N«# *** c >~=>& \ V* I COSMOS KEVTJE ENCYCLOPEDIQUE HEBDOMADA1RE DES PROGRES DES SCIENCES. Ce volume est la propriete exclusive de M. Tramblay. Tous les exemplaires non reveius de sa signature seront reputes contrefaits et poursuivis comme tels. ^> •©«- PARIS IMPRIMERIE DE W. REMQUET ET C'e, RUE GARANCIERE N. 5. COSMOS RJEVUE ENCYCLOPEDIQIE HEBDOMADAIRE DCI PROGRES DES SCIENCES \ETDE LEURS APPLICATIONS AUX ARTS ET A LTNDUSTRIE. Fontlee par HI. B.-R. DE 1IOIFORT. Redigee par M. Fabbe HlOlCiHO. TOME SIXIEME. PARIS DIRECTEUR, 18. RLE DE LANCIENIVE-COMEDIE. - Us droit! do traduction «ont riser ■«. _ iv^-v TABLE ALPHABETIQUE PAR MOMS D'AUTEURS. -=s-fre©»S-e=- .Abbadie (Antoiue d' ), p. 101. — Ane d'Arabie, chevies Zubaydah, moutons du Kullo, p. i23. Abd-el-K»i>er. Chewes d'Angora, p. 204. Abria. Magnelisme de rotation, p. 357, 373. Agassiz. Poissons fossiles, p. 41- — Embryologie fossile, p. 332. Airy. Cercle des passages, p. 172. — Saturne, p. i5o. — Experiences sur le pendule, p. 394. — Rapport, p. 564. Ai.lier. Commissiou, p. 12. Alvaro-Reynoso. Empoisounements par le curare, p. 77. — Contre-poisonsdu curare, p. 411, 58o. — Brome, remede contre la rage, p. 722. Andrai., p. 79, 640. Andraud. Tremblenients de terre et debordemenis de rivieres, p. 78. — Ex- plosions des chaudieres, p. 528. Angstrom. L'ether ne resistc pas an mouvement des astres , p. 260. Arago, p. 3g5. — Monument, p. 199. Aran. Atropine musculaire, p. 40. Archiac (d). (Joquilles fora mini Teres, p. 78. Ardoin. Execution du palais de l'industrie, p. 620. Argei.ander. Etoile S de l'ecrevisse, p. i52. — Nouvelle eloile variable, p. 539. Arnheiter. Piuce a plumber les arbres, p. 2ji. Aknott, p. 172. Auzoux. Cours d'anatomie clastique, p. 56. Avenier de Lagree. Emploi de la chaleur, p. 271. P.abbage. l'hares individualises, p. 3 12. — Machine a calcnler, p. 365, 421. Babinet. Influence des diaphragmes snr la uettele des images, p. 112. — Mou- vement de l'ether, p. i55. — Bolanique , p. 555. — Poulet moustre, p. 5 76. — Co-mogonip, p. 661. Vl COSMOS. IUck-hoffner. Leo >n d'astronomie, p. 3n. Baden Powell. TheVie des experiences gyroscopiques de M. Foucault , p. 456. Barlow (John). Conservation des aliments, p. 371. Bamtom, Elephant allele, (>. 534. Barral. Journal d'agricullure, p. 5i. — • Meieorologie de no\euibre, p. 54. Rapport sur les guanos artificiels, p. 182. Barrault. [ugenieur du palais de I'industrie, p. 621. Barth, p. 2 i" . Barthelemy. Caoutchouc vulcanise, p. 48 i- Baruffi. Rombyx cynthia, p. ao3. Bacdement. Perfection dans l'espece bovine, p. 53. Baudens. Fractures de la jambe, p. 7a. — Commission d'Algerie, p. 2.o3. — Traitemeut des meiubrcs geles, p. 5c>2, 5 v> 3 . — Candidal, p. 639. Bayard. Fixage des epreuves positives, p. 710. Baylr-Mouillard. Moyen de changer les papiers sensibles en plein soleil, p. 5 1 5. Bazik (Annand). Rendement en alcool des topinambours, p. 54. — Mort, p. 85. Beaofumee. Chauffage sans fumec, p. 5g. Beaumont. Machine thermogeue, p. Sgo. Beauregard (le comtede). Vers a soie de la Chine, p. 637. Beadvalon. Albu.niue sensibilisee, p. 63. Beacvoys. Aneslhesie des abeilles, p. 53/j. Bechamp. Transformation du Sucre cristallisable, p. 248. — Chiinie, p. 470. Beche (Henry de la). Mort, p. 44i. Becquerel, p. 4 '6. — Pouvoir mugnetique de l'oxygene, p. 43g, 47°- Becquerel (Edmopd). Fluorescence, p. 98. — Pouvoir uiagnetique de l'oxygene, p ^39i — Effeis e'ectriques produits au contact des solides et des liquides eninouvemenl, p. 724. Beer. Mouvemeut de I'eiher, p. i55. Bellart. Race bovine charolaise, p. 180. Belloc. Photogi-apnie, p. 2C4. — Fixagedes epreuves positives, p. 711. Bellolmeai*. Maladiede la vighe, p. 5o. Berigny. Observations, metcorolugiques, p. 352. Bernard Appareil fumivore, p. 106. Bernard (Claude). Nouvelle fonclion du foie, p. i3o, i35, 297, 353. — Secretion du sucre dans le foie, p. 36o. — Reponse a M. Figuier, p. 3Sy, 53r, 63i), C96, 724. Bertrand de Lom. (iemmes et ossements fossiles, p. 481. Berthei.ot. Prix des sciences physiques, p. $t, — Recompense, p. 38. — Alcool reproduit a,u nioyea de I'liydrogene bi-carbouc, p. 7 ',, 126. Bertuier, Race bovine Charolaise, p. 180. RiDDfcu. Sue paucrealique, p. 4o3. Bienayme. Commission, p. 82. Billiard. Cholera, p. 22. Bineau. Ozonomelrie, p. 358. Bimet. Vice-president, p. i. Rior. Kclra< lions asirorioiniques, p. 72, 107, 128, toS, 269,329. — Pro- priel a rolaluires de quelques cristaux , p. 4i5, 443. — Suiel propose pour le prix Roidin, p. 460, 5o3. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. vn Bischop. Astronomie, p. 523. Bisson. Phuiographie, p. 264. — Photographies de graude dimension, p. 723. Bixio. Journal d'agricullure, p. 5t. Blanc. Animauxues a San Donalo, p. 208. Blanchard. Organisation des vers, p. 40. Blancquard-Everard. Tirageen lout temps de positifs solides, p. 633. Blet. Kouissage, p. 82, 102. Blondead, p. 4!7« Boek. Recompense, p. 38. Bonaparte ( le prince Charles ). Coup d'ceil stir les pigeons, p. 78. — Classi- fication des pigeons, p. 129. — Recherehes sur I'ordredes Herons, p. 090. — Fiilur directeur du museum d'histoire naturelle, p. 507. Bonelli. Telcgraphes des chemins de fer, p. 198,534, 645. — Reponse, p. 673. Boniface. Phthisie pulmonaire, p. 298. Bonjean. Seigle ergote, p. 417. Bonnet. Membre correspondent de l'Academie, p. 469. Botto. Telegraphe a un seul fil, p. 645. Eocchardat, p. 80. Boudet. Analyse des eaux potables, p. 35S, 465. Boudeulle. Joints metulliqne-, p. 47. BouNissbAu. Recherches sur les sangsues, p. 58i. Bouquet. Integrations d'equations diiferentielles, p. 77, 297, 378. Bour. Probleme des trois corps, p. 528. Bourdai.oue. Nivellement general du departement du Cher, p. 199. Bourguignon. Gale du monton, p. 4i. Boussing^lt. Culture de L'jgitante, p. 72.— Commission, p. 82. — Topi- nambouis, p. 282, 357. — Kapport verbal, p. 38g, 470, 496. — Bains et douches d'acide carbonique, p. 494. Boutigny. Formation de la hooi'ie, p. 272. Boutron. Analyse des eaux potables, p. 358, 4G5. Bouvier. Cbirurgie, p. 469. Braconnot. Mort, p. 86. Brainard. Contrepoisons du curare, p. 411. Bravais. Froid exeessif a Muiitpellier, p. 157. — Mouvemeut reel des eloiles Mantes, p. 188. — Marees de la mer du Nord , p. 194. - — Nouveau pola- riseope, double refraction, p. 220. — Appreciations du paraliclisme des deux droites, p. 33o, 7x7. Breguet. Appareil de telcgraphie, p. 182. Bresse. Flexion et resistance des pieces courbes, p. 23. Bresson. Ble dccortique, p. 567. Breton I'reies. Experiences faites devaut Pie IX. Medaille d'or donnee par !e sain'. Pere, p. 174. Breton de Champ. Impossibilite des portraits daguerriens, p. i5. — Influence des diaphragmes sur la netleie des images, p. 112. Brewster, p. 1 72. Briot. Integration d'equations differentielle, p. 77, 297. Briquet. Recompense, p. 37. Broca. Rachitisme, p. 41. Brodie, p. 173. Brongniart. Rnpport verbal, p. 38g, 470, 523, 669. nu COSMOS. Bkorsen. Comete, p. i53. Baossard-Vidal. Ebullioscope, p. 142. Brouard (Ad. lphe). Pain d'avoine, p. 289. Bruhss. Elements de leucolhee, p. 58 1. Brun-Roi.let. Nilblanc, p. 28. Bryas. Tuyaux de drainage, p. 638. Bussen. Calcium, p. 216. — Lithium el Strontium, p. 3go. Buionniere (de la). Fourneaux lumivores, p. 106. Caille-Bordebx. Meat-biscuit, p. 497- Caillkt. Pouvoir refringent del'air, p. 98. ■mllamand. Biscuit a la \iande, p. 196, 3oo, 496. Callan. Nouvelle pile, p. 407. Cai.lat. Rapport, p. 44. »;,\mbacfres. Preparation des corps gras, p. 611. CAurAKi. Aniirau de Saturne, p. 149. Cahdone. Nonvel infusoire, p. 53i. CaRLINI, p. 252. Carlos Moesta. Dilatation degrandes masses porphyriques, p. 262. Caron. Pbotographie sur collodion sec, p. 146. Carfentier. Fer galvanise, p. 117. Carrington. Astronomie, p. 554. Cartier. Commission, p. 120. Casalis. Commission , p. 007. Casaseca, p. 1 35. Cassini. Forme des planetes, p. 70. Castano. "Virus syphilitique, p. 274. Calchy. Integration des equations differentielles , p. 1 34. — Rccherches ma- thematiques, p. 270. — Rapport, 297, 329, 371, 417, 460. — Racines des equation^, p. 5oo, 720,7^2. CAvnLi.ON(de). Epuration du gazde l'eclairage, p. 184. Chacornac. Taclies du soleil, p. 20. — Atmosphere du solei!, p. 69. — Etoiles Jisparues, p. 3gr, 3g6. — Etoiles observers et disparues , p. 652. — Nouvelle planete, 411. Chalhs. Astronomie, p. 553. OmriwAN. Pourquoi la mer est-elle salee? p. 3 16. CHiRRiERE. Bi he-pierre, p. 471. Ohasle. Cranes deformes, p. 247,390. — Problemes geometiiques, p. 4ifi, 577. Gbatih. Botanique, p. 528. — Naissance et avortement des ctamines. Cysties, p. 694. Gazelles (Leon de) . Bles d Auvergne et bles d'Alger. Reclamation, p. 643. J i"iiAOFFoun. Nouveau coussinel on palier graisseur, p. 202. . iiaumiere. Fumi-combusteiir Siccardo, p. 201. i>,enot. Sponges metalliques, p. 227. — Fulniinaiion metallique, p. 470. Chevalier, p. 142. Cbevalier (Charles). Endoscope, p. 186. Chevallier. Travaux en hygiene, p. 4t. — Phosphore pur et phosphoi'C amorphe, p. 227. — Subsiances alimeniaires , p. 3oo. — Fraud e dans le commerce des soies, p. 5 10. CatvALLiER-ArrERT. Conserves de viandes , p. 22(1. — Le nol'ige du soldal, P- 37.. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. Ix Chevet. Moutons graisses, p. 208. Chevreul. Cercle chromatique, p. 129, 270. — Gravure heliographiqne. p. 298. Chevreux. Commission, p. 120. Choter. Destruction des charencons, p, 474. Clark. Eclipse dii soleil, p. 67. Claudet. Stereoscope, p. 703. Clausen. Valeur de iz, p. 335. Clausics. Theorie mecanique de la rhaleur, p. 23g. Clement. Chassis po\ir la photograpliie, p. 709. Clerget, p. 62, 141. Cloquet (Jules). Concretions intestinales, p. i3o._ Rupture des calculs de h vessie.p. 248. — Chirurgie, p. 469. — Candidal , p. 639. — Elu membre de l'Academie, p. C67, 722. Clos. Monographie des flacourtianees , p. ao. Clozard. Epreuves suralbumine, p. 6j. Cok, p. 170. Colins, p. 62. Colla. Reclamation, p. 164. — Lettre au sujel de la comete de M. Dien, p. 252. CoLLARDEAU, p. 1^2. Collet. Caoutchouc, p. 483. Collin. Appareils d'horlngerie, p. 117. Collomb, p. 416. Colombe. Iialayeur mecanique, p. 723. Combes, p. 23, 62. — Bapport sur les lelegraphes electriques, p. 181, 469. — Belier-pompe, p. 699. Constant-Prevost. Oiseau fossile gigantesque, p. 298, 3i8, 33o. — Remar- quessur la paleontologie , 35a. — Considerations sur les fossiles, p. 363, 388, 416. — Signification du mot soulevement, p. 584. Contarini. ficlairage des phares, p. 417. Coouerel. Bombyx de Madagascar, p. 206. Cora-Millet (MUe). Culture des beiteraves, p. 229. Cordier. Mentions honorables, p. 170. Cornalia (Emile). Cocons du bombyx du ricin, p. 571. Coste, p. 79. — Voyage d'exploration , p. 1 65. — Eolosion artificielle. p. 87, — Oiigine des monstres doubles, p. 439, 469, 492. Crepin, p. 47. Crookes (William). Photographie, p. 295. Crosse. Constitution d'un nuage orageux, p. 384. Crdveilhier, p. 79. Daclin. Retraile, p. 187. Damocr. Analyse de l'euclase, p. 475. Dampierre ^E. de). Betes bovines a deux fins, p. 52. Danielssen. Recompense, p. 38. Dareste (Camille). ^convolutions cerebrate, p. 358. — Coloration des eaux de la mer, p. 24. Dase. Valeur de ir, p. 335. DAUMAs.Chameau d'Afrique, p. 120. — Cheval de guerre, p; C16. Daussy. Travaux scientifiques, p. 404. — Elu membre de l'Academie, p. 411. x COSMOS. Day use. Prix des sciences physiques, p. 3i. — Prix de physiologic experi- mental, p. 3/(. Davanne. A-gent contenu dans les eaux de lavage : photographie, p. 5x5. — Reclificalion, p. 633. David. B'anrhicment du coton au chloroform*, p. lo5. Dawes. MeJaille royale, p. 564. Decaisnes. Rapporl, p. 1. — Culture de I'ignarae, p. 72. Dejean. Kcoulement des liquides, p. 271, 582. Delafond. Gale du mouton, p. 41. Delafosse, p. 129. De La Mothe. Photographie, p. 54o. Delanoue Utilisation des marcs de sonde, p. 356. Delaportk. Anomalies du climal au Caire, p. 58 1. Delaunay. Calcul des perturhations des planetes, p. r88. — Elu membre de l'Academie, p. 297. Dei.b:t. Plantations en Champagne, p. 180. Deleoil. Poiniesde paratonnerres, p. i33, 269. — Pile de Carosio, p. 173. Delezenne. Membre correspondant, p. 636. Dei.mas. Reduction des heruies, p. 578. Demond. Travail agricole dans les ecoles, p. 106. Denamiet.. Prix de slatistique, p. 33. Deneyiuiusse. Lainede merinos Mauchamp, p. 572. Dent. Horloge des chambres du parlement, p. 340. Deplancbe. Animal de la spirule, p. 533. Deroy. Non-absorption des medicaments dans le cholera, p. 63g. Derrien. Guanos artificiels, p. 182. Deschamps. Huilede loie de morue, p. 23, 236. Desci.oizeaux. Cristallisationdu quartz, p. 5o3, 576. DeSCROIZILLES, p. 14 1. Desjardins. Gravure en couleur, p. 143. Desnoyer. Oiseau fossile, p. 219. Desormeacx. Endoscope, p. 186. Despretz, p. 81. — Production arlificielle du diamant, p, 129. — Protestation, p. 270. — Silicium fondu, p. 499. — Fronde hydraulique, p. 609, 668. Detouche. Pendule electrique, p. 173. Deville (Ste-Claire), p. 109. — Laboratoire de l'Ecole normale, p. ig8. Nommc officier de la Legion-d'Honneur, p. 326, 392. — Silicium et titane, p. 498. — Fabrication de ['aluminium, p. 697, 723. Devu.le (Ste-Claire) Charles. Eruption du Vcsuve, p. 669. D'hombres-Firmas. Observations meleorologiques, p. i33. Diamond. Photographie, p. 264. — Emploi du brome dans la photographic. p. 35 1. — Solution double de bromure et d'iodure d'argent, p. 409. Didier. Distillation des betleraves, p. 657. Diek. Comete, p. 89. — Decouverte d'une nebulosite , p. 39o. — Nouvelle coroele, p. 641. Dietz. Piano a queue vertical, p. 48. Dobem.. Nouvel emploi du papier-gelatine, p. 286. Doizy. Anrhesdeclarinetleimpeimeables, p. 49. Drew. Observation de Venus, p. 3q6. Dreyfuss. Appareil pour operer des revulsions p. 273. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. *t Ddboscq (Jules). Kpreuves sur collodion, p. 63— Fluorescence, p. gS _ Pei lection des negatifs sur collodion, p. 177. Du Bbeuil. Forme en cordon-spirale pour les arbres iruitiers, p 23o Dubrunfaut. Reclamation, p. 657. DUCHARTRE, p. 669, Duchenne. Chloroforme et electricite, p. 247. Duchesne-Dcparc. Proprietes de l'arseniate de fer, p. 237. Dcfrenoy. Presentation d'un diamant, p. 1, 503.' Duhamel. xMouveme.it d'une bane rylindrique qui se refroidit, p. ,q 460 DDmas, p. 25, 80, i2S, l34, x75. -Biscuit a la viande, p. 196 35, '_ S.l.cum et ti.ane, p. 498, 577. - Rapport, p. 6t ,. - Proprie.L de 'alu- minium, p. Gi 4. — Rapport, p. 696, 7 18. Dumeril. Paleonlologie, p. 33 r. —Rapport, pi 352. Ddmert. Fourneaux fumivores, p. 469. Dumont. Candidal, p. 196. Duperrey, p. 23. -CanJidat au bureau des longitudes, p ,64 DurosT. Calonfere thermal, p. 486. DurRE. Colons de l'Algeiie, p. 170. Duprez. Membre de l'Academie de Bruxelles p 225 Do;;'°M " ""<"' Z'bre " P°rtUSaI' P- I2'3- - Fos*i!es gigantesques de 1 Amer.que, p. r57. -Ruines romaines en Algerie, p. lq6. Dcrocher. Granit de i'.omarsund, p. 47 lf 587. Duroy. Contre-poison du curare, p. 475. Du Tremblay. Navire a vapeur deau et d'ether, p. 57. Dutkochet. Force osmotique, p. 154. Duvernoy. Commission, p. i2o. Mnrt n ,«< r> . , •■ - , Pike.mi, p. 34 « . ' P" • ~ 0ssemenl* foss.les.de Edward Combescdre. Mecanique spherique, p. i53. Eisenlohr. Action des rayons violets. I extra-violets', p 97 Elias Robert. Entree du palaisde 1'indusirie p 62 r ' ELtTm" fSTV* 3l> i II0- ~ G^ie'de rinde et Jes A1P« «**■ times, p. z88, 2r8, a72, 3oo. — Commission, p. 3™. _- Geolo»ie „ 388 39r, 4,0,443, 495, 5o3, 523, 56o. 9 °' P" i88> Escalupier, p. 79. Escayrac de Lautcre (d*). Ragle d'Afrique, p. 35a Espremenil (le comte d'). Societe d'acclimatation, p I2D Esprot,x. Papier substi.ue au carton dans les metiers Jacquard, p. 486 Eyre Rade*-PoWEI*. Elements du compagnon de la 7o« d'Ophiucus, p ,58 fAIRBAIRN, p. 46. ' ' ' Falcon. Mus.ee de denlelles, p. 104. Faraday. Sur quelques points de la philosophic du magnetisme, p 20q _ rnilosophie du magnetisme, p. 32i. Fatou. Causes des battements du cceur, p. 22. Favre. Courants hydro-electriques, p. '25. Fenton (Voyez Roger-Fenton). ^^S8S£ n: ;:ru dans ,e foie> p- i3o> i35- - *™™ *« Finn (James). Cendres des sacrifices a Jerusalem, p. *„ tirbach, p. 3i. 1 Y- ' 1 1- Firtz SoLMR. Enduits impermeable*, p. in Fissaz. Pate comestible, p. 46. Fjzeaux, p. 2g0. m COSMOS. Flamsteed. Forme de Jupiter, p. j5. Flandin. Candidal, p. 76. — Poisson, p. 41. Florent Prevost. Animauxa acclimater, p. 570. FwnmBWS,p.3i, 75, « 33, 299. - Rapport, p. 4n,4l7;, 44?, 47°- —Can- didal, p. 495« 558> 7»2. Focre. Generation des navicules, p. 109. Fontenau (Felix). Recompense, p. 35. Fobtier. Photographie sur verre albumine, p. 54o. Fowcaclt (Leon), p. 147. — Eclairage au gaz de la houille et de la tou.be, p 226. — Physicien de l'Observatoire, p. 255. — Turbines sans direc- trices de M. Giiard, p. 5ig. — Pouvoir eclairaat du gaz de la tourbe, 593, 647. Fotjillon. Commission, p. 120. Fouiixot. Memoire sur I'ozone, p. 41S. Fould (Achille). Bionzes des fieres Keller, p. 668. Francbot. Lampe a moderate™-, p. 83. — Beliers-pompes, p. 699. Fremy. Preparation du fluor, p. i7o. — Decomposition des fluorures, p. 586. Fresnel, p. 260. Ga( wage. Gluten iodure, p. 638. Gaili.ard (Paul). Acide citrique subslilue a l'acide acetique en photographie. p. 5 i5. Galuski. Traduction des melanges de M. de Humboldt, p. 76. Garmier (de Charires). Gravure heliographique, p. 63, 347. Garnier (de Bordeaux). Divisibilite des uombres periodiques, p. 238. Gasparin (de), p. 470. — Influence de la chaleur sur la vegetation, p. 555, 670. Gassier. Aerage des navires, p. 668. Gassiot. Fluorescence, p. 98, 172, 371. Gaston Plants. Oiseau fossile gigantesque , p. 3i8. Gaddry. Fouilles de Pikermi, p. 496. Gaugain. Action simultanee de deux courants egaux et opposes, p. 191. — Soupape clectrique, p. 332.— Stratification de la lumiere electrique, p. 5oo. Gauss. Moil, p. 268. Gay. Histoire physique et politique du Chili, p. 389. Gay-Lussac, p. 142. Gayot (Eugene). Croisement et melissage, p. 53. Geissler. Vaporimetre, p. 142. Genocchi. QEuvres de Leonardo da Pisa, p. 3go. Geoffray (Slephane). Procede a la ceroleine, p. 176. — Emploi du cy.auure d'iode, p. 382. — Traite de photographie, p. 410. — Traite sur ['emploi des papiers du commerce, p. 5o2. — Photographie sur papier sec, p. 528. — Emploi des papiers non colles en photographie, p. 634. Geoffroy-St-Hij.mre (Isidore). Viande de cheval comme aliment, p. a3a. — ■ OEufs d'Epiornis, p. 270. — Laine des chevres d'Angora, p. 438. Gerdy. Guerison d'une tistule, p. 44 a- — Candidal, p. 63g. Gerhardt, p. 12S. — Composition des mellonures, p. 614, Germain de St-Pierre. Ovules des plantes, p. 666. — Individuals des feuille?, p. 694. Gilbert. Physiologie du derme, p. i33. On.i.t 1. Guindeau a double etTtt, p. 48. Gingemdre. Fabriipae d'agrafes, p. 48. TABLE DES NOUS D'AUTEURS. XIII Giraldes. Injection?, p. 41. Girard. Turbine a air, p. 538. — Turbines sans directrices, p. 519. Girard (Philippe de). Projet de inagasin de grains, p. 137. Gladstone. Fluorescence des sels de fer et de platine , p. 246. Influence des rayons solaires sur la force vilale dcs plantes, p. 214, 3;t. Glaisher. Photographic, p. 705. Godard. Reduction des hernies, p. 578. Gorini (Paul). Formaliuii des montagnes, p. 388. Gok.tscbak.off, p. (i43. Gusselin. Kysles, p. qi. Goubeacx. Injections, p. 41. Gould. (Jonieic, p. i53. Golrlier. Industrie des ardoisieres, p. 44, 62. — Fennetures de siirete, p. Hi. Graeli.s. Aniniaux acclimates en Espagne, p. 572. Graham. Force osmotique, p. i54. — Concentration de I'alcool dans I'expe- rience de Sommering, p. 2i3. — Direcleur de la monnaie, p. 45o. Graillat. Medaille d'argent, p. 170. Grant (Kobtitj. Forme des planetes, p. 70. — Etalon invariable de mesure, p. i5i . Grar. Prix de statistique, p. 33. r.RATioi.ET, Plisdu cerveau, p. 40. — Encephale d'un elephant, p. 5a8. — Candidal, p. (ii3. Graua. Merinos-Mauchamp, p. 208. Gravatt. Machine a calcul, p. 4 So. Greau. Evaluation de la finesse des tissu?, p. io4. — Moil p. 201. Greenouoh. Geologiede I'lnde , p. 188.— Mort, p. 444.' — Quelques mols sur sa vie, p. 449. — Testament, p. 53'j. Gregoire III. Interdiction de la viande de cheval, p. 233. Grima. Mention honorable, p. 170. Grosso. Fonclions tianscendantes, p. 82. Grove, p. 172. — Eleclricite induite, p. 94. — Stratification de la lumiere electrique, p. 5oo. Gcerard. Etalement des spectres gyratoires, p. 454. Guerin. Prix de statistique, p 3 5. Guerin (Jules). Causes des battements du cceur, p. 22. — Section sous-cutanee, p. 109. — Tenotouiie sous-cutanee, p. 352. — Caudidat , p. 639. Guerin Men-neville. Bombyx cynlhia, p. 2o3. — Culture du riciu , p. 207. — Vers a soie du cheue, p. 6i3. — Cetome, reniede contreh rage, p. 722. Guichard. Dessins de tissus, p. 48. Gullon. Chirurgie, p. 557. Guizot. Echanges inleroationaux , p. 162. Gutot (Jules). Keflecteur-Troupeau, p. 488. Haidinger. Candidal, p. x9f5. — Leltre, p. .{70. — Etalement des couleurs de la polarisation rolatoire, p. 454. Haime (Jules). Coralliaires, p. 20. — Coquilles foraminiferes, p. 78. — gloge de Kemy, p. 393. Halpuen. Diamant l'Etoile du sud, p. 1. Hansen. Tahles lunaires, p. 99. Hardy, btvidage des cocons du bombyx cynthia, p. 204. — Cocou du ver a soieduncin, p. 57i — Manuel du cull ivateur du colon, p. 391. xly COSMOS. Hart. Volcau en ignition sur la iune, p. 5o8. Hartnot. Photographic de la h;ne, p. 67, 65 1. Harvey. Nouvelle planle marine, p. 416. Hauer. Cadmocelite, p. 456. Hacsmann. Conservation des ciVales, p. 475- Haossmans (de Gotlingue). Candidat, p. J9r>. — Membrc eotrespondanf, p. 216, 370. Haxo. Lettre, p. 197. Hebert. Geologie, p. 3ao. — Details sur le Gastornls, p. 636. Henke, p. 260. Hennaii. Photographie, p. 264. Hennin (d'). Separation Lle I'iridiuin d'avcc I'or, p. 614. Hermite. Machine electrique, p. 22. Hermite. Integrates culeriennes, p. ?.47- — Fonctions abeliennes, p. 27 \. Hertin. Bains et douches d'acide carb.onique, p. 49% 558. Herschel (John), p. 172, 260, .;5o. HEURTEEour. feetrecissements de I'uretre, p. 248. Heuze (Gustave). Navet dove, p. 179. — Carolte blanche, p. a3o. Hiffelsheim. Batlements du coeur, p. 9. 1. Higley. ModiOcations a la chambre obscure, p. 410. Hind. Anneau de Saturne, p. 149. — Elements des orbites d'Hyperion, de Titan et d'Obcron, p. 25g. Hirn. Experiences sur la vapeur, p. 679. Hodgson. Nouvel oculaire, p. 258. Hoffmann, p. 092. — Alcool de cbiendent, p. t42- Hooke. Forme de la terre, p. 71, i5i. Houzeau. Oxvgene a Peiat naissant, p. 470, 585. Hcart (Henri). Modele de grenier. p. 157. — Grenier ronservateur, p. 293. Hueot. Aluminium employe dans les piles, p. 577. Humbert de Moi.art. Fixage des epreuve's positives, p. 710. Humboldt. Geologie et physique generate, p. 7 5. — Lettre stir la meteorologie, p. 3oo. Humboldt (W.-L.). Fievre jaune prevenue par I'inoculation, p. 5io. Hunt (Robert). Industries minieres de l'Angletene, p. 479. Hdyghens. Forme de la terre, p. yt, l5i. Jacob. Astrononiie, p. 65 1. Jacot. Aiguilles a secondes fix-s, p. 538. .Tacquelain, p. 49. — Alliages pyrometiiques, p. 5ii. Jacquesson. Reflecfeur-diurne, p. 4 SS. Jacquinot. Candidat au bureau des longitudes, p. 2 3. James, p. 172. Jamin. Mise au point des images photngraphiques, p. 267. Jesse-Charlevai. (le marquis de). Culture du ricin, p. 207. Jewelt. Catalogue de bibliotheques, p. 279. Jobard. Membrc du jury de l'exposition, p. 5o5. — Caoutchouc en instrument de musique, p. 56i. — Pompe en caoutchouc, p. 573. — Fronde bydrau- lique en caoutchouc, p. 609. — Felure artiCcielle des verres de lampe, p. 673. — Possibility de changer de vue, p. 692. — Presbytisme et myo- pie, p. 705. Jobert (de Lamballe). Candidat, p. £'.<(). Jobez. Yacks, p. 204. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. XV Johnson. Parallaxe des ctoiles, p. 5j2. Joly. Monslreacephale de l'espece bovine, p. 43g. Jomard. Rapport , p. 480. Joule. Equivalent mecanique de la ehaleur, p. 168. Junod. Salubrite des quartiers occideulaux des villes, p. 272, 482. Jzenga. Alcool extrait du figuier d'lnde, p. 658. Kane, p. 328. Kircher. Auneau do Satuinc, p. 149. Klihrerfues. Comele, p. 641. Klose, p. 49. Koechlin. Culture des belleraves, p. 229. Kollirer. Nouvtl inliisoire, p. 53 1. Kreii., p. 220. Kroeger. Sue pancreatique, p. 4g3. Kuesmans. Influence du cours du sang sur les raouvetnents de 1'iris, p. 724. Kuhlman. Silicatisation des pierres calcaires, p. 720. La Beche (de), p. 172. — Medaille de Wullastoo, p. 3oq. Lacaze-Duthiers. Diivcloppeiuent des liuilres, p. 21. — Generation, des hui- tres, p. 247. Ladvocat. MonMre acephale de l'espece bovine, p. 439. Lafon de Camarsac. Transformation des dessins heliographiques en peintures coloriees, p. 708. Laforest. Joints metalliques, p. 47- La Garde. Catalogues des bibliolheques, p. 276. Laignel, p. 723. Lake. Acide antique et geranique, p. 227. Lame, p. 460. Laming. Epuratiun du gaz de l'eclairage, p. i8j. Landolfi. Experiences sur la guerison du cancer, p. 507. Lajjge (de). Longitude de Batavia, p. 3g6. Lanier, Menuiserie a la vapeur, p. 102. Larivif.ke. Industrie des ardoisieres, p. 44. Larocue. Proces, 17. Lartigue. Systeuie des vents, p. 274- Lassel. Reiustallation de son ob-.ervatoire, p. 147, 172. — Elements des oibite d'Hyperion, de Titan et d'Oberon, p. 25ij, Laugel. Resistance aux soulevemenls, p. 109. — Formation des moutagues, p. 476. Laugier (Ernest). Homniage rendu a la memoire d'Arago, p. 3i. — Telemelre, p. a5ij 439. Laogier (Stanislas). Reunion d. a \y. — Pincettes hemoslatiques, p. V 1 7 . — Candida!, p. 639. Lesqcjoy. Grenier conservateur, p. 292. Le Verrier. Observations meteorologiques, p. 19. — Comete de M. Dien, p. 109, 1 33, 164. — Carle de I'etat atmospheriqtie de la France, p. 217, 252. — Situation de l'Observatoire, p. 253, 261, 271. — Projets coneer- nanl la metcorologie, p. 33i. — Nebulositedeconverte par M. Dien, p. 390. — Reclamation, p. 576. — Observation des dernieres planetes, p. 53 r. Levol. Alliages en proportions definies, p. 5io. Lev.at. Plan en relief des Pyrenees orientates, p. 444) 700. Lbermite. Preparation du carbonate pur de potasse,p. 194. — Force osmo- tique, p. 1 5 4. Luis (Emmanuel). Observations meteorologiques, p. 271. Liebio. Chimie industrielle, p. 4oi. — Constitution des mellonures, p. 5a8. Lucdslat, p. 62. Liouvii.le. Rapport, p. 352. — Commission, p. 460. Liolville (Ernest), p. 724. Lira, p. 67. Lissajocx. Vibration des lames, p. 81. — Interferences du son, ]>. 245. — Elevation du diapason, p. 5g8. Loevei. (Henri). Sursatumtion des dissolutions salines, p. 273. — Alteration des dissolutions salines, p. 61a, Loir. Nouveau-nes, p. 41. Lokget. Arlioii du sue gastrique, p. 167. Loriere (de), p. 4 16. — Tapir fossile, p. 636. Lussereau. Fermeture desiirele, p. i4i- LrxnER. Nmivelle planete, p. 475. — Trente-cinquieme planete, p. 539. Lyte. Collodion anticipe, p. 18. — Collodion instantane et conserve, p. 712. Mabrc. Lait conserve, p. 28, 371. — Recompense, p. 34. Mac-Lure. Carte de la mer du nord, p. 247. — Prix de geographic, p. 480. Magendie, p. 4i5. Magnin. Bles d'Auvergne et d'Alger. Reclamation, p. 644. Maii.ho. Mown de reeonnailre les huiles de eruciferes, p. 636. Majsohnehve. Ligature de l'artere rarotide externe, p. 107. — Chirurgie, 557. — Candidat, p. 639. — INouveile methode de catheterisme et guerison des retreeissements de l'urelre, p. 671. Maisoks. Mention honorable, p. 170. Malaguti. Elu membre correspondant, p. 271. — Granit de Romarsund, p. 471, 587. Malufck. Pompe sans piston, p. n3. Malgaighk. Traite des fractures, p. 577. — Candidat, p. 63g. Mallet. Epuralion du gaz de 1'eclairage, p. i83. Malt.igant. Biscuit dit pain du desert, p. 47. TABLE DES NOMS D'AUTEDRS. >vii Mai.oke. Fixage des epreuves positives, p. 712. Mamers, p. 1 4 Q> Makdl. De la fatigue de la voix, p. 3o>. Manec. Commission, p. 507. Manselt. Conservation du collodion, p. ?(>5. Mardach. Proprietes rotatoires de qnelques civ.ianx, n. 4i5. — Effets optiques de quelques cristaux, p. 4 »3. Marcel de Serres. Caverne a ossements, p. 77. Marchal. Angine eouennense , p. 35g — Brievele de la respiration cliez les chanteurs, p. 444- Marcou. Chaines de moniagnes du l'Amerique , p. 20. — Classification des moningnes de L'Amerique du nord, p. 388. Marie. Chemin de ferfloltant, p. 701. Marie-Davy. Theorie des moteui-s elerlriques, p. 47". Marin (Charles-Joseph). Prix deMme La Place, p. 3o, 34. Marmaduke Clarke. Machine elertrique gigantesque, p. 3og. Martins. Froid excessif a Montpellier, p. 157, 418. Mary. Amelioration dans les vidanges de Paris, p. 80. Masquelier. Coton de I'Algerie, prix, p. 170. Massk. Rare bovine charolaise, p. 180. Masson. Legumes sees, p. 371. Masson. Constitution de l'etincelle electrique, p. 444. Matteucci. Proprietes physiques du bismuth cristallise, p. 374, 448, 464. — Nuovo cimenlo, journal scientifique, p. 3g5. Mathieu. Commission, p. 82. — Membre du bureau des longitudes, p. 164. Mathieu. ChaulagC et sorgho, p. i32. Mathieu. Nouveau trocart, p. 195. Maumewk. Transformation du snore, p. a48. —Fabrication des sucres, p. 5 3', . Maury. Membre associe de 1'A.cademie de Brnxelles, p. 225. Mau^s. Grenier conservateur, p. 292. Maxwell Lyte. Production des positifs, p. 38 r. — Boite a eompartimeuts, p. 409. [P'oyez Lyte). MAYAi.r.. Portraits de grandeur naturelle, p. 16. — Albumine sensibilisee, p. 63. — Photographie sur verre albumine, p. 90, 264, 35o. — Photogra- phie sur collodion sec, p. 545. Mayer. Machine thermogene, p. 5go. Menabrea. Leltre sur la machine de M. Babbage, p. ',31. Menier, p. 378. Merz. Grande eqtiatoriale, p. 12. Mialhe. Albuminose, p. i36. Michaux. Chenes d'Amcrique, p. 555. Miller, p. 2 1 5. Millet. Fccondation artifieielle des cents de poisson, p. 568. Millet (Hippolyte). Formes a donner aux poiriers, p. 54. Millot. Commission, p. no. — Laines de Merinos-Mauchamp, p. 204. Milne-Edwards, p. 24. — Coralliaires, p. 20. — Paleonlologie, p. 33o, 358. Rapport verbal, p. 38g. — Transformation des cysticerques en tenias, p. 4g7. Mikotto. Engrenage a coin, p. 270. Moesta (Carlos). Eclipse totale du soleil, p. 67. Moioso. Tabouret de siuvetage , p. 62. — Atmosphere du soleil , p. 69. — Repouse 3 la reclamation de M. Wohler, p. 175. — Funerailles de Gauss xuu COSMOS. p. 33j. — Revue de ['exposition uoiverselle, p. 617. — Cusmogonie, p. 6J9. — Defense du stereoscope contreM. Figuier, p. 702. MOtSANT, p. I 35. Moissexet. Commission, p. 507. MotTESsiER. Pholographie, p. 78. Moi.eschot. Fonclions du foie, [>. 535. Moll. Tribulations des novateurs en agriculture, r. 5i. — Procede de defri- chement deslandesa la charrue, p. 17S. Momcei. (du). Experiences uouvelles avec la machine de Kuhnikorff , p. 190, 068. Mokgaldry (le baron de). Construction des ruches d'abeilles, p. 2o5. — Semences de Chine, p. ?.o5. Moktbggu.. Traitement des anevrismes, p. 73. MoSiTGOI.FIER, p. 4- Montigny (de). Semences de Chiue, p. 2o5. — Prix d'Orleans, p. 4S0. — Vers a soie de la Chine, p. 637. — Acclimalatiou de 1'igname, p. 704. Montigky (de Namur). Refraction et dispersion almospherique, p. 241. Morel-Lavallee. Epanchcmcul screux, p. 4l Morescot. Action de I'acide sulluriqiie sur la cholesterine, p. 196. — Vie des spermatozoaires, p. 3ag. JVIUIR, p. 46. Moller (Jean). Prix des sciences physiques, p. 3i, i33. — Echinodermes, |>. 4 '- Moller (De). Preparation en grand de l'oxygene, p. 448. Murcuisok (Kodeiik), p. 53g. — Direcleur du musee de geologie. p. 478. Murson de Lacrymosa. Phologi aphie, p. 6O9. Nasmyth, p. 147. Injure (Charles). Gravuie hcliographique, p. i5. KtGRETTt. Thermometre a maximum, p. 529. — Photographic, p. 54o. — Pholographie sur verre albumine, p. 542. 'Neuburg; r. Lainpe a moderateur, p. S3 Newton. Forme des planetes, p. 71. JNiercE de St-Victor. Gravure heliographique, p. i5. — Gravure photogra- phicpie, p. 392. Ntkles. Isomorpliisme des combinaisons homologues, p. /ii8. Kimier. Transmission du son, p. 5o5. Noath. Experiences au panopticon, p. 257. — Experiences sur !a lumiere elec- Irique, p. 3io, 371. — Constitution d'un image orageux, p. 384. Ossieur. Propriete purgative de la bourdaine, p. 236. Owen. Empreintes mysterieuses snr la neige, p. 28a. — Osleologie, p. 444. Pagarelm pe Zigavo. Mines de la France, p. 480. Paravey. Diverses especes d'ignames, p. 16S. Parent-Duchatelet. Viande de cheval comme aliment, p. 234. Passy (Antoine). Candidal, p. 444. Pacld'Egine. Chirurgie, p. 3oo. Paxton. Galerie wlree autour de Londres, p. 704. Payer. Iuslallation, p. 19. Peah de St-Gili.es. Action de la chaleur sur les acetates de fer, p. ag8. — Sels de plomb et de fer, p. 668. , Pelioot. Coniposiiioii des eaux, p. 573. — Pholographie, p. 701. Pei.ouze, p. 81. — Decomposition spoutanee des corps gvas, p. 329, 356. — TABLE DES NOMS D AUTEURS. XIX Saponification des huiles vegetales, p. 3^8, 528, 614, 668. — Devitrifica- lion du veire, p. 717. Pentland. Viaduc d'Ariccia, p. 536. Pepin. Culture du ricin, p. 2o3. Pepper. Transmission dn son par des Iringles de hois, p. 282. Perdrigeon. Accidents febriles, p. 41. Perkins. Nouveaii canon a vapeur, p. 237. Perreve, p. 45- Perrin. Scierie a rubans, p. 44. Perrin. Fievre typhoide et petite verole, p. 168. Petetih (Anselme). P.iin de froment, de seigle et de riz, p. 566. Petit. Metallisation des fils de cocon, p. 707. Petzval. Photographic, p. 64- Pbilippeau. Nei fs craniens, p. 4r. Phillips. Resistance des pout res, p. 469. Phillits. Metbode sous-eutanee, p. 53 1. Piazzi Smyth. Instruments, p. 172. Picard. Forme des planeles, p. 70. Pierre (Isidore). Analyse des fourrages. p. 357. Piobert, p. 077. Plana. Theorie du magnetisme, p. 1 53 . Plateau. Pbysique populaire, p. 1 33. — Pbenoinenes capillaires, p. 171. — Rapport, p. a4i. — Petite pbysique, p. 243. Pluchet. Noiivclle betterave saccharilere. p. 54. Pi.ucker, p. 4'io. Poey. Extraction des metaux du corps, p. 1 3 4 . Poggiale. Fonciiou glycogenique du foie, p. 442- — Revue des precedes de panifiration, p. 713. Poilly (de). Posilif sur veire, p. 177. — Pbotogra]>hie, p. 332. — Reclama- tion, p. 248. Poirier. Presence de 1'iode dans les eaux de Yicby, p. 476. Pomel. Geulugie, p. 448. Powtalea (de). Silualion financiere de la sociele d'acclimataticn, p. 206. Porro. Fils niicromctriques, p. 101. — Metbode de triangulation , p. 168. — Nouveaii mode de cadastre, p. 222. — Formules cadaslriques, p. 240. — Rectification, p. 3o8. — Lunette Napoleon III, p. 256. Pouchet. Hygiene des poissons nouvellemnit eclos, p. 123. Pouii.i.et. Paratonnerres, p. 216. — Rapport, p. 269. — Hauteur des images, p. 609, 63i. Power (James). Dorure et argenlure, p. 471. Prescott Joule. Equivalent mecanique de la cbaleur, p, 168. Prideaox. Nouvelles portes de fonrneaux, p. 5go. Priestley, p. 62. — Rapport sur le tabouret de sauvetage, p. 119. Pucberan. Faune de Madagascar, p. 109. Puiseux. Astronome adjoint de I'Observatoiie, p. 256. Quatrefages (De). Poissons monsliueux doubles, p. 33 1, 469, 492, 53 1. Quesneville. Memento therapeutique, p. 235. Quet. Siraiifn alion de la lumiere eleclrique, p. 5oo. Quetelet. Pbysique populaire , p. i33. — Petite physique, p. 243. — In- fluence de la temperature sur la vegetation, p. 3o4. Quevenne. Action des ferrugineux, p. 78. xx COSMOS. Raffenel. Observations meteorologiqucs en Afrique p. 717. Rayer, p. 78, 72 ', . Read. Proces, p. 17. — Emploi du brome Jans la pholographie, p. 35r. Redier. Reveil, p. 145. Reech. Machine a air, p. 1 10. Reonald. A|i|iaiels de lelegraphie, p. 1S1. Reukait.i) (Jules). Cauterisation eleclrique, p. 358. Recnault. Calcium, p. 216. — Paratonnerres, p. 216, 269. — Induction elect rostalique, p. 427, 5j3. Reid (William). Ver a soie Cynthia, p. 2o3. Relandin. Chassis pour la pholographie, p. 70(1. Remy (Joseph). Mori, p. 197. Remy (Laurent). Pisciculture, p. 197. Renou. Anomalies d» climat du Caire, p. 53 1. Rey. Culture de I'igname. p. 72. Richard. Commission, p. 120. — Meririos-Mauchamp, p. 208. Rieffel. Paille roitillee, p. 23 1. Riffault. Gravure heliograph ique, p. 298, 392. Riquetti. Vie des sperraalozoaires, p. 35tJ. RlTTER, p. S9. Robert-Hodd.n. Pendule electrique, p. 173.-Reparlite.1r, p. 578. Robin (Charles) Recompense, p. JS, 72. Koche (Edouard). Densite de la Lire, p. 26. Roger Fenton. Depart pour la Crimee, p. 260. Roland. Aiineau nasal, p. 180. Roi.land (Felix). Plantoira pis , p. 23I# Romagnesi. Emploi desbulbes du safrau, p. 474. Roset. Experiences ihermomelriques, p. 168. Ross (James). Methode pour elendre l'albumine, p. 546' Rosse (lecomtede), p. l48. - Telescope, p. r72. Discours a la societe royale, p. 365. J ' Roth. Ossements fossiles de Pikermi, p. 341. Rou.x. Conservation des pieces anatomiques, p. 4 1 . - Opium indigene, p. 81 Rouy. Pru relatifs aux arts insalubres, p. 35. Rozet. Vitesse des goutles de pluie et hauteur des images, p. 24- — Pluie en Europe, p. 33i. Rumker. Temps moyen de Greenwich, p. 149. Ruhmrorkf. Machine deduction, p. 94. - Stratification de la lumiere elec- trique. p. 5oo. Rundei.1.. Commission des compas de marine, p. 478 Rutherford. Valeur de «, p. 335. _ Thermometre a indice, p. 444. SABINE, p. IJ2, 371. Sai.lavili.e. Aerage des grains, p. 293. Salleron. Alambic d'essai, p. 141. Salmon. Gravure hcliographique, p. 63, 347. Salvetat. Gravure en couleur, p. 14 ?. Samuel Higley. Correspondant du Cosmos p. ,9, Wn.er (Claudius). Traite des echappements et des engreuages, p. 30i. .>auve. Sangsnes, p. 22. l Schabls. Chimie, p. 419. Schadboldt. Conservation du collodion, p. j6'5". TABLE DES NOMS D'AUTEURS. XXI Schanes. Rapport de la circonference au diamelre, p. 335. Scheutz. Machine a calcul, p. 169, 480. Shiff. Recompense, p. 39. Schlagintweit (Adolphe, Hermann et Robert). Nouvelles de leur voyage, p. 89. — Temperature et densile des eaux de la mer, p. 338. Schweizer. Comete, p. 1 53, 554. Sixcai (!e K. P.). Anneau de Salurne, p. 12, :49, 25a. — Meteorologie de Rome, p. 5 16. Secretan. Reclamation, p. 529. Skgalas. Plantations en Champagne, p. 179. Seguier (barou). Leltre, p. 5o5. Pompe en caoutchouc, p. 573. Segoin (aine). Nouveau mode d'emploi de la vapeur, p. 4. — Equivalent me- canique de la chaleur, p. 168. — Transformation du calorique eu force me- oanique ; nouveau mode duplication de la vapeur ; machine pulmonaire, p. 679. SENARMOMT(de). ParatoiineiTes, p. 216. p. 269, 528, 576. Serres (Marcel de). Faune de Madagascar, p. 109. Serres. Teratologic, p. 33 r. — Candidat, p. 556, 6i3. Serret. Geometrie, p. 529. Suadwell. Nouvelle edition de ses tables, p. 3g6. Shea. Protuberances rouges et laches solaires, p. 395. Si-Ali-ben-Mohammed. Colons de l'Algerie, p. 170. Sibille. Decortication des hies, p. 637. Siemens, p. 648. Silbermann, p. 62. — Gravureen couleur, p. i43.— Alliages pyrometriques, p. Six. — Poudies enflammees par l'acide sulfurique, p. 576. Sire. Rotation de la terre, p. 723. Sirey. Euveloppes pour les poudres, p. 196. Sismonda. Geologie des Alpes maritimes, p. 188. Smyth. Condensation de l'elher, p. 65 1. [Voyez Piazzi Smyth). Soleil (Henry). Telemetre bi-refringent , p. 222, 249. — Polarisation circu- laire, polarisaleur coinpensateur, p. 5a5. Sommering. Concentration de l'alcoo), p. 2i3. Sorel. FJoffes impermeables, p. 484. Soulier. Epreuves sur albumine, p. 63. Sooth (James). Soiree ; instruments et obsenatious, p. 45 1. Spili.er. Conservation de l'acide gallique dans 1'alcool , p. 2g5. Stenhouze. Propriele desinfectanle du tharbun, p. 3oi. Sterry Hunt. Sources acides et depots de gypse, p. 720. Stewart. Phoiographie, p. 712. Struvf.. Baius et douches d'acide earbonique, p. 493. Sussex (de). Fabrication de I'aluminium, p. 216. Sylvestre, p, 62. — Rapport, p. 83. Szokalski. Theorie de la vision, p. 195. Szteyn (Michel). Topinambour subslilue au cafe, p. 47, Tabarie. OEnomelre, p. 142. Taillefkr. Grille mobile lumiioie, p. 486. Tai.but. Proces, p. 17. Tank. Phoiographie, p. 2C4. Tastet (Emile). Culture du riz, p. 371. tin COSMOS. I avbrkikb (Alexandre). Epreuves siir collodion, p. 63. — Perfection de nega- tifs sur collodion, p. 177. Temminck. Ornilhologie, p. 129. Thkjcaru. Rapport sur lemcmoire de M. Bcrthelot, p. 116. p. 359, 4r5, THEMARD(Paul). Deslruclion Je I'Ecrirain des vignes, p. 1. Tunux. EtofIVs iropermeables, p. 539. Thiradi.t. Soufiage li(|iiide des vignes, p. 638. Thomas (de Colmar). Arillimomelre, p. 28. Thomson (William). Antecedents mecauiques du mouvement de la chaleur et de la Iumiere, p. 659. — Polarilc maguetique, p. 325. raoMPsow. Tabouret de sauvetage, p. Go, 1 10. Thouard. Lame sans fin, p. 45. Thotssdzia*: Concerns des animaux de b„u< bene, p. 39-. _ Cample rendu P-6;4. ' ' Tiffereatj. Transmiiiaiioii des me tali x p. 23. Tissier. Proprietes de ('aluminium, p. r>i5. Tourocde. Lame sans fin, p. \b. Trecul, p. 669. Tribouu.let. Papier posilif a l'huile de rici.i n fi' d,„- ■ . r • 1 ~ ' ' lc ul- ncln i l>- 04. — Papier negatif a la paraiine, p. G5. . Triquet. Traitement des polypes de l'oreille, p. ;i 4"5. Troupeau Reflectenr, p. 487. Trousseau. Recompense, p. 37. Tyndall, p. ,-72, 3; 1. VlILLA"' ''• ?5-— Ruination, p. ,57. -Reclamation de M*de Vernede p. 169. -Colon en ATgeMe, p 271.- Peche du corail en Algerie, p. 568. -G.sement dor en Algerie, p. 5 77,^- dement gemmifere en Algerie, Valenciennes. Candidat, p. i58, 33o. Valerio. Dessinsatithropologiques, p. 443. Vallee. Candidal, p. 4.7-5. Valmer , p. 647. Valz. Elements depolymnie, p. 270, 58 1. Van Beneden. Transformation des cyslicerques en tenia*, p. 49-. Varley. Perlectionnement dans la telegraphle, p. 284. Vattemare. Echanges internatiouaux, p. 56a Vella (Paul). Bombyx cinthia, p. 203. Velpeau. Rapport, p. 36. p. xo8._Eaux hemostatiques, p. i. Temperature de 1'air, p. 669. Viel. Archilect.edu palais de l'indusirie, p. 62 r VrERORM. Appareil mesureur des pulsations, p. 63q Ville Bonnet (de la). Instrument de geodesie, p. i33 Villeneuve (H. de). Aurores boreales, F. 274 Vilmorin (Louis). Sorgho sucre , p. 5 1 . Vihhkcm. fiphemerides d'Euphrosyne, p. 153 Vkjoesnei.. Cartes de la Thrace, p. no. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. xxiil Vor.prcEtLi. Induction eleclro-stalique, p. i32, 427. — Nouveau theoremesur Jes proprieles des nombres, p. 577. Vulpian. Nerfs craniens, p. 41. Wagner. Ossements fossiles de Pikermi, p. 341. Walferdin. Therroometres a indices, p. 444. _ Thermometre a maximum p. 47 t . p. 50?, 5ig. Warner. Nouvelle pile, p. 407. Warren deia Rue, p. 148, 3i6. Waterkein. Cosmogonie, p. 663. Webb. Comete, p. 66. Weld. Rectification, p. 5o8. Welsh. Instruments magnetiques et meleorologiques, p. 172. —Thermometre a maximum, p. 529. Weltzien. Cliimie, p. 419. Wertheim. Rupture et torsion , p. 216. — Effets magnetiques de la torsion, p. 665. Wheatstone, p. 172. — Transmission du son par des tringles de bois, p. 282. — Commission, p. 45o. — Experiences electriques, p. 602. Williams (John). Aslronomie chinoise, p. 148. Willis, p. 172. Wilson. Decomposition des corps gras eu glycerine et en acide, p. 3 16. WlNNECKE, p. 252. Wohler. Reclamation, p. 1 yS. — Nomme officier de la Legion-d'Honneur, p. 3a6. — Compose de tellure et de melhyle, p. 1, 42. — Pierres melcori- ques, p. 720. Wolff. Ozone et cholera, p. 223. — Influence hvgienique de l'ozone, p. 447. Woodcock, p. 46. Wrolicb. Poisson moustrueux double, p. 47a. Wurtz. Radicaux de la chimie organique, p. 692. Tvart. Merinos-Maucliamp, p. 208. Tvon de Villarceau. Ephemerides d'Amphilrile, p. i33. — Observations de la trente-quatrieme planete, p. 444, 4?5. —Candidal, p. 556. — Premier candi lat, p. 636. Tvory. Refractions astronomiques , p. 107. Zambealx. Appareil fumivore, p. 45. Zambra. Thermometre a maximum, p. 529. — Photographie, p. 540. Zaktedeschi. Reclamation, p. 198. Zech. Ephemerides d'Astree, p. i53. TABLE ALPHABETIQUE PAR ORDRE RE M ATIERES. -^t/W3<5>£A/Wv- Acclimatation de charaeaux en Amerique, p. 58g. Acoustiqne. Piano a queue vertical, p. 48. — Anches de clarinetle impermea- bles , p. 49. — Interferences du son, p. 81, 245. — Transmission du sou par des Iringles de bois, p. 282. — Transmission du son, p. 5o5. — Instruments de musiqueen caoutchouc, p. 56 1 . — Ele- vation du diapason, p. 098. Aerolithes, p. 720. Agriculture. Nouvelle Letterave saccharifere, p. 54. — Sorgho Sucre, p. 5 1. — Betes bovines a deux fins, p. 5s. — Perfection dans 1'espece bovine, p. 53. — Cultuie de I'ignaine, p. 72. — Rouissage, p. 83. — Engrais artificiels, p. 182. — Colons d'Algerie , p. 170. — Anueau nasal, p. 180. — Race bovine charolaise , p. :8o. — Defrichement des laudes, p. 178. — Navel dore, p. 179. — Plantations en Champa- gne, p. i 79. — Bombyx einthia a Malle , p. 2o3. — Carotte blan- che, p. 230. — Feverole d'hiver, p. 23o. — Culture du ricin, p. 2o3, 207. — Accliinatation de semences de Chine, p. 2o5. — Culture des betteraves, p. 229. — Forme en cordon spiral pour les arbres fruitiers, p. 2 5o. — Lapin jauue, p. 23o. — Betlerave jaune grosse, p. 23o. — Paille ruouillee, p. a3r. — Topinambours, p. a32. — Aerage des grains, p. 293. — Laine des chevres d'Angora, p. 438. Decortication des b!es , p. 534, 637. — Emploi des bulbes du safran, p. 475. — Elephant allele, p. 534. — Culture du riz, p. 57 r. — Laine de Meriiios-Mauehamp, p. 572. — Vers a soie de la Chine, p. 637. — Tuyaux de drainage, p. 638. — Distillation des belie- raves, p. 657. — Conconrs d'animaux reproducteurs, p. 674. — Acclimatation de i'igname, p. 704. Alambic d'essai, p. 141. Aliments. Pain du desert, p. 4"- — Conserves de viaudes, p. 226. — Viande de cheval, p. 232. — Bouillie et pain d'avoine, p. 289. — Biscuit a la viande, p. ig6. — B scuit-viande, p. 3oo. — Pain de fnuneiit, de seigle et de riz, p. 566. — Procedes de paniGcation, p. 71.J. Alliages en proportion defuiies, p. 5io. — Alliagespyrometriques, p. 5ir. Aluminium. Credit ouvert par rempcreur pour sa preparation, p. 198, at6, 326. — Proprieles physiques, p. 6i5, 697. XXVi COSMOS. Anatomic Plis du cerveau, p. 4o. — Claslique, p. 56. Aue J'Arabie, p. 12 3. Ardoisieres, p. 44- Arithmometre, p. 28. Association britannique, p. 704. Association meteorologique enlre toutes les nations, p. 34s, 489. Aslronomie. Grande 6qualorialede Merz, p. 12. — Annean de Saturne, p. 12. laches du soleil, p. 20. — Observatoire d'Hartwell, p. 66. — Atmosphere du soleil, p. 69. — Refractions, p. 72, 107. — Tables lunaires p. 99. — Satellite de Neptune, p. 147. — Anneau de Saturne, p. 1 '19. — Etoile S de l'ecrevisse, p. i52. — Periodicite d'Algol, p. i53. — Refractions astronomiques, p. 216. — Situation de 1'Obsei valoire, p. 253. — Elements du compagnon de la 70 d'Ophiucus, p. 258. — Elements des orbites d'Hyperion, de Tilan et d'Oberon, p. 259. — Tables de Schadwell , p. 3g6. — Nebulosite decouverte par M. Dien, p. 3go. — Etoiles disparues, p. 391. — Nouvelle planete, p. 4ll. — Eclipse totale de lune, p. 5o8. — Vol- can en ignition sur la lune, p. 5o?. — Cartes et tableau de M. Bis- chop, p. 523. — Nouvelle etoile variable, p. 53g. — Bilan de la science au ier Janvier i855, p. 55o. — Nouvelle comete, p. 641. — Condensation de Tether, p. 65r. — Orbite de la comete d'avril, p (552- — Etoiles observees et disparues, p. 652. Atmosphere de la Iudb, p. 100. Aurores boreales, p. 543. Biscuit-viande, p. 3oo, 496. Bismuth cristallise, p. 374. Blanchissage au chloroforme, p. io5. Botanique. Flacourtianees, p. 20. — Influence des radiations solaires sur les planles, p. 214. — Bellotia Criophorum, p. 416. p. 6g4- Brevets d'invention, p. 642. Bureau des longitudes, p. 2 3. Cadastre. Formules de M. Porro, p. 240. Calcium, p. 216. Caloritere thermal, |>. 486. Caloiique. Appareil fumivore, p. 45, 58. — Theorie mecanique de la chaleur, p. 239. — Uilatatiou de grandes masses porphyriques, p. 262. Catalogues des bibliotheques, p. 275. Caoutchouc vulcanise, p. 484, 56i, 073, 609. Chameau d'Afrique, p. 120. Charbon considere com me disinfectant, p. 3o 1 . Chaudiere a vapeur. Cause eleetrique de leurs explosions, p. J29. ChaufFage sans fumee, p. 5g. Chemrus de fer. Accidents, p. 646. Chemin de fer de 1'isthme de Panama, p. 3'io. Chemin de fer flottant, p. 701. Chevres zubaydah , p. 123. Chiroie. Compose de tellure et de methyle , p. 1 . — Proprietes du telluro-me- thyle, p. 42. — Corps grasp. 33. — Reproduction de l'alcool par rlfydrogene bi-carbone, p. 74, 126. — Action de l'acide sulfurique Mir la (holesti'rine, p. 196. — Acides cimique et geranique , p. :• 7.— Action de la thaleur sur ies acetates ferriques, p.?98. TABLE DES MATIERES. XXVil — Decomposition des corps gras en glycerine et en aeide, p. 3r6. Decomposition spontanec des corps gras, p. 329. — Analyse des eaux potables, p. 358, 465. — Saponification des huiles vegetates, p. 3-s. — Isomorphism des combinaisons homologues, p. 4'8. — Oxvgene a I'eiat naissant, p. 470. — Constitniion des mellonnres, p_ 52g_ — Decomposition des fluorines, p. 58(5. — Radioaux de la chimie organique, p. 1)92. — Devitrification du verre, p. 717. Chimie agricole. — Rendenient en alcool des lopinambours , p. 54. — Alcoul de chiendent, p. 142. — Analyse des fourrages, p. 357. — Moyei. de reconnailre les huiles de cruciferes, p, 636.— Distillation des betteiaves, p. 657. — Alcool exlrait du figuier d'lnde, p. 658. Chimie industrielle. Panification, p. 401. — Preparation des corps gras, p. 611. Chimie medicale. Proprietes autiputrides du cafe, p. 55. — Sucre conlcnu dans le foie, p. i3o. Chimie physiologique. Sue pancreatique, p. 4o3. Chirurgie. Ponction de la poitrine, p. 37. — Fractures de jambe, p. 72. — Ligature de 1'artere cirotide exlerne, p. 107. — Nouveau trocar!, p. ig5. — Exciseur eledrique , p. 189. — Diathese cancereuse, p. 189. — Rupture spontanec des calculs dans la vessie, p. 2^7. — Tenotoroie sous-cutance, p. 35 j. — Traitemenl des membres geles, p. 5o2. — Guerisou des relrecissements de I'urctre, p. 557.— Traile des fractures, p, 577. — Ueduclion des heruies, p. 5 78. — ISouvelle njethode de calhelerisme et guerisou des retieei'Semecls de l'uretre, p. 671. ChJoroforme, p. 247. Circe, 34e planete, p. 41 1. Comete, p. 66, 8y, 6^1 , 652. Concours general des animaux de boucherie, p. 397. Cosmogonie. Antecedents mecauiques du mouvemeut , de la cbaleur el de la lumiere, p. 65g. Cristaliisation du quartz, p. 5o3. Diamant eloile du sul, p. 1. Diamaut arlificiel, p. 129. Distillation des betteraves, p. 656. Eclairage an gaz de la houille et de la lourbe, p. 226. Eclairage a la lumiere electrique, p. 57. Eclipse du soleil, p. 67. Eleclricite. Experiences nouvelles avec la machine de Ruinkoiff, p. 190. — Machine electrique du panopticon, p. 3og. — Stratification de la lumiere electrique, p. 000. — Experiences elecliiques, p. 602. — Et'fets electriques produits an contact pies solides et des liquides en mouvemtnt, p. 724. hlectricite vollaique. Courants hydro-electriques, p. 2a. — Action simultanee de deu\ courauts egauxet opposes, p. 191. — Nouvelle pile, p. 407. — Ordrede raluminiuni dans la sei ie vollaique, p. 607. Electricite d'induction, p. 94. — Induction electrostatique, p. i3o, 427. Eleclricite. Applications. Telcgrap'ne so '.:s-;iiarin entre Varna et P.alaklava , p. 88. — Extraction des mciaux du corps, p. i34. — Hoiloge elec- tiique, p. 1 7 3. — Appaieils de telegraphic, p. 181. — Telegraphes des rhciuiiu de fer, p. ig£„ — rerhciiuunenients dans la telegraphic, p. 2S4. — Soupnie e!ei iiiipie, p. 3j2. — Communication lelrgra- COSMOS. ,,„i„Uc eolre Londres et New-York, p. 533 -Telegraphes des locomotives, V. 534- - Telegraphe a »n seul fil, p. 645. Rnduils imperraeables, p. 49' Engrais. Fumier conserve sous hangar, p. ado. EpODges mctalliques, p. 227. Eruption du Vesuye, p. 533, 589. Etoffes impermcables, p. 53g. _ 11101 ' , ' * Tn. iReviip n 617. — Commission de lexposi- Exposil.on umverselie, p. 172.— KeMi. p. v..; , lion p. 620. — Classification des produits exposes , p. 623. Fluor. Preparation, p. 47°- Fluorescence, p. 97- Fluorescence des sels de fer e! de platine, p. 246. Fourneaux fumivores, p. 106. Fumi-combusteur Siccardo, p. 201. Gaz de la tourbe, p. 647. Gaz del'eclairage.Epuration, p. iS3. Geodesie. Viaduc d'Ariccia, base geodesique, p. o36 Geographic. Carte du Nil Wane, p. af». -Lons-tude de Batav.a, p. 396. - Plan en reliel des Pyrenees oiientales, p. 444- Geologic Chalnes de montagnes de l'Amerique du nord, p. 20. Geologie de llnde et des Alpes nwi.imes, p. 188.- Formation des monta- gnes p. 388. — Gemmes et ossemenls fossiles, p. 481. — Gisement d'or en Algerie, p. 517. - Signification du mot soul^emcnt, p. 584- Geometrie. Diviser une droite en parlies egales, p. 65o. Graissage desbles, p. 646. Gravure lithographique, p. 639. _ Photograph.que, p. i5, 298, 0,7 , 39*. Grenier conservateur, p. 292. Grille fumivore, p. 486. Horlogerie. Reveil, p. U5, xi7. - Aiguilles a secondes fixes, p. 538. Horticulture. Exposition, p. 5o6. Huilede foie de morue, n. 23, 236. Impermeabilite des etoffes, p. 484. Iioire vegetal, p. 645. Lait conserve, p. 28. Lampe a moderateur, p. 83. Leukothee, 35e planete, p. 53g. Lithium, p. 3go. Machines. Menuiserie a la vapeur, p. 102. ] Machine a air, p. no. Machine a double vapeur d'eau et d'ether, p. 57. Machine a calcul , p. 169, 480. — Palier graisseur, p. aoa. — Planloir a piston, p. 23 1.— Machine thermogene, p. 59o. — Btfiers-pompes, P- 699. Magnelisme, p. 209, 216. — Magnelisme de rotation, p. 37i. — Ponvoir ma- gnetique del'oxygene, p. 439- — Effets magnetiques de la torsion, p. 665. Maladie de la vigne, p. 5o. — Souffrage liquide, p. 638. Malhematiques. Mouvement d'une barre cylindrique qui se refroidit, p. '9. — Integration d'equations dilferentielles , p. 77. — Application du calcul des variations a ^integration des equations differenUelles, p, l3;._l'|,onomenes capillaires, p. 17 1 . — Calcul des periuiba- TABLE DES MATIERES. xxix tions des planetes, p. 1 88. — Divisibility des nombres periodiques, p. 238. ■ — Rapport de la ciiconference au diametre, p. 335. — Machine a ralctil, p. 480. — Racines des equations, p. 5oo. Micanique. Flexion ct resistance des pieces courbes, p. 2 3. — Traile des echap— pements et des engrenages, p. 201. — Turbines sans directrices, p. 5i9. Mecanique appliquee. Nouveau mode d'emploi de la vapeur, p. 4. — Scierie a rubans, p. 44. — Joints metalliques, p. 47. Medeeine. Quinquina et ses preparations, p. 37. — Elephantiasis, p. 38. — Atrophie musculaire, p. 4o. — Traitement des anevrismes, p. 73. — Concretions iniestiuales, p. i3o. — Propriete purgative de la bour- daine, p. 236. — Proprietes de l'arseniate de fer, p. 237. — Coutre- poison du curare, p. 4n. — Influence hygienique de I'ozone, p. 447- — Bains et douches d'acide carbonique, p. 4g3. — Experiences sur la guerison du cancer, p. 507. — Inoculation de la fievre jaune, p. ft 10. — Gluten iodure, p, 638. — Appareil mesureur des pulsa- tions, p. 639. — Non-absorption des medicaments dans le cholera, p. 639. — Cetoine, remede contre la rage, p. 722. Merinos-Mauchamp, p. 204, 208. Melallurgie. Mines de I'Angleterre, p. 479. — De la France, p. 479. Meteorologie. Mouvement reel des etoiles Clantes, p. 188.— Carte de l'etat atmospherique de la France, p. 217. — Vitesse des goutles de pluie, p. 247. — Pluie en Europe, p. 332. — Constitution d'un image orageux, p. 384. — Air sec et vapeurs aqueuses, p. 4 3 1. — Tempe- rature de 1'air, p. 434. — Orages, p. 547. — Meteorologie de Rome, p. 5i6. — Hauteur des nuages par )a phutographie, p. 63i. — Observations en Afrique, p. 717. Moutons et laines du Cap de Bonne-Esperance, p. 120. Moutons du Kollo, p. 123. Necrologie. Mort de M. Armand Bazin , p. 85. — De M. Braconnot, p. 86. — De Josephe Remy, p. 197. — De M. Greau, p. 2or. — De MM. Duvernoy et Gauss, p. 268. — De M. Greenough, p. 444. — De M. Henry de la Beche, p. 444. Optique. Action des rayons violets et extra-violets, p. 97. — Influence des dia- phragmes, p. 112. — Endoscope, p. 186. — Nouveau polariscope, p. 220. — Telemetre bi-refringent, p. 222. — Refraction et disper- sion atmospherique, p. 241. — Telemetre, p. a/19. — Lunette Na- poleon III, p. 256. — Nouvel oculaire, p. 258. — Emploi optique du papier-gelatine, p. 986. — Pouvoir rotatoire de quelques cris- laux, p. 423, 4 1 5. — Etalement des couleurs de la polarisation rota- toire, p. 454. —Polarisation eirculaire, p. 525. — Pouvoir eclai- raut des gaz de la tourbe, p. 5$3. — Presbytisine et myopie, p. 705. Oiages, p. 547. Ouragans et venls, p. 491. Ozone, p. 22 3. Ozonometrie, p. 358. l'aleontologie. Caverne a ossements, p. 77. — OEufs d'Epiornis, p. 270. — Oiseau fossile giganiesque, p. 298, 3i8. — Embryologie fossile, p. 332. — Ossements fossiles de Pikemii, p. 341. — Tapir fossile, p. 636. Panopticon (Royal de Londres), p. 257. — Experiences d'eleclricile , p. 371. XXX COSMOS. Paratcmnerres, p, 2, 216, 269. Pharea individualises , p. 3i2. Phusphure rouge, p. 227. Pbotogiaphie. Appareils. Koite a compailinients, p. 409. — Modifications a la chambre obscure, p. 410. — Chassis de MM. Clement et Relandin, Pliotographie. Agents. Papiers positifs a 1'huile de ruin, p. 6*. — Papier nt- galii a la pnaline, p. 65. — Solution d'acide gallique dans l'alcool, ., a0|5. — Empkii du brooie, p. 3T> 1 . — Euiploi du cyanure d'iode, ]i. 3fta, — Solution double de bromine et d'lodure d'argent, p. 409. — AciJe ritiique substitue a 1'aeide aretique, p. 5i5. — Collodion ii^lantane el cons»T»i\ p. 712. l'holograpliie. Proci'clc. Co'lodiun anllcipe, p. 18. — Albumine sensibilisee, p. 63. — Verre albumine, p. 90. — Pholographie sur collodion sec, p. 146. — Precede a la ceroleine, p. 176. — Collodion sec, p. 248. — Mise an point des images phulogiaphiques, p. 267. — Conserva- tion du collodion, p. 265. — Production des positifs, p. 3Si. — Positifs inalterable}, p. 409. — Emploi des pa piers du commerce, p. 5i2. — Moyen de changer les papiers sensible^ en plein soleil, p. 5 1 5 . — Pliotographie sur verre alhumine, p. 54 o. — Sur collo- dion see, p. 5 45. — Fixage des epreuves positives, p. 710. Pliotographie. Applications. Gravure heliographique , p. i5. — - Evpositiou pholographique de Londres , p. 264. — Gravure lieiiographique, p. 298. — Gravure pholographique, p. 347, -02- — Photographies sur papier see, n. 528. — Photographies de la Crimee, p. 56i. — Transformation des dessins heliographiques en peintures coloriees , p. 708. Phvsiologie. Raltements du cceur, p. 22. — Physiologic du derme, p. I 33. — Influence des uerfs sur la nutrition des os, p. 3cj. — Action des fer- rugineux, p. 78. — Action du sue gastrique, p. 107. — Fatigue de la toix, p. 3oo. — Function du foie , p. 353, 442, 535, 696. — Dusue pancicalique, p. 4o3. — Origine des monstres doubles, p. 43g. — Muscles des planter, p. 638. Physique. Force osmotique, p. i54. — experience de Sommering, p. 2i3. — Influence des radiations solaires sur les plantes, p. 214. — Petite physique, par MM. Plateau et Quetelet, p. 243. — Philosophic du maguelisme, p. 32 r.- — Proprieles physiques du bismuth cristallise. p. 374. — Theorie de I'ecouleinenl des liquides, p. 58a. Physique du globe. Densite de la lerre, p. 26 — Coloration de la mer, p. 24. — Tremblemeuts de terre, p. 78. — Influence de la temperature sur la vegetation, p. 3o4. — Pourquoi la mer esl-elle salce? p. 016. — Temperature el densite des eaux de la mer, p. 338. — Experiences sur le pendule, p. 3gi. — Theorie des experiences gyroscopiques de M. Foucault, p. 4-56. — Sources acides et depots de gypse, p. 720. Piano a queue Vertical, p. 48. Pisciculture, p. i65. — Empoissonnement du lac de Boulogne, p. 567. — Fe- coudaiion des ocufs de poisson3 p. 568. — Etablissement d'Hunnia- gue, p. 645. Pierres meteoiiques , p. 720. Piantoir a piston, p.aOi. Pointes de paratonnerres. p. 269. TABLE DES MATIERES. XXXI Polaiisateur, p. 525. Polarile magnetii|ue, p. 32 r. Pompe en caoutchouc, p. 573. Ponipe sans pislon, p. ii3. Pont de la Tamise, p. 5-]. Prix astronomique de I'Universite de Cambridge, p. 36g. Prix liordin. Sujet propose, p. 46o. Prix, p. 20, 29. Prix decemes, p. 33, 480, 225, 670. Pyrotechnic Nouvel agent de destruction, p. 228. Ragle d'Afrique, p. 352. Reflecleur-Troupeau, p. 487. Repartiteur electrique, p. SjS. Silitium, p. 498. Societe des apothicaires. Soiree microscopique, p. 452. Societe d'encouragement. Seance, p. 44, 83. Societe franchise de photographic, p. 5l4. Societe photographique d'Ainsterdam. Mcdailles deccrnces, p. 712. Societe prolectrice des animaux, p. 647. Sociele royale de Loud res, p. 287, 288. Statistique agricole d'Angleterre, p. 646. Strontium, p. 390. Tabouret de sametage, p. 60, 119. TacheoDietrie, p. 168. Telemetre, p. 249. Telemetre bi-rel'ringent, p. 222. Tempeiature de la mer, p. 489. Teratologic. Poissous monsliueux doubles, p. 33i. — Monslre accphale de I'espece bovine, p. 4J9. — Ve:j.u monst metis, j). 4 '9. — Monslres doubles, p. 53 1. Therapeutique, p. 2 35. Thermometre a maximum, p. 471, 529. Titane, p. 4g3. Topinambcurs, p. 232. Toxicolcgie. Empoisonnement par le curare, p. 77, Triangulation des Indes anglaises, p. 56 1. Turbine a air, p. 538. "Vegelaux parasites, p. 3S. "Vesuve. Eruption, p. 533. Zoologie. — Developpenient des huitres, p. 21, — Organisation des vers, p. \o, — Echinodermes, p. 4i. — Eclosion arlificielle, p. 87. — Acclima- tation des animaux, p. 120. — Hygiene des poissons nouvellenieut eclos, p. 123. — Classification des pigeons, p. 129. — Yaks, p. 20 ',. — Meriuos-Mauchamp, p. 204, 208. — Hornby x de Madagascar, p. 206. — Transformation des cysticerques en tenias, p. 497- — Animal de la spirule, p. 533. — Anesthesie des abeilles, p. 534. — Ver a soie du chene, p. 61 3. T. VI. 5 JANVIER l855. TROISllhlE ANNEE. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. Dans sa seance d'hier, 3 Janvier, l'Acade'mie des sciences avait a elire un vice-president pour 1855 ou president pour 1856, a la place de M. Combes, qui cede a M. Regnault le fauteuil de la pre"- sidence pour 1855. A un scrutin de ballotage, M. Binet a £te nomm6 vice-president par 25 voix contre 21, donnees a M. Desprets. — L'Academie, sur les conclusions d'un Rapport lu par M. De- caisnes, a donne sa haute approbation aux belles recherches de M. Paul Thenard sur les moyens les plus efficaces a employer pour detruire Vecrivain, inseete qui ravage les vignes. Nos lecteurs se rappellent que le toui'teau de moutarde est l'agent de destruction adopte par M. Thennrd avec un succes complet. — M. Dufrenoy, directeur de l'Ecole imperiale des mines, a pre- sents, an nora de M. Halphen, qui en est Je proprietaire , un ma- gnifique diamant trouvc au Bresil, et appele l'Etoile du Sud. Cette pierre, vraiment merveilleuse, et cminemment interessante au point de vue scientifique, est d'une eau tres-pure et de forme dodecae- drique. Elle pese 244 carats, et perdra la moitie" de son poids dans l'operation de la taille, qui sera faite sans clivage et par frottement. Elle vaudra alors plus dc 5 millions, et figurera a. l'Exposition uni- versale, oil elle repandra beaucoup plus d'eclat que la fameuse Montagne de lumiero du Palais de crista]. L'Etoile du Sud faisait partie d'un groupe de crislaux dodecaedriques unis conime les eris- taux de quartz et dv spaih calcaire ; elle a etetEouvee dans les ter- rains metamorphiques du Brusil, qui doivent etre consideres desor- mais comme le gisement naturel du diamant. — M. Dumas a annonce, au nom de M. Voehler, la decouverte vraiment curieuse d'un compose de tellure et de methyle qui, dans une foule de combinaisons chimiques, se comporte en tout comme un metal, donne un chlorure semblable au chlorure de plomb, un iodure semblable a l'iodure de mercure, etc., etc. Nous entrerons bientot dans phis de details. — Co.r.me nous 1 avons promis, nous dor.nons lei deux instruc- 2 COSMOS. tions relatives a l'installation des paratonnerres sur les batiments de mer et le palais de l'Exposition. .. Batiments de mer. Le cuivre rouge a une grande superiority sur le fer et le laiton dont on fait usage trop souvent pour composer le cable qui forme le conducteur du paratonnerre ; ll est moins alte- rable sous l'lnfluence des agents atmospheriques ; et, surtout, il peut etre employe avec une section trois Ibis plus petite. Nous conseil- lons done exclusivement les cables de cuivre rouge ; ils devront avoir 1 centimetre carre" de section metallique ; ainsi leur poids sera d'en- viron 900 grammes par metre courant, ou 90 kilogrammes les 100 metres; les fils auront de 1 millimetre a lmra,5 de diametre ; ils pourront etre cordes a trois torons, comme a I'ordinaire. Le para- tonnerre peut n'avoir que quelques decimetres de longueur, y com- pris sa pointe. Sa jor.ction avec le cable sera faite dans f atelier, a la soudure de l'etain. Pourcelaon pourra, par exemple, menager dans la tio-e un trou convenable , y passer le cable, et ramener le bout de 3 a 4 decimetres de longueur pour le corder et l'arreter avec le reste ; ensuite le trou sera rempli d'une soudure qui impregne tous les fils, et qui forme aux points d'entree et de sortie du cable une sorte de large hemisphere. Avec cette disposition, la tige du paratonnerre ne peut plus se visser elle-meme au sommet de la fleche qui la recoit; il faudra done lui donner une ferme qui permette de la boulonner solidement avec son support. A son extremite inferieure le cable sera ajuste d'une maniere analogue dans une piece de cuivre de forme convenable, et il faudra n^cessairement que cette piece de cuivre soit mise elle-meme en permanente communication avec le doublage du navire. La precaution donton use quelquefois, d'isoler la chaine du porte-hauban, est inutile; etl'habitude de jeter la chaine au moment de l'orage est dangereuse : 1° en ce qu'il est possible que Ion oublie de le faire; 2° en ce que souvent il ne suffit pas que la chaine communique a l'eau de mer par 2 ou 3 decimetres carres de surface. » « Palais de I'induslrie. Les constructions du palais de l'Exposi- tion couvrent un rectangle de 100 metres de largeur sur 250 metres de longueur, sans compter les pavilions qui se trouvent en dehors et sur les quatre faces. La galerie centrale a 25 metres de largeur, la galerie rectangulaire qui lui est contigue et qui l'enveloppe de toutes parts, seulement 28 metres. Les fermes de cette grande charpente de fer sont a. 8 metres Tune de l'autre; elles sont reliees entre elles par des pannes en forme de cornieres, par des moises et des entretoises; et ce vaste ensemble est supporte par plusieurs cen- COSMOS. 3 taines de colonnes de fonte, independamment du mur exterieur. Le sy-teme de construction ne permet pas que les paratonnerres aient plus de 6 a 7 metres de hauteur et qu'ils soient poses ailleurs que sur les sommets des fermes. En consequence, on les etablira de trois en trois fermes, c'est-a-dire a 24 metres l'un de l'autre. Ainsi, la galerie rectangulaire aura trente paratonnerres, la galerie cen- trale neuf ou dix ; quant aux pavilions, ils en recevront plus ou moins, suivant leur etendue et leur position. Un grand conducteur commun sera etabli dans toute la longueur du clmineau qui fait le tour de la galerie centrale, ayant ainsi 500 metres de developpement ; il sera forme avec du fer portant 8 ou 9 centimetres carres de section, et metalliquement continu. Chaque paratonnerre sera muni d'un conducteur particulier qui vien- dra se souder au conducteur commun ; enfin le conducteur commun lui-meme sera mis en communication avec le sol au moyen de quatre puits au moins , qui seront creuses vers les quatre angles du rec- tangle ou vers les milieux des cotes-, et qui devront etre assez pro- fonds pour avoir toujours 1 metre d'eau. II importe que les puits soient eloignes les uns des autres; il importe pareillement que les conducteurs qui viennent y perdre la foudre se trouvent en contact avec le liquide par de grandes surfaces, soit qu'on les y ramifie de diverses manieres, soit que Ton y soude des feuilles larges et epaisses de tole etamee , de zinc ou de cuivre. Les paratonnerres des pa- vilions seront de meme relies au conducteur commun ou au plus voisin de ses embranchements qui se diligent vers les puits. >< Nous trouvons tres-mauvaise et tres-dangereuse , par les raisons que nous avons deja exposees, 1'idee d'un grand conducteur com- mun sur lequel les trente conducteurs particuliers viendraient s'em- brancher a angle droit. II est presque impossible dans une sem- blable disposition, que, dans le cas d'un grand afflux d'electricite", le conducteur ne soit pas rompu avec des dangers graves. II faut absolument ou supprimer ie conducteur commun, ou amener tan- gentiellement les conducteurs particuliers. MECANIQUE APPLIQUfiE. SVR UN NOl'VEAU MODE d'eMPLOI DE LA VAPEUR ynr la restitution, aprh tkt&e expansion prriodique , de la chaleur convertie en effet mecawiue; at sur unc ncuvclk machinf a vapeur pulmonale, par M. BhWHN atne . Ce memoii e , dont les lecteurs du Casinos auront les premices, a ete Ui hier, mercredi 3 Janvier, a 1' Academie des sciences, par M. Elie de Beaumont. 11 imeresse au plus haut degre la science pure, qui voit une de ses theories les plus abstraites passer a l'etat duplication pra- tique, d'une actualite et d'une importance tres-grandes; il interesse plus encore l'industrie a laquelle il ouvre tm nouvel avenir; nous ne pouvons imeux ouvrir la campagne scientifique et industrielle del855 qu'enle publiant. - Le celebre Mongolfier, de l'lnstitut de France, dont je tti honore d" avoir ete le neveu, l'eleve et le legataire scientifique, pensait qu'il v avait ulentite de nature entre le calorique et le mouvement, en ce sens non-seulement que la chaleur etait une cause de mouve- ment et le mouvement une cause de chaleur ; mais en ce sens encore que la chaleur et le mouvement sont deux formes differentes deux effets d'une seule et meme cause ; que la chaleur peut se convertir en mouvement, et le mouvement en chaleur. Partant de cette idee neuve et feconde, Mongolfier invents! et construct, vers 1800, une machine appelee par lui pyro-belier, dont il esperait des resultats extraordmaires : il ne craigmt pas d'annoncer que, par ce mode nouveau duplication du calorique, la jounu'e de cheval, ou un travail egal a celui d'un cheval pendant une journee entiere, ne couterait plus que quelques centimes. Le principe du pyrb-'belier consistait a dilater par la chaleur une cer- taine quantity d'air, toujours la meme, et emprisonnoe ; a faire ser- vir cette augmentation de dilatation et d'elasticite a soulever une colonne d'eau ; et a vestituer a cette meme masse d'air la chaleur depensee ou convertie en effet mecanique, pour la dilater une se- conde fois ; et ainsi indefiniment. Trop jeune, lorsque je vecus de mon oncle 1' explication de la construction et du jeu de cette machine, je ne l'avais ni assez com- prise, ni assez appreciee. Plustaid, en poursuivant les etudes dans lesquelles m'avait en- traine le desir de resoudre les grandes et interessantes questions qui m'avaient ete leguees par lui, j'arrivai a me convaincre que l'abais- sement de temperature qu'un gaz subit en se dilatant et en faisant effort contre les parois qui le renfennent, ou le piston qu'il pousse, devait, sauf les pcrtes de contact, de rayonnement ou autres, etre COSMOS. 5 representee par l'effort exerce ou l'effet mecanique produit ; de sorte que cet elFet pouvait servir de mesure a la chaleur perdue, et reci- proquement; que la chaleur perdue pouvait faire apprdcier d'avance l'effet mecanique qui avait pu ou du etre produit. J'ai expose avec etendue mes theories dans mon ouvrage sur les cbminsde ier, publie en 1838. Comparant experimentalement les abaissements de temperature, ou pertes de chaleur, avec les quan- tites correspondantes de travail produit, j'etais parvenu a calculer approximativement l'equivalent mecanique de la chaleur, et a eta- blir que la quantite de calorique qui eleverait de 1 degre la tempe- rature d'un gramme d'eau, est representee par 449 grammes d'eau environ, eleves a la hauteur d'un metre. Plus tard, en 1S47, dans une note inseree aux Comptes rendus de l'Academie des sciences, tome xxv, p. 421, je communiquai le tableau et le resultat de mes comparaisons. C'est verscette epoque que je crus devoir m'occuper serieusement de resoudre d'une maniere pratique la grande question que je medi- tais.depuis si longtemp's , etje melivraia l'etude d'une machine qui, ayant plus de rapports que le pyro-belier avec les machines donton se sert actuellement dans l'industrie , put etre employee a tous les usages auxquels on applique aujourd'hui la vapeur utilisee coin me force motrice. Une chose cependant me faisait encore hesiter ; c'etait la crainte de me mettre en opposition avec les doctrines regnantes. La plupart des physiciens admettaient, avec le celebre Watt, que la quantite de chaleur quil faut fournir a 1 kilogramme d'eau liqtride a 0" pour la transformer en vapeur, sous une pression quelconque, est constante ; cette loi semblait confirmee pour les experiences de MM. Clement et Desorme. En l'admettant com me vraie, la vapeur, apres avoir refoule le piston, aurait eu la meme temperature qu'a- vant ; il n'y aurait eu aucune perte de chaleur dans la production de l'effet mecanique ; or, cette conclusion est en contradiction evidente avec ma theorie, qui donne pour cause a l'effet mecanique la cha- leur perdue dans la dilatation de la vapeur. J'etais intimement con- vaincu, et je ne m'en cachai pas, que la loi de Watt impliquait le mouvement perpetuel, dont la possibilite se trouvait ainsi admise par la science du jour. Dans cette hypothese, en effet, le calorique communique a l'eau pour la reduire en vapeur, se serait retrouve dans l'eau de condensation ; Ton pouvait d'ailleurs concevoir ou sup- poser un moyen d'employer ce calorique repris a la reduction en va- peur d'une nouvelle quantite d'eau, et Ton serait revenu au point de COSMOS. depart : on aurait produit un effet mecanique sans avoir rien dis- pense, ou un eflet sans cause. La faussete de cette loi ne fut jamais pour moi I'ofcjet d'un doute, mais je.craignais d'etre mal recu, ou de n'etre pas ecoute, en m'inscrivant centre elle, et j'attendis. Enfin, le 15decembre 1845, M. Regnault publia les resultatsde ses experiences sur les chaleurs latentes de la vapeur aqueuse a sa- turation sous diffe rentes pressions, et demontra, comme M. Des- pretz l'avait deja fait pressentir par ses experiences, qu'au contraire la quantize de chalcur qu un kilogramme de vapeur d'ean sature'e sous diverses pressions abandonne en se reduisant a I'etat dean liquids., est d'autant plus grande que la pression de vapeur est plus considerable , d'autant plus petite que (a pression de la vapeur est moindre. II en resulte immediatement que la vapeur qui, en se dila- tant et diminuantde pression, vient de soulever le piston, perd une certaine quantite de chaleur ; et rien n'empeehe plus d'attribuer a cette chaleur perdue 1 'effet mecanique produit. J'abordai alors resolument la solution tant desiree par la science et I'industrie, de ce probleme capital : convertir le calorique en force motrice avec la plus petite quantite possible de combustible. Voici comment j'ai compris cette solution : faire agir toujours la meme va- peur, a la condition de lui restituer apres ehaque dilatation succes- sive, ou apres ehaque coup de piston, le calorique qu'elle perd et qui produit 1'effet mecanique, en la ramenant au sein d'un genera- teur,et l'ymaintenant enfermee pendant un temps suffisamment long. Mais pour pouvoir amener cette solution a l'etat pratique, il fal- lait avant tout eutrer en possession de certaines donnees experi- mentales dont je vais dire quelques mots. Les differences de temperatures par lesquelles il est necessaire de faire passer la vapeur pour obtenir, en l'employant de cette ma- niere, des effets comparables a ceux des machines actuelles, sont tres-grandes ; et il n'etait pas certain, a priori, que les masses me- tal liques qui entrent dans la composition da generateur conserve- raient une tenacite et une resistance suffi^antes lorsqu'elles seraient porlees a ces temperatures si elevees. D'un autre cote , il importait grandement, pour le succes de ma machine, qu'il fut possible d'e- lever dans un temps suffisamment court, d'un assez grand nombre de degres, la temperature d'une certaine masse de vapeur. J'avais done et a appiecier experimentalement la tenacite des metaux usuels a des teinperatures elevees, et a m'assuier que la vapeur se sur- chauffe dans un temps assez court. Les metaux que j'ai soumis a l'expenence sont le fer, le cuivre COSMOS. 7 rouge et le laiton. Des fils de ces metaux fixes a leur extremity su- perieure traversaient verticalement, de part en part, un reservoir qu'on remplissait successivement avec des metaux fondus, dont on connaissait la temperature de fusion ; a l'extremite inferieure des fils, on suspendait des poids allant sans cesse en augmentant, jus- qu'a la rupture des fils : j'ai trouve, de cette maniere, que les poids qui determinent la rupture d'un fil donne de fer, de cuivre et de lai- ton, adestemperaturesdeplusenpluselevees, 10°, 370°, 500°, sont: a 10° : fer 63 kil., cuivre rouge 41 kil., laiton 51 kil. a 370° : fer 57 » cuivre rouge 15 » laiton 10 » a 500° : fer 37 » cuivre rouge » » laiton » » Ainsi done, a 500°, le fer conserve encore plus de la moitie' de la t£nacite qu'il possedait a 10°, et rien ne s'oppose a l'emploi d'un gen£rateur en fer, pourvu qu'on lui donne une epaisseur suffisante. Le cuivre rouge pourrait servir aussi, pourvu qu'on n'opere pas a de trop hautes temperatures ; mais il faut absolument rejeter le laiton, qui perd tres-rapidement sa tenacite, et se desagrege avec une fa- cility extreme a des temperatures elevees. J'ai trouve beaucoup plus de difficultes a apprecier le temps ne"- cessaire pour elever d'un certain nombre de degres la temperature d'un gaz ou d'une vapeur, en contact avec des surfaces portees au rouge obscur ou chauflees a 6 on 700 degres. Les experiences de M. Ericsson , si elles etaient mieux decrites et mieux connues , eclairciraient sans aucun doute cette question delicate; mais elles sont entourees de grandes incertitudes. Tout semble cependant indiquer que l'air qui mettait en jeu sa machine, en traversant des toiles metalliques superposees , alternativement chaudes et froides, s'echauffait ou se refroidissait avec une rapidity beaucoup plus grande qu'on ne l'aurait cru d'abord. Pour me faire une idee de cette rapidite de calefaction , j'ai fait assembler deux tubes en fer, de 50 centimetres de longueur, Tun de 5 centimetres, l'autre de 15 millimetres de diametre; disposes parallelement, a une distance de 5 centimetres , et reunis par un coude qui les mettait en communication l'un avec l'autre; l'ensem- ble des deux tubes avait ete place" dans un chassis de fondeur, et on avait coule" tout autour de la fonte, de maniere a convertir en un seul bloc et a laisser autour des tubes une epaisseur de 5 centimetres de fonte. Les bouts ouverts des tubes Etaient munis de robinets que Ton pouvait ouvrir ou fermer au moyen de longues tiges , pour in- troduce a volonte de la vapeur dans cette espece de gene>ateur ou la laisser ^chapper. L'appareil entier pesait 50 kilogrammes ; on 8 COSMOS. l'installa au-dessus d'nnc grille dans un fourneau en maconnerie avee les robinets au dehors, et sur la partie superieure du bloc on avait -creuse dans l'epaisseur de la fonte des trous que Ton remplissait avec des fragments de plomb, d'etain et de zinc, destines a mettre en evidence parleur fusion la temperature du generateur. Tout etant ainsi dispose, on apporta sur la grille des charbons incandescents, et Ton coiiatata d'abord , qu'au moment ou le zinc entra en fusion, la partie du bloc, ou generateur qui se trouvait dans Tinterieur du four- neau etait rouge-obscur ; on fit alors entrer de la vapeur par l'ou- verturede I'ufi des tubes, a trois atmospheres et demie environ, jus- qu'ace qu'elles'echappat par l'autre ouverture. On forma subitement les robinets un moment apres ; en commencant par celui qui dtait place du cote oil s'ecnappait la vapeur. Au merae moment l'aiguille d'un manometre metallique de M. Bourdon , en communication avec l'interieur des tubes, s'elanca brusquement et indiqua (pie la pression s'etait elevee dans l'interieur de l'appareil a dix, douze et quelquefois meme quinze atmospheres; mais cetie pression exces- sive ne durait qu'un instant, on la voyait tomber presqu'instanta- nement a trois atmospheres et demie ; soit que les robinets par ces variations subites de temperatures tres-inegales , fussent devenus impuissants a contenir la vapeur, soit que les surfaces de l'appareil en contact avec fair exterieur lui fissent perdre rapidement l'exces de chaleur absorbe par la vapeur surchauffee et qui l'avaient tant dilutee. Repetes un grand nombre de fois , ces essais donnerent toujours ie meme resultats; tout incomplet qu'ils sont, puisqu'on ne mesurait pas rigoureusoment le temps de la surchauffe de la vapeur, ils suf- iisent d'pendant a confirmer les experiences de M. Ericsson ; et a prouver que la vitesse avec laquelle la vapeur ou les gaz prennent la temperature des surfaces chaudes avec lesquelles elles sont en contact, ou cedent a des surfaces relativement froides la chaleur qu'elles ont absorbee, estreellementtres-grande; e'etait tout ce qu'il fallait pour me decider a tenter la construction d.'une machine com- plete et capable de fpnetionner en grand. Cette machine, telle que je la concois, et que l'un de mes fils est en train de la faire executer, se compose de deux cylindres, dont les pistoi.s ont 1 metre de course, 50 centimetres de diainetre; les deux cylindies sont places en face l'un de l'autre sur le prolongement d'un meme axe; leurs pistons sont lies a la meme tige, formee de deux parties egales, assemblers par un joug auquel s'adaptent les bielies qui transmettent au volant le mouvement des pistons. COSMOS. 9 Chaque cylindre communique avec un generateur cylindrique de 2 metres de long, de 20 centimetres de diametre , d'une capacite egale aux deux tiers de celle du cylindre, et partage en deux com- partiments ou chambres , l'une superieure , I'autre inferieure, par une cloison horizontal qui laisse libre le passage d'une chambre a I'autre vers l'extremite du generateur la plus el'oignee du cylindre'. La vapeur qui met la machine en jeu est divisee en deux masses distinctes : chacune d'elles passe alternativement dans l'uu des deux generateurs du cylindre correspondant, entrant par la chambre superieure et ressortant par la chambre inferieure. Lorsqu'ello remplit en entier la capacite du premier cylindre et du generateur, la vapeur est a 1'etat de saturation et sa tension est la meme que celle de lair exterieur; a ce moment le piston de ce premier cylindre, repousse par le piston du second cylindre, refoule cette vapeur dans le generateur, en exercant sur elle une predion nulle d'abord, et qui, a la fin de la course du piston , est egale a. 2 atmospheres, plus la tension produite par i'elevation de tempera- ture resultant de la compression de la vapeur refoulee et de son ele- vation de temperature pendant le temps qu'une portion de cette meme vapeur a sejourne dans le generateur. Ce premier mouvement est ce que j'appelle coup negatif. Les calculs que j'ai etablis pour determiner !a pression moyenne exercee sur le piston pendant son parcours entier m'ont porte a croire qu'elle serait de 2 atmospheres et2/10 environ. A ce moment le mouvement d'un liroir intercepte la communication entre le cylindre et le generateur, et enferme la vapeur dans le generateur pendant une oscillation entiere du piston, soit deux secondes environ ; elle se trouve alors en contact avec dea surfaces dont la temperature atteint 7 a 800 degivs; et je pense que cet hitervalie de temps sera sulhsant pour que sa temperature puisse s'elever de maniere a doubler son volume , ce qui aura lieu si cette temperature est portee a 400-degres ou augmentee de 267 degres ; sa pression ainsi aura attemt S atmospheres Un second mouvement du tiroir permet alors a la vapeur de s'intro- duire dans le cylindre. D'abord de 8 atmospheres, sa pression di- minue a mesure que le piston fuit devant elle , jusqu a ce qu'il soit parvenu a l'extremite de sa course ; et a ce point, un calcul approxi- mate m'a montre que la quantite de calorique qui disparaitra dans l'acte de la production de la force sera moindre que celle qui a ete employee , et que sa tension a ce moment sera encore superieure a celle de i'air exterieur. Je designe ce second mouvement sous le nom de coup positif; et j'estime que la pression moyenne exercee 10 COSMOS. par la vapeur sur )e piston pendant ce mouvement sera egale a 3 atmospheres et 8/10. L'effet utile de la machine sera evidemment la difference entre les pressions qui, dans le coup positif et le coup negatif, seront exercdes alternativement sur les deux pistons lies a la meme tige. Soit 3,80 — 2,20 = 1,60 atmospheres, ou lk, 60 par chaque centimetre carre. Cet eil'et utile serait done double a peu pres de ce que Ton obtient dans les machines a basse pression, dites de Watt ; et il re- presentee 20 chevaux dans la machine d'essai actuellement en construction, dont les cylindres auront50 centimetres dediametre. Comme il est essentiel que la vapeur a la fin du coup positif soit a l'etat de saturation et a la tension de l'air exteVieur , pour que, dans le coup negatif, le piston eprouve le moins de resistance pos- sible, Ton introduira a ce moment dans le cylindre quelques gouttes d'eau, qui, en faisant baisser la temperature et la saturant, rame- neront sa tension a n'etre plus que celle de 1'atmosphere. Cette va- peur remplacera les pertes qui auront pu se manifester pendant 1' oscillation de la machine ; dans tous les cas , une petite ouverture qui sera mise a decouvert par le piston a. l'extremite de sa course, et qui communiquera avec l'air exterieur, permettra a la vapeur en exces de s'echapper, et a celle qui restera dans le cylindre de reve- nir a son etat de tension et de temperature primitives. Le jeu de la machine recommencera alors et se continuera indefiniment de la meme maniere. Quelque soin qu'on apporte au calcul, a priori, de l'effet d'un moteur, le passage de la theorie a. V execution presente toujours quelques incertitudes; il est impossible, par exemple, dans le cas actuel, de definir avec assez de rigueur les pressions de la vapeur dans les differents dtats par lesquels elle passe ; le temps employe par la vapeur a atteindre la temperature voulue. Mais la nouvelle machine, par sa nature, se prete a ce que Ton puisse facilement remedier a tous les inconvenients, a mesure qu'ils se presenteront. On pourra rendre plus ou moins intense la chaleur du fourneau pour augmenter ou diminuer, selon le besoin, le temps necessaire a. sur- chauffer la vapeur, etc., etc. Onarrivera ainsi, apres plus ou moins de tatonnements, a rtfgulariser promptement, je l'espere, le jeu de la machine, a lui faire produire une quantite de force tres-peu dif- ferente et probablement superieure a celle qui a ete indiquee par le calcul comme maximum de son effet utile. Le jeu de la machine est maintenant explique et compris ; on voit comment une premiere masse de vapeur, introduite ou engendree au COSMOS. 11 sein de l'appareil et faisant incessamment la navette, se surchauf- fera dans l'un des generateurs, pendant que la vapeur de l'autre g<§nerateur sera employee a produire le mouvement ; comment , lorsque la vapeur enfermee sera arrived au degre de tension suffi- sant, elle entrera dans le cylindre et produira a son tour l'effet rae- canique. Le mode d'emploi de la vapeur realise dans le nouveau moteur permettra de rdduire dans une proportion enorme les depenses qu'entrainent les machines actuelles pour produire la force. On sait, en effet, que de l'eau a 0° absorbe, pour etre reduite en vapeur a 100°, 660 degres de chaleur; or quand on rejette la vapeur dans l'air apres s'en etre servi, ou qu'on la fait disparaitre en la conden- sant au moyen d'eau qu'on e^oule en pure perte, pour lui substituer une nouvelle quantite de vapeur, la depense, a chaque coup de piston, est representee par pres de 660 degree de chaleur perdue. Au contraire, dans la machine pulmonaire, il s'agit seulement d'e- lever la temperature de la vapeur considered comme gaz permanent de 267 degree, et Ton sait quelle est la faible capacit6 calorifique des gaz, surtout a cet icite" moindre. On trouvera, dans le Cosmos, t. II, p. 389, une note tres-im- portante de M. Grove sur les avantages des verres additionnels, M. Negre a tres-bien fait d'entrer dans cette voie. — La Lumiere annonce que M. Niepce de St-Victor a substilue avec beaucoup d'avantage, a l'acide nitrique employe jusqu'ici comme mordant dans la gravure heliographique, une eau saturee d'iode et additionnee d'acide chlorhydrique pur ; le nouveau mor- dant n'attaque plus le vernis , que l'eau forte traversait souvent, et donne des resultats beaucoup plus beaux. — M. Breton de Champ croit avoir demontre , dans une note inseree aux Comptes rendus , qu'il est impossible de trouver le moyen de faire au daguerreotype des portraits de grandeur natu- relle. « La difficulty dit-il, d'obtenir avec les appareils actuellement connus des portraits de tres-grande dimension , tient a diverses causes dont la principale est l'inegalite des distances des divers points du modele a l'objectif. Concevons, en dehors de l'instru- ment , la surface dont chaque point a pour foyer conjugue" un point de la plaque. Les points du modele situes en avant ou en arriere d'une telle surface ont leurs foyers conjugues situes en avant ou en arriere de la couche impressionnable , et il resulte de la que les images de ces points sont plus ou moins dilatees, ce qui produit cette confusion que tout le monde connait. Ne serait-il pas possible 16 COSMOS. d'attenuer cet inconvenient, ou meme de le rendre insensible, en modifiant la construction de 1'appareil I Des tentatives dans ce sens ont etc faites par d'habiles artistes. On a meme annonce la possi- bilite de faire des portraits de grandeur naturelle, mais jusqu'a. present ce n'est encore qu'une esperance. Eh bien! cette esperance ne peut pas se realiser !... » Nous en sonimes bien fache pour M. Breton de Champ et pour ses formules, mais, comme nous 1'avons annbnee" plusieurs fois, M. Mayall a fait de tres-beaux por- traits de grandeur naturelle ; nous les avons vus de nos yeux, et l'habile operateur a realise cette pretendue impossibilite a l'lnsti- tution poly technique devantune reunion nombreuse.il est, d'ailleurs, un autre moyen de resoudre ce probleme, et qui consiste a agrandir supplement par la propriety des foyers conjugues un portrait obtenu en petit , comme M. Macaire l'a fait ll y a longtemps, — La Societe photographique de Loni.li es organise en ce moment sa seconde exposition generale de photographie ; elle aura lieu de la premiere semaine de Janvier a la fin de mars; elle se tiendra dans la galerie de la vieille Societe des peintres a l'aquarelle , 5, Pall- Mall-East. Les exposants etrangers devront envoyer leurs epreuves, affran- chies, a cette adresse, avant le 31 Janvier 1855. Chaque peinture devra porter : 1° au dos , en ecriture lisible, le nora et l'adresse du photographe ou de l'exposant, avec le nombre d'images ou de cadres; 2° sur le devant, le sujet, le precede employe et le nom du photographe. Les epreuves positives retouchees ou co- loriees, doivent etre accompagnees d'une copie non retouchee. Chaque consignation de peintures doit etre adresseea 1'honorable secretaire, a la galerie , avec une lettre contenant l'adresse de l'expe- .diteur, le nombre et le sujet des epreuves, le precede suivi, le prix de vente , si on doit les vendre, et toutes les autres particularitcs que chacun croira utiles. Chaque peinture doit etre encadree ; si les Epreuves sont petites, on recommande d'en placer plusieurs dans un meme cadre. II sera beaucoup plus facile de suspendre et d'etaler les epreuves si les cadres ont des dimensions uniformes; par exemple, 23 pouces sur 18 , pour recevoir quatre epreuves de 9 pouces sur 7 ; ou 29 pouces sur 21 pour recevoir quatre epreuves de 11 pouces sur 9. On e.-,t prie d'envoyer de preference des cadres unis et dords, a bordure aussi etroite que possible. On retiendra 10 pour 100 sur le prix des ventes realises dans la galerie. COSMOS. 17 Le droit d'entree, pour les visiteurs, sera d'un schelling; les expo- sants entreront sans payer ainsi que les membres cle la Societe, qui auront en outre le privilege d'introduire un ami sans payer. — Le proces de M. Talbot contre M. Laroche , dont nous avons parle dans l'une de nos dernieres livraison , a ete' juge le mercredi 20 decembre, apres deux longs jours de debats, au sein de la cour des plais communs, par le lord cheide justice Jervis et un jury spe- cial Pendant les longues seances la salle d'audience a ete constam- ment remplie, on y voyait reunies toutes le.- sommites de l'art pho- tographique, et une foule de tcmoins celebres, MAI. Millet de King's colk'ge , Hoffman, Crookes , Claudet, Read, Ross, etc., etc. Nous donnons aujourd'hui la partie la plus essentielle de la discussion , les questions poshes par le lord chef de justice, la decision du jury et le jugement. Premiere question. M. Reade a-t-il connu 1'usage du nitrate d'argent et de l'acide gallique, unis a l'iodure de potassium 1 L'a-t-il connu et rendu public avant fevrier 1841 ? S'il en est ainsi, le jury devra prononcer que M. Talbot n'est pas, au point de vue du droit de patente, le premier et veritable inventeur. Seconde question, relative a la question de culpability ou de non culpabilite de M. Laroche, accuse d'avoir porte atteinte aux droits de M. Talbot : Le procede, au collodion avec le nitrate d'argent et l'iodure de potassium, est-il le meme que le procede de M. Talbot, quoique l'acide gallique qui fait partie du procede de M. Talbot, n'entre pas dans le procede au collodion I Comme dans ce dernier proceMe l'acide gallique est remplace par l'acide pyrogallique, le jury aura a decider si ces deux acides sont substantiellement les memes quant aux resultats qu'il s'agit d'obtenir. Apres une deliberation de trois quarts d'heure, le jury revient et presente au lord chef son verdict ecrit. Le lord chef, alors, se leve et dit : Vous declarez done que M. Talbot est le premier et veritable inventeur, dans l'esprit de la loi des patentes \ Oui, dit le president du jury, il est le premier qui ait publie le procede. Lelordchef. Vousdeclarezquel'accuseLarochen'estpascoupablet Le president dujury, Oui. En entendant cette declaration, plusieurs des assistants voulaient applaudir, mais le lord chef les contint en mena5ant de faire arreter ou punir tous ceux qui se permettraient cette irreverence. Le verdict ou jugement aete, en consequence, enfaveurdel'accuse. 18 COSMOS. Aussi M. Talbot, ot il ne pouvait pas en etre autrement, est maintenu dans ses droits incontestables d'inventeur de la Talbotypie ou photographie sur papier. Mais il est en ineme temps reconnu que le procede* de photographie sur collodion n'est pas sous le coup de la patente de M. Talbot, quoique les dpreuves dans ce proc<5d6 soient obtenues en deux temps, a l'aide de cliches negatits et ; quoi- que les agents chimiques employes dans les deux precedes soient au fond les memes : le nitrate d'argent, l'iodure de potassium, l'acide gallique ou pyrogallique. Tout le monde applaudira a ce jugement doiit la sagesse est evidente. M. Lyte donne avec plus de details , dans le Journal de la Societe photographique de Londres, la composition du sirop avec lequel, comme M. Shadbolt, il conserve au collodion sa sensibility pendant un temps presque indefini. Prenez 1 livre (454 grammes) du meilleur amidon blanc ; ajoutez 1 pinte (5 decilitres) d'eau dis- tillee, iroide, de maniere a former une pate legere; chauffez; faites bouillir dans une capsule en porcelaine un melange de deux quarts (2 litres d'eau distillee et 2 onces (60 grammes) d'acide sulfurique ; ajoutez , peu a peu et en remuant sans cesse , la pate d'amidon ; maintenez en ebullition pendant quinze minutes, et versez dans une lar°e bouteille, de maniere a la remplir ; placez la bouteille dans un grand vase rempli d'une forte dissolution de sel dans l'eau; faites bouillir de nouveau pendant douze heures, la bouteille etant bou- chee avec soin. Placez le liquide ainsi obtenu dans une bassine , ajoutez de la craie ou du blanc d'Espagne en poudre, aussi long- temps que 1' effervescence continue ; passez ensuite a travers un linge ; filtrez sur du charbon animal et evaporez de maniere a r6- duire le volume a un peu moins d'un litre. Quand le liquide sera froid, ajoutez 5 grains (3 decigrammes) de nitrate d'argent, etcon- servez a l'abri de la lumiere. Lorsque la plaque aura ete sensibilis£e a l'ordinaire, et lav£e dans un bain de nitrate d'argent a 1/2 grain (0er,032) par once (30 grammes) d'eau, versez sur elle du sirop prepare ci-dessus ; faites secher comme de coutume, et enfermez dans une boite parfaitement ferm^e. M. Lyte developpe l'image en la plongeant d'abord dans un bain de 500 grains (66r,5) de nitrate d'argent par pinte (5 decilitres) d'eau, bain qui ne doit servir qua cette operation ; et traitant en- suite par l'acide pyrogallique, ou par l'acide gallique, qui reussit aussi bien que pour le papier. La plaque ainsi pr6par£e conserve toute sa sensibilite. ACADfiMIE DES SCIENCES. SEA.NCK DU 26 DECEMJ3RE. M. le Ministre de l'instruction publique transmet une ampliation du decret imperial conformant la nomination de M. Payer a la place vacante dans la section de botanique , par suite du deces de M. Gaudichaud. M. Payer prend place parmi ses confreres. — M. Duhamel lit un memoire sur le mouvement des differents points d'une barre cylindrique qui se refroidit. II se propose de mon- trer comment , dans certains cas simples du mouvement produit dans les corps solides, par suite des changements de temperature, on peut se dispenser de recourir aux equations generales donnees autrefois par lui. Ce moyen de simplification consiste a admettre que , pendant le refroidissement d'une barre peu epaisse , formee d une substance tres-eonductrice, la temperature est la meme dans toute l'etendue d'une meme section perpendiculaire a la longueur, et que les points situes dans une meme section yrestent constam- ment , de sorte qu'il n'y ait a determiner que le mouvement des sections. II redout de cette maniere le probleme suivant : on donne une barre cylindrique, ayant pour section orthogonale une figure quelconque ; ses deux bases sont soumises a des tractions egales , constantes ou variables avec le temps , suivant une loi donnee : cette barre est placee dans une enceinte dont la temperature est invariable , et Ton demande le mouvement de chacun de ses points pendant la duree indefinie du refroidissement. Comme application, M. Duhamel suppose que les extremites de la barre sont bees a des obstacles mobiles qu'elles peuvent entrainer par suite du refroidis- sement ; il calcule pour chaque instant la force produite par la barre et le mouvement de ses extremites; il determine la quantity de travail produit par le refroidissement , et montre quelle depend non-seulement de la barre , mais encore de la loi de resistance opposee par 1'obstacle. II effectue les calculs dans le cas simple ou l'obstacle peut etre considere comme un ressort dont la force serait proportionnelle au deplacement du point d'application. — M. Le Verrier presente les observations meteorologiques de l'Observatoire imperial pendant le mois de novembre. Jusqu'ici, les observations n'avaient 6te faites r^gulierement que quatre fois par jour : a neuf heures du matin, midi , trois heures et neuf heures du soir. Depuis le lcr novembre, on observe a six heures du soir et minuit ; et, des que le personnel sera suffisant, on observera a trois heures et six heures du matin. M. Le Verrier presente encore a l'Academie un dessin ex6- 20 COSMOS. cute par M. Chacornac, des taches et facules du soleil, a une epoque coincidant avec la fin de l'eclipse totale qui a eu lieu le 20 novembre dernier dans l'hemisphere austral. M. Chacornac donne en outre les mesures des distances de ces taches et de ces facules au bord et au centre du disque solaire. En 1851, les observations de M. Schwabe parurent indiquer une relation entre les protuberances rou'-es aroercues et la position des facules ; le dessin et les nombres de M. Chacornac serviront a constater si cette relation s'est mani- ee encore en 1854. M. Milne Edwards fait hommage de la premiere livraison d'un ouvrage sur les coralliaires ou polypes propreinent dits , qui! publieen commjio avec M. Jules Haime. Le fascicule contient 1'his- toire des turbinalides, des ooulmides et des astreides. M. Tulasne lit un rapport sur un memoire de M. le docteur Dominique Clos, ayant pour titre : Monographie des Flacourtia- nces. Les conclusions du rapport sont que M. Clos a bien merits de la botanique et a droit a ce que l'Academie l'encourage a pu- blier son travail. — L'Academie nomme, par la voie du scrutm, une commission compose de cinq membres, MM. Liouville , Land, Cauchy, Biot, Duhainel , chargee de rediger le programme pour le prochain con- cours du prix Bordin. M. Marcou adresse l'esquisse d'une classification des chaines de montagnes d' une partie de I'Amerique du Nord. Dans l'Europe occidi iuale , M. Elie de Beaumont a reconnu et classe vingt et un systemes de chaines de montagnes, et il a prolonge plusieurs de ces systemes dans les autres parties du monde. Deux de ces prolonge- ments coincident de la maniere la plus complete avec deux systemes de montagnes qui se trouvent dans la partie de I'Amerique du Nord embrace dans l'esquisse de M. Marcou. L'un, dengue sous le nom de syatenie des ballons et des collines du bocage, qui adisloque les couches du terrain caibnnifere dans la Bretagne, le Westmo- reland , les Vosges ct les montagnes du Hars, coincide exactement avec le s}>teme des Alleghanys, qui a redresse aux Etats-Unis les couches caiboniferes des Etats de Pensylvanie, Maryland, Virgime, Kentucky, Tennessee. L' autre, connu sous le nom de systeme de Thurin-eiwald et du Morvan, prolong^ en Amerique, se trouve y coincider en tout avec le systeme de la pointe Keevenaw et du cap Blomidon. M. Marcou avait reussi a classer onze systemes nou- veaux ; ceux : des montagnes Laurentines , de Montmorency , de Montreal, de Notre-Dame, du MeTidien, de la Nouvelle-Angle- COSMOS. 21 terre, de Catskild , de Mogoyon cm Blanca, Rocheuses ou de la Sierra-Madre , Coast-Range de Californie ; de la Sierra-Nevada ; de la Sierra-San-Francisco. M. Marcou signale aussi aux geologues les relations qui existent entre les differentes periodes ou groupes de terrain de l'Amerique etles lignes de dislocations et de relevements qui traversent ce grand pays. La, comme en Europe, les chaines de montagnes sont en relation intime avec chaque division de l'echelle chronologique des terrains stratifies. — M. Lacaze-Duthiers communique de nouvelles observations sur le developpement des huitres. Dans la belle saison qui vient de s'ecouler, l'auteur a passe trois mois sur les cotes de la Bretagne , occupe de recherches embryogeniques. Apres bien des soins et des peines, ii est parvenu a conserver vivantes des larves ou embryons d'huitres pendant trente et quarante-trois jours ; place's dans des vases , ils nageaient en tous sens , montaient ou descendaient , et venaient souvent former une sorte de couche a la surface. La jeune huitre est alors d'une voracite tres-grande ; sa bouche re^it toutes les matieres que lui apporte le mouvement ciliaire ; en ajoutant aux aliments du vermilion , du carmin ou du bleu d'azur, on peut etudier avec un plein succes le tube digestif. La bouche est placee entre le disque moteur et cette espece d'appendice pediforme qu'on remarque en avant de l'anus ; il n'est pas vrai de dire, avec M. Davaine, . qu'elle ne devient apparente qu'apres la chute du disque. La bouche estun longinfundibulum dont 1'axe est parallele au plan du disque moteur; ses parois, tapiss>ses de cils tres-vifs, dirigent le courant vers l'estomac ; celui-ci s'allonge et se retrecit vers son milieu par un etranglement a la hauteur duquel s' attache 1'intestii! , lequel s'ac- croit beaucoup et se contoinne en remontant vers le foie, sur le cote gauche de l'estomao ; M. Lacaze a suivi la marche des matieres co- lorantes de la bouche au travers de l'estomac et de 1'intestin, jus- qu'a l'anus, il a meme constate l'apparition de bols excrementitiels ; le foie se limite et se creuse de plus en plus d'une cavite dans chacun de ses lobes ; bientot son parenchyrne commence a renfermer des granulations caracteristiques. M. Davaine s'est trompe en affirmant qu'a. une certaine ^poque le disque tombait ; il aura pri* un fait pathologique ou morbide pour un changement embryonnaire. M. Lacaze Dathiers a vu aussi appa- raitre les otolithes, dont personne n'avait constate Vexistence chez les huitres, et qui precedent les organes de la circulation et de la respiration comme cela s'observe si nettement dans les gasteropodes. II croit pouvoir affirmer que lorsque la jeune huitre peut vivre inde- 22 COSMOS. pendante et s£par£e de sa mere, elle n'a ni branchies ni coeur. — M. Hermite, ancien capitaine du genie, envoie la theorie et description d'une machine a courants electriques, a laquelle nous n'avons rien compris. II s'agirait de produire un effet mecanique avec l'electrophore deVolta; et l'auteur arrive a cette singuliere conclusion, inseree dans les Comptes rendus, que le devaloppement de I'electrici/e, au lieu de consommer un travail mecanique, en produit, au contraire, une quantite qui est loin d'etre nulle. — M. Sauve transmet des experiences et des etudes physiologi- ques sur les fonctions et l'hygiene des sangsues. — M. Billiard continue ses recherches des causes du cholera et sur les manifestations electriques des plantes. Les experiences de M. Billiard sont Ires-hasardees et tres-ineertaines ; elles n'auraient pas du. etre consignees dans les Comptes rendus. En approchant tour a tour des pommes de terre saines et des pommes de terre ma- lades d'une aiguille en gomme laque suspendue a un fil sans torsion, l'auteur aurait constate que les premieres deviaient considerable- ment l'aiguille a gauche, tandis que les secondes etaient sans action. — M. Gue>in, de Mezieres, comme M. Fatou, reclame la prio- rite de la decouverte de la cause des battements du coeur. La note suivante de M. Guerin etablit tres-nettement les droits de M. Hif- felsheim : « L'id£e de considerer les battements du coeur comme resultant de l'alternative de dilatation et de vacuite de l'organe, est venue a l'esprit de tout le monde. Mais de cette idee vague a la de- termination precise du mecanisme suivant lequel le phenomene du recul du coeur s'accomplit, pour produire consecutivement le choc de l'organe contre la paroi thoracique, il y a toute la distance d'une hypothese a une demonstration. Or, on a pu lire, dans un de nos precedents numeros, la description d'un ingenieux appareil qui a permis a M. Hiffelsheim de reproduire artificiellement les princi- pales conditions mecaniques du probleme du recul et des battements du cceur. Nous disons conditions mecaniques, car il ne faudrait pas supposer que l'auteur a voulu etendre son idee et sa demonstration au dela. II sait que les mouvements de l'organisme ne sont jamais scindes a ce point de l'ensemble dont ils font partie, qu'on puisse les reduire a des phenomenes de mecanique pure et circonscrite. Si lesrouages du corps humain, mis en mouvement par la vie, peu- vent etre ramenes aux lois de la mecanique generale, c'est a la condition de toute reserve, au profit de leur extreme deMicatesse, de leur extreme complicity, de leur caractere de continuite avec ce COSMOS. 23 qui les environne, le tout approprie au caractere de la force qui les anime. C'est ce que l'excellent esprit de M. Hiffelsheim ne saurait lui faire meconnaitre. Dans cette limite, et avec cette reserve, sa de- monstration estun progres, et un progres dont on ne saurait trop encourager la tendance : c'est de la physique medicale dans la ve- ritable acception du mot, science dont il existe a peine quelques li- neaments. •> — M. Deschamps, d'Avallon, adresse une Note sur la prepara- tion de l'huile de foie de morue et des echantillons de l'huile prepa- red suivant le procede qu'il indique. — M. Tiffereau envoie un sixieme memoire sur la transmutation des melaux. — M. le Ministre de l'instruction publique invite l'Academie a, presenter deux candidats pour la place de membre titulaire vacante au Bureau des longitudes par suite du deces de M. l'amiral Baudin. A cette occasion, M.Duperrey, membre de 1'Institut, ecrit a M. le president la lettresuivante : » M. lecontre-amiral Jacquinot, actuelle- ment major-general de la marine, a. Toulon, vient de me faire parve- nir l'expose de ses titres, dans le but d'etre compris au nombre des candidats qui aspirent a la place devenue vacante au Bureau des longitudes. Je proflte de cette communication pour vous prier de bien vouloir faire agreer a l'Academie ma vive reconnaissance du vote dont elle a eu la bonte de m'honorer dans la seance du 17 juillet dernier. Quant a la nouvelle candidature qui se prepare pour le Bureau des longitudes, j'y renonce, et j'ose esperer que mon excel- lent ami, M. Jacquinot, obtiendra tout le succes qu'il merite. » — M. Combes presente a l'Academie, de la part de l'auteur, M. Bresse , ingenieur des ponts et chaussees , repetiteur de meca- nique aux Ecoles impt^riales polytechnique et des ponts et chaus- sees, un ouvrage intitule : Becherches analytiqucs sur la flexion et la resistance des pieces courbes, aecompagnees de tables nurncri- ques pour calculer la poussee des arcs char-ges de poids dune maniere c/uelconque, et leur pression maximum sous une charge uniformement repartie, in-4° de 270 pages; 1854. Mallet-Ba- chelier. « L'extension, dit M. Combes, de plus en plus grande que pren- nent les vastes constructions en fer et en fonte, donne un "rand in- teret au sujet traite par M. Bresse. II a continue d'appliquer les hypotheses sur lesquelles sont fondeeslesformulesusuelles de la re- sistance des materiaux, mais il a eu soin de signaler les cas oil elles pouvaient &e trouver en defaut. II est parvenu, par la combinaison des 24 COSMOS. calculs algebriques et de constructions geometriques , a rendre plus simple et plus claire la solution de quelques-uns des problemes qu'il a abordes. Dans les recherches relatives a la deformation d'une piece courbe sous Taction de forces ext^rieures donn^es, il a tenu compte du changement de longueur de la fibre moyenne, du a la compres- sion de la matiereet aux variations de temperature, elements qui ne peuvent pas toujours etre negliges sans inconvenient. M. Bresse donne de nombreux exemples d'application de ces formules ; quel- ques-unes se rapportent a de grandes constructions recentes. Pour les arches du viaduc sur le Rhone , entre Beaucaire et Tarascon, l'observation directe a presente une concordance aussi precise qu'on pouvait I'esperer avec les resultats du calcul. Son ouvrage nous pa- rait devoir etre fort utile aux ingenieurs pour 1' usage desquels sont calculces les tables numeriques qui le terminent. II sera lu aussi avec int^ret par les personnes plus specialement occupees de re- cherches theoriques. •> — M. Milne-Edwards presente au nom de M. Camille Dareste un nouveau memoire sur la couleur rouge que la mer presente en diverges localites et sur les causes de cette coloration. Les naviga- teurs rencontrent frequemment en mer des espaces plus ou moins considerables oil l'eau presente une couleur difference de la couleur ordinaire, et qui passe par toutes les nuances intermediaries entre le jaune, le rouge de sang et le brun. Les eaux colorees forment des bandes ordinairement d'une grande etendue , et dont le bord se distingue tres-nettement de l'eau qui a conserve sa transparence; dans certaines localites au moins, ces colorations sont en quelque sorte permanentes, ou se reproduisent aux meines epoques de l'an- nee. M. Dareste, qui a le premier constate ce fait aussi inteYessant pour la geographie physique que pour l'histoire naturelle, distingue dix genres de colorations dont il assigne la cause. 1° Par l'espece d'algue microscopique que M. Ehrenberg a decrite sous le nom de trichodesmium erythrceum; on l'observe dans la mer Rouge et la mer de la Chine ; 2° par le trichodesmium Hindsii de M. Montagne, assez commun sur les cotes de l'Amerique meridionale ; 3° par une algue encore indeterminee, le sea saw dust, sciure de bois marine des Anglais, speciale a l'Oceanie ; 4° par des crustac^s microscopi- ques de l'ordre des lopipodes , cerochidus Justralis, vers l'einbou- chure de la Plata ; 5° par les crustaces de la famille des decapodes macroures, grimotea , sur les cotes meridionales et occidentales de l'Amerique. 6° Par les noctiluques , dans les mers les plus diverses. Ces COSMOS. 25 animalcules, tie la classe des rhyzopodes, qui sont Tune des prin- cipals causes de la phosphorescence de la mer, peuvent , dans certaines circonstances, se colorer en rouge, et donner lieu a un changement de couleur de la mer sur une grande etendue-, les noc- tiluques colorent aussi quelquefois la mer en blanc. T Par des bi- phores, d'espece indeterminee, au sud du cap de Bonne-Esperance. 8° Par des larves indeterminees d'annelides et de ptt'ropodes, pres du cap de Bonne-Esperance et sur les cotes du Chili. 9° Par l'algue microscopique , protococcus atlanticus de M. Montagne, pres de l'embouchure du Tage. 10" Par les bacillaries, dans les mers an- tarctiques. II existe encore d'autres colorations en rouge dans les- quelles les matieres colorantes sont charriees par Jes fleuves ; de ce genre sont les colorations de la mer Jaune et de la mer Vermeille, en Californie ; celle de l'eiubouehure d'une petite riviere de Syrie, l'lbrahiiii-Bassa, connue des pa'iens, et attribute par eux au sang d' Adonis. — M. Dumas communique, au nom de M. Favre, de nouvelles recherches sur les courants hydro-electriques. M. Favre a fait cons- truire un calorimetre d'une capacite de 4 litres environ : ce calori- metre porte sept moufles, dont cinq peuvent recevoir une batterie voltaique de cinq couples formes de zinc amalgame et platine pla- tine, ou de cadmium et d'argent platine ; le sixieme peut recevoir un voltametre a electrodes de platine; le septieme, enfin, recoit un thermometre qui indique la temperature du calorimetre, tandis qu'un second thermometre, place contre j'enveloppe calorimetrique, fait connaitre la temperature ambiante. Ces Jeux thermometres out etc construits avec soin et permettent de lire le cinquantieme de degre. La quantite de metal qui s'attaque dans chaque couple est nette- ment indiqu^e par le gaz hydrogene qui se produit, et qui se rend dans une eprouvette particuliere ; cinq eprouvettes sont destinees a recevoir le gaz qui se degage au sein du liquide de chacun des cinq couples voltaiques ; une sixieme eprouvette recoit les gaz qui sont produits dans le voltametre par la batterie, et qui varient avec le genre de separation chimique qu'un veut realiser. Voici les principaux resultats obtenus par M. Favre : 1° La quantite de chaleur degagee par la conversion en sulfate d'un meme poids dun metal donne dans une batterie voltaique est toujours la meme, lorsqu'il n'existe pas de resistance sensible ap- portee par les arcs metalliques qui servent de conducteurs interpo- laires, et que Ton n'a pas introduit de voltametre dans le circuit. La chaieur degagee est la meme que celle qui serait produite par la 26 COSMOS. conversion en sulfate d'un meme poids de metal sans transmission d'electricife. 2° Le engagement de chaleur produit par le passage de l'electricite a travers les arcs metalliques conducteurs est rigoureu- sement complementaire de la chaleur confinee dans les couples vol- taiques, pour former une somme loujours egale a la chaleur corres- pondant uniquement a toutes les reactions chimiques qui se passent dans la batterie hydro-electrique, independamment de toute electri- cite tfansmise. 3° Lorsque Ton place dans le circuit un voltametre dans lequel le passage de l'electricite provoque une decomposition chimique quelconque, la chaleur confinee dans les couples est cons- tamment diminuee de la chaleur qui serait mise en jeu dans l'acte de cette meme segregation chimique operee sans electricite trans- mise. 4° Si 1 on renverse le courant dans le voltametre a sulfate de cuivre apres avoir recouvert de cuivre un des electrodes de platine, l'autre electrode se recouvre de cuivre a son tour, tandis que le pre- mier perd une quantite egale du meme metal, qui se change en sul- fate. Dans ce cas, il s'opereune double reaction dans le voltametre; il y a d'une part decomposition de sulfate de cuivre, et d 'autre part, formation nouvelle d'un poids egal du meme sel. Ces deux actions thermiques egales, mais de signes contraires, nedoivent nullement changer le resultat thermique de l'operation. 5° Une batterie vol- ta'ique avec ses voltametres peut etre consideree comme un systeme de couples dont les uns produiseni plus ou moins de chaleur, suivant la nature des metaux qui s'attaquent ; dont les autres ne produisent ou ne dependent rien ; dont quelques-uns, enfin, depensent de la cha- leur comme dans les cas oil l'acide sulfurique^et le sulfate de cuivre, par exemple, se decomposent. — M. Edouard Roche adresse une note sur la loi de la densite a l'interieur de la terre : » La loi suivant laquelle s'accroit la densite des couches terrestres, de la surface au centre, n'est pas connue, et il n'existe meme pas de phenomene propre a la determiner a priori. On sait seulement qu'elle est assujettie a satisfaire a certaines conditions; car toute supposition sur la constitution interieure du globe doit s'accorder avec les phenomenes qui dependent de cette constitution , par exemple avec la grandeur de la precession ou avec l'aplatissement observe. Comme la connaissance de cette loi serait necessaire pour determiner completement la figure de la terre consideree comme un spheroide fluide, les geometres qui se sont occupes de cette theorie ont essaye diverses hypotheses propres a satisfaire aux conditions que nous venous de rappeler. La plus connue de ces hypotheses a ete" COSMOS. 27 indiqude par Legendre, et Laplace a montre qu'elle pourrait etre realisee si la terre etait formeejd'une substance homogene, mais com- pressible ; la densite des couches inferieures irait alors en augmen- tant par l'effet du poids des couches superieures. L'experience montre que la pression necessaire pour comprimer un fluide d'une meme quantite est d'aulant plus grande qu'il est deja plus corn- prime. Le rapport de l'accroissement de la pression a 1'accroisse- ment de la densite n'est done pas constant : il croit avec la densite; et, en admettant qu'il iui soit proportionnel, Laplace a retrouve la loi de densite que Legendre avait dtudiee, et qui est generalement regardee comme la plus vraisemblable. En adoptant une loi de compression qui differe de cede de La- place par l'introductiond'un terme proportionnel au carre de la den- sity, ce qui a pour efl'et de faire diminuer plus rapidement la com- pressibility, j'ai ete conduit a une loi de densite exprimee par la formule tres-simple oil p0 ddsigne la densite au centre, p la densite" de la couche sphe-- rique dont le rayon serait a (le rayon de la terre etant pris pour unite) ; p est un coefficient numerique que Ton determine facilement au moyen d'une equation fournie par la theorie de la precession, qui depend des moments d'inertie du spheroide terrestre et par suite de la loi des densites. On obtient ainsi (3 = 0,8. En prenant pour unite la densite moyenne du globe, je trouve 25 P=r3(l-°,8«2). Au lieu de prendre cette densite moyenne pour unitd, si je la de- signe par Z>, et la densite des couches superficielles par ar madame la marquise de la Place et qui re- vient de droit a 1'eleve qui , en sortant de l'Ecole polytechnique, s'est trouve au premier rang. Cet eleve privilegie etait, cette ann^e, M. Charles-Josrph Marin, jeune homme eminemment distinyue^ belle ei bonne nature, deja entoure d'estime et d'aflfection; entre le premier a 1 Ecole en novemhre 1852, reste de beaucoup le premier en 1853, sort! le premier en 1854, avec un tres-grand excedant de ponits. Tous les yeux s'arretaient avec bonheur et avec attendris- COSMOS. 31 semen t sur la vieille grand'mere de l'heureux laureat , simple et pieuse paysanne, venue, pour la premiere fois, de la Lorraine a Pa- ris, qui n'avaitjamaissongequ'elledutse trouveren si brillante com- pazine, mais qui portait tres-bien sajoie et sa gloire. Un venerable prelat, Mgr l'eveque d'Adras , premier aumonier de l'Empereur, avait daigne venir s'asseoir a ses cotes pour rehausser le triomphe de son jeune ami. Nous qui commissions tout ce que M. Marin doit a l'affection et au dpvouement de son oncle , M. l'abbe Firbach, ancien chapelain de Sainte-Genevieve, qui aentoure sa jeunesse de tant de tendresse; qui ne l'a pas quitte un instant depuis qu'il est venu de Luneville a Paris, pour perfectionner ses etudes mathematiques ; qui, en ce moment encore et aussi longtemps que 1'eleve devenu ingemeur ne volera pas de ses propies ailes, le gardera pres de lui et lui eonti- nuera ses soins paternels, nous adressions du fond de notre ame au noble et vertueux pretre des felicitations sinceres ; jamais amide" ne porta de plus heureux fruits. — VI. Flourens avait a proclamer a. son tour les prix decernesdans la classe des sciences physiques ; il etait moins a plaindre ; il avait a laisser tomber de ses mains de belles couronnes qui allaient en- tourer de glorieux fronts : le front de M. Jean Muller, le physiolo- gistele plus illustre de l'Allemagne etpeut-etre du monde; le front de ML Berthelot, l'un des jeunes chimistes francais qui donne le plus d'esperances, et qui a deja produit de belles realites ; le front de M. Davaine, qui fait un beau debut, etc., etc. — M. Elie de Beaumont a ensuite repris la parole pour annoncer, en payant un nouvel hommage a la memoire de son incomparable pre lecesseur, que l'Academie, dans un sentiment delicat , avait reserve a Frangois Arago l'honneur d'animer la nouvelle seance publiqiu'; laderniere notice historique dictee par lui presque entre les bras de la mort, allait etre lue par son collegue et son neveu, M. E nest Laugier. La notice historique de Malus, dont les premieres pages furent dictees par Arago a mademoiselle Chaptal pendant le sejour qu'il fit aux eaux de Vichy, ravant-derniere annee de sa vie, qui fut achevee plus tard a l'Observatoire, oudu moins assez avancee pour qu'en s, le chien de fusil de M. Fontenau n'avait pas etc univer- sellement adopte, si Ton n'avait pas proclame hautement qu'il a bien merite de l'humanite. Ce perfectionnement inespere a un autre avantage, constate par de nombreuses experiences : la base de la vis ou cheville ne fait plus emporte-piece , et les eclats de capsule ne menacent plus l'ceil du soldat ou du chasseur. Mettre a l'abri de perils eminents la vie ou la vue de ses semblables , de ses freres, c'est acquerir des droits a la reconnaissance du monde entier. » Nous sommes heureux que l'Academie ait enfin sanctionne notre jugement, entierement favorable. Le rapport ajoute que M. Fonte- nau a mis sous les yeux des commissaires un nombre considerable d'attestationsauthentiquesde personnes notables, qui reconnaissent, par l'experience qu'elles en ont fait, le bon usage de son mecanisme. Le gouvernement, sans doute, ajoutera sa bienveillance a celle de l'Academie et recompensera dignement l'inventeur. 3. L'Academie enfin accorde un encouragement de 1 500 fr. a un autre de nos proteges, qui a donne au Cosmos les premices de sa decouverte, a M. Guillaume Mabru, auteur d'un precede" de con- servation absolue du lait, sans addition d'aucun corps Stranger a sa nature, ni Evaporation de sa partie aqueuse. La Commission a con- stats qu'un lait conserve" depuis le mois de mars 1854 jusqu'au 18 decembre avait toutes les proprietes du lait frais, apres toutefois qu'on avait pris la precaution de delayer uniformement la creme qui etait reunieala partie superieure du liquide conserve. 3° Prix de mcdecine et de chirurgie. Le preambule du rapport, redige par M. Velpeau, merite de fixer l'attention. Nous le repro- duisons textuellement : « Le nombre des auteurs dont les travaux ont du etre examines par la Commission, s'eleve a. quatre-vingts ! Au surplus, ce fait, en COSMOS. 37 lui-meme, n'a rien de surprenant. La Commission-, bien pundtree des intentions du testateur, attirant a elle Jes travaux qui, directe- ment ou indirectement, peuvent concourir a 1'avancement de la me- decine, fait ainsi rentrer dans son cercle l'ensemble de.s connais- sances medicales. Acceptee , par les savants da monde eniier comme tribunal supreme, comme foyer central de tous ies efforts relatifs aux sciences , l'Academie accueille et recompense , d'up autre cote, les hommes de labeur d'apres le merite de leurs ceuvres, ceux de l'etranger comme ceux de notre propre pays. Aussi nous est-il venu des ouvrages dune infinite de contrees : de la Belgique, de l'Amerique, du Danemark, de l'Adlemagne, en meme temps que de la France. Sachant enfin que le vrai merite n'est pas toujours le plus habile ou le plus enclin a solliciter des distinctions, la Commis- sion ne borne pas son examen aux travaux qu'on lui envoie , elle prend d'elle-meme, et partout, ceux qui lui semblent dignes d'etre encourages. Malgre taut de riehesses, cependant, elle n'a rien ren- contre qui meritat de veritables prix, rien qui put etre admis a titre de decouverte importante : elle n aura done a proposer cette annee que des recompenses ou de simples encouragements. » Les recompenses sent au nombre de neuf : 1. M. Briquet : 2 000 francs pour son Traite therapeutique du quinquina et de ses preparations. L'auteur s'est efTorce de bien de- terminer les effets produits dans l'economie animale par les sels de quinine, dans Taction du ceeur, dans le systeme nerveux, dans les qualites du sang ; le temps qui s'ecoule entre le moment oil le sel commence a. etre absorbe, et celui oil il est completement elimine, temps qui varie avec l'age, le sexe, la stature et la force des indi- vidus, temps modifie par la saignee et plusieurs agents, la mor- phine, 1'alcool, etc., etc., et surtout par la forme sous laquelle on administre ce sel. L'absorption de la quinine, parexemple, est dif- ferente suivant qu'on cherche a la faire penetrer dans le sang par l'estomac, par le rectum , par la surface d'un vesicatoire ou par la peau intacte ; l'absorption a semble nulle dans ce dernier cas a M. Briquet ; nous avons cependant entendu dire aux medecins de la Loire qu'ils arretaient les acces de la fievre pernicieuse au moyen de frictions sous les aisselles avec du sulfate de quinine ; ils nous assuraient meme que e'etait la meilleure maniere d'adminis- trer ce sel, aux enfants surtout. 2. M. Trousseau : 2 000 francs pour son Memoire sur la ponc- tion de la poitrine dans les epanehements pleuretiques aigus. L'auteur a prouve que cette ponction n'entraine pas les dangers 38 COSMOS. qu'on lui pretait ; qu'on doit la pratiquer, non-seulement dans les cas oil le suffocation est imminente, mais lorsque la quantite de li- quide contenue dans la cavite pleurale est tres-considerable ; on obtient ainsi une guerison plus rapide et plus sure ; c'est un resultat acquis a la science. 3. M. Ch. Robin: 2000 francs pour son Histoire naturelle ties vegetaux parasites, de /' homme et des animaux, L'auteur a donne une description tres-exacte de tous les vegetaux parasites qui peu- vent jouer un role dans la pathologie ; le champignon de la teigne faveuse, celui dumuguet, celui du pityriasis versicolor, da prurigo decahans , etc., etc.; il a fait connaitre, d'une maniere precise, le mode de developpement et de reproduction de ces petits vegetaux, ainsi que leur siege par rapport aux diverses parties de la peau ou des membranes muqueuses sur lesquelles ils apparaissent. Un atlas contenant 15 planches gravees , et dont presque toutes les figures sont faites d'apies les dessins originaux de M. Robin, donnent l'ana- lyse anatomique des especes nouvelles ou anciennement decrites. 4. MM. Boeck et Danielssen : 2 000 francs pour leur Traite de V elephantiasis des Grees. Cet ouvrage, publie en 1848, est le fruit de sept annees de recherches persdverantes sur une des plus graves et des plus hideuses maladies dont l'homme puisse etre atteint. Les auteurs, et c'est leur principal merite, out etudie avec le plus grand soin, apres la mort , les nombreux desordres que les deux formes- types de l'elephantiasis, la forme tuberculeuse et la forme anesthe- sique, produisent dans une foule d'organes, dans le systeme ner- veux, et en particulier dans la moelle epiniere et ses enveloppes, dans les voies respiratoires et dans le systeme osseux. La connais- sance de ces alterations les a deja conduits a l'emploi de meHhodes plus rationnelles et plus sures contre certaines lesions de la base du larynx et de la moelle epiniere. Sur le littoral de la Norwdge, la maladie dtudiee par MM. Boeck et Danielssen , avec mission du gouvernement, est un .veritable fleau. 5. M. Berthelot : 2000 francs pour ses recherches sur la recons- titution , par la synthese chimique , d'un grand nombre d'especes de coips gras de nature animale. M. Chevreul a montre, il y a qua- rante ans , que les graisses animates sont constitutes par un petit nombre de principes immediats formant ensemble des compositions mdelinies. Quoiqu'il ne put pas obtenir ces principes a l'etat d'isole- ment parfait, il admit que chacun d'eux ne devait donner, sous 1 influence d'un alcali, que de !a glycerine et un acide gras, ou que de la glycerine et de l'ethal dans le cas particulier de la cetine; que, COSMOS. 39 par consequent , on pouvait les eorisiderer comme formes de la cora- binaison de la glycerine ou de l'ethal avec un acide gras. Pour amener cette maniere de voir a l'etat de certitude , il fallait reconstituer par la synthase les combinaisons theoriques j or c'est ce resultat remarquable que vient d'obteriir un jeune chimiste, M. Berthelot , deja connu par d'excellents travaux. C'est une con- quete importante en chimie organique ; et certainement aussi, ajoute le rapport, en physiologie. A ce dernier point de vue , ce travail ne devait point passer inaperou devant la Commission des prix de medecine. Nous ne pouvons qu'applaudir a cette transition un peu forcee, de la medecine a la chimie pure, a ce spectacle d'un chimiste qui n'est rien moins que medeein couronne par la section de medecine et de chirurgie. Puisque, par une anomalie d£so!ante, l'Academie des sciences n'a pas de budget pour recompenser les belles recherches de physique et de chimie faites en dehors des programmes officiels de ses grands prix , elle fait acte de haute intelligence et de justice, en ramenant ces recherches, autant de fois qu'elle le peut, dans le cadre des prix Monthyon. Si notre memoire ne nous trompe pas , M. Berthelot, sur le reliquat de ces prix, et avec une autorisation speciale du ministre de l'instruction publique. avait deja obtenu 2 000 fr. ; son travail est dela nature de ceux auxquels l'Academie dans ses jours de splendeur et de generosite , accordait un grand prix de 6 000 fr. Quand done entendra-t-on parler de la fondation magnifique de M. Jecker, qui, noblement inspire , voulait enrichir d'un seul coup, par une donation de 300 000 fr., l'auteur de la meilleure chimie organique \ Puisqu'il est decide" que ce don provi- dentiel et princier sera fatalement morcele , au moins faut-il hater le moment oil ses debris viendront recompenser les brillantes re- cherches des Gerhardt, des Berthelot, des Riche, etc., etc. L'Aca- cademie se doit a elle-meme et au public de rompre le silence dont elle s'enveloppe a cet egard depuis trop longtemps. 6. M. Schijf : 2 000 fr. pour sa decouverte de 1'influence des nerfs sur la nutrition des os , decouverte qui interesse vivement l'anatomiste, le physiologiste et le m^decin. Apres avoir coupd tous les neifs d'un membre, soit anterieur, soit posleVieur, sur des animaux, l'auteur a vu survenir constamment et d'autant plus vite que Tanimal etait plus jeune, deux sortes d'alteVations, une plus grande vascularity avec dilatation des petits vaisseaux duperioste, et lafor- mation d'une nouvelle couche osseuse , un amincissement de l'os ancien dont le canal medullaire devient plus large, et qui a proba- fi0 COSMOS. Moment pour cause l'immobilite consecutive du membre. La Com- mission ajoute : Rechercher, par des experiences directes, le degre et hi nature d'inftuence des lesions du systeme nerveux sot le deve- loppement de certaines alterations des os , o'est une excellente di- rection, c'est cvidemment tendre a remplacer par la demonstration d'influences pathogeniques positives des donnees etiologiques trop souvent hvpothetiques. 7. M. Blanchard : 2 000fr., pour ses recherches sur l'orgamsa- tion des vers. L'auteur n'a pas reconnu settlement l'existence du systeme nerveux dans les principaux groupes ; il a montre partout la disposition des noyaux medullaires et le trajet des nerfs, et souvent celle des centres et des ganglions nerveux. On avait a peine entrevu Chez quelques vers , les trematodes par exemple , l'existence d'un systeme vasculare, elle n'etait meme pas soupconnee chez les ces- s ; M. Blanchard a mis en evidence un systeme de vaisseaux des plus complexes dans les tenias et autres vers de la meme classe. II adecouvert les moyens caches de propagation de ces etres mys- terieux ; il a constate* que la douve qui vit dans le foie des ruminants et dans celui de l'homme, ne se developpe pas dans ce viscere ; que les ocufs sont expulses au dehors , que les jeunes vivent certaine- ment dans d' autres conditions que les adultes, etc., etc. 8. M. Aran : 1 500 fr. pour ses recherches sur l'atrophie mus- culaire progressive. L'auteur a le merite d'avoir decrit le premier, d une maniere complete, une maladie ou alteration singuliere de la fibre musculaire, sur laquelle on n'avait, avant lui, que des notions vagues ou erronees ; il ^numere, avec autant de talent que d'exacti- tude, les symptomes, les caracteres distinctifs et les causes de cette dangereuse atrophic. 9. M. Gratialet: I 500 fr. pour son Memoire sur les plis du cerveau de l'homme et des primates. Les circonvolutions cerebrales sont des plis des couches corticales, auxquels l'auteur donne le nom de plis cercbraux. II a distingue le premier dans le cerveau des singes un systeme particulier de plis qu'il designe sous le nom de plis de passage, parce qu'ils passent du lobe parietal et du lobe temporo-sphiTno'idal au lobe occipital. lis sont au nombre de quatre, deux superieurs, profonds, et deux inferieurs, tres-superficiels ; les premiers i'ournissent des caracteres apparents a l'aide desquels on peut aisement distinguer les differents groupes zoologiques que com- prend la serie des singes. — L' Academie a accorde des encouragements a deux sortes de tra- vaux : les uns qui, par leur importance ou les depenses qu'ils en- COSMOS. 41 trainent , meritent d'etre simplement encourages jusqu'a ce que ]es auteurs les ayant completes, on puisse les recompenser digne- ment s'il y a lieu ; les autres dont la valeur sera toujours secon- dare. Sous ce double rapport i'Academie est d'avis de donner un encouragement : 1° A MM. Bourguignon et Delafond pour leur grand ouvrage sur la gale du mouton , en attendant qu'ils aient applique le meme genre d'etude a d'autres animaux domestiques. 2° A M. Roux , pour la continuation de ses experiences sur un nouveau mode de conservation des pieces anatomiques. 3° A MM. Giraldes et Goubeaux, pour leurs injections de per- chlonire de fer dans les arteres. 4° A M. Gosselin, pour son Memoire sur les kystes du poignet et de la main. 5° A M. Morel-Lavallee, pour son Memoire sur les epanchements seVeux traumatiques. 6° A M. Perdrigeon, pour son Memoire sur les accidents febriles a forme intermittente, causes par le catheterisme de l'uretre. 7° A MM. Phelippeau et Vulpian, pour leurs recherches sur l'ori- gine des nerfs craniens. 8° A M. Flandin, pour ses recherches sur les poisons, consignees dans son Traite de medecine legale. 9° A M. Broca , pour ses recherches sur le rachitisme. 10° A M. Verneuil pour ses recherches sur le pancreas. 11° A M. Chevallier, pour ses travaux en hygiene. 12° A M. Triquet, pour ses etudes sur les maladies de l'oreille. 13° A M. Loir, pour ses Memoires sur l'hygiene et l'etat civil des nouveau-nes. 410 Prix Cuvier. C'est pour la seconde fois que I'Academie se trouve appelee a decerner le prix Cuvier : elle l'a donne la pre- miere fois a l'ouvrage de M. Agassiz sur les poissons fossiles, tra- vail immense par le detail et superieur par les vues ; elle le decerne cette fois a un physiologiste illustre, M. Jean Muller, de Berlin, pour ses recherches sur la structure et le developpement des echi- nodermes, recherches qui, poursuivies avec Constance, portees a un degre rare de precision, et dirigees par une methode que i'auteur a perfectionnee sans cesse, constituent l'un des progres les plus con- siderables qu'aient faits, depuis la mort de Cuvier, l'etude philoso- phique de l'organogenie, la zoologie et la physiologie generale. CHIMIE. Nous donnons textuellement la lettre dans laquelle M. Voehler dt5crit les proprietes singulieres de la nouvelle combinaison du m£- thyle avec le tellure : « Le telluro-methyte , C2HsTe, est un liquide d'une couleur jaune rougeatre tres-mobile, plus pesant que l'eau et d'une odeur alliacee tres-deplaisante ; son point d'6buIlition est a 30 degre"s. A l'etat gazeux , il a une couleur jaune , comme le tellure gazeux ; il brule avec une flamme d'un blanc bleuatre , en r£pandant d'£- paisses fumees d'acides tellureux. On l'obtient facilement en sou- mettant a la distillation les solutions melees de tellure de potas- sium et de sulfomethylate de baryte. De meme que je l'ai deja montre pour le tcllurethyle , le telluromethyle se combine avec un equivalent d'oxygene, de chlore, de brome et d'iode. En le traitant par l'acide nitrique, il se dissout en degageant du deutoxyde d'a- zote ; le li(]uide tient en dissolution du nitrate d'oxyde de telluro- methyle. C'est un sel incolore, bien cristallise' en longs prismes ; il sert pour la preparation des autres combinaisons. « Oxyde de telluromethyle , C2H5TeO. II se presente sous la forme d'une masse blanche, cristalline, sans odeur, mais d'un gout tres-desagreable. A l'air, il se liquefie comme la potasse en attirant de l'eau et de l'acide carbonique ; il bleuit completement le papier rouge de tournesol. C'est un alcali si fort qu'il degage l'ammoniaque du chlorure d'ammonium et attaque les fils de cuivre. L'acide sul- fureux le reduit, en separant, sous forme de gouttelettes huileuses, le radical caracterise" par sa mauvaise odeur. On l'obtient aisement en d<5composant le chlorure ou l'iodure du telluromethyle par l'oxyde d'argent mele avec de l'eau. « Sulfate de telluromethyle, C2 H5 Te 0 Ss. II cristallise en gros cubes transparents et tres-reguliers ; il est tres-soluble dans l'eau, mais insoluble dans l'alcool. « Chlorure de telluromethyle , C2H3TeCl. II s'obtient en ver- sant de l'acide chlorhydrique dans la dissolution du nitrate. C'est un precipite volumineux , blanc et tres-semblable au chlorure de plomb ; en chauffant le liquide, il se dissout, et se depose ensuite par le refroidissement , sous forme de prismes transparents. Ce chlorure fond a 97°, 5 ; il ne parait pas etre volatil sans decompo- sition , quoiqu'il ait une faible odeur alliacee. Traite par l'ammo- niaque, il produit du chlorure d'ammonium et de l'oxychlorurede telluromethyle, C2H5TeO + C2H5TeCl, corps egalement bien cristallisd. COSMOS. 43 .. Bromine de telluromethyle , C2H3TeBr. II ressemble par- faitement au chlorure, avec lequel il parait etre isomorphe ; son point de fusion est a 89 degres. « lodurede telluromethyle, C2H3TeI. Si Ton verse , dans la dissolution , du nitrate ou du chlorure de telluromethyle, de 1'acide hydro-iodique incolore ou une dissolution d'lodure de potassium, il se forme un prdcipite" d'unecouleur jaune tres-belle, mais qui, apres quelques moments, prend une couleur rouge de cinabre. Ce prdci- pite, obtenu de dissolutions chaudes, apparait immediatement rouge et cristallise : c'est l'iodure de telluromethyle. II est tres-peu soluble dans 1'eau froide , beaucoup plus dans l'eau chaude et surtout dans l'alcool ; par le refroidissement, il se precipite de ces dissolutions et se depose en petits cristaux brillants et d'une belle couleur rouge. « En melant sa dissolution alcoolique refroidie avec de l'eau , il est precipite sous la forme jaune ; mais, au bout de quelques mi- nutes , un mouvement moleculaire s'opere dans le precipite qui , bientot, est entitlement change en petits cristaux de couleur rcuge. II est done evident que ce corps, semblable au bi-iodure de mercure, peut exister sous deux formes , une jaune et une rouge , accompa- gndes sans doute d'une dimorphie. Malheureusement , je n'ai pas reussi jusqu'ici a le fixer et a l'obtenir cristallise dans l'etat jaune. « II parait exister un sulfure liquide de telluromethyle, qui se produit en traitant le chlorure par l'hydrogene sulfurd; mais, faute de matiere, il m'a ete impossible de l'etudier suffisamment. En trai- tant l'oxyde de telluromethyle par l'hydrogene sulfure, il se preci- pite du soufre, et le telluromethyle est mis en liberte. » La lettre de M. Voehler a M. Dumas contenait un post-scrip- tum que l'illustre academicien, par un exces de delicatesse, n'a pas voulu communiquer a 1' Academie , mais qu'il nous autorise a pu- blier. J'ai suiviavec le plusvif interet,dit en substance M. Voehler, les recherches sur raluminium de M. Sainte-Claire Deville ; mon tStonnement a ete grand quand j'ai appris qu'il etait parvenu a faire frapper une m^daille avec raluminium pur. J'ai de la peine a com- prendre qu'on ait pu amener a un semblable etat de t^nacite, de ductilite, de malleabilite, un metal qui ne s'etait montre a moi que sous la forme d'une poussiere terreuse sans eclat. Si vous pouvez me procurer une lame aussi petite que vous voudrez d' aluminium transform^, ce sera pour moi une bonne fortune, et je serai heureux de la montrer a mes eleves , dans mon cours. On comprend la por- ted de ces paroles dans la bouche de l'inventeur de raluminium , et quelle importance elles donnent au succes du chimiste francais. NOUVELLES DE I/INDUSTRIE. STANCE DU 27 DECEMBRE DE LA SOCIETE DENCOURAGEMENT. M. Gourlier, au nom du Comite des arts dconomiques, lit un rapport sur 1'industrie des ardoisieres reunies d' Angers. LaSoctetoS d encouragement en dormant ilya trois ans son approbation aux perfectioimements considerables apportes , sous la gerance de M. Lariviere, au mode d'exploitation et d'dtablissement des pro- duits de ces belles usines , avait prevu que l'adoption des ardoises de grandes dimensions etait destined a realiser un progres impor- tant dans l'art des constructions. Ces previsions soul aujourd'hui complement realisees et meme depassera; les grandes ardoises sont definitivement entrees dans' le commerce, et elles sont frequem- ment employees dans un grand nombre de bailments publics ou prives. On en a fait des appuis de croisees, des balcons, des dalles, des carreaux avec incrustations et imitations de mosai'que , des tables, des tablettes, des caisses a eau ou a arbustes, des cham- branlesdecheminees, des marches pour escaliers, des monuments funeVaires, etc., etc. Ces nouveaux produits sont fabriqu<*s dans un vaste atelier mecanique comprenant une machine a vapeur de vingt chevaux ; un grand tour horizontal , cinq tours verticaux , deux chassis trainants de sciage a lames sans dents ; sept scies circulaires, deux raboteuses pour dressage , un grand polissoir en fonte , de deux metres de diametre; etc., etc. Quarante ouvriers peuvent produire par jour deux metres cubes de schistes ouvrds et livrables. Les specimens soumis au jugement de la SocifRe ne laissent rien a desirer, et les prix indiques au catalogue sont tres-moderes. « Ce qui a 6t6 deja fait , disent les commissaires , est un sur garant de nouveaux progres dans l'avenir ; par les efforts tenths, paries succes obtenus, par les nouvelles applications qu'il a crepes, M. Lariviere a droit aux felicitations et aux encouragements de la Societe d'en- couragement. - M. Calla, au nom du Comite des arts mecaniques, lit un rapport sur la scieirie a rubans de M. Perrin. L'etablissement de • Perrin , rue Baffroid 17, rend depuis longues annees, les plus grands services aux arts de la menuiserie et de l^benisterie. Le comite qui les a visiter y a trouve des machines fonctionnant avec une regularity parfaite et une grande activite, livrant a 1'industrie des produits excellents et a un prix fort mode>e\ Les scieries a rubans continus perfectionnces par M. Perrin operent egalement bien sur les pieces de dimensions tres-petites et sur des masses COSMOS. 45 d'une grande epaisseur ; elles debitent des courbes fort re«ulicres dans des blocs de sapin de 50 centimetres de bautenr; elles s'apoli- quent aux ornemer.tations les plus delicates de l'ebenisterie, comme aux ouvrages les plus grossiers des ateliers de modeleurs pour la construction des machines; M. Perrin a des droits incontestables a. ^approbation et aux eloges de la Societe d'encouragement , pour le degie de perfection auquel il a conduit son importante industrie. MM. Touroude et Thouard, ont propose les premiers de substi- tuer aux lames de scies ordinaires, a mouvements alternatifs, les lames soudees ou rivees de maniere a former une lame continue ou sans fin, passant comme une courroie sur deux poulies tournanl dans le meme sens : le mouvement de rotation des deux poulies se com- munique a la lame ou ruban dente, qui agit d'une maniere continue sur le bois ou la matiere a scier. Les essais de ce systeme simple et rationnel furent d'abord abandonnes, paree que les lames se rom- paientavec une facilite extreme; M. Perrin a reussi Je premier a e\sent pas en deguisant les autres subs- tances, mais bien en les decompo-ant, c'est que les premieres va- peurs sont completemerit absorbees et ne donnent lieu a aucune odeur; tandisque, lorsque la saturation est complete, l'odeur detruite reparait. C'est l'inverse pour les autres vapeurs aromatiques , meme pour l'acide acetique et pour le chlore. Le procede employe consiste a piler dans un mortier une quaniite donnee de caf6, et a la placer sur une plaque de fer moderement chaude, de maniere a lui donner une teinte brunatre. On s'est as- sure que l'acide cafeique et l'huile esbentielle en.pyieumatique de «afeagissent encore avec plu; dp rapidite etsous un mctindre volume. Le cafe possede une autre propnete plus modeste , il est vrai, 56 COSMOS. mais qui a cependant son utilite : il empeche le lait de tourner. En efl'et, en le melangeant avec du lait, ce dernier peut d'abord etre con- serve pendant plusieurs jours, puis ensuite etre rechauffe ou bouilli sans subir d'autre modification que celle qui requite de son association avec la liqueur aromatique. Dans la saisofl chaude, et particuliere- menten temps d'orage, cette propriete serait d'une grande utilite, a. Paris surtout, oil Ton voit si souvent le lait tourner en meme temps qu'il recoit l'impression de la chaleur. Puisqu'il est question de cafe, il ne parait pas hors de propos d'indiquer un moyen bien simple de s'assurer si, lorsqu'on 1'achete en poudre, il ne contient pas de chicoree. On remplit d'eau un vase, et Ton projette le cafe a la surface du liquide ; s'il n'est pas mele de chicoree, il surnage l'eau ; si au contraire il en contient , la subs- tance melangde absorbe l'eau immediatement, tombe au fond du vase, et colore le liquide en jaune. Ce procede est fonde sur la tex- ture differente des deux produits, qui absorbent l'eau dans un es- pace de temps bien different. En effet, la poudre qui tombe au fond de l'eau n'a pas, lorsqu'elle est mouillee, la consistance du cafe : elle est molle, ce qui n'arrive pas pour le cafe, bien qu'il ait sejourn<$- dans l'eau. (Moniteur universel.) — M. le docteur Auzoux, 2, rue Dubois, place de l'Ecole-de- MeMecine, createur de tant d'admirables preparations d'anatomie elastique, commencera dimanche prochain, 14 Janvier, a une heure, soncours d'anatomie humaine et comparee, et le continuera les di- manches suivants. Les jeudis, a la meme heure , il repetera, sous forme de conferences, ses lemons du dimanche ; il fera mieux appre- cier par des experiences physiques, chimiques et physiologiques, les conditions qui favorisent , empechent ou modifient les fonclions par lesquelles la vie s'entretient ; il etablira les regies fondamen- tales de I'hygiene de l'homme, du cheval et de tous les ammaux domestiques. Ces cours gratuits sont instructifs et interessants au plus haut degre ; nous engageons vivement nos lecteurs a les suivre. Dans tous les etablissements oil il a donne des lecons particulieres, M. Auzoux a completement satisfait et chaime ses auditeurs ; mais dans son propre amphitheatre, au milieu de tous ses modeles, avec la facilite de pouvoir comparer immediatement tous les organes ana- logues chez les etres les plus divers, il sent ses forces centuplees, et son enseigneinent prend un interet vraiment extraordinaire. A. TRAMl'.LAY, proprietain-gerant. P\!US. — IMI-U-" -'EKIE DE \Y . Rl'.MQUET ET Cle., KVE GAKANC1EKE, O, T. VI. 19 JANVIER lS55. QUATR1EME ANNEE. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. On construit en ce moment sur la Tamise, en face des chambres du Parlement un nouveau pont qui s'appellera le pont de Wpsmins- ter. Comme la marche des travaux est subordonnee a l'etat de la mare'e , les ouvriers sont frequemment obliges de travailler la nuit. Pour ce travail, dans l'atmospbere si souvent obscurcie par le brouil- lard, les moyens d'eclairage ordinaire sont tout a fait insuffisants; il a done fallu demander a l'electricit^ sa lumiere si vive, si eblouis- sante quelle peut percer les tenebres les plus ^paisses. L' expe- rience de l'eclairage electrique des travaux du pont de Westminster a eu lieu le 3 Janvier a six heures et demie du soir. La lumiere pro- duite par la batterie electrique avait une intensity £gale a soixante- douze bees d'Argant, soit environ mille bougies. L'app;ireil etait place sur la rive de la Tamise et projetait le faisceau lumineux a environ 70 metres dans le milieu de la riviere, oil quarante-cinq ou- vriers ^taient occupes a enfoncer des pilotis a l'aide d'un mouton d'une grande puissance. L'experience a parfaitement reussi ; la lu- miere etait intense sans cependant fatiguer lavue; elle depas?ait de beaucoup la lumiere produite par le clair de lune, bien qu'elie eut quelque cbose de sa douceur. La question capitale du prix de re- vient de la lumiere electrique parait avoir fait un pas decisif ; par suite de l'emploi des residus pour preparer certaines couleurs tres- recherchees dans le commerce, la lumiere electrique parait ne pas devoir couter plus que celle du gaz. [Monileur universvl\ — Samedi dernier, le batiment a vapeur, la France, construit d'apies ies procedes de i\I. Du Tremblay, a renouvele ses es^ais sur la rade de Marseille. Au moment du depart, la chambre de la machine se trouvait en- vahie par une foule d'officiers de la marine, d'ingenieurs, de ineca- niciens anglais et francos. Parmi eux on a remarque un ingenieur fort distingue en An^leterre, venu expres de Londies pour suivre les experiences de la France. La machine, ingenieuse et simple, est disposee dans cette chambre avec une sorte de coquetteiie et meme d'elegance. Elle n'occupe qu'un espace relalivemint fort res- 3 58 COSMOS. treint, quoique sa disposition permette une circulation facile dans ses diverses parties. Elle a fonctionne instantanement, sans la moindre hesitation, et avec la meme facilite que si clle eut ete mise en mouvement par la vapeur d'eau seulement. L'anpareil est compose de deux cylindres egaux de 1 metre 50 de diametre, donnant chacun une force de 150 chevaux, et a mou- vement diiect; e'est-a-dire que les pistons impriment directement l'impulsion a l'arbre de l'helice, au moyen seulement de bielles et de nianivelics, sans transmission par balancier ou engrenage. Les deux cylindres, places verticalement dans le sens de la longueur du navire, sont relies entre eux par un entablement commun et sup- ported par quatre colonnes cannelees. L'un de ces cylindres recoit la vapeur d'eau, vapeur qui ne coute rien, et dont l'emploi fait le principal merite du systeme de M. Du Tremblay. En lace des cylindres, a babord, relies avec eux par un tuyau- tage solide et simple, sont places parallelement les appareils vapo- risateurs et condensateurs d feiher. A tribord sont les pompes d'ex- traction et les pompes a air des vapeurs prenant le mouvement sur la tige du piston. Le Latiment depasse 2 200 tonneaux; il prend dans ses soutes 400 tonnes de charbon et 4 000 kilogrammes d'ether; ses emme- nagements donnent place a une centaine de passagers; il porte, en outre, plus de 1 000 tonneaux de marchandises, et sa marche de- passe la moyenne de Vitesse que le gouvernement impose aux paquebots-poste. Le batiment la France a ete affrete par le gouvernement. 11 doit partir au premier jour pour Constantinople, emportant des boulets, des bombes, des canons, 50 tonneaux de poudre, 150 chevaux de la garde imperiale et 700 homines. M. Du Tremblay accompagne son batiment, avec les ingenieurs nommes par le gouvernement pour constater les resultats de ce premier voyage. — On lit dans X Echo agricole : « M. le prefet de police a pris un an ete pour obliger tous les industriels du departement de la Seine a adapter a leurs cheniinees a vapeur, dans un delai de six mois, des appareils fuinivores; on nous demande a cet egard quel est le sys- teme qu'il convient d'appliquer pour obeir aux prescriptions de l'ar- rete pieiectoral. « 11 resulte des informations que nous avons prises qu'en r^alit^ il n'existe ju>qu'ici aucun appareil fumivore qui merite. ce nom, et qui puisse produire l'effet desire par 1' administration. Des essais ont COSMOS. 5gi el£ tentes, tine commission a ete nommde, on n'est arrive* a aucune conclusion satisfaisante. II y a quelques appareils qui marchent assez convenablement pendant quelques jours ; mais bientot ils s'obstruent par la fumee , et la cheminee ne fonctionne plus. « Quand M. le prefet de police a pris son arrete, il s'etait, sans aucun doute, rendu compte des moyens d'extScution ; aujourd'hui il rendrait un grand service a l'industrie en lui designant ces moyens. Autrement le delai fatal arrivera, et personne ne sera en mesure. «• Nous voyons fumer encore a pleine vapeur les cheminees des eta- blissements de l'Etat, notamment celles de la Monnaie, de la Pompe de Chaillot et de la Manutention du quai de Billy. II serait done bien desirable que cet etat d'incertitude put cesser dans le plus bref delai. » h'Ec/io agricole, et nous le regrettons, va beaucoup trop loin en affirmant qu'aucun des appareils fumivores proposes jusqu'ici ne marche d'une maniere constante et efficace. Les grilles fumivores bien conduites sont certainement une bonne solution du probleme a 1'ordre du jour. Des experiences, d'ailleurs, se font sur divers points et donneront certainement sous peu des resultats concluants. — Dimanche dernier, a la Pompe a feu on faisait l'essai du proceed de M. le docteur Beaufum^e, qui consiste 1° a distiller la tourbe au sein d'un fourneau a parois remplies d'eau, et alimente par l'air froid d'un ventilateur; 2° a conduire les gaz produits de la distillation dans le foyer du generateur de la'machine a vapeur de 25 chevaux, oil ils se melent a l'air fourni aussi par le meme ventilateur et brulent completement sans donner de fumee. Ce generateur est ains chauffe au gaz provenant de la tourbe ; des registres convenable- ment disposes permettent de regler i'admission de l'air qui de- termine la combustion des gaz hydrogenes carbones et oxyde de carbone, de maniere a ce que tout soit brule ; le succes de l'opera- tion depend du jeu de ces registres ; ils ne doivent donner ni trop ni trop peu d'air. M. Beaufumee se croit certain de prevenir ainsi toute emission de fumee dans l'air et de realiser une economie de combustible d'environ 30 pour 100. Ajoutons que la vapeur en- gendree par l'eau contenue dans les parois du fourneau sert a mou- voir une petite machine a vapeur auxiliaire , qui communique le mouvement au ventilateur ; lorsqu'elle est en exces, elle va se meler a la vapeur du grand generateur. TABOURET DE SAUVETAGE- Dimanche, "11 de ce mois, a deux heures, les comites des arts mecaniques e't des arts economiques de la Societe d'encourageinent, s'etaient reunis a la pompe a feu de Chaillot pour voir fonctionner une nouvelle bouee de sauvetage, invented par M. Thompson jeune, de New-York , ingenieuc de marine tres-vivement recommande" a tous les agents diplomatiques et consuls des Etats-Unis en Europe, parle ministre d'Etat M. W. L. Marcy. L'appareil invente par M. Thompson, petit, simple, vulgaire meme en apparence, mente en'effet au plus haut point, de fixer l'attention des amis de 1'huma- nite, pa'rce qu'il est actuellement, et sera longteraps, peut-etre meme toujours, la meilleure planche de salut apres le naufrage. C'est tout ^implement, lecroirait-on, un tabouret ouescabeaude forme antique, avec ses deux pieds veiiicaux et sa tablette horizontal ; fait en bois de chene ou de sapin, d'un prix necessairement peu eleve. Les pieds et la tablette ne sont pas comme a \' ordinaire des planches massives, ce sont des boites a air ou a liege, dont les parois tres-solides out on pouce d'epaisseur. Le tabouret, a l'exterieur, a conserve ses formes rectangulaires, il s'est arrondi a l'interieur pour prendre une forme circulaire ou ovale. La tablette est divisee en deux moities, reunies sur leur face superieure par une charniere, autour de la- quelle elles peuvent tourner de dedans en dehors, reunies a leur face nfericure, d'aboid par une sangle lache, puis par des bandes elas- itiques en caoutchouc qui se pretent au mouvement de rotation des deux moities de la tablette, a l'ecart momentane des pieds du ta- bouret, mais qui tendent incessamment a ramener ces pieds l'urc- vers l'autre. '/"-C^--^^ r- ^-~~'"*~\* COSMOS. 61 Quoique cela ne fut pas necessaire, nous avons cru devoir donner, au moyen d'une figure, une idee plus complete de l'appareil. II est represente fisr. I. TT est la tablette horizontale; C la charniere> L les lames en caoutchouc, PP sont les pieds de la forme dessinee fig-. 2 ; le contour ponctue indique la disposition du tabouret lors- qu'il a ete ouvert pour embrasser la poitrine. Les boites remplies d'air ou de liege ne font pas seulement Hot- ter le tabouret a la surface de l'eau, elles lui donnent la faculty de porter, sans etre submerge, un poids de 25 livres, et par consequent un corps d'homme , car l'excedant du poids d'un corps d'homme, quelque long, quelque maigre, quelque osseux qu'on le suppose, sur le poids de l'eau qu'il deplace, ne depasse jamais 15 livres; de plus a la surface de l'eau, le tabouret, parfaitement equilibre, se place horizontalement avec sa tablette et les faces de ses pieds verticales. Le tabouret de sauvetage devra etre desormais le compagnon inse- parable du matelot et du passager , il le portera partout avec lui, dans sa cabine, dans le salon, sur le tillac; il faudra meme peut-etre supprimer tons les autres bans, pour que chacun ne puisse s'asseoir que sur son tabouret, et qu'on soit force de l'avoir sans cesse sous la* main. Supposons iri am tenant, ce qui, helas! est arrive- tant de fois, que le navire jete" sur des rochers ou envahi par les eaux soit sur le point de sombrer, et que l'heure fatale ait sonne ou chaque naufrage. devra se jeter a la mer pour essayer de gagner le rivage, ou pour attendre qu'on vienne a son secours ; il prend alors son tabouret par les deux pieds, les ecarte de dedans en dehors en faisant tourner les deux moities de la tablette autour de la charniere qui les unit, de maniere a faire penetrer le corps ou la poitrine entre les pieds ecartes du tabouret, dont les formes interieures, comme nous l'a- vons dit, sont arrondies. Ainsi arme, le naufrage peut sans crainte se lancer a la mer, il surnagera ; son corps est parfaitement deTendu des epaves, ses bras sont entierement fibres, sa tete est maintenue hors de l'eau et droite ; s'i! sait nager, soutenu et aide par l'appa- reil, il essaiera de gagner le rivage ; s'll ne sait pas nager, a l'aide d'une courroie ou sangle qui, fixee a l'un deses pieds, passe sous les cuisses et va se rattacher a l'autre pied, il pourra soutenirla partie inferieure de son corps, et rester en quelque sorte assis sans trop de fatigue dans l'eau, attendant un liberateur. L'appareil resistera au choc des vagues les plus impetueuses; il ne peut pas chavirer comme le ferait un canot ; et c'est a lui desormais , non a un canot ou a une chaloupe, qu'il faudra confier la vie des matelots charges d'ailerattacherau rivage ou de porter au navire le grelinde sauvetage. 62 COSMOS. Le tabouret de M. Thompson remplit eVidemment toutes les con- ditions essentielles d'un appareil de sauvetage : 1° c'est avant tout un meuble indispensable sur un navire, dont on a sans cesse besoin, le plus usuel, en un mot, des ustensiles de bord ; il n'ajoute par con- sequent rien au bagage essentiel ; 2° il est toujours pret a servir, a se transformer en bouclier ou en cuirasse, par une manoeuvre d'une simplicity extreme, et d'un seul coup, sans air a insuffler, sans cour- roies, sans boucles, sans boutons, etc., etc. ; 3° il est aussi solide qu'un bloc de bois de meme volume, et garantit parfaitement les parties nobles du corps, la tete, la poitrine, le ventre ; 4° enfin, c'est un flotteur incomparable, ainsi que nous l'avons longuement expose. II faut benir l'heureuse inspiration, 1' eclair de g£nie qui a guide le choix de M. Thompson, le tabouret de sauvetage est une merveilleuse invention. Dans les experiences dont nous avons parle au d6but de cet ar- ticle, et auxquelles assistaient MM. Combe, de Sylvestre, Gour- lier, Clerget, Silberman, Priestley, M. l'abbe Moigno, etc., etc.il a parfaitement rempli /outes ses fonctions, il portait sans couler a fond 12 kilogrammes 50 de fer ; l'homme ou le matelot de la Seine qui s'en etait arme ne venait pas a bout, malgre tous ses efforts, a amener l'appareil sous l'eau ; il n'aurait pu plonger qu'en s'en sepa- rant ; il nageait avec la plus grande aisance, et se trouvait surtout admirablement de la position que l'appareil donne a la tete, etc. , etc. Nous pouvons dire, sans avoir a attendre le rapport des comit^s, que l'opinion des juges et des assistants est unanimement favorable a M. Thompson, que sa decouverte n'a souleve aucune objection qui n'ait ete resolue sur-Ie-champ ; qu'elle est sortie triomphante de Y6- preuve qu'on lui a fait subir. Nous n'avons pas besoin d'ajouter que partout ou il s'est mon- tre\ le tabouret de sauvetage a eHe" acceuilli avec les sympathies les plus vives, les approbations les plus solennelles. Un grand nombre d'officiers superieurs de l'amiraute americaine ou anglaise, les di- recteurs des Compagnies transatlantiques, MM. Colins et Lindslay entre autres, descapitaines de navire, d'administrateursdesSocietes de sauvetage s'accordent a. le prociamer un appareil eminemment ingenieux , non-seulement utile, mais absolument n^cessaire , le meilleur qu'on ait concu et execute jusqu'ici, qui resistera la oil les bateaux de sauvetage culbuteront ou seront mis en piece; qui ne demande qua etre connu pour etre aussitot adopte ; qui sera cer- tainonicnt un jour d'un usage general. PHOTOGRAPHIE. Nous n'avons, aujourd'hui encore, rien de bien nouveau a trans- mettre aux photographes abonn^s du Cosmos; mais nous serons cer- tainement plus heureux dans notre prochaine livraison. D'un cote nous apprenons de Londres que la demiere stance de la society photographique a presente un tres-grand inteVet , que M. Mayall a enfin publie le precede" de la sensibilisation del'albumine, que nous avons promis de sa part il y a plusieurs mois ; d'un autre cote" un de nos abonnes, M. Beaulavon, propnetaire a. Broglie (Eure), nous annonce, par une lettre en date du 10 Janvier, qu'il va nous en- seigner une manipulation qui rend l'albumine excessivement sen- sible et lui conserve sa sensibilite pendant plus de huit jours. Quand hier soir encore nous admirions la nettete, la finesse, la richesse de details, la solidite des belles epreuves sterdoscopiques sur albumine de MM. Soulier et Clozard , nous faisions des vceux ardents pour qu'on arrivat a communiquer a cette substance incomparable la sen- sibilite du collodion et nous sommes heureux d'apprendre que ce vceu sera exauce sous peu de jours. Nous aurons aussi bientot a initier nos lecteurs aux methodes de gravure heliographique de MM. Gamier et Salmon de Chartres. Leurs precedes sont tout a fait differents de ceux de MM. Talbot et Niepce de St- Victor, mais ils ont aussi pour point de depart une decouverte du neveu de l'inventeur de l'hehographie , la propriety que possede l'iode de se fixer , non pas sur les noirs a l'exclusion desblancs, MM. Gamier et Salmon contestent cette predilection sous la forme que M. Niepce lui a donnee, mais d'adherer aux sur- faces douees d une certaine porosite. Ces Messieurs obtiennent a volonte des planches en taille-douce ou des planches en relief qu'on peut tirer par les precedes ordinaires de la lithographie. Nous avons en ce moment sous les yeux un charmant specimen du nouvel art , un transport heliographique d'une vue dessin^e de la cath£drale de Chartres tire* hthographiquement et qui est vraiment tres-beau. Nous avons vu aussi entre les mains de MM. Nachet et Duboscq des reproductions de photographies microscopiques qui sont pleines d'avenir. M. Salmon nous a promis que des qu'il aura atteint la perfection a laquelle il vise , il nous donnera les details de sa me- thode. — MM. Jules Dubosq et Alexandre Tavernier sont depuis quel- que temps en possession d'un precede" modifie de photographie sur collodion qui donne a coup sur des epreuves vraiment tres-belles , 6U COSMOS. et remarquables, surtout par la verite et Pjkrmonie des teintes, par 1'tSclat des blancs. Les portraits obtenus par ce procede dans 1' atelier de la rue de l'Odeon, n° 21 , peuvent prendre desormais place au premier rang des belles oeuvres photographiques. Quand ils vrtt besoin de quelques retouches, ce n'est jamais que dans les parties secondares, et parce qu'on n'avait pas nettoj'e la plaque sur toute ]a surface avec assez de soin. Nous n'avons rien vu de plus acheve et de plus parfait que le portrait de Mile Berengere, artiste drama- tique de l'Odeon. — M. Petzval , un des createurs de l'optique photographique, a prcsente recemment a l'Academie imperiale des sciences de Vienne une collection nombreuse d'epreuves photographiques , portraits , paysages, obtenus avec des appareils construits 9'apVes ses donnees thcoriques par M. Dietzler, et confies aux soins des photographes les plus habiles , MM. Benitkzy , Dietzler, Jageman , Mansfeld, Streczec, Wavvra, etc., et qui sont tellement parfaites qu'on ne peut absolument rien d^sirer de plus. M. Petzval pense que ce bel art est arrive a. un certain maximum , ou point culminant ou le be- soin de nouveaux progres ne se fait plus sentir, momentanement du morns, ce n'est pas, dit-il, que les photographes neforment pasde nouveaux, mais leurs vceux ne sont pas raisonnables. lis deman- dent a la fois plus de lumiere avec un champ plus vaste ; une plus grande nettete ou penetration, et un prix reduit; or, ce sont choses incompatibles. La seule chose veritablement importante en ce mo- ment, c'est de repandre dans le public des notions plus justes sur la nature des appareils optiques. Mais voici que M. Tribouillet , chimiste distingud, nous adresse un nouveau mode de preparation des papiers positifs, que nous re- commandons a l'attention de M. Marion. A 100 parties d'alcool ordinaire a 36 ou 38 degres Cartier , soit seul, soit melange d'une certaine quantite de benzine ou d'essence de terebenthine rectifiee, ajoutez 12 a 15 parties d'huile de ricin incolore ou jaunatre, melez cette dissolution limpide d'environ une et demie ou deux parties d'iodure de potassium ou d'ammonium pulv^iise; additionne;'., si vous le voulez, de bromures des merries bases, ou d'iodure d'argent rendu soluble , ou de tout autre agent photogenique connu. Apres dissolution complete de toutes les substances, filtrez si la limpidite n'est pas parfaite , puis versez dans une cuvette ; pour preparer les feuilles de papier positif, plongez-les pendant quelques minutes clans le liquide de la cuvette , la penetration est immediate ; on suspend les feuilles par un angle et Ton acheve de les sensibiliser a l'ordi- COSMOS. 65 naire sur le bain de nitrate d'argent. L'huile de ricin a donnd a M. Tribouillet des resultats plus satisfaisants que la cerol&ne ; elle effve en outre les avantages suivants : 1° elle simplifie beaucoup les manipulations; 2° elle ne coute pas cher, 1 fr. 75 a 2 fr. le ki- logramme, quand elle est un peu eoloree ; 3° sa grande solubilite dans 1'alcool permet a. celui-ci d'en recevoir une forte proportion, ce qui donne au papier une translucidite qui dispense de cirer les epreuves ; 4° enfin elle est promptement sech.ee, et elle peut rester exposee a. la temperature elev^e d'un soleil ardent sans que les po- sitifs soient taches. 31. Tribouillet, dans la preparation des papiers negatifs, sui- vant la methode de M. Le Gray , remplace avec avantage la cire par la parafine sur laquelle les agents chimiques ont peu d' action. ASTRONOMIE. ANALYSE DES SEANCES DE LA SOCIETE ASTRONOMIQUE DE LONDRES. Monthly notices, juin 1854. M. John Lee lit une note sur le nouvel Observatoire qu'il vient de Construire dans son magnifique chateau d'Harhvell, JEdes Hartwel- liance. Le nouvel eHablissement comprend une antichambre, une salle meridienne et une tour pour la lunette equatoriale, etc. ; on n'a recule devant aucune depense pour meriter l'approbation des astro- nomes les plus difficiles. L'amiral Smyth, le vieux constructeur Tulley, MM. Dollond, Vulliamy, May, Thomas Jones, etc. ont et6 consulted, soit pour l'erection de l'edifice, soit pour la construction des instruments; on a fait les plus grands efforts pour atteindre une perfection absolue. La lunette meridienne, sortie des ateliers de M. Jones, est de 3 pouces 1/4 d'ouverture, de 5 pieds de longueur focale, et a coute 1 025 fr. ; l'excellente horloge de M. Vulliamy avec echappement a repos, de M. Graham, coute aussi 1 650 fr. La lunette, chef-d'oeuvre de M. Tulley, de 5 pouces 9 lignes d'ou- verture, de 10 pieds de longueur focale, montee equatorialement, par Dollond, avec l'horloge inventee par M. Sheepshanks, refaite en partie par M. May, a ete achetee de M. James South, au prix de 5 100 fr. M. Lee nesait pas lui-meme a combien lui revient en totalite son Observatoire ; je dirai seulement, ajoute-t-il, pour l'en- couragement de nos jeunes amateurs, que bien des sportmen depen- sent pour leur jument, leurs chiens, etc., pour se donner le vain plaisir de voir dans quel azimuth et a quelle hauteur s'envoleront des pigeons, des sommes beaucoup plus considerables qu'il n'en fau- drait a un astronome praticien pour etre parfaitement en etat de de- terminer les positions relatives et les distances des ctoiles doubles. Les observations meteorologiques sont faites chaque jour a Hart- well avec une serie complete d instruments verifies par M. James Glaisher, l'infatigable secretaire de la Societe astronomique. « La jouissance que me procure mon devouement a, l'astronomie physique et pratique, est, dit le noble et riche vieillard, une des plus douces que l'homme puisse gouter ici-bas ; et pour la rendre plus d£- licieuse encore, je me suis donne des amis et des associes qui la par tagent avec moi, a Aylesbury, a. Stone et autres lieux de mon voi- sinage. » — M. Webb lit une note sur la seconde comete de 1854. Le 29 mars le noyau apparut circonscrit par une bordure etroite de fine umiere jaune, formant une sorte d'enveloppe hemispherique du cote COSMOS. 67 tourne* vers le soleil ; c'est de cette enveloppe que sortit la queue tres-serree par rapport a sa longueur, et certainement courbe ; la longueur de la queue, le 4 avril, avait 5°, elle semblait creuse et formait deux faisceaux differents ; le faisceau nord etait le plus lu- mineux. Plusieurs fois M. Webb vit a l'oeil nu, ou arme seulement d'un verrede myope, une sorte de flamme ou de rayonnement s'6- lancer du noyau pres la portion la plus dense de la queue. — M. Hartnup presente ses images photographiques de la lune, prises avec la lunette equatoriale de 1'Observatoire de Liverpool ; nous en avons dit tout ce qu'on pouvait en dire. — M. Carlos Moesta transmet ses observations de l'eclipse to- tale du soleil, faites le 30 novembre 1853, a Ocajaie, dans le Perou. Le lieu de l'observation etait a 880 pieds au-dessus du niveau de la mer, a la latitude de 14° 21' 21", par 20' 56", 78 de longitude a l'ouest de Santiago, a un mille et demi de la ligne centrale de l'om- bre de l'eclipse. M. Moesta etait aide de son assistant, M. Lira, qui devait suivre la marche du barometre et du thermometre; et de M. Clark, voyageur intelligent, charge dc rioter toutes les particu- larity visibles a l'oeil nu. Les instruments apporles 6taient une lu- nette achromatique de 4 pouces 1/2 d'ouverture et de 5 pieds 1/3 de longueur focale , une autre lunette de 2 pouces 3/4, un cer- cle de reflexion d'Ertel, un sextant de Pistor, un bon chrono- metre, etc., etc. Peu d'heures avant l'eclipse on chercha en vain a decouvrir quelques taches sur le disque du soleil ; sa surface etait parfaite- ment unif'orme. Le premier contact des disques du soleil et de -la lune eut lieu a 2\ 13m, 25s, 5. A 3\ 32, vers le bord est du disque solaire, qui se retrecissait de plus en plus, et ou Ton distinguait par- faitement les deux limbes du soleil et de la lune, on vit apparaitre tout a coup, comme en ebullition, une matiere nebuleuse, de couleur rougeatre, qui remplit entierement l'espace entreles deux limbes, semblait traversee par une veine de couleur plus sombre , et devint plus tard si foncee qu'il etait difficile d'apercevoir les deux bords desastres; ceux-ci arriverent au contact interieur a, 3b, 32m, 15% 5. Aussitot le dernier rayon du soleil et la derniere trace de matiere nebuleuse s'evanouirent. L'eclipse alors presentait un aspect tres- imposant. La lune, dont le diametre surpassait de 82" le diametre du soleil , formait un cercle parfaitemenl rond et noir. A l'entour on voyait la couronne ou gloire, dont la lumiere fort douce avait une teinte entre l'azur et le blanc, semblable a. celle de la lumiere du gaz ; elle 6ta\t aussi brillante au contact de la lune que la lumiere 68 COSMOS. de la pleino lune, mais son intensity diminuait rapidement, de sorte qua ur.e distance ogale au quart du diametre de la lune elle se con- fon.lait avec la pale lueur du firmament. La moitie nord de la cou- ronne brillait d'une lumiere uniforme , mais la moitie sud (Rait comme composee de rayons distincts, tres-nombreux , semblant s'l'lancer de l'anneau, tous de meme longueur, a 1'exception de deux beaucoup plus grands. Un de ceux-ci faisant au sud, avec la verti- caV, un angle de 20°, paraissait lance a une hauteur £gale au dia- motre de la lune ; l'autre, plus court, descendait incline de 10°; ces deux rayons, formes d'une multitude d'autres plus petits, amincis a leur extremite et tres-radieux, imitaient deux queues de comete. Immediatement apres que le soleil fut entitlement cache, on vit sur la portion nord de la couronne une protuberance rouge semblable a un nuage oblong paraissant sortir de la bordure de la lune ; il 6tait evidemment plus sombre sur quelques points que sur d'autres ; sa forme resta invariable; sa hauteur au-dessus du bord de la lune, ni; >uree au micrometre de position, tStait l',8"; il paraissait chan- ger de place et se rapprocher du grand rayon qui s'elancait en haut de la couronne, et disparut apres lm,20s. Du meme cote de la couronne, on vit, pendant toute la duree de l'obscurite, deux taches sombres , de forme quadrangulaire , atta- chees au linibe de la lune, et qu'on aurait dit resulter d'une inter- ruption de l'anneau en cette partie, faisant l'effet de deux ouver- tures a travers lesquelles on aurait vu le fond sombre du ciel. Ce certainement pas une illusion optique , car plusieurs personnes ont n'etait vu ces taches a l'ceil nu. La rouronne disparut subitement avec la r£apparition du premier rayon de soleil, et Ton n'en vit aucun vestige soit avant, soit apres l'obscurite totale. On vit dans tout leur eclat Venus et Jupiter; Antares, situe" a 5° du soleil, tres-voisin, par consequent, de la couronne se voyait distinctement a l'ceil nu; l'obscurite dtait assez grande pour qu'on put voir les etoiles de seconde grandeur, si on avait eu le temps de les chercher; on lisait distinctement le Nautical almanack a 2 ou 3 pieds de distance et les divisions des echelles des instruments ; l'obscurite totale cessa a 3h,35m,14s,6 ; elle a done dure 2m, 59s. Ju- piter resta vi.-ible quelques minutes, et Venus 28 minutes apres la fin de l'eclipse totale. De cette observation et de celles de 1842, l'auteur conclut que le soleil a comme trois atmospheres : l'une, interieure, non lumineuse COSMOS. 69 et re'ssembiant a notre atmosphere; la seconde, ou photosphere, source exclusive d'ou emane la lumiere solaire ; la troisieme, enfin, exterieure, imparfaitement diaphane, enveloppant la photosphere : des nuvertures des taches sortiraient des exhalaisons gazeuses qui, s'elevant jusqo'a la troisieme atmosphere, donneraient naissance a. des images colores qui ne seraient autre chose que les protuberances rouges. Une setnblable hypothese n'est nullement improbable, puis- que avec une pui^sante lunette, on distingue nettement sur le dis- que solaire un reseau de pores sujets a, de perp^tuels changements. Au mois de mai dernier, apres avoir lu attentivement et analyse Tes si remarquables observations de M. Chacornac sur les taches so- laires, nous avions ete amene a formuler la synthese suivanie, qui s'accorde d'une maniere frappante avec les observations et l'hypo- these de M. Moesta. Nous la reproduisons sans changer un mot a notre redaction primitive : « Le soleil est entoure d'une atmosphere gazeuse de composition encore inconnue; cette matiere gazeuse a la propriete de se conden- ser en nuages distincts , de formes tres-diverses , suspendus a dif- ferentes distances du noyau de l'astre. A une ceriaine hauteur de ^atmosphere solaire , une action sui generis, de nature peut- etre electrique ou magnetique, produit une illumination comparable a celle qui, dans 1'atmosphere terrestre, determine la lumiere per- manente observee par M. Colla, ou la lumiere des aurores boieates. La zone de 1'atmosphere solaire eclairee par cette lumiere d'une in- tensity tres-vive, est proprement ce que Ton peut appeler la pho- tosphere solaire. Au-dessus et au-dessous de la photosphere les nuagessontde meme nature, plus ou moins illumines, suivant leur distance, au foyer lumineux, visibles par transparence ou par re- flexion. Les images au-dessus de la photosphere peuvent apparaitre sous forme de protuberances rouges ; en venant se condenser et s'il- luminer dans la zone lumineuse, ils donnent naissance aux faeules, lucules, points blancs.Les nuages de la photosphere, entrained dans les couches inferieures, perdent leur eclat et constituent les penom- bres-Les nuages au-dessous de la photosphere formentles taches, les noyaux, les pores, etc, etc. Tout alors se coordonne et s'explique de la maniere la plus naturelle possible; il y a a la fois simplicity et unite, tout se passe comme l'a si bien observe M. Chacornac. II est prouve aujourd'hui que les nuages de 1'atmosphere terrestre, les cirrus et les cirro-stratus s'orientent dans une direction en rapport avec le meridien magnetique et prennent une grande part a la pro- duction des aurores bordales ; il n'y a done rien d'etonnant a ce que 70 COSMOS. les nuages des penombres s'orientant prennent une structure ra- diee, etc., etc. » Les differences entre les diverses parties de la lumiere de lacou- ronne ci-dessus decrites peuvents'expliquer par des degrC's d'activite" differents des diverses regions de la photosphere, plus intense et plus agitee sur certains points que sur d'autres. II est plus difficile d'expliquer les deux taches rectangulaires. Les observations met^orologiques ont presente" diverses particu- larities curipuses. Le thermometre pendant l'obscuritd totale baissa de 14°, 4 Fahrenheit ; on sentit un froid assez vif. Au moment oil 1' ombre atteignit les cotes du Perou, l'air, ordinairement si £chauffe par les plaines sablonneuses sur lesquelles il repose, se con- densa subitement, et cette condensation amena de 1' Ocean un cou- rant d'air froid; on vit naitre ainsi un vent bas d'ouest, pendant qu'une brise froide du sud continuait a souffler , ces deux courants en se rencontrant donnerent naissance a des tourbillons qui, sur plu- sieurs points, enleverent le sable a des hauteurs de 200 pieds. A une demi-lieue au sud de la position de l'observateur il y avait une montagne en forme de table. Or, vers trois heures de l'apres- midi, on vit s'elever en colonne de cette montagne une sorte de nuage couleur azur pale, qui alia sans cesse en augmentant a me- sure que l'obscurite totale se prolongeait, et finit par devenir tres- dense et tres-noir ; il diminua ensuite et disparut un peu avant la fin de l'^clipse. Les feuilles du caroubier et du cotonnier se fermerent pendant l'e'clipse, comme s'il avait fait nuit, et reprirent promptement leur situation normale apres la n'apparition du soleil ; tous les insectes disparurent; les poules se grouperent; les autres oiseaux domes- tiques s'envolerent en rasant l'horizon ; l'impression produite sur les spectateurs etait immense , et ils saluerent avec enthousiasme le retour des premiers rayons du soleil. — L'editeur des Monthly notices , le savant et celebre auteur deYHistoire de I 'astronomic phy sique , M. Grant, termine la livrai- son de juin par des remarques sur lhistoire primitive des recher- ches des astronomes relativement a la forme ou figure sphenoidale de la terre et des planetes. D'un grand nombre de faits recueillis et discutes avec le plus grand soin, il tire les conclusions suivantes : 1° La premiere annonce authentique de la forme spheroidale de Jupiter est contenue dans le recit d'une observation de cette pla- nete faite par l'abbe Picard en 1673. II y a de fortes raisons de croire que, vers le meme temps , ou meme auparavant , Cassini avait e'te' COSMOS. 71 conduit par ses observations de la planete a soupgonner le meme fait; mais c'est seulement en 1691 que l'astronome italien a dte fermement convaincu [de la rdalite de l'aplatissement. II requite du tdmoignage de Newton que Flamsteed a 6t6 aussi un des pre- miers observateurs de la forme sphero'idale de Jupiter ; mais cette assertion ne peut nullement etre dernontr^e par les observations en- registrees de l'astronome anglais. 2° En 1667 ou 1668, Newton parut avoir 6t6 conduit par ses speculations sur la pesanteur a considerer les effets de la force cen- trifuge comrae diminuant a l'equateur le poids des corps. II est grandement probable que la forme sphenoidale de la terre s'est pre'- sentee a son esprit dans cette occasion ; mais nous n'avons aucune raison de croire qu'a une periode si peu avancee de ses recherches, il fut deja en possession de la methode qu'il a donnde plus tard dans le livre des Principes pour determiner le rapport du rayon de l'£- quateur au rayon des poles. 3° Vers le temps oil Newton dirigea son attention sur les effets de la force centrifuge produits a l'equateur par la revolution diurne de la terre, la probability d'une diminution de pesanteur des poles a l'equateur provenant de la meme cause avait ete admise dans une des stances de l'Academie royale des sciences de Paris. II ne parait pas toutefois que Ton eut rien conclu de ce fait ou de cette diminu- tion relativement a la figure sphero'idale de la terre. 4° En l'ann£e 1678 Hooke exprima l'idee que la figure de la terre devait stre sphero'idale par suite de son mouvement diurne; mais, ni a cette 6"poque ni plus tard, il ne donna de methode pour la determination du rapport des axes de l'equateur et des poles. 5° A une epoque comprise entre les annees 1681 et 1687, Huy- ghens arriva a cette conclusion que la figure de la terre doit etre sphenoidale ; mais la determination subsequente de l'ellipticite, con- formement aux idees qu'il s'etait faites de la pesanteur, £tait fondee sur la methode donnee par Newton dans les principes. 6° II n'existe aucune raison de croire que les observations de Cassini sur la forme sphero'idale de Jupiter fussent connues en An- gleterre avant 1636. M. de Humboldt etait dispose a croire que Newton avait eu connaissance des observations de Cassini. [La suite au prochain numero.) ACADEMIE DES SCIENCES. seance DO »fl JANYIP/R. M. Decaisne presenle a 1' Aeademie des racines ou tubercules de dioscoica japonica , igname de Chine , obtenues au Jardin des Plant es. Dans une note tres-courte le savant professeur insiste sur les avantages de cetteplante aliinentaire, qui pourrait er.trer dans lagrande culture; ses racines sont aussi bonnes au gout et plus nu- tritives que la poinine de terre et la patate, elle cuit meme un peu plus vite. Si on en jugeait par les experiences de MM. Decaisne et Boussingault, l'igname pourrait produire jusqu'a soixante inille ki- logrammes par hectare, au moins autant que la betterave. Son plus grand inconvenient est la piofondeur considerable a laquelle s'en- foncent sea racines ; l'arrachage est ainsi rendu ties-difficile, il le de- vient plus encore par cette circonstance que le gros bout de la ra- tine est le bout inl'erieur. Pourquoi faut-il que le brave M. Rev de Morande n'ait pas ete seconde dans la glorieuse propagande qu'il a prechee pendant trente ans l L'igname serait aujourd'hui cultive en France sur une tres-vaste echelle. — M. Biot continue sa grande discussion des theories des refrac- tions astronomiques a des distances zenithales plus grandes que 80 degres. II examine aujourd'hui la legitimite de l'extension a ces distances des tables de Laplace , et montre sous quelles conditions cette extension pourrait avoir lieu. Dans sa prochaine lecture , M. Biot discutera les theories d'lvory ; cette fois encore , comme toujours, nous avons admire la fermete de jugement, l'elegance d'exposition, la clarte de style de l'illustre geometre et physicien; il nous reste d'analyser au point de vue du progres ses belles disser- tations. — M. Baudens lit un memoire sur le traitement des fractures de jambe par son appareil. M. Velpeau en 1845 defiait les chirurgiens de lui montrer une seule fracture oblique de jambe guerie sans raccourcissement. C'e- tait proclamer solennellement l'insuffisance des bandages usites et la necess-ite d'un appareil plus efficace. Cet appareil, M. Baudens l'a invente il y a deja 24 ans, et il n'a pas cesse depuis de le perfec- tionner ; il l'a applique a 157 fractures de jambe, non compris celles provenant de coups de feu, qui forment une categorie a part; et cette longue experimentation se resume dans cette petite phrase , plus eloquente que tous les discours : Une seule amputation, pas un seal cas de mortalite, raccourcissements tres-rares. COSMOS.' 73 L'appareil se compose essentiellement : 1° d'une boite ou caisse a ciel ouvert, formee par quatre parois , une inferieure , deux late- rales, une terminale ou digitale; 2° d'un coussin forme" d'une couche de crin couple enferme dans un drap plie en plusieurs doubles et sans coutures; 3° d'une talonmere, autre petit coussin aussi en crin ; 4° de bandelettes de toiles liees a des lacets qui viennent aboutir aux trous des parois laterales et terminates. 11 presente les avan- tages suivants : 1° il est applicable a toutes les especes de fractures de jambe; 2° il permet au chirurgien de se passer d'aides; 3" en laissant le membre a decouvert, il permet de suivre de 1'ceil, a chaque instant, la marche de la lesion, d'appliquer des topiques, de panser les plaies sans deranger aucune piece de l'appareil; 4° il rend facile le transport des fractures, soit d'un lit a une autre, soit, aux armees, lors des gramles evacuations de blesses, d'une localite sur une autre ; 5° il conserve au membre sa conformation normale, sans l'atrophier, sans le deformer, sans en retarder la consolidation ; et echappe ainsi aux reproches faits aux appareils a, attelles ou a compression circu- late. C'est surtout quand la fracture est compliquee de grands de- sordres, comme a la suite des coups de feu, que l'appareil acquiert une grande superiority. Si Ton a soin , comme le fait toujours M. Baudens, d'enlever les esquilles qui irritent la plaie et dechirent le perioste, l'os se soude et. se regenere avec une merveilleuse acti- vity, ainsi que M. Flourens l'a si bien prouve par ses belles expe- riences. Evidemment l'habile inspecteur des armees a fait faire a cette branche de la chirurgie d'incontestables et grands progres. Partir du point oil la guerison sans raccourcissement etait non pas seulemcnt une exception, maisunesorte d'impossibilite, et arriver a faire en sorte que la guerison avec raccourcissement soit presque une anomalie; parvenir a rendre l'amputation si rare, qu'onne la pratique plus qu'une fois sur 157, quand du moins la fracture ne provient pas d'un coup de feu ; etendre ainsi dans une proportion enorme la puissance de la chirurgie conservative, c'est avoir bien merite de la science, de l'art et de 1'humanite; c'est aussi un bon et beau titre acadthnique dont M. Velpeau fera ressortir l'importance dans son prochain rapport de candidature. — M. Leroy d'Etioles lit un memoire sur le traitement des ane- vrismes par les injections coagulantes. II rappelle que l'idee de ce mode de traitement appartient incontestablement a Monteggia. Le savant professeur de Milan, proposait de ponctionner la tumeur avec un trois-quarts ordinaire. A cette proposition, peu susceptible d' application, M. Leroy a substitue la ponction avec un tube capil- I!x COSMOS. laire, et il a dtmiontre l'efficacite de ce proctkle par des experiences sur les animaux , dont il a communique les resultats a l'Academie des sciences, duns la seance du 23 mars 1835; il avait pris alors pour liquide coagulant 1'alcool et des solutions alumineu^es. Pravaz a renouvele il y a deux ans ces experiences, en employant du per- chlorure de fer, qui ptoduit une inflammation trop vive. Lallemand, qui avait suivi les essais de Pravaz, les fit connaitre a l'Academie comme devant amener une revolution complete dans le traitement des anevrismes. M. Leroy, tout en revendiquant la priorite, mani- festa aussitot la crainte qu'une reprobation universelle fit bientot place a un enthousiasme exagere ; e'est ce qui est re>llement arrive. M. Leroy examine ,les causes des accidents qui sont survenus et les moyens qui, en assurant le succes, peuvent relever cette methode de traitement du discredit immerite clans lequel elle est tombee. II con- seille surtout de substituer aux chloruresde fer, vraiment dangereux, les sels d'alumine, le sulfate par exemple, rendu neutre par l'am- moniaque et des lavages repet^s; ou l'eau de Pagliari , composed d'alun et de ben join ; ou le tannin, etc. II rappelle enfin qu'il a aussi coagule le sang au moyen de l'electro-puncture. La lettre par laquelle ce chirurgien si ingsnieux et si habile en- voyait l'expose de ses titres academiques etait vraiment piquante par son originalite. Vous serez peut-etrc etonne , disait-il , du vo- lume enorme que j'ai donne a l'expose de mes travaux , mais dans le cas ou la Commission , ce qui est deja arrive dans la precedente election, me placerait au dernier rang , j'aurai du moins fait gran- dement ressortir le merite de mes rivaux plus heureux; j'ai voulu qu'on put dire : Si le plus humble des candidats a tant de titres, que doit-ce done etre des autres, ab ultimo disce omnes. — M. Berthelot, preparateur de chimie au College de France, lit une note d'un tres-grand interet sur la reproduction de 1'alcool au moyen du bi-carbure d'hydrogene. Tout le monde sait qu'en trai- tant 1'alcool par l'acide sulfure monohydratd a la temperature de l'e- bullition , on produit en abondance du gaz hydrogene bi-carbon^ ; mais personne n'avait encore reussi a convertir l'hydrogene bi-car- bone en alcool. M. Berthelot y est parvenu le premier , et, ce qui est plus singulier, par le meme agent , e'est-a-dire en agitant tres- longtemps ce gaz au contact de l'acide sulfurique, dans un vase ferme' contenant en outre une certaine quantity de mercure. C'est une nou- velle synthese ajoutee a. celles qui ont rendu deja celebre le nom de M. Berthelot, et lui ont valu la recompense academique dont nous avons parle dans notre derniere livraison. Nous profiteronsde cette COSMOS. 75 occasion pour reconnaitre que nos souvenirs ne nous avaient pas assez fklelement servi. M. Berthelot n'avait pas recu anterieure- ment un encouragement de 2 000 fr. sur les reliquats des prix Monthyon ; cet encouragement malheureusement n'a exists que dans notre pens£e ou notre desir. La correspondance a 4te ddpouillee par M. Flourens, et a ex- cite" une attention universelle. M. le Ministre de l'instruction publique, suivant sa noble ha- bitude, s'empresse de repondre a un vceu exprime par l'Academie des sciences; il l'autorise a prelever sur les reliquats des prix Mon- thyon une somme de 1 190 fr., qui viendra s'ajouter au prix La- lande de 610 fr. ; les 1 800 francs resultants seront repartis entre les six heureux et habiles astronomes qui out trouve les six petites platiete's de 1854 ; chacun d'eux recevra ainsi 300 francs et une medaille commemorative de sa decouverte. — M. le Ministre de la guerre , dont l'activite et la puissance d' action sont vraiment eHonnantes, a qui les preoccupations si graves de la campagne de Crimee ne font pas perdre de vue les progres administrates et agricoles de l'Algerie, donne , dans une nouvelle lettre, des renseignements precieux sur une me'thode de traitement de la maladie de la vigne, employee avec le plus grand succes par M. Vialhe, dans les environs d'Oran. Cette methode tres-simple et tres-economique consiste a projeter sur les parties malades des cendres de bois : un grand nombre de certificate authentiques en attestent l'efficacite. M. Flourens a tdmoigne le d^sir que cette communication, en raison de son importance, fut l'objet dun prompt rapport. Le marechal Vaillant , presque en meme temps, (Hait heureux de pouvoir annoncer a la Societe d'acclimatation que le troupeau de chevres d'Angora, acquis en Orient par ses ordres, tHait arrive" deja a Marseille , et serait mis sous peu a sa disposition. Nous applaudissons de grand cccur a cet hommage du journal XAckbar, cite aujourd'hui par le Moniteur universel : - II faut le dire, a l'immortel honneur du gouvernement de Louis-Napoleon, les quatre dernieres annees ont compte triple pour l'Algerie. L'em- pereur , si Ton peut parler ainsi , a pris l'Algerie dans sa main ; il l'a soulev£e de l'orniere ou elle languissait, et l'a lancee dans l'espace; il lui a rendu le mouvement, la confiance et les grands horizons de l'avenir. » — M. Flourens presente, au nom de M. de Humboldt, le premier volume de ses Melanges de geologic et de physique generate, tra- 76 COSMOS. duits par M. Galuski ct publics par MM. Gide et Baudry . L'avertisse- ment du traducteur fait tres-bien ressortir la raison d'etre de ce nouvel ouvrage : •■ En menie temps qu'il pouisuit le cours de ses travaux, et se met en mesure de remplir toutes ses promesses , M. A. de Hum- boldt trouve, dans une activite que Ton admirait quand il etait jeune, et a laquelle le temps n'a rien ote , le moyen de reveuir sur des ocuvres qui appartiennent a une autre epoque de ?-a vie. II a reuni recemment des memoires sur des sujets divers, qui n'ont guere d'autre unite que l'unite de la science, mais dont la variete meme frappe de respect, en offrant une image de cette noble existence a laijuclle rien de ce qui interest 1'intelligence humaine n'est reste t'tranger. La plupart de ces ecrits reparaissent sans changements ; mais nilustre veteran les a ramenes par des notes et des appen- dices au niveau actuel des eonnaissances. >■ M. de Humboldt aussi, dans sa preface, expose son but avec une noblesse et une simplicity de langage que M. Flourens a d'autant mieux fait admirer a l'Aca- demie, qu'elles sont un nouvel et frappant exemple ajoute a ceux qu'il rappelait naguere dans son charmant livre de la longevite hu- maine. " Si, en composant ce recueil, j'ai pris la resolution de joindre a des travaux recents des travaux deja fort anciens, j'ai ete musurtout par le desirdeprevenir ces compilations fastidieuses, dans lesquelles on reimprime sans choix , et uniquement d'apres l'ordre cbronologique, des essais surannes, ou dont quelques parties seule- ment peuvent encore contribuer a repandrc d'utiles eonnaissances. Get aveu sera, j'espere, la justification de mem entreprise. Un ecri- vain qui, depuis plus de soixante annees, entretient avec le public un commerce non interrompu, ne demandera pas en vain, ver* la fin d'une existence agitee, l'indulgence dont il a dtja recu tant de temoignages- » Fontenelle , Buffon, et tant d'autres glorieux octo- genaires ont trouve dans MM. de Humboldt et Biot des successeurs et des emules dignes d'eux. Ce premier volume, en outre des Memoires sur les volcans du plateau de Quito et de Pichinca, de la description du plateau de Bogata, et du recit des ascensions du Chimborazo, contient des recherches sur les lignes isothermes , sur les moyens endiome- triques et la proportion des principes constituants de l'air ; sur 1'accroissement nocturne de l'intensite du son, sur la hauteur moyenne des continents, etc. — M. Flandin, dont les recherches toxicologiques ont ete r^com- pensees par l'Academie, demande a etre porte sur les listes de candidats a la diyuite de membre correspondant. COSMOS. 77 — M. Alvaro-Reynoso communique de nouvelles experiences sur l'empoisonnement par le curare. II revient d'abord sur le fait im- portant de la destruction des proprietes toxiques du curare par Tac- tion du brome. II a traite un demi-gramme de curare, dose buffisante pour tuer plusieurs chiens, par du brome ; le melange, debarrasse de l'exces de brome au moyen de l'hyposulfite et du carbonate de soude, a 6te injects sous la peau dun chien, qui n'a nullement souffert. II a fait ensuite des experiences fort difficiles et fort dedicates sur Faction des ventouses. Apres avoir injecte sous la peau d'un cochon dlnde 1 centi- gramme de curare delaye dans 6 dixiemes de centimetres cubes d'eau, il a applique immediatement une ventouse : taut que le vide a ete maintenu, sans interruption, l'animal n'a rien eprouve, quel- que prolonged que fut l'experience ; mais aussitot que la ventouse est enlevee, ranimal eprouve les effets du curare absolument comme dans les circonstances ordinaires ; c'est-a-dire que la dose ci-dessus indiquee le fait perir en frois minutes. M. Reynoso a encore intro- duit dans une blessure faite surle flanc d'un cochon d'Inde, un mor- ceau de curare pesant 51 milligrammes, et a applique sur-le-champ la ventouse ; l'animal a continue a se bien poi ter ; aussitot la ven- touse enlevee, Taction du curare s'est produite et l'animal est mort. La ventouse previent done l'empoisonnement , mais a la condition qu'on l'applique subitement, et qu'on la maintienne indefiniment ; ce n'est done pas elle qui a gueri, dans les cas oil Ton a employe si- multanement la ventouse et les caustiques, ia guerison est due aux caustiques. Le cochon d'Inde est Tanimal qui se prete le mieux a ces experiences, parce qu'il est tres-facile a epiler, condition indis- pensable pour qu'on puisse faire le vide. — M. Marcel de Serres e"crit qu'il vient de dceouvrir, dans le departement du Gard , une nouvelle caverne remplie d'ossements d'animaux carnivores et autres ; les os d'ours surtout son I tres-aborv- dants; tous sontdans un tres-bon etat de conservation, mais en grande partie broyes. La disposition du sol prouve jusqu'a l'evidence que ces debris out ete apportes par des courants d'eau trcs-violents. Cette de"couverte prouve aussi que les cavernes a ossements son£ beaucoup moins rares qu'on ne le croyait. M. Marcel de Serres auquel sa science, ses travaux et son acti- vity devraient faire accorder enfin la qualite de correspondant, en a trouve" pour son compte un assez grand nombre. — MM. Briot et Bouquet adressent un memoire sur l'integra- 78 COSMOS. tion d'un certain systeme d'equations differentielles par un heureux emploi des m&hodesde M. Cauchy. — S. A. le prince Charles Bonaparte envoie son dernier coup d'oeil sur les pigeons. — M. Andraud signale la coincidence des derniers tremble- ments de terre ressentis a Marseille, a Nice et dans quelques villes du Picmont et de l'ltalie, avec le ddbordement de plusieurs rivieres et en particulier de la Saone. II essaie de prouver par des rappro- chements historiques que les deux phenomenes ou fleaux ne vont jamais ou presque jamais fun sans l'autre. Si vous entendez parler de tremblements de terre, preparez-vous, dit-il, au recit de debor- dements ou d'inondations , et r^ciproquement. — M. Moitissier presente des £preuves positives de photogra- phie obtenues par lui avec un soin tout particulier : suivant lui, on s'occuperait trop de negatifs et pas assez de positifs; cette accusa- tion est bien certainement fausse ou exageree ; les negatifs evidem- ment ne sont produits qu'en vue de positifs qui les suivent de pres. — M. de Verneuil presente en son nom et au nom de MM. d'Ar- chiac et Jules Haime, une nouvelle livraison des Etudes sur les co- quilles foramimferes des Indes, du groupe des nummulites. Ces col- lections recueillies par des officiers anglais avaient 6te adressees a sir RoderikMurchison, qui n'a pas cru pouvoir en faire un meilleur usage qu'en les confiant aux paleontologistes francais, a M. d'Ar- chiac surtout, que ses etudes consciencieuses sur les coquilles fos- siles ont rendu celebre. M. de Verneuil offre en meme temps un m£moire descriptif des briozoaires de M. d'Archiac et ses observations sur les Pyrenees et les autres montagnes d'Espagne. — M. Rayer prie l'Academie d'admettre au concours des prix Monthyon de m^decine et de chirurgie, en le recommandant d'une maiere toute particuliere, le beau et si important memoire de M. Quevenne, pharmacien en chef de l'hopital de la Charite- , sur Taction physiologique et therapeutique des ferrugineux. Le fer, as- socie" a certains principes organiques, constitue l'une des parties les plus important es du corps humain, les globules du sang; il ne semble pas que ces globules, sans lesquels il n'y aurait plus de vie, puissent se former sans fer. Presque tous les composes ferrugineux entres dans l'orgatiisme avec les aliments ou administrds therapeu- tiquement semblent aptes a reconstituer les elements du sang ; il en est cependant qui meritent la preference. Quels sont-ils? telle est la COSMOS. 79 principale question que M. Quevenne a voulu resoudre dans ses immenses recherches, d'abord par des experiences chimiques et physiologiques directes , puis par des observations au lit des ma- lades. II a examine tour a tour 1° la proportion de fer que chaque com- pose introduit, a l'etat de dissolution, dans le sue gastrique ; 2° les modifications qu'il peut y eprouver; 3° les changements que le genre d'alimentation, ou d'autres circonstances , peuvent apporter dans les resultats ; 4° enfin les fonctions physiologiques du fer, ou son mode d'action dans la reproduction des globules du sang. II a puise" le sue gastrique dans l'estomac de chiens, au sein desquels un celebrephysiologiste, M. Claude Bernard, etablissait des fistules maintenues ouvertes par des canules d'argent. On obtenait ainsi jusqu'a 50 ou 60 grammes de liquide gastrique filtre\ pendant les cinq heures que durait la digestion. Le nombre des digestions de- puis 1847, 6"poque oil ont ete commencees les experiences, a ete de 421 ; on a done opere sur plus de 20 kilogrammes de sue gas- trique. Le compose ferrugineux etait soit mele simplement a la patee , lorsqu'il etait insoluble , soit dissous dans le bouillon et ajoute aux aliments, lorsqu'il etait soluble. On dosait avec le plus grand soin le fer contenu dans le sue gastrique, soit par la nuance qu'il donne a une solution de sulfo-cyanure de potassium , soit a, la fois par la nuance et la dilution ; le nombre total des operations, pesees, appreciation de l'acidite, dosage, etc., a ete de pres de 2 000. C'est on le voit un travail vraiment colossal et de plus de six annees. La notion capitale ffournie par les experiences phy- siologiques avait ete celle-ci : le fer, reduit par Thydrogene est celui qui, pour un poids donne, a introduit le plus de fer dans le sue gastrique. II devenait tres-probable , des lors, que le fer reduit agissait sur l'economie a plus petite dose que tous les autres; mais cette de- duction devait etre necessairement controiee par des experiences therapeutiques au lit des malades ; or les observations faites dans les services de MM. de l'Escalopier, Cruveilhier, Andral, Rayer, Costes, de Bordeaux, etc., etc., ont en effet prouve que le fer, reduit par l'hydrogene, denue d'ailleurs de saveur et facile a adininistrer, doit etre place au premier rang des composes ferrugineux les plus actifs ; qu'il a suffi, dans lamajorite des cas, d'une dose moyenne de 25 centigrammes pour amener une guerison rapide et complete. Cette conclusion a ete confirmee par le jugement de l'Academie de medecine. 80 cosmos. M. Rayer a qui , au sortir de l'Academie , nous demandions le nom, couvert par le bruit, de l'auteur de ces grandes recherches, nous a dit avec un elan qui a sans doute frappe ceux qui l'enten- daient : C'est M. Quevenne , et il est modeste celui-la ; modeste autant qu'habile ; grandement modeste, parce qu'il est dminem- ment habile et consciencieux. Son memoire vient de paraitre dans les Archives de physiologie , de iiterapeutiqite et a'kygi'ene , de M. Bouchardat ; il forme un volume de plus de 300 pages. Nous regrettons vivement de ne pouvoir en donner une analyse plus etendue. — M. Dumas, a son tour, avec autant de chaleur et de conviction que M. Rayer, presente pour le concours des prix Monthyon, sec- tion des arts insaiubres, les grandes ameliorations realisees dans le service des vidanges publiques de la ville de Paris, par M. Mary, inspecteur des ponts et chaussees. Voici comment M. Mille , inge- nieur du meme corps, resume l'histoire du service des vidanges de Paris : " Le moyen age avait fait du chamier de Montfaucon la voirie de la grande cite. L'enconibrement des matieres amena un etat de lieu intolerable. L'infection chassee par les vents regnants descen- dait des lacs et des sechoirs et s'abattait sur les quartiers du nord et du nord-est, la Villette, les faubourgs Saint-Denis, Saint-Mar- tin, etc. On essaya sous Louis XV d'y porter remede en repous- sant la voirie plus loin ; l'extension de la population eut bientot franchi cette distance, elle rendit de plus les bassins insuffisants, et le mal empira. Alors cependant l'industrie des engrais commenca. Le procede" Bridel montra le benefice qu'on pouvait tirer des ma- tieres. La ville toucha unrevenu quis'eleva au chiffre de500 000fr. Mais le cri des populations commandait une reTorme absoiument ne- cessaire. On ne voulait pas encore courir les risqaes du libre ecou- lement, on eut foi dans la science qui proposait de tout refouler a 10 kilometres de distance, et Ton autorisa le Depotoir etabli a la Villette sur les bords du canal de l'Ourcq. Le representant de la science qui, en risquant counigeusement son nom et son avenir, a propose1 d'appliquer aux eaux troubles et charg^es de matieres une impulsion mecanique qu'on ne croyait applicable avant lui qu'aux eaux limpides, qui a lutte sans se laisser jamais intimider contre les repulsions d'une commune de 30000 ames; qui, restant sourd a toutes les objections, n'a pas doute un instant du succes d'une ope- ration gigantesque, est M. Mary, et il a trouve dans M. Dumas un clomient panegyriste. Le depotoir construit sur ses plans et sous ses ordres est un vaste COSMOS. gl hangar de neuf travels couvertes, enveloppe par ure ceinture de chaussees pavees, et faisant front a une gare d'emharqueinent. C'est la que sont apport^es toutes les vidanges de Paris , formant annuellement '257 000 metres cnbes. Une machine a vapeur de la force de 25 chevaux refoule la partie liquide, d'un volume effrayant, 257000 metres cubes, dans un tuyau de conduite de 30 centimetres de diametre, et la chasse jusqu'a Bondy, au sein d'une clairiere de 32 hectares, a deux lieues et demie de la capitale. Les matieres so- ndes sont transporters par bateau. Le prix de revient est au plus de 31 centimes par metre cube rendu a Bondy. La solution nidcanique de ce probleme si difficile a done realise tous les avantages de salubrity et d'economie qu'elle promettait. Aujourd'hui a Paris, Monlfaucon est oublie, les habitants des quar- ters nord et nord-est respirent une atmosphere pure; et tout est si bien dispose, si bien entretenu au depotoir, la ventilation est si. complete qu'on peut le considerer comme une des usines les plus inoffensives de la Villette. Bondy aussi ne ressemble pas a Mont- faucon, il a dans une proportion beaucoup moindre l'aspect degou- tant d'une voirie. » Hatons-nous cependant de dire avec M. Mille, que le deposoir n'est encore qu'un travail de transition ; M. le Prefet de la Seine, comme nous l'avons dit, prepare une organisation toute nouvelle ; nous touchons a l'epoque oil l'emploi generalement adopte des ap- pareils diviseurs et disinfectants pennettra d'ecouler dans les egouts les liquides qui constituent la masse encombrante, etde reserver les solides faciles a convertir en engrais. M. Mary, charge du service en chef des eaux de Paris, devra necessairement avoir la plus grande part a cette bienheureuse revolution, et remportera un nouveau triomphe, — M. Despretz presente, au nom de M. Lissajoux, professeur de physique au lycee Saint-Louis , un r£sum6 d' experiences sur la vibration des lames metalliques. Sans entrer dans aucun detail, le savant professeur de la Faculte des sciences annonce que ces expe- riences ont eu pour resultat de mettre en evidence d'une maniere fiappante le phenomene des interferences du son. — M. Pelouze analyse en quelques mots des recherches de M. Roux, professeur a l'Ecole de chirurgie navale de Brest, sur I'o- pium indigene. Des analyses faites avec soin ont prouve que I'o- pium provenant de pavots cultives dans le Finistere, contenait 10 pour cent de morphine et des quantites notables de narcotine. Des experiences therapeutiques ont confirme cette analyse ; l'opium pre- 82 COSMOS. pare en Bretagne a presente les memes propriety que les meilleurs opiums d'Orient. Le climat de la Basse-Bretagne est tres-favorable a cette culture, etla main-d'ceuvre y est tres-peu chere ; on pourrait done y tenter sur une plus grande echelle la production de l'opium. — La commission de cinq membres charges de juger les tra- vaux de statistique envoyds au concours pour 1855, se composera de MM. Bienaime\ Charles Dupin, Mathieu, Boussingault, et de Gasparin. — M. Grosso, de Naples, envoie un memoire sur le developpe- ment en series de certaines fonctions transcendantes. — M. Hautefeuille communique un nouveau proedde' de separa- tion du zinc et du cuivre. — M. Hollard adresse une etude sur les rayonn£s du genre ac- tinies. — M. Boeck annonce qu'il est parvenu a revetir exterieurement des boyaux avec du ciment qui les preserve de toute deterioration. — M. Blot adresse la nouvelle methode de rouissage que nous donnons a l'article industrie. — M. Laugier a aussi lu dans cette seance une suite a ses re- cherches sur la formtation des bourgeons charnus. NOUVELLES DE L'INDUSTRIE. SEANCE DU 27 DECEiMBRE DE LA SOCIETE D* ENCOURAGEMENT. M. Sylvestre , au nom du comite des arts economiques , lit un rapport sur le nouveau systeme de lampe a moderateur propose par M. Neuburger. La lampe moderateur inventee en 1836 par M. Franchot, en raison de la simplicite de sa construction, et de la modicite de son prix , est aujourd'hui presque universellement adoptee. Son seul inconvenient etait une duree d'eclairage un peu trop limitee. Dans les longues soirees d'hiver il fallait la remonter plusieurs fois, et aucun indice exterieur n'avertissait du moment precis ou il aurait fallu tendre le ressort; lorsqu'une diminution trop sensible de lu- miere prevenait les assistants, la meche etait deja charbonnee. Les nouvelles lampes de M. Neuburger presentent cet inconvenient a un degre" incomparableiuent moindre , ou mieux, en sont complete- ment debarrassees ; la duree de leur eclairage est double de celle des lampes communes ; elles peuvent fonctionner sans nouvelle inter- vention de la main pendant 10 et 12 heures consecutives. Elles ont un autre avantage, celui de mettre la combustion a l'abri des ra- lentissements ou des interruptions qu'amenent trop souvent les im- puret^s contenues dans les huiles a bruler. L'huile est filtree au sein de la lampe par un mecanisme ingenieux, et ne peut parvenir dans le tube d'ascension , qu'alors qu'elle est devenue pure. La lampe ainsi perfectionnee a eu un si grand succes , elle s'est repandue avec tant de rapidite, que M. Neuburger a 6t6 amene a creer, place Royale, au Marais, de magnifiques ateliers de construc- tion exclusive des lampes moderateurs , ou il occupe en tout temps un noinbre considerable d'ouvriers. Le comite a suivi avecbeaucoup d'interet les details de cette fabrication tres-soign^e , et sollicite pour i'habile lampiste des eloges et une approbation que le conseil accorde a l'unanimite. — M. Elet, 33, rue Grenelle St-Honore adresse la description d'un procede nouveau et rationnel de rouissage du lin , du chan- vre, etc., auquel il attnbue les avantages suivants : 1° Brievete de l'operation : rouissage en deux jours au plus pour le lin, en quatre jaurs pour le clianvre ; 2° simplicite du materiel, facilite et salubritc du travail; 3° rejet de tout acide et alcali mi- neral, de la vapeur, du broyage mecanique, etc.; 4° excellente qua- lite des fibres, blancbeur remari]uable, souplesse avolonte, possi- bilite du filage mecaniipie de tous les numeros, production presque SU COSMOS. rnille d'etoupes; 5° service rendu a l'hygiene publique par la sup- pression du rouissage a l'air libre, a 1'agriculture par la production d'un engrais de bonne qualite , etc., etc. Voici comment l'auteur formule son procede : On remplit d'eau pure une cuve en metal ou simplement en bois , installed dans une chambre close dont on maintient la temperature a 25° centigrades, on ajoute a l'eau de l'uree, en raison de 1 kilogramme par 100 li- tres d'eau ; on brasse bien l'uree avec l'eau ; on place debout et non serre dans la cuve le lin que l'eau doit recouvrir; on couvre la cuve, et on laisse fermenter pendant deux jours, en ayant soin de sur- veiller la fermentation de temps en temps ; quand la periode de fermentation acide cesse, et que l'approche de la fermentation pu- tride est annoncee par une odeur marecageuse d'abord tres-faible , on retire le lin, on le presse, et on le porte au sechoir. L'operation est exactement la meme pour le chanvre, elle exige seulement deux ou trois jours de plus. Les eaux meres contiennent en grande quantite des carbonates d'ammoniaque et de potasse , on pourra soit 1'utiliser immediate- men t pour 1'agriculture, c'est un engrais comparable aux meilleurs purins , soit la traiter par des precedes economiques pour en ex- traire les sels qu'elle contient. Les lins et leschanvres ainsi prepares sont dune belle couleur , presque blanche, soyeux, elastiques, resistants, ils laissent fort peu d'etoupes. Le prix eleve actuel de l'uree serait un obstacle tres-grave a l'adop- tion pratique et a la vulgarisation de ce procede; mais les matieres premieres dont on extrait l'uree coutent si peuqu'il est certain que l'on arriverait tres-promptement a la produire a bas prix , si on lui trouvait des debouches importants. M. Blet ajoute : Ce procede n'est pas brevetd , il ne peut pas l'etre. Ne dans un pays de grande culture du lin , j'ai pu apprecier de bonne heure les dangereuses influences du rouissage sur les po- pulations rurales; ouvrier, j'aipujuger ce qu'il avait de penible et d'insalubre pour le travailleur. J'appelle la plus grande publicite possible sur un procede simple, facile, economique, inoii'ensif, ap- plicable aux petites comme aux grandes exploitations. A. TRAMWAY, proprietaire-gerant. FAIIKS. — IMl'KIMKHir. DE W. KE.MQUET ET C1C, :;'.'E GAKANCIERE, 5. T. VI. 26 JANVIER 1 855. QUATR1EMK ANNEE. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. Nous sommes tout brise encore de 1' Amotion que nous a causee l'annonce foudroyante de la mort subite dun de nos meilleurs amis, M. Armand Bazin. Ce jeune homme excellent que nous connaissions et que nous aimions depuis plus de vingt ans, qui nous faisait avec tant d'expansion de cceur le confident de ses etudes, de ses experiences , de ses projets , de ses esperances d'avenir, a et6 enleve" en quelques heures, dans la nuit du 12 au 13 Janvier, par une violente attaque de fievre cerebrale, un transport au cerveau. II avait a peine trente-neuf ans; il etait, par consequent, dans la force de l'age, et jouissait d'une sante parfaite. Son pere si respectable et si distingue, sa mere si devouee et si pieuse, avaient concentre sur lui toutes leurs complaisances; car seul, et quoique l'aine de quatre en- fants, il n'etait pas encore £tabli. II etait venu a Paris six jours au- paravant ; il avait communique1 a plusieurs savants la suite de ses recherches sur les maladies des plantes ; il nous avait fait une longue visite. Helas! nous etions loin de penser que nous l'einbrassions pour la derniere fois. C'etait bien certainement une de ces ames rares dont le monde n'est pas digne, suivant l'expression eloquente des livres saints ; honnetete parfaite , delicatesse grande de con- science et de langage ; moeurs chastes et pures, foi vive, pratique sincere et eclairee de la religion; manieres douceset agreables; mo- destie sans faiblesse , volonte forte sans entetement ; sentiment profond des devoirs de famille, fidelite a l'amitie ; il possedait a un haut i.legre toutes les qualites essentielles des natures nobles et bonnes. Ajoutons a cela un physique avenant et une fortune hono- rable, et nous nous ferons une idee juste du brillant avenir reserve', suivant tous les calculs humains, a cette belle existence qui s'est eteinte tout a coup sous le souffle du Dieu terrible et misericor- dieux. Depuis plusieurs annees, M. Armand Bazin dirigeait avec son pere le vaste^tablissementagricole du Mesnil-Saint-Firmin; nous n'avons pas besoin de dire qu'il s'etait fait estimer et aimer de tous, de ses 4 86 COSMOS. e"gaux comme de ses inferieurs; les regrets qui ont delate sur sa tombe sont une preuve eloquente des sentiments qu'il avait su ins- pires II avait reussi a perfectipnner un grand nombre d'instruments d'agricullure, et entre autres une fouilleuse qui porte son nom; il avait institue de longues experiences pour arriver a savoir s'il peut se former encore de nouvelle;, various de froment, et etait arrive" a des resultats ires-neufs et tres-importants que nous avons exposes en leur temps. La derniei e annee de sa vie a 6te remplie par ses re- cherches sur les maladies des plantes et les insectes qui les deler- minent ; le memoire qu'il redigea sur ce sujet et qui fut imprime" d'aboid dans le Cosmos, produisit une grande sensation; M. Ar- mand Bazin, s'il avait vdcu une annee encore, aurait acheve' pour la vigne ce qu'il avait si bien termine pour la betterave , les pommes de teire, le h\6 , il aurait demontre invinciblement que toutes ces affections mysterieuses et redoutab'es ont pour cause premiere et ddteiminante les ravages d'un insecte. Avec son amour ardent de l'etude, sa science profonde de l'agri- culture et de la geologic, son talent superieur d'experimentation , il serait ceriainement devenu membre correspondant de l'lnstitut et de la Societe imperiale et enrtrale d'agriculture. Au moment oil la mort I'a fiappe , il dtudiait avec son respec- table pfere, blesse, helas ! au cceur, et avec nous, la transformation de la teire du Mesnil-Saint-Firmin en un vaste etablissement agri- cole et industriel qui, sous 1'egide de la religion, devait embrasser a ]a fois une colonie d'enfanis trouves et d'orphelins pauvres deja etablie et florissante ; un pensionnat professionnel de fils de labou- reurs, une ferme-ecole aussi en exercice depuis plusieurs anndes; un institut agronomique, enh'n, oil les jeunes gens de famille vien- draient se former pendant quelques annees a la grande culture, aux industries ngricoles ; a la gestion des terres, en meme ternps qu'ds applique: a er;t leurs etudes scientifiques et litteraires. La mort de notie ami ne nous fera pas abandonner ce beau projet ; nous &erons heureux au contraire d'en faire une sorte de monument elevd a sa memo re ; nous perdons un auxiliaire puissant, mais nous gagnons un protecteur, un ange gardien, qui, dans un monde meilleur, in- tercedera ; our ]e succfes d'une ceuvre qui devait etre sienne. J — Nous avons encore une au're perte douloureuse a annoncer a nos 1' cleurs, cellede M. Henri Braconnot, de Nancy, chimiste cd- lebre on mieux un des chefs d'ecole de la cbimie moderne, de la chi n e organique ou des principes immediats. Pour mieux faire conn.iitie cjt homme eminent, nous analyserons rapidement le dis- COSMOS. 87 cours prononce sur sa tombe par M. Nickles, professeur de chimie a la nouvelle faculte de Nancy. . . : . A l'epoque ou M. Braconnot fit ses premieres armes, le domaine de la chimie etait explore dans deux directions tout a fait distfnctesrde'composerlescorpsquijusque- la avaient resiste aux reactifs; reconstituer de toutes pieces les corps deja decomposes... Une seule classe de jcorps semblait jusqu'alors digne des investigations de la science, lescombinaisons m.nerales... Le premier, un jeune chimiste de Commercy, Henri Braconnot' novateur hardi, entreprendl'examendes divers produits organiquesj avec desprocedes a lui ; il analyse les champignons, et il y trouve un* acide nouveau, l'acide fungique ; l'analyse des sorbes le conduit a la decouverte de l'acide sorbique ; ses recherches sur les fruits le mettent en possession de l'acide pectique qu'il sait isoler et retrou- ver ensuite dans une foule de plantes usitdes dans l'economie do- mestique. II trouve la salicine, puis la populine dans l'ecorce de peuplier ; l'acide equis^tique dans les preles ; la legumine dans les graines des legumineuses, etc., etc. Sous ses mains, le bois et le vieux chiffon se changent en gomme d'abord, puis en sucre ; la gela- tine devient du sucre de gelatine ; la fibrine et la laine deviennent de la leucine ; le sucre devient de l'acide nitro-saccharique ; la fecule se change en xyloidine, basedu coton-poudre, etc., etc. Sertuerner qui decouvre la morphine, Pelletier et Caventou, qui isolent la quinine , la cinchonine et la strychnine, etc., etc., sont de l'ecole de Braconnot. Nouveau Scheele, il n'avait pour laboraloire que quelques verres casses, et le bruit de ses decouvertes a rempli le monde. » Com me son venerable compatriote, M. deHaldat il devint membre correspondant de 1'Institut de France, comme lui il passa sa vie a faire le bien, et est mort dans un age tres-avance ; il le-ue toute sa fortune, environ 300 000 fr., a la ville de Nancy qu'il institue sa legataire universelle, sous la reserve d'une rente viVere de 3 000 fr. a sa cousine et d'une autre de 300 fr. a sa domestique. La mort de M. Braconnot, comme celle de M. de Haldat dit M. Henry Lepage, laisse a Nancy un vide qui serait difficilement comble, si la Providence, en nous enlevant d'une main ces veterans de la science, ne nous avait pas amene de 1' autre, pour continuer leur ceuvre et perpetuer leurs traditions, de jeunes et doctes sueces- seurs (les professeurs de la Faculte des sciences), qui ont devant eux une longue carriere a parcourir. — Lundi dernier, au sortir de la seance de l'Academie M Coste nous engagea vivement a venir voir dans son laboratoire du College peut les faire parvenir ainsi en parfait etat de conservation et de vie a plusieurs centaines de lieues de distance. Aussitot leur receptiony on porte les petits dans les vases a eclosion, disposes comme nous venons de le dire , et a mesure qu'ils naissent on les porte dans ura bassin ; lorsquel'enormevesicule qu'ils portentau nombril est tombee, on commence a les nourrir avec du foie de bceuf cuit et hache. Dans quelques jours, au reste, a. l'occasion d'un rapport que M. Coste adresse en ce moment au gouvernement, nous reviendrons sur cette charmante industrie. — M. John Lemoine ecrit de Londres au Journal des Debats : « Les nouvelles les plus fraiches de la Crimee continuent a pren- dre le chemin le plus long, et c'est encore par la voie de Saint-Pe- tersbourg que Ton apprend ce qui s'est passe en dernier lieu devant S^bastopol. On a reconnu la necessite de faire cesser une pareille anomalie, et c'est aujourd'hui meme, je crois, qu'un batiment quitte les cotes d'Angleterre emportant un cable electrique qui etablira la telegraphie sous-marine entre Varna et Balaklava. Comme on tra- vaille en meme temps a la ligne telegraphique entre Varna et Bu- charest, on compte qUavant la fin du mois de fevrier on aura tous les jours et ii toute heure une correspondance instantanee entre la- Crimee et Paris et Londres. Le gouvernement anglais avait com- mande le cable Electrique aux entrepreneurs le 15 decembre der- nier, et il est aujourd'hui acheve" et embarque. II a 400 milles de long ; il est de la grosseur d'une barre de fer et protege par une en- veloppe de gutta-percha ; il a fallu cinq jours et cinq nuits pour l'cmbarquer. « Le personnel expedie pour le poser se compose de soixante hommes qui ont soin d'emporter avec eux leurs moyens de trans^ COSMOS. 89 port et leurs maisons. Le fil electrique aboutira aux quartiers gene- raux des deux commandants en chef. On y envoie aussi des ap- pareils portatifs semblables a ceux en usage sur plusieurs chemins de fer, qui sont dans des boites de la grandeur d'un necessaire de toilette, et qui contiennent du fil electrique tout pret a etre joint an fil principal, de sorte que les generaux auront toujours, dans leurs mouvements, la telegraphie a leur disposition. » « Voila certainement tin des plus merveilleux triomphes de la science et de l'industrie modernes, et de pareils triomphes devraient consoler l'Angleterre d'avoir un pied de guerre inferieur a celui des nations du continent. << — Dimanche dernier, 14 Janvier, 17 heures et demie, l'un des fonctionnaires de 1'Observatoire imperial, M. Dien, a decouvertune comete telescopique dans la constellation du scorpion, a 2° 1/2 au sud de l'etoile gamma. L'etat du ciel lui a seulement permis d'ert determiner la position approximative suivante : Ascension droite 223° 1 2 Lteclinaison australe 27 Hier matin (jeudi 18), a 18 heures, 28 minutes, 25 secondes,. temps moyen, la position de cet astre etait : Ascension droite 228° 32' \" Declinaison auslrale. . . 27 32 0 Jusqu'iei la comete n'a point de queue, mais elle presente plu- sieurs centres de lumiere. — Dans la seance du 10 Janvier de la Societe de geographie de Berlin, le president, M le professeur Ritter, a annonce, d'apres une lettre de Bombay, 10 novembre dernier, et adressee a M. A. de Humboldt, par les freres Adolphe et Hermann Schlagintweit, l'ar- nvee dans l'lnde de ces voyageurs, apres uneheureuse travers^e. Ainsi qu'ils l'annoncent a M. de Humboldt, ils se proposent d'em- ployer la premiere annee de leur sejour dans l'lnde a l'etude de l'Hi- malaya, et les deux suivantes al'explorationduPenschab, et princi- palement des pays du nord, situes pres du fleuve Indus. On sait que S. M. le roi de Prusse a accorde, aux deux freres, pendant trois ans, une subvention annuelle de 3 000 thalers, et que la Compagnie des Indes orientales leur en a alloue une de 7 000, pendant le meme espace de temps. Avec ces riches ressources , leur zele et leurs connaissances acquises, il y a tout lieu d'esperer que le sejour des deux voyageurs dans l'lnde sera fecond en heureux resultats pour la science. (Gazc'te de Cologne. — Moniteur aniccrsel.) PHOTOGRAPHIE. Le journal de la Sociarez dans un vase d'un demi-litre un bam A forme de trois parties de la solution saturee d'acide gallique et une partie d'eau ; versez dans un plat reserve exclusivement pour cet ob- jet une couche du liquide ou bain A d'un demi-pouce de hauteur ; faites tomber dans le plat 8 gouttes du melange C, remuez ; versez COSMOS. 93 del'eaudistilleesur la plaque sortie de la chambre obscure, plono-ez- la dans le bain d'acide gallique prepare comme ci-dessus, faites-la sortir en la secouant un peu ; deposez la plaque dans le plat, et con- tinuez de remuer en ajoutant apres chaque heure de 8 a 20 ^outtes de la solution C, jusqu a ce que 1'image soit completement develop- pee. Cette operation peut etre continuee sans danger, pendant trois jours s'il est necessaire; mais il est mieux que le developpement de 1'image soit termine dans un intervalle de temps de douze a seize heures. Lavez parfaitement avec de l'eau, et dressez les plaques pour les faire secher. II est une autre methode beaucoup plus rapide pour developper 1'image avec l'acide pyro-gallique, au moyen du bain suivant : eau, 300 grammes; acide pyro-gallique, 1 gramme ; acide acetique cris- tallisable, 5 grammes; acide formique, 1 gramme. L'imaoe, dans ce bain., est completement developpee en une demi-heure ; mais M. May all trouve que les demi-tons sont alors beaucoup moins bien accuses que dans la methode lente. 6° Fixation de Vintage. Formez un bain avec eau, 100 gram- mes ; hypo-sulfite de soude, 10 grammes ; prolongez l'iminersion ou Taction du bain jusqu'a, ce que l'iodure jaune ait completement disparu ; lavez avec soin, 1'aites secher, et tout sera fini. Les plaques pour positifs se preparent de la raeme maniere, excepte qu'on substitue le chlorure de sodium au bromure de potas- sium. Le temps de l'exposition , lorsqu'on opere par superposition a la lumiere du nord, varie de dix secondes a une minute et demie, suivant la plus ou moins grande intensite de rimage negative. M. Mayall affirme que, sur cent plaques preparers comme on vient de le dire, il a pris cent images sans aucun insucces. Si Ton prend toutes les precautions qu'il indique , les echecs sont , dit-il , impossibles. Les plaques peuvent etre conservees apres l'excitation ou la sensibilisation pendant quatorze jours, et on peut ne develop- per les images que six jours apres l'exposition a la lumiere. L'impossibilite ou nous sommes de pouvoir aujourd'hui consacrer plus de place a la photographie , nous force a renvoyer a la pro- chaine livraison : 1° les details que nous apportent les journaux de Londres, sur l'exposition deja ouverte de la Societe photographique ; 2° une note curieuse de M. Vogel , sur une methode pour copier photographiquement les cristallisations ; 3° une nouvelle formuie du sirop prdservateur de M. Shadbolt, pour conserver la sensibiiite des plaques collodionnees , etc., etc. PHYSIQUE. r — M. Grove nous adresse une note imporlante et pleine d'intd- ret, sur un moyen d'augmenter certains efFets d'electricite induite. U s'agit en realite de montrer comment, par le moyen de la machine d'imluction de M. Ruhmkorff, on peut convertir en electricity stati- que une quantity indefinie d'electricite voltai'que. Si les deux arma- tures interieure et exterieure d'une petite bouteille de Leyde sont unies respectivement aux extremity du fil secondaire de l'appareil de M. Ruhmkorff ( en nienie temps que le fil principal , ou dans le- quel passe le courant direct, est comme a l'ordinaire en communi- cation avec le condensateur de M. Fizeau), et qu'on rapprochel'un de l'autre a la distance de la decharge deux fils fixes aux poles ter- minaux de fappareil; le bruit et l'eclat dela decharge seront gran- dement accrus; on remarquera cependant en general une petite diminution dans la longueur de l'etincelle. Si maintenant on emploie une pile plus forte, la bobine et la bouteille de Leyde restant les memes, il en resultera une tres-faible augmentation dans la lon- gueur et l'eclat de l'etincelle, en supposant du moins que la pile d'abord employee hit assez forte pour donner avec la bobine, sans la bouteille, le maximum d'effet ou d'intensite du courant d'induc- tion. Par exemple, si avec. une bobine de Ruhmkorff de dimension usuelle, c'est-a-dire de 10 pouces de long sur 4 polices de diametre, on s'est servi d'une pile de Grove a acide nitrique, avec quatre ele- ments de 2 pouces sur 4, et d'une bouteille de Leyde de la capacite d'une pinte, un demi-litre ; 1'effet obtenu sera tres-peu augments , si Ton emploie ensuite huit elements ou plus ; mais le platine de l'interrupteur du courant est alors rapidement detruit par les e4in- celles. Si maintenant a la bouteille de Leyde d'une pinte, on en substitue une autre de capacite" double, on verra que, quoique cette seconde bouteille fat inferieure a la premiere quant a 1'effet produit quand on employait la pile de quatre elements, ou donnat desetin- celles plus courtes et moins nombreuses , dans un temps donne , mais un peu plus denses ; elle prendra une superiorite manifeste avec la pile de huit elements; et que de plus les etincelles ne seront plus destructives des contacts de l'interrupteur du courant. Si Ton prend une bouteille de capacite plus grande encore, de trois pintes, on'pourra de nouveau ajouter quatre elements a la pile et obtenir de plus grands effets encore. Ainsi, avec une meme bobine, l'eclat de la decharge peut etre augmente dans une proportion enorme, et presque indefiniment. COSMOS. 95 M. Grove, aide de M. Gassiot, a pu experimenter avec une pile de trente elements, et une surface, armee comme une bouteille de Leyde, de cinq pieds carres ; les effets ainsi obtenus etaient eton- nants ;' on voyait s'elancer d'un des fils terminaux a 1'autre un jet volumineux d'etincelles d'un sixieme de pouce de long', et qui pri- rent meme une longueur d'un pouce et demi, lorsqu'on interposa entre les deux fils une lampe a esprit de vin. Jamais, dit M. Grove, je n'avais vu un semblable torrent de feu electrique ; il produisait un bruit qu'on ne pouvait supporter longteraps sans en etre grande- ment incommode. Avec la meme pile, et une surface armee adtlitionnelle de quatre pieds carres, l'effet produit etait un peu moindre ; M. Gassiot n'a- vait alors a sa disposition que trente elements, de sorte qu'on ne put pas suivre plus loin 1' experience, et voir jusqu'a quelle lirnite se produirait cette augmentation d'effet ; M. Grove croit cependant qu'il exi*te une lirnite, pour des raisons que nous dirons tout a l'heure. Pour que l'expericnce renssisse, il faut prendre les precautions suivantes : 1° Le fil partant de l'extremite exterieure du fil secondaire doit etre uni a l'armature interieure, ou isole de la bouteille de Leyde, a moins que la pile ne soit completemeut isolee. La raison de cette disposition, est que l'extremite exterieure du fil est la portion la mieux isolee, et aussi cede par laquelie s'ecoule l'electricite de tension ; une bonne etincelle peut dans les circonstances ordinaires etre obt'enue de l'extremite exterieure, mais rarement de l'extremite interieure du fil. 2° La distance entre le marteau de l'interrupteur du contact et le ferdoux doit etre rendue aussi grandeque possible ; cette distance doit etre d'un huitieme de pouce au moins ; c'est une condition tres-importante au point de vue de la theorie et des effets de la bobine d'induction de M. Ruhmkorff. II faut, comme on sait, un certain temps pour le developpement de l'electro-magnetisme, et M. Matteucci, dans son recent et im- portant ouvrage sur l'electricite induite, a decrit certains resultats remarquables, dus uniquement a la non-instauianeite de la produc- tion de l'electricite d'induction. Si le marteau est trop pret du noyau, il est releve avant que le noyau soit magnetise completement ; et, si alors on se sert d'un condensateur de Leyde , il faudra un temps plus considerable pour qu'il soit charge. C'est de cette necessity de 96 COSMOS. temps que depend probablement la limite d' augmentation de puis- sance a laquelle nous avons fait allusion plus haut. II est vraiment curieux de voir cette absorption , si Ton peut s'exprimer ainsi, de la puissance voltaique par la batterie de Leyde : aussitot que Ton ddpasse l'effet maximum pour une batterie donnde, l'interrupteur du contact met en evidence, par ses etincelles, l'elec- tricite non-absorbee qui se manifeste maintenant dans le fil princi- pal ; une bouteille additionnelle agit comme une soupape de surete relativement a l'interrupteur de contact, et utilise le pouvoir vol- taique. C'est une question de quelque interet de rechercher comment une bouteille, chargde a la maniere ordinaire, par le contact momen- tane des extremitds du fil secondaire, re^oit seulement une faible charge et donne une dtincelle de longueur a peine mesurable ; tandis qu'elle donne au contraire une dtincelle longue et puissante lors- qu'elle est en connexion permanente avec ces extremites: Voici suivant M. Grove la meilleure thdorie de ce fait. Au moment de l'induction ou de la production de la premiere onde d'electricitd, le fil qui est affecte par l'impulsion electrique est impuissant a conduire l'elec- tricite, et par consequent a decharger la bouteille ; tandis que lorsqu'on essaie de charger la bouteille a la maniere ordinaire, le contact, quoiqu'en apparence de tres-courte durde, dure cepen- dant pluslongtemps que la simple impulsion electrique, et le fil par consequent, apres avoir transmis cette impulsion, peut ddcharger la bouteille. 3° II faut avoir bien fixe" dans l'esprit que les deux armatures de la bouteille de Leyde doivent etre chacune en communication avec une des extremitds du fil secondaire ; la bouteille ne doit pas etre inter- posee simplement, comme quelques physiciens l'ont proposd, dans le courant secondaire. Lenombredes ddcharges, dansun temps donne, depend de l'in- tensite de la batterie et de son rapport avec l'dtendue de la surface armde ; l'ceil ne peut pas le compter, mais on peut l'estimer avec quelque approximation de la maniere suivante : faites mouvoir per- pendiculairement a. la ligne de decharge, et circulairement, une bande de papier a dcrire fixee a un manche solide ; il sera perce d'un cercle de trous d'autant plus serres ou rapprochds l'un de l'autre que les decharges seront plus rapides. En fixant le disque de pa- pier a un axe amine" d'un mouvement de rotation connu, ou faisant un nombre connu de tours dans une seconde, on mesurerait plus exactement ce meme nombre. COSMOS. I 97 Ceux qui possedent l'appareil de Ruhmkorff trouveront un grand avantage pour r^peter ces experiences a avoir une plaque de verre revetue sur ses deux faces de feuilles d'etain, et platve sur la base de la machine ; des bandes conductrices uniraient les deux arma- tures a des vis de pression oil viendraient se fixer deux fils partis des extremites du fil secondaire. M. Eisenlohr a publie dans la derniere livraison des A/males de Poggendorff, une note interessante snr Taction de la lumiere violetteet de la lumiere ultra violette invisible. Il.admet en principe que lephenomene de la fluorescence, decouvert par M. Stokes, est produit par 1'interference des rayons violets et des rayons ultra vio- lets, ou places au dela du violet dans la portion invisible du spectre solaire, et tire de ce principe diverses consequences. 1° de meme que dans l'acoustique un son resultant de la combinaison de deux autres, est toujours plus grave que les sons composants , le rayon produit par Interference de deux rayons colores devrait, dit M. Eisenlohr, avoir une longueur d'onde plus grande que les longueurs d'onde des rayons interferents. Par consequent, puisque la longueur d'onde du rayon rouge est la plus grande des longueurs d'onde des rayons vi- sibles du spectre, tout rayon ne de interference des rayons rouges avec un autre rayon quelconque aura une longueur d'onde plus grande encore, et sera, par consequent, invisible, notre ceil n'etant sensible que pour les rayons dont les longueurs d'onde sont com- prises entre celles du rouge et du violet extreme : M. Eisenlohr con- clut de ce premier rapprochement, que Ton n'observera jamais de fluorescence du cote de l'extremite rouge du spectre. 2° Au con- traire les rayons invisibles places au dela du violet, dans leurs inter- ferences avec les rayons violets, donneront, par la meme raison, des rayons dont la longueur d'onde sera plus grande que celle des rayons violets ; ces rayons pourront , par consequent , devenir visibles et avec des couleurs diverses, blanc, violet, bleu, rouge meme, sui- vant la longueur d'onde des rayons composants, et aussi suivant la distance des couches atomiques du corps fluorescent. M. Eisenlohr trouve un confirmation de son idee theorique dans le fait experimental que la lumiere qui produit au plus haut degre le phenomene de la fluorescence est la lumiere violette de i'ceuf eleetrique , lumiere que Ton se procure maintenant avec tant tie facihte au moyen de l'appareil de M. Ruhmkorf. Le savant pro- fesseur de Carlsruhe avait essaye aussi, mais sansbeaucoup de suc- ces, la lumiere solaire transmise a travers des verres blancs ou vio- lets ; il n'avait pas a sa disposition des nuances convenables. 98 COSMOS. MM. Edmond Becquerel et Duboscq ont etd beaucoup plus heu- reux ; ils obtiennent avec certains verres violets des effets de fluorescence vraiment extraordinaires , tout a fait comparables a. ceux que donne la lumiere de l'oeuf electrique. A Liverpool , au commencement d'octobre, M. Gassiot, dans ses belles expe- riences avec l'appareil de M. Ruhmkorf , etonna toutlemonde par l'dclat de la fluorescence que cette lumiere excitait au sein d'une lame epaisse de verre colore avec l'urane. M. Caillet, examinateur de la marine, en partantdes ancien- nes experiences de MM. Biot et Arago, a determine la valeur du pouvoir refnngent de l'air atmospherique. Lorsque MM. Biot et Ara^o entreprirent, en 1806, de determiner par des experiences di- rectes les pouvoirs refringents de differents gaz, on admettait, avec Lavoisier, un 5412me pour coefficient de dilatation du mercure, et 375 cent milliemespour coefficient de dilatation des gaz. Les expe- riences de MM. Dulong et Petit d'une part, de MAJ. Magnus et Regnault de l'autre, ont reduit ces deux coefficients a un 5550me pour le mercure, et 0,00366 pour les gaz ; et il y avait un veritable interet a savoir si ces changements modifieraient d'une maniere sen- sible le coefficient de refraction de l'air. M. V. Caillet, examinateur de la marine, s'empressant de r^pondre a un desir exprime par M. Biot, a entrepris cette recherche, et il en fait connaitre le rtSsultat a. 1' Academie ; le voici en substance : « La chaleur n'a aucun effet appreciable sur le pouvoir refringent de l'air, abstraction faite des variations de densite qu'elle determine dans les couches atmospheriques. Le pouvoir refringent resultant de l'ensemble des experiences de 1806 et de 1807 est 0,0005878267; Delambre avait trouve 0,00058094 comme conclusion d'uu tres- grand nombre d'observations astronomiques faites a Bourges, et combinees avec d'autres observations faites par Piazzi a, Palerme; ces deux nombres ne different l'un de l'autre que de 0,000000267, quantite qui echappe aux experiences les plus precises, de meme ordre que la difference entre les pouvoirs refringents de l'air sec et de l'air humide, qu'onn'apu mettre en evidence qua l'aide des in- terferences ou au moyen du refractometre interferentiel de M.Arago. En partant de cette nouvelle valeur du coefficient de refraction de l'air, on trouve 60", 472 pour la refraction astronomique correspon- dante a. 45 degres de hauteur apparente, la temperature etant a 0°, et la pression 0m,76, Delambre avait trouve 60", 50 pour cette meme refraction dans les memes circonstances ; la difference n'est que de 3 centiemes de seconde d'arc. ASTRONOMIE. ANALYSE DES SEANCES DE LA SOCIETE ROYALE ASTRONOMIQUE DE LONDRES ET DES MONTHLY-NOTICES. Seance et livraison de novembre 1854. {Suite, ,) M. le professeur Hansen, dans une lettre a l'astronome royal M. Airy, donne des details pleins d'interet sur la construction de ses nouvelles tables lunaires, et sur quelques points de la theorie de la lune dependants de la conformation de notre satellite, relative- ment a son centre de gravite\ « Pour ce qui regarde les tables lu- naires, dit M. Hansen, je suis maintenant si avance dans leur construction qu'elles representent les observations individuelles de la lune avec un degre d'exactitude presque comparable a celle de l'observation des etoiles. Apres la correction de la valeur assignee originairement aux elements elliptiques et aux coefficients des per- turbations, corrections que l'observation pouvait seule faire con- naitre avec certitude, j'ai compare les observations de Greenwich, avec mes tables, sans faire aucun choix. J'ai trouve que les erreurs moyennes etaient en ascension droite 2" 62, en declinaison 2" 10. Or, ces erreurs ne different pas essentiellement de celles qui affec- tent communi?ment les observations des etoiles fixes ; les tables de Burckhardt eussent donne des erreurs moyennes de 5" 25. La comparaison avec les observations de Bradley donne pour erreur moyenne en ascension droite 3" 78, en declinaison 5" 70; c'estau dela de ce qu'on pouvait esperer. L'accord avec les observations de Dorpat est vraiment merveilleux. Voici les nouveaux elements de l'orbite lunaire : 1800. Janvier 0' 0b; temps moyen de Greenwich : Longitude moyenne de la lune. . . 335° 43' 26", 71 Longitude du perigee 225 23 53, 06 Longitude du noitid ascendant. . . 33 16 31, 15 Les moyensmouvements tropicaux en 100 annees juliennes sont : De la longitude moyenne 307° 53' 39", 61 Du perigee 109 3 2, 46 Du noeud —134 8 59, 61 Excentricite de l'orbite 0,05490307 Inclinaison 5° 8' 45", 21 Coefficient de I'equation parallaclique 125" 705 Coefficients des in^galites : en longitude 7", 624 ; en latitude 8'\382. La difference entre les diametres horizontaux ou verticaux de la lune est tres-petite et seulement de 015. Nous regrettons de ne pouvoir reproduire l'expose donne' par M. Hansen, du mode adoptd par lui pour la construction des tables 100 COSMOS. et de la me'thode employee pour determiner les elements. Mais nous nous arreterons quelques instants a des considerations tres-impor- tantes et tres-curieuses sur la forme physique de la lime. La theorie avait conduit M. Hansen a ce theoreme : « Si le centre de gravite de la lune et son centre de figure ne coincident pas, alors tous les coefficients des perturbations pour la longitude moyenne doivent etre multiplies par un facteur constant, fonction de la distance entre ces deux centres. Si le centre de figure de la lune est plus eloigne de nous que le centre de gravite, ce facteur constant doit etre plus petit que l'unite; si au contraire le centre de figure est le plus rapproche de nous , le facteur sera plus grand que l'unite. « En discutant plusieurs fois les observations de Greenwich et de Dorpat, M. Hansen a toujours trouve que le facteur etait plus grand que l'unite et egal a peu presa 1,0001544; la difference avec l'unite n est pas grande, mais elle est certaine. Les deux centres de gravite et de figure ne coincident done pas. et le centre de figure est plus pies de nous que le centre de gravite d'environ 59 000 metres. Des lorsil doit existerune difference considerable de niveau, de climat et d'autres circonstances physiques entre les deux hemispheres de la lune; celui qui est tourne vers nous et celui qui se cache toujours a nous. Puisque les couches de densite homogene doivent se dispo- ser symetnquement autour du centre de gravite, et si la forme de la lune est sphenque, il resultera de l'anomalie signalee que le centre de 1 hemisphere visible de la lune est a 59 000 metres au-dessus du niveau moyen, et le centre de l'hemisphere invisible de 59 000 me- tres, et rneme plus encore, au-dessous de ce meme niveau ; l'elevation relative du premier centre et l'abaissement du second seront encore plus considerables si la lune est un ellipsoide dont le grand axe se- rai tsitue. dans la direction de la terre. Les choses etant supposees ainsi, faut-il s'etonner que la lune, vue de la terre, apparaisse com- pletement nue, privde de toute atmosphere, sans aucune apparence de vie vegetale ou animale? S'il existait a la surface de la terre une montagne dont la hauteur fut proportionnelle a celle du centre de 1 hemisphere visible de la lune, ou de 216 000 metres, on ne trou- verait pas non plus a son sommet de traces d'atmosphere ou de vie. Mais d peut en etre tout autrement pour l'hemisphere invisible de Ja June, en raison de la moindre distance du centre de gravite , ou de 1 abaissement au-dessous du niveau moyen. L'existence d'une atmosphere est done possible, probable meme, sur cet hemisphere, et avec elle les phenomenes de la vie animale ou vegetale peuvent avoir leur cours. Pres des bords de la lune, on se retrouve dans la .COSMOS. 101 condition du niveau moyen, et Ton peut, par consequent, y trouver des traces d'une atmosphere, or c'est en effet a quoi est arrive M. de Cuppis. Si maintenant Ton recherche les causes de la non-coincidence des deux centres de gravite et de figure , on pourra admettre que les expansions volcaniques et les autres forces interieures ont trouve pour se faire jour moins de resistance dans l'hemisphere visible que dans l'hemisphere cache ; et que, par consequent, les soulevements de la surface, avec diminution de la gravite, ont ete beaucoup plus considerables sur la surface de la lune qui regarde la terre. M. Han- sen est aussi dispose a considerer les apparences de la surface lunaire designees sous le nom de ruisseaux ou trainees de lumiere comme des dechirures ou des fentes determinees par ces enormes souleve- ments ou tassements. Ces consequences de la theorie analytique nous ontvivement frappe; elles n'avaient pas meme etc soup^onnees par les astronomes, et ouvrent le champ a de nouvelles conjectures. — Nos lecteurs se rappellent sans doute les eloges sans reserve que nous avons donnes aux nouveaux modes d'eclairage des fils micrometriques des lunettes inventes par M. Porro. Nous sommes heureux d'apprendre par la lettre ci-jointe, qu'apres en avoir fait 1' experience , M. Antoine d'Abbadie en porte aussi le jugement le plus favorable : " Jusqu'ici, ecrit-il a M. Porro, je n'avais admire, pour ainsi dire, qua distance vos nouveaux systemes d'eclairage ; maintenant que je m'en suis servi, je n'ai pas assez de paroles pour vous dire tout le plaisir qu'ils m'ont donne ; car soit en voyage, soit chez moi en France, j'ai bien souffert de la difficulte de lire les divisions, de voir les fils, etc. Avant vous, on semble avoir abandonne l'eclairage des petits instruments a l'intelligence trop desinteressee des aides : le mien, tout negre qu'il est, tenait bien la lampe ; mais le moindre mouvement, souvent involontaire, me faisait perdre parfois la vue d'un fil et, par suite, une observation precieuse. Votre systeme pour renvoyer la lumiere al'ceil, tout en la graduant, me semble un progres reel, et, comme tous les moyens qui dureront, il est d'une grande simplicite. En faisant lire si admirabiement les deux ver- niers par la meme lampe qui eclaire les fils, vous avez fait plus que je ne demandais et m'avez rendu un veritable service ; il en est de meme des supports pour y placer des niveaux a demeure. Ma lu- nette d'Ertel a recouvre son ancienne et admirable nettete. Grace a votre excellent £clairage, je ne me plains plus de la finesse des fils.» NOUVELLES DE I/INDUSTRIE. SEANCE DU 27 DECEMBRE DE LA SOCIETE d' ENCOURAGEMENT. (Suite et fin.) Encore un mot sur le proc£de" de rouissage de M. Blet : Dernierement M. Savart, commandant du genie au Mans, nous apprenait que cette annee, dans le Maine, le rouissage du clianvre avait cause de grands maux. Une dyssenterie endemique s'etait acharnee a suivre tous les cours d'eau ou le chanvre fermentait, et a fait beaucoup de victimes. M. Savart nous demandait de lui faire connaitre une methode qu'on put substifcuer dans ces malheureuses contrees au procede antique devenu si impopulaire par ses derniers ravages; nous avons repondu d'abord a l'appel de notre ami par 1'indication d'un procede anglais que nous decrirons bientot dans le Cosmos ; nous lui recommandons un essai en grand de l'uree pour la procbaine campagne. M. Blet voudrait-il bien nous dire si on ne pourrait pas se dis- penser de faire 1 'operation dans une cbambre ierniee et chauffee a 25°, sous la condition de maintenir l'eau de la cuve a cette meme temperature, ce serait beaucoup plus simple dans un grand nombre de cas; on pourrait alors rouir en plein air sans danger aucun. — M. Lanier, entrepreneur de menuiserie, rueGambey, 17, demande que le comite des arts mecaniques veuille bien visiter ses vastes ateliers ou tout le travail du bois s'opere exclusivement a l'aide de machines-outils mus alavapeur, outils dont plusieurs ont ele inventes par lui. Nous avons voulu voir aussi nous-meme ce bel etablissement, creation d'un simple ouvrier devenu maitre a son tour, par la force de son intelligence , pap son activile et sa perse- verance. M. Lanier occupe 80 ouvriers , et utilise la force d 'une machine de 15 a 20 chevaux; il produit annuellement pour pies de 500 000 francs de bois ouvres sous toutes les formes usitees dans le batiment. La substitution du travail mecanique a la vapeur au travail ordinaire a l'outil lui a permis de realiser sur la main-d'ceuvre une economie de pres de 50 pour cent. Ainsi , en estimant que dans le prix de revient d'un ouvrage de menuiserie la matiere premiere ou le bois represente 50 pour cent, la pose 10, la main-d'ceuvre d'apres les anciens proc^des 40, M. Lanier reduit cette derniere ddpense a 20 fr., et peut par consequent donner au prix de 83 fr. ce que les autres menuisiers devraient faire payer 100 fr. 11 fait avec 60 ouvriers le travail de 100, et n'a plus a craindre de voir le travail longtemps suspendu par les coalitions ou les greves COSMOS. 103 des compagnons ; car en moins de quinze jours, un homme comple- tement etranger a ]a menuiserie peut apprendre a conduire parfaite- ment l'une quelconque des machines- outils. En meine temps que ses fatigues sont con^ideYablenient amoindries, l'ouvrier peut gagner un salaire plus eleve; s'il est intelligent et exerce, son gain de cha- que jour est de 4, 5 et meme 6 francs ; un enfant, un apprenti de 13 a 14 ans peut gagner 2 francs. Entrons dans quelques details sur les divers outils mus par la vapeur : 1° La machine a cori'oyer prend le bois, le redresse sans dechet, l'amene d'un seul coup et sur ses deux faces a un parallelisme par- fait, a l'epaisseur voulue, avec une vitesse telle qu'un battant de croisee, par exemple, de 2 metres de long, est entierement corroye" dans une minute ; 2° La machine a mortaiser supprime le trace, avec grande econo- mic de temps, elle perce les mortaises avec une rapidite dix fois plus grande, et une precision vraiment mathematique , sans qu on ait jamais a craindre de voir la piece voler en eclats ; 3° Les machines a faire les tenons, les arasements, les onglets, n'exigt nt pasnon plus de trace preliminaire, les pieces ainsi taillees out toujours rigoureusement les dimensions voulues ; 4° La machine a faire les feuillures n'opere plus par l'enlevement successif de copeaux , mais bien par l'ahlation en un seul morceau de tout le bois que la feuillure remplace, ou d'une tringle d'une re- gularite parfaite, convertible immediatement en moulure; au lieu de copeaux sans valeur, on a done une moulure qui paye et au dela. le travail de la feuillure qu'il s'agissait de creuser ; 5° L'embrevement et la jonction des panneaux, les rainures, les languettes, etc. , sont executes par une machine speciale ; 6° Les moulures ne pouvaient qu'etre ebauchees par les porte- lames circulaires employes jusqu'ici , un mecanisme additionnel d'une simplicite frappante les reprend immediatement, leur donne des profils si corrects, un poli si parfait, des aretes si vives, qu'elles ne laissentplus absolument rien a desirer ; 7° Les assemblages des tenons avec les mortaises ne se font plus par 1' action barbare du maillet, ils se font sans secousses et sans bruit, par un serrage graduel et uniforme ; 8° Enfin, les chevilles sont faites elles-memes mt5caniquement avec les fragments reguliers resultant de l'abattage des tenons , et avec une rapidite telle, qu'un simple apprenti peut, dans une seule journee, tailler, sans aucun dechet de bois, de 10 a 12 mille che- villes. 104 COSMOS. 9° Nous avons surtout admire la fabrication des persiennes : un premier outil agit non plus sur une membrure pour la dedoubler, mais sur un bloc, et le convertit en un grand nombre de lames parfaite- ment egales en longueur, en largeur, en epaisseur ; un second outd creuse dans les battants des en tallies absolument identiques, rigou- reusement egales aux lames ; l'assemblage alors n'est plus qu'unjeu d' enfant. Grace a ce magnifique ensemble , la menuiserie sort enfin des langes, et devient un art adulte et parfait : on obtient a la fois une diminution considerable des frais de main-d'oeuvre , un accroisse- ment enorme de production, une perfection de travail absolue. Comme tous les reformateurs, M. Lanier n'a pas atteint ce but glo- rieux sans avoir a lutter contre la routine, et la concurrence de- loyale ; mais, et nous Ten felicitous, il ne s'est laisse ni effrayer ni d^courager ; a force d'energie et de patience, il a cree une des plus belles usines du quartier Popincourt, et il est en mesure de recueillir les fruits de sa perseverance. Nous faisons des vceux pour que la Societe d' encouragement lui accorde sa bienveillance et son appui. — M. Theodore Falcon, du Puy, un des homines qui, suivant le jury de l'Exposition de 1S44, ont le plus contribue en France, dans ces derniers temps, au succes de la dentelle, a eu l'heureuse idee d'enrichir le musee de sa ville natale d'une galerie consacree a une exposition permanente des dentelles : et oil il a reuni tous les docu- ments utiles acette charmante industriealaquelleil doit sa fortune, dessins, cartons, echantillons de differents genres, depuis les plus anciennes dentelles du Velay jusqu'aux plus nouvelles, etc., etc. Le plus grand centre de fabrication de dentelles en France est bien certainement le Puy, qui recoit le travail des soixante mille ou- vrieres de la Haute-Loire, et des dentellieres du Puy-de-D6me et de la Loire. La fondation de M. Falcon a ete accueillie avec la plus vive reconnaissance. — M. Greau aine" adresse sa notice imprimde sur revaluation de la finesse et de la qualite des tissus de coton. L'evaluation de la finesse est la base de l'art du tissage, c'est elle qui fournit l'element essentiel de la fabrication. Quand on connait le nombre des fils qui doivent. entrer dans la trame et la chaine , le tissage n'est plus qu'un jeu. M. Greau donne ses nombres pour la cretonne, le madapolam, le calicot, la percale, le jaconas, le batavia, la serge, le satin, le basin, lecoutil, etc. Ce qui engage ce noble praticien a reveler les secrets d'une fabrication qui ne fut pas sans gloire, c'est, dit-il, le deperissement et presque l'abandon du tissage dans son departe- COSMOS. 105 ment de l'Aube, depuis que la concurrence etrangere est venue co- pier tous lesproduits de nos fabricants pour les livrer a s^S metiers mecanitpips. M. Greau rappelle avec bonheur le succes obtenu par son memoire sur la destruction des tissus dans le blanchiment. En 1835, l'alteration des produits par le blanchiment et la teinture etait si grar.de, leur combustion etait si generale et si prompte , les sinistres se multipliaient tellement qu'on ne pouvait expedier meme de Troves que des tissus ecrus sortant du metier. Eleve de l'ecole Polytechnique, M. Greau sut trouver la cause du mal et ap- prendre a le prevenir. II espere que son nouveau travail sera plus utile encore ; etil ne peut mieux, dit-il, terminer sa carriere com- mercinle qu'en faisant connaitre a son pays, la source des succes qui out fait placer sa fabrique au premier rang par les jurys de nos expositions nationales. — M. David, rue des Fosses-Saint-Jacques, cherche depuis longlemps le moyen d'arriver ablanchirimmediatement le coton en laine, en bobines, en echeveaux et en tissus, par la voie gazeuse. II a essaye tour a tour, mais sans un succes complet le chlore, l'acide hypochloreux, etc. Le ehloroforme, au contraire, lui a parfaitement r^ussi. II place dans une boite doublee en plomb 50 kilogrammes de coton ; il ferine la boite hermetiquement, et il y fait arriverdu ehlo- roforme produit de la maniere suivante : On met dans une cornue trois litres d:eau , nn kilogramme de chlorure de chaux , et 120 grammes d'alcool a S4°centesimaux, etl'on determine l'evaporation par des additions suppressives de petites quantites d'acide sulfuri- que concentre jusqu'a epuisement du melange. Cette premiere ope- ration terminee, on fait a. river au sein de la meme boite un gaz nitro-ammoniacal produit comme il suit: versez dans une petite cor- nue 30 grammes d'acide nitrique du commerce, melange d'un poids egal de charbon ; chauffez doucement jusqu'a l'ebullition ; faites ar- river au contact du gaz ne de cette reaction une quantite stlffisatite de gaz ammoniaque; le melange de ces deux produits gazeux, en penetrant dans la boite, se combinera avec le ehloroforme en exces et le neutralisera ; le coton alors est tout prepare, et on peut le livrer au commerce. M. David est assure du succes de son opera- tion pour laquelle il apris un brevet d'invention ; il a deja ope>e en petit ; mais il ne pourra tirer partie de son Industrie qu'autant qu'il aura experimente sur 50 kilogrammes au moins; il prie instamment laSociete d' encouragement de prelever sur les legs Bapst et Chris- tofie une somme de 6 a 700 francs necessaire a ^experimentation de sur echelle utile. 106 COSMOS. — M. de la Buzonniere, d'Orleans, appelle l'attention de la So- cieH^sur un memoire publie par lui en 1849, et qui avaitpour objet un nouveau systeme de fourneaux fumivores. Ce systeme, qui ne fut jamais execute, est entierement analogue a celui que nous elisions avoir ete" recemment applique avecsucces a Manchester. II consiste a juxta poser deux fourneaux que Ton alimente tour a tour, et a faire en sorte, par une disposition de registres, que lesgaz etla fumee du fourneau qu'on vientd'alimenter aillent se bruler dans le fourneau en pleine combustion, en penetrant dans la chambre, ou meme, s'il est necessaire, en arrivant par la grille. — M. Bernard, rue des Trois-Couronnes-du-Temple, 13, pro- pose aussi un appareil fumivore, dont lesorganes principauxsontun systeme de tuyaux a soupapes et a, pistons, destines a obtenir un tirage artificiel qui, tout en alimentant la combustion du charbon dansle foyer, servea aspirer d'une maniere continue la fumee qui sen echappe, et la force a aller se meler dans des boites cylindriques avec des cendres tamisees qui y sont fouettees avec elles, par le mouvement de rotation de bro}'euses a pallettes. De cette maniere, dit l'auteur, les cendres s'emparentde tousles principesde la fumee, a l'exception de l'air qui en faisait partie, et qui se degage seul; les cendres aussi sont par la. revivifiees et peuvent servir de nouveau de combustible. M. Bernard ne dit pas s'il a fait en grand l'experience de son systeme. — Nous voyons par une demande d' admission au sein de la So- ciete, que M. Demond, directeur de l'ecole normale superieure d'Orleans, a mis en pratique de la maniere la plus heureuse un systeme qui compte chaque jour de nouveaux partisans : Introduc- tion du travail agricole manuel dans les £coles. Tousles jours, a cer- taines heures, il se met a la tete de ses Aleves, etla beche a la main, leur inculque a ses frais lesprincipes et l'amour del'agriculture. De temps en temps il les conduit, a titre de recompenses, a une exploi- tation qu'il dnige dans le canton de Lamotte-Beuvron, et la il les initie aux grandes operations agricoles. ACADEIIE DES SCIENCES. SEANCIi DU 22 JANVIER. Bien differente de la precedente, cette seance a offert un inte>et mediocre ; nous l'analyserons tres-rapidement. — M. Biot a lu un memoire critique sur l'extension qu'a faite M. Yvory de sa thdorie des refractions astronomiques au cas des distances zenithales plus grandes que 80 degres, et de la refraction horizontale. Cette critique est fondee, mais extremement severe ; l'illustre geometre et physicien signale des contradictions evidentes entre les hypotheses physiques qui servent de point de depart au savant anglais et ses conclusions analytiques. M. Biot donne de beaucoup la preference a la theorie de Laplace, qui reposait cepen- dant elle-meme sur des bases bien precaires. — M. le docteur Maisonneuve, chirurgien de laPitie, lit un beau m£moire sur la ligature de l'artere carotide externe. La ligature des gros troncs arteriels est sans contredit l'une des decouvertes les plus fecondes de la chirurgie moderne. Imaginee par Hunter, pour gue>ir les anevrysmes, cette operation trouva bientot d'heureuses applications dans le traitement des hemorrhagies, des varices arte- rielles et d'un grand nombre d'autres tumeurs oil predomine l'ele- ment vasculaire. A chacun des progres realises dans cette partie de la m^decine operatoire, sont restes attaches les noms les plus illustres de la chi- rurgie, ceux entre autres de Scarpa, d'Astley Cooper, d'Abernethy, de Desault, de Dupuytren, de Roux, etc., et grace aux travaux de ces grands maitres, la plupart des arteres principals sont devenues accessibles a nos instruments. Une des plus importantes neanmoins, Yartere carotide externe, avait echappc a. leurs tentatives operatoires. Cette artere est, comme on sait, l'une des branches de bifurcation du tronc carotide primitif. C'est el'le (jui, par ses nombreux rameaux, alimente presqu'exclu- sivement les teguments du crane, la face et les organes iniportants que cette region renferme dans ses cavites. Les anevrysmes, les varices arterielles, les tumeurs fongueuses, les cancers, sont frequents sur le trajet de ses ramifications, et plus souvent peut-etre que partout ailleurs, ces lesions exigent que Ton intercepte le cours du sang dans les vaisseaux q :i les alimentent. Pour remplir cette medication, les chirurgiens ne connaissaient jusqu'ii present d'autres ressources que la ligature u:. tronc caroti- dien primitif, c'est-a-dire du tronc commun qui alimente a la fois la face et le cerveau. 108 COSMOS. Cette pratique avait plusieurs inconvenients ties- graves ; nous n'en signalerons qu'un seul : el!e exposait sans necessite absolue les malades aux consequences pari'ois terribles de l'interruption du cours du sang dans l'organe encephalique. Eh effet, si Ton consul te les statistiques publiees sur la ligature de l'artere carotide primitive, on voit que le plus grand nombre des malades soumis a cette operation ont eprouve des syncopes, des vertiges, des paralysies transitoires ; que d'autres assez nombreux encore sont restes paraly- ses de la vue, de l'ou'ie, ou nieme de tout un cote du corps ; enfin, que plusieurs ont succombe" rapidement a la gangrene ducerveau, ouse sont trouves comme foudroyes au moment de la constriction du fil. M. Velpeau, des 1839, dans son grand ouvrage de medecine operatoire, avait proteste contre la pratique irrationnelle des chi- rurgiens qui trouvaient plus commode de lier l'artere carotide pri- mitive que de chercher a lier les arteres carotides secondaires. Malgre cette eloquente protestation, la cbirurgie francaise persevera dans ses errements, et personne n'avait encore ose pratiquer la liga- ture de l'artere carotide externe, lorsque M. Maisonneuve se decida a la tenter sur une jeune femme affectee de varices arterielles de la region temporo-frontale. L'operation n'offrit dans son execution au- cune difficulte serieuse, son action sur la tumeur anevrysmale fut complete et radicale ; elle n'apporta aucun trouble dans la circula- tion cerebrale ou dans le reste de l'economie ; la malade mourut, mais par suite d'imprudence et d'accidents secondaires. Plusieurs annees se passerent sans que M. Maisonneuve eut 1'oc- casion de renouveler cette operation ; mais en 1854 , il i'a prati- quee quatre fois et quatre fois avec succes ; voici dans quelles cir- constances. Deux malades, affect es de cancers tres-avances de la langue et du pharynx , vinrent , a quelques jours de distance, le consul ter a l'hopital Cochin. Chez tous deux le mal avait acquis un developpement tel , qu'il 6tait impossible de songer a son extirpa- tion par l'instrument tranchant , encore moins a sa destruction par les caustiques. C'est contre ces'affections desesperees qu'il crut devoir proposer, comme ressource ultime , la ligature des arteres carotides ex- ternes. Ces operations furent pratiquees des deux cotes sur chacun des malades , et sur Turi et f autre, el les ne determinerent aucun acci- dent. Les fils tomberen-t du 15 au 18° jour, et tout se passa, quant a 1' operation, avec autant de simplicite que dans la ligature des ar- teres de la jambe ou du bras. COSMOS. 109 Ces heureux resultats l'autorisent a etablir des aujourd'hui les conclusions suivantes , dont l'importance sera fidelement sentie : l°La ligature de l'artere carotide externe est une operation qui ne presente pas de difficultes serieuses ; 2° elle n'offre pas de dangers plus graves que celle de la plupart des arteres de second ordre ; 3° elle a l'immenseavantage de ne point exposer aux accidents ce- rebraux, si redoutables et si frequents apres la ligature de l'artere carotide commune ; 4° elle est plus efficace que cette derniere pour interrompre la circulation dans les vaisseaux de la face et de l'ex- terieur du crane ; 5° elle doit lui etre substitute dans toutesles mala- dies entretenues par les arteres de ces regions. — M. de Quatrefages fait un rapport verbal sur des observations tres-remarquables de M. Focke, relatives au mode de generation a, la fois alternante et par conjugaison de certaines navicules. — M. Le Verrier annonce ia decouverte faite par M. Dien a l'Observatoire imperial , dans la nuit du 14 au 15 Janvier , a cinq heures et demie du matin, de la comete dont nous avons donne les elements aux faite divers. Les positions relatives de cet astre , d4- couvei t en meme temps a Berlin pax M. Bruhn , out ete prises plusieurs fois et tres-exactement par la comparaison avec diverses etoiles dont il restera a determiner les positions absolues aussitot que l'etat du ciel le permettra. La comete a plusieurs noyaux , un plus petit, et l'autre plus gros, qu'une lorte lunette arrive aussi a dedoubler ; elle se perd presque dans les rayons du soled, sa decli- naison anstrale est tres-grande, de pres de 25° et deini. — M. Serres lit une note tres-courte, mais interessante, sur les conclusions auxquelles M. Pucheran est arrive relativement a la nature de la Faune de Madagascar. — M. Jules Guerin lit un premier memoire sur la nature, les rd- sultats, et les applications de sa belle m^thode de traitement des plaies par la sections sous-cutanee. — M. Laugel, ancien eleve de l'Ecole polytechnique et de l'E- cole des mines, lit un memoire sur la position dans la spheroide ter- restre des plans de moindre resistance aux soulevements ou aux tassements. — M. Charles Sainte-Claire Deville lit une suite ii ses recher- ches sur la classification des roches cristallisees d'origine ign^e. — M. le marechal Vaillant, ministre de la guerre, annonce que MM. le general Poncelet, et Le Verrier, senateur, en vertu d'un arrete ministeriel, continueront a representer l'Academie des scien- HO COSMOS. ces dans le conseil ur l'horizon ; l'ensemble de sa machine parut a M. Reech une realisation trfes-immediate de son idee mere ; il y voyait l'emploi des toiles metalliques d'une maniere tellement heureuse, que l'es- pace nuisible etait reduit a sa moindre valeur imaginable; le piston travailleur avec son tiroir et ses soupapes fonctionnaient a froid, ce qui lui parut etre une innovation capitale et fort essentielle dans la construction d'une bonne machine a air. Cette machine de M. Le- moine meritait done a tous egards de devenir le sujet d'une etude a. fond, or tel est l'objet du present memoire de M. Reech. Ses con- clusions finales ne sont guere sati^fa^antes, les voici fidelement transcrites : » La machine a air hbre de M. Lemoine est d'un en- combrement plus que double de celui de la machine d'Eriscson. Le cylindre a feu de JVJ. Lemoine peat etre allonge du simple au double, et Ton peut y mettre un piston, qui, en fonctionnant a froid, fera obtenir une quantite de force motrice egale a s.ix ou sept fois celle qu'en retirerait M. Lemoine, sans qu'on ait besoin ni de son reservoir a air, ni de son cylindre travailleur, tout en n nouvejant une quan- tite considerable de Pair employe a chaque coup de piston. La ma- chine a. air ainsi perfectionnee est tout ce qu'il m'a ete possible de decouvrir de plus avantageux ; et quand on y joindra le mode de combustion en vase clos, on aura un ensemble qui devra faire obte- nir de la force motrice avec la moindre depense de combu?tible qu'il soit permis d'esperer dans l'etat actuel de nos connaissances sur la theoiie des effets dynamiques de la chaleur. » La somme des 'volumes des liquides dune pareille machine sera egale a quatre ou huh jois la somme des cylindres d'une machine a double effet d egale force. Cet encombrement peut etre beaucoup acciu au dela de ces nombres ce que l' experience pourra faire H2 COSMOS. decouvrir au sujet de la plus grande vitesse possible du piston d'une machine a air sera peut-etre assez dc^savantageux pour que Ton ne puisse jamais songer a faire usage d'une pareille machine a bord d'un bateau a vapeur a grande vitesse. II n'y a done pas lieu, dans l'^tat actuel de la question des machines a air chaud, de tenter une experience pour une machine de bateau a vapeur. Mais il serait di- o-ne du gouvernement de faire cependant une experience en grand de ce genre de machines. » On l'avouera, cette chute est bien triste. M. Seguin est heureu- sementplus encourageant ; il nous tardait de savoir ce que M. Reech pensait du projet soumis recemment a l'Academie, et dont nous es- peVons de si heureux resultats ; nous lui avons demande son avis et nous en parlerons clans une prochaine livraison. M. Babinet presente une note de M. Breton de Champ, rela- tive a 1' influence des diaphragmes sur la nettete des images for- mees au foyer des objectifs, surtout pour les faisceaux un peu eloi- onos de l'axe. Les rayons d'un faisceau partant d'un point unique se trouvent pour ainsi dire disloques quand ils ont traverse une ou plu- sieurs surfaces refringentes. Apres avoir rappele les travaux de Ma- lus, de M. Dupin etdeM.Vallee sur cetobjet, M. Babinet fait con- naitre que d' apres M. Breton de Champ, au moy en de diaphragmes convenablement places , les rayons d'un meme faisceau, qui ont £te disloques de maniere an' avoir plus de point de concours unique, soit virtuel, soit effectif, que ces rayons, disons-nous, reprennent cette propriete et vont tous concourir en un meme point de l'image, quoi- que celle-ci ait une etendue considerable. Cet avantage est surtout notable pour la production des grandes images daguerriennes. Erratdm. — En reproduisant a la hate l'excellente note de M. Tribouillet, que nous rece\ions a I'instant meme , nous avous mis : preparation des papiers positi/s au lieu de preparation des papiers negatifs. La nouvelle niethode, ties-bonne en rea- lile el qui merile d'etre essayee partout, a le meme but que les proeedes a la cire de M. Le Gray, a la ceroleine de M. Geoff ray, a la Urebenthine de M. Lespinault; la production de bons negatifs servant a imprimer les positifs. A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. i. — IMPIUNERIE DE W. KUMQUET ET tie, SUE GARANCIERE, 5. T. VI. 2 FEVRIER l855. QUATR1EME ANNEE. COSMOS. INVENTIONS NOUVELLES. POMPE SANS PISTON. Sysleme de M. de Malbeck. Nous devons a ramitie" d'un de nos professeurs de physique les plus distingues , d'avoir fait connaissance et avec un homme distingue, eminemment ingenieux , et avec une charmante pompe nouvelle a laquelle nous promettons le plus brillant avenir. Sans nous arreter aujourd'hui a faire l'hislorique des appareils a clever l'eau, a constater les emprunts que l'inventeur peut avoir fait a ses devanciers , question delicate sur laquelle nous reviendrons , nous nous contenterons de constater que, somme toute, la pompe sans piston est une bonne et grande nouveaute. Elle a £te jugee telle par tous ceux qui l'ont vue, et en particulier par des ingenieurs, des mccaniciens et des architectes tres-competents. Decrivons-la avec soin : La pompe Malbeck , excessivement simple, n'a que deux orga- nes : 1° un tuyau d'aspiration a, fig. 1 et 2, anime d'un mouvement alternatif de bas en haut et de haut en bas, termine en entonnoir a. sa partie plongeante ; 2° d'une soupape &, fig. 2, forinee d'un cone inferieur C, percee de trous, communiquant avec un reservoir a air cylindrique K. La soupape est guidee dans son mouvement vertical par les deux tiges T T, qui passent dans les oreillons o, o' ; elle joue de dedans en dehors sur l'orifice du tube d'ascension, dont elle est separee par un cuir embouti G qui fait fermeture. La pompe fonc- tionne de la maniere suivante : quand on fait plonger le tuyau dans l'eau pour la premiere fois, l'eau s'y met de niveau, comprime l'air et en fait sortir par la soupape une quantite proportionnelle ; quand on souleve le tuyau, l'air qu'il renferme encore se dilate, se rarefie, lapression atmospherique agissant sur l'eau la force a monter avec vitesse; l'eau, en vertu de la vitesse acquise , depasse son niveau dV'quilibre, comprime de nouveau l'air du tuyau, et en fait echap- per une certaine quantite; cette compression est augmented par la descente du tuyau, qui s'effectue au moment oil elle s'exerce, et la 5 lift COSMOS. quantite d'air expulse par la soupape devient vraiment considerable; le tuyau remonte alors, l'air restant se dilate, il se fait un vide plus parfait que dans la premiere ascension ; l'eau s'elance avec plusd'im- ptRuosite et monte de plus en plus dans le tuyau; celui-ci se trouve plein apres quelques oscillations, et la pompe est compldtement Emorcee : si Ton continue ii faire nionter et descendre le tuyau, l'eau commenceraet continuera a jaillir. En effet, quandle tuyau s'eleve, l'air sortant du reservoir se dilate, et il se forme a la partie supe- rieure du tuyau un espace vide ou rempli d'air rarefio sur une eten- due de pres d'un metre; l'eau, poussee par la pression atmosphe- rique, s'elance dans cet espace, refoule l'air dans le reservoir, sou- leve la soupape et s'echappe avec abondance ; la soupape alors re- tombe et tout recommence : ce jeu alternatif est facile a constater sur une pompe dont le tuyau d'ascension est en verre a sa partie su- perieure. Les dispositions adoptees pour regulariser la sortie de l'eau ou le debit de la pompe sont tres-simples. Dans la premiere fig. 1 et 2, dite a degorgeoir mobile, la soupape , le reservoir a air et l'extre- mite" du tuyau d'ascension sont tout simplement engages fix£ment dans un cylindre au sein duquel se fait le jeu de l'appareil. Dans la seconde disposition a degorgeoir fixe, tout le mecanisme est cache dans une boite rectangulaire immobile , au sein de laquelle s'opere le jeu de l'appareil ; l'eau , retenue par le fond H de la boite, s'y accumule et sort par un orifice fixe comme dans les pompes ordi- naires. II est une troisieme disposition mixte que nous ne figurons pasnon plus, dans laquelle le cylindre de la premiere disposition, au lieu d'etre soude" au tuyau d'ascension, est installe sur un appui fixe, le tuyau seul est mobile dans une boite en cuir adapted au cylindre. Le mecanisme par lequel on communique au tuyau son mouve- ment de haut en bas et de bas en haut est aussi simple que la pompe elle-meme : c'est un levier /, fig. 1, au bout duquel on fixe un arc de cercle dans lequel s'engage et est maintenue la chaine V a la Vaucanson, a laquelle le tuyau est suspendu. De cette maniere, le tuyau, dans son mouvement, conserve rigoureusement la verticale, d'autant plus que deux petits ressorts, tirant a droite et a gauche, l'empechent de s'en ecarter ; un troisieme ressort E liant le bras de levier au montant vertical P contre lequel la pompe est etablie fait Squilibre au poids du tuyau]et de la colonne d'eau , et diminue dans une proportion considerable la force a depenser. Dans la premiere ou la plus simple des dispositions, celle a degorgeoir mobile, on. n'a absolument aucun frottement a vaincre. COSMOS. Enumerons rapidement les avantages de la nouvelle pompe. 1" Formee d'un simple tuyau d'ascension sans corps de pompe sans piston et sans soupape inferieure hors de la portee de l'ceil et de la main, elle est reduite a la plus extreme simplicity, et a l'abri Fig. l. Fig. 2. de toute avarie. Son entretien est presque nul, ses reparations peu- vent etre faites par le premier ouvrier venu. 2° En raison de la grande dimension des orifices d'echappement et de Ja vitesse avec laquelle l'eau s'elance , la pompe ne peut pas 416 COSMOS. s'engorger alors meme que les eaux seraient melees de matieres solides en suspension. Le tuyau d'ascension se vide instantanement par le simple soulevement de la soupape; la gelee est sans action aucune sur le jeu du tuyau et de la soupape; la pompe pouna done fonctionner paries temps les plus froids. La temperature elev6e du liquide souleve ne peut pas non plus amener de pertubation, autant du moins qu'clle laissera intact le euir embouti ; la nouvelle pompe pouna done servir dans tous les temps a elever les eaux chargeea de tan ou de purin, les sirops de sucre, les eaux de lessive, etc., etc. 3°Le seul metal qui entre dans la construction de cette pompe est la tole galvanisee, qui n'a absolument rien acraindre de l'oxydalion, de la dilatation par la clialeur, ou de la condensation par le froid. 4° Elle donne toujours la meme quantite d'eau. 5° Par un simple changement du point d'attache de la chaine de suspension, le deversement de la colonne d'eau peut facilement, et sans aucune debense, lorsque la profondeur du puits n'est pas tres- grande , se faire a quelques metres au-dessus du sol ; on obtient ainsi, sans aucune depense, un reservoir superieur d'ou l'eau peut s'ecouler a de grandes distances par des pentes convenablement menagees. 6° Quoiqu'il n'ait pas ete rigoureusement mesur£ encore , l'effefc utile de la nouvelle pompe est tres-considerable, au moins egal a. celui des meilleures machines hydrauliques; une pompe de ce genre qui fournit plus d'un hectolitre d'eau par minute, est nine tres-i'acile- ment par la main d'un jeune homme, et ce travail pourrait etre long- temps continue sans fatigue ; nous avons ete' elonne du volume d'eau qui s'ecoulait sous nos yeux. M. de Malbeck a deja applique son moteur a des profondeurs de dix metres ; il nous a semble que par sa maniere d'etre dans le tube , l'eau ne faisait supporter qu'une fraction de son poids. 7° La simplicity de la construction a permis d'abaisser conside- rablement les prix ; une pompe dout le tube a 6 centimetres de dia- metre et qui donne 70 litres par minute, coute seulement 115 fr. avec degorgeoir mobile et 150 fr. avec degorgeoir fixe , accessoires compris. La pompe avec tuyau de 10 centimetres , et donnanS 250 litres, coute 155 ou 190 fr. suivant que le degorgeur est mobile ou fixe. Ces prix pourraient etre encore, a la rigueur, diminues. En resume : prix d'achat minime, frais d'entretien presque nuls , mobilite et facility de deplacement et (^'installation , force motrice ties-reduite, renlement considerable et superieur a celos des autres pompes a diametre egal ; voila les avantages incontcsta- COSMOS. 117 bles de la nouvelle pompe. Elle pourra etre appliqueVpartout : dans l'usage domestique, les jardins, la culture maraichere, les irriga- tions, les epuisements, les navires, les bains, les brasseries, les tanneries, les exploitations agricoles pour epuiser les fosses a pu- rins, etc., etc. Nous felicitons grandement M. de Malbeck d'avoir traite pour la construction et la vente de ses si utiles appareils avec M. Carpen- tier, le directeur pi zele et si intelligent de la Societe de galvanisa- tion du fer, procedede M. Borel. APPAREILS D'HORLOGERIE. — M. Collin , contre-maitre pendant quatre annees des ateliers de M. Lepaute, qui aurait desire' l'attacher pour toujours a son eta- blissement ; choisi en 1851 pour representer aupres du jury inter- national les interets des exposants de Paris, categorie de 1'horlo- ge"rie et des instruments de precision ; successeur en 1852 de Ber- nard-Henri Wagner, lecreateur, en France de la grande horloo-erie et dont cet illustre predecesseur a dit : « Avec la certitude que M. Collin possedait la pratique et la theorie de son etat, temoin de la maniere dont ma clientele l'a accueilli chez moi, j'ai pense qu'il avait tout ce qu'il fallait pour maintenir la reputation de ma mai- son, et je lui ai cede mon etablissement complet, mon outillao-e ma clientele, en lui promettant de l'aider de mes conseils et de ma vieille experience; » M. Collin, disons-nous, a realise- recemment quelques perfectionnements et fait quelques petites inventions que nous sommes heureux de recommander a nos lecteurs. 1° Jusqu'ici les boites des grandes horloges etaient construites uniquement en fonte ; or, la fonte, sans inconvenient dans les par- ties droites est d'un fort mauvais service dans les portions courbes, d'equerre ou a angle droit ; elle se casse alors avec la plus grande facility, soit dans l'installation premiere, soit dans les displacements. Avant M. Collin, on subissait ce grave inconvenient sans y cher- cher remede ; il l'a fait disparaitre en employant pour la construc- tion des portions angulai res des boites le fer a coruiere qui depuis quelques annees a rendu de si grands services a l'industrie. 2° Tout le monde connait les pendules compensateurs formes de barres alternatives de cuivre et de fer; leur prix est trop eleve pour qu'on puisse les utiliser dans les grandes horloffes ordinaires; et la compensation dans ces horloges s'est faite jusqu'ici, trop imparfai- tement, d'apres im autre principe ; parl'emploi d'unlevier a equerre repousse par un butoir applique a unetringle horizontale. M. Collin 118 COSMOS. aeu l'heureuse idee pour faire un pendule compensateur, economique a la fois et efficace, d'associer toutsimplement les deux metaux les plus usuels, le fer et le zinc en tringles, ce qui lui a parfaitement xeussi. Nous ne decrirons pas son nouveau pendule dont la construc- tion et la theorie sont, saufune simplicite extreme de construction, les memes que pour le compensateur en fer et en cuivre. 3° Sa derniere invention tres-utile est une nouvelle pendule de controle pour les rondes de nuit. Kile se compose essentiellement : 1° d'un mouvement de pendule a echappement circulaire, et ren- ferme dans une boite rectangulaire ou cylindrique ; 2° d'un plateau place au-dessus du mouvement, tournant par l'effet de ce mouve- ment, mais sans lui etre uni ou lie par une tige rigide, et recevant simplement le mouvement par l'intermediaire d'un ressorten spirale. Par cette disposition neuve et vraiment ingenieuse on obtient un effet tres-desirable quand il s'agit de realiser un controle quelconque ; si Ton fixe le plateau pour l'empecher de tourner, le mouvement d'horlogerie ne s'arrete pas, mais il bande le ressort en spirale ; et le ressort, aussitot que le plateau redeviendra libre, le ramenera en arriere d'un angle egal a celui qu'il aurait parcouru s'ii avait ete entraine par le mouvement. Surce plateau on fixeun cadran faisant son tour en 24 heures, et au moment de le confier au veilleur, on fait coincider l'heure actuelle lue sur le cadran, avec un index fixe au plateau; on ferme la boite dont le couvercle est munid'unefente a travers laquelle on peut lire l'heure. Dans chacun des lieux oil le veilleur doit marquer son passage a une heure determined, se trouve un etui dans lequel le veilleur introduit la boite; sur l'e'tui on a ins- talls une tige a bouton portant a son extremity inferieure un poin- c,on encre qui s'engage dans la fente de la boite; le veilleur frappe un petit coup sur le bouton, et le poincon imprime sa marque surle cadran fixe au plateau mobile. Les marques des poincons sont tliffe- rentes pour les differents lieux de passage et de controle, et de plus la distance du poincon au centre de la coulisse doit varier, de telle sorte que les marques ne soient pas sur un meme cercle concentri- que, mais se rapprochent de plus en plus du centre. Lorsque le matin le veilleur remettra l'appareil au chef de service, celui-ci en l'ouvrant, et verifiant la position des marques, leur coincidence avec les differ en tes heures marquees par le reglement, saura si la ronde a olythes. Nous l'analyserons une autre fois; on attendait beaucoup d'un chirurgien qui a jete" autrefois un grand eclat, et dont la presence au bureau de lecture de rAcadeinie etait comme une soite de resurrection. — M. Figuier, l'historien si brillant et si populaire des grandes decouvertes scienlifiques, quittait aujourd'hui ses palettes et son pinceau pour retouruer a ses fourneaux et a ses cornues. II a lu un grand travail, fruit de huit longs mois de recherches et d'analyses sur une question c'minemment delicate et scabreuse; les rapports du foie avec le sucre conlenu dans la circulation. Tout le monde sait de quelle gloire est entoure le nom de M. Claude Bernard depuis la memorable apparition de son magnifique Meinoire sur une nouvelle fonction du foie. Le monde physiologique s'emut tout entier lors- qu'un jeune homme, au debut de sa carriere, vint demontrer, par les experiences les plus variees et les plus frappantes, qu'un des phenomenes les plus merveilleux de l'organisme animal et de la vie avait echappe jusqu'ici a l'attention des physiologistes meme les plus celebres, des Haller, des Harvey, des Jean Muller, etc., etc. Ce phenomene consistait dans la propriety que possede le foie de con- vertir en sucre les elements oxydables amenes par l'alimentation dans la circulation. M. Bernard appuyait sa theorie de trois genres principaux de preuves : 1° du fait capital que, apres avoir nourri exclusivement des animaux pendant plusieurs mois avec des aliments absolument priv^s de sucre, de chair musculaire, par exemple, on n'en trouvait pas moins du sucre , et en quantite notable, dans le foie et le sang ; 2° du fait plus significatif encore, que le sang pris dans la veine-porte ou dans les veines sous-hepatiques, avant sa COSMOS. 131 penetration dans le foie, ne confenait aucune trace de sang, tandis que, au contraire, le sang pris dans les veines sus-hepatiques, apres ]e passage dans le foie, contenait des proportions notables de sucre; ce qui prouvait jusqu'a l'evidence que le sucre etait bieh reellement engendre par le foie; 3° du fait tres-extraordinaire, qu'on pouvait, soit suspendre Taction glucogene du foie , et faire disparaitre te sucre du sang, meme dans les veines sus-hepatiques, par la simple section des deux nerfs pneumo-gastriques dans la region moyenne ducceur; soit, au contraire, exagerer cette action saccarogene, et rendre 1'animal diabetique en piquant le foie avec une pointe tres- aceree, dans un espace tres-etroit, liinite en bas par l'origine des nerfs pneumo-gastriques, en haut par 1' emergence des nerfs acous- tiques. Cet ensemble depreuvesavait paru irresistible, d'autant plus que M. Bernard s'ctait fait aider dans ses recherches, ou avait fait controler les resultats singuliers auxquels il avait etc conduit par des chimistes tres-habiles, entr'autres par M. Barreswill, et que toutes ses analyses avaient ete faites dans le laboratoire et sous les yeux de M. Pelouze. La grande decouverte etait done entree d'em- biee dans la science et dans 1'enseigiiement ; elle a ouvert la porte de l'lnstitut a son auteur, dont le nom a rempli le monde ; et tout recemment, dans le Rapport a. l'Empereur, qui creait a la Faculte des sciences, pour M. Bernard, une chaire nouvelle de physiologie animate, elle etait celebree comme une des plus grandes conquetes realisees depuis la decouverte de la circulation du sang. Qu'on juge done de l'emotion et de 1'etonnement qui ont eclate lundi dernier, quand M. Figuier, avec un courage, une independance, un sang- froid mele cependant de timidite, est venu, a deux pas de M. Ber- nard , affirmer que ces belles theories n'etaient qu'une brillante utopie, que le monde entier avait ete seduit et egare par des expe- riences mal interpretees, que la pretendue fonction nouvelle du foie, la faculte glucogene , impossible d'ailleurs au point de vue des saines doctrines de la physique et de la chimie , n'existait pas, et n'etait qu'une vaine chimere. L'amitie et l'estime que le talent et le caractere de M. Figuier nous inspirent nous font un devoir de nous preter au developpement de sa these, nous reproduisons done une anah'se etendue de son me- moirejmaisil nouspermettrade lui dire, quelle que puisseetre la pro- fondeurde ses convictions, que ses arguments n'ont peut-etre pas la valeur et la portee qu'il leur attribue, et que, par consequent, il a ete beaucoup trop loin. N'aurait-il pas du attendre pour revoquer en doute ou du moins pour nier formellement la decouverte de M. Ber- 132 COSMOS. uard , jusqu'a ce qu'en analysant a la iois et le sang pris dans la veine-porte et le sang pris dans les veines sus-hepatiques, il eut demon t re que le premier sang n'est pas moins riche en sucre que le second 1 Si le sang, apres sa filtration a. travers le foie, devient plus riche en sucre, il faut absolument que le foie entre pour quelque chose dans la production du sucre. Pourquoi d'ailleurs cette inter- vention dufoien'existerait-elle pas? Pourquoi n'y aurait-il pas dans I'drganisme un laboratoire oil se i'erait la conversion en sucre des ele- ments saccharifiables des aliments, comme il y a des organes char- ges de secreter la bile, d'excreter la graisse, etc., etc.? Pourquoi tout le sucre de l'economie devrait-il exister tout forme dans les aliments? M. Figuicr se revolta lui-meme lorsque des maitres de la science dansun jour sinon d'egarement, du moins d'eblouissement, preten- dirent que toute la graisse des tissus animaux existait a l'etat de eraisie dans les vegfetaux dont les animaux se nourrissent. Sans s'en douter il est tombe dans une exageration du meme genre. II n y a dans son travail qu'un fait qui domine tout, fait que fexamen ulte- rieur confirmera sans doute, fait nouveau, au moins dans la genera- lite qu'il lui a reconnue, fait qui restera attache a son nom et qui sera pour lui un tilre de gloire, puisqu'il avait echappe a des chimistes de premier ordre; le fait que lesang meme normal, meme chez des animaux nourris exclusivement avec de la viande, contient une pro- portion appreciable de glucose et de sucre de lait. Mais ce fait sera accepte sans difficulte par M. Bernard et ses partisans les plus con- vaincus, car il ne renverse pas meme son premier genre de preuves; car il ne suffira meme pas, comme le croit a l'heure qu'il est M. Fi- guier, de montrer que le sang de la veine-porte contient lui-meme de la glucose; il faut absolument, pour renverser la theorie de M. Bernard, qu'il parvienne a prouver que le sang des veines sus- hepatiques ne contient pas plus de glucose que le sang de la veine- porte. S'il constate cette ^galite, alors ce sera toute autre chose, et M. Bernard devra se resigner a perdre la plus belle perle de sa couronne. A lundi prochain pour la seconde phase de ce duel aca- demique. — M. Volpicelli envoie un memoire dont nous ne connaissons encore que le titre, sur 1'induction dlectro-statique de nature par- ticuliei e etudiee par Melloni dans les derniers mois de sa vie. — M. Mathieu , de Vitry-le-Francais, adresse deux memoires : l'un, sur le chaulage resultant d'experiences continuees pendant plusieurs annees ; l'autre, sur le sorgho, que M. Mathieu a cultive" le premier, ou Tun des premiers en France , dont il a extrait de COSMOS. 133 l'alcool de Ires-bonne qualite. Nous craignons bien que les memoires de notre correspondant et abonne ne figurent dans les Comptes rendus que par leur titre. Pourquoi n'a-t-il pas eu la bonne penstfe de nous en adresser une copie : nous les aurions analyses avec soin ; le monde savant et industriel en aurait du moins profite quelque peu — M. Jean Muller remercie avec effusion l'Acadcmie de 1'hon- neur inestimable et incomparable qu'elle lui a fait de rapprocher son nom de celui de Cuvier, son illustre maitre, en lui decernant le grand prix de physiologic — M. Flourens a cite avec eloges un travail sur le dosage du chloroforme par un proc^de nouveau, sur lequel nous n'avons aucun detail. — M. de la Ville Bonnet adresse un nouvel instrument de g^odesie. — MM. Luurentius et Gilbert communiquent un nouveau fait curieux relatif a la physiologie du derme. lis auraient reconnu que le bulbe est forme de deux membranes jouissant de propriety dis- tinctes : l'une engendrerait la matiere cornee ou le poil ; l'autre secreterait la matiere coloiante. Les fonctions de l'une de ces mem- branes peuvent etre alterees ou detruites, sans que les fonctions de l'autre soient atteintes. — M. D'hombres-Firma fils adresse, comme chaque annee, l'ensemble des observations meteorologiques de 1854 , faites a. Privaz ( Ardeche), et contenant une serie non interrompue depuis soixante-quinze ans. — M. Le Verrier depose les ephemerides de la planete Amphy- trite, calculees par M. Yvon Villarceau. — MM. Deleail pere et fils s'empressant de repondre a l'appel fait par la section de physique , soumettent a son jugement des pointes en platine de paratonnerres, construites dans les conditions fixers par l'instruction approuvee de 1'Academie , c'est-a-dire formant des cones de 60 degres, et soudees aux tiges en fer par de la soudure forte , ou brasees a la forge. Nous n'avons pas besoin de dire que ce travail est parfaitement execute. Les pointes sont de deux sortes : les unes , pleines ou massives , et coutant 180 francs avec la tige ; les autres, creuses ou evidees, au prix de 140 francs. — MM. Plateau et Quetelet font hommage du troisieme volume de leur Physique populaire , excellent et charmant ouvrage dont nous exposons le plan et le but dans un article bibliographique. *3i COSMOS. • C'est un beau spectacle, a dit M. Flourens, que celui de deux phy- siciens dminents s'abaissant au niveau desplus petits, et s'efforcant de vulgariser les principes d'une science qu'ils ont illustree par des recherches originales et profondes. — M. Cauchy presente un m^moire sur T application du calcul des variations a 1'integration des equations differentielles. Le grand mathematicien a craint qu'on ne l'accuse de inettre cette fois la charrue avant les hceufs. Comment appliquer a 1'integration des equations le calcul des variations, qui suppose qu'on sait integrer ; qui, dans l'enseignement, suit le calcul integral I On en pensera ce qu'on voudra, a dit M. Cauchy, mais il n'en sera pas moins vrai qu'il est certaines classes d'equations differentielles tres-gales, tres-importantes , qu'on ne peut integrer jusqu'ici d'une maniere efficace et elegante qu'en partant des principes du calcul des variations. M. Dumas presente, au nom de M. Andres Poey de la Havane, un travail qui constituerait une brillante decouverte, si, comme tout semble d'ailleursl'indiquer, on pouvait avoir une confiance en- tiere dans les assertions du jeune Creole. II s'agit d'une nouvelle application de l'electro-chimie tentee par lui et M. Maurice Ver- gnes , et qui aurait pour resultat l'extraction des metaux introduits dans le corps sous forme de remedes, ou par son absorption dans les arts et metiers qui exigent leur emploi , et qui n'ont pas £te expulses, comme le mercure , le plomb, l'arsenic, etc., etc. Voici la maniere d'op^rer : Le malade est plonge jusqu'an cou dans une baignoire metallique isolee du sol, et assis horizontalement sur un banc de bois, de toute la longueur du corps , qui se trouve egalement isole de la baignoire. L'eau est acidulee avec de l'acide nitrique ou de l'acide hydro-chlo- rique pour l'extraction du mercure, de l'argent , de l'or , et avec de l'acide sulfurique pour le plomb. Une extr&nite' de la baignoire se trouve en contact avec le pole negatif de la pile et le patient tient dans ses mains le conducteur positif. Dans cette disposition, le courant positif traverse l'organi- sation de la tete aux pieds , et p^netre les parties internes jusqu'aux os, en decomposant et precipitant le metal qui se trouve loge dans le corps sur les parois de la baignoire, et sous sa forme primitive, lequel est alors visible a l'ceil nu. Par l'analyse de l'eau du bain, ou meme, disent les auteurs, et, ce qui semble tout a fait incroyable, de l'air de l'atmosphere de la chambre oil se sont repandues les va- peurs metalliques nees de Taction calorifique du courant , on cons- COSMOS. 155 tate la presence r£elle des metaux expulses du corps vivant. M. Poey affirme qu'il a retire ainsi du femur et du tibia d'un sy- philitique une grande quantity de mercure qui s'y etait amasse depuis quinze ans, et dont plusieurs medecins avaient constate la presence, L'extraction des metaux du corps humain par cette methode se- rait aussi confirmee par des analyses de l'eau du bain que des chi- mistes distingues, MM. Casaseca et Moisant, de la Havane, au- raient faites avec le plus grand soin. M. Moisant, dans une quantitc d'eau de 912 grammes, aurait vu se former, pendant les reactions chimiques, en moins de trois minutes, un globule de mercure d'un beau brillant metallique du poids de 0.011 grammes et d'un dia- metre de 9 dix-milliemes. Dans une second analyse le meme chi- miste vit se former un tres-leger precipite blanc , qui donna deux globules de plomb metallique, quoique peu appreeiables a l'oeil nu, parfaitement visibles a la loupe. Nous n'avons pas besoin de faire remarquer l'immense portee de ces belles experiences qu'une Commission academique est chargee de suivre ; nous attendrons son rapport avec d'autant plus d'impatience que nous avons vraiment peine a croire, tant elle est extraordinaire, a Taction d'un courant electrique applique comme le font MM. Poey et Vergnes, a moins que le metal reduit soit le metal accumule a la surface du corps, et non le metal profondement introduit dans l'or- ganisme. II est a notre connaissance qu'un traitement hydrothe- rapique bien dirige a aussi pour effet d'expulser de l'organisme le mercure, le piomb, etc. SUR L'ORIGINE DU SUCRE Contenu dans la foie, et sur I'existence normah du sucre dans le sang. par m. l. figuier. (Extrait par l'auteur.) M. Claude Bernard a demontre, pour la premiere fois, en 1S4S, que le foie de l'homme et celui des animaux renferme une certaine quantite de glucose. Poursuivant l'etude de ce fait ignore jusqu'a notre epoque, ce physiologiste a ete amene a considerer le foie comme l'organe de la production'du sucre chez les animaux. Selon lui, le foie n' aurait pas seulement pour fonction de se reter la bile, il concourrait ^galement a produire du sucre, substance destinee a subvenir ensuite a l'entietien de la respiration. Le meme experi- mentateur s'est applique a demontrer que le sucre qui existe dans le foie ne provient pas necessairement des aliments sucres ou f^cu- lents introduits dans l'estomac, mais qu'il be forme au sein meme de l'organisme animal, indcpendamment de toute alimentation ve- 136 COSMOS. gelale. Enfin, ayant soumis a une etude attentive les caracteres de la i'onction nouvelle qu'il attribue au foie et qu'il designe sous le nom de glucogenic., M. Bernard a reconnu que la s£cr6tion du sucre dans le foie coincide avec la periode digestive. C'est ce que 1'auteur appelle » les oscillations fonctionnelles de la secretion du foie. » Coinme consequence de ce qui precede, il a ete constate" que la inc-me secretion diminue avec l'abstinence ou le jeune et finit par disparai- tre en entier par l'inanition. Les experiences que je resume dans cette note n'ont pas confirme cettetheorie physiologique. J'ai commence par soumettre a un examen chimique les matieres solubles contenues dans le foie. Les products solubles contenus dans le foie de boeuf qui a fait sp6- cialementl'objet demes recherches, sont, independamment du sang- 1° une raatiere albuminoide qui ressemble beauconp au compose £tudie et decrit par M. Mialhe sous le nom d'aluuminose ; 2° du glucose ; 3° un petit nombre de sels mineraux parmi lesquels domine le chlorure de sodium. Glucose. — La seule maniere d'obtenir a un certain etat de pu- rete' le glucose existant dans le foie, c'est d'evaporer dans le vide un infusuui aqueux de foie prealablement concentre au bain-marie. En placant le liquide sous le r6cipient de la machine pneumatique avec des fragments de chaux que l'on renouvelle a mesure qu'ils se delitent, on obtient au bout de sept a huit jours un residu a peu pres sec, et quirenferme sans aucune alteration les substances solubles du foie. De 2 kilogrammes de foie de bocuf, on retire ainsi de 70 a. 8o grammes de residu sec. Pour separer le glucose de ce melange, il suffit de le traiter par de l'alcool chaud, qui dissout le sucre sans toucher a. la matiere al- buminoide. Si Ton chasse alors l'alcool, soit par l'evaporation dans le vide, soit par l'evaporation spontanee, on obtient le glucose sous la forme d'une masse translucide d'un jaune bran, qui, abandonn^e au contact de fair, en attire l'humidite et laisse quelquefois des cristaux grenus. Le glucose contenu dans le foie est susceptible d'etre prdcipitd par le sous-acetate de plomb. Ce ph^nomene anormal dans l'his- toire chimique du glucose provient de la presence de l'albuminose qui, en se precipitant par Taction des sels de plomb, entraine le glu- cose en combinaison insoluble. En effet, ce dernier produit, une fois purifie et separe de l'albuminose, n'est plus precipitable par le sous- acetate de plomb. On ne saurait d'ailleurs conserver de doutes sur COSMOS. 137 ]a nature de ce produit, car il eprouve avec la plus grande facility la fermentation alcoolique. Jlbaminose. — Les decoctions aqueuses obtenues avec le foie de divers animaux sont toujours troubles et d'un aspect opalin et meme laiteux. Que Ton ait prepare la dissolution par l'eau froide, selon le procede method ique que je decris dans mon memoire, ou qu'on l'ait prepare en faisant simplement bouillir avec de l'eau le tissu du foie prealablement divise, on obtient toujours une decoction dont 1' aspect est caracteristique. Le foie de bceuf donne un liquide opalin jaunatre, le foie du lapin une decoction qui a l'apparence du lait de soufre, etc. Ce qui trouble la transparence de ces liquides, c'est la presence de la matiere albuminoi'de qui a la propriete de donner avec l'eau ces dissolutions opalines. 11 suffit, pour s' assurer du fait, d'ajouter de l'alcool a une de ces dissolutions convenable- ment concentree jusqu'a cessation du precipite. L'alcool provoque la separation de la presque totalite de la matiere albuminoide, et le liquide reste limpide et d'une belle couleur jaune. La matiere albuminoide du foie nous parait identique avec un compose entrevu dans le sang- par divers chimistes, compose qui differe de 1'albumine en ce qu'il n'est point coagule par la chaleur, et du caseum en ce qu'il n'est point precipite par les acides. Ce pro- duit interessant a ete etudie dans ces derniers temps par M. Mialhe, qai lui a donne le nom d'albuminose, et qui le conndere comme pro- venant des transformations que Faction digestive fait eprouver aux matieres albuminoide, fibrine, albumine, caseum, etc., introduces dans i'estomac. M. Lehmann, qui l'a plus recemment examine, lui accorde la meme origine et le designe sous le nom de peptone, pour rappeler qu'il doit sa formation a l'intervention du principe digestif, c'est-a-dire a la pepsine. Les proportions relatives d'albuminose et de glucose dans le tissu du foie doivent necessairement varier, puisqu'elles dependent de la quantite des aliments ingeres. Disons seulement que le foie d'un lapin, qui pesait 90 grammes, nons a donne 2sr, 5 d'albuminose se- chde a 100 degres, c'est-a-dire 2,7 pour cent du poids total de Tor- gane, et ls,-,25 de glucose, c'e.st-a-dire 1,3 pour cent du poids de l'organe. 2 kilogrammes de foie de bceuf nous ont fourni 70 grammes d'albuminose, c'est-a-dire 3,5 pour cent, et 28 grammes de glu- cose, c'est-a-dire lsr, 4 pour cent. Ces rapports n'ont pas ete les memes dans d'autres determinations faites avec le foie du meme animal, mais ces differences ne peuvent tenir qu'a la quantite et a la nature d' aliments pris par Tamma! examine. 138 COSMOS. Nous etant assure", de cette maniere, de la presence bien positive du glucose dans le tissu du foie, mais persistant toujours dans l'idee que le sucre ne pouvait provenir d'nne secretion propre de cet or- gane, mais qu'il avait sa source unique Jans l'alimentation, il nous restait a rechercher si le sucre qui se trouve mele au sang dans le foie ne se rencor,trerait pas aussi dans le sang pris en d'autres par- ties du corps, et dans ce cas, a comparer les quantites que Ton en trouvera.it dans la masse generate du sang avec celle que renferme le tissu hepatique. Bien que presque tous les auteurs, presque toutes les autorites chimiques et physiologiques fussent contraires a l'idee de la pre- sence du glucose dans le sang normal, nous avons cru que Ton pour- rait mieux r^ussir dans cette recherche, si Ton avait egard aux deux precautions suivantes : ne pas attendre la coagulation spontanea du sang comtneon Va fait jusqu'ici, croyant simplifier les operations de 1'analyse chimique ; — opcrer sur des liqueurs rendues legerement acides, afin de se mettre a l'abri de faction que peut exercer le car- bonate de soude qui existe dans le serum du sang sur la petite quan- tite de glucose qu'il peut renfermer. C'est , sans doute , grace a l'emploi de ces deux precautions que nous avons reussi a mettre en evidence l'existence d'une certaine quantite de glucose dans le sang normal, non pas simplement comme Font fait quelques physiologistes a la suite de l'administration des feculents et pendant la pe>iode digestive, mais dans les conditions ordinaires, c'est-a-dire a une 6poque notablement eloignee du der- nier repas et sans se preoccuper de l'alimentatictti de l'animal. Nos experiences ont porte sur le sang de l'homme, du bceuf, du mouton et du la pin. Voici l'un des proccdes qui nous ont permis de constater tres- aisement la presence du glucose dans le sang normal: Au moment oil il est tire de la veine, le sang est battu pour le d^fibriner. On pese alors la quantite sur laquelle on opere, et Ton ajoute au liquide trois fois son volume d'alcool a 36°. Au bout de quelques minutes , le sang est completement coagule en un caillot d'un beau rouge par la precipitation simultanee des globules et de l'albumine du serum. On passe a travers un iinge de percale, on exprimeeton lave le residu avec un peu d'alcool. Le liquide jete sur un filtre passe presque incolore et manifestant une reaction al- ealine. On ajoute au liquide quelques gouttes d'acide acetique de maniere a lui communiquer une faible reaction acide , et on l'eva- pre au bain-marie jusqu'a siccite. On observe sur la fin de cette COSMOS. 139 operation la separation d'une matiere verdatre qui n'est autre chose qu'un dernier reste d'albumine coagulee. Le residu de cette evapo- ration repris par l'eau distillee contient le glucose uni a quelques sels mineraux parmi lesquels domine le chlorure de sodium. Ce li- quide reduit en effet avec energie la liqueur de Barreswil et fournit a 1' Ebullition un abondant precipite jaune ou rouge-brique de sous- oxyde decuivre hydrate. Pour determiner exactement la quantite de glucose contenue dans le sang sur lequel on a opere , il suffit de proceder , avec la liqueur de Barreswil convenablement filtree , a la determination de la quantite exacte de sucre q.:e renferme ce residu pese et redissout dans l'eau. Nous avons reussi, a l'aide de la levure de biere , a retirer de l'acide carbonique et de l'alcool de 2 litres 1/2 de sang de boeuf re- cueilli a 1' abattoir. En ce qui concerne la proportion du glucose ainsi contenue nor- malement dans le sang , nous avons trouve dans le sang d'un lapin 0 gr. 57 pour 100 de glucose ; le foie du meme animal renfermait 1 pour 100 d.: meme produit. Pour le sang du boeuf, 0 gr. 48 pour 100, pour celui de l'homme, 0 gr. 58. D'apres nos analyses, a poids egal, le foie ne renfermerait guere que deuxfois plus de sucre que le sang pris dans les autres parties du corps. II resulte des experiences qui viennent d'etre resumees que Ton ne saurait continuer a admettre la localisation de la secretion du sucre dans le foie. Ce qui en effet avait contribue surtout a faire ac- cepter cette opinion , c'etait d'abord le fait regarde comme incon- testable de la non-existence du glucose dans la masse du sang, pen- dant les conditions normales. C'etaient ensuite les experiences , a juste titre fort remarquees, dans lesquelles on avait vu des animaux sounds des mois entiers aune alimentation exclusivement composee de viandes , conserver, dans le foie, des quantites appreciables de sucre. On voit tout de suite que les resultuts que nous venons d'ex- poser , font perdre a ces experiences une grande partie de leur si- gnification; mais quelques mots seront necessaires pour mettre cette veVite dans tout son jour. Nous avons montre que le sang de l'homme et celui des animaux domestiques renferment du sucre, et que le foie, comparativement, contient a peine 2 ou 3 foisplus de sucre que le sang lui-meme pris a poids egal. Cette difference n'a rien, d'ailleurs, qui doive etonner. L'orgiine hepatique est essentiellement un organe de depuration pour le sang. Les produits divers de la digestion , amenes par la veine-porte de toute la surface du tube intestinal, viennent eprouver, no COSMOS. dans cette volumineuse glande, un veritable depart qui a pour effet de rejeter les materiaux inutiles a la nutrition et de retenir les pro- duits essentiels de la digestion. II n'est done pas elonnant que le sucre figure dans le foie en quantite superieure a celles que Ton en trouve dans )e sang. Tout le glucose provenant de la digestion vient s'y concentrer, pour etre ensuite deverse par les veines sus-hepa- tiques dans la circulation generale. Parvenu dans la masse du sang, il s'y detruit peu a peu par l'effet continu de la respiration, et, par consequent, il diminue de quantite de moment en moment. Des faits que nous avons observes il ressort encore que les expe- riences de M.Bernard, qui a vu le glucose persister dans le foie chez des chiens soumis a une alimentation exclusivement animale, ne peu- vent plus etre invoquees a l'appui de la fonction glucogenique du foie. J'ai montre qu'il existe pres d'un demi-centieme de glucose dans le sang des animaux de boucherie , dans le sang du boeuf et du mouton, recueillis au moment ou ces animaux sont abattus pour etre livres a la consommation publique. Or, la viande des animaux de boucherie renferme des vaisseaux, ces vaisseaux contiennent du sang, ainsi la chair de bceuf et de mouton, qui avait servi a nourrir les chiens dans les experiences de M. Bernard, contenait du sucre, et Ton admi- nistrait, sans s'en douter, le compose meme que l'on voulait poste- rieurement rechercher. La quantite de glucose introduite par cette voie etait faible sans doute, mais elle etait constante , et le foie etant un organe de condensation et d'accumulation pour le glucose , il n'est pas etonnant que l'on trouvat, a l'autopsie , la preuve de son existence dans cet organe. Nos experiences permettent enfin d'expliquer tres-simplement les particularities qu'avait mises en lumiere 1' etude de ce que Ton avait appele la fonction glucogenique. M. Bernard avait ete conduit a re- connaitre que l'apparition du sucre dans le foie coincide avec la di- gestion et il a beaucoup insiste sur ce point. Si l'on admet avec nous q\n le sucre n'est introduit dans le foie que par les produits de l'alimentation, e'est-a-dire par les aliments feculents ou saccha- rides , cette coincidence de l'apparition du sucre avec la periode digestive n'aura plus rien qui puisse etonner. Nous concluons, en resume, que le foie, chez l'homme et les ani- maux, n'a point rccu pour fonction de fabriquer du sucre et que toutle glucose qu'il recele dans son tissu provient du dehors, e'est- a-dire de 1' alimentation. A. TRAMhLAY, propneL.'v-Jrant, I'AIUS. — IMI'KI Mi-:: IE DE W. REMQT3BT ET C1C, ROB GAt'.AKCIHhE, 5. T. VI. 9 FEVRIER l855. QUATIUEME ANNLE. COSMOS. NOUVELLES DE I/INDUSTRIE. DERNIERE SEANCE DE DECEMBRE DE LA SOCIETE d' ENCOURAGEMENT. M. Gourlier, au nom du comite des arts economiques , fait un rapport favorable sur un systeme de fermetures de surete des cou- vercles des baignoires destinees au service des alienes, par M. Lus- sereau, piqueur de la maison imperiale de Charenton. Les couver- cles anciens ne pnSvenaient pas des accidents graves ; plusieurs alie- ned, malgre la surveillance incessante dont ils sont l'objet, avaient peri noyds ou asphyxias clans leur bain. Avec le couvercle de M. Lussereau, les accidents sont devenus absolument impossibles. II est non plus en bois, mais en metal, et peut s'adapter indifferem- ment a. toutes les baignores de l'etablissement. Une echancrure soi- gneusement arrondie laisse passer la [tete du malade ; le cou- vercle est ferme par derriere au moyen d'une petite porte a char- nieres et loquet ; quatre gonds fermds par simple glissement le maintiennent sur les cotes ; une serrure a clef ou a bouton complete la fermeture. Des certificats nombreux et parfaitement authentiques confirment le bon usage de cet appareil d'ailleurs tres-simple auquel la Societe accorde son approbation. — M. Clerget, au nom du comite* des arts economiques. lit un rapport sur Valambic d'essai pour les vins et les autres liqueurs al- cooliques de M. Salleron, de la maison Lerebours et Secretan. Nos lecteurs connaissent deja cet excellent appareil , dont nous avons donne* la figure et d6crit 1' usage, t. 3, p. 600. Le rapport constate qu'il est heureusement combine , d'un poids suffisamment rSduit (500s), d'un volume commode, d'une manipulation facile, puisqu'il suf- fit, en moyenne, d'un quart d'heure pour chaque operation; d'une exactitude tres-suffisante. II a d'ailleurs ete adopts par l'administra- tion des douanes et des contributions indirectes, sur l'avis d'une commission speciale et apres comparaison de tous les autres appa- rent ou procedes alcoolometriques proposes jusqu'ici : par Descroi- zilles, qui le premier, en 1816, proposa la distillation d'un melange a volume fixe d'eau et du liquide a analyser dans un alambic por- 6 1^2 COSMOS. tatif ; par Gay-Lussac, qui, en 1824, construisit son alcoolometre centesimal, etM. Collardeau, quijoignit a l'alcoolometre un alambic plus simple que celui de Descroizilles ; par Tabarie, qui, en 1829, inventa l'oenometre fonde sur la difference de pesanteur specifique, et lui substitua, en 1833, l'oenoscope centesimal, base sur la diffe- rence des points d'ebullition des liquides spirilueux; par M. l'abbe Brossard-Vidal, inventeur d'un nouvel ebulUoscope alcoolometrique ou alcoolometre a cadran, transform^ en ebullioscope a echelle par M. le docteur Ure en Angleterre, et M. Conati en France; par M. Silberman, qui, en 1847, proposa de determiner la richesse al- coolique d'apres son coefficient de dilatation mesure au moyen du dilatatometre ; par MM. Geissler enfin, et Plucker, de Bonn, qui construisirent, vers 1852, le vaporimetre, appareil tres-simple qui donne le titre des liqueurs alcooliques par l'observation de la ten- sion de la vapeur mesuree par une colonne de mercure. Si nous avions eu un choix a faire, nous aurions peut-etre prefere ce dernier appareil, le vaporimetre de M. Geissler, qui se reduit a un tube qu'on remplit de mercure, qui n'exige pour chaque essai que quelques minutes, qui opere sur un centimetre cube au plus du li- quide a analyser, et qui donne des indications d'une exactitude tres- grande. L'alambic d'essai de M. Salleron a au reste ses avantages, sa theorie est simple, sa construction est tres-facile, sa manipulation rentre mieux dans les habitudes des employes. La Societe" lui accorde son approbation, et ordonne que sa description avec figure sera pu- blic dans ses Bulletins. Ce qui prouve mieux encore le merite de cet appareil, c'e*t 1'immense succes qu'il obtient, il s'en est deja vendu plus de douze cents. M. Dumas a tenu a constater, apres le vote du conseil, que l'a- lambic Salleron ne differait pas essentiellement de l'alambic de MM. Descroizilles et Collardeau, et que la methode d'essai adoptee est identique, au fond, a celle de Gay-Lussac ; que la globe de l'il- lustrechimiste reste, par consequent, parfaitement intacte. — M. Hoffmann, pharmacien a Paris, avait adresse a la Societe" un Memoire sur l'alcool de chiendent ; M. Chevalier, au nom du Comite des arts chimiques, charge de juger ce Memoire, declare au- jourd'hui que l'emploi du chiendent n'est pas nouveau, qu'en 1811, dans un travail presente a la Soc.ete d'agriculture , M. le docteur Leroi annoncait qu'il avait oblenu du chiendent le quart de son poids de sirop ; qu'une pinte de ce sirop donnait par la fermen- tation et la distillation une pinte d'eau-de-vie a 21 degres ; que 100 livres de chiendent fournissaient 10 pintes d'eau-de-vie a COSMOS. 143 21 degres. M. Leroi , de plus, avait obtenu du chiendent pulverise- une farine avec laquelle il avait prepare un pain de bonne qualite. La quantite de chiendent qu'on peut retirer de la terre, disait le savant docteur, il y a plus de quarante ans, est immense. Un agri- culteur employant trois charrues, oucultivant 400 arpents de tres- bonne terre , s'est engage a en livrer 4 milliers, ce qui fait 10 litres par arpent ; les 4 milliers donneraient 1000 livres de sirop, 400 pintes d'eau-de-vie , ou 12 sacs de farine , et une tros-grande quantite de pain. Quelle source de richesse dans une racine venant sans culture ou malgre la culture, jugee non-seulement inutile, mais nui&ible, foulee aux pieds sur les chemins ou bailee dans les champs ! L'eau-de-vie d'alcool de M. Leroy valait beaucoup mieux que celle extraite du seigle, et se rapprochait beaucoup du kirsch- wasser; on en faisait d'excellentes liqueurs en la melant au sirop et l'aromatisant. La farine de chiendent donnait , avec le lait, une tres-bonne bouillie ; melee a dela farine de ble, elle donnait un tres- bon pain; seule, elle faisait encore un pain passable. On trouverait done tout dans le chiendent : sirop, sucre, eau-de-vie, liqueurs , fa- rine, pain, etc., ete. ; cette plante, si humble, si dedaignee, si tra- quee, se trouvait ainsi rehabilitee et amenee presqu'au niveau de la canne a. sucre quin'est, au reste, comme elle, qu'une gramin£e gigantesque. On comprend qu'apres cette resurrection du travail complet de M. Leroy, le comite ne pouvait que remercier M. Hoffmann de sa communication, et repousser la reclamation de M. Lachambre, qui pretendait, lui aussi, avoir invente l'alcool de chiendent. — M. Salvetat, au nom de la Commission des beaux-arts appli- ques a r.industrie, fait un rapport sur les procedes degravure en cou- leur de M. Desjardms, artiste, rue de l'Ouest, 94. L'idee de repro- duce les aquarelles par la gravure chromatique s'etait deja presentee al'esprit de bien des artistes, maisaucun, en Fiance ou en Angle- terre, n'avait encore reussi. La mise en couleur a la main par le pinceau d'une impression en noir , est encore un travail long et dis- pendieux, malgre la modicite du prix de la journee des femmes em- ployees a ce genre de travail. La typographic a voulu s'affranchir de cet impot en creant la chromo-typographie , essayee d'abord par Albert Durrer, perfectionnee et pratiquee en grand par M. Silber- man a Strasbourg , par MM. Delarue et de Longreve en Angle- terre, par Harre en Autriche. La chromo-hthographie entree dans la meme voie a produit economiquement dans les ateliers d'Engel- m COSMOS. man , de Lemercier et autres, un grand nombre de fort belles pages. La gravure proprement dite , quoique armee de moyens bien plus puissants avec ses tailles-douces plus ou moins profondes, etait res- tee seule en arriere. Entrant dans la lice aujourd'hui, elle presente une collection variee de fac-simile assez exacts pour qu'un artiste lui-meme s'y meprenne a premiere vue. C'est a M. Desjardins, ar- tiste francais, modeste et laborieux , qu'il dtait reserve d'accomplir ce pro^res. Ses procedes sont fort simples, et quoique encore du domaine des beaux-arts , ils seront bientot acquis a l'industrie. Quatre planches en acier suffisent; elles apportent successivement par leur superposition rendue exacte au moyen de reprises, le jaune,, le bleu qui recouvrant le jaune fait du vert , le bistre qui limite les contours et forme les ombres ; enfin le rouge qui modifie convena- blement encore les teintes deja placees, chacune de ces planches apporte d'une maniere convenable l'intensite , la nuance et la de- gradation des couleurs. La gravure a l'aquatinta, grace a l'imper- ceptible pointille qui la caracterise , offre toutes les chances d'une reproduction fidele ; c'est le seul genre de gravure qui la rende pos- sible avec un si petit nombre de planches, quatre seulement. Le procede consiste done essentiellement a saupoudrer les quatre planches , sur lesquelles on a transport^ le decalque du dessin a re- produire, de poussiere fine de resine fixde par une chaleur tres-legere ; cette poussiere laisse des interstices reguliers et microscopiques qus sont accuses par l'acide. On fait mordre d'abord sur une des plan- chesles portions jaunes et vertes, en reservant tout le reste au moyen d'un vernis; par une serie d'operations partielles, on creuse de plus en plus les espaces qui ont besoin de l'etre, en couvrant aussi de vernis ceux qui sont assez creux. On fait sur les trois autres planches r bleue , rouge , bistre , ce qu'on a fait pour le jaune, et lorsque toutes les quatre sont gravces, on procede aux tirages superposes en modi- fiant encore les creux, s'il le faut, par des reprises consecutives, jus- qu'a ce que Ton ait obtenu pleinement l'effet cherche. Une sorte de gaufrage pratique apres coup donne a l'epreuve l'aspect et le grain? du papier ordinairement assez grossier que les artistes preferent- Une aquarelle ne se vend aujourd'hui que 5 francs. Les sepias et les mines de plomb s'obtiennent avec une seule planche gravee , elles coutent moitie moins. La mine de plomb est encree avec un peu de plombagine , qu'un leger frottement rend brillanle et mi- roitante comme l'original au crayon. La sepia donne la con 1'encre d'impression , dont on peut a volonte faire varier la nuance. M. Desjardins est un artiste habile dont le succes couronnera !e& • COSMOS. 1Z,5 efforts. La sympathie de la Society d'encouragement lui est acquise. La commission en 1'invitant a faire de ces admirables procedes des applications industrielles plus utiles que les applications artistiques, le remercie et le felicite de sa comniunication.Le rapport de M. Sal- v£tat sera inserc au Bulletin avec un specimen d' aquarelle indi- quant le travail successif des quatre gravures superposees. — M. Redier, horloger, cour des Petites-Ecuries, 36, soumet au jugement de la Societe un reveil en cours de fabrication et de succes depuis six ans environ, mais recemment perfectionne. Les perfectionnements que l'inventeur y a apportes en ces der- niers temps , consistent surtout dans l'economie de construction du moteur et la security des fonctions. Dans les anciens appareils d'horlogerie destines a reveiller a un moment donne, il fallait necessairement employer un moteur pour mesurer le temps du sommeil, et un second moteur pour produire le bruit au moment du reveil. Dans le Reveil-Redier , le meme moteur remplit la double fonc- tion de la mesure du temps et de la sonnerie. Un rouage ordinaire de petite pendule , modere" et regie par un court pendule, regie les lieures de sommeil jusqu'au moment ou la sonnerie doit partir. A cet instant , toute la partie moderatrice du rouage venant a. se separer des mobiles qui out le plus de force, par un desembrayage , le moteur precipite avec toute sa violence sa puissance sur un marteau de sonnerie et determine ainsi une tri's-bruyante sonnerie. L'appareil contenu dans une boite de cuivre verni , qui sert en meme temps de timbre, estdu volume d'une grossemontre. Le mou- vement se remonte par le couvercle meme de la boite qui rem- place une clef, et ce couvercle contient lui-meme le ressort moteur. Ces dispositions ont permis d'etablir a un prix qui ne depasse pas cinq francs, ces petits appareils, qui se vendent par 15 000 annuel- lement. M. Redier, sur des dispositions analogues , a construit des pen- dules et d'autres appareils d'horlogerie qui ont pris un developpe- inent considerable, surtout pour le commerce avec l'Angleterre et les colonies. Pres de cinquante mille articles d'horlogerie, pendules, reveils, pendules a quantieme avec ou sans sonnerie , entierement finis et prets a etre livres au commerce, sortent tous les nns des ateliers de M. Redier. L'exposition prochaine prouvera qu'il selivre avec le meme succes a la construction d'instruments d'horlogerie de precision. PHOTOGRAPHIE. M. le capilaine d'artillerie Caron, a adress6 a la Societe d'encou- ragement la description du precede suivant de photographie sur collodion sec. Les manipulations pour l'emploi du collodion sec sont les memes que pour le collodion humide ; la difference est dans la substitution des chlorures aux iodures qui perdent sans exception leur sensibi- lite lorsqu'ils ont ete s^ches. Le chlorure d'argent est aussi sensible a l'etat sec qu'a l'ctat humide; et bien que sa sensibilite ne soit pas egale a celle du collodion iodure humide, elle reste encore superieure a. celle des collodions preserves par le sucre, le miel, les mucilages, les sels, qui ont en outre l'inconvenient de se salirpar la poussiere. Voici la serie des preparations de M. Caron : Prenez collodion normal ou chimique , 100 centimetres cubes , ajoutez 10, 12 ou 15 gouttes de chlorure d'iode, 12 en moyenne ; etendez sur la glace ; plongez dans un bain de nitrate d'argent fondu au 15 e; lavez a l'eau ordinaire; laissez ^goutter et secher : a cause du temps tres-humide, M. Caron a toujours seche rapide- ment au feu, il ne sait pas si c'est indispensable. Prenez l'epreuve a la chambre noire ou derriere un negatif. Repassez la plaque au bain de nitrate d'argent pendant quelques secondes; deVeloppez 1'image a l'acide pyrogallique comme pour le collodion humide : acide pyrogallique 1 gramme ; eau 300 grammes ; acide acetique 10 grammes : avec le bain suivant, acide pyrogallique 1 gramme ; eau 1 000 grammes; acide acetique 10 grammes ; 1'image vient plus lentement mais mieux. Fixez au cyanure de potassium au cinq millieme. Lavez , sechez. Le fait suivant donnera une idee de la duree de la pose : par un temps couvert il faut, a travers un negatif sur collodion, poser 2 a 3 secondes. Tant que 1'image ne vient pas rouge a l'acide pyrogallique, on n'a paslaisse poser troplongtemps. Ce precede est evidemment extremement simple ; et s'il donne de belles epreuves il sera g^neralement adopte. M. Caron ne dit rien de la qualite de cedes qu'il a obtenues, nous sommes il est vrai en plein hiver. Nous avons fait essayer le precede" de MM. Caron par M. Duhoscq et A. Tavemier; les resultats de cet essai promettent beaucoup. Le collodion ainsi applique a les avantagesde l'albumine, et le sechage au feu parait giandement utile. ASTRONOmiE. ANALYSE DES SEANCES DE LA SOCIETE ROYALE ASTRONOMIQUE DE LONDRES ET DES MONTHLY-NOTICES. Seance et livraison de novemlre 1854. — {Suite et fin.) M. Lassell adresse une note sur la reinstallation de son Obser- vatoire et quelques observations du satellite de Neptune. Chasse" par les nouvelles constructions qui s'^levaient comme par enchan- tement autour de son ancienne residence de Startfield, dans le voi- sinage de Liverpool , M. Lassell a transports son Observatoire a deuxmilles au dela, en pleine campagne, dans une locality dont la latitude approchee est de 53° 25' 28" et la longitude, comptee du premier meridien de Greenwich, llm 385, 7. L'atmosphere est moins envahie par la fumee ; mais il reste a savoir si elle sera moins nuageuse et moins sujette aux perturbations atmosphe- riques. Ce n'etait pas une petite affaire que de deplacer deux domes et les Snormes instruments qu'ils renfermaient. Cette operation s'est accomplie avec le plus grand succes, et pendant notre sejour a Liverpool, au commencement d'octobre 1854, nous avons trouve" M. Lassell si parfaitement installe, qu'il a pu realiser devant nous et M. Leon Foucault de veritable* tours de force. Le tube de son telescope newtonien , monte" equatorialement a 20 pieds de long, 25 pouces de diametre interieur, et pese 594 livres ; il est entoure d'une boite en fonte de 5 pieds et demi de long , de 12 pouces 3 lignes de cote, pesant 992 livres ; le miroir que M. Lassell a poli lui-meme avec une machine, inventee par M. Nasmyth, pese 370 livres et a 24 pouces d'ouverture. En place du second miroir qui doit reflechir l'image dans l'oculaire, M. Lassell emploie un prisme hypotenuse de Merz, assez grand pour pouvoir transmettre un faisceau de deux pouces de diametre et parfaitement travaille; le chercheur enfin du telescope est un refiecteur newtonien de 50 lignes d'ouverture, de 42 pouces de longueur focale. Quoique les forces de M. Lassell soient amoindries par de longues veilles, il met facilement en mouvement ces masses enormes, et rien n'etonne autant que la rapidite et la surete" avec laquelle il braque a volonte son gigantesque miroir sur les astres les plus refractaires du ciel. Demandez-lui tout ce qu'il vous plaira, une des plus petites pla- netes, une etoile double quelconque, une n^buleuse inaccessi- ble, etc., il consulte son catalogue, il lit 1' ascension droite et la dis- tance polaire, il les ecrit sur les deux cercles de l'Squatoriale, et 148 COSMOS. am one ainsi l'axe du telescope clans la direction voulue ; il fait tourner le dome, montea la galerie, et vous annonce, en mettantson ceil an chercheur, qu'il a saisi dans son orbite invisible l'astre perdu dans les profondewrs des cieux; vous appliquez l'oeil a l'oculaire du telescope et vous etes en elTet en possession de 1'objet de vos de- sirs. Dans cette belle soirde dont nous conserverons a jamais le sou- venir, M. Lassell nous fit voir en quelques beures ce qu'il ne nous avail pas ete donne" de voir a Paris, quoique depuis trente ans nous ayons des relations suivies avec i'Observatoire imperial , Neptune et son satellite, deux petites planetes; i'etoile e de la lyre deux fois double ; un cloitre d'etoiles condensees, une nebuleuse perforee et une nebuleuse en spirale, etc., etc. Quel beau spectacle que celui d'un negotiant, consacrant les loi- sirs et la fortune, qu'une longue vie d'affaires lui a donnes, a la contemplation des cieux, aux progres de l'astronomie physique, construisant lui-meme, avec des machines gigantesques, un de ces merveilleux instruments, qui suffisent a illustrer un siecle ; trans- portant son telescope monstre des bords maracageux de la Mersey sous le beau ciel de Malte, refaisant une a une, a mille lieues de sa patrie, les observations de plusieurs annees. Quelle grande na- tion que celle qui peut montrer a la fois au monde comme ayant pris une noble part dans les conquetes les plus etonnantes de l'as- tronomie moderne , un de ses plus nobles pairs, lord Rosse, deux negotiants, Lassell et Warren de la Rue, un mecanicien ou inge- nieur eminent, l'inventeur du marteau pilon , Nasmyth ; un mil- lionnaire, le docteur Lee, etc., etc. II nous tardait depuis longtemps d'exprimer a M. Lassell, a sa noble famille, a sa fide si distinguee, la fidele compagne et associee de son immortelle entreprise, la reconnaissance que nous a inspired pour toujours l'accueil si empresse" et si charmant que nous avons recur dans la savante et hospitaliere solitude de Bradstones. Revenonsa la note des Monthly notices. Le 29 aout 1854, par des mesures prises dans les conditions les plus favorables et qu'on doit considerer comme exactes, M. Lassell a trouve pour Tangle de position de Neptune, a 12'1 20m temps moyen de Greenwich, 38° 14'; pour la distance, a 13'1 5m, meme temps moyen, 17' ', 86. — M. John Williams a lu une note sur l'astronomie chinoise, ayant pour' objet de donner une idee des peines excessives qu'il s'est donneespour arriver a tracer lin atlas complet du ciel chinois, pour etablir d'une maniere definitive la concordance entre les cons- tellations admises dans le celeste empire et les constellations euro- COSMOS. 159 P^ennes : pour arriver a se former une ideesatisfaisante de la valeur des essais astronomiques de ce singulier peuple. — M. Riimker communique, par l'intermediaire de l'astronome royal, l'expose d'une nouvelle methode pour trouver en mer le temps moyen de Greenwich , en deduisant l'ascension droite vraie de la lune, de la distance observed d'une etoile a la lune. C'estun travail tout mathematique qui ne supporte pas l'analyse. — M. le capitaine Manners transmet une lettre dans laquelle le R. P. Secchi lui fait part des relations mises par lui en evidence, entre les mouvements du soleil et les variations de l'aiguille aiman- tee. Nos lecteurs sont parfaitement au courant de ces belles decou- vertes. — M. Hind lit une note sur les anneaux de Saturne. Le R. P. Secchi avait signals un dessin de Saturne, execute a Rome, en 1664, par Oampani , comme venant a 1'nppui de la remarquable conclu- sion deduite par M. Otto Struve des observations modernes, et sui- vant laquelle l'anneau se resserrerait autour du globe de la planete avec une vitesse telle que dans une periode peu distante il arrive- rait en contact avec lui. M. Hind a retrouve le dessin de Campani dans le Theatrum cometicum de Lubienietski , avec 1'apostille suivante du celebre jesuite Athanase Kircher : Mitto /usee inclusion systema Saturninum a Campano ingeniosissimo telcescoplceo 50 palmarum tubo observatum. En mesurant sur ce dessin les largeurs relatives de l'anneau et de Fespace obscur compris entre le bord in- terieur de l'anneau et le globe, on trouve que la largeur de l'espace obscur est la plus grande, elle serai t de 5", 77, tandis que la lar- geur de l'anneau serait 5", 58. Ce fait estd'accord avec une obser- vation faite par Huyghens en 1657, et favorable a l'opinion da M. Struve. Une observation, faite par Picard , en date du 15 juin 1673, et resumee par lui dans ces mots : Saturne etait sorti des rayons du soldi : il y avait deux barres noires qui marquaient les deux bords i/iterieurs et, exterieurs de l'anneau , ferait croire k M. Hind,que 1'existence de l'anneau obscur avait ete soup9onnee a cette s'poque. Le diametre exterieur de l'anneau de Saturne de- duit de l'observation de Picard serait au moins de 44" ; or, les 11103-ennes des mesures de M. Struve ne donnent que 39", 5 ; la Vi- tesse de la contraction de l'anneau, serait done de 2" environ en cent ans; si, ajoute M. Hind, les evaluations deduites de dessins incorrects et d'observations faites avec des instruments impar- faits, pouvaient etre acceptees avec assez de eonfiance. On trouve an autre dessin de Campani , date du 5 octobre 1665, dans un 150 COSMOS. manuscrit de la Societe royale, et deux dessins de la meme pla- nete, par Cassini, en 1676 Pt 1677, dans 1'histoire de l'ancienne Academic des sciences de Paris. — Dans cette meme stance M. Airy avait cru devoir prevenir les astronomes, que le lundi, 13 novembre, Saturne s'approcherait extremement d'une petite etoile ; et il les engageait a suivre de pres ce rapprochement qui pouvait jeter quelque jour sur la constitution physique, des anneaux de la planete. II n'y a qu'un seul exemple d'une etoile vue dans 1'espace obscur compris entre l'anneau et le globe de Saturne, et cette observation n'est pas entierement digne de con fiance. Toutes les observations les plus rt'eentes de Saturne concourent a nous convaincre de plus en plus que les anneaux, soit brillants, soit obscurs, sont, non pasun amas continu de matiere, mais une serie de corps assez nombreux ou tournant avec une assez grande vitesse pour produire 1'effet d'une bande continue lumineuse ou sombre. A quoi peut-on comparer, nousledemandons a tons les esprits eclaires, tet anneau obscur dont les contours sont aussi parfaitement termi- nes que ceuxd'un corps solide, etcependant assez transparent pour qu'on puisse, a travers sa substance, voir le corps de la planete, si ce n'est a ce voile delumiere qu'engendre un corps en rotation mii d'une vitesse convenable, qu'engendre, par exemple, une barre en bois ou en fer tournant autour de son axe? La convexite certaine de l'an- neau brillant, sa rondeur, ne fait-elle pas soupconner aussi des corps spheriques en rotation! Le moyen que nous avions indique tome II du Cosmos, p. 383, pour mettre en evidence la discontinuite des anneaux de Saturne etait mauvais ; M. Plateau s'empressade nous signaler notre erreur, en meme temps qu'il nous indiqua la vraie maniere de faire l'experience ; e'est celle que nous avons decrite page 557 du tome II de notre Repertoire d'optiquc. Elle consiste- rait a regarder soit Saturne dans la lunette, soit son image projetee sur un derail, a travers un disque de carton noirci, mobile autour d'un axe comme une roue, perc6 sur sa circonference d'une vingtaine de petites fentes de 2 millimetres environ de largeur et equidistantes : on ferait tourner le disque assez rapidement, on fermerait un ceil, et avec l'autre ceil , on regarderait l'anneau a travers la bande circu- late transparente qui resulte du deplaceinent des fentes ; cette ex- perience merite evidemment d'etre faite, et nous la recommandons instamment auR. P. Secchi, a M. Lassell, a M. Warren de la Rue ; elle ne montrerait pas seulement les corps isoles comme s'ils etaient COSMOS. 151 immobiles, elle permettrait en outre de determiner leur vitesse de rotation autour tie la planete. Dans une note qui a pour litre : Surl'origine des essais faits dans le xvne siecle pour deduire deprincipes physiques wi etalon invariable de mesure, M. Robert G rant cherche a qui il faut attribuer la gloire d' avoir songe le premier a chercher cet etalon dans la lon- gueur du pendule a. secondes, ou dans la mesure d'un arc du meri- dien. Dans une lettre d'Huyghens a sir Robert Moray, datee de la Haye, 30 decembre 1661, on trouve cette phrase remarquable : « La fabrique de ma machine pneumatique m'a empeche quelque temps de travailler aux Traites dont vous me demandez des nou- velles. J'ai entre les mains celui de l'horloge , duquel une grande partie est dediee aux mouvements, et, particulierement,ff aiparle de cet usage du pendule pour la mesure universelle, dont vous dites quona traite dans voire assembled. » Ainsi done l'idee de chercher une mesure invariable dans la longueur du pendule avait ete proposed et discutee au sein de la Societe royale de Londres avant le 30 decembre 1661. L'auteur de cette proposition est cer- tainement l'illuslre docteur, depuis sir Christophe Wren. Dans la seance du 22 Janvier, une commission, composee de Boyle, Pettey, Wilkins et Wren, fut charg^e de faire des experiences dans cette direction. Les experiences ne reussirent point, et dans la stance du 5 fevrier Wren fut prie de chercher une autre m&hode facile pour arriver a la construction d'un etalon universel. Les difficultes ve- naient sans doute de ce qu'a cette epoque on ne savait pas deter- miner encore le centre d'oscillation d'un pendule. Huyghens an- non9a la decouverte si celebre de sa regie pour determiner ce centre d'oscillation dans une lettre datee du 21 novembre 1664, et ecnte encore a sir Robert Moray. Cette lettre fut communique a la So- ciety royale le 23 novembre, et la Societe fit proceder immediate- ment a des experiences qui piissent la confirmer. Elle se trouva v^n- fiee dans une premiere sene d'epreuves ; mais, dans une seconde, le pendule se montra plus long d'un dixieme que ne le voulait le theo- reme d'Huyghens. On en conclut de nouveau que les oscillations du pendule ne pouvaient pas donner l'etalon invariable tant desire. Ce fut dans la discussion a laquelle ces experiences donnerent lieu (14 decembre 1664), que l'immortel Hooke , dans un eclair de genie, annonca pour la premiere fois, qu'en marchant de l'equateur au pole les oscillations du pendule a secondes iraient sans cesse en augmentant de vitesse ; cette prevision a precede de neuf ans le re- tour de Richer de Cayenne. Chose singuliere, l'idee ne vint a per- 152 , COSMOS. sonne de repondre a l'objection de Hooke en faisant remarquer que pourqu'elle fut sans valeur, il suffisait qu'on fit les experiences a une meme latitude ou dans un ineme lieu. II parait que l'astronome francais Mouton a le premier, dans ses Obsarvationes dianictrorum , ouvrage excessivement rare , public en 1670, propose la longueur d'un arc du meridien comme le point de depart ou la base de l'etalon invariable de mesure. Dans l'appendice, p. 427, il propose un systcme de mesures d6cimales dont l'miite fondamentale, appelee par lui -verge, serait la millieme partie de la longueur d'une minute d'arc de Riccioli : il trouva cette mesure egale a la longueur du pendule simple, qui ferait 1 252 os- cillations dans une demi-heure. On renouvela contre cette methode l'objection de Hooke : « II se peut tres-bien, disait sir Wren dans la seance du 7 juin 1682, qu'en mesurant avec soin des degres sous differentes latitudes , on trouve qu'ils ne sont pas egaux, comme cela doit etre si le corps de la terre est non pas une sphere, mais un ovale. * Cette objection fit renoncer au projet que Ton avait concu de mesurer, en Angleterre, un arc du meridien; personne nou plus, alors, n'eut la pensde de faire remarquer que Ton echapperait a la difficulty en operant a des latitudes determiners. DERNIERES LIVRAISOKS DES ASTRONOMISCHE NACHRICHTEN. Le n° 930 contient 1° la fin du memoire de M. Lehman sur la theorie mathematique du pendule. 2° Les elements et les ephemerides de Polymnie , d'Irene et de Calliope, par M. Bruhns. N° 931. M. Argelander a determine de nouveau la periode de variability de 1'etoileS de l'Ecrevisse ; cette periode serait 9 jours llh 36m 54%7, avec une erreur possible de 7S,8 en plus ou en moins, mais probablement en plus. Voici pour 1855 les instants du minimum d' eclat en temps moyen de Paris : 7 Janvier, 15]l lm; 26 Janvier, 14u 15m ; 14 fevrier , 13h 28m ; 5 mars , 12h 42m ; 24 mars, llh56m; 12avril, llh 10ra ; lcr mai, 10h24m; 20 mai, 9h37m; 8 juin, 8h51m; 1" septembre, 17h23m; 20 septembre, 16,'37m; 9 octobre, 15b51«"; 28 octobre, 15'1 51m ; 16 novembre, 14h18ra; 5 decembre, 13h 32"- ; 24 d^cembre, 12h 46m. Le ce- lebre astronome de Bonn espere que ses zeles collegues voudront bien l'aider dans l'observation de ce curieux phenomene. La varia- bilite de l'dtoile S de l'Ecrevisse a ete d^couverte en 1848 par M. Hind; a son maximum d'eclat, elle est presque de sixieme gran- COSMOS. 153 deur; au minimum, elle disparait presque complement; M. Arago n'a pas connu le temps de sa periode. — M. Argelander revient aussi sur la pcriodicite d' Algol de la tete de Meduse, ou Beta de Persee, periode qui va certainement en diminuant de plus en plus, mais non d'une maniore uniforme. Le temps actuel de la periode serait 2 jours 20" 48™ 53s ; on trouvera dans la note de M. Argelander les jours et heures des minima pour 1855 ; Algol passe de la deuxieme a la quatrieme grandeur. Nous ne pouvons que signaler les observations suivantes faites a Bonn • Uranie, par M. Forster ; quatrieme comete de 1854, M. Ar- gelander ; Euphrosyne, par MM. Argelander et Schonfeld ; Pomone, par M. Kruger; Polymnie, par M. Argelander; Amphytnte a ete observce a Copenhague par M. Schjellerup. _ ^ N° 932. M. Plana ajoute une note a son memoire sur la theorie du magnetisme ; elle n'est pas susceptible d'analyse. — M. le professeur Zech, de Tubingue, donne les elements et les ephemerides d'Astreepour avril et mai 1855. — M. Vinnecke, de Berlin, transmet les elements et les ephe- merides d'Euphrosyne. — L'editeur du Journal astronomique croit devoir pubher des observations anciennes de cometes et de petites planetes, faites par lui a l'Observatoire de Kcemsberg avec l'heliometre de Bessel. Ces observations ont pour objet la deuxieme comete de 1851, decou- verte par M. Brorsen ; la premiere comete de 1853, decouverte a Rome ; la seconde comete de 1S53, decouverte a Moskau, par M. Schweitzer. ASTRONOMICAL JOURNAL DE GOULD. JANVIER 1855. M. Edward Combescure continue la solution de ses problemes de mecanique spherique ; c'est de l'analyse pure et transcendante. — M. Gould enregistre les observations dela4rac comete de 185.4, de Proserpine, d'Egerie, dEuphrosyne, de Polymnie, de Pomone et de Thetis, par M. Ch. Rumker, a Hambourg ; d'Uranie, par M. Fer- guson, a Wasinghton. II donne les elements approchcs d'Euphro- syne, par M. Ferguson. . . — II annonce et analyse l'ouvrage qui a pour titre : « Positions moyennes, pour l'epoque de 1790, des Voiles circumpolaires, dont les observations ont ete publiees par Jerome Lalande dans les Me- moires de 1 Academic de Paris de 1789 et 1790, par Ivan Fedo- renko de Pulkowa. 1S54. PHYSIQUE. Dans un m£moire que nous avons analyse le premier, M. Gra- ham croyait avoir prouve experimentalement que T alteration de la cloison semble etre une condition indispensable a la manifestation de la force osmotique. Suivant le chimiste anglais, l'une des faces de la membrane serait acide et l'autre basique; le mouvement d'endos- mose resultant de Taction chimique de la membrane entrainerait toujours l'acide vers la base. Suivant M. L'hermite cette theorie serait erronee, et la preuve, dit-il, c'est 1° que la solution d'acide oxalique qui produit le plus grand effet est procisement un agent conservateur ; 2° qu'avec une solution alcaline dans l'alcool et un acide tres-etendu d'eau, on obtient un mouvement de la base vers l'acide a travers la membrane ammale, ou l'argile di-gourdie preala- blement impregnee d'huile de ricin. M . L'hermite revient a la theorie de Poisson, suivant laquelle l'en- dosmose n'est point le resultat d'une force particuliere electrique ou chimique, mais l'effet de l'affinite on de l'attrait capillaire. Il modifie cependant cette theorie sur un point essentiel. Poisson ne faisait jouer a la cloison intermediate d'autre role que de determi- ner l'occupation de ses pores par l'un des liquides, de preference a l'autre, et d'empecher l'interruption des filets fluides, de sorte que le mouvement commence, la cloison n'y aurait plus eu de part. C'^tait, dit M. L'hermite, supprimer Taction elective de la matiere solide, juste au moment ou elle devient necessaire ; en effet tant que les deux faces sont baignees , Tune par un liquide de moindre affi- nite , l'autre par un fluide nuisible au premier, mais sur lequel la matiere solide exerce une attraction plus puissante , il y aura, au point de rencontre des deux liquides, expulsion de l'un par l'autre, et , par consequent , mouvement ; mais ce mouvement cesserait a l'instant oil le liquide envahisseur toucherait la cloison en tous ses points. MM. Dutrochet et Graham ont objecte a cette theorie le peu d' elevation des liquides dans les tubes capillaires, comparers aux grandes hauteurs de liquides que donne l'endosmose : ils n'ont pas pris garde que, dans les tubes ordinaires, les hauteurs des colonnes capillaires ne mesurent guere que Taction du liquide sur lui-meme , tandis que la partie de la force capillaire essentielle dans les ph6- nomenes d'endosmose est Taction de la matiere solide sur le liquide. Ce qu'il y a de vraiment neuf dans le memoire de M. L'hermite, COSMOS. 155 c'est le fait decouvert par lui que les liquides sont des agents d'en- dosmose par excellence, qu'ils exercent une action beaucoup plus puissante que les membranes ou les vases poreux. En pla^ant dans une £prouvette cylindrique deux liquides de densites differentes, s£pares par un troisieme d'une pesanteur spe- cifique intermediate, et qui ne dissolve que l'un des deux en quan- tity notable, on voit celui ci passer peu a peu dans l'autre. Par exemple, si Ton met au fond du chlorbforme, au-dessus une couche d'eau, puis une couche d' ether; le chloroforme augmente peu a peu de volume, Tether diminue et finit par disparaitre; la couche d'eau semble avoir a peine varie\ On peut multiplier les experiences analogues, et en predire a chaque fois les rdsultats d'apres les so- lubilites connues des corps mis en presence. II manque ici, il est vrai, ce que Ton a l'habitude de considerer comitie le caractere de l'endosmose , l'accroissement de pression. Mais on peut le faire apparaitre de la maniere suivante : on imbibe un vase poreux du liquide auquel on fait jouer le role de cloison , et Ton dispose 1' experience comme s'il s'agissait d'essayer le vase poreux lui-meme , en mettant neanmoins de preference , a Texte- rieur, le liquide qui se melange le inieux a Tmtermediaire , et qu'on suppose par suite devoir donner le mouvement endosmotique prin- cipal, plus facilement appreciable au sein de Tendosmometre. Ainsi enimpregnant un vase poreux d'huile de ricin, le remplissant d'eau et le plongeant dans l'alcool , on a endosmose vers l'eau : dans le vase non prepare, le mouvement principal a lieu de l'eau vers l'alcool. M. L'hermite remarque encore que le sens du mouvement osmo- tique peut etre egalement predit, pour les vases poreux et les mem- branes animales, quand on connait la rapidite avec laquelle les deux liquides filtrent au travers des pores de la cloison. La vitesse de filtration n'est pas toujours en rapport avec la mo- bility du liquide ; les membranes, comme on le sait depuis longtemps, et les vases poreux eux-memes, ce qu'on n'avait pas soupconne, laissent passer l'alcool en moindre proportion que Teau, malgre' la plus grande fiuidile du premier. — M. Beer, de Bonn, nous prie de revenir sur la discussion que nous avons soulevee page 616 du cinquieme volume du Cosmos, relativement a la part que Tether oufkide lumineux prend au mou- vement des corps qu'il penetre. « Jene crois pas, dit-il, pouvoirad- mettre, comme le voudrait M. Babinet, que Tether contenu dans les corps se partage en deux masses nettement distinctes, dont Tune 156 COSMOS. resterait fixcment attachee aux molecules du corps, serait eutiere- ment libre et r.e prendrait aucune part an mouvement. J'admets, an contraire, que toutea les molecules de Tether sont entrainecs paries molecules materielles du corps, et prennent chacune, lorsque ces dernieres molecules sont en mouvement, une vitease differente ou variable d'une molecule d'ether a l'autre, de sorte qu'il nait dans lYtber de ven tables courants, comparables a ceux qui se produisent au sein d'une eponge que Ton plonge ou presse dans l'eau. La ve- rite, suivant ma maniere de voir, est dans un certain milieu entre la conception de M. Babinet et le mode depression du pbenomene formule par moi ; au fond, nos deux interpretations ne sont que des suppositions auxiiiaires ou de substitution. La comparaison suivante me semble propre a montrer comment les choses se passent en rea- lite. Le plateau d'une balance porte un certain nombre de boules de poids differents, et pesant ensemble 1 kilogramme : M. Babinet en- leve ces boules multiples et les remplace par une seule du poids d'un kilogramme ; moi, au contraire, je remplace les boules de poids inegaux par mille autres boules egales ou pc-sant cbacune 1 gramme; la balance , dans les deux cas, conserve son equilibre. En realite, pour moi comme pour M. Babinet, les boules primitives ont des poids differents ; mais je crois devoir faire remarquer que la maniere dont je m'exprime est entierement conforme au mode d'expression gcneralement adopte dans la theorie des ondulations. Je suppose toutes les molecules de Tether animees d'une meme vitesse c v, frac- tion de la vitesse de translation du corps, comme on donne au rayon lumineux qui se propage dans un milieu resistant ou autre que le vide une longueur d'onde une et determinee, quoique la longueur d'onde du rayon aille reellement en diminuant toujours dans lacon- tinuite de la propagation. » Quant a ce qui concerne la denomination cle coefficient de cor- reption, que M. Babinet repousse, elle me semble toujours juste et independant de toute hypothese ; tout nous force d'admettre que dans les conditions oil se fait l'aberration , une partie de Tether se meut dans le meme sens que le corps, et est entrainee avec lui. Ce fait est exprime dans Tinterpretation de M. Babinet comme dans la mienne. Dans la conception de M. Babinet, le coefficient c, que j'ap- pelle coefficient de correption, exprime le rapport de la masse d'e- ther entrained a la masse totale de Tether contenu clans le corps ; dans la mienne, ce nombre exprime le rapport de la vitesse moyenne des molecules d'elher entraine a la vitesse totale du corps." ACADEMIE DES SCIENCES. SEANCE DU 6 I'EVIUER. M. Bravais communique une note de M Martens, professeur de botanique a la Faculte de Montpellier, sur les froids excessifs res- sentis dans cette ville a la fin de Janvier. Le thermometre est des- cendu jusqu'a 20 degres; mais cette temperature, vraiment extraor- dinaire, ne pouvait etre observee que dans des positions tres-limitees, au nord des murs assez eleves ; partout ailleurs elleetait plus basse, et les differences montaient jusqu'a 7 ou 8 degres. Ces anomalies ont fourni a M. Martens l'occasion d'etudier les effets du rayon- nement dans des circonstances assez caracteristiques et assez rares. Nous analyserons sa note des qu'elle sera inser^e dans les comptes rendus. ■ — M. Dureau de laMalle, que nous entendons a peine, lit une note sur les fossiles gigantesques de l'Airique occidentale. — M. Velpeau , dans un rapport verbal, dont nous n'avons pas bien compris la pensee , discute une question de priorite relative a. la production d'eaux hemostatiques. — M. le marechal Vaillant, au nom d'une commission com- posed, avec lui, de MM. Boussingault, general Morin, lit un rap- port tres-etendu et du plus haut interet sur une reclamation soule- vee au sein de 1'Academie par les heritiers de Philippe de Girard. En 1844, feu Philippe de Girard a presente a l'Exposition des produits de l'industrie les dessins d'un projet de magasin de grains, en declarant qu'il faisait hommage de son invention au gouverne- ment. Aucune administration publique n'ayant adopte le projet, qui n'a pas non plus, a notre connaissance du nioins, re9u d'exten- sion dans les etablissements de l'industrie privee, la conception de Philippe de Girard parait etre resteesans application immediate. Dix ans plustard, en 1854, M. Henri Huart, negociant en grains, est venu proposer a l'administration de la guerre l'adoption d'un modele de grenier qu'il a monte a Cambrai, dans son propre etablissement, d'apres un systeme brevete. Apres un mur examen de ce systeme, la commission superieuredes subsistancesmilitairesayant propose au JMinistre d'en faire 1'essai sur une vaste echelle, cette experience fut aussitot entreprise dans les magasins de la manutention du quai de Billy . Prevenue de ces faits, et croyant reconnaitre dans le grenier de M. Huart l'execution presque conforme du projet oublie de M. de Girard, MmC la comtesse de Vernede, niece de ce dernier, dans un sentiment, dit-elle, de piete pour la memoire de son oncle, a re- 158 COSMOS. vendique- pour lui la priority et l'honneur de l'invention. Pour que la question fat jugde souverainement, elle a prie 1' Academic d'en vouloirbien connaitre, et lui a presents, a l'appui de sa reclamation, les dessins et les Memoires de Philippe de Girard. Les pieces com- muniques par MH;0 la comtesse de Vernede renferment une exposi- tion complete, sinon detaillee du systeme de grenier de l'illustre in- venteur de la filature mecanique du lin. Ce grenier se compose es- sentiellement de silos exterieurs, ranges a cote les uns des autres; termines a leur partie inferieure par des tremies ou pyramides ren- versees, construites en tole; fermesparun plancher commun, perce d'ouvertures pour verser le ble ; perces a la partie inferieure des tremies d'une ouverture fermee par une coulisse mobile. Leremuage du ble s'opere a l'interieur de chaque silo au moyen d'un chapelet a godets qui l'elevent et le deversent sur un crible en toile metal- lique placee a la partie superieure du sdo. La ventilation s'opere au moyen d'un courant d'air qui entre soit par le fond par compres- sion, soit par la partie superieure, par aspiration exercce en bas a l'aide du ventilaleur a force centrifuge. Philippe de Girard se proposait de former dans son systeme des sortes de greniers d'abondance dans lesquels divers proprietaires pourraient ddposer leur recolte avec toute garantie d'une b'line conservation et toute sCVurite contre les vols, les substitutions, etc. II avait compris, comme ses devanciers , la necessite absolue de l'agitation et de Taxation ; mais les moyens par lesquels il propo- sait de pratiquer ces deux operations ou d'executer la Ucanutention du grain a l'interieur meme de chaque silo, sont tres-certainement insuffisants. II est impossible que dans les dispositions adniises par lui, toute la masse de grain participe au mouvement de displace- ment; et 1' aeration, telle qu'il ro;ganise,necessairementinterrompue pendant les temps humides, serait bien au-dessous de ce qu'elle doit etre; la ventilation a l'air libre, necessaire pour purger incessam- ment le ble des impuretes qui se melent a lui , semble etre une con- dition imperieuse de conservation. Philippe de Girard, qui voulait avant tout mettre le ble hors des atteintes des ouvriers, a etc force de se contenter de ce remuage et de cette aeration incompletes ; rien ne prouve d'ailleurs qu'elles eussent suffi a conserver les bles, ou a lui faire atteindre le but qu'il poursuivait. Le rapport tient a constater que l'idee de remuer le grain dans les silos, de l'aveu meme de Philippe de Girard, ne lui appartient pas ; que son procede de ventilation^a ete employe avant lui , par Duhamel de Monceaux. « Nous pouvons assurer, disent les commis COSMOS. 159 saires, sans crainte de nous montrer injustes enversuti homine qui a d'ailleurs de si nombreux et do si grands titres a la qualification d'inventeur, que le grenier de Philippe de Girard n'est rien autre chose qu'une combinaison projetee en vue d'une application toute parttculiere des precedes connus avant iui, pour reinmagasinage et la conservation des bles : cette combinaison, celle des silos entiere- ment ferm^s , lui appartient, mais aucune partie dq mecanisme qui la compose n'est sa propriete. - Cette conclusion dispensait a la rigueurla commission de l'examen comparatif du grenier de M. Henri Huart ; mais, dit-elle, l'accusa- tion de plagiat est trop grave pour qu'il puisseparaitre superflu de la juger, surtout quand elle s'attaque a un systeme qu'une grande administration publique est disposee a. adopter, et qui est appele, nous le crayons, a rendre de grands services ; elle se decide done a donner la description detaillee de ce systeme , pour le mi^us comparer a celui de Philippe de Girard. L 'importance du sujet qui se lattacbe au grand probleme de la conservation des grains nous determine a reproduire cette description. « Le grenier que M. Huart a construit a Cambrai est d'une conte- nance d'environ 10000 hectolitres. II est divise en dix comparti- ments verticaux, converts d'un plancher commun et ayant cbacun dans ceuvre 10 metres de hauteur , 4 metres de longueur et 3 metres de largcur. Les parois de chaque compartiment sont for- mees par un coffrage horizontal en planches de sapin, assemblies a rainures et languettes, et clouees sur des montants ogalement en sapin, qui sont espaces de 1 metre. Pour resister a la poussee du grain, les montants opposes sont relics deux a deux par des tirants en fer rond, au nombre de cinq. De la partie superieure a la partie inferieure du grenier, l'espacement de ces tirants diminue progres- sivement, en meme temps que leur force augmente jusqj'au dia- metre de 25 millimetres. Le fond du compartiment , forme par un coffrage semblable a celui des parois, est dispose suivant une double pente a 45° et s'ap- puie sur des poutrelles en sapin, espacees d'environ 35 centimetres, qui reposent sur des semelles en chene, portees par un mur en ma- 9onnerie. II presente ainsi deux angles diedres de 90", a la saillie desquels une ouverture de 5 centimetres de largeur est menagee, sur toute la longueur de l'arete, pour l'ccoulement du grain. Des trappes, disposees entre chaque cours de poutrelles, s'ouvrent et se ferment avolonte pour donner ou arreter l'ecoulement. Un conduit mobile, qui peut glisser au-dessous de chaque trappe, 160 COSMOS. recoit le grain a sa sortie du compartiment et le deverse clans un auget horizontal, parallele aux aretes du fond ; le grain est mis en mouvement dans cet auget , par une vis dont la spirale porte a chaque pas une petite palette qui le retourne connne ferait un coup de pelle, et il est conduit par cette vis dans un petit reservoir, oil il est recu par les godets d'un elevateur juxtapose a la partie supe- rieure du compartiment. Cet elevateur consiste en unecourroie sans fin, enroulee verticalement sur deux poulies, dont l'inferieure, re- cevant l'axe carre- de la vis, en regie le mouvement, et dont la partie supcrieure est commandee par un arbre de couche longitu- dinale arme de poulies, qui, place au-dessusdes compartiments, est mu par une machine avapeur, disposee a l'etage supdrieur du ma- gasin. Les godets de 1' elevateur, apres avoir transports' le grain au- dessus du compartiment dans lequel il etait renfeime\ le deversent, au moyen d'un conduit, sur le plan incline d'un crible ventilateur, mis en mouvement par l'elevateur lui-meme. Le grain y est rafraichi et debarrasse de la poussiere, des balles, des grenailles, des insectes, vers, alucites et charancons qu'il contenait au moment de l'emma- gasinage. Ainsi nettoye, il glisse sur le plancher superieur du com- partiment dans lequel il retombe en pluie, par une fente etroite, menagee dans le plancher. Le mouvement descensionnel du grain dans l'interieur des com- partiments s'opere par tranches verticales et par couches horizon- tales, de telle sorte qu'il suffit d'ouvrir successivement chacune des trappes disposees entre les poutrelles, pour que tout le ble emma- gasind ait etc remue. Le travail des godets restant le meme, on peut, en ouvrant une trappe seulement ou plusieurs trappes a la fois, e'est-a-dire en donnant le mouvement a une ou plusieurs tran- ches verticales de la masse du grain, accelerer ou retarder l'ecoule- ment partiel, suivant que la qualitc du ble le rend convenable. Cette consideration a conduit M. Huart a negljger l'emploi, plus simple, mais trop regulier, d'un mecanisme pour la manoeuvre des trappes. Pour regler le mouvement descensionnel et en assurer la conti- nuite, M. Huart a rencontre de grandesdifheuites par suite du phe- nomene particulier que presentelecoulement des grains deble, ph£- nomene dont P. de Girard n'avait pas tenu compte et qu'il a reconnu des ses premiers essais, lorsqu'ayant d'abord dispose^ le fond de ses compartiments sous la forme d'une tremie presentant une ouverture unique et carree, il remarqua qu'd ne s'operait point de glissement sur les plans inclines de cette trdmie, et que le debit de l'orifice de COSMOS. 161 sortie, se bornant a rejeter sans cesse les memes grains que l'cle- vateur ramenait toujours au sommet, toute la masse du Me restait immobile. Or, il fallait donner le mouvement a toute la massft, et c'est dans ce but que l'auteur a substitue au fond de tremie la disposi- tion ci-dessas decrite, qui fait ecouler le grain par tranches verti- cales successives , ayant pour hauteur celle du compartiment , et pour epaisseur l'intervalle compris entre deux poutrelles voisines. En outre, pour assurer le mouvement de chaque tranche sur toute sa longueur, M. Huart a divise le fond du compartiment par plu- sieurs series de diaphragmes inclines a 45°, dont les intervalles et les dimensions ont ete calcules, de maniere a livrer successivement passage, sur toute la longueur de la tranche, a une meme quantite de grain qui s'ecoule avec une vitesse rendue uniforme par l'egalite du frottement. L'effet de cette disposition ingenieuse est de forcer la masse en- tiere de la tranche a contribuer regulierement au debit de l'orifice de sortie, en determinant un mouvement general de descente qui entraine le grain par couches horizontales. La regularite de ce mou- vement peut etre constatee a. travers des lames en verre que M. Huart a disposers dans le coffrage d'un des compartiments extremes de son magasin. Le frottement continuel que la tranche en mouvement exerce contre la tranche voisine, contre les parois verticales du comparti- ment et contre les plans inclines du fond et des diaphragmes, ceiui que les diverses colohnes de la meme tranche exercent les unes contre les autres en se presentant concurremment aux ouvertures des diaphragmes et a l'orifice de sortie, constituent un veritable brassage dont Taction rend encore plus efficace le retournage du grain par la vis, et son nettoyage par le crible. Une machine a vapeur, de la force de quatre chevaux, donne le mouvement au systeme ; un homme suffit a diriger et a surveiller le fonctionnement du mecanisme , dont le jeu retourne en moins de vingt-quatre heures les 10 000 hectolitres emmagasines. On voit que clans le grenier Huart, le mouvement et l'aerage sont continuels et energiques. Le ble, s'ecoulant par l'orifice de sortie, glissant par petites nappes dans l'auget inferieur, conduit et retourne par la vis, rec;u par l'elevateur, transporle par les godets au sommet du grenier et rejete par eux sur le crible , rafraichi et ventile par ce crible et re- tombant en pluie sur le sommet du tas, est remue de la maniere la 162 COSMOS. plus complete ; et tous les grains , sans exception , recoivent , a plusieurs reprises, la salutaire influence des courants d'air. Ces diverses operations degagent si parfatement le ble des impu- retes qui y etaient melees , qu'en sortant du grenier il ne donne plus qu'un dechet de 0,50 pour 100 au nettoyage ordinaire de meu- nerie. La dessiccation du grain s'opere dans le grenier Huart par le seul fonctionnement de la machine. Du ble emmagasine humide y ac- quiert bientot de la coriacite et de la souplesse , devient brillant, glissant a la main et sec, a ce point que M. Huart , qui est aussi meunier, se voit parfois oblige, pour lui rendre le degre d'humidite convenable a la mouture, de le soumettre a. un jet de vapeur quel- ques heures avant de l'envoyer au moulin. Apres avoir vu fonctionner le magasin de M. Huart, a Cambrai, apres en avoir reconnu le merite et disrate les avantages, la Com- mission sup^rieuie des subsistances militaires en a recommande" l'emploi au ministre de la guerre dans les termes suivants : « De quelque perfectionnement que le systeme de M. Huart soit encore susceptible, nous pensons qu'il reunit des aujourd'hui , tel que rinventeur le presente, toutes les conditions desirables pour la conservation des grains, a savoir : " Economie d'etablissement, faible depense d'entretien, capacite considerable, mouvement periodique ou continu de toute la masse du grain, ventilation, nettoyage, entretien de la temperature basse, dessiccation progressive et preservatrice des atteintes des insectes et des animaux rongeurs. « Nous sommes convaincus que, par la suite, l'adoption du ma- gasin Huart dans le service des subsistances militaires procurerait a l'administration de la guerre des avantages quelle a vainement cherchu a realiser jusqu'a ce jour. L'application de ce systeme lui permettrait desormais d'entretenir sans dechet, sans frais extraor- dinaires , les approvisionuements de reserve qu'elle pourra former pendant les annees d'abondance, de centraliser le service de la ma- nutention des grains dans quelques grandes places de l'interieur, de creer de vastes entrepots dans nos principaux ports de l'Ocean et de la Me'diterranee , de reunir enfin , au moment du besoin , sur tel point determine de notre territoire , toute la quantite necessaire a l'alimentation d'un rassemblement inopine. « Enfin et surtout , la nourriture du soldat serait desormais as- suree dans des conditions de salubrite que notre systeme actuel d'emmagasinage n'a pas toujours permis de remplir, surtout lorsque COSMOS. 163 l'administration, contrainte, au moment des disettes, a faire des achats considerables sur les marches etrangers, a du entasser clans ses greniers des bles de toute provenance et d'une conservation difficile. » Le Ministre de la guerre a accueilli les propositions de la Com- mission, et il a decide, au mois de juillet dernier, qu'un grenier du systeme Huart , de la capacite de 20 000 hectolitres environ, se- rait L^tabli dans les magasins du quai de Billy ; ce grenier est au- jourd'hui termine, et il fonctionne depuis plus d'un mois ; les resul- tats de l'experience out Justine jusqu'a ce jour les esperances de l'administration. La description que nous venons de donner des greniers de M. Huart suffira sans doute a l'Academie pour lui permettre de re- connaitre que leur seul rapport avec les greniers de Philippe de Gi- rard consiste dans le principe de l'emmagasinement par grandes masses avec mouvement et aerage. Ce principe n'est la propriete ni de celui-ci, ni de celui-la , il est dans le domaine public depuis un siecle. Quant aux procedes mis en ceuvre pour le remuage et la venti- lation, ils different de la maniere la plus notable dans les deux sys- temes : « M. Huart, en negligeant de s'astreindre a la condition deren- fermer la manutention dans I'interieur des silos , condition que la surveillance des grands etablissements publics rend superflue, a re- solu d'une maniere ingenieuse le probleme de l'ecoulement regulier du grain ; tandis que Philippe de Girard , enfnegligeant de re'soudre cette difficulty, qu'il ne parait pas meme avoir soup9onnce, a pro- bablement manque le but qu'il se proposait d'atteindre. Si M. Huart emprunte, comme son predecesseur, le mecamsme du chapelet , c'est dans des conditions differentes , car cet appareil n'a guere, dans son systeme, que le role d'elevateur, le remuage du grain etant oper6 par d'autres mt-canismes, tandis qu'il remplit a lui seul celui d'agitateur>dans le systeme de Philippe de Girard. Enfin le mode d'aerage en vase clos de Philippe de Girard ne trouve aucune ap- plication dans le grenier de M. Huart, qui ventile a l'air libre le ble retire des silos. « Le rapport, dont les conclusions sont adoptees a l'unanimite par l'Academie, affirme, en resumant, que les moyens d'aeration et de ventilation adoptes par Philippe de Girard manquent leur but ; qu'il ne peut pas y avoir de conservation efficace des bles sans ventilation a l'air libre ; que les procedes d'agitation , d'aeration et de ventila- 166 COSMOS. tion du systemo adopte par M. Huart sont les meilleurs de tous ; et que, par consequent, il a Ifi preniier resolu d'une maniere complete ]e grand probleme de la conservation des bles; qu'enlin, la reclama- tion de Mme de Vernede ne repose sur aucun i'ondement legitime. — L'Academie avait a nommer dans cette seance deux candi- dats pour la place vacante au sein du bureau des longitudes. Les candidats proposes par la commission et dont les titres avaient ete discutes en comite secret, etaient, en premiere ligne, M. le contre- amiral Jacquinot; en seconde ligne, M. le contre-amiral Mathieu. L' election a donne un resultat tout a fait inattendu ou du moins eompletement en dehors des candidatures officielles. Dans la pre- miere election celle du premier candidat, sur 53 votants, M. le capi- taine Duperrey, membre de l'lnstitut, a obtenu au premier tour de scrutin 32 voix , contre 19 donnees a M. Mathieu et 1 a M. Jac- quinot. Dans la seconde election, M. Mathieu a obtenu 28 suffrages, contre 22 donnes a M. Jacquinot. En consequence, M. Duperrey est le premier candidat de l'Academie , et M. Mathieu le second. Nous avons ddja rappele" que dans la derniere nomination de can- didats, M . Duperrey avait ete propose" par l'Academie, en premiere lio-ne et a la presque unanimite des suffrages. Le gouvernement ce- pendant, et il en avait le droit , ne crut pas devoir le nommer a la place vacante. Lorsqu'il a ete question d'une nouvelle election , M. Duperrey a declare formellement qu'il ne se portait pas candidat, et prie ses confreres de reporter leurs votes sur son ami M. le contre- amiral Jacquinot ; il ne veut pas exposer l'Academie a voir une seconde fois son candidat repousse par le gouvernement. La ma- iorite de l'Academie n'a pas tenu compte de ses scrupules et de cette delicatesse . Elle a voulu proposer une seconde fois le plus di°ne a ses yeux de remplir le vide laisse par la mort de M. l'ami- ral Baudin. Nous aurions appris avec beaucoup de bonheur la nomination de M. Duperrey, d'autant plus qu'apres avoir grande- ment honor^ la France, il a pour toute fortune sa retraite de capi- taine de frdgate et ses honoraires d'academicien. Un decret du 7 fe.vrier, mardi, nomme M. le contre-amirnl Mathieu membre du bureau des longitudes. — M. Le Verrierentretient l'Academie d'une reclamation assez extraordinaire soulevee par M. Colla, directeur de l'observatoiie de Parme. Dans une premiere lettre du 17 Janvier, M. Colla, qui n'avait pas encore entendu parlerdela comete decouverte le 14 par M. Dien a Paris et par M. Vinneeke a Berlin, ecrit a M. Le Verrier qu'il n'a presque jamais perdu de vue la comete de M. Klmkerfues COSMOS. 165 que tous les autres astronomes ont cesse de suivre depuis au moins deux mois. Le 26 Janvier il ^crit qu'il vientde voir cette meme co- mete pres de l'etoile 9 de la Vierge ; le 29, il l'a retrouvee entre 9 et a de la Vierge ; et comme elle est assez voisine de Ja comete an- noncee comme nouvelle par M. Dien, M. Colla, qui affirrae l'avoir vue le 21, le 23, le 24 et le 29 decembre, croit etre en droit de re- vendiquer cette derniere comme sienne. II nous semble impossible que le monde savant puisse ratifier cette reclamation de priority , fondee sur des observations si vagues, etsurtout lorsque l'auteur de la decouverte n'en avait pas la conscience alors qu'il la faisait. En dehors de la discussion de priorite, la lettre de M. Colla souleva une question scientifique. Quelle est de fait la comete, ou quelles sont les cometes que M. Colla a vues en decembre et en Jan- vier 1 M. Le Verrier croit qu'il a vu d'abord la comete de M. Klin- kerfues, puis la comete de M. Bruhns que les astronomes ont aussi cesse* d'observer, et enfin peut-etrela comete de M. Dien. M. Colla, au reste, doit etre en possession, sur ses registres, de nombres plus precis que ceux de ses lettres , et qui pourront mettre ses droits mieux en evidence. Nous serons heureux de lui rendre pleine et en- tiere justice , alors meme qu'il en resulterait pour la France une petite perte d'honneur. — M. Le Verrier depose aussi sur le bureau de nouvelles obser- vations de la comete de Janvier, faites a Paris , a. Toulouse, a Flo- rence, etc. A l'aide de ces observations, on pourra bientot calculer les dements de son orbite. — M. Coste prdsente a l'Academie un magnifique volume in-folio imprime avec le plus grand luxe a l'imprimerie impe>iale, et qui a pour titre : « Voyage d exploration sur le littoral de la France et de Cllalie; Rapport a M. le Ministre de l'agriculture, c!u commerce et des travaux publics , sur les industries de Commachio , du lac Fu- sario, de Marennes , et de l'anse de l'Aiguillon , par M. Coste. » 184 pages de texte, et 10 belles planches lithographiees. Dans une introduction de 28 pages , M. Coste rend compte a. M. le Ministre des resultats de la mission qui lui avait ete confiee, d'organiser a Huningue un etablissement de pisciculture. Nous ana- lyserons rapidement ce tableau anime, peutetre un peu trop en- thousiaste : " Des delegues de toutes nos provinces, de toutes les parties de 1'Europe , attirds par le bruit et la nouveaute d'une pareille entre- prise, sont venus en foule visiter les lieux ou elle allait s'accomplir, ety recevoir, des mains genereuses de l'Etat, l'instruction aux pra- 166 COSMOS. tiques d'une industrie qui promettait au monde une source feconde d'alinientation ! « Nous avons distribue cette annee plusieurs millions d'ceufs fecondes, soit de saumon, soit de truite commune, soit d'ombre-che- valier, soit de fera, soit de giande truite des lacs. Un grand nombre de ces ceufsont ete expedies aux etablissements fondes a l'imitation de celui d'Hur.ingue, en France, en Angleterre, en Allemagne, en Suisse, etc., etc, » •• MM. Edmond et Thomas Abhworth sont venus a Huningue, en ont recu des ceufs, et se sont livres a des essais dans la pecherie de Loug Corrib, en Irlande : 1' annee derniere, 250 000 saumons sont eclos par leurs soins. A leur exemple, et sous leur direction, M. Ramsbottom en a obtenu 350 000 sur les bords de la riviere du Tav, et M. W. Ayrton une quantite a peu pres egale dans la Dee. •• Sous la presidencede lord Gray, 1' Association des propriutaires, pour la propagation du saumon dans la riviere du Tay, a fait creuser pres de Perth un reservoir ou 1'alevinage en grand , pratique sui- vant la methode du College de France, reussit d'une maniere inat- temlue : 300 000 jeunes poissons provenant de fecondations arti- ficielies y sont nourris avec de la viande pilee et grandissent rapi- dement sous l'influence de ce regime — L'eau parait vivante, tant ils sont nombreux et alertes.... II est etonnant que tant de milliers de poissons puissent vivre et grossir comme ils le font dans un aussi petit espace. « M. le Ministre a voulu que l'etablissement d'Huningue continue son ceuvre en devenant une sorte d'atelier de production, ou mieux, de pepiniere qui distribue des grained et fasse des essais d'acclimata- tion. II versera tous les ans ses produits dans les etablissements secondaires, que l'industrie privee ou les conseils generaux organi- sent dans les departements, et par 1,'i n terra edj aire de ces Etablisse- ments dans toutes les eaux de France. Ce laboratoire modele, tou- jours ouvert comme nos fermes-ecoles, a ceux qui voudronts'exercer aux manipulations, sera le permanent theatre du perfectionnement de toutes les pratiques, et les fera prevaloir par l'exemple de leurs heureuses applications. Son action sera a la ibis speciale et univer- selle: speciale par laproduction, 1'alevinage, racclimatation; univer- selle, par le lien que les distributions annuelles de graines animales lui donneront dans les piscines regionales. » Nous bomerons la, aujourd'hui, nos citations, mais en prenant l'engagement d'extraire du volume de M. Coste tout ce qu'il ren- ferme d'un grand interet ou d'une grande utihte. II a decnt brieve- COSMOS. 167 ment a l'Academie la belle industrie de la lagune de Commachio, et indique par quel moyen, en f'aisant descendre des fagots au fond des huitrieres, on pouvait s'emparer de toute la generation nouvelle pour la transporter et 1'elever ailleurs. — M. Longet, chins un memoire ecoute avec la plus grande at- tention, expose ses nouvelles recherches relatives a Taction du sue gastrique sur les matieres albuminoides. Presse par le temps et resserre par l'espace , nous nous contenterons aujourd'hui de citer textuellement les conclusions du savant physiologiste ; nous indi- querons une autre fois la portee de ces experiences, telles que nous les avons comprises. " J'ai signale une propiete nouvelle dans le produit de transfor- mation des matieres albuminoides par le sue gastrique. " J'ai fait connaitre un moyen de distinguer ces memes matieres avant et apres l'elaboration digestive. « L'absence de reduction du tartrate de cuivre et de potasse ne prouve pas necessairement l'absence du glucose. •• Toute substance albumino'ide s implement dissoute dans le sue gastrique, et a laquelle on a ajoute du glucose , ne fait que gener la reduction du precedent sel de cuivre. « Cette reduction peut , au contraire , etre tout a fait empechee par la substance albumino'ide melee a du glucose , quand celle-ci a d'abord subi Y action transfarmatrice du sue gastrique. « Cette influence ( en quelque sorte neutralisante des reactions habituellesau glucose) de toute matiere albumino'ide ainsi metamor- phosee , se manifeste aussi bien lorsque ces produits se trouvent seuls en presence, que quand ils ont £te melanges avec le liquide sanguin, soit artificiellement.soit physiologiquement a lasuited'une alimentation mixte. " C'est ainsi qu'il faut s'expliquer que dans mes experiences sur les animaux soumis a ce genre d'alimentation , la fermentation al- coolique ait pu demon trer dan's le sang de la veine-porte une quan- tity notable de glucose que le tartrate cupro-potassique n'avait pas accusee. " Ce que ne saurait plus faire un simple reactif chimique, sem- ble etre accompli , toujours et a coup sur dans l'economie , par le foie qui agit comme une sorte de nitre propre a isoler les deux pro- duits ultimes de la digestion des matieres albuminoides et saccha- rines , d'abord confondus et comme masques l'un par l'autre pen- dant un certain parcours. « Cette derniere proposition , implicitement contenue dans ce 168 COSMOS. memoire, recevra son deVeloppement et ses preuves dans un autre travail. » M. Porro presente a l'Acad&nie un opuscule en italien qu'il vient de publier sur la reforme du cadastre en Piemont, a l'occasion d'une loi presentee aux chambres legislatives de Turin, pour la ses- sion de 1855. Cet opuscule souleve des questions tres-importantes que nous aborderons dans une de nos prochaines livraisons ; il s'agit de prouver comment , en adoptant la nouvelle mdthode de triangulation et d'arpentage que M. Porro designe sous le nom de Tacheometrie, on peut simplifier et rendre plus exactes, dans une proportion considerable, avec de notables economies, les operations du cadastre. M. de Paravey donne, d'apres les encyclop£dies chinoise et iaponaise, quelques details interessants sur les diverses especes d'i- gnames. M. Prescott-Joule, a l'occasion d'une note presentee recemment par M. Person et que nous avons reproduite, croit utile de resumer 1' ensemble de ses recherches sur l'equivalent mecanique de la cha- leur. Nous dirons simplement aujourd'hui que la valeur de l'equi- valent definitivement adoptc par M. Joule est 423, nombre qui, comme nous l'avons vu, s'accorde parfaitement avec les experiences de M. Seguin, qui a pose longtemps avant M. Joule les bases de la th£orie dynamique de la chaleur, et fait en grand des experiences dont on put deduire le nombre fondamental de cette theorie. — M. Dareste adresse une nouvelle note sur les mers de lait. M. Roset donne le resultat de quelques experiences thermo- me'triques faites par lui pendant les dernieres neiges. II a vu que de trois thermombtres places sous la neige, sur la neige et dans Fair, le premier se refroidissait le moins ; celui sur la neige indiquait une temperature plus basse, mais moins basse que le thermometre de l'air. M. le docteur Perrin envoie, pour le concours de statistique, des recherches sur les rapports de la fievre typho'ide avec la petite verole; il croit avoir de'montre invinciblement contre M. Carnot, que la vaccine n'est absolument pour rien dans la pretendue multi- plication des fievres typho'ides et l'accroissement preHendu de mor- talite dans la jeunesse. A. TRAMKLATf, proprietaire-gerant. rAUIS. JMrRIMERIE DE W. REMQUET ET cie, RUE GARANCIERE, 5. T. VI. l6 EEVRIER i855. QUATR1EIME ANNEE. cosmos. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. Une nouvelle machine a calcul vraiment remarquable a fait son apparition dans le monde savant de Londres. Elle ne calcule pas seulement les series jusqu'aux quatriemes differences et avec quinze chiffres , elle imprime en outre les resultats des calculs, ou les sommes des series jusqu'a la septieme d^cimale inelusivement. Elle a ete invents et construite par M. Scheutz, de Stockholm, qui a consacre huit longues annees a cette difficile entreprise. La ma- chine a deja re9U l'approbation de l'Acad£mie royale des sciences de Suede, et on lit, dans le rapport dont elle a £te l'objet, cette phrase tres-propre a dcnner une idee des services qu'elle peut rendre : « Cette machine permettra de calculer des tables de loga- « rithmes plus completes que celles publiees jusqu'ici; l'etendue, <■ l'exactitude et le bon marche des nouvelles tables les feront re- •' chercher par-dessus toutes celles calculees par les anciens pro- « cedes analytiques. » La Soci^te" royale de Londres a charge une commission prise dans son sein de lui faire un rapport sur la puissance, l'execution et les fonctions de la machine de M. Scheutz. » II nous sera donne sans doute de voir bientot a Paris cette nouvelle merveille, moins dlendue dans tous les cas que l'arithmonietre de M. Thomas de Colmar qui va jusqu'a 20 et 30 clnffres; M. Thomas, lui aussi, a eu souvent la pensee de faire imprimer par sa machine les resultats des operations; il y a pense tout recemment encore, a F occasion d'un vceu ^mis par M. Le Ver- rier ; rien au fond ne serait plus facile, et la combinaison mecanique qui realiserait cette derniere operation est trouvde depuis longteinps, mais elle n'avait pas paru avoir jusqu'ici un assez grand degre" d'utilite, et elle seinblait devoir augmenter dans une proportion trop elev^e le prix des arithmometres pour qu'on s'y soit arrets s^rieusement. — Nous croyons devoir reproduire textuellement les conclusions du rapport du marechal Vaillant relatif a la reclamation suscitee par madame de Vernede en faveur de son oncle Philippe de Girard, 7 170 COSMOS. contre M. Huart: « Sons nous iramiscer dans une question de pro- piietc, qui estdu ressort des tribunaux, et nous bornant a l'examen que nous venous de faire des disposilifs ct appareils proposes jusqu'a ce jour pour la conservation des bies, nous croyons pouvoir declarer cue celui de M. Huart est supeneur a tous les autres, et qu'a lui revient l'honneur d'avoir le mieux r^solu, jusqu'a ce jour, cette question importante de la conservation des bles. Si parini les nom- breux problemes que s'est proposes Philippe de Girard, et dont il n'a pas toujours pour.-uivi la solution jusqu'au succes, il en est quolques-uns qui out ele plus heureusement abordes et resolus par d autres, sa mcmoirenesaurait en souffrir, etil a rendud'assez grands services a l'industrie pour quesa place soit toujours marquee au rang des inventcuis utiles. - II est impossible de parler un langnge plus digne, plu^fermeet plus corciliant ; et c'est vraiment un beau spec- tacle, un spectacle que !a France pouvait seule donner au mnnde, que celui d'un marechal , ministre de la guerre, venaut, au milieu des preoccupations les plus graves et des evenements les plus con- siderables, discuter et resoudre , au sein pacifique d'une Academe, une questionou se trouvent enjeu a lafois les inteiets de la science, de la justice distributive et de I'humanite. Nou-s regrettons que l'atlention publique n'ait pas £ie" plus vivement excitee par un eveneinent d'une grande portee qui s'est accompli ces jours demurs. Le prix de vingt mille francs qui doit etre donne chaque annee pendant cinq ans , au planteur algerien avant recolte sur une etendue de dix hectares au moins, les cotons les meilleurs et les plus al-ondants, a ete partage, pour le concours de 1854, entre MM. Ma-que!ier tils, Dupre de Saint-Maur et Com- paseur, Steichen. Un arrete royal du 2 deeembre dernier decerne a M. Plateau le prix quinquennal consistant dans une sorame de 5 000 francs. Nous applaudissons de grand coeur a cet acte de justice eclairee, et Ton nous pardonnera d'exprimer le regret que la commission de l'Academie des sciences, chargee de juger le concours ouvert pour le pnx relatif aux phenomenes capillaires, n'ait pas remarque et si- gnals aussi le grand travail de M. Plateau comme digne de ses hautes recompenses. Les recherches de M. Plateau sont un pas im- mense, un pas imprevu dans la theorie des phenomenes capillaires, une confirmation eclatante des principes fondamentaux de la theorie de Laplace. Nous convenons sans peine qu'elles ne remplissent pas completement le programme academique, mais elles font mieux, infiniment mieux et plus que ne le voulait le programme, que ne 1 avait prevu le programme. Nous le disions l'autre jour encore, les programmes de nos prix des sciences physiques et mathematiques sont tous ou presque tous mal poses; au lieu d'attirer et d'exciter 172 COSMOS. le genie, ils le repoussent et lui coupent les ailes ; on est ainsi re-- duit a ne rien couronner, ou a ne couronner que de pales mediocrites. Nous publierons prochainement l'analyse du second memoire de M. Plateau, on verra mieux alors dans quelles proportions inespd- r£es elles etendent le champ des phenomenes capillaires. — On lit dans \' Jthencvum anglais : « Le comite general nomine- par la Societe royale de Londres, pour diriger et rendre digne de l'Angleterra la representation a ['Exposition universelle de 1'industrie des appareils de philosophie naturelle, de physique et de mathematiques , a tenu sa derniere reunion a Malborough House jeudi dernier. Le nombre des savants distingut% composant cette commission, et qui ont assiste aux reu- nions a toujours ete considerable ; l'appui zele qu'ils ont donne au roimstere du commerce pour l'aider a remplir glorieusement sa no- ble mission, devra etre consider^ par nos voisins d'outre-Manche comme une expression eloquente de la sympathie et de l'admira- tion de nos corporations scientifiques pour l'ardeur avec laquelle la France, malgrc les empechements et les difficultes de la guerre, poursuit les conquetespacifiques des arts et des sciences. Nous ap- prenons que 1'astronome royal, M. Airy, enverra a l'Exposition un modele de grandeur naturelle du grand cercle des passages de Greenwich, execute sous sa direction, aux frais du gouvernement anglais. Les telescopes de lord Rosse, de Lassell et de Nasmyth se- ront representees aussi par des modeles. L'astronome royal d'Edim- bourg, M. Piazzi Schmyth, se propose de son cote d'envoyer plu- sieurs instruments d'une grande utilite. M. Cook d'York tient a prouver que si les fabricants d'instruments d'astronomie de l'An- gleterre ont vu pendant quelques annees leur renommee palir, ils sont en voie de resurrection glorieuse. L'Observatoire de Kew ex- posera sa collection complete d'instruments magndtiques et meteo- rolo°-iques, qui seront montes et mis en ceuvre a Paris, sous la sur- veillance de M. Welsh. Le bureau de l'Ordonnance exposera les grands theodolites dont il se sert dans les triangulations, et des cchantillons de ses cartes sur diverses echelles. La direction des cartes geologiques prepare aussi une collection qui puisse donner une idee complete de ses tiavaux. Parmi les maitres de la science, nous pouvons citer au nombre des exposants les noms illustres dTIer^chel, de Brewster, de Sabine, de Smyth, de Tyndall, de James, de de Labeche, de Willis, de Sheepshanks, de lord Wrot- tesley, de lord Rosse, de Snow Harris, de Wheatstone, de Lassell, de Warren de La Rue, de Grove, d' Arnott, de Frankland, de Gas- COSMOS. 173 siot, de Brodie. Quoique d'abord il se soit manifesto une certaine repugnance a exposer parmi les fabricants d'instruments de physi- que proprement dits, les resistances sont deja vaincues pour la plu- part, et outre quele nombre des exposants de cette categorie est de'ja. de 98, il est parmi les absents tres-peu de noms denature a inspirer des regrets. On voit avec plaisir, par la liste des exposants, que plusieurs des grandes institutions de Londres, cotnme le college de TUniversite , le college Saint-Guy, Institution de Londres , en- voient des collections de leurs produits et de leurs oeuvres. ■» — MM. Deleuil pere et fils nous ont invite a venir voir dans leurs ateliers l'appareil qu'ils ont construit pour la mise a execution de l'idee fantastique du docteur Carosio , qui pretend transformer la pile a gaz de Grove en source feconde et economique de force motrice. Cet appareil vraiinent extraordinaire est tres-habilement construit sur les plans de l'auteur. Ce sont deux grands cylindres formant l'un la pile, l'autre le voltametre. Les parois du premier cylindre sont en gutta-percha parfaitement moule ; il est divise en deux compartiments par une cloison en terre poreuse ; le lon°- de chaque compartiment regne un cylindre de charbon tourne au tour et auquel sont appendues 120 plaques rectangulaires aussi en char- bon, constituant les elements negatifs de la pile a gaz. Cette pile compte done deux fois 120 ou 240 elements. Le cylindre -enve- loppe sera rempli a moitie d'eau acidulee par 1'acide sulfurique • puis d'un cote avec de l'oxygene, de l'autre avec de l'hydrouene. Le voltametre a ses parois en verre ; il est partage aussi en deux compartiments par un diaphragme en porcelaine poreuse , et dans la longueur de chacun des compartiments regnent trois tubes re- couverts de feuilles de platine. Les feuilles de platine d'un des com- partiments communiquent avec le pole positif de la pile a «-az ; les feuilles de l'autre compartiment communiquent avec le pole nega- tif : le premier compartiment sera rempli moitie d'eau acidulee moitie de gaz oxygene ; le second, moitie d'eau acidulee, moitie de gaz hydrogene. Quand la pile sera armee comme nous l'avons dit etle devra engendrer des torrents d'electricite : le voltameire, en communication avec la pile , devra engendrer a son tour des tor- rents de gaz ; ces torrents de gaz devront enfin souleverles pistons enormes d'une toute puissanle machine ! Parturient monies! — Consolons-nous da desappointement de cette premiere visite par le delicieux sentiment d'admiration et de joie que nous avons ressenti en voyant fonctionner, dans les ateliers de MM. Destouches et Comp., rue Saint-Mart in, la belle pendule electrique de M. Ro- 17ft COSMOS. bert Houdin ; ce sera bien certainement une des merveilles de l'Ex- position universelle. Par un de ses plus habiles tours de force, Til- lustre pre^tidigitateur a su escamoter deux difficultes presque insur- montables : l'influence perturbatrice des variations du courant sur les pulsations du pendule nioteur; l'influence destructive de la rup- ture des contacts. Nous pourrions , quoique nous ne l'ayons vue qu'une fois, decrire cette horloge magique , d'une simplicity, d'une grace, d'un fini incomparables ; oil tout est prevu, ou toutes les regies de la science , de l'art , sont appliquees avec un bonheur presque insolent ; mais nous attendrons, pour en donner la description avec figure, que l'inventeur ait pris son brevet d'invention. Nous dirons seulement que la construction de cette pendule a dote l'horlogerie d'un mecanisme nouveau qui recevra des applications innombrables, mecanisme tour a tour actif et passif, qui, au moment voulu, abdi- que sa puissance sans remords et sans resistance. Mais arretons- nous, car 1'enthousiasme nous rendrait indiscret. — Enregistrons encore une nouvelle qui fait grand honneur aux fabricants francais. MM. Breton freres avaient recu, pour TUniversite romaine, une commande de nombreux appareils de physique ; l'un d'eux, M. Andre Breton, a eu l'heureuse pensde d'aller lui-meme a Rome faire livraison des instruments que l'Universite devra a la g6- ne'rosite du souverain pontife Pie IX. Grace a la bienveillante recommandation de M. Volpicelli et de quelques autres prelats et savants romains, il a ete admis a faire avec ses appareils, en plein Vatican et en presence de Sa Saintete, quelques-unes des plus belles experiences de la physique moderne, l'experience entre autres de la lumiere electrique, qui a excite au sein de la Curia romana des tran>-portsd'admirationetd'etonnement. MM. Breton encore avaient obtenud'offrirau souverain pontife l'appareil electro-niddica! qui a fait leur reputation etleur fortune; !e modele que M. Andre Breton avait apporte etait travaille avec le plus grand soin, et splendidement orne- ; la cage en cristal permettaitde voir le mecanisme interieur; Sa Sain- tet6, avant de l'accepter, a voulu le voir fonctionner et eprouver ses effets, qui passent, par une gradation aussi habile que simple, d'une sensation a peine sentie a des commotions violentesquel'organisation la plus robuste ne saurait supporter. Des felicitations touchantes, d; s benedictions parties d'un cceur paternel, unemedaille d'or, sont pour MM. Bnton la plus douce et la plus chere des recompenses qu'ils aient encore obtenues. P. S. Nous avons etc surpris a la fois et afflige, d'une reclama- tion adressee a M. le redacteur de la Revue dc I 'instruction puiHque, COSMOS. 175 par M. Wohler, professeur de chimie a l'Universite de Gottingue. L'illustre correspondant de l'Academie nous accuse d'avoir change" les termes et le sens du post-scriptum d'une lettre ecrite recemment par lui a M. Dumas. Notre justification sera facile ; d'abord nous n'avions pas lu le post-scriptum, et nous n'avions appris ce qu'il con- tenait que par ce que nous en a dit M. Dumas ; nous avons expresses- men t declare en le publiant, que nous en donnions la substance et non le texte precis. Voici ce texte communique par M. Wohler : « J'ai suivi avec le plus vif interet les observations de M. Deville sur l'aluminium. II est extremement curieux que ce chimiste en ait fait frapper des medailles. Supposant que vous- meme , Monsieur, vous possedez plusieurs echantillons de son aluminium lamine ou en fil , j'ose vous exprimer le grand plaisir que vous me ferez en m'envoyant un tres-petit bout de ce metal , afin que je puisse le montrer dans mes cours comme souvenir precieux de M. Dumas. « Vous le voyez, ajoute M. Wohler, ce qui precede est bien different de ce que me fait dire M. Moigno. Qu'avons-nous done dit, et notre version est-elle vraiment, contre l'honneur de M. Wohler, un atten- tat qui exige une reparation? « Voici notre paraphrase : « J'ai suivi avec le plus vif interet (dit en substance M. Wohler), les recherches sur l'aluminium de M. Ste-Claire Deville ; mon etonnement a ete grand quand j'ai appris qu'il etait parvenu a faire frapper une me- daille avec raluminium pur. J'ai de la peine a comprendre qu'on ait pu amener aun tel etat de tenacity, de ductilite, de malleabilite,un metal qui ne s'etait montre- a moi que sous la forme d'une poudre terreuse sans eclat. Si vous pouvez me procurer une lame aussi petite que vous voudrez, de '/aluminium transforme, ce sera pour moi une bonne fortune , et je serai heureux de la montrer a mes Aleves dans mon cours. » Avec la meilleure volonte" du monde, il nous est impossible de reconnaitre que nous ayons altere, et altere dans une intention mauvaise, le sens des paroles de M. Wohler, entre son post-scriptum et notre version, il y a la difference ordi- naire, inevitable, entre une transmission orale par intermediate et un texte ecrit; au fond le texte de M. Wohler ne signifie rien de plus, rien de moins que ce que nous lui avons fait dire en substance. Ajoutons que dans ce meme article nous le proclamions l'inventeur de l'aluminium. Si nous l'avons contriste, e'est bien contre notre intention. On nous a souvent accuse d'etre trop favorable aux sa- vants Grangers, et e'est presque la premiere fois que nous enten- dons formuler l'accusation contraire. De fait, nous ne cherchons que la verite\ PHOTOGRAPHIE. Nous presenterons dans quelques jours a l'lnstitutet a la Soci£t6 d' encouragement des negatifs et positifs sur papier prepare a la ce- roleine, que M. Stephane Geoffray a adresses de Roanne a M. Dela- haye, et qui sont vraiment merveilleux , quoique obtenus dans des conditions assez mauvaises ; i!s representent des vues du Forez. Pour que tous les photographes puissent tirer parti de ses pro- cedes, certainement riches d'avenir, M. Geoffray aussi s'est decide" •a faire preparer de la ceroleine sous sa responsabilite personnelle, et a la livrer au commerce par l'intermidiaire de M. Delahaye, comme type que chacun pourra essayer de reproduire quand l'in- venteur aura donne tons les details de l'extraction de cette subs- tance. En attendant, et puisque des aujourd'hui on peut se procurer de la ceroleine, nous dirons comment on l'emploie sur verre et sur papier. Ceroleine sur?>erre. Prenez : coton-poudre, 8 grammes; esprit a 66 degres , 500 grammes ;. solution de ceroleine , 70 grammes ; sensibilises suivant le but. On voit que, dans ce collodion, l'alcool est remplace par la solution de ceroleine; il a plus de corps que le collodion ordinaire, resiste beaucoup mieiix aux bains et lavages, se transporte plus facilement sur papier, etc., etc. II est surtout pr£- cieux pour les vues; l'image gagne en profondeur. Ceroleine sur papier. L° Si le papier est mince, prenez : solution de ceroleine, 250 grammes; iodure de potassium porphyrise" , S grammes ; bromure de potassium, 1 gramme; teinture d'iode, tine goutte. 2° Si le papier est fort, prenez : solution de ceroleine, 250 grammes; iodure de potassium porphyrise, 4 grammes ; bro- mure de potassium, 50 centigrammes ; melez le tout, aidez la disso- lution complete, filtrez avec soin. L'iodure de zinc peut etre avan- tageusement sub.^titue a l'iodure de potassium, lorsque la tempera- ture elevee oblige a augmenter la dose des agents sensibilisateurs. L'addition de 1 gramme de cyanure d'iode et d'argent augmente beaucoup la rapidite de Taction de la lumiere, mais le papier se con- serve moins longtemps. Passe au bain et seiche, le papier normal ci- dessus se conserve indefiniment et devient meilleuren vieillissant.Au moment de l'employer on le place surun bain d'argent forme de : eau distillee, 100 grammes; nitrate d'argent fondu, 5 grammes; acide acetique cristallise, 12 grammes. Sur le bain, le papier prend une teinte blanc-jaunatre tres-uniforme ; on l'enleve quand, vu par trans- COSMOS. 177 parence, il ne presente plus aucune tache. Si Ton veut operer par voie humide, on etend simplement la feuille sortie du bain, et en eVitant scrupuleusement les bulles d'air, sur un verre deja recouvert d'un papier non eolith bien mouille, et on place le verre ainsi garni dans le chassis pour le porter dans la chambre noire. Si Ton doit operer par la voie i-eche, on procedeia comine il suit : au sortir du bain d'argent , lavez rapidemenl la feuille, a moins qu'elle ne soit tres-mince , dans de l'eau distillee aiguisee d'acide acetique, et suspendez-la, sans etancher, par un angle pour laisser secher : quand vous aurez prepare et obtenu ainsi, seches, le nombre de feuilles dont vous avez besoin, vous les mettrez entre les pages d'un cahier de papier buvard, separees les unes des autres. On peut aussi, avant que le papier soit completement sec, l'e- tendre sur un verre, sur un carton cire ou verni, ou enfin sur une planchette vernie en le collant sur les bords avec de la colle de fa- rine epaissie; en aehevant de se secher, le papier se tend et donne une surface tres-plane facile a placer au foyer et recevant une image d'une grande nettete. Le temps de l'exposition varie d'une minute a trois quarts d'heure, on le determinera par experience. Avant de passer lepreuve a l'a- cide gallique pour la faire venir, faites-la baigner et s'imbiber par- faitement dans un bain d'eau distillee ; laissez venir lentement sans ajouter du nitrate d'argent; le temps necesaire au parfait develop- pement varie suivant la pose, de deux minutes a trois quarts d'heure. Ausortirdel'acide gallique, lavez bien l'^preuve etfixez-la dans lebain suivant : hyposulfhe de soude, 100 grammes; eau(filtree, 1 000 gram- mes; laissez I'epreuve devenir parfartement blanche dans les clairs, lavez ensuite pendant sept ou huit heures en changeantfrequemment les eauxdu bain, faites secher completement et cirez lepreuve pour la rendre plu* transparente s'il est besoin. — M. de Poiily nous a envoye l'autre jour un positif sur verre, vu a travers la glace et qui est d'un fort bel effet, nous Ten remer- cions. II nous annonce qu'en modifiant les bains de fer il a obtenu des positifs directs de tons vraiment extraordinaires. — II semble que MM. Duboscq et Tavernier out atteint la per- fection en fait de production de negatifs sur collodion ; ils s'engagent a ne faire poser qu'une seule fois ou a reussir a coup sur. II est cer- tain que les negatifs qui ont donne les portraits d'ai tistes distingues du Gymnase et de l'Odeon, de MM. Tisserand, Baron , Bignon, Dupuis, de mesdemoiselles Berengere etlsabelle Constant, etc., ont ete obtenus d'un seul jet et donnent de tres-beaux positifs. ACRICULTURE. JOURNAL d'aGRICULTURE PRATIQUE des 5 et 20 Janvier et du 5 fe'vrier. M. Moll, professeur d'agriculture au Conservatoire des arts et metiers, dt'crit un procede de defrichement a la charrue qui a par- faitement reussi dans ses landes. Les plantes dominantes sont la grande bruyere, l'ajonc nain et de Provence, avec une foule de gra- minees, laiches, scirpes, etc. On coupe les plantes a l'arriere-saison, et on les emploie comme litiere si elles out moins de trois ans, comme combustible si elles out davantage; des que la terre est assez trempee on y met une grande charrue, attelce de six forts bceufs, conduits par trois homines, un aux mancherons, un pour toucher les bceufs ; le troisieme arme de pioche pour enlever les souches et racines qui pourraient arreter l'instrument ; le soc de la charrue doit s'enfoncer en moyenne de 30 centimetres, avec une largeur de bande de 36 a, 38 centimetres. Dans les mois de juillet ou d'aout suivant on donne un fort hersage en long, puis une facon en travers avec un de ces excellents instruments qu'on appelle en Poitou orau, qui penetrant dans les terrains les plus durs, exigent moins de tirage, se bornent a. remuer la terre, a la diviser en niiettes, doublent pres- que la surface du sol en la mettant en petites sillons, et la placent dans les meilleures conditions possibles pour recevoir l'influence des agents atmospheriques. Apres huit jours, le sol araue recoit un hersage en travers , et un roulage suivi quelquefois d'un second hersage en long ; on donne encore une deuxieme facon a l'arau en travers de la premiere; puis un dernier hersage. On tire enfln, a l'arau, a deux metres de distance les uns des autres, les de>ayures qui separent les planches ; il ne reste plus qu'a seiner. De toutes les plantes essaydees, le colza a le mieux reussi ; dans les climats doux on les semera tard, du 20 aout au 20 septembre, pour qu'ils ne fleu- rissent pas trop tot, a la voice, a. raison de 6 litres par hectare ; on repand en meme temps le noir animal a la dose de 4 a 5 hectolitres par hectare ; le tout <'st recouvert par un loger trait de herse ; on ne touche ensuite au colza que pour le n'colter. On fait suivre le colza d'un froment sur un seul labour avec 3 ou 4 hectolitres de noir ani- mal, dont 2 melds a la semence qu'ils servent a praliner. Apres le ble on seme en automne un melange de vesces et d'avoine d'hiver, pour fourrage vert, toujours sur un seul labour, et avec la meme quantite de noir ; puis sur un nouveau labour et avec quelques hec- tolitres de noir un melange de ray-gras d'ltalie, 20 kilos; fl^ole des COSMOS. 179 pres, 2 a 3 kilos ; houlque laineuse, 4 a 5 kilos; finasse, 3 a 4 dou- bles decalitres. On obtient ainsi un herbage qui donne de bonnes coupes a la premiere et a la seconde annee, et dans les cinq ou six annees suivantes un excellent paturage qu'on garde jusqu'a ce que 1'ajonc disparaisse. Le colza et le ble payent les frais de defric-hement et de culture, et laissent encore de beaux benefices ; ils fournissent en outre des masses considerables de paille; les vesces et 1'herbage servent a l'entretien du bi'tail ; les landes, ainsi, servent puissam- ment a accroitre la fertilite des anciennes terres et les revenus de la propriete. Pour prevenir l'epuisement du sol, M. Moll a eu recours a un moyen tres simple, tres-connu, ma's trop peu employe, et qui lui a donne des resultats inattendus; il a eu recours aux feuilles vertes. Entre le colza et le ble, entre leble et les vesces, entre les vesces et 1'herbage, on seme un melange de 30 litres de sarrasin, d'un litre et demi a 2 litres de moutarde blanche ; on enfouit la re- colte quand le sarrasin commence a fleurir et que la moutarde passe fleur; un seul labour, quelques hersages et 100 a 150 litres de noir praline avec la semence suffisent pour assurer une abon- dante fumure verte, qui, outre son effet fertilisant ties- prononce", presente le double avantage d'une vegetation rapide et d'un ense- mencement a tres-bon marche.En resume, Passolerrient des landes defrichees se compose ainsi : premiere annee , colza avec nnthyon par l'Academie des sciences. En 1847, M. Mallet eut 1'idee d'em- ployer les chloruresde manganese et de calcium a un etat voisin de 1'etat sec, en les melant concentres a de la sciure de bois, a de pe- tits fragments de coke et autres substances analogues, et etendant le melange sur des claies, comme on le faisait pour la chaux. Cette £puration a sec avait de grands avantages : elle restait dans les ha- 184. COSMOS. bitudcs des ouvriers; la pression du gaz n'etait que de 1 a 2 centi- metres au lieu de 8 a 9, mais il fallait deux series de cuves d'epu- ration, l'une pour l'ammoniaque, 1'autre pour l'acide sulfhydrique ; la depense etait ainsi plus considerable. En 1S48, M. de Cavaillon proposa une methode deputation par le sulfate de chaux ou platre, obtenu par la pulverisation des gra- vats. M. Mallet substitua avec avantage au platre des gravats le platre r£sidu de diverses operations cbimiques, et , en particulier, de la fabrication de l'acide stearique. Avec les sels de chaux on n'absorbe que le carbonate d'ammo- niaque: la quantite d'acide carbonique libre est diminuee , celle de l'acide sulfhydrique et du sulfhydrate d'ammoniaque est augmented; avec les sels de fer, e'est precisement le contraire : on n'absorbe que l'acide sulfhydrique et le sulfhydrate d'ammoniaque ; avec un me- lange de manganese et de chaux, comme aussi avec un melange de sulfate et d'oxyde de plomb, on absorbe a la fois le carbonate et le sulfate d'ammoniaque. On purifie encore le gaz en une seule ope- ration a sec, en faisant usage d'un melange de sel de chaux et de peroxyde de fer hydrate" avec de la sciure de bois et autres ma- tures divisantes ; l'acide sulfhydrique libre se trouve fixe" par le peroxyde de fer qu'il transforms en sulfure ; le carbonate d'ammo- niaque est fixe par le sel de chaux, chlorure ou sulfate. II reste, apies la reaction, du sulfate de fer qui se revivifie par quelques heures d' exposition a. I'air, du sulfate d'ammoniaque et du carbonate de chaux. Cette methode, tres-simple en theorie, pre- sente des iuconvenients dans la pratique, et voici le procede au- quel, en 1850, MM. Mallet et Laming se sont definitivement ar- retes avec des avantages considerables : Le gaz parfaitement condense, ne pouvant plus donner naissance a aucun depot de goudron, arrive dans une premiere serie d'epura- teurs a sec ou a dissolution, renfermant des matieres salines neutres, du sulfate de chaux ou du chlorure do manganese, etc., et y aban- donne les composes ammoniacaux. De la il se rend dans une serie d'autres epurateurs contenant de l'oxyde de fer hydrate, melange a une certaine quantite de chaux et de craie. L'absorption de l'acide sulfhydrique s'opere alors avec la phis grande facilite. Le sulfure de fer produit se rdvivifie par la seule exposition a l'air aide de 1 6- tendage et du renouvellement des surfaces. Le meme oxyde de fer peut servir jusqu'a soixante fois. Avec une houille moyennement sulfureuse et des epurateurs presentant six couches successives au passage du gaz, 1 metre cube d'oxyde de fer purifiera le gaz de COSMOS. 485 500 tonneaux de houille environ. ; or ce metre cube d'oxyde de fer coute environ le meme prix qu'un metre cube de chaux. La d^cou- verte des proprietes merveilleuses de l'oxyde de fer et son adoption ont opere une sorte de revolution dans l'industrie de reparation des gaz d'eclairage ; l'honneur de cet immense progres appartient sur- tout a M. Laming. Cet oxyde de fer se prepare tres-facilement en operant l'epuration ammoniacale du gaz bien prive" de goudron, par de la sciure de bois imbibee d'une dissolution concentree de sulfate ou de chlorure de fer. Le passage du gaz transforme le sel de fer en sulfure de fer et en sel ammoniacal ; on extrait le sel ammoniacal par le lessivage, et le sulfure de fer expose a l'air passe a l'etat de peroxyde qu'il suffit alors de melanger avec de la chaux ou de la craie en poudre, pour lerendrepropre al'absorptiondel'acide sulfhydrique dans les meilleures conditions. On pourrait meme de cette maniere preparer en grand de l'oxyde de fer pour lesbesoinsdes arts. Quantl l'oxyde de fer ne peut plus etre utilement employe a l'absorption de l'acide sulfhydrique, ce n'est pas encore un residu sans valeur ; il renferme de 30 a 40 pour 100 de soufre qu'on peut isoler sans peine, et divers produits cyanures qu'on utilisera sans aucun doute un jour. Si le procede de M. Laming etait applique dans toutes les usines de France, la quantite de soufre extraite des oxydes de fer employes a la purification des gaz et qu'on pourrait livrera la con- sommation serait de pres de 1 million de kilogrammes. Quoiqu'elle ne date encore que de quelques annees , et qu'elle ait donne lieu a. un proces en contrefacon, que M. Laming a gagne, la purification a l'oxyde de fer est deja adoptee a Paris dans les usines a gaz de la compagnie anglaise, de la compagnie parisienne, de la compagnie Lacarriere, de la compagnie de Belleville ; en province, a Orleans, Blois, Metz, Nancy, Verdun, Angers, Clermont-Ferrand, Dijon, Chartres, Beauvais, Roubaix, Tourcoing, Douai, Saint-Quentin, Chalons-sur-Marne, Saint-Germain , Boulogne-sur-Seine, etc. ; a l'etranger, a M alines, Ostende, Saint- Josse, Venise, Trieste, Ge- nes, Livourne, Geneve, Florence; c'est, on le voit, un succes im- mense et qui grandira toujours. Ajoutons un mot encore : lorsque le gaz , comme le gaz de la tourbe, contient une grande quantite d'acide carbonique, il faut , apres qu'il a ete traite par l'oxyde de fer, le diriger dans des epu- rateurs contenant de la chaux hydratee, qui se transforme en car- bonate de chaux; le carbonate, soumis a Taction de la chaleur rouge dans une cornue ou dans un four, se revivifie sans peine et re- passe a l'etat de chaux. 186 COSMOS. — M. Charles Chevalier, en son nom et au nom de l'inventeur, M. le duct our Desormeaux, pr&ente un appareil d'optique nouveau et eminemment utile, appele endoscope. L'endoscope est un instrument destine' a rendre accessibles a. la vue les olijets profondement situes dans des cavitds dont 1'oriPce ne peut admettre que des sondes dequelques millimetres de diametre. II est dispose de facon a projeter sue les objets une lumiere suffi- sante pour les rendre visibles, en meme temps qu'il ouvre un libre passage aux rayons visuels. La lumiere est fournie par une petite lampe, placeesur le cote de l'instrument, au foyer d'un miroir concave, dans une lanterne dis- posed pour activer la damme et la rendre plus fixe, en etablissant un tirage.En face du miroir concave, et de l'autre cot£ de la lampe, se trouve un miroir plan, incline a 45 degres sur l'axe de l'instrument, afin de reflechir, parallelement a. cetaxe, les rayonsjqui lui viennent de la lampe. Ce second miroir est renferm^dans un tube qui s'adapte aux sondes .introduces dans les parties que Ton veut explorer, il est perce a son centre d'une petite ouverture circulaire pour livrer passage aux rayons visuels; le miroir concave presente une surface spherique qui reflet-hit les rayons lumineux de facon qu'ils suivent la meme direction que ceux qui <5manent directement de la lampe, pour arriver sur une lentille situee entre les deux miroirs et qui les fait converger sur I'objet que Ton veut observer. Le tube qui ren- ferme le miroir oblique se termine d'un bout par une douille qui s'a- dapte aux sondes, et presente a son autre extremite un diaphragme, perce d'une petite ouverture centrale, a travers laquelle l'observa- teur regarde dans la direction de l'axe de l'instrument. Com me accessoire de l'endoscope il faut encore des sondes ou tubes droits de longueurs et de diametres, variables suivant les ca- naux ou les orifices qu'ils doivent traverser. Plus ces tubes sont larges, et mieux on distingue les objets places a leur extremite; ce- pendant on peut en employer qui n'ont pas plus de 3 millimetres et meme moins de diametre interieur; la lumiere est vive a leur ex- tremite , mnis la surface qu'ils decouvrent est si limitee que l'cb- servation devient difficile. L'interieur de ces tubes est noirci de meme que le reste de l'instrument, pour eviter toute reflexion qui pourrait troubler la vision , et ils sont pourvus d'une fente laterale qui sert a introduire soit un porte-eponge pour absterger les parties, soit des instruments destines a agir sur elles. Lorsqu'on veut observer a travers un liquide, dans la vessie, par exemple, le tube doit etre ferme a. son extremite par une glace a COSMOS. 187 surfaces parallels, inclinee sur l'axe de la sonde pour eviter qu'elle fasse miroir et renvoie vers l'oeil l'image des objets qui sont places au devant d'elle. Dans la construction de 1'instrument et des sonde?, on a eu soin dene diminuer les diametres qu'a partir du point qui doit repondre a l'orifice de l'organe, afin que le faisceau de rayons convergents ne soit etrangle* que le plus pies possible du point qu'il doit eclairer. Lorsque Ton veut fa ire une observation, on commence par placer la sonde, puis on introduit son extremite libre dans la douille de 1'instrument, oil on la fixe a l'aide d'une vis de pression. Alors, la lampe etant allumee, l'oeil place vis-a-vis 1'oua erture du diaphragme aperc/ut les objets a travers le trou du miroir oblique ; on peut dis- tinguer ainsi soit des corps etrangers, soit l'etat et la coloration des surfaces saines ou malades dans l'uretre, la vessie, l'uterus, les fosses nasales, etc. Les applications de cet instrument sont nombreuses ; nous cite- rons seulement l'exploration de la vessie dans les cas de corps etrangers et d'affections organiques, les retrecissements et les in- flammations de l'uretre, les ulcerations et autres maladies occupant les cavites de 1' uterus et de son col, que le speculum ordinaire ne peut pas decouvrir. — L'heure de la retraite avait sonne pour 1'honoiable M. Daclin, qui a redige pendant pies de cinquanteans ies Bulletins de la Societe d encouragement , et qui , quoique age de pres de 76 ans , a con- serve toute sa verdeur et une sante parfaite. II a ecrit a la Societe, dans la personne de son president, une lettre d'adieu que nous en- registrons avec bonheur : « En m'adressant 1'extrait du proces-verbal de la seance du conseil du 27 decembre 1854, portant qu'il m'est alloue une pen- sion de retraite de 2 000 francs, comme remuneration de mes ser- vices , vous avez bien voulu joindre a ce t^moignage honorable de l'intcret de la Societe des expressions bienveillantes dont je suis tres-touche'. Je vous prie, monsieur le president, d'etre aupres du conseil d' administration l'interprete de mes sentiments de profonde gratitude, pour cette marque d'estime dont j'ai cherche a me rendre digne par des travaux accomplis avec zele et devouement pendant un demi-siecle. » [La suite an prochain nume'ro.) acad£mie des sciences. SEA.NCE DU 12 FEVRIER. M. Elie de Beaumont croit devoir presenter a l'Aead^mie, avant la presentation des candidats pour la place de correspondant, vacante dans la section de mineralogie et de geologie , deux memoires ou notes, Tune de M. Greenough sur la geologie et les cartes geologi- ques de l'lnde; l'autre de M. Sismonda sur quelques anomalies de stratification gcologique des Alpes maritimes; il nous serait im- possible d'analyser aujourd'hui ces notes. M. Elie de Beaumont exprime le desir de voir figurer Ieurs auteurs sur la liste qui sera discutee en comite secret. — Mi Bravais, qui a fait pendant son sejour dans le nord de l'Europe et la Laponie, un assez grand nombre d'observations d'6- toiles filantes, s'est pose et essaie de resoudre une question delicate. Parmi les etoiles filantes les unes sont animees d'un mouvement apparent ascendant, c'est-a-dire qu'elles semblent s' eloigner de la terre ; les autres sont animees d'un mouvement apparent descen- dant et semblent se rapprocher de la terre : quels sont les mouve- ments reels des unes et des autres 1 Ces mouvements reels s'accor- dent-ils pour faire tendre toutes les etoiles filantes vers la terre? La solution analytique de ce probleme tout a fait neuf a conduit M. Bravais a cette conclusion, qu'en realite toutes les etoiles filantes sont amenees vers la terre par une tendance commune. Cette pre- miere question resolue en soulevait une autre. La tendance com- mune des etoiles filantes est-elle un effet de la gravitation , de la pesanteur, ou de l'attraction exercee sur ellespar la terre, sont-elles en un mot des corps pesants ? Les calculs de M. Bravais laissent cette question ind^cise; il ne resulte pas essentiellement de la theorie des mouvements n'els que la tendance commune soit l'effet de l'attrac- tion ; a la rigueur, et quoique l'opinion contraire emise par M. Coul- vier- Gravier ne soit pas tres-probable , les etoiles filantes pour- raient ne pas etre des corps pesants. — M. Delaunay, jeune mathematicien de tres-grand mdrite , etudie dans un savant memoire de haute analyse, la grande et diffi- cile question des perturbations et du calcul des elements troubles des corps planetaires. Tout ce que nous pouvons dire aujourd'hui, c'est que M. Delau- nay a fait faire un pas considerable a l'integration des Equations differentielles des mouvements troubles; et que sa nouvelle mdthode consiste essentiellement a decomposer successivement la fonction COSMOS. 189 perturbatrice en deux termes ou portions, Tune non periodique, l'autre periodique. II est parvenu aussi a. integrer, par un proced6 plus simple que ceux proposes par Euler, Lagrange , Luplace, Poisson, etc., les fonctions dans lesquelles les arcs do cercle entrent en meme temps que leurs lignes trigonometriques. Ce memoire est' renvoye a la section d'Astronomie, qui aura bientot a presenter un candiJat pour la place devenue vacante par la mort de M. IMauvais. — M. Leroy d'Etioles , presente d'abord un nouvel exciseur electrique forme d'un fil de platine que Ton fait rougir par la pile, comme l'ont deja fait MM. Regnault et Aiphonse Amussat ; mais le fil est de plus dispose de telle sorte qu'en ecartant les manches auxquels il est fixe, il se resserre ou se ferine comme le font les fils de soie employes a. la ligature des arteres, de maniere a pouvoir exciser ou enlever completement la tumeur. — L'habile chirurgien lit ensuite un long memoire sur la diathese cancereuse et l'inopportunite des operations prematurees, comme methode generate dans le but de prevenir la degene>escence. Dans les premiers temps de la medecine, on considerait le cancer comme line maladie constitutionnelle sans remede , Hippocrate, Celse , Ambroise Pare, etc., conseillaient de ne pas chercher a l'extirper mem^ au debut. Plus tard on a admis que le cancer est une maladie benigne et locale, qui subit seulement une degenerescence, laquelle rendrait la repullulation inevitable apresl'exlirpatinn.Cettecroyance etait presque devenue un dogme, et ce dogme avait conduit au pre- cepte d'extirper le plus protnptement possible toute tumeur, toute alteration des tissus capable de subir une degenerescence maiigne, etd'eno-endrerune infection g-enerale. Et comme il etait tres-difficile, ax l l pour ne pas dire impossible, de discerner les tumeurs vouees a la degenerescence des tumeurs benignes, on extirpait les unes et les autres. Entre ces deux opinions et ces deux pratiques extremes, oil est la verite? Ou plutot le cancer est-il ou n'est-il pas une maladie constitutionnelle I Que faut-il p.nser de la benignite primitive et de la degenerescence consecutive? M. Leroy d'Etioles a pens6 sage- ment que ces questions ne pourraient etre resolues que par une abondante collection de faits et de chiflr?s. En 1840 , avec le con- cours des ministres de l'instruction publinue et des affaires etran- geres il est parvenu a reunir 3 000 observations de cancer ; il en a fait une sorte de statistique, qu'il a pu ensuite interroger avec quelque espoir d'arriver a la verite. En discutant d'abord les extirpations au nombre de S7, pratiques dans les six premiers mois qui ont suivi l'apparition de la maladie, 190 COSMOS. il les a vues suivies de 61 recidives ; 97 extirpations pratiquees plus de cinq ans apres le debut de la maladie, avaient ete suivies de 30 recidives settlement. Ces nombres ne sunt pas favorables a la dege- nerescence consecutive; ils font presumer au contraire une diathese primitive, confirmee depuis, ajoute M. Leroy d'Etioles, par les ob- servations microscopiques qui ont mis en Evidence les caracteres spe"- cifiques du cancer, des l'origine de la maladie. L'auteur du mcmoire croit done a la diathese cancereuse , et il repousse de toutes ses forces le precepte d'extirper des leur apparition les alterations pre*- sum^es cancereuses, surtout lorsqu'elles affectent quelque organe essentiel. II a essaye de resoudre par cette meme statistique di- verges autres questions relatives aux maladies cancereuses, a leur frequence relative dans les deux sexes, a leurs causes, etc. Entre autres resultats importants il a constate que la terminaison funeste est plus prompte dans les recidives : que la duree moyenne de la vie est de cinq ans pour les malades qui ne sont pas operes et de deux ans seulement apres l'operation. " En conclurai-je, dit-il en terminant, qu'il ne faut pas extirper de cancer? Non vraiment; mais seulement qu'il faut restreindre, regulariser l'intervention de la cbirurgie. » — Dans cette seance et dans la seance precedente, M. du Moncel a communique quelques experiences inte>essantes et nouvelles, faites par lui avec la machine de Ruhmkorff; nous les analyserons rapi- dement. Les premieres sont relatives a une sorte d'atmosphere lumineuse qui entoure l'etincelle d'induction. Si Ton observe alternativement dans l'obscurite l'etincelle echangee entre les deux poles de cet ap- pareil , on voit bientot que les traits de feu sont entoures d'une iueur verdatre, de forme en general ovo'ide, plus rapprochee du pole negatif, et un pen colored en rouge de ce cote\ Cette atmosphere n'est sans doute, comme M.du Moncel lui-meme le fait remarquer, qu'une couche ou matelas d'air echauffe et illumine par l'etincelle. Si Ton souffle fortement entre les deux fils qui, mis en presence, donnent l'etincelle, on voit l'atmosphere jaune-verdatre poussee en avant et epanouie en une large nappe de feu. La seconde serie d'experiences a pour objet la transmission des courants d'induction au travers des substances isolantes. Si Ton maintient a une distance de 5 a 6 millimetres deux lames de verre revetues exterieurement de deux lames metalliques en rapport avec les deux poles de l'appareil de Ruhmkorff, on apercoit dans l'obscu- rite un effluve de feu d'une belle couleur bleue, qui s'echange entre COSMOS. 191 les deux surfaces du verre, sans que 1'tHincelle passe par les bords des lames isolantes. De plus, on distingue entre les lames metal- liques et les lames de verre deux raies lumineuses indiquant suffi- samment que l'effet electrique se manifeste sur toute l'etendue des surfaces qui se trouvent interposees entre les deux lames electrisees. Si l'electricite penetraita travers les lames de verre, on verrait son passage a travers ces lames en les regardant de champ; or ces lames paraissent parfaitement obscures et forment comme deux lignesnoires entre les troisbandes lumineuses dont il a ete- question prtxedemment. Les liquides conducteurs produisent le meme effet que les lames metalliques, mais comme ils sont transparents, on peut distinguer la lumiere sur toute l'etendue de la surface du verre qu'ils couvrent]; de sorte qu'en traciant avec ces liquides des lettres ou des figures quelconques, on peut les faire apparaitre sous la forme de lettres de feu d'un beau bleu. Avec les liquides non conducteurs cet effet n'a pas lieu. Un autre fait assez curieux c'est que ces effets lumineux dus a la reaction electrique a travers les substances isolantes atteignent leur maximum d'energie lorsque le pole negatif occupe celle des deux surfaces conductrices qui est la plus etendue. Ce phenomene, d'a- pres M. du Moncel, pourrait s'expliquer en ce que c'est le pole ne- gatif qui recoit tandis que c'est le pole positif qui donne ; ou que l'electricite, comme on le sait, va du pole positif au pole ne"gatif. M. Th. du Moncel se propose de publier bientot un travail d'ensemble qui aura pour point de depart l'appareil de Ruhmkorff, et clans lequel tous ces effets non-seulement sont analyses , mais encore rendus palpables par des dessins nombreux et reproduits scrupuleusement. — M. S. M. Gaugain adresse une note sur les phenomenes elec- triques attributes a Taction simullanee de deux courants egaux et opposes. « Plusieurs physiciens se sont occupes, dans ces derniers temps, de la question de savoir si deux courants egaux peuvent en meme temps cheminer en sens contraire dans un meme circuit ; et cette question me parait auesi completenient resolue qu'elle peut l'etre lorsqu'on se borne a considerer des courants continus ; car tout le monde reconmiit qu'en opposant l'une a l'autre deux piles egales, il est absolument impossible d'obtenir aucune espece de ma- nifestation electrique dans le circuit eonpmun ; mais il resulterait d'experiences recemment communiquees a l'Acadcmie, que les cou- 192 COSMOS. rants induits se compottent autrement que les courants continus, que Ton peut obtenii' de la lumiere et des effets physiologiques en opposant deux courants induits egaux ; ce resultat m'ayant paru tres-important a constater , j'ai repete en les modifiant les expe- riences dont il s'aait, et je suis parvenu a expliquer tres-simplement les resultats obtenus, sans etre oblige de recount' a l'hypothese de la superposition des courants contraires. u Lorsqu'on tnet en batterie deux appareils de Ruhmkorff, en reunissant , d'une part , les circuits inducteurs, et , de l'autre, les circuits induits, il ne me parait pas evident que les courants induits founds par les deux appareils soient parfaitement synchrones, lors uieme que l'nn ne fait usage que d'un seul interrupteur ; en effet , les courants induits de l'appareil de Ruhmkorff sont dus presque exclusivement ii la recomposition des fluides magnetiques du fais- ceau de fils de fer place dans l'axe de Id bobine. Cette recomposition est plus ou moins rapide suivant que le fer est plus ou moins de- pourvu de force coercitive, et , par consequent , le deVeloppement des courants induits est lui-meme plus ou moins rapide suivant que le fer est plus ou moins doux ; lors done que Ton emploie deux ap- pareils ayant chacun leur faisceau de fil de fer, il suffit que les deux faisceaux aient des forces coercitives un peu differentes, pour que les courants induits ne soient pas rigoureusement synchrones. « Pour me mettre autant que possible a l'abri de ce defaut de syn- chronisme , je me suis servi pour les recherches dont je vais rendre compte, d'un appareil de Ruhmkorff qui porte deux bobines; ces deux bobines plus courtesde moitie que cedes dont on fait habituel- lement usage, sont placees a la suite l'une de l'autre et traversers par un meme faisceau de fils de fer ; les courants induits des deux bobines proviennent du jeu des fluides magnetiques de cet unique faisceau, et par consequent ils doivent passer, a fort peu pres, aux memos instants, par les memes degres d'intensite; il faut d'ailleurs noter pour Intelligence de ce qui va suivre, que les deux poles ex- terieurs des circuits induits correspondent aux extremite du fais- ceau et que les deux poles interieurs correspondent a sa partie moyenne. « En me servant de l'appareil dont je viens d'indiquer les disposi- tions, j'ai trouve que les effets de lumiere et les effets physiolo- giques, produits par deux courants induits opposes sont toujours beauco'up plus faibles que les effets obtenus en faisant marcher les deux courants dans le meme sens ; et je me suis assure que les fai- bles effets qui se produisent dans le cas des courants opposes sont COSMOS. 193 dus exclusivement a descourants derives qui s'etablissent a travers les enveloppes imparfaitement isolantes, des circuits induits. Par une discussion qu'il serait difficile de suivre sans figures, et des experiences tres-ingenieusement faites, M. Gaugain arrive a decouvrir la route reellement suivie par ces courants derives. II se servait, pour ses experiences , d'une petite pile de Daniel equivalant tout au plus a un element de Bunsen ; et cependant , comme on vient de le voir, le courant induit pouvait traverser les enveloppes de son circuit. Quand on emploie (comme on l'a fait) un nombre considerable d'elements de Bunsen, l'isolement du cir- cuit induit devient bien plus insuffisant encore. M. Gaugain ajoute : « Les effets de lumiere observes dans le vide de l'oeuf dlectrique correspondent si exactement aux effets physiologiques qu'il me paraitrait superflu de les discuter separ&nent ; je ferai seulement une observation , relativement aux apparences lumineuses qui se produisent dans le cas des deux courants induits opposes , lorsque le faisceau de fils de fer s'aimante regulierement ( sans point con- sequent) ; dans ce cas , les deux boules de l'ceuf sont enveloppees d'une aureole bleuatre, et, dans l'intervalle qui les separe, on aper- 9oit souvent une sorte de flamme rouge. Cette distribution a peu pres symetrique de la lumiere parait etre au premier abord favo- rable a l'hypothese de la superposition des courants contraires ; car on sait que , dans le cas ou Ton fait usage d'un seul appareil d'induction , les deux boules de l'ceuf presentent d'ordinaire des apparences tres-differentes : l'une d'elles semble lancer une gerbe de feux rouges , tandis que l'autre est entouree d'une aureole bleuatre qui l'enveloppe comme une gaine. Mais , en realite , la distribution symetrique de la lumiere que Ton obtient dans le cas des courants induits opposes tient uniquement a ce que le courant qui produit l'effet observe est affaibli par l'interposition d'une re- sistance considerable. M. Ruhmkoiff a constate depuis longtemps que, pour obtenir avec un spu! appareil la distribution symetrique de lumiere dont il est ici question, il &uffit d'introduire dans le cir- cuit des resistances suffisantes ; il a eu la bonte de me communiquer son observation, et j'en ai venfie l'exactitude. " En resume : il resulte des faits et de la discussion qui pre- cedent, que deux courants induits, egaux, opposes et synchrones, se neutralisent aussi completement que deux courants continus. » Qu'il nous soit permis de constater ici que M. Gaugain, dont personne ne contestera la competence et l'autorite , ne croit pas 194 COSMOS. plus que nous que M. Zantedeschi ait demontre d'une maniere ab- solue la possibilite et la realite du passage simultane. de deux cou- rants directs ou induits dans un meme conducteur. L' experience faite avec lesdeux appareils de Morse, en outre d'une complication extreme qui peut dissimuler les resultats, ne lui parait en aucune maniere concluante, par les raisons suivantes : 1" non-seulement rien ne prouve que les deux courants sont rigoureusement syn- chroniques , mais il est reellement impossible qu'ils le soient; 2° alors meme que le synchronisme serail absolu, les appareils ne cesseraient pas encore de fonctionner, ils fonctionneraient seulement simultancment; 3" les communications entre les transmetteurs et les recepteurs peuvent tres-bien s'etablir sans que les courants circulent reellement dans la portion commune du til conducteur. Nous avons appris avec regret , par la Corrispnndenza scientijica di Roma , que la critique tres-scientifique et tres-modeiee que nous avions faite de ses experiences a vivement indispose et presque blesse M. l'abbe. Zantedeschi. II est vraiment facheux qu'un homine aussi haut place dans la science , aussi plein d'ardeur et d'initiative ne puisse pas supporter la moindre objection ; sa lettre au journal ro- main, qu'il nous permette de le lui dire, est trop dedaigneuse pour nous , — mais nous le lui pardonnons de grand cceur, — trop am- bitieuse pour lui. II termine ainsi : « J'attends maintenant de ma decouverte des applications sur une grande echelle, auxquelles j'ai interesse Miiller, a Paris; Quetelet, aBruxelles ; Walker, a Londres]; Bonelli, a Tmin; Gheya, a Vienne; Maury, a Wasinghton. » Quant a ce brave M. Gintl, qui a le premier resoluun beau probleme, dont M. l'abbe Zantedeschi a exalte- autrefois le merite.il fautvoir comme maintenant il le refoule dans 1'ombre. Nous ne reviendrons plus, au reste, sur cette discussion : l'experience de M. Zantedeschi est tres- bonne ; le fait de la mise en action bimultanee des transmissions e^ectriques en sens contraire, avec des appareils magneto-electri- ques, sera certainement utilise avec de grands avantages ; mais l'ex- plication theorique (jue le savant abbe donne de cette transmission ne nous semble pas exacte, ou du moins ne nous semble pas de- montree ; et elle est rejetee de fait par tous les physiciens qui nous en ont parle. Nous avions droit de ie dire et nous I'avons dit. — l\l. Bravais a reuni, dans un volume qu'il offre a l'Aeademie ses observations sur les mar6es dans les divers ports de la mer du Nord que nous avons analy^ autrefois. — M. Lhermite adresse la description d'un nouveau procede de preparation du carbonate pur de potasse. COSMOS. 195 — M. Szokalski envoie un expose complet de sa theorie de la virion. — M. Casaseca transmet les observations de pluviometrie qu'il a faites a la Havane, de Janvier 1854 a Janvier 1855. — M. Mathieu demande que l'Academie veuille bien admetlre au concours des prix Monthyon de medecine et de chirurgie un nou- veau trocart de son invention, qui presente des avantages conside- rables, et sera, nous n'en doutons pas, universellement adopts. L'idee qui l'a conduit a. ce perfectionnement est simple et vraiment ing^nieuse ; elle consiste a dk-continuer le tube ou canule EE du tro- cart, a le partager en deux portions separees et reliees par deux pe- tites tiges B comprenant entre elles un espace vide. II aentoure cet espace d'une petite vessie en peau de baudruche A, qui fait function a la fois de fermeture et de soupnpe. Un premier perfectionnement avail amene M . Mathieu a rendre mobile la lame ou poingon DD du trocart, comme on le voit dans la figure ; une des pointes est effilee triangulairement , c'est avec elle qu'on fait la ponction ; l'autre est mousse et arrondie. La discontinuite de la canule est pratkjuee dans sa portion superieure, pres de la cul- lifere, comme le represente la figure. Quand la ponction est faite, que le trocart a pen6- tre dans le thorax ou une autre cavite , en pressant sur la vessie en baudruche, on ein- peche le liquide qui remplit la cavite, de re- fluer dans le tube, etl'air de penetrer dans la cavite. Si Ton veut faire arriver une injection liquide dans la cavite, on cessera de presser la vessie de baudruche des que la cuillere ou pelle sera remplie de liquide. Tous les inconvenients sont ainsi evites sans qu'on ait besoin d'ajou- ter un robinet a la canule, ou de recouvrir la pelle et le manche du trocart d'une enveloppe en baudruche, comme le faisait M. Rejbard. La premiere figure represente le trocart monte dans son manche et pret a fonctionner. Avant d'agir il est bon de s' assurer, en introduisant la tige DD par sa pointe mousse, que la vessie en baudruche est distendue ou quelle pcut jouer. — La famille de M. Lalleinant fait hommage a l'Academie d'un 196 COSMOS. magnifique buste dececelebre chirurgien, sculpts par Dan tan jeune. _ M. Morescot a constate qu'en faisant agir l'acide suliurique sur la cholestenne on pouvait non-seulement la faire passer aa rouge et au bleu, mais lui donner tour a tour toutes les teintes du violet au rouge. . — M. Sirey conseille , pour rendre les poudres inexplosibles, de les renfermer dans des enveloppes de caoutchouc. — Deux inventeurs dont les noms nous echappent, soumettent au jugement de l'Academie, l'un un appareil plongeur a la fois et moteur ; l'autre, un appareil pour marcher sur l'eau et traverser les rivieres a pied sec. — M. Dureau de la Malle annonce la d&ouverte sur la montagne des Soldats et un autre point de l'Algerie de ruines romaines d'un grand interet. . — M. Dumas, au nom de M. Calamant, presente un biscuit a la viande, sorte de meat-biscuit, fait avec un melange de deux portions de farine et une portion de viande hachee et cuite, qu'il croit tres- nutritif et excellent pour les troupes en campagne. Un fait vrai- ment extraordinaire, c'est que TOO kilogrammes de farine et 50 kilog. de viande ne donnent que 100 kilog. de biscuit, absolu- ment comme si on n'avait fait le biscuit qu'avec 100 kilog. de farine sans viande. Nous avons goiite le biscuit de M. Calamant : il a le gout du bon pain de seigle ; c'est a peine si la viande se iait sentir. . , j — La section de mineralogie et de geologie a presente pour can- didal a la place de correspondant : en premiere ligne, M. Hauss- mann; en seconde ligne, ex cvquo, MM. Haidinger et Dumont. Elements de la comete de m. dien , d'apres m. winnecke : Passage au perihelie : 17 decembre 1854. Longitude du perihelie .... 168° 15' 56" Longitude du noeud 238 35 55, 5 Iuclinaison. ^ ls 33 Distance moyenue 1,39 Sens du mouvement : direct. L. TRAMHLAY, proprielaire-jerant. I'AIUS. — 1MTRIMERIE S DE W. UB.MQUET ET Cie, RUE GARANCIERE, 5. T. VI. 23 FJ2VRJEK i855. QUATR1EJTK ANNfcE. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. — Nous aurions du annoncer depuis longtemps que le corres- pondant du Cosmos, en Angleterre, est M. Samuel Highley, 32, Fleet- Street, editeur de nombreux ouvrages et journaux de science et d'art, micrographe tres-habile, photographe exerce, qui, par son intelligence, ses connaissances etendues , sa tranche loyaute , son ardeur a vulgariser I'enseignement des sciences physiques et natu- relles, s'est place au premier rang des editeurs de Londres. C'est done a M. Highley que devront etre adressees les demandes d'a- bonnement ou d'ecbange, les livres dont les auteurs ou les libraires desirent que le Cosmos fasse mention, etc. ; c'est entre ses mains que le prix des souscriptions devra etre verse. — Joseph Remy. le pauvre pecheur des Vosges, le createur in- conteste de la pisciculture moderne, vient de mourir a la Bresse , arrondissement de Remiremont, al'agedeSl ans. Nous avons eu le bonheur de le voir ; il est venu plusieurs fois a Paris nous remercier du zele avec lequel nous avions plaide sa cause ; il voulait Lien re- connaitre que nous avions grandement contribue a lui faire rendre justice, a lui faire obtenirla pension de douze cents francs qui devait 1'aider a soutenir sa nombreuse famille. II est mort d'une affection de poitrine -contracted a la recherche des secrets de la fecondation des poissons. A cette occasion, M. Haxo, le revelateur intelligent et le defen- seur infatigable de Remy, ecrit a la Societe d'acclimatation une lettre touchante dont nous extrayons le passage suivant : « Remy laibse une famille nombreuse , denuee de ressources, dans un etat qui touche a l'indigence. Sa veuve et ses six enfants n'ont desor- mais d'autres moyens d'existence que ceux que pourra leur iournir le fils aine du pecheur, Laurent Remy, age de 30 ans , qui , untie de bonne heure , par son pore , aux pratiques de la pisciculture, commence a s'y montrer habile, et vient de remplir, dans le d.'pai- tement de la Loire, une mission de repeuplement qui lui a etc con- Jice par M. le Ministre de l'agriculture en octobre uernier. II sorait s 198 COSMOS. grand et noble a la Societe zoologique d'acclimatation de prendre sous son patronage ce jeune pisciculteur qui donne les plus belles espe>ances ; de faire en sorte que la famille du pauvre pecheur re- cueille au moins quelques fruits des longs travaux de son chef; et que la d^couverte ft^conde dont il a et6 l'auteur, mais dont il a si peu profits' pour lui-meme, soit du moins, pour sa veuve et ses en- fants , une sauvegarde contre la misere et les atteintes de la faim. >< — Nous apprenons qu'en outre du credit ouvert pour la fabrica- tion en grand de l'aluminium pour cuirasses et autres effets d'ar- mement militaire, qui auraient ainsi l'immense avantage d'etre a la fois infiniment legers et completement inoxydables , Sa Majestd l'Empereur a donne sur sa cassette une somme de 40 000 francs destinee a la creation d'un nouveau laboratoire a l'Ecole normale supeVieure. Ce laboratoire, exclusivement consacre a la chimie mi- nerale, a l'analyse des terres, des roches, des ciments et mortiers, a l'extraction des melaux , est p!ac£ sous la haute direction de M. Sainte-Claire Deville, qui , avec les faibles moyens dont il dis- posal jusqu'ici, a fait tant de bonnes et grandes choses. — On parle beaucoup, en Italie et en France, du nouveau sys- teme de telegraphie electrique de M. le chevalier Bonelli, de Turin, avec lequel il obtiendrait les resultats suivants : 1° une correspon- dance continue et reguliere entre les convois situ£s sur la voie fer- ret, quelle que soit la vitesse de leur course, et pendant toute sa dure>, de telle sorte que les machinistes sachent toujours a quelle distance ils sont des convois situes en avant ou en arriere d'eux, et puissent echanger de temps en temps avec eux des signaux ; 2° une correspondance continue et reguliere entre les stations telegraphi- ques et les convois en marche, et r£ciproquement ; 3° une facility ex- treme donn^e aux gardiens de la voie de pr^venir les m^caniciens sur les trains en marche, de la distance a laquelle ils sont de la rup- ture d'un rail , ou d'un encombrement existant sur la voie ; et cela sans l'aide d'aucun appareil ou d'aucune pile. M. Bonelli, en outre, serait en possession d'un nouveau systeme de communication tele- graphique qui , en outre des avantages ci-dessus ^nonces , ne ferait plus aucun usage de fils conducteurs ; de sorte qu'on n'aurait plus a redouter ni rupture, ni deTaut de contact, etc. A I'occasion de ces brillantes promesses, M. l'abb£ Zantedeschi, comme nous le voyons par la Corrispondenza scientijica, aadresse' une circulaire, datee de Padoue, 17 Janvier, dont le sens est assez ambigu, mais dont !e hut est sans aucun doute une nouvelle reclama- tion de priorite. « Si M. Bonelli, dit-il, m'a pre>enu par l'impre.s- COSMOS. 190 sion de son projet, en indiquant les effets qu'il attend de son nou- veau telegraphe, mais sans reveler en quoi il consiste, j'aurai tou- jours la priorite de l'idee qui consiste a obtenir des circuits ferme"s de correspondance t£I6graphique a volonte- , au moyen des deux rails de la voie de fer avec les locomotives et les stations.- Comment M. l'abbe Zantedeschi a-t-il pu penser que cette idee etait neuve, quand elle a ete tant de fois essayee et rejetde : ne devra-t-il pas se reprocher d'avoir, par cette reclamation si prematuree et si vague, jete certains nuages sur le merite de I'invention de M. Bonelli? — Le comite delegue par la commission de la souscription na- tionale pour Clever un monument a la memoire de Francis Arago, s'est reuni dans le courant du mois dernier. Le montant des sous- criptions alors vers^es etait de 18 778 fr. 25 c. Cette somme, jointe a quelques souscriptions non encore parve- nues, a paru suffisante pour Clever sur la tombe de l'illustre savant un monument digne de lui. Le programme suivant a 6ie adopte : sur un sarcophage de forme tres-simple , orne" de couronnes de laurier, destinies a renfermer les titres des principales ceuvres d' Arago, sera posee sa statue coulee en bronze. Cette statue , cou- ched, sera couverte d'un linceul, la tete inclinee, la plume dchappee de sa main mourante, errant encore sur la sphere celeste. L' execu- tion de ce monument a ete confine au ciseau de David (d' Angers). On espere qu'il pourra etre termini vers le mois de juin. — M. Bourdaloiie, membre du comite' departemental pour l'Ex- position universelle , directeur des travaux de la brigade franchise chargee des travaux des Etudes de l'isthme de Suez (1847), ayant obtenu une medaille d'or a la derniere exposition quinquennale , chevalier de l'ordre imperial de la Legion d'honneur, etc., etc., presente a l'Exposition universelle de 1855 le nivellement general du departement du Cher. Ce travail est compost de cent cinquante volumes-minutes, d'un atlas de vingt et une feuilles, format grand-aigle, de quatre volumes de texte , de sept de correspondances, cinq de quittances et d'un volume-journal ; enfin les anciens et les nouveaux instruments qui •ont servi a l'executer sont egalement exposes. Les avantages que doit procurer cet ouvrage ont determine 3VL Bourdaloiie a s'imposer la lourde charge de son execution. De- jsormais , dans le departement du Cher, tous les projets de grande "utility publique , tels que routes , chemins de fer, derivation des- cours d'eau , canaux , irrigations , assainissements k dessechements,, "300 COSMOS. ■drainages, etc., etc., pourront etre etudies du cabinet memey sans.- frais, sans difficultes, et d'une maniere certaine. L'auteur fait don de ce travail a. son departement, a ses eonci- ioyens, comma tcmoignage de son devouement. M. Bourdaloiie , en le presentant a I'Exposition universelle, espere que les autres departements , excites par son e.NempIe r iieront dresser de semblables car|es dans l'execution desquelles il ]eur sera facile, par l'etude etl'exainen de son travail, dnitroduire degrandes ameliorations et d'operer des Economies. — La Societe des arts de Londres ouvrira bientot sa septieme exhibition annuelle des inventions nouvelles ; ces petites expositions,, ou mieux ces petites collections des inventions qui se sont produites> pendant les douze derniers inois, out surtout pour but et pour avan- iage de mettre en evidence la direction des esprits , et de montrer dans quelle voie la tendance au progres se manifesle. Les inven- leurs et les constructeurs, appellent depuis longtemps de tous leurs- yceux la creation d'un musee special oil ils puisscnt trouver des ren,- geignements et des indications lorsqu'ils meditent quelque nouvelle combinaison mecanique, quelques nouvelles applications de la science ou de 1'art, la production denouveaux articlesde commerce, etc. La Societe des arts s'efforcera de repondre a ce besoin ou de combler ce vide , aussi longtemps que le gouvernement n'aura pas deerete 3'etablissement d'un musee permanent, semblable, par exemple, £t celui qui en Amerique existe a cote du bureau des paten tes ou bre- vets d'invention. Aux Etuts-Unis , la premiere condition imposee- pour la concession d'un brevet, est la presentation d'un modele en petit, construit dans des dimensions fixees d'avance; e'est tine admi- rable idee : la collection de ces inodeles , conserves avec le plus grand soin, forme une exposition permanente et eminemment ins- tructive. TV'cst-il pas grandement a desirer que la future loi de& brevets d'invention pour la France impose aussi la presentation de- inodeles qui trouveraient leur place dans nos mag-nitiques galeries «lu Conservatoire des Arts et Metiers, amenees et maintenuesair:fi au niveau rlu progi i-s ( Notre Societe d'encouragement possede et. recoit aussi chaquejour un assez grand nombre de inodeles, entasses- dans une sorte de musee , qu'elle pourrait transformer utilement, ii DdSf s< :);l.!o, en bibliotheque, si el!e prenait le parti de diriger pe- riodiqucment ses modeles vers le Conservatoire, qu'ils em; raient. KOUVEUES DE L'INDUSTRIE. OERNIERE SEANCE DE LA SOCIETE d'eNCOURAGEMUNT. 7 FEYRIER, — La Societe apprend avec regret Id mortd'un de ses membres Ses plus honorables, M. Greau, auque! , dans une de nos demieres livraisons, nous nous sommes plu a rendre hommage en raison des immenses services qu'il a rendus a l'industrie des tissages. — M. Claudius Saunier, 19, rue des Petits-Champs , fait hom- mage a la Societe de son Traite des ecli'Ajipements et des engre- iiages, contenant le resume des principes d'apres lesquels ils doi- vent etre etablis , et les details d'ext'-cution necessaires aux hor- logers qui veulent les cqnstruire en entier, on seulement les reparer. Le but de l'auteur est de tirer de l'orniere de la routine la genera- tion des jeunes horlogers ; de leur faire comprendre, contrairement aux prejuges enracines au sein des fabriques, que les principes theo-- riques sont des guides siirs et de puissants auxiliaires dans 1' exe- cution. — M. Chauviere, chimiste, rue Sainte-Barbe , 6 , adresse des considerations gencrales sur les appareils f umivores, et une descrip- tion du fumi-combusteur Siccardo. Un bon appareil fumivore doit remplir trois conditions principales : absorption complete de fumee economie sur le combustible, adaptation facile et peu couteuse aux fourneaux existants. Or, au jugement par trop exclusif de M. Chau- viere, un seul des appareils proposes jusqu'ici, le fumi-combusteur Siccardo, remplirait parfaitement ces trois conditions. Voici en quoi ii consiste essentiellement : au point ou le carneau se reunit a la cheminee, un petit reservoir est etabli pour fournir au ventilateur qui le surmonte la fumee que celui-ci renvoie dans le foyer ; mais afin que les gaz incombustible?, tels que 1'azote, l'acide carbonique, ne reviennent pas au foyer, une combinaison aussi simple qu'in°-e- uieuse opere la separation de ces gaz a leur arrivee dans le reservoir ; les gaz incombustibles se rendentimmediatement dans la cheminee, et les gaz combustibles sont ramenes sous le point incandescent du foyer. Cette combustion des gaz ajoute une nouvelle quantite de calorique a la quantite deju produite par le chaibon en ignition. Afin d'augmenter encore cette nouvelle source de ch'aleur, les o-az sont ramenes du reservoir au foyer dans une galerie ou l'air atmos- pherique auquel ils se mclangent est chaufl'e, et ils viennent bmler sous Sa chaudiere avec le surcroit de puissance que donne encore a un foyer la ventilation a l'air chaud. Si par hasard il echappait k cette seconde combustion quelque portion de carbone ou de toute 202 COSMOS. autre matiere combustible, elle se rendrait de nouveau au reservoir et serait ramenee au foyer, etc. : toute la fumee est ainsi bruise, et avec une grande Economic L'adaptation a tous lesfourneaux de cet appareil , vendu a. un prix tres-peu eleve , n'exige d'ailleurs aucun changement aux grilles et aux carneaux existants. Une commission nommde par M. le maire de Marseille a constate" les avantages du nouveau systeme , dans un rapport entierement favorable ; l'inten- dant et le commandant du genie maritime, a Marseille, apres exa- men et essais, ont tdmoigne de leur cote a l'inventeur leur satisfaction vive, et lui ont demande l'autorisation d'appliquer.le nouvel appa- reil aux usines de l'Etat. — M. Martin Chauffour, Grande-Rue, 25, a La ChapelleSaint- Denis , presente les dessins et les modeles d'un nouveau coussinet ou palier graisseur, qui a vivement fixe" l'attention, et auquel nous promettons un brillant avenir. II se compose : 1° d'un palier en fonte, ayant la forme des paliers ordinaires, avec des bassins des- tines a recevoir l'huile lubr^fiante et communiquant par des orifices avec la coquille ; 2° de petits cylindres de fer, en contact , suivant leur longueur avec le tourillon, tournant avec lui, et s'alimentant d'huile a chaque revolution que leur fait faire l'arbre de la machine ou le tourillon. Deux bassins exterieurs reprennent l'huile qui s'e- chappe du coussinet et la ramenent a. la coquille. En un mot, le tou- rillon de l'arbre n'est en communication avec le coussinet que par l'intermediaire de petits cylindres mobiles qui l'entourent, et tour- nent , avec la plus grande facilite , toujours baign^s d'huile. Les avantages du nouveau systeme sont : 1° de pouvoir s'appliquer a toutes les transmissions possibles de mouvement ; 2° de n'exiger aucune perfection dans l'execution ; le tourillon , en effet , et les petits cylindres, alors meme qu'ils n'auraient pas £te parfaitement tournes, se dresseront d'eux-memes dans leur rotation incessante ; 3° de faire disparaitre presque tout frottement , et de realiser 50 pour cent de la force perdue dans le frottement des coussinets ordi- naires; 4° de ne donner lieu a aucun degagement excessifde cha- leur ; de sorte que les huiles n'eHant jamais brulees, se conservent presque indefiniment , etc. M. Chauffour a eu evidemment une excellente pens^e, et ce qui etonne, c'est que personne ne l'ait eue avant lui. On ne comprendra pas , dans quelques annees, que les paliers ou coussinets graisseurs aient pu etre construits autrement : c'est le bon et le beau id^al. SOCIETE D'ACCLIMATATION ANALYSE DES LIVRAISONS DE DECEMBRE 1854 ET JANVIER 1855. Livraison de decernbre. — M. le baron de Montgaudry a lu, dans la stance da 22 decernbre , un long memoire sur les abeilles fort bien redige, fort bien ecrit, mais dans lequel nous ne trouvons rien de nouveau si ce n'est quelques modifications dans la construc- tion de la ruche sur lesquelles nous reviendrons. — Sir William Reid , gouverneur de Malte , ecrit a M. le che- valier Baruffi : « Les vers a soie cynthia reussissent tres-bien a Malte en plein air : l'ete dernier ils se sont developpes en moins de temps qu'il ne nous en a fallu pour semer et faire prospdrer le ricin. Ils passaient d'une plante a l'autre dans le jardin , en mangeant de diverses especes ; mais le ricin les nourrissait mieux. » M. Paul Vella a pratique avec succes la meHhode indienne d'ex- traction de la chrysalide du cocon : on fait bouillir la chrysalide ; quand elle a cesse de vivre on renverse le cocon sur le pouce de la main gauche, pendant qu' avec la droite on extrait l'insecte. M. Vella a obtenu la soie filee sans difficulte ; il a fait tisser avec cette soie une paire de petits bas d'enfant offerte a la Societe d'acclimatation. M. GueVin Menneville refait l'histoire de l'introduction , en France, du meme ver a soie. II a nourri avec des feuilles de laitue un de ces vers arrive a un ddveloppement complet. M. Montagne adresse sa note sur la possibilite de nourrir ces vers avec des feuilles de chicoree sauvage. Nous en avons deja parle. — M. Pepin, jardinier en chef du Museum d'histoire naturelle, lit une note sur la culture du ricin. Comme cette plante ne resiste pas aux hivers des latitudes temp£rees , on devra la semer en fevrier ou mars sur une couche de 50 a 60 centimetres d'epaisseur, charged de 12 a 15 centimetres de terre de jardin ou de terre normale melee d'un tiers de sable et d'un tiers de terreau de feuilles, ou de fumier bien consomme. On la couvrirade chassis qui resteront, pendant la nuit, fermds et abrites par des paillassons. On semera les graines une a une, en rayons, a la profondeur de 1 centimetre, a 10 ou 12 centimetres les uns des autres, apres les avoir laisse tremper pendant 24 heures dans l'eau. Elles levent au bout de 10 a 12 jours ; on retire les chassis du 10 au 15 mai, et la plante alors croit a l'air libre. Si on ne la cultive que pour les feuilles, on aura soin de sup- primer les £pis de fieur au fur et a mesure de leur apparition ; on arrosera de temps en temps. — Une commission, composee de MM. Baudens, Daumas, 204 COSMOS. Carlier, Davin, Guerin-Menneville, de Monfgaudry , de Beauveati, Richard du Cantal, de Nabat, de Quatrefages, Pastel et Valserres, est chargee de faire des etudes theoriques et de preparer des appli- cations pratiques sur les productions animale et vegetale dansl'Al- gerie. — Abd-el-Kader a fait hommage a M. le marechal Vaillant de 16 chevres et boucs d'Angora ; ils ont ete mis a la disposition de 1ft Societe, qui accepte ce don avec empressement et reconnaissance. Lh'i a/son de Janvier. — M. le liaarSchai Vaillant communique une note de M. Hardy sur un premier essai du devidage des cocons du homhyx cyntJiia. M. Guerin-Menneville avaii cru que ces cocons, quoique perces par un bout, sont cependant composes d'un fil con- tinu, et peuvent etre devides a ia condition que la gomme particu- late qui agglutine les tils soit suffisamment ramollie. Les premiers es^ais de M. Hardy lui avaient fait penser que les fits etaient coupes a Forifice pratique a l'extremitc du cocon , et que cette rupture etait causee par la sortie du papillon ; mais une observation plus at- tentive semble lui avoir prouve que les choses se passent tout au- trement. Lorsque le ver a fini de degorger toute la matiere serique, il saisirait avec ses mandibules les fds qui se croisent a l'extremite la plus faible du cocon, et les couperait en operant un mouvement de retrait sur lui-meme. Cette circonstance rendrait fort difficile et fort dispendieux, sinon absolument impossible, le devidage dos co- cons, et on serait reduit a en faire de la soie grege. M. Guerin- Menneville pense qu'il est necessaire d'attendre que d'autres ob- servations aient ete faites pour admettre que le ver casse reellement les brins de la soie, en disposant l'ouverture de sortie du futur pa- pillon ; car il se pourrait qu'il ne fit que les encoller plus fortement a cet endroit , ce qui expliquerait pourquoi M. Hardy les a vus souvent se briser sur ce point; on a d'ailleurs obtenu de tres-grandes longueurs de fil continu des cocons devides chez M. Alcan. — M. Jobez transmet quelques details sur le regime auquel il a soumis les yaks qui lui ont ete confies. On les conduit le matin dans les pres attenant k l'habitation. Rien de plus giacieux que deles 'voir s'ebattre, l'ceil vif et fier, la tete au vent, pleins d'ardeur, de force et de sante. "Vers midi ils sont amepes a une etable qui leur est specialement affectee ; on les y abrite pendant les heures plus chaudes du jour ; l'apres-midi oil les conduit de nouveau au pa- turage. — M. le docteur Millot donne des details interessants sur la laine de merinos-Mauchamp, provenant de la menagerie du Mu- COSMOS. 205 seum d'histoire naturelle. Cette laine est douce , soyeuse , sans vriiles ; elle ressemble, a la finesse pies , a la laine de Cachemire. et il faudrait la traiter par les memes metiers ; elle a donne un fil fort, solide , parfaitement homogene, sans boutons, tres-elastique, en un mot, un iil excellent : on peut en attendre d'heureux re- sultats. — M. de Montgaudry rend compte des experiences faites pour facciimatation des semences importees de Chine en France pac M. de Montigny. Ces semences etaient aunombre decinq : trois va- rietes de riz, riz sec des montagnes, riz pady de Canton, riz pady d'Angers; une varidte de haricots inconnus en France, de l'alpiste^ da mais geant, et deux varietes de pois oleagineux. Le riz sec ne demande pas plus de culture que le ble de mars, et croit sans eau, meme dans les terres seches et peut se cultiver par- tout ; seme a temps, il murira certainement en France comme ea Chine, et produira son grain de qualite superieure et tres-nutritif, parce qu'il contient beaucoup de gluten. Les deux autres varietes. ■exigent de l'eau et ia. creation de rizieres. Les haricots son; petits, leur saveur rappelle celle du pois, dn riz, de la lentille ; ils ne rament pas et se montrent tres-productifs * al en a ete recolte assez pour assurer leur acclimatation ; ils pourront devenir une des varietes les plus utiles a seiner dans les champs. L'alpiste a entitlement reussi dans la Moselle ; sa graine est tres-aimee des petits poulets quelle fait croitre tres-vite ; elle en- graisse facilement les volailles , ainsi que les pores qui la mangent avidement quand elle est cuite ; elle est egalement bonne pour err- graisser les booufs ; et, melee a l'avoine des chevaux, elle les nourrit foien, et leur donne de l'ardeur sans les echauffer. Le mais geant s'eleve a la hauteur de 2 metres 70 centimetres,, ■et quelquefois a plus de 3 metres ; sa tige est grosse ; ses feuilles -sont palinees et non alternes ; au moment de la floraison elle se cou- ronne d'une ombelle superbe, et pousse 6 a 8 epis. Ce mais sera tres-probablement d'une haute utilite comme plante alimentaire et £era, pour les jardins , une belle plante d'ornement. Sa culture est simple ; elle consiste a creuser un sillon de 10 centimetres de profondeur ; on plante les graines au fond a 60 ou 70 centimetres les unes des autres ; quand la plante est haute de 10 centimetres, ■on comble le sillon avec la terre qui en est sortie ; quand elle a at-1 ieint 50 centimetres, on rassemble autour du pied la terre voisine„ de maniere a former des buttes de 20 a 25 centimetres au-dessus du niveau du sol. 206 COSMOS. Les deux variety de pois oleagineux sont tout a fait dissem- blables ; l'une a des grains petits et verts , l'autre des grains assez gros et jaunes ; elles seront , en France , d'une tres-grande utilite ; leur huile , en Chine, entre dans tous les usages ; quoique sa saveur rappelle celle du legume sec, elle n'a rien de desagreable et vaut mieux que les huiles de colza et de navette ; les tourteaux, residus de sa preparation , sont excellent^ pour engraisser les bestiaux et amender les terres ; avec de mauvaises machines on en obtient, en Chine, de 17 a 20 pour 100 d'huile ; on prepare, avec la farine des pois, une sorte de fromage blanc, que les pauvres mangent le plus souvent frit a l'huile ; cette meme pate, fermentee, assaisonnee de poivre, de sel , de poudre de feuilles de laurier, de thym et autres aromates, arrosee avec l'huile de pois pendant la fermen- tation qui dure quelques jours, forme un puissant digestif, un ape- ritif qui stimule les estomacs les plus paresseux , et dont les riches font grand usage ; il s'en vend , en Chine , des quantites enormes ; ces pois se cultivent en pleine campagne ; ils ont reussi en France en 1854 ; mais les grainetiers auxquels la semence avait et<§ confiee par M. de Montigny l'ont laissee perdre en grande partie, il en restait fort peu ; la graine rdcoltee est done insuffisante pour tenter, des cette annee, des experiences en grand qui donneraient cepen- dant les plus heureux resultats. — M. de Pontalba donne le bilan ou la situation financiere de la Societe" a la fin de 1854. Les recettes se sont elevees a 19590 fr. ; les defenses a 15675 fr. 77 c. ; il restait en caisse 3 914 fr. 23 c. On avait deja encaisse", au 1" Janvier, sur les souscriptions de 1855, 9459 fr. 31 c. La Society, on le voit, est riche et parfaitement viable ; elle est ardente aussi, et Ton peut en attendre beaucoup pour 1'avenir. — M. le docteur Ch. Coquerel adresse une Notice sur les bombyx qui produisent la soie a Madagascar. Dans les forets qui couvrent cette grande ile, on apercoit, suspendues aux branches de certains arbres, d' enormes poches d'un brun jaunatre, qui ont quelquefois quatre pieds de long ; une membrane dpaisse , garnie en dehors de poils soyeux lesrecouvre ; la face interne est presquelisse et garnie d'une sorte de bourre de soie assez grossiere, au milieu de laquelle une multitude de cocons soyeux, ovo'ides, aplatis, sont disposes en lignes regulieres. Ces immenses sacs sont tisses par les chenilles d'une espece de bombyx, qui vivent en society sur differents vege"- <&ix, et surtout sur un grand arbre de la famille des legumineuses, appele" Jntsia Madagascariensis ; elles filent les sacs, par bandes de COSMOS. 207 40 a 200, a Pdpoque des grandes chaleurs, au mois de novembre; la soie qu'elles produisent est susceptible d'etre travaillee et de fournir a l'industrie des etoffes remarquables par leur eclat et leur solidity ; la race conquerante des Hovas a seule le droit de porter des vetements de cette £toffe, qui coute pres de 200 francs le metre. On ne deVide pas les cocons, on les carde simplement avec la bourre qui les separe. L'acclimatement de cette espece dans nos colonies fran9aises pourrait peut-etre offrir de grands avantages, et rempla- cer le bombyx du murier, dont l'education est si difficile dans les pays chauds. II existe a Madagascar deux varietes de chenilles pro- duisant de la soie : celle du bombyx Radama et celle du bombyx Diego ; M. Coquerel decrit avec soin les deux bombyx , il n'a pas vu la chenille du second. II demt encore une troisieme variete de bombyx, qu'on trouve a Port-Natal, et que M. le docteur Boisduval a appele bombyx Banda. Sa chenille vit aussi en socie'te et construit d'e'normes poches dans lesquelles des centaines de cocons sont reunis sous une enveloppe commune ; les habitants du pays utilisent cette soie pour en faire des 4tofFes. Les bombyx de Madagascar out un ennemi acharne dans un lepidoptere ou papillon de la tribu des pyralides, qui fixe ses ceufs sur la peau des chenilles, et dont la larve devore les chrysalides du bombyx ; ce parasite a recu le nom de chilo carnifex. M. Coquerel en donne une description complete. — M. le marquis de Jesse -Charleval donne, dans une lettre adressee a M. Gudrin-Menneville , des derails interessants sur la culture du ricin. Voici ses conclusions : Les personnes qui eleveront des bombyx cinthia au printemps prochain doivent avoir soin de rechercher, des maintenant, des semences de ricin d'un triage tres- soigne, et se preoccuper de l'idee de tailler ces plantes comme elles pourraient le pratiquer pour de petits arbustes destines a vivre plu- sieurs annees. M. de Jesse affirme que la zone de culture du ricin est au moins egale a celle du ma'is, et peut-etre a celle de la vigne. II prefere la variete a nervures rouges; il seme sur place vers le com- mencement d'avril, autant que possible dans une terre fraiche, tegere et profonde ; il recouvre la graine de deux doigts de terre au plus; il est quelquefois n^cessaire de chausser les pieds, espaces de 60 centimetres en tous sens, et de les soutenir avec des dchalas; la taille est tout a fait essentielle , surtout si Ton veut obtenir des fruits. Le ricin donne des fleurs de juin en juillet ; les fruits doivent etre miirs en aout et en septembre ; chaque fruit contient trois graines ou amandes plus ou moins grosses. Un are de terre donne , en moyenne, 15 kilogrammes de graines et 3 kilogrammes d'huile. 208 COSMOS. — M. Chevet signale l'usage oil Ton est en Ecosse d'enduire de graisse, au commencement de l'hiver, la laine des moutons, pour les proteger contre la pluie et le froid. — M. Alph. Blanc adresse la liste des animaux n£s a la villa San Donato, dans le jardin zoologique d'acclimatation de M. le prince A. Demidoff, depuis le 2 novembre 1852 jusqu'au 28 no- vembre 1854. Les animaux nes sont : un kanguroo ; neuf especes de cerfs; trois nilgauts males; six mouflons a mancheftes; deux gazelles Dorcas, male et femelle; un mouton a grosse queue ; deux zebres males. Le prince fait donner aux animaux de sa menagerie les soins les plus intelligents et les plus assidus. On y a tente et Ton y projette de nombreux croisements ; les succes dans 1' Education des oiseaux ont aussi ete tres-grands. — M. Richard, du Cantal , donne queJques details historiques sur l'origine de la race de moutons Merinos-Mauchamp. Vers 1830, M. Graux, agriculteur eminemment habile, vit naitre dans sa ferme de Mauchamp, un agneau male, dont la laine soyeuse, d'un reflet brillant et argentin, differait essentiellement de la laine de son trou- peau. Au lieu de le castrer et de le reformer comme animal de"gd- nere, M. Graux, aide" des conseils eclairds de M. Yvart, le fit servir a.des croisements judicieux, avec un beau choix d'individus a laine brillante. Ilcrea ainsi la race connue aujourd'hui sous le nom de race de Mauchamp, dont la laine est employee surtout pour la fabrica- tion des chales de prix, et remplace le poil des chevres de Cache-- mire. M. Yvart, de son cote, a ameliore" les moutons de M. Graux, sous le triple rapport de la forme, de la chair et de la toison. — La Societe" avait temoignE ledEsir que sa commission d'Algerie put : 1° se raettre en rapport avec Tadministration supe>ieure cen- trale et obtenir d'elle toutes les facilites pour Etudier la production de la colonie, et connaitre tout ce qui a ete" publie dans cet ordre d'idees ; 2° dtablir des relations avec les agriculteurs terieux, afin de leur confier, comme laSociEte" le fait en France, soit des animaux a acclimater, a multiplier ou a perfectionner, soit des vegetaux dont la culture ne reussirait pas convenablement dans la metropole ; et que la Soci6te est en position de faire venir de tous les points du globe ; 3° faire connaitre et apprecier pratiquement a tous les memb bres de la Society, notamment^aux capitalistes qui en font partie, les avantages que pourrait leur offrir l'exploitation du sol algerien, au double point de vue de la production animale et vegetale. M. le marechal Vaillant, r(5pondai)t a la lettre qui lui avait 4te adress^e a ce sujet, declare qu'il est tout dispose" a seconder la Societe dans ses intentions Eminemment utiles et patriotiques. PHYSIQUE. SUR QUELQUES POINTS DE LA PHILOSOPHIE DU MAGNETISME. Tel est le sujet d'une le£on faite par M. Faraday a l'lnstitution rovale de Londres , et dont l'illustre professeur a daigne nous adresser le resume' : nous nous empressons de le reproduire dans ee qu'i! a d'essentiel. Les puissances ou forces electriques et magnetiques qui s'exer- cent a distance sont de nature essentiellement dualiste, c'est-a-dire que leur developpement est toujours accompagne de deux manifes- tations en sens contraire , rigoureusement egales , et ne pouvant pas exister l'une sans l'autre. On peut par une experience bicn simple mettre ce caractere en evidence pour l'electricite. Prenez un vase en metal, isolez-le, mettez-le en communication avec un electrometre sensible a feuilles d'or; prenez ensuite une sphere metallique d'un diametre moitie de celui du vase electrise positivement, introduisez la sphere au sein du vase metallique en touchant en meme temps la paroi exterieure du vase ; retirez le doigt ; le systeme entier du vase et de la sphere ne donnera aucun signe d'electricite ; a l'exterieur, les feuilles de l'electrometre ne s'e'carteront pas; mais un conducteur avec lequel on touchera la sphere se chargera d'electricite positive; un conducteur avec lequel on touchera la surface interieure du- vase se chargera d'electricite negative : les deux corps sont done dans des etats contraires. La dualite se manifestera encore quand, apres avoir retire la sphere qui a conserve son electricite positive, on verra l'electricite negative du vase ecarter les feuilles de l'electrometre. On prouvera l'egalite des deux dualites opposees en replacant la sphere et observant relectrometre revenu a son t5tat d'equilibre, en amenant la sphere et le vase au contact , et observant encore que l'electrometre n'accuse rien ; enfin en retirant la sphere revenue a d'etat naturel et constatant de nouveau que les feuilles de l'electro- Tmetre ne se sont pas ecartees. Les dualites electriques de signes contraires etaient done e"qui- valentes , egales, et e!!es se maintenaient mutuellement ; l'une a fait naitre l'autre, elles ont subsite ensemble, elles se sont neutra- lis^es et elles ont disparu a la fois. Pour demontrer que l'une ne peut pas exister sans l'autre, isolez le vase metallique, chargezde fortement par le contact d'une ma- chine electrique ou d'une bouteille de Leyde, plongez dans son in- •tdrieur la sphere isol^e, et, apres avoir touche avec la sphere Ja 210 COSMOS. face interieure du vase , enlevez-la sans toucher la face exterieure du vase ; vous trouverez le vase absolument vide de charge, quelque electrise" qu'il fut priraitivement ; car il ne pourrait y avoir a l'inte- rieur de ce vase qu'un seul etat eiectrique ; or, un seul etat elec- trique, une dualite sans correlatif , ne peuvent pas exister s^pa- rement. Les dualites correspondantes, lanordesse et la sudesse (ces mots sont crees par M. Faraday), de la puissance ou force magnetique sont un fait notoire. M. Faraday a essaye diverses experiences pour isoler s'il est possible une de ces dualites, pour la s^parer autant que possible de la dualite contraire. II prend, par exemple, six electro -aim ants ayant la forme de barres rectangulaires , et les place les uns par rapport aux autres dans trois directions dont chacune soit perpendiculaire aux deux autres, de telle sorte que leurs extremites interieures, toutes de meme polarite ou de meme nom, circonscrivent un espace cubique et forment une sorte de cham- bre experimental . Quand le courant passe, ces electro-aimants ma- nifestent une aimantation intense a l'exterieur ; ils agissent forte- ment sur des clous, de la limaille de fer, des spirales electro— dyna- miques, des aiguilles aimantees; mais a l'interieur de la chambre, tapissee de tous cotes par des poles nord energiques, il n'y a aucune action ; la limaille de fer ne s'oriente pas ; de petites ai- guilles ne sont pas dirigees , excepte par le magndtisme secon- dare qu'elles determinent elles-memes par induction. Voici une autre experience du meme genre : a l'extremite" d'un electro-aimant cylindrique , dont le noyau avait 1 pouce 1/2 de diametre, on a creuse" une chambre cylindrique, concentrique a la surface de l'aimant, de 7 dixiemes de pouce de diametre, de 1 pouce 3 dixiemes de profondeur. Quand, apres avoir rendu l'electro-ai- mant actif, on projette sur l'extremit6 creusee de la limaille de fer, elle s'arrange a l'exterieur, mais aucune parcelle n'est attir^e dans l'interieur ; repandue sur une carte et introduite dans la cavite* , la limaille n'est nullement attiree ou disposed, excepte tres-pres de l'orifice; un morceau de fer doux, suspendu a un fil de cuivre, est violemment attire a l'exterieur; un morceau de fer place a l'inte- rieur n'est attire et retenu qu'autant qu'il depasse les bords de la cavite ; il n'y a en un mot a| l'interieur aucun indice d' action ma- gnetique. Cette experience et beaucoup d'autres prouvent qu'il n'y a pas d'action magnetique la ou il n'y a pas de dualite, que les dualites ne peuvent pas exister isolees ; que si elles sont developpees, elles le COSMOS. 211 sont en proportions egales, et essentiellement dans la dependance Tune de l'autre. Ici M. Faraday entre dans une discussion dont nous ne compre- nons pas bien la ported , nous traduisons litteralement : Si les deux dualites n'etaient pas essentiellement li£es l'une a l'autre, comment un aimant pourrait-il subsister seul 1 Son pouvoir, manifeste quand on a rapproche de lui d'autres aimants , ou du fer, ou du bismuth, devrait, lorsqu'on eloignera ces substances, ou prendre sur-le-champ une autre forme, ou exister sans produire d'action. L'apparition d'une forme nouvelle de force n'a jamais ete" constatee ; la cessation d'action est une impossibilite incompatible avec le principe de la conservation des forces. Mais si les dualites d'un simple aimant s'infiuencent mutuellement, est-ce suivant des lignes droites a travers la masse de l'aimant ou suivant des lignes courbes a travers l'espace environnant? Ce n'est pas en lignes droites a travers l'aimant , que nous supposerons etre une barre ou une sphere, car en entourant l'aimant d'une helice, on constate que la disposition interieure n'est pas changed, soit qu'il exerce son action sur d'autres aimants , soit qu'on l'abandonne a lui-meme, tandis que, par le meme genre d'epreuves, on prouve que la disposition exterieure de la force est modifiee quand l'aimant exerce son ac- tion ; Taction exercee en ligne droite a travers l'aimant ne change pas dans ces circonstances, tandis que Taction exercee dans l'espace suivant des lignes courbes varie. Mais arrivons a une experience nouvelle et capitale : La polarite que manifestent le phosphore ou le bismuth place's dans le champ magnetique depend essentiellement de la nature de la force magnetique, et est tres-propre a mettre mieux cette nature en evidence. L'hypothese suivant laquelle la polarite des substances diamagnetiques serait inverse de la polarite des substances para- magneHiques conduirait a cette consequence que la nordesse ne repousserait pas toujours la nordesse et n'attirerait pas toujours la sudesse ; ou du moins conduirait a la supposition qu'il y a deux nordesses et deux sudesses ; que ces nordesses et ces sudesses se- raient associees par couples, tantot d'une maniere, tantot de la ma- niere opposee ; mais la polarite" du bismuth est-elle reellement con- traireacelledu fer? M. Faraday s'est procure" quatre spheres de cuivre, de fer, de bismuth et d'acier trempe, et il les fait tourner successivement au- tour d'un axe co'incidant avec Taxe magnetique d'un puissant ai- mant en fer a cheval : chaque sphere porte a son equateur un an- 212 COSMOS. neau en cuivre , et les cxtremites du fil d'un galvanometre sont mises en communication l'une avec l'axe, l'autre avec l'cquateur du globe en rotation. De cette nianiere le courant electrique pro- duit par la rotation desglabes entre dan^: le circuit du gal v an o met re et peut indiquer leur polarite magnetique. Lorsqu'on fait tourner la sphere de cuivre, prise pour terme de comparaison, la deviation de 1 aiguille du galvanometre a lieu dans une certaine direction : lorsque la sphere de cuivre est substitute a la sphere de fer, la de- viation a lieu dans le meme sens ; le meme effet se produit quand on passe a la sphere de bismuth et a la sphere d'acier. Ainsi done, par ce genre d'epreuves, que M. Faraday croit tres- propre a la manifestation fidele et invariable de la polarite, l'etat de toutes les spheres se montre exactement le meme ; et il faut, par consequent, en conclure que les forces magnetiques du fer, du cuivre, du bismuth, sont les memes dans tous les cas. La sphere d'acier a ete ensuite rendue magnetique dans la direc- tion de son axe ; elle etait assez trempee pour retenir son magne*- tisme propre, lors meme qu'on la suspendait dans une direction in- verse entre les poles de l'aimant inducteur; car lorsqu'on la retirait, sa polarite etait restee la meme. M. Faraday a place ensuite la sphere aimantee dans des posi- tions choisies, oil ia force magnetique dominante, Taction de l'ai- mant, n'etait pas trop intense (il se servait d'un aimant capable de porter 450 livres), et il a trouve que si la sphere magnetisee etait placee en concordance, e'est-a-dire de telle sorte que son pole nord fut oppose au pole sud de l'aimant inducteur, la deviation avait lieu dans le meme sens qu'avec la sphere de bismuth ; mais que si on la retournait, en la placant dans la condition que plusieurs physi- ciens assignent au bismuth, on voyait se produire une deviation contraire a celle causee par la sphere de bismuth. Laissant la ces belles experiences, M. Faraday entre dans le do- mainede lam<5taphysique et cherche a jeter un nouveaujour sur la nature inlime et la raison d'etre des forces qui s'exercent a distance. Nous sommes si bien accoutumes, dans la disposition actuelle des esprits, a admettre que des corps peuvent agir a distance l'un sur l'autre, comme un aimant sur un autre aimant , ou le soleil sur la terre, que celui qui ne verrait pas dans ces actions a distance une explication suffisante ou la raison d'etre des phenomenes de la pe- santeur, de l'electricite, du magnetisme, etc., etc., qui demanderait quelque chose de plus aurait a craindre de devenir ridicule ou de passer pour ignorant. Newton cependant, le grand Newton, qui a COSMOS. 213 devine" la nature onctueuse du diamant par la constatation de son grand pouvoir refringent , et pressenti l'existence dans l'eau d'un principe combustible cent ans avant que l'eau nit decomposed en gaz oxygene et hydrogene ; Newton, disons-nous, s'est montre plus difficile; il n'admettait pas qu'un philosophe put se contenter de cette pure attraction des portions de matiere placees a distance; il regardait comme une grand e absurdite cette attraction innee j inherente, essentielle a la matiere, en vertu de laquelle les corps pouvaient agir les uns sur les autres a distance a travers le vide, sans l'intervention d'aucun milieu qui transmit Taction de l'un des corps a l'autre. II voulait que la pesanteur fut causee par un agent exercant son action d'une maniere constante, suivant certaines lois; mais il laissait a decider a ses lecteurs si cet agent est materiel ou immateriel. M. Faraday pense que le moment est venu de suivre la voie ouverte par Newton, et d'essayer de percer le mystere qui couvre encore la nature des forces a distance, et en particulier de la gravite universelle s'exercant en raison inverse du carre des dis- tances. Nous le suivrons une autre fois dans ces considerations trans- cendantes quand nous les aurens cbscutees avec lui. SUR LA CONCENTRATION DE l'alCOOL DANS ^EXPERIENCE DE SOMMERING , PAR LE Pf GRAHAM. L'auteur etablit que lorsqu'un vase ouvert rempli d'un melange d'alcool et d'eau est expose a l'air, l'alcool monte d'abord et aban- donne l'eau. Mais si, comme dans l'experience de Sommering, une vessie est entierement remplie par de l'alcool dilue, le liquide dimi- nuera de volume, l'eau passera a travers la membrane et laissera dans la vessie une proportion plus gran de pour cent d'alcool. Les membranes secbes ne peuvent pas produire ce phenomene , et une jarre dont l'ouverture est fermee par une vessie seche, laisse d'abord ^chapper l'alcool. L'auteur croit que les liquides se diffusent meca- niquement par une sorte de force repulsive, de la meme nature que celle qui se manifeste dans les gaz. Si Ton ajoute du sel commun a l'eau contenue dans une jarre, que Ton tende une membrane sur l'em- bouchure et qu'on plonge la jarre dans un vase contenant de l'eau pure , la diffusion a lieu en quantite proportionnelle a la quantite de sel dissous dans l'eau. L'alcool cependant presente une anomalie sous ce rapport, car la quantite qui se diffuse ou s'echappe a travers la membrane , lorsque le liquide contient 5 pour 100 d'alcool n'est 21/j COSMOS. pas augmentee, lorsque la proportion d'alcool devient 10, 15 et 20 pour 100. Ces phenomenes indiquent l'existence dans la membrane d'un certain pouvoir de criblage ou de separation, et introduisent tin troisieme element qu'il faudra ajouter a la diffusion et a l'osmose dans la discussion de la permeability des tissus membraneux. M. Graham pense que l'experience de Sommering est un exemple d'une diffusion arretee au sein d'un melange qui contenait plus de 5 pour 100 d'alcool; cette action a quelque ressemblance avec la puissance de separation et de secretion des cellules de l'organisme vivant , et presenterait un tres-grand interet au point de vue de la physiologie , surtout si Ton arrivait a d^couvrir que cette action s'^tend a l'albumine et aux autres liquides organiques. M. Faraday considere la seconde partie de ce memoire comme extremement importante , et il exprime le vceu, que le professeur Graham veuille bien exposer les raisons qui lui font attribuer la dif- fusion des liquides a une repulsion exercee entre les particules. L'attraction des milieux environnants ne pourrait- elle pas etre la cause totale ou partielle de la diffusion ? Le professeur Graham repond : que les phenomenes caracteristiques de la diffusion gazeuse peuvent etre expliqu^s, a la rigueur, par une force attractive aussi bien que repulsive. Dans la diffusion des liquides on observe les memes analogies et la meme intensite d'action. Quand une bouteille renferme une solution d'alun, le sulfate de potasse s'echappe le pre- mier et le sulfate d'alumine demeure, de meme on peut faire bouillir ensemble l'acide sulfurique et le chlorure de sodium, sans que l'acide hydro- chlorique se separe ; mais si Ton mele l'acide sulfurique et le sel danslafiole a diffusion, l'acide hydro -chlorique est separe tandis que le sulfate de soude demeure. M. Graham a fait un nombre con- siderable d'experiences de cette espece, et comme la diffusion des gaz est plus clairement expliquee par rintervention des forces re- pulsives , il y a raison de croire que c'est la repulsion qui produit aussi la division des liquides. [Association Britamiique.) INFLUENCE DES RADIATIONS SOLAIRES SUR LA FORCE VITALE DES PLANTES VEGETANT DANS DIVERSES CONDITIONS ATMOSPHERIQUES J PAR M. GLADSTONE. L'auteur commence par decrire avec soin les diverses portions du spectre prismatique qu'ilj a isolees par les divers verres colores employes dans ces experiences; il demt une sene d' observations faites sur des jacinthes qui ont vegete sous des influences tres-va- riees, de lumiere, de chaleur solaire et d'action chimique. Parmi COSMOS. 215 les resultats obtenus, il mentionne la facultequ'ontles rayons jaunes de diminuer le developpement des radicelles et l'absorption de l'eau, la faculte qu'ont les rayons rouges d'arreter le developpement pro- pre de la plante, et les effets de l'obscurite totale , qui amene une croissance rapide et abondante de radicelles deliees, qui previent la formation de la matiere colorante verte, mais non celle de la matiere colorante des fleurs bleues , ni des autres elements cons- titutifs d'une plante en bonne eante. II donne ensuite le detail d'ex- periences faites sur la germination. II a fait vegeter du froment et des pois sans sol au-dessous de larges verres incolores, bleus, rou- ges, jaunes, jaune-obscurs, enfumes, et enfin dans une obscurity parfaite. Les effets resultant de ces conditions si differentes dans lesquelles les graines etaient placees ont et6" tres-marques, et leur description occupe une place considerable dans le memoire. Les deux plantes mises en experiences et qui avaient ete prises a des- sein dans deux grandes divisions botaniques, se sont composes tout differemment. La maniere dont elles Etaient affectees par les differents rayons solaires a ete quelquefois tout opposed. On a ce- pendant observe quelques phenomenes communs. Pour toutes deux la soustraction des rayons chimiques facilite les progres de la ger- mination, soit quant a la pousse des racines, soit quant a revolu- tion du bourgeon ; la tige croit dans l'obscurite, devient extremement haute, le developpement des feuilles est tres-faible, et il devient de moins en moins manifeste a mesure que l'obscurite augmente ; les rayons jaunes exercent une action de repulsion sur les racines; il imprime aux racines du froment une impulsion en bas, et aux ra- cines du pois une impulsion laterale. M. Gladstone decrit ensuite un petit nombre d'experiences faites sur d'autres semences, et ter- mine son memoire par le resume' des essais faits sur la germination du froment et des pois dans l'oxygene, l'hydrogene, l'acide carbo- nique, l'air atmosphe>ique, l'air dont on avait enleve tout l'acide carbonique. Le resultat general de ces essais a ete- de confirmer la necessite absolue de l'oxygene dans la germination. M. le professeur Miller, en remerciant l'auteur de ses impor- tantes recherches, fait ressortir l'importance de quelques-uns des resultats auxquels elles ont conduit ; il appelle surtout l'attention sur deux faits remarquables : 1° que les rayons bleus retardent d'abord Taction de la germination, et il croit que, tres-probablement, ils accelerent plus tard le developpement de la plante; 2° quel'acte de la germination est d'abord accompagne d'une absorption d'oxy- gene, tandis que plus tard le developpement de la plante est accom^ pagne de degagement de ce gaz. [Association Britannique.) ACADfimiE D£S SCIENCES. SEANCE DU 19 FllVRTER. M. Wertheim lit un memoire sur la torsion et la rupture des substances dures et elastiques. Nous en donnerons L' analyse. — M. Biot continue son examen critique des theories math^ma- tiques des refractions astronomiques ; il discute aujourd'hui la theo- rie de M. Bessel, et montre qu'elle s'accorde tres-peu avec la cons- titution physique de l'atmosphere. — M. Regnault presente a l'Academie une quantity considerable de calcium pur, que M. Bunsen a fait preparer dans son labora- toire par la methode que nous avons decrite, et qui lui avait deja si bien reussi pour le magnesium et l'aluminium. Le calcium pur est gris, tres-brillant, eminemmentoxydable ; a une temperature unpeu elevee, il fond et brule avec une vive lumiere ; M. Bunsen annonce que les m ernes proctitis lui ont donne du barium et du strontium dont M. Mathissen dtudie avec soin les proprieties physiques. Nous avons apprisde bonne source que la fabrication en grand de raluminium etait, par les ordres et avec les encouragements de l'Empercur, organisee dans la belle usine de Javelle, dirigee par Mm de Sussex; qu'on etait dc-ja ou qu'on scrait bientot enmesure de produire par semaine un ou plusieurs kilogrammes de ce precieux m£tal. — L'Academie procede a la nomination d'un correspondant dans la section do mineralogie et de geologic Les candidats etaient : en premiere ligne, M. Haussmann, a Gottingue ; en seconde ligne, ex cequo, M. Haidinger, a Vienne ; M. Dumont, a Liege ; en troi- sieme ligne, ex cequo, MM. Boue, a Vienne ; Charpentier, a Bex; de Dechen, a Bonn ; Domeyko, a Valparaiso ; Greenough, a Lon- dres ; Hischcock, aux Etats-Unis ; Jackson, aux Etats-Unis ; Kei- lau, a Christiania; Lyell , a Londres ; Naumann, a Gottingue; Sedgwick, a Cambridge ; Sismonda, a Turin ; Studer, a Berne. Au premier tour de scrutin, M. Haussmann qui obtient 39 suffrages, contre 2 donnes a M. Lyell et 1 a M. Domeyko, est nomine" mem- bre correspondant etranger. — M. Pouillet, au nom d'une commission composee de la sec- tion de physique , de MM. Regnault et de Senarmont, lit un rap- port relatif a Installation des paratonnerres sur les nouvelles cons- tructions du Louvre. Ce que ce rapport renferme de plus essentiel, ce sont des considerations sur la maniere dont doivent etre etablies les communications des conducteurs avec le reservoir commun. IL COSMOS. 217 faut absolument abandonner l'usage dangereux tie faire aboutir la chaine dans uneciterne fermee, de capacite mediocre; car flans ces conditions, l'eau, au lieu d'eteindre le feu electrique comme le croit le vulgaire, peut devenir fulgurante. Le conducteur doit etre en con- tact par de larges surfaces avec de grandes nappes d'enu, une ite\ Ce systeme, admissible en topographie, ne suffirait pas pour un cadastre parfait, pour le cadastre probanl que reclament les temps modernes, qu'a la condition d'augmenter demesurement le nombre des points relev^s, et par suite, la depense d'argent et de temps, sur le terrain et dans les bureaux. Mais, une courbe quelconque peut etre representee par la suite continue de ses cercles oscula- teurs, avec une approximation beaucoup plus grande que par un poly gone recti! igne ; le nombre des cercles pout etre tres-petit rela- tivement au nombre des cotes du polygone ; dans ce nouveau mode de substitution, chacun des arcs de cercle composant l'anse du pa- nier, qui composera la courbe; pourra etre determine par les leves de trois quelconques de ses points; M. Porro etablit, en effet, les formules tres-simples, par lesquelles, connaissant les coordonnees COSMOS. 225 rectangulaires de ces trois points, on calculera les coordonnees et le rayon du cercle, ainsi que la surface du segment. Ainsi perfectionnee, la nouvelle methode du cadastre, qui a pour base la determination des coordonnees rectangulaires de chacun des points relevtSs, permet de realiser mathematiquement des configu- rations de sol, abandonnees jusqu'ici au sentiment artistique de l'operateur; ce qu'on avait cru une objection insurmontable a l'a- doption des leves tacheometriques devient, au contraire, l'occasion d'un nouveau triomphe. Dans un article qui fera partie d'une des prochaines livraisons du Cosmos, nous exposerons mieux en quoi consiste le nouveau sys- teme de leves du cadastre propose par MM. de Robernier et Porro. — M. Wolff, directeur de l'Observatoire de Berne , adresse des observations sur les rapports que peut avoir la quantity plus ou moins grande d' ozone mise en evidence dans l'air, avec certaines epidemies.L' ozone est une substance volatile ougazeuse, d^couverte ou du moins individualisee par M. Schoenbem de Bale, tresodo- rante, qui apparait partout ou l'air est electrise. L'opinion que nous avons emise, le premier, dans le journal X'Epoque, novembre 1845, et suivant laqnelle l'ozone ne serait que de l'oxygene 61ectrise\ ou mieux a l'etat naissant, sans 1' atmosphere d'electricite" positive qui dissimule son electricite negative propre, est aujourd'hui gene>ale- ment admise. II est demontre aussi que l'atmosphere en general, contient de l'ozone en quantite plus ou moins grande. Le moyen employe pour inettre sa presence en Evidence est tres-simple ; il con- siste a tremper une bande de papier amidonne* dans de l'iodure de potassium, et a la suspendre dans l'air pendant uncertain temps; elle prendra une teinte plus ou moins fonce'e, suivant qu'il y aura plus ou moins d'ozone dans l'air. On dresse a I'avance une £chelle des teintes normales dont les termes extremes son t le blanc, correspondant a Y absence d'ozone, et la coloration intense produi te par l'ozone pur; entre ces extremeson in- tercalle 8 teintes d'intensite croissante; et pourexprimer ennombres la teneur actuelle en ozone, de l'atmosphere, on compare la nuance du papier iodine qui y est reste suspendu, aux teintes de l'echelle; le numero de la teinte de l'echelle qui se rapproche le plus de la teinte du papier expose a l'air, exprime la quantite d'ozone que l'air contient. Pour mieux comparer et apprecier les teintes, il est pru- dent de tremper les papiers dans de 1'eau distillee. La quantite d'o- zone de l'air varie incessamment d'un jour al'autre, d'un mois > it . a 1 autre; mais on a dejii mis en evidence quelques lois gdneVales, 22a COSMOS. ainsi : 1° en comparant les quatre saisons, le maximum d'ozone est au printemps; vient ensuite l'hiver, puis l'ete et l'automne. 2° En comparant les mois, le maximum est en general en mai ; quand la vegetation est tres active , le minimum est en novembre. 3° L' ozone est en general plus abondant la nuit que le jour. Pour donner une idee plus nette de cet ordre de phenomene, nous citerons les moyen- nes des mois, des saisons de l'annee, resultant d'observations suivies avec soin, a Cracovie, par M. Karlinski, d'octobre 1853 a octobre 1854. Janvier 4,30; fevrier 6,02; mars 7,03; avril 5,57 ; mai 6,32; juin 5,06 ; juillet 4,05; aout4,27; septembre 3,79; octobre 4,76; novembre 5,46; decembre 4,96. Printemps 6,30; Ete4,45; Au- tomne 4,40; Hiver5,09. Annee 5,04. Ces preliminaires poses , revenons a la communication de M.Wolff. Suivant divers observateurs, MM. Schcenbein, Boeckelde Strasbourg, Billiard de Corbigny, Gaillard de Poitiers, il y aurait un rapport intime entre la quantite d'ozone de l'air et certaines maladies epidemiques, le cholera, la grippe, les fievres inter- mittentes, etc., etc. II semblerait constate, par exemple, qua Berlin et ailleurs, l'invasion d'une epidemie de grippe aurait coin- cide" avec la presence dans l'air d'un exces d'ozone ; qu'au contraire a Berlin, a Strasbourg, a Corbigny, l'invasion du cholera aurait iHe accompagnee d'une absence presque complete d'ozone dans l'air. M. Wolff serait arrive au meme re"sultat; la recrudescence du cho- lera aurait coincide" , a Berne, avec une deflexion ou diminution sensible des ordonnees de la courbe ozonometrique. On etait inquiet sur l'avenir du prix Breant, et voila que Ton voit deja surgir de differents cotes des recherches positives qui sont precisement de la nature de celles que M. Breant a voulu provo- quer, encourager, recompenser. II est du devoir de l'Academie de prendre en grande consideration les rapports de 1' ozone et du cho- lera ; elle pouirait meme des aujourd'hui, et ce serait une excellente action, prelever sur le legs Breant une somme importante , quelle donnerait en prix a M. Schcenbein, qui a eu 1'iinmense merite de mettre en evidence dans l'atmosphere un principe inconnu ou ne- glige avant lui, de nature a produire des effets physiologiques et pathologiques. (La suite au prochain numero.) A. TKAMl'.LAY, proprietaii-e-ijerant. TAIUS. — lariUMKRIE DE W, RHMQUF.T ET cie, R'JE GAKANCIERE, 5. T. VI. 2 MAKS 1 855. QUATIUEME ANNEE. COSMOS- NOUVELLES ET FAITS DIVERS. M. Duprez, physicien distingue bien connu de nos lecteurs par ses belles recherches sur un cas nouveau et particulier de 1'equilibre des liquides, a dte nomme membre titulaire de 1' Academie royale des sciences de Bruxelles, en remplacement de M. de Hemptine, decdde. M. Maury, directeur de l'Observatoirede Washington, et des travaux de meteorologie nautiques aux Etats-Unis, a ete nomme associe etranger de la meme Academie, en remplacement de M. Mel- loni. MM. Dewalques, de Liege, etHouzeaux, de Mons , ont dte nommes correspondants regnicoles. — L Academie royale de Rruxelk propose, pour le concours de 1855, les sujets de prix suivants : 1° discuter d'une maniere appro- fondie les deux opinions emises relativement a l'exposition dela me- canique, dont l'une veut que Ton commence par la theorie de l'e- quihbre, l'autre que Ton commence par la theorie du mouvement ; et donner un canevas complet d'un cours de mecanique ordonne suivant le second systeme, avec les demonstrations que necessite le nouveau plan ; 2° determiner par des recherches nouvelles la na- ture des acides organiques anhydres ; 3° determiner par des expe- riences nouvelles la composition et la nature des matieres albumi- no'ides ; 4° etudier, au moyen de nouvelles experiences, l'influ-nce que le nerf grand sympathique exerce sur les phenomenes de la nu- trition ; 5° donner, avec figures des especes nouvelles, la description des infusoires vivant en Belgique ; 6° etudier, danj un memoire ap- profondi, la coloration des algues. Le prix, pour chacune de ces questions, sera une medaille d'or de 600 francs ; les memoires doivent etre envoyes a M. Quetelet avant le 20 septembre 1855. M. le ministre des travaux publics de Belgique a ouvert en outre un concours extraordinaire pour un prix dont le programme est ainsi coi:cu : « Indiquer un systeme complet de moyens rationnels et pratiques de porter l'exploitation des houilleres a miile metres au 9 226 COSMOS. moins de profondeur, sans aggraver sensiblement les conditions eco- nomiques dans lesquelles on opere aujourd'hui en Belgique ; le prix sera de 2 000 francs. — Nous avons appris de source certaine que, par les ordres de Sa Majeste" l'Empereur, les administrations de la guerre et de la marine avaient fait a M. Chevalier-Appert la commande de deux cent mill e kilogrammes de conserves de viandes. Ces conserves sont partagees par boites de la contenance de 2 litres et demi ; chaque boite renferme 800 grammes de viande ; l'espace vide restant est rempli avec du bouillon et des legumes ; il suffira de chauffer le con- tenant avec le contenupour avoir en quelques minutes un excellent pot-au-feu avec soupe et bouilli de premiere quality. Voila certes une bonne et belle application des principes de la science ; voila aussi pour la France, qui, dans la personne d'Appert, a la premiere marche" dans cette voie d'un progres 4minemment bienfaisant, une source de richesse et de gloire. Les conserves alimentaires sont au- jourd'hui une^des plus belles et des plus riches industries des deux mondes, et cette industrie ira grandissant toujours. En plein hiver, et dans les plus humbles restaurants, on mange des petits pois ou pois verts si admirablement prepares par les maisons du Mans et de Nantes, qu'on a vraiment peine, meme avec un palais exerc£, a se persuader a soi-meme que ce ne sont pas des primeurs de l'ete\ — A l'occasion du renouvellement du traite passe" entre la ville et les compagnies de gaz reunies , pour l'£clairage de la ville de Paris, il s'est eleve de grands debats ; le prix du metre cube demande par les compagnies a paru beaucoup trop eleve" , et des soumissions a des prix reduits de plus de moitie" sont venus de divers cotes. On nous assure que S. M. l'Empereur, voulant s'eelairer directement sur cette grave question , a fait suivre par un membre Eminent de l'lnstitut, son president actuel , des experiences faites dans une usine creee ad hoc sur un terrain dependant de la liste civile. D'un autre cotd, M. Leon Foucault a ete" charge" de mesurer compara- tivement les pouvoirs eclairants du gaz extrait de la tourbe; il a invents ou dispose dans ce but un appareil photometrique que nous ferons bientot connaitre a nos lecteurs ; le rdsultat assez extraor- dinaire de ces experiences serait que le gaz de la houille, conve- nablement purifie , aurait un pouvoir eelairant £gal a deux fois et demie celui du gaz de la houille. — M. Lake annonce qu'en faisant dige"rer pendant plusieurs jours , dans de l'eau distillee , un certain nombre d'insectes de l'es- pece cimex lectularius , il a obtenu un nouvel acide , l'acide ci- COSMOS; 227 mique , qui jouit de propri^tes singulieres. Si Ton verse dans la solution une certaine quantity d'acide sulfurique , elle produit une vive effervescence; et l'application de la chaleur degage une abon- dante quantite" de gaz soluble dans l'eau , doue d'une odeur a la fois penetrante et suffocante. En faisant macerer dans l'eau distil lee les feuilles et les branches vertes d'une espece de geranium connu sous le nom de scarlet-leaf, feuilles ecarlates , et ajoutant a la mace- ration de l'acide sulfurique, on obtient aussi un nouvel acide qu'on peut appeler acide geranique, d'une odeur fine et agreable ; donnant naissance, quand il est chauffe, a une grande quantite de gaz. — Voici en quels termes M. Chenot ddcrit les proprietors merveil- leuses de ses eponges metalliques : « Par l'application de ces epon- ges, la coagulation du sang a lieu presque immediatement, parce que l'eau de ce liquide est absorbed et decomposed en ses deux ele- ments, l'oxygene condense" par le fer, l'hydrogene qui s'echappe dans l'air ; ces deux effets donnent lieu localement a un grand de- veloppement de chaleur. La charpie electro-metal lique modifie promptement et d'une maniere tres-avantageuse les plaies suppu- rantes ; elle amene en peu de temps la resolution de larges et profondes ecchymoses. M. Marjolin ne doutait point que les Sponges metalliques ne devinssent un precieux agent therapeulique; peu de temps avant sa mort, M. Chenot lui avait prepare une serie d'eponges de differents me"taux, de maniere a obtenir pour ainsi dire une gamme de caute"risateurs par la soustraction etla decompo- sition de l'eau. » — M. Chevallier a appele recemment l'attention de 1'Academie des sciences et de la Societe" d'encouragement sur l'immense avan- tage qu'il y aurait a, substituer le phosphore rouge ou amorphe au phosphore ordinaire clans la fabrication des allumettes chimiques. Voici en effet ce qu'ont demontre" des experiences faites a Alfort, par M. Lafont : 1° Le phosphore rouge ou amorphe n'agit pas sur lechien, a la dose de 5 grammes, a la maniere d'un poison ; 2° II ne produit meme aucun effet sur les muqueuses avec lesquelles on le met en contact ; 3° II est sans action sur les oiseaux a la dose de 3 centigrammes ; 4° Les allumettes preparers avec le phosphore rouge n'empoi- sonnent ni le chien ni les oiseaux ; 5° Le phosphore ordinaire est toxique pour le chien a la dose de 3 grammes ; 228 COSMOS. 6C A la close de moins de 2 grammes il determine le vomisse- ment et des symptomes d'empoisonnement ; 7° C'est un poison tres-actif pour les oiseaux a Ja dose de 3 centigrammes; 8° Les allumettes fabriquees avec le phosphore pur sont toxiques pour le chien et pour les oiseaux. — Nous avons laisse' longtemps sur le marbre la nouvelle sui- vante , empruntee a X Independance beige ; elle nous semblait un peu canard: •« En cherchant des moyens de destruction puissants en vue des tenements actuels, deux personnes, dont l'une est officier supeVieur du genie, viennent non-seulement de trouver ce qu'elles desiraient, mais encore et en meme temps un agent calorique des plus preweux pour l'industrie. Vous en jugerez quand je vous aurai dit qu'il pre- sente une ^conomie de 80 pour 100 sur tous les procedes connus et qu'il peut s'appliquer indifferemment a toutes les machines a va- peur dont on se sert aujourd'hui, sans qu'il soit necessaire de leur faire subir la moindre modification. « Au point de vue militaire, voici l'etat oil en est la question : «es messieurs out fait offrir a l'Empereur de faire, a leurs frais, une experience en grand. Deja a 5 000 metres , ils ont rdduit en cendres des monceaux de poutres arrosees par un fort robinet donnant de l'eau constamment. <• Aujourd'hui, ils proposent d'ope>er a 9 000 metres de distance et ils se font forts de r^ussir sur quoi que ce soit qu'on mettrait a leur disposition. « M. le colonel des Cent-Gardes, vicomte Lepic, a propose une entrevue avec M. le commandant d'artillerie, aide-de-camp de Sa Majeste. Sous peu, les inventeurs vont done etre mis a meme d'agir. Yu l'urgence, en effet, il n'y a pas de temps a perdre. » L'affaire est serieuse, un membre de l'lnstitut a 6te appele dans la confidence ; il a ete effraye de la simplicite et de la puissance du procede , qui ne serait rien moins qu' analogue au fameux miroir d'Archimede. « Au point de vue industriel, des capitalistes sont deja saisis de la question. Ii y a la toute une revolution dont il serait superfiu de montrer la portee; chacun la comprend. Des ouvertures ont et^ faites aux principales lignes de chemins de fer. On n' attend plus que la grande experience qui se fait sur une machine de la force de 25 a 'SO chevaux. » AGRICULTURE. JOURNAL D'AGRICULTURE PRATIQUE des 5 et 20 Janvier et du 5 fevrier. (Suite et fin.) — Dans un grand article sur le concours de Smithfield et de Bir- mingham, M. Robiou de la Trehonnais constate que l'aristocratie anglaise a vaincu sur presque toute la ligne ; que le sentiment du beau a triomphe des exagerations monstrueuses, en ce sens que le developpement des mottes charnues , au moins dans la race bovine, ne fait plus disparaitre l'elegance et la symetrie des formes ; que dans la race porcine l'engraissement est encore outre. Le bceuf laureat a etc vendu 1 750 fr. ; les Durham ont vaincu les Davon ; le prince Albert a gagne un des prix du concours des cochuns ; il y avait au concours de Birmingham pres de 1 800 cages de volailles; les oies, les dindons et les cochinchinois etaient monstrueux ; les trois oies qui ont obtenu le prix pesaient ensemble 32 kilogrammes ; il y avait des choux qui pesaient 15 kilogrammes, des betteraves de 7 a. 11 kilogrammes; on exposait une variete qui avait produit 145 000 kilogrammes a l'hectare. Lh'raison du 20 janvler. — Mmc Cora Millet, l'auteur de la JSIaison ruslique des dames, repousse le nouveau mode de culture des betteraves pour sentence, propose dans ce dernier temps, et qui consisterait a semer en septembrepour laisser passer l'hiver: si ces betteraves donnent de belles semences, dit Mme Millet, ce ne peut elre que par hasard et parce que pendant l'hiver dies auront ete couvertes accidentellement par la neige. II faut choisir pour porte- graines les plus belles betteraves et prendre les plus grands soins pour les mettre a l'abri de la degenerescence causee par l'hybrida- tion ou le transport des graines d'une espece a l'autre. Le plus pru- dent est de ne laisser arriver a, graine qu'une seule variete chaque annee. Cette meme pratique doit etre etendue a toutes les plantes, le rutabaga, lenavet. le ma'is, etc. ; les graines conservent, on le sait, leurs facultes germinatrices pendant plusieurs annees; mieux vaut une graine de deux ou trois ans qu'une graine melangee ou variee par rhybridation. Mme Cora Millet se prononce pour la methode Kccchlin, qui consiste a repiquer les betteraves au lieu de les semer sur place. Les betteraves repiquees montent, dit-elle, beaucoup moins, et lors meme quel les montent, elles donnent encore de glosses racines. Des navets rouges d'Ecosse , semes en lignes avec des rutabagas, en avril , ont donne en juin et juillet des ra- 230 COSMOS. cines pesant jusqu'a 2 et 3 kilos, d'un gout delicieux et dun grand secourspour laporcherie; les rutabagas n'avaient encore que la grosseur d'un ceuf. M. Da Breuil loue la forme en cordon- spirale , adoptee pour les arbres fruitiers , par M. Luizet, p£pinieriste a Ecully. Nous di- rons a cette occasion que le meilleur moyen de faire produire les poiriers rebelles, est non de les tailler, mais d'abaisser les branches, en les contournant quelque peu , de maniere a entraver le cours de la seve. M. Bazin nous a affirme r^cemment que des arbres long- ternpc steriles avaient donne ainsi des fruits aussi nombreux que beaux. M. Gustave Heuze" appelle l'attention sur la carotte blanche des Vosges, varied tres-nutritive, qui vegete tres-promptement et se conserve beaucoup mieux dans les silos que les autres varietds. Sa racine se developpe presque entierement au-dessous de la sur- face du sol; sa peau est blanche, lisse, douce au toucher; sa chair est blanc-jaunatre , un peu citrine ; son diametre atteint souvent 10 centimetres ; sa longueur depasse rarement 25 centimetres. Lwraison du 5 fevrier. — M. le baron Peers se loue beaucoup dela culture dela feverole d'hiver dans les sols argileux; elle sup- porte tres-bien les hivers de la Belgique, et craint moins les atta- ques de Valtise que la feverole du printemps, parce qu'elle fleurit avantl'eclosiondecet insecte. Elle donne environ 30 hectolitres a l'hectare, un sixieme de plus que sa congenaire du printemps; elle verse moins facilement, mais sa paille est moins abondante. — II est demontre par des experiences positives et nombreuses que le fumier de ferme, conserve" sous des hangars, donne de bien meilleurs resultats que le fumier laisse a l'air sans abri. Dans une des experiences comparatives, le premier a donne en poids un quart de plus de pommes de terre que le second, un tiers de plus en vo- lume de ble un peu moins lourd. — II est reconnu, en Prusse, que le lupin jaune, lupinus luteus, employe comme engrais vert, augmente la recolte dans une propor- tion enorme ; le produit en grains qui suit l'enfouissement est pres- que double. — II parait que la graine de lin sechee artificiellement dans une etuve, chauflee a 37° degr^s, germe beaucoup plus facilement. — La betterave appelde jaune-grosse est tres-estimee par les cul- tivateurs du departement de la Seine et de Seine-et-Oise ; les nour- risseurs la pr^ferent aux autres varietes a cause de la belle couleur jaunatre qu'elle communique au lait; dans la plaine de Saint- COSlMOS. 231 Denis son produit moyen depasse 35 000 kilos par hectare ; a l'E- cole d'agriculture de Thouroux, Belgique, son rendement a atteint 47 000 kilogrammes ; l'analyse chimique prouve quelle est plus riche en matieres seches. — M. Arnheiter propose une pince nouvelle, tres-commode pour plomber les arbres et les arbustes dont on veut assurer 1' identity. — M. Felix Roland, de Grand-Jouan, appelle l'attention descul- tivateurs sur son plantoir a piston, dont le maniement est, dit-il, des plus commodes, etjavec lequel on peut semer des graines de di- verses grosseurs, depuis la graine de pavot jusqu'au pois inclusive- ment. Une communication d'un grand interet pour les cultivateurs vient d'etre faite a la Society centrale d'agriculture par le directeur de l'Ecole imperialefde Grand-Jouan (Loire-Inferieure) ; il s'agit en effet de l'emploi et de l'innocuite des pailles rouillees dans l'alimen- tation des betes a laines. Voici 1' experience qui a ete- faite a. Grand- Jouan sur deux moutons communs : | On a fait consommer a ces animaux , non-seulement les pailles, mais encore les epis et les grains rouilles ; de plus, on leur a admi- nistre, en melange, quelques parties de trefle rouge egalement ta- chees de rouille. Ces deux moutons ne sortaient pas au paturage ; ils etaient en- fermes seuls dans une boxe , n'ayant d'autres aliments que de la paille, des epis, du trefle rouilles , et de l'eau dans un baquet. Ils ont 6te maintenus a ce regime pendant 26 jours ; ils ont consomme en tout 24 kilogrammes de paille et de grain de froment, et 26 ki- logrammes de trefle. Si une pareille nourriture avait ete malsaine, les moutons auraient p6ri incontestablement. II n'en a pas et6 ainsi. En eftet, au com- mencement de l'experience , l'un de ces moutons pesait 16 kilo- grammes et l'autre 17; et, 26 jours apres , ils pesaient chacun 20 kilogrammes, soit ensemble 40 kilogrammes. Ils avaient gagn6 une augmentation de poids de 7 kilogrammes. Du reste, M. Rieffel avait fait des experiences anterieures qui lui avaient de\ja demontre" l'innocuite de la paille rouill^e. Les deux moutons qui ont servi a la derniere ne sortaient pas du troupeau de Grand-Jouan. Ils avaient eti achetes expres comme types moyens des betes du pays, afin que 1'experimentation eut lieu sur la race locale. Les moutons de la ferme-ecole pesanten moyenne 45 kilogrammes, £tant habituellement bien nourria , on aurait pu 232 COSMOS. attribucr les rt• Quand, apres ces solennelles assertions, nous voyons M. Boussingault se fatiguer a vouloir soutenir que les plantes ne puisent pas d'azote dans l'air, essayer d'expliquer par la presence des poussieres organiques de l'atmospbere une absorption d'azote egale au moins a la quantite d'azote contenue dans les engrais, nous sommes saisi a la fois d'un sentiment de surprise et de tristesse in- definissable. — On se plaignait generalement de la mauvaise qualite des pommesde terre de la derniore recolte ; onne les trouvaitpas assez iarmcuses, on leur reprochait de contenir trop d'eau. Or, voici" un moyen que l'on nous signale comme propre a corriger ces uefauts jusqu a un certain point. II consiste a ne jamais plonger les tuber- cules dans l'eau froide pour les livrer a la cuisson ; on doit les met- tre tout de suite dans de l'eau bouillante. Nous ne garantissons rien ; nous nous faisons tout simplement 1'echo d'un bruit?qui parait fonde. DE LA VIANDE DE CHEVAL CONSIDERED COMME ALIMENT. M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire a cru devoir consacrer deux lecons du cours interessant qu'il professe au Museum d'histoire na- turelle et oil il traite des mammiferes utiles a l'bomme , particulie- rement de eeux qui ont fonrni ou peuvent fournir des races domes- tiques , a la demonstration des avantages que pourrait offnr ;la vian ie du cbeval, au point de vue de l'alimentation des mas ses.[On ne lira pas sans interet les arguments developpes a cette occasion par le savant professeur. COSMOS. 233 De nos jours , excepte dans quelques rares contrees , on ne de- m ande au cheval que sa force en echange de la nourriture qu'on iui donne. Approchant de la vieillesse , frappe d'un accident qui di- minue ses services ou les rend impossibles, le cheval n'est plus qu'un capital a la veille de se perdre et dont quelques debris a peine sont utilises. Et pourtant sa chair pourrait offrir de precieuses ressources a l'alimentation, si un prejuge fortement enracine ne la discreditait dans l'opinion publique en lui attribuant des defauts dont elle est exempte en realite. Buffon lui-meme n'a pas hesite a la concbnmer comme un aliment des plus mediocres; mais, probablement en cela, le celebre naturaliste s'inspirait de l'opinion generale et ne parlait que par oui'-dire ; car il est peu probable qu'un morceau de cheval ait jamais figure , a titre de mets , sur la table du seigneur de Montbard. De meme que le basuf et le mouton, le cheval est essentiellement herbivore ; aucun element nuisible ne s'elabore dans son economie, et sa chair, richement azotee, a servi longtemps a l'alimentation de 1'homme. Une aversion qui s'est peu a peu infiltree dans nos moeurs a remplace la predilection que les anciens Germains avaient pour ce genre de nourriture , et 1'histoire nous revele la cause de cette transformation dans les gouts. Les Scandinaves et les Germains , vouesau culte d'Odin, elevaient et entretenaient avec le plus grand soin dans des piiturages sacres, une race de chevaux blancs destines a etre immoles aux dieux qu'ils adoraient ; le sacrifice accompli, ils faisaient bouillirla chair de ces animauxet la servaient dans les festins. Telle est probablement l'origine de l'hippophagie qui s'in- tro luisit parmi les peuples du Nord , et devint partie integrante de leurs mocursnationales, jusqu'a ce que le christianisme , penetrant dans l'Europe septentrionale , reussit a detruire une coutume inti- mement lice aux rites du paganisme. Dans une lettre ecrite au vine siecle par le pape Gregoire III a saint Boniface, archeveque de Mayence , on reniarque le passage suivant : « Vous nfavez marque que quelques -una mangeaient du cheval sauvage, et, la plupart, du cheval domestique; ne permettez pas que cela arrive desormais , tres-saint frere : abolissez cette coutume par tous les moyens qui vous seront possibles, et imposez a tous les mangeurs de cheval une juste penitence. « Cependant, malgre l'interdiction du pape Gregoire III, inter- diction renouvelee par son successeur Zachaiie, on pense que l'usage de la viande de cheval se mamtint encore longtemps en Scandina- vie. Ca qui donne quelque poids a cette supposition, e'est que la 23A COSMOS. race des chevaux blancs, qui foumissait les victimes des sacrifices ne s'est jamais ttteinte : le haras de Fredenksborg , appartenant a la couronne de Danemark, est le seul point du globe oil on la re- trouve pure de tout melange. Les peuples nomades de l'Asie septentrionale ont conserve une predilection marquee pour la chair de cheval , et ils en font leur mets favori, bien qu'ilspossedent denombreux troupeaux de bceufs et de moutons. C'est chez les tribus pa'iennes que ce gout est le plus prononcd, et les missionnaires russes , imitant les papes du vme siecle, trouvent dans 1'extirpation de l'hippophagie, un moyen puissant de proselytisme. Parmi les peuples civilises de l'Europe , ce sont les descendants des anciens Scandinaves , les Danois , qui les premiers ont de nouveau employe comme aliment la chair des chevaux. Pendant le siege de Copenhague en 1807, le gouverne- ment autorisale debit du cheval dans les boucheries, et depuis cette epoque, cet animal n'a pas cesse d'alimenter les abattoirs : il existe meme dans la capitale du Danemark une boucherie privilegiee placee sous la surveillance de l'ecole veterinaire, et qui ne tient que de la viande de cheval , laquelle se vend, prix moyen, 12 centimes la livre. Un auteur justement estime-, Parent-Duchatelet, pretend que Ton introduisait autrefois dans Paris, sous differents pretextes, de gran- des quantite's de viande de cheval, destinees a 1'alimentation ; Hu- zard pere, habile veterinaire de la fin du xvnie siecle, assure que pendant la disette qui signala la revolution , la majeure partie de la viande consomm^e a Paris fut , pendant six mois, fournie par des chevaux abattus et il n'en resulta aucun inconvenient pour la sante publique. Dans les campagnes du Rhin, de la Catalogne et des Alpes maritimes , le celebre Larrey eut maintes fois recoursa cet aliment pour ses blesses. II en tira le parti le plus avantageux au siege d'Alexandrie en Egypte, et il dut en grande partie a son emploi, la guerison de ses malades. De ces faits et d'une foule d'autres qu'il serait trop long d'enu- mererici, M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire conclut que le cheval est appele- a rendre d'autres services que ceux qu'on en tire comme bete auxiliaire , et qu'il peut encore fournir a l'homme une nourri- ture saine , economique et des plus nutritives. THSRAPEDTIQUE- Nous recommandonsvivementanos lecteurs un petit opuscule de quatre-vingt-dix pages, que le docteur Quesneville vient de publier sons le titre de Memento therapeutique , appendice a, la Revue scienlifique et industrielle. A la fois medecin, chimiste, pharma- cies, et parfaitement au courant de la litterature scientifique, M. Quesneville etait admirablement place pour redigerce Memento, qui sera grandement utile a tous ceux qui emploient les medica- ments, aux ecclesiastiques, aux Soeurs de charite, aux gardes-ma- lades, a toutes les personnes que le devoir ou leur charite amene au chevet des malades avant qu'ils aient pu consulter un medecin. On y trouvera 1° des details concis et clairs surles pnncipales substances de la matiere medicale et leur usage dans chaque maladie ; un choix des formules les plus employees en therapeutique , un resume des meilleurs traites de therapeutique et des ibrmu- laires les plus recents ; une appreciation consciencieuse de tous les specifiques qui out eu de la vogue et du succes; une table (in- complete permettra de trouver immediatement tout ce doni on pourra avoir besoin. Les preparations les plus ingemeuses, les plus utiles, les plus effi- caces de ce pivcieux recueil sont peut-etre celles inventees par le docteur Quesneville lui-meme ; nous avons vu des eflets vraiment extraordinaires, produits par 1° sa poudre ferrugineuse a base d'un sel double de fer, qui peut etre prise pendant les repas, et donrie a l'eau dans laquelle on l'adissoute, un gout piquant qui plait au ma- lade et aiguise son appetit; 2° son sirop d'iodure d'amidon d'une eouleur agreable, d'un gout qui n'arien de repugnant, parfaitement assimilable pour l'estomac, et qu'il faut placer au premier rang des preparations d'iode a petite dose, dans le traitement des mala- dies del'enfance, des temperament epuises ou des affections com- mencantes depoitrine; 3° ses tablettes d'iodure d'amidon ou pas- tilles de sante si bien dosees, si agreables a prendre, si bienfai- santes; 4° son ether hydriodique que Ton fait respirer dans les cas de phthisie pulmonaire; 5° ses pillules d'iodure de fer; 6° ses bains de Bareges inodores, sa pommade de Bareges ; 6° son sirop d'hypo sulfite de soude, etc. — Le rhamnus frangulade Linnee (bourdaine, rhubarbedes pay- sans, aune noire, alnus nigra baccifera, Bauhin) est un purgatif populaire, jusqu'ici a peu pres inusite en medecine , bien qu'il fut deja connu de Mathiole, le savant commentateur de Dioscorides, et 236 COSMOS. qu'il ait et6 mentioning par Dodens, Gumbrecht, et plus re'cem- ment par Roques, par MM. Cazin et Dubois, dans leur Traite ties plantes medicinales indigenes, etc. La bourdaine, rhamnus frangtda, est un grand arbrisseau indi- gene, tres-commun dans les endroits humides des bois. Seche et vieille d'une anm''e, l'dcorce est un excellent purgatif; on l'admi- nistre a la dose j d'une demi-once sur 6 onces de colature (15 a 30 grammes d'ecorce sur 130 grammes de vehicule). M. Ossieur regarde ce remede comme un simple evacuant qui n"a pas de pro- prietes speciales. « C'est peut-etre, dit-il, le meilleur purgatif que nous ayons. En effet , il provoque des selles molles, sans douleur aucune, eontrairement a l'effet que produit V ad ministration de la plupart des autres purgatifs, tels que le sene\ etc. » Une experience de cinq annees le porte a proclamer que le rhamnus J 'ran gala ne produit jamais ni irritation des muqueuses, ni relachement intestinal consecutif, ni s}mptome d'intoxication, a quelque dose qu'on Th- ieve; seulement alors il provoquerait quelques vomissements. M. Ossieur ajoute qu'il n'a pas, comme l'aloes et les purgatifs sa- lins, l'inconvenient de donner lieu a un retour de selles consecutif, et que, loin de deranger les fonctions digestives, il semble, au con- traire, les rendre plus actives. II n'excite jamais violemment les tu- niques intestinales. C'est un purgatif doux qui opere sans occasion- ner aucun trouble dans l'economie. Lorsqu'on veut obtenir un sim- ple effet evacuant, rien ne vaut mieux que la bourdaine : mais si Ton voulait agir dynamiquement ou substitutivement sur la muqueuse gastro-enterique, il faudrait avoir recours a d'autres agents. Dans la constipation habituelle des vieillards, non liee a un defaut de se- cretion biliaire, la bourdaine convient d'autant mieux que son action purgative est maintenue quelques jours sans ralentir les fonctions. Toutefois il ne faudrait pas trop en prolonger 1' usage, l'economie pourrait s'en fatiguer ou s'y habituer. M. Ossieur present les tiges seches de bourdaine non depouillees de leur ecorce et coupees menu , qu'on fait bouillir dans la propor- tion de 45 grammes pour 2 litres d'eau, jusqu'a reduire de moitie par Taction du feu. On avale une tasse de cctte de'eoction saturee qu'oii peut edulcorer a volonte. Le plus souvent, deux heures apres a lieu, sans coliqus, une evacuation de matiere fecale. — « L'huile qui est contenue dans les foies de morues est inco- lore ; elle peut etre preparee, ditM. Descbamps d'Avallon, a la tem- perature ordinaire. Son odeur est celle du poisson , sa saveur est douce, sans la moindre acrete et son action sur le papier bleu de COSMOS. 237 tournesol est nulle. L'huile preparee au bain-marie avec les foies frais a les memes propriety que l'huile incolore; mais sa cou- leur est plus foncee parce qu'a la temperature du bain d'eau, l'huile enleve de la matiere colorante a la substance du foie. II est essentiel de chauffer, au bain-marie, l'huile avec de l'amidon, pour la priver de l'eau qu'elle peut contenir, de la laisser refroidir et de la filtrer. Ce traitement me parait utile pour empecher l'huile de contracter avec le temps une saveur desagreable. Lorsqu'on veut prepat l'huile incolore, il faut, si le vase dans lequel l'huile quis'est ecou- lee des foies contient aussi un liquide aqueux du foie separer ce liquide avant de chauffer l'huile avec de l'amidon, car l'huile serait moins incolore ; ou bicn l'agiter simplement avant de la filtrer avec de l'amidon tres-sec. L'huile brune du commerce n'a une odeur desagreable, n'est co- loree, acre et acide, que parce qu'elle est mal preparee ou qu'elle est extraite de foies putrefies, etc. L'huile de foie de morue preparee a froid etant incolore et pen odorante, il parait naturel d'admettre que l'huile decoloree peut etre prescrite si les agents chimiques qui sont employe's pour lorer l'huile brune ne sont pas de nature a allerer sa composition, mais il serait plus convenable de preparer l'huile de foie de morue a la temperature ordinaire que de decolorer de l'huile brune. La preference que l'on donne a l'huile brune n'est nullement jusl J'ai reconnu aussi qu'en laissant fermenter les foies pour detniire le sucre qu'ils contiennent , et en chauffant ces foies dans un vase a large surface, a une basse temperature, on obtenait beaucoup plus d'huile. Cette huile est a peine plus coloree que l'huile preparee a la temperature ordinaire. — M. Duchesne-Duparc resume dans les propositions suivantes le resultat de recherches sur l'emploi de Varseniate de fer da traitement des dartres : 1° L'arseniate de fer possede d'incontesta- bles proprietes curatives, applicables au traitement et a la guerison des affections furl'uracees et squammeuses. 2° Cette substance peut etre administree a doses differentes, sans provoquer aucun des acci- dents justement reproches a la liqueur de Pierson, a la teinture de Fowler, aux pilules asiatiqu.es, etc. 3° II doit etre administre a doses graduees , en debutant par un vingtieme , un dixieme , ou meme un cinquieme de grain, selon l'age, la constitution et sui l'etat des voies digestives. 4° Une dose quotidienne de 0s, 20 d'ar- seniate de fer, lvpetee sans interruption pendant le temps neces- saire, suffit, chezl'adulte, a la guerison d'une dartre furfuracee ou squammeuse, quelles que soient son etendue etson anciennete. MATHEMATIQUES ET PHYSIQUE MATHEMATIQUE. M. Gamier, de Bordeaux nous adresse la suite de ses curieuses remarques sur la divisibility des nombres periodiques, et nous nous einpressons de la publier. De meme qu'un nombre forme* par une double periode de trois cbiffres quelconques est divisible par 1001, de meme un nombre compose* d'une triple periode de deux chiffres est divisible par 10101, car il est forme* par l'addition des deux nombres : aOaOaO bobob ababab Or , 10101 dtait egal a 3 X 7 X 13 X 37, un nombre de six chiffres forme* par trois periodes de deux chiffres quelconques est ne*cessairement divisible par ces quatre nombres premiers. Un nombre de neuf chiffres, compose d'une triple periode de trois chiffres, est de meme divisible par 1001001 et par consequent par les deux nombres premiers 3 et 333667 , dont le produit est 1001001. Un nombre de douze chiffres forme d'une triple periode de quatre chiffres etant divisible par 100010001, l'est par 3 X 7 X I3 X 37 X 9901, c'est-a-dire par les memes nombres qui divisent la dou- ble periode de deux chiffres et par l'un de ceux qui divisent la dou- ble periode de six chiffres. Enfin un nombre de quinze chiffres, forme de trois periodes de cinq cbiffres, est divisible par 10000100001 , et par consequent paries quatre nombres premiers 3X31x37X2906161 = 10000100001. Toutes les quadruples periodes sont evidemment divisiblespar les memes nombres premiers que les doubles periodes. Une quintuple periode de 2 chiffres est divisible par 101010101, puisqu'elle est formee de l'addition de a Otf0«0tf0rt0 et de b ObObObOb abab ababab Or, 41X271 X9091 produisant 101010101, c'est par ces trois nombres premiers quelle est divisible. II est a remarquer que la double periode de cinq chiffres est egalement divisible par 9091. En general, pour trouver les nombres premiers par lesquels un nombre compose* de n periodes de m chiffres chacune, est divisible, il faut chercher quels sont les facteurs premiers d'un nombre forme' COSMOS. 23 de n 1 scare's les uns des autres par m 1 ze>os. Ainsi pour une triple penodede cinq chiffres, ce nombre doit etre compose" de trois 1, se"- pards les uns des autres par 5 — 1 = 4 ze>os, savoir 10000100001 ; pour une quintuple periode de trois chiffres il doit etre de cinq 1, B«5par<5s par 3 — 1 = 2 zeros, c'est done 1001001001001 ; et ainsi de suite. Le reverend docteur Booth pensait que de meme qu'un nombre de six chiffres, forme d'une periode de trois chiffres quelconques, est divisible par 7, 11 et 13 , on trouverait des nombres formed de deux penodes, qui seraient divisibles par 17, 19 et23, mais que la penode serait plus longue. En effet, il faudrait que la periode futde plus de trois cents chiffres, car il faudrait trouver 1000 1 divisible par 17 x 19 X 23 = 7429 ; or, en portant les zeros Snter- m£diaires jusqu'a trois cents, je n'ai pas encore trouve un quotient exact. — Les Annates de Poggendorff publient dans leur derniere hvraison un nouveau memoire physico-mathematique de M. Clausius sur la tbeorie m^canique de la chaleur. Nous ne pouvons le faire connaitre qu'en euoncant quelques-unes des propositions formulas par l'auteur. 1° Le travail se transforme ou se convertit en chaleur, et recipro- quement la chaleur se convertit en travail : dans cette transformation les quantites de travail et de chaleur sont toujours proportionnelles l'une a l'autre. 2° Toutes les fois qu'une quantity de chaleur est convertie en travail, et que le corps qui a servi d'interm&liaire a cette transfor- mation est revenu definitivement a son <5tat primitif , il faut qu'en meme temps une quantite de chaleur ait passe" d'un corps plus chaud a un corps plus froid ; de plus le rapport entre ces deux quantity de chaleur depend uniquement de la difference de temperature des deux corps entre lesquels l'echange a eu lieu ; et nullement de la nature du corps qui a servi d'intermediaire a la transformation de la chaleur en travail . 3° Jamais une certaine quantite* de chaleur ne peut passer d'un corps plus chaud dans un corps plus froid, si en meme temps il ne se prodnit un changement m^canique correspondant. M. Clausius appelle changements positifs les changements du travail en chaleur, et le passage d'un corps chaud d'une temperature plus elevee a une temperature plus basse. 4° Si Ton appelle ^quivalentes deux transformations qui peuvent se produire sans exiger un autre changement permanent, le deve- 240 COSMOS. loppement d'une quantite de chaleur Q a la temperature t produit par le travail a pour valeur equivalente Q/T ; et le passage de cette meme quantite de chaleur de la temperature t\ a la temperature H a pour valeur equivalente : Q ( — — ). T dans ces formules est une fonction de la temperature depen- dante de la maniere dont le changement se fait. 5° Dans les changements qui se produisent avec retour a l'etat primitif, les transformations en sens contraire et convertibles l'une dans l'autre duivent etre egales en valeur absolue, de telle sorte que leur somme algebrique soit nulle. 6" Si les transformations en sens contraire ne sont pas converti- bles l'une dans l'autre, leur somme algebrique ne peut etre que po- sitive. 7° Un gaz permanent, lorsqu'il se dilate a une temperature cons- tante, n'absorbe de chaleur qu'autant qu'en exige le travail meca- nique exterieur qu'on lui fait produire. — Voici les formules de M. Porro, que nous avons omises a 1'ar- ticle de l'Academie des sciences, derniere livraison, p. 222 : A, B, C sont trois points connus par leurs coordonnees rectan- gulaires, et il s'agit d'en deduire : 1° le trace graphique de l'anse de panier; 2° l'aire du segment reposant sur la corde AC. On deter- mine en fonction des coordonr.ees la longueur et 1' azimuth des cotes AB, BC, AC : la difference des deux premiers azimuths donne la demi-amplitude « de l'arc ABC; on obtiendra le rayon /• du ci rcle AC par l'equation t=— — : 1'azimuth 0 du rayon correspondant an 2sm.« J point A s'obtient en ajoutant 90° — «a 1'azimuth du point C sur l'horizon du point A ; les coordonnees x, y du centre 0, rapports v,\\ point A, seront des lors ^ = 7-sin. 0, y = /-cos. 0; ces donnees suffisent pour le trace. L'aire j du segment ABC, exprimee en fonc- tion de la demi-amplitude « et des differences &.v, Ay, des coordon- nees des points A et C, est : W-I-Ar2) (0,003927 — ''- ^cota) 1 ' \ sin. a " / Une petite table, calculee de degre en degre, donnera rapidement le 2e facteur du second membre de cette equation ; les autres termes seront calcules sans peine au moyen de l'echelle logarithmique, PHYSIQUE M. Montigny continue ses eludes de la refraction et de la disper- sion atmospherique; nous faisons connaitre son second memoire en publiant, comme nous l'avonsfait pour le premier, t. IV, p. 418, le rapport dont il a £te" l'objet dela part de M. Plateau. << L'auteur commence cette seconde partie de son travail par ap- pliquer les principes et les faits exposes dans la premiere aux ondu- lations apparentes que presentent les astres observes pres de 1 'ho- rizon, a. t ravers un instrument astronomique, et il trouve que ces principes et ces faits suffisent pour rendre raison de tons les details des phenomenes. •< II passe ensuite aux effets de dispersion produits par l'atmo- sphere. II etudie d'abord avec soin les arcs bleus et rouges qui bor- dent respectivement la partie superieure et la partie inferieure des disques du soleil et de la lune, peu apres le lever, et peu avant le coucher de ces astres, arcs que la lunette rend visibles. Les faits principaux qu'il deduit de ses observations sont les suivants : « 1° Si Ton imagine un diametre du disque solaire mene par les milieux des deux arcs colored, ce diametre n'est point vertical : son extremite superieure tend vers le sud au lever, et vers le nord au coucher de l'astre. L'auteur s'est assure par differents precedes que ce phenomeme est bien reel, qu'il ne depend ni d'une illusion per- sonnelle ni d'une imperfection de ]a lunette ; et qu'ainsi il indique une illegality dans la dispersion atmospherique des deux cotes d'un plan vertical passant par 1'ceil de l'observateur et par le centre du soleil ; « 2° Parmi les ondulations apparentes de 1'arc bleu du soleil, il en est assez souvent qui, un peu avant le coucher de l'astre, se mon- trent colorees en rose, et semblent former sur cet arc une sorte de cbapelet rose mobile. L'auteur cherche a expliquer ce phenomene par les reflexions totales dont il a parle dans la premiere partie de son memoire. * II decrit en outre une apparence particuliere que lui ont pre- sentee des points fortement ^clairds et peu etendus dela partie supe"- rieure du disque de la lune : il a vu quelquefois se inanifester en de semblables points des ondulations de couleurs successivement dif- ferentes. Par exemple, un sommet de montagne qui faisait saillie sur la partie du disque faiblement entame" par l'approche du se- cond quartier s'est colore d'abord en rouge pourpre bien prononce, a conserve cette teinte pendant quelque temps, puis a passe au bleu violet. L'auteur rattache ce phenomene a celui de la scintillation 2U2 COSMOS. des etoiles, sujet qu'il se propose de traiter dans un travail ulterieur. « 3° On sait que les etoiles brillantes observees presde l'horizon a. l'aide des instruments d'astronomie, se revetent des couleurs pris- matiques et forment ainsi de petits spectres dont quelques astro- nomes ont mesure les longueurs pour differentes distances z^ni- thales. L'auteur essaie de deduire de ces mesures les indices de refraction de quelques-uns des rayons colores , penetrant du vide dans l'air. II considerela valeur 1,00029438, donnee par Arago et Biol, pour l'indice de refraction relatif a Fair, comme representant l'indice moyen, c'est-a-dire celui d'un rayon jaune, situ£ pres de la Jimite de cette couleur et du vert ; et en introduisant dans les for- mules connues de la refraction atmospherique ce nombre, ainsi que les mesures des spectres stellaires dont il a ete" question plus haut, il obtient les resultats cherches. » Les formules en question perdent beaucoup en exactitude comme on le sait, en ce qui concerne la refraction , quand on les ap- plique a des astres observes pres de l'horizon ; cependant cette im- perfection des formules n'influe pas beaucoup sur la valeur des in- dices de refraction : car non-seulement celles que l'auteur trouve pour l'indice d'un meme rayon, en partant de diverses observations, et en faisant usage de deux expressions analytiques differentes de la refraction, s'eloignent peu entre elles , mais les valeurs finales obtenues pour les indices des rayons extremes conduisent a, des lon- gueurs de spectres stellaires calculecs qui sont sensiblement les memes que les longueurs observees. « Voici les resultats auxquels l'auteur est arrive ; ils se rappor- tent a la temperature de 0m, 76 : INDICES DE REFRACTION. Rouge moyen 1 ,00029242 Jaune 1,00029438 Vert bleu 1,00029530 Bleu extreme 1,00029654 LONGUEURS DES SrECTRES STELLAIRES. Distance zenilhale apparcnte Longueur Longueur du milieu du spectre, obsertee. calculce. 87° 18' 35", 6 11", 26 11", 22 86 39 2, 0 11, 05 10, 48 86 35 59, 1 10, 32 10, 31 86 11 53, 6 8, 25 9, 75 « Ajoutons ici un troisieme tableau contenant les longueurs de spectres calculees par l'auteur pour des distances zenithales appa- COSMOS. 243 rentes d^croissant de dix en dixdegrds, a partir de90° jusqu'a 40° : BistaDce zloilbale apparrDle. Longueur du epeclre. 90° 28", 9 80 4, 7 70 2, 3 60 J, 4 50 i, o 40 0, 7 " L'auteur propose comme moyen leplus precis d'dvaluer la dis- persion produite par l'atmosphere, d'achromatiser cette derniere par un prisme a angle variable, place entre I'ceil de l'observateur et l'oculaire de la lunette. Enfin il indique differents cas dans les- quels la connaissance exacte de la dispersion atmospherique doit etre utile aux astronomes. » D'aprescet expose, l'Acade'mie jugera, j'espere, que ce second travail de M. Montigny est digne de figurer, comme le premier, dans les Memoires des savants etrangers. » PHYSIQUE, PAR M. PLATEAU ET QUETELET , Faisant partie de VEncyclope'die populaire, publiee par la Societe pour I 'emanci- pation tntellectuelle. A. Jamar, editeur. Premiere, seconde et troisieme partie , par M. Plateau. 3 vol. in-18. En commencant cette analyse bibliographique , nous devons d'abord reparer une negligence involontaire denotre part, mais qui a vivement contriste un de nos plus excellents amis, M. Plateau. II y abien longtemps que ce savant illustre nous a adresse ses deux petits volumes de physique en nous les recommandant instamment comme line ceuvre ch^rie, resume de longues et patientes etudes, et qu'il croyait avec raison dignes de toute notre attention. Souvent nous lui avons promis de les faire connaitre a nos lecteurs, mais les pages du Cosmos sont sitot remplies par les nouveaux materiaux que nous apporte chaque semaine, que nous avons differe de jour en jour l'accomplissement de notre promesse ; nous voici en mesure de la remplir, et nous nous hatons de profiler de l'occasion. La petite physique de M. Plateau , chef-d'ceuvre a la fois d'in- telligence et de travail, est con^ue et ecrite sur un plan tout nouveau, que l'auteur expose tres-clairement : « La physique a de nombreuses etimportantes applications tant dans l'industrie que dans les usages de la vie ordinaire , elle donne a celui qui la possede la faculty de se rendre raison de la plupart des effets naturels; elle ofFre de puis- sants attraits par la variete- , la beaute et le merveilleux de ses rd- sultats , et cependant l'etude en est peu repandue. N'est-ce point 244 COSMOS. d'abord parce que cette science telle quelle est enseignee se pr£- sente avec un entourage de termes , de formules et de figures ma-- thematiques , qui en defend l'approche aux personnes auxquelles l'algebre et la geomctrie sont inconnues ou peu familierest N'est-ce pas, en second lieu, parce que les experiences decrites dans les li- vres supposent l'emploi d'un grand nombre d'instruments speciaux dont l'acquisition exige une depense considerable? J'ai pense qu'il n'etait pas impossible de populariser les elements de la physique , en les debarrassant de ce double attirail... La seule connaissance mathematique que j'ai supposee a meslecteurs , est celle de l'arith- metique... En outre, j'ai constamment cherche a m'appuyer soit sur des faits que le lecteur connait ou pent observer aisement, soit sur des experiences faciles, dont les unes se font avec les objets qui se trouvent dans tous les menages, et les autres a l'aide d'instru- ments tres-simples que le lecteur peut se construire lui-meme , ou se procurer presque sans frais... Le lecteur ainsi ne sera pas oblige' de me croire sur parole , et il aura le moyen de verifier l'exactitude de mes observations... Enfin, j'ai tache que mon langage fut tou- jours simple et clair. » Voila le plan de l'auteur , et nous devons reconnaitre qu'il ne s'en est pas ecarte un instant; celui qui lira son livre avec atten- tion et perseverance , qui repetera les observations et les experien- ces indiquees , qui ne fera aucun nouveau pas en avant sans s'etre parfaitement rendu compte de ce qui precede, acquerra certaine- ment une notion saine et suffisamment etendue des verites dont l'auteur lui a aplani l'acces. Ce n'est pas tout, apres chaque en- semble de principes, M. Plateau place un resume de ce qu'il presente de plus important; on trouve ainsi, dans un petit nombre d'enonces de quelques lignes, la substance de ce qu'on vient d'etudier avec detail; ces resumes detaches formeraient un excellent programme de physique. Nous evons lu avec delices ces charmantes pages qui traitent tour a tour de la definition de la physique , de son objet ; des pro- priety's generales des corps ponderables , l'inertie, la divisibility, la compressibilite , l'elasticite, l'attraction ; de la constitution intime des corps ponderables et des faits qui ivsultent immediatement de cette constitution; des notions de mecanique, force, equilibre, mou- vement umformc, mouvement varie , chute des corps, pendule , mouvements vibratoires; des notions d'hydrostatique, principe de 1'egaiite de pression ; pressions exercees par les liquides en vertu de leur pesanteur sur la surface interieure des vases; ecoulement par COSMOS. 2&5 les petites ouvertures ; principes des vases communiquants ; pres- sions sur la surface des corps plonges ; equilibre des corps flottants ; densite ; pression de l'air. SUR LES INTERFERENCES DU SON. Voici les experiences inte>essantes par lesquelles M. Lisajoux, professeur au lycee Saint- Louis, met en evidence les interferences du son : « L' experience se fait a l'aide d'une plaque circulaire, fixee en son centre. On ebranle cette plaque a l'aide d'un archet, de facon a produire des lignes nodales diametrales, qui partagent la plaque en un certain nombre de secteurs. Les divers centres de vibrations sont animes de mouvements alternativement inverses; ainsi les secteurs pairs se depriment par I'effet du mouvement vibratoire au moment oil les secteurs impairs s'elevent , et inversement. Les diverses ondes qui emanent au meme instant de ces secteurs, sont done condensantes pour une moitie des secteurs et dilatantes pour l'autre moitit •; et les secteurs de meme parity fournissent des ondes de meme phase. Si la plaque efet parfaitement homogene, la resultanto de toutes les ondes qui atteignent aim instant donne un point situe sur l'axe de la plaque, doit etre nulle constanim nt, puisque ces ondes s'entre-detruisent eompletement. Pour un point situe horsde l'axe, la destruction n'est pas complete, et l'intensite est seulement plus era moins affaiblie par suite de l'interference des ondes. Pour empecher cette interference, il suffit d'arreter dans hears marches les ondes qui emanent des secteurs de meme parite\ et de laisser les autres se propager librement. On y parvient aisement au moyen d'un carton decoupe qui cou- vre, sans les toucher, la moitie des secteurs de la plaque, de facon qu'un secteur libre soit toujours entre deux secteurs couverts, et re- ciproquement. Si Ton place ce carton sur la plaque apres avoir ebranle celle-ci a l'aide de 1' archet, on reconnait que le son acquiert immediatement une intensite beaucoup plus grande, et est renforce" a peu pres comme il le serait par un tuyau vibrant a l'unisson de la plaque ; I'effet est assez marque pour faire renaitre le son de la plaque, au moment ou il est assez affaibli pour ne plus etre percep- tible. Un carton ainsi decoupe permet d'analyser les sons multiples produits par une plaque lorsqu'elle a etc heurtee d'une fa^on quel- conque, il renforce en effet certains sons et arrete au contraire les autres ; on peut done , par l'emploi de plusieurs decoupures, faire 2&6 COSMOS. ressortir successivement de cet ensemble confus les divers sons qui le composent. L'experience peut se faire plus simplement encore. On n'a, en effet, quand une plaque vibre, qua couvrir l'un des ventres ou deux ventres de meme parite" avec des morceaux de carton, les mains, ou un mouchoir, mis sous forme de tampon, et le son est immEdiate- ment renforce\ L'experience est meme assez curieuse lorsqu'on em- ploie un mouchoir, car on peut lui faire toucher la plaque, etce contact renforce le son au lieu de l'eteindre. « SUR LA FLUORESCENCE MANIFESTEE PAR CERTAINS SELS DE FER ET DE platine; PAR M. GLADSTONE. L'apparence particuliere bleue qui se montre a la surface des dis- solutions de bi-sulfate de quinine et de quelques autres substances, et qui a recu le nom de fluorescence, a ieure d'un nuage observe par M. Rozet aurait 6t6 a 410 metres du sol ; sa surface inferieure a 217 metres seulement ; l'epaisseur de la couche nuageuse n'aurait done ete que de 193 metres. — M. Lacaze Duthiers envoie la suite de ses recherches et ob- servations sur la generation des huitres. — M. Leroy d'Etiolles presente un nouvel exemple du curieux phenomene de la rupture spontanee des calculs dans la vessie. Deux pierres, du volume d'une grosse noix, etaient contenues dans la vessie d'un calculeux ; l'une d'elles se rompit spontanement en quatre quartiers a peu pres egaux ; l'autre etait entiere , lorsque M. Leroy d'Etiolles pratiqua , il y a deux mois, l'operation de la 2US COSMOS. taille hypogastrique ; la pierre entiere, dont la durete est fort grande, ayant etc sciee par le milieu, on put voir a l'int^rieur quatre fissures qui, probablement, auraient determine plus tard unenouvelle rupture. C'est le cinquieme fait de ce genre observe par M. Leroy d'Etiolles; M. Cloquet en a discute plusieurs dans un travail qui fut tres-remarque\ Nous croyons entendre que M. Heurteloup adresse un memoire sur sii nouvelle methode de traitement desretrecissements infranchis- sables de l'uretre. — A l'occasion des observations de M. Maumene sur la transfor- mation lente et spontanee des sucres cristallisables en sucres incris- tallisables, M. Bechamp ecrit qu'il avait deja fait des observations du meme genre et communique les resultats de quelques expe- riences relatives a l'action sur les sucres des dissolutions salines neutres. — Nous avons appris que M. de Poilly avait adresse a l'Aca- demie une reclamation assez vive a l'occasion d un article sur le col- lodion ceroleine, insure dans la derniere livraison du Cosmos. M. de Poilly a bien tort de penser que nous voulions lui disputer ses droits ; nous lui portons, au contraire, le plus vif interet, et nous sommes heureux de le voir prendre un rang distingue parmi les photographes et continuer dans l'exercice de ce bel art la gloire de son nom illustre par plusieurs generations de graveurs emi- nents. Nous ne nous opposons nullement a. ce que le collodion cero- leine avec lequel on peut operer a sec s'appelle collodion-Poilly ; nous en avons donne la formule page 354 du 5,rc volume du Cosmos. Cette formule differe essentiellement de celle de M. Stephane Geof- fray, qui n'a nullement la pretention d'operer a sec par ce moj^en. Le malheur de M. de Poilly est de n'avoir point public immedialement son procede , d'etre entre en correspondance avec l'Academie des sciences qui n'a fait que mentionner le litre de ses lettres , et les renvoyer a une commission, sans en communiquer le contenu, soit en seance publique, soit dans les comptes rendus. Pour prouver a M. de Poilly toute notre bonne volonte , nous allons publier textuellement le resume de ses pretentions redigc par lui-meme, et qui fait partie du long dossier qu'il nous a adresse : « Depuislongtemps, ou plutot depuis l'apparition du collodion, les photographes sont a. la recherche d'un procede pour operer sur col- lodion <\ l'etat sec ; mais jusqu'a ce jour rien n'a paru sur cette ma- tiere. Le 7 novembre 1853, j'ai depose , sous paquet cachete , a i'Academie des sciences, mon procede, afin d'en prendre date cer- COSMOS. 2Zi£ taine; et, le 24 avril 1854, je priai M. le secretaire perpetuel de TAcademie de vouloir bien le faire ouvrir. Une commission fut nominee aussitot, composee de MM. Chevreul, Regnault, de Se- narmont ; ainsi je pense etre en droit de revendiquer la pri'orite sur la substance (la ceroleine) que j'ai employee le premier en photo- graphie , et laquelle substance a un role important a jouer non-seu- lement pour le collodion, mais pour le papier, etc., etc. » Que M. de Poilly fasse un pas de plus , et qu'il nous adresse une copie legahsee au secretariat de l'Institut, de son paquet cachete du 7 no- vembre 1853, nous la publierons, il n'y aura pas plus alors d'am- biguite : la ceroleine, dans tous les cas, se rattachera au nom de M. Geoffray qui a public son procede le 24 mars 1854, un mois avant l'ouverture du paquet cachete de M. de Poilly. — Voici la description du telernetre de M. Henry Soleil : Tous les physiciens connaissent 1'emploi ingenieux que M. Ara^o a fait des prismes birefringents, de Rochon et de Wollaston, pour mesurerle grossissement des lunettes; voici comment, dan's son Astronomic populaire, il expose lui-meme sa methode : « On com- mence d'abord par se procurer un prisme bireTringent dont Tangle de bifurcation, ou I'angle que forment a leur sortie de ce double prisme, le rayon ordinaire et extraordinaire, soitparfaitement connu de20',par exemple, ou de 1200"; onconstruit en outre une mire' en tracant sur une planche noire tres-eloignee des cercles qui, dulieu que l'observateur occupe, soustendent des angles 1, 2, 3, 4,'5" et ainsi de suite. Si, vu avec la lunette, le cercle de 1''' sous'tend'un angle de 10", la lunette grossit 10 fois ; si une seconde, par l'inter- mediaire de la lunette, devant 100", la lunette grossit 100 fois- enfin Tangle de 1" devant 1200", la lunette grossit 1200 fois' Cela pose, on place le double prisme entre l'oculaire et 1'ceil et 1'on cherche parmi les cercles de la mire quel est celui dont les deux images amplifies et juxtaposes sont rigoureusement tangentes, ce qui revient a chercher quel est celui des cercles qui est exactement double ou dcMouble; ce cercle alors, evidemment, soustend exacte- ment I'angle de bifurcation; il est grossi dans le rapport de Tangle de bifurcation a Tangle qu'il soustendait primitivement. Si le cercle dedouble est, par exemple, celui qui soustend une seconde il sera grossi dans le rapport de 1 200" a 1 " : la lunette grossira 1 200 fois. Si c'est le cercle de 2" dont les images deviennent tangentes le grossissement de la lunette sera ^° ou 600 fois ; s'il faut recourir a la mire de 3" pour que, grossie par la lunette, elle devienne 1 200" le grossissement de cette lunette sera ijffr ou 400 fois; et ainsi de COSMOS. suite pour les grossissements inferieurs aux precedents, quels qu'ils soient. Le probleme que cette m^thode fait resoudre est done celui- ci : la distance d'une mire avec les longueurs des divisions ou les diametres des cercles traces sur cette mire etant donn£e, ou, ce qui revient au meme, etant connus les angles que soustendent, de la dis- tance oil l'on est, des cercles traces sur une mire d£termint$e, mesurer le grossissement de la lunette avec laquelle on regarde les cercles de la mire sans rien connaitre de la construction intime de cette lu- nette. » II est une autre application de ces memes prismes bireTringents non moins connue : employes comme micrometres, sous le nom de mi- crometre par double refraction , ils servent a. mesurer les distances. On vise la lunette et le micrometre sur un objet dont une au moins des dimensions est connue ; on eloigne ou Ton rapprocbe le micro- metre jusqu'a ce que les deux images de l'objet vise soient rigou- reusement tangentes; on lit alors sur une £chelle, traced sur la mon- ture dela lunette, Tangle de bifurcation, ou Tangle que soustend, de la distance a laquelle on est de lui , Tobjet dont on connait la dimen- sion dedoubl^e de cet angle; par un calcul facile, on d£duit la dis- tance cherch^e. C'est cette application que M. Henry Soleil veut rendre plus facile par la construction de son tel^metre decimal. II construit, d'apres les principes poses par Rochon et Wollas- ton, un prisme birefringent double en cristal de roche; mais au lieu de prendre arbitrairement , comme dans Tapplication faite par M. Arago, Tangle diedre de chaque prisme composant, et par con- sequent Tangle de bifurcation ou de separation des deux images. II donne a cet angle diedre une valeur telle que Tangle de bifurcation soit Tangle que soustend un centimetre vu a la distance d'un metre, quand il s'agit de mesurer les distances moyennes; ou Tangle qui soustend un millimetre vu a la distance d'un metre, s'il s'agit de me- surer des distances tres-considerables. Les prismes ainsi obtenus, au moment de mesurer les distances, sont fixes, soit dans le bouchon, soit dans le recouvrement, et ins- talled par consequent au-devant de Tobjectif. Dans cette disposition, Tangle de bifurcation reste complement independent de Tobjectif ou des oculaires; et reste ce qu'il £tait, quel que soit le grossissement de la lunette; il est seulement mieux penju par Taccroissement des dimensions de Tobjet qui sert de mire. Supposons maintenant qu'il s'agisse d'apprecier la distance a Tobservateur d'un point donne" dans Tespace. Si Ton a pu installer dans ce point une mire, une echelle divisee, par exemple, rien ne sera plus facile; en regardant COSMOS. 251 Tdchelle divise'e a travers la lunette et le prisme bireTringent, on re- gardera quel est l'intervalle, la portion en metres ou fractions de metre qui, sur la regie divis^e, est exactement dedoublee, ou dont les images separ^es sont rigoureusement tangentes; on multipliera cette longueur par 100 ou par 1 000, suivant que Ton opere avec le prisme au centieme ou au millieme, etl'on aura imm^diatement la distance cherche'e. Si , par exemple , l'intervalle ou la portion doubled ou a images doubles tangentes est 1 metre , la distance cherchee sera 100 metres ou 1 000 metres. Si l'intervalle double" est 2 metres et demi, la distance sera 250 metres ou 2 500 metres; dans tous les cas, cette distance sera exprimde immediatement en mesures metriques. Dans le cas ou il aura ete impossible d'etablir une mire , il fau- dra , comme avec presque tous les telemetres proposes jusqu'ici, viser sur un objet dont Tune des dimensions soit connue au moins approximativement , une fenetre , un fantassin , un cavalier , une portion de mat ou une partie de l'^quipement militaire, etc., etc.; la dimension de l'objet ou portions d'objets dedoubl^s ou separes en deux images tangentes multiplied par 100 ou par 1 000 donnera en- core la distance cherchee. Le t£l£metre decimal, doublement reTringent, a 1'avantage 1° de ne pas etre assujetti a circonscrire l'objet vise entre deux ou trois espaces fix£s d'avance et immuables, la distance entre deux fils mi- crometriques ou deux ^chancrures pratiqu^es dans un diaphragme; 2° de pouvoir s'adapter a toutes les lunettes ; 3° d'exprimer imme- diatement en metres ou fractions de metre la distance inconnue ; 4° de pouvoir servir en meme temps a la mesure du grossissement des lunettes ; 5° de donner une approximation ou une exactitude plus grande. M. Laugier a indique" a M. Henry Soleil un perfectionne- ment important. Le cas le moins favorable est celui ou les deux images sont plus que dedoubl^es ou trop e"cartees l'une de l'autre; or, d'apres les lois connues de la double refraction, on sait, quand on fait tourner le plan principal du prisme birefringent, dans quelle proportion Tangle de bifurcation est diminu£; on mettra done le prisme dans un tambour, de maniere a pouvoir le faire tourner jus- qu'a. ce que les deux images soient rigoureusement tangentes; une division tracee sur la circonference du tambour indiquera la nou- velle valeur de Tangle de bifurcation ; de cet angle, et des di- mensions de l'objet visd, on deduira, par la formule connue, la dis- tance cherchie. 252 COSMOS. — M. Colla de Parme nous adresse la lettre suivante, avec priere de l'inse>er. Parme, 14 fevrier 1855. • Les observations dela comete, que je trouvai pres de 9 et entre 6 et a de la Vierge, se rapportent au 25 et au 29 novembre 1854 ; mais la comete qui alors se trouvait sur ce chemin etait celle de Klinkerfues (quatrieme de 1854) que j'ai perdue le 2 decembre, comme je l'ai annonce dans une notice sur cette comete, publiee dans le numero 1092 de YInstitut. Les positions que je soupconne se rapporter a la nouvelle comete decouverte pendant la nuit du 14 au 15 Janvier, par M. Dien et M. Winnecke, sont celles des 22, 25, 26, 29, 30 decembre, qui s'ecartent tres-peu de celles que devait avoir !a nouvelle comete a cette epoque, d'apres son mouvement diurne, -|- 45' en AR et 4' en declin, signale dans la circulaire de M. Ch. Bruhns. M. Le Verrier fait remarquer qu'il est possible que j'aie vu a la fin de decembre seulement la comete de Klinkerfues et non pas la nou- velle, quoiqu'elles dussent etre peu eloignees 1'une de l'autre ; mais je dois rappeler que M. Carlini, directeurdel'Observatoirede Milan, a trouve que la comete de Klinkerfues ne pouvait etre plus visible avec les telescopes, vers la fin de decembre, attendu son immense distance de la terre et du soleil, et que par consequent mes posi- tions, quoique approximatives des 22, 25,26, 29,30 decembre (deja si°nalees a cette epoque), 6erapportaient a la nouvelle, puisque l'au- tre etait disparue, d'autant plus que je ne suivais pas la comete avec des instruments tres-puissants, mais avec un refracteur de 4 pouces d'ouverture. Je rappelai a M. Le Verrier que le 30 decembre, la comete que je venais de quitter, par le mauvais temps et puis par la clarte" de la lune, etait plus lumineuse qu'au 25, tandis que la co- mete de Klinkerfues, en la supposant encore visible , ne devait pas avoir cm en lumiere ; el!e avait du decroitre au contraire, car elle tendait a s'eloigner de plus en plus de nous. » M. Colla ajoute que M. Carlini, de Milan, et le R. P. Seccbi, de Rome, n'ont pas hesite" a reconnaitre qu'il a reellement decouvert la comete de M. Dien ; le mot vu ne serai t-il pas plus juste que de- couvert? F. Moigno. A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. pARIS. IMrRIMERIE DE W. REMQDET ET Cle, R'JE GARANC1ERE , O, T. VI. 9 MARS l855. QUATRIEME ANNEE. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. Le fait scientifique le plus important de ces derniers jours a 6t6 bien certainement le rapport presents par M. Le Verrier a M. le Ministre de l'instruction publique, et par M. le Ministre de l'instruc- tion publique a Sa Majeste l'Empereur, sur la situation de l'Obser- vatoire imperial, et sur les ameliorations qu'il comporte. En conse- quence, nous analyserons avec quelque elendue les deux pieces im- portantes dont nous avons pre\u et annonc^ la prochaine appari- tion dans I'avant-derniere livraison du Cosmos : " Votre Majeste, dit M. le Ministre a l'Empereur, a souvent exprime l'intention que l'Observatoire de Paris ne se laissat devan- cer par aucun Observatoire Stranger; » et c'est pour repondre a cette intention souveraine, en meme temps que pour remplir un devoir de sa charge que M. Le Verrier a r^dige en sept sections distinctes le plan des travaux qu'appelle l'avenir et qui ne pourront etre realises que par une gene>euse intervention du gouvernement. 1° Observations meridiennes . Les observations meridiennes sont la base de l'astronomie ; elles ont deja fait connaitre les mouvements de l'axe de la terre, la masse de la lune, l'existence des planetes autour des etoiles , la vitesse de la lumiere, etc., etc. La premiere lunette meridienne fut installed a. l'Observatoire peu apres une visite que le general Bonaparte fit a. cet etablissement a son retour d'Egypte. Depuis, ce bel Observatoire est reste en arriere du pro- gres, et pour luifaire reprendre son rang, il faut absolument amelio- rer les instruments qu'il renferme, augmenter leur puissance op- tique , accroitre leur stability , construire un nouveau grand cercle meridien, arme d'une puissante lunette, eliminer les erreurs person- nelles par l'enregistration electrique des observations, etc., etc. 2° Observations extra-meridiennes . Elles ont fait connaitre les satellites de Jupiter et deSaturne, l'anneau de Saturne, la planete Uranus et trente-trois petites planetes situees entre Mars et Jupiter, les merveilles sans nombre de l'astronomie siderale, les etoiles dou- bles et leurs revolutions, les nebuleuses, les variables, elc, etc. Le moment est venu d'etablir a l'Observatoire imperial un service- 254 COSMOS. presque entierement nouveau pour ropondre au puissant interet que ces observations inspirent. 3° Comparaison des observations avec la thcorie. La discussion Sjstematique des grandes series d'observations peut seule conduire a la connaissance des lois des mouvements celestes, et reveler l'exis- tence des corps que le telescope n'a pas encore rencontres ; par elle Ptolemde, Tycho-Brabe et Halley ont reconnu les indgalites des mouvements de la June; par elle Kepler a decouvert les lois qui ont revele a Newton le principe de l'attraction universelle; par elle La- place a fonde" les belles theories de sa mecanique celeste ; par elle M. Le Verrier a montre Neptune... L'Observatoire de Paris n'a pas suivi encore le noble exemple donne par la plupart des Obser- vatoires etrangers qui ne publient que des observations reduites et discutees; les ephemerides franchises , base de la discussion, sont encore par trop insuffisantes. Tout est par consequent a faire pour lui rendre son honorable superiority . 4° Relations avec les services publics. II faudrait des a present ameliorer l'etude des chronometres de la marine imperiale ; accorder a la marine marchande les memes avantages ; comparer les divers ins- truments astronomiques et meteorologiques dont on se sert abord; donner chaque jour telegraphiquement aux differents points de l'em- pire l'heure precise ; unir les ressources de 1'Observatoire a celles du Depot de la guerre pour la determination plus rigoureuse des principales donn^es de la carte de France ; distribuer par l'interme- diaire de l'electricite l'heure d'une maniere continue sur les diffe- rents points de la capitale, etc., etc. 5° Travaux de physique. Nos instruments optiques laissent beaucoup a desirer ; un grand nombre d'artistes attendent de l'Ob- servatoire, pour se livrer a la fabrication des grands ver/es, un ap- pui et des conseils ; l'usage des appareils telegraphiques, l'emploi de l'electricite dans le service des observations journalieres et les rela- tions avec les services publics exigent de grandes etudes theoriques et pratiques; la photographie eat prete a. rendre a l'astronomie et a. la meteorologie d'immenses services pour l'enregistration sponta- ne"e des observations de l'aspect physique du soleil et de la lune, etc. II importe d'etudier par l'observation directe de la verticale les pe- tites variations que subit la pesanteur sous l'influence des attrac- ti'ons combinees du soleil et de la lune, pour arriver a des determi- nations nouvelles des masses de ces deux astres ; la vitesse de la lu- miere et de l'electricite a besoin d'etre mieux determinee encore; toutes ces recherches et beaucoup d'autres rendent indispensables a. COSMOS. 255 l'Observatoire imperial le concours et la presence incessante dun savant special, d'un physicien exerce\ « Un jeune savant, ajoute M. le Ministre, M. Leon Foucault dont les travaux recents sur la vitesse de la lumiere, sur le pendule, sur la photographie, revelent une aptitude toute speciale pour les recherches dedicates qu'il s'agit d'entreprendre, presente toutes les garanties de succcs qu'on peut desirer ; je m'empresse de le designer au choix de Votre Majeste qui a deja daigne 1'honorer d'un temoignage d'interet. » 6" Travaux metcorologiques . La met£orologie est une science eminemment pratique, a l'avancement de laquelle la navigation, l'a- griculture, les travaux publics, l'hygiene, sont specialement inte- resses; la seule etude des vents et des courants a deja permis de require considerablement plusieurs longues traversers ; l'observa- tion attentive et sur une vaste etendue, a la fois, du thermometre, de l'anemometre pourrait souvent permettre d'annoncer a l'avance l'approche des tempetes et de la signaler aux habitants des cotes. Sous le rapport de la meleorologie l'Observatoire imperial n'est pas encore sorti des langes : installation d'instruments types et a indi- cations spontanees et continues , sans Intervention de l'observa- teur* etudes sur la temperature de l'air, l'hygrometrie, l'udometiie, ranemometrie, l'electricitc atmospherique, le magnetisme terrestre, Toptique met^orologique , etc., etc., tout est a creer, et il faudra, s'il est possible, etendre les observations a la surface entiere de la terre, suivre a travers les continents et les mers la propagation des •grandes vagues atmospheriques, en s'aidant des bonds du tele- graphe electrique, etc., etc. 7° Administration scientifique . Cette section comprend les ins- tructions theoriques et pratiques a donner aux personnes qui out mission d'observer ; le soin des publications des travaux de l'Obser- vatoire ; la correspondance a entretenir pour reunir les renseigne- ments^ recueillis dans les diverses stations, les rapprocher et les comparer, etc., etc. C'est encore un nouveau service a constituer, et sur de larges bases, etc. — Par decret imperial, en date du 20 fevrier 1855 M Lron Foucault, docteur es-sciences, est nomme physicien pros' 1'Obse.va- toire imperial ; ses appointements seront de 5 000 fr. j ses attribu- tions, comprenantl'astronomie optique, electrique, photogranhique meteorologique, etc., sont nettement definies par ce qui precede et torment un vaste ensemble. II est parfaitement certain quepersonne en t ranee n est plus apte que M. Foucault a remplir le magnifique programme; tous les savants francais et strangers applaudiront de 256 COSMOS. grand coeur a cette nomination ; pour nous, elle fait un des plus doux et des plus chers reves de notre vie; et Ion nous permettra de dire que le premier nous avons serieusement exprime le desir de voir cieer ce poste eminent et d'y voir appeler M. Foucault. — Un decret du meme jour decide que le traitement des astro- liomes de l'Observatoire pourra varier du minimum de 5 000 fr. au maximum de 8 000 fr., celuides astronomes adjoints de 2 000 a 4 500 fr. Le traitement de chacun sera fixe par decision speciale du Ministre. — Par arrete du 21 fevrier, M. Puiseux, maitre des conferences de mathematiques a l'Ecole normale superieure , et suppleant de M. Le Verrier dans la chaire d'astronomie physique a la Faculte des sciences, est nomine- astronome adjoint a l'Observatoire impe- rial ; c'est encore un excellent choix. Par son talent, son caractere, ses travaux, M. Puiseux, jeune encore, s'est fait grandement aimer et estimer de tous ceux qui l'ont connu. — Nous avons appris aussi avec bonheur que M. Porro, doirt nous avons souvent exalte" le mente, avait eu l'insigne faveur de presenter a Sa Majeste l'Empereur, dans une audience particuliere, Tin nouveau modele de sa lunette avec prismes a reflexion totale , que nous avons decrite dans le Cosmos, et qui recevra desormais le nom de lunette Napoleon III. Par la nouvelle disposition, le volume de rinstrument, deja si diminue dans le cornet, est reduit aux di- mensions d'un gros etui, d'un decimetre de longueur, de 3 ou 4 cen- timetres de largeur , et cependant il grossit les objets dix ou douze fois, et les montre droits ; il a un champ considerable, etc., etc.-Sa Majeste l'Empereur a daigne commander en outre a M. Porro pour sa collection particuliere un ensemble complet des appareils nece&- saires a la lev^e rapide et exacte des plans par la inethode de la tacheometrie, inventee par M. Porro. — Dans la Vendee et le Berry 1' extreme humidite de Tatmos- phere, jointe a un froid tres-vif, a fait naitre un phenomene assez rare. A la n.eige tombee le 14 et le 15 fevrier, avait succede, les 16, 17 etl8, un verglas plus ou moins epais. Le lundi, 19, au com- mencement de la nuit, il tomba une pluie abondante et glaciale, la- quelle, en augmentant la couche de verglas qui recouvrait deja les branches de tous les arbres, lui donna une epaisseur telle qua chaque branche et a. chacune de ses ramifications s'attacherent des cylin- dres de glace de 10 a 12 centimetres de circonference pour les plus petites branches, bien plus gros encore pour les autres ; on peut dire tans exageration , dit un temoin oculaire , que chaque branche, pe- COSMOS. 257 tite ou grosse, avait a porter un poids d'un kilogramme environ, ce qui faisait pour 1'arbre entier une charge veritablement enorme; aussi un grand nombre d'arbres sont brises; presque tous les peu- pliers sont perdus; les chenes eux-memes, quoique moins cassants, ont beaucoup souffert ; une foule d'arbres fruitiers en plein vent sont perdus. S'il n'eut pas ete accompagne de tant de pertes, le spec- tacle que presentaient dans la campagne les buissons et les arbres transformed en cristal , eut vivement excite l'admiration. Le 22 fe- vrier, lorsque le degel a commence, le fracas que faisaient les gla- 90ns en tombant sur la neige durcie, etait si grand, qu'on au- rait dit que des murailles s'ecroulaient de toutes parts. Le gibier sauvage a aussi beaucoup souffert; les perdrix mouraient de froid et se laissaient prendre a la main, incapables de s'echapper avec des ailes couvertes de givre et de glacons ; on a pris meme des grues qui ne reussissaient pas non plus a s'envoler. — L'Institution royalepolytechnique etle Panopticon royal conti- nuent leur glorieuse carriere. Samedi dernier, des invitations parti- culieres avaient reuni dans la grande rotonde du Panopticon un tres-grand nombre de celebrites litteraires et scientifiques, sous la presidence du lord maire de la Cite, patron inattendu, dit X Athe- Ticcum , mais fort bien venu. M. Noad a repete sur une tres- vaste echelle avec la machine de M. Ruhmkorff les experiences de M. Grove que nous avons decrites il y a peu de jours; elles ont produit une tres-vive sensation. Cette puissante machine de Ruhm- korff est a Londres comme a Paris l'outil par excellence avec lequel on opere mille merveilles. M. Noad a fait fonctionner aussi la gi- gantesque machine electrique et en a tire le plus brillant parti. Les programmes de ^institution polytechnique sont aussi fort varies et fort brillants. On fait fonctionner chaque matin et chaque soir un nouveau canon a vapeur de M. Perkins qui vomit 200 balles ou boulets par minute. Pourquoi faut-il qu'on ne fasse pas fonction- ner en meme temps le fusil a air comprime de notre compatriote M. Perrot, dont les effets sont encore plus prodigieux 1 Chaque se- maine reproduit l'experience magique de M. Wheatstone qui con- siste a faire arriver a distance par des triangles de bois un concert entier, de telle sorte que les auditeurs places pres d'une table d'har- monie distinguent parfaitement le son , le timbre, les accords des divers instruments, tandis que les personnes situees dans une vaste salle traversee par les tringles conductrices n'entendent absolnment rien. Nous decrirons cette experience avec plus de details quand nous l'aurons vue realisee sous nos yeux. ASTRONOME. COMPTE RENDU DES SEANCES DE LA SOCIETE ROYALE ASTRONOMIQUE DE LONDRES ET ANALYSE DES MONTHLY NOTICES. Decembre 1854 et Janvier 1855. Decembre 1854. — M. Eyre Baden-Powell adresse les elements del'orbite du compagnon de l'etoile 70 d'Ophiucus. La methode sui- vie par le jeune astronome pour obtenir une premiere valeur ap- proximative de ces elements est la methode grapliique inventee par sir John Herschel. Temps 1806, 9-2 Anomalie moyenne 291° 40' Peri-etoile 49 56 Ncetid ascendant. . 296 30 Excentlicite 0,546 PerioJe 98 ans 946 Les differences entre les positions observees et les positions cal- culus pour 1779, 1804, 1825, 1830, 1S33, 1842 et 1852 sont assez faibles • elles ne depassent pas , en general , 1 degre ; mais, pour 1S02, cette meme difference atteint le chiffre enorme de 8 degres, tandis que, pour 1804, elle se reduit a quelques minutes. La comparaison avec des observations directes semble indiquer que le temps assigne pour la revolution est assez pres de la verity. L'arc sous-tendu par le dernier axe moyen de l'orbite serait d'envi- ron 4",4S. — M. Hodgson donne la description d'un nouvel oculaire pour les observations du soleil. La disposition nouvelle consiste a installer dans le tube de tirage du telescope, a 1 ou 2 pouces en avant du foyer, un miroir reflechissant en verre, faisant sur l'axe du tube un angle de 45°. La premiere surface, ou la surface reflechissante, du miroir est parfaitement plane ; la seconde surface est concave et depolie. L'avantage de cette disposition est, dit l'auteur, de permettre d'observer avec l'objectif entierement ouvert et de maniere a em- brasser la surface entiere du disque solaire, ce qui est tres-impor- tant quand il s'agit d' observations des eclipses de soleil ou des transits ou passages des planetes sur cet astre, etc.; elle permet , en outre, de se servir de tous les oculaires ordinaires munis de mi- crometres; elle ne rend pas indispensable l'emploi des vcrres som- bres pour defendre l'ceil du trop grand eclat du soleil, mais il sufnt alors d'un verre d'une legere teinte neutre. M. Hogdson aadapteavec un^gal successor! oculaire a une lunette COSMOS. 259 equatoriale de 6 pouces et a un telescope de 8 pouces d'ouverture. — M. Hind a discute avec le plus grand soin la precieuse serie d'observations du satellite de Neptune , faites par M. Lassell , a Malte , en 1852, eHcette discussion l'a conduit tout d'abord a un resultat d'autant plus digne d'attention qu'il met en evidence, pour la seconde fois , une anomalie singuliere dans les mouvements du systeme planetaire. II n'est plus douteux que le satellite de Neptune se meuve autour de la planete d'un mouvement retrograde. On etait arrive a la memejConclusion pour les satellites d'Uranus ; mais la tres-grande inclinaison , (79°) du plan de l'orbite des satellites d'Uranus laissait quelque incertitude sur la reality de ce mouve- ment retrograde, tandis que l'inclinaison assez faible, 29°, de l'or- bite d'Hyperion exclut toute possibilite d'erreur. L'orbite du satellite est tres-elliptique, mais il n'a pas ete possible encore de determiner sa grande excentricite , parce qu'actuellement l'orbite apparente est presque une ligne droite ; il faudra attendre douze ou quatorze ans. Voici les elements approches auxquels M. Hind a ete conduit : EPOQCE 1S52, NOVEMBRE 00 I TEMPS MOYEN DE GREENWICH. Anomalie moyenne 243°, 32 Peri-Neptune 177, 30 Nceud ascendant 175, 40 Inclinaison » . . 151, 0 Angle d'excentricile 6, 5 Pcriode ou temps de revolution 51,8769 . Le demi-grand axe de l'orbite, vu a la distance moyenne de Nep- tune , soustend un angle de 16 ",98 , et c'est de la valeur de cet angle^ observe par M. Lassell qu'on a deduit le temps de la revo- lution ; le temps de revolution , a. son tour, donne pour la valeur de la masse de Neptune , en vertu de la loi de Kepler, un 17 135me, et, pour la moyenne distance du satellite au centre de Neptune, 235 800 milles. M. Hind ayant cru pouvoir conclure de la compa- raison des observations de M. Lassell avec celles d'autres astro- nomes, que M. Lassell a une tendance a etre au-dessus de la moyenne plutot qu'en dessous , croit qu'en r^duisant la masse de Neptune a un 17 500ra% on sera tres-pres de la verity. M. Lassell a Malte avait aussi fait de ktres-bonnes observa- tions des deux plus brillants satellites d'Uranus, Titan et Oberon ; en discutant ces observations , M. Hind est parvenu a determiner les principaux elements des orbites de ces satellites ; il trouve : 1° Pour Oberon ; rayon de l'orbite a la moyenne distance d'Ura- nus, 45' ',20 ou 385 000 milies; 260 COSMOS. JScend ascendant 165° 28' ; inclinaison 100° 34'. 2° Pour Titan; rayon de l'orbite a la moyenne distance d'Ura- nus, 33", 88 ou 288 600 milles. Namd ascendant. 165° 25'; inclinaison 100° 34'. Les valeurs du nocud et de l'inclinaison sont exactement les meines que celles trouvees par Herschel, il y a un demi-siecle. En partant de la valeur du demi-grand axe de l'orbite d'Obe>on et adoptant le temps de revolution d'Uranus assigne par M. Adams, on trouve pour la masse d'Uranus un 20 642me ; le demi-grand axe de Titan donnerait un 20 505me la moyenne, un 20 570,ne de ces deux nombres s'accorde aussi parfnitement avec le chiffre resul- tant des mesures d'Herschel. Les observations de M. Lassell in- diquent avec une assez grande certitude que la masse de Neptune est plus grande que celle d'Uranus, dans le rapport de 7 a 6. — M. Angstrom jeune, professeur d'astronomie a l'Universite' d'Upsal, a discute avec soin l'etat actuel de nos connaissances, rela- tivement a la resistance du milieu ethere et a l'attraction des petites planetes. II semble resulter des observations de la comete d'Encke, qu'independamment du changement considerable que les perturba- tions planetaires apportent au temps de la revolution de cet astre, sa vitesse moyenne dans son orbite a cru sans cesse a chaque revo- lution, de sorte qua chacun de ses retours elle est arrivee au peri- helie deux heures et demie plus tot. M. Encke a cru devoir attnbuer cette acceleration a la resistance du milieu ethere ; mais cette expli- cation est sujette a des objections graves dont voici la plus forte et la principale : si Tether est un milieu resistant , il devra participer au mouvement progressif dans l'espace du systeme solaire tout en- tier, comme au mouvement de rotation du soleil ; mais des lors, emporte dans l'espace, il ne devrait plus opposer de resistance a. la inarche des cometes animees d'un mouvement direct , tandis qu'il devrait s'opposer avec une intensity plus grande a la marche des cometes qui se meuvent d'un mouvement retrograde ; or, 1' etude comparative de la marche des cometes de Halley et d'Encke prouve que c'est le contraire qui a lieu. II a ete impossible jusqu'ici de decouvrir dans le mouvement des planetes aucune trace de la pretendue resistance de 1' ether ; on a cherche a exphquer ce fait par la densite plus grande et le volume moinire de ces corps, mais cette explication est plus que douteuse. La theorie de 1'aberration donnee par Fresnel , comme aussi Texpe- rience directe de M. Fizeaux , semblent forcer d'admettre que lather participe jusqu'a un certain point au mouvement des corps COSMOS. 261 qu'il penetre, et dans un rapport proportionnel a. leur pouvoir re- fringent. S'il en est ainsi, la resistance de l'ether se produirait au sein menie du corps : elle deviendrait par consequent independante de son volume , et croitrait seulement proportionnellement a son pouvoir refringent. Comine , d'un autre cote , le pouvoir refringent croit lui-meme en general avec la masse du corps, on ne verrait plus pourquoi la resistance de l'ether , sensible quand il s'agit des cometes, deviendrait insensible pour les planetes. Nous ne savons que bien peu de chose encore sur la nature in- time des cometes. De ce qu'elles ne refractent pas la lumiere, nous concluons qu'elles ne sunt ni un corps solide ni une masse liquide ou gazeuse ; leur consistance est probablement cede d'une masse de poussiere. Cette hypothese semble r^sulter du fait constate" par divers observateurs , que les etoiles vues a travers le noyau d'une comete brillent avec plus d'eclat. Peut-etre cependant que cet accroissement d'eclat n'est qu'une illusion , car Bessel et d'autres observateurs ont vu se produire 1'effet contraire ; il s'explique bien toutefois par les lois des interferences de la lumiere. Si , en effet, un objet brillant est occulte par un corps de petites dimensions, cet objet est vu sans diminution d'eclat derrierele corps occultant, dans la direction de la ligne qui joint les deux corps ; si done le corps occultant est lui-meme lumineux, sa lumiere venant s'ajouter a cede de 1'objet brillant, celui-ci semblera augmenter d'eclat. Si Ton considere en outre que la vitesse perihelie de la comete d'Encke n'est qu'une tres-petite fraction de la vitesse de la lumiere, on aura peine a croire que la resistance de l'ether, que d'autres con- siderations prouvent devoir etre proportionnelle a la simple vitesse et non pas au carre de la vitesse, puisse produire un effet sensible. Pour toutes ces raisons , M. Angstrom pense que l'explication tentee par M. Encke n'est pas admissible et entraine dans une voie nouvelle ; il cherche a mettre en jeu une autre cause, l'attraction des petites planetes. Ses conclusions sont encore fort vagues , d'autant plus qu'il n'avait aucune donnee sur la masse de 1' ensemble des petites planetes ; qu'il ne connaissait pas encore le memoire dans lequel M. Le Verrier a demontre" que la somme de ces masses ne doit pas depasser le quart de la masse de la terre. Calculant d'abord ce qu'on pourrait appeler l'orbite moyenne de ces petits astres, et lacomparant a l'orbite de la comete d'Encke, M. Angstrom trouve que ces deux orbites sont comme deux anneaux d'une meme chaine tres-inclines l'un sur l'autre ; que les deux peVihelies sont presque a angle droit , et que , par consequent , l'astre qui repr£- 262 COSMOS. senterait l'ensemble des petites planetes ne pourrait jamais se rap- procher beaucoup de la comete et trembler son mouvement. II trouve en outre que parmi les petites planetes, au nombre de 27, decou- vertes jusqu'au moment oil il £crit, il n'en est aucune qui approche assez de la comete pour exercer sur sa marche une influence sen- sible. Si Ton en trouvait une dont la distance moyenne fut 2,222, elle produirait uneine'galite' periodique de nature seculaire, laquelle, malgre la petitesse de la planete, pourrait se faire sentir. Passons enfin au calcul des perturbations seculaires que les petites planetes peuvent exercer sur la comete d'Encke. M. Angstrom , trouve : 1° que ces perturbations peuvent amener dans la va- leur de la longitude moyenne un terme proportionnel au carre du temps ; 2° que la variation produite sur 1'excentricite serait actuel- lement negative et proportionnelle au temps ; mais les observations n'indiquent pas de changement appreciable dans 1'excentricite de l'orbitede la comete. Nousne suivrons pas M. Angstrom plus loin; il dit en terminant : it Dans la discussion qui precede , j'ai admis que le milieu resis- tant etait ce meme ether dont l'existence semble necessaire pour expliquer les phenomenes dela lumiere et de la chaleur. On pourrait supposer aussi que ce milieu resistant est forme par les dernieres couches de 1'atmosphere solaire ; celles qui par reflexion font naitre dans les eclipses totales le phenomene connu sous le nom de couronne. Mais cette atmosphere doit participer elle-meme au mouvement de rotation du soleil, et la resistance qu'elle opposerait au mouvement des corps quele soleil fait tourner avec lui serait par la meme insen- sible. >. Nous regrettons vivement que M. Angstrom n'ait pas songe a mettre en jeu, comme l'a propose M. Seguin, la matiere cosmique comprenant la lumiere zodiacale et les etoiles filantes ; l'explication de l'illustre ingenieur est certainement la plus raisonnable et la plus probable de toutes, elle merite bien plus que les autres de devenir l'objet d'une discussion serieuse. II nous semblait, a priori, qu'on ne devait rien attendre de la resistance de 1' ether ou de Taction des petites planetes qu'une perte inutile de force vive. — M. Carlos Moesta , directeur de l'Observatoire de Santiago, au Chili, adresse une note interessante sur un phenomene important observe" par lui relativement a la colline de Santa-Lucia. Le sommet de cette colline, situee dans le perimetre de la capitale de la repu- blique du Chili , est a 630 metres au-dessus du niveau de la mer. a 60 metres au-dessus du niveau moyen de la ville ; les rocs qui le composent ressemblent au premier aspect a. dubasalte, mais ce sont COSMOS. 263 en realite un porphyre metamorphique; ces rocs sont disposes en co- lonnes. En 1849, on engea 1'Observatoire , ou mieux la salle men- dienne, sur la partie nord de cette colline; l'axe de la lunette etait porte" par deux massifs en maconnerie batis immediatement sur le roc ; a cet endroit , les colonnes de porphyre sont presque horizon- tales et dirigdes vers l'ouest en se rapprochant un peu du nord, leur direction coincident sensiblement avec celle de l'axe de la lunette. Or, M. Gilliss, le chef dune expedition astronomique envoyee au Chili par les Etats-Unis, a constate que, depuis l'erection de l'Obser- vatoire, l'extremite' est de l'axe de la lunette allait continuellement en s'elevant , de sorte que de temps en temps on etait force de l'abaisser. L' elevation totale de 1849 a 1853 n'a pas <*te moindre d'un quart de pouce. Curieux de connaitre la cause de ce mouve- ment singulier du sol , desireux de savoir s'il se produisait brusque- ment par une action semblable a celle destremblements de terre, ou lentement, dune maniere continue , M. Moesta proceda a des ob- servations regulieres qui consistaient a verifier le niveau de son ins- trument toutes les 12 heures. II ne tarda pas ainsi a constater : 1° que les elevations et les abaissements de l'extremite est de l'axe de la lunette etaient en rapport constant avec les elevations et les abais- sements de la temperature de l'atmosphere ; 2° que la cause des os- cillations n'etait autre que la dilatation ou la contraction des colonnes de porphyre sur lesquelles reposaient les massifs ou supports en maconnerie; 3° enfin, que la dilatation des colonnes de porphyre ou du roc avait pour cause la chaleur solaire ou plus generalement l'elevation de temperature de la portion de l'atmosphere en contact avec eux. Dans la region ouest, les colonnes de porphyre sont expo- sees a Taction immediate des rayons solaires tandis que partout ailleurs la colonne est recouverte d'une couche de terre ve°-etale et deplantes diversesqui dependent les colonnes de la chaleur^irecte; de plus, les colonnes ont une direction nord-ouest avec une assez forte inclinaison vers l'ouest; de sorte qu'etant exposees depuis le matin jusqu'au soir aux rayons solaires qui tombent presque per- pendiculairement sur la tete des colonnes, elles se dilatent necessai- rement plus que le reste de la masse de la colline situee au nord et au nord-est qui reste relativement dans 1' ombre. Dans tous les cas, c'est un fait remarquable, que ce pouvoir qua la chaleur solaire de soulever ainsi periodiquement cette masse enorme de rocs solides et durs, avec presque autant de facilite que la pression atmospheri- que souleve la colonne de mercure des tubes de nos barometres. PHOTOGRAPHIE. Des notre arrived a Londres, nous nous sommes empressd d'aller visiter l'Exposition de photographie ouverte dans la galerie de peintures a l'aquarelle, Pall Mall East, 5, et nous allons rendre nos impressions en quelques mots : Le nombre des epreuves exposees s'eleve actuellement a pres de 800; plusieurs sont tres-belles et annoncent un progres evident. Les maitres du portrait sont MM. Belloc , Hennah, Tanny, Dia- mond, Mayall. Les portraits sans retouche aucune sont rares ; ceux de M. Belloc nous semblent l'emporter sur tous les autres ; les por- traits de grandeur naturelle de M. Mayall sont vraiment magni- fiques. Les maitres du paysage sont MM. Roger Fenton, Lleve- ling , Maxwell Lyte , Steward , Cendall , Turner , Norman , Tanny, etc. M. le comte de Monthyson n'a pas de rival dans la reproduction des animaux vivants ; ses vingt-quatre dessins des divers animaux du Zoological Garden sont tres-beaux. Les vues de MM. Bisson freres ne sont pas non plus surpassees; leurs dimen- sions et leur nettete les placent au premier rang a cote des ceuvres deM.de La Mothe, qui expose dejsuperbes vues du Palais de Cristal, et de M. Presters , de Vienne. Les reproductions d'objets micros- copiques agrandis par le reverend M. Kingsley, de Cambridge, sur- passent tout ce que nous avons vu en ce genre, meme a Paris. Tous les genres de photographie sur papier et sur verre sont largement represented : chacun a produit des chefs-d'oeuvre , et il devient evident par la que, manias par des mains habiles, ils peu- vent tous reussir. Les procedes de M. Talbot, de M. LeGray, etc., sur papier ordinaire , sur papier cire" ou sur verre collodione* ou albumine, ne demandent qu'a etre bien appliques pour donner des rdsultats excellents, et on ne sait reellement auquel donner la pre- ference, quand on ne considere que les Epreuves parfaites. Plus des deux tiers des epreuves exposees sont obtenus de [n^gatifs sur col- lodion : e'est done le genre a la mode, celui qui est pratique par l'immense majority des photographies. Vient ensuite le papier-cire, puis la talbotypie , la calotypie , le papier iodure , etc., etc. Deux exposants seulement , M. Anderson et M. Perini ( de Venise ) , ont essaye l'albumine, et ils sont rested bien loin de M. Ferrier ; M. Pe- rini a reproduit, par ce moyen, un grand nombre de peintures et de dessins originaux des grands maitres. II semble que tout le monde s'est donne le mot pour exclure la plaque , com-me si la daguer- reotypie etait morte, absolument morte ; la plaque ne figure que COSMOS. 265 par quelques belles epreuves stereoscopiques de MM. Mayall Wil- liams, etc. ; encore toutes ces epreuves sont-elles colonees. Les positifs sur collodion sont peu nombreux et en general d'un effet tres-pale, ce qui ferait croire que ce genre, qui a eu un instant de vogue , n'est pas viable. Les seuls noms francais de l'Exposition sont ceux de MM. Belloc, Bisson, Burch, Moulins; et Ton regrette vivement l'absence de MM. Martens, Ferrier, Soulier, etc.; n'itn- porte, dans deux genres au moins nous avons la superiority. — M. Roger Fenton a accepte les propositions tres-avantageuses d'un des pnncipaux editeurs de Londres , et il est parti pour la Crimee, d'ou il rapportera, nous l'esperons, un grand nombre de belles vues du theatre de la guerre. — M. Mansell vient de formuler de nouveau , dans le Journal de la Societe photo graphique de Londres , le proceed de conser- vation de la sensibilite du collodion a, l'aide du sirop de miel invents par M. Shadbolt. II croit avoir reduit les manipulations a un tel degre" de simplicite qu'il lui semble impossible de ne pas reussir a coup sur. Voici sa note traduite mot a mot : « La plaque ayant ete nettoyee avec le plus grand soin , collo- dionee et ioduree a l'ordinaire, on lui fait subir les trois operations suivantes : « lre preparation ayant pour but de reduire la quantite de nitrate d'argent sur la plaque , au minimum necessaire pour lui conserver sa sensibilite dans la chambre obscure. Apres avoir lave la plaque, plongez-la pour une ou deux minutes dans un bain ver- tical d'eau distilled ; retirez-la , et faites couler l'eau excedante en la dressant par un de ses bords sur du papier buvard. " 2e operation ayant pour but de maintenir la plaque a l'dtat humide, etd'empecher le nitrate d'argent de cristalliser, en les re- couvrant d'une couche de sirop hygrometrique. Versez a deux re- prises differentes le sirop sur la plaque , en l'y laissant sojourner deux minutes environ, en faisant onduler ou mouvoir le sirop a la surface. On peut faire servir pour premiere application sur une seconde plaque le sirop qui a deja ete verse" sur une premiere pla- que ; mais la seconde application doit toujours se faire avec un sirop nouveau. " Ce sirop se prepare en prenant parties e'gales en poids de miel pur et d'eau distillee, et filtrant ; sa consistance ou sa densite doi- vent etre tel les qu'il puisse passer a travers du papier blanc a filtrer ordinaire. " 3e operation ayant pour but d'enlever parfaitement le sirop de 266 COSMOS. ]a surface de la plaque avant de developper l'image. C'est surtout de cette derniere operation que depend la reussite de l'epreuve. Apres que le sirop a scjourne sur la plaque meme pendant un temps assez court, il se compose de deux couches : l'une, exterieure, qui reste molle et hygrometrique pendant un temps assez long, et qui est soluble dans l'eau froide ; 1' autre, inte>ieure, composee de sirop et de nitrate d'argent, insoluble dans l'eau froide, soluble dans l'eau chaude , et plus encore dans la vapeur d'eau. Apres que vous avez retire la plaque du chassis obscur, plongez-la dans un bain de lavage pendant cinq minutes, pour enlever le sirop exteVieur ; faites-la egoutter et tenez-la, la couche de collodion en dessous, sur de la vapeur d'eau bouillante, a une distance de 4 ou 5 pouces de la sur- face de l'eau ; le sirop durci se dissoudra ainsi graduellement ; et en inclinant la plaque, vous la ferez couler par un des angles. Si , pendant l'exposition a la vapeur, certaine portion de la plaque , celle ou la couche de sirop £tait moins e'paisse, tend a se s£cher, maintenez-la humide en faisant couler sur elle l'eau condensee a la surface de la plaque. L'operation terminee, faites egoutter la plaque, puis faites disparaitre les dernieres traces de sirop en versant dou- cement, une on deux fois, de l'eau distilled a la surface ; faites-la egoutter de nouveau et versez sur elle la solution d'acide pyro- gallique ; une ou deux minutes, apres que la couche ioduree a 6te" bien impr^gne'e, versez l'acide pyro-gallique dans un verre con- tenant un huitieme de son volume d'une solution de nitrate d'argent a 30 grains (Is 92) , et versez immediatement le melange sur la plaque. L'image vient tres-rapidement , et on peut la pousser comme a l'ordinaire au point voulu. Le developpement est si rapide que, meme sur une plaque entiere, il est impossible de dire en quel point il commence ; 1' apparition ou resurrection uniforme de tout le dessin est un des plus beaux phenomenes dont on puisse etre temoin ; il semble sortir du verre comme une exhalaison, et sa per- fection est exquise. Les grandes lumieres negatives sont aussi transparentes que le verre ; les demi-tons et les noirs sont tout ce qu'on peut de'sirer. La surface, lavee et exposed a la vapeur avant le developpement, est formee d'une couche d'iodure d'argent pres- que pur, dans un etat de tension photoge"nique extreme, parce que le nitrate d'argent libre a entitlement disparu. En repetant plusieurs fois la double operation du lavage et de l'exposition a la vapeur, on enleve si parfaitement le nitrate que la plaque peut etre exposed sans danger a la lumiere diffuse. « Les negatifs provenant de plaques qui ont 6t6 ainsi de'pouille'es COSMOS. 267 de leur nitrate d' argent primitif sont comparables , sous tous les rapports, a ceux qui ont 6t6 obtenus paries procedes ordinaires. » M. Mansell est si heureuxdes succes auxquels cette mdthode l'a conduit , qu'il expose a la vapeur toutes ses plaques , meme celles qui ont servi immediatement apres avoir 6te enduites de sirop. « C'est, dit-il, un tres-petit embarras, et Ton est grandement recom- pense de la peine que Ton a prise. » — M. Jamin vient d'imaginer un mecanisme fort simple pour la mise au point des images photographiques. Le but de M. Jamin a eHe" de supprimer dans les tetes de daguerreotype la cremaillere et le bouton molete qui s'ajustaient difficilement, revenaient toujours a un prix assez eleve et n'eHaient ni commodes a manier , quand on regardait sur la glace depolie, ni assez fixes lors de l'ouverture et de la fermeture de l'objectif. A la place de la cremaillere, M. Jamin pratique une fente sur la longueur du tube, dans lequel glisse a frottement doux le tube ob- jectif. Ce dernier porte un curseur qui coule dans la fente du tube- enveloppe, et peut etre arrete a volonte moyennant une vis de pression. Le curseur pivote a 1'extremite du bras le plus court d'un levier horizontal, dont le long bras peut etre pousse" a l'aide d'une tige en cuivre glissant dans des anneaux le long d'une paroi laterale de la chambre obscure. L'extremite de cette tige aboutit tout pres du verre d£poli , et se trouve ainsi a la portee de l'operateur qui regie commodement, de sa place, la position de la lentille objec- tive. Le prix de ce mt'canisme est, dans tous les cas, infe>ieur a celui des cremailleres, et parait devoir remplir parfaitement le meme but. ACADEME DES SCIENCES. STANCE DU 5 MARS. L'arbre seculaire de la science laisse tomber sans cesse les feuilles de son printemps : hier c'etaient Gay-Lussac , Arago , Melloni , Jacobi, CErsted; aujourd'hui c'est Gauss, le grand mathematicien, c'est M. Duvernoy, le savant et laboiieux continuateur des travaux de Cuvier. M. Elie de Beaumont a annonce a l'Academie la perte douloureuse qu'elle vient de faire dans son illustre associe. M, Flou- rens, en donnant la triste nouvelle de la mort de M. Duvernoy, arrivee dans la matinee du jeudi 1" mars, a ajoute que s'etant en- tretenu la veille avec lui de plusieurs sujets scientifiques, ll avait trouve a son confrere si pres de quitter la vie, une lucidite d'esprit, une surete de memoire , des vues synthetiques si precises, qu'il n'aurait jamais cm, en le quittant, qu'il lui disait adieu pour toujours. Charles-Frederic Gauss 6tait ne a Brunswick , le 23 avril 1777. Protege par le due Charles-Guillaume , Gauss , qui avait montre" des son enfance les plus grandes dispositions pour l'etude des ma- thematiques, achevason education d'une maniere brillante, et rem- porta bientot le titre et le grade de docteur. II ctait encore bien jeune lorsqu'il publia son ouvrage intitule : Disquisitiones arithme- tical, traite d'analyse indeterminee qui contient la demonstration du Theoreme de Fermat, relatif aux nombres triangulares, et des vues nouvelles sur la recherche des proprietes des nombres. Ce volume etonna , par son originality , les mathematiciens de l'epoque, et Delambre disait, dans son Rapport a l'Empereur, en 1808 , en parlant du Theoreme general de Fermat, etudie par le jeune savant de Brunswick : « M. Gauss a traite d'une maniere entitlement nouvelle toute cette theorie, dans un ouvrage siiigulie- rement remarquable , dont il nous est impossible de donner une idee, parce que tout y est noiweau, jusquau langage et a la notation. » Gauss obtint , en 1810, le prix Lalande, pour son ouvrage sur la Theorie des planetes et les moyens d'en determiner les orbites des la premiere apparition, d'apres trois observations et sans con- naissance preliminaire d'aucun des elements. A cette epoque , il etait deja correspondant de l'lnstitut. On lui doit une construction elegante des polygones de 17,257, etc., etc. cotes, un grand nombre de Memoires sur diffe>ents sujets de haute analyse , une Theoria combinationis observationum erroribus minimis obnoxiai (Gcet- COSMOS. 269 tingue, 1823) et des recherches astronomiques auxquelles il n'avait cesse de se livrer depuis la creation du nouvel Observatoire de Goettingue , oil il professait l'astronomie speculative. Gauss est mort le 23 fevrier dernier, a l'age de soixante-dix-sept ans dix mois. — M. Biot a continue" et termine*. dans cette seance, l'exposition de ses Recherches sur la loi de la refraction atmospherique. Le but de la derniere partie de ce long travail a 6t6 de prouver que la for- mule de Laplace est aujourd'hui encore celle qui represente le mieux les observations. Quant a. la forniule de Bessel, que ce dernier parait avoir empruntde a Kramp , elle introduit une condition de limi- tation de 1'atinosphere susceptible d'alterer les resultats des obser- vations pour des distances zenithales un peu considerables. M. Biot termine son Memoire par ce vceu, que tous les astronomes veuillent bien employer la formule de Laplace de preference a toute autre, dans le calcul de leurs observations, afin quecelles-cipuissent etre compa- rables ; car, dit-il, en agissant autrement , ce serait comme si Ton voulait comparer des observations thermometriques faites avec des instruments dont le point zero serait pris au hasard sur une echelle arbitraire. II est evident que la connaissance precise de la limite de l'atmosphere servirait au perfectionnement de la theorie des refrac- tions ; mais cette connaissance ne saurait etre obtenue que par des observations multiplies de l'elevation de la courbe cr^pusculaire, etudiee dans des iles eloignees des cotes, et suivie dans ses mouve- ments d'ascension et de descente qui accompagnent le lever et le coucher du soled. — M. Pouillet lit un Rapport fait au nom de la section de phy- sique et de MM. Regnault et de Senarmont , sur les pointes de paratonnerres en platine de MM. Deleuil pere et fils. Ce Rapport, entierement favorable, conclut a l'insertion du dessin de ces pointes dans le livre &' Instruction sur les paratonnerres , que 1'Academie se propose de publier. Le rapporteur insiste, en outre, sur la possibility de substituer l'or, l'argent et le palladium au platine. II indique enfin le cuivre rouge comme pouvant remplacer, dans beaucoup de cas, avec avantage, ce dernier metal, toujours assez cher, difficile a manier et rare dans les campagnes et dans les provinces eloigners de Paris. M. Pouillet voudrait que le cone en cuivre, haut de 3 ou 4 c, eut, dans ce cas, 2 c. de diametre a la base, prolongee en un cylindre de 20 c. de longueur. Ce cone inspirerait a la commission presque la meme confiance que les cones en metaux inoxydables, le cuivre 270 COSMOS. rouge etant un excellent conducteur de l'electricite et de la chaleur, d'un prix inferieur de beaucoup a celui du platine, et assez r^pandu dans la nature pour que Ton put en trouver partout et le faire tra- vailler par le premier serrurier venu, sans trop de defense. M. Despretz proleste contre cette proposition de la commission dont il faisait partie. II soutient que le cuivre rouge se carbonatant, s'oxydant, se chlorurant et se transformant en sulfure avec une tres- grande facilite, pourrait etre mis rapidement hors de service et ren- dre les paratonnerres tout a fait inutiles. Quant a. la question du prix , M. Despretz soutient qu'avec 40 fr. de platine on peut etablir un excellent paratonnerre, sans qu'on ait besoin des pointes coniques tres-bien faites, mais trop couteuses, que MM. Deleuil ont presentees a, 1'Academie. L' Academie approuve le rapport de la section de physique, et au- torise M. Despretz a insurer ses observations a la suite de ce rap- port. — M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire presente deux ceufs d'E- piornis fossile de Madagascar, dont Tun depasse en grosseur celui que 1'Academie avait recu en 1851. Get ceuf monstre, mesure avec le plus grand soin, presente un volume de 9 litres 906 millilitres. — M. Cauchy depose surle bureau, au milieu du bruit qui nous empeche de l'entendre, de nouvellos recherches mathematiques. — La correspondance a ete depouillee par M. Elie de Beaumont. Nous ne pouvons en dire ici que tres-peu de chose, attendu qu'il est impossible de comprendre le sujet de memoires ou de notes dont le secretaire perpetuel indique a peine le titre ou lit a voix basse quelques passages, souvent meme la seule lettre d'envoi, ne conte- nant guere autre chose que des formules de pohtesse. II nous a semble entendre que M. Valz adressait de Marseille a 1'Academie les elements de Polymnie et de la nouvelle comete; mais la valeur de ces elements ne nous est point connue. — M. Edouard envoie un memoire sur l'intcgration des equations differentielles de la mdcanique. — M. de Caligny fait hommage a 1'Academie d'un nouveau vo- lume des Memoires militaires du marechal de Vauban. — Le directeur de l'lnstitut des jeunes aveugles presente une statistique comparee des aveugles et des sourds-muets de la France. — M. Minotto adresse un nouveau travail sur l'engrenage a coin dont il a deja entretenu 1'Academie. Cet engrenage fonctionne de- puis pres d'un an dans les ateliers de M. Budicom, pres de Rouen, et presente des avantages incontestables snr tous les autres modes COSMOS. 271 de transmission du mouvement employes jusqu'ici dans les machines. — M. Avenier de Lagree continue ses communications sur l'em- ploi de la chaleur comme force motrice. — Un chirurgien, employe a Constantinople, expose des faits nombreux et tous favorables d'application du chloroforme, comme agent anesthesique dans les operations chirurgicales. — M. Malaguti a et& elu membre correspondant a la place de M. Laurent, mort le 15 avril 1853. La liste des candidats presen- tee par la section de chimie etait composee de la sorte : Regnicoles. En premiere ligne, M. Malaguti, a Rennes. En deuxieme ligne et ex cequo , M. Gerhardt, a Strasbourg, M. Pas- teur, a Lille. Etrangers. En premiere ligne, M. Hoffmann , a Londres ; en deuxieme ligne, M. Piria, a Pise. Le scrutin a donne 37 voix a M. Malaguti, 5 a M. Pasteur, 3 a M. Gerhardt, 2 a M. Hoffmann et l'eternel billet blanc. SEANCE DU 26 FEVRIER. Nous passerons vite sur cette stance presque entierement occu- pee par les lectures des chirurgiens qui se disputent le fauteuil de M. Roux. Nous mentionnerons seulement unenouvelle carte m£- teorologique diurne de la France, presented par M. Le Verrier. Le savant et zele directeur de l'Observatoire poursuit son entreprise avec une activite au-dessus de tout eloge. M. Emmanuel Liais, qui reunit, discute et trace les resultats des observations, ne me- ritepas moins la reconnaissance des savants et du public. — M. lemarechal Vaillant fait hommagealAcademie d'unexem- plaire de son rapport a l'Empereur sur la culture du coton en Algerie. — Le prince Charles Bonaparte adresse des rectifications rela- tives a sa precedente communication sur quelques passereaux, de- crits par M. Dubus. — Quant aux travaux de chirurgie, M. Laugier lit un memoire sur l'origine et l'accroissement de l'hematocele retro-uterine ; M. Bau- dens, un travail sur la resection de l'humerus, d'apres un nouveau mode operatoire, et M. Cloquet entretient TAcademie d'une me"- thode particuliere d'appliquer la cauterisation a la reunion des divi- sions anormales du voile du palais. — M. Dejean adresse une theorie nouvelle de l'ecoulement des liquides qui parait lui avoir donne des resultats en tout conformes aux experiences. II faut espeYer que cet accord de la theorie et de la pratique ne sera pas un jeu du hasard et qu'enfin la science aura 272 COSMOS. comble une lacune que les efforts des plus habiles n'avaient pu faire disparaitre. — M. Decaisne prdsente un memoire de M. A. Le Jolis, ayant pour titre : Examen des especes confondues sous le nom de lami- narla digitata, suivi de quelques observations sur le genre Lami- nar in. — Les considerations sur la salubrite relative des differents quar- ters dans les villes, par M . Junod, ont 6te l'objet de quelques remar- ques de la part de M. Elie de Beaumont , qui a cru devoir appuyer l'opinion de M. Junod, touchant la salubrite des quartiers occiden- taux des villes. M. Elie de Beaumont cite Turin, Liege, Caen, Montpellier, Toulouse, Paris et Londres, commeoffrant des exem- ples remarquables de la tendance naturelle et presque instinctive des populations a prolonger les villes du cote de 1'ouest. — M. Boutigny (d'Evreux), peu satisfait des hypotheses mises en avant par les geologues dans le but d'expliquer la formation de la houille, propose une theorie nouvelle qu'd resume de la maniere suivante : II lesulte des considerations que nous venous de presenter, que les combustibles mineraux, a l'exception de la tourbe et du bois al- tere, deriveraient tous des carbures d'hydrogene existant primitive- ment a l'etat de gaz et de vapeur dans l'atmosphere, ensuite a l'£- tat spheroidal, puis a l'etat liquide a la surface de la terre. Ces carbures d'hydrogene (le naphte, le petrole) se seraient £vapor£s d'une part , et de l'autre dedoubles. Ce phenomene d'evaporation et de dedoublement aurait ete le resultat de Taction combin^e de l'atmosphere et de la haute temperature du globe. La partie evaporee aurait ete de nouveau condensee et serait re- tombee sous forme de pluie sur la terre pour reproduire de nouveau le phenomene ci-dessus. La partie dedoublee se serait repandue dans l'atmosphere a l'etat de gaz des marais, d'eau et d'acide car- bonique, et d'autre part fixee sur la terre a l'etat de carbure d'hy- drogene sature de carbone, oil elie aurait absorbe l'air atmosphe- rique pour atteindre au premier degre de houillification par une sorte de combustion lente ou eremacausie. Ces phenomenes se seraient reproduits periodiquement et auraient formd, avec les matieres charriees par les eaux , les stratifications des houilleres. On peut deduire directement de la forme concave des bassins houillers, que les houilles ont ete primitivement tout a fait liquides. II est presque inutile d'ajouter que quelques bassins houil- lers ont ete, conune toutes les autres formations qui composent 1'6- COSMOS. 273 corce du globe, sujets a des bouleversements qui en ont change" to- talement la configuration; mais ces bouleverments, d'ailleurs, faci- lement reconnaissables, ne sauraient detruire le fait constate par les geologues, a savoir : que la forme des bassins houillers est toujours, comme nous le disions, primitivement concave. Ces phenomenes ont du pre\:eder de beaucoup l'apparition des vegetaux sur la terre, qui n'ont pu exisier que par l'acide carbo- nique, dont on trouve une source abondante dans la combustion des carbures d'hydrogene. L'existence d'empreintes de corps organises vegetaux ou animaux peut done etre posterieure aux premiers temps de la formation de la houille, et d'ailleurs ces empreintes se retrou- vent dans les autres formations, a l'exception des terrains primitifs et des terrains volcaniques; on ne saurait done rien en conclure sur 1'origine de la houille. La theorie que je propose satisfait, comme on voit, a toutes les conditions connues du probleme , elle explique clairement et sim- plement la formation des houilles primitives et celle des houilles se- condaires, e'est-a-dire celles qui sont caracterist§es par des em- preintes de corps autrefois vivants, soit vegetaux, soit animaux; elle montre pourquoi et comment il y a des couches de houille d'i- negale epaisseur, et pourquoi aussi les bassins qui contiennent ce combustible mineral ont tous une forme concave (sauf les releve- ments posterieurs dont il a ete parle plus haut) dans laquelle les houilles se sont moulees lorsqu'elles etaient fluules; enfin elle ex- plique d'une maniere satisfaisar.te la formation des houilleres qui reposent sur le granit et autres roches primitives. Et maintenant si je voulais dire en deux mots 1'origine de la houille et son avenir, je diiais :La houille est venue de i'atmosphere par precipitation et elle y retourne par combustion. — M. Chevreul analyse un nouveau memoire de M. Henri Loe- wel Sur la sursaturation des dissolutions salines. Dans ce travail, l'auteur etudie les phenomenes que presentent les dissolutions de sulfate de magnesie et de sulfate d'alumine et de potasse, sursatu- r£es et conservees a l'abri du contact de l'air. Ces solutions ont donne a M. Loewel des cristaux moins hydrates que les cristaux ordi- nances des memes sels, et lui ont presente d'autres points d'analogie avec les solutions de sulfate de potasse prec^demment etudi^es. — M. Dreyfuss adresse un appareil destine a operer des revul- sions sur certains points du corps. C'est une sorte de pinceau d' ai- guilles ties-fines, qui produit sur la peau l'effet des moxas sans en presenter lesinconvenients. 274 COSMOS. — M. Castano envoie un m&noire sur la nature du virus syphi- litique qu'il considere com me un production cryptogamique. — M. Hennite poursuit ses recherches sur la Theorie tie la transformation des fonctions abeliennes. — M. Lartigue fait hommage a l'Academie d'un exemplaire de la deuxieme edition de son Exposition du systeme des vents, et il ajoute que les nouvelles recherches entreprises par M. Le Verrier sur la distribution des vents a la surface de la France, confirment pleinement ses vues theoriques sur le mouvement general de l'at- mosphere. — Le rapprochement des variations barometriques et du nombre des aurores boreales, a conduit M. H. de Villeneuve a etablir en principe que « le nombre des aurores boreales ou des orages ma- « gnetiques croit avec l'amplitude des variations barometriques " diurnes. » A. Govi. VARIETES. DES BIBLIOTHEQUES ET DE LEUES CATALOGUES. M. le Ministre de l'instruction publique a presentc, il y a quelques jours, a. l'Empereur le premier volume du catalogue de la Biblio- theque impcriale. En tete de ce volume se trouvent deux rapports ; l'un adresse" a, l'Empereur par le Ministre lui-meme, l'autre adresse" au Ministre par M. Taschereau, administrateur adjoint de la Bibliotheque im- pcriale. II resulte de ces documents officielsque le premier catalogue me- thodique de la Bibliotheque fut entrepris en 1700; elle comptait alors soixante mille volumes. L'impression du catalogue ne fut com- mencee qu'en 1739 , apres trente-neuf ans de travail plus ou moins assidu; mais les six premiers volumes furent seuls publics. Les ra- pides accroissements de ce vaste depot central firent abandonner l'ceuvre commencee, et depuis cette epoque, la plus deplorable con- fusion n'a pas cesse- de rogner dans cet amas condense des produc- tions de 1 'intelligence humaine. En 1789, le desordre etait arrive a son comble et provoquait de toutes parts d'energiques reclamations. On n'a songe serieusement a y faire droit qu'en 1838; un credit de 1 264 000 francs fut affect e a la confection du catalogue des livres imprimcs et a la reliure des ouvrages encore en feuilles. Mais on se laissa affrayer et decourager une fois encore par la difficulte extreme de l'entrepiise, et le credit ouvert fut entierement defense en achat de livres nouveaux et de collections, en frais de reliure, etc., sans que le classement des volumes eut fait un seul pas. Deux commis- sions institutes en 1847 et en 1850 n'amenerent aucun resultat, et il fallut qu'un decret du 24 Janvier 1852 assurat enfin l'execution du catalogue complet des quinze cent mille volumes imprimes ou manuscrits de la Bibliotheque imperiale. Les cartes ou la matiere premiere du catalogue sont faites aux frais de l'Etat; le classement est operc sous la direction de M. Taschereau par les conservateurs- adjoints, les aides et sous-aides bibliothecaires ; l'impression du cata- logue a cte entreprise par M. Ambroise Firmin Didot, a ses propres frais, a la condition sans doute que le gouvernement en prendrait un certain nombre d'exemplaires, et avec l'autorisation de le mettre en vente pour son propre compte au prix, fixe par lui, de 40 francs par volume. Le premier volume, qui vient de paraitre, contient le catalogue des ouvrages relatifs a l'histoire de France. Cette grande question du classement et des catalogues des biblio- 276 COSMOS. thfeques publiques nous a longtemps prdoccupe ; nous 1'avons traitee a fond dans le journal YEpoyue, numero du 2 octobre 1845. Nous disions il y a dix ans : « Le catalogue methbdique, si les conserva- teurspers^verent dans la voiequ'ils ont suivie, jusqu'ici exigera dix- sept annees, il sera tout a fait incomplet... Plus de cent mille vo- lumes en seront exclus ; il faudra de nouveau le remanier de fond en comble; il sera mort avant de naitre, ou plutot sa destinee sera de naitre toujours pour toujours mourir; ce sera le rocher de Sy- siphe ou le tonneau des Danaides. - Notre prediction s'est evidem- ment accomplie dans sa premiere partie : dix amines se sont ecoulees et nous n'avons encore que le premier volume du catalogue tant de- sire • sept annees s'ecouleront tres-certainement avant que les trente ou quarante volumes restants soient publies ; et quand l'ouvrage sera termine, il sera tellement incomplet qu'il ne servira presque plus arien. Pourquoi faut-il que notre faible voix et celle d'un petit nombre d'hommes consciencieux n'aient pas pu se faire entendre ; que la volonte de quelques hommes trop confiants dans leurs propres lu- mieres ait maintenu l'administration dans des errements funestes? II n'y a qu'une seule methode a suivre pour sortir de ce dedale inex- tricable; cette methode a ete trouvee, indiquee, formulee, et nous pourrions dire mise en pratique, par un modeste employe" de la Bi- bliotheque imperiale, M. le chevalier de La Garde de la Pailletterie, qui, depuis de longues annees deja, a resolu Tun des plus gigan- tesques pioblemes que l'esprit de synthese put se proposer. Faire par ses proced^s le catalogue du plus immense depot de livres, ou, mieux encore, le catalogue des livres et manuscrits de toutes les bi- bliotheques du monde, c'est entreprendre une operation toute facile, qui peut marcher a pas de geant, sans renconter le moindre obstacle, sans entrainer des depenses exorbitantes , qui enrichirait au con- traire celui qui oserait 1' entreprendre. Nous nous faisons un devoir de decrire une seconde fois et de per- petuer dans les pages du Cosmos ces procede"s si simples, si surs, si efficaces, si rapides, d'autant plus qu'on sera force, bon gre, mal ore, d'y revenir, et que nous avons a revendiquer pour la France la gloire de leur d^couverte, que des Americains pretendent s'attribuer. Voici done le plan a suivre : A la Bibliotheque imperiale, on releve fidelement, avec ordre ou sans ordre, le titre complet de chaque onvrage, en donnant imme- diatement a cet ouvrage et a la carte qu'on vier.t d'en faire, le im- mero qui indique le rang dans lequel il a 616 inscrit; les titres ainsi COSMOS. 277 relev^s sont immediatement imprimis en caracteres mobiles , puis cliches. Les cliches, assembles d'abord suivant leur ordre de num£- ros, au moyen d'un cadre de nouvelle invention, sont tires en feuilles d'impression ordinaires, dans le format que Ton a choisi; les feuilles reunies forment un ou plusieurs volumes ; l'ensemble de ces volumes est 1'lNVENTAIKE EXACT ET UNIVERSEL DE LA BIBLIOTBEQUE TMPEBIALE. Cet inventaire, dans lequel tous les livres sont inscrits a la suite, et distingues seulement par un numero d'ordre, ne demande qu'un travail mecanique, et peut marcher aussi rapidement qu'on voudra et croitre chaque jour d'un plus ou moins grand nombre de feuilles. En apparence, c'est un chaos ; mais l'esprit createur va souffler sur ce chaos informe, et vous allez en voir sortir, comme par enchante- ment, les trois catalogues methodiques et alphabetiques. Des qu'une feuille de l'inventaire est tiree, on dispose autrement les cliches divers dont elle se compose ; en les isolant ou les sepa- rant par des espaces vides, on en forme une feuille nouvelle, imposee de telle sorte quelle puisse se partager en autant de cartes qu'elle renferme de titres d'ouvrages ; puis on imprimeou Ton tire cesnou- velles feuilles a tel nombre d'exemplaires qu'on veut. Qu'obtient-on de la sorte en s' aidant de ciseaux l. Autant de cartes distinctes et s^parees des ouvrages dont on a releve les titres et qui figurent deja dans l'inventaire. Les cartes sont distributes chaque jour en trois ordres : l'ordre methodique, l'ordre alphabetique des noms d'auteurs, l'ordre alpha- betique des titres des ouvrages. A me6ure done que vous voj'ez l'inventaire croitre incessamment, vous voyez croitre simultane- ment les trois tables ou catalogues. Quelques heures apres que la derniere feuille de l'inventaire aura ete tiree, les dernieres cartes des derniers volumes de la bibliotheque seront classees , et vous pourrez montrer avec orgueil les trois grands catalogues, objets de tant de vceux. Et, qu'on le remarque bien, les catalogues ainsi constitues sont par leur nature perp^tuels et essentiellement complets. L'inventaire peut se continuer chaque jour jusqu'a la fin du monde ; et chaque feuille nouvelle ajoutde a l'inventaire, reimposee et retiree en triple exemplaire, vient immediatement continuer et completer le triple serie des catalogues. II ya plus : admettons que chaque semaine le bulletin general de la librairie soit imprime, cliche, deux fois im- pose et tire dans le format et le caractere de l'inventaire general, l'inventaire et les catalogues se continueront sans attendre meme le travail des bibliothecaires. 278 COSMOS. Etendez votre ambition au monde entier, faites faire a Paris l'in- ventaire de tous les ouvrages imprimis en France ; faites faire a Londres, a Vienne, a Saint-Petersbourg , a New-York, a Cons- tantinople l'inventaire de tous les ouvrages publics en Angleterre, en Autriche , en Russie, en Amerique, en Orient, etc. A mesure qu'une feuille d'inventaire est imprimee, obtenez, au moyen de la o-utta-percha, la forme en creuxde cette feuille, revetez cette forme par les procedes de la galvanoplastie d'une couche tres-mince de cuivre, de maniere a obtenir des cliches tres-legers et indestruc- tibles; reunissez sur an point central tous ces cliches, imprimez-les a la suite selon l'ordre de leurs numeros ; vous aurez l'inventaire ge- neral ou le Catalogue-Type universel de la bibliographie. Et comme chaque feuille de l'inventaire tiree une seconde fois, apres une nouvelle imposition, vous a donne des cartes que vous avez distributes chaque jour, les trois catalogues universels sont nes a leur tour sur place ; et ils peuvent ainsi que le Catalogue-Type re- naitre partout : a Londres, a Vienne, a Saint-Petersbourg, a New- York, a Constantinople. Et qu'on ne s'effraie pas de ces myriades de cliches et de cartes : les cliches feuilles plates occuperont un espace beaucoup plus pe- tite qu'on ne s'imagine ; une salle de 7 metres, en tout sens , suffl- rait et au dela, pour disposer dans un ordre parfait tous les cliches deslivres de la Bibliotheque impdriale ; de telle maniere qu'on puisse les reunir a volonte, en tel nombre, et dans tel ordre qu'il plairad'as- si^ner. Vous pouvez les transformer tour a tour en catalogue, de telle ou telle bibliotheque publique et particuliere ; en un catalogue de bibliotheque a vendre avec la faculte d'ajouter telles notes histo- riques ou bibliographiques qu'on voudra; en monographie des livres d'histoire, de droit, de mSdecine, etc., etc. Nous ajoutions, apres avoir constate l'impossibilite oil sont actuellement les hommes d'e- tude de faire dans les bibliotheques publiques des recherches se- rieuses : unjour, un homme erudit, intelligent, actif, s'etablira dans le voisinase de la Bibliotheque imperiale... Dans une piece vaste et bien eclahee, il aura sous la main l'inventaire, le triple catalogue et un depot de cartes. Au lieu d'aller brusquement affronter une repulsion, chaque lecteur pourra, pour quelques centimes, faire une etude preliminaire des ouvrages qui l'interessent. II saura d'avance si les livies dont il a besoin font partie de la Bibliotheque, il prendra les titres exacts avec les numeros de l'inventaire, il achetera meme, s'il le veut, les cartes qui seront les elements de son catalogue futur ; puis il paraitra hardiment devant les employes, qui ne pourront plus COSMOS. 279 ]ui opposer ces irrille fins de non-recevoir : la Bibliotheque ne l'a pas, inconnu, non classe, non relie, introuvable, prete, etc., etc. Si deplus, a force de reclamations energiques, on obtient qu'aucun livre ne pourra sortir de la Bibliotheque; que des cellules separees seront reserveesaux travailleurs qui ont faitleurs preuves, une nou- velle ere s'ouvrirait pour les homines d'etude, pour la portion de la societe la plus intelligente , la plus honorable, et jusqu'ici la plus abandonn£e et le plus a plaindre. Voila dans tous les developpements que nous lui avions donnas, il y a dix ans, la magnifique idee de M. de La Garde ; nous ne nous sentons pas le courage de lui comparer le mince et malheureux essai de catalogue dont nous parlions au commencement de cet article; nous n'avons pas besoin non plus de nous arreter a de*montrer qu'il faudra necessairement revenir un jour, tot ou tare!, et apres avoir depense en vain une quantite enorme de force vive et perdu des mil- lions, au seul chemin qui puisse conduire au but, a la seule methode par laquelle la confection du catalogue ou des catalogues de la Bibliotheque imperiale puisse etre serieusement entreprise, achev^e indefiniment. Disons seulement quelques mots des pretentions ame- ricaines : En 1850, M. le professeur Jewel t, de Philadelphie, dans un dis- cours prononce devant {'Association americaine pour l'avancement des sciences, proposa, comme ayant ete concu d'abord par lui, un plan pour la confection du catalogue de l'institut Smithsonien et meme d'un catalogue general des bibliotheques publiques des Etats-Unis, au moyen de cliches stereotypes; e'etait avec tous les details es- sentiels, leplan dont M. La Garde avait commence l'execution des 1839 , ainsi que le prouvent des certificats authentiques de MM. Dupont, freres, imprimeurs ; le plan que, dans tous les cas, nous avions completement expose dans YEpnque du 2 octobre 1845 cinq ans avant l'apparition de M. Jewelt; le plan que M. Merlin avait adopte et vivement recommande dans une brochure de 1847. Lorsque la proposition de M. Jewelt fut connue en France, M. de La Garde crut devoir faire inserer au Moniteur une protestation et une reclamation motivee qui ne laissait aucune place au doute. Mais voici qu'en septeinbre 1853, les bibliothecaires des Etats- Unis tiennent, a New-York, uiie seance publique qui n'a pas d'autre but que de discuter, d'adopter, de faire subventionner, sur les fonds de cette meme institution smithsonienne, la mise a execution imme- diate du plan de M. Jewelt. Nous trouvons le proces-verbal de cette seance dans le Norton's- Library-Gazette^ de New-York, du 280 COSMOS. 15 octobre 1853, et nous y lisonsque M. Haven, de Worcester, 6met le vocu que dans son acte d' adoption, le congres fasse entendre que l'idee des catalogues par cliches stereotypes est purement ame- ricaine dans son invention et dans ses perfectionnements, que M. Jewelt est le seul qui ait le droit de se dire Vitwenteur de cette idee parce qu'il en aurait fait le premier l'application Le voeu de M. Haven a ete appuye- par MM. Folson, Smith, Guil, etc., et Ton admet definitivement la declaration suivante : « Declarons que « nous avons attentivement considere le projet de former des cata- « loieures -sont coupees a quelques centimetres au-dessus du plancher. Dans l'amphitheatre de physique , sur le plancher, on a dispose" quatre harpes d'Erard ; aux quatre tables d'harmonie auxquelles aboutis- sent les cordes des harpes , on a fixe quatre autres petites tringles verticales en bois , de meme diametre que les premieres , allant de bas en haut et ramenees au-dessus des quatre tringles qui percent le plancher, en contact avec elles, de maniere a ce qu'elles en soient la continuation ; mais de maniere aussi qu'en faisant tourner les harpes autour de leur axe vertical, on puisse faire cesser la commu- nication entre les tringles des tables d'harmonie des harpes et les tringles des instruments joues dans la cave. Ces dispositions prises, voici comment M. Pepper procede a l'expe>ience : En frappant sur la tringle n° 1, il avertit le pianiste de toucher .son instrument : les sons amenes par la tringle et rdpetes par la table d'harmonie de la harpe correspondante sont parfaitement en- iendus par l'auditoire ; ils n'ont presque rien perdu de leur force, et pas une note de Fair joue n'est alteree dans son timbre, son ton, sa succession , son mouvement ; mais si pendant que l'air joue on fait ^cesser, en tournant la harpe , la communication ou le contact des COSMOS. 283 tringles, on n'entend plus rien , absolument rien. M. Pepper pro- cede de la nieme maniere pour les trois autres instruments et les trois harpes ; il constate que le son , qui n'est en aucune maniere entendu quand les tringles de la table d'harmonie de la harpe ne sont pas en contact avec la tringle de l'instrument, est percu aussi bien que si les instruments etaient dans l'amphitheatre, des que le contact estetabli. On entend chanter la clarinette, le violoncelle, le violon , comme si leurs sons arrivaient sans intermediate ; le vio- loncelle , cependant , parait quelque peu enrhume , comme si ses sons graves avaient quelque peine a se transmettre par les vibra- tions de la tringle. M. Pepper, enfin , en frappant sur les quatre tringles simultane- ment, avertit les musiciens de jouer un quatuor : le quatuor est par- faitement transmis et repete par les tables d'harmonie des harpes, et le concert sans musiciens en evidence produit une emotion sin- guliere. Cette emotion serait plus vive encore si c'etait le chant d'une voix humaine qui sortit ainsi vibrante, forte, passionnee, de la longue tringle de bois ; et M. Wheatstone raconte que plusieurs personnes devant lesquelles on r£petait cette experience se trou- verent mal. Enfin, au beau milieu du quatuor, M. Pepper, s'approchant suc- cessivement des quatre harpes et les faisant basculer, interrompt les contacts des tringles et fait evanouir tour a tour les sons du piano, de la clarinette, du violon, du violoncelle, et le concert finit ; non pas faute d' executants , puisque les musiciens n'en continuent pas moins dans les caves a faire resonner leurs instruments , mais parce que les vibrations transmises par les tringles n'etant plus ren- dues sonores et renforcees par les tables d'harmonie des harpes, restent a. l'etat rudimentaire de mouvements mecaniques et s'etei- gnent dans l'air. Ces experiences , tres-instructives et tres-belles , meritent evi- demment d'etre r6p£t£es dans nos grands cours de physique ; et nous les recommandons a M. Desains. Elles auraient quelque chose de plus grandiose , si les sons de tous les instruments des caves etant comme absorbes ou repetes par une meme table d'harmonie, cette table 6tait reliee par une seule tringle avec une seconde table semblable placeedans l'amphitheatre et d'ou le son semblerait sortir ; on pourrait alors constater l'etat vi- bratoire intense et multiple de la table, en y projetant du sable fin , qui s'arrangerait en figures tres- complexes et sans cesse renou- vel^es. 284 COSMOS. — Une de nos premieres visites a Londres a dte pour l'^tablis- sement central de la Compagnie de telegraphie electrique, situe a Lothbury, derriere la banque d'Angleterre, £tablissement vraiment extraordinaire et qui effraie presque l'imagination. II occupe 1214 personnes : 139 ingenieurs , 994 employes expediteurs des depe- ches et messagers, 81 femmes ou jeunes personnes chargees aussi des correspondances t^legraphiques. Le capital depen.se par la Com- pagnie s'eleve deja a plus de 18 millions ; son reseau telegraphique s'^tend, en longueur, sur 5 480 milles (1 827 lieues) ; la longueur totale de ses fils est de 24 000 milles (8 000 lieues); ses recettes annuelles montent actuellement a 20 802 livres sterling (540 000 fr.); elle expedie en moyenne chaque mois 58 650 depeches : ces chiffres sont vraiment incroyables. Le but principal de notre visite etait de voir fonctionner sous nos yeux les appareils d'un jeune ingenieur, M. C. F. Varley, que nous avons decrits page 505 du cinquieme volume du Cosmos, et de constater leur efficacit6. lis ont repondu a tout ce qu'on en atten- dait et procurent des avantages considerables, qui les feront adopter partout. Les perfectionnements imagines par M. Varley consistent essentiellement : 1° A decharger le fil conducteur a chaque mouvement de la clef, et avant que le signal se produise, du courant d'induction oppose au courant direct et qui rendrait la transmission irreguliere ; 2° A faire que la pesanteur aide a l'electricite dans la fermeture du circuit et l'etablissement du contact; 3° A faire glisser le contact du relai de maniere a. d^placer la mince couche d'air interposee. II resulte de ces dispositions que le telegraphe continue a fonc- tionner dans les circonstances les plus defavorables et par les plus mauvais temps, alors meme que la pluie, la neige ou le givre affai- blissent l'lntensite" du courant en e^ablissant une communication ac^ cidentelle le long des poteaux entre deux ou plusieurs fils aeriens et la terre, et alors meme que les fils souterrains sont envahis par des courants d'induction energiques, etc., etc. Depuis que ces appareils sont e^ablis a Lothbury, on a pu dimi- nuer d'un tiers le nombre des elements de la pile qui s'elevait au- trefois a plus de 800 ; et la vitesse de transmission a augmente dans une proportion enorme : elle est en moyenne de 20 a 25 mots par minute ou de pres de 200 signaux. C'est tout ce que l'oeil le plus exerce peut suivre et saisir des indications des aiguilles; onne peut meme continuer longtemps une transmission si rapide qu'en COSMOS. 285 faisant imprimer la depeche par un appareil de Bain, par Taction chiraique du courant. laquelle, passant par un petit fil de fer, trace des points et des lignes sur un papier prepare au nitrate d'ammo- niaque et au ferro-cyanate de potasse. Pendant longtemps la Compagnie n'a eu a sa disposition pour corresponds avec le continent, par lavoie de la Haye, qu'un seul fil de cuivre, et sans les relais de M. Varley, sans la transmission si rapide que ces relais procurent , le service aurait grandement souffert. Tout le monde sait qu'a Paris , pendant les mauvais jours de l'hiver, la correspondance electrique a ete souvent interrompue, surtout sur certaines lignes, qu'il a ete meme impossible, pendant de longues heures ou de longs jours, de recevoir aucune depeche intelligible, a tel point qu'on a serieusement songe" a. renoncer defi- nitivement au systeme cependant si peu dispendieux et si com- mode des fils aliens , pour adopter partout des fils souterrains. Par l'adoption du systeme Varley, on echapperait a tous ces incon- venients, d'autant plus qu'il sert £galement bien avec les deux sortes de fils conducteurs ; qu'il annuleles resistances, de quel que source qu'elles proviennent , des courants derives ou des courants d'in- duction. — Un evenement singulier a grandement pr^occupe les esprits en Angleterre et rempli une grande place dans les journaux. En se reveillant le 8 fevrier les habitants des paroisses d'Exmouth , de Lympstone, de Woodbury, de Dawlish, de Torquay, de Totnes et d'une foule d'autres localites situees sur les deux rives de l'Exe, pres de son embouchure , ont ete grandement surpris de trouver sur la neige les empreintes fraiches d'un pied animal tout a fait in- connu. C'etait une s6rie unique de marques semblables dans leur forme a un fer a cheval de 4 pouces de long sur 2 pouces 1/2 de large, se succedant l'une a l'autre sur une distance de 30 a 40 milles (de 10 a 13 lieues) et peut-etre plus. Quel etait le visiteur myst.e- rieux qui avait pu parcourir en une seule nuit un si long espace , sans se laisser arreter ni par les haies, ni par les bois, ni meme par des murs eleves ; reprenant la route dans la meme direction lors. qu'elle avait ete" interrompue, ne revenant jamais sur ses pas, etc.? Les imaginations se sont mises en campagne ; la terreur s'en est melee, les habitants ont cru a une apparition du demon, ils n'osaient plus sortir la nuit ou seuls ; une discussion en regie accompagnee de nombreux dessins a commence dans plusieurs journaux, surtout dans Ylllustrated London News, et Ton n'est pas plus avance que le premier jour. Ce qui a dejoue surtout les conjectures, c'est la 286 COSMOS. continuity des empreintes sur une seule et meme ligne, sans aucune indication de la presence de deux pieds. Un illustre anatomiste, M. Richard Owen, est intervenu, et dans un dessin mieux fait, il a cru reconnaitre la trace des pieds de derriere d'un blaireau, le seul plantigrade qui vive actuellement en Angleterre. Le blaireau dort presque tout l'hiver enferme' dans sa caverne ; mais il se reveille de temps en temps , et quand il est presse par la faim ou trop fatigue du froid, il court pendant la nuit ; ses pieds, en marchant, sont as- sez rapproches, et les traces des pieds de derriere coincident assez avec celles des pieds de devant pour dormer naissance a une serie unique d'empreintes, se succ^dant sur une meme ligne. Cet arret solennel du maitre de la science n'a pas enchaine* le cours des commentaires. L'un a voulu y voir les pas d'un kanguroo, qui se serait echappe d'une menagerie ambulante, d'autres, les pas d'une grue, d'une loutre, d'une outarde, ota tarda, etc., etc. Un dernier correspondant de V Illustrated London news croit enfin distinguer tres-nettement dans l'empreinte unique les quatre pattes d'un rat ; et la nouvelle montagne aurait ainsi accouche d'une souris. — Un Memoire interessant lu a, la Societe royale de Londres, par M. Horace Dobell, signale une nouvelle application des papiers de gelatine, ou simplement des lames minces de gelatine coloree, prepmrees d'abord avec un tres-grand succes par M. Grenet , de Rouen. Les feuilles de gelatine ont en general 22 pouces de lon- gueur sur 15 pouces de diametre; elles pourraient avoir les dimen- sions des plus grandes plaques de verre ; elles sont parfaitement transparentes , blanches ou colorees , de toutes les teintes imagi- nables, sans perdre leur transparence ; elles sont tres-legeres et se roulent sans se casser ; on les coupe au ciseau , comme du papier ; on peut les coudre a l'aiguille et au fil ; collees l'une sur l'autre , au moyen d'une solution aqueuse de gelatine , elles adherent par- faitement en restant translucides ; vernies au collodion , elles de- viennent imperm^ables a l'eau, plus flexibles, plus susceptibles de supporter la chaleur, sans perdre encore leur transparence, etc. Les applications que M. Dobell propose ont toutes un but opti- que, celui de colorer la lumiere , pour quelle fatigue moins l'oeil. Nous allons les enume>er rapidement : 1° On fera bien de faire usage dans ses lectures d'une petite feuille de gelatine couleur verte ou bleue pale ; on interposera sim- plement la feuille entre la page et l'oeil , et on lira a travers le mi- lieu colore; si la lumiere est faible, on aura soin de tenir la feuille COSMOS. 287 a une certaine distance du livre, pour mieux laisserla lumiere pene- trer par-dessous ; 2° Les graveurs, les horlogers, les joailliers, et autres artistes qui travaillent a la lumiere, feront bien de placer entre leur ocil et la fenetre ou la lampe qui les e'clairent une large feuille ou ecran de gelatine d'un vert pale collee sur un chassis ; 3° Les couturieres se trouveront aussi tres-bien d'un semblable dcran vert pour colorer en vert tendre les etoffes blanches , ou bien pour adoucir la vivacite de couleur des etoffes jaunes ou rouges ; 4° On pourra meme, avec avantage, couvrir les vitres des fene- tres avec des feuilles de gelatine verte ou bleue , pour colorer de ces nuances amies de l'oeil toute la lumiere qui entre dans l'appar- tement ; 5° La gelatine devra remplacer la soie ou le carton dans la con- fection de tous les garde-vue ; elle a le double avantage de donner a la lumiere la teinte la plus convenable a l'oeil et de diminuer l'in- tensite de la lumiere dans la proportion qu'on voudra, par la super- position de plusieurs feuilles ou le recours a une teinte plus foncee ; le garde-vue en gelatine, cependant, restera transparent, et le ma- lade pourra se guider meme avec les yeux couverts ; le nouveau garde-vue sera surtout avantageux lorsqu'il faudra adoucir la lu- miere venue meme par l'oeil sain , de peur qu'en lui laissant toute sa vivacity, elle puisse blesser les nerfs de l'oeil malade ; 6° Enfin les voyageurs dans les steppes ou deserts couverts de sables arides ou de neiges, pourront defendre leurs yeux, en se cou- vrant le visage d'un masque en gelatine , de la reverberation trop grande de la lumiere ou de la chaleur. — Nous avons assiste a deux stances, l'une de la Societe" royale, l'autre de la Societe royale astronomique. Les seances, qui se tien- nent a huit heures ou huit heures un quart apres diner sont loin , il faut bien en convenir, de presenter la solennite , 1' animation, l'in- t£ret des reunions de notre Academie des sciences. En outre du vice-president , M. Wheatstone , qui occupait le fauteuil , et des deux secretaires, M. Stokes et M. Sharpey, on ne voyait dans la petite salle des stances que quatre ou cinq membres de la Societe royale, avec six ou huit auditeurs ; on ne communique, ordinaire- ment chaque jeudi, qu'un ou deux Memoires qui sont lus par l'un des secretaires, tres-rapidement , pour la forme plutot que pour l'instruction des assistants. Le seul Memoire lu par M. Stokes, et qui etait d£mesur£ment long, avait pour objet des Recherches mi- croscopiques sur les mandibules et les estomacs des rotiferes. 288 COSMOS. Les seances del a Society royale astronomique out un peu plus de vie exte>ieure; sa salle, plus petite encore et plus simplement ornee, coroptaitde vingtavingt-cinq auditeurs ties-attentifs. La seance £tait pre'sidce par M. Manuel Johnson, le savant astronome de l'Obser- vatoire de Radcliffe a Oxford ; les secretaires etaient M. Warren de la Rue et le capitaine Manners. Les communications les plus saillantes ont ete 1' exhibition : 1° d'un nouveau et tres-ingenieux appareil destine" a mettre en evidence la rotation de l'axe de la terre et la precession des Equinoxes ; 2° d'epreuves photographiques representant la marche de divers instruments de meteorologie , barometre, tbermometre, etc. Ces 6preuves etaient vraiment fort nettes ; et la photographie est definitivement le meilleur moyen d'enregistrer les phenomenes met^orologiques. Ce qui donne un attrait et un caractere particulier a la SocieHe' royale astronomique, e'est l'union qui regne entre les trente ou quarante principaux membres : ils se sont formes en une sorte de club scientifique, et dans l'intervalle qui separe la reunion du con- seil de la seance publique du soir, ils dinent ensemble chaque ven- dredi a Piazzi hotel , Covent-Garden. Rien de plus distingue , de plus noble et de plus cordial que cette reunion d'hommes distingufe, celebres dans le monde entier, et dont la conversation simple et douce est interessante au plus haut degre. Nous devons a l'amitie de M. Warren de la Rue d'avoir e"te admis hier a ce banquet de fraternite acaddmique , a cote de l'as- tronome royal, M. Airy, et en compagnie duRear admiral Smyth, de M. Bishop, de M. Johnson, de M. Baden-Powell, de M. Grant, du ministre des Etats-Unis, M. Buchanan, etc., etc. Nous repr£- sentions humblement la France, qui n'a pas (He" oubliee dans les toasts et les vceux. On e'tait plein d'esperance dans le talent, le zele, l'activite du directeur de l'Observatoire imperial ; on comptait avec assurance sur la reussite de ses plans et l'accomplissement de ses promesses. Londres, 10 mars. F. Moigno. AGRICULTURE. Nos lecteurs verront certainement avec un vif interet la note sui- vante de M. Adolphe Brouard, ancien agent special regisseur du haras de Langonnet, et l'un des agriculteurs les plus habiles de la Bretagne, sur les proprietes alimentaires de l'avoine. Dans une ex- cursion recente au Mesnil-Saint-Firmin, nous avions appris de M. Bazin que dans le Nord on ignorait completement l'excellent parti qu'on pouvait tirer de cette graminee comme aliment, et nous proposames aussitot de contribuer de tout notre pouvoir a faire ces- ser cette ignorance qui, dans certaines annees, pourrait etre vrai~ ment desastreuse. L'avoine contient un principe aromatique en meme temps que sucre et tonique, qui en rend l'assimilation tres- prompte. Ce n'est pas seulement une nourriture saine et de facile digestion, c'est en meme temps une nourriture fortifiante, et qui suffit pleinement au developpement des forces physiques ; les labou- reurs bretons la preferent a toutes les autres pendant la saison de leurs plus rudes travaux. Voici comment on la prepare pour lui donner toutes ses qualites : Ou prend un hectolitre d'avoine, pesant en moyenne 50 kilo- grammes, on la met dans un four mediocrement chaud, quelques heures apres que Ton a retire le pain ; on Intend sur une epaisseur de 15 a 16 centimetres, et on l'y laisse de 12 a 15 heures ; l'avoine ne doit pas griller, mais simplement secher. A la sortie du four, on la ventile pour enlever la poussiere et le grain leger ; cette opera- tion lui fait perdre un sixieme ou un cinquieme de son poids ; on la porte au moulin pour la reduire en une farine grossiere qui a une odeur aromatique de noisette et d'amande. Prenez 5 kilogrammes de cette farine et mettez-les dans un vase en bois ou en terre, mouillez et detrempez avec 10 litres d'eau chauffee a. 60 degres. couvrez, laissez fermenter pendant 12 heures environ, a la temperature ordinaire des cuisines ; apres ce temps, ajoutez une quantite d'eau froide aussi pure que possible, et me- langez bien, en agitant et pressant fortement; versez le tout dans un vase plus grand, a travers un tamis de crin ou de toile metalli- que galvanisee ; prenez par poignees la portion solide restee sur le tamis, pressez fortement en faisant tomber dans le vase le liquide exprime' ; mettez en tas a cote les pelotes resultant de la pression ; detrempez ces pelotes une seconde et une troisieme fois si vous le voulez dansl'eau, et comprimez de nouveau, de maniere a extraire toute la fecule ; les pelotes restantes peuvent etre donnees aux pores. 290 COSMOS. qui les mangent avidement. La fecule se depose au fond du vase que Ton a place" dans un lieu tranquille, on d^cante de 12 en 12 heures l'eau qui la recouvre et qui est devenue un peu acide, en remplacant par de nouvelle eau froide ; on peut ainsi conserver la fecule pen- dant plusieurs jours ; elle est meilleure le second que le premier. Lorsque le moment de s'en servir est venu, on decante de nou- veau en inclinant le vase ; on ne laisse sur la fdcule que le moins d'eau possible : on prend alors de cette fecule encore humide ce que Ton croit necessaire pour le repas, on y ajoute la quantity d'eau con- venable, et que 1'usage a bientot fait connaitre ; on verse dans une bassine en fonte large et peu profonde, dont on a revetule dessous avec un melange de terre glaise , de bouse de vache et de cendre, pour e>iter les coups de feu ; et Ton fait cuire sur un feu clair en agitant continuellement et tournant avec un baton ou meloir en bois pen- dant 45 ou 50 minutes, une heure au plus ; vers le milieu de la cuis- son, on ajoute l'assaisonnement, qui consiste dans une poign^e de gros sel de cuisine ; la cuisson est achevee lorsque la masse est prise en bouillie ni trop claire ni trop epaisse, et repand une forte odeur de noisette ; on retire alors la bassine du feu, on remue vive- ment avec le meloir, on laisse reposer et Ton sert dans des assiettes ou des ecuelles, et on mange la bouillie avec du gros lait caille, du lait de beurre, ou du lait doux dont on a enleve la creme : en Bre- tagne, oil Ton mange la bouillie a la gamelle, chacun creuse devant lui un trou, y met un morceau de beurre si la bouillie est mangee sans lait, et trempe dans le beurre fondu la cuilleree de bouillie qu'il prend dans un autre trou plus grand. 5 kilogrammes d'avoine suffisent au repas de 18 homines ; 50 kilogrammes reduits a 40 par la dessiccation et la moulure fourni- ront 144 repas; et en comptant l'avoine au prix moyen de 7 fr. 50 l'hectolitre, chaque repas reviendra a environ 11 centimes, la cuis- son et le lait compris. II est impossible, evidemment, de moins de- penser pour un repas, tout en donnant aux ouvriers une nourriture a la fois fortifiante et non echauffante. Si au lieu d'eau pour la cuis- son on ajoute du lait doux ecreme a raison d'un quart de litre par personne, on aura, sans augmentation de depense, une bouillie de bien meilleure qualite, dont tous les palais et tous les estomacs s'ac- commoderaient fort bien. Tandis que l'avoine contient pres de 70 pour cent de matiere nu- tritive, la pornme de terre, a poids £gal, n'en contient que 16 0/0; aussi charge-t-elle l'estomac en pure perte , et donnerait-elle tres- peu d'energie a celui qui en ferait sa nourriture exclusive. La bouillie COSMOS. 291 d'avoine preparee com me nous l'avons dit peut tres-bien remplacer le pain ; le second jour, on peut la manger taillde en morceaux et frite dans la poele, au sein de bon beurre ou d'une bonne friture. On peut aussi, avec l'avoine, preparer un excellent potage a tres- bas prix : on fait cuire dans une marmite de la contenance de 20 litres, un rutabaga ou des navets coupes par tranches ; quelques brins de poirde, une ou deux carottes ; on assaisonne de sel et de poivre ; lorsque les legumes sont cuits dans l'eau, on ajoute un litre de fecule- d'avoine obtenue comme nous l'avons dit, et detrempee dans 2 ou 3 litres de lait ecreme, et Ton fait prendre un ou deux bouillons. Ce potage, d'un gout agr^able et qui ne revient pas a 2 centimes par personne, forme une tres-bonne nourriture ; rien n'empeche d'a- jouter du beurre ou de bonne graisse. Ajoutons que l'art culinaire s'est lui-meme empare de l'avoine pour la transformer en entremet Sucre" tres-delicat, connu sous le nom de pain ou creme d'avoine, par une preparation analogue a celles qu'on fait subir a la fecule de pommes de terre pour les cremes frites, etc., etc. M. Brouard indique en outre dans sa note, 1° combien il serait important d'augmenter la culture de l'avoine dans une proportion presque double ; 2° comment on peut utiliser au profit du cultiva- teur la moitie de l'avoine qu'il fait manger en pure perte aux che- vaux de son exploitation. L'avoine, comme on le sait, n'est pas difficile sur le choix du ter- rain, elle vient sur tous les sols, les plus legers comme les plus com- pactes ; elle prend ordinairement sa place a la derniere annee d'as- solement. On l'associe avec avantage alors d'une plante fourragere, pour former un fond de prairie temporaire : sans cela, il faut faire suivre l'avoine d'une recolte sarclee ou d'une plante peu epuisante qui couvre toute la terre de son feuillage, comme le ble noir, pour detruire les mauvaises herbes qui poussent toujours avec elle. L'avoine, dans les bons sols, n'exige pas d'engrais ; dans les sols legers, elle en reclame , mais en petite quantite, et plutot des composts de plantes ligneuses, telles que genets, ajoncs, fou- geres, que des fumiers purs d'etable; il lui faut, au contraire, de 'humidite et peu de chaleur, surtout au moment de la formation du grain. Le sol et le climat de la Bretagne lui sont extremement fa- vorables ; aussi sa culture occupe dans cette province le quart du sol arable. La terre usee de vieilles prairies lui sied aussi tres-bien ; elle y donne un produit abondant en grain et en paille, et peut alors etre considered comme plante ameliorante. Si, en effet, on seme en 292 COSMOS. meme temps des graines de foin, de trefie, etc., le sol de la prairie sera entierement renouvelc, et, des l'ann£e suivante, il donnera un fourrage abondant. L'avoine est hivernale ou printaniere : dans les terrains argileux et schisteux, ayant de la profondeur et de la consistance, elle s'ac- commode mieux de la culture hivernale ; on fait alors des avoines grises ou noires. Dans les terrains granitiques et sablonneux , la culture printaniere a seule du succes ; ce sont alors des avoines iaunes, plus grosses, plus belles en apparence , d'un ccoulement facile, inais contenant moins de parties nutritives. Au lieu de 3 mil- lions d'hectares environ consacr^s annuellement en France a la cul- ture de l'avoine, on pourrait avec avantage lui en consacrer 6 mil- lions avec la certitude de debouches assures et d'une alimentation substantielle qui devrait entrer dans les habitudes des populations. On pourrait encore tirer un excellent parti de l'avoine pour aider aux defrichements et a la fertilisation des 3 millions d'hectares de terres vagues , sous-brandes , landes et bruyeres , marais , tourbieres 'de mauvaise qualite, etc., etc. XJne autre consideration qui motive encore en faveur de la cul- ture de l'avoine, c'est l'abondance de sa paille qui, bien rdcoltee, est un excellent fourrage d'hiver pour le jeune bewail a cornes, et meme pour les chevaux, qui la mangent tres-bien melangee avec le foin . Voici enfin comment on peut faire de bonnes economies sur l'a- voine consommee paries chevaux. En general dans une exploitation employantdix chevaux, on ensemence environ 20 hectares d'avoine pour fournir a leur nourriture. Or il suffirait d'ensemencer 10 hec- tares en avoine, a la condition de consacrer 1 hectare de tres-bonne terre a la culture du panais, qui donnera 50 000 kilogrammes de racines, et fournira pendant six mois aux chevaux une alimentation tres-energique, avec accroissement de sante et de force. — M. Auguste Lesquoy, de Vertou (Loire-Inferieure) , nous demand e la permission d'appeler 1' attention de nos lecteurs sur le grenier conservateur de M. Mauss. « C'est essentiellement, dit-il, un cylindre fait de bois et de toile me'tallique : la capacity interieure du cylindre est divise'e en quatre compartiments, se remplissant et se vidant par des portes tkablies sur la circonference, laquelle est toute en toile mdtallique. Des ouvertures , garnies aussi de toiles metalliques , sont m&iagees sur les faces pour permettre a l'air de circuler a 1'inteiieur. « Le cylindre repose sur son axe, autour duquel il peut tourner COSMOS. 293 soit au moyen d'une manivelle, soit, pour des cylindres de grandes dimensions, au moyen d'un cabestan et d'une corde embrassant sa circonference. Dans tous les cas, il faudra peu de force, la charge etant repartie dans les divers compartiments. En communiquant a cet appareil, a. moitie rempli de grain , un leger mouvement plu- sieurs fois par jour, de maniere a. lui faire faire un tour, il est evident qu'il restera dans un etat de conservation parfaite. La place qu'il occupe dans un magasin est moindre que celle occupee par le grain sur un plancher. Son bas prix, sa manipulation facile, la faculte de lui donner telles dimensions que Ton desire, le mettent a la portee de tous les particuliers. Aussi commence-t-il a se repandre dans notre province. « II me semble que si le grenier de M. Huart doit etre em- ploye pour les grands approvisionnements , celui de M. Mauss merite d'etre recommande aux cultivateurs, aux marchands de grains, etc., etc. » L'idee de M. Mauss est effectivement tres-ingenieuse ; le bl^ est ainsi a la fois remu£, aere, nettoye a travers les toiles metalliques. Rien de plus simple et, sans doute, de plus efficace. — Nous avons assiste, samedi dernier, a. un essai fort interessant de nettoyage et d'aerage du ble, par un artifice de l'invention de M. Sallaville. Aujourd'hui, ou Ton s'occupe tant de la conserva- tion des grains, de silos, de greniers mobiles, de pelletage mecani- que, etc., etc., l'apparition d'un nouveau procede- de conservation des cereales ne peut manquer de fixer l'attention du public. D'ailleurs, le procede de M. Sallaville est tellement simple, il est si facile de i'appliquer partout, qu'il suffit de l'avoir vu une fois pour etre convaincu de son utilite. II y a plusieurs especes de poussieres qui salissent ordinairement lesbles: la poussiere inorganique, dont la presence ne fait que ter- nir la blancheur desfarines; la poussiere organique vegetale {spo- rules cryptogamiques, etc.), qui tend a se developfier aux depens de la substance meme du grain, et, enfin, la poussiere animale [ceufsy larves, etc.), qui peut eclore, se multiplier, grandir en de- truisant le ble, dont elle couvre la surface. Or, il est presque im- possible de debarrasser les grains de cette couche destructrice , en employant les procede^ ordinaires de pelletage et de conservation dans les greniers. II faudrait, pour enlever les poussieres adherentes, se"cher d'a- bord le grain pour que l'humidite" ne collat point les corps legers a sa surface ; il faudrait ensuite le frotter avec un corps tellement 294 COSMOS. souple que le tissu delicat du peVisperme n'en fut pas alteYe". Tout cela a £te realise par M. Sallaville, dont l'invention con- siste, en definitive, a entasser le ble dans de hauts reservoirs, dont la partie inferieure est formed par des tuyaux perc£s de petits trous et couches horizontalement, de maniere a, constituer une sorte de plancher. Une chambre a. air, avec laquelle communiquent tous ces tuyaux, et dans laquelle on refoule de Fair par un certain nombre de ventilateurs a force centrifuge, permet d'etablir un courant as- cendant d'air atmospherique, a travers les milliards de canalicules sinueux que laissent entre eux les grains contenus dans le reservoir. La force n£cessaire pour obtenir ce courant , meme d'une maniere continue, ser^duit a tres-peu de chose; il n'est pas, d'ailleurs, ne"- cessaire que le lavage a l'air soit permanent; une fois le ble" nettoye", il suffit d' un aerage r£pete a de certains intervalles, pour que la conservation soit assured. Une fois le courant d'air eHabli a travers la masse du bid, son pre- mier effet consiste a s^cher parfaitement les grains, puis, le se"chage termini, le torrent adrien enleve les poussieres des couches infd- rieures, et les force a monter, petit a petit le long de la colonne de ble, jusqu'a ce que, ayant atteint la couche qui est en contact avec l'air, elles soient rejet£es bien loin dans l'atmosphere. II est Evident qu'une operation pareille doit laisser le grain aussi propre que possible, et que le developpement raerae des etres que l'air n'auraitpas entraines, setrouve constamment empeche par le manque de fermentation, d'echauffement, etc., toutes conditions indispensables a l'eclosion des germes parasitiques. M. Sallaville a imagine, d'ailleurs, de faire laver le ble par d'au- tres gaz que l'air atmospherique; par l'hydrogene, parl'azote, par l'acide sulfureux, par l'acide carbonique, par tous les agents, en un mot, qui, sans porter atteinte au grain, peuvent de^organiser, de"- truire les moisissures ou les insectes, et assurer ainsi la conservation ind^finie des cereales. II est bien entendu que ce que nous venons de dire du froment peut s'appliquer au seigle, a l'avoine, au sarrasin, au mai's, au riz, etc., a tous les corps enfin qui peuvent se laisser traverser par am courant d'air, sous des epaisseurs plus ou moins considerables. PHOTOGRAPHIE. M. William Crookes indique dans le Philosophical magazine, livraison de mars, une nouvelle maniere de traiter l'acide gallique, pour le convertir en agent revelateur des images photographiques. Une des operations qui ennuient le plus, dit-il, celui qui pratique sur une grande echelle la photographie sur papier, est la preparation sans cesse renouvelee d'acide gallique en dissolution dans 1'eau. M. Spiller a le premier remedie a cet inconvenient, en apprenant a. conserver pendant longtemps ces dissolutions, a les rendre presque un compose stable par l'addition a la solution aqueuse d'une petite quantite d'alcool ou d'acide acetique qui empeche sa decomposition. M. Crookes qui, a l'Observatoire de Radcliffe, a Oxford, est charge" de presider a l'enregistration par la photographie de toutes les ob- servations meteorologiques , ce qui exige un nombre considerable d'^preuves, et qui pour plusieurs raisons graves a definitivement adopte le procede de M. Le Gray, ou du papier cir£, a du naturel- lement chercher a s'epargner autant de travail materiel que possible, pour donner plus de soin a la perfection des epreuves. La meHhode de M. Spiller lui avait bien permis de preparer a la fois de grandes quantites de solutions d'acide gallique ; ces solutions se conservaient tres-bien ; mais a. mesure que les besoins de l'Observatoire augmen- taient, qu'il entreprenait d'enregistrer de nouveaux phdnomenes, le volume de ces dissolutions devenait reellement encombrant et hors de proportion avec l'espace dont il disposait. C'est alors qu'il a cherchea bannir entitlement l'eau des solutions d'acide gallique, en substituant a l'eau l'alcool, se reservant d'ajouter l'eau au moment oil il preparerait ses bains revelateurs. Or, ce moyen lui a parfai- tement reussi; non-seulement l'alcool dissout parfaitement l'acide gallique , mais l'acide gallique ainsi dissous d'abord dans l'alcool exerce une action revelatrice beaucoup plus grande. II prend a la fois 2 onces (60 grammes) d'acide gallique et les dissout dans 6 onces (180 grammes) d'alcool. Pour hater la dissolution, il plonge le vase ou la bouteille qui renferme le melange dans de l'eau chaude ; quand elle est froide, il filtre et ajoute une demi-drachme (0^886) d'acide acetique cristallisable, et il la garde pour l'usage dans une bou" teillebouchde. Cette solution alcoolique se conserve tres-longtemps ; l'acide gallique n'est pas precipite par l'addition de l'eau ; on peut done en ajouter plus ou moins et obtenir ainsi des bains de toute force, plus forts meme que lorsqu'on operait avec de l'acide gallique simplement dissous dans l'eau. Si Ton veut que le bain ait exacte- 296 COSMOS. ment la force de celui forme* d'une solution aqueuse sature"e, on ajou- tera 2 onces d'eau (60 grammes) a chaque demi-drachme, (0^886) de la solution alcoolique ci-dessus, M. Crookes, pour son usage, pre~ fere un bain plus faible, qu'il obtient en ajoutant 10 onces (300 gr.) d'eau a une demi-drachme (0^886) de solution alcoolique. En g^nd- ral on trouvera ndcessaire d'ajouterune petite quantite de solution de nitrate d'argent pour faire arriver l'epreuve au point de deVelop- pement voulu. — Un des correspondants du journal anglais Notes and queries, appelle l'attention des photographes sur la deterioration lente des epreuves positives sur papier ; deterioration ou decoloration que Ton attribue le plussouvent a la presence de l'hyposulfite de soude qu'on n'a pas enleve entitlement par le lavage ; quelquefois aussi a la colle qui a servi a. fixer les positifs sur carton. Ce correspondant assure qu'il a vu ce facheux effet se produire beaucoup plus rarement, depuis qu'il a renonce absolument a l'usage de l'ammonio-nitrate d'argent, pour se contenter de simple nitrate d'argent sur papier al- bumine ; meme en ne faisant adherer ses epreuves au carton que par les bords enduits de colle, il les a vues se decolorer. Le photo- graphe qui aurait trouve le moyen de preserver parfaitement ses positifs de deterioration ou de decoloration, rendrait, en le publiant, un tres-grand service a. ses confreres et a l'art. ACAD£lffI£ DES SCIENCES. STANCE DU 1 3 MARS. Enregistrons d'abord 1' election d'un nouveau membre , nommtS dans la section d'astronomie en remplacement de M. Mauvais. La liste des candidats, presentee par M. Mathieu, doyen de la section, dtait ainsi composee : Au premier rang, M. Delaunay; au deuxieme rang, M. Yvon Villarceau; au troisieme rang, M. Goujon ; au quatrieme [rang , M. Chacornac. Au premier tour de scrutin les 57 voix des membres presents se sont reparties de la maniere suivante : 33 voix pour M. Delaunay, 24 pour M. Yvon de Villarceau. En consequence, M. Delaunay a e'te proclatne membre de l'Academie des sciences. — La premiere lecture de ce jour a et6 celle d'un rapport de M. Cauchy sur des recherches deMM. Briot et Bouquet. Nous n'a- vons pu saisir ni le titre du travail examine' , ni les conclusions du rapporteur, auxquelles cependant l'Academie a donne son appro- bation. — M. Claude Bernard a pris ensuite la parole pour exposer d'a- bord des recherches chimiques de M. Lehmann, sur la composition du sang, avant et apres son passage a traversle foie. Le chimiste allemand a dose le sucre du sang de la veine-porte et du sang des veines hdpatiques des divers animaux soumis a des alimentations tres-variees. Le resultat a toujours et£ le meme : absence de glu- cose ou traces a peine appr£ciables avant l'arrivee du sang dans le foie ; sucre en abondance au de!a de cet organe. Voici du reste dans le tableau suivant quelques-uns des resultats obtenus par M. Leh- mann : Alimentation. ^an8 'e sanS de la veine-porte Dans le sang des veines bepatiques avant 1'entree dans le foie. a la sortie du foie. Chien a jeun depuis 2 jours 0§r, 000 0§r, 764 It- 0 ,000 0 ,638 It. 0 ,000 0 ,804 Nourri avec de la viande. 0 , 000 0 814 I'- 0 ,000 0 ,799 !'• 0 ,000 0 ,946 Nourri avec des poromes Traces impossibles a doser. 0 , 981 de terre cuites. !'• It. 0 ,854 Cheval nourri avec du foin, de la paille et du son. 0 , 055 0 , 893 It- 0 ,0052 0 ,635 298 COSMOS. Les proportions de sucre indiquees dans ce tableau so rapportent a 100 grammes da residu sec d'extrait de sang alcoolique. M. Lehmann a constate en outre que la fibrine et l'albumine dis- paraissaient presque entierement dans le passage du sang a travers le foie. La graisse subit le meme sort, et l'hematine parait se trans- former en maliere colorante de la bile. Lorsque la production du sucre se trouve exc^der la quantity phy- siologique ordinaire, il s'opere une sorte de diffusion de cette subs- tance dans les differentes parties de l'organisation. C'est alors que Ton rencontre des traces appreciates de sucre, meme dans le sang des vaisseaux qui s'en vont au foie. — Apres cette communication des recherches de M. Lehmann, M. Claude Bernard alu les conclusions physiologiques qu'il croit pou- voir en tirer. Nous les donnerons en entier dans le num^ro'prochain. — Un fait paleontologique qui parait avoir une tres-grande im- portance a et6 communique par M. Constant Prevost. II s'agit de la decouverte d'un oiseau fossile gigantesque, dans l'argile plasti- que du bassin de Paris. Nous nous reservons de donner prochaine- ment plus de details sur cette decouverte. II nous suffira de dire pour le moment que cet oiseau, dont le volume parailrait devoir etre vingt fois plus considerable que celui du cygne ordinaire , semble appartenir a la famille des £chassiers, ou a celle des longipedes de Cuvier, d'apres M. Valenciennes. — M. Chevreul a pr£sente\ au nom de M. Riffault et de M. Niepce de Saint-Victor, le portrait de Mme Arsene Houssaye, grave photo- graphiquement, d'apres un tableau de Scheffer. II s'agit cette fois d'une nouvelle espece de mordant employee par l'habile graveur dans l'execution de son travail. M. Niepce a eu la pensee de faire mordre l'acier par une solution aqueuse d'iode, afln d'avoir un dis- solvant faible et ne pouvant pas attaquer le vernis photographique. Nous attendrons, pour mieux juger de 1'efTet du nouveau proc^d^ de gravure, que M. Riffault soit parvenu a. obtenir quelque belle planche sans retouches dans le genre de la facade du Louvre, qu'il a pu produire par les anciens procddes. — M. le docteur Boniface a commence la lecture d'un tres-long m£moire sur la formation des tubercules. — Voici les resultats fort remarquables obtenus par M. Pean de Saint-Gilles en dtudiant Taction de la chaleur sur les dissolutions d' acetate ferrique : L' acetate ferrique tout a fait pur, prepare par voie de double decomposition , n'est pas precipite sous l'influence d'une elevation COSMOS. 299 de temperature, mais la presence de la plus petite quantity d'acide sulfurique ou d'un sel alcalin suffit pour en separer a chaud tout l'hydrate ferrique. Maintenu a une temperature voisine de 10 1°, il commence a subir, au bout dequatre ou cinq heures, une modification profonde dans son aspect et dans sa nature. La liqueur devient comme opaline et pa- rait, trouble par reflexion , tandis que, vue par transparence contre la lumiere, elle offre l'a=pect d'une dissolution limpide ; en meme temps sa couleur , qui auparavant etait celle du sang veineux , de- vient rouge brique, sans diminuer toutefois d'intensite. Au gout, elle a totalement perdu la saveur m^tallique des sels de fer, pour prendre celle du vinaig-re. Elle ne manifeste plus d'ailleurs aucune des reactions ordinaires des sels de fer au maximum : le sulfo-cyanure n'exalte nullement sa teinte; le cyano-ferrure y forme un pre'cipite' ocreux; une trace d'acide sulfurique ou d'un sel alcalin y occasionne un depot inso- luble a froid dans tous les acides. Enfin , sous l'action des acides nitrique ou chlorhydrique concentres , il se produit un pr^cipite' grenu et tres-divise qui , debarrasse- par un ou deux lavages de son eau mere acide, se redissout integralement dans l'eau distillee, en reproduisant une liqueur rouge brique et opaline en tout sem- blable a celle de l'ac^tate modifie". II peut etre difficile de determiner si l'apparence d'opacite* de cette liqueur est due a un ph^nomene de dichroisme ou bien a. un etat de division extreme de la substance imparfaitement dissoute ; quoi qu'il en soit, l'ensemble de ces pbenomenes semble constituer une modification allotropique de la combitiaison ferrique, modifica- tion analogue sans doute a l'hydrate d'alumine soluble signale par M. Walter Crum [Annales tie chimie et de physique , t. XLI, p. 185). — La correspondance , d^pouillde par M. Flourens, contenait plus d'envois imprimes que de travaux manuscrits. Nous mentionnerons surtout un nouveau volume des ceuvres d' A- rago, volume qui contient les notices biographiques sur Gay-Lus- sac et Malus, des etudes historiques sur Copernic, Thyco-Brahe, Newton, Herschel, Laplace, Fermat et Abel, et quelques discours prononces par l'eloquent secretaire de l'Academie sur le tombeau des illustrations moissonnees par la mort pendant le cours de son existence. — M. Payen adresse le programme des prix proposes par la So- cieHe" imperiale d'agriculture. 300 COSMOS. — Un professeur de Rome envoie une nouvelle classification du regne animal, qu'il intitule Arbre zoologique. — M. Flourens a prdsente ensuite a ses confreres le discours pro- nonce par le venerable M. Dumeril sur le cercueil de son ami et con- frere M. Duvernoy, dont. il a voulu accompagner les restes jusqu'a Montbeliard, ou les attendait le tombeau de la famille. — M. Briot, qui vient d'achever la traduction du Traitc de chi- rurgie de Paul d'Egine, adresse son livre a l'Academie pour con- courir au prix de medecine , dont cet ouvrage parait etre digne sous tous les rapports. — M. Chevallier envoie dans le meme but son Dictionnaire des substances alimentaires , de leurs falsifications et de la maniere de les reconnaitre. — M.Callamant prie l'Academied'accepterledepotd'unecaissede son biscuit- viande, afin de constater officiellement au bout de quel- que temps sa parfaite conservation. Nous pensons que les voyages de long cours accomplis par les navires americains charges de meat- biscuit donnent deja une garantie suffisante de l'inalterabilitd de cette substance alimentaire. — Nous ne dirons rien d'un memoire de chirurgie de M. Jobert de Lamballe ; le sujet de ce travail ne supporte pas l'analyse. — M. Mandl a envoye un memoire sur la fatigue de la voix, qui parait devoir etre fort utile aux chanteurs qui desirent conserver longtenips la purete et la fraicheur de leur organe. Nous donnerons un extrait de ce travail sitot qu'il nous aura ete donne d'en prendre connaissance. — II serait impossible d'^numerer ici tous les specifiques, moyens de traitetnent, procedes prophylactiques, etc., etc., contre le cho- lera, que l'Academie a recus dans cette stance. L'enormite du prix Breant explique ce deluge medical dont on ne tirera peut-etre que la conclusion desolante : que la medecine est loin d'etre une science, malgre les pretentions d'un grand nombre de ses partisans. ■ — La seance a ete close par M. Elie de Beaumont, qui est venu lire a ses confreres une lettre de l'illustre vieillard de Potsdam, de M. de Humboldt, qui ne parait pas vieillir malgre son grand age. Lebut de la lettre du Nestor des meteorologistes etait d'exprimer le voeu que la Societe m£teorologique trouvat en France un appui officiel dans le gouvernement, et qu'il fut e"tabli chez nous des obser- vatoires bien determines, dans le genre de ceux montes en Prusse sous la direction de M. Dove. G. Govi. VARIETES, SUR LE CHARBON CONSIDERE COMME AGENT DE DISINFECTION. PAR M. LE DOCTETJR STENHODSE. Vendredi dernier, a l'Institution royale de Londres, dans une soiree scientifique, presidee par M. Grove, et en presence d'un brillant auditoire, M. le Dr Stenhouse a lu un tres-excellent md- moire sur les proprieties desinfectantes ou antiseptiques du charbon, et sur les prEcieuses qualitEs d'un petit appareil appele- respirateur ; nous avons pense* que ce sujet etait de nature a interesser nos lec- teurs, et nous avons resume avec tout le soin possible la lec^n du savant chimiste anglais. La grande efficacite du charbon, sous les trois formes principales, charbon de bois, charbon de terre et charbon animal, comme absor- bant des Emanations organiques, d'un tres-grand nombre de gaz et de vapeurs sont connues depuis tres-longtemps. On a aussi employe depuis des siecles la poussiere de charbon pour filtrer et purifier les eaux corrompues en les dEpouillant des nombreuses impuretes orga- niques qu'elles renferment , et qui produiraient des effets funestes sur l'Economie animale; mais ce n'est qu'en fevrier 1854 qu'on a serieusement songe a appliquer ces memes propriety desinfectantes du charbon a la purification de l'air que nous respirons, et qui est, plus souvent encore que les eaux, envahi par des effluves de ma- tieres organiques corrompues. Le charbon n'absorbe pas seulement les emanations et les substances gazeuses ; il les oxyde et les de- truit, celles au moins en assez grand nombre qui sont facilement decomposables, en les transformant en d'autres composes simples: la vapeur d'eau et le gaz acide carbonique; c'est meme de cette puissance oxydante, en meme temps que de son pouvoir absorbant que nait la propriete qua le charbon de detruire les odeurs et les Emanations infectes. Ces odeurs et ces emanations sont, en effet, dans le plus grand nombre des cas, des substances organiques azo- tees, facilement alterables ; lorsqu'elles sont absorbees par le char- bon, elle sont en contact avee le gaz oxygene a un haut etat de con- densation que le charbon renferme toujours des qu'il a ete expose a l'air, ne fut-ce que pour quelques minutes ; et cet oxygene les de- fault en les oxydant. . M. Stenhouse commence a appeler l'attention sur cette grande question du charbon applique a la disinfection de l'air, en fevrier 1854, dans une lecture faite a la Societe des arts, et presenta alors le premier modele de son respirateur ; peu de temps apres il montra 302 COSMOS. comment on pouvait se servir de la poudre de charbon soit pour se mettre a l'abri des emanations mauvaises des cimetieres ou des cadavres que Ton est force de conserver un certain temps. Au mois de juin il proposa son ventilateur , forme d'une mince couche de charbon en poudre ou en fragments, contenue entre deux tissus ou gazes en fil metallique pour purifier l'air vicie accumule" dansleslieux d'aisance , dans les salles et les amphitheatres des hopitaux , dans 1' atmosphere corrompue des basses-cours, desecuries, etc., etc. En forcant l'air qui sort de tous ces lieux infects a traverser le venti- lateur en charbon , on le depouille de ses impuretes et on ne laisse p^netrer dans les appartements environnants qu'un air tres-pur quoique provenant des sources les plus impures. Ces ventilateurs seront surtout utiles aux personnes qui sous les tropiques habitent des localites pestilentielles , toujours ou presque toujours envahies par les Emanations qui determinent la fievre des marais , la fievre jaune ou autres maladies endemiquesetcontagieuses. On diminuerait certainement beaucoup les chances de la contagion en n'admettant dans les habitations de ces localites que l'air qui aurait passe a tra- versune couche de charbon en poudre, maintenu par une enveloppe en toile metallique ; on pourrait meme dans le temps des grandes invasions faire entrer le charbon dans la composition des matelas, des couvertures, des oreillers, etc., etc. Les ventilateurs plus epais seraient aussi d'un tres-bon service dans les egouts, les puisards des maisons particulieres, etc., etc. Le respirateur, comme le ventilateur , est compose d'une couche de charbon concasse" ou pulverise contenue entre deux tissus laches, Tun metallique, le second en toile ou en laine. M. Stenhouse en a fait construire de trois sortes differentes : 1° le ventilateur pour la bouche seule ; il est tres-leger, d'un pouce au plus d'epaisseur; il sera tres-utile aux malades dont l'haleine est devenue fetide, comme dans certaines affections de la poitrine ou de la gorge, et purifiera l'air a l'entree et a la'sortie de la bouche, et ne laissera penEtrer dans les voies respiratoires et les poumons qu'un air dEsinfectE; la gueri- son sera ainsd grandement facility. II pourra'servir aussi dans les at- mospheres empoisonnees oil les miasmes abondent, a la condition qu'on aspirera Fair par la bouche seule, et qu'on l'expirera par le nez,ce a quoi Ton parvient sans beaucoup de peine. 2° Le second res- pirateur embrasse et recouvre a la fois la bouche et le nez ; mais le charbon disinfectant ne depasse pas la bouche, le nez est simple- ment protege- par une toile metallique, recouverte avec un cuir mou ; c'est celui dont il faudra se servir dans les salles des hopitaux et les COSMOS. 303 amphitheatres, dans tous les lieux ou Ton pourrait redouter de res- pirer des miasmes pestilentiels. 3° Dans la troisieme forme de respi- rateur, destined aux ouvriers des fabriques de produits chimiques ou des usines oil Ton respire des gaz deleteres , l'ammoniaque , l'hydrogene sulfure, l'acide sulfureux, le chlore, etc. ; la couche de charbon embrasse meme le nez ; l'instrument est done plus large et plus encombrant , sans fatigue cependant pour celui qui le porte. Pour mettre en Evidence dans la seance publique dont nous parlons, l'efficacite de ses appareils, M. Stenhouse faisait verser dans des verres une eau tres-chargee d'ammoniaque ; en respirant sans in- termediaire l'air en contact avec l'eau du verre on etait presque suffoque', l'odorat etait vivement agace, tandis qu'a travers le res- pirateur on ne sentait absolument rien et Ton respirait un air pur. Convaincu que toutes les inventions qui ont pour objet de com- battre la mort ou la maladie ne doivent pas etre l'objet de patentes ou de brevets d'invention , qu'elles doivent etre au contraire aban- donnees a la libre disposition du public, M. Stenhouse n'a voulu se r£server aucun droit sur la vente de ses respirateurs qui ont pu ainsi etre livr£s au commerce a, des prix tres-peu eleves; ]2 fr. pour les plus grands ; 9 fr. pour les moyens ; 7 fr. pour les plus petits. Dans deux grandes terrines, placees au pied de la tribune, M. Stenhouse avait enterre', depuis plus d'un an, dans du charbon en poudre, les corps d'un chat et de deux rats ; sans aucun autre agent preservateur, quoique la couche de charbon qui recouvre les cadavres n'ait que deux pouces d'epaisseur , on ne sent absolument aucune mauvaise odeur. Les terrines ont ete conservees dans le la- boratoire de chimie de l'hopital, dont la temperature est toujours assez elevee, sans que l'air, souvent analyse, se soit montre vicie ou qu' aucune des neuf ou dix personnes qui travaillaient dans le laboratoire se soit apercue de la presence de ces cadavres en pleine putrefaction. Dans ces derniers mois, on a employe avec le plus grand succes la poudre de charbon dans les hopitaux de Sainte-Marie et de Saint- Barthelemy pour arreter le progres de la gangrene ou d'autres ul- ceres purulents. II n'est pas necessaire, pour obtenir cet effet, de mettre le charbon en contact immediat avec les ulceres ; on peut le mettre sur les bandages des plaies enferme' dans des especes de pe- tits matelas en coton : on a vu plus d'une fois des malades qui baissaient rapidement, et qui apres quelques jours seraient morts probablement de resorptions purulentes, revenir promptement a la sante. 30a COSMOS. Dans le cas oil la gangrene qu'il s'agit d'arreter est celle qui a recu le noin de pourriture d'hopital, on a pas seulement affaire a des effluves empoisonnees, mais a de vdritables miasmes; car tout le monde sait que les gaz mephitiques qui sortent des ulceres ainsi gangrenes, ne font pas sentir seulement leurs effets aux malades qui en sont atteints , mais qu'ils enveniment les blessures meme tres- saines des malades places dans le voisinage ; on a souvent vu la pourriture d'hopital envahir successivement toutes les salles d'un vaste etablissement et compromettre la vie d'un grand nombre de blesses en parfaite voie de guerison. On comprend done combien il sera avantageux d'arreter cette pourriture a son apparition ou de la rendre impossible par 1' application prompte et d'ailleurs si facile du charbon en poudre. .. En resume, dit M. Stenhouse, le charbon en poudre est le plus economique et le meilleur des agents disinfectants. Different en cela de tous les autres antiseptiques, il ne repand aucune odeur d£sa- o-reable ; il retient sans les laisser se repandre au dehors les emana- tions et les miasmes qu'il a absorbed, il fait mieux, il les detruit ; et quelque longtemps qu'il ait ete" en usage, quelque enorme que soit la quantity d'air qu'il a purifiee en absorbant les gaz mephitiques que cet air renfermait , il suffit de le chauffer en vase clos pour lui rendre tout son pouvoir disinfectant primitif. « Si nos soldats et nos marins, places dans des conditions mal- saines, ctaient pourvus de [ respirateurs en charbon de la seconde forme ; si le plancher des tentes ou des entreponts des navires £taient r^couverts d'une legere couche de charbon de bois recemment 6teint, on aurait beaucoup moins a craindre des invasions du cholera, de la dyssenterie , de la fievre jaune ou autres maladies £pidemiques qui les deciment trop souvent. On pourrait recouvrir le charbon d'un canevas grossier sans lui faire perdre ses propri&6s essentielles. Dans les cas oil les miasmes a absorber seraient plus intenses, il sera bon de porter le charbon au rouge en le mettant dans une casserole ou autre vase en fer , ferme aussi par un couvercle en verre, et de le faire refroidir en vase clos. « PHYSIQUE DU GLOBE. — DE L'lNFLUENCE DES TEMPERATURES SUR LE DEVELOPPEMENT DE LA VEGETATION. PAR M. QUETELET. Stimulee par son illustre secretaire perp^tuel , M. Quetelet, l'Academie des Sciences de Belgique s'est mise a la tete d'une glo- COSMOS. 305 rieuse entreprise; elle a fait appel a toutes les nations pour recueillir les donnees propres a la determination des grandes lois de la nature qui president aux developpements et aux differentes phases de la vegetation, pendant chaque periode annuelle. Ce noble appel a £te entendu ; en Amerique comme en Europe, non-seulement des ob- servateurs isoles, mais encore de grandes Societes scientifiques se sont associees a cette belle etude ; la masse des materiaux, ele- ments d'une discussion prochaine et qui jettera un grand jour sur des phenomenes mysterieux, va croissant chaque jour. Une des Societes les plus actives dans la poursuite de ces recherches est la Socie"t6 silesiennede Breslau; elle a charge^ M. Ferdinand Cohn de coordonner et de discuter les observations qu'elle rec_oit ; or, dans son rapport, M. Cohn a souleve des objections de nature a renver- ser les principes theoriques pose's par M. Quetelet, et a. jeter des doutes sur la valeur des conclusions deja tirees de l'examen d'un grand nombre de faits. M. Quetelet n'a pas cru devoir laisser ces objections sans reponse et nous sommes heureux de l'aider a reta- blir les vrais principes sur cette matiere interessante a un tres-haut degre. L° M. Cohn craint que M. Quetelet ne donne une importance trop grande et trop exclusive a Taction de la temperature. Cette crainte n'est pas fondee; tout le monde est certainement d'accord qu'il faut tenir compte a. la fois dans Tappreciation du developpement des plantes, del'ensemble entier des circonstances atmospheriques, des circonstances individuelles propres de chaque plante, des cir- constances geographiques et des circonstances locales ; qu'il faut, en outre, une collection nombreuse de faits bien observes, bien corn- parables, serapportant a diverses localites et a differentes epoques. Mais, comme en realite Taction de la temperature est, a elle seule, plus active et plus puissante que toutes les autres actions reunies, rien n'empeche d'etudier apart son action prdponderante; et c'est ce que M. Quetelet avait cru pouvoir faire, etil a certainement bien. fait. 2° La seconde objection est relative au point de depart a prendre dans Tappre'ciation des effets de la temperature. Tous les naturalistes s'accordent a reconnaitre que les plantes sont de veritables thermo- metres qui indiquent, non pas la temperature actuelle, mais la somme des temperatures anterieures ; qu'une plante est, en quelque - 1 • te, un instrument d'int^gration, qui tient compte a. la fois de la chskur et du temps pendant lequel cette chaleur a agi. Mais a partir de quel point ce thermometre commence-t-il a fonctionner d'une maniere 306 COSMOS. utile pour l'observateur? Est-ce a partir du point de la glace fon- dante ou d'un autre point de l'echelle , qui deviendrait comme le point de reveil des plantes, ou mieux, de chaque plante, car l'ins- tant du reveil varie certainement d'une plante a, l'autre? Les physi- ciens du siecle dernier et le P. Cotte, en particulier, mettaient le reveil eommun des plantes au lermars; Fristsch le place au 21 de- cembre, epoquedu solstice d'hiver. M. Quetelet avait pensd de da- ter l'instant du reveil du jour oil les temperatures moyennes, apres les plus grands froids de l'hiver, s'elbvent d'une maniere perma- nente audessus du point de congelation ; mais comme il pouvait devenir necessaire de tenir compte des temperatures anterieures, M. Quetelet avait prudemment introduit dans son expression ma- thematique du phenomene une constante indeterminee qui donne la facilite de commencer a compter les effets efficaces de temperature de tel point qui paraitra mieux indique par les circonstances acci- dentelles. II n'y a, en cela, rien que de tres-rationnel. II parait que quand la temperature ne descend que de 1 ou 2 degres au-dessous dezero, et d'une maniere passagere, il n'y a pas d'effet retrograde, le developpement de la plante n'est pas arrete; la plante retombe- rait, au contraire, dans son sommeil hibernal, si le froid, quoique modere, devenait continu; elle reculerait et se trouverait moins avancee qu'a son premier reveil, si le froid redevenait excessifa la fois et continu. 3° Mais voici l'objection capitale de M. Cohn. On a propose et suivi trois methodes differentes pour estimer l'influence des tempe- ratures sur le developpement de la vegetation. I. Celle d'Adanson, admiseet defendue par MM. Boussingault et de Gasparin, d'apres laquelle l'influence de la chaleur, pendant un temps determine, se- rait simplement proportionnelle a la somme des temperatures diurnes moyennes ; II. La methode de M. Babinet, d'apres laquelle l'effet de la chaleur sur les plantes serait compare aux effets de la pesanteur dans la chute des corps, et s'exprimerait par le produit de la temperature moyenne multiplie par le carre du nombre des jours; III. Enfin, la methode de M. Quetelet, qui donne pour expression a l'influence de la chaleur sur les plantes la somme des carres des temperatures diurnes. M. Cohn admet la verite des rai- sonnements et des faits par lesquels M. Quetelet a demontre dune maniere palpable l'insufrisance des deux premieres methodes; mais il veut, en outre, que la troisieme manque aussi de fondement, et voici par quel croc-en-jambe il pretend la renverser. En calculant, par la methode de M. Quetelet, les influences relatives de 4 jours de COSMOS. 307 temperature a 5°, de 2 jours a 10° et de 1 jour a 20° centigrades , on trouve les nombres 4,25 = 100, 2,100 = 200 ; 1 ,400 == 4000, d'ou l'on conclut que, dans un jour chaud, la vegetation se deve- loppe autant que dans deux jours temperas et dans quatre jours froids. Les nombres qui precedent seraient, dans la methode de M. Babinet, remplaces par les suivants : 80, 40, 20, et dans celle d'Adanson, par 20, 20, 20; ces deux dernieres series de nombres evidemment conduiraient a des conclusions Granges et inadmissibles; tandis que celles deduites des nombres de M. Quetelet sont tres- raisonnables et l'expression au moins approchde de la verite. Mais ditM. Cohn, au thermometre centigrade substituons le thermome- tre Farenheit, comme on a 5° c. = 41 F., 10° c. =50 F., 20° c. = 68 F., les nombres calcules par la methode de M. Quetelet de- viennent 6724, 5000, 4624 : les rapports entre les influences des temperatures qui etaient comme 4:2:1, deviennent maintenant comme 10 : 11 : 15; Taction de deux jours temperes serait sensi- blement egale a celle d'un jour chaud ; et Taction de 4 jours froids serait une fois et demie celle d'ur. jour chaud ; r^sultats Evidemment tout a fait contraires a ceux qu'on avait obtenusd'abord. Et cepen- dant, la substitution d'un thermometre a un autre ne doit avoir ab- solument aucun effet sur le r&ultat d'un calcul legitime, comme ellen'en a aucun sur le developpement reel desplantes; done, conclut M. Cohn, Tevaluation de M. Quetelet, comme celles de M. Babi- net et d'Adanson, n'a, sous sa forme actuelle, aucune valeur scien- tifique. Voici la reponse de M. Quetelet, elle est aussi nette que peremp- toire : Rien n'empeche sans doute de traduire les degres centigrades en degres de Reaumur ou de Farenheit, ou de toute autre dchelle, mais a la condition qu'on ne tiendra compte que des degres effica- ces, e'est-a-dire de ceux qui s'elevent au-dessus du point de reveil dela plante Ainsi, dans l'exemple cite, 5°, 10°, 20° centigra- des correspondent, non pas a 41, 5Q, 68 degres Farenheit, mais bien a 9, a 18, a 36 degres efficaces; des nombres deM. Cohn, il faut avant tout retrancher 32 degres qui ne sont pas efficaces, pour qu'ils tombent au-dessous du point de reveil des plantes, que M. Quetelet supposait corresponds au point de congelation de Teau. En posant, par celte raison, 5° c. = 9° F., 10°c.=18°F. 20° c. =:36° F., on trouve que les influences d'un jour chaud, de deux jours temperes et de quatre jours froids, sont encore entre elles comme 4:2:1, e'est-a-dire, ce qu'elles etaient quand on se servait du thermometre centigrade, et il n'en pouvait pas etre au- 308 COSMOS. trement. Ainsi done, le seul argument serieux souleve* par M. Cohn contre la methode qui estime le deVeloppement des plantes par la somme des carrds des temperatures, est fondd sur une m^prise et reste absolument sans valeur. Si Ton considere que cette methode a £te mise a, l'epreuve avec succes, non-seulement sur un nombre considerable de plantes crois- sant en plein air, mais encore sur des plantes ddveloppees en serre chaude, on doit admettre quelle merite au moinsun examen plus attentif. II y a plus'; on a pu, par des temperatures calculees a priori, outheoriquement, amener des plantes a donneur leurs fleurs a. des jours et presqu'a des heures calcales d'avance. Toutes les plantes, il est vrai, ne se pretent pas egalement bien a de semblables expe"- riences; quelques-unes meme, commele colchicum autumnale, se sont montrees absolument rebelles ; mais on sait depuis longtemps que toutes les plantes ne peuvent pas etre forceps avec les memes chances de succes. Nous avons recu de M. Porro la rectification suivante a l'article du Cosmos ou se trouvait indiquee la presentation a l'Empereur de sa lunette Napoldon III ; nous nous empressons de l'inserer : .1 Ce n'est pas un ncuveau modele de la lunette avec prismes « que vous avez decrite dans le Cosmos il y a bien longtemps , « e'est une invention totalement nouvelle qui ne ressemble en rien. u ni a I 'ancienne longuevue-cornet ni a rien de connu jusqu'a ce « jour; ce nest pas non plus un gros etui d'un decimetre de « LONGUEUR ET DE TROIS A QUATRE CENTIMETRES d'epAISSEUR. Ma « lunette Napoleon III est un petit parallelipipede de trente- « HU1T MILLIMETRES DE LONGUEUR , MONTE SUR UN MANCHE QUI LE » REND TRES-COMMODE ET TRES-STABLE A LA MAIN. » ' ERRATA. Page 240 , ligne 26 , au lieu de 90° — a , liscz 100§r — a. A, TRAMBLAY, proprietaire-gerant. rAIUS, — IMFI'.IMERIE DE V.\ RSMQUET ET Cie, RUE GARANCIERE, 5. T. VI. 23 MAKS l855. QUATRIEME ANNEE. COSMOS. NODVELLES ET FAITS DIVERS. La Society royale de ge'ologie de Londres, dans sa derniere seance annuelle, a decerne" la medaille de Wollaston , connue sous le nom de Wollaston Palladium medal, a sir H. T. de la Beche, pour ses ouvrages de geologie, et pour les services qu'il a rendus a l'Angleterre par la creation et l'organisation sur une large echelle du bel etablissement de Jermyn-Street, comprenant a la fois et le mustfe de geologie pratique et l'dcole des mines. Un autre titre de gloire de sir de la Beche est la noble part qu'il a prise a la confec- tion de la grande carte geologique de l'Angleterre ; cet immense travail a etc fait sous sa direction par un corps nombreux de natu- ralistes, deg^ologues, de pal£ontologistes, de chimisteset de mine- ralogistes, qu'il avait choisis lui-meme parmi les plus capables, avec la plus grande impartiality et le plus grand bonheur. C'est M. de la Beche enfin qui, dans ces dernieres annees, a joint au musee de geologie pratique un vaste enseignement confie aux professeurs les plus eminents du royaume-uni et embrassant toutes les sciences qui ont avec la geologie theorique et appliquee des rapports plus ou moins intimes, la physique, la chimie, la docimasie, la metallur- gie, etc. En recevant, pour la transmettre a son noble ami, qu'une infirmite grave retenait chez lui, la glorieuse medaille, sir Roderick Murchison a fait remarquer que l'^difice de Jermyn Street, cons- truit en grande partie sur les dessins de sir Henry de la Beche, est le premier palais consacre specialement a la science qui ait ete eleve sur le sol de l'Angleterre ; parmi toutes les diverses branches de la science, aucune, d'ailleurs, ne meritait mieux l'honneur d'un palais que la geologie unie a la mineralogie et a la metallurgie, dont 1'importance est si grande, en raison des immenses richesses mine'- rales de l'Angleterre, de ses colonies et de ses dependances. — Nous avons revu au Panopticon les effets vraiment extrordi- naires de la machine e'lectrique gigantesque construite sur les des- sins de M. Marmaducke Clarke, dont le plateau a 3 metres de dia- metre , dont le conducteur principal a 75 centimetres de rayon et 2 metres de longueur. L'enorme batterie oil vient s'accumuler Ye- 310 COSMOS. lectricite degagde par la rotation du plateau, mu par la vapeur, est forme'e de quatre compartiments comprenant chacun neuf jarres gigantesques en verre. Dans sa derniere lecon, M. Noad avec dix- huit jarres seulement a produit deseffets de deflagration compara- bles a ceux de la foudre. Sur un cadre de pres de 1 metre de long, ii tend quatre fils de cuivre, de laiton, de zinc et de fer ; en traver- sal les fils, le flot d'electricite vena de la batterie les brule instan- tan^ment et les tr'ansforme en oxyde. Comme ces fils sont appliques sur une large feuille de papier epais, on voit, apres la deflagration, quatre grandes bandes ou empreintes de pres de 2 centimetres de large tracees par le depot des oxydes mdtalliques. Ces empreintes que tout le monde admhait hier soir a la reunion de Royal Institu- tion, et dont nous avons precieusement recueilli un echantillon pour l'exposer dans les salons du Cosmos, varient d'une maniere eton- nante d'un metal a l'autre , et peuvent devenir le point de depart d'une etude neuve et importante du mode de propagation de 1' lec- tricite. En meme temps qu'elle parcourt le fil en ligne droite, elle semble executer des vibrations transversales ou perpendiculaires a a direction de propagation, comme nous l'avons figure d'apres Am- pere dans notre Traile de telegraphie electrique ; on voit en effet partir de la trace rectiligne du fil une multitude de traits transver- saux ou perpendiculaires tres-serres et nettement dessines par 'oxyde. Jeudi prochain, encompagnie de MM. Gassiot et Tyndall, nous verrons M. Noad reproduce les brillants phenomenes que Ton ob- tient en unissant 1'appareil de Ruhmkorff a la batterie electrique, et nous les decrirons avec soin. II est impossible de ne pas etre saisi d'une vive admiration a la vuede la grande experience qui termine chacune des soirees du Pa- nopticon : c'estun immense jet d'eau qui part du vaste bassin cen- tral, s'elance a plus de 30 metres, emportant avec lui un flot de lumiere Drummond, qui semble sortir avec l'eau des caves pro- fondes. Lancee par une pompe tres-puissante, que la machine a va- peur de dix chevaux met en jeu, cette colonne d'eau, de plusieurs centimetres de diametre, atteint bientot le point culminant du dome; a son sommet, elle est eclairee par un autre flot de lumiere Drum- mond, qui descend de la lanterne du dome ; cette lumiere penetre dans la masse d'eau qui retombe, est emportee par chacun des filets , par chacune des molecules d'eau, et forme ainsi une vaste n?>ppe lumineuse qui voltige dans lair. A l'aide de verres colorcs, on teint tour a tour des diverges nuances du spectre les deux jets COSMOS. 311 de lumiere, a la base et au sommet, et Ton obtient ainsi des effets de contraste merveilleux. Le bleu et le rouge se marient surtout agreablement , et Ton ne se lasse pas de contempler cette colonne de lumiere bleue couronnee a son sommet d'une large nappe de lumiere rouge. La disposition a l'aide de laquelle on fait pen^trer la lumiere Drummoncl dans le jet d'eau est tres-simple. Au-dessous de la glace epaisse de verre qui ferine par en bas le tuyau d'ascen- . sion, on a dispose un miroir a 45 degres ; la lumiere Drummond, donnde par un large baton de craie sur lequel tombe le melange allume de gaz oxygene et hydrogene, arrive horizontalement, tombe sur le miroir, est reflechi verticalement , traverse la glace d'occlu- sion, pe'netre dans la colonne d'eau et la suit par sa tendance a. se mouvoir en ligne droite, aidee de la reflexion totale qui la ramene au sein du liquide quand elle tendrait a s'en echapper. L'eclairage par en haut se fait de la meme maniere et plus facilement; l'eparpillement de la lumiere emportee par l'eau qui retombe est aussi grandemenf aide par la reflexion totale. Les moyens mecaniques dont dispos • le Panopticon, son organisation interieure, comme nous l'avons doj't dit, ne laissentabsolument rien a desirer; son directeur, le rever i d docteur Bibbers, est un honime de haute intelligence et d'action ; son ingenieur, M. Warner, est d'une habilete rare; lesjeune- pre- parateurs qui l'aident sont d'une adresse surprenante ; ses profes- seurs, M. Noad entreautres, parlent avec facilite, avecclarte, avec animation, et nous ne regrettions qu'une chose jeudi dernier, c'est que l'assistance ne fut pas plus nombreuse. — Au Panopticon comme a Polytechnic Institution , on tire un parti fabuleux de la lumiere Drummond, a peine utilised en France. Elle est sans doute moins intense en elle-meme que la lumiere elec- trique , mais comme on peut donner au jet de gaz et au baton de craie des dimensions considerables, l'elairage que Ton obtient a, en definitive, beaucoup plus d' eclat, et Ton peut illuminer ainsi des ta- bleaux de 10 ou 15 metres en tous sens. Cet eclairage aussi est d'une fixite absolue ; on peut continuer indefiniment et sans aucun temps d'arret l'illumination d'un meme tableau. Nous companions surtout cet avantage mercredi dernier en assistant a la lecon d'a*- tronomie de M. Backhoffner. C'etait vraiment une soiree magni fique et qui doit laisser dans l'ame des auditeurs des impressions profondes. Les representations du ciel, les tableaux de nebuleuses, d'etoiles, deplanetes, de cometes, etc., imitations des mouvements celestes , sont d'une beaute incomparable , d'un effet grandiose ; et pendant que, place au sein d'une obscurity profonde, l'immense 312 COSMOS. auditoire contemple le tableau qui se deroule sous ses yeux, il ne perd rien des developpements qu'on lui donne. Apres l'explication de trois ou quatre tableaux, la salle s'illumine de nouveau tout a coup, les onlaines de bees de gaz etincellent, ils projettent partout leur vivo clarte, et bientot des flots d'harmonie s'elancent a leur tour. Nous avons entendu ainsi tous les beaux motifs de la Creation d'Haydn, executes par cinquante artistes , et qui continuaient deli- cieusement la contemplation des splendeurs de la voute etheree. # Pourquoi faut-il qu'en France nous n'ayons rien de semblable et qu'on nous ait arrete dans notre glorieux elan I A Polytechnic Ins- titution, la foule abondait , et il n'y avait plus place au regret; M. Pepper etait bienheureux. — Nous avions entendu parler vaguement en France , l'annee derniere, d'un projet important d'amelioration des phares, propose" par M. Charles Babbage, de la Societe royale de Londres. Le sa- vant auteur de ce projet a bien voulu nous le faire connaitre en de- tail, et nous lui consacrons avec plaisir quelques pages du Cosmos, en rabon de l'importance dusujet et parce qu'il complete la grande ceuvre de notre Fresnel. Le but de M. Babbage est double ; il s'agit : 1° D'empecher qu'on ne puisse confondre avec la lumiere d'un phare un feu allume accidentellement ou malicieusement sur la cote. 2° D'obtenir qu'on ne se trompe jamais sur l'individualite et la position, par consequent, du phare qui a projete sa lumiere sur le navire. Le principe par lequel M. Babbage propose d'atteindre le double but est d'une simplicity frappante, et peut s'enoncer en quelques mots : « Faire en sorte que chaque phare repete son propre nombre, le nombre par lequel il est designe" dans la statistique des phares que chaque capitaine doit avoir a bord, incessamment, tout le long de lanuit, aussilongtemps en un mot qu'il reste allutne\ » Mais com- ment faire repeter incessamment au phare son nombre ? Par des occultations de lumiere. Le verre de la lampe d'Argant, source de l'eclaiiagt', lamiere du phare, est enveloppe d'un tube en fer-blanc ou en lui tun, qui monte et descend tour a tour ; qui descend lente- ment, couvre la fiamme, la derobe aux regards, puis s'eleve brus- queinent et laisse les rayons s'etendre de nouveau au loin. On peut evi'h inmer.t, a l'aide d'un mc^canisme peu complique, produire dans un temps doiine un nombre plus ou moins grand d' occultations, sc- COSMOS. 313 parees par des pauses plus ou moins iongues, et signaler ainsi a dis- tance tout nombre voulu. Supposons, pour fixer les idees, qu'ii s'agisse du phare n° 243, et qu'on veuille l'assujettir a signaler incessamment le nombre 243. Par un mecanisme approprie on produira : 1° deux occultations qui signaleront le chiffre 2, cbiflre des centaines; 2° une courte pause; 3° quatre occultations , chiffre des dixaines ; 4° une courte pause ; 5° trois occultations, chiffre des unites ; 6° une longue pause. Le marin qui aura vu cette serie d'occultations et de pauses et qui sait d'avance ]eur signification , connaitra immediatement le nombre ecrit dans l'espace, et saura a quel phare il a affaire, s'il doit continuer sa route et dans quelle direction. II faudra, bien entendu, determiner par des experiences positives le temps apres lequel devront se reproduire les occultations et la duree des pauses, grandeset petites ; dans tous les cas, la serie en- tiere des mouvements necessaires au signalement du nombre du phare n'excedera pas une minute. M. Babbage fait remarquer avec raison que le navigateur ne de- vra pas forcement attendre, pour saisir le numero du phare, que les chiffres qui l'expriment se reproduisent dans l'ordre naturel des centaines, des dixaines et des unites. Si en effet, dans le cas que nous avons deja considere, du phare n° 243, il a percu d'abord trois occultations, un long intervalle ; deux occultations, une pause; quatre occultations, une pause; comme il sait que le long intervalle inclique la fin d'une premiere notation et le commencement d'une seconde , il comprendra immediatement que le nombre signale est 243 et non pas 324. Pour eviter les meprises qui pourraient provenir d'une erreur ac- cidentelle dans l'operation de compter les occultations, il sera bon de faire presider a la classification, ou designation par des nombres, des divers phares, le principe suivant : « Les phares ne devront pas etre classes ou nombre"s suivant leur position geographique , mais chaque phare devra etre represente par un nombre tel , qu'aucune des figures ou qu'aucun des chiffres qui entrent dans la composition des nombres qui individualisent les divers phares d'une meme localite, d'une certaine etendue, ne se retrouvent a la meme place da'is deux numeros d'ordre. » Si, par exemple, cinq phares sont places dans un voisinage assez restreint les uns des autres, on les representera par des nombres semblables a ceux-ci : 361, 517, 243, 876, 182, dans lesquels les memes chiffres ne sont jamais au meme rang. S'il arrive alors que 31a cosmos. lematelot de vedette, en observant le signalement d'un phare, ait compris 253 au lieu de 243, le capitaine , en consultant son tableau numerate des phares , saura tout de suite qu'il y a eu une meprise dans la perception du chiffre du milieu , car le nombre 253 appar- tient necessairement a un phare situe dans une tout autre region que celle du phare 243 , et il ne peut pas y avoir pour lui d'incer- titude sur celui de ces phares dans le voisinage duquel il peut se trouver. Avec cette precaution, deux chiffres percus vrais met- tront toujours en evidence l'erreur qui peut affecter le troisieme chiffre. II est done certain que par des occultations, on peut individua- liser chacun des phares des cotes, les distinguer soit d'un autre phare, soit de toute lumiere accidentelle qui ne presente pas d'oc- cultations regulieres. Le systeme des occultations a , en outre , le grand avantage de ne pas diminuer, comme le font les verres co- lores, l'intensite de la lumiere, de la rendre meme plus perceptible, car tout le monde sait que l'oeil percoit mieux une faible lumiere intermittente qu'une forte lumiere continue. Le meme principe de l'eclairage traduit en nombres peut s'appli- queraux phares qui indiquent l'entree des ports. Mais, dans ce cas, les vaisseaux ont besoin qu'on leur transmette d'autres indications, qu'on leur signale entre autres la profondeur de l'eau, soit a Ten- tree ou a la barre, soit dans le bassin de mouillage. Ces signalements peuvent se faire d'une maniere tres-simple. On fera comme a l'ordinaire les occultations de la lumiere blan- che, pour exprimer le numero du phare ; mais aulieu d'une longue pause de lumiere blanche entre deux expressions consecutives de ce meme nombre , on recommencera les occultations en interposant entre la lumiere et la merun verre colore, etde maniere a produire, par ces occultations suivies de pauses, un nombre qui indique en pieds la profondeur reelle ou actuelle des eaux. On pourra convenir en outre que , lorsque le second nombre sera formula avec de la lumiere bleue , il indiquera en meme temps que la maree est mon- tante; que, lorsqu'il sera formule par une lumiere verte, il indiquera la maree descendante. Dans le cas de brouillards qui cachent la lumiere du phare, on a recours, sur beaucoup de points, a des clo- ches ou a des gongs chinois que le gardien du phare fait retentir pour avertir le navigateur, mais qui ont le malheur de ne pas etre entendus a de grandes distances, et d'etre meme d'aulant moins entendus que le danger est plus grand, lorsque la tempete gronde ou que le vent est tres-fort. II faudra appliquer aux sons emis le COSMOS. 315 principe admisfpour les signaux lumineux , c'est-a-dire qu'au lieu de bruits continue, il faudra faire retentir des series de bruits sepa- rees par des pauses ou silences, et en nombres tels qu'elles indiquent encore^le numero du phare d'oii ils partent. Les bruits emanant du phare n° 243°seraient emis dans l'ordre suivant : deux volees de cloche ou deux battements prolonges du gong, un silence ; quatre voldes ou quatre battements, un silence; trois volees ou trois batte- ments, un long silence , et ainsi de suite indefiniment. Le principe fondamental du systeme de M. Babbage, le signale- ment numerique des phares , pourrait s'appliquer d'une foule de manieres et a l'aide d'une multitude de mecanismes. S'agirait-il , par exemple , d'indiquer,. meme pendant le jour, la hauteur des eaux dans un port, on pourrait faire monter ou descendre, alterna- tivement, un ballon ou drapeau, en faisant toujours que ie nombre des elevations ou chutes successives , suivies de temps d'arret ,, exprime le numero du phare oil elles se produisent. II est aussi une foule de cas ou ce serait pour un navire un immense avantage que d'entrer en communication avec le gardien d'un phare. En admettant, comme cela existe pour la marine royale au service de la Compagnie des Indes , que les signaux que Ton peut avoir a transmettre sont deja exprimes en nombres et arranges en dictionnaire , la correspondance telegraphique deviendra tres- facile dans le systeme des occultations. Voici comment elle pour- rait avoir lieu : Lorsque le navire a pergu le numero du phare, il tire un coup de canon; le gardien qui a entendu fait cesser aussitot les occultations, et annonce, en laissant projeter au phare une lumiere continue, que son attention est ^veillee ; le navire, alors, qui a prepare son mes- sage, le transmet soit par les occultations d'une lumiere electrique, oxy-hydrcgene ou autre qu'il a allumee a son bord, soit par des de- charges de canon interrompues par des pauses. Le gardien du phare reqpete par des occultations le signal recu, pour indiquer qu'il a bien compris ; il laisse paraitre ensuite le nombre de son phare, pendant qu'il prepare la reponse ; il signale la reponse que le navire repete a son tour. Nous ne prolongerons pas cette discussion : le but que M. Bab- bage veut atteindre a ete suffisamment compris ; il merite d'ail- leurs, au plus haut degre, de fixer l'attention des gouvernements. Nous voyons , par le Rapport qu'a presente au Senat des Etats- Unis la Commission des phares de l'Amerique du Nord , Rapport qui constitue a lui seul une excellente monographie des phares du 316 COSMOS. monde entier, nous voyons , dis-je , que le plan que nous venons d'exposer a ete accueilli avec faveur par les savants membres de la Commission ; qu'ils ont examine avec le plus vif empressement et qu'ils ont remercie avec eloges l'auteur de sa communication interes- sante au plus haut degre , en prenant l'engagement de faire des essais serieux de la nouvelle methode. Puisse-t-elle trouver aussi en France un accueil bienveillant ! — Dans un Memoire communique a la Societe royale de Londres par M. Warren de la Rue , M. George Wilson annonce que de longnes series d' experiences faites sur une grande echelle , l'ont conduit a cette conclusion : que presque tous les corps gras compris dans la categorie des corps gras neutrcs , peuvent , quand on les maintient longtemps a une temperature elevee , en meme temps qu'on fait passer a travers leur masse un courant continu de vapeur d'eau , etre decomposes d'une part en glycerine, de l'autre en un acide gras, sans qu'on ait a craindre une decomposition plus intime qui separerait les elements de la glycerine et des corps gras. La tem- perature necessaire pour determiner le partage de la glycerine et de l'acide varie avec la nature des corps gras sur lesquels on opere; mais , pour aucun de ceux qui ont £te sounds jusqu'ici a l'expe- rience , cette temperature n'a depasse 560 degre"s Fahrenheit. L'auteur exposera plus tard l'ensemble et les details des resultats auxquels il est parvenu, et des analyses qui demontrent la vcrite" de ses conclusions ; mais il est en droit d'affirmer, des aujourd'hui, que 1'huile de palme, l'huile de cocotier, l'huile de poisson , le suif animal , le suif vegetal de Borneo , la cire vegetale du Japon , et plusieurs autres substances grasses, ont 4te decomposes sans diffi- cult£ par l'emploi de la vapeur a des temperatures elevens. L'acide gras et la glycerine distillent ensemble, mais disjoints et non plus en combinaison ; i!s se separent spontanement dans le recipient ou refrigerant. — On s'est souvent demande , sans resoudre le probleme d'une maniere completement sati^-faisante , pounpjoi l'eau de mer est salee? M. Chapman, professeur a l'Universite de Toronto, est re- venu recemment sur cette interessante question , et croit lui avoir fait faire un pas de plus. L'opinion suivant laquelle la mer aurait dte creee salee, dans le but de l'empecher de se corrompre, ne parait guere fondle, en ce sens que les impuretes organiques repandues dans une grande masse d'eau en mouvement disparaissent bientot, ou sont decompos^es, alors meme que la masse d'eau serait formed d'eau naturelle ou douce et sans aucune addition de sel. Les matieres COSMOS. 31T organiques sont promptement absorbees ou neutralises par les innombrables animalcules microscopiques et autres qui fourmillent dans le plus grand nombre des masses d'eau; d'ailleurs, la quantity de sel present dans beaucoup de mers ne suffirait pas a. empecher leurs eaux de se corrompre. Une autre opinion veut que le sel des mers ait pour fin d'au"-- menter la densite de leurs eaux, d'abaisser leur point de cbfig&lfr tion, etde les empecher par consequent de se solidifier auneceitiine distance au moins des poles. Cette raison est bonne', sans doute , mais elle ne suffit pas a expliquer le fait dont il s'agit. Le point de congelation de l'eau de mer n'est que de 3 ou 4 degr^s au-dessous du point de congelation de l'eau pure ; or, qu'est-ce que 3 ou 4 de- gi'es, lorsque la temperature de l'atmosphere descend souvent a 10, 12, 15 degres au-dessous de zero? Dans la pensee de M. Chapman, l'addition du sel aurait pour effet et pour fin de regulariser l'evaporation des eaux a la surface de la mer et d'empecher que sous l'influence de certaines causes per- turbatrices cette evaporation devienne de temps a autre excessive. On sait que sous une meme pression atmospherique les differents liquides ont differents points d' ebullition ; qne des solutions satu- rees se vaporisont plus lenterrtent que des solutions faibles; que les solutions faibles a leur tour se rdduisent plus lentement en vapeur que l'eau pure. L'eau des mers contient en moyenne 3 et 1/2 pour cent de matieres solides et le sel marin a lui seul entre dans la com- position des matieres solides pour deux a six dixicmes. Si on laisse evaporer ajla fois a l'air libre de l'eau pure et de l'eau clmrg.'e, de cette quantite de sel, l'exces de la perte de l'eau pure mv Teau sal^e est 0,54 pour cent apres vingt-quatre heures ; de 1,0-1 pour cent apres quarante-huit heures ; de 1,45 pour cent apres soixante- douze heures, et ainsi de suite, suivant une progression touj-mrs croissante. II y a la , evidemment , le point de depart et la raison. d'etre d'un de ces admirables balancements des forces en action dans la nature, balancements qui maintiennent son harmnnie. = Si , toutes les autres circonstances restant les monies, la propor- tion de sel sous l'influence dune cause passagere est plus grande que la proportion normale , l'evaporation devient de plus en plus lente; si, au contraire , la proportion de sel est diminuee par une addition accidentelle d'eau douce, la vaporisation devient plus in- tense ; et ainsi, dans les deux cas, avec l'aide du temps, l'equilibre se retablit : l'eau de mer revient a sa composition normale. M. Chapman ajoute qu'il lui serait facile de mettre en evidence 318 COSMOS. la verite de sa theorie par une etude attentive de la distribution gdographique, sur le globe , des eaux douces et salees ; on verrait que la proportion de sel est d'autant plus grande que les causes de vaporisation sont plus intenses ou plus souvent en action. — La Societe des arts de Londres , une des plus nombreuses associations intellectuelles de l'Angleterre , se propose de faire en masse une excursion a. Paris , pendant le temps de l'Exposition. Cette excursion en masse aurait , dit le conseil , de grands avan- tages, car les membres de la Societe, ainsi condenses, obtiendraient plus facilement de visiter tous les etablissements et les collections de nature a les interesser et a les instruire. Les nouvelles construc- tions de la capitale permettraient de les reunir tous dans un meme hotel , et de rendre leur sejour aussi economique et aussi agreable qu'il peut 1'etre. Des qu'un nombre suffisant de membres se sera fait inscrire , on se reunira en assemblee generate , pour arreter le jour du depart et prendre tous les arrangements necessaires. — Voici la Note sur l'oiseau fossile gigantesque du bassui de Paris, que M. Constant Prevost a presentee dernierement a l'Aca- demie : « Un jeune homme studieux et plein de zele, M. Gaston Plants, preparateur du cours de physique de M. Ed. Becquerel , au Con- servatoire des Arts et Metiers, a bien voulu me communiquer et mettre a ma disposition un os de grande dimension qu'il venait de recueillir au bas Meudon, a. la base de l'argile plastique marbree de rouge et de gres, dans les parties superieures du conglomerat, dont M. Charles d'Orbigny a le premier fait connaitre l'existence en 1836 , conglomerat qui , dans cette localite , remplit accidentelle- ment les anfractuosites plus ou moins profondes de la surface de la craie ou du calcaire pisolitique. « Dans une des excursions que je fais habituellement chaque annde avec mes auditeurs, M. G. Plante, l'un d'eux, avait eu l'oc- casion , assez rare, d'examiner dans une tranchee recente la posi- tion relative du conglomerat ayant en ce point une e^paisseur excep- tionnelle et contenant , outre un grand nombre de fragments des roches pr<5existantes , des debris indetermines d'ossements que le temps ne nous permit pas de rechercher ; nous recueillimes seule- ment alors des bois en troncons de 1 a 3 decimetres de long sur 5 a 6 centimetres de diametre, dont les uns sont a l'etat de fer sul- fure, lequel, dans les autres, a 4te remplace par du fer hydro- xyde et de nombreux cristaux de chaux sulfatee. Je mets sous les yeux des membres de l'Academie un de ces ^chantillons de bois COSMOS. 319 fossile , parce qu'il peut servir de piece de conviction a 1'appui du gisement reel de l'ossement qui est egalement penetre" de cristaux de gypse et de pyrites plus ou moins decomposers. » A la premiere vue, je reconnus que l'os qui m'etait remis par M. G. Plante etait la partie inferieure d'un tibia d'un animal ver- t£bre de grande taille de l'une des trois premieres classes, et je pensai que ce fait meVitait un examen serieux sous le double point de vue geologique et zoologique. « En effet, il importait d'abord de bien constater le gisement de l'ossement, de maniere a etablir que I'etre auquel il a appartenu a vecu a une tpoque anterieure au depot de toutes les assises qui constituent nos terrains tertiaires ; car on sait par de nombreux exemples, frequents aux environs de Paris, que sans une scrupu- leuse attention on pourrait etre facilement induit en erreur : sou- vent, en effet, des animaux plus ou moins recents ont ete- introduits accidentellement dans la profondeur du sol et clans les anfractuosit^s inte>ieures de couches anciennes, par des puits ou conduits naturels de diverses formes. C'est ainsi que Ton a signale dans la craie a silex de Meudon la presence d'ossements et de bois de cerf que mon revere et premier maitre , Brongniart, a demontre, apres un judicieux examen , etre tombds au fond d'une large fente dans la- quelle ils avaient ete enveloppes intimement par la craie des parois 6boulee et delayee, et qui leur servait de gangue. « J'ai eu moi-meme l'occasion, avec mon ami, M. J. Desnoyer, de faire connaitre plusieurs gisements d'animaux fossiles relative- ment regents, tels que lion , elephant, ruminants, rongeurs, etc., dont les ossements remplissaient des puits irreguhers plus ou moins sinueux et verticaux , par la voie desquels beaucoup avaient etcj places sous les sables et gres de Fontainebleau , d'autres au-des- sous des assises du gypse et jusque dans le calcaire grossier, etc.; c'est aussi le cas general des amas souvent tres-bien stratifies des ossements trouves dans les cavernes creusees anterieurement au sein des terrains de tous les ages. « Un second point non moins essentiel etait de comparer rigou reusement, et avec toutes les donnees de la science anatomique et zoologique, l'ossement en question avec ceux de tous les animaux vertebres vivants ou fossiles connus. « Je fus persuade que ce double but serait beaucoup mieux et plus surement atteint que je n'aurais pu le faire moi-meme , par deux savants pour lesquels j'ai autant d'amitie" que d'estime , par M. Hebert , directeur des etudes scientifiques a l'Ecole normale 320 COSMOS. supdrieure , qu'ime connaissancc ti esapprofondie de la gdologie du bassin de Paris met a meme d'apprecier a leur juste valeur les nou- veaux faits observes ; je l'ai en consequence engage , en le priant d' examiner celui qui venait de m'etre signal , a recourir, pour la determination anatomique, aux bienveillants conseils de M. Lartet, dont l'Academie et le monde savant connaissent depuis longtemps les beaux travaux , sans lesquels les immenses richesses enfouies dans les depots fossilifferes de la colline de Sansan (Gers) seraient encore mdconnues ou infructueuses pour la science. u En regard du dessin mis sous les yeux de l'Academie, et qui reprcsente l'os fossile de grandeur naturelle, on a place un tibia de cygne sauvage, non pasavec l'intention d'assimiler l'oiseau inconnu a cet oiseau vivant, pas meme pour la famille, ainsi qu'on le verra bien par !es Notes de MM. Hebert et Lartet ; on a seulement essaye de donner une idee generate des proportions relatives des deux etres. Ainsi, on peut remarquer que, compare a un cygne, l'oiseau geant aurait eu environ deux foiset demie la longueur du premier; on peut supposer egalement que son volume aurait dtd vingt fois plus considerable, et que si le cygne pese 10 kilogrammes par exemple, on pourrait, par les memes raisons, estimer a 200 kilo- grammes le poids de l'oiseau antique. « S'il y a de nombreux inconvenients a introduire dans les sciences naturelles des noms de genre et d'especes d'apres des frag- ments imparfaits et souvent contestables, il y a aussi quelques wan- tages a pouvoir designer par des expressions laconiques des objets reellement nouveaux et distincts de tous ceux connus. « 1° Le gisement bien constate du tibia trouve au bas Meudon, dans un conglomerat inferieur a tous les terrains parisiens ; 2° des caracteres anatomiques et zoologiques qui ne permettent pas de confondre l'oiseau auquel il a appartenu avec aucun des oiseaux vivants et fossiles connus, et particulierement avec ceux de grande taille signales a la Nouvelle-Zelande ou a Madagascar comme gisant dans des depots tres-recents , peuvent autoriser a suivre l'exemple des naturalistes , qui ont donne a ces derniers oiseaux gigantesques les noms de Dinornis et SEpyornis. Je crois done que , sans inconvenient aucun et avec le concours de M. Hubert , je puis proposer de nommer l'oiseau gigantesque du bassin de Paris, Gastornis parisiensis (Hebert), pour rappeler le zele desin- tdresse du jeune observateur. M. Gaston Plante , qui , dans cette circonstance , a modestement consenti a faire profiter immediate- ment la science de sa ddcouverte , en la livrant a l'appreciation d'hommes dclaires par une longue experience. » VARIETES. PHYSIQUE. SUR QUELQCES POINTS DE LA PHILOSOPHIE DU MAGNETISM E. Maintenant que nous avons le Memoire complet de M. Faraday, publie dans le Philosophical Magazine, livraison de fevrier, nous aligns le suivre dans ses developpements les plus essentiels. Polarite magnetique. En enumerant avec soin les opinions emises par les divers physiciens, Coulomb, Ampere, Weber, De la Rive, Matteucci, Tyndall, Thomson, Becquerel , etc., etc., sur la nature de la polarite magnetique , M. Faraday prouve sans peine que la signification de ce mot polarite, et l'idee qu'on pourrait s'en former, deviennent de plus en plus incertaines , indeterminees, vagues, etc., etc.; puis il arrive a la question si controversee de la polarite du bismuth. II y a longtemps deja. que M. Faraday a re- nonce" a l'opinion d'abord emise par lui que la polarite du bismuth est de nature contraire a, la polarity du fer, qu'un pole nord du bar- reau aimante determine par induction l'apparition d'un pole nord et non pas d'un pole sud, dans l'extr^mite la plus voisine du barreau de bismuth sur lequel il agit ; mais, comme cette opinion est encore defendue par des physiciens £minents, MM. Pliicker, Weber, Tyn- dall, il importe de la discuter, d'autant plus que la solution de cette grande difficulty pourrait jeter un grand jour sur la nature r^elle du magnetisme. Si un aimant ordinaire A , agissant sur un barreau F de fer ou d'une autre substance paramagnetique, lui communique la polarite", en placant 1'extremite la plus voisine de son pole nord dans un etat contraire ou sud ; si ce meme aimant, agissant sur un barreau B de bismuth ou d'une autre substance diamagnelique, la rend aussi po- laire, mais de maniere que les extremites contiguiis soient dans un meme etat magnetique nord , par exemple , alors F et B devien- dront a leur tour des aimants exer9ant sur A une action reaproque; et si la substance dont sont formes ces barreaux F, B, est apte a conserver son magnetisme , meme quand Taction de A a cesse, ils agiront comme des aimants sur un nouveau barreau C de substance magnetique. Lorsque A agit sur F, il exerce , suivant les theories 322 COSMOS. revues, son influence sur toutes les parties de F, les amenant toutes a un Stat de polarite" semblable a celui de A ; et ces partieules, par la meme raison , agissent les unes sur les autres comme de petits barreaux magneHiques. Le resultat de toutes ces actions est une exaltation de polarity aux deux extremites de la masse entiere. L'ai- mant A agirait de la meme maniere sur le barreau de bismuth B, en polarisant a, la fois sa masse entiere et toutes ses partieules. II n'y a pas de raison , en effet, pour que les plus petites parties des corps diamagneiiques ne soient pas influencees, aussi bien que celles des corps paramagnetiques ; et T experience montre qu'un tube rem- pli de bismuth en poudre se comporte comme un barreau de ce men- tal. Mais alors quelle peut etre Taction des dernieres partieules du bismuth les unes sur les autres? On a bien pu supposer que leur polarity etait de sens contraire a celle de l'aimant A ; mais il est impossible d'admettre qu'elles sont , l'une par rapport a T autre, dans des Stats de polaritds contraires : elles doivent nScessairement avoir toutes la meme polarite, et le nord d'une particule doit etre oppose" au sud de la particule contigue dans la direction de la pola- rity. II est certain, en outre, que ces partieules des corps diamagne'- tiques agissent les unes sur les autres ; M. Tyndall l'a prouve" par ses experiences sur les effets de la compression. D'ailleurs, ad- mettre que ces partieules n'ont pas d' action les unes sur les autres, ce serait contradictoire avec la nature essentielle des actions ma- gne'tiques ; on ne serait plus en droit de poser en principe que l'ai- mant agit sur les partieules des corps diamagnetiques, et que ces partieules reagissent sur l'aimant. Si elles agissent les unes sur les autres, comme l'aimant agit sur elles, e'est-a-dire en determinant par induction des poles contraires, Taction de l'aimant serait annu- lee, et d'autant plus que les partieules seraient plus serrees les unes contre les autres; or, il n'en est rien cependant, et M. Tyndall a prouve" que la condition magn^tique du bismuth est exaltSe par le rapprochement de ses partieules , ce qui force a conclure que les actions mutuelles ou les influences reciproques des partieules les unes sur les autres sont telles qu'elles tendent a exalter l'etat ma- gne"tique de la masse totale formee de leur reunion. Mais si le nord d'une particule correspond au sud de la particule voisine , le fait naitre et le maintient, la masse entiere doit etre constitute dans le meme etat de polarite que les partieules : la polarite du bismuth ne peut done pas etre contraire a celle du fer. M. Faraday essaye de demontrer cette meme identite par d'autres raisonnements secon- dares auxquels nous ne nous arreterons pas. cosmos. 323 2° Milieux. Considerons quatre solutions /, m, n, o, de proto- sulfate de fer contenant, / quatre grains, m 8 grains, n 16 grains, o 32 grains de sel cristallise pour chaque pouce cube d'eau (le grain anglais pese 65 milligrammes, le pouce anglais fait 2,54 centi- metres) ; rcinplissons de la solution m un tube mince de verre d'un pouce de long, d'un tiers ou d'un quart de pouce de diametre ; fer- mons-le hermetiquement, et suspendons-le dans l'air entre les poles d'un aiinant, il se placera axialement, dans la direction de la ligne qui unit les poles, et se comportera comme un barreau de fer; mais, si au lieu de le suspendre dans l'air, nous le suspendons au sein de la solution un peu plus forte n, ce ineme tube se placera Oquatoria- lement , perpendiculairement a la ligne des poles , comme le bis- muth. Si la solution enf'ermee dansle tube est la solution / plus faible que m, le tube, alors suspendu dans Fair, se placera equatoriale- ment comme le bismuth ; suspendu dans l'eau , i! prendra la direc- tion axiale comme le fer. Nous retrouvons done ici precisement les actions que Ton a designees du nom de polarity, et qui ont conduit a attribuer au fer et au bismuth deux polarit^s contraires. Mais, en examinant les choses a fond , comment l'idee de polarite pourrait- elle s'appliquer a ces faits , ou comment ces faits s'uniraient-ils a l'idee de polarite? Dans l'air, la solution I se dirige et agit comme le bismuth; dans l'eau, elle se dirige et elle agit comme le fer. En conclurons - nous qu'elle a , dans les deux cas , des polarites con- traires? Et si nous raffirmons, quelles peuvent etre les raisons et les causes de ce singulier contraste entre deux actions dependant neces- sairement de l'etat intime ou moleculaire de la solution 1 On ne peut pas attribuer la condition inverse des phenomenes manifestos par les diverses solutions a un defaut de continuity dans leur con- dition magneHique ; car l'experience a prouve" que ces solutions sont toutes magn^tiques comme le fer, et que leur magnetisme va en augmentant d'une maniere continue, depuis la plus faible jusqu'a. la plus forte. On ne peut pas admettre non plus que le milieu interpose entre l'aimant et le cylindre rempli de la solution arrete ou modifle substantiellement la force par laquelle l'aimant agit sur le cylindre, de maniere a changer la direction de la polarite" interieure du liquide. Pour le prouver, M. Faraday fait les experiences suivantes, vraiment curieuses et importantes : II prend un vase rectangulaire 0 et trois petites capsules ellipti- ques ou de forme allongee en verre LMN ; la capsule N est place"e dans 0, M, dans N, L, dans M ; et procede alors aux deux opera- tions que nous allons decrire : 1° il verse dans 0 une solution n' 324 COSMOS. convenablement choisie, dans N une solution m' , aussi convena- blement choisie, dans M la solution n dont il a ete parle plus haut, dans L, enfin, la solution m; en placant alors l'cnsemble des vases entre les poles d'un ainiant ou d'un fort electro-aimant, on constate que la capsule N et la capsule L prennent toutes deux la position £quatoriaIe, comme le ferait un barreau de bismuth. 2" On verse dans O la solution », dans N la meme solution qu'auparavant, in', dans M la solution /, dans L, enfin, la ineme solution m (jue dans la premiere experience, et Ton voit qu'en meme temps que la capsule N conserve sa premiere position equatoriale, la capsule L prend une direction axiale. Ainsi done, 1° Taction exercee sur la capsule L et la solution m qu'elle renferme n'a nullement ete alteree, quoi- que le pouvoir magnetique de l'aimant n'ait put s'exeicer qua tra- vers les solutions «', m! et n ; 2° placees dans le meme champ magnetique, la capsule N s'est comportee comme un barreau de bismuth, la capsule L comme un barreau de fer, quoiqu'elles ren- fermassent les memes solutions m' , m que lorsqu'elles se pla9aient toutes deux equatorialement. Les mouvements et les orientations d'une meme solution ou de solutions differentes rappellent toutes les actions et toutes les indi- cations que Ton suppose caracteriser les polarites contraires des corps paramagnetiques et diamagnetiques ; et les deux solutions I, m reproduisent exactement les phshiomenes manifestos dans l'air par le phosphore et le platine, qui sont, le premier diamagnetique, le second paramagnetique. Mais les orientations differentes des so- lutions s'expliquent par la difference des actions exercees sur la masse mobile et la masse environnante ou dans laquelle la masse mobile se meut, sans qu'il soit necessaire, pour les expliquer, de recourir a des polarites intimes ou moleculaires, s'exer^ant en sens oppose. Si Ton pretendait que la solution m a au sein de la solution /une polarite inverse de cede qu'elle a dans la solution n, il faudrait admettre, par cela meme, que la polarite depend de la masse, en tant que masse, qu'elle est independante de l'etat des molecules; car il est tres-difheile de supposer que les molecules de m soient plus affect^es par l'influence presque insensible exercee sur elles par le milieu fluide environnant, que par l'aimant dominant qui rend les milieux maguetiques. Or, ce serait aller contre toutes les ide"es reyues qui font dependre la polarite de la constitution molecu- laire iniime de la substance magnetique ou diamagnetique, sous l'influence inductrice de l'aimant. M. Faraday, pour son compte, ne peut pas concevoir que si, COSMOS. 325 lorsqu'une petite sphere du fluide mest attiree par un aimant quand elle nage au sein de la solution /, et repoussee quand elle nage dans la solution n, ses particules, sont tour a tour dans des £tats de po- larites contraires ; ou que si, pour un pole magnetique nord, c'est le cote le plus voisin de la particule qui du sein du fluide / se cons- titue dans un etat sud ; ce sera au sein du fluide n le cote le plus eloigne qui sera amenc" a ce meme etat sud. II ne comprend pas davantage que si les particules de la solution m se trouvent au sein des solutions I et n dans le meme etat polaire, l'ensemble entier du fluide m, considere comme masse, puisse se constituer tour a. tour dans des etats opposes. Temps. Un grand nombre d'experiences prouvent que le temps entre comme element dans la production des actions magntitiques ou magneto-electriques ordinaires, en ce sens qu'elles ne s'exercent pas instantanement, qu'elles ne produisent leur effet maximum qu'apres un temps donne. On a pu, par exemple, mesurer le temps necessaire pour que, sous l'influence d'un aimant. une masse de fer doux prenne toutle magnetisme qu'elle est susceptible d'acque- rir ; on a vu quelquefois ce temps s'elever a une minute et plus. II doit en etre de meme pour les phenomenes diamngnetiques. Une sphere ou un barreau de bismuth place dans le champs magnetique ne doit atteindre son maximum d'induction qu'apres un temps ap- preciable. Si, suivant 1' opinion des physiciens que nous avons deja nommes, l'effet de l'induction est de faire naitre dans le bismuth un dtat de polarite contraire a. celui de l'aimant, le bismuth, apres une premiere induction, doit etre moins favorable au developpement de Taction magnetique ; si, au contraire, la polarite" du bismuth n'est pas inverse de celie de l'aimant, le bismuth sera plus dispose" ou plus favorable au developpement de Taction magnetique apres l'in- duction qu'auparavant. On pouvait done esperer de decider la question controversee des polarites identique ou inverse, en exami- nant les dispositions du bismuth , apres une premiere induction ; mais dans toutes les experiences faites jusqu'ici par M. Faraday, le temps necessaire a la production de l'induction diamagnetique est reste completement insaisissable. M. le professeur Thompson a considere* sous un autre point de vue le rapport du temps avec la polarite magnetique. Une sphere de bismuth suspendue sans frottement au sein d'un champ magne- tique ne se dirigera pas et ne se mouvra pas, en raison de sa forme parfaitement symetrique. Mais si la polarite est inverse de celle de l'aimant, elle sera dans un £tat d'equilibre instable ; et si, admet- 326 COSMOS. tant que le temps est un des elements de l'induction, on fait subir a la sphere un deplacement meme tres-petit autour de son axe, par cela meme qu'alors la direction de polarite" fait un angle avec l'axe magnetique, le mouvement se continuera et se perpetuera indefini- ment ; on arriverait ainsi au mouvement perp£tuel produit par une force statique, ce qui semble une impossibility manifeste. [La suite au prochaia nume'ro.) RAPPORT DE SON EXCELLENCE M. LE MINISTRE DE L INSTRUCTION PUBLIQUE SUR l' EXTRACTION DE l' ALUMINIUM. Nous sommes heureux de pouvoir inserer dans notre recueil le Rapport de M. le Ministre de l'instruction publique sur les travaux de MM. Vohler et Deville, relatifs a l'extraction de 1' aluminium. Nous avons annonce des premiers les belles recherches du jeune professeur de l'Ecole normale ; nous avons montre aussi la part qui revient de droit a. M. Vohler dans cette noble conquete ; le Rapport de M. le Ministre vient completer et couronner tout ce qu'on a pu dire a l'eloge des deux savants. Voici ce Rapport : Sire, il y a quelquesmois, lorsqu'un metal nouveau, l'aluminium, £tait mis pour la premiere fois sous les yeux de I'Academie [des sciences, Votre Majestd, frappee des remarquables qualites qui le distinguent, voulut faire profiter immediatement l'industrie de cette ressource inattendue. Elle a trouve un heureux interprete de sa pensee dans l'habile chimiste qui £tait parvenu a produire r aluminium pur en masses sufnsantes pour mettre en lumiere ses caracteres aussi etranges qu'importants. Grace a l'impulsion de Votre Majeste et aux nouveaux efforts de M. Deville, professeur de chimie a l'Ecole normale superieure, les procedes d' extraction de 1' aluminium ont eHe regularises et simpli- fies ; les appareils qu'on y consacre ont recu une forme manufactu- riere ; les matieres premieres n^cessaires a sa production ont e^te- obtenues en abondance et a bas prix. L'aluminium figurera a l'Ex- position universale comme une des plus precieuses conquetes de la science et de l'industrie, et comme un eclatant t^moignage de 1'in- teret eclaire que Votre Majeste leur porte. COSMOS. 327 Lorsque ce metal extraordinaire, leger comme le verre, blanc et ^clatant comme l'argent, inalterable presque a l'egal de Tor, mal- leable et ductile au meme degre que ces metaux precieux, tenace comme le fer et fusible comme le cuivre, que le moulage , le lami- noir, la filiere, le marteau et la lime peuvent faconner, par conse- quent, sous toutes les formes, lorsque ce metal qui se trouve en abondance dans les plus viles argiles, aura pris sa place dans l'eco- nomie domestique et dans les arts, on ne s'etonnera plus de l'interet perseverant que Votre Majeste accorde aux tentatives qu'elle fait executer pour rendre son extraction plus facile et moins coiiteuse. Une fois de plus on reconnaitra que dans les sciences tout s'en- chaine, et qu'il fallait cette merveilleuse decouverte de la decompo- sition des corps par la pile, qui dota la chimie du potassium et du sodium, et qui valut a Davy le grand prix fonde par Napoleon Pr, pour amener, par les efforts successifs d'GErstedt, de M. Vohler et de M. Deville, a. cette autre decouverte non moins merveilleuse de la conversion de l'argile du potier en un metal qui vient rivaliser avec l'or et l'argent par son inalterabilite , et avec le fer par son abondance a la surface de la terre. Sire, je sais que l'aluminium, malgre l'extreme profusion de ses mines et des matieres employees a son extraction, ne peut pas riva- liser encore par son bas prix avec le cuivre ou l'etain, qu'il est des- tine a remplacer un jour. Une longue pratique industrielle pourra seule l'amener a ce point. Mais la science a noblement accompli sa tache. Elle a decouvert le metal, signale toutes ses proprietes, cree* les moyens d'extraction en grand; elle a tout invente, appareils, manipulations, et elle livre au commerce le fruit de ses etudes avec le plus rare desinteressement. Permettez-moi, Sire, de saisir ce moment ou le role de la science va cesser et oil celui de l'mdustrie commence, pour vous proposer de recompenser de si £minents services par une distinction reservee aux actions d' eclat, en conferant a M. Saint-Claire Deville, chevalier de la Legion d'honneur, le titre d'officier du meme ordre. Votre Majeste daignera , je l'espere , conferer le meme titre a M. Vohler. Ce chimiste eminent, Tun des plus brillants eleves de Berzelius, a non-seulement attache- son nom a la decouverte de l'a- luminium, mais a pris l'un des plus hauts rangs parmi les maitres de cette epoque qui ont fonde la chimie organique, et sera toujours signale dans l'histoire de la science comme le premier a qui il ait ete donne , au moyen d'elements mineraux , de constituer de 328 COSMOS. toutes pieces l'uree, c'est-a-dire June des substances animales les plus repandues. L'Allcmagne savante recevrait avec reconnaissance ce temoignage nouveau de l'interet que Votre Majeste porte aux progres de la philosophie naturelle. J'ai l'honneur d'etre, Sire, De Votre Majeste' Le tros-humble et tres-obeissant serviteur, Le Ministre secretaire d'Etat au departement de V instruction publique et des cu/tes, H. Fortoul. S. M. l'Empereur, apres avoir pris connaissance de ce Rapport, a nomme MM. Voider et Deville officiers de l'ordre imperial de la Legion d'honneur. — Nos lecteurs savent sans doute que le prix de transport des lettres affranchies de France en Angleterre, et d'Angleterre en Fiance, a ete diminue de moitie, ou reduit de 80 centimes a, 40 cen- times ; un nouveau projet de loi soumis par le chancelier de l'echi- quier a la deliberation de la chambre des communes, va bientot com- pleter cette bienheureuse reforme. Tous les journaux et les publica- tions impiinieesdont iepoidsnedepassera pas 4 onces, 120 grammes, pourront etre envoyes par la poste avec un timbre imprime ou un timbre de poste ordinaire. Le timbre imprime' permettra en outre de faire retouiner par la poste le journal ou la publication transmise dans les buit jours qui suivront l'envoi; le timbre-poste ne pourra servir que pour une simple transmission, sans retour. — Le gouvernement des Etats-Unis a, dit on, r^solu d'envoyer 1'eHe prochain une expedition a la recherche du lieutenant Kane, charge il y a quelques annees d'explorer les niers et les terres au nord de la baie de Baffin, et dont on n'a recu aucunes nouvelles de- puis l'ete de 1853. ACADEMIE DES SCIENCES. SEANCK DU 19 MARS. Apres l'installation de M. Delaunay dans le fauteuil reste vacant par la mort de M. Mauvais, M. Biot a pris la parole pour resumer la marche qu'il a suivie dans ses recherches sur la refraction astro- nomique, et faire ressortir nettementles consequences principales de son travail. A la suite de cette lecture, l'Acadcmie a procede a la nomination d'un membre destine a completer la commission qui doit presenter une liste de candidats pour le remplacement de M. Beau- temps-Beaupre. La majorite s'est portee sur M. Elie de Beaumont. — On se rappelle sans doute que M. le marechal Vaillant presenta, il y a quelque temps, a l'Acadcmie, plusieurs mdmoires de mathe- matiques laisses par M. Laurent a sa famille. M. Cauchy est venu demander aujourd'hui, au notn de la commission dont il etait l'or- gane , que les belles recherches du jeune officier du gdnie, enleve prematurement a la science par l'exees du travail, fussent inserees integralement dans le Recueil des savants elrangers, et qu'une commission fut chargee du soin de reunir, coordonner et surveiller l'impression de ces memoires. Le rapporteur terminait son rapport en appelant le bienveillant interet de M. le Ministre de l'lnstruction publique sur la famille de M. Laurent. Ce vceu que M. le marechal Vaillant avait emis le pre- mier en appelant sur M. Laurent l'attention de l'Academie, a recu, de meme que les autres conclusions du rapport, l'approbation una- nime de la savante Societe. — On a beaucoup etudie les corps gras dans ces derniers temps, etl'on a fait de grands progres dans la voie ouverte d'une maniere si brillante par M. Chevreul. On aurait pu croire ce sujet dpuise ; mais la communication que M. Pelouze vient de faire a l'Academie sur la saponification des corps gras et sur la separation spontanee de leurs acicles, montre qu'il y a encore matiere a decouvertes dans cette mine deja tant exploitee. M. Pelouze a constate, en effet, une sorte de fermentation des graines oleagineuses , que Ton pourrait appeler acirle et dont la source n'est pas encore connue. Cette fermentation spontanee a lieu hors du contact de l'air toutes les fois que Ton conserve pendant un certain temps les semences a huile broyees. Les matieies hui- leuses qui auraient dte neutres, si on les avait exprimees tout de suite apres le broyage des graines, se decomposent peu a peu et finissent par abandonner au tourteau tout ce qui neutralisait leurs 330 COSMOS. acides gras. II est facile de voir les nombreuses consequences que Ton pourra tirer de cette decouverte. Nous donnerons dans la pro- chaine livraison un extrait du M^moire de M. Pelouze. La lecture de ce travail a fourni 1 'occasion a M. Chevreul d'ex- poser quelques faits analogues observes par lui en etudiant certaines graines oldagineuses du Gabon que le Ministre de la marine avait mises a sa disposition. Ces sentences presentaient le singulier phe- nomene de la combinaison de leur acide gras avec de la chaux, dont l'abondance est encore un mystere pour M. Chevreul, qui a eu plus tard a sa disposition des memes graines mieux conservees, chez les- quelles la proportion de chaux dtait beaucoup plus petite que dans les semences decomposers. II y avait done eu chez de telles graines separation pr^alable des acides gras d'avec le corps qui les neutra- lisait, et combinaison successive de l'acide avec la chaux. Car la graine fraiche ne contient qu'une matiere neutre, et des substances azotees susceptibles de fermentation putride. Quelques-unes de ces semences paraissaient avoir eprouve" une decomposition analogue a celle des cadavres enterres, dont la graisse se change en adipocire ou gras de cadavre. M. Pelouze exprime le desir que les chimistes puissent ditudier des fruits frais d'elais guineensis (d'ou Ton extrait l'huile de palme), afin d'en isoler le ferment qui determine la separation spontanee des acides gras dans les graines ole"agineuses abandonees a elles- memes. — Nous ne saurions indiquer ici que par son titre un memoire de M. Bravais sur le degre de precision avec lequel l'ccil peut ap- precier le parallelisme de deux droites. M. Elie de Beaumont a fait remarquer a la suite de cette lecture que l'horizontalite' d'une ligne peut etre estimee par l'oeil a 10' pres, e'est-a-dire qu'une ligne ne parait plus horizontal a l'ceil des quelle fait un angle de plus de 10' avec l'horizon. — M. Constant Prevost continue la communication des docu- ments paleontologiques et geologiques relatifs al'oiseau fossiledont le tibia avait £te presente par lui a la seance pr^cedente. Le savant geologue semble vouloir rapprocher ces restes fossiles du bassin de Paris de certaines empreintes decouvertes en Amerique, qui pa- raissent appartenir a des pieds d'oiseau gigantesque. M. Valenciennes ne parait pas tout a fait convaincu que ces em- preintes soient la marque des pattes d'un oiseau, et semble vouloir les attribuer au passage de quelque reptile bipede. M. Milne Edwards fait remarquer l'absence d'une trainee ou COSMOS. 33! sillon entre ces empreintes, ce qui n'aurait pas pu avoir lieu si l'a- nimal dont elles marquent le trajet, avait ete un bipede trainant son corps a la suite de ses organes locomoteurs. A cette remarque M. Constant Prevost ajoute que la distance (lm, 30) entre les pas en question ne permet guere de les attribuer a un reptile bipede dont les-jambes tres-courtes ne sauraient s'^carter d'une quantite aussi considerable. M. Dumeril fait observer que pour etre certain que l'os presente par M. C. Prevost est reellement un tibia d'oiseau, il faudrait en posseder la partie superieure, afin d'y constater l'absence d'une saillie depassant l'articulation avec le femur, et faisant l'office du taquet d'arret des couteaux articules. lorsque l'oiseau veut se tenir sur une jambe. A cela M. Valenciennes repond que, ne possedant point la partie superieure de cet os, il a fallu recourir a d'autres ca- racteres, telsquelespoulies desextenseursdesdoigts; qui permettent meme de rapprocher l'oiseau fossile des albatros , avec lesquels il parait avoir beaucoup de rapports. — Apres cette discussion paleontologique dont la duree avait H6 considerable, la parole a ete donnee a M. Le Verrier, qui a expose succinctement ce que le gouvernement francais a deja realise et ce dont il n'a pu que formuler le projet, dans le but de perfection- ner en France l'etude des phenomenes meteorologiques. Cette com- munication tres-interessante, a laquelle l'Aceddmie a prete la plus grande attention, etait destinee a repondre aux desiderata que M. de Humboldt avait signales dans sa lettre a M. Elie de Beau- mont, que nous avons mentionnee dans le dernier numero. — M. Quatrefages demande la parole malgre l'heure tres-avan- cee pour faire connaitre un fait teratologique tres-singulier qu'il a pu dtudier chez les poissons, grace a la communication bienveiliante qu'il lui en a ete faite par M. Millet. Nous ne saurions analyser ici ]e travail de M. Quatrefages sur l'exposition tres-rapide qu'il en a faite ; il nous suffira d'indiquer qu'il s'agissait du mode de jonction des poissons monstrueux doubles, presentant plusieurs sortes d'ac- couplements, tantot se montrant soudds comme les enfants Siamois, tantot comme Rita Cristina, etc., etc. M. Serres fait ressortir tout l'interet qui se rattache a. cette ob- servation de M. Quatrefages. II raconte ensuite quelques cas de monstruosites doubles oil la dualite des individus etait parfaitement distincte. Un individu a deux tetes, entre autres, presentait ce bi- zarre contraste quel'une des tetes avait de grandes dispositions pour les mathematiques et ne pouvait souffrir la musique, pendant que 332 COSMOS. I'autre, a>sez bonne musicienne, detestait les operations mathema- tiques, de sorte que le pauvre homme ne pouvait jamais contenter ses deux tetes ii !a fois. Une autre remarque fort singuliere, indiquee par M. Serres, con- siste en ceci, que les organes internes de l'un des individus compo- sant le monstre double, se trouvent toujours retournes, ceux qui devraient etre a droite <5tant a, gauche, et reciproquement. Lacorrespondan.ee n'a pas ete completement depouillee, vu Theure avancee et le comite secret qui devait avoir lieu apres la seance. Parnii les pieces mentionnees par M. Elie de Beaumont, nous gjgnalerpns un memoire d'embryologie fossile comparee de M. A^assiz , une note sur des procedes photographiques par M Poilly, un livre de M. le commandant Rozet sur la pluie en Europe, et un memoire de M. Gaugain sur un appareil electrique qui fait fonction de soupape.Voici un extrait de ce dernier memoire, tel que M. Gaugain a bien voulu nous le communiquer : II existe une classe assez nombreuse de courants electriques que Ton considere comme etant formes par la succession de plusieurs autres courants, ayant des directions alternativement opposees ; i'ai pense que pour fixer definitivement la veritable constitution des courants composes dont il s'agit , il serait utile d'isoler les courants partiels qui les forment, et pour atteindre ce but je me suis propose de trouver un appareil qui jouisse (comme une soupape) de la pro- priete d'arreter les courants diriges dans un sens, tout en laissant passer les courants diriges en sens contraire ; j'ai successivement etudie plusieurs combinaisons qui remplissent plus ou moins le but propose et qui reposent sur les proprietds connues des pointes et sur Texperience du perce-carte; mais je me bornerai a decrire un appareil qui m'a donn6 des resultats beaucoup plus satisfaisants que tous les autres, et qui est base sur un fait d'observation que je crois nouveau. Si Ton prend un ceuf electrique ordinaire etqu'on recouvre d'une substance isolante la boule superieure ainsi que la tige et la virole qui la supportent, en ne laissant a nu qu'une portion excessivement petite de la surface de la boule, puis qu'on place l'ocuf ainsi prepare dans le circuit induit de I'appareil de Ruhmkorffen y faisant entrer en meme temps un galvanometre, on pourra constater les resultats suivants : quand les courants induits correspondent a la rupture de 1'inducteur (les seuls qui traversent le vide de l'ocuf), marchantde la boule couverte a la boule nue, l'intensitd du courant accused par COSMOS. 333 la deviation du galvanometre va constamment en augmentant lors- qu'on rarefie de plus en plus I'air contenu dans l'oeuf ; il n'en est plus de meme quand les courants induits marchent a travers l'oeuf de la boule nue a. la boule couverte; dans ce cas l'intensitd du courant va d'abord en augmentant a mesure que la pression de l'air diminue; mais quand cette pression vient a. descendre au-dessous d'une cer- tainelimite, la deviation du galvanometre decroit; pour une certaine pression, elle devient nulle et finit par changer de cote , lorsque le vide est fait aussi exactement qu'on peut le faire avec une assez bonne machine pneumatique ; ce sont des faits assez remarquables que cette diminution d'intensite correspondant a une diminution de pression, et ce renversement correspondant a une diminution plus grande encore, mais je ne cherche pas en ce moment a les inter- preter ; il suffit, pour le but que j'ai en vue, de constater le fait prin- cipal, qui consiste en ce que les courants traversent librement l'oeuf en marchant de la boule couverte a la boule nue et ne peuvent pas suivre la direction inverse lorsque le vide est convenablement fait j il resulte de lii que l'ceuf electrique, dispose comme je l'ai indique, peut jouer, par rapport a une certaine classe de courants elec- triques , le role que jouent les soupapes par rapport aux courants liquides. Je crois que l'oeuf-soupape pourra etre utilise dans un certain nombre de recherches, et je m'en suis deja servi pour resoudre une question que M. du Moncel a posee dans une de ses dernieres com- munications a l'Academie ; lorsqu'on interpose un condensateur dans le circuit induit de l'appareil de Ruhmkorff, le mouvement electrique continue ainsi que le prouvent les effets physiologiques etles phenomenes de lumiere qui se produisent dans le circuit, mais on peut faire deux hypotheses differentes sur la nature de ce mou- vement : on peut supposer que le courant se propage a travers la lame isolante du condensateur, comme il se propagerait a travers un corps conducteur, et dans ce cas sa direction est constamment la meme ; on peut supposer au contraire que les deux electricites de- veloppees par l'appareil d'induction s'accumulent sur les deux sur- faces du condensateur pendant le temps qu'agit la force electromo- trice et qu'elles se combinent ensuite, quand la force electromotrice a cesse d'agir ; dans cette derniere supposition le courant doit suivre alternativement deux directions opposees ; la discussion ri- goureuse des faits suffirait, je crois, pour decider laquelle de ces deux hypotheses est la vraie , mais la question peut etre resolue d'une maniere decisive au moyen des ceufs-soupapes. 334 COSMOS. Je suppose, pour fixer le langage, que le condensateur employe soit un carreau fulminant place" horizontalement et que sa surface inferieure ait ett§ mise en communication avec le pole negatif du circuit induit de l'appareil d'induction ; si Ton dtablit deux commu- nications differentes A et B entre le pole positif de l'appareil et V armature superieure du condensateur, que dans chacune de ces portions de circuit on fasse entrer d'abord un galvanometre, puis une soupape et qu'on dispose les deux soupapes de telle maniere que les courants puissent cheminer dans le circuit A du pole au con- densateur, et qu'au contraire ils ne puissent marcher dans le cir- cuit B qu'en se dirigeant du condensateur vers le pole, il est aise" de prevoir ce qui arrivera dans chacune des deux hypotheses entre lesquelles il s'agit de se prononcer. Si la direction des courants est constante, ils passeront exclusivement dans le circuit A ou exclusi- ment dans le circuit B, suivant la direction de l'inducteur ; si au contraire le mouvement electrique est forme par la succession de deux courants alternativement opposes , les deux circuits A et B seront parcourus simultanement par des courants de directions op- posees, etla direction de chacun de ces courants, determined par la seule disposition de la soupape , sera independante de la direction de l'inducteur ; or c'est de cette derniere fagon que les choses se passent; l'existence des courants qui traversent a la fois les cir- cuits A et B peut etre constatee soit par I'apparition simultanee de la lumiere dans les ceufs electriques, soit par la deviation des gal- vanometres ; les intensites des deux courants different tres-peu l'une de l'autre ; on en jugera par les nombres suivants : dans une de mes experiences la deviation correspondant au courant qui produisait la charge du condensateur a 616 de 63°, la deviation correspondant au courant qui effectuait la deeharge a ete de 6]°; il resulte evi- demment de cette experience que le mouvement electrique qui se propage dans un circuit interrompu par l'interposition d'une lame isolante, est forme par la succession de deux courants alternaltifs. Ce resultat permet de rendre compte d'un fait que j'ai mentionne' dans ma precedente note, sans en donner l'explication, je veux par- ler des apparences lumineuses symetriques que Ton observe dans le vide de l'oeuf electrique ordinaire (dont les deux boules sont nues); quand on oppose deux courants induits egaux, ainsi que je l'ai fait voir, les effete observes proviennent exclusivement de l'un des deux appareils d'induction employes; mais le mouvement electrique qui leurdonnenaissancese propageanta travers des substances isolantes, se trouve dans le cas des courants qui viennent d'etre etudies et COSMOS. 335 doit etre forme par la succession de deux courants opposes ; or ces courants se succedent dans un intervalle de temps plus court que la duree des sensations visuelles , les apparences lumineuses qui se manifestent doivent etre le resultat de la superposition des appa- rences que produiraient les courants de charge d'une part et les cou- rants de dccharge de 1' autre, s'ils agissaient isol£ment, tel est effec- tivement le resultat observed G. Govi. DERNIERE APPROXIMATION DU EAPPORT DE LA CIRCONFERENCE AU D1AMETRE. Nous croyons etre agreables aux personnes qui s'occupent de sciences exactes en leur donnant ici la valeur de w, calculee par M. W. Shanks avec530 decimales. Cette curiosite mathematique a ete presentee par M. William Rutherford, a la Societe Royale de Londres, en Janvier 1853. M. Rutherford avait dep calcule 208 chiffres de ce rapport en 1841; mais son calcul dlait entache d'erreurs, que M. Dase y decouvrit en calculant it avec 200 decimales. Le nombre de M. Dase, confirm^ par M. Clausen de Dorpat, qui poussal'approxi- mation jusqu'a la 250e decimale, engagea M. Rutherford a. re- prendre ses calculs et a les pousser encore plus loin. Cependant M. W. Shanks de Houghton-le-Spring avait evalue" le rapport tt avec 318 chiffres, en se servant de la formule de Machin. M. Ru- therford stimula aussitot M. Shanks a reprendre son travail et a de- passer les 400 decimales. Les deux calculateurs se mirent done a 1'ouvrage et peu de temps apres chacun apporta son resultat. Celui de M. Rutherford avait ete' porte jusqu'a 440 chiffres, celui de M. Shanks jusqu'a 530 et la partie commune de ce grand nombre s'accordait entierement. On peut done compter sur l'exactitude des 440 premiers chiffres de tt que nous allons donner avec les 530, cal- culespar M. Shanks. II n'est pas sans quelque interet de savoir quelle etait l'approxi- 336 COSMOS. mation du rapport de la circonfcrence au diametre a laquelle on ^tait arrive avant ce dernier resultat. ■k avait etc" determine par : Dicimales cxaotes. Archimede avec 2 Les astromes indiens ....'. 3 Joachim Rheticus 8 Pierre Metius 8 Viele 11 Adrieu Romanus 16 Ludolph van Ceuleu 36 A.Sharp 73 Machin 100 Lagny... 128 VeSa 1^1 Un inanuscrit de la Bibliolheque Ratcliff a Oxford • . . 135 Dase 200 Clausen 256 Shanks 318 Rutherford 440 Shanks S30 Voici maintenant la valeur de tt la plus rapprochee que Ton con- naisse : ■k = 3. 14159 26535 89793 23846 26433 83279 50288 41971 69399 37S10 58209 74944 59230 78164 06286 20899 86280 34825 34211 70679 82148 08651 32823 06647 09384 46095 50582 23172 53594 0S128 48111 74502 84102 70193 85211 05553 64462 29iS9 54930 38196 44288 10975 66593 34461 28475 64823 37867 83165 27120 19091 45648 56692 34603 48610 45432 66482 13393 60726 02491 41273 72458 70066 06315 58817 48815 20920 962S2 92540 91715 36436 78925 90360 01133 05305 48S20 46652 13841 46951 94151 16094 33057 27036 57595 91953 09218 61173 81932 61179 31051 18548 07446 23799 62749 56735 18857 52724 89122 79381 83011 94912 98336 73362 44065 66430 86021 39488. G. G, A. TRAMKLAY, proprietaire-gerant , FAIUS. — IMPKIMEl'.IE DE W. REMQUET ET cie, RtIB GARANCIERE, 5. T. VI. 3o MARS l855. QUATRIEME ANNEE. COSMOS- NODVELLES ET FAITS DIVERS. Nous trouvons dans la Literary Gazette quelques details inte- ressants surla mort de Gauss ; nous les roproduisons, en regrettant qu'on n'ait pas dit un seul mot de ses sentiments religieux et de la maniere dont il a du se preparer a mourir. II souffrait beaucoup d'un asthme assez ancien, et il a pass.' dans son fauteuil les trente derniexes heures tie sa vie.. Lorsque la nouvelle se repandit dans. Gcettingue que Gauss n'etait plus, ses amis et ses connaissances. coururent a I'Observatoire, et la, dans une chambre petite, simple, mat meublee, ils trouverent sans vie le corps de l'illustre professeur. II etait assis dans son fauteuil, les deux mains appuyees sur ses genoux, les jambes et les pieds etendus , la tete inclinee sur la poi- trine , le visage en partie cache- par les boucles de ses eheveux. blancs. On a fait l'autopsie de son corps : les professeurs Baum, Forster, Fuchs , Henle , Listing et Wagner ont examine avec le plus grand soin tous les organes essentiels de la vie ; ils n'ont pas public encore les re^ullats de leurs investigations. On a pns l'em- preinte de son cerveau, qui pesait trois livres ; on amesure" et des-? sine avec soin son torse et ses membres ; le c^lebre sculpteur Hese^ man, qu'on avait fait venir de Hanovre, a moule sa tete en platre : on a reuni ainsi tous les elements du monument qui doit etre elev6. a sa memoire. Le corps fut mis ensuite dans un cercueil ouvert et. expo-e dans la salle centrale de I'Observatoire, la tete couronnee de. lauriers : la salle a ete tiansformee en chapelle ardente. Lorsque le conseiller Van Warnstedt , representant du gouvernement Hano- vrien , fut arrive, suivi de tous les professeurs.de l'Universite en, grand costume, d'une deputation.de la.ville et de longues fi!es d'e"- tudiant^avee leurs bannieres, le cercueil, toujours ouvert, fut enleve" et plaoe sur la terrasse en avant de I'Observatoire : on cbanta des hyirmes, et deux discours furent prononces, l'un par M. le profes- seur Ewald , gendre du defunt , l'autre par M. le professeur Sar- torius, un de ses disciples les plus chers et de ses plus intimes amis. Le corps fut ensuite poi te au lieu du repos. Ces obseques ne sont- elles pas par trop paiennes, ou le recit n'est-il pas sorti de la plume d'un incredule ou d'un naturaliste moderne? La Literary Gazette i3 338 COSMOS. ajoute : » On raconte"que Laplace, a qui on demandait quel e"tait, a son jugement, le plus grand mathematicien de l'Allemagne, aurait repondu : « C'est Pfaff, le professeur de Gauss. — J'avais cm, reprit l'interlocuteur, que Gauss etait plus profond que son maitre. | — Mais, s'ecria Laplace, en meme temps que je proclame Pfaff le plus grand' mathematicien de l'Allemagne , je proclame Gauss le plus grand mathematicien du monde. » F. M. PHYSIQUE DU GLOBE. Aussitot leur arrivee aux Indes, MM. Adolphe Hermann et Ro- bert Schlagintweit ont transmis a la cour des directeurs de la Com- patmie des Indes une premiere note sur la temperature et la den- site des mers entre' Southampton et Bombay, voie de la Mediter- ranee et de la mer Rouge. Les jeunes et savants observateurs n'ont pas perdu un instant a bord ; leur traversed a ete une veritable cam- pagne meteorologique. lis communiquent aujourd'hui les resultats de leurs observations de la temperature et de la densite des eaux ; dans une note prochaine ils publieront leurs observations de la tem- perature et de l'humidite de l'air, ainsi que les resultats de deux experiences completes sur la quantity d'acide carbonique contenue dans l'air au-dessus de la mer Mediterrane"e et de la mer Rouge. Les instruments dont ils se sont servisdans leur etude incessante de la temperature et de la densite de l'eau a la surface et a une pro- fondeur de 18 a 30 metres, seules profondeurs que la marche du navire ait permis d'atteindre, sont : 1° quatre thermometres, com- pares avec soin avant le depart, a l'Observatoire de Kew ; on a determine de nouveau, a Bombay, la position du point zero et du point de l'ebullition de l'eau; Ton a constate ainsi qu'aucun des thermometres n'avait subi de variations. 2° Un appareil plongeur, construit par M. Adie : cet appareil, qui porte 5 ou 6 livres, est muni de deux soupapes tellement disposers qu'aussi longtemps que V appareil descend, l'eau le traverse de part en part avec une liberty absolue, riiais que des qu'on commence a le remonter, les soupapes se ferment d'elles-memes, emprisonnent completement l'eau puisne a la profondeur a laquelle on s'est arrete. MM. Schlagintweit se sont assures que la temperature de l'eau emprisonnee ne variait pas sensiblement pendant le soulevement de l'appareil. 3°Un areometre de M. Greiner, de Berlin, qui permet d'observer directement, avec trois decimales, la pesanteur specifique du liquide dans lequel onle plonge, et d'estimer approximativement la quatrieme decimale. Pour rendre les observations de pesanteur specifique comparables COSMOS. 339 entre elles, il fallait necessairement les require a une meme tempe- rature, ce qui ne s'est pas fait sans difficulte, parce que Ton ne con- nait pas exactement la dilatation de 1'eau entre 20 et 25 degres. Au inoyen d'un voluminometre tres-delicat , de M. Geissler MM. Schlagintweit ont trouve que cette dilatation etait de 0.000271 pour chaque degre centigrade ; Halstrom avait trouve" pour l'eau distillee 0,000219; une nouvelle serie d'experienccs, faites a Bombay, a donne pour l'eau de mer 0,000337. Les diffe- rences entre cette valeur et les precedentes doivent etre attributes a un petit changement de volume dans le voluminometre lui-meme ; MM. Schlagintweit regardent le dernier nombre comme le plus exact et ils en out toujours fait usage dans leurs reductions. Voici maintenant les resultats de leurs observations, accompagnees de quelques remarques generates. Ailantique. La temperature de l'Atlantique a 6te : De la latitude 45° a la latitude 41° N. de 17°, 5 a 18°, 5 c. De la latitude 39° a la latitude 37° N. de 20° a 21° c. La pesanteur specifique moyenne reduite a 17°, 5 c. est 1,0277. La temperature et la pesanteur specifique ne sont soumises qu'a de tres-petites variations en mer ouverte ou en pleine mer, aussi longtemps que Ton ne rencontre pas de courants ; mais dans le voi- sinage des cotes on constate des perturbations de diverses sortes. Dans les ports et les petites baies, la temperature de l'eau diminue d'une maniere sensible a des profondeurs de 15 a 20 metres; en mer ouverte, au contraire, la temperature a la surface de l'eau est generalement un peu plus basse qu'a la profondeur de 30 metres, et cet effet est du, sans aucun doute, a l'evaporation. Detroit de Gibraltar. Un courant anime d'une vitesse moyenne de 3 a 6 milles par heure coule ordinairement a travers le detroit de l'Atlantique dans la Mediterranee. On suppose qu'il existe en dessous un contre-courant; mais la profondeur du detroit est trop grande pour que MM. Schlagintweit aient pu atteindre ce cou- rant avec leur appareil plongeur. A Test du Detroit ils ont pu faire des observations en divers points sur l'eau de l'Ocean , presque au contact de la Mediterranee; elles s'en distinguent par leur tempera- ture et leur couleur. Le courant venant de l'Atlantique pour tra- verser le Detroit semble se diviser en plusieurs branches, par suite de cette multiplicite des courants du Detroit ; la pesanteur specifique non reduite des eaux de la Mediterranee semble , etc'estun faitdigne de remarque, etre sensiblement la meme que celle de l'Atlantique. Mediterranee. 1. Du detroit de Gibraltar a Malte : Temperature 3*0 COSMOS. de l'enu de 21°, 7 a 22° c. Pesanteur specifique reduite a 17", 5 (1,0287). 2. De Maltc a Alexandre : Temperature : 23"' a 24* c~ Pesanteur specifique reduite : 1,0298. Mer Rouge. Le maximum de pesanteur specifique trouVee duranl le voyage a ete vers l'extrcmit(5 nord du golfe de Suez, 1,0393' (rdduite). De la latitude : 27° a 23° N. Temp. : 24° a 28". Pesanteur srrfci- Ique reduite : 1,0315. De la latitude : 22° a 14°. Temp. : 30* a 31°, 5. Pesanteur specifique' reduite : 1,0306. Detroit de Bab-el-Mandeb. Les eaux du golfe dfAden etatitf moins denses que celle de la mer Rouge, coulent vers cette derni&rei mer des deux cotes de File de Perim ; cette eau plus frdidese deeou- vre a un demi-degr^ au nord du detroit. Mer arabique. De la latitude : 44° a 50. Temp. : 28", 8. Pe- santeur specifique reduite : 1,0275. Du meridiert du cap Guarda- foui a Bombay , temp. : 27" a 28". Pesanteur specifique : 1,02758- — On lit dans la- Literary Gazette : « Le chemin de fer qui devait unir l'ocean Atlantiqne a l'oceare Pacifique est actuellement acheve, et a l'heure ou nous ecrivons,.Jes trains s'elancent sans aucun doute d'une mer a • l'autre. II est vrai^ ment etrange que ce grand evenement preoecupe si pea l'attentitts publique. Ce chemin de fer part de Navy Bay sur L'Atlaiitiqn® et arrive a Panama sur le Pacifique; sa longueur entiere est && 49 milles, un peu plus de 60 kilometres ; la largeur de sa voie est de 5 pieds anglais ; ses pentes sontassez douces, les plus fortes son* de 60 pieds par mille au point le plus eleve' du cote de la mer Paefr- fique, et de 53 pieds par mille du cote de l'Atlantique ; la hauteur du point culminant au-dessus de la mer n'est que de 250- pieds. Quelques-uns des ponts batis sur son parcours sont en fer, et il est deja question de remplacerles ponts construits en bois. La defense- monte a 30 millions de francs ; elle sera de 35 millions quand lie fer aura partout remplace le bois. C'est bien peu de chose, on le vent* alors ;-urtout qu'il s'agissait d'une entreprise deelaree impossible ow aventureuse a l'exces. Cette r^ussite fait le plus grand honneur aux ingenieurs americains. La neutrality de l'isthme que le chemin tra- verse est garantie a la fois par les trois gouvernements des Etats*- Unis, de 1' Angleterre et de la Nouvelle-Grenade. » — Le Builder, journal anglais d'architecture, donne les details qui suivent sur la grande horloge desChambres du Parlement, con- struite par M. F. Dent, et qui devait etre installee en ftvrier der- jiier si la tour qui doit la recevoir avait ete prete : COSMOS. 341 « Le cadran a 22 pieds de diametre et sera le plus grand cadran existant dansle monde, avec une aiguille des minutes; la pointe de cette aiguille devra , chaque demi-minute , parcourir un espace de 7pouces. Le mouvement de 1'horloge marchera huit jours; celuide lasonnerie ne marchera que sept jours et demi, de telle sorte que le silence de la derniere demi-journee avertisse qu'il est temps de remonter le m^canisme. II faudra pres de deux heures pour enrouler seulement les cordes des tambours de la sonnerie. Le pendule a 15 pieds de long; les roues sont en fer fondu. La cloche des heures a 8 pieds de haut et 9 pieds de diametre ; elle pese de 14 a 15 tonnes ; le marteau seul pese 4 quintaux. La plus grande des clo- ches qui sonneront les quarts a les memes dimensions que la grande cloche de Saint-Paul, qui pese cinq tonnes et demie. L'ensemble entier des cloches de la sonnerie occupe un espace huit fois plus grand que l'espace rempli par une sonnerie de cathedrale au grand complet. » — Dans un rapport verbal que M. Duvernoy, quoique tres-gra- vement malade, avait adresse a 1' Academie, de son lit de souffrance, sur un memoire en allemand de MM. Roth et Wagner, relatif a des ossements fossiles, trouves a Pikerni, pres d'Athenes, le savant professeur emettait le vceu suivant : « Je pense avoir suffisamment eclaire" l'Academie sur l'importance des ossements fossiles de Pikerni et sur l'interet qu'il y aurait pour la science d'envoyer a Athenes une personne instruite pour continuer les fouilles executees avec tant de succes sous la direction du savant J. Roth au profit des col- lections de Munich. Les circonstances actuelles me paraissent extremement favorables pour obtenir du gouvernement de la Grece la protection necessaire. Quant a la personne qui pourrait etre chargee de cette mission, il serait impossible de reunir plus de titres a la confiance de l'Academie que n'en a M. le docteur A. Gaudry, qui a deja eu l'occasion d'etudier sous le rapport geologique le mont Pentelique et la localite de Pikerni. Je ne fais qu'emettre un voeu, qui m'est inspire par l'amour d'une science qui prend chaque jour plus d'importance parmi les sciences naUrelles, et dont elle est pour ainsi dire le complement... M. Cordier, s'associant a son savant confrere, a declare qu'au point de vue de la geologie, cette pro- position nelui semblait pas moins opportune qu'au point de vue de la paleontologie, et en consequence il a prie l'Academie de la prendre en consideration. Cette demande selon l'usage a ete" renvoyee a l'exa- men des deux sections de zoolosie et de sreoloffie. ASSOCIATION MfiTEOROLOGIQUE ENTRE TOLTES LES NATIONS. Reponse du president et du Conscil de la Societe royale a la consultation du Bureau du commerce. Nous avons cleja annonce" dans le Cosmos qua la suite de la c£- lebre conference de m^teorologie tenue a Bruxelles en 1853, le crouvernement anglais avait ordonne qu'il serait cr66 aupres du mi- nistere du commerce un bureau special charge de re'unir et de dis- cuter toutes les observations meteorologiques faites sur terre et sur mer par les savants et les marins anglais, suivant le plan d'en- semble propose par ML le lieutenant Maury, au nom des Etats- Unis, et accepte par les repr&sentants des divers gouvernements europeens. Acette occasion, les lords du comite" du Conseil prive- attache- au ministere du commerce ont invite la Soci<*t6 royale a recliger une sorte destruction qui mit en evidence les desiderata de la meteo- rologie et indiquat la meilleure marche a suivre pour decouvrir et formuler les grandes lois qui president a l'ensemble des pheno- menes meteorologiques. Avant de repondre a l'invitation qui lui etait faite et de donner la direction qu'on attendait d'elle, la Societe royale, representee par son president et son Conseil, a juge" n^cessaire de faire appel auk lu- mieres des savants qui, dans son sein et a 1'eHranger, se sont le plus occupes de mete"orologie. Cet appel a eteentendu, et les reponsesa la circulate adress^e par la Societe en juin dernier ne se sont pas fait attemlre. Parmi les savants etrangers qui ont pris part a cette croisade meteorologique on compte MM. Erman et Dove de Ber- lin, Heis de Munster, Kreil de Vienne, Maury de Washington, QueHelet de Bruxelles, etc. M. Dove, directeur des 6tablissements et des institutions meteo- rologiques de la Prusse, qui a dej'a tant fait pour la mtHeorologie, ne s^est pas contents de rdpondre ; il est venu en Angleterre pren- dre part aux reunions du Comite de la Societe royale, et sa colla- boration a etc" £minemment utile. Quand tousles documents ont et6 ration comme nous Tavons dit plus haut, et vous aurez resolu le probleme de la gravure des photographies. [Moniteur unwersel.) Nous avons fait une longue excursion dans Regent-Street, espe'rant que nous rencontrerions sur notre route quelque nouveautS photographique. Nous avons frappe a bien des portes : a celle de M. Mayall, a celle de M. Henneman, a celle de M. Claudet, etc. ; mais la reponse a 6t6 partout que la photographie dormait encore son sommeil d'hiver; quelle ne se reveillerait guere qu'au com- mencement d'avril, a la prochaine reunion de la Societe. M. Mayall reserve pour cette seance la communication d'expenences curieuses sur Taction des chlorures au point de vue de la conservation dela sensibilite, experiences qui lui ont 6te sugge><$es par la note de COSMOS. 351 M. Caron sur le collodion sec , inser^e dans le Cosmos. M. Claudet a medite et rdalise quelques perfectionnements importants dans la construction du stereoscope et la disposition des images stereosco- piques; nous en parlerons tres-prochainement. M. Henneman avait expose sur les tables de Royal-Institution, a la derniere soiree, une collection curieuse d'epreuves sur collodion, prises sur nature, et qui repr£sentaient dans leur costume fantastique et leur repoussante verite un certain nombre de sauvages de la race cafre, entre autres les tristes creatures que Ton a designees du nom d'hommes de terre. M. Henneman a bien voulu mettre une de ces collections a notre disposition : nous l'offrirons a M. Serres pourle musee d' Anthropo- logic Dans 1'apres-midi nous avons ete dedommage en admirant l'effet extraordinaire que produisent dans le grand stereoscope a reflexion de M. Wheatstone , les vuesmagnifiques, les paysages pittoresques fixes sur collodion, par MM. Roger Fenton, J.-D. Llewelyn, Ros- ling, Cundall, etc., etc. II est tout a fait impossible de s'imaginer sans 1' avoir ressentie l'impression que ce relief si saisissant et si na- turel cause dans l'ame. II nous tarde de produire a Paris ces vues que M. Wheatstone veut bien nous donner; ce grand stereoscope doit necessairement devenir un meuble indispensable de tout bril- lant salon. — MM. Diamond et Reade ont conseille, comme nous I'avons consigne autrefois, de faire entrer le brome dans la preparation des papiers photographiques. lis conseillaient, pour atteindre ce but, d'ajouter au double iodure de potassium et d'argent une certaine quantite de double bromure des merries bases. Mais un chimiste- photographe, M. Leachman, affirme que , dans la reaction qui suit le melange, les bromures sont decomposes, que le bromure d'argent est converti en iodure d'argent, et que par consequent l'addition des bromures n'a nullement pour effet de faire penetrer dans le papier ou de deposer a. sa surface du bromure ou du bromo-iodure d'ar- gent. Comme en re"alite cependant le papier prepare par la m^thode de M. Diamond parait plus sensible a. Taction des rayons verts et rouges, on pourrait expliquer ce fait par une modification dans l'ar- rangement moleculaire du depot d'argent sous la presence des bromures. ACADtiffllE DES SCIENCES. SEANCE DU 26 MARS. M. Liouville a ouvert cette stance par la lecture d'un rapport sur un Memoire de hautes matht'.matiques. Comme il ne nous a ete donne d'entendre ni le titre du travail examine ni le nom de l'auteur, nous dirons seulement quel'Academie a donne son approbation aux conclusions du rapport de M. Liouville et que le Memoire approuve" fera partie du Recueil des savants etrangers. — Les considerations pal^ontologiques presentees par M. Cons- tant Prevost a. la derniere stance ont souleve de grandes recrimina- tions contrelui. On pourra voir plus loin dans le Cosmos cette pomme de discorde, dont l'auteur essaye maintenant d'attenuer les effets. Dans ces questions dedicates on la reputation d'un savant est en jeu, nous ne saurions mieux faire que de raconter purement et sim- plement les choses telles qu'elles se sont passees, sans y aj outer de commentaires ni de critiques. Aussi, dans la crainte de ne pas don- ner aux expressions du savant geologue leur veritable valeur, nous comptons nous abstenir de les reproduire ici de memoire. Les Comptes rendus nous mettront a meme de les donner prochainement a nos lecteurs telles qu'elles ont eHe prononcdes , et nous les leur donnerons. — Nous glisserons egalement sur un Memoire de chirurgie lu par M. Jules Guerin. On sait avec quel amour cet habile operateur a cherche tous les moyens de rendre parfaites les operations ortho- pediques ; on sait aussi que les sections sous-cutanees ont acquis sous sa main une importance et une surete qui ont place" M. Guerin au rang des chirurgiens les plus ingenieux. Dans le Memoire que 1 au- teur est venu lire a 1' Academie, il s'est efforce de prouver la superio- rity de la methode sous-cutanee dans les cas tres-nombreux de sec- tions musculaires, dont il a lui-meme reuni presque tous les exemples. — Le rapport de M. Dumeril sur le Ragle du desert observe^ par M. d'Escayrac de Lauture ne nous parait pas non plus suscep- tible d'analyse. Si la lecture de cette piece nous paraissait pouvoir interesser les personnes qui s'occupent des hallucinations, nous nous empresserions d'inserer le rapport de M. Dumeril dans la pi ochaine livraison. — M. Berigny, un de nos meteorologistes les plus zt5les, et fonda- teur avec MM. Martins et Haeghens de l'Annuaire meteorolooique de France, a expose les resultats d'observations faites a VersaiHes et en Crimed, a midi precis, depuis le 22 decembre 1854 jusqu'au 31 Janvier 1855. COSMOS. 353 — M. Figuier ne se tient pas pour battu ; les experiences de M. Lehmann et les remarques de M. Bernard ne l'effrayent guere. Ii dispute pied a pied !e terrain a l'auteur de la Fonction g/ycogenique dufoie, et il faut avouer que ses argumentations paraissent ebran- ler fortement le bel edifice physiologique de M. Bernard. Voici, du reste, un court extrait du travail de M. Figuier, que l'auteur a bien voulu nouscommuniquer : " J'aurais desire ne pas entretenir encore l'Academie des expe- riences qui m'occupent en ce moment, et par lesquelles j'espere achever de demontrer que c'est a tort que Ton accorde au foie la propriete de secreter du sucre. Mais la communication qui lui a ete faite dans son avant-derniere seance, me decide a publier, des a present, la partie de mes recherches qui se rapporte au point decisif qui vient d'etre souleve. " II est dit, dans la Note presentee a l'Academie, que le pheno- rnene de la formation du sucre dans le foie •• est une verite physio- logique parfaitement etablie et completernent acquise a la science. « La demonstration de cette verite repose, dit-on, surtout sur ce fait, depuis longtemps reconnu, que le sang de la veine-porte est de- pourvu de sucre, tandis que le sang qui sort du foie est charge de ce produit : " Tous les arguments relatifs a la question de savoir si le « foie fabrique ou non du sucre doivent etre ramenes, dit l'auteur » de ce travail , a cette experience fondamentale, qui a pour objet « l'examen comparatif du sang de la veine-porte et des veines he- « pathiques. Tant qu'il restera etabli que le sang qui entre dans le » foie ne renfernne pas de sucre et que le sang qui en sort en con- " tient des proportions considerables, il faudra bien admettre que " la nmtiere sucree se produit dans le foie, car on ne saurait echap- « per a cette consequence de la logique la plus simple que, puisque « le sucre n'existe pas avant le foie et qu'il existe apres, il faut « bien qu'il se soit forme dans cet organe. •> " Or je viens annoncer a l'Academie l'existence certaine, incon- testable du fait que Ton revoque en doute, e'est-a-dire prouver que le sang de la veine-porte, au moment de la digestion d'un repas com pose de viandecrue, renferme une notable quantite desucre. " Voici les experiences qui e^ablissent ce fait : « Un chien jeune et de forte taille a ete prive de toute nourri- ture pendant trois jours. On a commence alors a le nourrir avec de la viande de bceufcrue, et Ton a continue pendant huit jours ce regime. Au bout de ce temps, le chien a ete laisse a jeun pendant quarunte heures. On lui a donne alors un repas compose* de deux 354 COSMOS. livres et demie de viande de boeuf, et deux hemes apres on a pro- cede a l'operation, qui consistait a recueillir scparement le sang de la veine-porte et celui des vaisseaux situ^s au-dessus du foie. A cet effet une incision a ete pratique^ au flanc droit de l'animal ; le doigt indicateur, introduit par cette ouverture, et suivant le bord inferieur du foie, a permis de saisir le paquet des nerfs et des vaisseaux qui p&ietrent dans cet organe : la veine-porte etant saisie, on l'a li£e. Apres cette ligature, on a ouvert l'abdomen, ce qui a permis d'a- percevoir les vaisseaux de 1'intestin noirs et gonflos par la stase du sang, suite de la ligature. Par une incision a ce dernier vaisseau, on a recueilli le sang. On s'etait procure de meme celui des veines mdsenteriques. Apres ces diverses operations, la poitrine de l'ani- mal a ete ouverte, et Ton a recueilli le sang du ventricule droit du coeur et de la veine-cave inferieure. « Voici les resultats auxquels a conduit l'analyse chimique comparee du sang de la veine-porte et du sang pris au-dessus du foie : « Sang de la veine-porte. — Ce sang pesait 102 grammes. II a ete coagule par 1' addition de trois fois son volume d'alcool. Le liquide, passe a. travers un linge, a ete rendu acide par quelques gouttes d'acide acetique et dvapore a siccite. En reprenant par l'eau distilled, on a obtenu una liqueur limpide qui a ete evaporce a siccite. Le poids de ce dernier residu etait de lsr,07. Une partie de cette liqueur, traitee par le react if de Frommliertz, a fourni un precipite abondant de sous-oxyde de cuivre, ce qui indiquait la presence d'une notable quantite de sucre. Cette quantite, d'apres l'analyse quej'ai faite d'une partie dece residu avec la liqueur cu- propotassique titree, eHait, pour 100 parties de sang, de 0,248. " Le sang des veines mesenteriques contenait aussi du sucre, mais la proportion n'en a point ete dosee. » Sang pris au-dessus du foie. — La quantite de ce sang etait de 25 grammes ; traits' comme precedemment, ll a laisse un residu du poids de 0er,150. Le reactif de Frommliertz n'aindique dans ce residu que des traces de glucose. ■• La meme experience a ete r6pet£e quatre heures apres le re- pas, avec un chien place dans les memes conditions que le prece- dent, et nourri exclusivement depuis douze jours avec de la viande de bceuf crue. On a trouve dans cette seconde experience 0,231 pour 100 de sucre dans le sang de la veine-porte, et 0,304 pour 100 dans le sang pris au-dessus du foie. " Je developpe dans mon M6moire les consequences auxquelles COSMOS. 355 conduit la comparaison de cesdeux experiences et je montre qu'elles font comprendre que le foie est un organe destine a tenir quelque temps en reserve, apres la digestion , le sucre qui doit ensuite etre deverse par les vaisseaux sus-hepatiques dans la circulation ge- nerale. « Les conclusions de ce Memoire sont les suivantes : " 1° Chez les chiens nourris de viande crue, tues deux et quatre heures apres les repas, il existe du sucre dans le sang de la veine- porte. « 2° Le sucre introduit dansle foie par la veine-porte sejourne un certain temps dans cet organe ; apres cet intervalle, il commence a etre chame" par les vaisseaux sus-hepatiques et transports dans le systeme general de la circulation. " 3° Quand la digestion intestinale est accomplie et que le tube di- gestif s'est entierement debarrasse de la matiere sucree fournie par les aliments, le sang qui, apres avoir parcouru le cercle de la circu- lation, retourne au foie par la veine-porte, est prive de glycose, mais en traversant le foie , il reprend une nouvelle quantite de ce pro- duit , de telle sorte que le sang des veines sus-hepatiques , verse* dans le cceur droit par la veine-cave inferieure , renferme necessai- rement une certaine quantite de sucre. « Apres avoir entendu la lecture de ces conclusions, l'Academie n'aura aucune peine a. reconnaitre que les faits contenus dans la communication qui lui a ete adressee au nom de M. Lehmann, ne sont point contraires a nos propres resultats. Que dit en effet M. Lehmann? Qu'il n'a point trouve de sucre dans la veine-porte des animaux a jeun, et qu'il en a trouve chez les memes animaux dans le sang des veines sus-hepatiques. Ce resultat n'a rien que de conforme a nos conclusions. On sait depuis longtemps que la foie conserve du sucre pendant plusieurs jours chez les animaux laisses a l'abstinence. C'est le residu des digestions interieures qui ne dis- parait que tres-lentement du tissu de cette glande, et dont on peut retrouver des traces meme apres dix a. douze jours de jeune absolu. II est done tout simple que dans le sang de la veine-porte d'un chien a jeun depuis deux jours, on ne trouve plus de sucre et que Ton en trouve dans celui des veines sus-hepatiques. Ce principe a ete tout simplement emporte par le sang dans son passage a travers un or- gane sucre. M. Lehmann n'a pas trouve de sucre, ou n'en a trouve que des traces, dans la veine-porte de chiens et d'un cheval soumis a differents regimes ; mais nous ferons remarquer que dans l'extrait du travail de M. Lehmann, communique" a l'Academie, on a n£- 356 COSMOS. glige de fa ire mention du nombre d'heures qui se sont ^coulees entre le repas et le moment de la saignee de la veine-porte. Cette cir- constanee etait cependant indispensable a etablir; car, supposez que le sang ait ete recueilh a une epoque eloignee de la digestion, sept a huit heures , par exemple, apres le repas, et l'absence du sucre dans le systeme de la veine-porte n'aura plus rien que de simple et de tres-naturel. II est done indispensable que l'oubli que nous sigr.a- lons soit repai e. Nous ajouterons que, d'apres la maniere dont sont represented, dans l'extrait du meme travail, les rosultats numeriques, il est presque impossible de les comprendre. En effet, dans le tableau re- eapilulatif , les chifTres paraissent se rapporter a cent parties de sang pris dans sa totalite ; de telle sorte que, pour prendre un exemple, dans le premier resultat inscrit sur le tableau, on attri- bueiait au sang des veines hepatiques du chien a jeun 0,764 pour cent de la totalite du liquide sanguin ; mais, dun autre cote, dans le cours de la redaction , M. Lehmann annonce qu'il rapporte ses resultats a des fractions du residu alcoolique du sang. Laquelle cbuL-ir de ces deux manieres si differentes de representer les re- sultats dune analjse chimique? On comprend que jusqu'a ce que 1'auteur meme de ces recherches ait nettement indique ce qu'il a obienu, il faut renoncer a discuter de pareilles ambiguites. « On voit, d'apres les l'aits contenus dans ce M&noire, que la theorie de la formation du sucre dans le foie n'est pas en litige : elle est jugee. La question qui reste a decider, e'est de determiner q.uelles sont, dans l'alimentation, les matieies qui apportent au foie le sucre que Ion tioave dans son tissu, et anterieureineiit clans la veine-porte. Ce sera l'ohjet d'un nouveau Memoire que j'aurai 1'honneur de soumettre incessamment aujugement de l'Academie. » — M. Pelouze fait connaitre, au noiri de M. Delanoiie, un pro- eede qui a permis a ce cbimiste d'utiliser le soufre qui est perdu aabitue. lenient avec les maics de soude. On sait , en effet , que le procede Leblanc laisse comine residu de la fabrication de la soude une assez grande quantite de sulfure calcique. veritable caput mor- iuum qui est jete coinme matiere inutile. M. Delanoiie a eu l'heu- reu=.eidee de lunebouillirle marc de soude avec une certaine quantite ike soufre, pour obtenir un polysulfure de calcium soluble qui peul servir a preserver les vignes contre les atteintes de l'oidium, au trai- tement de certains manganeses cobaltiferes, a la preparation des esux sulfureuses artificielles, etc., etc., etc. Le polysulfure de cal- eium ainsi obtenu ne coute presque rien , car le marc de soude est COSMOS. 357 absolument sans valeur, et la quantite de soufre dont il faut l'addi- tionner ne repr^sente que la moitie de ce qui est necessaire a la constitution definitive du potysulfure de calcium. — M. Dumas paraissait tout fier en presentant a 1'Academie diflerents travaux de membres appartenant aux Facultes de pro- vince. II est tres-desirable , en effet , que la decentralisation du savoir et de l'activite s'opere en France, ou la centralisation exces- sive commencait a produire de graves inconvenients. II en est de cela comme des methodes analytiques et synthetiques employees a l'etude des sciences. La svnthese est excellente, mais a la condition qu'elle n'arrivera qu'apres de longs travaux analytiques ; et lors- que son oeuvre est achevee , lorsque tous les resultats de l'analyse ont ete groupes, coordonne's, discutes et systematizes, il est temps que l'analyse reprenne son cours et que la synthese attende pa- tiemment son tour de role. Aussi , nous comprenons parfaitement la joie de M. Dumas en voyant les provinces verser d'abondants travaux scientifiques dans le grand reservoir de la capitale. Paris a regne cinquante ans ; a la France maintenant l'autre moitie du siecle ! Voici quels ont ete les Memoires presented par M. Dumas : D'abord des recherches de M. Isidore Pierre sur la composition des fourrages et des autres matieres alimentaires destinees a la nu- trition des bestiaux. Le laborieux correspcndant de 1'Academie a cherche surtout a determiner la richesse en azote des differentes parties des plantes fourrageres. II est resulte de ces recherches que la proportion de l'azote dans les parties superieures des plantes peut etre quatre fois plus graiule que celle contenue dans la partie infe- rieure et dans les racines. Les regains sont en general beaucoup plus riches en azote que les premieres coupes. M. Boussingault fait observer, a propos de cette communication, que depuis longtemps il avait constate jui-meme cette difference entre les foins et le regain , mais que les agriculteurs n'etaient pas disposes a reconnaitre la superiorite du regain comme matiere ali- mentaire. Celatient, d'apres M. Boussingault, a ce que Ton rentre ordinairement fort mal les regains, ce qui leur fait perdre une grande partie de leurs avantages. M. Payen confirme ce que vient de dire M. Boussingault, et ajoute que ses analyses lui ont aussi prouve que la partie superieure des bles est beaucoup plus azotee que leur partie inferieure. — Un autre Memoire presente par M. Dumas est relatif aux lois du magnetisme de rotation. Le nom de son auteur, M. Abria, 358 - COSMOS. suffit pour prouver combien ce travail doit etre digne de fixer l'at- tention des physiciens ; nous le publierons prochainement. — M. Bineau s'est occupe de la determination de l'ozone con- tenu dans Fair , en employant la methode ozonometrique de M. Schonbein. II paraitrait , d'apres ces recherches, que l'air de Lyon serait plus riche en ozone que celui de Paris. — MM. Boutron et Boudet ont applique a 1'analyse des eaux potables une solution titree desavon, qui permet de determiner avec rapidite la quantity de sels calcaires ou autres que ces eaux peuvent renfermer. L'ebullition prealable debarrasse l'eau du carbonate de chaux quelle contient ; le traitement par l'oxalate d'ammoniaque precipite le chlorure et le sulfate calciques : l'eau de savon sert alors a mesurer les sels magnesiens qui restent dans le liquide. Ce pro- cede , extremement rapide , tres-sfir, et qui peut etre repdte un tres-grand nombre de fois, permet de constater les plus petites dif- ierences de composition des eaux potables. Ainsi, les auteurs ont reconnu que l'eau de la Seine prise au milieu du fieuve differe de 1 eau puisee pres des bords. On voit tout de suite combien le petit appareil et la methode analytique de MM. Boutron^et Boudet peu- vent etre utiles aux voyageurs, qui ne sauraient entreprendre de longues et patientes analyses dans leurs rapides excursions a tra- vers des pays eioignes. — M. Milne Edwards presente un Memoire de M. Dareste sur la conformation exterieure du cerveau des mammiferes dans ses rapports avec les classifications zoologiques. — M. de Verneuil donne lecture d'une lettre du directeur de 1 Observatoire de Madrid, faisant connaitre a, l'Academie toutes les mesures qu'il a prises pour etablir en Espagne un tres-grand nom- bre de stations meteorologiques pourvues d'excellents appareils 6talonnes par les meilleurs constructeurs. Decidement, la meteoro- logie est a l'ordre du jour, et 1'initiative prise par M. Le Verrier a porte vite et abondamment ses fruits. — Nous avons a peine entendu le titre d'un Memoire presente' par M. Cauchy, et qui etait relatif au nombre des racines d'une Equation. — La corresppndance a ete depouillee par M. Flourens. Nousy avons remarque un travail de M. Jules Regnauld sur la cauterisa- tion electrique ; deux lettres, dont une de M. d'Hombres-Firmas, ayant pour objet de contester le froid excessif de Montpellier signale par M. Martens ; une Note de M. Herpin sur les bains et les douches d'acide carbonique , tres-usites en Allemagne ; une cosmos. 359 reponse de M. Thomas Stevenson a une lettre de Fresnel sur la lumiere. — MM. Morescot et Riquetti adressent les rdsultats de quelques experiences sur la duree de la vie des spermatozoaires. Ces mes- sieurs ont reconnu que les animalcules seminaux peuvent etre en- core en vie deux jours apres leur sortie du corps d'un animal, et ils ont imlique les dissolutions de phosphate et de carbonate de soude comme tres-propres a faire reconnaitre la vitalite de ces etres microscopiques. — La correspondance contenait en outre un Memoire de M. Mil- Ion sur la decortication du ble ; des remarques de M. Marchal (de Calvi) sur 1'angine couenneuse qu'il a traitee avec succes par le car- bonate de soude ; puis un assez grand nombre d'autres lettres, notes et brochures adressees par plusieurs personnes pour concourir aux differents prix academiques. — La demande d'un geometre qui desire un rapport, sur un tra- vail pourlequel les commissaires avaient repondu verbalement qu'on n'en ferait pas , donne motif a M. Flourens d'insister pour que ces refus de rapports soient formellement notifies aux personnes qui les ont provoques. — M. Dupin voudrait qu'on evitat de blesser ainsi des susceptibdites quelquefois tres-dignes de managements ; mais M. Thenard prend la parole et declare qu'en sa qualite de vice- doyen de l'lnstitut il a le droit d'accuser hautement ses confreres, et surtout les plus jeunes d'entre eux , de la negligence que Ton met a rediger des rapports. « Jadis, s'ecrie-t-il, les choses se pas- saient autrement : on faisait des rapports tres-courts, mais on ne gardait pas a perpetuite les travaux en portefeuille ; et lorsqu'il n'y avait pas lieu a faire de rapport, on le disait aussi poliment que possible, mais on ne le cachait pas aux personnes interessees. » M. Regnault pretend qu'il y a trop de travaux presentes niainte- nant pour qu'd soit possible de faire tous les rapports demandes. M. Thenard repond que Ton fait moins de rapports a present qu'on n'en faisait jadis quand le nombre des travaux etait moindre. — Cet incident a ete suivi par la presentation de quelques autres pieces ; apres quoi la parole a ete donnde a M. Elie de Beaumont pour completer le depouillement de la correspondance de l'autre semaine ; mais l'heure tres-avancee et le comitd secret qui devait avoir lieu apres la seance ont an ete, des ses premieres lectures, le secretaire perpetuel, dont la correspondance s'est trouvee ainsi rtn- voyee a huitaine. G. Govi. VARIETES. SEMARQUES SUR LA SECRETION DU SUCRE DANS LE FOIE , FAITES A LOCCASION DE LA COMMUNICATION DE M. LEHMANN. PAR M. CL. BERNARD. « Lorsque, il y a six ans, j'annoncai aux physiologistes que le sucre est un produit normal de secretion chez l'liomme et les ani- maux, i'eHablis par des preuves experimentales diverses que cette fonction animale, restee jusqu'alors inconnue , devait etre localisee dans le foie. Pour prouver que la matiere sucree estbien r^ellement formde dans l'organisme, qu'elle ne vient pas du dehors et qu'elle prend naissance sur place dans le foie oil on la trouve, j'instituai une experience physiologique qui est nette et decisive. Sur desanimaux carnivores, nourris exclusivement pendant des temps tres-conside- rables (trois, six ou huit mois) avec de la viande cuite a l'eau et dans laquelle l'experience directe ne d^cele pas la moindre trace de ma- tiere sucree, je recueillis le sang de la veine-porte avant son entree dans le foie et je n'y constatai jamais, dans des conditions physio- logiques convenables, la presence du sucre, tandis qu'en recueillant le fluide sanguin dans les veines hepatiques, a sa sortie du foie, j'y jjencontrai constamment du sucre en grande quantitc. « Depuis lors , ces r&sultats out eHe" partout verifies par les phy- siologistes exerc^s qui les ont reproduits en Angleterre , en Alle- magne , en Hollande , en Amerique , etc. Les belles analyses de M. Lehmann, sur la composition comparee des sangs de la veine- porte et des veines hepatiques confirment pleinement, au point de vuechimique, et avec une autorite des plus considerables en pareille Hiatiere, mes propres recherches ph}'siologiques. « Tous les arguments relatifs a la question de savoir si le foie fabrique ou non du sucre , doivent etre ramenes a. cette experience fondamentale qui a pour objet l'examen comparatif des sangs de la reine-porte et des veines hepatiques ; et tant qu'il restera etabli que le sang qui entre dans le foie ne renferme pas de sucre, et que le sang qui en sort en contient des proportions considerables , il faudra bim admettre que la matiere sucree se produit dans le foie, ear on ne saurait echapper a cette consequence de la logique la plus simple : que , puisque le sucre n'existe pas avant le foie, et qu'il existe apres, il faut bien qu'il se soit forme dans cet organe. « Mais le sucre secrete dans le foie se repand ensuite dans tout li'organisme, au moyon de la circulation qui le porte par la veine- COSMOS. 3d cave dans le cceur droit , puis dans les poumons, etc. Suivant les quantities de sucre qui s'echappent du foie, cette matiere peut se trouver diHruite en traversant le poumon , ou bien , dans certains cas, et particulierement pendant et aussilot apres la periode diges- tive, un exces peut se repandre plus loin dans le systeme artenel et meme dans le systeme veineux superficiel. Neanmoins , dans tous ces cas, on constate invariablement que la proportion de sucre diminue d'autant plus qu'on s'eloigne davantage du foie qui est son lieu d'origine. Ce sont ces resultats phy>ioIogiques que viennent encore prouver, de la maniere la plus evidente, les analyses de M. Lehmann. « Cette diffusion du sucre dans tout l'organisme explique done comment cette matiere peut se rencontrer dans le sang de toutes les parties du corps. En 1846, M. Magendie a lu a cette Academie, sur la presence normale du sucre dans le sang , un Memoire dans lequel il indique deja que e'est surtout au moment die la digestion que Ton trouve la matiere sucree en plus grande quantite dans le sang. Ce fait etait done connu et admis par les physiologistes de- puis longtemps, bien qu'on ne cowavtt pas la formation physiolo- gique de cette matiere dans le foie, ainsi que je l'ai etabli. « Mais il est arrive que certains auteurs , ne repetant pas mes experiences melhodiquement et dans les conditions physiologiques requises, n'ont necessairement pas pu comprendre le rapport qui existe entre cette diffusion du sucre dans l'organisme et son point reel d'origine. « C'est ainsi que M. Schmidt, en 1850, se fondant sur ce qu'il avait trouve du sucre en quantite variable, mais toujours tres-faible tantot dans le sang des saignees pratiques sur I'homme ( traces de sucre non dosees), tantot dans le sang des animaux de boucherie (0&r,00195 a 08r,0074 pour mille dansle sang de boeuf), etc., arrive a comparer la diffusion du sucre dans le sang avec la diffusion de l'uree, et pou^sant sa coinparaison jusqu'au bout, cet auteur ad met purement par hypothec que la formation du sucre, ainsi que celie de l'uree, ne sont localisees dans aucun organe, mais que ces subs- tances se forment partout dans l'organisme, l'uree aux depens des matieres azotees, et le sucre aux depens des matieres grasses. « Quant aux experiences de M. Schmidt sur la presence du sucre dans le sang, et quant a celles qu'on a pu reproduce depuis dans de semblables conditions, elles peuvent avoir en elles-memes et au point de vue chimique, la valeur qu'on leur accordera ; mais on Jie saurait leur en reconnaitre aucune au point de vue physiologique, 362 COSMOS. parce que les auteurs n'ayant pas tenu compte de 1'examen compa- ratif du sang de la veine-porte et du sang des veines hepatiques, leurs analyses restent insuffisantes et ne peuvent s'appliquer a la question qui nous occupe. « Lorsqu'on asoin, comme la fait M. Lehmann , d'instituer des analyses comparatives du sang dans tous les points du systeme cir- culatoire, en se placant dans les conditions que la physiologie indi- que, toutes les experiences s'enchainent naturellement pour etablir que le sucre, veritable produit d'une secretion interieurs , a laquelle i'ai donne" le nom de glycogenic, prend naissance dans le foie, aux depens des elements du sang et independamment de l'alimentation feculente et sucree, pour se repandre ensuite dans tout 1'organisme, oil il se detruit successivement en s'eloignant de son lieu d'origine. « Si Ton ne fait au contraire que des experiences incompletes en se placant dans des conditions non methodiquement et physio- logiquement delerminees, on peut , par Interpretation des resul- tats, arriver aux confusions les plus £trangps. C'est ainsi , par exemple, que cette comparaison du sucre avecl'uree, qui, au point de vue chimique , parait peut-etre sptkieuse, ne saurait un seul instant soutenir 1'examen physiologique. « Comment pourrait-on imaginer, eneffet, que le foie joue, par rapport au sucre , le role d'un organe depurateur, condensateur, filtmteur, ou qu'il est a la matiere sucree ce que le rein est a l'uree, quand nous savons que le sang qui entre dans le foie ne contient pas de sucre , mais que le sang qui en sort en contient beaucoup, tandis que pour le rein, au contraire, l'uree existe dans le sang qui entre et ne se trouve plus dans le sang qui sort ; quand nous savons enfln que si Ton supprime les reins , on fait accumuler l'uree dans le sang, tandis que si Ton arrete la fonction du foie en detruisant certains nerfs qui s'y rendent , le sucre disparait complement et rapidement de l'organisme? II y a done la , d'une part, un pheno- mene de production ou de secretion , et , d'autre part, un pheno- mene d'expulsion ou d' excretion que Ton doit distinguer de la ma- niere la plus radicale , au lieu de chercher a etablir entre eux un rapprochement impossible. « Je me bornerai a ces quelques remarques pour montrer que les recherches chimiques appliquees a l'explication des phenomenes de la vie ne sauraient etre instituees vaguement et comme au hasard, mais qu'elles doivent reposer au contraire sur la connaissance de conditions fonctionnelles precises que la physiologie seule peut determiner. COSMOS. 363 «< En finissant, je ferai remarquer, ainsi que Ton a pu s'en con- vaincre, que la formation du sucre dans le foie n'est pas en litige. C'est une v&ite physiologique parfaitement etablie et complete- ment acquise a la science. La question qui se trouve actuellement en jeu, c'est de savoir quels sont les elements du sang que le foie utilise pour fabriquer la matiere sucree. L'hypothese de cette for- mation du sucre aux depens des matieres grasses se trouve renver- see par mes experiences, dans lesquelles j'ai fait voir que l'alimen- tation purement graisseuse diminue la proportion du sucre dans le foie et la quantite de cette matiere dans tout l'organisme. II reste a examiner la theorie de la formation du sucre aux depens des ma- tieres azotees , que les analyses chimiques de M. Lehmann et mes experiences physiologiques indiquent. C'est le sujet dont j'entre- tiendrai incessamment l'Academie. » GEOLOGIE. NOUVEAUX DOCUMENTS SUR LE GISEMENT DU GASTOR- NIS PARISIENSIS ET CONSIDERATIONS GENERALES SUR LES VESTIGES LAISSES PAR DES OISEAUX DANS LES TERRAINS DES DIVERS AGES. PAR Jf. CONSTANT PREVOST. «■ M. Constant Prevost prend occasion du fait nouveau qui vient d'etre introduit dans la science pour jeter un coup d'oeil rapide sur la repartition et les circonstances de gisement des debris et vestiges d'oiseaux conserves dans le sol a diverses epoques, depuis les em- preintes de pas signalees dans les gres rouges du trias superieur du Massachussets, jusqu'aux ossements et oeufs recueillis dans les de- pots les plus modernes, k la Nouvelle Zelande et a Madagascar, et il cherche a deduire des observations constatees quelques conse- quences relativement a la valeur des caracteres fournis par les fos- siles pour classer et distinguer soit les formations, soit les terrains, et a l'insuffisance des documents que les vestiges de corps organises peuvent fournir pour tenter ia solution de questions de la plus haute ported philosophique, que plusieurs geologues, ou piutot paleonto- logistes, croient cependant pouvoir resoudre deiinitivement , telles que : « La fixation de I'epoque absolue de la creation des premiers etres a la surface de la terre • " Cedes d epoques successives d'apparitions des diverses clas- ses , ordres, genres et e.>peces; « Des epcques de destruction des etres dont on ne retroiwe plus les analogues ; 364 COSMOS. " Le tableau exact des /lores et fannes aux diverses, periodes geologiqies ; « Les relations et proportions niuneriqnes entre les especes fossiles et les especes vivantes-; <• La preuve de revolutions generates, et subites separees par des interval les de repos, etc. •• M. Constant Prevost declare profiter de la circonstance comme il le fait en toute occasion analogue, pour protester, an nom des-1 progres de l'histoirede la terre et de celle des etres qui en out couvert sans interruption la surface, depuis le moment de la creation jusqu'a l'instant actuel, contre ces solutions anticip^es dont le moindre in- convenient est de discrediter une science assez riche de faits pour que les vrais geologues se fassent un devoir de ne proposer que des- demonstrations sinon evidentes , au moins deduites logiquement d'observations bien discutees. « II regarde en definitive comme une erreur grave et un prejuge/' sans fondement scienlifique la croyance trop generalement accre- ditee, que les animaux et les vegeHaux devenus fossiles ont ete plar ce*s dans les couches minerales qui conservent les traces de leur existence , par suite de ce que Ton appelle les revolutions du globe; ce que Ton designe ainsi ne.sont que des eve>iements et ac- cidents plus ou moins locaux qui ont pu deplacer lesetres, en faire peVir un tres-grand nombre, mais la plupart des victimes de ces reV volutions pretendues universelles ne sont pas celles qui ont laisse les temoignages d'etres anciens; la plupart de ceux-ci ont ete pla- ces dans les nombreux feuillets du sol par des causes lentes, succes- sives, naturelles, analogues a celles qui agissent chaque jour sous nosyeux. » A. TRAMBLAY, proprietaire- gerant. PARIS. — IUFRIMERIB DE W. REMQUET ET C", R*JE GARANCIERE, 5. T. VI. 6 AVRIL 1855. QUATRIOIE ANNEJ-. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. Dansle discours par lequel il a inaugure, le 30 novembre dernier, la reprise des seances de la Societe royale, et fait ses adieux a l'il- lustre corps qu'il a si longtemps preside, M. le corate de Rosse a cru devoir refaire l'histoire de la machine a calculer ou machine differentielle de M. Babbage. C'etait a la fois et un acte de haute loyaute et un acte de courage ; M. Babbage a etc si violemment attaque" dans ces dernieres annees, Ton sait si peu a quoi s'en tenir sur la realite de son invention et la possibility d'execution de ses plans, que nous croyons nous aussi faire a notre tour une bonne ac- tion en traduisant le passage du discours du noble lord : " Vous vous rappelez, dit-il a ses collegues , qu'en 1823 , votre conseil, a la demande des lords dela Tresorerie, chargea une com- mission de lui faire un "rapport sur un projet de construction d'une machine a calcul, appelee par son auteur, M. Babbage ma- c/tine a differences. Cette commission, j'ose le dire, dtait compost d'hommes eminents, au double point de vue des connaissances theoriques et pratiques qu'exigeait un semblable examen ; elle n'hi- sita pas a conclure que le gouvernement devait aider M. Babbage a mener a bonne fin sa belle entreprise. Les lords de la Tresorerie acquiescerent a ce voeu et Ton se mit a. Toeuvre. M. Babbage sur- veillait le travail avec Constance et avec zele ; il preparait les des- sins, il faisait les calculs et fournissait toutes les donnees theoriques exigtes par l'execution; le gouvernement faisait les frais mah'riels et payait le travail manuel ; mais on rencontra de grandes difficulte's dans l'outillage et la realisation me'canique du plan propose. En ' 1828 le gouvernement consulta une seconde fois la Societe" royale ; une commission, delibera de nouveau, et le resultat dela delibera- tion et de son examen fut que les progres faits jusque-la dans la construction etaient satisfaisants, eu egard aux difficulte's de l'en- treprise, et que la machine repondrait tres-probablement aux espe'- rances de l'inventeur. Le conseil adopta ce rapport et le transmit au gouvernement, en lui recommandant for t em en t de continued 'en- i4 366 COSMOS. treprise. Le gouvernement, prenant en consideration les nouvelles recommandations, donna de nouveaux fonds, sous la condition que la machine une fois construite deviendrait une propri£te publique ; et le travail continua. En 1830, nouvel appel du gouvernement a la SocieHe royale : nouvelle commission, nouveau rapport. Le rapport, qui ei. trait dans les plus grands details, parut satisfaisant au Tresor, et la SocieHe royale fut prevenue que des fonds seraient donnas a. gpoques fixes jusqu'a complet achevement de la machine. Mais une nouvelle difficult^ surgit tout a coup. On jugea necessaire de changer l'ingtmieur-mecanicien charge- de conduire le travail , et Ton fut tout surpris d'apprendre que, d'apres les regies ou coutumes du commerce anglais, les outils, quoique fabriqu^s aux frais du gouvernement, etaient en realite" la propriete particuliere de l'inge- nieur renvoye. II fallait done ou faire le sacrifice d'un outillage si dispendieux, ou le conserver en acceptant un arrangement pour le- quel l'ingenieur demandait une somme considerable. L'ceuvre fut alors suspendue , et dans l'intervalle de la suspension des travaux, le ministere fut change. La science fut pesee au poids de Tor sur de nouvelles bases; il fut resolu qu'on n'irait pas plus loin. Aucune en- treprise n'avait commence sous d'aussi favorables auspices : le gou- vernement avait pris l'initiative; il avait demande un avis, et cet avis etait donne" par la plus haute autorite" scientifique de l'Angle- terre, par votreconseil, que guidaient des hommes eminents, Davy, Wollaston, Herschel. La mise a l'ceuvre fut deicdee par votre con- seil ; votre conseil suivait tous ses progres. Le premier grand effort tente pour venir en aide a 1 'intelligence par la construction d'une machine a calcul, echoua done tristement dans cette contree intel- ligente; il echoua, je suis force" de le dire avec un regret profond, et quoique cet aveu offense ma qualite" de citoyen anglais, il echoua parce qu'il ne fut pas demontre d'une maniere palpable qu'il en r^- sulterait un profit materiel. Cette decision brutale fut en outre, pour moi, membre du conseil de la Societe royale, un desappointement amer que je ressentis vivement. Quand une determination semblable a ^te une fois prise, il est rare que les ministres qui remplacent ceux qui l'ont prise, reviennent a des sentiments meilleurs; je crus n&mmoins que je ne remplirais pas suffisamment les devoirs de ma charge, si je ne profitais pas de quelque occasion favorable pour ap- pele? de nouveau sur ces faits desolants l'attention du gouverne- ment. Les circonstances ne sont done plus les memes , les arts me- caniques ont fait de grands progres; les outils ne manqueront plus, et Ton trouvera sans peine dans les ateliers particuliers des ouvriers COSMOS. 367 capables que les difficultes n'arreteront plus. L'art du fondeur a e^ aussi tellement perfectionne' , qu'aujourd'hui on a substitue pour la fabrication des roues d'engrenage l'operation de la fonte a celle de la taille ; que les vis elles-memes sont faites a la macbine ; il est done plus que probable qu'on trouvera sans peine actuellement des m^caniciens qui consentiront a entreprendre la continuation de la machine a differences pour une somme fixee a l'avance. Cet £tat de choses constate, il restait a se demander jusqu'a quel point il dtait prudent de faire de nouveaux efforts pour amener a bonne fin les grands travaux qui avaient (He- commences sous la direction d'un homme doue d'un esprit d'invention £minemment original, d'une puissance de coinbinaison mathematique de l'ordre le plus eleve, et qui pendant de si longues annees s'etait donne la grande tache de pousser jusqu'a ses dernieres limites la puissance des machines a, calcul. Avant de prendre une determination et de me mettre en campagne , j'ecrivis a plusieurs hommes dminents par leur savoir, et leur demandai si dans leur opinion on aurait fait un grand pas au point de vue de la science theorique et pratique , si les vues de M. Babbage, telles qu'elles sont exposees dans le petit essai public par lui, sous le titre de Menabrea, etaient completement realisees. Leurs reponses furent unanimement et fortement affirmatives. Comme il fallait soumettre au gouvernement, sous une forme aussi pratique que possible, la proposition de reprendre les travaux, j'd- crivis encore a l'un de nos ingenieurs-mecaniciens les plus celebres, et le priai de me dire si, a son avis, les depenses deja faites pour la machine a calcul etaient plus que compens^es et remboursees par les perfectionnements de^ja realises dans la fabrication mecanique des pieces; il me repondit que sans aucun doute il en etait ainsi. « Fort de tous ces temoignages si nettement exprimes, je fis au gouvernement une proposition con^ue en ces termes : « Le gouvernement est prie" de demander au president de la So- ciete des ingenieurs civils s'il est pratiquement possible de passer un marche pour l'achevement de la machine a differences de M. Bab- bage, et a quel prix ce marche pourrait etre conclu? « C'etait en 1852 pendant la courte administration de lord Derby ; ma demarche n'aboutit a aucun resultat. Les temps etaient malheu- reux; nous £tions menaces d'un grand conflit politique, et avant que l'horizon politique se fut eclairci , lord Derby avait abandonne les renes du gouvernement. « Quoique dans mes rapports avec lord Derby je n'aie pas agi d'apres la direction de votreconseil, comme mon but elait d'amener 368 COSMOS. le gouvernement a terminer une oeuvre a laquelle la Society royale avait pris un si grand intdret, j'ai cru qu'il c4tait de inon devoir de vous exposer les faits, afin qu'ils puissent servir de point de de- part a des demarches nouvelles, s'il semble convenable un jour de reprendre les negotiations. » — Voici comment, dans ce meme discours d'inauguration, lord Rosse rend compte des d-marches qui ont ete faites aupres du gouvernement pour obtenir un vaste edifice dans lequel les diverses Societes savantes tiendraient leurs stances et auraient leur centre d' action : « Je n'hesite pas a. le dire, le memoire signe de deux cents noms recommandables, par lequel nous demandons la juxtaposition des corporations savantes, et qui n'est que l'echo de 1' opinion publique ouvertement exprimee, produira, je n'en doute pas, le resultat que nous en attendons ; et avant qu'il soit longtemps nous verrons reu- nies sous le meme toit les Societes savantes influentes de la ca- pitale. Je ne crois pas me tromper en affirmant que vous vous pre- terez avec empressement a tous les changements que votre Societe devra subir pour r£pondre aux justes ddsirs de tous les hommes de science, et qu'elle consentira a voir les autres Societes se rapprocher d'elle. II est certain que ce rapprochement aura pour heureux resul- tats de hater le progres des diverses branches des connaissances humaines et de placer notre pays dans une position plus elevee au sein de la science europeenne.» — Nous citerons encore un passage relatif a la rdforme de l'U- niversite d'Oxford : »• Dans sa derniere session, le Parlement a vote un bill d'amelio- ration dans l'enseignement de cette vieille et grande corporation- Par suite de ce vote, on a nomme une commission ccmposee d'hom- mes distingues et dans une position elevde. Cette commission a etd chargee de s'entendre , pour les progres a realiser et les change- ments a. effectuer, avec les autoritds dirigeantes et enseignantes d'Oxford. « 11 n'est que trop vrai que jusqu'a ce jour la science ne recevait a Oxford aucun encouragement scrieux. » La plupart des places de Fellow n'etaient pas remplies ; un grand nombre de bourses restaient sans titulaires, etpar consequent, l'ar- deur d'apprendre n'etait pas rdcompensee. Les seuls succes pour lesquels on eut des dgards et qu'on rdcompensat par des bourses ou des places etaient les succes clans l'e'tude des langues anciennes ou des lettres. Les sciences physiques et mathematiques etaient jus- COSMOS. 369 qua un certain point en honneur, inais elle ne rapportaient aucuns emoluments. On pouvait arriver aux plus grandes dignitds univer- sitaires sans aucune connaissance des sciences mathematiques , a l'exception des Elements de geometrie plane, sans aucune initiation quelconque aux sciences physiques. « Un homine , par consequent , pouvait s'etre assis avec gloire sur les bancs d'une £cole publique et avoir pris tous ses grades jus- qu'au grade le plus eleve dans les lettres humaines, sans plus savoir de mathematiques et de physique qu'on n'en savait il y a 1800 ans. II pouvait ignorer jusqu'aux premiers elements de la physique, il pouvait etre tout a fait incapable de comprendre les premiers prin- cipes de la science des machines et des manufactures , dans l'im- puissance de se former une id£e juste et suffisamment large des res- sources de ce grand pays, et arriver cependant aux premiers postes del'Etat, dans l'Eglise, dansl'armee, dansl'administration, dansle gouvernement. Les mesures prises par la derniere legislature peu- vent-elles rester sans execution et sans efficacite? Je ne puis le pen- ser, et le temps semble etre venu oil la culture des sciences recevra line impulsion nouvelle au sein de nos universites , ou les grandes ressources, les grandes richesses d'Oxford seront employees enfin, en partie, a recompenser le m£rite scientifique. » — L'Universite" de Cambridge a accepts de fonder un prix ap- pele" Adams-Prize, prix de M. Adams, du nom du celebre calcula- teur qui decouvrit presque en meme temps que M. Le Verrier la planete Neptune. Ce prix, dont les fonds ont et£ faits par plusieurs membres du college Saint-Jean, aura pour objet une question de math£matique pure, d'astronomie ou de physique, il sera distribue" tous les deux ans, mais il ne pourra etre gagne" que par les savants qui, a une epoque quelconque, auront recu un ou plusieurs grades dans l'Universite de Cambridge. Par cela meme ce prix interesse moins la France; nous croyons cependant devoir reproduire le pro- gramme du prix a, de"cerner en 1857, parce qu'il souleve une ques- tion inte>essante. II s'agit du mouvement des anneaux de Saturne : «■ On peut, dit le programme, traiter le probleme en partant de l'hypothese queie systeme des anneaux est exactement ou approxi- mativement concentrique avec Saturne , et symetriquement distri- bue' par rapport au plan de son equateur. On peut faire diverses hypotheses sur la constitution physique des anneaux ; supposer tour a tour 1° qu'ils sont solides et d'une seule piece, 2° qu'iLs sont fluides ou en partie fluides et aeriformes , 3° qu'ils sont formes de diverses masses discontinues circulant a la suite les unes des autres. 370 COSMOS. La question pourra etre conside^e comme resolue s'il a ete" de*- montre que, pour une ou plusieurs de ces hypotheses, les conditions de stabilite sont satisfaites par les attractions mutuelles et les mou- vements relatifs de la planete et de ses anneaux. II est a desirer que Ton essaie de discerner quelle est parmi ces diverses hypotheses celle qui permet d'expliquer de la maniere la plus satisfai^ante les apparer.ces reelles des deux anneaux brillants et la nature de l'anncau sombre, qui a etc recemment decouvert, et d'indiquer a quelle cause on peut attribuer les changements de forme qui ont ete mis en evidence dans ces dernieres annees par la comparaison des observations modernes et anciennes. — Nous reproduisons avec bonheur quelques lignes de la response a la lettre par laquelle nous annoncions a notre illustreami, M. Hai- dinger, que l'Academie des sciences avait cru devoir donner, dans une de ses dernieres elections, la preference a M. Hausmann (de Gcettingue). C'est une bonne fortune par le temps qui court d'avoir a constater une si grande noblesse de sentiments , un desinteresse- ment aussi exemplaire : " Votre bonne lettre du 17 feVrier, au lieu de m'attrister, m'a rejoui et console. J'applaudis de grand cceur a la nomination comme correspondant de l'lnstitutde France de mon ancien maitre et ami, M. Hausmann. C'est en lui, actuellement, qu'on doit voir et v^ne- rer un des peres de la mine"ralogie ; je ne puis etre considere, moi, que comme un de ses fils aines. « Compagnon de voyage en Norwege, en 1805, de notre excel- lent et tant regrette" Leopold deBuch, M. Hausmann, apres cin- quante annees, est encore a la tete du mouvement scientifique. Son Traite de inineralogie est le meilleur traite publie jusqu'a ce jour en AUernagne ; et secretaire perpeluel de la Societe royale de Gcet- tingue , il aurait du, depuis longues annees, devenir correspondant de votre Acad6mie des sciences. Elle aurait pu aussi me preferer, sans injustice aucune, ou mieux dans un sentiment de justice eclai- r£e , mon excellent ami et confrere de l'Academie imperiale de Vienne, M. Bou^e, dont le nom a ete inscrit plusieurs fois sur la liste de ses candidats , et dont les travaux depassent de beaucoup les miens. Place dans une situation de fortune tout a fait ind^pen- dante. il a consacre" sa vie a la geologie, et une vie pleine de labeurs. Ses grandes excursions g£ologiques , ses voyages surtout en Tur- quie, sont des titres de gloire incomparables. II est de plus uni a la France par des liens etroits , puisqu'il fut un des fondateurs de la Societe" gtfologique, et qu'il occupait le fauteuil du presi- COSMOS. 371 dent dans la seance d'inauguration de cette celebre Association. " Pour moi, je regarde comme un grand honneur d'avoir 6t6 place au second rang sur la derniere liste, et me crois ainsi large- ment recompense des eludes de ma vie. » — Nous avons rec,u a Londres la lettre suivante de M. Cheval- lier-Appert, et nous regrettons de ne pouvoir nous rendre imme- diatement a son invitation : « A un observateur qui comprend la science et 1'industrie comme vous les comprenez, je puis offrir en ce moment un travail d'un tres-grand interet. Je suis parvenu a preparer chaque jour trois mille kilogrammes de conserves de viande. II me tarde de vous rendre temoin des procedes par lesquels j'ai pu obtenir un sem- blable rdsultat, sans confusion, sans temps d'arret, etc., etc. Vous me feriez plaisir de venir manger avec nous la soupe du soldat. Le marechal ministre de la guerre s'est fait servir de mes dernieres conserves, et il a daigne me temoigner sa satisfaction des qualites substantielles du boeuf et du consomme' de bceuf, de son gout deli- cat. De fait, le potage du soldat est un excellent pot-au-feu ; vous en jugerez. » Une de nos premieres visites, a notre retour, sera certainement pour M. Chevallier-Appert ; en attendant, nous profiterons d'une heureuse occasion qui se presente pour faire ressortir le merite de nos fabricants de conserves alimentaires, avec d'autant plus d'em- pressement que cette belle industrie est certainement et avant tout une industrie franchise. M. John Barlow, secretaire general de l'lns- titution royale de Londres, fait vendredi prochain , devant un bril- lant auditoire, une lec^on ou lecture sur l'application de la physique et de la chimie a la conservation des aliments. Nous avons pris toutes nos mesures pour que le lait de M. Mabru , les legumes sees de M. Masson, le potage du soldat de M. Chevallier-Appert, soient decrits, montres , gout^s, et recriivent les eloges qui leur sont si legitimement dus. — Les experiences avec la grande machine electrique du Panop- ticon, que nous avions annonc£es pour jeudi dernier 22 mars, ont eu lieu en effet : MM. le colonel Sabine , Tyndall , Gassiot , Glad- stone, et d'autres illustrations scientifiques , sont venus fidelement au rendez-vous. M. le docteur Bibers avait tout fait preparer d'a- vance , et a peine le public avait-il evacue la grande rotonde, que M. Noad avait deja mis son immense appareil en jeu. La premiere experience consistait a accumuler dans le petit appareil de M. Ruhmkorff les effets d'une pile de dix dements de la force des 372 COSMOS. elements ordinaires de Bunsen, en mettant !es deux extrtfmites du fil secondaire en contact avec les armatures interieures et exteVieures d'une enorme bouteille ou jarre de Leyde, suivant la methode de M. Grove, fidelement decrite dans le Cosmos. Elle a parfaitement reu?si : les eHincelles d'une lumiere bleue tres-vive ^clataient avec ■bruit, avaient plusieurs millimetres de longueur, se succedaierit avec une vitesse tres-grande, et traversaient , en la percant de petits trous, une carte assez epaisse interposee entre les deux extremites des fils de de"charge ; on sentait aussi , en meme temps , une forte odeur d'ozone. On a ensuite charge les 36 jarres gigantesques de la batterie electrique , dont les armatures forment une surface de 250 pieds carres , et qui produit des effets vraiment comparables aux etfets de la foudre. II est arrive une fois que la batterie, chargee au maximum, s'est dechargee spontanement : le bruit de sa decharge a e"te si intense, l'etincelle a £t6 si vive, elle a si bien eclaire la vaste coupole, que quelques-uns des assistants ont ete frappes de terreur, comme si la foudre avait eclate. On a repete sur quatre fils de cuivre, de laiton , de zinc , de fer, les experiences de deflagration : c'e'taient des longueurs a peu pres doubles de celles des experiences de la semaine derniere ; la reduction en oxyde a £te aussi complete, et le flux electrique a parfaitement dessine sa marche. Nous join- drons les nouveaux dessins a ceux qu'on peut deja voir dans le Salon du Cosmos. On a oper6 ensuite sur des fils de 20 et 22 pieds de longueur : ils ont ete fondus, bruits, reduits en petites boules, mais non transformer subitement en oxyde. M. Noad (et ce fait a une importance extreme, parce qu'il donne la veritable explication du tonnerre en boule) a constate" que lors- qu'on fait passer la decharge entiere de la colossale batterie a tra- vers un long et large tube dans lequel on a fait en partie le vide, le flot electrique s'elance quelquefois, non sous forme de colonne rem- plissant le tube , mais sous forme de boule qui descend avec une certaine lenteur ; et l'habile profet- seur aurait bien voulu nous rendre temoin de cette curieuse condensation d'un fluide aussi subtil que le fluide electrique. L' experience avait lieu malheureusement apres le jet d'eau qui avait rendu l'air fort humide; la batterie n'avait pas toute sa puissance, et nous n'avons vu que la, plus belle colonne de lumiere bleue que Ton puisse voir : elle eblouissait les regards, elle impressionnait meme les yeux si fortement que le phenomene des couleurs subjectives se produisait avec une intensite extraor- dinaire. Quelques instants apres l'explosion, chacun des spectateurs &ait toutsurpris de voir se dresser devant lui une colonne de lumiere COSMOS. 373 rouge pourpre qui reparaissait plusieurs fois de suite, toujours pre- cede d'une colonne de lumiere bleue qui n'avait. comme elle de realite que dans l'ocil , et que la premiere impression avait fait naitre. Cette brillante soiree n'a fini qua minuit , et nous en con- serverons Iongtemps le souvenir. EECHERCHES SUR LES LOIS DU MAGNETISME DE ROTATION. PAR M. ABRIA. « Dans l'extrait de rnes Recherches sur le magnetisme de rota- tion que j'ai eu l'honneur d'adresser a l'Acaddmie, le 24 juillet der- nier (1), j'ai indique que la composante horizontale de la force e\ma- nde de la plaque est proportionnelle a y log. |3, |3 exprimant le rap- port de la progression que forment les amplitudes successives du barreau aimante et y une fraction qui se calcule aisdment en fonc- tion de |3. Le memoire que je soumets au jugement de l'Academie renferme l'expose detaille de la methode d'observation et des expe- riences qui justifient l'hypothese qui m'a servi de point de depart. II renferme aussi le detail des experiences qui demontrent que la force emanee de la plaque croit en raison directe de l'intensit6 magnetique du barreau. L'intensite de l'aimant variant en raison inverse du carre de la duree T des oscillations et la force emanee de la plaque etant proportionnelle a T y log. |3, si Ton forme, d'une part, le tableau des intensites magnetiques, d' autre part celui des forces developpees dans la plaque, on doit obtenir deux series iden- tiques. D'un autre cote , il est aise" de deduire de la theorie que le produit T5 y log. |3 doit etre constant quel que soit T. Ces diverses consequences resultent en effet de l'inspection des nombres contenus dans le tableau suivant, resume" des experiences faites avec un bar- reau aimante" de 15° de longueur et 6mm, 3 de diametre , oscillant au-dessus d'une plaque de cuivre rouge de 18c de diametre et 10mm, 34 d'epaisseur, a 2mm, 38 de distance entre la surface supe"- rieure de la plaque et l'arete inferieure de l'aimant. Intensites V ait urs correspoudaotes Valeurs relatives Valeurs Valeur 5 de T. magnetiques, de f log. P. deT"vloS. P. de T3 -y log. p, lb" ,63 1,000 0,01634 1,000 63,39 14 ,11 1,227 0,02155 1,190 60,54 13, 63 1,315 0,02417 1,290 61,20 10, 29 2,307 0,056-26 2,267 61,30 8, 70 3,228 0,09187 3,129 60,50 6. 60 5,608 0,21170 5,471 60,86 6, 80 7,262 0,31433 7,138 61,33 (1) Comptes reodus, 39e vol., p. 200. VARICES. PHYSIQUE. — NOTE SUR CERTAINES PROPRIETES PHYSIQUES DU BISMUTH CRISTALLISE OU SOUMIS A LA COMPRESSION J PAR M. CH. MATTEUCCI. « Dans mes dernieres recherches sur le magnetisme de rota- tion (Cours special sur £ induction, etc., p. 23 et 24), j'ai montre* que la force developpee par l'aimant tournant dans le bismuth cris- tallise est variable suivant que les plans du clivage principal ou du plus grand eclat qui est perpendiculaire a l'axe principal de cristal- lisation, elaient suspendus verticalement ou horizontalement. Vou- lant comprendre la cause de cette difference, j'ai du eHudier la con- ductibilite electrique du bismuth suivant que le courant est transmis parallelement ou perpendiculairement au clivage principal. On reus- sit a se procurer des tiges suffisamment longues de ce metal , ay ant dans toute leur longueur ce clivage parallele ou perpendiculaire a la longueur, en faisant refroidir tres-lentement une couche de bismuth pur, haute de 20 a 25 millimetres, dans une large assiette de terre ; j'appellerai d^sormais tiges equatoriales les premieres, et axiales les secondes, en se fondant sur la position d'equilibre que ces tiges prennent entre les poles d'un electro-aimant et qui manifeste tres- bien leur structure uniforme. « J'ai procede dans ces recherches en ayant recours a une des belles decouvertes de M. Becquerel, qui est celle du galvanometre differentiel, qu'on peut rendre aussi delicat et rigoureux qu'on veut dans ses indications. Je me bornerai ici a faire remarquer qu'avec mon galvanometre differentiel , dont chaque fill faisait vingt tours autour du systeme astatique , je pouvais parfaitement distinguer 4 centimetres d'un fil decuivre de 2mm,50 d'epaisseur ajoutc5s a un des circuits. Voici les nombres de deux experiences qui dtablissent et mesurent les differences du pouvoir conducteur du bismuth equa- torial et de l'axial. En appelant 1 le pouvoir conducteur du bis- muth axial, celui du cuivre est 56,40 ; dans la seconde experience ce nombre est 58,09. Avec le bismuth equatorial , les nombre trouves dans les deux experiences correspondantes ont ete 48,90 et 48,91. « Une maniere tres-simple pour constater cette difference de conductibilite consiste a mettre en se>ie des tiges des deux bis- muths et a obtenir les courants derives entre les memes intervalles des deux bismuths. La deviation de l'aiguille du galvanometre dif- ferentiel denote la meme difference. Je n'ai'plus qua aj outer que COSMOS. 375 ces resultats ont ete obtenus sur un tres-grand nombre de tiges de bismuth , dont la structure uniforme elait determine , soit par la fracture, soit en suspendant ces tiges entre les poles d'un electro- aimant ; elles etaient reduites aux memes dimensions , ce dont je m'assurais avec un comparateur de M. Froment , qui donne dis- tinctement un centieme de millimetre. Je commencais par m'assu- rer que toutes les tiges axiales ou toutes les equatoriales etaient egales et se faisaient equilibre au galvanometre differentiel ; je me suis aussi toujours assure que l'equilibre etait retabli lorsque les deux circuits etaient formes d'un nombre egal des deux especes de tiges. La maniere la plus sure d'etablir les communications est celle d'amalgamer les bases des tiges et de laisser une couche de mer- cure entre elles. Les tiges que j'ai employees avaient de 2 a 5 millimetres de cote. « J'ai ensuite etudie" si une difference semblable existait pour la conductibilite calorifique. A cet effet , les tiges etaient couvertes d'une couche de cire et plongees par une extremite dans du mer- cure chauffe a -|- 150 degres centigrades. La difference de conduc- tibilite est bientot manifeste et dans le meme sens que pour l'elec- tricite. Voici la longueur des couches de cire fondue dans des expe- riences correspondantes : bismuth equatorial, 13,54, 14,64, 13,50, 14,20; bismuth axial, 12,20, 13,59, 12,45, 13,70. « J'ai cherche si la compression developpait dans le bismuth des differences semblables de conductibilite, et si ces differences etaient conformes aux proprietes que ce metal acquiert par la meme action mecanique et qu'il manifeste en presence de l'aimant. J'ai, en effet, trouve que la conductibilite pour l'electricite et pour la chaleur est plus grande , parallelement a la direction dans laquelle le bismuth a £te comprime que normalement a cette direction. " Je decrirai maintenant les resultats obtenus en etudiant la chaleur developpde par le passage du courant dans le bismuth cris- tallise, resultats qui s'accordent bien avec les differences trouvees. J'ai fait cette etude ou en employant la pince de M. Peltier, ou en faisant passer un courant dans la tige et en fermant ensuite le cir- cuit a l'aide d'un bon galvanometre et en excluant la pile. Le bis- muth axial manifeste , dans tous les cas , un rechauffement ou un refroidissement beaucoup plus intense que celui qu'on obtient du bismuth Equatorial. J'ai du etudier minutieusement ce fait, afin de me mettre entierement a l'abri de l'influence qu'il pouvait exercer dans la methode du galvanometre differentiel applique a la recher- che de la difference de conductibilite. £76 COSMOS. « Lorsqu'on fait passer un courant du bismuth axial a l'^quato- ial, il y a abaissement de temperature dans l'union des deux tiges et echauffement si la direction du courant est opposee. Cela est d'accord , comme on le verra tout, a l'heure , avec la relation qui existe entre le fait de Peltier et la direction du courant thermo-elec- trique qui se developpe en chauffa'nt la soudure. « Quant aux phenomenes thermo-electriques du bismuth cristal- lise, je dirai d'abord que j'ai verifie completement les experiences de MM. Svanberg et Franz. Avec deux tiges axiales, le courant thermo-electrique est dings' de la tige chauffee a. 1' autre dans le point de contact ; avec les tiges- equatoriales, ce courant a une direction opposes. En chauffant l'union d'une tige axiale et d'une tige £qua- toriale, on a un courant thermo-electrique de la premiere a la seconde dans le point de contact. Pour rendre ces experiences faciles , j'ai pris deux cubes de bismuth cristallis6 dont deux faces sont paral- lels au clivage principal. Ces deux cubes sont tenus en contact, etant serres entre deux tiges de cuivre qui marchent horizontale- ment a vis et communiquent au galvanometre. Les contacts entre les tiges et les cubes sont maintenus a ume temperature constante, et Ton eleve la temperature de l'union des deux cubes en la tou- chant avec une tige de fer chauffee. II n'y a plus qua faire faire a> chaque cube des quarts de revolution pour obtenir le resultat pre- cedent. •• J'ai r£ussi a. developper des proprietes semblables par la com- pression du bismuth; il faut considerer, comme pour les pheno- menes diamagnetiques et pour la conductibilite , la direction dans laquelle la compression a eu lieu, semblable a celle des clivages qui existent dans le bismuth cristallise\ « Ces resultats expliquent les courants thermo-electriques trou- ves dans le temps par M. Sturgeon et par moi , en chauffant dans certains points les grandes masses de bismuth. On trouve toujours dans ces points des unions dans lesquelles les clivages se corres- pondent comme dans l'union du bismuth axial et de l'equatorial. « J'ai ete conduit , par ces recherches, a repeter et varier une experience sur le bismuth fondu, que j'avais faite, il y a longtemps, avec M. de la Rive. Je me suis propose' de decouvrir, comme je l'ai fait pour le mercure , s'il y a un courant thermo-electrique dans le bismuth fondu, en mettant en contact une oouche de ce bismuth' plus chauffee avec une autre moins chauffee. J'avais trouve, comme1 M. Magnus l'a verifie" dernierement, qu'il n'y a pas de courant' thermo-electrique en operant ainsi sur le mercure. L' experience &• GQSMOS. 377 -6te\faite sur le bismuth fondu, comme je l'avais fait avec le mer- \cure, en evitant la variation de temperature des extremiteVdu fil dugalvanometre, qui plongent dans le bismuth. On sdpare, avec un dcran d'argile, la couche de bismulh fondu; on lachauffe davan- tage d'un cote, et puis on laisse venir rapidement en contact le bis- muth chauffe avec l'autre. Lorsque V experience est bien faite , il n'y a pas de courant thermo-electrique ainsi developpe\ " Pour faire ressoriir l'importance de ce resultat, j'ai recherche" .quelle etait la variation de conductibilite qu'eprouvait le bismuth .par la. fusion. .Dans cette .experience , dont les difficultes sont tres- ^grandes, j'ai du employer, au lieu du galvanometre differentiel , deux voltametres et un courant de dix piles de Grove. Les deux colonnes de bismuth, de 6 millimetres d'epaisseur, dtaient longues ajpeu pres de 1 metre. L'une etait contenue dans un tube de verre chauffe au milieu du charbon jusqu'a maintenir le metal liquide ; l'autre colonne de bismuth, solide a la temperature , £tait formee de trois pieces bien reunies ensemble par une couche de mercure, qui, comme on l'a vu et comme M. Lenz l'avait deja trouve, con- duit mieux que le bismuth. Dans deux experiences que je considere comme suffisamment exactes, la conductibilite' du bismuth fondu a 6t6 trouvee un peu plus grande que celle du bismuth solide. Je ferai remarquer que la colonne de bismuth solide avait en grande partie la structure du bismuth .axial. « On peut conclure de ces experiences : " 1° Que le bismuth cristallise est doue d'une difference de con- ductibilite", pour l'electricite et pour la chaleur, qui depend principa- lement de la direction du clivage plus facile dece metal relativement a celle de la propagation de ces deux fiuides ; « 2° La compression developpe dans le bismuth la meme diffe- rence ; " 3° Les differences de conductibilite' qu'on trouve dans le bis- muth cristallise, ou que la compression y developpe, ont une rela- tion determinee avec les positions d'equilibre que le bismuth prend entre les poles d'un aimant ; « 4° Une relation semblable existe aussi pour les propriety's thermo-electriques du bismuth cristallise" ou comprime ; « 5° Dans les mdtaux a l'etat liquide, on ne parvient pas a .obtenir des phenomenes thermo-electriques comme on les .a dans \ces metaux a l'etat solide. « Je n'entrerai pas, pour le moment, dans les vues theoriques et .gen^rales qui peuvent rdsulter de ces consequences ; lorsque j'aurai 378 COSMOS. acheve^ des recherches dont je m'occupe maintenant , sur les cou- rants induits dans le bismuth cristallise et sur le temps employe" dans ce developpement, je demanderai a l'Academie la permission de lui faire une nouvelle communication. » DE LA SAPONIFICATION DES HUILES VEGETALES. PAR M. PELOUZE. « Lorsque les graines et les diverses semences ol^agineuses sont Boumises a une division qui brise les cellules met en contact in- time les substances dont elles se composent, les corps gras et neu- tres renfermes dans ces graines se changent en acides gras et en glycerine. II se passe ici quelque chose d' analogue a ce qu'on remarque dans le raisin, la pomme et dans beaucoup d'autres fruits dont le Sucre se change, aussitot qu'on dechire les cellules qui l'isolent du ferment, en alcool et en acide carbonique. Des graines de lin, de colza, de moutarde, d'oeillette, de pavots, d'arachide, de sezame, de cameline, de camomille , des noix , des noi- settes , des amandes douces et des amandes ameres ont et^ succes- sivement broyees dans un mortier ; l'huile retiree immediatement, soit par la pression, soit par Tether ou la benzine, ne contenait pas, ou ne contenait que des traces d'acides gras. Cette premiere serie d'experiences nombreuses et plusieurs fois repetees etablit que les graines, au moment oil on les divise, con- tiennent la totalite de leur matiere grasse a l'etat neutre. Elle s'ac- corde avec ce que Ton savait generalement sur ce point. A ma priere , M. Bouquet, directeur des grands e^ablissements de produits chimiques et pharmaceutiques de M. Menier, a bien voulu faire reduire en farine, sous sesyeux, une certaine quantity de la plupart des especes de graines ci-dessus indiquees. II a ren- ferme ces graines bien divisees, et dont les poids variaient de 2 a 6 kil., dans des vases en gres bouchdsavec des bouchons de liege, et il les a expedites a mon laboratoire. J'ai constate que ces farines contenaient toutes, au boutde quel- ques jours, des quantites notables de glycerine et d'acide gras, qui allaient sans cesse en croissant pendant plusieurs mois. Les graines broyees etant renfermees dans des vases fermes , il y avait tout lieu de croire que l'air n'intervenait pas dans cette reaction, et qu'elle s'accomplissait en son absence. J'ai confirm^ cette presomption en broyant moi-meme des graines choisies parmi celles qui subissaient le plus rapidement cette sorte de saponifica- COSMOS. 379 tion spontanea, et les introduisant dans des bocaux en verre qu'elles remplissaient completement et que je bouchais aussitot avec soin. Au bout de quelques jours j'ai obtenu des quantitds toujours fa- cilement appreciates et quelquefois considerables d'acides gras. Ainsi, des noix r^duites en pate ont donne, a une temperature de 10 a 25°, apres cinq jours, une huile contenant 9 pour cent, et un autre ^chantillon, apres huit jours, 15 pour cent de son poids d'acide gras. J'ai trouve, apres huit jours, 6 pour cent, apres unmois, 17,5 pour cent, et apres trois mois 47, 5 pour cent d'acide gras dans l'huile de sezame. Leshuiles d'ceillette et de pavots se sont comportees a peu pres de la meme maniere. Les amandes douces, apres trois semaines, ont donne une huile ne contenant que 3 1/2 pour cent d'acide gras ; l'huile d'arachide, au bout d'un mois, en contenait 6, 3 pour cent; apres trois mois, 14 pour cent. La graine de lin et celle de colza, apres trois semaines, fournis- saient une huile, contenant 5 a 6 pour cent d'acide gras. La saponification dont il est ici question parait varier d'ailleurs, quant a son intensity, non-seulement avec la temperature, mais aussi avec les quantites de graines broy^es sur lesquelles on opere. Je n'ai pas rencontre" , jusqu'a present, d'huile entierement sapo- nifiee ; celle qui m'a donne le plus d'acide est l'huile d'ceillette. J'avais, pendant quatre mois, conserve la graine d'ceillette re- duite en poudre dans un des vases en terre que m'avait envoyes M. Bouquet. Au bout de ce temps, elle m'a fourni une huile con- tenant 85 a 90 pour cent d'acide gras. Si maintenant je passe des graines simplement divisees aux tourteaux qui proviennent de l'extraction en grand des huiles, je remarque qu'ils contiennent tous des acides gras, et que s'ils sont vieux il arrive presque toujours qu'ils ne contiennent plus d'huile, celle-ci ayant ete tout entiere acidified. II serait inte>essant, comme consequence de cette transformation complete de la matiere grasse neutre en acides, dans les tourteaux vieux, de rechercher leur influence sur l'alimentation des bestiaux, et de la suivre depuis le commencement de cette saponification spon- tanee, c'est-a-dire depuis le moment meme oil la graine vient d'e- tre broyee et l'huile extraite , jusqu'a celui ou l'acidification est devenue entiere. II reste en moyenne 10 pour cent de matieres grasses dans les tourteaux, et il n'est guere vraisemblable que l'etat 380 COSMOS. neutre ou 1'eHat acide de ces matieres soit indifferent pour l'alimen- tation des animaux. Lorsque les graines ol^agineuses sont reduites en poudre et mouil- l£es avec de l'eau, elles entrent, aubout de quelques jours, en putre- faction en exhalant une odeur fetide et fortementammoniacale. Loin de contenir plus d'acides gras que les graines simplement broydes, elles en contiennent sensiblement moins. II semble que le ferment ou la matiere organique , quelle qu'elle soit , qui en remplit le role, se detruise et cesse d'agir sur les huiles neutres. J'ai vaine- ment essaye d'isoler cette matiere ; dans le cours de mes recherches, j'ai constate que le sucre contenu en proportion considerable dans les noix, les noisettes, les amandes douces etameres, est identique avec celui de canne, et que ces graines ne contenaient pas une trace de glucose. La presque totalite du sucre reste dans les tourteaux, apres qu'on en a s^pare l'huile par expression ; il est si abondant dans le tourteau de noix, qu'en delayant celui-ci dans de l'eau avec de la levure de biere, on voit, au bout de quelques instants, s'eta- blir dans le melange une fermentation active qui donne lieu a des quantity notables d'alcool faciles a separer par la distillation. Les faits nouveaux consignes dans le travail dont je viens de lire le resume, ne sont pas sans quelque application. Ainsi la farine de lin, selon qu'elle est recente ou vieille, est neutre ou acide. Elle ne doit pas agir de la meme maniere comme medicament. II faut exclure celle qui a ete prepared depuis long- temps, meme alors qu'elle a ete conservee dans des vases bien bou- ch£s. J'ai plusieurs fois trouve dans le commerce de la farine de lin dont l'huile etait entierement acidifioe. Un lait d'amandes qui vient d'etre fait contient de l'huile d'a- mandes douces neutres ; des le lendemain cette huile a deja subi un commencement d' acidification. Telle huile comestible aura une composition et partant une sa- veur differente, suivant que la graine dont on l'a extraite aura eHe' soumise a la pression apres un temps plus ou moins long. Les meil- leures huiles a manger sont celles dont l'extraction a £te faite im- me"diatement apres le broyage de la graine. Les tourteaux anciens peuvent servir avantageusement a la fabri- cation d'un savon economique. II sufht de les meler avec une eau alcaline, en prenant seulement la precaution de n'en preparer d'a- vance que de faibles provisions, car au bout de douze a quinze jours, la matiere albumino'ide qu'ils renferment commence a se decom- poser et a exhaler une odeur desagreable. PHOTOGRAPHIE. M. Maxwell Lyte indique, pour la production des positifs sur papier, un procede a l'aide duquel on fait disparaitre en grande partie l'inconvenient si grave qui preoccupe en ce moment l'attention des photographes, la decoloration et la deterioration des images; ce procede n'est qu'une modification de celui de M. Legray ; nous nous empressons de le decrire : Prenez un papier tres-uni, prepare au chlorure d'ammonium, sen- sibilisez-le sur un bain de nitrate d' argent au 20rae ou au 25mc. Im- priinez alors votre positif tres-fortement, sans vous inquieter du fonce" extreme des ombres, qui peuvent sans danger passer au vert, ou de ce que les parties eclairees de l'image sont deux ou trois fois plus fortes qu'elles ne doivent l'etre definitivement. Placez votre epreuve dans l'eau pure, la plus grande partie du nitrate se dis- soudra, dans le bain (lorsque le bain aura servi pendant un cer- tain temps, vous y verserez une quantite suffisante de sel commun pour recouvrer l'argent, a l'etat de cblorure). Au sortir de ce pre- mier bain, deposez votre dpreuve d'abord dans une solution faible de sel ordinaire, 2 de sel pour cent d'eau ; puis dans le bain sui- vant : trichlorure d'or, 15 grains (96 centigrammes) ; acide chlory- drique, 6 drachmes (10 grammes) ; eau distiltee, 2 pintes (1 litre). L'epreuve doit etrelavee dansun bain avec le plus grand soin, jus- qu'a ce que les details des ombres foncees ressortent parfaitement ; on la retire alors et on la place dans un bain de carbonate de soude, forme d'une once (30 grammes) de sel par 50 centilitres ou un demi- litre d'eau : la surface de l'epreuve se couvrira de bulles d'acide carbonique ; cet acide sera neutralise- ; quand on l'aura retiree, on placera l'epreuve pour une minute dans un bain d'eau pure, puis dans un nouveau bain compose comme il suit : hyposulfite de soude, 5. onces (150 grammes) ; eau, une pinte (56 centilitres) ; liqueur ara- moniacale, une demi-once (15 grammes). Le bain doit toujours etre recouvert d'une plaque de verre pour empecher l'ammoniaque de s'eVaporer. Les blancs de l'image deviennent alors tres-transpa- rents et tres-beaux, en meme temps que les details des ombres et les demi-teintes ne cessent pas d'etre tres-visibles, tres-nets. L'epreuve devra encore etre plongee dans un bain renfermant 20 pour cent de nouvel hyposulfite de soude et la meme quantite" d'ammoniaque que prec^demment ; on l'y laisse jusqu'a ce qu'elle soit complete- ment ddgorgee, au moins pendant un quart d'heure, et on la lave enfin dans plusieurs eaux, en finissant par un lavage a l'eau tiede. 382 COSMOS. L'opdrateur ne doit pas s'eflrayer du grand nombre de bains par les- quels on doit faire passer l'epreuve ; la production d'un positif de grande Waute et parfaitement stable est une conquete assez impor- tante pour que Ton ne doive pas regretter sa peine. Les bains, d'ail- leurs, sont ranges a l'avance, a la suite l'un de l'autre, sur une meme table, il n'y a reellement pas perte de temps. Lorsque l'e- preuve est seche, coupez-la dans les dimensions voulues, gommez-la par derriere avec une solution legere de dextrine, placez-la sur un papier a dessin, et lustrez-la avec le vernis suivant : tereben thine de Venise, une partie; cire blanche, une partie ; on fait fondreles deux substances ensemble, et Ton ajoute de l'essence de tereben thine en quantite suffisante pour que le vernis froid ait la consistance d'une creme epaisse ; on place un peu de ce vernis sur un morceau de fla- nelle, et on en frotte la surface de l'epreuve pendant cinq minutes; on polit avec un nouveau morceau de fianelle propre, jusqu'a ce que l'image apparaisse brillante et parfaitement finie ; on coupe le pa- pier a la grandeur du dessin, et on fixe celui-ci sur un carton. Voici les avantages que M. Maxwell Lyte attribue au procede" que nous venous de decrire : On recouvre d'abord de cette maniere le nitrate d'argent libre qui se trouve perdu dans l'application des procddes ordinaires ; on se met a l'abri, par Taction du bain sale, contre toute influence du nitrate d'argent qui aurait pu echapper a Taction du bain d'eau dis- tillee ; on colore l'epreuve au moyen de la solution d'or ; on neutra- lise l'acide, et en la placant dans une solution fortement alcaline d'hyposulfite de soude, on la fait degorger beaucoup mieux qu'on ne le ferait avec les bains ordinaires du meme sel ; en la traitant par un second bain d'hyposulfite alcalin, on la debarrasse complement de toute trace d'hyposulfite double de soude et d'argent que le bain precedent aurait pu laisser ; enfin , on enferme en quelque sorte chaque fibre de papier dans une enveloppe de vernis insoluble et impermeable, ce qui , en meme temps, reieve considerablement la beaute de l'epreuve et la rend peut-etre plus brillante que les plus belles epreuves obtenues sur albumine. [Notes and queries , 17 mars.) — M. Ste^phane Geoffray nous envoie la note suivante : Je vousadresse aujourd'hui deux procedes dont j'ai eu Toccasion il y a deja longtemps de vous entretenir ; voyez, monsieur, s'ils peu- vent etre de quelque interet pour vos nombreux lecteurs. Le premier est relatif a, Temploi du cyanure d'iode comme sen- COSMOS. 385 sibilisateur du collodion pour positifs directs ; le second est relatif a l'application du perchlorure de fer en photographie. Le cyanure d'iode que j'emploie est produit par la reaction de l'iode sur le cyanure de mercure. Ce corps m'a rendu de grands services pour la sensibilisation de mon papier benzino-cire. Je le fais dissoudre facilementdans la dissolution de cire a la benzine, et j'ob- tiens de cet enduit une rapidite qui approche beaucoup de la rapi- dite de la cerol&ne. Applique" au collodion dans la proportion des autres iodures, le cyanure d'iode fournit constamment des epreuves positives di- rectes d'une tres-grande beaute, et cela sans virage subsequent. Apres le fixage clans un vieux bain d'hyposulfite, les blancs devien- nent ties-beaux et ne sont pas inferieurs a ceux donnes par le virage au sesqui-chlorure de mercure. J'applique le perchlorure de fer a tous les usages auxquels a £te applique jusqu'a present le sesqui-chlorure de mercure, a virer les epreuves negatives sur collodion et sur albumine de maniere a en faire des positives directes. Je l'emploie au lieu d'iodure pour sen- sibiliser les papiers avec lesquels je veux faire des positifs a l'ombre en quelques secondes (systeme Blanquart-Evrard). En fin je prepare avec ce corps un collodion sec, qui doit ses pro- pri^tes sans doute aux qualites reconnues , il y a quelque temps , par M. Caron, aux chlorures, et que j'attribue seulement aux chlo- rures de l'ordre le plus eleve. Voici le dernier procede : Dans 100 grammes de collodion ordinaire non sensibilise, j'in- troduis 50 centigrammes de perchlorure de fer (sec et non acide) bien pulverise ; au bout d'un quart d'heure j'ajoute quatre gouttes de teinture d'iode et je filtre le melange. Ma glace £tant convenable- ment nettoyee , j'^tends le collodion , j'attends quelques minutes pour donner a celui-ci plus de solidity, je plonge la glace dans le nitrate d'argent, puis dans un bain d'eau distillee, et je la fais s£- cher a l'abri de la poussiere, rapidement ou non , peu importe. Je revele comme a rordinairel'image par l'acide pyrogallique. Je dois dire que si ce collodion est plus sensible que les collodions aux proto-chlorures, il est beaucoup moins sensible que les collo- dions humides. METEOROLOGIE. SUR LA CONSTITUTION D*UN NUAGE ORAGEUX OU CHARGE DE FOUDRE TAR M. IE DOCTEUR NOATH. Recit ine'dit, communique par Vautexir. « II y a quelques annees, lors d'une visite a mon ami, M. Crosse de Broomfield , pres Bridgewater, lequel , pendant de longues annees, s'est consacre" avec une ardeur et un devouement sans (5gal a l'etude de l'electricitd dans toutes ses branches, j'ai eu l'occasion de constater experimentalement la constitution intime d'un nuage orageux. Cette constitution fut mise en Evidence par l'appareil explorateur de l'atmosphere, dont M. Crosse a eu l'idee, et qui se compose de plusieurs mille pieds de fil de cuivre supportes et isol^s par de hauts poteaux en bois , au-dessus d'une tres-large etendue de terrain. Voici dans quel ordre les phenomenes observes par moi se produisirent : « Quand le nuage s'approcha du reseau de fil atmospherique isole, le conducteur attache a ce fil , et qui est visse a une table , commenca a donner des signes d'electricite ; les balles en moelle de sureau suspendues au conducteur s'ecarterent sous l'influence de l'electricite positive ou negative. Lorsque le bord anterieur du nuage arriva dans la verticale du fil explorateur, une succession lente de discharges electriques eut lieu entre les deux balles d'un dechargeur de Lanes fixe a une large bouteille de Leyde. Cette electricite etait negative , et apres un certain nombre d'explosions, neuf ou dix en une minute, les decharges cesserent pendant quel- ques secondes ; puis les explosions recommencerent , en nombre egal, d'intensite sensiblement la meme ; mais, cette fois, l'electri- cite manifestee par les balles dtait positive : cette succession mettait en evidence la presence dans le nuage de deux zones consccutwes ou d une couple de zones chargees en egale quantite d ' eieclricites conti 'aires. Alors se presenta une nouvelle zone d'electricite" nega- tive plus intense , et donnant lieu a un plus grand nombre de de- charges par minute que les zones de la premiere paire ; cet accrois- sement d'intensite depend des dimensions et de la puissance du nuage. Les nouvelles decharges furent suivies d'un nouveau silence auquel succederent encore des decharges d'electricite positive d'e~ gale intensite : il avait done passe une seconde paire de zones d'electricites contraires egales entre elles en intensite, mais plus intenses que les electricites des premieres zones. Cette nouvelle paire fut suivie par une troisieme, une quatrieme, etc., paire de zones COSMOS. 385 produisant des decharges electriques de plus en plus rapides et in- tenses, jusqu'a. ce que la decharge se fit d'une maniere continue, par un flnx regulier d'electricite , sans autre interruption qu'une hesitation due au changement dans la nature de l'electricite qui est tour a tour negative et positive, et force a admettre la presence dans le nuage de zones contigues, assembles par paires , de telle sorte que les zones de chaque paire soient electrisees en sens con- traire. On prouve que l'electricite de chaque nouvelle paire de zones est plus intense que l'electricite de la paire qui a precede, en eioignant successivement les balles du dechargeur et constatant que la decharge se fait a travers une plus grande epaisseur d'air. Lors- que le centre du nuage fut arrive" au zenith des fils , la decharge electrique atteignit son maximum d'effet : les fenetres de la chambre commencerent a balloter avec bruit dans leurs chassis ; les eclats de tonnerre au dehors, le fracas au dedans des decharges accom- pagnees des craquements causes par le fiuide electrique accumuie au sein des fils et qui s'elancaient incessamment entre les balles du dechargeur, produisaient un effet veritablement terrible ; ce qui ren- dait plus saisissant encore , c'etaient les pauses ou temps d'arret momentands occasionnes par la succession des zones electrisees en sens contraire. » La batterie electrique que M. Crosse met en communication avec son fil atmospherique est formee de soixante bouteilles ou jarres , et lorsqu'elle a son maximum de charge , elle fait fondre et couler en grains ronds rouge feu , sur toute sa longueur, un fil de fer de trente pieds de long, d'un deux cent soixante-dixieme de pouce anglais de diametre. Lorsqu'elle communique, pendant un orage, avec un fil explorateur long de trois mille pieds, cette batte- rie se charge et se decharge spontanement a chaque changement de zone ; lorsque le milieu du nuage orageux est au zenith des fils, le flux electrique s'eiance par etincelles precipitees , et avec fracas , d'une balle a. l'autre du dechargeur. II est difficile, sans l'avoir vu, de se faire une idee de ce spectacle vraiment effrayant ! « A mesure que le nuage continuait sa course, les portions poste- rieures ou opposees des zones, qui avaient d'abord agi sur le fil, en- trerent en jeu; mais 1' effet, cette fois, allait en diminuant, comme il avait ete en croissant d'une paire de zones a l'autre ; peu a peu , tout s'etejgnit : il ne resta plus assez d'electricite pour affecter meme un eiectrometre a feuilles d'or. « La distribution de l'electricite au sein d'un nuage orageux semble etre toute differente , ou mieux, est en reality 1 inverse de 386 COSMOS. la distribution que Ton observe au sein d'un conducteur isoie. Dans le conducteur , en effet , la force rayonne du centre a la circonfe- rence, augmentant d'intensite proportionnellement au carre de la distance au centre ; tandis que, dans le nuage orageux, l'lntensite" electrique diminue du centre a la circonference. II semble se former d'abord un noyau d'electricite positive, par exemple , occupant un large espace au centre du nuage ; autour de ce noyau nait une zone d'electricite negative, d'intensite egale en valeur absolue a. celle de l'eiectricite du noyau ; viennent ensuite d'autres zones accoupldes par paires , alternativement positives et negatives , mais dont les charges vont sans cesse en diminuant, a mesure que Ton s'approche du bord du nuage. - Directementau-dessous du noyau central du nuage, il doit exis- ter a la surface de la terre un noyau d'electricite de nom contraire ou d'electricite negative correspondant a la zone d'electricite' posi- tive, et il en est de meme de toutes les zones electriques du image qui doivent avoir sur la terre , en vertu des lois de l'induction, leur zone correspondante d'electricite opposee. II peut arriver que l'eiec- tricite positive du noyau central du nuage se decharge sur le noyau d'electricite negative qui lui correspond a la surface de la terre, et e'est ce qui a lieu ordinairement lorsqu'un eclair luit. Des de- charges peuvent avoir lieu entre deux zones concentriques ou corres- pondantes quelconques, sans autre changement dans leur etat eiec- trique relatif qu'une diminution d'intensite, par la soustraction au noyau central d'une certaine portion de sa charge primititive; chaque eclair successif affaiblissant la tension electrique de la couche d'air, dont le nuage et la terre sont comme les deux armatures. » La reproduction artificielle de ces zones alternatives, d'electricite" contraire, ou la formation d'une sorte de nuage orageux, au moyen des machines et batteries Electriques ordinaires, ne semblent pas etre au-dessus des forces de l'experimentation. J'ai fait dans cette direction des essais qui promettentbeaucoup, et j'espere qu'al'aide du magnifique appareil du Panopticon je pourrai sous peu imiter d'une maniere satisfaisante les phenomenes grandioses dont j 'ai £te le temoin. J'ai pu, en attendant, au moyen d'une figure, donner une id^e assez nette de la constitution electrique du nuage orageux pour qu'elle puisse etre saisie par tout le monde. Au centre d'une large feuille de carton ou de papier, je trace un cercle representant le noyau central du nuage, autour de ce cercle j 'en debris un second; le segment annulaire compris entre les deux cercles simule la zone d'electricite opposee, formant avec le noyau la premiere paire de COSMOS. 387 zones; celle qui est le plus fortement electrisee. Ces deux pre- miers cercles sont entoure's de deux autres moins distants l'un de l'autre et du second, par consequent des couches moins Epaisses et qui forment la seconde paire de zones moins electrisees ; je con- tinue ainsi a figurer vingt paires de zones de plus en plus etroites, a mesure qu'elles approchent de la surface exterieure du huage beaucoup moins electrisee que le centre; pour mettre en Evidence la nature opposed de l'e'lectricite dans les zones de chaque paire, je les nuance de couleurs differentes. « L'expe"rience suivante jette quelque jour sur la constitution par cercles concentriques alternatifs du nuage orageux. Prenez une chaine formed d'anneaux plats, de 8 a 9 pouces de longueur; at- tachez a l'une des extrdmites de cette chaine, pour l'isoler, un fil de soie ; etendez la chaine suivant toute sa longueur sur le milieu d'un plateau de refine , et faites-la traverser pendant quelques se- condes par le courant d'electricite positive, issue d'une machine electrique ; enlevez alors adroitement et d'un seul coup la chaine en la soulevant par le fil de soie, dressez le plateau de re'sine sur un de ses bords, et projetez a la surface, a l'aide d'un soufflet, une poudre, rEcemment preparee et formee de parties egales d'o'xyde rouge de plomb et de soufre , comme dans l'expenence de Lich- temberg. Une sorte d'arborescence dessine'e par le soufre recouvrira la place qu'occupait chaque anneau dela chaine et montrera la con- dition d'electricite positive dans laquelle se trouvait chacun de ces anneaux ; deux pyramides renversees, rapprochees par leurs pointes, dessinees par l'oxyde rouge de plomb dans chacun des inter- valles qui separaient les anneaux successifs de la chaine, indique- ront que les intervalles etaient dans un dtat de tension 'electrique negative. « Cette experience peut servir aussi a eclairer la question des conducteurs des paratonnerres, en mettant en evidence la resistance que la decharge Electrique 6"prouve dans son passage a travers une longue chaine , et le danger qui peut resulter, par consequent, de l'emploi de semblables conducteurs sur les Edifices ou les navire's. ». ACADEMIE DES SCIENCES. SliANO'li DU 2 AVUIL. La lecture d'un Rapport de M. de Verneuil sur un travail de M. J. Marcou, relatif a la classification des montagnes de l'Ame'- rique du Nord, a et£ le point de depart d'une discussion geolo- gique entre MM. Constant Prevost et Elie de Beaumont. M. de Verneuil s'etant servi a plusieurs reprises dans son Rap- port du mot sou/element, M. Constant Prevost a cru devoir protester contre l'emploi d'une expression qui ne lui semble pas representer le phe'nomene auquel on l'applique. Suivant lui, ce serait des mots dislocation , riclement oxiplissement qu'il faudrait se servir. Le mot soulevement , introduit dans la geologie par Leopold de Buch, d'apres ses idees thdoriques, aurait ete* plus tard desavoue par tout le monde , au dire de M. Constant Prevost , meme par M. Elie de Beaumont, qui ne saurait comment accorder son reseau pentagonal avec une dislocation de 1'enveloppe terrestre produite par une force agissant du dedans au dehors. M. Elie de Beaumont declare qu'il n'a jamais abandonnele mot de soulevement, eta preuve , il donne lecture a ses confreres de quelques passages de son livre sur les systemes des montagnes qu'i a publie en ]852. Dans ces passages, il s'agit d'ecrasement d'un fuseau spherique du globe, ecrasement dont le resultat aurait £t£ la projection d'une partie de la masse liquide interieure a travers les crevasses superficielles. A ces projections seraient dus de veritables soulevements, c'est-a-dire des elevations de la surface, bien plus considerables que les affaissements ou les retraits qui leur auraient donne* naissance. Nous regrettons que M. Elie de Beaumont n'ait pas cru devoir parler a ce propos de la belle theorie de notre ami le professeur Paul Gorini, qui permet d'envisager la question sous un point de vue tout nouveau, et se trouve appuyee par des faits tres-remar- quables. M. Gorini considere la masse liquide primitive du globe comme ayant ete forme'e de matieres capables de se solidifier et de gaz retenus en dissolution par ces matieres. Ces gaz, abandonnes mo- lecule a molecule pendant le refroidissement et la solidification de la masse, l'auraient gonflee au dela de ce que la croute en voie de for- mation pouvait permettre. De la percement de la pellicule exte- rieure par la matiere boursouflee , extravasion de cette derniere, epanchement au dehors sous forme de nappes differemment con- tournees, refroidissement de ces nappes pendant leur etalement, COSMOS. 3g9 nouvelle eruption de liquide, etc., jusqu a epuisement complet de 1 energie ascensionnelle de la masse inlerieure, et a la constitution definitive, soit d'une montagne isolee, soit d'une chaine ou d'un systeme de montagnes. Nous ne voulons pas entrer ici dans les details de cette theorie tout experimental , qu'il faudrait exposer presque en entier pour pouvo.r la discuter avec profit. Mais nous tenions a la signaler aux geologues dont elle pourrait etre ignoree , et qui seront bien aises de 1 eludier dans le savant ouvrage de son auteur intitule- • Delia jovrnazione delle montagne e del vulcani. M. Elie de Beaumont a reconnu du reste lui-meme toute l'importance de ce travail cite* par lui avec beaucoup d'eloges dans le livre sur les systcmesdes mon- tagnes qu'il a oppose aux attaques de M. Constant Prevost. — M de Verneuil a presente, en outre du Rapport dont nous venons de parler, un tableau hypsometrique de plusieurs points de 1 Espagne. l Une grande partie de la stance a ete absorbee par la lecture d un Rapport verbal de MM. Boussingault, Brongniart et Milne- Edwards sur la Historiafisica y politica del Chili par M Gav M Boussingault qui s'etait charge de la partie geographique, dima- tologique etmeteorologique du livre, a fait la-dessus un travail fort remarquable dont sa voix claire, nette et soutenue a permis d'ap- precier tout 1 interet. Quant a M. Brongniart , auquel etait echue la botamque ch.henne , il nous a ete impossible de 1'entendre; M Milne-Edwards a passablement accentue son Rapport sur la zoolog.e. Nous aurions insiste davantage sur ces lectures s'll ne a agissait pas d un livre imprime, d'un Rapport verbal et surtout de communications que chacun pourra lire a son aise dans les Comptes rendus academiques. ' — La reponse de M. Bernard aux dernieres attaques de M Fi- guier ne s'est point fait attendre. Le savant physiologiste a repetd pendant la dermere semaine toutes les experiences indiquees dans le Memoire de son adversaire ; la conclusion de ses recherches a M formu de par lui en ces termes : » Je crois de mon devoir de'venir « declarer ici que ces experiences (eel les de M. Figuier) sontrntie - reme.it mexactes. . M. Bernard a ajoute ensuite que pendant six ans il a pu soumettre a l'epreuve des animaux pris a toutes les Jpoques de la digestion, et que jamais il n'a rien apercu de ce que JM. *Jguier a signale dans son dernier travail. Suivant M Bernard H n y a , pas de sucre dans la veine porte ni une heure, ni deux 390 COSMOS. « heures, ni plus tard apres le repas, tandis qu'il y en a constam- « ment dans les veines hepatiques. » Maintenant il faut attendre pour se prononcer , que la commis- sion chargee de repeter les experiences de MM. Bernard et Figuier ait achev6 et presente son travail. En attendant, M. Bernard, ne voulant pas etre juge et partie dans cette question, a demande" a se retirer de la commission qui doit examiner les faits con traverse's. — M. Chasles a presente un ouvrage de Leonardo da Pisa, pu- blie par le M. prince Buoncompagni de Rome, une lettre du pro- fesseur M. Genocchi sur ce meme ouvrage et des observations de M. Wcepcke qui ont deja ete publics par le Journal de mat he - mat i que. En traduisant un ouvrage arabe sur l'arithmetique, M. Wcepcke y a rencontre une solution tres-ing£nieuse d'un cas particulier des Equations du troisieme degre\ solution par laquelle l'arithmeticien arabe parvenait a calculer des fonctions trigonom£- triques avec 10 ou 12 decimales exactes. — Le prince Charles Bonaparte depose sur le bureau de 1'Aca- demie un travail sur 1'ordre des Herons, pour faire suite a celui sur les Pigeons qu'il a deja presents. — M. Bunsen adresse par l'entremise de M. Regnault deux echan- tillons de strontium et de lithium, obtenus a l'6tat de purete par voie de decomposition electrique. Le lithium se presente sous 1'aspect d'un metal blanc, brillant comme de l'argent , eminemment oxyda- ble et plus lcger que tout autre corps connu. Sa densite n'est que la moitie de celle del'eau. Projete surce liquide , il le decompose ins- tantanement comme le potassium. Sa legerete lui permet de Hotter sur l'huile de naphte. Ce beau metal est tres-malleable et tres- ductile. M. Bunsen est parvenu a l'etirer en fils assez longs et assez minces pour en faire plusieurs pieds avec 5 milligrammes a peine. Son point de fusion est a 180° centigrades. Le strontium est beaucoup plus lourd, sa densite est egale a deux fois et demie celle de l'eau. II est jaune comme du laiton, tres-mal- leable et s'oxyde rapidement a l'air en donnant naissance a une couche d'oxyde d'un rouge de cuivre. Si Ton forme une pile avec de l'eau et deux lames, une de cal- cium et l'autre de strontium, on voit que le calcium devient electro- positif. — M. Le Verrier donne connais^ance a 1' Academic de la decou- verte faite dimanche dernier, au point du jour, par M. Dien, d'une nebulosite qui pourrait bien etre une comete. La position de cette COSMOS. 391 n£bulosite, dont l'etat du ciel a empeche de suivre la marche, dtait au moment de sa decouverte : AR... 181' 47m D. bor. 20° 10' On ne trouve aucune indication ni sur les cartes ni sur les cata- logues qui puisse se rapporter a cette nebuleuse; mais il est impos- sible pour le moment d'en preciser mieux !a position ou d'en recon- naitre la marche ; car depuis quatre mois environ le ciel se refuse a toute espece d'observations. C'est la le motif qui a determine un astronome de Copenhague a publier la seule observation qu'il ait pu faire d'une petite etoile inconnue, qui pourrait etre une planete ou une etoile variable, mais que des observateurs places sous un ciel moins nuageux pourront seuls etudier. Cette raeme raison a de- cide M. Chacornac a faire connaitre huit ou dix exemples d'etoiles disparues de la place que leur assignaient ses cartes faites avec le plus grand soin. II y en a une surtout de ces etoiles qui est tres- remarquable a cause de sa grandeur (la septieme), qui ne peut lais- ser planer aucun doute sur l'observation qui en a ete faite. — M. Cauchy presente deux memoires de math^matiques. — La correspondance, depouillee parM. Elie de Beaumont, con- tenait une lettre du ministre de l'instruction publique demandant un rapport sur un febrifuge, propose par M. Kellermann; une autre lettre du ministre de la guerre accompagnant l'envoi d'un exem- plaire du : Manuel du cullivateur du coton en Algerie , par M. Hardy. Ce livre est adressd pour concourir aux prix annuelle- ment distributes par 1' Academic — L'Academie a regu une nouvelle Edition des ceuvres de S. Th. Young , precedee d'une biographie de l'illustre savant, ecriteparM. Peacock de Cambridge. II etait temps que les beaux travaux du restaurateur de l'optique fussent mis a la portee des travailleurs les plus assidus , dont la fortune est rarement assez considerable pour qu'ils puissent se procurer la premiere edition in-folio , devenue tres-rare en Angleterre en encore plus rare en France. — Nous avons entendu ensuite que M. le secretaire perpetuel presentait un travail geologique sur TAmerique du Sud et une carte g^ologique du Chili ; mais nous n'avons pu saisir ni le nom de l'au- teur de ces travaux, ni celui d'un lithographe dont les cartes geo- graphiques et topographiques , gravees sur pierre , paraissent 392 COSMOS. pouvoir soutenir la comparaison avec les meilleures gravures sur cuivre. — M. Charles Deville a adresse la continuation de scs recherches sur la diminution de volume des roches qui cristallisent en se soli- difiant. II requite de ses dernieres recherches que la silice diminue de 0,16 de son volume a l'etat liquide lorsqu'elle se refroidit rapi- dement , tandis que l'alumine ne parait pas subir de changement sensible. — Nous mentionnerons aussi parmi les pieces de la correspon- dance : Veloge de Macedonio Melloni , par M. Giardini et celui d'Arago, par M. Quetelet. — A la fin de la seance, M. GeofFroy Saint-Hilaire a mis sous lesyeux del'Academie une tres-belle gravure photographique, faite par M. Riffaut , avec l'eau iod6e de M. Niepce de Saint-Victor. Cette gravure representait les yacks dc la Chine que possede le Jardin zoologique du Museum. Elle n'a point ete" faite d'apres na- ture, mais bien d'apres un dessin a la mine de plomb que Mlle Rosa Bonheur avail exdcute pour la Society d'acclimatation. La lumiere a reproduit le dessin de l'artiste avec une telle exactitude, la mor- sure par l'eau iodee en a 6te si nette, que l'ceil le plus exerce aurait de la peine a, distinguer le dessin original de la gravure tir£e a. la mine de plomb. Nous sommes heureux de pouvoir revenir ici un instant sur le dernier mordant invente par M. Niepce, car nous avions oublie, en en parlant a nos lecteurs, de signaler un grand avantao'e qu'il presente sur tous les autres mordants. Cet avantage consiste dans la possibility de l'appliquer immediatement sur la planche apres son exposition a. la lumiere, tandis que les eaux fortes communement employees ne sauraient etre versees sur le vernis que plusieurs heures ou plusieurs jours apres. M. Niepce a fait aussi une remarque assez curieuse relative a Taction de l'iode sur les ly- sines. Ce m^tallo'ide, qui se combine rapidement avec tous les corps r^sineux , peut rester tres-longtemps en contact avec le bitume de Judee sans le decomposer. G. Govi. A. TRAMBLAT, proprietaire-gerant. >.uus. — im:rimerib de w. rlmquet EI c'c, r-je garakcjkre, 5. T. VI. 1 3 AVRIL 1855. quatkiemk annee. COSMOS. NODVELLES ET FAITS DIVERS. Nous sommes heureux de voir que la Societe zoologique d'accli- matation a exprime , par la voix de M. Jules Haime , le jeune et savant historien de la pisciculture , toute la reconnaissance que la France doit a Remy, le createur de Industrie piscicole. Quoique nous ayons deja longuement parle du pauvre pecheur, nous ne sau- rions resister au ddsir d'inseVer encore ici quelques fragments du Rapport redige par M. Jules Haime. Le but de ce Rapport a 6t6 d'appeler l'attention de la Societe zoologique sur la famille de Remy, qui n'herite de lui que de la gloire de son nom : » Un homme vient de mourir, qui, malgre l'etroite sphere dans laquelle se sont accomplis ses travaux, malgre les faibles ressources dont il a pu disposer, a cependant cet honneur insigne d'avoir dote la France d'une nouvelle et importante industrie. Joseph Remy n'etait pas un savant : c'etait un simple pecheur, ignorant ce qu'en- seignent les livres et les ecoles , completement e'tranger, par con- sequent, aux progres des sciences naturelles ; mais il po'ssedait un grand talent que ne donne pas toujours l'education la mieux diri- g^e : il savait observer et mettre a profit ses observations. Sans maitre, sans conseil, sans appui , il est parvenu, a force de pene- tration et de perseverance, non-seulement a refaire une a. une les experiences qui ont occupe toute la vie de Jacobi , mais a pendtrer plus avant encore dans la voie de la pratique et a conduire le pro- bleme de l'eleve des poissons jusqua une solution presque com- plete. Les services qu'il a rendus a, la pisciculture sont conside- rables, et avec lui s'ouvre une ere nouvelle pour cette branche de l'economie rurale. • « Longtemps avant que Remy n'eut commence ses travaux, la fecondation artificielle des ceufs de poisson avait dte imaginee et pratiquee a plusieurs reprises. Divers physiologistes s'etaient servis de ce precede dans leurs recherches scientifiques, et, meme en Allemagne et en Angleterre, on tenta de 1'appliquer au repeuple- ment des cours d'eau ; mais les resultats qu'on obtint alors etaient de peu d'importance et tomberent bientot dans l'oubli. i5 594 COSMOS. « L'humble pecheur perdu au fond des Vosges , dans l'obscur village de la Bresse , ne soupconnait meme pas que jamais tenta- tives semblables eussent ete faites ; il ignorait jusqu'au mode de generation des poissons, et il a eu cette puissance de ne jamais re- culer devant I'observation directe et de trouver par lui-meme ce qu'il lui importait de savoir « Aujourd'hui, messieurs, que ces proced£s vous sont devenus familiers, peut-etre etes-vous tentes de croire que c'£tait chose aisee de les dfoouvrir. Mais n'oubliez pas tout ce qu'il a fallu de tem]>s pour amener ces resultats ; songez surtout a ce que noire pauvre pecheur a du d^ployer de sagacite et de constante energie avant de retrouver par lui seul la methode de la fecondation artificielle et d'en faire une si heureuse application a l'eleve du poisson « Sans doute, et il y aurait injustice a le meconnaitre, beaucoup d'autres ont contribue puissamment aux progres de la nouvelle industrie. Je n'ai pas besoin de vous redire les noms de ceux qui, savants et praticiens , ont su perfectionner les appareils et donner plus de precision aux diverses methodes , mais il est constant que Joseph Remy a commence en France ce grand mouvement expe- rimental qui se developpe en ce moment sous nos yeux. « Vous vous rappelez quelle faveur accueillit les succes qu'il a obtenus. Les maitres de la science furent les premiers a y applaudir et a en proclamer 1' importance. Dans un remarquable rapport que la presse entiere s'empressa de porter a. la connaissance de tous, M. Milne Edwards declara que Remy et Gehin lui semblaient avoir completement r£solu la question qu'ils s'etaient posee, et qu'ils avaient le m^rite d'avoir ainsi cree" en France une industrie nou- velle. M. de Quatrefages, a qui revient une large part dans les pro- gres de cette industrie, signala les memes resultats com me dignes des plus grands eloges, et, naguere encore, notre savant president, M. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire, n'a pas craint d'accorder aux deux pecheurs des Vosges , en raison de leurs feconds travaux, le beau titre de Bienfaiteurs de leur pays. Que pourrais-je ajouter a des t^moignages si ^clatants et partis de si haut ! » — M. Airy vient de communiquer les resultats numdriques des experiences sur le pendule, faites par lui dans la mine de Harton. Cette communication se borne, en resume, a affirmer que Yacc6- 16ration du pendule oscillant au fond de la mine etait de 2 secondes et un quart par jour, d'ou il resulte que l'accroissement de la pe- santeur, au fond de la mine, est d'un 19190mc. Si, en partant de ces nombres, on calcule la moyenne density du globe terrestre, on COSMOS. 395 la trouve comprise entre 6 ou 7 fois la densite" de l'eau ; mais il est evidemment necessaire de mettre en ligne de compte le defaut ou vide relatif de matiere qui existe dans la vallee de la Tyne , dans le bas-fond appele J arrow Slake, et sur les cotes de la mer; il fau- dra tenir compte aussi de la pesanteur specifique reelle et observed des roches qui recouvrent les mines de Harton. On s'occupe en ce moment de ce travail, et il est tres-probable [que le resultat definitif sera exprime" par un chiffre moins eleve. Nous aurions pu nous dispenser de revenir une fois encore sur ces belles experiences], parce que cette nouvelle analyse n'ajoute rien au fond a ce que nous avons deja transmis a nos lecteurs; mais quand nous sommes arrive a Londres, elles venaient d'etre l'objet d'une brillante exposition faite par M. Airy lui-meme a 1'Institution royale, dans une des soirees solennelles du vendredi, et elles preoc- cupaient beaucoup les esprits. Nous regrettons de ne pouvoir tra- duire litteralement cet expose des diverses methodes suivies jusqu'a ce jour pour arriver a connaitre la densite moyenne de notre globe, mais ce serait trop insister sur un meme sujet. — L'ltalie possede enfin un journal scientifique. Le Nuovo Ci- mento,que MM. Matteucci, Piria, Felici et Bertagnini, viennent de faire paraitre, remplit une lacune regrettable dans la vie scientifique de la Peninsule italienne. Les publications de ce genre n'ont de valeur qu'autant que les r^dacteurs en sont des savants distingues dont la parole fait autorite\ et dont les noms sont un drapeau autour du- quel viennent se rallier avec bonheur tous les esprits distingues du pays. Les Annales de physique et de chimie ont grandi a l'ombre des grandes renomm^es d'Arago, de Biot, de Gay-Lussac, deThe- nard et des autres grands maitres de la science ; les Annales de Poggendorff, celles de Gilbert et de Schweigger ; le Philosophical Magazine , la Bibliotheque de Geneve , etc., etc., sont autant de monuments eleves par un petit nombre d'hommes illustres, avec le concours de tous les ouvriers du progres. Esperons que l'entreprise de MM. Matteucci et Piria, qui compte deja parmi ses collabora- teurs MM. Amici, Marianini, Mossotti, Secchi, etc., etc., aura une longue vie et autant de succes et de gloire que ses fondateurs le men tent. , G. G. — En consultant les registres des observations de l'eclipse totale du soleil du 30 novembre 1853, faites par lui a Ocucaya , dans le P£rou, observations dont nous avons deja rendu compte, M. le ca- pitaine Shea s'est assure que la tache vue par. lui le 24 novembre occupait sur l'bimisphere solaire la meme position que la protub6- 396 COSMOS. ranee rouge apparue pendant Eclipse ; c'est un argument de plus en fuveur de l'opinion qui admet l'identit<5 de nature entre les taches sol. tires et les protuberances , opinion qui s'accorde parfaitement avec la theorie que nous avons d^duite des observations suivies de M. Chacornac. ty[ Sliadwell vient de publier une nouvelle Edition de ses tables destines a faciliter la determination des latitudes et du temps en mer par les observations des etoiles. Mid. De Lange, ing^nieurs bydrographes hollandais, ont es- saye" de determiner plus exactement qu'on ne l'avait fait avant eux la "longitude de Batavia, soit par des observations meridiennes, soit par des observations de distances zenithales de la lune , suivant la methode de M. Kaiser; le nombre 7h 7™ 37s a l'est du meri- dien de Greenwich repr&sente, avec une erreur possible de 2s, 6 pres, la longitude cherchee. — M. Drew, le 28 fevrier, a lh 45m, a profits d'un ciel tres-pur pour observer Venus au moment de sa conjonction ou lorsque sa latitude heliocentrique atteignait son maximum. Des mesures prises avec le micrometre de position l'ont conduit a admettre que la largeur de la portion illuminee etait de 3" , on voyait plus de la moitie" du con- tour de la planete. Pour savoir quelle portion de la largeur apparente du croissant etait due a la refraction, il a calcule a priori ce qu'aurait duetre cette largeur, en supposant que Veuus ne hit pas en toured d'une atmosphere ; la largeur calculee a ete 0' ',69 ; en la retran- cbant de la largeur observee 3" on obtient l'effet de la refraction. D.ms une occasion semblable, en 1849, M. Maedler avait trouve que la distance angulaire des deux cornes du croissant n'&ait pas momdre que 240°, et il en avait conclu que la refraction horizon- tale sur Venus est de 43', 1" ou plus grande d'un sixieme que la re- fraction horizontale due a l'atmosphere terrestre. VARIETES, CONCOl'RS GENERAL DES ANIMAUX DE BOUCHERIE Tenu a Poissy , le mercredi , 4 avril 1855. Aujourd'hui que les questions agricoles oceupent si justement les esprits, nous esperons etre agreable a nos l^cteurs en leur don- nant le coinpte rendu de la belle exhibition de Poissy, que nous de- vons a l'obligeance de M. Thuyssuzian , Armcnien , et l'un des eleves les plus distingues de l'Ecole de Grignon. " Nous venons d'assister a une des plus imposantes et des plus belles solennites du monde agricole dans une de ses plus magni- fiques revelations , en meme temps que dans une de ses branches les plus importantes au point de vue de l'alimentation generate. C'est aujourd'hui en effet que les habiles eleveurs et engrais- seurs des diverses parties de la France se sont donne rendez-vous auconcours general de Poissy poury exhiberaux yeux etonnes d'une foule empressee de connaisseursles individualites zootechniques les plus parfaites, les plus ideales, eu egard aux milieux qui les out vues naitre. C'est la que Ton a pu admirer dans son ensemble tout ce que le genie desBackewells et des Colling francais a su accomplir de pro- diges. Certes, il n'y a personne qui puisse nier les incontestables et immenses progres que Ton a realises depuis une dizaine d'annees dans l'economie du betail, encore moins meconnaitre l'heureuse in- fluence qu'a exercee le concours d'animaux gras institue a Poissy, le 8 fevner 1845, sous l'intelligent ministere de l'honorable Ml Cu- nin-Gridaine a qui Ton doit tant d'autres utiles et grandes concep- tions dans le domaine agricole, notamment l'initiative de l'introduc- tion en France de la precieuse race de Durham, qui est le modele le plus acheve de l'animal de boucherie, et qui par cela meme a opere la plus feconde revolution dans la plupart de nos races par des croi- sements bien entendus. •• Nous voudrions pouvoir faire partager a nos lecteurs la douce et consolante impression que nous eprouvons , en com- parant le concours de ce jour avec les dix qui l'ont precede en jetant un coup d'ccil retrospectif sur la remarquable serie des ani- inaux gras qui ont illustre ces concours annuels dont nous avons sous les yeux le Compte rendu (1844 a. 1849) avec les gravures des principaux types, les plus parfaits qui aient paru non-seulement au Concours de Poissy, mais encore a ceux de Lyon et Bordeaux. " Mais comme chaque concours doit apporter son tribut de pro- gres qui en constitue la physionomie , le caractere essentiel , nous 398 COSMOS. allons tracer a larges traits le portrait de celui que nous venons d'examiner dans ses plus petits details. Nous dirons toute la ve'rite' avec la franchise de la plus profonde conviction. « Oui, il est vrai que le concours de cette annexe a et^ inferieur a ses aines, non-seulement par le nombre absolu des animaux expo- ses, par celui des races qui ont pris part a cette lutte pacifique ou il n'y a jamais de vaincus, mais aussi par l'absence de ces animaux monstrueusement gras , offrant ces eriormes depots graifseux qui, outre le defaut de donner a la physionomie generate de l'animal quelque chose de disgracieux, presentaient celui d'etre ruineux pour l'eleveur ou l'engraisseur sourtout, puisque c'est de la quest venu le dicton si connu : « faire des gros sous de pieces de cinq francs, » sans pour cela profiter au consommateur, qui leur preTere de beau- coup la viande homogene, bien entrelardee, par suite d'un engrais- sement normal. D'ailleurs, on ne saurait trop le repeter et on de- vrait meme l'ecrire en lettres dor dans toutes les ^tables, ce principe si eMementaire et si important de la zootechnie, a savoir : que les derniers kilogrammes de viande d'un engraissement exageVe" sont ceux qui coutent les plus grands sacrifices a l'engraisseur, au point de lui enlever souvent presque la totalite des benefices. « Mais arrivons au concours d'aujourd'hui et disons tout de suite que ce qui le caracte>ise surtout c'est la pr^cocite" des animaux exposes , leur engraissement fini , leur admirable conformation en tout point irreprochable. C'est la son plus beau titre dans les fastes zootechniques et ce qui le met bien au-dessus des autres. « Cependant dans l'impossibilite de citer les nombreux types qui fixaient l'attention la plus soutenue de connaisseurs, en meme temps qu'ils excitaient l'admiration la plus sincere des amateurs accourus des divers points de la France, nous nous trouvons dans la ne"ces- site de n'en faire connaitre que les plus remarquables, et ici, nous 1'avouons, notre embarrasde choix est fort grand. En premiere ligne nous plains le boeuf n° 15, Durham-Manceau , age de trente-six mois, pesant 960 kilogrammes, quia valu a son intelligent posses- seur, M. le comte de Falloux, le prix d'honneur. Deja l'annee der- niere nous avions admire de bien beaux animaux du meme eleveur, et nous lui predisions, autant que nous souhaitions de grand coeur ce beau triomphe. Vient ensuite et presque sur le meme rang, le boeuf n° 45, Durham-Hereford, age" de quatre ans neuf mois et du poids de 1 050 kil. qui a et& l'objet d'un premier prix pour M. Chretien, l'habile directeur de la Ferme-Ecole de Camp. C'est cet heureux COSMOS. 399 laureat des concours qui a obtenu 1'ann^e derniere leprix d'honneur et il l'a fortement dispute cette annee-ci. II est impossible de voir une plus ideale conformation que celle des animaux d'aujourd'hui. Esperons cependant que le dernier mot n'est pas dit, car le progres n'a pas d'horizon. Mentionnons aussi tres-honorablement, comme il l'a et6" par le savant jury, qui lui a decerne" un premier prix, le tres-remarquable boeuf breton, n° 22, age" de quatre ans six mois, pesant 510 kilogrammes, qui a ete expose par les intelligents trap- pistes de la Melleraye. Jamais la race bretonne n'avait offert un modele aussi acheve de perfection , et aucun animal expose, meme les deux premiers prix, n'offrait un engraissement aussi acheve. Le jour de la vente, les bouchers, si competents dans cette matiere, ne cessaient de l'admirer, et le mettaient bien au-dessus de tous les autres, comme quality de viande, en montrant avec une certaine predilection, entre autres caracteres, ses poils admirablement frises qui donnaient a la physionomie generate de l'animal quelque chose du sauvage des West-Highland. « Quand on a vu de pareils produits purs ou croise"s avec la race Durham ou Ayr , on se fait une juste idee de l'immense avenir qui est r£serv£ a cette prdcieuse race. Et ce n'est pas la une assertion hasardee ou de l'engouement; car nouspuisons notre conviction dans les beaux resultats obtenus a l'Ecole imperiale d' agriculture de Grand- Jouan, si habilement dirigee par son dlustre fondateur et par notre ventre maitre, M. Rieffel ; a l'abbaye de La Trappe (a Mel- leraye) et chez quelques autres eleveurs de la Bretagne, dont il se- rait inutile d'inscrire la longue se>ie, mais dont chaque concours constate les dignes efforts, couronnes d'un plein succes. On fait en. ce moment a l'Ecole imperiale de Grignon des croisements Dur- ham-Breton, Breton- Ayr; on y obtiendra les meraes resultats qu'ailleurs. .. Une autre race qui, elle aussi, merite les eloges les plus sinceres, par les progres considerables quelle a faits depuis un tres-petit nombre d'ann^es , c'est la race Charollaise qui brillait au concours d'aujourd'hui autant par le nombre que par les qualites des ani- maux exposes. II y avait des bandes de cinq, de dix, qui offraient la plus admirable homogeneity. Les nombreux lauriers qu'on leur a decerned ont montre a tous ce que Ton peut attendre de cette esti- mable race , qui , il y a seulement vingt ans , confinee dans les val- tees de Saone-et-Loire , et s'etendant a peine jusque sur les limites du Berry avec des defauts tres-graves de conformation, tels que poitrine tres-eHroite, cotes plates, parties sailtantes , ossature mas- *00 COSMOS. sive, a ete mdtamorphosee comme par enchantement, grace a l'intdl- ligence de M. oidecirculant entre Mars et Jupiter ; sa grandeur ne parait pas depasser la onzieme, et sa marche a pu etre constats, quoiqu'on ne 1 ait vu qu'une seule fois. Deux comparaisons de cet astre a l'etoile 25,438 Lalande ont fourni les positions suivantes : Tempi moyen. Ascension droile. Seclinaison. 131' 10m 49s,6 13h 39m 50s,02 28 5, 6 70 28' 7" 8 15 32 53, 9 13 39 45, 19 51 40, 1 7 27 24,2 ^ Ni cette nouvelle petite planete , ni la nebulosity de M. Dien n'ont pu etre suivies a l'Observatoire de Paris. — Voici en quels termes M. Flourens a exprime les conclusions de la commission dont il dtait l'organe, et qui avait pour objet l'exa- men des recherches de M. Alvaro Reynoso sur les contre-poisons du curare: « Dans la seance du 28 novembre 1853, M. Brainard, profes- seur dechirurgieau college medical de Chicago (Illinois), a presente" a l'Academie un Memoire touchant Taction des solutions d'iode contre la morsure de certains crotales , et particulierement du cro- talophorus trigeminus. Les experiences de M. Brainard avaient ete faites sur des pigeons. Les pigeons soumis a la morsure du crotalophorus trige- minus perissent en peu d'instants. Pour prevenir l'effet du venin, M. Brainard applique d'abord des ventouses, lesquelles en retar- dent l'absorption ; et puis il fait pen£trer, par injection , sous la 412 COSMOS. plaie et les parties environnantes, une solution aqueuse d'iodure de potassium (1). Au moyen de cette substance , employee a temps et avec les precautions qui viennent d'etre indiquees , M. Brainard a sauve* , dans la plupart de ses experiences, la vie a ses animaux. Nous nousbornons a reproduire ici les resultats de M. Brainard, tels qu'il les a lui-meme enonc£s. Faute des serpents venimeux qui avaient servi a ses etudes en Amerique , et qui lui ont manque" a Paris, il n'a pu repe^er ses experiences devant la commission. C'est alors que cet habile et laborieux observateur a tourne ses vues d'.un autre cote. Ayant pu disposer, grace a M. le prince Charles Bonaparte, d'une certaine quantite du poison americain nomine camre, il a imagine d'essayer contre ce terrible poison ces memes solutions &'.iode qui lui avaient reussi contre le venm des crotales, et , dans la seance du 27 fevrier 1854 , il a presente a l'Academie, de concert avec M. Greene, une Note ayant pour titre : De I'inde considere comme contre-poison du curare. Cette fois-ci , M. Brainard a pu repeter ses experiences devant la commission, et toutes ont paru exactes. Voici les trois principales : Dans une premiere , M. Brainard a injecte , sous la peau d'un cochon d'Inde, 10 gouttes d'un melange compose de 5 centigrammes de curare et de 20 gouttes d'eau distillee. L'animal est mort au bout de trois minutes. Dans une seconde, apres avoir injecte 10 gouttes du meme me- lange sous la peau d'un cochon d'Inde , il a aussitot injecte, et par la meme canule rested en place, une solution aqueuse i'iode (2) ; une ventouse a ete immediatement appliquee , puis , au bout de cinq minutes, enlevee, et l'animal n'a point succombe. Enfin, dans une troisieme experience, M. Brainard a commence^ par meler ensemble 10 gouttes d'une solution de curare et 20 gouttes d'une solution iodee. Ce melange a etc injecte sous la peau d'un pigeon ; il n'a point ei6 applique de ventouse , et l'animal n'est point mort. Ainsi, ce meme curare qui, injecte sous la peau d'un animal, le tue en quelques minutes, ne le tue plus , si a l'injection du curare (1) M. Brainard a aussi employe, et Je meme en solution aqueuse, le lactate defer; mais il a reconnu une action plus certaine a I'iodure de potassium. (2) Composee d'iode 0,50 Iodure de potassium.. ... 1,50 Eau distillee 2^ gouttes. COSMOS. 4I3 on fait immediatement suceeder une injection iodee, on si Ton a mele prealablement ensemble la solution de curare et la solution d'iode. Dans les experiences de M. Brainard , Xiode parait done agir a la foIS, et comme empechant l'absorption du curare, c't-.-.t-a-dFre comme caustiquc et comme detruisant cevenin. Nous ditous parail agir, parce qu'en effet , pour resoudre entie- rement ces difficiles et importantes questions, les experiences dont nous venons de rendre compte auraient eu besoin d'etre continues et completes ; et e'est ce que le depart de l'auteur ne lui a pas permis de faire. Leschoses en etaient la, lorsqu'un jeune chimiste, dont l'Aca- demie connait la passion ardente pour le travail et la rare sagacite", a repris toute cette matiere et a repandu, sur quelques-uns de ses details les plus essentiels, un jour tout nouveau. Le premier point que M. Reynoso s'est propose d'eclaircir est celui de Taction des ventouses, et il s'est assure que cette action se borne a suspendre l'absorption du vein, mais aussi qu'elle la sus- pend ou l'arrete compk'tement. II a fait, devant la commission, l'experience suivante : ^ II a introduit, par une petite blessure , sous la peau d'un cochon d'Inde, un decigramme de curare , et il a immediatement applique" une ventouse sur la plaie. ^ Le vide a ete maintenu pendant une heure entiere, et 1'animal n'a rien eprouve. La ventouse a ete enlevee, et 1'animal est mort au bout de huit minutes. C'est done un fait physiologique constant et qui a bien son im- portance, que Taction des ventouses arrete complement l'absorp- tion flh curare; mais ii est de meme constant que cette action se borne la, et, que la ventouse enlevee, l'absorption du venin re- prend aussitot sa marehe rapid e. M. Reynoso s'est ensuite applique a determiner le mode d'action particuher et precis de Xiode. II aaitd'abord bien etabli, par les experiences de M. Brainard, que Xiode agit comme causfique, car toute les fois qu'on l'injecte a" temps, apres avoir injecte le curare, l'absorption du venin est ar- restee. Mais agit-il aussi comme destructeur du venin? _ Pour resoudre cette question, M. Reynoso a fait les deux expe- riences suivantes, qu'il a repetees devant la commission. Dans la premiere, M. Reynoso a mele ensemble GO milligrammes 414 COSMOS. de curare et 4 decigrammes d'iode , dissous dans l'alcool (1) : ce melange a ete injecte sous la peau d'un cochon d'Inde et n'a produit aucun effet. Mais comme dans ce melange Xiocle etait reste libre, il pouvait bien se faire qu'il n'eut agi encore que comme caustique, et par con- sequent la question n'etait pas r^solue. II fall ait done en venir a un melange, debarrasse- de toute portion libre d'iode. A cet effet, M. Reynoso a mele" ensemble 60 milligrammes de curare et 4 decigrammes d'iode, dissous dans Yalcool. II a fait dis- paraitre Yiode libre, au moyen de Xhyposulfite et du carbonate de sonde : ce melange a ete" injecte sous la peau d'un cochon d'Inde, et l'animal est mort au bout d'une heure quarante minutes. h'iode altere done le curare; il en affaiblit l'energie deletere; mais l'alteration ne va pas jusqu'a detruire completement ses effets toxiques, et le succes qu'on obtient lorsqu'on l'emploie apres avoir injecte le curare, ne doit etre attribue qua son action caustique. II restait done a chercher un agent qui decomposat le curare en meme temps qu'il en empecherait l'absorption comme caustique, et prevint ainsi l'empoisonnement par une action multiple et dou- blement assuree. M. Reynoso a trouve" cet agent dans le brdme. Apres avoir inject^, sous la peau d'un chien, 2 decigrammes de curare, delay es dans del'eau, ila immediatement cauterise la plaie avec du brorne, et l'animal n'a point ete empoisonne. Le brome previent done l'empoisonnement par le curare ; mais comment le previent-iH Pour resoudre cette derniere difficulte, M. Reynoso a mele, de- vant la commission, un demi-gramme de curare avec quelques gouttes de brome. II a fait disparaitre ensuite le brome libre, en ajoutant du carbonate et de Xhyposidfile de soude a dose assez forte pour que la liqueur donnat une reaction franchement alcaline. Ainsi debarrasse du brome libre, le melange a ete injecte sous la peau d'un chien, et n'a produit aucun effet. Le brome detruit ou decompose completement le curare. M. Reynoso a voulu voir en outre quelle pourrait etre Taction du brome employe seul. II a injecte, sous la peau d'un chien, jusqu'a 8 grammes de (1) Viode, dissous dans Yalcool, restant enlierement libre, agit avec beaucoup plus d'energie que lorsqu'il est dissous dans I'eau, avec le concours de l'iodure de potas- sium. COSMOS. Ul5 brome; l'animal n'a point 6t4 empoisonne' : i] ny a eu d'autre effet que celui qu'aurait produit un caustique tres-energique. Tels sont les principaux resultats des experiences que M. Rev- noso a re^dtees devant la commission. Elle pense que des recherches si bien conduites, ou toutes les cir- constances sont demeldes et appreci<§es, ou chaque progres degage une idee nette et precise, ne sauraient etre trop encouragees, sur- tout dans une matiere ou les donnees theoriques peuvent devenir d'une application si utile. Notre conclusion est que le memoire de M. Reynoso est digne d etre insere dans le Recueil des Savants etrangers. .. Les conclusions de ce rapport ont £te" adoptees. M. Magendie rappelle, a propos de ce Rapport, les travaux de M. Barry sur l'emploi des ventouses comme moyen de suspendre localement la circulation pendant un certain temps, et croit qu'il ne serait pas juste d'oublierce travail lorsqu'il s'agit d'une application du principe signale par M. Barry. M. Thenard ayant entendu dire que M. Alvaro Reynoso COSMOS. W7 des soulevements, d'apres celle des affaissements et d'apres le sys- teme des dislocations. II demande instamment a ses confreres de vouloir trancher enfin une question qui ne lui parait plus pouvoir etre laissee pendante. II insiste surtout pour que l'on se prononce sur l'emploi d"un mot devenu presque officiel et dont cependant il ne saurait faire usage dans ses lec^ns, sans abdiquer ses convictions les mieux e'tablies. — M. Cauchy a presente dans cette seance quelques nouveaux Memoires de mathematiques. Le depouillement de la correspondance a et^ fait par M. Flou- rens. 11 nous serait impossible d'en dire plus que M. le secretaire n'en adit lui-meme. Or, comme il s'est borne a la simple indication des sujets trait&s par les differents auteurs, nous allons retracer ici ce catalogue aride, quitte a revenir plus tard sur quelques-uns des travaux indiques. Et d'abord, M. Flourens a presente a l'Academie le Recueil des instructions sur les paralonnerres, que la section de physique vient de r^diger et de faire imprimer, conjointement a l'ancienne instruction de Gay-Lussac. Apres avoir mentionne" une lettre de M. Stevenson sur la lumiere, M. Flourens a presente et decrit les pincettes hemostatiques de M. Leroy d'Etiolles, petit instrument fort commode qui permet d'operer sans le secours d'un aide la ligature des grosses arteres, et que Ton peut remplacer dans quelques cas par les crochets ou hamec^ns hemostatiques du meme auteur, dont l'efficacite n'est cependant pas aussi grande. — Un Monsieur propose la feuille du cafeier comme succe*dane du the. — Un ing^nieur adresse un plan en relief des Pyrenees et de la Haute-Garonne, en priant l'Academie de vouloir bien en permettre l'exposition dans une de ses salles. — Un chimiste ecrit pour faire savoir qu'il a decouvert de 1'iode dans les eaux de Vichy. — M. Blondeau envoie de Rhodez un travail relatif a Taction de l'acide sulfurique sur le ligneux. — Un M. Contarini , de Rome, si nous avons bien compris, an- nonce que Ton vient de faire dans son pays l'application de l'elec- tricite' a l'eclairage des phares. — M. Bonjean, qui s'est depuis si longtemps occupe des pro- pri^tes hemostatiques du seigle ergote et de l'ergotine, adresse de nouvelles recherches sur cette matiere. ^— MM. G. et Forster pr^sentent pour le concours aux prix de medecineet de chirurgie un memoire sur l'emploi de l'acide ar- al8 COSMOS. s^nieux dans le traitement des fievres intermittentes paluddennes. Deux Messieurs decrivent une machine par laquelle on porte l'eau a l'6bullition au moyen du frottement. Les inventeurs croient leur procSde tres-commode et fort economique ! ! Voici maintenant les titres de quelques autres pieces de la correspondance : De Taction physiologique des bains. — Propridt^s du bromure de potassium. — Des ulcerations du col de la matrice. Artifice nouveau pour decrocher promptement les waggons. — Nouvelle turbine, etc., etc., etc. A propos de la discussion relative a la temperature tres-basse observee a Montpellier, M. Martens soutient que M. Legrand aurait pu tres-bien observer dans cette ville une temperature de — 20°, quoique M. Legrand annonce n'avoir trouve que — 7°. II lui aurait suffi, suivant M. Martens, de placer le thermometre dans des condi- tions particulieres, oil le rayonnement eut ete beaucoup plus consi- derable. Le consul francais de Calcutta annonce que la collection de bois d'Inde destinee a TAcadernie doit setrouver maintenant a Bordeaux. M. Fouillot adresse un mimoire sur 1' ozone, sur lequel nous reviendrons. M. Nickles enVoie la note suivante sur 1'isomorphisme des combinaisons homologues : .. Les divers membres d'une meme serie homologue offrent entre eux une si grande analogie de fonctions et de proprieHes qu'il elait naturel de penser que cette analogie se reconnaitrait egalement dans les propriiHes physiques et notamment dans les formes cristallines de ces composes. J'ai eu occasion de constater, des 1849 (1) , qu'il en est ainsi quant aux derives de la serie alcoolique Cn H" +2 O2, c'est-a-dire des acides (formique, acetique , metacetique , etc.) unis a Toxyde de cuivre, des Others (cyanurate de methyle et d'Sthyle) et enfin des sels a base d'alcalo'ides homologues ( mtHhylammine C H3 Az et ethylammine C4 H5 Az). Ces derives , tous cristallis£s, se pretaient assez bien aux mesures goniometriques ; les resultats furent conformes aux provisions , et en admettant avec Laurent qu'un rhomboedre voisin de 90°, peut etre isomorphe avec le eube (paramorphisme), que le prisme droit rhomboidal peut, dans cer- tains cas, etre isomorphe avec le prisme abase d'hexagone, il etait impossible, en presence de mes resultats, de ne pas conclure, a 1'iso- morphisme des combinaisons homologues examinees. (1) Comptes rendus des seances de l'Academie des sciences, 1S49 et Cqmptes rendus des travaux de chimie, 1849. COSMOS. M9 « Ces conclusions ont prevalu : apres M. Hoffmann, MM. Welt- zien et Miiller, de Fribourg, qui constatent l'isomorphisme du chlo- roplatinate de tetracthylammine avec le chloroplatinate d'ammo- niaque, nous voyons venir MM. Schabus et Titus Von Alth, qui, ayant obtenu, avec la methylammine et l'ethylammine, des aluns octoedriques cristallographiquement identiques avec l'alun ordi- naire, admettent sans restriction que ces alcaloides sont isomorphes entre eux , et que, de plus, ils sont isomorphes avec la potasse, I'ammoniaque et la quinine (1). « Ils ne pensent pas de meme des acides correspondants ; ils ont examine des sels de cuivre monohydrates, appartenant aux genres acetate, metacetate, butyrate, etc.,dont l'homologie ne leur parut nullement refietee par la forme cristalline , attendu que ces sels cristallisent dans des systemes differents et affectent des formes incompatibles. « On voit que ces chimistes se sont place's au point de vue de l'isomorphisme, tel qu'il a ete formule" par son illustre fondateur ; tant que cette loi rdpondait aux faits principaux et qu'elle em- brassait, si heureusement, la generality des cas offerts par la chimie minerale , il n'y avait point de motifs d'y toucher ; mais aujour- d'hui que la chimie organique a enrichi la science de tant de com- binaisons nouvelles et que l'experience nous a fait connaitre des matieres qui sont isomorphes chimiquement, sans qu'elles puissent l'etre au point de vue de la loi de M. Mitscherlich, il devient ne"ces- sairededonner plus d'extensionacetteloi, afin de ne pas jeter dans l'hiteromorphisme des substances deja. caracterise"es par tant d'ana- logies et dont les formes cristallines, bien qu'appartenant a des sys- temes differents, n'ont pour caractere differentiel que celui qui peut exister entre les deux varietes dimorphes d'un meme corps. « En temoignage de cette necessite, je citerai un fait qui vient d'etre constate par MM. Weltzien et Schabus (2) et qui ne saurait etre interprets par la loi de l'isomorphisme, car il imposerait cette conclusion extraordinaire que les combinaisons homologues sont tantot isomorphes et tantot ne le sont pas. En effet , d'apres chimistes , le chloroplatinate d'ethylammine ne possede pas la forme cristalline de ses homologues ; au lieu de se presenter en cubes ou en cuboctaedres, il cristallise dans le systeme rhomboS- drique. « L'observation est faite avec soin , les incidences sont determi- ners avec rigueur et si les observateurs considerent le r^sultat (1) Annates de Liebig et Waliler, 1854. (2) Annates de Liebig et Washier, fevrier 1855, p. 272. 420 COSMOS. comme une anomalie , c'est qu'ils l'envisagent du point de vue de l'isomorphisme restreint ; mais le paramorphisme qui admet l'iso- morphisme des rhomboedres avec le cube, lorsque le rhomboedre est voisin de 90°, le paramorphisme fait rentrer cette anomalie dans la loi commune, car le rhomboedre de chloroplatinate ethylammonique est tout simplement une forme limite tres-voisine du cube; en effet : Faces du rhomboedre. Angles par M. Schabua. OR : GPR 90° 00' r" : r 90 54 i" : i» 89 6 u Cette cristallisation rhomboedrique etait done preVue par le paramorphisme qui entrevoit des exemples plus surprenants encore ; ainsi qu'on s'attend a trouver un jour des aluns a bases homo- logues , cristallisant dans le systeme prismatique a base carree ou dans le systeme du prisme rhomboulal droit, de meme on pourra ddcouvrir du chlorure double de platine et de propylammine, d'amy- lammine ou autres homologues de Wurtz , cristallisant dans l'un ou l'autre de ces systemes , au mepris de l'isomorphisme restreint ; mais qu'on examine ces polyedres qui font disparate , et on verra qu'ils sont formes limites par rapport aux aluns ou aux chloropla- tinates du systeme re'gulier. « II est peut-etre superflu d'attendre de nouvelles confirmations : 1'apparente anomalie signalee par MM. Schabus et Weltzien, ainsi que le fait general que j'ai £tabli il y a pres de six ans, nous fournis- sent des donnees suffisantes pour nous autoriser a conclure que la loi de M. Mitscherlich n'est qu'un cas particulier d'une loi plus generale, le paromorphisme, qui enchaine les faits sans donner trop d'importance aux systemes cristallins. »• — Apres M. Flourens est venu M. Elie de Beaumont, qui s'est raconte pendant assez longtemps la correspondance des stances an- t^rieures, amoncelee entreses mains par les comites secrets qui ont eu lieu a la fin de ces memes seances. La parole de M. E. de Beau- mont nous arrivera par les Comptes rendus. Nous saurons alors s'il y avait ou non quelque piece inte'ressante parmi celles que contenait ce residu volumineux de correspondance academique. G. Govi. A. TRAMKLAY, proprietaire- gerant. PARIS. — IMrRlMERIE DE W. REMQUET ET C'*, R'JE GAR4NCIERE , 5. T. VI. 20 AVRIL 1 855. QUATRIEME ANNEE. COSMOS- YARIETES, « L'insertion dans le Cosmos du discours du comte Rosse , oil le noble president de la Societe" royale plaidait avec tant de cha- leur la cause de la machine a calcul de M. Babbage, nous a valu 1'honneur d'une lettre de M. Mt'nabrea, savant italien tres-distin- gue\ qui s'est aussi occupe de cette question. Voici la lettre du ma- thematicien turinais : « En parcourant la livraison du 6 avril courant de votre inteVes- sant journal le Cosmos, j'ai appris avec un vif plaisir que Ton s'occupait se>ieusement en Angleterre de mettre a execution la Machine analytique de M. Charles Babbage. Dans le discours ou M. le comte Rosse rend compte des d-marches qui ont deja 6t6 faites dans ce hut, j'ai surtout remarque le passage suivant : « Avant de prendre une determination et de me mettre en cam- « pagne, j'dcrivis a plusieurs hommes e'minents par leur savoir, et « leur demandai si, dans leur opinion, on aurait fait un grand pas « au point de vue de la science theorique et pratique, si les vues de « M. Babbage, telles qu'elles sont exposes dans le petit essei pu- - blie par lui, sous le titre de Menabrea, etaient completement « realises. Leurs r^ponses furent unanimement et fortement affir- « matives. » " Comme je ne suis pas entierement etranger a. cette question, permettez-moi, Monsieur, de vous communiquer quelques details qui ne seront pas sans inleret pour les personnes qui s'occupent de science. — Je suis bien reellement l'auteur du petit ecrit que M. le comte Rosse attribue a M. Babbage, sous le pseudonyme de Me^ nabrea. II y a bien des anndes, M. Babbage, lors d'un voyage qu'il fit en Italie, s'arreta quelque temps a Turin, oil il eut la bonte de m'expliquer les dispositions principals de sa mac/tine ancdytique, qui differe essentiellement de la machine aux differences deja connue du public. A dire vrai, le probleme que s'etait propose" 16 622 COSMOS. M. Babbage £tait tellement singulier, que mon premier sentiment fut celui du doute. Mais en y rcflechissant, je parvins a me con- vaincre que 1'iJee de cet illustre savant 6tait parfaitement ration- nelle et, du consentement de I'auteur, je pris le parti de faire con- naitre les principes fondamentaux sur lesquels repose l'etonnant instrument donl il s'agit, dans un article qui fut public dans la Bi- bliotheque unwerselle de Geneve, n° 82, octobre 1842, page 352 et suivantes. « Quelque temps apres, parut une traduction anglaise de ce meme <5crit, intitule : Sketch of the analytical Engine, invented by- Charles Babbage Esq. by L. F. Menabrea of Turin officer of the military Engineers , with notes by translator. [Extracted from the scientific memoirs, vol. in. — London, printed by Bichard and John E. Taylor — Beed Liancourt Fleet-street, 1843.) Les notes qui accompagnaient la traduction de mon petit memoire etaient ex- tremement remarquables et annoncaient, dans leur auteur, une sa- gacity peu ordinaire. — J'ignorais le nom de cet auteur lorsque, a mon grand etonnement, j'appris de M. Babbage lui-meme que la traduction et les notes etaient l'ouvrage de lady Adda Lovelace, de la fille de lord Byron, dame aussi distinguee par 1' elevation de son esprit que remarquable par sa beaute, et que la mort a enlevde, il y a peu d'annees, dans l'age le plus brillant de la vie. a Je croyais cet £crit oublie ; mais, puisqu'il vient de servir de point de depart aux demarches qui ont ete faites aupres dugouver- nement anglais pour realUer l'invention de M. Babbage, j'ai cru devoir saisir cette occasion pour rendre hommage a la memoire de la fille du grand poete et attirer f attention des savants, non pas sur mon ouvrage qui est bien modeste, mais sur les notes et commen- taires qui en accompagnent la traduction et qui sont de nature a faire connaitre le but et la puissance de la Machine ana/ytique. Cette invention ne ressemble a rien dece qui a et<5 imagine jusqua ce jour, et je ne pourrais, dans les limites d'une simple lettre, en faire connaitre les principes ; mais qu'il suffise de dire que, par son moyen, on pourrait ex£cuter la sene des operations analytiques et numeriques qu'exige la solution d'un probleme determine, de la meme maniere que, dans le metier a la Jacquard, par l'emploi des cartons, on execute les dessins d'une etoffe broch^e. « Agreez, Monsieur le directeur, l'expression de la consideration tres-distingu6e avec laquelle j'ail'honneur d'etre. • L. F. Menabrea. « Memlre de I' Academic R. des sciences et du Parlement sarde. • COSMOS. 423 EFFETS OPTIQUES DE QUELQUES CRISTAUX DU SYSTEME CUBIQUE OU REGULIER. PAR LE DOCTBUR H. MARBACH , A BRESLAU. » Plusieurs cristaux du systeme regulier tournent le plan de po- larisation de la lumiere comme des plaques de quartz perpendicu- laires a l'axe; et c'est dans le chlorate de soude que Ton peut re- marquer cet effet le plus distinctement. De plus, le bromate de soude et X acetate d'urane et de soude (NaO -j-2Ura O3 -j-3C* H3O3) montrent distinctement la polarisation rotatoire, et il est a presu- mer que quelques autres sels pourvus de polarisation lamellaire, savoir le bromate de nickel et le bromate de cobalt, font de meme tourner le plan de polarisation. « Le chlorate de soude, le bromate de soude et l'ac^tate d'urane et de soude presentent les phenomenes suivants : « 1° Chacune de ces substances, pourvue de polarisation circulaire, nous offre de cristaux qui font tourner le plan de polarisation a droite et d' autres qui le font tourner a gauche. Quel que soitle sens de la deviation, sa grandeur est la meme dans les deux sortes de cristaux de chaque substance, si la longueur de l'espace parcouru par la lumiere est la meme. " 2° Dans chaque substance la rotation est proportionnelle a l'epaisseur. En associant des plaques tirees de la meme substance, l'effet d^finitif est proportionnel a la somme ou la difference des ejpaisseurs, selon que les cristaux agissent dans le meme sens ou en sens contraire. - 3° Quelle que soit la direction des rayons par rapport aux axes cristallographiques , la rotation du plan de polarisation est la meme , pourvu qu'on emploie une meme £paisseur et une meme substance. « 4° Pour le chlorate de soude , les combinaisons oppose"es des formes hemi^driques (t^traedre et dodecaedre pentagonal) font con- naitre a priori si le cristal fait tourner les plans de polarisation de la lumiere vers la droite ou vers la gauche de l'observateur. Car ces combinaisons fournissent des solides symetriques de droite et de gauche, dont le sens estle meme que celui des deviations. « 5° II y a des cristaux dans lesquels l'effet de Taction rota- toire n'est pas si distinct que nous venons de le decrire , parce qu'il s'y mele des phenomenes de polarisation lamellaire. Quelques cris- taux de chlorate de soude et la plupart des cristaux de bromate de soude, que l'auteur a observes, changent d' aspect quand les plaques 1.24 COSMOS. tournent dans leur propre plan, £tant placees sur l'appareil de pola- risation. Si un tel cristal de chlorate de soude est dispose de ma- niere que ses faces cubiques, paralleles a la lumiere incidente , soient inclinees de 45 degres au plan de polarisation du polariseur, le cristal montre partoat une meme couleur, qui ne change qu'au moment ou Ion tourne l'analyseur. Une lamelle de bromate de soude, parallele aux faces de l'octaedre, fait voir trois secteurs limites par des lignes disposees comme' les aretes du granatoedre (icositetraedre) , projetees sur le plan de la lamelle. Au cas qu'une de ces lignes se trouve parallele ou perpendiculaire au plan de po- larisation du polariseur, le secteur oppose a cette ligne devient le plus sombre, de maniere que si le cristal est tourne de 90 degres dans son propre plan, l'aspect redevient le meme. Les phenomenes sont semblables dans le bromate de nickel et dans le bromate de cobalt. Ce ne sont pas tous les cristaux pourvus de polarisation la- mellaire qui presentent cette meme loi. Une telle piece demembr^e montre dans ses fragments le meme phemomene inaltere. « 6° Une solution d'un tel sel dans un tubede 25 centimetres de long n'agit pas sur la lumiere polarisee , meme au cas qu'on ait dissous des cristaux de meme espece (c'est-a-dire qui exercent des deviations de meme sens). On n'est pas en £tat de remarquer un effet quelconque. D'une telle solution de cristaux de meme espece il se forme des cristaux qui tournent a droite et d'autres qui tour- nent a gauche. « 7° Les deviations observers pour la teinte sensible, compters pour 1'epaisseur d'une ligne de Paris (2mm,256), sont les suivantes : Chlorair de soude 8° Bromate de soude 6' Acetate d'urane et de soude 4 ■°(i) « Les fractions annexees designent le pouvoir rotatoire en raison du pouvoir de quartz pour la meme epaisseur. ■ Signe : Hermann Marbach, a Breslau, 2S Janvier 1855. « u J'ai verifie, a ajoute M. Biot en presentant ce travail a l'Aca- demic, j'ai verifie la proposition n° 6 de M. Marbach, relative a la nullite du pouvoir rotatoire dans l'etat de solution par l'experience suivante, qui en fournit la preuve rigoureuse. « Les cristaux de chlorate de soude que M. Berthelot m'avait prepares etaient en quantite assez abondante; maisils s'etaient de- COSMOS. 425 poses trop hativement pour en esperer cette perfection de formes qui ne s'obtient que par des operations lentes. Parmi eux, j'en ai choisi un certain nombre qui etaieut assez limpides , et en meme temps assez epais, pour etre optiquement observables suivant leurs diverses dimensions. Alors sanschercher a y reconnaitre des carac- teres hemiedriques, je mesurais !e sens ainsi que la grandeur des deviations qu'ils imprimaient a la lumiere polarised quand elle les traversal successivement par leur tranche et par leur epaisseur ; puis, m'assurant que ces deviations s'accordaient pour accuser une meme intensite d'action d' environ 3°,3 par millimetre, ce qui est a peu pres la valeur normale constatee par M. Marbach et par moi- meme, je jugeais ces echantillons suffisamment homogenes pour l'u- sage auquel je voulais lesfaire servir. « J'en ai isoie un certain nombre, exercant la rotation a droite, quipesaient ensemble 10^r, 223. M. Berthelot, ayant preablement determine la densite moyenne de ces cristaux avec beaucoup de soin, 1'avait trouvee egale a 2,467, celle de l'eau etant 1. Les 10sr,223 occupaient done, en volume, un nombre de centimetres cubes egal a^|§ ou 4«,1439. Je les ai dissous dans 50 centi- metres cubes d'eau distillee, et j'ai introduit la solution dans un tube dont la capacite etait de 60 centim. cubes pour 500 millim. de longueur; desorte que j'ai diiacheverde le remplir par une petite addition d'eau. D'apres ces nombres, chaque centimetre cube occu- , v 50 ;': .' Qmm , pait dans ce tube une longueur egale a — millimetres ou 8 T; ce qui, pour 4«\1439, fait proportionnellement 4Cc,1439.8mm i ou 34mm,5325. Les molecules de chlorate, reparties dans le tube, y formaientdonc, ensomme, une plaque de cette epaisseur, laquelle, en raison de 3°,3 pour chaque millimetre, aura produit une devia- tion de 114 degres vers la droite. Or, l'observation faite par les procedes les plus delicats, n'a laisse apercevoir aucune trace d'ac- tion appreciable, meme en y employant comme indicateur une plaque de cristal de roche a deux rotations, de la qualite la plus sensible. Ceci confirme done, par une preuve indubitable, l'assertion de M. Marbach : que les molecules integrantes du chlorate de soude ne possedent pas individuellement le pouvoir rotatoire, quoi- queles groupes cristallins qu'elles forment, quand on les observe a l'etat de masses sensibles, l'exercent toujours, soit vers la droite, soit vers la gauche, par une consequence de leur agregation. ft26 COSMOS. « Ce resultat, observe par M. Marbach, nous deomvre un fait important de mccanique moleculaire. Prenons un sel qui puisse se dissoudre dans l'eau, sans se decomposer chimiquement. Ainsi dis- sous, nous devrons le concevoir desagrege en molecules materielles distinctes, isolees les unesdes autres, mais toutessemblables, et in- dividuellement composees du moindre nombre possible d'atomes chimiques , de nature diverse, qui se sont combines en proportions fixes pour former chacun de ces petits corps. C'est ce que j'appel- lerai molecules integrantes du sel considered Lorsqu'une evapori- sation lente restreint l'espace ou ces molecules sont dispersees, elles se reunissent engroupes composes de plusieurs, lesquels, des qu'on peut les apercevoir, sous le microscope, sont deja des cristaux com- plets, ayant des formes specialement propres, et souvent pourvues de facettes secondaires, telles qu'on les retrouvera dans les plus gros cristaux de la meme substance. Je designe ces agglomerations naissantes par le nom de groupes cristallins. D'apres la remarque faite par M. Pasteur, quand les molecules integrantes possedent individuellement le pouvoir rotatoire, qui atteste en elles une dis- symetrie de constitution, les groupes cristallins portent generale- ment sur leurs faces externes des modifications de forme , dont le sens est en relation avec le sens de ce pouvoir. Cette connexite' est, jusqu'a un certain point , comprehensible. Mais voici que M. Marbach nous montre les molecules integrantes, ou rien ne de- ckle une dissymetrie de constitution individuelle, et qui, neanmoins, engendrent des groupes cristallins, deviant les plans de polarisation de lalumiere, dans des sens propres; manifestant ainsi une dissy_ m£trie d'action, qui n'existait pas dans les molecules constituantesr dissymetrie qui se deckle egalement dans leur ensemble par des. signes exterieurs, les memes que si elle eut exists dans les mole- cules constituantes. Quelle cause physique ou mecanique intervient done dans l'acte de l'agregation , pour donner a. cet ensemble des proprietes dissimilaires que ses elements constitutifs ne possedaient past C'est la un mystere dont le secret nous est encore cached Mais il y a espoir que Ton parviendra a le penetrer, maintenant que nous pouvons , dans un grand nombre de corps , e^udier les proprietes jndividuelles des molecules constituantes, et suivre leurs modifica- tions dans les groupes cristallins qui en derivent. C'est deja beau- coup d'avoir mis ce probleme en evidence, dans ses conditions de connexite les plus simples, comme M. Marbach vient de le faire ; et. ce pas inattendu merite bien 'd'etre remarque\ Que 1'Academie, a laquelle j'appartiens depuis si longtemps, me pennette d'exprimec COSMOS. 427 devant elle la satisfaction que j'ai ressentie , a pouvoir venir lui annoncer encore ce nouveau progres dans un champ de recherches qui s'est offert ici, pour Ja premiere fois, a mes regards, il y a main- tenant quarante annees. » PHYSIQUE. — SUR L'lNDUCTION ELECTROSTATIQUE. LETTRE DE M. P. VOLPICELLI A M. V. REGNAULT. » Dans la derniere communication que l'illustre Melloni fit a l'Academie (1), il demontra qu'un conducteur isole , etant induit , manifeste une meme electricite inegalement distribute sur toute sa surface, c'est-a-dire l'homologue de l'induisante, tandis que l'elec- tricite contraire s'y trouve dissimulee et privee de tension. Ce fait, qui derive evidemment de ce que deux electricites contraires et libres ou sensibles ne peuvent coexister dans un conducteur sans se neutraliser, avait echappe" jusqu'a. present aux pbysiciens. « M. de la Rive, frappe de voir que les indications electrome- triques etaient contraires aux extremity du conducteur induit, fut le premier a admettre (2) cette rectification de Melloni , qui la demontrait en defendant de 1'induction, par une lame conductrice communiquant avec le sol, celui des electrometres annexe's au con- ducteur le plus pies de l'induisant (3) . De la Melloni fut amene" a conclure que les indications electrometriques , contraires aux deux extremes du cylindre induit, etaient occasionnees par une influence ou perturbation eleetrique produite par l'induisant sur l'electromelre qui lui est le plus pres. Malheureusement , ce phy- sicien ne put pas pousser plus avant ses recherches , car peu de temps apres il etait enleve pour toujours a la science. « II reste done a voir quelle peut etre la nature de cette influence perturbatrice dans l'int^ressant phenomene indique\ A cet effet , nous croyons utile d'observer que, si Ton approche un corps elec- trise" du bouton d'un electrometre a pailles , celles-ci divergeront par une electricite sensible ; au lieu que , si on l'approche vers les extremites des pailles , elles divergeront alors par une electricite dissimulee ; et si , en continuant 1'induction , on fait communiquer le bouton avec le sol, elles divergeront encore davantage. Pour expliquer la divergence par electricite dissimulee, nous ferons obser- ver, en premier lieu, avec M. le professeurG. Belli (4), que Mec- (1) Comptes rendus, t. xxxix, p. 177. (2) Archives des sciences physiques et naturelles, t. xxvi, p. 323. (3) Comptes rendus, I. \xxi\, p. 179. (4) Corso eltmentare di fisica spirimentale, t. m, p. 129. Milano, 183*. 628 COSMOS. incite" inrluite et l'electricite' sensible n'ont lieu qu'aux surfaces, et qu'elles sont beaucoup plus ^nergiques dans les saillantes que dans les rentrantes. En effet, selon les doctrines de M. Faraday (1), 1'in- duction electrostatique dans les surfaces rentrantes ne peut s'effec- tuer que par des lignes courbes ; c'est pourquoi elle doit se montrer en ce cas plus faible, et el'e peut meme etre nulle. En second lieu, par suite de 1' attraction mutuelle entre l'electricite induite et l'in- duisante , les pailles , sous l'induction , t-eront plus ^nergiquement attirees dans leurs surfaces exte>ieures que dans les interieures; c'est pourquoi, quand elles seront induites dans les extremites, elles devront toujours diverger, et par attraction. Le meme effet aura lieu toutes les fois que les pailles auront une electricite libre ou sen- sible quelconque , pourvu que 1'induisante ait l'energie suffisante et qu'elle ne soit pas placee dans l'ouverture des pailles. " Cela dit , approchons d'un corps electrise positivement un cylindre conducteur isole , muni d'un couple de pailles aux extre- mites : arrivera l'induction, que nous appellerons prinoipate, pour la distinguer de celle qui est propre a Y analyseur, ou cohibent elec- trise, par lequel on juge la nature de l'electricite libre ou sensible. Les pailles les plus proches de l'induction principale seront sous son influence , meme dans leurs extremites ; et comme l'induction est plus energique dans les surfaces ext^rieures , l'attraction entre le negatif induit et le positif induisant produira la divergence. Maintenant , qu'on approche du sommet des pailles un analyseur : s'il est positif, la divergence diminuera, et s'il est negatif, elle s'ac- croitra ; mais toujours les pailles manifesteront, contre le fait, que le conducteur induit possede dans l'extremite a elles correspondante une electricite libre et negative. « On reconnaitra facilement que la manifestation indiquee par les pailles est illusoire, quand on juge de la nature de l'electricite libre dans toute la surface du conducteur, si Ton fait attention a ce qui suit. Les pailles accouple'es les plus rapproche>s de l'induction principale, d'une energie suffisante, sont sous l'influence de celle-ci, meme dans leurs extremites ; c'est pourquoi elles devront diverger par attraction. Maintenant, suivant qu'on approchera de leur som- met un analyseur positif ou negatif, elles seront soumises a deux inductions, Tune principale, l'autre provenant de l'analyseur, les- quelles deux inductions , pour les effets , devront etre regarded comme contraires dans le cas de l'analyseur positif, et comme (1) De la Rive, Traite d'e'lectricite, t. I, p. 139. Paris, 1854. cosmos. 429 conspirantes dans le cas de l'analyseur negatif. II y aura done , dans le premier cas , diminution , et dans le second , augmentation de leur divergence. En effet, dans le cas de l'analyseur positif, l'e- lectricite negative des pailles sera disputee par les deux inductions indiquees, que, pour cela seulement , nous regardons comme con- traires ; par consequent, la divergence produite par l'attraction, entre le positif induisant et le negatif induit, devra diminuer. Dans le cas de l'analyseur negatif, l'electricite negative des pailles sera portee vers les extremites de celles-ci , par les deux inductions in- diquees , que, pour cela seulement, nous regardons comme conspi- rantes ; ainsi , la divergence par attraction entre l'induisant positif et 1'induit negatif devra croitre. Mais si les pailles, dans chacun des deux cas precites, sont defendues, comme l'a observe Melioni , par une lame conductrice communiquant avec le sol , elles reste- ront sujettes seulement a l'induction de l'analyseur ; aussi leur divergence croitra-t-elle ou diminuera-t-elle , selon que celui-ci sera positif ou negatif, ainsi que l'exige precisement la nature posi- tive de l'electricite libre dans l'electrometre. « Un raisonnement semblable doit se faire dans le cas oil l'in- duction principale sur le conducteur isole est negative. Alors , en approchant l'analyseur positif du sommet des pailles , leur diver- gence croitra , parce qu'elles seront soumises a deux inductions conspirantes, l'une principale, l'autre provenant de l'analyseur. Ces deux inductions tendent toutes deux a porter le positif des pailles vers leurs extremites ; et si 1'on approche de ce sommet un analyseur negatif, alors la divergence electrometrique diminuera , parce quelle sera dependante des deux inductions, qui cependant sont en ce cas contraires, attendu qu'elles se disputent entre elles le posi- tif des padles. C'est pourquoi, meme danscette seconde experience, les manifestations electrometriques seront illusoires, parce qu'elles indiqueront, contre le fait, une tension positive dans l'extrenjite" la plus proche de l'induction principale. Mais si Ton defend les pailles de la maniere deja indiquee, celles-ci, en restant soumises a la seule induction de l'analyseur, diminueront ou accroilront leur diver- gence, selon que l'analyseur sera positif ou negatif, ainsi que l'exige precisement l'electricite negative libre existante dans toute la surface du conducteur induit. « Done la cause que M. Melioni a appelee influence ou pertur- bation electrique, depend uniquement des lois connues de l'induc- tion electrostatique; et elle consiste en ce que l'electrometre le plus pres de l'induisant se trouve soumis en meme temps a deux indue- &30 COSMOS. tions, l'une principale , l'autre de l'analyseur, lesquelles, etant tan- tot conspirantes et tantot opposes , produisent toujours des diver- gences illusoires, par rapport a 1'electricite du conducteur induit , dans 1'experience fondamentale de l'induction electrostatique. « L' explication que nous venons de donner est pleinement con- firmee par une circonstance qui n'a pas encore eHe observde dans les indications de l'electrometre le plus proche de l'induction prin- cipale : c'est que si , par le moyen d'une lame conductrice commu- niquant avec le sol, on defend les pailles de l'induction principale, la divergence de celles-la diminue d'abord ; puis , a defense com- plete , elle croit de nouveau , en restant cependant moindre qu'au- paravant. De la meme maniere , quand on enleve la defense , la meme chose arrive, c'est-a-dire que la divergence subit les memes phases, en restant toutefois plus grande qu'auparavant. Done, soit qu'on effectue, soit qu' on enleve la defense indiquee, toujours est-il que les pailles manifested un minimum de divergence. Cela prouve qu'une telle divergence est produite par des causes diverses qui se succedent, agissant l'une avant la defense, l'autre apres. « En effet , pendant qua lieu cette defense , la divergence par 1'electricite d'induction doit d'abord diminuer, puis cesser, en don- nantlieua la divergence par 1'electricite sensible ; tandis que, si Ton otela defense, on verra d'abord diminuer, puis cesser la diver- gence par 1'electricite sensible, en donnant lieu a celle par induc- tion. Or, dans l'un et dans l'autre cas, il doit se verifier un minimum de divergence, lequel, si 1'experience est faite avec diligence, cor- responds au zero. « Enfin , nous observerons que les phdnomenes que nous venons de declarer se produisent egalement bien, moyennant le seul dlec- trometre a pailles. II suffit , dans ce cas, de charger l'electrometre d'une electricity qui represente 1'electricite libre du conducteur isoie et induit ; en outre, d'approcher vers les extremites des pailles un corps suffisamment electrise , qui represente l'induction prin- cipale ; en dernier iieu , d'approcher un analyseur du bouton de l'electrometre. Par un tel procede se produiront les memes diver- gences illusoires dont nous avons parie , et qui cesseront d'etre telles , c'est-a-dire qui seront reduites , conformement a la nature de 1'electricite libre dans les pailles, aussitot que celles-ci seront defendues de l'induction principale par le meme moyen avec lequel on les a defendues dans les precedentes experiences. » IETEOROLOGIE. REPONSE DU PRESIDENT ET DU CONSEIL DE LA SOCIETE ROYALE A LA CONSULTATION DU BUREAU DE COMMERCE. (Suite.) III. Air sec et vapeurs aqueuses. Les variations anormales apparentes que nous avons dit exister dans la moyenne pression barometrique annuelle , et sa repartition entre les differentes saisons et les diflerents mois de l'annee affec- tent egalement chacune des deux pr^ssions composantes qui, reu- nies, constituent la pression barometrique totale , a savoir, la pression de l'air sec et la pression des vapeurs aqueuses. Dans le but d'eHudier sous leurs formes les plus simples les problemes en rapport avec ces ecarts dans un sens ou dans l'autre de l'etat d'e- quilibre normal , et plus generalement pour arriver a l'intelligence vraie de presque toutes les grandes lois qui president aux change- ments atmospheYiques , il est necessaire d'etudier et d'evaluer separement ces deux pressions composantes que nous sommes accoutumes a mesurer ensemble au moyen du barometre. Cette connaissance s^paree s'obtient a l'aide de l'hygrometre, qui donne immediatement l'elasticite de la vapeur, et conduit a la determina- tion de l'elasticite de l'air sec en nous fournissant ce qu'il faut retrancher pour l'obtenir de la pression barometrique totale. II est en consequence extremement desirable que des tableaux semblables a ceux dont nous avons recomrnande la formation a l'article baro- metre soient dresses pour chaque station meHeorologique a terre, et sur l'oc^an pour former les centres d'espaces geographiques circons- crits par des longitudes et des latitudes determinees ; et que ces tableaux indiquent pour l'annee, le mois et les saisons , les pres- sions , 1° de la vapeur aqueuse ; 2° de l'air sec. Considered separe- ment, chacun des espaces geographiques dont il a ete question ci-dessus devra avoir sa colonne speciale pour chacun des douze mois. II est utile d'erioncer un ou deux des problemes en rapport avec des lois atmosphe>iques geneVales et importantes, dont la solution sera grandement facilil^e par la construction de ces tableaux ; 1° par Taction de causes trop connues pour qu'il soit necessaire de les £nume>er ici, l'air sec devrait avoir une pression maximum dans les mois les plus chauis de l'annee. Nous savons cependant qu'il est U2 COSMOS. des lieux oil le contraire se manifeste, c'est-a-dire ou la pression de l'air sec est plus grande en ete qu'en hiver. Nous savons encore que si Ion compare entre eux les lieux ayant meme latitude, et pour lesquels les differences de temperature entre 1'ete et l'hiver sont les memos, ou sensiblement les memes, les differences entre les pressions d'hiver et d'ete de l'air sec presentent la meme anomalie. Les variations dans la pression de l'air sec ne dependent done pas entierement ou uniquement de la difference entre les temperatures d'ete ou d'hiver des lieux oil ces variations se manifestent. La pression plus grande des mois chauds semble mettre en evidence la presence dans les hautes regions de l'atmosphere d'un exces ou trop plein d'air fourni par des sources late>ales, la pression statique a la base de la colonne se trouvant augmentee du poids de la masse d'air amende au-dessus par le flux lateral. Les sources lateVales sont probablementdescourantsascensionnels intenses determines paries chaleurs excessives de TeHe" en certains lieux du globe, par exemple dans l'Asie centrale. De plus, le fait du flot lateral ne dans ces sources, traversant sous forme de courant les hautes regions de l'atmosphere et rencontrant le courant general bien connu qui souffle de l'equateur vers les poles, a eUe considere recemment, et avec une tres-grande probability, comme etant la source originaire ou la cause premiere de ces tourbillons ou cyclones, connus dans les indes occidentals et la Chine sous le nom d'ouragans ou de typhons. Un point reste encore a eclaircir : admettons qu'un semblable cou- rant excessivement intense existe au-dessus des portions fortement chauffees de l'Asie et de 1'Afrique dans la zone tropicale, et que ce courant donnenaissance au-dessus de l'ocean Atlantique dans cette meme zone tropicale a un courant lateral au sein des regions sup6- rieures, ces regions, alors, seront envahies par un courant dominant soufflant de Test vers l'ouest , et ce courant rencontrera au-dessus de l'ocean Atlantique le courant bien connu qui souffle de l'equateur dans une direction sud-ouest : un courant est-ouest rencontrant un courant sud-ouest donnera naissance, en vertu des lois constantes de la mecanique, a un mouvement de rotation atmospherique dont la direction sera la meme que pour les cyclones de l'hemisphere-nord. Pour verifier l'exactitude de cette explication, il est a desirer que Ton arrive a. connaitre les variations que la pression moyenne de l'air sec subit en differentes saisons dans les diverses regions du globe ; et en supposant cette explication vraie, on doit necessaire- ment constater 1'existence de variations considerables avec certaines particularity caracteristiques. COSMOS. UZi 2° Nous avons enonce une des explications que Ton a donne'e re'cemment de la cause premiere des cyclones. II en est une autre que Ton a proposee aussi ; et elle a pour point de depart la conden- sation de grandes quantity de vapeur d'eau, et par suite l'afflux de 1'air accourant pour remplir ce vide produit par la condensation. Si cette explication est reelle, sa verite* devra etre mise en evidence par les variations que subit la seconde composante de la pression barometrique, a savoir la vapeur aqueuse. 3° La surface des mers dans l'hemisphere sud est beaucoup plus etendue que dans l'hemisphere nord. II est des lors probable que dans !a saison ou le soleil darde ses rayons sur l'hemisphere sud, 1'eVaporation pour la surface entiere du globe est plus considerable que dans la saison ou le soleil darde ses rayons sur l'hemisphere nord. En supposant la pression de Fair sec constante , la difference d'evaporation dans les deux saisons doit produire pour le globe entier une variation barometrique annuelle telle que la pression barometique totale pour la surface entiere du globe, soit la plus grande possible pendant l'hiver nord. La separation de la pression barometrique en ses deux pressions composantes servira a mettre en evidence d'une maniore directe et concluante, la cause a laquelle cette variation devra etre attri- bute. II en resultera encore que l'Svaporation etant la plus grande dans le sud, et la condensation la plus grande dans le nord , l'eau qui vient du sud au nord a l'etat de vapeur retournera au sud a. l'^tat liquide, et ce retour devra exercer probablement quelque in- fluence sensible sur lescourants de l'Oc£an. Les donnees ou reac- tifs a l'aide desquels la verite de ces diverses hypotheses pourra etre discernee, sont les variations des elements meteorologiques pour les differentes saisons et les differents mois, variations deter- miners par des methodes et des instruments rigoureusement corn- parables, et disposers en tableaux, ainsi que nous l'avons dit. Une autre preuve directe serait la constatation, si tant est qu'il puisse etre constate, de ce fait, que la quantite de pluie qui tombe dans l'hemisphere nord est plus grande que celle qui tombe dans l'hemis- phere sud; et par l'examen de la distribution entre les differentes saisons et les differents mois de l'annee, des quantites de pluie tom- bee. Les donnees acquises jusqu'ici sont tout a fait insuffis:tntes ou ne peuvent conduire a des conclusions raisonnables ; elles de- vront cependant entrer comme parties constituantes dans les docu- ments fournis par toutes les stations d'observations a terre, oil elles auront ete recueillies. liZU COSMOS. Pour que toutes les observations sur l'elasticite" des vapeurs aqueuses soient rigoureusement comparables, ll faut, autant que possible, qu'elles soient calculees au moyen des memes tables nu- meriques ; celles qui sont bashes sur les experiences de MM. Regnault et Magnus doivent etre surtout recommandees, non pas seulement en raison de leur merite plus grand, mais surtout parce qu'elles paraissent avoir <5t£ g^neralement adoptees par les observateurs des autrescontnSes. IV, Temperature de V air. Des tableaux de la temperature moyenne de l'air pour l'annee, les diverses saisons et les differents mois, sur mille points du globe, ont ete r£cemment dresses par M. le professeur Dove, et publics sous les auspices de l'Academie royale des sciences de Berlin. Cet ouvrao-e, qui est un veritable moclele de la methode a suivre pour reunir ensemble et coordonner une grande masse de faits meteoro- logiques recueillis par divers observateurs, et a differentes £poques, a conduit, comme tout le monde sait, a des conclusions d'une impor- tance extreme, relativement a la climatologie et aux lois generates de la distribution de la chaleur a la surface du globe. Ces tableaux cependant sont exclusivement formes d' observations faites a terre; pour completer ce grand travail de geographie physique, il faut eHendreles memes recherches a diverses circonscriptionsde l'Oc^an; c'est a quoi Ton arrivera, il faut l'esperer, par la grande campagne d' observations en mer que Ton est a la veille de commencer. Dans le cas de la temperature de l'air, comme dans le cas dep disrate* de la pression atmospherique , les centres des espaces geographiqu.es compris entre des latitudes et des longitudes determinees, forment comme autant de points de concentration d'observations faites au sein de ces espaces, non-seulement par un meme vaisseau, mais par plusieurs vaisseaux. Pourvu que l'on se fasse uneloi de n'em- ployer que des instruments qui aient ete compares avec soin et par des autorites competentes et responsables ; pourvu aussi que l'on ne fasse entrer dans la discussion aucune observation qui n'ait dt6 faite avec toutes les precautions possibles, surtout lorsqu'il s'agit de determiner la temperature de l'air exterieur, au milieu des nom- breuses influences perturbatrices de chaleur 6trangere et d'humidite' dont il est difficile de s'isoler a bord d'un navire , on arrivera ndces- sairement a des rSsultats importants. Disons en passant que ces precautions devront etre beaucoup plus grandes encore, lorsqu'il cosmos. U35 s'agira de prendre la temperature de Fair pendant la nuit ■ parce que les difficult de ce genre d'op^rations sont encore accrues par emploi de la lum.ere artificielle ; aussi faudra-t-il que les n struc tmns donnees sur la maniere d observer la temperature de l'a a bord sorent r digees avec la plus grande clarte, et qu'eles entreat dans les details les plus minutieux. Pour ce qui concerne les stations de terre, les tableaux de foi't«r„' T m°ntre- ^ ! °n " Un FeSSant beS0in ^'observations iaite, dans les possessions anglaises de 1'Amerique du Nord com- poses entre les stations des expeditions arctiques et celles des Z f, S,' a meme insuffisance ^observations se manifeste pour les heuxsituessousla meme latitude, a travers tout le continen jmen«m du Nord, depuis 1 Atlantique jusqu'a 1'ocean Paofique feiies Z?£F S)gnae' C°mme falSant ddfau^es Nervations hln m ftaU°nsfmiht«»"s anglaises de la Mediterranee , Gi- braltar Mate, Corfou ; et autour des cotes de lAustralie et de la Nouv , e-Zel ande ; il est enfin grandement a desirer que dans que ! que, sta ions des Indes oCC1dentales on precede, pendant au moms u..e annee, a une sene continue d'observations qui puissent me re $8gZ& corrections d^cisives k ~ aux *~ Pendant que l^tude de la distribution de la chaleur a la surface du globe fa,sait des progres rapides au double point de vueT temperature mojenne de V annee, et des variations periodiaues qui « : mamfestent, en un meme lieu, aux differentes saifons dXnnl 1 attention des geographes physiciens a ete recemment appelee et avec 1 espoir d arriver a des apercus importants pour la science' en fluTa' ^ efie'^e^e-ldes peuples, Lies cause Tdes fluctuations de la temperature, ou de ses dcarts, de 1'etat moyen ou normal, en un meme lieu, et a la meme epoque de l'annee ; ces de^meres variations out recu le nom de variations nonp'erZ- On sait qu'elles affectent , souvent a un meme instant, des re- gions tres-etendues du globe; et Ion a reconnu qu'en general, sinon toujour* ces fluctuations sont accompagn^es de fluctuations en sens contraire, se produisant en meme temps dans des regions cor- SttS S,tUdeS ' distanCe; de telle sorte que- Par 'a compa- deTln ,rVat,10nS S^nch'oni(3ues. on Peut marquer le passage de a locality ou le maximum de chaleur plus grande ou au-dessus o-e la moyenne se fait sentir, et la localite du minimum de chaleur 436 COSMOS. plus petite ou au-dessous de la moyenne. Les moyennes , meme mensuelles, sont insuffisantes k la manifestation des variations non penodiques ; et Ton a senti depuis longtemps la necessite de deter- miner la temperature moyenne pour des periodes d'une serie de temps beaucoup plus courte. Les £tablissements meteorologiques des Etats de 1 'Europe qui ont pris une plus grande part a la pour- suite des recherches meteorologiques, ont adopts, en consequence, une moyenne de cinq jours , comme la peViode intermediate la plus convenable entre les moyennes du jour et du mois ; et ce qui fait mieux ressortir la confiance que Ton a dans les r^sultats inte- ressants auxquels ce genre de recherches doit conduire , c'est que i on a eu le courage d'aborder le calcul effrayant des moyennes de cinq jours, pour toutes les series d'observations du siecle dernier qui paraissaient faites avec assez de soin. L'ouvrage ou seront consignees les conclusions de cette longue discussion est deja trfcs- avance , et Ton ne saurait trop recommander aux observateurs qui veulent contribuer serieusement aux progres de la m^teorologie d ajouter aux moyennes ordinairement calculees , de l'annee , du mois, du jour, la moyenne des cinq jours. Le calcul de cette moyenne doit toujours partir du premier Janvier ; cette marche uniforme ren- dra la comparaison des observations plus facile et plus fructueuse : dans les annees bissextiles , la periode qui comprend le 29 fevrier sera de six jours. Pour constituer la climatologie a l'etat de science, il est a. desirer qu on adopte un mode exact et convenable de calcul et d'expression de ce qu'on peut appeler la variabilite comparative a laquelle est assujettie, par suite des causes non periodiques, la temperature des differentes parties du globe, ou la temperature d'une meme region du globe dans un meme lieu, aux differentes saisons de l'annee. La variabilite probable, calculde sur le meme principe que Yerreur probable de chaque observation prise dans unnombre suffisamment grand d'observations independantes , a ete signalee recemment comme fournissant une sorte de mesure de la variation non perio- dique probable aux differentes saisons de l'annee. Une premiere application de cette melhode de calcul a ete" faite aux moyennes de cinq jours deduites des observations de douze annees, de Toronto au Canada ; cette sorte d'indice ou coefficient de variability est d'une application absolue et g^ndrale ; il fournit un moyen de com- parer la variability probable de la temperature aux differentes sai- sons, dans un meme lieu ou dans des lieux differents dont les ob- servations auront ete reduites et discut^es de la meme maniere. II COSMOS. 437 est a d^sirer que cette melhode , ou une methode meilleure, s'il est ' possible d'en trouver une, soit adopted par tous ceux qui d&irent que leurs observations acquierent une utilite pratique au point de vue de la metdorologie medicale ou agricole, et dans un grand nom- bre d'autres circonstances ou les particularites du climat jouent un role important. Une fois en possession de ces trois donn^es essen- tielles, la moyenne temperature annuelle, les variations periodiques du jour, du mois, de la saison , le coefficient de disposition a des variations non periodiques ou irregulieres, on aura tous les elements n^cessaires a la representation fidele et complete d'un lieu au point de vue de la temperature , autant du moins que l'etat present de nos connaissances peut le permettre. (La suite au prochain numero.) ACADEMIE DES SCIENCES. SEANOli DU 1 6 AVRIL. Cette seance a ete consacree principalement a des travaux d'his- toire naturelle et de physiologie. Apres la reception et l'installation de M. Daussy, M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire a mis sous les yeux de ses confreres de tres-beaux echantillons de laine provenant de chevres d' Angora, envoyees au Museum par Abd-el-Kader. Cette laine atteint sur quelques parties du corps de 1 'animal jusqu'a. 25 centimetres de longueur ; elle est d'une finesse et d'une elasticity fort remarquables. M. Geoffroy-Saint-Hilaire a fait voir en outre quelques echantillons de tissusfaits avec cette meme laine et rap- portes deLondres par M. Ramon de la Sagra. La chevred' Angora, orieinairedel'Asie mineure et del'Anatolie, presente une taille moyenne , elle est presque toujours blanche, ses oreilles sont pendantes et ses cornes droites et contournees en spi- rale. Les Angoriens tondent leurs chevres au mois de mars, et la toison en est immediatement filee pour etre emballee et mise dans le commerce. On porte a 5 000 balles par an la quantite de laine que la seule ville d'Amiens retirait jadis et retire peut-etre encore d'Angora. Cette enorme importation d'un produit toujours fort cher fait sortir de France des sommes considerables que l'acclimata- tion de la chevre angorienne pounait conserver dans le pays. Si nous en croyions cependant les voyageurs, et surtout une hardieet spirituelle voyageuse qui visita dernierement la ville d'Angora, les chances d'acclimatation de ses chevres se trouveraient singulierement compromises. Cette noble touriste nous raconte en effet qua quelques lieues a peine d'Angora , chats , chevres, lapins , tout est change^ quoique l'ensemble du paysage ait conserve la meme apparence. Or, si aux portes de leur ville natale, ces animaux perdent leur poil long et soyeux, comment pourraient-ils le conserver dans nos bergeries, oil les conditions exterieures ressemblent si peu a celles de l'Ana- tolie 1 Au dire de M. Geoffroy-Saint-Hilaire, Angora aurait des cH6s extremement chauds et des hivers trfes-rudes, ce que le poil de ses chevres representerait d'une maniere admirable. Long et soyeux pendant la saison froide , ll serait court et ras durant les fortes chaleurs. On constate une difference tres-grande de souplesse entre la laine des animaux jeunes et celle des animaux plus ag£s. Les fibres laineuses acquierent avec l'age plus de rigidite et perdent unpeu de COSMOS. UZ9 leur finesse elegante. Ce n'est pas la premiere fois que Ton essaie d'acclimater en France la race d'Angora. Des essais entrepris a Rambouillet avaient donne d'abord de tres-grandes esperances qui ont £te" bientot detruites. La gale et 1' elephantiasis se sont mis dans les troupeaux et les ont Fait dispuraitre. II faut esperer qu'il n'en sera pas de meme cette fois-ci, et qu'Abd-el-Kader aura la gloire de doter la France d'une richesse nouvelle , et l'industrie d'une matiere tres-precieuse. — M. Geoffroy-Saint-Hilaire presente ensuite un memoire de MM. Joly etLadvocat sur un monstre accphale de l'espece bovine. II parait quejusqu'a ce jour l'homme avait seul joui du triste privi- lege de venir au monde parfois sans cerveau et sans moelle epiniere; maintenant l'espece bovine vient partager son sort. — M. Dubeau, de l'Ecole d'Alfort, adresse a. l'Academieun tra- vail anatomique execute par lui sur un veau monstrueux ayant ap- partenu a la menagerie du Museum. Ce veau portait au-dessus de sa tete un second individu, dont la presence n'etait signalee que par une sorte de tumeur renfermant les os maxillaires. Cette tu- meur e"tait attachee a une espece de pedicule qui reunissait le veau normal a l'avorton parasite. — M. Laugier a eu a traiter aussi une monstruosite singuliere, en operant l'ablation d'une tumeur qu'une jeune fille avait des sa naissance a. la region du sacrum. Les details relatifs a cette opera- tion et a la forme de la tumeur nous sont inconnus. — A la suite des communications teratologiques dont nous ve- nons de parler, M. Coste est venu lire la premiere partie d'un tra- vail sur lorigine de la monstj'uosite double. Nous ne dirons rien de ce memoire, ni de la discussion a laquelle il a donne lieu entre MM. Coste, de Quatrefages, Geoffroy-Saint-Hilaire et Serres. Pour bien rendre compte de semblables debats, il faudrait donner d'abord en entier la piece qui en est le point de depart et la base ; or, nous n'avons pas sous les yeux le travail de M. Coste, et son etendue ne nous permettrait guere de l'imprimer en entier dans notre jour- nal. Nous re"serverons done pour un autre numero son analyse et l'exposition des critiques auxquelles il a 6te" soumis par les natun ralistes dont nous avons indique les noms. — M. Becquerel a presente" un travail de son fils, M. Edmond Becquerel, sur le pouvoir magntHique de l'oxygene. C'est un resume de ce memoire, fait par l'auteur lui-meme, que nous allons donner ici a nos lecteurs : MO COSMOS. « On sait que dans un travail lu a l'Academie des sciences, le 21 mai 1849, et relatif a l'action des aimants surtous les corps, j'ai annonccque l'oxygene est un corps magnetique ou attirable aux ai- mants et que l'air atmospherique partage avec lui cette faculte, en raison de la proportion d'oxygene qu'il contient (1). ,« Le procedi5 d' experimentation employe pour mesurer l'action exercee par un aimant sur les gaz, par rapport a celle qui est pro- duite sur un corps pris pour unite, consistait a placer successivement de petits barreaux de cire, de soufre, de verre, de charbon, etc., dans le vide et dans diflerents gaz, afin d'apprecier le pouvoir ma- gnetique de ces gaz par la difference des effets observes dans les deux circonstances ; il est susceptible, comme on le sait, d'une trfes- grande precision. Entre autres resultats obtenus, je rappellerai que le rapport de l'attraction exercee par un aimant sur l'oxygene a la repulsion qui a lieu sur un meme volume d'eau, est proportionnel a la densite du gaz et qu'il peut etre represents par -f- 0.183 a la tem- perature de 12° centigrades. « Depuis lapublicationdecesrechercb.es, M. Faraday (2) acherche\ par une autre methode, Taction comparative exercee sur l'oxygene et sur l'eau, et il a trouv6 un nombre a peu pres semblable a celui que j'avais donne. M. Matteucci (3) a egalement indique une me- thode qui lui a permis d'arriver a un nombre peu different; quant a M. Plucker (4), en determinant, a l'aided'un ballon successivement rempli d'oxygene et vide, en contact avec les armatures de l'electro- aimant, les poidsn^cessaires pour rompre ce contact, il a trouve des resultats diflerents. « Si Ton reflechit que la terre est entouree d'une masse d'air equi- valente au poids d'une couche de mercure de 76 centimetres d'epais- seur, il est aise de comprendre qu'une pareille masse soumise a des variations continuelles de temperature et de pression, doit intervenir dans quelques-uns des phenomenes dependant du magn^tisme ter- restre. En calculant, en effet, quelle esi la puissance magnetique de cette masse fluide , on trouve qu'elle equivaut a une immense lame de fer dune epaisseur d'un peu plus de ■-% de millimetre et qui couvrirait la surface totale du globe. J'ai pense\ d'apres cela, qu'il y avait quelqu'interet a examiner de nouveau, par une (1) Annates de physique et de chimie, t. 28, p. 2S3, et t. 32, p. 6S. (2) fill'lioih&qtie itnii'erselle de Geneve, juin 1853, p. 112. (3) Comptes rendust t. xxxvi, p. 317. (4) Annates de physique et de chimie, t. xxxiv, p. 342. COSMOS. Uhi autre methode que par celle dont j'avais d'abord fait usage, Taction exercee sur Toxygene, l'air et les gaz, a diverses temperatures et a differentes pressions , et de pouvoir determiner leur magnetisme spe'cifique pour differentes intensites magnetiques. « J'ai rapporte, comme dans les premieres recherches, toutes les determinations a l'eau distillee, et j'ai determine, a l'aide de balan- ces tres-sensibles, les attractions et repulsions exercees a. distance par un puissant electro-aimant, mais d'une force un peu moindre que celui qui avait servi precedemment. Je me suis an ete a cette methode precisement par ce motif que M. Plucker ayant fait usage d'un pro- cede analogue avait trouve d'autres nombres que ceux que j'avais donnes, mais j'ai evite tout contact entre les corps soumis a Taction des aimants et les armatures, et j'ai ramene toates les determina- tions a la meme temperature et a la meme pression. « Dans les precedentes recherches, j'avais admis, dans chaque cas, que Tintensite de Taction exercee sur les substances examinees variait comme le carre de Tintensite du courant electrique circulant autourde Telectro-aimant ; mais dans ces nouvelles recherches, Tac- tion exercee sur les corps soumis a Texperience etant compliquee de Taction exercee sur Tenveloppe et ses garnitures, j'ai prefere de- terminer directement par experience les actions exercees sur chaque corps a diverses intensites magnetiques , en variant le nombre des couples depuis 10 jusqu'a 60, et en determinant dans chaque cas Tintensite ducourant a, Taide d'une boussolle des sinus. Alors on pou- vait, a Taide d'une formule d'interpolation tres-simple, trouver Tac- tion magnetique exercee sur chaque substance et a diverses inten- sites determinees et constantes. Les resultats obtenus conduisent a des consequences dont nous indiquons ici les principales : « 1° Avec un electro-aimant dont le diametre du fer avait 7 cen- timetres au lieu de 11 centimetres, comme dans les premieres re- cherches, Taction repulsive exercee sur le bismuth, l'eau, etc., ne varie proportionnellement au carre de Tintensite du courant qui cir- cule autour de Telectro-aimant que jusqu'a Tintensite correspondante a peu pres a 15 ou 20 couples de Bunsen ; avec un nombre plus con- siderable de couples allant jusqu'a 60, le rapport entre Taction mesuree a la balance et le carre de Tintensite du courant diminue a mesure que cette intensite est plus grande. On a donne pour diffe- rentes substances les actions exercees a diverses intensites magneti- ques, elles conduisent pour quelques-unes a un magnetisme spetifique UU2 COSMOS. variable avec l'intensite magn6tique, ainsi que je l'ai prouve dans le premier memoire. « 2° Entre les limites d'intensite de courant comprises depuis 10 jusqu'a 60 elements et mesurees par la boussole des sinus, le magn£- tisme spe^cifique de l'oxygene par rapport a l'eau ne varie pas sen- siblement de -^ de sa valeur. II est en raison directe de la density du gaz. « 3° A 0° et 0m,76 de pression, le magnetisme spdcifique de l'oxygene par rapport a l'eau est en moyenne -\- 0,1823. « 4° L' action exercde par l'air atmospherique est mesuree par les ^T3 de Taction exercee par l'oxygene dans les memes circons- tances de temperature et de pression. « 5° On a obtenu les nombres suivants pour repr^senter les ma- gnetismes specifiques, en volume, de quelques substances solides et gazeuses, a 0° et 0ra,76 de pression, avec des intensites de courant comprises entre 30 et 60 couples de Bunsen : Substances. Magnetisme specilique. Eau 1 Oxygene _j_ 0.1823 Deutoxyde d'azole -j- 0,0498 Air -j- 0,0383 Chlore | d'apres les — 0,0046 Ammoniaque J dissolutions — 0,0020 Acide sulfureux \ aqueuses — 0,0005 Eau Cuivre (depot galvanique). . . . Id. pur Argent pur Or (pepite du poids de 4818,5) Or pur Bismuth Magnetisme specifique. — 1 — 1,41 — 1,68 — 2,32 — 2,41 — 3,47 — 22,67 " 6° Cette methode experimental qui m'a servi a controler celle que j'avais employee dans mes premieres recherches, mais qui ce- pendant est moins sensible que celle-ci, n'a pas permis de pouvoir determiner la diminution d'attraction magne'tique que l'oxygene semble eprouver de la part des aimants quand on eleve sa tempe- rature (a density egale, bien entendu). « On voit done que ce travail a eu pour but de montrer la concor- dance des resultats obtenus dans la comparaison des actions magn^- tiques exercees sur les corps, al'aide des deux proced£s d' experi- mentation dont j'ai fait usage et qui sont fondes sur des principes tout a fait difTerents. » — M. Gerdy lit un memoire de chirurgie operatoire sur la g\i6- rison radicale d'une fistule a l'anus. — M. Flourens presente une note de M. Poggiale relative a la presence du sucre dans l'economie animale, et a la fonction que joue le foie dans la production du glucose. Les conclusions du tra- COSMOS. M3 vail de M. Poggiale paraissent etre tres-favorables a \afonction glucogenique du foie , quoique l'habile chimiste du Val-de-Grace ait constats la presence du sucre dans la veine porte chez les ani- maux nourris de substances amylases. — Un autre memoire sur le meme sujet, adresse par M. Le- comte, conduit au meme resultat par une voie fort differente, ce qui fournit une preuve de plus en faveur de la theorie crd£e et soutenue par M. Claude Bernard. — La correspondance a et^ d^pouillee par M. Elie de Beau- mont. Seulement, comme le savant secretaire parait ne pas vou- loir suivre l'exemple d'Arago, et qu'il se plait a lire d'un bout a l'autre, souvent a grande peine, les lettres ou les notes adressees a l'Academie, au lieu d'en etudier d'avance 1'objet, et de l'exposer succinctement et clairement a ses confreres, il en requite que lors- que le temps presse, quand l'heure est trop avancee ou que l'Aca- demie doit se constituer en comite secret, la correspondance ne peut etre entierement lue par le secretaire, et alors on la renvoie a hui- taine, ou a quinzaine, comme on l'a fait dans cette seance, ce qui est un remede encore pire quelemal; car huit jours plus tard au lieu d'une seule correspondance on doit en depouiller deux, et l'embar- ras augmente. Gare ensuite a la semaine des trois correspondances! M. Biot a eleve" la voix contre ces lectures aussi peu interes- santes et aussi peu instructives que cedes des memoires de ma- th&natiques; mais il est a craindre que la parole de l'illustre doyen n'ait relenti dans le desert. Quoi qu'il advienne , voici sommai- rement les titres des principales pieces qui composaient la corres- pondance de ce jour. — II y avait d'abord une lettre de M. le Ministre de l'instruction publique annon9ant les mesures prises par lui pour venir en aide a la famille de feu Pierre-Alphonse Laurent, le jeune et habile ma- thematician dont nous avons deja parle, et sur la veuve et les en- fants duquel l'Academie avait appele l'attention bienveillante du Ministre. Une bourse a ete accordee au fils ain^ de Laurent dans le lycee de Douai, et une petite pension a ete assignee a sa mere. — Le meme Ministre envoie et recommande a l'Academie des dessins et aquarelles de M. Valerio representant les types anthro- pologiques des Hongrois, des Slaves et des Valaques. — Le Ministre de l'agriculture et du commerce adresse plusieurs exemplaires des travaux du jury francais a l'Exposition de Londres pour etre distribues aux membres de 1'Academie. m COSMOS. _ M Antoine Passy se presente comme candidal a la place d'academicien libre restee vacante par la mort de M. Duvemoy. — M Elie de Beaumont annonce a ses confreres une perte dou- loureuse que 1' Academie vient de faire dans un de ses plus illastres corresnondants. M. Henry de la Beche est mort a Londres au mo- ment ou il travaillait avec la plus grande achvite a 1 achevement de a carte geologique d'Angleterre et a la constitution de sonmusee deg'Togie efonomique e&t metallurgique de la Grande-Bretagne. C'«t vendredi dernier que S. Henry de la Beche a rendu le dernier soupir Oificier du genie, ,1 avail apporte dans l'etude de la geologie les connaissances mathematiques dont la plupart des geologues manquent d'ordinaire, et sans lesquelles U ne saurait cependant y avoir de veritable science. Les cartes qu'il a tracees temoignent de sa grande aptitude pour les travaux geometriques, et resteront comme des modeies parfaits dans leur genre. -Un autre geologue, tres-distingue , est mort aussi dans ces derniers jours; e'est M. Greenough qui assistait, il n y a pas long- temps, aux seances de l'Academie. __ M Yvon Villarceau, en l'absence de M. Le Verrier , adresse deux nouvelles observations de la planete, trente-quatneme, decou- verte par M. Chacornac. — M. Masson fait hommage a l'Academie de son travail lm- prime sur la constitution de l'etincelle electrique. _ M Lezat, dont un plan en relief des Pyrenees Orientates se trouve expose dans la salle d'attente, adresse la description de ce plan et promet d'envoyer prochainement un autre relief de la meme re-ion, dans lequel les proportions relatives des different objets seront exactement conserves. Dans celui qui se trouve nontenant a l'Academie, l'echelle des hauteurs est double de celle des coor- donnees honzontales et les arbres et autres details du paysage y ont des dimensions par trop exag^rees. _ M. Marchal (de Calvi) envoie un memoire sur la bnevete de la respiration chez les chanteurs et sur les moyens d'y remedier. — M. Owen fait hommage a l'Academie de son Traite d osteo- losie comparee. — Nous devons a l'obligeance de M. Walferdin la communica- tion de la note suivante relative aux thermometres a indices de Rutherford, qui se trouvait parmi les pieces de la correspondence : « Les thermometres a deversement, a minimum, que j'ai pro- poses, sont destines a etre mis en experience sur les points ou COSMOS. 445 c ceil et la main de Vohservateur ne peuvent atteindre directe- ment. lis rapportent leurs indications sans que les secousses et les causes de perturbation, qui affectent les thermometrographesoules autres instruments thermometriques, puissent les faire varier : leurs re^ultats sont certains , mais pour en connaitre la valeur, il faut recounr a une comparaison qui ne permet pas que ces instruments soient habituellement employes en m^teorologie. Lorsqu'il s'agit seulement d'obtenir l'indication de la tempera- ture la plus basse, dans un espace de temps quelconque, sur un point accessible a Vohservateur, mais en son absence, on emploie le thermometre horizontal a minimum de Rutherford, qui n'est comme on sait, que le thermometre ordinaire a alcool ou se meut un index en email entraine par le liquide thermometrique lorsqu'il y a abaissement de temperature, sans que l'accroissement de la temperature doive ensuite le deplacer quand l'alcool se dilate. Si je dis que le thermometre a minimum de Rutherford n'est qu'un thermometre ordinaire a alcool, ce n'est point pour diminuer Importance d'un des instruments les plus simples et les plus in- genieux, du seul thermometre a index qui merite reellement d'etre conserve. C'est surtout pour rappeler qu'il a 1'avantage trop peu apprecie et peut-etre trop peu connu, non-seulement de conserver l'indication du minimum, mais de donner, ainsi que le thermo- metre ordinaire, celle de la temperature au moment meme ou on l'observe. Car, pour fournir cette double indication, il suffit sim- plement qu'au lieu d'etre place debout comme le thermometre or- dinaire, il soit maintenu horizontalement. Propose par Rutherford en 1794, ce ne fut que plus de vingt annees apres, qua son retour d'un voyage en Angleterre, Ara°-0 le rapporta et le fit connaitre en France. Quoiqu'il soit de l'application la plus facile, puisqu'il n'y a qu'a le renverser pour le regler apres chaque observation ; quoiqu'il presente une notable utilite dans les nombreuses circonstances ou 1'on a besoin de connaitre la tempe- rature la plus basse dans un temps et sur un point donnes, 1'usage en est neanmoins reste" limite parmi nous a quelques c'as spe- ciaux. J'ai du rechercher pour quel motif un instrument d'une pareille simpliciten'etait pas generalement employe, etj'ai reconnu que cela provient surtout de ce que ses indications ne sont pas toujours aussi certaines, et la marche de son index aussi infaillible qu'on le sup- pose. En effet, lorsque l'abaissement de la temperature est rapide, et M6 COSMOS. lorsque I'instrument ne contient pas une masse d'air assez conside- rable pour refouler l'alcool dans la tige, l'index s'arrete souvent en dehors du liquide thermometrique , et , par suite des memes cau- ses, de frequentes solutions se forment dans la colonne de ce li- quide. D'un autre cote, pendant que I'instrument est expose" a une temperature elevee, en 6te par exemple, l'alcool se vaporise ; il se condense ensuite, se loge dans la partie superieure du tube ou dans le reservoir qui la termine, et les indications de I'instrument se trouvent ainsi faussard operait, il se servait pour ses experiences d'un cone en verre noir poli, dont Tangle, au sommet, £tait de pres de 71°. Ce cone, fixe" par sa base perpendiculairement sur un ecran blanc et place" au centre d'un cylindre de rayons paral- lels, produisait sur l'ecran un cercle de lumiere r£fi£chie, polarised dans tousles azimuths. Si la lumiere incidente 6tait elle-meme polari- sed, on voyait paraitresur l'ecran 2 maxima et2 minima d'intensite lumineuse.En interposant alors entre le polariseur primitif etlecone une plaque de quartz perpendiculaire a l'axe, les 2 alternatives de lumiere et d'ombre dtaient remplacdes par 4 spectres magnifiques bien etalds, et presentant la succession des teintes allant de gauche a droite ou de droite a gauche, suivant le sens de gyration du quartz. L'experience de M. Guerard nous parait avoir sur celle de M. Haidinger le tres-grand avantage de pouvoir etre montr^e par projection a une nombreuse assemblee, tandis que la petitesse ex- cessive du point dclairant dans l'appareil a refraction conique ote tout moyen de s'en servir pour la demonstration en public. Bien entendu qu'il n'est pas dans notre pensee d'assimiler en aucune facon les deux phenomenes qui donnent naissance aux deux anneaux lumineux polarises par reflexion ou par refraction conique; mais la beauts et l'importance du phenomene observe, tenant surtout a l'etalement des spectres gjratoires, et non pas a la disposition bien connue de la lumiere polarisde sur les anneaux de M. Lloyd, nous croyons que l'experience de M. Guerard peut remplacer avec avan- tage celle de M. Haidinger. Nous ferons remarquer, avant de terminer ce preambule, que les figures des cristaux d' acetate de cadmium que nous donnons ici, n'ont pas et6 tracees d'apres des angles mesures sur le sel COSMOS. &55 meme. Nous les avons dessin^es par a peu pres, en partant d'un croquis de M. Haidinger, intercale" danssa lettre. Nous avons con- serve^ sur ces figures la notation de l'illustre mineralogiste, qui dif- fere beaucoup de la notation la plus usitee en France. Voici a quoi correspondraient dans la notation francaise [Dufreiioy] les lettres marque'es par M. Haidinger : GOA — /7Z G. Govi. Voici maintenant la lettre de M. Haidinger : « Je suis heureux de pouvoir vous e'crire d'une nouvelle espece de cristaux, produit de laboratoire chimique, qui promet de devenir une bonne acquisition comme appareil d'optique. Le chevalier Charles de Hauer a reussi a faire cristalliser l'acetate de cadmium. M. Stromeyer en avait decrit de petits cristaux, MM. Meissner et John n'avaient vu qu'une masse amorphe, ressemblant a la gomme arabique. Les cristaux de M. de Hauer etaient d'un pouce de lon- gueur, quelques-uns, plus courts, avaient pourtant £ de pouce de diametre. Les cristaux appartiennent au systeme oblique ou augi- tique [prisme rhomboidal oblique). Les axes optiques d' elasticity AA' font un angle de 12° avec l'axe des prismes. Les cristaux sont parfaitement blancs et transparents; mais voila ce qu'il y a de vrai- ment remarquable et d'eHonnant : lorsqu'on examine l'absorption des cristaux a l'aide de la loupe dichroscopique, on s'apercoit que la lumiere traverse librement le cristal, lorsqu'elle est polarised 456 COSMOS. dans la direction de l'axe, mais qu'elle est fortement absorbee lors- qu'elle est polarisee perpendiculairement a cet axe (AA'J. Une £paisseur de 5 a 6 millimetres suffit pour l'absorption totale. Cer- tainement nous pourrons trouver moyen de tailler ces cristaux, d'ailleurs, malheureusement, tres-tendres, de maniere a en former des plaques parfaitement incolores , qui ne laissent passer que de la lumiere polarisee, tout a fait comme un prisme de Nicol ; deux plaques croisees pourront servir au lieu de deux plaques de tour- maline, mais elles seront preferables a. celles-ci par la limpidite qu'elles possedent. J'ai donne* une premiere notice sur ces cristaux vraiment surprenants a notre academic M. de Hauer est occupe a faire cristalliser de nouvelles solutions, parce que les premiers cris- taux etaient encore trop petits pour que Ton put s'en servir. J'ai degrandes esperances dans ces cristaux, qu'en attendant j'ai nom- inees cristaux de Cadmacetite. Je ne tarderai pas a vous ^crire, s'il y aura quelque reussite ulterieure. « J'ai presente" aussi a 1' Academie un memoire relativement a quel- ques observations assez curieuses que j'ai eu occasion de faire sur la refraction conique. Je l'avais observed dans le diopside, mais ce- ki-ci etant une espece dichro'itique (ou plutottrichro'itique, ou pleo- «hroitique) on distinguait tres-facilement les deux couleurs, verte et jaune, toutes les fois que les deux images de la petite ouver- ture se trouvaient l'une a cote" de lautre. Suivant l'idee donne"e par la nature, je cherchais a colorer les images donnees par des plaques d'arragonite, par des plaques de dichroi'te, de cordie>ite, d'auda- lousite et autres. Mais l'absorption causaittrop de perte d'intensite' de lumiere. Je reussis enfin , d'une maniere bien brillante , par le moyen suivant : JL " Je regardai le petit trou eclair^ T, a travers l'arra- gonite A, par le moyen d'un microscope M grossissant 56 fois seulement, sur le microscope je posai un plaque de cris- tal de roche Q taillee perpendiculairement a l'axe, et sur eehu-la. un rhombe de spath calcaire S. On voyait alors deux images de l'anneau de refraction conique , montrant chacune la succession complete de droite a gauche ou de gauche a droite, des couleurs de polarisation gyro'ide du quartz. C'est vraiment un phenomene admirable. » SUB LA THEORIE DES EXPERIENCES GYROSCOPIO.UES DE M. FOUCAULT PAR M. BADEN POWELL. Les experiences remarquables, par lesquelles M. Foucault a de*- COSMOS. 657 montre directement le mouvement de rotation de la terre, et mis en evidence l'effet indirect de cette rotation sur l'orientation de l'axe d'un disque soustrait a l'action de la pesanteur et anime seu- lement d'un mouvement de revolution rapide , ont excite un tres- vif inte>et : Ton doit des lors regarder comme vraiment utiles les tentatives qui ont pour but de simplifier et de rendre plus claire la thewie de ces experiences; d'autant plus que les explications es- say e"es jusqu'ici, celle surtout donnee par M. Foucault lui-meme, et qui a pour point de depart le principe de la composition des couples deM. Poinsot, ont paru , jusqu'a un certain point, compliquees et obscures. L'appareil appele gyroscope consiste essentiellement en un dis- que metallique circulaire; tres-lourd sur sa circonference, et tour- nant autour d'un axe dont les deux extr^mites termin^es en pointes fines roulent aussi librement que possible dans deux trous perces aux extremites de l'un des diametres d'un cercle en laiton ; ce cer- cle roule lui-meme sur deux pivots dont les coussinets sont creus^s diam£tralement dans un second cercle en laiton maintenu en suspen- sion dans un plan vertical au moyen d'un fil saris torsion, place" a son sommet, et d'un pivot inferieur, jouant dans un chassis ou support vertical fixe, auquel se rattache en haut le fil de suspension. On peut empecher le mouvement de l'un ou l'autre des deux cercles mobiles, ou de tous deux a la fois; de telle sorte que le disque puisse a vo- lonte ou se mouvoir librement dans l'espace, en passant tour a tour par tous les azimuths et toutes les altitudes, ou ne se deplacer que dans le sens de l'azimuth ou de la hauteur, etc. Dans ces experiences, la principale condition mecanique du sys- teme est celle que M. Foucault a designee sous le nom de Cons- tance du plan de rotation; elle consiste en ce que le disque pesant, que Ton a anim^ d'un mouvement de revolution ou de rotation tres- intense au moyen d'un systeme de rouages, avant de faire feposer les pivots de l'anneau qui le porte sur leurs tourillons , continue a tourner dans son plan primitif de rotation , malgre" la pesanteur et les autres circonstances exterieures , de telle sorte qu'on ne peut le faire sortir de ce plan qu'en exercant une action considerable. Avant d'aborder l'explication des phenomenes, nous rappellerora les principes suivants : 1° Le principe de la composition des mouvements rotatoires, qui consiste en ce que, si un corps tournant autour d'un certain axe est soumis a l'influence de forces qui tendent a le faire tourner au- tour d'un second axe different du premier, les deux tendances se 458 COSMOS. composeront en une seule, et le corps tournera autour d'un nouvel axe faisant avec les deux premiers un angle que Ton peut calculer a priori au moyen de theoremes connus, comme on peut le voir dans le Traile de precession de M. Airy. 2° Le principe inverse de la decomposition des mouvements ro- tatoires , applique d'abord par Euler a la rotation de la terre : le mouvement absolu de rotation de notre globe qui, en un point quel- conque de sa surface, a lieu dans un plan passant par le parallele ou cercle de latitude du lieu, plan que, pour abreger, nous d^signe- rons sous le nom de plan de latitude, peut se decomposer en deux autres mouvements rotatoires : Tun, dans un cercle, mene par ce lieu perpendiculairement au meridien ; l'autre, dans un cercle men£ perpendiculairement au premier, et dont le centre serait le lieu de l'observation : si Ton appelle L la vitesse de rotation absolue dansle plan de latitude, K la vitesse du mouvement de rotation dans le plan perpendiculaire au meridien, M la vitesse de rotation dans le second plan, on verra sans peine que K est initialement propor- tionnel au cosinus , et M proportionnei au sinus de la latitude. 3° Le principe de la composition des forces, en vertu de quoi, si R etant la resultante des deux forces P et Q, on compose P avec R pour obtenir une resultante R<, comprise entre P et R; puis R< avec P pour obtenir une troisieme resultante R2, comprise entre P et Ri; et ainsi de suite ; la resultante finale deces series de com- positions Rgo co'i'ncidera en grandeur et en direction avec la force P. Arrivons maintenant aux experiences. Premier cas. Le disque en rotation est parfaitement equilibre- et libre de se mouvoir en altitude et en azimuth a la fois. Supposons que, dans le premier instant, l'axe de rotation du dis- que est horizontal et dirige dans le sens Est-Ouest, E.-O. fig. 1. Alors la rotation de la terre l'emporte avec l'ap- pareil tout entier, et, s'il £tait en repos, elle le ferait s'incliner vers l'Est E, dans le plan de l'altitude. Mais , a cause de la Constance du plan de rotation, le disque, tend a rester parallele a son plan primitif; et, comme il est parfaitement libre d'une partde se mouvoir, par rapport a l'ap- pareil, de l'autre, complement independant de la pesanteur, il semblera amine" d'un mouvement apparent £gal en intensite , mais de sens contraire a celui de la terre, dans le plan de latitude; les composantes K' en altitude, et M' en azimuth de ce mouvement COSMOS. 459 apparent , seront mises en evidence respectivement par les cercles mobiles de l'appareil. Le mouvement en altitude serait tres-difficile a observer parce qu'il change de plan a chaque instant ; mais le mouvement en azi- muth s'observe sans peine, a l'aide d'un microscope arme a son foyer de fils micrometriques, et dirige sur une petite echelle divisee, mstallee sur le bord du cercle vertical fixe. Ces mouvements conti- nued avec le mouvement de la terre, aussi longtemps que dure la rotation du disque autour de son axe ; et l'on demontre sans peine que la vitesse du mouvement azimuthal est proportionnelle au sinus de la latitude du lieu, comme dans le cas du pendule libre. Deuxibne cas. Le disque tourne autour de son axe rendu hori- zontal, et ne peut se mouvoir que dans le sens azimuthal. Suppo- sons que le plan du disque est d'abord parallele au meridien, fig. 2. La Constance du plan de rotation s'opposant a l'effet de la rotation de la terre, dans le plan de la latitude, de ces tendances opposees ll requite que le disque tend a s'incliner en se rapprochant du plan de latitude, ou a marcher de Test vers 1'ouest, de E. vers 0. ; d'a- bord dans la direction P', tangente a l'arc que son extremite supe"- neure decrirait; mais le diametre vertical du disque etant fixe' in- vanablement dans l'appareil, relativement a la terre, oppose a cette tendance une tendance egale et contraire P, cette tendance se com- poses avec le mouvement rotatoire du disque represente par E que nous supposerons a l'extremite superieure s'effectuer vers le sud Q, pour donner une r^sultante intermediate R, et le disque prendra une nouvelle position D\ dans un plan incline sur celui du mendien, pendant que son axe tournera en azimuth , de Test vers le nord, de E. vers N. Dans cette nouvelle position, la meme action se produira, les deux composantes R et P, du mouvement total, don- neront une nouvelle resultante R,, qui rapprochera le disque de P et son axe de N.; ce deplaceraent continuera indefiniment, jusqu a &60 COSMOS. ce que le disque soit venu se fixer dans le me>idien. Si la rotation du disque avait eu lieu en sens contraire, une construction semblable montrera que le disque se deplacera du nord vers Test, de N. vers E.; et dans les deux cas, lorsque le disque sera parvenu a sa po- sition d'equilibre, la rotation se fera dans la meme direction que celle de la terre. Troisieme cas. Le disque tournant est place" de telle sorte que son axe ne peut se mouvoir librement qu'en altitude et dans le plan du mendien, fig. 3. Le disque, s'il&ait libre, auraitun mou- vement apparent oppose" a celui de la terre, c'est-a-dire que l'extremite" Est de son diametre horizontal serait anim^e d'un mouvement de bas en haut dans le plan de latitude, et ce mouvement se fe- raitdans la direction P\ tangente a Tare que le disque tend a d^crire. Mais ce mouvement est contrarie par une reac- tion egale et opposed P, qui tend a entrainer le disque en bas. Ces tendances combiners avec la rotation Q du disque donneront une r£sultante R comprise entre P et Q, qui fera prendre au disque une nouvelle position D', en faisant monter l'extremit^ nord N, de son axe; cette ascension se continuera par l'infiuence des memes causes jusqu'a ce que l'axe du disque soit devenu parallele a l'axe de la terre. Si le disque s'etait mu primitivement dans la direction op- posed on prouverait de la meme maniere que l'axe en s'abais- sant et le disque en tournant viendraient se placer definitivement dans la meme position. RAPPORT SUR LE SUJET A PROPOSER POUR LE PRIX BORDIN , Qttt DEVRA ETRE DECERNE EN 1856. M. BtOT, RAPPORTEUR. « Une Commission , composee de MM. Liouville , Lame , Cau- chy, Biot et Duhamel , a etd charged par l'Acad^mie de r^diger un projet de programme pour le concours du prix fonde par ]\L Bordin , lequel devra etre decern^ pour la premiere fois en 1856. Elle vient s'acquitter de ce devoir. « Prenant en consideration les diverses natures de travaux de"ja proposes par 1' Academie, comme objets des concours actuellement quverts , la Commission a porte unanimement son choix sur une question de physique experimentale , dont la solution aurait une utilitc scientifique tres-ddsirable et tres-6tendue. Elle vous propose COSMOS. 461 cette question sous l'enonce suivant, qu'elle particularise a dessein, afin de la presenter d'abord dans son application la plus immediate- ment usuelle et la plus frequente : « Un thermometre a mercure etant isole dans une masse d'air atmospherique , limite'e ou illimitee , agitce ou tranquille , dans des circonstances telles quil accuse actuellement une temperature fee, on demande de determiner les corrections quil f nut appli- quera ses indications apparentes, dans les conditions d exposition ou il se trowe , pour en conclure la temperature propre des par- ticules gazeuses dont il est environne. « " Quelques mots d'explication nous semblent necessaires pour montrer toute l'importance de ce probleme, et pour specifier le point de vue pratique sous lequel il devra etre principalement envisage. « La temperature propre de Fair atmospherique , en chaque point de l'espace ou nous pouvons porter des instruments , est un dement principal ou accessoire d'une foule de determinations expe- nmentales , soit comme qualite physique actuellement inherente a ce fluide, soit comme intervenant dans nos operations parson con- tact. L'astronome a besoin de la connaitre, a tout instant du jour et de la nuit, tant a l'interieur de son observatoire qu'au dehors, pour calculer les refractions que les rayons lumineux ont subies dans l'atmosphere avant d'arriver jusqu'a lui. Cette temperature propre serait celle que marquerait un thermometre librement sus- pendu dans l'air ambiant , et qui serait uniquement impressionne" par le contact suffisamment prolong^ des molecules gazeuses envi- ronnantes. Mais ce cas est purement ideal , parce que l'instrument se trouve en outre influence' par la resultante des radiations calori- fiques qui s'echangent entre lui et les corps exterieurs , resultante qui, pour un meme thermometre, varie avec la temperature actuelle de ces corps, avec leur aptitude a reflechir, absorber, ou emettre la chaleur rayonnante , et avec les conditions d'aspect sous lesquelles ils se presentent a lui. Tant qu'on ne saura pas separer ces effets pperes a distance, de ceux qui sont produits par le contact imme- diat, les observations thermometriques ne pourront pas fournir, sur la temperature propre de l'air, des indications absolues que l'ori puigse considerer comme assurees , ou seulement comme compa- rables entre elles a, difTerentes epoques, dans une meme station. Et cela sera surtout regrettable pour l'astronomie , dont les resultats se trouveront ainsi affectes d'mcertitudes inconnues , peut-etre de discordances sensibles ,j qu'il sera impossible de corriger ulterieu- &62 COSMOS. rement, quand les circonstances ou elles se seront produites auront disparu . « Divers moyens ont 6t6 d^ja proposes , d'autres mis en oeuvre, pour appr^cier ces rectifications qu'exigent les temperatures appa- rentes, ou pour tacher de les rendre n^gligeables. Quoique l'appli- cation n'en ait pas 616 suivie jusqu'a. obtenir un succes absolu et d^finitif , nous les rappellerons succinctement , comme indiquant le genre de procedes auxquels on pourrait recourir. « On a propose d' observer simultanement plusieurs thermome~ tres identiques entre eux quant a leur construction interieure, mais- revetus d'enveloppes differentes, douees de pouvoirs absorbants et ^missifs tres-inegaux. Poisson, dans son Traite de la ckaleur, page 457, eHablitune formule qui, selon lui, donnerait la tempera- ture propre de l'air, en combinant les observations de trois ther- mometres ainsi prepares. Nous la mentionnerons seulement comme offrant un aper<;u theorique utile a consulter; car un membre de cette Acad^mie , eminemment exerce a ce genre de recherches, M. Regnault, nous a dit avoir reconnu qu'en introduisant dans la formule de Poisson des donnees experimentales ainsi obtenues , les resultats qu'on en deduirait s'ecartent trop des vraisemblances physiques pour que Ton puisse les admettre ; quoique ce mode d'ex- periences comparatives lui ait paru tres-propre a faire connaitre 'ordre de grandeur des corrections cherchees, et peut-etre ces cor- rections memes , surtout en eHendant les comparaisons a. des ther- mometres qui ne differeraient pas seulement par leurs enveloppes, mais aussi par leur forme et la nature des substances liquides ou gazeuses , colorees ou diaphanes , auxquelles les dilatations mt6- rieures s'appliqueraient. Ces aper^us , suggeres par l'exp^rience, nous ont paru devoir etre trop utiles aux concurrents pour ne pas les leur faire connaitre ici, a titre de renseignements et de conseils, avec l'assentiment de celui qui nous les a communiques. « On a fait aussi des tentatives pour apprecier les effets absolus des radiations exterieures, ou au moins la proportion pour laquelle ils entrent dans la temperature apparente , en modifiant leur influence par l'interposition d'ecrans diaphanes ou opaques , ayant des pouvoirs absorbants et emissifs d'intensit^s varices , dont les rapports auraient 6t6 prealablement determines par des £preuves directes. Ce procede est tres-propre a manifester la diversity des impressions que le thermometre e"prouve selon les conditions d'ex- position oil on le place ; et par la d semble devoir entrer pour une COSMOS. 463 grande part dans 1'etude preliminaire comme dans la solution finale du probleme propose. « Enfin , on a cherch^ a accroitre l'efficaeite' du contact des par- ticules gazeuses, en imprimant au thermometre un mouvement de circulation rapide clans lair qui l'entoure, ou en amenant sur lui cet air en courant continu. Ce procede exigerait que Ton eut egard a la quantity de chaleur degag^e par l'air sur la face du thermometre ou il se comprime, et a celle qu'il absorbe par suite de la rarefaction qu'il eprouve sur la face opposee. En outre, comme il laisse inconnu l'effet absolu des radiations exterieures, il resterait a prouver que, dans les conditions ou Ton place le thermometre, leur influence, quoique toujours th^oriquement subsistante, ne peut pas modifier sensiblement la temperature fixe ainsi obtenue par des contacts multiplies, ce qui rentre dans les conditions generates d'appr^cia- tion que la solution du probleme exige. « L'Acad^mie desire que les concurrents executent des expe- riences comparatives par les divers procedes que nous venons de decrire, afin de constater ce que chacun d'eux peut fournir de don- ne"es certaines et specialement applicables a la question proposee. Lorsque ces etudes partielles leur auront manifest^ toutes les par- ticularity; physiques qui concourent, avecdes influences inegales, a la production de la temperature apparente, une analyse intelligente des resultats ainsi obtenus leur fera discerner les different^ ordres de ces influences, les conditions de leur variability ou de leur Cons- tance ; et cette connaissance leur suggerera les moyens pratiques qui pourraient servir, soit pour les apprtScier isol&nent et en tenir compte, soit pour les affaiblir par des dispositions telles que la somme de leurs effets en devint n^gligeable, ce qui atteindrait en- core le but d'utilite que s'est propose l'Acad&nie. Le succes, meme ainsi limite, lui paraitrait satisfaire suffisamment a son programme pour meriter le prix qu'elle offre aux experimentateurs. Du reste, en leur indiquant le plan de recherches qu'elle vient de tracer, elle ne pretend nullement lesy astreindre. Tout procede" pratique et sur, qui ferait connaitre a chaque instant la temperature propre de l'air par des epreuves immediatement et partout executables, remplirait egalement ses intentions. « Le prix sera d^cerne" dans la stance publique de 1856. II con- sistera en une m^daille d'or de la valeur de trois mille francs . « Les Memoires devront etre remis au Secretariat le l€r octobre 1856. Ce terme est de rigueur. » &64 COSMOS. PHYSIQUE. — SUPPLEMENT AU MEM01RE COMMUNIQUE A l'aCADEMIE SUR CERTAINES proprietes physiques du bismuth cristallise ; PAR M. CH. WATTEUCCI. " La grande difference dans la conductibilite" du bismuth cristal- lise, que j'ai decouverte en comparant des tiges de ce metal, dont le clivage principal est parallele ou perpendiculaire a la longueur de ces tiges , m'a paru un fait assez important pour meriter d'etre ve>ifie par |des experiences tentees avec une methode differente. J'avais d'abord opere en obligeant le courant d'un couple thermo- electrique ou voltaique a se partager entre deux circuits , chacun desquels contient un fil de galvanometre differentiel et les tiges de bismuth. Dans cette disposition, les deux circuits peuvent se com- pleter entre eux, et on aurait pu craindre que le passage du courant eut excite dans quelque point une source thermo-electrique capable de pro^uirela deviation qu'on attribue a la difference de conducti- bilite. Quoique mes resultats fussent completement a l'abri de ces doutes, et cela principalement pour avoir employe un courant tres- faible et incapable de produire aucun dchauffement dans le circuit, j'ai n^anmoins repete" mes experiences en ajoutant a, chacun des deux circuits un couple thermo-electrique (fer et cuivre) dont les deux soudures etaient maintenues a une difference de -j- 50 a -f- 60 degres centigrades. Apres m'etre assure que les deux couples se faisaient equilibre, que les tiges de bismuth d'un meme nom se fai- saient aussi equilibre , j'ai dispose dans les deux circuits les tiges de noms differents , et aussitot j'ai obtenu une forte deviation qui indiquait la meilleure conductibilite des tiges equat.oriales ou de celles dont les clivages sont longitudinaux. J'ai alors determine la longueur d'un fil de cuivre qui faisait separement equilibre aux tiges axiales et dquatoriales. J'avais une longueur de tiges de bismuth d'a peu pres un demi-metre ; la longueur du fil de cuivre qui fait equilibre aux tiges eYjuatoriales etait 12m,565. De ces nombres on d&luit que le rapport des deux conductibilites est 1 : 1,16 , c'est- a-dire exactement celui que j'avais trouve dans mes premieres expe- riences. J'ajouterai enfin que j'ai v^rifie ce meme fait en mesurant les courants induits developpSs dans les deux tiges du bismuth. « Cette difference de conductibilite due a la cristallisation, aussi grande que celle qui se trouve naturellement entre des metaux dif- ferents, explique l'£tat different que l'electro-aimant tournant deve- loppe dans un cube de bismuth cristallise suspendu entre ses poles, COSMOS. 465 et aveC les clivages places parallelement ounormalement aux lignes magneliques. ■ DE LA NATURE DES EAUX PAR MM. BOUTRON ET BOtDET. Dans notre derniere livraison de decembre 1854 , nous avons insert un resume" du rapport fait par M. le preset de la Seine sur la question d'approvisionnement en eau de la ville de Paris ; dans le but de mieux e'clairer cette question, nous allons emprunter au Moniteur universel , l'analyse d'un tres-important travail de deux chimistes distingues, MM. Boutron et Boudet, sur la nature et la composition des eaux : « L'eau est d'un usage si general, l'eau peut a la longue avoir une si grande influence sur notre organisation, agir si puissamment sur notre sante ; l'eau joue dans les arts, dans la fabrication, un si grand role, que Ion a veritablement lieu de s'etonner que la science n'ait pas dresse" une nomenclature plus exacte, plus complete des diverses eaux et des diverses natures. - MM. Boutron et Boudet ont constate" que dans la Marne, en pleineeau au pont de Charenton, la proportion des matieres en sus- pension ne s'eleve pas au-dessus de 13 centigrammes par litre; que dans la Seine, au pont d'lvry, la proportion de6 matieres en suspen- sion ne s'eleve pas au-dessus de 12 centigrammes par litre ; que, la Seine et la Marne reunies, la proportion des matieres en suspension se tient elevee, et le plus souvent atteint le chiffre de la proportion des matieres en suspension dans la Marne seule ; que les eaux du canal de l'Ourcq sont beaucoup nioins chargees que les eaux de la Seine, dans la proportion environ de 1 a 5. « Rechercbant ensuite quelle est la nature du depot que laissent ces eaux, ils ont trouve que l'eau de la Seine, apres avoir traverse" Paris, donnait, pour 100 parties, 30 de carbonate de chaux, 66 d'argile et sable, 4 de matieres organiques tres-azot^es ; que l'eau de l'Ourcq, apres avoir traverse" des reservoirs, donnait, pour 100 parties, 34 de carbonate de chaux, 63 d'argile et sable, 3 de ma- tieres organiques. Ces resultats sont assez satisfaisants : de telles eaux ne sont point de mauvaise nature. Mais enfin, ces messieurs se sont demande" si, telles qu'elles sont, on pouvait les purifier, les rendre meilleures encore. II y a d'abord a se pr^occuper des matieres en uspension dans l'eau; elles sont minimes, mais, par leur propre 466 COSMOS. nature, elles peuvent, les eaux restant en d^pot, se developper et nuire a la sante. Quant aux matieres calcaires et argileuses, elles sont dvidemment une cause de prejudice pour plusieurs industries, notamment celle de la blanchisserie, cede de la teinturerie. II y au- rait done de grands avnntages, toujours selon nos savants, a filtrer toutes les eaux qui alimentent Paris ; l'ope>ation est d'ailleurs tres- praticable, il y aurait avantage : 1° parce que les eaux claires et limpides sont d'un usage plus agreable que les eaux non filtr^es, et que les populations, meine les moins aisees, ont pour elles une pre- ference tres-prononcee ; 2° parce que les eaux non filtr^es portent en elles des causes particulieres d'insalubrite que le filtrage peut suppri- mer ; 3° parce que l'eau tkant a peu pres la seule boisson des classes les plus nombreuses et les plus pauvres de la population parisienne, il est juste au moins que cette boisson leur soit livree dans les ineil- leures conditions possibles ; 4° parce que le carbonate de chaux et l'argile que les eaux non filtrees tiennent en suspension detruisent une proportion considerable de savon, et peuvent avoir une action deletere en teinture. « Apres ces premieres indications pleines d'interet, MM. Bou- tron et Boudet se sont propose d'etudier les depots recueillis dans les conduites d'eau. On sait que dansle depot des eaux d'Arcueil , le bicarbonate calcaire, en assez peu de temps, s'accumule, obstrue les tuyaux qui amenent a Paris les eaux d'Arcueil. Les eaux de l'Ourcq sont beaucoup moins chargees de chaux que cedes d'Arcueil ; mais il s'y est developpe" et il s'y developpe des quantites assez conside- rables de coquillages qui obstrueront promptement aussi les tuyaux oil elles coulent. « M. Ward, en Angleterre, soutient une these vraie dans ses principes, et dont il a prouve" que Ton pouvait faire d'immenses ap- plications. Cet habile ingenieur a d£montr6 que les sources natu- relles donnaient des eaux moins pures que les sources artificielles ; que ces sources artificielles, on pouvait en cr£er pour ainsi dire a volonte", en posant dans des sables siliceux des tuyaux. Les eaux, apres avoir traverse le sable, s'accumulent dans ces reservoirs, dans ces tuyaux ; de la on peut les diriger oil Ton veut par des conduits fermes ; M. Ward calculait que Bruxelles , qui consomme pour 770000 fr. de savon, en se servant d'eau calcaire, £conomiserait sur cette defense 385 000 fr., si on ne se servait pas d'eau douce, dissolvant bien le savon. A Paris, l'eau manquant de purete" , on perd environ de 2 a 3 millions. Ce n'est done point seulement l'in- te>et de la sante\ mais les progres de l'industrie, qui exigent, au- COSMOS. 467 tant que possible, que Ton purifie les eaux. A ce propos, MM. Bou- tron et Boudet, qui d^sirent surtout que les progres profitent promp- tement aux masses, indiquent un moyen fort simple d'analyser les eaux, operation si intdressante, si utile en tous points, et pourtant si negligee. lis e^ablissent d'abord ce principe : « La valeur d'une eau de source ou de riviere est, en general, en raison inverse de la quantitede chaux et de magnesie qu'elle renferme, et pour certains usages, en raison inverse seulement des quantites de ces bases qui ne s'y trouvent pas a l'etat de bicarbonate." lis recommandent, en consequence, de faire une teinture de savon en mettant dans un fla- con 15 grammes de savon blanc du commerce, tres-divise, avec 100 grmmmes d'alcool; on agite, on filtre : la plus ou moins grande quantite de ce compose" necessaire pour rendre une eau parfaitement mousseuse fait reconnaitre le degre" plus ou moins eleve" de sa purete\ « On sait que le bicarbonate de chaux existe dans des proportions diverses, dans la plupart des eaux ; qu'il se decompose facilement et donne lieu a des incrustations, etc.; mais comment se forme-t-il? Nos savants ont fait un grand nombre de recherches, d'experiences fort curieuses, ils ont reconnu « que c'<§tait en agitant vivement de 1'eau de chaux saturee et filtree avec l'acide carbonique en exces, que Ton obtient la dissolution la plus riche en bicarbonate calcaire qu'il soit possible de realiser, et de quelque maniere que Ton mette de l'eau de chaux avec exces de chaux, ou le carbonate de chaux lui-meme en contact avec un exces d'acide carbonique, on obtient invariablement, ajoutent-ils, une liqueur moitie moins chargee de bicarbonate que la dissolution saturee ; que si, en s'appuyant sur ces donn^es, disent-ils encore, on cherche a se rendre compte de ce qui se passe dans les couches du globe, ou s'elaborent les dissolu- tions naturelles de bicarbonate calcaire, on cherche a connaitre les proportions les plus fortes de ce sel, qui peuvent s'y rencontrer, on voit que ces proportions, quelle que soit la pression, ne peuvent pas s' elever, pour 1 litre, au-dessus de lsr,6776 de bicarbonate, equiva- lant a 19,17 de carbonate simple ; si, comme tout porte a le croire, ces dissolutions resultent de Taction de l'acide carbonique sur la chaux carbonated. » « Quant a la solubilite de la chaux dans l'eau, elle n'avait jamais &e bien determined ; l'honneur en revient a nos savants ; ils la d£- terminent a ler,30 de chaux, pour 1 litre d'eau a 15 c. « On ne suivra pas ces messieurs dans leurs enseignements pour donner a toute cette facile operation toute la valeur, toute 1'exacti- &68 COSMOS. tude que reclame la science ; ce que Ton peut affirmer, c'est qu'ils ont traite ce sujet en chimistes fort experimented, en hygienistes' fort devours. lis ont pris le soin d'indiquer un instrument tres-facile a faire, qui donne le inoyen, en etablissant une unite\ de mesurer les re"sultatsde l'operation. lis proposent de « prendre untube de verre effile" a la partie infe>ieure, long de 25 centimetres, jaugeant 3 cent, cubes, a partir du quart de sa longueur jusqu'a son extremity infe- rieure , et divise- en 25 parties pour chaque centimetre cube, de telle sorte que l'espace occupe par 30 divisions d'un tube contienne 1 gramme de teinture de savon a la temperature de 15°. Pour se rvir de ce tube, on plonge dans la teinture son extremite effilee, et on le remplit par aspiration jusqu'a 0 ; puis on le retire avec la main gauche, en maintenant l'index sur l'orifice superieur pour que la li- queur ne puisse pas s'^couler, et on instille ensuite graduellement la teinture dans les 40 grammes d'eau soumis a l'experience, et ren- fermes dans une fiole allongee, de la capacity de 80 a 100 grammes, que Ton tient de la main droite, de maniere a pouvoir la secouer fa- cilement. Chaque division du tube correspondant a l/30c de gramme, ou a 2 gouttes environ de teinture, on voit que Ton peut atteindre une tres-grande precision dans le dosage. L'eau distillee, prise pour type de l'eau pure, neutralisant 3 divisions ou un decigramme de teinture, on pourra designer la valeur des eaux diverses par les chifFres 1, 2, 3, 4, 5, etc. Chaque degre" correspondant ainsi a 1 decigramme de teinture et a son equivalent 0,0005 de chlorure cal- cique, pour la proportion invariable de 40 centimetres cubes d'eau. « En resume, disent MM. Boutron et Boudet en terminant, il est incontestable qu'un immense interet s'attache a la substitution d'eaux douces et plus pures a la plupart des eaux de sources et de rivieres employees aux usages domestiques et industries, qu'il y a la une question de la plus haute gravite" que Ton peut aborder avec d'au- tant plus d'esperance de succes, que le drainage fait jaillir incessam- ment de nouvelles sources d'eau douce dans toutes les contr^es, et que la teinture de savon offre un moyen tres-expeditif de classer les eaux d'apres leur degre- de purete\ » ACADEME DES SCIENCES. SEANCE DU 23 AVRII.. L'Academie comble peu a peu les vides que la mort a laisses dans son sein. Hier c'&ait M. Daussy qui venait remplacer M- BeautempsBeaupre, aujourd'hui c'est M. Bonnet de Lyon qui succede a M. Orfila. La section de medecine avait presente une liste de candidats ainsi composed : En premiere ligne, M. Bonnet, a Lyon ; en deuxieme ligne, M- Guyon, en Algerie; en troisieme ligne et eu: aequo, M. Denis (de Commercy) a Toul; M. Gintrac, a Bordeaux; en quatrieme ligne, M. Stolz, a Strasbourg. Le noinbre des votants etait de 52. Au premier tour de scrutin, M. Bonnet a reuni 39 suffrages; M. Guyon, 11 ; M. Stolz, 2. M. Bonnet a done ete nomine corres- pondant de l'Academie. — Nous ne pouvons rien dire des lectures sur la monstruosite double, faites par M. Quatrefages et par M. Coste, ni de la discus- sion a laquelle ces lectures ont donne lieu entre ces deux physiolo- gistes. Nous ne tarderons guere a. mettre sous les yeux de nos lec- teurs les pieces du debat ; toute appreciation serait a present impos- sible, il faut d'abord que les adversaires s'entendent sur la signifi- cation precise des expressions employees, et nous avons vu a cette derniere seance que MM. Coste et de Quatrefages etaient loin de se trouver d'accord la-dessus. — M. Dumery lit une note sur un nouveau systeme de fourneaux sans fumee. Nous en dirons quelques mots dans notre prochaine li- vraison. — II nous serait impossible d'exposer dans notre journal le sujet dun Memoire lu par M. Jules Cloquet et qui n'interesserait d'ail- leurs que les chirurgiens operateurs. Nous ne ferons aussi qu'indi- quer par son titre un autre travail chirurgical de M. Bouvier : sur la 'Determination des veritables caracthes des plaies sous-cutar nees.\ Cette foule d'elucubrations medicales qui remplissent de- puis quelque temps les seances de l'Academie , sortent trop du cadre d'un recueil scientifique pour qu'il soit possible de les y in- surer , meme en abrege. II faut esperer que la nomination d'un successeur a M. Roux suspendra cette exuberance de vitalite du corps medical , et qu'enfin rendue a ses veritables objets, l'Acade- mie des sciences cessera de lutter avec l'Academie de medecine. — M. Combes a presente" un Memoire deM. Phillips, sur lar&- {,70 COSMOS. sistance des poutres dlastiques droites, sous Taction d'une charge en mouvement. Cette question, dont M. Stokes avait deja etudie' deux cas limites, celui ou la masse de la poutre est negligeable, com- parativement a celle de la charge, et l'autre ou la masse de la charge est tres-petite en comparaison de celle de la poutre, a £te' traitee par M. Philipps d'une maniere generale. Ce math&naticien a fait en outre 1'application de ses formules a plusieurs cas particuliers et sp^cialement au cas de Tetablissement des rails sur les chemins de fer. — M. Becquerel depose au nom de M. Mari^-Davy un travail analytique et experimental sur la Tlieorie des moteurs electriques. On se rappelle sans doute les belles recherches de MM. Lenz et Ja- cobi sur ce meme sujet et les incertitudes qui restaient encore dans l'esprit meme de M. Jacobi, relativement a la valeur de sa th^orie. II parait que M. Mari£-Davy a pu completer les savantes re- cherches de M. Jacobi et que par l'introduction d'un plus grand nombre d'elements dans les equations, il a reussi a mettre d'accord la theorie avec tous les cas de la pratique. — M. de Gasparin a pr^sente" un travail dont nous n'avons pu saisir ni le titre ni le nom de l'auteur. — M. Brongniart expose succinctement al'Academiele sujet de deux brochures d'un botaniste allemand qui s'est occupS de la for- mation des cellules dans les v^getaux, et de la f^condation des conferves. — M. Boussingault apporte une note de M. Auguste Houzeau sur l'oxygene a l'etat naissant. Ce chimiste a reconnu des proprte- Us oxydantes £minemment remarquables chez l'oxygene, que Ton degage du bioxyde de barium au moyen de Tacide sulfurique. M. Houzeau s'occupe maintenant a comparer l'oxygene ainsi pro- duit avec l'ozone de M. Schonbein. — M. Flourens depouille la premiere partie de la correspon- dance. Nous remarquons parmi les pieces qui la composent : Une note de M. Bechamp relative a Taction du protochlorure de phosphore sur une serie d'acides monohydrates. Une lettre de M. Chenot, dans laquelle l'auteur traite de la ful- mination des Sponges m^talliques etsurtoutde Teponge de silicium. Nous ignorons completement ce que M. Chenot entend par Sponge de silicium et par consequent il nous est impossible de comprendre cette annonce assez singuliere d'une matiere fulminante metallique. — M. Fr£my, qui s'occupe depuis assez longtempsdel'etude des fluorures, prend date aujourd'hui pour la preparation du fluor COSMOS. 47 j au moyen de la pile. C'est en agissant sur le fluorure de calcium pur et fondu, que M. Fremy est parvenu a degager au pole positif un gaz attaquant le verre , qu'il croit etre \eJluor, et a recueillir sur le pole negatif le calcium , aussitot oxyde" par l'air qu'isole par le courant electrique. — M. James Power envoie la description de quelques proced^s de dorure et d'argenture. — MM. Andres Poey et Vergnes se disputent la decouverte de la d&netallisation galvanique du corps humain. — M. Charriere fils adresse un nouveau brise-pierre pour la lithotritie. — L' analyse chimique du granit deBomarsund a amene MM. Ma- laguti et Durocher a y reconnaitre une sorte de pegmatite porphy- roi'de. lis ont trouve en outre des noyaux noirs de gadolinite diss6- mines dans la masse du granit, comme on rencontre parfois les cris- taux de tourmaline. — M. Walferdin indique dans une note les inconvenients du thermometre horizontal a maxima et propose a. la place le thermo- metre a bulle d'air. Voici du reste la note meme de l'habile phy- sicien : « Si le thermometre a minimum a index propose par Rutherford est, au point de vue pratique, l'instrument le plus simple, et, s'il peut au moyen des modifications que j'ai indiqudes (1) devenir de l'usageleplus frequent, il n'en est pas de meme de son thermo- metre horizontal a maximum ; il est presque toujours defectueux et prdsente des inconvenients tels qu'il est promptement mis hors d'etat de servir. Dans ce dernier instrument, le mercure, en se dilatant, pousse un petit cylindre en fer qui s'arrete au maximum de temperature lorsque le mercure se contracte ; mais, pour que l'index metallique puisse se mouvoirlibrement, il est indispensable qu'il soit de moindre diametre que celui du tube thermomdtrique. Or, il arrive que, par suite de cette cause et de l'adherence que les corps solides contrac- ted entre eux, le mercure, eprouvant de la resistance, se glisse entre l'index et le'canal interieur du tube, et qu'il passe par-dessus l'index qui se trouve ainsi noye dans le mercure. L'instrument ne donne plus alors aucune indication. De nombreuses tentatives ont eie" faites pour assurer la marche de cet index ; elles ont, ainsi, complique" un instrument dont il fallait (1) Cosmos du.20 avril. 472 COSMOS. surtout s'attacher a rendre l'application aussi facile que celle du thermometre horizontal a minimum. Dun autre cote, le thermometrographe, qui n'est quelacombinai- son de l'un et l'autre de ces instruments, puisqu'il est forme d'alcool et de mercure avec deux index mobiles, a ete redresse de maniere a etre mis verticalement en observation sans qu'il en resulte aucun avantage reel. Independamment des incertitudes que laisse le jeu des index qui doivent, au moyen d'un fil de verre faisant ressort, se main- tenir au point ou les portent les temperatures extremes, il presente, quant au passage du mercure par-dessus les index, le meme inconve- nient que le thermometre horizontal a maximum, et.comme tout ther- mometre a deux liquides et a indications permanentes, il se fausse apres un usage plus ou moins prolonge. Enfin , le thermometre a maximum a deversement que j'ai pro- pose , au lieu d'etre specialement reserve a la recherche des indi- cations de la temperature sur les points inaccessibles, pourrait etre applique , dans les observatoires , aux determinations de tempera- ture, en l'absence de l'observateur. II suffirait de placer pres de cet instrument un bon thermometre ordinaire, dont le reservoir aurait la meme forme et la meme capacity, pour que la comparaison p(U etre faite a toute temperature de II atmosphere, pourvu qu'elle fut inferieure a celle d'observation ; mais ce procede n'est pas , sous le rapport de la pratique, d'une application aussi facile que l'emploi du thermometre horizontal a minimum a index , et il importe sur- tout de placer entre les mains des meteorologistes un thermometre a maximum qui soit rigoureusement aussi simple que ce dernier instrument. En mettant sous les yeux de l'Academie , dans sa seance du 24 avril 1854, le thermometre metastatique employe par M. CI. Ber- nard dans ses recherches sur les differences de temperature entre le sang artehel et le sang veineux, j'ai fait connaitre comment j'avais rendu cet instrument propre a sojourner dans les organes dont il s'agit d'etudier l'etat thermique et a conserver l'indication du maximum de temperature auquel il a ete expose. J'ajouterai qu'en reservant ainsi , par des moyens convenables ,. une tres-petite quantite d'air sec dans tout thermometre a mercure termine par un renflement a sa partie superieure, on le rend egale- ment propre a devenir un thermometre a maximum. On apercoit facilement que le procede que j'indique ici m'a ete suo-^ere par 1' accident bien connu qui resulte, dans les thermometres ordinaires , de la division de la colonne mercurielle , de telle sorte COSMOS. ft73 que la partie superieure reste souvent detachee de la partie infd- rieure sans qu'elles puissent se rejoindre. J'ai jealise cette division en la produisant a volont^ dans un endroit convenable de la tige thermometrique. 11 suffit , pour convertir un thermometre a reservoir superieur en thermometre a maximum a bulle d'air, de faire passer une petite masse de mercure dans ce reservoir ; puis de le chauffer a la flamme dune bougie, afin d'en expulser complement la bulle d'air et de l'introduire ainsi dans l'interieur de la tige ou l'on fait ensuite rentrer le mercure, de maniere que la bulle d'air, qui se trouve interposee, produise la division de lacolonne mercurielle. Lorsqu'il y a elevation de temperature , le mercure, en se dila- tant , chasse devant lui la petite bulle d'air, et celle-ci pousse a son tour la colonne de mercure qui lui est superposee. Des que la tem- perature vient a s'abaisser, le mercure , en se contractant , rentre dans le reservoir et dans la partie inferieure de la tige , mais en se separant de la colonne superieure qui s'arrete au maximum de tem- perature auquel 1'instrument a &e expose , et en conserve Indi- cation. Apres l'observation, il suffit de redresser 1'instrument, et, si le tube est tres-capillaire, de le frapper le"gerement ou de lui faire decrire rapidement un demi-cercle, pour le ramener a son etat normal. Ainsi, c'est de bas en haut que le thermometre a minimum a index doit etre renverse, apres chaque observation, et c'est, au contraire, de haut en bas que le thermometre a maximum a bulle d'air doit etre releve : on voit que, bien qu'en sens inverse, l'une de ces deux operations ne presente pas plus de difficult^ que l'autre. ■ Lorsque le tube du thermometre a maximum a bulle d'air est tres-capillaire, 1'instrument peut etre mis verticalement en expe- rience ; cependant il est toujours plus sur de le placer horizontale- ment ou sous une faible inclinaison. On remarquera que la separation de la colonne de mercure dans la tige, au moyen d'une petite bulle d'air, a aussi l'avautage de permettre de verifier le jaugeage du tube, et de cornger ses defauts de cylindricite. L'emploi du thermometre a maximum a bulle d'air reunit, comme on voit, les memes conditions de simplicity que celui du thermo- metre a minimum a index ; j'ajouterai que plusieurs annees d'ob- servations meteorologiques m'ont assure de l'exactitude de ses t6- hlk COSMOS. sultats, et que, d'apres les indications que j'ai donn^es pour sa construction, il est aujourd'hui en usage dans un certain nombre d'observatoires. II est a remarquer aussi que la plupart des thermometres ordi- naires, construits depuis une vingtaine d'ann^es, et qui ne depas- sent pas -f- 50 a -\- 60 degrees centigrades sont, pour eviter qu'ils ne se brisent s'il leur arrive d'etre exposes a une temperature plus elevee, terminus par le renflement dont j'ai parle. Ces sortes de thermometres ne sont completement purges ciair que lorsque le mercure a £te soumis plusieurs fois a l'dbullition. Comme ils n'ont ordinairement subi qu'une seule fois cette operation, ils contiennent souvent la tres-petite quantite d'air sec qui suffit pour les rendre propres a etre employes comme thermometres a maximum. J'ai trouve un grand nombre d'instruments ainsi construits, qui peuvent, comme le mot est deja consacre dans quelques labora- toires, etre maximcs. Les recherches que j'ai faites a ce sujet me permettent meme d'assurer que, parmi les thermometres a mercure qui sont consi- dered comme etant complement prives d'air, le plus grand nombre en contient la quantite precisement necessaire pour constituer de fort bons thermometres a maximum. II est encore une autre application importante du thermometre a bulle d'air. On sait quelles difficultes pr^sente la determination des temperatures elevens, au moyen du thermometre ordinaire; celles, par exemple, de plus de 200 a 360 degre"s centigrades; le thermo- metre me"tastatique a pour but de surmonter en partie ces difficult^. Le thermometre a maximum a bulle d'air donne aussi le moyen de les attenuer sensiblement. En restant plongd jusqu'au niveau du mercure, dans le milieu dont on veut apprecier la haute temperature, il en rapporte l'indication sans donner lieu aux erreurs de parallaxe si considerables dans ces sortes d'observations, suivant que les thermometres ordinaires sont plus ou moins immerg£s dans ce milieu. La condition essentielle est que l'instrument necontienne qu'une tres-petite quantite" d'air sec, et qu'elle passe entierement dans Vinterieur de la tige, ce dontil esttoujours facile de s' assurer. » — La destruction des charanc/ms a ete tres-souvent 1'objet des recherches des agriculteurs et des chimistes; M. Choyer ecrit a l'A- cademie pour lui annoncer un nouveau procede qu'il vient d'imagi- ner pour detruire rapidement ces terribles animaux. — M. Romagnesi propose de tirer parti de la ferule que ren- COSMOS. 475 ferment les bulbes du crocus sativus (safran), pour la fabrication da sucre glucose et de l'alcool. II signale en outre l'enveloppe du bulbe comme contenant une matiere fibreuse, susceptible d'etre tissee et reduite en papier. M. Romagnesi envoie des echantillons de la fe'cule, de l'alcool, des fibres, des tissus et du papier de safran. — Les recherches de MM. Brainard et Alvaro-Reynoso sur les cont re-poisons du curare ont souleve de la part de M. Duroy une reclamation en priorite, qui parait etre plutot relative a 1'idee de l'emploi, du brome du chlore et de l'iode, qu'a l'essai meme de ces corps. — Que dire d'une lettre par laquelle un plaisant, sans doute, venait annoncer a l'Academie que les ventouses n'empechent pas tnujours l'empoisonnement, temoin Mahomet qui , ayant ete em- poisonne, ne put etre sauve par l'application des ventouses ! — M. Haussmann envoie des procedes nouveaux pour la con- servation des cereales. — M. Laugier annonce avoir opere avec succes la reunion des fragments de l'humerus dans un cas tres-difficile a traiter. — M. Triquet propose la cauterisation comme moyen de traite- ment des polypes de l'oreille. — M. Mene con^eille la castration des poissons. II y a longtemps que cette operation a ete pratiquee. — M. Dudouil s'est occupe* de la comparaison des surfaces des cones des spheres et des cylindres. — M. Vallee se presente comme candidat a la place restee va- cante par le deces de M. Duvernoy. — M. Wrolich decrit un poisson monstrueux double qui parait se rapprocher du cas etudie par M. de Quatrefages. — M. Damour ajant fait une nouvelle analyse de Yeuclase, y a trouve 0,06 d'eau qui s'en va a la temperature rouge sombre, etdes traces de fiuor qui sembleraient assigner a l'euclase la meme ori- gine qu'u la topaze, a la tourmaline, etc., etc. — M. Yvonde Villarceau.en l'absence de M. Le Verrier, adresse de nouvelles observations de la derniere planete Chacornac. Son orbite parait etre placee entre celles de Junon et de Ceres. — ApresM. Flourens, M. Elie de Beaumont a continue le de- pouillement de ses anciennes correspondances, ce qui a fait qu'a six heures a peine rAcademie a pu se former en comite secret. — M. Elie de Beaumont a annonce d'abord la decouverte d'un 35e asteroide, faite par M. Luther, a Bilck, pres Dusseldorf, dans la soiree du 19 avril. M. Luther a pu revoir le 20 sa planete qui 476 COSMOS. diflferait alors de 1° environ en dt^clinaison et bien davantage en ascension droite d'avec l'ast^roi'de 34, d&ouvert par M. Chacornac. — Unastronome napolitain, dont nous n'avons pas entendu le nom, a adresse des rectifications aux tables lunaires. — M. Laugel, qui presenta, il n'y a pas longtemps, un travail analytique sur le clivage des roches , envoie maintenant des re- cherches sur les phenomenes qui se passent lors de la formation des montagnes. — Une nouvelle note de M. Poirier, relative a la presence de I'iode dans les eaux de Vichy , semble jeter quelques doutes sur les resultats qu'il avait precedemment annonces. — M. le secretaire a lu ensuite ou simplement indique" par leurs titres plusieurs notes et memoires dont nous ne saurions indiquer ici ni les sujets ni les noms des auteurs. G. Govi. A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. PARIS, w* IMrRIMERIB DE W. REMQBET HX C'e, ROB GABANClBRSi 5, T. VI. 4 MAI 1855. QUATRIEMK ANNEE. COSMOS- NOUVELLES ET FAITS DIVERS. La lettre suivante de M. James Finn , consul de Sa Majesty a Jerusalem, est de nature a interesser vivement nos lecteurs; elle est datee du 2 avril : « En dehors de la ville, vers lenord-ouest, a une petite distance du chemin de Nablus et des tombes des rois, on voit des monceaux con- siderables de cendres gris-bleuatre , sur lesquels ni l'herbe ni d'autres plantes n'ont jamais pousse ; un de ces monceaux a pres de 40 pieds de hauteur. lis constituent en eux-memes des objets remarquables qui contrastent grandement par leur couleur avec la teinte olive sombre du sol qui les entoure. Le peuple de Jerusalem croit com- munement que ces amas sont formes des residus des savonneries des temps antiques. Plusieurs des residents anglais s'etaient forme une toute autre idee de leur origine ; il ne leur semblait pas impos- sible que ces cendres fussent les residus des anciens sacrifices; ils prierent le docteur Roth, de Munich, qui en 1853 se trouvait a Jerusalem, d'emporter aveclui, en Allemagne, des echantillons dont on putfaire une etude complete. C'est ce qui a eu lieu L'ana- lyse faite dans le celebre laboratoire de M. Liebig a mis en evidence la verite de l'opinion qui voyait dans ces cendres les residus des an- ciens holocaustes des victimes consumers par le feu; en prouvant qu'elles sont pour la plus grande partie de nature animale et non d'o- rigine vegetale ou minerale, qu'elles contiennent depetits fragments d'os et de dents carbonises. II a ete impossible jusqu'ici d'arriver a connaitre les especes animales qui ont fourni ces cendres. L'analyse avait manifests en outre la presence dune petite quantite de silice qui nese rencontre jamais dans les cendres provenant de chairs et d'os calcines. Le docteur Roth croit qu'on peut expliquer cetteano- malie en admettant que les cendres des fruits et des legumes offer ts qui peuvent contenir de la silice, etaient cgalement portees sur les amas en question. Les echantillons avaient ete pris a la fois au som- met et a la base du monticule, non pas a la surface, mais a une 18 &78 COSMOS. profondeur assez considerable. Voici les resultats de l'analyse : Acide silicique soluble, cendrcs an sommcl 1,212 a la base 1,421 Alcalis. 1,150 — 0,820 Oxyde de fer 0,762 — 0,875 Chaux 45,230 — 44,054 Magnesie 6,785 — 4,996 Residu rouge , feu insoluble 6,965 — 6,637 Carbone 1,706 — 3,755 Acide phosrihorique 0,716 — 0,849 Alumine 3,750 — 2,866 Acide carbonique 30,610 — 32,540 " Ce resultat tout a fait inattendu conduit a des consequences tres-importantes au point de vue de l'arcbcologie. Ce n'est pas seu- lement une confirmation vraiment merveilleuse de la verity des livres saints, et qui nous met en contact immediat avec le temps si recule du sacerdoce d' Aaron ; il nous aide encore, en s'ajoutant a d'autres faits deja recueillis, a determiner avec plus de precision la situation des murs de l'antique Jerusalem, puisque d'apres le Levi- lique les cendres des holocaustes devaient etre transporters en de- hors des murs. » [At henamm anglais.) — Nos lecteurs savent deja qu'il s'etait eleve au sein des reu- nions de l'Association britannique, a Liverpool, une grande et im- portante discussion relativement a l'influence exercee par les coques des navires en fer sur les compas de marine. Cette question avait pai u si grave qu'une commission speYiale avait ete charged dereunir les faits et de faire de nouvelles observations. L'interet excite tout d'abord par cette question a grandi a mesure qu'on l'a examinee plus sericusement, et la commission des boussoles, apres avoir pris l'a- vis du Bureau du commerce, attacbe au ministere de la marine, a resolu de nommer un secretaire qui aurait pour mission de proceder ;i une serie d'expe>iences aptes a mettre en evidence toutes les con- di lions d'erreur que l'influence des coques en fer peut faire naitre. Le savant charge^ de cette mission est M. W.-W. Rundell qui pen- dant dix ann^es a rempli les fonctions de secretaire de la Societe* royale polytechnique de Cornwall. [Athenamm anglais.) — Nous annoncons avec beaucoup dejoie a nos lecteurs que, ce". dant aux instances pressantes d'un certain nombre d'hommes eclaires , pleins de sollicitude pour 1'avancement de la geologie et des sciences qui se rattachent a la geologie, sir Roderick Murchison a consenti a accepter, si elle lui etait offerte, la direction du Musee de geologie pratique devenue vacante par la mort de sir Henri de la Beche. COSMOS. ^,79 On signe en ce moment une petition dans ce but et elle sera adressee au gouvernement. Sous le patronage de ce geologue Eminent on peut esperer que cet etablissement si important recevra son entier developpement, et continuera les succes deja si heureux qu'il doit a la sage et habile administration de son zele et tant re°rett6 direc- teur. (Liitei-ary Gazette.) — M. Robert Hunt a lu au sein de la Societe des arts un me*- moire d'un grand interet sur les industries minieres des royaumes- unis; nous en exttayons quelques donnees precieuses. La quantity totale de minerai detain extrait dans les comtes de Cornwall et de Devon, en 1853, a ete de 8 866 tonnes ; le prix moyen de la tonne est de 65 livres sterling, c'est done une valeur d'environ 14 mil- lions de francs ; la quantite" d'etain blanc extraite du minerai est de 65 pour 100, ce qui donne pour la production totale de l'etain 6 000 tonnes. La quantite d'arsenic, produite en An°-leterre a ete pendant cette meme annde de 2 000 tonnes; la plus grande partie de celte production etait vendue a la Russie pour la preparation de ses cuirs; ce debouche" aujourd'hui n'existe plus. II y a a peine cent ans qu'on a appris en Angleterre a tirer parti de la pyrite jaune de cuivre ; aujourd'hui on compte dans le Cornwall plus de cent mines d'ou Ton extrait ce minerai, et le produit de ces mines est de plus de 30 millions : le minerai est transports a Swansea oil il est melange a du minerai plus riche, importe de Cuba, du Chili, du Perou, de 1'Espagne, de l'Australie, etc. Tous les mineral's de plomb contiehnent une petite quantite d'argent qu'on negligeait autrefois, mais qu'on separe aujourd'hui par le proeode Pattinson qui s'applique avec benefice, meme aux minerais qui ne contiennent que 5 onces, 150 grammes, d'argent par tonne de plomb. Presque tout le zinc employe en Angleterre provient de la Vieille Montage. La matiere brute, traitee par l'ensemble des industries minieres des royaumes-unis, en 1853, peut etre estimee a 850 millions, pres de 1 milliard. Plus de mille personnes perdent annuellement la vie par accident dans le travail des mines de charbon; l'humanitu de- mande qu'on fasse de puissants efforts pour conjurer cette effrayante mortalite. [Litterary gazette.) — Un rapport, adresse" il y a quelques mois a l'Empereur, par son Excellence le Ministre de l'agriculture, du commerce et des tra- vaux publics, nous permet de comparer les richesses de notre industrie miniere a celles de l'Angleterre. Voici les chiffres princi- paux : La production totale de la houille a ete en 1552 de 49 millions &80 COSMOS. de quintaux melriques, valant 46 751 S06 fr. ; celle de la tourbe, de quatre millions et demi de quintaux, valant 4 333 272 fr. ; celle du minerai de fer, de pros de 21 millions de quintaux metriques, va- lant 7 717 046 fr.; celle des minerals autres que le fer, cuivre, dtain, antimoine, manganese, a donne 1 398 728 fr. ; celle du sel est estim^e a, 7 S33 099 fr. ; celle des mines de graphite a 2 567 fr. seulement ; celle des mines de bitume a 400 000 fr ; celle des car- rieres de marbres, pierres, etc., a 41 047 519 fr. C'est done un total d'environ 100 millions : huit fois moins qu'en Angleterre. Que de richesses cependant sont enfouies dans notre sol et que nous pourrions en extraire avec des benefices e'normes, si nous etions. plus industrieux! En presence de cette inferiorite desolante de la France, on doit savoir gre" a. M. Paganelli de Zigavo des efforts genereux qu'il tente pour donner des developpements a. notre In- dustrie miniere. Sa caisse et son journal des mines, si Ion repond a son appel, donneront d'excellents resultats. — La Societe de g^ographie, dans sa seance de vendredi dernier, sur un rapport fait par M. Jomard , a decerne" le prix d'Orleans pour l'introduction en France d'une espece, animale ou v^getale, utile a. l'agriculture, aux arts ou a l'industrie, a M. de Montigny,, consul de France a Shang-Hai , dont le zele perseveVant est par- venu a doter notre pays des yaks , des vers-a-soie du chene , de l'igname batate, cette volumineuse rpomme de terre , et d' autres plantespre"cieuses. Le prix annuel pour la decouverte la plus impor- tante en geographie a et^ attribue au capitaine Mac-Lure , qui a decouvert le passage nord-ouest dans les glaces du pole ou il a s£- iourne quatre ans a la recherche de sir John Franklin. Le capitaine Inglefield, connu egalement pour ses explorations des mers polaires, a obtenu une medaille. — Nous avons vu fonctionner avec un vif interet, a la Societe1 royale de Londres , la belle machine a calcul de MM. Scheutz , dont nous avons parle il y a quelque temps. Elle n'a rien de com- mun avec celle de M. Thomas (de Cohnar), et n'est nullement apte a faire des multiplications ou des divisions ; son but est tout autre : c'est une machine a difference servant a. calculer des series dont la loi de formation est donnee, par l'addition ou la soustraction suc- cessives de termes proportionnels aux puissances d'une meme variable ou d^duits les uns des autres d'apres une regie connue ; elle donne, par exemple, la serie des nombres carrds par l'addition incessante au carre" ri1 de 2/« — f- 1 . Nous l'avons vue produire sous nos yeux la serie des quatnemes puissances des nombres. En meme COSMOS. 481 temps qu'elle calcule les termes de la serie, la machine les imp rime sur une lame de plomb avec laquelle on obtient une planche ou cli- che en metal de caracteres qui sert au tirage de la table en nombre quelconque d'exemplaires : on evite ainsi toute erreur de compo- sition. Pour expliquer Taction de la machine et donner une idee complete du mecanisme de ses operations , il faudrait un grand nombre de planches et une longue description, quoique en realite" sa construction soit assez simple. Elle calcule avec seize chiffres et im- prime huit chiffres seulement. Par une disposition tres-remarquable et eminemment ing^nieuse , le huitieme chiffre imprime n'est pas toujours le huitieme chiffre calcule ; si le neuvieme chiffre calcule" est au-dessus de cinq, le chiffre imprime par la machine sera le hui- tieme chiffre augments d'une unite. En substituant certaines roues a d'autres, on peut obtenir que les resultats du calcul soient expa- nds en livres, francs, centimes; endegr^s, minutes, secondes, outout autre mode de division voulu. Quand on a £crit une fois pour toutes sur la machine la loi de formation de la serie ou de la construction de la table, le calcul successif et l'impression des termes se font par la simple rotation d'une manivelle ; il suffit, pour produire le mou- vement, de la main d'un enfant de dix ans. Les calculs sont faits et les resultats imprimes avec une vitesse de 25 chiffres par minute ; on pourrait aller beaucoup plus vite , mais avec crainte de derange- ment. Nous avons appris avec regret que la machine suedoise ne figurerait pas a l'Exposition universelle : les inventeurs ne sont pas assez riches pour supporter les frais d'un deplacement et d'une ins- tallation qui exigeraient plusieurs mille francs. Si M. Gravatt, savant ingenieur et membre de la Societe royale, qui s'est cons- titue le patron de MM. Scheutz, adressait a la Commission centrale de l'Exposition une copie du rapport qu'il prepare, avec demande d'une subvention, il procurerait a ses clients une admission entiere- ment gratuite. Pour conduire leur machine au point de perfection, ou elle est arrived, MM. Scheutz ont depense' tout leur avoir. Espe- rons qu'on leur donnera les moyens de rentrer dans leurs avances et de refaire une petite fortune, en appliquant la machine au calcul et a l'impression de tables de logarithmes ou autres qui manquent a, la science. — M. Bertrand de Lom vient de de'couvrir aux environs du Puy (Haute-Loire), un nouveau et tres-riche gisement de gemmes et d'ossements fossiles. Par la simple exploration a la surface, a l'aide seulement du pouce et de l'index, et en moins de six mois, on a pu extraire de ce gisement environ 10000 karats de coryndon de Te- 482 COSMOS. lesie de plusieurs nuances de couleurs , donnant de bons resultats a la taille , toujours bien cristallise , et en cristaux assez souvent du poids de 20, 30, 40, 50 et 60 karats. Cette importante collection, sans e^alcence genre, comprend : 1° serie blanche a base nacr^e, en prismes hexaedres generalement surbaisses ; 2° serie dichro'ite en prismes generalement allonges, verts quand on les voit perpendi- culairement au grand axe du prisme ; bleus vus perpendiculaire- ment a ce meme axe ; 3° serie d'un brun noiratre a base bronz^e ; 4° serie bleu fonce fournissant les pieces propres a la taille ; 5° serie bleu louche; 6° serie hematoide ; 7° serie rouge passant au rubis ; 8° s^rie en gangue dt^montrant en toute evidence l'origine grani- tique de cette gemme. Les associes ducoryndon sont : 1° le zircon; 2° le spinelle pleonaste ; 3° le sphene jaune, quelquefois transpa- rent et donnant par la taille une pierre jaune assez interessante ; 4° le rhutile; 5° quelques rares cristaux de peridot en prismes trian gulaires avec double pyramide ; 6° peridot a l'etat d'argile bolaire" 7° pyroxene noir en beaux cristaux ; 8° amphibole en beaux cris; taux primitifs et prismes hexaedres; 9° titanate de fer, souvent en tres-gros nodules , empatant quelquefois de nombreux cristaux d'apathite ; 10° enfin de nombreux projectiles volcaniques, a. noyaux de peridot, de titanale de fer, d'amphibole, de roche feld- spatique, etc. Ce meme gisement a doi ne en peu de mois de 700 a 800 pieces portant toutes caracteres ; dont environ 400 dents ou parties de machoires appartenant a deuxfelis, a une hyene , a des pach}'- dermes, mastodonte, rhinoceros, etc.; a. des ruminants, cerfs, anti- lopes , etc. Ces fossiles se trouvent dans un diluvium sous-vol- canique d'une puissance de 2 a 10 metres. Sans attacber une grande importance aux considerations de M. Junod sur la salubiite relative des differents quartiers d'une ville nous regardons comme dignes d'attention les conseils sui- vants : 1° les personnes qui out la liberie du choix , surtout celles d'une sante" delicate , doivent habiler a l'ouest des villes; 2° par la memeraison, on doit concentrer a Test tous les etablissements d'ou se deo-agent des vapeurs ou des gaz nuisibles ; 3° en elevant une habitation en ville, et meme a la campagne, on doit releguer a Test les cuisines et toutes les de'pendances d'ou peuvent se repandre dans les appaitements des emanations nuisibles. NOUVELLES DE L'OIDUSTRIE. DERNIERES SEANCES DE LA SOCIETE d' ENCOURAGEMENT. M. Collet, rue Notre-Dame de Nazareth, 23, a cru devoir ap- peler l'attention de la Societe d'encouragement sur un fait vraiment extraordinaire qui se passe actuellement en France. Les journaux sont remplis d'annonces de Societes formers pour la fabrication et l'exploitation du caoutchouc durci et souple. Les capitaux que le public est appele a souscrire, se comptent par millions. N'est-il pas a craindre que les resultats des manoeuvres habiles, employees pour attirer les actionnaires, et des promesses brillantes que Ton fait hire a. leurs yeux ne soient l'occasion de deceptions nombreuses, deruineslamentables? C'est cequi arriverait infailliblement si les bre- vets d'inventions qui servent de base ou de point de depart a la forma- tion denouvelles Societes n'avaient qu'une valeur Active etillusoire; or c'est cependant ce que M. Collet croit pouvoir affirmer, en s'ap- puyant de dates authentiques que nous reproduisons d'apres lui. 1° Un brevet pour la combinaison du soufre avec le caoutchouc ou pour le caoutchouc vulcanise- a 6te demande le 23 novembre 1838, en Amerique, par M. Nathaniel Hayward, et dflivre a M. Charles Goodyear, son cessionnaire, le 24 fevrier 1839. 2° De 1841 a 1844, on a produit en Amerique une grande quan- tity d'objets fabriques non-seulement avec le caoutchouc vulcanise", mais avec un compose triple de caoutchouc, de soufre et de carbo- nate de plomb. 3° Des importations de ces derniers produits ont eu lieu en An- gleterre en 1842 et 1843. 4° Un brevet a ete delivre en Angleterre, le 21 novembre 1843, pour de nouvelles preparations du caoutchouc. Ces preparations consistaient principalement a traiter par la chaleur un melange de soufre et de caoutchouc ; le melange devenait ainsi insensible aux variations de la temperature, et les inventeurs ajoutaient que, sous une influence prolonged de la chaleur, le caoutchouc redevenait noir, acquerait l'apparence et les proprietes de la corne, et pouvait etre travaille" comme elle, etc., etc. N'est-ce pas la le caoutchouc durci qu'on voudrait faire accepter comme ui produit entierement nouveau'? 5° Le 30 Janvier 1844 un brevet a 6t6 pris en Angleterre, par M. Newton, prete-nom de M. Charles Goodyear, pour un com- pose" triple de caoutchouc, de soufre et d'oxyde de plomb, soumis a une haute temperature. A84 COSMOS. 6° II a etc delivre, en France, le 16 avril 1844, au meme M. Newton, un brevet d'importation, qui n'est que la traduction du brevet anglais. 7° En Amdrique, en date du 15 juin 1844 , M. Charles Good- year prend un nouveau brevet, qui n'est que la reproduction des.. brevets pris en Angleterre et en France par M. Newton; il ajoute seulement qu'il n'entendpas breveter de nouveau la combinaison du caoutchouc et du soufre, objet de la premiere patente, du24 fd- vrier 1839, raais seulement le compose triple de caoutchouc, de. soufre et de carbonate de plomb. 8° En 1846, M. Charles Hancock prend en France un brevet pour la fabrication d'objets en gutta-percha et en caoutchouc durci, seul ou combine^ et pour diverses applications de cette matiere; ce brevet est certainement tombe clans le domaine public. 9° En juillet 1850, M. Gaumont prend en France un nouveau. brevet, non pas, dit-il, pour le durcissement du caoutchouc, connu et brevete depuis longtemps, mais pourun grand nombre duplica- tions du caoutchouc durci. 10° A la grande Exposition universelle de Londres, ouverte en. mai 1851, divers fabricants, et notamment M. Charles Goodyear, avaient expose de nombreux produits en caoutchouc souple et durci. Le rapport du jury constate que le caoutchouc durci de M. Good- year est un compose de caoutchouc et de magnesie ; que ce com- pose commence a remplacer la corne dans diverses fabrications , les.. boutons, les manches de couteaux et de canifs, le placage, etc. 11° Enfin, le 21 septembre 1852, M. Armengaud prend en France et cede a M. Charles Goodyear un nouveau brevet pour la, fabrication et l'emploi du caoutchouc durci. La formation de plu- sieurs des nouvelles Societes dont il a ete question plus haut, repose sur la validity de ce dernier brevet. Cette base est-elle bien solide?. Ne s'ecroulera-t-elle pas un beau jour et avec elle les esperances des actionnaires? Nous regrettons que M. Collet n'ait pas compris dans sa note. Enumeration des brevets pris par des inventeurs francais, par M. le Dr Barthelemy , entre autres, que nous croyons etre le venr table inventeur du caoutchouc sulfure ou vulcanise. — Dansune des dernibres seances de la Society d'encouragement, M. Sorel a prdsente" un tres-grand nombre d'etoffes rendues impermea- blesal'aide de substances susceptibles de remplacer avec avantageet, economie le caoutchouc et le gutta-percha. Un journal anglais, le Repertory of patent inventions, a public dans sa livraison de fevrier COSMOS. /,85 la patente de M. Sorel, et nous y trouvons la composition de ses enduits impermeables, formes essentiellement de colophane ou ly- sine commune, de bitume, de poix ou goudron, soit nature!, soit provenant des usines a gaz, d'huiles de resine fixes, de gutta-percha, ,de chaux hydratee et d'eau. Voici la formule ou les proportions de son principal enduit : colophane ou resine commune, deux parties ; goudron ou bitume, deux parties; huile de resine, huit parties; chaux 'hydratee, six parties; gutta-percha, douze parties; eau, trois par- ties; terre de pipe ou autre terre argileuse, dix parties. Total : quarante-trois parties. Dans une bassine en cuivre installoe sur un fourneau on verse d'abord la colophane, le bitume ou goudron et l'huile de resine; on agite avec une spatule jusqu'a ce que les deux premieres substances soient completement dissoutes; on eteint la chaux et on la broie avec de l'eau jusqu'a consistance de melasse ; on la verse dans le vase en cuivre et Ton continue d'agiter et de chauffer; lorsque le melange est redevenu bien liquide, on ajoute la gutta-percha coupe'e en petits morceaux ; lorsque la gutta-percha est dissoute, on ajoute la terre argileuse reduite en poudre ou petrie avec de l'eau, et Ton remue de nouveau pour rendre le melange bien in- time; on ajoute un exces d'eau et Ton fait bouillir en petrissant encore jusqu'a 1 evaporation complete de l'eau ajoutee. La matiere est alors retiree de la bassine de cuivre et pressee chaude plusieurs fois, ou laminee entre les rouleaux d'un laminoir pour la rendre plus homogene. Si Ton veut dormer a la composition une tenacite plus grande, on augmentera la proportion de gutta-percha ; i! sera bon de lui donner de l'elasticite par l'addition d'une petite quantite de caoutchouc ordinaire ou vulcanise; on la rendra plus impermeable en ajoutant cinq pour centde cire d'abeille oud'acide stearique ; on lui donnera soit une teinte sombre a l'aide du noir de fumi'e, soit une nuance quelconque au moyen d'autres matieres colorantes. Les combinaisons suivantes : 1° bitume, huit parties; huile de refine, qua- tre parties; chaux hydratee eteinte, six parties; gutta-percha, seize parties; 2° bitume, douze parties; chaux hydratee eteinte, six parties; gutta-percha, seize parties; 3° goudron de charbon de terre, douze parties; chaux hydratee eteinte, six parties ; gutta- percha, seize parties; avec ou sans terre argileuse, remplacent aussi tres-bien le caoutchouc ou la gutta-percha purs clans la plupart de leurs applications. Les compositions s'appliquent soit au pinceau quand on les a rendues liquides par la chaleur, soit a l'aide de rouleaux tournant en sens contraire , comme on le fait pour le caoutchouc. 486 COSMOS. M. Sorel se sert encore, pour rendre les e'toffes imperm&ables, de savons rendus insolubles par 1' addition de cire d'acide stearique, et de sel a base d'albumine, de zinc ou de plomb. Voici la formule d'un de ses savons : eau, soixante parties; savon alcalin dur ou mou, six parties; cire d'abeilles, deux parties; acide stearique, une partie; avec addition de la quantite de bitume ou de resine que le Ind- iana peut dissoudre, et dune certaine proportion de l'une des solu- tions salines ci-dessus indiquees. La matiere propre a remplacer la graisse dans la preparation des cuirs et dans les machines peut avoir Tune des deux compositions suivantes : 1° colophane, six parties; huile de lysine, six parties; suif, deux parties ; huile de poisson ou autre huile non siccative, deux parties; huile de baleine, deux par- ties ; huile de palm?, deux parties ; eau, deux parties ; 2° colophane, douze parties; huile de refine fixe, quatre parties ; cire jaune d'a- beille, deux parties ; suif, deux parties. M. Sorel compte pour l'extension de ses preparations et de ses etoffes impermeables sur le bon marche" auquel il peut les livrer ; la quantite enorme de gutta-percha et de caoutchouc consommee actuellement par l'industrie rendra certainement ces substances rares, et leur prix ira sans cesse en augmentant. M. Esproux, en remerciant la SocieHe d'encouragement de l'appui quelle lui a donne, lui annonce avec bonheur que ses recom- penses ont porte leurs fruits ; que la substitution du papier au car- ton dans les metiers Jacquard fait chaque jour de nouveaux progres et tend a devenir universelle. — MM. Taillefer, dont la grille mobile et fumivore a ete" aussi 1'objet d'un rapport favorable et recompensed par une medaille d'ar- gent, transmettent a la SocieHe la copie d'une lettre par laquelle son excellence le Ministre de la marine et des colonies leur donne avis qu'il vient d'autoriser M. le prefet maritime de Brest a passer avec euxun marche pour la fourniture de huit grilles fumivores. Essayees dans les ateliers de la marine sur une grande £chelle et pendant lono-temps, ces grilles ont ete reconnues faire un excellent service. — M. Dupont, homme laborieux et modeste, qui a (He" pendant quinze ans m(5canicien aux Neothermes, a mis a loisir les courts instants que lui laissaient les occupations incessantes d'un service penible pour combiner et perfectionner un nouvel appareil de chauf- fage, appele ( ar lui calorifere thermal et a l'aide duquel on peut a la fois admhrstrer des bains et douches de vapeurs, fournir a vo- lonte de l'eau chaude ou tiede, chauffer les appartements, secher le linge, etc., etc. COSMOS. 487 Voici comment l'auteur resume Ies avantages de son sys- teme de chauffage : 1° bon marche relatif de l'appareil dont Ie prix varie de 300 a 1 000 fr. ; 2° extreme economie de combus- tible, puisque avec 15 ou 20 centimes de bois ou de charbon de bois on peut chauffer au moins 100 litres d'eau et dormer en meme temps deux bains a vapeur et une douche; 3° services multiples rendus a la fois par cet appareil, nouvel et puissant auxiliaire de l'hygiene, dela therapeutique et de l'economie domestique; 4° ex- treme facilite avec laquelle on le fait fonctionner : elle est telle qu une femme, un enfant au besoin, suffisent a cette tache ; 5° commodite resultant de ce qu'il est mobile et portatif, de ce qu'il peut se mon- ter et se demonter a volonte; de ce qu'il est d'un mince volume et occupe un espace tres-restreint; 6° elegance : on peut lui donner toutes les formes : quadrangulaire, cylimlrique, elliptique, etc., et lerevetir de toutes sortesd'ornements ; 7° solidite a toute epreuve; construit en cuivre ou en tole battue, il n'exige presque aucuns frais d'entretien ou de reparation, et ne peut jamais faire explosion. Cette decouverte n'est plus a l'etat d'essai. M. Dupont a fait construire sur un terrain a lui appartenant, rue du Havre, 15, a Batignoles-Monceaux , un etablissement modele de bains a vapeur, oil tout le monde peut voir fonctionner son appareil. Cet Etablissement comprend : 1° un dispensaire exclusivement affecte au traitement des malades pauvres de la commune; avec baignoire pouvant servir a la fois aux bains de vapeur, aux bains de barege ou aux bains ordinaires, et lit de repos ; 2° une salle de bains desti- nee aux visiteurs et aux clients , avec salon de repos et boudoir chauffes a une temperature douce; 3° une buanderie alimented par l'eau condensee des bains et douches a vapeur, dans laquelle plu- sieurs laveuses peuvent travailler ensemble. Un meme appareil chauffe les etuves, la buanderie, les pieces du pavilion et fournit toute l'eau n^cessaire aux bains et au blanchiment ; il est cons- tamment en activite et consomme une quantite de combustible si minime qu'on ose a peine en croire ses yeux. Nous remercions M. S. Quentin des renseignements qu'il nous a transmis sur l'invention de M. Dupont et nous prendrons plaisir a verifier par nous-meme les faits qu'il nous affirme, mais dont nous n'avonsancune raison de douter. — II y a longtemps que nous voulions appeler l'attention de nos lecteurs sur la charmante industrie des r£fiecteurs Troupeau, que nous voudrions voir se multiplier ind^finiment. L'idee de recevoir la lumiere directe du ciel sur des surfaces rEflechissantes pour la L 88 COSMOS. projeter dans des lieux qu'elle ne peut pas atteindre ou qu'elle eclaire trop i'aiblement, n'est pas entitlement nouvelle ; elle est si simple qu'elle a du se presenter a beaucoup d'esprits ; on la trouve indiquee vaguement dans plusieurs ouvrages. La premiere applica- tion sur grande echelle qui en ait etc faite est due a M. Jacquesson, aide de M. Jules Guyot qui , a l'aide d'un certain nombre de pxiits ouverts et de grands reflecteurs formes de feuilles de fer-blanc as- semblies ou soudees, est parvenu a eclairer completement ses im- menses caves de Chalons-sur-Marne , renfermant en tout temps pour plusieurs millions de vin de Champagne. Get eclairage a rem- place" avec d'immenses avantages, avec une economie de pres de 5 000 Fr. par an, l'eclairage au suif et a l'huile qui remplissait les galeries d' une fumee nauseabonde. Le premier , en 1849, dans un article de la Presse, nous avons signale le merite de cctte belle in- vention. MM. Jacquesson et Jules Guyot, dans leur brevet, ne pro- posaient l'emploi des reflecteurs que pour l'eclairage des caves et des lieux souterrains. Presqu'a la meme epoque M. Troupeau ima- ginait l'immense parti qu'on pourrait tirer de la lumiere reflechie pour procurer du jour aux parties des edifices , passages, escaliers , loges de portiers, arriere-boutiques , etc., etc. Loin de le contra- rier dans l'exploitation de cette application nouvelle, M. Jacques- son dont tout le monde connait l'esprit large et 6leve, a, au con- traire vivenient encourage M. Troupeau, et les reflecteurs ont ete definitivement adoptes dans un tres-grand nombre d'dtablissements publics et de maisons particulates, en France, en Angleterre et en Amerique. Mais il reste encore immensement a faire, et il nous semble meme que l'autorite devrait hater, par des mesures energi- ques, la realisation universelle de ce progres si bienfaisant. La lu- miere est un des elements essentiels de la vie ph}rsique et morale, et il est une multitude de localites qu'on ne peut eclairer sans dan- ger d'incendie par les moyens ordinaires ; les lieux d'emmagasinage, par exemple, des matieres combustibles et inflammables. A Lon- dres et a Liverpool la necessite des reflecteurs Troupeau a ete beau- coup mieux comprise et on les rencontre a. chaque pas. A notre priere , M. Troupeau a genereusement dote la chapelle catholique fran9aise, Litle-Georges-Street, Portman-Square, d'un beau reflecteur, qui projette une lumiere abondante dans une trav^e oil Ton pouvait a peine lire en plein jour ; il est devenu par la un des bienfaiteurs de cette pieuse institution, et nous Ten remercions cordialement au nom des trois respectables chapelains, MM. Mailly, Toursel et Vasseur. ASSOCIATION ffiETEOROLOGIQDE ENTRE TOUTES LES NATIONS. Reponse du president et du conseil de la Socie'te' RoyaJe de Londres a la consultation du Bureau du commerce. (Suite.) V. Temperature de la mer et recherches relatives aux courants: II n'est nullement necessaire d'insister sur l'importance pratique au point de vue de la navigation, d'une connaissance exacte des courants de l'Ocean, de leur direction, de leur eHendue , de leur vi- tesse, de la temperature de 1'eau a leur surface compared a la tem- perature ordinaire de l'Ocean sous meme latitude, des variations que ces courants subissent dans les differentes parties de l'annee et sur divers points de leur parcours. Les renseignements qui seront certainement obtenus par suite des mesures prises par le Bureau du commerce, auront d'autant plus de valeur que les observateurs se- ront plus intelligents, qu'ils observeront avec plus d'ardeur. II est grandement a desirer que les instructions qui seront jointes aux ins- truments meteorologiquescontiennent une exposition sommaire des donnees deja obtenues par rapport aux courants oceaniques, avec des cartes qui indiquent leurs limites dans les differentes saisons, les variations qu'ont subies ces limites dans differentes annees, les partieularites de temperature de la surface de l'eau auxquelles on reconnait la presence d'un courant, etc., etc. On devra aussi dres- ser les tableaux des observations a faire a intervalles rapproches d'une heureou d'une demi-heure, dans certaines localites comprises entre des latitudes et des longitudes determinees, aussi resserrees que possible, et de maniere a embrasser tout l'Ocean. Chaque observa- tion devra etre accompagnee de la position geographique du na- vire observee ou calculee. En outre des interets de la navigation, on ne saurait trop appre- cier les avantages qui resulteraient pour la geographie physique de tables generales donnant la temperature de la surface de l'Ocean dans les differents mois de l'annee; son etat normal ou anormal, la temperature moyenne des divers paralleles ; les ecarts de cette temperature et leur nature; s'ils sont permanents, periodiques ou accidentels. Ces donnees sont absolument necessaires a l'etude de la climatologie, consideree comme science. L'infiuence que les phenomenes variables des courants ocdaniques peuvent exercer sur le climat d'une grande Vendue de continent^ H90 COSMOS. peut etre assez appr^citfe par les circonstances qui se sont presen- tees lorsque ces courants se sont beaucoup rapproches des cotes de l'Europe. Les admirables recherches du major Rennell ont montre" que, dans les annees ordinaires, l'eau chaude du grand courant, connu sons le nom de gulf-stream , ne se rencontre pas a Test du Meridien des Acores; la mer, sous cette latitude, possede la tempe- rature ordinaire de l'Oc£an, dans toutes les saisons et toutes les di- rections au sein du grand espace compris en' re les Acores et les cotes de l'Europe et de l'Afrique du Nord. Mais dans deux occa- sions, en 1776 et dans l'hiver de 1821 a 1822', l'eau chaude qui caracterise le gulf-stream sur tout son parcours, et dont la tem- perature est, a latitude egale, de plusieurs degres au-dessus de la temperature ordinaire de l'Ocean, avait envahi le grand espace oc^a- nique dont il a et£ question plus haut, et en 1776, en particulier, Franklin avait suivi sa marche jusque tres-pres des cotes de l'Eu- rope. La presence d'une masse d'eau beaucoup plus chaude qu'a 1'ordinaire, s'e'tendant en latitude et en longitude sur une surface de plusieurs milles carres, stationnant pendant plusieurs semaines a une saison de l'ann£e ou les vents dominants soufflent dans cette direction sur les cotes de l'Angleterre et de la France ne pouvait pas ne pas exercer une influence considerable sur la temperature et le degre d'humidite de Fair dans ces contrees. Aussi constate-t-on par les journaux meteorologiques qu'en novembre et decembre 1821 et Janvier 1822 le temps fut assez anormal dans les parties sud de l'Angleterre et de la France pour exciter l'attention universelle ; on le trouve caracterise par les expressions suivantes : « Chaleur vrai- ment extraordinaire, humide, orageuse, accablante ; la brise forte souffle sans intermission de l'ouest et du sud-ouest; la quantite de pluie tombe"e est excessive; le barometre est descendu plus bas qu'on ne l'a vu descendre depuis trente-cinq ans. » Sans aucun doute le major Rennell avait raison d'attribuer l'ex- tension extraordinaire du gulf-stream, dans certaines annees, a la vitesse initiale plus rapide , occasionnee par une difference beau- coup plus grande entre les niveaux du golfe du Mexique et de l'At- lantique dans l'ete precedent. Une hauteur inaccoutumee du goife du Mexique a l'origine ou tete du courant, ou la vitesse inaccoutu- me"e du courant a sa sortie du detroit de la Floride sont des faitsque 1 on peut constaterparune observation attentive; et comme ces faits doivent ou peuvent preceder de plusieurs semaines soit l'arrive'e de l'eau chaude du courant a trois mille milles ou mille lieues de son point de depart , soit les modifications de climats, qui sont l'effet COSMOS. UH naturel del'approche de ces eaux, il ne sera pas impossible de pre- dire a l'avance de grandes irregularites dans les saisons. II reste en realite" beaucoup a faire pour rendre suffisamment complete la connaissance que nous avons des phenomenes du gulf- stream et de ses contre-courants. Ce ne serait pas assez de reunir et de coordonner les observations faites accidentellement par les navigateurs qui les ont traverses sur divers points et dans differentes saisons; il faudrait que le gouvernement, ct^dant aux vceux si sou- vent emis par les autorites hydrographiques les plus eminentes, fit proceder a une carte speciale des courants par des vaisseaux char- ges exclusivement de ce service. L'examen de ce qui a ete recemment accompli en ce genre par le gouvernement des Etats-Unis , prouve a la fois et l'importance de ces recherches, et leur grande etendue; on comprend mieux alors l'utilite de la proposition faite au gouver- nement de Sa Majeste britannique par le gouvernement amerieain de faire proceder a la construction de la carte des courants par une escadre composee de vaisseaux des deux nations. L'etablissement, sous la direction du Ministre du commerce d'un bureau charge de reduire ou de coordonner les donnees qui seront recueillies, assure- rait le succes de cette grande entreprise. VI. Ouragans et vents. II est grandement a d^sirer, pour le perfectionnement de la navi- gation et de la science en general, que les capitaines de vaisseau de la marine royale ou de la marine marchande soient mis complete- ment au courant des methodes a l'aide desquelles on distingue dans tous les cas les vents d'ouragan rotatoires appeles proprement cy- clones, des vents de caractere plus ordinaire, mais souvent accom- pagnes de passages du vent d'un rhumb a 1'autre que l'on serait tente de confondre avec les 'phenomenes des cyclones, quoiqu'ils soient dus a une cause tout a fait differente. Nous recommandons en consequence que les instructions remises aux capitaines de na- vire munis d'instruments meteorologiques entrent dans les details suffisants, pour qu'on puisse dans tous les cas et dans toutes les circonstances distinguer l'une de 1'autre ces deux especes de vents; et que les tableaux dresses pour l'enregistration des phenomenes meteorologiques pendant les grandes perturbations atmospheriques, comprennent Tenonce" de toutes les particularites dont l'observateur peut avoir besoin pour former nettement son jugement sous ce rapport. I La fin au prochain numero.) ACADEME DES SCIENCES. SEANCE DU 3o AVRIL. La discussion entre MM. de Quatrefages et Coste, sur la forma- tion des monstres doubles chez les poissons , continue plus animee que jamais. Exposons en quelques mots la nature du debat. M. de Quatrefages avait affirm^ qu'un poisson monstre double qui lui fut remis le 24 Janvier, par M. Millet , s'etait forme par la soudure de deux individus primitivement s^par^s et entierement distincts : l'adherence aurait eu lieu par les deux foies. Tirant de ce cas particulier des conclusions plus generales , M. de Quatrefages avait semble afflrmer que la monstruosite double est toujours le resultat de la soudure de deux individus issus de deux germes tout a fait independants , et se felicitait d' avoir pu r^soudre enfin , par l'observation directe , une question qui avait divise pendant deux siecles les esprits les plus eminents. Suivant lui , la monstruosite double , au lieu d'etre un fait initial , contemporain de la formation des germes et de la fecondation, serait au contraire unffait subse- quent et comme le resultat d'une rencontre plus ou moins tardive, d'une sorte d'entrainement d'un individu deja forme vers 1' autre. M. Coste, qui de son cote a observe plus de cent monstres doubles, nie completement la th^orie de M. de Quatrefages ; il veut que le sort de la monstruosite double soit regie des 1'origine ; qu'elle ait pour cause une espece d'orientation des germes ; que les phenomenes observes apres l'edosion ne soient que 1'accentuation plus marquee des liens originels. Suivant lui, les deux poissons accouples ont eu une meme vesicule ombilicale , un meme blastoderme ; sans cette communaute de vesicules et de blastoderme , la compenetration des deux individus serait completement inexplicable et impossible ; aussi M. Coste affirme-t-il que l'autopsie ne reVelera pas dans le monstre de M. de Quatrefages la fusion des deux foies ou l'adherence des deux intestins. En repondant aux objections et aux affirmations de M. Coste, M. de Quatrefages avait compris la necessite' de res- treindre les conclusions de sa premiere note ; il convenait n'avoir ete en droit d'&ioncer qu'un fait particulier et nullement une doctrine generate ; mais il croyait avoir maintenu la possibilite de la fusion subsequente, au moins partielle, des foies et des intestins, sans qu'on fut oblige de recourir a une penetration primitive des germes ; il a done ete tout surpris de voir M. Coste, dans sa reponse imprimee, affirmer que lui , M. de Quatrefages, avait renonce a la fusion des deux foies places aux poles opposes d'une vesicule ombilicale com- COSMOS. 493 mune de deux individus nes de germes distincts. Dans ]a seance d'aujourd'hui , M. de Quatrefages a reclame centre cette retracta- tion qu'on lui pretait et qu'il n'avait nullement consentie. M Coste a de nouveau maintenu, de la maniere la plus absolue, I'impossibi- hte de la fusion de deux individus sepals primitivement par une vesicule commune et nes de deux germes independants ; et parce que M. de Quatrefages, pour defendre sa cause, invoquait le temoi- gnage de M. Vrolik et autres ; M. Coste a clos la discussion en renouvelantsa protestation de la derniere seance : « II r.e sVit pas ici de savoir ce que peut penser tel ou tel anatomiste, mais de veri- fier, par l'examen materiel des faits , ce qui se passe sur l'espece dont il s'agit. Or, j'ai au College de France un nombre considerable de sujets vivants, doubles ou simples, de tous les ages ; et si notre confrere le desire, il me sera facile de lui montrer sur nature que les deux intestins sont parfaitement clos longtemps avant que la resorption de la vesicule ombilicale leur permette de se toucher; qu'il n'y a jamais qu'une seule vesicule ombilicale pour deux fretusj et qu'un seul et meme appareil vasculaire pour cette vesicule om- bilicale , l'artere omphalo-mesenterique de l'un transmettant la majeure partie de son sang a la veine de l'autre. Ce sont la des faits qui, quand on a les pieces sous les yeux, ne laissent plus de place a double interpretation. » De quel cote est la verite dans cette discussion a laquelle MM. Geoffroy Saint-Hilaire et Serres ont pris part ? M. Coste semble bien sur de son fait , et M. de Quatrefages avait dit avec une noble modestie ; . Certes , personne plus que notre honorable confrere , M. Coste , n'a le droit de professer en embryogenie des convictions absolues. • M. Coste pourrait done avoir raison. — Dans Ja seance du 26 mars, M. Herpin (de Metz) avait com- munique une note extremement interessante sur les bains et douches d'acide carbonique. Une guerison extraordinaire , presque mira- culeuse, a donne dans ces derniers temps une grande vogue a ce genre de douches et de bains. Le decteur Struve, savant dialwgw, prenait les eaux a Marienbad pour une affection tres-douloureuse de la cuisse et de la jambe gauches. II ne pouvait pas marcher, de- puis plusieurs annees, sans le secours de bdquilles ; les glandes et les vaisseaux lymphatiques de la jambe etaient tres-durs et tres- enflammes. M. Struve eut un jour l'idee d'exposer sa jambe malade a Taction d'un courant d'acide carbonique qui se degagait d'une des sources de Marienbad et formait une couche de plusieurs deci- metres a. la surface du liquide. Appuye- sur un baton , soutenu par U9k COSMOS. son domestique , il parvint a se trainer, avec beaucoup de peine et en ^prouvant de vives douleurs, jusqu'a la source. Assis sur le bord du bassin , il laissa pendre sa jambe dans la couche de gaz : il eprouva un fourmillement et une chaleur agreable qui alia en aug- mentant jusqu'au point de determiner une abondante transpiration du membre malade ; lorsqu'il retira son pied du bain de gaz, il fut tout surpris de ne plus ressentir aucune douleur, et meme de pou- voir marcher sans le secours de ses bequilles et de son domestique. II courut lui-meme annoncer a ses amis l'heureuse nouvelle de sa guerison etonnante et inattendue. II continua pendant quelque temps l'usage des bains locaux de gaz acide carbonique, et partit gueVi de Marienbad. II a joui, depuis cette epoque, d'une excellente sante , sans eprouver de rechute ni de renouvellement de ses dou- leurs. Aujourd'hui, il y a en Allemagne, notamment a Marienbad, Carlsbad, Hissingen, Eger, Nauheim, Cannstadt, Meinberg, Cron- thal, etc., des e^ablissements spt^ciaux tres-remarquables pour les bains , les douches , et meme l'inhalation de l'acide carbonique. M. Herpin decrivait ainsi les impressions que Ton eprouve en pe- netrant dans la couche de gaz : C'est d'abord une sensation de cha- leur douce et agreable, analogue a celle que produiraitun vetement epais de laine fine ou de ouate ; a cette sensation de chaleur succede un picotement, un fourmillement particulier, et plus tard une sorte d'ardeur que Ton a comparee a celle qui est produite par un sina- pisme au commencement de son action ; la peau devient rouge, il s'£tablit une transpiration abondante prdsentant les caracteres chi- miques de l'acidite ; la secretion urinaire est considerablement aug- mented. Si le bain se prolonge, la surexcitation arrive ; le pouls est plein, vif et accele><§ ; la chaleur devient brulante, il y a turgescence et rubefaction de la peau, c^phalalgie, oppression de poitrine, etc. Al'occasion de cette note , M. Boussingault, dans un reVit plein d'interet, raconte comment il fut amene" a constater accidentelle- ment des 1826 quelques-uns des effets signales par M. Herpin. II visitait dans le voisinage de la montagne de Pichu-Pichu, qui fait partie des Cordilieres , des solfatares oil de nombreux ouvriers sont occupes a fondre et a purifier le soufre vomi autrefois par les vol- cans ; il rencontra une ancienne crevasse d'ou se d^gageait en abon- dance un gaz avec odeur d' acide sulfhydrique ; il voulut y descendre pour mesurer la temperature ; a peine avait-il peneHre dans la cre- vasse qu'il sentit une chaleur suffocante qu'il estimait etre de 40°, et un picotement assez vif dans les yeux ; comme sa respiration £tait difficile, il remonta promptement ; son visage ^tait rouge et la COSMOS. &95 transpiration abondante. II redescendit apres un temps suffisam- ment long pour reprendre son thermometre , et quel ne fut pas son e^onnement lorsqu'il vit que l'instrument ne marquait que 19°, 5 ; la temperature de l'air en dehors de la crevasse etait de 22,2. Le gaz de la crevasse analyse se niontra compose de 95 pour 100 d'acide carbonique, avec 5 pour 100 d'air atmos- pherique et de gaz sulfhydrique. C'etait done bien l'acide carbo- nique qui avait cause cette sensation de chaleur extraordinaire et le picotement des yeux. Dans deux autres circonstances, presque ab- soluraent semblables, en 1827 et 1830 , M. Boussingault eprouva de nouveau les memes sensations, produites par les memes causes; mais l'impression produite n'arriva jamais a l'ardeur causee par un sinapisme qui mord, sans doute parce que le sejour au sein du gaz ne fut jamais assez prolongs; et son experience negative n'auto- rise pas M. Boussingault a revoquer en doute les affirmations de M. Herpin. Ajoutons que les ouvriers qui travaillent longtemps dans les solfatares des Cordiliere?, ite qui n'en a point; en second lieu, parce qu'il y a, il nous semble, des inconvdnients graves a monopoliser l'enseignement. — M. le Ministre de l'instruction publique annonce en outre qu'il autorise l'Academie des sciences a prelever sur les reliquats du 496 COSMOS. prix Monty on une somme de 6 000 francs, qui sera mise a la dis- position de M. Gaudry , charge de continuer les fouilles du gise- ment d'ossements fossiles de Pikerni, presd'Athenes. Nous avons insere avec bonheur dans le Cosmos , 6C volume, p. 341, le vceu £mis a cet egard par M. Duvernoy, mourant. — M. Boussingault, en son nom, et au nom du marechal Vail- lant, lit un rapport sur le biscuit-viande de M. Callamand. La com- mission, nominee par l'Academie, a fait proceder a, des experiences sous le controle de M. Houzeau, preparateur de chimie au Conser- vatoire des arts et metiers. La preparation du biscuit-viande com- prend trois operations : la confection du bouillon, la fabrication de la pate et la cuisson du biscuit. Dans 22 litres d'eau, on afaitcuire47k,5 deviandede bonne qua- lite" ; on a ajoute, enfermes dans un linge, diverses apices et 10 kilogr. de legumes ; apres quatre heures d'ebullition, on a enleve la viande pour la desosser, et la diviser extremement ; on l'a melee au bouil- lon, formant 11 litres, en ajoutant 250 grammes de sucre candi ; le tout a forme une bouillie claire, qu'on a melee a 50 kilogrammes de farine ; puis par un petrissage aux mains et aux pieds, qui a dure une heure un quart , on a transform^ le tout en pate : dans cette pate epaisse, on a taille 237 biscuits, soumis pendant environ une heure a la cuisson du four; les biscuits sortant du four pesaient 50 kilogrammes 4 centiemes. Ainsi se trouvait ve rifle le fait avance par M. Callamand, que 50 kilogrammes de viande et 50 kilogr. de farine ne donnaient qu'environ 50 kilogr. de biscuit-viande, tan- disque 100 kilogrammes de farine donnent de 90 a 92 kilogrammes de biscuit ordinaire. 25 centigrammes de biscuit, meles et trempes avec de l'eau chaude, un peu de sel et de poivre, out en effet produit un potage assez semblable au potage ordinaire et qui pouvait cons- iituer a peu pres six rations de soldat. La commission n'a rien dit du gout de ce potage, qui etait pro- bablement satisfaisant ; elle ne pouvait evidemment prononcer sur ses qualites nutritives qu'aptes une experimentation reelle, a la- quelle il n'a pas ete procede. II lui seinble difficile que cette puis- sance nutritive soit comparable a celle d'une meme quantite de viande mangle en nature, en raison de l'evaporation subie dans les operations diverses ; mais elle pense qu'en raison de son idee heu- reuse et du but qu'il s'est propose, M. Callamand merite les remer- ciments qui sont votes a l'unanimite par rAcademie.. Nous regrettons que la commission n'ait pas fait remarquer que l'id^e de M. Callamand n'£taitpas neuve, et quelle n'ait pas dit un COSMOS. 497 mot du meat-biscuit, biscuit de viande si admirablement prepare" dans les plaines fertiles du Texas, par M. Caille-Bordeux, et qui figurait a l'exposition de Londres. — M. Milne-Edwards rend compte, con amore, d'experiences faites a Paris, sous ses yeux et sous ceux de plusieurs academiciens, par M. Van Beneden, bien connu de nos lecteurs, sur la transfor- mation des cysticerques en teriias. On a pris au Museum d'histoire naturelle deux chiens assez jeunes pour qu'on du.t croire qu'ils n'e- taient pas encore infestes par le tenia serratl , si commun chez la race canine ; le 12 et le 23 mars, au premier de ces chiens, n° 1, on a servi des aliments contenant des cysticerques pris chez un lapin et qui e^aient vivants ; les aliments du chien n° 2 ne conte- naient aucun ver intestinal. Les deux chiens ont dte abattus ou tues le 21 avril; l'estomac et les visceres du chien n° 1 contenaient un assez grand nombre de tenias, et quelques-uns de ces vers avaient atteint un developpement assez grand pour qu'on put y reconnaitre le tenia serrati propre du chien : rien de semblable n'apparut sur le second chien. L'etat de developpement des tenias indiquait clai- rement que les uns provenaient des cysticerques du 12 mars , les. autres des cysticerques du 23. Repetee sur deux autres chiens dans le courant d'avril , 1'experience donna les memes resultats , et M. Milne-Edwards en conclut qu'il n'est pas possible de revoquer en doute la transformation des cysticerques du lapin en te"nias du chien. M. Valenciennes, a qui Ton avait soumis les resultats des expe- riences ou qui avait assiste a l'autopsie des chiens, est loin d'etre aussi affirmatif que M. Milne-Edwards ; il doute encore, et ne for- mulera ses conclusions que lorsqu'il aura termine une serie de nom- breuses experiences qu'il poursuit en ce moment dans le laboratoire dc l'Ecole normale. II ne lui est pas demontre que les chiens nos 1 et 3, chez lesquels on a trouve des tenias, et dont l'un avait quatre mois, n'eussent pas deja contracte des germes de vers intestinaux; il doute que les td- nis trouves dans leurs visceres fussent veritablement des tenia serrati. Nous l'avouerons avec M. Milne-Edwards, ces doutes sont sans fondement aucun ; car, d'abord, chacun, en observant les vers de- poses sur le bureau, peut s'assurer que ce sont bien des tenias du chien ; car, en second lieu, les experiences faites a Paris ne sont qu'une confirmation frappante des experiences faites sur des mou- tons en plusieurs lieux a la fois par des naturalistes habiles, et dont 498 COSMOS. nous avons rendu compte dans le Cosmos; car, enfin, les experiences auxquelles M. Van Beneden s'est preteavec tantd'empressement et d'egards pour 1' Academie, sont en elles-memes parf'aitement con- cluantes. Comment , en effet , douter encore, quand , apres avoir pris au hasard quatre chiens et avoir entendu dire par M. Van Be- neden que sur les chiens n° 1 et n° 3 on trouverait infaillibiement des tenias nes des cysticerques ingurgites, les tenias ont reellement apparu au jour et a l'heure fix£s? — M. Dumas, le heraut des grand es nouvelles , des messages importants, presente un nouveau et beau travail de M. Sainte-Claire Deville sur le silicium et le titane. Nous allons l'analyser avec le plus grand soin, enprenantpour guide une note que l'habile chimiste a bien voulu nous communiquer. On a constate depuis longtemps un rapport assez intime entre le bore, le silicium et le zirconium ; ces quatre corps forment, dans la classification de M. Dumas, un groupe unique, et si la loi de Prout est vraie, le poids atomique du carbone £tant 1, ceux des autres corps seraient exprimes par les nombres simples 2, 4, 8, de sorte qu'ils ne seraient en realite que du car- bone a un etat de condensation double, quadruple, etc. Les recher- ches de M. Deville font ressortir d'une maniere extremement frap- pante l'analogie soupc,onn£e entre le carbone et le silicium. En traitant par le sodium, dans une nacelle placee au sein d'un tube en porcelaine chauffe au rouge, du chlorure et du fluorure de silicium, et lavant le residu, on obtient le silicium avec tous les caracteres que lui assigna Berzelius qui le decouvrit le premier. Si dans la masse de silicium ainsi obtenue, on choisit les portions qui n'adhe- rent pas a la nacelle, qu'on les introduise dans un creuset en les entourant et les recouvrant de sel marin pur et fondu , et qu'on chauffe a une temperature assez elevee pour volatiliser la plus grande partie du chlorure alcalin, on obtient le silicium a un second £tat deja observe par M. Deville dans ses recherches sur l'alumi- nium, et qu'il a designe" sous le nom d'etat graphito'ide, parce qu'en effet le silicium, sous cette forme, se rapproche beaucoup du car- bone a l'dtat de graphite. Si Ton chauffe plus encore, en enfermant, par exemple , le silicium en poudre ou graphito'ide dans une gangue en porcelaine ou autre substance ties-refractaire , de maniere a. fondre le silicium , on le retrouvera le plus souvent a un troisieme ^tat et cristallise'. II a alors, en partie, l'aspect du fer olygiste un peu irise" ; sa forme n'est pas susceptible de mesures precises parce que les faces descristaux sont toujours courbes, mais elle ressemble tant a celle du diamant, que tous les mindralogistes qui l'ont vue se COSMOS. 499 sont accordes a etablir entre les deux formes un rapprochement mtime. " Le cristal assez volumineux prSsente par M. Deville a lAca demie montrerait, en supposant qu'il appartienne au systeme re- gular, six des faces du solide de quarante-huit faces, qui est une des formes du diamant. A cet etat , d'ailleurs, le silicium coupe tres-vivement le verre. L'analyse d'autres cristaux qui accompa- gnaient le plus gros a conduit au resultat suivant : 100 de silicium donnent 205 de silice ; la theorie exigeait 209; la petite quantite de matiere restante contenait encore du silicium et du fer; les im- puretes sont par consequent negligeables. Ainsi done le silicium, comme le charbon, se montre sous trois formes d.stinctes : le silicium de Berzelius, qui represente le char- bon ordinaire ; le silicium graphitoide, analogue au graphite, et qui se forme dans les memes circonstances que le graphite artificiel ■ ennn le silicium cnstalliso qui correspond au diamant Le silicium prend le fer partout ou il le trouve, meme dans les vases de porcelaine qu'il corrode d'une maniere singuliere. II agit aussi sur Talumine , au moins en presence des bases ■ il donrie alors des' produits que M. Deville analyse en ce moment' et qui lui semblent nouveaux. Les vases qui lui ont le mieux reussi pour obtenir le silicium pur sont des creusets en charbon de cornue calcines plonges encore chauds et maintenus assez longtemps dans 1 acide chlorhydnque, lav^s enfin plusieurs fois. Le sodium I l'aide duquel on decompose le chlorure ou le fluorure de silicium doit etre aussi parfaitement pur, ainsi que les deux sels. Le silicium s'allie aux metaux, et en particulier au cuivre au- quel d communique une durete tout a fait comparable a celle de 1 acier, en le rendant inattaquable a la lime. Le titane , prepare par des process tout a fait semblables et calcine dans des creusets d'alumine, est une matiere infusible a une temperature a laquelle le platine fondu entre en vapeur ; il ressemble a du fer ol.giste tres-fortement irise, et cristallise en prismes a bases carrees M. Deville, qui, on le voit, se montre de plus en plus di^ne des gloneux encouragements de 1'Empereur, soumettra prochainement a 1 Academie les resultats d'un travail analogue ayant pour objet le bore et le zirconium. i La justice aussi nous fait un devoir de rappeler que M Despretz dans ses experiences avec la pile gigantesque de 500 elements de 500 COSMOS. Bunsen, qu'il s'eHait crc^e a la Faculte des sciences, avait obtenu le silicium en globules fondus. — M. Cauchy vient de faire un nouveau pas immense dans la theorie des racines rdelles ou imaginaires des equations alg^briques ou transcendantes. Nous £noncerons, dans une prochaine livraison, le theoreme extremement general par lequel il arrive a exprimer le nombre des racines d'une equation quelconque, et a calculer celles de ces racines qui verifient certaines conditions donnees. — M. Despretz pr^sente a l'Academie un travail experimental tres-interessant de M. Gaugain sur la stratification de la lumiere electrique , curieux phenomene d^couvert d'abord par M. Grove, observe inde"pendamment et presque simultane'ment par MM. Rhum- korffet Quet , mais que M. Quet a demerit le premier avec tous ses details et l'indication des moyens de le reproduire a. volonte\ Nous regrettons de ne pouvoir donner integralement la note que M. Gau- gain s'est empresse de nous transmettre ; mais nous allons l'ana- lyser avec tant de soin, et la rendre si parfaitement intelligible, que nous ne laisserons a nos lecteurs aucun regret. Le sagace experimentateur elablit d'abord, contrairement a ce qui est gene>alement admis, que le phenomene de la stratification ne se produit pas dans l'air parfaitement pur ou exempt de toute vapeur combustible. Quand le vase ou ceuf electrique a £te* compl6- tement lave , et qu'apres avoir fait le vide partiel on fait passer entre les deux boules bien nettoyees le courant induit de la machine de Rhumkorff , voici ce que Ton observe : la boule negative et la tige qui la sunporte sont enveloppees d'une aureole lumineuse qui parait formed de plusieurs couches toutes de couleur bleue, mais de nuances differentes ; la boule positive, et une portion plus ou moins Vendue de sa tige, sont aussi enveloppees d'une couche lumineuse brillante , rosee , tres-mince et d'aspect floconneux ; l'espace entre les deux boules est occupe par un nuage de lumiere continue, diffuse et de couleur rouge , qui a la forme d'un fuseau ou plutot d'une flamme de bougie ; sa base s'appuie sur la boule positive ; sa pointe est dirigee vers la boule negative , dont elle est separee par un intervalle obscur. Si le vide, au contraire, est occupe uniquement par de la vapeur d'essence de terebenthine , ce que Ton obtient facilement en mouil- lant d'essence les parois de 1'oeuf electrique, le phenomene prend un nouvel aspect : les couches qui composent l'enveloppe de la boule negative out une teinte plus blafarde , l'enveloppe de la boule posi- COSMOS. 501 tive a disparu, le nuage continu de lumiere entre les deux boules est remplace" par une longue gerbe de lumiere stratified, ayant d'abord la forme d'une cloche dont le sommet s'appuie surla boule positive dont l'ouverture regarde la boule negative, et reprenant au bout de quelques instants la forme primitive de fuseau. Bientot les boules se couvrent d'un depot, et l'apparence perd sa forme normale : nous ne nous arreterons pas a decrire les anomalies qui se presentent alors , non plus que les modifications que la gerbe lumineuse subit quand l'oeuf electrique est rempli d'un melange d'air et d'essence, cas dans lequel la lumiere stratifiee est rouge. Le fait essentiel qu'il s'agissait avant'tout de constater, c'est que la gerbe stratifiee n'ap- parait qu'autant que le vide est au moins partiellement occupe par une vapeur combustible. M. Gaugain trouve la confirmation de cette conclusion fondamentale dans 1'observation de certains deplace- ments ou mouvements de translation que les stratus sont suscep- tibles d'eprouver, et qui sont tres-facilement appreciates lorsqu'on introduit dans le circuit du courant induit un petit condensateur • que le vide de l'oeuf est occupe par un melange d'air et d'essence • et que , par tatonnement , on a fait prendre aux stratus la forme de nuages rares et tres-distincts. Dans ces conditions, on constate les faits suivants : si Ton met en jeu les pistons de la machine pneu- matique pour aspirer l'air, toute la colonne de stratus s'abaisse ma- nifestement ; si , au contraire , on laisse rentrer dans l'ceuf une petite quantite d'air, la colonne de stratus, devenus plus nombreux est chassee ou monte vers la boule superieure ; si, apres avoir se'pare l'oeuf de la machine pneumatique , on le place verticalement la presque totality de la colonne monte ; si l'oeuf est place horizonta- lement, la colonne de stratus se partage en deux portions qui se meuvent en sens opposes , comme si elles etaient sollicitees par deux forces attractives emanant des deux electrodes. En resume, dit M. Gaugain : 1° les stratus brillants blancs ou rouges sont materiels, puisqu'ils se deplacent sous l'influence de Inspiration ou de i'insufflation; 2° les stratus rouges qui apparais- sent quand l'oeuf contient un melange d'air et de vapeurs d'essence mais avec grand exces de vapeurs, sont plus legers que le milieu qui lesenvironne, puisqu'ils tendent toujours a. monter; 3° le pre- mier effet des forces electriques est de separer materiellement le milieu gazeux en tranches de natures difTeVentes; les couches en- fiammees plus tard par le passage du courant s'elevent par la meme raison que la flamme de nos foyers tend a monter a l'air libre : 4° il faut tres-probablement renoncer a attribuer les stratus soit a un 502 COSMOS. systeme particulier d'interferences , soit a un caractere de perio- dicity inherent au mouvement electrique. Dans une note adressee a l'Acad^mie le 9 avril, et insere'e par extrait dans les comptes rendus, M. Dumoncel a enonce' un assez grand nombre de particularity de la lumiere electrique stratifiee, qu'il a observees en substituant a l'ceuf e'lectrique un tube tres- court, et remplac,ant la boule supdrieure par un fil fin de platine contourne en spirale, et termini par un globule en cuivre. L'habile experimentateur ddclare avoir produit des stratus sans que le vide eut ete fait sur une vapeur quelconque ; nous serions heureux qu'il repetat cette experience dont le r^sultat contredit celle de M. Gau- gain, en prenant de nouvelles precautions pour nettoyer parfaite- ment la cloche et les fils. Ajoutons que M. Grove donne au ph£nomene de la lumiere elec- trique stratifiee un eclat vraiment extraordinaire en implantant sur la boule inferieure de l'ceuf un godet renfermant un fragment de phosphore : la vapeur de phosphore se repand dans l'espace vide et les stratus tres-nombreux, tres-e"pais, tres-distincts, brillent d'une lumiere bleuatre tres-intense ; c' est une des plus belles expe- riences de la physique moderne, et nous ne l'avons pas vue sans etonnement. Un mot encore : tous les fumeurs ont remarque" de temps en temps s'elancer de la pointe ou des angles de leur cigare des rayons de feu de quelques centimetres parfois de longueur; mais tous peut-etre n'ont pas remarque que ces rayons etaient visiblement stratifies, ou sillonnes par des lignes alternativement claires et obscures, perpen- diculaires a la longueur du rayon. Cette stratification s'observe tres-bien alors meme que le rayon parti d'un angle du cigare est plutotun rayon de chaleur qu'un rayon de lumiere; ces apparences mdritent d'etre eludiees de plus pres ; ici tres-probablement la stra- tification se fait dans la couche d'air ^chauffee par le cigare en igni- tion. — M. Walferdin, en rappelant a l'Academie les voix nom- breuses qui se sont porters sur lui a la derniere election d'acade*- micien libre, exprime le d^sir et l'espoir d'etre porte" sur la nouvelle liste de candidats a la place devenue vacante par la mort de M. Duvernoy. — MM. Vallee et Antoine Passy formulent le meme vccu deja emis par son Altesse le prince Bonaparte. — Dans une lettre ecrite de Marseille, oil il a eHe* appele par ses fonctions d'inspecteur du service des armees, M. Baudens proteste- COSMOS. 503 contrela pratique encore trop commune de certains chirurgiens qui dans le cas de membres gel^s, de pieds, par exemple, se font un devoir de proceder a l'amputation ou a l'ablation des portions desorganisees ou mortes. Cette pratique doit etre deHnitivement proscrite; le chirurgien ne doit pas intervenir, il doit dans presque tous les cas laisser agir la nature. Elle fera seule sans danger, sans enlever ni trop ni trop peu, la separation des parties vivantes et des parties mortes. Sur 303 soldats arrives a Marseille avec les pieds geles, 300 ont ete gueris et operas par les seules forces de la nature; si le nombre de ces infortune's n'avait pas ete trop consi- siderable, on les aurait probablement amput^s en Crimee ; on aurait coupe au-dela des portions gelees, beaucoup seraient morts des suites de l'amputation ou seraient restes plus estropi^s qu'ils ne le seront, abandonnes a eux-memes. — II a £te impossible de rien saisir du reste de la correspondance depouillee par M. Elie de Beaumont. M. Biot a proteste avec rai- son contre la lecture in extenso des lettres trop souvent insio-ni- fiantes par lesquelles les auteurs recommandent leurs communica tions ; tombant alors dans un extreme oppose, le savant secretaire perp^tuel s'est borne a enoncer l'objet de la communication que le president se hatait de renvoyer aux commissions chargees de les examiner. M. Elie de Beaumont, qui a tant de bonne volonte, qui desire tant etre agreable a l'Academie, n'a qu'un parti a prendre parti tres-simple ; c'est de rediger ou de faire re'diger, avant la stance, l'analyse de la correspondance, comme il l'a redige jusqu'ici apres la seance pour l'insertion dans les comptes rendus. Tout alors rentrera dans l'ordre, il n'y aura plus ni temps precieux perdu, ni ennui, ni reproches, ni murmures ; tout le monde sera satisfait, l'Aca- demie, lesauteursdes communications, les echos de la presse, les e"di- teurs des comptes rendus, etc., etc. Puisse notrej humble conseil etre favorablement ecoute\ la reforme est urgente, extremement urgente, le desordre est a son comble ! — M. Dufrenoy a presente au nom de M. Descloizeaux un me'- moire sur la cristallisation et les phe'nomenes optiques du quarz. L'auteur a elabli, par l'examen d'un grand nombre de cristaux de localites tres-di verses, que la cristallisation du quarz, regardee par Haiiy comme tres-pauvre en modifications, offrait au contraire une assez grande variete, lorsqu'on 1'etudiait avec attention : le re- sultat de ses recherches porte le nombre des faces actuellement connues a un total de 153, dont 118 sont entierement nouvelles. Le fait le plus remarquable qui ressorte de ses observations op- 504 COSMOS. tiques, c'est que la rotation ne se manifeste pas toujours, comme on le croyait jusqu'a present, dans le ineme sens que certaines faces nominees plagiedres par Haiiy; et que la face rhombe de ce mine- ralogiste est la seule dont la position puisse indiquer a priori la di- rection gyratoire d'un cristal de quarz. Mettant a profit les perfectionnements apportes par M. Duboscq, dans la production de la lumiere electrique, et dans celle des images photographiques qu'elle donne avec rapidite, M. Descloizeaux est par- venu a fixer, de maniere a pouvoir les reproduire fidelement par le nouveau proccde de gravure de MM. Gamier et Salmon, les phe'- nomenes si fugitifs que des plaques de quarz perpendiculaires a l'axe produisent dans la lumiere polarisee. II a pu verifier ainsi l'irregularite des groupements interieurs dont la trace est generalement tres- visible a la surface des cristaux, et en appliquant ce moyen d'investigation aux plaques a deux ro- tations du Bresil et a quelques amethystes, il a reconnu les lois tres-simples suivant lesquelles se font les penetrations des lames de rotations inverses qui caracterisent ces varietes. A; TRAMBLAY, propnetaue-gerant. rARIS.— IUPU1MBRIE DE W. REMQUET ET Cie, RCE GARAKCIERE, 0. T. VI. rk MAI riteS. QUATRIEMK ANNEE. COSMOS- NOUYELLES ET FAITS DIVERS. M. Nimier, professeur de physique au lycee de Saint-Brieuc, nous adresse\ en date du 19 avri! dernier, une lettre qui nous cause une joie veritable, et dont nous extrayons leslignes suivantes : .. J'ai le plaisir de vous annoncer qu'instaliee dans notre lycee, la belle expe- rience de M. Wheatstone, sur la transmission du son a distance, ob- tientun succes tout a fait complet... Dans votre article du 16 mars vous avez exprime le vceu de voir les sons de plusieurs instruments condenses d'abord dans une premiere table d'harmonie et transmis simultanement par une tringle unique a une seconde table, qui les r^pandit a la fois dans l'appartement superieur; rien n'est plus fa- cile... Nous n'avons jusqu'ici execute" que des duos, soit de violons, soit de violon et de clarinette ; je m'occupe de terminer Installa- tion d'un quatuor complet, sans douter nullement de la Hussite. C'est une belle application de la superposition des petits mouve- ments... Je n'ai pu register au de"sir de vous remercier du vif plaisir que me procure habituellement votre excellent journal, et du bon- heur que j'ai eprouve en repondant le premier a votre appel : adresse aux professeurs de nos grands cours publics , vous voyez qu'il a eu ^cho plus loin que vous ne l'esperiez... -, M. Nimier nous de- mande quelques renseignements sur la transmission de la voix, et des details plus circonstancies sur les experiences primitives' de M. Wheatstone; nous repondronstres-prochainement asa demande par l'intermediaire du Cosmos. — Nous'apprenons avec bonheur que notre si spirituel collabo- rateur, dans les Comptes rendus de 1'exposition de ]849, M. Jo- bard, apres une opposition aussi vive quinexplicable, est enfin nomine- membre officiel du jury qui doit representer la BeHque a l'Exposition universelle de 1855. Qu'il nous soit permis de dire que le triomphe si combattu de notre ami est du en grande partie a l'intervention toute bienveillante de M. le baron SeVuier membre du jury francais et vice-president de la Societe d'enwura- 19 506 COSMOS. gement. En apprenant que M. Jobard n'avait d'abord recu qu'une mission privee et non publique ou officielle, M. Seguier lui ecrivit une lettre qui a fait a Bruxelles grande sensation ; nous en ex- trayons quelques lignes seulernent : « Je regrette vivement que votre gouvernement ne vous ait donne qu'une mission privee, et vo- tre nom sera remarque par son absence dans la liste des jures beiges. Je puis vous certifier que moi et mes confreres du jury frangais au- rions ete heureux d'avoir des rapports de travaux avec vous. II faut que la Belgique envoie plus que des geants pour defendre ses inte'- rets industriels et juger les produits de l'univers, si c'est pour cause de merite superieur que preference a ete donnee a d'autres sur vous... Venez, n'importe a quel titre, vous serez le bien-venu ici \ tous les hommes d'esprit et de coeur vous accueilleront avec empres- sement; il me tarde, pour mon compte, de faire avec vous quelques- unes de ces longues causeries mecaniques qui ont pour moi tant de char mes. » Par les soins de la Societe imp£riale et centrale d'horticul- ture, une exposition universelle, a laquelle concourent l'Angleterre, la Hollande, la Belgique, l'Allemagne et presque tous les pays ci- vilises, aura lieu cette ann£e. Ce grand concours, etabli surun hec- tare de superficie, aux Champs-Elysees, se tiendra en permanence du 3 mai au 31 octobre 1855. Sont admis, sans distinction d'ori- gine, les plantes, les arbres ou arbrisseaux, arbustes de tous genres, fleuris ou non fleuris , les legumes, les fruits venus en serre chaude ou naturellement , les instruments horticoles , les livres, les dessins et tous les objets d'art et d'industrie ayant un rapport direct a l'hor- ticulture. La nouvelle Societe n'a rien neglige pour entourer du plus vif £clat les richesses v^gtHales confiees a ses soins. Elle a trans- forme" comme par magie un emplacement aride en un jardin anglais de la plus grande 6l£gance. Rien n'y manque : vertes pelouses, massifs d'arbustes et de fleurs, allees sinueuses, serres d'hiver et d'^te, fontaine d'eau jaillissantes, bassins, cascades, ruisseaux, ro- chers pittoresques, maison rustique, chalet Suisse, pavilions, tentes, abris divers ; en un mot, elle a donnee aux visiteurs une idee saisis- sante du degr^ de perfection qu'a atteint de nos jours l'art du jardinier. Nous avons fait une premiere visite a l'exposition d'hor- ticulture, et quoique peu de jours auparavant nous eussions admird les collections du Botanical-Garden, a Londres, nous avons et6 grandement satisfait de tout ce que nous avons vu ; il y a progres, et progres considerable. — Une des choses que nous avons le plus admire" a l'exposition COSMOS. 50? d'horticulture, est la magnifique collection plastique de fruits et ra- tines eldmentaires de MM. Ledion et Buchett, rue d'Enfer 54. M. Ledion a fait son apprentissage a l'ecole de Thibert, un des createurs de la reproduction plastique , et, pour ce qui concerne au moms les fruits, il a depasse son illustre maitre. Ses imitations de la nature sont d'une perfection inouie : 1'ceil est complement trompe; l'eau vient a la bouche a l'aspect de ces peches , de ces abricots , de ces poires , de ces pommes , de ces prunes , de ces ce- rises, de ces fraises, dont la forme, la couleur, la nuance, le veloute, tout enfin, jusqu'au po^ds, est reproduit avec un art qui semble de- passer les bornes du possible. L'immense corbeille ou tous les dons de Pomone sont groupes dans un desordre intelligent, fait naitre une sensation indefinissable, melange confus de gourmandise surexcitee et d'admiration platonique ; si elle etait exposee en plein air les oi- seaux eux-memes accourraient s^duits. — Le gouvernement francos vient de donner au docteur Lan- dolfi, de Naples, l'autorisation de pratiquer publiquement le traite- ment de toutes les affections cancereuses, par un proced6 dont il est l'inventeur, et qui evitera les operations pratiquees jusqu'ici. Une salle de 1'hospice de la Salpetriere a e'te mise a sa disposition pour 1'experimentation de sa methode et une commission a ele" instituee pour en observer les resultats. Sont nommcs membres de cette com- mission : MM. Moissenet et Casalis, medecins de 1'hospice de la vieillesse, et M. Manec, chirurgien du meme etablissement ; MM. les docteurs Mounier , Brocca et Furnari ont ete- adjoints a cette com- mission par un nouvel arrete. du prefet de la Seine. Nous avons, presque le premier, dans le Cosmos, t. Ill, p. 647, annoncC la de- couverte de M. LandolfL ■— On affirme partout dans le monde scientifique que Son Altesse le prince Charles Bonaparte est nomme directeur du Museum d'histoire naturelle ; c'est un retour heureux , nous l'esperons, a l'organisation primitive de ce magnifique etablissement. Administre autrefois par un chef supreme, il s'etait transforme' depuis la revo- lution de 89 en une sorte de republique ; les professeurs, sur un pied parfait d'egalite, choisissaient chaque annee celui d'entre eux qui devait remplir les fonctions d'administrateur. Le dernier tra- vail du prince Bonaparte avait pour objet la classification et la disr tnbution geographique des especes qui composent l'ordre des b&~ rons [herodiones] , ordre dont la constitution, malgre son impor- tance, faisait defaut jusqu'a present. Le prince divise cet ordre en trois grandes tribus : lesgrues, les cigognes et les hygrobates; et 508 COSMOS. en douze families , dont quatre pour la tribu des grues ; grues pro- prement dites , psophides, sariamides , aramides ; cinq pour les cjfognes : cigognes, ard&des, cancromides, scopides, euripygitles ; trois pour les hygrobates : phEenicopterides, plataleides, tantalides. Sur les cent quatre-vingt-cinq especes comprises dans l'ordre entier, quatorze appartiennent a l'Europe , trente-quatre a l'Asie, qua- rante et une a l'Afrique, cinquante-cinq a l'Amerique, quarante et une a l'Oeeanie. — Une eclipsetotalede lune a eu lieu dans la nuit du2 mai. L'^tat du ciel, peu favorable, n'a point permis de guivre toutes les phases de ce ph6iomene. A deux heures quarante-six minutes du matin, l'ombre de la terre atteignait la belle tache de Tycho. En cet ins- tant, la partie immergee de la lune se voyait entitlement, meme a l'ceil nu, et son bord se faisait remarquer par une teinte sensible- ment plus blanche. A une petite distance du bord, l'eclat devenait tres-variable d'un instant a l'autre, et presentait une couleur rou- geatre qui disparaissait en approchant de la partie de la lune encore eclairee par les rayons directs du soleil. A trois heures du matin , le ciel s'est entierement couvert. — Le 27 decembre 1854 , entre six et sept heures du matin , M. Robert Hart observait avec un telescope a reflexion de 10 pouces d'ouverture la lune agee de huit jours, quatre heures , lorsqu'il fut temoin, pour la premiere fois, d'un phenomene que quarante anndes d'observations ne lui avaient pas encore reVele. Ge fut l'apparition de deux centres lumineux situes des deux cotes d'une petite crete en pleine lumiere. La lumiere de la crete 6tait de meme couleur que la lumiere de la lune en general , tandis que les deux centres ou taches lumineuses brillaient d'une lumiere ou flamme jaune qui se detachait au milieu des sommets blancs de la portion eclairee et de l'ombre. M. Hart compare la lumiere de ces taches a celle du soleil couchant rdflechi par une croisee , et vue d'une distance de 2 ou 3 milles ; il les observa pendant cinq heures : leur eclat etait si grand que des que Ton deplacait quelque peu le foyer du telescope, elles apparaissent entourees de rayons, comme le ferait une etoile ; il etait impossible de ne pas penser a deux volcans en activite ou deux bouches enflammees d'un meme volcan. C'est en vain que, depuis l'epoque de son observation, M. Hart a examine la region de la lune oil ces centres lumineux lui etaient apparus : que cette region fut en lumiere ou dans l'ombre, il n'y a plus rien retrouve d'extraoidinaire. — M. Weld , secretaire assistant et bibliothe>aire de la Socidte COSMOS. 509 royale de Londres , l'historien si exact et si judicieux de cette lllustre Compagnie, nous fait remarquer que nous nous sommes trotnpd en affirmant que M. Greenough avait ete deux fois presi- dent de la Societe royale : cette erreur n'est au fond qu'une faute compression ; nous avons ecrit vice-president dans notre article1 envoye de Londres. M. Weld, aussi pour expliquer comment il se fait qu'un si petit nombre de membres assistent aux seances heb- domadaires de la Societe royale, nous fait presque un devoir de conscience de signaler de nouveau une des grandes differences qui exigent entre cette Societe et notre Academie des sciences. Nos academiciens rccoivent de 1'Etat des honoraires fixes et une retri- bution variable representee par des jetons de presence. Loin d'etre retribues par l'Etat, les membres de la Societe royale pnyent en en- trant dans son sein une somme de GO livres (1 500 francs) qui peut etre reduite a 1 000 francs pour ceux des nouveaux elus qui ont pre- sents, avant leur election , un Memoire insere dans les Transac- tionsphilosopJiiques ; ils contribuent en outre aux depenses de la Socirte, en payant annuellement une somme de 100 ou 50 francs. «< Voihi pourquoi, disait Cuvier, il etait necessaire que cette Societe* fiit tres-nombreuse. » ., Si l'lnstitut de France etait soumis aux niemes lois ; si , au lieu de recevoir un jeton de presence , nous disait M. Weld, ses membres avaient a acquitter chaque semaine un tribut , meme leger , verrait-on tant de membres aux seances hebdomadal res, et tout ne se passerait-il pas comme aux seances de la Societe royale, entre le bureau, le president assiste des secre'- taires perpetuels et les auteurs des communications academies ? n Nous pouvions, heureusement, nous dispenser de repondre a cette question par trop embarrassante. — La nouvelle loi de poste desEtats-Unis, mise a execution de- puis le 1" avril , exige absolument l'affranchissement prealable : aucuue lettre non affranchie ne peut circuler dans l'Aim'Tique sep- tenti lonale. En rappelant ces nouvelles dispositions a ses lecteurs, le Scientific American Journal annonce qu'il ne i epondra a aucune des lottres, meme affranchies , par lesquelles on lui demandera des renseianements , qu'autant que ces lettres contiendront le timbre de poste qui devra etre appose a la reponse. « Payer l'afiranchisse- ment pour la demande et la reponse , lorsqu'il s'agit de l'interet personnel du correspondant, c'est, dit-il, la grande maxin.e [.ostale des temps actuels. „ Maintenant qu'en Fiance et en Angleterre il est veritablement absurde et malhonnete d'ecrire une lettre non afm.nclue, puisqu'elle payerait port double, il est urgent aussi que 510 COSMOS. l'habitude de joindre aux lettrcs de demandes de renseignements le timbre-poste de re tour, entre dans nos mceurs et soit acceptee par tous ; nous la recommandons a nos abonnes. — Un journal espagnol de New- York , la Chronica , annonce que le docteur W.L. Humboldt a d^couvert le moyen de prevenir la fievre jaune par une inoculation analogue a la vaccine. Le gou- verneur de l'ile de Cuba a fait inoculer sous ses yeux la plus grande partie des nouvelles recrues venues d'Espagne ( pres de 1000 homines), et cette operation aurait eu le plus grand succes , puis- qu'aueun de ces soldats n'a ete atteint par ce terrible fleau qui d6- cime les etrangers dans les premiers mois de leur sejour. Quelques jours apres l'inoculation du virus specifique, qui se fait aux deux bras , on voit apparaitre en miniature les symptomes de la fievre jaune , sous forme d' agitation fieVreuse qui ne dure pas ordinaire- ment plus de quarante-huit lieures. — La Cour de Cassation (chambres reunies) vient de decider que le lait n'est pas seulement une boisson, mais un aliment. Cette decision est evidemment d'accord avec la saine physiologie ; et il en resulte que levendeur qui falsifie le lait ne commet plus une simple contravention cmportant 15 francs d*amende et pouvant entrainer un emprisonnement de vingt-quatre heures a. huit jours , mais un debt prevu par la loi du 22 mars 1351 et l'article 423 du Code penal, delit puni de 50 franco d'amende et de trois mois a un an de prison. M. Chevallier, membre du Conseil de salubrity, a signale" re- cemment a, la Societe d'encouragement une fraude nouvelle , une alteration homicide et vraiment incroyable de la soie en echeveaux, sur laquelle on ne saurait trop appeler l'attention du public. On a eul'affreuse pensee d'imprt^gner les fils de soie d' acetate de plomb ou sucre de saturne, sel eminemment vent^neux, de maniere a aug- menter frauduleusement leur ])oids de 25 pour cent. Les pauvres ouvrieres, qui ont toutes l'habitude de mouiller leur fil pour l'enfiler, s'empoisonnent ainsi lentement ; e'est meme une cruelle maladie contractee par une jeune brodeuse qui a fait decouvrir cette ma- noeuvre homicide. Quel froid, quel lache et cupide assassinat ! — M. Levol , essayeur a la Monnaie de Paris , a trouve qu'un alliage forme de 719 parties d'argent et de 281 parties de cuivre, constitue un compose aussi parfaitement defini que toutes les com- binaisons minerales binaircs, et remplit parfaitement toutes les con- ditions desirables d'homogeneite" et de ductilite" desirables. II est tres-beau , tres-blanc , et se convertit en une excellente monnaie. COSMOS. 511 Une exag^ration du systeme decimal a fait adopter, pour la mon- naie d'argent en France, un alliage forme, sur 1000 parties, de 900 d'argent et 100 de cuivre; l'alliage , ou mieux la combinaison chimique de M. Levol , ne pourra done pas etre acceptee, jusquu nouvel ordre du moins, et nous le regrettons vivement ; mais elle l'a ete en Hollande , ou le titre de la monnaie est beaucoup plus bas. Un des plus interessants problemes de la science moderne est cer- tainement la preparation de melanges ou alliages de metaux non plus arbitraires , dans lesquels un ou plusieurs des metaux existent en exces et comme dans un certain etat de liberie , sans cette pene- tration ou combinaison intime des unes avec les autres de toutes les molecules des metaux composants ; mais des alliages intimes de molecules a molecules , de telle sorte qu'il en requite un compose nouveau ayant ses proprietes propres et caracteristiques. Nous feli- citons M. Levol d'etre entre" dans cette voie de progres , et nous ddsirons ardemment qu'il fasse bientot pour la monnaie de cuivre ce qu'il a fait pour la monnaie d'argent. Le melange de cuivre et de zinc , dont sont formees actuellement les pieces de 5 et 10 cen- times , se ternit avec une rapidite extraordinaire ; un alliage qui conserverait son eclat fournirait une monnaie beaucoup plus a°rea- ble , plus digne de la France ; nous l'appelons de tous nos vceux. — MM. Jacquelain et Silberman aine ont fait une autre appli- cation tres-heureuse des melanges de metaux. lis ont prepare des alliages a proportions determinees et connues, au nombre de vingt- cinq a trente, fusibles a des temperatures de plus en plus elevees depuis 200 degr&s centigrades jusqu'a 1 600 degre"s , temperature de la fusion du fer. A l'aide de cette pr^cieuse serie, qui sera sans doute mise bientot a la disposition de l'industrie, rien ne sera plus facile que de determiner la temperature d'un fourneau : il suffira pour cela d'yintroduire, dans un creuset, un fragment de l'alliage fusible a la temperature que le fourneau doit prendre , suivant le besoin des operations que Ton veut y executer. Les moyens pyro- metriques actuels sont completement insurfisants , et chaque jour amene de nouveaux accidents , des pertes considerables produites par des surchauffes qu'on n'etait pas en mesure de prevoir. PHOTOGRAPHIE, Chacun sait combien les bons traites sur la photographie sont rares, et s'il f'aut chercher la raison de ce fait, on la trouve tout naturellement dans cette verite que, pour ecrire convenablement sur un art, il faut deux choses, la theorie et la pratique de cet art; or, jusqu'a ce moment, la plupart des traites out ete ecrits par des thooriciens sans pratique, ou par des praticiens sans theorie. Nous pourrions cependant reconnaitre des exceptions et citer quelques livres heureux dont nous avons entretenu nos lecteurs. Aujourd'hui nous venous augmenter ce petit nombre, en annoncant la publica- tion d'un opuscule de M. Stephane Geoffray. L'auteur, dejabien connu par son application de la ceroleine a la preparation des epreuves negatives, vient d'editer un traite prati- que pour l'emploi des papiers du commerce en photographie , avec procedes ameliorateurs , et preparations preliminaires au cirage et aux bains sensibilisateurs, pour epreuves positives et negatives. Ces procedes sont d'un emploi tres-important comme precautions prealables a. tous les usages du papier en photographie, et nous felicitons sincerement leur auteur d'etre entre dans cette voie nouvelle, qui epargnera tant de deboires et expliquera tant d'mcertitudes. Nous ne pouvons mieux faire sentir l'utilite de ce livre qu'en en donnant des aujourd'hui quelques extraits a nos lecteurs. Des defends des papiers et des moyens de les reconnaitre. « Les epreuves negatives exigent des papiers dont la pate soit tres-pure dans toute sa masse, tres-homogene et d'un grain egal, dont 1'extension soit reguliere dans les bains. Elles doivent etre aussi tres-transparentes ; les rayons chimiques doivent y etre re- fracted regulierement, sans derangement, pour que les lignes du dessin restent correctes et que les demi-teintes soient pures. •• Les images positives doivent etre produites seulement a la surface du papier; leur dessin peut varier de la plus grande nettete des lignes au flou artistique, suivant le sujet. La purete de la pate du papier et la beaute- de son grain sont done moins importantes; la surface de la feuille a seule besoin d'un examen scrupuleux. La translucidite: de l'image n'etant pas necessaire, la force du papier peut etre indifferente. « Ce que nous savons de la maniere dont se fabriquent les pa- piers peut suffisamment nous edifier sur ce qui manque a ces produits COSMOS. 513 du commerce, quels qu'ils soient, pourremplir bien convenablement le but auquel nous les destinons en photographie. « Les defauts des papiers peuvent resulter, soit de leur constitu- tion physique, soit de leur composition chimique. « Le papier est un veritable feutre vegetal, c'est une feuille composee de fibres plus ou moins tenues, enchevetrees de maniere a former une etoffe plus ou moins consistante et solide. II est done crible d'interstices capillaires qui le rendent permeable aux liquides et aux gaz. « II y a la inconvenient et avantage : » Inconvenient, si le feutrage n'est pas tres-uniforme dans toutes ses parties; alors il n'y aura pas egalite' de profondeur sur toute l'e- tendue de la couche sensible; des taches se produiront, par suite de l'accumulation, par places, des sels d' argent, etc. ; l'harmonie de 1'image deviendra impossible ; les valeurs des demi-teintes seront fauss^es. « Avantage, car l'epreuve, si elle est negative, aura de la pro- fondeur et une degradation de teintes, a laquelle les enduits sensi- bilisateurs seuls n'ont pas encore pu atteindre, si epais qu'on ait su les appliquer sans danger sur le verre. « Cette condition d'un bon papier, d'etre tres-egalement per- meable et d'absorber les enduits sensibilisateurs uniformement dans toute sa masse est difficile aobtenir; car, en supposant que les fabricants veuillent bien un jour employer, pour le meme papier, des chiffons de meme nature et de meme condition, les machines pourront-elles jamais triturer ceux-ci d'une maniere assez parfaite ; la pate sera-t-elle etendue par les rouleaux, toujours assez conve- nablement; le feutrage, enfin, pourra-t-il etre jamais assez serre et r^gulier pour dispenser le photographe de l'emploi de moyens ame- liorateurs ? « Ces moyens ne doivent-ils pas consister d'abord en un encol- lage nouveau a base de composition chimique, idenlique a celle du papier^ « Cet encollage doit former sur la feuille pre^paree un second papier herisse\ si je puis parler ainsi, de pointes rentrantes pour tous les interstices de celle-ci. « II doit encore augmenter la consistance de 1'etoffe du papier, pour que celle-ci puisse supporter plus facilement Taction desagre- geante des bains. « Enfin, il doit glacer la feuille de telle sorte, qu'elle puisse re- cevoir une image dune finesse satistaisante. » 514 COSMOS. Plus loin, M. Geoffray examine la constitution chimique des papiers a employer et donne les moyens de l'apprecier. « Le nombre des sul)stances qui, en dehors de la cellulose, de I'amidon qui a une reaction presque identique, photographiquement parlant, de la gelatine dont la presence n'a rien de trop facheux, le nombre des autres substances qui peuvent rester dans le papier par accidents ou faute de soins de la part du fabricant, ou par necessity de fabrication, est tres-grand : voyons les moyens de les reconnaitre pour ensuite les extraire ou les neutraliser, voire meme les occuper avantageusement. « Nous poursuivrons nos extraits dans un prochain numero, et nous donnerons les formules qui permettent d'obtenir de tres-beaux resultats, meme avec des papiers inferieurs. — Nous sommes bien en retard pour annoncer a. nos lecteurs la fondation et l'existence de la Societe" fran9aise de photographie, dont le siege est rue Drouot, n° 11. Elle a pour but de reunir en une association purement artistique et scientifique les homines vou£s a. l'etude et a la pratique de cette branche de l'art et dela science qui a pour objet de reproduire et de fixer par Taction spontanea de la lumiere les images de la nature exterieure. Elle se compose de membres titulaires , de membres correspondants, et de membres amateurs. Ses salons sont ouverts aux membres pour la conversa- tion, la lecture et l'examen des ceuvres de photographie, depuis dix heures du matin jusqu'a minuit. La cotisation annuelle pour l'an- nee 1855, est fix£e a 80 francs , pour les membres residents a 40 francs pour ceux qui ne resident pas habituellement dans le depar- tementde la Seine. Le droit d'entrer dans les salons est de 40 francs, une fois paye. Ces prix sembleront tres-elevt^s , mais les membres fondateurs ont tenu a ce que tous les services de la Societe fussent assures d'une maniere convenable. Elle a pour president actuel M. Regnault, membre de l'lnstitut; nous voyons parmi les mem- bres du comite d'administration MM. Durieu, Paul Pe>ier, Mailand, Bayard, Bayle-Mouillard, Leon Foucault, Humbert de Molard, Gustave Legray, etc, etc. Elle publie, sous le titre de Bulletin de la Soci6te francaise de photographie, un recueil ou journal mensuel de deux feuilles d'impression. Ses seances generates ont lieu le troi- sieme vendredi de chaque mois a 8 heures precises du soir; les au- tres vendredis, il y a reunion en soirde, sans seance officielle. Nous ne pouvons qu'applaudir a cette nouvelle institution qui manquait a la France, depuis que M. de Montfort avait cru devoir dissoudre la Societe analogue fondee par lui : nous ddsirons ardemment quelle COSMOS. 515 prenne des aceroissements rapides et considerables ; que le nombre de ses membres augmente assez pour que les cotisations couvrent toutesles depenses; qu'elle devienne un centre actif de progres; que ses bulletins soient riches en communications neuves et interes- santes, etc., etc. Nous analyserons avec soin les travaux origi- naux qui seront publies par elle. Voici ce que nous avons trouve de plus digne d' attention dans ses trois premieres livraisons : M. Paul Gaillard annonce qu'il remplace avec succes l'acide acetique par l'acide citrique dans le pain d'acide pyrogallique pour le developpement de l'image obtenue sur collodion. II croit cette substitution precieuse en ce sens qu'on trouve difficilement de l'a- cide acetique cristallisable, tandis qu'on peut chez tous les pharma- ciens se procurer des cristaux d'acide citrique. Voici la formule de M. Gaillard : acide nitrique , 1 gramme ; acide pyrogallique , 2 decigrammes; eau distillee , 40 grammes. II semble que l'acide ci- trique se repande mieux sur la glace et permette de reduire un peu le temps de la pose. M. BayJe-Mouillard , dans une lecture inte>essante sur les di- vers moyens de changer en plein soleil ies papiers sensibles contenus dans le chassis negatif, apprend : 1° a se faire en plein soleil un rd- duit plus obscur et plus commode qu'une tente, en transformant la toile noire, dont on se couvre la tete pour mettre an point, en un sac de lm,50 de longueur, de 2"\50 de circonference ; 2° a se faire un portefeuille avec le chassis negatif : ce chassis, adapte" comme un couvercle de tabatiere, suivant le systeme de M. Relandin, s'ac- croche verticalement a la tablette de la chambre noire, de sorte que le photographe puisse, a l'abri du sac, faire passer entre les deux glaces les papiers negatifs, et transporter derriere les glaces les pa- piers impressionnes. — M. Davanne a demontre les propositions suivantes : 1° Une feuille entiere ordinaire pour positif, de 0,44 sur 0,57, prend sur le bain de nitrate d'argent 5CC,20 de liquide, et garde a sa surface la quantite de sel contenue dans les 5CC,20 ; 2° Sur le bain d'argent se forme une quantite" de chlorure d'argent equivalente au poids du sel ci-dessus, et il faut, pour maintenir ce bain d'argent a une com- position constante, y ajouter son equivalent en azotate d'argent; 3° 5 pour 100 au plus de l'argent employe" reste fixi: sur les epreuves, et 95 pour 100 doivent etre recueillis dans les hyposulfites et eaux de lavage. » (£a suite au prochain nume'ro.) MfiTEOROLOGIE. Le R. P. Secchi a adresse" a M. Quetelet , par l'intermgdiaire de la Corrispondenza scientifica in Roma, une longue lettre sur 1'etat meteorologique de Rome pendant l'hiver dernier : nous en extraie- rons quelques considerations qui semblent tres-dignes d'attention : 1° Les changements de temps ont suivi en general les change- ments de vent. A Rome, le temps n'est au beau fixe qu'autant que le vent est a la tramontane ou un vent leger soufflant du nord. Les vents du nord furieux sont ordinairement de peu de duree et ame- nent toujours le mauvais temps. Un vent fort d'est ou de sud-est est unpresage infallible de pluie prochaine qui commence a toinber aussitot que le vent commence a passer du sud-est au sud. Quand le vent reste franchement au sud , il ne pleut pas en general , mais le vent sud a une tendance a passer au sud-ouest , et ce' passage amene toujours de la pluie. Le vent sud-ouest est surtout remar- quable a Rome par la formation des orages qui l'accompagnent au printemps ; une longue serie d'observations a prouve que presque tons les orages a Rome viennent de cette direction. Arrive au sud- ouest, le vent revient souvent au sud, et oscilleassez longtempsentre ces deux points ; mais si, continuant sa premiere marche, il passe du sud a l'est, le temps se remet au beau pour quelque temps, parce que de Test le vent revient ordinairement au nord avec beau fixe. 2° II y a en general dans l'atmosp here deux courants d'air ou vents, l'un haut, l'autre bas, et soufflant dans des directions oppo- sees. Si les vents superieurs sont des vents nord , ce qu'on recon- nait a la presence de cirrus legers et tres-hauts qui se montrent entre les interstices des cumulus assez bas, il arrive souvent que le vent du nord descend en apportant une courte pluie apres laquelle le ciel redevient serein ; le vent superieur regne ensuite et le temps est beau. Si, au contraire, les vents bas sont nord et les vents hauts sud, le temps se gate tres-rapidement, parce que le vent sud de- vient bientot le vent regnant. La forme aussi des nudes peut servir a caracteriser les vents plus eleves, independamment de leur direc- tion. Les cirrus legers accompagnent les vents nord; les cumulus, mais floconneux et avec leurs contours laineux , accompagnent les vents sud et sud-est ; les limites mal definies des nuees sont l'in^ dice le plus sur d'une pluie qui n'est pas eloignee. Les vents sud- ouest ont leurs cumulus, mais qui se dissipent promptement quand ils sont bien termines, et ne donnent pas de pluie. Souvent , dans les beaux jours de l'dte , le vent sud-ouest souffle , surtout apres COSMOS. 517 midi : c'est un vent tout a fait innocent , qui ne differe pas du vent connu sous le nom de brise de mer, laquelle, vers le soir, souffle du littoral voisin ; il est bas , et le vent qui souffle en meme temps dans les regions superieures est un vent nord. 3° Une consideration attentive des phenomenes que pnSsente l'etat du ciel est peut-etre le seul moyen de faire sortir la meteoro- logie de l'etat stationnaire ou elle languit depuis si longtemps ; mais cette etude ne peut etre que mal faite par ceux qui vivent sedentaires dans les urilles ou dans les cabinets d'un observatoire. Les observations ordinaires , alors meme qu'elles seraient faites d'heure en heure, ne peuvent pas ainener ce progres, parce qu'elles ne suffisent pas encore a mettre en evidence toutes ies phases des phenomenes ; il faut pour cela une attention tout a fait soutenue, continue pour ainsi dire ; beaucoup de reflexions appuyees sur une connnaissance approfondie des principes de la physique. L'obser- vateur meteorologique ne doit pas etre un simple enregistreur m6- canique des indications des instruments , mais un physicien expe- riments, qui etudie avec la plus grande diligence les phenomenes et leurs rapports materiels. Quelques mois d'une contemplation assidue du ciel equivaudraient certainement a plusieurs annees d' observations faites coinme les fait la routine ; mais , parmi les observateurs a terre, il en est peu qui puissent se vouer a ce genre de recherches, et il serait bon d'y interesser les marins, si exerces, comme on le sait, a prevoir les changements de temps. 4° Nous avons dit qu'il etait surtout necessaire de considerer les phenomenes au point de vue de leurs rapports mutuels : ce n'est pas de notre part une idee nouvelle , elle a ete souvent deja emise par d'autres ; mais , pour en mieux faire ressortir la verite , nous l'appuierons du resultat auquel nous ont conduit des series d' obser- vations horaires faites dans ces dernieres annees au College romain. Pendant plusieurs mois, nous avons suivi les variations thermome- triques ; nous les relevions, non pas rigoureusement a heures fixes, mais a des intervalles assez rapproches, ne depassant jamais une heure et demie ; nous les enregistrions graphiquement , en repr£- sentant chaque observation par un point d'une couibe, et indiquant l'etat du ciel par un signe abrege\ Cette maniere d'enregistrer les phenomenes, qui ne cree pas de grands embarras, nous a conduit a des consequences importantes que nous exposerons une autre fois plus en detail. .Qu'il nous suffise, pour le moment, de constater que la wiarche du thermometre et celle de l'etat du ciel sont tellement synchrones , qu'en partant des courbes therraometriques , et san& 518 COSMOS. aucune autre donnee , nous avons pu traceries courbes qui repre% sentaient l'etat atmospherique. L' apparition de images legers tHait subitement indiquee par une inflexion irreguliere dans la courbe thermometrique , laquelle , dans les journees parfaitement tran- quilles et pures, precede avec une regularity geometrique extreme- ment frappante. L'inflexion de la courbe geometrique tantot pre- cede, tantot suit Yt'tat du ciel. Nous n 'avons pas pu discerner encore les circonstances qui amenentces differences, qui font que la variation thermometrique soit anterieure ou posteiieure ; il est ce- pendant probable qu'elles sont en relation avec les courants aeriens, suivant qu'ils out telle ou telle direction , suivant que ce sont les vents inferieurs ou superieurs qui deviennent les vents dominants. Voila done un beau sujet d'etude pour un amateur de meteorologie : chercher s'il existe de telles relations , et en partant de ces rela- tions , apprendre comment , par la simple observation du thermo- metre , on peut.predire les petites et imminentes variations du ciel , comme on predit les grandes a l'aide des observations baro- nit^triques. 5° On trouve , dans les observations astronomiques , un autre moyen de reconnaitre l'etat du ciel et ses dispositions prochaines. Tout le monde sait que Ton ne voit pas egalement bien en tout temps, meme avec des instruments parfaits. L'aspect des etoiles est l'indice le moins trompeur de l'etat fixe ou anormal de l'atmo- sphere. Une soiree en apparence belle , mais qui donne une vision diffuse, et dans laquelle la lunette ne peut pas separer des etoiles distantes d'une ou deux secondes, parce que les images des astres vus dans la lunette sont indecises et rayonnent beaucoup , annon- cent, d'une maniere certaine, que le temps se gatera tres-prompte- ment. Les tremulations et les ondulations des images sont un indice moins assure, mais de quelque valeur encore. La raison de ces faits se trouve evidemment dans le melange des particules d'air a diverses temperatures , melange qui commence dans les regions profondes et lointaines du ciel , et qui ne se manifeste a nos yeux que lorsqu'il a fait assez de progres pour atteindre le point oil les vapeurs commencent a se condenser et a devenir visibles. Le teles- cope , en revelant longtemps a l'avance cette perturbation et cette tendance a la condensation , devient par la meme un instrument meteorologique, ainsi que la fait remarquer, il y a longtemps, le P. Antonelli, astronome tres-distingue de Florence ; mais il faut, pourcela, que l'instrument puisse soutenir des grossissements d'au moins trois cents fois. MECANIQUE APPLIQU13E. TURBINES SANS DIRECTRICES DE M. GIRARD, Ingenieur civil. M. Leon Foucault , Imminent redacteur des feuilletons scienti- fiques des Debats, dans le numero du vendredi, 13 avril, a consacre un article immense, enthousiaste , a la glorification d'un nouveau moteur hydraulique, recemment imagine par M. L.-D. Girard, ce fougueux invenleur , dit-il , qui a propose de nous pousser par leau stir les cltemins de fer plus vile et plus surement qu'on ne le fait avec le feu, et qui, bongre, mal gre, arrivera par la force des choses a nous imposer une a line toutes les creations de son genie. Sous la plume de M. Foucault, ordinairement calme et froide, cette exaltation suppose une grande d^couverte, une inven- tion merveilleuse , a. laquelle nous ne pouvons des lors rester ■ Stranger. Elle a d'ailleurs ete soumise a l'Academie des sciences dans sa derniere seance; il est done temps d'en parler. Nous le fe- rons en extrayant de l'article de M. Foucault tout ce qu'il renferme d'essentiel. Le nouveau moteur hydraulique, qui n'a pas eu d'enfance, qui est sorti adulte du cerveau de son auteur , a recu le nom de roue- helice ; e'est en effet une roue de cinq metres de diametre , pesant 6 000 kilogrammes, produisant quarante chevaux de force, em- ployee a broyer le chocolat, dans la grande usine de Noisiel, qu'un riche n^gociant, M. Menier, a cr£e"e sur un des bras de la Marne. Ecoutons maintenant M. Foucault : « Representez-vous tout d'abord une cloison perce'e, verticale, qui separe les eaux d'amont et d'aval, puis le moteur installe dans l'orifice de communication, de telle sorte que la roue se presente transversalement au courant, pendant que son axe demeure hori- zontalement place suivant !a direction du cours de l'eau. L'orifice de communication qui permet au fluide de passer d'amont en aval est en- core reduit par un obstacle central de forme annulaire. Sur le bord exterieur de cet orifice s'appuie une paroi qui s'dvase vers l'amont en un vaste entonnoir ; sur le bord interieur s'appuie une autre paroi circulaire qui, s'effacant en sens inverse , se termine bientot en pointe dans les eaux d'amont. Toutes ces parties sont fixes, elles ont pour objet d'accelerer graduellement la vitesse du fluide qui se presente, jusqu'au moment oil il s'echappe par l'orifice annulaire. Si, passant en aval de la cloison, nous regardons a travers l'orifice 520 COSMOS. de'couvert, nous verrons les eaux sortiravec la vitesse acquise apres S etre moulees en un cylindre creux, ou on fraction de cylindre, sui- Vant la hauteur du niveau d'ainont. Lorsque les eaux sont hautes et que l'orifice est masque, la figure des eaux mouvantes n'est plus visible, inais elle n'en existe pas moins ; c'est ce cylindre d'eaux eourantes qu'il s'agit maintenant de faire travailler. " Les choses en etant la, tout le monde aura l'uleede placer une couronne de palettes obliques en regard de cette ouverture qui vo- mit un cylindre d'eaux vives. Mais voici Teinbarras : si vous mettez des aubes planes, il y aura des chocs, des tourbillonnements, avec perte inevitable de force vive ; si vous mettez des aubes combes, le fluide, graduellement retarde, obstruera les interstices, et l'eva- cuation du iluide n'aura plus lieu librement. II fallait done imaginer quelque nouvel artifice pour retablir la libre circulation du liquide dans les canaux interstitiels des aubes. Puisque par le fait de leur courbure la section des canaux interposes diminue en largeur, eta- blissons une compensation, s'est dit M. Girard, en augmentant la hauteur; et si les variations inverses de ces deux dimensions sont convenablement combinees, la section du canal, tout en changeant de forme, conservera la meme etendue, et par suite, le fluide cir- culera sans obstacle depuis son entree dans les aubes jusqu'a sa sortie. Cette consideration a conduit M. Girard a accroitre la hau- teur des aubes a mesure qu'elles se courbent, etainsererleurs bords adherents sur les parois evasees dont la disposition est analogue a celle des parois fixes etablies en amont de la cloison pour produire l'acceleration des eaux. Abstraction faite des aubes, ces parois con- centriques et mobiles interceptent une espace annulaire dispose sy- metriquement en aval de la cloison avec celui qui existe en amont. « Le meme genre de symetrie affecte les eaux dans leur marche : en effet, engagees dans la partie evasee de l'infundibulum d'amont, elles gagnent en s'acc&erant la partie la plus etroite. Ayant ainsi acquis leur maximum de vitesse , elles franchissent le de- troit annulaire qui les dirige dans la couronne des aubes ; mais a ce niveau l'espace s'elargit de nouveau et le ralentissement que le fluide eprouve correspond admirablement au travail absorbe par le moteur. De quelque maniere qu'on envisage la question, cet eva- sement des parois de la roue apparait comme la solution vraie, unique et necessaire du probleme des turbines sans directrices, car s'd inflige au liquide un ralentissement dans sa vitesse absolue, il conserve a ce liquide toute sa vitesse relative par rapport aux aubes. En meme temps que ces deux conditions sont satisfaites, COSMOS. 521 l'espace est occupe par le fluide travailleur en long, en large et en travers; il n'y a pas un centimetre de perdu; c'est, en un mot, qu'on nous passe l'expression, c'est une heureuse exploitation de la troisieme dimension. « La roue-helice ne donne toute sa puissance que lorsqu'elle plonge entierement sous l'eau et que la chute conserve une hauteur conve- nable , car alors toutes ses aubes travaillent a la fois. Quand elle Emerge, ce qui est le cas ordinaire, la partie active se reduit d'au- tant. Mais comme en general la hauteur de chute augmente a me- sure que le niveau baisse, il en resulte dans l'energie du moteur une sorte de compensation qui, sans etre rigoureusement exacte, est cependant fort avantageuse dans la pratique. Depuis que M. Menier est en possession du nouveau moteur, le niveau a deja vane maintes et maintes fois, la gelee meme a s^vi rigoureusement sans que jamais l'usine ait suspendu ni ralenti ses travaux. « Le nouveau principe a done obtenu la sanction d'une grande et prompte experience. II presente, quand on l'applique aux moteurs hydrauliques, un grand nombre d'avantages qui seront de plus en plus apprecies dans les applications qu'on en fera par la suite. Les turbines, debarrassees de leurs directrices, deviennent plus simples et plus faciles a construire ; elles sont pour ainsi dire a. l'abri des desordres occasionnes par l'introduction des corps etrangers, elles del)itent b^aucoup d'eau, elles sont susceptibles de tourner tres- vite, et par suite elles constituent, sous un volume donne, de tres- puissants moteurs ; enfin elles sont construites pour marcher noyees, ce qui les fait echapper aux embarras resultant de la crue des eaux. « Mais quand il s'agit d'utiliser la vitesse d'ecoulement d'un gaz, la possibilite de supprimer les directrices ouvre aussitot une bien plus vaste carriere. Tous les essais qu'on avait faits jusqu'a present pour realiser la turbine a air ou a vapeur, avaient echoue" devant l'impossibilite de faire tourner ces machines assez vite pour recol- ter une proportion avantageuse de l'effet utile. La machine tournant toujours trop lentement , par rapport a la vitesse d'ecoule- ment d'un fluide tres-leger, il arrivait que celui-ci se reflechissait sur les aubes presque instantanement, en conservant la plus grande partie de sa vitesse, et s'echappait, emportant avec lui presque toute sa force vive. II en resultait une perte evidente qui a suggere la pens^e de faire agir le fluide par cascades. Au sortir dune pre- miere couronne d'aubes, le fluide e*tait repris par une seconde ran- ged de directrices qui le faisait agir sur de nouvelles aubes ; il tra- 522 COSMOS. versait ainsi successivement dix, vingt, trente systemes, et il finis- sait par s'echapper avec une vitesse expirante, apres avoir cede* en detail la majeure partie de sa force motrice. «.Theoriquement, cette disposition paraissait tres-satisfaisante ; mais a. l'ex^cution une pareille machine a presente des difficultes qu'on n'a jamais pu surmonter. Les parties fixes etles parties mo- biles, alternant les unes avec les autres , formaient un ensemble compliqud, difficile a construire, et qui laissait echapper le fluide moteur par autant de joints qu'il y avait de cascades. M. Girard, en supprimant les directrices, rend le tout solidaire, il fait dispa- raitre tous les joints , il beneficie du principe des cascades sans en subir les inconvenients. Dans la machine qu'il a imaginee, et qui bientot sortira triomphante des ateliers de M. Froment, le fluide moteur, gaz ou vapeur, arrivant par le centre, agit sur une pre- miere couronne d'aubes courbes, evasees, suivant le nouveau sys- teme ; de la le fluide se repand dans une rigole circulaire sans aubes ; plus loin se trouve une nouvelle couronne d'aubes, puis une nouvelle rigole, et ainsi de suite autant qu'il en faut pour £puiser la totality de la force vive. Tous ces espaces, alternativement pourvus et d£- pourvus d'aubes, sont disposes concentriquement les uns aux au- tres, et leurs hauteurs, considerees dans le sens ou le fluide pro- gresse, varient periodiquement de maniere a croitre dans les zones garnies d'aubes et a. decroitre dans celles qui en sont depourvues. Leur ensemble est compris entre deux plateaux qui tournent tout d'une piece avec les couronnes d'aubes sous l'impulsion du fluide moteur. La machine, agissant par cascades, n'est pas obligee, pour fonctionner utilement, de prendre des vitesses impossibles; nean- moins elle tourne avec une grande rapidite ; mais des que cette vi- tesse cesse d'etre menacante , des qu'elle rentre dans les limites accessibles a la pratique, elle devient pr^cieuseet elle assure au mo- teur une puissance extraordinaire. M. Girard a calcule qu'une tur- bine a vapeur de cinquante centimetres de diametre, marchant sous une pression de quatre ou cinq atmospheres a raison de cent tours par seconde, ne rendra pas moins de deux cents chevaux de force. ...Une machine de vingt chevaux avec un condenseur perfectionne", avec un aspirateur a force centrifuge et a cascade qui, mis en mou- vement par la turbine, epuisera le condenseur d'une maniere con- tinue, est representee en grandeur naturelle sur une feuille de papier ecolier... L'inventeur pretend l'emporter sous son bras... Que ne ferait-on pas d'un moteur si puissant et si 16ger ? » ACAD£miE DES SCIENCES. SEANCE DU 7 MAI. M. Elie de Beaumont presente, au nom de M. Bishop , fondateur de l'observatoire de Regent's-Park, dont nous pariions dans une de nos dernieres livraisons , la cinquieme , les huitieme , neuvieme, onzieme, quatorzieme, dix-neuvieme et vingtieme heures des cartes de l'Ecliptique tracees par M. Hind , dans le but de decouvrir les petites planetes , et qui en ont deja fait tant trouver. Ces cartes comprennent toutes les etoiles, jusqu'a la onzieme grandeur inclu- sivement; ce sont] les memes que M. Chacornac a completers et etendues jusqu'a la douzieme grandeur, en y ajoutant un nombre considerable d'etoiles. M. Bi-hop adresse en outre un grand tableau contenant les elements exacts ou approches des trente-trois pre- mieres petites planetes, avec l'histoire abregee de leur decouverte. M. Bishop a bien voulu nous donner un de ces tableaux signe" de son nom , et chacun peut le voir dans les salons du Cosmos. — M. Elie de Beaumont lit encore une lettre relative a la geolo- gie des Alpes et aux differentes couches de nummulites que Ton y rencontre. Tout ce que nous pouvons entendre, c'est que les num- mulites ne peuvent pas etre rangt§es au nombre des fossiles caracte- ristiques ; que de leur presence on ne peut rien conclure relative- ment a l'age des terrains qui les renferment. — M. Baudens, retenudepuis un moisa Marseille, ou, par ordre du ministere de la guerre , il organise un grand service de sante pour l'armee d'Orient , craint que son absence ne nuise a sa candi- dature; il se recommande a. la bienveillance de l'Academie, et ap- pelle l'attention d'une maniere toute particuliere sur ses titres qui ne lui semblent pas inferieurs a ceux de ses dignes competiteurs. — Le president, M. Regnault, repondant a une reclamation de M. Adolphe Brongniart, s'excuse de n'avoir pas charge" les sections r£unies de zoologie et de botanique de presenter les candidats a la chaire d'histoire naturelle des etres organises, devenue vacante au College de France par la mort de M. Duvernoy. Comme les candi- dats en evidence £taient tous des zoologues, M. Regnault avait pense que la section de zoologie devait etre appelee seule a discuter leurs titres ; mais il reconnait qu'en principe la reclamation de M. Brongniart est juste et fondee. M. Chevreul croit devoir rappe- ler qu'en pareille circonstance l'Academie avait juge convenable de remettre l'appreciation des titres des candidats au jugement d'une 524 COSMOS. commission speciale composee de six membres pris dans les trois sections d'histoire naturelle de 1* Academie ; ce mode d'election est en effet plus rationnel et plus digne. Comme au fond M. Brongniart ne protests pas d'une maniere absolue contre la mesure prise par le president, il a ete- decide que la section de zoologie ferait sa pre- sentation dans le comite" secret de la seance de ce jour. C'est ce qui a eu lieu en effet. M. de Quatrefages, ayant retire sa candidature, MM. Flourens et Valenciennes out etc" presentes seuls. Leur qualite d'academiciens obligeait de les presenter ex ceqno, mais la preseance a ^te accorded a M. Flourens , dont la nomination academique a precede de seize ans celle de son savant confrere. A l'election de la seance prochaine, \'ex cequo aura disparu , et M. Flourens aura grandement distance M. Valenciennes, c'est du moins ce que nous entendons dire de toutes parts. — La mort de M. Duvernoy laisse en outre vacante au Museum d'histoire naturelle la chaire d'anatomie comparee, qui est, dit-on, ambitionn£e par M. Serres, qui quitterait ainsi, au grand regret de ses amis, la chaire d'anthropologie creee pour lui, et qu'il remplis- sait si bien. L'ambition mal inspiree de M. Serres avait fait naitre la fatale pensee de la suppression de la chaire d'anthropologie, ja- dis appelee par tant de vceux, et qui ne serait plus apparue que comme une superfetation sans raison d'etre. Apres avoir ete consi- deree, helas ! comme toute naturelle, cette suppression a ete heu- reusement envisagee sous son veritable point de vue; tout le monde actuellement la repousse comme une mesure deVaisonnable et mau- vaise : appele a deliberer, le conseil d'administration du Museum d'histoire naturelle a vote a l'unanimite pour sa conservation. Un des hommes les plus influents de l'Academie, quoique entitlement Stranger par ses etudes aux sciences naturelles, a fait entendre a cet egard d'energiques protestations, dont nous le felicitons. « Sup- primer une chaire existante est, disait-il, un singulier moyen de contribuer aux progres de la science ; la supprimer, quand on a pour la remplir des hommes capables, qui ont fait leurs preuves, qui de- puis quinze et vingt ans attendent, comme les de Quatrefages, les Blanchard, les Gratiolet, etc., etc. , une place qui les recompense de leurs travaux et de leurs succes, qui leur assure une honorable independance, ce serait un acte d'injustice et presque de barbarie aveugle. « La chaire d'anthropologie sera done conservee; son titu- aire actuel, son organisateur, M. Serres, mieux eclaii-e, ne 1'aban- donnera pas ; et la chaire d'anatomie comparee sera donnee a l'un des savants naturalistes que nous nonunions tout a l'heure. a M. de COSMOS. 525 Quatrefages , sans doute , membre de l'Academie : la raison et la justice le veulent ainsi. — M. Babinet presente une Note de M. Henry Soleil sur les phenomenes de la polarisation circulaire etdeux nouveaux appareils d'optique, un polariseur circulaire et un compensateur. Fresnel avait rdussi a doter de la polarisation circulaire un rayon rectilignement polarise, en lui faisant subir une double reflexion totale, sous un angle determine, au sein d'un parallelipipede, connu en optique sous le nom de parallelipipede de Fresnel. Le rayon de lumiere ordinaire, rec- tilignement polarise, qui a subi cette double reflexion, se decompose en deux autres rayons polarises a. angle droit, d'intensites egales, mais dans des phases diffeientes et qui different d'un quart d'ondu- lation. L'ensemble de deux semblables parallelipipede^, montes l'un au-dessus de 1' autre et qui pouvaient prendre l'un par rapport a l'autre differentes positions, formait l'appareil a l'aide duquel on repetait toutes les experiences de la polarisation circulaire. Fresnel avait decouvert qu'une lame de mica d'environ trois centiemes de millimetre d'epaisseur, qui donne dans l'appareil de polarisation une teinte d'un blanc jaunatre, jouit aussi de la propriele de separer le rayon de lumiere naturelle rectilignement polarise qui le traverse en deux autres rayons polarises rectilignement dans des plans res- pectivement perpendiculaires, d'intensites egales, dont les phases different d'un quart d'ondulation, et dont l'ensemble, par conse- quent, constitue un rayon circulairement polarise. Mais Fresnel ne semble pas avoir eu la pensee de substituer un ensemble de ces deux lames a ses deux parallelipipedes, pour en faire un appareil plus simple, plus economique, plus facile a manier, a travers lequel on vise toujours dans la meme direction, sans avoir besoin de de- placer l'ceil dans l'espace ; or, c'est ce que M. Henry Soleil vient de faire avec le plus grand succes, en suivant un conseil heureux de M. Jamin. Le nouveau polariseur circulaire se compose de deux lames de mica, l'une fixe, l'autre mobile ou qui tourne sur la premiere, de telle sorte que les axes des deux lames soient tantot paralleles et confondus, tantot separes et a 90° l'un de l'autre. Voici quelques- unes des experiences que Ton peut faire avec cet appareil : Premiere serie. Les axes des deux lames de mica etant d'abord paralleles: 1° on interpose entre elles une troisieme lame de quartz ou de chaux sulfatee, parallele a l'axe, donnant dans la lumiere pola- risee une certaine teinte, le rouge du second ordre, par exemple, et dans une position telle que l'axe de la lame parallele, interposde 526 COSMOS. entre les deux lames de mica, fasse avec les axes confondus de ces lames un angle de 45 degres; cela fait, on installe le systeme des trois lames dans un appareil de polarisation, tantot sur la tablette de 1'appareil de Noremberg, tantot entre les deux tourmalines d'une pince, et Ton fait co'incider d'abord l'axe commun des lames de mica avec la trace du plan de polarisation de 1'appareil. La lame parallele de quartz ou de gypse donne alors sa teinte propre, le rouge du deuxieme ordre, par hypothese ; mais si Ton fait tourner sur lui-meme l'ensemble des trois lames, ou si, sans toucher a la lame interposee, on fait faire a l'axe commun des lames de mica, avec la trace du plan de polarisation, un angle croissant depuis 0° jusqu'a 90°, la couleur vue a travers l'analyseur change en suivant l'ordre ascendant des couleurs du spectre, c'est-a-dire du rouge au violet, en revenant trois fois au rouge pour repasser au violet dans une rotation entiere, de telle sorte que chaque couleur reparait quatre fois. 2° L'axe de la lame de quartz ou de gypse, faisant toujours avec l'axe commun des lames de mica un angle de 45°, peut etre mis a 90° de sa position premiere, c'est-a-dire que s'il dtait d'abord a droite, il peut etre maintenant a gauche; si Ton recommence l'ob- servation dans cette nouvelle position, on verra encore les couleurs changer, mais dans l'ordre inverse, dans l'ordre descendant des couleurs du spectre. 3° Si la plaque de cristal interpose'e entre les deux lames de mica est une plaque de cristal a un ou a deux axes, taillee perpendicu- lairement a l'axe, et qu'on fasse tourner l'analyseur de 1'appareil de polarisation, on voit la croix noire du crista! a un axe, ou les deux lignes noires qui traversent les centres des deux systemes d'anneaux de la plaque a deux axes, se transformer l'une et l'autre en un an- neau circulaire obscur, ou cercle noir. Seconde serie d' experiences . Les axes des deux lames de mica sont non plus paralleles et confondus , mais se'pare's et perpendi- culaires l'un a l'autre. Alors : 1° la lame de quartz parallele a l'axe placee comme clans la premiere se>ie, se conduit comme un quartz perpendiculaire a l'axe, elle fait tourner le plan de polarisation a droite ou a gauche, suivant que son axe est a. 45 degres a droite ou a 45 degres a gauche ; et ddvie le plan de polarisation de la meme quantity qu'une plaque perpendiculaire donnant la meme teinte; 2° un quartz perpendiculaire a l'axe mis entre les plaques de mica et observe" de meme dans 1'appareil de polarisation, se conduit comme un quartz parallele ; 3° la croix noire d'un cristal a COSMOS. 527 un axe ou les deux lignes noires des centres des anneaux des cris- taux a un axe se concentrent en un point noir. En poursuivant ces experiences, M. Henry Soleil a decouvert un fait qui nous parait nouveau, ou que du moins nous n'avons vu consigne nulle part. Si apres avoir mis les axes des deux lames a angle droit, et interpose un cristal a deux axes avec son axe moyen a 45degres, commenous l'avons explique, on fait tourner l'analyseur vers la droite, par exemple, on voit les lemniscates ou anneaux noirs qui embrassent les deux centres, tantot se dilater, tantot se contracter, sans qu'il soit possible d'assigner a priori et dans l'dtat actuel de la science a quoi tient cette difference. Si 1'axe moyen du cristal est amene a 90° de sa position premiere, les cristaux dont les anneaux se dilataient quand on tournait a droite sont ceux mainte- nant dont les anneaux se contractent. Parmi les cristaux de la pre- miere espece ou dont les anneaux se dilatent, on trouve la topaze, la baryte sulfatee, etc. Parmi les cristaux de la seconde espece, on compte le carbonate de plomb, le borax, la diopside, l'arragonite, le gypse, le mica, le nitrate de potasse, la nacre, etc., etc. Parmi ces derniers cristaux, les uns sont doues de la double refraction negative, les autres de la double refraction positive; on ne peut done pas chercher dans le genre de double refraction la raison de la dilatation ou de la contraction des anneaux. On peut a la rigueur substituer aux lames de mica de petites lames de verre legerement trempees, comme font fait MM. Babinet et Guerard, qui ont en outre observe* que dans les cristaux a croix noire la lumiere est polarisee circulairement au point le plus bril- lant des anneaux qui correspondent a un quart d'onde. Un mot maintenant du second appareil ou du compensateur pa- rallele de M. Henry Soleil. On prend une lame de quartz legere- ment prismatique , ay ant une face parallele a l'axe, et i'autre faibleiuent inclinee sur la premiere; on la partage en deux portions, l'une courte, I'autre longue ; si apres avoir retourne la premiere lame, on la pose sur I'autre de maniere a ce que l'ensenible des deux lames fasse une lame parallele, l'epaisseurdela lame compose'e variera quand on fera glisser une lame sur I'autre : cet ensemble etant trop epais pour dormer de belles couleurs de polarisation chromatique, on colle la petite plaque prismatique sur une autre plaque de quartz dont l'axe est a 90 degres; et e'est au-devant de cet ensemble qu'on fait glisser la longue lame prismatique. Le com- pensateur ainsi forme, a 1'avantnge de ne pas deplacer le rayon 528 COSMOS. visuel et de pouvoir supporter un mode de division qui donne le millieme de millimetre. — M. Ad. Chatin, professeur de botanique a l'Ecole de phar- macie, lit la premiere partie de ses recherches sur les rapports ou lois : 1° entre l'ordre de naissance et l'ordre de dehiscence; 2° entre l'ordre de naissance, l'ordre de dehiscence et l'ordre d'avortement des androcees. Les rapports qui rattachent la dehiscence des eta- mines a leur naissance sont au nombre de trois, savoir : 1. un rap- port direct ou parallele, des trois le plus general; 2. un rapport independant encore assez commun; 3. un rapport inverse. Le rap- port direct peut etre centripete, centrifuge, bractifuge et bracti- pede ; le rapport independant est le plus souvent centrifuge, parfois mediifuge ou bractipete. — M. Gratiolet lit la premiere partie d'un memoire sur I'ence- phale d'un elephant mort recemment a, la menagerie imperiale. L'auteur arrive a cette conclusion que si sous un certain rapport 1'encephale de l'elephant ressemble extraordinairement a l'ence- phale de l'homme; sous d'autres rapports cependant il est 1'en- cephale d'un animal et d'un animal d'ordre assez inferieur. Nous reviendrons sur ces recherches lorsqu'elles seront completes. M. Pelouze, au nom de M. Liebig , lit une note sur la cons- titution definitive des mellonures. Le resultat des nouvelles re- cherches du savant chimiste est que le mellone ne contient pas d'hy- dro°ene, qu'il est forme exclusivement de carbone, 18 Equivalents, et d'azote 13 equivalents. Cette composition a ete deduite de 1'ana- lyse du mellonure d'argent, forme" de carbone, 18 ; azote, 13; ar- o-ent, 3. L'acide mellonhydrique renferme 3 equivalents d'hydro- gene. Les mellonures derivent done de l'uree et de l'acide urique, e'est-a-dire qu'ils se rapportent a la classe des cyanures. ]\1. de Senarmont depose, au nom de M. Bour, un memoire important sur le probleme des trois corps. ]\J. Ried de Leuenstern adresse une suite a ses recherches sur les nombres quasi-polygonaux et pyramidaux. M. Stephane Geoffray presente a 1' Academie 1° de tres-belles photographies obtenues de cliches sur papier sec, prepare a la c6- rol^ine, suivant le procede dont il est l'inventeur, et qui remplace avec de ties grands avantages le procede sur papier cire" ; 2° une brochure dont nous rendons compte ailleurs, et qui a pour titre : Traite pratique pour I' cmploi des papiers du commerce en photo- grapliie. — 3M. Andraud ^oumet au jugement de l'Academie un memoire COSMOS. 529 sur les explosions des chaudieres a vapeur et les moyens de les pre- venir ; il se resume lui-meme dans les conclusions suivantes : 1° Les gene>ateurs ne font point explosion sous un leger surcroit de la ten- sion normale de la vapeur; et les soupapes de surete, bonnes pour empecher les exces de pression et les dechirements ordinairement iuof- fensifs qui en resultent, ne servent absolument a rien contre les explo- sions; 2° les explosions sont produites par le degagement, auseiude la vapeur, de fluide electrique, lequel, dans certaines circonstances, arrive a l'etat fulminant, et, par la deflagration, porte instantane- ment la pression a plusieurs centaines d'atmospheres ; 3° lorsqu'on estpres d'une machine qui fonctionne a haute pression, iln'y a pas de danger serieux ; 4° lorsqu'on est pres d'une chaudiere oil la vapeur agit a basse pression, on est toujours en danger de mort ; 5° le soin de construire les chaudieres avec un seul metal aura probablement pour effet d'empecher le fluide electrique d'arriver a l'etat explosif ; 6U dans tous les cas les explosions seront dvitees si, se fondant sur le principe des paratonnerres, onintroduit dans l'interieur des generateurs des tiges terminees par despointes de metal inoxydable, lesquelles sou- tireront l'electricite a mesure qu'elle se formera. Nous croyons a la verite absolue de la premiere proposition ; mais les autres sont plus que douteuses. Sans faire intervenir l'electricite, dont il est difficile d'admettre l'existence, on peut expliquer la naissance subite d'une pression enorme, comme l'a fait M. Boutigny, par une masse d'eau qui passe immediatement de l'etat spheroidal a l'etat de vapeur tres-echauffee et tres-dilatee. Des experiences faites dans la direc- tion indiquee par M. Andraud, auraient cependant de l'interet. — M. Serret presente un memoire sur les moindres surfaces comprises entre deslignes droites non situeesdans le meme plan. — M. Secretan, a l'occasion des tliermometres a maximum et a minimum, presented a l'Academie par M. Walferdin, et dont nous avons donne la description, appelle 1 attention sur l'excellent ther- mometre a maximum de MM. Negretti et Zambra, dont l'habile thermographe n'a pas cru devoir pai ler. Nous avons aussi recu a ce sujet, de M. Welsh, le savant et zele directeur de l'Observatoire meteorologique de l'Association biitannique pour ravancement des sciences, a Kew , pies Richemont , une reclamation dont nous croyons dans l'interet de la science devoir entretenir nos lecteurs : « Jesuisparfaitementd'accordavecM. Walferdin, ditM. Welsh, dans ses remarques sur les qualites des instruments de diverses formes, surtout en ce qui co.^ceine le thermometre a maximum a bulle d'air, dontje me suis servi dans notre Observatoire avec la 530 COSMOS. plus gran de satisfaction pendant les dix-sept derniers mois. J'ai construit moi-meme cet instrument d'apres la description qui en a t5te donnee par le professeur Phillips, en 1832, qui a ete publi^e dans les Reports of the British association , vol. 1, p. 580, et qui ne differe en rien dans ses points essentiels de celle de M. Walfer- din. II est vraiment dtonnant, vu la simplicite grande et la parfaite exactitude de ce thermometre maximum , qu'il soit encore si peu connu et employe. Presque ignore, meme en Angleterre, comment n'aurait-il pas echappe" a l'attention des meteorologistes francais? Maintenant que M. Walferdin a fait ressortir son grand merite, il sera sans doute plus generalement employed '« Le thermometre a maximum de MM. Negretti et Zambra , (decrit dans le Cosmos du 13 mars 1852, vol. II, p. 362), aujour- d'hui si repandu en Angleterre , est peut-etre cependant la plus excellente, la plus sure des formes qu'on puisse donner a ce ther- mometre , et celle qu'il convient d'adopter partout pour les obser- vations met^orologiques, a cause de l'impossibilite presque absolue de derangement. Voici le jugement qu'en a porte la commission de Kew, dans son Rapport de 1854 : « L'ingenieux instrument de MM. Negretti et Zambra a une qualite, au point de vue de la dur^e, qui le place au-dessus de toutes les autres formes de thermometre a maximum , car, une fois bien construit, il ne peut jamais donner des indications inexactes. » Sa construction est quelque peu difficile ,il coute par suite assez cher; mais l'observateur, apres s'etre assure une fois de son exac- titude, peut ensuite se confier entierement a ses indications; jamais ses registres n'auront a subir les interruptions si ennuyeuses aux- quelles on ne peut echapper avec les autres instruments du meme genre. Le thermometre a bulle d'air du professeur Phillips est tres- recommandable par son extreme simplicite et la delicatesse de ses indications, superieure meme a celle du thermometre de Negretti et Zambra ; et dans les mains d'un observateur qui a grand soin de ses instruments, il continuera a fonctionner tres-exactement pen- dant un temps indefini. Le seul cas dans lequel la forme de cet ins- trument se montrera deTectueuse , c'est probablement le trans- port, ou lorsqu'il sera expose a quelque agitation violente. Tout thermometre qui porte au sommet du tube une chambre a air excd- dant , peut etre converti facilement en thermometre maximum a bulle d'air, a l'aide d'une lampe a esprit-de-vin ; et si l'instrument, ainsi construit , vient a se deranger, rien n'est plus aise que de le remettre en ordre. Tout observateur soigneux, qui ne s'effraye pas COSMOS. 531 de l'idee de manipuler un thermometre, regardera la forme dont nous parlons comme la plus excellente de toutes ; mais comme ins- trument d'usage general, destine a etre mis entre les mains de per- sonnes peu intelligentes ou peu soigneuses, il est plus que douteux qu'il convienne. » M. Walferdin, grand maitre en thermographie, repondra sans doute aux reclamations de MM. Wels-h et Secretan. — M. de Quatrefages depose sur le bureau une nouvelle Note de M. Lereboullet sur la monstruosite des poissons doubles : il ne croit pas a la necessite de l'unite de blastoderme ; il croit au con- traire qu'on peut faire naitre accidentellement cette monstruosite sur des individus completement independants , comme Geoffroy Saint-Hilaire l'avait enonce et tente. — M. Bernard presente une Note de MM. Cansone et Kolliker, professeurs a Wursbourg , sur un nouvel infusoire trouve dans le mucus vaginal, et dont la presence dans le vagin semble ne deter- miner aucune maladie. — M. Le Verrier presente des observations des dernieres pla- netes, faites par MM. Prasmowski, a Varsovie ; Peters, a Altona; Oudemann, a Leyde ; Argelander, a Bonn ; Rumker, a Hambourg, et Littrow, a Vienne. M. Le Verrier annonce en outre que la der- niere planete (34), trouvee par M. Chacornac, a recu a l'Observa- toire imperial le nom de Circe. — M. Phillips, l'eleve et l'ami de Dieffenbach , le celebre ope'- rateur beige , qui , le premier, a fait en France des operations de strabisme , en vue de rendre hommage a la verite" et de servir les interets de la science et de l'Academie, croit de son devoir de lui adresser une lettre sur l'origine et les caracteres de la methode sous-cutanee. En voici la substance : « Qu est-ce que la methode sous-cutanee ? J'ai cru d'abord et j'ai ecrit que cette meHhode consiste a couper sous la peau ce que naguere on coupait a ciel ouvert. Je ne crains pas de le reconnaitre, j'ai coinmis pendant longtemps , et avec beaucoup de personnes , une meprise que j'ai cherche depuis a faire cesser. La methode sous- cutanee peut se reduire a ces termes : il y a des plaies sous-cuta- neesqui suppurent, il y en a qui ne suppurent pas. La decouverte de la cause de cette difference , l'institution des principes et des regies a suivre pour ne produire que des plaies sous-cutane'es qui ne suppurent pas , et pour faire beneficier de cet avantage toutes les operations de la chirurgie qui peuvent etre pratiquees sous la peau : voila en quoi consiste la methode sous cutanee. Elle exigeait la 532 COSMOS. decouverte dun principe nouveau , l'organisation immediate des plaies maintenues a l'abri du contact de l'air. ... la regularisation d'un manuel operatoire propre... le principe et le manuel operatoire ont ete realises d'emblee par M. Jules Guerin.... Les publications directes de Dieffenbach, celles que j'ai faites plus tard en son notn et sous sa dictee, celles que j'ai faites plus tard en mon nom par- ticulier , constatent de la maniere la plus evidente , non-seulement que personne de nous n'avait agi, pense et ecrit en vue des principes decouverts depuis ; mais que, faute d'avoir bien compris tout d'a- bord la haute signification de ces principes , nous nous sommes joints a ceux qui leur faisaient opposition.... Nous n'avons pas tarde a reconnaitre notre erreur.... Dieffenbach a donne' un nouveau temoignage de la surete de son esprit, comme de la loyaute de son caractere, en venant declarer lui-meme a l'auteur du nouveau pro- gres, qu'il l'admettait dans toute son etendue et qu'il en reconnais- sait tout 1'honneur acelui qui venait de l'instituer. On n'a pas tarde a etendre la methode a une foule d'ope>ations auxquelles on n'avait pas songe, auxquelles on n'aurait pas ost5 songer ; les applications sont aujourd'hui presque innombrables — La parfaite innocuite de ces operations ne devrait plus faire doute pour personne , apres le temoignage de la Commission des hopitaux, qui, sur environ deux cents operations , n'a pas observe un seul cas de suppuration Ce dont j'ai 6t& temoin pendant plus d'une ann£e, a. l'Hopital des Enfants, devrait convertir tout le monde au caractere de surete et de nouveaute de la methode, comme j'y ai ete converti moi-meme. » A. TRAMBLAT, proprietaire- gerant. PARIS, iMrRIMERIB DE W. REMQUET EI C,e, RUE GARANC1ERE , 5. •F. VI'. l8 MA.I l855. QUA.TRIEME ANNEE. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. La Compagnietransatlantique anglaise de tel£graphie sous-marine a passe" avec la Cbmpagnie amdricaine de New -York, Newfound- land and London telegraph, un contraten vertu duquel la Compagnie americadne s'oblige a construire et poser a ses frais et risques un cable sous-marin reliant l'lrlande a Saint- Jean de Terre-Neuve, avant le 22 Janvier 1858-. Un second cable sera pose avant la fin de cette annee entre Terre-Neuve et l'ile du Prince -Edouard, et comme il existe deja une ligne telegraphique entre cette derniere ile et New-York, la communication sera ainsi complete entre l'Eu- rope et l'Amerique. — M. Deplanche, chirurgien-major de l'aviso le Rapide, aeu le bonheur, dans une traversee d'Europe en Amerique de trouver l'a- nimal de la spirule, dont on n'avait pu jusqu'ici se procurer que la coquille vide. — ■ Lelundi, 30 avril, vers cinq heures un quart, le cratere du Vesuve a commence a lancer dans l'air des pierres enftammdes; aussitot apres la lave est sortie par l'orifice du cratere. Le lende- main, lermai, de nouvelles bouches s'ouvrirent, et commencerent a vomir la lave avec une vigueur et une force extraordinaire. Le tor- rent de lave a heureusement pris la direction qu'il avait suivie dans l'eruption de 1839 ; il est de^cendu lentement dans la Vitrana-Vaste vallee situee au pied du Vesuve, enflammant toute la vallee, plantee en chenes et en chataigniers. C'etait un spectacle epouvantable, mais grandiose; en vingt-huit heures, cette masse enorme, haute de 4 a 5 metres, large en certains endroits de 200 metres, a parcouru pres d'une lieue et menacait un village situe a 1'extremit^ de la vallee. Dans le voisinage du volcan la terre tremblait incessam- ment sous lespas, on entendait des detonations inte>ieures et sou- terraines, plus fortes que celles de trente pieces d'artillerie tirees a la fois. — Dans la soiree du 4 mai, le chevallier Bonnelli a fait le pre- 53ft COSMOS. mier essai de son te¥graphe des locomotives sur ]a ligne de Turin a Moncalieri.Une locomotive, parcourant un kilometre en deux mi- nutes, aechange facilement des depeches, envoye des demandes et recu des reponses, avec la station de Turin : pendant toute la durde de l'experience; l'inventeur, entraine dans l'espace a toute vitesse, a pu annoncer au ministre et au directeur des travaux publics le succfes complet de son systeme. M. le docteur de Beauvoys £crit a la Socidtd d'acclimatation : « Les vapeurs de filasse imbibee de sel de nitre endorment si vite les abeilles qu'elles ont a peine le temps de s'en apercevoir. C'est un procede essentiellement pratique et tres-economique; on pourra y avoir recours partout et renoncer de^nnitivement a la coutume bar- bare de tuer ces pauvres mouches pour re^olter leurs produits. '* M. Maumene vient de faire a la Societe imperiale et centrale d'aet de tous. — On se rappelle que le quai des Tuileries a ete d£core\ a la sai- son derniere d'une belle ligne de cent vmgt chenes d'Ame>ique, provenant d'une pepiniere du Bois de Boulogne, ou ils avaient ete sem£s, il y a une trentaine d'annees, par lebotaniste Michaux. Ces arbres, tout formes, hauts de pres de 10 metres, furent enlev£s de terre soigneusement avec leurs mottes, et Ton appliqua a un certain nombre d'entre euxles procede^ de transplantation de M. Stewart- Mac Glashen, d'Edimbourg. On remarque aujourd'hui qu'ils ne pa- raissent pas avoir souffert le moins du monde de leur de'placement ; depuis quelques jours ils sont en pleins bourgeons ; plusieurs meme, a l'heure qu'il est poussent deja des feuilles. — M. Moleschot, dans une lettre a M. Claude Bernard, decrit ainsi quelques experiences faites par lui dans le but de mieux mettre en evidence les fonctions du foie : « J'ai, sur un grand nombre de grenouilles, extirpe le foie, qui, comme on le sait, depuis vos travaux, contient du sucre tout aussi bien que celui des mammiferes, et j'ai reussi a. garder ces animaux vivants, pendant deux ou trois semaines apres l'ope>ation. Apies ce laps de temps assez considerable, j'ai examine" le sang, les mus- cles, le sue gastrique et l'urine de ces grenouilles, sans y pouvoir trouver aucune trace de bile ni de sucre. Or, c'est un fait avere en physiologie, qu'apres l'extirpation des reins, l'uree s'accumule dans le sang. On devrait done s'attendre a trouver les acides organiques et la matiere colorante de la bile ainsi que du sucre dans le sang ou dans les tissus d'animaux prives du foie , pendant quinze a vingt et un jours, si le foie n'etait dans ces substances qu'un appareil de 536 COSMOS. filtration. Puisqu'il n'en est rien, j'en conclus que la bile et le sucre sont formes dans le foie, ce qui vient appuyer un fait, dont pour le sucre la science est redevable a, vous, tandis que pour la bile, M. J. Miiller l'a fait connaitre le premier, et MM. Kund et Leh- mann l'ont constate avant moi. Tai trouve" que le foie ne contribue pas pen a la metamorphose retrograde des substances animales. Si Ton a ote" le foie aux grenouilles, ces animaux exhalent pour la rneme unite de poids et de temps, beaucoup moins d'acide carbo- nique que des animaux intacts. 100 grammes de grenouilles intactes out donne en moyenne, pour vingt-quatre heures, 0sr,366 d'acide carbonique ; 100 grammes de grenouilles amputees en ont ex- hale- 08r,457, et 100 grammes de grenouilles sans foie n'en ont pro- duit que 0sr,332. On voit done que l'excision du foie diminue la quantite d'acide carbonique exhalee par les grenouilles d'une ma- niere bien plus intense que ne pourrait l'expliquer la perte du sang inevitable dans une operation si grande. » — Ceux qui ont fait le voyage de Rome a Naples en suivant la voie Appienne, se rappelleront qu'entre la ville d'Albano et le bourg voisin d'Ariccia il existe un ravin profond, crease" dans le tuf volca- nique, un des sites les plus pittoresques sur le penchant des monts Albans; la route postale sur chaque cote de cette gorge etait tres- rapide. Pour obvier a cet inconvenient, on a forme le projet de la faire passer sur un pont ou viaduc colossal. Bientot, apres l'election du pape actuel, le chevalier Bertholini, ingenieur de grand talent, et l'un de ceux qui, sortis de l'ecole de Modene, etablie pendant l'oc- cupation frangaise en Italie, ont laisse tant de beaux travaux dans diffeYentcs parties de la Peninsule, avait £te charge par le gouver- nement pontifical de presenter le projet du pont, qui, terrain e au bout de sept ans , a etabli une communication facile et de niveau, entre Albano et Ariccia. Le viaduc d'Ariccia consiste en trois rangees d'arches, six en bas, douze au milieu , et dix-huit en haut , toutes presque de la meme hauteur et largeur; sur la rangee superieure s'appuie la grande route de poste qui , y compris les deux passages lateraux pour les pistons, a une largeur de 8m; la longueur totale du viaduc est de 311m au niveau du grand chemin ; et sa plus grande hauteur au-des- susdufond du ravin qu'd traverse, 60m,82 ; il est entitlement cons- Vruit en belle pierre de taille , dite peperino, tiree des cacrieres voi- sines qui ont fourni au^si une excellente pouzzolane, employee pour le ciment. La masse totale de la magonnerie s'eleve a 118 240 metres cubes, et, ce qui n'est pas moins remarquable dans l'histoire COSMOS. 537 de sa construction , il n'a cout^ que 728 000 fr. ou a. peine 7 fr. par metre cube ; la duree totale des travaux a e'te' de sept ans et il a £te ouvert au public dans l'automne de 1854. Parmi les ouvrages du meme genre avec lesquels on pourra com- parer le viaduc d'Ariccia, je ne connais que le magnifique aqueduc de Roquefavour qui fait passer les eaux de la Durance a travers la valine de l'Are jusqua Marseille, et qu'on doit a l'habile ingenieur M. de Montricher, monument dont M. Rennie a donne" derniere- ment une si inteiessante description.' Quoiqu'il ne surpasse pas en hauteur de 20 metres et en longueur de 81 metres l'ouvrage romain, le pont de Roquefavour, qui est moins imposant par sa masse , ne renfermant que 57 000 metres cubes de maconnerie, a coute plusdu quintuple (3 775 000 fr.). Les astronomes romaius viennent de terminer 1 'operation entre- prise pour remesurer la base geodesique prise sur cette celebre route executee par Boscovich dans le dernier siecle. Cette base, qui a plus de 11 000 metres, est appuyee sur le trajet de la via Appia, entre les 3C et lle milles de la numeration ancienne ; elle a ete' re- mesuree avec un grand soin par un savant tres-distingue comme astronome et physicien, le P. A. Secchi , directeur de l'Observa- toire du Collegio Romano, qui enverra sous peu a l'Academie une note detaillee de l'operation. Ces details inteVessants sont extraits d'une lettre dcrite par M. Pentland a M. Elie de Beaumont, et communiquee a 1' Academic des sciences. — Le conseil de la SocieHe royale de Londres, apres examen des titres, a recommande d'une maniere particuliere les candidats sui- vants : MM. A. Connel, W. Farr, W. L. F. Fischer, I. Fletcher, W. J. Hamilton, J. Hawkshaw, J. Hippisley, J. Luke, A. F. Osier, C. B. Vignoles, C. V. Walker, A. W. Williamson, G. F. Wilson, docteur T. Thompson, et R. Wight. — L'Institution royale de Londres a tenu, le ler mai, sa seance geniMiile annuelle. Le rapport des visiteurs temoigne de I'etat flo- rissant de ce bel etablissement ; les contributions des membivs et des souscriptions annuelles se sont elevees a une somme conside- rable, ainsi que les revenus provenant des inscriptions pour un ou plu>ieurs cours. Les r^cettes ont excede" les depenses de pres de 800 livres sterling (20 000 fr.). La. presidence pour 1855 e*t en- core devolue au due de Noi thumberland ; M. Barlow continuera ses foiictions de secretaire. — Une circulate qui nous est parvenue hier nous annonce que 538 COSMOS, la prochaine rdunion de 1' Association britannique pour l'avancement des sciences, a Glasgow (Ecosse), commencera le vendredi 12 sep- tembre. La circulaire est signde du lord prevot, M. Andrew Orr, du president de l'Universite, M.Mac Farlon, du president de la So- cidte philosophique, M. Allen Thomson , et des secretaires locaux, MM. John Straw, Thomas Anderson, William Goulie. Ces messieurs nous pressent d'aller recevoir, dans la ville de Glasgow, cette hospitality si noble et si douce que nous avons ren- contree a Liverpool; mais les travaux de l'Exposition universelle nous retiendront forcement a Paris, et nous serons priv£, a notre grand regret, des heureuses Amotions que font naitre, dans les ames passionn6es pour le progres, ces grandes solennitds de la science. En terminant son appreciation des proprietes merveilleuses de la turbine a air de M. Girard, M. Foucault se posait cette ques- tion : « Que ne fera-t-on pas avec un moteur si leger? Or, voici ce qu'on peut deja preVoir : Assur&nent on se propose de l'employer tout d'abord dans les circonstances ou Ton a le plus a souffrir du poids et de 1'encombrement { des machines ordinaires. Quand on aura la turbine a cascade a bord d'un bateau a vapeur, non-seule- ment les voyageurs la chercheront comme une epingle, mais encore on aura la facility d'en prendre une ou deux de rechange et sans qu'il y paraisse! Si quelque jour vous voyez sur la Seine un train de bateaux glis- sant de toute vitesse sans roues a aubes, sans helice, sans gouver- nail, sanstuyau nifume"e, vous finirez peut-etre, en cherchant bien, par y decouvrir une imperceptible turbine, mais ce sera la turbine sans directrices. De meme aussi vous verrez peut-etre s'elancer dans les airs une machine a feu comme une fusee de guerre, et, vous rendant a l'evidence, vous reconnaitrez enfin que Tadrostat etait le seul obstacle seVieux a, la navigation aerienne ! » — • M. Auguste Jacot, horloger, rue du Caire, 14, a Paris, a sou- mis au jugement de la Societe" d' encouragement un nouveau meca- nisme tres-simple et peu dispendieux, a l'aide duquel il fait mar- quer aux montres, pendules , chronometres et horloges la seconde fixe, avec autant de facility qu'on faisait autrefois indiquer la se- conde au moyen des aiguilles trotteuses. Comme le nouveau meca- nisme arme et detend le res&ort a chaque seconde de la meme quan- tity, l'impulsion imprimde a. l'aiguille est constante et parfaitement reguliere. M. Jacot n'a pas remarqu£, meme apres plusieurs mois de marche, que l'absenced'huile ait amoindri la regularity des mou- vements de cette aiguille, ce qui serait un immense avantage. Grace COSMOS. 539 a cette ing^nieuse invention, les montres a seconde fixene couteront pas beaucoup plus cher que les montres a seconde trotteuse qui ren- dent beaucoup moins de services. — M. Thieux, 8, boulevard Bonne-Nouvelle.demande que la Society d'encouragement constate les avantages de son nouveauproc^de" d'im- perme"abilisation des dtoffes de laine, de coton, de soie, de toile, etc, Ces avantages sont : 1° de rendre les tissus impermeables a l'eau, sans leur communiquer aucune odeur, en les laissant permeables a. l'air, et donnant, par consequent, une libre issue aux vapeurs de la transpiration ; 2° de n'alterer en rien les nuances les plus dedicates, non plus que la souplesse et les autres quality naturelles des tissus ; 3° de resister au lavage, a la fatigue; d'augmenter en un mot la duree des tissus ; 4° de mettre les etoffes a, l'abri de la piqure des insectes; 5° enfin de maintenir autour du corps une temperature naturelle , tout en fermant acces a l'humidite' , a la pluie , aux brouillards, etc., etc. — Sir Roderick Murchison est definitivement nommd directeur des cartes g^ologiques en Angleterre, place remplie par sir Henry dela Beche et dont les appointements sont de 800 livres (20 000 fr.). — Par son testament, r^cemment ouvert, M. Greenough laisse aux deux 80016*163 royales de geologie et de g^ographie sa tres-belle collection de livres, cartes, coupes, gravures, etc., etc.; elle sera partag^e entre elles par les ex^cuteurs testamentaires. II laisse en outre a chacune de ces deux Societes un legs libre de toute charge de 12 500 fr. , pour etre employe" a. hater le progres des sciences qui ont fait l'occupation de toute sa vie. Deja l'illustre geologue, il y a quelques ann^es, avait donne dans le meme but au college de Cork sa collection de roches et de mindraux ; au Mus6e d'University college, sa belle collection de fossiles pour etre mise en ordre par le professeur Morris. — La nouvelle planete, de'couverte par M. Luther, la trente- cinquieme, a recu de MM. Riimker et Peters le nom de Leukothee ; son signe caracte>istique sera un phare antique. — Dans un des derniers numeros des Astronomische Nachrich- ten, M. Argelander signale comme astre dont la variabilite a £te re^cerament constats par lui, 1'eHoile 13825me de Lalande. Lalande, Bessel, Felloker, lui assignment pour grandeur 8 et 8,9; or le 4 mars 1854 et le 4 mars 1855 elle avait disparu, tandis que plusieurs jours apres elle e'tait de neuvieme grandeur. | PHOTOGMPHIE. Nous avons recu de MM. Negretti et Zambra deux vues, 1'une, ster^oscopique , sixieme de plaque; l'autre ,. plaque entiere, sur papier, du Palais de distal, au jour de la visite de l'Empereur. et de l'lmperatrice des Franc, ais. Ces vues, l'une sur plaque, l'autre sur collodion, ont ete prises par MM. Negretti et De la Mothe ; cea habiles artistes ont choisi le moment ou les quatre illustres visiteurs, l'Empereur, la Reine Victoria, l'lmperatrice, le Prince Albert,, assis sur une estrade ou trone eleve au centre de l'immense nef ,, recevaient les felicitations et les acclamations de la foule, pendant, que la musique faisait retentir les voutes si sonores du Palais en- chantd des airs nationaux de France et d'Angleterre. Nous avons peine a nous imaginer qu'au milieu d'une si grande agitation, d'une emotion si vive, dont nous. £tions nous-meme temoin oculaire , on ait pu reussir aussi parfaitement. Le fait est que ces photographies sont aussi belles qu'elles peuvent l'etre : ils avaient mis au point sur les quatre augustes personnages, et ils ont obtenu quatre portraits d'une fidelite extreme. Meme dans Tepreuve steVeoscopique , ces quatre tetes se detachent parfaitement , et on les reconnait sans peine. Le groupe forme" en arriere de Leurs Majestes, par les per- sonnes de leur cour, est necessairement plus confus et plus flou ; nous avons cependant reconnu l'ambassadeur et l'ambassadrice de France et plusieurs autres assistants. Ces e"preuves sont un veri- table monument historique : a Londres, on se les arrache ; on en aurait vendu des milliers si le temps , aussi detestable qua Paris , ne rendait pas impossible l'impression des positifs. II a fallu, pour rdussir ainsi , une grande presence d' esprit , une habilete extraordi- naire ; et, il faut bien le dire,, ce n'est qu'en Angleterre qu'on triomphe ainsi des plus grandes difficultes : les essais faits dans les fetes publiques, en France, ont presque toujours echoue. PHOTOGRAPHTE SUR VERRE ALBUMINE- I. Procddc de M. Fortier, communique a la Socuite franctnse.de photographic, le 16feurier. Preparation de lalbumine. Versez vos blancs d'ceufs , sortaiufc dela coquille, dans une eprouvette, et ajoutez , par 100 centime*, cubes du volume, 1 gramme d'iodure de potassium ordinaire, priS: dans un flacon dans lequel on aura projete quelques grains d'iode pour que celui-ci soit reste" en exces. Onevite ainsi les points noirs COSMOS. 541 si desespeloppe>s le plus promptement possible; mais, pour hater le developpement, il faut se garder d'employer tine solution plus forte de nitrate d'argent, qui alte'rerait 1'image; quand le developpement est trop lent , il reste a la surface de 1 £- preuve un depot mtHallique qui lui enleve sa transparence et produit un aspect desagr^able. Dans un preambule a sa lecture , M. Negretti , pour faire res- sortir les avantages de l'albumine, avait cite" 1'exemple de M. Fer- rier , qui , dans une excursion en Italie , a pris en deux mois 270 images ste>3oseopiques doubles (sixieme de plaque) ; et 90 vues sur plaque entiere, de 9 pouces sur 7. Os 360 negatifs ont tous donne" des positifs vraiment admirables : ce sont ceux que M. Jules Duboscq verse dans le commerce en si grand e quantite, et quipro- duisent un effet vraiment merveilleux. — M. Mayall, qui assistait a la stance, s'empresse de recon- COSMOS. 545 naitre que le proc&le par lequel M. Negretti developpe l'image est le meilleur de ceux qu'il a employes ou vu employer jusqu'ici ; mais il croit devoir engager fortement son confrere a adopter le perfec- tionnement qu'il a propose, et qui consiste a faire en sorte que la pla- quesoitrecouverteasasurfaced'unexcesd'iode.avantqu'onlaplonge dans le bain de nitrate d'argent. II pehse aussi que l'ad lition au bain sensibilisateur d'une petite quantite d'acide gallique a de grands avantages , puisqu'elle lui a permis de diminuer considerablement le temps de la pose, d'obtenir des epreuves en trente secondes avee un objectif d'un pouce d'ouverture, et de faire de tres-bons portraits stereoscopiques sur albumine. M. Mayall ajouta qu'il essayait en ce moment un procede de collodion sec qui remplacerait , avec de tres-grands avantages , le procede a l'albumine. V Athceneum an- glais, du 12 mai, nous apporte ce procede, et nous nous empressons de le publier : PHQTOGRAPHIE SUK COLLODION SEC. On excite le collodion ordinaire de la manieresuivante : 1° iodure de cadmium, 3 grains (195 milligr.); chlorure de zinc, 1 grain (65 milligr.) ; collodion , 1 once (30 grammes); alcool , 1/2 once ( 15 grammes) ; ou 2° iodure de zinc, 3 grains (195 milligr.) ; bro- mure de cadmium, 1 grain (65 milligr.) ; ou 3° iodure de cadmium, 2 grains (128 milligr.) ; bromure de cadmium, 1 grain (65 millig.); bromure de fer, l/60e de grain (1 milligr.) ; bromure de calcium, l/20e de grain (3 milligr.). On dissout les agents chimiques dans l'aleool , et on les mele au collodion. Pour le bromure de fer, on dissout 1 grain de ce sel dans 1 drachme (18 decigr. d'alcool) , et Ton prend 1 grain (65 milligr.) de la solution. Pour le bromure de calcium, on dissout 3 grains (195 milligr.) dans 18 decigr. d'alcool, et Ton prend 1 grain (65 milligr.) de la solution; on laisse reposer le collodion excite pendant quelques jours, et on le decante avant de sen servir dans un vase sec, pour eviter tout depot. On prepare en outre le bain sensibilisateur suivant , que M. Mayall appelle a tort bain d' albuminate d'argent, qu'il faut appeler simplement bain d'argent albumine : Eau distillee, 16 onces (500 gr.) ; albumine, 1 once (30 gr.) ; nitrate d'argent neutre , 1 once 1/2 (45 gr. ) ; acide acetique cris- talliMi, 1 once 1/2 (45 gr.); iodure de potassium, 2 grains (128 gr.) On mele d'abord parfaitement l'albumine et l'eau ; on ajoute ensuite l'acide acetique cristallise ; on remue et on laisse reposer trois heures ; on ajoute le nitrate d'argent en cristaux , on remue ; *> fc6 COSMOS. on filtre et on laisse reposer vingt-quatre heures ; on ajoute enfin l'iodure de potassium, on filtre de nouveau, et le bain est pret. On recouvre la plaque comme de coutume , avec le collodion excite\ et Ton se sert du bain albumine\ comme on le fait d'un bain d'ac£to-nitrate ordinaire ; on plonge la plaque sortie de ce bain pen- dant cinq minutes dans un second bain de l'eau distilled ; on lave de nouveau la face alhuminee avec de l'eau distille'e ; l'autre face avec de l'eau ordinaire; puis on installe la plaque verticalement dans un lieu a l'abri de la poussiere, pour la faire seeher: elle con- serve sa sensibilite pendant au moins trois semaines. Le temps de l'exposition doit durer de deux a dix minutes, suivant l'lntensite" de la lumiere, l'ouverture de l'objectif ou du diaphragme, etc. En la retirant de la chambre obscure, on la met de nouveau dans le bain d'argent albumin^, et on l'y laisse trois minutes. On developpe l'image avec : proto-sulfate de fer, 6 grains (4 deoigr.); eau distille'e, 1 once (30 gr.); acide acetique cristallise\ 1 drachme (18 decigr.) On lave et Ton fixe avec : cyanure de potassium , 1 partie ; eau, 20 parties. M. Mayall ajoute : Le collodion sec est aussi rapide dans la cham- bre obscure que l'albumine : ce serait trop peu, il nous semble ; ce serait perdre tous les avantages du collodion. Le bain d'argent albu- mine ne doit pas rester expose a la lumiere diffuse, non plus que la solution a l'aide de laquelle on developpe l'image. — Voici que , d'un autre cot£, le procede a l'albumine recoit un perfectionnement considerable. M. James Ross (d'Edimbourg) , photographe ^minemment habile, a communique a X Art Journal un moyen tres- simple d'etendre l'albumine sur les plaques de verre : Tenez la plaque de verre bien nettoyee pendant quelques secondes au-dessus de la vapeur qui s'eehappe d'un vase rempli d'eau bouillante : pendant que la plaque est encore humide, versez sur elle de l'albumine en quantity suffisante ou meme en exces : vous verrez quelle coulera sur la plaque avec une tres-grande faci- lity , et s'y r^pandra tres-uniformdment , quelque large que soit la plaque. Ce moyen est aussi efficace qu'U est simple, et il ne reste plus qua faire secher la plaque avec quelque soin , en la faisant tourner sur elle-meme devant le feu pour que tout soit fini. On pre- pare de cette maniere des plaques albuminees avec plus de certi- tude et autant de rapidity que les plaques collodionnees. ASSOCIATION METEOROLGGIQUE Reponse du president et du conseil de la Societe' Royale de Londres. (Fin). VII. O rages. On sait que dans les hautes latitudes des hemispheres nord et sud, les orages sont tout a fait inconnus; et Ton est porte" a croire qu'ils sont tres-rares dans les parages de l'Ocdan, qui sont a grande distance des continents. Par une classification appropriee et l'arran- gement convenable des documents qui seront recus plus tard par le Bureau du commerce, on pourra, avec le temps, dresser des tables statistiques qui mettront en evidence la frequence relative de ces phenomenes dans les diverses regions de l'Oc6an et dans les divers mois de l'annee. On sait qu'il est sur le globe des locality ou, pendant certains mois de Tann^e, les orages avec tonnerre peuvent etre considered comme un phenoinene periodique se reproduisant regulierement chaque jour. Sur les montagnes de Port-Royal dans la Jama'ique, par exemple, le tonnerre gronde chaque jour vers midi depuis le milieu de novembre jusqu'au milieu d'avril. II est grandement a d£sirer que Ton obtienne une description complete et ddtaill^e de ces tempetes orageuses, et des circonstances dans lesquelles elles se produisent. En enregistrant les phenomenes de tonnerre et de foudre , il importe de noter la duree de l'intervalle entre les Eclairs et les eclats de tonnerre qui les suivent. On y parviendra sans peine a l'aide d'une montre a secondes, a l'aide de laquelle on estimera l'instant de l'apparition de l'^clair et l'instant de la naissance du bruit. Cet intervalle entre l'^clair et le bruit varie entre des limites tres-£ten- dues ; une seconde et 40 ou 50 secondes, quelquefois meme il ex- cede 50 secondes. II faut distinguer et noter a part les deux sortes d' Eclairs, Eclairs en zigzag ou contournes, eclairs en nappe. II faut dans l'observation et l'enregistration faire attention au cas rare ou l'eclair en zigzag se bifurque ou retourne en haut. II faut encore noter avec soin les cas ou les eclairs et le tonnerre, soit separes, soit ensemble, apparaissent dans un ciel parfaitement serein. On devra enfin enregistrer a part les cas de tonnerre en boule : leur nature est certainement la meme que celle des eclats de foudre ordinaire, mais ils en different non-seulement par leur forme globulaire, mais par leur durde qui les rend longtemps visibles, et par leur deplace- ment tres-lent. On affirme qu'ils se montrent quelquefois hors des circonstances qui accompagnent ordinairement les orages, et meme 548 COSMOS. par un ciel tout a fait serein. Les paratonnerres sont wtaintenant si universellement employes sur les navires, qu'il est presque superflu de faire remarquer que, dans le cas ou un observateur verra la foudre Plater sur un navire, il devra decrire dans les details les plus circonstancies ce dont il aura ete temoin, les degats que la foudre aura occasionnes, etc. ; et d'avertir le navigateur qu'il est toujours prudent, apres que le navire a ete ainsi frappe, de verifier les bous- sol'es et de s'assurer que leur, magnetisme n'a pas ete altere. Lors- que le tonnerre a eclate' sur terre, les meteorologistes places dansle voisinage du lieu de l'accident doivent s'empresser de prendre tous, les renseignements sur les circonstances qui ont accompagne la chute de la foudre. VIII. Aurores boreal es et etoiles filantes. Les aurores boreales sont si rarement visibles dans les mers fre- quences par les navires du commerce, qu'il est presque inutile d'm- diquer comment elles doivent etre observers en mer ; et d'un autre cote les Observatoires sont a cet egard abondamment pourvus d'insr tructions detaillees a, terre. Disons seulement qu'il est a desirer que les rapports meteorologiques fournis par les capitaines de navire contiennent toujours I'indication de l'heure et le lieu de 1' apparition de l'aurore boreale et les particularity de forme dignes d'attention. M. le professeur Heis a redige une instruction excellente et detaillee sur les donnees a recueillir relativement aux etoiles filantes. M. Bravais, dans YAnnuaire meteor ologique de France pour 1851, a publi6 aussi pour l'observation des Halos, Parhelies, Anthelies , Couronnes, etc. des instructions qui ne laissent rien a desirer. IX. Cartes des variations magnetiques . Quoique les variations des boussoles ou compas marins ne soicnt pas strictement du domaine de la m^teorologie, elles ont 6te com- prises avec beaucoup de raison dans le programme des conferences de Bruxelles, et elles doivent par consequent trouyer place ick II est a peine necessaire de faire remarquer que, quelle qu'ait pu etre la pratique ancienne, alors que les phenomenes du magnetisme ter- restre etaient beaucoup moins connus qua present, on doit a 1 ave- nir regarder comme indispensable de construire les cartes des va- riations pour une epoque particulate et determinee ; et de faire en sorte que toutes les donnees de la carte indiquent les variations correspondantes a V epoque pour laquelle elle a ete construite. A COSMOS. 549 chacune de ces cartes doit etre jointe une table indiquant la valeur annuelle approche'e des changements seculaires des variations pour les diffeVentes latitudes et longitudes que la carte embrasse, de telle sorte qu'au moyen de cette table les variations inscrites sur la carte pour une latitude et une longitude donn^es, puissent etre cor* rogues pour une epoqae differente de celle a laquelle la carte se fap- porte. Le Bureau du commerce rendrait un tres-grand service a cette branche importante de l'hydrographie, s'il publiait a intervalles de- termines, pour les Oceans atlantiques nord et sud, pour les Oceans pacifiques nord et sud; pour 1' Ocean indien, pour les autres mers frequenters par les navires de l'Etat et du commerce des cartes de variations magne'tiques , corrig£es des variations seculaires qui se sont produites depuis la derniere publication. Les materiaux neces- saires a la construction de ces cartes seront fournis par les obser- vations faites dans la campagne qui commence ; en supposant qu'elles ont ete" convenablement recueillies et coordonn^es, avec in- dications exactes de la date et de la position geographique, avec renvoi aux rapports originaux contenant les donnees qui ont servi a la reduction des observations. On pourra aussi, a. l'aide de ces memes observations, modifier de temps en temps les coefficients de correction approchee relatifs aux variations seculaires, qu'on a re- connu etre elles-memes variables. Toutes les variations observees , reduites, calculees, employees comme donnees d'apres lesquelles les cartes des variations magn£- tiques sont dressees ou corrig^es , doivent etre accompagne'es des autres elements necessaires pour corrigerles variations relevees avec la boussole des erreurs qui naissent de l'influence des coques en fer. H est tres-strictement recommande de n'admettre comme donn£e pour la formation ou les corrections des cartes de variations, au- cune observation qui ne soit accompagnee d'un 6tat detaille des principaux elements del'observation et du calcul. On devra fournir aux navires les modeles des tableaux a remplir dans ce but, ou mieux encore , des registres en blanc dans lesquels ils puissent inscrire les observations brutes et faire le calcul necessairea la re- duction de l'observation. De semblables registres seront extreme- ment utiles, tant pour la variation des aiguilles aimantees que pour la longitude observee avec le chronometre, ou deduite des observa- tions lunaires, si tant est, ce qui serait beaucoup a regretter, que Ton n'ait pas compl£tement renonce- aux observations lunaires. ASTRONOffilE. Nous trouvons dans le rapport du conseil de la Soci^te royale astronomique de Londres, lu dans la stance publique annuelle du 9 feVrier dernier, un expose" complet de tous les evenements et tra- vaux astronomiques de 1854, nous allons le r&sumer rapidement. Au ler fevrier la Society royale comptait 464 membres dont 151 membres titulaires residents, 186 contributeurs annuels ou membres amateurs, 61 membres non residents, 6 patrons ou membres ho- noraires, 60 associes (Strangers. Ses recettes ont <§te d'environ 31 000 fr., ses depenses d'environ 23^000 fr. Le 23« volume de ses memoires qui vient de paraitre contient, entre autres travaux importants, un catalogue des ascensions droites de plus de mille erodes, observers et reduites par lord Wrottesley. La Society a perdu en 1854 trois associes Grangers ; le baron de Lindenau, le docteur Petersen, M. Mauvais ; et sept de ses mem- bres : MM. Blackwood, Riddle, Saint-John, Scott, Snow, Wildig et Whittaker. Nous regrettons de ne pouvoir, faute de place, re- produce les notices n^crologiques sur la vie et les travaux de ces dix astronomes ou amateurs d'astronomie. Nous n'en dirons que quelques mots. Le baron de Lindenau dtait ne a Altenbourg le 11 juin 1750; il est mort le 21 mai 1854. II fit la campagne de 1814 et fut apres la paix nomme premier ministre des deux duches de Saxe-Altenbourg et Saxe-Gotha; a la mort du baron de Zach, il £tait devenu directeur de l'observatoire de Seeberg et editeur du journal connu sous le nom de Monatliche correspotidenz, corres- pondance mensuelle. Ce fut a son grand regret qu'il se vit enleve' a l'astronomie pour devenir tour a tour commandant des armdes et homme d'Etat; des qu'il put prendre sa retraite il revint a ses Etudes favorites. C'^tait eminemment un homme de bien et un chretien fervent; il a laisse en mourant 90 000 thalers (pres de 300 000 fr.) aux institutions charitables d'Altenbourg et de Gotha. Adolphe Cornelius Petersen naquit le 23 juillet 1804, d'un fermier de Vester-Bau dans le Schleswig; il fut pendant vingt- quatre ans, de 1815 a 1840, assistant de l'observatoire d'Altona, sous la direction du celebre Schumacher, auquel il succ^da provi- soirement comme observateur et r^dacteur des Astronomiche Nach- richten; il a d^couvert trois cometes. Bessel en mourant le char- gea de terminer le travail delicat et difficile de la reduction des declinaisons des erodes fondamentales observers avec le cercle m6- ridien de Repsold. Petersen observait et calculait avec une tres- COSMOS. 551 grande habileti; sa vie privee fut dminemment calme et heureuse. Sa droiture et son d6sint£ressement le faisaient aimer et respecter de tous. Nous n'extraierons rien de la notice de M. Mauvais, bien connu de nos lecteurs. Francois Price Blackwood etait capitaine de la marine royale a 27 ans ; il est mort a 45 ans, alors qu'il donnait comme naviga- teur et comme observateur habile a bord d'un navire les plus bril- lantes esperances. Edouard Riddle, ne en 1788 a Troughend, avait en Angleterre une grande reputation comme professeur de navigation et d'astro- nomie nautique ; le traite" qui servait de texte aux legons qu'il don- nait a l'Ecole royale math^matique de Greenwich, qu'il dirigea de- puis 1821 jusqu'en 1851, est le plus classique et le plus estime en Angleterre ; il est mort le 31 mars 1854. Saint-Andrew Saint-John etait un jeune lieutenant du ge"nie de 27 ans, passionne" pour l'etude des mathematiques, et devant lequel s'ouvrait la plus brillante carriere ; il est mort a Plymouth le 21 septembre 1854. II avait deja publie quelques mdmoires sur l'equi- libre des combles d'edifices et des arches de ponts, ainsi que sur la gnomonique. William Scott, ne en octobre 1800, mortle 8 juillet 1854, pro- fesseur de mathematiques au college royal militaire de Sandhurst, examinateur des candidats aux commissions ou brevets d'officiers de l'armde anglaise, a laisse des traites de mathematiques el£men- taires et sp^ciales tres-estim^s. Robert Snow, fils d'un riche banquier, s'elait cree un observa- toire prive dans sa residence d'Ashurst, il y a fait pendant plusieurs anndes des observations regulieres ; personne ne suivait et ne d£- crivait avec plus de precision que lui toutes les particularity des occultations des etoiles par la lune; il alia en Suede, il y a quelques ann£es, observer l'eclipse totale du soleil. George Burgess Wildig et John William Whittaker dtaient deux ministres protestants, grandement estimes par l'^tendue de leurs connaissances, leur amour du progres, l'influence considerable qu'ils exercaient. La reconnaissance officielle de la perte des navires Y Erebus et le Terror, commandos par sir John Franklin et le capitaine Crozier, dans leur expedition arctique, et la radiation officielle du nom de ces illustres navigateurs des cadres de rAmrraute, ont force" la Societe royale astronomique de les compter au nombre de ses morts. 552 COSMOS. Aprescetbommage rendu aceux de ses tnembres quilui ont &£ enlevfeen 1854, le rapport du conseil £numere lestravauxaccomplis dans les observatoires de l'Angleterre pendant cette meme ann£e. A Greenwich, rien de bien nouveau : toujoursla meme assiduity, le meme zMe, la meme ardeur. Les observations des passages au me>idien ont £te" enregistrees pour la premiere fois par l'appareil e'lectro-magnftique, le 27 mars 1854 ; et a part de courtes et rares iriterruptions causdes par des derangements accidentels, ce mode d'enregistration, avec un micrometre a neuf fils, a constamment ete" employe avec le plus grand succes; il est tres-certainement supe- rieur au mode ancien par l'application simultanee de Toreille et de l'ceil, et tout fait esperer que les erreurs personnelles des clivers observateurs seront desormais comprises entre des limites tres- resserrees. Le temps de l'observatoire est transmis electriquement au port de Deal et signaled aux navires par la chute d'un ballon. Le r^sultat dc^finitif de la determination electrique de la difference de longitude entre Greenwich et Bruxelles est 17m 28", 90; il differe de 1",13, du resultat obtenu autrefois par MM. Sheepshanks et Quetelet, a I'aide de chronometres. Nous avons deja rendu compte tres-longuement dans le Cosmos de la grande operation de meme nature executee entre Greenwich et Paris, ainsi que des recherches de M. Airy sur la pesanteur dans les mines de Harton; nous n'avons done pas a y revenir. — A Oxford, dans l'observatoire de Radcliffe qu'il dirige avec line superiority incontestable, M. Johnson a surtout applique" son heliometre a la determination de la parallaxe de la 61e du cygne et de l'6toile 1830* du catalogue de Groombridge. II ne reste plus aucun doute aujourd'hui sur la parallaxe de la premiere de ces e*toiles, la 61' du cygne; elle est egale a 0",392, avec une erreur probable de 0",015; toutes les observations s'accordent a donner le meme chiffre. II n'en est pas de meme pour 1830 de Groombridge, lee incertitudes sont encore tres-grandes, d'autant plus grandes que les observations assignent a l'une des etoiles de comparaison une pa- rallaxe plus grande. M. Johnson a trouve pour 1830de Groombridge — 0",26 quand on la comparait a une premiere etoile, -]-0",18 quand on la comparait a la seconde etoile ; M. Wichman etait ar- rive, par les comparaisons avec les memes etoiles, aux deux nombres 0",72; 1",17; la difference, on le voit, est £norme. Le conseil de la Societe incline a croire que les probability sont en faveur de la determination de M. Johnson. Cet in fati gable astronome a termini la grande serie d'observations n^cessaires a la confection de son ca- COSMOS. 55i talogue des dtoiles circompolaires; il n'est parvenu qu'avec beau- coup de peine a e^iminer certaines sources d'erreurs qui renda;ent trop faibles de 1 •", 25 les distances aupolenord. AidedeM. Ronalds, qui a preside a la construction des appareils, et de M. Crookes, photographe eminent qui fait les observations, il est parvenu a faire enregistrer reguliereinent par la lumiere dans son observatoire, les indications du barometre et du thermometre^ M. Pogson, qui n'esfe pas assistant titulaire, a bien voulu consacrer tous sea. loisirs a l'.observation des petites planetes aux points importants de leurs orbites, avec l'equatoriale de 10 pieds. de longueur focale et un mi- crometre annulaire; a la determination de la periode de plusieurs £toiles variables connues; a la.decouverte de nouvel'es etoiles var riables; a la construction de nouvelles cartes de l'ecliptique oil il a su fondre habilement les cartes de Berlin et celles de M. Bishop. A Cambridge, M. le professeur Cballis a. fait de longues series d' observations et de caiculs, dans le but. d'arriver a exprimer en nombre 1'infiuence que la forme des pivots de la lunette de passage exerce sur la determination du temps par les observations meri- diennes : il a enfin reussi a ediminer les erreurs, et faisunt une pre- miere application des nombres obtenus au calcul definitif de la dif- ference de longitude entre les observaloires de Cambridge et de. Greenwich, que Ton avait ete force d'ajourner, apres la campagne de telegraphie electrique, il trouve pour cette difference 22", 70, chiffre qu'il faudra desormais adopter, et qui differe de 8 dixiemes de secondes en moins de la longitude donnee par les anciennes methodes. L'eHe dernier, M. Challisa etudie un plan nouveaud' installation. de collimateurs, dans le but d'apprecier l'influence de la flexion dans les observations avec son cercle mural. Cumme cet instrument a de grandes dimensions, 8 pieds de diametre, l'effet de l'alteration de forme causae par le poids des diverses parties est tres-sensible. On avait essaye jusqu'ici d'ediminer cette source d'erreurs par la com- parison des observations d'une meme etoile vue directement et pac reflexion; mais cette methode, bonne en general, se trouve en defaut ou devient incertaine toutes les fois que l'etoile est elevee de moins de 25 degres au-dessus de l'horizon. M. Challis va installer tres-prochainement deux collimateurs construits par MM. Simms, dans des conditions telles qu'ils pourront servir a. fixer rigoureuse- ment la direction de l'axe optique de l'instrument dans toutes les positions oil les observations devront se faire. Si ce procMe reussit, on cessera d'observer les e'toiles par reflexion ; ce qui entraine une 554 COSMOS. grande perte de temps. Ou mieux, on n'observera par reflexion que les etoiles peu distantes de la verticale du zenith, afin que la deter- mination du point zenith ne d£pende pas uniquement de la lecture microscopique des divisions d'une portion du cercle. M. Challis fait poursuivre incessamment l'oeuvre de reduction des observations meridiennes des Etoiles voisines de l'&diptique , contenues dans l'histoire celeste et le catalogue que Weisse a extrait des zones de Bessel : on a d^couvert dans les positions donn^es par ces cata- logues un nombre considerable d'erreurs, dont plusieurs existent aussi dans le catalogue de 1' Association britannique. Dans son observatoire de Red-Hill, M. Carrington, fidele au plan qu'il s'e'tait propose\ a termine" sa carte des erodes situ^es a moins de 4 degres du pole nord : les dtoiles dont il a determine' la position par au moins quatre observations sont au nombre de 709 ; il a re- jete* cedes au-dessous de la dixieme grandeur et demie, parce qu'elles ne supportaient pas le degre d'illumination des fils n^cessaire a des observations exactes. Dix-neuf des erodes observers sont a moins de 40 minutes du pole ; la plus voisine , appartenant a la seizieme heure, n'est eloigned du pole que de 5', mais elle n'est que de la dixieme grandeur et demie; le compagnon de la polaire est un peu au-dessus de la dixieme grandeur. M. Carrington con- tinue a observer et a dessiner la position des taches du soleil dans toutes les circonstances favorables. En 1854 , sur 153 jours d'ob- servations , trente n'ont presents' aucune tache ; le nombre des noyaux et des taches isolees observees est de 328; on a fixe leur position a une minute d'arc pres au moyen de la longitude et de la latitude heliographiques. Ces observations seront soumises a une discussion approfondie. (La suite au prochain nume'ro.) Le 11 avril dernier, vers 11 heures du soir, M. Schweizer de Moscou a decouvert une petite comete telescopique ayant pour as- cension droite 184°,40', pour d^clinaison — 17°,20'. La variation diurne etait en ascension droite — 35', en declinaison -f- 55'. — M. Goldschmidt nous communique a l'instant ses elements: Temps moyen de Greenwich', 24,041, Janvier 1855. Longitude du perihelie 232° 49' 13",5. Longitude du nceud ascendant 189° 39' 53", 5. Inclinaison 50° 56' 16". Logarithme de la distance moyenne , 0,3263736. Mouvement retrograde. ACADEMIE DES SCIENCES. SEANCE DU 1 4 MAI. M. de Gasparin lit un memoire de theorie a la fois et d'obser- vation relatif a l'influence de la chaleur sur le deVeloppement de la vegetation. C'est la question si importante et si delicate que nous avons souvent deja discutee dans le Cosmos , et il nous a semble" que M. de Gasparin ajoutait peu a ce que nous avons dit en ana- lysant la derniere note de M. Quetelet, lle livraison du volume actuel, pages 304 et suivantes. Ses observations mettent hors de doute le fait capital, evident du reste par lui-meme, de l'influence de la chaleur sur le developpement des plantes, leur floraison, la maturity de leurs graines, etc., etc. Elles confirment cet autre fait non moins certain, que pour chaque plante la chaleur necessaire a son developpement est exprimee par un nombre sensiblement cons- tant; il en resulte enfin que le developpement de la plante n'est pas en rapport seulement avec la quantite totale de chaleur recue ; qu'il faut necessairement, comme M. Quetelet l'a si souvent rappele, tenir compte du temps pendant lequel cette chaleur a ete re9ue, des circonstances locales, geographiques, individuelles, etc., etc. Mais M. de Gasparin a voulu aller plus loin, il a essaye" de prouver que la theorie d'Adanson, que lui et M. Boussingault ont depuis longtemps adoptee, et qui mesure l'influence de la chaleur par la somme des temperatures diurnes moyennes, approche plus de la ve>ite que la theorie de M. Babinet, qui mesure cette meme in- fluence en multipliant la temperature moyenne par le carre" du nombre des jours; que la theorie de M. Quetelet, qui donne pour expression a l'influence de la chaleur la somme des carr£s des tem- peratures diurnes. Nous ne rentrerons pas aujourd'hui dans la dis- cussion de ces trois theories, M. Quetelet rejpondra sans aucun doute aux objections de M. de Gasparin, et nous reproduirons sa reponse. — M. Babinet, mis en cause par son honorable confrere, a main- tenu son expression mathematique, rt>sultat, dit-il, d'une integra- tion que l'analogie autorise. Nous l'entendons ensuite formuler une doctrine moitie fataliste, moitie providentielle, dont il nous a sou- vent entretenu, sur la maturation des graines des plantes annuelles, bisannuelles et vivaces. Les plantes qui doivent mourir dansl'annee s'arrangent toujours, dit-il, de maniere a murir leurs graines avant d'expirer; les plantes qui ont du temps devant elles ne se pressent pas de grainer. Si la crainte de n'avoir pas compris cette formule, 556 COSMOS. qui cache sans doute un sens profond sous sa forme trop naive, ne nous retenait pas, nous ferions remarquer au savant acad^micien que la raison qui constitue la plante a. l'£tat de plante annuelle, bisannuelle ou vivace, est pr£cisement la raison qui lui fait murir ses graines dans la premiere annee de son developpement ou au dela de cette ann^e; que l'art venant en aide a la nature, peut transformer une plante, le ble, par exemple, de plante annuelle en plante bisannuelle, et peut-etre meme vivace. Nous serions bien heureux de recevoir a cet egard quelques explications. M. Babinet sait que les pages du Cosmos lui sont toujours ouvertes , qu'rl nous a souvent promis de les enrichir de ses apercjus aussi profonds qu'ingenieux, qui sont propres de son esprit chercheur. II a, pour une charmante fieur de la saison actuelle, le muguet ou lis de la vallee, convallaria maialis, le meme amour qu'un immortel astro- nome, Copernic; il n'a done pas manque" de profiter de l'occasion pour ramener sur le tapis l'objet de sa tendre predilection. II ra- conte que l'imperatrice de Russie adore aussi le muguet, que les dames de sa cour desiraient ardemment qu'il leur fut donne de pouvoir offrir chaque jour a leur souveraine un nouveau bouquet de la fieur au si doux parfum : elles ont pose aux fleuristes de Saint- Petersbourg ce difficile probleme qui a i'te" bientot resolu avec un succes complet. Apres quelques tatonnements, ils sont arrives a determiner avec une exactitude quasi-mathematique le temps que le muguet seme" dans une serre chauffee a une temperature donnee met a atteindre son developpement complet; ils savent le nombre de jours apres lesquels, lorsqu'il est sorti de la serre, il commence a se couvrir de fieurs ; rien alors n'est plus simple que de se pro- curer a jour et presque a heure fixe un bouquet de la fieur tant aimee. — M. Elie de Beaumont lit deux lettres par lesquelles M. le Ministre de l'instruction publique invite l'Academie a lui presenter deux series de deux candidats : la premiere pour la place d'astro- nome adjoint au Bureau des longitudes, devenue vacante par la mort de M. Mauvais ; la seconde pour la chaire d'anatomie com- paree au Museum d'histoire naturelle, en remplacement de M. Du- vernoy. Le candidat pr^sente en premiere ligne par le Bureau des longitudes est M. Yvon Villarceau, et il est a d^sirer que ce choix soit ratifie' par l'Academie. Le candidat presente par le Museum d'histoire naturtlle pour la chaire d'anatomie compareeest M. Serres, qui, au gran 1 regret d'un bon nombre de ses amis et des amis de la science , a definitivement renonce a la chaire d'anthropologie : COSMOS. 557 l'Acade'mie, sans aucun doute, pr&sentera aussi en premiere ligne M. Serres, elle ne peut guere faire autrement, en raison des egards quelle doit a ses membres et a l'eurs determinations meme incon- siderees ; M. Pierre Gratiolet demande a l'Acad^mie de 1" accepter pour son second candidat. Quand ces deux elections seront termi- nus, le Museum d'histoire naturelle et l'Academie auront encore deux candidats a designer pour la chaire d'anthropologie ; leur choix, sans doute, d'un accord commun et unanime, se portera sur M. de Quatrefages. — M. Maisonneuve lit avec un sentiment profond de confiance en son oeuvre , confiance parfaitement fondle, un memoire interes- sant sur une nouvelle methode de catheterisme et de guerison ra- dicale et instantane^e des retrecissements de l'uretre. II insiste sur- tout sur cette derniere methode, dont il a si substantiellement modifie, dit-il , le procede operatoire , qu'il en a fait une operation presque entierement nouvelle dans sa forme et dans ses resultats : ceux-ci depassent toutes ses esperances. Dans sa maniere d'operer, M". Maisonneuve peut se servir de tous les instruments imagines dans le meme but, quels qu'ils soient ; mais il a mieux reussi avec un simple tube cartel 6 de 3 millimetres de diametre , de 25 cen- timetres de longueur, muni d'une lame tranchante qui sort et rentrea volonte et saillit d'une longueur reglee a l'aide d'une vis. II introduit d'abord une bougie mince, et quand la bougie a penetre jusque dans la vessie , il visse sur elle le tube canele- ou tout autre instrument il incise profondement d'arriere en avant ou de dedans en dehors; tous les retrecissements a la fois ; la douleur ne dure qu'un instant et elle n'est pas tres-vive : il n'y a m hemorrhagie ni suppuration ; la cicatrisation complete se fait en quelques jours. L'habile chiiurgien cite entre autres l'observation d'un retrecissement qui datait de plus de trente annees, qui avait semble desespere a plusieurs des mai- tres de l'art , et dont il a triomphe dans une seule seance. Disons-le franchement, cette lecture de notre celebre compatriote et camarade de college avait laisse dans notre ameune impression de profonde tristesse. II rappelait les travaux des Velpeau, des Civiale, des Leroy-d'Etiolles , des Reybard , des Mercier; mais il laissait completement dans l'ombre , sans meme le nommer, M. Guillon , qui le premier, cependant, a appris a guerir par des incisions pro- fondes, faites d'arriere en avant, les retrecissements inveteres et meme pretendus infranchi^sables de l'ureire. En ecoutant le me- moire de M. Maisonneuve , nous retrouvions presque le rapport de M. Lagneau; c'est, non sans doute, dans l'agencement exterieur et 558 COSMOS. le tour de main qui sont tout a fait neufs ; mais c'est au fond la meme operation , ce sont les monies resultats merveilleux. Nous avons fait appel a la loyaute* bretonne de notre ami , et il nous a dit que s'il n'a pas parle- de M. Guillon, e'est parce qu'il n'a pu voir nulle part l'uretrotome de cet habile praticien. Nous avons mieux compris dans cet entretien tout ce qu'il y a d'ing£nieux dans la nouvelle methode de cathetensme ; comment elle complete et perfectionne tous les preceded. Nous y reviendrons. — L'ordre du jour appelle l'election des deux candidats que l'Academie doit presenter pour la chaire d'histoire naturelle des etres organises, au College de France. Ala premiere election, le nombre des membres votants est de 49 ; au premier tour de scru- tin, M. Flourens obtient 46 suffrages, contre 1 donne" a M. Valen- ciennes, 1 k M. de Quatrefages, 1 a M. Constant Prevost. M. Flourens, ainsi que nous l'avions prevu et annonce, est done nomine* premier candidat de l'Academie a une majority immense qui equivaut presque a l'unanimite\ — A la seconde election , sur 48 votants, M. Valenciennes obtient 43 voix et devient le second candidat; 3 voix seulement ont d^signe M. de Quatrefages, qui avait renonce a sa candidature ; il y avait un billet blanc. — Dans une note tres-courte, M. le docteur Herpin appelle de nouveau l'attention de l'Academie sur les effets physiologiques et therapeutiques de l'acide carbonique, administre dans differents eta- blissements thermaux, sous forme de bains, de douches, d'injec- tions, etc. II demerit surtout les effets physiques produits par le gaz sur l'ocil inalade ; c'est d'abord un picotement assez vif , puis une chaleur brulante, des larmes abondantes, etc., qui ont pour resultat l'amelioration prompte et sensible de la vue. — L'Academie procede ensuite a la nomination d'une commis- sion de neuf membres, charged de juger les memoires envoy^s au concourspour les prix Monthyon de medecine et de chirurgie; les membres qui ont obtenu la majorite des suffrages sont : MM. Serres, Bernard, Andral, Velpeau, Rayer, Dumeril, Magendie, Flourens et Milne Edwards. Nous avons ete d'abord quelque peu surpris de voir l'Academie proc^der a cette nomination, en raison d'une circonstance dont nous- n'avons pas encore entretenu nos lecteurs. — Un decret en date du 14 avril anporte des modifications assez profondes a l'organisation de l'lnstitut de France et des cinq aca- demies qui le composent, nous en citerons les dispositions fonda- mentales. COSMOS. 559 « Conside'fant que la protection des arts, des sciences et des let- tres est un privilege essentiel de la couronne; Considdrant que pourfaire concourir utilement l'lnstitut imperial de France a 1'exercice de cette prerogative, il importe d'approprier ses statuts a l'ordre que nous avons etabli dans l'Etat ; Consid^rant que l'interet de la science reclame l'accomplissement des grands travaux confies a l'lnstitut, notamment en ce qui con- cerne le dictionnaire des beaux arts, les statistiques et les docu- ments relatifs aux anciennes epoques de notre histoire ; Avons decree" et d^crgtons ce qui suit : Art. 1. La seance publique annuelle commune aux cinq classes de l'lnstitut imperial de France aura lieu le 15 aout, jour de la Saint-Napoleon. Art. 2. L'epoque et l'ordre de toutes les stances publiques parti- culieres aux cinq academies, seront regies par decision speciale de notre Ministre de l'instruction publique et des cultes, qui demeure charge, pour chaque academie, de toutes les dispositions enoncees au second paragraphe de l'art. 4 du reglement du 21 juin 1816. Art. 3. Les concours des prix a decerner, soit par chacune des academies, soit par les academies r£unies seront juges suivant les formes determines par l'art. 3 de l'ordonnance du 3 mars 1824. Toutefois, en ce qui concerne les prix fond^s par des particuliers, le concours sera jug6 suivant les regies fixers par les decrets ou or- donnances d'acceptation. Art. 4. Dans la seance publique commune aux cinq academies, un prix d'une valeur annuelle de dix mille francs sera, tous les trois ans, ddcerne, en notre nom, a l'ouvrage ou a la decouverte que les cinq classes aaront juge le plus propre a honorer ou a servir le pays. Le jugement sera rendu conformement aux disposition's de l'article precedent. Ce prix sera d^cerne pour la premiere fois le 15 aoiit 1856, entretous lesauteurs des travaux signales dans les cinq dernieres ann£es. ^ Art. 5. Un rapport annuel sur l'etat des travaux confie's par les reglements a chacune des cinq academies, sera re"dige conformdment a l'art. 40 de la loi du 15 germinal an IV et arrete" en assemblee generate de l'lnstitut. II nous sera presente par notre Ministre de l'instruction publique et des cultes. Art. 6. Les fonctionnaires prose's a la bibliotheque et aux dif- ferents services de l'lnstitut, seront nommes par notre Ministre de l'instruction publique et des cultes, qui reglera 1'emploi des fonds affectes par le budget au traitement de ces fonctionnaires. » 560 COSMOS. — L'article 3dece decret relatif a l'lnstitutporte que les concours des prix a deeerner soit par chacune des academies, soit par les academies reunies , seront juges suivant les formes determinees par l'art. 3 de l'ordoiwiance du 3 mars 1824 : or cet article 3 est concu en ces termes : • Le concours sera juge par une commission desept membres de l'academie iormee : lu de quatre academiciens d£signes par nous ; 2° des trois officiers composant le bureau pen- dant le trimestre de Janvier. C'est cet article qui devient desormais la regie generate. Ainsi, sauf 1' exception stipulee pour les prix fondes par des particuliers, les concours de recompenses academiques seront a l'avenir juges par les trois membres composant le bureau pendant le premier tri- mestre de l'annee, et par quatre academiciens nommes par le gou- vernement. L'art. 6 dunouveau decret portait que lesfonctionnaires prepos^s a la bibliotheque et aux differents services de l'lnstitut, seraient a l'avenir nommes par M. le Ministre de 1'instruction publique ; celui- ci a immediatement constate son droit par un arrete du 17 avril qui maintient dans leur poste les fonctionnaires actuels. En consequence de ce decret, nous avions pense que cette annde les prix Montbyon seraient juges et decernes par une commission composee de trois membres du bureau et de quatre academiciens nommes par le gouvernement ; mais sans doute que le mode ancien de nomination de la commission est regie et fixe par les decrets ou ordonnances d'acceptation des legs de l'illustre philanthrope. — La correspondance, depomllee par M. Elie de Beaumont, ne presente aucun interet , et si nous l'analysions, nous n'aurions a oflfrir a nos lecteurs qu'une nomenclature de noms propres, souvent estropies. Malgre l'attention la plus hero'ique, ll nous a ete absolu- ment impossible de saisir au passage, soit une nouvelle que nous n'ayons pas donnee ailleurs, soit une idee quelque peu feconde. La fete de 1' Ascension nous force d'ailleuis a precipiter notre redaction ; nous nous arretons done ici, sauf a completer plus tard notre compte rendu, si tant est que nous ayons omis quelque fait interes- sant. A. TRAMBLAT, proprietaire-gerant. PARIS. IMrRlMERIK DE W. REMQUET ET C'e, R'JE GARAKC1ERE , 5. T. VI. 25 MAI 1 855. QUATRIEME ANNEE. COSMOS- NOUVELLES ET FAITS DIVERS. La base de verification de la grande triangulation de la Penin- sule (Indes anglaises), commencee en septembre 1852, vient d'etre terminee. La triangulation elle-meme tut commencee en septem- bre 1800 par le colonel Lambton, qui l'a dirigee pendant plus de vingt ans. — Un photographe anglais, qui quittera sous peu la Crimee, va rapporter au British Rluseum 800 vues de Sevastopol et de son voisinage. On cite entre autres une grande vue panoramique, prise du sommet de la colline Chatchard et qui represente la ville entiere avec ses fortifications. — M. Jobard a fait part a la Soci£te d' encouragement dans sa derniere seance d'une d£couverte qui a vivement interesse 1' as- semble. Bien que le caoutchouc vulcanise" soit applicable a. une foule de choses, et qu'il soit, comme l'a dit M. Jobard, le cartilage de la m^canique dont nous ne possesions que le squelette, on ne s'atten- dait pas a en voir tirer de la musique. Les notes produites dans un tube elastique analogue au larynx ■se rapprochent beaucoup de la voix humaine et acquierent une gra- vite remarquable a cause de la lenteur des vibrations ; un tube d'un metre produit un son pareil a celui du tuyau d'orgue de 32 pieds, sans exiger une depense d'air aussi considerable. En armant son tube d'un pavilion de cuivre et en le balan^ant dans l'air, il imite le son lointain d'une grosse cloche en branle, et comme on peut le mettre d'accord avec l'orchestre et l'etablir en carillon, il sera de grand secours pour les compositeurs dramatiques. La nouvelle anche en caoutchouc qui fonctionne egalement comme soupape hydraulique et r^gulateur de gaz , ne tardera pas a trouver de nombreuses applications dans les arts et l'industrie. L'inventeur a produit une autre petite anche a bouche qui donne une echelle chromatique complete, s'elevant jusqu'aux sons micros- copiques imperceptibles a 1'oreiJle nue. II se lormera sans doute des virtuoses sur ce petit instrument comme sur la guimbarde. 562 COSMOS. Un membre de la Society propose d'appeler celui-ci jobarde, comme on a nomme" guimbarde la petite lyre de fer inventee par le conseiller Aulique Guimbard, de Nuremberg. M. le president adresse des remerciments a M. Jobard, en l'en- oageant a continuer ses curieuses et utiles recherches. — Au mois de mars, en presentant a l'Academie des inscrip- tions et belles-lettres un enorme paquet de livres et imprimes, cent quarante-cinq volumes et brochures, queM. Alexandre Vattemare deposait sur le bureau, au nom de divers Gouvernements, Etats et Societes savantes de l'ancien et du nouveau monde, M. Guizot a voulu appeler l'attention sur les resultats merveilleux du systeme d'echange international organise" par cet infatigable apotre de la diffusion des lumieres. Nous reproduisons avec bonheur une partie- de la notice de M. Guizot : .« L'Acaddmie connait deja la pensee qui anime M. Vattemare,. et l'ceuvre a laquelle , depuis plusieurs annees , ii consacre ses ef- forts. II s'y est engage en 1830 avec la passion d'un homme saisi d'une idee fixe et tourmente du besoin de la realiser. L'echange, entre les diverses nations, des productions litteraires et scientifiques et des oeuvres d'art qu'elles peuvent posseder, soit en double, soit en plus grand nombre, lui a paru un puissant moyen de relations intellectuelles et de civilisation gene>ale ; mais il a craint, non sans raison, de passer, au premier moment, soit pour un agent de pro- paganda politique, soit pour un charlatan a la poursuite d'un profit personnel. II a resolu de s'adresser d'abord au pays et aux gouver- nements dont le nom ecartait le plus unesemblable idee; il a com- menc6 par visiter les Etats les moins suspects de faveur pour les fantaisies ou les reveries liberates, les monarchies absolues ou pres- que absolues, la Baviere, l'Autriche, la Prusse, la Russie. II a recu: partout , notamment a Vienne et a Saint-Petersbourg, un accueil favorable; on s'est pret£ a son idee de faire constater par tousles eHablissements publics les doubles qu'ils possedent en livres, me- dailies, gravures , etc., et d'etablir, entre les divers Etats, des re- lations pour arriver a des ^changes. De Russie, M. Vattemare s'est rendu en Belgique, en Hollande , en Angleterre , en Amerique, et partout il est parvenu a faire accueillir son idee par les gouverne- ments et par les assemblees publiques. J'ai sous \es yeux les actes officiels emnnes des pouvoirs publics de tous ces Etats de l'ancien et du nouveau monde ; des lettres des souverains de la Russie, de la Belgique, de la Hollande ou de leurs ministres, des votes du Par- lement britannique, du CongresdesElats-Unis d' Amerique, et des COSMOS. 563 legislatures particulieres de la plupart de ces Etats. M. Vattemare se presente done deja assur^, pour son ceuvre, de l'approbafion et du concours de la plupart des gouvernements du monde civilise. " II se presente en meme temps avec des resultats deja accom- plis. Beaucoup d'echanges ont eu lieu ; plus de 70 000 volumes americains ont ete, par cette voie, importes en France, et plus de 100 000 volumes francais en Amerique. Pour ne parler que d'une seule ville , la liste des Stablissements publics de Paris, qui ont deja profite du systeme d'echanges internationaux , est considerable. Pour les livres , cartes, plans, estampes et documents divers, je citerai les Bibliotheques imperials de la rue de Richelieu et du Louvre, les Bibliotheques du Senat, du Corps legislatif, de l'Uni- versite, de l'lnstitut, des divers Ministeres , du Conservatoire des Arts et Metiers , des Ecoles des Mines et des Ponts et Chauss&s, de la Cour de cassation, de la Cour impenale, de la Cour des comptes, du Museum d'histoire naturelle, du Depot d'Artillerie, de diverses Societes particulieres, etc. ; — pour les collections demi- nenilogie, de geologie, de zoologie pour les fossiles , graines, plantes et herbiers, l'Ecole des mines et le Museum d'histoire na- turelle; — pour les modeles de vaisseaux, chaudieres roues, echan- tillons de manufactures, le Musee du Louvre, les Ministeres des Travaux publics, de la Marine, de l'lnterieur, et l'Ecole des Ponts etChaussees; — pour les medailles, monnaie, coins, papier-mon- naie, collection des etalons des poids et mesures, 1 'hotel des Mon- naies et le Conservatoire des Arts et Metiers. La ville de Paris pos- sede maintenant une Bibliotlwque americaine de pres de 10 000 volumes, une collection complete des medailles et monnaies frap- p(5es dans l'Amerique du Nord, de 1652 a 1853, une collection des divers papiers-monnaies emis en Amerique de 1708 a 1852, des cartes et plans, des gravures historiques, des vues et des portraits, e'est-a-dire de tous les elements de la civilisation americaine. Le conseil municipal de Paris vient de voter 25 000 fr. pour Impro- priation de salles speciales qui seront consacre'es a recevoir ces richesses et ou elles serviront a l'instruction ou a la curiosite du public. « II ne s'agit done pas, enceci, d'un reve, d'une tentative; 1'ar- deur du missionnaire l'a deja porte pres du but. M. Vattemare voudrait maintenant donner a son ceuvre un caractere de perma- nence et de duree qu'elle n'a pas encore ; il voudrait creer une So- ciety dont le si^ge fut en France et fit de la France le centre du sys terae des Changes internationaux. Cette partie des desirs et des 564 COSMOS. projets de M. Vattemare presente d'assez grandes difficultes; mais ce n'est pas la ce qui interesse l'Academie ; elle n'a rien a voir dans la fondation dune Society pareille , et je n'ai nul dessein de Ten occuper. C'est sur le fond meme de l'oeuvre, sur les faits qu'elle nous a appris quant a l'dtat intellectuel de l'Amerique du Nord, et sur 1' importance de nos relations intellectuelles avec ce grand peuple, que je desire appeler l'attention de l'Academie. « L'utilite matdrielle de cette ceuvre est evidente; elle transporte les richesses scientifiques et litteraires, les livres, les documents, les instruments , les objets d'art , des pays oil ils abondent dans les pays oil ils manquent; elle ote la du superflu pour donner ici du necessaire. « Mais son utilite morale est bien supeneure a son utilite mate- rielle ; elle favorise , elle developpe les relations intellectuelles et bienveillantes des peuples ; et par la elle sert la cause de la paix et dela civilisation g£n6rale... » Danslalettre qui accompagnait son envoi, M. Vattemare disait : « Vous connaissez les voeux que forment les savants les plus illus- tres pour voir ces relations d'echanges s'etablir sur une grande e"chelle et d'une maniere permanente... Ils craignent que si des me- sures ne sont pas prises pour assurer la perpetuite de l'oeuvre, son existence meme ne tienne qua un fil , celui de ma propre vie... J'invoque votre patronage pour realiser d'une facon durable le sys- teme d'echange international... » Nous regrettons que M. Guizot et l'Academie aient repondu a ce noble appel par une phrase trop vide. L'Academie n'a pas d'intervention directe a exercer en fa- veur de cette ceuvre, mais son approbation sera a la fois une recom- pense, un encouragement et un appel. La Societe royale astronomique, dans sa derniere seance pu- blique, a decern 6 sa grande medaille pour 1854, a. M. Dawes, pour 1' ensemble de ses travaux astronomiques, et sp^cialement pour les dernieres communications dont il a enrichi la collection des Memoires de la Societe. Void. en.quels termes l'astronome royal, M. Airy, a justifie" le choix du conseil : •• Une science aussi etendue que la notre soumet aux de]ibe"ra- tions du conseil, lorsqu'il est question d'adjuger la medaille d'hon- neur, des sujets de natures fort differentes. Nous avons quelquefois a, prendre en consideration la difficulte des recherches mathematiques relatives a la theorie de la gravitation universelle ; dans d'autres cir- constances nous avons a. peser le merite des calculs moins savants, mais plus effrayants par leur longueur et leur nombre qu'exige la re- COSMOS. 565 daction des observations journalieres. Nous avons a peser dans la ba- lance le merite relatif, tantot du travail materiel, si uniforme des observations faites aux instruments meridiens, tantot le travail moins suivi, mais plus interessant des observations en dehors du meridien et des mesures micrometriques. Notre choix est souvent incertain entrel'heureux inventeur d'unnouvel instrument d'astronomie et l'e- crivain qui rend a la science le service important de la faire connai- tre et aimer. Tantot, enfin, nous preferons une ceuvre d'un instant, mais qui suppose un merite eminent, tantot une ceuvre lente qui a demande plusieurs annees de perseverance et de-courage. Voilapour- quoi il arrive que les travaux ou recherches couronnees par nous, dans plusieurs annees successives, different beaucoup l'une de l'autre, quant a leur objet et leur duree. Le sujet auquel nous decernons la medaille de 1854 differe sous beaucoup de rapport de ceux que nous avons recompenses depuis un temps considerable. " M. Dawes, depuis pres d'un quart de siecle , a pris une noble place parmi les amateurs qui cultivent l'astronomie par gout et non par devoir ; il s'est fait noblement connaitre par ses observations extra-meridiennes et micrometriques. Doue d'une vue tres-percante, et maniant avec une habilete' incomparable, avec une precision presque ideale les excellents instruments qu'il emploie, il a su, quoique les dimensions de ces instruments soient tres-ordinaires. donner a ses observations une valeur qui les place tout a fait au pre- mier rang. II n'eut d'abord a sa disposition qu'un telescope de 5 pieds de long, de 3 pouces d'ouverture ; plus tard il put disposer d'un telescope newtonien de 7 pieds ; plus tard encore , M. Bishop mit a sa disposition son equatoriale, arme'e d'une lunette de 5 pou- ces; aujourd'hui, enfin, il est en possession d'un excellent six-pouces de Munich. « Le plus grand nombre de ses observations a eu pour objet des mesures micrometriques de la distance des etoiles doubles. II debuta en 1S31 par la mesure de zeta du Cancer ; de 1831 a, 1834 il mesura 121 nouveiles etodes ; de 1834 a 1839, 100 autres, et 250 enfin de 1839 a 1844. Le plus grand nombre de ces etoiles constituent des couples e.xtremement serres, ce sont des test-objets pouvant servir a estimer le pouvoir, eclairant a la fois et grossissant, des instruments optiques, et Ton a peine a comprendre qu'ils aient pu etre discernes avec les faibles lunettes dont M. Dawes se servait. On lui doit plu- sieurs observations prdcieuses d'occultations ; celle entre autres de l'occultation d'une etoile par Jupiter ; il a eu le bonheur infiniment 566 COSMOS. rare de voir Jupiter, alors qu'aucun deses satellites n'^tait visible, parce qu'ils etaient tous eclipses a la fois. « Les observations deSaturne qu'on doit a M. Dawes sont plus inte>essantes encore ; il a decouvert en 1843 une nouvelle division dans l'anneau interieur; de juin a decembre 1848 il a suivi la pla- nete sans presque la perdre de vue , et decrit avec un soin extreme les phenomenes qui ont accompagne la disparition de l'anneau. En novembre 1850 , il a constate" de son cote l'existence de l'anneau obscur, et decouvert des particularites inconnues de ce singulier ap- pendice qui fait de la planete Saturne la plus extraordinaire du ciel. En 1851, M. Dawes est alle en Suede observer l'^clipse totale du soleil pour mieux preciser les singuliers phenomenes de la couronne et des protuberances rouges. II a propose plusieurs methodes pour arriver enfin a une mesure-ditalon du pouvoir optique des instru- ments; on lui doit une £chelle pour l'estimation des grandeurs rela- tives des etoiles, et une methode excellente pour l'observation des taches du soleil, methode qui nous a fait penetrer bien plus intime- ment dans les profondeurs de l'atmosphere solaire. En resume, le conseil couronnera dans la personne de M. Dawes un des plus ze- le"s amateurs de l'astronomie ; dans ses travaux, nor.-seulement un des plus brillants apports, un des plus riches bagages scientifiques que Ton puisse imaginer; mais mieux encore, des modeles parfaits que les astronomes a venir devront suivre et imiter. » — M. Anselme Petetin, depuis plus d'un an, fait preparer un pain de manage dans les proportions suivantes : 15 kilogrammes de farine de froment 25 — — seigle 5 — — de riz Le pain produit par ce melange est incomparablement plus agreable au gout , plus facile a. la digestion , moins opaque que le pain compost seulement de 45 kilogrammes de farine de seigle et de froment, et, chose remarquable, le rendement total est supdrieur en poids. N'ayant pas dans le voisinage de moulin a moudre le riz, on le faisait cuire en grains jusqu'a. ce qu'il fut r£duit en bouillie, et c'est dans cet £tat qu'il etait mele a la pate de seigle et de fro- ment, et petri avec elle. On ne peut done pas dire que l'exces de poids provienne uniquement de l'exces d' absorption de l'eau dans le pain. Le seigle est la seule cereale que produisent certaines regions ; meme dans les terrains propres au froment, le seigle entre ordinai- aient comme un Element n6cessaire de l'assolement ; d'immenses COSMOS. 567 populations n'ont pas, a I'heure qu'il est, d'autre aliment. L'ame- liorer en qualite, avec un profit dconomique, n'est done pas chose indifferente. [La Presse.) M. Bresson, ing&iieur civil, est convaincu de son cote qu'il est possible d'obtenir une assez grande diminution dans le prix du pain, en ameliorant sa fabrication. « Si Ton fait preceder, dit-il, la mou- lure du ble de l'envelage de sa premiere pellicule, on peut obtenir 78 kilogrammes de belle farine de 100 kilogrammes de bon ble du pays ; farine plus riche en gluten que celle qu'on obtient aujourd'hui par la meilleure mouture. Et les 78 kilogrammes de farine peuvent donner 110 kilogrammes de tres-bon pain blanc. D'ou je conclus que 100 kilogrammes de ble fournissent 110 kilogrammes de pain et 20 a 22 kilogrammes d'issues, son, recoupes, etc. Etcomme les issues et les 10 kilogrammes de pain en plus payent la mouture et la panification , il en resulte qu'on peut vendre le pain au mime prix que le ble. Ainsi, aujourd'hui , 18 mai, le beau ble valant a Paris 38 fr. les 100 kilogrammes ou 33 centimes l'un ; je dis que le bon pain de premiere qualite" pourrait etre vendu 38 centimes le kilo- gramme, tandis que le prix de la taxe, d'apres le cours des farines, est de 44 centimes. >< — Ces jours derniers a eu lieu l'empoissonnement des eaux du bois de Boulogne. II n'y a pas ete mis en liberie moins de 50 000 poissons (saumons, ombre-chevaliers, grandes truites des lacs.de la Suisse et truites communes) provenant de la piscine eHablie au col- lege de France. Eclos depuis trois mois , ces poissons sont comple- tement formes et en etat de pourvoir a leur alimentation; ils at- teignent 2 centimetres et demi de longueur. C'est dans le lac seu- lement qu'ils ont ete places ; mais il leur sera facile de se repandre dans la riviere par le conduit souterrain qui unit les deux nappes d'eau du bois de Boulogne. Les ceufs qui les ont produits prove- naientdela pisciculture d'Huningue, ainsi que tous ceux qui ali- mentent lesbassins du college de France, ou Ton peut voir en ce moment quelques centaines de mille de poissons elevds, pour ainsi dire, en domesticite, et dont plusieurs, eclos depuis un an, pesent deja pres d'un demi-kilogramme. [Moniteur universel.) SOCIETE D'ACCLIMATATION Par d£cret imperial du 26 fevrier 1855, la SocitSte' zoologique d'acclimatation estreconnue comme etablissement d'utilitepublique; ses statuts sont solennellement approuves. Cette faveur, si prompte- ment accordee, donne a cette Society une tres-grande importance et lui assure un brillant avenir. M. le marechal Vaillant a re'cemment appele son attention sur une question extremement interessante, la peche du corail sur les cotes de l'Algerie. Malgre tous les efforts que le gouvernement a faits depuis de longues annees, la peche du corail n'est productive que pour le commerce etranger ; elle rapporte a peine au Trcsor un benefice net de 42 000 fr. Les pecheurs, au contraire , de la Sar- daigne, delaToscane, d'Espagne, etde Naples surtout, emportent annuellement de nos cotes une valeur de 1 million et demi a 2 mil- lions de corail qui, travaille dans les fabriques du Torre del Grecco, de Genes, de Livourne, se convertit en un objet beaucoup plus pre- cieux, e'value' a 10 ou ]2 millions de francs. Pour ameliorer cette situation , par trop deraisonnable , le mare'chal Vaillant pose a la Societe d'acclimatation et a son Comite permanent de l'Algerie les deux questions suivantes : Par quels moyens pourrait-on determi- ner nos armateurs et nos marins, en France et en AlgeVie, a se livrer a la peche du corail ? Comment raviver en France la fabrication du corail et assurer a ce produit des debouches au dehors? II nous semble qu'un des progres les plus importants a realiser dans la peche du corail, est l'introduction des bateaux sous-marins du docteur Payerne. — M. Millet, au nom d'une commission composee de MM. le marquis Amelot, de Quatrefages, le marquis de Selve, Wallut et lui, aluun rapport et des instructions pratiques sur les fecondations artificielles des oeufs de poissons et le transport des ceufs fecond^s. Nous avons pense qu'une courte analyse de ce travail serait agre'a- ble a nos lecteurs : Les principales especes de poissons qui peuplent les eaux de la France sont ovipares ; la fecondation de leurs ceufs a lieu ext6- rieurement, c'est-a-dire que le male feconde les ceufs apres laponte. La femelle pond les ceufs, et le male les arrose ensuite avec la ma- tiere fdcondante qu'on nomme laitance. Cette matiere, qui, en bon £tat de maturite, ressemble au lait ordinaire, a la propriete, quand elle est mise, en temps utile et dans de bonnes conditions, en con- C0S3I0S. 569 tact avec les ceufs, de les afFecter de maniere a en developper les germes. Pour faire les fecondations artificielles, il est indispensable que les ceufs et la laitance soientbien murs et parfaitement sains. Les ceufs bien murs sont isolds les uns des autres (excepte pour la perche) , clairs et transparents, ils ressemblent a de petits globules de verre d'un gris verdatre ou jaur.atre, selon les especes, ou a de jolies groseilles blanches et roses, comme pour le saumon et la truite. Quand les ceufs sont terries et opaques, quand ils coulent a l'&at pateux, il faut les rejeter. Chez le male, la laitance est gene"- ralement bonne quand elle s'eeoule en jets ou gouttes semblables a du lait, soit naturellement, soit par une legere pression au ventre. Si la sortie des ceufs ou de la laitance n'etait pas naturelle et facile, il faudrait mettre les poissons dans l'eau pour s'en servir plus tard ; il convient alors de tenir le poisson dans un etat de captivite qui se rapproche aufant que possible du naturel, et lui fournirdans l'eau qu'il habite des abris ou il aime a se refugier et a se reposer. Quand on a un male et une femelle dans de bonnes conditions, on procedea la fecondation. Certains poissons, saumons, truites , ombres, feras, etc., donnent des ceufs libres et non adherents; les ceufs des autres, carpes, tanches, gardons, etc., se collent, imme- diatement apres la ponte, centre les objets environnants. 1° Supposons d'abord qu'il 9'agisse de feconder des ceufs libres : On prend un vase bien propre et Ton y verse de l'eau claire et froide a une hauteur de quelques centimetres ; pour les poissons qui fraient en hiver, l'eau doit avoir une temperature de 3 a 10 de- gres. On prend la femelle et on la tient droite, l'anus plonge dans l'eau du vase a fecondation ; on rec,oit dans le vase la totalite ou seulement une portion des ceufs qui, au fur et a mesure de leur ecoulement, tombent au fond . Onn'en recolte, pour chaque opera- tion, que la quantite a peu pres.necessaire pour faire une ou deux couches au fond du vase, sans qu'ils soient tassds ou agglomeres. S'ilsne s'ecoulent pas naturellement, on en facilite la sortie en pres- sant legerement le ventre, de la tete vers la queue, ou bien en ar- quant faiblement le corps du poisson. On prend ensuite et imme- diatement le male, et Ton arrose les ceufs avec quelques gouttes de laitance de maniere a blanchir legerement l'eau ou a lui donner une teinte opaline ; on agite doucement le vase afin que tous les ceufs arrivent en contact avec les particules fecondantes. Si Ton peut disposer de plusieurs males, il faut employer successivement quel- ques gouttes de laitance de chacun , pour avoir plus de chance de 570 COSMOS. r^ussite ; car il peut arrivcr que la laitance d'un seul soit trop peu energique ; mais il ne faut pas epuiser les males , afin d'avoir tou- jours de la laitance disponible. Au bout de quatre ou cinq minutes , on fait ecouler doucement l'eau laitance"e , en la remplacant par de l'eau claire , de maniere a laver les ccufs. On eVitera autant que possible l'action d'une vive lumiere , ainsi que celle des vents froids et dess&hants, les varia- tions brusques de temperature et la mise a sec des ceufs. 2° Si les ceufs a. feconder sont des oeufs adherents, comme ceux de carpe , gardon , tanche , etc., il faut introduire dans 1'appareil a focondation , soit des plantes aquatiques, soit de petits rameaux ou brindilles de vegetaux : les oeufs y adherent fortement. II faut avoir soin d'agiter l'eau et de disseminer les ceufs ; l'eau doit etre douce et presque tiede : on e>itera d'employer l'eau froide des sources. Pour que la laitance arrive plus immediatement en contact avec les ceufs, il est bon que deux personnes operent a la fois, l'une tenant la femelle, et l'autre le male. Si Ton opere sur des perches, on se borne a recevoir dans l'eau les rubans d' oeufs et a les arroser avec la laitance. La vertu fe"condante de la laitance dure tres-peu : quelques mi- nutes ou meme quelquefois une fraction de minute ; et voila pour- quoi il faut l'amener aussitot apres son emission au contact des ceufs. Le meilleur appareil de ftcondation est un tamis double en canevas ou en toile metallique galvanisee que Ton enfonce plus ou moins dans l'eau, et sur le fond duquel les ceufs reposent. Si l'incu- bation doit avoir lieu sur place, on laisse les ceufs sur le tamis et on le couvre ; s'ils doivent etre transports a de faibles distances, on pourra effectuer le transport dans l'eau, en placant le tamis au sein d'un seau, d'un baquet ou d'un tonneau. Si le voyage doit etre long, et qu'il s'agisse d'ceufs libres, on les placera par couches peu epaisses dans des boites plates , entre des morceaux de linge ou meme des feuilles de papier humide. II sera bon de mettre au fond, et a. la partie superieure de la boite , un lit de mousse humide, ou de glaise humectee, ou de charbon imbibe d'eau. S'il s'agit d'ceufs adherents, les objets auxquels ils adherent doivent etre enveloppgs de linges humides et places dans des corbeilles ou paniers garnis de paille ou d'herbes fraiches. En gtme>al , le transport ne doit etre effectue' que vers le milieu ou les deux tiers de la periode de fecon- dation. — M. Florent Prdvost a pense" qu'il y avait de l'intdret a donner une liste complete des mammiferes et oiseaux des diverses parties COSMOS. 571 du monde, dont l'acclimatation en France et en Alge'rie peut etre tent^e avec le plus de chances de succes. La liste des mammiferes comprend cent huit especes ; la liste des oiseaux sera sans doute beaucoup plus nombreuse. — Nous avons deja parle plusieurs fois d'une controverse assez animde relative a la structure du cocon du verre a soie du ricin. M. Hardy croit que le ver, avant sa metamorphose, coupe avec sea mandibules les fils de cocon, a l'extremite" par laquelle il devra sor- tir i et qu'il sera par consequent impossible de devider d'une ma- niere continue les cocons, soit avant, soit apres la sortie du papil- lon. M. Emile Cornalia, par des observations plus attentives, plus patientes , est reste convaincu que c'est exclusivement la couche externe, irreguliere, la chemise enfin, dont le ver coupe les fils vers l'extremite; que les couches du vrai cocon ont au contraire tous les fils continus et sont aptes en elles-memes a etre filees pour donner de la soie grege. De fait, M. Cornalia a devide un cocon et obtenu un fil continu apte a etre tisse. — M. Emile Tastet croit pouvoir affirmer que l'importation en France, en 1854, des riz de l'lnde, d'Amerique, des Etats Sardes, a atteint le chiflYe enorme de 40 millions de kilogrammes. On com- prend des lors quel interet il y aurait a cultiver le riz en France, si cette culture etait possible ; or, ce probleme pourra probablement se r^soudre par l'introduction des riz asiatiques. Ces riz sont de deux sortes : le riz sec ou des montagnes, qui reussirait tres-bien sur les terrains en pente qui avoisinent les Alpes , les Vosges , les Cevennes et les Pyrenees ; les riz aquatiques, qui reussiraient dans les vastes plaines des bords de l'Ocean et de la Mediterranee, ou le sel afflue a la surface , et qui sont restees jusqu'ici forcement ste- riles. Nous dirons seulement quelques mots de la culture du riz sec, qui tend de plus en plus a remplacer le riz humide : On choisit une terre haute, a l'abri des inondations ; vers la fin de mai, ou vers les premiers jours de juin, quand les pluies com- mencent , le cultivateur donne deux labours suivis chacun d'un hersage , et seme en raison de deux hectolitres de grain par hec- tare ; un mois apres l'ensemencement, il fait un seul sarclage pour d^barrasser le sol des plantes parasites : trois mois suffisent aux varietes precoces pour parcourir les phases de la vegetation. La moisson se fait a la faucille ; on opere le battage ou la depiquaison comme dans le Midi, a. 1'aide de buffles ; le decorticage a lieu au moyen dune machine portative en bois , armee de deux meules verticales qu'un homme fait mouvoir a l'aide d'une manivelle. 572 COSMOS. M. Tastet avait propose a la Societe de faire venir 1 200 kilog. tie grains de riz de Pulopinang, et 1 200 kilog. de riz de Manille, avec un moulin a decortiquer. Cette proposition a ete adoptee, et le riz achete" sera mis a la disposition des membres de la Societe qui voudront faire , au printemps prochain , des essais de culture de riz sec. — M. le docteur Graells, directeur du Museum des sciences natu- relles, a Madrid, a transmis des details interessants surl'acclimata- tion en Espagne de diverses especes animales. Dans la province de Huelva , le chameau , complotement acclimate, remplace en partie le cheval, le mulet et le bceuf ; on l'emploie pour labourer les terres, trainer les voituies , faire tourner les moulins ; il se vend de 375 a 500 francs, et se nourrit de paille, de foin, de cereales et d'orge. II existe, sur les montagnes de l'Escurial et a Huelva, deux beaux troupeaux de chevres d' Angora; elles ptosperent tres-bien et on peut les considerer comme naturalisees. La gazelle, dans la me- nagerie de la Reine , est presque de venue un animal domestique : tout fait esperer quelle se reproduira indefiniment. L'acclimatation des kangurous en Castille date de 1825 ; ils se sont reproduits de- puis avec une grande facilite ; on en compte aujourd'hui plusieurs generations ; leur alimentation est facile et economique ; leur chair est un aliment sain et nutritif ; leur peau et leur poil sont de bons niateriaux pour l'industrie. — MM. Deneyrousse et Cie ont fait executer plusieurs chales, riches et tout a fait semblables, les uns avec le cachemire indigene, la laine des merinos Mauchamp, race nouvelle , dont nous avons dcja. parle , et qui a 6te obtenue par M. Graux , de Mauchamp ; les autres avec le cachemire que MM. Deneyrousse emploient d'ordi- naire. Apres severe examen et comparaison minutieuse, preference a ete donnee aux chales de cachemire indigene ; cette superiorite est due incontestablement a ce que la laine du meVinos Mauchamp, en outre de la longueur plus grande de son crin, est completement exempte de jarres. M. Yvart a obtenu, aGivrol'.es et a Alfort, d'admirables resul- tats du croisement de la race Mauchamp avec la race Ratnbouillet. ACADEME DES SCIENCES. SEANCE DU 2 1 MAI. M. Seguier presente, au nom de M. Jobard, une nouvelle appli- cation du caoutchouc : c'est une pompe a jet continu d'un meca- nisme assez simple. Un tube en caoutchouc, ouvert et plongeant dans l'eau par son extremis inferieure, penetre par son extremite superieure, terminee en forme de cone fendu le long de ses aretes un peu au-dessous du sommet, dans un recipient en verre ; sur l'ouverture superieure du recipient en verre est installed une boule en caoutchouc, munie a sa partie superieure d'un tube de sortie en caoutchouc et a deux levres. En pressant sur la boule de caout- chouc , on expulse l'air qui sort par le tube a deux levres faisant fonction de soupape s'ouvrant de dedans en dehors. Quand on laisse la boule de caoutchouc reprendre son volume primitif, et parce que le tube a deux levres ne laisse pas rentrer l'air, il se fait un vide partiel dans le recipient en verre, et l'eau commence a monter dans le tube d'aspiration inferieur ; en repetant plusieurs fois cette meme operation, on fait un vide de plus en plus parfait : l'eau jail- lit bientot dans le recipient par les fentes du cone ; du recipient elle passe dans la boule en caoutchouc , et finit enfin par s'elancer sous forme de jet par le tuyau a deux levres. C'est une des applications annonceesparM. Jobard dans la note inseree auxNouvellesdiverses. M. Peligot lit un memoire tres-interessant sur la composition des eaux a, diverses temperatures , ou mieux sur la quantite et la nature des gaz que les eaux tiennent en dissolution dans les diffe- rentes saisons. Voici l'analyse de ce beau travail : M. Pedigots'est d'abord propose de rechercher l'influence qu'une basse temperature peut exercer sur la proportion des matieres salines et gazeuses que l'eau de la Seine tient en dissolution ; mais le froid a cesse trop tot pour qu'il ait pu mener cette recherche a bonne fin ; il a neanmoins constate que pendant l'hiver la proportion des matieres salines contenues dans l'eau de la Seine varie pour ainsi dire journellement. Deux fois l'eau prise en amont, c'est-a-dire a la sortie de Paris, a laisse" un residu salin un peu moins considerable que l'eau prise le meme jour en aval ; MM. Boutron et Henry avaient trouve au contraire que l'eau entraversant la ville se chargeait de plus en plus de ma- tieres salines ; ce disaccord prouve que la question a besoin d'etrr etudiee de nouveau. Le but principal du grand travail de M. Peligot etait la de\ termination exacte de la quantite de gaz acide carbonique qui 574 COSMOS. existe dans les eaux, et d'arriver, s'il dtait possible, a ddcouvrir l'origine de ce gaz. Apres avoir enumere' les imperfections des precedes anciens d'a- nalyse des eaux, au point de vue des gaz qu' elles contiennent ; apres avoir dit comment il avait modify les appareils, et £tabli par des essais le degre" d'dxactitude que comportait la nouvelle methode, il expose combien il a ete surpris de trouver, dans la quantite des gaz en dissolution dans l'eau de Seine une proportion d'acide carbonique beaucoup^plus grande que celle qu'on suppose y exister, 41, 7 pour cent. II crut d'abord que ce resultat imprevu provenait de ce que les premieres analyses avaient £te faites pendant un temps tres- froid ; mais il s'est assure, par de nombreuses experiences, que, tou- jours, au lieu dequelques centiemes d'acide carbonique qui seraient contenus dans l'air de l'eau, d'apres les id£es, gdneralement re- cues, cet air contiendrait la moitie environ de son volume de ce gaz. A deTaut de l'experience, le raisonnement aurait pu con- duire a admettre que, presque toutes les eaux des rivieres, comme l'eau de Seine, doivent contenir au moins de 20 a 30 centimetres cubes d'acide carbonique par litre ; car les residus de presque toutes les eaux analyses sont formes en grande partie de carbonates de chaux et de magn^sie ; or, ces deux car- bonates pour etre dissous exigent une quantite d'acide carboni- que au moins egale a celle qui entre dans leur composition. En est-il de l'eau des mers comme de l'eau des rivieres, ren- ferme-t-elle aussi une grande proportion d'acide carbonique ?' A defaut d'experiences personnelles, M. Pdligot discute les analy- ses faites par M. Morren, Usiglio, Darondeau, etc. ; et croit pou- voir conclure de cette discussion qu'il existe en dissolution dans l'eau des mers une prodigieuse quantite d'acide carbonique. En- trant, alors dans des considerations d'ordre plus eleve, M. Peligot sepose ces questions : Cet acide carbonique, qui sous forme de gaz represente 1, 5 a 2 pour cent du volume de l'eau , a-t-il existe" d'abord dans l'air atmosphe>ique 1 ou mieux n'y existerait-il pas si l'eau n'intervenait pour l'absorber, pour le dissoudre X S'il en est ainsi ne faut-il pas attiibuer a l'eau dans l'harmonie de la creation un role nouveau ; ne faut-il plus lui conceder une part importante dans la depuration de notre atmosphere, dans le maintien des pro- portions relatives des elements gazeux qui la constituent I On ad- met generalement que cette depuration est ddvolue aux vegdtaux ; en ce sens que leurs parties vertes decomposent l'acide carbonique en exces, s'assimilent le carbone et restituent l'oxygene a l'air. COSMOS. 575 Si le regne animal avaU seul le privilege de produire de l'acide carbonique, on comprendrait peut-etre que Intervention du regne vegetal puisse suffire a maintenir l'equilibre ; mais l'acide carbo- nique afflue dans 1' atmosphere de bien d'autres sources , des volcans en activity et eteints, des masses enormes de combustibles consu- mes a la surface de la terre ; de la respiration des animaux, etc. , etc. L'Europe seule brule 550 millions de quintaux metriques de houille ou de bois par an ; en supposant dans ces combustibles 80 p. 100 de carbone, en moyenne, leur emploi repand dans Fair environ 80 milliards de metres cubes d'acide carbonique, autant que la respiration de 509 millions d'individus, ou du double de la population europeenne. Or, malgre cette affluence incessante, l'acide carbonique ne se trouve qn'en tres-petite quantity dansl'air atmospherique,'et en quantite a peu pres constante de 2 a. 4 dix- milliemes. N'est-il pas necessaire des lors, en outre de Taction des plantes, de faire intervenir le pouvoir dissolvant des eaux? Si Ton considere que 1'eau saiee recouvre pres des trois quarts de la surface du globe, que les mers ont une profondeur immense, que l'acide carbonique s'y trouve dans des proportions qui croissent rapidement avec la profondeur, on trouvera peut-etre tout naturel d'attribuer a l'eau un role essentiel dans la purification de l'atmo- sphere, au point de vue de l'absorption de l'acide carbonique. S'il en est ainsi, il faudra se demander ce que devient cet acide carbonique absorbe par les mersl S'il va sans cesse en augmentant ou si sa proportion reste sensiblement la meme sous 1' influence du monde organique sous-marin, ou par sa combinaison avec les ele- ments alcalins des roches sous-marines en decomposition I » Quoi qu'il en soit , dit M. Peligot en terminant, il y a dans mon opinion une longue serie d'expe>iences non moins intelessantes que celles qui ont ete faites dans ces dernieres annees sur la compo- sition de l'air atmospherique ; ces experiences interessent la phy- sique du globe, le gdologie, la science agricole. En ce qui concerne cette derniere science, les questions qui ressortent de cette etude se pr^sentent en grand nombre. On ne connait pas encore exactement les conditions dans lesquelles les v^getaux absorbent et decom- posent l'acide carbonique, on ignore si tout le carbone des plantes a ete primitivement sous la forme d'acide carbonique , s'il est absorbe en partie a l'etat gazeux venant de l'air, ou bien en totalite a l'etat de dissolution, venant du sol, des engrais, des eaux elles- memes. Si cette derniere hypothese est fondee , on a peut-etre meconnu le role de ce corps dans les eaux fertilisantes en exagerant 576 COSMOS. celui des matieres salines qu'elles tiennent en dissolution, etc., etc. » II serait facile de multiplier ces questions qui sont complexes et difficiles, j'en ai aborde quelques-unes l'annee derniere et je me propose de continuer cette annee ces intdressantes etudes. » — M. de Senarmont lit un rapport tres-favorable sur les recherches de M. Descloizeaux que nous avons analysees dans une de nos dernieres livraisons; ces recherches seront inserees dans le recueil des savants etrangers. Nous reviendrons une autre fois sur le rapport de M. de Senarmont qui a souleve des questions impor- tanteset retabli des doctrines tres-sages et trop oubliees. — M. Babinet offre aux teratologistes de l'Academie un poulet monstre ne" a La Belle-Epine ; avec une tete et deux ailes, le petit oiseau possede quatre pattes. — Le meme savant, au nom deM. Silberman et d'un jeune chi- miste communique des recherches interessantes sur les proprieties qu'ont certains acides de determiner l'inflammation et la detonation des poudres. Si, sur un petit tas de poudre dispose en cone, on verse quelques gouttes d'acide sulfurique concentre a 66 degrc's , il y a boursouflement , elevation de temperature , degagement d'acide nitreux , mais la poudre ne s'enflamme pas : apres le refroidisse- ment, on la retrouve humide. Mais si, a l'acide concentre, on sub- stitue de l'acide sulfurique anhydre de Nordhausen , le boursoufle- ment et le degagement du gaz sont suivis , apres dix secondes en- viron, de l'inflammation du reste de la poudre a laquelle l'acide a enleve son eau en la sechant. L'acide sulfurique monobydrate et l'acide chlorique concentre jouissent de la meme propriete d'en- ilammer les noudres , mais a un bien plus faible degre que l'acide anhydre. Aucun autre acide, nitrique, fiuorique, chlorhydrique, etc. , ne determine l'inflamination. Les auteurs de cette communication avaient pense qu'on pourrait utiliser cette propriete nouvelle de l'acide de Nordhausen pour mettre le feu aux canons, pour faire detoner les mines ou les bombes ; ils proposaient de retarder Tac- tion de l'acide en le mettant , pour les mines , dans un tube ferme par plusieurs plis de papier ou.de carton que l'acide devra d'abord bruler ; en l'enfermant, pour les bombes, dans une ampoule en verre que le choc de la bombe contre le but suffirait a briser. M. Le Verrier a trouv6 cette communication tres-inopportune : « Ou le procede d' inflammation est bon , dit-il , et alors , dans les circonstances actuelles, il fallait le garder secret ; ou il est mauvais, et ce n'e'tait pas la peine d'en parler ; dans tous les cas, cette pre- sentation, et il doit en etre ainsi de tous les proced^s de meme COSMOS. 577 genre, n'aurait pas du etre fr.ite, et elle ne doit pas figurer dans les Comptes rendus. » Cette sage admonestation s'est trouvee inutile, car M. Piobert a affirme que le precede" n'etait pas nouveau ; qu'url officier d'artillerie, en Suede ou en Danemark, avait signale'depuis longtemps cette propriete de 1'acide sulfurique anhydre, et que , de fait, on a adopte definitivement sa methode ponr mettre le 'feu aux amorces des canons. — M. Velpeau presente a l'Academie, de la part de M. Mal- gajgne, 1' Atlas de son grand Traite des fractures et des luxations, « ouvrage, dit l'illustre professeur, rempli de recherches et de Mts[ redige- avec un grand talent , et le plus important qui ait encore ete" publie sur cette matiere. * — M. Dumas annonce que M. Hulot , l'habile directeur des ateliers de galvanoplastie de la Monnaie , s'est convaincu , par des essais deja heureux , que l'on pourrait substituer sans perte 1' alu- minium au platine dans la confection des piles a zinc et eau aci- dulee. Quoique M. Hulot n'ait eu a sa disposition que de l'alu- imnium rendu impur par la presence d'une certaine quantite de fer dont il But ete facile de le debarrasser, il a cependant obtenu des courants assez intenses. Au moment actuel, ou l'aluminium est rare et coute encore tres-cher (3 fr. le gr., 3 000 fr. le kilog.) , cette application offre moins d'interet ; mais le prix de raluminium ira diminuant sans cesse, et s'il coute, a poids dgal, trois fois plus que le platine, commeil est neuf fois plus leger, il y aura grand avan- tage a le substituer, quand on le pourra, au platine dans les cas ou il ne devra agir que par sa surface neuf fois plus Vendue a epais- seur egale. Nous reviendrons dans la prochaine livraison sur la communication de M. Hulot. — -M. Dumas, encore, de la part du marechal Vaillant , annonce la decouverte en Algerie d'un gisenient d'or clans un terrain schis- teux. Si cette decouverte est reelle, si les schistes, comme MM. Du- mas et Pelouze sont pries de s'en assurer, contiennent une quan- tite suffisante d'or, cet or, a la iongue, aura ete sans doute entraine par les eaux , et se sera agglom^re de maniere a. former des filons assez riches pour couvrir les frais d'une exploitation en grand. Des etudes et des fouilles faites avec intelligence mettraient bientot sur la trace de ces depots. M. Chancel , prefet de Blidah , est particu- lierement charge de suivre les indications deja obtenues, — M. Chales depose sur le bureau une Note de M. Volpicelli, contenant l'enonce et la demonstration d'un nouveau theoreme relatif aux proprietes des nombres. 578 COSMOS. — Un grand nombre de medecins demandent que des ouvrages publics par eux soient admis au concours des prix Monthyon. — MM. Godard et Delmas communiquent chacun de leur cot6 des observations qui prouvent, de la maniere la plus certaine, Teffi- cacite" de la glace employee suivant la meHhode de M. Baudens, pour la reduction des hernies etranglees. Grace a T application judi- cieuse des refrigerants , Toperation si grave , si dangereuse , trop souvent pratiquee jusqu'ici, deviendra une exception tres-rare. — M. Robert-Houdin, qui , comme nous l'avons dit, consacre tous ses loisirs et toute son intelligence a l'etude des applications de Telectricite, adresse un premier M£moire sur l'invention qu'il a faite d'un mecanisme intermediaire qui facilite et rend plus avan- tageuse, dans une proportion considerable, Taction des forces va- riables electriques et autres. Lorsqu'il s'agit d'utiliser Taction exercee par les electro-aimants sur leurs armatures pour produire un effet mecanique, faire marcher une aiguille sur un cadran, soulever un marteau destine a frapper sur un timbre, etc., etc., on rencontre une assez grande difficulte contre laquelle on n'a lutte jusqu'ici que d'une maniere imparfaite, et qui provient de ce que l'attraction magnetique est une force n^cessairement variable. Lorsque Tarmature est a une certaine distance, au moment ou l'electro-aimant devient actif, l'attraction est insensible, elle croit ensuite a. mesure que Tarmature se rap- proche, et croit, si Ton adopte la theorie le plus communement recue, en raison inverse du carre dela distance. L'attraction qu'il s'agit de transmettre et d'utiliser est done d'abord tres-petite, presque nulle , elle devient ensuite tres-grande : si Ton trans- mettait la force nee du mouvement de Tarmature, a Taide d'un levier a bras invariables, aux extremity duquel seraient appliqu^es, d'une part la puissance, de T autre la resistance, TefFet produit ne serai t pas seulement obtenu tres-irr£gulierement, il serait en outre tres-borne, en ce sens que Ton n'utiliserait qu'une faible partie de la force motrice ou de l'effet utile de la pile galvanique. II serait presque impossible, par exemple, de soulever ainsi, meme avec une pile assez forte, le Jourd marteau qui devrait mettre en vibra- tion la cloche d'une grande horloge ; et Ton s'etait resigne a ne mettre en jeu electriquement que des masses relativement tres- petites, a. tenir toujours Tarmature tres-pres de Telectro-aimant, ou a regler sa vitesse au moyen d'un ressort ou frein dont la resis- tance crut dans la meme proportion que l'attraction magnetique exer- cee; dans les deux cas, il y avait perte considerable de force utile. COSMOS. 579 Desole" de se voir arrets tout court par cette difficulty dans la realisation de nouvelles et curieuses applications de l'electricite" qu'il poursuivait ave ardeur, M. Robert Houdin a donne" essor a son esprit eminemment inventif, et il a fte* assez heureux pour arriver a une solution complement satisfaisante de cet important probleme. Le mecanisme a l'aide duquel il regularise Faction exerc^e par l'ai- mant sur son armature, a recu de lui le nom de repartiteur. Sa construction repose sur une idee tellement simple, que nous avons peine a croire qu'elle ne se soit pas presentee encore ; nous n'en avons cependant trouve aucune trace dans les ouvrages de cinema- tique les plus recents et les plus estimes. Au lieu de bras de leviers droits et articules sur des joints immobiles , M. Robert Houdin emploie des bras de levier courbes, tels qu'ils sont representes, fig. 1 et 2, qui tournent autour de centres fixes, et dont les Ion' gueurs determinees par le point de contact vafient constamment Nous regrettons de ne pouvoir donner, des aujourd'hui, la theorie mathematique complete dumouvement et des effets du repartiteur mais elle exigerait de longues etudes que nous n'avons pas eu le temps de faire ; contentons-nous done d'indiquer la forme le ieu et 1 effet du mecanisme. Le repartiteur se compose, on le voit, dun ensemble de trois leviers courbes dont Tun, celui du milieu, forme une bascule a bras egaux: les deux autres sont tellement disposes, que lorsque le pre- mier, le levier de lapuissance, touch* le levier intermediate a sa premiere extremite, le plus loin possible du centre de bascule; le second, le levier de la resistance touche, au contraire, le levier bas- cule tres-pres du centre fixe. 580 COSMOS. La figure 1 montre le ropartiteur au moment du depart ; quand l'armature commence a otre attiree, la puissance agitalors par son plus grand bras, et c'est ce qui doit etre, puisque la force motrice estalors la plus petite possible. A mesure que l'armature approche, que la force motrice est plus grande, le point de contact du premier levier, comme le montre la figure 2, se rapproche du point de bas- cule, la puissance agit par un bras plus court, etd'autant plus court qu'elle est plus forte. On voit comment une force sans cesse varia- ble, sans cesse croissante, est ainsi uniformement repartie, regula- rised, transformed en une force sensiblement constante, equivalente a une sorte de moyenne ou de temperament entre Taction trea- faible a 1'origine, tres-forte a son dernier terme, ou au contact de l'armature et de Telectro-aimant. A la rigueur, et si Ton n'avait eu affaire qu'a une action croissant en raison inverse de la simple distance, il aurait suffi d'un ensemble do deux leviers courbes, ou de la moitie" du mecanisme represente par la figure ; il a fallu le mccanisme entier pour dompter et uniformiser Taction qui varie, en raison inverse du carre de la distance. Les effets obtenus par cette transmission de mouvement aussi simple qu'ingenieuse depassent toutes les esperances, et nous nous reservons de les d^crire en detail, quand nous les aurons vus se produire sous nos yeux. II n'est pas de masse que Ton ne puisse desormais mettre en mouvement avec des piles relativement tres-faibles, et avec une economie e'norme. M. Robert Houdin a realise ainsi un immense progres; nous eu attendons bien d'autres de son genie mecanique. — Un correspondant dont le nom nous est echappe, dans une Note sur la composition du curare, croit, mais sans fondement serieux, que la base de ce poison si subtil est le venin de crapaud : le curare, ainsi , serait un poison animal et non un poison vegetal. Dans son excellente brochure intitulee : Rccherclies naturclles , chimiques et physiologiques sur le curare , M. Alvaro Reynoso a dit de ce poi- son tout ce qu'il etait possible d'en dire , et si sa preparation est encore environnee de quelques te'nebres , ces tenebres ne pourront etre dissipees que par des informations precises prises sur les lieux meme de la preparation. Nous profiterons de cette occasion pour corriger une petite inexactitude £chappee dans notre Compte rendu de la seance du 23 avril, page 475 du volume actuel : Le Cosmossemble dire que M. Duroy a reclame contre M. Alvaro Reynoso la priorite de Tidee d'employer le brome pour combattre les effets du curare ; d'apres la version authentique des Comptes rendus , M. Duroy n'a songe qu'a Tiode, et la d^couverte de COSMOS. 581 l'efficacite absolue du brome n'est nullement contestee par lui : elle reste tout entire a M. Reynoso. — La commission des prix Monthyon pour les arts insalubres a £te nominee dans cette seance, et se compose de MM. Chevreul, Dumas, Rayer, Boussingault et Pelouze. — M. Bounisseau adresse la redaction complete de la premiere partie de ses rechercb.es sur les sangsues. — M. Valz, directeur de l'Observatoire de Marseille, est par- venu avec beaucoup de peine a retrouver la comete de M. Dien, apres son passage au perihelie. II a reussi aussi a calculer approximative- ment les elements de la planete Circe. — M. Bruhns, a Berlin, a aussi calcule les elements de Leuco- thee; nous ne les publions pas aujourd'hui parce qu'il nous semble plus sage d'attendie les elements deHnitifs. — M. Renou, d'apres des lettres de M. Delaporte, consul au Caire, signale des anomalies vraiment singulieres de temperature survenues dans cette capitale de l'Egypte. Le 10 Janvier ll tomba une certaine quantite de neige ; c'etait un phenomene entierementnou- veau pour les habitants ; mais il ne les effraya pas trop. Le 21 avril, avant midi, la chaleur <5tait excessive, d'environ 30 degres centi- grades; a midi, le thermometre descendit subitement de plusieurs de- gres, et plus tard il fit tres-froid ; vers une heure il neigea, puis la grele succeda a la neige; elle tomba en telle abondance quelle formait sur le sol une couche de 30 centimetres ; on en ramassa de tres- grandes quantites pour remplir les glacieres. Enfin , dans la soi- ree, la ville fut assaillie par une pluie torrentielle qui demolit plus de trois cents maisons. Les indigenes grelottaient de froid , se croyaient a la fin du monde, et invoquaient Allah a grands cris, etc. — Nous indiquons seulement, sans les rattacher a des noms pro- pres que nous n'avons pas pu saisir : un memoire sur la necessity de ne pas prdcipiter l'amputation dans les cas de gangrene ; il y a de grands avantages, dit l'auteur, a laisser faire la nature eta at- tendre ; un memoire sur la mortalite dans ses rapports avec les phenomenes meteorologiques ; une these sur le catheterisme du canal nasal; une note sur la vitalite des spermatozo'ides ; un pro- cede" de photographie sur collodion; une theorie des marees ; un nou- veau projet de navigation aerienne, etc. , etc. VARICES. NOUVELLE THEORIE DE LECOULEMENT DES LIQUIDES. PAR M. DEJEAN. Le but de l'auteur est de calculer la defense produite par des orifices de toutes dimensions sous des pressions quelconques. L'ide'e qu'il se fait de la mobility des liquides, idi^e qui sert de base a toute sa theorie, est assez singuliere. Suivant hii les liquides se- raient composes de globules solides qui se penetrent, d'un volume tres-petit, mais beaucoup plus grand que celui d'une molecule, d'un volume variable avec le degre de fluidite du liquide, et tel que le restant de la masse puisse glisser sans frottement sur la surface de chacun deux. II admet en outre qu'une colonne ayant meme diametre que le globule est insensible a Taction des pressions late- rales, comme un corps solide, et peut glisser sans frottement sur la masse environnante ; qu'au moment oil commence l'^coulement, la masse liquide se partage en filets de la grosseur des globules qui arrivent a l'orifice sous des angles egaux entre eux, etc., etc. Nous avouons qu'il nous est bien difficile de concevoir et d'adopter ces hypotheses. Quoi qu'il en soit, M. Dejean, partant de ces donnees, montre comment chaque filet est anime de deux vitesses, l'une in- terieure V qui regie la depense, l'autre exterieure V dont le rap- port avec V determine la contraction de la veine. II etablit : 1<> que dansle cas ou la veine liquide est soustraite a Taction de la pesan- teur, le rapport de la vitesse moyenne interieure a la vitesse moyenne exterieure est celui de 2 a 3, et que par consequent la section de la veine contracted est exactement £gale aux deux tiers de Torifice; 2° que si Ton tient compte de Taction de la pesanteur, le coefficient de la depense augmente ou diminue proportionnelle- ment au rapport 77; H etant la hauteur du niveau, h la longueur verticale de la veine (qu'est-ce que la longueur verticale de la veine?) ; 3° que pour completer la formule de la depense, il suffit d'ajouter un terme dependant de V extension developpee sur la veine par la force quidonne au liquide I'accroissement de^vitesseV — V et qui est proportionnelle au diametre des orifices. M. Dejean af- firme que sa formule ainsi completee represente, a deux ou trois milliemes pres, les resultats des experiences de MM. Poncelet et Lesbros, pour des orifices quelconques sous des pressions voisines de 0m,50 ; et quelle est parfaitement exacte pour des charges d'un metre ou au-dessus. Tout cela nous semble bien arbitraire. Le m£- COSMOS. 583 moire soumis a T Academie contient en outre un essai d'explication des phenomenes du renversement des nappes, des pulsations, des renflements annulaires, etc., si bien decrits, observes et mesur^s par Felix Savart. M. Dejean ignorerait-il que, dans la seconde partie de ses ce- lebres recherches sur les phenomenes que presentent les masses li- quides libres et soustraites a Taction de la pesanteur, M. Plateau a donne une thdorie complete de la constitution des veines liquides; theorie qu'on ne peut se dispenser d'admettre, puisqu'elle est in- d^pendante de toute hypothese et repose sur des faits incontestables d'experiences dont elle est la consequence n^cessaire? Les commis- saires nommes par 1' Academie pour juger le memoire de M. Dejean, MM. Poncelet, Morin et Combes, nous permettront de leur rappeler Texistence du beau travail de M. Plateau. SUE LE MOYEN DE PREVENIR LA FOEMATION DE LA FUMEE. PAR M. DUMERII,. Les conditions a remplir pour resoudre le probleme consistent : 1° a faire naitre les gaz combustibles dans le voisinage de l'air pur ; 2° a les forcer par un tirage energique a cheminer, en compagnie de l'air atmospherique, dans un milieu pouvant leur communiquer la temperature de combustion; 3° a les faire developper, non plus au-dessus d'une couche *le houille noire et froide, mais au-dessus d'une couche parfaitement incandescente; 4° a regler la hauteur de la charge, de maniere a la tenir a cette limite oil commence le de- veloppement de l'oxyde de carbone; 5° a uniformiser Taction des phenomenes pyriques, a tous les degres de production, afin que les injections complementaires d'air deviennent inutiles ou soient sans inconvenient sur 1'efTet utile du fourneau : ce qui revient a chercher non pas a developper d'abonl la fumee pour la detruire ensuite, mais bien a operer une combustion assez complete pour s'opposer a toute formation de fumee , assez parfaite pour qu'il ne puisse pas s'en produire du tout. Tel est le probleme que nous nous sommes pose\ Les procedes a Taide desque's M. Dumeril obtient sa solution sont simples en principe : ils consistent a renverser le mode de chargement actuel, c'est-a-dire a faire monter sous le charbon al- lume le charbon a bruler , tout en menageant et facilitant les ele- ments d'un bon tirage ; et c'est cette double condition que tous ses -efforts onttendu a appliquer pratiquement aux besoinsindustriels. 584 COSMOS. II croit y etre parvenu en faisant usage de cornets a section crois- sante, recevant le charbon a l'exterieur du fourneau par leur plus petite ouverture et venant aboutir, sous un angle d'environ 40 de- gres, vers le centre du foyer; une portion de leur longueur, celle qui aboutit au foyer, est percee a jour en forme de grille. Pour mettre l'appareil en feu, on fait la premiere charge avec du coke, et Ton continue ensuite avec la houille que Ton pousse, dans les cornets, sous le coke allume. Voici alors les phe'nomenes qui se produisent : la houille, n'etant en contact avec la chaleur que par une des faces, ne se distille que d'un cote, c'est en quelque sorte une simple surface de distillation. L'air frais qui avoisine la grille, sur laquelle repose le charbon froid, est aspire" par le tirage et s'in- filtre dans le foyer en se mariant aux carbures d'hydrogene au mo- ment meme ou ceux-ci prennent naissance. Ce melange parfaitement combustible, tout en suivant la direction naturelle due a sa density, s'enflamme au contact de la couche incandescente qu'il traverse ; le developpement de la flamme s'opere au-dessus d'une couche de combustible en complete ignition ; le rayonnement de la surface su- p^rieure du combustible n'est pas interrompu par la superposition du charbon frais; la combustion s'effectue a volonte, a tres-hautes couches, facilite, au gre de l'op^rateur, le developpement de 1'oxyde de carbone et permet d'atteindre, avec une addition d'oxygene, a des temperatures tres-elev^es. SIGNIFICATION PRECISE DU MOT SOULEVEMENT , PAR M. CONSTANT PREVOST. Une surface spheVique etant donn£e , soulevement indiquerait une portion elevde au-dessus de son niveau primitif par une puis- sance appliquee sous elle, qui la pousse de dedans en dehors, la brise par ses efforts croissants, et en releve les lambeaux desunis ; tel a ete le sens attache" au mot soulevement , lorsqu'il a ete intro- duit dans la science par M. L. de Buch et ses adherents, en propo- sant sa theorie des crateres de soulevement. Enfoncement s'entendait exclusivement de 1'inclinaison donnee sous tous les angles a une portion de cette meme surface par un mouvement opere de haut en bas ; c'est ce que supposait Deluc, qui croyait que des cavites s'etant produites par retrait sous le sol consolide, celui-ci s'etant brise et enfonce par son propre poids. Dislocation, mot qui ne prejuge rien, s'appliquerait a tout chan- COSMOS. 585 gement de niveau produit avec ondulation , plissement, ridement , avec ou sans rupture au sommet ou au fond des plis, avec redres- sement par abaissement, comme par elevation ou bascule, etc.; de telle sorte que les parties des inemes lambeaux redressees puissent etre portees au-dessus de leur niveau primitif et former des aretes ou chaines de montagnes , tandis que d'autres parties abaissees donneraient lieu a l'approfondissement des bassins intermediates. Ce dernier etat exprime l'etat re'el actuel de la surface du sol, en admettant meme positivement que les saillies produites par les dis- locations ont ete beaucoup moindres que la somme des depressions. M. Constant Prevost montre, par des dessinset des coupes faites avec le plus grand soin, combien les reliefs du sol les plus saillants en apparence sont peu de chose compares a l'etendue des surfaces disloquees , et par consequent combien il est inutile de supposer, pour produire les reliefs, des forces incommensurables necessaires pour sonlever des couches epaisses et puissantes au-dessus de leur premier niveau, tandis qu'il est aussi facile que naturel de se rendre compte de tous les effets observes et dont on cherche l'explication, par l'affaissement inegal sur elles-memes et par leur propre poids, des parties disloquees. M. Constant Prevost a mille fois raison : la theorie des souleve- ments , si seduisante au premier aspect , est completement insou- tenable. l'oxygene a l'etat naissant, PAR M. AUG. HOUZEAU. Le plus simple des appareils a l'aide desquels on peut obtenir l'oxygene a l'etat naissant consiste en un ballon tubule, dont le goulot le plus etroit porte un tube abducteur se rendant sous une eprouvette remplie d'eau. L'acide sulfurique etant verse d'abord , il suffit d'y projeter le suroxyde terreux reduit en petits fragments, et de fermer rapidement le col du ballon avec un bouchon de liege. Le degagement du gaz ne se fait pas longtemps attendre, et il est d'autant plus accelere que le melange acide s'echauffe plus forte- ment. II est done necessaire dans certains cas de favoriser la reac- tion en plongeant le ballon dans un bain-marie chauffe de 50 a 60 degre"s , comme parfois aussi il est indispensable de la moderer en faisant usage d'eau froide. La difference entre l'oxygene naissant et l'oxygene ordinaire ressortira mieux a l'aide du tableau suivant : 586 COSMOS. Proprietes generates de l'oxygene ordi- naire a l'etat libre et a la temperature de + 15°. Gaz incolore, inodore, iosipide. Sans action rapidestir le tournesol bleu. N'oxyde pas l'argent. Sans action sur I'ammoniaque. Sans action sur le gaz hydrogene phos- phore. Ne decompose pas l'iodure de potas- sium. Ne reagit pas sur l'acide chlorhydrique. Estun oxydant faible. Tres-stable a toules les temperatures. Proprietes generates de l'oxygene nais- sant a l'etat libre et a la temperature de -f- 15°. Gaz incolore, tres-odorant, ayant la sa- veur du homard. Decolore avec rapidile le tournesol bleu. Oxyde l'argent. Brule sponianement I'ammoniaque et la transforme en nitrate. Brule instantanement l'hydrogene phos- phoie avec emission de lumiere. Agit rapidement sur l'iodure de potas- sium et met l'iode en liberie. Decompose l'acide chlorhydrique et met le chlore en liberte. Est un agent puissant d'oxydation et un chlorurant energique. Stable a -(- 15° ; est detruit vers 75°. Nous sera-t-il permis de rappeler encore une fois que le premier, en 1845 , en partant de la theorie si feconde d' Ampere , ou des atmospheres eMectriques des molecules materielles, nous avons con- clu a la possibility d'obtenir les gaz dans leur 6tat electrique propre, sans que cette electricity essentielle fut dissimulee par une atmo- sphere d'£lectricite contraire ; le premier aussi nous avons vu dans l'ozone de M. Schoenbein l'oxygene a l'etat electro-negatif. Mais l'existence du nouveau gaz de M. Houzeaux, d'un oxgyene qui diflere si substantieilement de l'oxygene ordinaire est-elle ad- missible 1 Son gaz ne serait-il pas un melange d'oxygene et de va- peur d'eau oxygenee? On nous assure que des expediences deja faites confirment nos craintes; qu'il suffit d'agiter le pr&endu gaz simple au contact de l'air pour voir disparaitre ses proprietes caracteris- tiques. DECOMPOSITION DES FLUORURES AU MOYEN DE LA PILE. PAR M. FREM7. M. Fremy, en suivant une me'thode analogue a celle par laquelle M. Bunsen decompose les terres, s'est propose non de degager les metaux des fluorures de leurs combinaisons binaires, mais d'isoler le fluor. II a opere le plus souvent sur le fluorure de potassium prepare encalcinant du fluorhydrate de fluorure de potassium dans des vases de platine et a l'abri de l'air, et ne contenant reellement que du po- COSMOS. 587 tassium etdu fluor. On place le fluorure alcalin dans une cornue en platine tubulee, et on l'y maintient en fusion au moyen d'une bonne forge. Un fil de platine communiquant avec le pole positif de la pile vient plonger dans le fluorure en fusion , tandis que les parois de la cornue se trouvent en rapport avec le pole negatif. Des que le fluorure est soumis a l'influence du courant electrique, il se decompose rapidement; le fil de platine qui plonge dans le fluorure est attaque par le fluor, s'use et se transforme momenta- n^ment en fluorure de platine, qui lui-meme ne tarde pas a se de- composer par Taction de la chaleur, en formant de la mousse de platine que Ton retrouve dans la cornue apres l'experience. II a ete impossible jusqu'a present de remplacer le fil de platine par un crayon de charbon qui, lorsqu'il est pur, se desagrege rapidement dans le fluorure; et, lorsqu'il est coherent, contient de la silice ou. d'autres substances minerales que le fluor attaque aussitot. II se degage, par le col de la cornue de platine, un gaz odorant qui decompose l'eau en produisant de l'acide fluorhydrique, et qui deplace l'iode contenu dans les iodures. Ce gaz me parait etre le fluor. Mais l'usure du conducteur de platine et la solidification de la masse projetee continuellement sur les parois de la cornue viennent malheureusement mettre fin, au bout d'un temps assez court, a cette experience interessante. M. Fremy termine ainsi : « En tenant compte des proprietes du gaz que j'ai produit dans l'experience precedente, en reconnaissant que ce corps attaque le platine a la maniere du chlore, du phosphore ou du soufre, je crois pouvoir annoncer a l'Academie que j'ai reellement isole, au moyen de la pile, le radical contenu dans les fluorures, et que ce corps me parait identique avec celui que j'ai obtenu precddemment en de- composant, sous l'influence d'une temperature tres-elevee, certains fluorures par l'oxygene. » SUR LE GRANITE DE BOMARSL'ND, PAR MM. MALAGUTI ET DUROCHER. « Ce granite est rouge, a tres-grandes parties, et forme, vu la ra- rete du mica, une pegmatite porphyro'ide. Le feldspath en est l'el^- ment le plus abondant; il y en a deux especes, de l'orthose rouge et de l'olicoglase de nuances diverses, blanche, jaunatre et d'un rouge clair. Outre ces substances qui sont accompagnees de quartz,, nous y avons trouve un mineral rare qui rend ce granite remar- 588 COSMOS. quable et permetd'en determiner l'age : ces>t\a.gadoli/iite (silicate d'yttria et d'oxyde de cerium) que nous avons constate par l'anaiyse chimique,conjointement avecses caracteres physiques } il se montre en noyauxnoirs, abondamment repandus dans la roche, de lameme maniere que la tourmaline dans l'espece de granite que Ton nomine schorlrock. Ce granite que Ton pourrait a.^pe\ev jttriocerifere, car il renferme en beaucoup de points des mineraux a base d'yttria et d'oxyde de cerium, est anterieur a l'epoque silurienne, mais poste- rieur aux grands amas de fer oxydule du nord de l'Europe ; ainsi qua un groupe de roches amphiboliques et a une autre espece de granite qui est a petits grains. II donne lieu a d'importantes exploi- tations sur la cote septentrionale du golfe de Finlande, et il est re- marquable par le volume et la beaute des pierres qu'il fournit; il a ete employe en grande quantite dans les constructions du port mi- litaire de Cronstadt, et c'est lui qui forme les beaux monolithes de Sainl-Petersbourg, tels que la colonne Alexandrine, le rocher de Pierre-le-Grand. N^anmoins cette sorte de granite, que les Finlan- dais nomment rapakivi, et dont l'aspect est fort agreable, laisse beaucoup a desirer sous le rapport de la duree ; deja Ton remarque des fissures dans la colonne Alexandrine, et dans le sud-est de la Finlande, on voit de veritables montagnes de ce granite dont la masse s'est delit^e et changed en un amas de sable. La facilite avec laquelle se disloque, sous Taction de la chaleur, le granite de Bomar- sund est d'accord avec ces caracteres. » A. TRAMBLAT, propriitaire- gerant . PARIS. — IMrElMERIB DE W, BEMQUET ET C,e, R'JE GARANC1ERE , 5. T. VI. l" JUIN 1 855. QUATIUEMi: ANNEE. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. — Le gouvernement des Etats-Unis a pris des mesures pour se procurer un certain nombre de chameaux, que Ton essaiera d'abord comme betes de charge ou de guerre dans les Etats du Sucl , pour aborder ensuite une acclimatation en grand. — II y a cinquante ans , dit un journal de Philadelphie , les ba- teaux a vapeur etaient completement inconnus; on en compte 3 000 aujourd hid dans les seules eaux de l'Amerique. En 1800 il n'y avait pas sur le globe un seul chemin de fer ; les voies ferrees sil- lonnent aujourd' hid le sol americain sur une longueur de 10 000 milles , 333 lieues , les sols americains et anglais sur une longueur de 22 000 milles, 7 000 lieues. II y a un demi-siecle il fallait plu- sieurs semaines pour transmettre une nouvelle de Washington a la Nouvelle-Orleans; cette meme nouvelle se transmet aujourd hid en moins de secondes qu' autrefois de semaines. Au commencement du siecle enfin, les presses a bras imprimaient a peine mille iVuil- les par jour, aujourd 'hid une seule presse a vapeur donne par heure 20 000 exemplaires d'un grand journal. Aujourd'hui est un fameux compere, mais il sera bien plus fameux encore dans cin- quante ans. — Depuis sa nouvelle eruption, le Vesuve va faisant sans cesse de plus grands ravages. Vers le 15 mai , une masse enorme de la- ves, partag£e en plusieurs courants , apres avoir englouti Cerolo, a diverge vers la droite et a presque atteint San-Jovio. Une grande Vendue de terres richement cultiv^es ont disparu sous les laves, et les esperances d'abondantes recoltes se sont completement evanouies. Lespertes subies parquelques proprietaires sont considerables, leur ensemble est deja represents par des chiffres enormes. Si l'eruption continue , le torrent de laves passera par-dessus le chemin de fer pour aller se jeter dans la mer. La montagne a son sommet est cri- blee de tant de crevasses, et son £corce est deja reduite a une si mince epaisseur, qu'on tremble a chaque instant de la voir s'ecrouler; on ne permet plus a aucun visiteur d' aller au dela de l'Observa- toire ; ce serait une folie que de vouloir se rapprocher davantage 590 COSMOS. du cratere. Le spectacle de la montagne pendant la nuit est tout a fait grandiose, la lave enflammce qui couvre ses flancs produit de loin 1'pffet de tlots de sang sortant des blessures du geant. — On a fait recemment a Portsmouth, a bord du yacht royal Elfin, l'essai du systeme de portes de fourneaux, a l'aide desquelles M. Prideaux pretend empecher la formation de la fumee. Quoique Ton se servit de charbon de mauvaise qualite, du west Harley-coal, la fumee n'a pas ete seulement prevenue , on a pu eteindre le feu de l'un des quatre foyers sans que la pression do la vapeur dans le gt^nerateur fut diminuee; il y avait done a la fois disparition de la fumee et abaissement considerable de la temperature de la chambre des machines, sans diminution aucune de la quantite de vapeur en- ger.dree. Vers la fin de l'experience , on a enleve la porte de M. Prideaux pour lui substituer la porte ordinaire des fourneaux anglais, aussitot la temperature de la chambre des machines s'est elevee de 19 a 35 degres ; il etait invinciblement demontre' par la qu'en meme temps la porte, systeme Prideaux, maintient l'air exterieur a une temperature assez basse, quelle que soit l'activite de la combustion au sein du fourneau. — Nous n'avons pas vu fonctionner sans quelque surprise le curieux appareil par lequel MM. Beaumont et Mayer, quai Valmy, n° 295, developpent, par le simple frottement , sans chauffage au- cun, une quantite considerable de vapeur. L'experience dont ces messieurs nous ont rendu t^moin est bien certainement une des plus biillantes experiences de la physique moderne ; leur machine est fort simple : elle consiste en une chaudiere cylindrique de 2 metres de long, de 50 centimetres de diametre, parcourue inte- rieurcment sur toute sa longueur par un tube conique qui en occupe le centre. L'eau qu'il s'agit de reduire en vapeur remplit I'espace vide compris entre les parois interieures de la chaudiere et la sur- face interieure du tube conique. On introduit au sein du tube un cone en bois recouvert sur toute sa surface d'une tresse en chanvre ou filasse roulee en helice ; le cone en bois , traverse par un axe en fer, remplit exactement la capacite exterieure du tube , de maniere a appuyer et a frotter incessamment contre ses parois ; on lui im- prime, a l'aide de la force motrice empruntee a une chute d'eau du canal Saint-Martin , une vitesse d'environ 400 tours par minute : la chaleur engendree par cette rotation rapide et ce frottement con- tinuel suffit amplement a reduire en vapeur l'eau de la chaudiere ; un thermometre place au sein de cette eau indique , au bout d'un certain temps, une temperature de 130 degres; la chau here, d'ail- COSMOS. 591 leurs, est munie de tous les accessoires ordinaires : soupape de suretd, sifflet , flotteur, manometre, etc. La vapeur atteint sans peine une pression de deux atmospheres et demie ; un appareil grais- seur, a effet continu , apporte incessamment a, l'enveloppe du cone en bois l'huile necessaire a 1'entretien du mouvement ; cette huile, d'ailleurs, ne se brule pas et peut servir inddfiniment ; en sortant du cone interieur , elle va en outre lubrefier les tourillons et les axes. MM. Beaumont et Mayer nous ont assure que leur machine, contenant 400 litres d'eau, et qui exige , pour etre en mouvement, une force de deux chevaux, engendre assez de vapeur pour rendre le travail d'un cheval : c'est peu de chose en apparence ; c'est beau- coup, c'est enorme en r^alite' , et jamais on n'avait encore obtenu un effet semblable du simple i'rottenipnt. Sans doute que la nouvelle machine ne pourra pas etre em- ployee a produire de la force ou un effet mecanique, puisqu'elle exige elle-meme, pour fonctionner, une force motrice deja existante et dont elle n'utilise qu'une fraction. Elle a un tout autre but , et ce but, quoi qu'on en dise , est tres-rationnel : convertir en chaleur utile des forces naturelles perdues ; faire de la chaleur avec la force , la ou la force surabonde et n'a presque aucune valeur, la ou , par contre, la chaleur manque faute de combustible pour l'en- gendrer. Representons-nous, par exemple , notre armee de Crimee pendant les rigueurs de l'hiver, sans bois et sans charbon pour cuire ses aliments et se defendre du froid, avec force bras, force chevaux, avec la possibilite , par consequent , d'organiser sur divers points du camp de nombreux manages. N'est-il pas evident que, clans ces conditions , les appare.ls propres a convertir la force en chaleur auraient ete des appareils e'minemment precieux? II y a en France des centaines de mille de chevaux de forces perdues en chutes d'eau qu'on n'utilise pas ; que de millions de chevaux de forces on pourrait demander au vent, qui souffle gratuitement a la surface de la terre, et que Ton emmagasine sur si peu de points ! Le bois et la houille ont une certaine valeur : cette valeur ira sans cesse en aug- mentant ; et qui sait meme si le bois et la houille ne manqueront pas complement un jour? On ne pourra plus alors songer a con- vertir la chaleur en force motrice ; ce sera la force motrice, au con- traire, qu'il faudra a, tout prix convertir en chaleur, soit immedia- tement par le frottement, soit mediatement par l'electricite. A ce point de vue, MM. Beaumont et Mayer ont rdsolu un grand pro- bleme et bien merite de l'humanite. Deja, si Ton y faisait bien 592 COSMOS. attention, on trouverait une foule de localitcs et de cireonstance oii l'eraploi de la nouvelle machine donnerait des avantages con- siderables, permettrait de creer de nouvelles industries lucra- tives etc., etc. Ilya dans leur decouverte une grande difficult^ vaincue, un progres accompli, un pas considerable fait en avant ; elle est par la meme providentielle et elle portera certainement ses fruits tot ou tard. Nous avons appris avec douleur et stupefaction que le nouvel appareil n'avait pas etc" admis a l'Exposition universelle. II est im- possible que Ton maintienne cette exclusion qui serait a la fois un acte de despotisme aveugle et d'injustice criante. Encourage par M. Mayer, M. Beaumont a fait ce que personne n'avait fait avant lui : il a fait ce que nos savants de l'lnstitut auraient peut-etre declare impossible ; et leur magnifique experience attirerait certai- nement la foule au Palais de l'Industrie. Nous conjurons le Prince- President de la Commission d'ordonner d'urgence radmission du thermogenerateur. P. S. Tout est repare. Sa Majeste- l'Empereur a honore de sa pre- sence l'humble atelier; 1' appareil thermogene a ete" apprecie a sa juste valeur. Les portes du Palais de l'Industrie lui sont ouvertes a deuxbattants. — L' A the nee urn anglais annonce que M. le docteur Hoffman , directeur du laboratoire du Museum de geologie pratique , a (He nomine essayeur a la monnaie d'Angleterre a la place laissee va- cante par la promotion de M. le professeur Graham aux functions de directeur. Le journal anglais ajoute : « Nous n' avons pas appns que M. Hoffman ait resigne les fonctions qu'il remplissait a Jer- myn-street. Le nombre des emplois retribues auxquels peuvent as- pirer les savants de l'Angleterre est cependant si petit , que Ton ne verraitpas sans peine que les deux plus lucratifs de ces emplois fussent remplis par une seule et meme personne. » Le chef d'une de nos premieres maisons ou Ton met en ceuvre le caoutchouc, vient de remplacer le bouchon qui ferme l'orifice du fusil par un petit pavilion qui empeche l'humidite d'entrer dans l'arme. Ainsi, nos braves fantassins n'auront plus a redouter de vo;r leur tir paralyse par le mauvais temps. Ce procede, ='il tient tout ce qu'il promet, achevera la revolution commenced par la substitu- tion de la capsule fulminante a 1' amorce. OPTIQUE APPLIQUEE. DU POUVOIR ECLATRANT DES PRODUITS GAZEUX FOURNIS PAR LA DISTILLATION DE LA TOURBE. M. Leon Foucault, physicien de FObservatoire, avait 6t6 charge d'etudier comparativement le gaz de la tourbe et le gaz de la houille fourni a la ville. La Compagnie etablie boulevard de Strasbourg, n° 53, s'est empressee de mettre a. sa disposition un cabinet d'experiences avec les appareils et toutes les ressources n^cessaires a l'execution de cet important travail photomdtrique. C'est, a notre connaissance, le premier travail de ce genre conduit par un physicien eminemment habile : il a rempli treize longues seances ; et M. Foucault , dans un rapport etendu , redige avec le plus grand soin , a rendu compte des re'sultats de la mission qui lui avait ete confiee. Nous regrettons vivement de ne pouvoir pu- blier integralement ce document precieux qui nous a ete communi- que : il remplirait a lui seul une livraison du Cosmos ; mais nous en extrayons ce qu'il renferme de plus neuf, de plus essentiel etde plus pratique. 1° Produits gazeux founds par la tourbe. La tourbe introduite dans une cornue de fonte chauffee au rouge sombre donne immd- diatement un melange de gaz permanent et de vapeurs susceptibles de se condenser en un liquide oleagineux ; ces deux produits se separent bientot en vertu de la difference des £tats physiques qu'ils affectent a la temperature ordinaire ; aussitot refroidie, l'huile de tourbe se rassemble dans un vase special , tandis que le fluide per- manent, continuant son trajet, va se rendre dans un gazometre. Cet hydrogene carbone gazeux , l'un des produits immediats de la distillation de la tourbe, est par lui-meme tout a fait impropre a l'eclairage ; il donne une flamme tres-petite, comparable pour l'e- clat a une flamme de punch, et qui, par consequent, ne repand sur les objets environnants que fort peu de lumiere. L'huile de tourbe est un liquide visqueux, noiratre, fortement odorant et assurement tres-complexe , qui , soumis a une nouvelle distillation , se resout tout entier en gaz permanent et en hydrogene tres-richement carbone. Le melange gazeux , que j'appellerai gaz d'huile , contraste singu- lierement, par ses proprietes , avec le gaz obtenu dans la premiere operation. En brulant , il donne une flamme six ou huit fois plus etendue et douee du plus vif eclat ; on mele alors ces deux gaz en- semble (le riche et le pauvre) et Ton obtient un gaz moyen que Ton propobe de livrer a la consommation. Quand I'operation est bien 594 COSMOS. conduite, une fournee de tourbe traitee comme il vient d'etre dit donne successivement un gaz pauvre et un gaz riche qui , verses dans la meme cloche, forment un melange capable de produire une belle flamme, et qu'on peut appeler melange naturel. On reconnait aisement, a la vue simple, que ce dernier melange possede un pou- voir eel ai rant plus considerable que le gaz courant fourni par la dis- tillation de la houille. Cette superiority est assez evidente pour que le gaz de tourbe puisse devenir l'objet d'une exploitation serieuse. Le gaz que Ton a l'intention de livrer a la consommation resulte de la dilution d'un gaz surabondamment riche par un gaz tres-pauvre. 2° Methode photometrique adoptee. M. Foucault a repousse" d'abord, comme ne donnant pas une exactitude suffisante, le pre- cede des ombres ordinairement employe. II a essaye ensuite le pho- tometre de M. Babinet, que nous avons decrit dans le Cosmos , et dont l'emploi a pour base les phdnomenes de la polarisation chro- matique. II a reconnu que cet appareil presente une assez grande sensibilite ; que, thdoriquement, la methode parait irreprochable ; qu'appliquee avec toutes les precautions n^cessaires, elle donne des nombres assez exacts et comparables ; mais , qu'en pratique , elle comporte des lenteurs et des imperfections dont la plus considerable est l'emploi oblige d'une lumiere auxiliaire ; aux yeux de M. Fou- cault, e'est un vice radical qui n'est pas compense' par l'elegance du principe ; il a done abandonne le photometre polariseur, et voici comment il l'a remplace. Nous le laisserons parler lui-meme : u En disposant le nouvel appareil, je me suis preoccupy seule- ment d'illuminer les deux parties d'un meme ecran par le rayonne- ment direct des deux sources que Ton veut comparer, en satisfai- sant a cette condition expresse, que les deux regions soumises aux rayonnements differents fussent exactement contigues sans interpo- sition d'aucune penombre visible. La sensibilite du procede depend de la disparition plus ou moins complete de toute limite perceptible entre les deux regions eclairces au moment ou les deux rayonne- ments deviennent egalement intenses de part et d'autre. L'appareil que je vais decrire permet de r^aliser assez commodement cette parfaite continuite d'un meme champ illumine^ localement par deux sources diflferentes. II consiste en une boite cubique qu'une cloison mobile dans son propre plan partage en deuxcompartiments dgaux; le fond de la boite , qui fait face a l'observateur, est forme par un £cran tres-mat, dont j'indiquerai la composition, et qui joue a peu pres le rolede la glace depolie dans la chambre noire ordinaire. La paroi opposee fait deTaut ; et e'est par la que les rayonnements des COSMOS. 595 deux sources p^netrent librement et isolement dans leurs compar- timents respectifs. On met naturellement l'appareil dans une posi- tion sym^trique, de maniere a ce que la cloison mediane partage en deux parties egales Tangle forme" par les rayons cles deux sources qui convergent sur le milieu de l'ecran. « Dans cette situation, il peut arriver que les ombres portees de part et d'autre par la cloison sur Tehran se trouvent separees par un espace lumineux , ou bien , au contraire, que ces deux ombres empietent l'une sur l'autre ; dans tous les cas , leurs bords int<§- rieurs seront tres-nettement termines. Or, comme la cloison peut etre mue dans son propre plan au moyen d'un bouton qui fait sadlie au dehors, on lui donnera la position necessaire pour amener exac- tement les deux ombres au contact. On saisit alors, avec une faci- lite surprenante, le moindre exces drntensite" d'un rayonnement sur l'autre ; et comme on dispose des positions des deux flammes, on arrive a determiner avec precision les distances respectives , qui egalisent a l'ceil les deux moities du champ, en faisant disparaitre une limite commune. Quand cette espece d'equilibre se trouve rea- lisee, il ne reste plus qu'a mesurer directement les distances des objets lumineux, pour en d^duire le rapport des pouvoirs eclairants. « II ressort de cette description que 1'effet produit sur l'ecran s'observe par transparence, comme les images de la chambre obscure ordinaire pendant la mise au point. L'analogie semblait conseiller l'emploi du verre depoli ; cependant, j'ai bientot reconnu que cette sorte d'ecran ne possede pas assez de pouvoir diffusif ; qu'il est trop transparent ; que, par suite , 1'effet optique contemple a sa surface d^pendait trop de la position de l'observateur, et qu'on serait dis- pose" a porter de faux jugements. Sous ce rapport, le papier aurai t mieux convenu, mais les in£galites de sa structure auraient masque des differences que l'ceil eut saisies sur une trame plus fine et plus homogene. J'en suis done arrive a former cet dcran d'une couche d'amidon suspendu dans l'eau et depose" par le repos sur une lame de glace. Cet ecran possede toutes les quality requises ; on peut le rendre aussi diffusif que le papier, et de plus il offre a. l'ceil toute la finesse, toute l'homogeneite" desirables. Le choix d'un bon ecran n'^tait pas sans importance : en le formant d'une couche mate et fortement diffusive, on rend l'appreciation des intensites lumineuses a peu pres inddpendantes du lieu de l'observation. On peut , sans bouger la tete, se servir indifferemment d'un ceil ou de l'autre ; on peut, par consequent, observer avec les deux yeux a la fois, ce qui permet d'asseoir le jugement d'une maniere plus certaine. Le nouvel 596 COSMOS. appareil ne requiert aucune des subtibtds de l'optique moderne ; la maniere dont il fonctionne est accessible a tout le monde : il isole et rapproche l'oclairement des sources proposees ; il permet de les ramener a l'egalitepar de simples variations de distance, et il four- nit par suite le moyen d'dvaluer en nombres les pouvoirs eclairants ; ]e tout se realise au moyen d'tme simple boite qu'en raison de son emploi et de sa construction j'appellerai photometre a compar- timents. J'ai eu principalement pour but de supprimer l'intervention d'une lumiere accessoire ; des lors , les gaz qu'il s'agissait d'eprou- ver devaient comparaitre simultanement devant l'appareil et donner leurs flammes a des distances variables a volontd. » 3° Unite photometrique. Ce qu'il y a de plus essentiel quand il s'agit de determiner l'intensite lumineuse d'un gaz ou d'une lumiere quelconque, c'est de pouvoir exprimer en nombres la valeur photo- metrique de la source comparee , au moyen d'une autre source constante, facile a se procurer, et qui est prise pour unite. M. Fou- cault croit avoir decouvert une unite' suffisamment fixe. « On a depuis longtemps propose la bougie comme unite" photo- metrique, mais les variations de cette source lumineuse sont telle- ment considerables qu'elles sautent aux yeux. Si Ton prend deux bougies dans le meme paquet et qu'on les mette a 'des distances egales au-devant du photometre a compartiments, on reconnait que l'equilibre ne se realise que tres-accidentellement : a chaque ins- tant, la superiority d'eclat passe de l'une a l'autre, et l'instrument accuse presque constamment une inegalite choquante. Cependant, cette fbcite que Ton chercherait vainement dans une bougie Isolde se realise assez convenablement dans un systeme de bougies , et elle est d'autant plus parfaite que le groupe est plus nombreux. J'ai pense qu'en reunissant en faisceau plusieurs de ces elements dont l'instabilite m'avait d'abord frappe, onreussirait a former une source multiple qui donnerait au photometre le meme effet qu'une flamme simple, et qui deja prdsenterait en pratique assez de stabilite pour etre utilement employee comme terme de comparaison. Des bou- gies au nombre de sept se groupent naturellement en faisceau hexa- gonal , et si Ton a soin de maintenir entre elles une distance d'un centimetre, on trouve qu'elles brulent avec une remarquable fixite ; des courants d'air s'etablissent qui tendent les flammes et leur don- nent plus de stabilite que lorsqu' elles brulent isolement. J'ai pris au hasard 14 bougies de 1'Etoile , et les ayant formees en deux faisceaux, j'ai place" ceux-ci a des distances egales en avant du photo- metre. L'effet sur l'dcran a ete satisfaisant, non pas que l'equilibre COSMOS. E97 ait etc completement et constamment maintenu , mais les diffe- rences qui se sont montrees etaient de l'ordre de celles qui apparais- sent d'elles-memes, lorsqu'on met deux bees de gaz dans les memes conditions. » 4° Rcsultat des experiences . Comme le gaz de la houille et celui de la tourbe n'ont pas la meme densite, ils ne pourraient pas, en s'ecoulant par le meme bee cu par des bees identiques, donner le meme debit sous la meme pression , le gaz de tourbe s'ecoulant n^cessairement en volume moindre. Quand on reglait l'^coulement de maniere a ce que le debit rut le meme pour l'un comme pour 1' autre , on trouvait une pression de 6 millimetres en plus pour le gaz de la tourbe. En general , dans la comparaison des pouvoirs eclairants , il faudra operer a, egalite non de pression, mais de vo- lumes depenses. Les moyennes des intensites lumineuses du gaz de tourbe obte- nues avec le photometre Babinet , l'intensite du gaz de la Ville etant 100, out ete exprimees : 1° a egalite de pression par les nombres 149, 172, 136, 212, moyenne generate 167 ; 2° a egalite de volumes depenses , 169, 269, moyenne 209. Avec le photo- metre a compartiments, l'intensite moyenne, a pressions £gales, a ele" 278 ; a volumes egaux, 331. Les differences entre les nombres donnes par les deux photometres sont reellement enormes, et nous ne nous les expliquons pas. La moyenne de cinq determinations avec 1'unite- ou faisceau de 7 bougies, au moyen du photometre a compartiments, a donne le bee de gaz de tourbe comme equivalant a 23 bougies 1/4 ; le meme bee alimente par le gaz de la Ville, a la suite du meme genre d'epreuves, a para egal a 6 bougies 3/10eS ; divises l'un par 1' autre , ces deux nombres de bougies donnent pour le gaz de tourbe 342, celui de la Ville etant 100; par la comparaison directe des deux gaz , on a trouve" 331 , e'est-a-dire le meme nombre, a 1/30° pres. On peut done se fier a l'emploi de 1'unite photom^trique. Une seance entiere a ete consacree a determiner le pouvoir eclairant du gaz d'huile de tourbe pure, l'element eclairant par excellence , que la nouvelle Industrie vient jeter sur la place. A egalite de pression , et l'intensite du gaz de la Ville etant toujours 100 , celle du gaz d'huile de tourbe est exprimee en moyenne par 705 ; a Egalite de volumes, par 756. ACOUSTIQUE PRATIQUE. M. Lissajous a lu recemment a la Society d'encouragement une note tres-intdressante sur l'elevation progressive du diapason et la ndcessite d'un diapason normal etalon. Nous la reproduisons presque entitlement. Au commencement du xvme siecle, aux dernieres annees du regne de Louis XIV, le la adopte dans les orchestres, exdcutait, d'apres Sauveur , 810 vibrations par seconde ; aujourd'hui le la de l'Opera (d'apres les experiences que M. Lissajous a faites avec M. Ferrand, l'un des premiers violons de l'orchestre), execute environ 898 vibrations par seconde. II y a done eu de 1715 a 1855, e'est-a-dire en moins d'un siecle et demi , une ascension de pres d'un ton dans le diapason des orchestres. Du reste , cette elevation, quoique progressive, s'est produite en grande partie dans le siecle actuel, et eile a ete plus rapide dans les vingt-cinq dernieres anndes que dans les periodes preeddentes. Les nombres suivants donneront une idee suffisante de cette marche ascendante : 1° Le la de la chapelle royale sous Louis XVI, suivant M. Pfeif- fer, correspondait a 818 vibrations ; 2° en 1808 le la d'une flute de Holtzappel, estime par M. Delezenne, dtait de 853 vibrations ; d'autres diapasons de la meme epoque donnaient 857 ou 860 vi- brations; 3° en 1823, suivant Fischer, le la dtait aux Italiens de 848 vibrations ; a Feydeau de 855 ; a l'Opera de 863 ; 4° en 1834, suivant M. Scheibler le la etait a l'Opera de 867,5; au Conser- vatoire de 870; 5° en 1834, suivant M. Delezenne, ce meme la devint 882 ; 6° en 1855, enfin , le la de l'Opera est de 898 vibrations. Ainsi, depuis 1823 le diapason de l'Opera s'est eleve" de pres d'un demi-ton. Doit-on s'etonner d'apres cela que les voix de tdnor soient aujourd'hui si rares 1 L'accroissement qui a eu lieu dans la puissance des orchestres par suite de l'augmentation du nombre des instruments de cuivre, l'elevation notable du diapason oblige le chanteur a. redoubler d' efforts, d'une part pour dominer des accom- pagnements plus nourris qu'autrefois, d'autre part pour atteindre des notes difhciles dont le nom n'a pas change, quoique leur hau- teur se soit dlevee de pres d'un demi-ton depuis vingt-cinq ans. Comment s'etonner que si peu de voix conservent leur fraicheur lorsqu'elles sont obligees delutter sans cesse pour obtenir des effets qui deviennent chaque jour plus difflciles ? De jeunes chanteurs, pleins d'avenir, commencent leur carriere COSMOS. 599 artistique sur des theatres de province, ouun public peu indulgent exio-e avec une rigueur impitoyable remission de certains sons ele- vens dont le souvenir est reste dans l'oreilledes meMomanes de l'en- droit. Malheur au debutant si sa voix se refuse a ces tours de force d'ou depend entitlement son avenir ; eut-il d'ailleurs tout le talent possible comrne musicien et coinine chanteur, il lui faut renoncer aux emplois les plus lucratifs du theatre, s'il n'est pas decide, par avance, a faire le sacrifice de tout ce que sa voix peut avoir de pu- rete et de fraicheur, pour atteindre, coute que coute, les notes ele- vens qui lui sont payees si genereusement en argent et en succes. Aussi que de belles voix sont brisees avant d'aborder la scene, et combien peu resistent longtemps aux exigences du theatre ! Que de chanteurs eminents passent une moitie de leur vie d'artiste a rui- ner les moyens que la nature leur a donnes , et emploient ensuite l'autre moitie" a dissimuler a force d'art les ruines prematurees d'un organe dont les ressources font detaut a leur talent ! Telle est la consequence fatale de l'ascension continuelle du diapa- son. Oil s'arretera ce mouvement ascensionnel ( Nul ne peut le pr£- voir , si on ne prend pas des mesures serieuses pourcombattre cette tendance qui est conime nous allons le voir tout a fait inevitable. En effet , depths que les instruments a vent ont pris une grande importance dans l'orchestre, ils ont necessairement du, en raison de leur sonorite meme, imposer leur tonalite aux instruments a corde. Or, le diapason de ces instruments tend toujours a s'elever; ils sont crees principalement envuedela musique militaire, et la l'ele- vation du diapason ne presente que des avantages ; d'une part ac- croissement dans la sonorite qui, devenant plus aigue, est, par cela meme, plus per^ante ; d'autre part diminution dans le poids. Les facteurs doivent done etre entrained bien plutot a. diminuer le format qua l'accroitre et par suite a elever le diapason qu'a l'abaisser. La fabrication des pianos qui occupe aujourd'hui la place la plus importante dans la facture est soumise aux memes tendances ; en effet, pour obtenir des cordes la sonorite la plus pleine, il faut leur donner une tension peu eloignee de celle qui les fait rompre; par suite, a, mesure que la fabrication des cordes s'amehore , on est porte a les tendre davantage , et comme d'ailleurs la construction actuelle des pianos permet d'accroitre cette tension assez notablement sans que l'instrument en souffre, le facteur ne r^siste pas au desir bien natu- rel d'augmenter la sonorite de ses pianos, surtout lorsqu'il peut le faire sans rien changer a ses modeles : de la une Elevation dans le diapason . 600 COSMOS. II y a meme une cause permanente d'ascension [pour le ton des instruments , dans la m^thode employee vulgairement pour reVler les diapasons les uns sur les autres. En effet, ce travail se fait a. l'aide cle la lime ; en limant un diapason on l'echauffe ; au moment oil ll vient d'etre r^gle", il est d'accord avec le diapason primitif, mais il est encore chaud, etquand il sera refroidi il montera. Qu'on se serve de ce deuxieme diapason pour en regler un troisieme , ce troisieme sera plus eleve- que le second, et ainsi de suite. Comment repondre alors de la conservation de l'etalon sonore s'il n'existe pas un prototype auquel on puisse toujours recourir pour assurer la fixit<> du ton des instruments? A coup sur si on abondonnait a chacun le soin de regler les mesures dont il se sert, il serait difficile, fut-on meme de bonne foi, d'esperer que le metre eL le kilogramme pussent conserver longtemps leur valeur. On ne doit done pas s'etonner que le diapason monte sans cesse, et Ton doit penser qu'il en sera de meme tant qu'on ne prendra pas des mesures serieuses pour l'arreter dans sa marche ascendante. Du reste, la ne"cessite d'adopter un diapason uniforme s'est deja fait sentir, et en 1834 un congres reuni a. Stuttgard a adopte pour le In 880 vibrations par seconde. A la meme epoque le diapason de l'Opera faisait 882 vibrations par seconde. Mais tout en adop- tant un diapason uniforme, on ne s'est pas occupe des moyens de le conserver; aussi depuis cette epoque le la de l'Opera a-t-il mont£, et cela uniquement parce qu'il n'existe pas a ce theatre de diapason officiel. Lorsqu'il y a quelques annees, M. Marloje, habile cons- tructeur d'instruments d'acoustique, se presenta a l'Opera pour se procurer le diapason de ce theatre , il lui fat repondu qu'il y avait b.en eu a la verite un diapason qu'on presumait devoir etre chez le portier de l'administration ; mais les recherches qui furent faites pnur le decouvrir ne servirent qu'a eonstater qu'il n'en restait plus que le souvenir. Aussi en donnant dans les premieres lignes de cette note le chiffre actuel du diapason de l'Opera, M. Lissajous entend mdiquer la hauteur a laquelle se trouvait l'orchestre a l'epoque ou 1'experience a ete faite ; mais il n'a pas la pretention de donner une valeur fixe au ton de l'Opera, car cette valeur, comme je l'aidejadit, est essentiellement variable. L'auteura ete" plus heureux a l'Opera Connque; il a pu se procurer un diapason d'un caractere officiel, e'est celui que le chef des chceurs emploie pour les repetitions ; il est notablement au-dessous de celui de l'Opera , tel qu'il l'a determine^ par plusieurs observations faites dans la salle pendant le mois d'avril de cette annee. Neanmoins il est encore fort eleve" ; ce n'est pas seu- COSMOS. 601 lement a Paris que le diapason est eleve ; celui de Lille, d'apres M. Delesenne, est plus haut que celui des theatres du Paris, il fait 901 vibrations par seconde; plus d'une fois des artistes qui allaient chanter a Lille en representation extraordinaire ont ete reellement genes par I'el^vation du diapason. U est done urgent, d'apres tout ce qui precede, de fixer defim- tivement l'etalon sonore. Jamais occasion plus belle ne se sera prd- sentt^e pour faire cesser definitivement une si deplorable anarchi'e, surtout si la protection eclairee du gouvernement permet de poser la question dans un congres international. En presence des instru- ments de tous les pays, les musiciens et les facteurs peuvent s' en- tendre pour fixer un la moyen dont l'adoption n'entraine pas de mo- difications graves dans lafacture. N'esperons pas faire retrograder le diapason, toute tentative de cette nature serait inevitablement estimee par les facteurs d'instruments. M. Marloye n'a jamais pu, malgre tout son talent et son influence, comme membre du jury, faire accepter ses diapasons dormant Yut de 512 vibrations ou le la de 853 vibrations 1/3 qu'il construisait avec une rare precision ; parce que cet ut gta'jt notablement plus bas que celui qu'on adoptait alors dans les orchestres. Les savants determineront le nombre de> vibrations du ton que Ton aura choisi, puis aiders de constructeurs habiles, ils pourront faire executer un prototype dont l'exactitude sera verifie' par des experiences multipliees a l'aide des moyens nom- breux que la science possede deja, et meme a l'aide de procedes nouveaux d'une precision plus grande encore. Sur ce prototype se- ront construits des etalons parfaitement semblables qui seront deposes partout oil Ton doit veiller a la conservation des unites adoptees dans notre pays. Chaque theatre, chaque fabrique importante voudra posseder un exemplaire du la adopte , du moment que leur authenticite pourra etre certifiee d'une fa9on positive. L'etalon universel se repandra done ine'vitablement dans la fac- ture, et il sera de l'interet de tous de s'y conformer. Ce n'est pas a nous qu'il appartient de fixer a 1'avance le chiffre que Ton doit adopter pour le diapason normal, neanmoins nous fe- rons remarquer qu'en prenant le chiffre exact de 1 000 vibrations pour \eUi naturel de la gamme moyenne du piano, le la correspon- drait, dans le systeme du temperament egal, a S90 vibrations, 898, ce qui donne a tres-peu pres le la actuel du Conservatoire ou le la moyen adopts aujourd'hui dans la facture. Ce choix aura l'avantage de rattacher indirectement l'etalon sonore au systeme decimal. EXPERIENCES ELECTRIQUES, PAR M. WHEATSTONE. I. Le dernier numero des Proceedings de la Socie'te' rnyale de Londres nous apporte les r&sultats de quelques experiences dlec- triques grandioses dont M. Wheatstone nous avait deja entretenu a Londres, et qui ont beaucoup de rapport avec celles de M. Fa- raday que nous avons deja. d^crites. MM. Kuper et C'e , de East Greenwich, ont bien voulu mettre a la disposition de l'illustre physicien le cable de telegraphie elec- trique qui devait unir la Spezia sur les cotes du Pie'mont avtc l'ile de Corse. Ce cable est long de 110 milles, 177 kilometres, 44 1/4 lieues; ilcontient 6 filsde cuivre d'un 16e de pouce (1 millimetre 6) de diametre, isoles individuellement et recouverts chacun d'une couche de gutta-percha d'un 10e de pouce (2 millimetres 5) d'epais- seur. L'ensemble du cable est entoui 6 de 12 fils de fer £pais roules en spiralede maniere a former une enveloppe metallique d'un tiers de pouce, 8 millimetres, d'^paisseur. La section transversale du cable montre les 6 fils disposes sur un cercle de 25 millimetres de diametre, et places a 5 millimetres de la surface interieure de l'enveloppe en fer. Le cable £tait enroule clans un puits dessechd de la cour avec ses deux extremites accessibles, l'une d'elles avait 6te amenee jusque dans l'atelier. Les premiers bouts des fils dans 1'atelier etaient numerotes 1, 2, 3, 4, 5, 6; les bouts a l'orifice du puits etaient marques 1', 2', 3', 4', 5', 6'; on pouvait, par des fils supplementaires, dtablir les communications suivantes 1' 2, 2' 3, 3' 4, 4' 5, 5' 6; de maniere a ne faire des 6 fils qu'un fil unique long de 1062 kilometres, 266 lieues, a travers duquel le courant electrique peut circuler|dans la meme direction. L'electromoteur qui fournissait le courant etait une pile isolee, formee de douze auges renfermant chacune 12 elements Wheatstone, et qui a fonctionn6 pendant plusieurs semaines. premiere serie d'experiences. Elle a eu pour resultat de mon- trer que l'enveloppe en fer du cable conducteur compose donne naissance aux memes phenomenes d'induction que M. Faraday a observes avec les fils isoles plonges dans l'eau. Premiere experience. Une des extremites du circuit entier forme' de la reunion des 6 fils et long de 1 062 kilometres, a ete mise en communication avec l'un des poles de la pile, dont l'autre pole com- muniquait avec la terre, tandis que la seconde extremite du long circuit restait isolde. Le fil alors se chargeait d'electricite negative, COSMOS. 603 quand son extremite touchait le pole zinc, d' electricity positive quand cette extremite touchait le polecuivre. Un galvanometre place" pres de la pile indiquait la presence d'un courantaussi longtemps que la charge allait en augmentant; des cu'elle avait atteint son maximum, ce courant cessait. (On ne tenait pas compte d'un autre courant tres-faible provenant de ce que l'isolement des fifs n'etait pas par- fait, et qui durait aussi longtemps que le fil etait en contact avec la pile.) Lorsque le fil etant charge, on le dechargeait en mettant l'ex- tremite isolee en communication avec la terre par un fil conduc- teur, le courant produit avait constamment la meme direction, soit que la decharge eut lieu par l'extremite voisine de la pile, soit qu'elle eut lieu par l'extremite opposed; c'est-a-dire que dans les deux cas le courant allait du fil a la terre dans la meme direction. Deuxieme experience. On mettait une des extremites du fil en contact avec un des poles de la pile, sans faire communiquer le se- cond pole de la pile avec la terre, le fil alors ne se chargeait pas d'electricite; on n'observaitsur l'aiguille du galvanometre interpose entre la pile et le fil qu'un tremblement leger et a peine per- ceptible. Troisieme experience. On prenaitsur le fil entier deux longueurs de 177 kilometres chacune, on laissait isolee une des extremites de chacun de ces circuits partiels, on reliait leurs deux autres extremites aux deux poles de la pile ; et de chaque cote, entre le fil e*t la pile, on interposait un galvanometre : chacun des poles de la pile etait ainsi arme d'un conducteur de 177 kilometres, isole a l'extremite qui ne communiquait pas avec la pile. Aussi longtemps qu'un seul des poles de la pile etait arme de son long conducteur, ce conducteur ne se chargeait pas d'electricite ; mais aussitot que les deux poles etaient armes de leurs conducteurs, les deux conducteurs se char- geaient instantan^ment d'electricite; et la forte deviation des ai- guilles accusait la presence d'un courant intense. Si Ton faisait com- muniquer l'extremite libre de l'un des fils avec la terre, ce fil etait decharge seul, l'autre fil restait pleinement charge. Seconde serie d' experiences. Quatrieme experience. Un des poles de la pile communiquait avec la terre; l'autre avec l'un des bouts du fil de 1 062 kilometres , dont l'autre bout communiquait aussi avec la terre; on interposait trois galvanometres dans le cir- cuit; le premier pres de la pile; le second au milieu du fil, c'est- a-dire a 531 kilometres de chaque extremite; le troisieme, enfin, a l'extremite opposee du fil, pres de sa communication avec la terre. Si on fermait le circuit en etablissant le contact de la pile 604 COSMOS. avec le fil, apres que l'autre extremite du fil avait eie relieve a la terre ; les aiguilles ties trois galvanometres etaient deviees, mais deviees successivement, dans l'ordre de lour distance a la pile, comme dans les experiences de M. Faraday. Si, au contraire, on fermait le circuit en mettant le second bout du long conducteur en communication avec la terre, apres que le premier bout avait ete amene en contact avec le pole de la pile; la rupture d'equilibre commencait a ce second bout, et les aiguilles des galvanometres etaient successivement devices dans l'ordre oppose, e'est-a-dire que l'aiguille du galvanometre le plus distant de la pile etait mise la premiere en mouvement. Dans ce dernier cas, avant que le cir- cuit ne fut ferme, les aiguilles du galvanometre deviaient d'une quantity limitee sous Taction d'un courant faible, ne" de la disper- sion uniforme le long du fil de l'electricite statique. Cinquieme experience. Les deux extremites du conducteur de 1 062 kilometres etaient mises en communication avec les poles opposes de la pile. Au moment ou pour fermer le circuit on ame- nera Tun des bouts du fil en contact avec le pole correspondant de la pile; l'autre bout communiquant deja avec le second pole; les aiguilles des deux galvanometres placees aux deux extremites du circuit, a. egale distance des poles, etaient immediatement et simul- tanement deviees; ce n'etait que plus tard que l'aiguille du galva- nometre, flacee au milieu du circuit, etait deViee a son tour. Lorsque, au contraire, on fermait non plus a l'une des extr^mite's voisines de la pile, mais au milieu, en r£unissant les deux moities momenfam'ment separees; l'aiguille du galvanometre du milieu, le plus distant des poles, etait device la premiere, celies des galva- nometres voisins des poles n'etaient deviees que plus tard. " La comparaison de ces deux resultats, ou de ces deux expe- riences, e'est M. Wheastone qui parle, prouve que la terre ne doit pas etre considered comme faisant fonction de simple conducteur, ainsi que plusieurs physiciens l'adinettent. En effet, puisque dans la premiere experience de cette serie, les deux terminaisons dans la terre n'etaient separdes que par une distance d'un petit nombre de metres ; si la portion de terre comprise entre ces terminaisons avait agi seulement comme corps conducteur , les aiguilles des deux galvanometres aux extremites du fil auraient du etre deviees simultan^ment comme dans la seconde experience, et comme elles 1'auraient etd si Ton avait uni par un fil court les deux extremites en communication avec la terre. » Teoisieme serie. Sixieme experience. Un des poles de la pile COSMOS. 605 communique avec la terre, et le pole oppose avec l'une des extrd- mites du fil de 1 062 kilometres ; l'autre extremite de ce fil restant isolee ; uri galvanometre sensible est introduit dans le circuit pres de la pile. Quoique le circuit ne fut pas ferme, l'aiguille subissait une deviation constante de 33° 1/2 ; le faible courant mis ainsi en evidence doit etre moins attribue au defaut d'isolement qu'a la dis- persion uniforme et continuelle de l'electricite statique, dont le fil est charge sur toute sa longueur, ainsi que le serait un autre corps conducteur quelconque place dans un milieu isolant. L'intensite du courant ainsi produit a paru approximativement, sinon exactement, proportionnelle a la longueur du fil ajoute au pole de la pile. On avait, en effet, pour 0 de fil ajoute, 0° de deviation ; pour 177 ki- lometres 6° 1/2 de deviation ; pour 354 kilom. 12° ; pour 531 ki- lom. 18°; pour 708 kilom. 23° 1/2; pour 885 kilom. 28°; pour 1 062 kilom. 31°. Septieme experience. Un des bouts du fil de 1 062 kilometres restait constamment en contact avec un des poles de la pile ; mais le galvanometre etait successivement place a diverses distances de ce meme pole; l'autre bout du fil etait encore toujours isole. L'in- tensite" du courant semblait etre alors en raison inverse de la dis- tance du galvanometre a la pile, et devenait nulle a son extremite. On avait, en effet, tres-pres de la pile, une deviation de 33° 1/2; a 177 kilom., 31°; a 354 kilom., 25°; a 531 kilom., 15°; a 703 kilom. , 12°; a 885 kilom. , 5°; a 1062 kilom. , 0°. Aussi longtemps que les deviations de l'aiguille du galvanometre employe ne surpassaient pas 36°, on pouvait les regarder comme sensible- ment proportionnelles a l'intensite du courant, M. Wheastone s'en est assure de la maniere suivante: il a pris six elements de la petite pile constante , et dans le circuit forme des 1 062 kilometres de fil, de la terre et du galvanometre, il a introduit successivement 1, 2, 3, 4, 5 et 6 Elements. En ne tenant pas compte de la resistance au sein des elements et de la resistance au sein de la terre, tres-petites toutes deux, en comparaison de la resistance opposee par le long fil, la force du courant devait etre sensiblement proportionnelle au nombre des elements ; or, les deviations des aiguilles accusaient approximativement cettememe proportionalite, comme le prouvent leschiffres suivants : 1 element, deviation, 6% 2 elements, 14°; 3 elements, 19° ; 4 elements, 28°; 5 elements, 32°; 6 elements, 36°; il faut done necessairement admettre que l'intensite du cou- rant, tant que la deviation ne depasse pas 36° , correspond sen- siblement a la deviation angulaire. 606 COSMOS. Des experiences 6 et 7 il semble rtSsulter que , quelle que soit la longueur du fil que Ton met en communication avec la pile, si, apres avoir uni l'un des bouts du fil d'un galvanometre a la seconde exti^mite de ce fil, on ajoute a l'autre bout du fil du galvanometre un fil de longueur constante, les deviations de l'aiguille du galvano- metre resteront sensiblement les memes. Ainsi, l'aiguille du gal- vanometre marquait 6° 1/2, lorsqu'apres l'avoir placi tres-pres de la pile, on unissait son second bout avec unfil de 177 kilometres de longueur ; 5°, lorsqu'apres avoir interpose entre la pile et le gal- vanometre une longueur de 885 kilometres, on ajoutait a son se- cond bout la meme longueur primitive de 177 kilometres. Ainsi encore, pour 354 kilometres de fil places au dela du galvanometre installe pres de la pile, la deviation etait de 12°, la meme abso- lument que si, apres avoir interpose- entre le galvanometre et la pile, 708 kilometres de fil, on ajoutait apres le galvanometre 354 kilometres de fil; ainsi enfin, pour 531 kilometres de fil, places au dela du galvanometre, pres de la batterie, la deviation etait de 18°, et 15°, lorsqu'en avant et en arriere du galvanometre, on interposait 531 kilometres de fil. Si la pile avait etc" parfaitement constante, les ecarts que Ton remarque entre les nombres des experiences, entre 15°, par exemple, et 18°, eussent ete beaucoup plus petits. N'est-on pas en droit de conclure de ce qui precede, que quelle que soit la longueur du fil attache au pole isole d'une pile, ce fil est charge d'electricite au meme degre de tension sur sa lon- gueur entiere ; de telle sorte que, si Ton ajoute un second fil isole a I'extremite" fibre du premier, il manifestera exactement les memes phenomenes, en nature et en intensite, qui se seraient produits, si le fil additionnel avait 6t6 mis en communication immediate avec le poie de la pile. M. Wheatstone regrette de ne pouvoir indiquer les nombreuses consequences pratiques que Ton peut deduire de ce fait capital ; avant de les publier, il aurait voulu pouvoir les ve- rifier experimentalement. Nous nous sommes empresse deproduirecettenotedenotreillustre ami, sans doute a cause de l'interet que presentent des experiences aussi grandioses et aussi bien faites; mais aussi, avouons-le fran- chement, a cause de la confirmation eclatante qu'elles apportent aux doctrines que nous avons soutenues dans notre Traite de telegra- phic electrique, contre MM. Pouillet et Matteucci. Si le temps et 1'espace nous le permettaient, nous montrerions avec quelle facility tous les faits observes par M. Wheatstone, s'expliquent dans la COSMOS. 607 thdorie si simple de Grothuss et d'Ampere. Nous nous borr.ons a constater 1° lit presence d'une circulation electrique et d'un courant intense dans un circuit completement isole, a la condition que les deux poles de la pile sont arme'sdedeux fils conducteurs tres-longs; ainsi se trouve realisee l'experience que nous avons tentee en 1845 ; 2° que de fait, la terre ne joue pas, dans la transmission des depe- ches telegraphiques, le role de simple conducteur. F. Moigno. II. Les experiences suivantes sur l'ordre de l'aluminium dans la serie voltaique ont ete faites avec un echantillon que M. Sainte- Claire Deville avait donne a M. Hoffmann, chimiste bien connu. Une solution de potasse agit plus energiquement et avec un d£- veloppement plus abondant d'hydrogene sur l'aluminium que sur le zinc, le cadmium et retain : dans ce liquide, l'aluminium se montre negatif par rapport au zinc ; et positif par rapport au cadmium, a l'etain, au plomb, au fer, au cuivre et au platine. Employe comme metal positif et oppose* au cuivre , pris pour metal negatif, l'alumi- nium donne, au sein toujours de la solution de potasse, un courant tres-energique et tres-constant : lorsqu'on l'a oppose a d'autres metaux negatifs par rapport a !ui , que ces metaux fussent plus haut ou plus bas que le cuivre , dans la serie voltaique, les couples ainsi formes se sont montres polarises tres-rapidement, c'est-a-dire que le courant s'arretait bientot. Dans une solution d'acide chlorhydrique, l'aluminium est negatif par rapport au zinc et au cadmium; positif par rapport aux metaux deja nommes : oppose au cuivre, pris pour metal negatif, l'alumi- nium, dans le meme liquide, donne le courant le plus energique et le plus constant. On sait que les acides nitrique et sulfurique n'agissent pas , chi- miquement, d'une maniere sensible, sur l'aluminium. En prenant pour liquide excitateur l'acide nitrique dilue, 1'aluminium est negatif par rapport au zinc, au cadmium, a l'etain, au plomb et au fer ; le courant avec le zinc est fort ; avec les autres mtkaux il est faible ; et il est probable que leur condition apparente de metal negatif est le resultat dune polarisation. Si l'aluminium est plonge dans de l'a- cide sulfurique dilue, il se montre negalif par rapport au zinc, au cadmium, a l'etain ; mais avec le plomb sur lequel l'acide sulfurique n'exerce aucune action , le courant est insensible. Dans ces deux acide* dilues, le cuivre et le platine sont negatifs par rapport a l'a- luminium; et malgre l'absence apparente d'action sur ce metal , il se produit un faible courant. II est vraiment remarquable qu'un m6tal dont le poids atomique 608 COSMOS. est si petit , dont la pesanteur specifique est si faible, occupe dans l'echelle electromotive une position qui le fasse plus negatif que le zinc dans l'ordre voltaique. La note de M. Wheatstone a <5te officiellement remise a la So- ciety royale de Londres le 25 avril 1855 ; elle est anterieure de plus d'un mois a la lettre de M. Hulot, communiquee par M. Du- mas dans la derniere seance de l'Academie ; mais M. Hulot, bien certainement , ne connaissait pas les resultats obtenus par M. Wheatstone. M. Hulot a constate, de son cote, que l'aluminium dans de l'acide sulfurique diluti etait negatif par rapport au zinc, qu'un couple d'aluminium et zinc amaigame , excite par l'eau aci- dulee au20e, donne naissance a un degagement considerable d'hy- drogene et a un courant au moins comparable a celui d'un couple platine et zinc excite au meme degre\ D'apres M. Wheatstone , le couple cuivre et aluminium excite par l'acide chlorhydrique diluE, donnerait un courant incomparablement plus energique et plus constant; le couple aluminium et zinc , excite par une solution de potasse , serait aussi tres-avantageux. Ces experiences meritent d'etre rEpetees, elles nous mettront peut-etre en possession de nou- velles piles d'un grand eflfet, ce qui serait une precieuse conquete. Qu'il nous soit permis d'exprimer ici un tres-vif regret : se peut-il qu'en France, ou depuis pres d'un an on peut se procurer sans peine des lames rerlechissantes d'aluminium, aucun de nos physiciens, ni M. de Senarmont, ni M. Jamin, ni M. Bernard, ni MM. de la Provostaye et Desains, ne se soient occupds de determiner les pro- priety et les constantes optiques ou caloriques de ce metal si ex- traordinaire, son angle de polarisation maximum, Tangle de res- tauration du rayon polarise, son coefficient de polarisation elliptique, son indice de refraction , la proportion de lumiere refiechie a sa sur- face pour un rayon polarise" parallelement ou perpendiculairement au plan d'incidence; son pouvoir diffusif, etc., etc. C'est vraiment une negligence impardonnable et qui ne nous fait pas honneur. Si M. Govi n'avait pas ete absorb^ depuis un mois par l'exposition du grand duche" de Toscane , nous l'aurions prie" de proceder , avec M. Duboscq , a une premiere determination approchee des Ele- ments optiques ; M. Jamin, avec son admirable instrument, pour- rait, enquelques heures, resoudre cet interessant probleme ; il nous l'a promis, nous comptons sur une note de lui dans quelques jours. F. MOIGNO. ACAD2MIE DES SCIENCES. SEANCE DU 28 MAI. M. Despretz presente a l'Acade'mie , au nom de M. Jobard (de Bruxelles), une fronde hydraulique, servant a lancer l'eau, en fai- sant tourbillonner autour du poing un simple tube de caoutchouc, muni des legeres soupapes qu'on a vu fonclionner dans la seance precedente. Une extrdmite' de ce tube etant plongde dans l'eau , le mouve- ment de fronde produit un vide qui se remplit incessamment du liquide que Ton veut repandre en pluie autour de soi. La distribution du purin peut se faire de la sorte dans les jardins et lesguerets, dans un rayon plus ou moins grand d'apres la force de projection qu'on y emploie. II serait difficile de trouver quelque chose de plus simple et de plus economique pour une semblable application. — M. Zalewski litun expose" de ses doctrines philosophico-scien- tifiques, et implore des moyens d'experimentation pour obtenir plus tard un rapport. — M. Pouillet, qui a deja expose il y a quelques annees une mithode de photometrie ayant pour point de depart la plaque da- guerrienne, communique aujourd'hui a l'Academie une nouvelle ap- plication de la photographie a la physique ou a la meteorologie. II s'agit d'arriver a mesurer la hauteur des nuages, probleme interes- sant mais probleme difficile , et pour lequel on a propose un grand Sombre de solutions dont aucune n'a ete encore appliquee avec assez de suite et de succes. Jacques Bernouilli , pour le resoudre , avait propose" d'observer a la fois apres le coucher du soleil 1'azimut du nuage , sa hauteur et l'instant precis ou il cesse de recevoir les rayons solaires directs, qui lui donnent un eclat particulier; on n'a plus a, faire que des calculs faciles de trigonometrie. Lambert ad- mettait comme elements de solution la vitesse absolue du nuage, mesurde par l'espace que son ombre parcourt sur la terre dans un temps donne\ sa vitesse angulaire et sa hauteur au-dessus de l'ho- rizon. La methode proposee par M. Arago consistait a observer du haut d'un mat un nuage qui passe dans le vertical du soleil, a prendre la hauteur de cet astre , l'angle que fait le nuage avec son ombre et la hauteur du nuage, ou, ce qui revient au meme, la de- pression de l'ombre au-dessous de l'horizon reel ou de l'horizon ra- tionnel. Plus tard, M. Arago proposa d'^clairer le nuage en proje- tant sur lui, au moyen d'une lentille, un rayon de lumiere tres-in- 610 COSMOS. tense emprunte a line lampe electrique , pour obtenir ainsi un point de mire sur lequel deux observateurs pussent viser. II est encore plusieurs methodes presentees par MM. Bravais, Wartmann, etc., mais dont nous n'avons pas a parler aujourd'hui. II estbien evident en effet, que si deux observateurs, places aux deux extremity d'une base d'une longueur connue, pouvaient viser au meme instant sur le meme point du nuage, pour determiner sa hauteur au-dessus de l'horizon et son angle azimutal , c'est-a-dire Tangle que son plan vertical fait avec la base elle-meme, rien ne serait plus facile que d'en deduire la distance horizontale du nuage, sa distance reelle a chaque observateur, et sa hauteur verticale au- dessus de la terre. Dans un memoire presents a. l'Academie le 9 novembre 1840, M. Pouillet avait essaye de montrer comment cette derniere m6- thode pouvait etre rendue pratique. Dansun lieu convenable, avait- il dit, on choisit unebase ayant, par exemple, 1 000 metres de lon- gueur ; a chacune des extremites on etablit un theodolite dont la lunette verticale se trouve munie de pinnules bien reglees sur l'axe. Pres de chaque theodolite est un chronometre, et les deux chrono- metres sont mis d'accord pour l'heure, la minute et la seconde. Avant chaque experience, les observateurs se reunissent vers le milieu de la base, afin d'etudier leciel, de faire choix du nuage qu'ils veulent observer, de fixer sur ce nuage le point qui doit servir de point de mire ; quand ils ont fait leur choix et qu'ils sont convenus de la minute et de la seconde de l'instant de l'observation , chacun se transporte a son theodolite , rapide- ment , en locomotive de chemin de fer s'il est possible , sans perdre de vue le point du nuage dont il s'agit, et suivant de l'ceil les changements qu'il peut eprouver. Des qu'ils sont arri- ves, ils commencent l'observation et lisent la hauteur a la seconde convenue. Quelques essais de ce genre, quoique M. Pouillet n'eut a sa disposition que des voitures de louage , n'avaient pas mal reussi ; il n'a pas cepenJant une confiance suffisante dans ce procede, et il appelle en consequence la photographie a son aide. La ma- niere d'operer reste au fond la meme ; les observateurs, cependant, doivent etre au nombre de trois, un physicien et deux photographes. On mesure toujours une base dont la longueur varie de 100 a 1 000 metres, suivant la hauteur du nuage , laquelle , comme on sait, peut varier elle-meme entre 100 metres a 10 000 metres. Les photographes s'etablissent aux extremites de la base ; le physicien s'installe au milieu, de maniere a etre apenju d'eux et a pouvoir COSMOS. 611 eur transmettre des signaux soit optiques, soit de telegraphie &ec- trique ; quand celui-ci a reconnu pres du zenith un nuage de forme et de dimensions convenables , il fait signe aux photographes de braquer leur objectif, de se tenir prets a prendre, au moment qui sera signal^ , une image instantande du nuage. M. Pouillet n'a pas manque d'indiquer avec quelles precautions ]es images doivent etre prises, de maniere a ce que le champ com- mun des objectifs embrasse une portion convenable du nuage ; il a montre comment, de la comparaison entre les deux images de cette portion commune , ou d'un displacement mesure par leur superpo- sition , on pouvait , a l'aide d'une formule, determiner la distance du nuage, element principal de la mesure de sa hauteur, facile en- suite a calculer. Au fond , et sans qu'il l'ait dit expressement M. Pouillet prend des images stereoscopiques du nuage. — Nous reviendrons sur cette methode assez delicate dans notre prochaine livraison , quand nous serons en possession de la redaction de M. Pouillet ; nous ajouterons seulement aujourd'hui que, grace a Thabilete de M. Bertsch et a la sensibilite de son collodion instan- tane, on a pu acquenr la certitude qu'il n'y aurait aucune difficult^ a obtenir des images nettes des nuages dans un intervalle de temps variable d'un quart de seconde a une seconde , sans qu'on puisse craindre, par consequent, que le nuage ait change sensiblement de forme et de lieu. — M. Dumas, au nom d'une commission composee de MM. Che- vreul, Balard et Dumas, lit un Rapport tres-court sur un procede de preparation des corps gras, presente en 1853 par M. Cambaceres, auquel l'industrie des bougies steariques doit deja des perfectionne- ments importants. Le procede propose consistait au fond a substi- tuerl'alumine ou l'argile a la chaux, de maniere a obtenir comme residu de la saponification non le sulfate de chaux, sans valeur au- cune, que. donne le traitement des savons calcaires par l'acide sul- furique dans la methode ordinaire, mais un sulfate d'alumine pou- vant servir ulterieurement a la preparation de l'alun. Comme 1'alumine ne saponifie pas directement les corps gras, il fallait com- mencer par produire avec le corps gras un savon alcalin a base de soude ou de[potasse, avec exces d'alcali. Le savon alcalin dissout sans peine les argiles ; a mesure que la dissolution s'opere, 1'alumine s'unit au corps gras, et l'alcali est mis en liberte. A l'aide d'un nou- vel exces d'alcali, ou d'une dissolution saline , ou d'une grande quantite d'eau, on separe ensuite le savon alumineux sous forme 612 COSMOS. gelatineuse : la decomposition tres-facile de ce dernier savon par un acide donne le corps gras. En elle-meme et theoriquement , l'id^e de M. Cambac^res est vraie et heureuse. II y aurait grand avantage a utiliser une matiere aussi commune que l'argile ; mais, au point de vue de la pratique, la nouvelle m^thode n'est pas assez simple et assez economique pour pouvoir hitter avec la saponification par la chaux. La Commis- sion pense que l'Academie doit se borner a voter a M. Cambaceres de simples remerciements , sans insertion de son Memoire dans le Recueil des Savants eirangers. Ces conclusions sont adoptees. Ce n'est pour M. Cambaceres qu'un demi-succes, mais un demi-succes fort honorable. Nous avons regrette" que M. Dumas n'ait pas pro- fits de cette occasion pour annoncer a l'Academie le grand progres que M. Georges Wilson a realise dans la fabrication des corps oras, par leur decomposition immediate, au moyen de la vapeur sur- chauffee, en glycerine et en acide gras. — M. Chevreul, au nom de M. Henry Lcevel, presente un cin- quieme Memoire sur l'alteration des dissolutions salines. Les nou- velles experiences out surtout porte sur un sel remarquable appele alun de chrome, parce que sa composition est tout a fait analogue a celle de l'alun a base de potasse. Voici le fait capital observe par M. Lcevel : Si Ton dissout une partie d'alun de chrome dans 5 ou 6 parties d'eau froide, la solution est violette , et en s'evaporant elle repro- duit le sel a l'etat de cristaux ; mais si le meme sel est dissous dans de l'eau chauffee a 60 ou 70 degres, la solution est verte, et le r&- sidu de 1'evaporation est une masse amorphe, sans trace aucune de cristallisation. Une dtude attentive a conduit M. Lcevel a recon- naitre que cette difference essentielle devait s'exphquer par le fait que l'alun chauffe perd un certain nombre d'atomes d'eau : c'est 1'explication proposed autrefois par M. Schroeder. L'anomalie rentre alors dans une classe nombreuse de phenomenes bien connus. On sait depuis longtemps l'influence que l'hydratation ou la deshydra- tation exercentsur la solubility des corps et leurs autres proprietes physiques et chimiques. Nous craindrions de commettre quelque erreur si nous essayions de suivre M. Chevreul dans les developpe- ments qu'il a donnes. A propos d'action de la chaleur, qu'il nous soit permis de consi- gner ici un fait tres-curieux qui nous a 6t6 communique par M. Split- gerher, un des membres du conseil de la Societe" de physique de Berlin, actuellement a Paris. En ojoutant a la pate ordinaire du COSMOS. 613 verre commun une petite proportion de sulfure de potassium, on obtient un verre tres-agreablement colore en jaune-brun, et parfai- tement transparent. Si Ton chauffe ce verre a une temperature convenable, on le voit perdre peu a peu sa transparence ; sa couleur se fonce de plus en plus, sa teinte est presque celle du diopside, qu'il peut remplacer com-me glace noire ou polarisante. Mais si, apres cet obscurcissement presque absolu, on continue a chauffer, Ton est tres-surpris de voir le verre reprendre sa transparence pre- miere, qu'il ne perd plus alors meme qu'il entre de nouveau en infu- sion. Nous reviendrons plus tard sur cette observation tres-digne d'interet. — L' Academie procede a la presentation de deux candidats pour la chaire d'anatomie comparee, vacanteau Museum d'histoire natu- relle. A la premiere election, sur 44 votants, M. Serres obtient 40 voix, M. Gratiolet 1 ; ily a trois billets blancs ! M. Serres sera done le premier candidat presente par 1' Academie. A laseconde election, M. Gratiolet est nomme second candidat par 33 voix contre 12 donnees a M. Paul Gervais ; il n'y avait qu'un billet blanc, une voix s'est egaree sur M. de Quatrefages qui avait decline la candi- dature. Tout est done consomme ! M. Serres a definitivement rompu avec la chaire d'anthropologie creee pour lui, qui lui convenait si bien, dontil e"tait si tier il y a moms d'un an. Dans quelques jours il sera mis en possession dela chaire d'anatomie comparee, etdevra recommencer des etudes gigantesques. II faut certes un grand cou- rage pour assumer une si grande responsabilite. — M. Guerin Menneville presente a 1' Academie plusieurs papil- lons chinois vivants, recemment eclos a. Paris, et qui appartiennent a cette celebre espece de vers a soie du nord de la Chine, dont les chenilles se nourrissent des feuilles de divers chenes et donnent une soie tres-forte, pour ainsi dire inusable, servant a I'habillement de plusieurs millions d'habitants du celeste empire. M. Guerin Menne- ville dorme a ce bombyx le nom de Perny (Bombyx Penyi), du nom du missionnaire qui, le premier, au prix de penibles sacrifices, par- vint a faire arriver a Lyon plusieurs centaines de cocons vivants qui donnerent des papi]!on=> restes steiiles. Les cocons dont sont ne"s les papillons montres a 1' Academie out ete procures par M. de Montigny, qui les doit lui-meme au zele de missionnaires fran^ais. Arrives cet hiver, ils ont ete mis a la disposition de la Societe d'ac- climatation; celle-ci, apres en avoir envoye en Algerie, en Suisse, en Italie, a charge spt'cialeiuent M. Guerin-Menneville de tout dis- poser pour assurer l'eclosion des papillons et la ponte. Les membres 61 h COSMOS. de l'Academie ont examine avec le plus vif interet les papillons qu'ils voyaient pour la premiere fois, etles belles soies obtenues des cocons file's. M. Geoffrey Saint-Hilaire a ajoute que la Socidte' d'ac- climatation avait recu avec ces cocons des glands des deux especes de chenes de Mantchourie sur lesquelsjes vers a soie vivent ; beau- coup de ces glands ont germe chez des membres de la Societe; l'une de ces especes ressemble beaucoup au chene d'Orient, Quercus Castaneifolia; l'autre est nouvelle pour les botanistes et recevra le nom de Quercus Montignyi. II est probable que les vers a soie du chene qui appartiennent au groupe de papillons nocturnes le plus omnivore, vivront paifaitement sur nos chenes de France, et qu'il suflfira de placer lesjeunes chenilles sur les arbres de nos taillispour les ensemencer de vers a soie, et transformer leurs feuilles en soie d'une force et d'une duree considerables. — M. Pelouze pr&sente deux notes, Tune de M. Gerhard, qui continue les analyses du mellone et des mellonures communiquees recemment par M. Liebig; l'autre de M. D'Hennin et qui a pour objet une methode nouvelle de separation de l'iridium uni a Tor d'Australieet de Californie. Nous nous bornerons'a dire aujourd'hui qu'elle consiste essentiellement a ajouter au fondant dans 1' opera- tion de la coupellation des cendres auriferes traitees par le plomb et le charbon, une petite quantite d'arseniate de potasse; l'iridium alors se separe du reste de la masse sous forme de culot et a l'etat d'iridiure de fer ; le culot se detache sans peine, et il est tres-facile d'isoler ensuite l'iridium du fer. Cette methode est assez simple et assez economique pour qu'il y ait avantage desormais a traiter tous les rdsidus. Si elle avait ete connue et employee plus tot, on serait entre en possession d'au moins 60 kilogrammes d'iridium, mental employe deja avec succes dans diverses industries , surtout dans l'horlogerie et la telegraphie eMectrique. Nous ne dirons pas un seul mot de la correspondance, depouille'e par M. Elie de Beaumont, parce qu'il nous a ele absolument im- possible d'en rien saisir ; c'est vraiment desesperant. M. Poey nous assure que M. le secretaire perpetuel a du presenter en son nom un memoire ayant pour titre : Caracteres physiques des eclairs en bottles et de lettr af finite avec l'etat spheroidal de la matiere ; mais nous n'avons certainement pas entendu le nom de M. Poey et pour ne pas etre indiscret, nous renverrons l'analyse de son memoire a la seance prochaine. — A la fin de la seance, M. Dumas, qui sait toujours si bien se faire entendre, communique une note sur quelques propriiHes phy- COSMOS. 615 siques de l'aluminium , presentee par MM. Charles et Alexandre Tissier, jeunes chimistes du laboratoire de l'Ecole normale, eleves de M. Deville, a l'occasion des experiences de M. Hulot. " La preparation de l'aluminium pur ne presente pas plus de difficultes que la preparation du metal impur. On reussit toujours si on suit rigoureusement les indications prescrites par M. Sainte- Claire Deville ; mais elies n'ont pas toutes ete" publiees. II est d'ailleurs facile a la premiere vue de distinguer l'alumi- nium pur decelui qui contient des matieres etrangeres. Le premier, beaucoup plus blanc, ne presente a la partie superieure des lingots que des indices de cristallisation ; et si on examine attentivement leur surface, il est facile d'y reconnaitre un ou deux hexagones tres-purement dessines. Le second, au contraire, a toujours une teinte d'un gris bleuatre, se rapprochant beaucoup de celle du zinc, et si la masse totale n'est pas cristalline, on trouve toujours au moins a la partie superieure des lingots une cristallisation qui pour l'abondance ne peut etre comparee a celle de l'aluminium pur, et pour la forme s'eloigne completement de celle de ce dernier. L'aluminium prepare" par nous a ete* mis entre les mains des ouvriers de MM. Christofle et C '% et au dire de ces ouvriers , ce me"tal se travaille au moins aussi facilement que l'argent; on nous a meme assure qua la rigueur on pourrait se passer de le recuire. Nous devons citer ici un proc^de de blanchiment qui nous a ete* indique" par M. Sainte-Claire Deville, et qui consiste a tremper les pieces a blanchir dans une solution concentree de soude cu de po- tasse, puis a les passer dans l'acide nitrique. Enfin, quant a la soudure de l'aluminium, nous sommes heureux d'annoncer que rien n'est plus facile. Si jusqu'a present on a echoue, c'est que Ton n'a pas employe des alliages d'aluminium comme on pouvait y etre conduit par l'analogie. Grace a ces allia- ges, parmi lesquels nous citerons particulierement ceux de zinc, d'etain et d'argent, nous obtenons des soudures dont le point de fu- sion est bien inferieur a celui de l'aluminium et qui nous ont per- mis d'effectuer cette operation avec une simple lampe a esprit de vin, et meme sans aucun decapage prealable, comme si Ton agissait sur de l'argent. » — Dans le comite* secret qui terminait la seance , la Commis- sion de physique a presente la liste suivante de candidats, pour une des places de correspondants vacante dans son sein. En premiere ligne, M. Delezenne de Lille ; en seconde ligne MM. Abria de Bor- deaux , Legrand de Montpellier, Person de Besancjon; il avait ete 616 COSMOS. convenu que cette fois les candidats seraient choisis par !es na- tionaux. La lisle de candidats arrejtee en reunion tres-secrete de la sec- tion serait : 1° M. Jobert de Lamballe ; 2° M. Baudens; 3° M. Jules Cloquet ; 4° M. Laugier ; 5° M. Gerdy; 6° Jules Guerin ; 7° M. Malgaigne; S°MM. Maisonneuve et Leroy-d'Etioles. Quelle surprise et que de coleres! Nous avonslu avec le plus vif interet l'excellent article que le general Daumas a publie dans la Revue des Deux-Mondes, du 15 mai, souscetitre: le cheval de guerre. Le savant auteur a demontre jusqu'a 1' Evidence, et en s'appuyant des autorites les plus competentes, des faits les plus authentiques, ces trois propositions : 1° l'influence de l'etalon sur le produit est plus grande que celle de la jument, et Ton peut, par consequent, arriver a ameliorer toutes nos races franchises, par le croisement avec des ^talons arabes; 2° le cheval arabe doit etre considere comme le premier cheval de o-uerre du monde, par sa souplesse, sa force, son energie, sa ligne admirable du dos et du rein, l'obliquite de son ^paule, la puis- sance de ses hanches, sa resistance aux fatigues, aux privations, aux intemperies des saisons ; parce que, en un mot, suivant une expression energique d'Abd-el-Kader , il peut la /aim, la soif et la fatigue ; 3° une tres-belle part dans le systeme general de notre remonte doit revenir a l'Algerie. Naguere encore, on ne comptait que peu d'etalons en Algerie, on en compte aujourd'hui 2207 de- vant pourvoir a la fecondation de 62000juments adultes recon- nues bonnes pour la reproduction. En ne comptant pour dix annees que sur 5 poulains par jument, on arrive a la production enorme de 300 000 a 350 000 chevaux, ou trente millechevaux par an; c'est plus qu'il n'en faut pour que l'Algerie suffise a la remonte de la cavalerie, et puisse approvisionner la France de beaux etalons que nous allons chercher souvent, en Orient, au prix d'enormes sacrifices. A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. PARIS. — liirKIMERIB DE W. REMQUET ET C", RUE GARANCIERE , 5. T. VI. 33 JUJN 1855. QUATlUlLui; ANNEE. COSMOS- REVUE DE I/EXPGSITI9I UIIVEBJEILE BE 1855. I. PROGRAMME. L'Exposition universelle des produits de l'agriculture de l'in- dustrie et des arts est inauguree ; la grande lutte entre les na- tions est ouverte; chacune d'elles a etale ou dtalera bientot aa grand jour ses titres de glpire ; les juges du camp sont nomrne's ; la noble phalange des concurrents de tous les pays defilera sous leurs yeux, et le grand jour des recompenses ne tarderapas a luire. S'il est un journal que l'Exposition universelle doive interesser, c'est sans doute le Cosmos , qui par son nom et par son but eni- brasse le monde, qui s'est donne pour mission de signaler le pro- gres sous toutes ses formes, et vers quelque point de 1' horizon eu'il surgisse. Aussi 1 'inauguration du Palais de l'lndustrie sera-t-eile pour nous le signal d'une grande campagne qui commence aujour- d'hui, et qui ne finira que lorsque nous aurons complement etu- die , decrit expose les conquetes importantes, les inventions ori- ginales, les decouvertes inspirees, les idees heureuses, les germes feconds, les OEUvres meritoires qui seront apparues dans l'arene. Notre plan est vaste, vaste comme l'objet gigantesque qu'il em- brasse; mais quelque vaste qu'il soit, il ne nous effraie pas; nous nous sentons assez d'ardeur et de forces pour le remplir. Notre livraison hebdomadaire ne pouvait pas suffire evidemment aux developpements que ce plan reclame; en lui conservant son ca- ractere, et sans en modifier la periodicity , nous publierons a inter- valles rapproches des livraisons supplementaires. Notre premiere intention avait ete de faire de la revue de l'Exposition un recueil distinct du Cosmos hebdomadaire, et pour lequel nous aurions sollicite" des souscriptions nouvelles ; mais en agissarit ainsi , nous aurions peut-etre manque de delicatesse ou d'egards envers nos abonnds. Par le fait raeme de leur abonnement, ilsont droit a un compte rendu plus ou moins developpe de l'Exposition, et nous n'avons pas cm qu'il nous fut permis de les contraindre a acheter ce que, jusqu'a un certain point, nous leur devions. 618 COSMOS. Nous nous presentons aux exposants et a nos lecteurs avec quel- que confiance : confiance en eux, confiance en nous. Nos longues etudes, notre connaissance des principaux idiomes europeens, nos relations avec un si grand nombre de savants et d'industriels de la France et de l'etranger, nos rapports intitnes avec la plupart des membres du jury, notre vieille fidelite a suivre le progres, notre habitude d'ecrire, nous encouragent a penser que nous ne serous pas au-dessous de la mission que nous acceptons. D'ailleurs, les sym- pathies qui nous ont accompagne" autrefois, et que nous avons re- trouvees plus vives que jamais a notre entree dans le Palais de l'lndustrie, nous encourageront a mieux faire encore que par le passe. Voici comment nous entendons nous acquitter de cette tache, "•rande et difficile. Nous eviterons avec un soin extreme les genera- ]ites vagues et declamatoires , les descriptions longues et diffuses ; rious irons droit au but ; nous ferons tour a tour l'etude approfondie de chacune des vingt-sept classes, en commencant parcellequi aura ]e plus tot exhibe ses produits. Apres un coup d?ceil historique rapide sur l'origine , les progres et l'etendue des industries que la classe comprend, apres avoir rappelc comment ces industries etaient representees et furent recompenses a la derniere Exposition fran- caise, en 1849, et a l'Exposition universelle de Londres, en lS51r nous etudierons en detail le concoursactuel, en rattachanta chaque nom propre les produits exposes , accordant a chacun de ces pro- duits et de ces noms une place proportionnee a leur valeur intrin- seque. Pour les beaux-arts, qui sont en dehors du programme habi- tuel du Cosmos , nous nous contenterons de donner un coup d'ceij d'ensemble sur l'Exposition, Enumeration rapide des chefs-d'oeuvre ou des ceuvres capitales, la comparaison des diverses Ecoles, 1'ap- preciation de leur merite relatif, la liste, enfin, des recompenses. Nos descriptions des instruments, des appareils, des machines seront aussi souvent que possible accompagnees d'un dessin ; mais nous serons force, bien a regret, de nous borner a ne reproduire par la oravure que les ceuvres de tres-grand merite, les mdcanismes en- tierement nouveaux, dignes d'une recompense de premier oude se- cond ordre , a moins toutefois que les exposants, convaincus de la valeur de notre travail, consentent, soit a faire les frais des repro- ductions graphiques, soit a souscrire a un nombre d'exemplaires de notre compte rendu, suffisant pour nous defendre de depenses au- dessus de nos forces. S'ils daignent repondre a notre appel, nous donnero:is, au contraire, u;:e tres-grande quantite de figures, en re- COSMOS. 619 courant pour les rendre plus fiddles, a la photographie et a la era- vure hehographique : en echange de leurs avances , nous nous engagers a leur livrer au prix d'atelier tel nombre, qu'ils vou- dront des cliche pris sur les bois du Cosmos ou des epreuves de nos planches, et de faire parvenir a toutes les adresses qu'ils nous donneront la description et le dessin des objets par eux exposes que nous auronspu reproduce avec leur concours Quant au caractere de notre redaction , nous dirons franchement que nous ne voulons etre que l'interprete fidele de tout ce erne nous aurons vu et entendu, que nous nous constituons avant tout a 1 etat d echo qui rfflechit ce qui est venu le frapper. Notre plume ne sera ni un encensoir dont la fumee enivre les uns, irrite les au- tre , m une verge dont les coups meurtrissent, mais un simple outil qui enregistrera les impressions qui nous arriveront de toutes parts Nous ne dogmatiserons pas, nous n'aspirerons pas a rendre des oracles, a redresser des torts, a dieter des lois; nous exposerons I Au moment ou nous le croirons convenable, apres avoir bien en- tendu le jugement des maitres, bien pese l'opinion du public et des exposants nous classerons les concurrents et leurs produits dans 1 ordre de leur merite absolu ou relatif, dans l'ordre des recom- penses auxquelles il nous semblera qu'ils ont droit, et cela en toute modestie sans aucune pretention a l'infaillibilite. N'est-il pas vrai que, s'll etait admissible, s'll ne se traduisait pas par une sorte d impossibihte morale, le meilleur mode de repartition des recom- penses serait le classement opeVe par le vote des exposants de cha- queclasse ou de chaque groupe ; or, e'est ce classement issu du vote universel que nous essaierons de formuler en nous faisant l'e- cno de la voix de tous. Ce qui ne contribue pas peu a nous soutenir dans notre rude en- trepnse c est la constitution deja realisee des salons du Cosmos en centre de mouvement scientifique et industriel, ou toutes les publi- cations de quelque importance affluent, ou nous sommes assure de trouver en abondance les materiaux de notre redaction , ou il nous seradonne de voir, d'^couter, de consulter la plupart des maitres illustres, des juges souverains que l'Exposition universale amenera a Pans. Nous rappelons, a cette occasion, a nos abonne-Sfrancais et Stran- gers , qu'eux et les personnes recommand^es par eux , trouveront dans lessallesdu Cosmos, 18, rue de l'Ancienne-Comedie la plus cordiale hospitalite, et qu'ils pourront y consulter tout ce qui aura ete pubhe sur l'Exposition universelle. Nous aiderons, en outre de 620 COSMOS. tout notre pouvoir les inventeurs et les possesseurs d'idees nou- velles a tirer un parti avantageux de ]eur industrie. Nous nous sommes assure, dans ce but, le concours d'hommes intelligcnts et devoues. Nous avons clairement expose notre but, notre plan ct nos es- perances, il ne nous reste plus qu'a entrer en matiere. F. Moigno. II. INSTITUTION ET COMMISSION DE l'eXPOSITION . L'Exposition universelle des produits agricoles et industriels a Paris a ete institute par decret imperial du 2 mars 1353 ; un second decret du 22 juin a ordonne qu'une Exposition universelle des beaux-arts aurait lieu en meme temps que l'Exposition univer- selle de l'industrie, a la meme epoque, du lcr mai au 30 septem- bre et dans un local distinct . Un troisieme decret du 24 decembre, meme ann£e, a place-la triple exposition universelle sous la direction et la surveillance d'une commission presidee par Son Altesse Imperiale le prince Napoleon, et composee comme il suit : MM. Baroche, Elie de Beau- mont, Billault, Blanqui, Eugene Delacroix, Dolfus, Arles-Dufour, Dumas, baron Charles Dupin , Henriquel-Dupont, comte de Gas- parin Greterin, Heurtier, Ingres, Legentil, Le Piay, comte de Lesse'ps, Merimee, Michel Chevalier, Mimerel , general Morin, comte de Morny, prince de la Moskowa, due de Mouchy, marquis de Pastoret, Emile Pereire, general Poncelet, Regnault, Sallan- drouze , de Saulcy, Schneider , baron Seilliere , Seydoux , Simart, Troplong, marechal Vaillant, Visconti. La commission a eu pour secretaire general M. Arles-Dufour, pour secretaire adjoint M. Thibaudeau. MM. de Mercey et Audiganne sont secretaires,^ le premier de la section des beaux-arts, le second de la section d'a- griculture et d'industrie. III. PALAIS DE L'EXPOSITION. Un decret, en date du 27 mars 1852, portait, qu'un edifice dans le genre du Palais de Cristal de Londr.es, et nomme Palais de l'industrie serait eleve dans le carre de Marigny pour servir aux expositions de l'industrie et des beaux-arts , ainsi qu'aux grandes solennites nationales. Plus tard, par decret du 30 aout, 1'execution de ce Palais fut concedee a MM. Ardoin et O qui devaient le construire a leurs frais , risques et perils , et en rester usufruitiers pendant trente-cinq ans ; avec la faculte , pendant l'Exposition uni- verselle, de percevoir un droit d' entree qui ne devait jamais de- COSMOS. 621 passer 3 francs , et qui un jour par semaine serait reduit a 25 cen- times. Commence au mois d'avril 1853, le Palais do l'lndustrie etait acheve a la fin de 1854. La description suivante, quoique tres-succincte, donnera une idee suffisante de la configuration et de l'^tendue de ce vaste edifice. Le Palais de Cristal de Hyde-Park n'^tait qu'une sorte de tente provisoire, le Palais de l'lndustrie est un monument durable et qui survivra a l'Exposition universelle. Construit sur les dessins de M. Viel, architecte, et de M. Barrault , ingenieur, son perimetre forme un rectangle parfait ; son developpement est de 234 metres en longueur , et de 108 metres en largeur. Le batiment est inte- rieurement divise en cinq galeries : deux longitudinales sur chaque face principale, deux transversales a chaque extremite , et une grande galerie centrale qui a 192 metres de long et 48 metres de large. Les quatre galeries longitudinales et transversales ont un rez-de-chaussee et un etage ; des piliers en fonte, octogones , a mouiures, servent de supports aux planchers. Les galeries du premier etage ont vue sur la grande nef, et une balustrade elegante , placee au pourtour, permet au public d'ein- brasser d'un coup d'ceil toute la grande salle centrale. Ce premier etage des galeries est desservi par douze grands esca- liers places dans six pavilions. Le pavilion nord contient, outre deux grands escaliers en pierre, a double revolution , le salon de l'Empereur, les differentes salles des jurys, le logement du directeur, les bureaux, vestiaires, corps de garde, etc. C'est dans ce pavilion que se trouve l'entree principale. Une porte monumentale, de 15 metres de diametre et de 20 metres en- viron de hauteur, donne acces au vestibule du rez-de-chaussee, d'oii commencent les premieres evolutions des escaliers conduisant au premier etage, et oil aboutissent les differentes issues des ser- vices generaux. Cette entree triomphale est surmontee d'un grand groupe, ocuvre de M. Elias Robert, representant la France couronnant l'Art et l'lndustrie ; a droite et a gauche, se trouvent deuxgroupes de Genies soutenant des cartouches ornes des armeset chiffres de rEmpereur, dus au ciseau de M. Diebolt. Au-dessous du groupe central et dans la largeur de la grande porte, l'attique est ornee d'unefrise par M. Desbceuf, representant l'lndustrie et les Arts venant offrir leurs produits a l'Exposition iuiiverselle. Deux grandes Renomniees , scuptees par M. Dm 622 COSMOS. ornent les tympans a droite et a gauche du grand arc. Le porche d'entree, onie- d'un grand sujet relatif aux Arts et a l'lndustrie, est fait par M. Vilain. Quatre pavilions a doubles escaliers mettent en communication , aux quatre angles du monument , le rez-de-chaussee et le premier etao-e, et contiennent en outre des sorties ext^rieures et des ves- tiaires : ce sont les pavilions Nord-Ouest, Sud-Ouest, Sud-Est et Nord-Est. Enfin le dernier pavilion, dit du Sud, renferme deux grands esca- liers un vestiaire, et des salles appropriees au service medical. De riches verrieres competent l'ornementation de ce palais : les deux qui forment la cloture de la grande salle sont de M. Marechal, de Metz; celle sous le porche est de M. Marchand. Tel est l'ensemble general du Palais de l'lndustrie proprement dit. Sa construction est mixte; l'enceinte exterieure et les pavilions sont en pierre; l'inteneur est en fonte et en fer. Deux cent quatre-vingt-huit colonnes en fonte, d'un diametre de 35 centimetres et de 9 metres de hauteur, soutiennent au rez-de- chaussee des poutres en fonte et en tole, le plancher des galeries laterales et les fermes de la grande nef centrale. Au premier etage, ce nombre est diminue' de soixante-douze co- lonnes, provenant de la suppression des doubles galeries laterales existant au rez-de-chaussee. Le mur exterieur est perce de baies d'une grande dimension et servant a eclairer les galeries hautes et basses. La couverture des galeries laterales et de la grande nef est com- posed de glaces depolies qui laissent penetrer un jour doux et favo- rable aux expositions des produits. Le plancher de la galerie du premier £tage est double et compose' d'un premier parquet de forts madriers en sapin fixes sur les pou- tres en fonte et en tole du rez-de-chaussee, et d'un second parquet en chene cloue sur le premier. Des cheneaux en plomb, poses sur les retomb£es des grandes fer- mes deversent les eaux dans des colonnes en fonte cieuses qui aboutissent a un reseau d'aqueducs souterrains, et ramenent les eaux pluviales dans un conduit central conduisant a la Seine. La surface de cet edifice, utilisable pour une exposition univer- sale, est de 45 000 metres carres ; le Palais de Cristal de Londres avait une surface utile de 86 000 metres. Pour combler le deficit on a eleve" au bord de la Seine, sur le quai de la rive droite, depuis la place de la Concorde jusqu'a l'allee COSMOS. 623 Montaigne, une galerie large de 25 metres, et longue de 1 200 me- tres, le double de la longueur du palais d'Hyde-Park : la surface utihsable de cette annexe est de 30 000 metres carres, qui, ajoutes aux 45 000 du Palais, font 75 000 metres carrel, surface encore insuffisante. Dans la demi-longueur de l'annexe, on a eleve" a l'in- terieurdeux autres galeries, l'une a droite, l'autre a gauche, don- nant au premier etage une surface disponible de 8 000 metres. Comme^ le nombre des exposants a depass<§ toutes les previ- sions, on s'est decide a elever autour du Panorama une vaste galerie circulaire qui se relie au Palais principal par une galerie couverte ; a l'annexe du bord de l'eau par un pont couvert qui passe au- dessus du Cours la Reine, sans interrompre la circulation. La sur- face utile decette galerie est de 6 000 metres, et l'ensemble des ba- ilments de l'Exposition universelle aura alors une surface totale de. 89 000 metres, excedant de 3 000 metres carres celle du Palais de Cristal. Deux immenses hangars, destines a recevoir, l'un les appa- reils et les produits agricoles, l'autre les ceuvres de la carrosserie ont ete ajoutds au plan primitif. II aurait fallu, si cela avait dte pos- sible, creer plus d'espace encore, car l'industrie etrangere envoie sur le terrain de la lutte de nombreuses et puissantes phalanges. L'An- gleterre comptera environ 3 600 exposants ; elle en avait 8 000 a Londres, et leur avait attribue 50 000 metres sur 93 000. Plus geneVeux , nous ne gardons dans les constructions actuelles que 38 000 metres environ sur plus de 90 000. L'Allemagne aura 2 200 exposants; l'Autriche, pres de 1 900; la Belgique, pres de 700; la Suisse, 500 environ; l'Espagne , de 330 a 350; les Etats de l'ltalie, c'est-a-dire la Sardaigne et la Toscane, 420 (les Deux- Siciles n'exposent pas) ; les Etats-Unis, 3 a 400, comme a Lon- dres, etc. IV. CLASSIFICATION DES PRODUITS EXPOSES. Un reglement general , propose" par la commission impe'riale et approuve" par decret du 6 avril 1854, article 16, a classd les pro- duits de l'industrie et les ceuvres d'art en huit groupes, compre- nant trente classes, de la maniere suivante : Premier groupe. Industries ayant pour objet principal V extraction ou la production des mat ie res brutes. ire classe. Art des mines et m^tallurgie. l'e Section. Statistique et documents generaux ; 2e, procedes generaux d'exploitation ; 3e, procedes generaux de m^tallurgie ; 624 COSMOS. 4e, extraction et preparation des combustibles mineraux; 5C, fontes et fers; 6C, metauxcommuns autres que le fer; 7e, metaux prikieux; S°, nionnaies etmedailles; 9C, produits mineraux non mStalliques. ne classe. Art forestier, chasse, peche, recoltes et produits ob- tenus sans culture. lrc Section. Statistique et documents generaux; 2e, exploitations forestieres; 3e, industries forestieres; 4e, chasse des animaux ter- restres et amphibies ; 5C, peche; 6e, recoltes des produits obtenus sans culture; 7C, destruction des animaux nuisibles ; 8C, acclima- tation des especes utiles de plantes et d'animaux. in« classe. Agriculture, y compris toutes les cultures de vegetaux et d'animaux. lro section, statistique et documents gdneraux; 2C, genie agri- cole; 3e, materiel agricole ; 48, cultures generates; 5C, cultures speciales; 6°, elevage des animaux utiles; T, industries immtSdia- tement liees a 1' agriculture. Deuxieme groupe. Industries ayant specialement pour objet I'emploi des forces mecaniques . rve classe. Mecanique generate applique" al'industrie. Vc Section. Appareils de pesage et de jaugeage employes dans 1'industrie; 2% organes de transmission et pieces detachees; 3°, maneges et autres appareils pour l'utilisation par machines du travail developpe par les animaux; 4e, moulin a vent; 5°, moteurs hydrauliques ; 6e, machines a vapeur et a gaz; 7C, machines servant a la manoeuvre des fardeaux ; 8e, machines hydrauliques , eleva- toires et autres ; 9e, ventilateurs et souffleries. ve classe. Mecanique speciale et materiel des chemins de fer et des autres modes de transport. lre Section. Materiel pour le transport des fardeaux a. bras, a dos, ou sur la tete ; 2e, objets de bourrellerie et de sellerie; 3e, ma- U'riaux et appareils de charronnage et de carrosserie ; 4e, char- ronnage-, 5% carrosserie; 6e, materiel des transports perfectionnes, a parcours restreints ; 7e, materiel des chemins de fer ; 8e, ma- teriel des transports par eau ; 9e, aerostats. vie classe. Mecanique speciale et materiel des ateliers industriels. lre section. Pieces detachees et machines elementaires; 2e, ma- chines de l'exploitationdes mines; 3°, machines relatives ii l'art des constructions; 4e, machines servant au travail des matieres min£- rales autres que les ntetaux; 5C, machines metallurgiques ; 6% mat<§- COSMOS. 625 riel des ateliers de constructions mecaniques; 7e, machines servant a la fabrication Je petits objets en metal ; Se, machines de l'exploita- tion forest iere, ou servant specialement au travail du bois; 9e, ma- chines de l'agriculture et des industries agricoles et alimentaires ; 10c, machines des arts chimiques ; lle, machines relatives aux arts de la teinture et de l'impression ; 12e, machines speciales a cer- taines industries. mf classe. Miicanique speciale et materiel des manufactures de tissus. lre section. Pieces detachees pour la filature et le tissage ; 21', ma- chines pour la preparation et la filature du coton ; 3e, machines pour la preparation et la filature du lin et du chanvre; 4e, machines pour la preparation et la filature de la lame; 5e, machines pour la preparation et ia filature de la soie. TroJsieme groupe. Industries specialement fondees sur des agents physiques et chi- miques, on se rattachant aux sciences eta Censeignement. vme classe. Arts de precision , industries se rattachant aux sciences et a l'enseignement. lre section. Poids et mesures, appareils divers de mesurage et decalcul ; 2", objets d'horlogerie ; 3e, instruments d'optique et appa- reils de toute sorte employes pour la mesure de l'espace ; 4C, instru- ments de physique, de chimie , de meteorologie destines a. l'etude des sciences ou appliques aux usages ordinaires ; 5% cartes, mo- deles et documents d'astronomie, de geographie, de topographie et de statistique; 6% modeles, cartes, ouvrages, instruments et appa- reils destines a, l'enseignement des sciences, des lettrcs et des arts liberaux ; 7e, materiel de l'enseignement elementaire. ixe classe. Industries concernant l'emploi economique de la cha- leur, de la lumiere et de l'eleetricitc. lre section. Precedes ayant pour objet l'emploi des sources natu- relles de chaleur ou de froid, de lumiere et d'electricite; 2e, pro- cedes ayant pour objet la production initiale du feu et de la lumiere ; 3», combustibles specialement destines au chauffage economique ; 4e, chauffage et ventillation des habitations; 5e, production etemploi de la chaleur et du froid pour l'e'conomie domestique ; 6e, produc- tion et emploi de la chaleur et du froid dans les arts; 7e, eclairage; 8e, phares, signaux et telegraphes aeriens; 9C, production et em- ploi de l'electricite; telegraphes e'lectriques, etc. 626 COSMOS. xc classe. Arts chimiques , teintures et impressions, industries des papiers, des peaux, du caoutchouc, etc. lre section. Produits chimiques; 2C, corps gras, resines, essences, savons, vernis et enduits divers ; 3e, caoutchouc et gutta-percha; 4e, cuirs et peaux; 5e, papiers et cartons; 6e, blanchiment, tein- ture , impressions et applets; 7C, couleurs , encre et crayons; 8C, tabacs, opiums et narcotiques divers. xic classe. Preparation et conservation des substances alimen- taires. lre section. Farines, fecules et produits d^riv^s ; 2e, sucres etma- tieressucreesdegrande fabrication; 3°, boissons fermentees; 4e, con- serves d'aliments , aliments fabriqu^s et condiments; 5C, aliments prepares avec le cacao, le cafe, le the\ etc. ; 6e, produits de la con- fiserie et de la distillerie; 7L', appareils et procedes pour la pre- paration et la conservation des aliments. Quatrieme groupe. Industries se rattachant specialement aux professions savantes. xnc classe. Hygiene, pharmacie, medecine et chirurgie. lre section. Hygiene publique et salubrite; 2°, hygiene privde ; 3e, emploi hygienique et medicinal des eaux, des vapeurs et des gaz; 4e, pharmacie; 5°, medecine et chirurgie; 6e, anatomie hu- maine et compared ; 7C, hygiene et medecine veterinaire. xme classe. Marine et art militaire. lre section. Elements principaux du materiel des constructions navales et de l'art de la navigation ; 2C, appareils de natation, de sauvetage, d'exploration, etc. ; 3e, dessins et modeles des systemes de constructions navales employes sur les rivieres, les canaux et les lacs; 4e, dessins et modeles des systemes de constructions navales employes dans le commerce et la peche maritime ; 5e, dessins et mo- deles des systemes de construction employes dans la marine mili- taire; 6e, genie militaire; 7e, materiel et equipages; 8C, equipement des troupes; 9e, armes et projectiles; 10c, pyrotechnic xive classe. Constructions civiles. Vc section. Matdriaux de construction; 2e, arts divers se ratta- chant aux constructions; 3e, fondations ; 4% travaux relatifs a la navigation maritime; 5e, travaux relatifs a la navigation interieure; 6e, routes et chemins de fer; 7e, ponts; 8e, distributions d'eau et de gaz; 9e constructions speciales. COSMOS. 627 Cinquieme groupe. Manufacture des produits mineraux. xve classe. Industrie des aciersbruts et ouvre's. lre section. Fabrication des aciersmarchands; 2% fabrication d'a- ciers speciaux ; 3C, ressorts ; 4e, objets de coutellerie, 5e, outils d'aciers; 6e, fabrications diverses. xvie classe. Fabrication des ouvrages ou metaux d'un travail ordinaire. lre section. Elaboration des metaux et des alliages durspar voie demoulage;2e, fabrication des feuilles, des fils, des gros tubes, etc., de metaux et d'alliages durs; 3e, chaudronnerie , tolerie, ferblan- terie et elaborations diverses des feuilles de metaux et alliages durs; 4e, elaborations diverses des fils de metaux et alliages durs; 5% grosseserrurerie, ferronnerie, taillanderieet clouterie; 6e, petite serrurerie et quincaillerie ; 7e, elaboration du zinc; 8e, elaboration du plomb; 9e, Elaboration de l'etain et des alliages blancs divers; 10e, elaboration industrielle des metaux precieux. xvne classe. Orfevrerie, bijouterie, industrie des bronzes d'art. lrc section. Procedes de l'orfevrerie, de la bijouterie, etc.; 2% taille et gravure des pierres employees en bijouterie; 3e, orfe- vrerie en metaux precieux; 4e, orfevrerie en metaux communs, enduits ou plaques de metaux precieux; 5e, joaillerie et bijouterie; 6% joaillerie et bijouterie d'imitation ; 7e bijouterie de matieres diverses ; 8e, industrie des bronzes d'art. xvme classe. Industrie de la verrerie et de la ceramique. lre section. Procedes generaux de la verrerie et de la cera- mique ; 2e, verres a vitres et a glaces; 3e, verre a bouteille et verre de gobeloterie; 4e, cristal; 5e, verre, cristaux et emaux divers pour pieces d'optique, objets d'ornement , etc. ; 6% poteries com- munes et terres cuites ; 7e, faiences; Se, poteries-gres ; 9e, porce- laines; 10% objets de cdramique et de verrerie ayant specialement une valeur artistique. Sixieme groupe. Manufacture tie tissus. xixe classe. Industrie des cotons. lre section. Materiel de l'industrie des cotons; 2e, cotons bruts, prepares et files; 3°, tissus de coton purs, unis; 4e, tissus de coton purs, faconnEs; 5°, tissus de coton pur, pour usages speciaux , tires a poil, etc. ; 6% tissus de coton pur, lexers; 7e, tissus de coton pur, -628 COSMOS. fabriques avec des fils de couleur; 8C, tissus de coton pur, impri- nu's ; 9C, velours de coton ; 10', tissus de coton melanges d'autres matieres; ll1', rubannerie de coton, pur ou melange. xx1' classe. Industrie des laines. I1'1' section. Materiel de l'industrie des laines; *2C, laines, poils et crins bruts; 3L', laines, poils et crins prepares et teints; 4e, fils de laine ou de poils , simples ou retors , £crus ou blanchis , teints en laine ou en echees, avec ou sans melange de coton, de soie, de bourre de soie ; 5C, tissus de laine cardee, foules ; 6L', tissus de laine card.ee, non foules ou le"gerement foules ; 7e, tissus de laine peignee; S°, tissus de laine peignee ou cardee avec melange de coton ou de ti\ ; 9e, tissus de laine peignee ou cardee avec melange de soie, bourre de soie, coton, etc.; 10% tissus de laine peignee ou car- dee, purs ou melanges, imprimes; 11°, tissus de poil , pur ou me- lange; 12e, duties de laine; 13c, chales de cachemire ; 14e, tissus de crin. xxic classe. Industrie des soies. lrc section. Materiel de l'industrie dela soie; 2C, soies brutes et ouvrees; 3C, tissus de soie pure, unis; 4e, tissus de soie pure, facor.- m*s, broches et a dispositions; 5°, velours et peluches; 6C, tissus pour meuoles, tentures et ornements d'eglise, etc.; 7°, tissus de soie melanges dor, d'argent, de coton, de laine, de lin, de fantaisie, oil la soie doniine; SL', tissus de soie pure ou melangee, imprimes ou chines; 9e, tissus de bourre de soie pure ou melangee; 10c, ru- bans de soie. xxn° classe. Industrie des lins et des chanvres. lrc section. Materiel de Tindustrie des lins et des chanvres; 2e, lins, chanvres et autres filaments vegetaux, bruts ; 3C, lins, chan- vres, etc., prepares; 4e, fils de lin, de chanvre et d'autres fila- ments; 5°, toiles a voiles et grosses toiles de lin et de chanvre: 6e, toiles fines et coutils; 7°, batistes; 8e, toiles ouvrees ou damas- s6es; 9C, tissus de fil avec melange de coton ou de soie ; 10e, tissus de filaments vegetaux autres que le lin et le chanvre. xxme classe. Industries de la bonneterie , des tapis, de la passementerie, de la broderie et des dentelles. lro section. Tapis et tapisseries de haute et de basse lisse ; 2C, tapis de foutre,de drap et autres; 3C, bonneterie ; 4e, passemen- terie de soie, de bourre de soie, de laine, de poil de cheyre, de cuir, de fil et coton ; 5C, passementerie en fin et en faux; 6C, broderie ; 7C, dentelles. COSMOS. 629 Sepiieme groupe. Ameublcment et decoration, modes, dessin Industrie/, imprimerie, musique. xxiv* classe. Industrie concernant l'ameubleiiient et la deco- ration. lrc' section. Objets de decoration , d'ornement ou d'ameuble- ment, en pierres et matieres pierreuses; 2% objets de decoration, d'ornement et d'ameublement, en metal; 3e, meubles et ouvrages d'ebenisterie d'usage courant; 4e, meubles de luxe et objets de de- coration, caracterises par l'emploi des bois precieux, de 1'ivoire, de l'ecaille, le travail de structure ou d'incrustationet l'addition d'orne- ments deprix; 6°, objets d'ameublement en roseaux, paille, acces- soires d'ameublement, ustensiles de menage; 7% ouvrages de tapis- sier; S% papiers peints, tissus et cuirs prepares pour tentures, sto- res, cartonnages, reliures, etc.; 9e, peintures et decors , materiel des theatres, des fetes et des ceremonies; 10% meubles, ornements et decors pour les services religieux, etc. xxvc classe. Confection des articles de vetements , fabrication des objets de mode et de fantaisie. lre section. Materiel et elements de la confection, boutons, etc. ; 2% objets de lingerie, corsets, bretelles et jarretieres ; 3e, habits et vetements accessoires ; 4C, chaussures, guetres et gants ; 5% cha- peaux et coiffures; 6% ouvrages en cheveux, parures en plumes et en perles, fleurs artificielles; T, objets confeetionnes ou brodes a 1' aiguille, au crochet, etc.; 8% eventails, ecrans, parasols, para- pluies, cannes; 9% tabatieres et pipes, peignes et brosses tines, petits objets de tabletterie en bois, en ivoire, en ecaille; 10% pe- tits meubles, coflrets, necessaires, encriers, objets de fantaisie con- fectionnes ou decores avec 1'ivoire, I'ecaille, les bois, les pierres, les metaux, etc.; 11% objets de gainerie et de maroquinerie, de car- tonnage, de vannerie, de sparterie fine ; 12% objets de bimbleoterie, poupees et jouets; figures de cire et figurines, jsux de toute es- pece. xxvie classe. Dessin et plastique appliques a l'industrie, im- primerie en caracteres et en taille-douce, photographie. lre section. Ecriture, dessin et peinture; 2% lithographie, auto- graphie et gravure sur pierre ; 3% gravure sur metal et sur bois; 4% photographie. xxvnc classe. Fabrication des instruments de musique. 630 COSMOS. lre section. Instruments a vent non metalliques , en bois , en come, en ivoire, en os, en coquillage, en cuir, etc. ; 2C, instruments a vent, mdtalliques; 3e, instruments a vent, a clavier; 4C, instru- ments acordes sans clavier; 5e, instruments a cordes a clavier; 6C, instruments divers , a percussion ou a frottement; 7e, instru- ments automatiques ; 8e, fabrications elementaires et accessoires. Huitieme groupe. Beaux-Arts. xxvine classe. Peinture, gravure et lithographie. lrc section. Dessin et peinture; 2e, lithographie ; 3e, gravure. xxixe classe. Sculpture et gravure en medailles. lre section. Sculpture en ronde-bosse et bas-relief; 2°, gravure en relief et en creux. xxxe classe. Architecture. lre section. Etudes ; 2e, projets. On s'accorde a faire honneur a M. Henry Le Play, ing^nieur en chef des mines, actuellement commissaire general de l'Exposition , de la classification des produits de l'industrie , dont nous n'avons pu indiquer que les divisions principales ; c'etait un travail tres- difficile, tres-complexe, et l'auteur s'en est parfaitement tire. Nous donnerons la liste du jury international lorsqu'il sera com- pletement organise, lorsquenous connait.rons la repartition entre les divers groupes des jures Strangers non classes encore. PHOTOGRAPHIE. Determination de la hauteur des nuages a I'aide de la photo- graphic La note de M. Pouillet est tres-longue ; nous allons la reduire a sa plus simple expression. Concevons deux appareils photographiques egaux , ayant les axes de leurs lentilles ajustes dans la verticale, et places a une certaine distance l'un de l'autre. Les cones qui limitent les champs respectifs , d'abord separes a leur origine , commencent a se penetrer lorsque le rayon du champ est egal a la moitie de la distance qui separe les appareils; a partir de la , les deux cones se penetrent de plus en plus. Les cercles qui , en se coupant , determinent le champ commun , ont pour rayon le quart de la hauteur a laquelle on s'eleve. La ligne qui joint leurs centres reste toujours egale a la ligne sensiblement ho- rizontale qui joint les centres optiques et qui mesure la distance d des deux stations, ainsi qua la ligne £gale et parallele qui joint les centres des deux tableaux, et qu'on peut appeler ligne defoi, parce quelle sert a rep£rer les images. Si dans toute l'etendue du champ commun le ciel est serein , a l'exception d'un seul petit nuage de forme quelconque dont le contour soit bien tranche, l'image exacte d'un tel nuage se produira simultanement sur les tableaux des deux appareils , et occupera sur chaqtie tableau une place determinee par la hauteur et la position du nuage dans le ciel ; et si , par les procedes de la photographie , on fixe instan- tandment et simultanement les deux images sur les deux tableaux , il sera possible a l'aspect de ces empreintes et de la place qu'elles occupent de reconstituer la forme du nuage au sein de l'atmosphere, et de determiner la hauteur a laquelle il se trouve au-dessus du centre optique des deux appareils. Admettons que les glaces car- rees destinees a recevoir les images portent deux lignes perpendi- culaires entre elles, dont 1' intersection soit prise pour le centre de la glace ou du tableau; que la position de chaque glace, par rap- port a son objectif , soit reperee de telle sorte que l'axe optique passe bien par son centre, et qu'en meme temps l'axe des lignes perpendiculaires coincide avec la ligne de foi ; les deux images prises dans ces conditions sont 6gales non-seulement dans le champ commun, mais de chaque cote de la ligne de foi ; pour les super- poser, il suffira, apres avoir aligne a la suite l'une de l'autre les deux lignes de repere paralleles a la ligne de foi, de faire glisser 632 COSMOS. dans le sens de cette ligne l'un des centres par rapport a l'autre, d'une certaine quantite que nous designons sous le nom de (Repla- cement. Cela pose , representors par h la hauteur du nuage , par d la distance des deux centres optiques , distance egale a celle ou les axes optiques des deux appareils vont percer le champ com- raun; par/la distance locale principale des deux lentilles, on aura evidemment : 4 h : f : :d:p, d'ou Ton tireia h z=i — . P Et comme/et d sont connus, il suffira, pour calculer h, de rae- surer p ; on y procedera de la maniere suivante : Les deux glaces, revetues de leurs images, seront disposers sur un chassis horizontal, a la suite Tune de l'autre, dans l'exacte con- tinuation de la ligne de foi, tournees comme elles etaient quand les images se sont produites ; la elles seront eclairees en dessous par de la lumiere redlechie ; alors, en regardant leur surface superieure par transparence , on y verra, dans toute leur purete , les images qu'elles portent ; on pourra en faire la comparaison minutieuse et reconnaitre tous les points homologues appartenant au champ com- mun. Une regie divisee, reposant sur les bords du chassis, pourra glisser d'une extremite a l'autre des deux glaces, en restant paral- lele a elle-ineme et perpendiculaire a la ligne de foi; une loupe a oculaire et a fils croises, mobile sur la longueur de cette regie, res- tera elle-meme perpendiculaire au plan des images et pourra en parcourir toute l'etendue. On parviendra ainsi a reconnaitre successivement tous les points homologues, etamesurer, avecunegrande precision, les differences de leurs abcisses, e'est-a-dire la valeur de p, ou le deplacement qui leur appartient : ces valeurs substitutes dans la formule donneront les hauteurs correspondantes. II importe grandement que les valeurs de p ou des deplacements ne soient pas trop petites ; qu'elles ne descendent pas au-dessous de 20 millimetres, afin que l'erreur d'un cinquieme de millimetre environ que Ton pourra commettre dans la determination , ne soit que d'un centieme. Et voila pourquoi il faut que la distance entre les centres des lentilles soit d autant plus grande que le nuage est plus eleve. On peut separer les nuages en trois couches : la premiere s'£- tendant de 1 000 a 3 000 metres; la deuxieme, de 3 000 a 9 000 metres ; la troisieme, de 9 000 a 15 000 metres ; et les distances COSMOS. 633 correspondantes des deux appareils pourront etre pour la premiere classe 100, pour la seconde 300, pour la troisieme 600 metres : avec ces distances, on pourra esperer de determiner la hauteur du nuage a un centieme pres de sa valeur. Enfin les experiences pourront etre disposers de la maniere sui- vante : Les deux appareils sont £tablis a la distance jugee convenable, d'apres l'aspect des nuages ; chacun a son photographe et, pres de lui, une cabane fixe ou portative destined aux manipulations, car elles doivent se faire assez rapidement quand il s'agit des procedcs dits instantanes. Vers le milieu de la ligne qui s^pare les appareils s'eleve une tige verticale munie d'alidades ; la un observateur se rend compte des limites du champ commun et du moment oil le nuage a photographier viendra y prendre une bonne position ; quel- ques minutes d'avance, il fait signe aux photographes de preparer les glaces; puis quand 1'instant favorable est arrive, d'un seul coup de manivelle il ouvre a la fois et ferme a la fois les deux appa- reils. Tout ce qui precede se rapporte a des observations faites seule- ment dans le voisinage du zenith ; si on voulait les e^endre a toutes les portions du ciel , les appareils deviendraient plus compliques a cause des experiences qu'il y aurait a faire pour assurer et verifier le parallelisme des axes optiques. — M. Blanquart-Everard nous ecrit de Lille a la date du 21 mai : « Je lis dans le Cosmos qu'une vue photographique prise a Londre* pendant la visite de leurs Majestes au Palais de Crista! n'a pu etre repandue dans le public autant qu'elle aurait du l'etre, faute de moyens de tirage suffisants. Le temps, aussi detestable a Londres qua Paris en ce moment, rendait, dites-vous, impossible l'impres- sion des positifs. En presence de ce fait, il ne serait peut-etre pas inopportun de rappeler a vos lecteurs que rimprimerie que j'ai fondee a Lille fonctionne par tous les temps, en donnant des epreuves solides, avantages qui, vous le savez, monsieur, ne sont pas obtenus par les procexles originaires de tirage. II m'a toujours semble que, sans la possibility d'un tirage continu et sans \ajixile des epreuves, la photographie ne pourrait entrer d'une maniere scrieuse dans les grandes publications ou celles qui demandent de l'actualite ; c'est ce qui m'a fait depuis longtemps diriger mes efforts vers ce double but que je crois atteint. » — M. Davanne nous prie de rectifier une erreur qui nous est echappee dans la 19e livraison du Cosmos, p. 115, dernier alinca. 636 COSMOS. Nous avons dit : une feuille entiere prend sur le bain de nitrate d* argent 5CC20 de liquide il aurait fallu dire : prend sur le bain de sel (chlorure de sodium) 5CC20 de liquide. Nous profiterons de cette occasion pour rdtablir dans notre courte analyse du Memoire de M. Davanne ces quelques lignes que le defaut d'espace nous avait fait ajourner : « En presence de ces faits rigoureusement demontres par la ba- lance, ajoute M. Davanne, je n'ai pas besoin d'insister sur 1'extreme importance du traitement des r^sidus; j'ajouterai que ce traitement est si facile, demande a la fois et si peu de temps et si peu de soins, qu'il serait impardonnable de laisser perdre, sans aucun profit pour personne, une quantite d'argent qui, si on en faisait la statistique, s'eleverait certainement a des sommes considerables. » L'habile chimiste donne ensuite son procede de traitement des residus. Comme il est tres-peu de photographes qui puissent ou veuilient faire cette operation, nous renverrons au numero du Bidletin de la Socie'te, page 76. — Comme nous l'avions promis, nous revenons au Traitede Pho- tographie de M. Stephane Geoffray. — Nous extrayons aujourd'hui de ce livre, dont chaque ligne est un renseignement precieux, le chapitre suivant. Cette page est importante pour les praticiens, nous la recommandons a l'attention de nos lecteurs, car le conseil qu'elle renferme n'a pas encore ete donne : « Nous nous sommes preoccupy surtout, dans les cbapitres pre- cedents, des papiers devant recevoir, soit a leur surface, soit dans l'interieur deleur pate, les images photographiques. II nousrestea faire quelques observations sur les papiers sans colle dont l'emploi, en photographie, est d'une importance plus grande qu'on ne l'a dit encore jusqu'ici. Or, les papiers non colics, meme ceux destines a l'imprimerie (1), ont generalement une fabrication moins soignee; ils ont pour prin- cipes des elements moins purs, leur triage est fait sans grandes precautions, les taches metalliques y abondent. Ces papiers sont faits le plus souvent de chiffons gris, ayant necessite, pour leur blanchiment, des chlorures tres-riches, des la- vages fortement alcalins, l'emploi de carbonate de chaux, d'alu- mine et d'acide sulfurique. On peut juger par cette seule observa- (1) Je me sers prelerablemect de ceux-ci ; ils sont beaucoup mieux scignes dans leur composilion et leur fabrication que les papiers brouillards, destines seulement a etancher de l'ecriture ; ils sont surtcut moins impurs d,e taches de rcuille. COSMOS; 635 tion des consequences que peuvent avoir de tels papiers alors que, par suite de leur etat, ils peuvent ceder si facilement les reactifs qu'ils contiennent. Ces papiers servent a eponger l'humidite des feuilles sensibili- sees. Leur contact avec celles-ci est favorise par une pression forte et un frottement plus ou moins rapide ; on comprend que, aides en- core par l'etat humide des deux surfaces juxta-posees, les elements constituants des deux papiers puissent facilement, si leur afnnite les y porte, reagir entre eux, On a conseille d'employer les brouillards colores, soit en rouge, soit en bleu. C'est la un conseil imprudent : la fabrication des pa- piers varie extremement d'un etablissement a l'autre, et dans le meme etablissement d'un jour a l'autre; tantot les couleurs donnees au papier sont stables, tantot ellespartent souslamoindre influence. J'ai eu ainsi grand nombre de feuilles sensibilisees avec soin, com- pletement perdues. Alors, d'ailleurs, que la couleur est tres-fixe, elle peut etre un r6actif, en contact avec les sels d'argent ; de la des taches par grandes places auxquelles tout remede est encore a trouver. En effet, le bleu a pour cause soit du bleu de Prusse (cyan- hydrate de fer), soit de l'indigo precipitS de son sulfate par la chaux, soit le bleu de cobalt (oxyde de cobalt), soit encore du bleu d'outremer, du bleu de tournesol, de la teinture de bois de campe- che modifie par de l'alun, etc. Quant aux rouges, ils ont presque toujours pour cause des sels de fer, soit purs, soit a l'etat d'ocres. Beaucoup plus rarement ils sont dus a. des couleurs vegetales, les bois de Bresil et la ga- rance. Cette nomenclature incomplete des elements qui compliquent la constitution des brouillards colores, suffira, je crois, pour effrayer ceux qui seraient tentes d'employer encore ces papiers, si precieux que puisse leur paraitre l'avantage, tres-vain selon moi, de mieux voir quand le papier sensibilise ne conserve plus de cristaux argen- tiferes a ses surfaces. » Dans un prochain numero nous aurons a rendre compte de deux excellents livres sur le collodion. Nous voulons parler des livres de MM. Van Monckhoven et de Brebisson. ACADEMIE DES SCIENCES. SGANCT DU 4 JUIN. L Academie procede a la nomination d'un correspondant pour la section de physique, en remplacement de feu M. de Haldat. Sur 47votants, M. Delezenne, au premier tour descrutin,obtient 43 suf- frages, contre 3 donnesa M. Abria, et estproelam6 membre corres- pondant. Vient ensuite la nomination des deux eamlidats a presenter pour la place d'astronome adjoint vacante au Bureau des longitudes, par suite du deces de Mauvais. Dans la premiere election sur 44 suf- frages, M. Yvon Villarceau en obtient 37, et est nomine premier candidat. Dans la seconde election M. Goujon obtient runanimite des suffrages, 45, et devient second candidat. — M. Hubert, sous-directeura l'Ecole normale, pre"sente le femur du grand oiseau fossile de Meudon, trouve recemment dans la meme couche, et a trois metres de distance horizontals du tibia dont on a deja tant fait de bruit. D'une discussion et d'une compa- raison approfondie M. Hebert croit pouvoir conclure que par son tibia plus raccourci, quoique plus robuste et plus volumineux, que celui de l'autrunhe, et par le grand developpement de son femur, le gastornis devait etre tres-pesant, plus pesant que l'autruche, d'un poids d'environ 500 kilogrammes, ce qui serait une raison depenser qu'il n'dtait pas organise pour le vol. II y a quelques annees M. de Loriere trouva dans la meme couche un tres4>eau fragment de f^mur de mammifere, qui annonce un animal du genre coryphodon d'Owen , de l'espfece lophiodon, de la taille des plus forts tapirs de l'lnde. Cette couche renferme en outre une grande quantite de v^getaux dont quelques-uns sont des tiges de 1 a 2 decimetres de diametre, tous couches a plat; elle peut etre considered comme le resultat d'une denudation provenant d'une inondation qui aurait ravine une partie du bnssin de Paris anterieu- rement au depot de l'argile plastique, et par consequent avant l'e- poque de la premiere invasion de la mer dans ce bassin qui formait alors probablement un grand lac d'eau douce. Le gastornis, tres- rapproche des e"chassiers ou des palmipedes, n'eHait-il pas un des principaux habitants des rivages de ce lac? — M. Mailho propose comme propre a faire reconnaitre la pre- sence, dans toute autre espece d'huile , d'une huile de cruciferes, COSMOS. 637 colza, navette, cameline, moutarde, etc., le inoyen suivant : on fait bouillir dans une capsule de porcelaine 25 a 30 grammes de 1'huile que Ton veut analyser avec une solution de 2 grammes de potasse eaustique a l'alcool , dans 20 grammes d'eau distillee ; apres une ebullition de quelques minutes, on jette sur un filtre prealablement mouille; et l'eau alcaline qui s'en ecoule, mise en contact avec un papier impregne d'acetate de plomb ou d'azotate d'argent , ne tarde pas a denoter la presence du soufre. Si, au lieu de se servir d'une capsule de porcelaine pour faire bouillir le melange d'huile et d'alcali, on opere dans un vase d'ar- gent; la coloration en noir de celui-ci est immediate et tres-appre- ciable. Ce moyen prompt et tres-sensible , permet de reconnaitre 1' addition d'un centieme d'huile de semences de cruciferes dans toute autre espece d'huile. — La Society d'aclimatation a recu de Chine, cet hiver par l'intermediaire encore de M. de Montigny, douze grandes feuilles de papiers couvertes d'ceufs de vers a soie , qui ont etc partages entre cihquante-huit educateurs francais et Strangers, pour etre es- sayes dans diverses conditions. M. le comte de Beauregard, pro- prietaire a. Hieres , a termine heureusement une education de ces vers; les cocons sont de bonne nature, d'un brintres-fin, d'un tissu epais et ferine, avec des bouts bien faits et durs. II y a parmi eux des cocons jaunes d'une finesse de brin admirable, que M. Guerin- Menneville croit appartenir a la race ainelioree de Sainte-Tulle. — M. H. Sibille a presente a l'Academie des sciences, dans sa derniere seance, le procede suivant de decortication des bles, pro- cede', dit-il, d'une simplicity remarquable, qui n'entraine aucun frais dispendieux, et detache la premiere enveloppe ligneuse du grain , sans agir sur la seconde cuticule, de telle sorte que tout le ligneux se trouve completement enleve. Prenez : chaux, 1 partie, carbonate de soude, 3 parties; eau bouillante, 6 parties; melez et convertissez en une lessive marquant 3 degres au pese-lessive or- dinaire : immergez le grain a froid dans ce liquide et laissez-le plonge de deux minutes et demie a trois minutes ; il sortira parfai- tement nettoye, purifie , decortique. D'apres les experiences de Mi Liebig sur 1'emploi de la chaux dans la panification, on ne doit nullement craindre que la lessive ci-dessus puisse nuire a la qualite alimentaire de lafarine; elle n'altere pas non plus les qualitesger- minatives du grain, car M. Sibille a pu montrer a l'Academie des grains decortiques qui, apres etre restes six jours en terre, avaient 638 COSMOS. pousse des radicules etune tige de plusieurs centimetres de hauteur. — M. Thirault propose comme grandement preferable au sou- frage des vignes par le soufre sublime" et par la vapeur de soufre, le soufrage liquide obtenu de la maniere suivante : Prenez, polysulfure de potasse du commerce , 1 kilogramme ; acide chlorhydrique , 250 grammes ; eau, 100 litres. Melangez au moment de vous en servir. Avec le liquide laiteux qui resulte du melange et avant que le soufre se soit depose, arrosez la vigne en vous servant d'un ir- rigateur ordinaire. Un seul arrosage suffit en general ; vous pourrez cependant le renouveler au besoin. En raison de l'hydrogene sul- fure reste adherent au soufre precipite" et du soufre mis a nu par suite de la decomposition du sulfure de potassium au contact de l'air, la vigne reste assez longtemps dans un milieu sulfureux pour que Taction du soufre devienne certaine. L' experience a prouve l'effi- cacite" de ce moyen. Sur des ceps tres-gravement atteints, le rdseau pulverulent qui enveloppait les grains a disparu en moins de huit jours ; les grains ont pris de la transparence, se sont d£veloppes et ont muri avec rapidity : aucune trace de maturite ne s'est montree sur les ceps non soumis au traitement, les grains se sont dess£- ches. — M. de Bryas appelle l'attention du gouvernement sur la mau- vaise qualite destuyaux de drainage fournis par certaines fabriques; il importe grandement de s' assurer que la terre employee est de bonne qualite" et qu'on lui donne le degre de cuisson voulu ; sans cette precaution, la pratique du drainage, appelee a rendre de grands services a l'e'conomie rurale, serait compromise et peut-etre abandonnee. — M. Leclerc, de Tours, qui croit avoir deja mis en evidence dans l'organisme des plantes sensibles un appareil nerveux, vient de faire un pas de plus ; il affirme la presence, clans les parties ir- ritables des vegetaux, de muscles formes de fibres distinctes, paral- lels entre elles , les unes tuberculeuses, les autres moniliformes ; ces muscles seraient de deux ordres, en relation les uns avec la vie nutritive, les autres avec la vie de relation. — M. Gagnage insiste de nouveau sur les proprietes therapeu- tiques du gluten iodure, dont la plus importante serait de faciliter l'assimilation du fer contenu dans les aliments. Chez les chloro- tiques, la proportion de fer rejetee au dehors par les evacuations alvines est notablement plus forte que dans l'^tat de sante" ; or, sous l'influence d'un traitement ayant pour element principal le COSMOS. 639 gluten iodure, on voit cette proportion de fer redescendre progres- sivement jusqu'a revenir au chiffre normal. — M. Deroy, medecin a Beton-Bazoches (Seine-et-Marne), af- firme qu'il a reconnu et signale avant M. Vernois, medecin de l'ho- pital Necker, le fait assez extraordinaire de la non-absorption des medicaments dans la periode algide du cholera. Des doses vraiment 6normes de strychnine administrees soit par l'estomac, soit par la peau, ne produisaient, chez les malades, a cette pe>iode, aucun effet soit physiologique, soit pathologique. A l'appui de sa reclamation M. Deroy invoque des lettres ecrites par lui dans les premiers jours de juillet 1854 a M. le sous-prefet de Provinset le temoignagede M. Leon Seguin. — M. Jobard adresse deux epreuves d'une carte typographique d'une partie de Tile d'Elbe, gravee sur pierre, et tiree en 1830 dans son etablissementlithographique, a Bruxelles ; il demande que ces feuilles soient conservees dans les archives de l'Academie, et il ajoute : « La planche sur laquelle ont ete tirees ces deux epreuves en a donne plus de deux mille ; je 1'avais fait executer par un de mes el eves, pour repondre aux detracteurs de la gravure sur pierre et pour prouver qu'on pouvait arriver par ce moyen a toute la finesse qu'on obtient de la planche de metal, et obtenir un tirage egal. Les vingt et un ans sont ecoules, et le temps, je crois, n'a pas dementi mon assertion. » — M. Vierordt revient sur le moyen qu'il a imagine' pour re- presenter graphiquement la frequence des pulsations et mesurer l'etendue du deplacement de l'artere ; il prouve par de nombreuses observations reunies en corps d'ouvrage que ce mode d'investi- gation du pouls est bien superieur , pour la precision des resultats , a l'investigation par le simple toucher. — A quatre heures , l'Academie se forme en comite secret pour la discussion des titres des candidats a la place vacante dans la section de medecine et de chirurgie. La liste lue par M. Claude Bernard, en l'absence de M. Magendie, range les candidats dans l'ordre suivant: 1° M. Jobert (de Lamballe) ; 2° M. Baudens ; 3° M. Jules Cloquet ; 4° M. Gerdy ; 5° M. Laugier ; 6° M. Jules Guerin ; 7° M. Malgaigne ; 8° ex cequo, MM. Leroy d'Etiolles et M. Maisonneuve. M. Velpeau lit le rapport sur les titres de cha- cun , et fait ressortir surtout le merite de trois des candidats , MM. Jobert de Lamballe, Jules Cloquet et Jules Guerin. Son candidat de predilection est evidemment M. Cloquet. M. le baron 640 COSMOS. Dupin s'etonne que Ton ait place au sixieme rang settlement un candidat d'un aussi grand merite que M. Jules Guerin, a qui l'Academie a decerne un prix tout a fait extraordinaire de 10 000 francs , qui depuis a invente et applique a une foule de lesions organiques une des methodes les plus neuves et les plus fecondes de la chirurgie moderne, la methode des sections sous- cutanees. M. Velpeau repousse la responsabilite' que ce declasse- ment semble faire peser sur lui ; il appartenait, dit-il, a la minorite de la commission qui avait propose une liste tres-differente de la liste actuelle, et qui appreciait mieux les titres de M. Guerin. M. Andral, membre de la majorite, s'excuse en disant que, dans la pensee de la commission , l'election actuelle devait se porter sur une praticien eminent , faisant de la grande chirurgie , place au premier rang dans la pratique des hopitaux et l'enseignement des Facultes : or, M. Guerin , dont il reconnait et proclame de grand cceur la haute intelligence , 1'esprit inventif , l'habilete ana- tomique et physiologique , n'appartient pas a cette categorie et voila pourquoi il figure dans un rang inferieur sur la liste de pre- sentation. M. Geoffroy-St-Hilaire proteste avec chaleur contre cette appreciation de la commission ; il lui semble impossible de ne pas compter M. Guerin au premier rang des chirurgiens les plus celebres de la France et du monde ; il rappelle tous ses titres a la bienveillance de l'Academie. M. Serres continue avec plus d'ardeur peut-etre encore l'apologie commencee par M. Geoffroy-St-Hilaire ; tout le monde comprend qu'aux yeux des deux savants professeurs du Museum , M. Guerin est le candidat le plus digne des suffrages de Pillustre corps. Nous regrettons seulement qu'emporte par ses si vives sympathies , M. Serres n'ait pas pris la parole un peu plus tard. Quand il a eu fini , M. Andral, dans un veritable discours prononce avec beaucoup de dignite , d'art et d'eloquence , a fait le plus magnifique eloge des grandes qualites du candidat presente en premiere ligne par la commission. A ses yeux, M. Jobert deLamballe, chirurgien de l'Empereur, est un des plus illustres praticiens des temps passes et modernes, un grand inventeur , un professeur eminent , un ecrivain tres-recommandable ; il honore ' grandement le service des hopitaux, et l'enseigneinent de la Facultu, qui l'a cru seul digne de remplacer les Dubois, les Dupuytren, les Roux , etc., etc. La parole grave , digne , convaincue de M. Andral a produit un effet immense, et peroonne n'a essaye de ramoindrir. ]\I. Flourens a dit quelques mots bien sentis a la louange de I\I. Eaudens, candidat aussi tres-eminent, dit-il, et qui a l'ins:gne COSMOS. 641 honneur de reprdsenter sur la liste la chirurgie militaire , laquelle, sous les murs de Sevastopol, s'est m on tree si admirable, si devouee, sij digne de la France; mais candidat, il le reconnait , d'un me- rite inferieur a celui de M. Jobert, auquel sa voix est forcement acquise. Pauvre monsieur Baudens ! M. Magendie aurait sans doute ecarte de votre tete ce pave par trop lourd , si une cruelle infirmite ne l'avait pas empeche de defendre son noble eleve. Ainsi s'est terminee , en une seule seance , cette discussion qui menacait de tourner a I'irrifation et au scandale , et qui est restee calme , ho- norable, quoique passionnee. A 1* election qui aura lieu dans la prochaine seance, les voix se reporteront , au premier tour de scrutin , entre MM. Jobert de Lamballe, Jules Cloquet et Jules Guerin ; M. Laugier aura quatre ou cinq voix , M. Baudens une ou deux , M. Gerdy une, M. Malgaigne une. Mais les plus grandes chances sont pour M. Jobert ; il ne sera peut-etre pas nomme au second tour de scrutin , il y aura probablement un scrutin de bal- lotage entre lui et M. Cloquet ou M. Guerin ; mais il l'emportera infailliblement : ce sera une grande et glorieuse victoire. Le 6 jiiiii 4855. F. MOIGXO. — Le 4 de ce mois , a dix heures du soir, M. Dien a aper^u dans la constellation des Gemeaux un comete , que les nuages ont immediatement recouverte. Le 5 on en a determine la position suivante : Temps moyon de P;iris. Ascencion droite. Decimaison.Q 10h 2^m 7s, 7 7h 10m 24s;83 10 30 5, 1 36° 15' 46'5 La meme comete a ete trouvee le raeme jour a Berlin, par M. Klinierfues; voici la position observde i Temps moyen de Berlin : 10h 30m; ascension droite : 104° 1 S ; declinaison boreale : 36° 30'. Unelettre ecrite de Florence semble indiquer qu'on y a tro.ive cette meme comete le 3 juin. VARICES. M. le directeur general de l'Agriculture et du Commerce a adresse* a MM. les presidents des Chambres de commerce une circulaire qui merite grandement de fixer l'attention ; il s'agit de la loi du 5 juil- let 1854 relative aux brevets d'invention , loi qui a dte vivement critiqued, qui n'a pas produit les heureux r£sultats que Ton en atten- dait, et que la legislature, par consequent, pourra etre appelee a re- faire comme cela a deja eu lieu dans plusieurs paysetrangers. Pour preparer cette revision , appelee de vceux ardents , M. Heurtier expose aux presidents des Chambres du commerce les objections dont les divers articles de la loi ont dte l'objet, et les resume dans une s^rie de questions auxquelles ceux-ci devront repondre. Dans l'impossibilite ou nous sommes de reproduire ce document impor- tant dans son int^grite" , nous £noncerons du moins les questions posees avec les reponses que nous croyons les plus raisonnables, et qui sont aussi celles de M. Jobard, le grand maitre en fait de pro- priety industrielle : 1° Faut-il maintenir ou supprimer dans l'art. 3 l'exclusion pro- noncee contre les preparations pharmaceutiques ou remedes , et la defense de delivrance des brevets pour combinaisons de finances? R. Supprimer. 2" Conviendrait-il d'£tendre la duree des brevets au dela de quinze ans? R. Oui, vingt-cinq ans. — Conviendrait-il d'abaisser le taux de la taxe et de modifier le systeme de payement? R. Oui, comme en Belgique. — Conviendrait-il d'accorder aux inventeurs qui ne pourraient produire le r£c£pisse' de payement de la pre- miere annuite , la faculte de faire au secretariat des prefectures un depot provisoire qui leur permettrait de prendre date et de se procurer les fonds necessairest R. Oui. — Ne conviendrait-il pas d' adopter une duree unique pour les brevets d'invention en la com- binant avec le systeme des annuites? R. Oui. 3° Ne convient-il pas de supprimer 1'alternative inscrite dans l'avant-dernier paragraphe de l'art. 5, et relative aux dessins et echantillons , et de supprimer ces mots ou cchantillons P R. Oui , pas d'echantillons. 4° Ne conviendrait-il pas de supprimer l'art. 18, en d^cidant que la communication au public des descriptions et dessins presents par l'art. 23 ne pourra etre faite que six mois apres la delivrance du brevet? R. Oui, laisser le paquet ferme, meme pour les em- ployes des bureaux. COSMOS. 643 5° L' obligation d'acquitter integralement la taxe afferente a un brevet c£de ne doit-elle pas etre supprimee de l'art. 20, en laissant subsister la simple faculty d'operer ce payement quand lecedant le croit utile a ses interets? R. Oui, evidemment. 6° N'y aurait-il pas lieu, avant d'inserer un brevet dans la col- lection, d'attendre que le payement de la quatrieme annuite* ait etc efFectue? R. Attendre seulement le payement de laseconde annuite. 7° Ne conviendrait-il pas de mieux definir la nature de la publi- city dont il s'agit dans l'art. 31? Ne pourrait-on pas decider que la publicite ne serait pas suffisante, si un long intervalle, ving-cinq ans par exemple, s'dtait ecoule entre la demande du brevet et l'epoque ou la decouverte aurait ete ddcrite? Ne pourrait-on pas encore exi- ger, pour qu'elle entrainat lanullite , que cette publicity ait ete le resultat d'essais ou d'experiences faites dans un but commercial et dont l'industrie pourrait avoir eu connaissance, et non dans un but purement speculatif? R. Oui. 8° Ne conviendrait-il pas de decider que le brevete qui n'aura pas acquitte son annuite avant le commencement de chacune des aninSes de la durde de son brevet sera dechu de plein droit, sans qu'il soit besoin de jugement , et que l'administration aura le droit de constater, en ce cas, la dechdance , en la proclamant par un dd- cret collectif rendu tout les six mois? R. Declarer le brevete dechu apres deux avertissements et une contrainte ; ou arreter qu'il ne pourra recouvrer son droit qu'en payant une annuite* double. 9° Ne conviendrait-il pas de supprimer ou de modifier l'art. 33, relativement a ces mots : sans garantie du gouvernement ? R. Remplacer par les mots : garanti par la loi, ou supprimer. 10° Serait-il possible ou utile d'attribuer, soit a un jury unique siegeant a Paris, soit a des jurys departementaux, le jugement des debts de contrefacon et de toutes les contestations qui interessent lesinventeurs'? R. Non. F. Moigno. — On lisait dans le Journal du Puy-du-D6me du 15 avril : - M. Leon de Chazelles, maire de Clermont et depute* au Corps Legislatif, visitait dernierement l'Exposition des produits de l'Al- gerie. Son attention fut plus particulierement captivee par la beaute des bles mis en montre ; mais son admiration se changea en un au- tre sentiment, quand il remarqua qu'on cherchait a. en faire la repu- tation au detriment de nos bles durs d'Auvergne. On avait place en effet, pour les besoins d'une comparaison choquante, quelques grains maigres, ratatines, dess£ch6s, et evidemment choisis pour la circonstance , dans de petits fiacons oil ils semblaient implorer la 6M COSMOS. pitie publique. La personne, chargve de faire leshonneurs de l'ex- position, ne manquait pas de tirer parti de ce facheux parallele; et sacrifiant, pieces en main, nos produits les plus estimes, insinuait fort adroitement et avec une remarquable politesse, que l'Algerie enfonc,ait incontestablement la mere-patrie. Comme M. de Chazelles &e rdcriait sur le choix ridicule et la mauvaise qualite des grains qu'on attribuait a notre pays, il lui fut repondu que les susdits flacons etaient ceux-la nsemes qui avaient figure a l'exposition de Londres. On prononca meme le nom de M. Magnin , comme etant la personne dont on pretendait les tenir. T&. Leon de Chazelles protesta vivement contre l'origine qu'on voulait leur dormer, ets'eleva contre lepeu de sincerite du procede. II en ecrivit au general Daumas qui consentit plus tard, et a la suite de nouvelles instances, a admettre d'autres echantillons de nos bles a cote des bles d'Afnque. Une autre arene va s'ouvrir heureusement. M. Magnin y descendra avec l'incontestable superiorite qu'il a deja fait prevaloir a celle de Londres : il vengera encore lAuvergne des dedains et des intrigues qui cherchent a confondre dans une meme reprobation son esprit et ses productions ; en attendant, il adresse a M. Leon de Chazelles une lettre dont nous extrayons les lignes sui- vantes : « J'ai retju votre lettre du 2-1 courant, qui me fait partde votre visite a l'exposition permanente des produits de 1' Algerie, et de la maniere dont on y traite nos bles. A de tels procedes il n'y a rien a repondre. A l'Exposition universelle de Londres, nos bles glaces pe- saient de 87 a 89 kilogr. l'hectolitre, ceux de lAIgerie de 76 a 78 kilogrammes. II y a un juge qui prononce tot ou tard son jugement inexorable : le temps. Son jugement a commence pour nous, pour les productions de notre sol. Les meilleurs bl£s durs viennent aux pieds desvolcans. Pourquoi nos bles contiennent-ils si peu d'amidon par rapport a tous les bles connus! Quelles sont les substances qui remplacent l'amidon et qui donnent a nos bids des qualites si pre- cieuses et un rapport aussi eleve l M. Dumas, alors ministre du commerce, avait demande a M. de Crevecceur, prelet du Puy-de- Dome, 4 hectolitres de nos bles glaces, qui ont ete moulus et ana- lyses au Conservatoire des Arts-et-Metiers. On n'avait jamais vu a Paris des bles aussi beaux et d'un poids aussi eleve. Ce n'est pas moi qui ferai la guerre a l'AlgSrie et a ses produits. Je regrette seu- iement que les Algenens aient oublie qu'ils etaient Francais. » A. XRAMBLAY, proprietaire-geru.... PARIS. — IMfRIMERIB DE W, REMQUET EI C'e, R'JE GAR4KCIERE, 5, T. VI. J 5 JUIN 1 855. QUATRIEME ANNEE. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. L'^tablissement depiscicultured'Huningueadistribuecetteannee, dans les diverses parties de ia France et de l'etranger, pendant les mois de Janvier et de fevrier derniers, pres d'un million d'embryons. Les embryons sont arrives partout vivants, et a quelques exceptions pres, sont partout £clos. La graine animale peut done se transpor- ter comme du froment, et la question economique semble etre ainsi peremptoirement r^solue par cette grande experience. — M. le chevalier Botto annonce qu'il a realise un nouveau tv- iegraphe magnetique a un seul fil, qui permet en outre a deux sta- tions de correspondre simultanement l'une avec l'autre. Nous som- mes vraiment peine d'avoir a faire remarquer que dans leurs annonces, qui ont trop l'air de reclames, les savants italiens sem- blent avoir pris parti de ne tenir aucun compte des progres accora- plis en dehors de la Peninsule. A lire le rdcit des experiences et des succes de M'. Bonelli, que personne n'honore plus que nous, et les promesses de M. Botto, on dirait que jamais jusqu'ici des locomo- tives en pleine vitesse n'auraient envoye" ou rec,u de depeches , que jamais on n'avait correspondu par un seul fil. Le Cosmos cependant a deja decrit un grand nombre d'inventions qui avaient le meme but et qui l'ont atteint. — On rencontre aujourd'hui en grande quantite dans le com- merce une substance blanche et dure appelee i voire vegetal. Cette substance provient d'un arbre tres-commun de l'Amerique du Sud, qui a l'aspect d'un palmier et que les botanistes appellent phylephes macrocarpa. Les Incliens couvrent leurs huttes des feuilles de ce magnifique palmier ; son fruit, tres-beau, contient un liquide clair etinsipide , dont les voyageurs se servent pour etancher leur soif. Ensuite cette liqueur devient laiteuse et douce; et a mesure qu'elle change de gout , elle se solidifie ju-qu'a ce qu'elle devienne enfin aussi dure que l'ivoire. Avec cette amande, les Indiens faconnent des tetes de canne, des devidoirs, des t'useaux et de petits joujoux 6i6 COSMOS. parfaitement solides, aussi longtemps qu'on ne les laisse pas trem- per dans l'eau ; l'eau la ramollit, mais des qu'elle est seche, elle re- devient blanche et dure. — II resulte d'un rapport dc l'ingenieur en chef des chemins de fer des Etats-Unis, que de plus de 12 000 000 de passagers trans- ported durant l'annee deiniere sur seize des principales lignes fer- ries, 12 seulement ont ete tues, et que de ces 12 victimes 11 se te- naient sur les plates-formes exterieures lorsque la mort les a f rapped. — Les inspecteurs de l'agriculture de la Grande-Bretagne vien- nent de publier un travail statistique duquel nous extrayons les chiffres suivants : II y a en Angleterre et dans le pays de Galles 152313 hectares de terre en champs de bid; 106 711 hectares en champs d'orge; 52 112 hectacres en champs d'avoine ; 2 949 hectares en champs de seiele ; 27 927 hectares en champs de feves et pois ; 8 742 hectares en champs de vesces; 90 883 hectares en champs de turneps : 505 hectares en champs de carottes; 7 691 hectares en champs de pommes de terre; 406 hectares de chenevieres; 759 hectares de houblon; 43 hectares d'osier; 10 933 hectares d'autres recoltes, et 35 838 hectares de jacheres, fprmant un territoire agricole de 497 671 hectares. t Le nombre d'hectares en pres est de 608 488 y compris 354 997 hectares de paturages permanents et 88 994 hectares de culture pastorale mixte. Le nombre d'hectares occupes par des maisons, jardins, rou- tes, etc., est de 39 047 ; le nombre d'hectares de terrain perdu au- tour des fermes est de 31 466 ; le nombre d'hectares en forets et plantations est de 67 894 ; le nombre d'hectares en terrains vagues appartenant aux paroisses est de 774 86. En Angleterre et dans le pays de Galles il y avait, en 1854, 1 050 931 chevaux, 258 079 poulains, 1 376 703 vaches laitieres, 707192 vaches pleines. (Times.) — Pour donner plus de quality aux hies durs ou humides, on est dans l'usage de mettre surla pelle, a l'aidedelaquelle on les remue, une ou deux cmllerees d'huile d'amande : avec cetteseule quantite on graisse plus de vingt sacs de bio, qui devient alors coidunl et ac- quicrt plus de main. Le ble grais.-e se vend un franc de plus que si la preparation n'avait pas eu lieu. Les meuniers affirment qu'il s'altere, sent mauvais et ne se garde pas. Les cnKivatears ne se COSMOS. 647 faisaientaucunscrupulede cette manoeuvre, car, disaient-ils, chacun a le droit de parer sa marchandise ; les draps, les ctoffes, les toiles recoivent des apprets, un lustre quelconque, un brillant, qui ajoutent a leur valeur. Le tribunal de Chartres a declare" que le graissa^e du ble constitueune contrefacon, punissable de cent francs d'amende et de confiscation. — La Societe protectrice des animaux a tenu une seance solen- nellele 18 mai, dans le grand amphitheatre du Conservatoire des Arts et Metiers de Paris. M. le vicomte de Valmer, president, a fait ressortir en quelques mots le but de la Societe; eveiller tous les bons instincts, adoucir les habitudes des agents de l'industrie et de l'agriculture envers les animaux. L'empressement des Cornices et des Societes d'agriculture a presenter a la Societe des candidats pour les recompenses qu'elle est heureuse de deeerner, est une preuve manifeste de l'importance qu'on attache a ses travaux , de l'approbation qu'on accorde a, ses efforts. Et pourrait-il en etre au- trement , quand la religion , la morale et l'interet personnel meme s'accordent pour exiger que les animaux domestiques, ces puissants auxiliaires de nos travaux, soient trails avec cette douceur et cette compassion dont la providence a place" le germe dans nos coeurs et qui, pour se developper, n'ontbesoin que d'etre bien dirigees? Des medailles de vermeil , d'argent ou de bronze , des mentions honorables ont ete distributes a. des dcrivains qui ont pris la defense des actes de la Societe; aux auteurs d'inventionspropresadiminuer les souffrances des animaux ; a des sergents de ville, pour repres- sion de cruautes exercees envers les animaux ; a. des cochers , ber- gers, chefs d'ecurie, charretiers , garcons ou servantes de ferine, palefreniers, conducteurs de bestiaux, garcons bouchers et em- ployers d' abattoirs. — M. Foucault terminait ainsi son rapport sur le pouvoir eclai- rant des gaz de la tourbe : « Nous avons constate 1° que la dis- tillation de la houille fournit successivement deux gaz, l'un dont la flamme donne une lumiere presque nulle, l'autre dont le pouvoir 6clairant vaut de 7 a 8 fois celui du gaz actuellement livre a la Ville ; 2° que pendant pres de quinze jours, le melange de ces gaz, tel qu'on le produit a l'usine du boulevard de Strasbourg , s'est constamment montrc plus lumineux que le gaz de la houille, dans un rapport variable de 1 1/2 a 3. » — Nous extrayons d'une lettre, t'crite de Saint-Petersbourg par un ardent ami du progres, quelques details interessants sur lYtat actuel de la science et de l'art dans la capitale de toutes les 6i8 COSMOS. Russies. Trois grandes lignes de telegraphie electrique relient Saint- Petersbourg 1° avec Mariopoul en Pologne sur la frontiere prus- sienne, avec deux embranchements aboutissant l'un a Berlin, l'autre a Varsovie; ce dernier se prolonge jusqu'a Granitza au sud, oil il rejoin! les lignes de Prusse et d'Autriche; 2° a Moscou, avec em- branchement l'un sur Kiew, forteresse de premier ordre, l'autre sur Perekoffen Ciim£e et Odessa; 3° avec la Finlande, avec prolonge- ment le long des cotes et dans l'interieur du duehe. Les lignes ont 6te etablies par le corps des ponts et chaussees; le monopole de la construction et de L' installation des appareils a ete concede pour une somoie d'environ dix millions a M. Siemens de Berlin. Cet ha- bile ingenieur, que rien ne genait dans l'execution de ses plans, a pu mettre en evidence toutes les ressources de son esprit si inventif. II a grandement pei fectionne le systeme de Morse ; il l'a rendu apte a imprimer les depeches non plus en points et en lignes, mais en caracteres romains oil slavons; de telle sorte, par exemple, que le general en chef de l'armee de Crimee, le prince Gortschacoff, puisse communiquer avec Tempereur au Palais d'Hiver et £crire les nou- velles du theatre de la guerre en langage immediatement intelligible. M. Siemens aussi a resolu de la maniere la plus complete et la plus satisfaisante le probleme a l'ordre du jour de la transmission simul- tanee et en sens contraire des signaux par un seul et meme fil. Celui qui vient de recevoir un premier signal peut alors le repeter ou le renvoyer au point de depart, pour prouver qu'il a bien compris, pendant qu'on lui en expedie un second. II parait qu'une condition essentielle de cette transniission simultanee est l'egalite absolue des courants circulant en sens opposes; M. Siemens etablit cette egalit^ au moyen d'un appareil fort ingenieux qu'il a appele agometre. Apres Paris et Londres , il n'y a certainement pas de capitale qui abonde plus en photographes que Saint-Petersbourg. Dans les principales rues, on compte par centaines les enseignes de faiseurs de portraits qui , par ce temps de guerre et par suite de separa- tions cruelles, se font par milliers. Presque tous ces portraits , faits par des mains plus mercenaires qu'habiles, sont indignement retou- ches et colories d'une maniere informe. On compte cependant dans le uombre de veritables artistes, M. Alexandrowski , par exemple, dont la reputation, coinme portraitiste, s'est etendue jus- qu'a Paris ; et M. Bianchi , dont les vues que vous pouvez admirer chez M. Duziarro, boulevard des Italiens, sont comparables a tout ce qu'on a fait de mieux jusqu'ici. Le roi ou le czar de la photogra- phie a Saint-Petersbourg estM, Serge Levitsky, l'eleve et le pro- COSMOS. 6U9 tege deM. Dumas : ses portraits sur plaque sont lout ce qu'on peut voir de plus ravissant, ils atteigtient les limites de la perfection ideale. M. Levitsky fait de la pliotographie non-seulement en artiste , mais en savant consomme ; il s'est associe depuis un an M. Spacowski qui, par des procedes chimiques, analogues sans doute a ceux de M. Blanquart-Everard, obtient par tous les temps et sans retouches des positifs parfaits; vous recevrez bientot la tra- duction francaise de l'ouvrage publie en russe par ce jeune savant qui a etudie, pratique, compare toutes les methodes avec un soin infini. Au premier rang des amateurs ties-nombreux , il faut placer M. le comte de Sckowalof, grand seigneur ttes-riche, qui s'est procure tous les beaux instruinents des Voigtlander, des Ross , des Chevalier, des Duboscq , etc., etc. Le noble comte entretient en outre des relations suivies avec tous les photographes celebres de l'Europe, pratique leurs methodes, en perfectionne les details, et les fait en quelque sorte siennes en les transformant. M. le comte de Xosiitz , peut rivaliser avec vos comtes Vigier et Aguado ; ses vues et ses portraits, sont tres-recherches ; il a aussi une magnitique collection d'appareils parisiens , qu'il augmente chaque jour. M. Pissarevv^ky, qui s'est forme a Paris, oil il a demeure pendant deux ans, a pris pour speciality la reduction photographique des cartes topographiques ; c'est une application nouvelle, ici du moins ; on sait avec quelles peines infinies, meme en s'aidant des ingenieux instruments de M. Levitidcy, on arrive a. reduire a la main les grandes triangulations pour le travail du graveur. Vous vous rappelez ce que je vous ai dit l'annee derniere, du merveilleux acceuil fait a la lampe e^ectrique de votre compatriote, M. Duboscq, que vous avez si bien guide" et tant encourage : im- ported d'abord par moi, puis, par M. Richter, le premiers de nos constructeurs mecaniciens, elle tend a se propager de plus. Le re- gulateur de M. Spacowsky a cependant aussi quelque vogue, en raison de sa simplicity tres-grande; son principal organe est un contre-poids qui fait equilibre entre certaines limites a Taction de 1'aimant, et fait rapprocher le charbon superieur mobile du charbon inferieur fixe, quand le courant est devenu moins intense, par la distance plus grande a laquelle la combustion amene forcement les cbarbons. Cet appareil fonctionne sans interruption pendant six ou ouhuit heures, en donnantun eclairage sensiblement constant; mais il n'a pas, comme celui de M. Duboscq, l'avantage de maintenir a une hauteur constantele point lumineux ou centre de lumiere, il ne 650 COSMOS. pourrait done pas servir a la reproduction des ph^nomenes optiques par projection sur un ecran ; vous verrez par le dessin photogra- phique ci-inclus que cet appareil fixateur est un veritable bijou, haut a peine de 20 centimetres; je m'en suis souvent servi et avec succes. Laissez-moi vous decrire en finissant une nouvelle methode tres- neuve, tres-ingenieuse, tres-simple, de diviser une droite donnee AB en m parties egales; elle est de M. Sloninski, geometre de Varsovie. Menez par le point A une ligne quelconque aAb, et portez m-1 fois sur cette ligne une longueur arbitraire a A; une seule de ces parties a A est portee a gauche, les m-2 autres Aa' , a' a", etc., sont porters a droite. De a a b il y a done m-1 parties egales a a A : joigriez JaB, divisez bB en deux parties egales bo, oB, menez ao, qui rencontrera AB en un point tel que Ap sera la Miime partie cherch^e de AB. En effet, si Ton mene be parallele a AB, le triangle boc est £gal au triangle pbB, et Ton a bc=pB ; de plus, a cause de la similitude des triangles Aap, bac, on a Ap : l>c ou pV> :: a A. : ab \; 1 : (m-1 J d'ou pE = [m-1) kp, Ap -\- pB = AB = mAp ee qu'il fallait ddimontrer. ASTRONOMIE. TRAVAl'X ACCOMPLIS EN 1855 DANS LES OBSERVATOIRES ANGLAIS. (FIN.) A l'Observatoire royal d'Ediinbourg , M. Piassi Smyth, en outre du travail rEgulier des observations meridiennes, de leur reduction, de leur impression , a consacre un temps assez long a l'examen de questions particulieres d'astronomie physique et autres. Une de ces questions a pour objet la condensation de l'ether lumineux dans le voisinage du soleil. La probabilite de cette condensation avait etc affirmee par M. Thomson ; elle ne pouvait etre mise en Evi- dence par des observations directes qu'avec de grandes difficultes, parce qu'il est tres-difficile d'apercevoir les Etoiles dans le voisinage du soleil. De fait, deux observations seulement ont EtE faites dans des conditions assez favorables pour qu'on puisse les accepter avec quelque confiance : l'une d'elles indiquerait, a la distance de 12° du soleil, une condensation de 0,03, l'autre, une condensation de 0,04 ; leur accord si grand n'est sans doute qu'un resultat du hasard; mais M. Smyth croit pouvoir conclure de ces premieres tentatives qu'une longue sErie de bonnes observations pourront dEmontrer un jour la realitE de cette condensation. Apres tout ce que nous en avons dit dans le Cosmos, nous n'a- vons pas a revenir sur les travaux de l'Observatoire de Liverpool et de son zElE directeur, M. Hartnup, ses photographies de la lune, ses comparaisons des chronometres, etc. , etc. L'Observatoire de Madras a public un nouveau volume contenant les rEsultats des observations faites de 1848 a 1854. La partie la plus importante est un catalogue subsidiaire de 1 840 etoiles, resultat d'une revision du catalogue de l'Association britannique pour une partie du ciel , qui a dure" quatre annEes. Les positions nouvelles s'accordent en general assez bien avec les positions anciennes ; M. Jacob a dEcouvert cependant plus de cent erreurs, s'Elevant a une seconde de temps ou 10 secondes d'arc; quelques-unes de ces erreurs sont le resultat nEcessaire d'un mouvement propre de l'E- toile. Cinquante-cinq Etoiles n'ont pas pu etre retrouvees ; les nEbu- leuses signages dans le catalogue ont presque toutes EtE rEsolues, et n'etaient reellement que des cloitres de petites Etoiles. Neptune a EtErEgulierementobservE depuisl849. Ce volume contient une assez longue liste d'etoiles doubles parmi lesquelles on remarque surtout « du Centaure; le compagnon de l'etoile principale a montrE, en moins de quatre annEes, un mouvement angulaire de 30°. Alpha 652 COSMOS. des Poissons s'est aussi montre double. On a cru pouvoir assigner a a d'Hercule une parallaxe egale a 0",060 0 + ",0041, d6duite a la fois des mesures de position et des mesures de distance qui s'ac- cordent tres-bien entre elles. On suit en ce moment avec le plus grand soin 400 etoiles, que Ton eroit affectees d'un mouvement pro- pre annuel de cinq dixiemes de seconde. Apres le remplacement du premier ohjectif qui s'etait montre defectueux, la lunette 6quatoriale de MAI. Lerebours et Secretan, de 6 pouces 2 dixiemes d'ouverture, de 89 pouces de longueur focale , est devenue un excellent instru- ment. II est a regretter que les autres instruments, la lunette meri- dienneet le cercle meridien soient vraiment insuffisants et impar- faits, tout a fait impropres aux observations des petites planetes, observations qui a Madras, en raison de sa position geographique, pourraient etre faites avec de tres-grands avantages. Le conseil de la Sociele royale astronomique espere de la liberalite bien connue de a Cour des directeurs de laCompagnie deslndes qu'ils combleront bientot ces lacunes desolantes. — M. Eyre B. Powell communique des observations de la se- conde comete d'avril, faites a Madras avec une lunette de M. Simms, de 4 pouces d'ouverture, de 5 pieds de distance focale, montee equatorialement et qui definit tres-bien les objets. Voici les elements deduits de ses observations : Temps du passage au perihelie, 24 mars, 0,3468 Distance perihelie, 0,2783 Longitude du perihelie 181° 44' Longitude du noeud ascendant. . 170 18 Incli unison de l'orbite 316 00 Mouvement retrograde. Cet astre a des rapports assez frappants avec une comete obser- vee en 1677 par Hevelius et calculee par Halley , dont le mouvement etait aussi retrograde, et qui avait pour distance perihelie 0,28059, pour inclinaison 70°, 3'. NOTE DE M. CHACORNAC , SUR PLUSIEURS ETOILES OB3ERVEES PAR LUI , ET ULTERIEUREMENT DISPARUES. « Le 7 aout 1852, a 15 heures, je determinais la position d'une etoile de 7e a 8£ grandeur, qui se trouvait entre deux etoiles de 9% par 21h36m5s d' ascension droite et — 14° 33', 9 de declinaison. Ces eloiles se trouvaient sur la limite d'un canevas que je construi- COSMOS. 653 sais alors, dans le but de rechercher les petites planetes. Le Ien- demain, je ne verifiais dans cette carte que les parties ou toutes les petites etoiles avaient £te placees. Ce fut seulement le 20 du rneme mois, qu'en achevant cette carte, je m'occupai de nouveau de ces trois etoiles. Je fus grandement surpris de voir que l'etoile de 7e grandeur avait disparu , et que celles de 9e se trouvaient parfaite- ment a la place que leur assignait la carte. Convaincu qu'il ne pou- vait y avoir de meprise, j'entrepris aussitot la recherche de cette Etoile, dans l'hypothese d'une planete en retrogradation. A cet effet, je construisis une carte des Etoiles circonvoisipes jusqu'a la 9e grandeur, et, des le 30 aout , cette carte s'eHendait dans le sens de la retrogradation, a 14 degres en asc. dr. de la position de cette etoile, et a 8 et 10 degres de latitude de part et d'autre de l'eclip- tique ; j'appris alors que, dans cette region, M. Hind venait de de- couvrir la planete Melpomene qui £tait plus petite que les etoiles dont je m'occupais. J'abandonnai la recherche de cette etoile pour continuer mes cartes aclivement , croyant que c'etait une etoile variable. Depuis lots, elle n'a plus reparu. ■' Le 30 decembre 1852, j'ai pose- une etoile de 9e grandeur, par 8M7m,3', -f 17° 44', 0 a cote d'une Etoile tres-rouge de 6e gran- deur. Je n'ai verifie la position de cette etoile qu'un an plus tard, c'est-a-dire le 4 decembre 1853 ; elle etait alors invisible et n'a pas reparu depuis. « Le 5 juillet 1853 , j'ai marque* sur ma carte une etoile de 9° grandeur, placee pres d'une nebuleuse et a quelques minutes d'une etoile de 7e ; mais je ne l'ai recherchee que l'annee suivante. Le 19 mai 1854, en verifiant ces etoiles, j'ai reconnu que l'etoile de 9e avait disparu. Verifiee plusieurs fois l'annee derniere, cette derniere ne s'est pas montree a la place qu'elle occupait le 5 juillet 1853. Voici cette position : 16h8m,8, — 22° 51 ',0. - Le 5 octobre 1853, j'aper^us une etoile de 12e grandeur dans une region ou ma carte n'en offrait aucune. Cette carte etait assez bien completee : je notai cette dtoile d'un signe, et je revins le len- demain pour verifier sa position : les nuages ne me perniirent qu'une courte verification durant laquelle je reconnus qu'elle avait disparu de la place oil je l'avais posee la veille ; mais je ne pus la retrouver dans le voisinage, ni cette fois, ni les nuits suivantes, mal- gre* des recherches poursuivies avec assiduite. Depuis lors. je ne l'ai plus revue a la place qu'elle occupait le 7 octobre, et que voici : 0M4m,4, -f-8°46',2. « Le 30 decembre 1853 , en completant une region peu etendue 654 COSMOS. de l'une de mes cartes, je posais a cote d'une etoile de 8r grandeur une de 11% par 3h33"\7, + 20e51',0; le 20 Janvier 1854, elle n'y etait plus. Je l'ai recherchee comme planete, et n'ai pu la re- trouver. Elle n'a pas reparu comme variable. - Le 10 Janvier 1854 , j'ai reconnu qu'une etoile de l.Lc gran- deur, qui fut posde sur mes cartes, du 4 septembre au 29 novem- bre 1853, vers 4h26m,9, -f 21°24',8, avait disparu. Je l'ai cher- che"e comme planete, sans re^ultats. Elle n'a pas reparu. « Le 8 avril 1853, j'ai pose une etoile de 11° grandeur par llh3m,3, -j- 6°54',0; cette etoile avait precisement meme ascen- sion droite qu'une de 9e dont elle etait tres-voisine. Le 15 du meme mois, elle avait disparu. Je ne pus la retrouver, a cause de la pre- sence de la lune, ni le 16, ni le 17. Le 18, je reconnus que c'etait la planete Themis , que M. de Gasparis venait de decouvrir. " Une carte, commencee le 26 Janvier 1854 , et a laquelle j'ai travaille seulement dans quelques eclaircies qui se montrerent durant les nuits des 30 et 31 Janvier, fut reprise le 30 juillet de la meme annde. Deux erodes en etaient alors disparues : l'une, de llc grandeur, ne fut revue que plus tard avec la grande lunette de 9 pouces d'ouverture ; elle etait alors de 13e grandeur seulement ; l'autre, de lle grandeur aussi , n'a pas reparu. Sa position dtait : 23h27n\5,— 4°15',0. « Le 27 decembre 1853, j'ai pose sur la limite d'une de mes cartes qui n 'etait pas achevee , une etoile de 10e grandeur, entre deux etoiles de 8 a 9e qui sont tres-rapprochees l'une de l'autre, et j'ecrivisa cote : etoile triple, en toutes lettres. Le 26 mars 1854, 1' etoile de 10u grandeur avait disparu. Cherchee depuis lors comme planete et comme etoile variable, elle n'a pas ete retrouv^e. L'etoile double est par : 4h14"\6, + 23°58',0. '• Une etoile de 10e grandeur fut posee le 19 juillet par : 21h7m,0, — 15° 5', 0 : c'etait la planete Urania, trouvee par M. Hind. « Ce meme jour, non loin de la, une 6toile de 9e grandeur, qui dut etre posee dans le mois de Janvier 1854 , vers 21h28m,2, — 12° 53', manquait ^galement. Elle ne s'est pas montree depuis lors. " Une etoile de llc grandeur posee le 26 octobre 1854 par : 7h30m,3, -f 23° 54', 7, et que je n'ai pu voir le 11 Janvier 1855, ni ulterieurement, soit a cause d'autres occupations , soit a cause des temps couverts, a certainement disparu ; car, cherchee depuis lors comme planete et etoile variable, elle n'a plus 616 revue. COSMOS. 655 « Dans la neuvieme heure, et tout rt^cemment , deux etoiles ont de meme disparu ; le 17 Janvier 1855, une etoile de 10c grandeur, qui dut etre posee a la fin de l'annee 1854, ne s'est pas retrouvee, et elle est aujourd'hui completement invisible. « Le 19 mars 1855, une etoile de lle grandeur, qui a ete posee dans cette carte le 25 Janvier 1855, est encore invisible. " Des recherches ulterieures n'ont pu faire retrouver ces deux dernieres etoiles. " Pour faire comprendre comment il a et6 possible de laisser echapper autant d'etoiles , je dois dire que , dans la construction rapide de mes cartes, j'ai souvent ete oblige de rernettre a un autre moment des verifications que les temps couverls avaient retardees, pour m'occuper des etoiles en opposition. Lorsqu'il s'agit de petites etoiles, leur faible hauteur au-dessus de l'horizon, le voisinage de la lune, la grande clarte que repand cette planete a l'epoque de son opposition, les eclaircies partielles, sont autant de causes qui obli- gent a pratiquer des recherches sur differents points du ciel dans une meme nuit ; souvent encore la persistance des mauvais temps, ou la trop grande clarte de la lune, forcent a remettre de semblables verifications a plusieurs mois de distance. Alors , les travaux de verification arrieres s'accumulent , la marche siderale du ciel rend les verifications de moins en moins faciles, et quand on les reprend, une etoile a disparu : les beaux jours se perdent ainsi a la recher- cher inutilement. D'un autre cote , tourmente du desir de verifier les cartes completes des regions qui sont en opposition, ou d'en- treprendre la confection de cartes des heures suivantes, on est dans une perplexite qui ne permet pas toujours de decider quel est le meilleur parti a prendre. Enfin, si Ton considere que mes cartes ne s'etendent qu'a 2 1/2 degres de part et d'autre de l'ecliptique, on verra que la planete Pallas, par exemple, les traverse en huit jours : il est facile d'en conclure que les petites planetes dont les orbites ont une forte inclinaison sont difficiles a trouver, meme quinze jours apres une de leurs apparitions dans ces cartes. >• CHIME AGRICOLE. DISTILLATION DES BETTERAVES. Le nouveau procede de distillation des betteraves , invente par M. Leplay, merite d'autant plus de fixer l'attention des agriculteurs qu'il convient parfaitement aux fermes , qu'il donne une pulpe moins aqueuse et se conservant ties-longtemps, et que les frais de son etablissement sont tres-reduits, etc. Dans une cuve de la contenance de 80 hectolitres, et renfermant 44 ou 45 hectolitres de jus ayant deja subi une bonne fermentation, on entasse 2200 kilogrammes de betteraves lave'es et coupees en morceaux ou rubans , a 1'aide d'un coupe - racines ; on ajoute 4 litres 1/2 ou 5 litres d'acide sulfurique ; un couvercle perce de trous maintient les morceaux de betteraves plonges dans le liquide, et donne passage a 1'acidecarboniquene de la fermentation. Celle-ci commence rapidement et est terminee en dix ou douze heures , si Ton a soin d'entretenir la temperature de la cuve a 25 ou 28 degres, en s'aidant , s'il est necessaire, d'un jet de vapeur. Lors du debut des operations, si Ton n'a pas de jus de betteraves deja ferments, on en prepare par maceration dans l'eau chaude , avec addition de levure de biere. Les morceaux fermentesde betteraves sont places, pour etre dis- tilles directement, dans un alambic particulier tres-simple, sorte de colonne en bois, en tole ou en fonte, analogue aux filtres a noir em- ployes dans les sucreries. Cette colonne porte a sa partie superieure un couvercle hermetiquement ferme, muni d'une ouverture commu- niquant avec un serpentin refroidi par de l'eau , pour la condensa- tion de l'alcool ; a sa partie inferieure se trouve un diaphragme perce de trous, portant les morceaux fermentes ; entre le diaphragme et le fond, on a menage un espace vide destine a recevoir les eaux de condensation qui se forment sous Taction de la vapeur injectee dans cet espace vide a l'aide d'un robinet plac6 en has, laquelle, apres avoir penetre dans cette espece de double fond, s'echappe a travers ces espaces vides laisses entre les morceaux de betteraves , les echaull'e jusqu'au centre, en degage l'esprit alcoolique, entraine cet esprit vers les couches superieures oil 1'op^ration continue. La vapeur d'eau se charge ainsi de plus en plus devapeurs alcooliques a mesure qu'elle s'dleve; avec une colonne de morceaux de 3 a 4 metres de hauteur, on peut obtenir de l'alcool a 70 et meme a 80 degres. Pour faciliter la transmission de la vapeur, il est bon de soutenir les betteraves de distance en distance , au moyen de dia- COSMOS. 657 phragmes perces de trous ; les morceaux s'epuisent ainsi peu a peu et complement ; il reste une pulpe cuite qui contient tous les ele- ments azotes et meitie les sels solubles de la betterave : le sucre seul a disparu. Cette pulpe , qui forme a peu pres 50 pour 100 du poids de la betterave, se conserve sans aucune difficulte : ellle passe de I'usine chez les cultivateurs voisins ; il n'y a point de vinasse a jeter en dehors de i'etablissement. M. Dubrunfaut a cru pouvoir revendiquer la propri^te du pro- cede de M. Leplay, en ce sens que personne ne puisse le mettre en pratique sans son automation , « parce que , dit-il, ce procede re- pose au fond sur deux proprietes dexouvertes par lui et dont il s'est assure le monopole d'application par un brevet en date du 10 fe- vrier 1853. » Ces deux proprietes sont : 1" l'amortissement des cellules des racines par les acides dilues ; 2° la fermentation , sans levure de biere, des racines decoupees en morceaux et placees dans des circonstances favorables a cette miction. M. Leplay proteste contre les pretentions de M. Dubrunfaut, qui lui semblent injustes, et attend avec confiatice la decision des tribunaux saisis de la plamte en contrefa(;on. M. Didier, agriculteur a Cuizy-Housse , pres Braine-sur-Vesle { Aisne) , qui a pratique dans sa ferme le procede de M. Leplay, affirme qu'il donne en alcool 1 pour 100 de plus que les anciens procedes ; qu'il est d'une conduite tres-facile et beaucoup moins dispendieux ; qu'il fournit des fiegmes exempts de gout ; que l'etat de sante des animaux nourris avec les pulpes provenant de la dis- tillation prouve suffisaminent la valeur nutritive de ces pulpes. La ration journaliere des bceufs pesant de 750 a 800 kilogrammes est de 40 kilogrammes de pulpe, 5 de paille hachee, 5 de trefle , 5 de tourteaux de colza. Cette ration revient a 1 ft. 24 c, avec bene- fice de 54 c. sur une ration dont le foin ferait le principal element. M. Didier ajoute : « Le systeme Leplay pouvant etre monte en petit chezles cultivateurs, a des avantages considerables: il per- mettra d'alimenter le triple de betail, en meme te/nps qu'il donnera de l'alcool a assez bas prix , pour pouvoir soutenir la concurrence avec l'alcool de raisin dans les annees ordinaires , alors que les grandes fabriques montees par les procedes anciens ne pourront plus soutenir la concurrence. » M. Banal , auquel nous avons emprunte les materiaux de cet article , demande, avec raison , qu'on n'exagere rien ; que Ton se garde d'atfirmer que la betterave depouillee de sucre est un aussi bon aliment que la betterave naturelle; « car, dit-il, si le sucre 658 COSMOS. n'est pas un aliment azote" , c'est un aliment fortement carbon^; or, les animaux ont besoin de respirer, et le carbone est absolument n^cessaire a la respiration. » — On lit dans les Annates de V agriculture sicilienne : Le professeur G. Jzenga , directeur des Annales , avait deja obtenu, des 1853, du sue fermente du fignier d'Inde, 2 1/2 p. 100 d'esprit d'excellente qualite" a 32°. Dans l'espoir de pouvoir fonder sur ce fait une industrie nouvelle pour la Sicile, oil le figuier d'Inde n'a presque aucune valeur, il a renouvele ses experiences dans le cours de l'ete de 1854 , et est arrive" a des r^sultats d'une telle importance qu'il n'a pas cm devoir en retarder plus longtemps la publication. II ne s'agirait plus , en effet, de 2 1/2 pour 100, mais bien de 7 pour 100 d"esprit. Pendant l'hiver de 1853 , le profes- seur Jzenga, apres de nombreuses experiences pour l'extraction de cet esprit , laissa en magasin , dans un tonneau hermetiquement ferme, huit barils de vin de figuier d'Inde , pour observer : 1° s'il £tait susceptible de passer facilement a la fermentation antique ; 2° si Ton pouvait , avec le temps , le vin murissant dans la tonne, arriver insensiblement , par suite d'une fermentation prolongee , a une plus grande proportion d'esprit. Au mois de septembre 1854, e'est-a-dire neuf mois apres la vinification du sue du figuier d'Inde, le professeur Jzenga voulut s'assurer de I'etat dans lequel il se trouvait, pour pouvoir au besoin le soumettre a la distillation et en extraire l'esprit : il trouva, a sa grande satisfaction, le vin preserve de toute acidite , tres-limpide et d'une belle couleur d'ambre ; il avait resiste aux excessives chaleurs de l'ete", quoique le local oil il se trouvait offrit tous les inconvenients possibles a la conservation d'un produit de cette nature. La distillation donna, comme il a £te dit plus haut, l'esprit dans la proportion de 7 pour 100 et a 35°, tandis que l'annee preceMente , distille dix jours apres la fermen- tation vineuse, le vin de figuier d'Inde n'avait donne que 2 1/2 pour 100 d'esprit a 32° au meme aerometre. COSMOGONIE. M.William Thomson, professeur a l'universite d'Edimbourg, jeune savant qu'entourent de vives sympathies, l'enfant gate" (nous nous servons a dessein de ce mot) de la science anglaise, a adresse" rdcemment a notre Acaddmie des sciences sous ce titre : Antece- dents mccaniques du mouvement, de la chaleur et de la lumiere, un long memoire assez singulier en apparence, tres en dehors des doc- trines regnantes en France, tout a fait oppose aux traditions de I'dcole de Laplace , mais peut-etre tres-vrai au fond , et que nous allons faire connaitre par quelques passages choisis. 1° C'est sans aucun doute l'energie dynamique des vibrations lumineuses qui, dans la respiration des plantes, agit pour separer les particules de carbone et d'hydrogene de celles de l'oxvgene, vers lesquelles elles sont attirees par de si puissantes affinites; et les mouvements lumineux sont andantis en quantite precisement egale a 1' energie potent ielle qui se trouve ainsi crdde. Soit que la frai- cheur des champs verts et des feuillages se trouve ou non dans une certaine mesure due a. cette cause, il est tout a fait certain que la chaleur solaire est aneantie coinme chaleur, par le developpement des plantes dans un endroit, et qu'une quantite prdcisement egale de chaleur, ni plus ni inoins, est dmise dans un appareil ou une plante, a une periode quelconque de son developpement, est brulee. La houille, qui se compose des debris d'une ancienne vegetation, tient son energie potentielle de la lumiere des ages anciens. Le bois nous donne de la lumiere et de la chaleur qui ont dte derivdes du soleil, il y a peu d'anndes. Nos feux de houille et nos lampes a gaz nous rendent, pour l'utilitd de l'heure presente, la chaleur et la lumiere du soleil des premiers temps, qui ont dormi a l'dtat d'dnergie po- tentielle sous les mers et les montagnes pendant des ages qu'on ne peut compter. II faut done regarder le soleil comme la source d'ou provient l'energie mdcanique de tous les mouvements et de la chaleur des creatures vivantes et de tous les mouvements de la lumiere et de la chaleur des feux et des flammes artificiels. Les mouve- ments naturels de l'air et de 1'eau tirent sans doute en partie leur energie de la lumiere solaire, mais elle provient aussi partielle- ment du mouvement de rotation de la terre et des mouvements relatifs et des forces mutuelles qui s'exercent entre la terre , la lune et le soleil. Si nous en exceptons la chaleur qui derive de la combustion du soufre natif et du feu meteorique , toute espece de 660 COSMOS. mouvement (lumiere et chaleur comprises) qui se produit naturelle- nieiit ou qui peut etre produit par Taction directrice de l'homine sur la terre, derive son energie mecanique suit de la chaleur so- laire, soit des mouvements et des forces qui entrainent les diverses parties du systeme solaire... 2° D'age en age l'energie potentielle de la gravitation mutuelle de ces corps est graduellement depensee, employee quelle est par- tiellement a accelerer les mouvements, partiellement a. engendrer de la chaleur, et nous pouvons tracer ce genre d' action dans le passe* comme dans l'avenir ; dans le passe" pour un million de millions d'aniules avec aussi peu de prcsomption que pour un seul jour dans l'avenir ; si nous le trains pour les ages futurs, nous trouvons que la fin de ce monde, comme habitation pour 1'homme ou pour toute creature vivante, animal ou plante, qui existe aujourd'hui, est meca- niquement inevitable; et si nous le tracons dans le passe, d'apres ]es lois de la matiere et du mouvement, observees dans toutes les actions naturelles qu'il nous a etc permis d'observer, nous trouvons qu'il a du y avoir un temps ou la terre, sans soleil pour rilluminer, les autres corps que nous connaissons a l'etat de planetes, et les au- tres masses planetaires innombrables que nous voyons aujourd'hui dans la lumiere zodiacale, out du etre infiniment eloignes les unes des autres et de tous les autres solides de l'espace. 3° En trac,ant dans le passe les mouvements que nous observons aujourd'hui, d'apres les lois connues du mouvement et de la chaleur, sans limites relativement au temps , 1'auteur arrive a la conclusion que les corps qui composent actuellement notre systeme solaire ont ete a des distances infiniment plus grandes dans l'espace qu'ils ne le sont aujourd'hui. II remarque que la theorie des nebuleuses, telle qu'on la donne ordinairement, en supposant, comme elle le fait, un etat primitil gazeux, est fausse et tout le contraire delaverite, d'apres les vues qu'il met en avant : puisque celles-ci font voir que l'evaporation est la consequence necessaire de la chaleur engendree par les colli- sions et la friction; et que le passe et la tendance presente de la matiere est la conglomeration des solides et des liquides, accom- pagnee par une augmentation graduelle de la quantite de fiuide ga- zeux evapore" dans l'espace. 4C II semble bien improbable que la chaleur solaire actuellement emise provienne seulement d'un reservoir de chaleur continu dans sa masse, quelle y ait ete creee ou engendree mecaniquement par la chute des metcores tombes dans les periodes anciennes du passe. COSMOS. 661 Au contraire, il doit, selon toute probability, y avoir quelque agent qui compense constamment la perte que la radiation fait eprouver au soleil , et cet agent ne peut etre que Taction mecanique des massps qui se meuvent rapidement autour du soleil et vont tomber a sa surface. 5° L'auteur a fait voir qu'un systeme de corps solides petits et grands, d'abord en repos et a de grandes distances les uns des au- tres, peuvent, par suite des gravitations mutuelleset par la resistance que leur mouvement rencontre de la part de l'atmosphere gazeuse dont 1 evaporation est due a la chaleur developpee pendant leurs chocs, arriver, apres une longue periode de temps, a un certain etat de mouvement, de chaleur et de lumiere, analogues aux conditions presentes de notre systeme solaire et des eHoiles visibles. Presqu'en meme temps que M. Thomson soumettait a l'Acade- mie le r&sultat de ses m6ditations profondes, de ses analogies trans- cendantales, un academicien de grand savoir, M. Babinet, dans la Revue des Deux-Mondes, discourait lui aussi sur le passe, le pre- sent et l'avenir du monde solaire. Entre la cosmogonie ecossaise toute neuve, et la cosmogonie parisienne ressuscit^e de La Place, entre la science du xvme siecle et la science du xixe siecle, ii y a une difference absolue, la difference du jour a la rmit; nos lecteurs en jugeront par les quelques emprunts que nous allons faire a la pittoresque et eloquente dissertation de notre celebre ami. 1° " Dans la theorie presente, et en nous restreignant a notre p'a- nete, nous la voyons primitivement faisant partie de l'atmosphere embrasee du soleil ; puis constituant une bande de feu, isolee circu- lairement, au-dessus de la surface de cet astre, et ne suivant plus le reste de l'atmosphere solaire dans sa retraite... Plus tard la ma- tieredela bande, ou anneau de vapeursincandescentes, s'est reunie en un seul globe arrondi et tournant sur lui-meme... Pius tard en- core l'atmosphere du globe donnenaissance a la lune. •• Ainsi pour M. Babinet, la terre faisait autrefois partie de l'atmosphere bru- lante du soleil ; pour M. Thomson, la terre a l'origine etait a une distance du soleil infiniment plus grande que sa distance actuelle. 2° •' On juge ordinairement de la valeur d'une throne par le nombre plus ou moins grand de faits qu'elle explique et lie en- semble ; mais de plus il faut qu'elle ne soit en contradiction avec aucune autre loi de la nature. La theorie cosmogonique de La Place satisfait a toutes ces conditions... II est etonnant que cette theorie soit aussi peu connue et aussi peu populaire... C'est un ensemble des deductions les plus belles de l'analyse transcendante et de la 662 COSMOS. m^canique... Si j'en juge par l'impression qu'a faite sur moi la premiere lecture du chapitre du systeme da monde, il n'est pas de lecteur qui ne dut etre ^merveille de ces oracles de la science posi- tive... - M. Thomson dit un peu crument que la theorie des nebu- leuses telle qu'on la donne ordinairement, en supposant comme elle le fait un 6tat primitif gazeux, est fausse et tout le contraire de la verite. 3° " Newton crut que tot ou tard 1'influence reciproque de toutes les planetes, devenue cause perturbatrice, derangerait le monde... C'etait admettre que la puissance creatrice qui a produit l'univers, n'avait pas et6 assez prevoyante pour lui donner une organisation stable... Leibnitz montre qu'il etait absurde d'admettre que celui qui a faitprimitivement le monde n'eut pas su en assurer indefmi- ment la conservation... Chose curieuse, on vit un esprit eminem- ment reli°-ieux revoquer en doute la sagesse et la prescience de la Divinite ; et un esprit sceptique (La Place) etablir que le monde etait assujetti a des lois tellement sages que sa stabilite ne courait au- cun risque... » M. Thomson au contraire, allant plus loin que Newton, affirme positivement que la fin de ce monde est me'cani- quement inevitable. La justice cependant nous fait un devoir de reconnaitre que M. Babinet, dont les sympathies sont certainement religieuses et catholiques, ne va pas jusqu'a afnrmer l'existence indefinie du monde, ce qui serait certainement oppose a la revela- tion, ajoutons meme contraire a la raison. Adoucissant ce que les expressions que nous avons soulignees ont de trop absolu, il se con- tente de dire (sans en Hen savoir evidemment , il I'avouera sans peine lui-meme) » qu'il n'y a pas lieu a craindre d'ici a longtemps pour le genre humain ce qu'on appelait vulgairement la fin du monde. .. Allant plus loin et s'attribuant une science que le divin Fondateur du christianisme a positivement refusee a toute in- telligence creee, qu'il a presque abjure pour lui-meme en taut qu'homme, en lareservant a Dieu seul (caelum et terra transibunt... De die autem illo, vel hora, nemo scit, neque angeli in ccelo, ne- que Filius, nisi Pater). M. Babinet ose dire: « L'histoire man- quera de chronologie avant qu'une nouvelle catastrophe terrestre vienne clore les destinees de la race qui domine aujourd'hui sur le globe. » Quelle temerite ! Nous constatons aussi avec bonheur que ie celebre acad^micien s'est defendu des exagerations impies de La Place, qui pretendait avoir explique la formation des mondes sans recourir meme a l'hy- pothese de l'existence d'un Dieu. Voici comment il exprime ses COSMOS. 663 sages reserves : « II n'est point de lecteur qui ne dut etre emer- veille de ces oracles de la science positive qui nous font assister, non pas a la creation du monde, comme le pensent a tort des es- prits irrefiechis, mais bien a. un developpement des lois de la nature dans 1' organisation si importante pour nous de notre soleil, des planetes et des satellites, et enfin de notre terre elle-meme. On pent tres-certainement, sans attaquer la foi, essayer d'expliquer comment, une fois admise la creation de la matiere premiere des anciens, de la matiere nebuleuse de La Place ; une fois etablie la loi de l'attraction universelle proportionnelle aux masses, en raison inverse du carrc de la distance, cette matiere a pu s'organiser en mondes sans vie. Dans son excellent livre intitule : La Science et la Foi, on Iceuvre de la creation, M. l'abbe Waterkein, professeur a l'universite catholique de Louvain, a developpe tres-savamment les theories geologiques et cosmogoniques qui font l'objet de l'ar- ticle de M. Babinet; dans l'article Creation de V Encyclopedic du XlXe siecle , nous avons nous-meme expose ces vuesgrandioses et quelque peu vraisemblables ; et nous avons ouvert avec empresse- ment les pages du Cosmos a la cosmogenie de M. Seguin, qui a pu voir dans sa savante synthese le commentaire de cette sublime pa- role des livres saints, Eccles. c. xvm, v. 1 : Qui vivit in ceternum creavit omnia simul. Mais, qu'il permette ce reproche a notre vieille amitie, M Ba- binet irait beaucoup trop loin s'il donnait un sens absolu a cette phrase qui nous desole : « Seneque avait dit de 1' Auteur de la na- ture ces mots sublimes : Semel jussit, semper paret, il a ordonne une fois et depuis il s'obeit a lui-meme... David le premier des inspires affirme que Dieu ne se contredit pas : Dominus juravit et non pcenitebit eum. » Cette derniere citation est deplorable. Quand David fait dire a Dieu qu'il ne se repentira jamais, e'est alors qu'il constituait pretre pour l'eternite le Saint des Saints : Tu es sacerdos in ceternum. Un autre inspire, qui merite autant et plus que David le titre de premier inspire, Moi'se n'a-t-il pas mis dans la bouche de Dieu ces paroles toutes contraires et contradictoires, alors qu'il etait ques- tion non plus du Dieu Redempteur, mais des creatures, de la terre et de l'homme : Delebo hominem quern crcavi. Pcenitet me fecisse eos. Non permanebit Spiritus meus in homine quia caro est? Ce serait nier la personnalitd divine, se faire panth&ste ou mieux athee que de refuser a Dieu la puissance de suspendre Taction des lois etablies par lui, de manifester sa volonte a ses creatures par 664 COSMOS. ces derogations volontaires qui constituent le miracle, et qui sont, suivant une belle expression de saint Augustin, la grande voix de Dieu. Le dieu de Seneque, qui a ordonne une fois, qui s'ob£it tou- jours, serait le plus miserable des legislateurs, ou mieux cette monstrueuse idole du paganisme, qui a des yeux et ne voit pas, des oreilles et n'entend pas, une bouche et ne parte pas, des pieds et ne marche pas, des mains et ne saisit pas. Nous le savons, helas! le dieu aveugle, sourd, muet, impuissant, le dieu tout de Spinosa, le dieu rien d'Hegel, est uu peu le dieu des areopagesdes Athenes et desRomesmodernes; et au frontispice de quelques-uns des temples de la science au xixc comme au ie1' siecle de l'ere chretienne, on pourrait graver avec trop de ve>ite cette fatale inscription : Ignoto Deo; mais tous les hommes qui refle- chissent et qui se respectent doivent repousser jusqu'a l'apparence decesdesolantes doctrines, qui ne sont qu 'une negation dissimulee, mais d'autant plus dangereuse. Bon gre, mal gre, au sein du monde et des mondes, il y a une effrayante reponse de mort, et le terrible oracle se verifiera : Caelum et terra transibunt, la race qui domine aujourd'hui sur le globe verra ses destinees closes, et subira le grand jugement de Dieu. Dans la theorie de La Place et de Buffon, la terre, si elle devait tinir, finirait par le froid. Dans la theorie de M. Thomson, elle finira par le feu; elle ira alimenter a son tour le grand foyer; elle se t€- duira en vapeur. « La tendance presente de la matiere, dit-il, est la coagglomeration des solides et des liquides, accompagnee par une augmentation graduelle de la quantite de fluide gazeux evapore dans l'espaee. » N'est-il pas au moms singulier de voir la science la plus avancee revenir apres dix-huit siecles a la solution d'un grand inspire encore, du premier inspire de l'Evangile, de samt Pierre, dont en finissant nous rappellerons le sublime et redoutuble arret : Cceli autem qui nunc sunt, et terra... igni reservata in diem ju- dicii...Cceli magno impetu transient, elementa -vero calore solven- tur... terra autem et qua? in ipsa sunt opera exurentur : arret heu- reusement tempore par ces consolantes promesses : Novos vero cce/os, et novum terrain secundum promissa expect amus, in quibus justitia habitat. Et voyez avec quelle sagesse incomparable le Prince des Apotres disait aux impatients de son temps : Hoc non luteal vos ,carissimi,quia units dies apud Dominumsicut mii/eanniy et mille anni sicut dies units. F. Moigno. ACADfilBIE DES SCIENCES. SEANCE DU II JU1N. M. Guillaume Wertheim lit un memoire sur les effets magne- tiques de la torsion. En voici l'analyse faite par Tauteur lui meme : « Toutes les fois qu'une barre de fer est arrivee a. un dtat d'equi- libre magnetique, qu'elle soit encore sous l'iufluence d'un courant aimantant ou que ce courant ait ete interrompu, toute torsion tem- poraire qu'on lui impriine produit une diminution dans son aiman- tation et la detorsion lui restitue son aimantation primitive. " Ces changements se mesurent par les deviations qu'eprouve 1' aiguille d'un galvanometre sensible qui fait partie du circuit d'une forte bobine a induction. Les deviations sont proportionnelles aux angles de torsion; elles augmentent avec la masse du fer et avec Tintensite de son aimantation. La qualite du fer n'introduit que des differences quantitatives ; mais il existe entre le fer et l'acier une difference fondamentale : dans ce dernier Tequilibre magnetique , une fois qu'il est etabli, n'est plus derange par Taction d'aucune force purement mecanique. « L'auteur a vainement essaye d'obtenir par la torsion des corps diamagnetiques des effets analogues a ceux qui s'etaient produits avec le fer. " Jusqu'ici le maximum d'aimantation correspondait a la posi- tion naturelle d't^quilibre de la barre ou a son zero mecanique; mais cette coincidence ne provenait que dela maniere d'operer. La barre etait au zero toutes les fois que Ion fermait ou ouvrait le circuit in- ducteur; c'est egalement en partant de cette position que nous lui avons imprime alternativement vers la droite et vers la gauche des torsions egales entre elles et assez faibles pour que les torsions per- manentes fussent insensibles. Mais on peut deplacer ce maximum par rapport au zero et lui imprimer ce que nous appellerons une rotation. « Pour plus de clarte distinguons les trois periodes dont se com- pose chaque experience : « 1° En aimantant une barre de fer tandis qu'elle se trouve tor- due, on ne produit pas de rotation; les torsions permanentes qui ont precede l'aimantation sont egalement sans effet. « 2° Tordu d'une maniere permanente sous Taction du courant inducteur le fer dur recoit une rotation dans le sens de cette torsion; elle augmente avec celle-ci, mais sans jamais atteindre ni sa gran- 666 COSMOS. deur ni meme celle de Tangle temporaire qui lui correspond ; elle est insensible dans le fer doux a moins qu'il n'ait 6t6 tordu jusqu'a per- dre toutes ses qualites primitives. •• 3° Dans tous les fers temporairement tordus, l'interruption du courant produit une rotation dans le sens de cette torsion ; presque t^gal a Tangle de torsion, dans le fer doux, cet angle de rotation lui est de beaucoup inferieur dans le fer dur. « L'ensemble de ces phenomenes semble ne pouvoir se concilier ni avec une explication au moyen des changements qu'eprouverait la force coercitive, ni avec la theorie d' Ampere. L'auteur propose une nouvelle hypothese : il admet que les courants qui constituent le solenoide d' Ampere, au lieu d'etre produits par le mouvement de translation d'un fluide, consistent en la propagation d' oscillations dont la trajectoire reste pour le moment indeterminee. « La force coercitive est remplacee par l'inertie, et l'acte de l'ai- mantation consiste dans la polarisation des vibrations confuses et discordantes qui pr^existent dans le fer. Maintenant, lorsqu'on tord la barre, on deplace les unes par rapport aux autres les molecules qui sont le siege de vibrations concordantes; ces vibrations sont en- trainees avec les molecules materielles, comme le sont les vibrations lumineuses dans l'experience de M. Fizeau ; la torsion fait done naitre une difference de phase, et par la une diminution d'aimanta- tion qui disparait par suite de la detorsion. " Pour expliquer la rotation, il suffit d'admettre que les torsions permanentes et l'interruption du courant ont le pouvoir de faire dis- paraitre ces differences de phases, de sorte que la detorsion meca- nique devient une veritable torsion par rapport a ce nouvel equi- libre magnetique. " Enfin l'auteur indique le role que ces phenomenes paraissent devoir jouer parmi les causes qui produisent et les variations regu- lieres de l'aiguille et ses mouvements irreguliers au moment d'un tremblement de terre, et enfin ses deviations imprevues a bord des grands navires en fer. » — M. Germain de St-Pierre expose les principaux resultats de recherches botaniques sur les ovules des plantes, nous ne les avons pas assez entendues pour en rendre compte. — M. Le Verrier pr^sente les premieres observations faites a l'Observatoire imperial de la comete decouverte le 4 juin , a Paris par M. Dien, a Berlin par M. Klinkerfues. On avait pense" d'abord que la nouvelle comete pouvait etre l'astre ceUebre dont la derniere apparition, en 1556, aurait determine l'abdication de Charles- COSMOS. 667 Quint, et dont on attend le retour avec une impatience extreme : mais cette espus, conduirait l'air sur le pont et le chasserait au dehors... L'air renferme entre la plaque et la cuisine serait forcement dilate par la chaleur rayonnante et s'ecoulerait avec une grande vitesse ; le courant une foisetabn\ ne s'arreterait plus, a cause de la tempe- rature qui est toujours plus elevee a l'mterieur du navire qu'en de- COSMOS. 669 hors. On pent evaluer approximativement la quantite d'air ainsi chassee a 40 000 metres cubes en vingt-quatre heures. En admet- tant que le vaisseau jauge 2 000 metres cubes d'air, celui-ci serait renouvele vingt ibis en un jour et une nuit ; c'est, on le voit une puissante aeration, qui contribuerait, sans aurun doute, a la conser- vation du navire; on n'aurait plus besom de laisser la cale ouverte en dehors des besoins du service , et cette cale deviendrait sem- blable a une mine en exploitation avec ses deux points d'aera^e ou l'air se renouvelle incessamment. Cette note de M. Gassier est parvenue jusqu'a. M. Rouber, mi- nistre de 1'agriculture, des travaux publics et du commerce ; elle lui a semble avoir une grande importance, en ce moment surtout, ou le gouvernement s'occupe activement d'ameliorer le mode de transport des emigrants ; il prie, en consequence, l'Academie d'en faire un examen serieux et de lui en transmettre les resultats. Le meme ministre adresse un nouveau volume du grand ouvra^e sur les eaux minerales de la France, publie par son departement. — M. Ie president interpelle M. Brongniart, doyen de la section de botanique, et lui demande s'il est en mesure de declarer qu'il y a lieu a. remplir la place devenue vacante par la mort de M. de Mirbel . Nous croyons savoir que la section prononcera qu'il n'y a pas lieu de proc^Jer a l'election et demandera un ajournement de six mois ou un an. Nous en serious desole- pour MM. Trecul et Duchartre, auxquels les nouveaux el us, MM. Moquin-Tandon , Tulasne et Payer, devraient bien tendre une main amie. — M. Viard, professeur de physique a la Faculte de Montpel- lier, envoie la suite de ses recherches sur la meilleure methode a suivre pour obtenir la temperature vraie de l'air. — M. Murson de Lacrymosa croit avoir decouvert un proce'de' meilleur de photographie appliquee a la peinture sur verre ; nous n'avons pas bien compris ce qu'il y avait de neuf dans les epreuves qui ont passe" sous les yeux de l'Academie. Nous attendrons pour en parler d'avoir lu la note de l'auteur. — M. Charles Sainte-CIaire Deville , dans une longue lettre dont l'Academie a acoorde, par un vote special, 1'insertion dans les Comptes reiulus, entre dans de nouveaux details sur 1'eruption du Vdsuve. Le fait le plus important signale par M. Deville est que les gaz emis par la lave incandescente ou a une temperature de 240 degree ne contiennent pas de vapeurs sulfureuses, mais seule- ment des vapeurs d'aci le chlorhydrique ou de chlorure de sodium. VARICES, INFLUENCE DE LA CHALEtIR SUR LES PR0GRES DE LA VEGETATION PAR M. DE GASPARIN. Nous avons deja dit quelques mots de ce m^moire ; son auteur le resume dans les conclusions suivantes : - 1° Les phases successives de la vegetation d'une plante sont marquees par le developpement de ses organes elemental res qui sont ses merithalles avec tous leurs accessoires : tiges, feuilles, bourgeons, etc. .. 2° Le developpement des merithalles est determine par une somme de temperature a peu pres egale pour la meme espece de plante et pour les rameaux semblablement disposes. .. 3° II peut se developper un nombre indefini de merithalles so- laires sans que la plante fleurisse. .. 4° Ce nombre est variable selon les climats et selon les ann^es. .< 5° La floraison et le nombre de merithalles solaires qui la pre- cedent dependent de circonstances diverses qui diminuent 1'abon- dance de la seve au scion ou qui l'epaississent en lui faisant faire de longs trajets ou en la faisant passer par de nombreux detours. « 6° Les circonstances m6t£orologiques qui influent sur cet etat de la seve (l'humidite" du sol, de l'air, la pluie, les vents, etc.), se reproduisent les memes , dans le meme climat et dans la moyenne des ann6es ; il en resulte que les plantes y fleurissent assez reguliere- ment apres avoir produit le meme nombre de merithalles, et qu'ainsi on peut calculer , pour un climat donne , la somme des degres de chaleur qui ameneront la floraison dans ce climat sans que cette meme somme soit applicable dans un climat different, oil le nombre de merithalles qui precedent la floraison n'est plus le meme. « 7° La fructification et la maturity etant des consequences de la floraison, la somme de chaleur qui les produit est aussi variable d'un climat a l'autre. « 8° La recolte d'une plante £tant subordonn^e a des considera- tions d'utilite qui ne coincident pas toujours avec la maturite bota- nique , elle ne peut etre soumise a des calculs exacts de tempera- ture. u 9° La radiation solaire etant aussi a. peu pres la meme dans le climat, d'une annee a l'autre , en l'ajoutant a la temperature de Fair on ne change pas le rapport des sommes de temperature, mais. on le change en passant d'un climat a l'autre. Ce calorique, ajout6 COSMOS. 671 a la temperature de l'air, doit entrer en ligne de compte pour deter- miner la possibility dune culture dans un lieu donne. •• NOUVELLE METHODE DE CATHKTERISME ET GUERISON DES RETRECISSEMENTS DE l'uRETRE PAR M. LE DOCTEUR MAISONNEUVE Chirurgien de l'hupital de la Pitie. II y a quelques annees (en Janvier 1845), M. Maisonneuve pre- senta a l'Academie un procede tres-simple qui permettait de prati- quer facilement et sans danger l'operation du catheterisme dans les cas les plus graves de retention d'urine. Ce procede consistait a introduire d'abord dans l'uretre une bougie fine et flexible, qui, se moulant aux inflexions du canal , arrive toujours et sans difficult^ dans la vessie, puis a. se servir de cette bougie comme d'un conduc- teur sur lequel on faisait glisser une sonde elastique percee a ses deux bouts. Ce procede, aussi simple qu'ingenieux, est actuellement employe par tous les praticiens et depuis lors, non-seulement il n'est pas de prostate infranchissable, mais surtout il n'est plus question de ces fausses routes, ni de ces accidents inflammatoires redoutables aux- quels exposaient si frequemment les procedes ordinaires. Frappe des avautages considerables que cette methode du cathe- terisme sur conducteur avait realises dans le traitement des reten- tions d'urine , M. Maisonneuve a cherche a en faire l'application aux retrecissements de l'uretre, et il a reussi autant que pour le ca- theterisme, parce qu'il a rencontre une autre idee tellement simple et heureuse qu'on ne comprend pas qu'elle n'ait pas surgi plus tot : c'est vraiment un eclair de genie. Au lieu de faire glisser sur elle I instrument ou F urethrotome qu'il s'agit d introduire pour creuser les retrecissements, il le visse par sa point e ou son bee sur F extremite libre de la bougie con- ductrice ; F urethrotome alors fait corps avec la bougie et penetre facilement a sa suite dans les retrecissements , pendant quelle- merne s'enfonce dans la 7>essie oil elle se replie. De la a la decouverte d'un procede de guerison instantanee, sans aucune dilatation prealable ou consecutive des retrecissements de l'uretre, il n'y avait qu'un pas, et M. Maisonneuve l'a franchi avec un bonheur incroyable. Voici comment il formule son procede : « Premier temps. Le malade etant couche, j introduis dans l'u- letre une bougie, appropriee au degre d'etroitesse du rdtrecissement, 672 COSMOS. et dont l'extremite libre est munie d'un petit ajustage a peine plus volumineux qu'elle. » Deuxieme temps. Aussitot que la bougie a pdnetre" jusque dans la vessie, je vissesur son ajustage l'extrdmite libre de inon urdthro- tonie que je pousse ensuite ainsi que la bougie qui le precede , jus- qu'a ce qu'il ait franchi tous les rdtrdcissements. " Troisieme temps. J'introduis dans la cannelure de in on ure- throtome la petite lame tranchante qui en fait partie, et faisant ra- pidement parcourir a cette lame toute la longueur de la cannelure, j'incise d'un seul trait tous les rdtrdcissements. « Quatrieme temps. Je retire alors ['urethrotome n° 1 , je le devisse de dessus la bougie, je lui substitue l'urethrotome a lame cachee que j'introduis des lors sans diffieillte. « Cirujuieme temps. Puis, quand l'urethrotome cache est ainsi a sa destination, je presse sur la bascule, qui fait ouvrir la lame, et je retire le tout en incisant d'un seul trait; et profondement, tous les rdtrdcissements. » Sixieme temps. Enfin, pour m'assurer que l'operation a bien atteint son but, j'introduis dans 1'uretre une bcugie metallique du n° 48, que je retire aussitot. « Ceci etant fait, je laisse le malade parfaitement tranquille, sans plus jamais lui introduire de sondes ni bougies. Immediatement apres cette operation, le malade urine a plein canal et presque sans aucune douleur. La sensation legere de cuisson qui a lieu au mo- ment de l'emission de l'urine, disparait au bout de quelque temps. II en est de meme du suintement mucoso-purulent qui accompagne le retrecissement. Quant a riiemorrhagie, elle se borne a quelques gouttes de sang qui s'arretent d'elles-memes au bout de quelques instants. « Par prudence, j'engage les malades a rester quelque temps au repos, a prendre un bain, des boissons adoucissantes. I\Jais plusieurs fois j'en ai vu qui ont repris immediatement leurs habitudes, sans qu'il en soil resulte le moindre inconvenient. » A. TRAM BL AT, proprietain—gfrant. PARIS. — IldrRlMERIB DE W. REMQUET ET C'% R'JE GARANC1ERE, 5, t. vi. 22 juin i855. quatriiLmk annee. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. M. Jobard , le chercheur utilitaire par excellence, a lu mercredi dernier a la Societe d'encouragement une curieuse notice sur les differents artifices employes pour couper ou feler les verres chemi- nees de lampe en ligne droite. L'idee qu'un verre casse ne casse- rait plus par les changements subits de temperature ou l'echaufie- ment inegal etait une simple prevision theorique que M. Jobard a voulu faire passer dans la pratique ; dire combien il a du fabriquei- degresilavant d'y parvenir, est difficile a penser ; mais l'essentiel est que les verres fendus soient des aujourd'hui repandus par centained de mille. M. Piles de la Havane en a commande 40 000 en Belgique, etlacompagnie Beudoten fend 1 500 par jour, presque sans dt^chet. On sait les accidents nombreux qui peuvent arriver, en outre de la depense, par la chute des debris de verre haut placdis , surtout dans les theatres ; on sait aussi quelle economie resulterait de l'em- ploi des cheminees dans les lanternes des villes et l'eclairage du dehors, si le vent ne les faisait casser. L'invention de M. Jobard, qui semble insignifiante, permettra de surmonter ces difficultes et d'eclairer les salons a travers les croisdes, sans les inconvenients de 1'odeur dugaz. Uneville eclair^e dela sorte offriraitle plus beau coup d'ceil ; mais le bris trop frequent des verres pendant l'hiver s'y etait toujours oppose; avec les veires fendus le probleme est resolu. — Par une depeche de telegraphe e'ectrique, partie de Turin niardi matin, arrivee au bureau du Luxembourg a. 11 h. 45 m., et dans les salons du Cosmos a midi, M. Bonelli nous demande raison de la remarque critique de notre derniere livraison. II nous invite a lui citer un exemple de longues depeehes envoye'es et recues par des locomotives marchant a toute vitesse et situees a des distances quelconques. Nous repondons franchement que personne avant lui n'a resolu ce beau probleme, et que nous ne savions pas que telle fut son invention. Nous lui en voulons de n'avoir pas mieux fait connaitre la nature de ses experiences, que nous ne connaissons que par de trop courtes annonces, et nous le prions instamment de nous en transmettre le recit complet. 25 CONCOURS UNIVERSEL D'AMAUX REPROLUCTEURS TENU AC CHAMF-DE-MARS, DU lcr AU 9 JUIN 1855. Nous saluons avec bonheur , avec un legitime orgueil pour la France la realisation d'une des pensees les plus belles, les plus gran- dioses, les plus fecondes des temps actuels. C'est pour la premiere fois qu'un concours universel d'animaux reproducteurs se tient, et c'est sur la terre de France, si classique pour son hospitalite, que toutes les nations ont &t& liberalement eanviees a exhiber leurs richesses zootechniques. Les avantages de ce concours, qui fera epoque dans les annates de lazoologie pratique, sont considerables; ils sont aussi compris de tous , et il n'est nullement necessaire de s'arreter ales faire ressortir. Nous entrons imm^diatement en ma. tiere par une indication rapide de l'ordre adopte dans le classe- ment desanimaux. Premiere section. Jnimaux males et femelles de races elrangeres , nes et Sieves a I'elranger, amends ou importes en France, el appartenant soit I a des nationaux, soit a des etrangers. i" CLA6SE. Espece bovine. — lre categorie , race Durham ; 2% race Hereford; 3% race Devon, Sussex et analogues; 4% race d'Ayr, d'Alderney, Scotch et analogues ; 5e, race hollandaise et analogues ; 6% race de Fribourg et analogues ; 7% race de Schwitz et analogues. ii- classe. Espece ovine. — 1™ categorie, races merinos et me- tis-merinos; 2e, races Dishley, New-Kent et analogues ; 3C, races hollandaise, du Texel, Cotswold et analogues; 4e, South-Devon et analogues. in* classe. Espece porcine. — lre categorie, grand es races; 2e, petites races. Deuxieme section. Jnimaux males et femelles de raees francaises et etrangeres pares ou croisees, nes et cleves en France. i™ classe. Espece bovine. — lrc categorie, race normnnde pure; 2°, race flamande ; 3% race charolaise; 4C, race garonnaise et age- na'ise; 5C, race comtoise pure; 6C race de montngne , d'Aubrac, d'Auvergne, du Limousin; V, race parthenaise pure ; 8«, race bre- COSMOS. 675 tonne pure; 9e, races diverses ; 10c, race Durham pure; lle, races Etrangeres autres que Durham; 12e, croisees franchises et Etran- geres. iie classe. Espece ovine. — lrc categorie , races merinos et mEtis-merinos; 2e, races etrangeres pures a longue laine, Dishley et analogues; 3e, races etrangeres pures et a laine courte, South- Devon et analogues ; 4C, races croisees ou sous-races diverses. me classe. Espece porcine. — lre categorie, races indigenes pures ; 2e, races Etrangeres, pures ou croisees. Troisieme section. Especes diverses autres que les precedentes. irc classe. — Boucs et chevres. nc classe. — Lapins. Quatrieme section. Oiseaux de basse-cour. ire classe. — lre categorie , coqs et poulets Crevecceur ; 2e, coqs et poules de Cochinchine; 3e, poulets Dorckings ; 4e, races es- pagnoles et de combats; 5e , race Brahma-poutras; 6e , races Hambourg, Hollande; 7C, Padoue et analogues ; 8e, diverses. nc classe. — Dindons et coqs d'Inde. me classe. — Oies et canards. ive classe. — Pigeons, faisans, pintades, etc. Reprenant maintenant chacune des classes, nous dirons en quel- ques mots nos reflexions et nos impressions. 1° Race Durham. Deux taureaux, premier prix, appartenant Tun a M. le marquis de Talhouet (Sarthe) , age de 16 mois, ne chez M. Richard Statton, Wiltshire, l'autre a M. Bouton-l'Eveque (Maine-et-Loire), age- de 17 mois, ne" chez son proprietaire, etaient d'uneharmonie de formes si parfaites qu'ils laissaient leurs concur- rents bien loin derriere eux ; nous leur predisons un avenir bril-- lant et de nombreux lauriers dans les concours a venlr. Les deux vaches, premier prix, de M. Thomas Bell, Irlande, 20 mois, elevee par M. Hunton, et de M. le comte de Falloux, 29 mois, nee chez M. Chretien, a la Ferme-ecole ducamp, nous sontapparuescomme le beau ideal dela conformation des animaux de boucherie. 2° Race Hereford. On pouvait reprocher a plusieurs des ani- maux de cette race d'etre trop ages et trop gras pour figurer dans un concours d'animaux reproducteurs. Le taureau de lord Berwick, 676 COSMOS. age de Sans, et la vache de M. William Perry de Cholstrey, 43 mois, etaient surtout remarquables. M. le comte de Cursay, qui le premier en France a compris le grand profit que l'agriculture pouvait tirer de cette belle race anglaise et a fait de genereux sacri- fices pour la faire adopter, n'a obtenu qu'un troisieme prix. 3° Races Devon , Sussex, et analogues. Le taureau de M. Tur- ner, 5 ans 8 mois, et la vache du prince Albert, 6 ans 1 mois, ele- vee par M. Walter Farthing, sont de tres-beaux types des betes de travail quin'ont de rivales que dans les races du Morvan et de l'Au- vergne. L ensemble des animaux exposes donne une tres-haute id£e de cette excellente race, tres-bien caracterisee, riche de dis- tinction et de sang, parfaite a. la fois pour le travail et l'engraisse- ment, la plus estimee et la plus repandue en Angleterre. Nos ele- veurs et nousle regrettons vivement, n'exposait qu'un seul Devon, age de 48 mois. 4° Race Ayr. C'est une fort belle race laitiere, petite, mais de belle conformation, ayant une certaine aptitude a. l'engraissement. Nous avons surtout admire le taureau de lord Talbot, age de 39 mois; il a cependant les cotes un peu plates et nous lui aurions presque prefere le taureau de M. Bella, de Grignon, qui n'a que 24 mois. 5" Race hollandaise. Elle etait parfaitement representee par le taureau de la colonie agricole de Gaillon, et par plusieurs vaches irreprochables, portant de magnifiques dcussons, systeme Guenon ; celle qui a remporte le premier prix appartient a M. Gilles de Thieux (Seine-et-Marne). Le groupe de six vaches, expose par cet eleveur, 6tait vraiment magnifique; mais la plus jeune avait 7 ans. 6" Race bretonnc. Les animaux amenes au concours etaient charmants, mais trop petits de taille. Le premier prix des taureaux a 6te d£cerne, et avec raison peut-etre , au taureau de M. Guene- vour, de preference au taureau de M. deKerjegu, qui l'avait em- porte au concours regional de Rennes, et qui a Paris n'a rien eu : nous ne comprenons vraiment pas, qu'on ait prefere a ce tauz^eau le second prix de Gaillon, plus age de deux ans et defectueux ; un grand notnhre de personnes competentes formulaient le meme jugement. 7" Race normandc. C'est la plus brillante de toutes les races et 1'un des plus beaux fleurons de la couronne zootechnique de la France; les individus present^s etaient tous superbes, et le jury a du etre bien embarrass^ dans son choix. II ne s'est pas trompe en mettant au premier rang le taureau de M. Laine, vainqueur du COSMOS. 677 concours regional de Rouen, et la vache de M. Chartier. Certains visiteurs s'obstinaient a vouloir que ces deux beaux animaux eussent dans les veines du sang Durham ; c'est un grand honneur pour la race anglaise, a laquelle, disons-le franchement , la race normande ne le cede en rien. 8° Racef.aman.de pure. Tout le monde s'extasiait devant les belles et excellentes laitieres de cette noble race, qui est en progres rapide depuis quelques nnnees. Pour offrir de beaux types de taureaux, on n'avait pas ete oblige, comme dans plusieurs autres categories, de prendre des animaux ag£s ; le premier prix revenait de droit au taureau de M. Demarolle, 30 mois vainqueur du con- cours regional d'Arras ; la vache de M. Douville de Fransu etait presque plus parfaite encore. 9° Race chavollaise. Elle donnait une fois de plus raison a ceux qui l'ont placee au premier rang en lui promettant le plus brillant avenir. Jamais elle ne s'etait monlree sous un si bel aspect. Disons-le avec une conviction forte et profonde , plusieurs charollais rivali- saient avantageusement avec les plus magnifiques Durham. Le taureau de ML le comte de Bouille, 23 mois , qui a eu le premier prix, et celui de M. Louis Masse , laureat du concours regional de Bourges, qui cependant n'a rien eu a Paris, sont des chefs-d'oeuvre de conformation. La vache blanche de M. Masse, agde de 32 mois, faisait l'admiration de tous. 10° Races comtoise , parthenaise , garonnaise , des monta- gnes, etc., etc. Nous ne pouvons que constater chez toutes ces races une amelioration considerable et des caracteres excellents. MM. Truol de Beaulieu, deLavergne, Tourtel freres , Charpy, Tameaud, Durand, David, qui ont remporte' les premiers prix, ont droit a des felicitations sinceres. 11" Race de Fribowg et analogues. Quoique representees par un grand nombre d'individus, ces races n'ont pas fait une tres- gramle sensation. Le taureau Simmenthal de M. le docteur Muller de Fribourg, et la vache Saanen de M. Christian Muller de Blun- kenburg, etaient surtout remarquables. 12° Race de Schvitz et analogues. II est assez singulier que les deux premiers prix aieni cite remportes par des animaux appartenant a des Francois, le taureau de M. Chabert de Meineau (Bas-Rhin), et la vache de M. Bella deGrignon. Cette vache, certainement tres- belle, avait malheureusement 9 ans; le taureau etait un type parfait. Nous n'avons parle jusqu'ici que des races pures, et nous avons 67s COSMOS. peine a aborder les races croistes, parce que nous n'avons aucune confiance dans le croisement comme moyen de parvenir a constituer des races nouvelles; de trop nombreux et trop regrettables insucces viennenta Tappui de notre defiance. Nous sommes loin cependant de repousser certains croisements plus rationnels: Ayr-Breton, par exeniple, donton admirait de beaux produits n£s a Grand-Jouan; Manceaux-Durham, Devon-Salers, et meme Durham-Charollais, qui a si bien reussi a MM. de Behagues, MassS, etc. Les animaux hors concours meritent une mention speciale, ils font grand honneur aux etablissements qui les presentent , en prouvant qu'ils sont a la hauteur de leur noble et belle mission. Sa Majeste l'Empereur avait daigne exposer trois charmants eleves de la race d'Ayr, un taureau de 19 mois, et deux genisses de 26 et 27 mois, nes tons les trois sur le domaine imperial de Villeneuve- I'Etanc. Les vacheries impdriales du Pin et du Camp etaient re- presentees par des Durham purs d'une grande beaute. MM. Malo et Christian, les si habiles directeurs de ces etablissements, sont entres resolument dans ce qu'on appelle le progres, et leurexemple porterases fruits-, la Normandie et la Mayenne sont d'ailleurs des regions a paturages abondants oil les grandes races de boucherie trou- vent naturellement leur place. II n'en est plus ainsi en Bretagne dont les terres, relativement ingrates, sont sous le coup d'un vieil ana- theme : Lande tu as ete, lande tu es, lande tu seras ! Anatheme qui n'a pas empeche l'infatigable directeur de Grand-Juan d'obtenir des resultats vraiment merveilleux. Comprenant parfaitement les besoins du pays qu'il doit regdnerer, M. Rieffel n'exposait que des ^chantillons de ses heureux croisements : Ayr-Bretonne, Devon- Nan taise ; il a hasarde un Durham -Bretonne. L'ecole imperiale de la Saussaie avait heiite d'un magnifique lot d' animaux de la race d'Ayr, lors de la dissolution de fc'institut agronomique de Ver- sailles,'il en exposait quelques-uns, et y ajoutait deux genisses croi- sees, Ayr et Bressan , trop jeunes pour pouvoir etre assez bien appreciees. Toujours par le meme principe, l'etablissement agricole de Saint- Augeau (Cantal) a adopte la race West-Highland, et l'a crois^e avec les races indigenes Aubrao et Salers. Dans un prochain article nous continuerons cette revue rapide du concours. 0. Thuyssuzian. MfiCANIQUE INDDSTRIELLE. lettre de m. seguin aine. Monsieur , En parcourant le Moniteur industriel, j'ai trouve" , a la date du 15 fevrier dernier, une lettre de M. Hirn , contenant le detail d' ex- periences qu'il aentreprises pour s'assurer que la vapeur, dans l'acte de la production de la force mecanique, perd bien reellement une quantite de calorique dont il ne peut se rendre compte qu'en admettant que la disparition de ce calorique represente la force produite. Cette ide"e, emise par mon oncle , le eelebre Montgolfier, qui me l'avait communique^ des l'annee 1800, repoussee d'abord par les savants et les praticiens ; parait devenir aujourd'hui la base d'une theorie a laquelle se sont deja rattaches un grand nombre d'hommes competents dans la matiere. Des l'annee 1839, j'ai cherche a faire pr^valoir les iddes de mon oncle dans un ouvrage que j'ai publie alors, sur l'influence des chemins de fer, en m'ap- puyant de considerations basees sur la concordance qui existe entre la quantity de force qui apparait lorsqu'on fait passer de la vapeur par divers (Hats de tension et de temperature, et la pression qui correspond a ces tensions et a ces temperatures. J'etais ainsi amen6 a regarder la disparition du calorique, lorsqu'on faisait passer la vapeur de l'un a l'autre de ces etats, comme l'equivalent de la force mecanique qui apparaissait alors, et j'arrivais a fixer a 500 grammes environ, eleves a un metre, l'equivalent mecanique de la cha- leur necessaire pour Clever d'un degre la temperature d'un gramme d'eau; ce resultat s'accorde aussi bien qu'on pouvait l'esperer en pareille matiere avec ceux obtenus plus tard par MM. Joule, Mayer, Hirn, et autres. Mais comme les experiences et les conclu- sions judicieuses qu'en tire M. Hirn me semblent dignes d'interet et ne me paraissent pas avoir eu la publicite qu'elles meritent, j'ai pense" que je rendrais un vrai service a vos lecteurs en vous mvi- tant a inserer la lettre de M. Hirn dans le Cosmos, regrettant de n'avoir pas eu moi-meme plus tot connaissance de ce precieux document. Des enveloppes des machines a vapeur et du developpement du calorique par le frottement. .. Monsieur le president (dela SocieTe' industrielle de Mulhouse), « A la fin de la notice que j'ai ajoutee a mon meYnoire, au sujet 680 COSMOS. de la loi qui preside au developpement du calorique par le frotte- ment, je dis que l'etude attentive de fa machine a vapeur nous don- nerait probablement un moyen certain de decider si, dans nos machines a feu, le calorique agit simplement en les trayersant inte- gralement a l'aide d'un agent de transport (vapeur, air, eau, etc.), comme le pensaient Carnot et Clapeyron; ou bien, si ce fluide im- ponderable ne devient puissance motrice qua la condition de dispa" raitre comme principe de chaleur, ainsi que Iepensent Mayer, Joule Regnault et d'autres physiciens modernes. Je disais que c'est no- tamment dans l'examen du mode d'action de X enveloppe a va- peur, dont Watt entourait le cylindre de ses pompes, qu'on pou- vait esperer trouver la clef de ce grand probieme de mecanique et de physique. C'est dans cette pensee que j'ai entrepris la suite de recherches dont je vous parle, et dont je serai a meme, d'ici a un ou deux mois, je l'espere , de vous presenter les deductions sous forme d'un travail complet. Je viens , en attendant , aujourd'hui deja, vous communiquer deux des resultats les plus frappants de mes etudes. « Dans l'etat ou se trouvaient, il y a pea de temps encore, nos connaissances sur la formation et la constitution de la va- peur, il etait non-seulement impossible d'expliquer Taction utile presumable que pent avoir 1'enveloppe de Watt, mais il y avait meme logiquement lieu de croire qu'elle est nuisible, quelle entraine une plus grande depense de combustible. II est resulte de la que non-seulement cette invention de Watt a ete criti- qued (je dirai presque ridiculisee) par quelques auteurs, mais en- core, et ee qui est beaucoup plus facheux , qu'elle a etc" rejetee comme superflue par beaucoup de constructeurs, et qu'aujourd'hui un tres-grand nombre de machines fixes sont depourvues d'enve- loppes. Eh bien, il arrive ici encore que ce sont les critiques qui out eu tort, et que c'est l'homme de genie qui avait devine juste. Plu- sieurs industriels avaient deja remarque" que 1'enveloppe a vapeur est loin d'etre nuisible , loin d'etre meme inutile. Des expe- riences preefses de M. Combes ont montre qu'elle peut , dans cer- tains cas, donner une economie de 15 a 20 pour cent de combus- tible dans les machines qui en sont privees. Les resultats aux- quels je viens d'arriver confirment completement ces donndes de M. Combes. Une pompe Woolf, sur laquelle j'ai fait mes expe"- riences, donne 106 ch. avec son enveloppe, et n en rend plus que 82 lorsque la vapeur arrive directement dans les cylindres. Voici done un fait pratique de !a plus haute importance qui est mis hors de COSMOS. 681 doute : « La suppression de l'enveloppe a vapeur , dans les ma- « chines a detente et condensation , loin d'etre un progres et une « simplification, a £te un pas en arriere dans la mecanique appli- « quce. >- Reste a expliquer le mode d'action de cette enveloppe; c'est ce que je chercherai a faire dans le travail que je vous presen- terai. Je me borne a dire pour le moment qu*il ne faut l'attribuer ni a une diminution des pertes de calorique externes du cylindre, ni a une dessiccation plus parfaite de la vapeur, dues a l'enveloppe', l'e- norme influence de celle-ci repose sur des causes toutes autres. " Je passe au second point qui fait l'objet de cette lettre. « D'apies la theorie de Carnot, developpee par Clapeyron, le ca- lorique etant indestructible et n'agissant qu'en traversant nos mo- teurs, qu'en s'y dilatant , le calorique sorti de la chaudiere doit se trouver integralement dans l'eau rejetee par une machine a conden- sation, ou dans la vapeur rejetee par une machine sans condensa- tion.Pour m'expliquer plus clairemer.t encore : ci'apres cette theorie, la vapeur traversant une machine sans condensation pour aller chauffer l'eau de nos cuves, etc., etc., doit nous donner de la force gratis, c'est-a-dire que (sauf les pertes dues au rayonnement, etc.), elle doit porter dans ces cuves, etc., tout le calorique que lui a donne le foyer. Eh bicn, mes experiences prouvent qu'il n'en est nullement ainsi ; elles confirment completement la theorie moderne. « Etcen'estpas d' experiences en petit que je vous parle, (^ex- periences de cabinet , cotnrne on nomme parfois un peu ironique- ment les recherches des physiciens. Une machine a detente et a condensation, munie de l'enveloppe Watt, donnant 106 chev. de force effective, ou environ 120 cb. ou 9 000 k. m. de force brute, c'est-a-dire de force dont une partie est employee a son propre mouvement, cette machine, dis-je, rejette 24 calories par seconde (10 036 800 calories en 12 heures) de moms par l'eau de condensa- tion que la vapeur n'en avait emportee de la chaudiere. i« Autrement dit, et pour m'expliquer plus clairement : je sup- pose qu'une chaudiere a 4 atm. donne en 12 heures assez de va- peur pour porter 100 000 k. d'eau de 0° a 100°. Eh bien , si , fai- sant passer cette vapeur par une machine a vapeur, par une ma- chine a detente et a enveloppe, vous lui faites rendre 138 ch. de force brute, c'est-a-dire clever 75 k., 12 h. 3 600". 138 ch. = 447 120 000 k. a 1 m. de hauteur en 12 h., elle ne sera plus capable d'elever qua 89° (environ) la temperature de nos 100 000 k. d'eau. - Le nombre par lequel il faut diviser notre travail pour trouver 682 COS. M OS. cette temperature de 89° (447 120 000 k. in.) , differe peu de 370 k. m. multiplies par 100 000 k. : e'est P equivalent mecanique (Vane caloric, formule pour la premiere fois par Mayer ; e'est la quantite de travail qu'il fatit depenser en frottement, en usure de matiere ponderable, en compression d'air, etc., pour developper une calorie, pour Clever de 1° la temperature de 1 k. d'eau, et recipro- quement, e'est la force motrice que nous donnerait 1 calorie depen- see dans une machine supposee parfaite. « II y a done disparilion et non pas simplement dispersion de »i calorique dans un moteur a vapeur. Et la force obtenue est pre- » cisdment proportionnelle a la quantite" de fiuide qui disparait « comme principe de chaleur pour apparaitre comme force mo- trice. » « Quant au nombre ab?olu par lequel, en these generale, il faut multiplier le calorique disparu pour trouver la force produite, il n'est pas toujours 370 k. m. ; il depend de la maniere dont une machine utilise le calorique qu'elle annihile en apparence. Et e'est a cet egard que nous trouverons une difference radieale entre les machines, a detente et condensation, munies ou privees d'enveloppes a vapeur. Mon memoire montrera que les machines avec enveloppes sont les seules oil le nombre 370 k. m. devient l'equivalent m6ca- nique reel d'une calorie. « Je ne sais si d'autres observateurs sont deja arrives aux xb- sultats que je vous soumets ici ; je ne sais si , dans le jeu de la pompe a. vapeur et sur une echelle d'experimentation aussi vaste, d'autres ont deja constate cette disparition du calorique , cette transformation directe en force motrice. Quoi qu'il en soit, et quelle que puisse etre la part de priorite qui me revienne ou non, je me tiendrais encore pour complement satisfait d'avoir seule- ment pu confinner l'existence du phenomene dont je parle. Toutce qui concerne la verification et l'extension de la grande loi calorique de Mayer est d'une telle valeur et d'une telle importance dans l'elat de la mecanique et de la physique, que les questions de priorite ne doivent plus meme entrer en ligne de compte chez celui qui s'inte- resse reellement a la decouverte de la verite. « II resulterait, comme on le voit , des experiences de M. Hirn, que lorsque Ton emploie de la vapeur saturee a quatre atmo- spheres, et a une temperature de 144 degres, dans une machine a haute pression, a detente et a condensation, le dixieme environ du combustible employe a reduire de l'eau en vapeur serait utilise" pour la production de la force mecanique. J'ai cherche" dans mon COSMOS. 683 ouvrage sur les chemins de fer a me rendre compte du rapport qui existait entre la quantite de force produite et l'abaissement de tem- perature qui y correspond; la difficulte, encore plus grande alors qu'elle ne le serait aujourd'hui, de resoudre cette question ne m'a pas permis d'arriver a un resultat positif, mais seulement a des approximations, d'ou il resultait pour moi qu'un abaissement de 21 degres environ, dans la temperature de la vapeur que Ton em- ploie a deux atmospheres et qu'on laisse se detendre en poussant devant elle le piston jusqu'a ce que sa tension soit parvenue a une atmosphere, representait un effet mecanique moitie environ de celui qu'a obtenu M. Hirn, dans la machine qui lui a servi a faire ses experiences, et dans lesquelles il a employe de la vapeur a quatre atmospheres, a detente et a condensation. , En considerant la quantite de chaleur employee dans l'un et l'au- tre cas, Ton voit aussi que M. Hirn, en se servant de vapeur a qua- tre atmospheres, a 144 degres, qu'il laissait detendre, et condensait probablement lorsqu'elle etait parvenue a une atmosphere et a 100 degres, utilisait 44 degres de chaleur, quantite double de celle a laquelle j'etais arrive pour obtenir un effet moitie moindre, resul- tat aussi satisfaisant qu'il est possible de le desirer dans une matiere oil il suffit, et oil Ton doit meme se contenter d'arriver a des resul- tats generaux sans chercher a vouloir atteindre une exactitude que ne comporte pas actuellement la matiere, mais a laquelle on pourra arriver plus tard, lorsqu'elle sera mieux eclaircie. Mais ce qui vient dejouer les calculs, les resultats et toutes les indications que Ton pourrait tirer des faitsque je viens d'enumerer, ce sont les experiences si interessantes et les beaux travaux entre- pris et publies deja en partie, par M. Regnault, sur les quantites de chaleur qui sont absorbees par la vapeur d'eau saturee lorsque Ton eleve sa tension et par suite sa temperature. Les resultats qu'il a obtenus constatent de la maniere la plus au- thentique ce principe me'connu jusque-la, quoiqu'il eut eHe" pro- clame depuis si longtemps par Montgolfier, que la quantity de chaleur necessaire pour reduire de l'eau en vapeur etait d'autant plus grande que la tension et la temperature de cette vapeur l'etaient davantage. Mais M. Regnault a trouve, en meme temps, que cette quantite de chaleur etait au-dessous de toutes les limites que Ton aurait pu imaginer, puisqu'elle ne s'eleve qu'a 0°,305, pour une elevation de temperature de 1 degre; en sorte qu'au lieu de 44 degres que nous considerions tout a l'heure comme absorbed et representant la force mecanique developpde par de la vapeur a quatre atmospheres' 684 COSMOS. jusqu'a l'etat de condensation; Ton ne devrait calculer cette defense que comme egale a 44 x 0,305 = 13,40, c'est-a-dire le quarante- huitieme environ de la chaleur employee a reduire l'eau en vapeur a quatre atmospheres. Mais quel est le rapport qui existe entre l'abaissement de tem- perature et par suite de la tension de la vapeur saturee et la quan- tity do force produite, lorsqu'on fait passer cette vapeur par divers etats de tension et de temperature en l'employant a produire de la force : et en supposant cette premiere question resolue pour la vapeur saturee, peut-on en etendre l'application a la vapeur non saturee et au gaz t C'est la le point delicat que la science du jour doit chercher a a- teurs; et sa tension sera portee alors a 8 atmospheres. Une petite soupape X, qui communique directement de la boite a vapeur au generateur, s'ouvrira alors pendant un instant tres-court, et per- mettra a la vapeur tendue a 8 atmospheres 1/2, que contient la boite, de s'introduire dans le generateur, afin de reparer les pertes de vapeur qui auront pu avoir lieu pendant le coup de piston, regu- lariser la tension et augmenter legerement la pression d'une demi- atmosphere. En meme temps, un petit mouvement de la valve Y, commande par la machine, determinera le passage de la vapeur en- fermee dans le generateur a le traverser, en passant de la branche superieure dans la branche inferieure, pour gagner de la le cylindre et traverser en entier le coude I du generateur, oil la chaleur est la plus grande : le tiroir ayant fait alors son mouvement pour mettre le generateur en communication avec le cylindre et commcncer le coup positif. La pression de la vapeur a 1'origine du coup positif sera done de 8 atmospheres 1/2; en c son volume sera double, et cette tension reduite a 4 atmospheres 1/4. v. ^ ,7 8,50 + 4,25 1 „ ,Q L effet de d en c sera ~ X .t —z,lo en b le volume de la vapeur aura triple- son ressort reduit au tiers, 4,25 + 2,83 1 _i iq et 1 effet de c en b sera ^ x— — J->^o , , J 8,50 0 -.rj enfin en a le ressort sera egal a — — — z,io „ „ , . 2,83 + 2,12 1 0zlQ et 1 effet de b en a ' x ^ = °j4J et la somme de toutes les pressions du coup positif sera egale a 2,13 + 1,18 +0,49 =3,80 et il restera dans le cylindre de la vapeur tendue par la chaleur qui n'aura pas ete convertie en force. Pour se d^barrasser de cette chaleur et de l'exces de pression quelle determine, le piston, arrive a une petite distance de l'extremite de sa course, derouvnra une 690 COSMOS. ouverture en communication avec l'air exterieur, par oil s'intro- duira une petite quantity d'eau qui s'emparera du calorique en ex- ces et se r£duira en vapeur. Cette vapour s'echappera par la meme ouverture, a moins que Ton ne voulut l'utiliser en s'en servant pour alimenter une machine a basse pression. II restera alors dans le cylindre de la vapeur d'eau saturee a 1 atmosphere, et Ton se retrouvera dans les memes circonstances oil Ton etait lorsque le coup negatif a commence. L'effet utile sera represente par la difference de la somme des pressions entre le coup positif et le coup negatif, c'est-a-dire 3,800 — 1,943 = 1,857 c'est-adire deux fois environ celui que Ton obtiendrait en employant un egal volume de vapeur dans une bonne machine de Watt, vapeur que Ton condenserait dans une pa- reille machine a. chaque coup de piston , pour la remplacer par de la nouvelle vapeur. En calculant suivant la theorie admise, en supposant que les va- peurs restent, comme les gaz, soumisesa la loi de Mariotte, et en prenant pour unite le volume de la vapeur a 100°, on trouvera que sa dilatation sera pour 1 degre d' elevation de temperature , — 0,00367x^1^ =0,002685 il faudra done , pour doubler son volume , lui communiquer h nnor-o == 372,3 degr£s de chaleur. Sa temperature sera alors de 372 -j- 100 = 472°. Mais en comprimant de la vapeur a 100° par 8 atmospheres, sa temperature, en supposant quelle suive la meme loi que les vapeurs sature"es, se serait elevee de 72°, qui auraient fait dilater la vapeur de 72 x 0,00268 = 0,1930. L'on pourra done, si Ton veut, se borner simplement a doubler son ressort et son volume , deduire cette quantite du iiombre ci-dessus, soit 472 — 72 = 400. Si Ton suppose actuellement que la vapeur, a cet £tat , suive la meme loi que celle qui a ete- constats par M. Regnault pour la vapeur saturee, la quantite de chaleur necessaire a elever la tem- perature de la vapeur d'un degre, etant de 0,305 unites, et ob- servant que la vapeur, lorsqu'elle est dans le g^nerateur , est a 4 atmospheres, et sa temperature de 144°, il faudra , pour l'elever jusqu'a 400°, depenser (400 — 144) x 0,305 = 78 unites de cha- leur. Cette quantite" depasse d'un tiers environ celle que nous avons trouveeenfaisant un calcul analogue, en supposant que Ton fit usage COSMOS. 691 de vapeur saturee ; il est probable cependant que la depense de cha- leur doit etre la meme dans l'un comme dans l'autre cas. Peut-etre les lois du calorique absorb^ par les vapeurs et les gaz different-elles de celles des vapeurs saturees et exigent- elles, pour elever leur temperature, de moindres quantites de chaleur ; c'est ce que le tra- vail annonce et si impatiemment attendu de M. Regnault pourra seul reveler, mais qu'il ne serait cependant pas prudent d'attendre pour se livrer a des essais qui doivent constater des resultats si impor- tants pour l'avancement de l'art et de la science. On voit , en effet, que ce dernier resultat, que Ton peut consi- derer comme un minimum, constaterait encore que la depense des 78 1 machines a vapeur pourrait etre reduite a ^.^-=5 = 0,12 de ce boo o qu'elle est actuellement, et on peut en conclure l'enorme revolution qui s'opererait sur tout le vaste systeme de l'emploi de la vapeur, si Ton parvenait a obtenir ce resultat. II serait aussi d'un haut interet de connaitre le temps necessaire pour elever la temperature de la vapeur d'un certain nombre de degrds. Afin de fixer pr^alablement cette importante question , j'ai cru devoir presser plus particulierement l'execution d'un genera- teur, afin d'etudier les circonstances de la production de la vapeur. A ce generateur seront adaptes deux robinets, un pour l'introduc- tion et l'autre pour la sortie de la vapeur. Sur une troisieme ou- verture sera placed une soupape de surete, et enfin a une quatrieme on adaptera un manometre de M. Bourdon. J'espere que le resultat de ces experiences me permettra d'avancer plus rapidement dans une voie vers laquelle sont tournees actuellement toutes les intelli- gences. J'ai pense, Monsieur, qu'en vous engageant a publier les ex- periences et les resultats si interessants auxquels est parvenu M. Hirn, vous faisant part des reflexions qu'elles m'ont sugg^rees, vous donnant quelques details sur la maniere dont j'envisage la transmutation du calorique en force et sur le mode d'application que je suis en voie d'en faire , quelques-uns des homines qui s'oc- cupent de ces interessants sujets et a qui ces documents parvien- dront par la voie du Cosmos, pourront peut-etre vous transmettre des renseignements precieux sur un sujet oil les moindres indices peuvent devenir d'un grand prix. Je n'ai done pas h^site a vous adresser cette longue lettre , dans l'esperance qu'elle sera hie avec interet par les abonnes du journal a la redaction duquel vous avez consacre votre talent. Seguin aine\ ACADEMIE DES SCIENCES. SEANCE T)V 1 8 JUIN. M. Jobard lit une note tres-originale et tres-piquante sur la pos- sibilite de changer de vue, de passer, en se pla9ant dans des condi- tions donnees, du presbytisme a. la myopie, ou reciproquement; ou de revenir du presbytisme et de la myopie a une vue moyenne. Sous sa forme legere cette note est pleine d'observations vraies, et de bon sens, nous la reproduirons integralement. — M. Wurtz lit un memoire sur les radicaux de la chimie orga- nique et la necessite de considerer l'equivalent d'hydrogene com me constituepar deux molecules, H2 et nan par une seule H; en voici l'analyse que nous devons a la complaisance de l'auteur : » Les groupes organiques dont les chimistes admettent l'exis- tence dans les alcools et dans les ethers out etc isoles comme on saitpar MM. Kolbe et Frankland. Ces chimistes ont realise- une serie d'hydrogenes carbones dont ils represented la composition par les formules : C2 H3 m ethyle C* Hs ethyle C* H9 butyle C'OH11 amyle « Or, il s'agit de savoir si ces formules, qui correspondent a, deux volumes de vapeur expriment r^ellement la constitution des radi- caux isoles, ou bien s'il faut les doubler pour avoir le veritable equi- valent de ces hydrogenes carbones. II m'a paru utile d'apporter de nouveaux arguments dans cette discussion qui touche a une des questions les plus importantes des nouvelles doctrines chimiques, celle des molecules doubles. Voici l" argument que j'y apporte : " Si les radicaux constituent a l'etat de liberte des groupes ,. . I CnHn + l binaires ^n ^ + 1 on doit pouvoiry remplacer un groupe alcoo- nu jj5 | lique par un autre. Si 1 ethyle est c„ H5 on doit pouvoir subs- tituer a un des groupes ethyliques le radical de l'alcool butylique ou celui de l'alcool amylique, et realiser ainsi une s£rie de radi- caux mixtes. Les radicaux mixtes existent en effet. Je les ai obte- nus dans deux circonstances differentes : 1° en decomposant un me- lange d'ethers iodhydriques par le sodium; 2° en soumettant a COSMOS. 693 l'electrolyse un melange d'acides gras volatils. J'ai realise ainsi la se>ie suivante : C8h'J I t'hyle-butyle CioHn j elhyle amyle C8 H9 ) CioHn C butyle-amyle C8 H9 I Ci2Hi3 j bu'yle caproyle » Les circonstances dans lesquelles ces radicaux mixtes se forment, leurs proprieHes physiques parmi lesquelles nousferons re- marquer particulierement le pouvoir rotatoire de l'ethyle-amyle, jettent une vive lumiere sur leur constitution. Bien plus, lacompa- raison de leurs proprieties avec celles des radicaux normaux ne laisse aucun doute sur la place que ces derniers occupent dans la serie et par consequent sur leur veritable equivalent. Nous admet- trons en consequence que les radicaux alcooliques , au moment oil ils sont mis en liberte" doublent leur molecule , en se combinant en quelque sorte k eux-memes. Cette idee d'un groupe qui se combine a lui-meme n'a aucun sens si Ton veut s'attacher aux anciennes theories chimiques. On verra par les developpements suivants celui qu'il faut lui attribuer dans les nouvelles. » Tout le monde conviendra que les radicaux des alcoolssont en chimie organique les representants de 1'hydrogene et qu'ils jouent le role de ce radical simple qui en offre le type le plus parfait. Cette analogie qui existe entre l'hydrogene et les radicaux alcooliques nous permet, bien plus, nous oblige en quelque sorte a appliquer au premier les idees que nous avons adoptees pour ses congeneres or- ganiques. « Par consequent , si les groupes qui remplacent et repr^sentent l'equivalent d'hydrogene se doublent au moment ou ils sont mis en liberie, on en tirera cette consequence naturelle que l'equivalent de l'hydrogene se double quand il se degage de ses combinaisons , et que, si la molecule des radicaux libres est formde de deux groupes ou equivalents, la molecule de l'hydrogene libre est egalement re- presentee par deux equivalents. « A vrai dire, l'idee qui consiste a representer l'hydrogene comme une molecule double n'est pas nouvelle dans la science. II y a pres de 30 ans que M. Dumas a fait remarquer dans son Traite de chimie que 694 COSMOS. les atomesclhydrogene etde chlore etaient divides et se counaient en deux pour former les atomes dacide chlorhvdrique IE ava.t deja a ,n1S la divisibility des atomes et avaSuuietZm Plu "rd c ,J g'n'aVeC ,G Cb,0re t Une d°Ub,e ^-.nposi on. v loppl; Da: r? lngTur ont «* adoptdes et i™&*™<* ^ ve oppees par M Laurent, dans son beau memoire sur les combi- musons azotees On peut les appliquer evidemment a d'aut re corps simples et representor le chlore , le brome, 1'iode, le JalllZTe sodium, 1 argent, etc.comme des molecules doubles J Z ^ dans ulZts10n •* '^'^r *»** La conceptmn d^mo - cule .doubles, amsi generahsde, forme sans aucun doute un des SEttSE des nouve"es doc'™s chim-^ ££ « Les corps simples sont constituds comme les corps composes ma sd:sargrrpe; 'qT,en,s ; et ce n>est point * ™ -« amis par un «vW^ d equ.valents qu'ils se combinent entre eux ^u la" on' d°^ina,r 6St d°nC ?""**' n°n ^ P» une ^ mu ation d dements qui s'ajoutent les uns aux autres et par- p" raarsubnetitcrp!ic;tion p,us grande de m*ce ■*>**«* »* autre bUbstltU,lon dans un &rouPe donne dun element par un lit^M;,Chf "' Pr°fefSeur de botaniquea l'Ecole de pharmacie, it la .econde pnrt,e de ses recherches des lois ou rapports entre ordpe^avortementdes etamines , compare a leur naiLnce U des rd:h'SrtenCe'- T" 5* ***" ' ™^™^ inverses cenceT 111 *, T1&' '" Conside™t seulement la dehis- cence des antheres dans les relations avec les phases embryoijeni- ques des parties de 1'androcee, et formule une loi nouvelle^ if M d aversion qui reumt dans une seule et meme synthese le plus grand nombre des faits observes par lui. P - M. Chatin presente en outre un memoire sur les cysties or- ganes nouveaux observes par lui dans la callitnche. Ces onjanes unreel ' ^T^ ^ ^* «* i,S «* "-ombrab s un aspect blanchatre ; ds proviennent de la transformation des stol mates et servent a faire Hotter la plante au moment de sa florai- son, d n avaient ete jusqu'ici ni remarquds, ni denommes, ni de- cnts, ds devront a M. Chatin leur individualite. ,.TM; ^erTn de Sai»t-Pierre, dans un memoire intitule De £5? t Z /rT^' 6XpOSe deS °b™tions qui v.ennent a 1 appui des ldees de Du PeUt-Thouars et de M. Gaudichaud sur la COSMOS. 695 structure et le mode d'accroissement des tiges; a savoir que chaque bourgeon, et meme chaque fcuille, doit etre considere comme un in- dividu vegetal complet , et que les tissus vasculaires emanent des feuilles d'ou ils s'etendent de haut en bas, pour contribuer a la for- mation et a l'accroissement des rameaux. Jusqu'ici la feuille n'etait considered qu'en theorie , comme constituant un individu elemen- taire, M. Germain de Saint-Pierre a constate que chez un grand nombre de vdgetaux (les Monocotyl£s), la jeune plante, dans son premier etat, est en realite uniquement constitute par une feuille, la feuille dite cotyledonaire; il n'existe a cette epoque aucune trace d'une tige ou d'un axe en dehors de cette feuille, terminee inferieu- rement par une prolongation radiculaire ; le bourgeon, designe sous le nom de gemmule , est une dependance de cette premiere feuille et se developpe manifestement beaucoup plus tard qu'elle. De nom- breuses observations lui ont demontre que le tissu fibro-vasculaire est d^ja forme dans la feuille cotyledonaire, a une epoque oil la tige n'existe pas encore. Pendant cette periode de la vie vegetale, l'axe ne saurait done envoyer ni fibres ni vaisseaux vers les feuilles , e'est au contraire la feuille qui les envoie vers l'axe ; or, il est pro- bable que la marche suivie par la nature chez la jeune plante, est la meme qui est suivie chez les bourgeons successifs qui sont de ve- ritables embryons fixes. L'^tude de la germination de l'embryon dans le genre iulipa revele un fait excessivement curieux : la jeune plante, pendant la premiere periode de sa vegetation , se pre'sente sous la forme d'un cylindre de tissu cellulaire homogene, et n'offre aucune trace de gemmule, ce n'est que dans une periode ulterieure, alors que le cotyledon et la radicule sont parcourus par un faisceau fibro-vasculaire distinct, qu'au niveau du point qui separe la partie cotyledonaire de la partie radiculaire , il se manifeste, a la base du cotyledon , un eperon ou cul-de-sac lateral au fond duquel on de- couvre une petite eminence de tissu cellulaire qui parait tenir lieu de gemmule. Plus tard, la plante constitute par le cotyledon et la ra- dicule se detruit, il ne subsiste que 1'appendice du cotyledon qui s'est accru, et renferme un bourgeon bulbeux a axe rudimentaire celluleux, resultant du developpement de l'organe qui tient lieu de gemmule. Dans ce cas, ou il n'existe ni tigelle, ni meme de gem- mule proprement dite, on ne peut nier que la plante ne soit consti- tute dans son premier age par une seule feuille et que cette feuille ne trouve en elle-meme les elements de son tissu fibro-vascu- laire. Nous avons entendu cette lecture avec un tres-vif interetj nous 696 COSMOS. constations avec bonheur, que les doctrines de notre ami,!M. Gau- dichaud, avaient, retrouve contre toute esperance, un representant et un defenseur zele ; nous applaudissions au courage et a l'indepen- dance avec laquelle le jeune botaniste entrait dans la lice; nous admirions la nouveaute et la simplicity de la demonstration de doctrines fortement combattues et controversies , mais que nous avons toujours crues vraies. — M.Dumas, aunomd'une commission composed de MM. Rayer Pelouze et lui, lit un rapport sur les objections formulees par M. Louis Figuier et autres, contre la theorie de M. Bernard et les fonctions glucogeniques du foie. Ecartant toute preoccupation theorique, la commission a voulu se borner a la verification faite avec tous les soins possibles des faits decouverts et formulas par M. Bernard, nies par ses adversaires. Ces faits sont au nombre de quatre : 1° le foie chez tous les animaux contient une quantity notable de sucre; 2° chez les animaux, les chiens par exemple, nourris exclusivement avec de la viande crue, le sang pris dans la veine porte, avant son passage a travers le foie, ne contient pas de traces appreciates de sucre ; 3° dans les memes conditions, au contraire , le sang pris dans les veines sus-hepatiques apres le pas- sage a travers le foie, contient une quantity notable de sucre ; 4° chez un animal qui a pris des aliments amylacds, le travail de la digestion fait apparaitre le sucre dans le sang de la circulation ge- nerate, et on le trouve alors dans la veine porte avant l'infiltration dans le foie. La commission declare a. l'unanimite que la verite des faits decouverts et enonces par M. Bernard est incontestable et se trouve confirmee par toutes les experiences faites sous ses yeux ; que ces faits continueront en consequence a constituerune des plus brillantes conquetes de la physiologie moderne ; que ce n'est pas sans une admiration sincere quelle a constate" l'habilete et l'exac- titude des analyses faites par MM. Bernard et Barreswil; que M. Figuier a essaye vainement de mettre en evidence la presence du sucre dans le sang de la veine porte chez un animal nourri exclusi- vement avec de la viande, etc., etc. ; que les objections soulevees au sein de l'Academie sont par consequent sans fondement, et qu'on ne peut que regretter la preoccupation ou precipitation d'esprit qui out amene leurs auteurs a revoquer trop legerement en doute la realite d'une decouverte aussi incontestable qu'importante. Le rapporteur, en terminant, met les chimistes en garde contre les conclusions qu'ils pourraient tirer prdmaturement des reactions ou des colorations observees par eux dans le traitement par la li- COSMOS. 697 queur de Barreswil ou les sels de cuivre des matieres dans lesquelles ils cherchent a constater la presence clu sucre. Tant que.le sucre n'a pas ete obtenu en nature ou sous forme d'acide carbonique par la fermentation, d'alcool par la distillation, il faut toujours conaerver des doutes et se defendre de.rien affirmer definitivement. Ce rapport n'a pas convaincu M. Figuier, il croit devoir persis- ter dans ses convictions, et se fait fort de demontrer d'une maniere absolument certaine et rigoureuse la presence du sucre dans le sang de !a veine porte chez un animal nourri exclusivement avec de la chaire crue ou bouillie. — M. Dumas, apres la lecture de son rapport, presente la note suivante de M. Saint-Claire Deville sur la fabrication de l'alumi- nium : « J'ai l'honneur de presenter a l'Academie les premiers echan- tillons d'aluminiuin , que j'ai fabriques aux frais de Sa Majeste l'Empereur, a l'usine de produits cbimiques de lacompagnie gene- rale de Javel, par des precedes que je ferai connaitre avec detail un peu plus tard, mais que j'indiquerai succinctement dans cette note. « La preparation industrielle des materiaux dont j'ai cru devoir me servir pour produire raluminium, c'est-a-dire du chiorure d'a- luminium et du sodium, me parait un probleme resolu, sauf les progres que 1'eHude de toute question de fabrication amene neces- sairement par l'emploi journalier des appareibs. « Le chiorure d'aluminium s'obtient en faisant reagir le chlore sur un melange d'alumine et de goudron de houille prealablement calcine : l'operation s'effectue dans une cornue a gaz avec une fa- cilite et une perfection remaiquables. II resulte de mes observations que Taction du chlore se complete sur une couche de 1 ou 2 deci- metres au plus du melange, de sorte que l'absorption du gaz est toujours totale. La condensation du chiorure d'aluminiuin s'opere dans une chambre en ma$onnerie, garnie de faience a l'interieur. Comme on en pourra juger par l'echantillon que je soumets a l'examen de l'Academie, c'est une matiere compacte, d'une den- site considerable et composee de cristaux jaune-soufre. Ce chiorure est tres-peu ferrugineux : il se purifie entierement dans son traite- ment pour aluminium, parce qu'on fait passer sa vapeur sur des pointes de fer chauffees a 400° environ. Le sesqui-chlorure de fer aussi volatif que le chiorure d'aluminium se transforme au contact du fer en proto-chlorure et devient relativement tres-fixe. La va- peur de chiorure d'aluminium sort de l'appareil en donnant des cristaux incolores et tiausparents. Le sodium se prepare mainte- 698 COSMOS. nant en grands et petits vases avec une facility remarquable. J'ai etudie avec le plus grand soin l'influence de la temperature des surfaces de chauffe et de la vitesse de la vapeur de sodium a la Sortie de mes appareils, et je me suis convaincu qu'on pourrait, en reglant convenablement le rapport entre la surface de chauffe et la section des tubes qui donnent issue au sodium, produire ce metal a une temperature tres-basse, voisine peut-etre du point de fusion de l'argent. Actuellement deja nos cylmdres sont chauffs§s beauconp moins que les vases que Ton emploie a la fabrication du zinc. Je m'occupe en ce moment de produire le sodium dans des appareils continus. « Quant a la reaction du chlorure d'aluminium surle sodium, elle se fait dans des tubes metalliques dont la forme et le maniement ne sont pas encore assez induslriels : dans cette derniere operation, mon rendement actuel laisse encore a desirer. Mais je pense que ces difficultes, qui ne peuvent etre resolues que par des experiences dont le plan est deja tout trace", ne m'arreteront pas longtemps. J'aurai bientot, j'espere, l'honneur de les soumettre au jugement de l'Academie. » — Nousne saurions dire avec quel sentiment de satisfaction vive et de noble fierte M. Dumas a depaquete et projete" surle bureau les huit ou dix lingots d'aluminium pur et blanc comme l'argent qu'il offrait a l'admiration de l'Academie. Nous comprenons cet enthousiasme, car la quantite de ce beau metal deja produite suffit a prouver que sous peu il deviendra un me^al usuel. La preparation des matieres premieres qui servent a sa fabrication ne laisse plus rien a desirer au triple point de vue de la certitude, de la rapidit6 et du has prix des operations. Le sodium, qui, il y a un an a peine, coutait 1000 ou 800 francs le kilogramme, se vend aujourd'hui 100 francs et revient a peine a 30 francs; un kilogramme de chlo- rure d'aluminium ne vaut pas plus de 1 franc 25 centimes; de sorte que l'ensemble des matieres premieres necessaires a l'extraction de l'aluminium n'atteint desormais que la valeur tres-minime de 31 fr. 25 cent. ; mais cette extraction est encore, a l'heure qu'il est, tellement difficile que l'aluminium pur coute un prix excessif. Interpelle" par plusieurs de ses confreres , M. Dumas s'est refuse* a enoncer ce prix de revient, par la raison sans doute qu'il va s'abais- sant chaque jour. Pour nous , qui n'avons rien a. cacher a nos lec- teurs, nous lexir avouerons que l'aluminium est presque aussi cher que for, dix fois plus cher que l'argent ; que s'ils pouvaient s'en procurer ils le payeraient de 2 a 3 francs le gramme, 2 ou 3 000 COSMOS. 699 francs le kilogramme. II n'en sera certainement plus ainsi dans quelques mois, surtout si, comme le faisait remarquer M. Dumas, on prend pour centre de fabrication la ville de Marseille, oil il se perd chaque jour d'enormes quantity d'acide chlorhydrique que l'on pourrait utiliser pour la preparation du chlorure d'aluminium. M. Dumas a aussi constate avec bonheurune nouvelle propriete de raluminimn pur qu'il faut ajouter a sa durete sigrande, a son inoxy- dabilite absolue , a sa ductility superieure a celle de l'argent, et qui consiste dans une sonorite parfaite. Frappes par une clef, les petits lingots d'aluminium rendaient un son eclatant et d'une purete" excessive. Voila une voie ouverte a de belles applications, lorsque la prophetie de M. Dumas, qui nous montrait dans un avenir pro- chain le prix de 1' aluminium reduit a 5 francs le kilogramme , se sera accomplie. Nous devons a la bonne amitie de M. Deville de pouvoir confier aux pages du Cosmos une partie de son secret, celle qui concerne le dosage des matieres employees dans la fabrication en grand du sodium : Prenez : carbonate de soude sec, 1 000 parties en poids ; craie , 150 parties; houille seche de Charleroy, 450; pulverisez, melez avec soin, calcinez au rouge dans un pot. — M. Combes presente, au nom de M. Franchot, m^canicien et inventeur si ingenieux, auquel il ne manque que des moyens d'ac- tion plus puissants pour realiser des merveilles, un Memoire theo- rique et pratique sur la construction de divers appareils destines a. elever l'eau, et qu'il designe sous le nom generique de belier- pompes ou pornpes d' inerlie. Le premier appareil construit par l'auteur peut etre considere comme un perfectionnement de la canne hydraulique , instrument decouvert il y a longtemps , mais reste sans application jusque dans ces dernieres anndes. II donne, dans son Memoire, la theorie developpce de ce genre d'appareils, et enumere les applications variees auxquelles ils se pretent. Le genre bi'lier-pompes comprend deja deux especes principales et quatre varietes : lrc espece : a. tuyau oscillant avec la colonne liquide. lre variete: pompe sonnante , mouvement rectiligne alternatif a simple ou a double effet, analogue a la canne hydraulique, pouvant se trans- former : 1° en pornpes domestiques ; 2° en grandes pornpes a epui- scment pour les mines ; 3° en pornpes en bois improvisees sur place pour les travaux hydrauliques. 2e variete: pompe serpen- 700 COSMOS. tine , mouvement circulaire alternatif a double effet , pouvant se transformer en pompes portatives et a incendie sans pistons, et dont on peut meme suppiimer les soupapes. 2e espece ; a tuyau fixe , la colonne liquide oscillant seule sur un reservoir d'air inferieur faisant fonction de ressort. l'e variete : pompe influente a simple effet, pouvant se transformer en pompes a corps fixe droit ou devie, elevant l'eau de toutes distances et pro- fondeurs , sans pistons , par l'oscillation de la colonne liquide. 2e variete : pompe refluente a double effet, systeme applicable aux pompes a incendies. Comme une des pompes de M. Franchot figure a l'Exposition universelle , et quelle renferme une idee tres-ingenieuse et tres- feconde, nous la decrirons bientot. — M. le marechal Vaillant presente a l'Academie un gros sac renfermant de nombreux echantillons de roches, pris dans les ter- rains auriferes et gemmiferes recemment decouvers en Al^erie; il demande que l'Academie fasse au plus tot son rapport. (La fin au prochain numero.) Nous avons vu hier avec le plus vif interet le relief des Pyre"- nees-Orientales de M. Lezat, expose sur le boulevard des Italiens; c'est vraiment une oeuvre magnifique et qui me>ile grandement de fixer I'attention ; nous dirons bientot l'impression qu'a produite sur nous la representation exacte de ces contrees si pittoresques. A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. PARIS. — mrmilERIB DE W, REMQUET EX C", R'JE GARANCJERE, 5. T. VI. 29 JUIN 1855. QUATRIEME ANNEE. COSMOS- NOUVELLES ET FAITS DIVERS. On lisait dans le Steele de dimanche 17 juin : « De plus fort en plus fort ! Un journal etranger nous annonce un chemin de ferflot- tant. Une compagnie vient de proposer aux cantons suisses de charger sur un radeau a vapeur des trains entiers, wagons, locomo- tives, tenders, marchandises, voyageurs. On embarquerait le tout a Iverdun, derniere station du chemin de Geneve ; le radeau a va- peur traverserait le lac de Neufchatel, la Thiete, le lac de Bienne; puis, a l'aidede cabestans gigantesques, on debarquerait les Avagons tout charges, et la locomotive n'aurait plus qua s'elancer sur le chemin de fer de Soleure. Tout cela parait encore aujourd'hui im- possible, invraisemblable, impraticable, et e'est pourquoi Ton peut parier a coup sur que tout cela s'accomplira. » M. Edmond Texier accueillera sans doute, avec plaisir les trois renseignements sui- vants : 1° ce mode de transbordement sans dechargement des con- vois de chemins de fer, a travers les rivieres, les lacs, les detroits, les mers. est une idee toute francaise, emise il y a plus de cinq ans par M. Marie, negotiant, un des createurs de l'industne des vete- ments confectionnes : cet inventeur, eminemment ingenieux s'est meme assure par un brevet la propriete de son systeme, et il l'a montre en execution sur un charmant modele oil tout est figure : voie de fer, bateau transbordeur , etc.; il n'y manque, et tres- heureusement, que la locomotive qu'il serait absurde d embarquer, et le cabestan monstre dont on n'a nul besoin. Un bassin-e"cluse me- nage au lieu de l'embarquement, amene le bateau a vapeur a la hauteur de la voie, de telle sorte que les rails qui, dans l'interieur du bateau, doivent porter le convoi , soient les prolongements des rails du chemin ; le train entre done de plein pied dans le navire a vapeur ; il s'y installe a une profondeur assez grande pour faife fonction de lest et assurer la stabilite de l'ensemble. 2° L'idee de ce mode de transbordement vint a l'esprit de M. Marie, alVc^io:! des difficultes que presentait le passage a travers la ville de Lyon, et par-des^us la Saone, du chemin de fer de Paris a la Me'ditefra- 26 702 COSMOS. n£e; elle fut soumise au conseil des ponts-et-chaussees qui, sans la rejeter, en la proclamant meme heureuse , fut quelque peu ef- fraye de sa hardiesse, et ne l'adopta pas. 3° II y a un inois, M. Marie a et6 tout surpris d'apprendre par une carte du parcours du chemin de fer d'Aix-la-Chapelle a Ruhrort, que son systeme de transbor- dement etait en pleine application sur le Rhin, entre Homberg et Ruhrort. II nous semble impossible que ce memo mode de jonction ne soit pas bientot adopte entre Calais et Douvres , Boulogne et Folkstone, Dieppe et New-Haven. Lemodelede M. Marie figurera sans doute au Palais de l'lndustrie, nous l'y retrouverons, et nous reviendrons alors sur cette grande question. Nous conjurons en at- tendant notre confrere du Siecle de rendre. a M. Marie la justice (jui lui est due. — Ce n'est pas sans quelque surprise et sans une certaine dou- leur que, dans l'inte>essant article que M. Louis Figuier a public dans la Presse du samedi 16 juin, sur la photographie au Palais de l'lndustrie, nous avons lu 1'appreciation suivante d'une invention que nous avons tant exaltee, et si justement : « Dans 1' exposition des produits photographiques de l'Angle- terre, le public se presse autour de deux grandes boites circulates, eclairees a l'interieur par des verres depolis, et cccupees par un certain nombre de portraits colories que Ton regarde de l'exterieur, par la double lentille d'un stereoscope. Cette exhibition, due a M. Claudet, Francais, qui possede a Londres de vastes etablisse- ments de photographie, nous parait, disons-le, fort peu digne d'un tel artiste. Pour l'un des representants les plus habiles de la photo- graphie a l'etranger, c'est borner a peu son ambition que de la li- miter a 1' exhibition banale des resultats d'un instrument d'optique place entre les mains de tous, et dont les effets, une fois analyses, n'ont plusrien qui nitrite l'attention. La plus triste epreuve de photographie, exdeutee dans les conditions speciales qu'exige le stereoscope, produit ces illusions du relief devant lesquelles la foule des badauds peut un moment s'arreter, mais qui sont peu dignes d'un art serieux. M. Claudet a contribue, par des travaux et des experiences remarquables, aux progres de la photographie conside- red comme creation scientifique. II a ^te, de plus, honore\a l'Expo- sition de Londres de la grande medaille pour ses epreuves daguer- rienr.es. II semble qu'un artiste de cet ordre eut pu mieux faire que de montrer, dans une lanterne magique, un cabinet de figures de cire. Ajoutons, du reste, qua cote de l'appareil de M. Claudet s'cleveune autre lanterne magique toute semblable, et dont les ef- COSMOS. 703 fets optiques ^bahissent la foule a l'egal de ceux de son concurrent : M. Claudet est ainsi puni par ou il a peche ; c'est justice. » Le moment n'est pas venu pour nous encore de faire ressortir le merite eminent de M. Claudet, et de le venger du mauvais accueil fait par M. Figuier a ses belles epreuves stereoscopiques, qui lui ont merite la grande medaille de conseil a l'Exposition universelle de Londres ; mais nous ne pouvons vraiment passer 'sous silence le dedain etrange et inexplicable formule en termes si vifs contre le stereoscope, surtout dans un article sur la photographie, dont le stereoscope a centuple les forces. Quoi, le stereoscope est un ins- trument dont les effets unefois analyses n ont plus Hen qui merite I attention! Quoi \afouledes badauds pent un moment s 'arret 'er de- vant des epreuves stereoscopiques, mais elles sont pcu dignes dun art serieuxl M. Figuier, evidemment, ne sait pas ce que c'est que le stereoscope, et nous croyons nous rappeler qu'en effet il nous a avoue qu'une imperfection de sa vue, 1'inegalite ou le disaccord de ses yeux l'empechait de percevoir au meme degre que nous la sensa- tion extraordinaire que ce bel instrument produit. M. Figuier n'est- il pas des lors dans le cas du renard de la fable qui, ayant perdu sa queue a la bataille, allait partout proclamant la ridicule superfiuite de ce bizarre organe \ Pour tout homme qui ne s'ellarouche pas du progres, dont 1'esprit n'est pas assez inerte pour s'offenser des nou- veautds qui exigent de lui quelques efforts, le stereoscope sera tou- jours un instrument merveilleux qu'on ne saurait trop admirer et propager. Que suppose-t-il en effet? Deux bonnes epreuves photo- graphiques. Qu'ajoute-t-il a ces Epreuves belles en elles-memes? L'espace, fair, le relief, la realite enfin de la nature ; realite qui n'est pas, comme 1'affirme M. Figuier, un trompe-l'ceil, une illusion, mais une perception mathematiquemen t nfcessaire, aussi n^cessaire et aussi re*elle que celle qui, dans la vision binoculairede deux yeux sains, nous montre les objets telsqu'ils sont. Le stereoscope ajoute tant a la pho- tographie, que nous avons peineacomprendre que toutes les epreu- ves photographiques, paysages et portraits, ne soient pas prises, accouple'es pour etre vues ste'reoscopiquement. Bien certainement, si M. Figuier avait pu voir et contempler comme nous, par l'interme- diaire du grand stereoscope de M. Wheatstone, les incomparables vues de MM. Fenton, Llevelyn, Lyte, qu'il a si justement exaltees, il tiendrait un tout autre langage, un langage noblement enthou- siaste, seul digne en pareille matiere de l'historien si eclaire des principales decouvertes scientifiques modernes. Mais, sans aller si loin, les vues stereoscopiques de l'Exposition universelle, prises sur 704 COSMOS. verre albumine" par M. Ferrier et actuellement exposes dans la grande nef, font un effet assez pittoresque et assez saisissant pour que M. Figuier, si la disposition de ses yeux lui permet de les voir, retracte imm^diatement ses anathemes. F. Moigno. — La Societe" d'acclimatation a re9u de M. de Montigny 153 li- tres de bulbes ou bulbilles d'ignanre, pour etre distributes a des cultivateurs francais, et servir a un essai d'acclimatation en grand. Chaque litre de bulbes en contient de 1.000 a 1100; c'est done plus de 150 mille sujets d'experiraentation que la Societe" va mettre en ieu; chaque bulbille, il y a quelques mois, se vendait un franc; ce meme envoi de M. de Montigny, ce raeme present de la Society d'acclimatation represente done une valeur considerable ; puissentr ils porter des fruits abondants ! La vingt-cinquieme reunion de 1' Association britannique pour l'avancement des sciences commencera le vendredi, 12septembre, a Glascow, et sera presidee par le due d'Argyle. Les vice-presi- dents d^signes sont : le tres-r6verendMac Farlane, sir William Jar- dine, sir Charles Lyell, MM. Smith, Walter-Crumm, Graham et Thomson ; secretaire g6n£ral , colonel Sabine ; secretaire general adjoint, M. John Phillips ; tresorier general, M. John Taylor ; secretaires locaux, MM. Strang, Anderson et William Gourlie ; tre- sorier local, M. W. Ramsay. — Sir Joseph Paxton, dans un plan qui a recu l'approbation en- tiere du prince Albert, propose d'entourer Londres d'un chemin de ceinture de quarante lieuesde tour, de maniere a relier entre elles toutes les voies de fer de la capitale britannique, et de facihter grandement la circulation d'un chemin a l'autre des enormes colis qui aujourd'hui traversent la ville. Un chemin de fer atmospherique se ddroulera devant l'une des faces d'une galerie ou arcade vitree large de 72 pieds, haute de 180 pieds, garnie de boutiques et de maisons de location sur toute sa longueur. Cette galerie formera trois fois ponts sur la Tamise, a Queenhite, dans le Strand et a Westminster, elle passera, ainsi que la voie de fer, au-dessus de Kensigton- Gardens. Parmi les nombreux avantages enumeres dans ce projet, dont les bases financieres sont completement arretees, on signale surtout la facilite qu'auront toutes les personnes a poitrine faible de passer l'hiver dans une atmosphere tiede, sans etre obli- gees de s'expatrier en allant a Naples, a Malte, a Mad ere. — Dans la derniere soiree ou conversation de la Societe royale, a Sommerset-House, on remarquait surtout une serie de copies pho- tographiques des observations magnetiques faites a TObserva- COSMOS. 705 toire imperial de Greenwich, et enregistre'es par les appareils de M. Brooke. Ces copies ont cela de remarquable qu'elies sont prises a la lumiere artificielle, et qu'il serait impossible de les obtenir sans frais enormes par la gravure, qui ne rendrait pas tous les details avec une netteteet une exactitude suffisantes ; elles ne laissent rien a d^sirer et sont meme plus distinctes que les feuilles originales. M. Glaisher exposait en meme temps une collection des fougeres de la Grande-Bretagne, reproduites aussi photographiquement de grandeur naturelle et avec une fidelite si parfaite, que l'etude phy- siologique de cette classe de plantes, tres-difficiles a distinguer, se fera avec autant de facilite que sur les individus eux-memes ; ces epreuves, qui imitent de belles sepias, font partie d'une publica- tion importante faite par M. Newman. Les copies des images pho- tographiques des cristaux de neige excitaient, elles aussi, l'admi- ration universelle. — La Society royale de Londres a tenu lundi, 7 juin, sa seance annuelle d'^lection des membres designes et recommandes par le Conseil: suruneliste de trente-huit candidats.leselussont : MM. A. Connel, W. Farr, W.-I.-F. Fischer, I. Fletcher, W.-J. Hamilton, J. Hawkshaw, J. Hippisley, J. Luke, A.-F. Osier, C.-V. Walker, R. Wight, A.-W. Williamson, G.-F. Wilson. — Nous tenons notre parole en inserant la si'curieuse note de M. Jobard sur le presbytisme et la myopie : " Ayant ete myope et presbyte a volonte plusieurs fois dans ma vie, je pense que tous les homines possedent la meme faculte. Les etudes du college m'avaient fait la v+ie courte; les fonctions d'in- genieur du cadastre, m'obligeant a, voir au loin les points de trian- gulation et les jalons, m'ont donne la vue plus longue ; mais elle s'est raccourcie jusqu'au myopisme le plus complet par la pratique de la miniature et de la gravure lithographique. Depuis lors, il m'a souvent suffi d'un voyage d'un mois dans les montagnes pcur re- gagner la vue longue, et de quelques jours de la vie de bureau pour rentrer en possession de la vue moyenne. « Je m'explique ce phenomene en considerant l'oeil comme une lunette qui a la faculte de se mettre au point en s'allongeant et en se resserrant sous Taction prolongee, volontaire, mais lente, des mus- cles qui 1'enveloppent et qui servent , non-seulement a le mouvoir circuiairement, mais encore a le comprimer pour allongcr ou rac- courcir le foyer visuel. Ces operations ne s'executant pas assez promptement au gre de notre impatience, nous prenons des b^eieles qui corrigent a Tinstant la difference, mais qui rendent ce defav.t 706 cosmos. permanent, parce que les muscles de l'oeil deviennent paresseux et finissent par s'atrophier. « Dans les differentes phases que ma vue a subies, j'ai essaye" de verres approprids, mais je les ai rejetes aussitot desirant pousser l'experience jusqu'au bout ; je puis annoncer aujourd'hui que cette experience m'a parfaitement rdussi , ainsi qu'a quelques personnes que j'ai debarrassdes des prejuges vulgaires, qui veulent que les yeux se fatiguent par la lecture de nuit, surtout avec de menus ca- racteres. Le fait contraire m'a prouve que la meilleure gymnastique pour conserver longtemps la vue etait la lecture prolongde et jour- naliere pour les hommes, comme la fine broderie pour les dames, meme pendant la nuit. Une interruption d'une quinzaine de jours de ces exercices suffit pour faire varier le point de la vision habi- tuelle, mais on le retrouve assez promptement avec un peu de per- severance et des essais renouveles plusieurs fois par jour. « Les muscles qui entourent le globe de l'oeil sont trop minces et trop faibles pour changer subitement la forme de l'humeur vitrde, du cristj^iin et des autres substances qui le composent ; mais Tac- tion imprimee par la volontd se continue d'une fa^on inconsciente et pourtant certaine, comme j'ai pu m'en convaincre. J'ai la con- viction que les personnes qui ne sont pas issues de parents myopes peuvent allonger leur vue en diminuant graduellement les numeros de leurs besides, et que les myopes recents se gudriront prompte- ment en les rdpudiant tout a fait , comme je l'ai fait moi-meme. II faut pour cela souventlire, surtout la nuit, avec une faible lumiere reflechie par un abat-jour en se preservant des rayons directs et de l'eclairage intense qui font sur la retine les effets de l'alcool sur les papilles du gout et de l'estomac. On peut s'habitue'r a ce regime violent, mais les consequences peuvent en etre fatales. » Le fond de la pensee de notre spirituel ami est vrai, mais il a exagere cette verite jusqu'au paradoxe. II faut done se tenir quel- que peu en garde contre ce qu'il y a de trop absolu dans les conseils et les promesses de M. Jobard. Le conseil, par exemple, de lire longtemps la nuit a une lumiere faible. On ne doit se permettre cette imprudence qu'autant qu'il n'y a ni engorgement de l'oeil et des pau- pieres, ni tendance a la congestion. — L'industrie anglaise reclamait depuis longtemps la faculty d'employer en franchise de droits l'esprit-de-vin qui lui sert dans une foule de preparations ; l'industrie etrangere obtient presque partout, disait-on, l'alcool a moins de frais. L'administration de l'accise, pour satisfaire a ces reclamations COSMOS. 707 sans porter atteinte au revenu public, a charge* une commission, composed de trois chimistes distingues , de rechercher la substance la plus propre a rendre l'esprit-de-vin desagreable au gout, sans lui faire perdre la purete qu'exige son application aux arts et a, l'in- dustrie. On a choisi l'esprit pyroxilique ou methylique connu sous le nom de wood naphta, et qui , melange a l'esprit-de-vin, resiste aux falsifications que la fraude peut employer pour degager l'alcool et le rendre potable. Le chancelier de l'Echiquier a presents a la Chambre des communes un bill relatif a l'emploi en franchise de l'esprit-de-vin destine* aux usages industriels. Les produits chimiques, les vernis, les alcalo'icles, les savons dia- phanes et la parfumerie, les papiers de tenture , les bougies stea- riques, la poudre fulminante pour capsules, semblent surtoutappe- les en Angleterre a profiter du benefice de ce degrevement. — Un Lyonnais, M. Petit, qui a fait une etude particuliere des transformations que Ton peut faire subir a la soie brute, a trouve', par des procedes chimiques, le moyen d'impregner le fil en cocon d'or, d'argent, d'etain ou de fer, a volonte, de maniere que Ton peut tisser tout aussitot des etoffes moelleuses, flexibles, en or, en argent, en fer, etc., etc. Des essais ont etefaits; ils ont completement rdussi, et Ton as- sure que, par une faveur toute particuliere, ils trouveront place a l'Exposition de cette annexe. On peut se rendre compte de l'effet que cette decouverte peut produire dans l'industrie des tissus, si ce n'est pour robes et costumes (car se deciderait-on aujourd'hui a porter des vetements en or ou en argent?), du moins pour les ten- tures, pour l'ornementation, pour une foule d'objets de luxe ou de fantaisie. Ce qu'il y a de plus singulier, c'est que ces riches etoffes, ces splendides tissus, qui peuvent recevoir tous les dessins, se plier a tous les caprices de la mode et de l'art ne seront pas d'un prix trcs- eleve ; et d'ailleurs, dit le Salut public de Lyon, quand on aura fait un long usage de ces etoffes, elles pourront etre envoyds a la fonte et redevenir une valeur importante, surtout lorsqu'il s agitd or ou d'argent. PHOTOGRAPHIE. Nous inserons, malgre' sa redaction un peu rude et obscure, la note de M. Lafon de Camarsac sur la transformation des dessins heliographiques en peintures indelebiles, colorees et fixdes : « Je choisis pour subjeetiles les mdtaux, les matieres ce"rami- ques ; j'emploie les composes vitrifiables pour y tracer l'image ; j'o- pere sur les dessins obtenus par les sels metalliques, et sur ceux que fournissent les resines. Pour les dessins produits a l'aide du collodion, de l'albumine, de la gelatine, et par les procedes ordinaires des sels d'argent, je developpe l'image a l'azotate d'argent, jusqu'a ce que les demi- teintes soient empat£es et disparues, et que les grands noirs soient recouverts d'un epais di^pot qui offre l'aspect d'un bas-relief. L'£- preuve est mise ensuite a la moufle d'emailleur ; les matieres orga- niques disparaissent par Taction d'une chaleur convenable. Le feu a d^pouille l'image et lui a rendu toute sa finesse. J'opere sur des fonds blancs, ou sur des fonds noirs ou colores. Sur la porcelaine teint^e, sur le verre colore, sur l'<5mail brun ou noir, les blancs de l'image sont formes par le depot de m£tal reduit, qui a pris au feu un tres-grand £clat ; sur la porcelaine et 1'email blancs, sur le verre transparent, les noirs de l'image seront formes par le depot m£tal- lique, que jetraite alors par les dissolutions de sels d'etain, de sels d'or, de sels de chrome. Dans ce dernier cas, j'ai obtenu des colo- rations diverses tres-vigoureuses au sortir de la moufle, et prcsen- tant un brillant particulier semi-metallique. Une tres-mince couche d'un fondant approprie" et tres-fusible fixe l'image au subjectile a la maniere de la dorure et de l'argenture sur porcelaine. Sur l'dmail, la fusion de dessous remplit le meme office. Pour les dessins obtenus par la reaction de la lumiere sur les sels de chrome, des que l'epreuve est depouillee a l'eau distillee, je la soumets dans la moufle a une chaleur qui detruit la gelatine, le d£- pot metallique demeure seul a la surface du subjectile. Les sels d'ar- gent et de plomb superposes donnent a la cuisson des tons jaunes ; les sels d'etain et d'or produisent des violets et des pourpres. Ces colorations^se developpent sous une couche de fondant qui recouvre ici le depot metallique. L'image presente l'aspect d'une peinture sur porcelaine. Les dessins fournis par les refines sont traites autrement. Je compose un enduit susceptible de recevoir l'application d'un cliche et d'etre rendu facilement agglutinatif apres l'exposition de la lu- COSMOS. 709 miere. Les dissolutions de bitume de Judee dans 1' essence de there"- benthine avec addition de colophane remplissent ce but. L'exposi- tion a la lumiere etant terminee et le dissolvant ayant agi, je procede a la substitution des couleurs ceramiques a ce vernis qui doit etre detruit par le feu. Les oxydes metalliques et leurs fondants, parfai- tement broyes et s£ches, sont deposes a la surface de l'image pen- dant qu'une chaleur douce et gradu^e restitue a l'enduit la propriete agglutinative qu'il avait perdue en sechant. Cespoussieres d'email, promen^es sur toute l'etendue du dessin, viennent suivre avec une grande delicatesse tous les accidents du dessous, qu'elles penetrent en partie et dont elles traduisent fidelement les vigueurs et les finesses. La piece est prete alors pour le feu ; les matieres organi- ques sont detruites, et l'image, formee de substances indestructi- bles, demeurefixee par la vitrification. Un des caracteres remarquables de ces images, c'est l'aspect de sous-email qu'elles presentent, et qu'aucune autre peinture ne sau- rait fournir avec le meme degre" de perfection. II n'est point de coloration que ne puisse prendre l'image helio- graphique ainsi traitee; elle peut etre transformed en or et en argent aussi bien qu'en bleu et en pourpre ; elle peut etre incrustde dans la porcelaine avec les couleurs de grand feu elles-memes. En observant que, dans une meme image, la lumiere, en tracant les clairs, a laisse une fidele representation des ombres, et que tout cliche negatif peut etre transforme en cliche positif, j'ai ete conduit a. combiner, au moyen de reperes, les deux impressions inverses et successives de la meme image. En confiant a l'une de ces impres- sions les tons clairs et a l'autre les tons obscurs, j'obtiens le modele des lumieres par les ombres et celui des ombres par les lumieres, avec l'infinie variete de nuances qui resulte de la combinaison. » — La Societe franchise de photographie a approuve , dans sa seance du 18 mai, les chassis de MM. Clement et Relandin. Nous nous contentons de reproduire les conclusions du rapport de MM. Vigier et Humbert de Molard : « Le chassis de M. Clement est d'une conception simple et d'un usage commode; il offre l'avantage de dispenser du transport de la glace depolie, et surtout d'eviter au photographe le poids et l'em- barras des six ou huit chassis ndcessaires , s'd veut prendre six ou huit vues ; il remplit complctement son but. <« Le chassis de M. Relandin est un chassis carre ordinaire , muni de chaque cote d'un cylindre sur lequel une toile gommee s'enroule et se deroule de l'un a l'autre cylindre avec la plus grande 710 COSMOS. facilitc ; douze feuilles de papier, tenues par la pression a la sur- face de cette toile, viennent successivement se presenter au centre du chassis, de telle fa<;on qu'elles n'ont rien a. craindre de la lu- miere ; son poids est un peu lourd, mais il fonctionne parfaitement, et permet de changer les feuilles preparees en pleine lumiere sans crainte de les voir s'altdrer. « La commission ajoutait que, balance faite des avantages et des inoonvfinients que leur usage peut presenter, les chassis de M. Cle- ment offrent des avantages superieurs. » — Nous regrettons vivement de n'avoir pas fait connaitre plus tot a nos lecteurs le procede de fixage des epreuves positives commu- nique par M. Bayard , dans cette meme stance , dans les termes suivants : " J'emploie habituellement de l'hyposulfite neuf au dixieme, et je le considere comme neuf jusqu'a ce qu'il ait fixe une vingtaine d'epreuves. Au bout de ce temps je le change. Lorsqu'une epreuve est restee un quart d'heure environ dans ce bain , je le passe au chlorure d'or non acide, c'est-a-dire sature- par la craie, et je l'y laisse jusqu'a ce que le ton que je desire apparaisse. Je lave ensuite mes Epreuves a deux ou trois eaux , pendant une demi-heure pour chaque; puis je les place dans une cuvette en gutta-percha, a fond tres-plat, remplie d'eau distillee ou de pluie, et je passe dessus un cylindre en verre pour ddgager mecaniquement l'hyposulfite reste dans le papier. Je termine par un lavage a l'eau presque bouillante , et enfin je seche au papier buvard. » M. Bayard a ete amene* a l'emploi de ce procede par une obser- vation tres-curieuse : on plonge une feuille de papier dans un bain carmine; on l'y agite, et elle devient completement rouge. Si on la lave alors a grande eau , Ton voit qu'elle colore les trois ou quatre premieres eaux de lavage, en restant elle-meme toujours un peu coloree. On ne peut faire disparaitre completement sa couleur qu'en agissant sur elle mecaniquement au moyen d'un cylindre de verre , et la lavant ensuite a l'eau chaude ; c'est alors seulement qu'elle devient tout a fait blanche. M. Bayard ajoutait avec raison que, s'il y a plusieurs moyens de fixer les positifs, aucun pour la beaute' des colorations ne peut rivaliser avec l'hyposulfite. — M. Humbert de Molard , au contraire, se declare plus que jamais ennemi de l'hyposulfite de soude, dont il ne se servira pas, dont il ne comprend pas qu'on puisse se servir , quand on peut le remplacer si facilement et sans danger par l'ammoniaque et les sels d'or. Voici son procede : COSMOS. 711 ■ .. Apres un premier lavage a l'ammoniaque , de quelques mi- nutes seulemetit, je procede aussitot a un second lavage a l'ammo- niaque d'or (qu'on peut remplacer par le chlorure d'or de Fizeau, le sel d'or de Gelis et Fordos, la solution d'or par l'eau regale neutralised par la craie). On applique la feuille de papier toute mouillee au fond d'une bassine ; on projette a la surface un deci- litre environ de solution d'or (1 gramme pour 500 grammes d'eau) ; on agite continuellement la bassine , le depot aurifere s'opere uni- formement; on voit l'epreuve, encore ammoniacale par 1'eftet du premier lavage, virer de ton, et parcourir avec richesse les inter- m^diaires des te.intes dites encre de Chine carminee , sepia colo- red, briilee , etc. Des que l'image est arrivee au point et au ton voulus, je procede a son fixage definitif par la solution de cyanure de potassium iodure. » M. Humbert de Molard conseille son pro- cede avec d'autant plus de confiance , que des epreuves faites par lui, il y a huit ans, et cedes presentees a la Societe d'encourage- ment , en 1848 ; par lui et son collaborateur, M. Constant , sont encore aujourd'hui parfaitement intactes. — M. Belloc redoute l'usage de l'ammoniaque, dont faction sur certains papiers faibles et mal colles est tout a fait desorganisa- trice, tandis que le papier de Sax>\ grand format, resiste parfaite- ment a cette action , reste urn , et prend des tons superbes dans le bain d'or. Apres mille essais consciencieux, il s'est airete defini- tivement, comme agent fixateur, a l'hyposulfite, a l'ammoniaque, au chlorure d'or. II est persuade que la duree des epreuves depend presque uniquement du lavage, qui doit etre fait avec le plusgrand soin, de maniere a purger compldtement la feuille. II faut dabord laver deux ou trois heures avant de passer au chlorure d'or, et apres laver encore pendant vingt heures environ. — M. Peligot pense qu'on obtiendrait d'excellents effets du chlo- rure d'or et du sodium, produit tresdiomogene , et qui n'est pas acide comme le chlorure d'or. — Une commission prise dans le sein de la Societe de photogra- phie, et composee de MM. Bayard , Peligot , Humbert de Molard, comte Aguado, Girard , vicomte Vigier, Belloc, Leblanc, sera chargee d'etudier avec le plus grand soin la question si delicate du fixage et de la duree des epreuves positives. — Cette grande question preoccupe aussi au plus haut degre les photographes anglais et la Societe photographique de Londres. La commission nominee dans son sein pour 1'eHudier se compose de MM. Diamond , Delamothe , Hardwich , Percy, Pollock, Shad- 712 COSMOS. bolt. Une premiere somme de 250 fr. a ete mise a la disposition de la commission; son Altesse royale le prince Albert a voulu contribuer a ses recherches par un premier don de 50 livres (1 250 fr.); elle s'est deja reunie, et espere arriver a des r^sultats satisfaisants. — M. Malone, un de plus anciens et des plus habiles photo- graphies de l'Angleterre , s'est empresse de faire connaitre ii ce sujet les resultats de sa longue experience. II pense que, pour fixer irrevocablement une epreuve positive, il faut, apres le fixage ordinaire a l'hyposulfite de soude, la traiter par une solution de potasse caustique chauffee a 80 degres ; on lave ensuite avec le plus grand soin pour enlever la potasse, on la neutralise meme chimiquement , s'il est necessaire. Ce moyen lui a completement et presque toujours reussi. Des epreuves, fixees de cette maniere il y a huit ans , sont aussi intactes que le premier jour. — M. Stewart a communique a la Societe" de photographie la for- mule suivantedu collodion de M. Lyte, qui a la double propriete d'etre sensible jusqu'a l'instantan&te , et de se conserver tres-longtemps quand il ne fait pas trop chaud : miel , 250 grammes ; eau , 375 ; alcool , 31 ; nitrate d'argent, 13 ou 14 grammes. II fait sa disso- lution de miel dans l'eau alcoolisee, puis il filtre ; cette operation dure une nuit ; il ajoute ensuite le nitrate d'argent, il expose la li- queur a la lumiere pour obtenir un commencement de reduction , puis il la traite par le noir animal jusqu'a ce quelle soit parfaite- ment claire. Apres avoir prepare sa glace au collodion de la facon ordinaire, il la sensibilise sur ce bain. La sensibilite se conserve assez longtemps , pourvu que la glace soit bien a l'abri de la lu- miere. M. Lyte fait, par ce proc^de, un portrait dans de bonnes con- ditions , en deux secondes , avec un objeclif de 35 centimetres de foyer, avec un petit diaphragme, le portrait couvrant au dela de la plaque normale. — Nous apprenons, par la Lumiere, que la Societe internatio- nal de photographie d' Amsterdam, apres examen s£rieux de mille epreuves admises, a prononce son jugement etdecerne 15medailles d'argent, 25 m^dailles de bronze et 11 mentions honorables. 7 rae- dailles d'argent sont accordees a des Francois, MM. Aguado, Baldus, Bisson, Disderi, Lesecq, Millet, Neigre ; 3 a des photo- graphes de Londres, MM. Claudet, Lyte, de Monthizon ; 2 a des Prussiens , MM. de Minutoli, Lutre et Witte ; 1 a un Saxon, M. Oppenheim ; 1 enfin a un Hollandais, M. Wagner. La France a obtenu, en outre, 14 medailles de bronze. DU PAIN. Sous ce titre : Revue generate des procedes dc panification pro- poses pour abaisser le prix du pain, M. Poggiale , pharmacien en chef du Val-de-Grace , a public dans la Gazette medicale du 16 juin 1855, un article extremement remarquable , qui devrait etre repete par le Moniteur et tous les autres journaux. Dans I'im- possibilite' ou nous sommes, a. notre grand regret, de disposer dans ]e Cosmos d'une place suffisante pour le reproduire integralement , nous le condenserons avcc assez de soin pour que cette condensation lui donne une valeur nouvelle. Le pain forme la base de la nourriture des populations et il me"- rite a ce titre tout l'interet des gouvernements et des homines qui s'occupent d'hygiene publique ; aussi depuis cinquante ans surtout a-t-il etc l'objet des recherches les plus actives et les plus perseVe- rantes. Pour le perfectionner encore, ce n'est pas assez des efforts des boulangers ; il fant le concours des agriculteurs, des ingenieurs et des meuniers, puisqu'un pain parfait exige avant tout des bl£s lourds, compactes, bien conserves etbien nettoyes, de bonnes meules et de bons blutoirs, des farines blanches, seches, douces au tou- cher, d'une odeur agreable, riches en gluten et formant avec l'eau une pate homogene et elastique. Dans les annees de disette on a propose une foule de moyens pour abaisser le prix du pain et suppleer en partie a la farine de froment. Ces moyens, malheureusement, sont trop souvent en con- tradiction plus ou moins flagrante avec les principes de 1' hygiene et les lois de la nutrition; les inventeurs ont presque toujours oublie que le prix des aliments est ou doit etre regie sur leur pouvoir nu- tritif, comme le prix des divers combustibles est regie sur leur pou- voir calorifique. 1° On a propose d'abord, pour augmenter la quantite de pain et en abaisser les prix, de le preparer avec de la farine non blutce, en utilibant toute la matiere alimentaire des bles. Mais le son contient 36 pour cent de substances impropres a la nutrition, et une partie seulement de la matiere azotee du son est assimilable. Mais le pain prepare avec la farine brute est pain mal leve, lourd , compacte, d'un aspect peu appetissant, d'une saveur aigre, d'une digestion souvent difficile. Mais le son, quelque divise qu'on le suppose, fait du poids et non du pain, parce que la farine brute absorbe plus d'eau que la farine blanche. II n'est done pas possible de songer a fabri- quer, comme on l'a serieusement propose , du pain avec la farine 714 COSMOS. non blutee. Personne n'en voudrait , et d'ailleurs il est de bonne ^conomie de donner le pain blanc aux homines , le son aux ru- minants, afin qu'ils nous le rendent sous forme de lait et de viande. Le vrai et grand probleme a. resoudre, c'est la separation complete et economique des principes nutritifs du ble. Les progres realises dans la meunerie ont deja fait gainer une quantite considerable de substance nutritive ; sous Louis XIV on perdait 40 pour cent de matiere assimilable, la perte aujourd'hui est reduite a 12 ou 15 pour cent; on ira beaucoup plus loin. On a aussi essaye de separer la farine adherente au son en fai- sant bouillir celui-ci pendant un temps suffisant dans l'eau, et fil- trant la dissolution pour la faire servir a la preparation du levain et au petrissage. Ces tentatives, souvent renouvel^es, n'ont eu qu'un succes ephemere ; le rendement de la farine est sans doute augments, mais il compense a peine les frais des manipulations; mais le pain pdtri a l'eau de son est moins blanc et d'une saveur moins agreable ; mais le son est tellement appauvri qu'il ne peut plus servir a la nourriture des bestiaux. A la dissolution de son on a voulu substituer une dissolution de ble concass6 ; le rendement £tait augmente de douze centiemes environ, mais le gain n'etait en realite qu'une plus forte proportion d'eau incorperee au pain. 2° D'autres ont essaye de meler le riz au froment. lis font bouillir dans l'eau une certaine quantite de riz; avec le riz creve ils preparent une sorte de bouillie liquide ou meme de pate qu'ils petris- sentavec leslevains ordinaires. Mais le petrissage consomme alors plus de temps et de force, la fermentation se developpe plus lente- ment et la cuisson dansun four moderement chaud exige une heure et demie. Mais le pain est lourd et compacte, parce qu'il retient une plus grande proportion d'eau, il est moins bon, moins nutritif, un peu indigeste meme , et dans ces conditions la diminution in- suffisante de prix de vente n'est qu'un avantage illusoire. Le riz n'est pas un aliment substantiel a 1'egal dupain, il doit etre mange en nature, associe a. la viande ou au lait. 3° Une troisieme solution du probleme consiste a. meler a la fa- rine des pommes de terre cuites ecrasees, de la fecule ou de la dex- trine. Mais le pain obtenu de ces melanges n'a plus les caracteres physiques du pain de bonne qualite ; on diminue la quantite de principes plastiques et on exagere la proportion des principes res- piratoires. Parmentier lui-meme repoussait la panification des pommes de terre ; il lui semblait irrationnel de recourir a la meu- nerie et a la boulangerie pour faire de la pomme de terre un aliment COSMOS. 715 salutaire, quand elle l'est par elle-meme ; c'est aux aliments azotes, a la viande et aux graisses qu'il convient de l'associer et non pas aux aliments feculents. Darcet avait eu la malheureuse pensee d'animaliser la pomme de terre au moyen d'une dissolution de gelatine pour la rendre plus semblable a la farine de froment et ameliorer le melange; mais la gelatine ne possede aucune valeur nutritive; elle n'est pas assimi- lable, elle n'entretient pas la chaleur et charge le sang de produits azotes qui troublent les fonctions organiques. Toutes ces tentatives n'ont pour resultat que d'abaisser la qualite du pain , d'en faire un aliment relativement pauvre ; la pomme de terre doit etre mangee a part, completement en dehors de la panification. 4° Les farines de mais , de seigle, d'avoine, etc., ont dtd aussi ajoutees a la farine de froment, et sans plus de raison et de succes. Le resultat de ces melanges est toujours un pain moins beau, plus compact, plus lourd, d'une digestion difficile. Le mais est, apres le ble, la graine la plus remarquable par sa composition chimique, aucune peut-etre ne reunit mieux les principesnecessaires a la nutri- tion de l'homme ; il forme la nourriture presque exclusive d'un grand nombre de peuples ; mais ceux-ci le mangent sous forme de bouillie plus ou moins epaisse ou de galette, parce qu'ils savent qu'il ne donnerait qu'un pain defectucux. 5° L'addition ou le melange a. la farine de froment des farines de legumineuses : lentilles, pois, feves, feveroles, haricots, est une fraude condamnable qui ne doit jamais etre toleree , sous quelque pretexte que ce soit. Les matieres azotees que ces graines renfer- ment, ne ressemblent pas au gluten de bid ; elles modifient au con- traire substantiellement les caracteres physiques du gluten du bid : ainsi la farine de pois lui communique une couleur verdatre, celle de lentilles une couleur brune, celle de feveroles une teinte rosee ; le gluten est alors tellement desagrdge ou decompose qu'on a de la peine a le mettre en evidence et a l'extraire ; cet effet est surtout sensible quand la farine de legumineuse ajoutee est de la farine de haricots; mieux vaudrait peut-etre, nous disait un homme ties- competent, ajouter au froment du platre pulverise que des haricots reduits en pate ou en poudre. 6° En resumd, le pain de froment est un aliment complet qu'il faut se garder de ddnaturer par des adulterations ou des additions quelconques; il contient a la fois des matieres azotees qui main- tiennent les organes en bon dtat, produisent la force, procurent le developpement de l'homme ; des matieres grasses, sucrees et amy- 716 COSMOS. lacees qui par leur combustion entretiennent la chaleur animate; des matieres salines, enfin, qui constituent la charpente osseuse et sont des elements indispensables des liquides animaux. En malaxant la pate de bonne farine de froment sous un mince filet d'eau, on obtient le gluten, matiere albuiuino'ide de meme composition que l'albumine du sang , sous forme de masse homo- gene, d'un blanc grisatre, souple, tenace, tres-elastique et se gon- flant considerablement lorsqu'on la desseche dans un tube. Sous l'influence des ferments les principes saccarins ou saccarifiables de cette meme farine degagent de l'acide carbonique ; le gluten alors est souleve, la pate devient poreuse et legere, et donne un pain ex- cellent. L'orge, le seigle, l'avoine, contiennent aussi du gluten, mais moins elastique, moins spongieux et en moindre quantity ; dans le ble noir ou sarrasin, ce n'est plus qu'une matiere albuminoide sans consistanc?, visqueuse comme le gluten des farines de froment al- terees ou fermentees. C'est une grande erreur que de croire qu'une substance alimen- taire peut, parce quelle est azotee , remplacer le froment ou lui etre melangee. La valeur nutritive d'une substance ne peut pas etre appreciee a l'avance par la proportion d'azote qu'elle contient ; a cote de l'analyse chimique il faut la preuve physiologique que cet azote est sous forme assimilable ; combien de substances tres-azotees sont des poisons plus ou moins violents ! Cette valeur nutritive en- core depend de la forme autant que de la composition. Lepainne differe de la. farine que par de l'eau ; mais le gluten et l'amidon out contracts dans le pain une combinaison avec l'eau, et cette combi- naison aide grandement a la digestion. Un aliment n'est parfait qu'autant qu'il contient des proportions convenables d' elements plastiques et respiratoires, de principes azotes ou carbones. Si ces derniers predominent, la nutrition devient insufnsante, et les fonctions digestives sont alterees. On ne peut, sans inconvenient, modifier les rapports qui existent entre les principes azotes et car- bones des aliments offer ts par la nature et la Providence. Pour entretenir sa vie et ses forces, il faut qu'un homme adulte recoive par les aliments 310 grammes de carbone et 130 grammes de matieres azotees assimilables. Un pain de froment de bonne qua- lite, joint a une quantite suffisante de viande, de fromage, de pois- son , lui donne abondamment ces elements essentiels. II n'en serait plus ainsi, si le pain, adultere par 1' addition de riz, de pommes de terre, de fecule, perdait une certaine proportion de matiere azotee. ACADEMIE DES SCIENCES. SEANCE DU i5 JUIN. M. Bravais presente, au nom de M. Raffenel, l'expose des ob- servations meteorologiqu.es faites par lui dans son voyage a travers l'Afrique centrale. En 1846, I'intre'pide voyageur, encourage par l'Academie des sciences et muni de ses instructions, avait r£solu de traverser le continent africain, a partir du haut Senegal, de Test a l'ouest, sur une Vendue de plus de 900 lieues. II ne tarda pas a s'apercevoir que ce projet etaitune grande illusion ; il avait, en effet, penetre a. peine a 250 lieues, qu'il fut arrete par un roi barbare. II passa huit longs mois dans une dure captivite, malade, reduit a une misere extreme, sans ressources aucunes, et s' attendant a chaque instant a devenir victime des mauvaises dispositions d'une popula- tion p res que sauvage. Parvenu enfin a recouvrer sa liberte,ilestren- tre en France depuis dix-huit mois. Quoique bien trompe dans ses esperances, il croit cependant que son voyage n'aura pas ete sans resultats pour les progres de la ge"ographie, de l'ethnographie et de la meteorologie. Ses registres d'observations contiennent de prd- cieuses donnees sur les vents, la grele, la congelation de l'eau, la pluie, la brume, la temperature de l'air, la foudre, les orages, l'op- tique atmospherique, les pierres meteorologiques, les tremblements deterre, etc., etc.; et les faits recueillis par lui ont d'autant plus d'interet que les regions dans lesquelles ils se sont produits sont plus inconnues. — M. Pelouze lit un memoire theorique et pratique sur la devi- trification du verre. La decouverte de la devitrification du verre est due a Reaumur. On l'opere en fondant le verre, et l'abandonnant en grandes masses a un refroidissement tres-lent, ou bien, s'il s'agit de pieces deja moulees, en les chauffant au point de les ramollir, les laissant pendant longtemps en cet etat et leur faisant subir un refroidissement graduel. Le verre devitrifie appele- porcelaine de Reaumur est tres-dur, cristallin, a peine translucide, beaucoup moins fusible et meilleur conducteur de l'electricite et de lachaleur. II pourrait remplacer la porcelaine dans plusieurs de ses usages ; il fournirait aux laboratoires de chimie, des tubes, des cornues, des ballons, des capsules qui resistent au feu etaux acides, qui s'obtien- nent d'une seule piece, sous des formes variees que le moulage de la porcelaine realise difficilement. Mais malheureusement cette fa- brication, essayed en grand, n'est encore devenue ni assez reguliere ni assez economique, malgre tous les efforts tentes autrefois par 718 COSMOS. M. d'Arcet, et les nombreuses experiences auxquelles M. Pelouze vient de se livrer; il avoue que la solution de ce probleme est encore a trouver. On croyait gendralement, surtout depuis les analyses faites il y a vingt ou vingt-cinq ans par M. Dumas, que la devitrification avait pour raison d'etre une modification profonde dans la composition chimique, en ce sens que le verre transparent etait un simple me- lange en proportions non definies , tandis que le verre devitrifie" serait une combinaison en proportions definies, contenant plus de silice que le verre transparent. Le but principal du memoire de M. Pelouze dtait de demontrer le peu de fondement de cette theorie. II a done prepare" une quantite considerable de verre devitrifie sous toutes les formes possibles dont quelques-unes sont tout a fait nouvelles ; il a analyse sur une foule d'echantillons les parties trans- parentes et les (parties opaques cristallisees. Toutes ses analyses l'ont amene a affirmer l'identite absolue de composition chimique et a conclure que Ton ne pouvait, par consequent, expliquer la diffe- rence des deux verres par une difference d'etat moleculaire, de sorte qu'a ses yeux les verres amorphes et cristallises seraient aussi identiques, au point de vue chimique, que l'eau liquide et l'eau solide. I! est surtout une experience que M. Pelouze regarde comme parfaitement nette et concluante : on opere la devitrification d'une masse de verre placee sur une sole de four faisant plateau de ba- lance et equilibree par un poids; or, pendant toute la duree de 1' operation et lorsqu'elle a ete terminee, l'equilibre n'a pas ete trouble un instant ; il n'y a done eu ni degagement d'aucun des principes constituants, ni absorption d'une substance nouvelle , la composition chimique est restee la meme. M. Pelouze a reconnu en outre : 1° Ce qu'on savait au reste deja, que les verres a base de potasse sont bien plus difficiles a devitrifier que les verres a base de soude, et beaucoup moins fusibles apres la devitrification ; ils ne sont ce- pendant que tres-refractaires et non infusibles comme on l'a pre- tendu ; 2° Que l'addition a la pate d'une petite quantite de sable vitri- fiable hatait considerablement la devitrification ; 3° Qu'on reussissait, quoique avec plus de peine, a devitrifier les verres dans la composition desquels il entre du bore ou des sels co- lorants de manganese, de cuivre, de cobalt, d'urane ; on obtient COSMOS. 719 ainsi des porcelaines nuancees de Reaumur, dont les arts pourraient tirer parti, etc., etc. Parmi les dchantillons deposes sur le bureau on remarquait surtout une petite masse cubique de verre transparent au sein de laquelle apparaissaient de tres- beaux cristaux opaques. Chose assez singuliere, M. Pelouze a affinne que pas un seul des cris- taux obtenus par lui dans ses recherches ne s'est montre deter- minable, de sorte que Ton put en mesurer les angles. Un culot de verre a demi transparent par refraction , opaque par reflexion , tres-opalin , nous £tait apparu, a M. Govi et a moi, comme devant etre tres-fiuorescent et pouvant servir a de tres-belles experiences de Stokes; nous avions prie M. Pelouze de nous le Conner pour en faire l'essai ; mais M. de Senarmont avait eu la meme pensde que nous, et sa demande, quoique faite apres la notre, lui a valu a juste raison la preference. A tout seigneur tout honneur ! M. Dumas a demande la parole pour rappeler ses anciennes experiences, celles faites plus tard par M. Leblanc et par d'autres chimistes , demontrant toutes invinciblement une difference de composition chimique entre le verre transparent et le verre devi- trifie. Cette difference se traduisait dans tous les cas par un exces de silice dans le verre cristallise ; ainsi , apres avoir constate dans un verre amorphe et transparent une fois 64, 7, une autre 66 de silice , on en irouvait 68, 2 et 69 dans ces memes verres devitri- fies. II semble a M. Dumas qu'admettre entre les deuxverres l'iden- tite de composition chimique, c'est admettre que la devitrification et la cristallisation du verre devitrifie sont des effets sans cause. La devitrification et la cristallisation ne peuvent en effet etre pour lui que le resultat d'un mode nouveau d'aggregation et de combi- naison en proportions definies des elements d'abord simplement melanges. — M. Dumas affinne en outre que , plus heureux que M. Pelouze, il a trouve" des cristaux de verre devitrifies complete- ment definis et determinables, et que, malgre les recherches de son savant collegue, il persiste a assigner pour cause a la devitrification une difference de composition chimique. M. Pelouze accepte l'exactitude des analyses de M. Dumas ; il convient qu'une difference de 3 pour 100 dans la proportion de silice ne peut pas etre le resultat d'une erreur ; mais il ne voit dans cette difference qu'une anomalie ; et il ne lui semble pas qu'on puisse opposer cette anomalie a un ensemble d'analyses aussi nom- breuses et aussi concordantes que les siennes. 720 COSMOS. MM. de Senarmont et Regnault , autant que nous pouvons en juger par les quelques mots que nous avons entendus, seraient plus favorables a l'opinion de M. Dumas. A priori, cette opinion est en effet plus raisonnable, et nous aurions nous-meme quelque tendance a nous y ranger. En soi, cependant, il n'est pas absolument impos- sible que la raison et la verity soient du cote de M. Pelouze. Qu'il nous permette, toutefois, de l'engager a, abandonner l'argument qui l'a tant seduit, de la non-variation du poids pendant la devitrifica- tion ; car, alors meme que cette transformation aurait pour cause une perte de potasse ou un gain de silice avec une modification de composition chimique dans la portion cristallisee, cette perte ou ce gain, et par consequent la difference de composition chimique , ne peuvent pas etre accuses par la balance, puisque la potasse eliminee et la silice absorbed continuent a faire partie de la masse totale pesee. — M. Pelouze communique en outre une Note de M. Vohler sur la chute et la composition de trois pierres meteoriques tombees le 13 mai dernier pres de Hambourg ; la plus grosse de ces pierres pesait 3 kilogrammes ; el les contenaient de la fonte de fer, du fer metallique, du titane , etc., c'est-a-dire les elements ordinaires de ces sortes de meteores ; leur chute avait ete accompagnee d'un coup de foudre et d'un grand bruit. — II devait etre question, en stance publique, de declarer qu'il y avait lieu de proceder a la nomination d'un associe" etranger en remplacement de Gauss. M. Cauchy a vivement insiste pour que cette vacance , ainsi que celle relative a la section de botanique, fussent discutees en comite secret. Nous avons demande au grand o-eometre quel etait le candidat dont il voulait plaider la cause : il nous a repondu parun nom que nous n'avons pas retenu, taut nous le connaissons peu ; un associe Granger doit cependant etre tou- jours une illustration europeenne ! — M. de Candolles fils lit un Memoire de geographie botanique dont nous n'avons rien pu saisir. M. Kuhlman lit un Memoire plein d'interet sur la silicatisa- tion des pierres calcaires : nous sommes force, bien a regret, d en renvoyer 1' analyse a la prochaine livraison. — M. T. Sterry Hunt, de la Commission geologique du Canada, a presente un memoire sur les sources acides et les depots de gypse du Haut- Canada. Ces sources, qui sont connues sous le nom vul- gaire de sources sur eg, a cause de la quantite d'acide sullunque libre qu'elles contiennent, sont assez communes dans une partie du COSMOS. 721 Canada voisine de la riviere Niagara. Elles sortent d'un terrain qui appartient a la formation silurienne superieure et qui est compose de gres et de calcaires fossiliferes, qui sont affectes par de faibles ondulations. M. Hunt donne les resultats de l'analyse de quatre de ces sources acides, dont la mieux connue est celle de Tuscarora, sur la Grande- Riviere. Un litre de l'eau de cette source a fourni 0sr 364 de sul- fate de fer, 0sr 468 de sulfate d'alumine, 0sr 775 de sulfate de chaux, et 0sr 154de sulfate de magn6=ie, avec de petites quantites d'alcalis. II contient, en outre, 4sr 289 d'acide sulfurique hydrate, avec un peu d'hydrogene sulfure. Une analyse ante>ieure de l'eau de cette meme source fait voir que sa composition pendant deux ans avait subi un grand change- ment ; la quantite des sulfates de chaux et magnesie avait beaucoup diminue, tandis que la proportion d'acide libre avait augments ; de sorte que l'eau de la premiere epoque contenait une proportion de bases fixes, relativement a l'acide sulfurique, trois fois plus grande que l'eau dont nous avons donne l'analyse plus haut. D'ailleurs, un changement dans la nature des eaux de la source est rendu probable par ce fait que, quoique l'eau acide ddtruise toute vegetation a l'entour, elles sortent d'une petite elevation qui porte la souche d'un gros arbre. La meme formation qui offre ces sources acides contient des masses considerables de gypse qui sont beaucoup exploiters. Le gypse se trouve toujours en forme de mamelons qui ont souvent une base de 100 metres de diametre, et reposent sur des couches horizontales'Me calcaire, tandis que les couches superieures sont soulevees et restent inclinees sur les cotes des masses de gypse. Les lits calcaires, a l'entour, paraissent avoir ete en grande partie ab- sorbed. On a|meme remarque un cas ou une masse de gypse, en forme de cylindre, traverse plusieurs couches de calcaires et se ter- mine par un mamelon qui est entoure par des argiles tertiaires. A l'appui de 1'origine r^cente du gypse de cetie region, M. Hunt cite l'observation jdes habitants, qui ont souvent remarque des souleve- ments de la surface faisant osciller les murs de leurs maisons, indi- cation certaine de la [presence d'une carriere de gypse. C'est a M. Murray, de l'Exploration geologique du Canada, et a M. James Hall, de New-York, que Ton doit la description de ces gypses. D'apres M. Hunt], ces masses de gypse se sont formees par Taction des^eaux acides sur les] couches calcaires du terrain sddi- mentaire. Le carbonate de chaux est ainsi transform^ en sulfate de 722 COSMOS. chaux hydrate, et 1' augmentation considerable de volume qui ac- compagne cette transformation se manifeste dans le soulevementdes couches. Tant que la quantity de carbonate de chaux suffit pour neutraliser tout 1'acide, les eaux viennent a la surface chargees de sulfate de chaux avec un peu de sulfate de magn^sie et beaucoup de bicarbonate de chaux, composition qui se rencontre aujourd'hui dans beaucoup de sources minerales du terrain gypsifere, qui deposent des quantity considerables de carbonate de chaux. Des que les pa- rois des conduits des eaux sont converties en sulfate de chaux, celles- ci paraissent a la surface, charges de sels de fer et d'alumine, en detruisant toute vegetation. La temperature de ces eaux, qui ne depasse pas 13° 5 c, fait croire qu'elles ne viennent pasd'une grande profondeur, et quoiqu'il soit un peu difficile de concevoir que les couches de gres de ce ter- rain paleozo'ique puissent offrir les conditions necessaires pour l'oxydation du gaz hydrogene sulfur^, l'auteur pense que cette ori- gine de 1'acide sulfurique est celle qui offre le plus de probability. — M. Flourens lit le decret imperial qui confirme l'election de M. Jules Cloquet. M. le president invite le nouvel elu a prendre place parmi ses collegues. — M. Cauchy lit le pr<5ambule d'un Memoire sur les racines des equations transcendantes , et de nouvelles formules qui rendent plus facile le calcul de ces racines. — M. Edmond Becquerel formule les conclusions de recherches tres-curieuses et tres-importantes sur les courants electriques pro- duits par le mouvement de lames solides en contact avec des liquides : nous les reproduisons integralement un peu plus loin. — M. Guerin-Menneville croit devoir appeler l'attention de l'Academie sur une propriete vraiment merveilleuse et incroyable attribute partout, en Russie , a la cetoine ou hanneton dore, sorte de scarabee remarquable par ses couleurs m&alliques et variees, que Ton trouve tres-souvent sur les roses. On affirme que ce sca- rabee broye , r^duit en poudre et pris en infusion dans un certain liquide, est un remede souverain contre la rage. M. Guerin pense que ce fait merite d'etre etudie , et demande que l'Academie fasse proceder a des experiences positives au sein de l'Ecole veterinaire d'Alfort. Nous aurions plus de confiance, nous l'avouons, dans Tac- tion du brome applique aussitot apres la morsure, comme le re- commande M. Alvaro Reynoso dans le passage suivant de sa bro- chure sur le curare : " On pourrait, a notre avis, employer le brome , probablement COSMOS. 723 avec avantage et bien certainement avec autant de succes que tout autre moyen , pour cauteriser Ies plaies oil des venins auraient et^ deposes. D'abord, c'est un caustique tres-actif, et cependant on peut en arreter les effets ; de plus, il est probable qu'il detruit les venins comme le curare. Nous esperons faire des experiences sur des chiens mordus par des chiens enrages , de meme que sur le venin de la vipere et d'autres serpents venimeux. J'ai dit qu'on peut arreter les effets du brome : pour cela il suffira de laver la plaie avec un melange de carbonate et d'hyposulfite de soude, a la faveur duquel le brome passe a 1'etat de bromure de sodium. Ainsi , on peut surveiller Taction du brome et la faire disparaitre aussitot qu'on pense qu'il a opere convenablement. Du reste, le brome mis sur la peau, quelle que soit sa quantite, n'agit, comme tousles caustiques en general, que localement, c'est-a-dire qu'il cauterise et s'oppose lui-memea sa prop re absorption. J'ai injectesous la peau de divers chiens jusqu'a 8 grammes de brome, et je n'ai obtenu que des effets locaux plus ou moins intenses. II convient cependant d'etre prudent dans son emploi, car il est d'une puissante activite. » — L'habile entomologiste annonce aussi qu'apres de nombreux tatonnementsdes filateurs francais ont completement reussi a teindre de diverses nuances la soie provenant du ver qui vit sur le chene a l'dtat sauvage. Jusqu'ici la presence, dans ces soies, de l'acide gallique ou de ses composes avait ete un obstacle invincible a la coloration de ces soies , qu'on etait force d'employer avec leur teinte naturelle, gris-brun, fort peu agreable. — M. Charles Sainte-Claire Deville pr^sente sa carte geologique des montagnes de la Guadeloupe. — M. Laignel, le vieil et ingenieux inventeur, ecrit qu'il attend avec impatience le rapport de l'Academie sur divers mecanismes soumis par lui a son jugement. — M. Sire , prdparateur de physique a la Faculty de Besanc/m, adresse une note de mecanique ayant pour objet de montrer com- ment, par un mecanisme autre que celui signale par M. Foucault, on peut mettreen evidence le mouvement diurne de rotation de la terre. — M. le docteur Colombe demande que son balayeur-mecanique soit admis a concourir pour le prix Monthyon (arts insalubres). — MM. Bisson freres ont expose, dans la salle d'attente, de nou- velles vues photographiques de dimensions vraiment extraordi- naires prises par eux dans ces derniers temps , et qui excitent au plus haut degre l'admiration. Ce sont des vues des Tuileries, du Louvre , de la place de Concorde , de l'arc de triomphe de l'Etoile, 724 COSMOS. du Palais de l'lndustrie, etc., etc. Quelques-unes ont plus d'un metre en lareeur et en hauteur, et les images en haut, en bas, a droite , a gauche , ne sont nullement deformees. Ce sont de vrais tours de force , et, a la fois, des chefs-d'oeuvre incomparables. Les ndgatifs ont ete pris sur glace de verre collodionnee, en quelques minutes, souvent meme en quelques secondes , avec des objectifs achroma- tiques simples de huit a neuf pouces de diametre, de deux metres de foyer , sortis des ateliers de MM. Charles Chevalier, Lerebours et Jamin. M. Amici , l'illustre opticien de Florence, qui voyait, pour la premiere fois , ces images geantes , qui depassent les forces de la gravure, ne pouvait en croire ses yeux. MM. Bisson gran- dissent de plus en plus ; ils n'ont plus de rivaux en ce genre , nous les retrouverons au Palais de l'lndustrie. Ils apportaient aujour- d'hui, pour la premiere fois, a l'Acaddmie une reproduction de orandeur naturelle d'une tete sculptde antique parfaitement reussie. M. Ernest Liouville adresse un exemplaire de son memoire sur l'infiuence des erreurs personnelles dans la determination du diametre apparent du soleil et des planetes. M. Claude Bernard communique une note de M. Kuesmaus, habile physiologiste d'Heidelberg , sur l'infiuence du cours du sang sur les mouvements de l'iris et de la pupille. Par la ligature con- venablement executee des troncs vasculaires, arteriels ou vei- neux , M. Kuesmaus faisait affluer le sang avec plus d'abondance vers 1'oeil, ou l'empechait d'y arriver en quantite normale; l'ob- servation des mouvements survenus dans ces circonstances l'a amene a constater des modifications assez constantes pour qu'on puisse les formuler en sortes de lois. Ainsi, quand on arrete le sang, il y a toujours retrecissement de la pupille ; il y a , au contraire , dilatation quand on determine l'affluence ou la congestion sanguine. Cette influence du cours du sang a de l'analogie avec celle de l'ex- citation ou de la section des nerfs constatee depuis longtemps. M. Rayer, au nom de M. Charles Robin , transmet la des- cription physiologique, anatomique et chimique d'un nouveau pro- duit morbide inconnu jusqu'ici. RECHERCHES SUR LES EFFETS ELECTRIQUES PRODI7ITS AU CONTACT DES SOLIDES ET DES LIQUIDES EN MOUVEMENT. PAR M. EDMOND BECQUEREL. « Dans une serie de recherches entreprises, conjointement avec mon pere, il y a une quinzaine d'annees, nous avions observe que si l'nn tcrmineles deux extremites du fil d'un multiplic;iteur trcs-sen- COSMOS. 725 sible par deux lames de platine, plongeant dans l'eau distillee et ne presentant aucune trace de polarisation, et que Ton vienne a retirer une lame de l'eau , puis a la plonger de nouveau immediatement apres, l'aiguille du galvanometre se devie et indique que la lame deplacee prend l'electricite negative. Nous avions pense que l'effet etait du a ce que la lame retiree de l'eau et se trouvant dans Fair, une portion du gaz adherait a sa surface et donnait lieu , apres la seconde immersion, a un courant electrique provenant de Taction du gaz sur le liquide ou sur le platine. Ce fait ne m'ayant pas paru completement explique, je l'ai etudie de nouveau en faisant usage de metaux et de liquides diflerents. Je suis parvenu alors a des re- sultats qui montrent que , dans certains cas, les phenomenes ana- logues aux precedents ne peuvent etre expliques d'une maniere satis- faisante qu'en admettant une action electrique de frottement; dans d'autres, et ce sont les plus nombreux, ils proviennent en grande partie des effets de polarisation et d'actions secondaires dont 1'etude est l'objet du memoire dont voici les conclusions : 1° « Deux lames de meme metal ou de meme substance conduc- trice oxydable ou non oxydable, et un liquide conducteur peuvent constituer un couple voltaique, pourvu que l'une d'elle soit en mou- vement dans la masse liquide. Si Ton opere avec des tiges en charbon, en platine, en or, en bismuth, la tige mobile s'empare de l'electri- cite negative , celle qui reste fixe prenant l'electricitd positive. Si Ton emploie au contraire des metaux facilement oxydables, tels que le zinc, le fer, le plomb, l'antitnoine, la lame en mouveinent prend l'electricite' positive, la lame fixe de meme mdtal s'electri- sant negativement ; ainsi dans ce cas, la lame fixe se comporte comme plus attaquee par le liquide que par la lame mobile. Dans chaque groupe de corps ci-dessus, Taction est plus energique avec les substances dont les noms precedent ceux des autres. « Pour avoir un mouvement regulier et continu , on s'est servi d'un electrometre qui imprimait un mouvement de rotation aux lames metalliques. « Si les lames etant fixes, on agite la dissolution de facon a ce que les molecules liquides soient en mouvement autour de Tune d'elles, Teffet est le meme que lorsque le liquide etant fixe, une des lames est mobile. Ainsi, on peut avoir un degagement d'electricite resul- tant de la chute d'une veine liquide dansun vase, en disposant Tex- pe>ience de facon qu'une des lames seule soit entouree de mole- cules en mouvement. " 2° Les corps en poudres melanges a la masse liquide dans la- 726 COSMOS. quelle une des deux lames metalliques est en mouvement, augmen- ted les effets produits, surtout quand ce sont des corps conducteurs de l'electricite, tels que le charbon et leperoxyde de manganese. .. Le charbon est la substance qui donne les effets les plus mar- ques, et Ton peut employer le charbon de sucre, le charbon de bois ou le charbon de coke, reduit a l'etat de pate avec une dissolution conductrice quelconque. On observe alors les memes effets electri- ques que ceux qui viennent d'etre indiques, si ce n'est qu'ils sont plus energiques; le sable, le kaolin, n'agissent que faiblement. - On peut, du reste , d'une maniere bien simple , mettre en evi- dence, par la decomposition de 1'iodure de potassium, la production d'un courant electrique lors du mouvement d'une tige ou d'une lame de zinc au milieu du charbon. On place dans un vase de la poussiere de charbon de coke, prealablement chauffee et lavee, et humectee d'une solution de sulfate de soude, mais de facon qu'il n'y ait aucun exces de liquide et que la masse soit a l'etat de pate ; on plonge dans cette masse par une de leurs extremites deux tiges en zinc tenues a la main , et en relation chacune avec un fi.1 de platine plongeant dans une dissolution d'iodure de potassium et d'amidon. Tant que les tiges restent fixes , il ne se produit aucune action ; mais si Ton agite l'une d'elles dans la masse pateuse, aussitot le fil de platine qui y touche, s'entoure, dans la dissolution d'iodure, d'une aureole bleue indiquant la presence de l'iode et par consequent la produc- tion d'un courant electrique accuse par la decomposition electro- chimique. Si Ton agite l'autre tige, un effet semblable a lieu de l'au- tre cote ; l'experience reussit bien en plac^nt la dissolution d'iodure dans une capsule en platine en relation avec la tige en zinc qui doit rester fixe. " 3° Lorsqu'on met a. la fois en mouvement au milieu d'un liquide les deux electrodes d'un couple compose de mitaux differents, on observe les effets suivants : „ — Si les electrodes constituant le couple ne sont pas attaqudes par le liquide, a l'etat de repos, l'etat electrique est nul, mais aus- sitot qu'on les met en mouvement, on obtient un courant electrique, du a la difference des actions exercees sur elles. L'effet est facile a constater avec le charbon et le platine. Le couple forme par ces deux corps et l'eau ordinaire ou l'eau acidulee finit par maintenir au zero l'aiguille d'un multiplicateur. En mettant alors les lames en mouve- ment d'une maniere reguliere au milieu du liquide, il se produit un courant electrique, dirige de telle maniere que le charbon prend l'electricite negative. COSMOS. 727 « — Si les Electrodes constituant le couple sont inegalement at- taquees par le liquide, on obtient toujours, lors du mouvement simul- tane des deux lames, une augmentation dans l'intensite du courant electrique qui se manifeste quand les lames sont en repos. Dans ce cas, l'effet produit sur la lame negative est seul predominant, et il importe peu que la lame positive soit en repos ou en mouvement. L'effet qui se manifeste peut done etre considere comme du a la depolarisation de l'electrode negative mobile, e'est-a-dire a la dis- parition de l'hydrogene et des substances transporters par le courant electrique; parmi les faits qui le prouvent, je citerai seulement les deux suivants : 1° si Ton opere avec un couple zinc et platine et une dissolution de sulfate de soude; lorsque la lame de platine, qui est l'electrode negative, est en mouvement, l'intensite du courant elec- trique augmente; mais alors en substituant a la lame de zinc fixe une lame de platine egalement fixe, si la lame de platine mobile continue de se mouvoir de la meme maniere , elle ne donne plus qu'une action tres-faible et nullement en rapport avec l'augmenta- tion d'effet qui avait lieu auparavant ; 2° lorsqu'on opere avec un couple de zinc et platine, et que le platine mobile est dans une dis- solution de sulfate de cuivre separee par un diaphragme du liquide dans lequel est plonge le zinc fixe, alors l'effet electrique est le meme que lorsque les deux electrodes du couple sont en repos. Dans ce cas, la depolarisation de la lame de platine est obtenue par la reduction du cuivre, comme dans les couples ordinaires a courant, et le mouvement ne doit rien donner. •■ 4° Le charbon en poudre, melange a l'eau acidulee ou a la dis- solution conductrice autre qu'une dissolution d'un sel reductible ou d'une substance oxydante, et dans laquelle tourne sur son axe un cylindre metallique servant d'electrode negative a un couple vol- ta'ique augmente beaucoup l'intensite de ce couple. » En mesurant la force electro-motrice et la resistance des cou- ples formes avec une lame de zinc pour l'electrode positive et un cylindre de cuivre, de platine ou de charbon pour electrode negative mobile , on trouve, quand le mouvement de rotation est regulier et continu, que, dans les premiers instants, l'effet electrique est sem- blable a celui que Ton obtiendrait en entourant l'electrode negative de sulfate de cuivre ou d'acide azotique; mais au bout de quelque temps l'intensite electrique diminue. Cette diminution tient a ce que la depolarisation de l'electrode negative mobile n'est pas unique- ment due au frottement, mais bien, en majeure partie, a ce que les differentes molecules de chaibon viennent successivement en con- 728 COSMOS. tact avec le cylindre et font partie momentanEment du conducteur ; elles depolarisent l'clectrode, mais en se polarisant elles-memes. On n'obtient de courant constant, avec ces couples danslesquels il n'en- tre qu'un seul liquide, deux mEtaux et du charbon, qu'en renouve- lant la masse pateuse de charbon , quitte a l'employer de nouveau, quand, par suite de Taction de la chaleur ou autrement, elle est re- venue a son Etat primitif. « On a pu Egalement former des couples avec differents mEtaux et Ton a mesurE leur force Electro-motrice dans les diverses circons- tances de repos et de mouvement. « 5° Le peroxyde de manganese delaye dans de l'eau acidulee et place autour d'un cylindre mobile en platine, en cuivre ou en char- bon servant de pole negatif a till couple, donne lieu a un effet ana- logue a celui qui produit le charbon, mais avec cette difference que la force Electro-motrice du couple reste constante pendant plusieurs heures. Cette substance agit dans ce cas, et comme corps conduc- teur pendant le mouvement du cylindre, et comme substance oxy- dante en cedant une partie de son oxygene a 1'hydrogene, provenant de la decomposition de l'eau. « 6° Lorsque Ton forme des piles voltaiques a un seul liquide, comme l'eau acidulee, dans lesquelles les Electrodes negatives sont en mouvement au milieu du liquide ou dans du charbon qui en est humecte, alors les effets Electriques produits sont de beaucoup augments, Ce resuitat est facile a comprendre d'apres les ex- plications qui viennent d'etre donnees et comme cela est developpe dans ce memoire; Ton peut arriver de cette maniere a une intensite electrique au moins egale a celle qui est obtenue dans les piles a du courant constant de meme resistance. M — je ne pense pas que ces nouveaux couples puissent etre ac- tuellement employes dans les experiences usuelles ; mais j'ai voulu montrer que par d'autres principes que ceux qui ont EtE invoques jusqu'ici dans la construction des piles voltaiques j'etais parvenu a, obtenir la depolarisation des Electrodes negatives des couples, autre- ment que par la decomposition chimique de matieres deductibles ou oxvduntes. FIN DU TOME SIXIEME. A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. PARIS. — lUrRLMERIE DE Wi REMQUET ET C'e, R'JE GARANCIERE , O. wMi^ Wm ^ 1H&