i /'sC -^ ? \\ fi99 COSMOS REVUE ENCYCLOPEDIQUE HEBDOMADAIRE DtS PROGRES DES SCIENCES ET DE LEUnS APPLICA TIONS A UX ARTS ET A L INDUSTRIE. Fondee par M. B. K. a>E IIOI^FOKT. ISedigec par M. Taijlje MOIGHO. TOME DIXIEME. PARIS BUREAUX D'ABONNEMENTS, RUE DE L'ANCIENNE-COMEDIE, 18 A. TRAlIBLilY, DIRECTEUR. -- Lcs droits dc Iraduclion smit rescrres. — ^ i .^■»a'iV':,,' 6e volume est la proprieta exclusive de M. Tramblay. Tons les exemplaires non revetus de sa signature seront repuli'S contrefaits et poursuivis comme tels. KS>t>- PAKIS. "^ JMl'RllIERlE DE W. REMQT3ET ET C'*, RUE GARaJ^CIKHIE, 5. .>:.0''f'.(-:- TABLE ALPHABETIQIE PAR ]^OIIII§( D'AUTEURSf. Aeeadie (d'). Pluviometre, 455. Adams. Candidal pour la section d'astro- iiomie, p. 084. — Eleclion , p. 44o, 446, {f'oyez Petei>). Adam* (D"'). Sur le lelanos, p. 568. Adanson. Leilres a Liiiuee, p. 587, AiRT. Figure de la lerre, p. 171. — Spi- rales, 4"o. — Sur rarc-en-ciol, p. 6o5. Albbrt (le prince). Musee d'iDstruction prolessionnelle, p. 202. Ai.tAN (Th.). Machines magnelo-eleclri- ques, p. 497. Alqkier. Bnbons veoeriens, p. 45. ANDKRso.-i (John). Arsenal royal dcAVool- wich, p. 228. AWDREW4 (D'). Deconiposilion de I'eau par I'electricite atniospiieriqiie, p. 334- Akgliviel. Maladie des vers a sole , p. 549. — Maladie des I'euilles de murier, p. SgS. AticELiN. Deliredesaboyeurs, p. 45, 3i5. — Fumi^^ations iodecs, p. i53. ArjOHN (D''j. Association britannique , p. 349. ArroLT ( freres ). Carbonisation de la Louille en vase clos, p. 406. Arago. Monument, p. 421. Arago et MATHitu. Obserialions baro- melriques, p. 5Si. Arigo et Thenard, p. 54g. Archer (Scott). Sa mort, p. 570. ARCntAc (d'). Candidal de la section de geolo^'ie, p. 281. — Nole siir les re- cherclies de M. Jules Haime, p. 435. — Elu membre de I'Academie, p. 469. Argelander. Etoiles variables, p. 4g. Armoi.d (D''). Raffesia Arnoli/i, p. 42S. ARNonx. Cheminsdeferarlicnles, p, 507. Arnoux (Louis). Nouvelle ponipe de sau- vetage, 65o. Arrest (d'). Decouverie d'une comete telescopique, p. 2S4. Artcr (W). Mouvem=nt dii soleil dan* I'espace, p. 0^2. Adbaret. Sources dn Nil, p Sog. AuBERT (D'^ A). Secretion lactee par I'c- lectricite, ]). 3i3. Auzoox (D']. Conrs d'anatomie, p. ira. AvonT (i)aron d'). Nouveau baromelre, p. 356. Baeinet. Eloiles varialiles, p. 49. — Ta- clies du soled, p. 54. — Memoire sur la siibslitution des instruments azi- mutaux aux insirumenls meridiens p. 102 , 1 55. — Des qualre reynes de la niiture, p. 19a. — Sur les co- metes, p. a 16. — Surle diamelre ap- parent des planetes, p. 304. — Piap- port sur tin globe terrestie hydro- graphique, p. 327, — Communication de M. Marciial, p. 325. — Plats de M. Pull, 325. — Observations de M. Phip^on, p. 326. -- Comete de M. Bruhns, p. 341. — Eludes et lec- tures sur les sciences d'observation , p. 6 1 3. — Sur la substance descomeies p. 49"- — Calechisme photogra[)hiqiie de M. Belloc, p. 492, . Parramm rl Plrmk-if. Visile a M. I'abbi; ttliii^iio, 457- Barreswii.i.. p. 4'2. Karthfllmy. Gf clous crisiallises, p. 4oa. JiASBi-oRD. Soies Am Bengiile, p. 265. P.ASiACO (I'.). Cli;nne iloUaiile, p. ooi. Laliiens (Or.). C.imlidal a la place d'a- cadi'iniiieu libre, p. 271. — Sui' le traitenu'iU dcs Mc.-siires a rarmre de CTimt'c, |). 384, 675. Eaudrimokt. Aniylciie, p. 3 16. — Corps al'elal .spheroidal, p. 6(i6. BADDRiMOKr (Ernest). Sur le prolo-sul- furc de carbone, p. 52 1. BiUMOARrNER. Natiiru des oragcs et causes de la grele. p. 598. Bayari) et Makviixi;. Transport de col- lodions sur verre, p. 2()5. Beau (D"). Pillules de sabine et de rue, p. 3 2 . — Traitcde I'aiisiuUalion , p. 3 2 3 . Beaucaike. Engrais, p. 552. Beaumoht (Ehe de). Leitre du R. P. Secchisiirun uoiiveaubarometre, p. 58. • — Eloge hislorque de M. de C.oriolis, p. i3i. — Sccielairc perpeluel de I'A- cademie, ji. 2 to. — Utilisation du ^ihospbate de cliaux mineral, p. 275. — Secretaire perpetiiel de rAcademie jeniplace dans la seclion, p. 281. — IVapporl sur iin Memoire de M. De- lesse, p. 3o().— Carle geologi(|ue de la France, p. 3io. — Gloire la plus pure de la .sccii'iu de geologic, p. 352. — Observation du M. Cliarles Saint-Claire Deville, p. 438. — CiirtegeolDgiquede W. Passy, p. 4ti6.— Leitre de M. A. de Humboldt, p. 57S. — Diverses coui- iRLnications a I'Academie, p. 579. — Reclamalion de M . Heurteloup, p. 60 9. Bechamp. ONydation de ralliuiuine , P-397- , . BicHAiar el DcMAS. Thcorie des subsli- lutit)ns, 5 't > . BtCQUERKL. I'lle de M. Doat, p. i38. — Ouvrage dc .M. du Moiicel, )>. 356. — Rechercbes delM. Gaudin, p. 378. — Foriiialion de mincraux, p. 522. — Becquehel (Allied) et M.ix Vernois. Sur la cnuiposiiKiM du !ail, 3i4. Becquebel (Ed.). Eclairage electriqiie, p. 343, 417. Beuir (IJ''). Sollieite la place d'academi- cieii libie. p. 41)6. BcLLA. MuDuiiicnl, p. 5o6. Belli et Kramer. Sur les corps a I'elaC spheroidal, p. 666. Belloc. Catcclihme dc I'oveta/ciir plioto- j^riipliCj '192, 6x3. lUi.rAiRE. Marcbe des dunes, p. 327. Berard. Sur le sorgho sucre, p. 47. — • Rapport sur iin memoire de M. Colin, p. 4>*i- Berigky (D'j. Rechcrches ozonomelri- qiies, p. 576. Bernaro. Fecondalioii des orchidecs ,. p. 278. — Culture des orcliidees , p. 65 I . Bernard, Koch et Scrive. Rouissage di> Iin et dn cbanvre, p. 601. BERNARn^rabbe). Statiouseii Islande, etc., p. 88. Bernard (CI.). Observations de M, Croze el de M. Leduret, p. 245. — Maliere glycogene du toie, p. 324, Sag, 635. Experiences avcc la cyclamine, p. 382. — Experiences de M. Gallols, p. 383. Empoisonnemenl par le curare, p. 271, Berkier (b"^). Transportation a I'ile Bourbon de Vacacia clealbata, p. 653. Bertagsini. Acide cinnamique, p. IjSS. Lerthi LOT. Sur Ics divers etais du souire, p. 1 35, J 83, 3o5, 400, 494 . — Sur la fermentation alcooliipie, p. 384. — Transform. ilion de la mannile el de 'a glycerine en sucre, p. 5i8. — Me- moire sur les subslilutious inverses, p. 662. RtRi.EsrscH. Generation sans fecouda- liou, p. i33. BtRTiLLoN. Influence de la vaccine , p. 258, 377. Bertrakd. Sur le niouvenicnt d"un poir>t matciiel, p. 07, 324, 4'Oj 5i8. BESI^o^. Moisissure rouge du pain, p. 1 7 i . BtssEL. Ta/iulee re^iomontanrr-, ji. 365. Bessel et Struve. Sur les cometes, p. 491. Bessemer. Procede pour Taffinage de la fonle, p. 404. BiEKAYME. Statistiques de morlalile , J). 3G9. — ealcul des inteiels, |), 3o.5, Billot (Fred.). Rcmorque et wagons niarllimes, p. 2 i 3. BiOT. Riembre de I'Academie francaise, p. 14 c. — Grand piix des sciences matheiuatiques, p. 32 3, 35a. — Tiaite d'astrouoniie, p. 596, 657. — Proles- lalion conire Ks reclames failes a I'Acadeniie, p, 657. Baintillel, p. 397. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. £lanch;^rd. Osleolo|;ie des oiseaiix , p. 271. — Peri'Oiiuets, p. 3o5. Blohdot. Eclaiiage par I'liydrogeiie de I'eaii, p. 552. BLCMtDBACB, p. 3c)7. BoBiERii. phosphate de iliaiix en agiicul- tiire, 272, a4 i. BoBHYE. Tiif-Marin, p, 827. BocBET. Frolteiueiit des roues, p. 328. BoETTGER, Siir la pile de Biiiisen, p. 3i. BoiLLAUD. Paraionnerres, p. 45. BoiNET. Pri,\ de medecine, p. 129. BoNArARTE(le prince (hallos). Note siir les Psittacides, p. 3o5, 358. — Repoiise a M. Payer, p. 353. — Echantillons ap- porles par I'expedilion dans le Sahara, p. 578. — Sur les pas^ereallx ciian- teurs,p. 612. BoNELLi. 'I'elegrapliie des lilals sardes, p. 337. BowNAFOND {T>'). Ohservation dii mirage, p. 487. — Eli'els dc mirage pres d'O- ran, p. 066. BONNARn(de). Sa niort,p. 170, 271, 575. BoNNEFOND, (Bubons veneriens, p. 45, lOi. BoNPLAKD. yoj. Humboldt. BouET. AnimaiK presenlcs au Museum, p-4-7. BouLAKD-MoKGE. Traitemeut des vignes malades, p, 45. Eoui.u (D"^). A|)i)licalioiis medi'-ales de I'electricite, p. 245. — Broyeur elec- Irique, p. 3i3. BouNissEAU. Sur le< saiigsues, p. 212. BouR (Ed). Ecpialious du tioisieme de- gre, p. 45. B0UR1.IER. (",h;iun":ige, p. 173. Bourdon (hiigeiie). Oraissage des es- sieux, p. 65o. BooRSEur.. Ecriliire des avciigles, p. 290. — Sur I'liicnislalion de< vases poreux dans la pile de Daiiiell, p. 5o3. BoussiNOAULT. Sill' les quauliles deniire coiileiiuesdans lesol et leseaux, p. i52. — Ascension du niont Cliiiuhorazo, p. 238. — Plalinc, p. 354. — In- fluence de I'azole dans la vegetation, p. 523. — ^ievation norinale du ba- vomelre sous Icqualeur, p. 571, — Elude chimlque sur la roscCj p. id. — Hauteur du barumetre sous I'eqtia- t»iir, p. 582. BouTiGKY (d'Evreux). lodure de chlorure tnerciirtux, p. 878 et 434. — Eludes sur les corps a I'etat spheroidal ; nou- vel/c brnnclicde physique, Y).Cj\ el 065. BowRiNG, Viiesses des courants gazeux ou liquidos, p. 435. Craconot. Transformation des fibres ligiieuses, p. SgS. P.RADLEv. Ma^se des plaiietes, p. Sol. I'RAii.T. Seen but, p. 237. BiiAT ^de). Pifiuf mus(]ue, p. 477. I'lRENCHLEY. A'.censioti du uiont Chhnbo- razn, p. 238. Breton de Champ. Adaj)tation de la vue a differentes distances, p. 29. i'lRETT. Telegraphic; transmedileira- ncenne, p. 338, 449. Brewster (Sir JJavid). Verres d'oplipic de MM. Chance fie;es, p. 428. — Crislaux posiiil's et iiegalir , p. 492. Rrochast DE ViLLiER>. Ca:le geologicjue de la Fiance, p. 3 10. P.p.ONGNiART. liapport sur 1p travail geo- logiqiie de M. Bioun, p. iSa. — Re- ponse .1 M. Payer, p. 35 3. Cronn (M. le profe-s. Sur lehoqiiel, p. 33. CaACORrrAC. Prix d'aslronomie, p. 19.3. Aslrononie lilulaiif de lObservaloiie, p. 149. — Atlas dereclipiique, p. 3o2. — Etoilcs variables, p. 402. Cbaubert. Etat fplieinidal, p. 671. Cbamoi:*. Ycrons sur ies frayeres.p, 54o. CBAWCEfreres. A'erres d'optiqiie, 428. — CairELLE. Acetone conire le cholera, Csircis et Desmoktis. Rhodium et in- dium, p. '>1^- Charles. Theorie dcs couleurs simples et composees, p. "iii. CHA.ir.ET. Anomalies anatomiqiies, p. 65. Chateacvieux (Ach. de). Conservations des viar.des a I'air lihre, p. 1-3. CaATENEY et J'vivoT. Coiistructious raa- riiimes, p. 552. Chat.-s. Auaioniie comparee des vege- taux, p. 212, 377. — Sur les rhinan- lacees, p. 244- CaACMOsT.PrixdesarlsinsalubreSjp. 127 C8A.^rARD. Action de I'acide sulfuriqiie sur le canipbre, p. 93. Cbeval. Liquides lermeuics en vidange, p. 3oo. Chevakdier, p. 552, Chf.vrfci.. Membre de la commission ad- niinislrative de I'lnslilut, p. 4 8. — Sur les recherches de M. Mi^ge-Mou- ries, p. 62. — Analvseimnu'diaie com- paree a I'analyse niiiurale, p. 4<)i. Claudius. Preparations auatomidues de Toreille, p. 507. CiviAi.E. l-'ondaiion a I'liospice Necker, p. 549. — Liihotritie, p. 638. CoJGNET (Fr). Rfc'ton dur, p. 404. — AIu- meltes a phusphore aniorplie, p. 297. CooKsoN Reduction de !a g.dene, \t. i i4. CoLLA. Etoilcs filantes eu Italic, p. 363. — Sa m irt. p. 343. Coi.LADON. Roue lijdraulique floltaate, p. 2o3. Collin. Recompense de I'Academie, p. i3o. — De la digestion el de I'ab- sorption des matiercs grasses sans le concoui'sdu fluide paucreatique, p. 481. CoLLiNET et Malapert. Maladie de la vigne, p. 93. CoLOMDE (Gr.;. Recompense de I'Aca- demie, p. 129 — Balayense meca- nique, p. 35 i. Combes, p. 3oo, SaS. — Direcleur de Tecole des mines, p. 421. — Monu- ment a Arago, p. 421. Cordier. M. Passy, p. 494. CoRioLis (M. de). filoge hislorique, p. i3i. CoRREZ. Sur V indigofira Uncloria, p. 5o7. CoRRiui. Institut technique loscan , p. 338. Coste. Eau'du Val-Richer, p. i65. — Ap- pareil de Noel pour laeration de I'eau, p. 3o5, 4S7.. — Pisciculture, p. 5o4. CosTE (D'). Sericulture, p. 44o. CooLvrER-GRAViER. Globes Claiits colo- res, p. 98. Cbookes (W.). Des images slereosco- piques, p. 46 1. — Poilifs parche- miues, p. 463. — Parcheminisation des positifs, p. 6o3. C-10ZE. Anothesie par I'oxyde de car- bone, p 245. CuRMANA, Gravure en relief sur ardoise, p. 649. Damolr. Production artiScielle des car- bonates terreux, p. 3a5, 099. — Ce- rium 355. — Composition des zeo- lithes, p. 52 1. DAMriERRE (de). Falsification des eau.\- de-vie de Cognac, p. 65o. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. Til Daremberg. OEuvres de Galien, p. a 12. Daubeny fL)"^^. p. 338. DAUBRtE. Caiididat de la section de geo- logic, |). aSi. — Menioiie siir las ga- lels iuipressionnes, p. 435. — Sur le slriagedes roches ft des galcts, p. 5i5. Dausse. Sur le regime des rivieres, p. 41 3, 427. — Volcan sous-marin, p. 296. Davaiwi (D"^). I'rix de plijsiologie , p. 120. David. Hlaiicliimerit du colon par ie ciiloiolDrme, p. 460. Davim. Filature du duvet de chameaii, p. 536. Dawes, laches solaires, p. 594. Dawsom. Alluvion marine de la Nonvelle- Ecosse, [). 426. DtBALLEY. Relrcci^semenl de Turetre, p. 378. Debray. Platiue, p. 356. Decaisne. Sup les nerpruns qui donnent le vert de Chine, p. 612. Delafosse. Sur rhemledrie des ciislaux, p. 166. — Can.lidat a la cliaire de mi- nijralogie, p. 245, 275. — Lleclioii ]). 281. — Traite de uiiiieialogie de M. Leniery, p. 637. Delaporte. Four a voiilcs supcrposees, p. 434. Delarive. Telegrajihie autographique , p. 2S5. — Iiilroducliou d'un appareil d induction daus le courant d'uue pile, p. 553. Delauhoy. Eclairageau gaz, p. 406. — Sur le niclin azJJaracli, p. 428. Deleau (U''J. Perchlorure de ftr, p. 175. Delesse. Recherches sur le granite , p. JOG. — Sur la composition des rodies cristallisees, p. 4 [3. — Ke- cherclies sur la niiiielte, p. 454. Delel'il. Appareil i'leclro-niagnetique de M. Ducheune, |), 160 — Nouveau mo- uele de balance, p. 493, 58 i. Delessfrt, p. 67S, 397. Delpech. Recompense de I'Academie , p. i3o, Demarqdat (Di"). Hei nie ombilicale cliez les enlanis, p. 3 r4. Demetz (Paul). Guerison du cholej-a , I'. 488. Depakcxecx. Calcul des interets, p. 3o5. Dkscartis. Tourhilloas, p. 377. — Arc- en-ciel, p. (ioS. Descloizeaux. Sur les proprieles opiiqnes des crisiaux, p. iS3. — Pouvoir re- I'ringeutei rotatoire duciuabre, p. 470^ 491. — Candidal de la section do geo- logic, p. 281. Desfostaimes, p. 397. Desjardiks, Clobe lerreslrc hyJrogra- phique, p. 328. Despratz. Collodion see, p. loa, 167. Despretz, Tclegraphie dcsuavires, p. i3. — Presentation de deux memoires de M. Seguiu,p. 47. — Nolede M. Oau- gain, p. 323. — Coelfitisnt de dilata- tation du soufre, p. 400. — Inlroduc- luin d'ua ;qipareii d'induclion dans le circuit d'uiie pile volla'ique, p. 553. DhviLr.E (H. Saint-Claire). Propriele de raluniinium, 43. — RecLerches sur le magnesium, p. 2i5. — Sur le bore, J). i85, 219. — Preparation des corps simples, p. 354. — Sur raluniiniuni et le bore, p. 397. — Actiun du carbo- nate de chaux sur les dissolutions me- talliques, p. 55o. — Sur les mclaux du iiiiiicrai de plaline, |). 572. Deville (Ch. Sainl-Ciaire). .Sur les ema- nations voUauicpies, p. 65. — Sur ics diveri (itals du soulVe, p. 210, — Can- didat a la section de gcuiogie, p. 281. — Diiataiiondusoul're, p. ^,00. — Com- positions des gaz volcaniques, ]>. 4i5. Devi«me. i'liille foiidioyanle, p. 3(;6. Diamoku (D'). Photograpliie, p 3i8. Didion (Ic colonel). Siir la lesislance dc I'air, ]) 467. Dillier. Pra linage des gram;, 435. DoAT. Nouvelle |iile, p. i58. — Memoirt sur les iodures, p. 2qS. DO.MALius d"1 [alloy, Sui- les laces liu- maines, p. i 56.' DoppLER (Ch,). Thcorie de la coloratioi: •les etoiles, p. 11, 98^ jyi, 200. Dove, p. 5 33. DoyiiRt. Coiiservatiou desblcs, p. 526. Uraphr. Aclioii cliimlqiie du la luniierc, p. 40-. Drolu.lard. IMcsdesmoiniescgvptieiine-, !>. 543. DuBoscQ. Collod'on sec, p. 6, i3. — IN'ouvelle disi)u..:iion ilii stereoscope, p. 91, 102. — Medailic, ]>. 604. DucHARTRE. InQueiice de riuiaiidile sni- la direclion des laciucs, p. 4-. DucHATELiER. .Seniis de pomnics de lerre, p. 264. DiiCHEs:;E. Appareil maguelique, p. 160. DccatsKE, Iiillucniiig, p. 6i3. Dumas (U"- Calixle). Orisine el analyse des ihampignons. p. 4'*7. DcjMtRiL, Rapport sur ie Memoire de M. Lepiieiir, p. 184. — Rapporl sur nil Memoire de M. HoliarJ, p. 631. DujiERU. (An-nsle). Erpeloli.gie de i'A- I'rique ocndenlalc. p. 12. — Candidal a la cliiiire de zooloyie, p. 64. DuMERY. Appareil fuiiiivore, p. 377. Du MuNCEL. Appllcalions de Teleclriciie, p. 356. — Armature des aiinanls,p 600. DuMONT. Sa niDrl, p. 271, 3j9. — Mo- nument, p. 'j2\. — HoniiiKif;e rendu a sa memoire par I'Universite de Liege, p. 467. DuNAi. Deces, p. 421. DurETiT-THouARS, p. 397. Duns. I'ercemeiit de I'lsllime de Sui z, ]). 2^5. — Ka|i|)ort sur le canal nia- rilime de Suez, p. 385. DupLAY. Recompense de I'Academie, p. i3o. Duruis. Sur \lanele de Pogson , p.' 45 2. — ^44^ petite planete, p. 589. — IN'ou- velle petite planete, p. 648. GoMMF. Cls. Chaudronnerie mccanique, p. 36. Gosselin. Recompense de TAcademie, p. I 3o. COSMOS. GoLBEAcx. Rcrompenso. de TAcademie, p. i'Wk (".ouJtOM. Ciiir chcvelti des lemmes , J). 3a4. r.o^i. Lecons de phy.sir|ue a I'lnUil'ii tos- can, p. 3;J8. r.R\>v!i.i.E (It! coi;ite di'). Clianrclier de l'UiiivLT>ite de Lolul^|■^, p. ag. Grawdorge. IN'ouvelle variele de picd- d'alouelte, p. 173. CniFHTiis. Siir la melUode pliolographi- <;ue de m. Kiick, p. 3iS. Grove, Nouvtlles figures clecliiqiics , p. io3. — Coirelalioii des forces pliy- siques, p. 3^9, — p. 533. Ct'fRD.vr*. fc"lll[)oi'^OilllemeDt par le ciii- vre, p. 4'*2- CuERiM. Svstenie de freitis, p. 2o5. GuERitf. (Jules). Piixdemedecine, p. 12S. - — Ky-'les de I'uvaire, p. 3 14. Guerik. Mi'lliode sous-rutanee, p. 370. Gutr.iK-MENKEviLi.E. Epizootie des vers a soie, p. i5. GoERiNEAU (D'). Rcclierclies pliyslco el physiologico-cliimiqitcs, p. 377, GtilGMAUI.T. p. 410. Goii.r.ARi). Role que joue I'aciJe carboni- que dans le croup, p. 677. GuiLi.ET. Spirometre, p. t58. GuiLLEMiN. Culture de la Sologne, p. 49.C). GuiLLoif. Slriclurotomie et iireiroioinie, p. 102. — Prix de medeciue, p. 129. — Lilhotritie a Ihopital de la Churile, p. 638. Gurzor. Reponse a M. Blot, p. 144. GuYo:* (L*')- Goup de I'oudre observe sur le navire la Fdlicile^ p. 324. — Sur un niorceau de bois qui soutenait la levee du quai de Carihage, p. 5r6. GwYx.fE. Preparation de ia loiirbe pour con)buslible, p. 45g. Haidi»G£K. Voyage autour du mnnde de la Novara, p. 60, 996. Haime (Jules). Sa part dans des rerher- clies faites par M. Milne -Edwards, p. 435. Haiske, p. 394. Hamox, p 646. Hakkon [W). Sous-carbonate de ijismutb dans les douleurs gastialgiquC'i, p. 32. Hardwicb. Diccmposition du collodion iodure, p. 42. — Preparation du collo- dion, p. 345. — Surlecollodion, p. 627. — Wiirate d'argtnt fonJu, p. 294. — Sur les impuretes du nitrate d'ajgent, p. t504 Hardy. Education des vers a sole, p. 3o5. Harley [G). Richerihes sur )e sang, p. 5 10. Harris (sir Snow). Pai-alonnerres en cuiire, p. 84. — Paratonnerres, p. 45. Hartnack., p. 379. Harvii.t.e el PiiNT. Des-FiRMAs (le baron d'). Sa raort, p. 3oo. HoMOLi.E. Le persil febrifuge, p. 34- HoLLARD, Observaiions sur la famille des ostraciens, p. (53 r. HoTTARD. Fecoud,.tion des ceuFs de pois- sons, p. 406. HoTELHiER. Couleurnouvelle, p. 4 35. Hubert. Sur la nature de rhomnie, p. 434, Humbert. lode dans les eau.\, p. 328. Humboldt (A!ev. de). Iuslructions pour le voyage de circumnavigation de la No- vara, p. 1 49- — Comete de Brorsen, p. 34 r. — Pbenomenes volcaniques, p. 438. — Nouvelles de sa sante, ]i. 490. — Grand oflicier de la Legion d'bonneur, p. 539. — Tracliyte, etc.^ p. 578. — Maximums baroinetri-. ques, p. 585. — Lettre a M. I'alibe Moigno, p. 589. — r Nom d'une pla- nete, (). 648. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. x: Hdmboldt (I)'' Giiillanme de). Inoculation centre la fiexre jnmio^ p. 33. HcssoN. Prix de slalisliqiie, p. i23, Huxley. Slruclure des f;laciers, p. 246. Ibakez et Saavedra, j). i5g. Irving, p. 45S. Jacob. Exirait d'un ra|iport sur l;i pisci- ciilliire, p. 45i , 5o4. Jacquart. Mc'iisuraiioade I'ange fticiai, et circulaiion cho/. les ophidieus, p. 211. Jacquemin. Arlichauls d'liiie i,'rosseitr prodigieuse, p. 174. Jacques (Amedee). Excursion dans le Rio Salario, p. 60S. Jaillon. Phospate dc cliaux des Ardennes, p. 10. Jame, Papier ozonometiique, p. 576. Jasies. Figure, dimensions et poids de la terre, p. 171. — Observation de lati- tude pres de Ai-thur's-Seat^ Ediniboiirg, p. i56. Jamiw. L'optique et la pelnture, p. 232. — CoefTirieut de refraction de I'eun, p. 14. — Rei'ractiou de I'eau a divcrses temperatures, p. 137. Jean (M. et M'"*^ Andre). Amelioration des race-i de vers a soie, p. lOJ, 3o5. JoBARo. Eraploi du gaz sous-cortical de la terre, p. 5o5. — Les invcntiuiis iiou- velles, p. 507. JoBARD-BussY. Cullure de la vigiie, p. 65 1. John. Telegraplie de Morse, p. 287. JoHKSON. Decouverte laile par M. Pogson d'une 43*^ peiile planele, p. 494. Joigneaux. Plunialion de poninies de terre, p, 37, S5. Jolt. (Alp.) Manipulaleur, p. 2SS. JOMARD. J.ellrede M. ?'sciiyiac sur I'expe- dilion aux sources du Nil, p. 178. — Instructions donnees a M. d'Escavrac, p. 384. — Nolc de M. dc Lesseps, p. 467. — Fragments de geosrapliie, p. SiS. — Olijets recueiliis en Egyptc par M. de Lesseps, p. fio5. Jonquieres-Antoreli.i (de). Cruaule en- vers les animaux, p. 653. JoRET. Principe aciif dts graines dc per- sd, p. 34. JussiEU (de). Ccollections donnees par sa f'aindle an Jardtn-deb-Plantes, p. 537. JussiEU (L:mrent de), p. 3ij7. Kommer. Grand prix de mathematiques, p. 123. Kane (D''). Sa mort, p. SSg. — Tempera- ture de la nier Arclique, p. 42G. Xarsten. Combuslibles fossiles, p. 292. Kemp. Vesicule du fiel, p. 42(1. KiND(/ne; Hind,. Kluile variable, p. 402 , KiHu. Nappes dean soulerraines, p. 4"SS, King. Collodion preserve, p. aSy. KiRKPATRicK. (D"^). Action dti chlore sur les liyuiaies de zinc, de cuivre et de iilonib p. 53 1. IVLArRoiH. Corps a I'etat spheroids!, p. ()(iO. Knigut (C-h ). Papier francalspour la pho- togiapliie, p. 422. Koch. /'y). Bernard. Kolne(D''). Chlore tl oxydes, p. 532. — lilt'moirt's de cliimie^ p. 557. KoF.KE et MiiLDKR. Sur la production Je la proleine, p. 437. KoLBE. Acide eliloracetique, p. 662. Kramer (D''). Ap|iareil auditit'de riioiiime, p. (325. Kramer, p. C(')6. Kravs (D''). Suciedans les urines, p. 371. Kucmenmeister. Origine des perles , p. ^56. KuiiLMANN. Teinlure a la detrempe, (I. 3oi. — Gelatine liiunee, p. 37^. — S lice ealciuee, p. 435. — Nouvelle iudiislrie de teinlure, p. 542. Laisillardiere, p. 3g7. Lai;o5de (I'abbe). Dosage des iodures dans le collodion, )). 34y, 372. Ijacaili.!-;, p. 46f>. L\c4ssagne. p. 538, 53i). — Eelair,ige 1 Ifctriijue, p. 342. L-.CAZE-DuTaitns. Monograpliie conijilele ihi Deutale, p. lor, 469. Lade. Principes de la cigue, p. 672. LitMLYE. Telrgrapbie eleL'lricjue, p. 453. Laignui.. Clit rains de fer, p. 244. Lainei.. Aleoomelie nnuveau, p. 577. Lajiart.e. Poitiibtdin d'Eiiclide, p.4(o. Lame:. Fa/ictiuns transcitndaiitcs, p. 525. Lamy. Pvrometre e( tliermoiuetre nou- veaux, p. 4^7- — lodales de fer, !'• -^OV- Landerer [\y)- Mn! de mer, 175, 5ii. Lang. Magnetisiue terreslre, p. 161. L\ngenbeck (Df). Guerison des b!e-.;Urcs d'auiputaliun, p. 626. LvMGLOis. Huiles a eclairage, p. 297. Larcuer (Mll"^). Cliancelieie en ca>iul- cliuuc, ]). 3. Larcher (D"";. Rapport enlre I'lilcrus et le cceur gnuche, p. 377. Lartey. Humerus d'oiseau lossile, p. 3S 3. Lawes. Ble, farine el pain, p. 229. Laudry (D''). Paraljsie, p. 369, XII COSMOS. Lalcier. Distances poluircs des eloiles, p. 6ii, (v)i). — Siir li's poiiiles usites eii astronomie, p. 470, 5-iS. LxuREST. Thcorie des mlistitutions , J). 5'52. — Sur les corps a Tctat sphe- n.iJal, p. 606. Lebegue. Flux hemonuidaux, p. 32 3. Lebla>"C, p. 4 1 5. Lebbun. Vaciine, p. 626. Leci.ercq. Champignons, p. 227. Lecocq. Cheiiii'fage a !a g'ace, p. 5, 173. Plateau ciutral de la Fianre, p. 467.— Circulation de I'air ddusles vaisseaux des planles subnier:;ee< , p. 576. — Extension des especis ^egelales vers !e 45° de latitude, p. 607, 637. Lecouteux. Valeur uu raygrass, p. 281. Lecouturier. Preserver les sapeurs-pom- piers de Taction du feu, p. 649. Lefurt, p. 597. — Tables logarithmi- ques de Caillet, p. 579. Lefort (Jules). Trulfe comestible, p. 487. — Analyse des truffes, p. 54i. Legendre. Recompense, p. i3o. Legra:«d. Etat siilieroWal, p. 666. Leidenfrost, p. 666. Lemery. Tratle de niine'ralogie, p. 657. Leprieur. Essai sur ies meiaraorplioses du iracliys pigmca, p. 65, 184. Lereeours. 01 jeclif de 38 centimetres, p. 50. — Papier ozouomelritiue , p. 576. Lerebuuli-et (M. le prof.). Grand prix des sciences physiques, p. i2.'|. Lericque. Etoiles variables, p. 225. — Occuliation de Jupiter, p. 85. Leroux Nouvelle bougie, p. 600. Leroy. I-ropulseur a helice, p. 272. Leroy d'Etioles, p. 60S. Lespes (Ch.). Teimites, p. 37O. Lespiaux, Motivementde lalune, p. 324, 399- Lesseps. Objets recueiUis dans I'expedi- tion aux sources du r, p. /,S3. — Papier pliolographupis , p. 375. Marshai.-Hall. Asphy.vie, p. 320. Martens. Vers a sole, p. 271, 440. Martin, .■iltiniinium, p. 9. — Moul.iu' a ia gelatine, p. 207. Martin (L.-A-E). Prix, p. 124 Martoni. Capsules surrenales, p. i6r. Marville, j) 295. Masson. Rnpjjort sur uik- iiouvelle clieini nee, p. i. — Vilesse dii sua solides, liquides et gaz, p. 741, 425. Masson (H.). Sui- raluiniiiiuni, p. 'V-!6. Masson (de Bnixelles). Sui- la reni p. 17<>. OsTROGRADSRi. Malhematiques, p. 5i;>. OwKN. Sur les coryphons fossiles, p. 157. — Pri\ Ciivier, p. i3i, 211. O7.ANAM (D"";. Sur roxyde de carbone, p. II, ioi, 174. Pallegoix. Poissons marchanls, p. 621. Palliser (John), p. 452. Palmerston (lord^. Science et induslrie aiigiaise, p. 281. Pape. Conicte de M. d'Arrest, p. 285, p. 342. — Siir la 2" planele di- 1857, p. 341. — tlenients de la 4 3* petite planete, p. 567. PArE(D''). Cliloroioime, p. 6a5. Paris (le D"). Sa mort, p. 58. Passy (Antoiiie). Sollicite la place d'aca- demicien libre, p. 466. — Atmosphere el eau\ de la France, p. 494- — E'u acadcmicien libre, p. 575, 63o. Pasteur. Heuiiediie, p. 167. — Candidal de la seclioD de geologie, p. »8i. Pacvert (rabbe). Transformation du fer en acier, p. 591. Pavy (Em.). Pri.\ an concours agricole i!e Poissy, p. 393. Payer. Note sur la rarine de manioc, p_ 245. — Phosphate de chaux d'An- j;leterre,'p. 265. — Rapports, p. 272, 657. — Momiespenivieimes, p. 32 1. — Coiileiirs a I'arsenite deciiivre, p. 421. Payei* et ViLMORiK. ]'.le raomie, p. 543. Payer. Organisaliuit vegetalc, p. 352. Payne. Pont a une seule arche, p. 94. Peligot. Eaux des Qeuves, p. i63. PEI.OUZE. Sur la destructmu de« nitiales par les matieres animales en putrefac- tion, p. i54. — Experiences de M. Gc- iis, p. i58. — Experiences de M. Mar- guerite, p. i83. — Transformation des libres ligneuses, p. SgS, — Ouvrage de M. Mohr, p. 519. — Note de M. Ca- hours, p. 658. — Note de M. Fordos, p. 659. PELocztj^Eiigene). Fermentations, p. 390, Peltier. Corps a I'etat spheroidal, p. f>66. Penn. Helice des bateaux a vapeur, p. 204, Percy (D""). Nickel pur, p. 355. Perkir. Couleur rouge extraite du gou- dron, p. 397. Perrot. Porte fumivore, p. 35. Person. Protosuli'ure de carbone, p. 637. Fersoz. Urine sur le fer, p. 199. Peters, p. 4 (j o. — Cindidat pour !a sec- tion d'astrouoniie, p. 384- — Election, p. 4i3. Petiot (Abel). Vinificalion, p. 265. Petzval. Bombes lumineuses , ji. 149- Philippealx. Caustiques en chirurgie, p, I 3g_ — Ciipsules surrenales, p. 2 1 1 . Philippi. Perles des Unios, p. 455. Phipsok (1)' T.-L.]. Ussai sur les animaux domestiqucs cUs ordres in/eiieiirs, p. 1 8 1 . Reproduction heliographique des dessins par M. Eckhout, p. 269. — Analyse do fert de zinc, p. 292. — Me- moire de M. Riche sur le lungsieiie, p. 307. — Sur une roclie nouvelle de formntioii recente, p. 326. — Recher- ches phntu-chimiques de MM. Bunsen et Koscoe, \k 407, 4^0. — Pheno- iiicues iiieteorologiques observes sur le littor;d de la Flandre. p. 410. — tclairs sans lonnerre et pluie par un temps se- rein, p. 467, 468. — Memoire de M. Ed.-T. K-irkpatrick, p. 53t. — Me- moires de chimie de M. le professeur Koene, p. SSj. -» Effels de mir^e sur TABLE DES NOMS D'AUTEURS. xv la plage d'Ostende, p, 5fi6, — Analyse de I'ouvrage de M. Bouligny : Etudes sur les corps a I'dtat spheroidal, etc., p. 665. Pierre (Is.). The de foin, p. 38o. "SiVL, Recherche de Franklin, p. 97, -jo i. PiORRY. Guerison dudiabete, p. i56. PisANi. Acide anisique anhydre, p. 4 34. PiZE (D"^). Perchlorure de fer, p. 257. PL&CE(Victor). Tour de Babel, p. 169. Plivka. 6(juation seculaire. p. 63 1. Plarr. Mernoire demathemaiiques,p. 5 1 8. Plate/iu. Veines liquides, p. 19. Pt.CCKER, p. 533. PoGoioLi. Cholera et electricite, p. 434. PoGsoN. MoJaille Lalande, p. 176. — Sur les etoiles variables, p. 189, 225. — Decouverte de la 43^ petiie planete, p. 452, 4g4, 567. PoHL. Ociilaire solaire, p. Sgg. PoiNsoT. p. 399. PoNCELET. Meinljre de la commission aJ- Diinislrative de I'liistitiit, p. 4!?. PoEY (Andies). Coiileur des eloiles filantes, p. II, 93. — Kclairs sfliis tonnerre et pliiie par iin temps serein, p. 467. Pons. Constitution des cometes. p. 243. Pont. p. 269. PORRo. Occnitation de Jnpiier, p. 41). — Objectit de 52 centimetres, p. 56. — Lunelle Napoleon Iir, p. 424. — Plu- vionielre tres-sensibl-e, p. 455. — Ob- jeclifs pbolographiques, p. 485, 5fi, 544, fi54. — Sa lunette astronomlque, p. 536, 553. — Decouveite d'unenou- velle etoile dans la nelnileuse d'Oriou, p. 579. — Son heliosoojie, p. 594. — Leltre du R. P. Seech i sur la nebuleuse d'Orioo,p. 617. — LettrcduR. P. Sec- chi, p. 657. Porte. A vantage des mousses, p. 652, Pouchet(D'). Lettre, p. Sog. PouiiLET. Observations de M. le dwteur Guyon, p. 324. — Reooit 2000 francs pourconlinuer ses experiences, p. 5i5. 637, PoirazARiEN. Aheilles, p. 907. P0ZNAHSE.1 (D'). Influence de ia pi>e3sion atmuspherique sur les maladies, p. 609. PRELi,ER.Depechestelc^'raphiques,p. 343. Pretsch (Panl). Me.laiUe, p. 422. PREvosT{Gonsiaui). Murf, 441. Prillieux. Orcliidees, p. 278. Pdiseux. p. 149. Pull. Faiences, p. 325. PuRKiHZE. p. 457. QDATREFAGEs(de). Siirle(ravail deM. La- caze-Dulhiers, p. 469. — Maladie des versa sole, p. 58 1, 595. Qdenolle. Drainage, p. a63. QuETELET. Rapport sur le mernoire de M. MahmouJ-Effendi, p. 367. — Prix proposes, p. 368. QuETELET (Ernest). Declinaison et incli- naison magnetiques a Pruxelles, p. 5oS. Raillard (I'abbe), Conjectures sur la na- ture des cometes, p. 244. — Orages et grele, p. SgS. — Problemes de me» teorolngie, p. 6o5. RAjirow. Calculateur d'interets. p. 298. Ransome. Pierres arliCcilles, p. ao4. Rayer, p. 1 85, 38o. PiAYMOND. Foy. Fizeau. REGNAULT.SiereoscopedeDul)oscq,p.io2. — Objectifs pbolographiques, p. 485. Balance de MM. Deleuil, p. 498. — Clinle p. 535.— Gaz des marais, p. 662. Reich AUfR. f^. Vogei. Reiset (Jules). Elu membrecurrespondant, p. 576. — Piemerciments, ji. 607. Relgik. Accouchementslaborieux , p. 56g. Remy. Ascension au Chlmborazo, p. 2 38. Renoult (Eugene). Prix, p. 128. Reynoso (Alvaro). Foy. Bernard. Rkzal. Mouvenient de rotation, p. 607. Rhode. Richrsse du lait, p. 264. RrcHARo. Tlieone.s de la clialeur, p. 578. — Netloyage du ble, p. 652. RiCHARosoN. Action de I'ljmetique, p. 568. RiCHE (Allred). Recbercbes sur le iiings- tene et ses composes, p. 307. RiEFFEi,. Election, p. 576. Riviere. Orcbidees, p. 278. RivEKo(de). Momies peruviennes, p. 821, 632. RivoT. Conslrucliuns maritimes, p. 6&2, Robert. Conservation des viandes, p. 60a. RoDJN (Cb.). Prix, p. 129. — Structure des OS, p. 380. RoniM (Ed.). Staliqiicdel'oxygene, p. i ir, 552. — Conservation des substances or- ganiques , p. 6o5. Robinso:t (D"^). Association brilanniqne, p. 338. — Meteoroiogi!-, p. 5i5. RoEiQTiET. Collodion sec, p. 6. — Sur le pyrophosphate defer, p. 3i2. RoBifjUET. Collodion sec, p. i3, 167. IVocvRD. Caisspsde la boulangerie, p. 60S. RociiARn, Couperose, p. 078, 607. RoDGERs. Hydrographie, p. 426. Rose (G). Optique des crislaux, p. 170, Rosing. Aciile [>yrogalliqae, p. 61 3. XVI COSMOS. Rosmihi-Serbati. Statue, p. 324. RossE (lord), p. 339. RocBAULT. Ophialmie, p. a45. Roi-ssET^U""). Iiiconliiienced'ui'ine.p.fiiS. RoWLAKD-HiLL. Postal-Ctiide, p. 89. RozET. r.eodesie et Asliononiie, p. i56. Ro7.et(1i' comniaiulani). Candidat,p. 28 i. Ruck.. Pliotographie sur papier, p. 3l8. Saavedra. p. 1S9. Sabine (le ;;eneral), p. 296, Sacc. Fixation du bleu d'outremer, p. 458. SAiHT-VENAKT(de). Iiilegratioiis des equa- lions differenlielles, p. 4 10. Sau.-sure (de). Tut' marin, p. 327. Savart, p. 489. Sax. Iiisiruments de niusique, p. 402. SruwANK. Tissns fil)iillaires, p. 469. ScHEELE. Glycerine, p. 4i4. SCBERZER (leD""). p. 60. ScHicBKOFF. Acide lulininique, p. 60. ScHOENBEiN. Ozoiu', p. 2 4. — Trausfor- niaiioiis des filires ligneiises, p. SyS. — Papier ozoiiomelriqne, ,176. 1 ScHROETrtR(de Vieniie). Prix des aris iii- salubre-, p. 127, 33o. SCBOETTF* et MiLLIZER, ExpiTJeiiccs fur raimaiilatioii du fer crislalliii, p. 5(37. ScHWABL. Taches sulairi's, p. 2Jy, 365. ScBWANUER. Urination des enfants, p. 624. ScoKESEY (W.). Sa niorl, p. yi. G6-2. Vaienciesnes. Phosphate de chaux , p. 265. — Yeux des momies. p. 657. Valencienses, p. fir I. Vallee. Physique des eaux, p. 297. — Co- cons de vers a soie, ]>. 5o6. Valorc (Cb. de). Inundations, p. 212. Valz. Elements de la lomete d'Arresi, p. 271 , 342. Van Beskden. Echinocoques, p. 5o6. — Pieparations auatomiques, p. 507. Vakdencortut, p. 4 1 3. VanGuhn. Comete de Brorsen, p. 34 i. Van M0SCK.BOVEK, Metliodcs simnlijiecs de pliolograpliiBj p. igS. Vaucanson (statue a), p. 292. Veau. Salicorue herbacee, 619. Velpeau. Melhode sous-cutanee, p. 070. — Kystes de I'ovaire, p. 3i5. Verdet. Sur le pouvoir rotatoire magne- tique, p. 6^4. Verneuil. Recompense p. r3o. Vernois (Mux), p. 3i4. Vezian. Ligiie slraligraphique, p. i5j. VicAT. Reclamations, p. 552. ViLLARCEAu- Comete de d'Arrest, p. 612. ViLi-E (George). Membre du Comite con- su'titit' d'hygiene, p. 32. — Chaire de plivsique vt'getale, p. 255. Vir.LEM»iN. Eaux deVicliy, p. 579. ViLMORiN. Culture des poairnes de terra, p. 26;. — Topinambour. n. 429. ViMOKT. Laine cardee, [i. 458. Vincent. Theorie des porisiiics, p. i65. — Elfets du chlorot'ormc, p. iGr. Vincent (H). Moulai;e a la gelatine, p. 206. ViNCOT (I'abbe). Pisciculture, p. 427, ViOLETTE. SHCcliariGcation du grain ou des fruits amylaces, p. 649. VoGEL. Photographie des lignes nodales d'line surface vib:aute, p. 489, 097. VoGELet Reiscbauer. Azote, p. 426. VoHL. Sur le phaseomanniie, 5 11. VoiGTLANDER. Objetif 3 portraits, p. 453. VOLPICELLI, p. 352. VuLPXAN. Veiiin des reptiles, p. 175. VVageman. Iciime de nier, p. 601. Wagner (b'"). Asphyxie, p. 657. Waeferdin. Baromeire deConle, p. 178. — Ttnijieralure du puiis de Pa«sy, p. 3i I, 488, 5i6. — Sollicile la place d'aeadcniicien llbre, p. 488. Walker. Tclegrapliie electrique, p. 45o. Waller. Prix de physiologie, p. 12G. Wartmann. p. 343. Wattemare. Hippopoiame, p. 469, 637. Weber. Sensibilite des muscles, p. 3x3. — Theorie de la marche, p. 32 i, 534. Weddel. Centurie des plantes de la Boli- vie et du Bresil, p. 4i3. Wertheim. Capillarile, p. 552. AVets (M"'e Sarab). Pri.x, 393. Wilson (George). Bougies, p. 36. WiNNECKE. Occullalion d'etoiles, p. Sga. WoEHLER. Recherchessur le bore, p. i85j p. 219. — Uree et urates,)). 383. — Corps simples, p. 385. — Nouvel oyde de siliciuui, p. 439. Wolf ;Riidolf). Taches solaires, p. 239. WoLLASTON, p. 324. Wrotlesley (lord), p. 539. WuRTz. Membre du Comite d'hygiene, p. 32. — Glycol, p. 397. — Prepara- tion artifirielle de la glycerine, |). 414. Y.)UNG (D"^). Arc-en ciel, p. Go5. Ytier (Jules). Sur le sorgho sucre, p. 47. Z»ca et LirowsKi. Gelatine, p. 11 3. TABLE ALPHABETIQUE PAR ORDRE DE MATIE^REiS. Abeilles et apiculture, p. 609. Absoi'plioii el iescir|itioi), p. 60S. Acacia ilealliala, p. 603. Acadeniie de< sfitnces, p. 9, 43, 5-j, 93, 123, iS'j, 176, 210, a3S, 27t, 296, 320, 35i, 376, 410, 4fi6, 47S, 487, 5i5, 549, 5-1, 6o5, 63o, 6S7. Academiede Briixeiles. (Prix), p. 368. Academic ties sciences de Hongrie, 538. Academic des sciences de l.yoii, p. 366. Accommodation do rceil 3ao. Accouciiemeiils laboricux, Sfig. Acetone, son emplui contre le cholera, p. 47. Acides. forcz Chiniie, p. 47. Acier, sa labricalion, p. 591. Aconstique (experiences d'), p. 499f Adaption de la \ue, p. 29. Alliiiage de la toiite, p. 4o4. Ailinile cliimi(|ne, p. 363. Afrique meridiunal«; (carle del'), p. 57. AGRICULTURE, p. 36. 114,173,229, 263, 428, 542, 65o (P'oyez aussi Eo- taniqiie. ) — Abeilles et apiculture, p. ,607. — An^nilhile du ble nielle, p. 126. — Anini.iut domestiques des ordres inferieiirs, p, 181. — Appareil pour proleger ies fraises, p. 622. — Artichauls d'line grossenr prodiyieuse, p. 174. — Ble (nelloyage du), p. 652. — I'les reiircs d'uue momie eyyptienne, p. 543. — l)le, faiine et pain, p. 229. — Bles (ravages dans un magasiu de), p. 541- — lielteraves a sucre, p. 65 1. — Champignons, cocneslibles, p. 227, 48 7. — Cbaull'.ige a la ^lace, p. 5, 173. — Coneours agricole de Passy, j>. 3i2. — Conservation des bics, p. oa6, 608. — Coproliihes des Ardennes, p. 265. — Culture amelioraute, p. 263. — dans le niidi, p. 267. — On sorgho a Sucre et du lin, p. SSy. — des pl.intes parasites, p. 4»8. — -enSologne, p. 429. — Uistillation des grains, p. 623. — des vinasses, p. 649. — Drainage a Compiegne, p. 263. — Ecorcede cbene, p. 542. — Exposition agricole, p. 264. — Fumlers, p. 264> 43'J. — G'tn^ko biloba (sa culture), p. 23o. — Graine oleagineuse nouvelle, p. 38. — Guano, p. 23 1. — Hcliaiitliiis grandiflorui (son influence purifianle), p. 621. — Iiidigofera tinctoria, p. 'iio7. — Inon- dations, p. 212. — Ir'u juncea (racine alimeQtaire), p. i45. — Lait, p. 264, 3 14. — Liu (sa culture), p. SSg. — Liquides I'ermentes en vidange (leur conservation), p. 3oo. — Machines agricoles. [For. luduslrie). — Mais, p. ii5. — Maladiede la vigne, p. 45, gj, 114. — Miirier (maladie de ses feudlesl, p. 595. — Nitre dans le sol et Ies eaux, p. 162. — Nitrification, p. 24. — Orchidees, p. 278, 65 r. — Phosphates de chaiix comnie engrais , p. 10. 66. 101; 161, 241, 265, 272. — Potume de terre (nouvelle variete), p. 263. — (culture et semees), p. 264. — (plantations), p. 37, 85. — Ponies (sur leur ponte], p. 623. — Pralinage des grains, p. 4^5, 65 i. — Principes toxi(pies de la eigne, p. 672. — Pro- tluctioa agricole du departement du Nord, p. 1 85. — Ray-grass (ses avan- tages), p. a3i. — Rendeinent agricole de la France, p. 36. — Sirop de bet- teraves,p. 449. — Sorgho sucre, p. 47, i58, 539. — Tiie de foiu, p. 3So. — Topiuaniboiir, p. 4^9- — Tourbe , p. 459. — Trufi'es, p. 487, 54i. — Vigne (preservation de la gelee), p.65i. Aide-memoire de I'arlillerie, p. 98. Aiguille magnetique, son inclinaison et sa decliuaison, p. 367. COSMOS. Aimants, p, 600, Aimautation du fer ciystallin, p. 567. Albiiniiiie. I'oy. Cliiinie. Alcoornetre nouveau, p. 577. Alluuiettes a plios|ihoieamorphe, p. 097. Alaniiuium. Foy. Chiiiiie, Alluvion marine, p, 4^6. Aniauroseet raiaracle, p. 324. Amazoues (la riviere des), p. 238. Aiuelioratiun des vers a soie, p. io3. Ameriqiie anglaise (exploration), p. 552. ANATOMIE. Atiaioiiiie comp. (lecons d'), p, 240. — Analoinie dcs vegelaux, p. 212, 377. — Aiiatoraiile, p. 383. — Kys- tes de i'ova.rc, .,. 3 14. — Melaiuor- phoses du Trachys pygmiea^ p. 65, 18/4. — Moelle ei'iiiiere, p. i»g. Muscles, p. 3i3.— Oreilles internes des ma mnn feres, p. 307. — Os (struc- ture des), p. 3So, — Osteologie des oiseaux, p. 27i._Poumous fstrnc- ture, etc.), p. 48y, 565. — Ti»su jjlanauleux parliculirr, p. 129 Tissus fibrillaires, p. 469. — Vesicule du 'lel, p. 426. — Vo.es aeriennes, P- 377. — L'retre, 129, 378. — Ure- irolomie, p. 102. —Uierus, p 377. Angle fiicial, sa mensuration, p. ati. AnguiMes, leur iransjMirt, p, 539. Anguillule du ble uielle, p. 126. AnnaUs de la cliirurgie miiUaire, p. Sao. -3. — Masses des planetes p. 3o4. -Miroirs de telesco- pes, p. i'^.-^.. — Nautical idmanaci,, I'-J^O- — Ncbnleuse d'Orion, p. 617. C57. — Oljjectifs de lunettes, p. 56. — Observations geodesiques et astro- nnmiqnes, p. i5fi.— Observatoire de Washington, p. 62,. — Ociilaue so- laire, p. 699. _ Occultalioii de Ju- piler, p. 46, 85, io8. — Occullalions d e(oiles par Saturne, p. 592. Or- bites des planeles et des comeles , p. 176. — Pho|.>graphies de la lune' p. 208. — piau trigonomelrique de la Graude-Bretag.ie, 202.— Planetes leur diametre et leurs masses, p.3o4.' — leur volume et la duree tie leur rotation, p. 457.— pjaneie Venus p. 592. — Plauete (la 4 3« peiiie),' p. 4^2, 494. 567. — Planele (la 44" pelile), p 589, 648. — Poinlt's astro- nomiques, p. 470, 528.— Uefivctions aslronomiques, p. 378. — Soieil, sa conslitulion physique, p. 36S. So- ldi, son niouvement dans I'espace, p. 662. — Tache solaire remarquable, p. 593.— -Taches du soieil, p. 54,' 239. — Telescope en verre argeutc) XX COSMOS. etc. 169. p. 1 36. — Tcire, sa figure Trapeze d'Orion, p. 58o, Oiy. Aiiscultalion ((raiti' d'), p. 323. Babel (iiiorctaii de la tour de), p, Bains de limailie de IVr, p. 6\S. Balayeuse mecaiiiqiie, p. 3:">r. Balance iiouvelle, p. 49 ', 5S i . Balle foiidri>janle, p. 366. Baronieire, son elevation iiorniale sous I'equateur, p. 571, 682. — a balance, p. 58, 176. — de Conle, p. 178.— nou- veau, p, 356. Bassin Bouigiiignon, p. 3r. Belteraves .1 smie, p. 65r. Bile, sa cuuiposilio!! cbiniiqiie, p. 27.4. Bisniuih (soiis-carboiidlede) pour les doii- leurs gaslralgiqnes, p. 32. Blaiuhinient par le chloroforme, p. 46". Ble, p. 229. — (ueltoyage du), p. 652. — retire des moniies, p. 543. — destruc- tion, ]). 54 t. Biessiires. p. 626. Bi'eu d'outienier, sa lixation, p. 458. BiEui iiiiisqije. p. 477 . Boisde Carlhage, p. 5i6. Bore. f^oy. iJiiniie. BOTAMQUE. (''■«)■. ansbi Aomcur-TiinE et Anatomie.) y-icttiia ilealbala. Aire moyenne d'exleiision des especes vege- lales. p. 607, 657.— Belteraves a sucre, p. 65). — Bles retires d'une niomie Egyplieiine, p. 543. — liotrylis bas- iiana, p. 623. — Chaire de botaniqiie a Monlpeilicr, p. 421. — de pliysi(|ue \egclale an Museum, p. 255. — Cliani- pigiious, p. 227, 487. — Ciguii (prin- lipes tuxltpies de la), p. 672. — Cir- culation de I'air dans les vaisseaux des plantes siiijuiergees, p. 576. — Cissus scabloin. p. 428. — Clas'^ificalioii na- turelle de de Jussieu, p. 352. — Tol- leclion de de Jussieu, p. 537. — Colon, p. 2o5. — Cullure des plantes parasi- tes, p. 42S. — Curare, p. 271. — Diasiordium, p. 323. — Fecondalion (role de lacorolie dans ce plieuoniene), p. 657. — arlificieile des orchidees, p. 378. — flore du plateau cenlral de la France, p. 687. — Gingko biloha^ p. 2 3o. — tleliaiithus giandiflnrus, p. 621. — Indigofera tincloria, p. 507. — Iris juncea, p. ir5. — Licben nou- veau du genre Lcpraria^ p. 412. — Licbens de Java, p. 41 3. — Lin, p. 539. — Mais, p. ii5. — Manioc, p. 245. — JUdia azedaracli, p. 428. — Moi- sissnre rouge du pain, p. 171. — Ma- cor npirede, p. 623. — Murier, p. 595. — Nerpruns qui dounent le vert de Cbiue, p. 5i2. — Oidium ourantiacum, p. 171. — Orchidees, leur cullure, p. 651. — Organogenic vegetale , p. 352. — Phormium tenax^ p. 422. — P/ioxInus Icei'is, p. 54 1- — Pied d'a- loiiette, p. 173. — Plantes indigenes de la Bolivie el du Bresii, p. 413. — Pollen, sonaclion sur la graine, p. 210. — Pomniesde lerre, p. 263. — Racines, influence de I'bumidite sur leur direc- tion, p. 47. — Rafflesia Arnoldi , p. 428. — Ray-gras-i, p. 201. — Rliam- rius chloioplu n:s, p. 612. — Rbilian- tacees, p. 244. — Salicornia herbacea, p. 619. — Schysaca palmata, p. 652. — Sorglio, p. 47, 158,539. — Sphagnum paliistie, p. 05 1. — Topinainbour, p. 429. — Ti'utTo comestible, p. 487. — Trulles, leur composition, p. 54 r. — Vegetaux, leur anatomic coniparee, p. 212, 377. — Vigiie, p. 65t. Ooliytis beisliana, p. 620. Bougies p. 36, 600. I'lOiissole {perturbation de la), p. 489. Rrome. p. 323. Broyeur electrique, p. 3i3. ISiiilures, leur guerison, p. 175. Bubons veneriens. Foy. Medeeine. Cables sous-marins, p. 172. Calculateur d'interels, p. 29S. Calendrier gregorien, p. 366. Camplteue, p. ii3. Canipbre (action de I'acide sulfurique sur le), p. 93. Canal maritime pe Suez, p. 385. Capacite de saturation, p. 557. Capsules surrenales. p. 161, 211. Carbone (prolo-sulfure ), p. 52 1, 687. Carbonate de chaux, p. 55o. Carbonisation de la bonille, p. 406. Carte gcologique de la France, p. 3 10, Cataiacle, p. 324. Calechisme pliolograpbique, p. 6r3. Caustique nonveau, p. 257. Cerceris, action de leur venin, p. 127. Cerium, p. 355. Cerveau dus iusectes, p. 376, 434. Chaine flottanie, p. 2o3. Chaieur constante du circuit vollaique, p. 362. Champignons , leur origine el analyse , p. 487. — comestibles, p. 227. Chanceliere en caoutchouc, p. 3. TABLE DES MATI^RES. XXI Chassis ppur papier iicgalif, p. 4!^ ^'1 ChaucJronnerie mecaniqiie, p. 35. Chauffage, p. i. — a la !;'ace, p. 5, 173. Chaux, action sur les tlissululions, p. 55o. Clieiiiins de ier, p. 201, 2'i4, 3^4, 5o7. Cheval, si^nes de son age, p. 1 i5. Cliiniborazo (asreiisiun dii raoiil), p. 2 3S. CHIMIE. — Albiimine, coiisiatii' sa pre- sence dims les urines, p. 371, 397. — Aluminium, p. 9, 43, 6fi, 178, 397, 6 36. — Acetone, son emploi conlre le cholera, p. 47. — Acides amides, leur analogie avec le giycocol, p. 397, 4or. — Acide anisique anhydie, p. 434. — Acide arseuieux cojnnie febrifuge , ji. afpp. — Acide carhouique comme force niolrice , p. 271. — son i6!e dans le croup et les maladies liyste- riques, p. 377. — Acide cli'oraceli- que, p. 662. — Acide cinnamiqiie, p. 658. — Acide fnlminiqiif et fnlnii- nale de mercure, p. 60. — Acide hypo- azotiqiie, p. Sag. — Acide nouvean dans le colchiqne d'automne, p. 1 5. — Acide p) rogallique , sa preparation, p. 46'^, 6i3. — Acide urique, p. 38j. — Acide va'erianique, p. 410. — Acier, sa fabrication, p. 091. — Afli- niie chiiiiiipie, p, 363. — Alcool ally- lique, p. 397. — Alcuometre nouvean, p. 577. — Anialgamaliou (iufln nee delliydrogene nais.sant sur 1"), p. 660. — Aaiidon industriel, p. 4o^. — Amy- lenecomme agent ane>lliciique, p. 3i6, 4S2. — Amyiene (mort cau^ee par I'j, p. 5(ig, — Analyse imniediute ct ana- lyse miner ale, p. 491. — Analyses chimiques (trailed'), p. 5ig. — Apiol, p, 34. — Argeut naiif, p. 5 40. — Azote, sa valeur dans les bles, p. 229, ajo. — propriele inconnue, p. 426. — influence sur la vegetation, p. 523. — Bains de limaillede fer, p. 648. — Ba- lance nouvelle, p. 493, 5Si. — Bile, sa coniposiiion, p. 224. — P.ismutli, son emploi en medecitie, p. 32. — Blan- thiment du coton par le cblorofornie, p 460. — Bleu d'outremer, p. 468. -f— Bore, p. i85, 219, 355 (note) et .397. — Bougies steariques, p. 36. — Biome, p. 32S. — Camphre, p. 93. — Canipheue, p. 93. — Capacile de saturation et degre de coinbinaison, p. 557. — Carbone (proto-sulture de), p. 512,637. — Caibonate de chanx et solutions mclalliques, p. 55o. — Cerium, p. 355. — Chloroforme.p. 128, i6r, 175, 5n ,625. — Chrome, p. 354. — Cognac (principe aromalique du), p. 440. — Coneiue, p. 612. — Co- pal, p. 5 1 5. — Corps copules, p. 56o. — Corps cr^ptopolaires, p. 56o. — • Corps simples, leurpreparalion, p. 354. — Couleur nouvelle reinplacant la ce- ruse, etc., p. 434. — Couleur rouge exiraile du goudron, p. 397. — Cou- leurs a I'arsenite de cuivre, p. 421, — Crystaux des corps organiques, leur mouvement sur I'eau, p. 171. — Cu- rare, p. 271. — Cydamine, p. 38o. — ■ Decomposition de I'eau par I'electricite almospherique, p. 334. — Distillation des grains, p. ()23. — Distillation des viuasses, p. 649. — Dosage du gaz in- flammable des mines, p. 636, 639. — Dosage de la mor|duiie, p. 609. — Eau, ses functions cliinii((ucs, p. 5 59. — Eau regale, p. SSg. — Eau du val Richer, ji. 168. — Eaux desfleuves, leur com- position, p. 1 63. — Eau de Vichy, p. 079. — Eau-de-\ie de Cognac, p. 65o. — Ecorce decheue, p. 542. — Emetique, p. 568. — Empoisonue- nients, |). 33, 271, 482,568. — Fe- (ii'e, |). 271, 3o8,4o'i, 4o5, 620. — Ker (perchlorure de), p. 175, 257. — son action sur Tunne, p. 199. — (io- dates de), p. 297. — (cyrophosphates de), p. 3i2. — cryslallin, p. 567. — >a transformation en acier, p. Sgr. — (nouveau giserutnt d'un minerai de), p.6'22. — (bains de limaillede), p. 648. — (acelatede), p. 649. — Ferinentalion alcoolique, p. 384. — Fermentations (eludes snr les), p. 390. — Fibres du li- gneux, p. 395. ^ Fluor, conslater sa presence, p. 4i4. — dans les eaux de Vichy et de Plombieres, 4 1 4,41 5. — Fii- miers, p. 26^,436. — Galene, sa reduc- tion, p. n4. — Galline, p. 674. — Gaz volconiqiies, leur composition, p. 41 5. — Gelatine, p. 11 3, 376. — Glucine, nsannite et sorbioe, leur ferraentalion, p. 384. — Glycerine, sa formation ar- liiicielle, p. 384, 4i4' — Glycogene (matiere), p. 529. — Glycol, p. 397. — Gomnies (acuon de la chalenr sur les), p. i5S. — Guano, p. 33i. — Huile des graines oleagineii-es, p. 608. — Huile de terre, p. 54 r. — de thlaspi, p. 38. — Huiles a eclairage, leur solidification, p. 297. — Hydro- XXII COSMOS. gene naissaiit, son influence sur Pamal- gamaiioii, p. 660. — Inipiessioii Jes tissiis, p, 341. — lodatesde fer, p. 287. — lode et broiiie dans les eanx niiue- rales, p. 32 S. — lode, propriete de se porlt'i- sur les noirs, etc., p. 29;!. — lodofurme, p. 26a. — lodute de chlo- rure mercurcux, p. 378, 607. — lo- dures, p. 298. — loduros ile radiciiux organiques, p. 658. — Iridium, p. 574. — Lait, sur sa composition, p. 264, 3i4> — Liquides fermeiiles en vidaiige, p. 3oo. — Liimiere (aclion ue I'or sur la), p 276. — Magnesium, p. 2i5. — ]VlaDi;anese, p. 328, 355. — Mannile, p. 3S4, r)i8. — iVemoires de clitrnie de M. le docleur Koene, p. 537. — Mercure (mine de), p. 456. — Meiaux dii mineral de platine, p. 572. — Me- taux precieiix, p. 44". — Mia^uies, p. 262. — Mordanis, p. 649- — Mor- phine ^dosage), p. 65*). — Naphle mi- nerale, p. 54r. — Nickel, 354,355 (note). — Nitrale d'argent, i5o, 294. — Nitraie de polasse, p. i 54. — Ni- trates, p. i54. — Niire, [>. iSs. — Nitrificalion, p. 24. — Or, son acliou sur la lumieie, p. 276. — Osmium, p. 573. — Oxacides du soufre, leur veritable nature, p. 658. — Oxyde de carbone. p. 11, lot. 174, 2 45. — Oxyde nouveau de silicium, p. 439. — Oxygene, p. loi. — Ozone, p. 24, 576. — Palladium, p. 579. — I'aui- ficalion, p. 62. — I'apiers ozononu- tiiquts, p. 576. — Phaseomannite, p. 5 1 1. — Phospliales de chaux comnie eograis, p. 66, loi, 161, 241, 265, 372. — Phosphore, p. 33, 117, 32o, Platine, p. 354, 358, 572. — Priucipes toxi(|ues de la ciguii, p. 672. — Proto- sultuie de carbone, p. 52i, 637. — Pyrophosphate de tVr, p. 'i\i. — Rc- chcrckes pliysico et pliysiologice-chim'i- ,]ues, p. 377. — Reckerclies photo- ckimhjues, j>. 407, 43o. — Respira- tion, p. 5 10. — Khoduim, p. 574. — Rosce (etude cliiraique de la), p. 571. . — Salicyle (deiive-. de la), p. 658. — Sang (rccherrhes sur le), p. 5io. — Sel gemnie, p. i83. — Silicates de sonde, p. 601. — Silice et silicates, p. iS5. — Silicium, p. 355 (note). — (oou- vel oxyde de), p. 439. — Sorbine, p. 384. — Soufre, sur ses divers elals, p. 1 35, 1 83, 3o5, 400. — Substitu- tions inverses, p. 662. — Siicro^ cons- taler sa presence dans les urines, p. 371. — proveiiant de la man- nite el de la glycerine, p. 5 18. — sa formation daus le loie. p. 529, 635. — Tlieorie des substitutions, p. 532, — Titarie, p. .'^o5 (note). — Tuug- slene, p. ^07. — Valerianate d'alro- jiine, [I. 27.!. — Venin, [). 172. — Vert de Cliiue, p. jofi, 478,612. — Vert de zinc, p, 292. — Viuification, p. 265. — Urates, p. 383. — Uree, p. 3S3, 397 — Urine, son action sur lefer, p. 199. — (sucre dans I'), p. 371. — Ziiic (v( ri de), p. 292. — Zirco- nium, p. 35 5 (note). Cbim|ianze, p. 477. Chloruforme (iiiiialalion dn), p. 625. — son emploi en chiruigie, p. i23. — ses effets, p. 161. — contre le nial de mer, p. 175, 6i i. Cholera et electriciic, p. 4 34. Chrome, p 354. Cicatrices produites par la vaccine, moyen de les prevcnir, p. fijtt, eigne (principes loxicpies de la), p. 672. Cinabre, sa polarisation rotaluire, p.49r, 470. Circulation de I'air dans les vaisseanx des planies sabmergee>, p. 576. — Jusang, du chyle, de U lymphe, leur decou verle, p. 198. — chez Its ophidiens, p, 211. Ciisiis scabiosa, p. 428. Classification de Jussieu , p. 352. Cloches. Poids des principales, p. 453. t;obalt, p. 354. Coccus ])roduisant une cire blanche 1 p. 543. Cochenille, p. 540. Cognac (priucipe aromnlique du), p. 410. Cnke (fabrication du), p. 406, 292. Collodion, p. 6, i3, 4r, 42, 102, 167, 208, 232, 268, 295, 345, 349, 372, G27. Combustibles fossiles, p. 292. Comeles reduiics a leur juste valeur , p. 2 16.— de d'Arrest. p. 284,34?., 612. — de Brorsen, p. 34 i , 367, 494. — Je P.ruhns, p. 3i 1 , 34 i. — choc avec la terre, p. 297. — la iiouvelie, p. 271. — conjectures sur leur nature, p. 244> 245. — leurs densites, p. 49<-', 216. Coneine, p. 672. Congres scienlifi(|ue de France, p. 5o6. Conservation de la force, p. 329, 36o.— TABLE DES MATlilRES. XXIU des We;, p. 5a6, 608. — des viandes, p. It 3, 602. Conslruclioiis inariliines, p. SSa. — des racines cubiques, p. 41 3. Copal, sa dissolution a i'loid, p. 5i5. Coprolilhes des Ardennes, p. 265. Corypliouons tossdes, p. iS'j, Colon, son imporlaiion, p. 2o5. Couleiirs simples et composees, p. Saa. -— Douvelle, p. 1*34. — rouge extraite du i;oudron, p. 397. — a I'arsenlte de cuivre, p. 421. Couperose, sa giierison, p. 878, 434- Couraiits almospheriiiues, p. 283. — ma- rins, p. 45 1 . Crane, son develop[)enieiit, p. 38o, Crislallia , sa toriipositicm, p. 6ii, Cristaux, leurelude opiique, p. 170, lS3, — organiijiies , leurs niouveineuls, p. 171. Croupe el maladies liyslcriqiies, p. 577. Curare (enipoisoiiiienieul pur le), p. ^71. Cyclamiue, p. 3), p. i5tt. Diarnagneiisuie, p. 162, 180, 199, 3a3. Diameire apjiareiU des planetes, p. 3o4. D'wscordium^ centre les flux hetaorroi- daux, p. 323. Digestion p. 48 1. Dislillation des grains , p. 6a3. — des vinasses, p. fi4<). Drainage a Coi!i|)ii'giii', p. 263. Dunes, ieur niaicl:e, p. Say. Eau, deconiposilioji eitclrique, p.334.— ses fonctions cliiiniques, p.SSy. — (nap- pes d') sous ia craie a Pans, p. 488. — regale, p. 559. — du Val-JHicher, p.i65. — des fleuves, livieres, p. i63, — de Vichy, p. 579. Eaux-de-vie de Cognac, p. 65o, Ecliinocoqiie<, p. 5o(J. Eclairage, p. 38, 342, 406, 417, 420, 538, 552. Eclairs sans lonnerre, p. 41X. Ecliptique (alias de 1'), p. 3o2. Encre de Chiue, sa valeur iudustrielle, p. 54a. Ecrilure des aveiigles, p. 290. Ecuiiie de mer arlificielle, p. 601, Electnciie, p. 17. — racdicale, p. 245. Elephants expedies en France, p. aaS. Embryogenie coraparee, p. ia4. Emetique, son action, p. 568. Empoisonnement par le phosphore, p. 33. — par le curare, 271. — par le cuivre, p. 48a. — p. 568. Empreiules depas, p. 54o. Epreuves sur papier Marion, p. 375, Epizoolie des vers a soie, p. i5. Equations liiiiomes, p. 435. Erpetologie de I'Afrique, p. la. Esthetique, p. 26. Elat spheroidal des corps, p. 665. Etoiles (distances polaires des), p. 611, G3o. — filantes, p. 11, 368. — nou- >elle de la nebideiise d'Orion, p. 579. — variables, p. 49,189,200,228,402. Exposilioii agricole, p. 264. — de la So- ciete fiaiiQaisede phologiaphie, p.n6. Faiences iniilant celles de Bernard de Pa- lissy, p. 325. FeconJation, lolede la corolle p. 657, — et grossesse inlra-ovariqne, p, 487. — desoeuis de poissons, p. 406. — artifi- cielle des orchidees, p. 27S. Feciile des manous d'Inde, p. 620. ^in- duslrielle, p. 404, 4o5. — grains vides, p. 3o8. — de niaironier, p. 271. Fer, (perchlorure de), son eniploi en me- decine, p. 175, 207. — son action sur I'uriue, p. 199. — (lodales de), p. 297. — (pyrophosphate de), p,3ra. — crys- tallin, son aimantatiou, ]>. 567. — sa tranforniatioD directe en acier, p. 591. — (nouveau gisement d'lin uiinerai de), p. 62a. — (bains de limaillede), p. 648. — acetate de), p. 649. Ferraentatioa alcoolique, p. 384. — en general, p. 390. Fibres ligneuses, p. 395. Fievre jaune (inoculation pour la), p. 33. Figures elecliiqiies, p. 108, 182. Filature du duvet chameau, p. 536. Filets el lissus nerveu,\, p. a i5. Fils telegraphiques, sur la gutta-percha qui les recouvre, p. 4o3. Filtres tubulaires, p. a4i. Flore du plateau ceulral de la France, p. 637. Fluor, coustater sa presence, p. 414. — dans les eaiix de Vichy et de Plom- bieres, p. 414, 41 5. Flux hemorroiJaiix, p. 323. Foie (niatiere glycogene du), p. 324. Force, sa conservation, p. 3a9 , 36o, 44a. Fossiles, loisde Ieur distribution, p. ia5. XXIV COSMOS. Foudre(coiipsde)suriin iinvire, p. 398,86, Freiiis (syslenie fie), p. 2o5. Froid duns le dciroit de Magellan , p. C22, Filmier des elaljles, p.264 . — (experiences snr le), p, 436. Fiiniigalions iodoes, p. i58. Galeiit", sa roduclion, p. 1 14, Oalels inipresMonnt'ij p. 4 35. Galline, p. C14. Ganglions, p. 126. Gaz volcaniqiies, composition, p.* 41 5. — soiis-corlic.ii de la tene, p. 5o5. Gelaiine (leuilles de), p. ii3. — tannee, p. 376. Generation sans fecondalion, p. i33. GEOLOGIE et MINEKAUTGIE. Alluvion murine de la Nouvelle-Ecosse, p. 426. — Arijeul natif, p. 540. — Rniit el se- |: cousse sons mer, p. 296. — Bassii; Boui- guignou , p. 3 I. — Caile geologiqne de la France, p. 3 10. — Clhaire de mineralogic, p. 245. — Cinabre, p. 470, 491. — CiHiilnislibles fossiles, p. 292. — C9. HoiiKue, sur sa nature, p. 434. Hoquet^ Dioyeii de In taire hie, p. 56, 453, 485, 5ii, 544,654. — Oculaire solaire, p. 599. — Op- tiqne, nouvel appareil, p. 149. — Four a voiiles superposes, p. 434. — Papier a enieri, p. 2o3. — Papier parchemiiie, p. 395. — I'oids et mesures, p. 3o3. — Fompe de sau'elage, etc., p. 65o. — Porte-amares, p. 16. — Porte funii- vore, p. 35. — Propulseur a helice, p. 272. — Renioique (systeme de), p. 2 1 3. — Rotalioii des rones, p. 180, 323. — Roue liydraiilique llottanle, p. 2o3. — Rones enrayees. etc., p. 338, Roues des locomotives, utiliser leur nionvenieiit, p. 6or. — Rouissage du lin et du chanvre, p. 601. — Saccha- riti':ation des graineset fruits amylaces, p. 649, — Science et indnslrie an- glaises, p. 281. — Sifflets des locomo- tives, p. 600. — Signaux des navires, p. i3. — Sirop de belteraves, p. 459. XXVI COSMOS. — SouJure a alcojl et pliospluiic! , J). 60 1. — Slalislique de rimporlatiou du cotoll, p. 2o5. — Teintiire a la delrempf, p. 3oi. — Totirhe coninie combuslible, p. 469. — Tiausporj de dessins sur toile, p. agJ, 344 (note). — llsinesa gaz, p. 291. — Vaisseau dcfiiii, p. 578. — Venlilalion,p. 371. — Vert de Chine, p. jo6, 4787 f'l^. Veil de zinc, p. a()2. — Vinificatioii, p. a65, 266. — Vitesse des convois- p. 601 . — Waf;ons marilinies, p. a i 3, Industrie des dea'eiles (ceruse dans I'), p. 460. Inerlio, p. 3Cto. Inoculation pour la lievrejaune, p. 33. Inondalions, p. ?. ta. Inscriptions lie Kliorsabat, p. 34o, ao3. lusliUit terlmiciue toscan, ]). 338. Instruments azimulaux p. 102, i55. — de niusicjue encnivre, p. 402. — cons- tricleur (nouvel), p. 10 1. — en alumi. uimn, p. 179. lutegration des equations dilTerentielles a plusieurs variables, p. i 10. — generally d'uu sysleme d'equations, p. 3o4, 435. Inventions nouvelles {les), p. 607. lodales de iVr, p. 297. lode el brume dans les oaux minerales, p. 328. — proprieie de se porter sur les iioirs, p. 293. lodolo'me, p. 262. Iodine de cliloriire inercnrenx, p. 37S, 607. 2y8. — des radicaux organiques, p. 658." 7;viy(//icc(!, racine aliniuntaire, p. ii5. Iridium, p. 574, IstliniedeSiiez,percemeut,p.9, 2 4.^,385. Joiiniatdcs savants, p. 62a. — de meleo- rolugic (nouveau), p. 3o. Kysies de I'ovaire, p. 3 14. Lait, sa coiiipoiitioii, etc., p. 264, 3 14. Legs I'rcanl, p. 3a i . Lentilles a eaii, p. .'5()5. Lichen nouvtan, p. 41?. — de Java, )>.4i3. Ligiios isocliniqnes et isoydinamiques, p. 367. Lin, fa culture, p. -^39. Liquidcs en xid.in^e, p. Son. Liiboliitiea Ihepiial dela Charite, p.63S. Loisde d I sin but ion des corps fossiles, 12 5. /.o-Aao (verl de Chine), p. 478. Lnmiere (action de I'or sur !a), p. ■2 7t>.— eieclricpie noiiveile, p. 535, 5 j(!. — Traiie clemeiitaiic tic la tUcorie oiidu- laioiie, p. 456. Lune (photographies de la), p. 208. — sur son mouvementj p. 324, 399. Lunette astronnnii(|ne, p. 553. — Napo- leon III, p. 424. Machines a vapeur, p. 47, 245. — ejar- reuse. p. 127. — clectriques, p. 496. d'induction, p. 17. Magnetisnic, p. 2i5. — terrestre, p. 161. Ma!;neiique, pouvoir rotaioire, p. 634. Mai<, p. 1 1 5, Maladies, Foy. nieJeriiie. Mangabey a cnloite rousse, p. 477. Manganese, p. SaS, 355. Manioc, sa racine, p. 245. Manipvdatenr tclegraphi(pie, 288. Maunite, p. 384. — el glycerine, p. 5iS. Marcbe (ibeorie de la), p. 3^1. Masses de< planeles, |). 004. Mecanique imlustrielle, p. 67. Medaille de Wollaslon, p. 340. — de la fociele royale ustrononiique p. 365. M15:DECIIVe"eT c;HIRURG1E Absorp- tion el resorption, p. 60S. — Acetone contre le cholera, p. 47. — Accouche- meullaborieux, p. SGg. — Acide aise- nieuxcammelebrilnge, p. 2 59. — Acide carbonique dans le cronp et les mala- dies liyslenques, p. 577, — Albumine dans les urines, [1. 471. — Aniylene agent aneslhesi(|uc, p. 3i(), 48i. — Aniylene (mart causee par 1'), p. 56c). Amaurose et cataracle, p. 324.— ^n- nales dc la cliirursic militaire, p. 3 20. — Asphyxie (leclicrclies sur I'), p. 320. — As[)I)y\ie par I'acide carboniqne, p. 657. — Ausculialion (Iraite d'), p. 323. — Bile, sa coinposilion chi- niiipie, ]). 224. — liismnth, son -sons- caibonate pour les donleurs gaslralgi- ques, p. 3a. — Blessures d'aiiiputalioa, leur guerison, p. 626.— ]'.riilures, leur guenson, ]). 175.— IJubons veneriens, p. 45, J 02, — Capsules surienales, p. 161, 211. — Cataracle. et Amaurose, p. 324. — Caustiipie uouvelle, [>. »37. — Cbault'curs et niecanicieus (maladies des), p. 201. — Chlorotbrnie (empioi medical (In), p. 128, 161, 175, on, G25. — Cholera, )>. 434- — Cicalrlces prodnites par la vaccine, p. . 2<)4. — d« polasse, w pro- duction dans la peiile Russie, p. i55 — decomposition par ies maticres animaies en piilrct'acli.)n, p. i5ii. ISilre dans le s il et Ies eaux, p. 1 52. Nitrification, p. 24. Nolice sur Diilrenoy, p. 3o9. — sur la vie et Ies onvrages y. Physique. Optique (I') el la peinlure, p. 232. Or, son action .vur la hirnieie, p. 276. Orages, leiir nature, p. 398. — a Paris, p. 646. Orbites lies pl.inelcs et conieles, p. 176. Crcbidees, Ircondation, p. 27S. — leur culture, p. 65 r. Oreille interne des mammireres (prepara- tions analoniiques de 1'), p. 507. Os, sur leur structure, p. 38o. Osmium, p. 573. Osteologie des oi.seaux, 271. Oslracions, p. 63 1 . Oxacides dii soufre, leur veritable nature, p. 558. Oxyde de carbone, p. 11, 10 1, i7 4i 245. — nouveau de siiicinni, p. 439. Oxygeuo Ibtatistique de I'), )>. in. OuFiius de I'Ocean et de la Mediterranee, P-94. Oiganoj^iiile vc'j^etale, p. S.^ia. Ozene (guerison de 1'), p. 34. Oiuue, nouvtlles expiiiences, p. 24. Ozonomelric p. 576. Palladium, p. 572. Panificatiou, p. 62. Papiers-t^anson , p. 6o3, — a I'emeri , p. 2o3. — parrhemine, p. 39^. — photogiapbitpie de Marion, p. 3-5. — ozonomelriqne, p. 576. Paradoxes malhc'inaliqiies, p. 611, 63o, Paralleles, iheoric, p. 4 in. Paralysis, phenomenes jiaralyiiques, p. 569. Paratonnerres cbini;is,p. 325. — en cu;— vre, p. 45, 86. Parcheniinisation des posilifs, p. 6o3. Parlheno-gencse, p. i33. Passereaux chaoleurs, p. G12. Perles des Unios, p. 455. Petrificaiions arlificielles, p. aSg. I'haseomannite, p. 5) i. Philosophic des sciences, p. 471. Pliormium tcnajr, p. 422 Phosphate de cliaux, engrais, p. 10, 66, lor, I '11, 2(1, 265,272. Phospliore(empoisoMnfnu'ut parle), p. 33. — I'oii^e aniorphe, p. 127, 320. Phosphore^l euce des insecles, p. 54o. Photographic, p. 6, 41, gi, 116, i5o, 208, 232, 26S, 294, 3i7, 3i8, 345, 372, 461, S07, aS3, 5i2, 5i4, 570, 6o3, 627,654. Photographies de la lune, p. 208. Photographic des lignes nodalcs d'une plai|ue vibrante. p. 4 89, 397. Pitoxinus h'l'ls, p. 54 I • PHYSIQUK ET METEOP.OLOGtE. Ac- conimo'lation de I'oeil, p. 29, 3:»o. — Arou^licpie, (experiances d'), p. 499. — Aiguille ainiaulce, son incliuaisou et sa declin&ison, ]). 367. — Aimants, p. 600. — .^imaiilalion duferrristallin, p. 567. — Appareil (|ui iiiesure Ies courants gazenx ou liquides, p. 435. — Appa- leil ningiieti(pie, p. 160. — Application de relcclricitc, p. 425. — Arc-en-ciel, p. 6o5. — Barometre, sa hauleur nor- luale sous lequaleiir, p. 571, dSz. — Raromeiie a balance, p. 58, 176. — P.aromeire de Gmte, p, 178. — Baro- metre nouveau, p. 356. — Boussole, perturbaiions, p. 489. — Chaleur cons- tanle developpee par le circuit vollai- que, p. 362. — Ciiiabre, sa polarisation rotaloire, p. 47°, 49 i- — Coefficient de refraction de I'eau, p. 14. — t;on- servalion delaSorce, p. 329, 36o, 442. — Cuiilems simples et coniposces, leur tlitoiic. p. 322. — Co\uants atmosphe- TABLE DES MATI^RES. nques, p. 283. — Cristallin de I'ceil, p. 6ii. — Cristaiix (ettides optiques «es), p. 170, i83. —Decomposition del eau par I'electriciie almos|iliPri(|ue, p. 33/,. — Decliuaisoii el iiicliiiaison magneliques a I'.ruxellfs, p. 5o6. — Diamafjnelisme, p. 162. 180, 199, 323. — Eclairs saus tonnene, p. 4ii. — Electricile, p. i 7. — EleclriciKi mcdi- '•ale, p. 245. — Elal spheroidal dcs corps, p. 665. — Per crislallm, son ai- maiit„lion, p. 567. — Figures declri- M'les. p. 108, 182. — Force, sa con- servation, p. 329, 36o, 442.-Fondre ^conps de), p. 86, 398. -Fro.d daus Je delroit de Magellan, p. 652.— filoljes fil.iiits coloris, [.. 93. — Gra- , "le. p. 3Gt. — Greenwich (sa tenipe- raluremoyennedechaquejour, p. 391. - Oi'cle, p. 402, 59,8. — Helioscope, p. 594. — Inclinaisun. Voy. Ueclinai- soii. — Incrustations dans la pile de £>aiiiell, p. 5o3. —Iiierlie, p. 36o.— Instrnmeuts de musiqiie, p. 402, Lenlilles a ean, p. 5o5. — Lignes iso- tliniques el is'.ydynaniiques, p. 367. — Lumiere (action de Tor siir la), p. ••.76. — Lumiere eleclrique nouvelle, p. 5 35, 536. — Tra'ue eltnit-ntaire lie la tiieoiie ondulatoire ^ p. 450, Limeltes, p. 424, 5S3. — Magnelique (pouvoir rolatoire), p. 634. _ Magne- lisme terreMre, p. i6r. ~ Miteorolo- ;,Me, p. 5 1 5. 6o5. — Mirajje. 410, 487, ^M-). — Mirage snr le lilloral de U Flandie, p. 4,0. — Miiai^ea Gran el a Osteude, p. .IGG. — Miioiis de teles- copes, p. 182. — Monvemenis parti- culiers des crislanx organiques sur IVari p. i7r.^Ol.je(lirs, p. 56, 453, ^85^ . 54 J, 654. — ObserviUions nieleorolo- Kiqiies en mar, p. 540. — Optiqne (nonvel appaieil), p. r.,(,. — Oplique des sons, p. 383. — Oijilque modmis /■cuenoire rl'), I,. 4)fi. — Oi ages, p. 5gS , 646. — faraloniienes chiiidis, p. 3a5. — Pantoniuries en cui»re,' p. 45, 86. — Pheiiomeiies n:eteorolo- giqiies, p. 410. — Pholo^-raphie de. lignes nodales d'linc plaque vibianle, | V, 489, 597. — Pli)siq„e des eaux,' p. 297. — Physique nioleculaire, p! | '9-— Pile (Introduction d'un appaieil I diuduclion dans le circuit dune), p. j 553.— Pilede Kunsen, p 3i. — Pile | Houvelle, p. 3 58.— Pluie par un temps XXJX serein, p. 412.— PiuTJonietre, p, 455. — Polarisalion de la liimieie, influence dn magnetisme sur ce phenomene, p. 634. — Polarisation rolaloire du ci- iiabre, p. 470. 49,. — Prescience du temps, p. 211, 298. — Pvromelre ct thermometre nonvcaux , p. 48- Refraelion de I'eau a div'erses tem'pera- liires, p. 137. — Kosee, p, 57 r. Son (sa viiesje dans les divers milieux) p. 241, 425. —.Son (elude oplique du), p. 3S3._Spiiales d'Airy, p. 470. — Strabisme, p. 3i2. - Telescope nouveau, p. 186. — Temperalure de la mer, p. 426. — Temperalure de la lerre, p. 5 16. — Tenijieralure moyenne de chatpie j.)ur a Greenwich, p. 391. Theories de la rhaleur, p. 5-8. Va- peur vesiculaire, p. 607. —Variations diuines du barumeire, p. 582. — Veines hquides, p. 19. _ Vi|,ralioi!S sonore.s piw le relioidissemenl dun disque de cuivre, p. 66. Physique des eaux, p. 297. Physique moleculaire, p," I'l,. Pied dalouelte, nouvelle variete, p. 1-3, Pierres arlificielles, p. 204. Pileavecappareil d'induclion, p. 553. _ de Bunsen, p. 3 i . —uouTi-ilc, p. ,58. Pillules de sabine et de rue. p Sa PiscieullMie, p. 3o5, 427,451, 5o4,. 540. Planetes, diametre et m.w.sse.s, p. 3o4. leur volume et la dur6ede leu r rotation p. 457. Venus, |>.592._43e^p. 45^; 494, aG:. _/,..,e^ j^,_ ,'589,648. Plamesdela P.olivic, p. 413. Platine, p. 354, 356, 572. Pluie parun leu.ps .sereiw, p. 412. Pluvi.inieire tres-sensihie, p. 455.' Puids et mesures, p. 3o3. Poinles en astronomic, p, 470,328. Pi'is.'ons qui marchent, p. 621. Polansalionroliiloiren.ag.ielique, p. 634. — rotatoire du cinabre, p. 4-0, 491. * Pollen, son action sur la graiiij p 210 Pummede terre, p. 37, 85, 263.Lsem s' p. 264. Pompedesauvelaseet induslrielle, p. 65o I'onI a une seule arche, p. 94. Porismes (Iheoi ic ,les), p. ifi5. ^oile-aBianc'S de saiivclage, p. i6. Porte I'umivore, p. 35, Positifs paroheniines, p. 462. Postal-^iiide, p. 89. Ponies, leur pont.', p, 62,3. Poumons, structure, p. 489, 565, XXX COSMOS. PouToir (le) et la science, |>. igS. Pralinage des grains, p. 435, 65 1. Pre^cipnce (iu lemps, p. ai i, 998. Pression atmosplieiique.ses cfietssiiv Tor ganisme, p. i6a. Prix dcct'ines par TAcademie, p. ia3. i3i,4ot, iio,552. — £,0,000 francs relalif a rcleclricite, p. 3 1 a . — propose par rAradi-niiedeLisbonne, p. 172. — offiTt par I'Academiede Turin, p. aaS. — (In concours agricole de Poissy , p. 39J. Problemcs de geometrie, p. 457. Procede de tirage des posititV, p. 464- Prodiiclion agricole dii dd'partcnieul du Nord,p. i85. Proportions dii corps hnniain, p. 26. Propiilseiir a helice, p. 272. Pisillacides (note sur les), p. 3o5, 328. Puits arlesien, p. 3ii, .'i<)7, 567. Pyromeiro ei. tliiuniomelres p. 487. Pyropliosphalrt de I'er, p. 3 12. Races luiniaines, leiir classification, p. 1 56. Raciiies, iiinutnce di; I'hnmiditep. 47- Rafflaia Arnold'i, p. 42S. Kas;c, snr sa cause, etc., p. 6i5. Bay-grass, ses avantages, p, 23 1. Fiefiaction astroiiomique, p. 378. — de I'eaii a diversrs teiiiperalmes, p. j37. Regiies de la nature (les qualre^, p. iga. Rsniorque (sysienie de). p. 2i3. Rendcmenl a^'ricole de la France, p. 36. Recenseiiients americains, p. 20a. Repertoire d'oplique inodcine, p. 455. Resorption. For. Aljsorplion. Respiration, p. 5ro. Rliamiius cldorophortts, p. 6ia. Rhinantacees, p. 244. Rhodium, 574. Rivieres (sur le regime des), p. 4'3, 4a7. Roches crislallisees, p. 41 3. — igiiees, p. a4r, 320, 398. — paleoziViqties in- ierieures, p. 340. Rnsee (elude chiniiqne sur la), p. 571. Roue hydraulique floltante, p. ao3. — enrayees, p. TaS. — des locomotives, leiir muuvement utilise, p. 601. Roiiissa;;e du lin et du chanvre, p. 601. Saccharification des grains et fruits amy- laces, p. .''149. Salicornia lierbacea, p. 619. Salicvie (nouveaux derives de b). p. 65?. Sang (histoire de la decouverte de la cir- culation du), p. 198. — recliercbes sur le, p. 5 10. Saoglier keropotame, p. 477. Sangsues, p. aia, 6ig. Sanveiage (appareil de), p. 207. ScliYsaca palmata, culture de c^'lte fou~ gere, p. 65a. Scorbiit, a57. Secretion laclee par I'eleclricile, p. 81 3. Sel-gemme (experiences sur le), p. i83. Sensibililedes tendons, p. 438, 487. Sericicnllure, p. 440. Silflets des locomotives, p. 600. Signaux des navires, nouve.iu mode de transmission, p. i3. Silicate de sonde, p. 601. Silice et silicate, p. 18 5. Silicium, p. 355. — nonvel wiyde, p. 439. Sirop de belleraves, sa fabrication, p. 459. Sitoph'iliis granaiius, p, 54 i. Societe fiancaise de pliotographie, p. 3 ig. Societe ptiotographique de Londres , p. 209. Societe royale de Londres, p. 396, 5 39. Societe de seeunrs des amis des sciences, p. 253. Soleil, constitution physique, p. 363. — son mouvement dans I'espace,. p. 662. Sommeil et veille, p. 6a 3. Son, sa vilesse, p. 24 i, 425. — etude op- tique du, p. 38 3. Sorbine, p. 384. SDigho Sucre, principes colorants, p. i58. — sa culture, p. 47, 53g. Soufre, diversetals, p.i35, i33,3o5,4oo. Spliagniim paluslie, ses usages en horti- culture, p. 65 r . Spirales d'Airy, p. 470. S|>ironietre, p. i58. Spirolherme, p. 261. Statisiique du coton , p. ao5, — de la ville de Londres, p. 202, — de morta- lite, p. 369. Stereoscope, nouvelle disposition, p. gt. — Tlieorie, p. 46 1. Strabisme, p. ;s 12. Striage des roches et des calets, p. 5i5. Slriclurotoinie, p. loa. Substitutions inverses, p. C6a. Sucre, sa presence dans les urines , p. 371. — provenant de la transfor- malioM de la mannilc et de la glycerine, p. 5 1 8. — sa formation dans le foie, p. 529, 635. Systume slltiiien tie la Bohime, p. 34o. Tables logariihmiques, p. 579. Tacbe solaires p. 54, aSg, 593. Teinlure a la delrempe, p. 3oi. Telegraphetransatlamjqne. p. 89, 337.— TABLE DES MATIERES. XXXI de Mnvse modifie, p. 287. — trans- aieditenanefin, p. 337. — electro-ma- gnetique, p. 394. — sous-inarins, p. Ug. Telegiaphie, p. 343. — antograpbqne, p. 285. — au Canada, p. 422. — eleclrique, p. 453. — des chemin'i de fer, p. 450. — eutre Paris et Saint- Pelersbourg. p. Soy. Telescope nouveau en veire argentc, p. 186. Temperature de la mer a diverses profon- deurs, p. JaO. — de la terre, p. 5 16. — moyenne de chaque jour a Green- wich, p. 391. Tendons, sur leur sensibilile, p. 438, 487. Termites (recherclies siir les), p. 076 Veines liqiiides, leur consliiulion, p. 19. Venin lies repliles, p. lyS. Ventilation d'hopilal, p. 37 1. Verons lisses, p. .')4 i . Vers a soie, 265, 271, 3o5, 5o6, 549, 581,623. Vert de Chine, p. 3o6, 47S, 612. Fertdezlnc, p. 292. Vesicule du fiel, p. 4'6. Vigne, preservation de la gelee, p. 65r. Vinification, nouveau precede, p. 265, 366. Volcau sous-marin, 296. Wagons niarilime*, p. 2x3. Yeuxi de moniie, p. 6J7. Zeulithes, composition, p. 021, 57S. Zinc (vert de), p. 992. Zirconium, p. 35 5 (note). Terre, sa figure, dimensions et poids, Zoologie. Abeilles et agriculture, p. 607. — Animaiix des oidies infeiieiirs. , P- 171- Tetanos, p. 568. The de loin, p. 3So. Tigre (moMoi;iaphie du genre), p. 383. Tissu glanduletix particulier, p. 129. — d'amiante comme preservatif de raclion du feu, p. 649. — de laiue et tils a eclat mctallique, p. 458. — fibriliaires, p. 469. Titane, p. 355. Topinarabour, p. 429, Tourbe comme combustible, p. 459. Tourmalines electricjues, p. 323. Trapeze J'Orion, p. 58o, 6iy. Treniblementsde terre en Algerie,p. 324, 397. Truffe, comestible, p. 487. — leur com- position, p. 541. Tuf-marin, p. 326, 327. Tunieurs, leur gui'rison, p. 258. Tungsicne, p. So;. ■Urates, p. 383. TJree, p. 3t?3, 397. Urelre retrecissements p. 129, 378. Uretroloniie, p. 102. Urine, action surlefer, p. 199. — presence du Sucre, p. 371. — incontinence, p. 624, 62E. Usiues a gaz de I'Angleterre, p. 291. Uterus, son rn|ipurt avec le cocur gauche, r-.377. Vaci-jiie p. 258, 271, 377, 626. Valerianate d'atropine, p. 272. Vapeur vesiculaire, p. 607. Variations diiirnes du barometre, p. 582. Vegeiaux (anatomierompareedes),p. 212. Veille. Foj. Scmmeil. p. iSi. — Animaux lues en Algeiie, p. 49". — Aniniaux accliiuales, p. 536. — Anguilles, leur traiispoit, p. SSq. — Auguillule du ble nielli', p. 126. — Aquari jui, p, 5o6. — Amelioration des vers a soie, p. io3. — Bceiif mus- que, p. 477. — Cerreris, action deleur venin sur le systenie nerveiix des insec- tes, |>. 127. — Cerveau de-; insectes, ]). 376, 4 j4 . — Cheval, son age, p. 1 15 . Cliinijiaiize, p. 477. — Cii'culalion cliez les opliidienSj p. 2 : i . — Coccus pro- duisaut uue cire ijliimhe, p. 543. — Coclienille, p. 540. — Dcutale [Den- talium enta!h\ Y>- 10 i, 469. — Eclii- nocoqnes, p. 5ot>. — Elephants, p. 258. — Einbryogcnie compaiee, p. 124. — Erpetologie de l'Afr](|iie occidentale, p. 12. — Eludes prnliqiics sur les ani- maiix des orJres infeneurs, p. i8i. — Fecondation des ceufs de pois«ons, p. 4o6. — Generation sans iecondalioii, p. i33. — Gigandipus caudalus , p. 540. — ■llarengs, p. O^o. — Hip- popotame nouveau, p. 467. — Ilistoire naturelle des mollusijues terrcstrrs , p. i3. — Honmic, sur sa nature, p. 4^9. — Humerus d'oise.m tossile, p. 383. — Mangahey a culolte roiisse, p. 477. — Metanioi'jihoscs du Irachys pygnuea, p. 65 et 184. — Monclie de la viande, p. 626. — Oiseaux, leur usteologie, p. 271. — Ostiariens, p. 63 1. — Our- sins, p. 94. — Parthenn-gfuese, p. i33. — Passereaux chanleuis, p. 612. — Perles des unios, p. 455. — Phospho- XXXIl COSMOS. rescence desinsectes, p. 54o. — Pisci- culture, p. 427. 'iSi. Soi. 5;o. — psiilaciJ.s, p 3oj, 328.— Poissons qui marrlicnl, p. 611. — Poules, expe- riences sur leur ponle, p Gaj. — Uaces humaints, p. i56. - Sani;!iei- reiopo- tame, p. 477- — Sangsues, p. 212, 619. — Sericicullure, p. 44o. — ■$(- toph'dns graiianiis, p. 041 . — Termites, p 3,8. —Tigre, p. 383. — Veniii des reptiles, p."i75. — Verons lisses, p. 541. — "Vers a soie, p. 265, 271, 3o5, 5o6. 519, 58 1,623. — Yeuxde ceplialopode daus djs yeux de momie, p. 657. T. X, 2 Janvier 1856. Cinquiinae ann^e. COSMOS. ETRENNES DOMESTIQIES. — CHAUFFAGE. IVouvellc cheiuluec De M. Touet-Chambor. (Rapport de M. Massox.) Parler cliauffage alors que ratmospliere est froide ct briimeuse, que la terre est comme aujourd'lmi couverte de neige , annoncer rapparilion d'un nouvel appareil ou clieminee plus simple, plus facile a adapter partout, plus efficace, plus saine, plus econo- mique, c'est parler un langage sympathiqiie et qui sera compris de tous, c'est offrii' a ses lecteurs des etrenoes dont ils seront re- connaissants ; or, c'est ce que nous allons faire en suivant pas a pas le rapport fait par M. Masson , au nom du Comite des arts economiques de la Societe d'encouragement, sur une invention de JM. Toaet-Gliambor. Le savant et celebre professeur de physique du lycee Louis-le- Grand enumere d'abord les conditions essentielles auxquels doit satisfaire un bon appareil de chauffage. II doitelrefumivore, car les gaz et les molecules de charbon qui t'chapporaient a la combustion sous forme de fumee, en- trainoraient une perte considerable de chaleur. Ildolt etre associd a un magasin d'air chaud qui rentre dans I'appartement pour remplacer Fair froid aspire par le tirage; cet air devra, autant que possible, elre puise au dehors, car, sans cela, le bienfait du feu serait reduit a la chaleur rayonnante trop inefflcace , puisqu'elle serait absorbee en grande partie par ce meme airfroid que la cheminee attire et enleve. On s'etonne devoir qu'il est quelquefois plus difficile d'elever la temperature des pe- tiles chambres auxquels une civilisation par trop avancee et I'encombrement des villes nous condamne, que celle des vastes salons du moyen Age ; rien de plus facile cependant a expliquer. La si petite masse d'air de ces demeures liliputiennes suftit a peine h la comliustion du foyer et au tirage ; I'air du dehors est violemment api)ole a travers les jointures des portes et des fene- tres, on le sentcirculer encourants ou filets glaces; I'atmosphere qu'on habite est sans cesse renouvelee, et Ton grelotte a deux pas 1 2 COSMOS. -d'un foyer trSs-embrase ; on brule enormement de bob sans pou- voir parvenir t'l se rechaufler. Si, pour ecbapper a cette extremite douloui'cuse, on cntoure dc bourlets, on calfeutre, on recouvre m^mc de bandes de papier colic les joinlures des portes et des fenetres, la cbeminee fume, I'atmospbere devient i la fois bril- lante et pauvre en oxygenc, on respire avec peine, le sang monte a la tote, et le remede est pire que le mal. Ce mal , on nc pourra ie conjurer que par une prise d'air froid au dehors et un reser- voir d'air cbaud au dedans. Un appareil de chaulTage enfin ne sera parfait qu'autant qu'il conscrvera la vue duleu; c'est, pour le grand nombre du moins, une condition de premiere necessite une chalcur invisible, les in- quietc el les attriste; qu'autant qu'il pourra produire, suivant le besoin ou le desir, une coudiustion k flamme directe plus ;lente et plus douce , ou une combustion a flamme renvcrsee plus rapide et plus intense ; qu'autant qu'il sera peu coiiteux et qu'on pourra I'installer et I'enlever facilemcnt a la volonte du locataire, sans causer de degats pour lesquels le proprietaire puisse exiger une jndemnile. Au jugement du Comite, formule apres de longues experiences,. suivies par le savant rapporteur, la cbeminee de M. Touet-Cham- bor , a part les dispositions encore quelque peu imparfaites du calorifere ou reservoir d'air cbaud, satisfait a toutes ces condi- tions cssentielles. Elle se compose d'une plaque de fonte ou bou- clier coude et incline vers le haul. Au bas et sur la parol verti- cale ou a menage une ouverture grillee en arriere du foyer, forme d'une simple corbeille en fonte, derriere laquelle glisse dans deux: coulisses une plaque ou vanneequilibrecpar un coulre-poids ser- vant k regler le lirage. La paroi superieure inclinee porte une ouverture qu'on pent fermer par deux registres glissant borizon- talement. Un condricr t\ grille et a tiroir complete I'appareil, en- cbasse dans un cadre dont les dimensions sont les meuies que celles des cbeminees ordinaires , et sur lesquelles il s'applique- sans derangement aucun. Lorsque la vanne restant seule ouverte, les registres supe'- rieurs sont fermes, la combustion se fait par flamme rcnversee; 11 suffit, pour la determiner, d'enflan^mer devant la grille des co- peaux de petits morceaux de bois ou du papier. On augmente a Tolonte, par le jeu de la vanne, son activite qui devient presque cellc d'un feu de forge. Pour rdgularis(^' Le feu -et rendrc la com- bustion des gaz et de la fumee absolument complete, on ouvre COSMOS. 3 un peu les registres superieurs qui amenent une provision d'air frais, Quand au contraire les iTgisttres d'en haut sent seuls ouvorls etlavannefermee, la combuslion se fait iflamme directe, comme dans les cheminees ordinaires; on la regularise et on I'active au besoin en ouvrant plus ou moins la vanne de la grille. La chemineeChamborfonctionnedonctoura lour et comme on le veut, a flamme directe ou renversee ; ces deux modes de com- bustion s'aident et se reglent Fun I'autre avec une merveilleuse harmonie. EUe est fumivore et bri'de toute especc de combustible, le bois, la tourbe, la houille seche ou mouillee , le coke, les debris ani- maux sans degagement aucun de gaz nuisible , et sans mauvaise odeur. EUe avait ete recemmentmunie d'un reservoir a airchaud et a bouches de chaleur, qu'il a fallu modifier encore, parce que la temperature del'air qu'il renferme depasse de beaucoup la tem- perature qu'il devrait avoir, cinquante degres au plus. EUe per- met d'interrompre par la fermeture de la vanne et des tiroirs toute communication entre Fair exterieur et le tuyau de la che- mine'e; ce sera un avantage considerable lorsqu'ils'agirad'etein- dre facilement les feux de cheminee. Enfm , par son prix moder*^ eUe est accessible a toutes les bourses. EUe resout done d'une maniere tres-satisfaisante le probleme capital d'un chauffage nor- mal et merite I'approbation que la Societe d'encouragement lui a donnee en adoptant les conclusions suivantes : « Votre comite des arts economiques, apres avoir soumis a de nombreuses experiences la cheminee que vous Favez charge d'exa- miner, pense que Finvention de M. Touet-Chambor est un veri-. table progres depuis longtemps desire dans les appareils de chauf- fage, et vous propose de remercier Finventeur de son interessante communication. Chanceliere en caoutchouc a eau bouillante De Mile Larcher. Une annonce inseree dans notre Cosmos a excite vivenient notre curiosite, et nous avons vouluvoir aussitotpar nous-meim^ ce que c'^tait que ce coussin chaud, moeUeux, flexible, et au besoin tres- elegant, qui nous avait echappe h I'Exposition universelle, quoi- qu'il y Qccupat une place d'honneur. N®us sommes alle et nous sommes revenu vraiment enthousiasme; ceite petflpe note aura 4 COSMOS. Tail- d'une reclame et ellc n'esL cependant qii'un liommage rendu sans exageration ii la simple verite. Rienn'estplusdelicieuxen effet, plus hygienique, plus bien- faisant que la chanceliere en caoulchouc; elle n'a qu'un inconv^- nient, racliete par d'immenses et nombreux avantages , celui de couter plus que les cbaull'eretles, les chancelieres, les moines or- dinaires, et d'etre peut-etre un peu plus vulnerable. Figurez-vous une boite plate, enlierement fermee, munie a lun de ses angles d'une ouverture avec robinet a vis , dont les parois sont en caout- chouc compose et melange, inalterable par I'eau bouillante qui remplit sa capacite d'environ un litre; enveloppez le tout d'une chemise en drap de fantaisie, on tapisserie, en velours, etc., etc., et Tous aurcz une idee complete de la structure materielle de la chanceUere Larclier. Mais vous ne vous ferez jamais, sans I'avoir vue, touchee, maniee, pratiquee, une idee de son excellence comme. appareil portatif de chauffage. C'est un veritable coussin de cbaleur ou mieux de la cbaleur plastique , qui se moule sur les pieds qui les pressentoule mcmbre qu'elle recouvre. L'bygiene etla medecine en tireront leplus admirable parti pour I'application locale d'une cbaleur aussi douce qu'on le voudra ou aussi intense que I'orga- nlsme bumain pourra la supporter. S'agira-t-il, parexemple, de calmer une coliquc violente, la boite en caoutchouc rempbe d'eau bouillante remplacera merveilleusement les flanelles ou serviettes brulantes, I'avoine grillee de nos peres , le cataplasme de farine de Un, etc., etc. Avec quelle facilite on pourrait, avec un nombre sufflsant d'appareils, recbauffer un cbolerique et amener une reaction salutaire, etc. , etCv ! Que la boite prenne des dimensions plus grandes, et devienne un veritable matelas rempli d'eau tiede, vous aurez realise dans des conditions meilleures le lit d'eau du docteur Arnott. Et qu'on le remarque Men, c'est ici le cbaufTage sur et salubre par excellence ; sans degagement aucun de gaz deleteres, azote,, acide carbonique ct surtout oxyde decarbonc, siveneneux; sans desoxygenation de Fair; sans crainte aucune dc fcuou d'incendie; tout ce que Ton pout redouter si Ton n'a pas pris loutes les pre- cautions necessaircs, et exer*6 sur I'appareil une surveillance assez active, e'est une petite inondation d'eau tiede. En arraant la chanceliere de deux poignecs, on la transformera en cabas, etl'onportcrapartout avec soi, sans eveiller I'alt 'ntion ou attirer les regards, a I'eglise, au theatre, au concert, au cours COSMOS. 5 public, sa provision de chaleur pour trois ou quatre lieures , et Ton deiiera les intempcries dela saison, etc., etc. Vous le voyez , chers lecteurs, nous n'avons rien exagere en vous signalant ce charm ant appareil comme une petite mervcille et un veritable tresor , comme le plus agreable cadeau qu'on puisse faire a ses amis ou a soi-meme. CliniEffagc a la glace. Telles sont en fait de chaufTage les etrennes que M. Lecocq (de Clermont-Ferrand), offrc aus possesseurs de serres de VAmi des sciences. Nous avons prefere, nous, offrir k nos abonne's la cheminee Chambor et la cbanceliere Larchcr ; mais comme ils sont en droit d'exiger que nous ne leur laissions rien ignorer, nous aliens de- finir en quelquesmots ce bizarre mode de calefaction. En passant de I'etat liquide h I'etat solide un kilogramme d'eau abandonne, ou fait passer de I'etat latent a Tetat libre, la quantite de chaleur necessaire pour fondre ou ramener a I'etat liquide le kilogramme de glace forme. Cette quantite de chaleur degagee dans Facte de la congelation de i'eau est tres-appreciable, elle est de 79 calories, c'est-a-dire sufiisante pour elever k 79 degres la temperature d'un kilogramme d'eau a zero. Si le degagement de chaleur par conge- lation de I'eau a lieu dans une serre ou dans un endroit ferme', sans courant d'air, que le froid exterieur pe'netre lentement, il suffira ci maintenir a z^ro le sol a I'atmosphere de la terre ou du lieu pourvu que I'eau qui se solidifie presente une assez ferme grande surface, sans beaucoup de profondeur, et que Ton enleve assez souvent la glace forme'e. Voila ce que M. Lecocq, esprit eminemment original et plaisant, appelle le chauffage a la glace, qui dans nos mains ne sera jamais une realite, mais qui joue un r61e important dans la nature et defend de la destruction par le froid, les tiges naissantes denos cereales. PIIOTOGRAPHIE. Collodion see De MM. RoBiQUET et Jules Duboscq. Lorsqu'on regarde h la loupe et au sortir du bain de nitrate d'ar-ent la surface d'un collodion sensibilis^, on apercoit una uiyrLndc dc globules d'iodure d' argent, separes les uns des au- trcs par des intervalles parfaitement appreciables. Si on lave la plaque avec soin, ct qu'on la laisse secher, la disposition du pre- cipile ne sera nullcmentchangee. Vient-on maintenant a I'exposer a Taction de la lumiere, la modification qu'il doit eprouver, pour donner plus tard une image, est tres-lente a s'accomplir ; souvent merae Ic temps dc pose est indefini. Cela vient de ce que le precipite argentique constitue une fine poussiere dont tons les o-rains sont mainlenus a distance les uns des aulres et recoivent separement I'impression de la lumiere; de Ik une grande lenteur dans I'aclion produilc. Si, par un artifice quelconque, on parvicnt a rclier entre eux tons ces elements separes, Taction mysterieuse de la lumiere ne s'epuisera plus en efforts partiels, mais s'exer- cera sur une surface unique. MM. Robiquet et Jules Duboscq out pense qu'ils atteindraient ce but en ajoutant au collodion iodure ordinaire une substance susceptible de corriger les irregularites de sa surface, et d'unir, par un lien commun, les particules eparses d'iodure d'argent. 1° Preparation du vernis a I'ambre. Amine jaiine porphyrise. ... 40 grammes Cbloi'oforme 'SO — lilher sulfuriqiie. ISO — L'ambrc est epuise par lixiviation, dans un appareil a depla- cement, et la liqueur simplement flltree au papier. 2° Vreparation du collodion sec. Ether sulfurique 500 grammes Alcool SO — Coton-jioudre . .« ^ ~~ Iodure d'ammonium 4 — Vernis a I'ambre 25 — On m61e;toutes ces substances dans un meme bocal, on agite jusqu'a ce que la dissolution soit complete, et on laisse en repos pendant trois ou quatrc jours. On decanle alors et on filtre sur du colon carde. COSMOS. 7 La seule condition a remplir, pour reussir dans ces deux pre- parations, c'est d'employer des produits chimiquement purs. On etend ce collodion ci la maniere ordinaire, sur des glaces, et on les sensibilise dans un bain, contenant : Eau distillee 100 parties Nitrate d'argent 10 — Acide acelique cristallisable 10 — Les plaques sont ensuite lavees h I'eau distillee et abandonne'es k une dessiccation spontanee, dans I'obscurite. Ainsi preparees, elles peuvent attendre, des mois entiers, I'exposition a la cbanibre noire, sans perdre leur sensibillte; mais une fois Faction de la lumiere produite, il ne faut pas tarcler plus de vingt-quatre a quarante-huit lieures pour faire apparaitre I'image. II semblerait que les vibrations moleculaires impriniees par les rayons lumi- neux aux parlicules d'iodures d'argent sur lesquelles Fimage doit se produire, ss communiquent peu a pen a toute la masse, car plus on tarde k faire reagir les substances reductrices, plus Fi- mage est voilee. Aussitot que possible done, on plongera les plaques impressionnees dans un bain contenant 2 a 3 pour 100 de nitrate d'argent, onleslaisserasecherquatieou cinq minutes, et on fera apparaitre Fimage par les methodes ordinaires, soit k Facide pyrogallique, soit a Facide gallique. Le temps de pose est , en general, double de celui qui est ne- cessaire pour le collodion humide. D'ailleurs, il vaut mieux tou- jours poser trop que trop peu ; et les photographes savent fort bien qu'ils n'ont rien a gagner, du cote artistique, lorsqu'ils reussissent k produire les tours de forces qu'on appelle vues ins- tantanees. Le collodion sec remplace tres-avantageusement Falbumine pour les vues de monuments ou le paysage, et dans le tirage, par application, des positifs sur verre. Pour ce dernier objet, il y a quelques precautions k prendre. Lorsque I'image est fixee a la maniere ordinaire, on la fait secher a la lampe k alcool, on laisse refroidir et on passe une couche de vernis a Fambre. L'epreuve est abandonnee a elle-meme, dans un endroit sec, pendant 3 ci 4 jours ; k ce moment, on enleve, avec un petit tampon de coton et tres-legerement, la poussiere d'argent reduit que le vernis a Fambre n'a pas emprisonnee , on verse une derniere couche de vernis a la benzine et on laisse secher, spontanement, a Fair libre. Ce vernis a la benzine est une simple solution de copal tendre , 10 parties, dans benzine rectifl(;e, 100 parties ; il est d'une grande g COSMOS. limpidit(^, no se colore jamais ;'i I'air, et donne aux epreuves une transparence telle que plus d'un observateur exerce les prendrait pour des sujels tires sur albumine. Enfin, Ics plaques de collodion sec, sensibilisees & ravance, peuvent tr^s-bien servir pour les portraits , surtout lorsqu'on en a un grand nombrc k faire en peu de temps. II suflit, pour cela, de plonger quelques minutes ces plaques dans une dissolution de nitrate d'argent a 5 pour 100, legerement acidulee par quelques o-outtes d'acide acc^tique ou citrique. Au sortir de ce bain, le col- lodion sec se comporte comme collodion humide, et il n'y a au- cune regie particuliere a suivre, soit pour le temps de la pose, soit pour la production de I'image. ' On pent, suivant les conditions ou on se trouve, modifier le precede que nous venous d'indiquer. Les deux methodes sui- vantes reussissent egalement bien : 4° On etend sur la glace le collodion iodure ordinaire, on laisse s'evaporer I'exces d'alcool elhere, et on acheve la dessiccation i la lampe t^ alcool. On verse t la surface de ce collodion iodure une couche devernis a I'ambre qa'on laisse secher spontanement, ce qui ne demande que quelques minutes, et on sensibilise dans le bain d'aceto-nilrate d'argent t\ 10 pour 100. La plaque est lavce h I'eau distillee, et on opere pour le reste, comme nous I'avons dit plus baut. 2" On pent aussi collodionner et sensibiliser les plaques & la maniere ordinaire, et en se servant toujours du bain d'aceto-ni- trate d'argent; puis on les lave avec soin et on les laisse secher spontanement dans un endroit sec. II ne faut pas cbercher & hater la dessiccation par une chalcur trop vive. Ces plaques sensibilisees et s^ehees sont siraplement recouvertes de vernis i\ I'ambre et se conservent des mois entiers sans alteration. Nous destinions d'autres dtrennes aux photographes abonnes dn Cosmos; mais des circonstances independantes de notre vo- lonte nous forcent de les ajourner. Nous voulions leur faire notre distribution de prix apres exa- men sdrieux de I'Exposition de la Societe francaise actuellement ouverte boulevard des Capucines, n" 35; mais I'installation est loin d'etre complete. Nous voulions leur donner les premices d'une nouvelle dispo- sition de stereoscopes, par laquelle M. Jules Duboscq a r^solu les deux problemes importants; mais I'appareil n'estpas termine. ACADEMIE DES SCIENCES. Seance du 29 dc'cemhre 1856. M. Ferdinand de Lesseps adresse le rapport de Ja Commission mternationale appelee k examiner le projet de percement de I'lsthme de Suez, et a resoudre les objections que Texecution du projet pourrait soulever. Le rapport est accompagne d'mie carte et d un tableau du regime des eaux dans le nouveau canal. — M. Leymerie adresse un nouveau memoire sur la part qu'il convient d'attribucr a Themiedrie dans les divers systemes de la cristallisation. — M. Martin, directeurderusined'Amfreville-la-mi-Voie adresse un Memoire de MM. Tissier freres, chimistes de I'usine' sur les phenomenes que presente I'aluminium soumis a Taction des reac- tifs de la voie seclie. Ge travail fait suite aux recherclies sur les alliages d'aluminium. Suivant la marcbe adoptee par M. Berthier les auteurs ont etudie successivement Faction des reactifs oxyl dants et fondants ; on rcmarquera que quelques-unes de ces ac- tions sont tres-violentes, et qu'il y avait par consequent urgence de les signaler dans I'interet de ceux qui travaillent le nouveau metal. L'aluminium est susceptible de s'oxyder a une haute tempera- ture, telle que celle du Wane soudant; mais I'oxydation est limi- tee par la mince couche d'alumine qui se forme a la surface du metal, L'aluminium decompose avec explosion les oxydes de cuivre et de plomb ; il ne decompose I'oxyde de fer qu'en partie, et de telle maniere qu'd puisse former avec ce metal un alliage k equiva- lents egaux; il est sans action sur les oxydes de zinc et de man- ganese. L'aluminium cliauffe dans le nitre fondu au rouge brule avec deflagration accompagne'e d'une belle lumiere bleue II en est de meme avec le sulfate de potasse ou de soude avec lesquels ilpro- duit une forte detonation, L'action du carbonate de potasse, quoique moins vive que les precedeutes, Test encore assez cependant pour detruire rapide- ment ce metal avec depot de charbon. Les silicates et les borates alcalins, dans lesquels se rangent le verre et le borax, attaquent le metal avec depot de bore ou de si- ne mm. Ce dernier, quoique entourant le metal aufur et a mesure 10 COSMOS. de sa destruction, ne parait pas s'y combiner dans ces conditions, car le niclal que Ton retrouve ainsi n'a rien perdu de sa mallea- bilite. Enfni le chlorure de sodium et le fluorure de calcium (surtout le dernier) constituent les meilleurs fondants pom' le nouveau metal. — MM. Jaillon , Monnler et Thurneysen annoncent a 1' Academic qu'ils ont dccouvcrt dans les Ardennes des glsements imposants de phosphate do chaux mineral, dont la valeur industrielle repre- senteplusicurs milliards, et exploites aujourd'hui par des centaines d'ouvriers, qui en e.xtraient plus de 200 000 kilogrammes par mois. Ce phosphate, desagrege et mele dans I'usine de la Villette k des malieres azotees, est ainsi convorti en engraisauquelseraientou- verts des debouches considerables, et dont on attend le plus grand succSs pour ramclioration de notre agriculture. Ces Messieurs nous permettront-ils de les mettre en garde, des aujourd'hui, contre un danger qu'ils n'ont peut-etre pas prevu ? II y a phos- phate et phosphate, le phosphate mineral et le phosphate ani- mal des OS ; le second est certainement assimilable, c'est-i-dire que le phosphore y est dans un etat ou il peut etre absorbe par les plantes, surtout quand dans la preparation de I'engrais on assure sa transformation en ce que les Anglais ont designe sous le nom de surphosphate ; c'est ce qui a lieudans les engrais si habi- lement fabriques par M. de Sussex, et si recherches au dela de la Manche sous le nom de guano de Javel. En est-il de meme du phosphate mineral? Est-il possible de le transformer, sans frais considerables, en perphosphate ? Activera-t-il de la meme maniere la vegetation, et I'application en grand confirm era-t-elle les espe- rances que Ton a concues? Ce sont de graves questions sur les- quelles nous n'oserions nous prononcer a -priori. Le mineral des Ardennes a ete rencontre, et en abondance, en Angleterre sur di- vers points, et cependant, comme nous le rappellions tout k riieure, nosvoisins d'audel& de la Manche font de gran des impor- tations du guano francais. Si les engrais de M. Derrien ont acquis aussi tant de vogue et sont si recherches aujourd'hui, c'est parce qu'ils ne contiennent que des phosphates animaux. M. filie de Beau- mont a fait, il y a quelques mois, dans le Moniteur, une serie de longs articles sur I'emploi du phosphate de chaux dans I'agricul- ture ; nous savons qu'il a visite depuis I'usine de la Villette, et nous osons lui demander en grftce de visiter aussi I'usine de Co- lombe, et de parcourir attentivement les nombreux proc6s-ver- COSMOS. If baux des essais faits sous la direction des cornices agricoles de iios provinces, et qui sont tons eminemnient favorables au guano de Javel. — MM. le docleur Ozanam adresse le resume d"experiences iiombreuses qu'ils a faites sur les proprietes physiques, pliysio- •logiques, toniques, anestliesiques de I'oxyde de carbone. — M. Andres Poey communique la seconde partie de ses re- cherches statistiquos sur les couleurs des cloilos et des globes fi- iants. Son second tableau comprend les meleores observes en An- gieterre, de 18/il a 1855, au nombre;de 1 065. On y remarque en premiere ligne 326 cas d'un bleu pur, 46 bleuatres, 11 bleus-blan-' €hatres, 2 bleus-rougefttres et un verdMre-bleu, ce qui fait une iGtalite de 386 raeteores ou le bleu predomine. Les etoiles jaunes sont au nombre de 151 avec 18 jaunatres, total 169 cas. Les etoiles rouges sont au nombre de 129 cas etles rougefttres de 48, total, 177 cas. On voit done que les meteores colores en bleu surpas- senl de plus du double le nombre de ceux colores en jaune et en rouge. Les meteores blanchfttres sont representesparun nombre de 195 cas, et les oranges par 111 cas. On observe encore, dons le tableau ^e M. Poey, que les me- teores compris dans les teintes appartenant a la partie inferieure' du spectre, du vert au rouge, sont au nombre de 465 cas; pen- dant que ceux compris dans les teintes de la partie superieure du spectre du vert au violet en embrassent 401. Sur nos indications, M. Poey essaie d'interpreter ces resultats dans la theorie de M. Charles Doppler sur la coloration des etoiles fixes ou variables. Nous reserverons cette partie de sa note pour le jour tres-procliain ou nous reviendrons sur cette theorie que nous avons analysee dans le troisierae volume de notre Repertoire d'optique. M. Poey annonce pour une prochaine communication le tableau des etoiles filantes observees a Paris de 1841 a 1853, rangees par ordre de couleur. Nous sommes heureux d'annoncer que le jeune et ardent me- teorologiste vient d'etre nomme directeur de I'Observatoire, dont le gouvernement espagnol a ordonne la creation et I'installation prochaine dans I'ile de Cuba. M. Poey prepare, des aujourd'hui, ses collections d'instruments parfaitement choisis, et Ton pent at- tendre de sa direction des resultats tr6s-avantageux pour le pro- gres de la plus belle et de la plus utile des sciences. — M. Duhamel croit que son illustre confrere, M. Cauchy, n'e'- tait pas en droit de reclamer pour lui la priorite de I'enonce et de ^2 COS v: OS. la demonstration du tlieor^me de M. Sturm sur les forces vives avant ol apres Ic choc , avant ou apres I'introduction de liaisons nouvelles. 11 s'agissait de savoir si M. Cauchy avait suppose que les molecules qui se sontchoquees avaient dcs vitesses cgalcs,ou seulenient des vitesses dont deux composantes ou deux projections etaieat egales. Cette question evidemmentn'iuteressaitni le public ni meme I'Academie ; mais, ce qui nous a grandement console, c'est que, dans le cours de la discussion , les v^rites que nous e'noncions dans noire dcrniere livraison, en nous faisant I'echode M. Scguin, out commence a sc faire jour. M. Cauchy a vivement protestc i son tour centre Tabus des forces instantances qui n'exis" tent certainement pas dans la nature, contre la suI)slitutiondes quantites de mouvcments aux mouvcments virtuels des forces, substitution qui iinpliquerait cette confusion absurde entre la sta- tique et la dynamique, contre laquelle M. Seguin proteste si ener- giquemcnt, etc., etc. M. Cauchy a reconnu hautement que le theo- reme, demalheureusememoire, quiportele nom de Carnot,cclu i de M. Sturm et tousles autres theoremes semblablcs, supposaient jniplicitement la valeur nuUe d'une de ces integrates definies, que ]'on a nommees singulieree, parce que, alors meme qu'elles sont prises entre des limites tres-rapprochees, elles out une valeur flnie et meme souvent une valeur tres-grande. L'integrale siugu- liere dcs pretendues forces pcrdiies, dit en propres termes M. Cau- chy, pent etre decomposee en plusieurs termes relatifs, les uns k des forces fmies, telles que les attractions provenant de corps etrangcrs au systeme ; les autres a dcs forces relativement infmies, telles que les forces moleculaires developpecs par le choc, et dont il faut absolument tenir comptc, etc. Cost precisement la theorie de M. Seguin, et nous sommes fier de son triomphe.Ilexistedonc des forces considerables qui naissent du choc qui, par consequent, compensent la perte de mouvement et qui se manifestent par un degagementdechaleur, dclumiere, d'electricite,d'afflnile chimi- que, etc., etc. 11 n'y a done pas, en realite, de forces perdues; nous ne voulions pas autre chose et nous sommes venges, et nos illustres geometres sont convaincus d'avoir, pendant plus d'un demi-siecle, admis, sans s'en douter, le mouvement perpetuel qu'ils repoussaient avec taut d'indignation quand il leur apparais- sait sans les formes academiques qu'il revet dans leurs savantes- formules. — M. Dumeril pere prescnte, au nom de son fils, M. Auguste Dumeril, un Ulemoire pour servir a I'histoire de I'erpetologie de COSMOS. 13 TAfrique occidentale, et, en particulier, de la c6te du Gabon, riche au delk de ce qu'on pourrait dire en reptiles, dont quelques-uns, sans analogues dans les autres contrees et vraiment extraordi- naires, sont restes jusqu'ici inconnus. Quelques instants avant cette lecture, le secretaire perpetuel, M. Flourens, avait annonce que M. rtumeril pere, dont la forte et verte Tieillesse fait radmiration du monde savant, qui porte, sans in/irmites et avec uue aisance etonnante ses quatre-vingt-quatre ans, avait cru devoir resigner sa chaire d'iclithyologie etd'erpelologieau Museum d'liistoirena- turelle, et que M. Auguste Dumeril demandait a compter parmi les candidats que I'Acad^^mie presentera en remplacement de son pere. Le noble vieillard est si generalement aime, estime, venere, il a tant et si bien merite de la science, que personne ne songera mOme a disputer a son fils, qui s'est courageusement lance sur ses traces, la place devenue vacante par la volonle libre de celui qui I'occupait. M. Auguste Dumeril sera presente en premiere ligne par le Museum d'histoire naturelle et I'Academie; jamais nous n'aurons vu encore une si bonorable unanimite. C'est que M. Du- meril pere est reste toute sa vie devoue a la science, el le type du veritable savant. — M. Moqnin-Tandon fait hommage a I'Academie des qua- trieme, cinquieme et sixieme livraisons de son Hisloire naturelle des mollusques terrestres; ces livraisons comprennent onze fa- milies, vingt-huit genres, deux cent soixante-treize esp6ces etplu- sieurs milliers d'individus. — M. Despretz, au nom de M. Robiquct, fils de Tillustre chi- miste, et de M. Jules Duboscq, opticicn, presente une note sur la preparation d'un collodion sec ou apte a recevoir les images des objets plusieurs jours, plusieurs semaines, plusreurs mois meme apres qu'il a ete etendu sur la plaque. Nous donnons cette note ailleurs, et nous nous contenterons de faire remarquerici que les premiers k notre connaissance, MM. Robiquet et Duboscq ont re- vele pourquoije collodion ordinaire etait inactif apres sa dessicca- tion, refute I'erreur qui attribuait a I'etat hygrometrique une im< portance qu'il n'avait pas, et donne la veritable theorie des collo- dions sees. — M. Despretz, au nom d'une Commission composee de MM. le general Morin, I'amiral Du Pelit-Thouars et lui, fait un rapport entierement favorable sur le nouveau mode de transmission des signaux des navires, invente par M. Treve, jeune enseigne de vaisseau. Nos lecteurs connaissent suffisamment ce mode de tele- H COSMOS. graphie, sur lequel cependant nous avons promis de revenir pour le faire mieux apprecicr. Apirs I'avoir examine avecle plus grand soin, et ravoir vu fondionnor avec un plein succes dans la cour des ateliers de M. RuhmkorlT, la Commission, sans demander a I'Academie de lui donner des k present son approbation formelle, ce qui serait imprudent avant une application plus reelle, la prie au moins de solliciter des experiences en grand faites sur mer, et, pour atteindre ce but, de renvoyer le rapport aux deux ministres . de la marine et de la guerre. Ce qui est du moins acquis, il nous semble, c'est : 1° I'excellence du principe qui sert de base a I'invention de M. Treve, et qui con- sisle a se servir du courant des machines d'induction pour allu- mer sur place le gaz sortant d'un bee situe a distance, et produire un eclairage instantane; 2" la possibilite de I'appllcation imme- diate de cette invention aux semaphores des cotes, pour la pro- duction des signaux qui reglent les mouvements des navires a I'entree des ports ou dans les ports , presque tous approvision- nes de gaz d'eclairage. M. Despretz, en terminant, fait remar- quer que, si, commeil I'espere et comme il ne peut guere en douter, le mode de telegraphic de M. Treve est generalement .adople, il constituera la seconde grande application pratique que a machine d'induction de M. RuhmkorlT aura recue; on salt en .effetque dans plusieurs contrees cet excellent appareil est em- .ploye a mettre le feu aux mines de I'industrie et du genie. — M. de Senarmont annonce que M. Jamin, professeur de phy- sique a ri^^cole poly technique, vient enfui d'executer une expe- rience que nous avons souvent provoquce et appelee de nos voeux ardents. Se servant du nouveau refractear intcrlerentiel qu'il a substitue h celui d'Arago, et qui al'immense avantage de separer beaucoup plus les deux rayons partis d'une meme source ; en faisant interferer deux semblables rayons passant I'un dans Pair, I'autre dansl'eau, dont il abaissait incessamment la temperature jusqu'a I'amener au-dessous de zero, et en suivant constamment le deplace- mentdes franges, il a pu s'assurer que le coefficient de refraction ^del'eau allait sans cesse en augmentant k mesure que la tem- perature diminuait, qu'il n'y avait pas de maximum de pouvoir refringent, comme il y a un maximum de densite, que, seule- mcnt au moment de la congelation on observait dans I'iutensite du pouvoir refringent une diminution qu'il faudra ctudier avec plus de soin. M. Jamin nous a promis pour la prochaine li- ..yraison du Coi<)nos une description detaillee de son experience COSMOS. 15 et I'expression mathematique des rdsultats qu'elle a donnes. — M. Dumas, au nom de M. Oppermann, professeur de chimie h la Faculte de Strasbourg, prescnte une note sur un acidenouveau, decouvert par lui dans le colchique d'automne; cette substance cristallise parfaitement, et presente une composition chimique tres-analogue ci celle des alcalis ; meme a la dose de cinq centi- grammes, il constitue un poison violent. M. Dumas fait ressortir en quelques mots Factivite qui caracte- rise actuellement la Faculte de Strasbourg ; et a cette cocasion nous ferons remarquer a notre tour que la capitale de I'Alsace est admi- rablement situee pour devenir un grand centre de mouvement scientifique, le siege d'une Universite semblable ti celles de Bonn, de Goettingue, de Heidelberg, de I'autre cote du Rhin. Nous savons de source certaine que cette pensee est nee dans plusieurs es- prits eminents, que, par exemple, elle est poursuivie avec ardeur par M. le baron Bode, ancien conseiller d'Etat, qu'elle a meme ete discutee au ministere de instruction publique. 11 faudrait au reste bien pen de chose pour realiser ce beau projet. Strasbourg possede une Faculte de droit, une Faculte des sciences, on vient de reconstituer la Faculte de medecine, et on y a transports I'fi- cole d'application de la chirurgie militaire. line lui manque plus : 1° qu'un observatoire mieus monte, comparable a celui de M. Ar- gelander a Bonn, ce qui serait tres-facile, puisque le ministere a a sa disposition la lunette equatorlaledeneufpouces, commandee pour I'ecole normale de Paris ; 2° qu'une organisation universi- taire qui en fasse un corps special ayant son code, ses droits, ses privileges, etc., etc. — M. Guerin Menneville lit un Memoire sur les veritables cau- ses de I'epizootie actuelle des vers a sole et les moyens pratiques d'en arreter ou d'en attenuer les desastreux effets. L'auteur a bien voulu nous transmettre I'analyse que nous lui avions de- mandee de son interessant travail, et nous regrettons vivement de ne pouvoir, a cause des fetes du jour de I'an, I'inserer en entier dans le Cosmos. Voici au moins sa pensee fondamentale : La cause ancienne de la degenerescence de nos races de vers a sole est la negligence que Ton a apportee a I'eleve des produc- teurs, la facheuse habitude que Ton a prise de ne pas faire d'edu- cation particuliere des individus destines k donner la graine. La cause prochaine de I'epizootie est cette meme perturbation cli- materique qui a rendu les vegetans malades. Les oeufs, mal con- serves, ont eprouve un commencement de travail d'incubation, 46 COSMOS. par suite des elevations anormales des temperatures des derniers jiivers, Malades eu naissant, les vers ont ete nourris avec des feuilles malades cUes-memes, et leur constitution a 616 profondement alte- ree, etc. Le remede consistera a faire de la graine dans des localites choisies, k Yabri des influences climaleriques, dans des pays plus froids que ceux oil se font les dducations , etc. En cntendant M. Guerin Menneville parler un langage si ortho- doxe, en plein accord avec sa vieille experience, nous regret- tons encore plus qu'il ne tende pas une main genereuse et amie a M. et M""' Andre Jean qui, sans aucune subvention del'l^ltat, lais- sant les recompenses honorifiques dont on a entoure leur bien- faisante decouverte s'attacher a un autre nom que le leur, ont poursuivi depuis plus de quinze ans, au prix de tous les sacri- lices, de la perte meme de toute leur fortune, le probleme capital de la regdnerescence et de I'amelioration de deux de nos plus precieuses races de vers, et qui apportent enfln, non-seulement la solution complete et tant desiree du probleme, mais le remede actuel a un mal immense. Paix done, Monsieur Guerin Menneville, paix et association dans le bicn ; ralliez-vous loyalement, coura- geusement aux doctrines et aux faits que M. Dumas va bientOt developper dans son rapport. — M. Tremblay, capitained'artilleriede marine, lit un Meraoire a la fois historique et experimental sur les porte-amarres de sau- TBtage. Nous avons aussi son analyse, pleine d'interet, et nous sommes desole de ne pouvoir la donner dans cette livraison. Di- sons au moins qu'il est desesperant d'avoir a plaider encore au- Jourd'lmi la grande et grave cause des appareils de sauvetage; qu'il est affreux de voir que toutes nos cotes, temoins de tant de naufrages lamentables, que tous nos navires, si cruellement deci- mes cbaque annee, avec perte de tant de vies d'hommes, nos freres, ne soient pas munis des appareils necessaires pour lancer ie cordage qui doit relier le navire echoue au rivage, condition essentielle du salut de I'equipage et des passagers. La routine nous est odieuse, partout et toujours; mais quand elle se presenle homicide et toute rouge de sang, elle devient execrable et nous la maudissons. Nous nous jetterions volontiers auxpieds del'Aca- demie et de chacun des academiciens, pour obtenir que les Me- moires et les experiences de M. Tremblay deviennentl'objet d'un prochain rapport, pour qu'on lui accorde, a lui et ci celui qui I'a precede dans I'apostolat du sauvetage, le si honorable capitaine Belvigne, un des prix fond^s par M. Monthyon. ELEGTIUCITE. H'ouvellc disposition de la machiuc d'induc&iosi Par M Heakder de Plymouth. Le rapport lu aujourd'hui ci I'Academie par M. Despretz sur ie nouveau systeme dc telegraphic marine de M. Trevc , montretres^ Men I'importance dc plus en plus grande que devront prendre chaque jour les machines d'induction ; nous serons done tres- bien venu k decrire une nouvelle disposition de ces machines a laquelle son auteur, M. Hearder, simple amateur de Plymouth,, attribue une efficacite tres-grande, une puissance que ne posse- deraient pas au meme degre les macliines si celebres cependant de notre habile artiste, M. RuhmkoriL Le nouvel appareil consiste en une bobine de gutta-percha de 30 centimetres de longueur, contenant dans son imterieur cylin- drique I'helice principale en grosfll, avec son noyau en fer doux. On enroule sur cette bobine I'helice secondaire, formee d'un fll tres-fln de cuivre reconvert de sole, et d'une couclie bien conti- nue de vernis a la gomme laque, qu'on laisse sechcr avantdepro- ceder a I'enroulement. Les couches consecutives de fil sont sepa- rees les unes des autres par un stratum de sole huilee ou par une feuille de gutta-percha; le lil secondaire n'a pas motns de qualre kilometres de longueur. L'interrupteur du contact est for- me d'un ressort eii laiton tres-roide, arme a I'une dc ses extre- mites d'un morceau de fer qui doit etre attire par I'extremite du noyau en fer doux de la bobine ; il determine la rupture du con- tact par I'intermediaire d'une tigede platine fixee sur le miheu de sa longueur, et qui presse centre une vis de contact armee aussi de platine. Le condenseur comme dans la machine de Ruhmkorff, est renferme dans la base de I'instrument. Sa pile qui fournil le courant est une modification de la pile a acidenitrique de Grove^ dans laquelle I'acide sulfurique dilue au sein duquei plonge le zinc est remplace par une solution de nitrate d'ammoniaque, ce qui dispense d'amalgamerles zincs. Voici les effetsque M. Hearder obtient avec douze elements de cette pile dont il ne donne pas les dimensions ; ces dimensions sont cependant un element essen- tiel sans lequel la comparaison n'est pas possible. 1" L'etincelle au point de rupture du courant est bruyante et briUante ; elle s'epanouit de temps en temps en une large plaque de lumiere, changeant d'apparence quand on supprime le con- denseur. 18 COSMOS. 2" Los deux pointes terminales du fll secondaire donnent des elincellcs qiiand on les approclie de Tune des extremites d'lin conducteur isole : la longueur de ces elincelles pent atteindre jus- qu';"i deux centiaii'lres et demi, quand I'autre extremite du con- ducleur isole communique avec le sol. Si Ton met ces pointes terminales en contact avec un decliargcur gradue de Lane, garni de pointes de platine, on voit jaillir entre ces pointes un torrent d'etincelles en faisceaux de plus de six centimetres de longueur. 3° Si la distance des pointes terminales n'est plus que d'un cen- timetre, elles deviennent toutes deux rouge-blanc, la pointe nega- tive est plutot plus cliaude que plus froide que la pointe positive ; si ces pointes sont celles de fds fins de platine , elles rougissent, fondent, et tombent sous forme de globules. k" Si Ton interpose entre les pointes la flamme de I'alcool , on verrale flux d'etincelles s'elancer en zigzags a traversune distance de 12 & 15 centimetres, en crepitant avec violence. 5''Dansun recipient epuise d'air, d'un metre de hauteur sur 10 centimetres de diametre, le plus grand que i\L Hearder ait pu SB procurer, on voit se produire un splendide ruban de lumiere coloree des plus belles teintes; blanc au centre et entoure d'une aureole cramoisi intense passant au violet et au pourpre. 6° Avec quatre elements on produisait le phenomene de la cas- cade de M. Gassiot dans un vase afleur de 25 centimetres de hau- teur. L'effet etait tres-different suivant la direction du courant : Quand on rendait I'interieur du vase positif, I'electricite semblait s'elancer a une grande distance ou par-dessus les bords du vase formant une nappe immense, qui relombait sur le plateau dela machine pneumatique; quand au contraire, I'interieur du vase etait negatif , la nappe de lumiere semblait envelopperle vase,le pressor, monter en tournant autour deses bords. « Je ne sache pas , dit en terminant M. Hearder, qu'on ait ob- tenu avec un soul appareil des effets comparables a ceux que je viens de decrire; je crois fermement que ma disposition est plus enoigique que celle adoptoe par M. Ruhmkorff, etqu'elle possede €n outre des avantages importants. PHYSIQUE MOLECILAIRE. Sur les theories recente$i de la constitution des veines liquides lancees par des orilices cireulaires Par M. Plateau. !\I. Plateau a presente sous ce litre a TAcademie de Belgique dans sa seance de juin dernier, unenote pleine d'interet, et que Ton pourrait proposer comme un modele de critique scientifique, calme, loyale et judicieuse; nous regrettons de ne pas I'avoir ana- lysee plus t6t. Lorsque M. Plateau publia en 18'49 sa theorie complete de la constitution des veines liquides , rigoureusement deduite d'expe- riences precises, et donnant par consequent avec I'explication de tous les phenomenes, la demonstration de toutes les lois qui les regissent; il crut sincerement, c'est lui-memequi nousl'apprend, que cette theorie serait immediatementet generalement adoptee. C'etait de sa part une douce illusion. Au commencement de 1855, RIM. Magnus et Dejean ont public I'un k Berlin, I'autre a Paris, des theories nouvelles et differentes , sans meme parler de celle de M. Plateau. M. Maus a ete plus loin , il a declare formelle- ment, dans un rapport a I'Academie de Bruxelles ne pouvoir adopter la theorie de son noble confrere ; il a indique les motifs de sa repulsion etformule ses propres idees. A ce double silence et a cette attaque, M. Plateau repond par un parallele succinct entre les quatre theories qui se trouvent ainsi en presence. Le fait qu'il s'agit d'expliquerest I'apparition, dans la veine li- quide, de renflements annulaires,animes d'un mouvement de trans- lation , se developpant progressivement, et se resolvant finale- ment en masses isolees. Pour exphquer ce fait curieux, M. Savart avait propose sous forme de conjecture I'apercu suivant. Le fait meme de I'ecoulement, disait-il, ne peut-il pas A lui seul deter- miner dans le liquide, au sein du vase et en dehors de 1' orifice, des vibrations ou pulsations? Ces pulsations, en exercant sur le liquide une serie de pressions et de tractions alternatives, ne peuvent-elles pas donner naissance aux renflements et aux etran- glements d'abord, ci la separation, ensuite, en masses isolees? M. Dejean admet aussi les pulsations, mais il les attribue k I'in- fluence des forces contraires auxquellesle liquide est soumis dans son passage k 1' orifice; il ne dit pas d'ailleurs, dans son analyse, comment il explique la separation des spheres isolees qui com- posent la partie discontinue de la veine. 20 COSMOS. H. Ma£^-nus n'a pas tenu comptc des pulsations; dans le cas, au moins, d^ine vcine s'ecoulant dc haut en bas, et soustraite a toutc innucnce etrangerc , U attribue la separation des masses au tirail- lement resultant de I'acceleration de la vitesse du liquide , en ce sens qu'a une distance suffisante de I'orifice, cc tiraillement de- ■viendrait assez fort pour vaincre la cohesion. M. Maus adopte aussi les pulsations produites, suivant lui, par Taction dela gravite surl'eau contenue dans le vase qui alimente laveine liquide; mais sentant bien que les pulsations seulcs ne sauraicnt determiner la formation des spheres isolees, il explique leur formation de la memo maniere que M. Magnus. Ces theories reposent, on le voit, sur deux hypotheses fonda- menlales, celle des pulsations vers I'orifice, etcelledudechirement produit par I'acceleration de la chute du liquide. Pour combattre I'hypolhese du dechirement, M. Plateau constate : 1° que dans les Teines lancees horizontalement sous des charges sufflsantes , et par des orifices de petit diametre, la discontinuite s'etablit en un point oil la Vitesse est a peine accrue, et oii, par consequent, le ti- raillement entre deux couches contigues n'a presque aucuneener- gie; 2° que dans les veines lancees obhquement de bas en haut, sous une charge et par un orifice convenable, la discontinuity nalt au point oii I'accroissementdela vitesse estmoindre encore; 3° que dans les veines lancees verticalement, de bas en haut, la discontinuite se produit malgrc le retard de la vitesse, retard qui, au lieu de tendre k separer les tranches contigues, les presse au contraire Tunc contre I'autre ; U° que si dans une veine s'ecou- lant de haut en bas et soustraite k toute influence etrangere, le ti- raillement occasionne par la seule acceleration de la vitesse etait la cause de la desunion , la longueur de la partie continue de la veine devrait etre independante du diametre del'oriflce, tandis que, d'apres I'experience, elle est a peu pres proportionnelle k ce diametre. Examinant ensuite plus attentivement I'effet que peut produire I'acceleration de vitesse sur les molecules, en tenant compte de leur mobiUte relative, il monlre que le tiraillement ne peut produire autre chose que d'allonger la veine en I'amincis- sant , en diminuant son diametre ti partir de I'orifice d'une ma- niere continue et reguliere, sans faire naitre par elle-meme au- cune tendance k la separation. Passant ensuite k I'hypothese des pulsations, M. Plateau fait remarquer d'abord qu'elle est tres-vague, puisque MM. Dejcan et Maus la comprennent autrement que Savart. Si les pulsations COSMOS. 21 dtaient le r^sultat des vibrations causees par le frottement du li- quide contre les bords de I'orifice, en touchant le vase pres de ces bords avec un corps solide et resistant, on devrait les amoindrir et modifier la constitution de la veine. Or, Savart lui-meme a cons- tate que la resistance opposee au mouvementvibratoirc ne faisait subir k la veine aucune modification appreciable. En outre, I'in- fluence des pulsations, si elle etait aussi reelle qu'on le pretend, devrait surtout se faire sentir pres de I'orifice, vers le point de de- part dela portion continue et transparente de la veine. Or, pres de rorifice, au contraire, les renflements et les clranglements sont k peine sensibles, et ils vont en augmentant, en se developpant de plus en plus, jusqu'^ I'extremite de la portion continue ou commence la separation. Cette separation, done, ne peut avoir pour cause les pulsations engendrees par I'ecoulement, pas plus que le dechirement produit par I'acceleration de la Vitesse du li- quide, et les explications tentees par Savart, par M. Dejean et par M. Magnus sont inadmissibles. Restent les objections de M. Maus, mais avant de les refuter, M. Plateau resume de nouveau les prin- cipes qui servent de base a sa theorie, et nous les enoncerons avec lui, en raison de leur importance et de leur interet, quoique nous les ayons deja exposes dans le Cosmos, non sans quelques grosses erreurs d'impression, que Ton trouvera signalees a la fin de la Table de noire buitieme volume. 1" Un cylindre liquide naconstitue une figure d'equilibre stable qu'autant qu'il n'est pas trop allonge, que le rapport de son dia- metre ne depasse pas un certain nombre que MM. Plateau et Beer, par des methodes tres-differentes, ont prouve etre egal au rapport de la circonforence au diametre; 2° au dela dc cette limite, et s'il devient trop allonge, le cylindre constitue une figure d'equilibre instable, et pour le maintenir, il faut exercer sur lui une certaine coercition ; 3° en se rompant, le cylindre instable se convertit en une se'rie de spheres etoilees, de meme diametre, equidistantes, ayant leurs centres sur la droite qui formait I'axe du cylindre, separees par des spheres plus petites ou spherules de differents diametres ; k" cette rupture est precedee d'etranglements et ren- flements alternatifs regulierement espaces ; ce sont les portions renflees qui se convertissent en spheres ; les portions etranglees deviennent des spherules en passant par la forme de filets cyhn- driques ; 5" les memes ruptures et transformations se retrouvent dans toute figure liquide dont une dimension est considerable par rapport aux autres ; 6° une veine liquide, lancee dans une direc- 22 COSMOS. tion quelconquG, constitueune figure liquide donUa longueur est considerable relalivement i\ ses dimensions transversales ; elle doit done de toute necessite se rompre, se convertir en une serie de spheres isolees, avec des spherules interposees; apres avoir presente des rennements et desetranglements, a I'etat rudimen- taire pres de I'orifice, de plus en plus prononces h mesure qu'ils sont emportes par le mouvement de translation du liquide, etcon- vertis enfin en masses isolees, avec tendance h prendre la forme de spheres ou de spherules. Cette theorie n'explique pas seule- ment de la maniere la plus complete les fails observes par Savart, elle aurait fait prevoir a priori la constitution de la veine liquide, en supposant qu'elle n'eut pas ele anterieurement connue. Un mot, maintenant sur I'opposition de M. Maus : II a d'abord peine a croire que dans un phenomene principa- lement produit par la graviLe, cette force soitcompletement ecar- tee, pour attribuer exclusivemcnt la configuration de la masse en mouvement ii la force moleculaire fort inferieure a la gravite. Est-ce la une objection recUe? M. Plateau n'attiibue-t-il pas a la gravite ce qu'il faut lui attribuer, la chute du liquide, la forma- tion de la veine, son mouvement de translation? Mais raclion de la gravite n'empeche pas Faction des forces moleculaires de s'exer- cer, pas plus que le deplacement d'une montre dans I'espace ne s'oppose a Faction du ressort et au mouvement des aiguilles. IN'est-il pas tres-naturel d'atLribuer Fapparition des renflements et des dtranglements et la separation en masses isolees aux forces moleculaires, alors que la theorie et Fexperience demon- trentqu'ellespeuventproduireces phenomenes, comme M. Maus leur allribue la forme spherique des masses isolees? 11 ajoute que la gravite qui determine la contraction et Finversion de la veine peut tout aussi bien determiner sa rupture et sa discontinuite. Mais la contraction et Finversion sont des phenomenes tout k fait differenls des renflements et des etranglements ; les premieres occupent dans la portion continue et limpide de la veine des posi- tions fixes, tandis que les seconds, qui preparent la separation en masses isolees, sont emportes par le mouvement de translation du liquide ; c'est seulementipartir de la contraction que la veine prend sa forme instable de cyhndre allonge, qui doit aboutir a la rupture et a la discontinuite. Cette refutation est completement victorieuse, la theorie de M. Plateau est certainement vraie ; mais peut-etre, helas ! qu'elle tardera longtemps i etre defmitivement adoptee, et qu'on en pro- C0S:\10S. 23 posera encore d'autres, tant la puissance de la routine estgrande, tant nous avons peu de force vive pour nous emparer du progres ou pour nous y rallicr ! A I'appui du principe fondamental de la rupture d'un cylindre par trop allonge, M. Plateau cite I'experience suivante, bien con- nue des physiciens: lorsqu'on fait passer a travers un mince fil de fer tendu horizontalement, une decharge electrique capable de le fondre et non de le volatiliser, on volt d'abord le fil rougir a blanc, s'inflechir en meme temps par suite de sa dilatation en lon- gueur, puis se resoudre en un grand nombre de globules separes et arrondis, sans doute parcequ'au moment de sa fusion il cons- titue une figure liquide de forme tres-allongee. Nous sommes heureux d'offrira M. Plateau, pourses etrennes, une autre experience, bien plus simple, bien plus concluante, que M. Boutigny a tout recemment faite. II prend une coupe assez plate, en argent, bombee de bas en haut, a sa partie centrale, comme le cul d'une bouteille ; il place la coupe sur un feu assez ardent pour amener a I'etat spheroidal I'eau qu'il y a versee et qui forme un anneau circulaire. Si la quantite d'eau est assez grande, et I'anneau, par consequent, suffisamment epais, I'anneau reste entier; mais a mesure qu'il s'amincit par I'evaporation lente qui accompagne I'etat spheroidal, on voit naitre des renflements et des etranglements alternes ; bientdt la rupture a lieu sur un ou plusieurs points, et arrive enfin la separation en spheres isolees. ]\'est-ce pas la une demonstration complete de la theorie de M. Plateau ? M. Boutigny n'avait pas songe a demander, h cette theorie, la raison des phenomenes observes par lui , mais il a trouve notre explication completement satisfaisante. NITRIFICATION. Ulauvclles experiences sur Tozonc Par M. ScHOeNBEiN. L'illustre physicien de Bale , dans une lettre^crite a M. Faraday, en date dulO novembre dernier, decrit quelques curieuseset im- portantcs experiences relatives h I'oxydation des elements consti- tuants dc I'ammoniaque, sous I'influence des milieux poreux, et k la nitrification. L'oxygene ozonise k la temperature ordinaire oxyde les deux elements de rammoniaque, I'azote et Fhydrogenc, et donne nais- sance a du nitrate d'ammoniaque, ce que ne fait pas l'oxygene ordinaire, qui, dans les memes circonstances , restc sans action sur I'ammoniaque gazeux ou liquide. Si cependant ce meme oxy- gene ordinaire , est mis en contact avec certaincs matieres ,11 ac- quiert a son tour la propriete de transformer I'ammoniaque en nitrate d'ammoniaque. Mouillez du platine noir, ou poudre de platine , avec une forte solution d'ammoniaque, laissez le melange expose pendant un certain temps a Taction de l'oxygene ordinaire ou de Fair atmos- plierique,traitez-le ensuite par de I'eaudistillee, et vous constate- rez sans peine dans le liquide la presence de nitrate d'ammoniaque. Void le meillcur moyen de faire cette constatation : ajoutez k I'eau un pcu d'acide sulfui'ique dilue et de pcite d'amidon conte- nant une petite quantite d'iodure de potassium , sans trace au- cune d'iodate; s'il y a du nitrate d'ammoniaque, le melange prendra immediatement une couleur bleue intense. Aide un peu par la clialeur, le platine compacte ou metallique pent aussi rendre l'oxygene ordinaire capable de convertir I'am- moniaque en nitrate. Versez quelques gouttcs d'une solution d'ammoniaque dans une flole contenant de Fair ; introduisez dans la fiole un gros fil de platine chauffe; suspendez au-dessus du fil une bande de papier k flltrer trempee dans une pate d'amidon iodurce avec Fiodure de potassium, et acidulee avec de Facide sulfurique dilue ; vous verrez aussitot le papier virer au bleu sombre. Pendant que le fil dc platine est plonge dans la fiole, ou voit apparaitre des vapeurs blanchatres , et si on les dissout avec de Feau distillee, la dissolution presentera toutes les proprietes d'une solalion nitrcc. Pour produire cet cffet, il n'est pas neces- COSMOS. 25 saire que le fil dc platine soil cliaulTe au rouge ; un fil de fer, au conlraire, devrait etre porte k cette temperature. Le cuivre est encore plus actif que le platine. Placez 50 gram- mes de cuivre tres-divise, d'oxyde de cuivre, par exemple, reduit par I'hydrogene, dans un vase contenant de Fair, mouillez la pou- dre metallique avec une solution d'ammoniaque, fermez ou cou- vrez le vase; vous verrez apparaitre des vapeurs blanches de ni- trite d'ammoniaque qui s'est forme avec elevation de temperature. Le liquide bleu que Ton obtient en agitant du cuivre en poudre au contact de I'aramoniaque et de I'oxygene ou de I'air atmosphe- rique, contient aussi en outre de I'oxyde de cuivre, du nitrite d'ammoniaque, comme on peut s'en assurer par tous les reactifs connus; en le traitant, par exemple, par dela sonde pour obtenir du nitrite de soude. L'oxygene commun, pur ou a I'etat d'air at- mosphe'rique, mis en contact avec du cuivre en poudre et de I'ammoniaque aqueux, est si rapidement absorbe, qu'en quelques minutes on deporiille d'oxygene un pied cube d'air atmospherique. On peut done se servir du cuivre et de I'ammoniaque comme agents eudiometriques, ou pour obtenir de I'azote avec I'air or- dinaire. Les faits qui precedent semblent etroitement lies avec I'impor- tante question de la nitrification, en ce sens qu'ils prouvent jus- qu'a I'evidence que, sous I'influence du contact de certaines ma- tieres ponderables, I'oxygene inactif peut, meme a la temperature ordinaire, oxyder les deux principes constituants de I'ammonia- que. M. Schoenbein etudie avec une grande activite ce phenomene capital de la nitrification, et espere arriver avantpeu a des resul- tats tres-nets. ESTIIETIQUE. Siir Ics proportions harinoniqiies «lu corps huniain , Iiase metriquc huiuaine Par M. SlLBERMAN. II y a peut-etre quelque exageration, au moins de tendance, dans les rapprochements que M. Silberman veut etablir, et les lois qu'il croit pouvoir formnler, mais ses recberches sont aussi intdressantes qu'instructives, et nous nous reproclierions de ne pas les analyser avec quelque etendue. On a souvent fait un crime au systeme metriquc de n'avoir rien de directeinent commun, dans son unite principale etles subdivi- sions de cette unite, avec le corps humain, de rompre ainsi com- pletement avec les anciens systemes de mesure, dont les grandes unites, la coudee, le pied, le pouce, le doigt, n'etaient que des longueurs de membres humains. On regardait comme un incon- venients de ne pouvoir retrouver, au moins approxim ativcme n I'unite metrique, exprimee en elements de sa propre individna- lite; cet inconvenient, M. Silberman a essaye avant tout ;de le faire disparaitre. Des I'origine du systeme decimal, on avait fait remarquer qu'une canne longue d'un metre, dressee en avant du corps de I'bomme, avec son extremite inferieure appuyee sur le sol, entre les deux pieds, effleurait a tres-peu pres le nombril par son extre- mite superieure. En repetant cette experience, chacun pourra voir une fois pour toutes, de combien de doigts 1' extremite supe- rieure de la canne est distante de son nombril, se faire ainsi une idee complete du metre, et retrouver sa longueur au besoin. De la moyenne d'un nombre considerable de mesures consi- gnees dans les tableaux de recrutement militaire, M. Silberman conclut que la taille moyenne de I'homme est l"'G'-t (5 pieds 2 li- gne3 et demie). Buffon aflirme, et son assertion est confirmee par les mesures prises sur les chefs-d'oeuvre les plus irreprochables de I'antiquite, que la taille moyenne de la femme est inferieure d'un vingtieme k la taille moyenne des deux sexes reunis. II r^sulte de cette donnee et de celle qui precede : 1° que la taille moyenne des deux sexes est de 1 metre 60 centimetres {k pieds, 11 pouces, 1 hgne, 27 centiemes); 2° que la taille moyenne de la femme est de 1 metre, 56 centimetres (4 pieds, 9 pouces, 7 lignes, 54 centiemes). COSMOS. 27 La taille de I'homme est orclinairement exprimee en tetes, et dans un homme bien proportionne, elle est egalc a 8 tetes, la longueur moyenne dc la tete sera par consequent de 20 centime- tres. M. Silberman a reconnu que la distance enlre la plante des pieds et Fextremite du doigt medius, en supposant le bras dresse verticalement, est egale & dix tetes ou a 2 metres; voici done que le metre apparait par le double de sa longueur dans ce qu'on pent appcler la stature moyenne allongee de riiomme. Deux sta- tures moyennes allongees, prises ensemble, c'est-a-dire deux na- tures humaines symetriquement posees sur une meme ligne droite et se touchant par les extremites des doigts des mains me- sureraient done U metres ou 20 tetes. Or, celte longueur de ^i me- tres ou de 20 tetes semble jouer dans la nature un role tres -im- portant. En prenant sur les statues modeles de I'antiquite ou sur les ilgures types des grands maitres, Micliel-Ange, Raphael, Leo- nard de Vinci, etc., la mesure des divers membres ou les pro- portions principales du corps humain, M. Silberman dit avoir toujours trouve qu'elles etaient des diviseurs exacts de la lon- gueur ou base de 4 metres ou 20 tetes. Rangeant ensuite par or- dre de grandeur, les proportions des organes du corps humain, leurs longueurs, extraites des ouvrages d'anatomie, de sculpture, de peinture, de dessin, etc., ou mesurees sur la nature vivante ou morte, et exprimees en nombres ou en fractions simples, 1/2, 4/3, l//i, 1/5, 1/20 de r unite primitive Zi metres, M. Silberman au- rait vu surgir une foule de lois, expressions nnanimes de la grande loi d'harmonie qui preside k I'ensemble et aux details des proportions du corps humain. Citons-en quelques-unes. Les dis- tances des organes appartenant a ce qu'on pourrait appeler une meme famille, la famille des sens, par exemple, la famille des ar- ticulations de la charpente osseuse, etc., etc., sont exprimees par des fractions de meme ordre ou par les puissances d'une meme fraction; ainsi les distances des centres des sens seraient respec- 4ivement et successivement 1/2, 1/4, 1/8, 1/16, 1/32; les distances des articulations 1/3, 1/9, 1 27, 1/81, 1/243, etc., etc. Lorsqueles organes sont mixtes ou qu'ils appartiennent h la fois k plusieurs families, leurs distances sont representees par des fractions dont les denominateurs sont des produits des nombres premiers qui formerit les denominateurs des fractions correspondantes aux organes simples. II est certaines grandes regies ou conditions depuis longtemps reconnues et formulees, auxquelles doi*\'ent satisfaire Ics proper- i28 COSMOS. lions principales du corps humain ; M. Silberman s'est empresse de verifier si les iiombres on longueurs mesurees directement par lui, ou deduites de la loi d'liarnionie, satisfaisaient a ces condi- tions traditionnelles. C'est un fait generalement admis, par cxcm- ple, que, cliez un homnie parfaitement proportionne, la distance eutre les extremitcs des doigts niedius mesuree sur les bras eten- dus liorizontaleraent, est exactcment egale a la hauteur totale de SOB corps ou a sa taille. C'est un fait encore enonce par Yitruve, et ce fait servait dans I'antiquite de pierre de touche pour rccon- naitre si une figure elait vraiment parfaite, que le cercle qui passe par les extremitcs des quatre membres etendus en croix doit avoir pour centre le nombril. Or, ces deux faits se trouvent veri- fies par les nombres et les longueurs de M. Silberman, C'est done avec une tres-grande confiance en leur verite qu'il appelle I'altention et la discussion sur ses lois de I'harmonie hu- maine , qu'il croit etre aussi les lois de I'harmonie de tons les ^tres des rt'gnes vegetal et animal, qu'il a retrouvdes meme dans les corps reguliers du regne mineral. Au fond , ces recherches et leurs resultals sont un nouvel liymne a la gloire du Dicu createur, un nouvel hommage rendu k rintelligence infinie qui a tout dispose , comme nous le rap- pelions naguere avec noinbre , avec poic/^' , avec mesure. Oui les nombres jouent un r61e immense dans la philosophie de la science et des arts; mais que M. Silberman ne s'y trompe pas; quand il s'agit de proportions et d'harmonie destinees i ^tre percues par nos sens, on ne trouve en jeu dans la na- ture que les nombres les plus simples, 2, 3, peut-6tre 5, et les combhiaisons de ces nombres les plus elementaires dans les- quelles le nombre 2 entrefcinq fois au plus comme facteur, 3, trois fois, 5, si tant est qu'il soit nombre harmonique, deux fois ; de sorte que le plus grand multiple dont toutes les longueurs harmoniques ■seraient des diviseurs, estle produit 2.2.2.2.2.3.3.3.5.5 ou 21600. Nous essayerons de revenir une autre fois sur cctte curieuse ques- tion de I'arithmetique des mondes. F. Moigno. Jmprimerie de W. Kemquet et Cie, A. TRAMBLAY, rue Garanciere, 5. proprielaire-gerant. T, X) 9 Janvier 1857. Sixi^me aun^e. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. IVouvclIes dc la science. . Le Comite parlementaire de 1' Association britannique pour I'a- vancement des sciences a emis et soumis a I'attention du gouver- nement anglais les voeux suivants : 1° que le nombre des profes- seurs de sciences physiques dans les universiles soit augmente ; 2" que les professeurs et les instituteurs locaux soient retribues pour donner des lecons de science dans les villes principales des provinces; et que Ton encourage, dans ces menies villes, la for- mation de musees et de bibliotheques publiques ; 3° que i'on en- courage, beaucoup plus qu'on ne I'a fait jusqu'ici, I'etude des sciences, par la creation de nouvelles bourses, parFaugmentation du salaire des professeurs, et par la distribulion de recompenses. Ces voeux sont bien peu de chose en apparence, et cependant, pour les emettre, il a fallu beaucoup de temps, de deliberations, voire meme de courage. Le goavernement anglais a si peu fait jus- qu'ici pour la science, que la mise en pratique de ces propositions si simples sera presque une revolution. — Le comte de Granville vient d'etre nomme, par Sa Majeste la Reine, chancelier del'Universite de Londres, a la place du comte de Burlington. — Voici en quels termes M. Breton de Champ decritl'experience par laquelle il est parvenu h adapter sa vue a diflerentes dis- tances : (( Je me place devant un livre ouvert ou une affiche imprimee, k une distance double, triple ou quadruple de celle & laquelle je puis lire, ou meme plus grande encore, de telle sorte que je n'a- percoive plus les lignes du livre ou de I'afflche que comme des lignes grisatres; puis, avec le pouce et I'index de la memo main, appuyes simmltanement, I'un sur la paupiere inferieure, I'autre sur la paupiere superieure, je presse I'oeil doucement, jusqu'a ce que les lettres paraissentnoires. Si alors la vision est em ore con- fuse, je change tant soit peu les points sur lesquels le pouce et I'index sont appuyes, et, apres quelques tatonnements, je parviens a voir distinctement et & lire, ce qui me serait impossihle a cette 30 COSMOS. dislanco, en laissant mon coil dans son elat ordinaire. II est vra* que I'cril n'est que partielloment ouveit dans cette experience ; Dials je me suis assure que la plus grande nettete de la vision n'e- tait pas due au retrecissement du passage laisse a la lumiere ; et je ne reussissaispas h lire sans exercer de compression, meme en laissant les doigts appuyes sur la paupiere. Get allongement de ma vue est done bien dd k la compression du globe ocu- laire. » — Nous avons recu, par les Annales de Poggendorff, le pros- -pectus d'un nouveau journal meteorologique, redige par M. Ic -docteur Bujis Ballot, et edite par MM. Kemink et Fils, libraires a iJtrecht. Le but du courageux meteorologiste est de feunir, de rapproclicr, de comparer les observations fades dans les lieuxles plus eloignes, et qui ne sont pas imprimces dans des recueils suf- -iisamment I'epandus. Des 1857, il publiera les observations de 4rente stations au moins ; et ce recueil precieux ne coiltera que 8 francs. Deja M. Bujis-Ballot publie, mais en langue hollandaise, un autre recueil plus important : les Annales de llnstitut metea- fologique des Pays-Bas. Li\, les observations sont disculees ; la .valeur moyenne de la temperature et la hauteur moyenne du ba- rometre pour chaque jour sont comparees a la temperature moyenne normale et ^ la hauteur barometrique moyenne normalo ,:de ce meine jour, deduiles des observalions d'un tres-grand nom- bre d'annees. Les differences sont consignees dans une colonn.e speciale, de sortc que Ton pent voir d'un coup d'oeil de combien les temperatures ctlespressions reelies sont superieures ouinfc- rieures aux pressions et aux temperatures normales, et cela pour une immense etendue de I'F^urope. Nous appelions depuis longtemps, et de tous nos voeux, la realisation de ce progres, si simple et si capital, et nous felicl- .tons sinrercmcnt M. Bujis-Ballot de I'avoir accompli. Ce n'est que par un rapprochement intelligent entre ce que sont les tem- peratures et les pressions , et ce qu'elles devraient etre, et eii cherchantla raison de cette difference dans les autres circons- tances meteorologiques, surtout la direction etl'intensite du vent, que Ton parviendra k decouvrir les grandes lois qui regissent les phenonR-nes. 8i nouselions pour queique chose dans laredaciion deVAnniiaire du bureau des longitudes, nous indiquerions poiu' chaque jour, a une heure determinee, neuf heures du matin par exemple, les hauteurs thermometriques, et barometriqucs que J'ensemble des observations, faites depuis tant d'annees k I'Ob- COSMOS. ,^ii servatoire, assignent k ce jour ou a cette lieure : rien ne smxt plus instructif et plus interessant, M. Biijis-Ballot recevra avcc une tres-grande reconnaissance, les observations journalieres qu'on voudra bien lui envoyer, av«c les renseignements necessaires sur la localite, I'exposition'ei ia disposition des instruments, les moyennes anteneuros, etc., et^^ S'il pent reunir cinq cents sonscripteurs, Ja publication des ob- servations de chaque lieu ne coiltera que vingt-cinq centimes, es, moins meme peut-etre, — Les physiciens et les industriels qui font usage de la pile ap- prendront avec bonheur qu'on obtient de tres-heureux resuUats de la pile de Bunsen, en suivant la methode suivante indiquee par M. Boettger de Francfort : on charge la pile, en dedans et en dehors des vases poreux, avec une eau legerement acidulee par ua vingtieme ou 5 pour 100 d'acide sulfurique; mais avant de ploii- ger les cylindres ou parallelipipedes de charbon dans les vases poreux, on les trempe dans de I'acide nitrique concentre et on ies laisse secher a Fair pendant douze heures environ. La pile ainct preparee ne laisse rien k desirer sous le rapport de I'intensite Rt de la Constance. _ — On de'signe du nom de bassin Bourguignon une vaste conca- Titd comprise dans la circonvolution du Jura, des Vosges et des montagnes occidentales de Langres, de la C6te-d'0r, du Ghalonnais et du Lyonnais. M. Fournet a etudie longuement I'influence qwe doit avoir ce bassin, les rivieres qui le sillonnent, les pluies quUf recoit, etc., sur les crues de la Saone et les inondations; nous mk consignons ici que ses conclusions principales : 1° il pleut davan- tage sur le Jura que sur la partie des montagnes occidenlalPh place'e sur la lislere du bassin, et cette circonstance depend sam donte de la moindre hauteur de ces dernieres ; 2" les pkiies sofit en general moins considerables dans les plaines de la concavite du bassin Bourguignon que sur les montagnes, et le resultat est parfaitement conforme a la regie habituelle; 3" il existe au [)i^d des montagnes jurassiques une fosse dont les fortes pluies font to objet digne de la plus serieuse attention; elle constituent urip sorte de climat particuUer que M. Fournet propose de desi-ri«r sous le nom de climat Bressan. En rr^sume, c'est dans le .Jura qu'il faut chercher les plus grandes pluies ; leur intensite, au pied de ce systeme de montagnes, est tres-exagcree, par rapporta celles des parties basses du pays; elle est a son maximum Tns I'extremite meridionale de la Bresse et du Bugey, & Blanaa -a 32 COSMOS. Lons-le-Saulnier et k Boury. A quoi faut-il attribuer ce pheno- mene qui n'est pas en rapport avec I'attitude de la conlree qui DC dt!passe quo de 130 metres celle de la plaine du RhOne? Est-ce k I'evaporisation de la Bresse? A un remous aerien produit sur tes vents occidentaux prets k franchir les hautes aretes du Jura et se refroidissant suivant la loi de M. Babinet? Est-ce a I'inlluence des aspirations meridionales sur les vents atlantiques et al- -p^ens, etc, etc. ? :^'a«vellcs de mcdccinc ct de cliirus-gie. Le comite consultalif d'hygiene publique, pres du minist6re de I'agrLcullure et du commerce, est compose de dix membres , dont quatre docteurs enmedecine, uningenieur des ponts-et-chaussees eu des mines, un architecte et un chimiste. Par des arretes mi- nisteriols recents, M. Georges Ville, ancien professeur de cbi- mie k rinslilut agricole de Versailles, a ete attache ace comite en qualite de chimiste; M. le docteur Wiirtz remplace M. Villerme, demissionnaire, M. Thirria, inspecteur general des mines, rem- place M. Trelat. — M. le docteur Beau emploie avec un tres-grand succes la poudre de sabine et de rue, en pilules de 5 centigrammes, pour combatlre les metrorrhagies on hemorrhagies uterines essen- tielles. Apres une premiere pilule de sabine, administree en 2/» heures, on constate deja une diminution sensible, dans I'ecou- lement du sang; on donne alors deux pilules de sabine par jour, et Ton termine par une ou plusieurs pilules de rue. — M. le docteur Hannon s'est parfaitement bien trouvede I'em- ploi du sous-carbonate de bismuth, pour combatlre les douleurs gastralgiques, faire cesser les vomissements ou la diarrliee qui en sont la suite, rendre les digestions moins laborieuses, et faire re- nailre I'appetit. A la dose de 50ou70 centigrammes, ce sel diminue rapidement la frequence du pouls, augmente la secretion urinaire, rend les urines plus linq)ides; il est done d'abord sedatif, niais ii devient ensuite toniqueet lortiflant, car bientdt le pouls sV^ccelere, la res- piration est plus profonde, I'appetit augmente, la digestion de- Tient plus facile; tons les organes semblent participer i cet ac- eroissement d'eneigie vitale que donnent souvent les traitements ferrugineux. Ce sel est en outre d'une innocuite absolue, on I'ad- ministre dans un pen d'eau, de miel, ou de confitures , ou sous forme de tableltes et de pilules. COSMOS. 3^ — M. E. Ceysens, praticien distingue du Brabant, affirme qu'il a toujours fait cesser tres-promptement le lioquet en exercanl une pression plus ou moins forte sur I'extremite interne ou sur le corpsde I'une ou del'autre clavicule ou des deux clavicules ala fois. — Les cas d'empoisonnement par le phosphore delache des al- lumettes cliimiques, qu'ils aient pour cause I'imprudence ou la malveillance, sont aujourd'hui trop communs; il est done tres- urgent que Ton realise la substitution tant desiree du phosphore rouge ou amorphe au phosphore blanc employe jusqu'ici dans cette utile, mais dangereuse indusliie. — M. le docteur Guillaume de Humboldt, medecin justement celebre, avait remarque que les individus piques au pied par un petit reptile dont le nom zoologique est encore ignore, etaient pris subitement des symptomes de laflevre jaune, laquelie se de- veloppait avec une rapidite et une intensite tellesque les malades succombaient presque tous en peu de jours. Ceux qui survivaient n'etaient plus atteints nipar la fievre jaune ordinaire et veritable, ni par celle que le venin du reptile avait determinee une premiere fois. L'habile praticien crut qu'il y avait dans ces faits les ele- ments d'une inoculation reguliere qu'il s'agissait seulement de rendre inoffensive; et apres de longues experiences, il adopta la methode suivante. II fait mordre quatre reptiles k plusieurs re- prises dans un niorceau de foie de mouton, du poids de 30 granmies,, ilpresse ensuite lefoie de mouton pour en extraire le liquideem- poisonne, et il inocule ce liquide d'apres les procedds usites pour la vaccine. Une goutte repartie entre quatre piqures , deux de cbaque cote, suffit dans presque tous les cas. La periode d'iucu- bation varie d'une h douze heures ; apres des accidents divers, que nous ne nous arrcterons pas h decrire , les inocules sont gueris du cinquieme an sixieme jour. Si plus tard ils sont en pre- sence d'une endemie ou epidemic de lievre jaune; les uns, etc'esl le plus grand nombre , ne seront nuUement atteints; les aulres seront atteints et presenteront d'abord les apparences de la fievre jaune, mais ils seront facilement gueris parle sulfate de quinine.; un tres-petit nombre enfm seront atteints de fievre jaune com- plete et mourront dans la proportion d'un quart. Sur 2 477 ino- cules, 228 seulement, ou 10 sur 100 ont eu la fievre jaune ; 68 ou 2 1/2 pour 100 ont succombe; 2 2Z»7 ou 90 pour 100 ont ele pre- serves. On pent evaluer sans exageration a 16 pour 100 la propor- tion des individus dont la vie est sauvee par I'inoculation. Nous empruntons ces documents h un article de M. le docteur Lucien 34' COSMOS. Papillaud pnl)liedans la Gcfzeliemklkale; cemedecin croit sincd- renientjUa decouverle deM. do Humboldt et ajoute : h Si le venin des serpents dangereux des ivgions iiitei-tropicales donne I'immu- nite coiitre le gi'and typhus de ces contrees , ne serait-on pas amene a en inferer quele venin de la vipere de nos climals pour- rait etre aussi un preservalif du typhus des pays temperes, c'est- "S-dire la fievre typhoide, qui, en somme, fait peut-etre, a petit bruit, autantdevictimesquc la fievre jaune avecses grands fracas cpidemiques? Lne enquete, qu'il serail si facile de conduire a bien, eclaircirait promptenientla question. 11 ne manque pas en France d'e sujets qui out eprouve la morsure de la vipere; quoi de plus simple que d'en faire faire la statistique dans chaque departement, et de faire constater quelles ont ete depuis leur inoculation par le venin leurs aptitudes et leurs immunites pathologiques ! » Est-ce bien serieusement que la Ga.'zette medicale croit une semblable ifloculation possible? — Un homme de 36 ans, temperament sanguin, formes athle- tiques, force etonnante, voulutse rendre maitre d'un essaim d'a- beilles ; trois ou quatre le piquerent surle dos dela main droite; aussiliM sa vue s'obscurcit; il perd ses forces, son corps est bai- gue de sneur, etbientot couverl, le long des extremites inferieures, de petites vesicules semblables k celles que produitl'ortie, avec fievre intense : une heure apres, et sans autre remede qu'une tisane tartarisee, tous les symptomes d'empoisonnement et tout malaise avaient disparu. — M. le docteur Galizioli a gueri plusieurs cas de I'lnfirmite si repouss.intequ'onappelle ozene, caracterisee par la puanteur in- swpportible des narines, a I'aide du nitrate d'argcnt fondu, qu'il iHiit k la graisse de pore pour en faire une pommade qu'il intro- duit dans les fosses nasales. — MM. Joret et HomoUe ont reussi a extraire de la graine de persil, apiumpetroselimmi c\es botanistes, un principe actif et fe- brifuge qu'ils nomment apiol, et qui semble appele a jouer un grand role en therapeulique nieme a cole du quinquina. Par la modicite de son prix, il deviendrale quinquina dupauvre; les au- teurs de cetle decouverte ont deja recu de precieux encourage- ittents de la Societe de pharmacie de Paris et du conseil de sante des armees. On nous apprend d'un autre c6te, qu'uneplanteplus Yulgaire et plus rustique encore, le plantain fournit aussi un ex- cellent febrifuge. II faut d'autantplus applaudir aces bienfai- santes conquetes que I'arbre a quinquina tend de plus en plus ci COSMOS. 55 disparaitre, et queMe sulfate de quinine, helas ! en meme temps qu'il devient plus clier, est de plus en plus adultere. IVouvellcs de I'industric. VAmi cles sciences fait un tres-grand eloge des precedes de chaudronnerie mecanique de i\I. Gomme fils, qui auraient pour resultat de substituer une fabrication silencieuse et grandement dconomique, sans clous ni soudures, a une fabrication terrible- ment bruyante, dispendieiise et compliquee. Les machines de M, Gonime convertissent instantpnpment une fcuille de cuivre ea tuyau de poele, en chaudron, en moule a patisserie, en boull- loire, en casserole, etc., etc., sans un seiil coup de marteau. Line seule machine, servie par une femme et un enfant, ebauche sis cents casseroles en six cents minutes, dix heures de travail, ct n'exige qu'une force-vapeur relativement minime. La casserole ebauchee est achevee plus promptement encore par le tour la- mineur sur lequel le cuivre s'etire et s'allonge comme par en- chantement jusqu'a n'avoir plus que le degre d'epaisseur qu'on "veut lui laisser, tandis que le fond, plus expose a Taction du feu, conserve I'epaisseur entiere de la feuille; un troisieme outil donue le poll necessaire ; un quatri^me rogne et dresse les bords, et j'appareil culinaire pent eire livre presque au prix des lames de cuivre du commerce. On compreudra, sans que nous ayons be- soin dc le dire, que les outils do M. Gomme operent par emporte- piece, par estampillage, par emboutissement, par etirement, et que son invention a une importance immense. — L'Ami des scieiices nous apprend aussi que I'habile ingenieur, M. Perrot, a modifie tres-heureusement, en I'armant d'uu rouag« & echappement, la porte fumivore de M. Prideaux, dont nous avons le premier fait connaitre I'existence. Cetappareil, eminem- ment simple, est forme essentiellement d'une jalousie mobile qui s'ouvre mecaniquemeut ct automatiquement, des que le chauf- feur a ferme la porte apres avoir charge son fourneau, et laisse passage h une grande quantite d'air, necessaire au premier mo- ment pour acliver la combustion et bruler la fumee; qui se re- ferme ensuite graduellement, quand la combustion n'a plus be- soin d'etre activee, quand les gaz de la combustion sontentierement brules, a mesure de leur formation, et quand I'air, arrivant en- core en exces, ne ferait qu'entrainer dans la chcminee une cer- taine quantite de chaleur perdue, etc., etc. La porte de M. Pri- deaux, telle qu'elle fut produite au debut, etait deja un boa ,ae cos \: OS. appareil; radditioii faite par M. Perrot d'un rouage a ecliappe- aiont dont la niarche est determinee par un poids, et rogularisee par un balancicr circulaire, la rcndra beaucoup plus efflcace en- core. EUe n'est pas plus genante k manoeuvrer pour le chauffeur qu'une porte ordinaire de I'ourneau; son action, comme appareil fumivore, est aussi complete qu'on puisse le desirer, ellene laisse passer que tres-peu de chaleur par rayonnement, ce qui, dans les navires surlout, est d'une importance incontestable; elle procure enfin une economie de charbon d'environ 7 pour 100. — Les chiffres suivants, empruntes a un Memoire de M. Geor- ges Wilson, sur la fabrication des bougies steariques et autres, donneront une idee des progres immenses de cette Industrie toute francaise. En 1840, dit M. Wilson, nous employions soixanle-qua- torze ouvriers et dix enfants, et nous faisions par mois environ 20 tonnes de bougies d'buile de coco, valant 1 590 livres sterling (39 750 francs), et environ 12 tonnes de bougies steariques et de bougies mixtes, formees d'un melange d'acides gras et de corps gras neutres, dont la valeur etaitde 1 227 livres, 30 000 fr. environ. £n 1855, nous avons employe 1 098 ouvriers, 1 191 enfants, et nous avons fabrique, en bougies steariques, mixtes et en veilleu- ses, environ 707 tonnes, plus de 700 000 kilogrammes, d'une va- leur de 79 000 livres (1 987 500 francs). Le procede presque ex- -eiusivement employe dans les vastes etablissements de M. Wilson, pour la distillation des corps gras, consiste, comme nous I'avons deja indique dans le Cosmos, a les soumettre a I'aclion de la va- peur k une tres-baute temperature, et a determiner ainsi la se- paration de la matiere neutre en acides gras d'une part, et en glycerine de I'autre. Gette metbode a eu pour resultat de fournir abondamment aux arts et k la medecine une substance autrefois dedaignee, la glycerine, facile a purifier parfaitement par une se- conde distillation, ti^^s-recherchee aujourd'bui, et qui se vend plus clier meme que I'acide stearique. M. Wilson reconnait que I'idee du procede qui lui a si bien reussi est due a un jeune chi- niisle americain, M. Tilghman. Fails agricoles. Si la France parvenait a faire produire au lU millions d'hec- lares qu'ellc consacre chaque annee a la culture des cereales le rendement de I'Angleterre, elle aurait 350 millions d'hectoiitrcs de grains de toute espece, tandis quelle n'en obtient actuelle- meut que de IZiO a 150 millions. La culture anglaise rend 25 liec- COSMOS. 31 tolrtres de bl^ par hectare, tandis que la culture francaise rend a peine en moyenne de 12 a li hectolitres. L'Anglelerre, en outre, noiirrit cinq Ibis plus de bestiaux que la France, toutes propor- tions gardees. Le rendement en ble de la Belgique et de rAIleuia- gne est aussi presque double du rendement de la France. La Lonibardie etle Piemont nourrissent 176 habitants par kilometre carre; la France ne pent en nourrir que 76. Les bras manquent de plus en plus en France a I'agriculture. II y a trente ans, sur cent jeunes consents, soixante appartenaient a I'agriculture; ii n'y en a plus auiourd'hui que quarante-neuf ou cinquanie. Tan- dis que la population to tale de la France ne s'est accrue que d'ua pen plus de sixetdemi pour cent dans les vingtdernieres annees, la population des villes de 3 000 a 1 000 habitants a augmente de 13 pour 100, et cclle des villes de plus de 10 000 ames de 2/i pour 100. C'est done un fait aussi certain que douloureux, le vide se fait dans nos campagnes, et il est temps, grand temps de s'oppo- ser a cette fatale emigration ! — Bien des planteurs de pommes de terre prennent pour en- fouir les plus chetives, les avortons, les rebuts, et ont la singu- liere pretention de demander de superbes et robustes produits a des nains, a des boutures pleines d'eau et pauvres de lecule. Pour suppleer a la mauvaise qualite de la semence, ils mettent trois ou quatre mauvais tubercules dans chaque trou et rapprochent les trous autant qu'ils peuvent, au risque de forcer les plants a s'etouffer. iM. P. Joigneaux, n'ayantpu persuader par le raisonne- ment a un cultivateur que cette maniere d'agir etait completement deraisonnable , I'amena a faire sur son propre terrain une expe- rience comparative, d'ouil resultajusqu'a I'evidence que la plan- tation par touffes serrees au moyen de tubercules avortes coate plus Cher, qu'elle donne des produits chetifs, que le rendement est inferieur au moins d'un tiers a celui que I'on obtenait en se- mant des tubercules de grosseur moyenne espaces d'envkoa 50 centimetres. ETRENNES DOMCSTIQUES. — ECLAIRAGE. Hauvella grainc olvagineiise on hulle de TSsIaspi Decouverte de M. Neubi'uger. (Rappor; de M. Hekve-Mangon). Avec le chaulTage, I'eclairage est un des grands besoins de la Tie, elles efforts de la science appliqueedoiventtendreincessam- ment h le rendre de plus en 'plus cconomique. M. Ncuburger le celebre lampiste avoulu attacher son nom ala solution de ce problemc bienfaisant. Dans un jour d'inspiration heureuse, il a cru entrevoir dans une plante sauvage et dedai- gnee, le tlilapsi conunun, une source ignoree, abondante, lucra- tive d'huile a bon marche , et il s'est mis h I'oeuvre, et pendant quatre longues annees il a experimentesuruneechelle do plus en plus grande. Le succes a couronne ses efforts, mais il se defie d'un entraineinent trop ordinaire aux inventeurs, aux propagateurs d'une idee nouvelle, ctil a bumblement soumis ses essais a la So- ciete industrielle, la plus grave, la plus inlelligente, la plus pro- gressive de notre France. Apres un long et serieux examen , le Comile d'agriculture de la Societe d'encouragement a cliarge un de ses membres, ingenieur tres-distingue, de formuler I'opinion qw'il s'est formeeduprogres que M. Neuburger croit avoir realise, ei que nous allons exposer a notre tour, en analysant rapide- laent le rapport de M. Herve-Mangon. Le tblaspi ou taraspic est, comme le colza, une crucifere ; il Tient en abondance sur les terrains les plus pauvres et les plus arides ; il est tres-rustique et ses varietes bisannuelles ou vivaces lesistent aux hivers les plus froids. La graine de I'espece adoptee par M. Neuburger est ronde et brune, elle pese un pen moins de 2 milligrammes, ce qui fait 500 000 graines au kilogramme. Elle donne par la pression au moins 20 pour 100 de son poids d'huile, d'ou il resulte qu'un hectolitre de graine de tblaspi, pesant en moyenne 68 kilo- grammes, donne : 1° 13 kilogrammes d'huile d'une epuration facile, bnllant trfes-bien, sans odeur ni fumee , moins encras- sante meme que I'buile de colza ; 2" 55 kilogrammes de tourteaux, comparables par leur ricbesse en azote aux tourteaux de colza, que les moutons mangent avecasscz d'avidite, et qui formeraient dans tons les cas un excellent engrais. On peut semer le tblapsi a la volee, & raison de 8 litres par COSMOS. 30 hectare, sur un sol quelconque, ayant reru un simple labour superficiel de 5 a 6 centimetres au plus de profondeur, et un hersage croise ; le semis reussit mieux quand il est I'ait en au- tomne ; on sarcle une fois, s'il est necessaire, pour enlever les chardons, on recolte I'ele suivant, aussitdt que la graine com- mence a milrir ou a tourner , pour evilor ''expansion spontanee des siliques ou bourses. On pent comjjter sur un rendement nioyen de 40 hectolitres par hectare, ou de 50 pour 1. Quarante hectolitres de graines font 5 hectolitres 3 Utres d'huile ;en lasup- posant vendue au prix tres-basde 100 fr. rheclolilre,et admetlant que les tourteaux payent les frais de culture et d'extracLion, le pro- duit d'un hectare sorait de 530 fr., produit considerable , puis- qu'il s'agit de terres de qualite inferieure , prcsque sans valeur au debut, qui s'amelioreront rapidement, de maniere a pouvoir ouvrir bient6t leur sein a des cultures d'ordre plus eleve. Ce simple apercu sufut a raontrer, dit le savant rapporteur, que la decouverte due a M. Neuburger de I'emploi industriel de la graine do thlaspi pour la fabrication de I'huile a bruler est un fait d'une tres-haute importauce. Ce sera une bonne et briUante con- quete que de pouvoir demander pendant un temps plus ou moins long a des terres improductives des quantites considerables d'une graine precieuse, en meme temps qu'on assurera un travail lucratif aux populations desheritees de nos plus pauvres provinces, et qu'on rendra a la culture des ccreales et a la production desplantes alimentaires les terres les plus riches et les plus fertiles envahies chaque jour de plus en plus par le colza. Deja en 1841, cette plante oleagineuse couvrait 173 500 hectares, et Ton peut dire sansexa- geration qu'elle couvre en 1856 une surface dix fois plus graude,. ou plus d'un million d'hectares. Les progres de sa culture sent veritablement effrayants, et ce qui est plus effrayant encore, c'est que le prix de I'huile qu'on en retire, au lieu de diminuer, va sans cesse en augaientant. Les 100 kilogrammes qui coutaient 90 francs en 1850, content aujourd'hui 140 francs, 50 francs de plus. Es- sayer d'arreter ce torrent devastateur ; de substituer aux terres de premiere qualite les sols les plus ingrats, de remplacer une plante gourmande et epuisante a I'exces par une plante eminemment so- bre, qui se contente des rares principes nourrissants caches dans les plus mauvaises terres; de diminuer ainsi d'un seul coup, etle- IM'ix de I'huile d'eclairage et le prix du pain; de repondre aux be-^ soins d'une consommation toujours croissante, et qui menacait de devenir une veritable catamite ; c'est evidemment une entre- ftO COSMOS. prise p,Tande ef. f^enereiise, on iiG s'etoune plus alors ties conclu- sions si I'avorables dn rapport. (( En resume, les elTorls de M. Neuburger sur la culture et I'em- ploi du thlaspi inleressent au plus haut degre I'agriculture et le commerce des huiles. Pendant ses longues recherches, Tauteur n'a recule devant aucun sacrilice pour assurer le succes de ses experiences. Son ardeur, sa perseverance et son habilete pour at- teindre un but eminemment utile, sont digues des plus grands elogos. En consequence, le Comite d'agriculturc a I'honneur de proposer : de reniercier 1\I. Neuburger de son importante commu- nication, et de I'encourager fortcment a poursuivre ses interes- santes et utiles experiences. » Ce ne sont en effet encore que des experiences, mais des expe- riences arrivees h leur terme, et qui peuvent faire place des au- jourd'bui k la pratique en grand. 11 s'agissait avant tout de creer de la graine; or, sur la lande de Mizabran, en Sologne, dans les fosses des fortifications, dans le bois de Boulogne, M. Neuburger a obtenu la graine suftisante a Fensemencement de onze hectares de terrain; et la rdcolte de ces onze hectares permettra a son tour, des I'annee prochaine, d'ensemencer quatre a 5 mille hectares. Yeut-on savoir ce que ces k 000 hectares de lerres arides culti- Tees en thlaspi representeront de benefice net ou d'accroissement de la richesse natlonale? Le calcul est facile : mettons le rende- ment au minimum de 30 hectolitres par hcciare, la quantile to- tale de graine sera de 120 000 hectoUtres, ou 80 000 quintaux, en reduisant le poids du litre ^ deux tiers de kilogramme. Chaque quintal donne au moins 5 pour 100, ouun vingtiemedeson poids d'huile; la quantite totale d'huile sera done de 16 000 quintaux, representant au prix tres-inferieur de 120 francs le quintal ou les 100 kilogrammes, 1 920 000 ou pres de 2 millions de francs. Ce calcul suppose que les tourteaux de thlaspi payent les frais de culture et d'extraction, et cette hypothese n'a en etfet rien d'exa- gere; car les tourteaux scront vendus au moins 10 francs le quin- tal; ce qui, pour 6/i 000 quintaux, fait 640 000 francs; ou en divi- santpar k 000, 160 francs par hectare. 2milUons,voil& done ce que realiserait des la premiere annee la decouverte, car c'est une dd- couverte veritable, de M. Neuburger. Get accroissement de fortune publique grandira d'annee en annee en progression geometrique, et vaudra a son auteur de compter parmi les bienfaiteurs de I'hu- manite. F. Moigno. PHOTOGRAPIIIE. ColSodion sec De M. NoRRis. L'habile photographe anglais est parti de deux faits arrives pourlui a I'etat de demonstration : l°quele collodion seche perd sa sensibilite parce qn'il devient impermeable a I'eau ; et que pour lui conserver son impermeabilile , il faut par consi'quent le re- couvrir, aussitotla couche formee, d'une substance soluble dans I'eau ou du moins qui puisse s'imbiber d'eau ; 2° qu'il y a deux sortes de collodions, I'un poreux, pulverulent, compose en quelque sorte de molecules separees; I'autre glutineux formant ati con- traire une couche indivisible : les premiers collodions sont seuls aptes k donner de bons collodions sees; les seconds ne peuvent au contraire etre employes qu'humides, parce qu'ils ne sont pas penetrables par la substance qui doit leur conserver et leur rendre ileur permeabilite a I'eau. Les collodions neufs sont en general glutineux , les collodions vieux sont en general poreux. Pour re- connaitre si un collodion est poreux ou glutineux, ii suffit, apres I'avoir etendu surleverre, de pousser la couche en avant avec le doigt; si elle tend a s'enlever toute entiere comme une feuille de parchemin, elle sera glutineuse, et il ne faudra pas s'en servir pour le collodion sec; si au contraire elle se divise sous le doigt, elle sera poreuse. Quand on se sera procure un collodion po- reux, on I'elendra a I'ordinaire; on plongera cnsuite la plaque dans un bain contenant de 0^,95 a 2^,60 de nitrate d'argent par 31 grammes d'eau, et auquel on ajoutera pour chaque 57 centi- litres d'eau 31 grammes d'alcool absolu, ci moins que le degre de porosite du collodion ne soit tres-grand. Apres que la plaque est restee assez longtemps dans le bain d'argent, on la fait egoutter, et on la lave pendant cinq minutes ou plus, en faisant couler un filet d'eau distillee sur ses deux faces, de maniere a enlever toute trace de nitrate d'argent. On la plonge alors pendant un temps qui varie de cinq h quinze minutes dans le bain suivant : gela- tine line, 88,3; eau distillee, 435 grammes; alcool absola, 62 grammes. II sera bon en outre d'ajouter a cette solution une cuil- leree a the d'albumine . dont on delerminera le melange intime avec la solution de gelatine, en agitant au sein d'un bain-marie, ou tres-pres d'un feu assez ardent pour amener I'alcool a ebul* U2 COSMOS. lition , I'albnmine se coagiilera et on fillrera la liqueur; elle de- Ticiulra aussi brillante que I'cau, etsera pretc A servir. Apres avoir retire la plaque du bain de gelatine , on la fera secher, soit en la tenant a une certaine distance du feu, soil, ce qui reussit mieux, en la placant dans une bolte chauffee a Fair chaud, etdont la temperature est plus ou moins clevee suivant la J'orce de la solution gelatineuse. Ainsi preparee et conservee dans une boitc hermetiquement fermee, elle pourra n'elre expo- see k la luniiere qu'apres un temps tres-long ; plus de six se- maines : le temps de I'exposition est k peine double de celui qu'exige le collodion humide. Pour developper I'image, on ver- sera a la surface de la plaque une solution saturee d'acide gal- lique dans I'eau, k laquelle on ajoutera quelques gouttes d'une solution neutre de nitrate d'argent au quinzieme environ. Dc^coiuposiliou avcc le teuip;>i da collodion iodure Par M Hardwich. On sait que le collodion pbotographique, iodure, a la maniere dinaire par I'iodure de potassium et d'ammonium, subit avec le temps une decomposition spontanee, et que les proprietes de la couclie sensible d'iodure d'argent sont modiliees par ce change- ment. Lorsque le collodion vient d'etre prepare avec de I'ether reclific et de I'alcool, qu'il n'est forme que d'iodures purs et de pyroxiline, il est tres-sensible , mais ne donne pas toujours des negatifs vigoureux. Le depot produit par I'agent revelateur est alors ordinairement d'une teinte bleuatre et imparfaitement opaque dans les grandes lumieres. Apres quelques semaines, au contraire, et lorsqu'il est devenu jaune ou brun, le collodion, quoique moins sensible, donne une image plus intense; les teintes extremes contrastentbeaucoupplus. Les experiences de M. Hard- wich onteu pour but de demon trer que la diminution de sensibilite . et I'augraentation d'intensite de I'image du collodion depuis long- temps prepare sont dues en partie ;i la generation ou formation d'un compose organique contenant quelques-uns des elements de la pyroxiline unis a une base, et doue de proprietes analo- gues .'i celles du sucre, c'est-a-dire formant conime lui une com- binaison organique avec le produit de la reduction des sels d'argent par la lumiere. AGADEMIE DES SCIENCES. Seance du 5 Janvier 185G. La seance a ete tres-courte et u'a offert qii'un tres-faible intcret. — M. Henri Sainte-Claire Deville adresse iin Memoire ayant pour tilre des Proprietes chimiques de l' aluminium et des varia- tions de Vaffinite avec la temperature. « La place que doit occuper Faluminium dans les classifications chimiques est assez difficile a determiner. Dans les Memoires que j'ai publics sur cette matiere, j'ai range raluminium a cote du fer et du chrome, en partant des principes a I'aide desquels M. Thenard a dispose ces groupes de metaux. Les experiences que j'ai faites depuis sur le silicium , qui , lui aussi a beaucoup d'analogie avec I'aluminium, ont modifie mes opinions a cet egard, et m'ont conduit a rechercher a un point de vue paiticu- lier les proprietes chimiques de ce metal , surtout dans ses rap- ports avec les diverses temperatures auxquelles on les manifesto. MM. Gay-Lussac et Thenard, dans leur belle experience sur la pre- paration du potassium, a I'aide de la potasse et du fer, ont dejc'i fait voir qa'a la temperature blanche le fer se conduit comme un metal alcalin, superieur meme au potassium quant a son affinite pour I'oxygene. Un certain nombre de fails de ce genre, des ex- periences tentes dans des appareils tres-fortement chauffes, me permettent de dire que I'intervcrsion des affinites avec la tempe- rature se presente dans un grand nombre de cas. L'aluminiuni va m'en fournir de tres-curieux exemples. L'alumlnium k une basse temperature se conduit comme un metal susceptible de produire une base faible; par consequent sa resistance aux acides, I'acide chlorhydrique excepte, est propo^r- tionnelle au peu d'energie de cette base. A la temperature ordi- naire et en presence de I'eau, la tendance acide de I'alumine est plus prononcee : aussi I'aluminium n'a-t-il de reactions energiques qu'en presence des bases fortes telles que la potasse et la sonde, dissoutes dans I'cau. Cependant cette affinite est encore insuffl- sante pour determiner la decomposition de I'eau par rakuuiniuni dans la potasse monohydratee a la temperature de sa fusion. A I'aide d'une chaleur tres-elevee, je ne doute pas qu'il ne puisse y avoir formation de potassium avec un pareil melange, si on pou- vait se mettre dans les conditions de I'experieuce de MM. Gay- M COSMOS. Lussac et Thenard. Malheureusement les vases manquent com- pleteiiient pour la realiser avec raluminium. L'alumiiiium nefournissantpas de protoxyde, par suite n'ayant -aucune tendance a former un oxyde salin, APO'' , sa resistance h roxydation ^ des temperatures tres-elevees et son inallerabilite a I'air sent excessivement prononcees, comme nous I'avons monire, M. Wceiiler et moi. C'est la meme raison qui fait que la Tapeur d'eau I'attaque si peu quand il est pur. Toutes ces reac- tions lui sont communes avec le silicium. A une temperature peu elevee et sans le concours del'eau, I'a- lumine joue encore le role debase faible, si bien que raluminium ne reduit aucun protoxyde au-dessous du rouge vif. Ce metal al- lie a du plomb peut se purifier a la moufle et se congeler, comme I'a montre M. Peligot. L'aluminium cuivreux noircit dans les mo- nies circonstances, par suite de I'oxydation du cuivre. Mais a une temperature elevee, les rdles sont changes, I'alumine devient un acide, et l'aluminium prend avec moins d'c^nergie les proprietes du silicium : ainsi, il decompose les oxydes de plomb et de cui- vre avec formation d'aluminate. Ce fait que j'ai souvent observe, et qui a ete publie par MM. Tissier, paraissant en opposition avec ce qui etait deja connu sur cette question, j'ai cru devoir attirer I'attention de I'Academie sur le genre de considerations nouvelles qui me guident dans les experiences nombreuses que j'ai deji commencees depuis longtemps et que je poursuis chaque jour. L'aluminium nc s' oxyde pas dans le nitre, a moins que la cha- leur ne soit assez forte pour que le nitre lui-meme soit de- compose; il est devenu alors alcalin, et la temperature est assez elevee pour que I'interversion des afflnites se manifeste. Le phe- nomene de llnflammation qui I'accompagne indique une reaction energique. Tous les jours on fond de l'aluminium dans le nitre pour Ic purifier, au sein d'un vif degagement d'oxygene, et au rouge, sans qu'on ait rien a craindre ; mais il faut bien se garder de laire <;ette operation dans un creuset de terre ; la silice du creuset est dissoute par la potasse, le verre ainsi forme est decompose par raluminium, et des lors le siliciure d'aluminium presente des proprietes speciales. Son oxydation devant donner lieu a un sili- cate d'alumine, s'efFectue avec une ^nergie extraordinaire. Void pour le prouver une experience de cours que je fais depuis deux ans t\ la Sorbonne etqui reussit toujours. Sur un tet, on place un peu de verre pile, bien tassc, et dispose en forme de conpelle, au -centre de laquelle on met un morceau d'aluminium. Avec le dard COSMOS. ^> du chaliimeau a gaz oxy hydrogen o, on pent poricr sans I'oxyder sensiblement, la temperature de ralumininm a un point tres- eleve; puis on fond Ic verre, on le ramene au-dessus de I'alurai- nium, pour les meltre en contact a une liaute temperature. II se faitun alliagede silicium et d'aluminium, et quand au moyen du dard du chalumeau on decouvre le baio metallique, il bride avec un eclat extreme, en lancant des etincelles blanches a la maniere du silicium. C'est qu'en effet les silicates et les borates alcalins sent decomposes tres-facilement par I'aluminium; le metal dissout alors des quantites considerables de silicium et de plus faibles quantites de bore, qu'on peut extraire, comme nous I'avons de- montre depuis longtemps, M. Woeliler et moi. La meme observa- tion a ete faite par M. Woeliler pour le carbonate de potasse, que I'aluminium decompose avec depot de cbarbon. En cela, il se rapproche encore du silicium dont Taction sur le nitre est nulle^ comme I'a demontre Berzelius. On voit done combien, dans des experiences de cc genre, il est utile de tenir compte des conditions de toutes sortes au milieu desquelles on opere, aussi bien que de la nature des vases et de la purete des matieres. Je profiterai de cette occasion pour re- commander aux pbysiciens qui veulent faire sur I'aluminium des determinations precises, de s'assurer a I'avance de la nature du metal sur lequel ils operent, et qui est mis dans le commerce avec des degres de purete encore tres-variables, comme la plu- part des metaux communs. » — M. Ancelotveut quele delire des aboyeursnesoit qu'unedes formes de la danse de Saint-Guy. — M. Cazenave adresse pour le concours des prix Monthyon un grand travail sur les maladies de la peau. — M. Edmond Bour adresse une petite note intitulee : Resolu- tion des equations numeriques du troisieme degre , a I'aide de la regie a calculs. Nous regretlons de ne pouvoir la publier des au- jourd'hui. — Un certain M. Bouillaud demande la substitution du cuivre aufer dans les tiges de paratonnerres , il a grandement raison; sir Snow Harris n'emploie que des tiges en cuivre , et si courtes^ qu'on les apercoit k peine. — M. Alquier reclame contre M. Bonnafond la priorite dutrai- tement des bubons veneriens par le seton fdiforme. — M. Boulard-Monge voudrait substituer au soufre, dans le traitement des vignes malades , le marc de raisin brCde et reduit iifi COSMOS. Oil centlres tres-fines; anlanl vaudraitsansdoulola poussiere des cliemins, suivant la thdorie de M. Chi'elien, dc Montpcliier. Dans tous les cas, dit M. Thenard , comment se procurer de la cendre de marc en quantlle suffisanle? — M. Porro presente les details et le dessin de I'observation de roccultation de Jupiter par ia lune, faite le 2 Janvier dernier par M. Bulard, astronome du pare astronouiique. Le but principal de ccttc observation etait de constater si, dans I'immersion ou I'emersion de la planete et de ses satellites, il se presenterait quelque phenomene d'hesitation, de repulsion, d'os- ■cillation, de deplacement, de transport, de deformation, d'exiinc- tion partielle, etc., de nature a accuser la presence d'une atmo- sphere lunaire. M. Bulard n'a rien vu de semblable. Des vapeurs ■epaisses lui ont derobe I'immersion, mais quand Jupiter lui est apparu, avec les trois dixiemes de sa surface eclipsee, il etait par- faitement conforme, avec ses bandes tres-nettes ; il a disparu pro- gressivement, sans aucune alteration de forme ou d'eclat, meme alors qu'il n'etait plus qu'un simple croissant de lumiere. Le pre- mier et le second satellite ont disparu soudainement; ils ont re- paru aussi soudainement comme le troisieme et le qualrieme. Les lieux de sortie de ces deux derniers satellites ont indique a i'avance le point d'emersion de la planete, et le regard braque sur ce point I'a vu reparaitre tres-nette, sans modifications au- .cmies. 11 faut done admetlre, ou que la lune n'a pas d'atmospbere, ou que cette atmosphere n'atteint pas les deux bords qui ont ca- che la planete, et qui n'avaient pas d'echancrures visibles, ou €nfm que vers ces bords Fatmosphere, si elle existe, ne produit pas de refraction sensible. L'observation a ete faite avec la lunette equatoriale de 9 pouces, 115 centimetres, commandee jadis pour Fobservafoire projete de I'J^cole normale. La beaute remarquablc du dessin, expression lidele de ce que montrait la lunette, prouve qu'elle dellnit tres- nettement les objets; elle estde plus parfaitement achromatiqiie, -car Jupiter a bien cette teinte bleuStre qui avaitfrappe MM. War- ren de la Rue, Grove, etc., dans I'avant-derniere occultation; et Tintensile de sa lumiere est de beaucoup inferieure k celle de la lune. M. Bulard n'a pas vu, il ne devait pas voir, k cause de Fftge de la lune suivant I'explication de MM. Foucault et Babinet, le trait noir de separation entre les deux disques qui a frappe ]\L Varren de la Rue; celui-ci observait tres-pres de la pleine lune. II y a dix ans, un excellent neuf pouces etait une rarete. COSMOS. Ul un trcsor, il avait sa place toute marquee dans ks fastes de I'astronomie. Quel accueil merite done le 19 pouces, 55 centi- metres de M. Porro, aussibon que son 25 centimetres! A propos d'astronomie, M. Bulard, dont nous rapportions tout a I'heure Fobservalion si interessante de I'occuUation de Jupiter par la lune, nous pric de faire en son nom Ics deux rectifications suivantes : 1° Je ne suis pas astronome anglais, quoique pendant dix ans j'aie fait de I'astronomie en Angleterre, puisque je suis ne a Paris et que j'observe en France; 2° je n'ai pas fait de des- sin dc nebuleuses quand, en Janvier 18W, j'ai regarde avec le grand telescope de lord Piosse, en compagnie du noble lord, de son assistant M. Stone, et sir James South. M. Arago crut aussi que certains dessins que je lui avais envoyes avaient ele fails au telescope de lord Rosse, qui aurait reclame si le savant secretaire perpetuel ne s'ctait empresse de rectifier son erreur. — M. Chapelle, medecin de la Charente-Inferieure , qui s'est trouvo on pleinc et violente epldemie cholerique, a essaye tousles remedes, et a trouve que le plus efficace etait I'acetone ou esprit pyro-acetique, dont il a obtenu des resultats assez satisfaisants, pour meriter, dit-il, I'attention de I'Academie et participer au legs Ereant. — M. Berard, au nom de M. Jules Ytier, de Montpellier, pre- sciite un Memoire sur le sorgbo sucre, sa culture, ses avantages, son avenir, etc. En outre du sucre et de I'alcool , on a extrait du sorgho, ainsi que nous I'avons deja dit, deux nouvelles matieres colorantcs, I'une rouge etl'autre jaune, que M. Ytier nomme pur- puroleine et xantoleine, et qu'il apprend a preparer par une me- thode analogue ^celle quidonnela garancine. — M. Duchartre lit une note relative a rinQuence del'humidite sur la direction des racines. II demontre sans peine que I'humidite, suivant I'expression populaire , attire les racines; a ce point que si la graine se trouve entre deux couches, I'une trfes-seche en has, I'aulre humide en haut, les racines monteront au lieu de des- cendre. Lememe phenomene arrive lorsque la couche superieure humide est remplacee par de I'air sature d'humidite. — M. Despretz, au nom de M. Seguin, membre correspondant, prescnte les deux Memoires sur la machine a vapeur pulmonaire ou machine a vapeur regeneree que nous reproduirons integrale- ment dans notre procliaine livraison. — M. Duhamel revient encore sur son Memoire de 1832, et la portce de sa generalisation du theoreme de Carnot relatif ala perte iS- COSMOS. des forces vivos dans le ciioc. Nous ifavons pas saisi ce qu'il ap- porlait de nouveau dans le debat. — I\IM. Poncelet et Clievreul sont nommes au scrudn, par 28 et 25 voix, mcmbres de la Commission administrative de I'Institut pour 1857. — M. Isidore GeonVoy Saint-Hilaire , qui jusqu'ici n'avait que remplace M. Binet comme president, et qui aujourd'hui eutrait en fonctions, rend compte de I'etat des publications de I'Aeade- mie et des mouvements qui se sonl operes dans son sein en 1856. Les volumes publies sont au nombre de cinq : le vingt-septieme volume des Mcmoires dc I'Academie , le quatorzieme des Savants etrangers, deux volumes des Comptes rendus, et un volume de prix, supplement aux Comptes rendus. Les vingt-cinquieme et vingt-sixieme volumes des Memoires de I'Academie, le quinzieme volume des Savants etrangers, et un second volume de prix, sont en cours de publication. Les nouveaux membres titulaires clus dansl'annee qui vientde flnir sont : MM. Jobert de Lamballe, Bertrand, Gay, Hermite ; les membres correspondants , sont M3L Ostrogradslvi , amiral de Wrangel, Gerhardt, Hoocker. Deux places sont vacantes dans la section de geologie et mine- ralogie ; celle de M. filie de Beaumont qui reste defmitivement se- cretaire perpetuel, et celle de M. Constant Prevost, decede. Les correspondants a remplacer sont au nombre de douze : cc sont, dans la section d'astronomie, MM. Lindenau et Nel de Breaute, morts, sir William Herschel, nomme associe elranger; dans la section de physique generate, M. Melloni; dans la section de chi- mic, M. Gerhardt ; dans la section de geologie, M. Buckland ; dans la section de botanique, M. Dunal; dans la section d'economie ru- rale,. MM. Michaux, Jaubert de Passa, Giroux de Buzaringues. ASTRONOMIE PHYSIQUE. Etoiles variables. Conform^ment h la grande loi des compensations, M. Babinet, qui en veut tant aux coaietes, s'est pris d'une belle passion pour les etoiles variables et surtout pour I'interessante Algol ou Beta de Persee, dans la tete de la Meduse. G'est une dtoile de seconde grandeur,, qui, k chaque periode de deux jours, vingt-quatre heures, quarante-neuf minutes, est reduite a la quatriSme gran- deur. EUe emploie trois heures et demie pour perdre ainsi une grande partie de sa lumiere, et autant pour la reprendre. Les etoiles variables comptentbiencertainementparmiles plid- nomenes les plus etonnants et les plus interessants du del, et il y a bien longtemps que, fidele k la promesse que nous avons faite en 1845 h M. Argelander, I'liomme des etoiles variables, nous pressons vivement les astronomes amateurs de consacrer une grande partie de leurs veilles k celte importante etude. La re- cherche des causes de la variabilite de ces astres, de I'affaibUsse- ment ou meme de I'extinction periodique de leur lumiere, est peut-etre le plus difficile des probl6mes que la science ait jamais pose; I'enigme des enigmes, et qui aurait attendu longtemps en- core son sphinx, si M. Doppler, dont nous parlerons tout k I'heure, n'etait pas ne. Pour W. Babinet, et nous en sommes desole, la solution tant cherchee n'est qu'un jeu d'enfant : « Sans doute, dit-il, quelque planete d'un gros volume qui circule k I'entour de nous la cache presqu'en totalite k chaque passage entre cette ^toile et nous. Planete d'un gros volume, c'etait un pen trop, la pauvre Algol n'aurait pas seulement diminue d'eclat, son eclipse eut ete totale. » A la grosse planete, M. Babinet, dans I'article suivant, substitue prudemment une planete a I'etat gazeux ou pulverulent. Goodricke, qui le premier a determine la periode exacte de la variabilite d'Algol, qui le premier aussi a formule I'hypothese que M. Babinet a bien envie d'eriger en theorie, ap- pelait mieux encore I'astre ecran nuage planetaire. On trouvera sans doute que nous avons aujourd'hui I'espritbien mal tourne ou bien difficile, mais nous sommes force d'avouer, mal- gre la grande amitie qui nous unit a M. Babinet, et I'echange conti- nuel que nous faisons de nos pensees depuis bient6t trente ans, que sa theorie de la variabilite d'Algol nous parait puerile au deli de 50 COSMOS. ce que nous pouvons dire, lout a fait insuffisantc et inadmissible, non moins que sa demonstration du neant des comeles. Mais avant tout, laissons le savant academicien exposer en detail son explication, et la refutation de I'opinion ilaquelle d'ailleurs nous sommes loin de nous rallier, qui "voudrait que les etoiles varia- bles fussent des globes obscurs sur une portion plus ou moins grande de leur surface. « On a voulu rattacher aux taches du soleil le phenomene des Etoiles variables d'eclat, et on a dit : les etoiles variables sont des soleils qui comme le notre tournent sur eux-memes, et de plus ont des taches tres-vastes qui couvrent un cote presque en- tier de I'astre, lequel, par suite, nous parait perdre de son eclat quand il nous presente son c6te obscur. II n'est pas besoin des lors d'imaginer de pretendues planetcs a I'etat gazeux ou pulve- rulent et d'une enorme grosseur pour cacher en partie ces soleils. .. Voici ma reponse : un corps qui tourne sur lui-meme le fait avec une telle regularite de mouvement et de temps que rien ne peut le troubler. Ainsi, le jour qui depend de la rotation de la terrc sur elle-meme, est une periode inalterable, tandis que Fannie et toutes les autres periodes des revolutions astronomiques sont plus ou moins incertaines. II devrait done s'ensuivre que les etoiles variables nous ollriraientenireles epoques deleurs eclats et de leurs affaiblissemenls des temps toujours egaux. Or, il n'en est pas ainsi. » « . .. Je voudrais bien maintenant faire comprendre comment une planete qui circule autour d'un soleil, et (jui I'eclipse en partie a chaque passage entre lui et nous, peut elTectuer les passages a des intervalles inegaux en duree. Je reclame un surcroit d'atten- tionpour cette perilleuse tentative. Prenons pour exemple la terre circulant a I'entour du soleil : si sur un globe on marque chaque jour la place du soleil, on voit que chaque saison occupe sur le globe exactement le quart du contour total. Les positions que le soleil occupe au commencement du printemps, de I'ete, de I'au- tomne et de I'hiver sont egalement espacces. Mais il n'en est pas de meme du temps que dure chacune des saisons. Dans ce siecle, le printemps et I'dt^, qui pour ce c6te du monde font la saison chaude, surpassent d'environ huit jours en duree I'automne et riiiver. II n'en sera pas ainsi dansquelques siecles; I'avanlage de la duree appartiendra ;"! I'automne et a I'hiver. Le changement qui se fait en quelques siecles pour la tei're, se fait en un petit nombre d'annees pour le mouvement de la lune autour de la terre. COSMOS. 51 On peut done attribuer telle inegalite en duree qu'on voudra aux mouvements d'uneplanete circulant autourd'un soleil, etdeplus, chaque quart de I'orbite jouira successivement de la propriete d'elre parcouru ou pendant le temps le plus long, ou pendant le temps leplus court. Consideronsmaintenant la planete vue de la terre et eclipsant parliellement son soleil. Si pendant le temps qu'elle met a revenir a une nouvelle eclipse, la portion de I'or- bite ou est la plus grande duree s'est approchee de notre c6te, cette circonstance occasionnera un retard a la planete puisqu'elle marchera dans un chemin ou sa vitesse sera moindre, et I'eclipse retardera de plus en plus jusqu'a ce que le deplacement progres- sif des points ou a lieu la plus grande et la plus petite vitesse amcne du cote de la terre les points de plus grande vitesse qui, etant parcourus par la planete plus rapidement que dans la pe- riode precedente , occasionneront une avance dans I'epoque de I'eclipse, et par suite une diminution dans le temps qui separe deux eclipses successives. En un mot, si entre deux retours de la planete dclipsante, le deplacement de la region de moindre vi- tesse a ete tel que la planete ait traverse une moindre partie de la region retardante, I'eclipse avancera ; si au contraire elle a a parcourir une plus grande portion de cette region do moindre vi- tesse, leclipse retardera. » Voiia la theorie de M. Babinet ; elle pourra satisfaire quelques esprits faciles, mais ccrtes elle ne satisfait nullement le ndtre ! Nous sommes meme intimement convaincu que cette explication n'explique pas du tout le grand pbenomene desetoiles variables; qu'elle est I'enfance de la science ou plutot le dernier elTort d'une science vieillie. Imaginee et arrangee pour expliquer une des cir- constances, un detail du pbenomene, elle n'expHquera pas par 1^-meme les autres circonstances ou les autres details. Francois Arago a dittres-sagement : « Les details sontla pierre de louche des theories. C'est aux details qu'il faut aujourd'hui s'elever dans la question des etoiles cbangeantes ; c'est par des observations d'in- tensite faites chaque jour a de courts intervalles, qu'on recon- naitra s'il ne sera pas indispensable, suivantles cas, de varier I'ex- plication, de choisir tantot celle-ci, tantot celle-lii, tantot leur combinaison; si les phenomenes n'indiquent point des change- ments considerables et rapides, soit dans la position des pdles de rotation des etoiles, soit dans la situation des plans contenant les orbites des planetes opaques qui circulent autour d'elles, etc. , etc. » Parmi les principales circonstances qui accompagnent les' clian- 52 COSMOS. gements d'eclat des eloiles variables, nous signalerons seulement les suivantes : 1" pres du maximum et du minimum Ic change- ment s'opere lentement; il est au conlraire rapide a ccitaine epoque intermcdiaire entre les epoques qui correspondent aux etats extremes ; 2° cllcs n'atteigncnt pas toujours Ic meme maxi- mum d'eclat ou d'extinclion ; 3° la periode ou le temps ecoule entre le maximum et le minimum diminue quelquefois d'annee en annee ou de siecle en siecle, etc., etc. Nous serious curieux devoir comment M. Babinet prouverait que les nuages plauetaircs suffisent a rendre compte de ces diverses par- ticularites, de la premiere surlout. Mais nous avons un reprocbe beaucoup plus grave a lui faire; on dirait qu'il s'cst obstine ci ne tenir aucun compte des progres immenses que I'astronomie phy- sique a faits dans les cinquante dernieres annees ; sa distraction ou son oubli sont d'autant plus exlraordinaires que personne au sein de I'Academie ne salt mieux que lui tout ce qui a ete fait. Le bon Ilomere, celte fois, a dormi, mais il nous suffira de le re- veilier pour le voir s'elancer dans le vaste champ que nousne; ferons aujourd'hui qu'entr'ouvrir, et qu'il parcourra Men plus sa- Tamment que nous. Autrefois toutes les ctoiles du firmament etaient proclamees fixes et immobiles; aujourd'hui pour un tres- grand nombre deja, pour toutes bientot, le mouvement propre et le deplacement dans le ciel sont une verite incontestable. Autre- fois les etoiles variables etaient une rarete, une exception; leur nombre aujourd'hui s'est grandement accru, etc. Gombien d'astres ont change de couleur! Gombien ont change d'eclat rela- tif; de plus brillants que tel ou tel autre astre sontdevenus moins brillants, combien ont change ou changent chaque jour d'eclat absola ! Les donnees dej& acquises et qui vont se raultipliant chaque jour, ne nous autoriseat-elles pas h affirmer des mainte- nant que les aslres d'eclat constant sont au contraire I'exceplion, que rimmense majorite des etoiles du firmament est variable, que la variabilile est sinon une loi, du moins le fait general de la na- ture? Voila certaineinent le point de vue auquel il faut se placer si Ton veut etre de son siecle et de son temps. Si Ton se renfer- mait dans I'horizon etroitde M. Babinet, il faudrait bientdt peu- pler I'espace celeste d'autant de nuages planetaires, de toutes formes, de toutes grandeurs, de toutes coulcurs, detous lesdegrc% de transparence, etc. , qu'il y a de myriades de points brillants sur la voute etoilee. Que dans un cas exceptionnel et pour faire avan- cer en apparcnce d'un pas I'explication d'an fait rare et isolc, on COSMOS. 53 adinette gratuitement I'existence hypothetique d'une planete opaque, nous le concevons, nous le pardonnons; mais qu'oii en mette parlout, c'est par trop fort. Drs que nous sommes forces d'admellre qne le deplacement dans I'espace, que le changement de couleur, que la variation d'eclat, sont un fait commun et gene- ral, n'est-il pas evident que pour etre consequent il faut chercher la raison de ce fait dans quelque chose d'esscntiel ou d'inherent aux astrcs eux-memes ; par exemple dans la vitesse excessive dont ils sont animes,etqui les rapprocheouleseloigne de notre terre? C'est ce qu'avait fait un honimeenleve, lielas! trop tot a la science qui pleure encore sa perte, Christian Doppler. Pour lui, la nature et le mode des changements d'eclat des etoiles variables etaient tout h tait inconciliables avec I'hypothese qui atlribuo leur disparition a une succession de portions alter- nativement obscures et brillantes, ou a I'interposition d'une pla- nete obscure. Pourexpliquerla grande variete etles changements de couleur des etoiles solitaires, les couleurs complementaires variables des etoiles doubles , les apparitions ou disparitions subites de certains astres, les extinctions periodiques des eioiles variables, il n'avait besoin, lui, que d'une seule supposition, aussi ccrtaine qu'un fait, la presence dans le firmament d'aslres qui se meuvent avec une Vitesse de meme ordre que la vitesse de la lumlere, une vitesse de 60 mille lieues environ par seconde. Partant de cette hypothese ou mieux de celle realite, car un astronome, mathematicien ce- lebre, M. de Littrow, a ose dire en parlant de I'etoile double -^de la Vierge : « La vitesse du satellite a son perihelie est remar- quable, il parcourt en un jour plus de 7 millions de Ueues , ou pres de 80 mille lieues par seconde , c'est-^-dire qu'il se meut presque aussi vite que la lumiere; » en partant, disons-nous, de cette realite, Doppler rendait compte, lui, nou pas seulement des circonstances principales des phenomenes, mais de tons les de- tails. C'ciait une grande et magniiique synthese aupres de la- quelle la conception mesquine des nuages planetaires n'est qu'un coliflchet. Nous 4'avons deja cxposee dans notre Repertoire d'op- tique, torn, m, p. 1105 et suivantes, nous I'exposerons de nou- veau dans le Cosmos. M. Babinet la connait, il a meme defendu contre nous laveriteduprincipe d'acousliquequiluisert de point de depait, et qui ne nous semblait pas alors assez certain; com- ment se fait-il done qu'il ne s'en soit plus souvenu ; c'est pour nous un mystere, et un mystere aitristant, car ce fait, helas! ne 5k COSMOS. prouve que trop combien nos pauvres cervelles hmnaincs sont inaccessibles au progrus, et combien le jong de la rouline est ty- rannique et difficile a secouer. On raconte que le prince Charles de Bcauvcau, entre au novi- ciat des jesuites de Nancy, cul a repondre un jour dans un exer- cice public ii des questions de catechisme, que I'un de ses fds, novice comme lui, devait formuler. Frere de Beauveau, dit le jeune homme a son venerable pere, recitez voire Credo. Le vieillard in- timide balbulie, se repete, s'arrete; son fds, oblige plusicurs fois de le reprendre etde le remellre snr la voie, finit enfin par lui reprocher de ne plussavoir sa profession de foi. Comment ne la saurais-je pas, s'ecrie le pere quelque peu impatiente, puisque vous lasavez, vous, et que c'est moi qui vousl'ai apprise? M. Babinet serait en droit de nous trailer comme le prince de Beauveau Irai- tait son fils; car il nous a appris bien des cboses; nos humbles connaissances en astronomie physique sont en grande partie le fruit de nos conversations savantes quand il a ecrit ces longues et belles colonnes qui interessent si vivement les lecteurs du Journal des Debats, c'est-&-dire les lecteurs de France les plus in- telligenls et les plus instruits, il etait non pas intimide: mais dis- trait! II nous pardonnera sans peine, sans rancune, de Favoir averti d'une distraction que nous ne pouvons partager avec lui, parce que nous n'avons ni son trop plein de savoir ni son esprit. F. MOIGNO. Tachcs du soleil. M. Babinet a dit encore : Les laches du soleil liennenl a sa surface meme, el sonl visibles pendant une moiiie de sa revolution. Peut-on s'exprimer ainsi dans I'etat actuel de la science? Nous disons non, et nous sommes heureux que I'examen de cetle question nous four- nisse I'occasion d'exposer la solution la plus recente et la plus fondee du beau et difficile probleme de la formation, de la per- sistance et de la dissolution des taches du soleil. M. Babinet, il s'en souvient sans doute, a afflrme le premier que les protuberances rouges, apparues h quelques distances des bords du soleil echpse sont des masses on nuages planetaires, circulant aulour de cet astre avec une grande rapidite ; il indiquait meme comment, en se placant dans des circonstances conve- nables,on pourrait arriver ^voir ces nuages en dehors des eclipses, et tons les jours, sousforme d'ombre legerepassantrapidemenlsur le disque du soleil, et surtout se d^tachant sur le noyau obscur des taches ordinaires. Cette assimilation ingenieuse et qui est COSMOS. 5-5 ponr son auteur un titre de gloire, etait a peine formulee, qu'un astronome dont nous retrouverons le nom, affirma que les protii- berancos rouges n'etaient en rcalite que de veritables tachos qu'fl avail vu peu de jours avantl'eclipse sur le disque menie du soIciL Les taclies que M. Babinet place a la surface du soleilno seraicnt done plus que des nuages solaires. Un physicien et matbematl- cien celebre, M. Mosotti, formule tr6s-netlement cette nouvelle- genese des tacbes, dans son discours de promoLion au laureat academique, prononce le 26 juin 185/t, a Pise, ct qui ne nous est parvenu que ccs jours derniers. Voyez : II nuovo cimento, tome i,. livraison I", p. 105. Nous traduisons fldelement ses conclusions. a Suivant ma maniere de voir, il s'exbalerait incessamment de la pbotospbere, ct plus generalement de la surface du soleil, des matieres gazeuses qui se repandraient dans I'atmospbere supe'- rieure, et seraientsuccessivoment absorbees par elle. Quand celte atmospbere serait saturee de ces matieres, celles-ci, parquclque accident de temperature, de pression, ou par toute autre cause, subiraient une condensation qui les amenerait a prendre une forme analogue k celle de nos nuages et que j'appellerai , en raf- son de lour composition difTerente, ncbulosites solaires. Ces ne- bulosites devenant par la suite de plus en plus cbargees de ma- tiere, iront en s'abaissant peu a peu vers la photosphere, jusqu'a ce qu'elles arrivent a etrc en contact avec elle par leurs portions inferieures. « Aux points de rencontre des deux surfaces, soit parabaissement de temperature, soit par une combinaison chimique ou mole'cu- laire survcnue entre les deux substances, la photosphere perdrait en grande partie sa clarte, et il en resulterait I'apparence d'une tache. Si cet elfet s'etend a une petite profondeur, la tache, sui- vant I'expression de Galilee, aura une petite grosseur. Sur les parties laterales de la nebulosite, la fusion ou le contact avecia photosphere etant moins parfait, les points noirs que Ilerschel affirme exister ordinairement a la surface de la photosphere, de- viendraient plus fixes et plus denses, etpresenteraientl'aspect de la penombre. » « Cette hypotheseadmise, il estclairque les masses quasi -trans- parentes, formees par les nebulosites solaires , ressembleraicnt a ces protuberances que les eclipses totales ont fait connailre , dont le volume est vingt fois ou cent fois plus grand que le vo- lum.e de la terre, qui, par consequent, par leurs clmtes et leurs. dissolutions successives, pourraient alimenter pendant plusieurs 5g COSMOS. iours ct mCMiie pendant plusieurs niois le phenomenc des laclics. Ouand les laches se trom'oraienl au milieu du disque solaire les nrotuberances oules nebulosiles seraient vues par nous, pro3ctees pernondlculairement a la surlacc du soleil, sur le lieu occupe par la nenouibrc, et en raison de leur transparence quelque peu nn- mrfaile elles tendraient a accroUre dans une certaine proportion •obscurile de la tacbe. Quand les tacbes apparaitraient vers les bords du soleil, les nebulosiles ou protuberjinces scraient vues par nous obliquement et projelees sur le contour du disque so- laire- et par des reilexions, dos refractions, des absorptions de lumi^re, dont nos nuages nous presentent des excmples nom- breux et varies, ces nebulosites produiraient les facuies, les iu- culesei les ombres, pbenomenes qui, comnie I'avaitsignaleHeve- i^s ontpresquetoujours visibles ensemble quand les taches ras^nt les bords du soleil, etsont au conlrairc 1rcs-rares quand les ;cbes sont voisines du milieu. Les parlicularites que I'on observe sur la surface du soleil aux lieux occupes par les taches, trouve- raient toutes, il me semble, une interpretation simple dans cette m^ L-e de voir; et I'on aurail dans le renouvellement des as- c n ions et des chutes successives de la matiere -Mdisable qui forme ces nebulosites solaires, un nouvel exemple de ce enchai- nen ent reciproque de cause et d'eifet que la nature semble suivre avec des lois constantes dans la production des pbenomenes qm "ont continuellement, se renouvelant et se succedant tour k F. MOIGNO. tour. 1) M Lerebours, dans une lettrc qu'il nous invite a pubber, nous m- sse Xhlter le mon.ent ou son grand objectif de 38 centime- res se a clpa re au 30 centimetres de M. Secretan, et au 2 cen- me r s de m Porro. Avant de courir apres le gant qu'i nous et e que nous ne pourrions pas au reste relever tout seu , io s voudrions que I'babile opticien nous fit connaitre exacte- rat '°^t actueUle son celebre objectif. Nous avions cru, d'apres S noi'^naoes en apparence cerlains, qu'il etait gravement en- domn a' que 'une lu moins de ses surfaces etait toute fendiUee na Se iie I'al eration du verre, de maniere a rendre les obser- ^^lioirtiSdifiiciles, sinon impossibles. M. Lerebours doit sa- voir ce qu il en est. • ■ ^ T ' A TB.AMBI.AX, huinimerie de W. KoiQUET et C.e, ,,r.,nriJ,a;re-gcr,u,C. rue r.arnncitTe, S- T. X, 23 Janvier 1857. SixJ^me ann^o. COS ACADEMIE DES SCIENCES. Seance da 12 Janvier 1857. M. Bertrand depose un Memoire sur quclques-unes des formes Sesplus simples que puissent presenter les inte'grales des equa- tions difTerentielles du mouvementd'un point materiel. Conside- rant le cas d'nn point materiel mobile dans un plan , il etudie les inte'grales entiereset rationnellcs par rapi)ort aux composantes de la Vitesse; il cherche les conditions que doivont remplirles com- posantes de la force acceleratrice pour que I'inf egrale soit du pre- mier, du second ou dn troisieme degre, ou une fraction dont les" deux termes soient du premier degr^, par rapport aux compo- santes de la Vitesse. II trouve que les equations du mouvemewt tfun point attire vers deux centres fixes, par des forces fonclions •de la distance k ces centres, ne peuvent atoir une inte'grale en- titre et du second degre par rapport anx composantes de la Vi- tesse que dans le seul cas d'un point attire vers deux centres iixes, proportionnellement aux masses, enraison inverse du carre des distances, et soHicite en outre par une force proportionnell^ a«a distance a un troisiSme centre situe au milieu de la droitequi liOfmt les deux premiers. — M, Bureau de La Malle communique une lettre dans laquelle mr a^odenck Murchison annonce la prochaine apparition d'une r;aat« del'Afrique meriuoile fidelite ix ses engagements envcrs les bons Macoluli qm Isvaient accompagne dans sa marche penible de Lanyente ^ l^a^ll-Paul de Loanda! Le souvenir de toutes les soulfrances qu'il ?5 eprouvees dans ce trajet ne le fait pas hfeiter un instant h re- 3 58 COSMOS. tourner sur ses pas pour reconduirc ses compagnons cliez eux. II est determine i» revoir ses bons amis noirs; je n'ai pas manque d'appeler sur ce projet raltention de notre ministre des affaires etran<^eres, et je me rejouis de pouvoir vous apprendre que le comte de Clarendon a decide qu'& son retour en Afrique il occu- pera des fonclions officielies et sera soutenu par I'appui de son souverain. » — Le R. P. Secchi decrit dans une lettre k M. :^liede Beaumont^ un nouveau baromeire appelc par lui barometre a balance, et dont la construction repose surle principe suivant : concevonsun barometre k cuvette dont le tube est d'un diametre assez grand, 15 centimetres, parcxemple, et dont la cuvette pose sur une table; si, prenant a la main le tube cylindrique, on essaie de le soulever, le' raisonnement ct le fait prouvent que I'effort necessaire sera e»al ft celui qui est exerce par I'atmospliere sur le mcrcure de Vhistrument, c'est-i-dire au poids du mercure renferme dans ce tube. Si done on attache le tube du barometre a I'un des plateaux d'une balance et qu'on mette dans I'autre plateau le poids neces-- saire k etablir I'equilibre, on aura reellement pese ou exprime en poids la pression atmospberique ; et les poids qu'il faudra ajouter ou retranclier k tous les instants successifs pour maintenir I'equL- libre, deviennent la mesure naturelle des variations de la pression atmospberique. Si on voulait obtenir, non pas des mesures rela- tives, mais des mesures absolues de ces variations, il faudrait tenir'compte du poids dutube, dela portion de ce poids que perd la portion immergee dans le mercure, et dela section interieure du tube. La sensibilite de I'appareil sera naturellement proportion- nelle a I'aire de cetle section; si cette surface estde 10 centimetres -n- voye al'examen d'une Commission qui I'eclaire sur les litres que M. Leprieur pent avoir acquis k une recompense quelconque pour la maniere utile dont 11 sait employer le pen de loisir que lul laisse son service en Algerie. — M. Charvet communique des observation^surdescas d'ano- malies anatomiques, tendant k confirmer le faitdejareconnu que toute monstruosite apparente est susceptible d'entrainer des vices 66 COSMOS. de conformation secondaires ou accessoires, lies les uns inevita- blement, los autres accidentellcment a la raonstruosile princi- pale, et que dans le cas d'anoaialies multiples il y a presque tou- jouis tendance vers la symetrie, — MM. Tissier fr6res, pour repondre a quelques objections ou nuages souleves par M. Henry Sainte-Claire Deville, declarent que leurs experiences sur les reactions de I'aluminium ont ete faites sur do I'aluminium de M. Rousseau, dans des vases appropries et avec des matieres tres-pures. lis ne pensent pas qu'on doive at- tribuer Taction si violenle du nitre sur I'aluminium dans des creusets de terra a la formation de silicate de sonde, ni le fait de la decomposition des oxydes de plomb et de cuivre par I'alumi- nium a la formation d'un aluminate. — M. Carre a retrouve sansle savoirlefaitremarquabledecou- vert, il y a longtemps par Trevelyan, et si bien explique tout re- cem'ment par M. Tyndall, de vibrations sonores determinees par le refroidissement d'un disque en cuivre pose en equilibre sur un support en plomb. — MM. de Molon et Thurneisen demandent que la Commission chargee d'examiner leur Memoire relatif k la decouverte en France de gisements de phosphate de chaux, et qui a perdu un de ses membres, M. de Bonnard, soit completee. MM. Berthier et Boussingault feront partie de la Commission. Nous avons sign ale ce fait sans portee pour avoir occasion de retablir le nom de M. de Molon que nous avions omis en lui subs- tituant les noms de MM. Monnier et Jaillon qui ne sont pour rien dans la presentation academique et qui ont seulemenl prete leur usine pour la fabrication des engrais. Nous ajouterons que dans sa derniere livraison, un journal d'agriculture anglais tres-estime, VAgricuUiiraladvertiserMsaiila meme distinction que nous entre le phosphate de chaux mineral insoluble, et le phosphate de chaux vegetal et animal soluble; il attribuait au premier une va- leur commerciale tres-inferieure a celle des seconds ; peut-etre meme s'il I'avait ose, et si I'engouement ne durait pas encore, lui aurait-il donneune valeur nulle. ^valuer i des milliards lavaleur des gisements de phospiiate des Ardennes, c'est evidemment une exageralion dangereuse ; la Commission aureste exigera des expe- riences et ne fera son rapport qu'avec une prudence vraiment academique. Nous reviendrons sur cette question tres-grave. mEcanique industrielle. niciuoire de M. Scguin ainc Sur un nouveau systeme de moteur fonctioimant toujours avec la meme vapeur, a laquelle on restitue. a chaque coup de piston, la chaleur qu'elle a perdue en produisant I'effet me- canique. « J'aieul'honneur de faire part a I'Academie, le 3 Janvier 1855 (1) du projet que j'avais concu de coastruire une machine a vapeur sur le nouveau principe que j'ai mis en avant, suivant lequel le calorique et le mouvement seraient des manifestations, sous des formes differentes, des effets d'une seule et meme cause, et de la possibilite quej'entrevoyais d'arriver a ne depenser pour produire la force, que laquantite de chaleur qui representc stric- tement la puissance mecanique obtenue. On sait, en elTet, que dans les machines k vapeur , telles qu'on les emploie dans I'industrie, on fait usage de la vapeur d'eau a I'etat de saturation, et qu'on la rejette dans Fair, ou qu'on la condense en brisant son ressort, apr6s s'en etre servi, perdant ainsi toute la chaleur qu'il a ete necessaire d'employer pour la reduire en vapeur. Or, comme la quantite de chaleur employee pour reduire I'eau en vapeur est tres-considerable, eu egard a celle qui est necessaire pour elever ensuite sa temperature, et par suite augmenter son ressort, j'en ai conclu que si Ton pou- vait parvenir a construire une machine dans laquelle on se ser- virait toujours de la meme vapeur, en lui restituant k chaque coup de piston la quantite de chaleur qui s'est transformee en puissance mecanique, on eviterait une perte enorme, et Ton arri- verait a ne depenser strictement que la quantite de chaleur et par consequent de combustible representant la force produite. Tout incompletes que fussent les experiences que j'avais faites pour determiner le temps necessaire a I'echauffement de la vapeur, lorsqu'on la met en contact avec des surfaces plus chaudes, ces experiences m'avaient toutefois porte a croire que ce temps etait en reaUte tr6s-court. Ce resultatparaissait en contra- diction avec les nombreuses experiences connues precedemment ; toutes s'accordaient pour attribuer aux gaz , et par consequent (1) Compie rendu des seances de I' AcademU, t. il, n° 1, 3 Janvier 1855, p. 5, Cosmos^ t. viit, p. 4. «8 COSMOS. aux vapeurs , qui jasqn'ici ont toiijours ot(5 assimilces aux ^nz^ une tres-faible conductibiliLe i)ourla chaleur. Iinl)u de ccUo idee, je crus qu'il serait neccssaire pour donner a la vapcur le temps de se surcliaulTer, d'elablir deux genei-aleurs. Partaiit do Tun, c! xipres avoir produit son ellet dansle cyiiiidre, la vapeur viendrait dans I'autre reprendre la chaleur qu'ellc aurait perdue en prodai- sant Teffet mecanique. Jc cms cependanl qu'il etail prudent,, avant d'execuler en enlier la machine que j'avais prie noire ce- lebre mecanicien, M. Farcot, de faire construire dans ses ateliers,, de nc lui demander, d'abord, qu'un seul des deux generateurs, afin de faii'e des experiences prealables qui pusscnt me fixer d'une manlere decisive sur le temps exactement necessaire a ce r^chauf- feuient; me reservant de faire ensuite, s'il y avail lieu, a la ma- chine en construclion lesmodillcalions convenables. Les generateurs tels que j'en avals indique la construction (t ]\L Farcot, devaient etre formes par deux tubes en fer de 3 metres de longueur, de 8 centimetres de diametre interieurement, et de 1 cenlimetre d'epaisseur. Ces deux tubes devaient etre reunis I'un a I'autre par un coude de meme metal et enveloppe dan& un massif en fonte de fer, ayant partout une epaisseur dc 6 cen- timetres au moins. La confection de cette piece couta beaucoup de peine et de soins a M. Farcot; elle ne put reussir qu'apres plusieurs essais infructueux, qui lirent courir quelques dangers aux ouvriers, et faillirent occasionner I'inccndie d'une partie de I'etablissement. Ce ne fut que le 15 decembre 1855 quil me fut possible, aide de mes tils et de mes gendres, MM. Montgolfier, d'entreprendre une longue suite d'experiences avec le generateur mis a notre disposition. Son poids etait de 1800 kilogrammes, il fut place dans un fourneau ou il etait separe du foyer par une voute cii> brique, percee d'ouvertures pour laisser passer et circulcr las flamme autour de lui, comme on le pratique pour chauffer les: cornues dont ou lait usage dans la production du gaz hydrogenc carbone. Le fourneau fut etabli a proximite d'une chaudiere ser- vant a alimenter une machine a vapeur, timbree pour resister k dix atmospheres, et employee dans la fabrique de papier de roes' gendres. A la partie superieure du generateur, on avail pratique dans I'epaisscurde la fonte plusieurs reservoirs de deux centimetres de diametre, de deux centimetres de profondeur, qui repondaient ^ It', ct leuiSlcs iMohilcs Par M. J. DuBOscQ. (I En 1850, j'ai eu riionneur de soumettre au jugement de I'A- cademle des sciences mi stereoscope de Brewster, perfectionn^ et accompagne d'epreuves photographiques destinees ti fitre ob- servdes avec cet appareil. Ce sysiemc ne permellait de voir que des images tres-rcstreintes dans leurs dimensions. Pour observer de grandes photographies , il fallait se servir du stereoscope invente par M. Wheatstone, danslequella coincidence des images a lieu par reflexion sur des miroirs. On pouvait aussi employer un autre systeme que j'ai propose et qui est compose de deux prismes rectangles, dont Ics bypothenuses sont presque paralleles et permettent d'avoir, par reflexion, la coincidence des images. Ces deux appareils ont I'inconvenient de niettre chaque observateur dans la necessite dimprimer aux glaces ou aux prismes un leger mouvement qui en change I'inclinaison, et sans lequel il n'y aurait pas une coincidence parfaite des images. Le nouveau systeme de stereoscope que j'ai I'honneur de sou- mettre au jugement de I'Academie a I'avantage du stereoscope ci refraction et pent s'appliquer a toutes les grandeurs d'epreuves. Ces proprietes resultent de la separation du prisme et de la lentille. Si I'on regarde un objet quelconque A travers un prisme, on le voit deplace de sa position du cott' du sommet du prisme. Plus on eloigne le prisme de I'objet, plus le deplacement est grand. II en resulte qu'en faisant varier la distance du prisme a I'image, on pent faire servir le meme angle refringent a des epreuves de grandeurs varices ; mais, dans ce cas, I'interposition d'une len- tille bi-convcxe d'un foyer donne pour chaque distance, est indis- pensable pour obtenir la nettete des images. Mon nouvel appareil ofTre encore un perfectionnement : il cor- rige I'exageration dans la separation des divers plans de la per- spective. Gette exageration, reprochee a juste titre aux stereos- copes construits jusqu'ft ce jour, resulte de I'incurvation des lignes verticales observees a travers le prisme; en separant Taction rd- fringente de Faction lenticulaire , jc suis parvenu acorrigerce 92 COSMOS. grave defaut. Pour ccla, il me suflit de donner a chaque lenlille une legere obliquite parrapport au rayon visuel, obliquite presque e<^ale a Tangle refringent da prisma correspondant. Celte incli- naison deformc aussi les lignes verticales ; mais celle deformation, s'oporant en sens inverse de celle que produit le prisme, la com- pensation retablit les images dans leur rectitude naturelle. Les lentilles etant placees entre les images el les prismcs, on pent leur donner, avec le mouvement d'obliquite, un autre mouvement d'avant en arri^re pour les differents grossissements. En joignant k ces dispositions nouvelles I'emploi de prismes acliromatiques, on a un stereoscope d'une grande perfection, ap- plicable a de Ires-grandes images. Quand on regarde une image plane a travers une lentille assez large pour occuper le champ de la vision des deux yeux, I'image parait convexc, puisque chaque ceilvoit a travers la partie pris- matique de la lentille. Un effet inverse est produit par la lentille stereoscopique, que Ton pent considerer comme un assemblage de prismcs accoles parlour sommet. Parmile grand nombred'ob- servateurs que j'ai eu Foccasion de rencontrer, quelques-uns ne voient pas immediatement le reUef des images stereoscopiques. Cela tient a ce que les uns sont presbytes et les autres myopes. Dans ces deux cas , la convergence des yeux est dilferenle ; en general, le myope voit k quelques centimetres de distance et le presbyte a un demi-metre ; alors la convergence des deux images par les prismes sera trop grande pour les uns, trop petite pour les autres ; les yeux mettront un certain temps pour arriver k la superposition et au relief. L'efTort produit tendra a ecarter ou a faire converger les images, suivantquela refraction par le prisme est trop forte ou trnp faible. Pour obvier a cet inconvenient, j'ai construitun stereoscope dont les prismes refringents sont variables de zero c'l vingt-quatre degrds par le jeu d'un bouton agissant sur un pignon qui s'en- grene lui-merae dans quatre roues, dontchacune porte un prisme de douze degres. Chaque prisme peul tourner sur lui-meme dans son propre plan, de maniere k donner tous les angles de zero k vingt-quatre degres, ainsi que cela a lieu dans le diasparometre de Bochon ; on peut done, par cette combinaison, avoir des ste- reoscopes applicables a toutes les vues, quelle que soit la diver- gence ou la convergence des yeux; une division indique Tangle des prismes. » ACADEMIE DES SCIENCES. Seanc du 11 Janvier. — {Suite et fin.) M. le marechal Vaillant fait hommage k I'Academie cic la troisieme edition de V Aide- Memoir e de Vofficier d'artillerie , pu- blie par les soins du comite de cetle arme. — MM. Malapert et CoUinet adressent un Memoire k I'nppui de leur reclamation contre M. Ghrelien; ils reclament la priorite de I'emploi d'une poudre inerte, et parliculierement de la poussiere des grands chemins comme moyen de prevenir le developpenient de la maladie de la vigne. — M. Chautard communique une note relative h raction do I'acide suiruriquemonohydrate surle camplire. Un jeune chimiste, M. de Lalande, avail autrefois affirme que le camplire traile par un grand exces d'acide sulfurique monohydrate et chaufle a 100 degres, pendant une heure environ, se convertissait en une liuile volatile, ayant exactement la meme composition que lui, le meme point d' ebullition , la meme densite, n'en dilTeraiit en un mot que par sa liquidite, etun affaiblissement notable dupouvoir rotatoire. M. Cliautard demontre que la substance etudice par M.de Lalande est un melange de camplire et d'une veritable huile de camphre, appelee par lui camphrene, tout k fait incolore, d'une odeur le'gerenientaroitiatique, entrant en ebullition £i 2.'i0 degres, d'un densite egale a 0,97/i vers 6 degres, dontla compo- sition est represenle par C" H''^ 0-, et qui est sans action aucune sur la lumiere polarisee. M. Chautard apprend d'ailleurs a pre- parer cette huile nouvelle. — U. Poey transmet de nouveaux tableaux des globes filants colores, observes, soit h Paris, de iSM a 1853 , par M. Coulvier- Gravier, soit en Angleterre, soit en Chine. Sur 168 globes filants observes par M. Goulvier-Gravier, 76 se sont montres diverse- meat colores dans leur parcours; 5 ont laisse des trainees colo- rees successivement de nuances dilferentes, 10 ont laisse des trainees unicolores. En general, les changements de couleurs ont lieu dans I'ordre ascendant on dans I'ordre descendant des cou- leurs du spectre, ce qui permet de les faire rentrer dans la tiieoric de M. Doppler, et de les expliquer par un rapprochement du bo- lide quand le changeinent a lieu du rouge au violet, par un eloi- gnement, quand il a lieu du violet au rouge ; si d'une part on pouvait admettre que la vitesse de ces corps est assez grande et 9i COSMOS. que deTaulre, la raison do la coloration ne dilt pas etre cherche'e dans la conibuslion do la matiere dont le bolide est forme, et qui peut etre differente de Fun a I'autre, ou dans un meme bolide h diverses epoques de rinllammation. On retrouve aussi dans les globes fllants lesfaits de nuances complemenlaires observes dans les etoiles doubles; Ic bolide et sa trainee, deux fragments issus d'une meme explosion; deux bolides apparus en meme temps so sont souvent montres avec des teintes qui, reuiiios, auraient donne du blanc ou une teinte voisine du blanc; le sol aussi a paru souvent illumine d'une couleur complementaire de cclle du bolide qui I'eclairait. — M. Marcel de Serres revenant sur une distinction hasardee par lui autrefois, reconnait que les oursins de I'Ocean el de la Mediterranee ne different entre eux ni speciliquement, ni par leurs habitudes spnsiblement les memes. II pense que les cavites dans lesquelles se logent ces animaux, sont creusees par eux a I'aide de leur appareil buccal. — M. Boutigny d'Evreux prie I'Academie de vouloir bien com- prendre dans le nombre des pieces admises a concourir pour les prix de la fondation Monthyon, la troisieme edition de ses Etudes ■ sur les corps a I'etat spheroidal dont il adresse un exemplaire, en appelant surtout I'attention sur la partie exp^rimentale qui traite de son systeme de generateurs a vapeurs. Rien de nouveau sous le soleil — Une note mseree aux comptes-rendus de I'Academie en re- ponse a une demande de M. A. H. Ross de Sunderland, constate les fails suivants : 1° Vers 1787, un Anglais , M. Payne, soumit a I'Academie des sciences un projet de pont d'une seule arche de iOO pieds d'ouverture, construit partie en fer battu, partie en fonte ; 2° Le 29 aout une Commission composee de MM. Bossut, de Borda et Rochon fit sur ce projet un rapport favorable dont voici les con- clusions : Nous concluons de tout ce que nous venous d'exposer que le pont defer deM. Payne est ingenieusemenl imagine, que la construction en est simple, solide, propre h lui donner la force neccssaire pour resister aux effets de la charge, et qu'il merite qu'on en tente I'execution ; enfln qu'il pourra fournir un exemple des applications d'un metal dont on n'a pas fait jusqu'ici assez d'usage en grand, quoique dans un grand nombre d'occasions 11 eut pu etre employe avec le plus grand succes ; 3° II etait longue- raent question dans le rapport d'un pont d'une seule arche de 100 pieds d'ouverture, construit tout en fonte , jete sur la Sa- COSMOS. 95 verne vers 1779 k Colebrook-Dale ; les commissaires de rAcademie font remarquer qu'en 1787 ce pont semblait n'avoir rien soufiert ,ni de la rouille, ni des dilatations et contractions par les alterna- tives de chaud et de froid. Seance du 19 Janvier 1857. La seance a ete occupee tout entiere par une longae et ine'- puisable discussion sur la question deja tant agitee des formules .et des lois du choc des corps elastiques , discussion k laquelle ont pris part MM. Cauchy, Duliamel, Poncelet, Liouville, Ber- trand, general Morin. Nous allons, une derniere fois, analyser cette discussion, en anticipant sur la seance du lundi 26 Janvier, ou elle a ete reprise avec une vivacite toute nouvelle par MM. Cau- chy, Poncelet, Duhamel, Bertrand et Poinsot. Nos lecteurs vou- dront bien nous permettre d'abord de leur faire remarquer que si nous osons resumer le debal et faire une sorte de justice distri- butive, en rendant a chacun ce qui lui est du , nous le faisons avec quelque autorite, etavecpleine connaissance de cause. Nous avons, en effet, enseigne, redige, il y a plusieurs annees, et fait nieme autograpbier deux fois des lecons de mecanisme analy- tique traitees principalement suivant les methodes de M. Cauchy, et etendues aux travaux des geometres modernes. Ces lecons, s'il nous avail ete donne de les publier, auraient complete gloiieuse- ment nos lecons de calcul differentiel si estimees , nous le disons sans vanite, si recherchees et si rares. Nous avons eu en outre le bonheur de nous former depuis a I'ecole d'un des maitres de la mecanique rationnelle ou physique, M. Seguin, et de nous tenlr au courant de tons les progres lents, mais incontestables, que la science a faits depuis vingt ans. II est vrai que nous ne sommes pas academicien, et que nous ne le serons peut-etre jamais , mais serait-ce faire injure a I'Aca- demie que de penser qu'en dehors d'elle, il peut y avoir quelque savoir et quelque peu de bon sens? II est certain d'abord que M. Cauchy a fait faire k la question du choc des corps un pas tres-iraportant dans son Memoire de 1828, en repoussant le theoreme de Carnot sur les forces instan- tanees et discontinues, en combattant la substitution des quan- titds de mouvement aux moments virtuels des forces, en etablis- sant enfin un principe nouveau et tres- general de mecanique analytique qui , s'il avail pu etre compris et applique a I'epoque ou il fut decouvert et formule , serait meme devenu un principe 96 COSMOS. de mocaniquo physique , conlenant, en germe tons les progres de la science moderne. Ce principe est enoncd conime il suit par I'illuslre goometre : « Lorsque, dans un systeme de points mate'- riels. ios vilessos varienl scnsil)lomcnt en grandeur et en direc- tion, dans un tres-court intervalle de temps, alors, cliaque point ne changeant pas sensiblement de position durant eel intervalle, la Tarialion de la somme des moments virtuels des quantitcs de mouvement equivaut h une integrale singuliere relative au temps, et dans laquelle la fonction sous le signe d'integralion est la somme des moments virUiels des forces appliqnees. )■> Vouloir avec M. Duhamei que I'eqnalion qui exprime ce tiieoreme, resul- lat d'tine premiere integration rendne possible par une hypothese tres-vraiseud)lable et tres-vraie, ne soit pas autre chose que I'equation dillerentielle qui exprime le principe de d'Alembert ap- plique aux forces diles instantanees ; vouloir que le th^oreme de M. Cauchy appartienne par consequent ^ d'Alembert et k La- grange, c'est une erreur et une iujuslice. D'Alembert et Lagrange n'avaient nullement considere les integrales definies singulieres , ou prises entre des limites infmiment petites , qui sont une des plus belles creations deM. Cauchy; avant M. Cauchy, on admettait sans diiTiculte aucune que ces integrales sont toujours nulies. Pour deduire en effet du principe de M. Cauchy le theoreme de Carnot, il fa at, avant tout, egaler I'integi'ale deiinie a zero, et c'est preci- semont parce que Ton ne pent pas agir ainsi dans un tres-grand nombre de cas, qu'il n'y a pas de forces vives perdues comme MM. Sturm, Ostrogradski, Duhamel, Bertrand, etc. , I'ont admis k tort et contrairement a cette verite premiere, que I'annihilation de la force est aussi impossible que sa creation, que le mouvement aneanti est aussi absurde, et absurde dans le memo ordre de con- ception que le mouvement perpetuel. L'integrale deflnie sin- guliere contient precisement ce (pii remplace la disparition du mouvement primitif de translation ou de rotation, les vibrations molccuiaires, comme M. Cauchy, par un tres-beau tour de force, les en avait fait sortir dans son Memoire de 1S27 sur le choc do deux prismes; les mouvements vibraioires, sonores, calorifiques, lumineux, dlectriques, etc., etc. Si la mecanique physique avait (ite plus avancee, et qu'eclairde de ses lumi6res, le geometre eilt pu voir intuitivement dans sa formule ce qu'elle contenait, il en aurait deduit certainemcnt le grand principe de la transformation du mouvement visible ou de deplacement en chaleur ou en une autre force physique. Mont- COSMOS. 97 golfier, il est vrai, malheureusement il n'etait pas geometre, avaitclaircmcntanirme ceUeti'ansformalion; niais personne n'a- vait daigne faire attention a cette revelation du genie synllielique, et M. Caucliy lui-meme, malgve son lieureuse inspiration de I'annee precedenLe, ne s'cn souvenait plus. Aussi, quand il voulut faire des applications de son nouvcau principe, il se vit coinme force derentrer, ctM. Ponceletlelui a reproclie avec raison, dansl'or- niere battue, de marcher a reculons, de reprendre le cas du choc direct, dans lequel les deux corps qui se sont choques continuent ^ se mouvoir ensemble, ct comme s'ils ne formaient plus qu'une masse unique, suivant la ligne qui joignait leurs deux centres de gravite. Dans cette fausse route, M. Cauchy alia jusqu'a retomber sur le theoreme de Carnot, et cette chute se fit meme avec una maladresse, une incorrection, une substitution de vitesses egales a desvilesses seulement en projection, ce qui a donne beau jeu h M. Duhamel, quoique son attaque soit une attaque de forme et non de fond. M. Cauchy s'est excuse desa distraction par la mul- tiplicite de ses travaux a Fepoque h laquelle ilecrivitson Memoire etlarapidile desa redaction. Iln'enrestepas moins acquis que son nouvcau principe de mecanique, que son integrate definie singu- liere, que sa remarque tres-flne ettres-neuve dela substitution de vibrations moleculaires h un mouvcment de deplacement etaientde grandes et glorieuses conquetes. Son analyse exacte et rigoureuse I'avait conduit, sans qu'il s'en doutat, a uneequation eminemment feconde, mais il no sut pas ou il ne put pas I'interpreter, en tirer ce qu'elle contenait, parceque cecontenu n'etait pas meme soup- conne en 1828. Arrive ou nous en sommes, et voulant resumer la longue allo- cution de M. Poncelet, nous nous apercevons qu'en realite Ic sa:- vaut general n'apas voulu dire autre chose que ce que nous ve- nous d'exposer plus nettement, il nous semble, et de maniere, si nous ne nous faisons pas iUusion, a meriter entierement son as- sentiment. II dit en effet en termes formels dans le resume de son opinion : « La mecanique fondee «. pnori sur[la consideration des points maleriels soumis a de sunples forces, mecanique dont je ne crains pas de me declarer ici un des adeptes, et que M. Cau- chy a specialement adoptee dans son Memoire de 1829 et ses tra- vaux anterieurs, me parait d'une portee plus etendue, d'une ex- position ijlus rapide, moins entachee d'arbltraire, et par cela meme devoir conslituer les vrais fondements de la mecanique theorique et pratique, c'esl-a-dire a la fois demonstrative et expe- 98 COSMOS. rimcnlalc; pourvii qii'on ne se hate pas trop d'y inlroduire, comme I'a fait notre savant confrere dans I'application particu- liere qui nous occupe, les hypotheses relatives i I'invariabilite finale des distances mutuelles, etc. , et qu'on laisse & I'experience, (i I'observation et au calcul le soin de remplir les vides relatifs aux effets des actions moleculaires encore inexpliquees ou mal definies : cette methode se concilie parfaitement d'ailleurs avec I'exposition rigoureuse des grands et invariables principes de la mecanique rationnelle, des grandes theories qui constituent I'une des plus belles acquisitions scientifiques et philosophiques de notre siecle ou des precedents. » Ce resume est tres-clair, mais il avait ete malheureusement precede d'un apercu coniparatif, long, difTus, embarrasse, des recherches et des theoremes sur les forces vives perdues, que M. Poncelet, plus consequent avec lui- nieme, aurait dil s'epargner et nous epargner. En eflfet, dans la discussion orale, il avait dit Ires-expressement et tres-carrement, qu'il n'y a pas et qu'il ne pent pas y avoir dans la natuue de for- ces perdues, que ie mouvement ne disparait sous une forme que pour reparaitre sous une autre, qu'il y a transformation et non pas annihilation. Est-cc volontairement que M. Poncelet a supprime de sa re'dac- tion ecrite cet arret si legitime et si franc? Aurait-il regrette cet acte de courage? Mon, sans aucun doute. Mais alors pourquoi tant de pages et de circonlocutions pour etablir ce qu'il peut y avoir de vrai ou de faux, de meilleur ou de pire dans les the'o- remes de Carnot, de Navier, deDuhamel, de Sturm, etc. ? S'il n'y a pas de forces vives perdues, etil n'y en a pas, les methodes qui out la pretention de nous apprendre a calculer la pcrte de forces vives sont fausses a priori et a posteriori; si elles semblcnt vraies en tout ou en partie, c'est que Ton n'apercoit pas le cercle vi- cieux ou la petition de principes qui les rend vicieuses au fond; elles ne meritent pas qu'on les compare, car elles n'ont dans la science aucun droit h une hospitalite, meme passagere. M. iMorin n'a voulu qu'une chose, faire sortir du debat une conclusion utile pour I'enseignement. Cette conclusion acceptee par tout le monde, c'est qu'il faut rejeter absolument : 1° I'hypo- th6se de forces instantanees susceptibles de communiquer ou d'enlever aux corps des vitesses fmies dans un temps nul ou infi- niment petit; 2° les denominations de forces de percussion, d'im- pulsion, etc., qui iinpliquent la notion de forces differentes des orces ordinairos; 3" les mots de corps durs et de corps mous, COSMOS. 99 qui contribuent aussi a jeter du doute dans I'esprit des eleves, et auxquels les geometres actuels n'attribuent certaincment pas line signification aussi absolue que celle que leur donnaicnt certains auteurs. Pourquoi , faisant un pas de plus , M. Morin n'a-t-il pas dit que tout le monde devait aussi etre d'accord pour rejeter les pertes absolues de force vive? aC'est, ajoute-t-il, quand on doit traitor des questions d'application , que Ton s'apercoit combien est petit le nombre des eleves qui ont des idees nettes a ce sujet, et Ton pourrait en citer de singuliers exemples fournis par des hommes d'ailleurs tres-distingues. « II terniine par un bommage rendu ci I'enseignemeut de M. Poncelet, bommage auquel nous applaudissons volontiers. « En exposant, au contraire, ainsi que I'a fait tres-explicitement M. Poncelet dans ses lecons a I'ecole de Metz, la theoric des chocs par la consideration des efforts de reaction developpes par Finer- tie et par les forces moleculaires , pendant et apres la periode de compression, on a I'avantage de se rapprocber beaucoup plus de la realite des pbenomenes naturels, de parler d'une maniere plus Claire a I'esprit, de donner aux el6ves la conscience de ces efTets, et de les conduire plus facilement aux applications. C'est ainsi que les tbeories du mouvement des pilous des marteaux de forge, des balanciers a frapper les monnaies, du pendule balistique , etc. , sont exposes a I'ecole de Metz, depuis lAI. Poncelet, que des ap- plications nombreuses en sont faites par les eleves avec facilite, et les conduisent toujours a des resultats que I'experience verifie. II est tres-vrai que des 1826, avant I'apparition des recberches de MM. Caucby et Dubamel, dans deslecons lithographiees , publiees la meme annee, M. Poncelet ayant egard a la duree du cboc, aux reactions variables, normalesou tangentielles des dilTerents corps, avait tftcbe de rectifier les idees et les notions jusque-la generale- ment adoptees en mecanique , mais s'accordant mal avec les ap- plications qu'il etait appele a en faire ci la science particuliere des macbines, sans s'ecarter d'ailleurs, ainsi qu'il s'en explique lui- meme, de la deference et du respect qu'on doit aux travauxscien- tiflques des anciens et illustres maitres. II ne nous reste plus qu'a dire quelques mots de I'intervention, dans le debat, d'un des doyens de la section de geometrie, de i'illustre M. Poinsot. II n'approuve pas la discussion , et il desire ardemment qu'elle soit arrivee a son terme. Je ne comprends de discussions, dit-il, que celles qui peuvent avoir pour but et pour rdsultat i'introduction dans la science d'un principe vrai et nou- 100 COSMOS. vcau; li ouiln'yapasde principeou doloi, iln'y a pas de science; or dans tout ce debat, ce^ne sonL pas des principes ou des lois, mais des conceptions individuelles, mais des interpretations que j'appellerais volontiers personnelles, des equations generales de la dynamique. Entrant alors dans^d'assez longs details, et prcnant pour exem- ple la pcsanteur ou les lois de la chute des corps, les lois de Keppler, les tlieories^fondauientales de la geomctrie et de I'ana- lyse infinitesiiuale, M. Poinsot deJinit ce qu'il enlend par principes et par lois, principes et lois qui seuls constituent la science. Tout cela etail tres-philosopliique et tres-sense, et conime tel a ete ac- cueilli avec une tres-grande faveur; mais restant completement en dehors des progres acconiplis M. Poinsot, k notre grand regret, scniblait adniettre , ou mieux admettail Ires-exp'icilement, que Ton n'avait decouvert ou formule a sa connaissance aucun principe mecanique nouveau, aucune loi mecanique nouvelle ; et il nous pardonnera de protester centre cette supposition deso- lantc, II est certain, au conlraire, que la mecanique a fait de nos jours de briilantes acquisitions de principes et de lois, mais il est vrai aussi, lielas ! que ces acquisitions se sontfaites en dehors des sommites reconnues de notre Academle des sciences, et que jus- qu'ici,meme, nos grands maitres leursontrestespresque comple- tement etrangers. Ce sont en effet des principes nouveaux dans I'acception de ce mot, donnee par M. Poinsot, que la correlation ou relation intime de toutcs les forces de la nature, leur resolution definitive ea mouvement, leur generation et leur transformation I'une dans I'autre, celle par exemple du mouvement en chaleur et de la chaleur en mouvement, en proportions completement deflnies. G'est une loi nouvelle que I'equivalent mecanique de la chaleur. G'est un principe nouveau que I'impossibilite de I'annihilation de la force et de la perte de forces vives, que la conservation integralc etindelinie de la force vive. C'est un principe nouveau que la raison de la cohesion trouvee dans le volume infiniment petit et la densite infiniment grande des dernieres molecules des corps. C'est un principe nouveau que la distinction des molecules de la matiere en deux especes tres-distinctes, les unes relativement en repos ou reliees paries forces d'afhnite et de cohesion, les autreslibies dans I'es- pace et animees de Ires-grandes vitesses. C'est un principe nou- veau que I'elTet de distension produit dans le systerae des pre- mieres molecules par le passage des secondes, quoiqu'il n'y ait COSMOS. 101 en jeu dans cos actions et reaclioas muluelles que dcs forces d'allraction proporlionnelles aux masses et en raison inverse du carre des vitcsses. C'est enfin une mine feconde de principes nouveaux que cet excellent livre de la correlation des i'orces phy- siques ou MM. Grove et Seguin ont depose le resultat de leurs meditations, de leurs observations, de leur experience. Mais le temps et I'espace nous nianquent a la fois, force nous est done de nous arreter, et de reserver pour un autre jour Fexposition plus complete du progres, en dehors de tout debat academique. — M. Lacaze-Duthicrs adresse un premier Memoire surl'orga- nisation et I'embryogenie du dentate, dentalium entalis , animal tres-nial connujusqu'ici, appartenant certainement h I'embranche- ment des mollusques, mais dont on n'a pas encore assigne la po- sition deQnitive comme genre et comme espece. Le Memoire de M. Lacaze-Duthicrs est tres-savant, tres-neuf, mais ilne supporte pas I'analyse, et il interesserait pen les lecteurs du Cosmos. — M. le docteur Maisonneuve presente un nouvel instiument constricteur sur lequel nous reviendrons en faisant connaitre les succes recemment obtenus par la metliode de section connue sous le nom de methode d'ecrasement lineaire, sur laquelle M. Chassaignac a ecrit un livre tres-estime. ^ M. Tourdes,professeur al'Ecole de medecinede Strasbourg, reclame pour lui la priorite de la decouverte des proprietes anes- thesiques de I'oxyde decarbone. Ses experiences datentde levrier 1853, tandis que celles de M. Ozanam n'ont ete publiees que cette annee; et ii avait constate a cette epoque les deux faits princi- pauxde I'innocuile du gaz oxydede carbone, deson action anes- thesique analogue a celle du chloroforme et de Tether. Les ani- maux auxquels on le fait respirer sent plonges dans une anesthesie complete qui peut alter jusqu'a la mort apparente : insensibilite', resolution desmembres, ralentissementdelarespiration,etc.; sion prolorige Taction, Tanimal succombe; la mort peut etre brusque avec cris et convulsions, le plus souventelle est douce, avec tran- sition insensible du sommeil i la mort; la respiration s'arrete, I'oxyde de carbone parait tuer en paralysant les muscles respi- rateurs, — M. Duglere adresse a son tour un Memoire sur les phos- phates fossiles naturels, et leur application ii la preparation des engrais. Nous attendrons pour revenir sur cette question que la Commission ait fait son rapport, mais nous n'en persistons pas moins dans notre opinion du peu de valeur des phosphates mi- 102 ^ COSMOS. — M. BoniiGfond mainticnt centre M. Alquie scs droits k la prioritc dc Fapplication duseton fdiforme au traitementdes bubons. — M. Giiillon adrcsse pour le prochain concours des prix Mon- thyon de medecine et de chirurgie, une notesur la stricturotomie etFurelrotomie. — M. I'abbc Desprats reclame centre MM. Robiquet et Duboscq la priorite de I'emploi de la resinc dans la preparation du collo- dion sec ; nous publierons sa reclamation avec la reponse que MM. Robiquet et Duboscq devaient y faire dans la derniere seance. Seance du '26 Janvier. Bien differente de la precedenle, cette seance a ete tres-variee et tres-ricbe ; mais la necessite ou nous nous sonunes trouve de donner une cerlaine etendue a la discussion relative au choc des corps ne nous permet pas d'en publieraujourd'huiTanalyse com- plete. Nous dirons seulement : 1" que M. Regnault a presenle au nom de M. Jules Duboscq des modifications importantes appor- teesau stereoscope, et que la note;publiee sous le titre de Photo- graphieiera suffisamment connaitre en attendant que nous en fassions ressorlir le merite; 2° que M. Regnault encore apresente au nom de M. Brunner un admirable appareilpour lamesure des bases geodesiques, construit sur les principes poses primitive- mentparM. Porro et approuves par 1' Academic en 1850, apres un savant rapport de M. Largeteau; S^que M. Babineta lu un Memoire tres-important sur la substitution des instruments azimuthaux aux instruments dits meridiens dans les observations astrono- miques; c'esttoute une nouvelle methode generale d'observation que le savant pbysicien vent inaugurer ; U° que M. Boussingault a lu des recherches pleines d'interet sur la quantite de nitrate pre- sentee dans les terres et les eaus : terre potagere, terre labouree, terre des forets, terre des praiiles; eaux des lacs, des rivieres, des puits, etc., etc.; 5° que M. Dumas a lu un magnifique rap- port, veritable monographic del'industriedes soies, danslequelil conclut i\ I'approbation par I'Academie de la methode d'educa- tion et d'amelioration des vers a sole, de M. et M""-' Andre Jean ; ce rapport, cette approbation, sont pour nous un veritable triomphe,. et nous les commenterons tres-prochainement. Nous nous contenterons pour aujourd'bui de publier un petit histo- rique de la grande decouverte de nos proteges. INDUSTRIE. Procctle certain d'ainelioration dcs races de vers de soie Par M. et M"" Andrk Jeas. Lors de I'Exposition francaise de I8hh, on vit apparaitre tout a coup quelques flottes d'une soie nouvelle, d'une puret^ si rare, d'une blancheur si eclatante, d'une qualite si bonne, que personne n'iiesita a la proclamer le plus parfait des echantillons soumis k I'examen du Jury. Les exposants etaient M. Andre Jean et M. le major Bronski, habitant le chateau de Saint-Selve, arron- dissement de Bordeaux. Le Jury les engagca a faire , non de la soie, mais de la graine, les assurant qu'en agissant ainsi, leur remuneration serait beaucoup plus grande, et qu'ils pourraient compter sur la reconnaissance de la France sericicole; il recom- mandait a I'avance cette graine de vers S soie comme donnant un produit superieur en couleur et en qualite k toutes les especes connues jusqu'S ce jour. Al'Exposition suivante, en 18^9, cette meme soie, d'une qualite et d'une blancheur vraimentmerveilleuses, reparut encore, mais sous le nom exclusif de M. le major Bronski ; celui de M. Andre Jean s'etait eclips^. Le Jury decerna a M. Bronski, qu'il qualiiiait de createur et d'inventeur intelligent, la medaille d'or. II ajoutait : <( Les certificats du departement de la Gironde , les rapports des Chambres de commerce des villes manufacturieres les plus interessees au progres de la soie , les demandes nombreuses , et sans limites de prix, de graine de la nouvelle race, demandes faites principalement par les producteurs des plus belles soies blanches, etabhssent et constatent le succes des intelligentes et laborieuses recherches du major Bronski. » Le triomphe de la race Bronski fut plus grand encore k I'Ex- position universelle de Londres, en 1851. Les cocons, ditle rap- port de la commission, sont remarquables par leur grand volume et la regularite de leur forme ; la soie par la longueur extraor- dinaire des brins qui est en movenne de 1057 metres, par sa blancheur naturelle, sa finesse et son eclat. Le conseil des presi- dents decerna k M. Bronski la medaille de prix et fit en outre la declaration suivante : <( Dans notre opinion unanime , 11 est important que les plus hautes autorites scientifiques et administratives de France re- 104 COSMOS. prennont I'enquL'te ay ant pour but Fapprcciation dc la slabilite et lie la valcur commcixiale lics resullals, dcs oxpcrioncos et dcs decouvertcs de M. Bronski relalivemeiit a ramelioralion de la graine de vers ci soie. » Les Socieles qui stiinulent et recompenscnt Ics oonquCtcs in- duslrielles n'ont pas ele envers M. Bronski inoins lihcralcs que les Jurys de loutes les Expositions, la Societc d'encouiagoment, entre autres, lui deccrna en 18/i7 I'une de ses premieres niedailles. II etait tout naturol que tant de generosity ne fut pas prodiguee en vain, et I'industrie sericicole s'etonnait de ne pas voir an-iver le moment ou elle pourrait entrer en possession des moyens dmineinnient precieux, parlesquelson alfirmait etre arrive, non- soulcnient, i") oblenir des produils d'une superiorite incontestable, mais fi arrelcr la degenerescence progressive et falale des races indigenes. Elle allendit vainement de iS'69 a 1855, et linit par se persuader que les cocons et les tils admirables dont elle avait salue I'apparition avec tant d'enthousiasme etaient le resultat d'un heureux hasard ou de soins iucompatibles avec les exigences d'une pi'oduction pratique. Cependant en mars 1855, M. Andre Jean, qui, le premier, et en son seul nom, avait presente des echanlillons de soies a I'Exposi- tion nationale de 1839, vint declarer a la Societe d'encouragement, qu'il etait avec son epouse, M'"^ Andr^ Jean , le veritable inven- teur de la methode d'education qui avait eu pour resultat la race de vers et la soie Bronski; que cette methode etait iidelement dc- crite dans un paquet cachete, depose par cux sur le bureau ; et que s'ils obtenaient de pouvoir la mettre en pratique sous les yeux d'une commission nommee par la Societe , ils se faisaient fort de reproduire infailliblement, et sans peine aucune, les memes cocons et les memes soies tant admires depuis seize ans. M. Dumas, I'illustre president de la Societe d'encouragement, et le conseil entier firent a M. et M"'>= Andre Jean I'accueil le plus bienvciilantetle plus empresse; convaincus de la realite de leurs droits et de la sincerite de leurs promesses, ilsresolurenti I'una- nimite d'entreprendreles experiences proposees et d'en faire tous lesfrais. Le corps de garde du domaine dc Neuilly, assezricheen muriers, fut loue ot transforme en magnanerie, etl'education com- menca sous la surveillance assidue d'une commission com posee de M. Dumas, president, des membresdu bureau, du Comile d'a- griculture, et de M. Alcan, professeur de tissage au Conservatoire des arts et metiers , charge de faire le rapport. Apres une eclo- COSMOS. 105 sion des plus remarquables par la regularite de sa marcho, les vers, tons egalement rustiques, d'une hoinogeneite parfaite, atteignirent avec un ensemble etonnant des proportions de vo- lume et de polds Ires-rares ; pas un seul ne fut malade ; le travail de la montee et de la formation des cocons, se fit aussi comme par enchantemcnt; le rendement en graine et en suie depassa toutes les previsions ; et c'etaient bien Ics cocons et la soie eblouis- sants de blancheur, etonnantsde finesse des expositions de 1844, 1849 et 1851. Et pourtant, la commission lereconnait, I'education s'etait faite dans les conditions les moins propres a en assurer le succes, dans unc localile mediocreraent favorable , avec de la graine transportee du midi au nord, provenant d'une dix-septieme generation, assaillie par des variations atmospberiques qui se traduisirent par des differences de temperatures de 23 degres; aussi n'a-t-elle pas besite un instant h formuler en ces termes les conclusions les plus favorables : « LA NOUVELLE MfiTHODE EST APPLICABLE SANS LA MOINDRE PER- TURBATION ET SANS D£PENSE PARTICULIERE , DANS TOUTES LES LOCA- LlTfiS OU L'INDUSTRIE SERICICOLE SE PRATIQUE ; ELLE PEUT r£USSIR DANS NOS PLUS GRANDES MAGNANERIES, COMME DANS LES PLUS PETITES; LA POSSIBILITY d'am£LI0RER LES RACES DE VERS A SOIE, DE MANliiRE A CHANGER APRES UN CERTAIN TEMPS LEUR CONSTITUTION, ET A LA REN- DRE SUSCEPTIBLE DE RfiSISTER A LA PLUPART DES CAUSES MORBIDES QUI LES ATTTEIGNENT D'ORDINAIRE, NOUS PARAIT fiGALEMENT Df:- MONTREE. » Heureux du resultat obtenu, le Conseil de la Societe d' encou- ragement, n'acquitta pas seulement toutes les depenses faites, il decerna h M. et M""= Andre Jean une medaille d'or de la va- leur de 3 000 fr., prix propose pour ameliorations dans I'educa- tion des vers k soie. Les cocons et les soies recoltees a Neuilly parurent k I'Expo- tion universelle de 1855, k cote des produits tout k fait semblables exposes par M. Bronski; les uns et les autres semblaient Otre I'oeuvre des memes mains, le resultat d'un memo precede; mais le vent etait toujours favorable a M. Bronski : il aurait obtenu la medaille d'honneur sans la loyale et eloquente intervention d'uu des presidents qui apprit au Conseil qu'en ce moment-la meme M. et !\r"'= Andre Jean attendaient de la Cour imperiale de Bor- deaux un arret qui reconnut leurs droits k la co-propriete , au moins, de la race appelee jusque-la race Bronski, qui declarat 106 COSMOS. leurs les procetlcs par Icsquels cctte race avail ete conquise, par lesquols seuls elle pouvait etre maintenue. L'arret, en effet^ a ete rendu ; les droits de la justice ont ete hautement proclames, en mfime temps que I'epreuve solcnnelle, ordonnee par la Socicte d'encouragement , deniontrait jusqu'ci I'evidence la realite do la grande decouverte de M. et M"' Andr^ Jean. Pour faire apprecier aussi son importance, nous reprodui- rons encore quelques lignes du rapport de M. Mean : (( L'abatardissement des races est arrive ci un point tel, en France, que nos producteurs sont obliges presque tous d'aller chercher au dehors une graine trop souventfalsifiee qui ne donne que des recoltes mediocres. L'importation dtrangere va toujours en augmentant; elle a ete en 185/i, d'apres le tableau officiel des douanes, de 43 513 kilogrammes, qui representent & peu pres la totalite de la graine employee en France, et une valeur moyenne dc 9 000 000, rendant environ 100 000 000 de cocons par an, qui DOUBLERAIENT AU MOINS PAR L'eMPLOI DU PROC£d£ DE M. ANDR£ Jean. » C'est assez, trop peut-6tre pour I'liistoire de la methode d'ame- lioration des races de vers ci sole, et nos lecteurs ont hate de connaitre en quoi elle consiste. Ce n'est nullement celle que le Jury de Londres avait esquissee en peu de mots : nous pouvons meme dire que le croisement des trois races : Sina , Syrie et Novi n'a jamais existe, dc I'aveu meme dc M. Broubki. Ce n'est pas, dans tous les cas, la methode Bronski qui a fait naitre et qui conserve la belle race de Neuilly ; ses inventeurs ont suivi, comme on va le voir, une route tout a fait opposee. Le procede de M. et M"'= Andrii Jean repose sur des prin- cipes eminemment rationnels , et qui ne sont autres que ceux ci I'aide desquels on est parvenu h ameliorer dans des proportions si considerables les animaux de race superieure, les especes chevalines, bovines, ovines, porcines, etc. On distingue deux methodes generates d'amelioration ; la methode d'ameUoration de la race par elle-meme, dHnn[and inn, suivant I'expression anglaise , et la methode d'ameUoration par croisement de la race imparfaite avec une autre race plus parfaite. Chaque methode a ses partisans; les. hommes les plus competents donnent neanmoins la preference a la premiere , et c'est celle que M. et M""= Andre Jean ont exclusivement suivie. On a pretendu, il est vrai, que leur belle race actuelle de vers k sole etait le resultat d'un croisement triple ou quadruple, mais COSMOS. 107 il n'en est rien ; c'est la race Sina, cultivee autrefois dans la ber- gerie cle Senard, qu'ils ont prise a un etat d'inferiorite constatee, et dont lis ont fait la plus belle des races actuellement existantes, sans croisement aucun. II importe meme grandement qu'on ne s'y ti'ompe pas ; ce que nos habiles sericiculteurs apportent a I'in- dustrie, ce n'est pas tant une race parfaite qu'une methode infaii- lible et sure pour ameliorer une race quelconque, ful-elle meme degeneree au point d'etre devenue presque improductive. Vendre de la graine, propager leur excellente race, c'est bien un des buts qu'ils poursuivent, et s'ils reussissent, ce sera deja un grand bienfait; mais ce n'est apres tout qu'un but secondaire; leur but principal, ce qu'on devra apprendre d'eux, ce qu'on ne devra pas craindre de leur acheter, c'est, nous le repetons, le precede efficace , certain , rapide , par lequel, apres un petit nombre de generations, on reussira a ameliorer, a perfectionner une race quelconque , sous le triple rapport de la grosseur du cocon, de la longueur, de la finesse, de la blancheur eclatante du brin de sole , de la production d'une graine infailliblement feconde. Si ce but principal n'etait pas atteint, le but secondaire serait lui-meme manque, car la belle race, en possession de la- quelle M. et M"' Andre Jean sont entres, degenererait de nouveau en bien moins de temps qu'il n'en a fallu pour I'oblenir. On ne pourra la maintenir au degre actuel de perfection que par les memes principes qui ameneront & I'egaler , les races memes, peut- 6tre, dont aujourd'hui Ton desespere le plus. Ces principes sont au nombre de trois : 1° eviter, ou mieux rendre impossible toute consanguinite, tout accouplement entre les vers issus des memes auteurs ou consanguins, pendant trois, quatre ou meme un plus grand nombre de generations succes- sives ; 2" discerner avec le plus grand soin et par des caracteres infaillibles , les vers destines h la reproduction ou ix la continua- tion de la race , de maniere k ce que toute graine obtenue pro- vienne de reproducleurs sans defauts; 3° faire une attention plus grande encore, s'il est possible, au choix des males ou des eta- Ions , avec cette conviction que si le male et la femelle contri- buent chacun pour leur:part h la perfection du produit, I'in- fluence du male , du moins en ce qui concerne les vers a sole, est tres-certainement preponderante. Nous le repetons, ces principes tr^s-rationnels en eux-memes sont confirmes ou invineiblement demontres par une experience de quinze annees. YARIETES. H^ouvelles figures electriqiics. M. GroTG, etnous le remercions de sos etrennes, nous adresse une note Ires-interessante sur une nouvelle nielhode de produc- tion et de fixation de figures obtenues par rdlcclricile. Ces figures different surtout de celles de MM. Ries, Karstcn, Morren, etc., que nous avons longuement decrites dans le troisieme volume de notre Repertoire iVoptique, en cc qu'elles sont produites non a la svrface do plaques metalliques ou conduclrices de reicctricite, maisii la surface de plaques isolantes on du verre. M. Du Moncel a montre que si deux plaques de verre, revetues toutes deux a I'exterieur d'une armature metalliqne, sont placees I'une au-dessus del'autre et electrisees, on volt apparaitre cntre les plaques et a leur surface interieure une lumiere elcctriquc bril- lante; cette experience a etele point de depart de celles deM. Grove, que nous allons enumerer. 1. Deux plaques de verre k vitre, de trois k trois pouces et demi de diametre ont ^e plongees dansl'acide nitrique, lavees, secliees etessuyees avec un foulard, jusqu'a ce que I'haleine for- mat a leur surface une couche uniforme et continue. On a place entre les plaques un billet ecrit d'un c6le seulement; des feuilles d'elain un peu plus petites que les verres ont cte deposees sur leur surface exterieure, et Ton a mis ces feuilles en communication avec les deux extremites du fil secondaire de I'appareil d'induc- tion de M. Ruhmkorff. Apres quelques miimtcsd'electrisation, on a enleve avec precaution les armatures, et I'haleine insufflee sur la surface de verre opposee aux lettres a fait apparaitre sur cette surface une tres-belle image des lettres imprimees ; on les aurait dit tracees par la gravure ou dessinees par le givre; les fibres meme du papier ressortaient parfaitement tracees par I'haleine; mais on ne voyait rien en dehors des armatures d'etain. 2. La plaque de verre nue et sans insufflation d'haleine fat pla- cee, apres I'electrisation au-dessus d'une capsule en plomb conte- nan't du spath-fluor en poudre avec de I'acide sulfarique, et lege- rement chauffee; les lettres apparurent, quoique mal dessinees; divers plis du papier etaient fort bien reproduits. 3. M. drove a dessinea la pointe d'uacanif surun papier blanc, le nom de Volta; il a place cc papier cntre les plaques de verre COSMOS. 109 qu'il a electrisees comme dans la premiere exi)erience ; il a expose la surface interieure de Tune d'elles, sans les lettres, aiixvapeurs d'acide fluorique ; et il a vu I'image d'abord invisible apparaitre gravee sur le verre d'une maniere apparente et dessinant le nom de Volta , aussi parfaitementque si elle avail ete gravee a la ma- niere ordinaire ; on a pu la laver et la frotter sans la faire dispa- raitre; de sorte qu'on pourra, par cet art nouveau perfectionae, obtenir de tres-beaux effets, dessinerdes silhouettes, oumeme re- prodiiire des gravures tres-fines. 4. On arepete la meme experience, en la modifiant : au lieu de soumettre I'image invisible a Taction des vapeurs fluoriques, on Fa recouverte de collodion iodure, et immerge dans un bain de nitrate d'argent au quinzieme environ, pour sensibiliser le collo- dion; on I'a exposee ensuitc un instant a la lumiere diffuse; on I'a ramenee dans la cbambre obscure, on a verse a la sur- face de I'acide pyrogallique ; le mot Volta, et les bords du verre au dela del'armature d'etain avaientnoirci, ils sedessinaienttres- distinctenient; il semble que les autres parties du verre eussent ete comme defcndues de Taction de la lumiere parTelectrisation; on a pu fixer les images d'une maniere permanente par Tbyposulfite de sonde. 5. On a refait cette meme experience, mais apres avoir fixe Ti- mage on a detache par I'aclion de Teau la couche de collodion; cette couche a emporte avec elle I'image, comme elle Tauraitfait pour uiic pliotographie ordinaire ; les gjaces lavees a Teau distil- ieeetsechees ne montraient plus d'imagopar insufflation del'ha- leine. Comme cette meme plaque shnplement electrisee, lave'e avec de Teau et de Talcool, et frottee avec un foulard pour faire disparattre uiie premiere image apparue par insufflation , laissait de nouveau apparaitre cette image quand on soufflaituneseconde fois, on aducroire quel'impossibilite delareapparitionaprcs en- levement de la couche de collodion provenait de Taction de quelques-unes des substances chimiques employees. 6. On subslitua des lettres en feuilles d'etain a celles en papier; Teffet futle meme, mais il parut plusfaible. 7. On versa sur la plaque electrisee une solution de nitraie d'ar- gent, de maniere k former un bain & sa surface; on forma un ra- teau avec dix plumes ordinaires en acier, et Ton promena ses pointes sur lelieu occupe par I'image invisible; Targent se preci- pila sous forme arborescente, et i\I. Grove croit sans pouvoir Taf- 110 COSMOS. firmer positivement, que le d^p6t avail lieu le long des lettres ou sur I'image meme. Les experiences que nous venons de decrire r^ussissent egale- ment, que la plaque soit en contact avec le pole positif ou le p61e negatif. M. Grove crut d'abord quele sens du courant avail quel- que influence ; qu'avcc le pole positif, les lettres apparaissaient comme polies, landis qu'avec le p61e negatif, elles seniblaienl de- polies; maisen repelant souvent 1' experience, il obtint des effels contraires et contradictoires, de sorte qu'il se vit contrainl d'al- tribuer celte dili'erence a des circonstances accidentelles, une plus <^randeou une plus petite distance enlre les lettres et la surface du verre, une exposition plus longue ou moins longue a Taction des vapeurs, etc., etc. 11 a remarque en effet, qu'en placant sur le verre superieur un presse-papier en marbre, il obtenail deseffets plus uniibrmes et plus parfaits. Un temps d'electrisation de cinq a dix minutes est celui qui donne les images les mieux defmies et les plus nettes; lorsqu'on prolonge I'eleclrisation, on voil apparaitre graduellement une se- conde marge ou taclie qui s'etend deplus en plusautour des con- lours des lettres , el qui presenle la lueme apparence que si les lettres ayanl ete mouillees, le liquide s'etait quelque pen echappe de leurs bords pour s'etendre sur le verre. Quand I'electrisation avail ete ainsi prolongee, les figures deve- naient visibles lorsqu'on inclinail le verre, sans qu'il fatnecessaire de faire intervenir I'haleine, ce qui a fait croire forlemenl a M. Grove que le verre avail ete superficiellemenl desagrege ou decompose, quoiqu'il n'aitpas pu mettre en evidence 1' alteration de structure, soit en regardant au microscope, soil en recourant i la lumiere polarisee. II espere toutefois que cetle alteration n'e- chappera pas a un plus serieux exaracn. Convaincu, comme ilest depuis plusieurs annees, que I'electricile n'esl qu'un mouvement ou un cbangement dans la matiere ordinaire, une force agissanl sur la matiere et non un fluide-,partoutou il y a electricite il doit affirmer la presence d'un cbangement moleculaire; on ne peul gu6re douter au reste qu'un semblable cbangement soit Ires-cer- tainement et tres-clairement indique par le fail seul de I'appari- tionde limage sousfinsufflation de I'haleine. II importe grandement d'ajouterque pour mettre bors de doute I'influence altribuee h I'electrisation, M. Grove a touj ours fail la conlre-epreuve, c'est-c'i-dire qu'en mOme temps qu'il faisait agir releclricite, il inslallail d'autres plaques dans les memes condi- COSMOS. Ill tions, mais sans la soumeltre au courant; jamais sur iine de ces plaques il n'a vu apparaitre d'images, ce qui n'empeche pas qu'olles ne puissentse former apres un temps tres-Iongcommeles images de Moser. Statique de I'oxygene. M. Edouard Robin, dans la Science pour tons, a essaye de presen- ter sous un jour nouveau I'importante question de la statique de Toxygene, ou del'equilibre entre la consommalion et la production incessanles de ce gaz justementappele soutiende la vie; jusqu'ici quand il s'est agi de la consommation de I'oxygene on n'a guere tenu compte que de la perte resultant de la combustion operee pendant la vie dans la respiration des animaux. Or cette combus- tion, dit avec beacoup de raison M. Edouard Robin, n'est qu'une partie tres-minime de I'immense combustion que I'oxygene entre- tient dans la nature. Des que la temperature est sul'fisante, ce gaz etend son action comburante sur les vegetaux commc sur les animaux, non-seulement pendant la vie, mais encore apres la mort; elle animele mecanisme pendant la vie, clle produit apres la mort la transformation qu'on nomme putrefaction et qui a pour terme de rendre les depouilles de la mort propres ^ revetir de nouveau les formes de la vie. Ces innombrables series de com- bustions lentes necessitent une enorme consommation d'oxygene principalement converli en acide carbonique. Comment et dans quelle etcndue s'op6re la reproduction ? Pour expliquer I'equilibre entre la consommation etla production, les chimistesphilosophes n'ont mis en ligne de compte que deux donnees : la decomposi- tion d'acide carbonique par les parties vertes des plan tes, source de la production d'oxygene ; les grands mouvements atmosphe- riques , source de la reparation uniforme de ce gaz. M. Edouard Robin croit que la solution de ce difflcile probleme ne sera com- plete ou parfaitement comprise qu'autant qu'on tiendra compte d'une troisicme donnee qu'il formule ainsi : La consommation d'oxygene augmente etdiminue en meme temps que la production. La terre separtage en deux grandes divisions : regions ou I'biver est suffisamment rigoureux, pour que, avec les parties vertes des vegetaux, disparaisse et reparaisse en enormcs proportions, et pendant des portions considerables de I'annee, la production d'o- 412 COSMOS. xygeiie; regions oii la temperature est toujours assez clcvee pour que les malieres verLes , toujours developpees, toujours actives, restcnt toujours d'abondantes sources d'oxygeue, accompagnant toujours la consommation. En cbaque climat, en chaque lieu, quand I'dlevalion oul'abais- sement de temperature augmentent ou font diminuer la production de roxygeuo, la mcaie cause augmente ou fait diminuer propor- tionnellemeiit la consommation de ce gaz. Soumises a une memo influence, celle de la chaleur, la production ct la consommation augmentent ou diminuent ensemble et egalement, de maniere qu'en tout climat, en toute saison, cbaque contree dans les cir- constances normales puisse se suffire a elle-meme; les variations du moins sont rendues tellement lentes que les mouvements at- mospberiques parviennent en general a entretenir partout une proportion de ce gaz, sensiblement constante. A son tour, la cbaleur atmospberique qui tient sous sa depen- dance Taction de I'oxygene bumide, trouve dans les combustions determineespar ce gaz une cause de stabilite. Plus est faible cette res, et I'autre, soit dans I'embranchcment des moUusques, soit dans celui des articules, des bases pour I'embryologie corapa- ree. » Le prix est decerne a M. LerebouUet, professeur de zoologie et d'anatomie comparee t\ la Faculte des sciences de Strasbourg, pour un grand travail manuscrit de 710 pages , dans lequel la Commission a surtout remarque les resultats suivants : Gonfirmant ce qui a ete deja signale chez d'autres especes de la classe des poissons, I'auteur demontre que chez la truite commune, les gra- nules moleculaires destines a former le germe, disperses d'abord ou uniformement repartis dans la cavitc de la membrane vitelline, cbangent de place apres la ponte, et vont se rdunir k I'un des poles de I'oeuf, pour y realiser une cicatricule, qui, sous I'in- fluence de la fecondation, deviendra, comme celle des oiseaux, le siege du phenomene de la segmentation. II a verifie que chez le lezard des souches, cettc segmentation etait rayonnante et portait exclusivement sur la cicatricule, le jaune de I'ceuf n'y prenant aucune part. Le premier, il a clairement demontre que la vesi- cule ombilicale, chez les poissons osseux, communique avec I'in- testin, tout pres du canal choledoque, et non pas avecl'ffisophage comme un autre observateur I'avait admis. Enfin, il a fait une etude dela circulation dc cette vesicule ombilicale, quipermettra d'etablir une comparaison avec celle du meme organe chez les vcrtebres allantoidiens, et de determiner ce qu'il peut y avoir de dissemblable dans ce systeme circulatoire. COSMOS. 125 — Le sujet du second de ces prix dtait : fitudier les lois de la distribution des corps organises fossiles dans les differents terrains sedimentaires, suivant lour ordre de superposition ; discutcr la question de leur apparition et de leur disparition successive ou simultanee ; recliercher la nature des rapports ciui existent entre I'etat actuel du regno organique et sesetats anlerieurs. Le prix, & I'unanimite, a ete decerne a M. G. Bronn , professeur d'hisloii^e naturelle h Heidelberg, pour son volume in-W de pres de 500 pages, avec de nombreux tableaux, danslequel la question mise an con- cours est traitee completement au moycn d'un grand nombre de fails recueillis detous les auleurs qui se sont occupes de paleon- tologie, et dont les travaux peuvent inspirer leplus de confiance. Ce travail a ete I'objet d'un long et interessant rapport de M Adolphe Brongniart, lu dans la seance. Nous analyserons ce rapport avecle plus grand soin d6s qu'il aura ete imprime. Nous pouvons dire des aujourd'hui que les conclusions de M. Bronn sont tout a fait conformcs aurecit dela Genese, et par consequent tout afaitortbodoxes. II admet plusieurs creations successives, ou une creation reprise plusieurs fois apres des epoques de temps indeterminees,mais tres-longues ; il nie formellement que les di- vers ordres d'animaux ou de vegetaux se soient succede d'une maniere continue, ou soient la transformation des memes etres passant successivement d'un etat moins parfait a un etat plus par- fait sousl'influence des milieux ambianls; il n'admet done pas la transmutation des especes; il admet I'influence des milieux am- bians non pas en ce sens qu'il puisse modifier les genres ou les especes, mais en ce sens que les genres ou especes apparaissant tour a tour et successivement ont ete crees en rapport avec ces milieux ; il affirme que les disparition s ct les apparitions ont dte au moins pour le plus grand nombre des especes, simultanees; il etablit que I'apparition de I'homme sur la terre a ete posterieure aux depots sedimentaires des periodes primaire, secondairc et tertiaire- que la perturbation causee par le ddluge de Moise est d'une nature entierement differente de celle des revolutions qui ont precede les temps historiques. M. Brongniart auraitpu invo- quer en conlirmation de cette assertion le fait meme enonce par la Genese, que les corps organises ont ete les memes avant et apr^s le deluge, puisque les genres et especes sauvees avec Noe servirent au repeuplement du globe, tandis que, dans les principes de M. Bronn, qui nesont que I'expression des faits, chaque revo- lution anti-bistorique aurait ete caractcrisee par une Flore etunc 126 COSMOS. Faune nouvelles. II est done bien ctabli que des que la science arrive t\ Fetat de science veritable, ellc se trouve par la mcme en parl'ait accord avec la philosophie et la religion orthodoxes. On a pu essayer d'opposer la geologic et la paleontologie a la Ibi quand elles n'etaient encore que; des conjectures; mais I'oppositions'est evanouie on est devenuc impossible des que les conjectures etles hypotbeses ont fait place aux fails et aux theories. Prix de physiologic experimentale. La Commission, i\ I'unani- mite, decerne un prix de 2 000 francs k M. Waller, pour avoir etabli, par de savantes recherclies experimentales, que le role des ganglions intervertebraux est de presider a la nutrition des nerfs qui se trouvent en continuite avec eux. Voici 1' experience fondamentale de I'auteur : on coupe sur un chat les deux ra- cines dc la deuxieme paire de nerfs cervicaux, entre la moelle epiniere et le ganglion; I'animal survit, et Ton constate apres quelques jours que, dans la racine poslcrieure, specialementpour- vue du ganglion, le bout central qui est reste attache a la moelle ^piniere contient des elements nerveux degeneres et ayant subi la transformation granuleuse, tandis que le bout pdripherique, qui est attache au ganglion, presente, au contraire, des elements nerveux ayant conserve toute leur texture normale; ce qui montre evidemment que la continuite du nerf avec la moelle epiniere ne I'empeche pas d'etre alteint de degenerescence, tandis que sa continuite avec le ganglion intervertebral suffit pour I'en preser- ver. Les choses se passent d'une maniere exactement inverse dans les bout divises de la racine rachidienne anterieure. Dans ce dernier cas, en effet, c'est le bout central attenant & la moelle epiniere qui conserve sa texture normale, alors que le bout peri- pherique degeiiere et devient granuleux. De telle sorte qu'on ar- rive deflnitivement a cette conclusion surprenante, qui, dans I'etat actuel de la science, n'aurait jamais pu etre soupconnee, a savoir que c'est la moelle epiniere qui donne a la racine anterieure la propriete vitale inconnue, qui fait resister ses elements h la dege- nerescence granuleuse; tandis que pour la racine posterieure, au contraire, ce n'est plus a la moelle epiniere, mais au ganghon in- tervertebral que le rOle conservateur serait devolu. — L'Academie accorde un second prix de 1 500 francs ft M. le docteur Davaine, pour son memoire sur I'anguillule du ble nielle, que nous avons deja analyse dans le Cosmos. Le rapport signale particulierement ce fait remarquable : la faculte de reprendre la Tie est le privilege exclusif des anguillulcs depourvues d'organes COSMOS. 127 genitaux, c'est-a-dire i I'etat de larves; elles la pcrdent aiissitot qu'arrivees dans le bI6 k I'etat adulte, elles se trouvcnt pourvues d'organes genitaux. Les larves resistent tres-bien aux influences du froid, duvide, del'eaii, etc., tandis que les adultes y succombent. Les larves resistent aux substances toxiques meme les pins energi- ques, telles que la morphine, I'atropine, la strychnine, Ic curare, tandis que les corps qui peuvent agir chimiquement sur les tissus par une reaction acide ou alcaline, meme tres-faible, dctruisent et pour toujours leur vitalite. — Une mention honorable avec 1 000 francs est decernee k M. Fabre, d'Avignon, pour ses recherches relatives ti Taction du venin des cerceris sur le systeme nerveux ganglionnaire des in- sectes. En etudiant les moeurs des cerceris, M. Fabre a reconnu que les larves dont ces hymenopteres approvisionnent leurs nids sont frappees d'une sorte de paralysie qui leur permet de conti- nucr a vivre pendant fort longtemps, en les privant sculement de la faculte de sentir et de se mouvoir. Cette espece d'ancsthesie se- rait le resultat de la piqure d'un des ganglions thoraciques par I'aiguillon des cerceris. M. Fabre est parvenu k determiner cet etat k volonte sur les larves dont il vient d'etre question, et plu- sieurs autres insectes, en faisant penetrer un pen d'ammoniaque dans la substance nerveuse ganglionnaire. II a en outre decou- vert divers faits curieux relatifs k I'instinct des insectes. Prix relatifs aux arts insaluhres. Un prix de 2 500 francs est ddcerne a M. Schroetter, de Vienne, pour sa decouvertc de I'etat isomerique du phosphore rouge. Les allumettes chimiques ont le double inconvenient de causer frequemment des incendies et des empoisonnements. Le phosphore rouge, qui n'a ni la grande in- flammabihte, ni les proprietes deleteres du phosphore ordinaire, pent et doit lui etre heureusement substitue dans la fabrication des allumettes chimiques. Ce sont d'ailleurs des faits scientifiques tres-curieux que de voir : 1° le phosphore transparent et incolore, fusible k kk°,2, tenu quelque temps en fusion dans une atmos- phere d'azote ou d'acide carbonique, a une temperature de 230 ci 250 degre's, se transformer en phosphore rouge; 2° de voir a une temperature de 260 degres le phosphore rouge fusible a 250 degr^s reprendre I'etat de phosphore incolore et transparent, fu- sible k kk°,2. — L'Academie ddcerne en outre un encouragement de 2 000 fr. a M. Chaumont, auteur d'une machine appelee Ejarreuse, et pro- pre a separer les jarres ou gros poils des peaux de lapin despoil 128 COSMOS. courts ct fins, qui sont exclusivement employes a la fabrication des feutres pour chapeaux. Dans I'ejarrage k la main, I'ouvrier etait force de respirer;;sans cesse un air charge de poussiere et de debris do polls, ce qui rendait ce genre de travail tr6s-insalubre. La machine que la',Commission a vu fonctionner chez M. Rossel, rue du Figuier, U, conduite par un seul ouvrier, fait I'ouvrage de huit femmes, elle procure done une Economic considerable, et il est grandement k desirer que son emploi devienne general. Prix de medecine et de chirurgie. L'Academie decerne les pris suivants : 2 000 francs i M. Simpson qui, apres les belles expe- riences de M. Flourens, a introduit I'anesthesie par le choroforme dans la pratique chirurgicale et dans celle des accouchements. L'illustre corps, par la meme raison, ne donne-t-il pas son ap- probation i I'anestliesie des femmes en couche? N'est-ce pas trancher un peu brusquement une question tres-grave et tr6s-d^- licate? — 2 000 francs a M. Malgaigne pour son grand ouvrage sur les fractures et les luxations, ouvrage dans lequel I'auteur fait res- sortir une foule de faits nouveaux, en ce qui concerne presque toutes les questions qui y sont traitees. — 2 000 francs h M. Jules Guerin, pour avoir generalise la me- tliode sous-cutanee independamment de son application a la t^- notomie, deja rccompensee. — L'Academie accorde en second lieu les recompenses sui- vantes : 1 200 francs k M. Stilling pour ses recherches anatomiques et microscopiques sur le pont de Varole, la moelle allongee et la moelle epiniere. — 1000 fr. h M. Eugene Renault (d'Alfort), pour ses nom- breuses experiences sur plusieurs maladies contagieuses, sur la rapidite plus ou moins grande avec laquelle sont absorbees les matieres virulentes de la morve, de la clavelee, de la rage, du sang de rate et du charbon introduites sous I'epiderme; sur la transmission de la morve par rinjection dans les veines d'un sang provenant de chevaux atteints de morve aigue ; sur la transmis- sion de la rage des herbivores, et sur un grand nombre d'autres points de I'histoire de ces maladies; — 1 000 fr. k M. Filhol, pour avoir ddmontr^ dans son ouvrage sur les eaux minerales des Pyrenees que certaines eaux de cette contree de la France doivent leurs proprietes sulfureuses au mo- nosulfure de sodium ; pour avoir distingue deux categories d'eawx COSMOS. 129 sulfureuses dans lesquelles existe la silice, et avoir constate que Jes eaux les plus renommees des Pyrenees qui sourdent dans la partie orientale de la cliaine sont plus alcalincs que les autres ; pour avoir decouvert la presence de I'acide borique dans plu- sieurs eaux des Pyrenees et dans celles de Vichy ; pour avoir enfin perfectionne la methode sulfhydrometrique de Dupasquier, en subslituant a la solution alcoolique d'iode la solution aqueuse d'iodure de potassium ; — 1 000 fr. k M. Galtier, qui dans son Traitede toxicologie me- dicate, chimique et legale, a constate un des premiers les modifi- cations que I'iode eprouve dans le lait, le sang et I'urine ; a indi- qu(^ les moyens de niettre en evidence I'acide sulfurique dans les matieres organiques, lorsque cet acide a ete absorbe ; qui a enfln Boumis c'l I'observation microscopique les diverses poudres des Tegetaux toxiques ; — 1 000 fr. a M. Middeldorpf, pour la galvanocaustie appliquee k certaines operations chirurgicales ; — 1 000 fr. a M. Brown-Sequard pour avoir montre que des le- sions varices de la moelle epiniere peuvent etre suivies an bout de quelques semaines chez les mammiferes , d'une affection con- vulsive epileptiforrae , se produisant soit spontanement, soit par I'excitation des ramifications du nerf trijumeau correspondant au jcOte lese de la moelle epiniere. — 1 000 fr. a M. Charles Robin pour la decouverte et la descrip- tion d'un tissu accidentel ayant une structure d'apparence glan- duleuse et se developpant chez I'homme dans des parties du corps d^pourvues de glandes. — 1 000 fr. k M. Boinet pour ses Recherches etses experiences sur la valeur des injections iodees dans le traitement des kystes de I'ovaire. — 1 000 fr. k M. Guillen pour son precede de dilatation des y6- trecissements de I'uretre k I'aide de bougies k tete de forme olivaire en baleine ou en gomme elastique. L'Academie enfln accorde sous forme d'encouragement : 800 fr. SM. Faure pour ses Recherches experimentales sur I'asphyxie et particulierement sur I'aneslhesie qui en est la consequence. — 800 fr. a M. Colombe pour avoir demontre la possibilite de changer avantageusement dans certains cas, la position du foetus pendant 1' accouchement. — 700 fr. a M. Hifielsheim pour ses Recherches et ses expe- riences sur les mouvements du coeur chez les animaux. 430 COSMOS. — 700 fr. k M. Philippeaux dc Lyon pour avoir etudie, mieux et k des points de vue nouveaux, Taction variee des differents caus- tiquGs appliques aux operations de la cliirurgie. — 600 fr. k M. Legendre pour avoir donne les preparations et les figures d'un grand nombre de coupes faites sur des cadavres congeles, dans le bnt de montrer les rapports exacts des tissuset des organes. — 600 fr. k M. r.oubeaux et 600 fr. k M. Follin pour avoir cons- tate que chez plusieurs mammif6res et chez I'homme, dans les cas de cryptorchidie double, le liquide seminal est infecond. — 500 fr. k M. Godart pour avoir observe chez Fhommeun cer- tain nombre de fails semblables. — 500 fr. a M. Collin pour ses experiences nombreusesetvariees sur les animaux dans le but d'eclairer certaines questions de phy- siologic. — 500 fr. a M. Figuier pour avoir constate aprSs M. Schmidt de Dorpat, dans le sang de I'homme vivanta I'etat de sante, la pre'- sence du sucre dans des conditions semblables k celles qui avaient ete determinees par M. Claude Bernard sur les animaux. — 500 fr. a M. Duplay pour ses Recherches sur la persistance des zoospermes ehez les vieillards, — 500 fr. k M. Gosselin pour ses Recherches et ses experiences sur I'absorption par la cornee transparente de diverses dissolu- tions salines mises en contact avec le globe de I'ceil et leur mix- tion avec I'humeur aqueuse. — 500 fr. ti M. Verneuil pour avoir decrit avec une grande exactitude les differents kystes de la region sus-hyodienne. — 500 fr. a M. Delpech pour avoir fait connaitre les accidents que developpe chez les ouvriers travaiilant en caoutchouc, I'ex- halation du sulfure de carbone en vapeurs. — La commission des prix Monthyon, composee de MM. Serres, Rayer, Velpeau, Andral, Claude Bernard, Jobert de Lamballe, Dumeril, Flourens, Chevreul, Jules Cloquet, rapporteur, a done decerne 25 prix, recompenses et encouragements, s'elevant k la sommetotale de25 900 fr.; relativementaux commissions de quel- ques-unes des annees precedentes, elle a done ete sagement mo- deree ; les noms de plusieurs des laureats prouvent aussi qu'elle a ete courageusement imparliale; nous constatons enfin avec joie que, renoncantau facheux precedent de I'annee dernifere, elle a dis- tribue ses faveurs au grand jour, sans rien reserver pour son fort COSMOS. 131 interieur ou I'intimite des comiles secrets; elle me'rite done a tous les points de vue de sinceres louanges. Prix Cuvier. he prix Cavier, de quinze cents francs, est decern^ ^ I'linanimite a I'illustre zoologiste anglais, M. Richard Owen, qui depuis plus de vingt ans, et par les travaux les plus continus comme de I'ordrele plus eleve, a tant agrandi le champ de I'ana- tomie comparee et de la paleontologie. En somme, notre Academic des sciences a fait en 1856 une noble et belle campagne. Elle doit etre heureuse et here d'avoir pu seule au monde partager entre des savants consciencieux, prets a entrer de nouveau dans la lice, une somme de pres de 50 000 fr. en recompense de leurs glorieuses recherches et de leur ardeur a suivre le progres. — Apres cette proclamation tres-abregee des prix decernes, la parole a ete donnee ci M. Elie de Beaumont, second secretaire perpetuel, pour la lecture de I'eloge historique de M. de Coriolis, membre de 1' Academic, mort le 18 scptcmbre 1843. II etait ecrit que, dans cctte bienhcureuse seance du2 fevrier, nous n'aurions que des louanges ci donner. Coriolis etait certaincment un es- prit eminent, un mathematicien profond ct habile, il a fait faire a la mecanique appliquee un pas considerable, en envisagcant sous un jour tout nouveau le principe des forces vives, en defl- nissant nettement, comme M. Poncclct le faisait en meme temps que lui, ce qu'on doit entendre par travail d'une machine, en remplacant le premier la consideration des corps pris en masse, par la consideration des corps consideres comme composes de molecules distinctes; mais Coriolis etait en meme temps un homme tres-modeste, qui n'aspirait nuUement a faire parler de lui. Entreprendre son eloge avant celui d'Arago, de Sturm, de Binet, etc., etc., c'etait done une bonne action, un hommage ecla- tant rendu k la vertu, ct i la vertu solide, surnaturelle, car Co- riolis etait en meme temps un Chretien convaincu et fervent. Cette bonne action a porte bonheur a M. filie de Beaumont ; il a tres- bien lu, d'une voix un pcu faible, mais nette et claire, de maniere & etre entendu de tous et a interesser, sa notice historique, tres- consciencicusement, peut-etre meme trop consciencieuscment etudiee, mais ecrite un peu trop & la hate et pas assez travaillee. II etait impossible de donner une idee plus complete des travaux et des decouvertes du savant geometre, dc son caractere essen- tiellement bon, de sa foi sincere, de sa charite eclairee, etc. Le stjle seul laissait k desirer, et on regrettait que I'illustre secre- 132 COSMOS. taireperpetueln'eutpas fait assez d'efforts pour atteindre, en par- tie au moins, la I'orme des eloges academiques. Ce u'elait pas I'elegantc ct fine precision de Fontenelle, ce n'etait pas la sura- bondance anccdotique d'Arago, c'elait une exposition lente, tran- quille, sans niouvement, sans trails, mais exacte, et en somme c'etait bon. Pour nous, qui avions connu intimement de Goriolis, a qui il teraoignait quelque estime et quelque affection, qui I'a- vons vu expirer presque entre nos bras, qui avons rem son dernier soupir, et reconimande une dernifere fois sa belle ftme a Dieu, ce discours etait plein de souvenirs tristes, mais doux et precieux. L'bommage que M. Me do Beaumont a rendu en flnis- sant, h la Yertueuse et courageuse mere du savant geometre, a sa socur, a la fois son el6ve et sa meilleure amie, a son beau-frere, physicien tres-distingue, M. Peclet, a ete accueilli avec unegrande faveur, et des applaudissements sinceres ont temoigne de la sa- tisfaction de I'auditoire. — Le rapport de M. Brongniart sur les rechercbes paleontologi- ques de M. Bronn, parfaitement pense, babilement ecrit, lu avec intelligence, quoique sans animation, a ete ecoute aussi avec une attention soutenue et sympatbique. — En resume, les esprits eleves, les ames religieuses, les cceurs bonnetes ont du sortir de cette seance dans un contentement parfait : un geometre eminent et picux, la geologie et la paleonto- logie tout a fait reconciliees avec la foi, des travaux consciencieux genereusement recompenses, ce sont en effet de belles, bonnes et brillantes elrennes academiques. F. MOIGNO. VARIETES. Partheno-genese ou generation sans fecondalion. On affirmait depuis longlemps que des oeufs pondus sans fe- condation prealable, s'etaient neanmoins developpes, et que la partheno-genese, lucina sine concubitu, enfantement des vierges, existe dans la nature ; ce fait, toutefois n'avait pas encore ete ri- goureusement demontre; les reclierches recentes de MM. Dzierzon, Berlespsch et Siebold ne laissent plus aucun doute ci cet egard. M. Siebold, en effet. ayantrecolteun grand nombre de sacsdus aux chenilles de deux especes de teignes, solinobia triquitrella , et lichinella, fut fort elonne de n'en voir sortir que des femelles, munies d'ovaires et d'oviductes, avec deux orifices generateurs, une pocbe copulatrice et un receptacle de la semence,sans traces aucunes de zoospermes; elles n'avaient pas ete fecondees, et ce- pendant elles pondirent toutes des oeufs quise trouverent feconds. Siebold a constate cette meme particularite cbez les Psyche et sur- tout sur la Psyche helix. Dzierzon, de son cote, a deduit d'un nombre considerable d' ob- servations la tbeorie suivante de la reproduction des abeilles. L'accouplement n'a pas pour but la fecondation de I'ovaire, mais seulement I'emmagasinement de la semence du male dans le re- ceptacle seminal de la reine-abeille. L'activite de I'ovaire ne com- mence & I'etat normal qu'apres l'accouplement, ou du moins ce n'est qu'apres l'accouplement que la reiue pent pondre des oeufs susceptibles de se developper en abeilles femelles, reines et ou- vrieres; mais deja avant l'accouplement la reine pent pondre des oeufs donnant tous naissance sans exception a des individus males. Cette tbeorie ne peut plus desormais etre revoquee en doute ; elle rend compte d'ailleurs de tous les mysteres jusqu'ici inexplique's de la reproduction des abeilles, et que nous allons enumerer ra- pidement en raison de I'interet qu'ils presentent. Des le premier printemps, c'est-a-dii'e a une epoque oii il n'esiste pas de males dans la ruche, la reine pond souvent des oeufs feconds d'oii ne sortent que des males. L'accouplement n'a lieu qu'une fois durant toute la vie d'une reiiie; la provision de semence suffit pour quati-e ou cinq annees; on peut sans inconvenient couper les ailes. d'une reine fecondee; elle ne s'en acquittepas moins de ses fonc" tions jusqu'a la fin de ses jours, mais ii faut pom' cela qu'elle soit 134 COSMOS. sortie de la ruche au moins une fois dans sa jeunesse, puisque I'accouplement iie s'effectue que dans les airs. Apres cettc fecon- dation la reine pent c'l volonte pondre des ceufs nicMcs ct des oeufs femcUes. En avancant en Ageelle perd quelquofois la faculte d'en- gendrer des femcUcs, etne produitplus que des ccuCs nifties, sans doute parce que sa provision de semence est epuisee. On peut se demander comment une reine sait dans quellcs cellules elle doit deposer des oeufs mftles ou des oeufs femelles : oril est probable que le simple contact de son abdomen avec une large cellule de male ou une etroite cellule de femeile suffit k lui faire sentir la difference; il ne resterait plus qu'a demontrcr qu'il existe bien reellement des muscles a I'aide desquels la reine peut k volontd retenir ou faire ecouler la semence du receptacle. L'experience d'ailleurs montre qu'on peut en quelque sorte determiner une reine k pondre des oeufs males oudes oeufs femelles. Si en effet a un rayon de cellules femelles on substitue un rayon de cel- lules males, la reine qui dans le premier rayon aurait depose des oeufs femelles deposera dans le second des oeufs males. Lorsqu'une reine s'est conquis la suprematie dans une ruche, mais qu'incapable de voler, elle ne peut executer son voyage de noces, elle remplit toutes les cellules sans distinction d'oeufs non fecondes, etles individus qui en sortent sent tons des males. Ber- lespsch imagina d"isoler une reine vierge a la fin de septembre, c'est-a-dire a une epoque de I'annee ou il n'existe pas de males ; au printemps cette reine peupla environ 1 500 cellules d'oeufs qui ne donnerent que des males, ce qui forca les ouvrieres d'elever les bords des cellules, en faisant apparaltre des rayons bosseles. M""' Jurine de Geneve a demontre la premiere que les ouvrieres ne sont que des abeillcs femelles dont les organcs generateurs sont restes arretes dans leur developpement, et chacun sait au- jourd'hui qu'une ruche qui a perdu sa reine peut s'en refaire une autre en elargissant la cellule d'une jeune larve d'ouvrieres, agee auplus de six k sept jours, et en donnant k celle-ci une nourri- ture appropriee. Plusieurs des larves d'ouvrieres qui sont logees dans des cellules voisines peuvent recevoir par hasard une partie de cette nourriture exceptionnelle ; par suite leurs organes sexuels atteignent un degrd de developpement un peu plus considerable; mais ne se sentant pas femelles parfaites ou reines elles n'entre- prennent jamais le vol nuptial, et si elles pendent elles nedonnent lejour qu'a des males. Pour expliquer cette generation sans fdcondation, il fallait ad- COSMOS. 135 mftttre que les oeufs femelles sont penetr^s par les zoospermes, or, M. Siebold a re'ellement trouve des zoospermes dans presque tousles oeufs femclles qu'il a examines, tandis qu'il n'en a jamais rencontrd dans les oeufs males. Pour etudier plus facilement les moeurs des abeilles, M. Dzier- zon les a amenees & suspendre leurs rayons de miel h des pieces de bois transversales, formant le toil de la ruche, simplementpo- sees et non cloue'es, de sorte qu'en les soulevantles unes apres les autres , I'observateur peut passer en revue chaque rayon, I'exa- miner sous ses deux faces , compter le nombre des cellules , la quantite d'oeufs que la reine pond par jour et par heure, le moment ou les larves eclosent, la nature des aliments que leur fournissent les ouvrieres, I'instant ou ces larves passent a I'etat de nymphe, diminuer le nombre des larves males lorsqu'il est trop conside- rable, remplacer une reine qui a peri, empecher ainsi la ruche de se demoraliser, etc., etc. Tous ces fails reunis demontrent bien la theorie de Dzierzon, et la parlheno-genese, enfantement des vierges, existe certainement Chez les abeilles. Celte meme generation anormale se retrouve tres-probablement chez les vers a sole, et sans doute chez cer- tains c'jneps et diplolepes dont on ne connait jusqu'ici que des femelles. Son existence est aussi presque incontestable chez cer- tains crustaces et certains mollusques. Des observations recentes constatent sa presence dans le regne vegetal. M. Braun cite, par exemple, une euphorbiacee, coelihogijne elicifolia, dont le male n'existe pas en Europe, qui produit partout et depuis longtemps des graines susceptibles de se developper, mais toules les planles ainsi obtenues sont des femelles. < Sur les divers etats du soufre. Par M. Berthelot. M. Marcellin Berthelot a communique a la Societe philomatique, dans la seance du 17 Janvier dernier, sur le soufre et ses divers etats, des recherches tres-importantes qui prouvent que le genie peut faire de veritables decouvertes, meme dans les regions les plus explorees. Nous allons essayer do donner en tres-peu de mots une idee complete de ce beau travail. II s'agissait au fond, de voir si les divers etat du soufre, en les supposant reels, presen- tent quelque relation constante avec la nature des combinaisons dont on peut degager le soufre. L'auteur etablit d'abord que toutes les formes du soufre se reduisent k deux formes essentielles, le 136 COSMOS. soufre dlectro-positil, jouant le rfile de combustible, amorphe, et insoluble dans les dissolvants proprement dits, comme le sulfure decarbone; le soufre dlectro-negatif, jouant le rfile de combu- rant, ou soufre octaedrique, soluble dans le sulfure de carbone ; de ces deux formes, la derniere constitue la plus stable. Au soufre 61ectro-negatif se rattachent le soufre prismatique et le soufre mou des polysulfures, tous deux transformables spontanement en soufre octaedrique sous la seule influence du temps. Au soufre ^lectro-positif se rattachent le soufre mou des hyposulfltes, le soufre mou obtenu sous I'influence de la chaleur, le soufre au- quel donne naissance un melange de sulfure et d'hyposulflte ; le soufre insoluble obtenu sous I'influence de la chaleur en epuisant le soufre mou par le sulfure de carbone; le soufre insoluble, ob- tenu en epuisant la fleur de soufre tour a tour par I'alcool et par le sulfure de carbone. Un autre fait tres-remarquable, c'est que I'etat du soufre degage d'une combinaison est independant, d'une part, de 1' agent employe pour le degager, pourvu que cet agent ne soit ni alcalin, ni oxydant, que son action s'exerce rapidement et sans notable degagement de chaleur; d'autre part, de I'etat du soufre avec lequel on a pu former la combinaison. Examinant ensuite tour k tour : le soufre produit par Taction de la pile , par la double decomposition d'un compose sulfure ; par la reac- tion reciproque de I'hydrogene sulfure et des acides sulfuriques et sulfureux, dans des conditions oxydantcs , il constate en pas- sant ce fait saillant, que le soufre prend en naissant I'etat qu'il possedera dans la combinaison qu'il tend a former , et arrive en- fin h cette conclusion capitate : (( Les etats du soufre fibre sont lies au role qu'il joue dans la combinaison dont on I'isole; si le soufre remplit le role d'el^ment electro-negatif ou comburant, analogue au chlore, k I'oxygene , 11 se manifesto sous forme de soufre crislallise, octaedrique, soluble dansle sulfure de carbone. Au contraire, s'il joue le rCle d'element electro-positif ou combus- tible, analogue k I'hydrogene et aux metaux, il se raanifeste sous forme de soufre amorphe, insoluble dans les dissolvants propre- ment dits. » Ces observations, ajoute M. Berthelot, fournissent done un nouvel Gxemple des relations qui existent entre les phenomenes chimiqucs et les phenomenes electriques ; elles etablissenl I'exis- tence d'etats permanents multiples que pent prendre un corps simple sous I'influence des corps electriques agissant au moment memo oii le corps simple est mis en liberie... L'analogie qui COSMOS. 137 existe entre les etats permanents du soufre developpes par Tac- tion de la chaleur, et ceux qu'il prend en se formant sous I'in- fluence de relectricite n'est pas moins remarquable ; par la s'eta- blit entre les deux ordres de phenomenes un lien nouveau d'autant plus important qu'il se retrouve dans I'etude du selenium, qui se comporte en tout comme le soufre, qui a aussi ses deux formes ou dials, retatelectro-negalifetretat electro-positif, et sans doute aussi dans I'etude du phospliore. M, Berthelot montre en effet, par un rapprochement facile, qu'on est en droit de regarder le pliosphore rouge, amorphe, insoluble comme I'analogue du soufre Electro-positif amorphe et insoluble ; le phosphore blanc cristal- lisable soluble , comme I'analogue du soufre electro-negatif, so- luble et cristallisable. r.:r M. Leon Folcailt. « Jai eU' appole, dans ces derniors temps, par lo cliieclcur dc rObservatoire imperial, ^ eiudier les diverses questions relatives h la construction et au perfoctionnement dos instruments d'op- tiqueen usage dans la pratiipio do raslronomie. Au premier ranp, figure la lunette dont la porlee s"elend a mcsure qu"(ni hii donne deplus grandes dimensions et quon apporle plus de precision dans la fabrication des verres. « Apres avoir pris connaissancc des mcthodes dapproxima- lion par lesquelles nos premiers artistes arrivent a construire une Jjonne lunette, il m'a semble qu'on gagnerail bien du temps sur la duree des essais, si, aulieu d'eprouver les objectifs en les diri- geant sur une mire eloignee, on prenait image sur quelqiie objel tres-petit, place au foyer dun collimalcur. La difliculte, ilestvrai, se trouvait aiusi reculee plutot que resolue, car en pareille cir- constance, le role assigne au collimateur suppose implicitement qu"il possede loutes les qualites d"un objeclif parlait. « On ne pouvait done, sans tourner dans un cercle vicieuv, re- courir a un autre objeclif pour en faire uu collimateur. J'ai songe & employer le miroir de tc'lescope, dont on estime aisement le degrede perfection en plarantprOsdu centre de courbure un objet delie, et en etudiant au microscope liniage qui se forme tout au- pres de I'objet. Mais bientot j'ai dil renoncer a me procurer un miroir de metal qui resiste ;\ ce genre depreuve; et, revenant a I'emploi du verre, j'en ai obtenu, par rellexion partielle, sur une sm'face spberique concave, des images assez ueltes pom* suppor- ter le microscope. Bien qu'ou filt encore un pea gene par le de- faul de lumiere, le collimateur d'essai elait realise: plus tard. comme il est dit daus celte note, le colUmateur est devenu a sou tour un nouveau telescope. « La lunette astronomiquo, comparee au telescope de memo di- mensipn, a toujours eu I'avantage de donner plus de lumiere; le faisceau des rayons incidents, qui tombe sur lobjectif de verre, le traverse eu majeure parlie el contiibue presque en entier a la formation de Tiniage au foyer; tandis que surle miroir du teles- cope une partie seulement de la lumiere est reflecbie eu un fais- COSMOS. 187 ceau coiivergonl qui eprouve encore uiic perle pour etrc ramend, par uue secondc rellexion, vers robservaleur. « Ccpendant, comuie le telescope est exempt d'aberration de retVan^ibililc; commc la purete de I'iinagc nc depend que de la perfection d'unc scule surface ; commc, h egalite de longueur fo- cale, il coniporte un plus grand dianielre que la lunette, el qu'il racbele ainsi Ics perles que la lumiere subil aux reflexions, quel- ques observaleurs, en Angleterre surtout, out continue a lui don- ner la ])reference sur Ics lunettes, pour I'exploration des objcls celestes. <( 11 est certain qu'a r(''poque aclu( lie, et nialgre tons les perfec- tionnenicnts apportes a la fabrication des grands verres, le plus puissant instrument qu'on ait encore dirigc sur le ciel est un teles- cope a niiroir en metal. Le telescope de lord Rosse a 6 pieds an- glais de diametre et 55 pieds de distance focale. Peut-etre meme les instruments a reflexion auraient-ils pris le dessus si le metal se travaillait aussi bien que le verre, s'il prenait un poll aussi du- rable et s'il n'etait beaucoup plus pesant. (( Mettant ainsi en parallele ces deux sortes d'instruments et discutant leurs qualites et leurs defauts, j'arrivai a concevoir qu'il y aurait tout avantage k construire un telescope en verre, si, le miroir une fois taille et poll, on pouvait lui communiquer I'eclat metallique, a tin d'en obtenir des images aussi lumineuses que celles des lunettes. Cette conception qui, au premier abord, me semblait puremenl liclive, n'a pas tarde a se realiser d'une maniere satisfaisante. (( Quand le verre a cte taille par un opticien habile et qu'il a ete poll h fond, il est tres-propre & se rccouvrir, par le precede Drayton, d'une pellicule d'argent, mince et uniforme. Cetle couche metallique qui, en sorlant d'un bain, paraitlerne el sombre, s'e- claircit aisement par le frottement d'une peau douce legei-ement teintee de rouge d' Angleterre, et elle acquiert en peu d'instants un tres-vif eclat. Par cette operation la surface du verre se trouve mdlallisee et devient energiquement reflechissante, sans que les 6preuves les plus delicates puissent deceler la moindre alteration de forme. « Pour avoir undisque de verre a surface concave parfaitement travaillee, je me suis adresse^ M. Secretan, qui a eu I'obligeance de mettre & ma disposition un ouvrier habile; d'un autre cOte, pour arriver i former le depot d'argent, j'ai eu recours aux ces- Bionnaires du brevet anglais, MM. Power et Robert, qui actuel- 188 COSMOS. lenient exploitent le precede en France, et qui m'ont rcmis de la solution argenlifcrc, en me prodiguant les rcnseigncmcnts par lesquels je devais promptement reussir. (( Mon miroir dc verre etant argenle et ayant pris au tampon un poli vif, j'cn ai forme un telescope de 10 centimetres de diametre et de 50 centinifetrcs de longueur focale. Ge petit instrument sup- porte bien I'oculaire, qui ^leve i 200 son pouvoir amplifiant; et examine comparativement avec la lunette de 1 metre, il donne des effets sensiblement superieurs. « J'ai desire connaitre 1« pouvoir reflechissant de la couche d'argent deposee sur le verre et polie apres coup, ou du moins, j'ai voulu comparer I'intensite d'un faisceau refJechipar une sur- face aiusi preparee avec celle d'un faisceau transmis par une sur- face egale d'un objectif de lunette. Cette determination s'est faite sans difficulte, au moyen du photometre t compartiments que j'avais employe dans une autre circonstance. Le resultat de cette operation assure \\n avantage marque au nouveau telescope. Le faisceau reflechi vaut sensiblement les 90 centiemes du faisceau transmis a travers un objectif a quatre reflexions partielles, en sorte que le nouvel instrument bdneficie du surcroit de lumiere qui, en vertu du plus grand diametre du miroir, concourt d'une maniere efiicace a la formation de I'image focale. Ace diametre ^gal le telescope en verre est moitie plus court que la lunette et donne presque autant de lumiere et plus de nettete aux images ; k lon- gueur egale, il comporteun diametre double et recueille trois fois et demie plus de lumiere. « Consideree a un autre point de vue, la nouvelle combinaison optique se distingue en ce qu'elle produit tout son efiet sans re- clamer le concours des nombreuses conditions auxquellesjusqu'ici on a du satisfaire pour obtenir, soit comme lunette, soit comme telescope, un instrument done d'une certaine perfection. La lu- nette, surtout, exige que le constructeur se preoccupe & la fois de I'homogeneite des deux sortes de verres qui forment I'objectif, de leurs poavoirs refi'ingents et dispersifs, de la combinaison des cour]:)urcs, du centrage, et de I'execution de quatre surfaces splie'- riques. Dans le nouveau telescope, au contraire, comme le verre n'intervient pas comme milieu refringent, maisseulement comme support d'une mince coucbe de metal, I'homogeneite n'est nulle- ment requise, et la glace la plus ordinaire, travaillee avec soin sous une epaisseur suffisante, peut revetir une surface concave COSMOS. * 189 qui, argentee et polie, fournisse k elle seule, et par reflexion, de tres-bonnes images. (( On a reproche aux miroirs de telescope de s'oxydor avec le temps et de se ternir au contact de I'air, Depuis six semainesj'ai des miroirs argentos qui n'ont pas encore subi d'alteration sensible. Get etat de conservation sera-t-il de longue duree ? L'experience est encore trop rdcente pour qu'on puisse rien affirmer dans un sens ou dans I'autrc; mais lors meme que I'eclat speculaire viendrait ^ faiblir, puisqu'une premiere fois il a ete obtenu au tampon, rien n'empecherait de le raviver par le meme moyen. Si, enfm, I'argent s'altdrait dans sa profondeur, I'operation par laquelle on le depose est d'une execution si facile et si prompte qu'on se resignerait encore k la repeter. '.'. En resume, le nouvel;instrument, compare h la lunette astro- nomique, donne, a beaucoup moins de frais, plus de lumiere, plus de nettete, et il est affranchi, comme telescope, de toute aberration derefrangibilile. » Sur les etoiles variables Par M. Norman Pogson. La re'ponse si prompte qu'a recue la proposition faite par les astronomes des Etats-Unis, de diviser entre les divers observa- toires du monde, le travail qu'exige 1' observation assidue des pe- tites planetes , fait esperer h M. Pogson qu'on obtiendra sans peine un arrangement analogue pour les etoiles variables. On salt jusqu'ici bien peu de chose relativement a ces astres si cu- rieux, parce que le nombre des astronomes qui s'en sont occupe's a toujours ete trop petit. Ce n'est evidemment que par des obser- vations incessantes qu'on pent esperer d'assujettir a des lois immuables les cliangements si capricicux que ces astres subis- sent. Pour faciliter ces observations pendant I'annee qui com- mence, M. Pogson a puise aux sources les plus sures les epoques les plus probables des maxima des etoiles variables h longue pe- riodc, et les minima de six des etoiles variables k courte periode, qui se presenteront dans des circonstances favorables k I'obser- vation. II a ete forc^, malgre lui , d'omettre plusieurs etoiles de la premiere classe, et meme la variable bien connue, beta de la Lyre, parce qu'il manquait des elements suffisants pour tracer leurs ephemerides. Plusieurs des minima de S du Cancer, en 1857, arriveront malheureusement k des heures tres-incommodes. 190 COSMOS. M. Pogson doit a M. Baxendell, de Mancliesler, les p^riodes et les epoques de deux etoiles variables decouvertes par lui, lambda du Taureau, et 13 de la Lyre. MM. Argelandcr, Heis, Schccnfeld et Schmidt prennent siirtout interet aux anciennes etoiles varia- bles, omicron de la Baleine, Algol, epsilon du Gocher, ^eto des Geraeaux, S du Cancer, R de la Vierge, alpha d'Hercule, beta de la Lyre, chi du Cygne et delta de Cephee. M. Oudemans a annonce il y a quelque temps qu'il avait rintention de suivre attentive- ment les variables decouvertes par M. Hind. II se reservera aussi sans doute la variable, recemment decouverte par lui, S du Tau- reau, comme M. Luther a fait pour S des Poissons. M. Baxendell, de son cote, avertit qu'il observe deja depuis plusieurs annees et qu'il prend sous sa responsabilile pour I'avenir lambda du Tau- reau, alpha d'Hercule, beta de la Lyre, 13 de la Lyre; chi du Cy- gne, eta de I'Aigle, I'etoile grenat d'Herschel. M. Pogson adopte k son tour R, S, T et U des Gemeaux, R du Lion, R et S de la grande Ourse, S de la Vierge, S et R d'Ophiucus, R du C\ gne, 2k de Ce- phee (Hevelius) et R de Cassiopee. Tres-peu parmi les etoiles variables croissent et decroissent avec la meme rapidite, on ne peut done deduire le temps du maximum en prenant la moyenne entre deux dates d'eclat egal, avant et apres le maximum. La methode la plus simple et la plus expedilive est le trace sur du papier quadrille que Ton fait en prenant pour abscisses les jours , et pour ordonnees les gran- deurs exprimees en dixiemes. La courbe qui unit les sommets des ordonnees donne une idee generale aussi exacte que possible de la marche des variations, et de toutes les irregularites qui ont lieu dans I'accroissement ou le declin. A I'exception de beta de la Lyre, plusieurs des etoiles variables a courte periode sont passa- blement regulieres, et varient plus rapidement pres du minimum que pres du maximum. L'une de ces etoiles U des Gemeaux, decouverte par M. Hind, en decembre 1855, est excessivement curieuse : elle demeure in- visible pendant quatre-vingt-dix jours ; augmente ensuite jusqu'a son maximum, et disparalt apres environ quinze jours; un ou deux jours apres son maximum, elle manifeste une instabilile ou une trepidation que Ton ne retrouve dans aucune autre variable. Apres U, S des Gemeaux est la plus rapide dans ses changements visibles, et demeure invisible pendant la plus grande fraction de sa periode. Sa voisine, T des Gemeaux est beaucoup plus lente dans ses changements, quoique sa periode entiere soit plus courte COSMOS. in de deux jours que celle de S. R et S de la grande Ourse sont d'une regularite remarquable en ce qui concerne les temps des maxima, mais ils sont moins reguliers quant k I'intensite de leur lumi^ie. Fi nionte vers le maximum avec une rapidite etonnantc, mais s'e- teint tres-lentement; pendant que S est celle des etoiles variables pour laquelle les durees des accroissements et des decroisse- ments sont les plus egales. Quelques autres etoiles sont tres-irre- gulieres, et specialement omicron de la Baleine, R du Lion, S de la Vierge, R de la Couronne, alpha d'Hercule, R du Bouclier et R de Cassiopee. L'etoile 1h de Cepliee, si elle est penodique, n'eH'ectue pas ses cliangemenls dans moins de soixante-treize ans, ce qui en I'era en 1880 une etoile visible a I'oeil nu; elle a certai- nement augmente durant ces sept dernieres annees. La teinte rouge ou plutot ecarlateest tres-prononcee chez plusieurs etoiles a leur maximum. M. Pogson I'a surtout constate pour R do Cas- siopee, R du Lion et S de la Vierge, qui sont toutes des etoiles ir- regulieres ; pour quelques autres, R de la grande Ourse, R du Cygne, U des Gemeaux, on ne percoitaucun cbangement de cou- leur. Quelques etoiles qui ne doivent pas disparaitre sont nebu- leuses ou confuses pres de leur minimum, et semontrent comme entourees d'une couronne, ou vues en debors du foyer; d'autres au conlraire sont a ce meme moment neltement delinies et a 1 etat de points lumineux. Les apparences que presenlent ces astres mysterieux sont si diverses qu'il a ele impossible jusqu'ici de les expliquer par quelque liypotbSse. Jusqu'ici, nous avons laisse parler M. Pogson, qui ne connait peut-Otre pas la tbeorie de M. Doppler. II est evident, il nous senible, que lous les capricieux changements qu'il enumere sont completement inexplicables dans les hypotheses, tres-vaguesd'aii- leurs, des disques en partie eclaires et en partie prives de lu- miere; des taches slellaires, des etoiles obscures ou des nua^-es stellaires plus ou moins opaques, qui mettraiont des temps inde- tinis et sans cesse inegaux a passer devant l'etoile dont ils modi- lient I'intensite et la couleur. Mais la Iheorie si vaste, si elastique et en meme temps si naturelle de M. Doppler pent certaineraent suffire a expliquer la plus grande partie des fails enumeres par M. Pogson, et c'est inconlestablement dans quelque chose de semblable qu'on Irouvera la clef de taut de mysteres. Le noml)re des etoiles variables a grande periode dont M. Pog- son donne la position moyenne en 1857, I'epoque probable du maximum, et la grandeur a cette epoque, sont au nombrc de 192 COSMOS. trente-six; nous les avons nommees presquc loutes dans ce qui precede, et nous regrettons quelque peu de ne pouvoir reproduire ici son tableau, que les astronomes trouveront dans la livraison du 12 decembre des comptes rendus de la Societe aslronomlque, volume XVII, n" 2. Nous nous contentons forccmcntde donner les minima d' Algol pour 1857, en temps moyen de Greenwich et en heures aslronomiques comptees de midi a midi. Cette etoile ci son maximun est de deuxieme grandeur trois dixiemes, k son minimum de quatrieme grandeur. EUe sera & son minimum en Janvier, le 19, a 14'' 21"'; 22, 11'' 10"'; 25, 7'' 59"'; en fevrier, le 11, 12'' 52"'; Ik, 9'' 41"'; en mars, le 6, 11'' 23°'; 9, 8'' 12"'; 29, 9'' 54"'; en avril, le 21, 8^ 25"'; en mai, le 28, 15''; enjuin, le20, 13'' 31"'; enjuillet, le 13, 12'' 2""; en aout, le 2, 13'' 44"'; 5, 10'' 33"'; 25, 12'' 15-"; 28, 9'' 4"'; en septembre, le 14, 13'' 57"'; 17, 10'' 46"'; 20,7'' 37"' ; en octobre, le 7, 12'' 28"'; 10, Q^ 17"'; 27, 14'' 16"'; 30, lO'' 59"'; en novembre, le2, 7'' 48"'; 19, 12'' 41"'; 22, 9'' 30"'; 25, 6'' 19"'; en decembre, le 9, 14'' 23'"; 12, 11'' 12"'; 15, 8'' 1'". Nos lectcurs n'oublieront pas que la difference de longitude entre Pa- ris et Londres est de 9 minutes, 20 secondes, 63 dixiemes, que Londres est a Test de Paris, qu'il faudra par consequent augmen- ter de cette quantite les dates des minima. Des quatrc rcgncs dc la nature Par M. Babinet. II y a dej& longtemps que M. Babinet, et avec grande raison, a resolu de faire disparaitre de la science cette division par trop ma- terialiste et inhumaine, dc la nature en trois regnes : mineral, ve- getal et animal, qui enlevait a la creation son roi. S'il est un fait eclalant entre tons les fails, c'est que la nature se montre a nous avec quatre principes, ordres ou regnes essentiellement distincts : 1° I'etre materiel ou la matiere avec ses proprietes mecaniques, physiques etchiniiques, dominees par I'inertie ou I'absence com- plete de vie et de mouvement propres; 2° I'etre vegetatif ou les plantes donees simplcment dc la vie et dc I'organisation avec mouvement ou circulation des principes qui servent ou con- courent a I'entretien de la vie, sans faculte propre de se mouvoir dans I'espace ou de sentlr activement; 3" I'etre sensitif oules ani- maux doues d'une double mobilite interieure ou exterieurc, de sensibilite reflexc, d'inslinct directeur; 4" enfin, I'etre humaiu ou mixte, a la lois malericl, veg'Jlalif, sensible, mais done en outre d'iatelligencc ou de volonte inteiligcnte. COSMOS. \^ Un joiu' que M. Babinet insislait vivoment pour nous enrOler dans sa croisade en favour des quatre regnes de Ja nature, nous eilmes la pensec de lui demander s'il avait lu le passage reniarquable du livre fanieux des exercices spirituels de saint Ignace, oula distinction quadruple qu'il a resolu de|fairetriomplier, est formule'e depuis trois siecles dans des termes d'une simpli- cite sublime, C'est dans cette contemplation extatique qui doit remplir d'amour divin Fame renouvelee et transformee par la meditation des grandes verites de la religion. « En second lieu, dit le grand maitre de la Vie spirituelle, je contemplerai Dieu exis- tant dans chacune de ses creatures, donnantaux elements I'etre, aux plantes qu'elles vivent aussi de la vie vegetative; aux animaux que de plus ils sentent; h I'homme enfin , qu'en outre il comprenne. Je me dirai a moi-meme que j'ai recu k la fois de Dieu tous ces bienfaits \ I'etre, la vie, le sentiment, I'in- telligence; esse, vivere, sentike, intelligere; qu'en me les don- uant, en me creant ci son image et a sa ressemblance, Dieu a fait de moi un temple plein de sa majeste. » Le savant academicien ne connaissait pas ce magniiique passage; mais ilen fut ravi, et, comme autrefois La Fontaine, que Barucli avait enthousiasme, il allait partout demandant a ses confreres de I'lnstitut de France, s'ils avaient lu les Exercices spiritu.els de saint Ignace de Loyola, et la ContenvplaiioH pour exciter a V amour de Dim, et ses Quatre regnes de la nature. Sur ces entrefaites, le preniier jour de I'an- nee 1857 est venu, et M. Babinet u',a pas cru pouvoir donner a S(es .lecteurs si sympathiques de la Ilevue des deux mondes de plus agreables et de plus utiles etrennes qu'un commentaire sous forme de mythe biblique des quatre mots feconds, dans lesquels la science enliere se condense et se resume : esse, vivere, sentire el intelligere. Nous avons lu avec diilices cet apologue oriental, ecrit de main de niaiLre, dans le feu d'une veritable inspirallon, et nous avons resolu de faire partager a nos lectours la joie qu'il nous a cause. « Apres le combat si fameux des mauvais angcs contrc les bons, lersque le principe du bien eut obtenu la vicloire sur le principe oppose, Dieu felicila les anges fideles de leur vaillance et de leur succfes, mais il enlrevit en eux un sentiment d'orgueil qui leur fai- saitprdsque penserque sa l,oute-puissance avait eubesoinde leur aide pour prevaloir centre le genie du mal, Tout en leur pardon- nant ce sentiment de vanite, il se promit de les en corriger sans retard et leur dit : « Pour vous recompenser de voire belle con- 10?i COSMOS. duite, jc Vdlts deleguo la puissance creatrice, Tun dcs attributs les plus exclusifs de la Divinitc. Jouissez de I'houneur du su- preme pouvoir. » Les anges, enchantes d'user d'une telle prerogative, so mirent aiiS3ll6t a I'oDuvre ot doiinerent carriere a leur imagination; mais ils ne pawinrent qa'a reproduire les types deja crces. C'etaient toujours des intelligences ininiateriellesquieclosaientaleurcom- mandement, le mondc dcs esprits purs, de la pensee avec une personnalisation s'accroissait de plus en plus; mais aucun prin- cipe d'une nature distincte ne surgissait. Enfin, lasses d'essayer de faire du nouveau, ils cesserent des efforts infructueux; mais ils penserent tacitement que s'ils n'avaient pas ete heureux a in- venter des existences nouvelles, cela tenait non pas a leur propre insuffisance, mais bien a Timpossibilite de la chose en elle-meme. Leur pensee n'ecbappa pas au souverain Maitre qui leur dit : (( Regardez ! » Mors Dieu cr^a d'une seule conception tout le monde mate- riel. La matiere, I'espace et le temps, les trois fondements de notre monde physique , furent etablis. Chaque soleil lanca ses feux et sa lumiere sur les planetes de son domaine et envoya ses rayons visiter les autres soleils a des distances incommensura- bles. La voie lactee se forma de soleils sans nombre que la puis- sance creatrice pourrait seule compter, et dans les profondeui-s dn ciel d'autres voies lactees s'echelonnerent comme des nuages de soleils , en aussi grand nombre dans I'espace que les soleils I'etaient eux-memes dans chaque voie lactee prise isolement. Les legferes cometes voyagerent au travers des soleils massifs et sur chaque plan^te accompagnee ou non de lunes et d'anneaux, la chaleur et la lumiere furent distribuees pour faire les saisons et les climats. Les atmospheres dispenserent la pluie et les diverses sortes d'arrosements ; taiidis que dans ces memes atmospheres les meleores de la foudrc, des orages, des vents, offraient un ta- bleau perpetuellement variable. Les masses continentales elles- memes, par leurs secousses violentes et par I'eruption des feux souterrains semblerent protester contre la solidite inerte qu'on aurait ete tente de leur attribuer : toutes les planetes d'ailleurs etaient encore desertes; la matiere seule, le monde inorganique seul existait, n'obeissant encore qu'aux lois de la physique, de la chimie et de la mecanique. Quant a la stupeur des temoins de cette grande creation, on peut se la figurer. C'etait, d I'envie pres, quelque chose de sem- COSMOS. 195 blable a ce que nous dit Milton de I'etonnementde Satan contem- plant le solell pour la premiere fois. Au point de vuc des csprits immateriels, une existence nouvelle et tout a faitdisLincte del'in- telligence etait inconccvable. Elle etait cependant. La r^alile at- testait du possible. Un seconde fois il leur fut donne de crecr; mais ils no produi- sirent encore que dcs soleils, des planeles, des amas d'etoiles, des mondes materiels semblables aux premiers. Les limites de I'univers furent prodigieusement etendues par cette espece de contrefacon de la creation primitive. Tandis qu'ils etaient encore dans la stupefaction de leur impuissance, le Tout-Puissant donna naissance a une nouvelle existence. G'etait le principe de la vie. 11 peupla les planetes de vegetaux ayant une vie isolee ct indivi- duelle, et cette faculte de developpement et de reproduction si justement indiquee comme fondamentale dans les livres saints. Cette union de deux principes essentiellement nouveaux I'un et I'autre, et I'individualite des etres qui en resultait, le peuple ve- getal des planetes qui les enveloppa de vie, tout etait inconce- vable pour des esprits sans maliere et sans organisation. Je n'ai pas besoin de dire qu'ayant essaye de faire un dernier et vain ef- fort pour ci'eer eux-memes des vitalites essentiellement differentes de celles qu'ils contemplaient, ils renoncercnt a I'exercice du pouvoir createur. La puissance supreme, continuant d'agir, crea les animaux en joignant a la matiere et a I'organisme vital la volonteetrinstinct. C'etait dejti se rapprocher des etres d'intelligence pure que de faire eclore des 6lres doues de passions etsusceptiblesdevouloir et d'executer leur desir. A la verite, cet instinct, ces passions: etaient des sentiments non intelligenls , mais ce n'etait pas moins de I'orgueil, de la colore, del'envie, de la jalousie, des aifections et de la haine de premiere qualite, sentiments d'autant plus irresistibles qu'ils etaient plus aveugles. Ici les temoins de la creation n'eurent pas meme I'idee de tenter une rivalite impos- sible. L'immense varlete des formes, au moyen desquelles le principe de I'instinct avait etc attache a I'organisation et S la ma- liere avail en eflcl de quoi confondrc. One Ton pense a toutes les tribus d'animaux parcourant la terre, a toutes les especes d'oi- seaux naviguant dans I'air, ci toutes les sortes de poissons et de coquillages habitant les eaux, sans compter les amphibies et les etres qui vivent au sein de la terre; tanl d'organisations diverses qui delient le genie classificateur de I'homme, et Ton ne s'eton- 196 COSMOS. nera pas que la legion celeste ait etc plus occupee a consklerer et a admirer qu'a clever dcs pretentions rivales. « Ce n'est pas toul, leur dit le Creatcur, jevais attacher I'intel- ligence dent vous etes fiers a juste titre a un 6tre materiel, vivant et deja done d'inslinct. » Ayant done fait Tiime, il I'unit i I'instinct, a I'organisme vital et a la matierc, et produisit riiorame. Le principe de la pensee se trouva ainsi soude a la niatiere par Vinterra^de de I'instinct et de la vie organique. De nouveaux etres intelligents venaient de prendre place dans I'univers. A la creation de cctte quatrieme essence, les anges, devenus tout k fait humbles, demanderent grace. La conclusion de ce mythe, c'est qu'on doit reconnaitre quatre regnes dans la nature : les mineraux, les vegetaux, les animaux et les hommes; qu'il y a dans ce monde quatre principes dis- tincts, devoiles, reconnus et constates par I'observation, sans I'aide de la metaphysique , de la philosopliie et de la theologie, et d'apres les regies les plus simples de rindnclion baconienne, qui prescrit, ainsi que la saine logique, de n' identifier deux exis- tences que quand on n'a pu faire evanouir toulcs les dilTerences qu'on reconnaissait d'abord entre dies. Ainsi, jamais avec des substances inorganiques on n'a pu faire des elres vivants; jamais on n'a vu une plante prendre de la volonte et agir par choLx de telle ou telle maniere, hors de intervention des agents physiques. Jamais un singe ou un elephant n'a acquis la pensee humaine. Notez bien qu'il peut y avoir dans notre espece tel elre abruti, malade oumal organise qui soit au-dessous de la brute, car avec le plus on peut faire le moins, tandis que le contrairc est impos- sible. Je ne me lasserai jamais de repandrc cette theorie, qui me semble jeter du jour sur bien des questions contestees. » Nous plaindrions T intelligence qui ne s'ouvrirait pas et ne s'il- luminerait pas au contact de ces v^rites qui par leur exposition naive deviennent leur preuve la plus irrecusable. Et nous pren- drons acte, en finissant, du parfait accord de la science acade- mique avec la science tlieologique. La synthese de I'apologue de M. Babinet est identique a la grande synthese chretienneet catho_ lique : Dieu; les purs esprits, divises en deux camps, les bons anges et les mauvais anges ou demons; riiomme; I'animal; la plante ; la pijerre. F. Moioxo. Imprimcrie de W. Koi-MrKT et Cio, T B-AMBLAY, rue Gariinciere, 0. prnpnelaiie-genml. T. X, 27 f^vrier 1857. Sixi^me ann^e. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. Faits dcs sciences. M. le lieutenant Pim, de la marine anglaise, fait en ce moment de genereux efforts aupres des gouvernements de France, d'An- gleterre et d'Amerique pom* organiser une derniere expedition an pole nord, a la recherche de Franklin. M. de Humboldt lui ecrit a cette occasion une lettre h laquelle nous empruntons le passage suivant: (lEst-il possible, aprestant de sacrifices qu'ont faits deux nations de meme origine, et maintenant qu'elles ont en leur pos- session une partie des objets appartenant a ces naufrages; main- tenant que le pays a explorer est restreint h un si petit espace; est-il possil^le, je le repete, qu'elles ne fassent pas encore un der- nier effort perilleux, comme tout ce qui est grand et hasardeux, pour la solution de ce douloureux probleme? La geographie et la connaissance physique du globe terrestre ont fait un pas immense par les resultats qui ont deja ete obtenus, mais il y a encore un but moral a atteindre. A cette entreprise se rattache un interet de sentiment et de parente avec ceux que nous desirous sauver, sen- timent qui provient d'une source elevee bien au-dessus de toutes les sciences, sentiment qui ennoblit et console. » — Un journal anglais aflirme qu'en Amerique, sur les rives du Cuyhoga, on a organise en grand la fabrication artiflcielle de la glace. Au sein de citernes rectangulaires, entourees d'epaisses enveloppes de charbon, on etablit sur des barreaux des boites a congelation , en me'nageant autour de chacune des boites des espaces Tides formant galeries. Une pompe a air, mue par une machine a vapeur, fait le vide au sein^des citernes en aspirant I'air interieur ; quahd le vide est fait, on introduit un courant d'ether qui se vaporise; cette vaporisation subite fait baisser la temperature de -f- 12 a — 5 degres ; et, saisie par le froid, I'eau des boites se congele, chaque boitc donne 15 kilogrammes de glace, chaque citerne donne 1 000 kilogrammes, auprix de 15 francs, assez has pour donner de tres-beaux benefices par la ventc a I'interieur et rexporlation. 8 198 COSMOS. — La commission cliargee d'examiner et de juger le merite des concurrents au prix de 50 000 francs, promis par decrct du 23 fe- Tricr 1852, irautcm' de la decouverte qui rendra la pile de Volta applicable avec economic, soit h I'industrie, commc source de clialeur ou de lumicre, soit a la mecauique, soit a la chimie, soit a la mcdecine pratique, se compose de MM. Dumas, president, Chevreul,Pelouze, Regnault, Despretz, Rayer, Sorres, Charles Du- pin, Seguier, Poncelet, Morin, mcmbres del'Acadcmie des sciences, Reynaud , directeur du service des pliares , Henry Sainle-Claire Ueville, niailre de conferences a I'lllcolc normale. Nous indique- rons prochainement ce qui nous semble, sinon meriler le prix, du iiioins avoir droit a une recompense. — Yoici en quels termes saisissants et pittoresques M. Flou- rens analyse, lui-meme, son charmant petit volume de VHis- toire de la, decouverte de la circulation da sang, dont la se- conde edition vient de paraitre : « L'historien ne doit citer que les noms qui marqucntnne idee. Dans le sujetqui nous occupe, il fallait done citer, analyser, comprendre Gallien, qui a prouve que les arteres contiennent du sang et non pas de Fair, comme le croyait firasistrate; Visale, qui a prouve que la cloison du coeur est pleine et non percee, comme le croyait Galien; Servet, Co- lombo, Cisalpin, qui ont prouve que le sang du coeur droit passe par le poumon avant de revenir au coeur gauche, passage qui constitue la circulation pulmonaire ; Cisalpin, qui, le premier, a vu que le sang dans les veines revient des parties au coeur, au lieu d'aller du coeur aux parties, retour qui constitue la circula- tion generate; Fabrice d'Acquapendente, qui, le premier, a vu les- valvules des veines, sans en connaitre I'usage; et enfin Harvey, homme admirable dans la demonstration des choses apercues par les autres, qui a prouve la circulation pulmonaire par la structure meme du coeur, la circulation generale par la disposi- tion meme des valvules des veines; qui a rejoint les deux circu- lations Tune a I'autre et nous a donne le spectacle complet d'un grand mecanisme. (i L'histoire de la decouverte du cours du sang terminee, il fallait passer h l'histoire de la decouverte du cours du clujle. Ici, le premier homme a citer etait Aselli, qui a decouvert les vais- seaux lactes ou clujliferes, et le second, Pecquet (enfin, au milieu de ces noms immortels, un nom francais ! ) qui a decouvert leur reservoir commun et leur rendez-vous final, non aufoie, comme I'avait cru Aselli, mais au cceur. En 1622, Aselli decouvre les COSMOS. 199 vaisseaux chyliferes ; plus d'un demi-siecle auperavant, Eastachi avail decouvert le canal tJioraciqtie ; deux beaux fails, mais in- complel^', steriles, deux beaux fails perdus ; Pecquel les joint par un troisienie, le reservoir du chyle, el nous demonlre le cours du chyle, comme Harvey nous avail demonlre le cours du sang. « Resle une troisieme decouverte el Ires- grande encore, celle du cours de la lymphe el de ses vaisseaux, due au Suedois P.ud- bek, pour les vaisseaux lympliatiques du foie, et au Danois Tho- mas Bartholin, pour les vaisseaux lymphatiques du corps entier. (( On voil la suite des progres, I'ordre des noms, la filiation des idees. L'hisloire scientifique est la chronologic de I'esprit humain. « — M. Perzoz appelle rattention sur ce fait important, qu'au contact de I'urine, leferencastre dans la pierre augmente consi- ddrablement de volume et finit par briser la pierre. II raconte comment, par I'imprudence du gardien, le couronnoment d'une tour, cercle a sabase d'une armature de fer de5 & 6 centimetres, s'ecroula, parce que, gonflepeui'ipeupar desinfiUralionsd'urine, le fer avail fini par eclaler en broyant la pierre du soubassement — La troisieme partie des recherches experimentales de M. Matleucci, sur le diamagnetisme, avail pour objct la polaritd diamagnelique niee par M. Faraday, affirraec par MM. Plucker, Weber, el demontrec, on le croyait, rigoureusemont par M. Tyn- dall. Le savant physicien de Pise a soumis le bismuth de toutes les manieres possibles et sous toutes les formes k Taction des electro-aimants ou des bobines eleclro-magndliques, et il se croit en droit de conclure de ses nombreuses experiences, faites avec tout le soin imaginable, 1" qu'on pent expliqucr tons les mouve- ments d'un corps diamagnelique en presence de deux poles, sans recourir a I'hypothese de la polarite el s'en tenant k la seule in- duction; 2" que I'etatd'induction diamagnelique n'estpas accom- pagne, comme I'elat d'induction magnetique, d'une action reci- proque entre les elements qui donne lieuauxresullantespolaires; 3° que pour peu que les dimensions du corps diamagnelique soient grandes, les etals qui y sont induits par des centres dilfe- rents de force magnetique s'y superposent en quelque sorle, sans se troubler. M. Matleucci croil en outre qu'on pent admettre comme conclusion plus generate encore resultant immediatement de I'experience, 1' existence de i'induction electrique moleculaire pr^cedant et donnant lieu aux couranls induits dans les corps conducteurs ; queces courants, au commencement de Taction qui 200 COSMOS. les dcvcloppp, sont diriges dc mani6re h produire la repulsion qui caracterisc le diamagnelismc; qu'ilstendent k s'orientcr avec leurs elements ponderables; que les corps deviennent niagne- tiques lorsque cetle orientation a lieu, qu'ils restent diamagne- tiques dans le cas conlraire. — Un de nos abonnes dont I'ecriture ne nous est pas inconnue, mais dont nous n'avons pu tlcvincr le nom, qu'il auraitpu, qu'il aurait du ne pas cacher, croit que si nous donnons quelque con- iiance i\ la tbeorie par laquellc M. Doppler essaie d'expliquer les cbangements d'eclat et de coulcur des etoiles variables, ce ne peut elre que tronipe par une faute de calcul. Nous sommes heureux de pouvoir repondre h notre critique anonyme, que son objection a son tour n'a pour fondement qu'une erreur d'impression. En effet, d'apres M. de Litrow, le satellile dcT de la Vierge faisait non pas 7 millions de lieues, corame le compositeur nous le fait dire dans le Cosmos, mais sept mille millions de lieues, ce qui fait Lien 80 mille lieues par seconde, ou une vitesse comparable a celle de la lumiere. Efl'raye de la pretcndue distraction dont on nous accusait , nous avons revu notre Repertoire d'optiqiie mo- derne, le memoire de M. Doppler, le livre de M. de Litrow, et partout nous avons trouve les cliiffres que nous retablissons. — On a souvent reproche a Napoleon ?■■ d' avoir tres-froidcment accueilli Fulton et son projet d'application de la vapeur a la na- vigation; la lettre suivante, datee du camp dc Boulogne, 21 juil- let 180/1, et adressee a M. de Cliampagny, ministre de rintcrieur, prouve qu'il en futautrement: « Je viens de lirele projet du citoyen Fulton, ingcnieur, que vous m'avez adresse beaucoup trop tard, en ce qu'il peut changer la face du monde. Ouoi qu'il en soit, je desire que vous en confiiez ira- mediatcment I'examen k une Commission composee de mcmbres choisis par vous dans les dillercntes classes de I'lnstitut. C'est la quel'Europe savante doit chercher des juges pour resoudre la ques- .lion dont il s'agit. Une grande verite, une verite pbysique, pal- pable est devant mes yeux. Ce sera k ces messieurs dc la voir et de taclier de la saisir. Aussitot le rapport fait, il vous sera trans- mis et vous me I'enverrez. Tacbez que tout cela ne soit pas I'af- faire de i)lus debuit jours, car je slms impatient. » Etle marechal Marmont a ose dire dans scs Mernoires, que Bonaparte, qui de- vait a son education de I'artillerie une repugnance pour les cbo- ses nouvelles, traita Fulton dc charlatan et ne voulut entendre a rien. Et M. Louis Figuier dit que Bonaparte refusa de saisir I'A- COSMOS. 201 cademie de la qucsUon (tome III, p. 258 et suiv.); que J'Academie n'entra done pour rien dans le refus qu'eprouverent les sollicita- tions de Fulton. 11 faut absolutnent que ce point d'histoire soit bientot et coniplctemcnl eclaiixi. II est certain que I'Academie des sciences refusa son approbation au projet du marquis de Jouffroy, veritable inventeur de la navigation a vapeur, ou qu'ellc mit a celte approbation que merilait Texperience faite a Lyon, des conditions impossibles a remplir. A-t-elle agi dela meme ma- niere envers Fulton? — M. le docleur Duchesne, charge d'etudier I'influence que la locomotion incessante sur les chcmins de fer exerce sur les me- caniciensetles chauffeurs, conclutqiic cette influence est d'abord heurcuse et favorable, et constaii'c par un meillcur t'tat de sante, une augmentation notable d'embonpoint; mais qu'avec le temps elle devient fatale. Les principaux accidents qui surviennent sont une diminution notable de la vue, la perte de I'ouie, des douleurs rbumatismales, principalement a droite; des douleurs sourdes, continues, persistanles, accompagaecs d'un sentiment dcfaijjlesse et d'engourdissement, paraissant avoir leur siege dans ia conti- nuite des oset dans les articulations des membres inferieurs seule- ment, k droite et a gauche indistinclement, ayant pour cause la station debout prolongee et la trepidation incessante des machi- nes. Ce sont ces dernieres douleurs qui rendent d'abord la marche et la station debout tres-penibl^s, et finissent par rendre impos- sible tout service sur les locomotives, que M. Duchesne designe du nom de maladie des mecaniciens. — II parait que les nobles efforts du heutenant Pim ont ete couronnes de succes. a Nous apprenons, dit VAthencemn anglais, que le gouvernement a decrete une nouvelle expedition arctique, dans le but d'eclairer enfln le profond mystere qui cache encore la disparition de Franklin et de ses compagnons. L'expedition se composera de deux vaisseaux a voiles et a vapeur, equipes de maniere ci pouvoir mener a bonne fin des recherches parfaite- ment completes et satisfaisantes. Le rapport du capitaine Osborn indique tres-neltement que les Esquimaux sont en possession de renseignements plus etendus que ccux qu'ils ont donnes, et qu'on pourra leur arracher le secret du sort subi par rillustrc nauga- teur. Le champ de recherches que devra parcourir la nouvelle expedition est actuellement si limite, qu'il est impossible qu'on n'arrive pas a decouvrir enfln la veritable nature dc ia calaslro- pbc, et a recueillir tons les details essentiels de cetle tenible his- 202 COSMOS. toire ; on saura dcfinitivement si les vaisscaux ont dte brises et delruils, ou s'ils sont encore bloques par les glaces, si quelques victimes onl ecbappe aux horreurs du naufrage, de la faim ou du massacre par les sauvages. — Le gouvcrnement anglais vient d'eta])]ir ct ouvrira au prin- temps, a Kensington, un Musee destine a developper I'instruction professionnelle et i\ former des artistes industriels. Le Musee sera cuvert au public certains jours; d'autres jours seront reserve's exclusivcmcnt aux etudiants; un catalogue porlera a la connais- sance du public les sujets d'etude et les objets exposes. Sur I'ini- tiative du prince Albert, et ix la demande des Societds savantes, les lords commissaires des patentes ont resolu d'etablir dans ce Musee une collection permancnte des objets brevetes et une bi- bliotbeque arlistique industrielle. — Plus de deux mille personnes sont actuellement employees a lever le plan trigonomelrique de la Grande-Bretagne. Ce sont principalement des calculateurs, des dessinateurs et des graveurs; les cartes de I'lrlande entiere, de divers comtes et de plusieurs grandes villes d'Angleterre et d'ficosse, sur une echelle de qua- torze centimetres par kilometre; et de presque toute I'Angleterre et de parties de I'l^lcosse et de I'lrlande sur une eclielle de deux centimetres environ par kilometre sont dej& terminees. Des plans de tous les districts cultives seront faits & I'avenir sur une ecbelle d'environ trois decimetres par kilometre. — Lecbefdu bureau de statistique de la ville de Londres a fait tout reccmment son rapport pour 1856. II en resulte que la popu- lation de Londres a augmente d'environ CO 000 ames, que les conditions meteorologiques ont eteen general tres-favorables a la sante. La mortaliten'a eteque de 22 sur 1 000, cbitfretres-bas,et le plus bas depuis 1850. La temperature moyennei Greenwich a et^ de 9"Zi8; chifTre qui differe tres-peu de la moyenne generale, deduile des observations d'un tres-grand nombre d'annees. II a plu beaucoupmoins en 1856 que dans les anndes pre'cedentes; la quantite totale de pluie tombee a ete de 22 pouces , 55 centi- metres, 6, tandis que la moyenne des UO dernieres annees est de 26 pouces, 67 centimetres, 8. La petite verolea exerce beaucoup moins de ravages ; la fievre scarlatine et la coquelucbe ont ete moins dangereuses, mais par compensation, la rougeole aeu des suites plus fatales; elle a amene la mort dans 1 hU5 cas, tandis qu'en 1855 on n' avail compte que 86imorts. — De I'analyse faite par M. le professeur Tuiker des recense- COSMOS. 203 nients americains, on tire ce resultat vraiment etrangc que les chances d'atteindre Tage de cent ans sont 13 fois plus grandes pour les negres esclaves, et ao fois plus grandes pour les negres affranchis que pour les populations blanches. — L'Athenceum o/j^rZa/sapprend, dit-il, de Paris, quetoutes les inscriptions assyriennes, egyptiennes, grecques etroniaines, des monuments des musees du Louvre et de la Bibliotheque imperiale, vont etre reproduces par la photographie. La celebre inscription de Rosette, ecrite en trois langues, etqui afourni^ Champolion la clef de son alphabet hieroglyphique, sera en outre reproduite par la galvanographie et tiree a un tres-grand nombre d'exemplaires. Houvelles ;i«{«gle et de ciihnie vegetsi?e. MM. Lawes et Gilbert, deu.v dos chiniistes qui en Angleterre s'interessenL lo plus ci I'agriculture, out In recemmentun Memoire sur le ble, la faiine et le pain. Les grains qu'iis ont examines ont ele recoltes sur le meme terrain de 1 845 al85Zi. Le grain de 18i5 quide tous avait le mieux atteint la maluritd, etait le moins ricbe en azote; la recolte au contraire de 1853, tres-pcu abondante, et qui avait eu de la peine a murir, etait la plus ricbe en azote. Les caracteres d'une recolte parl'aiteuient inure sont : unc faible pro- portion d'cau, une failjle proportion de cendres,une faible propor- tion d'azote. Relativement aux elfets des engrais, il paralt que les sols fume's a la fois avec des engrais azotes et des matieres mine- rales, sont ceux qui donnent lesproduits les meilleurs, mais dans lesquels la proportion d'azote est la plus reduite. La quantiteetla qualite de la cendre, tres-varial)les dans les recoltes pauvres, semblent avoir dans les recoltes pai'failement venues a lerme une fixite de composition et deproporlion tres-remarquable, et a peu pres independante de la nature des fumicrs; la quantite de cbaux augmente certaincmcnt avec la maturation. Le son renferme dix fois plus de cendres etune fois et demie plus d'azote que la farine de menage. La quantite moyenne d'cau contenue dans le pain est de 36 ^ 38 pour cent, et 100 kilogrammes de farine donnent en moyenne 138 kilogrammes de pain. Les experiences prouventque la perte de matiere secbe dans la fermentation est extremement .petite, et certainement au-dessous de 1 pour 100. La quantite moyenne d'azote contenue dans le pain est de 1/3 pour 100. On salt que les meuniers et les boulangcrs esliment que la qualile de la farine est en proportion de la quantite d'amidon qu'elle conlient : contrairement a I'opinion de Lieliig et de la plupart des cbimistes physiologistes, MM. Lawes et Gilbert soutiennent que I'estimation des meuniers et des boulangers est exacic; que le pain le moins 230 COSMOS. azote contient loujours assez d'azote pour la nutrition, et que ce qui importe surtout dans les aliments, c'Gstune grande propor- tion d' elements respiratoires ou carboniferes. D'un tres-grand nombre d'analjses de farines, dont on avait separe le gluten mecaniquement, il resultc que pour I'Europe et I'Amerique la proportion de gluten augmente graduellement k mesure que Ton s'avance du nord au sud, et que par consequent les recoltes les micux arrivees a maturite et les moins riches en azote sont celles des latitudes froides. M. le docteur Marcet ne croit pas qu'on puisse admettre comme exacte I'opinion de MM. Lawes et Gilbert, relativement i la valeur secondaire qu'ils attribuent ci 1' azote des bles, il est convaincu que plus un aliment est azote, etplus il nourrit a volume egal. De quel cote se trouve la verite? Nous ne nous prononcerons pas, il nous suffit d'avoir constate que des hommes tres-competents nient que la valeur des substances alimentaires ait pour mesure naturelle la proportion d'azote qu'elles contiennent. — M. Dupuis cite dans le Journal d'Agrictilture 2iratique, un arbre exotique, le gingko biloba, comme digne d'etre cultive dans les pares et les plantations de ligne , en attendant son introduc- tion dans les forets; c'est un conifere de la tribu des taxinees ou ifs, a racine pivotante, i\ tige droite couverte d'une ecorce grise et glabre, a cime pyramidale; a feuilles cuneiformes bilobees,larges de 8 millimetres, avec nervures divergentes en formes d'eventail; a fleurs dioiques, les femelles solitaires , les males reunis en un petit chaton jaune; h fruit charnu analogue aune prune, huileuse et tres-apre; a graine ou noix renfermant sous une coque mince, fragile, a deux angles tres-prononces, une amande blanche len- ticulaire, composee d'une substance amylacee. Originaire de I'Asie orienlale, le gingko supporte assez bien les rigueurs de nos hivers ; il vient dans prcsque tous les terrains , mais prefere une terre Tranche, profonde, un pen humidc et une exposition ombragee; on pent le multiplier par semis , et c'est le meilleur moyen, par boutures ou par grefl'es des racines; sonbois, blanc-jaunatreavec desveines decouleurplusclaire,imiteleboisde cilronnier, etpeut etre avantageusement employe pour I'ebenisterie et le tour. Peut- etre tirera-t-on parti de la pulpe des fruits ; I'amande blanche , ferme , feculente, d'une saveur douce, mais un pen austere , se mange crue ou cuite; elle est tr6s-estimee en Cbine et au Japon ou on la sert apres les repas comme digestif; elle doune une huile tres-estimee. COSMOS. 231 — M. Lecouteux assure qu'un hectare de ray-grass pcut nourrir pendant une annee cinq letes et demie de gros ])etail , pesant UQQ kilogrammes I'une (poids vivant), et consommant par tcte et par an, k iOO kilog. , valeur foin sec, ou ensemble 25 OOO kilog. environ. Voiia certes mi fait consolant ; les prairies artiflcielles et les racines sent evidemmcnt le seal moyen possible de repondre aux exigences du present et aiix exigences plus lyrapniques encore de I'avenir. Puisque c'est un parti pris d'amener tout le monde, les habitants des villes et les habitants des campagnes, a manger de la Yiande tous les jours et a tous les repas; puisque Ton s'ac- corde a regarder comme malheureuses et desherilees les popula- tions qui faisaient leur principale nourriture du pain et do pain bis, dulait ou du fromage, qui avaient I'eau pourboissonpresque unique ; puisqu'on a comme definitivementrenonce a tenir compte des lois si sages qui forcaient ci s'abstenir de viande et a vivre de poissons et de legumes deux jours dans chaque semaine, etquarante jours pendant I'annee, force est de songer serieusement, et par tous les moyens les plus energiques, a augmenter dans une pro- portion enonne I'eJeve des animaux de boucherie et de basse-cour ; de tripler et quadrupler, s'il est possible, la quantite de viande apportee sur les marches. Nourries de chair les populations seront- elles mieux portantes etplusvigoureuses? vivront-elles plus long- temps? Nous en doutons serieusement, nous craignons qu'il n'y ait de reellement augmente que la vie moyenne, se trahiant peni- blementatravers mille maladies chroniquesouinfirmitesignorees de nos peres plus pauvres et plus sobres. — L'introduction du guano en AUemagne a produit les resultats les plus avantageux; toutes les recoltes ont largement et riche- ment paye I'engrais donne a la terre qui les a produiles ; cet engrais a grandement ameliore la qualite et le pouvoir nutrilif des cereales, des grains des pailles, et des plantes fourrageres; il a permis de supprimer les jacheres et de pratiquer des cultures jusque-la impossibles; i'aisance et le bien-etre des cultivateurs se sont accrus, etla valeur des terres a presque triple. PliOTOGKAFHiE. Sous ce litre, M. Jamia, profosscur de physique a rr^cole poly- technique, a publie, le l"' fevricr, dans la Revue des Deux-Mondes, un arliclc [rcs-orighial cl tres-neuf, dont nous ne pouvons laisser ignorer h nos lecteurs la pcnsoe Jondamentalc et les conclusions iniprdvuos. Lorsqu'un artiste vcut copier une scene naturellc avec des masses indgalement distrihuees de lumiere et d'ombre, il se trouve place dans la necessite d'attribuer a chacune d'elles la valeur qu'elle a rdellement. 11 faut des lors qu'il niesure ou, du moins, qu'il cstime i'eclat des diderents objels et des dilferents plans, et qu'il les gradue, dans la copie, snivantlamemeechclie de propor- tioc que sur ie modele. Pour mcsuror ou estinier ces eclats di- ners, il n'a que son ceil plus ou inoins exerce, qui n'en est pas moin&, Chez lui comme chez tons les autres honimes, un appareil jripviissant a comparer les intensites lumineuses. Quand il 'agll de produirc sa copie, il est arrete, en outre, par I'imperfec- ion des ressources de la peintnre; car la nature a, dans la plu- part de ses parties, un eclat absolu qu'aucune couleur ne pent rendre. Ne pouvant faire un tal)leau aussi beau que nature, il sera force de rassombrir; mais pour rester vrai, il devra au moins maintenir I'harmonie ot la relation des eclairements, c'est-a- dirc affaiblir tcutes les lumieres dans le meme rappport. C'est a cette condition seulement quesa representation de la nature sera fidSle et vraie. Jusqu'a quel point cette condition se trouve-t-elle remplie dans les peintures le plus justement celebres , jusqu'S quel point, par consequent, les chefs-d'oeuvre de I'art sont-ils fideles et vrais? Tel est le prol)16mc piquant que M. Jamin s'est propose de resoudre et dont il a demande la solution a I'oplique heorique et experiraentale. Plus heureux que iB peintre, I'opticien, qui salt tout ce qui manque k i'ceil, a su se creer des appareils, appeles par lui pho- tometres, qui lui permettent de comparer les eclats d'objets voi- sins, etd'expriiner exaclenienlen nombreslcur illumination rela- tive; a I'aide desquels, i)ar exemple, il a pu s'assurerquel'onibre portee par un baton sur une feuille de papier blanc a vingt fois moins d'eclat que les parties eclairees par le soleil. M. Jamin est lui-meme inventeur d'un de ces pi'dcieux appareils, et voici com- COSMOS. 233 ment nous pouvons, avcc lui, on donnei' une idee, en atlendant que nous puissions en publier la description lechnique et Iheo- rique. Figurez-vous une lunelle assez semblable a unc lorgnette de spectacle, simple ou a tube unique; en mettant I'ocil au bout anterieur, vous vcrrez qu'elle est interieurement separee en deux par une cloison. Quand a travers un des compartiments tous re- gardez un objet, vous voyez par rautrerobjet voisin, etenfaisant tourncr le tube convonablemcnt sur lui-meme, yous pouvez faire que la cloison coincide avec la ligne de separation des deux ob- jets. Toutpresde I'oeil il y a sur I'instrument un cercle qui I'enve- loppe comme un anneau, et que vous pouvez faire tourner autour de son centre. Si, regardant toujours Ics deux objcts, vous faites tourner I'anneau, vous remarquerez que I'un devicnt de plus en plus clair, tandis que I'autre devient de plus en plus obscur. Bientdt I'objet le plus sombre devient extremement noir , pen- dant que I'autre atteint son plus grand eclat. Le cercle, d'ailleurs, porte une graduation calculee d'avance ou des nombres qui indi- quent dans quelle proportion, partant de zero, et faisant tourner le cercle jusqu'a ce que la luiniere de Tobjet le plus eclaire soit devenue egalc a celle de I'objet sombre, ou jusqu'& ce que les deux eclats ou teintes du champ de I'appareil soient devenus identiques ouuniformes, vous ayez eteint I'eclat de I'objet le plus brillant ; de sorte que ce chiilre vous donne immedialement et exactement I'eclat relatif des deux objets ou des deux por- tions du champ do la vision. Pour mieux fixer les idees, faisons cette experience en regardant une nun-aille blanche sur laquelle se projette I'ombre d'une maison voisine. Nous dirigecns done la lunette sur la ligne de separation de la muraille et de Torabre de la maison; nous voyons dans le premier comparliment la mu- raille, dans le second I'ombre, nous tournons convenablement le cercle divise, jusqu'a ce que les deux parties acquierent le meme eclat, ou que nous n'apercevions plus qu'une muraille ega- lement eclair^e partout; nous regardons sur la graduation, et nous voyons que le trait qui marquait d'abord zero marque main- tenant 20, d'ou nous concluons que, pour ramener I'eclat de la muraille a ne plus surpasser I'eclat de I'ombre, nous I'avons rendu vingt fois plus faible; que la muraille, par consequent, est vingt fois plus brillante que I'ombre portee. Si le mur avait ete jaune, bleu, etc., en repetant la meme experience, nous aurions trouve le meme nombre ou le meme eclat relatif. Au lieu de la muraille et de I'ombre de la maison, nous aurions pu considerer 234 COSMOS. le sol et I'ombre d'nn ari)i'e, un coup de soleil et une ombre por- tee quelconqne, les lignes de separation d'un paysage, d'un ediiice el du ciel, du ciel bleu et d'un image, etc. ; dans tous les cas, nous aurions oljteiui des nombres qui auraient exprime I'eclat relatif des objels conligus du cliamp de la vision ; tiia'condition, touleiois, d'apporler an pbotometre des modifications convena- bies, si les deux objeis contigus dllTerent, non-seulement d'eclat, niais de nuance ou de couleur. Supposons maintenant qu'un peintre ait reproduit dans un paysage le mur avcc I'ombre de la muraille, le sol avec I'ombre portee de I'arbre, etc., et que nous veuillions nous assurer de la lidelile ou de laverile de sa representation. Rien de plus simple : nous repeterons sur son tableau i'experience que nous avons iaite dans la nature. Nous regarderons la ligne de separation de I'objet eclaire et de rolijet obscur, nous tournerons le cercle di- vise, jusqu'i ce que les deux eclaireinents soient egaux, et nous verruns si le trait correspond au ineme nombre, au nombre 20, par cxemple, dans le cas du mur et de I'ombre de la maison. M. Jamin alTirme qu'apres avoir soumis a cette epreuve decisive uu grand nombre de tableaux, il serait arrive a ce resultat imprevu : que sur tous ou presque tous , le rapport des eclats sur I'oeuvre du peintre differe considerablement du rapport des eclats dans la nature. Toujours ou presque tuujours, I'ombre portee n'cst pas nssez Ibncee ; la luniicre et les ombres out en outre sur le tableau des colorations dilierenies, elles n'ont non plus la meme teinte, de sorte qu'avec le photometre simple que nous avons decrit, on ne parvient jamais, comme dans ia nature, a rendre les eclaire- inents egaux. Partout, done, on constate une double infldelite : infidelite dans la proportion des eclats, infidelity dans I'imitation des nuances. Si les disierenccs etaient legercs, si les infidelites n'etaient pas graves, on pourrait admettre que la peinture est au moins une image approchee de la nature, mais les divergences sent, au contraire, considerables. Pour rester d'abord, dit M. Ja- min, dans le cas tres-simple d'un corps eclaire par le soleil et d'uneoinbreproietee sur le corps;,', nous 'avons mesure le rapport des deux eclats en ete, en hiver, aux diverses hcures du jour, par des temps inegalement beaux, el dans des circonstances tres-va- riables; les resultats ontete tr6s-diflerents, mais en resumant les mesures prises, nous avons vu que le rapport des eclats a pour mi- nimu; ' \ pour maximum 20 ; c'est-a-dire que les parties frappees par le suieil sont dix fois au moins, et vingt fois au plus aussi lu- COSMOS. 235 mineuses que les ombres portees. Or, quand on etudie successi- vement les coups de soleil dans Ics tableaux et qu'on recapitule en suite les valeurs du rapport trouve pour les eclats, on trouve qu'elles sont comprises generalement entre 2 et i\, c'est-a- dire I'edat du soleil y est incomparablement plus faible que dans les paysages vrais, qu'il se Ironve diminue des liuit dixie- mes. On a peine a concevoir comment I'ffiil pent tolerer des in- exactitudes aussi considerables. M. Jauiin ajoute : Cependanttous les paysagistes sont loin de meriter ce reproche au meme degre ; les artistes de I'ecole moderne out fait un enorme progriis dans le sens de 1' exactitude ; tout le monde a pu remarquer que leurs ta- bleaux contiennent des ombres plus foncees et des lumieres plus Tives, et il y a tels tableaux de Decamps, par exemple, oii I'eflfet du soleil, mesure par le photometre, est compris dans les limites de la verite naturelle. Citons, comme second exemple de discordance entre la nature et I'art, les tableaux de nuit. Si, dans un de ces tableaux, en ge- neral eclaires par une lampe blafarde, on compare la lumiere de la lampe avec celle des points les mieux eclaires, on trouve un rap- port compris entre 20 et 30. Or, en piacant dans une chambre une bougie ct une t'euille de papier blanc, on trouve que le rapport de I'eclat de la bougie h I'eclat du papier eclaire par eile est egal a 1500; la bougie est done, en realite, 1 500 fois plus lumineuse que le papier, tandis qu'elle est a peine 30 fois plus lumineuse dans les tableaux; ils ne sont done vrais que d'une verite de con- vention, enormement diflferente de la verite natmelle. Dans les interieurs les plus celebres de Granet, le ciel est Zi a 6 fois plus eclaire que les chassis des fenetres. Pour se faire une idee de I'exactitude ou de la verite de ce rapport, M. Jamin a cboisi un cabinet eclaire par une fenetre centrale dont les chassis nouvellement points presentaient une grande analogie avec ceux des interieurs de Granet, et se piacant en face de la fenetre avee son pbotometre, il a trouve que le ciel avait UOO fois plus d'eclat que les chassis. hOO fois dans la nature, 6 fois dans limitation! la verite des tableaux de Granet est done completement illusoire. M. Jamin avoue ensuitc qu'il a voulu essayer de reproduire le ciel eties chassis de son cabinet avec les rapports d'eclat materiel accuses par le pbotometre; mais qu'en prenant pour le ciel le blanc le plus eclatant, pour le chassis le noir le plus sombre de sa palette, I'eclat du chassis n'etait pas encore UdO fois inoindre 236 COSMOS. que I'eclat du cicl, do sortc que la representation fidele et vraie se trouvait rigourcusement impossible. Considerons un paysage complet : au premier plan des terres, des arbres on dos edifices, au second plan d'autres arbres et d'autres edifices, vus a travers une couche d'air qui forme comnie un voile lumineux et augmente leur dclat; dans le loin- tain les montagnes qui se confondent presque avec le ciel par leur appareuce et leur eclat; Ics nuages, dont la luniiere depasse considerablement celle de tous les objets terrestres; le soleil, enfin, dont I'eblouissante clarte ne peut plus etre supportee par le regard. Mesureo au photometre, I'intensite des nuages les plus briilants est plusieurs mille fois, souveut plusieurs millions de Ibis egale h celle d'un arbre voisin de nous. II y a done dans la nature toutes les intensites possibles d'dclairement, depuis celles que Ton peut h peine perce voir jusqu'A celles que Ton ne peut plus supporter; depuis I'obscurite infmie jusqu'a la lumiere infinie. En presence de cette ecbelle qui part de la terre et touche aux cieux, trouble; M. Faraday pense que c'estun melange de liquide trans- r parent et de particules d'or tres-tenues, car : 1° abandonne a lui- meme, il depose des particules d'or; S^sil'on fait ariiver au sein dela liqueur trouble unfaisceau de rayons lumineux rendus con- vergents par une lentille, on voit les particules illuminees devenir visibles, sous forme de nuage reflechissant la teinte jaune de For. Parfois, apres qu'une portion des particules d'or s'est deposee, le liquide, toujours colore en rubis pale, semble transparent; mais si on I'eclaire de nouveau par le faisceau convergent, les parti-- cules restantes accuseront leur presence par une leinle opaline, resultant de leur action sur la lumiere. Par un sejour prolonge dans un flacon immobile, les particules semblentse grouper pour prendre la forme d'une lentille, opaque a son centre, de couleur de rubis fonce vers les bords; elles se dispersent de nouveau des qu'on agite le flacon, mais en couservant une tendance u sereunir en particules de plus grand volume, agissant diversement sur la lumiere dont ou les eclaire. L'ebullilion donne une cerlaine per- 278 COSMOS. manence a la teinte rubis du melange; celle teinte est modifiee parun grand nonibrc d'agcnts chimiqucs; I'addition de quelques goultes de chlorurc de sodium, par exemple, la font passer au violet, sans que les particules d'or cessent de rester en suspen- sion et de se montrer avec la couleur jaune de I'or, qnand on les eclaire par un faisceau convergent. Dans leur nouvel etat, toute- Ms, les particules se deposeront plus rapidement et plus abon- damment. Divers melanges de ce genre, apres une premiere pre- cipitation, out conserve des mois entiers leur transparence etleur couleur pourpre ou violet pftle ; I'or devait y etre k un etat de di- vision excessive ; le microscope le plus puissant ne le faisait pas apparaiire; et cependant ses particules si tenues, eclairees dans une cbambre obscure par un rayon de soleil ou par la lumi^re conccntrde d'une bougie, reflechissaient la teinte propre del'or et devenaient par consequent visibles. On se sert souvent de I'or pour communiquer au verre, en lui conservant sa transparence, une couleur pourpre ou rubis plus ou moins foncc. M. Faraday a examine plusieurs ecbantillons de ces verres, et tons, illumines par un faisceau de rayons convergents, ont pris une apparence opaline, caracteristique de la separation rdelle des particules d'or; I'or dans ces verres est done isole de la masse vitree, mais rien n'indique encore suffisamment si les particules en suspension sont a I'etat metallique d'or pur ou dans un certain etatde combinaison; il serait interessant au point de vuede I'optiquequ'on arrivftt^ ddmontrerqu'elles sont a I'etat d'or pur ; M. Faraday pense que les experiences citees plus haul I'au- torisent a admettre que c'est en effet ce qui a lieu. Fecondation arliiiciclle ties orchidees. M. Bernard, de Rennes, president de la Societe d'horticulture de Versailles, a fait connaitre ;\ cette Societe, dans sa seance du mois de Janvier dernier, la decouverte de la reproduction des or- chidees par semis de graines, que personne n'avait encore obte- nues en Europe. Le directeur du jardin botanique de I'ficole de medeciner M. Lhomme, a ^te I'un des premiers h s'occuper en France de la- •ulture de ces plantes si curieuses; au bout de quelques annees,. le nombre et la variete des orcbidees reunies par lui furent tels, qu'il dut s'associer un collaborateur, M. Augusle Riviere, son ne- COSMOS. 279 veu. Ce dernier a fait de la culture des orchidees, I'objet princi- pal de ses etudes botaniques; il chercha surtout comment s'ope- rait leur fecondation , probleme mysterieux dont il semblait impossible de trouver la solution loin des climals si diflercnls des nfitres, qui les voient naitre et se developper. Unfait bien simple est venu soulever tout k coup le voile qui couvrait ce mystere. Un jour qu'il donnait de I'air h ses orchidees en soulevant un chassis, M. Riviere fut assailli par le bourdonnement d'un insecle hymenoptere, vulgairement appele gros bourdon noir, qui entra brusquement dans la serre, se jeta sur la fleur d'un Cattleya Mos- si(B, et la butina de sa trompe, de ses pattes, de ses antennes. Quelques jours apres, M. Riviere fut frappe de la forme nou- vellequeprenaitcette fleur : les sepales s'etaient elargis et recour- bes a leur base, rapproches a leur sommet; I'ovaire s'etaitgonfle, oneiitditque le fruit allaitse former, etreellement ilse forma. La fleur tomba et fut remplacee par ce fruit dii au hasard de la visite d'un insecte assez fort pour avoir souleve, a I'aide de sa trompe, Vopercule, ou couvercle qui, dans les fleurs des orchidees, recouvre I'organe femelle. M. Riviere se rendit parfaitement compte de la maniere donts'etait accompli ce phenomenc, et il resolutaussitot de tenter a son tour la fecondation arlificielle. En novembre 1847^ il fit un premier essai sur la fleur d'un Epidendrum crassifolium. II commenca par detacher et soulever delicatement a I'aide d'une petite spatule en bois, I'opercule qui couvrait les organes femelles; ilenleva ensuite, avec la meme spatule, le pollen visqueux, ca- racteristique des orchidees, et le transporta dans le sac stigma- lique; puis il attendit le resultat de son operation. Le resultat en fut des plus heureux : la fecondation avait reussi, le fruit se forma; il milrit en 8 ou 9 mois; et en juillet 1848, M. Riviere put semer des graines qui offraient toutes les apparences d'une maturite parfaile. A la fin du meme mois de juillet, apres quel- ques semaines seulementd'enfouissement, desgermes nombreux commencerent a se raontrer, et bientOt de jeunes bourgeons sor- tant de la partie superieure des germes apparurent parfaitement formes. Ayant re'soluplus lard dereprendrele cours de ses experiences, il associa i ses essais un jeune naturaliste, M. Ed. Prillicux. Ce fut vers la fin de 1854 que M. Riviere feconda par la meme me- thode etavec lememe succes qu'cn 1847, un Angnecian macula- tuin, place dans la serre au-dessus d'une tablette de verre, sur laquelle on avait etendu une couche de sable de riviere. Lorsque 280 COSMOS. la graiiie fat parvenue a sa malurite au mois de juin 1855, les cap- sules s'ouvrirent d'elles-memes et la graine se repandit sur le sable de la tablette. Ges graines germerent au bout d'un mois, et au fur et k mesure de leur developpement, M. Prillieux les dessi- nait avec grande precision. Tous ces dessins ont ete graves avec soin et publics dans les Annales des sciences naturelles, tome V, quatrieme serie. Le germe ou embryon de I'orcliidee, petite masse globulaire de la grosseur d'un pois, s'enfle d'abord dans sa partie superieure et devient oblongue ; puis on la voit perccr sa testa , ou enveloppe exterieure, et montrer un bourgeon h son sommet; puis on aper- roit le faisceau de papilies aeriennes qui vont servir d'organes d'absorption a la jeuneplante, encore privee de racines; puisnait un second bourgeon qui restera tuberent, tandis que le premier s'allongera en tige feuillee ; ensuite apparait un petit mamelon, premier rudiment d'une racine; peu k peu cctte racine prend de la force; I'axe tubereux se ramifle et va produire un tubercule lobe, dont chaque lobe est surmonte d'un bourgeon. Enfin, Ventre-imud qui separe les feuilles a recu son accroissement nor- mal, et devient le pseudo-bulbe de la base duquel partiront les tiges floreales. — La plante est parvenue a son complet develop- pement. Le probleme est done resolu, etil faut feliciterl' horticulture de ce grand progr^s qui , en permettant la multiplication de plantes dont la rarete et les prix eleves rendaient la possession diflicile, va les mettre a la portee de tous. MM. Riviere et Prillieux se proposent de conlinuer le corn's de cette interessante etude, et de trailer tour a tour de la meme ma- niere les diverses esp6ces q,ui se preteront a la fecondation arti- ficielle. Imprimerie de W. Remquet et Cie, TRAMBtAY, rue Garanciere, 5. proprietaire-gerant. T^ X, 20 mars 1857. Sixi^me ann^e. COS KOUVELLES DE L:\ SEMAINE. L'Academie des sciences a precede lundi dernier a I'election du aiembre qui devait remplir la place devenue vacante par la pro- motion de M. filie de Beaumont aux fonctions de secretaire per- petuel. Ainsi que nous I'avons deja dit , la section avait presente cleus listes de candidats, Tune de geologues, I'aulre de mineralo- gistes, mais en exprimant le vceu qu'on lui adjoignit un minera- logiste. Les candidals etaient : j)our la geolocjie, au premier rang, M. d'Arcliiac; au second rang, cj-fEf/uo, etpar ordrealphabelique, MM. Daubre , Charles Sainte-CIaire Deville , d'Orbigny et Duro- clier; autroisieraerang, M. le commandant Rozet : pour la mine- ralogie, au premier rang, et ex cequo, MM. Deiafosse et Pasteur; au second rang, M. Descloizeaux. Le nombre des membrcs vo- lants elait de 57, la majorite par consequent de 29; au premiei' tour de scrutin, M. Deiafosse, eleve et continuateur d'Haiiy, pro- fesseur de mineralogiea la Faculte des sciences, a obLenu 33 suf- frages centre 16 donnes a M. Pasteur, 6 donnes a M. Daubre, et a ete proclame, sauf approbation de S. M. I'Empereur, raembre de i' Academie des sciences pour la section de mineralogie et de geo- logie. — La science et I'industrie anglaise font en ce moment de grands et legitimes eH'orls pour obtenir que le gouvernement con- senle enfin & encourager efficacement le progress auquel jusqu'ici ilestreste presque completement etranger. La Societe royale a d'abord presente ci lord Palmerston, premier ministre , un Me'- moire tres-pre'ssant dans lequel elle soliicilait : 1° la creation au •sein des ecoles de la metropole et des provinces, et, en partie du moins, auxfrais du gouvernement, de classes dans lesqueiles les •elements des sciences seraient enseignes suivant un plan melhc- dique; 2" I'organisalion dans les villes de province de lecons pu- bllques sur les sciences et leurs applications a I'industrie; 3" la -creation de centres d'examen, ou les aspirants au litre d'inge- nieurs civils viendraient recevoir leur diplome de capacite; h° la formation de musses provinciaux; 5" la distribution peiiodique et u 282 COSMOS. la circulation dcs cchanlillons doubles du British museum et des autrcs inslitutions seuiblables; 6" la formation de bibliothoques publiciues ; 7" une distribution plus etendue dos publications na- tionalcs qui ontpour objclla culture et les progres des sciences; 8' rauginentatiou de la somme mise chaque annce au budget pour rccompcnser les decouvertes utiles de la science , et les ceuvres importantes de la lilteratm'e et des arts, de telle sorte qu'on puisse accordcr des pensions honorables &tous les hommes (iminents qui ont bien merite du pays ; 9" raugmcntation du fonds -de 25 millc francs, mis annuellcnient a la disposition de la Societe royale, toutes les fois que le conseil de la Societe croira devoir demander mi supplement d'allocation ; 10° la reconnaissance for- mellc du president et du conseil de la Societe royale, comme corps autorise a appeler officiellement I'attention du gouverne- ment sur les objels de sa competence, entre autrcs, sur les me- j5ures a prendre necessairement pour une difTusion plus generale au scin de la nation des principes des sciences physiques : le gouvernement, toulefois , aurait I'alternative de remplacer dans cetle mission le president et le conseil de la Societe royale par des ao'ents speciaux qui formeraient une sorte de ministere on de division ministerielle de I'instruclion publique; llM'application enfm d'une partie des sommes payees pour la delivrance des pa- tentes ou brevets d'invention aux depenses que necessitcra la mise ti execution des vceux ci-dessus formules : un des nieilleurs emplois qu'on puisse faire de I'impot percu sur le genie d'inven- tion, c'esl bien certainement, dit le Conseil, I'encouragement ac- cordc aux sciences abstraites, qui rendent aux science pratiques des services si nombreux et siimporlants. Informce des demarches failes aupres du premier minislre, au nom de la Societe royale, la Societe pour rencouragement des arts, des manufactures et du commerce, connue sous le nom de Societe des arts, s'est crue obligee de joindre ses soUicitalions & celles de sa noble soeur ainee. Elle a done redige aussi son Me- moire et I'a fait presenter au premier lord de la Tresorerie, par une deputation composee de ses membres les plus illustres etles plus influents; les conclusions de ce Memoire sufflront a en bien faire connaitrele but. Le conseil dela Societe appelle I'attention du lord ministre et du gouvernement sur les fails suivanls : I'on- dee il y a plus d'un siecle, la Societe des arts a distribue pres de qualre millions dans un but d'utilite publique; elle a vu sortir t .)ur a tour de son scin un grand nombre d'aulres Socictes grande- COSMOS. 283 ment utiles ; la premiere pensee de I'Exposition universelle est nee dans ses murs; elle a toujours ete logee k ses propres frais,. dans sa maison d'Adelplii; jamais I'Etat ne lui a meme accorde un lieu de reunion pour ses seances; pendant la longueperiodede son existence, elle n'a jamais ni sollicile ni recu ua sclielling da budget de I'fitat ou de la cite; elle a su conquerir, elle conserve, et elle met tout en oeuvre pour continuer a meriter la conflance que lui ont franchement et librement accordee les institutions me- caniques et les classes commercialesou manufacturieresdupays; elle croit qu'en raison de ses glorieux antecedents et de I'es- time qui I'entoure, elle est proprement le corps aux mains .iu- quel le gouvernement doit remettre la mise a execution de I'or- ganisation nouvelle qu'il projette pour repondre aux vceux de la Societe royale, et promouvoir efficacement I'enseignenient scien- tifique et industriel sur toute la surface du pays ; elle prie instam- ment le gouvernement, s'il entre dans ses vues de prelever sur le budget de I'Etat une somme ient6t devoilee. II prend sa source tres-probablement, soit dans le grand lac d'eau douce ou mer interieure de trois cents lieues de longueur sur soixante de large , qui va de la cote de Zanzibar a I'equateur, soit dans les grandes montagnes couvertes de neige ^ue lesmissionnairesprotestants de Mombaz ont apercues a I'ouest '-• COSMOS. dans de petits fours conslruits en cbaux; et qui en sortent h un etat tout dilfdrent de celui sous lequcl ils sepresonleut ordinaire- meut, et cela tout simplemenl parcc qu'ils so dcpouillcnt de I'os- mium et surtout du silicium qui s'y rencontre toujours, et qu'on separe a I'etat de silicate de chaux fondu en pelites pcrles trans- parentes, qui courent sur le bain metallique et finissent par etre absorbees par la chaux. » Dans la note qui precede, M. Sainte-Claire Deville n'a eu nulle- ment rintontion d'infirmer les resultats obtenus par M. Brunner dans la preparation du manganese pur; il a cru simplement de- voir rappeler les recbercbes qu'il avait faites dans la meme direc- tion, pour s'assurer le droit de les conlinuer, sans qu'on puisse I'accuser dc marcber sur les brisees des autres. — M. Becquerel presente au nom de M. du Moncel le troisieme volume de son Expose des applications de relectncite, compre- nant : 1° livre in, la fin des applications mecaniques, les raoteurs dlectriques, les accessoires de la telegrapbie electrique ; 2° livre iv, les applications pbysiques de I'electricitd, lumiere electrique, ef- fets calorifiques, etc.; les appareils fondes sur les reactions de I'e- lectricite atmospberique; 3" livre v, applications pbysiologiques de I'electricite ; k" enfin, appendices. Nous voudrions pouvoir donner un apercu plus complet des trois volumes de M. du Moncel, mais ils contiennent tant de choses et de choses si diverses qu'on ne peut s'en faire une idde qii'en les corapulsant et les etudiant soi-meme. Leur plus grand merite est de comprendre, au moins en resume et en termes suffi- sants, tout ce qui a ete fait, ecrit et dit sur les applications innom- brables de I'electricite ; on pourrait desirer sans doute plus d'or- dre philosophiqne, plus de nettete dans les descriptions, un peu' plus de reserve dans les jugements de priorite, dans I'application des regies de la justice distributive; mais, en somme, c'estun bon livre, un livre indispensable a ceux qui savent et ix ceux qui ne savent pas. Les nombreuses planches, tres-bien dessinees, bien gravees, bien tirees, qui accompaguent I'ouvrage, ajouteut con- siderablement A son merite et a sa valeur. — M. le baron d'Avout, chef d'escadron d'etat-major , a in- vente un nouveau barometre appel^ par lui barometre-repetiteur ; COSMOS. 357 il le presente a I'Academie en exprimant le voeu qu'il devienne I'objet d'un rapport. (( Soit SI un tubedeverre de 2 a 3 millimetres de dia- metre inlerieiir et de k5 centimetres de longueur. (Cette longueur, qui est celle que nous avons choisie, est tout a fait arbitraire.) Ce tube contient une petite colonne de mercure AB, et est place verticalement. Les extremi- tes S et I peuvent a volonte s'ouvrir ou se fermer her- metiquement. Supposons I ouvert, S ferme, et le mer- cure en equilibre en AB. Fermons 1 et ouvrons S ; le A J_ mercure descend en A'B' ; fermons S et rouvrons I ; le mercure descendra en AjB, ; la quautite AA^, dont le mercure s'est abaisse dans I'operation que nous venons de faire, est evidemment fonction de la pression atmo- spbe'rique exterieure ; seulement, comme par une seule operation AA, serait trop petit, on repete successivement des operations successives autant qu'on le pent, c'est- A'-^ a-dire qu'apres avoir d'abord place le mercure en S, on le fait descendre, par des operations successives, jus- qu'au bas du tube; alors connaissant la longueur du tube, celle de la colonce de mercure, la quantite totale dont cette colonne s'est abaissee, et le nonibre d'opera- j\^^ tions effectuecs, on pourra en deduire la pression atmo- spberique. Dans notre instrument, le tube de verre est termine a ses deux extremites par deux petits tubes tout a fait ca- pillaires, a pointes effilees, et c'est sur les extremites -^^1 exterieures de ces petits tubes que viennent pressor les soupapes. Ces tubes capillaires peuvent se retirer et se replacer tres-facilement, afln de pouvoir nettoyer le tube, le secher s'il est humide. Ces tubes capillaires ont en outre I'avantage de faire descendre doucement et sans secousses le mercure a ses positions successives d'equi- liJire. Les tubes de verre etant rarement des cylindres par- faits, les operations successives se font deux fois, en placant en haut successivement les deux extremites de I'instrument, et prenant la moyenne des resultats. L'exactitude de cet instrument est a celle du baro- metre ordinaire ^peu pres comme la longueur du tube, moins celle de la colonne de mercure, est Ala longueur 358 COSMOS. de la colonne barometrique, mesurant la pression de i'air; cette exactitude croit done t'l mesure que Ton s'dlere. Void le tableau des formules auxquelles je suis parvenu et h I'aide desquellesj'ai construit des tables qui permettent d'obtenir rapidement la longueur de la colonne barometrique. Soil L cette longueur ; I, la longueur de la petite colonne de mercure (je la prends de O^^OTO i peu pres). Soil a la longueur du tube; h, la distance de la partie superieure du mercure ft I'extremite superieure du tube, apres nn nombre i d'ope'ra- tions ; soit h^ cette valeur avant les operations ; nous faisons d'a- bord : m ' m cela pose, nous avons : t^o etant trSs-petit, nous avons suppose seulement A I'aide de cette formule, nous avons calcule des tables donnant les valeurs de n en fonction de n ; mais, pour tenir compte du terme neglige, nous avons calcule la correction a."- a faire k la va- leur de 1^- donnee par I'observation, pour que, entrant dans nos tables avec la valeur i^ + Ap., nous obtenions la valeur exacte de n, de laquelle on deduit L par la relation L = nL Nous avons A[x =_,o (2 +-;].,. Une observation preliminaire, faite simultanement avec le ba- rometre ordinaire, donne la valeur de ».(,. La formule de A(a est tres-facile ft calculer en tables. Si, par une cause quelconque, la petite longueur de la colonne de mercure I venait ft varier, nous avons calcule la correction qu'il faudrait faire subir ft L, si ^ devient l-hAl, et L, L + aL, nous an- ions : AL=„./{i_i(i+;-)j.„ L'idee de M. d'Avout est entifirement neuve, et si, comme il I'affirme, les erreurs des indications de son baromStre rep^titeur COSMOS. 359 ne d^passent pas 1 millimelre, il recevra des applications impor- tantes. Le nouvel instrument, en efifet, est Ires-portatif, tres-so- lide ; on n'a pas a craindre qu'il se derange, on le repare tres- facilement. Les voyageurs et les touristes apprendront facilement k s'en servir; et, pour la mcsnre des hauteurs des montagnes, alors qu'il est en general impiDSsible de faire des observations si- multanees au pied et au sommet, il donnera certainement des determinations aussi exactes, plus exactes peut-etre, que celles du barometre ordinaire et de I'hypsometre. II est vrai qu'il sup- pose la pratique de calculs assez complexes ou la publication de tables qui en dispensent; mais, si sa methode est approuvee par I'Academie ou par la Societemeteorologique de France, M. le ba- ron d'Avout s'empressera sans doute de publier une petite bro- chure qui sera livree avec I'instrument. II a bien voulu faire sous DOS yeux un essai de determination de pression atmospherique, pour nous prouver que sa methode n'avait rien de difficile. In- nover, et innover heureusement dans un sujet si rebattu et qui a occupe tant d'esprits, et tant d'esprits eminents, c'est bien cer- tainement un charmant litre de gloire. — M. Tardy de Montravel, Capitaine de vaisseau, litun Memoire historique et descriptif sur la riviere des Amaz6nes et I'hydrogra- phie des c6tes des Antilles; nous regrettons que I'auteur n'ait pas resume en quelques lignes ce qui lui appartient en propre dans les recherches qu'il a analysees, les faits qu'il a decrits, etc., etc. II nous a ete impossible de reconnaitre s'il avait ajoute aux tra- vaux de ses devanciers quelque detail neuf et pr(^sentant plus ou moins ci'int^ret. VARIETES. Sup la conservation de la force Par M. Faraday. (Suite. Voyez pages 329 a 336.) Dans tout ce qui va suivre, et parce qu'il s'agU dc questions tres-delicates, de raisonnemcnts subtils, nous nous imposons de traduire litteralement le texte anglais. (dlestune condition merveilleuse de la matiere, peut-etre sa seule et veritable manifestation, Vinertie, dont la consideration semblerait devoir jeter quelque jour sur la nature de la gravita- tion et la valeur de sa definition reoue, mais on s'apercoit bientdt qu'elle ne faitqu'augmenterla difficulle. Si Ton considere en ellet deux particules de matiere separees par une certaine distance, s'attirant I'une I'autre en vertu de la gravite, etlibres deserap- procher; elles se rapprocheront aussitOt; etlorsqu'elles neseront plus separees que par la moitie de leur distance primitive, clia- cune d'cUe, en raisou de son inerlie , aura accumule en elle une certaine quantite dc force mecanique. Cette accumulation ou pro- vision de forces a eu pour cause I'exercice de la gravitation ; et si le principe de la conservation des forces est vrai, elle devra etre compensee par une depense ou diminution equivalente de la puis- sance d'attraction ; et cependant, en vertu de la definition de la gravile, loin d'etre diminuee par son exercice , la force attractive sera devenue quatre fois plus grande ; de sorte qu'il faudrait ad- meltre que cette attraction devient en elle-meme d'autant plus grande qu'elle s'est plus depensec pourfaire naitre d'autres forces. D'un autre c6te , si Ton fait usage d'une force mecanique exte- rieure pour ramener de nouveau les particules t'l leur distance premiere, double de leur distance actuelle, I'exercice de cette force, aidee de rinertic, ne depose pas au sein de ces particules une provision ou moment de puissance; son efl'et, au contraire, disparait compldtement ; et les trois quarts de I'attraction ci la dis- tance iin demi disparaissent avec elle quand les molecules sont revenues a la distance un. Comment cela peut-il etre? Nous ne connaissons pas les conditions physiques ou le genre d'action qui constituent I'inertie, mais dumoins I'inerlie est tou- jours un simple casparliculier de la conservation de la force. Elle a des rapports etroits avcc la gravite, comme on le voit par la quantite proportionnee de force que la gravile peut communiquer COSMOS. 361 a un coi'ps inei'te ; mais on voit en meine temps qn'elle a les memes rapports elroits avec les autres forces agissant a distance comme le magnetisme ou releclricile , lorsqu'elles sont appliquees dans les conditions de la balance de torsion , de nianiere a agir independammentde Faction dela pesanteur, L'inertie a les memes relations avec les forces communiquees par impulsion , par trac- tion ou de toute autre maniere. Elle met les corps en etat de prendre ou de conserver une quanlitc donnee de force jusqu'a ce que cette force soit transportee a d'autres corps, ou changee en une quantite equivalente d'un autre genre de force. C'est la tout ce que nous apercevons dans I'inerlie; et nous ne trouvons nuUe part aillears parmi les phenomenes naturels, actuellement connus ou possibles, un exemple plus remarquable de la necessite de la conservation de la force comme loi cle la nature, et qui contrasle davantage avec les conditions variables que Ton attribue a la force de la gravitation supposee resider dans les particules materielles elles-memes. La gravite, au reste, nous fournit aussi la preuve rigoureuse de la conservation de la force, par ce fait que sa puis- sance ne variepas quand la distance reste la meme ; et c'est vrai- nient un singulier contraste que de nous voir assigner des varia- tions impossibles a la cause de la gravite, pour essayer d'expli- quer les resuUats que nous voyons se produire a differentes distances. Personne n'imaginera, je I'espere, quejesois oppose a cequ'on appelle la loi de la gravitation , c'est-a-dire a la loi par laquelle les efforts connus de la gravitation sontgouvernes. Que !e resultat de Fexercice d'une puissance ou d'une force puisse se produire en raison inverse du carre de la distance, je le crois et je I'ad- mets ; je sais qu'il en est ainsi dans le cas de la gravite , et que ce fait a ete verifle dans une sphere tellement immense, que I'esprit de Newton lui-meme aurait a peine ose embrasser lorsqu'il enonca sa celebre loi. Mais je ne crois pas et je ne saurais croire que la totalite de la force se borne h ce seul effet, a cette seule manifestation de la loi, soit en cequi concernela gravitation, soit en ce qui concerne I'electricite , le magnetisme ou tout autre forme de pouvoir s'exercant dans les memes conditions. J'aurais pu faire usage des memes raisonnemenis, invoquer le principe de la conservation de la force, deduire ses consequences rigoureuses pour les genres de forces autres que la gravitation; mais il m'a semble qu'appliques aux phenomenes de Faltraction miivcrselle, ces raisonnements se presentaient sous leur forme la 362 COSMOS. plus simple, d'autantplus, precisement, que la gravitation est la seulc force qui jusqu'ici n'ait pas pu etre convertie dansles autres genres de force. Si niaintcnant et pour un instant je considere les autres genres do force, c'est uniquement pour montrcr que dans leurs variations on trouve la preave de la verite du principe fon- damenlal que je discule, I'accord des phenomencs avec lui, I'in- dicalion de recherches et de decouvertes dont il devient le point de depart. La chaleur, par exemple, est une forme de puissance dnergique, et ses effets ont ete grandement developpes; il est devenu par Ik meme utile et necessaire de faire des hypotheses sur sa nature in- time, et les physiciens ont souvent essaye de la deflnir. L'hypo- these la plus probable est qu'elle n'est en realite qu'un mouve- mcnt des particules de la matiere ; mais une opinion tr6s-longtemps populaire la faisait consister dans un fluide particulier appele ca- lorique : quel que soit celui de ces points de vue sous lequel on I'envisage, on admet, je le crois du moins, le principe de la con- servation de la force dans toute sa portee. Si la chaleur se trans- porte d'une certaine portion de matiere k une portion semblable ou idenlique, on la retrouve lout entiere. Si ellc est transportee d'une matiere & une autre de nature difierente, on constate sou- vent un exces ou un deficit apparent, et Ton introduit alors le mot de capacite, lequel, en mfime temps qu'il implique la recon- naissance de la conservation de la force, ouvre la voie a des re- cherches nouvelles. Lorsque la chaleur est employee k faire changer les corps d'e- tat, son apparition ou sa disparition s'expliquent naturellemenl dans la theorie mecanique par un mouvement accru ou diminue ; dans rhypothesc materielle, le mot capacite fournit de nouveau une base suffisante aux explications ulterieurcs que chacun vou- dra donner. Si la chaleur est convertie en force mecanique dans la machine k vapeur ou k air chaud, et amende ainsi en contact ou lutte directe avec la gravite, que Ton met alors Ires-aisement en relation avec elle, I'idee de la conservation de la force est dans tons les cas completement respectee et sauvegardee d'une maniere mervelUeuse. Laquanlite constantede chaleur developpee dans I'd- tendue entiere du circuit volta'ique, fait cnonce par M. P. A. Favre, et I'dtat actuel de nos connaissances sur la thermo-electricite, sont de leur cOte des manifestations parlielles ou consecutives du prin- cipe de la conservation. Meme lorsque la chaleur passe a I'etat de calorique rayonnant, et alors meme qu'elle ne donne acluelle- COSMOS. 363 ment aucune trace ou aucun signe de son action ordinaire, les hypotheses que Ton s'estfaites sur sa nature se modifient confor- mdment au principe de la conservation de la force; en ce sens qu'on admet, ou qu'elle est employee k mettre et i mainienir Te- ther dans un etat de vibrations equivalentes, ou que la quantite de mouvement des particules de chaleur est dissiniulee par Tef- fort a produire pour les transporter elles-memes d'un lieu h un autre. II est vrai que la chaleur devient souvent evidente on insensi- ble d'une maniere mysterieuse dont nous n'avons pas le secret; et nous sommes en droit de nous demander ce qui arrive lors- qu'elle disparait d'un lieu, d'une portion par exemple du circuit voltaique, pour apparaitre dans une autre; ou lorsqu'elle dilate les corps ou leur fait changer d'etat; ou, ce qui arriveralt, si, alors que la chaleur est \k pour operer cette dilatation ou ce changement d'etat, on s'opposait a la production de ces effets. Nous sommes en droit, je le repete, de nous poser ces questions, mais nous ne sommes pas en droit d'ignorer ou de nier le principe de la con- servation dela force; eti'une des applications les plus excellentes qu'on puisse faire de ce principe, est de le faire servir a dinger de semblables recherches. On voit se produire chaque jour des explications salisfaisantes de faits analogues; or ces explications seront plus abondamment fournies par ceux qui, loin de songer a rendre leurs investigations plus faciles par I'oubli de ce prin- cipe, seront toujours disposes a I'admettre, soiljmplicitement, soit mieux encore, explicitement et efflcacement, en le prenant cons- tamment pour guide. Ces derniers physiciens sont convaincus que la chaleur doit toujours et partout produire son equivalent do travail; que si, en se depensant, elle semble disparaitre, elle n'en produit j)as moins son effet equivalent, quoique souvent d'une manifire enliercment cachee ou inconnue pour nous; que si elle donne naissance k une autre forme de force, ainsi que nous le disons incorrectement, cette force est equivalente en puis- sance a la chaleur qui a disparu. Ce que Ton appelle attraction ou affinite chimique, consideree dans ses rapports avec le principe de la conservation de la force, nous conduit k des considerations non moins fecondes en ensei- gnemonls eten vuesd'avenir. L'indestructibilile de la maticre, ou substance individuelle, est un des cas, et un des cas les plus im- porlants de la conservation des forces chimiqucs. Chaque mole- cule a ete douee de puissances ou facultes qui sont la source de 364 COSMOS. ses qualites diverses, et cgs puissances nc changent jamais, soit en nature, soit en quantile: une particule d'oxygene est toujours line particule d'oxygene, ricn ne peut parvenir a I'aneantir ou k I'user; si elle entre en combinaison et disparait comnie oxygene; si elle passe k travers des milliers de combinaisons animales, ve- getales, minerales; si, apres qu'elle a ele ainsi dissimulee pen- dant des milliers d'annees, onvientala degager, on la retrouvera oxygene avec toutes ses qualites premieres, ni plus, ni moins ; elle recouvre son energie originaire et seulement cette energie; la quantite de force qui a ete degagee lorsque sa dissimulation a eu lieu, devra se retrouver mise en action en sens contraire lors- qu'elle reviendra a I'etat de liberte. Si, par la suite, nous arrivons a decomposer I'oxygene, et que nous le trouvions forme d'autres parlicules, nous ne ferons qu'ajouter a la certitude de !a preuve du principe de la conservation de la force, parce que nous serons en droit de dire des nouvelles particules, quelque longtemps qu'elles soicnt restees dissimulees, ce que nous avons dit de I'oxy- gene lui-meme. De mcme, I'ensemble des fails compris dans la theorie des pro- portions deiinies, temoigne en faveur de la conservation de la force; et quoique nous connaissions fort peu la cause des chan- gements do proprietes des corps composants et des corps compo- ses, comment les forces inherentes aux premiers sont dissimulees par celles inherentes aux seconds, nous ne devons pas douter.un seul instant de leur conservation, en meme temps que nous som- mes excites a voir de quelle maniere ces forces sont actuellement disposees, ou ix chercher, dans le cas ou elles auraient fait naitre d'autres formes de forces, ce que peuvent etre ces formes nou- velles. L'action chimique k distance, clle-meme, qui contrasle d'une maniere si frappante avec Texercice ordinaire de I'aflinile chi- mique, puisqu'elle peut produire ses effets a 1 kilometre des par- ticules qui la font naitre, quoiqu'elle ne deive son efficacite qu'a des forces agissant a distances insensibles, devient un argument en faveur de ce meme principe de la conservation des forces. F. MOIGNO. {La fin au prochain numero.) Impriinerie de W. IUmqukt ct Cie, A. TEIAMBLAY rue GaraDcieie, 3. prnprii-laii e-geraii'.. T. X, 10 avril 1857. Sixi^me aon^e. COS NOUVELLES DE LA SEMAINE. Le conseil de la Societe royale astronomique de Londres a de- cerne, danssa dcrniere seance, la medaille de 1856 a M. Schwabe de Dessau, pour i'intelligence et la perseverance avec lesquelles il a, pendant trente annees, observe regulierement, cbaque jour, les taches du soleil. Le nombre des- observations de I'infatigable astronome est de plus de dix mille, elles ont porte sur /; 700 grou- pes de taches, et elles ont conduit h cette conclusion importante, non soupconnee des astronomes pendant plus de deux siecles, que les apparitions des taches solaires sont periodiques, qu'elles reviennent successivement et alternativement h des phases de maximum et de minimum, apres des intervalles re'guliers de cinq ans environ pour le passage d'un maximum a un minimum, ou d'un minimum au maximum, de dix ans pour le retour a un maximum ou a un minimum. II a eld constate plus tard que les epoques de maxima oude minima des taches solaires coincidaient avec des epoques de maxima ou de minima des variations diur-^ lies de la dechnaison magnetique. — Dans cette meme seance, le conseil a fait, dans les termes suivanfs, I'appreciation etl'eloge des deux volumes des A^inales astronomiques de VOhservatoire imperial de Paris, dues a la sa- vante plume de M. Le Verrier : (( Ces deux grands volumes in-S" •de Z;00 pages chacun contiennent certainement I'expose Ic plus parfait et le plus concis qui existe de I'astronomie moderne theo- rique et pratique; le resume rapide que nous allons en faire prou- vera ^ toutes les personnes un pen au courant des operations as- tronomiques, que cct expose sera t6t ou tard universellement adopte par les astronomes, et que tres-probablement 11 prendra la place reserve'e jusqu'ici aux TabuhvRegiomontancede Bessel... » II convient egalement et k I'enseignement dans les Universites, et a I'instruction dans les Observatoires. En meme temps que par ses formules et par ses tables il est pour Fastronome praticien une sorte de code et de guide d'une valeur incomparable, ses par- ties theoriquespeuvent servir de livre elementah-e dans les ecoles It 366 .,;« COSMOS. „e, ,j,,.,, et dans les colleges ou Ton professe rastronomie mathematique. Aussi, rauteiu' rendrait un grand service a la science s'il faisait rcimprimer & part dans un volume in-S" les livres ct chapitres qui, reunis, suffisent a former un manucl d'astronomic qui ne laisse rien i desirer. Nous publicrons une autre fois le resume annonc^ par ces lignes. — L'Academie des sciences, belles-lellrcs et arts de Lyon met au concours les sujets suivants : 1° Histoire et exanien dcs prin- cipaux perfectionnements apportes depuis la decouverte de Watt dans I'emploi de la vapeur comme force motrice ; 2° etude geolo- giquc et paleontologique de I'arrondissement de Villcfranclie (Rhone) , compi'cnant une carte geologique a rechellc d'un qua- rante millieme au moins ; le catalogue le plus complct possible des vegetaux et des animaux fossiles; un memoire descriptif des ter- rains et de leurs principaux fossiles; I'examen des rapports des formations geologiques de Farrondissement avec celles des con- trees voisines. Le premier prix consistcra en trois medailles d'or de la fonda- tion Cbrislian de Ruoltz, valant cliacune 300 fr.; les memoiresde- vront etre envoyes avant le 1" novembre 1859. Le second prix sera une medaille d'or de 1 000 fr. ; et le concours sera clos le 31 mars 1860. — L'Univers signalc une particularity ou coincidence tres-rare dans r application du calendrier gregorien. Sous le rapport de la concordance des jours de la semaine avec la date des mois, I'an- nec actaelle, 1857, doit etre calquee exactement surl'annee 1849. Mais, ce qui est plus singulier encore, k deux epoques si rappro- chees, c'est que la lettre dominicale est la memo, que toutes les fetes mobiles, sans exception, tombent aux memes dates et aux jTiemes jours, que les Quatrc-Temps eux-meraes sont aux memos dates. — Iln'a ete question cctte semaine a Paris que de la nouvelle balle foudroyante, inventee par M. Devisme. C'est un cylindre long de 8 centimetres , forme d'un tube en cuivre reconvert ^ sa base d'une couche de plomb avec des cannelures s'adaptant par- faitement aux rayures du canon de la carabine , termine par un cone en cuivre, arme a sa pointe d'un piston mobile. Au contact du corps dur qu'il rencontre, d'une portion osseuse, parexemple, du corps de I'animal atteint par la balle, le piston refoule presse une capsule ordinaire contre une traverse en acier, el met le feu aux six grammes de poudre contenus dans la balle. Cctle poudre COSMOS. 367 d'une composition particuliere, en s'enflammant, donne naissance k une masse gazcnse, occupant un espacc dixmillefoisplus grand que la balle, et forme de gaz acide carbonique, azote, oxyde de carbone, liydrogene sulfure, tousimpropres a la vieetmepliytiques. Six chevaux qui avaient recu une de ces balles dans la poitrine ou dans les flancs, sont morts presque instantanement et sans agonie, par suite des ravages inlerieurs, vraiment effrayants, causes par le projectile. II semblc impossible aux temoins de I'ex- perience qu'un lion ou tout autre animal feroce, frappe ailleurs qu'a la tete, puisse vivre au dela de quclques secondes, et ne perde pas enlierement la conscience de lui-meme. — C'est bien la comete de 1846 ou la comete de Brorsen, que M. Bruhns a retrouvee dans son second retour au perihelie. Fails des sciences. M. Quetelet a fait un rapport favorable sur le Meraoire dans lequel M. Mahmoud Effendi, astronome cgyptien, etudie I'etat actuel des lignes isocliniques et isoydinamiques dans la Grande- Bretagne, la HoUande, la Belgique et la France, etat deduit de ses observations. Ces observations coniprennent une elendue de U degres environ en longitude, et de 7 degres en latitude, c'est- a-dire desbords du Pdiin jusqu'a Dublin en longitude, de Paris i fidimbourg en latitude. La premiere partie du Memoire traite de rinclinaison de I'aiguille aimantee; le resultat le plus important est que la variation annuelle de rinclinaison s'accroit a mesure qu'on s'eloigne du pole nord: elle est a Glascow, i',66; a Edim- bourg, l',75; a Londres, 2', 48; k Bruxelles, 2', 61; a Paris, 3',10 ; de sorle qu'a Paris elle est le double de ce qu'elle est a fidim- bourg. M. Mabmoud trouve en outre : 1° que I'accroissement d'in- clinaison par kilometre parcouru sur le parallele terrestre est presque le meme pour les contrees etudiees par lui; 2° que I'ac- croissement par kilometre parcouru suivant le meridien astrono- mique, augmente k mesure que la latitude diminue; 3° que les lignes isocliniques se retrckissent a mesure que la latitude dimi- nue, et s'elargissent en allant vers Test. La seconde partie du Memoire a pour objet les intensites totales et les intensites hori- zontales, considerees en mesure absolue, d'apres I'unite de Gauss, le millimetre etant I'unite de longueur, et le milligramme I'unite de poids. Les inlcnsiliis totales sontaujourd'hui ce qu'elicsetaient ii y a trente ans; mais les intensites horizontales croissent sc;;si- sir COSMOS, blement avec Ic temps depuis ISkU, comme M. Qudtelet I'avait deja constate. Le travail de M. Mahmoud, dit en terininant le sa- vant secretaire pcrp^tuel, merite sous tons les rapports de fixer I'attention de FAcaddmie et d'C'tre imprime dans ses bulletins. — A Parme, disait M. Colla, quoique le ciel fiU serein et la lune sous I'horizon, on n'a observe, dans les nuits des 9, 10 et 11 aoilt 1856, aucune apparition extraordinaire d'etoiles filantes. Dans la nuit du 10 au 11, de neuf heurcs et demie h trois heures et demie, deux observateurs n'ont enregistre que quatre-vingt-huit etoiles filantes, moinsde dix en moyenne par heure. A Urbino, au contraire, dans les fitats de I'l^^glise, quatre observateurs, sous la direction de M. Serpieri, ont compte, dans la nuit du 10 au 11 aoilt, de onze heures h une heure, deux cent soixante-quinze etoiles fi- lantes, plus de cent trente-cinq par heure : la difTerence entre Parme et Urbino est enorme, on le voit, et difficile k expliquer, A Urbino, la moyenne horaire des trois nuits des 9, 10 et 11 aoilt a ele de cent cinq; le plus grand nombre des etoiles apercucs pa- raissait partir d'un point entre Persee et Cassiopee; un cercle, trace avec I'epee de Persee, embrasserait assez bien, pour 1856, tous les points de depart des diverses trajectoires; les etoiles fi- lantes formaient quelquefois des groupes dont le passage durait d'une a trois minutes; les etoiles d'un meme groupe etaient par- faitement paralleles lorsqu'elles etaient simultanees; lorsqu'elles se succedaient, la deuKieme suivait la route tracee par la pre- miere, ou une direction perpendiculaire ; cinq etoiles filantes ont disparu un instant pour reparaitre ensuite ; presque toujours leur marche etait ou horizontale ou descendante vers I'horizon ; la marche ascendante est extremement rare. — L'Acad(^mie des sciences de Bruxellcs propose la question suivante pour sujetde prix en 1858 : Faire un examen comparatif desorganes destines &la reproduction chezlescryptogamesetles phanerogaiTMTies, en I'aisant ressortir les analogies et les dilTe- rences que ces organes presentent dans ces deux ordres de plantes. Le prix est une medaille d'or de 600 francs ; lesmemoires, ecrits en latin, en franrais ou en flamaad, devrontetreadressds a M. Quetelet avant le 20 soptembre 1858 ; le nom devra etre ren- ferme dans un paquet cachete. — M. Geniller, dans une note soumise au jugement de I'Acade- mie de Bruxclles, avaitemis sur la constitution physique du soleil les idees suivantes : 1° Le globe da soleil est liqaide et incandes- cent, c'est de ce globe que nous vient la chaleur ; la luraiere so- COSMOS. 369 laire est due k des eclairs incessamment engendres dans les nuages qui enveloppent le soleil ; 2° les rides lumineuses ou lu- cules sont dues a des eclairs sinueux ; 3° les taches proviennent de courants atmosplieriques ascendants, qui dechirent I'enveloppe nuageuse et meltenl le noyau k decouvert; h" la penombre est formee par des nuagos plus rares situcs au-dessous dc la couche des nuages orageux; 5° les facules sont des eclairs se produisant dans les nuages de moindre epaisseur. M. Liagre a ete assez com- plaisant pour discuter ces hypotheses purement gratuiteset com- plelement improbables, dans un rapport dont les conclusions sont qu'il ne saurait engager rAGademie ti leur donner son appro- bation. — Les fails suivants ont ete signales par M. Bienayme : 1° de- puistrente ans la mortalile des membres de la Socicledesecours de Metz s'est beaucoup rapprochee de la table de Deparcieux; 2° celte Societe a de la peine a se defendre de I'illusion produile par I'accumulation de ses capitaux qui semblent disponibles en quel- que sorte, et qui ne sont pourtant que le gage des pensions dues a ses membres, gage qui ne saurait etre entame sans danger. IWouvellcs «Ie iMedecine et de clBirurgie. Lalongue et violente discussion sur Xditnelhode sous-cutanec qm a renipli les dernieres seances dc I'Academie de medecine , est trop speciale pour quele Cosmos puisse s'y arrcter longtemps; il csL juste, cependant qu'il la resume en quelques mots. Gette me- thode, couronnee une seconde fois par I'Academie des sciences, dans sa derniere seance publique , et qui partant a droit a des egards ou merite d'etre prise au sericux, pent etre considerce au double point de vue de la theoric et de la pratique. Theorique-, ment ou scientifiquement, elle a pour base ce fait physiologio ,j(a nouveau, que les plates jn'citiquees sous la peau et niaintem' ^^ ,^ I'ahri du contact de fair, ne suppurent pas et se reorganise .j,? .j^h-. mediatement. Pratiquement, elle estl'application h toutcs ja3 ope- rations chirurgicales qu'il sera possible dc faire sous )■ .. .nau du fait physiologiquc dc Tinnocuite des plaies sous-c «.„iUc3 de maniere que toutcs, comme cliacunc, puissentelrc ■ f;,.<,nchie's de rinflammation suppurative. Que cctte mdthode a'' ''• ^,li vidua- lite propre et qu'elle soft excellente, ]k n'est poi' \_ pstion on a du moins la discussion; il nous a senible qr '* ' \ mondc est d'accord sur ce point, que le debat au fo- f ,^ , '■^. cruMiii- 370 COSMOS. fique, mais pei'sonncl. II s'agit uniquement de savoir la part qui revieul i M. Jules Guoria dans la constitution ou dans la synthese des precedes. M. Velpeau , dans un discours inexorable , n'avait laisse a M. Guerin qu'un detail intiniment petit, la precaution de faire un pli dans la peau avant de faire la ponction; M. Malgaigne, dans 5on argumentation, avait dispute a M. Guerin jusqu'ci ce pli. II pretendait trouver I'ensemble complet et les details de la melhode sous-cutanee dans des operations executees par Cooper, Ch. Bell, Delpech, Dupuytren, Stromeyer, DiefTenbach, etc., etc.; h quoi V Union medicate repond tres-finement que donner a la metliode sous-cutanee, comnieprecurseurs etcommeapplicateurs, des chi- rurgiens de si grand renom, c'est lui accorder de belles lettres de noblesse et larecommander vivement a Taltention des praticiens. Mais si la metliode sous-cutanee avait existe avant 1839, epoque k laquelle M. Jules Gueriu I'a formulee , il serait au moins fait mention des incisions failes sous la peau avec exclusion de I'air ambiant,dansle Manueloperatoire AqW. Malgaigne, que son auteur appelle un petit livre plus complet que les ouvi'ages les plus volu- mineux ; dans le Traite de medecine operatoire de M. Velpeau, pu- Mie en 1839, etc. Or il n'en est pas dit unseul mot; done la me- tbode est neuve, et dans son nom et dans ses precedes. Et en .effet, M. Velpeau a laisse ecrire dans ses Annales de chirurgie, .« que la generalisation de la methode sous-cutanee est un im- mense pregres chirurgical;)) et en effet, M. Malgaigne lui-meme a Jaissetomber de sa plume, en 18^43, ces avcux spontanes : « L'in- nocuile a peu pres constante des plaies sous-cutanees est un fait 'desormais acquis a la science , et qui n'a pas ete sans influence sur les pregres recents de la medecine operatoire. A M. J. Guerin j'O.vierit surtout I'honneur de s'etre empare de cefait, de I'avoir ^gi-j T;e en principe, d'en avoir generalise les applications , et enfin 'd'avL "*^^' essaye d'en donner la theorie {Bulletin de VAcademie de medect "«e, tome viii, p. 718). » Dans ^^ section d'un tendon, par exemple, il y a quatre chescs : lenli les "^^^^^^^ ^^^ rapports des deux plaies tegumentaire et tendi- neuse- lei • '^ conditions physiques et physiologiqiies. M. Guerin a n^rfnHr,,^^ \ montre comment, dans la methode sous-cutanee, pauauement , , j. • ^ jj-^ * telle ou'il I' '^nf ue, ce mode de faire et d etre pour ces quatre elements U^^ ^ ^^^^ different du mode de faire et d'etre qu'on 'mroimi (^ansTs "^^e'^^^^ operations faites sous la peau par les chirurgiens qui I'ont '''^''^'^'^' operations suivies presque toujours COSMOS. 371 d'accidents inexplicablcs et inexpliques ; comment, apresqu'il eut proclame le principe de rinnocuile dcs plaios sous-culanpes, im tres-grand nombre de chirurgiens des plus distingues, Bartlie- lemy, Lisfranc, Malgaigne, Jobert de Lamballe, Velpeau, Ri- cord, etc., s'empresserent & I'envi de realiser la plupart des ope- rations chirm'gicales indiquees par lui , reconnaissant en temies formels qu'ils entraient dans le nouvel ordre d'idees qu'il avait formule; comment enfin des temoignages irrecusables do prati- ciens a la fois liabiles, independants et estimes de tous, no per- mettent pas de lui contester sans injustice ses droits de pere legitime de la methode sous-cutanee. Bieiienbach lui-meme , que Ton a tant oppose a M. Jules Guerin, lui a dit en presence de te- moins ces paroles mcmorables : « Puisque Ton yous persecute, et parce que Ton vous persecute, je n'hesite pas a venir vous dire que jevous reconnais, moi, comme le veritable auteur de la me- thode sous-cutanee et le createur de I'ortbopedie scientifique. » La question est done completement eclairee, la methode sous-cu- tanee est bien I'oeuvre de M. Guerin. — M. le baron deTremont a legue a la Faculte de medecine de Paris une somme de mille francs pour etre distribuoe annuelle- ment, a titre d'encouragement, a un ou dcuxeiudiants distingues et sans fortune. — L'h6pital de Clermont-Ferrand est bien expose et soumis t^ une ventilation suffisante; on n'y avait presquejamais observe ces eresypeles qui viennent si souvent dans les hopitaux de Paris com- promettre le succes des operations lesmieux failes, et cependant I'humidite excessive des mois d'avril et mai 1856 , y a fait appa- raitre non-seulement des eresypeles termines par la gangrene ou la resorption purulente, mais meme la pourriture d'h6pital. — M. le docteur Kraus recommande comme excellent et tres- pratique, le moyen suivant de mettre en evidenct la presence du Sucre dans les urines , prenez : bichromate de potasse, 1 gros ; faites dissoudre dans eau distillee , 3 gros ; ajoutez acide sulfu- rique concentre, 2 gros; melez quelques gouttes de cette liqueur avec mi volume ^gal de I'urine a analyser; chauffez jusqu'a I'e- buUition; si I'urine contient du sucre, vous verrez apparaitre une couleur bleue [verdatre ; si elle contient de I'albumine , il y aura precipitede maliere blanchatre. PHOTOGRAFHIE. fi(osai>-c dvs (liiFercnis lodurcs dans Ic collodion Par M. I'iibb^ Lahorde. — (Suite et fin.) n L'iodure de zinc ollre plus d'avantages que les prec(^dents; mais sa deliquescence le rend d'autant plus incommode qu'ii se deconqwse a Fair quand il est humide. Le nitrate de zinc qu'il introduitpeu a peu dans le bain d'argent, agit dans le sens de I'acidc acctique sans diminuer pour ccla la scnsibilite de la cou- che impressionnable. L'iodure de cadmium remplit mieux qu'aucun autre iodure les conditions enoncees ci-dessus : il est inalterable a I'air ; il ne provoque pas la decomposition de I'ether-, son nitrate favorise la venue de I'image. L'iodure d'alumiuium est tres-deliqnescent; c'est un produit peu connu et qu'il n'est pas facile d'obtenir bien pur. Son nitrate agit dans le sens de I'acide acetique. II se distingue par une pro- priete assez curieuse : il communique a la couche sensible une grande adherence sur le verre, lors meme que le collodion con- tient une forte proportion d'alcool. L'acetate d'aluraine ajoute a I'acide pyrogallique produit le meme efiet, et augmente le pouvoir reducleur. L'acide gallique lui-meme, additionne d'acetate d'alu- mine, devient aussi actif que I'acide pyrogallique. Je ne fais que eiter ce fait en passant ; mais il est assez important pour appeler des details que je donnerai plus tard. L'iodure de fer prepare avec exces de limaille de fer donne ime grande sensibilite au collodion; mais le nitrate de fer salit promptement le bain d'argent, surtout quand il est neutre. L'ex- treme sensibilite que donne l'iodure de fer tient a ce qu'il intro- duit dans le collodion un corps reducteur. On sait qu'en effct I'a- oide gallique ou pyrogallique ajoute au collodion lui donne une grande promptitude ; mais en meme temps surgissent les incon- venients attaches h une sensibilite que Ton exagere. II n'est meme pas necessairc d'avoir recours k des reducteurs aussi energiques, car une trace de tannin dans 200 ou 300 grammes de collodion produit une sensibilite telle qu'on est oblige de la moderer en ajoutant de I'acide acetique au bain d'argent; sans cette precau- tion, I'epreuve se couvre entiferement sous 1' agent revelateur de CO&MOS. 373 cette teinte rouge que presentent les cicls quand on a dcpasse le temps de I'exposition. Pour s'assurer que I'iodure de fer est bien rdellementun corps reducteur, on en metune petite quantitedans un verre d'eau, et, apres avoir ajoute quelques gouttes d'acide acetique, on emploie le tout comme I'acide pyrogallique. L'image vient faibleraent, il est vrai, meaie apres une exposition prolon- gee ; mais, ce qu'il y a de remarquable, c'est que I'iodure de fer qui possede le meme principe actif que le sulfate de fer, ne deve- loppe I'epreuve qu'avec une extreme lenteur : il faut attendro plus de deux lieures pour qu'il produise tout son effet. Cette lenteur d'action est tres-estimee par les pbolographes dis- tingues, et I'iodure de fer serait probablement un tres-bon agent revelateur s'il ne detruisait pas sur la surface de I'epreuve la cooperation du sel d'argent soluble en le transformant en iodure insoluble. Lorsqu'on fait varier sans cesse la dose d'iodure dans le collo- dion, ou de nitrate d'argent dans le bain sensibilisateur, on ne tarde pas k s'apercevoir que les belles epreuves tlennent a cer- taines proportions qui doivent exister entre I'iodure et le nitrate d'argent. Ges proportions constituent en quelque sorte des equi- valents photograpbiques differents des equivalents cbimiques, car il ne suCfit pas de satisfaire aux lois de ceux-ci pour obtenir I'io- dure d'argent photograpbique, il faut de plus qu'il soit forme avec un exces donne de nitrate d'argent. En effet, I'iodure d'argent est blanebatre quand I'iodure gene- rateur domine ; il est d'un jaune franc lorsque la double decom- position est exacte; il tire sur le gris quand le nitrate est en exc6s, et c'est un peu en deca de cette dernicre llmile que se trouve le veritaJjle iodure d'argent photograpbique. Voici d'ailleurs ce que I'experience enseigne : Si en conservant toujours la dose ordinaire d'iodure dans le collodion, on diminue progressivement celle du nitrate d'argent dans le bain sensibilisateur, la coucbe impressionnable devient un peu moins sensible ; les epreuves sont de plus en plus pSles, puis I'etat moleculaire de I'iodure d'argent cbange entierement et ne presenle plus qu'une fine poussi6re que les liquides cbassent devant eux sur la surface du collodion. Si au contraire, en partant des proportions moyennes, on aug- mente progressivement la dose de nilrate d'argent, la coucbe im- pressionnable devient un peu plus sensible; les epreuves sont plus vigoureuses, mais en meme temps les taclies sont plus immi- ^•th COSMOS. nentes; puis la sensibility diminue rapidement, disparait tout & fait et Ton ne presenlc plus h la lumiere qu'une surface entiere- rementinerto. Get effet se produit lorsque I'exces du nitrate d'ar- gcnt est tel qu'il dissout Tiodure. II scrait facile de ne pas Irop s'eloigner des proportions moyennes s'il suffisail de doser convenablement Ics liquides; mais une cause d'erreur sans cessc renaissante vient des operations elles-memes. En effet, la solution d'argent que je suppose a 7 pour 100 s'eva- pore a la surface de la couche sensible, et en ete elle pent aller promplement a 20, 30, 50 et meme 100 pour 100, puisque le ni- trate d'argent se dissout dans son poids d'eau froide, et que par- fois on voit des traces de cristallisation sur la surface de I'epreuve. II faut evidemment tenir compte de cette concentration variable du nitrate d'argent qui change les conditions du succes. On est surpris quelquefois de pouvoir diminuer de beaucoup la dose de nitrate d'argent dans le bain sensibilisateur sans qu'il y paraisse sur I'epreuve : c'est qu'en se servant d'une solution i 5 pour 100, je suppose, elle est dans la realite a 8 ou 10 quand on opere ; aussi convient-il, dans les grandes chaleurs, d'employer une so- lution moins forte, pourvu toutefois qu'on ne la descende pas au point ou elle engendre cette fine poussiere dont j'ai parte, car un bain plus concentre ne rameneraitplus I'iodure d'argent h son etat normal. Je me sers volontiers d'un moyen qui retarde beaucoup I'eva- poration du nitrate d'argent, et qui a I'avantage de ne rien chan- ger aux operations : on plonge dans I'eau une feuille de papier buvard gris ou rouge fonce, et on I'applique sur le volet du chassis du cote qui fait face k la couche sensible ; on comprend que ce volet doit etre prealablement convert d'une couche epaisse de vernis ; il vaudrait mieux qu'il fut en metal. Plongee dans un atmosphere humide, la solution d'argent re- coit autant qu'elle perd pendant un temps qui suffit largement aux operations sedentaires. S'il faut prolongerle temps de I'expo- sition dans un lieu faiblement eclaire, le papier humide n'etant plus au-devant de la couche sensible, j'ai recours au procede que i'ai fait connaitre en 1853 {Cosmos, h novembre 1853), et qui con- siste ci laver la couche sensible avec de I'eau pure au sortir du bain sensibilisateur, et ane lui restituer la solution d'argent qu'au moment de faire venir I'epreuve. Le micl, les mucilages et les substances ddUquescentes dont on revel la couche sensible, n'agissent pas seulement par I'humidit^ COSMOS. 375 qu'elles mainliennent, mais aussi et principalement parce qu'elles s'opposent a la concentration de la solution d'argent, ou ])ien parce qu'elles I'eloignent lout a faitjusqu au moment oii il I'autia restituer pour la venue de Timage. II faut savoir reconnaitre, d'apres les resultats obtenus, si Ton a observe ces proportions moyennes quej'ai appelees equivalents photographiques, et cette aptitude est d'autant plus importante qu'il y a tel sujet dont la reproduction artistique demande au photographe intelligent qu'il se tienne un pen au-dessus ou un peu au-dessous des proportions moyennes. On salt par ailleurs quel parti Ton peut tirer dans le meme sens de I'agent revelateur en faisant varier les proportions des elements qui le constituent. Cette latitude, qui s'olTre a I'operateur dans tant de cboses qui dependent de son intelligence, est I'origine de bien des insucces ; mais il ne faut pas s'en plaindre, car c'est par elle que la photo- grapliie devient et sera toujours un art entre les mains des ha- biles. Belles epreuvcs obtenues sur les papiers de SI. Marion. M. Marion a offert h la Societe francaise de photographic, de magnifiques epreuves obtenues sur les papiers albumines par M. le docteur Lorent, de Venise, et qui ont excite I'ad miration universelle. Nous avons sous les yeux, en ecrivant ces lignes, un Crucifiement de soixante-dix centimetres de hauteur, sur cin- quante centimetres de largeur, reproduit d'un pldtre sculpte par Revillot, dans la maniere de MM. Bayard et Billordeau, souseclai- rement oblique, par des rayons venus de tres-haut, qui peut lut- ter avec tout ce qui a ete produit de plus beau en ce genre. M. Marion est deflnitivement en voie de succes et de succes con- siderable, ses papiers ne laissent plus rien h desirer, et il en a pour tons les gotits, pour tous les procedes, de maniere a repondre k toutes les exigences imaginables ; il est d'ailleurs toujours pret k tenter de nouveaux essais, quand ils lui sont demandespar des photographes qui ont fait leurs preuves. II fallait du courage, et un grand courage, pour entrer dans cette voie nouvelle ; ce cou- rage, heureusement, atrouve sa recompense; les papiers francais sont aussi recherches aujourd'hui que les papiers anglais et sue- dois ; et ils s'am^lioreront encore. ACADEMIE DES SCIENCES. Seance du 6 avril. Les demandes d'admission au concours Monlhyon pleuvent en- core de toutes parts. M. Lebert adrcsse pour cet objet trois Me- moires, dont un siir la fiuvre typboide; BI. Demarquay, son ins- trument pour la dilatation mecanique du rectum; M. Lucien Corvisart, scs recbercbes sur la digestion, les fonctions du pan- creas et du sue pancreatique ; M. Hoe, ses experiences sur I'obli- teration do la veine porte, la secrdtion do la bile et la fonction glycogenique, etc., etc. — M. Gbarles Lesp6s adresse, pour le concours de pbysiologie experimentale, ses belles et curieuses recbercbes sur les termites, auxquellcs il ajoute aujourd'bui un fait de la plus baute portee. Une colonie de termites comprend, comme on le sait, trois sortes d'individus, les larves, les neutres et les ouvriers ou soldats; les larves et les neutres sont aveugles, raais les neutres peuvent plus tard passer k I'etat de voyant; sur le neutre aveugle, on ne Yoitni ceil ni nerf optique; mais plus tard on voit apparaltre les rudi- ments du nerf optique, et ce n'est qu'apres que le nerf optique s'est developpe que I'oeil commence a apparaitre h son lour. — M. Sorel reclame contre M. Kublman la priorite de Temploi de la gelatine tannee dans la peinlure & la detrempe et la teinture; 11 appellc de nouveau I'attention de I'Academie sur la peinture h roxy-cblorure de zinc, qui lui parait toujours meilleure et plus riche d'avenir que la peinture au blanc de baryte et autres agents analogues. — M. Ernest Favre a fait une etude tres-approfondie du cer- veau dcs insectes, compose de plusieurs cnveloppes successives, et il a vu qu'il presente de grandes analogies avec le cerveau des animaux d'ordre superieur, en ce sens que les divers ganglions ou centres nerveux remplissent des fonctions speciales ; qu'il y a le ganglion de la volition, le ganglion de la sensibilite, le ganglion dumouvement, etc., etc.; il croit ses etudes dignes de concourir aux prix Montbyon. — M. Mariani Salmona, do Naples, adrcsse un grand travail re- latif a I'influence du sol et des eaux sur la production du goitre; il est reste convaincu que la cbaux et meme la raagnesie du sol et des eaux n'cxercent dans cettc production qu'une influence Ires- -secondaire ou nuUe. On trouve a peine des goitreux dans des lo- COSMOS. 377 tjalites oil la magnesie abonde relativement, tandis que dans des localites tres-voisines ou la magnesie a disparu du sol et des «ai3X, le nombre des goltreux est considerable. — Un medecin qui a rencontrd un cas de peau bronzee, a vouln, aprfts la mort du malade, s'assurer de I'etat des capsules surre- nales, et il les a trouvees parfaitement saines. — M. Dum^ry, ingenieur, annonce qu'il a fait, au Muse'um d'his- toire naturelle, Tapplication de son appareil fumivore, couronn^ par rAcad^mie; ils'agissait cette fois, non plus d'une combustion active, comme dans les usines, mais d'une combustion lente, etle resultat, au point de vue economique, a ete beaucoup plus satis- faisant encore ; il a apporte a son appareil des ameliorations et des perfection nements qui^ lui semblent meriter un nouvel €xamen. — Un chirurgien-accoucheur, dont le nom nous echappe, a apporte au forceps des modifications qui permettent de le faire agir avec une seule main, et soUicite unprix Monthyon. — M. le docteur Berlillon, qui, comme nos lecteurs le savent, a- combattu efficacemcnt par ses conclusions statistiques les affir- mations de M. Carnot et des autres detracteurs de la vaccine, se presente aussi au concours Monthyon. — 11 en est de meme de M. le docteur Larcher, qui a decouvert le premier le fait trcs-remarquable d'une liaison ou rapport etroit entre I'uterus et le coeur gauche ; t\ mosure que dans la grossesse i'uterus se developpc de plus en plus, le cceur gauche s'atrophie,. ses parois s'epaississent, son volume diminue, etc., etc., de sorte que I'examen du coeur droit pent devenir un diagnostic de la gros- sesse; cet epaississement des parois du coeur expUque aussi les auomalies ou troubles de la circulation qui accompagnent la ges- tation. — M. le docteur Guerineau, par une prodigalite sans exemple, distribue i presque tons les membres de I'lnstitut, physiciens, chimistes, botanistes, mineralogistes, etc., les deux volumes de ses Recherches plujsico et physiologico-chimiques, ou reprenant les tourbillons de Descartes, il Icur fait jouer un r6le dans les ph^nomenes de la nature. — M. Chatin faithommage d'une nouvelle livraison de son Ana- tomie compareevegetale; il s'agit cette fois des monotropces et de feur classification. — M. Loiseau, toujours pour les prlx Monthyon, prdsente un travail considerable sur les divers moyens k I'aide desquels on 378 COSMOS. peut pen^trer dans les voies aeriennes pour en extraire les corps etrangers qui s'y sent engages. — M. Debellay recommande au meme point dc vue sa methode pour la cure radicale et definitive des retrecisscments de I'uretre. — M. le docteur Rocliat se plaint de ce que son collogue, M. Sel- lier, ait oublie ou refuse de lui accorder la part qui lui revient dans le Iraitement ct la guerison de la couperose par I'iodure de clilorurc niercureux, agent decouvert par M. Boutigny, d'l^vreux. M. Sellier afflrme que Faction de ce medicament nouveau ne ,comporte aucun inconvenient, qu'il est d'une grande puissance jsur I'economie, qu'au lieu de les repercuter, il a la propriele d'ap- pelcr 'i I'exterieur les fluides morbides; il ajoute : Jusqu'a ce jour, je n'ai pas eu un insucces, meme chcz les personnes d'un Age avance, et je n'ai pas constate une scule recidive chez les malades ^ueris depuis plusieurs annees. A la fin du traitement, interne a la fois et externe, il ne reste plus aucune trace des pustules, des rugosites ctdererythcme dc la peau; les vesicules variqueuses de la face perdent de leur volume et reviennent k leur calibre nor- mal. L'iodure de chlorure mercureux a ete aussi employe avec avantage par M. Sellier pour la resolution des goitres et des ade- nites cervicales, pour la disparition des plaques couleur de bronze qui accompagnent la grossesse des ferames et persislcnt souvent si longtemps sur leur figure apres raccouchcmcnt. — M. Serret adresse une note sur la theorie des refractions as- Jronomiques avec priere de I'inserer dans les Comptes rendus. Wous no Savons pas ce qu'elle contient — M. Tardy de Montravel adresse des documents nouveaux k I'appui de son Memoire sur la riviere des Amazones, — M. Bureau de la Malle fait une lecture impossible a saisir, sur les migrations anciennes des peuples d'apres le recit de Moise. — M. Becquerel, au nom de M. Marc-Antoine Gaudin, presente une note sur la production au sein de creusets ordinaires soumis a un feu de forge, de saphirs blancs en cristaux limpides isoles. Voici un abrege de cette note : M. Gaudin, qui, depuis vingt ans , travaille avec un certain succes h la fabrication de pierres precieuses artificielles, vient de trouver un procede par lequel il obtient en peu d'instants des cristaux d'alumine tres-purs. II avait obtenu autrefois des rubis fondus, aujourd'hui il a reussi h obtenir des cristaux limpides, auxquels il ne manque que la couleur pour etre des pierres precieuses parfaites. M. Gaudin avait precede Ebelmen; main- COSMOS. 379 tenant il imite M. de Senarmont. Pour produire ses cristaux, il place dans la brasque d'un creuset, faite avec du noir de fum^e, un melange, h parties egales, d'alun et de sulfate de potasse prea- lablement calcines; puis il soumet le creuset au feu de forge, de maniere ci etablir la temperature au blauceblouissant pendant un quart d'heure si le creuset est tres-petit, et davantage si le creu- set est plus grand. En cassantle creuset, on trouve dans la brasque une concretion herissee de cristaux, qui se composent de sulfure de potassium empfttant Ics saphirs. Avec de I'eau regale etendue et en chaulTant, les cristaux se degagent et se reunissent au fond de la capsule, sous forme d'un sable fin. Ce sont generalement des tables hexa- gonales regulieres; plus souventce sont des rbomboedres ; dans ce dernier cas, ils ont une epaisseur notable, et si I'auteur parvient a les faire plus gros, ils pourront servir a I'horlogerie. La limpi- dite de ces cristaux ne laisse rien a desirer; chacun a pu voir, a la derniere seance de I'Academie, un de ces sapbirs qui, avec un microscope do Oberhaeuser et Hartnack, d'un grossissement de 300 diaimetres, avait Fair d'un bloc de cristal , avec des aretes d'une purete mathematique, et dans le triangle formant la base du rhomboedre on pouvait compter jusqu'i 300 petites pierres colorces en lames hexagonales. IM. Gaudin a dejaobtenu des saphirs assez gros, pouvant servir dans I'horlogerie pour les petites pieces. M. Gindrau a rcconnu a ces saphirs une durete sensiblement superieure a celle des rubis naturels. Pour en percer un, il a employe vingt minufes avec un fo- ret d'un dixiemedemilUmetre, garni de poudre de diamant,etqui execulait cent tours par seconde ; par consequent, il n'a pas fallu moins de 120 000 tours de foret pour percer un sapliir dont I'e- paisseur n'excedait pas un tiers de millimetre. M. Gaudin pense que le sulfure de potassium produit par la reaction du carbone sur le sulfate de potasse est le corps aclif dans cette operation, car il a obtenu des cristaux d'alumine en placant dans la brasque de I'alumine calcinee avec du sulfure de potas- sium. II pense que ce sulfure est un dissolvant qui est evapore partiellement pendant I'operation, mais non totalemenl, comme I'etait I'acide borique d'Ebelmen. L'auteur ecrit aussi que les sul- fures, les chlorures, les fluorures, etc. , agiraient de la meme ma- nifere; ilva jusqu'^ croire qu'en cmployant des feux alimentespar I'oxygene, on arriverait peut-etre a dissoudre le carbone et a le transformer en diamant. Dej^i, en voulant obtenir des cristaux de sm COSMOS. siliceparun melange de silicate depotasse et desulfure de potas- sium , il a obtenu , des la premiere fois, un yerre enfumd exempt ■d'alumine et de bore qui raye le rubis. — M. Isidore Pierre, de Caen, correspondant de I'Academie, lit une analyse de ses recherches sur le the de foin, ou I'infasion a froid ou ci chaud de foin, que Ton donne aux jeunes vcaux pour les aider ci franchir le passage deFalimentation au lait a I'alimen- tation au foin. Nous n'avons pas assez bien saisi les conclusions de ce travail pour essayer d^en faire connaitre la portee a nos lecteurs. — M. Rayerprdsente deuxMemoires : I'un, de M. Charles Robin, sur la structure des os; I'autre, d'un savant allemand, sur le de- veloppement de la base du crftne dans I'c^tat normal et patholo- gique ; le fait le plus important de ce travail est que le develop- pement anormal de la base du crftne contrarie le developpement normal de la voCite, et joue, par consequent, un r61e dans le cre- tinisme, I'idiotisme, etc. — M. Balard presente, au nom de M. de Luca, un Memoire sur la cyclamine, substance nouvelle extraite par lui du cyclamen europa'um, et met en evidence, experimentalement, la proprie'te qu'a cette substance de se coaguler. Nous regrettons vivement de ne pouvoir inserer integralementl'interessante note que nous de- vons a la bienveillance de M. de Luca : en voici au moins toute la substance : La racine de cyclamen europmum est un tubercule orbiculaire aplati, brun au dehors, blanc en dedans, et dont le jus acide possede une saveur ficre et styptique. Dans le royaume des Deux- Siciles, et surtout en Calabre on fait usage dujus de ces tubercules pour la p6che par intoxication des poissons d'eau douce. Pour preparer leprincipe essentiel toxique ou cyclamine, on a opdr^ sur k kilogr. de tubercules: apris les avoir laves k I'eau distillee et les avoir coupes en petits morceaux, onles aintroduitsdansun grand flacon avec k litres d'alcool rectifie; on a abandonne le tout pendant 65 jours dans un lieu obscur, puis Ton a decante I'alcool. Les memes tubercules ont ete ensuite ecrases dans un mortier et introduits dans le meme flacon avec 3 litres d'alcool, et au bout d'un mois on a retire I'alcool par expression. lis ont conserve encore une legere saveur Sere, et par consequent on les a r(^duits de nouveau en pftte qu'on a introduite dans lemCme flacon avec deux litres d'alcool, et apr6s 20 jours de contact on a cxprimd I'alcool. Tout I'alcool qui avait servi dans ces trois traitements, a COSMOS. 381 etd reuni et filtre, puis on en a condense la plus grande partie par la distillation au bain-marie. Le residu obtenu ainsi, d'un aspect gelatineux, a ^te evapore a siccite a I'abri de la lumiere dans une capsule de porcelaine au bain- marie, etepuiseensuite a froid parl'alcool rectifie. Les solutions alcooliques reunies et filtrees ont ete placees dans une capsule et abandonnees a I'evaporation spontanee pendant UO jours dans les caves du laboratoire du College de France. Au bout de ce temps il s'est depose au fond de la capsule une matiereblanchatre, amorphe, qu'on a lavee avec soin a I'alcool froid et qu'on a dis- soute dans I'alcool bouiilant. Par le refroidissement, cclui-ci laisse deposer la matiere dissoute sous la meme forme qu'aupa- ravant. Cette matiere est le principe actif des tubercules de cycla- men. On Fa desseche dans le vide sur de I'acide sulfurique et a I'abri de la lumiere. Voici ses proprietes : La cyclamine est une substance blancbatre, opaque, amorphe, sans odeur, friable, legere etneutre. A rairhumideelleaugmente de volume en absorbant de I'eau. Placee au fond de I'eau, elle prend I'aspect d'une gelee presque transparente ettres-visqueuse, comme la gommeimbibee d'eau. Par I'evaporation spontanee de sa solution alcoollque faite a froid, ou par le refroidissement de sa solution alcoollque chaude, elle se depose sous forme de petites agglomerations amorpbes et blanches, qui brunlssent fa- cilement par Faction directe de la lumiere. Elle se dissout facile- ment dans Feau froide; cette solution mousse par F agitation , et possede la propriete singuliere de se coaguler comme Falbumine a une temperature de 60 i 75 degres. Par le refroidissement et apres 2 ou 3 jours de repos,la partie coagulee se redissout dans I'eau et pent se coaguler de nouveau par la chaleur. La cyclamine ne contient pas d'azote ni de phosphore , ni de soufre, et brulee sur une lame deplatine, elle ne laisse aucun residu fixe; elle se dissout en grande quantite dans I'alcool a I'aide d'une legere ele- Tation de temperature. Sa solution aqueuse n'est pas coloree par I'iode, meme apres sa coagulation par la chaleur; elle ne reduit pas la solution de tartrate cupro-potassique, mais elle absorbe le brome en se coagulant. Elle ne parait pas fermenter par la levUre de biere. Par Faction de la synaptase, a une legere chaleur, elle se dedouble en produisantdu glucose qui reduit le tartrate cupro- potassique et qui fermente avec production d'acide carbonique et d'alcool. Les acides acetique et chlorhydrique la dissolvent i chaud; le dernier la coagule vers 80° et la dedouble avec produG- ^2 COSMOS. lion de glucose. L'acide sulfurique concentrd prodnit avec la cy- clamine une coloration jaune qui passe k un orange-violet. Cette coloration disparait par un exc6s d'eau. Le bichlorure de mer~ cure n'agit pas sur la solution aqueuse de cyclamine ci froid, mais l'acide gallique la coagule. L'acide azotique I'attaque en produisant des composes acides qui se combinent avccla potasse etl'ammo- niaque. Ces combinaisons sont prccipilables par l'acide cblorhy- drique et par I'azotate neutre d'argcnt. La cyclamine se dissout a chaud dans la glycerine, dans I'alcool absolu et dans I'esprit de bois ; ces deux derniers et I'alcool ordi- naire la dissolvent aussi k froid , mais en petite quantite. L' ether, le sulfure de carbone, le chloroforme et les huiles cssentielles no la dissolvent pas. La saveur de la cyclamine se manifeste au bout de quelques instants avec une ftcrete toute particuli6re qui aCFecte speciale- mentla^gorge. Lejus de cyclamen a la dosede 10 ci 20 grammes est sans action sur un lapin, on au moins ne produitpas la mort de I'aniraal. Les pores mangentimpunement ces tubercules, mais le jus agit comme toxique puissant ',sur les poissons, car il suffit de moins de un centimetre cube de ce jus pour produire la mort de petits poissons nageant dans 2 ou 3 litres d'eau. La cyclamine dissoute dans ce liquide agit comme le jus de cyclamen. M. CI. Bernard a bien voulu faire quelques essais avec le jus de cycla- men en I'injectant dans le poumon etdansle tissu cellulaire pour voir si la matiere active offre quelque analogie avec le curare. Deux grammes de ce jus injectes dans le jabot d'une grosse oie produisaient la mort avec une grande rapidite. Quatre grammes injectes dans la tracliee d'un lapin donnerent la mort en dix mi- nutes. 1 gramme introduit sous la peau d'un oiseau produisit la mort au bout de vingt minutes avec convulsions. Une grenouille qui recut sous la peau 2 gram, de la dissolution, mourut au bout d'une demi-heure, le coeur ne battait plus, les nerfs et les muscles etaient tr6s-peu excitables, les intestinsetaient meteorisds. Toutes ces experiences montrent que cette matiere agit sur i'e- conomie animale k peu pres comme le curare. Lebrome diminuelapropridte toxique de la cyclamine et cefait rapproche encore cette substance du curare. Par exemple, un cen- timetre cube d'une solution aqueuse de cyclamine, injecte sous la peau d'une grenouille , la tua en cinq minutes •, une autre gre- nouille, trait^e par la m6me quantite do substance saturee|de.va- peurs de brome, Il^est morte qu'au bout de trois heures. COSMOS. 383 M. de Luca ajoute en terminant, que M. Ubaldi, jeunecliimiste italien, plein d'intelligence et de zele, I'a beaucoup aide dans ses i^echerches. — M. Lissajoux complete ses belles recherches experimen tales sur I'etude optique des sons, des vibrations sonores et en general des mouvements vibratoires ; elles comprennent : 1° les moyens de rendre visible le mouvement vibratoire des corps solides ; 1° la composition optique de deux mouvements vibratoires qui s'effec- tuentsuivantla meme direction et I'etude optique desbattements; 3° la composition optique de deux mouvements vibratoires diriges dans deux sens rectangulairesetl'accord de deux diapasons a un Intervalle musical quclconque ; h° la production d'un son constant ouetalon,pouvantelre pris pour unite sonore, au moyen de I'in- terrupleur electrique de M. Leon Foucault, etc., etc. Dans une de nosplusprochaines livraisons, nous exposerons rapidement mais completement ce bel ensemble, parfaitement digne des recom- penses et des encouragements de I'Academie. — M. Bernard donne I'analyse verbale des experiences ten- tees par M. Gallois sur I'uree et les urates. II s'agissait de sa- voir : 1° si I'uree, introduite dans les voies digestives, etait entie- rement eliminee par les reins : elle n'est pas eliminee en totalite, une certaine portion disparait ; 2° si I'uree esttoxique : administree aux lapins, & la dose de 5 grammes, elle ne produit aucun efTet facheux ; mais, a la dose de 20 grammes, elle est toxique ; tons les lapins auxquels on I'a administree ci cette dose sont morts, et morts sans qu'on ait pu constater la formation de carbonate d'am- moniaque, comme le croyait M. Wohler ; 3° enfln, si I'acide urique ou les urates pouvaient determiner la formation d'acide oxalique, d'oxalates ou d'allantoine, et faire naitre par consequent des cal- culs urinaires; la formation de I'acide oxalique est tr^s-probable, mais M. Gallois n'a jamais vu apparaitre Tallantoine. — M. Isidore Geoffrey Saint-Hilaire presente, au nom d'un zoo- logiste russe, M. Severson, une nouvelle monographie du genre Tigre, fruit de tres-longues et trcs-consciencieuses recherches faites dans tous les musees et collections de I'Europe ; la conclu- sion principale est que plusieurs des especes admises ne sont en r^alite que de simples modifications ou varietes dues & Taction du chmat et du milieu au sein duquel I'animal est appele S vivre. — M. Geoffroy Saint-Hilaire encore, au nom de M. Lartey, pre'- sente un humerus d'oiseau, decouvert par M. I'abbe Dupuis, d'Auch, dans la molasse marine. Get os fossile, presque entier, 584 COSMOS. apparlient k un animal de tres-grande taillc, d'un genre tres-rap- proche du Labrador ou Diomedoaa, de I'ordie des palmipedes. — M. Jomard ecrit que les instructions, donnees par 1' Academic k M. d'Escayrac de Lauture, commandant de I'expedition dissoute, ne seront pas perdues; elles sont revenues aux mains de M. de Lesseps, qui a charge plusieurs personnes instruites de repondre categoriquement et promptement aux questions posees. — M. le doctem' Baudens, inspecteur du service des armees, lit un Memoire sur le traitement des blessures t'l I'armee de Crimee. II signale surtout deux fails capilaux : le premier, c'est qu'on a renonce a la fatale habitude de debrider ou d'elargir les plaies recues par des amies a feu ; le second, que le traitement des blessures de toutes sorles, par I'application de la glace ou des re- frigerants, a donne les plus heureux resuUats. Nous reviendrons sur cette importante lecture. — M. Berthelot, preparateur de chimie au College de France, litun Memoire sur la fermentation alcooUque. Ou n'elait pas par- venu jusqu'ici a faire subir la fermentation alcoolique c\ la glyce- rine, a la mannite, a la glucyne, a la sorbine, etc., et autres subs- tances neutres, dont la composition chimique ne differe de celle des sucres proprement dits que parce que I'oxygene et I'hydro- gene n'y sont pas renfermes dans la proportion qui constitue les Elements de I'eau. Or, M. Berthelot, de plus en plus habile et heureux, serait parvenu tout recemment a determiner cette fer- mentation, en faisant usage de carbonate de sonde pour maintenir la substance dans mi etat constant de neulralite, et d'un ferment azote, la caseine au lieu de leviu-e de biere. Mais en outre d'acide carbonique et d'alcool la fermentation donnerait lieu a un dega- gement d'hydrogene, provenant sans doute de I'hydrogene en exces dans la substance neutre. Si nous avons bien compris, M. Berthelot aurait annonce en outre qu'il serait parvenu a trans- former la glycerine et la mannite en sucre veritable, fermentant immediatement sous riafluence de la levure de biere. Ce serait une belle decouverte ajoutee par le jeune chimiste k celles qui ont deja rendu son nom celebre. — Dans le comite secret, la section d'astronomie a presenteune liste decandidatspour les trois places vacantes dans sou sein, en placant en premiere hgne : poui- la premifere place, M. Peters d'Altona; pour la seconde, M. Adams de Cambridge ; pour la troi- sieme, le R. P. Secchi de Rome. VARIETES. lie canal maritime de Suez. Kapport fait par M. DuriN au nom d'une Commission composee de MM. Cor- DiER, Elie de Beaumont, Dufrenot, amiral Dn PETix-THOtiARS et Dupin. (Analyse de la Ire partie.) Nous nous serious reproche de n'avoir pas encore traite a fond de cette gigantesque entreprise, si nous n'avionspas pour excuse d'avoir attendu qu'elle recut au sein de notre Academie sa con- secration scientifique. Maintenant qu'une solennelle approbation etles travaux df^ja realises Tout fait passer de I'etat de projet a r^l^t d'oeuYre serieuse et grande; maintenant surtout que dans un rapport modele, oeuvre k la fois savante et patdotique, M. le baron Dupin anettement pose la question et I'a eclairee d'un jour tout nouveau, nous pouvons, en prenant son rapport pour guide, en nous contentant de resumer fldelement son brillant tableau, ne laisser rien ignorer b. nos lecteurs de ce qui, dans ce vaste etnoble projet, est d'un interetvraiment general. Historique du canal. II s'agit au fond de restituer k la Mediterra- nee la route suivie par le commerce dans I'antiquitd, route qu'elle a perdue depuis bientdt quatre siecles, par la decouverte du cap de Bonne-Esperance. Pharaon Nechos, fils de Psammichus, de- creta le premier le percement de I'isthme de Suez; mais en se oontentant d'unir la mer Rouge au Nil. Les travaux commence's sous son regne, et que des craintes superstitieuses firent aban- donner, couterent la vie h 120 000 ouvriers ; Darius, le fils du con- querant, renonra a la pensee de les reprendre, parce que de pre- tendus savants lui persuaderent que le niveau de la mer Rouge dtait tres-superieur a celui de la Mediterranee ; il laissa done aux Ptolemees la gloire d'ouvrir definitivement cette voie maritime que I'empereur Adrien etendit et perfectionna, mais qu'un mu- sulman farouche fit d'abord obstruer quelques siecles plus tard, pour la faire disparaitre ensuite a jamais. La premiere idee d'une communication directe entre les deux mers, par le percement d'un canal qui unirait Suez a Peluze, fut soumise a Omar, le trop celebre compagnon de Mahomet, le si- nistreincendiaire de la bibliotheque d'Alexandrie, par son lieute- nant Amrou; mais Omar la repoussa. Le premier soin du general Bonaparte, apres la conquete de r%ypte, fut de proceder a la recherche des vestiges du canal des Ptolemees; il ordonna en outre k I'un des ingenieurs attaches a 386 COSMOS. I'expedition d'executer un nivellement des terrains qui sdparent la nier Rouge du Nil, et de lui soumettre un projet do canal nou- veau entre les deux mars. Get ing^nieur, Le Pere, qui operait dans des circonstances par trop difflciles, qui n'avail t\ sa dispo- sition que des moyens insuflisants, qui se vit dans I'impossibilit^ de soumettre les resultats de son nivellement au contrule indis- pensable d'une seconde operation, se trompa malheureusement, en assignant k la mer Rouge une elevation beaucoup trop grande au-dessus de la Mediterranee; le projet de Napoleon se trouvait ainsi sape dans sa base. Cinquante ans plustard, Mehemet-Ali fit creuser le canal Mali- moudieh, qui retablit entre Alexandrie et le Caire une commu- nication par eau interrompue depuis des siecles. Presque i la meme epoque, I'Angleterre, apres avoir conquis cent millions de sujets dans les bassins du Gauge et de I'lndus, sentit la necessite de rapprocher ses immenses colonies de la metropole par une voie de communication moins detournee, moins lente, moins pe- rilleuse que celle du Grand-Ocean, qui force & tourner le cap de Bonne-Esperance. Deux lignes de bateaux & vapeur & grande Vi- tesse relierent d'une part Londres et Alexandrie, de I'autre Suez et Bombay, Calcutta, Syngapore, la Chine; des chameaux, ces na- vires providentiels du desert, transportaient les ddpeches, les voyageurs et les tresors d'une mer a I'autre. La nouvelle route ne fait cependant a I'ancienne qu'une concurrence tres-limitee. La quantite de fret coniiee k I'Ocean est trente fois au moins plus grande que celle apportee par la Mediterranee. Dejci, il est vrai, un chemin de fer est sur le point d'unir Alexandrie au Caire, et bientot les locomotives s'elanceront jusqu'a la mer Rouge. Cent jours au moins de navigation seront alors remplaces par vingt- cinq jours de traversee inoffensive. On ira quatre fois plus vite, mais avec une depense presque double; les gouvernements ac- cepteront cette vitesse achetee si cher, mais le commerce ne se laissera pas entrainer, et ne renoncera aux longs detours de I'O- cean qu'autant que I'ouverture d'un canal maritime fera passer sesnavires sans transbordement de la Mediterranee h la mer Rouge. Aussi, des 18^1, nous voyions M. Linant, ingenieur au service du vice-roid'figypte, reprendre, avec la Compagnie p6iinsulaire d'a- bord, avec une autre Compagnie ensuite, le projet du canal entre Peluze et Suez. Le premier pas a faire etait de proceder a un nou- veau nivellement qui etablit d'une maniere absolument certaine le niveau relatif des deux mers. II fut confie k M. Bourdaloue, COSMOS. 387 operateur eminemment habile, exerce et sur, et eut pour rdsultat de demontrer invinciblement que le niveau moyen de la mer Rouge depasse a peine de 68 centimetres le niveau moyen de I'l Mediterranee ; de sorte qu'il est impossible qu'il s'etablisse d'une mer h I'autre un courant toujours de meme sens, infranchissable ou qu'on ne puisse surmonter que par de grands ou couteux ef- forts. Le terrain se trouva des lors deblaye; mais pour Jeter les fondements de la gigantesque entreprise, il fallait une intelligence et une volonte qui fussent, si nous pouvons nous exprimer ainsi k sa hauteur; cette intelligence et cette volonte se sont fait enten- dre quatorze ans; elles se sont enfin r6ncontrees dans M. Ferdi- nand de Lesseps. Le plus essentiel au debut etait d'eviter de sou- lever les jalousies Internationales. En soumettant son proiet au vice-roi d'Egypte, M. de Lesseps le mit sous le patronage d'une Compagnle universelle, etsous la direction d'une Commission In- ternationale dans laquelle l'%pte etait representee par MM Li- nant et Mougel, beys; la Hollande, par M. Conrad, ingenieur en chef des travaux hydrauliques du water-staat; I'Autriche par M. de Negrelli, inspecteur general des chemins de fer; les fitats sardes, par M. Paleocapa, ministre des travaux publics; i'Espagne par M. Cipriano Segundo, directeur des travaux publics- I'Ano-le- terre, par MM. Rendel, Mac-Lean, Manby, ingenieurs, et Harris capitaine denavire; la France enfln,parMM. Renaud, inspecteur general des ponts-^et-chaussees, Lieussou, ingenieur hydrographe Jaures, capitaine de vaisseau, Rigault de Genouilly contre- amiral. Projet definitif. La Commission, apr6s avoir soumis k un serieux examen trois projets, celui de M. Paulin Talabot qui voulait ouvrir de Suez au Caire, du Cairo a Alexandrie un double canal k tres- grande section ; celui de M. Barrault qui voulait aussi deux canaux relies par le la cMenzaleh; celui enfin de M.Linant, bey, qui propo- sait un canal unique d'une mer k I'autre, a deflnitivement adopte ce dernier projet. Partant de Suez, le canal suivrad'abord du sudau nord sur une etendue d'environ 28 kilometres, le vallon ou tbnhvog egyptien; il parcourra ensuite un cercle de grand rayon pour pe- n^trer dans un vaste bassin autrefois rempli par la mer Rouge, traversant les lacs amers dans toute leur longueur; I'un de ces lacs, appcle Timsah , deviendra k 80 kilometres de'suez le port interieurde la canalisation nouvelle; au del^ du lac Timsah, le canal se dirigera en ligne droite versle nord, en inclinanl legc're- ment vers I'ouest, il aboutira au lac Menzaleh en communication a&8 COSMOS. avec la Mediterrance, Dans tout cct intervallc, risllime prdsente la configuration la plus favorable , celle d'une longue vallee tres- peu sinueuse; onne ti-ouve qu'un tr6s-pelit nombre de points oi le sol s'el6ve i plus de deux mtjti'cs au-dessus du niveau de la Me- dilerrannec ; sui" un seul point seulement et sur unc assez courte etendue, I'elevation est de 15 metres; les deblaisseront done fort peu considerables. Des sondages fails sur dix-neuf points dilTd- rents ont prouveque la nature des terrains nepresenteraitaucune resistance extraordinaire a I'excavaLion; presquc partout c'est de I'argilc, du sulfate de chaux sansgrande consislance, ou du sable qui n'est agglutine sous forme de roclies qu'en un seul point pr6s de Suez, et sur une assez petite longueur. On auraitpu craindre que les tourbillons de sable amends par les vents vinssent ^ com- bler le canal ou condamner a des travaux de cm-age sans fm, si d'une part le canal des Pliaraons dont les chaussees sont encore visibles apres tant de siecles, si de I'aulre les lacs amers et le lac Timsah, depressions tres-peu profondes du sol dans lesquellesle. sondage met immediatement i nu des depots marins, n'etaient. pas des temoins authentiques, solennels et eloquents de I'impuis- sance, dans le passe, de rimpuissance , par consequent dans, I'avcnir, sur le trajct du canal des sables que les vents du, desert decliainent ailleurs avec tant de violence. Le sable est ferme sur toule I'etendue de Peluze a Suez , il est convert de l)uissonsque les cbameaux ne peuvent pas traverser; on pourra done planter des deux cotes du canal, des arbres verts qui forme- ront deux vasles rideaux d'ombre et de fraicheur. Comme il est. exccssivcment probable, d'apres les calculs de M. Lieussou, que, suivant le vent et les marees, le canal sera successive- ment envabi par des courants en sens contraircs , ses parois de- vront avoir une certaine solidite; cette solidite s'obtiendra nalu- rellement dans la partie comprise entrc la Mediterrauee et les lacs amers ; mais cntre Suez et les lacs amers il faudra la demau- der h Tempierremcnt des digues. Lorsqu'on arrive de la mer Rouge a Suez , on cntre dans une grande rade semi-elliptique de 12 kilometres de longueur surSde largeur, cap.a|)le derecevoir au mouillage 500 navires, et dont les fonds varient de 5 a 13 metres; deux jetees, I'une du sud-est, longue de 2 000 metres; I'aulre du nord-ouest, longue de. 1 800 metres, separees par une distance de 400 metres, partiront du centre de la rade et s'arrondiront de maniere i former un ar- riere-porl domine en face de la ville par un large quai de 800 melres COSMOS. 389 de longneur; le canal de'bouchora ou s'ouvrira aii nord dans ce port ou bassin. Du c6te de la Mediterranee, le canal, apres avoir traverse dans sa longueur du sud au nord, le lac Menzaleh,viendra aboutir dans les dunes a 20 kilometres de I'ancienne Peluze, au sein d'un portcree artificiellement, et qui s'appellera leport Said, du nom du vice-roi d'Egypte, prince eclaire sous les auspices du- queldoit s'accomplir la grande entreprise; deuxjetees, I'unede Test, I'autre de I'ouest, dcssineront Fentree du port; la jetee de I'ouest faisant fonction de brise-lame,s'avancera plus loin dans la mer pour abriter le port centre les vents d'ouest et de nord-ouest; il suffira que la jetee la plus courte ait 2 300 metres, lapluslongue 3 500 metres pour que les navires sortant du canal trouvent une profondeur d'eau de 8 metres, qui reste la meme sur tout le lit- toral dans une etendue de 20 kilometres ; la distance des deux jetees sera de 400 metres; elles formeront done une sorte derade couverte dont la superficie sera de 40 hectares, oii les navires pourront entrer par tous les temps ; un avant-port de 72 hectares de superficie menage entreles jetees conduira au bassin carre de Said, large de 800 metres, de 64 hectares d'elendue. C'est un fait palpable que lapartie du littoral en avant de Peluze n'apas varie depuis dix-neuf siecles ; que la distance entre la mer et lesruines de la ville est exactement celle assignee par Strabon ; que sur les rivages de la bale de Peluze, on ne trouve ni vase ni Jimon char- ries par le Nil; que sur ce point la mer tend plutot a produire des erosions que des depots d'alluvions, etc., etc.; il n'est done nulle- luent a craindre que les atterrissements menacent ou renversent les travaux qu'on pouiTa entreprendre a la mer; qu'aucun obstacle ne s'oppose ace qu'on fasse deboucherle canal a travers la plage immuable du golfe de Peluze ; c'est en realite une oeuvre plus facile que la creation pour Venise du port Malamocco. En resume, le percement entre la Mediterranee et la mer Piouge d'un canal i grande section, sans point departage etsans ecluses, long de 147 kilometres, navigable meme pour les navires de trois mille tonneaux, avec ses entrees dans les deux mers et ses trois ports, I'un interieuret les deux autres maritimes, n'est nullement une oeuvre difficile ou chanceuse , mais simplemenl une quoslion de temps etd'argent. Les devisdetailles des ingeniours du vice-roi portent les frais a 162 millions, y compris 14 millions et demi pour depenses imprevues et accidents inevitables. La commission Internationale , ajoute M. Dupin , a droit a de grands eloges ; elle ne s'est pas bornee a un examen approfondi 3^0 . COSMOS. des projets etdevis, tcl qu'on pouvait Tattendre d'hommes d'une experience consoramec; elle a propose des perfectionncments importanls qui ont fait du projct actuel une oeuvre commune, qui ne blesse aucune susceptibilite et satisfait au contraire tous les amours-propres. F- Moigno. Etudes sur les fcrntcntations Par M. Eugene Pelouze. Ces recherches forment I'objet d'une these de doctoral en me- decine soutcnue par M. Pelouze iils, le 6 Janvier dernier; elles sont remarquables, en ce sens qu'elles exposentetresument, avec une grande concision et une nettcte parfaite, tout ce qui a etc ecrit sur les phenomenes si importants de la fermentation. lis consistent, dit Ic jeune auteur, dans une serie de decompositions dont le resullat deiinitif est la transformation de combinaisons dordre superieur et complexe en composes plus simples; lis ont pour conditions essentielles : 1° un matiere fermentiscible ; 2° la presence d'un ferment; 3° un milieu humide; h° le contact de Fair; 5" une temperature de 30 ou ixO degres. Apres avoir etudie tour i tour les fermentations alcoolique, glucosique, ace- tique, gallique, lactique, butyrique, visqueuse, valerianiqne, pa- naire, amygdalique, synapitique, stearinique ou saponification spontanee, urinaire, putride ou putrefaction, M. Pelouze arrive aux applications medicales et physiologiques des fails et des theories par lui etablies ou rappelees, et traite dans autant de paragraphes : de la recherche du sucre dans les urines par la fermentation alcoolique; de la preparation des vins mediciuaux par fermentation, et du laudanum de Rousseau; des phenomenes chimiques de la digestion ; des pneumatoses ; de la meteorisalion des ruminants; des accidents produits par I'ingestion des vins en fermentation; de la germination des grains; des fonclions des poumons et muscles glyconegiques dans la vie foetale; des sina- pismes; des maladies miasmatiquesetcontagieuses; des combus- tions spontanees; de la putrefaction au point de vue medico- legal; du fait 6tonnant de la non-putrefaction du foetus mort dans le sein de sa mere. Parmi les observations nouvelles qui appartienncnt en propre S I'auteur de cette these, nous indiquerons comme tr6s-dignes d'at- tenllon, celles qui concernent les causes d'erreur que la decom- position des urines peut entrainer, lorsqu'il s'agit de mcttre en COSMOS. 391 eTidence la presence du sucre par la fermentation. M. Pelouze avait attendu, avant d'analyser certaines urines, un temps assez long pour que la decomposition eut pu survenir, et il vit avec surprise que, traitees par la levilre de biere, elles refuserent ab- solument de fermenter. L'urine, en se decomposant, devient alca- Jine; I'uree qu'elle contient se transforme en carbonate d'ammo- niaque; M. Pelouze a ete ainsi naturellement amene k cberclier si ce sel, comme la plupart des alcalis, ne s'opposait pas a la fer- mentation, 11 a pris deux tubes egaux et a place dans Fun, de I'eau sucree et de la levAre de biere; dans I'autre, de I'eau sucree, de la levilre de biere et 50 centigrammes de carbonate d'ammo- niaque. L'eau sucree du premier tube a fermente au bout de 35 minutes, tandis que l'eau sucree du second n'a commence a fermenter qu'au bout de quatre jours d'une fermentation penible et incomplete. Repetce plusieurs fois, cette experience a cons- tamment donne les memes resultats ; le carbonate d'ammoniaque s'oppose k la fermentation, qui jamais ne commence avant plu- sieurs jours; une dose considerable de ce sel I'empeche tout a fait. La meme chose a cu lieu quand on a substitue l'urine a l'eau. M, Pelouze a pris do l'urine fraiche, il y a ajoute du glucose et de la levure de biere ; la fermentation a commence apres ho minutes, a la temperature de 18° : quand, apres avoir laisse cette meme urine exposee ci I'air, il lui a ajoute de la levure dc biere, elle n'a plus fermente. II resulte de ces experiences que, lorsqu'on vou- dra essayer la fermentation, il faudra toujoui's experimenter sur des urines neutres ou legerement acides; que meme, alarigueur^ on devra les rendre telles, en y ajoutant de I'acide acctique en quantile suffisanle. Cette meme precaution devra etre prise quand il s'agira de faire fermenter les glucoses contenus dans les autres liquides de I'economie animale; la neutralite on I'acidite legere des liqueurs est indispensable a une bonne fermentation. Sur la tcinperatui'c nioycnnc de chaque jour a Grecuwicb Par M. J. Glai«her. Le but de ce long et important Memoire dans lequcl M. Glais- her a pris pour point de depart les observations faites a TObser- vatoire royal de Greenwich, pendant les quarante dernieres an- nees, est d'arriver a connaitre comment la chaleur se dislribue pendant le cours de I'annce. Apres avoir determine la tempera- ture moyenne de chaque mois et de chaqne iour, a I'aide des 392 COSMOS. m^thodes et des tables publiees par lui dans les Transactions phi- losophiques de 1848 , il prend sur une immense feuille de papier pour abscisses, les jours, pour ordonnees, les temperatures moyennes correspondantes, et trace ainsi la ligne courbe qui, pour les quarante annees, indique la marche de la temperature. II est parvenu, de cette maniere, k constater I'existence de periodes d'unecertaine;dureede froid oudechaud relatif,dont ilest difficile d'assigner la cause physique dans I'etat actuel de nos connais- sances meteorologiques. Partant des premiers jours de Janvier, ou elle est la plus basse, la temperature s'elfeve jusque vers la fin du mois, elle baisse alors quelque peu jusqu'au 15 fevrier. A par- tir da 15 fevrier, elle augmente de nouveau jusqu'au commence- ment de mars; elle redescend alors pendant environ quatre jours, et croit de nouveau jusqu'au 10 mai; apres quoi Ton voit repa- railre une nouvelle periode de quatre jours de froid. Cette periode passee, la temperature s'eleve sans cesse jusqu'a la fm de juillet, oil elle alteint son maximum; pendant tout le mois de juillet, les variations des temperatures moyennes ne sont que de quelques dixiemes de degre. A partir de la fm de juillet, la temperature va en diminuant regulierement jusqu'S la fin de novembre, epoque ci laquelle survient un accroissement subit et considerable, suivi de nouveau d'un decroissement regulier jusqu'a la fin de fannee. En Janvier, la temperature moyenne du jour le plus froid a et^ de — 12 degres, 20 Janvier 1838; la temperature moyenne du jour le plus chaud a ete de ll»,51e 2i Janvier 183/i. En fevrier, la temperature minimum a ete — 5°, 56, 9 fevrier 1836; la tempera- ture maximum 14°, 5, 9 fevrier 1831. En mars, minimum — 5°, 56, 13 mars 1845; maximum, l^^S, 31 mars 1815. En avril, mini- mum, —2°, 1" avril 1836; maximum, 17°,25, 25 et 26 avril 1821. En mai, minimum, 2^,25, 3 mai 1832; maximum, 22°, 25, 15 mai 1833. En juin, minimum, 7°,22, 7 juin 1814; maximum, 24°,45, 13 juin 1818. En juillet, minimum, 8°,50, 20 juillet 1836; maxi- mum, 26°, 15, 15 juillet 1825. En aotlt, minimum, 6°, 21, 31 aout 1833 ; maximum, 24°, l" aout 1825. En septembre, minimum, 4°,75, 28 septembre 1824; maximum, 22°, 90, 2 septembre 1824. En oc- tobre, minimum, —2°, 12, 29 octobre 1836; maximum, 17°, 95, 5 octobre 1834. En novembre, minimum, — 4°, 90, 24 novembre 1836; maximum, 15", 90, 2 novembre 1834. En decembre, mini- mum, — 7°,5, 24 dec. 1830; maximum, 12°,60, 8 dec. 1848. Imprimerie de W. Kemquet et Cie, A. TaAMBJLAY , rue Garancicre, 3. propiiitaiie-geiant. T, X, 17 avril 1857. Sixiime ann^e. COSMOS. NOUVELLES DE LA SEMAINE. Le grand evenement de la semaine derniere a ete la distribu- tion solennelle des prix du Concours general annuel d'animaur de boucherie, a Poissy. Pour la premiere fois, 1' Angle lerre et i'ficosse, qui, dans la grande Exposition agricole universelle de 1856, nous avaient fait connaitre les types reproducteurs des races si remarquables creees chez elles, nous montraient cette annee, pour la premiere fois, ces memes types, arrives a un etat -de developpement vraiment extraordinaire, en raison snrtout de' *>a precocite. Un taureau, race Durham perfectionnee, a courles cornes, de 35 mois, pesant 1 000 kilogrammes, a fait I'admi- ration de tons les connaisseurs, et a valu h Sa Grace le due dc Beaufort, qui I'avait expose, un prix d'honneur, medaille d'or et coupe de 2 500 francs. Un lot de moutons Cotswold, remarqua- bles par leur engraissement precoce, a valu a M""' Sarah West de Bletchington un prix d'honneur, coupe de 1 500 francs. Gin- quante-six hoeufs francais primes se disputaient le prix d'hon- neur; il a ete decerne a M. le comte de Torcy, a Durcet (Orne), pour un boeuf croise Durham-Schwitz, normand, age de M mois, €t pesant 1 000 kilogrammes. Les exposants anglais eux-memes ont ete surpris de la valeur de nos moutons, parmi lesquels I'heur reuse influence du croisement des Dishley-Leicester avec les me- rinos commence a se faire sentir, Les animaux francais de I'es- pece porcine etaient tellement hors ligne, sous le triple rapport •de la beaute des formes, de la fermete de chair et de la precocity d'engraissement, que le jury a demande qu'un prix d'honneur fut mis a sa disposition pour cette classe d'animaux exposes; ce prix a ete decerne a M. Emile Pavy. M. le MinJstre de I'agriculture, du commerce et des travaux pu- bhcs a prononce un discours ou nouslrouvons quelques donnees imporlantes. La consommation de Paris en -viandes de boucherie €t en viandes de pores, qui etait, en 18/45, de 52 millions de kilo- grammes, en 1854, de 72 millions, s'est elevee, pour 1855, a 84- milHons de kilogrammes. Si Ton tient compte des accroissements graduels de la population, on trouvera que la consommation de 15 394 COSMOS. cheque habitant s'est elevee, en cinq ans, de 50 kilogrammes h2i grammes ci 70 kilogrammes 371 grammes, c'est-A-dire de plus de 17 pour cent. Dans les chefs-lleux de departement, la cou- sommation annuellc de chaque individu s'est elevee de 7 pour cent dans I'ensemble des dix regions agricoles de la France; dans les regions les plus favorisees, I'augmentation a ete de 18 pour cent. Le mouvement ascensionnela ete plus marque encore dans ies campagnes, mais les chiiTres manquent pour le preciser. Get accroissement rapide de la quantite de viande consommee fera grandement reflechir. — Uu decret du 8 avril ordonne la creation, en Algerie, d'un •reseau de chemins de fer, comprenant : 1° une ligne parallele i la mer, suivant, a Test, le parcours entre Alger et Constantine, en passant par ou pres Aumale et Setif; al'ouest, le parcours entre Alger et Oran, en passant par ou pres Blidah, Amourah, Orleans- ville, Saint-Denis du Sig et Sainte-Barbe ; 2" des lignes parallelos ^larlant des principaiLx ports et aboutissant a la ligne parallele a la mer; a Test, de Philippe ville ou Stora k Constantine, de Bougie k Setif, de Bone a Constantino, en passant par Guelma ; a I'ouest, de Tenes a OrleansYille, d'Azew et Mostaganem k Belizane, d'O- ran k Tlemcen, en passant par Sainte-Barbe et Sidi-bel-Abbes. — Parmi les nouveautes adressees k I'Exposition annuelle de la Societe des arts de Londres, nous signalerons le telegraphe magneto-electrique de MM. Siemens et Halske de Berlin. Get ap- pareil est en eflet remarquable par sa simplicite, par la suppres- sion de toule espfece de pile voltaique, par la facilite avec laquclle 41 transmet des depcches a des distances relativement enormes, ^ans relais et sans translateur; I'experience a prouve que ses si- ■gnanx etaient encore parfaitement visibles et distincts a la distance de 4 000 kilometres , 1 000 lieues ; il a I'avantage, en outre, d'etre toujours pret a fonctionner, de n'exiger qu'un seul fd, et convient par consequent tres-bicn pour le service des lignes de chemins de fer et la correspondance privee. Son seul inconvenient, en parlie compense par tant d'avantages, est la lenteur de ses trans- missions, parce qu'il marche pas k pas, step by step. Ses deux organes essentiels sont, comme ti I'ordinaire, un recepteur et un manipnlateur ou transmetteur. Le recepteur est forme de deux aimants permanents fixes dans une monture, avecleurs polos op- poses en regard I'un de I'autre, et entre lesquels est installe un eleclro-aimant ou aimant temporaire mobile, c'est-a-dire tene- ment suspendu, que ses deux poles puissent s'approchor vu. s'e- I I COSMOS. 395 loigner des p61es des aimants permaneDts. Des courants alterna- tivement positifs et negatifs traversent le fil de i'eieclro-aimant, et raimantent en sens contraire; les p6les de releclro-aimaut sont done tour a tour attires et reponsses; par la nierae, cet elec- tro-aimant se meut d'un mouvement de roLation de meme sens, mais par sauls ; en tournant, il I'ait avancer par pas successifs, sur un cadran, raiguille qui indique les dilYerentes lettros ou signaux. Le manipulaleur et producteur du courant se compose de plu- sieurs aimants permanents, dont les poles font face a une arma- ture commune formee d'un noyau do fer doux, entoure d'un fil de cuivre isole, c'est-i-dire recouvert de sole ou de colon, et tour- nant autour d'un axe porte par deux supports. L'armature est mise en mouvement au moyen d'une roue k pignons et d'une ma- nivelle fixee sur un cadrau qui porte les memes lettres et les memes signaux que le cadran du recepteur. Acliaquedemi-revolulion de l'armature, il se produit un courant alternativement ncgatif et po- sitif qui traverse le fll de la bobine ou eiectro-aimant du recep- teur, et fait avancer I'aiguille indicatrice des signaux. La boiie dans laquelle est renferme le manipulaleur porte sur I'un de ses c6tes un bouton en cuivre que Ton enleve quand il s'agit de cor- respondre; en faisant faire alors un tour entier a la manivelle du manipulaleur, on fait sonner un tin^bre a la station qui doit re- cevoir les signaux; la manivelle est ensuite amenee en face de I'espace blanc ou vide du cadran du manipulateur; le corrospon- dant, de son c6te, en pressant de dehors en dedans sur un bouton en ivoire, a amene I'aiguiile de I'indicateur sur I'espace ])lanc du cadran du recepteur, et tout est pret pour la transmission des si- gnaux. La note que nous avons sous les yeux ne dit pas comment la communication est etablie, mais il est facile de comprendre que I'une des extremites de Telectro-aimaut du recepteur et I'arma- Im-e du transmetteur sont en communication avec le fil unique de laligne, tandis que leurs autres extremites communiquent avecla terre. — Le reverend J. Barlow a fait h I'lnstitulion royale deLondres, le 3 avril dernier, une lecture fort interessante sur les modifica- tions que Ton pent faire subir aux fibres ligneuses. Apres avoir rappele les transformations que MM. Braconnot, Pelouze, et Schdnbein out fait subir au coton et au papier, il appelle surtout I'attenlion sur le precede nouveau par ioquel M. E. Gaine est par- venu a communiquer au papier ordinaire desproprietes lout a fait semblables k celles du parchemin. 896 COSMOS. On prend da papier non colle , on le plonge dans un melange forme de deux parties d'acide sulfiiriqne concentre et d'une partie d'eau; on le retire immediateraent et on le lave dans I'eau ordi- naire. Si les proportions preccdentes d'acide et d'eau n'etaientpas Melement conservees, les qualites du papier-parchemin, c'est le nom qu'on a donne h la substance nouvelle , seraient tres-infe- rieures. C'est seulement lorsque le melange est bien fait dans ces proportions, que I'acide sulfurique produit son plein eflfet de col- lage, et que le papier-parchemin devient un papier a ecrire , ne buvant plus. Quand il est bien prepare, il prend une tenacite telle qu'une bande onnulaire de 2 centimetres de largcur supporte sans se roniprc de 30 a 50 kilogrammes, tandis qu'une bande annu- lairc de parchemin de memo dimension et de raeme poids, sup- porte a peine 25 kilogrammes. Le papier-parchemin absorbeune certaine quantite d'eau, mais 11 ne se laisse pas traverser par elle ou ne la filtre pas; I'eau aussi ne le desagrege pas , la chaleur et I'humidite ne I'alterent point. Dans Facte de sa conversion en papier-parchemin , le poids du papier n'est pas accru , ce qui prouve qu'il ne retient pas d'acide sulfurique. La tenacite du papier-parchemin et sa ressemblance avec le parchemin veritable, le rendent tres-preferable au papier ordinaire, dans tons les cas ou il importe d'obtenir h la fois de la force ct de !a daree, comme lorsqu'il s'agit des actes publics, des polices d'assurances, des cerlificatslegaux, de livres quifatiguent beaucoup on qu'il faut souvent consulter, etc. Il a I'apparence du velin ; on pout s'en servir avec avantage dans la reliure , c'est aussi un tres-bon support pour les peintures ci I'huile. Le meme procede, apphque h des cartes, a des gravures lithographiques et aulres, leur donne une surface tres-polie, qui se salit diflicile- ment, oucjue Ton nettoie sans peine et sans danger lorsqu'elle a ele tachee. 11 est tres-difficile, dans I'elat actuel de nos connais- sanccs, d'expliquer la nature intime de cette action extraordinaire et presque instantanee, qui a pour elTet de transformer une subs- tance primilivement faible, poreuse, facile a desagreger, en une substance irL's-tenace, k travers laquclle I'eau necoule plus, que I'eau ne de.-.agrego. plus, etc. Tout scmble indiquer que dans ces cir- constanccb, I'acide sulfurique n'exerce qu'une action de presence. — Le lundi 6 mars, la Societe royale de Londres a quitte Som- merset-House, SIrand, qu'elle habitait depuis son berceau pour prendre possession de Burlington-House, Piccadily. — M. le doclcur Miller, president sortant de la Societe royale COSMOS. 397 cle cliimie clc Londres, resumant Ics progres accomplis en 183t>, citait parnii les tvavaux les plus importants en cliimie mineralcles reclierches de M. Saiute-Claire Uevillc sur raluininium et le bore; en chira ie organiquG, la producLion de I'alcool allylique, par M. Hoffmann; la decouverte du glycol, par M. Wurlz; la conver- sion directe par oxydation de ralbumitie en uree, par M. Bechanip ; en cliimie appliquee, la production par Perkin d'une matiere colo- rante rouge-cramoisi, extz^aite du goudron de gaz. FaSts des sciences. L'analysefaite parM. de Senarraout des documents recueillis sur les tremblements de terre en Algerie, du 21 aout au 15 octobre, peut se resumer dans les faits suivants : rebranlemeut souterrain semble avoir rayonne d'un centre d'action place probablement sous la mer a quelque distance de Djidjelli. Le nombre des se- cousses et I'intensite des desastres decroissent a mesure qu'on s'eloigne de ce centre, Au large, a 15 milles de Djidjelli, I'aviso a vapeur le Tartare ressentit avec une extreme violence la secousse du 21 aout; beaucoup d'objets furent deplaces h bord, les liom- mes avaient peine a rester deboul. Sur toute I'etendue de la cote, et par un temps calme, on vit apparaitre des raz de maree avec elevation ou abaissement des eaus. Aucun phenomene meteoro- logique n'a precede, accompagne ou suivi Febranlcment du sol; le barometre et la boussole semblent n'avoir eprouve aucune perturbation; partout au contrairc les secousscs ont ete annon- cees par des bruits souterrains. Les commotions ont reagi d'une maniere extraordinaire sur le regime des eaux supei'Hcielles et souterraines. Des emanations gazeuses ont sur quelques points ^videmment accompagne les dislocations du sol, dont I'energie d'ailleurs s'est montree independante de la constitution geolo- gique des terrains. — Le premier volume des Eloges hisioriques de M. Flourens, precede d'un coup d'oeilrapide surl'bistoire de Tancienne Acade- mie des sciences et de Fontenelle, comprenait les eloges de Cu- vier, Blumenbacli, GeolTroy Saint- Hilaire, de Blainville et Leopold de Buch. Le second, precede d'une introduction sur la melbode, le principal et le plus difficile instrumeut des sciences uaturellesi, comprend les eloges de six botanistes, Laurent de Jussieu, Desr- fontaines, Labillardiere, de CandoUe, Du Petit-Tbouars et Beuja^ min Delessert. A propos de ces notices, vies ou eloges, comme on ■ S9S COSMOS. Youdra, M. Flourens nous dit de quel point de vue il a considere ces h^ros de la science. « Nul homme n'a tout fait. Quelque grand qu'il paraisse, il a ete devance par quelque autre; et s'il a ete ve- ritablement grand, il est ioujours suivi. Si, apres que quclques-uns de ces liommes so sent succedd on examine I'etat des choses , on est etonne du chemin parcouru, du nombre des verites acquises, de la lumiere nouvelle rcpandue sur un siecle. C'est par la suc- cession do ces hommes que se mesure la marche de I'esprit hu- main. » Nous avons lu ce second volume avec le plus grand interet, et nous desirous ardemment que tons le lisent. — Le second du navire la Felicite, frappe pres de Bone par la loudre le 16 dec.1856, raconte qu'au moment de I'explosion , il Tit le mousse Fr .Michel passer devant lui avec la rapidite de I'e- clair, emport^ qu'il etait de I'arriere du navire sur I'avant oii il tomba. Faudrait-il voir dans ce transport rapide un effet de la foudre? Les six foudroyes rest^rent plus ou moins longtemps sans connaissance, Fun ne reprit ses sens que quarante-huit heures apres. Tous etaient un peu sourds, et cette infirmite persista Jes jours suivants. L'un etait atteint d'une brillure du deuxieme de- gre au milieu de la cuisse; un autre portait au c6te gauche une escarre scmblable a celle qu'aurait produite I'apphcation d'un fer chautTe a blanc; la chemise d'un troisifeme ^tait toute laceree et en lamboaux; le quatrleme avait ete frappe dans la bouche, dont toute la muqueuse se detacha, y compris celle de la langue; les dents etaient noircies comme par du charbon et fortement ebran- lees; chez plusieurs, diverses parties du corps etaient tumefie'es et noircies. — Dans la Iroisiemc partie de ses Recherches sur les roches ignees, M. Durochei" examine la composition chimique des prin- cipaux types de roche qui ont surgi pendant les epoques geologi- ques successives. II arrive a cette conclusion generate, qu'on re- connalt une simililude remarquable dans les changements de nature eprouves par les deux couches fluides superposees aux- quehes on pent reduire la masse situee au-dessous de la croilte terrestre, et qu'il a designees sous les noms de couche superieure acidc et de couche inferieure basique. Dans I'une et dans I'autre il y a eu, avec le temps, diminution tres-prononcee de silice et de potasse, augmentation de chaux et de soude. Ainsi, pour la pre- miere couche, dans.le passage du granite au trachyte, on voit qu'il y a eu diminution de 8 & 9 cenliemes pour la silice, de 21 cen- tiemes pour la potasse ;'.tandis que la proporlion de chaux est COSMOS. 399 devenue double et celle de la sonde triple. Pour la seconde cou- che dans le passage des diorites, roche basiqne ancienne, aux roches pyroxeniques on roches basiques modernes, la silice a di- minue de 3 pour 100, la potasse de 2 dixiemes; la chaux a aug- mente de 2,5 pour 100, la sonde de 1,3. M. Durocher ne croitpas pouvoir expliquer raugmentation de sonde sans faire intervenir les eauxde la mer dans la formation des roches ignees, an moins pendant les dernieres periodes geologiques; cette intervention est d'ailleurs indiquee par Taction bien plus marquee des fluides dlastiques, *et par la nature de ces fluides, parmi lesquels abon- dent la vapeur d'eau, I'acide chlorhydrique etles chlorures. — Les deux faits essentiels a expliquer dans le mouvement de la lune autour de son centre de gravity peuvent etre enonces comme 11 suit : 1° La lune presente toujours la m6me face a la terre, d'ou il suit qu'elle tourne autour d'un axe a pen pres per- pendiculaire an plan de I'ecliptique dans un temps rigoureuse- raent egal a la duree moyenne de sa revolution siderale; 2° si Ton mene, par le centre de la lune, trois plans, le plan de Tequateur, le plan parallele h Tecliptique, et le plan de I'orbite lunaire, et que Ton fasse abstraction des inegalites periodiques, ces trois' plans ont constamment une intersection commune; d'oii il suit que la ligne des equinoxes lunaires est douee d'un mouvement de precession rigoureusement egal an moyen mouvement retrograde de la ligne des noeuds de I'orbite. En considerant le centre de In lune comme immobile, et supposant que cet astre ait la forme d'un ellipsoide k trois axes inegaux, dont le plus petit soit I'axe de rotation, tandis que le plus grand est sensiblemcnt dirige vers la terre, M. Lespiaux demontre synthetiquement par les methodes de M. Poinsot, que pour quele deplacement dupian des axes de- termine un mouvement de la ligne des equinoxes lunaires exac- tement egal k celui de la ligne des nceuds, il faut que le rapport C : A du plus grand an plus petit moment d'inertie de notre satel- lite, soit egal k I'unite, augmentee du rapport ^ sin E : tang (E -\- E), en designant par E,E' les angles de I'ecliptique avec Fequateur h I'orbite lunaire, par I le rapport du temps de la revolution side- rale de I'astre au temps de la revolution des noeuds; c'est la for- mule trouvee par Laplace. — L'appareil, a I'aide duquel M. Damour determine la forma- tion artiflcielle des hydrocarbonates terreux on metalliques, con- siste en un llacon de cristal Ix double corapartiment, le meme dont on fait usage pour fabriquer I'eau de Seltz artiflcielle. II de- UQO COSMOS. laye dans I'eau dislillsc I'oxyde ou Ic carbonalc recemment pre- pare ct encore humide qu'il vent soumettre ix Taction de i'acide caii)oiiique; il inlroduit la dissolution dans Ic compaiiimont des- tine a rccevoir ct a absorber le gaz qui se d('p;agG de la reaction de Tacide tarlrique sur le bicarbonate de sonde place dansl'autre comparlimeat, et il ferme I'appareil. Aprfes plusienrs jonrs de di- gestion, 11 decante la liqueur saturee d'acide carbonique, qui re- tient en dissolution une certaine proportion de I'oxyde avec le- quel elle s'est trouvee en contact ; et il I'abandonne a I'evaporation sponlanee, soit a I'air libre, soit dans des flacons mal boucbes. Les bydrocarbonates se deposent tres-lentement, soit a I'etat de flocons pulverulents, soit h I'etat de cristaux plus ou moins nets, ayant quelquefois plusieurs millimetres de diametre. En prenant pour le soumettre ainsi £i Taction de i'acide carbonique un me'- lange de carbonate de cbaux et de magnesie, obffnu en precipi- tant par le carbonate d'ammoniaque une dissolution neutre de la doloniie dans I'acide nitrique, M. Damour a obtenu des cristaux d'bydrocarbonate de magnesie volumineux et d'uneiimpidite par- faite. Ses experiences lui ont fait reconnaitre en outre que Teau chargee d'acide carbonique dissout de notables proportions d'oxydes de for, de zinc, de plomb, de cuivre, etc. ; ce dernier oxyde comnuinique ci la liqueur une belle teinte bleue de ciel. — La note de M. Berlbelot, presentee dans la seance de TAca- demie du 16 mars, avait pour objet la formation du soufre insoluble sous i'influence de la cbaleur. II croit avoir demonlre que cette formation commence vers 155 degres, qu'elle est d'abord tres- faible, mais que, vers 170 degres, elle est auconfrairetres -consi- derable, et demeure telle aux temperatures plus elevees. Or, c'est precisemcntvers cette meme temperature de 170 dogresque le sou- fre acquiert une viscosite et une coloralion notables; que com- mence la formation du soufre mou; que le coefficient de dilatation dusoufre, d'apres les experiences de M. Desprotz, atteint un mini- mum tres-remarquable ; que la courbe des vilesses de recbauffe- ment et do refroidissement presente un point singulier, comme M. Cbarles Deville Ta observe. La viscosite croissante du soufre, la rnarcbe de sa dilatation, celle de son recbauflement et de son refroidissement, la formation en fin du soufre mou et celle da soufre insoluble sontdonc des pbenomenes correlatifsquisepro- duisent simullanement etau voisinage des mfimes bmites de tem- perature. M. Berthelot est convaincu que vers cette temperature le soufi'C eprouve une modification cbimique intime et change de COSMOS. 40t nature. Jusqiie-la, dit-il, il possedait I'etatmolecnlaire correspon- dant au soufre cristallisable, et jouait le role d'element combu- rant ; sous rinfluence de la clialeiir, il prend I'etat moleculaire correspondant au soufre insoluble et jouera desormais le role d'element combustible. Il y a done transformation chimique pro-- prement dite. On pouvait objecter c'l celte maniSre de voir que I'e- levalion de temperature ne faisait passer qu'une tres-petite pro- portion, 30 ou liO pour cent au plus, de soufre cristallisable <'i I'etat de soufre insoluble ; mais, M. Bertbelot, apres avoir expli(|ue ce fait anormal par une sorte d'instabilite du nouveau soufre, prouve directement qu'on augmente considerablement la proportion de soufre insoluble en le placant au moment de sa formation en con- tact avec certains corps electro-negatifs qui aident a sa stabilite. Ainsi, par exemple, le soufre, coule dans I'eau en granules tres- fins, puis conserve sous une couche d'acide nitrique fumant ou d'acide sulfureux a donne avec I'acide nitrique 75 pour 100, avec I'acide sulfureux, 86 pour 100 de soufre deiinitivement inso- luble. — Le principal fait enonce dans le Memoire de M. Cahours est que les acidcs amides, derives des acides benzoique, toluique, anisique, etc., par la reduction des acides nitrolienzoique, nitra- uisique, nitroluique, etc., soit aumoyen da sulfhydrate d'ammo- niaque, soit a I'aide de I'aeetate de protoxyde de fer, et qu'on de- signe sous les noms d'acides benzamique. toluamique, anisami- que, etc. , se comporlent comme de veritables alcaloides et viennent se placer h cote du glycocolle, de I'analine et de la leucine. Ces acides en efTet ferment des combinaisons nettement defmies avec les acides pbosphorique, oxalique, bromhydrique , clilorhy- driqoe, etc. Les chlorhydrates de ces acides ont une composition analogue a celle des cblorliydrates des alcaloides; lis se combinent en outre avec le bicblorure de platine eu donnantnais-ance ades produitsneltementcristallises. Ces derniers composes s'obtiennent sanspeinconlraitantl'acide amide par un legerexces d'acide cblor- kydrique concentre, ajoutant assez d'alcool pour redissoudre le ehlorhydrate a la temperature de I'ebullition, puis versant un ex- ces de bicblorure de platine : par I'evaporation le sel double se sdpare entifirement sous forme de cristaux. En traitant de la iueme maniere le ehlorhydrate de glycocolle, on obtient un chloroplati- nate sous la forme de prismes brillanls du plus be! orange,' ren- fermant 35 pour 100 de platine. Les sulfates des acides amides, «0mme celui du glycolle, possedent en outre une saveur sucree a02 COSMOS. caraclcristique. De niemc enfin que le glycocoUe prescnte de nombreux isora6res, I'ncide benzamique ofTre deux cas d'isom^rie parfaiteinent tranches, I'acide anthranilique et la salicylamide. II est done vrai qu'entre le glycocoUe, Tanaline, la leucine et les acides amides formes par les acides monobasiques, il existe des liens de parente tres-etroits. — Le 18 juin 1850, vers quatre heures trente minutes du soir, M. Barthelemy a vu tomber dans le jardin de la maison qu'il ha- bitait, une grande qaantlte de grelons qui avaient la forme de crislaux tres-reguliers. G'etaient des pyramidesa sixfaces, termi- nees par un tronc de pyramide egalement a six faces; la petite base de ce tronc de pyramide etait tres-nette et formait un hexagone pari'aitement plan ; la pyramide superieurc etait transparente, le tronc de pyramide etait opaque; quelques-uns de ces cristaux avsient plus de 1 centimetre de hauteur. — L'eloile variable, dont parlait M. Le Verrier en pr^sentant les cartes de M. Chacornac, et qui n'emploie que la dixieme partie du temps de la periode pour effectuer son passage de la septieme grandeur et demie ti la dixieme grandeur et demie, est I'etoile S du Cancer, dont M. Kind a decouvert le premier la variability et la periode, 9 jours kSk. L'etoile variable, qui ne reparait plus, etait situee pres de la nebuleuse Pnesepe; elle avail pour ascen- sion droite, 8'',27"",27'^ ; pour declinaison, +19%2^', 2"; el!e etait descendue de la huitiSme h la quatorzieme grandeur. M. Chacor- nac signale dans sa carte n° 27 une etoile rouge Isolde, remar- quable par I'intensite de sa couleur foncee ; elle est de sixiSme grandeur et porte dans le catalogue de Lalande le n" 17 576; son ascension droite est 8'',47"\6% sa declinaison, 7°,i7',5". A cote de cet astre brillait une etoile de neuvieme grandeur, observee du 23 decembre 1852 au U mars 1855, et qui a disparu. — Jusqu'ici les cors, les trompettes et autres instruments en cuivreneproduisaientqu'un certain nombres de sons insufflsants h former une gamme ou echelle musicale complete. On avail es- saye de remedier k cet inconvenient par I'addition de trois tubes auxiliaires ayant pour but de baisser les notes naturelles d'un demi-ton, d'un ton ou d'un ton et demi, tubes que rinstrumen- tiste mettait en communication avec Ic tube principal au moyen de pistons mus par ses doigts ; mais malheureusement le rapport des longueurs des tubes additionnels au tube principal nepouvait pas etre determine d'une maniftre normale pour tons les tons et tous les intervalles. Cast alors que M. Alphonse Sax a eu I'idee COSMOS. Z,03 de mettre le musicien k meme de raccourcir le lube principal au moyen de deux pistons ascendants qui elevent le son d'un demi- ton ou d'un ton. Ces deux pistons, ajoutes a ceux da demi-too et du ton descendants, suffisent h produire une echelle chroma- tique complete de trois octaves, avec une justesse parfaite , en meme temps que le me'canisme de I'execution est grandement simplifie; cette amelioration importante, apres avoir ete I'objet d'un rapport fait par M. Felis h I'AcademJe des Beaux-Arts de Bel- gique, a ete unanimement approuvee. — M. Edward Highton, disait dernierement le journal de la So- ciete des arts, avait ete charge de constater I'etat des fils de cuivre recouvertsde gutta-percha, qui forment le conducteur souterrain entre Londres et Birmingham. Sur certains points, la gutta-percha s'alterait avec rapidite, le fil cessait d'etre isole, et les com- munications etaient interrompues. Cette alteration se produi- sait surtout dans le voisinage des racines de quclques chenes es- paces sur la iigne, et les tuyaux en bois qui contenaient les fils, tombaient eux-memes en pourriture. Or, en examinant attentive- ment le sol dans les endroits ou semanifestait cette decomposition du bois etde la gutta-percha, M. Highton a tou.jonrs vu qu'il etait envahi par une vegetation blanchatre, formee cvidemment de mycehum ou semences d'une sorte de champignon restee encore inconnue, que Ton ne voyait que pres des racines des chenes, qui n'infestait pas le sol occupe par des racines de frene ou de peu- plier. Partout ou cette vegetation apparaissait, I'alteration de la gutta-percha se manifestait parallelement ; partout, au contraire, ouiln'y avait pas de mycelium, la gutta-percha etait intacte; force est done d'admettre, ce qui d'ailleurs est ensoi tres-naturel etconforme k des faitsdeja connus, que I'alteration observee avait pour cause unique Taction desagregeante du parasite. La source du mal, une fois connue, il sera facile, sans aucun doute, de trouver le remede. M. Highton a constate en outre que la gutta-percha, enveloppe des fils conducteurs enfermes non plus dans des tuyaux en bois, mais dans des tuyaux en fer, etait sujette k une alteration speciale dont il croit avoir decouvert la cause, tout en se reservantde ne la formuler que plus tard. Les conducteurs souterrains que I'on etablit maintenant en France, et qui consistent simplement dans des fils de cuivre oude ferloges entre deux couches plus ou moins ^paisses d'asphalte, sont beaucoup meilleurs, et les essais deji fails prouvent qu'ils sont inalterables. Nous avons dej& dit, et nous croyons devoir UQli COSMOS. repcler qu'i cc systeme, d'ailleurs tres-bon , mais pcut-etre trop coulcu.x, on subsliluerait avec une grande economie des ills recouveits de gutta-percha, enfouis dans un lit do beton dui% tel que M. Francois Goignet le prepare. Des experiences recentes ontprouvc qu'iln'estnullementa craindrc quele passage des voi- tures brise ce lit de beton en endommageant I'enveloppe dc ^utta-percha. I^'aits da rhidiistric. M. Selioue de Genes est convaincu qu'on pourra demander aux tuberculcs de deux plantes Ires-communes, qui se multiplient fa- cilemeat et tres-vite, dans les terrains les plus aridcs, Varxwtma- culaluni ou gouet commun, Varum italicum on pied de veau, I'a- midon necessaireaux usages dei'industrie. Onpele les tubercules,. on les coupe, on les reduit en pate a I'aide d'une machine rota- tive ordinaire ; on lave la pAte une premiere fois a I'eau simple, puis une seconde fois deux heures apres pour la debarrasser des principes acres ; on la passe au iamis ; apres cinq heures on ajoute un volume double d'eau rendue alcaline par 25 grammes dc po- tasse pour chaqne litre d'eau; on passe de nouveau au Iamis ; on laisscreposer; apres quatre ou cinq heures, onagite le melange, on le decante et on fait secher leresiduqui est I'amidoncbercbe; la quanlite obtenue est en moyenne de 20 pour 100 du poids des racines; il pent etre employe sur-le-champ , ii est plus fin etd'un blanc plus net, plus brillant que I'amidon ordinaire. La plantation se fait en enfouissant les tubercules dans des trous creuses k la pioche, sans culture preparatoire ou sans soins interieurs ; la cul- ture cependant et I'engrais donne au sol pourront sans aucun iioute ameliorer la qualile et accroitre le volume des tubercules. — On a fait grand bruit, il y a six ou huit mois, du proced^ Bessemer pour I'aflinage de la fonte; nous avons toujours dilfere d'en entretenir nos lecteurs parce que les renseignemeuts que nous recevions de divers cotes etaient par trop conlradictoires. Quel- raria, nou encore observee ou decrite, ct dont ils completeront bientot I'etude. COSMOS. 415 — M. Montagne, en son nom et an nom de M. Vandencorpnt, son collaborateur, depose line monographie des lichens de Java, comprenant renumeralion et la description de deux cent vingt- cinq especes de plantes de cette modeste famille ; sur ces deux cent vingt-cinq especes, appartenant a quarante-quatre genres differents, soixante sont tout h fait nouvelles. — M. Montagne, encore, fait hommage a I'Academie, au nom de M. Weddell, aide-naturaliste au Jardin des Plantes, de la sep- tieme centurie des plantes indigenes de la Bolivie et du Bresil. — M. Henry Montucci, professeur d'anglais au Lycee Saint- Louis, litl'analyse d'un ]\IemoIre sur la construction geometrique des racines cubiques. Voici I'enonce de quelques-uns des theo- remes nouveaux et curieux, formules par I'auteur : Si du sommet B d'un rectangle ABGD, on abaisse une perpendiculaire BE sur la diagonale opposee AD, puisque par le pied E de cette perpendi- culaire on mene deux lignes, I'uneEF parallele au cote AB, I'autre EG parallele au cote AC, et terminees a ces c6tes, on aura les trois propositions suivantes : l" le cube de la perpendiculaire BE est egal au produit de la diagonale AD par les deux paralleles EF, EG; 2° la puissance 2/3 de la diagonale est egale a la somme des puissances 2,3 des deux paralleles ; 3° le carrc de la diagonale, raoins le carre des deux paralleles, est egal a trois fois le rec- tangle des segments de la diagonale. Les theoremes 1 et 2 four- nissent I'equation d'une courbe nouvelle ^ = F (;r) ±f{x); F [x) etant I'ordonnee d'une parabole, et f{x) I'ordonnee d'un cercle ; Cette courbe resout completementle probleme qui consiste atrou- ver le cote du cube equivalent a un parallelipipede donne, et M. Montucci I'appelle, pour cette raison, cubatrice. — M. Delesse lit un Memoire de mineralogie, au point de vue des variations de composition des roches cristallisees dans les di- verses formations successives. II s'agit des roches des Vosges, et particulierement de la minette ou porphyre micace. — On precede a I'election d'un membre correspondant pour la place devenue vacante, dans la section d'astronomie, par la mort deM. Lindenau. Le premier candidat, M. Peters d'Altona, obtient Tunanimite des suffrages, a l' exception de deux voix donnees au second candidat M. Adams, et est proclame elu. — La Commission du grand prix de mathematiques sera com- posee de MM. Liouville, Cauchy, Lame, Bertrand et Duhamel. — M. Dausse, ingenieur en chef des ponts-et-chaussees, lit une suite importante h ses rechcrches sur le regime des rivieres. 414 COSMOS. — M. Dumas annonce que M. Wurtz est parvenu, en parlant du tribromure de propylene, h preparer artificiellement une glyce- rine, identique par sa saveur sucree, ses proprietes physiques et sa composition chimique & la glycerine naturelle, decouverte par Scheele et si bien eludiee par M. Chevreul dans ses recherches sur les corps gras. — Le procede suivi jusqu'ici pour mettre en Evidence la pre- sence dufluor dans une combinaisonminerale exempte de silice, consistait A degager le fluor k I'etat d'acide fluorhydrique, et a faire reagir cet acide sur une lame de verre. Dans une premiere note, presentee iTAcademie dans sa derniere seance, M. Nickles, professeur de chimie h la Faculte de Nancy, avait demontre que ce procede ne devait inspirer aucune confiance, premierement, parce que I'acide sulfurique du commerce contient toujours des quantites appreciables d'acide fluorhydrique ; secondement, parce qu'& I'etat de vapeur tons les acides, et meme I'eau, agissent sur le verre et peuvent y tracer des dessins tout ^ fait semblables & ceux que produisent de faibles quantites d'acide fluorhydrique. Mais ce procede, insuffisant quand on emploie une lame de verre, devient efflcace et infaillible lorsqu'i la lame de verre on substitue une lame de cristal de roche, qui resiste k tous les acides liquides ou en vapeur, I'acide fluorhydrique excepte, et qu'on opere avec de I'acide sulfurique, rendu completement exempt d'acide fluorhy- drique par I'emploi prealable de silice sur laquelle on le fait agir. Dans une seconde note, presentee aujourd'hui, I'habile chimiste a fait I'application de son procede d'analyse qualitative modifle h la recherche du fluor dans les eaux minerales de Plombieres, de Vichy, de Contrexeville, et croit 6tre parvenu a demontrer que ces eaux conliennent reellement des quantites appreciables de fluor ou de fluorures. « On s'explique peu, dit-il, I'efficacite de certaines eaux mind- rales quand on les considere sous le rapport de leur composition chimique. L'eau de Plombieres est dans ce cas ; les substances qu'on y a rencontrdes jusqu'& ce jour, n'offrent rien de particulier quant & leurs proprietes therapeutiques, et, de plus, elles ne s'y trouvent pas en proportions bien grandes; c'est ce qui a fait dire au docteur Constantin James, que « les eaux de Plombieres sent, « chimiquement parlant, tellement insigniflantes qu'on ne salt k « quelle classe les rattacher, etpourtant, ajoute-t-il, ceseauxjouis- c( sent des proprietes les plus reelles et les plus importantes. » On pent en dire autant de l'eau minerale de Contrexeville, COSMOS. ^15 bien que cette eau soit plus riche en principes mineralisateurs. Le peu de rapport qu'il y a entre la composition chimique et les proprietes tlierapeutiques de ces eaux conduit k penser que ces dernieres contiennent des principes dont on n'a pas encore signale la presence ; conformement k cette vue, j'y ai recherche le fluor et je I'y ai trouve en proportions sensibles, a I'etat de fluorures. L'eau de Contrexdville est bien plus riche en fluor que celle de Plombieres; elle imprime ci la lame de cristal de roche des mar- ques visibles a Tceil nu, tandis qu'une meme quantite d'eau de Plombieres, 4 litres, n'impressionne cette lame que passage- rement. L'eau de Vichy, si riche en principes minei'alisateurs, contient egalement des fluorures, mais en proportions moindres que les eaux de Plombieres et de Contrexeville, de telle sorte que, pom- en trouver, il faut operer sur une plus grande quantite d'eau, 8 litres au moins. » 11 semble a M. Nickles que ces faits sont de nature h appeler I'attention des medecins sur les proprietes medicales des fluo- rures, d'autant plus que ces sels ne sont pas toxiques. — M. Charles Sainte-CIaire Deville, en son nom et au nom de M. FcJix Leblanc, lit un Memoire relatif a la composition chimique des gazrejetes par les events volcaniques de I'ltalie meridionale. La haute temperature, I'odeur sufTocante des gaz des volcans, la disposition du sol qui en rend I'abord difficile et meme peril- ieux; les conditions atmospheriques ou sont places la plupart de ces gisements, sont autant d'obstacles que Ton a a vaincre pour se procurer ces substances avec desgarantiesde purete, sans les- quelles I'exactitude des analyses n'aurait qu'une valeur illusoire. Les auteurs du Memoire ont surmonte toutes ces diflicultes au moyen de divers appareils tres-ingenieux qu'ils ont mis sous les ■yeux de I'Academie , et qui permettent de recueillir les matieres gazeuses h I'abi-i du contact de I'air et d'un liquide autre que le mercure. Lun des aiUeursdu Memoire, M. Ch. Deviile.'atransporte ces appareils auxprincipales couches volcaniques des environs de Naples, de la Sicile et des lies Eoliennes. Soixante-seize tubes, prealablement vides d'air, ont ete ainsi remplis et rapportes in- tacts a Paris. M. Devifle s'etait muni en outre d'un petit labora- toire qui lui a permis, chaque fois que la nature des emanations le comportait, de constater sur les lieux memes la composition des gaz qui s'en echappaient. -416 COSMOS. L'analyse des gaz a dtd execulec au raoyen de I'appareil de M. Doyere, dont on contrOlait I'exaclitude par des experiences directes faUes au moyen de reudioinetre de M. Rognault. Les gaz absorbables elaient irailes par les reaclifs approprids h leur nature. Quant aux recherches plus dclicatcs relatives aux gaz combustibles, les auteurs ont employe divers precedes sou- mis i\ leur tour a un controlc severe. Nous allons enumerer rapi- denient les conclusions principales de ce travail vraiment int(5- ressant et nouveau. 1° Dans la plupart des emanations volcaniques, I'air atmospM- rique joue un r61q considerable, souvent meme preponderant; maispresque toujours cet air se trouve appauvri en oxygene, dans une proportion qui , dans I'experiences, a atteint plus de 3 0,0 ; de sorte que le cone du Yesuve, par exemple, pent etre as- simile a unesorLe decheminee d'appel, dans laquelle s'opere k combustion de certains gaz , i la faveur d'une haute temperature intericurc et aux depens do 1' oxygene de Fair quiy aftlue; 2° Le cratere superieur du Vesuve degage sur certains points de Tacide carbonique ; ce degagement se fait par des orifices en- tierement distincls de ceux qui fournissent les vapeurs chlorydro- sulfureuses , et joue aussi un role tout different dans la distribu- tion des forces volcaniques. 3° La nature des elements gazeux sortant d'un meme orifice, subit des variations incessantes. Ala grande solfatare dePouzzole, par exemple, les gaz qui s'echappent avec la vapeur d'eau, sous une forte pression, ont etc recueillis en deux occasions, le 10 juin et le 30 juillet 1856, a chaque fois on a pris deux echantillons ; or, l'analyse a prouve que la composition des gaz recueillis aux deux epoques a varie considerablement le meuic jour a divers mo- ments. C'esttaul6t I'acide sulfureux, tantotl'acide carbonique qui predomine comme s'ils se substiluaient I'un a I'autre , ou meme comme s'ils s'excluaient mutuellement I'un I'autre. kltxpeiUe sol- fatare, gisement tres-voisin, les variations s'observaient en- core, mais I'echange avaitlieu non plus entre I'acide sulfureux et I'acide carbonique, mais entre ce dernier gaz et I'acide sulfby- drique ; l\° L' atmosphere, au sommet du Vesuve et pres des furae- rolles ,; ne presentait rien d'anormal, aucun gaz etranger; mais fair recueilli sur les bords du lac d'Agaano, d'ou se degagent, comme on salt, des quantites notables d'acide carbonique, con- tenait de ce dernier gaz des proportions tres-sensiblement supd- rieures i\celles que Ton trouve habiluellementdansratmosphere. VARIETES. Eclairage elcelrique Par M. Edmond Becql'erel. (( Est-il avantageux de se servir de lumiere electriqne ? Dans quellcs circonstances peut-on I'einployer? Nous allons essnyor de donner quelques indicationsqui permettront de fixer les ideos sur cette double question. Les regulateurs de lumiere electrique que Ton 'possede actuel- lement foncUonnent sufflsamment bien pour que leur utilisation soil possible dansle cas oii la source d'electricite offrirait les con- ditions de regularite et d'economie \oulues; il est seulement a desirer que Ton ameliore la fabrication des conducteurs en char- bon destines a former Tare, car le defaut de purete et d'horaoge- neite de ces conducteurs est la principale cause des intermittences que Ton observe avec cette source lumineuse. Le point le plus important etait de determiner la ddpense occa- sionnee par les piles qui fournissent I'electricite, en ovalnant la consommation du zinc, de I'acido sulfarique et de I'acide nitrique necessaires pour donner h un arc voltaique une quantite de lu- miere determinee pendant une duree de plusieurs heures. Lesre- suitats obtenus ont montre que I'intensile lumineuse del'arc, de- terminee a I'aide d'un photomfetre, a diminue tres-rapidement pendant le cours des experiences, alors quel'intensitedu courant electrique n'avaitque pen varie. Mais on serend aisementcompte de cet effet si Ton reflechit que Fintensile lumineuse doit etre fonction de la quantite de chaleur degagee, laquelle varic comme le carre de la quantite d'electricite qui traverse le circuit dans un temps donne : le decroissement de lumiere a meme etc plus ra- pide que ne I'indiquait cette loi. Si I'inlensite lumineuse de Tare voltaique ne varie pas propor- tionnellemcnta la consommation des matieres qui produiscnt I'e- lectricite de la pile voltaique , il devient presque impossible de re- connaitresuivant quelle loi varie la depense necessairea la pro- duction d'une lumiere d'intensitd ddlerminee , comme lorsiju'll s'agit de Teclairage par certaines matieres combustibles. Mais on pent, comme nous allons Ic faire , indiquer les limiles entre les- quelles se trouve comprise la depense quand on fait usage de couples de Bunsen de dimensions ordinaires, dans lesquelsle dia- phragme, ouvase cylindriquc poreux, a 20 cent, dchaut et6 cent. il8 COSMOS. 15 de dlametre, et dont Ic nombre est compris entre 40 et 80. Avec unepile de 60 elements qui a fonctionne pendanltrois heures, la quantite de zinc consonnnee parheure etait au commencement, 1 kil., 086, la depcnse totale on valeur des produits consommes, 2 fr. 85 c. ; I'intensite lumineuse obtenue, 506 bougies. AprSs trois heures la consonimation de zinc n'etait plus que de 826 gram., la depense totale de 2 fr. 15, I'intensite lumineuse, 195 bougies. En moyenne, done, par beure, le zinc consomme est de 956 gram., la depense de 2 iV. 50, I'intensite lumineuse de 350 bougies. La de- pense enzincaete calculee d'apr6s I'intensite ducourant mesuree par une boussole des sinus introduite dans le circuit, et rapportee a Taction qui serait produite dans un voltametre & sulfate de cuivre parun courantelectriquedememcintensite; celle en acide sulfurique et nilrique a ete calculee par les equivalents. Or, la depense reelle des couples est plus forte que ne I'indique la theoric des decompositions electro-chimiques en proportions definies, car si le zinc qui provient d'une operation anterieure pent servir pour une nouvelle experience , I'acide nitrique dont le degre areometrique s'est abaisse de 36 a 25°, ne donne plus aux couples une action assez energique pour obtenir Fare lumineux dans de bonnes conditions. En outre, ilfaut avoiregarda laperte de mercure, k la consonimation de zinc un pen plus grande que , celle que la theorie indique , au prix de revient des conducteur^j en charbon entre lesquels se produitl'arc voltaique, etc. D'apres ces motifs, nous pensons que dans les conditions des] experiences precedentes et avec une resistance a la conductibilite eiterieure egale k celle de la pile, on pent sans exageration ad- mettre que chaque couple, en moyenne, depense 5 centimes parj heure. Si Ton met en regard le prix de revient des foyers lumineux del differentes sources et equivalents a 350 bougies, intensite moyenne] deduite des experiences precedentes, on a les nombres suivants : Gaz de la houille, (1), 0 fr. 80 c. auprix de 0 fr. 15 c. le metre cube ; gaz de la houille, 1 fr. 60 c, au prix de 0 fr. 30 c. le m6tre cube; lumiere electrique, 3 fr. ; huile (huiledc colza), 3 fr. 05 c, k 1 fr. 70 lekilog. ; suif, 6 fr. 30, k 1 fr. 70 lekilog. ; bougie stea- (1) Les nombres relalifs au gaz d'eelairage sont comme on le s:iit tri's-variablcs : ils dependent de la grandeur du bee, de la forme, de la maniere dont la combustion se produit , de la pression du gar, et enfin de la composition meme du i;az. Le nombre precedent est une moyenne donnee par des experiences failes avec le ga/. de la houille dans le rapport ou dans les formes de bees quiont servi aux observalioMS. COSMOS. Zil9 rique, 13 fr. 10, a 3 fr. 6 le kil. ; bougie de cire, 16 fr. 20 c, a 5 fr. 60 c. le kilog. On Toit qu'a egalite de lumiSre, en ayant ^gard seulement au prix dercvient des matieres consommees , sans y comprendre la main-d'oeuvre, I'eclairage electriqiie, dans les conditions decelui que nous avons etudie, serait quatre fois plus cher que I'eclairage au gnz, au prix de vente du gaz c'l la ville de Paris ; il serait le meme que celui de I'eclairage k I'huile etle quart de celui de I'eclairage h la cire ; mais si Ton eslimait la main-d'oeuvre necessaire pour surveiller les appareils, les preparer, renouveler les piles, etc., le prix augmenterait du double ou de moitie au moins. Ges re- sultats pourraient varier si Ton se servait de piles dontlenombre des elements serait dilTerent; et la depense diminuerait enfaisant usage d'un plus grand nombre d' elements yoltaiques; mais comme habituellement le nombre des couples employes a ete compris entre 60 et 80, les conclusions precedentes peuvent s'ap- pliquer aux experiences I'aites jusqu'ici sur I'eclairage eleclrique. Dans ces determinations experimentales, on a ete conduit a un resultat assez curieux : en mesurant la resistance k la conducti- bilite de Tare voltaique, c'est-^-dire en assimilantles matieres in- candoscentes qui la composentet quitransmetlent I'electricite , ci un conducteur metallique, on a trouve que cette resistance etait egale a un nombre variant de 0,5 k 0,67 de la lesistance^a la con- ductibilite de la pile; et qu'il fallait rester en ire ces limites pour que Tare voltaique fut produitdans de bonnes conditions. Or I'on saitquc i'on ale maximum d'effetcaloriflque ctmagnetiqued'une pile, lorsquc la resistance k la conductibilite est egale a celle des couples; on voit done que par tatonnement on arrive a remplir les conditions que la theorie indique comme donnant Taction la plus energique qu'une pile puisse produire. II est intdressant de rapprocher les nombres indiques precedem- ment de ceux que I'on obtiendrait si Ton evaluait quelle serait la force motrice k communiquer a une machine magneto-electrique pour fournir uncourant electrique capable de maintenir constant un arc voltaique semblable k celui qui a servi aux etudes prece- dentes. Si Ton compare ces effets avec ceux qui ont ete oblenus I'annee derniere avec la machine qui a fonctionne au Conserva- toire imperial des Arts et Metiers, on trouve qu'il faudrait com- muniquer une force de 2 chevaux \]h, ou pres de 2 chevaux 1/2 k cette machine magneto-electrique pour donner un courant elec- trique capable de maintenir constant un arc lumineux eclairant 620 COSMOS. comme 350 bougies. Cette evaluation est relative seulemcnt aux limites d'intensite de courant entre lesquelles on a opere. D'apres cela, I'electricile obtenue de cette maniere serait la source de cet agent qui sei'ait lamoins coilteuse; il n'est question ici que dela production de la lumiere eleclrique, car pour d'autres applica- tions, la production d'electricite par ce moyen ne se ferait pas dans les uieuies conditions economiques. Nous venous d'etablir comment on avait evalue le prix de re- vient dela lumiere electrique,maisilest bon de dire dansquelles circonstances elle peut etre utiiisee. II est evident que les condi- tions inemes de la production del'arc voltalque ne permettent pas de diviser la lumiere comme on le fait pour I'eclairage public, afln de diminuer les ombres ct d'obtenir un eclairage par lumiere dif- fuse qui estcelui que Ton doit preferer : loin de la, Tare volta'ique la concentre; etles difflcultes qui se presentent lorsqu'on cherche i ol)tenir deux ou plusieurs arcs avecle meme courant etlememe circuit, sont telles que Ton doit renoncer a atteindre ce but. En eflet, la somnie des resistances a la conductibilite des arcs separds devrait etreegale ci celle d'un arc unique, et quand on songe aux conditions a remplir pour regler la lixite d'un seul arc , on peut facilement comprendre qu'il devient d'autant plus difficile, si ce n'est impossible, de regler dans unmeme circuit deux ouplusieurs arcs separes qui sont alors beaucoup plus courts. Mais si, dans les circonstances actuelles Ton no doit pas songer ^ I'emploi de I'electricite pour I'eclairage public, on peut avec avantage I'uliliser pour des usages speciaux, ainsi qu'on I'a deja fait; il suffira de citer I'eclairage des travaux de nuit, celui des travaux operes sousl'eau, les demonstrations dans les cours publics, etc ; il est meme possible qu'il soit avanlageux d'y avoir recours pour I'eclairage des galeries de mines, pour des signaux a bord desnavires, pour les phares, et dans une foule de circonstances oil il est necessaire de produire pendant un temps determine et plus ou moins court une lumiere d'une intenslte ex- tremement vive. » — Lc R. P. Secchi a fait A Rome, et a publie dans le Nuovo Cimento, novembre et decembre 1856, des experiences tout a fait semblables h celles de M. E. Recquerel; si nousne comparons pas ces deux series de recberches, c'est que le travail du R. P. Secchi laisse a desirer au point de vue des mesures pbotometriques, Impiiiiierie de W. Hemquet el Cie, A. TRAMBI.AY , rue Garanciire, 5. proprietaire-gerant. T. X, 24 avril 1857. Sixi^me ann^e. COSMOS. NOUVELLES BE LA SEMAINE. M. le ministre dc I'lnstruclion publique a decide qu'il y avait lieu de pourvoir a la chaire de botanique vacante aa sein de la Taculle des sciences de Monlpellier par le deces de M. Dunal. La liste des candidats sera close le l" juin 18^7; ies presentations de la Faculte des sciences et du conseil acaddmique auront lieu Immediatement apres. Les candidats devront produire, outre leur acte de naissance et le dipldine de docteur es sciences naturelles, une enumeration de leurs litres et travaax scientifiques, des ser- Tices rendus par eux dans I'enseigneincnt, etc.; les pieces devront '6tre adressees au doyen de la Faculte des sciences de Montpellier avantle 31 mai procliain. — De la gaze coloree en vert-pomme et destinee a etre con- Tertie en robe de bal , fut conflee a cinq ou\ rieres, qui toutes furent atteintes d'accidents plus ou moins serieux. M. Payen, charge de I'examen de cetle gaze, reconnut qu'elle elait coloree par du vert de schweinfurth ou arseniure de cuivre, et que la ma- 'ti6re colorante, tr&s pen adberentei I'etoflfe, s'en detachait avec la plus grande facilite. Des mesures ont ete prises pour que de semblables etoffes ne soient pas livrees au commerce. — Sur la demande de M. Combes , president de la Commission du monument a elever a la memoire de Francois Arago, le conseil municipal yient de ■voter la concession gratuite et h perpetuite', dans le cimetiere de I'Est, d'un terrain oil ce monument sera erige. — M. Combes , eleve d'abord h la dignitc d'inspecteur general de premiere classe, vient d'etre nomme directeur de I'Ecole des mines en remplacement de M. Dufrenoy. — Le prix pour la decouverte la phis importante en geographie, que la Societe francaise decerne chaque annee dans sa premiere stance publique, a ete attribue au docteur Livingston, le savant et courageux explorateur de I'Afrique meridionale ; plus particu- liereinent pour ses voyages aux bords du Zambeze etdelacdtcde Lounda ix celle de Mozambique. Dans cette meme seance, M. Sni- der-Pellegrine a lu des observations d'unvif interetsur ks moyens 16 ti22 COSMOS. de developper le commerce de I'Algerie avec I'intdrieur de I'A- frique, et de se rendre de FAlgeric dans le Senegal en passant par Tomhouctou. — De longues lignes de telegrapliie electrique sillonnent deja le Canada; la ligne de Montreal emploie 326 personncs ets'etcnd surune longueur de pres de mille lieues; elle a expedie en 1856 plus de 500 000 depeches; le nombre moyen des depeches enoc- tobre dernier etait de 750 par jour, — L'empereurd'Autriclievientd'envoyerunemedailled' or grand module ci M. Paul Pretsch, inventeur du proc^de photo-electro- galvanique de reproduction des epreuves photographiques, en re- connaissance de la perfection artistique des epreuves dont il avait fait hommage i Sa Maieste. — Le gouvernenient de la Nouvelle-Zelande a resolu de consa- crer une somme de U 000 liv., cent mille francs, & la fondation de prixj\decernerauxinventeursde moyenspropres a transformer les chanvres et autres plantes fibreuses de celte grande lie en ar- ticles lucratifs d'exportalion et de commerce. Cinquante mille francs seront accordes a celui qui par un procede de son inven- tion preparera le premier avec le phormium tenax ou autres plantes fibreuses indigenes, cent tonnes de marchandises. La se- conde personne qui , par un procede de son invention, aura pro- duit cent tonnes de marchandises, recevra 25 000 francs. Quatre mille francs seront accordes aux cinq premieres personnes, qui, toujours sous la meme condition d'invenlion personnelle, auront prepare vingt-cinq tonnes de marchandises. Le prix de revientde lamatiere produite ne devra pas depasser 75 pour cent de la va- leur au port d'exporlation; et les precedes de preparation com- pletement decrits tomberont dans le domaine public. — M. Charles Knight, un des membres du jury de I'Exposi- lion universelle del855, dans son rapport au bureau du com- merce, reconnait haulement que I'impression typographique fran- caise I'emporteincontestableraent sur I'impression typographique anglaise. Les presses cylindriquesfrancaises distribuent beaucoup mieux I'encre et empechent plus efflcacement la feuille de con- tracter des plis ; aucune presse anglaise n'est comparable pour la perfection du tirage a celle de M. Dutartre, M. kniglit signale en outre en ces termes, une autre cause d'inferiorite : » Le papier anglais, dit-il, en general, possede ^ un moindre degrd que le pa- pier francais les qualiles d'un bon papier d'impression ; il n'est j)as fait d'aussi bons maleriaux; il n> pas le corps et la surface I COSMOS. 423 qui conviennent h une impression soignee; I'impfit sur le papier nous force ci recourir aux expedients pour produire k bas prix, avec des chiffons sales et petits, des feuilles rugueuses et brtllees, dont un cote seulement est uni, qui resistent h I'encre & moins qu'ellesne soient saturees d'eau, qu'il faut rhabiller apres I'im- pression en les soumettant a Faction des cylindres et de la presse hydraulique ; qu'il faut unir en volumes et relier presque sur-le- champ, parce que, brochees, elles ne feraient aucun usage. » — Puisque nous en sommes aux rapports des jurys anglais, citons avec quelques observations critiqaes un fragment de celui de sir David Brewster, sur les instruments d'optique. 11 s'agit des deux grands disques en Flint et en crown glass de 'J9 pouces, 73 centimetres de diametre , exposes par MM. Chance freres et compagnie. « Le disque de Flint glass, dit sir David Brewster, avait deja ete expose au Palais de cristal en 1851 , et on lui avait decerneune medaille de Conseil. Des cette epoque, j'avais concu I'espoir qae le gouvernement anglais ferait I'acquisition de ces disques , et les ferait servir ix la construction de la plus grande lunette astronomique que I'imaginalion de Tastronome le plus ardent eiit jamais pu rever. Dans ce but, j'dtais entre en relation avec des personnages haut places et de grande influence ; mais le comte d'EUesmere m'ecouta seul avec inleret, et m'offrit li- beralement de contribuer par le don de quelques centaines de livres h I'achat des verres et a la construction de la lunette. Esperant que la munificence privee fournirait les moyens qu'une parcimonie nationale refusait malheureusement, jemeditais un plan qui mettrait la science anglaise en possession d'un moyen puissant de s'ouvrir un champ nouveau et plus vaste , lorsque je recus la nouvelle mortiflanle que M. Le Verrier, jaloux des inte- rets et de la gloire de son pays, avait en sa possession les disques de Birmingham, etetait entre en arrangement pour les acheter a un prix tres-eleve, pour le compte du gouvernement francais, dans lecas ou les epreuvesauxquelles ilsseraientsoumis demon- treraient leur excellence. » \oilk le recit de sir David Brewster, voici nos observations en outre des deux disques anglais de 23 pouces, on voyait figurer h cette meme Exposition, non-seulement deux disques, mais un objectif francais de 19 pouces de diametre, presque entierement acheve. Le Flint glass de cet objectif. sorti des fours celebres de Guinant, le pere, et le crown glass fourni par M. Maes de Glicliy, sont certainement plus homogenes, plus purs, plus excellcnls que le fft24 COSMOS. flint et Ic crown anglais; on n'y decouvre aucun defaut, tandis que dans les disquos de M. Chance on conslate encore des im- perfeclions. Ricn ne prouve en outre qu'il ne faudra pas faire subir plusieurs fois aux disques anglais I'operation du ramollisse- jnent, apres avoir enlev*^ m^caniquementles portions nuageuses; • rien ne prouve que les ramollissemenls n'ameneront pas des im- perlections nouvelles, rien ne prouve par consequent que le dia- metre des verres anglais ne sera pas considerablement reduit, ou amene h avoir moins de 19 pouces. Jusqu'ici done, I'avantage apparlient auxdisques et& I'objeclif francais, qui ne laissc rien i desirer au point de vue capital de raclironiatisme, qu'il su.fira de remeltre sur le tour une ou deux fois, pour le transformer en lu- nelle parfaite, la plus grande qui Cut jamais. Et cependant chose singuliere et desolante, sir David Brewster ne dit pasun seul mot de I'objectif de M. Porro. Bien plus, et c'est, il nous semble, un oubli lamentable, le rapportdujuryfrancaisraenlierement passe sous silence. Voici en effet les quelques lignes qu'il consacie k M. Porro : « M. Porro, a Paris (France), a expose un grand nombre jd'objets parmi lesquels setrouvent plusieurs instruments non ter- mines qui n'ont pas pu donner lieu a un examen complet. Le jury, apres avoir remarque ce qu'il y a d'ingenieux dans ces divers instruments, a fixe son attention sur la petite lunette que M. Porro appelle longue-vue Napoleon III. M. Porro, par un jeu bien en- tendu de diverses reflexions, est parvenu a conslruire une lunette reduite a de tres-peliles dimensions, tres-portative et tres-com- mode pour les reconnaissances militaires. » De I'objectif geant de 19 pouces, de la lunette equatoriale de Ytco\e normale dont I'objectif a 9 pouces, qui presentait des per- fec.lionnements tout a fait nouveauxetremarquables, qui tout re- cemment, et quoiqu'elle fut dans le meme etat qu'au Palais de I'industrie, a ete de la part de MM. Faye et Le Verrier I'objeL d'un rapport completement favorable, rapport qui a valu auconstruc- teur le payement du second ^-compte de 7 500 fr. ,pas une svllabe ; on les laisse dans I'ombre, conime s'ils n'existaient pas, etl'on proclame que les disques non Iravailles et imparfaitement eludies de M. Chance out droit h une mcdaille de premiere classe. Sir David Brewsler est bien bon de dire qu'en achelant les verres an- glais, M. Le Verrier s'est montre jaloux des interets et de la gloire de la France; nous avions craint, nous, qu'on ne I'accusat du contraire, car ce qui pouvait honorer et encourager la science el i'induslrie francuises, c'etait I'acquisition des verres et de COSMOS. Z.25 I'objectif francais. Qu'on nous permette d'ajouler qu'un noble sen^ timent de courloisie,nonmoins que les intercls bien comprisdela science anglaise, devraient ddtenniuer sir David Brewsler a rer porter ses pensees et ses vues sur la lunette toujours disponible de M. Porro. De cette maniere les astronomes do la Grande-Bre^ tagneenlreraient avant six mois en possession de moyens gigan- tesquesd'observalion que les disques de M. Cbance ne procure- ront aux astronomes francais qu'apres de longues annees, si tant est qu'ils soient jamais transformes en lunette comparable a celle de M. Porro. Pour legitinier nos doutes, il nous suffira d'alfir- mer que le rapport de dispersion des verres anglais est 0,65, nonibre Irop eloigne du rapport le plus aYan1agcuxO,50, tandis que pour les verres de M. Maes, deja comparables aux meilleurs "verres de Baviere comme pour les verres de 19 pouces, le rap- port de dispersion oscille entre 0,55 et 0,58, ce qui est biea plus pres de la perfection. Fuits (les sciences. M. Monclard, de Marsac, pres Albi, propose de faire intervenir relectricite dans le jeu des appareils destines a puiser de I'eau dans la mer a diverses profondeurs. L'appared sc composerait, comme a I'ordinaire, d'un tube en fer muni de deux soupapes, s'ouvrant de bas enhaut; il serait fixd k un cable, contenant a son centre un fd de cuivre reconvert de gutta-percba ; ce til, roule ci I'extremite du tube, formerait bobine autour d'un morceau de fer doux et constituerait un electro-aimant destine a agir sur les deux soupapes pour les fermer, aumomentoii, avant de ramener I'appareil a la surface, on ferait passer un courantelectrique. — Voici quelles seraient , d'apres M. Masson, les vitesses de propagation du son dans les principaux metaux; nous les ran. geons par ordre ascendant, en prcnant pour unite la vitesse dans I'air, qui est en realite de 333 metres : Plomb pur, 3,976; or pur, 6,27; cadmium, 7,55; elain, 7,953; argent, 7,957 ; platine, 8,^1 ; palladium, 9,81 ; laiton, 10,48; zinc, 11,14; cuivre, 11,52 ; cobalt, 14,23; acier, 14,88; nickel, 14,98; fer, 15,108; alumi- nium, 15,375. M. Masson donne aussi les vitesses du son pour un grand nonibre de gaz et de vapeurs : vapeur d'alcool, 130,6 ; vapeur de Iluorure de silicium, 167,4; vapeur d'e'tlier sulfurique, 179,2 ; vapeur d'elber 626 COSMOS. clilorliydrique, 199; acide sulfareux, 209; cyanogfene, 229,^8; proloxyde d'azote, 256, W; acide carbonique, 256,83; acide sulf- hydrique, 289; gaz oleiflant, 318,73; bioxyde d'azote, 325; air, 333; oxyde de carbone, 339,7; vapeur d'eau, 401 ; ammoniaque, Zil5 ; hydrogene protocarbone, 431,82. — Si Ton dirige la pointe d'une flamme vive de chalumeau sur un fragment de plume h ecrire, on apercoit un noyau rougefttre au centre et borde exterieurement de vert ; le meme phenomene a lieu quand on substitue k la plume la gelatine, I'albumine, la chondrine, la chitine et autres substances h la fois 3ornees et azo- tees, le gluten surtout et I'eponge; les corps organiques non azo- tes, tels que le sucre, I'amidon, la dextrine, les gommes, etc., etc., ne presentent rien de semblable. MM. Vogel et Reischauer sont convaincus que la coloration verte de la flamme est la conse'- quence d'une propriete jusqu'ici inconnue de I'azote lorsqu'il se degage d'une combinaison oxygenee ou hydrogenee. — M. Kemp croit avoir demontre les propositions suivantes : 1° le mucus ou membrane muqueuse de la vesicule du fiel n'est pas simplement une secretion destinee S lubrefler I'interieur de cet organe et k le proteger centre Taction des matieres irritantes qu'il contient; ce mucus est une portion essentielle de la bile cys- tique; 2° la vesicule du fiel n'est pas un simple receptacle ou re- servoir pour la bile; c'est un organe ayant des fonctions propres, en ce sens que la secretion immediate du foie est convertie en bile cystique par Taction de sa membrane muqueuse. — Le commandant Rodgers, chef de Texpedition hydrographique dans le nord de Tocean Pacifique, a fait, Tannee derniere, quel- ques observations sur la temp(^rature de Teau^ la surface, au mi- lieu, etau fond de Tocean Arctique;partoutilatrouve:eauchaude et l^gere a la surface ; eau froide dans le milieu ; eau chaude et pesante au fond. A moins de deux cents lieues du pole nord, le docteur Kane avait trouve qu'au fond de la mer ouverte la tem- perature de Teau etait de 4°, 44. — M. Dawson a decouvert que la plus grande partie, sinon la to- talite de TalJuvion marine de la bale de Fundy (Nouvelle-Ecosse), repose sur une surface terrcstre anciennement recouverte de ve- getations, aujourd'hui submergees, et donton peut apercevoirles vestiges dans les tres-basses eaux. La foret engloutie secomposait presque uniquement de pins et de hetres, arbres qui indiqucnt plutot une tejre haute et seche qu'un terrain humide et mareca- geux ; tous ces arbres sont enracines dans un sol forestier parfait, COSMOS. !i27 de sorte qu'il s'agit d'une veritable submersion et non d'un ^chouage ou d'un glissement de terrain ; cette submersion sup- pose un affaissement du sol d'environ 13 metres; cet affaissement semble s'etre etendu sur tout le rivage de la bale, et remonte ci la derniere partie de la periode moderne. — M. I'abbe Vincot, missionnaire en Chine, dit que lesChinois des districts qu'il visite, excellent dans I'art de multiplier le poisson au moyen du transport des oeufs. On place en fevrier ou en mars des bottes de paille le long des rivieres , et tons les jours on va soigneusement recueillir les oeufs que les poissons y ont deposes ; on les porte dans un petit reservoir pen profond; ils y ^closent sans danger et forment bientot des myriades de petits poissons que Ton place ensuite dans de plus grandes eaux. De cette maniere, une petite riviere pent donner en trois mois plus de cinq cents kilogrammes de poissons. — M. Dausse a eu la bonne pensee de resumer en quelques propositions son excellente note sur le regime des rivieres, sur ce qu'il appelle un principe d'hydraulique important et nouveau : 1° Sauf les exceptions indiquees, un cours d'eau quelconque n'est reellement qu'une suite de parties contractees k quelque degre, et dont la pente est moindre , alternant avec des cones de dejec- tion plus ou moins tronques surlesquels la pente est plus grande ; 2° Ce fait tardivement remarque resulte de la vitesse qui croi t dans le premier cas par suite de la contraction ducourant, et decroit dans le second par suite de son epanouissement, et de la loi en vertu de laquellela pente d'equilibre varie en ralson inverse du carre de la Vitesse; 3° Toutes les fois qu'on resserre un cours d'eau dans une plaine, il y a creusement progressif de I'aval h I'amont du resser- rement, jusqu'a ce que la pente soitreduite dans une cerlaine pro- portion du surcroitde Vitesse dil&la contraction, et Ton pent ainsi abaisser i volonte I'altitude des crues des cours d'eau enun point donne de cette plaine ; il faut seulement pour cela prolonger suf- fisamment en aval le resserrement et faire les digues susceptibles de descendre partout ci la profondeur convenable ; k" Qaand un cours d'eau n'est pas arrive k la pente d'equilibre, il op6re tou- jours la reduction de sa trop grande pente en deploy ant la moindre action : si le sol sur lequel il coule lui offre moins de resistance dessous que dessus, ce qui est frequent, il opere la reduction de la pente en allongeant son lit par des sinuosites, sans le creuser beaucoup ; dans le cas contraire, et en supposant que les berges ne s'ecroulent pas sans cesse, c'esten creusant profondement son 42S. COSMOS. lit sans I'allonger. L'abaissement des mers, I'elevation dcs conti- nents, ont fait faire cela aux cours d'oau tres en grand et tr6s- divorseinent; sur une moindre ecliellc riionime pent quclquefois ■utilement procurer les mOmes ellets. Faits de I'agTiculturc. La culture des plantes vraiment parasites passait pour la plus difficile de toulcs les cultures, a ce point que jusque dans ces der- niers temps on avait k peine ose I'entrepreudre; des experiences recentes ont cependant prouve que leur propagation artificielle n'est pas impossible. S'il s'agit du gal, par exemple, il sufflt, pour le multiplier, de frotter une bale mure contre I'ecoree d'un pom- mier ou de I'un des arbres sur lequel il croil; les graines du pa- rasite restent fixces a I'arbre par la glu qui los enveloppait dans k fruit, elles germent facilement et produisent un nouveau gui. La plus grande des fleurs connucs est celle du rafjle^ia Arnoldi, qui croit en parasite sur les racines do quelques espfeces de cis- sus des lies do la Sonde, notamment sur celles du cissus scabiosa. M. Teysman, direcleur du jardin de Bentenzorg, dans I'ile de Java, a fait une entaille dans une racine de cissus, de maniere h fendre Vecorce; il a introduit dans la fente des graines de rafflesia; au bout de dix-huit mois, il a vu sortir de la racine plusieurs boutons de fleurs du parasite, gros, les uns comme un pois, les aulres comme une pomme ou orange; et il s'attend a voir dans un an les boutons s'epanouir en fleurs gigantesques qui pourront attcindre jusqu'a un metre de diametre. II est done presque certain qu'on arrivera h reproduire par la culture cette veritable merveille ve- getale, dont la decouverte, faite a Sumatra en 1818, par le docteur Arnold, fut un veritable evenement. — M. de Lannoy, ingenieur en chef des ponts-et-chaussees k Constantine, a fait cueillir des drupes, ou fruits du margousier, melia azedarach, arbre qui croit dans les terres les plus arides, avec une vigueur luxuriante, donnant a profusion des fleurs et des fruits. Concasses et chaufi'es dans une chaudi6re jusqu'^i rebulli- tion, ces drupes ont ete portes bouillants sous un pressoir ; on en a extrait un liquide buileux, trouble et epais, qui, au bout de quarante-huit heures, s'est converti en une huile jaune verdatre, ^ savour d'abord douce puis amere, briilant avec une flamme COSMOS. 429 claire , sans repandre d'odeur et sans charbonner; le tour- teau, resida de la pression, a en partie les proprietes du sa von, il blanchit les mains et les rend quelque pen onctueuses. Un arbre de dix ans donnerait aumoins 25 kilogrammes de fruits, et un kilogramme d'huile, valant au minimum 1 franc 50 centimes, ce serait done un tres-joji revenu ; cet arbre croit d'ailleurs tres- rapidement et sans aucun soin ; son feuillage, d'un vert fonce, persiste jusqu'a la fin de I'automne, et repose agre'ablement la Tue; ses fleurs, qui lui ont valu le nom de lilas des Indes, repan- dent une odeur des plus suaves ; son bois, malheureusement, est d'une qualite tres-inferieure. Dans I'lnde, I'huile du margousier est consideree comme vulneraire, vermifuge etanlirhumalismale; melee a une autre huile, I'liuile de loupe, elle donne un savon de bonne qualite. Personne en Europe, avant M. de Lannoy, n'avait extrait des fruits du margousier une huile fixe. — M. Guillaumin, depute du Cher, affirme qu'on ne saurait re- voquer en doute les heureux resultats obtenus en Sologne, de- I'addition au sol de marne dans la proportion de 25 a 35 metres cubes a I'hectare. Avant le raarnage, les terres ne produisaient que du seigle, k a 7 hectolitres par hectare, et du sarrasin, 7 h 10 hectolitres; pas de plantes fourrageres, de racines, de legu- mineiises, etc., parlant, ni fumier, ni viande. On a obtenu, apres le marnage : froment, 18 a 22 hectolitres par hectare; trefle, ray-grass, 5 000 kilogrammes; vesce, avoine, 7 000 kilo- grammes; carottes, 20 a 30 000 kilogrammes; betteraves, 25 k 35 000 kilogrammes; sans compter les fumiers decuples, les tetes de gros betail eleve et engraisse , la richesse fonciere, augmentee par I'effet d'un assolement regenerateur que le marnage permet d'introduire. — M. Vilmorin a present^ k la Societe d'agriculture vingt-huit varietes de tuberculesde topinambours, provenantde semis faits, soit par M. Vilmorin lui-merae, soit par les soins de son pere; au- cune de ces varietes n'est superieure ci la race commune, toutes^ au contraire, lui sont inferieures; la densite du jus exprime au moment de Tarrachage a varie de l,07/i i 1,043; la race primi- tive a donne 1,057. — Depuis longtemps, dit M. Barral, on n'avait pas vu des mois' de fevrier, mars et avril plus satisfaisants; partout les recoltes en terre sont dans le meilleur etat, et les semailles du printemps se sont faites dans d'excellentes conditions. PIIOTOGRAPIllE. Rerherc'hfs photo-cliiniiqaes Par MM. Bunsen et H. E. Roscok. (Suite et fin ) Pour voir si la variation de la temperature atmospherique pou- vait influencer la sensibilitc du melange gazeux, nous avons sa- ture I'appareil a diverses temperatures, comprises entre 18 et 27 degres cenligrades; et nous avons remarque que la dilTerence d'aclion entre deux quelconques des temperatures comprises entre ces limites elait si petite qu'elle n'excede pas les erreurs d'obser- vations inherentes a ce genre d'experiences. L'affinile chimiquc ou la force qui regit la combinaison de deux corps, agit connne toutcs les forces en quantite definie. C'est done une erreur de dire que dans des circonstances differentes le meme corps pent avoir differentes afflnites; on dirait avec plus d'exactiLude que dans un cas, les corps peuvent ceder ci I'attrac- tion chiniique de leurs molecules , tandis que, dans d'autres cas, des forces opposees rendent la combinaison impossible. Ces forces opposees peuvent eLre regardees comme des resistances analo- gues h celles exercees dans le passage de I'electricite h travers les corps conducteurs, dans la distribution du magnetisme de I'acier, et dans la conductibilite de la chaleur. Nous detruisons ces resis- tances quand nous augmentons, par I'agitation, la formation d'un precipile, ou quand nous eflectuons une decomposition par I'in- solalion. L'acte par lequel ces resistances k la combinaison sent plus ou moins diminuees, et la formation d'un compose chimique facilite, est appele par nous « induction chimique, » et nous diflerentions cette induction par les epilhStes « photo-chimique, thermo-chi- mique, electro-cbimique, ou idio-chimique, selon que c'est la lu- miere, la chaleur, I'electricite ou I'afflnite chimique pure qui de- terminent la combinaison. n Les phenomenes de I'induction photo-chimique sont particu- lierement inleressants parce qu'ils presentent certains faits sail- lants qui nous font mieux connaitre ce genre d'affmite. M. Draper a observe en 18/;3 que Taction de la lumiere sur un melange de cblore et d'hydrogene n'a pas lieu tout d'un coup. II croyait que ce retard provenait de ce que le chlore subissait sous I'influence de I'insolation une modification ailotropique perma- nente, etat dans lequel il possedait des proprieles plus actives. Nous verrons que cette explication est erronee, et que le pheno- I COSMOS. 431 m6ne tout entier est cause par Taction particuliere h laquelle nous avons donne le nom d'induclion photo-chimique. Quand le me- lange type de chlore et d'hydrogene est expose k une source de lumiere constante, il n'y a pas d'abord d'action visible; mais apres quelque temps, faction se manifcste et s'accroit graduelle- ment, jusqu'a ce qu'elle atteigne son maximum. Des experiences faites avec des lumieres d'intensites et de sources differentes ont montre que le temps qui s'ecoule entre le commencement de I'ex- position et le maximum d'action varie beaucoup selon les circon- stances, Dans un cas, le maximum a ete atteint en quinze minutes ; dans d'autres, apres une exposition de trois ou quatre minutes : dans un cas, Taction n'a commence i devenir visible qu'apres six minutes; dans d'autres, elle etait visible et considerable des la premiere minute. Le volume du gaz expose exerce une influence sensible sur la duree de Tinduction ; cette duree est d'autant plus grande que le volume du gaz est plus grand a egale quantite de lumi6re. La quantite de lumiere a volume egal de gaz, influe aussi sur la duree de Tinduction; Texperience a montre : 1° Que le temps necessaire a la manifestation de la premiere action de Tinduction photo-chimique decrolt k mesure que la lu- miere crolt, et dans une proportion plus forte que celle de Taug- mentation d'intensite lumineuse; 2° Que le temps qui s'ecoule jusqu'ci ce que le maximum d'ac- tion soit atteint, decrolt egalement avec Taugmentation de la lu- miere, mais dans une proportion beaucoup plus petite ; 3° Que Tinduction s'accroit d'abord, atteint son maximum, puis decroit ensuite ; cette loi pent etre rendue sensible par le trace de lignes courbes dont les abscisses sont les intensites de lumifere, et les ordonnees les temps employes & atteindre le maxi- mum d'induction. Ces resultats nous ont conduit i rechercher si Taugmentation d'activite ou d'aptilude plus grande k la combinaison des gaz Iso- lds est permanente, ou si elle n'a lieu que pendant Texposition k la lumi6re. Pour cela, le melange sensible que Ton avait laisse sojourner quelque temps dans Tobscurite a ete expose k une lumiere cons- tante, et on a note le temps qui s'ecoulait jusqu'a ce que Tac- tion maximunl fClt atteinte; Tappareil a ete alors de nouveau placd dans les t^nebrcs pendant une minute, puis expose de Douveau k la lumiere ; en meme temps qu'on comptait le temps ^could jusqu'a Tobtention de Taction maximum. Ces observa- 432 COSMOS. tions niaintes fois repetees, et le temps d'obscurcissement etaat augmonte c^ chaque experience, nous ont conduit h la conclusion que la resistance a la combinaison surmontee par I'exposilion a la lumiere, renait bicntot lorsque les gaz sont replaces dans I'obs- curit^. La resistance a la combinaison, dont il est ici question, peut devenir plus gr-ande par diverses circonstances : la presence, par exemple, d'une tres-petite quantitede gaz heterogene qui s'iutro- duit dans le melange titre suffit pour I'augmeuter dans une pro- portion considerable. Ainsi trois milliemes d'hydrogene en sus de I'liydrogene con- tenn dans le melange rendent Faction plus faible dans le rapport de 38 a 100. Nous retrouvons dans ces experiences, sous sa forme la plus simple et la plus nette, Taction appelee force catalytique, avec la- quelle les phenomenes photo-chimiques sont etroitement lies. L'action de contact du gaz etranger devient bien plus manifeste encore lorsque ce gaz est de I'oxygene; cinq milliemes d'oxygSne, inlroduits dans le melange, reduisent I'efl'et de 100 k hj; treize milliemes le reduisent de 100 a 1,3. Un exces de clilore agit de la meme maniere : dix milliemes de ce gaz reduisent Taction de 100 a 60,2 ; cent quatre-vingts milliemes la ramenent de 100 h 41,3. Heureusement pour Texactitude des indications de notre appareil, Dous avons trouve que treize milliemes de gaz chlorhydrique in- sole'ne produisent pas d'effet sensible sur Tinduction; le meme gaz non insole agit au contraire sur le melange expose a la lu- miere; il suffit d'introduire dans le melange six milliemes de gaz chlorhydrique non expose a la lumi6re pour faire descendre Tac- tion de 100 ix 55. On peut essayer d'expliquer les lois de Tinduction photo-chi- mique, en supposant que le chlore ou Thydrogene, ou les deux gaz a la fois, subissent par leur exposition a la lumiere une mo- dification analogue a celle que subit Toxygene en passant k Tetat d'ozone; ou que ces gaz peuvent, suivantcertaines circonstances, 6tre doues de proprietes actives ou de proprietes passives. Si cette hypothese etait vraie, il faudrait que chaque gaz pris sepa- rcment subit cette moditication sous Tinfluence de la lumiere; or, I'experience suivante prouve qu'il n'en est pas ainsi. On a degage separement les deux gaz et on les a fait arriver par deux longs tubes de verre, dans lesquels ils etaient exposes soil a la lumiere diffuse, soit a la lumiere solaire direcle ; apres cette exposition k I COSMOS. ASS la lumicre, les deux gaz etaient amends ensemble dans I'appareil oh line lumiere constante les attendait. On decouvrait tour a tour et Ton couvrait les tubes de maniere a amener dans I'appareil tantot des gaz non insolds, tant6t des gaz insoles; on mesurait dans chaque cas la duree de I'induction; or, on n'a remarqud au- cune difference dans cette duree, elle restait sensiblement la m(5me dans les deux cas. D'ou il faut conclure que la lumiere ne deter- mine de modification permanente ou de passage permanent de I'etat passif h I'etat actif, ni sur I'hydrogene, ni sur le chlore; mais que la corabinaison produitc par la lumiere depend de raction photo-chimique, qui a simplement pour effet d'accroltre les at- tractions de molecules chimiquement actives. Toutes les lignes courbes que nous avons dressees afin de re- presenter I'accroissement de I'indaction, out une forme commune, avec inflexion au point ou Taction maximum a lieu. Afin de determiner si ces proprietes communes aux courbes sont dues k I'affinite chimique ordinaire, ou si la lumiere y joue reellement un role essentiel, nous avons soumis a Fexperience I'induction idio-cbimique, c'est-a-dire Taction cbimiquepure dans laquelle les affiniles chimiques sont seules en jeu. A cet efTet, nous avons employe ime solution dilue'e de brome dans de Tacide tartrique ; cette solution, comme on sail, subit dans Tobscurite une decomposition qui donne naissance k de Tacide brombydrique. En determinant la quantite de brome libre qui se trouve dans la liqueur, a differentes reprises, nous avons pu ap- precicr la vitesse de cette decomposition. Nous avons reconnu ainsi que la quantite d'acide brombydrique forme n'est pas la meme dans des intervalles de temps egaux, et les lignes courbes, par lesquelles nous avons represente cette action, correspondent par la forme a celles obtenues pour Tinduction pboto-cbimique. La cause de Taugmentation et du maximum d'action ne paralt done pas resider dans une propriete particuliei^e de la lumiere, mais plutot dans le mode d'action de I'affinite chimique elle-meme. ACADEMIE DES SCIENCES. Seance du 20 avril, M. le docteur Seguier affirme que la mdthode de traitement de la couperose, Jpar Fiodo-clilorure mercureux de M. Boutigny, telle qu'il I'applique aujourd'hui, est bien completement sienne, et que M. le docteur Rochat ne peut, en aucune mani6re, en re- vendiquer la gloire. — M. Pisani, directeur de I'ficole de chimie pratique, fondee par M. Gerhardt, adresse une note sur I'acide anisique anhydre. — M. Hotellier, verrier, annonce que, marcliant sur les traces de M. Kuhlman, ou le dcvancant, 11 a prepare, avec la silice cal- cinee, une couleur qui remplace, avec de tr6s-grands avantages, la ceruse, I'oxyde de zinc, la gelatine tannee, etc., etc. ; cette cou- leur est tres-solide, couvre tres-bien, et rend incombuslibles les bois, les etofles et les tissus auxquels on I'a appliquee. — M. Delaporte, aveugle, envoie la description d'un nouveau our a voules superposees par gradins. — M. Poggioli presente, pour le concours du legs Breant, trois observations de cas de choleras confirmes, gueris par 1' application de relcctricile vitree. — M. Morey, de Fribourg (Suisse) , envoie un Traite de mathe- inathiques appliquees aux elements materiels des sciences phy- siques. — M. Ernest Favre demande que son Memoire sur le cerveau 'des dytisques considere dans ses rapports avec la locomotion, soit admis au concours du prix de physiologie experimentale. Les con- clusions de ce Memoire important peuvent etre enoncees comme il suit : Les ganglions sur ou sous-oesophagiens et les pedoncules qui les lient representent le cerveau du dytisque et exercent sur la locomotion une influence incontestable. La partie superieure, placee au-dessus de I'oesopbage, est le siege de la volition et de ja direction des mouvements. La partie inferieure ou sous-oeso- phagienne est le siege de la cause excitatrice et de la puissance coordinatrice. — M. Hubert sollicitc I'examen de ses recherches sur la nature de I'homme, les phenomenes de la vie et les conditions sous les- quelles ils s'ex^cutent. COSMOS. 435 — M. Dillier prdseute un procedd de pralinage des grains surle- quel il a fonde de grandes esperances, et qu'il aurait vendu en Angleterre 500 000 francs. 11 s'agit d'une macliine k I'aide de la- quelle on recouvre les grains h ensemencer d'une couclie formee d'une dissolution de corne faisant fonction d'engrais, c'est-&-dire qui a pour effet de hater la germination et le developpement de la plante. — M. Bowring est inventeur d'un appareil qui mesure et enre- gistre les vitesses des courants gazeux ou liquides. — M. D'Archiac transmet une note sur la part qui revient ci M. Jules Haime dans les recherches que ce savant, mort si jcune et si riche d'avenir, a fait en collaboration de M. Milne-Ed- wards. — M. Liouville envoie pour les Comptes rendus une note sur un point particulier de la theorie des equations trinomes. — M. Daubre, candidat a la place vacante dans la section de gdologie et de mineralogie, lit un Mdmoire sur les galets impres- sionnes. On rencontre souvent dans la nature des galets roules formes de calcaire siliceux ou de quarzite tres-resistant, qui por- tent des stries, des empreintes creuses comme si d'autres galets les avaient penetres. II etait assez difficile d'expliquer comment des pierres si dures avaient pu se preter k des impressions si dis- tinctes. Quelques geologues avaient recours h une erosion pro- duite par quelque action chimique avec compression violente des galets les uns sur les autres. M. Daubre a voulu soumettre cette explication ci I'experience ; il a p.nferme un certain nombre de galets dans un vase cylindrique h couvercle mobile ; il a humecte la masse entiSre d'eau acidulee capable de produire une erosion visible ; il a exerce une com- pression graduee ; mais il a ete tout surpris, apres I'experience terminee, de voir que les impressions au lieu d'etre en creux se trouvaient en relief, contrairement a ce qui a lieu dans la nature; ce n'est done pas ainsi que les galets ont ete creuses. On ne peut pas non plus recourir a un ramollissement accompagne de pres- sion, car, dans ce cas, I'empreinte presenlcrait un bourrelet sen- sible, ce qui n'a pas lieu dans la nature. Les premiers essais de M. Daubrd ne I'avaient pas decouragd, et il a eu I'lieureuse pen- see de recommencer I'experience avec I'eau acidulee ou le liquide corrosif, mais en le faisant arriver lentement et par une sorte d'inliltration capillaire au sein de la masse de galets entasses et presses. Zi36 COSMOS. Cefle fois le succ(^s a couronne'ses efforfs, car il a olitenu des en)prointes creases tres-distinctes. L'operation a meme si bien r^iissi que M. Daubre ne doute pas qu'en operant de la m6me maniere sur des agathes siliceuses, et prenant pour liquide cor- rosif I'acide fluorhydrique etendu~d'eau, on pourra obLenir des pierres impression nees ougravees naturellement. — M. Paul Tbenard rend compte d'experiences failes par lui sur les fumiers ; elles semblent de nature a mettre en Evidence, en pernieltant de I'isoler, ce qu'on pourrait appeler le radical des engrais. Deux pratiques fort anciennes, universellemcnt suivies par les fermiers de la Bourgogne, avaient attire I'attention du sa- vant agronome, et I'avaient mfime intrigue au plus haut degr^. Jamais on ne peut obtenir des fermiers qu'ils repandent sur les cbamps et enfouissent en terre le fumier recemment sorti de I'e- table; ils s'obstincnt a le laisser entasse plus oumoins longtemps dans les cours ou dans le voisinage de la ferme, sans s'inquieter des deperditions que pourront determiner Tevaporation des subs- tances ammoniacales et I'inflaence des agents meteorologiques, Quand on leurdemande pourquoi ils agissent ainsi, ilsrepondent que I'engrais n'est efficace et ne conserYe au sein de la terre ses proprietes fecondanles qu'autant qu'il se sera ecbauffe ou qu'il aura fermente, en quelque sorte, au contact de Fair et de la cha- leur, en passant ci I'etat de fumier noir. Ces memes fermiers, en outre, transportent tous leurs fumiers disponibles sur une meme region de leurs cbamps qu'ils enfument bien au delci de ce qui serait necessaire. Interroges de nouveau sur les raisons de leur conduite , ils repondent que, moins divises, les transports sont moins penibles, moins couteux, et que, d'ailleurs, il n'est nulle- ment k craindre que la portion d'engrais qui ne sera pas absorbee par la vegetation devienne inutile ou inefficace ; rien n'est perdu, disent-ils, de ce qu'on confle au sol en fait d'engrais echauffesou fermentes. M. Paul Tbenard, qui a appris, par une experience de]& assez longue, que les pratiques routinieres des fermiers reposent tou- jours sur un fondement raisonnable, sur des observations faites ^ans illusion, et auxquelles le temps donne une tres-grande va- leur, etait convaincu d'avance qu'en soumettant les donnws de leur vieille experience S un examen scientiflque serieux, il arri- verait i desr^sultats tres-dignes d'interfit. Ses previsions ne I'ont pas trompe. n a pris de la terre arable, il I'a traitde par de I'acide fluorhydrique etendu d'eau, de maniere a dissoudre toute la si- COSMOS, 437 lice, et il a cu pour residu un depot couleur chocolat, dont la teintc s'est un peu eclaircie apres la dessiccation el la calcination, et que I'analyse lui a prouve etre une sorte de laque formee d'a- lumiiie el d'une substance organique azotee. II a pris alors de I'a- lumine, il I'a placec sur un filtre et I'a arrosee avec de I'eau ou jus de fumier echauffe par un lassement prolonge. L'operation terminee, il a trouve sur le fillre cette meme laque qui, lavce avec soin sous un filet d'eau ordinaire, ne perdait rien de ses elements et de sa couleur brune. En substituant tour a tour a I'aluinine pure de Taluminehydratee, ou renfermanttrois equivalents d'eau comme I'aluniine de la nature, du bi-carbonate de chaux, du ses- qui-oxyde de fer, et les arrosant sur un filtre avec la meme eau de fumier fermentee, il a constamment obtenu cette meme ma- tiere azotee. Mais, quand au jus de fumier noir il a substitue du jus de fu- mier sorlant de I'etable ou qui n'avait pas fermente, la quantit^' de laque a diminue dans une proportion considerable, ce qui' prouvait invinciblement que, dans ce cas, I'azote de I'engrais n'e- tait pas flxe, si Ton pent s'exprimer ainsi, par I'alumine, le cal- caire ou le sel de fer. II y a done une difi'erence reelle entre les fumiers receuts et les fumiei's laisses longtemps en tas ; el cette difference, qui consiste en ce que les premiers fumiers ne cedent pas leur azote au sol, est entierement favorable a la pratique des fermiers. Qu'est-ce que c'est que la laque nee de Taction du jus de fu- mier sur la terre, formee naturellement dans le sol ou preparee dans le laboratoire? Elle contient un vingtieme environ de son poids d'alumine ou de terre; sa richesse en azote pent alter jus- qu'a cinq ou cinq et demi pour cent; elle est assez instable; ellc joue, suivant les circonstances, le role d'acide ou de base, etc. N'est-il pas des lors tres-probable qu'amenee a I'etat de purete, elle se montrerait identique a la proteiue, substance geialineuse ou laque, que M. Mulder a obtenue entrailantune matiere azotee, I'albumine, la fibrine, la corne, etc., d'abord par I'alcool ell'e- ther pour separer la graisse, puis par une lessive moyennement concentree de potasse pour enlever le soufre et le phosphate, chauffantenflnlemelange a 50 degres environ etsaturantl'alcali par de I'acide acetique. La proteine C" H'' Az^ 0'-; ou carbone, 0,55; hydrogene, 0,07; azote, 16; oxygene, 22; est un masse jaune gri- Scitre, dure, hygroscopique, etc., jouant aussile r61e d'acide ou de' base. M. Koene, pxofesseui' de cbimie a I'Univei'site de BruxelieSt ^38 COSMOS. croit que la protdine peut otre conside'ree comme ddrivant de I'ul- mine, substance qui fait partie essentielle des terres arables, par la soustraction de 2 equivalents d'oxygene en presence de 5 equivalents d'ammoniaque , on a en efTet C" H^' Az* 0" = C" H'^ 0*'' (ulmine) — 0^ + H'^ Az^ Rien ne s'oppose, disait I'habile professeur, a ce que I'hydrogene naissant du ligneux en decomposition s'empare de deux des equivalents d'oxygene de I'ulmine existante, et que cette ulmine desoxygenee s'associe les elements de 5 equivalents d'ammoniaque pour former la proteine. Le radical des engrais de M. Paul Thenard peut done n'etre en realite que la proteine de M. Mulder, et s'il en etait ainsi, la chimie vegetale aurait fait un grand pas. M. Thenard a en outre observe que la silice, au con- tact du jus de fumier, ne donne pas naissance c» la laque azotde, ce qui explique tres-bien pourquoi les terres sablonneuses ne peuvent pas etre fumees longtemps a I'avance, ce qui fait dire au paysan bourguignon , dans son langage pittoresque , qu'elles brCilent le fumier. M. Thenard enfin est persuade que les terres abandonnees k elles-memes et non fumees redeviennent azotees avec le temps par la formation spontanee, quoique lente, de la laque ou proteine naturelle ; et il annonce qu'il est parvenu i eclairer d'un jour tout nouveau la question tant controversee du r61e que joue dans la culture reellel'azote de I'atmosphere. — M. filie de Beaumont, dans le but sans doute de mieux as- seoir la candidature de M. Charles Sainte-Claire Deville, lit une lettre dans laquelle un geologue allemand, collaborateur de M. de Humboldt, dit avoir ete conduit par I'observation faite sur les lieux, h des resultats entierement conformes k ceux du geologue francais relativement aux phenomenes des volcans, et aux pro- duits gazeux des events d'eruption, etc., etc. — M. Flourens lit une nouvelle suite k ses Recherches sur la sensibilite des tendons. Apres avoir demontre de la maniere la plus evidente que les tendons, presque completement insensibles ci I'etat normal ou sain, acquierent une sensibiUte extreme, quand ils sont enflammes, et renverse, par consequent, I'opinion de Hal- ler et son ecole, qui n'accordait la sensibilite qu'aux filets ner- veux, etend cette fois ses experiences k la dure-mere, aux liga- ments et au perioste. A I'etat sain ou normal, la dure-mere est aussi presque completement insensible, mais si on y determine I'inflammation, soitmecaniquement, soit, cequi reussit beaucoup mieux, par I'emploi d'une pommade dpispaslique, sa sensibility COSMOS. 439 est exalt^e au plus haut degrd. M. Flourens a mis a nu les dnre- meres chez deux animaux places dans les memes conditions, il a laisse I'une saine et irrite I'autre par la pommade; quand on pi- quait la membrane mise k nu chez le premier animal, il ne td- moignait d'aucune douleur, tandis que, au moindre contact de la membrane enflammee, le second animal s'agitait et poussait des cris violents. Les ligaments eten particulier, le ligament de la ro- tule, quinze ou vingt heures apres Tapplication de la pommade, rougi et enflamme, acquerait de meme' la sensibilite la plus vive. Leperioste enfln, dontl'insensibilite est proverbiale, apres quinze ou Tingt heures d'irritalion par la pommade, devenait douloureux h I'exces, Cette derniere observation aura pour resultat d'expli- querlesdouleurs, aussi extremes que mysterieuses, qui caracte- risent certaines aflections goutteuses ou rhumatismales. — M. Cauchy fait mille efforts pour arriver A lire au moins le titre d'un nouveau il/emozre sur I'integration generale, par une me- thode nouvelle, par un changement heureux de variable indepen- dante, d'un systeme d'equations differentielles quel'Dn rencontre dans la mdcanique celeste. L'illustre geometre est une victime malheureuse de sa fecondite ; k lui seul il remplirait les comptes rendus; en moins de trois ou quatremois il comble I'espaceque I'Academie lui accorde pour I'annee entiere, et on le voit alors k chaque seance errer comme une Sme en peine, ne sachant plus comment se rattacher au corps des comptes rendus. — M. Dumas annonce une nouvelle que les mindralogistes etles geologues accueilleront, dit-il, avec autant de faveur que les chi- mistes. MM. Wohler et Buff sont parvenus tout r^cemment k de- couvrir et k preparer un nouvel oxyde de silicium Si'O' moins riche en oxygene que la silice ordinaire Si 0', et dont rien jus- qu'ici n'avait fait prevoir I'existence. En traitant par le gaz acide chlorhydrique au lieu de chlore, un melange intime de charbon et d'acide silicique, ils obtiennent d'abord un chlorure de sihcium contenant moins de chlore que le chlorure connu , et c'est ce chlorure nouveau qui, par une decomposition, donne le sous- oxyde de silicium. Le sous-oxyde est blanc comme la silice, insoluble dans I'eau, tres-soluble dans les alcalis qui le trans- forment en silice ordinaire; dans son contact avec I'ammo- niaque, il y a de I'hydrogene mis en liberte ; 11 s'enflamme sous certaines conditions, etc., etc. Maintenant que I'attention est ^veillee, il est tres-probable qu'on constatera la presence de cette liUO COSMOS. substance dans la nature, ou elle pent exercer un r6lG plus ou moins important. — On precede & I'election d'un raembre correspondant dans la section d'astronomie au remplacement de M. Nell de Breauld, mort I'annee derniere a Dieppe. Le nonibre des volants est de k5, le premier candidat, M. Adams de Cambridge obtient i'unanimite des suffiages, a I'exception de deux voix donnees au R. P. Secchi. Une place est encore vacante, etl'eleclion aura lieu dans la seance prochaine. Le premier candidal celte I'ois est le R. P. Secchi , et comme MM. Peters el Adams, ii sera certainement nommd^la- presque unanimite des suffrages. — M. Dumas lit un supplement au rapport sur le Memoire de M. Andre Jean, relatif a I'amelioration des races de vers h soie. Depuis que la Commission a fait son premier rapport, qui a eu tant de retentissementen Fi-ance et h I'etranger, I'Academie a recu relativement k cette meme et grande question de la maladie des- vers k soie, des documents tres-importants que le nouveau rap- port croit devoir signaler et analyser. 1° M. le docteur Goste de Joyeuse, sericiculleur exerce et physiologiste habile, a etudie avec leplus grand soin rorigine,les symptomes etles causes del'infec- tion ou degenerescence des graines de vers a soie ; d'accord avec la Commission academique, il ne Irouve pas la raison de cette de'generescence dansles influences meteorologiques, mais dans la mauvaise direction imprimee aux educations. 2° M. Martins, professeur de botanique h la Faculte de Mont- pellier, a adresse cinq notes pleines d'interet sur I'ameliora- tion des graines de vers k soie par I'^ducation k I'air libre. De concert avec M. Sabatier, proprietaire pres Lunel-le-Viel , M. Martins a fait trois essais d'education de vers h soie en plein' air, sur un milrier enveloppe d'une toile k larges mailles, ou cou- siniSre. Les vers ont supporte, sans qu'un seul d'entre eux en fiU incommode, des temperatures comprises entre 6 et 29 degr^s ;• ils ont essuye sans encombre le vent, la grele, la pluie et divers orages d'une violence extreme. Des la seconde education en pleiir air, les vers se montierent d'une fermete, d'une vigueur et d'une adresse extraordinaires; tous les cocons furent fixes au hautdea branches; les papillons qui en sortirent volerent parfaitement, tandis que les papillons des magnaneries se soutiennent k peine avec leurs ailes sur la toile ou les femelles son flxees ; les cocons' d'ailleurs etaient de meme poids que ceux de la magnanerie, mais plus petits, plus durs, plus serres. On pent dont esp^rer, COSMOS. lihi qu'en replacant le vers a soie dans ]es conditions naturelles oi\ il se trouve dans son lieu d'origine, on pourra mettre un terme a la degenerescence et obtenir une graine renouvclee. Letroisi6me document enfin etait un rapport de M. Hardy, directeur de la pd- piniere centrale d'Alger, sur la situation de la sericiculture alge- rienne en 1856. La commission avail signale I'Algerie comme placee dans des conditions excellentes au point de vue de I'educa- tion des races perfectionnees, et la production d'une graine re- generee, les experiences faites par M. Hardy viennent complete- ment k I'appui de cette opinion. La graine recollee & Alger a donnedes resultats excellents, tandis que la graine venue d'ltalie a fort mal reussi. L'Algerie d'ailleurs poss^de presde 300000 pieds de milrier, et ce sont presque tons des sauvageons, certainement preferables aux mttriers greffes. Les conclusions du rapport com- plementaire sont : 1° de remercier les auteurs de leurs diverses communications; 2" de poser une serie de questions qui seront adressees &tous les sericiculteurs ; 3° de publier dans lescomptes rendus un extrait du rapport de M. Hardy. La commission rap- pelle en outre qu'elle a snllicite rinsiitution d'un concours pour Tamdlioration des races de vers k soie, avec primes a donner t. ceux qui auront produit le plus de graine d'excellente qualite. — Dans son avant-derniere seance, I'Academie avait decide', b. I'unanimite des voix, moins une, qu'il y avait lieu a remplir la place vacante dans la section de mineralogie et de geologie, par la mort de M. Constant Prevost. La liste des candidats a ete pre- sentee et discutee dans la derniSre seance; elle est double comme dans la dernierc seance. G£ologues : 1° M. D'Archiac; 2° exceqiio et par ordre alphabetique, MM. Daubree, Cbarles Sainte-Claire Deville, D'Orbigny et Durocher. MmfeRALOGisTES : 1° M. Pasteur; 2° M. Descloizeaux. La section desire un geologue, et la lutte s'en- gagera principalement entre MM. D'Archiac et Deville. VARIETES. Sur la conservation de la force Par M. Faradat. (Suite et fin. Voyez pages 329 a 336 et 360 h. 364.) «Onpeut toutprdparerpourune action chimique qui devrasepro- duirc dans le circuit voltaique ; mais, tant que le circuit ne sera pas ferme, Taction chimique ne se produira pas; en outre, en com- pletant le circuit, nous pouvons tout arranger, de telle sorte qu'il se produise a distance une action chimique parfaitement ^quiva- lente ci {'action chimique primitive et dominante; or, en meme temps qu'il etablit I'equivalence dlectro-chimique de puissance, ce resultat met aussi hors de doute le principe de la conservation de la force, et souleve en m6me temps plusieurs questions coUat^- rales qu'il faudra formuler et resoudre avant qu'on puisse arriver ci comprendre tout ce qui concerne dans ce cas la conservation de la force. Get exompie, ot tant d'autrps qn'on pourrait citer, de Taction rhimique k distance, nous ameoentnaturellementa passer dans nos investigations de la simple consideration des fails k I'e- tude du mode physique de I'exercice de la force ; car, les qualites qui semblaient locaUsees et inherentes h certaines particules de matiSre, se relrouvent a distance associees ci des particules com- pletement differentes : ils dirigent aussi nos pensees vers la con- version d'une forme de puissance en une autre; de I'aetion chi- mique, par exemple, en chaleur, que les elements de la pile vol- taique font apparaitre h nos yeux, soit au lieu ou ils produisent leurs effets de combustion et de combinaison, soit h distance par la production de I'etincelle electrique, soit dans les fils conduc- teurs ou au sein des fluides qui constituent les diverses portions du circuit voltaique. Lorsque des forces unes nous passons aux forces qui se pre- sentent a nous avec un caractere invariable de duaUte, comme I'electricite et le magnetisme, nous trouvons que le champ des hypotheses est beaucoup plus vaste ; et il est necessaire qu'il en soit ainsi, car ces nouvelles forces s'exercent dans des conditions de plus en plus complexes. Mais, ici encore, rien ne nous force h renoncer au principe fondamental de la conservation de la force, meme dans les cas ou I'apparition et la disparition de force semblent un fait Evident et eclatant. Nous voyons I'electricite ap- COSMOS. a43 paraltre alors que nousn'employons et que nous neconsommons que la force necessaire h engendrer un frottement; nous ne sa- Tons pas comment cela se fait, mais nous cherchons a le con- naitre sans etre en aucune maniere disposes a admettre que la force electriqne puisse naitre de rien. Les deux electricites sont developpdes A la fois en proportions egales; lorsqu'elles ont ap- paru , nous pouvons faire agir successivement et de diverses manieres I'une d'elles sur diverses portions de I'autre, et faire va- rier leurs conditions relatives, mais sans que jamais la somme des intensites d'une espece d'electricite devienne inferieure ou su- perieure dans le plus petit degre possible a la somme des inten- sites de I'autre espece. Dans cette necessite absolue d'egalite entre les deux forces, nous rencontrons une autre preuve directs de la conservation de la force au milieu de ces milliers de chan- gements que nous sommes obliges de suivre dans leurs principes et leurs effets, avant de pouvoir arriver a penser que nous ayons au moins une connaissance approcliee de cette partie de la science. Une des hypotheses faites surreleclricitd rnnc;ic+o & la regarder comme un fluido mis eu jeu par une impulsion plus ou moins energique. Une auti-e hypothese veut qu'il y ait deux fluides elec- triques, que chaque particule de I'un des fluides repousse toutes les autres particules du fluide de meme nom, et attire toutes les particules de fluide de nom contraire, que ces attractions et ces repulsions s'exercent en raison inverse du carre de la distance, comme dans le cas de la gravitation. Cette seconde hypothese est contradicloire d la loi de la conservation de la force, et se prete ci toutes les objections que nous avons faites ou que Ton pent faire contre la definition ordinaire de la gravitation. Dans une Iroisieme hypothese, on admet que chaque particule des deux electricites a en elleunequantitedonnee de mouvement, et ne pent exerccr sur les particules d'electricite contraire qu'une action proportionnelle ti sa puissance, de sorte que si cette action s'exerce sur deux par- ticules a la fois, elle ne sera, pour chacune des particules, que la moitie de ce qu'elle aurait ete s'il n'y en avait eu qu'une. A qaelque hypothese qu'on s'arrete, le principe de la conservation de la force (nie toutefois implicitement par la seconde), devra toujours 6tre respecte, et, j'aime ci le croire, est toujours respecte de fait. Ces memes observations s'etendent au magnetisme, soil qu'on le considere comme un fluide unique, soit qu'on le constitue par deux fluides ou par deux, courants electriques de noms contraires, IM COSMOS. soit qu'on admette que son action exldrieure soil une action exer- cec a distance, soit qu'on admette que cette action exterieure s'exerce par I'intermediaire de lignes de forces ; dans tons les cas, il faudra admettre le principe de la conservation de la force comme gouvernant Fensemble et les details de tous les plieno- menes. La connaissance des phenom^nes physiques est aujourd'hui assez etendue, non-seulement pour que Ton puisse definir et de- crire les fails connus, mais pour que Ton puisse prevoir et predire raisonnablement I'mconmt ; et ma conviction est que le principe de la conservation de la force peut grandement aider le pli.\ sicien experimentateur dans raccomplissement de ce devoir de la science qui consiste & formuler ou k enonccr les problemes a resoudre. II nous conduira , dans tous les cas, ou comme 11 s'agit, pour le magnetisme, I'electricite statique, et peut-etre la pesanlcur, de forces conservant toujoursla meme forme ct modifiees seulement dans leur direction, adecouvrir quelles sont les conditions de leur repartition, a prouver que, quoique divisees, elles conservent de: fait la meme somme d'intensite ou leur quantite premiere. Dans les cas au contraire oil la run^c dio^jaidU en tout ou on partic, ce principe nous servira de guide dans la recherche de la forme nour vefle, sous laquelle la force disparue doit reparaitre, de I'equi- Talence entre la force primitive et a la force dans laquelle elle s'est transformer Lorsqu'une force nouvelle se sera developpee tout a coup, nous serous avertis par ce meme principe d'avoir & mettre en evidence la force anterieure et pquivalente qui a fait naitre la force apparue ; c'est le cas des actions chimiques, Lorsque la force disparait, comme dans I'induction electrique ou magne- tique, aprfis un plus ou moins grand nombre de decharges; ou, comme pour la gravitation, par la distance plus grande des parti- culesqui s'attirent, le principe de la conservation de la force nous suggeiera de rechercher si un changement equivalent ne s'est pas produit au sein des corps, qui agissent en apparence I'un sur I'autre, ou dans un milieu en partie exlerieur a ces corps. 11 nous forcera a nous demander dans quelles conditions inlerieures et exterieures se trouvent ces corps, avant et apres le changement qui a eu lieu. S'il s'agit d'un changement interieur, il faudia de- couvrir le precede physique par lequel la puissance se commu- nique ainsi d'un corps a I'autre; s'il s'agit d'un changement extd- rieur, nous nous demanderons naturellement s'il est bien vrai qu'une action puisse s'cxercer a distance, ou s'il ne faut pasfalre COSMOS. mm intervenir necessairement la presence de I'ether ou d'un autre milieu intermediaire. Dans I'etat aetuel de la science, nous ne pouvons pas nous flatter de connaiire la nature des divorses forces physiques ou sources de puissance; mais, nous pouvons au moins consta- tcr que les diverses forces ou formes de puissance ont ontre elles une liaison intinie {consistenc}/) . (Pourquoi M. Faraday n'admet-U pas le mot correlation, si heureusement cree par M. Grove?) Ainsi, dans I'electricile statique, si nous considerons une action particuliere d'indnction, nous percevons sans peine la liaison de cette premiere action inductrice avec tontes les autres actions d'inductlou. Si maintenant nous considerons un courant elec- trique, en le voyant produire ^ son tour des eflfets d'induction, nous le voyons par li meme en liaison avec I'induction electro- statique. Nous arrivons de la meme maniere a la connaissance des liai- sons qui existent enlre le magnetisme, I'electricite, faction chi- mique et la chaleur. Si, jusqu'ici, nous n'avonspas encore apercu les liens intimes qui unissent la gravitation avec les autres formes de force, je suis fortement tent.e de f>rn;.-o q"'- ^-cru uniquement en raison de notre ignorance. Combien serait imparfaite Tkiec que nous aurions d'un courant elect rique, si nous faisions abs- traction complete de son origine, de sos elTets d'induction statique et dynaniique, de son influence magnetique, de son action chi- mique ou calorifique ; et, ce que nous disons du courant elec- trique, nous le dirions de toutes les autres formes de forces ; iso- lee de toutes les autres, chacune d'elles se reduit presqu'a rien. Qu'il existe une force de gravitation subsistant en elle-meme, sans relation aucune avec les autres forces naturelles, et s'exergant sans aucune dependance de la g7^ande loi de la conser nation de la force, c'est tout aussi invraisemblable que si I'on prdtendait ad- mettre un principe essentiel de gravite et de legerete. La gravite ne pent etre que le residu {residual part) des autres forces de la natui^, comme Mossotti a essayc de le demontrcr; ii n'est nullement probable qu'elle reste en dehors des lois qui reglent I'exercice de toutes les aulres forces, et qu'il soit complelenient impossible par des experiences ulterieures et par ieraisonnement de la ramener k I'ordre commun. Ilimporte grandement de faire d«s efTorls nouveaux pour arriver k mieux faire connaitre cette force exceptionnelle ou excentrique, et de nous defendre en attendant d'en donner une definition qui soit UUG COSMOS. en contradiction avec les principes qui gouvernent toutes les au- tres forces ; car, tous les phenomenes de la nature nous conduisent invinciblement ^ admcllrc que la grande loi directrice est toujours et partout la meme. II est plus raisonnable de penser que les corps qui agissent I'un sur I'autre par gravitation, agissent par des lignes de force d'intensite dcfinie (quelque peu k la maniere de I'induc- tion electrique et magnclique, quoique sans polarite) , ou par I'in- termediaire d'un ether qui envahit toutes les parties de I'espace, que d'admettre que la pesanteui" fait exception au principe de la conservation de la force. On pourra penser peut-etre qu'un physicien qui a peu ou point de connaissances mathematiques, est assez mal venu k assumer le droit de prononcer sur la generalite et la portee d'un principe mecanique, comme celui qui fait I'objct de cctte discussion. Voici ma justification. Je ne vols pas pourquoi un esprit mathematique, en tant qu'esprit mathematique, I'emporterait surun autre esprit egalement percant, mais non mathematique, alors qu'il s'agit d'approfondir ia nature et la portee d'un principe d' action natu- relle. Les mathematiques ne peuvent par elles-memes decouvrir etformuler aucuii pi;r.oipo r^^nTroon r.nrQrin'il s'estagi d'elertri- clte statique, le mathematicien, partant d'un premier degagement donne et des lois connues de son expansion, a pu le suivre dans son mode de distribution h I'interieur ou h la surface des corps, et arriver h prevoir des resullats dont les physiciens ont plus tard "verifie I'exactitude; mais ses formules ne lui ont nuUemtint appris Texistence de I'electricite dynamique, de relectro-magnelisme, de la magneto-electricite ; elles ne lui en ont pas meme donne la pen- sde, quoique ces nouvelles manifestations elcctriques soient inti- mement liees avec I'eleclricite statique ; il a fallu qu'elles fussent decouvertes d'abord par un experimentateur; alors seulement il a pu les mettre en equation et arriver k des resultats nouvcaux, mais de meme ordre. Pourquoi n'en serait-il pas de meme relati- vement k la force de gravitation ? Le geometre a su calculcr les resultats de I'attraction universelle d'une maniere si merveilleuse qu'il a pu suivre les plan6tes connues a travers leurs courses dans I'espace et leurs perturbations; et en les suivant il a pu meme ar- river a decouunr une planete jusque-l& inconnue; mais, oserait-il dire qu'il n'existe pas d'eflets de la gravitation autres que I'at- traction en raison inverse du carrd de la distance, effets dont il ne saitrien, dont il ne pourra rien decouvrir, dontil ne pcut meme ni affirmer ni nier la possibilite ou la realite? Dans de semblables COSMOS. UM circonstances, un principe entierement conforme aux regies des malhematiqucs, mais que Ton peut comprendre sans elles, que tous peuvent appliquer dans leurs deductions logiques quelles qu'elles puissent etre, et qui est par dessus tout, pour I'esprit de I'experi- mentateur la source d'inspirations, d'excitations, d'instructions fecondes, ne doit-fl pas etre applique et manie plus souvent et avec plus d'ardeur par ceux qui ont pour mission d'ouvrir a la science de nouveaux horizons , de grouper en les developpant les fails deja connus dans un ensemble harmonieux? Si, dans ccs ge- nereux efforts, et alors que nous appliqUons le principe de la con- servation de la force, nous ne pouvons esperer d'arriver qu'i une ■vision imparfaite, nous n'en devons pas moins perseverer, car une vision obscure et bornee vaut mieux que I'absence com- plete de toute vision, Laissez-nous, si nous le pouvons, decouvrir un nouveau phenomene sous une forme quelconque, meme in- certaine, on arrivera sans peine plus tard et bientdt a lui donner sa vraie forme et ses caracteres essentiels. Quelques personnes seront sans doute tres-surprises de me voir, ainsi qu'elles le croient, me mettre en opposition avec les theories de Newton ; mais ce sera de leur parr nno puro meprise. Je ne suia sur auoun point en opposition avec Newton ; ce sont plut6t ceux qui admettent I'idee d'une action a distance qui sont en contradiction avec lui. Peu confiant, comme je dois I'etre, dans mes propres forces, j'ai ete au contraire fort heureux de voir que mes convictions s'accordaient pleinement avec celles du grand Newton. II n'en est pas moins vrai pourtant que ceux qui traitent de matieres semblables h celles qui nous occupent ne doivent pas proceder par voie d'autorites k consuller et h respecter; leur de- voir est de peser les raisons pour etcontre, afln, qu'apres avoir tout pris en consideration dans un examen serieux, ils formulent leur propre jugement, se rangent sous telle autorite ou lui refusent leur assentiment. Newton lui-meme, lorsqu'il parle de ceux qui formuleront un jugement sur sa maniere de voir, parle avec res- pect de ceux qui sont competents k se former une opinion, et les separe completement de ceux qui pretendraient juger sans con- naissance de cause. Mais, apres tout, il peut plaire & certaines personnes de revo- quer en doute ou de nier le principe de la conservation de la force. Accordons, pour un instant, qu'il est reellemenlinadmissible, meme dans son application, k la plus petite portion de la science des forces ; alors, la preuve de son inadmissibilite pourra etre WiS . COSMOS. misc en evidence, car font ce qui est vrai physiqnemcnt peutetre t6t oil lard demontre. Or, la recherche de cettc preuve, si elle existe, est de nature h conduire h des decouvertes aussi grandes ou pUis grandes que toutes celles qui ont ete failes jusqu'ici. Je De dois pas hesiter J"! poursuivre ces decouvc|jtes, car aucune re- cherche ne peut etre nuisible; toutes, au contraire, tournent & bien pour cekii qui s'y livre avec ardeur et avec unc pleine bonne foi. Mais qu'il nous solt permis de ne pas admettre la destruction ou la creation de la force sans preuves claires et fortes. Car de meme que le chimiste doit la perfection de la science qu'il cultive ^ I'excellent usage qu'il fait de la balance qui ne letrompe jamais sur le poids veritable et relatif des corps; de meme le physicien arrivera de son cOte a une sorte d'infaillibilite, en prenant pour •guide le principe de la conservation de la force. Tout ce que nous "possedons, tout ce que nous avons de bon et de certain, la ma- 'chine h vapeur, le telegraphe electrique, etc., sont autant de te- moins et de preuves de la verite de ce grand principe ; pour le faire disparaitre du rang des lois de la nature, il ne faut rien nioins que le mouvement perpetuel, un feu sans chaleur, une chaleur sans source ae va\z>iri buer au succes de leur art, se sont-ils empresses d'acquerir ce bel instrument, apres en avoir constate les quaUtes par de nom- brcux essais. Faits des sciences. — M. de Lafolye, inspecteur des lignes telegraphiques, propose. pour remplacer les ressorts ^ boudias des appareils de telegra- phic electrique, I'emploi d'uu aimant permanent ou barreau, for-, lenient aimante, recourbe ci angle droit, en forme d'equerre, de, maniere a envelopper I'electro-aimant du rcceptcur. Supposons Lelectro-aimant debout avecses deux branches verticales, lepole sud du barreau aimantd recourbe sera au has dc la branclie , Zisa COSMOS. gauche de I'dectro-aimant; sonp61e nord sera juste au-dessus du centre d'action ou p61e dc la branclie droite de I'electro-aimant; Tarmature, dont Ic centre dc rotation est au sommet dc la branche gauche de I'electro-aimant et dont Textremite libre se rapproche quand le courant passe du noyau de la branche droite, est situee entrele noyau etla branche recourbde dubarreauaimante. Quand le courant ne passe pas ou que I'electro-aimant est inactif , 1' ar- mature est attiree comme un morceau de fer doux par I'aimant permanent etreste fixee par lui; mais quand I'electro-aimant, par le passage du courant, acquiert une aimantation superieure au magnetisme du barreau , I'electro-aimant k son tour attire I'ar- malure. Le p61e de I'electro-aimant pent etre de meme nom que le pole de I'aimant fixe, ou de nom contraire; si les deux poles sont de memo nom I'attraction de I'electro-aimant sera aidee par la repulsion du barreau, dans le cas ou le magnetisme de I'electro-aimant etant preponderant I'armature aura pris la meme polarite que lui. Si au contraire I'eleclro-aimant est un pole denom contraire, il repoussera I'armature qui, a la petite distance ouelle est de I'aimant fixe, aura pris sa polarite; I'armature ne s'eloi- gnera pas du barreau, le telegraphe ne fonctionnera pas , il res- tera silencieux, suivant I'expression de M. Lafolye. Cette propriete de pouvoir rester silencieux est une propriete precieuse et qu'on pourra utiliser pour correspondre entre deux stations extremes, sans que les signaux soient pcrcus par les stations intermediaires. On pourrait craindre qu'il n'arrivftt au barreau aimante de M. de Lafolye ce qui arrive aux armatures aimantees, c'est-i-dire qu'il neperdit son magnetisme avecle temps; mais M. Du Moncel, a qui nous empruntons cette description en I'analysant, croit cette ob- jection sans valeur : par la meme, dit-il, que Fun despfiles du barreau est libre ou en deliors de I'influence variable de I'elec- tro-aimant, ce barreau conservcra indefiniment son aimantation. Afln d'assurer le fonclionnement regulier de son appareil , M. de Lafolye a eu soin de limiter par des buttoirs la course de I'arma- ture, pour qu'ellc n'arrlve au contact ni du barreau aimante ni de relectro-aimant. — Le Memoire de M. Delesse annonce dans une de nos dernieres livraisons, avail pour objet la minette , roche quijoue un grand r61e dans la formation des montagnes des Vosges et de plusieurs autres localites. EUe est formee d'orthose et de mica dissemines dans une pate feldspathique, contenant en outre de I'hornblende. L'orthose est en petites lamelles peu visibles ; lorsqu'elle est en COSMOS. 655 cristaux, la minette passe an porpliyre. Le mica est brim noirfttre ou verdatre, avecdeux axes de double refraction tres-rapproches; ses bases principales sont I'oxyde de fer et la magnesie, avec de petites quantite's d'alumine etd'alcalls. L'hornblendeestvert-gri- saire ou vert fonce, a un etat d'alteration avancee , assez tendre pour se laisser rayer parl'ongie. Bien qu'elle soit riclie en mica, la minette est une roche essentiellement feldspatbique, dont la potasse est I'alcali dominant, ne renferniant que 50 a 60 pour 100 de silice. C'est aussi une roclie Eruptive bien caracterisee, sepre- sentant presque toujours en filons de quelques metres au plus d'epaisseur, avec un pendage considerable; on I'observe surtout dans le granite et la syenite ; elle traverse la serie des terrains stratifles jusqu'aux terrains devoniens, dans lesqueJs elle penetre; on ne I'a pas encore rencontree dans le terrain houiller proprement dit; elle a h peine agi sur les roches dans lesquelles elle est encaissee, et quand elle a produit quelque me'tamorphisme, il est limite a une petite distance. Comme en resume les caracteres mineralogiques et geologiques de la minette prouvent que c'est une variete de porpliyre a base d'orthose, dans lequel le mica est devenu tres-abondant, tandis que le quartz a presque disparu, on pent lui donner le nom de porpliyre micace ou eurite micacee. — M. Porro a construit recemment pour M. d'Abbadie un plu- viomStre tr6s-siniple, qui ne coute que 15 francs , et qui presente des avantages reels sur les appareilsdememe genre. C'est une coupe oblongue, divisee en deux compartiments, oscillant sur deux pivots comme mipendule, et commandant dans ses mouvements de bascule im encliquetage qui fait tourner la roue k rocbet d'un comptcur arilhmetique. En temps ordinaire, la bascule est tou- jours inclinee, soit d'un cote, soit de I'autre; mais danstoutes ses positions, un des compartiments est constamment place au-des- sous du recepteur de la pluie, simple entonnoir qui verse I'eau dans une des coupes. AussitOt que Fun des compartiments est rempli, il tonibe et rejette son eau apres avoir fait avancer d'un pas I'aiguille des unites du corapteur. C'est alors le second com- partiment qui recoit I'eau del'entonnoirjusqu'a ce qu'il soitplein et trebucbe & son tour, etc. Grace a ce jaugeage et a cette en- registration mecaniques, I'observatcur est dispense de visiter souvent son pluviometre , et il n'a plus a craindre les pertes par Evaporation. — En examinant attentivement les perles des Unios ou mulettes , M. Pbilippi, professeur a Turin, avait finipar decouvrir au centre &56 COSMOS. de charpioperle nn petit vor parasite , et par el re convaincu que la presence de ce ver ctaitln cause determinante de la formation dc la porle; irrite, disait-il, par le ver, le mollusquerentom^ed'une matiere epaisse qu'il extrait, de son enveloppe. Uii anatomiste c^- 16bre, l\I. Kiichenmeister, s'cst rallie ci Topinion deM. Philippisur roriginedcsperlcs;mais ranimal parasite qu'il a decouvcrt dans des perles trouvees sur les moUusques d'eau douce de PEster, serait, dit \e Journal deJFranc fort, une larve d'insecte et n&n pas un ver. — On avail decouvert, il y a assez longtemps, en Californie des mines de mercure, mais c'est seulement i partir dc I'annee dcr- niere que I'exploitation de ces mines est devenue assez fructueuse pour I'aire diminuer cousiderablement le prix dc cc metal. Deji le mercure calit'ornien est seul employe dans les mines d'argentdu Mexique, du Perou et du Chili. On en*a exporte en 1856 plus de quinze cent mille kilogrammes , et Ton commence ii croire qu'on en extraira bientot assez pour suffire h I'approvislonnement du monde enlier. — M. Lloyd, le celebre profcsseur du college de la Trinite a Dublin, vient de faire paraitre une scconde edition de son Traite eiementaire de la theorie ondulatoire dc la lumierc. On nous par- donnera d'analyser au moins la preface de cet excellent opuscule : « La premiere edition de ce petit ouvrage fut olTerte au public sous forme de lecons, et rien ne faisait pr^voir alors qu'il sorlirait du cercle eti'oit des Aleves de notre Universite; il a cependant trouve place ailleurs, et plusicurs collegues de I'auteur, profes- sant dans d'autres Universites les memos branches des sciences pbysiques, I'ont presse de le faire reimprimer. C'etait pour luiun devoir de condescendre k ces desirs. On trouvera peut-etre que la reimpression s'est fait longtemps attendre, jnaisce retard a pour excuse la volonte forte de la rendre plus digne de ceux qui dai- gnaieiit I'attendre avec quelque impatience. On trouvera dans cettc seconde edition un apercudes decouvertes plus importantes faites dans le domaine de I'optique physique depuis I'apparition premiere dulivre. L'auteur a ete beaucoup aide dans ce compte rendu par le liepertoire d'optique moderne de M. I'abbe Moigno, ouvrage qui contient I'analyse complete et la discussion critique de toutes les rcchcrches optiques recentes. II so croit oblige en outre de temoigner sa reconnaissance h M. I'abbe Moigno pour le service qu'il lui a rendu en donna nt place dans les pages de san COSMOS. 457 repertoire k la premiere edition de son Traite , et la faisaut ainsi connailre aux physiciens du continent. » On comprendra que nous nepouvionsrester insensible al'liom- mage que rend a nos faibles efforts un homme aussi haut placd que M. Lloyd dans I'estime du monde savant. Le Traite de la theo- riecles ondes lumineuses forme l!08 pages et traite successivement, dans treize chapitres distincts , de la propagation de la lumiere, dela reflexion et de la refraction, de la dispersion , de la double refraction, des interferences, de la' diffraction ; des couleursdes lames minces , epaisses et mixtes ; de la polarisation ; des vibra- tions transversales des rayons reflechis et refractes; de la polari- sation elliptique , de la theorie de la double refraction ; des inter- ferences de la lumiere polarisee, de la polarisation rotatoire, — Nous sera-t-il permis encore de remercier ici la Society ro.yale des sciences de Bobeme de I'insigne honneur qu'elle nous a fait en inscrivant noire bumble nom, apres election reguliere du, 3 novembre 1856 , sur la liste de ses correspondants pour les sciences physiques et mathematiques? En nous apportant notice diplome, M. Barrande, le paleontologiste celebre, nous a agreable- ment surpris, bien qu'un physiologiste non moins illustre, M. Pur- timje, nous eilt autorise k esperer cette honorable distinction. — En rangeant les planetes les mieux etudiees dans I'ordre s,uivant de leurs volumes decroissants, Jupiter, Saturne, Venus, la Terre et Mars, I\L Edouard Gand a vu qu'en meme temps cos pla- netes se trouvaient rangees dans Forcke des durees croissantes de leurs revolutions diurnes, et il serait tente d'admettrc commelot gene'rale que la duree desmouvemenis de rotation de cbaquepla- nete est.enraison inverse de la longueur de son diametre. — M,. le marquis de Ilijosa de Alava, dans une lettre ecrlte de Madrid, le Sfevrier, nous prie de presenter en son nom ses com- pliments aux geometres des deux mondes, et de leur proposer en meme temps un noble defi. II s'agit de resoudre, avant le 1" mai 1858, les problemes suivants : 1° Trouver par une construc- tion geometrique la valeur exacte du logarithme d'un nombre enlier quelconque, N, dans un systeme ci: base quelconque. 2" Prouver que pour une hyperbole donuee il y a plusieurs sys- t^es de logarithmes. 3° Obtenir, sous forme flnie I'intcgrale r dx I ' deduu'e de cette integrale la longueur de la droite •J y/\ — X^ dgale a un arc de cercle donne, et le rapport r de la circon- ferenoe au diametre. h° Faire voir, par quelques exemplcs. 458 COSMOS. qu'il est toujours possible d'obtenir sous forme finie I'int^- gi-alc fff ... (<^ {x) dx"\ Nous laissons au savant marquis la res- ponsabilite des enonc^s de ses problemes; il affirme etre en pos- session des soluUons et s'cngage a les publier apres I'annee expi- ree, si personnc n'a repondu ^ son appel. Fails tie i'indmstrie. MM. Tolson et Irving sont parvenus k donner aux iils et aux tissus de laine, ou d'un melange de laine et dc colon, un eclat metallique remarquable, en les faisant bouillir avant de les sou- mcttre k la teinture dans des solutions de sulfate ou d'oxyde de cuivre, d'oxyde de plomb, de zinc ou d'argent, et les passant apres la teinture dans un bain d'hyposulflte de sonde, de potasse ou d'ammoniaque. — M. Sacc propose de remplacer dans la teinture le blanc d'ceuf qui sert ii fixer le bleu d'outremer, et que Ton ne peut pas em- ployer partout i cause de son prix eleve, par la preparation sui- vante : outre-mer, k5 grammes; savon vert, 50 grammes ; gomme adraganle, dissoute dans la proportion de 75 grammes par litre d'eau et ajoutee a celle-ci en agitant fortcment, 50 grammes; eau, 112 grammes. Apres I'impression, on fixe a la vapeur et Ton plonge aussitot dans un bain contenantl2 grammes de sulfate de zinc par litre d'eau. Ce procede est excellent pour les dessins charges de details ; il reussit moins bien pour les fonds, parce qu'il ne recouvre pas assez les fils. — M. Vimont, de Vire, a resolu, de la maniere la plus beu- reuse, le probleme qu'on regardait, avant lui, comme impossible d'etlrer et de filer, d'une maniere continue, un boudin de laine cardee. Son metier continu, qui, a I'Exposition, universelle avait obtenu une medaille de premiere classe, vient d'etre Fobjet de I'examcn d'une commission de neuf des principaux filateurs et marcbands de draps du Calvados; ceux-ci declarenttil'unanimite que le nouvcau metier peut produire en douze heures de travail 3 612 metres de fil par broche ; que le fil obtenuest parfait de re- gularity, d'uniformite, de torsion constamment egale et supericure k celle qu'on peut obtenir par les metiers ordinaires ; que I'our- dissage se fait directement avec la bobine de la machine, sans avoir reconrs au devidage ; que la chaine formee avec lefil Vimont est beaucoup plus solide , ce qui conduira infailliblement et pro- COSMOS. 459 chainement au tlssage mecanique du drap ; que la nouvelle ma- chine enfin est tellement avantageuse pour les ouvriers charges de la conduire, que des jeunes filles de 15 a 16 ans et inexperi- mentees la conduisent sans fatigue. — On fait en ce moment en Anglcterre de grands efforts pour obtenir de la tourbe un combustible de qualite superieure et un bon gaz d'eclairage. MM. Gwynne de Londres out dcj^ presque resolu ce probleme; ils ont transforme la tourbe en masses so- lides, h structure tres-dense, et tres-dures, pesant 1 153 kilogram. par metre cube, tandis que la houille de Newcastle ne pese que 305 kilogrammes. Ces masses renferment sur cent parties, neuf parties d'eau, 53 de matieres volatiles en grandes parties conden- sables, et 36 parties de charbon quine laisse que 3,8 pour 100 de cendres. Cent parties de tourbe preparee fournissent par la distil- lation 36 de charbon poreux; 1,886 de liqueur ammoniacale, 5,14 degoudron charge de paral'fine, et 40 de gaz ayant un pou- Toir eclairant de sept bougies de spermaceti. Cc gaz, purifie par son passage iitravers un melange alcalin, est complctement exempt de soufre , il n'altere en aucunc maniere les substances organi- ques, les tentures, les draperies, etc.; brule pour le chauffage, il ne donne ni fumee ni acide sulfureux. Le charbon de tourbe est e'minemment propre h la fabrication d'un fer tres-doux, il est tout ci fait comparable sous ce rapport au charbon de bois. — En Allemagne, en Belgique et en Angleterre, une nouvelle Industrie, la fabrication du sirop de betteraves, tend de plus eu plus chaque jour k faire concurrence aux sucreries et aux distil- leries. Cette fabrication est, dit-on, essentiellement agricole; une cuve, une rftpe ou un coupe-racincs, une presse et une chaudiere sont les seuls appareils necessaires. On lave la betterave, on la cuit, on la coupe ou on la rftpe; on presse le jus, on le verse dans la chaudiere, et on I'evapore soit au bain-marie , soit ci feu nu, jusqu'^ ce qu'il ait la consistance voulue. On assure que la bette- rave ainsi Iraitee, donne 20 pour 100 de sirop; 1 000 kilogrammes de racines k 20 fr. donneraient done 200 kilogrammes de sirop; en admettant que le cout de main-d'oeuvre soit double ou triple du coilt de la matiere premiere, le kilogramme de sirop revien- drait a 20 ou 30 centimes; or il se vend 50 centimes sans peine aucune, tant les debouches sont deji considerables, le benefice de I'operation serait done ^de 20 centimes au moins par kilo- gramme, ce qui est enorme. Nous croyons qu'il y a beaucoup ^'exageration dans ces assertions, d'autant plus qu'on n'indique ^60 COSMOS." encore qu'un seul usage da sirop de betteraye;, les auvriers^ anglais, dit-on, I'etendraient sur leur pain en remplacement- du beurre dout ila sont forces de se priver k cause de son prix exorbitant. — L'industrie des denlclles fait usage de la ceruse, soit pour re- mettre k neuf les dentelles salies, soit pour faire disparaitre les li-aces des doigts et dissiniuler le raccordement des dessins dans les applications de Bruxelles. L'operation consiste k saupoudrer la dentelle avecdu carbonate de plomb, et elle se repete tr6s-sou- vent dans une jourude. L'ouyriere respire ainsi, presque sans cesse, le sel de plomb, et sa sante est bientOt profondement alte- ree ; aussi les fabricants trouvent-ils difficilement des ouvrieres,. malgre la forte renumeration donnee k ce genre de travail. II fauL done reuoncer a I'emploi du carbonate de plomb, et M. Massoa propose de le remplacer par le sulfate de plomb, qui remplit,, dit-il, admirablement toutes les conditions voulues, en meme; temps que son action sur I'economie animale est tres-faible ou. presque nulle. M. Masson apprend en outre a preparer une li- queur ayant la propriete de rendre les tissus difficilement inflamr. mables. On dissout parties egales en poids d'acetate de chaux elk dechlorure de sodium; on laissela solution s'evaporer lentement; les deux sels s'unissent entre eux et forment une combinaison hydratee qui cristallise en beaux cristaux; on dissout ces cristaux dans de I'ammoniaque k la temperature de rebullition. Pour rendre une etoile incombustible, il suffit de la trempcr dans cette dissolution et dela faire secher; elle resistera alorsa I'aclion des- corps en combustion, et aura en outre I'avantage de n'etre plus hygroscopique. — M. David a reussi k blanchir le coton au moyen des vapeurs de cbloroforme. On place le coton dans une bolte fermee, oii I'on fait arriver tour a tour et dans deux operations distinctes, 1° de la vapeur d'eau k la pression de quatre atmospberes et rendue quelque pen alcaline par addition dans la cbaudiere de soude ci'istallisee; 2" du cbloroforme k Fetat gazeux que I'on obtient en traitantpar I'acidecblorbydrique un melange decblorure de cbaux,.. de chaux etcinte, d'alcool et d'eau; cblorure, 3 kilogrammes-; chaux eteinte, 3 kilogram. ;, alcool, 250 gram. ;, eau, 9 litres ; acide, chlorhydrique, 1 litre. PHOTOGRAPIIIE. Theoric des images stereoscopiques. Dans la derniere livraison du Journal de la Societe photogra- phique de Londres , M. William Crookes a ramene la tlieorie des images stereoscopiques au plus grand degre de simplicite ; son article est au fond un liommage rendu au Cosmos k qui appartient la premiere pensee de comparer ces images u celles qui «e for- meraient surles ratines d'unhomme geant, dont les yeux auraient la portee de nos chambres obscures , avec un ecartement plus grand dans le rapport de I'accroissement de puissance. Pour M. Crookes comme pour nous, la pretention que la distance entre les deux chambres obscures ne depasse jamais 2 pouces etdemi, est une aberration graude ; • et partant de ce principe, Toici com- ment il raisonne : Supposons, dit'il, que nous desirions voir un chateau silue a dix kilometres de distance, comme s'il n'etait plus qu'ci la dis- tance d'un quart de kilometre; nous obtiendrons ce resultat en regardant le chateau avec une lunette ayant un grossissement de ZiO diametres. Mais si non content de voir le chateau agrandi ou rapproche dans sa hauteur et sa largeur {Vx et Yy de la geome- tric ci trois dimensions), nous voulons le voir agrandi ou rappro- che de lameme manifere suivant sa profondeur (!e :: dela ge'omd- trie dans I'espace ) ; si nous voulons que ses contre-forts et ses tours nous apparaissent avec leur relief veritable , tels qu'ils se montreraient k un observateur situe ci un quart de kilometre de distance , n'est-il pas evident qu'il faudra rendre aussi quarante fois plus grande la distance des deux centres de vision (la dis- tance entre les deux positions de la chambre obscure) ou lafaire ^gale a 8 pieds? n'est-il pas certain que le resultat de la vision nouvelle sera parfaitement vrai sans deformation aucune? Mais parce que nous ne pouvons plus, pour le chftteau agrandi et rapproche, ainsi que nous le faisions pour le chateau k grande distance, voir a la fois de la vision distincte les premiers plans et I'edifice , il semblera dans la vision st(^reoscopique que le relief des premiers plans sera exag^re, mais ce n'est 1^ qu'un inconve- nient tout L'etre ou I'objet plus connu que tout etre ou que tout objjet compris dans le meme ordre d'idees, ne peuvent se definir que par eux-memes, ou sont i eux-memes leur propre definitiou. Ainsi, par exemple, la ligne droite est indeiinissable parce qu'elle est plus connue que toutes les lignes possibles ; tout ce qu'on peut dire c'est que la ligne droite est la ligne droite, comme on dit que Tetre est l'etre. Et, cependant, les livres elementaires sont pleins de definitions de la ligne droite ; nous pourrions les compter paj: centaines, et, cliaque jour, on prend plaisir a en invcnter de nou- velles, eu recourant k mille proprietes complexes, optiques, me- caniques, etc., dont nous n'aurions pas meme I'idee si nous n'a- vions, avant tout, I'idee nette, claire, distincte, antecedente de la ligne droite. Ce qu'il y a meme de plus singulier et de plus attris- tant, c'est que, de toutes les definitions connues de la ligne droite^ la plus absurde, la plus contradictoire dans les termes, c'est la plus generalement admise, celle que Ton trouvepartout: la iig/ie droite est leplus court chemin d'un point dun autre., Formuler et adopter une semblable definition c'est vouloir, de parti pris, fausser les esprits et fouler aux pieds le bon sens, II s'agissait de definir une grandeur geometrique, et Ton introduit I'idee clc mouvement, et Ton a recours a I'idee complcxe de che- min qui implique I'idee non-seulement de la ligne droite, mais d-es lignes brisees et courbes ; el Ton ne recule meme pas devant la supposition fausse qu'il y a reellement plusieurs chemins d'un. point a un autre, tandis que, evidemment, il n'y en a qu'un seul. lUarchcr, en eHet, d'un point aun autre, dans la veritable signifi- GOSMOS. 473 ication '<5u mot, 'c'est tenare sans cesse vers ce point et non vers un autre point de I'cspace ; or, si pour aller d'un point A au poiritB •on suit une autre ligne que la ligne droite AB, qui unit ses deux "points, A chaque instant intermediaire de la marche ou de 'la course on tendra vers un autre point de I'espace que le point B auquel on veut aller ; ce ne sera qu'au dernier instant de la marche qu'on tendra vers le point B en suivant la derniSre tangente k Fare de courbe ou pretendu cliemin qui unit A et B. II est done aussi vrai qu'il n'y a qu'un cliemin d'un point & un autre, qu'il estvrai que ce cliemin unique est la ligne droite qui jointles deux points ; qu'il estvrai, enfin, que cette ligne droite est la plus courtedeslignes que Ton pent tracer entre les deux points. Et, qu'on le remarque bien, quand notre esprit affirme que la ligne droite est la plus courte des lignes tracees entre les deux points, c'est uniqueraent parce qu'il la voit la plus courte, et, en vertii du principe, que ce qu'il voit etrene pent pas ne pas etre. Cette demonstration par intuition ou par vision intuitive non-seulement ne laisse aucun doute, dans les esprits raisonnables, sur la veritc du fait en question, mais elle est encore la plus excellente, In plus complete de toutes les demonstrations. Tout le monde accordera sans peine que le gdo- metre qui chercherait une autre demonstration du fait que la ligne droite est la plus courte des lignes tracees entre deux points, tenterait I'absurde ou I'impossible ; et, -cependant, par une con- tradiction vraiment lamentable, nous vcrrons I'armee entiere des geometres, a quelques exceptions pres, trouvertoutnaturel qii'on ne regarde pas comme veritablement demontrec la realite de la rencontre de deux droites, dont I'esprlt voit evidemment et invin- ciblement le point d'intersection ; ne ressentir aucun sentiment d'indignation ou de pitie en voyant des multitudes d'esprits gene- reux s'epuiser en vains efforts pour demotitrer ce qui ne pent pas I'etre, en raison precisement de son Evidence ant(^cedente et proe- minente, et se perdre forcement dans un labyrinthe inextricable de cercles vicieiix, etc. 'TVous refuserions d'ecouterl'homme qui pretendrait nous prouver qu'il fait jour en plein midi; nu fond, ■cependant, il n'est pas plus fou, et nous le constaterons,'quele geometre qui accumule les constructions et les raisonnements pour nous demontrer que deux droites, I'une perpendiculaire, I'autre oblique a une troisieme ligne donn^e se rencontrent ne- cessairement. III. IJn troisifeme abus ou une troisieme infraction aux regies de la saine logique, tres-commune aux geometres, universelle UlU COSMOS. meme, a notre connaissance da moins, c'est, quand ils ont defini ou simplement affirmc une grandeur donnee, la ligne droite, par exemple, de ne pas chcrcher avant tout les proprietes essentielles que la definition ou I'affirmalion assignent i la grandeur dont il s'agit, et dont il faut avant tout la revetir. Nous disions tout k I'heure que la ligne droite ne pent pas se definir ou se defiiiit par elle-meme ; la ligne droite est la ligne droite. Mais, en meme temps qu'elle s'impose d'elle-meme a notre esprit et k tons les esprits, cette ligne droite se montre h nous avec des caracteres essentiels, dont il faut absolument que nous nous rendions compte des le debut. Les geometres ont ^nonce plusieurs de ces caracteres ; ils ont vu, par exemple, que par deux points donnes on ne peut mener qu'une seule ligne droite, qu'une droite est completement determinee dans I'espace quand on connait deux de ses points ou un de scs points et sa direction; qu'elle est la plus courte des lignes par lesquelles on peut unir ou concevoir unis deux points donnes, etc. Mais, le croirait-on ? ils n'ont pas apercu, ou du moins ils n'ont pas enonce, ils n'ont pas mis en jeu ou applique, la propriete la plus essen- tielle et la plus caracteristique de la ligne droite, propriete qui consiste en ce que, quand nous voyons deux points d'une droite, ou un point et sa direction, notre esprit la volt en meme temps tout entiere, ou mieux, la suit dans son prolongement indefmi. Seule de toutes les lignes non fermees ou indcflnies, la ligne droite est dans ce cas ; il n'y a qu'elle que nous voyons necessairement, intuitivement , dans toute son existence reelle ou virtuelle. 11 n'est reellement que deux lignes qui jouissent de cette propriete fondamentale de s'imposer tout entieres a notre esprit, de ne pou- voir leur echapper dans aucune portion de leur etre, la ligne droite, dont nous connaissons deux points, ou un point et la di- rection, le cercle dont nous connaissons le centre et le rayon. Voila p'ourquoi, sans doute, ces deux lignes sont les seules que considere la geomelrie elementaire ; la seconde est, dans son genre, aussi simple que la premiere, et leur etude doit marcher parallelement ou de front. A force de les etudier et de les tra- cer, nous pouvons avoir le sentiment de quelques autres li- gnes, de I'ellipse, par exemple, mais nous n'avons la vision in- tuitive complete et ad(5quate que de la ligne droite et du cercle. Cette troisieme observation critique est la plus capitale de toutes, et I'abus que nous voulons combaltre, les vaines tcntatives contre lesquelles nous nous insurgeons, n'ont pas d'autre source. COSMOS. U15 ou d'autre cause que I'oubli, d'une part, du premier principe, que ce que Von voit etre est; de I'autre, du fait capital quit est de I'essence d'une ligne droite que nous la voyions dans toute son etendue ou dans toute son existence reelle ou virtuelle. Sans ce fatal oubli ou cette deplorable distraction, nous n'en serions pas r^duits a parler encore, en plein xix" siecle, du iwslulatum d'Euclide, a deniander pardon a nos eleves de notre impuissance de demonstration , a faire, de ce qu'il y a de plus certain ct de plus evident au monde, une sorte de mystere impenetrable qu'il faut admettre sans chercher meme a le raisonner. Au lieu dun postulatuni, nous aurions un bel et bon theoreme, non pas tant demontre que percu intuitivement. Montrez auplus borne des eleves de votre classe elementaire deux droites, I'une perpendiculaire , I'autre oblique k une troisieme droite; I'oeil de son intelligence suivra invinciblement la- perpen- diculaire et I'oblique dans leur prolongement indefini, et il verra forcement, necessairement, leur point de rencontre ; il le tiendra, si nous pouvons nous exprimer ainsi; il vous assignera son lieu sur le plan; et, parce qu'il le voit, il est convaincu qu'il ne pent pas ne pas etre, qu'il est ; I'existence de ce point est pour lui une vdrite premiere et intuitive. Si vous, son maitre, vous ne vous contentez pas de cette demonstration par intuition, si vous pre- tendez en donner une autre plus evidente et plus certaine, vous ne reussirez qu'& vous tromper vous-meme en cachant si bien le vice de vos raisonnemenis et le neant de vos suppositions gra- tuites, que vous ne les apercevrez plus. De meme, en presence du plus simple paysan, elevez sur une droite deux perpendicu- laires inegales. Tune plus longue, celle de gaucbe, I'autre plus courte, celle de droite, unissez par uae nouvelle ligne les sommets des deux perpendiculaires, cette ligne, le brave paysan la suivra, malgre vous, malgre lui, de son regard interieur jusque dans la profondeur de I'espace ; et, s'il suit en meme temps la droite sur laquelle sont elevees les deux perpendiculaires, il la verra ren- contrer necessairement la droite qui unit les sommets ; si vou& I'interrogez, il vous montrera le point de rencontre ; il ne pent pas ne pas etre, c'est-a-dire qu'il est, parce qu'il le voit. Qui, tout esprit, quel qu'il soil, voit intuitivement qu'une droite qui passe par deux points & distances inegales d'une premiere droite la ren- contre infailliblement, et du cote de la plus petite distance. Toute la theorie des paralleles est dans I'un ou I'autre de ces deux fails, la rencontre de I'oblique et de la perpendiculaire, la rencontre de Kite COSMOS. deux Qroites dont deux points sont in^galement dfetants/6i vous te- nez compte de la propriete caractdristique de la ligne drotte, d'etre vue dans toute son dtendue r^elle on virtuelle, ces rencontres sont de veritables theoremes, autant et mieux demontres, autant et plus certains que tous les theor6mes les plus exempts de contes- tation, puisqu'ils sont Tobjet d'une veritable Tision intuitive. Si, sni contraire, contre toute raison, vous faisiez abstraction du carac- tSre essentiel de la ligne droite, si vous confondiez I'oblique ou I'a ligne qui unit les sommetsdes perpendiculaires in^gales avecune branche d'hyperbole, dont vous pouyez avoir un sentiment vague, mais que vous ne voyez pas ngcessairement, intnitivement, dans toute son etendue r^elle et virtuelle, les rencontres resteraient dans la fatale condition de postulata. Mors aussi vous ne faites plus de la science, mais de I'arbitraire, nous dirions presque de la deraison ; car, en effet, il y a de la deraison a admettre comme insuffisante dans un cas une demonstration proclamee excellente dans une multitude de cas tout a fait semblables. Quand vous voulez prouver que deux triangles sont egaux lorsqu'ils ont un c6te egal avec les deux angles adjacents egaux, chacun h chacun, comment procedez-vous ? Vous portez le cot'C egal sur le cM^ egal, les angles egaux sur les angles egaux, vous voyez les deux autres cdtds du second triangle coincider avec les deux autres c6tes du premier, et le troisiSme sommet du second triangle coin- cider avec le troisieme sommet du premier triangle; rl y a super- position complete, vous la voyez intuitivement, et de la superpo- sition, vue intuitivement, vous concluez I'egalite qui n'est en rea- lity que la superposition. Mais les troisiemes sommets des deux triangles ne sont que la rencontre commune des cotes superposes; cette rencontre pent n'avoir lieu qu'a une distance immense; vous ne la voyez qu'en suivant les lignes superposees dans leur prolongement indefmi ; vous la voyez absoluraent comme tout t I'heure nous voyions la rencontre de la perpendiculaire et de I'oblique, ni plus ni moins. Puisque, dans le premier cas, vous concluez justement que les sommets coincident parce que vous les voyez coincider, vous conclurez aussi justement que la per- pendiculaire et I'oblique serencontrent, puisque vous les voypz se rencontrer; mais n'etablissons pas aujourd'hui la theorie com- plete des paralleles et restons dans les g^n^ralites. F. Motgno. {La suite a tin procham ninnero.) Impriraerie de W. Remquet et Cie, A. TRAMBI.AYj rue Garanciere, S. ''' ''i'"'! '' ' "1 '' •proprletalre-gerant. '.f 8 mai 1857. Sixiime ann^e. COSMOS. NOUVELLES DE Li\ SEMAINE. M. de Bray, lieutenant de vaisseau de la marine impdriale, qui fit partie, 11 y a quelques annees, d'une des expeditions k la re- cherche de Franklin, avait tue dans I'lle de Melville un boeuf rausque, dont il prit la depouille a bord. Le vaisseau qu'il mon- tait, abandonne forcement dans les glaces, n'a ete rencontre qu'au bout de deux ans; la depouille du boeuf s'est trouvee intacte, et elle vient d'fitre offerte au Museum d'histoire naturelle, qui ne possedait pas cette espece interessante. Le boeuf musque habite les regions les plus froides de I'Amerique septentrionalc, sous le cercle polaire; on I'y rencontre par troupes de 80 ou 100 indivi- dus; 11 est tres-bas surjambes; son poll, touffu et noir&tre, at- leint jusqu'a 50 centimetres de longueur ; ses cornes, tres-rappro- chees, dirigees obliquement et en has, a pointes remontantes, se r^unissent sur le front par une rainure h bords droits d'un pouce de large ; son front est bombe, et le bout de son museau est garni de polls. — Le Museum d'histoire naturelle vient aussi de recevoir de M. le capitaine do vaisseau Bouet, commandant la station du Ga- bon, trois animaux fort curieux : un mangabey a culotte rousse, un sanglier keropotame et un chimpanze male, d'age moyen, re- marquable par la teinte foncee de sa face. Disons. enfm, que ja- mais le Jardin des Plantes ne fut mieux pourvu d'animaux feroces, lions, tigres, leopards, panthSres, chacals, jaguars, etc., qu'il Test actuellement. — La commission d'enquete des monnaies a constate' que les arrivages en France de metaux pre'cieux depassent de plus de quinze cents millions les exportations, et que jamais, k aucun^ ^poque, il n'y a eu dans notre pays tant d'or et d'argent. Les de- partements en regorgent|; le paysan, qui a vendu son ble et son Tin deux ou fois trois plus cher qu'il y a quelques annees, Ihesau- rise ou achete de la terre. Dans les villes le sou de poche a con- siderablement augmente : telle personne qui portait jadis vingt francs sur elle, porte aujourd'hui deux cents francs en or. Cela IS ^78 COSMOS. cxpliquc pourquoi rargcnt, plus abondant de fait, est plus rare en apparcncc. — In journal amcrlcain annonce, mais nous ne savons sur quel fondement, que le propulseuri lu'liccd'unnavire de 120 ton- ncau.t recemment conslruit, et qui .file cinq ou six noouds i\ I'hcure, est mil par un moteur magneto-electriquc. Ceseraitmcr- veilleux, et nous n'osons pas y croire. — Nos lecteurs n'ont point oublie la courte notice sur le vertde Chine, dll lo-ka-o, que nous avions extraite d'une leltre ccrite parle'n. V. Helot au president dc Toouyre de I'Association pom- la propagation de la Foi. La Chambre de commerce de Lyon a cru qu'on pouvait obtenir des plantes indigenes un produitsemblable, et dans ce but elle a fonde le prix suivant : Une somme de six miile francs sera donnce & cclui qui obtiendra, soitdes nerpruns,. soit de toute autre plante, par un precede qui permette de la li- vrer aux teinturiers en quantity suffisamment abondante et a moins de 100 francs le kilogramme, une matiere colorante propre a teindre la soie en vert aussi beau a la lumi6re artificielle que rest celui du lo-ka-o, et egalement solide. — L' Academic des sciences morales et politiques a donnd, dans sa derniere seance puldique, un noble et beau spectacle sur lequcl nous croyons devoir appelcr I'altention de I'Academie des sciences. GrAce"au cboix intelligent de ses sujets de prix, grAce A I'excellcntc redaction de ses programmes, elle a excite une vive emulation parmi Ics philosopbes et les moralistes de noire France, et celte emulation a enfante des ccuvres que I'illustre corps est fier de couronner. Tons les prix proposes par lui ont ete rempor- tes, et apres en avoir fait I'euumeration, apres avoir resume, dans une analyse rapide et brillante, les ouvrages et memoires qui lui avaient ete adresscis, son honorable president, M. Bcrcn- ger , est heureux de pouvoir exprimcr en ces terraes sa satisfaction ontiiousiasle : « Tels sont, Messieurs, les prix decernt^s cetle an- nec par une seule des Academies de I'Institut. Si I'on refldchit que les sujets proposes touchaient aux questions les plus proprcs a exercer rinlelligence humaine; & la phUosophie dans une de ses sources les plus pures; h I'educalion, qui prepare I'homrae a deveuir un membre utile de la socidte; -k la legislation, dans cc qu'elle a de plus elcvcS les conlrats, sous la protection desquels la famine se constitue et se developpe; auxlettres, dans Icur rap- port avec la morale; ix I'dconomie politique rendue simple, facile, et miso i» la portce de tons; on leconuaitra que I'Academie ne COSMOS. 479 pouvait provoquer remission d'un plus grand nombre d'iddes utiles, en conviant les esprits d'elite a en faire I'objel de leurs me- ditations. Et quand on songe que ces cinq sujcts dc prix ont pro- duit soixante-dix-sept Memoires, et qu'ainsi il s'est trouve unegal nombre de ces esprits d'elite, dont quelques-uns s'ignoraient peut-etre eux-memes, mais qui, se sentant vivemcnt saisis par I'imporlance et I'actualite des questions, se sontmontres disposes ci les traitor, on reconnaitra rulilite de ces pacifiqucs tournois, tout ti la fois k I'egard de ceux qui y prennent part et dont ils exercent les facultes, et h I'egard des classes diverses de la societe dans I'interet desquels ils sont particuliereraent ouverts. Et si une seule des cinq Academies provoque et encourage de si nom- breux travaux, quel ne doit pas etre le hien produit par les con- cours auxquels les homnies de science et d'etude de (ous les pays sont convies chaque annee par toutes les classes de Flnstitut! L'ame se repose avec satisfaction sur de tels resultals, dans ce moment surtout, ou tant d'autres preoccupations detournent de la vie intellectuelle si douce, et en meme temps si remplio par les jouissances qu'elle procure, pour lui preferer cette autre exis- tence agitee, febrile, aventureuse qui, poursuivant la fortune, n'obtient, helas ! que misere et deception, si quclquefois meme elle n'aboutit pas & la degradation et au deshonneur. » Nous sommes desole d'avoir k faire remarquer que I'Academie des sciences est loin d'imiter sa noble soeur des sciences morales et politiques, qu'elle ne pent, en aucune maniere, s'enorgucillir du bien produit par les concours qu'elle a ouverts. Si Ton fait abs- traction des sciences naturelles et medicalcs, si Ton ne prend en consideration que les mathematiques, la physique et la chimie, sciences fondementsde toutes les autres, on sera falalement forc6 d'avouer que I'Academie des sciences n'a rien ou presque rien provoque, rien ou presque rien couronne, parce que, rej)C'Lons-le encore, ses questions et ses programmes de prix sont comiilete- ment en dehors de la direction actuehe des esprits. Tout recem- ment M. Bertrand, le plus jeune de ses raembres, disait d'uue question de physique mathematique, proposee en 18^3, remise aux concours pour 1854 et pour 1857 ; « Dans cette peiiode de quatorze anndes, elle n'a ete traitee que par un seul concurrent, auquel une Commission prdcddente n'a pas cru pouvoir accorder de recompense. Quant k la Commission actuelle, aucun travail n'a ete soumis k son examen... » A cette occasion, uu de nos confreres dela prcsse scientifique, 480 COSMOS. M. de Castelnau, a fait les judicicuses observations qui suivent et que nous avons nous-meme faites plus d'une fois dans le Cosmos : « On supposera peut-6lre que 1' Academic, apres un tel succes, a renonce h redigcr a I'avance les questions de prix, et qu'elle a r^- solu de decerner scs couronnes mathemaliques et autres aux au- teiirs qui ont realise un progr6s dans les sciences qu'ils cultivent, quel que soitd'ailleurslesujetque ces auteursaienttraite. Pasdu tout : en retirantla question du concours, I'Academie avoue bien, apres quatorze ans d'attente, qu'elle n'etait pas precis^ment dans la direction del'espritdestravailleurs, ni pout-6tre dans le veritable sentiment dcs besoins de la science, mais elle n'avoue pas que son erreur puisse se renouvcler, et elle propose une nouvelle question, qui, apres quelques lustres, pourra la conduire au meme aveu..., a moins que cette question ne soitredigee en vue des Ira- Taux plus ou moins connus de tel ou tel savant, qui pourra ainsi apportcr une apparence de justification au sysleme suivi par I'A- demie, et cueillir une couronne, grftce h quelque hasard protec- teur... Un systeme qui afficbe la pretention de regenter tout ce qu'il y a et dolt y avoir de plus libre, de plus spontane aumonde, le genie des dccouvertes, n'est-il pas tout simplement un systrme ridicule?... Les academies qui voudront reellement conconrir, le mieux possiljle, aux progres des sciences, ne devront-elles pas encourager, recompenser, couronner les travaux originaux ou les applications utiles, sans exiger que les preoccupations des travail- leurs soient exactemcnt calquees sur leurs propres preoccupa- tions? » Terminons ces considerations attristantes par un fait e'clatant, qui vaut mieux & lui seul que tons les raisonnements. Depuis vingt ans, pas un senl de nos geometres en renom, ni les Ilormite, ni les Bcrtrand, ni les Serret, ni les Delaunay, ni les Saint-Venant, ni les Catalan, ni les Puyseux, ni les Bonnet, ni les Transon, etc., etc. ; pas un seul de nos physiciens jnstement ce'- lebres en France et k I'etranger, ni les Fizeau, ni les Foucault, ni les Edmond Becqucrel, ni les Desains, ni les Laprovostaye, ni les Wertheim, ni les Lissajoux, etc., etc.; pas un seul de nos chi- mistes, meme illustres, ni les Laurent, ni les Gerhardt, ni les Pd- igot , ni les Fremy, ni les Wurtz, ni les Berthelot, ni les Paul The- nard, etc.,etc. ,n'ontete laureats de TAcademiedes sciences dans ses seances publiques. Aucune des grandes decouvertes, aucun des progres importants re'alises dans les vingt dernieres annees, n'ont ete couronnes ou recompenses par elle. La plupart meme de ces di^couvertes, et quelques-unes des plus brillantes, comme la mise COSMOS. 481 en evidence de la rotation diurue dc la terrc, n'ont pas ele I'objet de rapports deses Commissions. Quelquestravaux, seulement de savauts etrangers a son sein , ont ete indemnises par elle sur les reliqiiats des prlx Montbyon. Si cos simples rapprochements ne font pas impression sur les esprits et n'amenent pas une reforme aussi urgente que desiree , il faudra se resigner a voir le niveau des sciences s'abaisser de plus en plus dans notre belle France. IFaifs de EEzeileeine el perft Markree, Galle a Berlin, de GasparisS Naples, Hencke^Driessen, qui a decouvert la premiere des nouvelles pelites planeles, Johnson a Oxford, Lamont k Munich, Lassell h Liverpool, qui a ddcouvert le satellite de Neptune, et un 7'' satellite de Salurnc, Maclear au Gap de Bonne-Esperance, Plantamour h Geneve, Ro- binson ^ Armagh, Rumker, si cdl6bre parson immense catalogue d'etoiles, Secchi k Rome, OLlo Slruve t Puikova. Pour placer le' R. P. Spcchi au premier rang, la fraction deliberante de la section d'astronomie, composee de MVI. Matbieu, Liouville, Laugier et Delaunay, avait surtout pris en consideration son ardeur infati- gable, le grand nombre de recbercbes inleressantes, nouvelles, variees qu'il a executees dans un tres-court espace de temps, les soinsintelligenfs et empresses qu'il a apportes a la reorganisation de robservaloire du college romain, etc., etc. Pent etre anssi que notre section d'astronomie tenait h expri- mer le regret qu'elle avait de n'avoir pas pu inscrire dans le catalogue de ses correspondants le nom duR. P. de Vico, Tilluslre pr(idecosseur du R. P, Secchi, frappe dans la force de I'Sge of du talent par une mort prdmaturde. Le nombre des votants elail. de quaraiiie-cinq, au premier tour de scrutin le P. Secchi a obfenu' quaraiite-deiix voix contro deuxdonneesa M. Cooper, et une don- nee a M. Plantamour; il adoncetcnommea la pres(jneunanimile des suffrages, et devient ainsi le premier ecclesiaslique anquel I'Academie des sciences ouvre son sein depuis la mort d'llaiiy, en lb22, il y a 35 ans. Lc choix du R. P. Seccbi n'a cerles pas COSMOS, 509 besoin de justification, Ics ciiconstances clans lesquelles il a lieu, les noms seuls des savants qui I'ont proposf^ suffisent surabon- dammont a prouver que le savant jesuite elait paifaitement digne de cetle disUnclion ; on ne lira pas, cependaiit, sans interet, un document qui monlrera mieiix encore comment I'Euiope astro- nomiqueetait prepart^e a applaudir h son election. Dans la derniere livraison des Archives des ' ciences physiques et naturelles de Geneve, M. Alfred Gautier a consare un trSs-bng article a I'analyse du dernier fascicule des Memoires de I'Oreer- vatoire du college romain; apres avoir resume avcc b3 ucoup de clartc et de precision les expei'iences lieliometriques du R. P. Secchi, tout ^ fait originales et neuves; sa description du nouvel Observatoire et des grands instruments dont il s'est enrichi; ses observations des etoiles doubles, des groupes et amas d'd- toiles, des nebuieuses, de Saturne et de ses anneaux, de Jupiter et de ses satellites des taclies et de la temperature du solcil, de la lime, etc., ses determinations de latitude et de longitude, ses observations di verses, niagnetiques, meteorologiques, etc., etc., le savant et erudit professeur de i'Universite de Geneve, dont les jugements font autorite, termine ainsi : « Arrive h la fin de celte rapide analyse de travaux nombreux, executes dans un assez couit intervalle de temps, je ne crois pas avoir besoin de faire ressoilir combien ils denotent, chez le directeur actuel de I'Ob- servatoire du college romain, de connaissances en astronomic et en pbysique, de sagacite, d'activite et de zele; car ce qui precede me semble suffire pour le prouver. Je dois ajouter que, dans ce meme intervalle de temps, le P. Secchi a eu bcaucoup d'autres occupations de divers genres; qu'il a ete charge, entre autres, de cooperer h la mesure d'une base trigonometriijue, qui a dtd effecluee sur la voie Appienne, a I'aide d'un metre etalon et d'un comparateur k microscopes de M. Porro, pour la verilication des anciennes mesures geodesiques du P. Boscovich. II est fort desi- rable qu'un savant aussi dislingud que I'estM. Secchi soit encou- rage et aide de toutes maniferes ; et en particulier que des colla- borateurs attaches h I'Observatoire d'une maniere permanente, lui pernieltent de poursuivre longtemps encore, et sans trop de fatigue, les recherches ties-interessantes et varices qu'il a entre- prises, et d'en inslitaer de nouvelles, selon les progres de la science et les ressources personnelles et materielles qui scront mises a sa disposition. Le R. P. Secchi joint a ses talents et i ses connaissances etendues des sentiments de pidte tres-eleves. » 510 COSMOS. — L'Acadt'inie, dans celle mC-me seance, a fait un autre choix, auqucl nous applaudissous aussi de tout noire copur. U s'agissait de remplacer, dans la section d'agriculture et d'economie rurale, M. Michaux; la section avait juge que, dans les circonslances ac- tuelles, il lui convenait surtout de s'adjoindre un sylviculteur, et elle avait inscrit sur sa liste de candidats : au premier rang, M. Ghevandier, a Cirey (Meurllie),undesproprietaires-directeurs de la manufacture de glaces; au second rang, ex a'quo et par ordre alphabetique, MM. de Bufferend, c'l Vesoul; Marrier de Bois d'Hyver, k Mortagne; Pierade, h Nancy. Le nombre des votants etait encore de ^5. M. Ghevandier a obtenu43 volx contre 3, don- nees, 2 k M. de Bois d'Hyver, et I'autre k M. Bufferend, et a ete proclamecorrespondant; il estjeune, riche, actif, proprietaire de grandes forets; il a deja faitde nombreuses experiences de sylvi- culture sur une tres-grande echelle, et publie d'importants Me- moires; c'est done pour I'lnstitut de France une bonne et heu- reuse acquisition. Fails des sciences. M. G. Harley a voulu soumetlre k un nouvel examen les questions suivantes qui ne lui semblaient pas suffisamment re- solues par les recherches de M. Magnus. Le sang jouit-il de la propriete de se combiner chimiquement avec I'oxygene respire? Quels sont les elements du sang qui entrent en combinaison avec I'oxygene? En se combinant avec I'oxygene, ces elements sont- ils simplement oxydes ou emetlenl-ils en outre de I'acide car- bonique? II a constate par des experiences positives que la flbrine et I'albumine du sang absorbent une certaine quantite d'oxygene et perdent du carbonc transforme en acide carbo- nique; que I'oxygene exerce une action pluspuissanle sur la coa- gulation du sang forme de la flbrine et des corpusculessanguins, que sur le serum qui contient seulcment de I'albumine; que I'he- matine ou principe colorant pur du sang au contact de I'air ordi- naire s'oxyde de deux manieres, par une perte de carbone trans- forme en acide carbonique, et par une combinaison directe avec I'oxygene; enfln que le volume entier de I'oxygene respire n'est pas, comme le veut M. Magnus, transmis sans combinaison par le sang aux divers organes ou tissus du corps, mais qu'une por- tion definie de cet oxygene entre en combinaison chimique avec plusieurs des elements organiques du sang. La conclusion la plus COSMOS. 511 importante du travail de M. Harley est que rhematine ou principe colorant du sang joue dans les phenomenes de la respiration un r6Ie plus important qu'on ne I'avait cru jusqu'ici, qu'il a pour fonction dans les etres organises d'absorber Toxygene et d'exhaler de I'acide carbonique ; on sait que M. Liebig attribue cette fonc- tion au fer contenu dans I'hematine du sang. — Le sue des haricots vulgaires {plutseohis vulgaris) pris avant la maturite, contient une maliere sucree particuliere que Ton ex- trait de la maniere suivante : les haricots verts, divises en petits morceaux et introduits dans un sac, sont plonges pendant une demi-beure dans I'eaubouillante ; on les soumet ensuite a Taction d'une forte presse. Le liquide brun et sucre qui s'ecoule, additionne de Icvure de biere, est abandonne a la fermentation ; on le sature ensuite avec la craie, on le flltre, on I'evapore au bain-marie, en consistance sirupeuse, et on I'epuise par I'alcool a 0,80. La teinture alcoolique distillee et concentrce abandonne au bout de vingt-quatrc heures une foule d'aiguilles aplalies et groupees en etoiles semblables k celles de la mannitc. Expri- mees dans du papier et puriflees par une nouvelle dissolution dans I'alcool faible additionne de charbon animal, ces aiguilles se separent spontanement de la dissolution sous forme de belles tables transparentes. Celte substance, que I'auteur nomme la phase'omannite, est soluble dans I'eau et I'alcool faible , a peu pres insoluble dans I'alcool absolu et dans I'ether. Sa sa- veur est sucree; au contact de I'air sec, ses cristaux s'effleurissent; lorsqu'on les chauffe, lis decrepitent et perdent 16,5 0/0 d'eau a + 100". A 150° ils fondent, et h 300° ils commencent a se decom- poser en rcpandant une odeur de sucre qui brAle. Le phaseomannite ne reduit ni ^a froid ni h chaud la liqueur cupro-potassique; elle ne fermentepas. Son analyse conduit a la formule : G"IP'0^°. A froid elle se dissout sans noircir dans I'acide sulfurique, et sans coloration dans I'acide azotique; ce dernier la transforme & chaud en acide oxalique, Elle possede des pro- prietes purgatives. — M. le docteur Landener d'Athenes assure avoir gueri vingt passagers du mal de mer, et fait disparaitre tout symptdme de nausees, en leur administrant de 10 i 12 gouttes de chloroforme dans une petite quantite d'eau. Si I'efficacite de ce remcde si simple dtait constatde, I'habile Hellene aurait rendu un grand ser- vice & I'humanite. PHOTOGHAFIIIE. Pepfeclionnciisent des ol>jcclifs j^our !;i photogrnphic. (Lecture faite par M. Poimo a la laSociiiid fraiigaise de Photographie.) (Suite. Voyiz p. 48(3.) DIECjSSION de L'oBJECTIF simple pour la LUMltRE HOMOGiiNE. II. Definition des aberrations. — {Fin.) « L'onde sph^rique k front concave est celle qui marclie vers un point de I'espacc pour s'y concenlrer; cetle concentration con- siste en ce que I'integraie de toutes les actions prise pour une etendue angulaire donnee du front de l'onde restant constante, I'ampiitude des vibrations etherees va en augmentant, et avec elle rintensite lumineuse qui devient tres-grande en arrivant au centre; en inline temps que I'etendue du front de l'onde consideree de- vient tres-pelile sinon nulle, et doune lieu a la forma lion d'une image reelle du point lumineux primilif, duquel la luniiere etait partie. L'onde splidriquc concave ne se produit pas nalurellement, elle correspond h ce qu'on appelle vulgaireraent des rayons con- vergents ; on ne I'obtient que par la reflexion ou par la refraction ; le centre de courliure de Tonde spherique i front concave cousti- tue ce qu'on appelle un foyer. On voit deja que l'onde plane correspond k ce qu'on appelle, dans le langage vulgaire, des rayons parallclcs ; on pent en con- cevoir rexisten:e en supposant le centre d'ebranleraent, ou le point lumineux, place k une distance inflnie. Au moyen de la refraction et de la reflexion sur des surfaces courbos, on arrive k modifier la courbure du front de l'onde et k la rendre telle qu'elle serait si la distance du point lumineux avait varie d'une maniere quelconque; on pent done rendre celte cour- bure nulle et meme negative par la refraction et par la reflexion. Les geometres ont determine la nature de la courbe que doi- vent alTecter les surfaces refringentes et les surfaces rdflechis- sanies pour operer I'une quelconque de cos transformations, tout en conservant au front de l'onde la figure rigoureusement sphd- rique; mais ces courbures ne conviennent qu'i'i une seule et unique position du point lumineux et sont inexeculabies dans la pratique : la refraction et la rdflcxion dans nos appareils auront done pour clTet d'alterer plus ou moins la sphericite du front de Fondo; de U'l nait Vaberration de .sp/(er?ci7e; cctte denomination lui convient bien moins k cause qu'on emploie des verres sphd- COSMOS. 5n I'iques, quo parce qii'elle consiste dans une alteration de la spM- rlcite du front de Tonde lumineuse. II y a done aberration de sphericite quand la courbiire du front de Tonde lumineuse cesse d'etre une sphere : ce phenomene a lieu par la refraction, meme a travers les surfaces planes; il est iiul dans certains cas parliculiers pour les surfaces spheriques. Ce n'cst done pas a la sphericity des verres, maisbien ala spheri- cite du front de Tonclequ'd convient derapporter ie sens de I'ex- pression aberration de spJdridte. Ces defuiilious une fois adiuises, on sentira des I'abord qu'un systeuie d'ondes, dontle front ne seraitpas rigoureuseoient splie- rique, serait incapable de produire une image nette du point d'ou il provient, parce qu'il n'exislerait aucun point de I'espace ou I'etendue du front de i'onde deviendrait sensiblement nulle. Mais ou diuiinue cet inconvenient en employant desdiapbragmes. Les appareils d'optique se composent de verres ou de miroirs qui ont pour objet de modifier la courbure et de changer la di- rection de la marche des ondes lumincuses; mais ces appareils ne peuvent pas agir sur la totalite du front de I'onde, qui est inde- flni; on ajoute done, en un point convenable de I'appareil, un dia phragme-rnodnle (1) dont I'objet est de decouper dans Ie front de I'onde une certaine portion limitee, ordinairemenl circulaire, d'une ^tendue suffisante pour les effets que Ton a en vue de pro- duire. Dans ies appareils opliques, Ie diaphragme-module n'est pas toujnurs la premiere piece rencontree par la lumiere; ce dia- phragme est quelquefois exterieur, d'autres fois inlerieur, d'au- tres fois encore il consiste dans la monture mAnie du premier verre; et finalement, dans certains appareils photographiques, I'elendue du front de I'onde employee est determinee par I'effet combine dedeux diaphragmes places dans deux points difTerents de I'appareil; et dans ce cas I'intensite lumineuse est variable du centre au bord du tableau. On pent concevoir un verre convergent simple, sans epaisseur, dont la configuration soit telle que Ie systeme d'ondes spheriques, engeiidre par un point lumineux place sur son axe opiique, soit converti, ])ar la refraction, en un systeme d'ondes d front con- cave rigoureuseinentspberique; mais il n'en seiaitplus de meme, avec Ie meme verre, pour un point lumineux place toujours sur (1) Il lit; f;ii][ pas roiifoiulre Ie dinpltra'jme module avec les .Tulres diaphragmes qu'ou emploie pour aneler la lumiere que rtilecliissenl les parois de I'appareil. 5U COSMOS. Yaxe optique, mais plus pres ou plus loin; et d fortiori pour un point luuiineux place ailleurs que sur I'axe optique. II faut done adopter en pratique un temperament, et pour I'ob- tenir, il n'cst pas necessaire de construire de verres paraboli- ques, hyperboliques, etc.; il suffit de donner aux surfaces du verre une figure spherique moyenne qui concilie, avec le mini- mum de tolerance, tons les cas pratiques. Ce temperament se trouve dans la figure spherique, la seule, du reste, qu'on ait pu, jusqu'i ce jour, executer avec precision. 11 faudra done accorder une tolerance sm la nettele des images, parce que le front de I'onde, qui eut dil se maintenir rigoureuse- ment spherique dans tout son trajet atraversl'appareil, se trouve plus ou moins deforme ; et que cette deformation est d'autant plus sensible que la portion admise par le diaphragme-module est plus considerable. Cette deformation de la sphericite du front de I'onde ne doit pas etre confondue avec la deformation de I'image des objets, deformation dont nous allons nous occuper dans le para- graphe suivant. III. Deformations. Un systeme optique, dit convergent, qui produit Timage des objets silues k differentes distances sur une amplitude de champ plus ou moins grande, a generalementaussile defaut de produire des alterations dans la figure, et dans les proportions des objets surtout vers les bords du tableau, deformations bien connues de tous les photographes. Ces deformations n'ont pas non plus pour cause principale la figure spherique du verre, mais bien la diffe- rence d'obliquite des ondes incidentes qui proviennent des dif- ferentes parlies du tableau; ces deformations, en effet, ne sont nuUement modifiees quand on fait varier le diametre du dia- phragme module; il n'y a que la variation de distance de ce dia- phragrae au verre qui modilie la deformation dont il s'agit. Dans tout ce qui va suivre, je designerai ce phenomene par le simple appellatif de deformation, et je reserverai le nom d'after- ration spherique, ou simplement d' aberration, pour designer I'al- t^ration de la figure spherique du front de I'onde. » (_La suite au prochain numero.) ACADEMIE DES SCIENCES. Seance du 11 mat. M. le ministre de I'lnstruction publique ecrit k I'Academie sous le couvert de ses deux secretaires perpeluels, qu'il I'aulorise k mettre k la disposition de M, Pouillet, I'un de ses membres, une somme de 2 000 francs, prise sur les reliquats des prix Monthyon, pour I'aider k conlinuer et k mener k bonne fin ses experiences sur la radiation solaire mesuree et enregistree par la photo- graphie. — M. Mathieu , directeur du dep6t des cartes, transmet deux exemplaires d'un rapport anglais sur des series d'observations mdteorologiques faites en 1855, par M. Robinson, a bordd'un ba- teau-phare, dans le port de Sanghai. — M. le directeur etbibliolbecaire de la Societedes sciences de Batavia prie instamment I'Academie de lui adresser exactement toutes ses publications, comptes rendus , meinoires, etc; il fait remarquer que I'etablissement qu'il dirige est le seul dans ces contrees lointaines ou Ton puisse se mellre au courant du mou- vement scientifique. — M. Jomard fait hommage d'un exemplaire d'un ouvrage qu'il a public sous ce titre : Fragments sur divers sujetsde geographie. — M. Ostrogradzki, membre correspondant , adresse pour les comptes rendus une note d'analyse mathemalique dont I'objet est reste inconnu. — M. Daubree a communique des reclierches experimentales sur la formation des stries et cannelures des rocbes et blocs ara- tiques. C'est sans doute une extension de ses premieres expe- riences relatives aux incrustations des galets roules. — Un docteur es sciences deChalons-sur-Marne, soUicite I'exa- men d'un Memoirs sur I'extraclion des racines des equations d'ordre superieur. — M. Mandl demande le renvoi k la Commission des prix Mon- thyon d'un Memoire sur le developpement des filets et tissus nerveux. — M. Ferdinand Fernandas annonce qu'il est enfln parvenu k dissoudre le copal a froid; il envoie un echantillon de copal dissous, et demande que son precede devienne I'objet d'un rapport. — Le m^decin en chef des eaux de Bagnols (LozSre) presents 516 COSMOS. pour le concours des prix Monthyon un oiivrage sur ces eaux niinc-rales, lour composition, leur eflicacild, elc, etc. i^I. le (locteur Guyon, m^dccin en chef de I'annee d'Afrique, avail envoye (\ M. Ic uiareT^hal Vaillantun niorccau de bols, frag- ment d'lin des pieux qui formaientou soutenaicnt la levee duquai de Carthage. Cette construction semblc daler de la fondation mOrae de Carthage, 860 aus avant Jesus-Christ; et M. Guyon tout surpris de I'ctat de conservation de ces bois, depuis silongtemps enfouisct baignes par I'eau de la mer, avait pensc qu'il etaitdu k Temploi de quelque substance bilumineuse dont on les aurait en- duils; il desirait connaitre a ce sujet I'opininn de I'Acadeiuie <3es sciences. A la demandede M. le marechal Vaillant, M. PeHgot a procede a I'examen de ces fragments, et il a reconnu : 1° qu'ils couliennent une quantite considerable, 60 ou 70 pour 100 do substances minerales; que trailes par I'acide clilorhyd.ique, lis font efTervescence et perdentles deux tiers de leur poids, ce qui iiidique que les substances minerales sont en grande parlie des carbonates de chaux et de magncsie; quand on les regarde en effct au microscope, on voit que les veines du bois sont remplies d'incrustalions calcaires ; 2° que la portion ligneuse renferme 60 pour 100 de carbone, 8 ou 10 pour lUO de plus que les bois naturels, ce quiprouve qu'ils out subi un commencement de car- bonisation ou sont convertis eu lignite imparfait; 3" que rien ne fait supposcr qu'ils aient ete enduits ou penetres de bitume; U° que tons les caracteres microscopiques ouautresprouventque ces bois sont de I'ordre des coniCeres, cedro, meleze ou sapin. — M. AVaKerdin lit un Memoire sur les dernieres experiences qu'il a faites pour determiner la temperature de la terre jusqu'i 850 metres de profondeur. En voici I'analyse succinate. Les experiences de M. Walferdin ont ete execulees au Creuzot, avec I'autorisalion tres-Uberalement accorrtee par lAI. Schneider, et le concours tres-bienveillant des ingenieurs attaches a ce Taste etablissement, dans deux forages, en cours d' execution , qui avaient atteint, I'un, 816 metres, I'aulre, 595 metres de profondeur. Ces deux forages de la Mouillelonge et de Tcrcy sont dans les conditions les plus avantageuses pour une compa- raison des temperatures; ils traversent les memes terrains; ne sont separesl'un de I'autrc que par une distance de 1 500 metres; et la dilleieuce des hauteurs de leurs orilices, au-dessus du ni- veau de la mer, n'est que de 15 metres environ. M. Walferdin a pris loutes les precautions imaginables pour donuer k ses resultats COSMOS. 54T une certiludft absolue ; il a observe & la fois sur dix-huit instru- ments thermometriqups differents : thermometres deverseurs, thermomSlres maxima i\ bulle d'air, etc., etc; ces instruments ^taient renfermes dans des tubes en cristal epais, scelles k la lampe, capables de resister a la pression de 81 atmospheres que la colonne d'eau des puits devait leur faire subir; un seul s'est brise. f Exp^iences de la Mouillelonge, k 3 kilometres du Creuzot, S 321 metres au-dessusdu niveau de la mer. — Le trou de sonde a 30 centimetres de diameire en haut, 26 centimetres en bas ; apr6s avoir traverse 371 metres de gres bigarre, la sonde a pend- tr^, jnsqu'& la profondeur de 816 metres, dans le terrain houilier forme de bancs alternatifs de schistes et de gres rose. On a sus- pendu momentanement le travail le 10 mai 1856; le 11, le 12 et le 13, on a agit^ et souleve violemment, au moyen d'une cniller k soupape, la vase boueuse du trou de sonde, afln de la delayer dans la colonne liquide qui la recouvrait ; le 13, a sept heures du soir, quatre-vingls heures apres la cessation de tout travail, les instruments thermometriques, renfermes dans une cuiller , ont ^te descendiis & 816 metres, et enfouis dans la vase boueuse de- venue compacte; seize heures apr6s, le 14 mai, a dix heures cin- quante-cinq, ils ont ete ramenes a la surface; la cuiller etait completement pleine de vase ; les thermometres ont indique, en moyenne, 38'',52. On les a descendus une seconde fois le m6me jour apres avoir de nouveau remue la vase boueuse; on les a re- tires seize heures apres, le 15 mai, k dix heures trente, cent deux heures aprfes la cessation du travail au fond du puits, ils ont in- diqu^ 38'',31, nomhre que M. Walferdin croit efre la temperature vraie du fond du forage. Experience de Torcy; longitude, 1%52'; latitude, /i6%40',38"; altitude, 310 metres. — Le sondage pratique dans le gres bigarre, jusqu'ft la profondeur de U k 500 metres, a atteint les gr6s et schistes du terrain houilier k la profondeur de 595 metres; les ^oulements n'ont permis de descendre les instruments qn'k 554 metres; le travail dtait suspendu depuis six mois, le fond du puits avait done completement repris sa temperature normale. Descendus le 12 mai et enfonces de 10 metres dans la vase, les Instruments y ont sejourne pendant dix-sept heures trente mi- nutes; ramenes t'l la surface, ils ont indique 27°, 23 ; descendus une secondefois etremontes apres dix-sept heures vingt-cinq minutes, ils ont donn^ en moyenne 27'',22. 518 COSMOS. 1° Les 38%S1, observes a la Mouillelonge, h 816 metres de pro- fondeur, compares aux 27°, 22 de Torcy, a 554 metres de profon- deur, donnent 11", 09 pour une difTerence de profondeur de 262 metres, ou une difTerence de 1° pour 23"\6 ; ainsi 23'",6 voili la quantite dont il fautdescendre, & parlir de 554 metres, pour que la chaleur augmente de 1° ; 2° Les 27", 22 do Torcy k 554 metres de profondeur, compares a la temperature moyenne probable de I'orifice du puits, 9%2 , donne 18", 02 pour 554 metres, ou 1° pour 30"%7. Ainsi, au Creu- zot, de la surface du sol a 554 metres de profondeur, il faut des- cendre de 30"', 7 ou 31 metres pour que la temperature croisse de 1°; au-dessous de 554 metres, I'abaissement de temperature est plus rapide, il suffit de descendre de 24 metres pour qu'elle aug- mente de 1°, Le forage de la Mouillerouge depasse aujourd'hui 900 metres ; il est probable qu'il sera porle jusqu'^ 1 000 metres, et M. Wal- ferdin a I'espoir fonde de pouvoir repeter ses experiences, de pouvoir ajouter de nouveaux nombres a ceux qu'il a donnes deji ou qui nous sont venus d'ailleurs. Nous n'avons pas besoin de faireremarquer, apres MM, Arago et de Humboldt, I'interet consi- derable que de scmblables nombres presenlent, et combien il est a regretter qu'ils soient encore si peu nombreux. — M. Bertrand presente un nouveau Memoire de M. Plarr sur la convergence des series dont le terme general est jifois; le coef- ficient Yn, connu sous le nom de coefficient de Laplace. — M. Balarddemandel'insertiondans les Comptes rendus d'une note de M. Bertbelot, sur la transformation de lamannite etdela glycerine en sucre proprement dit; cette note, dej a presentee i la societe pbilomatique, a ete inseree dans le journal Ylnstitut, et nous sommes heureux de pouvoir en donner une analyse succincte. Les analogies qui existent entre la fermentation alcoolique de la mannitc ou de la glycerine et la fermentation alcoolique des sucres proprement dits, font naitre naturellementl'opinion que ces deux fermentations pourraient bien n'etre pas reellementdistinctes; en ce sens qu'avant de se transformer en alcool, la mannite et la glycerine passeraient d'abord par I'etat de sucre. C'est ce que M. Bertbelot a voulu verifier. II a d'abord plac^ ces deux substances en contact, & la temperature ordinaire, avec un grand nombre de tissus et de substances azotees, de nature organique;et 11 a vu se produire, dans quelques cas, un sucre proprement dit, susceptible de reduire le tartrate cupro-potas- COSMOS. 519 sique et d'eprouver immediatement la fermentation alcoolique sous I'influence de la leviire de biere. Parmi tous ces tissus ou substances azotees, Taibumine, la fibrine, la gelatine, les tissus cutane, renal, pancreatique, un seul, le tissu de testicule, a pro- voque d'une maniere a peu pres reguliere, la transformation et de la glycerine en sucre proprement dit. On prend des teslicules de coq, de chien, de cheval, on les coupe en petits morceaux, et on les place dans un flacon ouvert au sein d'une solution fcrmee de dix parties d'eau et d'une partiede mannite oude glycerine, a I'air libre, a la lumiere diffuse, a une temperature de 10 a 20 d'e- gres; on essaie de temps en temps la liqueur, et, apres un temps qui varie d'une semaine a trois mois, on constate d'ordinaire I'apparition d'une substance apte a reduire le tartrate cupro-po- tassique et a fermenter immediatement avec la levure de biere. A ce moment, on separe par decantation les fragments testiculaires, eton les soumet a des lavages reiteres, jusqu'^ elimination lotale dela mannite ou de la glycerine; ils ont acquis la propriete de transformer les deux substances en sucre; de sorte qu'en repe- tant la meme experience avec les tissus ainsi prepares, on re- cueille presque infailliblement, au bout de quelques semaines, une formation de sucre tres-abondante. Le sucre obtenu est ana- logue au glucose; on n'a pas pu I'obtenir encore sous forme cris- tallisee; il est tres-soluble dans I'eaUjl'alcool aqueux, etla glyce- rine dont on ne pent guere le separer; il est presque certain, d6s aujourd'hui, qu'il est doue du pouvoir rotatoire et qu'il est levo- gyre; tout semble prouver qu'il resulte en grande partie et peut- etre meme exclusivement de la transformation de la mannite ou de la glycerine, et que Taction du tissu testiculaire n'est qu'une action de contact. ~ M. Pelouze presente, avec de grands eloges, le Traite d'ana- lyses chimiques par les liqueurs titrees de M. Mohr. Quelques extrails d'une lettre adressee par M. Pelouze au tra- ducteur intelligentetcourageuxdu livreallemand, M. Forthomme, professeur de physique et de chimie au lycee de Nancy , et de la preface de I'auteur, M. Mohr, suffiront ti faire connaitre I'impor- lance de ce nouveau traite d'analyse. Les essais par liqueurs ti- trees, ou volumetriques, n'ont ete pendant longtemps appliquees qu'i un tres-petit nombre de substances; on ne connaissait guere il y a vingt ans que les procedes inventes ou perfectionnes par Gay-Lussac, pour les essais d'alcalis, de chlore, d'indigo, d'ar- gent; I'analysepar voie humides'estetendue depuis cette epoque 520 COSMOS. & un tr6s-grand nombre de corps , et elle tend k se gcneraliserde plus en plus chaque jour, tant sont grands les avantages qu'elle prdsente ; elle se recommandc surtout par une grande rapidity d'execulion; elle est aux anciens procedds par pre'cipitalion et pesee ce que sont les chemins de fer aux routes ordinaires ; cette comparaison est meme au-dessous de la v6rH4, car elle exige souvent cent fois et mille fois moins de temps que les moyens or- dinaires pour donner leresultat cherche. Ainsi, parexemple,avec I'acidesulfarique normal, la determination du carbonate desoude dans les sels de sonde du commerce se fait en quelques instants, tandis qu'il faudrait une journec entiere et plus pour I'obtenir au moyen des precedes ordinaires. Dans le plus grand nombre des cas, les anciens precedes sont impuissants a satisfatre aux be- soins de I'industrie et du commerce ; ils sont d'ailleurs beaucoup plus difficiles k manier; il faut etre en effet chiraiste habile pour estimer k I'aide de la balance le titre d'une substance cblo- ree, tandis que de simples ouvriers font chaque jour a^ec les li- queurs titrees des essais chlorometrlques parfaitement exacts. En outre, la rapidite d'execution des analyses volumetriques n'en- leve rien .^i leur exactitude; ellos comportent en general un degrd de precision remarquable. Des usines ou des magasins, leur usage passera done de plus en plus dans les laboratoires de chimie ; et les liqueurs normales seronl bientdtaussi employees dansles re- cherches scientifiqups que dans les travaux des arts et de I'indus- trie. Voilk pourquoi, dit en terminant M. Pelouze, le livre de M. Mohr qui reunit et decrit ces nouvelles methodes, sera partout accueilli avec intf^ret ; et les cbimistes, non moins que les indus- triels francais, sauront gre k M. Forthomme des soins qu'il a ap- portes k la traduction de cet ouvrage. M. Mohr e'numere dans sa preface comme lui etant dus les pro- cedes de dosage des terres alcalines par une dissolution titre'e d'acide azotique ; de I'acide carbonique par la valeur alcalime- trique de la baryte precipitee; de I'acide sulfurique ; de I'dther acetique; du cameleon; des manganeses; des minerals de fer; de I'oxygene en dissolution dans I'eau; des bichromates de po- tasse,etc., etc. — On precede k la nomination de deux membres correspon- dants, I'un dans la section d'astronomic, I'autre dans Ja section d'agriculture et d'^conomie rurale. Nous avons rendu compte ail- leurs de ces deux elections qui portent au fauteuil academique COSMOS. 521 deux fideles aboniies du Cosmos, le R. P. Secclii et M, Clie- vandier. — M. Bussy annonce la decouverte importantc d'lin nonveau snlfure ou proto-sull'ure de carbone, faile par M. Ernest Beaudri- mont, prepaiateur de chimie h I'l^cole de pharmacie. Ce proto- sulfiu'e est ail sulfure deji connu ce que I'oxyde de carbone est h I'acide carbonique; on I'obtient en traitant le sulfure ordinaire par I'eponge de platine, a une temperature assez elevee, il y a depdt de soufre et degagement d'un gaz qui est le nouveau sul- fure cherche; on le prepare encore en chauffant directement un melange, soit de charbon et de soufre, soit de sulfure de carbone et de charbon, soit de sulfure d'antimoine et de charbon. Le proto- sulfure de carbone est done gazeux, il a une odeur elheree ana- logue a celle dii bisulfure; il s'enflamme etbrulc ; 11 est tres-insta- Lle etse decompose avec une facilite extreme; au contact des solu- tions aqueuses, il se Iransforme en hydrogene sulfure et en char- bon; au contact des solutions alcalines, et principalement del'eau de chaux, il se transforme en sulfure de calcium et en oxyde de carbone; c'est meme, sans aucun doute, cetteinstabilite si grande qui a empcche qu'on ne constatcU plus tot son existence, et I'a fait passer si longtemps inapercu. M. Beaudrimont se reserve de completer I'etude du nouveau corps par la recherche des com- binaisons qu'il est apte a former, — M. Damour lit un memoire sur la composition chimique des mineraux groupes sous le nom de zeolithes, silicates alumineux, hydrates, a base alcaline, caracterises par la double propriete de fondre en bouillonnant, et de donner avec les cendres un preci- pite gelatineux. II resLilte des experiences faites sur cbacune des especes mine- rales, classees actuellement dans la famille des zeohthes, telles que : la stilbite, I'harmotdme, la heulendite, la brevvsterite, la fau- jassite, la chabasie, la phakolite, I'hydrohte, I'analcime, la levyne, la scolezitc, la mesotype, la laumonite, la thomsouite, etc., que tons ces mineraux, a I'exception de ranalcime, perdent des quan- tites considerables, et quelquefois la prcsque totajite de leur eau de combinaison, soitlorsqu'on les place dans une atmosphere com- pletement dessechee, soit lorsqu'on les expose k des degres de temperature comprls entre + 40 degres centigrades et le rouge naissant. Aprils avoir subi la desliydratation partieile, les zeolithes peu- 522 COSMOS. Tent reprendre, par la simple exposition k I'air libre, la totalite de I'eau qu'elles avaient perdue. Ainsi la faujassite, placee pendant un mois dans I'air sec, a perdu 15 pour 100 d'eau, qu'elle a repris h I'air libre dansun es- pace de vingt-quatre heures. La chabasie, chauffee h -+-300 degres, perd 19 pour 100 d'eau sur 22 pour 100 qu'elle en conlient : exposee k I'air libre, elle re- prend celte eau dans I'intervalle de quarante-huit heures. La temperature a laquelle I'eau se degage varie selon chaque espece et ne doit pas depasser certaines limites pour que la pro- priety hygroscopique du mineral se maintienne sans alteration. La facilile avec laquelle la deshydratation s'opere est habituel- lement en raison directe du nombre d'equivalents d'eau contenua dans le mineral. Ces resultats semblent confirmer I'opinion que les zeolithes, bien qu'elles aient leur gite habituel dans les caviles ou les filons de certaines roches considerees comme etant d'origine volcanique ou plutonique, ont ete formees par voie de dissolution aqueuseet non par voie de fusion ignee. — M. Becquerel pere a longtemps poursuivi , on le salt , la grande question de la formation des mineraux naturels par les actions lentes, chimiques, mecaniques, electriques ; et 11 a ob- tenu, dans cette direction, des resultats dignes du plus grand interet. II rend compte aujourd'hui des nouveaux succ^s qu'il a obtenus en combinant les actions lentes que nous venous de rap- peler, avec les influences plus energiques de la temperature plus ou moins elevee et de la pression plus ou moins grande. Son procede est tr^s-simple; il consiste : 1° a enfermer dans des tubes de verre ou mieux de cristal tres-resistant , les substances qui doivent reagir, k I'etat de poudre trSs-flne; 2° k ajouter au melange les substances necessaires, et convenablement choisies de manierc ci ne pas troublerles reactions essentielles, pour pro- duirele degagement du gaz qui doitexercer la pression interieure plus ou moins energique ; 3° enfin k faire naltre au sein des tubes le courant electrique qui doit intervenir, en mettanten jeu les con- tacts de flls de platine, de zinc ou de cuivre, de carbone en mor- ceauou en poudre, etc., etc.; k" k exposer les tubes ainsi garnis k des temperatures constantes plus ou moins elevees. Le fait ca- pital constate par M. Becquerel, c'est que I'influence de la tempe- rature et de la pression rendent en general beaucoup plus promptes et beaucoup plus efficaces les influences des actions m^ COSMOS. 523 canique, chimique et electrique, etc. Ainsi, par exemple, ed traitant de cette maniere un melange de sulfate de chaux et de bi- carbonate de soude, il a obtenu en moins d'un an des cristaux d'arragonite qu'il n'obtenait autrefois qu'en trois ou quatre aus : un melange de nitrate de cuivre et de carbonate de chaux lui a donne en quelques mois de tres-beaux cristaux de carbonate de cuivre bleu ou malachite, etc., etc. Nousreviendrons au restesur cette communication quand nous aurons sous les yeux la redac- tion de M. Becquerel. — M. Boussingault lit un long Memoire relatif ci I'influence qu'exerce sur le developpement des plantes I'azote assimilable contenu dans les engrais. Les nouvelles experiences du savant academicien forment plusieurs series dont nous faisons connaitre les principaux resultats : elles sont tres-dignes d'interet, quelle que soit la maniere dont on les interprete; dans la pensee de M. Boussingault, elles prouvent que I'azote absorbe par les plantes vient tout entier du sol ou des engrais et nullement de I'air atmos- pherique ambiant. La plante experimentee atoujours ete Vhelian- thus agrophillus, plante qui exige k la fois dans le sol la presence d'azote et de sels. Premiere serie d'experiences commencees le 5 juillet, ter- minees le 30 septembre, alors que la vegetation ne faisait plus aucun progr6s. Dans trois pots de gres remplis de brique pi- lee et de sable, et apres que contenant et contenu avaient ete passes au feu ou calcines, M. Boussingault a seme deux graines d'helianthus, dont il connaissait le poids ainsi que la proportion d'azote et de carbone. Le premier pot A n'a rien recu ; au second pot B, on ajoute une petite quantite parfailement pesee de phosphate de chaux et de nitrate depotasse;letroisieme pot C, recoit la meme quantite de phosphate, mais le nitrate est remplac^ par son equivalent en carbonate de potasse. Apres quatre-vingt-dix jours de vegetation, Vheliantus du premier pot A a atteint 9 centimetres de hauteur; le poids de la plante seche est i peine trois fois le poids de la semence ; la quantite d'azote de la recolte surpasse auplus de2 milligrammes I'azote de la semence; la plante n'a emprunte a I'atmosphere qu'une quantite tout k fait insensible de carbone; sa fleur est presque microscopique; elle est restee en un mot a I'etat que M. Boussingault, appelle etat de plante limite ou parcourant ci peine toutes les phases de la vege- tation. h'helianthus du pot B au contraire , reufermant du phosphate 524 COSMOS. de chaiix el du nitfate depolasse, a alteint 70 centimetres de hauteur; sa tige a un centimetre de diametre, lacorolledelafleur mesure 9 centimetres, die est tout a fait comparable aux soleils venus dans la terre ordinaire des jardins ; le poids de la recolleest 218 fois le poids de la semence; I'azote de la rexolle sm-passe de 3 centigraannes Tazote de la semence; la quantite de carbone emprunteeal'airetassimilee esttres-considerable, et equivalente ^celie que reuferment 180 centimetres cubes d'acide carbouique. Enfm Yhelianlhus du pot C differe a peine de celui du pot A, il n'a que 9 cenlimetres de hauteur; le poids de la recolte est un tres-petit multiple du poids de la semence; I'azotc de la recolte depasse a peine Fazole de la semence; la quantite de carbone empruntee a Pair estextremement petite : en Tabsence de I'azote du nitrate de potasse, et sous I'influence du phosphate de chaux, ilyadonceu une tres-faible production dematiere vegetale orga- nique; la plante n'a pu absorber qu'infinimentpeudu carbone de I'air, et ne lui aemprunte aucune proportion d'azote. Deuxieme serie d'experiences. Pour mieux mettre en evidence J'influence de I'azote assimilable, M. Boussingaulta prisZipots, A, B, G, D, remplis de sable calcine; a ces U sols steriles, il a ajout^ la meme quantite de phosphate de chaux, le sol du pot A n'a rien recu, en oulre du phosphate, on a ajoule au sol du pot B 1^,39 ; au sol du pot G 2°, 72, au sol du pot D k^, 1 de nitrite de soude; dans chaquepot enfin, on a seme deux graines Alielianthus; oa a arrete I'experience lorsque la vegetation etait devenue tout a fait Stationnaire. Les hauteurs des helianlhus dans les quatre pots ^talent alors 9, 11, 12, et 16 centimetres. On a seche, pese et analyse les recoltes avec le plus grand soin; et Ton a trouve ; 1° que les rapport des poids de la semence aux poids des recoltes etaient respectivement 1 : 4, 6; 1 : 8; 1 : 11; 1 : 31; que les quan- tites d'azote assimile etaient 2,6, 10, 25 milligrammes; que les quantites enfin de carbone cmprunte k I'atmosphere etaient re- presonteesen centimetres cubes dacidecarbonique paries nombres 5, 11, 17, k\. 11 est impossible, de mieux mettre en evidence rinfluence des azotes assimilables, influence au reste que per- Sonne ne nie, Maisi si M. Boussingault voulait tirer de ces nou- velles experiences la conclusion que I'azote de ralmosphure ne peut pas intervenir, et n'intervient pas dans le developpement jiormal des plantes, on I'arrOterait tout court en lui objeclant que les vegetations de sa seconde serie ne sont pas des vegeta- tions normales. COSMOS. 525 M. Boussingault enfin rend compte de deux essais qii'il a faits pour inettre en evidence la presence dans I'atmosphfere ou la for- mation dans I'air d'acide nilrique et d'ammoniaque, essais qui ont confinno, autant qu'ils pouvaient le faire, les resullats des experiences rigoureuses de M. de Luca. — M. Lame fait hommage h I'Academie des Leconssw?* lesfonc- tions inverses des transcendantes et les surfaces isothermes qu'il vient de publier & la librairie Mallet-Bachelier. Les transcendantes elliptiques de premiere espece et leurs fonctions inverses se prd- sentent naturellement dans toutes les recherches analytiques ayant pour but d'etendre le champ des mathematiques appli- qudes. Venn apres Euler, Abel, Jacobi, les createurs de la theorie des fonctions elliptiques, M. Lame a eu le bonheur et la gloire de rencontrer un systeme tout nouveau de coordonn^es elliptiques, forme par trois families de surfaces isothermes du second ordre, homofocales et octogonales, qui a jete un jour tout nouveau sur la question des transcendantes elliptiques. II s'esttrouve en effet : 1° que les trois -varietes de transcendantes elliptiques de premiere espece expriment respectivement la temperature sur les trois fa- milies de surface, considerees isolement ; 2" que les fonctions inverses de ces memes transcendantes sont les axes memes de ces surfaces. Les nouvelles coordonnees donnent done la dcTini- tion la plus simple et la plus naturelle des transcendantes ellip- tiques de premiere espece et de leurs fonctions inverses. Elles ont conduit en outre M. Lame h un nouveau genre de d^veloppement en serie d'une fonction donnee, tel que les termes de la serie sont les produits de polynomes entiers et rationnels de tons les degres formes par les fonctions inverses ou par les axes des surfaces conjuguees. Pris comme point de depart et comme cadrp d'eiude, ce developpement eclaircit singulierement la theorie des nou- velles transcendantes et meme celles des anciennes; il conduit sans difficulte et sans lacune aui problemes resolus par Euler, Abel, Jacobi, et ram^ne a I'uniteles formules multiples de chaque solution; il regularise aussi I'emploi des coordonnees elliptiques, source d'un grand nombre de recherches importantes, et qui, substituees aux coordonnees spheriques habituelles, doivent gd- neraliser et transformer avec avantage toutes les branches de la physique mathematique, k commencer par la mecanique celeste. Eiposer avec la clarle, I'elegance et la rigueur qui caracterisent sa methode ou son genre de talent, les principes ou les conse- quences que nous venons d'indiquerrapidement, tel est le butdu 526 COSMOS. volume de M. Lame; il comprend 320 pages, que les analystes etudieront avec le plus grand fruit. Nous nous felicitcrons tou- jours d'avoir ^te les premiers ci faire entrer dans renseignement classique les coordonnees elliptiques de M. Lame, qui, k leur naissance, trouverent une sorte de berceau dans nos lecons de calcul integral. — M. Serres fait une communication d'anatomie comparee, dont nous ne saisissons pas bien I'objet et la portee; nous enten- dons seulement qu'il s'agit d'arcs dentaires et de la necessite de remplacer par des squelettes complets les debris d'animaux fos- siles reunis dans les collections modernes. — M. Doy6re, professeur d'histoire naturelle au Lycee Napo- leon, et bien comiu de nos lecteurs, avait recu de S. E. le mard- chal Vaillant, ministre de la guerre, la mission de faire en Algerie, sur une grande echelle, I'essai de ses procedes de conservation des bles par I'emploi des silos en tole de son invention, et de certaines substances qui tuent ou chassent les insectes destructeurs. Le sa- vant naturaliste a resume les resultats de ses experiences si im- porlantes dans un long Memoire que M. le marechal adresse au- jourd'bui ci I'Academie, en I'accompagnant d'une lettre tres-flat- teuse pour I'auteur. Nous ne connaissons encore ni le Memoire ni la lettre, mais nous trouvons dans YInvention de M. Gardissal des details sur une partie dedes decouvcrtes de M. Doyere, que nous tenons a faire connaitre des aujourd'bui a nos lecteurs. M. Doyere a decouvert dans le sulfure de carbone la propriety de faire perir les insectes par asphyxie, avec un degre d'energie que Ton ne connaissait encore dans aucune substance ; et comme ce liquide est neutre et inoflFensif pour une foule de corps ; comme dp. plus il pst tr^s Tolatil, propriete qui le rend dissoluble au plus baut point dans les espaces clos, en meme temps qu'elle le fait disparaitre tres-rapidement avec son odeur caracleristique lorsqu'il est expose k I'air libre; il est eminemment propre k fournir le principe d'une application tres-importante pour la conservation de beaucoup de produits utiles contre la destruction dont ils sont I'objet de la part des insectes; le froment, I'orge, I'a- voine, le seigle, le mais, le riz,le sarrasin,les graineslegumineuses, les haricots, pois, feves, lentilles, etc. ; les graines oleagineuseset generalement toutes les graines seches ; les denrees alimentaires fabriquees, telles que la semoule, la fecule, le biscuit de mer; les laines fourrures, draps et vetements fabriques ; en un mot toutes les malieres susceptibles d'etre renfermees indefinimenl ou tern- COSMOS. 527 porairement dans des espaces assez parfaitement clos pour retenir suffisamment la vapeur du sulfure de carbone. Ce precede consiste simplement h renfermer les produits que Ton veut defendre de la destruction des insectes, dans des espaces oil la vapeur, degagee du sulfure de carbone liquide qu'on y a verse, puisse sejourner le temps necessaire pour que son action s'exerce. On peutaussiintroduire le sulfure al'etat de vapeur, en le chauffant dans un vase ferme communiquant avec les espaces dont 11 s'agit. On pent accelerer sa diflusion lorsqu'il est liquide, en agrandissant les surfaces sur lesquelles on le verse, ou en mul- tipliant les points d'introduction. Quant aux espaces eux-memes, I'inventeur cite au premier rang et comme eminemment propres pour I'objet qui I'occupe, les silos qu'il a imagines pour la conservation rationnelle des grains. On pourra employer aussi des silos exterieurs aux sols, tonneaux, foudres ou caisses en toles, zinc, metal quelconque; en bois ou maconnerie, revetus ou non interieurement d'enduits, vernis peintures, feuilles metalliques ou autres; enfm les caves ou pieces d'appartement elles-memes, avec ou sans revetement, pour rendre leurs parois moins permeables. Les matieres assai- nies par la mort donnee aux insectes y pourrontetre laissees in- definiment sans renouveler le sulfure de carbone si les espaces ont des parois assez peu permeables pour que la vapeur ne s'e- cliappe pas en un temps tres-court. Dans le cas contraire, I'intro- duction de I'agent devra etre renouvelee une ou deux fois, pour que les insectes une fois morts par une premiere action, leurs larves soient tuees a coup, sur au fur et a mesure qu'eiles eclo- ront, si les ceufs n'ont pas perdu leur vitalite en meme temps que les insectes ont perdu la vie. Enfln, les graines ou tous autres produits peuvent etre traites par le sulfure de carbone, pendant un temps limite, pour etre replaces dans les conditions ordinaires apres la mort des insectes; ainsi, les cereales peuvent etre assai- nies par la mort des insectes qu'eiles contiennent pour etre eiisuite remises en couches. Le traitement, dans cecas, pourra sefaireau moyen d'appareils temporaires et porta tifs, tels que des caisses a parois mobiles que Ton assemblora en luttant leurs points au moyen d'un lut convenable. II sufOt d'une toilegoudronnee imper- meable a I'air, etendue au-dessus d'un tas forme par les produits ^ assainir, et rabattue sur le sol avec toutes les fentes bouchees au moyen d'argile gachee. Le sulfure etant introduit dans I'inte- rieur par un orifice pratique dans la toile, pourra y etre retenu §28 COSMOS. k I'etat de la vapeur pendant un temps suffisant pour la rdussite de I'operation. II sulTit en general de 50 grammes de sulfure de carbone par metre cube, de I'espace vide dans lequel sont enfermes les objets a conserver pour les d^fendre des atlaqucs des insecles destruc- teurs. S'il s'agissait de faire perir les termites ou autres insectes qui ravagent les bois, on pourra , soit introduire une certaine quanlite de sulfure dans I'interieur des pieces attaquecs, pour que les emanations les parcourent dans toute leur longueur, soit faire arriver la vapeur dans les canaux naturels ou les interstices des tissus et des coucbes debois. Au sulfure de carbone, preferable & tout autre agent sous le triple rapport de son bas prix, de son energie elde la promptitude avec laquelle son action s'exerce, on pourra cependant substituer I'un quelconque desliquides connus sous le nom d'anesthesiqucs , I'ether sulfnrique , chlorydrique, acelique, formique, le cbloroforme, I'aldebyde, Tamylene, etc., dont les experiences de M. Doyere ont deinontre I'efficacite. — Le Memoire lu par M. Laugier, dans la derniere seance, est un tres-bon travail; les experiences ont ete parfaitement instituees, etcomuierauteurestdoueen outre d'unevuetres-excellente, (res- percante, on doit avoir beaucoup de conflance dans les resuUats qu'il a obtenus. On pent les formuler corame il suit : Les erreurs moyennes provenant de I'observateur lui-meme, dans les diffd- rents genres de pointes employes en astronomie, sont : 1° quand on place une etoileau milieu del'intervalle de deuxflls paralleles, 29 secondes ; 2" quand on place une etoile sur un fd, 15 secondes; 3° quand on rend un fil tangent au disque d'une planete, 16 se- condes ; W quand on amene un fll au milieu de I'intervalle de deux autres bis paralleles a la direction , comme dans I'observa- tion du Nadir, ou lorsqu'on vise la division d'un cercle ci I'aide d'un microscope, 2k secondes ; 5° quand on amene I'image d'une etoile au milieu del'intervalle comprisentre deux autres etoiles situees en ligne droite avec la premiere, 36 secondes. En comparant les erreurs des pointes a ToBil nu avec les erreurs moyennes calculees par divers astronomes au moyen des ecarts que presentent leurs observations, M. Laugier a reconnu en outre que les erreurs tenant a I'imperfection du pointe, sont beaucoup moindres que les erreurs des observations asti'onomiques; etque par consequent, ces dernieres sont nolamment augmentees par des causes qui sont pour alnsi dire en dehors de I'observateur. VARIETES. Sur la maticre glycogune et la formation du siacre dans lo foie Par M. Claude Bernard. Void en quels termes M. Bernard ddcrit le mode de prepara- tion de la inatiere giycogene du foie el ses propridt^s. On prend encore chaud et saignant le foie d'un chien exciusivement nourri avec de la viande; on le divise en lanieres tres-minces qn'on jelte aussildt dans de I'eau maintenue constamment bouillante; on broie les morccaux de foie coagnles dans un mortier ; on laisse celte espece de bouillie hepatique cuire pendant environ trois quarts d'heure ou une heure, et I'on obtient une decoction con- centree; on I'exprinie dans un linge ou sous une presse; on verse sur un fdtre leiiquide, donne par la pression; il passe avec une teinte opaline; on I'additionne dc quatre ou cinqfois son volume d'alcool a 38 ou UO degres; il se forme un precipite abondant, flo- conneux, jaunalre ou laiteux; c'est la maliere giycogene encore melee dc sucre, de bile et autres produits azotes; on la recueille sur un fdtre, on la lave plusieurs fois & I'alcool ; on la fait bouillir dans une dissolution de potasse caustique tres-concentree, pen- dant un quart d'heure ou une demi-heure; on fdtre en aj'outant un pen d'eau; on precipite de nouveau la matiere dissoute par quatre ou cinq fois son volume d'alcool a 30 ou 40 degres; on lave plusieurs fois le prdcipite & I'alcool; on le redissout dans I'eau; on sature le carbonate de potasse cpi'il contient par I'acide acetique; on traite dc nouveau par I'alcool pour precipiter la ma- tiere giycogene soparee del'acelate de polasse, et on I'obtient en- fin pure, sous forme de substance blanche Ires-fincment tomen- teuse, lorsqu'elle est en suspension dans I'alcool, pulv^rulenle et farineusc quand elle est dessdchee. Elle est neutre, sans odeur sans saveur, donnant sur la langue la sensation de I'amiion; I'iode la colore el lui communique une teinle qui varie du bleu fonce ou rouge-marron clair; chauffee au rouge, au contact de la •chauxiodce, elle ne degage pas d'ammoniaque et no contient pas par consequent d'azote; elle ne reduit pas les sels de cuivrc dis- sous dans la potasse, et ne sul)it pas de fermentation alcoolique sous I'jifluence de la levure de biere; elle est entierement inso- 530 COSMOS. luble dans I'alcool, elle est soluble dans I'eau et le sous-acetate de plomb, le charbon animal, etc., la precipltent de sa solution. Toutes les influences qui transforment I'amidon vegetal en dex- trine ou glycose , rebuUilion prolongee avec les acides mineraux ^tendus d'eau. Taction de la diastase et des ferments analogues, le sue ou le tissu pancreatique, la salive, le sang, etc., la trans- forment en Sucre en la faisant passer par un etat intermddiaire analogue h celui de la dextrine, en lui faisant perdre la propriete d'etre coloree par I'iode. Lorsque son changement en sucre est defuiitif et complet, elle reduil les sels de cuivre dissous dans la potasse, et fermenlc sous I'influence de la levure de biere en don- nant de I'alcool et de I'acide carbonique. En resume, le foie des cbiens nourris exclusivement avec de la viande, possede la pro- priete speciale et exclusive ci tout autre organe du corps, de creer une matiere glycogene tout a fait analogue a I'amidon -vegetal hy- drate, pouvant, comme lui, se changer ulterieurement en sucre en passant par un etat intermediaire analogue c'l celui de la dex- trine, etat danslequel sa dissolution aqupuse fait tourner le plan de polarisation du rayon lumineux d'une quantite tres-sensible vers la droite. Reste ci determiner la constitution et la composition dementaire de la matiere glycogene. Passant ensuite h la formation physiologique du sucre, M. Ber- nard rappelle les principes suivants : cette formation n'est pas un dedoublement chimique des elements du sang dans leur passage a travers le foie; c'est une fonction qui s'opereen deux actes dis- tincts; le premier acte, entierement vital, consiste dans la crea- tion de la matiere glycogene an sein du tissu hepalique vivant; le second, entierement chimique et pouvant s'accomplir en dehors de I'influence vitale, consiste dans les transformations de la ma- tiere glycogene en sucre a laide d'un ferment. La matiere glyco- gene se forme par suite des phenomenes de circulation lenle qui accompagnent les actes de la nutrition ; elle serait transformee en sucre par le sang lui-meme. Parallelement a la circulation lente et nutritive qui fait naltre la matiere glycogene, il y en aurait une autre, intermittente, variable, et dont la sur-activite coinciderait avec I'apparition d'une plus grande quantite de sucre dans le tissu du foie. Cette suraclivite existerait naturellement dans I'acte de la digestion; on la determinerait tour a tour et on la ferait cesser chez les animaux a sang froid, en elevant ou en abnissant lour temperature; de cette maniere, en ed'et, on fait apparaitre ou dis- COSMOS, 531 paraitre le sucre du foie. On ralenlit cette activite chez les ani- maux el sang chaud, en coupant ou blessant la moelle epiniere dans la region du cou, au-dessous de I'origine des nerfs plireni- ques, et bienl6t en effet il n'y a plus de traces de sucre dans le foie; on surexcite au contraire cette activite en blessant I'axe ce- rebro-spinal dans la region du quatrieme ventricule, etia quanlite de Sucre engendree dans le foiedevient alors sigrande, quel'ani- mal devient diabelique. En terminant, M. Claude Bernard fait ressortir la similitude frappante qu'il croit pouvoir etablir entre la fonction glycoge- nique du foie et la production du sucre dans certains actes de I'organisme vegetal. Dans une graine, par exemple, qui produit du Sucre pendant la germination, on distingue deux series de phenomenes : I'un primitif, enlierement vital, constitue par la formation de I'amidon sous I'influence de la vie du vegetal: I'autre consecutif, entierement chimique, pouvant se passer en dehors de I'influence vitale du vegetal, constitue la transformation de I'a- midon en dextrine et en sucre par Taction de la diastase. Dans la graine separee de la plante, le plienomene vital de la secretion de I'amidon cesse avec la vie vegetale; mais sous rinfluence des conditions physico-chimiques favorables, sa transformation en dextrine et en sucre, a I'aide de la diastase, pent s'operer. En reaUte, la formation du sucre dans le foie des aiiimaux passe par trois series de transformations successives, tout a fait analogues a celle do la formation de I'amidon, de la dextrine et du sucre dans la graine des vegetaux. Ue Paction da chlore f«ur les hydrates de zinc, de cuivre et de plonii) Par Ed. T. Kikkpatrick, docteur es sciences a Bruxelles. L'auteur a resume dans ce memoire les longues et difflciles re- cherches qui I'ont amene enfln a constaterl'existence de trois sels nouveaux qui, jusqu'ici, n'avaient ete qu'entrevus par les chi- mistes. On saitque lorsque le chlore reagit sur I'hydrate de chaux, ily a formation d'equivalents egaux de chlorure de calcium et d'hy- pochlorite de chaux; ce dernier sel pent se transformer dans une foule de circonstances en chlorate de chaux. Or, la menie chose a Ueu pour tons les oxydes hydrates analogues a la chaux, et, 532 COSMOS. partant de ce fait, M. Kcene avait conclu, par induction el par analogie, que cette action du chlore sur les oxydes devait etre generale; il a enonce sa theorie en ces tonnes : « Lorsque le chlore reagit sur les oxydes hydrates qui sont formes d'un equivalent de metal et d'un equivalent d'oxygene, il y a formation d'un hypochlorite et d'un chlorure, & moins que I'oxyde ne tende ti s'oxyder davantage, cas dans lequei le chlore s'empare de I'hydrogene de I'eaii, pendant que I'oxygene fait pas- ser I'oxyde ;'i un degre d'oxydation plus eleve. » M. Kirkpalrick, plein de confiance dans la verity de I'opinion de son ancien professeur, a voulu voir si le chlore, en reagissant sur les hydrates de zinc, de cuivre et de plomb, donnerait nais- sance a un chlorure et un hypochlorite, ce que plusieurs chi- mistes avaient conteste ; et il a constate, en efl'et, que lorsqu'on fait passer un courant de chlore dans les oxydes sus-mentionnds en suspension dans I'eau, il se forme un chlorure et un hypo- chlorite. Les hypochlorites de zinc, de cuivre et de plomb exis- tent done, et, si quelques chimistes ont cru qu'il se forme dans cette reaction des chlorates, c'estque les hypochlorites des deux premiers melaiix passent tr6s-rapidement a I'etat de chlorates; riiypochlorite deplomb, au contraire, se decompose en degageant du chlore et en deposant du suroxyde de plomb. T. L. P. Theorie des substitutions. — Dans la derniere livraison des Annales de chimie et de phy- sique, M. Dumas reclame hatitcment pour liiila decouverte de la loi des substitutions, que M. Bechamp semblait vouloir altribuer ^i M. Laurent. Cette loi est mienne, dit M. Dumas, et elle reste telle que je I'ai formulee en Janvier 1824. Le chlore possede le pouvoir singulier de s'emparer de I'hydrogene de certains corps organiqiies, et de le remplacer alome par atome; lorsque ces corps contiennent de I'eau, I'hydrogene do celle-ci est enlev^ sans substitution. On pent donner k cette loi le nom de meta- lipsie , qui exprime que le corps sur lequei on agit a pris un ele- ment a la place d'un autre. Ce que M. Laurent areconnuplustard, ajoute M. Dumas, c'est que dans les phenomenes de substitution, le type est conserve , c'est-a-dire que non-seulcment le chlore prend la place de I'hydrogene, mais qu'il jouele memerOle que lui. Iniprimerie de W. Remquet et Cie, A. TRAMBiAY , rue Garanciere, 5. proprUtaiie-gerant. T, Xa 22 tnai 1857. Sixi^me ann^e. COSMOS. IVOWELLES DE LA SEMxMNE. Nous avons h rendre compte d'uno nouvcllc election demembre correspondant de I'Academie des sciences. II s'agissait celte fois de remplacer le cdlebre Melloni dans la section de physique ge- nerale. La section, composee de MM. Becquerol, doyen; Pouillet, Babinet, Duhamel, Despretz, Cagniard de la Tour, avait adopLe k runanimite la liste suivante de candidats, tous celebres par de glorieux travaux : M. Dove de Berlin, immortalise par ses reclier- ches sur la temperature terrestre; M. Grove de Londres, rilluslrc fciventeur de la pile a gaz et de la pile, platine et charbon.qai a rendu son noni populaire; M. Henry de Philadelpliie, a qui Von doit en partie du moins la bobino d'induction qui a recu tant d'ap- plications; M. Jacobi de Saint-Petersbourg, a qui revient la plus grande part dela decouverte de la galvanoplastie; M. Magnus de Berlin, chimiste habile autaut que physicien exerce , connu de tous par ses recherches sur. I'oxygenation du sang, par sa deter- mination du coefficient de dilatation des gaz, par ses experiences sur la rotation des corps et les veines fluides ; M. Matleucci de Pise dont nous parlerons plus longnement toutal'heure, auteur d'une foulede Memoires sur Te'lectricite ordinaire, voltaique d'inducl'ion^ sur le magnetisme et le diamagnetisme, connu surtout parses etudes electro-physiologlqaes; M. Neuman de Koetiigsberg, pro- fesseur distingue qui a forme d'excellents eleves, qui a etendu le premier aux corps composes la loi de Dulong, suivant laquelle les chaleurs specifiqucs sont en raison inverse du poids des atonies ; qui a concu et developpc une theorie matliematique de la double refraction a laquelle on ne pent reproclier que de parlir d'hypotheses sur la nature de I'ether et de ses ondulations diHe- rentes de celles de Presnel et de M. Cauchy; M. Plucker de Bonn, mathematicien de grand renom, qui a mis en evidence Taction completement imprevue du magnetisme dans ses rapports avec les axes optiques des cristaux etles directions qu'illeur imprime; M. Riessde Berlin, un des plus grands maitres des temps actucls €n fait d'electricite de tension; M, Stockes de Cambridge quima- 20 534 COSMOS. nie si habilement I'analyse appliquee a la physique mathema- tique, sans lequel les phenomenes si neufs, si intorcssants, si Ibndamentaux de la fluorescence, seraicntrestes confus et, incom- pris; M. Weber de Goetlingue , I'inconiparable collaborateur de Gauss, un des legislateurs de I'acoustique, du magnetisine terres- tre et de i'electro-niagnetisme, qui manie avccuneadrcsseegale, avec un bonheur egal, les formules de I'analyse eties instruments de ses collections. Ajoutcz h cette lisle les noms de M. Lloyd de Dublin, le glorieux chef du mouvement scienlifiquc en Irlande, I'une des plus grandes aulorites physiques de I'Angleterre, qui fit le premier I'experience de la polarisation conique decouverlc par son collogue sir Rowan Hamilton ; le nom de M. Kupfer, le collabo- rateur de Jacobi, Ic directeur si intelligent, si zele, si infatigable de I'observaloire meteorologique de Pulkowa; le nomde M. Mosotti, esprit si elevc, penseur si profond ; le nom de M. Tyndall, devenu, si jeune, le coUegue du grand Faraday, etvous aurez la serie des noms digues de flgurer sur la liste des correspondants de noire Academie des sciences. Unanime, nous I'avons dit, sur le choix general des noms, la section s'est divisee sur le candidat qu'elle presenterait en premiere ligne. MM. Becquerel et Babinet pen- chaient pour M. Matteucci; M. Desprelz, emerveille des travaux de Weber, le preferait & tons; M. Pouilletfut d'abord indecis, mais bientot il se prononca pour M. Neuman ; MM. Duhamel et Cagnard de la Tour n'avaient pas d'opinion arrelee. Apres plu- sieurs seances, M. Despretz a cede, il a accepte le candidat de M. Pouillet, accepte aussi par MM. Cagnard de la Tour et Duha- mel, M. Neuman est devenu en consequence le candidat de la Tnajorile de la section , et il a ete place au premier rang sur la liste presentee dans le comite secret du lundi 11 mai. A M. Des- pretz revenaitla mission d'exposerles litres des candidals; il I'a fait avec beaucoup d'impartialite, avec trop d'impartialite peut- etre, au point de vue du choix fait par la section, car aucun de ses collegues presents ne s'est rendu comple de la preference donnee au savant professeur de Koenisberg. M. Neuman avait centre lui de n'etre connu personnellement d'aucun des membres de I'Academie, de ne s'etre jamais mis en communication avec I'illustre corps, au point que son nom ne se trouve pas une scule fois dans les quaranle volumes des Comptcs rendus; d'etre plus mathematicien que physicien ; d'etre enfincn desaccord sur les bases de la theorie de la lumierc avec Fresnel et M. Cauchy; sa candidature elait par^ consequent peu sympa- COSMOS. 535 thique. Un autre des candidats, au contraire, M. Matleucci , avait des rapports de bonne amitie avec un grand nombre d'academi- ciens; il a ete sans cesse en communication avec I'Academie; il lui a adresse tous ses Memoires; il a travaille dans le butformel- lement exprime de meriter ses suffrages; il aspii-ait h I'honneur d'etre son membre correspondant comme au plus gloi'ieux cou- ronnement de sa vie scientifiquo ; il avait obtenu un de ses grands prix dephysiologie; la Societe royale de Londres lui avait aussi decerne sa recompense de premier ordre, la medaille de Copley; ses applications de I'electricite a I'etude des pbenonK^nes de la vie, couronnees deux fois h Paris et & Londres, avaient rendu son nom familier aux membres des sections d'bistoire naturelle; on savaitenfin que deux au moins des membres de la section de phy- sique I'avaient adopte pour leur candidal. Quoique inondee des rayons de tant de personnalites illustres, sapersoniialite se deta- cliait ccpendant tres-avantagousement, et iletait facile de prevoir des le debut de la seance dans laqucile I'election devait se faire. que son nom dominait tous les autres, dans les echanges de pensees des membres, dans les conversations animees dont les candidats dtaientl'objet. Et en effet, quand au moment venu, on est alle aux voix, trente bulletins sur quarante-sept volants ont porte le nom de M. Matteucci, landis que M. Neuman n'a obtenu que quinze voix, M. Magnus, deux, M. Kiipfer, oublie par la sec- tion, une. M. Matteucci a done ete proclame solennellement membre correspondant de I'Academie des sciences. Dans les conditions ou elle a ^te faite, I'election est, sans aucundonte, un 6cbec douloureux subi par la section ou la majorite de la seciion, mais elle est pour I'elu un veritable Iriomphe, un triompbe pins grand que s'il avait ete place au premier rang, et dont on appre- cierailbeaucoup mieux encore la portee si nous pouvions inscrire les noms des illustres qui ont vote pour M. Matteucci. — M. Regnault, victime une seconde fois de son ardeur infati- gable, qu'une nouvelle chute assez grave en elle-meme, mais qui n'aura, grftce k Dieu, aucune suite fftcheuse, parce qu'eile se rdsume dans une plaie saignante faite k la tele, avait retcnu au College de France, n'a pas pu prendre part h I'election; mais tous ses amis savaient que M. Matteucci dlait son candidat de predi- lection. — Une lettre que nous recevons k I'instant de M. Tyndall, con- tlent le passage suivant, que nous nous batons de transmeltre k nos lecteurs : « M. Faraday, je suis heureux dc le dire, se porte 5J6 COSMOS. tres-bie.n; il vicnt de me faire connaitre le premier una nouvelle application de la magiielo-electricitc ; de I'electricite engendr^e par les machines magneto-electriques. II s'agit de la production d'une lumiere electrique vraiment splendide, qui pourra etre ina- mediatement employee a I'eclairage des phares. Je pars a I'ins- tant pour assister ^ quelques experiences k ce sujet qui seront failes ce soir h Blackwall, pres de Londres. » — Nous empruntons la nouvelle interessante qui suit a YAmi des sciences : Les animaux que la Societe d'acclimatation possede vont elre transferes au bois de Boulogne; ia ville de Paris cede k cet effpt quntorze hectares de bois k la Societe. M. Richard, du Cantal, sera direcleur du nouvel etablissement. La on tentera d'acclimaler des especes aniraales et vegetales empruntees k toutes les latiludes. On va tout d'abordy transporter les yaks, les kangurons, les lamas, les vigognes, les alpacas et les hcmiones, aujo^ird'hui deposes au Jardin des Plantes; avec une double col- lection d'oisoaux et de plantes. Le but des fondateurs est decreer un petit paradis ou I'on entrerait moyenuant 1 franc par personne; la ville de Paris abandonne les terrains en location pom- la mo- deste somme de 1 000 francs, mais en se reservant miepart dans les benefices ^venir; il sera pourvu a I'installation, au moyen d'un emprunt de 500 000 francs, dont les trois cinquiemes se- raient deja souscrits par MM. de Rolschild. — M. le marechal Vaillant vient de faire proceder k nn essai de filature de cinquanle toisons de duvet de chameau, duvet pris exclasivement sur les bosses et le poitrail de I'animal. Chaque toison, parfaitement cpuree, a donne 600 grammes pour les pe- tits chameaux, et 1 000 grammes pour les chameaux adultes. L'habile fdateur charge de ces essais, M. Frederic Davin, a ob- tenu de cette matiere un duvet tres-soyeux, qui lui-meme a pro- duitunflltres-lin,tres-regulier, Ires-souple, se rapprochanl beau- coup du cachemire ; ce fil servira k tisser des etolTes, qui seront bienlot exposees dans le local de la Societe d'acclimatation. — Le Courrier franco-itallen nous annonce une grande et bonne nouvelle : « II est universellement admis que le beau ciel d'ltalie est, plus que tout autre, favorable aux observations astro- nomiques ; et puisqu'un Italien, M. Porro, vient de doter la science d'un instrument d'une puissance superieure k tons ceux qm elaient connus jusqu'a ce jour, il est de I'inleret de la science en General en parliculier des savants ilaliens, que cet instrument soitplacd en Ilalie, aQu qu'il pui^:s3 penetrer de toute sa puis- COSMOS. 537 sance dans la profondeur des cieux. Dans ce but, quelqnos-uns de nos compalriotes se sont faits les promotenrs d'une union as- tronomique italienne, ayant pour abjet defender, surquolque point bien choisi de I'ltalie, un observatoire de premier ordre, qui au- rait pour base essenlielle I'instrument gigantesque de M. Porr©, et de le doter de rentes h perpetuite pour I'entretien du materiel et du personnel qui y sera attache. Apres avoir consulte k ce sujet les principaux astronomes ita- liens, et apres s'etre entendus avec M. Porro sur le mode de rea- lisation de ce projet, nos amis nous ant demande le concours de notre publicite; nous n'avonspu nous empeclier d'y reconnaitre un but emineniment noble etpaLi'iotique, en meme temps qu'une baute importance scientiflque, c'estpourquoi nous n'avons pas besite k promeltre notre concours. Dans nosprochains numeros, nous ferons connaitre les principaux details de ce projet; et nous csperons trouver aupres de nos confreres de la Peninsule la co- operation qu'ilsnerefusent jamais a tout ce qui est noble et grand, a tout ce qui contribue au progres de la science , ci I'illustration du nom ilaUen. » — VAthenoeum anglais dit tenir de source tres-silre et tres-digne de foi, quele gouvernementfrancais s'est resolu k entrer k I'egard de M. Libri , le savant matheniaticien , dans une voie de large justice. Ses livres et ses autres effets saisis a Paris, lui ont ete rendus, et dans I'acte qui ordonne cette restitution, il est reconnu comme Icgalenient absent. Les sommes provenant de la portion de sa bibbotbequc, par ordre du gouvernement, lui seront en outre rendues. On annonce quele gouvernement ira plus loin encore, dit rYi//jena'um, maisrien n'est arrete deflnitivement. La derniere livraison du Bulletin de la Sociite botanique de France contenaitl'article suivant : Unacte de noble desinteressementvient d'etre accompli au pro- fit du Jardin-des-Plantes de Paris. La famille de Jus-;ieu a donne a cctelablissementla portion la plus precieuse des colleclions dont elle avait berite a lamort de notre illustre Adrien de Jussieu. Get emi- neulbotaniste n'ayanteu que deux filles, amis fin en sa personnel cette longue suite de generations d'homnies justement celebres qui, pendant plus d'un si6cle, ont maintenu au premier rang en Europe la botanique francaise, et qui ont eleve d'abord, aflfermi ensuitc I'imperissable monument dela methode naturelle. L'her- bicr forme par Bernard, Antoine Laurent et Adrien de Jussien, dans lequel lis avaient trouve les elements de leurs immortels 538 COSMOS. travaux, dtait des lors pour notre pays iin de ces tresors dont les nations soiit justement fieros, et qu'elles conservent conime de v^ritables litres de gloire. G'est ce qu'avait tres-bien senti I'admi- nistration du Jardin-des-Plantes ; aussi avait-elle demande que le gouvernement vouliU bien faire I'acquisition de ces precieuses collections. Gette demande est devenue superflue, grace i la ge- nereuse determination qui a ete prise par la famille de Jussieu, et que fait connaitre une lettre ecrite par MM. A. Raymond et H. Fi- zeau, les deux gendres d'Adrien de Jussieu, h I'administralion du Jardin-des-Plantes, en date du 25 mars 1857 : (( Vous avez bien voulu exprimer le desir que les herbiers de Jussieu fussent achetes parl'fitat pour etre conserves au Museum. (( Notre famille a pense, comme nous, qu'il serait plus hono- rable encore pour elle que le Jardin-des-Plantes recut ces herbiers h titre de don. Nous vous prions de vouloir bien les accepter. lis se composent : (( 1° De I'herbier de Bernard et d'Antoine Laurent de Jussieu; 2° De I'herbier de notre beau-pere, M. Adrien de Jussieu, a la seule exception de I'herbier de France, qui n'aurait que pen d'in- teret scientifique ; 3" de divers anciens herbiers. « Nous aurons aussi I'honneur de vous remettre des que nous les aurons nous-memes reunis, les manuscrits imprimes et ine- dits des Jussieu, ainsi que des catalogues du Jardin-des-Plantes et des papiers relatifs a I'histoire de cet etablissement. a Nous osons esperer, Messieurs, que I'administration du Mu- seum voudra bien atlecter un local special a I'herbier de Bernard et d'Antoine Laurent de Jussieu etfaireconserver^ part les manus- crits de la famille; si I'herbier d'Adrien de Jussieu devait etre re- parli dans I'herbier general du Museum, nous atlacherions beau- coup de prix a ce que chaque echantillon recClt une etiquette indi- quanl son origine. « Agreez, etc. » — L'empereur d'Autriche vient de decider le maintien de I'Aca- demie des sciences de Hongrie qui siege t\ Pesth. Cetle Academic se compose d'un president, d'un vice-president, d'un conseil d'ad- ministralion de vingt-quatre membres, de quarante-deux membres ordinaires , de membres correspondants et d'un secretaire. Elle embrasse toutes les sciences, la theologie exceptee, et estdivisee en six classes : philologie et belles-lettres , philosophic , droit, histoire, sciences matliematiques, sciences naturelles. — Pendant que M. Thiers repetait h Toulon avec le plus grand I COSMOS. 539 succes sesessaisd'eclairage^ la luiniere dlectrique dans leport, la rade, I'arsenal, etc. , son coUaborateur si intelligent, M. Lacassagne, Thomme de science delem^ association, succombait a Lyon, tres- jeune encore, cila maladie de poitrine qui le minait depuis long- temps, — M. Montigny, habile ouvrier beige, a invente et fait fondre avec succes un nouveau canon se chargeant par la culasse, ou- verte, soit verlicalenient soit lateralemcnt, et auquel il attribue les avantages suivants : un seul homme pent au besoin le char- ger et le tirer beaucoup plus vile qu'on ne tire un canon ordinaire ; laportee est plus forte et plus juste ; il y a economic de moitie dans la charge depoudre ; I'inflammationest plus prompte, le nettoyage ne devient necessaire qu'apr^s qu'on a tire cent coups. — La chambre de commerce de Bone -vient d'instituer pour la campagne de 1857, trois primes d' encouragement en faveur de la culture du sorgho a sucre et du lin dans son arrondissement. Une premiere prime de 500 fr. seradecernee a la plus belle plantation de sorgho, d'une superficie d'au moins deux hectares. L'ne se- conde prime de 300 fr. est reservce k la plantation de lin la plus importante, qui devra etre d'une etenduc d'au moins trente ares. Une troisieme prime enfln de 200 fr. sera accordee a la plantation Tenant apres, mais ayant au moins Yingt ares. — Avantde quitter Berlin, S. A. L le prince Napoleon a remis, aunom del'Empereur, la decoration de grand oflicier dela Legion d'honneur a M. le baron de Humboldt. Ce nouvelhommage rendu au savant illustre et venerable, dont les immenses travau.x; sont connusetapprecies aussi bien en France qu'en Allemagne, a ete accueilli a Berlin avec la plus vive satisfaction. — Dans ces derniers jours on transportait en grand nombre sur le chemin de fer d'Orleans, de vastes paniers ronds dont le con- tenu a d'abord assez naturcllement intrigue les employes. Ces pa- niers etaient remplis de montee d'anguilles, ou de milliers de pe- tites anguilles entassees dans de I'herbe mouillee; prises dans la Loire aupres de Paimboeuf, elles sont dirigees vers le doraaine de la Motte-Beuvron, d'ou elles seront reparties dans les rivieres de la Sologne. — La Socicte royale de Londres a tenu le 7 mai dernier sa pre- miere seance dans la grandesalle de Burlington house. Lord Wrot- tesley, president, occupaitle fauteuil, et, dans une courte allocu- tion, apres avoir felicite la Societe de sa mise en possession d'un local digne d'elle, il a exprime I'espoir de voir la prosperite dont 540 COSMOS. elle a joni prndantlo temps dc la longuehospilalitequ'elle a reme dans Soiiinievsfl-Ilouso, continuer et graiulir au palais de Bur- lington. L' Atltemetim ^imoncc que lord Wroltesley tiendra sa pre- miere soiree scientiiique annuelle le 13 juin, deux jours apres les nouvelles elections qui auront lieu dans la seance du 11 juin. Fails dcs sciences. II arrive souvent que de deux navires , parlant en meuie temps de I'Angleterre, et suivant des routes separees seulement de qnelques kilometres, i'un est assaillipar devioleutes tempetes ou par ie mauvais temps, tandis que I'aulre ne rencontre que des briscs fraichesetun temps toujours serein. Ainsi, auconnnencement de celte aimee, VArago, parti duHftvre, a fait la plus lieureuse traversee, landis que bcaucoup de bati- menls qui francbissaient enmeme temps I'Ocean, ont ele violem- ment battus par les vents et les flots. II est done tr6s-important que les navigaleurs, STaide d'oj)servations incessanles de jour et nuit, arrivent a noter exactement les vents predominants sur les parages qu'ils parcourent. — M. Hitcbock a trouve I'annec dernicre, dans la vallee du Connecticut, des empreintes de pas d'un animal, dont les formes ont da elre tres-remarquables , et auquel il donne par anticipa- tion le nom do Gigandipus candatus, bipedc geant c'l queue. — Chaque kilogramme de cochenille reni'ermel/iO UOO insectes, el Ton imporle annuellement en Europe de 300 a 350 000 mille Icilogrammes de cette matiere colorante. Quelle enorme destruc- tion d'insectes entraine done la teinture des soies et des etoffes de luxe ! — On attriime quelquefois la pbospborescence des insectes & la combustion lente du pbospbore faisant partie de leur organisme; M. Tbornton Herapatb,cbiraiste anglais tres-distingue, croit cette opinion erronee, parce que les analyses les plus rielicates ne lui ont fail decouvrir aucune trace de phosphore dans le corps des insectes; il croit au contraire que la lumicre qu'ils emettent, est due a un compose de carbone et d'bydrogene secrete par une glande parliculiere. — Les journaux americains affirment qu'on a trouve dans les mines des regions du lac superieur en Canada, une masse d'argent natif pur, pcsant 33 kilogrammes. — On voit a I'epoqae du frai d'innombrables quantites de COSMOS. 541 petits verons lisses, phoxinus Icevis, apparaitre sur les frayeres, &ur celles surtout du meunieret du barbeau. M. Chamoin fils semble avoir remarque le premier que les verons font leur pSture des ooufs de ces frayeres, II a trouve dans le corps de tons ces pe- tits parasites des oenfs qu'ils avaicnt devores. \o\\h conmient, malgre I'etonnante fe'condite des poissons, nos rivieres et nos fleuves ne sent pas plus poissonneux. L'essentiel en pisciculiure corame en agricullure, pour assurer une abondanterecolte, est de garantir la semence des atleintes etrangeres, — On avait remarque en Russie que des ravages considerables ^talent causes dans les magasins de ble par un certain coleoptere, sitophihis granarius. En etudiant les moeurs de cet insecte, II. Menetrier a vu qu'il ne se multipliail qu'au bout de plusieurs annees, et principalement dans les balayures des greniers; de sorte que le moyen le plus efflcace de s'opposer a sa multiplica- tion, est une tres-grande proprete ; ilfaut balayer souventet laver meme les planches avec de la lessivc de cendres. — Les Annales du commerce exterieur signalaient recemment dans la province de Pegu, et en tres-graade abondancc , la pre- sence d'une huile appelee liuile de tcrre, et qui n'est certainenient qu'une espece d'huile de naphte minerale, trouvee deja dans heaucoup d'autres contrees. DanslePegu, I'huile de naphte forme qnelqueCois des ruisseaux ; le plus souvent on I'extrait de puits creuses sur le parcours de certaines rivieres, et qui ont jusqu'ci 60 metres de profondeur. Dans les jours chauds, elle est !iquid'e ethmpide ; dans les jours froids, elle est epaisse et d'une couleur foDcee, s'evaporant facilement sous ractio» de la chateur. Elle peut etre employee a faire de la bougie et du savon, ou comme liuile a biiller dans les lampes; sur le marche do Londres, elle a deja ete vendue 1 000 francs la tonne qui ne coiltait au Pegu que 300 francs. — M. Jules Lefort a constate que les truffes blanches ou noires contiennent : eau, principe odorant, albumine vegelale, mannite, matieregrasse fixe , principe colorant brun, cellulose, acide ci- trique, acide malique, chlore, potasse, sonde, cliaux, magnesie, oxyde de fer, silice, acide sulfuriqae, acide phosphorique. La quantite d'eau dans une trufTe tres-mure et tres-saine, est de 70 pour 100. Le principe odorant possede une tres-grande dilTiisibi- lite. La mannileesten combinaison avecle bimalate dechaux. La decoction de truffc traitee par la chaleur et la levure de biere ne subitpas la fermentation alcoolique, comme la decoction decham- 5i2 COSMOS. pignon de couche. On ne trouve pas dans la truffe I'acide fuma- rique. La raatiere grasse est de consistance butyreuse, jaunatre, cristallisable en mamelons tres-petits; i 35 degres, elle coule k la manicrc d'une huile cpaisse; elle n'est pas saponiflable paries alcalis. Ce sont les spores qui, en raison de leur grand nombre, communiquent a la truffe mure la teinte brune qu'on lui con- nalt; la matiere colorante est un principe particulier qui ne se iomporte pas comme un melange d'ulmine et d'acide ulmique. A part le sucre fermentescible et I'acide fumarique, la truffe comes- tible possede les memes principes constituants que le champignon. Fails de Tagriculture. — L'ecorce du chene est le produit le plus prdcieux du sol fo- restier; aucune autre matiere n'a une valeur egale sous le meme poids et Ic rneme volume ; aucune autre, k somme egale, represen- tation de la vente, ne donne d'aussi beaux salaires. On estime en effet que la somme des salaires correspondants i I'exploitation en ecorce de chene d'un hectare de taillis de 20 a 30 ans est de 5i francs. Si, des 8 millions d'hectares de forets de la France, la moitie seulement etait amenagee et exploitee au point de vue de recorce, la coupe annuelle serait de 160 000 hectares environ, et les salaires, payes k raison de 54 francs par hectare, s'eleveraient a 8 millions de francs; en supposant que toutes les ecorces trou- vassent acheteurs et emploi. Chaque hectare donne generalement 80 bottes d'ecorce d'une valeur moyenne de 1 franc 50 centimes par botte, ou 15i francs par hectare; en retranchant les salaires ou prix de main-d'oeuvre de 54 francs, il resterait 50 francs de produit net en ecorce par hectare, ou 8 miUions pour les 160 000 hectares d'exploitation annuelle. Mais malheureusement on n'utilise actucllement que le quart des ecorces, les trois autres quarts sont brules avec les bilches ou les copeaux auxquels elles restent adhcrentes. II en resulte pour le sol forestier une perte nette de 6 millions. Si, d'une part, les esperances que donnent en ce moment certains procedes de tannage accelere venaient a se realiser, et qu'une reduction considerable dans le prix des cuirs en augmentat la consommation dans une proportion conside- rable; si, d'autre part, la nouvelle Industrie de teinture ou pein- ture k la gelatine tannee que M. Kuhlman a soumise nagu6re au jugement de 1' Academic des sciences prenait un grand essor, on senlirait immediatement la necessite de mieuxutiliser les ecorces COSMOS. 543 de ch6ne, et les pertes enormes dont il vient d'etre question n'existeraient plus. — On avait presente a rAcademie une variete de froment qu'on disait provenir de cinq grains de ble retires d'une momie egyp- tienne, et remis en 1849 a M. Drouillard, habile agronome du Pd- rigord, Ces cinq grains, seines dans cinq pots h fleur, donn^rent cliacun une belle touffe de froment et une recolte de 1 200 grains pour 1. Cultive sur divers points de la Bretagne, ce ble aurait donne 61 pour 1; tandis que, dans les memes conditions, le bid ordinaire ne donne que 15 pour 1 ; aussi, le ble Drouillard serait-il tres-recherche. M. Vilmorin ne croit pas beaucoup aux prodiges de ce ble-momie ; il nie meme son existence, en ce sens que ce pretendu ble egyptien serait tout siniplement une variete prove- nant du nord de I'Europe; il nie sa bonte, car il est tout i fait de qualite mediocre, M. Payen, de son cote, revoque en doute la pretendue vitalite des graines apres un temps aussi considerable; et en effet, depuis plus de quinze ans, une Commission nommee par I'Association britannique pour I'avancement des sciences a souvent seme des grains de ble fournis par I'administration du British-museum, comme provenant de momies, sans avoir jamais TU ces grains germer, — II existe en Chine de petits insectcs du genre Coccus, appeles la-tchong, et que Ton eleve sur certains arbres, le rhus succeda- neum, le ligustrum glabrum, etc., pour leurfaire produire une cire blanche, laquelle, mele'e a Thuile dans certaines proportions, four- Dit des bougies bien superieures a celles de cire d'abeilles. Les ceufs des insectes a cire sont gros comme des lentes, on les fait eclore vers la fin de mai, et, des les premiers jours de juin, les insectes, blancs d'abord, rouges ou noirs plus tard, grimpent sur les arbres, se nourrissent de leur sue, en laissent echapper une liqueur qui s'attache aux branches et se convertit au contact de I'air en une sorte de graisse ou cire blanche que Ton enleve en raclant. Vers la fin de la saison, les insectes se rapprochent et se groupent en pa- quets gros comme des ceufs de poules; il faut les deposer une premiere fois sur les arbres, mais ils s'y maintiennent et s'y re- produisent d'eux-memes. Ne pourrait-t-on pas les acclimater en Algerie sur certains arbres h seve tres-sucree ? On entrerait ainsi dans les Yues de la Societe d'acclimatation, qui a fonde un prix pour la domestication en Europe ou en Algerie, d'un insecte pro- ducteur de cire autre que I'abeille. Le produit annuel en Chine de celte race animale est de plus de 2 millions de francs. PIIOTOGRAPniE. Pcrrectioiineuienl des objcctifs ponr ia photo^rapliie. (Lecture faite par M. Porho a la Society franraise do Photographi'e. (Suite. — Voyez p. 486, 512 a 514.) DISCUSSION DE L'OBJECTIF SIMPLE POUR LA LUMlfeRE HOMOGi-NE. III. Deformalions. — (Fin.) <( La dispersion chromatiqne, dont nons sommes Conveim de ne pas nous occnperdauscette note, n'est pas proprement une aber- faiion; elle ne consiste pas non plus dans ralleration dela figure du front de I'onde; c'est une decomposition do Tondc incidente, en apparence unique, en un nomljre inOni d'ondes elementaires composantes, qui, en vertu de Icurs diflerentcs vitesses d'ondula- tions, quoique aiTivees de conserve jusqu'i la premiere surface du milieu dirimant, eprouvent, au moment d'y penetrer, des resis- tances dilTerentes, d'ou naissent des directions et des courbures differentes des fronts d'onde respectifs, et la sensation bien connue des couleurs, dontle caractere physique n'est autre chose que la longueur d'onde ou la duree de vibration. Nous verrons dans une autre note, quand nous traiterons des objectifs achromatiques, que, destines a obvier k la separation des couleurs, ils ne remplisscnt pas cette condition avec une ri- gueur mathematique ; \h encore il faudra de toute necessite ad- mettre une tolerance & laquelle s'applique la denomination d'a- berralion chromatique, qui correspond au spectre secondaire et non au spectre primitif. IV. Reflections theoriques sur I'ohjectif simple dans I'hypothese de la lumiere monochromatiqiie. Soit 0 le lieu de I'objectif et du diaphragme-module que nous supposerons confonduici avec I'ouverture de I'objectif- COSMOS. 5hS M' M M" des objets distribu^s sur une surface courbe quelconque donnee; m', m, m", Ja surface focale correspondante, M Om I'axe optique du systeme. Si I'objectif est compost d'ane lentille unique tres-mince et d'un diametre relativement tres-petit, ii est toujours possible de determiner mathematiquementla forme de la surface focale surla- quelle viennent se peindre nettement les images d'apres la forme donnee de la surface occupee paries objets : le probleme est par- faitement determine, on ne pent introduire aucane condition nomelle. II n'y a done ici rien a etudier de nouveau pour I'opticien; et quant au photographc, il n'aura qu'a determiner experimentale- mentlalimitedu diamfitrc de I'objectif et del'amplitude du champ, qui, en raison de I'aberrationetdela deformation des objets, cor- respond a une limite de nettete et de proportionnalite (1) admis- sible; mais (juant a la figure de la surface focale, force lui sera de I'accepter comme elle est, il n'aura d'autre res^:ource que de don- ner k la plaque la meme courbure, afm de dlminuer I'inconve- nient du manque de nettete vers les bords. Force d'accepter des deformations dans les images, le photographe est seul competent pour fixer la limite qu'ii ne faut pas depasser. Mais du moment qu'on prend en consideration I'epaisseur du verre et la position du diaphragme-module , on dispose de deux variables de plus, le probleme devient indetermind; on pent in- troduire de nouvelles conditions , celle par exemple de rendre la surface focale sensiblement plane, quand la surface qui contient les objets est elle-meme plane ; ou bien quand les distances, quoi- que tres-differentes pour les dilTerents objets qui composent le tableau, sont neanmoinstoutes tr6s-grandespar rapport a la lon- gueur focale de I'objectif. Cette condition est toujours possible dans des limites pratiques atteignables, mais elle exige parfois une epaisseur de verre considerable. Nous ne rapporterons pas ici (2) les formules, connues du reste detous les opticiens, au moyen desquelles on pent calculer les rayons de courbure et I'epaisseur du verre simple , ainsi que la position du diaphragme, qui dans des limites donnees de distance, (l)Ce mot est employe ici dans le sens exrhisivemenl oppose a celiiide deformation. (2) Nous restiraerons en foimules, dans iiii Memoire general el coniplel, les re- sultats de la discussion sur les objeclifs phologi'aphi(|ues. 5^6 COSMOS. de champ et de lumiere , satisfait avec une tolerance de nettetfi donnee h la condition de planitiule de la surface focale; 11 nous sufilra d'avoir etabli par Ics considerations qui precedent que ce verre est possible en pratique : Tamplilude du champ et la mesure de la lumiere qui dependent essentiellenient du diametre du dia- phragnie-module , seront d'aulant plus grands que la tolerance admisc sur I'aberration et sur la deformation sera plus grande. Pourun point lumineux situesur I'axe optique, I'aberration se fait sentir sur le front de I'onde d'une mani6re symetrique en tout sens; son elTet se traduit par une aureole qui entoure I'image de ce point. L'etendue de cctte aureole est proportionnelle au carre du diametre du diaphragme-module. Pourun point situe hors de I'axe, I'effet cesse d'etre syme- trique ; il est a son maximum dans la direction du plan qui passe par I'axe et par le point considere. Si on avait une suite d'objets disposes sur une meme ligne hori- zontale, et si le tableau avait tres-peu d'etendue dans le sens ver- tical, on pourrait faire usage d'un diaphragme elliptique, dontle grand axe serait vertical ; quand, au contraire, les dimensions du tableau sont peu diflerentes dans les deux sens, on obtient le meme cffet en disposant deux diaphragmes, un en avant, I'autre en arriere du verre; il n'y a plus alors de diaphrame-module proprement dit, ce sont les bords alterncs de ces deux diaphragmes qui limitent la quantite de lumiSre efficace admise dans chaque direction , quantity qui varie avec I'obliquite, en sorte que le centre du tableau se trouve necessairement beaucoup plus eclaire que les bords. Si on admet pour la surface focale la courbure spherique, et si le tableau se compose d'objets places a des distances quel- conques, mais toutes tres-grandes par rapport c^ la distance focale de I'objectif, I'analyse mathematique demontre que dans de tellcs conditions il est possible de construire un verre simple dont l'etendue de champ serait tres-grande dans les deux sens sans rien perdre de clarte vers les bords, etsans defor- mation aucune, avec le minimum d'aberration spherique : mal- heureusement, la figure de la surface focale spherique n'estguere admissible dans I'elat actuel de la photographic ; je n'en parleque comme une deduction interessante de la theorie qui prouve que M. Rognault avait parfaitement raison d'admettre comme simpli- fication du probleme, la possibilite de courberla plaque impres- sionnable. COSMOS. 547 On deduit des formules gendrales de I'optiquc appliqudes au problemequi nousoccupe les conclusions suivanles, aptes h gui- der I'opticien constructeur. 1" Avec une lentille simple tres-mince etle diaphragmc-module superpose a la lentille , la surface focale est, sensiblement, une portion de sphere dont le rayon de courbure est environ la moitie de la longueur focale de la lentille. Si les courbures du verre sont alors celles qui reduisent au minimum I'aberration , la deforma- tion sera a son maximum, et vice versa. 2° Si on eloigne progressivement le diaphragme du verre, en dehors de I'appareil, le rayon de courbure de la surface focale ira en diminuant, celle-ci deviendra a tres-pcu pres plane quand le diaphragme sera arrive h la distance du foyer anterieur. L'aberration devient alors pour le meme verre un maximum, et la deformation un minimum. 3" En general les courbures des deux surfaces du verre qui con- viennentpourrendre minima l'aberration dans un cas donne.'cor- respondent k une deformation maxima, et vice versa : il n'y a done pour un verre donne qu'un seul lieu du diaphragme qui concilie dans un temperament acceptable les deux conditions. ti" II y a une position intermediaire pour laquelle l'aberration et la deformation se maintiennent dans des limites acceptables, pourvu qu'on n'exige pas un champ trop etendu. 5° II y a une epaisseur de verre et une position du diaphragme qui, combinees , donnent une deformation mathematiquement nulle, une aberration tres-petite et un champ tres-grand; mais la surface focale est alors spherique , elle a son centre dans I'inte- rieur de I'epaisseur du verre qui est termine par deux cour- bures convexes. 6° Le verre menisque (a deux courbures contraires) n'est con- venable que pour le cas particulier pour lequel il a ete calcule ; l'aberration et la deformation qui en resultent augmentent trop rapidement avec I'obliquite ; cette forme , quand on ne veut faire usage que d'un seul verre, n'est pas d'un bon usage en pratique. 7° Avec deux verres simples, convenablement combines, onpeut arriver k diminuer considerablement la deformation et l'aberra- tion, et &oblenir une planitude satisfaisantepour la surface focale jusqu'a une trentaine de degres de champ , mais au dela de cette limite, ces defauts augmentent tres-rapidement. 8° Quand la lumiere incidente arrive en ondes tres-peu cour- bes, c'est-a-dire quand les objets sont considerablement eloignes, 5,^8 COSMOS. le systfeme optique pcut consister en un seal verre ; mais il faut necessairement deux Terres , lorsque la distance du tableau est reduile a cinq ou six fois la longueur focale du systfeme. Pour les copies de grandeur naturelle le systeme doit etre symetrique par rapport au diaphragmemodule. 9° Un syst6me optique a deux verres etant construit pour un cas donne de distance des objets, ne sera pas propre h une autre distance. On pent cependantfairevarier dans certaineslimites son aptitude en rendant variable la position du diaphragme-module en mfime temps que la distance des deux verres. 10" On ne pent rien statuer de positif sur les proportions du systeme, sur les courbures etles epaisseurs des verres, etc. , tant que I'expericnce n'aura pas fourni les constantes des formules et determine les limites des tolerances acceptables. C'est de ces experiences que devraient, suivant moi, s'occuper serieuseraent les pbotographes, afm de fournir aux opticiens ces elements indispensables. » AGADEMIE DES SCIENCES. p "; .Ol<,'''Ul Seance du 18 mai. La seance a ete tres-courte et remplie presque entierement par une election de membre correspondant dont nous rendons compte ailleurs. — M. Civiale rappelle dans quelles circonstances fut cred, en 1829, a la demande de MM. Arago et Thenard, le service special de calculeux et de malades des voies urinaires quilui a ete con£;e 5 I'hospice Necker. Ce service, dans la pensee des adminis- trateurs de I'assistance, ne devait etre que temporaire; il etait meme question de le supprimer avant la mort du titulaire actuel, M. Civiale, qui n'est pas chirurgien des hopitaux, par cette raison tres-acceptable que les operations de la lithotritie sont faites au- jourd'hui par presque tous les cliirurgiens d'hopitaux et dans tous les services, M. Civiale apprenait aujourd'hui avec bonbeur 6 I'Acade'mie, comment, par quelles demarches, par quels sacri- fices, il eiait enfm parvenu a assurer la stabiJite indefinie du ser- vice de la Cbarite, ou tous les chirurgiens speciaux, convenable- ment recommandes, seront admis ix pratiquer les nouvelles ope- rations ou les nouveaux modes de traitement dont quelques faits antecedents aurontindique i'efficacite. — On annonce la mort de M. Bureau de la Malle, un des mem- bres les plus anciens de I'Academie des inscriptions et belles- lettres, qui aimait h faire servir I'erudition aux progres des sciences, prenait souvent part activement aux seances de I'Acade- mie des sciences, et, loutrecemment encore, il y a quelques jours ci peine, lisait une nouvelle note sur les immigrations des peuplea. Le savant erudit est mort a un age assez avance, dans sa cbar- mante solitude de la rue de Larochefoucault, 25, ou il avait comme cree une famille de merles, qui, de pere en fils, clian- taient la Marseillaise, en perdant ou a pen pres leur chant na- turel. — M. de Quali'efages transmet une note de M. Angliviel sur la maladie des vers a soie, et les moyens de reconnaitre dans les cliambrees, avant la transformation en chrysalides, les vers qui donneront une mauvaise ponte ou des oeufs infeconds. Ce caractere diagnostique consiste, autantque nous avons pu entendre, l''dans des nausees dont les vers seraient atteints au moment oil ils filent leur cocon, et qui leur font vomir une partie de leur soie, 2° dana 550 COSMOS. une odeur infecte d'uneespece particuliSre. M. Angliviel annonce que la maladie des vers i sole est apparue des I'annee dernifere sur divers points de I'Orient, pres d'Andrinople, par exemple, et qu'il faut par consequent se mettre en garde d6s aujourd'hui centre la graine qui pourrait venir des regions infectees. M. de Quatrefages demande a ajouter quelques conseils aux educateurs. lis ne doivent pas se desesperer, car la maladie n'a encore ete que locale ; le centre de I'ltalie, dans un grand rayon autour de Bo- logne n'a pas ete alteint; il serait bon que ceux qui veulent s'as- surer une provision de bonne graine aillent eux-memes dans les lieux epargnes, faire executer sous leurs yeux I'accouplement et laponte; c'est peut-etre le seul moyen d'echapper aux graines steriles ou indignement melangees qu'une fraude deplorable laisse seules arriver sur les marches francais. Consignons a cette occa- sion, qu'un savant italien se dit convaincu par de longues etmi- nutieuses etudes que la maladie des vers h sole tient, non pas exclusivement & la graine elle-m6me, mais i la feuille qui sert a ralimentation des vers. En eiaminant avec un microscope Ten- vers des feuilles de murier dans les contrees infectees, il a trouve k la naissance du petiole, des ovaires de pelits insectes blancs ou jaunes qui dclosent et se repandent sur la feuille en y deposant des oeufs presque imperceptibles. Tout porte ci croire que ces oeufs, manges par les vers Srsoie, sont la cause de la torpeur, du manque d'appetit, del'empoisonnement veritable qu'ils eprouvent. Le moyen de prevenir les mauvais effets de I'alimentation par de semblables feuilles serait de leur faire subir des emanations sul- fureuses que les vers h sole ne redoutent pas. M. ThioUiere af- firme qu'on a fait usage dans plusieurs magnaneries des lignites ou bois fossiles, en couches stratifiees, qu'il a decouverts dans les curieuses mines d'Hauterive, sur une longueur de 5 ^ 6 kilo- metres, sur une largeur de pres d'un kilometre, et une ^paisseur de I'-SdO; I'odeur sulfureuse qu'emettent en brfilant ces lignites n'incommodait pas les vers, elle semblait au contraire augmenter leur santd. — M. Charles Tissier adresse une note relative k Taction com- paree de la chaux employee par lui et du carbonate de chaux propose par M. Henry Sainte-Claire Deville sur les dissolutions metalliques. L'equivalent peu elevd de la chaux , la facilite avec laquelle on pent obtenir cette base & I'etat de puretd et la retrouver lors- qu'elle a ete employee en exc6s , en font un des agents les plus COSMOS. 551 utiles dans les laboratoires, Apres avoir indiqu^ tous les oxydes que la chaux est susceptible de precipiter de leurs dissolutions dans les acides , M. Charles Tissier divise ainsi les oxydes, sui- vant qu'ils sont ou qu'ils ne sont pas precipites par le carbonate de chaux. A. Oxydes precipites a froid : Alumine , sesquioxyde de man- ganese , sesquioxyde de fer , peroxyde de nickel , sesquioxyde de cobalt, sesquioxyde de chrome, protoxyde d'etain, bioxyde d'elain, protoxydede cuivre (il est precipite ci I'etat de carbonate). Ces di- Terses precipitations se font d'une maniere assez complete pour que les liqueurs n'accusent plus rien avec le cyanoferrure jaune de potassium. B. Oxydes precipites seiilementpar I'ebullition de leurs dissolu- tions avec le carbonate de chaux : Protoxyde de nickel, protoxyde de cobalt, protoxyde de mercure. Le protoxyde de mercure est precipite a I'etat de sous-sel insoluble. C. Oxydes qui ne sont precipites ni a froid ni a chaud par le carbonate de chaux : Magnesie , protoxyde de manganese , pro- toxyde de fer, protoxyde de zinc, protoxyde de cadmium, pro- toxyde de plomb, protoxyde d'argent. II est evident que si I'on opere au contact de I'air, les sels de protoxyde de manganese et de protoxyde de fer seront precipites partiellement, par suite de leur transformation en sels de sesqui- oxyde, et ceux de zinc et de fer par suite de I'absorption de I'acide carbonique de I'air. Les resultats obtenus par M. Tissier peuvent se resumer ainsi: L La chaux precipite de leurs dissolutions dans les acides tous les oxydes metalliques k partir de la magnesie. n. Le carbonate de chaux precipite tous les oxydes de la for- mule R^ 0'. II precipite aussi les oxydes de la formule R 0 lorsque le sel dont ils font partie a une reaction acide, ou qu'il peut don- ner naissance a un sous-sel insoluble. Le procedesuivi par M. Ch. Tissier pour precipiter par la chaux les oxydes metalUques, consiste h traiter la solution par un petit exc6s de lait de chaux, jusqu'ci ce qu'elle ait une reaction alcaline, et a debarrasser ensuite I'oxyde precipite de la petite quantite de chaux qu'il peut renfermer, par une digestion suffisante avec une solution chaude et concentree de nitrate ou de chlorhydrale d'am- moniaque , comme I'a indique M. H. Deville dans son precede d'analyse par la voie moyenne. La marche k suivre est k tr6s-peu pr6s la m6me pour les oxydes 55a COSMOS. precipites au moyen du carbonate de chaux dont on doit neces- sairement employer un petit exces, que Ton enlcve ensuile au moyen d'uu sel ammoniacal. M. Charles Tissier termine son travail par quelques exemples de separations effectuees par son procede : separation du man- ganese et de I'alumine; du feret du manganese; de I'oxyde de chrome et de I'oxyde de manganese; du cobalt d'avec i'alumine et le fer; du cobalt et du nickel; de I'oxyde de zinc et de I'alu- mine ; du zinc et du fer; du zinc d'avec le nickel et le cobalt; du manganese d'avec le nickel et le cobalt; ducuivre d'avec le zinc, le cadmium, le nickel et le cobalt. — M. Ghevandier remercie I'Academie de I'avoir choisi pourun de scs merabres correspondants. — M. l^douard Robin demande a reprendre divers memoires de chimie, presentes successivementparlui, et qui n'ont ete Fob- jet d'aucun rapport. Ses nouvelles theories de chimie, ses obser- vations critiques, sijustes, sur I'affinite elective, affinite que tous les cbimistes eclaires rejettent de fait aujourd'hui, mais que M. fidouard Robin a combattuc le premier par des raisonnements invincibles et des faits inconteslables, meritaienL a bien des litres de fixer I'attention de I'Academie; mais M. E. Robin n'appartient malheureusement a aucun des laboratoires en renom, a aucune des coteries dominantes. — M. Beaucaire soumet k Texamen de I'Academie en general, deM. Elie de Beaumont en particulier, unengraisou guano phos- phatique de sa composition, dont il attend des merveilles. — M. Blondot, professeur de physique a La Rochelle, appelle I'attention sur les avantages considerables qu'on trouvcrait ^ en- lever I'hydrogene a I'eau pom' le faire servir a I'eclairage : mais, i moins qu'il n'ait invente qaelque moyen nouveau et plus eco- nomique d'eCfectuer cette exti-aetion : M. Blondot ne pent nulle- ment esperer de detroner le gaz extrait de la houille, malgr6 ses inconvenients bien constates. — M. Vicat, membre correspondant, et specialite celebre, demande linsertion aux comptes rendus d'une tres-longue lettre dans laquelle il croit de son devoir et de son honneur tie refutef quelques erreurs tres-graves, au point de vue du moins de la pra- tique, qui ont echappd i MM. Rivot et Chatonney dans leurs re- cherches sur les materiaux de construction & la mer ; M. Vicat, en les refutant, combat evidemment pro avis et focis. — M. Wertheim, physiciea bien comiu de nos lectem's, adresse I COSMOS. 553 unenote critique relative au prix des phenomSnes capiUaires pro- pose par I'Academie; nous n'avons pas pu savoir en quoi con- sistent ces rcniarques critiques pour lesquellesl'auteur desire pea de publicite. — M; Porro ecrit A M. le president de I'Academie la lettre suiyaiite : « 1° J'aii'honneur deTous soumettre, Monsieur, une courte note relative ciime neuvieme^ioUe queje crois avoir signaleele premier dans le petit quadrilatere de la nebuleuse d'Orion, Gette etoile a ete vae avec le grand refracteur de 52 centimetres que j'ai eu I'honneur de presenter h I'Academie dans la seance du S novcmbre dernier, quoique aloi*s encore a I'elat d'ebauche, 2° En presence aujourd'bui d'un placement ti-es-probabie k I'e- tranger, j'ai mis la main depuis plusieurs jours au finissage de ce grand instrument, et je m'empresserai de preveuii' I'Academie de I'epoque ou il pourra etre visile par la Commission que vous m'a- vez fait I'honneur de nommer, quoique jene I'eussepasdemande. Je demanderai au contraire aujourd'luu a I'Academie la per- mission d'exprimer mon vif regret de ce que M. le senateur Le Verrier, primilivement nomme, ait cesse de faire parlie de la Com- mission , et d'adresser des a present k MM. les )neml)res qui la composent, la prlere de vouloir bien, lors de leur visite sur les lieux, inviter M. le directeur de I'Observatoire imperial a s'ad- joindre a la Commission.)) M. Le Verrier, nous le savons, avail pris les devants, il avail sol- licile I'examen de la lunette de M. Porro; il s'adjoindra donccer- tainement a la Commission de I'Academie avec le desir bien sin- cere et bien ardent, dans I'interet de la science, dans I'interetde notre Observatoire national qu'il vient replacer au premier rang, de trouver bon et tres-bonl'objectif geant de 52 centimetres; cet objectif serait pour lui une acquisition infmiment precieuse et le dispenserait de faire proceder h la taille des verres anglais. Nous donnerons une auti'e fois la note sur I'etoile decouverte par M. Porro, dans le trapeze de la nebuleuse d'Orion, elle ne peut guere etre comprise qu'avec I'adjonction d'une flg-«re. — M. Despretz lit la note suivante sur cette question : Y a-t-il uzi avantage quelconque h introduire , pour les decompositions cbimiques , un appareil d'induction k un fil dans le circuit d'une pile voltaique ? « On sail que dans une pile ti un ou ti deux liquides danslaquelle le zinc amalgame n'est que peu ou point attaqu^ par I'acide sulfurique etendu, tant que le courant n'est pas etabli, 55ft COSMOS. la perte de zinc en poids correspond h I'oxygSne de I'eau decom- posee dans le voltamelre ; ce resultat, mis hors de toute contesta- tion , m6me pour la pile h acide nitrique de Grove ou de Bunsen, mon'tre que la pile est la plus parfaite des machines , lorsqu'on mesure la force de cet instrument par une decomposition chi- mique ; car, dans ce cas, le travail utile est egal au travail moteur, aunce'ntieme ou quelquefois k deux centiemes pres; en supposant, commenous leferonstoujours, que la pile est entierement isolee et que le zinc amalgame n'est pas attaqud par I'acide sulfurique etendu {Comptes rendus , t XXXIII, p. 185, et t. XXXVIII, p. 897).)) <(Une experience de M. Delarive nous a appris qu'une pile qui ne decompose I'eau que tres-faiblement, acquiert la propriete de la decomposer d'une maniere marquee , si Ton introduit dans le circuit un appareil d'induction. M. Delarive a donne le nom de condensateur voltaique t I'appareil d'induction a un 111 qu'il a em- ploye pour ses experiences , et a meme pense qu'on pourrait uti- liser cet appareil dans I'industrie {Arch, de I'electricite, t. III). « On a pretendu recemment que dans une disposition analogue ^ celle de I'experience dcM. Delarive, il y a economie ou diminution reelle dans la quantite de zinc consommee : nous sommes con- vaincu depuis longtemps , par nos propres recherches , qu'une pareille opinion ne pent etre fondee sur des experiences exactes. Dans tons les cas, I'experience de M. Delarive soulevait cette ques- tion importante au point de vue theorique et pratique : avec I'ap- pareil d'induction , introduit dans le circuit d'une pile h deux li- quides de Daniel , de Grove ou de Bunsen , le poids du zinc dis- sous est-il egal, inferieur ou superieur a ce qu'il serait, pour la decomposition de la meme quantite d'eau, sans appareil d'in- duction ? « La seule maniere de resoudre cette question, comme beaucoup d'autres questions relatives a la pile, est de peser le zinc amal- game avant et apres I'experience, et de comparer la perle du md- tal au poids de I'oxygene et de I'hydrogene de I'eau decomposee dans le voltametre ; c'est la methode que nous avons suivie. » Nous avons , pour faire la comparaison dont il vient d'etre question, dispose liuit elements de Bunsen en deux series de qualre ele- ments unis en quantite : cette disposition dquivaut k deux ele- ments unis en tension et de dimension quadruple; les elements simples 6taient entierement pareils i ceux dont nous nous som- COSMOS. 555 mes servi dans les diverses recherches que nous avons faites de- puis 1849 sur I'electricite galvanique. « Nous avons mis dans le circuit un petit appareil d'induclion k un seul fil, construit par M. Ruhmkorff. Nous avons attendu qu'il y eut dans le voltametre un demi-litre de gaz degages, oxygene et hydrogene; la perte de zinc, en poids, a ete de ls,578. Ce nombre est la moyenne de cinq experiences , peu dififerentes entre elles; la duree moyenne de I'experience a ete d'une heure ct deux mi- nutes. Ce poids de ls,578 de zinc correspond a une quantite d'eau, representee par un volume egal A 0''',8131 d'oxygene et d'hydro- g6ne, sees a zero, a la pression de 76 centimetres ; I'experience n'a donne que 0',500 de gaz oxygene et hydrogene, humides au de- gre marque par un melange de neuf volumes d'eau et d'un volume d'acide sulfurique concentre, a la temperature 15",97 et a la pres- sion 0'",7435, corrigee de la temperature; le volume 0',500 , ra- mene a zero, a I'etat sec et b. la pression 0"',76, se reduit a 0',4531. Ainsi I'appareil d'induclion occasionne une perte deO',813 inoins 0',453 ou 0',36, egale a quatre neuviemes du travail interieur, k quatre cinquiemes du travail exterieur reel ou effectif obtenu; en d'autres termes, pres de la moitie du zinc n'est pas representee par I'eau decomposee dans le voltamelre. Si Ton ne prenait en consideration que le temps, et si Ton considerait le zinc et les acides usos dans la pile comme des mati6res negligeables, il y au- rait avantage dans I'emploi de I'appareil d'induclion ; car la meme pile , montee de la meme maniere , avec le meme circuit , mais sans le jeu de I'appareil d'induction, ne produit un demi-litre de gaz humides que dans un temps double. «I1 est neanmoins peu probable que I'appareil d'induction qui recoit chaque jour de nouvelles et importanles applications, soit choisi par I'industrie pour acliver les piles dans les de- compositions chimiques. « Pouvait-on prevoir a priori la grande perte de zinc que nous avons constatee? Nous le pensons : on ne doit pas loulefois attri- buer cette perte au renversement du courant; le sens du courant reste le meme pendant toute I'experience. Si Ton couvre chaque fil du voltametre d'un tube gradue, le volume de I'un des gaz est double du volume de I'aulre; le premier est de I'hydrogeiie, le second de I'oxygene; si Ton fait passer le courant a travers une dissolution desulfate decuivre, I'un des electrodes se couvre d'une couche de cuivre rouge , I'autre reste nu avec la couleur du platine. C'est sans aucun doule k la derivation d'une parlie du 556 COSMOS. courant par le conducteur du marteau , qu'on doit atlribuer la perte. « Quand I'experience commence , le courant sc divise en deux parties tres-inegales , Tune passe par le conducteur du mar- teau, et I'autre traverse le voltamelre. Gette dernieie parlie est tres-faibJe comparativement a ]a premiere, et tellement faible qu'elle est k peu pres incapable de decomposer I'eau ; il suffit, pour s'en assurer, d'enlever le cylindre en fer de la bobine, etde faire marcber Texperience comme on la fait marcher quand le cylindre est dans la bobine; on n'apercoit pas de bulles degaz dans le voltamelre ; la presque totalite du courant passe par le conduc- teur du marteau , resultat qu'on concoit bien, par cette conside- ration que la resistance du conducteur du marteau, forme de deux lames de cuivre de quelques centimetres de longueur, est extreme- ment petite par rapport a la resistance du voltauietre. Si I'on en- leve le marteau, le courant passe en entier dans le voltametre, et la decomposition a lieu , seulement le courant qui traverse alors la pile a moins d'intensite que lorsquc le conducteur du marteau est ferme.)) Nous bornons li cette note, nous avons voulu seulement deci- der la question relative au zinc consomme, nous reviendrons sur I'experience dans une autre circonstance. Nous felicitous M. Des- pretz d'avoir fait a son tour une application simple etbeureuse du principe fondamental de la conservation de la force, principe trop longtemps meconnu, mais pris enlin en consideration par presque tons les physiciens, depuisque MM. Grove etSeguin enontsibien developpe les consequences. Que fait-on, eneflet, en introduisant dans le circuit de la pile un appareil d'induction ? On ne fait inter- Tenir aucune force vive nouvelle ; on prend au contraire a la force Tive premiere, ce qui estnecessaire, au fonctionnementouaujeu du marteau, veritable travail mecanique qui doit diminuerd'au- tant le travail elfectif primitivement obtenu. II arrive seulement que la perte de travail mesuree par un poids de zinc est compen- see en partie par k rapidite de la decomposition due ci la modifi- cation que I'induction fait subir au courant eleclrique ; et ce fait pent recevojr des applications utiles. VARIETES. Jlcnioircs de chimie Par le docteur C.-J. Koene, professeur de chimie et de toxicologie a I'UniveTsiM de Bruxelles. Jdrkce a cette publication, que nous avons attendue avec impa- tience, vm nombre considerable de travaux chimiques de la plus haute importance voient le jour, quasi pour la premiere fois; car, dans rorif};ine, ces Memoires ont paru un k un dans difife- rentes feuilles pe>iodiques : les Poggendorffs annalen, le Bidletin de TAcademie beige, etc., etc. Quoi qu'il en soit, nous les regar- dons comme devant repandre de nouvelles lumieres sur divers points obscurs de la science, et nows regrettons que le peu d'es- pace dont nous pouvons disposer nous empecbe d'analyser le con- tenu de ce charmant petit volume aussi completement que nous voudrions le faire. Dans un Mcmoire sur la neutralitedessels, I'auteurtraited'une question fort importante sous le rapport de la determination des equivalents chimiques. Depuis la fondation de la chimie, jusqu'au commencement de ce siecle, on a considere comme neutre tout sel ne reagissant ni comme un acide ni comme une base. Les composes qui ne sont point doues de cette propriete ontete envi- sages comme acides ou basiques, suivant qu'ils rougissaient ou verdissaientles couleurs bleues vegctales. Mais, depuis qu'on salt par la loi des proportions multiples que certains sels, quoique neutres, ne se trouvent pas toujours au meme degre de combi- naison; et que, reciproquement, les sels qui sont au meme degre ne sont pas toujours neutres, on a envisage la neutralile comme une propriete relative dependants de la capacite de saturation et consequemmcnt independante du pouvoir neutralisanl. La neu- tralite apparente, telle -qu'elte se manifeste a nous par I'action des sels sur les couleurs vegetales ou par les combinaisons qu'ils peuvent contracter, n'est pas une propriete constante; et M. Kcene demontre bien que cette action sur les couleurs v^^etales, etc., depend tres-souvent de la temperature a laquelle on fait I'expe- rience, et d'autres causes encore. Et pourtant on a eu reoours a cette neutraJite apparente pour determiner le degre de combinaison, ce qui a donne souvent lieu abeaucoup de confusion. S'appuyant sur I'experience et I'analo- gie, I'auteur exclut de la classe des sels neutres les phosphates, 558 COSMOS. les phosphites, les arseniates el les ars^nites a deux equivalents de base, et etablit que ceux qui ne contiennent qu' un equivalent de base sont des sels neulres, conformement ix la convention. Mais cessels, k un equivalent de base, comme bien d'autres, nc jouis- sant pas de la propriete que le mot neutre indique, I'auteur pro- pose de les designer sous le nom d'cquisels. « Si nous voulons faire usage, dit-il, du mot neutre, servons-nous-en comme nos maitres s'en sont servis, et considerons la neutralite comme une propriete accessoire. Si, au contraire, nous voulons indiquer le degre de combinaison, disons : phosphate mono-sodique, phosphate bi-sodique, mono-carbonate potassique, sesqui-carbonate potas- sique, bi-carbonate potassique, etc., pour indiquer les composes : (NaO+2HO+P/tO^), (2NaO+HO+P/iO*), (KO,CO^), (2KO+3CO^-), (K0 + 2C0'), etc. » Et M. Koene dresse un tableau explicatif de cette nomenclature d'une simplicite remarquable, qui fait dispa- raltre, comme par enchantement, la confusion qui regne parmi les chimistes S I'egard des soi-disant sels neutres. Ce qui est sur- tout mis en evidence dans ce Memoire, c'est le danger auquel on s'expose si on confond la capacite de saturation de deux acides avec leur pouvoir neutralisant. Un autre Memoire, fort long et plein d'inter^t (et qui, peut-etre, n'a pas peu contribue I'l etablir la reputation de I'auteur), traite de la reaction de I'acide sulfureux sur le zinc et le fer, et met au jour non-seulement la vraie nature d'un groupe de sels, dont la constitution etait restee plus ou moins ignoree, mais encore la constitution detous les oxacides du soufre. D'apres ces belles re- cherches, I'acide, que les chimistes connaissent sous le nom d'a- cide hypo-sulfareux, en lui donnant pour formule SO ou SW, n'est autre chose qu'un acide correspondant a I'acide sulfurique : onle designera k I'avenir sous le nom d' acide oxy-sulfo-sulfurique, et sa formule (I'acide sulfurique etant SJ sera (SO'+S) = S' (1) ; c'est de I'acide sulfurique dont un equivalent d'oxygSne est rem- place par un equivalent d'un element semblable, le soufre; de raemeque, damV acideoxy-chloro-sulfurique (SO''+C0 = S , un equivalent d'oxygene se trouve remplace par un equivalent de chlore. Le fer et le zinc, places dans I'acide sulfureux, donnent nais- sance, par des reactions des plus curieuses, k des sels designds (1) Dam ces series de formtites, qui deviennent aujourd'lmi absoliiment neccs- saires, les points indiqiieul chaciin un equivalent d'oxri:er'e, la virgule ' un equiva- lent de son/re, et la i'//,-«/e nm-ersee ' lin eine ann^e. COSMOS. NOUYELLES DE L.\ SEMAINE. La France apprendra avec une douleur sincere et profonde qu'elle vient de perdre un de ses savants les plus illustres et les plus ingenieux, un de ses caracteres les plus nobles et les plus desinteresses, un de ses Chretiens les plus fervents et les plus pieux, un de ses apotres de la charite les plus infatigables et les plus ardents. M. le baron Louis-Augustin Cauchy, le premier mathematicien du monde, raembre de I'Academie des sciences et de toutes les Societes savantes de I'Europe, est mart le samedi 23 mai, vers quatre heures du matin, h sa campagne de Sceaux. II est mort Tictime d'une grippe ou affection catarrhale, maladie qui n'ins- pira d'abord aucune inquietude, mais qui, prenant tout a coup le caractere le plus alarmant, a eteint en quelqucs heures la Tie du noble malade, Dans la seance du h mai, M. Cauchy lisait un second Memoire sur I'emploi, en astronomie, des regulateurs coefficients, em- ploi qui constitue un artifice de calcul sur lequel il fondait les plus grandes esperances, et classait deja au rang de ses plus heu- reuses decouvertes. . Nous croyons qu'il assista encore a la se'ance du 11 mai, mais II souffrait deja de ce qu'il appelait un gros rhume; sa famille et ses amis voyaient avec peine qu'il paraissait tres-affaibli, que ses traits etaient grandement alter^s. II etait alle, le mardi 12 mai, commencer la saison d'ete dans sa delicieuse habitation de Sceaux. Ses forces ne renaissaient pas, il gardait habituellement la chambre ou le lit, mais rien ne faisait prevoir une fm pro- chaine. II combinait sans cesse les formes des nouveaux develop- pements en series qu'il devait h son birnheureux regulateur; il achevait la redaction du programme de sonens^ignementalaFa- culte des sciences, etc., etc. Le jeudi 21 mai, il recut la visite de Mgr le cardinal-archeveque de Paris et causa longtemps avec Son Eminence, qui etait venue donner la confirmation d Sceaux. Le vendredi matin, rien ne semblait encore change dans son etat, 81 562 COSMOS. mais I'apres-midi sa faiblesse et la decomposition de ses traits firent des progr^s vraiment effrayants, sans que rien annoncat encore les approches de la mort. II s'etait confessd le matin; en I'absence du cure de la paroisse, le R. P. Coue, superieur du col- lege de I'Assomption, k Vaugirard, qui dtait venu le voir et lui avait amene son petit-fils, lui proposa de lui apporter le saint Via- tique, et, pour qu'il pilt communier, de lui donner I'Extreme- Onction. II accepta, sans que lui ou sa famille crussent h un dan- ger prochain, sans que la pensee Yint a personne qu'on adrainis- trait un mourant. II recut les derniers sacrements avec une piete angelique, repondant lui-nieme en lalin et a haute voix ti toutes les prieres de I'l^lglise ; il benit ses enfants et pelits-enfants d'une benediction ordinaire et sans songer qu'il leur faisait ses derniers adieux. Toutes ces saintes ceremonies acheVees, il dormit encore du sommeil du juste, calme et recueilli; la nuit fut bonne. Vers trois heures du matin seulement, il se sentit excessivementfaible, ctl'on vit apparaiti'e sur son visage les signes avant-coureurs de la mort. A trois heures et demie, il leva les yeux au ciel, lit une courte et ardente priere, prononca les saints noms de Jesus et de Marie, et s'endormit dans le Seigneur, sans agonie, sans convul- sion aucune, et presque sans douleur. II avait vecu de la vie des justes, il mourait de la mort des predestines ! Ne en 1789, au mois d'aoilt, M. Cauchy n'avait pas commencd sa soixante-huitieme annee. Entre & I'ficole polytechnique en 1805, ci I'agedelGans, etsortidans les premiers rangs de sa pro- motion, il choisit la carriere des pouts et chaussees. Des 1811, il avait demontre le celfebre theoreme d'Euler sur les polyedres et I'un des theoremes les plus difficiles enonces par Format. En 1814, il remporta le grand prix de geometrie, relatif h la thcorie des ondes liquides; sa place se trouva des lors marquee au sein de I'Academie des sciences. II y entra I'annee suivante, compris dans la reorganisation realisee par la Restauration. C'etait en ap- parence par droit d'iniliative royale, mais c'etait en realitc par droit de conquete; car en le nommant, le gouvernement ne faisait que suivreles indications donnees par les juges les plus legitimes du merile eminent, Laplace, quiaimait M. Cauchy comme un fils, Lagrange, qui avait applaudi si chaleureusement i ses debuts, M. Biot, etc., clc. De 1815 h 1830, M. Cauchy exerca tour A tour les fonctions de professeur titulaire d'analyse et de mecanique h I'ficole polytech- nique, de professeur suppleant M. Biot dans le cours de physique COSMOS. 5^ mathematique au college de France, de professeur suppleant M. Poisson dans la chaire de mecanique analytique dela Faculte. II publia son Traite d'anahjse algebrique, ses Lcgons de calcul differentiel et integral, avec trois volumes d'applications ; ses Exercicesde77iathematiques en cinqyo\nmes; il ne se passa "-uSre de semaine qu'il ne presentat a I'Academie on ne fit parapher par les secretaires perpetuels un ou meme plusieurs Memoires surl'a- nalyse pure, la mecanique, la physique mathematique, etc., etc. En 1830, il s'exila volontairement et vecut deux ou trois annees dans une profonde retraite ; k Fribourg d'abord, ou il sembla avoir rompu avec ses etudes favorites, pour s'occuper presque unique- ment de litterature, de poesie et de bonnes oeuvres ; a Turin, plus tard, ou, a la demande du roi, il organisa des lecons de physique transcendante, et publia une suite k ses Exercices mathematiques. Vers 1833, Charles X I'appela k Prague, pour lui conller I'education scientiflque du due de Bordeaux, qu'il termina heureusement. li se separa de son auguste eieve en 1837 et revint en France, ou il put reprendre son fauteuil academique; il etait reste vacant, con- trairement aux reglements, mais defendu par I'admiration qu'ins- pirait le genie de son possesseur. Les chaires de I'ficole poly- technique, de la Facultd des sciences, du college de France, qu'il avait si glorieusement remplies, ne pouvaient plus eire siennes; appele au bureau des longitudes par le choix spontane des Arago, des Poisson, des Poinsot, il ne put pas y entrer parce qu'il refusait le serment, II repvit tranquillement ses habitudes de travail Incessant, de prieres assidues, et d'oeuvres de charite de tout genre. Ce fut de nouveau, a I'Academie, comme une pluie de Memoires, dont une partie seulement a cte publiee dans les quatre volumes des Nou- veaux exercices d'anahjse et de phijsique mathematiques. Leur nombre, de 1836 h 1857, a ele de pres de cinq cents, sans compter les rapports dont il fut charge et qu'il ne fit jamais attendre, au moins dans les dix dernieres annees de sa vie. II avait pris, sur la tombe de son venerable p6re, I'engagement sacre de neplus'se lais- serentralner par une fecondite aussi prodigieuse que funeste, en ce sens qu'elle ne lui permettait de rien achever; de reunir en corps de doctrine les membres epars de sa theorie generale des pheno- menes moleculaires ; mais, helas! la fecondite I'emporta! En 1853, le chef actuel de I'fitat le nomma k la chaire d'astro- nomie mathematique de la Faculte des sciences, et I'autorisa h commencer son cours, sans exiger de lui le serment, k la de- 564 COSMOS. mande que. lui en firent M. le marechal Vaillant, M. Le Verrier et M. Forloul. Le noin de M. Caucliy serattache auxplus grands tours deforce qu'ait jamais executes I'analyse transcendantemoderne. Sa deter- minalioii du norabre des racines reelles et imaginaires des equa- tions algebriques; sa Melhode rigoureuse de caicul par approxi- mation de ces raeraes racines ; sa Nouvelle theorie des fonctions symetriques des coefQcients des equations de degre quelconque; son evaluation a priori d'une quantitc plus petite que la plus pe- tite dilTeronce entre les racines d'une equation; sa Theorie niathe- malique de la lumiere et en particulier de la dispersion; son eva- luation d priori et sans aucune experience photomelrique prea- lable, sans autres donnees que deux angles, de la quantite de lu- miere reflechie a la surface des metaux, etc.; I'ont range au nombre des esprits vraiment createurs, et I'ont fait le chef glorieux d'une ecole nouvelle, bien superieure dans ses elans a I'ecole de La- place, son niaitre et le guide de ses premiers pas, a I'ecole de Poisson, son redoutable rival; d'une ecole qui a ete et qui sera pour la France la source d'une gloire aussi dclatante qu'incon- testee. M. Cauchy ne laisse pas de fils, mais seulement deux fiUes dignes de lui par leur esprit eleve, par leur coeur genereux, M""= la vicomtesse de I'Escalopier et M"'" la comtesse de Saint-Pol. 11 laisse de nombreux neveux qui portent son nom et dont quelques-uns marcheront, il faut I'esperer, sur ses glorieuses traces. Ses ob- seques, conduitespar ses deux nobles gendres, onteulieu&Sceaux le lundi 25 mai, a onze beures et demie. Les membres del'Acade- mie des sciences etaient accourus en grand nombre ; nous avons remarque M. Geoffroy Saint-Hilaire, president, M. Desprctz, vice- president, M. Elie de Beaumont, secretaire perpetuel, MM. Lame, Piobert, Combes, Mathieu,Laugier,Le Verrier, Delaunay, Daussy, Berlrand, Balard, de Senarmont, Tulasne, Valenciennes, Claude Bernard, baron Seguier, Bienayme, vice-amiral du Petit- Thouars, etc. Trois discours out etc prononces sur sa tombe, le premier, au nom de I'Academie, par M. Combes qui lisait la notice historique redigee par M. le baron Dupin, doyen de la section de mecanique i laquelle appartenait M. Cauchy; le second, par M. Di'Sprelz, au nomdela Faculte des sciences; le troisieme, par M. le maire de Sceaux, au nom de la commune qu'il administre. Ce dernier discours, recit simple et anime des ceuvres de piete si Vive et de charile si ardente du grand genie, a fait couler des COSMOS. 555 larmes dcs yeux de tous les assistants. M. Combes avait en outre ajoute, en son propre nom, quelques mots simples et bien sentis, par lesquels il rappelait la bienveillance de M. Cnuchy pour ses eleves, sa foi d'enfant raisonnable et sans calculs humains, ses con- Tictions profondes. Deux deputations, I'une de I'Ecote polylech- nique, I'aulre de I'l^cole normale, etaient venues rendre les derniers hommages a leur maitre venere. M. Louis-Auguslin Caucby a pu laisser parattre quelquefois un peude susceptlbilite; il a pu se montrer trop jaloux de ses droits de priorite; on a pu s'etonner de le voir prendre des precautions aujourd'liui insoliles pour s'assurer le merite de sesdecouvertes, mais comme le disait si bien M. Combes, ce n'etait ni vanite nl ambition, c'etait seulementemulalion toute juvenile et passion de la verite. 11 a pu aussi froisser par exces de zele quelques Ames at- teintes par le doute ou I'incredulite , on pent enfin lui reprocher de n'avoir pas rempli completement la mission que le Ciel lui avait donnee, parce qu'il n'a pas su se bonier; mais, et tout le monde leproclamait autour de nous, c'etait un puissant genie, une vaste intelligence, un noble cceur, un grand caractere, et il comptera parmi nos gloires les plus pures ; c'etait en outre un saint, un ange de pureteet de cliarite, et sa memoire sera eternellement benie. Nous fumes longtemps son eleveet son ami; nousavions consa- cre noire vie a Fexposition de ses decouvertes et de ses melhodes; sa mort fait peser sur nos epaules un redoutable fardeau ! Nous nous croirions grandemcnt coupable, si, le pouvant, nous ne poursuivions pas avec ardeur notre courageuse entreprise trop longtemps interrompue. Le pourrons-nous? Dieu le salt ! F. MOIGNO. Fails des sciences. Pour mieux mettre en evidence la structure des poumons, M. Mandl h eu recours aumode suivantde preparation. II injecte les bronches avec une solution concentree de gelatine blanche qui cliasse et absorbe Fair contenu dans le tissu pulmonaire. Le poumon coupe en petits morceaux et desseche, se durcit au bout de quelques jours; alors ^Taide d'un scalpel on enleve facilpment une lamelle tres-mince, qui placee dans une goutte d'eau se ra- mollit et se dilate rapidement : la gelatine etant tres-avide d'eau acquiert dansi'int^rieur des vesicules qu'elle remplit eutierement 566 COSMOS. les diam6tres qu'elle avail au moment de I'injection et quicorres- pondaient h la dilatation du poumon dans I'lnspiration. M. Mandl a Ires-bien mis en evidence de cette maniere : 1° les vesicules et utricules, espaces limiles par quatre ou cinq contours ; 2° les ca- vites tenninales des bronches, espaces polygonaux d'un volume beaucoup plus grand , dont le diametre varie d'une espece ani- male & I'autre et augmenle dans le passage de I'enfance ci I'etat adulte; 3° les soutiens des parois utriculaires, membranes parfai- tement transpareutes et ponrvues decorpuscuks; k° lesvaisseaux capillaires formant des mailles dont chacun renferme un des cor- puscules propres a la parol ulriculaire. — M. Festure, ingenieur civil, affirme avoir inventeunebombe nouvelle qui aurait sur les bombes actuelles les avantages sui- vanls : denuee de tout mouvement de rotation , elle aurait una portee beaucoup plus considerable; apres avoir penetre dans la terre, elle rebondirait a une hauteur de 3 & 5 metres, et menace- rait en eclatant un espace qualre fois plus grand que celui menace par la bombe actuelle; I'explosion aurait toujours lieu,parce que la meche ne pourrait jamais etre etouffee; sur mer, elle ecla- terait souvent a la surface de I'eau par la resistance opposee h la penetration. . Place a I'extremite occidentale d'une immense surface blanche situee k quelque distance d'Oran, et qu'on appelle le lac sale, parce que sa blancheur est en effet due k une precipitalion de sel; et faisant faceau soleil, M. ledocteurBonnafondavutres- nettement se produire des ondulations semblables ci celles que M. Phipson a signalees sur la plage d'Ostende; toute la porlion du lac, a partir d'un kilometre environ de I'observateur, ressem- blait a une petite mer agitee par une brise tres-fralche, et pour- tant il n'y avait pas d'eau. Un malin qu'il regardait la surface du lac, d'un point de la rive faisant face au soleil, une troupe de fla- mans echassiers fort communs dans cette province, se mit c'lla parcourir, et Ton fut tout surpris deles voir prendre des dimen- sions telles qu'on crut^l'apparilion de cavaliers arabes;lorsqu'un spahis detache en eclaireur, arriva au point ou les ondulations dues au mirage commencaient, les jambes de son cheval prirent insensiblement des dimensions enormes; cheval et cavalier sem- blaient etre supporles par un animal fantastique ayant plusieurs metres de hauteur et se jouant au milieu des flots qui semblaient les siibmerger. Lorsqu'on projeiaitsurlelacdepetits corps iegers, des teles de chardons, par exemple, susceptibles d'etre entrainees COSMOS. 567 par le vent, il etait curieux de les voir grossir a mesure qu'elles s'eloignaientet des que le vent leur avait fait atteindrele lieu des ondulations; elles aflfectaient la forme de pelites nacelles, et Ton aurait dit une flotille en desordre. Lorsque le simoun ou vent du desert soufflait, elevant la temperature de S/i degres centigrades h I'ombre, de 45 degres au soleil, tout les effets de mirage dispa- raissaient, sansdoute parcequ'ilne pouvait passe former & la sur- face du lac des couches d'air de temperature assez differentes. — On salt que le fer doux a texture flbreuse expose pendant un certain temps a des torsions, des socousses, des vibrations plus ou moins energiques, prend peu k peu une texture lamellaire, granulcuse et cristalline ; qu'ainsi modifie dans sa texture, le fer perd en grande partie sa densite et sa tenacite, et devient aigre ou cassant; mais on ne savait pas s'il restait apte h subir I'induc- tion magnetique, ou s'il pouvait encore s'aimanter et conserver son aimantation. A la demande de M. Schroetter, secretaire de I'Academie imperiale de Vienne, M. Millizer, inspecteur des tele- graphes d'Aulriche et de Styrie, vient de faire, dans cette direc- tion, des experiences qui ont eu pour resultat de demontrer que le for devenu lamellaire ou cristallisc, par les causes ci-dessus ^numerees, s'aimante aussi facilement par le passage d'un cou- rant electrique que le ferait le fer le plus doux. — Voici quels seraient, d'apres M. Pape, de I'Observatoire d'Al- tona, les elements de la quarante-troisieme petite planete decou- verte a Oxford, par M. Pogson, le 15 avril dernier : Passage au perihelie 1S57, avril 22,3 temps nioyen de Beilin Anomalie moyenne 309° 13' 23", 9 Longitude du perihelie 2';5 34 59, 1 Longitude du noeud ascendant 26't 18 SS, 9 Inclinaison 3 27 43, 9 Excentricile 0,09'i922; denii-grand axe 2,905 — M. Meugy enumere de la maniere suivante la sdrie des cou- ches traversees dans le forage du puits artesien de Passy : Calcaire grossier, 18", 65; sables, 6"', 78; argile plastique, avec galets calcaires i la base, 32'",27 ; craie, avec silex pyi^omaques, 303'",i8 ; alternances de marnes d'un gris plus ou moins fonce et de craies marneuses blanchatres, avec silex a la partie poste- rieure, 24"',82; marnes friables d'un blanc sale, 56"',22; alter- nances de marnes gris-verdfttre et de calcaire dur gris-blanchatre, 52",72; couche de marne, avec glauconie, 1"',10; marnes grises, avec petites concretions gresiformes et micacees, criblees de 568 COSMOS. points verts, i7"\6G; raarnc grise, avec parlies clures gresiformes dont une a I'aspect dubois petrifie, 3"',")^ ; marne grise, avec py- rites de I'er, 5'", 43 ; marne chargee de grains de silicate de fer, 2"', 71; gres argileux grisatrc micace h grains fins tres-peu calca- rif^res et parsemes de silicate de fer, 1"',66. L'ensemble de ces couches atteint la profondeur de 528"',0i ; en les cotnparant a celles Iraversees dans le forage dii puits de Crenelle, M. Meiigy arrive h conclure que I'eau couiniencera a jaillir quand vers la lin de juin on aura atteint la profondeur de 573 metres environ. Fails de lucdecine et de eliirurgie. M. Ic docteur Adams dlfferentie dans les termes suivants le tetanos vrai et le tetanos cause par la strychnine. Dans les deux cas les muscles sontrigides pendant et en dehors des paroxysmes ou crises violentes. Le tetanos prodait par la strychnine est plus rapide dans sa raarclie vers un resullat fatal; il est annonce par de grands gemissements et des cris percants repetes; ilenvaliit de tres-bonne heure les mains : le tetanos ordinaire est plus lent, ses commencements sont silencieux , les mains sont les derniers or- ganes qu'il altaque, et ceux qu'il aflccte le moins. Rappelons k cette occasion que M. le docteur Pedduck croit avoir trouve dans le camphre Tanlidote specitique a opposer^ la strychnine. Deui personnes empoisonnees, I'une pour avoir pris en potion un quart de grain du redoutable alcali, aulieu d'un seizieme ordonne par le medecin; I'autre, un enfant, pour avoir mange un biscuit destine aux rats et qui contenait un grain et demi de strychnine, etaient deji atteintes du tetanos et en proie a des convulsions violentes. Cinq grains de camphre en emulsion donnes h la premiere ; des lavements h Teau fortement camphree et des bains d'eau cam- phree administres k I'enfant, dont on ne pouvait pas dessorrer les dents, firent disparaitre en assez peu de temps ces accidents graves et mortels. — M. Richardson a demontre que I'emetique introduit dans I'organisme cause la mort, et qu'on le rencontre dans tons les organes sans qu'il aitproduit ni vomissements , ni evacuations, ni spasmes, c'est-i-dire aucun des symptomes qu'il determine ordinairement. — Le chiffre des cas de mort causes en Angleterre par empoi- sonnement, s'eleve pour les six dernieresannees & 3 218: hommes, 1 700; femmes, 1 518. Les poisons le plus frequemment em- COSMOS. 569 ptoyes sontle laudanum, la strychine, I'acideoxaliqneetressence d'amendes ameres. La vente du poison est fatalemenl libre dans les trois royaumes; Ton s'y procure sans difficulte aucune le laudanum, I'acide oxalique, rem^des usuels, la strychnine, qui sert a la destruction des animaux nuisibles, et I'essence d'a- mandes ameres qui entre dans la preparation de plusieurs pa- tisseries. — M. le docteur Snow avoue avee beaucoup de sincerite et de franchise qu'un honime de 33 ans, jouissant d'ailleurs d'une bonne sante, et qu'il voulait plonger dans le somzneil ancsthe- sique au moyen de I'amylene, est mort presque subilement des suites de I'inhalation ; c'est le premier accident cause par lenou- vel agent anesthesique, et il survint apres li3 applications heu- reuses. La quautite d'amylene respiree par ropere,etait relati- Tement petite; mais I'ouverture, qui, dans I'appareil de M. Snow, donne passage a Tair qui doit temperer Faction de ramylene, se trouva bermetiquement fermee par megarde sans doute. M. Gi- raldes n'en persiste pas nioins a preferer I'amylene au chloro- forme, surtout quaud il s'agit d'operations a pratiquer sur des eufants. 11 est en cela d'accord avee M. le docteur Honriette de Bruxelles, qui enoncedela maniere suivante les proprieles com- parees de I'amylene et du chloroforme : L'amylene produitl'extase et non le coma; il agit avee plus de rapidite; ses elTets sc dis- sipent plus promptement; il ne produit ni acces de toux, ni nau- sees, nivomissemenis; iln'yapas avee luideperiode convulsive; son action s'etend a toutes les fonctions cerebrates , mais c'est la sensibilite surtout qui est specialement et le pins longtemps abolie; la circulation et la respiration n'eprouvent aucun trouble considerable et de nature h inspirer des inquietudes serieuses. — M. le docteur 0. Landry afflrme qu'il a constate, et que d'autrcs medecins ont constate comme lui et avant lui dansquel- ques cas : 1" La disparition des phenomenes paralytiques dansle sommeil naturel; 2° La cessation immediate de ces memes pbeno- menes sous Tiniluence du chloroforme et des narcotiques. — M. de Relgin s'est souvent demande pourquoi dans les ac- couchements laborieux on tiraittoujours, au heu de prosser et de pousser. Dans la routine actuelle, I'accoucheur tire sur les pieds, les genoux, les cuisses, les hanches, le tronc, la lete, avee la main les lacs, le crochet, le forceps, etc. M. de Relgin s'est parfaitoment bien trouve de substituer I'impulsion et la pression a une traction barbare et irrationnelle. PHOTOGRAPHIE. Mort ,97, le metal etant a la temperature de 0 degre. Du 23 novembre au 7 decembre 1822, nous avons fait i La Guayara 106 observations. En prenant la moyenne dcs maxima etdes minima , on a pour la pression barometrique, 760'""', 40. Les 106 observations faites le jour et la nuit donnent 760""',50, le mercure etant suppose a 0 degre. Depuisl'annee 1822, deux voyageurs ont porte des barometres compares a celui del'Observatoiresurles cOtesdela mer Carai'be. En Janvier 1831 , le general Joaquin Acosta a fait k Cartagene 131 observations qui donnent pour la hauteur barometrique 759""",2. Malheureusement Teievation de la station au-dessus de la mer n'a pas ete determineo. En 1848, M. Levy, dont le nom est bien connude I'Academie, a fait 9 observations avec un barometre a siphon de Bunten, sur la plage du port de Sainte-Marthe, a environ 5 metres d'elevation. La hauteur barometrique, rameuee au niveau de la mer, serait de 7 59""", 8. Ce qu'on pent deduire rigoureusement de notre travail , c'est que si, en decembre 1822, le barometre de I'Observatoire de Paris eut ete transporle a La Guayra par 10 degres latitude nord, et au niveau de la mer, le mercure suppose h 0 degrd se serait maintenu a une hauteur de 760""",40. 584 COSMOS. Dix jours d'observalions iic suffisont pas, ccrtainement, pour obtenir une hauteur barometrique moyenne ; mais quand on sait combien les inaicalions du barometrc varient peu dans les re- gions equatorialcs, il y a lieu de croire que 760'""', ^i ne s'eloigne pas beaucoup de la rerile. Variations periodiques diurnes du barometre, Dans les regions equinoxiales , le mercure dans le barometre atteint le maximum de hauteur entre 8 et 10 heures du matin ; il descend ensuite jusqu'a vers k heures apres-midi ; il est a la hau- teur minima entre 3 heures et 5 heures, pour remonter ensuite jusqueverslt heures du soir, sans arriver cependant a la hauteur oil il etait a 9 heures du matin. II s'abaisse enfm jusqu'j'i /; heures du matin sans tomber aussi has qu'a k heures du soir. C'est Ik du moins la marche que suivent geueralement les oscillations de la colonne barometrique, et telle en est la rej^iularite qu'on a dit que Ton pourrait savoir I'heure en consultant le barometre. La decouverte d'un phenomene aussi constant, aussi re'gulier, semblait reservee k celui qui, le premier, porterait un barometre k I'equateur. Neanmoins, il n'en fut pas ainsi, car elle echappa k Richer, que I'Academiedes sciences avail charge, en 1671, d'exa- miner si , k Cayenne, la hauteur du mercure dans le tube baro- metrique, etait la meme qu'a Paris. Richer est certainement le pre- mier qui ait installc un barometre entre les tropiques : en effet, c'est en \&hU que Torricelli lit connaitre son experience a son ami Ricci ; c'est qualre ans apr6s, huit ans seulement avant le depart de Ri- cher pour Cayenne, que Pascal suggera k Perier I'experience du Puy-de-D6me, dont le resultatfut public dans le Traite del'equi- libre des liqueurs et dela masse de I'air, imprime en 1663. La decouverte des variations horaires a ete connue en 1722; elle avail ete faite dans la Guyane hollandaise par un observateur dont le nom est encore inconnu; il la consigna tout entiere dans une lettre anonyme datee de Surinam et inseree dans le Journal de la Haye. Je citerai un extrait de cette lettre : « Le mercure monte icitous les jours regulierement depuis les « 9 heures du matin jusqua environ 11 heures et demie, aprfes « quoi il descend jusqu'i vers 2 heures ou 3 heures apres midi, et « ensuite revient peu a peu k sa premiere hauteur; il fait k peu « pres les memes changements aux memos heures de la nuit. <( Pendant tons ces changements, il ne varie qued'environ 1/2 ou « 3/^1 de ligne.... » COSMOS. 5^85 Ces remarques sontduplushautinteret. L'auteur, dans un pas- sage de sa lettre compare la hauteur du baromStre k la Haye, oil 11 a observe pendant plus de six ans, a celle qu'il troiive a Surinam, et cette derniere si Ton tient compte de la temperature ct de I'ele'- Tation de la station, se rapproche singulierement du resultat que nous avons enregistre h La Guayra. J'ajouterai que, soixante-dix-sept ans plus tard, sur ces memes c6tes de Surinam , M. de Humboldt conflrmait , h I'exception de I'heure du maximum du matin, I'exactitude dece premier apercu des periodes barometriqucs. Quant h la difference constatee dans I'heure des hauteurs woxjma , disons de suite que, dansplusieurs localiteset pendant un laps de temps souvent assez prolonge, ces hauteurs ontlieu plutot vers midi que versneuf heures. Maintenant, qu'on fasse la part de I'imperfection d'un barometre construit avant 1722, et Ton conviendra qu'il fallait avoir observe avec attention pour decouvrir un phcnomene periodiqne qui ne se manifeste que pardeschangements dequelques millimetres dans la longueur de la colonne de mercure ; pour presenter des re'- sultats que seulement les observations faites au commencement de ce siecle surpassent en precision. II est bien regrettable d'i- gnorer encore aujourd'hui le nom d'un physicien aussi sagace; cependant un homme qui, pendant six annees, a observe le ba- rometre a la Haye lorsque cet instrument etait encore bien peu repandu, et qui ensuite est alle s'etablir dans la Guyane ou il a continue ses observations, a dd laisser des traces : le gouverne- ment hollandais , en provoquant des recherches pour decouvrir lenom de cet observateur, donnerait une nouvelle preuve de I'in- t^ret qu'il a toujours pris aux progres des sciences, et de la solli- citude qu'il n'a jamais cesse de temoigner a ceux qui les cul- tivent. Les academiciens francais envoyes a I'Equateur en 1735 , ne connaissaiont certainement pas les observations de I'anonyme de Surinam. Hs conslaterent a diverses bauteurs dans les Andes la regularite des variations barometriques, dont Bouguer et la Con- damine attribuenl ladecouverte a Godin. «Nous monlames un barometre, dit la Gondamine, pourconti- nuer les observations, que je suivais deja depuis quelques mois , des hauteurs du mercure a differentes heures de la journde, afln de confirmer la remarque deM. Godin, qui s'etait apercu le pre- mier de plusieurs variations journalieres et periodiqncs. Je Irou- vai que, vers les neuf heures du matin , le barometre elait a sa 586 COSMOS. plus grande hauteur, et vers trois heures de I'apres-midi , k sa moindre. » Un baromStre, en 17/il, n'occasionnait pas , & beaucoup pr6s , aux Toyageurs autant d'embarras qu'aujourd'hui. On reniplissait le tube au moment d'observer ; c'etait I'experience de Torricelli. Anssi la Condaminc raconte-t-il qu'il ne bii reste presque plus de mercure; que celuiquel'on avail apporte de Paris et que M. Geof- frey avait pris le soin de purifier a ete consomme dans le grand nombre d'experiences faites sur les montagnes pendant six an- nees. Les academiciens d'aujourd'hui, si sedentaires, pourront se former une idee des difflcultcs que rencontraient a chaque pas leurs confreres de 1741 , quand ils sauront que , dans une ville comme Quito , tout en ayant k sa disposition le laboratoire du college des jesuites et le bienveillant concours du frere Apothi- caire, il fallut h la Condamine pr6s d'un mois du travail le plus opiniaire pour obtenir un peu de mercure , en revivifiant le ci- nabre. En 1751, Thibault de Chanvalon verifia a la Martinique, les faits que Godin avait constates h Quito. « Peu de temps apres mon ar- rivee, dit ce physicien, j'apercus que le barometre montait pen- dant toute la matinee ; qu'ensuite, apr6s avoir ete quelque temps sans mouvement , il commencait a baisser jusqu'au soleil cou- chant. Alors, apres avoir ete quelque temps stationnaire, il re- montait, aux approches de la nuit, jusqu'^ dix heures du soir. » Thibault de Chanvalon est , je crois , le premier qui ait signale I'imperturbable regularite des variations; il s'exprime ainsi : « Les revolutions les plus considerables de I'atmosphere n'altSrent point cette marche periodique du barometre qui coincide avee celles des variations horaires de la declinaison magnetique, Au milieu des pluies les plus abondantes, des vents et des orages, le mercure monte ou descend , si c'est son heure de monter ou de descendre, comme si tout etait tranquille dans I'air (1). » Les Memoires publics par des academiciens francais envoyds k rfiquateur avaient attire I'attention du monde savant sur le phe- nomene des variations barom^triques. Des 17G1, I'illustre bota- niste Celestino Mutis, dont Linnde disait -.jure merito botanicorum in America princeps salutatur, entreprenait k Santa-Fe de Bogoti les observations metdorologiques qu'il continua pendant quarante annees, sansjen etre distrait par les immenses travaux auxquels (1) Humboldt, Voyages, t. x, p. 374. I COSMOS. 587 I'astreignit la Flore de la Nouvelle-Grenade, oeuvre de tout une existence entierement consacree b. la science, et qu'il aurait eu la douleur de voir disperser s'il eilt assez vecu pour assistcr aux discordes civiles qui ensanglanterent I'Amerique espagnole. Ce n'est pas sans eprouver une emotion profonde qu'en 1823 je pe- netrai dans la bibliotheque rassemblee par Miitis, et que dans I'observatoire astronomique etabli par ses soins, je me trouvai au milieu des debris de magnifiques instruments, qu'une solda- tesque effrenee venait de detruire en un jour de pillage. II y avait 1&, debout, au milieu deces mines, une pendule de Graham, dont s'etaient servis Bouguer, Godin et La Condamine. Suivant de Humboldt, Mutis flxa surtout avec precision I'e- poque du minimum qui precede le lever du soleil. Si Ton en excepte le HoUandais anonyme, qui avait presque tout vu avant 1722, en fait de variations barometriques, on ne trouve nulie part netteraent formule I'abaissement regulier du mercurc vers trois a quatre heures du matin; les academiciens n'en font pas men- tion dans ce qu'ils ont ecrit, quoiqu'il soit tres-probable que cet abaissement ressortlt des observations horaires tr6s-nombreuses que contenaient, assure-t-on, les manuscrits de Bouguer. Le hasard a fait tomber dans mes mains des lettres adressees a Mutis par Linnee, par Adanson, par plusieurs de ses peni- tentes, religieuses du convent de Santa-Clara, car le celebre bo- taniste etait entre dans les ordres en 1772, et enfm une feuille de son journal, ou se trouve consignee une note intitulee, nota importante sobre el barometro, dans laquelle Mutis, apres deux ans de perplexite, admet definitivement que I'abaissement du mercure dans le tube, quelques heures avant le lever du soleil, est bien reel, que ce n'est pas une illusion, ou plut6t un accident occasionne par I'influence calorifique de la bougie employee pour lire sur la graduation de I'instrument. Voici la traduction d'un extrait de cette note, datee du 2 aout 1784 : « Dejci j'ai note, en diflferentes parties de mes journaux, que I'attention continuelle avec laquelle j'observe le barometre a toutes les heures me portait a soupconner qu'il y a des variations autres que celles constatees k Quito par les academiciens, et que cette variation meme n'est ni assez certaine, ni assez constante, pour que chaque jour le barometre atteigne sa plus grande hau- teur a neuf heures du matin, et sa hauteur moindre a trois heui'es de I'apres-midi.... Depuis I'annee 1782, j'ai cru qu'il y a aussi, de nuit, une variation semblable k celle qui se manifeste pendant le 588 COSMOS. jour. Les observations que j'ai multipliees dans la nuit, m'ont confirme dans cette idee. Lorsqiie je me rendis k Carthag^ne et que j'y eus monte men barometre, j'essayai de confirmer cette observation; niais ayant remarque qu'en approchant la bougie allumee la colonne de mercure baissait visiblement, j'cus le soup- con que la variation que j 'avals observee a Santa-Fe pouvait bien avoir ete occasionnee par la chaleur de la bougie. Mon barometre ayant ete remonte a Santa-Fe, je recommencai mes observations a differentes heures de la nuit, mais avec la tiedeur que les re- flexions faites a Carthagene et le sentiment de Fimperfection de mon instrument m'avaient inspiree. Je ne puis dissimuler le plaisir que j'ai ressenti aujourd'bui, en voyant que la variation nocturne paraissait reelle, parce que, etant entrd dans mon cabinet a cinq beures du matin, je trouvai le mercure plus bas que je I'avais laisse hier, k onze heures du soir, lorsque je me retirai. Je ne saurais attribuer ce changement, cette variation, k I'effet de la lumiere dont je me servais pour lire, car je la notai a I'instant meme, et en etant bien certain que la bougie ne produit de I'effet sur la hauteur du mercure qu'autant qu'on I'approche tres-pres du tube et qu'on la maintient dans cette situation durant quelques minutes. » Le phenomene des variations periodiques diurnes etaitdfes lors constate dans sa generalite, grace a I'anonyme de Surinam, k Go- din et a Mutis. Comme cela est arrive plus d'une fois dans les sciences, une importante decouverte avait ete faite avec de gros- siers instruments, mais de grossiers instruments places entre les mains d'hommes doues d'une intelligence superieure. A partir de 178^, les travaux se multiplient, Lamanon et Mon- gez, lescompagnons de I'infortune La Perouse, suivirent d'heure en heure la marche du barometre sur I'Ocean Atlantique , k I'e- quateur meme. Trail, Fasquhar, Pearce, Balfour publierent , en 1795, des observations recueillies ci Calcuta. Mais, c'est en 1799 que de Humboldt commenca k Cumana cette belle serie de recherches qu'il continua sans la moindre interruption pendant son sejour en Amerique. C'est de la pu- bUcation de ces documents , si importants pour I'histoire phy- sique de Tatniosphere, que date la forte impulsion donn<^e k I'etude du mysterieux phenomene des variations periodiques. » Imprimerie de W. Remqukt et Cie, A. TK.AMBI.AY , rue GaraDciere, 5. proprielaire-geranl. T. X, 5 juin 1857. Sixi^me ann^e. COSMOS. NOUVELLES DE LiV SEMAINE. ',(\ — M. Hermann Goldschmidt nous adresse la lettre suivante, en date du 2 juin : <( J'ai I'honneur de vous annoncer la decouvcrte de la qua- rante-quatrieme petite planfete, que j'ai faite le 27 mai, a onze heures du soir, L'ascension droiteetaitl5'',15',58"; la declinaison, — 12°,8'; le mouvement retrograde est d'environ 45" par jour, et la distance polaire diminue, dans le meme intervalle, de l',48" environ par jour. » C'est la sixieme planete decouverte par M. Goldschmidt, des fenetres de son humble atelier de peintre, avec des lunettes de puissance tres-ordinaire, de 3 o« 4 pouces de diametre; apres MM. Hind et de Gasparis, il vient au premier rang, ou niieux, il marche eocr crquo avec M. Chacornac, qui, lui aussi, a decouvert six petites planetes, mais qui, pour I'uue, a ete prevenu par M. de Gasparis. La France, dans ces derniers temps, avaitete dis- tancee par I'Anglelein^e et I'Allemagne, M. Goldschmidt lui fait regagner le terrain perdu; aussi voudra-t-elle, sans aucun doute, lui temoigner sa reconnaissance : M. Goldschmidt n'est pas en- core chevalier de la Legion d'honneur ! Profitons de celte circonstance pour annoncer que la quarante- troisieme petite planete , decouverte par M. Pogson, a recu le nom d'Ariane. — L'illustre M. de Humboldt a daignc nous donner et au Cosmos une nouvelle preuve de son afiFection dont nous le remercions tendrement. Par une pelite lettre, ecrite d'une main sOre, ferme, parfaitement lisible, il nous annonce la haute et flatteuse dis- tinction dont il a ete I'ol^jet de la part de Sa Majesle I'Empereur, et&laquelle il a ete extremement sensible; il nous e.vprime la Tive douleur que lui a causee la mort du grand geometre que la France vient de perdre. — A propos de M. Cauchy, Son Excellence M. le mare'chal Vail- lant veut bien nous communiquer la minute de la leltre par la- quelle il pressait son coUegue de I'instruction publique, M. For- 590 COSMOS. :e8i oW.t e ,Tc .T toul, d'autoriser le grand g^om6tre A faire sou 'C6ufS sans prater le serment. « Vous m'avez pcrmis de vous rappeler la conversation que nous avons eue, il y a quelque temps dejS, au sujetde M. Cauchy, et de vous parler de I'interet que prend h sa position I'Academie des sciences tout enti6rc. Vous savez, coranie moi, de quelle belle reputation jouit M. Cauchy comme savant; au dire des hommes competents, c'est le plus grand mathematicien de I'Eu- rope. J'ajoute que c'est un homme d'une purete et d'une droiture exemplaires, d'une religion douce, ^clairee et sincere : tout le monde I'aime, tout le monde I'estime. II ne faudrait pas prendre pour de I'hostilite au gouvernement de I'Empereur la reserve que 31. Cauchy a cru devoir s'imposer, on se tromperait. Place k c6te de lui k I'Academie, je puis assurer que M. Cauchy a pour Sa Ma- jeste une veritable admiration et une grande reconnaissance pour la protection que I'Empereur accorde aux sciences et aux arts. Enfln, je le crois tout k fait digne de ce que vous ferez en sa fa- veur ; je sais, du reste, que votre bienveillance lui est acquise; aussi me borne-je k vous dire, une fois de plus, que je serai tres- heureux d'apprendre que M. Cauchy en a eprouve les effets. » — Les journaux anglais, en general, sont tout a fait vides de nouvelles scientiflques ; cette penurie fait vraiment peine k voir. Dans les livraisons de cette semaine, arrivdes dimanche, nous ne trouvons qu'une petition tres-vive, par laquelle les professeurs ou Fellows de Cambridge demandent k etre delivres de Icurs vceux monastiques, protestant avec energie contre les vieilles coutumes universitaires qui lescondamnent au cdhbat, etleur interdisentles joies de la famille accordees aux dveques, aux ministres et aux saints de toutes sortes, of all sort, male and female. — C'est aussi avec beaucoup de chagrin que nous avons lu le mince article necrologique que le journal YAthenoium, le chef de file, assure-t-on, de la science anglaise, consacre k M. Cauchy, une des gloires les plus pures de la Societe royale comme de notre Academie des sciences. Le redacteur de cette notice semble Igno- rer jusqu'au nom du grand geometre, 11 I'appelle Caveby ; il af- flrme, avec une fatuite merveilleuse, que beaucoup trop des Me- moires laisses par M. Caveby ne sont que des exhibitions luxu- riantcs de la facilite extreme avec laquelle il maniait le langage mathematique. Qui done a pu trailer si lestement le g^nie dont la mort est un douil universcl ? Nous osons conjurer M. le general Sabine, ou COSMOS. 591 quelque autre des grandes autorites de la Societe royale, de pro- tester contre cet amoindrissement du nom et de la memoire de celuiqu'ils etaient si tiers d'appeler leur collegue ou leur confrere. — Nous avons recu la circulaire par laquelle MM. Lloyd, pre- sident futur, general Sabine, secretaire general, et John Phil- lips, secretaire general adjoint de I'Association britannique pour I'avancement des sciences, nous annoncent officiellement que la Tingt-septieme reunion de I'Association se tiendra h Dublin et commencera ses seances le vendredi 26 aorlt. (( Lorsque la Societe, dit la circulaire, tint sa premiere reunion dans la capitale de I'lrlande, elle y trouva, grftce k la cooperation zelee des institutions publiques, tons les moyens de s'y installer amplement et commodement ; son installation sera beaucoup plus facile encore dans la reunion actuelle par suite de I'erection denouveaux edifices dans le College de la Trinite, mis tout entier h sa disposition. (( Nous venons avec plaisir soUiciter votre presence et votre cooperation au nom de la nouvelle assemblde ; nous serions heu- reux d'apprendre que yous avez I'intention de vous unir a nous, de vous feUciter sur votre bonne venue, et de prendre a I'avance tons les arrangements necessaires pour rendre votre sejour agreable parmi nous. » Notre intention bien arretee est en effet de prendre une part active a la reunion de Dublin, que tout annonce devoir etre ma- gniflque. — Tons les journaux annoncent, d'apr6s le Times, qu'un pretre francais et decore, M. I'abbe Pauvert, a completement vesolu le probleme de la transformation directe du fer en acier et que son fonde de pouvoir, M. Meslin, aurait fait dans 1' Arsenal de Woolwich, avec I'aulorisation du gouvernement, en presence des principaux officiers du genie et autres personnages offlciels, des ex- periences qui auraient parfaitement reussi. Avec le fer le plus com- mun, travaille dans les fours h pudler ordinaires, sans aucune modification, et par une simple operation chimique, aidee de I'e- lectricite, on aurait obtenu de I'acier de qualite superieure, et fait, seance tenante, avec cet acier un gi-and nombre d'oulils usuels. Les commissaires designes auraient fait, ajoute-t-on, h I'amiraute un rapport completement favorable , et qui conclurait a Tadoption de la decouverte de I'hcnreux abbe francais. Jus- qu'ici, pour fabriquer I'acier de qualite superieure, il fallait em- ployer du fer de Suede qui coute en moyenne 15 livres sterling 592 COSMOS. (373 francs) les 1 000 kilogrammes ; M. I'abbe Pauvert produirait desormais ce ineme acier avec le fer forge anglais, le plus com- mmi, valant en moyenne 100 francs les 1 000 kilogrammes, ou meme avec le vieux fer de rebut, Le prix de la transformation du fer en acier ne depasserait pas 6 fr. 25 par tonne, et 11 n'y aurait aucune perte de matiSre, puisqu'une tonne du plus mauvais fer rendrait une tonne d'acier brut. — On assure, d'une maniere positive, qu'une union ou conven- tion scientifique intdressante, dont I'iniliative est due h la France, est sur le point de se former entre les diverses puissances de I'Europe. On salt qu'une serie d'observations, faites sur dilTerents points de FEmpire, et dont les resullats sont transmis k I'Obscr- vatoire imperial au moyen du telegraphe, permet de recueillir et de publier chaque jour des bulletins de la temperature en Trance. II s'agirait d'etendre ce systeme h toute I'Europe. Plusieurs fitats ont deja consenti & transmeltre journellement k Paris des bulle- tins de la temperature de leur pays, et ces bulletins seront publics avec la plus grande exactitude; de cette facon, la temperature journaliere de I'Europe serait aussi bien connue que celle de la France. Cette nouvelle application de I'electricite aux relations intcrnationales de I'Europe profitera non-seulement & la science, mais encore au commerce, qui, par la constante etude des tempe- ratures, sera mis en mesure de connaitre I'etat des moissons et des autres productions de la terre. — M. Winnecke signale dans les nouvelles astronomiques, n° 1085, pour le 29 juin 1857, une occultalion presque centrale de r) dos gemeaux par Saturne. L'occultation d'une etoile de cette orandeur ne pent avoir lieu que tons les quinze siecles, et celle d'une etoile double comme ^ est plus rare encore; au contraii-e, les cas d'occultation d'etoiles au-dessous dela neuvieme grandeur peuvent d'apres les calculs de M. Winneckeseproduiretous les deux ans. La position de Saturne par rapport au soleil est dcfavorable a 1' observation du 27 juin, qui serait cepcndant d'un si baut intd- ret, car la distance du soleil a la planete ne sera que de 8 degre's et elle sera au-dessous de I'horizcn pour I'Europe entiere. C'est t'l Cambridge, aux fitats-Unis, que le pbenom6ne pourrait etre ob- serve, la la conjonction aura lieu c'l sept heures quarante-trois mi- nutes'; le soleil se couchera h 1 heures 36 minutes, et Saturne sera encore & k degres an-dessus de I'horizon. — Le R. P. Secchi a observe avec le plus grand soin Venus a I'instant de sa conjonction inferieure le 9 mai dernier. II esperait COSMOS. 395 qu'il lui serait donne de voir le disque entier de la planfete, comme on voit le disque entier de la lune en conjonction, mais il n"a pu y reussir; il a seulement constate que le croissant de la phase se prolongeait notablement an dela de la denii-circonfe- rence ; il a en outre obtenu des mesures tres-concordanles du dia- metre de la planele ct de la largeur de la phase visible. Le dia- metre de Venus elait de 57", 15 ; le sinus verse du segment visible 38", 46; la largeur du croissant n'excedait pas quatre dixi6mes de seconde, et un peu au delh de son milieu il presentait une dimi- nution soudaine de largeur, due sans doute d. la presence d'une tache. La comparaison du dtametre et du segment visible niontre que Filhiminalion s'etendait ci 19 ",30' de chaque cote, au dela de la demi-circonference. Si cette diflusion lumineuse a pour cause I'atmosphere de Venus, et est analogue a nos crepuscules, ce phe- noniene sur Venus aurait beaucoup plus d'intensite que sur la terre. Partant de la valeurobserveedu diametre de Venus, valeur quis'accordeparfaitementavecune autre, prise par le R. P. Secchi, le 9 fevrier ci k heures du soir, alors que le soleil etait encore au- dessus de I'horizon, on conclut que le demi-diametre de Venus a la distance unite, ou^ila distance dela terre au soleil, estde8",206; comme le demi-diametre de la terre a cette meme distance sous- tend 8", 569, il en resulterait que deflnitivement Venus est plus petite que la Terre. Si dans ces derniers temps , divers astro- nomes sont arrives k une conclusion contraire , c'est qu'ils sont partis de mesures du diametre de Venus prises pendant la [luit En elTet, leR. P. Secchi constate que, pendant que la moyenncdes mesures de Jour est de 8", 232, la moyenne des mesures de nuit est 8 ',61i0. La dili'erence considerable, de plus de trois dixiemcs de seconde, doit etre attribuee sans aucun doute a la diffusion appa- rente du diametre produit par I'irradiation. Comme preuve evi- dente de la diffusion resultant de I'irradiation, le P. Secchi cite le fait suivant : vues dans la grande lunette equatoriale avec un gro^ sissement de trois cents fois, les deux calottes blanches de Mars prennent la forme de segments proeminents qui depassent de plus de deux dixiemes de seconde le reste du contour de la planele; avec un grossissement de sept cents fois, la proemincnce dispa- rait sans qu'il soil certain que le diametre apparent ne soit pas encore amplilie. C'est done pendant le jour qu'il convient de prendre des mesures du diamfetre de Venus ; si I'instrument est assez puissant pour bien montrer I'arc illumine, si I'atmosphere est en outre tres-pure , on pourra mesurer la distance des deui 594 COSMOS. corncs Ires-deliees, comme on mesure la distance des etoiles dou- bles, et Ton eliminera ainsi les erreurs d' observations inherentes a I'emploi du micrometre a lils. — Le R. P, Secchi signale encore dans sa lettre lesparticularites remarquables d'une tacbe observee par lui sm- le soleil, le 6 mai, all heuresoO minutes du matin; on aurait dit un veritable tour- billon ; une langue de flamme en forme de spirale se prolongeait dans I'interieur du noyau gris, voile d'une sorte de cirrus demi- lumineux, contourne lui-meme en spirale, avec deux vides noii's des deux cotes. Deux heures s'etaient a peine ecoulees que la langue de flamme avait disparu et que les deux vides noirs n'en formaient plus qu'un seul. Le diametre du noyau soustendait en- viron 17 secondes, celui de la tacbe entiere avec sa penombre 74", de sorte que le goulfre ou vide entier forme par la tache dans la photosphere solaire, avait un diametre plus grand que le dia- metre de la terre. Dej& en 1852, le 17 Janvier, M. Dawes avait observe une tache semblable dans ses apparences a celle que nous venons de decrire, mais animee en outre d'un mouveraent sensible de rotation. Le R. P. Secchi croitque son observation prouve d'une maniere cer- . taine I'existence dans I'atmosphere solaire, en outre de la photo- sphere ouenveloppe lumineuse, de nuagesmoinslumineux, exis- tence que M. Dawes aurait, dit-il, afflrmee le premier. Le sa- vant directeur de I'Observatoire du college romain n'aurait-il pas Yu dans le sixieme volume du Cosmos, p. 69, la note que nous avons ecrite sur la composition de I'atmosphere solaire telle qu'elle re- sulte d'observations nombreuses de M. Chacornac? Nous lui de- mandons instamment de la lire; il y trouvera, sur I'origine des tachcs solaires , des idees ou plutot des faits qui expliquent par- faitement les phenomenes dout il a etc temoin. Nousy disions en propres termes : « On voit au-dessus et au-dessous de la photo- sphere, desnuages formes de matieres gazeuses, plus ou moins illumines, suivant leur distance au foyer lumineux , visibles par transparence ou par reflexion. » — A cette occasion, qu'il nous soit permis d'apprendre a MM. Schwabe, Wolfl", au R. P. Secchi, et aux autres amateurs de taches solaires, que M. Porro vient de construire un telescope de forme newtonienne, appele par lui helioscope, au moyen du- quel on pent observer le soleil, sans I'intervenlion d'aucun verre fonce (touj; urs si difflcile i se procurer sufflsamment limpide et incolore), et sans etre incommode par la chaleur qui, pour les COSMOS. 59S instruments un pen grands, detruit en peu de secondes les verres fences, et met a chaque instant en danger la yue de I'obser- Tatem\ Dans le premier telescope de celteespece,construitsousIa direction de I'aiiteur, le grand miroir a 2 decimetres d'ouverture et 2k decimetres de distance focale. C'est k I'aidc de trois reflexions convenablement combinees que rextinction de la lumiere et dela chaleur est obtenue ; I'image du soleil est parfaitement blanche et bien nette, on peut modifier I'intensite lumineuse a volonte, et la chaleur est a peu pres nolle au point oculaire, en sorte qu'on peut observer sans fatigue durant plusieurs heures. M. Porro a observe, avec son helioscope nouveau, le 5, le 6 et le 8 mai, k Paris, la meme tache du soleil que le P. Secchi a obser- vee a Rome. Nous rapprocherons les dessins traces par les deux observateurs aussitot qu'ils nous seront connus. — Dansunelettre adressee aM. deQiiatrefages, M. Angliviel, de Villeraugue, signalel'apparition d'une nonvelle maladie des feuilles de murier. Est-ce un autre fleau, s'ecrie-t-il, qui fait invasion? Hier, on a ete generalement frappe du grand nombre de feuilles de murier qui jonchaient le sol; toutes semblaient avoir ete piquees a la mOme distance de la naissance du limbe. En examinant les feuilles qui lui avaient eteenvoyees, M. de Quatrefagesyja decou- vert des insectes du genre acarus, blancs , a demi transparents, eclos depuis peu, d'une petitesse extreme, un cinquieme de milli- metre environ, errants etinquiets, sans doute parce qu'ils ne trou- vaient plus sur les feuilles a demi dessechees la nourriture ne'- cessaire. Ces acarus sont-ils sortis de la piqilre du petiole qui a determine la chute des feuilles? Leur multiplication peut-elle causer un tort reel a une recolte deja si cruellement frappee ? Cette multipUcation peut-elle etre empechee par des fumigations sulfu- reuses? Ces questions meritent de fixer I'attention des observa- teurs. Dans tous les cas, comme ces acarus apparaissent pour la premiere fois a Villeraugue, oil I'etisie exerce depuis longtemps ses ravages, ils ne peuvent en aucune maniere etre consideres comme ayant influe sur le developpement des maladies ante- rieures. — Nous croyons donner, avec un peu plus de details, le re'sum^ des observations faites k Alais par M. Dumas. On trouvc ca et Ici quelques mvlriers malades, mais leur maladie est ancienne, indi- Tiduelle, locale ; le nombre des individus atteinls est seulement augmente; tout fait croire qu'elle est due a I'huQiidite du sol, d'autant plus qu'il suffit de drainer pour Ten debarrasser. Cette 5^ COSMOS. annec, conime I'annee dornierc, la vegetation de la grande majo- rite des imlriers est spleiidide; elle a doniie des educalions excel- lentes partout ou la graine a ete bonne; ce n'est done pas elle qu'i! faut accuser da mal present. Faut-il attribuer ce mal h line ^pidcinie? Non, car a cote des educations les plus miserables on trouvo des succes comparablos a ccux des annecs los plus favo- risees. Les educateurs out perdu tons les vers d'une provenance et sauve tous ceux d'une autre, dans la meme chambree, en leur donnant les memes soins, en les nourrissant de la menie feuille. C'est presque certainement la graine qui a ete malade. Lesgraines de France, d'Espagne, du Piemont, de la Lombardie, de quelques localites de I'Orient (au inoins d'apres le dire des vendeurs) out mal marche; celles d'Andrinople, de Jesi (iltats poutificanx), celles du Liban, ont donne des succes remarquables. Les graines provenant certainement d'educations faites en montagne, dans un air pur, facilement renouvele, avec des feuillos de murier h fibre plus secbe, on! ete fecondes et productives. Sur la petite montagne de Saint-Germain, pres d'Alais, un eleveur intelligent, nomme £tienne, a fait, il y a quatre ans, une premiere education avec de la graine d'Jtalie; depuis, la graine, multipliee d'annee en annee jusqu'au poids de 3 kilogrammes,^essayee cetie annee dans qua- rante-une educations distinctos, a donne les meilleurs resultats. Ces educations, malgre les diversites desite, de soins ctde feuilles, celles, du moins, que M. Dumas apu visiter, aunombre debuiti dix, sont egalement prosperes. Ce qui prouve combien est prd- ponderante Tinlluence de la graine, c'est que des cbambrees de- 80 onces offrent un spectacle de prosperite inouie, tandis que des ehambrees de 2 a 3 onces;sont|aneanties en trSs-grand nombre. La recolte, dans son ensemble, sera mediocre encore; le prix de la feuille, peu eleve, indique assez que les educations manquees sont nombreuses, malgre I'immense consommation de graine ef- fectuee. L'experience qui s'accomplitactuellementaura au moins I'avanlage d'avoir deraontr^ : 1" I'influence incontestable de la bonne graine, quelle que soit sa provenance, et rimpossiliilite de remplaccr cette condition par aucune autre; 2° la certitude que des graines bien preparees peuvent toujours produire des cbam- brees admira])les de reussite; 3° la certitude non moins conso- lante que nos belles races des Ccvennes peavent se reconstituer en faisant grainer desormais exclusivement dans les^montagnes d'ou elles etaient descendues. — Nous avons dit que M. Biot avail lu k I'Academie un apergu COSMOS. 597 des matieres traitees par lui dans le cinquieme Tolume de son Traite eleinentaire d'astronomie ; quelques lignes suffiront i Men faire connaitre la pensee de I'illustre vieillard. « J'avais, dit-il, depuis longtemps prepare le plus grand nombre des mate- riaux dont ce volume sc compose. Mais j'aurais manque do forces pour les mettre en] oeuvre, si je n'avais ete soutenu dans cetle tftche par I'assistance continue, habile et bienveillante de mon petit-fils d'adoption, ¥. Leforl, II me I'a rendue possible en pre- nant sur lui toute la portion du travail qui m'aurait ete la plus peniblc : la verification des calculs numeriques, le trace des figures, la revision des epreuves, souvent meme le perfectionne- ment des details que j'avais trop incompletement exposes. Je ne saurais assez reconnaltre combien je suis redevable a son affec- tueux devouement... Ce volume contient les lois des mouvements planetaires, deduites des observations qui ont servi ci les etablir. J'ai expose avec une precision fidele les travaux des inventeurs, et montre clairement la marche des idees, la succession des ef- forts ; I'exercice du genie luttant avec une infatigable patience contre I'imperfeclion des instruments et des methodes de calcul, les periodes numeriques d'Hipparque, les lois phenomenales de Kepler, les raisonnements et les theories gene'ralisalrices de NeAvton. En resume, je n'ai voulu presenter que des elements d'iniliation aux etudes savantes d'astronomie Si quelques jounes gens studieux trouvent que je leur ai donne d'utiles secours pour les aborder, j'aurai atteintle but que je me suis propose, et toute mon ambition sera satisfaite; je n'ai travaille que pour eux. Quant aux maitres de la science, si quelqu'un d'entre euxdaignait parcourir ce volume, il n'y trouverait sans doute rien qui ne lui fut depuis longtemps connu; mais j'essaierai de desarmer sa se- verite en lui rappelant ces deux vers d'Ovide : Da veiiiam scrinlis^ quorum non gloria nobis Causa, sc'd utUitas, officiumqae fait, » Fails des sciences. L'application que M. Vogel a faite de la photographie pour la reproduction directe des figures dessinees k la surface des corps vibraiits par le sable ou la poussiere dont on les recouvre, merite de fixer 1' attention ; ce mode de reproduction est en efTet beau- coup plus expeditif et plus exact que le decalquage, ou la fixation 598 COSMOS. de la pondre sur un papier legSrement colle, comme lefaisait Sa- Tart, ou le trace graphique a la main. — Dans line communicalion pleine d'interet, faite ci TAcademie imperiale de Vienne, par son president, M. Baumgartner, et r^- sunice dans le journal YInstitut, nous trouvons sur la nature des orages et les causes de la grele des idtes parfaitement conformes & celles que nous avons souvent exposees dans le Cosmos, d'aprSs MM. Ralllard, Laborde, etc. Voici I'enonce des principales propo- sitions formulees par M. Baumgartner, qui les rattache toutes ti sa tlieorie de la transformation de I'dlectricite en chaleur. Un orage est essentiellement un phenomene de refrigeration qui se manifeste par des precipitations abondantes d'eaufroide ou meme de glaces, parte refroidissement subit du nuage au sein de laquelle I'electricile a fait explosion, et le vent froid qui en emane, par un abaissement consecutif et constant de la temperature ; la grele n'est qu'un phenomene secondaire dependant du degre plus grand de la refrigeration.- Tout orage est en general precede : 1° d'une humidite excessive de Fair ; et les circonstances locales qui favo- risent le developpcment del'humidite, favorisent le developpement des orages; 2" d'une perturbation dans I'etat normal des tempe- ratures ; souvent avant I'orage la temperature atmospherique va en croissant de bas en haut , les couches plus elevees sont plus chaudes que les couches plus basses; si, comme d'ordinaire, la temperature diminue de bas en haut, la diminution ou le decrois- sement de temperature est extremement rapide ; 3" par une per- turbation de I'etat electrique de I'air qui passe subitement dune- gatif au positif, en augmentant ou diminuant subitement d'inten- site; k° par un calme sensible, suivi de vents violents, qui s'elan- cent de tons les nuages electrises ; et, apres I'orage, la direction du vent est presque toujours de ce qu'elle etait auparavant. Les nuages tres-charges d'electricite sont faciles k reconnaitre ; ils sont en general assez bas et tr6s-circonscrits ; ils s'accumulent rapidement, changent frequemment d'aspect, sont tres-agites k I'interieur, s'accroissent de I'interieur a I'exterieur, ce qui prouve qu'ils sont des centres de refroidissement, et de refroidissement proportionnel k la tension electrique, qui se manifeste par la promptitude et I'energie des precipitations aqueuses; les eclairs se montrent dans la portion du nuage la plus dense, celle qui donne la plus grande quantite de pluie ; chaque eclat de tonnerre est gencralement suivi d'une forte ondee ; la grele s'echappe du nuage precisement au moment ou 11 est sillonne par I'eclair. La COSMOS. 599r gr61e est le simple resultat d'un plus grand abaissement de tem- perature. On sait que les nuages des hautes regions atmosphe- riques se composent d'aiguilles de glace ; que les nuages situes au-dessous, quoique h une temperature inferleure a zero, ren- ferment encore de I'eau ;'i I'etat liquide. Ces fails semblent suffire k expliquer les diverses varietes de grele ; une perturbation ou une secousse atmosphdrique, la descension des nuages formes d'ai- guilles de glace, I'ascension des nuages inferieurs, deji k une temperature au-dessous de zero, peuvent faire naitre des globules d'eau congeiee qui prendront un volume de plus en plus conside- rable en traversant dans leur chute une ou plusieurs couches de nuages epais et prealablement refroidis. On a constate que le me- lange de courants atmospheriques k des temperatures differentes favorise la formation de la grele, et qu'il grele plus souvent dans les localites qui se pretent le mieux ci de semblables melanges. M. Baumgartner ajoute : « Les faits, presentement connus, n'ex- pliquent pas sufflsamment I'intensite et la promptitude du refroi- dissement qui determine la grele, et, malgre tons les efforts des physiciens, la grele compte encore parmi les phenomenes entou- rds de mysteres. » M. I'abbe RaiJIard est, ci notre connaissance, le seul physicien qui ait eclaire d'un jour nouveau et tres-satis- faisant cette question si delicate. — Quoique I'idee n'en soit pas neuve, le petit appareil, que M. Pohl appelle oculaire solaire, merite de fixer I'attention. II se compose de deux plaques minces de tourmalines, flxees sur des rerres plans au moyen de baume de Canada, et installees dans une monture. L'une est fixe et polarise la lumiere incidente ; I'au- tre mobile et tournant autour de son centre eteint plus ou moins la lumiere transmise, suivant que son axe fait avec I'axe de la pre- miere un angle de plus en plus grand, en partant de 0 et arrivant k 90 degres ; on peut, sur un cercle divisd de la monture, lire Tangle des deux axes, et connaitre, d'apres une table dressee k i'avance, le degre d'extinction ou la quantite de lumiere qui dclaire actuellement le champ de I'oculaire. M. Pohl propose son oculaire soit pour affaiblir la lumiere trop intense du soleil et des plan6tes, afin qu'on puisse les observer plus facilement, soit pour comparer les iutensites des etoiles ou des lumieres artificielles, par la comparaison des angles plus ou moins grands que doivent faire les angles des tourmalines pour les eteindre. Tres-simple au premier aspect, cette application de la lumiere polarisee prdsente cependant des difficultes tres- 600 COSMOS. grandes que M. Pohl esp^re lever ; nous ne savons pas pourquoi il piefore les plaques de tounnaliiie aux prismes de Nicole. — Ea placant uii ainiant droit a I'extremite d'une armature, commc s'il devait en etre la continuation, et de telle sorte que le pOle de I'aimant oppose au bout libre de 1' armature soit de nom contrairc au pole de rclcctro-ainiant correspondant a ce bout libre, M. Dumoncel a augmente considerablement, d'un cinqui^me environ, la puissance attractive de I'armature. II conseille en outre, avec une nouvelle insistance, k ceux qui emploient le pou- voir attractif des armatures, de placer celles-ci non a plat, mais de champ. Faits de Tindustrie. La cire vegetale, appelde cire ou resiue carnauba , a la pro- priete de solidifier instantanement les corps gras d'origine vege- tale , sans alterer lem* combustibilite. MM. Leroux et Martins sont partis de cette propriete pour fabriquer une nouvelle bougie qui brilleparfaitement et sans odeur. Onprend 700 kilogrammes dluiile de noixdecoco et 300 kilogrammes de cire carnauba; on jetteces substances dans une chaudieredoubleeenplomb, etmunie d'un serpentin par lequel on fait arriver de la vapeur jusqu'a ce que toule la masse soit liqueJiee ; on ajoute alors 10 kilogrammes d'acide sulfurique etendu de 20 fois son poids d'eau ; on brasse pendant un quart d'heure environ, et on abandonne le melange au repos a une temperature suftisante pourqu'il reste liquide. Au bout de deux heures on ouvre un robinet qui donne issue k I'eau acidulee, laquelle en s'ecoulant entraine les matieres etrangeres; quand la matiSre grasse commence i\ couler, on verse sur le me- lange km litres d'eau; on ouvre le robinet a vapeur pour porter cette eau ii I'ebuUition; on agite un quart d'heure environ, on abandonne au repos; la maticre grasse surnage; on conserve assez de chaleur pour qu'elle reste liquide , et on procede au moulage dans des moules en metal ou en vcrre. La meche doit etre com- pos^e d'un plus ou moins grand nombre de tils, plus ou moins serres ettordus, suivant la consistancedu melange et son point d« fusion. — Le cioil Engineer voudraitque chaque locomotive Mtpour* vue dedeux sifflets a vapeur; I'un k son tres-aigu, I'autre^ son tres-grave ; les machines allant dans un sens emploieraient le siiflet aigu, les machines allant en sens contraire feraient retentir COSMOS. ^^ le sifflet grave; les collisions seraient ainsi mieux prevenues, et Jes personnes qui altendent aux stations sauraient d'uncmaniere certaine quel est le train qui arrive. — M. Mulier prepare au moyen d'alcool et de phosphore un ex. cellent agent de soudure : il fait dissoudre de la maniere connue du phosphore dans I'acide azotique ; il evapore la solution jusqu'i consistance de sirop epais; et il ajoute un ou deux volumes d'al- cool j'l 80 degres; cette liqueur remplace completement et avecde grands avantages le sel ^souder; on I'applique au pinceauoubien on y plonge simpleraent la piece; la soudure ainsi obtenue est ex- tremement s ilde; il ne se d« gage pas de vapeurs pendant I'ope- ration, et le fer ou I'acier restent parfaitementblancs. — M. Wageman a reussi h faire de tres-belle ecume de mer artificielle avec le silicate de soude. II prend du carbonate de magnesie, additionne d'un huitieme de magnesie calcinee; il ajoute d'abord de la bouillie de chaux preparee avec du marbre calcine, puis le verre soluble ou sihcate de soude dissous. La p^te ainsi obtenue est plastique, facile i mouler, et, dessechee, elle imite parfaitement I'ecume de mer. — M. Menant propose deux manieres d'utiUser le mouvement meme des roues de la locomotive ou de I'un des Avagons pom' mesurer au moinsapproximaliveaicntla vitesse duconvoi ; l°sur I'axe d'une des roues, il prend un mouvement circulaire qui agit sur un souffletventilateur et dclermine un courant d'air d'autant plus energique que la vitesse du convoi est plus grande. Le cou- rant d'air agit sur I'extremite d'un bras de levier garni d'une aile, ^tl'ecarte plus ou moins de la verticale; tant que la vitesse du convoi, et par consequent du courant, est la meme, le levier con- serve une meme position oblique; mais il s'ecarte ou se rap- proche de la verticale si la vitesse augoiente ou diminue, et peut ainsi la mesurer jusqu'S un certain point; 2° il propose d'inslaller sur un axe vertical qui recoit son mouvement de rotation d'une des roues une sorte de pendule conique a force centrifuge, dont les deux boules, en s'ccartant plus ou moins, iadiqueraient et pourraient meme jusqu'i un certain point, mesurer et enregistrer ja vitesse duconvoi. II n'y a dans ces propositions rieu de neuf, rien de pralicable, ou quimerite de fixer I'attention. — Le Monilcur appelait recemment I'attention sur un precede de rouissage salubre du lin et du chanvre , introduit en Irlande par deux Francais, MM. Bernard et Koch , et perfeclionne par M. Scrive. Le hn mis en botte, est transporte il'usineet conserve 602 COSMOS. soit en meules , soit sous des hangars. On I'egrene d'abord en faisant passer le haut des tiges par poignees entre deux rouleaux creux en fonte, disposes comme ceux d'un laminoir; les capsules brisees tombent dans unc augeet laissent echapper la graine que Ton nettoie par un vanage. Les tiges sont rangees debout et ser- rees snr le faux fond trouc de cuves speciales; on place dessus un grillage en bois pour les maintenir immcrgees ; on fait arriver de Teau cbauffee h 36 degres, de facon k baignertoutesles tiges et k depasser meme le niveau du grillage. Une fermentation acidule se developpe bientot, degageant du gaz acide carboniqnc et des traces d'acide sulfhydrique. On renouvelle le liquide an moyen d'un petit iilet d'eau s'introduisant sous le faux fond, montanta la partie superieure dela cuve, et sortant parun trop plein h la super- flcie. Au bout de soixante-douze on quatre-vingt-seize heures, sui- vantque Ton a employe dc I'eau douce ou de I'eau seleniteuse, le rouissage est acheve; on s'en assure en cassant quelques tiges et en constatant que les fibres corticales se separent tres-facilement sur toute leur longueur : une. fois le liquide evacue, on enleve le lin par brassees , on le passe directement entre les quatre rouleaux d'une sorte de laminoir continuellement arrose par des jets d'eau tombant en pluie; les tiges ainsi essorees sont placees dans un sechoir h courant d'air, la dessiccalion se ter- mine en douze heures a I'etuve. On passe enfin le lin entre cinq paires de rouleaux canneles qui concassent la cheneYottc ou par- tie ligneuse ; on le laisse deux ou trois mois en magasin pour qu'il reprcnne assez d'humidite ; on lui fait subir le teillage meca- nique et le broyage ordinaire, et Ton obtient la fllasse de la planlc dans les meilleurcs conditions possibles. — M. Robert, en mettant en jeu tour a tour la dessiccation a I'air Ubre, Faction de I'acide sulfureux et un enduitd'albumin, est parvenu h realiser un nouveau mode de procede de conservation des viandes exploite par MM. Gamier freres , Faucheux, Tisson et compagnic, et sur lequel le conseil de salubrite a porte le juge- ment suivant: II ne contient rien qui puisse 6tre nuisible (x la santc publique ; il possede la faculte d'arreter la fermentation, tout en laissant a la viande sa fralcheur, sa saveur et ses princi- pales qualites essentielles. Cette conservation pent se prolonger pendant quinze , vingt et vingt-cinq jours sans inconvenients, sous les conditions atmospberiques observees de juin h octobre. II y a utilite et avantage k autoriser MM. Gamier etcomp. k debi ter leurs produits. PHOTOGRAPHIE. Parcheniinisation des positifs Ac la pliotograpliie. Voici d'apres M. Williams Crookes quelle est la serie de manipu- lations a executer dans le traitement des positifs de la phologra- phie par le melange d'acide sulfurique et d'eau , suivant le pro- cede de M. Gaine. Prenez un bon vase en faience de la contenance d'au moins un demi-litre; placez-le an centre d'une large casserole; prenez 250 grammes d'acide sulfurique concentre du commerce , versez- les dans le vase de faience ; ajoutez 125 grammes d'eau , non pas d'un seul coup , mais peu h peu , en un temps d'environ dix se- condes, agitezle melange avec unbtUon en verre, couvrezlevase avec une plaque de verre , et laissez-le refroidir. Placez a cote Fun de I'autre, et tenez prets, trois plats tres-pro- pres ; le premier, n" 1 , en bonne porcelaine, parfaitement sec, de 28 a 33 centimetres de diametre ; le second , n" 2 et le troisieme n° 3, tres-profonds, ne contenant pas moins de deux litres chacun. Dans le plat n" 1, versez le melange d'acide sulfurique et d'eau; remplissez les plats 2 et 3 avec de I'eaupure, ajoutez au n° 3 quelques gouttes d'une solution ammoniacale. Prenez maintonant la photographic bien sechee , etendez-la a la surface de I'acide, I'image en dessous, en evitant avec soin la presence de buUes d'air; enlevez-la subitement, faites poser le cote nu sur la surface de I'acide. Cette operation u'est en aucune maniere difficile, carta surface mouillee so contourneou se courbe legerement en dedans, I'acide produisantun eflfet contraire h celui del'eau. Chacune des portions de la surface qui n'a pas ete mouillee par le liquide doit etre amenee a etre mouillee a son tour, par une legere pression executee h I'aide d'une baguette de verre ou d'une spatule en pla- tine ; la feuille doit rester imbibee par I'acide pendant un inter- valle de temps qui varie d'une k deux minutes, suivant la nature du papier qui a recu I'image. Le papier fin de Canson exige envi- ron 50 secondes de contact ; le papier epais de Canson , une mi- nute; le papier fin deSaxe, 20 secondes; le papier de Whatman et Turner, 10 secondes, s'il a ete parfaitement decolle; deux mi- nutes s'il est demeure colle et ne boit pas. Apres que la feuille a ete imbibee pendant le temps convenable , on la souleve legere- ment par un de ses coins, en entourant les deux doigts d'une dou- 604 COSMOS. Me enveloppe de papier buvard pourles defendre des atteintes de racide; on la souleveensuite entiereinent par ce coin, onlalaisse egoutter pendant quelques secondes, puis, par un mouvement rapidc on la plonge conipletement dans le plat n" 2, I'agitant dans toutes les directions, de maniSre a debarrasser prompte- ment la surface du papier du contact de I'acidc concentred; on la souleve ensuite verticalement , on la plonge de nouveau succes- siveraent deux ou trois fois, on la transporte enfln dans le plat 11" 3, on I'y laisse jusqu'a ce que Ton ait traite tour k tour de la meme maniere toutes les epreuves que Ton veut parcheminer, ou qu'il soit tout a fait rempli. On doit renouveler I'eau du plat n" 2 apres qu'on y a successi- vement lave six feuilles sortant du bain acide. Une bande de pa- pier de tournesol doit indiquer constammcnt I'elat de I'eau dans le plat n° 3 ; aussitot qu'elle manifcste une tendance acide, il faut ajouter quelques goultesd'ammoniaque; cars'il reste dans le pa- pier meme une seule trace d'acide non neutralise , alors qu'on le sort du bain, I'image serainevitablementdetrnite; voila pourquoi I'eau du plat n° 3 doit etre constamment alcaline : il ne faut pas toutefois oublier qu'une immersion prolongee dans I'ammoniaque est prejudiciable aux demi-teintes de I'image; I'exces d'alcalidoit done toujours etre Ires-faible. Apres qu'elles sont sorties du bain d'ammoniaque, les feuilles doivent etre lavees deux ou trois fois dans de I'eau pure ; on les fait ensuite seclier d'une maniere convenablc. Le papier sec aura une surface rugueuse et un aspect chiffonne; il faudra soit le monter avec soin, en le pressant entre deux verres, soit le satiner pourlui rendre une surface unie. Plusieurs des avantages de ce niiOde de traitement sont evidents €n eux-memes : par la contraction qu'il a subie, le papier a donnd au dessin une nettetc plus grande; il est devenu incomparable- ment plustenace, et a pris un peu do I'eclat de la corne. II estea outre tres-probable qu'ainsi traites.lespositifs seront plus inalt6- rables ou nc pSliront plus. II est graudement k desirer que pres- que tous les pholographes fassent h cet egard des experiences comparatives, en placant a cote I'une de I'autre, dans toutes les conditions d'alteralion possible, pendant plusieurs mois, des moi- ties d'epreuves, I'une parcbeminee, I'autre non parcbemin^e. — La Societe d'encouragement a decerne a M. Duboscq une medaille d'or pour les services qu'il a rendus, en construisant, perfectionuant, modifiant et popularisant le stereoscope. AGADEMIE DCS SCIENCES. Seance du ler juin. M. Jomard demande le renvoi, h une commission, dcs objets et documents recueillis, par M. de Lesseps, dans ses premieres excursions en Egypte. — M. Edouard Robin rappelle que, dans un Memoire adress^ parlui, en 1850, sur I'emploi, comme agent de conservation des substances animales et ve«getales, de I'huile de houille, de la ben- zine, du sulfure decarbone, et des divers agents anesthesiques, il croit avoir eu la priorite des idees et des travaux sounds re- cemment, par M. Doyere, au jugement de I'Academie. — M. Matteacci remercie I'Academie, avec effusion, de I'hon- neur qu'elle lui a fait ; il espere que la divine Providence lui don- nera des forces nouvelles qu'il sera henreux d'employer & se montrer de plus en plus digne de cette haute distinction. — M. I'abbe Raillard soumet au jugement de I'Academie la premiere partie d'un grand travail, dans lequel il examine et dis- cute divers problemes de meteorologie. Nous le laisserons en faire lui-memel'analyse. uL'objet principal du Memoire que je presente aujourd'hui, est une explication nouvelle et complete de I'arc-en- ciel. C'est celle que j'ai annoncee dans ma Note du 10 novembre dernier, sur la suspension des nuages et la vapeur vesiculaire. J'ac- complis la promesse que j'ai faite alors, de prouver, par des cal- culs et des fails decisifs, que la diminution du diametre des gouttes d'eau fait degenerer I'arc-en-ciel colore en arc-en-ciel blanc, et finit par le faire disparaitre tout a fait. Je fais voir que les rayons efficaces de Descartes n'entrent jamais pour rien dans la forma- tion de larc-en-ciel, et qu'il est toujours, et uniquement, produit pardes interferences. J'applique h tous ces phenomenes le principe des interferences, non pas seulement comme le D' Young I'a fait dans son explication des arcs surnumeraires, mais d'apres les vues beaucoup plus exactes et plus completes de M. Airy. La theorie imparfaite d'Young conserve k Fare principal un rayon constant, tandis qu'il doit etre variable, d'aprfes celle de M. Airy, ce qui s'accorde parfaitement avec les fails observes. J'ai joint k mon memoire une table qui represente, d'apres ces deux theories, les variations qu'eprouvent les franges d'interference de I'arc-en- ciel, pour ditferents diametres des gouttes, depuis deux millimetres jusqu'S deux centiemes de millimetres, et pour deux couleurs extremes du spectre solaire. < jii-.xai/i'i.ij n.^» jiiu> 606 COSMOS. Les courbes simplement ponctuees de cette table donnent les deviations dcs maxima et des minima rouges et violets (des divers ordres), pour un diamStre donne des gouttes; les abscisses de ces courbes representant les deviations des dillerents points de chaque frange, et les ordonndes les intensites approximatives de ces points dans la theorie d'Young. Les courbes dont le trait est plein et colore, representent la marche reelle du phenomSne ; Giles ne donnent que les variations des deux premieres franges, tant rouges que violettes, les resultats numeriques des calculs de M. Airy ne m'ayant pas fourni le moyen d'en flgurer un plus grand nombre ; mais ces deux premieres franges sont de beaucoup les plus importantes; elles sont plus que suffisantes pour fixer la vraie theorie de I'arc-en-ciel colore, et des variations qu'il dprouve dans sa largeur, son rayon, la nuance de sa couleur; celle des arcs surnumeraires , de I'arc-en-ciel blanc, des couronnes oppo- sees au soleil, qui ne sont pas autre chose que des arcs surnume'- raires, ainsi que je le demontre; etenfln pour expliquerl'absence de I'arc-en-ciel dans les brouillards et les nuages sans pluie. Les intensites relatives des divers points de ces deux franges ne sont pas indiquees d'une maniere arbitraire par les ordonnees des courbes qui les representent ; je les ai determinees aussi fidSle- ment que je I'ai pu, en me servant des dessins et des nombres, publies par M. Airy dans son savant Memoire sur I'intensite de la lumiere dans le voisinage d'une caustique. Les colonnes de nombres que renferme ma table permettent de passer avec facilite d'un systeme h I'autre, au moyen de la formule donnee dans mon Memoire et des nombres proportionnels tires du Memoire de M. Airy. On pent multiplier les courbes k volonte, en choisissant d'autres valeurs de diametre que celles que j'ai discutees. J'en ai trace un nombre suffisant pour les besoins de ma these. A I'appui des considerations purement thdoriques que je deve- loppe longuement, je rapporte d'abord les experiences de M. Mil- ler, sur des filets d'eau de trois diametres dillerents; puis les observations directes de M. Galle sur I'arc-en-ciel, ensuite mes propres experiences sur des filets cylindriques tres-fins d'un U- quide visqueux; enfin mes observations sur les arcs colores qui se montrent sur I'haleine refroidie, et sur I'irisation du petit nuage forme au-dessus de I'eau chaude. Tous ces faits justiflent pleinement et dans tous ses details la theorie que j'ai exposee, et font voir clairement combien etait illusoire la theorie des rayons COSMOS. 607 efficaces de Descartes ; les derniers, surtout, sont une preuve di- recte de la faussete de I'hypothese de I'etat vesiculaire, qui avait rendu necessaire celle des rayons efficaces. lis nous apprennent quelle est la veritable constitution des nuages et des brouillards, dont la temperature est superieure k zero, et c'estle seul principe des interferences, applique convenablement, qui m'a permis de I'dtablir d'une maniere certaine. A la suite de mon Memoire, j'appelle I'attention des physiciens sur certains faits singuliers, et non encore expliques, des interfe- rences produites par les lames minces. Je tire de ces faits un ar- gument tres-concluant contre I'explication qu'on avait donnee de la suspension des nuages par I'hypotbese des vapeurs vesiculaires. « Pour cette raison, » dis-je en lerminant, « et pour toutes les « autres que j'ai deduites contre I'hypothese vraiment singuliere « de I'etat vesiculaire , contre celle des rayons efficaces d'oi « elle elait isue, et qui I'avait rendue necessaire, j'ose esperer « que ces deux hypotheses seront desormais bannies de I'ensei- « gnement des sciences, qu'elles entravaient; qu'on ne les invo- « quera plus pour expliquer soit la suspension des nuages, soit Z,6 COSMOS. et ses volontes : mais vers deux heures de I'aprSs-midi, la conges- tion pulmonaire avail fait dos progres pffrayants, la paro'e elait flevenue impossible, la respiration ctait courte et lialelantc ; le rAle memo de la mort conimencait i se faire entendre; I'art, par la bouche d'un de ses organes les plus renommes, de M. Andral, s'etait proclamd impulssant k conjurer une fin prochaine. On courut chercher un pretre; le mourant comprit ce dont il s'agis- sait; il s'apercut avec une cerlaine inquietude que le pretre ac- couru n'ctait pas son ami, M. llamon, cure de Saint -Suipice, il lui serra cependant la main, il lui temoigna, par un mouvement affirmatif de la t6te et un regard plein d'une resignation calme, qu'il acceptait avec bonhcur les secours de son ministere. II recut I'absolulion et rExtreme-Onction avec une pleine conscience de ces saintes ceremonies. Un pcu plus tard, M. Hamon vint i\ son tour lui apporter les consolations supieines, lui appliquer les indul- gences de la bonne mort, reciler a genoux, pres de son lit, les su- blimes mais douloureuses prieres de I'agonie, recevoir enfin son dernier soupir, et recommander au Dieu des misericordes celte grande et belle ame, depuis longtemps sanctifiee par la foi, rege- neree par une contrition sincere, preparee au terrible passage du temps a I'eternite par la pratique fervente des vertus chreiiennes. Dans notre plus prochaine livraison, nous redirons les litres de grandeur deM. Thenard,nousdecrironslapompe de sesobseques, nous analyserons les louchants el solennels adieux que MM. Du- mas, Giraud, ancien minislre, Isidore GoolTroy Saint-Hilaire, Pe- louze et Ballard lui onl adresses; aujourd'hui nous nous conten- terons de dire combien la noble foule qui se pressait dansl'eglise. Saint-Sulpice a ele emue quaud, prenant la parole au moment le plus inattendu, le venerable cure de Sainl-Sulpice, M. Hamon,, enveloppe d'une large chappe noire, debout sur le dernier gradia de I'autel, les yeux gros de larmes, le cceur dpanoui, a prouonce le petit discours que nous serons heureux de reproduire ; mais c'etait pour I'illustre mort comrne une aureole de gloire chre- tienne la plus pure entre toutes les gloires, ajoutee k loutes les couronnes bumaines. — M. Joseph Silbe;-man nous transmelquelques details interes- sants sur les deux orages qui onleclatea Paris le vendredi 18 et le samcdi lOjuin. Orage du vendredi. Les premieres pluies commencerent vers 6 heures du soir; les miages orageux s'amoncelfirent de 9 a JO houres; cnlre 10 et 11 heuics, deux grosses nuees, chargeea COSMOS. 6Zi7 de foudre et marchant parallclement, s'avancerent vers !a capi- tale; ellcs couvrirent, Tune la region oiiesl, I'aulre la region est de la grandecile; de 11 lieures 1/2 du soir k 1 heure 1/2 du malin, pour la rive gauche au moins de la Seine, I'orage gronda terrible; mais vues de pres, les deux nnees, enlre lesquelles jail- lissaient les ecl.iirs, seml)laient tollemenl rapprochees qu'on les au- rait crues confondues, et que les particularites de leurs echanges ^lectriques elaient tres-difficiles a observer. Vers 1 heure 1/2 elles s'eloiguerent dans la direction nord-est en reslant toujours sen- siblement paralleles; on les embrassait d'un seul regard, quoi- qu'ellos fussent assez loin Tune de I'autre, et leurs discharges muluplles devenaient faciles a saisir. De 1 heure 3/i & 3 heures, 217 eclairs s'elancerent de I'une ci I'aulre, 14 ou 15 seulement furent accouipagnes d'explosions plusou moins fortes. De2 heures a 2 heures 1/i, le nombre des eclairs fut de l/il, cinq ou six seu- lement avec retentissement de tonnerre. De 1 heure a 2 heures i/2, on vit 15 lames ou nappes de feu s'ctendre d'un nuage k I'autre sous forme de trainees lumineuses auxquelles on peut sans exageralion assigner une longueur de neat' a dix lieues. Le roulement du tonnerre a dure, pour 11 de ces eclairs, de 27 k iSsccondes; I'intensite du bruit allait qnelquefuis en augmen- tant, quelquefois en diminuant. Tout semblait indiquer que I'etin- celle ne jaillissait pas spontandment sur toute son etendue, mais qu'elle eclalait successivcmcnt en divers lieux, conime si elle avail ete animee d'un veritable inouvement de transport : s'il en etait ainsi, on pourrait jugcr de la longueur de I'eclair par la dur^e du bruit. Une cinquanlaine d'eclairs brillerent d'un rose vif intense. Les intervalles entre les decharges successives n'etaient nulle- ment egaux, mais on remarquait une ccrtaine periodicile. Aprfis h ou Ssecondes sans eclair, on voyait jailiir a la file pendant une duree de 6 i 7 secondes cinq, six el jusqu'i huit eclairs ; les der- niers se suivaient moins rapides que les premiers, mais le der- nier avail en general plus d'eclat que ceux qui I'avaient precede dans une meuie periode. Vingt-sept fois la foudre se precipita vers le sol. neuffi»is en se subdivisant en trois, quaire, cinq et six faisceaux, sousfnrme dc fourches ix plusieurs branches. Les eclairs ful;iuranls n'avaient nuUement I'apparence do lignes 1 ri- sees ou zigzags reclilignes que les peinlres prennent [da sir a lear assigner; its elaionl au coiitraire composes de plis serres, iire- guliei's. Iri'S-souvent curvilignes ou arrondis, etd'f^clal lr('s-va- riable. Plusieurs presentaient des contours conipleiesetmultiples, 6^8 COSMOS. s'dtalant sous forme d'oeillet, de rosetle, d'un grand om^ga grec, etc. Orage du samecH. Le nuagc orageux etait remarquable par sa forme en calotte renversee dont le bord antdrieur etait bcaucoup plus bas que le bord posterieur. Le fond de la calotte n'etait otasse soigneusement desseches ; on oblient ainsi des liqueurs brunS- tres, fumant a I'air, qu'une rectification nouvelle et I'agitation avec du mercure decolorent presque entierement. Le premier de ces produits, I'iodure d'acetyle, bout entre 104 et 105 degres ; il est plus dense que I'eau dans laquelle il se decompose, ainsi que dans I'alcool. L'iodure de butyrile bout entre U6 et IhS degres; celui de valeryle a 168 degres. Ce sont des liquides denses que i'alcool et I'eau decomposentcomme le precedent. — M. Pelouze presente aussi la description suivante d'un nou- veau procede tres-silr et tres-rapide de dosage de la morphine dans ropiiim, par M. Fordos, pharmacien en chefde I'hopital Saint-Antoine. La quantity de morphine daiis I'opium pent varier de 0 a U pour 100, et m^meau dela pour I'opium indigene. On laisse macerer dans 60 grammes d'eau, 15 grammes d'o- pium coupes en tranches minces, et ayant soin d'agiler de temps en temps. Apres vingt-quatre heures , on verse le produit de la 660 COSMOS. maceration dans un mortier pour diviser exactement I'opium h I'aide da pilon. On verse alors le tout sur un petit lillre, et, lors- que le liquide est ecould, on lave le flltre avec 15 grammes d'eau, qui ont servi 4 laverle mortier etleflacon dans lequels'est faitela maceration. On recommence le meme lavage une deuxi6rae et une troisiemefoisaveclOgrammes d'eau, cliaquefois. On prendun tiers de la liqueur pour determiner la quanlite d'ammoniaque ueces- saire a la precipitation de la morphine. On ajoute I'ammoniaque goutte agouUe k I'aide d'une burette graduee, et Ton s'arrele au moment ou la liqueur presente une legere odeur ammoniacale; on note la quantite d'ammoniaque absorbee. On opere le dosage de la morphine sur les deux aulres tiers de la liqueur qui repre- sentent 10 grammes d'opium. On ajoute & ces liqueurs leur volume d'alcool & 85" et une quantite d'ammoniaque double de celle exigee dans le premier essai. (II est necessaire d'ajouter un leger exces d'ammoniaque pour obtenir la separation complete de la mor- phine.) On agitela liqueur etonl'abandonne ielle-memedansun llacon bien bouche. II se depose bientot des cristaux , les uns en aiguilles fines peu colorees, c'estla narcotine; les autres en pris- mas plus volumineux et un peu plus colores, c'est la morphine. Apres deux ou trois jours, on agite leflacon, et on laisse de nou- veau en repos quelques heures, pour donner h la morphine le temps de se precipiter completement. On recueille alors les cris- taux sur un petit filtre, et on les lave avec 15 ou 20 centimetres cubes d'alcool tres-faible a/tO°; ce lavage entraine les eaux meres, et en meme temps debarrasse les cristaux de la matiere colorants. II reste sur le flltre des cristaux de morphine peu colores et des cristaux de narcotine incolores. On laisse secher le flltre sur I'en- tonnoir meme; on verse alors sur le filtre 10 centimetres cubes d'elher pur , et puis, en deux fois, 10 ou 15 centimetres cubes de chloroforme. Les cristaux de narcotine seuls se dissolvent instan- tanement dans le chloroforme et sontentraines avec lui. Enfin on lave le fibre avec 15 centimetres cubes d'elher pour enlever les derniercs traces de chloroforme et de naixotine. On fait secher le fibre et Ton pese les cristaux de morphine qui s'en detachent tres-facilemcnt. — M. Cailletet adresse un Memoire ayant pour objet I'influence de I'hydrogene naissant sur I'amalgamation : nous le resumons rapidement. L'auleur s'est propose d'examiner les conditions qui determi- nent ramalgamation des metaux tels que le fer, le platiue, I'alu- COSMOS. 661 minium, qui resistent ordinaireinent a I'action du mercure. Cette amalgamation semble liee, selon lui, a une propriete parliculiere de rhydrogSne naissant. II s'est servi, dans ses experiences, de I'amalgame ammoniacal decouvertpar Seebeck, etudie par MM. Gay-Lussac et Tlienard. En agitant cet amalgame avec un des metaux indiques, le metal employe se recouvre de mercure, et il se degage de I'hydrogene et de I'ammoniaque. L'amalgame de sodium produit le meme phenomene, seulement Taction de I'eau est necessaire : en recou- vrant l'amalgame bien sec d'une couche d'huile de naphte, le de- p6tn'a pas lieu, unegoutte d'eau suffit pour produire I'adherence du mercure, Le degagement d'hydrogene, qui a lieu dans ces ex- periences, a determine I'auteur a rechercher s'il n'y aurait pas precipitation de mercure sur les metaux mentionnes dans tons les cas ou I'hydrogene prend naissance. En plongeant dans un vase, contenant du mercure et de i'eau acidulee, les deux elec- trodes en platine d'une pile pouvant decomposer I'eau, de facon que la lame positive soit dans i'eau acidulee, et la lame negative au contact du mercure, on voit, des qu'apparaissent les bulles d'liydrogene sur cette lame, le mercure s'y fixer comme dans les experiences precedentes. L'alnminiura amalgame decompose I'eau acidulee avec une grande energie ; il se degage de I'hydrogene et il se dissout un sel d'alumine; dans I'eau pure il se degage encore de I'hydrogene et I'alumine reste en suspension, L'experience demontre qu'en presence de I'acide sulfhydrique, du chlore, de I'hydrogene phosphore naissant, I'amalgamation n'a pas lieu. La temperature ne paraitpas avoir d'influence surle depot mercuriel. Si on prend une lame de metal tapissee de glo- bules mercuriels, et qu'ons'en serve comme pole negatif d'un vol- tamelre, en decomposant I'eau, on voit, au moment ou I'hydro- gene parait, que les globules changent de forme, s'etalent, et la lame est fortement amalgamee, Etsi, dansun voltam6tre ou on de- compose I'eau acidulee avec de I'acide azotique, on verse quel- ques gouttes d'azotate de mercure, demaniere ^ oblenir en memo temps sur la lame negative du mercure et des bulles d'hydrogene, on remarque non sans clonnement que le mercure n'est plus sous forme de globules, mais qu'il a amalgame I'electrode negatif. L'auteur conclut de ses experiences que I'electricile seule est insuffisante pour determiner Famalgamation des metaux qui rd- sistent ordinairement a Taction du mercure, Ces phenomenes fi62 COSMOS. semblrnt dependre d'un mode d'aclion jusqu'ici inconnu de I'hy- drogene naissant sur ramalgamalion. — M. le marechal Vaillant demande I'inserlion dans les Comptes rendus d'une reponse de M. Rivot, ingenieur des mines, aux objections soulevees par M. Vicat. II s'agit d'une question exlrenipment grave, dit M. le marechal, d'autant plus grave que I'inipoi lance des constructions a la mcr va grandissant loujours, 11 iiiiporlc done exiremement que le debat soil vide ^i fond. L'au- torile de fli. Vicat est grande, et si ses arguments n'etaient pas re- futes, les ingenieurs seraient inquiels et incertains. — M. Artur, docleur es sciences, lit un Memoire sur lesmoyens de constaler si le soieil est inimol)ile ou s'il se meutdans I'espace avec son cor ege de planetes satellites, cometes, etc. Nous analy- serons ce travail dans une prochaine livraison. — M. Berihelot, preparateur aucollege de France, litun Memoire sur les subslilulions inverses, deja presente par lui h la Societe phi- lomatique dans la seance du I''- mai; en voici I'analyse fldele : « Les chimistes ont pu remplacer I'hydrogene par le chlore, par le brome, et par I'iode dans les substances organiques; mais lis n'ont pu encore resoudre que dans un tres-pelit nombre de cas, le probleme inverse, qui consisle k regenerer le compose pri- milif au moyen du compose transforme. M. Melsens a su changer lacide chloracetique en acide acelique, par Taction simullanee de I'eau et de ramalgamc de polassium. Par ce meme moyen M. Rognault a oblenu du gaz des marais C^ H'' avec le perchlorure de carbone C ^Cl'. M. Kolbe a egalement remplace par I'hydi^o- gene le chlore de I'acide chloracetique, en operant au moyen de la pile, le zinc elant employe commc electrode. Parle meme pro- cede, ila opere une substitution semblable dans une serie d'acides pariiculiersquiderivent de Taction du chlore sur le sulfure de car- bone. Les iodures d'elhyle, de methyle et d'allyle, e!c., attaques par le zinc ou par le sodium a une haute temperature, perdent leur iode sans substitution, et fournissent de Telhyle, du methyle et de Tallyle, etc. Si Ton opere avec le zinc en presence de Teau, Tiode se trouve remplace par I'hydrogene, etil se forme des car- bures particuliers : hydrure d'ethyle G* H^ gaz des marais G' H% propylene CMP. G'est Texemple le plus etendu de substitution Inverse que Ton connaisse ; il est du aux Iravaux de M. Frankiand. Dans les recherches sur le pro|)ylene iode, faites en commun avec M. de Luca, Tautcur avail remplace Tiode par I'hydrogene a I'aided'un proc^de qui consiste a faire reagir sur ce corps, CH^, COSMOS. 663 le mercure et lacide chlorhydrique, d'ou resulte, meme h froid, la formation du propylene C H% de I'iodure de mercure et dii chlorure de mercure. Les recherches de I'auteur relatives a la sj nthese des carbures d'hydrogene I'ont conduit, par des nioyens divers, soit h rempla- cer par riiydrogene le chlore, Tiode et particulierement le brome dans les carbures modifies par substitution, soit a regenerer les carbures priniitifs, apres qu'ils ont subi Taction des corps ha- loides. Les precedes qu'il a mis en oeuvre reposent tanlot sur I'emploi de I'hydrogene libre a une haute temperature, tantot sur le concours de deux afflnites simultanees equivalentes a I'emploi de I'hydrogene naissant. L'hydrogene libre s'unit au chlore des composes chlore's vers la temperature rouge-sombre ; en meme temps le carbure pri- mitif se trouve regenere. Ce procede ne s'applique qu'aux sub- stances tres-stables; I'experience s'execute en vaporisant la sub- stance chloree dans un courant d'hydrogene et dirigeant le tout dans un tube de verre vert renipli de pierre ponce, chauffe a une temperature comprise entre le rouge-sombre etlerouge-vif. Dans ces conditions le protochlorure de carbone, C Cl\ et le sesquichlo- rure C' CI* fournissent une proportion considerable de gaz ole- flant, CW. Le perchlorure de carbone C- GV' produit dugaz des marais C^ H', et du gaz oleflant. La naphtaline perchloree C'^" CI' a reproduit la naphtaline C^" H'. Le zinc, chautre avec de I'eau et du bromure d'ethylene, a 300% regenere du gaz olcfiant; mais la substitution n'est pas complete, et le gaz produit est mele avec une tres-grande quantite d'hydrogene libre, ce qui rend dange- reuse I'ouverture des tubes dans lesquels on a reaUse I'experience. Le bromure d'ethylene, chautTe h 275° avec de I'eau et du cuivre, perd son brome et fournit du gaz oleflant, melange d'hydrogene, d'oxyde de carbone et d'hydrate d'ethyle. Cette reaction exige 30 a /tO heures de contact des matieres a 275° ; mais si on ajoute de I'iodure de potassium, la reaction est complete au bout de douze k quinze heures. L'auteur a ensuite supprime le cuivre et a fait reagir k 275" un melange de bromure d'ethylene, d'eau et d'iodure de potassium; ila reconnu que le bromure a encore decompose, avec mise en liberie d'une portion de I'iode, de I'iodure de potas- sium; seulement le gaz produit consiste en hydrure d'ethyle, C^ H^ melange avec une porportion variable de gaz oleflant, d'a- cide carbonique, d'hydrogene et d'oxyde de carbone. Dans cette reaction une portion du compose organique lui-meme remplace 664 COSMOS. le cuivre et s'oxyde aiix depeiis de Tean, comme I'atteste la for- malion de I'acide carbonique ; en meme temps I'eau decomposee fournitderhydrogenenaissaiilquireduit le br6me et se substitue a lui dans le reste dii bromure d'ethyl6ne. Le bromure de propy- lene prcsente des reactions analogues. Chaufl'e ci 275" avec du cuivre, de I'eau el de I'iodure de potassium, il r^genere princi- palemeiit le propylene C H% qui lui a doune naissance ; chaufTe avec de I'eau et de I'iodure de potassium, il produit surtout de I'hydrure de propyle C* H', compose dans lequel le brome de bromure de propylene est remplace par de I'hydrogiine. Le bro- mure de bulylene C'H*Br- et le bromure d'amylene C" H^Br^ chauffes h 275" avec du cuivre et de I'iodure de potassium, ont egalemont reproduit le butylene C- H' et I'amylene C" H"*, qui leur avaientdonne naissance. La liqueur des Hoilandais ou chlorure d'ethylene C* H' CF est plus difficile k decomposer, on parvient copendant h regcnerer une certaine quantite de gaz olefiant, melange d'ethylene mono- chlore, C' tP CI. Le chloroforme, le bromoforme, I'iodoforme, decomposes soit par le zinc seul, soit par le cuivre avec iodure de potassium et eau , soit par I'iodure de potassium et I'eau seulement, pro- duisent un melange de gaz des marais, d'hydrog^ne, et, dans leS deux derniers cas, d'oxyde etd'acide carbonique; on voit naitre en meme temps en petite quanlite, nn compo^e gazeux ou tres- volatil C- H', absorbable par le brome, et dont la nature et I'ori- glne n'ont pu elre determinees avec certitude. Le prochlorure de carbone a produit par le second precede ua melange de gaz des marais, d'oxyde de carbone, d'hydrogene et d'acide carbonique. Le sesquichlorure de carbone et le proto- chlorure produisent un melange d'oxyde de carbone, d'acide carbonique, renl'ermant une trace d'un gaz ou vapeur absorbable par le br6me et parfois de I'bydrogene. Le bromure de propylene br6me C^ H^ BrS a reg^nere un melange de propylene C^ H% d'hy- drure de propyle C* H% et d'acide carbonique. La trichlorhydrine r/H^CP, I'un des elhers chlorhydriques de la glycenne, corps isomere avec le chlorure de propylene rhlore. a produit du pro- pylene CM^^ de I'hydrure de propyle C* IP, de I'bydrogene et de I'acide carbonique. On pent ainsi, par une nouvelle voie, pas- ser de la glyc(5rine C^ H» 0" aui carbures d'hydrogene qui lui cor- respondent. Ces reactions sent probablement susceptiblesd'etreg^neralis^es. VAl^lETES. Etudes sur les corps a TeUit spheroidal ; nouvelle brauchc de physique Par M. Boutigny (d'Evreux). Paris. Victor Masson, troisifeme edition, 1857. C'est sans aucun doute un beau siijet d'etudes que ce quatrieine dtat physique que la matifire est capable de revetir; en outre des merveilles que nous font voir les solides, les liquides et les corps a I'etat gazeux, nous sommes ainsi appeles k reconnaitre une foule de proprietes nouvelles propres aux corps k I'etat spheroi- dal. Ces proprietes, maintenant que les savants en ont apprecie la valeur reelle, auront, et ont deja une grande influence sur I'etude de la physique et dela mecanique, et sont vraisemblable- ment destinees a fournir bien des donnees relatives h la cons- titution chimique des corps et a la cosmologie. II est tout nature! que nous soyonssaisis d'etonnnement quand on nous affirme qu'on n'eprouve aucun mal en coupant avec le doigt, sans precaution prealable, unjet de fonteincandcscentequi s'echappe par la percee d'un creuset, ou en remnant dans tons les sens une masse de verre incandescente plongce dansl'eau; qu'on peut, jusqu'& un certain point, sebaignerimpunement dans de la fonte incandescente, faire de la glace dans des fourneaux chauffes a blanc; que tout cela, quelque paradoxal qu'il paraisse, est conforme aux theories les plus saines, et soumis a des lois physiques immuables! La premiere edition des etudes deM. Boutigny a paru en \8h2, une deuxieme en 18^7; aujourd'hui, une troisieme edition, consi- derablenient augmentee est ofTerte au monde savant. Elle sera certainement accueillie avec autant d'interet et d'impatience que les deux premieres. Dans ce beau travail plein d'idees nouvelles, remarquable sur- toulpar I'espritobservateuret penetrant, qui s'ymontre d'un bout a I'autre et qui caraclerisele vrai physicien, sont consignees pres de deux cents experiences, faites avec unsoin minutieux, avec un courage infatigable. II ne sera peut-etre pas sans interet d'exposer en deux mots I'o- rigine de ces recherches qui ont si constarament occupe le savant auteur depuis I'annee 1836 jusqu'a ce jour-ci. « Un soir, dit-il, je faisais des experiences sur la densite relative des fecules... je 666 COSMOS. meltais de I'ether dans une ^prouvette, j'y ajoutais de la fecule, et bouchanl reprouvelteavec I'index, j'agitais fortement, ensuiW, je notais Je lempsque la fecule employait ci se precipiter... L'elher employe pour chaque experience fut jete par hasard dans un foyer ou se trouvaient des tisons chauds; et chaque fois que ce 11- quide tombait sur un de ces tisons, une belle lueur bleue s'en echappait, et cette lueur n'avait rlen de commun avec la flamme ordinaire de l'elher. » La curiosite de I'auteur fut excilee, et ilfut ported repetercelte experience dans un creuset de platine chauffe par une lampe k alcool. Queiques gouttes d'ether qui y furent Tersees s'arrondissaient sans mouiller le creuset, donnaient dans robscurite de belles vapeurs bleues, et, chose propre & exciter la curiosite de qui quece filt, I'auteur reconnut que malgre la tem- perature tr^s-elevee du creuset, celle du spheroide d'ether etait tres-basse! L'elat spheroidal des corps doit avoir et^ remarque de tres- bonne heure , yu la facilite avec laquclle certains corps, lels que I'eau, parexcmple, prennent cet etat. Cependantl'histoire nenous fournit presque pas d'indicalions .'i cet egard; toulefois dans la Bible {Liv. de laSagesse, chap, xix), nous rencontrons le passage remarquable que voici : « Le feu, surpassant sa propre nature, brAlait au milieu de I'eau, et I'eau, oubliant la sienne, ne I'dtei- gnait point, » Or, les experiences de M. Boutigny reproduisent cet etat de choses : un ceuf d'argent chauffd au rouge blanc et plongtj dans I'eau, ne fait seulement pas bouillir ce liquide, au contiaire, celui-ci subit une repulsion de la part du metal chaufle. L'hisloire nous apprend encore que la religion de Zoroastre ayant subi de grandes alterations, un de ses pontifes, Adurabad- Mabrasphand, offrit de subir I'epreuve du feu. II proposa qu'on versat sur son corps nu, « dix-huit livres de cuivre sortant de la fonte, et tout ardent » & condition que s'il n'en etait point blesse, les incredules se rendraient a un si grand prodige. On dit que I'epreuve se fit avec tant de succes qu'ils furent tous convertis. M. Boutigny, en vidant avec ses mains un creuset plein de fonte liquide, a pu emerveiller les membres del'Association brilannique lors de leur reunion & Ipswich, tout autant que Adurabad etonna ses disciples incredules. Mais I'etat spheroidal des corps n'a subiun examen scientifique que vers le milieu du siecle dernier, alors qu'il fut etudie en meme temps par Elier et par Leidenfrost; ensuite par Klaprolh, Lau- rent, Le Grand, de Kramer et Belh, Peltier, Baudrimont, Marchand, COSMOS. 667 et une foule d'aulres savants dislingu^s. M. Boutigny declare dans sa preface que depuis I'annee 1836, il ne s'estpeul-etre pas ecoule un seul jour sans qu'il se soit plus ou moins occupe de I'etude de ces phenomenes curieux. '''■' L'auteur divise son ouvrage en trois parties, dont la premiere, la partle physique, est sans doute la plus importante au point de vue de la pratique; c'est aussi celle qui a recu leplus de devclop- pements. Une seconde partie est consacree aux phenomenes chi- miques; une troisieme, a la theorle des phenomenes observes et aux rapports qu'ils ont avecles phenomenes cosmologiques. Examinons un pen maintenant ce que c'est qu'un corps h I'etat spheroidal, c'est-a-dire les proprieles qu'il nous presente dans cet etat, et insistons d'abord sur les proprieles physiques. Une lampe a alcool h double courant d'air et une mince capsule metallique, parfaitement polie, voila loutle laboratoire qu'il faut pour etudier la pluparfedes phenomenes qui nous occupent. Qu'on fasse chauf- fer la capsule jusqu'i une certaine temperature (que nous deter- minerons plus loin) , et qu'on y projette quelques goutles d'eau au raoyen d'une pipette, les petits globules de liquide roulent ca et \h a la surface de la capsule, puis se reunissent en un seul globule qui s'evapore tres-lentement, mais d'autant plus vile que la capsule se trouve chaufTee davantage; on constate facilement que cette evaporation est d'ailleurs une cinquantaine de fois plus lente qu'ellene serait si le liquide bouillait ; de plus, la tempera- ture du spheroide est toujours inferieure a son point d'ebullition, et la vapeur donnee par le liquide se met seule en equilibre avec la chaleur elevce de la capsule. Tel est le corps k I'etat spheroi- dal. En Fcxaminant de pres, on remarquera que le globule ne louche pas la capsule, que deplus, il jouitd'unpouvoir reflecteur presque absolua I'egard du calorique. En experimentant avec des liquides de diverses natures, on trouvera que la temperature de la capsule dans laquelle on fait passer un corps quelconque k I'etat spheroidal, doit etre d'autant plus eleveeque le point d'ebullition dece corps Test davantage. II s'agit de determiner tout d'abord la derniere limite de tem- perature a laquelle I'eau pent passer & i'etat spheroidal En pre- nant beaucoup de precautions, M. Boutigny a etabli que la cap- sule doit etre chauffee audel^ de 4- 142°, temperalure a laquelle I'eau la mouille et s'evapore rapidement. A + 171 ", I'eau piend Aejh facilement cet etat, et a 200% beaucoup plus facilement en- core. II etait inleressant de rechercher pour d'autres corps si cette 668 COSMOS. temperature (de la capsule) devait etre proportionnelle k celle de rebulliiion, et I'experience a prouve bionlOt qu'il en etait ainsi pourl'alcool absolu, et pour I'ether, que I'auteur a pu faire passer a I'etat spheroidal : le premier a -hUlt", le second, a + 61°. II a ^prouvd bien des difflcultes h determiner celle temperature pour I'acide sulfureux, mais il a pu constater loutefois qu'elle se trouve entre + 35° et+ iO".... Decettefacon on arrive h laloiquenous avons dejti mentionnde, savoir : que la temperature necessaire pour faire passer les corps ci I'etat spheroidal, doit etre d'autant pluselevee que leur point d'ebullition Test davantage. Etvoiciune jolie illustration de cet enonce : Le point d'ebullition de I'acide carbonique n'est pas bien connu, mais admettons qu'il soit h peu pr6s — 80°. Cela etant, on concoit que cet acide devra passer k retat spheroidal, c'est-S-dire etre repousse par tous les corps qui ont la temperature de notre cliraat, elk plus forte raison^par ceux qui ont une temperature superieure. Or, c'est precisement ce qui a lieu : quand on place un petit morceau d'acide carbonique solide dans la main, iln'y apasde contact, etc'est i peine si Ton eprouve une sensation de froid. Mais si Ton venait ci forcer ce contact en pressant I'acide neigeux contre la main , une briilure grave en serait la consequence. Aussi si Ton mele cet acide avec de I'ether, une cauterisation profonde est le resultat de cette experience dan- gereuse ; car, cet ether se met en equilibre de tempe'rature avec I'a- cide carbonique, et comme il faut k I'elher une temperature d'au moins + 60" pour passer k I'etat spheroidal, et que celle de I'homme n'est que + 37° environ, il s'ensuit que le contact de I'e- ther, qui est k la temperature de I'acide carbonique , s'etablit im- mediatement avec la main, d'ou la briilure par soustraction ins- tantanee de calorique. Un des faits les plus frappants dans la serie des phenomenes dont il s'agi t, c'est qu'un gaz permanentliquefie, qui bout a — 1 1", ne bout plus et ne se volatilise qu'aveclenteur dans une capsule rouge de feu et maintenue dans le vide, s'il est spheroidalise. Aussi, tous les phenomenes observes et decrits par M. Boutigny se re- produisent, comme a Pair libre, dans le moufle d'un fourneau k coupelle, c'est-a-dire dans un espace chaulTe a blanc de toutcs parts, dans le vide de la machine pneumatique, et au foyer d'uoe lentille par Paction des rayons solaires. Nous avons dans Yacide carbonique I'exemple d'un corps solide qui prend I'etat spheroidal ; hatons-nous de dire qu'il existe bien d'autres exemples pareils. Si Ton prend une capsule de platine COSMOS. 669 presque plane et qu'on la fasse rouQ;ir sur un eolipyle, puis qu'oii y projette un grannne environ dHode, ce corps passe iinmediale- ment a I'etal spheroidal. Le sublime corrosif h I'elat spheroidal est transparent comme du verre et ne se decompose pas. II en est de meme du chlorure de sodium, du chlorure d'animonitim, du carbonate d'ammoniaqxie, etc. — Ces faits et bien d'autres font presumer que tous les corps peuvent passer ci I'elat spheroidal. La temperature des corps 'd I'etat spheroidal, quelle que soil celle du vase qui les contient, est InYariable et toujours infeiieure S la temperature de leur ebullition, elle est cependant proportion- nelle a celle-ci, et de + 96"05 pour I'eau; + 75''C5 pour I'alcool absolu- + 34°25 pour Tether; + 10"05 pour le chlorure d'elhyle; — 10'' pour I'acide sulfureux. Quand on fait passer I'acide sulfureux a I'etat spheroidal, sa temperature de — 10° fait immediatement congeler I'eau que Get acide soustrait a I'air, ou que Ton projette dans la capsule, et on Unit ainsi par avoir un fragment de glace dans un creuset chauffe au rouge-blanc; I'evaporation de Yacide n'est pour rien dans ce phenomene. On a admis jusqu'ici que le calorique rayonnant traversait I'eau spheioidalisee sans s'y combiner et que c'etait la la cause de la lenteur de I'evaporation. D'apres M. Boutigny, il n'en est rien: un tout petit matras contenant un centimelre cube d'eau, ou bien la boul(^ d'un tliermomeire ordinaire etant plonges dans le sphe- roid e , demontrent que le calorique ne traverse pas cebii-ci; i'eau du matras ne bout pas ; le thermometre n'indlque que la tempera tiu'ede I'eau a I'etat spheroidal. Lespheroide ne s'evapore que par sa surface et reflechit tous les rayons calorifiques. M. Boutigny a parfaitement prouve qu'il n'y a pas de contact entre un corps a I'etat splierQidal et le vase qui le contient. Au- jourd'hui rien de plus facile que de resoudre des problemes de ce genre : « Etant donne un vase, le remplir d'eau sans qu'il soit mouille et faire bouillir cetle eau en n-froidissant ce mmw vase. » — a Passer sa langue sur une barre de fer chaullc a blanc sans se bruler. » — « Plonger sa main dans des metaux en fusion sans eprouver du mal. » — Voici a cet egard un mot de U. Come : « Nous avons varie les experiences pendant deux heures. Madame Covlet, qui y assistait, permit a sa filie, enfant de 8 a 10 ans, de mellre la main dans un creuset plein de fonte incan- descente. Cet essai fut fait impunement... » Ces sortes d'expe- riences s'expliquejit facilement : I'humidite qui rccouvre la main 670 . COSMOS, passe a I'etat spheroidal, reflechit le calorique rayonnant et ne s'echanffe pas assez pour boalllir. (Si cette humidile est de I'eau, on n'cpi'ouve presque pas de sensation, si c'est de I'acide sul- fureux avec Icquel on a mouille la main, on eprouvc une sensa- tion de fi'oid) ; mais il y a du danger : si Ton ne chauffait pas assez le metal, si Ton plongeait le doigt dans un metal en fusion au moment de sa solidification, on perdrait pcut-etre son membre. II est d'ailleurs dps problemes plus serieux & resoudre. En voici un exemple : i'etat spheroidal de I'eau joue-t-il un rdle quelconque dans les explosions, dites fulminanles, des chaudieres ci -vapeur? — Si Ton met de I'eau dans une chaudi^re d'essai et qu'on la soumette a Taction d'une haute temperature, I'eau ne tardera pas k bouillir avec force et c» donner des lorrents de va- peur. Si I'alimentation est negligee par une cause quelconque et que la chaudiere vienne h rougir, I'eau qu'on y introduira alors possedera des proprietes nouvelles : clle ne mouillera pas les pa- rois de la chaudiere, elle ne pourra pas s'echaufTer au deli de 98° et ne donnera consequemment que tres-peu de vapeur. (Dans certains cas on a remarquc's en effet, que la vapeur sorfait k tres-basse pression un instant avant I'explosion.) Mais si Ton vient k eteindre le feu, ou k diminuer son intensite, ou bien si Ton introduit tout a coup une grande masse d'eau froide dans la chaudiere, dans I'unetdansl'autre cas, I'eau s'etalera surles pa- rois, les mouillera etse reduira instantanement en vapeur dontla tension, dans la plupart des circonstances, pourra etre egale k mille atmospheres. Que peuvent faire les soupapes de silrete, les ron- delles fusibles, contre le developpement subit de cette puissance formidable? — Une grande partie de I'ouvrage de M. Boutigny est consacrde k I'etude des explosions des machines ; 11 decrit de nouveaux systfemes de chaudifires k vapeur et un sysleme de gd- nerateur entierement nouveau, applicable aux plus petites forces (12 cheval) aussi bien qu'aux plus puissantes machins. On ignore encore quelle peut 6tre la force repulsive qui tient les spheroides isoles des parois du vase dans lequel on les chauflfe. On pensail autrefois qu'ils nageaient surun coussin de vapeur. Mais cola n'est evidemment pas, car le phenom^ne a lieu sur des capsules porcees de trous, sur des toiles metalliques, et meme sur des fils de plaline en spirale, et dont les tours de spire ne se touchent pas. Quand on saura pourquoi I'eau mouille un vase froid, on saura aussi pourquoi elle ne le mouille pas quand il est chauffe k une certaine tempers! ure. COSMOS. 611 Parmi les phenomenes chimiques qui accompagnent les corps ^ I'etat spheroidal, nous signalerons les suivants : on sail bien que I'azolate d'ammoniaque estlrcs-combustible (c'est de l;i qu'il a tire son ancien norn de nilrum flammans) ; or si on fail passer ce sel a I'etat spheroidal, il se decomposera sans bruler. Lors- qu'on a chaufl'e de I'acide sujfurique h une temperaiure voisine de son ebullition et qu'on y a laisse tomber quelques goutirs d'eau, on remarque que I'eau passe a I'elat spheroidal, la meme chose a lieu avec I'alcool ou I'elher. — L'acide azotiqiie a letat spheroidal sur un vase d'argent n'allaque pas le mclal. Dans les mernes circonstances Tammoniaque n'atlaque pas le cuivie, I'acide sulfurique etendu n'atlaque pas le fer, etc., elc. Tous les phenomenes dus a ce que le contact n'est pas elabli enlre ces corps, et que par consequent raffinile chimiqne ne peul pas se nia- nifester. L'elherspheroidalise dansun creuset montre dans I'obs- curite des lueurs bleues qui ondulent dansle creuset et en remplit loute la capacite, il se produit en meme temps beaucoup d'alde- hyde. II nous est impossible d'ailleurs de suivre ici I'auteur dans celte parlie de son ouvrage, qu'il se propose de completer. Tout ce que nous pouvons en dire, c'est que les experiences deja faites en suggerent une foule d'autres et promettent des donnees fort interessantes. M. Chambert a voulu uliliser Tetal spheroidal de I'eau comme agent comburant pour brdler les malieres organi- ques conlenues dans les sels provenantde I'evaporation del'urine. M. Boutigny est parvenu a conslaler I'arsenic dans wne settle lache microscopique de sang, en se servant de I'elal spheroidal de certains reactifs. Dans la troisieme parlie de son travail, M. Boutigny considere I'elat spheroidal des corps dans ses rapports avec les lois physi- ques et les autres etats de la matiere. C'est la parlie Iheoriqne de son ouvrage. Nous nous sommes borne dans celte analyse a rap- porter des fails, afin de mieux faire ressorlir le caraclere de ce travail essenliellement experimental. Nous renverrons le lectcur k I'ouvragc meme de I'erudit auteur des belles recherclies dont nous rendons comple, el dont nous avons donne une notion bien insuffisanle, afm qu'il voie et qu'il apprecie par lui-meme com- ment et avec quel talent M. Boutigny expose les fails de Tordre le plus eleve,et les range, peut-etre avec un pen trop de hardi*sse, aulour de ses spheroides; comment on doil probablenK'nloii- visager les corps a I'elat spheroidal comme des satellites de noire 672 COSMOS. terre; quel r61e ces phenomSnes spheroidiques ont probable- ment joue dans la formation dps spheroides plan^taires; com- ment la lune a cl6 projetee dans I'espace et les laves volcaniques sm" I'ecorce du globe ; comment la houille s'est formee; com- ment ont surgi une foule de pbenomOnes cosmologiques auxquels nous nous garderons bien de toucher aujourd'hui; comment, eufin, Telat spbcroidal scmble comprendre la nature enti6re, et porter I'esprit du savant physicien a n'envisager dans celleci qu'un PRINCIPE, UNE FORCE, UNE MATlfeRE. T.-L. Phipson. Priiicipes loxiqucs dc la cigue. M. Lade, de Geneve, ayant fait des e'ssais comparatifs sur la tige, les feuilles et les semences vertes ou miires de la cigue, ainsi que' sur les semences qui n'etaient pas arrivees a la maturite, a trouve que ce sont ces dernieres qui contiennent le plus de co- neine. Ayant pris separement des quantites egales de feuilles re- cemment sechees, de semences mures et de semences vertes de cigue, et, les ayant pilees grossicremeut, I'auteur les a traitees separement par I'alcool ^ 80 pour 100, auquel il avait prealable- ment ajoule un peu d'acide acelique. La solution filtreefut traitee par I'acctate basique de plomb et filtree de nouveau, puis eva- poree & une douce ciialeur, jusqu'^ consistance de strop, apres quoi on ajouta de la potasse pour decomposer I'acelale de co- neine, et on traita par I'etlier : apres avoir separt^ k une douce chalour la chlorophylle de cet ether, on put facilement comparer la grande difference des trois produits : celui qui avait ete pre- pare avec des feuilles conlientlemoinsdeconeine, et celui qui I'a etc avec des semences non mares, le plus, un peu plus de 1 pour 100. {Echo medical beige.) FIN DO TOME DIXIEME. Imprimerie de W. Kemquet et Cie, A. TRAMBI-AX , rue Garanciere, 5. proprUlaire-serant. f «. ^^ '4 '' ^■H .v*" •**^- L -