractferes differents, le jaune par exemple et le bleu, lorsqu'elles sont superposees conformement a la loi prec^- dente , produisent une teinte differeiite de chacune d'elles , et qui n'est pas non plus la couleur qui resulterait de leur melange; 9" Dans les cas oil des objt>ts ou portions d'objets sont elargis et rendus transparents , la largeur de la portion solide est plus dtroite que si elle etait vue avec un seul ceil. 10° De petits objets situes a une certaine distance en avant da point de perspective et pres de Tceil, se raontrent dans deux lieux, niais en general on neglige une des impressions ou images. 11° Les portions des objets devenues transparentes reflechissent souvent beaucoup plusde lumiere; et si leur image est vue a la lois en deux lieux , la lumiere nest reflechie que par une seulc des images. 514 COSMOS. M. Smee a pense que si les lois de la perspective binoculaire telles qu'il vient de les formuler ^talent exactes, il devait pouvoir obter.ir par la photographie des dessins stereoscopiques par eux- memes, ou qui niontreiaient les ohjets tels qu'ils sont vus des deux yeux. Voici comment il opere : lorsqu'avec la chambre obscure, placoe dans une certaine place on a pris une demi-impression ou une image produite a moiti^ , on fait mouvoir la chambre obscure sur un arc de cercle horizontal, ayant pour centre le point de pers- pective, et pour rayon la distance de la chambre obscure a ce meme point ; Tare ainsi parcouru par la chambre obscure doit etre de deux pouces et denii : on re9oit alors une seconde demi-impression , ces deux demi-impressionsr^unies donnent le dessin binoculaire ou ste- reoscopique. On obtient le meme effet et d'une manifere plus efficace en faisant mouvoir doucement la chambre obscure de droite a gauche ou de gauche a droite, sur Tare du cercle, de deux pouces et demi de longueur, pendant le temps qu" on met a prendre une seule et meme cpreuve. M. Smee, aid^ de MM. Home et Thornthwaite, photographes de Londres, a pris ainsi beaucoup d'images binoculaires d'un effet re- marquable ; il a fait peindre plusieurs tableaux et paysages dans le meme systeme, par I'application des lois ci-dessus formul^es ; son livre, enfin, contient une vue binoculaire de la cour interieure de la banque d'Angleterre, gravee sur bois par M. Harrisson, et qui rend bien I'effet indiqu6 par la theorie. Au reste, si Ton etudie attentivement les tableaux de quelques grands maitres, par exemple, les Noces de Cana, de Paul Veronese on reslera convaincu que par la puissance du talent et du genie, ils sont reelleiiient parvenus a faire de la perpective binoculaire et a peindre reellement les objets, tels qu'ils sont vus des deux yeux. DE LA PHOTOGRAFHIE SUR PIERRE LITHOGRAPHIQUE. On a bien des fois essaye de fixer sur la pierre lithographique les images produitcs dans la chambre obscure, afin de pouvoir en- suile reproduire ces images par les procedes ordinal res. M. Her- mann Hallcux assure avoir r^ussi meme a fixer les images des ob- jets oiiimi'-s. Les procedc^s a suivre varient avec les objets a repro- duire. Ell attendant que I'auteur fasse connaitre tous ses moyens, voici comment il opere pour fixer et reproduire les images des ob- jets archill ctoniques : On choisit une pierre lithographique qu'on a soin de ne pas prendre trop lourde, et on la serre dans le cadre d'expo^ition , puis COSMOS. 515 on I'use a la meule afin de lui donner le grain exige pour le dessin a la craie; ensuite onl'empreigne avec une dissolution faible etneutre d'oxalate de sesquioxyde de fer, et on a soin de faire penetrer le liquide aussi avant que possible. Ainsi pr^par^e, la pierre se con- serve longtemps, pourvu qu'elle se trouve a I'abri de la luiniere. La pierre qui doit etre expos^e dans la chambre obscure, doit etre, non pas mouillee, mais humide ; la duree de I'exposition varie. Au sortir de la chambre noire, la pierre porte deja I'iniage en train ; en versant dessus une dissolution de carbonate d'ammoiiiaque , I'i- mage se fixe et devient plus nette; un lavage a I'eau perinet d'e- loigner les sels solubles qui impreignent la pierre. Pour reproduire I'image au moyen de la pierre, on commence a faire ronger la pierre avec un acide, puis on passe I'image a Tenere d'imprimerie et on procfede comme d'habitude. Le rongeant a preferer est I'acide oxalique tres-etendu. {Bulletin de la Societe d' encouragement.) NOUVELLES MATIERES A PAPIER. On salt que le prix du chiffon est aujourd'hui excessivement eleve, il 61eve d'autant le prix du papier. Le chanvre est codtcux aiiisi que le lin. II fallait done chercher une autre matiere d'aussi bon eraploi et peu couteuse ; or, voici ce qu'annonce un journal amt§ricain : « Nous avons sous les yeux un echantillon de papier fabrique aux Etats-Unis, a la demande de M. Andrews, de Montreal, qui a d^- couvert que rinimortelle, dont on fait des lits a defaut de plumes, est une matiere excessivement propre a faire le papier, et coute fort peu. L'echantillon que nous avons dans la main a beaucoup de corps et prend parfaitement I'encre, S'il n'est pas encore assez blanc, c'est qu'il n'a pas subi le dernier precede de blanchissage. D'ail- leurs, tout dans cette plante , que I'on trouve en si grande abon- dance en Amerique et particulierement au Canada , tout dans cette plante, la tige et la fleur, est matiere a papier. La fleur isol^e de la tige fera un papier plus fin, et le manufacturier am^ricain, dans le certificat qu'il donne a M. Andrews, ne met pas de liraites a la per- fectibilit^ du papier d'immortelles. » A Liverpool, lord Arrowby, le president de I'Association britan- nique pour I'avancement des sciences, nous a montre un tres-bon papier, fait exclusivetnent avec de la paille de trefle ; la teinle etait encore trop verdatre; mais c'^tait un premier essai. F. Moigno. ASSOCIATION BRITANNIQUE POUR l' A VANCEMENT DES SCIENCES. Section A. — Sciences physiques et mathemcltiques. (Suite.) 1. SLR QUELQUES PARTICULARITES DU CHAMP MAGNETIQUE , PAR M. Ti'NDALL. Un morceau de fer doux suspendu entre les poles plats d'un elec- tro-aimant se place de telle sorte que sa plus grande dimension coincide aveo la ligne qui joint les deux poles ; il en est de meme en general pour tons les corps magnetiques, et cette direction est celle qu'on pouirait appeler leur direction normale. Mais ils peuvent s'en ecarter dans certains cas; on peut, par une action mecanique, par la compression, par example, modifier la structure d'un corps .ma- gnetique de telle sorte que ce soit la plus courte dimension qui se dirige de pole a pole. M. Tyndall montre quelques exemples de cette direction anorsnale, en soumettant a Taction de I'^lectro-ai- mant des masses de poussiere magnetiquecomprimees d'unecertaine manicre. Pour ces masses, il existe deux tendances opposees qui sont en oeuvre en meme temps : la tendance due a la longueur et qui fait effort pour ramener cette longueur dans la ligne axiale ott dans la ligne des poles; et la tendance due a la structure intime qui fait effort, au contraire, pour amener la plus graiide dimension dans une direction equatoriale ou perpendiculaire a la ligne qui joint les deux poles. Entre deux poles formant des surfaces plates, cette derniere tendance predomine, et la masse se place equato- rialement; il n'en est pas ainsi quand les deux poles sont ternii- ■ nds par des pointes : cette fois I'attraction des poles sur la masse magnetique constitue un couple mecanique d'inlensiie suffisante pour vaincre la tendance vers une direction opposee due a la struc- ture, et pour ramener la masse a la position axiale ; mais en ^le- vant ou en abaissantla masse magnetique sur laquelle on opere, de maniere a la faire sortir de cette sphere d'attraction locale, pour I'amener dans une position oil la distribution du champ magnetique ressemble a celle du champ compris entre deux poles plats, on la voit abandonner la position axiale pour revenir a la position Equa- te rial e. Les phdnomenes manifestes par le bismuth sont inverses de ceux manifestes par le fer ; un barreau naturel de cette substance plac6 entre les deux poles d'un electro-aimant se dirige de telle sorte> GosMGs. sn que sa longueur soit perpendiculaire ii la ligne qui unit les poles. Mais M. Tyndall presente une autre barre de la meme substance, laquelle se dirige, au contraire, axialement, comme un corps ma- gnetique. Cette seconde barre toutefois, placee entre deux poles termines en pointe, se dirige equatorialement ; mais en I'elevant ou en I'abaissant, on arrive a une position oil ello abandonne la posi- tion eqiiatoriale pour se diriger axialement. Elle se pla9ait d'abord equatorialement sous Taction repulsive des deux pointes, et parce que I'influence de longueur I'emportait sur I'inffuence de structure ; mais quand on venait a la sortir de cette sphere de repulsion lo- cale, la tendance de la masse a prendre une autre direction I'em- portait, et le barreau revenait a la position axiale. La seconde barre dont il vient d'etre question, ^tait taillee dans la masse de bismuth cristallise de telle sorte que sa longueur fut perpendicu- laire au plan de clivage principal : c'est un fait demontre que ce plan , lorsque I'influence de la forme est completement annul^e, se place toujours a] angle droit avec la ligne qui unit les deux poles, d'ou il resulte que s'il est perpendiculaire a la longueur, la barre se placera axialement. M. Tyndall a fait les memes expe- riences sur un grand nombre de substances; il a taille des barres dans plusieurs substances douees de tendances a une direction d^- terminee, en s'arrangeant de telle sorte que la tendance de direc- tion due a la structure int toujours opposee a I'influence de la lon- gueur : entre des poles termines en pointes, la premiere tendance est vaincue par la seconde, tandis qu'entre des poles termines par des surfaces planes, ou bien au-dessus ou au-dessous des poles ter- minus en pointes, c'est la tendance due a la structure qui triomphe de la longueur. II est curieux d'observer la lutte de ces tendances opposees dans des substances douees d'actions directives tres-ener- giques. Une plaque de carbonate de fer cristallise, lorsqu'elle est convenablement suspendue, semble agitee de mouvements spasmo- diques, tendant a la faire passer sans cesse d'une position a I'autre, sans quelle puisse trouver le repos. La loi tres-simple qui gouverne ce genre d'action est que, si le corps coupe, comme on I'a dit plus haut, est diamagnetique, sa longueur se dirigera equatorialement entre les deux pointes, axialement au-dessus ou au-dessous des deux pointes; si le corps, au contraire, est inagnetique, sa longueur se dirigera axialement entre les deux pointes, equatorialement au- dessus et au-dessous; par consequent, la rotation d'un corps magn^- tique, lorsqu'on I'eloigne d'entre les pointes de I'electro-aimant, est toujours de la position axiale a la position equatoriale, tandis 518 COSMOS. que la rotation correspond ante d'un corps diamagn^tique est tou- jonrs de la position equatoriale a la position axiale. M. Tyndall examine ensuite la maniere dont le bois se comporte lorsqu'il est placid dans le champ magnetique. Pies de soixante echantilloiis examines par lui etaient tous diamiignetiques ; chacun d'eux etait repousse^ par les poles de I'aimant ; des cubes tailles dans ces echantillons, suspendus avec la fibre horizontale entre les poles actifs de I'electro-aimant, s'orientaient de telle sorte que la fibre fut perpendiculaire a la ligne qui unissait les poles. Pensant qu'en rai- son de sa structure, le bois presenterait les memes phenomenes de direction que les substances magnetiques ou diamagnetiques dont il vient d'etre question, M. Tyndall a taille dans pres de quarante especes de bois des barreaux dont la longueur etait perpendiculaire a la direction des fibres; places au centre de I'espace, coinpris entre deux poles actifs a surface plane, ils se dirigeaient axialement, c'est-a-dire que leur longueur coincidait avec la ligne qui unit les deux poles, contrairement a ce qui arrive pour les substances dia- magnetiques ; mais M. Tyndall a depuis constate que tous les corps diamagnetiques de structure homogfene se comporlaient de la meme maniere. Des barres de soufre, de sel de Hartshorn, de cire, et autres substances diamagnetiques, suspendues au centre de I'espace coinpris entre deux poles plats, dirigent leur longueur de pole a pole. Cela pose, comme les corps diamagnetiques se placent tou- jours dans la direction de la force la plus faible. il reste demontr^ par ces experiences et par d'autres que nous ne citerons pas ici, que la force exercee dans la direction des deux centres de deux poles plats, est, contrairement a I'opinion generalement re^ue jus- qu'ici, la ligne de force minimum. Ce memoire et la conclusion inattendue a laquelle il a conduit, donnentnaissanceaune discussion dont nous nedirons que quelques mots. M. Faraday, apres avoir etabli brievement et claireinent les caracteres distinctifs des corps paramagnetiques et diamagnetiques, et la maniere dont ils se comportent dans le champ magnet icjue, constate qu'il est maintenant admis par tout le monde que I'expli- cation donnt^e par M. Plucker des phenomenes. qu'il decouvrit le premier, et qui appartiennent a cette branche de recherches sur laquelle M. Tyndall vient d'appeler I'attention, etait erronee. Mais en disant que I'explication de M. Plucker etait erronee, M. Fara- day n'entend en aucune maniere jeter de la defaveur sur les travaux de ce savant physician. Tous ceux qui, depuis les jours de Bacon, ont la pretention d'agrandir I'horizon de la science, savent tres- COSMOS. 519 bien que ce n'est qua travers les brouillards de I'erreur que Ton est arrive aux plus grandes decouvertes; et qu'en explorant un champ nouveau, il vaut toujours mieux, dans la premiere periode des recherches, se laisser entrainer par des vues erronees, que de marcher au hasard sans systeme, ou sans theorie apte a unir les faits isoles. Pour mon conipte, dit-il, j'avouerai sans confusion au- cune que j'ai souvent fait des fautes d'^colier, et que ce n'est qua travers de nombreuses erreurs que je suis arrivt^ aux conclusions qui m'ont ensuite le plus satisfait. M. Faraday prie ses savants amis math^maticiens, MM. Whevveli et autres, de vouloir bien lui ex- pliquer, ainsi qu'a la section, la loi de distribution de la force ma- gn^tique dans le champ magnetique, si tant est que cette loi soit connue. M. le D"" Whewell expose, en effet, comment cette force serait distribute dans la vieille theorie des lignes magnetiques; mais je sais, ajoute-t-il, qu'il est admis generalement que cette throne doit etre grandement modifiee, sinon entierement aban- donnee; et comme je vois ici le professeur Thomson, qui s'est oc- cupe tout specialement du d^veloppement de la theorie mathema- tique des forces magnetiqueset electriques, j'espere qu'il voudra bien r^pondre a ma place a la question de M. Faraday. M. Thomson fait remarquer, qu'en effet, la theorie magnetiquede la distribution des forces permet de repondre a cette question d'une maniere a la fois simple et generale, et fournit les moyens d'obte- nir pratiquement un champ magnetique qui remplisse rigoureuse- ment ou approximativement certaines conditions donnees, sans pou- voir cependant obtenir un champ magnetique uniforme. En effet, il est d'abord rigoureusement demontre (jue si, dans une region places pres d'un aimant ou d'un electro-aimant quelconque, la force ma- gnetique etait completement uniforme sur un espace egal a 1 mil- lifeme de pouce cubique; au sein d'un volume, quelque infiniment petit qu'on le suppose, elle serait rigoureusement uniforme dans toutes les portions de I'espace que Ton pourrait titteindre, en par- tant de cette premiere region sans passer a travers la substance de I'aimant et de 1" electro-aimant. Ainsi, quoique entre deux poles a surfaces plates semblables a ceux que M. Faraday a employes le premier pour obtenir une certaine uniformite de force, on arrive en realite a se donner une force magnetique tres-intense qui reste sensibleinent la meme dans un espace de plusieurs pouces cubiques, parfaitement accessible a I'oeil et tres-commode pour I'expdri- mentation ; il est cependant absolument impossible que I'intensite de la force soit rigoureusement la meme dans I'interieur d'un vo- 520 COSM S. f\ lume quelque petit qu'on puisse le supposer; cette uniformity ne peut nullenieiit etre obtenue en dehors de raiinant. Si un exp(5rimentateur avait besoin d'un champ de force magne- tique absolument uniforme, il ne pourrait le trouver que dans I'int^- rieur d'un aimant; et il devrait se resigner ane pas voir se produire sous ses yeux les phi^nomenes qu'il voudrait mettre en Evidence, a moins qu'il ne se pla^at lui-meme au centre de son aimant, suivant en cela I'exemple de M. Faraday qui, s'enfermant et vivant dans un conducteur cubique et creux du fluide (51ectrique , put observer plu- sieurs des propri^t^s fondamentales de I'electricit^ les plus impor- tantes etles plus curieuaes. II serait fticile de construire un electro- aimant creux, dans lequel un exp^rimentateur pourrait observer, avec la plusminutieuse exactitude, la maniere d'etre d'un corps de nature et de forme quelconques place dans un champ magnetique parfaite- ment uniforme. Pour construire un semblal)le conducteur, il suffirait de prendre un globe creux en papier mache, de six pieds, par exemple, de diametre et d'enrouler sur sa surface un fil conducteur de I'elec- tricite volta'ique, suivant une succession de cercles paralleles ferm^s et dont les plans soient a egale distance les uns des autres. Un corps creux, non magnetique, de forme quelconque, un cube par exemple, ^tant donne, on peut toujours fiiire en sorte que I'interieur soit un champ uniforme de force magnetique, par un arrangement, a sa sur- face , de fils galvaniques, variable avec la forme du corps et que la theorie mathematique permet toujours de determiner a I'avance. Mais il serait tres-difficile, sinon pratiquement impossible de r^aliser de cette maniere des forces magnetiques assez intenses pour pouvoir agir sur les substances diamagu^tiques ou les substances faiblement paramagnetiques. Quant a la question interessante soulevee par M. Tyndall et relative a la condition de force minimum de la ligne qui unit les centres des deux poles a sa surface plate, elle peut etre ainsi r^solue par I'analyse. Celle-ci montre en effetque, si Ton consi- dferel'intensitd de la force dans un plan perpeniiculaire a I'axe ma- gnetique mend dans le centre du champ , cette force va en croissant a partir du point central, jusqu'a la circonference d'un certain cercle d'intensite maximum ; au dela de cette circonference, elle diminue graduellement et devient nulle a une distance]infinie. Si Ton arrondit les bords des cylindres dans lesquels sont taillees les surfaces po- laires plates, le cercle d'intensite maximum secontracte, son centre restant toujours au point d'intensite minimum , jusqu'a ce que leS: poles aient atteint un certain degre de convexit6 pour lequel le cercle, d'intensite maximum se rdduit a un point, le point central du champ. COSMOS. '"§21 ■Le cercle maximum etant alors elimind, le centre du champ devient un maximum d'intensiterelativement a tousles points du plan mene par lui perpendiculairement a I'axe et il continuera d'etre ainsi un maximum pour toutes les autres formes encore plus convexes, plus proeminentes, plus en pointe, des poles des aimants. Aucune forme arrondie des poles ne peut, en faisant disparaitre les points d'inten- sit^. maximum ou minimum, donner une distribution uniforme de pouvoir magnetique, meme dans un volume infiniment petit du champ. SUE LA VARIATION DANS LA MARCHE DES CHRONOMETRES PAR M. HARTNUP. Lors de la premiere reunion de 1' Association britannique, a Li- verpool, en 1837, un memoire, redige par une commission spe- ciale, relativement a la necessite d'une observatoire nautique, avait die presente au conseil de la ville. On y lisait qu'un des principaux objets d'interet scientifique mis en discussion au sein de I'Asso- ciation reunie dans cette grande cite commerciale , avait ete I'etat actuel de I'astronomie nautique ; que les pertes des vies et des biens causees chaque ann6e par la connaissance imparfaite des principes et des applications de cette science dtonneraient grandement si elles venaient a etre publiees. Le memoire con- cluait a la necessite absolue de I'erection immediate, a Liverpool, d'un Observatoire nautique qui aurait pour prmcipal objet : \° de determiner exactement le temps vrai et moyen de Liverpool; 2° de suivre exactement la marche des chronometres pendant que les na- vires sent dans le port, de telle sorte que chaque capitaine, en met- tant a la voile , put , en reprenant son chronometre , savoir exacte- ment quelle est son erreur actuelle et les variations de sa marche. En sollicitant cette fondation , I'Association n'entendait nullement mettre en defiance I'habilete des constructeurs de chronometres de Liverpool ; d'aiitant plus, que, meme aLondres, le temps donne par les chronometres des horlogers les plus renommes, s'etait souvent trouve en erreur de deux minutes, erreur plus que suffisante pour causer le naufrage du navire, Le voeu exprime par I'Association fut bientot exauc^, et en revenant a Liverpool, elle a pu contempler avec satisfaction I'Observatoire nautique de premier rang, genereu- sementerige dans le port et pourvu, entre autres instruments ex- cellents, d'une magnifique lunette equatoriale de 8 pouces d'ouver- ture. Deja depuis dix ans cet ^tablissement est en plein exercice. Le temps est determine avec une exactitude absolue et Ton y suit 522 COSMOS. avec le plus grand soin la marche de tous les chronomfetres que les capitaines de navire ont le droit d'y deposer. Le directeur, M. Hart- nup, a pris les dispositions les plus excellentes pour mettre en Evi- dence avec certitude les moindres ecarts des instruments et il est arrive ainsi a ddcouvrir une source d'erreurs qui affecte les chrono- metres de presque tous les navires marchands. Pour mettre les ma- rins a meme de trouver leur longitude en mer, on leur donne I'a- vance ou le retard diurne de leurs chronoinetres ; ce qu'on appelle sa marche diurne ou I'estime. II est gen^ralement admis que cette marche diurne reste la meme pendant toute la duree de la traversee, c'est-a-dire qu'on suppose de fait que les chronomfetres avancent ou retardent chaque jour exactement de la meme quantite ; ils sont sen- ses compenses pour tous les changements de temperature qui se pro- duiront en mer sous les diverses latitudes. Or, M. Hartnup est en mesure de prouver que pour les chronometres employes dans la ma- rine marchande, la moyenne du changement de marche cause par un changement de temperature, entre 40 et60 degr^sFarenheit, oude 10 degr^s, est de 7 secondes par jour. Si donc-on avait determine dans le port la marche du chronometre avec la plus scrupuleuse at- tention a une temperature de 40 degres, et que ce chronometre vint a se trouver en mer a une temperature de 60 degres, dans une courte periode de dix-huit jours, les erreurs accumulees s'cHeveraient a plus de deux minutes, le capitainene connaitrait le temps de Greenwich qu'a deux minutes prfes. Or , une incertitude de deux minutes est plus que suffisante pour amener la perte du navire. Ces variations de marche causees par un changement de temperature sont si differentes d'un chronometre a I'autre , qu'on ne peut s' en former quelque idee qu'apres avoir fait soi-meme de nombreuses ob- servations. C'estce queM. Hartnup montre jusqu'a I'Evidence, par trois tableaux indiquant la variation de trois cents chronometres dont il a suivi la marche. Pour cinq chronometres sur cent, ou un sur vingt, les changements de marche, quand la temperature varie, sont si capricieux et si irreguliers qu'ils sont tout a fait impropres au service , par rimpossibilitE oil Ton se trouve de preciser les correc- tions a faire, et quoique pour dix-neuf de ces chronometres, la marche redevienne la meme quand la temperature redevient ce quelle etait. II suffit heureusement dune epreuve de deux ou trois semaines pour decouvrir ceux des chronometres auxquels on ne doit pas se tier, et qu'il faut par consequent rejeter. Quant aux qua- tre-vingts autres chronometres sur cent , les variations sont assez r^guliferes pour qu'on puisse les assigner a I'avance ou determiner COSMOS. 523 I'avance ou le retard pour chaque temperature donnee , entre les limiles extremes. Un capitaine intelligent qui emporterait avec lui la table des variations de son chronometre, pourrait done se mettre a I'abri de toute erreur grave; mais malheureusement on n'avait pas encore appel^ I'attention des marins sur ce point important ; on ne leur avait jamais appris a faire les corrections de temperature ; on les laissait croire que la marche de leur instrument etait parfaitement uniforme dans les diflferents climats. Les proprietaires des trois cents chronometres confies a M. Hartnup ont re9u de lui la table des corrections a faire pour les diverses temperatures. L'Observatoire de Liverpool est certainement le premier oil ce grand progres ait ete realise. II est a regretter que dans les autres etablissements on se borne a verifier la marche par les observations astronomiques. Les registres de M. Hartnup prouvent que la varia- tion moyeime de marche causee jiar un petit changement de tempe- rature , egal seulement a un degre de Farenheit, est beaucoup plus grande que I'erreur probable de marche qui pourrait resulter d'une imperfection dans les moyens astronomiques par lesquels cette marche a ete determinee. Si Ton admet que la marche du chrono- metre n'est affectee par aucune autre cause, les variations provenant du changement de temperature sont si grandes qu'a moinsqu'on n'en tienne compte, I'accord entre les marches a terre et en mer ne peut etre le resultat d'une coincidence fortuite; aussi le plus souvent elle n'exisfe pas. 11 est vraiment etonnant qu'on ait tarde si longtemps a faire connaitre, soitaux capitaines, soit aux horlogers la cause de ce desaccord si souvent constate ; aux capitaines pour leur appren- dre a corriger les erreurs dues aux variations de temperature, en leur fournissant les moyens d'opererces corrections; aux horlogers en les pressant vivement de perfectionner leur methode de compen- sation. C est seulement depuis quelques ann6es que Ton a appele leur attention sur ce point capital ; ils se sont mis a I'ceuvre, ilsont invente un grand nombre de moyens nouveaux ; et la publication, par les astronomes de Greenwich, de la marche des thermomfetres sou- mis chaque annee a leur verification, prouve que les trois quarts au moins de ces instruments ont regu des perfectionnements reels, qui les rendent moins sensibles aux variations de temperature. En a-t-il ete de meme pour les chronometres des navires mar- chands? Les tableaux de M. Hartnup prouvent trop que ce progres est loin d'etre accompli, que I'avance et le retard aux temperatures extremes sont encore considerables, et que la vieille methode, im- parfaite de compensation, est encore generalement adoptee. Si les 5U4 COSMOS. constructeurs ont ameliore les chronometres destines a la marine royale, c'est, sansaucun doute, parce qu'ils savaient qu'on ne ferait racquisition definitive de ces instruinents qu'apres qu'ils auraient et^ prealablement mis a I'epreuve dans I'Observatoire de Green- wich, lis ^taient moins scrupuleux pour les thermometres vendus au commerce , lorsqu'ils savaient que les capitaines n'avaient au- cun moyen d'etudier la marche des appareils a toules les tempera- tures par lesquelles le navire pourrait passer. Maintenant que grace a la munificence de la Cor[)oration de Liverpool, ils peuvent jouir des niemes bienfails que les capitaines de la marine de I'Etat, on ne leur livrera plus que des chronometres aussi parlaitement compenses que possible, et la navigation deviendra incoiuparable- ment plus facile et plus sure. L'amiral Beechey et le capitaine Filz Roi font ressortir I'impor- tance du memoire de M. Hartnup, et des services rendus a la ma- rine marchande par cet habile astronome, ils iiivitent I'assemblee a lui voter des remerciements. Ajoutons que M. Hartnup a invente et construit, avec I'aide de M. Shepherd, un nouveau balancier, compensateur des chronometres, qui permet d'atteindre une regula- rite de marche tres-grande, presque absolue. FIN DE LA PARTIE SCIENTIFIQUE DU DISCOURS DU PEESIDENT LORD HARROVVBY. (Suite a la page 404, 14^ livraison.) « II n'existe aucune raison de nature insurmontable qui s'oppose a ce que chaque partie des mers soit aussi bien connue ou meme mieux connue que les terres, car les mers sont en efFet plus acces- sibles et d'un caractere plus uniforme. Les changements de I'atmos- phere, sur I'Ocean comma sur les terres, sont si intimement lies aux influences electriques et magnetiques, que les marins ne doi- vent pas rester strangers a ces matieres; et les observations, par eux recueillies, sei'ont d'une grande importance pour les physi- ciens. Les renseignements meteorologiques reunis dans le bureau du commerce seront discutes a un double point de vue : 1" dansle but d' aider les navigateurs, de rendre les traversees plus certames, plus faciles, plus courtes ; 2° dans le but de former des collections de donnees exactes et bien digdrees, que les hommes de la science future puissent mettre en oeuvre pour fonder leurs theories. u n. Aussitot que le budget des depenses necessaires aux obser- vations meteorologiques a ete vote, on s'est mis en mesure d'orga- niser le nouveau departement du ministere du commerce. Le COSMOS. 525 V aout le capitaineFitz Roy a ete nomine chef dunouveau bureau, et charge de s'entendre avec M. le docteur Leon Playfair, du bu- reau des sciences et des arts, et I'amiral Beechey, du bureau de la marine', pour obtenir d'eux I'aide dont il pourrait avoir besoin. II est probable que, des le mois d'octobre, divers navires seront pour- vus des registres meteorologiques et des instruments necessaires, et qu'en novembre prochain la nouvelle organisation sera complete- ment a I'oeuvre. L'Amiraute a ordonne que tous les registres du bureau d'hydrographie seraient mis pour un temps suffisant a la disposition du bureau du commerce. II en sera de meme de tous les documents accessibles au gouvernement ; les archives de la cour des Indes seront aussi scrutees avec soin. Des a present done, les materiaux ne manqueront point, mais leur valeur n'est pas com- parable a celle des observations faites sur un plan d'ensemble, avec des instruments plus parfaits. Le capitaine Fitz Roy se hasarde a penser que les documents publies jusqu'ici par le lieutenant Maury contiennent beaucoup trop de details pour I'ceil des marins ; qu'ils n'ont pas ete suffisamment condenses ; qu'ils ne sont pas, par conse- quent, aussi pratiques et aussi utdes qu'on I'a cru jusqu'ici. Ses in- structions et ses directions de navigation , la portion vraiment di- g^ree de ces laboiieuses et infatigables recherches, onl seules pro- duit les heureux resultats obtenus par les iiavigateurs. En refle- chissant a cet inconvenient, le capitaine Fitz Roy se propose de reunir toutes les donnees reduites et converties en moyennes dans un petit nombre de livres avec tableau convenablement disposes, de telle sorte qu'une longitude et uiie latitude etant donnees, tous les renseignements relatifs a la localite que cescoordonnees deterniinent, puissent etre obtenus d'un seul coup et avec une clarte parfaite. " Je ne doute pas que les negociants et les armateurs mtelligents de I'Angleterre s'empressent de suivre I'exemple de leurs freres des Etats-Unis et apportent leurs concours le plus chaleureux a I'ac- complissement d'une oeuvre si eminemment utile que bientot Ton rencontrera, sur tous les points de I'Ocean , des observateurs ha- biles, sachant bien manier les instruments excellents qu'on leur aura confi^s. II est impossible qu'un homme pratique tienne peu de compte de la met^orologie quand il saura les services que peut rendre le baromfetre , en annon9ant d'avance les tempeles, quand on lui aura appris que la temperature observee des mers que sil- lonne le navire suffira a faire connaitre au capitaine s'il est engage dans tel ou tel courant, s'll se trouve dans le dangereux voisinage de quelque montagne de glace, etc., etc. ACADEMIE DES SCIENCES. SEANCE DV 3o OCTOURE. M. Edouard de Lamare lit un memoiresur un bruit nouveau per- ceptible par I'auscultation des cavernes en voie de guerison chez les phthisiqiies souinis a radministration de I'h^licine. L'auteur affirme qu'un eflet constant de I'helicine, substance extraite des escargots, dans le traitement de la phthisie, est une diminution de la toux, et de neufdixiemes environ dans la quantity de matiere expectoree; que les parois des cavernes pulmonaires tendent incessainment a se rap- procher sous I'influence de Taction curative ; que ces cavernes, s'ecar- tant ensuite dans les mouvemeiits d'inspiration, il en resulte un bruit qui n'a pas encore et^ observe, qu'on pent appeler bruit de de- collement, parce qu'on ne saurait niieux le comparer qu'au decolle- meiit de deux surfaces reiiees par une substance gluante, et qu'on pent le reproduireartificielleinent a I'aide d'utie vessie mouillee ex- terieurement, dans laquelle on introduit de I'airet une petite quan- tity de matiere grasse et poisseuse. A mesure que la secretion de matiere muqueuse diminue, la respiration sous I'iiifluence de i'heli- cine redevient franohe et normale, dans les points ou jusque-la on avait entendu de la bronchophonie, et les autres bruits qui denotent la presence des tubercules. M. de Lamare assure avoir fait verifier ces resultats sur les malades par les medecins les plus instruits et les plus dignes de foi. II ajoute que I'helicine, qui est une substance salubre, organique et facilement assimilable, n'offre aucun des dangers que presentent les preparations d'iode et de fer. M. Jobert lit un memoire relatif a Yinftuence des operations sur le sj'slenie npri>eux et au retentissemeiit de la doideur sur lon^a- nisme. Les operations exercent en general, qu'elles soient legeres ou graves, sur les organes et en particulier sur le systeme nerveux, des perturbations qui d('^ppndent, soit de I'insuffisance de la quantite de sang, anemie, soit d'un ebranlement iinm^diat. L'anemie, causee par les pertes de sang, peut etre passagere ou durable ; elle plonge tout d'abord les organes dans une sorte d'inertie ; dans un ^tat oil la syncope s'explique par dcfaut d'impulsion suffisante des battements du roeur. La fievre nerveuse suit aussi tres-souvent 1 -"s operations et devient une complication tres-grave. Les operations qui determinent de grandes secousses peuvent produire des lesions maierielles dans la substance nerveuse, I'estomac et les intestins, qui se desorgani- sent alors plus ou moins rapidement, et cessent d'exercer leurs fonctions ; c'est ainsi qu'on doit se rendre compte de la mort qui COSMOS. 527 survient a la suite de brulures etendues, de peritonites diffuses, d'^- tranglements internes, et de certaines operations pratiquees sur les organes genito-urinaires. M. Jobert de Laniballe rappelle un cas de douleur extremement vive et continue qui avait determine rinttainmation du cerveau et la formation du pus en foyer. Une autre fois, la douleur causee par I'ablation d'un inembre et la ligature d'une artere chez un homme doue d'une sensibilite excessive, fut suivie d'un rarnoUissement profond du cerveau. II importe done grandement, dit en terminant M. Jobert de Lamballe, d'abolir ou de diminuer la douleur. Jus- qu'ici., on n'a eu recours dans ce but qua des palliatifs incertains, heureiiseinent remplaces par les anesthesiques ; !e ehloroforme est emiiiemnient utile pour moderer et eteindre la douleur ; pour pre- venir la fievre nerveusp, le delirium tremens, I'affaissement, I'd- puisement de I'organisme, la desorganisation des centres nerveux. Sous son heureuse influence, en outre, la reunion des plaies semble se faire sans entraves, le sang ne perdant alors ni sa plasticite ni sa vitalite. — M. Biot lit la suite de son niemoire sur la refraction astrono- mique, il fait la curieuse hisloire de certaines trajectoires lumi- neuses, ou routes suivies par le rayon lumineux venu d'une etoile qu'il observait. Nous attendrons que ce grand travail soit tennin^ pour en faire I'analyse. — M . Le Verrier communique la decouverte de deux nouvelles pe- tites planetes par des astronomes Iranyais, nous avons donne ce recit ailleuis. — M. le marechal Vaillant , en annongant la mort de M. Lau- rent, officier du genie militaire, attache au comite central pour i'examen des m^moires de science pure ou appliquee soumis a son examen, rappelle lesnombreux travaux dece savant mathematicien; I'approbation donnee par I'Academie a ses recherches sur la theorie mathematique de la lumieie et le calcul des variations; il presente, au nom de la veuve de Laurent restee sans fortune, sans ressources aucunes qui lui permettent d'elever sa fainille , de nouveaux me- inoires presque entiereinent acheves sur la lumiere , la chaleur et I'electricite; il prie instamment I'Academie de renvoyer ces m^- moires a I'examen d'une commission ; il espere qu'un rapport favo- rable rendra plus efficaces les demarches pressantes qu'il se propose de faire aupres de son collegue de I'lnstruction publique pour I'ob- tention d'une pension en faveur de madame Laurent. — MM. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire et Duvernoy lisent deux 528 COSMOS. courtes notices sur des os et des ceufs de I'oiseau gigantesque ap- pele epyornis , et que Ton a rencontre dans I'ile de Madagascar. Nous y reviendrons une autre fois. — M. Constant Prevost expose de vive voix ses conjectures sur la perforation de roches calcaires tres-dures par des mollusques du genre Helix; 11 nous serait impossible de les analyser aujourd'hui. — La correspondance a offert tres-peu d'int^ret. — M. Babinetpresente des cartes et des bas-reliefs que M. Co- blentz a reproduits [)ar la galvanoplastie en se servant de moules en gutta-percha et qui sont vraiment adinirables. M. Coblentz n'a pas la pretention d' avoir invente ce mode de moulage, mais il est, bien cerlainement , cehii qui I'a applique le prennier avec succes a la reproduction des tailles-douces. Dans les ateliers de galvano- plastie crues par le Depot de la guerre, on pratique encore le mou- lage galvanique direct , qui entraiiie beaucoup plus de depenses et qui ne s'applique pas aux cartes gravees sur acier. M. Coblentz est aussi le premier (|ui ait produit , toujours par le moulage au moyen de la gutta-percha , des vignettes et des clichds galvanoplastiques en cuivre, bien preferables aux vignettes et aux cliches en metal des caracteres. — M. Despretz presente au nom de M. Smee, de la Societe royale de Londres, la seconde Edition de son Traite de H OEil; nous analysons ailleurs cet interessant ouvrage. — M. Louis Rousseau oifre a I'Academie une nouvelle livraison de son Anatomie photographiqiie. Les epreuves de ces livraisons sont vraiment trt!s-belles au double point de vue de I'art et de la science; M. Louis Rousseau a fait d'incontestables progres ; il est devenu un photographe tres-habile. — M. Barral offre en son nom , et au nom de MM. Gide et Baudry , deux nouveaux volumes des OEuvres completes de Fran- 9ois Arago. Un de ces volumes est la premiere partie du Traits d'Astronomie populaire tant desire ; I'autre contient les Notices bio- graphiques d' Ampere, de Poisson , etc.. etc. Nous felicitons cor- dialement M. Barral de son infatigable activite, MM. Gide et Baudry de leur fidelity a remplir leurs engagements. VARIETES. NOL'VEAU FEU GREGEOIS. Nous avoiis assiste dimanche dernier a des experiences tres-cu- rieuses sur des composes inflammables et explosifs dont on pourrait tirer le plus grand parti coiiime agents de destruction. Nos lecteurs se rappellent sans doute que dans notre livraison du 5 mai 1854 nous leur avons parle d'une experience faite par M. Niepce de Saint-Victor sur !e bassin du Palais-Roj'al , avec une nouvelle es- pece de feu gregeois, qui, repandu sur I'eau, s'allumait instantane- ment et donnait naissance a des flammes douees d'une grande ener- gie comburante. Plus tard (28 juin), nous inserions dans le Cosmos un long article surle Nouveaa feu gregeois liquide et ses usages qui nous avait etc communique par un officier superieur des plus com- petents en pnreille maticre. Dans ce dernier travail on indique le mois d'avril 1854 comme epoque de la decouverte du procede d'in- flammation de la benzine, etc., par MM. Niepce de Saint-Victor et Fontaine. On comprendra facilement que nous avons du etre fort etonne, lorsque dimanche, nous etaiit rendu a Puteaux, chez un jeune chimiste. aussi modeste que habile, nous avons pu voir entre les mains de M. Blanche une invitation du Comite d'artillerie, da- tee du 10 mars, invitation par laquelle M. Blanche ^tait appeld a faire I'essai de son feu gregeois et des autres matieres combustibles et explosives de son invention. Ainsi done, M. Blanche avait de- vance M. Niepce de Saint-Victor, dans la preparation d'un feu ore- gois, et si ]ious avons raconte jadis avec empressement les belles experiences de ce dernier, nous nous faisons un devoir de faire va- loir aujourd'hui les droits de M. Blanche a une invention de ce genre. La matiere inflammable que le jeune chimiste a repandue de- vant nous a la surface d'un baquet assez large, s'est allumee imm^- diatement au contact de I'eau, et a brule pendant quatre a cinq minutes avec une intensite de chaleur qui se manifestait a une dis- tance considerable, Ce liquide inflammable jouit de la propriete singuliere, qu'il doit a sa densite, de biuler a la surface de I'eau sans trop s'^tendre, et par consequent de durer beaucoup plus longtemps que des substances plus legeres. M. Blanche nous a fait voir un autre liquide, dont quelques grammes repandus sur une botte de paille I'ont enflammee au bout de quelques minutes, et dont une pe- tite quantite repandue sur le plancher d'un charabre et allumee par une aspersion avec de I'eau, a emis a I'instant une telle masse de vapeurs suffocantes qu'il aurait ete tout a ftiit impossible de respi- 580 COSMOS. rer dans cette pifece. Enfin, et c'est la une des preparations les plus curieuses dues a lasagacite de M. Blanche, une poudre noire, assez seiriblable a la poudre a canon, preparee par le jeune chimiste etd(5- posee en petits tas, a I'air libre, sur une planch?, epaisse de 4 a 6 centimetres, a ete ainorcee par lui a I'aide de son liquide combu- rant. Un quart d'heure apres , une horrible detonation se faisait entendre, on aurait dit I'explosion d'une petite bouche a feu ; seule- ment le coup etait plus aigu et plus sec, une belle couronne de fu- m(§e ondulait au-dessus de I'endroit ou etaient auparavant la planche etle tas de poudre huinectee; quant a cette derniere. il n'en restait plus de trace, et la planche brisee en quatre morceaux , gisait pres de I'endroit oil la detonation s'(^tait effectuee. Cette poudre, allu- mee par une meche, aurait fait exploision a I'instant, et les eflfets produits auraient ete les memos. M. Blanche n'avait employ^ son liquide allumeur qu'afin d'avoir le temps de preparer I'expcrience et de se retirer avant I'explosion. La quantile de poudre employee pouvait etre d'une quarantaine de grammes environ. Nous n'ajoute rons aucune remarque a ce recit. L'application de ces matieres a la pyrotechnic mil.taire ressort trop facilement de leurs proprietes pour qu'il soit necessaire d'enumerer ici tous les usages auxquels on pourrait lesdestiner. Govi. NOUVELLES APPLICATIONS DU CAOUTCHOUC. M. Morey, negociant des Etats-Unis, et cessionnaire de plu- sieurs parties des patentes de M. Goodyear, vient de faire etablir, a Beaumont (Oise), une usine importante pour fabriquer, d'une part, du caoutchouc elastique et mou; de I'autre, du caoutchouc dur en plaques propres a la confection des peignes de toute espfece. Les morceaux de caoutchoue brut, apres avoir ^t6 passes entre des laminoirs chaufFes a la vapeur, s'^crasent, s'^chauffent par leur contact, et tombent au fur et a mesure sur une sorte de caisse plate en bois placee au-dessous •, I'ouvrier charge de ce travail les reprend et les remet immediatement sur les cyhndres afin qu'ils soient ecrases denouveau; ils ne tardent pas a s'agglomerer par I'effet de la chaleur, et, en rapprochant les rouleaux, on les trans- forme bientot en une espece de plaque ou de peau grossiere, rugueuse, presentant une suite d'asp^rites. C'est dans cet etat qu'on melange le caoutchouc de fleur de soufre, I'ouvrier qui n'a pas cesse de rapprocher graduellement les cylindres, laisse enve- lopper la plaque autour de I'un d'eux, puis il la saupoudre de Boufre en poudre sur toute sa longueur ainsi que la surface du cylin- COSMOS. 531 dre de devant q\ii est a nu. Cette poudre p^netre, par la rota- tion, dans les molecules du caoutchouc, et en renouvelant Tope- ration un certain nombre de fois on voit le caoutchouc changer de couleur: de noir, il devient gris-paille. Mais pour que la couleur soit bien reguliere et que le melange soit parfaitement homogene, il faut soumettre le caoutchouc a plusieurs lauiinages successifs, en le repassant trois ou quatre fois entre les cylindres et en ayant soin pour cela, de le reployer sur lui-ineme et de le faire entrer dans des sens diflerents, en sorte qu'il est lamine tantot en longueur, tantot en largeur ou obliquement. Pour les feuilles destinees a la fabrication des peignes, et qui doivent avoir une certaine duret6 pour imiter la corne ou le buffle, on ajoute dans le melange une certaine quantite de magnesie en poudre tres-fine. M. Fauvelle, fabricant de peignes, a Paris, s'est charge d' ex- ploiter I'application du caoutchouc dur a la confection des peignes de toute espece. A cet effet. il a monte, dans I'usine de Beaumont, des ateliers speciaux oil il re9oit les feuilles preparees et vulcani- s^es, et oil le travail se fait exactement comnie celui du buffle ou de la corne, c'est-a-dire qu'on decoupe les feuilles en morceaux qui ont la forme ext^rieure des peignes ; puis on taille la denture a I'aide de petites machines a fraise qui travaillent avec une extreme rapidity. On forme aussi des dessins sur certaines parties, romme sur la tete des peignes a chignons, au moyen de petites fraises rotatives que Ton monte a I'extremite d'un tour; enfin on les termiiie par le po- lissage qui s'effectue generalement a la main. Les peignes de caoutchouc dur sont preferables aux peignes de buffle ou de corne, parce que d'un cote ils ne sont pas susceptibles de se fendiller conmie ceux-ci, et par suite de casser les cheveux, et que d'un autre cote ils sont d'un service beaucoup plus durable. (Genie industriel de MM. Armengaud.) NOTE SUR LE PRINCIPE DIGESTIF DU SON DE FROMENT. M. Mouriez resume en ces termes une note presentee il y a quel- ques mois a I'Academie des sciences : « Le principe digestif du son pent etre obtenu sous trois etats diflerents : 1" soluble; 2" modifie par la precipitation ; 3° par la chaleur. " A. Al'etat soluble , il existe dans I'eau de son, a lai:|uelle il communique toutes ses proprietes caracteristiques. Pourl'obtenir a un degre de purete suffisante pour en etudier les proprietes, on fait macerer pendant six heures, du petit son dans dix parties d'alcool 532 COSMOS. de vin du cotni)ierce, etendu de deux fois son volume d'eau, on met a la presse , on rcnouvelle trois fois cette operation avec I'alcool ^tendu qui enleve la dextrine et le sucre sans dissoudre ni coaguler le principe digestif. Le son exprime est inele a cinq parties d'eau distillee qu'on laisse une demi-heure en contact, on exprime de nou- veau , et le liquide est fillre et (5vapore a 40" centigrades. Ainsi prepare, ce corps est sec, ainorphe, analogue a de ralbuniine, tres- soluble dans I'eau, insoluble dans I'alcool , I'ether et les huiles. Sa decomposition par le feu donne des produits animoniacaux, sa solu- tion est coagulde par une chaleur de 75° centigrades. Un exces d'alcool la coagule egalement ; les acides aoetique, tartrique, chlo- rhydrique , sulfurique, oxalique , phosphorique a tous les degres d'hydratation, I'acide oxalique, etc., ^tendus d'eau, le precipitent sous forme de llocons casei formes. Ces precipites se redissolvent toujours dans un exces d'acide, les acides concentres ne troublent pas la dissolution, lapresure neutre n'a aucune action. Cinq centi- grammes transforment en vingt-cinq minutes dix grains d'amidon a I'etat d'einpois et maintenu a 45". L'addition d'un alcali ne fait pas deprecipite appreciable, mais elle en modifie Taction sur I'em- pois de la meme maniere que s'il etait coagule par un acide, modi- fication dont il va etre question. Ce corps nouveau a, comme on le voit, de grands rapports avec I'amandine , I'albumine et la legu- Dfiine ; mais il en differe par des reactions bien nettes, et surtout par son action digestive sur I'amidon ; Taction de Talcool et de la cha- leur le separe de la diastase qui semble n'etre que ce principe meme modifie par la germination. x ^.Precipite par un acide , il ne transforme plus Tempois qu'au bout desix heures au lieu de vingt-cinq minutes ( en employant les memes doses ); sa dissolution dans un exces d'acide ou d'alcali ne change pas la duree de cette reaction. L'albumine, la legumine et I'amandine precipiteesn'ont, a cette dose, aucune action sur Tempois. « C. Coagule par une chaleur de 75", il ne se dissout plusni dang Jes acides, ni dans les alcalis, il a beaucoup d'analogie avec Talbu- mine modifiee ; mais il conserve encore la propriete de convertir, au bout de six heures , dix grammes d'amidon a Tetat d'empois a la dose de cinq centigrammes, propridte que n'a pas l'albumine. HISTOIRE DE l'aLCHIMIE ET DES ALCHIMISTES. PAR M. LOUIS FiGUiER. — {Premier exLrait.) JEAN SALOMON SEMLER. — (Suite de la page 489.) Schmieder, qui nous transmet ce petit Episode de la carriere al- COSMOS. 533 chimique du theologien de Halle, ne met pas en doute que ce juif ne fut un imposteur. II remarque, en effet, que don Domingo Ea- dia, i?avant espagnol, qui, a la fin du dix-huitieme siecle, voyagea dans le nord de I'Afrique, sous le nom d'Ali Bey, tenioigne qu'a cette epoque les notions les plus vulgaires de la chimie s'^taient presque enlierement perdues chez les habitants de ce pays, juifs ou autres. Ajoutons, qu'en 1830, apres la prise d'AIger, les Fran9ais furent encore mieux edifies quant a I'ignorance des Arabes. II est done constant que cette histoire d'alchimie africaine n'etait qu'un honnete prospectus de mendicite presente par la fourberie dujuif a la naivete du theologien. Sender tira neanmoins de ce fait une consequence tout opposee; loin d'en recevoir une atteinte, sa foi robuste dans la verite de la chimie y puisa une force nouvelle dont les resultats ne se firent pas attendre. En 1786, le baron Leopold de Hirschen venait d'annoncer au monde sa decouverte d'une medecine qu'il decorait du nom de set de vie. Semler s'adonna avec passion a I'etude de ce produit nou- veau. II fit paraitre successivent trois memoires sur ce sujet. II pretendait connaitre le sel de vie niieux que celui qui I'avait in- vente. Rencherissant sur les assertions du baron de Hirschen, il y trouvait non-seulement une medecine universelle, mais encore un agent de transmutations metalliquos. Avec ce nouveau produit, ni charbon, ni creuset, ni mercure, n'etaieut necessaires pour faire de Tor, il suffisait de le dissoudre dans I'eau et de I'abandonner pen- dant quelques jours a lui-meme dans des vases de verre, entretenus constaminent a une temperature un peu cleve'\ Dans ces condi- tions, I'or finissait par apparaitre, il se deposait au fond de la li- queur. Sender etait professeur de I'Universite; ces assertions ne pou- vaient done passer pour une opinion sans consequence. Les faits qu'il annongait devinrent le texte de discussions serieuses; les ob- jections lui arriverent de tous les cotes, et les sarcasmes se niirent de la partie. Dans la position qu'il occupait, il ne pouvait les de- daigner. Aussi, lorsqu'on exigea de lui la demonstration, par I'ex- perience, du phenomene qu'il annoiigait, se montra-t-il tres-eni- presse de la fournir ; il proceda a cette demonstration avec autant de bonne foi que dassurance. Le chimiste Fr. Green s'etait particulierement fait remarquer eji cette discussion ; c'est a lui que Semler, en 1787, remit un vase de verre contenant un sel de couleur brune, le priant de vouluir bien le 53ft COSMOS. presenter a TAcademie de Berlin. II assurait que ce sel, dissous dans I'eau, ne tarderait pas a disposer de Tor; le fait ^tait d'autaiit plus sur que le meine liquide lui en avait doja fourni une quantity notable. Green n'eut qu'a examiner le sel pour reconnaitre qu'il renfermait, a Tetat de simple melange, quelques feuilles d'or. Mais, Semler ayant affirme, de son cot6, que ce metal etait un produit spontanement forme au sein du liquide, il fut decide que la difficulte serait boumise a rapprecialion de Klaproth, professeur a Berlin, et I'un des premiers chiiTiistes de I'Allemagne. Klaproth soumit a I'analyse la lii]uenr de Semler, et reconnut qu'elle consistait en un melange de sel de Glauber et de sulfate de magn^sie, le tout enveloppe dans un magma d'urine et d'or en feuil- les. Desireux cependant d'eclaircir tout a fait la question, Klaproth pria le profe.-seur de Halle de lui faire parvenir de nouveaux echan- tillonsdu nieme produit. Semler s'empressa de satisfaire a ce desir. II adres?a a Berlin deux vases renfermant, I'un un sel brun cris- tallise ou I'or ne s'etait pas encore produit, I'autre une liqueur qui « contenait la semence de Tor et qui, par le secours de le cha- leur, feconderait le sel, » Ce sel, dis^ous dans le liquide et main- tenu chaud pendant quelques jours, devait fourni r de I'or. Mais, au premier examen, Klaproth n'eut pas de peine a reconnaitre que le sel brun etait mele de paillettes d'or, et que I'addition du liquide envoye par Semler etait parfaitement inutile pour en extraire le metal, attendu qu'on le separait en le lavaiit simplement avec de I'eau. L'alchimiste de Halle ne voulut pas demeurer sous le coup de ce dementi ; il envoya a son illustrecorrespondant de nouvelles feuilles d'or produites par ]e sfl de vie.hes feuilles de cei aurnm philoso- phicum aereuin etaieiit d'une grande dimension , car elles n'avaient pas moms de 4 a 9 jiouces carres. Semler priait le chimiste de Ber- lin de vouloir bien proceder a I'analyse de cet or au milieu d'une as- semblee publique et avec tout I'eclat d'une large publicite. On compiend d'ailleurs son imperturbable assurance, quand on sail que de toutes I'^s experiences qu'il avait exeeutees avec son sel de vie^ aucuiie n'avnit jamais eohoue, et que Theureux experimentateur avait tdujours lelire de ^on miraculeux produit de I'or au premier titre. Aussi ecrivait il a Klaproth : " Mes expt^riences sont tres-avaiicees. Deux de mes vases por- tent de I'or; je I'enieve tous les cinq ou six jours, et j'en retire chaque fois de 12 a 1.5 grains. Deux ou trois autres verres sont en bonne voie; on y distingue deja les feuilles de I'or qui percent par COSMOS. 535 le bas. Tout cela me revient, quanta present assez cher; car, un grain d'or me coute 2, quelquetois 3. et meme 4 thalers ; mais cela tient sans doute a ce que je ne connais pas encore tres-bien la ma- nifere d'nperer. >• Suivant le d^sir du professeur d? Halle, Klaproth proceda a I'a- nalyse de cet or en presence d'une brillaiite assemblee. De grands personnages , de hauts fonctionnaires de Berlin , et ineine des nii- nistres du roi assistaient a cette reunion, impatients de connaitre le r^sultat de la sing-uliere discussion scientifique dont tout Berlin s'oc- cupait. Ce rdsultat fut etourdissant. Klaproth, aux premiers reac- tifsqu'il fit agir sur le precieux metal du theologien, reconnut que ces feuilles d'or phil(isoi)hique dtaient tout simplement du chryso- cale, c'est-a-dire de I'or faux compose ave? une variete de laiton. L'immense risee que cette declaration pruvoqua dans lassemblde fut bientot partagee par tout le public de I'Allemagne. Le bon Sem- ler fut ainsi contraint d'ouvrir lesyeux, et informations prises, la mystification s'expliqua comme il suit : Semler travaillait a ses experiences dans une maison de cam- pagne oil il avait pour domestique un homme tres-affectionne a sa personne. C'est a ce dernier qu'appartenait le soin d'entretenir la temperature de I'etuve oil le sel d'or fructifiait. Le digne servi- teur avait remarque I'ardeur que le philosophe apportait a ses ex- pdriencps et la joie qu'il eprouvait toutes les fois que le succes ve- nait les courouner. Voulant done contribuer au bonheur de son maitre, cette bonne ame avait imagine de glisser des feuilles d'or dans les vases mis en experience. Mais notre homme (5tait quelque- fois force de s'absenter, car, en meme temps qu'il etait le domes- tique du professeur, il eiait soldat du roi de Prusse, et devait se rend re, de temps en temps, a la revue de Magdebourg. Dans ce cas, il passait la consigne et le mot d'ordre a sa femme qui le suppleait dans sa fraude innoceiite. Ladamefinit, neanmoins , par trouver que cela revenait un peu cher, et, en I'absence son mari, elle se decida a remplacer Tor par le chrysocale, qui coiitait moins et pro- duisait a I'oeil la meme apparence. Les feuilles d'or philosophique analysees par Klapioih devant I'assembl^e de Berlin etaient du fait de cette personne ingei.ue (]). Semler, qui s'etait trompe de bonne foi, s'executade bonne grace devant !e public. II nous a laisse, dans une autobiographie , la con- fession la plus candide deses erreurs alchimiques. Les habitants de (1) Revue dit mnis, t. xin. Berlin, 1789. 536 COSMOS. Berlin ne se montrerent pas, d'ailleurs, impitoyables envers lui ; on comprittout ce qu'avait de penible sa position, et on songea plutot a le plaindre qua le railler. On eut meme la justice , fort rare en pareille circonstance , de se rappeler les services qui! avait rendus dans des sciences plus utiles que celle oil il venait de faire ce long^ reve interrompu par une si lourde chute. C'etait la un louable effet de la bonte native des ames gennaniques. En France oil le ridicule est un malheur pour lequel on n'admet pas de compensation, I'hon- nete theologien n'eut pas ete sans doute aussi facileinent absous. Cependant cette homerique myslificalion fit dans 1 opinion pu- blique le tort le plus grave a I'alchimie. Le denouement de cette lonsfue comedie oil un professeur d'une universite d'Allemagne avait joueun si pitoyable role, joint au drame qui s'etait passe peu d'an- nees auparavant a Londres, acheverent de dissiper les restes de con- fiance que beaucoup de personnes continuaient d'accorder aiix ar- tistes du grand oeuvre ; le gros du public, qui constiluait leur appui nature], fut, desce moment, eclaire sur leur mensonge. ACnON DES PaOTOSELS DE FEE SUR LA MTRO-NAPHT ALINE ET LA NITROBENZINE. PAR M. bechamp:. Dansmiepremierenotetres-curieusepresent^ea I'Academie, M.Be- champ constate qu'en faisant rea^ir les sels de protoxyde de fer sur la pyroxiline et les produits nitres analogues derives de I'amidon et de la ?omme, on reproduisait facilement les substances primitives, la cellulose, la gommeet I'amidon. L' experience est surtout remar- quable avec le coton-poudre ; tout I'azote se degage a I'etat de bioxyde d'azote pur ; en meme temps le protoxyde de fer se peroxvde, et le coton se reg6nere en conservant sa texture et ses proprieless physiques ordinaires. Si Ton fait agir ces memesproto- sels de fer sur les produits nitriques derives des hydrocarbures, tels que la nitro-naphtaline et la nitro-benzine , la reaction est toute autre : i'azote du produit nitrique reste combine aux elements de riiydrocarbure , et la base organique correspondante se produit d'une inaniere eminemment commode et peu dispendieuse. Pour reussir, il faut employer un sel ferreux a acide faible, I'acetate de protoxyde, par exernple, il ne se d<''gage pa- de gaz, il se pr^cipite du sesqui-oxyde de fer, et il se forme de I'anihne. Le prix de re- vient de 1 'aniline ainsi produite, en se servant de la benzine com- merciale, ne s'lMrverait guere qu'a 20 francs le kilogramme. A, TRAMBLAY, proprietairt-gerant. PARIS. mi'lllilERIE DE W, REMQUET ET Cie., R'JE GAKAKCJERE, 6. T. V. 17 NOVEMBnE iS54. TliOrSlEME ANNEE. COSMOS. NOUVELLESETFAITS DIVERS. M. Dujardin. de Lille, s'est empresse d'annoncer a rAcademie des sciences, quoique depuis si longtemps elle lui fasse la sourde oreille, que, par un anvLe recent, M. le prefet du Nord enjoint aux nombreux dislillateurs de son departement d'etablir dans leurs ate- liers des tuyaux de comnmnication destinds specialement, en cas d'incendie, a eteindreje feu au moyen de la vapeur de leurs odne- rateurs. Encore une victoire que nous remporterons ; car tout fait esporer que, sous peu, cette sage mesure sera etendue a toutes les industries qui font usage de la vapeur. Lesproprietes nierveilleusesde ia vapeur d'eau ont etc signaldes a I'Academie des sciences le 3 juil- let 1837, il y a dix-sept ans, quatre mois, dovze jours ; M.VI. Du- jardin, Fourneyron, Desusmont ont adresse a I'dlustre corps de nombreux et eclatants exemples d'incendies terribles eteints subi- toment par la vapeur d'eau, et dont on peut lire le rccit dans les comptes rendusdes IG novenibre 1840, IS Janvier 1841, 12 Janvier 1852. 29 mars 1852, 13 septembre 1852, 8 novembre 1852, etc. Pour populariser et faire entrer dans les habitudes ce moyen tout- puissant d'extinction, qui aurait prdvenu d'ailVeux desastres! ilaurait suffi d"un rapport de quelques lignes, fait au sein de rAcademie et adresse aux ministres de I'interieur , de ragriculture et du com- merce, (le la marine; il aurait suffi d'un humble prix Monthyon, d'une inedaille , accordee a I'inventeur ou rt^velatcur d'un lait de si haute porlde. Ce rapport, ce prix, cette mddaille, ce renvoi, nous ravons sollicite cent fois sanspouvoir, holas ! I'obtenir! Sanslaglo- rieu^e et bienfaisante initiative de M. le prefet du Nord, rien ne serait iait encore. Chaque jour, cependant, nous appor|^e le r^cit lui.ebre d'incendies qui oM cause de grandes ruines, et que la va- peur d'eau aurait etouff'es a leur naissance. Tout r^cemment, dans I'u^ine de M. Poisat, a la Folie-Nanterre, d'enormes quanti'tes de corps gras prennent feu dans une cave, a quelques pas d'iinmenses generateurs a vapeur. Si, au lieu de continucr a i'aire arriver ces torrents de vapeur au sein des appareils de distillation, ou de les 19 538 COSAIOS. arreter, on les avait lances dansl'atmosphere de la cave, e'en etait fait du fpu ; mais on n'y a pas seulemeiit pense, et tout a etc devore. Pourquoi les compagiiies d'assurance, dans I'interet de lours clients et le !eur, ii'exigeraieiit-elles pas inipeiieusement, avant tout contrat, I'applicaiion des inoyens deja presents par leprefet du Nordi Pour- quoi n'ecriraient-elles pas en masse a I'Academie des sciences pour obteiiir I'examen et la consecration de cette application si magnifi- que de la vapeur? Quel triste spectacle que celui d'une grande idee, qui vaut des millions, qui aurait epargne et, par conse(]uent, fait gagner des millions, qui aurait sauve des centaines de vies liumaines, et qui, depuis dix--ept ans, frappe a la portedu corps le plus savant du monde, charge, officiellennent de promouvoir le progres sous toutes ses formes; sans etre accueillie, nous dirions presque pour etre etouffre , car les deux avant-derniferes communications de M. Dujardin onl ete repoussees avec perte ; un obus a ricochet, lance par la main d'un general d'ariillerie, les a presque tuees sous le coup. C'est encore a vous , monsieur Dumas , que nous nous adresserons ! Quand bientot vous presiderez de nouveau les seances de la commis- sion des prix Monthyon , souvenez-vous de M. Dujardin , enfant de Lille, votre citt^ chdrie ; n'oubliez pas les ^tonnantes propriet^s extinc- tives de la vapeur ; votre nom est deja si illustre etsi populaire ; illus- trez-le, popularisez-le eiicoie davantage en I'attachant a un grand et bien heureux triomphe du progres sur la routine aveugle et homicide, — Des symptomes d'empoisonnement s'^tant maiiifestes parmi les membres d'une famille, dans les environs de Nantes, apres avoir bu du cidre de cormes, mis en fermentation dans un vase en terre vernisse, un (^chantilion de cette boisson a ete soumis a I'aualyse, et Ton a constate qu'elle contenait de I'oxyde de plomb enq)runte au vernis , en assez grande quantite pour determiner des accidents graves. En consequence, M. le prefet de la Loire-Inferieure a or- donne a tous les maires de publier immediatement, dans toutes les communes, un avis indiquant que toutes les boissoiis acides et meine les corps gras^ decomposant le vernis plombifere des poteries, de- viennent par suite essentiellement dangereux et peuvent occasion- ner la mort. Les vases en bois doivent etre partout preferes. — M. le prefet de la Loire-Inferieure , pour mieux combattre le retour de la maladie qui, cette ann^e, a atteint les froments, pres- ent aux maires d'engager vivement les cultivateurs a faire subir aux bl^s dp semailles la preparation suivante : Prenez deux kilogrammes de sulfate de soude, faites-les fondre dans vingt litres d'eau; trempez la semence dans la dissolution , etendez-la ensuite sur un terrain COSMOS. 539 uni, rt'pantlez immdiliateinent dessus de la chaux vive, et retournez vivement avec une pelle de greiiier, iifin que tous les grains soient bien converts de chaux. Le grain auquel on aura fait subir cette preparation le matin, devra etre seme dans la journee. On peut rem- placer la dissolution de sulfate de soude par une lessive, qu'on ob- tiendra en faisant bouillir pendant une heure deux litres de bonne cendre de bois danstrente litres d'eau. — Par un arrele en date du 4 novembre dernier, M. le prefet de police de la Seine a ordonno , qu'a partir du l''"' Janvier 1855, les veaux, dans le ressort de la Prelecture de police, seront transportes et exposes en veiite sur les marcht^s d'approvisionnenient et autres marches dudit ressort , debout , sans entraves ni ligatures; les contraventions a cette ordunnance seront constatees par des proc^s- verbaux ou rappoits, et poursuivies conformenient aux lois. Voila done enfin une cause gagnee , un abus lamentable d^truit ! Que de fois nous avons protests contra le traitement barbare qu'on faisait subir a ces pauvres veaux, a la honte de I'humanitd , au detriment de la santt^ publique! La gloire de cette mesure revient , en partie sans doute, a la Societe protectrice deb animaux, mais plus encore, a un bon et noble vieillard, M. Fusz, qui a consacre sa vie au triom- phe de cette genereu^e idee. Ce n'est encore malheureusement qu'un demi-trioinphe, et nous regrettons vivement quel'ordonnance a ces mots debout , sans entraves ni ligatures , n'ait pas ajoute et dans des cellules separees, au moins pour le transpoit. Reunis en liberie dans un meme compartiment, les veaux se bousculeront, se renverseront, se foulernnt aux pieds ; les forts ecraseront les faibles, leur chair sera Encore ineurtrie, ecchymosee , echauffee, malsaine ; peut etre meme que le remede sera pire que le mal, etque libres, ils arriverontau marchecjuand le voyage aura dtelong, dans un etat plus pitoyable que s'ils avaient ete garrottes. Lesvoitures cellulaires sont ici de toute neces>iie. Le brave P. Fusz a fait des plans magni- fiques de voilures , a un seul cheval , pouvant porter jusqu'a dix- sept veaux , s^pares les uns des autres* faut-il qu'il ne puisse leg faire adopter? Parini les inventeurs que nous avons connus, aucun n'a des sentiments plus elev^s , une conduite plus honorable; plus d'unite de but et de perseverance ; il a reellement apporie des per- fectioimements considerables aux voitures de transport , et cepen- dant rien ne lui reussit ; le tiiomphe de chacune de ses heureuses idees est pour lui une spoliation nouvelle ! Est-il au moins sur de trouver une cellule dans un hopital, s'il arrivait que ses forces fus- sent completement epuisees avant I'age de rigueur, 75 ans! 5A0 COSSIOS. — La legende, en 1779, tlisait de la terre de I'Espiiiasse, canton de Chatellerault , appartenant actuellement a M. Mohl , professeur d'agriculturs au Conservatoire desartset metiers : Les proprietaire.s de FEspinasse jeunaient souvent, ot, en pleine recolte, les poules de ce nianoir s'appuyaient contra les niurs de la cour pour se sou- tenir. " II y a dix ans a peine les merries terres etaient complcte- ment impioductives. Aujourd'hui, en depit des critiques dedaigneu- ses des cullivateurs voisins. les bles d'hiver et de printemps, les avoines, les colzas, les plantes fourrageres, etc., ont succede aux bruyeres... Des betes a cornes fortes et grasses, des chevaux vigou- reux, des troupeimx de moutons hien nourris, ont reinplace les boeufs etiques des anciennes borderies ; la ferme de I'Espinasse, en un mot, donne de superbes produits. — Des experiences de culture automnale des pommes de terre, faites avec quelque solennite par le Comite agricole de Saint-Diez, semblent conduire aux resultats suivants : 1° les produits de pommes de terre phmtees a la charrue, en novembre, sont au moins les memes que ceux de plantations faites au printemps, et ils peu- vent etre conserves sans subir aucune alteration ; 2" I'arrachage ne presente aucune difficulte, attendu que les tubercules se forment ou remontent pres du collet; 3" bien que ces tubercules ne se mon- trent pas hors de terre plus tot que les antres, ils acquierent cepen- dant un plus graiid degrc de maturite; 4° si on ne les arrache que vers la mi-septembre, ils possedent une qualite inconteslablement superieure a celle des tubercules qui sont demeures moins en terre. — Deux varietes nouvelles de pommes de terre, la Roscovite, in- troduite d'Amerique en Fraiice 11 y a cinq ans, el la Violette^ de Bristol, que la Societe centrale d'agriculture a fait planter dans son jardin d'essai, mcritent de fixer I'altention. Le rendement de la ros- covite a depass6 ceux de toutes les varietes qui servaient de terme de comparaison ; elle est sufFisamment precoce ; chaque plant a pro- duit de 10 a 20 gros tubercules a peau fine et lisse, et sans altera- tion aucune. La violette de Bristol est plus tardive; les tubercules sont minces et alhmges ; les yeux saiilants; la chair est jaunatre- et d'un gout excellent ; elle a besoiii d'etre buttee. — Parmi les hommes que la Grande-Bretagne vdnere comme les- bienfaiteurs de la nation, on pent citer Rose, jardinier de Charles IL qui inlroduisit I'ananas; sir Walter Raleigh qui importa la pomme de terre ; sir Antoin.e Ashley, I'ancetre de lord Shaftesbury, qui planta le premier chou; sir R. Weston qui a ap[)orte le trelle de COSMOS. 541 Flaiidre ; le cardinal Pole qui, sous Henri VIII, planta le figuier; Spelinan qui fit elever le premier moulin a papier, a DartTord, en 1390, qui introiluisit a Dartford les deux premiers tilleuls plantes et qui s'y voient encore ; Thomas lord Cromwell qui enrichit les ver- gers d'Angleterre de plusieurs d'fferents genres de pommiers ; Eve- lyn qui a propage le chene ; les chevaliers du Temple qui planterent en Kent le cerisier et le milrier, rapportcs par eux d'Orient. — Leconseil de laSociete royaledeLondresvient dedecerner une de ses medailles royales a M. le docteur Hofmann pour ses etudes de chimie organique. Une seconde medaille a et6 decernee a M. le docteur Hooker pour ses recherches sur diverses branches de la science, et specialement en botanique, comme naturaliste attache al'expedition antarctique de sir James Ross, et a I'expedition vers les regions Est de la chaine de 1 'Himalaya. La medaille de Copley a ete decernee a M. le professeur Jean Miiiler de Berlin pour les progres qu'il a iait faire a differentes branches de la physiologie et de I'anatomie compaiee. — M. B. d'Oliveira avait mis a la disposition du conseil de la Societe royale de Londies une somme de 50 livres (l'250fr.). pour etre employee a la construction d'appareils devant t^ervir a TenregistratJon diurne des appnrences des taches solaires, suivant la methode proposee par sir John Herschel. Grandement desireux de faire faire a la science un progres important, le noble membre de la Chambre des communes prend I'eiigagejnent de contribuer pour la meme somme a la poursuite des recherches commencees, pendant I'annee J855 et les deux annees suivantes. — On lit dans X Athenceiim anglais : Le public a un dernier et supreme devoir a remplir envers Franklin et ses compagnons. Ces galants hommes se sont engages dans la mer de glace pour repon- dre a notre appel , pour resoudre le grand probleme des siecles , pour decouvrir le passage du nord-ouest. lis ne devaient pas reve- nir. Le pays les a longtemps chei'ches avec esperance de les re- trouver; niais I'esperanco est morte a >Qi\ tour. Leur perte est de- sormais officielle •, raliecHon ellemeine a dii se resigner. Leurs noms ne seront plus inscrits sur les roles de I'Amiraute; leurs fa- milies et leurs amis portent leur deuil. Le temps est venu ou la nation doit manifester sa douleur ; oil elle doit eterniser, par un jnonument durable, le souvenir de ce grand et lugubre drame. Bellot a son monument a Greenwich! Dans ce meme lieu, au centre- des gloires navales de I'Angleterre, doit s'elever aussi le monument de Franklin et de ses compagnons. La bonte publique a fait les 542 COSMOS. fonds du monument de Bellot; la bonte publique ne refusera pas les fonds du monument de Franklin. — D'une discussion recente, soulevee au sein de la Society des ingenieurs civils de Londres, par un rapport de M. Handerson, il resulte que, contrairement a I'opinion genoralement ropandue, la Vitesse obtenue par les paquebots-poste a vapeur, pour un total de plus de deux millions de kilometres parcourus, n'a pas depasse en moyenne 15 kilometres par heure ; ce qui est vraiment peu con- siderable. La majorite des ingdnieurs pense que le rapport entre la longueur et la largeur des navires destines a parcourir de grandes distances, dans le moins de temps possible, doit etre de 8 a 1. Ces proportions sont, a peu de chose pres, celles que doivent presenter les immenses batiments en fer, dont la construction est projetee par la Compagnie de la navigation orientale pour les Indes et I'Australie. On pourra donner a ces navires une stabilite suffisante, pourvu que la matiere employee soit le fer dispos6 comme dans le cdlebre pont Britannia. — Madame Cora Millet-Robinet, heureuse de donner un tres-bon exemple, distribue cette annee , aux ouvriers de sa ferme , du cafe noir au lieu de vin, qui est rare et cher. Cette boisson, tres-goiitee des gens de la campagne, est fortifiante et stimulante a la fois. Ma- dame Millet emploie 500 grammes de cafe Bourbon et 500 gram- mes de cafe Martinique , pour former un 1 kilogramme de cafe cru, coutant 2 fr. 80 c. ; elle ajoute : eau 21 litres, sucre raffine 1 kil. 500 gr., a 2 fr. 40 c. ; elle obtient ainsi 20 btres de cafe pret a etre bu, ce qui porte le litre a 25 cent. Chacun de ces 20 litres donne 14 demi-tasses de cafe ; la ration coiite done 3 c. 7, ou avec les frais de torrefaction 4 cent.; ou enfin, si on la fait plus copieuse, en nombre rond 5 cent. ; on distribue le cafe le matin, apresle repas, avant le depart pour les champs. — M. de La Rue a introduit en Angleterre le papier au blanc de zinc , que M. Viard a le premier fabrique en France , et dont nous avons dejii parle. On prepare ce papier tout simplement, en melant du blanc de zinc avec la pate ordinaire ; il convient eminemment a I'impression des tailles-douceset des lithographies. II est fort avan- tageux pour la fabrication des agendas , sur lesquels on ecrit avec une pointe en cuivre dont les traces sont indelebiles. M. de La Rue a bien voulu nous donner un de ces agendas et nous le trouvons in- finiment commode. Les proportions d'oxyde de zinc peuvent varier depuis le vingtieme jusqu'a la moiti^ du poids de la pate sfeche ; il doit d'abord etre broye dans I'eau et rcduit en poudre impalpable. COSMOS. 5Zi3 — On lit dans le Moniteur du 13 novembre dernier : » Le der- nier numerodu Recueil lie medecine veterinaire, publie principale- ment paries membres du corps enseignaiit de I'ecole d'Alfort, donne la description d'uiie boucle de sellerie d'une grande utilite pour les personnes qui se servent de chevaux. Voici la description de cette boucle, dite avec ardiUon a retrcvt : " La chape et rardilloii sont ordinaires, tout le systeme est dans I'arbre, coude et excentrique, et qui est mii par un petit levier : quand le levier-inanivelle est ramene contre la chape, I'ardillon est fermd. Si dans cette position on veut deboucler, au lieu de tirer sur le cuir, ce qui est souvent p^nible a cause de la rigidite des fortes lanieres dont on se sert dans ces cas, on detache tout simplement le bras de levier qui devient alors un veritable proloiigement du cote droit de la chape, et qui, dans cette position, produit I'effet d'une baionnette placee au bout d'un fusil; puis on deboucle sans difficulte. « Lorsque Ton veut fermer, on ramene lebrasde levier parallele- ment sur le cote et le long de la chape oil il se trouve accold, exac- tement comme le bras droit d'un soldat au port d'arme. En cas d'accidents, cette boucle est precieuse; elle permet de se degager bien plus vite qu'en coupant les traits; comme facilite de nettoyaafe, elle est impayable.Enfin, appliquee aux entravons, elle rend encore des services. " Pourquoi le Moniteur a-t-il supprime le nom de I'auteur de cette petite, mais precieuse invention? M. le docteur Blat- tin , est inventeur aussi d'une autre disposition mecanique, I'arcanson,' dont nous parlerons une autre fois , et qui , comme la premiere , a pour but d'epargner aux chevaux une partie des tortures et des fa- tigues inuliles, qu'on leur fait subir par routine et par deraison. M. Blaltin est un des membres les plus zeles et les plus industrieux de la Society protectrice des animaux. Deja, plus d'une fois, nous avons remarque avec regret que la redaction du Moniteur, en empruntant au Cosmos ou a d'autres recueils I'annonce ou la description des inventions nouvelles, suppri- mait, par inadvertanceou parprincipe,le nom des inventeurs. Ainsi, par exemple, en citant une portion de I'article dans lequel nous ren- dions compte des si excellents precedes de conservation absolue du kit, elle a completement omis le nom de M. Mabru fils , comme aussi le nom du Cosmos : nous sommes trop petit pour meriter qu'on nous nomme ; mais I'inventeur, ne I'etouffez pas ! PHOTOGRAPHIE. "{J Art Journal, ue Londres. a publie, dans sa livraison d'aout, un article interessart sur I'application de la photographia a la jrravure sur bois. Nous nllons le reproduire en grande partie; mais nou sans avoir rappele que !e progres qu'il signale a eto defuis longtemps propose et tento en France par M. Martin, de Versailles, auque! on n'a pas assez rendu justice, doiit tout le monde applique les proc^- d^s, sans se souvenir de celui qui les inventa. " L'attention des artistes, A\l\' Art JouriKil , a souvent etc appelee sur ]e parti que la gravure sur bois pourrait tirer de la photogra- phic ; mais les essais tentes jusqu'ici en Angleterre n'ont pas etc couronnes de succes. II a paru presque impossible d'obtenir direc- tement sur bois un '.lessin pholographique assez parfait pour qu'on put le mettre immediatement entre les mains du graveur. Les avantages de ces dessins photographiques directs sont cependant evidents ; I'objet qu'il s'agit de reproduire par la gravure scrait alors dessine sans {'intervention d'un dessinateur, et I'exactitude de la reproduction scrait grandement accrue. La lettre ci-jointe, dont nous a honore le reverend Saint-Vincent Beechey, ne donne pas seulement des espcrances ; elle prouve que le progres tant desire est enfin accompli. Nos lecteurs constateront en effet avec joie que la gravure que nous meltons sous leurs yeux est aussi parfaite ou plus parfaite que si elle avait ete dessinee prealablement par le crayon le plus habile Nous ne nous arreterons pas a (^numerer les avan- tages considerables qui resulteraient pour I'art de la mise en prati- que univers?lle, etavecle meine succes, des precedes qui out si bien reussi a MM. Beechey et Langhton ; ce serait uiie mine inepuisable ouverteaux graveurs; ce serait, pour ceux qui recourent a leurart,un auxiliaire tout-puissant ; ce serait, pour le public, une bonne fortune , il entrerait aiiisi en possession d'un art en quelque sorte nouveau, plus pur, plus correct, plus eleve, et dont les produits seraient accessibles a toutes les bourses, r Voici la lettre de M. Saint- Vincent Beechey : « Je vous envoie la premiere belle epreuve d'une gravure ex^cu- t^e par M. Robert Langhton deCross-Slieet, Manchester, avec un bois sur lequel j'avais reussi a imprimer un dessin photographique dans des conditions parfaitement convenables pour un bon travail. C'est une copie photographique dela celebre carte de la lune, dessi- jide parM. James Nasmyth de Patricoff, sur une echellede4 pieds de diametre. Cette carte, resultatde plusieurs annees d'observations j:OSMOS. 5/i5 et de mesures microm^triques prises avec une exactitude incompa- rable, est la plus remarquable que Ton ait jamais produite, par rabniulance des details et la fidelite de I'execution. « Dans les proportions si reduites qu'on lui a donnees sur bois il aurait ^te rigoureusenient impossible, par les procddes ordinaires, de reiidre une foule de details presque microscopiques, et cependant d'un errand interet; de longues journees de travail n'auraient pas suffi au dessinateur le plus perspicace pour reporter ces details in- finis; au moyen de la photogrHphie, au coiitraire, tout a ete parfai- tement rendu. Le des^in photographique a ete prodait sur la sur- face luie du bois, simplement collodionnee, sans support ou fond quelconque noir ou blanc. Le graveur n"a eu besoin de recoiirir a I'o- riginal que pour faire mieux re^^sortir qk et la quelques crateres moins nettement accuses. II semblera sans doute a quelques-uns de vos lecteurs que rien ne doit etre plus facile que de jihotographier sur bois. Pourquoi, diront-ils, ne rcussirait-on pas aussi bien sur bois que sur papier et sur verre? II n'en est rien cependant, et Ton me saura gre d'enumerer les difficultes que Ton doit vaincre pour rdussir. « 1° Le bt)is ne doit pas etre mouilk', autrementil se dejclt?rait et le grain en s'c'panouissant deviendrait plus mou ; 2° on ne doit eten- dre a sa surface aucune substance capable de le penctrer, fut-ce memo seulement a une profondeur d'un centieme de poucc, sans cela le giaveur ne pourrait plus repondre de la delicatesse des de- tails; 3" on ne peut noii plus etendre a. sa surface ni resine ni au- cune matiere friable ; 4° si Ton fait usage d'un fond il doit etre d'une tenuite extreme, ne rien ajouter en quelque sorte a la surface du bois; 5" le collodion ou la substance photogenique dont on se sert doit simplement glisser a sa surface sans rimbibor. Je n'ai pas be- soin de vous dire que je ne suis parvenu a surmonter toutes ces dif- ficultes qu'a force de tatonnements; mais je crois etre enfin arrive a decouvrir un procede aussi simple qu'efficace. " Nous regiettons de ne pas connaitre encore le proci''de de M. Saint-Vincent Beechey, d'autant plus que la gravure photogra- phique sur bois delalune, imprimee dansl'^^r/ Journn/esi veritable- ment trcs-belle. Si, comme nous le demandions instamment, on avait accorde plus d'attention aux essais de M. Adolphe Martin, il y a longtemps que nous serions en pleine possession de la gravure photographique sur bois et sur motal. Malgrc les succes de MM. Niepce de Saint-Victor, Ritfault, Neigre, Talbot, etc., nous sommes porte acraindre qu'en demandant a la photographie autre 646 COSMOS. chose qunn dcssin dune perfection inimitable ; qu'en voulant sup- primer entiferement ou presque entierement la poiiite ou le burin du graveur, on ne depasse en quelque sortele but, on ne tente peut- etre I'iinpossible. N'aurait-on pas d(>ja faitun pas immense, assez immense pour s'y arreter, si Ton etait parvemi, ce qui n'est pas difficile, a obtcnir qu'on ne grave plus que des plaques, bois ou me- tal, sur lesquelles le sujet a reproduire sera dessine par la lumicre avec une fidelile absolue t Nous proc(§dons en ce moment meme a un essai d^cisif. Nous ne cominencerons pas par la giavure sur bois, mais par la gravure sur cuivre, d'apres la methode chimique nouvelle de MM. Behr et Lip- per, laquelle, si nous en jugeons par I'album que nous avons sous les yeux, doit delronor la gravure sur bois; elle est, en effet, sans comparaison plus belle, plus exp^ditive et plus ccoiiomique ; nous rendrons compte incessamment de nos experiences. — Au reste, la gravure photographique fait en France de rapides progres. En outre de M. RifTault. dont tout le monde connait et a admire les belles reproductions du portrait de I'Empereur, de la fagade du Louvre, pavilion Hnnri III, d'une gravure d'Albcrt Du- rer, etc. , etc. , on parle beaucoup des succes de M. Cbarles Negre ; sa YUe generale de Paris, ses vuesdel'arc-de-triomphede I'Etoile, etc., epreuves non retouchees, sont d'une dclicatesse, d'une transpa- rence, d'une perfection, enfin, que les plus belles plaques daguer- riennes ne peuvent surpasser. — Dans une conversation ou st^ance demi-publique, tenue recem- ment a I'lnstitution polytechnique de Londres, on a voulu pousser I'art de la photographie a ses limites extremes, et prouver ce qu'elle peut produire quand elle est maniee par des mains experimentees et habiles. M. Mayall a fait, seance tenante , deux photographies, I'une sur la plus grande , I'autre sur la plus petite dchelle possible. La premiere etait un portrait sur vivant, de grandeur naturelle; la seconde, une copie de la premiere page du Times , sur une surface de deux pouces sur trois. Les deux reproductions ont apparu apres quelques instants, et elles ne laissaient absolument rien a desirer; le portrait, d'une grande nettete, d'une rigueur tres-grande de con- tours, produisait un effet plus agreable que les portraits ordiiiaires; et, malgre la petitesse des caracteres, lesbons yeux lisaient facile- ment la copie de rimmensefeuilleimprimee,sansverresgro6&issants. Cette seance, interessante au plus haut degre, a ete pour M. Mayall un veritable triomphe. — M. William Law annonce dans le Journal de la Socielc pho- COSMOS. 5^47 tographique de Londres, qu'il a obtenu d'excellents effets de I'ad- dition au collodion affaibli d'une certaine quantite d'albumine. Autant que nous pouvons en juger, par une description vague, et qui n'est pas reduite en preceptes, le procedd de I'auteur, dii au hasard et a la repugnance qu'il eprouvaita perdre du collodion qui ne pou- vait plus servir seul , consiste a employer le collodion vieilli, non plus sur verre immediatement , mais sur verre prealablement albumine. Pour preparer son albuinine, il ajoute aux blancs de trois ou quatre oeufs la meme quantitd d'eau distill6e ; il bat longtemps et il filtre, soit a travers un linge tres-fin, soit, ce qui vaut niieux, a travers du papier a filtrer. II n'est pas ndcessaire que I'al- bumine soit ioduree, les agents sensibles contenus dans le collodion suffisent parfaitement. On obtientainsi d'excellents negatifs et dans un temps beauco'jp plus court. L'auteur developpe I'iniage suivant la methode de M. Spiller ; I'agent r^velateur est I'acide pyrogallique ; le bain sensibilisateur est formd de trenle grains de nitrate d'aigent pour cinquante onces d'eau, on ajoute queiques gouttes d'acide ace- tique cristallisable. Ce procede est presque necessaire pour les col- lodions vieillis , mais il est aussi tres bon pour les collodions neufs. — M. William Roberts affiime qu'on pent converlir en negatifs tres-vigoureux et tres-excellentsles p-jsitifs directs sur collodion, en operant de la manieresuivante : apres que I'image positive a ete fixee par I'hyposulfite de soude ou le cyanure de potassium, on la blanchit en versant sur elle une solution de bichlorure de mercure; on la lave ensuite parfaitement dans I'eau, et Ton verse aussitot a sa surface une solution aqueuse d'hydrosulfate ou sullhydrate d'ammoniaque; on la voit alors se convertir instantanement en une image negative a noirs intenses, et qui peut servir a I'impression de tres-beaux po- sitifs. — M. Maxwel Lyte a trouve qu'un mnrceau de zinc gratte tres- mince, place dans une bouteille contenant du collodion, vieilli rougi et gale, lui rend sa transparence, sa blancheur et sa bonte premiere dans I'espace d'un ou plusieurs jours, suivant la quantite de m^tal employee, Le zinc est suus ce rapport beaucoup plus effi- cace que I'argent employe de la meme maniere et dans le meme but par M. Crookes. — M. Shadbolt se trouve tres-bien de I'addition d'un peu de chloroforme au collodion. Celui-ci devient ainsi plus fluide et s'etend neanmoins en couche plus epaisse; il ne faut plonger la plaque dans le bain que lorsque la couche adhere bien , car sans cela sa force con- tractile la ferait peut-etre se detacher. 548 COSMOS. — M. Spiller conserve longtemps I'acide gallique sans qu'il su- bisse (le decomposition, en ajoutant uiio drachme, 1 o;r. 772d'acide acetique cristallisable, par 12 onces 360 grammes d'acide gallique sature. — Nous sommes alle samedi dernier , pour la premiJ're fois , revoir le berceau de notre ceuvre du Cosmos^ Boulevard desltaliens, n" 8, et admirer I'habilete vraiment incroyable de M. Hamilton , I'elove fameux et I'heureux successeur de M. Robert-Houdin. Or, nous avons ete tout surpris de voir que la salle d'entree du rez-de- chaussee etait transformee en une galerie photographique oil M. Dis- d^ri deploie ses chefs-d'oeuvre. Ce qui nous a le plus etonn^, c'est la variete de cette exposition brillante; on y retrouve sous toutes ses formes et dans tous ses progres le bel art de la photogra- phie. Plaques daguerriennes, epreuves provenant de negatifs sur papiers ou sur collodion, epreuves sans retouche ou coloriees, po- sitifs directs; images st^reoscopiques, etc., etc.; rien ne manque a ce glorieux rendez-vous. M. Disderi n'a voulu rester Stran- ger a aucun precede , et il les a appliques tous avec la meme su- periorite. Nous avons surtout de grandes louanges a donner aux portraits exposes, ils sont faits avec un grand art, les tetes sont frapnantes d'air, de verite et d'effet ; la plus etonnante est celle de I'auteur lui-menie; il a prouve par la que, s'il fait si bien poser les autres , c'est qu'il pose lui-meme admirablement. Ses portraits positifs sur verre sont remarquables par leurs dimensions, ils lais- sent a desirer des blancs plus purs. Celui des photographes de Londres. qui a le plus de points de contact avec M. Disderi, est M. Mayall, de Regent's Street, le Boulevard des Italiens de la grande capitals anglaise. M. Mayall aussi manipule tous les vapeurs d'iode, le collodion , I'albumine, la plaque, le verre, le pa- pier; M. Disderi fera bien d'imiter ses effels de crayon, et d'oser aveclui des portraits de grandeur naturelle. En creant ce bel etablissement du Cosmos, M. de Monfort avait quatre grands buts : ouvrir a la science et a I'industrie une tribune encyclopedique, a I'enseignement experimental vulgarise un lyc^e et un theatre , a la photographie une academie avec atelier et mu- see, aux amis du progres un cenacle avec abondance de nourriture intellectuelle. II a Ste helas incompris , on a dedaigne sa munifi- cence et repousse ses bienfaits , il a etc force de renoncer a r(^aliser lui-meme son immense projet. Mais rien de ce qu'il a voulu fonder n'a avortc. Le Journal du Cosmos^ fidele a son fondateur, a pris des developperaents qui depassent ses e.-pSrances, les salons d'^- COSMOS. 5^,9 tude et de travail n'ont fait quo changer de place; rue de I'Ancienne- ComMie, 18, plus de cent feuilles periodiques font appel a ties lec- teurs serieux; avec M. Disderi, la galerie photographique du Cos- mos se pose en rivale glorieuse des plus belles galeries de Paris, de Londres, de New-York et du monde. La science experinientale at- tend encore ; mais en attendant, I'art des expc^riences, sous une autre forme, il est vrai, plus legere en apparence, plus profonde peut-etre en realite, reinplit les salles du Cosmos d'une foule empressee. M. Hamilton veut avant tout intcresser et amuser; mais quel fonds inepuisable d'instruction dans ces nobles amusements, quelle admira- ble initiation aux proprietes les plus cachees de la matiere, quelle science du mouvement, quel merveilleux essor donne aux lois de la mi^canique, quelles mngiques applications de I'electricite, du maone. tisme, etc., etc.; sans compter ce que chaque jour apportera de nou- veaux miracles de la science et de I'art? Nous savons de source certaine queM. Robert-Houdin, parvenu au conible de ses voeux, qui n'avait reve une mediocrite doree que pour consacrer ses loisirs a I'etude approfondie des imponderables, nous savons, dis-je, que M. Robert-Houdin est en plein enfantement d'applications neuves et imprevues du fluide electrique , qui viendront faire briller d'ua eclat nouveau la niai^on du Cosmos de M. de Monfort. P. S. — Le2 septembre 1854, le journal la Liunihre publiait un article de pol^mique irreprochable dans la forme; cet article, du a la plume de M. Ernest Lacan, repondait a un article signe de nous, publie dans le journal le Cosmos, du 15 aout 1854. Sous I'impression du moment, nous repondimesa M. Lacan, dans lenumero du Cosmos du 22 septembre suivant, par un article dans lequel figurent des expressions dont M. Lacan s'est emu a juste titre. Les mots : mniwaise foi ^ — interpretations esseiitiellement fausses, — perfidie judniqne, — odieu.x mensonge, — provoque liichement, — tomberent de notre plume en exfigera!-t notre pen.-.ee. Aussi nous proposions-nous de corriger I'epreuve de cet article et de retirer ces expressions. Mais un depart force nous ayant em- peche de faire ces corrections, I'article parut en notre absence, tel qu'il avait ^t^ecrit. Notre but et notre pensee, en publiant cet article, out ete uni- quement de soutenir une discussion et non pas d'ofiense;' un confrere. Nous n'hesitons done pas a dt'^clarer que i;ous retirons ces ex- pres.sions blessantes pour M. Lacan, a la consideration duquel nous n'avons jamais entendu porter atteinte. F. IMoigno. ACADfiffllE DES SCIENCES. SKANCK liV 6 NOVEMJJRE. M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire lit, des Notions historiques sur les regnes tie la nature. Son but ost de rechercher les premiers au- teurs de la division celebre de la nature en trois rfegnes ou royaumes, le regne animal , le regne vegetal, le regne mineral. La gloire de cette tri-unite reviendrait selon lui aux philosopher hermetiques.Pa- racelse se serait servi le premier de cette expression tria regna. L'alchimiste iran9ais Collesson, vers le milieu du xvu^sifecle, aurait le premier formule nettement la division de la nature en trois regnes, les aiiimaux, les vegetaux, lesmineraux. C'estDieului-meme, ajou- tait Collesson, qui a ainsi partage Tempire de la nature en trois vh- gnes. Mais Dieu avail fait plus; au-dessus de ces trois regnes, il avail constitue un roi trop longtemps oubh6. M. Geoffroy Saint- Hilaire reviendra sans doute un jour sur la division quaternaire , la seule vraie, el si admirablement formulee par ces quatre mots classi- ques : Esse, Fivere^ Sentire^ Intelligere. Le mineral est, la planta est el vit^ I'animal est, vit et sent, I'homme est, vil, sent el cojh- prend. Dieu en le faisanl a son image lui a donne lous les degr^s de I'etre, et par suite la royaut^ du monde. — Monseigneur Charlt-s Lucien, prince Bonaparte, encore eloigne de r Academic, reflete, par i'organe de M. Isidore GeoH'roy Saint- Hilaire, Un coup d ceil sur I' ordre des pigeons. » II est impossible, dil-il, de ne pas etre frappe du det'aut de precision avec lequel a ete traite par les naturalistes le groupe d'oiseaux si important que nous nous accordons tous a designer sous le nom de pigeons. Buffbn n'admet que deux genres distincts, le ramier el le bizet, et il ne voit que des vanetes dans les especes qui diff"erent plus des deux types fondamentaux qu'ils ne diff'erent entre eux. Cuvier, en depit des ca- racteres physiologujues et des moeurs si diff'erentes, a rang^ violem- ment les pigeons dans la classe des gallinacees ; comme si prendre la nourriture dans le gosier des parents n'elait qu'une simple modi- fication de la maniere des poussins qui, des leur eclosion, vont bec- queter 9a et la. II est penible de penser que ce sont la les legons sur lesquelles I'instruction commune se regie encore. La revolution se fait heureusement. Qui oseraitdesang froid classer les pigeons aussi arlificiellement, que I'a fait Cuvier? Qui voudrait refuser le litre et le caractere d'ordre a ce groupe si parfaitement circonscrit, dont les deux cent quatre- vingl-deux especes se reparlissent pour nous en soixante-dix-huit genres ; douze sous-families , cinq families et COSMOS. 551 deux tribus. » Voici quatre des families du prince Charles Bona- parte : lesColoiTibides, lesTreoiiides, lesCaloenadiensetlesGourides. Le nom de la cinquieme faiiiille ii'a pas apparu dans les Comptes rendus. Nous sommes force de ne rien dire des soixante-dix-huit genres et des deux cent quatre-viiigt-deux especes. Ce coup d'oeil au reste nous semble un coup d'oeil d'aigle ; le prince Charles Bo- naparte chasse de race. — M. Lestiboudois lit un memoire sur la structure comparee des tiges des vegetaax vasculaires. L'auteur se propose de chercher si les faisceaux fibro-vasculaires, qui par leur reunion forment les tiges, sont similairement organises'; si leurs differences, qu'on a jugecs si profondes, ne sont pas de simples modifications d'une nieme dispo- sition primordiale.Selon lui, dans les troisordres acotjlcdones,mo- nocotytedoiies^ dicotyledones, les vegetaux out une meme structure originelle, et il essaie de mettre en evidence cette loi qu'il croit etre une grande loi de la nature. — MM. Vicat pere et fils demandent qu'on donne la plus grande pul)licite possible a la note suivante sur la composition des betons inattaquables a leau de mer. " La difficulte de composer par voie humide des silicates doubles d'alumine et de chaux , capables de resister d'une maniere ahsolue a I'eau de mer, nous a engages a es- sayer de composer des silicates doubles d'alumine et de magnesie par la meme voie. Nous avons reussi au dela de nos esperances et avec des doses de magnesie bien inferieures aux doses de chaux usitees en pareil cas. Si done il etait possible d'obtenir la magnesie a un prix acceptable pour les Iravaux publics, le probleme des betons ahsoUunent inatfaquables par I'eau de mer serait resolu, Dans I'o- pinion deM.Balard, les eaux meres des maraissalins, dontonnetire aucun paiti , pourraient peut-etre fournir cette nouvelle base au prix desire. Les compagnies qui exploitent nos salines devraient tenter cette extraction. .. — M. Ramon de la Sagra fait admirer des tissus fabriques avec les fibres de plantes textiles de I'lnde du genre boelunaria, designees en Angleterre sous le nom communde China-Grass, herbe de la Chine. Trois varletes de ces plantes, Rarnea nipea, heterophilla, tenacis- sima^ sont employees a fabriquer soit destoiles blanches d'une force et d'une beaute remarquables, soit des draps dans lesquels elles en- trent pour un quart ou un tiers. Les fabricants du celeste empire parviennent a conserver au tissu I'aspect brillant de la matiere pre- miere, qui disparait dans les etoffes anglaises. La plus fine batiste ne pourrait pas soutenir la comparaison avec I'etoffe d'un mouchoir 552 COS^IOS. fiie et tisso en Chine avec ces orties. L'introduction de ces diverses especes serait sans doute facile en Algerie et dans les colonies des Antilles. — M. Regnault met sous les yeux de I'Academie une pierre cal- cairp fx;raite des carrieies de Sevres, et qui est reinar(juable par les belles enipreintes de poissons quelle renfernie. Cette piene appar- tient au calcaire grossi.-r, et coniine les poissons fossiles sont fort rares dans cet 4tagp des terrains tertiaires, au nioins dans les envi- rons de Paris, M. Regnault a pense que cet echantillon pourrait int4- resser les geologues et les ichtyologistes. — M. Paul Thenard coinmunitjue iles recherches eininemment interessantes siir la destruction de C Ennwljte de la vigne^ dite val- gairement ecrivain. L'ecrivain est un coleoptere qui , par ses for- mes, sa couleur et ses habitudes , ressemble au hanneton , niais il est a peine plus gros que la coccinelle, elite vulgairement hete a hon Dieit. Son noni lui vient de ce qu'en entaniant les feuilles, il y laisse des traces semblables k celles d'une plume dont les deux bees se- raient ecartes. Etait-ce bien a ces blessures logeres qu'on devait attribuer des ravages souvent tels qu'on otait force d'arracher au bout de dix ans une vigne prise d'ecrivainsP M. Thenard ne I'a pas cru : il a visite avec soin les racines des plants inalades, et il y a trouve des k\-ioiis imporlantes. On n'en peut plus douter, c'est par les racines et non par les feuilles que la plante perit; et les racines sont attaqucesnon par I'insecte pai'fait, mais par salarve, qui passe en terre la premiere partie de sa vie. II s'agissait en consequence de trouver un moyen violent qui fit perir I'animal sajis nuire a la plante. M. Thenard essaya d'abord le suH'ure de calcium ■ c'est un agent assez efficace, mais trop peu abondant, d'un transport et d'un em- ploi trop peu faeiles. II a rencontre heureusement sur les lieux me- mes une autre substance, les tourteaux de colza etde navette, qui, lorigiie. Chaque vigneron en emporte tous les matins dans sa hotte une pro- vision proportionnelle a la quantite de terrain qu'il doit piocher dans sa journee; c'est environ un vingt-quatrieme dhectare, et par COSMOS. bSB consequent 50 kilogrammes de tourteaux. Arriv^ a la vigne, il en seme une petite quantite a la volee et pioche aussitot la surfnce du terrain qui I'a re9ue;''il continue ainsi son travail jusqu'a la fin ^ si on n'enterrait pas iinmediaternent la poudre, elle s'eventerait. Ladepense varie suivant le prix des tourteaux ; les 1 000 kilo- grammes coiitent en moyenne 11 fr. 50 c, ce qui fait 138 fr., par hectare fume tous les trois ans , ou 46 francs par an. L'augmenta- tion de recolte a ete de 15 a IQ pour 100 ; or un hectare rend en moyenne douze pieces de vin valant, annee ordinaire, 40 francs la piece ; les deux pieces et demie donnees en plus par Temploi des tourteaux font une augmentation de 100 francs; en retranchant la depense ou 46 francs, on a done un benefice net de 54 francs ; c'est le benefice realise en effet par M. Paul Thenard. II faut ajouter a cet accroissement de revenu I'avantage de la durce de la vigne. Beaucoup de vignes qui, sans I'ecrivain, dureraient trenteans, sont reduites a vingt ; avec les tourteaux, il y a tout lieu de croire qu'elles pourraient aller jusqu'a quaranie ; I'arrachage d'une vigne entraine d'ailleurs pour !e proprietaire une non-jouissance du terrain de dix longues annees, ce qui est une perte enorme. Nous ne saurions trop feliciter M. Paul Thenard de I'excellente voie dans laquelle il est entre. 11 a choisi la meilleure part; il con- sacre ses hivers a I'etude et a I'enseignenient de la chimie theorique ; I'ete, dans son charmant domaine de Buny, il poursuit d'iinpor- tantes ameliorations agricoles, comme s'il avait etc toute sa vie cul- tivateur. Drainage, irrigations, amendeinents, industries agricoles, il entreprend tout et fait tout reussir. On a vu cependant par la der- niere communication d^ son illustie pere que le laboratoire de chi- mie de sa campagne est aussi actif que celui du College de France; on y fait de savantes analyses, Ajoutons qu'au chateau de Buny la science et I'amitie, sont assurees de rencontrer la plus noble et la plus douce hospitalite. — M. Dufosse lit une note sur X hermaphrodisine cJiez certains vertebres. 11 etait presque passe en principe dans la science que les vertebres et les articules n'oflFrent aucune trace d'hermaphrodisme normal : cette pioposition est formulee en ces termes exclusifs par le celebre Jean Muller. 11 y a done une grande gioire a venir d4- montrer par des observations aussi certaines que neuves les quatre conclusions suivantes : 1° Contrairement a I'opinion gendralement accreditee, il y a des vertebres qui , a I'etat normal, sont hermaphrodites, et ce ne sont 554 COSMOS. pas ceux dont I'organisation est consideree comme etant la plus de- grades ; 2" Les iridividus des especes serranus cabrilla et serranus sciiba sont au nonibre de ces hermaphrodites ; 3" Chaque individu de ces deux especes produit des ocufs et les ftconde ; 4" La fecondation des ocufs peut avoir lieu ;\ rorifice meme de To- viducte, inais elle s'opere gi^iieraleinent tout a fait au dehors du corps de I'animal : peiula'.it que les ocufs traversent plusieurs a la fois I'orifice de roviducte, I'ejaculation de la liqueur fecoudante a lieu par le meirie orifice. — M. Tr^cul lit un niemoire snr les forniniinns secondaires dans les cellules vegetales^ et sur les formations spirales, annu- laires et reticulees en pnrticniier. M. Trecul s'en prend aussi a una erreur qui a coinine acquis dans la science le droit de cite, qui est enseignee par les Mohl, par les Schleiden, par les physiologistes les plus eininents ; erreur, noii pas de detail, niais de principe ; erreur, non pas de negation d'un fait individuel, maisd'affirmation d'une or- ganogenie irrationnelle : il prouveinvinciblement que les nieinbranes secondaires ne sont pas dues a des sediments abandonnes par les !i- quides coiitenus dans les cellules, mais qu'elles sont secretees par les membranes primaires, ce qui est iticomparableineut plus naturel. Nous regrettons vivement de ne pas pouvoir enoiicer des aujourd'hui I'eiisemble des propositions de notre ami ; nous nous bornerons a le feliciter de cettenouvelle et belle campagne. — M. Ch. Fermond lit une suite a ses etudes sur le dweloppement des merithalles ou entre-noeuds des tiges. L'auteur demontre les propositions suivantes : 1" les merithalles s'allongent , tantot plus vers le haut, tantot plus vers le bas; tantot cgalement vers le haut et vers le bas; 2° toutes les causes qui s'opposent a I'evaporation des liquides du m^rithalle , ou qui entretiennent sa mollesse, sont favorables a son elongation; si done , la base des merithalles est enveloppee, soit d'un ochrea^ soit de gaines de feuilles, soit de deux feuilles opposces, la croissance se fera plutot par le bas que par le haut. — M. Sainte-Claire Deville transmet sa reponse aux remarqnes de M. Bunsen , et des observations relatives au sodium et a sa preparation. Dans la lettre qu'il ecrivit au Cosmos et a 1' Academic des sciences. M. Deville n'entendait adresser a M. Bunsen, ni un reproche qui pouvait I'ofTenser, ni un compliment qu'il pouvait d^- daigner ; loin d'ignorer les belles experiences de M. Bunsen sur la COSMOS. 555 production du magnesium, M. Doville les a repetees le premier, dans le cours de la Faculte des sciences , et j1 reconnait hautement qu'elles lui ont servi de guide dans une paiiie de son travail. Mais il demande que M. Bunsen veuille bien reconnaitre a son tour ([ue, pour Taiuminium, le probleme ii'etait pas resoluble immediatement par les menies moyens. II aurait fallu pour cela que le chlorure d'aluniinium fiit reductible par la pile, ce qui n'est pasj et c'est leha- sard qui a fait rencontrer a M, Devilie le chlorure double d'aluminium et de sodium, qui lui a fait songer a I'employer coiiime bain metal- lique. Le precede deM. Bunsen etendu, a raluminiuin etait done assez profondpment modifie, pour que M. Deville put Tappeler sien. Dece que raluminiumde M. Wohler etait moins fusible et decom- posait I'eau a cent degres , tandis que Taluminium prepare par M. Deville, ne s'altere que d'une maniere insensible a la chaleur blanche, dans la vapeur d'eau , celui-ci, avait cru pouvoir et devoir conciure que le metal de M. Wohler etait inipur, M. Bunsen rejette cette hypothese, il admet qu'il peut y avoir une difference essen- tielle entre les propiietes chimiques d'un m6Vd\ spongieux, divis^ par vole chiniique ou electrique, et les proprietes du meme metal en regule ou en masse com.pacte. De ce que I'aluminium spongieux de- compose I'eau a cent degres , M. Bunsen conclut que M. Wohler et M. Deville ont opere tous deux sur de I'aluminium pur. Maisj, dit M. Deville, si raluminiuin spongieux precipite par la pile discom- pose I'eau, c'est qu'il retient du chlorure double d'aluminium et de sodium , qui fait, par rapport a lui , fonction d'acide. Par suite de raffinlte capillaire le lavage ne parvient pas a priver raluriiinium spongieux des dernieres traces de son chlorure, lesquelles, sous I'in- iluence de I'eau bouillante, determinent, sans doute,un degagement d'hydrogene avec formation d'un sous-chlorhydrate d'aluniine. M. Deville passe ensuite a ses nouvelles etudes du sodium et de sa preparation. Le sodium, bien different en cela du potassium , qu'il suffit d'ecraser entre deux feuilles de papier sec , pour le voir s'enflammer avec une sorte d'explosion ; le sodium peut efre lamine entre deux feuilles de papier, coupe , manie a fair sans accident, pourvu que les doigts et les instruments ne soient pas mouill^s. II peut etre impunement chauflfc a I'air bien au dela de son point de fusion, sans qu'd prenne feu, meme quand on a soin d'aviver souvent la surface, et tout porte a penser que sa vapeur seule est inflam- mable , que la combustion vive du metal ne se determine qu'a un temperature , peu eloignee de son point d'ebullition , ou du moins a laquelle la tension de la vapeur metallique devient sensible. Quant 556 COSMOS. a 1.1 prop;iration du metal, elle deviciit une des plus faciles et peut- etre une des moins couteuses ile celles qu'on realise chaque jour dans les laboratoires pour la production des metaux, (luand on opere comrne il suit. On mele au carbonate de soude desseche 15 pour cent de sop poids de craie ; on ajoute la quantite de charbon de bois necessaire pour chasser Tacide carbonique des carbonates et I'oxy- gone de la soude ; on fait une pate s^che du tout avec de I'huile, et Ton calcine. Cette matiere, chauffec dans la boutedle a mercure, qui sert de cornue, se nnaintient presque solidea toutes les temperatures, parce cpie la chaux empeche le carbonate de soude de se separer du charbon ; la temperature de la decomposition est si peu considera- ble , qu'on pent faire servir la bouteille do fer un grand nonibre de Ibis, niC'nio sans la recouvrir de kit. Ce mode de preparation appli- que en grand par M. Rousseau a parfaitement r(^ussi. — IV'l. Viard, professeur de physitjue a la f'aculte des sciences de Grenoble, adresse un nieiiioire sitr la clialeur que rleveloppe l^elec- tricite (lium son passage a traupvs les Jils inct.aUiques. M. Grove a reconnu que lorsqu'un fil de platine est traverse par un courant, la temperature varie suivant qu'il est dans I'air ou dans Thydrogene , etque les quantit^s de chaleuralors developpees sont aussi ditl'eren- tes. Cependant, les lois donnees par M. Joule, qui lient la chaleur developpee a I'intensite du courant et ii la resistance, semblent tout a fait independantes du milieu dans lequel s' opere i'experience. M. Poggrndorff, conservant a la loi de M. Joule sa generalite, admet que cette irregularity apparente tient a la niamere variable dont les gaz, diversement mobiles, opercnt le refroidissement par contact et I'augnientation de la resistance du fil avec la temperature. Ainsi, si dans I'air la quantite de chaleur developpee est plus gi'ande que dans Thydrogene, cela tient a ce que Fair, moins mobile et refroi- dissant moins rapidement le fil, lui permet de con?erverune tempe- rature pluselevee, et, en meine temps, la plusgiande resistance qui y correspond : suivant lui, la quantite de chaleur developpee est toujours propnrtionnelle a la resistance reelle qui existe au moment du passage du courant. C'est cette ingenieuse explication que M. Viard a voulu confirmer rigoureusement. Et en etfet, en rendant la resistance toujours la meme au moyen d'un rheostat de construc- tion nouvelle, il est arrive a constater que la quantite de chaleur developpee par le passage d'un meme courant dans des sjiirales d'egale resistance, est sensiblement la meme dans I'hydrogene, I'air et I'acide carbonique. — M. Clerget adresse une note sur Y alcool d' asphoctele. Quoique COSMOS, 557 dans leB tu])ercules d'nsphodele rameux on ne trouve ni sucre ni fd- cule. Quel est done lepriiicipe fermentescibleet producteurde Talcool qu'on en extrait ? M. Clerget poursuit, dans ce but, avec M. Jac- quelain, des recherches qui seront bientot terminees. Voici, en attendant, ies rcsultats de quelques experiences qu'il a faites sur des tubercuU's frais et des cossettes dessechees d'asphodele. Lestu- bercules fraisr rap6s et soumis a la presse, ont fourni 81 pour 100 de jus, ayaiit pour densite 1 ,082, cells de I'eau etant 1 , et n'ayant au- cune action sur la lumiere polarisee. Mais, aciduleachaud par I'acide chlorhydrique, le jus a pris un pouvoir le^^ogyre d'une grande ener- gie. Traite par 2 pour 100 de son poids de levure de biere ct par son volume d'eau, il est entre presque immediaten^ent en fermetita- tion. Distille quand 1' effervescence a dte arretee, il a donne 8 pour 100 d'alcool absolu en volume, le double de ce que donnent en fabri- que Ies jus de belterave. Les cossettes donnent 3 pour 100 de nioins. La levure de biere peut elre remplacee par la vinasse d'une distil- lation pr^cedente ; la fernrientation est presque aussi active : ce second procede, analogue a celuideM.Charriponiiois,serait plus economique. La pul[)e d'asphodele n'est pas acceptee comme aliment par le be- tail, niais elle donne si facilement et en telle abondance un bon alcool, que cette fabrication aurait de grands avantages en Algeria, en Sicile, en Corse. II est douteux que la culture de I'asphodele puisse se preter a une culture leguliere, parce que les tubercules croissent lentement : il sera bon cependant de tenter des experiences dans cette direction. — M. Gaugain envoie une note .v«r les lois de I intensite des cou- rants electriques indiUls. Les lois mises en evidence par les cons- ciencieuses experiences de M. Gaugani , le savant qui en France a le mieux etudie les phenomenes de j'electricite, peuvent se resumer dans I'tnonce suivant : « Lintensite d'un conrnnt iiiduit est en raison dirccle de la somme des forces clect'n-uionices mises en jeii, et en raison inverse de la soinnie des resistances du circuit. » Ainsi done la loi etablie par MM. Ohm, Fechner et Pouillet pour les courants continus, s'applique sans aucune modification aux cou- rants mduits; seulement, lorsqu'il s'agit de cette derniere classcde courants, la somme des forces electro-motrices, qui n'est autre chose que la somme des actions inductrices elementaires, est exprimee en general par une integrale double qu'on ne peut calculer qu'autant qu'on connait comment I'intensite du courant est liee a I'intensite du courant inducteur, a la section du fil inducteur, a la section du fd induit,enfin a la distance et a la position respective des 558 COSMOS. Elements entre lesquels s'exercel'induction. M. Gaugain se propose de determiner ces diverses relations. — M. Dumas presente au nom de M. Riche des recherches sur des conihinaisons chlorees derivees des sidfuves de Melyle ct d' E- thyle. Nous soiiinies furce d'en renvoyer I'analyse, tres-difficile a faire, a une autre livraison. — M. Maumen^ a etudie la TraHsformation que le siicre de Cannes eprouve par I' action de I'eaa pure, et ses consequences, notaniinent dans I'analyse des strops. M. Maumeii6 affirme et croit avoir deiriontre par Texperience que I'eau parfaitenient pure suffit avec le temps a transformer le sucre de Cannes en sucre inciistalli- sable ou inlerverti ; que le sucre candi le plus franc, mis en dissolu- tion dans I'eau pure, se change peu a peu, meme a froid, en sucre incristallisable. Du sucre candi, qui en Janvier 1854 accusait 100" au saccharimetre, en octobre ne deviait plus le plan de polarisation a droite que de 22", et le deviait a gauche apres I'inversion de 38". Du sucre en pain qui en Janvier faisait devier a droite de 98°, 5, fai- sait devier a gauche en octobre de 31", 5. Ce resultat rend compte, dit M. Maumene, des faits suivants : les betteraves donnent un rendement de plus en plus faible pendant la campngne ; la bette- rave traitee par I'alcool ne donne pas de sucre incristallisable. La chaleur favorise Taction de I'eau sur le sucre, et par suite la dessic- cation dansle vide a froid eviterait une perte considerable. Les aci- des organiquesn'augmentent pas sensibleinent Taction de Teau. La transformation signalee par M. Maumene est tres-extraordi- naire, elle n'est tres-certainementqu'accidentelle. Sielleetait vraie, on devrait evidemment en tenir compte dans I'analyse des si- rops de sucre, de gomme, etc. M. Maumen^ veut que le seul moyen d'evaluer la quantity de glucose contenue dans un sirop est de proceder par T^liminalion du sucre cristallisable. On y parvient tres-siirement en faisant dessecher le sirop sous une cloche, par la chaux ou Tacide sulfurique ; en quelques jours le sucre cristallise, et il est tres-facile de saisir le moment oil la gomme elle-meme va se dessecher. Si le sirop renferme du glucose en proportion notable, on n'obtient pas de cristaux et la fraude est decouverte. — M, Warin dit etie en possession d un mo/en infadlible de prevenir les rencontres de deux coiwois marchant sur la nieme voie en sens oppose, ou dans le nicine sens. Ce moyen, dont nous ne connaissons pas les details d'execution, consiste essentiellement dans un avertissement donne par le sifflet meme de la locomotive du convoi qui vient a la rencontre dun autre, lequel sifflet est mis COSMOS. 559 en action et siffle par le fait de la presence du convoi menace. L'e- fet se produit lorsque la distance des convois n'est plus que de deux kilometres, quelquefois avant. Ainsi dans le cas ou un convoi A parti de Paris et se dirigeant sur Strasbourg, par exemple, serait arretc ou retarde dans sa marche par une cause quelconque ; si un autre convoi B le suit sur la meme voie, a une distance de deux ou de moins de deux kilometres, le sifflet de la locomotive B sifflera par le fait meme de la pri^sence du convoi A. Si le convoi A n'est pas arrete, mais s'il marche plus lentement qu'il ne le doit, le sifflet du convoi B sifflera encore quandil ne sera plus qu'a 1 kilometre ; par le temps ecoule entre les deux sifflements, le mecanicien saura avec quelle vifesse marche le convoi qui le precede et il pourra re- gler sa propre vitesse sur la sienne. Les memes effets se produisent dans les rencontres en avant. La methode de M. Warin a dt^ja recu I'approbation deM. I'ingenieuren chef du departement de la Vienne, d'un des ingenieurs de la Compagnie du chemin de fer d'Orleans k Bordeaux, et de plusieurs hommescompetents. — M. Salomon , du Finistere. envoie la composition du liquide qu'il propose pour I'extinction des incendies. — M. Elie de Beaumont met sous les yeux de 1' Academic une carte des environs de Rome, a I'echelle de 1 pour 80 000, o-ravee au Depot de la guerre, d'apres les travaux des officiers de I'ctat- major fran9ais. " Une carte executee sur une pareille dchelle, dit M. le secretaire perpetuel, et avec une telle exactitude, ofFre un grand intcretnon-seulementau point de vue geographique, mais en- core au point de vue geologique. Ainsi a la maniere dont elle rend le relief du terrain, il suffit de jeter les yeux sur la region qu'occupe Albano, poury reconnaitre un groupe volcanique exactement com- parable, au moins quant a sa projection horizontale, a celui du Ve- suve, de la Somma, ou de la Rocca Monfina. Plusieurs lacs situes pres de la circonference du groupe se dessinent comme des enton- noirs formt^s par dcroulemenls, et analogues au lac Paven situ^ au pied du Mont-Dore. » — M. le secretaire perpetuel pr^sente, au nom de M. Mallet-Ba- chelier, la cinquieme edition du Trait 6 de ['application de Valgehre a la geomelrie de M. Bourdon, comprenant la geometrie anaiyti- que a deux et a trois dimensions. Cette edition nouvelle avait ^td preparee par M. Bourdon avant sa mort, survenue au printemps de cette annee, et elle a ^te publiee parson fils. M. Eliede Beaumont donne quelques details sur le contenu de ce volume , dans lequel beaucoup de meiiibres de I'Academie reconnaitront avec plaisir les ^§e COSMOS. lecoiis oil ils ont pui^c autrefois les premitTes notions des mathema- tiques , et iloiit uiie longue experience leiir a periiiis cl'approcier mieux encore la bonte, en ineiiie lenips qu'elle ne lait qu"augaien- ter leur reconnaissance pour le savant et excellent professeur qui , jusqu'a la fin de sa vie, n'a cesse de consacrer ses veilles a perfec- tionner son enseignement. " — M. Dausse , ingenieur en chef de.s ponls et cliaussoes , ecrit que pendant la duree du cholera a Grenoble, c'est-a-dire, pendant plus de deux mois, il n'a pas vu une hirondelle; que le cholera a ete terrible (280 nwits), a La Mure, localiteextreniement saine, oul'air est tri-'s-vif et tres-pur; il en a ete de nieme au Rivier d'Allemont, tout a fail dans les Alpes et sur les Alpe^. — M. Jules Bouis comnmnique des rtcherches sur Vhuile de mcdlcinier. Dans les Antilles, on ti'ouve en grande quantite une plantede la familledes euphorbiacees, quiproduitdesgraines offrant certaines analogies avec celle du ricin; elles reiifernient une amande ayantle gout des noisettes, mais dont les propridtes purgatives ne tardent pas a se inanifester lorsqu'on en mange deux ou trois. Les noisettes fournissent, par expression , 37 et meme 50 pour cent d'une huile blanche dont la densite, a 19 degres, est 0,910; se figeant en une niasr^e butyreuse, a — 8 degres; inodore , a peu pres insoluble dans Talcool; s'alterant peu a I'air ; ne se solidifiant pas coinplete- ment sous rinfluence de I'acide hypo-azotique ; se saponifiant difficile- ment par la potasse ; se transformant au contraire par la soude en un savon blanc et dur. M. Bouis a retire de cette huile difierents pro- duits : l^Traitce parl'acide nzotiqueelle doiine del'ac-.desuberique, Qie H14 o^ blanc et soluble a chaux dans I'eau; 2" saponiiiee par la potasse, elle donne un acidetres-blanc fondant a 55°, se solidifiant a 53",5 ayant pour formule C" H'" 0\ et que M. Bouis appelle acide isocetique ; cet acide donne naissance a lYther isocetique inodore, fon- dant par la chaleur de la main, se solidifiant a 21 degres, reslant par- faitement transparent avec structure cristalline; 2>° traitee parl'acide sulfureux gazeux, ellexlonne, un acide solidetres-semblable a I'acide suberique , mais fusible seulement a 58 degres ; cette sa|)onification acide peut se faire lentement a froid, sans coloration, ce qui est ex- treniement important; 4" traitee par I'acide sulfurique, elle donne une matiere noire elastique appelee aciile sulfoglycerique ; 5" traitee par I'aicuol ammoniacal, elle donne un amide derivant de I'acide iso- cetique , I'jsocetainide ; 5" enfin , saponifiee par I'oxyde de jjloaib, elle donne un acide ayant la composition de I'acide oleique. L'huile de medicinier peut done etre utilenient employee dans COSAIOS. 561 I'industrle, soil pour la parfumerie, comme I'huile de Ben ; soit pour la fabrication des savoiis ; soit pour la preparation des corps gras ; et, co:nme elle est tres-abondante dans ies Antilles, elle pourra de- venir Tobjet d'un commerce important. — M. Th. du Moncel adresse une note sur Ies differences cxis- tantes entre la manifeslation electriqiie clans la pile on dans Ies machines. II s'agit au fond, dans cette note , d'expliquer, d'une part , pourquoi Telectricite, nee de la pile, n'a pas ou presque pas de tension; de I'autre, pourquoi I'electricite, nee du frottement ou des machines, n'a presque aucune action sur I'aiguille du galvano- metre. Suivant M. du Moncel : 1° I'electricite de la pile n'a pas de tension , parce que la conductibilite physique des liquides , quoi(iue faible, permet aux electricites nees de Taction chimique de se re- composer au sein de la pile ; parce que le degageinent electrique moleculaire du a la reaction chimique a lieu sans simultaneite sur differents points. Cette explication serait confirmee par Ies trois faits suivants : Ies poles d'une pile peuvent charger forlement un conducteur quand on interrompt plusieurs fois et tres-promptement la communication entre la pile et le conducteur ; un courant d'in- duction cree dans un 111 isole est de I'electricite de tension ; Ies piles sechen donnent de I'electricite de tension. 2" Si I'electricite de frottement agit si peu sur I'aiguille du galvanometre, c'est qu'en raison de sa forte tension, I'induction ou I'influence laterale est tres-faible. Cette explication serait confirmee par Ies faits suivants : Ies courants des machines de Clarke dont le fil est ii peine isole, agissent energiquetnent sur I'aiguille et ai- mantent des electro-aimants ; deux jets de feu, issus de deux ma- chines de Ruhmkorlf, ne s'attirent pas , ne se repoussent pas, iie se devient pas sensiblement ; si Ton tait passer a travers le courant inducteur d'une premiere machine de Ruhmkorfi', le courant induit d'une seconde machine, ou la decharge dune machine electrique, au- cuncouranl sensible n' est cree dans le fil induit de la premiere machine. M. du Moncel a fait une experience curieuse : on hiit parser suc- cessivement a travers le fil niduit de I'appaieil de M. RuhmkorfF, long de 18 kilometres, la decharge d'une machine electrique, et le courant d'induction d'un second appareil de Ruhmkorff'; apres le trajet, la decharge donne a peine une etnicelle sensible, tandis que le courant d'induction a perdu de son energie. En achevant ce resume rapide, mais complet, nous sommes vrai- ment surpris de tant de richesses accumulees dans une seule science, la livraison des comptes rendus a 9 grandes feuilles in-l", soixantt-donze pages. 562 COSMOS. SEANCE DU 13 NOVEJIIiRE. Cette seance lieureusciiient a ete beaucoup nioiiis chargee, et nous pouvons regagner sans trop de peine le terrain que la publication de la table du troisieme volume du Cosmos nous a fait perdre. — M. Biot lit la troisieme partie de son mt^moire sur la n'^frac- lion astronomique : maintenant ({ue cette premiere serie est termi- nee, nous ranalyserons rapideiuent des que le texte de M. Biot sera sous nos yeux. Nous avons vu avec bonheur que les explica- tions de M. Biot ne difleraient des notres que par la forme. — M. de Senarmont lit un rapi;ort entierement favorable sur le travail de M. Bouquet, relatif a I'analyse minerale des eaux de Vichy; il conclut a I'msertion dans le recueil des savants etrangers et au renvoi a la Commission des prix de medeciiie Monthyon. — M. Le Verrier donne quelques details int6ressants sur la lunette equatoriale qu'il a fait etablir sur la terrasse de I'Observa- toire pour la recherche des petites planetes, et qui est mise a la disposition deM. Chacornac. Jusqu'ici on n'avait a I'Observatoire, pour chercher Ics planetes, que r(5quatoriai de Gainbey, admirable instrument au point de vue de I'exactitude des observations, mais d'un pouvoir d'opticjue beaucoup trop faible , parce que sa lunette a a peine quatre pouces d'ouverture; il aurait ete presque impossible , avec cet instrument, d'observer la derniere planete de M. Gold- schmidt. L'Observatoire ^tait en possession , depuis longtenips , d'un objectif de neufpouces, assez imparfait, njauvais meme par la ma- tiere dont il est forme, mais qui donne beaucoup de lumiere, \ei qui perinet d'employer des grossissements suffisants. C'est cette lunette de neuf pouces que M. Le Verrier a fait monter equatorialement dans une coupole nouvelle. M. Le Secretan, successeur d^ M. Le- rebours, a ete charge de ce travail, et il s'eii est acquitte de la ma- niere la plus satisfaisante. II lui a suffi Je trois mois pour I'achever completemeut , et les depenses d'installation, coupole comprise, n'ont pas depasse six mille francs. La nouvelle equatoriale ne laisse vraiment rien a desirer. II resulte d'un examen savant et conscien- cieux, fait par M. Yvon Villarceau, que les determinations de decli- naisoii sont, avec cette machine, aussi exactes qu'avec les cercles meridicns de Fortin et de Gambey. Les determinations d'ascension droilesont un peu moins parfailes, mais on y remediera sans peine, en reliant la lunette au pied par une seconde tiingle en bois. M. Le Verrier invite tous les amateurs a visiter le nouvel instrument, eta COSMOS. 563 se convaincre qu'en depensaiit une somme niodique de 8000 francs, on pourra desorrnais constiluerun observatoire particulier, capable de rendre de grands services a I'astronomie. Le savant direc- teur de I'Observatoire imperial appelle de tous ses voeux la fonda- lion de ces obsorvatoires prives, qui, en Angleterre, ont donne de si excellents resultats. — M. MMgnus, de Berlin, adresse une reclamation relative a, une assertion contenue dansles derniers memoires de M. RcgnauU ; nous y reviendrons- — M. Biot presente, au nom de M. Martin de Brett, un traite des applications de I'electricite a I'art militaire. Nous nous procure- rons cet ouvrage important et nous I'analyseronsavec soin. — M. Dulong- remercie cordialement I'Academie du si vif interet qu'elle a pris au cruel accident dont d fut victiine et dont il est au- jourd'hui completemeiit gueri. Les sympathies de I'Academie n'ont pas peu contribuea raninier sa force morale ; I'habilete incomparable de M. Velpeau a fait le resle. — M. Ch. Brame adresse une communication de laquelle il re- sulte qu'il a pudeceler la presence de I'acide cyanhydrique dans I'es- tomac d'un cadavre, apres troissemaines d'inhumatioii. La di.stilla- tion au bain-marie de la matiere trouvee dans I'estomac et delayee dans I'eau, n'a fourni qu'une trace d'acide cyanhydrique; niais par la precipitation, au moyen du nitrate d'argent, il a ete possible d'obtenir du cyanure d'argent entierement soluble dans rainino- niaque el le cyanure de potassium, et paraissant a peu pres pur. Dans tous les cas, en decomposant ce precipite lave et filtre par le potas:^ium, on en a retire du cyanure de potassium, et celui-ci a fourni a son tour de I'acide cyanhydrique et du bleu de Prusse. L'action de I'acide t-ulfhydrique et celle de I'acide chlorhydrique, sur le precipite, a egalement donne de I'acide cyanhydrique : il en a 6te de meme de Taction de la chaleur, parce ijue le precipite avait conserve un peu d'humidite; la potasse n'en a pasdegage d'ammoniaque. Nousajou- terons que la matieie, trouvee dans I'estomac, avait une reaction acide prononcee. M. Brame apprecie a Os,6001aquantite de cyanure d'argent qu'il a recueillie, ce qui equivaut a 08,120 d'acide cyanhy- drique pur. II e^t aremarquer que non-seulement le systeme arteriel du cadavre, qui lait ie sujet de c^tte observation, etait vide, ce qui est un des resultats ordmaires de I'empoisonnement par I'acide prus- sique; mais qu'il en etait de meme de la veine-cave inferieure et des cavites droitps du cocur. — M. Triboulet adiesse a I'Academie la reclamation suivante : 56/i COSMOS. " Dernierement M. Arnould voiis a pr(5sente un inemoire sur la production de I'alcool au nioyen de la cellulose. J'ai la conviction que si, depiiis trente-cinq ans, la belle decou- verte de M. Braconnot n'a pas re9u d'application industrielle, e'est que la quanlite d'acide sulfurique concentre qu'il est necessaire d'einployer rendait I'operation oncreuse ou peu avantageuse, malgr6 je prix parfois ^Iev6 de I'alcool. En 1852, cela m'a fait naitre I'idee d'ufiliser cet acide, qui reste en quantite presque (5gale a celle employee, et qui conserve presque toute sa puissance primitive, quoique melangee d'eau, de dextrine ou de glucose, et combine a un peu de matiere organique, ce qui forme un acide, que M. Braconnot a nomme vegdto-sulfurique. J'emploie tout ce melange pour la decomposition du savon cal- caire, tel qu'on I'obtient pour la fabrication des bougies st^ariques, c'est-a-dire des acides gras. Ceux-ci viennent a la surface, et le sulfate de chaux, tres-peu soluble, se precipite; enfin, I'eau sucree se separe, et on la fait fermenter par les moyens ordinaires, puis on distille pour en obtenir de I'alcool. II y a un an,fai pris des brevets, en France et a I'^tranger, pour cet ensemble de fabrication, et je joins a cette lettre une copie des- dits brevets. Je me crois done en droit, messieurs, de reclamer la priorite pour U application industrielle de la decouverte de M. Braconnot, en utilisant I'acide qui a op^re la desagregation de la cellulose. >• M. Triboulet regrette que nous ayons dit que ces essais n'avaient pasabouti. Le mecanicien de Paris, nous dit-il, chez lequel j'ai opere devant M. A. Bazin, ue pouvait me fournir qu'un courant de vapeur , sans machine pour diviser le bois. Mes rcsultats ont ete aussi satisfaisauts qu'ils pouvaient I'etre; la quantite ainsi que la qualitc de I'alcool et des acides gras provenant de la decomposition du savon calcaire ne laissaient rien a desirer. Je n'ai nulleraent re- noiice a cette fabrication combinee qui me sembh; avoir de grands elements de succes, et je m'occupe a reunir les moyens d'exd- cution. A. TKA11RLAT, proprietairc-gerant. PARIS, IMriiJMEEIK DE W. RliMQUET ET 016., K'JE GAKANCIEKE, 5. T. V. a4 NOVEMBnE lS/i4. TROISIEMU AN'NEE. COSMOS. BfOUVELLES DE L'INDUSTRIE. DERNIERES SEANCES DE LA SOCIETE d'enCOUEAGEMENT. M. Marie Davy , actuellement professeur de physique au lycee Bonaparte, envoie la description et le modele d'un nouveau systeme de broches pour la filature des matieres filamenteuses quelconques, la fabrication des fils a condre, des fils a broder, des cordes et cor- dages, etc., etc. Le iiouvel appareil de M. Marie Davy s'applique- rait aux matieres de toute espfece et a tous les genres de fabrication. S'il s'agit en particulier du colon, voici le double probleme a r^- soudre : i° Prendre le coton apporte dans des pots et I'amener en una seule operation, par un travail non discontinue, au degrd de finesse et de torsion exige par le filage ; 2° Le fil dtant amene au nunndro convenable , I'amener, en una seule operation non discontinuee, a I'etat de fil a coudre ou de cor- donnet compose d'un nombre quelconque de brins groupds de toutes les manieres possibles. k- 3" S'il s'agit de matieres filamenteuses grossieres, il faudra, dans un local de dimensions restreintes , les transformer en corde de lon- gueur ind^finie et de tous les diametres voulus. Nousn'essaierons pas dedecrire en detail le mdcanisme que M. Ma- rie Davy veut substituer aux bancs a broches qu'il supprizne comple- tement ; nous dirons seulement que les trois elements essentids du mecaiiisme nouveau sont : 1° Un laminoir a cadre fixe, remplissant le meme role que les la- minoirs des bancs a broche et des mull- jenny ; 2" Un laminoir a cadre mobile faisant fonction de banc a broche en gros ou interm^diaire ; 3" Enfin une broche proprement dite, ayant pour fonction de don- ner au fil sa preparation derniere et de I'embobiner. Pourattaquer un si difficile probleme; pour en proposer une so- lution nouvelle ; pour essayer de refaire aiiii^i le travail de tant de 566 COSMOS. genies et tie tant d'annees , il faut avoir du courage et une noble i^onfiaiice en soi ; nous felicitons M. Marid Davy de sa hardiesse et nous hu souhaitons un plcin succes. — M. Prosper Meynier, de la maison Godemard et Meynier a invente unenouvelle disposition de montage des metiers a tisser, sys- teme Jacquart, qui consiste essentiellenicnt dans une modification apportee ii la maniere d'etablir les relations entre les crochets et les maillons par I'adjonction de collets et arcades de secours. L'inven- tion de M. Meynier, dit M. Alcan dans un rapport fait au nom du comite des artsmecaniques, fera epoque dans I'liistoire du tissage a la Jacquart. " Elle conslituc, ainsi que I'a declare la chambre du commerce de Lyon, un perfectionnement d'une importance et d'une portee au moins ^gale a tout ce qui a etc fait de plus considerable et de plus pratique pour I'application et I'expioitation de la machine Jacquart. Une mecanique Jacquart de 400 crochets pourra desor- mais en remplacer une de 900 ; le prix des cartons de la premiere sera de 25 fr . le millc ; celui des cartons de la seconde etait de 60 fr.; pour \\n dessin de 10 000 cartons la difference en faveur du systeme Meynier sera done de 350 fr. On realisera la meme economic sur les cordes s'il s'agit de mi^tiers a la tire , et sur les electro-aimants du metier de M. Bonelli. Quoique le prix demandi^ par M. Meynier pour la concession de son brevet et la mise en pratique de son sys- teme soit en apparence assez eleve, disait encore la chambre de commerce de Lyon, il est tres-largement compense par la grandeur et r^tendue des effets ; d'autant plus que le iiouveau mode de mon- tage, en permettant de soulever a la fois un bien plus grand nombre de fils, donne au tissu une apparence toute autre, incomparablement plus belle : deux tissus de matieres identiques , travailles avec le meme soin, I'un par I'ancien, I'autre par le nouveau procede , ne peuvent plus etre compares , tant la difference a I'avantage du se- cond est considerable. C'est done une sorte de bienheureuse revolu- tion oper^e dans le tissage mecanique et a laquelle la Societe d'en- couragement accorde sa plus haute approbation. — M. Maldant, jeune et habile constructeur de machines, a Bor- deaux, a inventi5 un nouveau systeme de distribution de la vapeur dans les machines, qui realiscrait au^isi des merveilles : 1° Suppression de la pression de la vapeur sur les tiroirs, et des pertes de vapeur occasionnees paf la capacite des conduits d'admis- sion des cylindres ; 2° Introduction et echappement de la vapeur obtenus immediate- ment sans temps d'arret, sans coudcs, etc., ce qui permettrait d'u- COSMOS. 567 tiliser la vapeur beaucoup inieux que dans les autres machines; 3o Diminution considerable de I'usure et des fiais d'entretien du iriecanisme, ainsi que des chances d'accident ou des irregularites de marche provenant de rupture ou usure des pieces ; 4° Absence de toute crainte de voir les pieces les plus imporfantes de la distribution sa fausser ou se briser par I'effet de hi pression de i'eau dans les cylindres, parce que le tiroir, en t-e soulevant, rend ces pressions impossibles; 5" Eritin simplicite et facilite d'execution et d'entretien des pieces composant le nouveau systerne. Un rapport fait au sein de la Societe philomatique de Bordeaux atteste que ce nouvel appareil est en efFet d'une construction gran- dement simplifiee, d'une reglementation extremenient aisee; que I'essai que Ton en a fait, a.diverses vitesses de TjO a IDO coups de piston doubles par minute, a tres-bien reussi; elle regrette de ne pouvoir pas exprimer encore en nombre les avantages et I'econo- mie de ce mode de distribution tres-ingenieux, et qui fait le plus grand honneur a M. Maldant. Celui-ci croit ne rien exagerer en af- firmant que I'adoption de son tiroir a une machine forte de 10 che- vaux, procurerait une (iconomie annuelle de plusieurs mi'liers de francs; qu'appliquee a toutes les locomotives dune grande ligne de chemins de fer, comme les lignes de Paris a Bordeaux, ou a Lyon, procurerait des benefices de plusieurs centaines de mille francs, Ce serait un progres immense. — M. Thibout , de Neubourg , adresse la description d'un appa- reil tres-simple, avec lequel on peut soit plonger.sous I'eau, soit penetrer dans leslieux envahis par des gaz mephitiques. II se com- pose essentiellement : 1° d'une boite creuse. divisee par deux cloi- sons horizontals en deux capacites distinctes, munies de soupapes se soulevant de bas en haut et donnant acces I'une a I'air pur, I'au- tre a I'air expird ; 2* d'un tuyau ou embouchure ; 3" de deux longs tubes maintenus ouverts par des ressorls en helices, impermeables, incombuslibles quand cela sera necessaire, et servant I'un a I'intro- duction de Fair pur, I'autre a I'expulsion de I'air vicie par la respi- ration. Quand il s'agit de plonger ou de descendre dans un lieu ou I'air n'est pas respirable, on arme le nez d'une pince; on place I'em- bouchure de la boite creuse dans la bouche, on fixe I'appareil sous le bras au moyen de courroies, on d^roule les tuyaux, on fixe leurs extr^mitessuperieures au sein dun air frais, ctl'on descend empor- tant avec soi I'appareil ; Tacte de la respiration met les soupapes en jeu, I'air pur alilue par i'embouchure, I'air respire s'cchappe, et 568 COSMOS. Ton peut sejourner ainsi soit dans Feau, soit dans le local infecte pendant un temps indetermine. Des experiences renouvelees plu- sieurs fois a Elbeuf, dans I'ann^e qui vient de s'ecouler, ont d6- montre I'efficacit^ de cet appareil dont M. Thibout n'entend en au- cune maniere se reserver le monopole, — La chambre consultative de Nancy faitun grand ^loge des ai- guilles superfines fabriquees dans I'etablissenDent de MM. Durand et Comp., a Phlin, Meurthe. Ces aiguilles, dit le rapport, ont des pointes parfaites, \in poli tres-fini, une grande regularity de formes ; elles sonten acier tin anglais, de bonne trempe a ressort ; elles sont en outre d'un usage ties-facile et ne coupent pas le fil ; elles posse- dent en un mot toutes les qualitds desirables, et sont acceptees dans le commerce avec autant de faveur que les meilleures aiguilles an- jlaises. — M. Duchesne, des BatignoUes, a invente un controleur des recettes des voitures publiques de place et de remise, qui remplit parfaitement les fonctions suivantes : 1" il met a chaque instant I'heure exacte sous Toeil du voyageur ; 2° toutes les quinze minutes il ecrit le total de ce qui est du au cocher ; 3" il inscrit pour les en- trepreneurs ou proprietaires de la voiture le temps pendant lequel elle a roule, pendant lequel elle a dte pleine ou vide ; 4° elle montre par un signe exterieur si la voiture est chargee ou si elle ne Test pas, et signale I'entree des voyageurs. M. Duchesne a fait I'appli- cation de son systeme a sa propre voiture, qu'il met a la disposi- tion du comite des arts mecaniques, qui pourra ainsi verifier sans peine les propri^tes merveilleuses du mysterieux compteur. — M. Edouard Bollaert, de Dunkerque, sollicite I'examen d'un nouveau mode d'application de la vapeur a la navigation sur les . canaux. Nous donnerons une idee tres-nette de son systeme, en disant qu'il veut transformer les bateaux a vapeur en brouettes k vapeur. II substitue en effet aux deux roues a aube ou a I'helice une grande roue verticale, appelee roue de fond, traversant une cage sans fond, pratiquee au milieu dela largeur du bateau, un peu vers i'avant, et roulant sur le lit du canal oil elle trouve son point d'ap- pui. L'idee est originale et merite d'etre essay^e. Les avantages que I'auteur attribue a son systeme sont : 1° une plus grande quan- litc de travail utile, 70 a 75 pour cent ; 2" une installation facile et peu dispendieuse sur tous les bateaux existants ; 3° une vitesse de marche tout a fait en rapport avec les conditions des voies naviga- bles ; 4° de ne pas endommager les berges par une agitation vio- lente de I'eau. COSMOS. 569 — M. Devinck, rue St-Hoiiore, 285, invite k Societe ;i venir voir foiictionner, dans sa boutique, une machine a envelopper et ca- cheter le chocolat. qu'il dit etre plus etonnante encore que la ma- chine a faire les enveloppes de lettres, de M. de la Rue, qui capti- vait taut la foule au palais de Cristal de Londres. M. Daupley, contre-iiiaitre de M. Devinck, auquel la Soci<''tc a deja donne une medaille, pour la confection d'une machine a dresser les chocolats, a pris une grande part a la construction du nouveau ini'canisme. — M. Barreswill a gran dement admire a Bordeaux la fabrique de nattes indiennes de M. Duclot, qui occupe aujourd'hui quarante ouvriers et dix-huit metiers. Des 1836, M. Duclot faisait avec la sparterie ordinaire, des tapis de salle a manger, d'antichambre, de corridors, d'escalier, etc. Cette curieuse et utile industrie qui, avant lui, n'existait pas, a pris d'immenses developpements en France et a I'etranger. Plus tard, M. Duclot sub^titua a la sparterie des joncs qui n'avaient aucune valeu/*, et qu'il transforma par le tissaoe en nattes, fa^on indienne, ties-peu cheres et adoptees partout aujour- d'hui, dans le midi de la France, comme les plus excellents tapis d'ete. Depuis trois ans enfin, il fabrique en feuilles et fibres de lan- tanier, a 2fr. 50 c. le metre carre, des nattes vraiment tres-belles, presque inusables, de toutes formes, de toutes grandeurs, que Ton adapte sans couture a tous les appartements, meme aux escaliers tournants, et qui s'expedient en qaantites enormes. — MM. Ronnel , pretre, et Bertrand, medecin, sont vcnus a Paris avec un nouveau procede de panification, qui leur a donne de tres-heureux resultats, et dont ils desirent que I'efficacite soit cons- tatee par des experiences solennelles. Leur precede consiste a petrir la farine, non avec de I'eau pure, mais avec un liquide renfermant une matiere extraite du gros son. Mettez sur le feu une quantite d'eau double de la quantite necessaire pour petrir un nombre doime de kilogrammes de farine; lorsque I'eau est en ebullition, jetez une quantity proportionnelle de son ; laissez bouillir a petit feu une demi- heure en ayant soin de meler sanscesse; mettez ensuite le melange dans un t>ac et soumettezle bouillant a la pression. Le liquide extrait doit etre eniploye a froid et assez tot pour qu'il ne fermente pas; en hiver, il >e conserve assez longtemps ; en ete, il ne faut guere attendre que douze heures. Le levain doit etre fait d'une seulc fois, avec un quart de la farine que Ton veut petrir, un quart du liquide precedent ; on laisse fermenter trois heures : on travaille d'abord le levain seal, on ajoute ensuite lafarine jusqu'a consistance suffisuUe. Le rendement dans los experiences faites dans le Midi, a ele, en 570 COSMOS. plus, de 30 a 35 pour cent ; le pain obtenu etail excellent. Ce n'est pas 1a premi^I•e fois qu'une methole presque identique n celle de MM. BdiHU'l et Durand a etc proposL-e et prc'conisoo conime pro- duisiint un accroisseaient de rentieiuent considerable , inais les es- sais tenlcs en divers pays et sur divers points n'ont pas et(5 couron- nds de sacces. — LaSocidto philoniatique de Bordeaux adresse un rapport ex- tremement favorable, fait par une commission choisie dans son sein, sur les tissus impermeables de M. Frilz-Solier. Les tissus de M. So- ber sont prepaies, non pas avec le caoutchouc naturel, mais avec le caoutchouc arlificiei dont MM. Barrat freres ont fait taut d'heureu- ses applications, et que Ton prepare en oxygenant les huiles sicca- tives soit directenient, soit par I'acide azotique hydrate. Rien de plus stable et de plus malleable que cette niyslerieuse substance, decou- verte d'abord, dit-on, par I'illustre Liebig. Pour la convertir en raatiei'e propre a servir d'enduit aux tissus, M. Fritz-Solier la niele a une certaine quantite d'huile de resine, puiifiee par les precedes de M. Mangeot. Les ^toffes enduites sont parfaitement impermea- bles, souples, legcres, inalterables a la luiniere et a Fair; et ce qui fait leur {)lus grand merite, elles peuvent etre livrees a un bon mar- che fabuleux. Eiles deviennent par la accessibles aux plus petites bourses; et grace a elles, les plus humbles habitants de nos campa- gnes n"auront plus a soufiVir des intemperies des saisons qu'autant qu'ils Tauront voulu. L'etoffe de sole la plus delicate, comme I'e- toffe de laine la jilus grossiere, se pretent a cette bienfaisante pre- paration. Une autre qualite, bien precieuse, du melange de caoutchouc ar- tificiel et d'lmile de resine, est de pouvoir remplacer partout les huiles siccatives et les enduits hydrofuges dans la peinture en btiti- ments, avec des avantages incontestables de resistance, de durce et d'economie. — M. Mangeot rectifie les huiles de rfeine, les rend limpides et inodores, en leur faisant subir une caisson prealable ; elles rendront d'immenses services a I'industiie. — M. Gaudonnet presente un nouveau mecanisme applicable a, tous les pianos, et qui permet de tenir ou de prolonger, a I'aide des seules pedales, sans I'intervention des mains, qui peuvent continuer a parcourir en tout sens le clavier, non-seulcment telle note ou tel accord (it'.'il plait a I'ai'tiste de faire entendre pendant un certain temps, ;:iais tel nombre de notes ou d'accords qu'd lui jilaira ; on obticnt, de cette maiiicre, des cffets entierement nouvcaux et im- COSMOS. 571 prevus ; on cree a la composition et a rexecution des ressources dont J'avenir seul peut faire apprecier toute la portee. • — M. Heilbroun a cree ou importe d'Aiigleterre uii art, riche aussid'avenir, et quiare^u leiiom, quelquepeubarbare, dezicnosmo- phie. II consiste essentiellemciit dans uu nouveau modededecapage, al'acide chlorhydrique , que Ton fait subir a la surface duzinc; et qui permet de peindre ensuite , avec des couleurs aus^i aiguisees par le meme acide, tous les dessins iiiiaginables: impressions, ecri- tures, imitations de marbres , de porphyres , de granits , etc., etc. Les surfaces, ainsi recouvertes , n'ont rien a craindre des inlluences atmosplieriques, de la lumiere, de I'humidit^, du contact meme de I'eau de mer, etc. ; et les produits de la zicnosmophie , deja tres-re- pandus en Angleterre, peuvent servir a une infinite d'usages, meu- bles, uslensiles de menage, parquet, cabines des navires, etc., etc. — La charmante et feconde industrie de MM.Christofle et Bouil- let,,que nous avons annoncee le premier, et qui consiste a solidifier les coquilles de !a galvanoplastie, par I'addition d'un melange fusi- sible a une hciute temperature, a suscite des reclamations vives ; il n'en pouvait pas etre autrement, car il s'agit d'une affaire cnorme. La lettre suivante, ecrite a la Societe d'encouragement , par les in • venteurs, fera suffisamment connaitre la nature et la valeur do ces reclamations : " M. Wizet appuie sa reclamation d'un certificat donne par M. Froment-Meurice, lequeltrouve extraordinaire qu'on ait eu I'idee de breveter un precede employ^ depuis nombre d'annees dans ses ateliers, pour remplir de cuivre et d'argent des coquilles en or estam- pees ou obtcnues par la galvanoplastie. C'est un fait que nous ne con- testons nullement. Nous croyons sans peine que M. Froment-Meu- rice, pour reproduire les objets d'art qu'il execute si bien, a pu em- ployer accidentellement ce procede, a la demande de ses clients, pour des objets d'or et d'argent ; nous savons aussi cjue depuis long- temps des fraudeurs ont recours au meme procede pour alterer les litres des matieres d'or et d'argent, mais ce n'est pas la une indus- trie. Nous ne contestons pas non plus qu'on ait pu remplir de sou- dure de cuivre des coquilles estampees , ce que nous faisons depuis longtemps; mais il y a loin de la encore ii la pensee bien simple, il est vrai , de faire I'application de cette idee a la galvanoplastie , et de I'appliquer de maniere a produire des resultats qui, suivant nous, doivent amener une revolution dans plusieurs branches d'industrie, revolution qui consiste a livrer aux industries qui sont susceptibles d'en faire I'emploi , telles que I'orfevrerie, la fabrique de bronzes, 572 COSMOS. de mcubles, de sellerie , de garnitures Je porcelaines, de cris- taux, etc., etc. ; a raison de50 a60 francs le kilogramme, et meme a un prix inferieur, des objets dont I'execution, comma modelure et ciselure , couterait des soinmes folles , et ne pourrait jamais en- trerdans la consommation generale. " Quant a nous , cntre les mains desquels arrivent journelle- nient , pour etre argentcs , tant d'olijets en galvanoplastie , nous n'avoiis pas encore vu consolider les coquilles galvanoplastiques, si ce n'est avec des ractaux tres-fusiblcs, lels que I'etain, le plomb et leurs aliiages. " Nous esperons avec I'aide des artistes dont nous nous entou- rons, et dont nous n'avoiis pas I'intention de confisquer le merite a notre profit, relever et generaliser en France le dcsir de posseder des objets de goiit et d'art. « Voila le but que nous avons envisage, c'est a la Societe d'en- couragement de juger si nous Tavons atteint, ou si d'autres I'avaient atteint avant nous, en examinant les nouveaux produits que nous avons I'honneur de lui adresser, en meme temps que ceux faits an- terieurement a notre brevet par les reclamants. » Que M, Froment-Meurice nous permetle de dire que , si un homme de sa rare intelligence n'a pas, depuis des annees qu'il pre- tend employer ce procede chez lui, entrevu I'avenir qui lui elait re- serve , nous avons quelque merite, nous, d'y avoir songe et de I'avoir applique. .. Nous adressons copie de cette lettre a M. Wizet, qui devra vous I'aire parvenir ce qu'il affirme avoir fait avant la prise du bre- vet de M. Hem-y Bouillet, mars 1853. » Nous suivrons avec interet la nouvelle fabrication de MM. Chris- tofle et Bouillet; parmi les objets prt5sentds dans la seance dont nous rendons compte, nous avons remarque une anse dite de Dieterle et aane tete delion, dont I'administration de la Manufacture de Sevres avait demaude la solidification. ASSOCIATION BRITANNIQUE POUR l'avancement des sciences. Section A. — Sciences physiques el mathemaiiques. (Suile.) SUR LA PERTH DU TAYLEUR ET LES CHANGEMENTS DANS LES INDICATIONS DES BOUSSOLES SUR LES NAVIRES EN PER. PAR LE REV. D"" SCORESBT. L'action pertiirbatrice que les coques des navires en fer et les masses de fer des machines peuvent exercer sur I'aiguille des bous- soles ou compas a ete serieusement discutee a Liverpool, et comme cette question est par elle-meme exlremement importante, au temps actuel, nous resumerons la discussion avec le plus grand soin. Le debat a ete souleve par M.Scoresby; autrefois navigateur celebre, correspondant de I'lnstitut de France dans la section de navigation, aujourd'hui docteur en theologie et ininistre de I'Eglise anglicane. L'emploi du fer comme materiel de construction des navires a fait en Angieterre des progres si rapides que, dans certains chan- tiers, on compte deja neuf navires en fer pour un navire en bois. Le fer est eminemment apte a devenir magnetique; il le deviant sans aimantation dans une foule de cas ; de plus on voit souvent survenir daiis son etat magneiique des variations imprevues et mys- terieuses ; il est done tout naturel que les coques en fer des navires et le fer des machines influent et troublent la marche des aiguilles aimantees des compas. Le jeudi 19 Janvier dernier, le navire en fer le Tayleur, reuf et a destination de I'Australie , sortait du port de Livi-rpoo! ; il me- surait 1 979 tonneaux et portait 458 passagers, 70 hommes d'^- quipage, en tout 528 personnes. Le pilote quitta le navire a sept heures et dentiie du soir, entre Lynas et les Skerries. Le lende- main vendredi, il fut assailli par un tres-gros temps, et vers huit heures, le samedi, on s'aper9ut pour la premiere fois d'une diffe- rence assez considerable entre les indications de deux des boussoles du bord. L'une etait placee pres du timonier , qui gouvernait par elle ; I'autre etait pres du mat de misaine. Les deux boussoles avaient ^te reglees et compensees suivant la methode de M. Airy par I'ad- jonction d'un aimant permanent ; et si ce mode de compensation est aussi efficace que le veut la th^orie, elles n'auraient du eprouver aucune variation ; leurs indications auraient dii s'accorder encore. Le capitaine, se confiant a la boussole du timonier, etait intimement 57Z, COSMOS. convaiiicu qu'il naviguait dans ties conditions excellentes pour sor- tir des mers d'lrlande ; il se croyait a peu pros au milieu du canal ; les deux autres aiguilles cependant indiquaieiit une diieclion diffo- rente de deux points ou aires de vent. Quelques heures apres, vers onze heures et demie du matin, le vent avait redouble de force , la mer ctait violemment agitee, et le navire marchait a grande vitesse, lorsque tout a coup la terre apparut sous le vent et dans une si grande proximite, qu'il devenait comme impossible de I'eviter. On essayaen vain de faire tourner le cap au large ; on jeta les ancres a la mer, raais les chaincs se briserent ; et le navire, abandonne a lui- meme, alia se Jeter sur les cotes de Lambay-Island. Deux cent qua- tre-vingt-dix persoiines perirent ; de plus de cent femmes , trois seulement furent sauvees. Le capitaine Walker, de la marine royale et le bureau de marine de Liverpool furent chargvs separement de rechercher les causes de ce terrible accident. Le capitaine Walker, dans son rapport, attribua la perte du navire a la nialheureuse con- fiance qu avait le capitaine dans I'exactitude de la boussole du tuno- nier. Le bureau de marine, par I'organe de M. Towson, apres avou' constate que le capitaine du Tayleur, M. Noble, avait verifid Texac- titude de ses trois boussoles avec la plus grande attention, et I'avait mise a I'epreuve dans diverses positions du navire, se crut force de conclure que les aiguilles des boussoles avaient ete d(5viees dans le canal, mais par une cause inconnue : on pourrait citer, ajoute-t-il. un orand nombre d'exe'mples de boussoles donnant des indications erronecs a bord de navires en bois ou en fer naviguant dans le ca- nal d'lrlande, sans que ces deviations anormales aient pu etre en- core cxpliquecs par aucune theorie. Reprenant la these qu'il avait deja soutenue a Oxford en 1849, JVI. Scoresby s'engage a prouver par des experiences concluantes que le mode de compensation de faction magnetique des navires par I'adjonction d'un aimant permanent et fixe n'est pas seulement vain et illusoire , mais qu'il semble calcule de maniere a devenir lui- meme I'occasion d'un danger plus mi'vitable. Suivant lui, si les boussoles du Tayleur n'avaient pas ete conigees ou reglees par des aimants permanents, le capitaine, en voyant les desaccords de mar- che, aurait etc raieux sur ses gardes et aurait pris de plus grandes precautions pour la suretede son navire. 11 regrette qu'on ne se soit pasassez souvenu des experiences par lesquelles, en 1820, il avait demontre que sous I'influence inductive de la terre le fer devenait magnetique ; que le magnetisme induit etait essentiellement va- riable, qu'onpouvait I'augmenter, le diminuer, le detruire, le ren- COSMOS. 575 verser par de simples actions mecaniques ; quelques-unes de ces ex- p^rienceSj tres-siinples et aujourd'hui tres-coimues, ont ete repetees devant la section. Une barre de fer doux , maintenue horizontale- ment, ne manifeste aucune action magnctique, mais si on la tient verticalemcnt ou a peu pres, elle agit comma un veritable aimant , elle a deux poles de noms opposes. Ce magnctisme induit est in- stable ou passager, et si Ton retourne la barre, il est renverse ; le pole, d'abord boreal, devient un pole austral, et reciproquement. Mais si pendant que la barre de fer doux est maintenue verticale- ment, on la frappe a coups de marteau, ou qu'on exerce sur elle une autre action mecanique, son niagnetisme induit ne deviendra pas seulement 'plus intense , il aura acquis ime certaine stabilite ; on aura beau retourner la barre, sa poku'ite ne sera plus changee. Par- tant de ces experiences; etles appliquantauxnavires en fer, M. Sco resby conclut que, par suite des percussions incessantes qu'elles su- bissent dans I'acte de la construction, ces masses de fer deviennent aussi magnetiques que le fer doux peut le devenir, mais que le ma- gndtisme n'est pas absolument fixe ou permanent ; que sous cer- taines conditions, accompagnees surtout d'un changement dans la position relative des axes magnetiques de la terre et du navire, etc. , il peut etre altdr6 et renverse. En effet, si apres qu'un barreau de fer tenu verticalement a etc aimante par le martellement , on le renverse et qu'on le frappe de nouveau a coups de marteau, on le verra s'aimanter en sens contraire d'une maniere stable. Faites I'ex- perience autrement : quand le barreau vertical a ete aimante a coups de marteau, retournez-le doucement, I'extremite inferieure consti- tuee a I'etat de pole nord est maintenant verticale; et si vous I'ap- prochez d'une aiguille tres-mobile , elle la deviera a peine, parce que son action est opposee a celle de la tesre qui la neutralise; mais si vous la frappez de nouveaux coups de marteau , I'aiguille s'en- fuira, et quand elle reviendra a sa nouvelle position d'equilibre, vous constaterez une deviation considerable, six ou sept fois plus grande que la deviation primitive. Prenez deux bandes ou plaques minces et allongees de fer doux, inettez-les a plat I'une sur I'autre horizon- talement, en dirigeant leur longueur de Test a I'ouest, approchez des extremitds une boussole sensible , I'aiguille ne sera nullement device; les plaques n'exercent aucune action; mais placez-les ver- ticalement, ployez-les meme tres-legerement, ou fiappez-les avec la main, ou agitez-les d'un mouvement vibratoire, et approchez ih nouveau I'aiguille ; vous verrez que I'ensemble des barres est devem, fortement magn^tique; I'extremite inferieure repousse le pole nori S(7,6 COSMOS. de I'aio-uille, rextremite superieure I'attirera ; rcnversez maintenant lesdeux bandeseii leslaissant toujoursverticales, et faitcs-les vibrer de nouveau, les poles seront renverses, I'extremite infdrieure atti- rera maintenant le pole nord ; ranienez enfin les bandes a la posi- tion horizontale, et exercez les nnemes actions mecaniques, flexion, percussions, vibrations, le magnetisms n'apparaitra plus , Taiguille ne sera [)lus influencec. Des plaques de fer laniinees, semblables a celles dont sont formees les coques des navires, une bande enfin taillee sur un navire qui venait d'etre construit, se sont comportees abso- lument de la meme maniere ; on a toujours vu apparaitre ce meme magnetisme stable lorsqu'on I'abandonne a lui-meme, mais variable et renversable par I'intervention d'une action mccaniquequelconque. Ce magnetisme se distingue par consequent soit du magnetisme in- duit dans le fer doux par I'influence de la terre, essentiellement fugace ; soit du magnetisme independanl con)munique a I'acier, ab- solument permanent; M. Scoresb}- propose de le designer d'un nom nouveau, magnetisme retentif. Pour mettre cette distinction mieux en evidence I'auteur a experi- mente sur trois bandes ou lames : 1° L'une en fer doux, sans polarite aucune, qui devient magne- tique, mais en sens contraire, quand on la renverse sens dessus des- ■sous; c'est le magnetisme induit. 2° Une plaque semblable, mais devenue magnetique ou douee de polarity, apres avoir ete ployee ou frappee; retourn^e sans etre frappee de nouveau, elle conserve le meme magnetisme, la meme polarite; frappee, elle prend une polarite contraire : c'est le magne- tisme retentif. 3° Enfin une plaque en acier trempe et aimantee; retournee, pliee, frappee, mise en vibration, elle conserve toujours sa polarite primitive : c'est le magnetisme permanent et independant. II y a, on le voit, une diflerence essentielle, trop meconnue jiisqu'ici, entre le magnetisme permanent et le magnetisme retentif. Or le magne- tisme retentif est celui que Ton doit attribucr aux coques des na- %'ires, qui cause les deviations de I'aiguille, qu'il faut compenser ou neutraliser; et il est tres-naturel, des lors, qu'il puisse etre conside- rablement modifie ou meme interverti par les vibrations que font naitre les pulsations des pistons, et plus encore paries chocs des va- gues dans les grosses mers; surtout lorsque, dans la traversee, la direction suivant laquelle s'exerce I'influence inductive de la terre cesse d'etre ce quelle etait pendant la construction du navire. En apprenant la perte du Tayleur, M. Scoresby annon9a a plusieurs de COSMOS. 57r ses amis de Torquay que, dans sa conviction, le navire, sur le chaii- tier, devait avoir sa proue tournee vers le nord, et que 1' influence- perturbatrice qui avait change la marche des boussoles s'etait fait senlir au moment ou le navire, navigant avec sa proue tournee vers le sud, son magnetisme retentif avait ete interverti. Or le resultat d'une enquete provoquee par lui a demontre que la proue du navire en construction regardait en effet le nord-est. Si le capitaine avait pu prevoir les changements qui pouvaient et devaient survenir , lorsque la quille de son vaisseau suivrait une di- rection differente de celle qu'elle avait sur le chantier; s'il avait su que les aiguilles de ses boussoles, dont les deviations au depart et avantqu'ellesfussentrectifieespar I'aimant permanent, atteignaient, sous I'influence du magnetisme retentif de la coque , un angle feorme de 60 degres , pourraient , lorsque ce magnetisme viendrait a changer , causer des erreurs de deux , trois, ou meme quatre rumbs de vent, il se serait garde de se confier a leurs indications. De ce que les boussoles dans certaines circonstances peuvent changer et errer , faut-il en conclure qu'elles ne peuvent pas fairs un bon service? M. Scoresby repousse ces conclusions exagerees. les boussoles sont dans tous les cas d'une grande utilite. Mais ce qu'il veut imprimer fortement dans les esprits , c'est qu'en essayant de compenser un magnetisme essentiellement variable par un ai- mant permanent, on s'expose a rendre beaucoup plu« graves les consequences des erreurs. 11 veut qu'on instruise avec soin les capi- taines des circonstances dans lesquelles un changement dans le ma- gnetisme du vaisseau peut intervenir ; qu'on leur apprenne a se dd- fier de pretendues corrections faites une fois pour toutes ; qu'on lesexhorte a determiner le plus souvent possible la veritable direc- tion magnetique, independamment de leurs boussoles, par 1' observa- tion du soleil et des astres ; qu'en menageant a une certaine hauteur une place oil Ton puisse installer une boussole etalon a peu pres hors de la sphere d'action du magnetisme retentif de la coque du navire, on leur donne le moyen de decouvrir, dans des circonstances rares de doute ou de danger, la direction magnetique suivant laquelle on doit gouverner. 11 est persuade qu'en prenant ces precautions et s'ai- dant de ces nroyens , on arrivera a surmonter les difficultes, a con- jurer les perils attaches jusqu'ici a la navigation des navires en fer. Nous n'avonspas besoin d'ajouter que cem^moire, accompagne d' experiences et plein de details pratiques relatifs aux conditions actuelles des boussoles des navires, a ete ecoutc avec le plus vifin- teret et grandement applaudi. 578 COSMOS. — M. Towson , secrt'-taire du bureau de marine de Liverpool , succede a M. Scoresby et lit une note : Sur l' inefficacile dcs moyens fournis par la science actuelle relativement au bon etabhssement rles boussoles des nai'ires en fer. Au nom des ncgociants et arma- teurs du grand port de Liverpool , il conjure les savants membres de la section de prendre ce sujet en grande consideration, de I'etu- dier avec le plus grand soin pendant I'annee qui va s'ecouler, et d'ap- porter a la prochaine reunion de I'Association de grands remedes a un grand mal, qui a deja cause des pertes enonnes de vies hu- maines et d'argent. Apres avoir cordialement felicite et remerci^ le docteur Scoresby, il demande qu'on lui perinette de signaler une nouvelle source d'erreursdans la marche des boussoles. II veut parler des variations qu'eprouve le magnetisme induitdes navires lorsqu'un vaisseau a sa quille en I'air ou que sa proue Cot considerablement relevde. En 1848, M. Walker, inaitre du port de Plymouth, ob- tint de rAmirautdTautorisation d'examiner les boussoles du vaisseau le Rccult, pendant qu'il serait a la bande , et il vii, que I'erreur ob- servee dans cette position etait plus grande, d'une quantite egale a la moitie de I'erreur maximum observee dans la position horizontale de la quille. Toutes les fois que M. Towson a pu se procurer des renseignements relatifs aux deviations des aiguilles des navires en fer mis a la bande, il a constate des erreurs considerables ; la marche irreguliere des boussoles duTayleur peut etre attribuee a ia grande inclinaisonde la quille du navire soulevde a I'avant ou a I'ar- riere par de grandes vagues. Dans toutes les deviations observees, I'aiguille a etc entrainee du cote vers lequel penchait le navire. En outre des moyens indirects employes a la correction des bous- soles, on suit deux mdthodes g^nerales tres-difFerentes. La premiere est celle du capitaine Johnson qui consiste a observer les variations dans les diverses positions qu'on donne au navire en le faisant mou- voir ou tourner , et a reduire les observations en tables de correc- tions a faire dans les dilferents cas ; cette methode est exclusive- ment employee dans la marine royale. La seconde , celle de I'astro- nome royal, M. Airy, consiste a compenser les compas par le moyen d'aimants permanents; elle a presque entierement prevalu dans le port de Liverpool. La grande objection faite a la mclhode de M. Johnson est qu'il est tres-facile d 'employer en sens contraire les corrections a faire, d'ajouter ce qu'on devrait retrancher , parce qu'on apprecie mal le deplacement relatif. M. Towson s'est, en effet, assure par les examens qu'il a fait subir a plus de 2 000 capi- taines de navire que cette objection n'etait que trop fondde ; la ten- COSMOS. ^ 579 dance g^nerale est d'appliquer les corrections en sens oppose. On a objecte a M. Airy que le magnetisme de I'aiinant coinpensateur pou- vait changer avec le temps; cela est possible, theoriquement, mais aucun fait, venu a la connaissancc de M. Towson , ne prouve que cela soit en eifet arrive. Le magnelisme retentif de M. Scoresby et ['influence de la position de la quille sonl les grandes causes d'erreur, et ni I'une ni I'autre nuHhode ne doniient les moyens de s'en garan- tir. C'estune grande faute aussi que de ne pas faire assez d'atten- tion ajla quantite dont I'aiguille, avant toute compensation, fdevie de la position normale. Les deviations initiales des aiguilles du Tayleur ^talent enormes : de 60 degres pour la boussole avec laquelle le ti- monier gouvernait , de 40 degres pour la boussole placee devant le mat de raisaine. De semblables conditions sont mauvaises et inac- ceptables; il f'aut alors necessaireinent changer !a boussole de place, jusqu'ii ce que la deviation n'excede pas 15 ou 18 degres. Pas un seul des capitaines interroges par M. Towson n'a pu lui dire quelle etait la deviation primitive de ses aiguilles. En resume, on ne sau- rait (rop conseiller une vigilance de tous les instants; trop insister sur les dangers d'une confiance aveugle dans les m^thodes de cor- rection ; trop faire appel a la science et implorer son secours. — M. le colonel Sabine dit qu'il adhere pleinement aux observa- tions soumises a la section par MM. Scoresby et Towson, d'autant plusqu'elles sont en parfait accord avec les instructions del' Amiraute, qui recommandent de prendre toutes les precautions iraaginables pour se meltre a I'abri des erreurs qui peuvent resulter du change- ment de position ou de direction, comme aussi de diverses circons- tances anormales; de s'assurer souvent de la parfaite concordance des indications des boussoles; de profiter de toutes les occasions fa- vorables pour verifier leur exactitude, etc. L'illustre secretaire-ge- neral de I'Association britannique prend en outre , au nom de ses savants coUegues , Tengagemenl de repondre par des etudes cons- ciencieuses et promptes a I'appel qui leur est fail au nom de I'hu- inanite, Voici que dejii I'astronome royal, M. Airy, mis en cause et en demeure par MM. Scoresby et Towson , releve noblement le gant qu'on lui avait jete. ■« Je regrette vivement, dit-il, de m'etre trouve dans I'impossibilite d'as^ister aux reunions de Liverpool et de pren- dre part a la discussion ; et je vais essayer de reparer le mal cause par mon absence, en inserant dans \ Atlienanun quelques remarques importantes sur cesujet s^i important. - La note de M. Airy a pour titre : Correction des boussoles sur les navires cnfer [Athenceum 580 COS.^IOS. anglais du 2S octobre dernier). II commence par se rt^jouir de ce que les experiences du reverend docteur Scoresby aient confirme au fond les grands principes sur lesquels il avail fondo sa niethode de correction ; nous ne diffdrons, dit-il, d'opinion que quant a I'lnten- site et a la rapidite des changements qui surviennent dans le ma- gnetisme dunavire. Get accord est-il aussi reel que le pen.-e M. Airy? II nous avait semble que non, et que M. Scoresby rejetait absolu- mentla methode de correction paries aimants permancnts. M. Airy croit devoir refaire en quelques ligncs I'histoire de cette importante question, des recherches et des propositions faites par lui dans le but de hater sa solution. II pense que le nom de magnetisme re- tentif n'est pas tres-bien choisi, etqu'on luisubstituerait avec avan- tage le nom de magnetisme sons-permanent, etc. II entre ensuite dans le fond du debat, et nous le laisserons parler lui-meme: " M. le docteur Scoresby a peut-etre exagere I'applicabilite aux navires en fer des experiences faites par lui sur des masses de fer malleables. On pent bien parler poetiquement des chocs que le na- vire re9oit des vagues , mais en realite les plaques de fer dont ce na- vire est forme ne re9oivent pas de semblables chocs. L'effet direct produit par les mers violentes sur les navires consiste en ce que pendant 2 ou 3 secondes, ils sont plonges dans I'eau a une profon- deur plus grande de 5 ou 6 pieds et qu'ils supportent ainsi un exces de pression. Cette action est en realile tres-differente des battements et des coups frappds par le docteur Scoresby dans ses experiences... « Les vibrations produites par la machine a vapeur sont de na- ture a. affecter plus efficacement les dilferentes parties du navire en produisant des efFets analogues a ceux des experiences de M. Sco- resbj- ; mais leur action doit etre extremement lente " Je pense que le choix de la perte du Tnjieiir, comme texte de la principale discussion sur les navires en fer, avec toutes les hor- reurs qui I'accompagncirent, est un choix malheureux. Lorsi]ue le sentiment est trop excite, le jugement de I'orateur, comme aussi celui de I'auditeur peuvent etre facilement fausses. La question d'ail- leurs est une question tout a fait abstraite. Est-il possible qu'en deux jours le magnetisme d'un navire puisse eprouver de tels chan- gements que I'aiguille de la boussole manifesto une perturbation ou une deviation de deux points ou de deux rumbs de venti Je r^- ponds sans hesiter que cela n'est pas probable, j'ajoute meme qu'il n'est pas possible d'admettre une telle deviation, dansl'dtat actuel de nos connaissances; que les causes mises en avant par le D' Sco- resby sont tout a fait impuissantes a produire un changement aussi COSMOS. 581 subit ; qu'il serait impossible d'en citer un exemple ; qu'une deviation egale seulement au quart ou au dixieme de celle-la, dans un temps aussi court, ne s'est jamais rencontree, Les renseignements a cet t^gard ne peuventpasmanquer; un seul etablissement de Liverpool a cor- rige les compas et les boussoles de plusieurs centainos de navires en fer, et si de semblables variations s'etaientproduites, il en aurait ete certainement informe. " Avant de quitter ce sujet, j'appellerai I'attention sur deux sources d'erreurs non essentielles a ma methode de corriger les boussoles, mais qui peuvent intervenir si on ne I'applique pas avec assez de soin ; la premiere est que les capitaines ne saveiit point assez qu'un tres-petit deplacenient de la boussole, par exemple un changement d'un pnuce dans la hauteur, peut modifier considerable- ment I'influence neutralisante des aimants. La seconde consiste en ce que les ingenieurs sont trop enclins a placer les aimants correc- teurs dans la position connu sous le nom de end-on. " Dans cette position, I'aimant exerce en effet un pouvoir dcflec- teur bcaucoup plus grand, mais il f^ii resulte une force perpendicu- laire au pout du n;ivire, et si alors le vaisseau donne de labande, il en resultera une deviation horizontal qui ne sera point corrig^e. Lorsqu'on n'employait le fer que dans les navires a vapeur aroues, les inconvenients n'etaient pas graves ; mais maintenant que tant de navii es a vapeur avec helices et de navires a voiles sont con- struits en fer, il faut absolument renoncer a cette disposition. Je ne sais si les bous-oles du Taj lent- oni ete affectees des erreurs que je viens d'enumerer; cela n' est pas imposb-ible. " Mais la question qu'il importe le plus de discuter maintenant est celle-ci : Qu'y a-t-il de rnieux a fairs dans toutes les circons- tances donnses? J'affirme en premier lieu, et ici les experiences du D'' Scoresby me viennent en aide, que la source des perturba- tions locales et leurs lois sont parfaitement connues, que les pertur- bations peuvent etre neutralisees avec la plus grande exactitude par des moyens bien connus ; que la neutralisation reste parfaite malgre les changements de temps et de place, a moins que le navire ne subisse lui-meme un changement orgiinique. En second lieu, je protcste avec force contre le systeme actuellement en usage, dans la marine royale, qui consiste a se sei'vir de tables d'erreurs et de faire ainsi constamment des corrections numeriques, au lieu de faire une fois pour toutes une correction mecanique. Ce systeme 1° trompe les marins qui Tappliquent toujours mal; 2" dans le cas de changement survcnu dans le magnetisme sous-permanent du 582 COSMOS. navire, il est siijet exactement aux meines erreurs que le systeme des corrections mecaiuques; 3" il est sujet ii des erreurs qui lui sent propres et qu'on eviterait entiereinent en einployant les corrections inecaniques. Pour justifier cette dcrniore assertion, je ferai appel a la table p. 204 du livre de feu le capitaine Johnson : Stir la devia- tion des cofiipas, deuxieme edition, ouvragc de grande valeur a plu- sieursegards. Le capitaine Johnson donne les tleviations observees dans les bous^oles placees a bord de trois navires en fer sur diffe- rents points du globe. Je choisis le dernier de ces navires, le Tri- dent, parce que ses deviations etaient plus considerables. Ces devia- tions sur la Tami^e etaient de 22°, 15' est, a 22012' ouest ; les de- viations de cette ineme boussole a Malte s'etendaient de 15'Y23' est, a 14°, 21' ouest. Celaposc, coninie les intcnsites relatives de la coin- posante horizontale du magnetisme terrestre dans la Tamise et a Malte, sont entre elles a tres-peu prfes comme 52 est a 75 ; si le magnetisme sous-permanent du navire est reste le meme, les tan- gentes des angles de deviation dans la Tamise eta Malte doivent etre entre elles dans la proportion de 75 a 52, et les deviations de Malte deduites de celles de la Tamise, en partant de cette propor- tion, devront etre 15°, 50' et 15",03' ; or, ces nombres s'accordent avec les nombres observes plus que des observations faites avec des compas de navires ne s'accordent entre elles ; le magnetisme sous- permanent n'avait done pas r(5ellement varie. L'ensemble entier des deviations enregistrees par le capitaine Johnson, pour le Dlood- hund, le Jackal et le Trident, a Lisbonne, a Constantinople , dans lePiree et a Malte, pourraient etre deduites de la meme raaniere de celles de I'Angleterre, en partant de ce fait, que les intensites de la composante horizontale sont representees par les nombres sui- vantes : Li^!lonne 60, Constantinople 77, le Piree 76 ; et Ton ver- rait que les nombres calcules sont parfaitement d'accord avec les nombres observes. II resulte de cette discussion que le magnetisms sous-permanent des navires est reste dans tous les cas inaltere, et que par consequent son effet aurait pu etre parfaitement compense dans toutes les localites par un meme aimant permanent. II en rd- sulte que le capitaine du Trident, en faisant usage de la table de M. Johnson , aurait commis une erreur montant a plus de 7 de- gres ; tandis que s'il avait fait usage de mon aimant correcteur, il n'aurait commis aucune erreur sensible dans toute I'etendue de son voyage. J'avais signale ce resultat au capitaine Johnson ; je ne sais pas quel parti il en a tire. 4" Le systeme de correction tabulaire ne peutnullement etie emploj'e dans les cas extremes; ainsi, dans les COSMOS. 583 mers du Groenland, I'aiguille des boussoles lournc ou change sans cesse de direction avec le navire, lorsqa'elle est abandonnee a elle- meme, tandis que sous I'influcnce d'un aiinant correcteur elle con- serve sa direction normale et perinet de gouverner avec certitude ; 5" dans des cas qui ne sont pas aussi extremes, on n'en rencontre pas moins des anomalies tres-graves ; ainsi, dans une circonstance dont ]es details sont actueiiement sous mes yeux, la direction de I'ai- guille changea tout a coup de 100 degres, pour un petit changement dans la position du navire ; et I'intensite directive dans cette position n'etait plus que le dixieme de ce qu'elle etait dans I'autre. Tous ces inconvenients sont ecartes quand on fait usage de mon aimant cor- recteur. •' En resume, Tensenible de mes etudes sur cette delicate ques- tion me conduit a einettre I'opinion suivante : " Pour des voyages dune longueur moderee, lorsque, par exemple, on ne depasse pas la Mediterranee ou les portions nord de I'Ameri- que, je ne pense pr.s qu'il y ait aucun perfectionnement a faire au systeme existant , excepte dans les details auxquels j'ai deja fait allu.-ion : la position end-on des aimants doit etre prohibee , et il faut apporter quelque attention au developpement du magnetisme sons-permanent, dans la direction perpendiculaire au tillac. Pour des voyages de plus longue duree, comme ceux de la Plata, du cap de Bonne-Esperance, je pense qu'il est desirable qu'on prenne les mesures necessaires pour mettre les capitaines a meme d'apporter a la position de I'aimant correcteur les petits changements qui pa- raissent necessaires. J'ai la coniiance de pouvoir faire bientot une excursion pratique dans laquelle je recueillerai les matdriaux indis- pensables a la redaction d'instructions suffisantes pour atteindre ce but, et je me rcjouis de ce qu'il me sera donne, sous le patronage d'un armateur gcnereux et I'aide d'un capitaine intelligent, de faire sur un navire un voyage de quelques semaines, qui me permettra de resoudre toutes les difficultes avec un plein succes. " II y aurait de grands avantages a ce que le bureau du commerce exer9at une surintendance gencrale sur la correction des boussoles des navires en fer; jamais a aucune autre epoque on ne put avoir plus deconfiance dans les intentions bienveillantes et I'aide judicieux de ce bureau actueiiement si bien compose. Le bureau de marine de Liverpool devrait aussi prendre en corps un interet tout particulier a ce controle si important ; dequelque cote que Ton reclame mon as- sistance, je serai heureux de I'accorder. » ACADEMIE DES SCIENCES. SLANCL: DU 20 NDVKMiiUE. M. Dureaii de la Malle, de TAcadeinie des inscriptions et belles lettres, appelle I'attention sur un manuscrit prccieux, orn4 de mi- niatures excellentes , representant toutes les arincs de guerre en usage vers le xv* siecle. C'est une traduction rran9nise du c^- lebre ouvrage de Rcgiminc. principis, compose en 1473, par le R. P. Gellcs Colonne ou Gilles de Roma, jEgidiiis Romce, le doc- teur tres-fonde, fundatissiinus doctor^ auquei Philippe le Hardi avait confie I'education de son fils, Philippe le Bel. Propriete autre- fois de grands I'.ersonnages, ce livre tomba, en 1793, entre les mains d'un conventionnel breton, et il fut retrouve par M. de la Malle, en 18-29. II renferniait primilivement dix dessins, dus peut- etre au pinceau de Jean de Bruges; ces dessins aujourd'hui sont rd- duits au iiombre de sept, mais ils suffisent a prouver que le canon, I'obusier, les projectiles creux, les bombes, ne sont pas d'invention flamande.qu'ilsn'avaient pas fait leur premiere apparition a labataille de Crecy ; qu'ils etaient parfaitement connus et employes a la fin du xiv'^ et au commencement du xv" siecle. II n'y a pas jusqu'au canon Paixhans (]ui ne soit aussi renouvele du moyen age. Le savant ge- neral des P. Augustins apprenait a son jeune eleve a faire breche dans les reinparts les plus formidables en 14 ou 20 jours. — M. Laugier, professeur a I'Ecole de medecine, lit un second Memoire sur les membranes des bourgeons charnus et I'anatomie pathologi()ue des plaies. Tout serait a refaire, suivant M. Laugier , dans cette matieresi importante et si delicate; les accidents surtout des plaies ont ete a peine indiques, on n'a fait de I'inflammation si grave cependant, de la secretion du pus, de I'absorptlon purulente, etc., qu'une etude tout a fait incomplete. M. Laugier croit etre alle beau- coup plus loin que ses devanciers, m.ais il nous serait impossible d'analysei- aujourd'hui ses recherches, qu'il n'a pas resumees lui- meme avec assez de precision. — M. Velpeau demande qu'un chimiste soit adjoint a la commis- sion des prix Monthyon de medecine et de chirurgie. L'Academie charge M. Chevreul de s'adjoindre a M. Velpeau et ses collegues. — M. Duchartre, candidat a la place vacante dans la section de botanique, lit une note interessante sur les phanerogaines marms. Le premier Memoire du savant botaniste a pour objet les zost^ra- cees et specialement le genre zns/era, il est accompagne de 9 plan- ches. Quoique pourvues de fleurs et de fruits, les zosteracees vivent COSMOS. 585 au fond des mers, et il est difficile de comprendre comment leur fecondation peut s'operer, surtout chez les espfeces dioiques ; elles tiont trt\-;-;)eu coniiues, et iie sont representees dans les herbiers que par des fiagineiits ; leur etude est d'autant plus nece:^saire que I'on trouve parmi les [ilantes fossiles des individus qui ressemblent beaucoop aux zosteracees vivantes. M. Duchartre a examine 4 genres et 10 ou 11 especes de zosteracees, a peu pres tout ce qu'on conTiait de ce petit groupe naturel. 11 a pu se procurer vivants les zostera uiarina et nana, ainsi qu'une autre variete, ou mieux es- pece, la nodosa, recemment decouverte par M. Durieu de Mai- sonneuve, dans le bassin d'Arcachon. Les zosteracees ont une tige horizontale ou rhizome qui rampe sur le sol du fond des mers, en s'y fixant par de nombreuses racines ; la tige s'allonge par le developpement du bourgeon terminal , tandis qu'elle se detruit en arriere, apres un lemj)s variable suivant les especes, mais toujours pen considerable. Le rhizome a des entre- noeuds; chaque nccud porte une feuille attachee sur toute sa periphe- rie, et pourvue d'une gaine d'abordfermee, puis fendue ; les feuilles sont alternes-distiques , elles ont des nervures longitudinales en nombre variable d'une espece a I'autre; la nervure mediane, et c'est un caractere distinctif de la famille, se prolonge a son extrd- mite au dela de I'anastomose des autres. La structure de la tige est apparue a M. Duchartre completenient diffei'ente de celle decrite et figuree par M. Utiger. Elle se compose d'un gros corps ou faisceau central ; d'une zone epaisse de parenehyme, toute sillonnde de la- cunes; de deux faisceaux excentriques places aux extremites d'un ineme diametre, de meme nature que le corps central ; enfin d'une zone externe ou corticale , entremelee de faisceaux irreguliers de liber. Les racines ont le meme corps central, mais la region moyenne est sans lacunes, sans faisceaux excentriques, et leur zone externe est peu developpee. Les feuilles ont un epiderme sans stomates, a petites cellules remplies de chlorophylle; leur interieur est compost en majeure partie de parenehyme creuse de nombreuses lacunes; sur les deux epidermes on voit des faisceaux de liber. — M.lemarechalVaillant lit unRapportsurun travail deM.Boue, celebre geologue, et M. Viquenet, geographe, relatif aux cheminsde fer de la Turquie d'Europe. M. Boue et son commeiitateur donnent des etudes ebauchees de quatre voies ferrees de Constantinople a Belgrade, de Belgrade et de Constantinople a la mer Adriatique , de Belgrade a la mer Egee; avec les pentes, les developpements horizontaux, les localites atteintes, etc., etc. Ces recherches pre- 586 COSMOS. sentent uii veritable interet au point de vue de la poographio et de la geologie, inais ies doiinees numciiiiucs qa'ils renfenrieiit soiit in- suflBsantes pour la pratique, et de iiouvelled etudes seraienL comple- tement necessaires, s'il s'agissait de construire reelleinent ces che- mins de fer, qui seraient sans contredit un grand bienfait pour la civilisation et le commerce. Uiie conipagnie anglaise a fait, a cat cgard, des recherches plus recentes et plus completes; I'Academie, en attendant racconiplissoment de ces projets, ne peut que remer- cier les auteurs de leur communication. — M. Gerdy lit un ]M(^moire sur la cure radicale des hernies, grand probleme a I'ordre du jour, et que deux des candidats a la place vacante au sein de I'Academie, M."VI. Jobert de Lamballe et Maisonneuve.ontdejadiscute.LalecturedeM. Gerdy n'estqu'unlong preanibule, un aper^u hibtorique des moyens de guerison employes avantlui, cauterisation, ligature, tutuie, formations de membranes d'adherence par inllammatiun artificielle, etc., etc. II s-arrele quel- ques instants cependant, en promettant d'y revenir, sur I'invagina- tion, operation qu'il a pratiquee le premier, au moins dans la iorrae qu'il lui a donnee, et qui a etesuivie de quelques guerisons radicales, tres-rares cependant. M. Gerdy n'a rien dit, ai; moins a notre connaissance, des precedes soumis par ses rivaux a Texameii de I'lllustre corps. Son travail rajeuni n'a pas paru accueilli avec une tres-grande faveur; il en sera peut-etre autrement de sa conti- nuation. — M. !e lieutenant Maury, directeur de I'Observatoire national des Etats-Unis, annonce ofBciellement la decouverte, faite le 2 septem- bre par M. Fergusson, de la 31'' petite planete appelee definitive- ment Euphrosine. " J'ai dilTere jusqu'ici, dit M. Maury, de faire cette communication a I'Academie, parce que je tenais a m'assurer que cette meme planete n'avait pas et6 apergue d'abord sur d'autres points du globe, Maintenant qu'aucune reclamation n'a surgi, je suis heureux de constater que la priorite de sa decouverte appar- tient a notre Observatoire national et que le nouvel astreira s'ajouter a la famille des a^lero'ides comme le premier representant de I'Ame- rique, comme un temoignage du zele avec lequel les astronomcs des Etats-Unis cultivent leur science de predilection. — M. Le Verrier transmet des observations de petitesplanetes r^- cemment decouvertes a Paris , Pomnne et Polymnie , faites a Bonn, parM. Argelander; a Altona, parM. Peters; a Berlin, par IM. Briihns; en Angleterre, parM. Chevalier, etc., etc. Deux de ces astronomes etrangers ont deja meme calcule I'orbite de Polymnie , et on trou- COSlfOS. 587 vera peut-etre singulier que les astronomes de rObservatoire im; o- rial sesoient ainsi laisse clevancer, alors surtout qu'il s'agissait d'une planete trouvde pnr eiix. Blais, a (lit M. Le Verrier, ne voulant don- ner qu'une orbite aussi cxacte que possible, nous nous somme^ obs- tin(^s a attcndre de nnuvelles observations, que I'otat du ciel depui:^ huit jours n'a pas permis de fairo. La preuve que nous n'avions pas tort, c'est que, quoique calculees sur des observations faites presque le nieme jour et avec la ineme prt^cision, les oibites qui nous ont ete traiismisespresentent desdifferencesconsiderablesetnepeuventetre, par consequent, I'orbite definitive, que M. Villarceau nous donnera sans doute prochainement. — Le R. P. Secchi adresse un exemplaire impriine dans la Corris- pondcn za scie/it i/ica de sonmemo'ive SUV les variations du mngnetisme •terrcsti'e. Quoique nous ayoiis deja donne une idee suffisante de ce beau travail, nous y reviendrons encore pour eiioncer avec ordre les lois auxquelles le savant jesuile est parvenu, et avec lesquelles les observations rcceminent publiees de M. Arago s'accordent parfaite- naent. Nous dirons aussi quelques nnots a celte occasion d'uTie re- clamation ou note ties-interessante qui nous a etc adressee par M. Bujis-Ballot. L'iiilaligable observateur d'Utrecht ne croit pas encore a Taction directe du soleil ; il maintient Taction indirecte par Tinternu'-diaire de la chaleur solaire, et pense qu'on s'est trop presse de conclure que le soleil est un aimant; nous dirons ses raisons qui ne ];ous semblent pas pL-remptoires. Le R, P. Secchi ajoute , que la belle lunette CMjuatoriale de 9 pouces. sortie des ateliers de Merz, de Munich, le cejebre succes- seur de Fraunhofer, est enfincompletement installee dans le nouvel Observatoire du college romain. Les premieres observations qu'on a faites, trop a la hate, font augurer que la lunette sera vraiment excellente. Avec un grossissement de 600 fois environ , il a vu se resoudre en etoiles distinctes la nebuleuse annulaire , situee entre beta et gamma de la Lyre, decouvert par Darquier en 1779. Saturne se prcsentait admirablement dans lanouvelle lunette, le R. P. Sec- chi s'est assure, mieux que jamais, de la reahte de diverses part:cu- lariti's importantes signalces par lui , la convexito de Tanneau , ses subdivisions. Ti^xistence de Tanneau obscnr ou nebuleux, etc., etc. II a vu, pendant quelques instants, entre Tanneau inteiieur et Tan- neau obscur, une division Ires-nette que plus tard il iTa pas pu re- trouver.Serait-ce un phenomene variable, du moins quant a sa ma- nifestation I Nous attendrons de nouvelles observations pour entrer dans p'us 588 COSMOS. de di-tails. Mais a projiosde cette nouvelle lunette oiiuatoriale, nous reviendrons sur \me (lucstion gravo que nous avons traitee dans notre derniere livraison, pour rectifier une i)l)rase qu'on a peut-etre mal ititiL'pretee, pour dinner a nos leeteurs astronomes des ren- seignements qu'ils ne trouveraient pas ailleurs, et qui sont tout a fait de saison. Lorsque nous avons dit , page 503 , cjuen dcpensant une soinmc modiqiie de SOOO /ra/ics, on /jon//nit desoinmis constiUiernn obser- i'atoire pniticnlier capable de rendre de grands services a I aslro- nomie , on a pu croire, surtout en rapprochant cctte affirmation de ce qui precede , que I'observatoire ainsi nionto coniprendrait une bonne lunette equatoriale de 9 pouces ; or ce serait une grande illu- sion, car, d'abord, le mauvais neuf pouces que M. Le Verrier vient de faire monter equatorialenient , avait coiite 18 000 francs , dans un temps, il est vrai, oil les 9 pouces ctaient cxces&ivement rares ; et a I'heure qu'il est, un bon objectif de 9 pouces, pris a Munich, coiite 17 000 francs qui, ajoutes aux 6 000 francs du montage impro- vise et provisoire en bois, feraient '23 000 francs ; somme qui s'ag- graverait encore des depenses de fondation, lorsqu'on ne trouvera pas toute prele une terrasse aussi solide que celle de I'Observatoire. Si, en outre, Tastronome amateur ne veut pas se contenter de I'e- chafaudiige en bois avec tons les inconveiiients qu'il presente, il fau- dra qu'il achete une machine parallactique complete , semblable a celle du R. P. Secchi, en se resignant a payer 32 610 francs, prix du catalogue de Munich ; ce qui portera a pres de -10 000 francs les depenses de son observatoire equatorial ; a la condition qu'il n'aura pas de fondemenls a creuseret a edifier, et qu'il se contentera pour I'enceinte et le dome, comme I'a fait M. Le Verrier, d'une construc- tion tout a fait economique. Mais comment, dans un Observatoire, se passer d'une lunette m^ridienne, d'une penilule, pour la determi- nation rigoureuse du temps , de cent autres accessoires , dont les at^tronomos amateurs de I'Angleterre sont pourvus? En resume, un observatoire qui aurait pour element principal ou pour ame , une pxcellente lunette de 9 pouces, ne couterait pas beaucoup moins de 50 000 francs. Heureusernent qu'on pent rendre, comm?nous le disions, de ve- ritables services a i'astronomie sans des instruments de si grande puissance. Des observatoires construits d'aprcs les projets et devis suivants que nous avons demandes a M. Porro, I'habile diiecteur de rinstitut technomalique, seraient des creations precieuses. Nous boinant au strict ncce^saire, nous ne donnons a chaque ctablisse- COSMOS. 589 ment qu'une lunette cquatoriale, une lunette mdridienne et une pen- dule; I'interieur comprendrait une chambre principale circulaire pour I'equatoriale , et une petite chambre rectangulaire pour la meridienne; le tout bati avec la plus striate economie, avec les ma- teriaux et aux prix de Paris. Premier projet OH dei>is : depense totale^ 8 000 francs. Lunette equatoriale de ]2 centimetres (4 pouces) d'ouverture, grossissements gradu(% de 30 a 150 fois , micrometre parallele, cercle de position, chercheur; trois systemes d'eclairage , mouve- ment mecanique spontane niarchant a volonte. . . 5 000 fr. Petite lunette meridienne portative de 60 millimetres (26 lignes) d'ouverture, avec trois eclairages. . . . 600 Pendule d'une regularite acceptable en astronomie. 800 L'edifice, a peu pres 1 600 Total 8 000 fr. Deuxieme projet ou devis : depense totale, 22 000 francs. Grande lunette equatoriale de 18 centimetres (6 pouces 1/2) d'ouverture, grossissements gradues de 40 a 400 fois , micrometre parallele, cercle deposition, chercheur, trois systemes d'eclairage, mouvement mecanique spontan^, marchant a volonte. 16 000fr. Lunette meridienne de 10 centimetres (3 pouces 8 li- gnes) d'ouverture, avec cercle donnant les declinaisons de 2" en 2", et trois eclairages 2 000 Pendule de premiere regularity 1 000 Edifice, a peu pres 3 000 Total 22 OOOfr. Troisieme projet ou devis : depense totale, 45 000 francs. Grande lunette equatoriale de 24 centimetres ( 9 pouces) d'ou- verture, dix grossissements gradues de 100 a 1 000 fois, micro- metre parallele double, cercle de position, trois systemes d'eclai- rage, mouvement mecanique spontane , marchant a volonte , deux systemes mesurants complets, I'un en ascension droite et decinaison, I'autre en apozcnith et en azimuth, tous deux toujours simuliane- ment en action 30 OOOfr. Instrument meridien complet de 14 centimetres (5 pouces ) de diametre , donnant les passages avec une grande precision par 25 observations enregistrees COSMOS. 590 electriquempiit, doniiant les decliiiaisons de seconde on seconde, directement et opliquemer.t, avec determina- tion iniinediate et dirccte du zenith, du nadir ct des deux horizons 7 000 Pcndule de haute precision , avec le mecanisnie en- registreur dlectrique et ses accessoires 2 000 L'edifice , a peu pres 6 000 Total 45 000 fr. L'Observatoire construit d'apres le troisieine devis et avec les perfectionnements que M, Porro a reahses, qui sont son invention et sa propriete, serait sans aucun doute superieur a tous les Obser- vatoires d'aniateur en Angleterre. Enumerons rapidement les avan- tages incontestables qu'on y trouverait reunis. 1" L'exactitude des observations serait rendue independante des imperfections du mccanisme; des difficultes de I'ajustage et de I'e- quilibre a etablir, de la forme des tourillons, de la flexion des tubes et des cercles, de I'inegale distribution de la chaleur dans la masse de I'appareil, etc., etc.; cette exactitude serait assuree a I'instant meme de Tobservation par la constatation d'une coiDcidence op- tique facile a saisir ; 2° I'oculaire de la lunette equatoriale changera a peine de place dans I'espace, par toutes les positions dans les- quelles on amenera I'instrument, de sorte que, rastronome, assis sur un fauteuil tournant ordinaire, pourra, sans se levei', observer dans toutes les regions du ciel, et lire immediateinent de son siege les indications de ses cercles; 3° la grande lunette est montee de telle sorte qu'on puisse lui imprimer a volonte les mouveraents equatoriaux et les inouvements azimutaux; 4" les nioyens nouveaux d'eclairage permettent de graduer a volonte, jusqu'a extinction, rillumiiiation du champ, les fils restant eclaires ; ou rillumination des fils sur un champ obscur; ils permettent d'observer par reflec- tion a la surface du mercure et meme a la surface des corps trans- parents, avec tous les oculaires propres de I'instrument, quel que boit le grossissement. L'astronome royal d' Angleterre, M. Airy, a compris le premier la necessite absolue de ces trois modes d'eclai- rage differents et gradues ; il a voulu que Ic nouveau grand instru- ment meridien de I'Observatoire de Greenwich en fiit pourvu. Four I'observation des etoiles treslumineuses, le champ est cclaird, tan- dis que les fils restent obscurs; c'est le contraire pour Tobservation des astres peu lumineux, des petites planetes, par exemple , le champ est alors obscur, et les fils eclaires; enfin, un troisieme eclai- C0S310S. 591 rage semblable au premier, mais renverse, montre les fils par re- flection sur le ineicure. M. Airy a done aborde resolument le pro- gres, mais nous ne craignons pas de dire que les moyeiis compK- ques mis a sa disposition, par les artistes anglais, ne lui ont pas donno la solution complete du probleme. Ainsi par exemple, les observations sur les fils vus par reflection sur le mercure, ne sont possibles qu'avec un oculaire special, un oculaire ad hoc, d'un gros- sissement assez faible. La solution du probleme si dolicat de I'e- clairage, donnee par M. Porro, est certaineivient plus parfaite, et elie a I'avantage de pouvoir etre appliquee immediatement a tous les instruments existants avec une depense tout a fait insigiiifiante, M. Le Verrier disnit, avec infiniment de raison, a I'Academie, dans sa note sur le nouvel equatorial : " Bien qu'il ait ete possible a M. Goldschmidt de decouvrir deux planetes en se servant d'une lunette beaucoup plus faiblo, il s'en faut pourtaht que ces astres soient avantageusement observables avec Vequatorial de Gambey. II ne suffit pas, en efFet, de voir une planete pour en determiner la posi- tion ; il taut encore pouvoir distinguer les fils tendus au foyer de i'objectif. De la la nccessite d'introduire de la lumiere dans le champ de !a lunette. Or, il e avec tant de sollicitude de I'assainis- sement des maisons et tie la propagation des meilleures regies d'hy- gifene ft de salubrite; " Considerant qu'il existe plusieurs moyens pratiijues et connus de bruler la fumee produite dans les fourneaux des appareils a va- peur par hi combustion de la houille; que I'expcrience a deaiontre COSMOS. 595 que ces moyens peuvcnt facilement, et, a peu de frais, etre appli- ques aux usines actuellement existantes; que, d'uu autre cote, I'emploi des houiHes seches et du coke est souvent economiiiue, et ne doiine litni qu'a 'tres-peu de fumce ; » Con-sideraiit, d'ailleurs, que les appareils a vapeur n'ont ete ge- n^ralement autorises qu'a la condition de ne pas produire una futnee incomnioile pour le voisinage, et, qu'en outre, les proprietaires des usines sont tenus, aux termes inemes de leurs permissions, de se conforiner a toutes les conditions que radministratiou juge conve- nable de leur prescrire dans I'interet de la salubrite ; " Ordonnons ce qui suit : " Article 1"'". Dans le delai de six iriois a partir de la publication de la presente ordonnance, les proprietaires d'u:>iiies, ou Ton fait usage d'appareils a vapeur, seront tenus de briller completement lafumee produite par les fourneaux de ces appareils, ou d'aliraenter ces fourneaux avec des combustibles ne donnant pas plus de fumee que le coke et le bois. » — II est bon que les inventeurs frangais sachent que, par un arrete du 25 octobre dernier, les directeurs du bureau des patentes ou brevets d'invention a New-York, ont decide que desormais lis n'admettront aucun niodele qui ait plus d'un pied en hauteur, en largeur, ou en piofondeur; ces inodeles, en outre, doivent etre faits avec soiii et en niatieres durables. C'est une derogation ou une mo- dification a la ioi des brevets qui se contentait de dire, avec beau- coup de raison, qne les inodeles deuaietit avoir des dimensions assez gnindes pour faire ressortii\ dans toutes ses parties, les avaiitages de laiioin>elIe indention. L'arret^ a deja ete mis a exe- cution, et des inventeurs out pu refuser de magnifiques modijles qui avaieiit crute plusieurs centainesde francs. — Un hoinme (]ue I'on rencontre ordinairement a Londres dans Leicestei' sijiiare, vend des microscopes au prix d'un penny, 10 centimes; ils sont fiits avec une boite a pillules ordinaires, dont on enleve |p fond opaque pour lui substituer un morceau de verre de vitre; on a perce un petit trou dan;, le couvercle, pour y adapter une lentille; |p petit instrument est peint en noir. Quanil on ap- pli(]ue I'oeil a la lentille, on voit des centaines de vibrions de la grosseur o"un \vi . nagiant en tout sens; tandis que, sur le verre, 1 oeil mi n'api'igoit riu'une petite tache formee d'un melange de fa- rine ou d^ colie et d'eau.L'in-^trument grossit environ vingt fois; or, une leiitiile doude d'un semlilable pouvoir, codterait en Aiigieterre pres de 3 francs . comment notre homme peut-il done vendre son 596 COSMOS. inicroscope an prix d'un penny (Voici son secret :1a lentille est faite avec dii baume transparent du Canada. On fait couler adroi- tement une goutte de ce baume, quand il est liquide, dans le petit trou et, on se solidifiant, elle prend la forme d'une lentille a peu prfes sjiherique. II y a deja qiiinze ans que ce brave homme vend ses microscopes confeclionnes en famille; un de ses enfants coupe le fond de la boite a pillules, un autre perce le trou te a aiigmcntor. a Vaide d'agents chimiqucs, la richessc et la varietci de ton des pierres communes , sardoine, coraline, calcedoine, pour les rapprocher autant que pos- sible des onyx , pierres fines et dures , matiere propre des camees. La pierre, lavee et sechi^e avec soin, estplacoe dans \m vase propre et contenant un melange de miel et d'eftu, qu'on maintient en ebul- lition pendant quinze jours ou trois semaines, en ayant soin de reni- placpr ce que I'evaporation enleve. Cela fait, on met la pierre dans un autre vase plein d'acide sulfurique, que I'on chauffe a 194° et meme a 222" centigrades ; le miel , riche en matiercs organiques, pdnetre dans les pores de la pierre, et ces matieres organiques sont ensuite noircies par I'acide sulfurique. On remplace cet acide par I'acidenitrique, lorsqu'au lieu de tons noirs ou tres-fonc6s on desire n'obtenir que les tons rouges de la coraline. -_ Dans un curieux article sur les chevaux arabes, M. Mazzolier donne des details precieux sur I'education des chevaux en Syrie. On leur doime de bonne heure du lait de chamelle mele au lait de la mere ; on les nourrit plus tard de lait de chamelle pur qui donne , dit-on , plus de forces a I'animal et I'endurcit contre les fatigues. A I'a^e d'un an , on le fait monter par un enfant ; a deux ans , il est defa dressi^parfaitement! La meilleure nourriture des chevaux est un melange d'orge et de paille. Les Bedouins comptent neuf races principales de tres-beaux chevaux ; une des qualites essentielles des chevaux de race est de s'arreter net lorsque le cavalier tombe, et de le ramener a son camp, lorsque, blesse ou mort. il a pu rester en selle. Un bon cheval, distingue si son cavalier est bon ou mauvais, intr^pide ou lache, de rang inferieur ou superieur ;il s'inquiete aussi, la jument surtout, d'etre bien enharnache. Nous recevons a I'instant meme la livraison de novembre du Journal de la Societe photographiqne de Londres , et nous nous empressons d'en extraire tout ce qui peut interesser nos lecteurs. La derniere seance de la Societe n'a pas presente un grand in- teret, et le proces-verbal est tres-court. M. Hardwich a continue son Memoirs siir la chiniiede l' impression photographiqne . M. Pollock a d^crit une chambre obscure ou boite de daguerreo- type de construction nouvelle, et il en a explique I'usage. M. Newton a presente comme nouveau, au nom de M. Maxvvell- Lyte, un proct^de connu et pratiqu^ depuis longtemps en France', pour ajouter a un paj-sage, au moyen d'un second negatif, un ciel copie photographiquement sur une bonne gravure. M. Mayall repousse cette supercherie, et dit qu'au moyen de la fumee d'une chandelle, on peutobtenir sur I'image photographique des nuages beaucoup mieux definis et plus naturels. M. Roger Fenton ne veut pas non plus du ciel artificiel ; la pho- tographie, dit-il, et ce n'est pas impossible, doit arrivera reproduire a la fois le paysage et le ciel. Le president , M. Le Neve-Foster, appelle I'attention sur un petit instrument servant a contenir les epreuves; la description qu'il en fait ne suffit pas a nous en donner une idee nette. — M. Ralph decrit une chambre obscure portative et presente une serie d'epreuves sur collodion qu'il a obtenues par son moyen, — M. Fenton expose une serie de vues du Yorkshire. — M. Ripinski montre une collection de photographies coloriees par le precede qui consiste a appliquer les couleurs sur le derriere du verre. — MM. Constable et compagnie font hommage de modeles d'e- criture illustres et reproduits par la photographie. La prochainc reunion aura lieu le 6 decembre, — M. Stanley Crawford communique le precede suivant de col- lodion sur papier : " Je coupe une plaque de verre de la grandeur de mon chassis a collodion (8 pouces 1/2 sur 6 1/2) et plusieurs feuilles de papier n^ gatif de Canson freres, de 9 pouces 1/2 sur 6. « Jefais flotter les feuilles de papier sur de I'eau distill^e, pen- dant trois ou quatre minutes ; j'^tends sur la plaque de verre une de ces feuilles qui d^borde en haut et en has d'un demi-pouce, et reste sur les cotes a un quart de pouce des bords ; je fais adherer les 60i COSMOS. aioib sur le papier du tollodion iodurc epais ; je le fais bien etendre, et precede ensuite absolument comme je le fcrais avec une glace col- lodionnde, excepts que je retire plus promptement le papier du bain de nitrate sensibilisateur, ne I'y laissant que 80 ou 90 secondes, le thermometre ^tant a 31 degres. I' Mon bain sensibilisateilr est forin^. avec : cristaux de nitrate d'argent, 2 onces (60 grammes) ; eau distillee, 24 onces (720 gram- mes) ; alcool, 1 once (30 grammes). Mon bain r^v^lateur contient : proto-sulfate de fer, 100 grains ( 6 grammes ) ; acide tartrique , 100 grains (6 grammes) ; eau distill(^e, 10 onces (300 grammes) ; acide nitrique , 30 gouttes : ce bain revelateur agit tres-^nergique- ment sur le papier et vaut mieux que le bain a I'aeide pyrogallique avec lequel il est tres-difficile de saisir le moment ou il taut arreter I'operation, Les n^gatifs obtenus par ce procede sont vraiment trfes- intenses, trfes-nettement definis , et on les obtient tres-rapidement ; de plus, le papier conserve son humidite pendant plusieurs heures, sans soins aucuns. Apres qu'on a fixe avec I'hyposulfite de soude, on enleve le papier de dessus le verre , on le lave dans plusieurs eaux, on le suspend pour le faire s6cher et on le cire. » M. Crawford pense qu'on obtiendrait des positifs de la meme ma- niere, en opt^rant sur du papier noirci par derriere, mais il n'en a pas encore fait I'essai. — M. Thomas Mogford transmet quelques nouveaux procddes de photographie sur verre, Sans attacher une tres-grande importance a ses procedes , sans pretendre qu'ils doivent remplacer les precedes a I'albumine et au collodion, I'auteur croit cependant qu'il est utile de les faire con- naitre. Premier procede. Prenez une solution d'albumine d'oeufs, ajoutez du bi-chlorure de mercure, aussi dissous, jusqu'a precipitation en- tiere de I'albumine ; lavez bien le precipitd, puis dissolvez-le de nou- veau dans une solution satur^e d'iodure de potassium, autant qu'elle en p ourra dissoudre; affaiblissez la solution en lui ajoutant trois ou quatre fois son volume d'eau, et utendez-la alors sur une plaque de verre parfaitement lav^e ; faites secher au feu. Lorsque la plaque sera seche, plongez-la a I'ordinaire dans un bain de nitrate d'argent a 30 grains (2 grammes) de nitrate d'argent pur once ou 30 gram- mes d'eau; exposez a la chambre obscure, remettez la plaque dans COSMOS. 605 le bain d'argent et laissez-1'y pendant deux minutes; d^veloppez avec le proto-sulfate de fer. M. Mogford assure qu'il a obtenu par ce procdde de tres-bonnes epreuvps, et dans le meme temps qu'avec le collodion. Deuxiems procede. Proparez une solution aqueuse saturee de ferro-cyanure de potassium et de bi-chlorure de mercure, en melant a unedemi-once (15 grammes) d'eau, dix gouttes de ferro-cyanure et quatorze gouttes de bi-chlorure de mercure ; versez sur le verre, lavez et faites secher au feu ; traitez comme dans la premiere me- thode par le bain d'argent, avant et aprfes I'exposition, et ddvelop- pez ; vous obtiendrez ainsi de tres-brillants positifs. Ou bien : prenez une solution saturee d'iodure de mercure dans I'iodure de potassium ; ajoutcz une quantity dgale d'eau ; tout le reste comme dans les deux premiers proccdes. Troisieme procede. Faites dissoudre du gluten de froment dans de I'alcool, iodurez la solution, comme vous le feriez pour le collo- dion ;ajoutez quelques gouttes d'acide acetique ; versez sur le verre et laissez secher ; ce procede est tres-lent, mais sert tres-bien pour prendre des paysages a grande distance de la chambre obscure. Si Ton veutobtenir une sensibilite plus grande, il faudra plonger la plaque dans le bain sensibilisateur avant que la couche ne soit seche. Ce dernier procede a beaucoup d'analogie avec le procede pri- mitif a I'amidon de M. Niepce. M. Mogford avoue qu'il n'est pas tres-siir deses doses et qu'elles ont besoin d'etre ctudi^es avec soin. — M. Parkinson affirme que dans une excursion qu'il a faite dans le district romantique de Craven, Yorkshire, il a parfaitement r^ussien employantle procede par lequel M. Shaboldt, au moyen du miel, conserve au collodion sa sensibility*. 11 preparait le soir huit ou dix plaques, n'emportait le lendemain matin que sa cham- bre obscure, sa boite a plaques et une large enveloppe de toile im- permeable fine, dont il se drapait pour changer les plaques ; il pre- nait toutes ses vues, et les d^veloppait a loisir le soir ; toutes ses epreuves sont parfaitement venues. — Un anonyme croit avec raison que le seul moyen efficace de comparer la sensibilite relative des differents collodions est d'operer a la fois sur une meme plaque partagee en autant de comparti- ments qu'on veut essayer de collodions. Dans les comparaisons qu'il a faites par cette methode, I'avantage est rest^ au collodion pr^- par6 par la methode de M. Wood ; c'est le plus rapide de tous. 606 COSMOS. — M. Giesler Lloyd affirme qu'on arrive a conserver parfaitement les solutions d'acide gallique pendant im temps tres-long, en ajou- tant une goutte d'huile de girofle. Cette goutted'huile, en reduisant le nitrate d'argent, semble accroitrelc ))ouvoir revelateur de I'acide gallique ; les noirs des cpreuvcs ainsi obtenues sont plus intenses. — Le meme auteur donne la recette suivante pour la preparation d'un collodion qui ne se dt'compose pas et se conserve ind^fini ment. Prenez ether pur, 6 drachmes (10 grammes et demi) ; alcool tres-rectifie , 4 drachmes (7 grammes) ; coton soluble, 5 grains (1 decigramme) ; iode pur , sublim^ , 5 grains (1 decigramme). Placez le tout dans une bouteille, faites plonger dans le me- lange une barre ou bande de zinc parfaitement pur, assez longue pour atteindre la partie supeiieure du liquide, bouchez avec soin et deposez le vase dans un lieu assez chaud , en ayant soin de le remuer de temps en temps. La couleur sombre du melange dispa- raitra peu a peu, et apres quelquos jours le collodion sera tout a fait incolore, ou n'aura qu'une faible teinte jaunatre ; il sera alors, apres qu'on I'aura decante, tout pret pour I'usage qu'on en voudra faire; mais la barre de zinc devra toujours rester en contact avec le hquide. M. Giesler Lloyd affirme que le collodion ainsi obtenu est plus sensible que le collodion prepare a I'ordinaire avec les iodures de potassium et d'argent, qu'il se conserve parfaitement, qu'apres six mois il est aussi bon que le premier jour. — Un pseudonyme fait cette remarque tres-utile que les deux pro- pri^tes que possede I'hyposulfite de soude , de fixer I'epreuve et de la colorer ou de lui doiiner de la vigueur, sont reellement distinctes; car certains bains colorentfortement les epreuves sans les fixer com- pletement; d'autres fixent sans colorer, et Ton se tromperait gra- vement si Ton jugeait de la fixite par la coloration. Ce sont surtout les vieux bains qui colorent, et les neufs qui fixent ; en operant par la methode suivante, on n'aura pas a craindre de se tromper. Quand I'^preuve sort du chassis, plongez-la dans une solution mo- ddrement forte d'hyposulfite de soude, que vous ne laisserez pas vieillir, que vous renouvellerez dfes que vous verrez qu'elle a pris des proprii^tes colorantes. Quand I'image est fixee et que les inten- sites d' ombre et de lumiere sont convenables, lavez I'epreuve dans un litre ou deux d'eau, et plongez-la dans une solution tres-faible d'hyposulfite acidulde par deux gouttes d'acide nitrique, pour une once (30 grammes d'eau) ; solution que vous preparez juste au mo- ment de vous en servir. Vous verrez I'epreuve prendre trfes-rapide- ment les diverses teintes qu'on voit apparaitre ordinairement avec COSMOS. 607 les vieux bains. Quandelle aura la teinte voulue, retirez-la, et lavez- la rapidement, pour que Taction ne se continue pas. II y a de grands avantages a fixer d'abord et a teinter ensuite. — Pour M. Welwood Maconochie le meilleur et le plus stable des agents sensibilisateurs est le bronnure de calcium, ajout^ a Tio- dure de potassium, daris la proportion de2 a 3 grains (13 a 18 cen- tigrammes) par once ou 30 grammes d'iodure. — M. Sutton, dans une lettre adressee au Journal de la Societe photographique, a vivement attaque I'emploi exagere du collodion, et la preference exclusive qu'on tend a lui donner sur I'albumine et le papier, Dans son opinion, le procede le plus excellent pour prendre des vues, c'est le procede sur papier ; celui qui convient le mieux pour les reproductions des peintures, des sculptures , pour les epreuves stereoscopiques, c'est le procede sur verre alburaine, Ces deux precedes doivent avoir le monopole absolu quand il s'agit de la nature morte; le procede sur verre coUodionne et la plaque daguerrienne doivent etre reserves pour la nature vivante. Cetle maniere de voir est assez raisonnable, surtoiit quand , comma M. Sutton, on n'a aucune confiance dans I'emploi du moel, ou du nitrate de magnesie comme agents conservateursdela sensibilite du collodion. EUe a cependant donne lieu a une controverse assez vive : les partisans du collodion se sont indignes ; ils ont invoque les magnifiques vues du Palais de Cristal de M. de La Mothe, aux- quelles ils pourraient ajouter les non moins admirables vues du Lou- vre deM. Bisson. Pour rester dans le vrai, il faut reconnaitre que ontouslesprocedesontleurs avantages etleursinconvenients ; que si ne considerait que les sommites ou les maitres de I'art : M. Le Gray pour le papier, M. Ferrier pour I'albumine, MAL de la Mothe et Bisson pour le collodion, il serait tres-difficile de decider laquelle de ces trois methodes est la meilleure pour les negatifs de paysages : toutes trois, en efTet, ont produit un grand nombre de chefs-d'oeuvre. Mais s'il est question des operateurs pris en masse, I'albumine, si Ton est parvenu a la manier convenablement , et le papier presen- tent en campagne des avantages considerables. Quand M. Lott af- firme qu'il n'a jamais vu des negatifs sur papier presenter des demi-teintes assez developpees, il exagere evidemment. — M. Haydon ^crit qu'en ajoutant un petit morceau de sucre non raffine a son bain de nitrate d'argent, il a pu conserver pen- dant plusieurs jours sans alteration ses papiers senhibilises; alors meme qu'ils avaient jauni , apres I'exposition et Taction de Thypo- sulfitede soude, les luinieres redevenaient tres-blanches. II ajoute 608 COSMOS. que le sucre a en outre I'avantage de donner plus de veloutd a la surface du papier, de rendre plus egale la distribution du nitrate, et de procurer une finesse de details comparable a ce que I 'on obtient avec I'albumine. — M. Regnault, dans une des dernieres seances de TAcadennie des sciences, a presents au noin de M. Ad. Braun, de Dornach (Haut- Rhin), pres Mulhouse, un album d'epreuves photographiques de fleurs. « Ces epreuves, a dit le savant academicien, sont remar- quables par I'harmonie et la finesse de leur modele. M. Braun s'est propose de former une collection d'etudes destinees aux artistes qui emploient les fleurs comme elements de decoration pour les toiles peintes, les papiers points, la porcelaine, etc. II s'est done attache a grouper les branches et les fleurs de manibre a produire les effets les plus interessants au point de vue de I'art. L'Academie peut ju- ger par les planches que je mets sous ses yeux, et qui ne sont qu'une petite partie de celles qui ont ete executees par M. Braun, du suc- ces complet que cet artiste a obtenu. » Les reproductions presentees a TAcademie etaient au nombre de plus de cent, et toutes parfaite- ment reussies, on ne se lassait pas de les contempler. Cette ceuvre mmense est un veritable tour de force , car tout le monde sait que rienn'est plus rebelle a la photographie que les branches, les feuilles et les fleurs, il faut que M. Braun soit en possession d'une foule de secrets ou de tours de main. Nous n'avons vu ses epreuves qu'a la lumiere, le vernis dans ces conditions nous a semble trop luisant. — MM. Bisson freres font reellement des prodiges; les der- nieres epreuves qu'ils ont presentees a I'Academie , depassent en grandeur et en beaute tout ce que Ton peut imaginer. Leurs nou- velles vues du Louvre ont 80 centimetres de hauteur sur 60 centi- metres de largeur, et elles sont aussi parfaites sur les bords les plus extremes qu'au centre. Les negalifs sur collodion ont ete pris avec des objectifs de 5 pouces d'ouverture, de 2 mfetres de foyer, sortis des ateliers de MM, Lerebours et Secretan ; le temps de la pose est d'environ vingt minutes. De semblables objectifs font un immense honneur aux artistes qui les produisent ; il est impossible de faire mieux. — Les photographes envoyes en Orient ont deja expedie a Pa- ris plus de quatre cents epreuves representant les faits et gestes de I'armee de terre et de mer sous tous les aspects, dans toutes les circonstances, avec une precision mathematique. [Siecle.] ACADEiiE DES sci::;c£S. SEANCE DU 27 NOVEMJ3RE. M. Becquerel communique, au nom de M. Bouet, quelquesme- moires surla meteorologie de la Havane. Dans une note sur la grele, Tauteur affirme que ce ph^nomene meteorologique etait au- trefois assez rare a la Havane ; que son apparition plus frequents date de celle d'un ouragan terrible, dont on conserve encore le sou- venir. — M. Chatin, professeur de botanique a I'Ecole de phannacie, lit un memoire sur I'anatomie comparee des naiades. — M. le docteur Hiffelsheim, membre de la Societe de biologic, lit des recherches theoriques et experimentales sur la cause de la locomotion du coeur. Le fait principal qui resulte de ces recherches est formule par I'auteur dans les termes sulvants : Le ccevr bat, PARCE Qu'iL RECULE. Voici, dit-il, notrc idee premiere : " Le coeur, qui expulse du liquide par ses orifices, Cbt dans les memes condi- tions qu'un vase mobile sur un axe , renfermant un liquide qui s'e- chappe par un orifice; or, puisqu'un vase, dans ces conditions, ^prouve un recul, il doit en etre de meine du cosur, de la les batte- nients ; done le coeur hat. parce qiiilrecide. » Cette assertion, que I'auteur appelle hardie, et qui ne nous semble que neuve, a etc jus- tifiee par des experiences faites soit sur des cceurs d'animaux ou d'hommes, soit sur des coeurs artificiels ou poches en caoutchouc vulcanise confectionnees par M. le docteur Garriel. Nous admettons volontiers comme tres-vraie cette explication naturelle et simple d'un phenomene physiologique longtemps environne d'obscurite; Tissue du liquide est la cause immediate, la contraction, la cause mediate ou eloignee des battements du coeur. — M. Tulasne lit un rapport tres-favorable sur un memoire de M. Ducharte relatif a I'etude des aristolochiees. — M. Dumas lit un preambule a une serie de memoires qu'il pr^sentera successivement a I'Academie, sur les relations entre les proprictes chiniiques et les proprietes physiques des corps simples et composes. Le celebre chimiste croit devoir rappeler, avant tout, pour qu'on ne puisse pas 1' accuser de plagiat, que ses nouvelles recherches ne sont en general, que le developpement d'idees emises et exposees il y a longtemps, dans ses le9ons de philosophic chimique ; le fait que ces idees ont ete discutees depuis par d'autres chimistes, ne lui enleve pas le droit de les d^velopper en detail. 610 COSMOS. Ln melliodo siiisio y.-.r: M. Duiiia^^ pour mcttic en c'.ij.cncelcs relations ent;e lid -vo;,:;.'; ., physiques et les proprieios chimiques est tres-simple, tres-el^mentaire meine, et elle n'en a que plus de merite. La propiiete chimique fondamentale des corps simples ou composds, celle dont depend toutes les autres, c'est le poids ato- mique; or, M. Dumas, sur une ligne horizontale et a partir d'un point donni?, porte commc abscisses les poids atomiques des corps qu'il veut comparer, des corps isomnrphes, par exemple, ou iso- mferes, des types chimiques, des oxydes, des chlorures, des iodures, des sels, etc., etc. ; menant a I'extremile de chaque abscisse ou de chaque poids atomique des lignes perpendiculaires, il prend sur ces lignes des ordonnc^es, mesurees en longueur par les nombres quiex- priment pour chaque corps la valeur ou I'intensite de la propriete phy- sique que Ton veut etudier ; du volume atomique du corps par exem- ple; de sa densite, de son pouvoir refringent ou rotatoire, ou disper- sif, etc. ; il joint les extr^mites de toutes ces ordonn^es par une ligne ou courbe continue, qui est comme le lieu geometrique de la propriete ■ physique dont il s'agit. La nature de cette ligne fera connaitre la rela- tion cherchee entre les proprietes physiques et les proprietcs chimi- ques. Si c'est, par exemple, une ligne droite, parallele a I'axe, tous les corps qu'on compare, quoique ayant des poids atomiques diffe- rents, possederont au meme degre la propriete physique dontil s'agit. C'est ce qui a lieu, par exemple, pour les divers corps isomorphes qui ont des volumes atomiques egaux. Si le lieu geometrique est une ligne droite, la propriete physique serait directement propor- tionnelle a la propriete chimique ; si enfin cette ligne etait une hy- perbole equilatere, la propriete chimique serait inversenient pro- portionnelle a la propriete chimique. Lorsqu'on n'a soin de comparer, comme nous I'avons dit, que des corps appartenant a une meme famille ou qui ont un caractere chimique commun, les cas d'egalite et de proportion inverse ou directe sont les cas les plus frequents. M. Dumas a mis en evidence, par ce moyen, un certain nombre de theoremesgeneraux vraiment interessants, que nouscraindrions d'6- noncer imparfaitement ; nous attendrons done la publication de sa note. En outre de la geometrie, le savant auteur a aussi appele a son aide I'algebre ou I'arithmetique ; c'est-a-dire les formules qui expriment le nombre des corabinaisons qu'on peut faire avec les poids atomiques, pris deux a deux, trois a trois, etc., et se rem- pla9ant les uns les autres par voie de substitution ou autrement. Les consequences auxquelles il arrive ainsi, ouvrent un nouvel avenir a la chimie organique et inorganique ; elles effraient cependant quel- COSAIOS. 611 qur'fois I'imnginatJon ; ain.i, par p>:oiri;i:p, ii rc&ullcrait do I'appU- cation dcs formiiles dos coiiibiiiai^.ons, que le uombre des alcalis composes, possibles, analogues a I'ammoniaque, depasse le chiffre ^normede 400,000. Nos lecteurs peuvent Gtre assuri^s d'avance que nous exposerons de la maniere la plus complete I'ensemblc dss conclusions de M. Du- mas ; la philosophie chimique est une des branches de la science que nous avons le mieux etudiees. — M. Fremy, professeur de chimie au Museum d'histoire natu- relle, qui venait a peine de terminer, en collaboration avec M. Va- lenciennes, ses immenses et belles recherchea sur les ceuk des poissons et des autres etres, a entrepris et mene a bonne fin un travail plus important etpluscolossal encore, peut-etre, sur les os des principales especes animales, leur composition et leur developpement. Dans divers appendices, M. Fremy a etudie en outre les ecailles et les coquilles des poissons ; les os fossiles , les epidermes osseux des crustacees, etc. Voici I'enonce des principaux resultats auxquels M. Fremy est arrive : 1° La substance organique contenue dans -les os et appelee os- seine par MM. Ch.' Robin et Verdeil, est isomerique avec la gela- tine; sa transformation en gelatine, parl'eau bouillanteou les acides, est plus facile quand elle est extraite des os des animaux jeunes, que lorsqu'elle est extraite des os des animaux vieux. L'osseine, pro- venant des os les plus divers, d'oiseaux, de reptiles, de poissons, reste la meme dans sa composition. 2° Les OS de certains oiseaux aquatiques et les aretes de quel- ques poissons, contiennent , en outre de l'osseine , une autre ma- tiere organique blanche, transparente, elastique; isomere aussi avec la gelatine, niais qui ne se transforme pas en gelatine par Taction de I'eau bouillante ou des acides. 3" L'osseine, dans les os, est a I'^tat de libertd, et non pas en combinaison avec le phosphate de chaux. 4° Le phosphate de chaux des os est reellement tribasique. Les OS contiennent, en outre, un phosphate ammoniaco-magnesien, et du fluorure de calcium en quantite variable et tres-faible. 5° II existe une difference de composition entre la partie dense et la partie spongieuse des os; celle-ci contient moins de sels cal- caires. 6" Les couches d'os d'ages differents presentent une composition identique; I'os d'un foetus contient autant de sels calcaires que I'os 612 COi^.HUh. d"iin vicilLiMl. Les ou, par consi'ijuc!!: . lie se formcnl p;'ts par iii- crustaiion knlo ou invasiun succesaiNc ucs sels calcaires, mais par agglomeration de points osseux, ayant, des Forigine, la coniposition des OS arrives a I'elat de developpement coinplet. L'os d'un vieil- lard est plus dense parce que la partie spongieuse est reniplacee par la substance osseuse ; il est uioins elastique, parce qu'U est moins hydrate. 7" Les OS compldtement developpes dea vertebres, contiennent en moj-enne 64 pour cent de phosphate de chaux, et 10 pour cent de carbonate de chaux, c'est-a-dire trois equivalents du premier sel, et un equivalent du second. Des etres, qui oflFrent dans leur organisa- tion des differences fondamen tales. I'homme, I'elephant, le lion, I'autruche, le serpent, la tortue, la morue, etc., presentent, quant aux elements essentiels, une composition identique des os. La quan- tity de carbonate de chaux augmente un peu avec I'age; la quantite de carbonate magnesien contenue dans les o^ est en general de 2 pour cent. Les os des manuniferes herbivores sont plus charges de sels calcaires que ceux des carnivores ; les os des oiseaux sont en- core plus riches en matiere rninerale; les os des poiasoiis cartilagi- neux retiennent moins de sels calcaires que ceux des poissons osseux. 8" Les OS fossiles contiennent en gi'meral tres-peu d'osseine ; elle e.>t reniplacee, plus ou moins completement, par differentes sub- stances miiierales, variables suivant les terrains; carbonate ou sul- fate de chaux ; fluorure de calcium, silice, oxyJes de fer, etc. 9" La composition des ecailles de poissons est presque identique avec celle des os et des cartilages ; elles contiennent de 35 a 50 .pour cent de sels calcaires ; la substance organique est aussi I'os- seine. 10° Les coquilles ne contiennent presque que du carbonate de chaux, avec des traces seulement de phosphate. La matiere qui les colore est azotee et tres-instable, elle parait identique avec celle qui colore le coraii en rouge. Certaines coquilles contiennent une nou- velle matiere organique, la couchioline , isomerique avec I'ossdine, mais ne se transformant pas en gelatine sous Taction de I'eau bouil- lante ; dessechee , elle presente un aspect feutre tres-remarquable. 11" L^ partie inorganique du squelette tegumentaire des insectes est un melange de phosphate et de carbonate de chaux. La matiere organique non azotee qu'ils renferment est la chiline de M. Bra- connot, isomere avec la cellulose, mais ne formant pas de pyroxi- COSMOS. 613 lene par I'acide azotique fumant, et de glucose sous rinfluence des acides etendus. 12" La corne, les fanons de baleine, et les autres corps azotds analogues, contiennent un certain nombre de substances organiques isonieriques avec I'DSseine, mais qui en different par des propriet^s tres-nettes. M. Fremy, en finissant, remercie ses savants collegues du Mu- seum de I'empressement avec lequel ils ont mis leurs riches collec- tions a sa disposition ; et son preparateur, M. Terreil, de son con- cours si actif et si intelligent. — M. Poncelet presente, au nom de M. Serret, la nouvelle Edi- tion de son Trait e des approximations numcriques , corrigee et auo-mentee; nous reviendrons sur ce petit ouvrage qui n'est pas sans nne grande importance et public par M. Mallet-Bachelier. — M. Le Verrier depose les Elements de la planete Amphitrite calcules par M. Yvon Villarceau. Ce travail presente deux parti- cularites remarquables; la premiere c'est que M. Villarceau a fait usage pour la premiere fois de determinations graphiques ; la se- conde c'est que, quoique ces caiculs embrassent les observations de six mois, les elements ne sont pas encore completement definis; la lontritude moyenne de I'epoque comporie encore une erreur possible de 110 secnndes. — La correspondance hebdomadaire n'a pas (5te depouillee; parce que TAcademie s'e.-,t formee de bonne heure en comite secret. Elle a declare, a une grande majorite, qu'il y avait lieu a com- bler, dans la section de botanique, le vide laisse par la mort de M. Gaudichaud. — M. Mathieu a lu, au nom de la Commission des prix de stalis- tique, un rapport qui conclut a ce qu'on accorde des mentions ho- norables a divers auteurs, tout en di^clarant qu'il n'y a pas lieu a decerner de prix. — Par I'organe de M. Liouville, la Commission du grand prix de mathematiques propose, pour sujet du concours , la grande question des marines. ANNALES DE POGGENDORFF, DIXIEME LIVRAISON DE 1854. I. Sur la dependance enlre la transmission de la chaleur rayon- nante a U avers itn cristal et la direction sidvant laquelle le rayonnenient a lieu ,■ PAR M. KNOBLAUCH. C'est la seconde partie d'un meinoire dont nous avons deja ana- lyse la premiere. L'auteur etend ses experiences aux cristaux a deux axes, et arrive aux conclusions suivantes : 1" La chaleur rayonnante traverse certains cristaux a deux axes, comme la dichroite, la diopside et autres, en quantites differentes etinegales, suivant lesdiffeientes directions. Ainsi, pour la dichroite, la quantity transmise est plus abondante suivant la ligne moyenne; elle est plus faible perpendiculairement au plan des deux axes opti- ques, la plus faible possible parallelement h la ligne suppl^mentaire. Pour la topaze bleue, la quantite transmise est au contraire plus faible suivant la direction de la ligne moyenne; plus abondante perpendiculairement au plan des axes optiques, et maximum dans la direction de la ligne supplementaire. 2° Apres la transmission, les faisceaux de chaleur rayonnante pos- sedent des propridtes differentes, suivant la direction qu'ils ont suivie dans le cristal , c'est-a-dire qu'ils se comportent differemment par rapport aux corps diathermanes qu'on leur fait ensuite traverser. Les cristaux difftirents presentent, a ce point de vue, des differences notables. Si la chaleur transmise est polarisee avant la transmission, on pourra, la direction de transmission restant la meme, constater des differences dans la quantite de chaleur transmise, suivant que la cha- leur sera polarisee dans tel ou tel plan. Ainsi, par exemple, les rayons dont le plan de polarisation coincide avec le plan des axes optiques sent traiismis en plus grande abondance, dans la direction de la ligne moyenne, a travers la topaze jaune ou bleue, que les rayons polarises dans un plan perpendiculaire au plan des axes , tandis que le contraire a heu pour le calcaire pesant, la hornblende, la pistacite, le mica, la dichroite et d'autres cristaux. Les rayons polarises dans difforents plans et transmis dans une meme direction se distingue nt aussi souvent les uns des autres, aprfeg la transmission, par leur aptitude a traverser une meme substance COSMOS. 615 diathermane. La maniere d'etre des rayons polarises dansle meme sens, et transmis suivant une meme direction, n'est pas la meme pour les differents cristaux ; elle varie beaucoup, au contraire, meme pour lescristaux qui appartiennent a un meme systeme, comme la topaze jaune ou bleue, et autres. Pour un seul et meme corps, le mica, par exemple, les differences quantitatives etqualitatives des rayons polarises dans divers plans et transmis, augmentcntavecl'epaisseur des couches traversees. (Pour !e mica appele mica a un axe, les divers rayons poltirises ne presentent pas les memes differences dans leur passage pareillement a I'axe.) Si la chaleur traverse successivement deux plaques d'un meme crista], par exemple, de pistacite, on voit apparaitredes differences semblables a celles ci-dessus enoncees, suivant que les plans des axes optiques des deux plaques sont parallMas ou a angle droit. II. Si la chalenr rajonnante traverse certains cristaux a un axe, comme I'amethyste, I'idocrase et autres, on verra naitre des dif- ferences, soit quantitatives, soit qualitatives, suivant que le rayon aura penetre dans telle ou telle direction. Mais quelque grandes que soient les differences dans le passage parallelement a I'axe, ou perpendiculairement a I'axe, on n'apergoit de diflerence d'aucune sorte dans la maniere d'etre entre les rayons qui, quoique ayant traverse le cristal dans des directions tres-diver- ses, sont ensemble perpendiculaires a I'axe. Les cristaux a un axe dif- ferent ainsi des cristaux a deux axes, pour lesquels les differences quantitatives et qualitatives des rayons transmis sont sensibles dans les trois directions perpendiculaires entre elles. Si la chaleur est polarisee, on verra apparaitre des differences entre les rayons transmis dans una seule et meme direction, suivant la position du plan de polarisation. Les transmissions perpendiculaires a I'axe, comparees entre elles, presentent encore cette fois un accord complet. C'est seule- ment dans la transmission lelongde I'axe, ou parallelement a I'axe , que la maniere d'etre des rayons est independante du plan de pola- risation ; c'est-a-dire que si le plan de polarisation passe par I'axe, les differences s'evanouissent. Les differences dans la transmission a travers plusieurs r-'istaux suivant differentes directions, sont plus sensibles pou-'- ''^^ rayons polarises que pour les rayons de chaleur rayonnf-''^ naturelle, si leur plan de polarisation est une fois paralle'- "^ 1 ^^^> ^t 1 autre fois perpendiculaire; ces differences s'ev^''0"issent completement si le plan de polarisation passe dans k^ deux cas a travers I'axe. 616 COSMOS. Les rayons Iraiisuiis a travers ramcthyste et I'idocrase se distin- guent daiis des circonstances d'ailleui^ semblables au double point de vue de leur quantite et de leur aptitude a traverser des subs- tances diathermanes. Touted ces observations s'accordent avec celles faites sur le cris- ta! de roche, le beryl et la tourmaline. Ill, Meme pour les cristaux du systeme regulier, comme les chaux fluatees colorees, les sels de roche sillonnes de baiidesbleues, et autres, on peut constater des diflferences dans les propriet^s des rayons transniis, suivant que la transmission a lieu dans telle ou telle direcHion. Pour la chaleur polaris^e, la transmission est la meme pour une seule et meme direction ; la position du plan de polarisation n'a aucune influence sur les diiTerences observees. SUE l'aberraxion dk t.a. lumiere, PAR M. BEER DE BONN. La question que M. Beer veut traiter est au fond celle-ci : com- ment I'ether ou fluide lumineux qui penetre les corps transparents, est-il afiecte par le mouvement de rotation ou de translation de ces corps? Reste-t-ii immobile ou est-il entrain^ lui-memel S'il est en- tr^ne, I'est-il avec toute la vitesse, ou avec une fraction de la vitesse du corps. Pour resoudre cette question delicate soulevee autrefois par Fresnel , a I'occasion d'une experience negative c^lebre de M. Arago, M, Beer examine quelques cas particuliers plus acces- sibles a r analyse. Concevons un milieu separe du vide absolu par une surface plane, et dont I'indice de refraction soit n; un rayon lumineux venu d'une etoile a travers les espaces vides, penetre dans le mi- lieu, et s'y propagerait avec la vitesse F^ si ce milieu etait en re- pos ; mais s'il est en mouvement, s'il est anime d'une vitesse v, s'il est, par exemple, emport^ par la terre, et si I'ether que ce milieu renferme prend part a ce mouvement de translation en devenant animd lui-meme d'une vitesse c v, fraction de la vitesse v du milieu, il est naturel d'admettre que la vitesse de propagation du rayon I'^'Tiineux, ne sera plus la vitesse /^"correspondante a I'etat de repos absoiQ., qu'elle sera modifiee, que sa variation dependra de la vi- tesse f durailieu et du coefficient c, que M. Beer appelle coeffi- cient de correpv.-.,!^ parce que, dans son opinion, I'ether est r(5el- lement entraine ('•«/-;/«/• c«m) avec le milieu, tout entier ou ;;en partie. Or, il s'agit d'evcj^er le coefficient c, et d'arriver a recon- naitre par la la quantite d'er^er entrain^e. COSMOS. 617 M. Beer con9oit que flans le second milieu on installe un astro- labe, ou tube rectiligiie, a travers lequel on observe une etoile; que cet astrolabe, d'abord perpendiculaire a la surface de separation, est ensuite incline jusqu'a ce que son axe coincide avec le rayon r^fracte, c'est-a-dire avec le rayon venu de I'etoile, et qui a ete de- vie a son entree dans le milieu ; il se demande alors quelle doit etre la valeur du. coefficient c pour que Tangle parcouru par le tube, pour veiiir a la rencontre du rayon refracte, reste le meme, soit que le tube soit rempli de la substance du milieu, soit qu'il soit vide. Un calcul facile et fonde sur les lois connues de I'aberration le conduit a la valeur cherchee du coefficient c; cette valeur est la fraction 1 — !/«-, n dtant toujours I'indice de refraction du milieu. Cette fraction croit a mesure que le coefficient de refraction aug- mente; elle est egale pour i'eau a 7/Tfi ou 0,4375; pour I'air a 0,000589. M. Beer ajoute : !Si on admet qu'un cylindre rempli d'une substance dont I'indice de refraction est n se meut, au sein d'un es- pace vide, dans la direction de son axe, avec la vitesse p, I'ether pendant le mouvement de ce cylindre, coulera le long de son axe, et la vitesse de ce flux sera ^"/^'^; tout se passera done comme si un ^ ,j'i 1 portion egale a — ^ — de I'ether contenu dans la substance du cy- lindre se mouvait avec la vitesse entiere i', tandis que la portion restante l//<' serait completement en repos. Le second probleme r^solu par M. Beer est celui-ci : un prisme rectangulaire P Q R, dont I'une des hces P Q, pour fixer les idees, est horizontale, se meut dans I'espace vide suivant une direction perpendiculaire a la face P Q , et re9oit une fs^rie d'ondes lumi- neuses se propageant dans une direction directement opposee a celle suivant laquelle le prisme avance. Apres que ces ondes, ou mieux le rayon lumineux qu'elles engendrent, a (§te refracte ou devit^ de sa route primitive par Taction du prisme, il p^nctre dans un astrolabe ou tube animc du meme mouvement que le prisme, ne changeant pas, par consequent, de position par rapport au prisme. L' observation a prouve que Tinclinaison de Tastrolabe, ou Tano-le parcouru par lui pour atteindre le rayon refracte, est le meme fj«e si Tastrolabe etait en repos, et qu'il se fiit incline pour recev'oir le rayon refract^ par le prisme aussi en repos; le meme que »i le rayou se propageait dans la meme direction que Tastrol«L)e et le prisme, au lieu de se propager en sens contraire : que'-'c: vitesse faut-il assi- gner u Tether renferm^ dans le prisme, ou tiu coefficient c, pour ex- pliquer ce resultat negatif qui constitue Texperience celebre de 618 COSMOS. M. Arago?Le calcul prouve que la valeur cherchee est la incme que dans le cas prec(5clent, c = l — I/m-. Si M. Beer avait applique sa mcthode a I'experience negative de M. Babinet, d'oii il resulte qu'une plaque refringente , en- traiii^e par la terre, retarde les rayons lumiiieux exacteincnt de la meiiie quantite, soit lorsque le sens du mouvement de la lumiere conspire avec celui de la terre dans I'espace, soit lorsque ces deux mouvements sont en sens contraire, il serait arrivt?, sans aucun doute, a la merae conclusion, a la meme valeur de c. Mais en outre des experiences negatives de MM. Arago et Ba- binet, il est une experience positive d'une importance tres-grande, celle de M. Fizeau, qui a mis en evidence le deplacement des fran- ges d'interferences produites par deux rayons qui ont traverse deux tubes d'egale longueur rpmplis d'eau ; et dans lesquels I'eau , au lieu d'etre en repos, coule ou est animcc , dans I'un des tubes, d'une vitesse de meme sens que la propagation du rayon luniineux; dans I'autre tube, d'une vitesse ^gale en sens contraire. M. Beer discute a son tour cette belle experience, et nous donnerons cette foisles details du calcul. Soit F lu vitesse de la lumiere dans le vide; V sa vitesse dans I'eau en repos ; i> la vitesse de I'ecoulement de I'eau ; c le coefficient de correption ; <:/ la durde des vibrations du rayon lumineux sup- pose homogene ; / sa longueur d'onde : la vitesse de propagation dans le premier tube, ou I'eau marche dans le sens du rayon, sera J^' -j-cj^; la vitesse de propagation dans le second tube, sera, au contraire, V — ci>;\es longueurs d'onde, dans les deux tubes, seront des lors [V -\- c v) d, {V' — c v) d ; et en appelant L la longueur commune des deux tubes, A^i, A'a, les nombres d'ondes contenues dans ces deux tubes ; on aura iV,= La difference D entre les deux nombres iVa et N\ d'ondulations, c'est-a-dlre la difference entre les chemins parcourus par les deux faisceaux lumineux, ou la difference de marche sera donnee par I'equation, ^ _ y _ J. _ -^ T. 2 r.cv __ %Lcv en negligeant le carre dt la vitesse v, tres-petite par rapport a F. On a d'ailleurs V d = I- V=.n F' , n etant lindice de refrac- COSMOS, 619 tion de I'eau, et en substituaiit pour V et d ; dans I'expression de Z), leurs valeurs tirees de ces Equations, on trouve dcfiniti- vennent : 2 Lificv Si I'ether ne prenait aucune part au mouvement de I'eau, on aurait c = o, et, par suite, D=:^o; il n'y aurait ni difference de marche ni interference : or, I'experience constate une difference de marche; rc'ther est done entraine par i'eau, S'il etait enlraine avec toute la vitesse de I'eau, avec la vitesse v on aurait c= I ; et en mettant dans I'equation qui donne D, a la place de L, c, u, I, V, les valeurs corre?pondantes aux donnc'es des expeiiences de M. Fizeau , et qui sunt, expriinees pn metres, ^ Z, = 1,487, i^ = 7,069, « = 4,3, /-^0,OU(.0005S, c = 280 000 000 on'trou- verait Z?_^ 0,4602: or, cette difference de marche est double de la difference observee, qui etait Z!^ = 0,23 ; I'ether n'est done pas entraine avec toute la vitesse de I'eau. Faisons enfin une derniere hypothese; donnons, au coefficient c, la valeur 1 — !;«''=; 7/16 a laquelle on a ete conduit dans la discussion des experiences nega- tives; nous aurons alors Z) = 0,2013; valeur qui differe tres-peu de la valeur observee 0,23; done cette meme valeur du copfficieiit c= il — l/«' rend ccmpte de I'experience positive de M. Fi/eau, comme des experiences negatives de MM. Arago et Babinet. Jusqu'ici nous avons laisse parler M. Beer. L'ensemble de sa note et le nomde coefficient de correption qu'il donne au coefficient c, prouvent d'une maniere positive qu'il admet un veritable entrai- nenient de I'ether contenu dans les corps en mouvement : c'est aussi I'opinion formellement exprimee par M. Fizeau ; mais M. Ba- binet, le glorieux depositaire de la science et des traditions de Fres- nel et d'Arago, auxquelles il a tant ajoute, se refuse absolument a admettre I'entrainement de I'ether, et nous presse de protes- ter centre cette denomination dangereuse de coefficient de cor- reption. Voici, en realite, comment, suivant lui, les chores se fias- sent : Un milieu refringent, dont I'indice de refraction, pour une cou- leur simple, est represente par n, equivaut a un elher qui aurait pour densite «^ : en effet, d'apres les experiences positives de M. Arago, un trajet dans un milieu 1, equivaut a un trajet n de vide; done la vitesse dans le nnlieu 1 est ]//i, et par consequent sa densite (/ est ir; car, en supposant I'elasticite de I'ether con&tante 620 COSMOS. et (^f^ale a 1 , la vitesse dtant toujours dgale a la racine carrce du rapport de I'elasticit^ a la densite , on aura v- = Ijd ; et puisque -y = 1^7?, (l-=n}. Cela pos^ : dans ce milieu «', il y a d'abord, 1" 1 pour I'^ther, qui penotre le milieu en tout sens, qui y est a son aise, qui peut cn- trer et sortir sans obstacle , et 2" ti^ — 1 pour la portion afferente a la masse du milieu. Si ce milieu est en mouvement ou anime d'une vitesse ^' , ce mouvement nesera pas partage par la portion 1 ; c'est la portion /j'^ — 1 qui sera seule animee de la vitesse v : mais une portion animee de la vitesse 0, et une portion n^ — 1, animde de la vitesse v, equivalent a I'ensemble du milieu anim6 dela vitesse v diminu^e dans le rapport de ce qui est mobile a la masse totale mue, ou dans Ic rapport de ii^ — 1 a «- ; la vitesse definitive du milieu qui propage Ics nndes lumineases, sera done et Ton retrouve ainsi la valeur c du pretendu coefficient de correp- tion de M. Beer , tout en supposant que I'c^ther contenu dans le mi- lieu ne prend aucune part a son mouvement. A. TRAMBLAY, proprietatre-gerant. mrRIMEI'.lE DE W. REMQUET ET C"., RVE GARANCIERE, 5. V. 8 DECEMBRE lS54. TUOISIEME VNNEE. COSMOS. NODVELLES ET FAITS DIVERS. La Section de medecine et de chirurgie de I'Academie des Sciences, chargee de formuler ]e programme du concours pour le prix de 100 000 fr. fonde par M. Breant relatif au cholera asiatique, a fait son rapport, par I'organe de M. Bernard, dans !a seance du 15 novembre dernier. Voici les conclusions de ce rapport adopts par I'Academie : l"Pour remporter le prix de 100 000 fr., il faudra : troxjver UNE MEL1ICATI0N QUI GUERISSE LE CHOLERA ASIATIQUE DANS l'iMMENSE MAJORiTE DES CAS ( c'est-a-dirc d'une maniere aussi sure, par exemple, que le quinquina guerit la fievre intermittente), ou indi- QUER d'une MANIERE INCONTESTABLE LES CAUSES DU CHOLERA ASIA- TIQUE ; DE FAgON Qu'eN AMEN ANT LA SUPPRESSION DE CES CAUSES ON FAS3E CESSER l'epidemte ; ou enfin : decouvrir une prophvlaxie CERTAINE ET AUSSI E\ IDENTE QUE l'eST, PAR EXEMPLE, CELLE DE LA vaccine POUR LA VARIOLE. 2° Pour obtenir le prix annuel de 5 000 fr., il faudra, par des procedes rigoureux, avoir demontre dans 1' atmosphere I'existence de matieres pouvant jouer un role dans la production ou la pro- pagation des maladies epidemiques. Dans le cas ou les conditions precedentes n'auraient pas ete remplies, ce prix annuel de 5 000 fr, pourra, aux termes du testament, etre accords a celui qui aura trouve le moyen de guerir radicalement les dartres, ou qui aura eclaire leur etiologie. — La Societe royale de Londres a tenu, jeudi dernier, sa seance publique annuelle. Le comte de Rosse a fait, pour la dernicre fois, le discours d'usage; il se voit force , bien a regret, de renoncer a presider encore cette illustre compagnie : il a 6t6 remplace dans cette meme seance par lord Wrottesley. Les officiers de la Societe royale pour I'annce 185-5 sont : Tresorier, le colonel Sabine ; se- crelaires, MM. William Sharpey et Georges Gabriel Stokes ; se- cretaiie pour t etranger , Real-Admiral Smyth. Membre du con- seil : MM. Neil Arnott, Amiral Beechey, Thomas Bell, sir g22 COSMOS. Benjamin Brodie, Charles Darwin , Warren de la Rue, comte d'Harrowby , A, W. Hoi'mann , Thomas Henry Huxley, John Miers, James Paget, Rev. Baden Powell ; comte de Rosse, Robert Stephenson. William Tite, Charles Wheatstone. La medaille de Rumfort a etc decernee a M. le docteur Arnolt, pour la construction, couronnce de succes, de sa grille en fer sans fumcp. M. de Peyronny, capitaine du genie, a Cherbourg, dleve tres- distingu^ de I'Ecole polytechnique, a invente un charmant cadran so- laire universe! etperpetuel, aveclequel, par une operation extreme- ment simple et de quelques instants, on peut, toutes les fois que le soleil apparait, soit determiner I'heure d'unlieu quelconque dont on connait la latitude, soit determiner la latitude du lieu de ['observa- tion quand on a mesurela hauteui' maximum du soleil. Construit meme en carton et coutanta peine un franc, ce charmant petit appareil, qu'on renferme dans son portefeuille, peut donner I'heure pendant vingt ans, quelque part que I'on aille, avec une ap- proximation d'une ou deux minutes ; si on le construit en cuivre, sans cesser dele rendre portatif, on peut lui donner une exactitude qui sera beaucoup plus grande. Dans notre prochaine livraison nous donnerons le dessin , la description et la th(§orie du cadran solaire universel et perpetuel. Cette solution d'unprobleme eminemmentui- tdressant, nous a d'autant plus charme, qu'a Londres, M. Wheats- tone nous avait montre un appareil beaucoup plus complique et plus cher qu'il venait de faire construire dans le meme but. — M. Basset, redacteur en chef de WAgricidteur Praticien, bien connu de nos lecteurs, va faire sous peu de jours un Traite (V Alcoo- Usationgenerale, qui comprendra tout ce qm touche de pres ou de loin a cette branche si importante de I'industne : les principes et la theorie de I'alcoolisation; la nature des ferments ; I'etude des matie- res qui sans ou avec saccanfication prealable, peuvent etre conver- ties en alcool ; les operations a executer ; les rendements a obtenir ; toutes les donnees numeriques enfin qui interessent le distillateur. _ Par un arrete de M. le Pretet de police , en date du 29 no- vembre, il est express^ment defendu de proceder a I'extraction et au transport des matieres contenues dans les fosses d'aisance, avant que la desinfection en ait ete completement operde. II devra elre pro- cede a cette desinfection, autant que possible, dans la nmt qm prd- cedera I'extraction des n>atieres. Cet anete a pour pomt de de- part un considerant qui atteste un grand progres accompli : .. Considerant que, par suite d'expi^riences doja anciennes, et sut- COSMOS. 623 fisamment r^pel(^es, il est rcconnu qu'on peut desinfecter rapide- ment et oconomiquement les niatieres contenues dansle^ fu^sesrd'ai- sance ; qu'en outre, il est aujourd'hui demontre que cette desinfec- tion peut etre assez complete pour que les matieres liquides extraites des fosses soieiit ecoulees dans les rgouts sans aucun inconvenient ; que la division des matieres dans les fosses fixes ou mobiles estpeu couteuse a etalilir, qu'elle est toute entiere dans I'interet du pro- prietaire, et qu'elle permet d'obtenir une desinfection plus prompte et plus complete, etc., etc. ; •> Chaque entrepreneur de vidange devra faiie connaitre a I'ad- ministration son procede de desinfection, et ne pourra I'employer qu'apres que ce procede aura ete ajiprouve sur I'avis du Conseil de salubrite. Les matieres liquides desiufectees ne pounont etre ecou- lees dans les cgouts qu'au moyen d'uiie conduite souterraine, ou du moins, d'un tuyau aboutissant a la Louche de I'egout leplus voisin ; Les fosses mobiles et les fosses en ma^onnerie devront , lors de la premiere vidange, recevoir les dispositions ou appareils necessai- res pour operer la separation des matieres solides et liquides. — Voila done encore uii grand progres accompli ; Tanetesur les vidanges est un second et bienheureux jias fait dans la voie ouverte par I'arrete qui ordonne la suppression de la fumee. Nous n'avons, I'autre jour, dit qu'un mot a peine, en passant, des excellentes grilles fumivores de M. Tailfer, dont nous avons un des premiers reconnu les avantages incontestables : 1" absence complete de fumee pen- dant toute la marche, quelquc prolongee qu'elle soil; 2" eco- nomie de combustible de 15 a 20 pour cent, resultant de la combus- tion de la fumee, de la non ouverture des portes, la grille se char- geant elle-meme, de lapossibilited'employerdu menucharbon, beau- coup moins cher que le gros ; 3° conservation du metal des chaudie- res, par elimination des coups de feu et de.s courants d'air froid ; 4" production plus reguliere de vapeur ; 5" soulagement considera- ble du chauffeur, qui n"a plus a projeter sans cesse du charbon sur un foyer ardent, qui ne respire plus un air brul6 et briilant, etc. Nous avons pensd que nos lecteurs verraient avec plaisir le dessin de cette belle grille, et nous nous sommesempresse de ledemander au possesseur du brevet : il se comprend sans peine. La grille re- presente une chaine sans fin, a barreaux alternants et articules, tres-serres; elle s'avance avec une vitesse moyenne de 30 millime- tres par minute; le charbon menu, verse dans une tremie situee a droite et en haut du dessin, est entraine par la grille; il tombe fort peu d'escarbilles ; le charbon est entierement consume; le machefer 624 COSMOS. tombe seul a I'exlrf^mit^ ; le decrassage des barreaux s'op^re par le jeu de leurs articulations. Pour augmenter ou diminuer la pro- duction de vapeur, le chauffeur dispose de trois elements : la hau- teur de la porte par laquelle le charbon descend sur la grille ; la Vi- tesse de la grille j le registre, enfin, de la cheminee. Nous pourrions citer d'innombrables temoignages en faveur de Texcellent service des grilles fumivores, solennellement approuvees par le conseil de la Sociele d'encouragement, la plus haute autorite en cette matiere. Dans un rapport fait au nom d'une commission,, nommee par le Conseil de salubrity du departement du Nord , un savant et venerable physicien, M. Delezenne , resume parfaitement en quelques mots, les qualites du nouvel appareil. Avec la grille Tailfer la fumee est nulle, les coups defen iie sont plus a crain- dre; on realise une grande economic sur la quant ite du combus- tible. — Nous annon9ons avec bonheur que M. Gardissal , en collabo- ration avec M. Tolhausen, vieiit de faire paraitre le second volume, anglais, fran^.ais et allemand deson excellent dictioimaire technolo- gique. C'ebt une bonne fortune pour ceux qui, ne se contentant pas de traductions mal faites, veulent recourir aux sources originales, et qui se trouvaient arretes a chaqueinslant par le sens vague ou mal defini des expressions techniiiues, expressions qui effiaient meme dans la langue matcrnelle. _ Daiid laderniere seance de la Societe d'encouragement, M. de Mailer et M. Castetz, fabricants de corps gras a Puteaux, en depo- sant un paquet cachete, ont annonce qu'ils ^taient ou seraientbien- tot en possession d'un moyen de remplacer completement le mode du chauffnge actuel avec disparition complete de la fumee. PEOTOGRAPEIE. Nous venons, un peu tard, decrire le charmant chassis Marion, avec portefeuilles preservateurs, qui se trouve doja dans un tres- grand nombre de mains. II s'agissait, pour r^pondre a I'un des be- soins les plus pressants de la photographie, de construire un appa- reil avec lequel, en canipagne et en pleine lumiere, on put prendre sur papier negatif, sensibilise a I'avance, autant de vues que Ton voudrait. Nous avons deja rendu compte de bien des essais en ce genre ; le portefeuille preservateur et certains accessoires, petits en apparence, excellents en realite, ont fourni a M. Marion une solu- tion d'une simplicity et d'une efficacite vraiment remarquables. De- crivons-la brievement et clairement. II faut avant tout appliquer chacune des feuilies sensibilisees qui doivent recevoir une epreuve sur un carton, blanc d'un cote, noir de I'autre, termind par un pro- longementen queue d'aronde; oncoupe la feuilleun peuplusgrande en longueur que le carton, on I'etend seche sur un cahier de papier buvard ; on pose le carton, par sa surface blanche, sur la feuille qui le depasse en haut et en bas, on rabat les bords de la feuille sur le carton noir, on les fait adherer au carton par un peu de gomine, et on repete la meine operation, dans I'obscurite, sur autant de feuilies qu'on veut en emporter avec soi, et qui sont ainsi toutes collees sur des feuilies de carton terminees en bas par des queues d'aronde. On met ensuite chaque feuille dans un portefeuille ou dtui en carton noir, que M. Marion vend tout fait, ou que Ton prepare en prenant une feuille de carton un peu plus large que le papier sensibilis^, et plus longue de huit centimetres environ, que Ton plie en deux, et dont on rapproche les bords lateraux par des bandes de papier gomme; le portefeuille est ainsi ouvert par le bas, ferme par le haut; de plus, en bas, sur sa face posterieure, pres de ses bords, a droits et a gauche, on colle deux petits tasseaux en bois, epais d'en- viron 2 millimetres, pour les sixiemes de plaque, longs environ d'un centimetre et demi. Voila done que toutes les feuilies seiisibilisees sont collees sur carton et enfermees dans des portefeuilles, de telle sorteque la queue d'aronde qui termine le carton qui les porte de- passe le portefeuille; une petite bande de parcheniin collee a ce carton, en dessus de la queue d'aronde, permet aussi de retirer la feuille du portefeuille, oude la maintenir quand c'est le portefeuille que Ton tire. Arrivons maintenant au chassis. Par sa face anterieure il ne differe en rien du chassis ordinaire, la fenetre mobile appliquee contre la glace, glisse entre deux coulisses et se rabat horizontals- 626 COSMOS. meiit en tournant sur deux charniercs. La porte exterioure, fermce par deux cooliets et s'ouvraiit a chariiieres, porte en son milieu une vis qui 1» penetre de part, en part, et vienl se fixer au ct_iitre d'un carton rcctangulaire epais, ou d'line plaque de bois recouverte de papier, qui est entiferenient mobile, qui s'avance quand on fait tour- ner la vis di^ gauche a droite, qui se rapproche de la purte quand on tourne en sens contraire. Le chassis est crevisc inti'rieurenient, de nianiere a former une cavite rectanguhiire d'enviroii 5 millimetres de profondeur, cette cavite e.-t ouverte j)ai- en haut, ferinoe par en has, cL de plus le tasseau ou la planche qui la t'ertiie par lo has, porte en son milieu une entaille ea (pieue d'nroiide, dans lacpaelle doivent s'engager les queues d'aronde des carton?. Cela pose, quand on veut operer. on prend un des portefeuilles ; on le place de telle sorto que le cote iioir de la queue d'aronde soit en dessus, et par consequent la feuille sensibilisee du cote de lalu- miere ; on engage le bord superieur ferme du portefeuille dans la rainure svqierieure de la cavite du chassis; on fait entrer la queue d'aronde du carton dans I'enlaille inferieure de nieme forme; le bord superieur ferme du portefeuille sort ain^i du chassis, ou le deborde de cinq millimetres environ; on ferme la porte du chassis : comnie la vis est d' promene une aiguille isolee de tout soutien mccanique, simpleinent mainte- nue entre la face divisee et une vitre ; attiree par I'aimant interieur dont elle suit tousles mouvements, I'aiguille parcourt ainsi les divi- sions d'une echelle dont le zero correspond au niveau normal de I'eau dans la chaudiere. La face de la boite sur laquelle I'echelle est tra- cee, est dorde afin qu'elle puisse rester toiijours brillante, Dans les indicatcurscomplets le dessus de la boite porte une tubulnre fermee par une soupape qui s'ouvre de haut en bas. et est maintenue en place par un petit ressort a boudin. Lorsque la soupape est ouverte, un jet de vapeur sort et penetre dans le sifHet d'alarme; die s'ouvre d'ailleiirs par Taction d'un systeme de leviers, soit lorsque le barreau aimanto descend a 5 centimetres au-dessous de sa hauteur normale, soit qu'il s'eleve a 12 centimetres au-dessus. Get appareil a de grands avantages sur les flotteurs ordinaires, suspendus habituellement a un fil de cuivre qui traverse une petite boite a etoupes, installee sur le dessus de la chaudiere. Presque tou- jours, en effet, la tige est soit trop serree, et le flotteur alors est peu sensible ou inutile, soit trop lache, ct dans ce cas il y a fuite de vapeur : le chauffeur est sans cesse oblige de tater son flotteur pour COSMOS. 631 atteinclre un point intermediaire ou la boite a etoupe ne fuit pas, et ou cependant le fil souleve par le flotteur peut encore glisser ; et quand ce point est atteint il faut graisser souvent pour le maintenir. Le fil de cuivre en outre est frequemment detruit, et la condition de le remplacer par un autre fil de longueur rigoureusennent egale n'est pas toujours fidelement remplie. Aucun de ces inconvt'nients ne se rencontre dans le nouveau flotteur, et M. Lethuillier Pinel, en reu- nissant, sur une meme tubulure, le flotteur ordinaire, le sifllet d'a- larme et la soupape de surele, evite de multiplier ies ouvertures sur le dessus de la chaudiere. L'appareil complet coute 200 fr. ; sans soupape et sans sifllet il revient a 170 fr. Cesprix semblent un peu Aleves au premier abord, mais ils sont plus que compenses par Ies depenses journalieres que Ies autres flotteurs exigent. Le comite des arts mecaniques, convaincu qu'une alimentation bien reguliere des chaudieres est le nieilleur preservatif contre le danger des ex- plosions, estime que l'appareil de M. Lethuillier Pinel, comma moyen exact et commode de constater a chaque instant le niveau de I'eau, est tres-digne d'etre porte a la connaisiance des indus- triels qui emploient des chaudieres a vapeur. Le conseil de laSociete remercie I'inventeur de sa communication, et ordonne I'insertion au Bulletin du rapport du Comite, avec dessin de l'appareil et legende, Cette charmante invention qui merite une glorieuse recompense, date de 1851, et a ete brevetee a cette epoque. L'experience a prouve que le barreau d'acier quoique tour a tour chauffe a une temperature de 150°, et refroidi, ne perd pas son magnetisme et fonctionne aussi bien apres trois ans que le premier jour. — M. Combe, au nom de ce meme Comite des arts mecaniques, lit un rapport tres-etendu sur un nouvel indicateur de pression pour Ies machines a vapeur. Watt a donne le nom d'lndicateur a l'ap- pareil dont il faisait usage pour determiner et enregistrer Ies pres- sions que la vapeur exerce sur I'une des faces du piston, dans Ies positions successives par lesquelles passe ce piston, pendant la pe- riode complete de son mouvement rectiligne alternatif. II serait tres- difficile, meme avec une figure, de donner une id(^e nette de ce genre d'appareils, rendu plus portatif et plus commode en 1831, par M. Mac Naught, de Glascow; modifie et perfectionne, en 1844, par M. Paul Gamier, qui etait parvenu a lui faire tracer successive- ment plusieurs courbes fermees sur une meme bande en dispensant ainsi de renouveler le papier a chaque experience. Le nouvel indicateur de M. Clair, tres-habile constructeur de mo- deles, presente, dit le savant rapporteur, des dispositions neuves et 632 COSMOS. ino-enieuses qui constituent des perfectionnements d'une grande importance. 11 trace a volontc soit des courbes fermees dont chacune correspond a une evolution complete du piston de la machine a va- peur, i?oit une courbe continue correspoiidante a un grand nombre d' evolutions successives et cela sur une meme longue bande de pa- pier, que Ton a enroulee autour d'un cylindre. Le Conseil remercie M. Clair de sa communication, et ordonne que le rapport du Comite sera insert au Bulletin avec la gravure et la description du nouvel indicateur. Au nom du Comite des arts cconomiques, M. Silberman aint^ fait un rapport sur le fiit de surete a jauge invariable de M. Ma- caire. Les moyens de surete proposes par I'inventeur consistent dans I'adaptation aux fiits qui doivent contenir les liquides en cir- culation, en depot, ou en vidange, d'une cannelle, d'unebondede forme speciale, et d'un cerclage en fer. La cannelle peut etrescellee ou mise sous clef; elle porte intcrieurement une soupape qui empeche tout liquide de penetrer a I'interieur par son bee; elle peut, en outre , porter un tube accusateur qui retiendrait une portion du liquide qu'on aurait tent^ d'introduire par elle. La bonde, tout en laissant penetrer I'air a volonte , fait obstacle a I'introduction d'un liquide etrano-er , et garde aussi une portion de ce liquide comme moyen accusateur de la fraude. Pour supprimer dans le transport les per- cages inutiles et dangereux, on adapte au tonneau un faussetquine peut etre ouvert que par les ayants droit. Les cercles en fer de M. Macaire sont relies entre eux, sur les douves, au moyen de ban- des longitudinales et de vis ; de telle sorte qu'ils ne puissent etre de- plac^s dans le but de eacher les trous que Ton aurait perces avec des vrilles pour les fermer ensuite avec des chevilles. Des tonneaux ainsi ceroids restent intacts et conservent une jauge invariable pendant de lono-ues annees. Le Comite des arts economiques reconnait que M. Macaire, avec sa cannelle, sa bonde et son cerclage, a reellement atteint le but qu'il s'etait propose, de proteger les liquides contre la fraude et le vol ; le Conseil vote des remerciments a M. Macaire et ordonne I'insertion du rapport au Bulletin avec figures et l^gende. — Au nom des Comites reunis des arts Cconomiques et des arts mecaniques, M. de Sylvestre lit un rapport sur quelques nouveaux appareils uranographiques inventes par M. Henry Robert, horloger de la marine imperiale. M. Robert, dit le rapporteur, a deja cons- truitpour I'usage des ecoles plusieurs instruments uranographiques aussi simples qu'ingenieux qui, approuvCs et recommandes par la Society d'encouragement, ont 6i6 d'un tres-utile secours dans un COSMOS. 633 grand nombre de maisonsd'education. 11 a confie a vos comites des lettres aussi flatteuses qu'honorables pour lui , qui lui ont ete adressees de divers colleges de la province et meme de I'etranger, et qui temoignent des utiles services que ses instruments ont rendu jusqu'ici. Nous ajouterons qu'un de nos plus habiles astronomes, professeur a I'Ecole polytechnique, M. Faye, en a conseille I'usage dans la seconde edition de sa Cosviographie. Les appareils de M. Robert, approuves par la Society, sont au nombre de sept : 1° appareil des saisons ; du jour et de la nuit : solstice d'ete, equinoxe d'automne, solstice d'hiver; temps vrai, temps sideral, equation du temps ; 2° la lune : ses phases, sa ro- tation sur son axe ; 3" les trois corps, le soleil, la terre et la lune , eclipses; 4° precision des equinoxes : mouvement conique de I'axe de la terre; 5" stations et retrogradations des planetes, libration de la lune; 6" mouvement parabolique des corps pesants. Nous les etudierons avec soin. et nous en donnerons la description plus com- plete. Nous aussi nous sommes pleinement convaincu que le meil- leur de tous les enseignenients est celui quiparle a la fois aux yeux et a I'intelligence. M. Henry Robert est d'ailleurs un de ces artistes habiles, modestes, eminemraent honorables, que Ton est trop heu- reux de faire connaitre et de recommander. — M. Rousseau, pharmacien a Rennes, adresse la description sommaire d'un precede nouveau de traitement mdtailurgique des blendes cadmiferes et argentiferes. Cette methode est fondee sur les principes suivants : 1° Lorsqu'une blende cadmifere est portee et maintenue pendant huit heures a une temperature de 8 a 900 degres, le cadmium qu'elle contient passe a I'etat de sulfate; 2" le sulfite de zinc est presque insoluble dans I'eau; tandis que le bisulfite, au contraire, est tres-soluble ; 3"" le bisulfite de zinc se decompose par la chaleur en oxyde de zincet en gaz acide sulfureux ; 4" le chlorare d'argent est insoluble dans I'acide sulfureux. M. Rousseau affirme que sa methode, que nous decrirons quand il 1 aura completement formulee, lui donne avec beaucoup d'economie le cadmmm a I'etat desulfure; le zinc a I'etat d'oxyde pur, trouvant iinmediatement son application dans les arts; I'argent mele au plomb. — MM. Grangoirpereetfils, serruriers-mecaniciens, rue Sainte- Apolline, 22, appellent Tattention de la Societd sur plusieurs inven- tions, sur denombreux perfectionnements apportes pareuxa I'art de la serrurerie, et qui , faisant oublier les serrures Chubb ou Brama, feront adopter exclusivement la serrure fran9aise a gardes mobiles, sans point d'appui. Qgft COSMOS. — M. Castets atlresse dans un paquet cachete la serie complete des operations par lesquelles il croit elie parvenu a preparer la qui- nine artificielle. — La seance de la Society se terniine par uiie conversation entre MM. Dumas et Clerget sur I'alcool d'Asphodele. Tous deux ont re9u des renseignements nouveaux sur I'enorine quantity d'oignons d'Asphotlele qu'on rencontre en Algerie ; ils occupent une elendue de plus de 20 lieues carrees, et sont tellenicnt terres que lopera- tion du defrichement est assez penible. M. le general Le Vaillant (^'crit queles oignons et par consequent la pulpe resultant de i' extraction de I'alcool, peuvent tres-bien servir a I'alinientation des pores, qui les mangent sans repugnance et avec profit. Dans les niois de mai, de juin, de juillet et d'auilt, la propor- tion du principefermentiscible pent atteindre jusqu'a 12 pour 100, presque le maximum du rendenient en sucre de la canne, et le dou- ble du renderaent de la betterave. M. Dumas propose de fonder un prix pour la realisation d'uii appareil diijtillatoire portatif, avec lequel on pourrait aller traiter successivement sur divers points, les oignons d'asphodele arraches dans les defrichements. M. Clerget croit que 1' appareil en bois et en faience que Ton experimente en ce moment a Clichy, dans I'usine de MM. Thomas et Delisse, rem- plira peut-etre le but ; M. Borreswill rappelle que I'appareil a I'aide duquel on extrait I'alcool des mares de raisin , pourrait etre aussi employe avec de grands avantages. II est d'ailleurs presque cer- tain que les tiges d'asphodele, dont la hauteur est de un ou d'cijx metres, suffiront,dessechees, a entretenir le feu ni^cessaire a la ...s- tillation, qui se ferait ainsi presque sans depenses. — M. Dumas , enfin, a'ppelle des renseignements sur une autre plante plus abondante encore et plus encombrante en Algerie , la scille maritime, scilla maritima^ dont les oignons, enormes et durs, se pressent dans le sol de maniere a ne laisser aucun vide, et appa- paraissent a la surface. M. Fee, professeur de botanique a la Faculte de Strasbourg, afiirme que la scille renferme pres de 30 pour 100 de matiere sucree ou transformable en alcool; c'est <§norme et presque incroyable. II ne faut cependant pas oublier que la scille contient en outre, et en assez grande abondance, un principe acre et v^neneux, qu'il serait tres-difficile de separer de I'alcool obtenu, et qui en limiterait I'usage. N'importe , c'est une matiere interes- sante a cludier, et ce sera peut-etre une nouvelle source de richesse pour I'AIgerie. RiPPORTS ENTRE LES PROPRIETES PHYSIQUES ET CHIMIQUES DES CORPS. PAR M. DOJiAS. Voici les priiicipaux resullats deja c'hoiicl's par M. Dumas : " Les corps isomorplies out souveiit le menie volume atomique ; les ordoniiees de volumes sont egales. Pour ceux de ces corps qui ne sent pas dans ce cas, les sommets iles ordonnees sont toujouis, du moins, reunis pur des droites plus ou moins inclinees sur I'axe des abscisses. " Alors presque toujouis le volume s'accroit a mesure que le poids atomique s'eleve. Dans certains cas remarquables pourtant I'mverse a lieu, et le volume diminue quaiul le poids atomique augmente. " Lorsqu'on compare entreeux des corps de la memo classe, des oxydes, des chlorures, des sels, des composes organiques , on voit que si les sommets des ordonnees ne viennent rencontrer la meme droite qu'autaiit qu'il s'agit de corps du meme typechimique, pour une meme famille du moins, toutes les droiies passant par ces sommets tendent a rescer ])aralleiesentre elies et sont meme le plus souvent parfaiteinent paraileles. « Ce parallelisme existe meme eiitre les droites qui reunissent, d'une part, les ordonnees representant les volumes atomiques des chlorures, bromures et iodures metalliques , isomorphes , et celles qui se rapportent aux ethers composes renfermant au meme titre, le chlore, le brome et I'ioJe comme elements. " Quelquefois on remarque nt'anmoiiis, dans la direction gent^- rale des droites, des ecarts qui s'expiiquent par une circonstance particuliere qui se rapporte a la solubilite. " Entre deux composes comparables, les composes insolubles pa- raissent etre ceux pour lesquels I'ordoim^e du volume est la plus courte. Ce qui revient a dire que la contraction des elements est plus forte au moment de la formation des composes insolubles, ou bien encore que la quantite de chaleur exprimee a ete plus grande. " Un corps insoluble serait done un corps a qui manquerait reelle- ment la chaleur necessaire a sa fusion dans les dissolvants. " Les corps du mem.e type chimique sont done ceux qui ont, soit des volumes atomiques egaux, soit des volumes atomiques quis'ac- croissent ou qui diminuent proportionnellement a I'aceroissement des poids. lis sont lies cntre eux par une loi de continuite. " Non-seulement les corps composes d'un meme type sont sou- 636 COSMOS. mis a ces regies, mais dies s'appliquent egalement aux corps sim- ples metalliques ou noii-metalliques. Compares eiitreeux, ceux qui sent isoraorphes ofFrent aussi, tantot des volumes atomiques (^gaux, tantot des volumes qui s'accroissent ou qui dimiuuent proportion- nelleuient aux augmentations de poids. « Mais le trace relatif aux corps simples y revele des types tres- distincts, ety signale des lacunes encore trop nombreuses. " Aussi, pour saisir facilement les rapports numeriques qui unis- sent non-seulement les volumes atomiques, mais encore les poids atomiques des corps, rapports sur lesquels j'ai deja appele I'atten- tion il y a longtemps, en ce qui concerne les corps simples, faut-il r^ellement avoir recours a la comparaison des corps composes et en particulier aux tableaux que j'ai formes par I'un des procedes sui- vants : " 1° Pour les combinaisons organiques, j'ai construit depuis lona- temps une table a trois entri^es, qui classe la jjlupart des composes connus et qui permet de prevoir la composition des autres dans les cas oil ils subissent des modifications ordinaires. « Mais comtne tous ces composes peuvent se modifier, en outre, par des substitutions, j'ai cherche pour un type chimique donne et pour les corps capables d'y entrer, a combien s'eleverait le nombre de composes que les modifications du type permettraient de realiser, si, mathematiquement parlant, toutes les combinaisons possibles prenaient naissance sans tenir compte meme des permutations. « En disant que la table a trois entrees fait voir que les compo- ses organiques d'un meiiie type se comptent par centaines, on n'e- tonnera personne. Cependant si Ton ajoute, par exemple, que dans le cas particulier de la production des alcalis composes par les pro- cedes de MM. Wurtz et Hoffmann, il peut se produire, meme en reduisant a 60 le nombre des carbures d'hydrogene ou des metaux capables de se substituer aux 4 Equivalents d'hydrogene, plus de 400 000 corps analogues a I'ammoniaque, ce resultat est fait pour confondre I'imagination. " Les formules chimiques fournies par la table a trois entrees et par les substitutions ofFrent des retours periodiques, des propor- tionnalitt^s, des harmonies de nombres tres-dignes d'attention , car on les retrouve dans les formules de la chimie mint^rale et meme dans les equivalents des corps simples. SOCI^TED'ACCLIIATATION. ANALYSE DU BULLETIN n" 9. M. Richard, du Cantal, lit un rapport plein d'int^ret sur Vhe- mione acclimate nu Museum d'/i/stoire naturelle. Le genre cheval comprend six especes difFerentes, dont trois, le cheval, I'h^mione et I'ane, sont originaires de I'Asie ; les trois au- tres, le zebre, le dauAV et le couagga, sont originaires del'Afrique ; le cheval et I'ane sont arrives seuls a la^condition de domesticity. L'hemione acclimate et eleve au Museum d'histoire naturelle sem- ble etre, apres le cheval, I'animal qui pourrait le mieuxrepondre aux besoins de I'homme ; car, en outre de la vigueur, de la sobriete et de la rusticite de lane, il possede a un haut degre I'organisation des animaux coureurs. Pendant la course, sa tete et son encolure sont presque horizontales ; ses naseaux sont grands, largement ouverts, tres-mobiles et tres-dilatables ; son temperament est sanguin, ner- veux, ardent ; il est peu dispose a I'engraissement ; son dos est droit, bien muscle ; le mouvement de son epaule est tres-t'tendu; sa croupe est arrondie ; ses cuisses sont fortes , son jarret sec et puissant , sa poitrine large, ses membres longs et bien d'aplomb ; ses muscles, bien nourris, ont la duretc du niarbre ; sea tendons bien detaches sont bien tendus; sa croupe, enfin, est plus elevee que son garrot ; il est vif, agile, petulant; tout, en un mot, revele en lui un animal pur sang de premier ordre. De fait, l'hemione, a dit Sonnmi, est plus rapide que le meilleur cheval. Dans I'lnde, oil il vit a I'etat sauvage, on I'a fait poursuivre, sans pouvoir I'atteindre, par des chevaux anglais de grande vitesse. L'ane, compare a l'hemione, n'est qu'une bete de somme, tres-mal organisee pour courir. La domestication de I'liemione s'est faite sans difficultc au Mu- seum d'histoire naturelle, sous la direction eminemment intelligente et devouee de M. Geoffrey Saint-Hilaire ; on Fa dresse sans peine pour la selle ou pour le trait. M, de Fontalba, apres des essais po- sitifs faits a sa terre dePont-l'Eveque, affirmequ'il n'est pas plus dif- ficile a dompter que le cheval. Une hemione femelle adulte selaisse enharnacher et monter sans resistance ; elle porte son cavalier sans mauvaise volonte, sans chercher a le renverser ; ramenee a I'ecurie, elle est calme, docile, et se laisse caresser sans temoigner de mecon- tentement ou d'irritation du service qu'on lui a fait faire. II importe cependant de constater que cet animal intelligent est tres-sensible, tres-nerveux, facilement irritable ; qu'il faut le conduire avec dou- ceur et adresse ; que les mauvais traitements reussiraient mal et le rendraient probablement mechant ou retif. 638 COSiMOS. 31. Geoffroy Saint-Hilaire a d.'ja obtenu de.; mulcts, par lo croi- sement de I'hcmione avec des ane^sse^. Deux hybrides de ce genre un iiuile et une iemelle, tous deux d'une grande force, vivent au- jourd'hui au Jardin des Plantes : le male surtout, Polka, dress^ pour la selle. est d'une c^nergie et d'une vigueur extraordinaires; sa conformation. trtVsemblable a celle du pere, est excellente. La Societe d'Acciimatation a resolu d'aider, par tous les moyens en son pouvoir, la multiplication et le dressage de I'hemione, pour arriver a appiccier, dans le plus court delai, I'importance des ser- vices que son acclimatation et sa domestication pourront rendrea 1 agriculture et a I'industrie. '' — M. Isidore Geoffroy Saint-HiIaire continue ses etudes histo- riques de racclimatation et de I'eleve des animaux de races sau- vages; i\ rend hoinmage aux vues utiles enoncees a cet egard par Rauch, Fran9ois de Neufchateau et Frederic Cuvier. Rauch pous- sait surtout a I'utilisation, par I'introduction de nouvelles especes de poissons, de nos cinq cent mille lieues de ruisseaux ; a la restauration et k la repopulation de nos douze millo lieues do rivieres et de fleu- ves : il voulait qii'on fic passer des lacs dans les rivieres et des ri- vieres dans les lacs les poissons qui ne se trouvcnt que dans les uns ou dans les autres ; que par une violence insensible , et au moyen d'etangs artificiels. on introduisit dans les eaux douces les poissons nes dans les eaux salees. II s'mdignait de ce que sur pres de 300 especes de quadrupedes et plus de 400 especes d'oiseaux, I'homme n'en eut encore dompte et conquis que 15 ou 20. .< Voyez, disait-il. les plus beaux fruits de nos espaliers et de nos vergers^ ils nous ont etc apportes de pays etrangers, et souvent fort fointains, par des homnies bons citoyens, qui, pour enrichir leur pays, et la patrie dans le coeur. ont su vaincre les obstacles du climat comme ceux de 1 incrcdulitc ! .. _ Frangois de Neufchateau appelait de tous ses vffiux Tacclimata- tion duchameau, de la vigogne, des chevres de Cachemire et du Thi- bet. .. Si, dit-il. on avait propose une prime eclatante a ceux qui au- raient importe en France des especes grandement utiles; si Ton avait fait un sacrifice proportionne au but, aux difficultes et aux frais dune SI belle entieprise, on aurait reussi en tres-peu d'annees. Mais un gouvernement qui entende les vrais interets du pays, et qui les procure avec esprit de suite, est aussi rare chez nous que la vi- gogne ! Les nations modernes ne savent trouver de I'argent que quand il en faut pour s'entre-detruire. Quant aux arts et a^la paix, les sacrifices sont toujours insuffisants ! .. COS^IOS. 639 M. Geoffroy Saint-Hilaire cite, en fiiiissant, ces belles paroles de I'illustre et niodeste Thouin : " C'est surtout aux Pheniciens, aiix Egyptiens , aux Perses, aux Grecs et aux Romains que nous devons ces avantages, luoins eclataiits inai?^ plus solides et plus reels que leurs conquetes (la naturalisation et la domestication dps ani- maux et des plantes). lis ont transmis a nos ancetres ces biens fii- ciles a coiiserver, et toujours a la portce de rhomme : augnientons ieiir /leiitage; et, a lenr exemple, prcparons a nos nevcux une noiu'elle source de richesse. - — M. lo baron Henry Aucapitaine appelle de tous ses voeux des etudes historiques completes de nosnchesses nationales, denos ani- maux domestiques ou sauvages, de leurs produits, des-[)rix aux- quels ils se vendaient, des importations et des croisements, des nombreuses lois, chartes et coutunies relatives a ces objets. — M. Ramon de la Sagra, en compulsant des manuscrits espa- gnols, croit etre arrive a deinontrer I'existence, autrefois, dans la P(^ninsule iberique, d'un solipede sauvage, I'onagre ou le zebre ; plus probablement le zebre, dont certaines montagnes elevees de la Galice portent encore le nom. Le P. Sarmiento , moine de I'ordre de Saint-r'vlartin, dans une lettre du 13 septembre 1765, dit que c'est vers la fin du regne de D. Alfonso, mort en 1750, qu'on rap- porta d'Angieterre les premieres brebis marines appelees depuis merinos , qu'elles furcnt placees dans les montagnes de Segovie, et non pas en Estramadure. En 1765 aussi on essaya, par ordre du roi, l'elt?ved'un troupeau de chevres d' Angora, a cause de la finesse de leurs laines, et parce que sa nuiltiplication en Espagne situce sous les memes paralleled que la Galatie, semblait tres-possible. — M. Barthelemy LaPommeraye annonce que ses hoccos, dont nous avons dejd parle, lui ont donne de nouveaux oeufs, au nombre deja de cinq. Si a Paris les poules de hocco ne donnent que deux CEufs, c'est sans doute a cause du cliniat ; une race qui n'aurait que des moyens si 11 mites de reproduction ne meriterait pas d'etre accli- matee. En pla9ant ces oiseaux dans des conditions tres-voisines de I'dtat de nature, M. le marquis de jMontgrand a deja obtenu de nom- breuses couvees. M. La Pommei'a3'-e annonce en outre que la chevre d'Aiigora du Jardin zoologique de Marseille continue a se bien por- ter, et commence a se couvrir de ses longs polls Irises. — M. Le Prestre, chirurgien en chef de I'Hotel-Dieu de Caen, adresse une notice curieuse sur le cygne noir de la Nouvelle-Hol- lande, signale d'abonl par Labillardiere, importe en France et en Anglcterre vers le commencement de ce siecle, mais qui n'a com- 640 COSMOS. mence a se rcproduire qu'eii 1850, dans le pare de lord Derby, et a Clifton, pres Bristol. Un couple de cygnes noirs, achates en 1851 par M. Le Pre^tre, a doniie, depuis deux ans, six pontes toutes i6- condes, et coiiposdes chaeune de cinq a six oeufs. Le cygne noir, adulte a un an , ne reproduit qu'a trois ans, il est monoganie ; les cygnes blancs lui cedent le pas, et il rcgne en maitre dans le trou- peau. Une fois comnaencee, la ponte se continue de deux jours I'un ; elle est de six oeufs a coquille tres-dure et d'un vert clair ; il ne faut laisser dans le nid qu'un seul ocuf a la fois, et les reniettre tous quand la ponte est finie. La duree de I'incubation est de 35 jours ; le male couve pendant la plus grande partie dujour; la femelle se reserve la nuit; tous deux font bonne garde autour du nid. On enlfeve les petits au.ssit6t qu'ils sont nes ; on les place dans un panier double de oualp, a une temperature de 18 a 20 degres, on leur donne pour nourriture un melange de mie de pain et d'oeufs durs humectes d'eau lactee ; au bout de quinze jours , on ajoute tres-peu de laitue ha- chee. On les baigne de temps en temps dans de I'eau degour die, et on ne les replace dans le panier qu'apres les avoir seches avec des linges chauds. Apres un mois, les oeufs deviennent inutiles, on ajoute simplement du millet au pain trempe de lait : ces soins doivent etre incessants. Quand ils ont six semaines, des qu'il fait un peu de so- leil, on les fait se promener et se baigner en plein air; des que les grosses peimes sont poussees, leur vie est assuree ; on les nourrit avec de I'orgeoudu son mele d'avoine. Souvent, dans la premiere aiinee, le cygne noir est atteint d'une sorte de torticolis ou deviation du cou, lequel semble coll^ au dos ou a I'une des ailes ; cette mala- die dure de trois a quatre mois ; il reprend ensuite sa sant^, sa grace, son energie, et pent vivre de longues annees. — M. Einile Blanchard donne des details precieux sur I'acclima- tation possible de troii especes americaines de bombyx, cecropia^ luna et pol) pJiemus. Le cecropia est un grand papillon d'un brun noiratre, avec des taches lunulees et une raie transversale sur les ailes. Sa chenille est verte, avec des tubercules colores d'abord en rouge, puis en jaune : sa princijiale nourriture est la feuille de saule, mais elle mange les feuilles de la plupart des arbres, du prunier surtout. Elle forme un double cocon de sole brunatre, qui se devide sans peine. Des essais d'education tenths en 1840, au Jardin des Plantes, par M. Audoin, ont assez bien reussi pour qu'on puisse etre certain qu'il sera aise d'acclimater ce bombyx dans notre pays. Le luna est un elegant papillon de couleur verte, avec les ailes COSMOS. 611 proloiig^os en arriere en forme de queue. Sa chenille vit surle liqui- dambar, mais elle se nourrit aurisi des feuilles de diverses especes de noyers et de plusieurs autres v^getaux. Son cocon est d'un gris clair, d'une soie brillante et assez fine : un premier essai d'educa- tion fut aussi tente au Jardin des Plantes en 1850, et reussit assez bien. Le polyphemus est encore un grand attaciis, d'un gris brunatre clair avec des taches ocellees. La chenille se nourrit des feuilles du chene, du pommier, du coignassier, du hetre, etc. La soie, lors- quelle est devidee, est d'un gris cendre pale, et d'un brillant qui laisse peu a d^sirer. Ces trois bomliyx se trouvent abondaitiment dans les bois de la Louisiane, de la Georgie,de la Caroline du Sud, etc. lis n'ont qu'une generation par an; les vers fileiit leurs cocons a la fin de juillet ou au commencement d'aout, les papillons n'^closent qu'au mois de maij I'insecte passe ainsi la fin de I'ete, I'automne et I'hiver sous forme de chrysalide. On pourrait done envoyer d'Amerique, sans la moindre difficulte, un nombre considerable de cocons, avec les- quels on realiserait enfin une acclimatation dont M. Blanchard at- tend des resultats immenses. La soie de ces vers est d'une qualite inferieure a celle du ver du marais; mais elle est encore un beau produit, et il en coiite si peu pour I'obtenir. II n'est plus besoin de culture speciale; les feuilles des bois et des bords des chemins suffi- sent a I'alimentation des vers. Dans les plus pauvres habitations des villages, dans les plus humbles chaumieres, les femmes et les en- fants, par quelques soins donnes aux vers pendant les mois de jum etde juillet, reaiiseraient d' assez grands benefices ; le bien-etre des families se trouverait augmente d'une fagon notable, et I'industrie sericicolc profiterait grandement de la matiere premiere obtenue a un prix si modique. — M. Dolfus, president de la Societe industrielle de Mulhouse, afaitfiler par MM. Schlumberger des lainages d'yaks, que la So- ciete d'acclimatation lui avait envoyes. Le resultat de cette pre- miere experience pent se formuler comme il suit : " II est facile de reconnaitre que sur des machines construites ad hoc, la filature de latoison d'yak serait fort peu couteuse; et qu'un petit assortiment pourrait produire de grandes masses. Reste a savoir comment I'in- dustrie trouverait a utiliser ces fils. Les fabricants de tapis par- viendront sans doute a obtenir de tres -beaux resultats avec une ma- tiere tres-brillante qui joint la douceur et I'elasticit^ de la lame a la force du crin le plus 6pais. » fi'iS COSMOS. — M. le docteur de Beauvoys adresse la suite de ses exp(f^riences sur Fanesthesie des abeilles. II a endormi des abeilles plus de qua- rante Ibis , soit avec le lycoperdon, soit avec de Taiiiadou employe de la nienie maniere, niais en plus granJe quantite ; soit en bi ulant dela filasse imbibee d'une solution de nitrate de potasse et sechee, soi^t avec les vapeurs de graines de jusquiameou des tetes de pavots bruliis , soit enfin avec de la furaee de tabac qui agit tres-pronipte- ment et tres-energi(iuement. Mais les futniaalions avec le tabac, a cause sans doute de i'odeur aoie et persistante de la fuiiiee , a fait fuir les abeiiles que les autres moyeiis anesthesiques n'avaient pas eflrayees. Les vapeurs de la filasse inibibee de sel de nitre eiidorment si vite les abeiiles qu'elles ont a peine le temps de s'en apercevoir ; ce precede est done essentiellement pratique et ires-economique ; on pourra y avoir recours partout, et renoncer a la coutunie barbare de tuer ces pauvres petits etres si bienfaisants. — Mademoiselle Rosa Bonheur a fait don a la Societe d'un magiiifi(]ue dessin d'yaks; il sera reproduit par les precedes de gravure heliographique de M. Niepce de Saint- Victor, et chacun des niembrc's de la Societe en recevru un exemplaire. MM. Bisson feront lepositifaur verrealbumine, M. Riffault le transportcra sur acier. — M. de Melz, fondateur et directeur de la colonie de xMettray, a fait semer dans desserres trois cents pieds de ricin, pour se livrer a des essais sur grande echelle d'acclimatation du Bombyx cinthla. ^ — M. le capitaine Loche ecrit de Milianah (Algerie) qu'il es- pereenvoyer a la Societe des oeufs de gangas, d'outardes, de por- phyrionset autres oiseaux, en dtat d'etre couves. — M. Le Prestreannonce qu'il vient d'acquerir des lamas et des kangurous geants, et qu'il donnera tous ses soins a I'acclimatation de ces animaux. — M. Jobez ecrit que la femelle d'yak qui lui a ete confiee a mis bas un yak male, no dans d'excellentes conditions : il fera mesurer exactement chaqiie jour la quantite de lait que donnera la mere, pour la comparer a celle que donnent les autres vaches. — Le conseil de la Societe a decide a I'unanimite qu'il ferait I'acquisition d'un truupeau de vingt-cinq chevres et dix boucs d'An- gora, de la variete blanche, et de cinq chevres noires. Ce troupeau sera achete par M. le baron Rousseau, consul de France a Brousse, etcoutera environ treize cents francs. La Societe d'Acclimatation est deja riche et puissante; elle pourra par consequent realiser de grandes entreprises. acadMie bes sciences. SEAN'Ci; 1)11 4 DECEMIJRE. Cette stance n, ete tres-courte, parce qu'on devait disculer en co- mite secret les titres de candidate a la place vacante dans la section de botauique. — M. Dumas lit une preiniere suite a scs reclierches relatives aux rapports entre les proprietes physiques etchimiques descori^s. Nous doimons aujourd'hui sa premiere note. Nousattendrons, pour publier la seconde, d'avoir sous les yeux le texte du savant profes- seur. — M. Dupin prCs^ente un exemplaire imprime du grand m^- moire de M. Bourgois, sur la navigation commerciale a vapeur en Angleterre, memoire dont nous avons deja donne I'analyse. — La corre?pondance, d(^pouillee par M. Flourens, n'a presente presque aucun inti^ret. Nous rot^rettons seulement d'avoir egare une note tres-interes- sante de M. Rozet, chef de bataillon d'etat-major, sur la limite dcs neiges perpetuelles dans les Alpes fraii^aises. ■ — M. de Muller, rodacteur en chef de \ Athcmemn italien , adresse une note sur la delcrmination de I'cquateur ct du pole ma- gnetique, faisant suite a plusieurs mcnioires sur le magiietisme ter- restre, que nous analyserons dans notre prochaine livraison. ■ — M. Hurdy, directeur de la Pepiniere centrale d'Alger, a par- faitement reussi a faire une seconde education de vers a soie du ri- cin ; I'acclimatation de cette precieuse espece pent etre regardee comme un fait accompli ; il est en possession d'une grande quantity de graines, et M. le maiecha! Vaillant ecrit que les essais deja ten- tes pour devider les cocons et appliquer la soie obtenue a I'industrie, sont presque couronnes de succes. — M. Stephenson, directeur des chemins de fer du Bengale, adresse une collection de bois de ces conti ees. — Le prince Charles Bonaparte envoie une suite a son Coup d'ceil stir lafamille des pigeons. — M. Andraud presente un exemplaire de son drame sur Telec- tricite et le galvanisme. Nous en rendrons comnte. — MM. Jules Guerin et Cloquet se presentent comme candidats a la place vacante dans la section de medecine et de chirurgie. — M. Anatole Roux adresse un exemplaire d'un ouvrage pos- thume de son glorieux pere, intitule : Qttaranle a/is de pratique chirurgicale. PROPRIETIES NOUVELLES ET CURIELSES DES KOMBRES. Voyez ce que peut le gdnie ! il a fait de M. Wheastone, petit fa- bricant d' instruments de musique, un des plus illustres physiciens de I'An^leterre et du monde; le createur de la telegraphie electrique ! M. Wheastone quitte un instant la physique pour aborderla science si difficile des nombres, et il arrive d'un seul coup a constater une foule de proprictos merveilleuses qui avaient echappe aux plus ha- biles mathematiciens. Exposons-les en quelques mots. Une meme pui;:^sance n" du nombre «, pout etre obtenue par I'ad- dition d'un nombre n de termes en progression arithmdtique. On peut ainsi former une grande variete d' arrangements triangulaires en progressions arithmdtiques, dont les sommes sont les series des Carres, des cubes et des autres puissances des nombres naturels. Le theoreme general, ddcouvert par M. Wheastone, peut etre enonce comme il suit : Le premier terme d'une progression arithm(^tique de n termes, dont la raison ou la difference commune entre deux termes conse- cutifsestf/etdontlasommeestegaleart- , est/i^""'' -{-'-d[\ — n]. Premiere application. — Nombres carres : a est egal a 2. Le premier terme de la progression est par consequent n-{-'-d{\ — n). Cela pose : 1" chaque nombre carrd «' est la somme d'une pro- gression arithmetique d'un nombre n de termes dont le premier est 1 et dont la difference est 2. On a : 1 = 12, 1 + 3 = 22,1 + 3+5 = 32,1 + 3+5 + 7 = 42,1 + 3 + 5 + 7+9=52, 1 + 3+5+ 7+9+11=62, 1+3+5+74 9+11+18=72... II en rdsulte que chaque nombre carr^ est forme, ce que Ton sa- vait deja, par I'addition successive des nombres impairs, en com- men9ant par I'unite ; que la difference entre deux carres est ou un nombre impair ou la somme de plusieurs nombres impairs cons^cu- tifs. De plus, chaque serie de nombres impairs peut etre divisee en deux autres composees de nombres impairs alternes, c'est-a-dire pris de deux en deux, et dont les sommes respectives sont les deux nom- bres triangulaires adjacents ou se suivant imm^diatement dans Tor- dre des nombres triangulaires. La somme de ces deux derniers nombres est, commc on le salt, un nombre carrd. Exemple : 5 + 3 + 5 + 7 +9+ll + 13 = (l + 5 + 94-13)+(3 + 7 + H)=. 28+21=49=72 COSMOS. 645 2" Chaque carrd n"- est la somme d'une progression arithmotique de n termes, dont le premier est \ [a -}- 1), et la difference com- mune 1. On a : 1 = 12, li + 2i:=22, 2 + 3 + 4=3^ 2i-|-3i-l-4i-|-3i=z42, 3-|-4+3-f-6-f-7=o2, 3J + H + Si + 6i + 7i-f8i = 62, 4 + 3+64-7+8 + 9 + 10 = 72. On voit par la que chaque carre d'un nombre impair est la somme d'autant de nombres naturels consecutifs qu'il y a d'unites dans sa racine. II en rcsulte encore que chaque carre de nombre impair est la difference entre deux nombres triangulaires dont les bases sont respectivement (3 n -f 1) et n. En effel, par cela meiiie qu'il est la somme d'une suite de nombres naturels, le carre du nombre impair dont il s'agit est la difference entre deux series de nombres naturels, commen9ant chacune par I'unite; or, chacune de ces deux series estun nombre triangulaire ; done, etc. Ainsi : 72=: 4+5+6-1 7+8+9+10=l+4+5+6+7+S+9+10-(l+2+3)=oo-6; 55 et6 sont deux nombres triangulaires, dont les bases sont 3 et 10, et I'on a bien 10 = 3.3 + 1. Onverrait encore que des series dont les sommes sont les carres des nombres impairs, peuvent etre prises de telle sorte que placees a la suite les uns des autres, elles forment une progression non en- terrompue de nombres naturels, commen9ant par I'unite et dont la somme est un nombre triangulaire; ainsi Ton a : (l>+;2+3+4)+(5+6+7+S-l-9+10+ll+12+13+elc.=l2+3-+92+272+..+3n2 et cette derniere somme est par consequent le nombre triangulaire qui a pour base 1 + 3 + 9 + 27 + . . . + 3 «. Seconde application. — Nombre cube : a est egal a 3. Le pre- mier terme est re -{-^d(l — n). Cela pose ; 1° Chaque cube n^ est la somme d'une progression arithmctique de n, termes dont le premier est I'unite, et dont la difference ^ = 2(/z + l). On a : 1;=!'% 1 + 7 = 23, 1+9 + 17 = 3^,1 + 11+21+31=4", l + I3 + 2b+37+49=S3, l_}.13 + 29 + 43 + S7 + 71 = 6^ 1 + 17+33 + 49 + 63+81 + 97 = 7'. 2" Chaque cube n^ est la somme d'une progression arithmetique de II termes, dont le premier est la racine n, et la difference la. On a : 1 = 13, 2 + 6=23, 3+9 4-13 = 33,4 + 12 + 20 + 28=45, 3 + 13+23+33+45=33, 6 + 18 + 30 + 42 + 34 + 66 = 63, 1+21 -f- 33 + ^9 + 63 + 77 + 91 = 73. 6fiO COSiMOS. Les Jeiniers termes de ces series sont les nombres triangulaires alternalifa ; si on les divise respeclivement par les premiers termes, les quotients sont la serie des nombres impairs. 3° Chaquecube n^ est la somme d'liiie progressinn arithnietique de n termes , doi'.t le premier sera ri^ — « -j- 1 et la dilfcTence 2. On a : l=:;l^ ,-1-1-5 = 25, 7 + 9+11 = 3", 13+15+17+^9=4^ 21+23+25+27+29= 5^ 31+33 + 35 + 37+39 + ^11 = 65, 43+45 + 47 + 49 + 51 + 53 + 55 = 73. On remarquera que I'ensenible de ces progressions, placees au- dessous les uncs des autres, est I'arrangement triangulaire des nom- bres impairs dans leur ordre naturel. Chaque cube est la somme d'aiitant de nombres impairs consecutifs qu'il y a d'unites dan^i sa racine. Cette proposition avait deja ete trouvee par !e comte d'Ad- hemar. Le theoreme connu que la somme des cubes d'une succes- sion quelconque de nombres naturels, commen^ant par I'unite, est egale au carre de la somme des racines ou au carre du nombre triangulaire correspondant, est une consequence immediate de ce qui precede ; on a en efFet : 13+23 + 3'- + 43_,„r,_ri_^2 + 3 + 4... + «r = a [i/;(.7 + l)2]. La somme de toute s^rie de nombres impairs commen^ant par I'unite, ^tant, comme on I'a vu, le carre du nombre des termes de la serie , la somme des nombres de chacun des triangles formes par I'arrangement triangulaire des nombres impairs est necessuire- ment (^gale au carre d'un nombre triangulaire. On verrait aussi sans peine que chaque cube est la difference entie les carres de deux nombres triangulaires consecutifs, et que la difference entre les carres de deux nombres triangulaires quelconques est la somme de deux cubes consecutifs. En cherchant !a difference entre les carres de deux nombres triangulaires qui sont de simples cubes, on etablit les egalites suivantes : 33+ 4'- -t- 53 = 63. 113+123+133 + 143=203. 3" Chaque cube «'' est la somme d'une progression aritlimeticiue de n leni'.es, dont le premier est le nombre triangulaire -^n \n -j- 1) et la difference // ; on a : 1 = 13, 3_j_5_98^ 0 + 9 + 12=33, 10+14+18+22=43, 15+20+25+30+35 = 53, 91 + 27 + 33 + 39 + 45 + 51 = 63, 28 + 35 + 42+49 + 56 + 63 + 70 = 73... Chacun des nombres de ces series e:st hii-meme la somme d'une piogression arithnietique de n termes. Considerons par exemple la serie qui donne le cube de 5 ; on a : COSMOS. 6A7 15=l + 2-{.34-4 + 5 20 = 2+3 + 4 + 54-6 25 = 3 + 4 + 5 + 6 + 7 30 = 4 + 5 + 6 + 7 + 8 ;^5 = 5 + 6 + 7 + 8 + 9 Ces noiiibres forment un cam; et leur somme est eg^ale au cube du nombre qui occupe Tangle siiperieur a droite ou I'angle inferieur a gauche. La somme des noinbres en diagonale est le cane corres- pondant, et dans le cas d'un nombre impair, les sommes des nom- bres des lignes moyennes, horizontale et verticale est aussi ce meme carre. Lichtenberg avait deja signale la relation qui precede dans les termes suivantes : Si a e^t un nombre entier et ^ la somme detous les nombres naturels depuis 1 jusqu'a a, on aura : flS = -^ + (.^ + a) + [■-' + 2 o) + (.4 -J_ 3 a) + [^ + (a — 1) a] 4" Chaque cube n^ est la somme d'une progression arithmetique de n termes, dontla premier est (« — 2j-, etla difference 8; on a : 0+8=25, 1+9+17 = 33, 4 + 12+20+28 = 45, 9 + 17+25 + 33 + 41=53, 16 + 24 + 32 + 48 + 06 = 5"', 25 + 33 + 41 + 49+57 + 65 + 73=73. Toutes celles de ces series qui sont formees d'un nombre impair de termes contiennent deux nombres carres impairs cons^cutifs. La progression arilhmelique non interrompue des nombres pris a partir de I'unite, et dont la difference constante est 8, presente, lorsqu'elle est disposee sous forme triangulaire, des particularites curieuses : les premiers termes de chaque ligne sont les carres des nombres impairs dans leur ordre regulier; les sommes de tous les nombres de deux lignes consecutives est le cube d'un nombre impair. On deduit de cet arrangement I'egalite suivante : (2/;+l)« = l + 8.X«+l). D'oii Ton conelut que elia(]ue nombre triangulaire multiplie par 8 et augmente de I, est egal au carre d'un nombre impair ; ou que le carre d'un nombre impair quelconque diminue de 1 est divisible par 8, et donne pour quotient de la division un nombre triangulaire. TroitsicDie application. — Puissances superiewes a. la troi- sieme. — M. Wheastone se borne a citer un exemple. Chaque quatriome puissance //' es-t la somme d'une progression arithmeti- que de n lermes, dont le premier est «■, et la difference 2 «-. 1=1*, 4 + 12 = 2^, 9 + 27 + 45 = 3^, 16 + 48+80 + 112 = 4', 25 + 75 + 125+ 150 + 225 = 5', 36 + lOS + 180 + 252 + 324 +396 = 6*. 6&B COSMOS. Un autre membre de la Societe Royale, le reverend James Booth, recteur de Wandsword, a decouvert et demoiitre aussi quelques proprietes des nombres, qui lui ont semble nouvelles et dignes d'at- tention : 1° Un nombre de six figures, forme de la repetition d'uiie periode de trois figures quelconques, est divisible par les nombres premiers 7, 11 et 13. En eflet, un nombre quelconque N de six figures peut s'^crire comme il suit : 100 000 a + 10 000 6 4- 1 000 c + 100 d-j-10 e +/. Or, 1", si on le divise par 7, on aura un quotient q et un reste, 5rt_j_4^-|-6c+2^ + 3e +/, et si d= a, e=zb,f= c, le reste pourra s'ecrire comme il suit : 1 [a-\-b + c), etce reste etant lui-meme divisible par 7, le nombre le sera aussi ; 2"^ meme nombre divise par 13, donne pour reste 4« + 3Z» + 12c + 9 d-i-lOe-\-f; et si (/=«, e=::Z», /=c, le reste deviendra 13 (a + i + c),qui est divisible par 13, quels que soient a, b, c. On prouverait de la meme maniere que ce nombre est divisible par 11. Si le premier chifire de la periode est o, et que le nombre de 6 chiffres soit obcobc, ou simplement be o be; il n'en sera pas moins divisible par 7, 11, 13. II en sera encore de meme si les deux pre- miers chiffres de la periode etaient o, o, ou si le nombre donn6 <^tait oocooc, ou simplement cooc. On trouverait des proprietes semblables des autres nombres pre- miers 17, 19, 23, etc., mais les periodes seraient plus longues. — M. Adolphe Brongniart, dansle Comite secret, a presente au nom de la section de botaiiique, comme candidats a la place vacante par la mort de M. Gaudichaud : En premiere ligne et ex ceqao : MM. Duchartre et Payer. En seconde ligne et ex cequo : MM. Chatin et Trecul. La nomination aura lieu dans la prochaine seance. A. TRAM BL AY, propiietaire-gerant. IMrniMERIE DE \V . REMQUET ET C'"'., U'JF, GAKANCIERE, 5, T. V. l5 DECEMBRE l854. TROISIEME AXNEE. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. — Lord Wrottesley, le nouveau president de la Societe royale de Londres, a choisi pour ses vice-presidents MM. le comte de Rosse, le colonel Sabine, sir B. Brodie, Bell, Darwin et Wheat- stone. — La memoire du savant professeur Edouard Forbes vivra long- temps dans les annales des ^tablissements scientifiques de 1' Ano-le- terre. II a ete decide, dans des reunions de ses admirateurs et de ses amis, que trois bustes ou statues perpetueront son souvenir dans King's college , dans le musee de geologie pratique de Jermyn street, dans le vestibule des batiments de I'Universite d'Edimbourf. Les concurrents a la place que sa mort a rendue vacante sont nom- breux : MM. Nicol, Jardine, Harkness, Huxley, Carpenter, Hugh Miller, Williamson et Agassiz sont des aujourd'hui au nombre des candidats. On engage I'Universite a scinder en deux le cours de M. Forbes, qui compienait a la fois la geologie et I'histoire natu- relle. — Le programme de I'lnstitution royale de Londres, pour I'hi- ver de 1854, comprend : 1° six lemons sur la chimie de la combustion inise a la portee d'un jeune auditoire, par JM. Faraday ; 2" onze lec- tures sur le magnetisme et I'electricite, par M. TjTidall ; 3° onze lectures sur les principes de la chimie, par M. Gladstone ; 4° onze le9ons sur la litterature anglaise, par M. Donne. MM. le comte de Rosse, Chapman et Pemberton ont ete elus membres de I'lnstitu- tion. — Le capitaine George William IManby, I'inventeur de la m6- thode de sauvetage qui porte son nom, et qui consiste a lancer une amarre au moyen d'un mortier, soit de terre sur le navire en dan- ger, soit du navire sur terre, vient de mourir dans sa quatre-vingt- dixifeme annee. C'est un des bienfaiteurs de I'humanite ; on compte par milliers les vies qu'il a sauvees. Le gouvernement anglais lui faisait une pension considerable ; les gouvernements etrangers lui avaient envoye un grand nombre de presents, medailles et de de- corations. II a consacre sa vie entiere, avec le concours d'une so- 23 650 COSMOS. ciet(^ puissante et trfes-active, a organiser un service complet et re- t'ulier de sauvetage sur les cotes de I'Angleterre, de I'Ecosse et de rirlande ; des niorliers et des amarres de sauvetage sent install^s sur un tres-grand nombre de points. M. le capitaine Delvigne a essayd de faire en France ce que le capitaine Manby a fait au dela du detroit ; il a invente un porte-amarre trfes-ing^nieux ; il a fait, a ses frais, de nombreuses experiences ; avec le concours du plus celebre de ros peintres de marine, M. Gudin, il a fonde aussi una societe de sauvetage : mais tant d'efforts n'ont pas abouti, et nous sommes encore a milie lieues en arnere de nos voisins. Sa Majesty I'Empereur fait sur sa cassette particuliere une pension de douze cents francs a I'inventeur de la carabine rayee, de la balle cylindro- conique, et du porte-amarre de sauvetage ; c'est un premier pas vers une reconnaissance publique. Les immenses services, que la carabine Delvigne, perfectionnee par M. le capitaine Minie, dont elle porte aujourd'hui le nom, a rendus dans la guerre d'Orient, appellent une noble et genereuse recompense nationale. — Le proprietaire et redacteur zele du Journal I Invention , ar- rive a sa dixieme annee, M. Gardissal.publie, a Toccasion des deux derniers arretes de M. le Fr6kt de police, et sous le titre de Barba- ries, un article, dent la suite promet d'etre piquante; il debute ainsi : u Le chauffage interieur, la cheminee de nos appartements de- vorent le bois ou le charbon, avec une parte, gratuite et stupide, de 90 pour 100 du calorique developpe par la combustion, et repandant sur tous les objfets une couche sale et malsaine de suie , etc. ; et cela en presence et au mepris du gaz qu'on pourrait substituer economi- quement, du moins si on le voulait bien, au chauifage et a I'eclai- rage actuel; n'est-ce pas de la barbarie? .< La fosse ou le water-closet des Anglais n'est-elle pas un foyer d 'infection , justapose a notre oreiller, a deux pas de la salle a manger, avec les gaz mdphitiques s'infiltrant dans les appartements, n'est-ce pas un abus intolerable , en presence des appareils et des precedes dont I'emploi previendrait Taction deletfere des fosses, et tout en utilisant les r^sultats au profit de I'Angleterre? .. « h' Invention, dit M. Victor Meunier dans la Presse , s'en tient la pour cette fois, mais elle se promet de continuer dans les num^ros suivants. Si elle enumere toutes nos barbaries, I'enumeration sera longue ; elle pourra citer : . , , r . ■ « Le transport de I'eau oper^ a bras ou en voiture de la lontaine publique a la porte des maisons particuiiores, et de celle-ci a travers lesescaliers. De simples tuyaux feraient I'affaire. COSMOS. 651 " Le transport egalement a bras ou a dos d'homme, de ]a cave au grenier, delourds fardeaux, vin, bois, charbon, etc.; la plus sim- ple de toutes les machines les porterait a la hauteur voulue. " Le frottagedes appartements : une preparation chimique, sans autre travail que la peine de I'etendre une fois pour toutes, et celle de passer tous les jours un linge humide sur le parquet, procurerait I'eclat et la proprete qu'on demande a un precede veritablement barbare. " La ne'cessite, en toute saison, d'ouvrirles fenetres d'un appar- tement pour en renouveler Fair : un ventilateur trcs-simple I'entre- tiendrait dans un etat constant de purete. " Le curage des batteries de cuisine en cuivre : un simple lavaoe puritie la fonte emaillee, qui ne fait courir aucune chance d'empoi- sonnement. « Derriere cbaque cadran, pendule ou horloge, un mouvement d'horlogerie : la distribution de I'heure pourra't se faire aussi sim- plement au moyen de i'electricite que la distribution de I'eau au moyen de tuyanx. « A travers les appartements et les escaliers que d'allees et de venues : I'etablissement d'un logophore ou d'an telegraphe les ren- drait completement inutiles ! " Et ccetera ! el ccetcm! Faire le compte de cette effrayante di- lapidation de forces, de matiere, d'intelligence, je n'y songe pas. Des millions d'hommes soliffrent de la faim et du froid, qui pour- raient se chauffer et se nourrir de la viande et du combustible dont notre systeme domestique actuel rend le gaspillage inevitable. Apres avoir enumerd quelques-unes des harbaries de notre domicile, par- lerai-je de celle de la ritii? Non : j'ai voulu montrer seulement que 1 Invention a une longue carriere a parcourir. Mais ce sera la par- courir utilement, que de mettre, comme ce journal en a le projet et comme il est toujours possible de le faire, le remede aupres du mal. J'arrete done ici tout a fait arbitrairement I'interminable inventaire de nos sottises. >• — On epargnera 25 pour 100 de prussiate de potasse, si, dans la coloration des laines en bleu, on opere de la maniere suivante : Faites dissoudre d'nbord le prussiate rouge de potasse ; ajoutez une petite partie de I'acide a employer, puis le chlorure d'etain et le chlc- rure de fer ; immergez la laine bien lavee et tifede , chauffez le tout jusqu'a ebullition : le lissu prend immediatement une couleur vert- fonce, et, par ['ebullition et T addition du reste de I'acide, il arrive a une belle couleur bleue. De tous les acides, I'acide tartrique est celui «52 COSMOS. qui donne les meilleurs rdsultats ; le poids du perchlorure de fer doit etre 6ga\ ii la moitie ou aux trois quarts du poids du prussiate. — M. Patera a ddcrit rdcemment un bieu meilleur proced^ pour la preparation du jaune d'urane. Apres avoir rdduit le mineral en poudre fine, on le melange avec de la pierre a chaux egalement €n poudre, et on le soumet au grillage ; le mineral se transforme ainsi en une combinaison form(^e de chaux et d'oxyde uranique, que Ton verse dans des cuves en bois pour les traiter par I'acide sulfu- Tique faible ; la dissolution s'opere assez promptement, surtout si Ton a la precaution d'agiter de temps a autre ; et le residu ne con- lient plus guere qu'un demi pour 100 d'urane. La dissolution, d'un beau vert, contient I'urane a I'etat de sulfate de sesquioxyde ; de plus, elle renferme de petites quantites des autres metaux, que Ton prdcipite par une dissolution de carbonate de soude. Le sesquioxyde d'urane se prccipite en meme temps; mais, comme il est soluble dans le carbonate de soude, on n'a qu'a ajouter un exces de ce der- nier, pour separer I'urane des matieres etrangferes. Pour rendre cette separation complete, on traite le residu une seconde fois par le car- bonate de soude, en le faisant bouillir cette fois ; on laisse reposer €nsuite ; on decante et on ajoute au liquide de I'acide sulfurique tant qu'il produit une effervescence ; par cette operation, I'urane se s^pare a I'etat d'uranate acide de soude, peu soluble, qu'on lave con> venablement et qu'on exprime ensuite. Le produit sec est reduit en poudre et verse sous cette forme dans le commerce. Le jaune d'urane, obtenu d'apres ce proc(5d^, est bien plus pur que le jaune d'urane ordinaire. — Une modification apportee par M. Stenson, dans le proc^dd de laminage du fer, semble en ameliorer considerablement la qua- lite ; cette modification consiste a remplacer les cylindres degrossis- seursunis ordinaires, par des cylindres canneles, de maniere a pro- duire des barres brutes qui, au lieu d'etre plates, sent ondulees ou sillonn^es, dans le sens de la longueur, de creux et de saillies. On cisaille les barres onduldes en morceaux d'une longueur convenable, qu'on place les uns sur les autres en nombre suffisant pour compo- ser une trousse. La surface infcrieure de la derniere barre et la sur- face superieure de la premiere doivent absolument etre plates, pour que le laminage redresse les saillies des autres ; les trousses, formees comme il vient d'etre dit, sont placdes dans un four a r^chaufl'er, et traitees par les proc^d^s ordinaires du laminage. PHOTOGRAPHIE. — \J Art Journal, dans la livraison que nous citions tout a I'heure contient, sous ce titre : les Patentes photo grapkiqnes ^ un arti- cle d'une violence extreme contre M. Talbot. A Ten croire, M. Wil- liam-Henry-Fox Talbot n'a aucun droit a etre consider^ comme le clecouvreur ^'■eoicnn precede photographique; il n'aurait fait tout simplement que reduire en formules et faire patenter les precedes ou fractions de procedes inventes par d'autres. C'est evidemment aller trop loin, et on perdrait la meilleure des causes en poussant I'animosite jusqu'a ces liraites extremes. Nous savons bien 1° qu'en 1802, Wedgewood et Davy ont essaye de fixer les images de la chambre obscure sur du papier ou du cuir blanc prepares au chlorure de sodium, le meme sel employ^ par M. Talbot ; 2" qu'en 1839 et 1840, sir John Herschel et le docteur Ryan ont fait connaitre les qualites photogeniques de I'iodure et du bromure d'argent ; 3° qu'en 1839, M. Reade a employe, le premier, I'infusion ou teinture de noix degalle; 4° que Niepce, des 1814, et sir John Herschel, en 1840, ont parlc d'images dormantes qu'il fallait rendre visibles par une seconde operation ; 5° que MM. Herschel et Reade ont fait usage, les premiers, de I'acide hyposulfureux, des hyposulfites, et, en particulier, de I'hyposulfite de sonde, comme agents fixateurs; 6° que, par consequent, en ce qui concerne la patente prise par M. Talbot en 1841, et dont il sollicite la prorogation pres du gou- vernement anglais, on est en droit d'affirmer que le papier iodurd comme couche sensible , I'acide gallique comme agent revelateur, I'hyposulfite de soude comme agent fixateur, avaient deja et^ indi- ques et employes par d'autres savants ou amateurs; queM. Talbot a certainement profit^, en prenant son brevet, des recherches faites par d'autres apres la publication de son premier precede. Mais nous n'en restons pas moins convaincu que M. Talbot est le veritable inventeur de la photographie sur papier, de la calotypie ou talbo- typie, de la production d'images photographiques en deux temps, par I'obtention successive d'un negatif ou image inverse, d'un positif ou image directe. Nous somraes loin de former des voeux pour que M. Talbot obtienne la prorogation qu'il demande. Nous regrettons infiniment qu'il ait eu la pensee de vouloir renfermer dans sa patente la photo- graphie sur verre albumine ou collodionn^ r6ellement distincte de la photographie sur papier; qu'il ait voulu, a cet egard, user rigoureu- sement du droit que lui donne la legislation anglaise et se r^server le 65a COSMOS. monopole de ces deux nouveaux genres de photographie. Mais, des quelaloi pennet de breveter un principe, la production, par exem- ple, des dessins photographiques par double operation, user decette permij^sion n'est pas un crime. Plus on sera severe ou insolent en- vers M. Talbot, plus on I'irritera, plus on le rendra inflexible dans ]a defense de ses droits. II avait dejd fait une grande concession, il avait permis lelibre usage des precedes par lui brevetespour toutes lesreproductions, excepte pour les portraits d'apres nature vivante. Si, au lieu de lui prodiguer denouvelles insultes, on s'etait montre recon- naissant, il aurait sans doute pousse la generositd jusqu'au bout. Qui salt meiiie si, la prorogation obtenue et les proces gagnes, il n'entre pas dans ses intentions de se contenter de la consecration legale de ses droits; d'un triomphe moral, dela satisfaction legitime dun amour- propre odlMise, pour se det'aire ensuite d'un monopole qu'il salt etre odieux, mais qui est sien, et dont il n'entend pas qu'on le depouiUe par violence^ Ceuxqui le persecutent le plus, asa place, peut-etre, semontreraient plus exigeants et plus intraitables que lui, C'est bien peu connaitre I'humanitc que de ceder ainsi aux em- porteraents d'une colore irreflechie. II faut d'autant plus menager M. Talbot, qu'il est aussi en possession , en Angleterre du moins , du monopole de la gravure photographique sur acier dont on espere tant dans I'avenir. II a fait breveter cette fois encore le principe, et quoique le proced^ de M. Niepce de Saint-Victor soit trfes-difierent du sien, et meme quoique ce precede ne soit qu'un perfectionnement de celui du grand Niepce; on ne pourra qu'avec le consentement de M. Talbot graver photographiquement sur acier. Nous trouvons dans les journaux photographiques d' Angleterre I'annonce suivanie : .. Le proces qui m'est intent^ comprend et fera decider si la pa- tente prise par M. Talbot en 1841 est valide et si elle atteint le procede au collodion recemment decouvert, il sera plaide et juge en dernier ressort vers le 11 d(^cembre. Comme en ri^sistant aux pre- tentions, que je crois injustes, de M. Talbot, je livre une bataille d'ou dependent les inteiets de mes frores en profession autant que les miens, je fais appel a leur aide g6nereux et a leur assistance. Je ne puis defendre leur cause et la mienne, avec energie et avec efficacite, qu'autant qu ils m'aideront a faire face aux grandes de- penses de cette rude campagne. » Martin Larocue, Oxford Street, 65, Londres. AGRICULTURE. ff-i — La lupuline ou minette doree est cultivee tres en grand dans di- verses provinces oii on la seme en autoinne, principalement sur les sei- glesoulesfronients; auprintempselle constitueun excellent fourrage. Elle est inoins difficile que le trfefle, et reussit mieux que Jui dans les terres seches et pierreuses, calcaires ou non; elle aineliore conside- rablement les terres qui la portent. On la seme a la dose de quinze kil. par hectare ; fauchee, elle ne donne qu'une coupe, evaluee a 50,000 kil. par hectare ; paturee, elle donne une abondante nourriture pour les moutons. II est tres-bon de la melauger au trefle rouge : si I'an- iide est humide, le trefle I'etouffe ; si I'annee est seche, elle prend le dessus ; on a, dans tous les cas, un produit assured. — Suivant M. le docteur Muller , reffeuillement des raves ne pr^sente aucun avantage; il y aurait amoindrissement considerable de la recolte en racines, et cette perte ne serait pas compensee par la valeur des feuilles qui ne sont pas un fourrage de bonne qualite. — UEcho agricole recommande la culture de la chicoree, non pas pour la racine, mais pour la feuille, comme fourrage. Elle vient partout, et, dans les terres profondes, donne des recoltes surprenaii- tes, trois ou quatro coupes de 50 a 75,000 kil. par hectare. La plante peut couserver toute sa vigueur de six a dix ans de suite ; elle ne craint ni la secheresse, ni la pluie, ni le froid; elle est si precoce, que la premiere coupe peut avoir lieu en avril. II faut de dix a seize livres de bonne semence par hectare. On seme en lignes separees par 25 ou 30 centimetres ; les pieds doivent etre a 2 ou 3 centi- metres I'un de I'autre ; le fourrage doit etre donne en vert. — On vante comme excellente la m^thode am^ricaine d'elever lesveaux : au bout de trois jours, separez les veaux de leur mere, placez-lesdans une autre etable, et nourrissez-les d'un melange de deux tiers d'avoine et d'un tiers d'orge; les grains sont concasses, mouius, blutes. On fait bouillir un litre de farine dans douze litres d'eau ; on fait refroidir ala temperature du lait nouvellement trait, et I'on'donne cette nouvelle ration aux veaux, soir et matin-. Au bout de dix jours, on ajoute a la ration un peu de foin ; et au bout de deux mois on donne de la verdure. — Le chiendent, traite de la maniere suivante, donne une biere a bon marche ; on met dans un baquet 4 kil . de chiendent hache ; on arrose avecde I'eau tiede sans noyer la racine; quand elle a germ^ et que Ton a vu apparaitre de petites tiges, on introduit ia masse dans une barrique avec un kilog. de baies de genievre concassees, 656 COSMOS. €0 grammes de levure de biere, et 2 kil. de cassonade; on verse dessus 8 litres d'eau chaude, sans etre bouillanto, etl'on agite avec un baton ; le lendemain on ajoute 8 nouveaux litres d'eau chaude et Ton arrose encore; le troisieme jour on lepete la meme opera- tion; on couche ensuite le tonneau, en laissant un trou par lequel les gazpuissent s'echapper; on laisse reposer cinq ou six jours; on soutire dans un autre vase, et deux jours apres on pent boire cette biere qui est agroable au gout et tres-saine. — Un eleve de I'ecole Normale de Beauvais aurait trouve des truffes dans le bois de Valecourt, canton de Chaumont (Oise). Quelques-uns des tubercules decouverts ainsi , tres-inopinement, depassent, en volume, la grosseur d'une noix ; ils ont la forme, I'ap- parence et le gout des trutfes du Perigord. — M. Louis Vilmorin donne la recette suivante pour preparer, avec le sorgho sucre, une liqueur fermentee, non distillee, pouvant remplacer le vin ou le cidre. Les tiges du sorgho, depouillces de leurs feuilles et coupees par fragments de deux decimetres au plus, peuvent etre ecrasees dans le tour d'un pressoir a cidre ordinaire. On concentre, par I'evaporation, le jus sortant du pressoir, jusqu'a ce que le titre alcoolique soit devenu suffisant ; en faisant cette ope- ration, ilsera bon d'ajouter par hectolitre de jus, 200 grammes en- viron de copeaux de bois de chene neuf ; en general, il suffit d'une reduction de moitie du volume; le liquide, aprts la fermentation, se trouve ainsi defeque, depouille des matieres albuminoides, et d'un goiit de vert assez persistant, qui persisterait si on faisait fer- menter le jus seul ; ces memes jus d6feques par ebullition et distil- Jes donnent des eaux-de-vie de bon gout , meme lorsqu'elles ne marquent que 40 degres centesimaux. On peut aider la fermenta- tion par I'addition d'un sixieme de jus cru, ou d'un peu de levure de biere. En portant, pour la moitie du jus, I'ebuUition jusqu'a, un com- mencement de carmelisation, et I'ajoutant a I'autre moitie, on obtient un liquide legerement sucre, et qu'on peut rendre mousseux, en le mettant en bouteilles avant que la fermentation soit tout a fait ter- minee. Ces memes precedes sont applicables a la preparation du vin et de I'alcool avec les tiges denia'is, surtout des varietes tardives. ACAD£ini£ DES SCIENCES. SEANCE DU H DECF.MBRE. M. Biot communique, au nom de M. Airy, astronome royal d'Angleterre, un premier aper9u du resultat des experiences qu'il a faites, en octobre dernier, dans une mine du bassin de la Tyne, et que, le premier, nous avons annonce etre en voie d'execution. Deux lettres, ecrites par M. Airy, I'une en date du 5 octobre, I'autre en date du 2 decembre, donneront, de ces recherches, une idee plus exacte et plus complete que n'a pu le faire la note lue par M. Biot^ q,ui ne contenait que des nombres preliminaires. « II y a d^ja quelque temps que je desirais vous informer du progres de nos operations dans la mine que vos amis ont eu la com- plaisance de mettre a ma disposition, mais il ne m'est pas toujours facile de trouver le moment d'ecrire nne lettre. « Le but de nos experiences est d'obtenir une evaluation aussi correcte que possible de la densite moyenne de I'interieur de la terre; nous pourrons ensuite, par deduction, connaitre le poids de tous les corps du systeme solaire. Aujourd'hui nous n'avons que trois moyens d'arriver a ce resultat : la methode des monts Sche- hallien, la mt^thode Cavendish, et celle oil Ton tient compte du mou- vement de la lune; mais aucune d'elles n'est a I'abri d'objections. « Mon intention est de determiner la difference de gravite an haut et au bas du puits d'une mine. « Si nous nous repr^sentons la terre comme separee en deux parties, I'une d'elles etant la sphere dont la surface arrive a toucher le point le plus profond de la mine, et I'autre comprenant I'ecorce spherique qui enveloppe cette sphere, nous pourrons aisement cal- culer les differences d' attraction produites par les spheres intd- rieures, a mesure que nous descendons. Et si nos experiences peu- vent donner ces differences exactes, nous saurons quelle est la puis- sance d'attraction de la sphere interieure et de la zone qui la recoa- vre. La connaissance de I'attraction du globe interieur et de la partie externe nous donnera la difference de densite. Nous aureus, quand nous voudrons, le chiffre de la densite de la mati^re formant I'en- veloppe, et ce chiffre permettra de connaitre celle du reste de la sphere. <^ On peut determiner la difference de la gravite par le nombre des oscillations d'un pendule libre situe au bas de la mine, compa- rees avec les oscillations d'un autre pendule place a I'orifice du puits-^ II faut connaitre, en d'autres termes, la proportion entre le nom-' 658 COSMOS. bre des vibrations du pendule A situe au haut, et du pendule B place au fond de la mine, et comparer ces divers chiffres entre eux. Voici comment nous nous y prenons : .< Un pendule libre ne continuerait a osciller que pendant quel- ques heures ; on ne compte pas directement ses oscillations ; mais, en le pla^ant vis-a-vis le pendule d'une borloge, il est facile, au moyen d'un appareil, dont je ne pense pas pouvoir vous donner, sans figure, une description intelligible, de determiner d'une ma- niere exacte le moment precis oil les deux pendules cessent de vi- brer ensemble; et alors quand ils se sont separes et qu'ils ont re- commence a osciller de concert, il est clair qu'il y en a un qui a perdu, ou que I'autre a gagne une oscillation entiere. Nous savons, de cette maniere, la difference exacte qu'il y a entre le mouvement d'oscillation d'un pendule libre et le mouvement d'un pendule d'hor- loge ; le pemlule d'horloge inscrit lui-meme le nombre de ses oscil- lations sur le cadran de I'horloge; on en deduira le nombre des os- cillations du pendule libre. .. Nous avons deux appareils de ce genre, I'un au fond, I'autre au haut du puits de la mine, et on ^tudie simultan^ment leur mar- che. Mais tout cela ne donne a chaque station que le rapport des vibrations du pendule libre et du pendule d'horloge. Afin de relier entre eux ces deux rapports de maniere a atteindre le but de nos recherches, c'est-a-dire la proportion qui cxiste entre les vibrations du pendule libre au haut et au fondde la mine, nous devons deter- miner le rapport du mouvement du pendule de I'horloge au fond et au haut du puits ; cette determination se fait d'apres les principes de la telegraphie electrique. " Nous avons une batterie et un appareil a signal agissant /^ro- prio motu qui produit des inflexions simultances de deux aiguilles ^lectriques dontl'une est reliee a Thorloge du fond, et I'autre a celle du haut. Notre fil galvanique descend le long des parois du puits. Les observations simultanees faites suivant I'lndication des signaux et relatives au temps indique par les deux horloges, nous donnent les moyens de determiner le rapport du mouvement des deux hor- loges. " Les proprietaires de la mine nous ont construit d'adorables cabinets d'experiences au haut et au fond du puits, et se sont em- presses de nous procurer toutes les facilites possibles. Nos obser- vations sont commencces et continuent sans interruption. Voici maintenant la seconde lettre de M. Airy a M. Mather, de Suth Shields; pour qu'elle soit bien comprise, il iaut faire remarquer COSiMOS. 659 qu'il y a eu deux series d'expdriences, la premiere a dur^ 208 heu- res ; pendant les 104 premieres heures, le pendule A (^tait a I'orifice du puits , le pendule B au fond ; pendant les secondes 104 heures, le pendule B etait en haut et le pendule A en bas ; la seconde s^rie d'experiences a durd deux fois 60 heures; et les pendules ont encore 4te changes de place. « Vous apprendrez, j'en siiis sur, avec satisfaction, que les esti- mations desnomhresd' oscillations des pendules m'autorisent a avoir pleine confiance dans les resultats auxquels ils m'ont conduit. La comparaison de la marche des pendules avant et apres leur echange mutuel, non-seulement n'a pas manifeste une alteration quelconque dans le mecanisme de leur mouvement, mais elle a prouve, au con- traire, jusqu'a I'evidence que ce ddplacement n'avait exerce aucune influence perturbatrice dont I'effet put s'elever a la vingtieme partie d'lme vibration en un jour entier. « Le resultat immediat des estimations est celui-ci : " Supposons qu'une horloge soit ajustee de maniere a donner le temps vrai a rorificedela mine; transportee au fond, elle gagnerait deux secondes et un quart. On peut dire aussi quo la pesanteur est plus grande au fond de la mine qu'a I'orifice d'un 19 190'"^ Faisons un pas de plus dans cette interpretation. S'il n'y avait entre I'orifice et le fond, ni charbon, ni roches, mais seulement un support ima- ginaire, au haut et au bas duquel le pendule fut tour a tour suspendu, la pesanteur a I'orifice aurait du etre plus petite qu'au fond d'un 8400""' environ. Or, I'experience a montrd qu'elle est plus petite seulement d'un 19200"'"^. Quelle est la cause de cette difference? C'est ^videmment I'attraction de la couche de matifere ou enveloppe spherique interposee entre I'orifice et le fond dela mine. L'attraction de cette couche est done la difference entre les deux fractions im 8 400"^" et un 19 200'»«, et elle est par consequent (^gale a un 14 900™" environ. Mais si cette couche spherique eiit ete aussi dense que la terre prise en masse et supposee homogene, son attraction aurait dte, a tres-peu prfes, un 5600""^ de la pesanteur a la surface. Par consequent, la density de la terre prise en masse est plus grande que la densite de la couche spherique dans le rapport de 149 a 56, ou dans le rapport de 1 a 2 1/3 = 2,66. Vous remarquerez que ces nombres sont des nombres bruts, et que pour que les resultats qu'on en deduit soient rigoureusement exacts, il faudra leur faire subir de petites corrections, et determiner la densite des differents lits dont se compose la couche spherique, ce que je n'ai pas encore realise. » En general, les geologues evaluent k 2,7 la densite des couches 6g0 COSMOS. superficielles du globe; or, 2,7 multiplie par 2,66 donnerait pour la densite de la terre prise en masse, 7,182 ou environ 7,2; ce qui est bien au dela des evaluations faites jusqu'ici. En prenant 2,5 pour la densite des couches superficielles on aurait 6,68 pour la density moyenne de la terre. Maskeline, en partant des plus hautes evalua- tions de Taction des montagnes Schehallien observee par Play- four, arrivaita peinea 4,867. Cavendish avait trouve seulement5,48; Reich 5,438; Baily, 5,660. On n'avait done jamais obtenu 6 et en- core moins 7. Newton, dans un eclair de genie avait conjectur6 que la densite moyenne de la terre ^tait cinq ou six fois plus grande que celle de I'eau. « Verisimile est quod copia matericc totius in terra quasi quintuplo vel sextiiplo major sit qiiam si tola ex aqua con- sisteret. Princip., liv. Ill, prop. 10. » II importe de remarquer que ]a couche spherique a Newcastle est interrompue dans sa continuity par la mer et par la vallee de Tyne. Au reste, la discussion a la- quelle M. Airy va se livrer bientot, avec ce candide amour de la ve- rite qui I'anime ; les determinations directes de la density des cou- ches auxquelles il fait proceder, nous apprendront bientot a quoi nous devons nous en tenir. II serait curieux d'ailleurs d'arriver a faire gagner a notre terre un quart ou un tiers en plus de son im- portance materielle; c'est, siparva licet componere magnis, comme si un boeuf paye au poids de 200 kilogrammes se trouvait au debit peser reellement 300 kilogrammes. ]VI. Mathieu, au nom d'une Commission compos^e de MM. Pio- bert Cauchy et Mathieu, lit un rapport detaille et descriptif de I'arith- mometre de M. Thomas de Colmar. Sur les conclusions entierement favorables de la Commission, I'Acad^mie donne a cette belle ma- chine sa haute approbation. Le jugement que nous avons porte est ainsi solennellement confirme , et il ne pouvait pas en etre autre- ment, car I'arithmometre est un chef-d'oeuvre de conception et de construction. Au mois de mai le gouvernement espagnol I'avait aussi soumis au jugement de r Academic royale des sciences de Madrid, qui en apprecia le merite dans les termes suivants : .. L'Acadi5mie reconnait une grande superiorite dans Fagence- ment des rouages a I'aide desquels on parVient a obtenir, par le simple jeu d'une manivelle, les resultats de toutes les operations : additions, soustractions, multiplications, divisions etc., etc.; elleap- plaudit a la simplicite du mecanisme de I'Arithmomfetre, a I'elegance de sa construction, a son petit volume, a la siiret^ de son action, etc.; elle reconnait dans I'auteur de cet instrument un homme doue d'une COSMOS. 661 grancle perspicacite, qui applique avec liabilete les principes et les ressources de la rnecanique theorique et pratique, anime d'un esprit eminent d'invention et de perfectioniiement ; TAcadcmie en un mot declare qu'il y a beaucoup de merite dans I'ceuvre de M. Thomas , consideree comme produit de i'intelligence et d'incessantes etudes... Elle trouve, en outre, dans cette machine une tres-grande utilite pour beaucoup d'usages ; elle est d'avis que par la subtilite de sa conception et le genie qu'elle suppose, elle est digne d'une haute es- time, et merite I'approbation du gouvernement. » Mais, chose inattendue, cette mume Academie des sciences a ex- prime dans son rapport une restriction vraiment etrange : « Si I'a- rithmometre etait d'un volume tres-rdduit et d'un prix tres-peu eleve, de telle sorte que chacun put toujours I'avoir avec soi, et ex^- cuter par son moyen les operations auxquelles il se prete, il cause- rait de grands dommages a la societe et nuirait a la bonne organisa- tion des services publics, parce qu'il de^habituerait ceux qui s'en serviront de I'exercice de leur intelligence dans Tetude des nombres et de leurs combinaisons, source continuelle d'instruction qui etend ses bienfaits jusque dans les dernieres classes de la societe. » Nous en demandons bien pardon a I'illustre corps, mais son ob- jection est vraiment insoutenable ; car d'une part le seul reproche fonde qu'on ait fait a rarithmometre est son prix encore trop eleve; car, d'autre part, le plus grand merite dece bel instrument consiste pr^cisement a faire mecaniquement les operations comme on les fait avec I'esprit ou avec la plume; de telle sorte que, loin de les faire oublier ou ncgliger, il rend les melhodes classiques toujours plus presentes et plus familieres ; car eiifin il rend mille fois plus abordable et plus facile I'etude des nombres et de leurs combinai- sons. Nous sommes heureux de pouvoir opposer a cette appreciation singuliere et inconsider^e , I'autorite d'un homme eminemment competent, M. Lemoyne, ingenieur en chef des ponts et chaussees, qui avait ete autorise par M. le IMinistre de I'agriculture et du commerce a acheter pour ses bureaux un arithmomeire ; el a qtii I'administration avait donne ordre de formuler son jugement sur le parti qu'on pouvait tirer du nouvel instrument. Ce qui suit est litte- ralement extrait du rapport officiel de I'habile ingenieur, imprime en partie sous forme de memoire dans les Annates de la Societe cVe- mulation des Vosges : " L'arithmometre est plus qu'un instrument ingenieux, c'est une de ces inventions a inscrire dans les fastes honorables d'un pays ; 662 COSMOS. son ulilite ne pourra etre limit^e qu'en raison de son prix elev^. Si on revalue iiitrinsequpment, en supposant, par exemple, qu'il ne coute pas plus cher qu'une table de logarithmes, on trouve qu'il se- rait bientot deux fois plus repandu et plus utile aux savants eux- inemes, que ne le sont les logarithmes, cette celebre invention du baron ^cossais Neper. " L'arithmometre opere avec une exactitude plus-sure que le cal- cul a la main, avec une promptitude plus que double, et le travail peut se contiiiuer sans fatigue pendant la journce entiere. Les loga- rithmes ne peuvent entrer en concurrence avec la machine que quand on n'a besoin que des cinq ou sept chiffres les plus eleves des r^sultats, celle-ci donne le produit exact de six, de douze ou de seize chiflfres ; les logarithmes aussi impatientent, lorsqu'on est obli- ge de remonter souvent aux nombres. L'arithniometre nierite autant que les logarithmes I'epithete de mirifique ou merveilleux ; il afallu autant de peine et de perseverance pour conct;voir et perfectionner le mecanisme de I'arithmometre, qu'il afallu de genie pour deviner les rapports etonnants de deux progressions par difference et par quotient , de perseverance pour calculer la premiere table de lo- garithmes. On continuera a se servir des logarithmes, mais on se servira aussi de I'arithmometre, qui, dans beaucoup de circons- tances, est plus avantageux. .» J'ai a ma disposition des tables de logarithmes et un arith- \nometre ; c'est tout au plus si trois ou quatre fois par an je me sers des tables, tandis que c'est trois ou quatre fois par semaine que j'emploie I'arithmonietre ; bien que, cependant, je n'y aie recours que pour les operations un peu longues. Le rapport d'utilite de I'a- rithmometre aux tables serait, d'apres cette experience personnelle, d' environ 50 a 1. II y a mille ignorants pour qui la machine a cal- cul vaut mieux que Its logarithmes pour les savants ; la popularity de celle-ci pourrait done etre dix fois celle des tables ; si on pouvait la livrer au prix de 100 francs, on aurait bientot des coininandes pour en executor au moins dix mille.... De sa rarete actuelle, ne concluons rieu de defavorable a sa propagation future — Si Ton re- monte a quelques siecles , on trouvera que les montres et les hor- loges etaient des appareils chers et rares, qu'on ne voyait que dans les palais ou entre les mains des souverains.... Pour la propagation de cette machine comme pour la diffusion des autres inventions utiles, la protection du gouvernement, independamment des recom- penses honorifiques meritees par les inventeurs, s'exercerait de la maniere la plus efficace, non en donnant une somme une fois payde, COSMOS. 663 non pas meme en achetant a I'inventeur un certain noinbre d'ap- pareils, aux prix toujours eleves d'une premiere fabrication ; mais, toutes les fois que la chose est praticable, en lui allouant une prime pour un certain nombre d'instruments, a la condition qu'il les livre au public a, un prix reduit. De cette facon, on obtient le double effet de rtlcompenser I'inventeur et de hater, dansTiiiteret de la societe, la propagation a bon marche d'une chose utile. » L'opinion de M. Len;oyne, joinfe a Tapprobation de I'Acaddmie des sciences , semble de nature a faire disparaitre les dernieres objections, a vaincre I'inertie de la routine, a hater I'adoption de- finitive d'un instrument reve par le genie de Pascal, eminemment l'ran9ais dans sa conception premiere et sa realisation parfaite. Pour frapper un dernier giand coup, M. Thomas, de Colmar, qu aucun sacrifice n'effraie, qu'un travail aussi intelligent qu'assidu a d'ail- leurs enrichi , a fait construire, pour I'Exposition universelle de 1855, un arithmometre de 30 chiffies, long de deux metres, don- nant les produits de 15 chiftres par 15 chifFres, jusqu'a 999 999 999 999 999 999 999 999 999 999 ; pouvant exprimer, par consequent, et bien au dela, le nombre des grains de ble du monde entier. Quand sur ce magnifique appareil on aura ecrit dans les cadrans le nombre dejii enorme 999 999 999 999 999 et que sur la premiere coulisse on aura ecrit I'unite, par un seul tour de manivelle, on fera apparaitre en un clin d'ocil dans les lu- carnes le nombre 1 000 000 000 000 000. resultat d'une serie de transmissions en quelque sorte simultanees, et qui sent executees comme par prestige. Qu'on nous permette ennn d'annoncer que Sa Majeste le roi de Grece a recemment confere a M. Thomas, de Colmar, I'ordre du Sauveur ; que Son Altesse imperiale le grand-due de Toscane lui a accorde des lettres de noblesse ; ces souverains, comme d6ja beau- coup d'autres, ont voulu par ces distinctions honorifiques reconnai- tre et recompenser le merite du glorieux inventeur de I'arithmo- metre. — La correspondance, depouillee par M. Elie de Beaumont, n'a pas fixe meme un instant I'attention de I'assemblee , distraite a I'exces; ou Ton n'emend rien, ou ce que Ton saisit par hasard est depouille de tout interet. — L' Academic se forme de nouveau en comite secret pour con- 664 COSMOS. tinuer la discussion des titres des candidats a la place vacante dans la section de bolanique. Cette discussion, devenue tres-vive, tres- acharnee, presque personnelle nieme, n'avait pas pu etre achevde dans la derniere seance, et nous nous etions trompe en annon9ant I'dlection pour aujourd'hui. Malgre I'importance, I'excellence, la nouveaut^ incontestee des travaux de M. Trdcul, MM. Payer et Duchartre sont restes en tete de laligne, etlesplus grandes chances sont pour M. Payer, professeur de botanique a la Faculty des sciences; s'il a ete vivenient attaque, il a ete aussi vivcment de- fendu, et par des voix eloquentes et venerees. — Nous avons etc grandement surpris et afSig^ de ne trouver dans les comptes rendus officiels dela communication de M. Dumas, que ces deux lignes evasives : •« L'extrait de ce memoirs ne pouvant etre •' compris qu'avec le secours d'une figure, n'a pas pu trouver place « dans le com]ite rendu de la seance. » II nous avait semble cepen- dant que les rcsultats principaux pouvaient s'enoiicer tres-claire- ment; une figure, d'ailleurs, qui ne renferme que des lignes droites est facilement remplacee par le langage ordinaire. Nous regrettons d'avoir compte sur une analyse que ,nous pouvions si bien faire de memoire, quand nos souvenirs etaient recents. M. Govi, dans la Rei^iic franco-italicnne, a ete plus courageux ou mieux inspir6 ; nouslui empruntons son resume : " Nos lecteurs savent deja que M. Dumas porte sur la ligne des abscisses, les poids atomiques des corps, et sur les ordonnees les valeurs numeriques de leurs differentes proprietes physiques. En elevant done des ordonnees proportionnelles aux volumes atomiques physiques (poids atomiques divises par les densites) de plusieurs centaines de corps organiques composes, dont le poids atomique est mesure par I'abscisse, il a 6te facile de reconnaitre que, pour les corps d'une merae famille, toutes les ordonni^es aboutissaient a une meme ligne droite, faisant un certain angle avec I'axe des abscisses. Les alcools, par exemple, dont I'alcool de bois est le point de de- part, et qui se forment par des additions successives de 1, 2, 3, etc., atomes de gaz oleifiant ou hydrogene bicarbone a I'atome de I'eau, pr^sentent des volumes atomiques tels, que les ordonnees qui leur sont proportionnelles determinent une ligne droite inclinee sur I'axe horizontal. Deplus, cette ligne , suffisamment prolongee vers I'axe des abscisses, passe tout pres du sommet de I'ordonnee qui correspond au protoxyde d'hydrogene, c'est-a-dire, a I'eau dis- tillee. » L'acide formique est aussi le point de depart d'une s^rie nom- COSMOS. 665 breuse d'acides ayant une constitution qui derive facilementde celle del'acideformique, par une simple addition de 1, 2, etc., atomes de gaz ol^ifiant. Toutes les ordonnees qui correspondent a ces acides, ont leurs extremites sur une meme droite parallele a celle des al- cools quileur correspondent; et le prolongement de la ligne des acides aboutit au sommet de I'ordonnee correspondante au volume atomique du bioxyde d"hydrogene, ou eau oxyg^nee de M. The- nard. « Apres les acides, viennent les ethers des divers alcools et des differents acides. [Les lignes qui appartiennent aux ethers de la meme base, mais d'acides differents, sont paralleles aux lignes des alcools et des vinaigres; mais aux ethers d'un meme acide, et de bases difFerentes, correspondent des lignes paralleles entre elles, quoique non paralleles aux lignes geometriques des alcools et des acides. La ligne des ethers nitriques rencontre le lieu de I'acide azotique ou nitrique hydrate ; celle des ethers sulfuriques passe par le point qui represente I'acide sulfurique hydrate. Le sommet de I'ordonnee correspondante a I'hydrogene sulfur^ liquide se trouve sur la ligne des alcools a base d'hydrogene sulfure. Les ethers bo- rique et silicique dont Ebelmen a fait connaitre les proprietes, se comportent comme les ethers des autres acides. II parait que les ethers hydrochloriques, hydrobromiques, hydrocyaniques, etc., n'echappent pas non plus a la loi qui regit tous les autres composes analogues. En prolongeant la ligne des ethers a meme acide, on ren- contre toujours le point de I'hydracide correspondant. La ligne des aldehydes est parallele a celle des alcools, mais un peu moins ele- vee. Les acides et les alcools de la meme serie sont reunis par des lignes presque paralleles a I'axe des abscisses. Les lignes qui reu- nissent les lieux des Others composes, des ethers simples et des acides anhydres sont droites aussi bien que celles qui joignent en- semble les alcools et les acides hydrates; maisl'ether et son alcool, rather compose et I'acide anhydre se trouvent sur des lignes si- nueuses et tres-accidentees. » — Nous avions ete surpris de lire dans les comptes rendus que M. Guillon avait demande et obtenu f autorisation de reprendre les pieces presentees par lui au concours des prix de medecine et de chirurgie. II nous avait semble que la methode de traitement des rdtrecissements infranchissables que M. Guillon soumettait au ju- gement de 1' Academic, sur tout apres les succes dont elle avait ete recemment couronnee au Val-de-Grace, ^taitassez iraportante pour inspirer a son auteur une confiance absolue, et lui enlever la pensee 666 COSMOS. de se retirer du concours. M. Guillon en effet n'abandonne pas ses droits et ses espcrances , inais I'impossibilite ou il s'est trouve de faire constater officiellement I'excellence de sa methode , le force d'attendre a Fannce prochaine. Le but qii'il poursiiit, et dans lequel nous I'avons appuye de toutes nos forces, est de prouver qu'il n'y a pas rc^ellement de r^trdcissements infranchissables ; qu'il faut abso- lument renoncer a I'operation douloureuse et barbare de la bouton- niere, condamnee et proscrite par lesChopart, les Boyer, les Du- bois, les Dupuytren, et a laquelle , cependant, quelques professeurs des Facult6s de Paris et de province ont encore !e courage de re- courir. Un des consciencieux medecins du Val-de-Grace avail prd- venu M. Guillon de la presence dans son service d'un malade atteint de retr^cissements qui depuis huit mois n'avaient pu etre franchis, et toujours avec des accidents graves , qu'au moyen de bougies de trois millimetres de diametre. C'etait une bonne occasion de met- tre de nouveau en evidence refficacitc de sa methode operatoire; M. Guillon fit immediatement appel a la Commission des prix Monthyon, laquelle, n'etant composee que de medecins, demanda I'adjonction d'un chirurgien. L' Academic fit droit a cette deniande, et pria la commission ainsi completee de suivre I'operation. Mais M. Guillon est I'homme eprouve au dela de ce qu'on pent dire; I'illustre chirurgien de I'Academie se refusa nettenient a la consta- tation qu'on attendait de lui. L'operation a done du etre pratiqu^e sans lui, en presence de M. Lustreman, au service duquel apparte- nait le malade , et de cinq autres chirurgiens du Val-de-Grace , MM. Billot, CoUignon, Gueraud, Hayer et Paulet ; comme toujours elle a ^te facile, prompte et efficace : au bout de quelques minutes , les coarctations etaient franchies avec une bougie a renflement de oa 6 millimetres : reste maintenant a guerir les retrecissements prdtendus incurables par le precede si sur des incisions intra-uretra- les, d'arriere en avant. Ce procede, quoique couronne en 1852, sous le nom de M. Reybard , appartient tres-certainement a M. Guillon (nous I'avons prouvc jusqu'a I'evidence) , aussi bien que I'instru- ment ou I'uretrotome a I'aide duquel on le pratique , et le sarco- thome avec lequel depuis plus de vingt ans M. Guillon incise les valvules et les autres excroissances morbides du col de la vessie. Si I'habile chirurgien s'^loigne un instant du concours , c'est pour mieux assurer sa victoire , pour r^unir un plus grand nombre de faits a I'appui de ses succes et de ses droits nieconnus. 11 est impos- sible que tot ou tard on ne lui rende enfin une solennelle justice 5 nous appelons ce jour de tous nos vooux. I EXPOSITION UNIVERSELLE D£ 1S51- TRAVAUX DE LA COMMISSION I-'UANgAISE SUR l' INDUSTRIE DES NATIONS, Puhlies par ordre de I'Empereur. Tomes IV, V, VI, in-S". — Itnprinunie imperiale, 1854. Cette collection, dont trois volumes , le quatrieme, le cinquifeme et le sixieme, ont seuls paru, sera un magnifique monument eleve, par la volonte toute-puissante de I'Empereur, a I'industrie, a son histoire, a ses procedes, a ses perfectionnements, a ses progres, a son avenir. Nous I'examinerons plus tard dans son ensemble ; au- jourd'hui qu'il est encore incomplet nous donnerons seulement la nomenclature des rapports recemment publics. Ce sont : 1" Industrie des cotons, par M. Mimerel, senateur, president du conseil general des manufactures de France ; 64 pages in-S". 2° Industrie des laines foulees , par M. J. Randoin, manufactu- rier, membre du Corps Icgislatif; 38 pages. 3° Industrie des laines peignees, par M. Bernoville, manufactu- rier ; 214 pages. 4" Industrie des soieries et rubans , par M. Aries-Dufour ; 16 pages. 5" Tableau statistique, embrassant les progres compares des in- dustries fran9aises du coton, de la laine et de la soie, depuis la paix gdn^rale, par M. le baron Charles Dupin, president de la commis- sion franQaise ; 30 pages. 6" Industrie du chanvre et du lin, par M. Legentil, president de la chambre du commerce de Paris ; 64 pages. 7" Industrie des chales et des tissus melanges, par M. Maxima Gaussen; 22 pages. Ces sept rapports, formant 448 pages, composent le quatrieme volume. 8° Industrie des cuirs et peaux, fourrures, harnais et sellerie, plumes, crins et cheveux, parM. Fauler, manuf'acturier ; 50 pages. 9° Industrie de Timprimerie, de la librairie, de la papeterie et in- dustries auxiliaires, parM. Ambroise FirminDidot; 126 pages. 10° Industries des impressions et teintures, par M. Per:^oz, pro- fesseur au Conservatoire des arts et metiers ; 74 pages. 11° Industrie des dentelles, blondes, tulles et broderies, par M. Felix Aubry ; 158 pages. 12° Industrie des tapisseries et tapis des manufactures natio- nales, par M. Chevreul, membre del'Institut, p^rofesseur de chimie aux Gobelins; 100 pages. ggg COSMOS. 13" Industrie des tissus appliques aux arts vestiaires, par M. Ber- noville; 88 pages. Ces six rapports, formant 608 pages, composent le cinquifeme volume. 14° Industrie de la coutellerie et des outils d acier, par M. Le Play, ingdnieur en chef des mines, professeur de m^tallurgie al'E- cole des mines de Paris ; 74 pages. 1.5" Industrie des ouvrages en fer, en acier, en cuivre, en bronze, en zinc, etc., par M. Goldenberg ; 158 pages avec 2 planches. 16° Industrie des m(^taux precieux, par M. le due de Luynes, membre de I'lnstitiit; 262 pages. 17" Industrie des verres et cristaux, par M. Peligot, membre de rinstitut; 60 pages. 18° Industrie des arts ct^ramiques, par feu M. Ebelmen et M. Salv.5tat, chimiste de la Manufacture imperiale de Sevres; 136 pages. Ces cinq rapports, formant 690 pages, composent le sixieme vo- lume. Les rapports qui ne sont pas publies encore, au grand regret de I'illustre president de la commission fran9aise, M. le baron Dupm, qui ne cesse pas un instant de presser ses collegues d'achever leur travail, sont : ■ xt. n r Industrie des mines, des carrieres, des operations m^tallur- giques et des produits mineraux, par M. Dufrenoy. 2° Industrie des proc(5des et des produits chimiques et pharma- ceutiques, par M. Dumas. 3» Industries des substances alimentaires, par M. Hervi^ de Ker- ^° 4° Industries des substances animales et vegetales , principale- ment employees dans les manufactures, dans la confection des outils ou rorneiuentation, par M. Payen. 5° Industries des machines pour usages directs : pompes, balan- ces, presses et machines hydrauliques, etc. ; chemins de fer, ma- chines en usage dans les voitures, dans les batiments a voiles ou a vapeur, voitures de transport, etc., etc., par M. le general Morm et M. Arnoult. 6" Industries des machines manufacturieres et des metiers, par M. le general Poncelet. 7" Industrie du genie civil : architecture , construction , par M. Combes, membre de I'lnstitut. COSMOS. • 669 8" Industrie du genie militaire et de rarchitectiire navale : artil- lerie , armement, equipement, par M. le baron Dupin. 9" Industries agricoles, par M. Moll, professeuc au Conservatoire des arts et metiers. 10" Industrie des instruments de precision , par M. Mathieu. 11" Industrie des instruments de musique, par M. Berlioz. 12° Industrie des instruments d'horlogerie, par M. le baron Seguier. 13° Industrie des instruments de chirurgie, par M. Roux. 14° Industrie des arts d'ornement : tapisserie, papier peint, papier marbre , meubles vernis , etc., par M. Rondot. 15" Industries des substances minerales employees dans la cons- truction et la decoration, marbres , schistes, porphyres, ciments, pierres artificielles, par M. Hericart de Thury. 16" Industries des substances animates et veg^tales qui ne sont propreraent ni fiiees, ni tissees, ni feutrees , caoutchouc, gutta-per- cha, ivoire, ecaille, corne, etc., par M. Balard. 17" Industries melangees en rapport avec la chimie , I'liistoire naturelle, I'education, les usages personnels, rainusement, etc., par M. Wolowsky. 18° Industries relatives aux arts pratiques, I'architecture, les mo- dyes, etc., par M. Leon de Laborde. II y aurait un interet immense a ce que tous ces rapports fussent publics avant I'Exposition universelle de Paris en 1855. C'est cer- tainement la volonte de I'Empereur, etM. le baron Dupin met tout en oeuvre pour atteindre ce but glorieux ; a ses yeux un ajournement indefini serait une veritable calamitt^; esperons que nous n'aurons pas a la siibir. C'est a la bienveillante generosite de M. le baron Dupin que nous devons d'etre entre en possession, de tres-bonne heure, des trois premiers volumes dont nous venons d'enumerer lecontenu; et nous ne croyons pas pouvoir mieux completer cet expose mpide qu'en inscrant dansle Cosmos, apres I'avoir trop longtemps reserveepour la faire servir de preface a notre analyse de I'ouvrage complet, une note lue par lui a I'Academie des sciences dans la seance du 4 juil- let 1853, sous ce titre : Compte rendu des travaux de la commis- sion francaise pour I' Exposition universelle de Londres en 1851. " Cette commission etait composee de trente-six membres, dont dix-sept appartiennent a trois academies de I'lnstitut, et quinze a la seule Academie des sciences. Apr^s avoir accompli ses travaux dans le Jury international de 670 COSMOS. trois cents membres empruntes a toutes les nations, la commission fran(;aise s'est propose de presenter le tableau du progros des arts eclairespar les sciences depuis lapaix genorale. Pendant cettelongue p^riode, una lulte libre et pacifique s'est etablie entre les nations progressives ; il en est result^ des inventions, des perfectionnements qui sont d'une immense influence sur le .sort meme et la prosp§rite des peuples. Dans cette lutte bienfaisante, la France a joue un role eminent , que I'Exposition universelle a fait ressortir dans tout son ^clat. Lorsqu'on a compare le nombre des exposants a celui des recom- penses du premier ordre, decernees surtout au meritede I'invention, on a trouv(5 que les dtrangers ont obtenu huit recompenses par mille exposants et les Fran9ais trente. M. le baron Charles Dupin ^numere quelques-unes des recom- penses obtenues par les decouvertes dues a des membres de 1' Acade- mic, et qu'ils ont fait doniier a des exposants fran9ais charges de les appliquer. Sevres n'avait pas seulement pour titres les perfections qui font admirer dans toutes les contrees sesporcelainesexquises, la variety, I'elegance et la beaut6 des formes, la puret^ des contours et la v^- rite des couleurs ; elle avait aussi le merite de I'invention. Au nom- bre des jures fran^ais se trouvait un jeune savant, naguere encore directeur de Sevres. Lui-meme etait inventeur de precedes inge- nieux sur la soufflerie et le chaufFage des fourneaux ; puis sur la re- production, par le creuset du chimiste, de mineraux importants, que la nature a formes dans la nuit des temps , au moyen de proc^d^s inconnus et tout-puissants. Avec la juste autorite que lui donnaient de pareils titres, il a facilement fait reconnaitre les inventions et les progres dont notre manufacture, ccole et devanciere, avait gra- tifi6 les industries privees. Sevres a gagne sa cause : n'etait-ce pas justice ? Helas ! ici finissent les services qu'un talent de si grande es- perance devait rendre a son pays. Une mort prematur^e, subite, est venue interrompre les decouvertes que M. Ebelmen multipliait chaque annee : il est tomhe lorsqu'il touchait du pied le seuil de I'A- cademie des sciences. Nous avons apporte du moins une activite pieuse a recueillir les materiaux qu'il avait laisses pour un rapport sur tous les arts ceramiques ; nous les faisons completer par un ha- bile suppleant (M. Salv^tat). Ainsi nous n'aurons pas tout perdu de la collaboration d'un si celebre et si regrettable collegue. Des difficultes singulieres se presentaient a vaincre au sujet des 1 COSMOS.' 671 Gobelins. Le Jury des beaux-arts n'en avait pas voulu juger les ceuvres, parce que c'etaient des tissus ; d'un autre cote, le jury des lainages les recusait a titre d'objet d'art. Enfin , quelles inventions recentes pouvaient presenter ces Gobelins, qui, des le temps de Col- bert et de Louis XIV, avaient atteint toutes les perfections qui de- vaient ne pas compter, suivant la jurisprudence industrielle des re- presentants de Manchester, de Hottingham et de GlasgoAV. Heureusemeiit encore, les Gobelins possedaient un successeur des BertholJet et des Chaptal, qui faisait partie du Jury. M. Chevreul avait invente, avait applique dans cet etablissement sa th^orie du contraste et de I'harmonie des couleurs. II avait classe, mesure les gradations infinies de la lumiere par son cercle chromatique. Au moyen de ce cercle ingenieux, a 100 lieues de distance, a cent ans d'intervalle, on peut ^crire les couleurs et les reproduire dans le ton precis de leurs nuances les plus variees et les plus delicates. Nous obtinmes done a ce titre, dans le conseil des presidents, pour les Gobelins, la Savonnerie et Beauvais, la recompense collective du premier ordre. Mais ensuite par une fatalite de redaction qu'occa- sionnait peut-etre la marche des idees la plus naturelle, on voit, dans la specification des recompenses faites au nom de la commission royale d'Angleterre, I'excellence extraordinaire et la beaute des dessins reparaitre comme d'elles-nieines pour caracteriser les Gobelins ; tandis que la theorie des couleurs, admise comme invention par les presidents, se trouve entierement omise... Pareille omission n'em- peche pas cette invention d'avoir et^ I'objet du vote d'une rdcom- pense meritee a tant d'autres titres par notre admirable manu- facture nationale. Le savant chimiste auquel nous devons un tel service a fait ob- tenir ensuite une recompense de premier ordre a notre meilleur fabricant de bougie stearique ; c'etait pour des precedes auxquels on contestait I'lnvention. II a suffi qu'on entendit le t^moignage du createur de I'acide stearique pour decider la question en faveur de la France. C'est un succes analogue qui, dans la commission fran^aise, a signaie la presence d'un autre membre de I'lnstitut, M. Ealard, dont la celebrite se" fonda sur la decouverte du biome. Ses explications profondes et lucides ont fait decerner la recompense de premiere classe a MM. Agard et Pradt, pour leur habile mise en oeuvre des precedes dont il est I'inventeur; c'est un systeme a la fois econo- mique et scientifique d'evaporation intelligente, sous des tempera- tures naturelles, inegales et graduees. On emprunte ainsi succes- 672; COSMOS. sivement a I'eau de la mer, les richesses variees dont notre savant coUaborateur a, le premier, donne com pie lament la merveilleuse analyse. Pour donner une ide'e du travail accompli par les membres de la commission fran9aise I'auteur du Compte rendu en cite trois, qui sont : MM. Poncelet, le due de Luynes et Firmin Didot; le premier seul appartient a I'Academie des sciences. Dans le Jury de la ni^canique manufacturiere, oil les Anglais prdtendaient si justement a la superioritc, ils ont choisi pour presi- dent un Fran^ais , le legislateur de la dynamique appliques aux arts : c'est le titre le plus beau du general Poncelet. Voici ce que nous devons a notre savant coUegue : de retour a Paris, il a fait ranal3'se de toutesles decouvertes relatives a la filature, au tissage par la mecanique. Sa patience inf'atigable a consulte, et pour ainsi dire epuise, les litres plus ou moins explicitement indiques par les brevets d'invention qu'ont pris, pendant trois quarts de siecle, les Fran9ais, les Anglais et les Americains. Les revelations les plus importantes sont sorties de cet immense travail. Dans la mecanique des arts, oil le prejug^ commun n'accorde guere aux Fran9ais qu'un role secondaire, il a restitu6 nos titres a regard des succes les plus recents et les plus feconds. Je n'en cite- rai qu'un exemple. La filature des lins a la mecanique avait ete prevue et sollicit^e par Napoleon, qui promit une recompense digne du sujet et digne de sa propre grandeur. Un Fran9ais, Philippe de Girard, qui n'a pas obtenu le prix, I'avait m^rite. Ses inventions, admirables des I'ori- gine, ne laissaient rien a desirer pour les fils les plus communs, e'est-a-dire pour ceux qui procurent les exportations par centaines de millions. L'Angleterre s'est empressee de pratiquer nos procedes avec les- quels elle a terrasse le continent , la France y comprise , et voici comment : Par une aberration deplorable, au lieu d'inviter I'industrie fran- 9aise a profiler sans retard d'un admirable succes, les arbitres du concours ouvert, il y a quarante ans, lorsqu'ils ont connu la solution trouvee par Philippe de Girard, ont impose pour les produits des conditions nouvelles de finesse, impossibles alors a realiser; ils ont jete les concurrents dans une voie qui les a menes la plupart a la ruine. Ce n'est pas pour satisfaire un vain amour-propre qu'on aime a voir la rehabilitation qui sort de recherches a la fois si neuves et si COSMOS. 673 lumineuses ; c'est pour revfler a la France comment elle perd ses plus fdcondes sources de richesse, lorsqu'elle choisit poiir juo-es de son industrie non pas des esprits Aleves, qui voient dans tout leur horizon les grandes questions d'oii depend la fortune d'un peuple, mais des esprits qui meconnaissent le caractere et la portee d'une invention inestimable ; ils font un tort plus grand a la patrie qu'a I'inventeur meme, en deniant a I'industrie sa vraie route, au genie sa gloire et sa juste recompense. Depuis que ces lignes ont dte redigees , un magnifique succes a couroiine des recherches si profondes et si lumineuses. D'apres les vives instances des jures de 1849 et de 1851, le gouvernement a fait la proposition d'une recompense nationale reportee sur les he- ritiers de Philippe de Girard. Voici dans quels termes la commis- sion du S^nat constate I'heureuse influence exercee par le travail historique du g^ndral Poncelet : « Avec une patience admirable il a recherche les inventions de Philippe de Girard, en France et chez I'etranger ; il a restitue partout au veritable auteur ses decouvertes tantot derob^es , tantot dissimulees et si souvent deprt'ciees. Cette ceuvre d'un patriotisme oil la patience, comme BufFon I'entendait, est le genie, cette oeuvre in^dite du general Poncelet a servi non- seulement au ministere, mais au conseil d'Etat, mais au Corps le- gislatif, pour agrandir, a chaque phase du projet de loi, une recom- pense jugee de plus en plus juste. « Par une coincidence que M. le baron Dupin s'attache surtout a faire remarquer, les nations qui font les decouvertes dans les sciences sont precisement celles qui reculent les bornes des arts utiles et qui se signalent par I'invention dans I'industrie. L'Exposition de Lon- drespermeta I'auteur d'en offrir une demonstration frappante pre- sentee par lui sous cette forme concise : « Pour la moitie la plus avancee des nations progressives, qui sont les nations chretiennes ; pour celles qui portent en avant le flambeau des decouvertes : recompenses industrielles votes par les Jurys et par le conseil des presidents, 164. Pour la moitid la moins avancee des nations progressives : re- compenses du meme ordre votee par les Jurys et par le conseil des presidents, 2. Enfin pour I'universalite des nations non chretiennes et station- naires, rien. C'est dans cette immense latitude que nous avions a marquer les degres de I'echelle ou s'eieve aujourd'hui I'industrie des difl'erents peuples : nous croyons I'avoir fait avec equite. » RECHERCHES SUR DIVERSES QUESTIONS DE CHIMIE , TAR M. STRECKER. 1° Composition de Vaclde tannique. L'acide taimique et les tan- nins sont des corps beaucoup plus complexes qu'on ne I'avait pense ; en ellet, par Taction des acides mineraux, des alcaiis ou des fer- ments, lis se dedoublent en glucose et en un nouvel acide, en fixant les elements de I'eau. Le dedoublenient de l'acide tannique en acide gallique et en glucose peut etre represente par I'equation 2" Decomposition de la brucine par I acide nilrique. La reaction frappante de la brucine avec l'acide nitrique, dans laquelle les deux corps incolores, des qu'ils se rencontrent, secolorent en rouge avec degagement d'un gaz n'apas ^te encore expliquee. D'apies M. Stre- cker, cette decomposition de la brucine par l'acide nitrique serait re- presentee de la maniere suivante : C-io H26 N2 08 (brucine) -|- 8 (HO.NQS) (acide nitrique) donneraient : qW 1122 N-i Q\» (cacoiheline) -(- C^ H^ O NO^ (azotlle de methyle) -f- C' H* O* (acide oxalique) -j- 2 ISO- (acide nilreux) + * HO. La brucine renfermerait done le carbone en trois groupes diffe- rents; I'un c'est du methyle ; les autres sont transform^s par l'acide nitrique en cacotheline et acide oxalique. La cacotheline est sans doute una combinaison nitrde qui contient deux Equivalents d'acide hipo-azotique , de maniere qu'elle se derive de la base normale Q40 jjiii -^2 Qio^ qyj ,-,g (Jiff^i-e de la quinine que par six equivalents d 'oxygen e. 3" Sur IhydrocyanaJdine. Un melange d'aldehydate d'ammo- niaque et d'acide cyanhydrique , avec un exces d'acide chlorhy- drique evapore au bain-marie , donne un residu de chlorhydrate d'ammoniaque et d'alanine. Lorsque ce meme melange n'est pas chauflfe , la reaction est toute differente ; il se forme au bout de quelques jours des cristaux incolores qui augmentent peu a peu. Ce corps, que M. Strecker a appele hydrocyanaldine, est insipide, sans reaction sur les couleurs vegetales; il se dissout dans I'eau et I't'- ther, et se sublime a une chaleur moderee ; chauffe brusquement, il se decompose avec un odeur analogue a cclle de l'acide cyanhy- drique. La solution de ce corps n'est pas precipitee par les sels d'argent ni meme apres addition d'acide nitrique; niais quand on chauffe cette solution, il se precipite du cyaiiure d'argent et il se de- veloppe de I'aldehyde; chauffee avec la potasse, 1' hydrocyanaldine COSMOS. 675 ddgage de rammoniaque , et la solution se brunit avec separation d' aldehyde. L'analyse de I'hydrocyanaldine donne pour sa formula C''H'5N2, ouC'^H'^N^. Sa formation s' expri me par 1' (Equation : 3 (C* H* 02 NH3) + 3 C2 HN -f- 2 HCl = C'» H<2 N^ -f- 2 NH' CI -f 6 HO 4° NouveUe formation de T ac'ule propionique. Un melange de Sucre de canne (bouilli avec un peu d'acide tartrique), de craie et de vieux fromage qui, en hiver, dans une chambre chauffee seulement pendant le jour, avait, apres deux ou trois mois, depose des croutes de lactate de chaux, a ete abandonne, pendant I'ete, dans un lieu dont la temperature ne depassait pas 20 a 22 degres : on renouve- lait de temps en temps I'eau evaporee; apres quelques mois, M. Strec- ker a isole les acides volatils qui s'etaient formes ; il n'y avait au- cune trace d'acide butyriiiue , mais de tres-grandes quantites d'a- cide propionique et d'acide acetique ; il'a separe les deux acides, d'apres la methode de M. Liebig (saturation partielle avec la po- tasse et distillation; ; I'acide propionique passe le premier, et le residu contient de I'acide acetique. Avec I'acide ainsi obtenu , M. Strecker a prepare les sels suivants : propionate de potasse, la- melles deliees , propionate de soude, masse amorphe ; propionate de baryte, cristaux du systeme rhombique ; propionate de chaux paillettes soyeuses; propionate de plomb, aiguilles. 5° Comhinaison de C hydrargyromethyle et de Vhydrargyre- thyle. M. Frankland a trouve que I'iodure de mdthyle et I'iodure d'amyle, en presence du mercure, et sous Tinfluence des rayons solaires , forment des cristaux dont la composition s'exprime par C- H"' Hg2l, c" H'< Hg^I. En exposant a la lumiere diffuse et a la temperature ord'naire un melange d'iodure d'etiiyle et de mercure, M. Strecker a vu se for- mer des cristaux dont la quantity augmente de telle sorte, que le liquide se prend en masse. Ces cristaux se dissolvent dans I'ether ou I'alcool bouillants, et s'en separent, par le refroidissement, en lames minces, iiicolores et tres-eclatantes; ils se subliment a 100 de- gres, mais ne fondent qu'a une temperature plus elevee j leur com- position est representee par Tazotate d'argent les transforms en iodure d'argent et azotate d'hydrargyrelhyle qui, par I'evaporation, cristallise en prismas in- colores. Le chlorure de sodium precipite de la solution aqueuse de 676 COSMOS. ce sel le chlorure d'hydrargyrethyle. M. Strecker a aussi [prdpar(S le nitrate d'hydrargyromuthyle. Ces combinaisons se decomposent dans les rayons solaires. 6" Constitution de la quinine. L' analyse, par I'oxyde de cuivre et Voxygone, de quinine parfaitement pure, a donne pour la formule de cette base : C-o H'2 NO-J ; Cast la formule de Liebig, Laurent avait trouv^ : CIO H'< NO'^. Un melange d'iodure d'dthyle et de quinine dissoute dans I'dther donne, aprcs quelques heures, des cristaux qui se dissolvent faci- lement dans I'eau bouillante, et s'en s^parent de nouveau en longues aiguilles placees autour d'un centre commun ; ils sont incolores , soyeux, d'un goiit amer ; ils ne perdent pas I'eau a 100 degr^s et fondent sans decomposition a une temperature plus ^levee. M. Strec- ker appelle cette substance iodure d'cthylquinine ; sa formule est : La base, appelee ethylquinine, s'obtient en ^vaporant la solution dans le vide, sous forme d'une masse amorphe ; elle se dissout dans I'alcool et en est prdcipitee par I'ether en cristaux incolores. 7° Production artijicielle de Ihuile de cannelle. On arrose du noir de platine avec le styrone a I'etat liquide et Ton abandonne le melange a I'air. Aprfes quelques jours la plus grande partie du sty- rone se trouve transformee en aldehyde cynnamique ou huile de cannelle qu'on separe du styrone inalterd par le proc^de de M. Ber- tagnini : cette transformation s'explique par la formule : C»8 H'" 02 (styrone) + 20 = C^S H^ O^ (hydrate de cinnamyle) -j- 2 HO. 8° Production artificielle de la taurine. L'acide is^thionique qu'on prepare, suivant M. Regnault, par l'acide sulfuriqiae anhydre et le gaz olefiant , eu combinaison avec I'ammoniaque , ne differs, dans sa composition , de la taurine que par les elements de deux equivalents d'eau. L'isethionate d'ammoniaque chauffe a une tem- perature de 230 degres, perd 11 pour 100 de son poids ; on dissout le residu dans I'eau ; on ajoute de I'alcool et Ton voit se former un precipite; ce precipite, dissous dans I'eau, donne, par Evaporation spontance, de grands cristaux tout a fait identiques avec des cris- taux de taurine prepar<^s avec la bile. A. TRAMBLAT, proprietaire-gerant. PARIS. — lUPRlMERIE DE \V. REMQUET ET C"'., R'JE GAKANCIERE, O, a. V. 22 DECEMBHE lS54. TIIOISIEME ANNEli. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. La Societe centrale d'agriculture du Puy-de-D6me fait des efforts incessants pour reboiser les montagnes d'Auvergne et couvrir d' es- sences forestieres des terrains trop peu productifs a I'etat de patu- rages, et qui ne pourraient sans de graves inconvenients etre livre's a la culture. L'etendue des montagnes reboisees, dans Farrondis- seinent de Clermont seulement, n'est pas moindre de 1 127 hec- tares ; les depenses consacrees a ces utiles travaux se sont elevees a 82 420 fr. Ces reboisements s'etendent sur le territoire de vino-t- neuf communes, dont une seule en plaine ; les plus anciens com- mencent a donner au profit des communes des produits dont I'im- portance s'accroit d'annee en annee. La Societe encourao-e surtout lespatures boisees peuplees de hetres et de bouleaux exploitos en taillis : ces arbres a basses tiges exerccnt la plus heureuse influence sur les herbes qui croissent autour d'eux. Voici le meilleur procede a suivre pour faire reussir surement les semis : labruyere est briilee sur pied; on passe la petite charrue a deux reprises differentes, enayant soin de creuser les raies qui doi- vent etre plac^es a 1 metre de distance. Apres six raois de repos, la graine est jetee dans les sillons par un temps humide et pluvieux et recouverte a I'aide du balai d'epines. Bientot on voit apparaitre des graminees et ordinairement aussi des genets qui protegent les jeunes pourettes. Au bout de quelques annees, on eclaircit les ge- nets, lorsqu'ils nuisent a I'accroissement des jeunes arbres. Lorsque les bois sont defendables , on permet I'entr^e du betail en nombre limito. Plus tard on eclaircit les arbres , lorsque leur presence nuit a i'abondance et a la qualite de I'herbe. — Aujourd'hui, a. Paris, les 1 000 kilog. de houille se vendent de 50 a 60 fr. ; les 1 000 kilog. de bois de 30 a 40 fr. II resulte de ces prix qu'on peut se chauffer a aussi bon march^ avec le bois qa'a- vec la houille ; or si Ton reflechit que I'usage de la houille a de nombreux inconvenients sous le rapport de la propretc et de Thy- gi^ne ; que le bois olfre un feu plus clair, plus gai et plus sain, qu'il s'allunie et s'eteint rapidement et facilcnient, qu'il se prOte par la 24 ^78 COSMOS. aux n(5cessites de tous ceux qui n'ont besoin que d'un chauffage mo- mentan(3 et de pen de diiree ; on sera convaincu que riches et pau- vres ont interet a revenir a uii mode de chauffage iiifiniinent plus agreable et yilus commode que la houille et qui ne sera pas plus coii- teux. Si la Societc foresticre reussit a obtenir, conime elle I'espere, i'dgalite complete des charges de I'octroi sur les combustibles , de quelque nature qu'ils soieiit, le prix des 1 000 kilog. de bois pourra descendre, dans Paris, a 30 ou 32 fr.; 12 ou 13 fr. le stere. Aioutons que meme a prix inferieur, la houille n'est dconomique •que lorsqu'on salt la briiler, et c'est un art tres-difficile La houille , en outre, telle qu'elle est brulee a Paris, est veritablement mal- -saine et remplit les appartements, si petits, d'acide carbonique, •d'oxyde de carbone et de poussiere fine qui noircit et salit tout. A Beyrie, dans lesLandes, la culture du majis a donne cette an- nee quoique contrari6e par les froids du printemps , en moyenne 50 hectolitres. Un si beau resultat devrait engager les agriculteurs a ^tendre davantage cette culture. Si on lui consacrait seulement, ■dit M. Dupeyrat, directeur de la ferme-ecole des Landes, le ving- tifeme de I'etendue des terres seinees chaque annde en cereales, on ii'aurait plus de disettes a craindre dans I'avenir. Un tisserand de Templeuve, nomme Desreux, au lieu de semer en mai la betterave destinee a porter graine, la seme au commence- •nient de septembre et la laisse en terre ; aux premiers jours du prin- temps elle n'est pas bien vigoureuse, mais elle vit; des que la terre se rechauffe , elle se developpe activement ; munie des racines qui manquent a la betterave qu'on repique a la n.eme epoque, elle de- vance beaucoup cette dernifere, donne des tiges trfes-fortes et une graine abondante , qui murit parfaitement, L'experience prouvera si cette methode est applicable aux climats du nord , si elle donnera partout des rdsultats superieurs a ceux obtenus par I'ancien pre- cede. une economic de pros de moiti^. Jusqu'a ce jour les cultivateursdu Gard ne se servaient dans leurs labours que de tres-anciennes charrues qui ne creusaient le sol qu'a une faible profondeur ; il en resultait que les recoltes ne donnaient ni beaucoup de grains ni beaucoup de paille. Grace aux efforts de la Societe d'agriculiure de Nimes le vieux coutrier du pays est presque partout reiiq^iace par la charrue Dombasle, sans regret aucun pour les charretiers, — Bien des remfedesont dejaete indiqu^s contre le cholera, mais €n voici un auquel on n'avait pas songe en Europe. Dans une lettre publiee par les Annales de la propagation de la foi ^ Ms'" Rizzo- COSMOS. 679 latti donne les details suivants sur la maniere dont les Chinois trai- tent les choleriques : Avec un couteau de table ou une lame de cristal , on couvre la langue de piqures pour procurer une abondante saignee ; puis, tan- dis que les uns etireiit de vive force les nerfs principaux, d'autres frappent a grands coups sur la poitrine, sur ie dos, sur les cuisses et les reins, jusqu'a ce qu'il en jaillisse des ruisseaux de sang. Quand la crise est passee, le patient en est pour quelques jours avec ses ci- catrices, ses contusions, et sa peau aussi noire quecelle d"un negre. Ms"" Rizzolatti ajoute que ce remede , le plus ordinairement et le plus facilement employe, I'a sauv6 d'une violente attaque de cho- lera. — La Societe des arts, sciences et belles-lettres de Paris vient de couronner d'une medaille d'or de 1'''^ classe, le Traile de langage mimique comme langage uiiwr.rsel de M. J. Rambosson , qui le premier a donne des lois g^nerales sur le langage mimique , et a ainsi pos6 les fondements de cette science. — Nous avons souvent parle des perfectionnements apportds a la fabrication des ressorts de voiture, par M. Fusz; les noinbres sui- vants, donnes par des experiences faites dans les ateliers de MM. Jackson, freres, 60, rue de laPepiniere, feront mieux appr^- cier les avantages du nouveau systeme. Un ressort Fusz, propor- tionnel et graduel, pesant 28 kilogrammes, longde 800 millimetres, avec ]50 millimetres d'ouverture, a flechi de 8 millimetres, sous une charge de 60 kilogrammes; de 98 millimetres sous une charge de 2 000 killoginmmes. Meme sous cette charge considerable il restait encore 150 — 98 ^=: 52 millimetres de cours ; quoique le jeu de ces ressorts soit restreint, il est trfes-doux. Une caisse d'omnibus ordinaire, des Dames-Reunies, par exemple, pfese 400 kilo- grammes, le poids des dix-neuf personnes qu'elle porte est de 1 445 kilogrammes ; c'est done en tout 1 825 : si done cette caisse reposait sur quatre ressorts Fusz, pesant seulement 112 kilo- grammes, 2 kilos de plus que les ressorts actuels, le poids supporte par chaque ressort serait a peine de 500 kilogrammes et la flexion serait tres- petite. M. Fusz, pour des ressorts moins parfaits que ceux dont nous venons de parler, a dejii re9u de I'Academie des sciences un prix de m^canique de la fondatiou Monthyon. NOUVELLES DE ^INDUSTRIE. DERNIERE SKANCE DE LA SOCIETE d' ENCOURAGEMENT. M. Coquillai'd demande I'examen de son pav6 mineral et en en- voie des c'chantillons. — La discussion soulev^e entreMM. Christofle et Bouillet d'une part, MM. Wiese, Thouret,Queyton, FromentMeurice,Odiot,etc., de I'autre, est toujours plus animee, plus ardente ; elle devient aussi plus obscure. Ainsi que nous I'avons fait remarquer, dansles pieces presentees jusqu'ici par les adversaires de M. Christofle et Bouil- let, nous n'avions vu que des soudures et des contre-forts, inaispas de remplissage de la coquille entiere avec du laiton fondu ; aujourd'hui M. Thouret a depose unetasse, un ostensoir, un plateau, une bouil- loire en coquilles galvano-plastiques , vcritablement reuforcees par un remplissage en soudure forte. Ce sera au comite a apprecier la date de fabrication affirmce par M. Thouret. Voici ce que nous voyons de plus clair dans ce coiiflit fort grave : c'est que reellement les essais Isolds, tentes sur divers points, ne faisaient pas une Industrie spc^ciale et nouvelle. Cette Industrie, riche d'avenir, ce sont MM. Christofle et Bouillet qui I'ont V(5rita- blemeiit devinee, creee, constituee, et ce sera grace a eux qu'elle prendra des developpements enormes. Les petits faits isoles ante- rieurs peuvent-ils etre un obstacle a la validite du brevet, une cause de decheance? Le conseil de la Societe et les tribunaux pro- nonceront ; il restera au moins a MM. Christofle et Bouillet le m^- rite d'une glorieuse initiative, et la victoire peut-etre dans la lutte de fait qui va s'ouvrir au grand jour de I'exposition universelle. — M. Roret fait hommage d'un ouvrage qu'il a publie sous ce titre : Nouveau manuel coviplet de stenograpliie, par M. Hippolyte Prevost. La Societe a re9u dans la meme seance la Stenographie logiqiie, par M. JJ. — M. Petit- Jean, a Vaugirard, rue Perceval, 11, affirme que, parun precede dont il estl'inventeur, une seule personne peul indu- bitablement, en 6 heures de travail, preserver de la gelee, au prix de 1 fr. 80 c, 20 ares de vignes. Par une seconde operation, aussi peu couteuse, M. Pelit-Jean se fait fort d'empecher les vjgnes de couler; il defend ainsi a la fois les vignobles de la gelee et de la pluie. Voilu, certes, un brevet utile et un noble engagement con- tracts ! — M. Teuten, petite rue de Reuilly, 10, soumet a I'examen de la Society un echantillon de cuir noir, fa9on de cuir de Hongrie, COSMOS. 681 d'une force et d'une souplesse constantes. Le noir est inalterable- la preparation se termine en 30 jours, avec une economie de 50 pour cent sur la labrication des cuirs noirs de tannerie ordinaire. Essayes depuis 7 ans par M. Arnoull, adininistrateur des Messageries Gail- lard, les cuirs se sont montres excellents et vraiment superieurs aux autres. — M. de Montureux, maire d'Arracourt, qui, au plus fort da cholera, alors que les plus courageux tremblaient d'elfroi a I'idee de rentrer le soir chez eux , visitait chaque chaumiere, et poussa le d^vouement jusqu'a conduire les morts au cinietiere, alors que per- sonne ne voulait plus les enterrer, M. de Montureux transmet a la Soci^te plusieurs notes utiles inserees par lui dans XEcho de Uc Suisse; ces notes recommandent la culture du topinambour, la chou- croute de navets et de pomnies de terre, et deerivent un appareil de secours pour les puisatiers. — M. Vergnaud-Romagnesi, 32, rue Jeanne-d'Arc, a Orleans, avait publie, en 1833, un petit memoire sur le parti avantageux que Ton pourrait tirer des bulbes de safran, comme substance alimen- taire. II avait demontre des lors, par des experiences positives, que I'oignon de safran arrache en etat convenable de maturite, doniie, apres un ou deux mois de dessiccation, un produit alimentaire abon- dant. Ces experiences qui, il y a vingt ans, presentaient tres-peu d'in- t^ret, sont aujourdhui d'une tres-grande importance. L'auteur vient de les reprendre. Comme la culture du safran a pris, depuis quel- ques annees, beaucoup d'extension , il a pn, quoique s'y etant pris un peutard, se procurer une quantite notable de bulbes, presque pour rien; car les cultivateurs, apres la recolte, jettent dans les fosses les sept huitiemes des tubercules, sans songer meme a les convertir en fumier, et n'en reservent qu'un huitieme pour les plantations du printemps. Avec ces bulbes, il a prepare une fecule d'un aspect, d'un grain, d'une saveur speciales : cuite ou assaisonn^e au lait ou au bouillon, elle est legere, agreable au goiit, d'une digestion fa- cile. Convertie en enipois pour les tissus, et employee dans les arts, elle s'est montree preferable a la fecule de pomme de terre. Elle est tres-facilement convertible en alcool de tres-bonne qualite , bien meilleur que I'alcool de betterave. Si Ton remarque : 1" que la fleur du crocus sati^us ou safran est un produit commercial I'echerche ; que ses fanes furment un four- rage nutritif ; que les enveloppes de I'oignon, facilement decolo- rables, sont une matiere tres-propre, apres quelques manipulations 682 COSMOS. faciles, a entrer dans la composition du papier, des etofFes, des cordes, des literies a I'abri des vers ; 2" que cette charmante plants d'orneinent vient sur presque tous les points de la France, que la culture en est tres-simple, on conviendra que M. Vergnaud-Roma- gnesi a fiiit une trfes-grande et tres-utile decouverte, et merite d'etre noblement encourag^. Nous n'avons plus a lui demander qu'une chose: des nombres; la quantity pour cent de fdcule renfennee dans les oignons, et la quantitd pour cent d'alconl qu'on peut extraire de cette fecule. Nous avons goute la fecule nouvelle, elle est vraiment tres-blanche et tres-bonne. Deux inventeurs qui venaient de plaider I'un contre I'autre, I'un en contrefagon, I'autre en decheance, se rencontrent ensemble a la Societe d'encouragement, demandant tous deux a faire I'applica- tion de leurs proccdes. a preparer seance tenante une certaine quan- tity de la matiere colorante connue sous le nom d'orseille. Le brevet de M. Lefranc-Frezon est du 14 aout 1848; et void en substance son precede ou la serie des preparations qu'il fait subir aux lichens pour en extraire I'orseille : 1° s^parez mecaniquement les corps ^trancers (jui y adherent ; 2" lavez pour eiilever tout ce qui pourrait nuire a la beaute du produit ; 3° broyez a I'eau sous des meules ; 4° filtrez de nouveau dans un filtre en feutre le liquide obtenu ; 5° precipitez au moyen du bichlorure d'etain ; 6° lavez le precipit6 ; 7" transformez le precipite en orseille par le moyen de I'ammoniaque et de Fair : avec les premieres eaux de lavage, on peut obtenir une orseille de premiere qualite. Le brevet de M. Pommier est du 31 octobre 1848 ; 60 jours plus tardsonprocede est ainsi decritpar lui-meme : Prenez et a I'etat brut un lichen tinctorial quelconque ; epuisez-le au moyen de I'eau bouil- lante, par des decoctions successives; traitez simplem.ent les eaux de decoction par les moyens connus de la fabrication de I'orseille; c'est-a-diie par lesalcalis, I'urine, la chaux; et, dans certains cas, par des additions d'acides et de sels difFerents. En premiere ins- tance, devant le tribunal de police correctionnelle, M. Pommier a perdu et a ete condamne a 100 000 fr. d'amende et dommages-in- terets; mais il a rappele devant lacour imperiale, et, en presence de cet appel, la Societe a pens^ qu'il n'etait pas convenable que les deux brevetes fissent leurs essais devant elle; le duel scientifique a done ete iijourne. — M. Gaiffe, graveur sur cylindres, rue du Faubourg-Saint- Denis, 52, eerit (]u'il a invente, il y a deux ans, une machine pour graver, par le moyen de I'electricite, des cylindres de cuivre pour COSMOS. 683 I'impression des ^tofFes, et qui lui semble avoir beaucoup de rap- ports avec la machine de M. Hansen, r^ceniment ddcrite dans les bulletins de la Soci^te. Dans le cas de similitude, il reclamerait la priority de 1 'invention. — M. Dameron, fabricant de voitures, rue du Dragon, 25 et 31, proteste d'abord contre une erreur grave ou prejuge de la carrosse- rie fran9aise et etrangere; laquelle se serait imagine, a tort et en masse, que plus une voiture est courte de train, plus elle est rou- lante. Une experience positive lui a prouve que le raccourcissement n'a pasl'effet qu'on lui attribue. La condition essentielle, pour di- minuer la traction, c'est de placer la charge aussi pres que possible des roues de derri^re ou des grandes roues. M. Dameron soumet, en outre, au jugement de la Soci^t^, une voiture qui, a elle seule, en remplace trois autres, sans augmentation de prix. Elle se trans- forme tour a tour en un coupe a deux places, un coupe a quatre places, une caleche decouverte a quatre places ; il suffit de quelques minutes pour passer d'une forme a I'autre. — M. Chevallier fils pr^sente une note plutot historique que scientifique sur les tubercules d'asphodele, leur emploi 1" comma aliment, pour la nourriture de I'homme ou des animaux ; 2° comma servant a la preparation d'une colle tres-avantageuse dans I'indus- trie ; 3" comma pouvant donner de I'alcool ; 4" enfin comma medi- cament. II constate ensuite I'absence dans les jus d'asphodele de toute fecule amylacee , la presence d'un principe colorant naturelle- ment jaune, que les acides ne detruisent pas, mais qui passe au rouge sous I'influence des alcalis at surtout da la potasse. Un essai fait sur des bulbes d'asphodele provenant du Jardin des Plantes lui a montr^ que 700 grammas de palpe , apres dessiccation dans une etuve, na pesent plus que 109 grammes; les tubercules con- tiendraient done sapt fois leur poids d'eau. Cette note n'ajoute presque rien a ca qu'on savait deja, mais le jeune chimiste promet de raprendre et de completer ses expe- riences, aussitot qu'il aura pu se procurer une quantity suffisante de bulbes. — La seule indication donn^e jusqu'ici pour I'extraction de I'al- cool d'asphodele est extraite du brevet de M. Hennequin, pris a Oran le 2 mai 1851 : 1° lavez les tubercules, et faites-les raper ou dcraser ; 2° faites mac^rer la pulpe dans un volume d'eau ^gal au sien; 3" ajoutez de la levure de biere dans la proportion da 4 kilo- grammes pour 100 kilogrammes de pulpe; 4° laissez fermenter pendant cinq jours ; 5° distillez dans un appareil simple consistant 684 COSMOS. en une tourille chauffee par un serpentin et inunie d'nn recipient a rdfrigerent. En operant ainsi on a, dit le brevet, po'jr 100 kilo- grammes de pulpe, 80 litres de phlegnie a 14°Cartier, et la rectifi- cation des phlegmes donne 20 litres d'esprit 3/6 de bon gout. M. Clerget, en communiquant a la Soci^te ce proc^de op^ratoire, fait reinarquer qu'il y a, sans aucun doute, exageration dansleren- dement ; il croit que la quantity d'alcool obtenue n'est en general que de 5 litres. II rappelle encore que les jus bruts d'asphodele sont sans action ou presque sans action sur la lumiere polarisee, mais que, sous I'in- fluence de I'acide chlorhydrique, ces jus prennent un pouvoir l^vo- gyre d'une tres-grande intensity. II ajoute que pour I'asphodcle , comme aussi pour le topinambour, ie rendement en alcool est pro- portiounel a la deviation a gauche du rayon polarise determine par I'acidilication. — M. Chevallier fils communique une seconde note, historique aussi, surtout, sur I'emploi de la tourbe en agriculture, mais renfer- mant les resultats de quelques experiences faites sur des tourbes seches. Deja, en 1757, on utilisait les cendres de tourbes, en les re- pandant sur divers terrains ; en 1792, on melait la tourbe aux fumiers naturels ou aux matieres animales, aux excrements, aux urines des Stables, etc. ; ailleurs, apres I'avoir laissee longtempsexposeea I'air et I'avoir pulverisee, on la repandait simplement sur les terres en- semencees. M. Chevallier fils a essaye la tourbe de ces irois ma- nieres : 1° en la faisaut secher, la divisant et la repandant sur la terre labouree destinee a la culture du ble ; il lui a semble que le hU auquel on avait ajoute de la tourbe s'etait mieux developpe; 2" il a dispose dans une etable, une couchede tourbe de 18 centimetres de hauteur, et il a abrite dans ratable, pendant sixmois, 60 moutons; cette litiere, employee comme engrais, a donne de meilleurs resul- tats que de tres-bon fumier de ferme; 3° de la tourbe immerg^e dans des jus de fumier pendant quelques mois , vaut le bon fumier de ferme, a poids egaux; 4° des cendres de tourbe briilce ne se sont pas montrees plus efficaces que les cendres d'ajoncs, de bois, de tannin, etc.; 5° enfin, on a prepare un engrais de tourbe, en superposant des couches de cette substance, se[)ar^es par un arro- sage de lait de chaux; cet engrais peut donner des resultats utiles. La conclusion des recherches ^bauch^es de M. Chevallier fils est que la tourbe n'a pas ete utilisee dans I'agriculture autant qu'elle pourrait et qu'elle devrait I'etre. — M. Lamain, ouvrier ma9on et fumiste, ^crit qu'il a invents, COSMOS. 685 construit et fait accueillir, pour I'exposition universelle, un appareil, producteur a la fois de chaleur et de lumiere, sans tuyaux, ne don- naiit pas de fumt^'c, ne repandant ni mauvaise odeur ni gaz acide carbonique ; donnaiit une temperature constante et faisant evanouir tout danger d'incendie. Ce serait un appareil vraiment merveilleux; iiiais le brave inventeur est pauvre, et il prie la Socictc de lui don- ner, sur le legs Christofle, de quoi prendre les brevets d' invention qui assurent ses droits de prioritd. — M. Salvetat, aunom de la commission de Bordeaux et du co- mite des arts chimiques, sur la manufacture de produits ceramiques de Bordeaux, dirigee par M. Vieillard : La manufacture de Bor- deaux, qui appartient depuis 1845 a MM. Vieillard et Cie, a dtd fondee en 1835 par les soins et aux frais de M. David Johnson, de- puis maire de Bordeaux ; elle fabriqua d'abord des gres et de la por- celaine tendre, fa9on anglaise, appelde iron-stone ou pierre de far, si recherchee par sa durete, sa solidite et sa force a rdsister aux chocs ; elle fabrique en outre , depuis 1849 , la porcelaine opaque , la faience fine dure et la porcelaine dure. La manufacture de Bor- deaux, disait en substance le jury de 1849 , occupe 550 ouvriers ; sa position lui assure de grands debouches a I'interieur et dans les colonies ; I'intelligence et I'activite de son habile directeur, ?il. Vieil- lard, ont donne a ce grand etablissement tous les ddveloppements qu'il pouvait prendre ; il ecoule pour un million de produits trfes- varies et de tres-bonne qualite. Le biscuit de la faience eat blanc, dense et sonore ; I'dmail est tres-bien glace et solide ; les formes sont gracieuses et commodes ; les impressions soignees et faites avec de belles couleurs ; les engobes sont plus remarquables encore, ils ont une nettet^ qu'on n'a pas vue jusque-la, et sont diversifies de maniere a satisfaire tous les goiits. Cette manufacture, lors de sa creation, tirait d'Angleterre ses matieres premieres et son combus- tible ; c'etait un inconvenient et un danger ; elle tire maintenant sa terre de Perigueux, son silex de Bergerac, son kaolin de Bayonne, son charbon de terre de Lot-et-Garonne ; toutes les couleurs son pre- pardes dans les laboratoires de la fabrique. M. Vieillard est plein de soUicitude pour ses ouvriers, bien portants ou malades ; il ne les a pas laisses sans travail dans les deux annees de 1848 et de 1849 ; lorsque le grain a ete cher, il a etabli un four et procure un pain de bonne qualite a des conditions plus douces ; il a cree une caisse de retraite et de secours. M. Salvetat decrit avec soin ce bel etablissement tel qu'il I'a vu, en aoiit 1854 ; occupd par 800 ouvriers, 500 hommes, 150 femmes. 686 COSMOS. et 150 enfants, dont les salaires s'elfevent chaque jour a 2165 fr.; sillonne par des voies de fer sagement coinbinees qui simplifient le travail ; les matieres et les objets fabriquds ne font jamais un pas en arriere. Trois machines a vapeur formant ensemble 75 chevaux, et alimentees en combustibles par le gaz provenant des fours a coke installes sur les lieux, fournissent la force motrice n^cessaire aux differents travaux. Le nombre des fours pour la porcelaine opaque est de 9, dont 3 a biscuit, de 7 metres de diametre interieur, et pouvant contenir de 120 a 130 mille pieces; et 6 a vernir, pouvant cuire de 1& a 20 mille pieces; on cuit un four par jour, et la moyenne des ventesest d'un million de francs par an. Pour la porcelaine dure, le nombre des fours est de trois. lis ont 6 metres de diametre intt^rieur. Tous ces fours, remarquables par leur simplicite, la bonne disposition des foyers, la regularite de la cuisson , sont chauffes au coke et a lahouille; c'dtait une con- dition mdispensable de succes, I'introduction du combustible mine- ral fait le plus grand honneur a M. Vieillard. Partout, dans cette magnifique usine, la force inintelligente de la vapeur vient seconder I'intelligence de I'ouvrier. Les tours a faience sont mus par la va- peur ; niais la vitesse du tour est modifiee, acceleree ou ralentie par le tourneur lui-meme, a I'aide de dispositions tres-ingenieuses, qui seront bientot appliquees a la fabrication de la porcelaine dure; ce beau probleme, consider^, il y a six mois, comme impossible, est aujourd'hui completement resolu. Sur la proposition des deux comi- t^s, le conseil adresse des felicitations a M. Vieillard, pour les pro- gres qu'il a realises et I'habilete de son administration, {La suite au prochain numero.) PHYSIQUE. Peu de jours avant de mourir, M. Melloni avait essay^ de d^- montrer que dans la production des phenomenes d'electricite par influence, I's^lectricite homologue est seule libre, tandis que I'^lec- tricite oppo.see serait, au contraire, toujours dissimulee. M. Fara- day, a qui M. Melloni avait fait confidence de son idee, et qui lui a rdpondu par une longue lettre qui n'est arrivee qu'apres la raort de I'illustre physicien napolitain, seinble ne pas admettre cette ma- niere de voir. Aujourd'hui, M. Palmieri decrit deux experiences tres-simples par lesquelles il croit pouvoir prouver que I'electricit^ contraire est elle-meme douee de tension libre. Concevons a droite et a gauche les deux piles seches verticales de I'electroscope de Eoh- nenberger; et, entre les deux poles des piles, lafeuille d'or qui s'e- lectrise par influence : si Ton approche une source d'electricite ne- gative de I'extremite inferieure de la feuille d'or, celle-ci donnera dessignes d'electricite posititive : si, au contraire, on approche cette meme source de rextrdmite sup^rieure de la feuille d'or, elle mani- festera une tension negative. La seconde experience se fait avec I'e- lectroscope de Bennet, mais depouille des deux colonnettes metal- liques ou des deux bandes d'^tain qui communiquent avec le fond de la cloche. On isole bien I'instrument, et Ton communique a sa base metallique une electricite quelconque en tenant le conducteur fixe, ou le bouton en communication avec le sol ; les feuilles d'or divergent, et elles divergent par Taction de I'electricite contraire, puisque I'electricite de meme nom se perd dans le sol. [Corrispondenza scientifica in Roma.) — Dans X Jthenceo italiano, M. I'abbe Zantedeschi rend compte d' experiences faites a Vienne, en novembre 1853, avec le concours de M. Gintl, directeur des lignes telegraphiques de I'Autriche. Les lignes telegraphiques furent rendues libres entre Vienne et Her- manstadt, Vienne et Salsbourg, Vienne et Trieste, Vienne et 01- mutz. Sur chacun des fils unissant Vienne a ces quatre villes, on a precede successivement a deux experiences : I'une avec les fils tele- graphiques Isolds a Hermanstadt, Salsbourg, Trieste et Olmutz ; I'autre avec les fils communiquant avec le sol a ces memes stations. A Vienne, dans toutes les experiences, le fil telegraphique recevait dans son circuit un bon galvanometre, et communiquait ensuite avec ]a terre. Voici le resultat des experiences : 1° Avec le fil isole a Hermanstadt et communiquant avec la terre a Vienne, la deviation de I'aiguille etait de 20 degres. Avec le fil 688 COSMOS. communiquant a la fois avec la terre, a Hermanstadt et a Vieiine, la deviation fut de 40". La deviation, dans les deux cas, dtait de meme sens, et accusait un courant dirig^ de Hermanstadt a Vienna. 2° Entre Salsbourg et Vienne, la deviation pour le fil isole fut de 5" ; pour le fil communiquant avec la terre a ses deux extr^mit^s, de 20". Le courant, dans les deux cas, allait de Salshourg a Vienne. A Vienne, au moment de I'experience , la temperature etait de -|- 10°, 5 R, le ciel etait nuageux; a Hermanstadt, le thermomfetre inarquait — 3°, le ciel etait couvert, il neigeait sur les montagnes ; a Salsbourg, le thermometre marquait 5°, le ciel etait serein. Les difFi^rences de temperature entre Vienne et les deux villes etaient done , pour Hermanstadt , -{- 13", 5 ; pour Salsbourg, -|- 4", 5 R. 3" Pour Olmutz, les deviations furent, avec le fil isole, 3" ; avec le fil communiquant a la terre, 8° ; le courant allait d'Olmutz a Vienne ; les temperatures etaient, a Vienne, 9", a Olmutz, 6", 4; diff(5rence, 2", 6 R. Dans ces trois cas, le courant allait de la station la plus froide a la station la plus chaude. 4" Enfin, pour Trieste, les deviations furent : fil isole, 8" ; fil com- muniquant a la terre, 4" ; le courant allait de Trieste a Vienne ; les temperatures etaient : Vienne, 9"; Trieste, 15"; diff^erence, — 4". Le courant aurait done 6ie cette fois du lieu le plus chaud au lieu le plus froid. Mais il importe de remarquer que le fil de Trieste a Vienne traverse les Alpes ; et Ton constata, en interrogeant, que dans plusieurs stations intermddiaires, la temperature etait , en rcoyenne, de 5", 2, inferieure a la temperature de Vienne. C'estdonc un fait constant que les courants que M. Zantedeschi appelle telluro- atmospheriques vont de la station froide a la station chaude ; ils sont d'ailleurs d'autant plus intenses , que la difference de temperature est plus grande. La deviation correspondante au fil isole ou au courant atmosph^- rique a ete tantot plus forte, tantot plus faible que la deviation cor- respondante au fil en communication avec la terre ou au courant tellurique. — Dans cette meme livraison de VAthenceo italiano, M. I'abb^ Zantedeschi ddcrit aussi la grande experience de correspondance simultanee dans deux directions contraires, avec un meme fil, faite le 22 octobre 1854, par M. Gintl, et a laquelle il avait assiste. Nous re trouvons dans son recit qu'une seule circonstance omise dans le notre ; c'est que cette correspondance simultanee, en sens contraire, si heureusement realisee avec le telegraphe electro -chimique de COSMOS. 689 :M. Gintl, n'a pas pu etre obtenue jusqu'ici avec les telegraphes ma- gn^to-electriques. Cette circonstance, tres-importante, semblerait donner de la valeuru I'opinion plus probable que, si les deux signaux sont re9us, c'est que les deux transmissions ne sont pas rigoureu- -sement sinnultan^es ; que le courant ne passe r^ellement pas a la fois, en sens contraire, dans le meme fi! , qu'il passe en des temps dif- f^rents, tantot dans un sens, tantot dans I'autre, parce que les pul- sations exercees sur les touches ne ;-ont pas rigoureusement simul- tanees. II est certain que Taction chimique demande pour son exer- cice un tpmps heaucoup plus court que celui exige par Taction mecanique la deviation des aiguilles, ou Tattraction des electro- aimants. On con^oit done sans peine que la difference de temps infiniment petite qui existeentre les deux pulsations aux deux stations extremes, lesquelles ne sont jamais exercees dans un teaq^s ab- solument le meme, suffise a une impression chimique et ne suffise pas a une impulsion mecanique. Nous oserions presque dire meme que le fait constate jusqu'ici del'impossibilite de transmissions simultanees avec des telegraphes magndto-^lectriques, semblentetre une demonstration certaine de la non-transmission de deux cou- Tants en sens contraire dans le meme fil. M. Zantedeschi tira d'a- bord cette meme conclusion des experiences auxquelles il avait as- sists. Mais de retour aVenise, seduit par une experience l^gerement interpretee, il a cru etre arrive a prouver d'une mnnleTe absolue^ <1N UN MODo ASsoLUTo, lo passage simultane de deux courants elec- triques en sens opposes dans un meme fil, sans influence ou pertur- bations mutuelles sensibles, et avec Tappareil magnuto-electrique de Morse. Voici cette experience interessante reduite a sa plus simple expression : T' R' • '■ 'En T et T' sont deux appareils transmetteurs avec piles et cla- •viers; en R et R' sont deux recepteurs ou telegraphes imprimants de Morse ; AB est un fil en cuivre. Les communications dtaient telle- ment etsiblies, dit M. Zantedeschi, quele courant partant de T peut ou suivre la route TBR'T'RT (sans penetrer dans le circuit ferme qui unit le relai avec Tappareil imprimant R) ; et dans cette tlisposition, les pulsations du r^cepteur T seront re9ues et impri- 690 COSMOS. m^es par le recepteur R' ; ou suivre la route TBART, et alors les pulsations seront imprimees par le recepteur R. Le courant parti de T' pcut de meme suivre la route T' ARTBR'T' (sans entrer dans le circuit qui unit le relai avec I'appareil imprimant R'), et les pulsations du recepteur T' seront imprimees par R; ou sui- vre la route T' A B R' en faisant imprimer le teltWraphe R'. Or, de fait, c'est toujours le recepteur R qui iuiprime les depeches de T, et R' qui imprime les depeches de T' ; done, les deux courants partis de T et T' suivent les routes T B A R T, T' A B R' T' ; done, le fil AB est parcouru en meme temps par deux courants en sens contraire. La conclusion, evidemmeut, n'est pas renferm^e dans les premisses, car rien ne prouve la simultaneite absolue des deux courants, la- quelle est affirmee gratuitement par M. Zantedeschi. Dans son ex- perience, le fil en cuivre AB avail peut-etre un decimetre de lon- gueur ; I'electricite, en admettant que sa vitesse soit de cent mille kilometres par seconde, mettait un cent millionieme de seconde a traverser le fil A B ; or, il y a dix milliards a parier contre un qu'il y avait plus d'un cent millionieme de seconde entre les pulsations des deux transmetteurs ; ou plutot il est absolument impossible qu'il n'y ait pas un intervalle de temps beaucoup plus considerable qu'un cent millionieme de seconde entre les pulsations exercees sur les touches T et T'. Cette experience done ne prouve rien; tandis que celle de M. Gintl, qui opdrait sur un fil d'une longueur considerable, la dis- tance de Linz a Vienne, est au contraire tres-concluante. Nous I'avonsfait remarquer, M. I'abbe Zantedeschi auraitdildedoublerson fil AB, le remplacer par deux autres, ACB, ADB, et mettre dans chacun de ces circuits ACB, ADB, un galvanometre sensi- ble ; il aurait mieux vu alors ce qui se passait. Peut-etre, comme dans rexp^rience de M. Martens, n'aurait-il pas vu de courant? — M. Haidinger a ddcouvert il y a longtemps qu'en regardant surune feuille mince et plane de mica, I'image r(^flechie de la flamme d'une lampe a alcool sale , donnant de la lumiere sensiblement ho- mogene, on voitapparaitreun grand nombredebandesalternativement jaunes et noires. Ces bandes ne sont que des arcs d'anneauxde meme nature que lesanneaux de Newton. Le savant mineralogiste viennois est parvenu rdcemment a observer non plus seulement des bandes ou arcs, mais les anneaux entiers, par une modification tres-simple de son experience. Cette modification consiste a faire rdflechir non plus ebUquement, mais perpendiculairement, par la lame de mica, I'image de la flamme de I'alcool sale. On y parvient tres-simplement en mettant entre I'oeil et la lame de mica une plaque de verre a faces COSMOS. 691 parallfeles, inclinee de 45 degres. Les rayons venus horizontale- ment de la flamme de la lampe sont reflechis par la plaque de verre en bas, verticalement, sur la lame de mica, qui les renvoie a son tour surla glace, qu'ilstraversent pour arriver a I'oeil.et former une image de la flamme autour de laquelie se dessinent les anneaux noirs et jaunes. On voit les memes anneaux par transmission, lorsqu'on re- garde, a travers une lame de mica, un champ uniformement eclaird par la flamme de I'alcool sale. — M. Haidinger nous transmet en meme temps quelques autres faits optiques d'une assez graride importance. Lorsqu'on taille les cristaux noirs d'amphibole basaltique en lames minces d'a peu pres un quart de millimetre d'dpaisseur parallelement a I'axe et aussi a la petite diagonale du prisme de 124°, 30'; et qu'on les examine a la loupe microscopique ou avec un prisme bi-refringent, on trouve qu'ils polarisent la lumifere presque aussi fortement que les lames de tourmaline noire, taillees de la meme maniere et de meme ^paisseur. Mais il y a une difference saillante : dans la tourmaline, le faisceau absorbe est le faisceau ordinaire , c'est-a-dire celui qui est polarise dans le plan de I'axe ; tandis que dans I'amphibole, le faisceau ab- sorbe est, au contraire, le faisceau extraordinaire polaris6 perpendi- culairement a I'axe, ou, plus exactement, perpendiculairement a un axe d*elasticit^ qui fait avec I'axe du cristal un angle d'environ 9 ou 10 degres. — M. Edwald, de Berlin d'abord, et M. Miller, de Cambridge, ensuite; ont fait connaitre la position des axes optiques du diopside ; ils ont demontre qu'ils se trouvent dans le plan qui partage sym6- triquement les cristaux en deux moities egales. Si Ton place deux cristaux I'un de diopside, I'autre d'amphibole, dans une position aussi parallele que possible, eu 4gard , d'une part, a la symetrie g^nerale des formes, de I'autre, a la difference des angles correspon- dants, on trouve que les axes d'elasticite de I'amphibole perpendicu- laires entre eux ont leurs positions a peu pres intermediaires entre celles des axes d'elasticite du diopside, c'est-a-dire que les axes d'e- lasticite de I'un des cristaux sont a peu pres a 45 degres des axes de I'autre. M. Haidinger a trouve en outre que les axes d'dlasticit^ des actinotes vertes du Tyrol sont les memes queceux desamphibolesba- saltiques noires ; que les axes des pyroxenes noires ont presque une meme position que les axes des diopsides. Ces faits s'accordent par- faitement avec la theorie du pseudomorphisme , et du groupement des petits cristaux de pyroxene et d'amphibole si bien formulee par M. Gustave Rose. 6d2 COSMOS. — La note suivante de M. Person sur I'equivaleiit mccanique de la chaleur n'est pas sans interet : " On a evalu6 tres-diversement I'^quivalent nuicanique dc la cha- leur, c'est-ji-dire le travail qu'on pourrait faire avec I'linitc de cha- leur s'il n'y avait aucune parte. M. Mayer a trouve 360 kilogram- mfetres, M. Laboulaye 110, M. Joule 427. Deniieremeiit M. d'Es- tocquois, mon collogue a la Faculte des sciences, est arrive au chifFre de 175, dans un memoire qu'il a eu I'honneur de vons adres- ser. On aura le chifFre exact quand on connaitra exactenient la cha- leur spdcifique c de I'air, a volume constant ou plutot sans travail interieiir. Mais en attendant il est peut-etre bon de remarquer que la valeur de c, tiree de la formule de M. Laplace , qui sert a corri- ger la vitesse du son , donne pour equivalent mecanique de la cha- leur un nombre trfes-peu different de celui qu'assigne M. Joule. " L'air qui se dilate sans produire de travail exterieur, reprend en peu de temps sa temperature primitive, et ne contient, nialgre sa dilatation, ni plus ni moins de chaleur qu'auparavant. Ce principe, sur lequel on pouvait encore coiiserver quelques doutes aprcs les ex- periences de M. Joule , est aujourd'hui parfaitement etabli par les dernieres experiences de M. Regnault. " En partant de la, on determine I'equivalent mecanique de la chaleur par un raisonnement tres-simple. Considercns 1 metre cube d'air a 0 degre, sous la pression normale de // kilogrammes par me- tre carre; soient p son poids, c la chaleur specifique a volume cons- tant. Si nous donnons a l'air la chaleur pc, sans lui permettre de se dilater, la temperature monterade 1 degre, et la pression deviendra (1 -f-«) ^> o' "iesignant le coefficient 0,00367. Guvrons alors une communication avec un espace vide, on aura la meme temperature et la meme quantite de chaleur, malgre la dilatation ; et si I'espace vide est ^gal a la fraction « du metre cube, la pression redevien- dra H. " Reprenons maintenant 1 metre cube d'air a 0 degre sous la pression H ; et C designant la chaleur specifique sous pression con- stante ; donnons a cet air la chaleur/? C; en lui permettant cette fois- ci de se dilater sous la pression qu'il supporte, nous obtenons ainsi un volume 1 -\- a, a 1 degre sous la pression //, precisement comme dans le cas precedent, ou nous n'avions cependant introduit que la quantite pc. Mais dans le premier cas aucun travail interieur n'a- vait dte fait, tandis que dans le second la dilatation a contre la pres- sion H a produit le travail « H. Comme les deux masses d'air etaient identiques a I'^tat initial, et qu'elles le sont a I'^tat final , elles ne COSMOS. 693 contiennent ni plus ni moins de chaleur I'une que I'autre ; on a done le droit de conclure que la chaleur /; (6^ — c) est employee tout en- tiere et sans auciin autre, a produire le travail olH. Par suite, le travail du a I'unite de chaleur a pour mesure p{C-c) En mettant pour les nonibres a, H, p^ C, leurs valeurs a,= 0,00367 //=10 334'', /) = 1^ 293, C= [ ^^ 1 =0,1686, d'apres Laplace, et faisant avec M. Regnault 6 = 0,2377, on trouve 424 killogrammetres pour I'equivalent mecanique de la cha- leur. « Observons que/?(C — c) est la difference des deux chaleurs specifiques a volume egal ; or d'apres Dulong, cette difference est la meme pour tous les gaz, simples ou composes. Cela s'accorde tres-bien avec I'idee d'invariabilite qu'on attache a I'equivalent me- cannique de la chaleur. Cependant comme M. Regnault a demon- tre que a n'etait pas rigoureusement le meme pour tous les gaz, il s'ensuit que/;(C — c] doit varier proportionnellemenl d'une petite quantite. On peut d'ailleurs supposer les chaleurs specifiques mesu- rees assez loin du point de liquefaction pour que la constitution mo- l^culaire ne change plus, de sorte que les effets de la chaleur se bornent alors a des variations de temperature et a du travail inte- rieur. •- Que M. Person nous permette de lui faire un petit reproche. Se peut-d qu'il ignore que M. Seguin a donne le premier, et longtemps avantM. Joule, I'equivalent mecanique de la chaleur ; qu'il a deter- mine cet equivalent par une methode fort simple? La thdorie de I'identite du calorique et du mouvement qui fait aujourd'hui tant de bruit, et dont on fait tant d'honneur a I'Angleterre et a M. Joule, est une theorie toute fran9aise, tres-nettement fermulee il y a pres de soixante ans par M. Montgolfier qui I'a leguee a M. Seguin. Les valeurs de I'equivalent mecanique de la chaleur deduites des experiences de M. Seguin, publiees d'abord en 1839, et re- produites dans les Coviptes rendus de V Academie des Sciences, t. 25, 1847. Et ainsi 395, 412, 440, 472, 529; moyenne, 449s. En rejetant la derniere experience, faite avec de la vapeur au-des- sous de 100°, on aurait 429, nombre tres-voisin de ceux de MM. Joule et Person. ACiDEffllE DES SCIENCES. SEANCE DU 1 8 DECEMBRE. — M. Malgaigne lit un long meraoire sur la cataracte. Son but est deprouver par I'historique de cette maladie trop commune, que personne avant lui n'avait assez bien analyse les circonstances de sa formation ; il a certaineinent demontre le premier que la cataracte ne debute jamais par le centre du cristallin, mais bien par les couches ext^rieures; qu'iln'y aen realite que deux sortesde cataract es simples, lescataracteslenticulaireset les cataractescapsulo-lenticulaires; que les cataractes capsulaires simples et sans opacite du cristalliii sent sans exemple ; que la capsule exerce une influence positive sur le cristallin et I'amene graduellement a partager son opacite. La cataracte est une affection des plus communes ; et depuis deux mille ans qu'on theorise sur son siege et sa nature, il 6tait permis peut-etre de croire qu'on savait en quoi elle consistait. On le croyait du moins en 1840 ; on en decouvrait quatre varietes principales : la cataracte lenticulaire, debutant par le centre du cristallin ; la cataracte capsidaire, affectant la capsule; la cnpsido-lenticulaire , combinaison des deux premieres ; etenfin, la cataracte de I'luuneur de Morgagni. Mais vers cette ^poque M. Malgaigne, etant chirurgien de Bi- cetre, eut occasion de diss^quer une serie d'yeux cataractes, et il fut fort surpris de ne rencontrer jamais ni I'opacite centraledu cris- tallin ni I'opacite de la capsule. II rechercha alorsl'origine des doc- trines revues, et reconnut qu'elles avaient ete adoptees sans preuves suffisantes. II adressa en fevrier 1841 , a I'Academie des sciences, une lettre oil il consignait le resultat de ses recherches, lettre qui jeta une grande Amotion parmi les ophlhalmologistes. Aujourd'hui, apres treize ans de discussions, la majeure partie des doctrines ad- mises en 1840 sont rentrees dans I'oubli ; mais comme quelques rares et tristes debris en subsistent encore, M. Malgaigne a juge n^- cessaire de completer son oeuvre commencee, et de dire enfin, tou- chant le si^ge et les principales varietes de la cataracte, ce qui est et ce qui n'est pas demontre. L'histoire de la cataracte se partage d'abord en deux grarides ^poques : I'epoque ancienne, dont les theories n'appartiennent plus qu'a l'histoire ; I'epoque moderne, qui commence en 1705 et qui se subdivise a son tour en quatre ^poques modernes. Dans la premiere epoque, Brisseau etablit le siege de la cataracte dans le cristallin. Mais apres de nombreuses discussions les esprits, COSMOS. 695 fatigues, cherchent un compromis entre les vieilles et les nouvelles doctrines ; Hister adinet tout ensemble la cataracte de Brisseau et lacataracte fantastique des anciens ; en France, on songe aiix opa- cit^s de la capsule ; et qui le croirait I c'est Fontenelle qui est le premier parrain de cette nouveaute. Dans la seconde epoque, a partir de 1755, Tesson etablit defini- tiveinent les cataractes capsulaires et capsulo-lenticulaiies, avec des raisonnements plus encore qu'avec des faits ; Hoin imagine la ca- taracte de I'humeur de Morgagni, sans donner aucun fait a I'appui ; leschirurgiens acceptent tout sans difficulte. Dans la troisieme epoque, en 1790, Richter classifie les cata- ractes. Toutes les varietes admises, il les admet, il en ajoute de son chef, sans preuves, sans dissection. Beer, que les Allemands ap- pellent le foiulatenr de Vophthnlmologie moderne, commence par piller Richter et multiplie a son tour les varietes, au point que les cataractes capsulaires et capsulo-lenticulaires en comptaient une quinzaine. Tout cela est admis avec empressement ; et c'est au mi- lieu du nombre sans cesse croissant de ces cataractes capsulaires que tomba la lettre de M. Malgaigne, qui, dans ses dissections, n'en avait rencontre aucune. On peut juger de I'emotion qui se produisit dans TEcole ; les Annales d'ocidistique mirent au concours Yana- tomie pathologiqne de la cataracte, avec injonction de s^attacher surlout a Vexamen critiqtie de C opinion de M. Malgaigne. Tandis que les competiteurs essayaient de reparer les brill uict; faites k la doctrine touchant les cataractes capsulaires et lenticulaires, leur an- tagoniste y faisait une breche nouvelle et irreparable ; il s'assurait qu'il n'existe pas dans I'ceil sain d'humeur de Morgagni. L'Ecole al- lemande avait accepts, proclame, et soigneusement decrit une cata- racte dans une humeur qui n'existe pas. La cataracte morgagnique fut enterrde du coup. " Aujourd'hui, dit en terminant M Malgaigne, treize ans apres ma lettre a I'Academie, ou a done ray^ des cadres pathologiques la cataracte de Morgagni ; on reconnait I'excessive rarete des cataractes capsulaires ; la plupart d?s varietes de I'Ecole allemande sont rap- portees aux cataractes lenticulaires ; enfin, il est admis que la plu- part de ces derniferes commencent a la surface du cristallin. On peut juger par la de la r(5volulion op^ree. « Mais la revolution n'est pas complete ; et, comme au der- nier siecle, nos ophthalmologistes se complaisent encore dans une sorte de compromis, melant par moiti^ les erreurs anciennes et les vdrites nouvelles. Pour eux, par exemple, certaines cataractes du 696 COSMOS. cristallii), bien rares a la verity, commencent encore par le centre ; et ils admettent toujours des cataractes capsulaires sans opacit(5 da cristallin. Apres un examen approfondi de I'origine de toutes ces doctrines et des fails apportes a I'appui, je crois avoir le droit d'eta- blir Ics propositions suivantes : .' 1" Les cataractes debutant par le centre du cristallin sont en- core a I'etat d'hypothese ; » 2" II n'existe pas un seul exemple de cataracte capsulaire sim- ple, sans opacite du cristallin ; " 3" Les cataractes capsulaires conipliqu^es semblent faire ex- ception ; toutefois I'exception ne s'appuie, jusqu'a present, que sur deux observations qui laissent a desirer. " En resume : jusqu'a present, ettoute reserve faite pour Tavenir, il n'y a que deux grandes varietes de cataractes simples, les cata- ractes lenticulaires eicapsulo-lenticulaires ; Talteration du cristallin commence toujours par les couches voisines de la capsule ; en sorte que la capsule parait avoir une influence preponderante sur les affec- tions du cristallin. -> — L' Academie procede a I'election d'un membre dans la section de botanique, en remplacement de M. Gaudichaud. Le nombre des votants est de 54 : il y a dans I'urne 53 bulletins ; le vote est bon; la majorite est de 27, Des le premier tour de scrutin, M. Payer ob- tient 44 suffrages contre 6 donnes a M. Duchartre et 2 doimes a M. Trccul. M. Payer est en consequence proclame elu ; son election sera soumise a I'approbation de S. M. I'Empereur. M. Payer etait en effet le mieux pose des candidats, le plus academique de tous, dans I'expression regue, et il entre a I'lnstitut avec une brillante majorite, quiequivaut presque a I'unanimite, — M. Pouillet, sous le titre de Supplement a I'instruction sur les paratonnerres, redig^e en 1823, au nom de la section de physique de I'Academie des sciences, par M. Gay-Lussac, lit un rapport fait au nom de cette meme section, a I'occasion de diverses communica- tions relatives a cette importante matiere. D'une part, M. le mi- nistre de la marine avait transmis a I'Academie le recit du coup de foudre qui a frappe cette annee le vaisseau le Jupiter, et des effets produitssur ce navire par I'explosion electrique ; de I'autre.le con- seil d'administration du Palais de cristal ou du Palais de I'Exposi- tion universelle de 1855 , avait demande des instructions sur les meilleures dispositions a prendre dans I'etablissement des paraton- nerres, pour mettre a I'abri de la foudre cet immense Edifice dans la construction duquel il entre des masses enormes de fer et autres me- C SMOS. 697 taux. Le rapport de M. Pouillet, rddig^ avec le plus grand soin et ^crit avec une tres-grande clarte , a et^, quoique tres-long, ecout^ avec un vif interet. II commence par faire ressortir le mdrite des in- structions de 1823, qui n'ont pas vieilli, qui sont encore aussi vraies qu'elles I'etaient il y a trente-deux ans. Ce qui peut-etre les rend quelque pea insuffisante.-;, c'est le changement considc'rable survenu dans I'art des constructions. Les Edifices autrefois etaient presque exclusivement construits en pierre ou en hois, c'est-a-dire en ma- t^riaux mauvais conducteurs de I'electricite , tandis qu'aujourd'hui lesloits, ks charpentes, les chassis des fenetres, les murs memes quelquefois ne sont composes que de zinc, de fer, de fonte, de plomb, etc., etc. Or il est Evident que toutes ces masses et ces im- menses surfaces m^talliques modifient considerablement les condi- tions de I'edifice dans ses rapports avec Taction qu'il exerce sur les nuages orageux. M. Pouillet examine en second lieu I'influence du sol ei du sous-sol sur lesquels reposent les constructions, et qui , suivant qu'ils sont conducteurs ou non conducteurs de I'electricite, peuvent provoquer ou ecarter la decharge electrique. Dans le but de mieux faire ressortir les conditions que doivent remplir les conducteurs des partonnerres , il discute deux cas de foudre survenus en mer, et qui frapperent I'un le paquebot le Nav- York, I'autre le vaisseau le Jupiter. Le conducteur du paratonnerre du New-York etait une espece de chaine d'arpenteur en fer, une chaine formee d'anneaux successifs; or cette disposition est essen- tiellement vicieuse, parce que le contact des anneaux n'est alors jamais parfait ou mctallique sur une assez grande etendue. La chaine du Jupiter etait formee d'un faisceau de fils de laiton et de fils de fer; les fils de laiton, et I'evenement I'a prouv^, ne valent rien , ils opposent une resistance au passage de I'electricite, comme presque tous les alliages, ainsi que cela resulte des experiences de Van Ma- rum. II est tres-probable, aussi, qu'un petit nombre de fils seule- ment du faisceau etaient en contact melallique avec la tige du para- tonnerre. Arrivant aux regies qu'il convient de formuler de nouveau , M. Pouillet insiste sur la plus essentielle de toutes , la continuity dans la chaine condiictrice. II existe une continuity absolue, intime, qui ne resulte pas d'une simple superposition ou d'un simple con- tact. Le nombre des joints de la chaine doit done etre aussi reduit que possible ; et ces joints doivent etre faits avec de la soudure a retain ou de la soudure forte, sur une large surface, 40 centimetres Carres environ ; les joints, en outre, doivent etre recouverts par une 698 COSMOS. enveloppe protectrice fix^e au moyen de vis ou de boulons. La chaine doit etre ou en fer, ou en fils de fer formant faisceau, et elle doit avoir de 17 a 20 millimetres de cote. La commission est d'avis qu'il convient d'abandonner les pointes aigues et effil^es, pour adopter definitivement une pointe obtuse bien faite, celle d'un cone dont Tangle au sommet sera de 30° ; cette pointe, en platine, doit avoir 5 centimetres de longueur, et doit etre soudee a la tige par de la soudure forte. La question delicate du rayon d'eflRcacite ou de la sphere de pro- tection du paratonnerre a ete soulevee par M. Pouillet ; mais il ne I'a pas discutee, faute de donnees ou d'observations suffisantes ; il admet tout simplement, avec la commission de 1823, qu'un para- tonnerre protege autour de lui un espace circulaire d'un rayon dgal au double de sa hauteur ; mais que si de fortes masses de m6tal sont entrees dans la construction du comble ou de I'edifice, la distance entre deux paratonnerres const^cutifs doit etre plus petite que deux fois la hauteur de la tige. Nous f^licitons la commission d'avoir fait appel aux officiers de marine, aux professeurs, aux ingenieurs, etc., etc., et de les avoir vivement engages a adresser a I'Academie le plus grand nombre possible de descriptions exactes des cas de foudre dont ils auront ^t6 t^moins, et des eifets qn'ils auront pu constater de leurs propres yeux et exprimer en mesures precises. Nous reproduirons textuellement les instructions pratiques qui terminent le rapport de M. Pouillet ; celles qui concernent instal- lation des paratonnerres sur les navires et celles relatives a I'en- semble des constructions du Palais de cristal. — M. le baron Dupin s'etonne grandement de ce que la section de physique, ayant a formuler les rfegles a suivre pour I'installation des paratonnerres sur les navires, n'ait pas rneme fait allusion a un systeme ou ensemble de dispositions proposd en 1823 par sir Wil- liam Snow-Harris ; systeme approuv^ cette meme annee par la So- ci^te royale de Londres ; systeme discute plusieurs fois par cette meme Soci^te pendant seize annees ; systfeme admis definitivement par I'amiraute anglaise, sur la decision d'une commission qui comp- tait parmi ses niembres MM. Faraday et Wheatstone, et qui affir- mait qu'il etait evident pour elle que toutes les objections soulevees avaient et^ completement r^solues ; systeme en usage actuellement et exclusivement sur tous les navires de I'Etat, ou qui, de pres ou loin, sont sous la direction de I'amiraute ; systeme dont une multi- tude de faits eclatants ont demontr^ i'efficacite merveilleuse ; sys- COSMOS. 699 t^me qui, a I'Exposition universelle a et^, a I'unanimit^, proclame une des plus belles et des plus bienfaisantes inventions du monde, et honoree, comnae telle, de la grande medaille du conseil ; systeme enfin, qui a valu a son auteur d'abord le titre, rare dans la science anglaise, de chevalier ou de Sir, puis une recompense nationale de plusieurs mille livres sterling. II est en effet tres-extraordinaire, on en conviendra, qu'un tel systeme n'ait pas fix^ un seul instant I'at- tention de notre section des sciences physiques, et nous nous asso- cions de grand coeur a la protestation de M. le baron Dupin. Voici en tres-peu de mots en quoi consiste essentiellement le mode de conducteurs propose par sir Snow-Harris , qui seul est employe par la plus puissante et la plus prudente marine du monde, qui fait epoque dans I'histoire de la Societe royale de Londres : II a voulu que les conducteurs des paratonnerres des na- vires fissent corps avec les mats, et formassent, dans toutes les po- sitions que les mats ou les fractions de mats peuvent occuper, une serie non interrompue de lames metalliques incrust^es dans le bois, et mettant en communication immediate la pointe soutirante en cuivre du tluide electrique avec la doublure en cuivre de la coque et de la quille, et I'eau dans laquelle le navire se meut. Voici comme dans son rapport M. le baron Charles Dupin appre- cie ce systeme , et rend conipte des deliberations du comite des presidents : " Une source de salut capitale pour les navires est I'application la plus efTicace des conducteurs metalliques, pour les garantir con- tra le tonnerre. Franklin a fait la decouverte immortelle du carac- tere identique de I'electricite quel'homme produit artificiellement, et de celle qui jaillit du ciel sous la forme des eclairs et de la foudre. Par les moyens du paratonnerre a fils conducteurs, qu'il a propose, I'on a pu conserver centre les accidents des orages les edifices de terre et de mer. Cependant les circonstances si variables et si compli- quees dans lesquelles les navires se trouventforccment places, ren- dent I'usage de ces conducteurs Ires-difficile et presque impossible. Les matures, la seule partie !e long desquelles on eut pu les appli- quer, sunt composees d'un grand nombre de parties tres-distinctes qu'il faut souvent mouvoir les unes contre les autres et parfois re- tirer. ainener tout a fait; ces parties peuvrnt encore etre endom- ]nag(^es par le vent et par d'autres causes perturbatrices. La pro- tection des navires contre I'electricite du ciel avait et^ confiee a une faible chaine ou a une corde metallique, temporairement appliquee le long des haubans. Par la force des choses, un tel coiiducteur ne 700 COSMOS, pouvait pas offrir la s^curite complete qui doit resulter d'un con- ducteur plus puissant, inainovibleineut fixo le long du mat. « Sir AV.-S. Harris a C0119U I'idee de rendre de forts conduc- teurs metalliques pat ties Integrantes des mats et de la coque du bdtiment. II etablit ainsi le navire entier dans un etat parfait de conduclibilite , eu egard a la matiere de I'^lectricite celeste, comme si toute la masse etait metallique. II remplit cet objet en incorpo- rant avec les mats et la cale une serie de lames en cuivre, dispo- sees de maniere qu'elles se pretent a toutes les positions variables de la mature; elles sont tellement unies entre elles qu'une decharge electrique frappant le navire, n'importe a quel endroit, ne puisse pas entrer dans un circuit, quel qu'il soit, dont les conducteurs ne feraient point partie. Par ce moyen le navire est preserve de TefTet destructeur resultant de I'electricitd atmospherique dans toutes les circonstances et par tous les temps, sans que les officiers ni l' equi- page sen mclent d'aiicune maniere. Sir W.-S. Harris a deinontrd qu'en quelque position que les mats calles soieiit places, une ou plu- sieurs Hgnes de ces conducteurs passent a travers le navire pour se rendre a la mer, et pr^sente moins de resistance au passage de la decharge dlectrique qu'aucue autre disposition qu'on pourrait ima- giner. « Sir Baudoin Walker, inspecteur general de la marine britan- nique, un de nos honorables collogues, a luimenie eprouve les pr^- cieux avantages du systeme que nous venons de decrire. Ce fut a bord d'une fregate qu'il commandait et dont le grand mat ainsi que le mat de misaine furent frappes par de tres-vives decharges de la foudre, sur la cote du Mexique. Dans cette occurrence, la force de la decharge etait si puissante qu'elle a fondu presque en entier la par- tie metallique sur laquelle I'eclair vint frapper, et qu'elle a laisse des marques de fusion sur la surface des plaques conducteurs ; mais grace aux conducteurs de sir W.-S. Harris, sans que le moindre dommage fut fait aux mats , non plus qu'a la coque, et cela lorsque les mats de cacatois etaient amenes. » Nous avons reserve notre recompense la plus elevee a ce sys- teme que nous considerons comme le meilleur qu'on ait encore imagine contre les effets de la foudre. » — Nous avons remarque dans le rapport de la section une autre omission tres-grave et tres-regrettable. La discussion d'un grand nombre de cas de foudre nous avait amene a penser que les in- flexions brusques oil les courbures a angles droit ou aigu des barres conductrices out des inconvenients tres-graves, qu'il en est resulte cosmos. 701 une foule d'accidents. Nous sommes meme convaincu que les ton- nerresen boules, si d^sastreux, prennentleur origine au moment ou leflux considerable de fluide dlectrique, amene par le conducteur, et se refusant a changer brusquement de route, s'elance sous forme de boule de Tangle droit ou aigu forme par les deux portions infe- rieure et sup^rieure de la barre. Or, le rapport ne dit pas un mot des inflexions des conducteurs et ne proscrit pas les coudes. Nous avons eveill(§ sur ce point important I'attention de M. Arago, et void comment il I'a discutd, queiques jours avant sa mort, dans sa Notice sur le ionnerre^ p. 367 ; tome l*""" de ses ceuvres : « Les physiciens ne paraissent avoir attache aucune importance a la forme des inflexions qu'on est oblige de faire subir au conducteur, pour I'amener du comble, parallelement auquel il est descendu, vers le mur vertical de I'edifice. Au bord meme du larmier du toit, au bord des corniches, la barre ou la chaine conductrice est plide de telle maniere qu'au lieu de se trouver sur une meme droite, la partie du comble et celle qui va rejoindre le mur font entre elles un angle de 90 degres, et meme quelquefois un angle aigu. II n'est pas tres- rare deremarquer d'aussi brusques deviations dans d'autres parties du conducteur, meme pres de terre. Supposons un violent coup de foudre, et de telles inflexions pourraient etre dangereuses, du moins a en juger par divers ev^nements dont j'ai lu les relations , et qui semblent autoriser a croire que, dans le calcul de la marche de la matiere fulminante, on ne doit pas faire totalement abstraction de la vitesse acquise — On a vu la foudre suivre regulierement un conducteur, I'abandonner ensuite dans le point ou la barre etait ployee de telle sorte que les deux parties formaient un angle aigu, pour aller-, a travers I'air, frapper des objets situes sur le prolonge- mentdu premier cote de Tangle.... Lel6decembre 1852, la foudre frappa le paratonnerre etabli sur la tour du petit seminaire de Sainte- Anne-d'Auray et en fit disparaitre la tige; le conducteur etait brise a Tendroit ou, apres avoir suivi les contours de la corniche, il se redressait pour descendre verticalement jusqu'au sol, -. Cette der- Tiiere observation est extraite du Cosmos, 12 Janvier 1853, Arago est mort le 3 octobre, il a d^pouille notre journal jusqu'aux derniers quinze jours de sa vie, en se le faisant lire textueTement. Nous re- grettons vivement que la section, avant de lire son rapport, n'ait pas lu le testament d' Arago, les instructions qu'il lui leguait enmourant, Arago et Snow-Harris sont deux grandes autorit^s qui meritent d'etre consultees, quand il s'agit de tonnerre et de paratonnerre, et de r^difjer une sorte de code universel. ;5^^ 702 COSMOS. — M. Jules Regiiiiult et M. Nelaton soumettent au jugementde I'Acadeniie leur procede de cauterisation thernio-galvanique, decrit en iuin 1822 dans la Gazette des Iwpitaux et dont I'efficacite a ete demontree par de nombreuses experiences ; voici la description de I'appareil cauterisateur : Un manche sensiblement cylindrique en buis, de 20 centimetres de longueur et de 15 millimfetres de section, est creuse, parallele- inent a son axe , de deux goultieres cylindriques separees par un espace plein, central, de 5 millimetres d'ejiaisseur. Ces !deux gouttieres presentent un diametre de 5 millimetres; dans leur intdrieur s'engagent a frottement deux tiges pleines, de cuivre, qui depassent le manche, a chacune de ses extremites, de quelques centimetres. D'un cote ces tiges sont fendues et portent un pas de vis sur lequel s'ajustent deux ecrous mobiles , de I'aulre , ellessontaplaties et portent chacune une vis fixe de pression. Ces dernieres extremites sont destinees a mettre le cautere en communication avecles deux rheophores d'une pile, les premieres a supporter un fil de platine auquel on donne la forme d'un stylet, et dont chacun des bouts s'engage dans les rainures et y est maintenue solidement par les ecrous. Dans leurs premiers essais , MM, Regnault et Nelaton avaient employe dix Elements de Bunsen de grande dimension , ils ont inaintenant recours a le pile de Munck (50 couples) dont le manie- inent est tres-commode et qui ^vite les pertes de temps du mon- tage. Le diametre, la longueur, la forme du fil de platine, sont mo- difies suivant les n^cessites de Topi^ration. II ne laut pas toutefois perdre de vue lors de ces changements du stylet, que, pour une pile dont I'intensite rests la meme, on doit toujours faire varier dans un rapport inverse la longueur du fil de platnie et sa section ; sans cela on s'expose a le fondre ou a ne pas atteindre I'incandescence. Les avantages de cet appareil naissent de la plus haute tempe- rature que peut atteindre le stylet, et de sa masse peu considerable. II a ete employe avec succes dans les cas suivants : 1° Cauterisation exerceesur un point tres-limite a ]'aide d'un ins- trument dont la temperature est tres-elev^e, cas dans lequel on veut obteiiir une destruction tres-complete dans un espacJ bien circons- crit (Ex. : bord libre de la paupiere, caroncule lacrymale, sac la- cryiiial, etc.). 2° Cauterisation au fond d'une cavite naturelle (p/narynx, isthme du gosier, fosses nasales, conduit auditif externe, vagin, rectum). 3" Cauterisation etendue, mais se faisant a travers un orifice COSfllOS. 703 etroit et perinettant la conservation du tegument externa (destruc- tion des tumeurs erectiles sous-cutanees, a travers une perforation tres-etroite de !a peau, etc.). 4° Excision peripherique tendant a operer sans heraorrhagie Ta- blation de certaires tumeurs dans des regions oil I'ecoulement san- guin pourrait rendre Toperation difficile ou dangereuse. — M. du Moncel presente et fait fonctionner ton iiioniteur elec- trique pour les chemins de fer. Avec un tres-grand nombre de membres de I'lnstitut nous avons suivi ces utiles experiences, qui resolvent d'une maniere tres-satis- faisante le probleme de la securite absolue des voies ferrees. L'ensemble des appareils de M. du Moncel a pour but : 1" De transmettre aux trains en mouvement, sur toute I'etendue de la bgne qu'ils parcoureiit, trois sortes de signaux au moyen des- quels on puisse les avertir de s'arreter, ou de mettreleur telegraphe portatif en rapport avec celui de la ligne, ou enfin de continuer leur route ; 2" De donner pour complement a I'apparition de ces signaux la mise en mouvement d'une sonnerie dont le tintement persiste , comme le signal lui-meme, jusqu'a ce qu'on ait fait droit a I'avis transmis; 3" De faire enregistrer, de kilometre en kilometre , la marche et la position des trains sur un compteur ^lectro-chronometrique , ou cadran a double aiguille place a chaque station, et visible a dis- tance. 4° De faire en sorte que quand deux trains vont a la rencontre I'un del'autre, ou marchent dans le meme sens avec des vitesses dif- ferentes, le signal d'alarme apparaisse sur les deux convois au mo- ment ou ils ne soiit plus eloignes I'un de I'autre que de 2 kilometres. 5" De prevenir en meme temps les stations de ce rapprochement trop grand. Ces r^sultats, obtenus a I'aide de cinq appareils, ne n^cessitent, comme frais d'lnstallation, que I'addition d'un seul fil aux fils ac- tuels de la ligue et dun ensemble de deux barres de fer placees de kilometre en kilometre entre les deux rails. Les piles qui niettent en marche les appareils sont celles des telegraphes des stations et des telegraphes portatifs installes sur les trains ; elles ne sont done pas une depense qu'il faille attrihuer au systeme ; d'ailleurs elle peuvent servir pour etablir une correspondance telegraphique d'une extre- mite a I'autre des trains, et pour prevenir de la separation des con- vois d'apres le systeme propose par M. Mirand, Les communica- 704 COSMOS. tions des trains avec la voie par rintermediaire des barres de fer posees entre les rails se font au moyen de conducteurs verticaux fix^s en dessous des vagons, et qui, comme des pistons, sont enferm^s dans une sorte de corps de pompe, pouvant, par consequent, se sou- lever, sans causer de resistance, quand ils arrivent au contact des barres. Nous avons beaucoup admire la disposition des deux aiguilles du cadran enregistreur et le mecanisme ingenieux par lequel , aussitot qu'elles ont atteint certaines positions relatives, elles ferment elles- memes le courant, et font sonner les timbres soit des stations ; mais nous aurons besoin, pour mieux exalter le merite de I'a^uvre de M. du Moncel, qu'il nous prouveclairement qu'il avait propose avant M. Verite, le cadran indicateur installe sur la voie. Nous ne sommes pas entierement convaincu sur ce point. PROPRIETE DES NOMBRES. — Dans une lettre qu'il nous adresse, M. Gamier de Bordeaux va plus loin que le reverend docteur Booth ; il donne la raison pour laquelle un nombre de six chifFres, forme de la repetition de trois figures quelconques, est necessairement divisible par les trois nom- bres 7, il, 13. Cette raison, la voici : tout nombre, abc ahc, peut etre consider^ comme forme de I'addition des trois nombres : aOOaOO, iJOO^O, cOOc. Or, ces trois nombres a leur tour sont des multiples de 1001 dont on les deduit en multipliant 1001 tour a tour par lOOa, 10^, c; done ahc ahc est ndcessairement divisible par 1001, et par consequent par 7 X H X 13 = 1001; ou, par 7, 11, 13, qui sont des nombres premiers entre eux. On prouveraitde la meme maniere qu'un nombre de huit chifFres, forme de la repetition d'une meme periode, de quatre chiffres, abcdabcil est divisible par 73 et 137, parceque 73X137=10001, qu'un nombre form^ d'une double periode de cinq ehiflVes est di- visible par les nombres premiers 11 et 9091 dont le produit est 100301 ; qu'enfin tout nombre forme d'une double periode de six chiffres est divisible par 101 et 9901 dont le produit est 1000001. A. XRAMBLAT, propridtaire-gerant. rAiiis. — ' liirniMERiE de w. remquet et c'"., R'jf. garanciebe,_ 5, T. V. 29 DECEMBUE iS54. TUOISIlJME ANNEE. COSMOS. NOTA. — Les f^tes de Noel ne nous ont pas permis de donner k cette livraison un int^ret actuel et aussi grand que nous I'aurions voulu, nous avons ete forc6 d'utiliser la composition qui encombrait les marbres de rimprimerie; mais que nos lecteurs se consolent : dans les premieres livraisons de Janvier ou du sixieme volume du Cosmos, nous leur donnerons pour 6trennes de bonnes et belles nouvellss scientifiques et industrielies. NOUYELLES ET FAITS DIVERS. Les journaux de la Martinique publient les details qui suivent sur une iiouvelle substance susceptible de remplacer le quinquina dans le traitement de la fievre : " M. le docteur Amic , medecin en chef de la colonie , inform^ qu'il existait a Saint-Martin un arbre dont recorce amere avaitdes vertus identiquesavec le quinquina, s'est aussitot procure des frag- ments de cet arbre, et lorsqu'il en a ete detenteur, de concert avec son gendre, M. Chapuis, medecin en second de I'hopital maritime de Saint-Pierre, il s'est livre a des experimentations qui ont etecou- ronnees d'un plein succes. Administree en tisane ou en th^ a ses ma- lades dont la fievre etait des plus tenaces, et s'etait inontree refrac- taire a tous les medicaments, I'ecorce de I'arbre febrifuge de Saint- Martin q, amen^ promptement la guerison. Traitee comme alcali vegetal par les soins d'un de MM. les pharmaciens de I'hopital ma- ritime, elle a donne une substance qui avait toutes les vertus du sul- fate de quinine. " Ces faits, portes h la connaissance de M. le gouverneur, ont appele son attention, et il vient d'envoyer a Saint -Blartin M. le doc- teur Chapuis etM. Girardias, pharmacien de la marine, pour etu- dier I'lubre si precieux quipeut creerune concurrence au quinquina. " Cieer une concurrence au quinquina, au quinquina mis au rang des dieux par les poetes, decore des titres ponipeux d'admirable et d'incomparahle [ ar les praticiens qui se livrent a I'art de gueric, telle est la question en litige en ce moment, tel est le prob'eme dont MM. Chapuis et Girardias ont ete chercher la solution ! Nous ne 25 706 COSMOS. pouvons rien dire jusqu'a present, on le comprendra facilement; mais si le fait se vcrifiait, si les espcrances de M. le docteur Amic n'etaient pas dujouees, I'arbre de Saint-Martin serait naturalise, rd- pandu dans noire colonie, en admettant qu'il n'y existe pas, et tout de suite cette colonie prendrait une importance nouvdle ! Le medi- cament souverain etla maladie si frequente et si terrible de nos cli- mats seraient places providentiellenient I'un a cote de I'autre. Nous o-agnerions de deux c6t(5s a la fois, premiferement en nous garantis- sant mieux et plus que jamais contre la fic-vre, secondement en ren- dant tributaires desormais ceux-la meme qui nous fournissaient le quinquina et la quinine, si souvent denatures, sophistiqu^s ! » II ne faut pas s'y tromper, le quinquina qui pousse dans des re- gions determinees et dont la carte a et^ dressee depuis longtemps, le quinquina de la chaine des Andes, de Paz, de Chiquiaca, de Sainte-Marthe et de Merida, a beaucoup perdu de sa valeur en al- caloides. Les espbces qui croissent dans ces contrees diverses sont si nombreuses, qu'il faut absolument avoir recours a I'analyse chi- mique pour obvier aux inconvenients resultant de la confusion de ces especes. Et de plus, la disette qui commence a se faire sentir en a augmente le prix d'une maniere sensible. - M. Van Holsbeck, interne de M. le docteur Uytterhoeven, a I'hopital Saint-Jean, a Bruxelles, proclame, dans le Journal de me- decine, de chirurgie et de pharmacie, la teinture d'iode comme le moyen le plus sur et le plus prompt pour guerir la photophobie, cette affection quelquefois si tenace. II assure un succes complet a ceux qui voudront en faire I'essai. II s'exprime ainsi : « C'est surtout dans le traitement de la photophobie qui acco'm- pagnepresque constamment I'ophlhalmie scrofuleuse et la conjonc- tivite granuleuse chronique, que nous avons eu I'occasion de nous servir de la teinture d'iode. Cependant, nous pouvons assurer qu'elle n'est pas moins eflficace contre la photophobie que font naitre les autres affections des tissus de I'ceil. " Voici comment nous procedons : avec un pinceau a miniature, impregne de teinture d'iode, nous peinturons les regions orbiculaires et sourcilieres des yeux atteints de photophobie. Cette operation est pratiquee une ou deux fois dans la journee, selon I'mtensitd et I'an- ciennete du symptome. Une seule peinture suffit ordinairement pour enlever la photo- phobie en vingt-quatre heures. Nous avons vu un grand nombre de cas de photophobie accompagnant des ophlhalmies inveterees, qui avaient r(§siste et s'etaient montrees refractaires a toute espoce de COSMOS. 707 mnyens, ceder coinnie par enchantement a une ou deux applications de teinture d'iode. « Les effets de la teinture d'iode sent immediats ; quelques heures apres son application, la douleur diminue, les contractions spasmo- diques des paupicr-^s perdent de leur violence, les larmes coulent en moins grande quantite, et quelque temps apres, le nialade peut ou- vrir les yeux a la lumiere et se sounnettre a rex])loration du me- decin. " Quel est done I'agent antiphotophobiqiie dont Tefficacite soit aussi prompte? Nous ne cherchons pas a expliquer comment ao-itla teinture d'iode dans le traitement de la photophobie, nous ne vou- lons que constater son utilite reelle, basee sur des faits journaliers observes dans le service ophthalmologique de M. le docteur Uyt- terhoeven. Nous engageons done fortement nos confreres a en faire I'essai, et nous leur promettons que, comme nous, ils en retireront les plus grands avantages." [Scalpel. — Moniteur des Hopitaux.) — Nous avons jiarie il y a quelques jours d'une machine hydrau- lique avec laquelle des essais se font au port Saint-Nicolas sur un bateau qui s'emplit et se vide tour a tour. Nous I'avous examine avec plus de soin, et la decouverte de cet instrument nous semble appelee a rendre d'utiles services a I'agriculture dans les grands tra- vaux de dessechement et d'irrigation, et dans la marine, dans les operations d'epuisement de bassins ou de sauvetage des navires , lorsque de grandos quantites d'eau doivent etre rapidement de- placees. Cette machine, d'une merveilleuse sim])licite, due a I'invention de M. Piatti, a la forme d'un cone tronqui^ renverse, dont la petite circonference est immergee de 25 centimetres environ ; elle se com- pose de cinq c6ne>; concentriques , divises, dans le sens de la hau- teur, par des diaphiagmes perpendiculaires a I'axe vertical sur lequel est fixe tout I'appareil, qui tourne sur un pivot. Un engrenage, adapte a la partie superieure de I'arbre, imprime tout le mouvement transmis, a I'aide d'une longue courroie, d'une petite machine a vapeur locomobile de M. Calla. Des que le mou- vement de rotation se produit, I'eau, entrainee par la force centri- fuge, prend, a travers les cloisons formees par les cones, sa marche ascensionnelle, pour s'(^chapper, quelles que soient d'ailleurs les ma- tieres qui la chargent, filt-ce meme des pierres, par la grande cir- -conference des cones. Un bassin circulaire, dispose a quelques centimetres au-dessus du couronnement, revolt I'eau qui s'en degage avec une grande ^^ COSMOS. abondaiice par un large conduit dont la x^ovUe depasse la largeur du bateau ; une voluinineuse nappe d'cau produit une chute qui , dans un cas donne, pourrait encore etre utilisee. La force de projection est telle que, meme apres avoir franrhi les 3 mbtres qui forinent la hauteur de I'appareil, I'eau jaiUit a une elevation qui donne la certitude que le ir.eme produit serait mam- tenu , alors meme que I'on augmenterait d'un mfetre la hauteur de I'appareil que nous avons vu. ^ Nous croyons pouvoir apprecier que plus de 200 metres cubes d'eau -ont enleves a 3 metres d'elevation en moms d'une heure par cette machine d'essai, tres-dt^fectueusc d'ailleurs dans son mstalla- tion, qui n'a eu pour objet que de faire reconnaitre la valeur du principe. , •. • , * Ce qui nous frappe surtout, c'est que le produit ci-dessus peut Stre au.rmente dans une proportion considerable sans aucun change- ment dans I'appareil, donl il suffira d'accelerer la marche par la pmssance du moteur. Deux cones seulement produisent leur effet i si tous fonctionnaient simultanement, ce sermt a produire non plus une belle nappe d'eau, mais le cours d'une riviere comme celle da bois de Boulogne. . Auiourd'hm que tout le monde se preoccupe des questions de draim-e on comprend tout le parti que Ton peut tirer d'un pareil instrument dont les dispositions et le developpement se pretent a toutes les exigences. As^ainir des pays couverts d'eaux stagnantes, fertiliser des terre* delaissees par I'agriculture, doter bon nombre de viUes de cours d'eau et de fontaines, arracher a leur perte les navires en danger en elevant et repandant, par un moyen peu couteux, d'enormes quan- tites d'eau : tels sont les immenses services que semble promettrc la decouverte que nous venons de ddcnre. SOCIETE PROTECTRICE DES AKIHIAUX- Cette Societe, qui s'est dome cette belle mission, celle d'c-pargner auxanimaux auxiliaires de I'homme des tortures inutiles et exage- rees, aura bienlot, couiine la Societe d'alimentation, ses annales bi- mensuelles, que nous aurons; soin d'anaiyser, car elles traiteront de sujets d"un interet general. En attendant I'apparition de sa premiere livraison, nous reproduisons, au moins dans ses donnees essentielles, un rapport de M. le docteur Blatin , sur les divers precedes d'abat- tage des animaux de boucherie. L'abattage des animaux se fait de trois manieres principales : I'assonmjage, I'enervation et I'egorgement ou scarification. Assommage. — La corde liee aux cornes des boeufs qu'on veut abattre, est engagee dans un anneau de fer scelle dans la dalle. En la tirant, on force I'animal a baisser la tete et a presenter sa nuque au merlin qui doit le frapper. Pour I'assominer, le gar90ii boucher, tenant a deux mains le manche dun lourd niarteau, se place en face delui, mesure son coup et I'assene vigoureusement sur I'occiputj un choc sourd retcntit ; le boeuf tombe a genoux, et S2 renverse aussiiot sur le flanc. Des qu'il est a terre, il re^oit encore, au-devant du crane et sur I'occiput, plusieurs coups de merlin ; puis I'execu- teur lui pionge la lame d'un large couteau dans la gorge, et, fouillant dans la poitrine, lui tranche, a la base du eoeur, les gros vaisseaux arteriels ; le sang coule a flots, active dans son cours par les mouve- ments spontanes de ranimal, et par les secousses qu'a I'aide d'une corde, on iinprime a ses menibres. La mort survient promptement ; elle est moins, dans ce cas, le resultat de I'hemorragie que de la commotion violente du cerveau et de la moelle allongee. Enervation. — L'executeur saisit, de la main gauche, la corne du boeuf, pour assurer son inimobilite ; de la droite, il lui enfonce, entre la premiere et la seconde vertebre cervicale, la lame d'un sty- let a fer de lance, qui pcnetre dans le canal vertebral et blesse la moelle epiniere ; a I'instant, la bete tombe en s'ageiiouillant, et se couche. Aloi s, par un mouvement de deduction rapide, la pointe de I'instrument acheve la section du prolor.gement medullaire; aus^sitot apres, I'animal est saigne, comme dans le procedd de I'assom- mage. Scarification. — Le scarificateur juif suit encore aujourd'hui le mode d'immolalion decrit dans le Tahnud: autour de chaque pied de devant et de derriere, i! passe une corde ; au moyen d'uti trcuil mis en mouvement, il serrc gniduellement les quatre cordes, tt 710 COSMOS. force les pieds de I'animal a se rapprocher; celui-ci se renverse bientot, se trouve place sur le dos, puis souleve, les quatre jambes en I'air ct la tete pendante; alors rhoiiiine approche, arine d'une lame longue et sans pointe ; il tend la gorge et I'entaine energique- jnent, coiipant tout, lapeau, les muscles, les vaisseaux, la trachee- artere; le bocuf s'agite et perd son sang a gros bouillons; il bat des flancs; il aspire et expulse I'air bruyamment, par rorifice beant de sa trachce; on I'acheve en lui assenant sur le front quelques coups de maillet. Les veaux et les moutons sont iinmolcs par le procede mixte de I'eo-orgement et de Tenervation. On les renverse sur le dos ou on les suspend par les pieds de derriere, le boucher leur coupe la gorge avec un fort couteau et tranche, en travers, la moelle epiniere. On egorge le pore renverse sur le flanc, en lui plongeant un cou- teau dans les gros vaisseaux qui naissent du cccur, mais sa trachee- artere n'est point divisee, aussi ses cris aigus, joints a ses efforts desesper^s et a ses contractions convulsives, temoignent hautement des souffrances de son agonie. L'(5nervation n'est point adoptee dans nos abattoirs, un seul boucher, M. Riviere, depuis sept ans, la fait habituellement prati- quer, « parce que, dit-il, la mart est plus lente^ et que, par suite, le san' En Allemagne, au contraire, en Suisse, enEspagne etdans I'A- m^rique du Sud, et meme aujourd'hui en Angleterre, oil la Soci^t^ protectrice des animaux travaille a la propager, I'enervation est le mode d'abattage le plus generalement employe. Elle a I'avantage d'accomplir le sacrifice indispensable, sans cet aspect de force bru- tale et de lutte qui saisit le spectateur d'effroi, d'horreur et de pitit§ a la vue des coups de massue assenes et retentissant sur le crane ^branle du pauvre animal; mais elle est plus cruelle en realite. « L'evidence des faits, dit M. Blatin, nous a forces de reconnaitre, a Funanlmite, que la section de la moelle dpiniere , qui semble frapper le bocuf de sideration, n'aneantit pas immediatement la vie C^rebrale et la perception des sentiments douloureux. Si Ton consi- derait seulement le corps de I'animal, oil les mouvements s'eteignent vite , et paraissent moins »5nergiques que ceux du boeuf assomme , I'observateur pourrait conclure que I'enervation est le proced(^ d'a- battage oil la mort est la plus prompte; et pourtant les veaux, dont on detache entierement la tete , et les moutons, qu'on enerve en meme temps qu'on leur coupe jusqu'aux os la trachee-artcre et les COSMOS. 711 vaisseaux du cou, ineurent lentement et dans les angoisses d'une cruelle agonie. lis s'agitent si violemment que , pour les empecher de tomber du haut de la claie oil ils sont renverses, les gar^ons bou- chers les maintiennent avec effort, jusqu'a ce que, le sang continuant a couler, la syncope arrive et termine la scene, " En notre presence, on a tranche completement le cou d'un veau de forte taille : le corps, suspendu par les pieds, n'a cesse de s'agi- ter convulsiveinent qu'apres I'epuisement du fluide sanguin qui s ^chappait a flots. On a place la tete a terre, en la faisant reposer sur la section faite par le couteau; cette tete etait certainement vivante; et, spectacle horrible a voir, I'agoniea dure pendant pres de dix minutes; les muscles de sa langue et de ses joues etaient animes de tremblements saccades, ses levres s'ouvraient comme pour pous- ser des cris de souffrance, ses naseaux se dilataient alternativement et simulaient des efforts d'inspiration ; ses oreilles semblaient dcou- ter; ses yeux roulaient dans I'orbite et se tournaient vers nous. Apres de nombreuses visites a Tabattoir, apres avoir longtemps observe sans; parti pris, et comme de studieux physiologistes, les dernseres sensations de I'animal expirant, apres avoir interroge les convictions d'autres hommes attentifs et plus competents, de M. Le- blanc, le savant vetcrinaire, membre de I'Academie de medecine , de plusieurs membres du syndicat de la boucherie, de M. Riviere lui-meme, qui seul fait usage, a Paris, de I'enervation, et de son agent Guillaume Rodel , qui la pratique avec une rare habilete, aprfes avoir enfin consult^ un physiologiste eminent, M. le docteur Cerise, la commission est restee convaincue : 1" que I'enervation ou la section de la moelle epiniere, ne frappe pas ir.stantanement I'ani- mal de mortou d'insensibilite ; 2" qu'au contraire, en assommant le boeuf, en le frappant a la base de I'occiput, la commotion violente que Ton imprime a la moelle allongee, qui est le siege de la vie, produit un epuisement subit de la nevrosite, une retraction imme- diate du cerveau sur lui-meme, uneinertie aussi de ses vaisseaux ca- pillaires ; la mort, sans doute, peutn'etre pas soudaine, mais la perte de la sensibilite n'en est pas moins profonde, absolue, immediate. « Le boeuf qui tombe au premier coup de merlin perd done, nous n'en doutous pas, tout sentiment a I'instant meme. Etourdi par la commotion, son cerveau ne peut souffrir, il parait mort, son ceil est fixe et ses muscles faciaux ne sont pas convulses ; mais , comme la moelle ^pinifere reste intacte ou faiblement ebranlee, il peut faire en- core automatiquement des mouvements etendus, se relever meme , si Taction contondante n'a pas ^te suffisamment 6nergique, il ne Hi COSMOS. tardera pas a recouvrer la sensibilite, cle ineme que la ilirection de son instinct et de son action musculaire. II est done inilis()ensable, apres qu'il est abattu, d'assener encore, et sur la nuque et sur le front, plusieurs coups de masse. lis frappent, croyez-nous, sur une tete insensible, et ce choc sourd qui vous emeut serait plutot a nos yeux un acte de pitie qu'une action brutale, puisqu'il assure a I'a- nimal TaiK^antissernent, une niortsans soufFrance. " Par ces considerations, nous concluons que le precede de I'as- sommage nitrite , au point de vue qui nous occupe , la preference sur celui de I'enervation. Ajoutons que sa pratique est nioins dan- gereuse et plus facile pour le saci ificateur, dans le cas oil son coup jnal assure viendrait manquer la victime. » — M. Blatin ne fait passeulement des rapports excel'.ents; dou6 au plus haut degre de I'esprit d'invention, il s'applique sans cesse a inventer des appareils simples qui puissent bientot entrer dans les habitudes des conducteurs d'animaux de travail , et contri- buer ainsi efficacement au soulagement des pauvres betes de somrae. Nous avons deja decrit son excelleiite bouclc a ardillon a retrait, qui devrait etre imposee par une loi, tant elle est rationnelle etne- cessaire; nous decrirons aujourd'hui rapidement son arcanseur, ap- pareil de renfort et d'enrayage, tres-facilement applicable a toutes les voitures, etqui, dans les passages difficiles , rendrait la traction incomparablement moiiis penible. On sait que lorsqu'une voiture se trouve arretee par une cote ou par une orniere profonde, le charretier n'a d'autre lessource que d' engager une cale ou une pierre sous Tune des roues pour lui don- jier un point d'appui et I'obliger a pivoter, tandis que i'autre se porte en avant sous un effort d'epaulage qui pousse a droite ou a gauche le brancard comme un puissant levier ; mais la cale, la pierre, ue sont pas toujours plac^es a point et sans danger; souvent elles s'enfoncentou fuient en glissant, et sont d'adleurs bientot depassees. L'arcanseur , au contraire , produit le meme effet que la pierre ou cale, a coup sur et d'une maniere continue. Son principe repose sur une application neuve de la pression spontanement exercee sur les jantes des roues, par un double sabot suspendu a I'extremite libre d'un bras de fer. Ce bras de fer inex- tensible qui porte a un de ses bouts la tringle armee des deux sa- "bots, s'ariicule par son autre extreniite avec un autre boulon qui est solidement implantd dans le timon de la voiture au-dessous de I'heur- toir, ou embase de la fusee de I'essieu. Le bras de fer tournant au- lour de ce boulon comme sur un axe, en decrit un cercle dont le COSMOS. 713 rayon est ^gal au rayon de la roue, dont le plan est le ineaie, uiais dont le centre est un peu different. Si apres avoir place le bras de fer dans une position horizontale, on I'ahandonne a son propre poids, il s'abalsseia, tendant a prendre la verticale, et entrainant avec lui les sabots qu'il supporte ; ceux-ci venant a rencontrer la circonlerence de la jante, ne pourront des- cendre au dela ets'appuieront sur elle. Si la roue reste immobile ou si elle tourne en avant, son cercle etson sabot resteront simplement au contact ou glisseront I'un sur I'autre avec un tres-faible frotte- ment; mais s^i au contraire la roue tend a retrograder, son mouve- nient entrainera les sabots en bas, en tirant le bras de fer qui ne peut s'allonger. Au point d'intersection des deux cercles, intersection qui a lieu sous un angle tres-petit, il s'opere des lors une pression croissante en proportion de I'effet par lequel la roue sera port^e en arriere. Cette pression cessera instantanenient, des que I'effet du recul ne sera plus produit. Les avantages que procure cet arcanseur sontainsi resumes : II soulage dans leur travail les moteurs aniines , hommes ou cheval, qui traiiient de lourdes charges avec des vehicules a deux roues. II ne cree pas la force, mais il permet d'employer utilement celle qui est trop souvent depensee en pure perte. II est dispose de manil're a caler solidement les roues tout en les laissant libres de se mouvoir dans le sens de la progiession. Quand il fonctionne le brancard, qui n'etait auparavant qu'un organe de traction, ao-it a la maniere d'un levier coude, interfixe, d'une grande puissance. Le cheval, en epaulant, se sert instinct! vement de ce brancard pour vaincre une resistance que la traction directe n'a pu vaincre. L'homme attelc peut aussi utiliser ces leviers, soit par des im- pulsions laterales, soit de plus par I'elevation et rabaissenient suc- cessifs du timon ou du brancard de sa voiture. Au moment ou ceux- ci se rapprochent du sol, les roues, saisies par lei sabots de I'appa- reil, sont energiquement poussees, entrainees (in avant, et en repd- ,tant la manoeuvre, on arrive au sommet d'une cote par la seule puissance du levier qui multiplie ici sitigulierement la force. Ce meme arcanseur peut encore aider au recul. Dans ce cas, il soffit de placer les sabots sur la partie anti rieure du cercle de la roue. Enfin il n'existe dans la construction de ces appareils aucun or- gane bien coilteux, fragile ou d'une execution difficile. lis ont un caractere de simplicity d'action et de manoeuvre tel, que ni la rou- tine nila pares se ne peuvent lui faire obstacle. ALIfflENTATION D'EAU DE LA VILLE DE PARIS- La grande question de I'approvisionnement en eau de la villede Paris prcoccupe en ce moment I'attention puhlique. M. le pr^fet de la Seine en a fait I'objet d'un rapport tres-consciencieux, trfes- etendu et parfaitement etudie ; nous regrettons de ne pouvoir repro- duire que le rdsumd fait par M. le prefet lui-meme : » Du point oil m'a conduit, par voie de consequence, I'examen approfondi de tout ce qui se rapporte an regime des eaux de Paris, on peut mesurer la grandeur de la question et en saisir d'un coup d'oeil les faces diverses. L'intime solidarity de la plupart des grands services municipaux est mise a decouvert. II apparait clairement qu'on ne peut reformer I'un sans etre amene a modifier les autres; que , plus on veut les ameliorer tous , plus leur mutuclle depen- dance devient etroite, et que, des lors, il est impossible, sans dom- mage pour la chose publique, de separer les parties de cet ensem- ble , soit dans la conception d'une organisation nouvelle, soit dans I'exdcution des ouvrages quelle necessite, soit dans la marche des services r(;'generes- " L'operation comprend trois ordres de travaux : « Derivation sur Paris , par un aqueduo ferine , des eaux de la Somme et de la Sonde, prises entre Chalons et Epernay ; " Etablissement de distributions completes et distinctes des eaux afFectees aux usages publics et prives ; « Assainissement general de la ville, par une canalisation nor- male. " L'etude du premier systeme est trop engagee pour que je de- sire, messieurs, ne pas la mener plus loin sans votre secours. Le moment est venu d'ailleurs d'instituer un service special d'ing^nieurs pour la conduire a fin. « Les recherches relatives a la distribution des eaux et a I'assai- nissement de la ville ne sent pas arrivees au meme degre d'avance- ment. Le plan n'en est encore qu'a I'etat d'ebauche; mais j'en poursuivrai sans relache les developpements, si votre assentiment m'y encourage. « Quant aux moyens d'execution, vous ne doutez pas, messieurs, que je m'en sois d^ja tres-serieusement occupe ; mais c'( tt un sujet qui merite a lui seul tout un m^moire. II serait d'ailleurs premature de vous en saisir lorsqu'il n'existe aucune etude definitive et qu'il n'est pas possible de pri^ciser la quotile de la depense. « Des aujourd'hui , cependant , il est permis d'augurer que ce COSMOS.' 715 vaste projet, s'etendant a toutes les rues et a toutes les habitations de Paris, dont le bienfait se fera sentir non-seuleraent dans le pre- sent, mais dans I'avenir le plus recul^, n'imposera pas a la ville de plus lourdes charges que I'une des grandes operations de voirie qu'elle decide avec une si liberale hardicsse pour satisfaire les be- soins d'un seul quartier. Selon touts probabilite , le dt^compte du prolongement de la rue de Rivoli et de ses abords', ou celui des boulevards de Strasbourg et du Centre, ne se montera pas inoins haut que la somine necessaire pour amener une veritable riviere a Paris, faire circuler I'eau jusqu'au sommet des maisons, lul procurer un facile ecoulement sous le pave de toutes les rues et efFectuer une revolution salutaire dans toutes les parties de I'assainissement public. «' D'ailleurs, I'ouverture d'unegrande voiede communication avan- tageuse pour les habitants est un sacrifice sans compensation pour le tresor municipal. Au contraire, la distribution de I'eau a domicile assure a la ville un revenu croissant avec sou importance. « Aujourd'hui, pour moins de 18 000 metres cubes, que le service des maisons d'habitation et des ^tablissements industriels en con- somme , 1h ville en retire un produit qui s'elevera cette annee a pres de I 400 000 fr. II est vrai que 250000 fr. environ seront ab- sorbes par les traitements du personnel special et par les frais de simple entretien des appareils; mais il n'en restera pas moins une recette nette de 1 150000 fr. " D'apres cette base, le produit futur des eaux de I'aqueduc de Somme-Soude pourrait etre de pres de 8 millions. On arriverait a 10 millions , par I'application rigoureuse du tarif actuel de I'eau de rOurcq , et a 20 millions en prenant celui de I'eau de Seine ! « Jusqu'a plus ample examen, j 'incline a preferer le mode g^ndra- lement suivi en Angleterre , qui proportionne le prix d'abonne- ment aux loyers d'habitation , parce qu'il est plus favorable aux classes peu fortunees, et qu'il tend, par ce motif, a propager I'usage des eaux. Or, en adoptant le moins ^lev^ des tarifs en vigueur chez nos voisins, je trouve qu'il serait dii pour 1' ensemble des habitations actuelles de Paris, et pour les ^tablissements industriels, environ 6 millions et demi. Deduction faite de tous frais, le revenu des eaux pourrait done s'elever a 6 millions , soit quatre millions de plus qu'aujourd'hui, ce qui justifierait I'emploi d'un capital de 90 mil- lions. «' Une simple observation revelerait, a defaut de tout calcul, I'im- portance du produit d'une distribution d'eau bien organis^e. Chacune 716.- COSMOS. des cinq compagnies qui ont soumissioiine concurremment le service de Paris, acceptait d'avance des charges tres-onereuses : prises d'eau lointaines, machines puissantes , filtres immenses, roseaux distincts de conduite, fontaines monumentales, bains , lavoirs , etc,, enfin subvention a la ville, fixe ou propt.rtionnelle aux benefices, rien ne leur coutait; et , assurdment aucune d'elles ne croyait, par cette espece d'enchere, soUiciter sa propre mine. » Je tiens ces compagnies pour fort edairees, et je conclus de leurs offres que, soit par I'intermediaire de I'industrie pnvee, soit directe- ment, la ville trouvera, dans les concessions d'eau, assez de ressour- cespour faire face, tout a la fois, aux dopenses qu'entraiiiera sa dis- tribution et a celles de la canalisation complete de Paris. .. II ne faut pas oublier que deja la ville consacre , tous les ans, d'importantes allocations a I'extension de ses conduites d'eau et du r^seau de ses egouts. Dans la supposition d'une organi.-atiun nor- male des deux services, ces allocations de 600 000 fr. en moyenne, qui representent I'int^ret de 12 millions, deviendraient superflues. « Enfin, I'extraction annuelle de 200000 metres cubes de vidanges a raison de 8 fr. par metre , coiite maintenant aux proprietaires 1600 000 fr. Ces frais, trfes-consid(§rables, seraient r^duiis par I'un ou I'autre des procdd^s utilisant les gateries d'egout. Bien que la ville n'en dut retirer aucun avantage direct , si Ton faisait profiter les proprietaires de la difference, il n'est pas douteux que les abon- iiements d'eau n'en fussent multiplies. a Malgr6 tout, je le sais, le nombre des abonnements volontaires n'atteindrait pas de longtemps celui des maisons. Mais la depense de la derivation une fois faite , celles beaucoup plus fortes de distri- bution et de la canalisation complementaires ne s'effectueraient que peu a peu et selon les necessites de la consommation. u Je me borne, quant a present, messieurs , i ces considerations sommaires; vous penserez, comme moi, qu'il seraithors de propos de discuter les questions tres-delicates et Ires-ardues se rattachant a leur objet, et qu'il convient de consacrer toute votre attention a la valeur meme du plan que j'ai d^roule sous vosyeux. .. En d'autres temps, alors que les espritss'epuisaientdansdest^- iles debats, et que Tobjection avait toujours le dernier mot, on eiit hesite certainement a I'exposer dans toute son (§tendue; mais nons vivons a une epoque oil de nombreux projets , que naguere encore, on eut qualifies de reves, sent miraculeusement realises par un gou- vernement qui sait vouloir tout ce qui est bien, et accomplir tout ce qu'il decide. COSMOS. 717 « Apres tout, pourrait-on ne voir que des utopies dans des ame- liorations mises en pratique depuis lotigtemps chezd'aulres peuples! N'est-ce pas trop deja pour la ville de Paris, que de s'etre laiss^e devancer? Lui suffit-il de I'emporter sur ses rivales par la splendeur des monuments , la culture des arts , les nierveilles de I'elegance et du goiit! Doit-elle faire bon marche de tout ce qui iniriesse la salu- brite de ses demeures et le bien-etre de ses habitaMs , et accepter pour son ^dilite une inferiority deplorable! Tout leluxe de la civili- sation couvrira-t-il plus longtemps de honteuses miseres , et, par notre incurie, la statue d'or gardera-t-elle ses pieds d'argile? " Je suis loin de me le dissimuler, messieurs , la transformation qu'il s'agit d'opi^rer dans toutes les rues et dans toutes les maisons de la ville, n'est pas I'cEuvre d'un jour; de si grands ttavaux a faire, tant d'habitudes a modifier et d'interets a convaincre , useront cer- tainement plusieurs generations d'administrateurs. Aucun prefet n'aura I'honneur de cet entreprise ; mais pour ma part , je croirai avoir fidelement servi les desseins qu'une auguste et infatigable sol- licitude congoit incessamment dans I'interet de la population pari- sienne , si, charge de formuler un tel ensemble de projets , je sais vous y rendre favorables, et plus tard, quand ils auront subi I'epreuve d'une etude consciencieuse et d^taillee, en obtenir I'adop- tion definitive. « Paris est le cccur de la France, >• vous disait dans une circons- tance solennelle , le chef meme de I'Etat; « mettons tous nos efforts a embellir cette grande cite, a ameliorer le sort de ses habitants.... Ouvrons des rues nouvelles; assainissons les quariiers pnpuleux qui manquent d'air et de jour et que la lumiere bienfai:,ante du soleil penelre partout dans nos murs » Ces pro m esses , que le perce- ment de la rue de Rivoli commen9ait a realiser, regoivent chaque jour un nouvel accoinplissement. Deja I'air et la lumiere penetrent, par de larges de voies , jusqu'au centre du vieux Paris. Vivifier la ville entiere par des eaux abondantes, ce n'est que faire un pas dans le double but marque depuis quatre ans par I'Empereur : « Assainir et embellir la grande cite. » NOUVELLES DE ^INDUSTRIE. DERNIERE SEANCE DE LA SOCIETE d' ENCOURAGEMENT. (Suite.) M. Jacquelain, tiu nom ties coiriites reuiiis des arts economiques et chimiques, lit un rapport sur le four a chaux de M. Siinonneau. Ce four, dont la cavite forme un eilipso'ide de revolution, se range dans la categorie des fours a feu continu, a llamnie ascendante et a plusieurs foyers lateraux; il se distingue par une distance plus grande entre les grilles et I'orifice des conduits debouchant dans le four; par la /acilite qu'il procure de cuire la chaux avec toutes sortes de combustibles, le bois, les ajoncs, la tourbe, la houille, I'anthracite, etc. ; par I'avantage, non moins precieux, depermettre au chaufournier, selon I'urgence, de changer de combustible, d'acti- ver ou de ralentir le feu a volonte ; de suspendre meme le travail de la cuisson pendant trois ou quatre niois, sans qu'on soit oblig^ de laisser refroidir le four, de le charger et de I'allumer de nouveau. Un de ces fours, coiffe depuis le L"'' decembre 1852 jusqu'au I" mars 1853, a pu reprendre sa marche ordinaire, a I'aide d'une cinquantaine de fagots d'ajoncs. Les comites sont convaincus que ces fours peuvent donner 8 met. cubes de chaux par hectolitre de houille, a la condition de marcher sans interruption; si Ton se sert de bois ou d'anthracite, le rende- ment pourra encore etre^de 6 a 7 met. cubes, meme quand on op^- rera sur un calcaire compacte et cristallin, une sorte de marbre. C'est un resultat admirable, car M. Pierard, ingenieur en chef des mines, dans sa brochure sur les forets de la Sarthe, qui jouissent de quelque cel^brit^, dit formellement que leur rendement moyen est de 3 mfet. cubes de chaux pour un hectolitre de charbon de terre., La durde moyenne de la calcination est de 48 heures ; mais il faut, au minimum, 72 heures pour obtenir le refroidissement de la chaux. Le rapport fait ressortir ensuite les heureux resultats auxquels doivent conduire les perfectionnements ingenieux introduits par M. Simonneau, et I'excellente installation de ses fours. Par suite d'exp^riences nombreuses, entreprises depuis un demi-siecle environ, sur des sols trfes-divers et dans des climats tres-differents , la chaux est aujourd'hui considi^ree comme un amendement des plus efficaces. II n'est pas de sol depouill6 ou pauvre en principes calcaires qui ne gagne en fecondite par I'addition de la chaux en quantites plus ou moins grandes de dix a cent vingt hectolitres. De vastes marais des- sdches contenant de un a deux metres d'^paisseur de tourbe, quine COSMOS. 719 donnaient qu'un foin de mauvnise qualite ou de faibles r^coltes , ameiides par la chaux, donnent des loins abondants et recherches, des recoltes productives en grains fort estimes. Presque partout la chaux remplace avec avantage la marne qui n'est que du carbonate de chaux mele d'argile. Dans la Bretagne et la Brest^e I'etablisse- sement des fours a chaux a permis non-seulement de doubler la pro- duction descereales, mais encore de cultiver laluzerne, les sainfoins et les trefles, sur des terrains consideres jusque-la conime tres- impropres a la production. Le probleme de la cuisson economique de la chaux est done une question d'utihte agricole tres-elevee. Or, a Regueville, Seine-et-Marne, M. Bunel, le proprietaire de quatre fours, construits parM. Simonneau, a vendu, en 1851, 52 et53, la belle chaux, prise au pied du four, 14 francs les 1 000 kilos, et 7 fr. la chaux menue. Avec les anciens fours les inemes chaux auraient coute 24 francs et 10 francs. Si Ton ajoute qu'en 1853 M. Brunei a livre 22 500 metres cubes de chaux avec un rabais de 8 francs, on . arrive a un benefice de 180 000 francs pour I'agriculture et les cons- tructions rurales. Cette meme economie se realisera pour les au- tres fours qui devront accepter la baisse de prix pour soutenir la concurrence. Les deux coinites, prenant en consideration les ser- vices deja rendus par un systeme de fours qui proinet une forte re- duction dans la valeur venale d'un produit si utile a I'agriculture, aux arts chimiques, aux constructions urbaines et rurales, propo- sent de remercier M. Simonneau de son interessante communica- tion, en le felicitant d'avoir, comme propagateur zele de I'emploi de la chaux, travaille avec perseverance a I'am^lioration du systeme agricole. Les remerciements sont votes a I'unanimite par le conseil. — Grace a I'iniliative hardie et genereuse de M. Agasse mem- bre du conseil d'administration et tresorier de laSociete, un four- Simonneau a 616 construit a Maurevert, pres Chaume, au pied d'un banc de calcaire, decouvert par M. Agasse dans sa propriete. Deja la Societe d'agriculture de Melun, ainsi que le departement, applau- dissent a I'installation de ce four, qui depuis 1853 permet a M. Agasse de livrer, a 18 fr. le metre cube, de belle quahte de chaux, qui, avant I'emploi du four-Simonneau, se payait de 30 a 35 fr. le metre cube. Get eminent service a ete d'autant plus ap- precie que le departement de Seine-et-Marne se trouve etre un de ceux qui ont le plus besoin d'amendement calcaire. La Societe d'a- griculture de Melun a d<^cerne a M. Agasse une mddaille d'or, le conseil de la Societe d'encouragement lui adresse des fehcitations , sinceres pour I'honneur qu'il en a re9u. *^ COSiMOS. — Nous avons doja parld avec 6\oges de la fabrication .Jo feuiUes inet.lhquesdeM. Callard, 8. rue Led ere, faubourg Saint-Jacques. ^et babden.dcanic.en, createur dune industrie toutenouvelle, com- rnunique a la Society quelques appreciations recentes de ses toles Lii premiere est un lit ferme , tout compose de toles perforees lais- sant un iibre acces a I'air, et fermant tout acces aux mouches, aux moustiques et a plus forte raison aux rats, soaris, reptiles, etc. Cela sera certainemei.t tres-utile dans les pays chauds; il rendrait aussi de grands services dans les pauvres menages, oil la mere, emportee par s^n travail, est forcee de laisser son enfant seul dans son petit iit. On n aurait plus a craindre alors des accidents aujourd'hui si Jrequents et si desolants. La seconde application nouvelle est la contection pour la Manufacture imperiale des tabacs de tamis en teuilles de cuivre perforees, bien preferables aux anciens tamis en toile. II a ete constate que le produit de ces nouveaux appareils est plus reguher, plus beau et plus abcndant dans la proportion de dix pour cent. Les pannetons ou moules a pain, en tole perforee, pour la boulangerie, se propagent de plus en plus et donnent d'excellents resultats. -- M. Jules Duboscq prt5sente et explique sa lamps dlectrique perfectionnee. L'appareil fixateur de la lumifere electrique, ou la lampe electrique soumise par M. Jules Duboscq, il y a pres de trois ans, au jugement de la Socidte d'encouragement, fonctionne tres-rdgulierement, et cette regularite lui a fait obtenir un tres-grand succes ; malgre 'leur pnx ties-eleve, quatre-vingts appareils de ce genre out ete achetes en moins de deux armees par les professeurs des etablissements scientifiques de la France et de I'etranger, et fonctionnent dans les cours publics a la satisfaction de I'auditoire, qui saisit beaucoup mieux des phenomenes qui se produisent en grand sous ses yeux. A Pans, les experiences des le9ons d'optique du College de France, de la Faculty des sciences, du Conservatoire des arts et metiers et de presque tous les lycdes se font avec la lumiere dlectrique, avec la lampe Duboscq. On a eu aussi recoursa cet appareil pour montrer, par projection et grossis dans des proportions eiiormes, les mouve- ments de la circulation et les diverses foimes des globules du sang, les organes microscopiques, etc., etc. II en est resulte une sorte de transformation de I'enseignement, un progres considerable qui, parti de France, s'est rapidement etendu en Angleterre, en AUemagne, en Russie, etc., etc.Qu'il nous soit perniis de citer a cette occasion, et pour mieux eclairer le coinile, un fragment d'une lettre dcritede COSMOS. TBlii Saint-Petersbourg par M. le colonel Komaroff , en date du 15 oc- tobre dernier : « Nous avons repete les experiences avec le porte-lumiere uni- verse! de M. Dubobcq ; la lampe d-lectrique fonctionne d'une maniere on ne pent plus saiislaisante ; tous les membres de 1' Acadeniie et les professeurs de physique de Saint-Petersbourg en sont enchant^s ; M. Jacobi et surtout M. Lent'/ estiment grandement cette belle in- vention ; desormais on pourra enseigner I'optique en tiere pendant les jours les plus brumeux de I'hiver. II y avait deja ici plusieurs systemes d'appareils fixateurs construits par des savants ou des ar- tistes russes. Celui, entre autres , de M. Spacousky est tres-inge- nieux; sa lumieie est constante quant a I'intensite ; mais le centre lumineux s'eleve ou s'abaisse incessamment. Dans la lampe seule de M. Duboscq.il reste constamment a la meine hauteur : M. Lentz y a I'ait adapter la riche collection des appareils optiques de 1' Acade- mie des sciences, et il a pu produire ainsi I'ensemble entier des phe- nomenes de la lumiere, meine les plus delicats, les bandes d'inter- ference et de diffiaction. •• Mal^re ces excellentes qualites constates par un si grand nombre d'homnies eminents, MM. Regnault, Milne-Edwards, Despretz, Edmond Becquerel , Desains , a Paris ; MM. Faraday. Tyndall, a Londres; MM. Volpicelli, Zantedeschi, etc., en Italie; MM. Von Ettingshau.en, Plucker, Magnus, en Allemagne; lalampe electrique presentait cependant uiie imperfection r^elle que nous avons fait disparailre dans le nouveau modele qui est presente aujourd'hui a la Soci'ite. Nous allons faire comprendre en peu de mots le mal et leremede. Le mecanisrae regulateur de I'ancien appareil avait pour fonction unique de maintenir les deux charbons ou poles a une dis- tance constante, et de les rapprocher quand, par I'effet de la com- bustion, leur distance tendait a devenir plus grande; il etait im- puissant a les separer quand ils etaient arrives au contact. Or, au contact, il n'y a ni arc ni lumiere dectrique ; quand done le contact s'^tait produit, il fallait attendre avec plus ou moins d'impatience que I'elevation de temperature et la combustion eussent ronge le charbon positif, I'eussent ainsi separe du charbon negatif et permis a Tare electrique de se former, a la lumiere electrique de jailhr. Lors- que la lampe etait surveillee de prfes par le mecanicien, ce temps d'arret etait facilement esquive par un coup de pouce, en tournant une vis, on separait immediatement les charbons en contact. Ma^s lorsque la lampe etait hors de la portee de la main, ce temps d arret se manifestait par une extinction , par une obscurity d'une ou plu- 722 COSMOS. sieurs minutes et devenait alors un inconvdnient grave, qui se re- produisait chaque fois que I'un des charbons se cassait ou cclatait en bmlant. Pour que I'appareil fut reellement un appareil fixateur de la iu- miere clectrique, il fallait necessairement que les charbons revenus au contact fussent separi^s mecaniqueinent, ou que le charbon po- sitif fut entraine par un mouvement de recul a la distance a laquelle la lumiere clectrique peut passer. Le rapprochement des charbons, dans I'ancien appareil, est determine par une armature en fer doux gouvernee par un ressort qui I'dleve quand, par I'accroissement de distance, I'intensite du courant est devenue plus faible. Dans le nouvel appareil, cette premiere armature est entouree d'un autre , aussi en fer doux, gouvernee aussi par un ressort, mais par un res- sort d une resistance plus grande, qui ne serait pas vaincue par I'intensite du courant lorsque les deux charbons sont sdpares , qui n'est vaincue que lorsque les deux charbons (5tant en contact le cou- rant a son intensite maximum. Le ressort de la premiere armature est place au-dessous d'elle ; il fait monter le charbon positif quand il s'est consume en briilant ; le ressort de la seconde armature con- centrique est place au-dessus d'elle ; il fait descendre ou reculer ce meme charbon positif quand il est en contact avec le charbon n^- gatif ; la lumiere est ainsi rdtablie instantanement par I'appareil lui- meme. Ce qu'il y a de neuf dans cette disposition ; c'est I'idee de faire agir un meme electro-aimant sur deux armatures differentes tantot sur I'une, tantot sur I'autre, suivant I'intensite du courant, pour produire des efFets contraires de rapprochements ou d'ecartement, d'avance ou de recul. L'appendice, compose de la seconde arma- ture et de son ressort, pourrait s'appeler le mv.camsme guetfeur du mecanisme regulateur; on aurait ainsi une idee tres-juste de ses fonctions. Si la Society d'encouragement lui en temoigne le desir, M. Jules Duboscq s'empressera de faire fonctionner son appareil perfectionnd, soit dans la prochaine si^ance publique, soit dans une des sdances ordinaires, et de repdter devant elle ses experiences les plus neuves et les plus interessantes. II sera trop heureux si sa lampe clectrique et les nombreuses [applications qu'il en a faites sont appreciees et approuvdes par le conseil d'adminstration de la Socidtd. NOTE SUR LA LIMITE DES NEIGHS PERPETUEFXES DANS LES ALPES FRANCJAISES. I'AR M. ROZET. II est ecrit dans plusieurs ouvrages de physique et de metdoro^ logie que la limite inferieure des neiges perpetuelles dans ies Alpes se trouve a 2 708 metres au-de^sus du niveau de la mer. Les observateurs a qui Ton doit ces determinations ne se sont cer- tainement pas rendu compte de ce que Ton doit entendre par neis;es perpetuelles ^ ils auront pris pour telles celles accumulees par les vents, contre des obstacles et dans des cavites, en quantity assez considerable pour que la chaleur du soleil ne puisse parvenir a les fondre pendant I'ete. II existe un grand nombre de sommets et plu- sieurs plateaux eleves de plus de 3 300 metres qui ne conservent pas de la neige pendant tout I'l^te. La limite inferieure des neiges perpdtuelles est le lieu oil la neige, tombee directement, pendant les saisons froides sur une surface ho- rizontale, ne re9oit pas une grande quantity de chaleur pendant la duree des saisons chaudes, pour se fondre entierement. Mes observations pendant les annees 1851, 1853 et 1854 m'ont conduit a fixer I e niveau de ce lieu, dans nos Alpes, vers 3 400 metres au-dessus du niveau de la mer, c'est-a-dire a 700 mfe" tres de plus que celui actuellement adopte. Dans un memoire lu a I'Academie, le 15 decembre 1851 (1), j'ai montre que la pluie resulte toujours de la neige tombante qui com- mence a fondre a une hauteur proportionnelle a relovation de la temperature. J'ai etabli en outre que, lorsqu'il pleut dans les val- lees a une altitude de 800 metres, le thermometre marquant -f- 1 6°, il neige vers 3 000 metres. L'ete dernier, le thermometre a souvent depasse -\- 25". Dans ces memes vallees, et pendant la pluie, la neige couvrait toujours les sommets et les plateaux situes vers 3 400 metres d'altitude, dans toute la region montueuse partant du Mont-Viso pour s'etendre jusqu'au vallees de la Durance et de Barcelonnette. A ce niveau , je n'ai jamais vu pleuvoir, et comme il est sensi- blement le meme que le plus bas , auquel j'ai trouv6 de veritables neiges perpetuelles, j'en conclus que la limite inferieure de ces nei- ges se trouve exactement au meme niveau que le lieu oil commence la pluie dans les plus fortes chaleurs, ou, en d'autres termes, que les neiges perpetuelles commencent a une surface de niveau au-des- sus de laquelle il ne pleut jamais, eievee dans nos Alpes, de 3 400 metres au-dessus de la mer. (1) Comptes rendus, tome xxxiii. ;^ HYGIENE DES COLLEGES. I. BAPPUKT A M. l.t: MINlSTtlL 1)£ l.'lNSTUCTION' rUBLlQUE SUR LE RFOIME ALlMENTAini; DES LYCKES RE PARIS ; PAR UNE COMMISSION COMPOSEE DE MM. ALIBERT, OILETTE, JLEVRAUD ET UERAUD, RAPPOIJTEUR. Monsieur le Minislre, Vous u'avez iipg'ige aucun des moyens par lesquels rediication peut modilier, aineliorcr la nature de I'homrne. L'aliinenlatiou tientune place imporiante panni ccs modificateui s. Si, chez I'adulie, les effets d'une aiinienlaliou insuffisanle peuvent etre tern pora ires, conime leur cause, il n'en est plus de memechcz les enfauts ; coux-ci conserveroiU to ite leur Tie les traces d'un developppincnl imparfait. C'est que, dans les pre- mieres aunees, I'alimeut ne doit pas si rvir seuleinunt a I'entrelien, inais encore a raccroissenieiit du coips. L'aliinentaliou insuffisanle est d'au- tant plus dangereuse. que d'ordinaire ses effets sonl meconnus; ce n'est pas precisement un elat tnaiadif qu'elle occasionne, niais le corps n'ar- rive pas aux proportions qu'une meiileure l)yij;ene lui eiit perniis d'at- teindrc, rintelligeiice sera sei vie desorniais pai- des orgaues debiles et peu capal)lis lie lui preier leur concours. i La coinmission s'est efforcee de rt'pondre aux vues de M. le Ministre. Je fs'iai eotmaiire successivenient les resullats de iios enqueles sur la viaiide, l<; bouillon, le pain,le vin ct les aliments aiaigres servis aux ele\es des lycees. On ne pourrait remplacer la viande, dans le regime alimentaire de rhoinme, que par I'einploi d'une enornie quaiitite de substances vege- tales et par I'usage excessif, et dds lors nuisible, des oeufs, du laitage et de ses preparations. II eiait done important de recherclier si la viande entrait en proportion convenable dans les repas des eleves des lycees. Apres avoir tenu compte de I'aspect, de I'odeur et de la saveur de I'ali- ment, loutes cLoses qui ne sontpas sans influence sur la maniere dont il est acceple. par IVstomac, nous avons fait niettre dans la balance dix morceaux de viande destines a une table de dix eleves du petit college, Pious eu avoas pris exacleuient le poids. Nous avons repele I'operation pour le grand et le moyen college. Nous avons aussi fait mettre dans la balance quulques parts destinees aux niaftres. Voici les resullals que nous avons obtenus : pour dix eleves du petit college, la nioyenne de viande servie au diner a ele de 33o grammes, ce qui leduit a 33 grammes la part atiribuee a cliaque eleve, dans cette section. Le chiffre pour les dix eleves, s'est eleve 'luelquefois a 35o grammes, ce que nous avons ob- serve deux fois au lycee Louis-le-Grand. Dans d'aulres cas, il est des- cendu a 3oo grammes, ce que nous avons cousiate deux fois au lycee Na- poleon. La quantite de viande disiribuee au repas du soir n'est ni plus ni moins considerable que celle qui a eie servie au diner j soient done id gramm es ou a onces de viande environ pour la jouruee d'uu eleve du COSMOS. 725 petit college A cela il est ajoule, pour le diner, un plat de legumes, et, pour lesouper, une part de confitures ou de marmelades, ou de fiomage ou de salade. Venons aux eleves du grand college. Le poids des dix parts prcparees pour une table a oscille enlre 5 et 600 grammes. Le maximum a ete ob- serve encore au lycee Louis-le-Gr.ind, et ie minimum au lycee Napoleon. Prenons le chiffie de 55o grammes, ce qui donnera 53 grammes de viande pour le diuer d'un eleve de grand college, ou 110 grammes par jour, en tenant compte du souper. Enfin; dix eleves du moyen college recoivent environ 45o grammes de viande pour un repas, ce qui donne 45 grammes par lete et go grammes pour la journee. II se preseutfi ici une question importante et que nous devons essayer de resoudre. La viande enlre-t-elle en quanlite suffisante dans le regime des eleves des lycees, lorsqu'elle s'y trouve a la dose de 66 grammes par jour pnur les eleves de neuf a donze ans, a la dose de 90 grammes pour les eleves de douze a quinze ans et de 1 10 grammes pour les eleves de quinze a dix-sept uu dix-huit ans. Sur la quanlite et la nature des aliments necessaires pour entretenir le jeu regulier des fonclions, la science moderne a forinule ses vues j I'em- pirisme avait depuis longlemps mis les siennes en pratique, et, chose qui vaut la peine qu'on la signale, la pratique et les idees speculatives ne sont pas irop en desaccord. La science nous apprend que pendant cet ensemble d'actes que nous nommons vie, pendant que I'animal respire, pendant qu'il se nourrit, qu'il entretient sa temperature, qu'il se meut, et qu'il sent, il y a de la matiere organique deU'uite. La science recueille, elle analyse, elle pese les produits de cetle decomposition du coi-ps, que le poumon et d'autres agents d'excretions eliminent a chaqq^e instant ; et, elle deduit enfin, de cet examen, quelles doivent elre la nature et la quatitite des aliments destines a reparer ces pertes. Or, ce que la science conseille, I'iiistinct de I'homme le demande, et la pratique I'avait depuis longlemps realise, oil dans la fixation de la ration d'enlrelien du soldat fraiicais, comme I'a fait observer quelque partM. Dumas, soil dans le regime alimentaire de certains etablissements, parmi les-^uels celui d'Alfort merite d'eire cite avec eloge. A la verite il s'agit d'adulles, et dans les calculs des phy- siologistes et dans les exemples que j'ai choisis ; mais les differences que je vais signaler entre le regime alimentaire d'Alfort et celui des lycees paraftront peut-elre a M. le Minisire hors de proportion avec la diffe- rence d'age des eleves de ces etablissemrnts. Voici d'apresles documents exacts que j'ai puises pres du directeur de I'ecole, le regime des eleves d'Alfort. II est affecte a cliacun d'eux, pour les jours gras : Au dejeuner 1878'" 5o Au diuer 3ra St. 726 COSMOS. en tout 5oo grammes de viaiide de )>oucherie, fraiche et non desossec. Cctte viande a perdu apres renlevement des OS i25 grammes; apres la cuisson, 125 grammes encore; restent aSo grammes de viande cuite et desossce. Un potage, un plat de legume et uiic salade completenl le di- ner, qui se Irouve compose, comme on le voit, de trois plats au lieu de deux qui sont servis dans les lycees. L'ecole depense, dans les annees ordinaires, 90 centimes par jour et par eleve, pour le mainlien de ce regime, qui a la plus heureuse influence sur la sante el la vigueur des eleves. Revenons a la comparaison de la quanlile de viande accordee aux Aleves des lycees et a ceux d'Alfort. Les eleves du petit college recoivent 66 grammes par jour, ceux du moyen college go grammes, ceux du grand college no grammes, ceux d'Alfort 25o grammes. Ainsi il est sorvi a ces derniers pres de quatre fois autant de viande qu'aux eleves du petit col-? lege, pres de trois fois autant qu'aux eleves du grand college! Les eleves de I'Ecole normale recoivent, pour un jour, de a'zo a 2 3o gr. de viande cuite. Enlin, les enfants traites dans I'un de nos hopitaux obtiennent, des qu'ilssont entres en pleine convalescence, une part de viande cuite pe- sant i4o grammes. Ces faits ne nous portent-ils pas a craindre qu'il n'y ait une legere in- suffisance dans cette partie si imporlante de I'alimentation des eleves des lycees? Je ne voudrais pas abuser des arguments scienlifiques dans I'examen d'une question qu'une mere de famille resoudrait mieuxpeut- fetre qu'un professeur de physiologic, mais il est une consideration qui me frappe et que je ne puis passer sous silence. Parmi ces produits, que I'economie elimine incessamment, il en est un, Vuree, qui indique plus particulierement la proportion de matiere azolee delruite par le mouvement de la vie, et qui doit etre renouvelee sous peine de deperissement du corps. Des experiences rigoureuses out demontre que si, dans une periode de douze jours, un homme de vingt ans elimine 334 grammes d'?/re'c, un enfant de huit ans, bien portant et bien nourri, en eliminera 770grammes environ dans le meme espace de temps. La proportion est comme i est a a, et il s'agit d'enfants ages de huit ans seulement, compares a des hom- ines de vingt ans. L'induction nous enseigne qu'il ne serait pas sans ia- conveuient de s'eloigner par trop de cette proportion dans la repartition de la viande aux eleves des lycees, puisque la viande contient la plus grande partie de I'azote des aliments qui leur sont offerts. II ne faut pas perdre de vue que la nourriture des enfants n'est pas employee seule- ment a I'entretien, mais encore a I'accroissemeul du corps. Nous avons I'honneur de proposer a M, le Ministre d'adopter pour la distribution de la viande les chifl'ies suivants : Pour le grand college, grammes 65 par tete et par repas; Pour le moyen college, 55 grammes ; COSMOS. 72) Pour ie petit college, 45 grammes. La qualile de la viande introduite dans les lycees n'a doniie lieu a aucune remarque critique. EUe est livree aux Uois lycees auprix de 112 fraucs les 100 kiiogranunes, par suile d'une adjudicalion consenlie par le conseil academique. L'appret des viandes scrvies dans les lycees a particulierement attire raltention de la commission. L'examen dt s menus nous a fait voir que le boeufbouilli figurait jusqu'a cinq fois, sur un bon nomhre de feuiiles dans les diners d'une seule seinaine. Uu meme aliment, fut-il des plus savoureux et des plus reparateurs, entrant cinq fois sur sept dans la composilion du diner, finirait par elre recu avec repugnance, II n'est pas vraisemljlable que le bouilli jouisse de quelque privilege a cet e^ard. Get aliment n'est pas en tres-grande faveur pres des enfants en General et des lyceens en particulier, et nous somines forces de convcnir que 33 a 35 grammes d'une viande peu sapide, epuisre en partie par la decoctioa dans I'eau, accompagnes de poinmes de terre a la sauce, reconfortent mc' diocremeiit les enfanis de neuf a douze ans. Mais, dira-t-on, le boeuf bouilli a pour compensation la soupe grasse, a la preparation de laquelle le boeuf a ete employe. Nous allons bienlot nous expliquer sur la valeur de cetle compansalion, que nous tenons pour insuffisante. La coinmis' sion pense qu'il conviendrait de substituer, une ou deux fois par semaiue, a la soupe grasse et au bouilli un diner compose d'un potage maicre (ily en a de reparateurs : tels sont les potages a la puree, au riz, etc., etc.) et de viande rotie ou grillee. Cela ser.iil certainement recu avec plus de plai. sir et plus profitablement digere par les eleves. Le pot-au-feu resterait de fondatiou les dimaiiches, jeudis et mardis, puisque ces jours-la il est ajoule un second plat de viande au bouilli. La soupe grasse et le bouilli pourraient etre admis une quatrieme fois, mais jamais une cinquieme, dans le couranl d'une seule semaine. J'ai dit que nous donnerions notre avis sur les bouillons des Ivcees. La saveur dece bouillon n'esl pas desagreable, )nais il est tres-faiblc. 11 n'a point cette odeur rcjouissante du bouillon do menage; et a peine voil-on asa surface quelques-unes de ces buUes arrondies]qui indiquent la presence de la maliere grasse. Nous savons que les gourmets fontenlever I'exces de cetle maliere grasse sur ces consommes genereux pour la pre- paration desquels on u'a epargne ni la viande ni le temps; mais nous Savons aussi qu'il peut y avoir des inconvenients a diminuer par Hop la proportion de ce principe dans I'alimentation. II y a de la matiere grasse preseiile partout oiiil s'accoinplit chez les animaux quelque phe- nomeiie organique. La nature la prodipue dans le iait, ce premier ali- ment des mamrniferes; dans I'cjcuf, aux depens duquel I'oiseau se deve- loppe. De tous les aliments que la respiration consume pour produire de la chaleur, les inalieres grasses sont les plus utiles, Une deruiere consideration se rattache a I'apprel des viandes, el elle uous parait tres-imporlante. Sans rien perdre de sa gravile, la science 728 COSMOS. peut forimilei- qunlqucs regies sur la proparalion du loti. Ce n'est pas du roll, qui est seivi sous ce iiom dans les icfectoires des Ijcees. Dans le ve- ritable roli, le loli cuita la bioclie et a I'air libre, Taction du feu a saisi la surface de la viande ; elle y a coagule Talbuinine et quelques sues, de maniere a y faiie natlre uiie sorle de croiile pen permeable aux liquides. C'esI sous celle couche que cuisent, sans y etre decomposes, les sues et les fibres de la chair. Ur.e telle preparation est iucomparablement plus sapide, plus dijjestible, plus toiiique que ces pretendus rotis cuits dans un milieu pleiu de vapeur d'eau. Gette notion est devenuo vulgaire , el I'ou salt que, pour attirer les clients , certains traitcurs des faubourgs n'ont rien imagine de mieux que d'iiiscrire au-dessus de leur porte : « Ici on rotit a la broche. » Mais cette notion vient de recevoir une ap- plication plus serieuse et plus philantliropique. Dans cet hopital des enfants oii les scrofules prenaient tant de victimes, on est parvenu a borner les ravages du fleau par I'usage de la gymnaslique et des broches, J'ai eu To :casion de plaider I'annee derniere la cause de la gymuastique devant le cotiseil superieur de i'lnslruction piiblique. Je vicns aujour- d'hui, au nom de la commission du regime aliiHenlaire des lycers, pro- poser a M. le Ministre de substituer, si la ihose est possible, la cuisson a la broche au procede culinaire usite aujourd'hui pour la preparation des rolls. Le pain des lycees est de bonne qualite. II est domie a discretion aux eleves an diuer et au souper. ^.c . La bolsson nommee abondance a pu etre I'objet de quelques observa- tions critiques , lorsqu'elle etait pi eparee avec les qualre cinqulemes d'eau el un clnquieme Je vin. Aujourd'hui, I'eau n'y eiilre plus que pour les liois quarts. 11 est accoi de trois litres de cette abondance aux eleves du grand college fpour une table de dix converts) ; les eleves du moyen el du petit college n'en rccoivent que deux litres pour dix. Celle boisjson nous a paru ires-convenable. Le vin, comme la viande, est livre aux ly- cees a un prix determine par adjudication cousculie par le conseil acade- mique. 11 n'y a rlen a reprocher acelul qui sen en ce moment a la prepa- ration de Tabondance. II serail tres-utlle qu'a I'exemple de I'adininis- lion de Tassistance publique, radminislraiiou universiiaire preposat quelques person nes a la verification des qualites du vin au moment oil il est livre a I'economat des lycees. Le palais d'un deguslaleur cxerce se- rail, en cette occasion, le meilleur des reaclifs. La commission a assiste a la dlslnbulion de plusieurs diners maigres. Elle a pu s'assurer que le polsson servi aux eleves, achele le matin ineme a ia criee, etail f arfailemenl frais. Nous n'avons pas essaye de lalre usage de la balance pour juger de la quautile servie a chaque eleve. Les parts nous ont semble parlois un peu faibles, plus souvent suflisauU s j mais le souper maigre est irivaiiablement dctisiable. La piece dc rchislance de ce vepas est constiluee lautol par un macaroni, laulot par un plat de liari- COSMOS. 729 cots, tantot par \m plat d'oeufs (uii oeuf et demi par eleve), tantolparun plat de pommcs de terre. A cela, il estajoute, ou des confitures, ou une marmelade, ou du flan, etc. Ce souper, apres un diner maigre, est tres- peu rsparateur. On ne pent se dissimuler que la necessile de servir deux jours de suite des diners et soupers inait^res a trois cents cleves ne soit chose fort embiirrassanle pour I'adniinislration des lycees, qui n'a point de ressources pour varier cetle alimentation. I'endani la derniere epi- demie de fievre typhoide, le proviseur du lycee Napohiou a oblenu de Monseigneur de Paris la permission de donner des aliments gras aux eleves le sanipdi. Cetle inesure prudente a vivoment satisf'ait les parents qui avaient fait entendre quel ques plaintes a Toccasion du regime auquel etaient soumis leurs cnfanls. Sous le rapport de I'hygiene, ce serait cer- tainement une leforme imporlanle que celle qui perniettrait I'usage de la viande le samedi. Mais cette question peut etre envisagee d'un autre point de vue, et il u'appartient pas au medecin de s'y placer pour la resoudre. Enfin, monsieur le Ministre, la commission eiil desire que, dans I'in- lervalle qui separe le moment du lever de celui du diner, les eleves pussent recevoir quelque chose de plussubstanliel qu'uu simple morceau de pain. INlais, su;- ce point, nous u'avons pu parvenir a aucune solution satisfaisante. II. ARRETE DE M. LE MINISTRE. Le ministre au departement de I'instruclion publique et des cultes, Vu le rapport de la comtnission speciale chargee d'apprecier le regime alimentaire des trois lycees a peiisionnat de Paris; Vu les observations presentees par les inspecteurs generaux de I'en- seigueinent secondaire k la suite de leur deiuiere inspection dans les lycees des departements ; Considerant qu'un travail intellectuel jourualier peut devenir chez les enfants la cause d'un etat de langueur ou d'epuisement, si le corps n'est soulenu par une alimentation suflisamment reparatrice ; Considerant que, si d'imporlantes amelioraiions on' dr'ja ete intro- duites dans le regime alimentaire des lycees, il est perniis d'en esperer de nouvelles par la generalisation de certaines pratiques dont I'utilite a ete reconnue; Considerant que les prescriptions reglemenlaires si'raient inefficaces si un controle serieux n'assurait pas aux eleves des lycees les avantages que I'aulorite superieure enlend leur accorder ; Arreie : Art. 1*^'. Le poids de la viande cuite, desossee et parec, delivrec acha- que eleve, est regie ainsi qu'il suit: Pour les grands, 70 grammes par tele et par repas ; Pour les inoyens, 60 grammes; 730 COSMOS. Pour les petils, 5o grammes. Lorsque le repas se composera de deux plats de viande, les deux pails devroiit peser uii liers en sus du poins ci-dcssus fixe. Les parts dcs maitres nounis dans I'etablissement spiont de loo s^rani- nies par tele et par repas. Qiiclques miuutes uvant I'heure dcs repas, taiitot le matin, taiilot le soir, el sans que ces verificntions aieiit jamais lieu a jour fixe, IVconome le proviseur ou sou delegue feront mettre eij leur presence, dans une ba- lance ie contenu d'un plat destine a la table dps grands, de nioyens ou de petils eleves : ils diviseiont le poids obtenu par lo, 8 ou (i, suivant le nombre d'elevf s admis a la table, et s'assuieront ainsi que ceite movenne est egale au poids regiementaire. Les memes verifications seronl failes frequemment par le rccteur ou par un meinbre delegue du conseil academique. Le vin, suivant sa force, entre pour un quart ou pour un tiers dans la composition de la boisson donnee aux eleves. Art. 2. Au commencement de chaque semaine, le menus des repas pre- sente par Teconome, approuve par le medecin, est arrete par le provi- seur, qui se conforniera aux regies suivantes : Le repas da matin se composera, non pas seulement pour les plus jeunes enfauts, mais pour tous les eleves indistinctement, en biver d'une soupe ou d'un potagp, et en ete d'une lasse de lait ou de quelques fruits avec une ration de pain convenable. Le bocuf bouilli ne figurera dans le menu du diner que trois fois par semaine au plus, et, ces jours-la, les eleves auront un second plat de viande. Lorsque le menu du diner ne so composera que d'un plat de viande, celte viande sera r6tie ou grillee. Les jours gras, un plat de viande sera toujours servi au souper. Les jours niaigres , aux legumes aqueiix, aux confitures et fruits sees, etc., on subslituera, comme second plat, des mets plus subslantiels consistant en poissons, ceufs, farineux, etc. La duree du diner est d'une demi-hnure ; celle du souper de viugt piinutes au moins. Art. 3. Les maitres nourris dans I'etablissement sont servis en meine temps que les eleves et dans les memes salles. Les agents et domestiques prennent Icurs repas apies les eleves, et au- tant que possible dans une salle commune. Tant que les eleves n'ont pas ete servis, lout prelevement a un litre quelconque sur les aliments prepares pour cliaque repas est fonuelje- Qieut interdit. Art. 4. Les rccteurs des academies et les proviseurs des lycees sont charges, cbacun en ce qui le coucerue, de rexccution du present arrelc. Paris, le i*'' septembre i853. COSMOS. 731 III. REGIME ALIMENTAIRE D£S COLLEGES TENUS PAR LES BENliDICTINS. Ces precieux delails sonl exU-iiits d'une lettre ecrile au redacteur en clief de la Pressc, le 5 seplembre iS53, par M. Germain San-ul : « Ex-direcleiir de I'ecole de Pout-Levoy, et ayant direciement succede dans ces foiictions a un beiU'diciin, le venerable doni Chappolin, i'ai trouve en vigueur dans I'utHblissement, et respectueusement transmises, toutes les Iradiclions benedictines ; je me suis bien donnu de garde de rien innover en ce qui avail trail ;'i V economic domesliqiie ; loul cela avail ele regularise a Ponl-Levoy el a Soreze par d'llluslies niailres, les fonda- teurs de ces deux ecoles royales : dom Laly, dom Fougeras el dom Mar- quet. Or, voici coinnieiil i!s avaienl traile la queslion de viande : a Cinq iois par seinaine !a soupe grasse, done du bceuf. « La complabilite etait regularisee par groupe de dix eleves. Cliaque dix eleves avaient droil a 2 kilos de viande pour la soupe. « Apres le bceuf on servail regulierement, tons les jours gras, un se- cond plat de viande, veau ou moulon, avec accessoires de legumes, poninies de lerre, carolUs, oignons, etc., i kilo de viande pour 10 eleves. « En outre, les eleves avaienl le soir un roll deux fois par semaine, I hecto, 5oo grammes, par 10 eleves. Du boeuf en salade une fois, meme quaulite; el les deux autres jours, des viandes a sauce, toujours dans la raeme quantile ; ce plat toujours accompagiie d'une salade ou de fiuils. « Ainsi done, chaque enfant avail droit a 45o grammes de viande par jour, a la verite non desossee. Et coinme cetle quantile etalt plus que suflisanle, ce qui resUil apres Is repas des eleves servail a la doniesticite. « Je ferai remarquer que ies benediclins etaienl tellemenl imbus de la pensee que pour developper I'espril il faul nourrir le corps a discretion (paroles icglementaii es) de substances solides el non de friandises, qu'a aucune epoqiie lis ii'onl souinis leurs eleves aux severites du careme par rapport au gras. Eveques pro domo «^^a, ils donnaient qualre jours de dispenses par sein;iiiie anx ecoliers et aux domesliques. De plus, pen- dant une parlie de {'auiiec. Ion faisait gras le samedi. « Le vin elait aussi donni- aux enfanls en assez grande quantile : 66 centilitres de vin coupe's de 34 cent, d'eau, par qualre eleves, a chaque repas. « Le pain a constaiiinipnl ele a discretion. J'ai calcule que la nioyenne ^lail de Soo grammes jiar tele d'eieve el pur jour. Gelte quantile donnait lieu a une forte distribution de soupe aux pauvies. L'on veillail beau- coup a ce que les rogulons ne fussenl point salis. « Les jours oil le maigre elait de rigueur, les eleves avaienl de forts plats de riz, de haricots, de feves ou de pois, et toujours deux oeufs a diner et deux au lepas du ^oir. Au total, dans une maison bien lenue, je dirais presque loyalement Unue, ou i'on n'cconomise passurl'esto- 732 COSMOS. mac des uleves, les jours maigres sont plus clispendieux que les jours gras. » Le regime des colleges des jesuites et des auties instilutious ecclesias- tiques est presque identique a peu pres an regime suivi par les benedic— tins. Si nous osions , dans une matiere aussi delicate, exprimer une opinion , nous dirions , i° que les chiffres proposes par la commission sont evidcmment trop has ; nous ne comprenOMS meme pas qu'elle s'y soil arrelee, surlout apres I'etude sei leusc; qu'elle a faile du regime d'Al— fort; 5." que les quanlites de viande regli'-es par I'arrele ministi'ricl sont aussi insuflisantes ; 70 grammes de viande, c'est a peu pres le volume d'uri gros oeuf de poule, cc qu'il faut pour remplir la capacile d'unc bouche un peu grande; or, un raorceau de viande dont les grands elevcs pourraient ne fnire qu'une bouciiee, est-ce verilablement assez pour un repas? 3° que la regie la plus simple et la plus sure qu'on puisse adopter, c'est de prendre pour la quantite de viande necessaire a un di- ner de college, sans distinction de petits et de grands, autant de quarts de viande ou autant de fois aSo grammes de viande crue non desossee, mais sans rejouissance, qu'il y a d'eleves ; sL ces aSo grammes doivent etre partages en bouilli et en roti , ou prendrait iJo grammes de boeuf et 100 grammes de veau ou de moulon; pour le repas da soir on prendrait 200 grammes seulement de viande par eleve. . .fc.^^;;-^>:e.lJ,^ , FIN DU CINQUIEME VOLUME. A. TRAMRLAY, proprietaire-gerant. PAras. — mrHiMERiE de w. ri'mquet et c"., r'jf. garancieke, b. ■^Wt^^ ^ ■ >■ •^ .^> Vw ^,S^i ■^MlVtM .J^» ST* >*f<-