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J. /Té^^

COUP D’OEIL

SUR LES

MISSIONS.

par A: V a l l ouy , Ministre du Si. Evangile*

J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie; il faut que je les amène, eUes entendront ma voix et il n’y aura qu’un seul troupeau et qu’un seul berger.

JÉSUS Christ ( Jean X. 16. )

VEVEY,

De l’Imprimerie de Lertscher et Fils.*

I?auteur étant trop éloigné du lieu de V impression pour pouvoir corriger les épreuves , prie le lecteur de vouloir bien excuser les fautes d’ortographe et de style qui pourront se glisser dans ce petit ouvrage.

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COUP D’OEIL SUR LES MISSIONS.

# OUTE la multitude dea Gentils doit entrer dans le sein de l'Eglise ( ^ ) c’est ce que nous apprennent nos saintes Ecritures dont les paroles procèden* d suprême vérité. Dans le tepms 8î. Paiil pi édisoit avec tant d’assui ance les suc- cès prodigieux de l’Evangile , il paraissait im- possible que cette mémorable prophétie put s’ac- complir un jour. Le Christianisme naissant n’é- tait défendu que par des jiersonnes faibles etsans appui ; il était vivement attaqué par des hommes illustres et puissans, selon le monde, quisemblaient devoir l’anéantir sans elForts,

D’un côté, l’on voyait des gens sans ducation, sans pouvoir , sans fortune; de l’autre se mon- traient les savans , les riches, les nobles, les grands , les gouverneurs , les princes et les iiio narques de la terre , et cepetnlant , les faibles triomphèrent des forts , les ignorans confondirent les sages , les méprises du monde huiiiiiièrent les domi nateurs des nations. Dieu voulutse sei vir de gens pauvres et dédaignés pour répandre l’Évan- ' gile dans i’univers afin de faire voir clairement aux hommes que le Christianisme n’aurait jamais pu s’établir sur la terre sans l’assistance miraculeuse de l esprit de force et de sagesse. Environ trois siècles apres les premières prédications des Apô-

t*) Romain? XI. 2î.

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très , la Religion de Jésus était déjà la Religion dominante de la plus grande partie du monde connu : le chef de l’Empire romain avait fléchi les genoux devant la croix de Christ et les Disci- ples du Sauveur jusqu’alors condamnés à perdre Il vie dans les supplices , virent enfin' leur divin IMaître adoré par ses adversaires et chantèrent a- vec joye des cantiques de louanges et d’actions de grâces en l’honneur de celui quileur avait fait remporter une éclatante victoire sur l’ennemi des âmes.

Lorsque les Chrétiens ne craignirent plus de ■* périr par le ferou par le feu pour le nomduSei- Joueur Jésus , leur fol fut moins vive , leur zèle ss’aflaiblit. La prospérité plus dangereuse pour le salut des âmes que les souftVances abattit leur première ferveur ; Neanmoins l’on vit encore plusieurs fidèles disciples de Christ quitter leur pays et leur famille pour aller annoncer le règne du Dieu fort à de pauvres idolâtres. Ils pénétrè- rent dans les forêts de la Germanie , dans les sa- bles de l’Afrique et dans les climats glacés de la Calédonie; ils firent voir la lumière de l'Évangile à des peuples q ni marchaient dans les ténèbres et les baptisèrent au nom du Père , du Fils et du St. Esprit.

Mais si l’Eglise de Jésus Christ put se réjouir quelques fem ps encore <ie voir les fils des étran- gers l’adopter pour leur mère, elle ne tarda pas à pleurer amèrement la perte d’une miultitude de ses enfans. I^e Seigneur irrité parles profanations et par les crimes de plusieurs nations chrétiennes

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devint leur ennemi et conibalit contr’eîles, ü leur ôta son chandelier , il les priva de son glo- rieux Évangile et permit à un imposteur de les a'^sej vir.

Sous le ciel brûlant de l’Arabie paraît unfour- be habile , qui se dit en\ oyé deDieu pour établir sur la terre la vraie Religion ; Il reconnaît la mission divine de Moine et de Jésus, mais il pré- tend les surpasser en sagesse , et se donne pour le dernier et le pies grand de« prophètes. Son é- loquence mâle suhj igue des esprits portés à l’en- Ihousidstne , il sait enllanuuer l'ardente imagina- tion des enfans du désert par de vives peintures d^un paradis ses disciples doivent savourer é- ternellernent tous les plaisirs de la volupté. Sa belle physionomie , le feu qui brille dans ses regards, son air d’autorité captivent la mullitudej au bout <le quelques années il a cent-vingt disci- ples. Leur courage lui fournit les moyens de ren- trer en vainqueur dans la Mecque sa patrie et d’exercer un pouvoir suprême sur les habitans de cette ville. Dès lors, il peut entreprendre de propager par les armes sa Religion naissante dans un pays l’on ne trouve que de petites tri- bus indépendantes et souvent ennemies. Tl promet à ses sectateurs une vie de délices s’ils meurent dans les combats et en fait des héros. Les vaincus doivent le reconnaîfs e pour le prophète duTout- puissant , vivre dans l’inlàmie ou mourir. Plu- sieurs s’enrôlent sous ses banières, éblouispar Texhaltation et par l’étonnante bravoure de leurs compagnons d’armes , ils finissent par partager

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l’enllioiisiasme des premiers musulmans. L’isla- misme porte au loin ses drapeaux victorieux , le sabre de Kaleb et les soldais d’Omar répandent de toutes pai ts l’épouvanle et la mort. Les peu- ])les conslernés , pour se soustraire au pillage , à rineendie , au glaive et au trépas , se pioster- iienl à l’approi hede cesliers ronquérans et crient Lieu est et iMahomel est son prophète. Iju Syrie, la Perse, l Egypte , la Mésopotamie, l’Espagne passentsous la domination des Kalifes. Jérusalem voit entrer dans ses murs les ennemis de Jésus Christ.

A l’oiiie de ces afiligeanles nouvelles , l’Occi- dent lut couvert de trisscsse et de deuil ; pendant longtemps on se contenta de déplorer les malheurs des fidèles de l'Orient , mais enlin les guerriers de l’Europe se levèrent, comme s’ils n’eussent été cpi’un seul homme , pour ch.asser du Calvaire les ennemis de Jésus Christ tt pour planter l’éten- dard delà cioixdans cessuperbes ci'és de l’Asie l’on avait jaiiis entendu rélenlir la voix des saints A pôtres. Des monarques , des princes , u- ne foule de seigneurs puissans parurent à la tête des armées forrnidahles qui inarcliaient pleines d’audace à la conquête de la Palestine. On rem- porta de grandes v ici oires , onp’it des villes llo- rissc'inlesjou ravagea de vastes régions, on ré- pandit la ter renr parmi les disciples de Mahomet, mais malgré le nombre prodigieux des défen- .«enrs »lela croix , malgré la valeur presque sur- naturelle de l’élite des chevaliers de l’Occident, üun’amena point d’ames captives à l’obéissance

de Jésus Christ. Deux millions de Chrétiens per- dirent la vie dans les champs de l’Egypte et de la Syrie et toutes ces entreprises gigantesques n’a- boutirent qu’à dépeupler nos contrées et qu’à soutenir l’énergie des sectateurs du Koran. Ils continuèrent à faire redouter leurs armes victo- rieuses et finirent par se frayer un chemin san- glant au travers des murs de Constantinople qui , jusqu’alors , étaient demeurés inaccessibles pour les ennemis du Sauveur.

Dieu souverainement sage , tes vnyes ne sont pas nos voyes et tes pensées ne sont pas nos pen- sées ! En voyant cette innombrable multitude de combattans partir pour attaquer tes adversai- res, ne devait- on pas croire que plusieurs nations qui neleservaient point allaient être bientôtsoumi« ses à tes loix ? Ne devait-on pas espérer que ton règne ne tarderait pas à s’étendre sur la terre? Et cependant, tu ne voulus pointrépandre ta pré- cieuse bénédiction sur ceux qui s’avançaient pour soutenir la gloire de ton nom : ils furent humi- liés et ceux (jui combattaient contre ton fils levè- rent fièrement la tête et se réjouirent de leurs vic- toires. Adorons les décrets duTout-puissant, Les Chrétiens qui prirent les armes pour conquérir le sépulcre de Jésus Christ n’étaient pas dignes de travailler à la propagation de l’Evangile, ce glorieux Évangile leur était presque inconnu , au lieu de l’enseigner aux nations vaincues, ils n’au- raient en quelque sorte prêché que la supersti- tion et l’attachement à de vaines cérémonies. La

) Esaïs LV. 8.

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croix brillaitsurleurs vêtemens et sur leurs dra- peaux « mais elle n’était pas dans leurs coeurs, ils se disaient Chrétiens et vivaient comme des infidèles , l’esprit du Sauveur n’habitait point en eux et Dieu dans sa sagesse ne jugea pas à pro- pos de se servir de tels Apôtres. D’ailleurs onau- rait bientôt entendu dire à l’incrédule que les peuples de l’Asie étaient revenus à Jésus Chiist par la force des armes , et lorsque le Dieu fort touche les cœurs des hommes et les amène à la connaissance de la vérité , il veut que la puissance qu’il déploie pour leur conversion puisse étrerai* sonnablernent expliquée par des efforts humains.

Les adorateurs Je Jésus Christ perdirent pour un temps l’espoir de faire embrasser l’Evangileaux disciples de Mahoint t , mais bientôt les Chrétiens purent se réjouir et) apprenant que des nations jusqu’alors inconnues allaient probablement en- trer dans le sein de l’église. Vasco de Gama en pénétrant dans la mer des Indes par le cap de Bon- ne-espérance , et Christophe Collomb en décou- vrant un nouveau monde aux yeux de l’Europe étonnée , fournirent aux prédicateurs du Chris- tianisme un moyen d’augmenter le nombre des enfans de Dieu. Plusieurs des peuples visités par ces hardis navigateurs paraissaient doux et do- ciles, ils auraient embrassé sans répugnance la Religion de ceux qu’ils regardaient d’abord com- me des êtres surnaturels , mais les vices et les cruautés de leurs oppresseurs leur donnèrent une répugnance insurmontable pour la doctrine de Jésus. On voulait les rendre Chrétiens, mais en

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même temps on semblait prendre â târbe de leur faire blasphémer le Dieu de vérité. La soif insa* tiable de l^r éteignit tout sentiment de compas- sion dans le cœur de ceux qui se glorifiaient de servir Jésus Christ , et pour amasser de plus vas- tes monceaux derichesses périssables , ils ne crai- gnaient pas défaire envisager notre bon Sauveur comme le soutien du crime et des forfaits. Com- ment le pauvre sauvage , tourmenté par des maîtres féroces et barbares aui ait-il pu croire que des ensfcignemens salutaires sortaient de leur bouche ? Chargé de fers , accablé par un travail excessif, privé de l’air et de la lumière , anéanti par les souffles empoisonnés qui s’exhalent des mines , il maudissait ses tyrans et croyait en- tendre une insultante raillerie quand ils lui par- laient d’un Dieu saint , juste et bon. L’améri- * cain exaspéré ne désirait que la mort qui devait mettre un terme à ses maux. On entreprenait de le convertir , on lui parlait des joyes du paradis. Dans ce lieu de délices , demandait -il ^ y a t-il des gens de votre nationl II y en a répondaient les missionnaires. Je n’y veux point aller disait l’Américain.

Après qu’une inombrable multitude de ces infortunés eut péri victime de l’avarice des Euro- péens , on prit enfin la résolution de traiter les peuples du nouveau monde avec plus de douceur; mais comme on voulut toujours employer la crainte pour les amener à Jésus Christ, on leur donna l’apparence du Christianisme, mais l’on n’en fit pas de vrais Chrétiens, Dieu veut que ses

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adorateurs le servent librement et sans contrainte , iln’est point ouvrier avec ceux qui font usage de la force pour faire entrer les hommes dans le sein dePEglise.L’espritne peut êtreconvainou que par de bonnes raisons, le coeur ne peut être changé que par la grâce deDie; uet loin de sauver les âmes par la rigueur , on les éloigne de l’Évangile. Aussi les notions du Christianisme furent elles très fai- bles chez les naturels de l'Amérique que l’on cherchait à convertir par la violence; et l’on n’en vit qu’un fort petit nombre renoncer sincè- rement à l’idolâtrie. Ils assistaient au service divin pour se soustraire à des châlimens , mais leurs cœurs étaient inflexibles. Ils ne vo}'^aient qu’une pénible contrainte dans les exercices de dévotion et ne pensaient point à se prosterner devant le Très-haut quand ils n’étaient pas sous les yeux de leurs dominateurs.

Des missionnaires , sortis d’une compagnie cé- lèbre par ses succès et par ses désastres , entre- prirent de fonder denouvelles sociétés chrétien- nes en employant la seule voye de la persuasion pour rassembler des sauvages errans et pour les engager à servir Jésus Christ. La réussite du pro jet de ces religieux , fit voir qu’il est bien plus facile de changer le cœur des hommes par des enseignemens et par des paroles douces que par l’appareil de la puissance. On vit plusieurs tri- buts idolâtres suivre les missionnaires, renoncer à leurs habitudes de paresse et de férocité , cul- tiver la terre , bâtir des villages et goûter les dou- ceurs d’une vie paisible. Leurs mcenrs s’adou-

cirent , leurs sociétés naissantes.furent rarement souillées par des crimes , ils se distinguèrent par Ja pratique de plusieurs belles vertus. Si l’on eut fait autant d’efforts pour éclairer leur foi que pour les assujettir à des cérémonies extérieures, si chacun d’eux avait possédé la parole de vie, s’ils avaient pu nourrir leurs âmes par la mé- ditation de l’Evangile , ils seraient devenus des Chrétiens instruits et fidèles , ils auraient en les moyens de croître sans le secours des hommes dans la connaissance de notre Sauveur et l’édifi- ce de leur foi n’aurait point été renversé. Pour faire des Chrétiens inébranlables , pour enraci-; ner l’Evangile dans une terre soumise à l’erreur, il faut conduire les peuples qui l’habitent à la source pure de la vérité, il faut mettre dans leurs mains le livre parfait, et bientôt ils le recevront , non comme la parole des hommes , mais ainsi (jiiHl Vesl véritablement comme la parole de Dieu. (*)

C’est en répandant avec profusion celte parole sainte sur toute la surface du globe , que l’on en- treprend de nos jours de faire aimer notre divin Rédempteur par tous les enfans des hommes. Les Biglises évangéliques sont demeurées long- temps sans faire de grands efforts pour convertir les nations , mais maintenant elles publient avec zèle la gloire de celui qui les a appelées des té- nèbres à sa merveilleuse lumière. Semblable à un vaillant guerrier qui sort d’un profond som-

(* j I. ThessaU. 13.

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uieil pour répandre la terreur parmi les ennemis de son peuple , le Protestantisme s’est réveillé de son assoupissement et maintenant il rempoite de nombreuses victoires sur Pii réligion et sur l’i- dolâtrie. Il prend pour arme la parole de Dieu , cette parole plus pénétrante qu’une épée à deux tranchans , (^) et c’est parce qu’il s’en sert pour l’attaque et pour la défense que ceux qui com- battent contre notre très sainte foi ne peuvent lui résister. Il voudrait détruire l’incrédulité des nations chrétiennes et les fausses opinions de celles qui ne vivent point sous la Loi de Jésus et soutenu par l’esprit de Dieu , il comprend que pour faire régner le Sauveur surles arnes il faut envoyer en tout lieu son glorieux Évangile.

Hélas ! les hommes charnels ont cru voir na- guères le régne bienfaisant de Jésus piélà dis- paraître de ce monde. La corruption e t l’orgueil ont fait une aflfreuse ligue pour combattre la doc- trine du Rédempteur des nations. De prétendus sages enflés parune fausse science se sont aveu- glés jusqu’à croire que leurs enseignemens feraient oublier les enseignemens du Seigneur. Ils ont essayé de tourner en ridicule les vérités les plus respectables et les plus saintes pour séduit reles élus même si cela était possible. Les

vrais serviteurs de Dieu sont demeurés inébran- lables au milieu des attaques des incrédules, mais Tin grand nombre de personnes faibles se sont

(*) Hébreu IV. 12.

1*» ) Matthieu XXIV. 24.

laissées corrompre par les discours empoisonnés des détracteurs de l’Evangile. Une mnltitude de gens gouvernés par leurs passions ont ardem- ment embrassé des opinions qui leur permettaient de salisfaire leurs goûts dépravés. L’inéligion a porté de toutes parts ses funestes ravages , les ennemis de Jésus et de scs paroles se sont mul- tipliés sur la terre, ils ont formé le dessein d’a- néantir la puissance du Sauveur du monde, mais leurs vains projets se sont évanouis comme la fu- mée quele ven t emporte. L’édifice de notre sain- te Religion est fondé sur le roc, aucun pouvoir humain ne peut le renverser. Le fer , le feu , l’jn- tolérance , la superstition , les fraudes pieuses, le fanatisme , l’incrédulité, la tiédeur ont frappé tour à tour avec une forceterrible contre cet é- difice antique , on a vu s’éleverautour de lui des nuages de poussière , qui le dérobaient aux yeux de firesque tous les pauvres humains , mais le Seigneur a souillé sur ces tourbillons impurs et le sublime édifice bâii par le Christ a reparu bril- lant et majestueux comme dans les jours anciens. L’islamisme se soutient parce qu’il interdit tou- te discussion à ses sectateurs , ceux c[ui doutent de sa divinité s’exposeraient à la mort s’ils osaient manifester ouvertement leurs pensées ; minésour- dement , il sera peut être détruit parune explo- sion soudaine , comme ce mont audacieux qui rongé dans sa base par les pluj'^es et par les sour- ces d’eau, est tombé naguéres avec un fracas é- pouvantable dans une des vallées de notre patrie. jL 'Évangile, au contraire , soufire les attaques de

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ses ennemis , ne s’oppose point à leurs dérlama- tions , ne combat leurs r nsonnemens que par des argumens , et néanmoins, loin d’êire aftdîbli par la multitude de traits que ses adversaires dé- cochent contre lui , il demeure toujours plein de force et de vigueur.

Si vous ne la voyez pas , ouvrez les yeux et voyez, les ennemis de Jésus , malgré leur nom- bre, malgré leur crédit, malgré leur réputation, malgré leurs lumières, ont ils triomphé de ce t)on Sauveur? Ils ont perdu sans doute bien des âmes créées a l’image deüieu, le Tout Puissant a permis q’i’ils eussent des succès passagers afin de faire voir dans q\iels afTi eux excès peut tomber le Chré- tien qui renie son Rédempteur , mais les Apôtres de l’incrédulité ont bientôt leurs vains systè- mes dédaignés par les hommes. Aujourd’hui , grâ- ces t’en soyent rendues , ô mon J3ieu, aujourd’hui on ne rougit plus d’adorer le Sauveur, l’irréligion se cache et n’ose plus professer ouvertement ses détestables maximes, l’amour de Jésus germe dans les coeurs , les monarques du monde procla- ment dans leurs édits le seul nom qui peut nous sauver , plusieurs écrivains célébrés consacrent leurs talens à défendre la cause de l’Evangile, un grand nombre d’hommes déplorent leurs ancien- nes erreurs et se glorifient de servir maintenant Jésus C brist et de publier ses louanges.

La parole de Dieu était devenue rare parmi les enfans des hommes ; une grande multitude de fimille.s chrétiennes étaient privées de ce pré- cieux trésor et les amis de l’Evangile ne doutèrent

lo

pas que Fon ne parvint a détruire le règne de l’impiété en cherchant à placer dans toutes les habitations le üvre qui publie la bonne nouvelle. Une société, honneur de notre siècle, s’est for- mée pour répandre en tous lieux la parole du Sei- gneur. Faible dans son origine, elle a crû rapi- dement comme iine plante vigoureuse et pousse de toutes parts de nombreux rejetons. Des asso- ciations fondées sur les mêmes principes , se sont établies à son exemple et fournissent aussi les Saintes Ecritures à ceux qui n’ont pas le bonheur de les posséder. On a distribué des Bibles avec une étonnante profusion dans les pays Chrétiens; de nombreuses presses multiplient sans relâche le livre parhiit et néanmoins on est loin de pou- voir satisfaire à toutes les demandes des âmes al- térées de la parole de Dieu, On contemple avec joye, desindigens, des ouvriers, des veuves , des domestiques , qui se privent d'une partie de leurs chétifs salaiies pour se procurer les révélations du Très-haut et même pour les procurer à leurs frères en Jésus Christ. Plusieurs paroisses, un nombre immense de familles ont été régénérées par la lecture de l’Évangile ; des voix delouanges et d’actions de gi àees ont retenti dans des lieux 1 on n’entendait jadis que des juremens ou des paroles impies. On a vu le cultivateur se dé- lasser de ses travaux en méditant la parole de vie, l’artisan s’en nourrir dans son attelier , le mate- lot l’étudier sur le tillac de son vaisseau balancé parles ondes, le soldat la porter dans son havre- sac et consacrer ses loisirs a la lire. Elle pénètre^

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inalgi^é les efforts de la superstition, chez des Chrétiens qui jadis n’osaient approcher leurs lèvres de cette source pure pour désaltérer leurs âmes, ils sont éclairés par les paroles du Sauveur et comprennent maintenant qu’ils ne se sauve- ront pas par de vaines cérémonies, mais que la foi au Seigneur Jésus peut seule leur donner ac- cès au trône de la grâce.

Pour éeraser le grand chef qui domine sur de vastes régions^ ( } il ne suffisait pas de faire en-

tendre la voix du Sauveur du monde dans les pays chrétiens, il fallait encore la faire enten- dre aux peuples qui marchent dans les ténèbres et dans Pombre de la mort, il fallait faire luire au milieu d’eux la grande lumière des âmes et pour atteindre ce but on leur a porté l’Évangile de Jésus. Mais ils ne connaissent ni les langues de l’Europe ni les langues anciennes, ils auront dans leurs mains labonne nouvelle mais ne pour- ront l’entendre, ils n’auront ni la volonté ni la patience de s’assujétir à de longues éludes pour comprendre le livre divin qu’on leur donne? Le Dieu fort pour accomplir son oeuvre surmonte sans peine des difficultés qui paraissent insur- montables aux pauvres humains. Depuis un as- sez petit nombre d’années la parole du Seigneur est traduite dans presque toutes les langues des hommes; on peut maintenant faire entendre cette parole sainte aux peuples les plus barbares. L’imprimerie , consacrée si souvent a répandre

l’er- (*)

(* ) Psaume Ho, 6.

l’erreur et le mensonge devient un instrument de salut flans la main de l’Eternel et niulliplie avec, une étonnante rapidité les nombreuses traduc- tions de TEcriture, Des navires chargés de ce trésor inestimable sillonnent la vaste étendue des mers et portent à pleines voiles le salut et la vie jusques dans les contrées les plus sauvages. Des hommes animés par l’esprit du Dieu vivant , sortent de leur pays et de la maison de leur père et vont dans les régions que l'Eternel leur montre pour expliqueraux pauvres idolâtres les oracles du Très Haut et pour les conjurer de se conver- tir à Dieu et de croire en Jésus -Christ notre Sei- gneur.

Souverain Maître de l’univers , que tes plus pré- cieuses bénédictions reposent sur ce^ boinmes a- postoliques , garde les comme la prunelle de ton Obï\,donneà tes serviteurs d'annoncer ta parois avec une pleine hardiesse réjouis leurs coeurs en rendant les peuples dociles à leurs bienfaisantes instructions , ne per- mets pas que leurs travaux et leurs souf- fjances soyent inutiles pour le salut des âmes. Oui Seigneur Tout-puissantj l’heure

vient tu seras invoqué par tous les hom- Esaie So, . . , . , . ^

1, 2. mes; ta voix miséricordieuse appelle tou- te la terre de pu is le soleil levant j usqu^au soleil couchant , tu fais resplendir en tous - lieux ta brillante lumière, ta lèves ta main Ssaie 49 verslesnations,lu hau-sestonéiendard vers 22. les peuples, ils vont apporter leurs fils en- tre tes bras. Tu ras accomplir ta parole en B

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donnant à ton Clirist pour héritage les na- ¥^2, pour sa profession les interprètes

de la terre ; je vois l'ange annoncé par St. Jean voler parlemilieu du ciel et porterV }■]. vangile Eternel pour V annoncer à ceux qui habitent sur la terre ^ à toute langue^ à toute Apoc. 14. toute tribu ctd tout peuple. Il crie

d'uîie vlûx forte: Craignez Dieu et lai don- nezgloire adorez celui qui a fait le ciel ^ la terre, la mer et les sources d'eau L’Eter- neldit aujourd’hui. Je vais envoyermes ser- viteurs vers les nations, vers les neunles

Esaie66. . , ,

19. 23. fltii tirent de l arc et vers les îles éloignées qui n’ont point entendu parier démon nom et qui n’ont point vu ma gloire, ils annonce- ront ma gloire parmi les nations et toute chair viendra se prosterner devant ma fa- ce., hommes de paix , messa- gers de bonnes nouvelles , ne craignez point, parlez, ne gardez pas un lâche si- Esa:e4o. lence , le Seigneur est avec vous ; montez sur les montagnes , èlevezlavoix avec for- ce , dites aux pauvres péchéurs : V oici vo- tre Dieu. Les adorateurs du mensonge et de la vanité ne seront pas sourds à vos pa- roles , les chemins sont applanis, vous arri- ^ \erez j iisqu’à leurs cœurs. Les campagnes 35. ' sont blanches et prêtes à être moisson-

nées, il ne faut que des ouvriers fidèles et laborieux pour y porter la faucille. Dé- jades serviteurs hrûlans d’amour pour leur Maître, ont mis la main à l’œuvre^et re-

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cueillentle fruit deleurs pieuxtiavaux; dé- jà dans de vastes régions , des idolàtresfoii- lent aux pieds leurs Dieux infâiues et ce/à- Pf cvn avec ferveur la bonté de l' Eternel et

ses merveilles parmi les Jils des hommes.

Les noirs enfans de l’Afric{ue , brûlés par le soleil de la nature commencent à sentir la douce influence du soleil de justice qui por- te la santé dans s^s rayons. Ils invoquent la Seigneur Jésus et lui demandent de guérir les playes etillammées de leurs aines. Transportés dans les colonies des Européens ils ne deineu-; rent plus comme autrefois étrangers à l’allian- ce de grâce, ils connaissent le Rédempteur des hommes et se prosternent devant lui pour le prier de les laver par son sang précieux. Ils accourent en foule pour entendre la parole de vie , ils en- tourent lemissionnairequi publie lesalut,ilsécou- tent dans un religieux silence , Thistoire des dou- leursde Jésusetversent des larmesde joye en pen- sant que le fils du Dieu vivant est mort sur une croix infâme pour sauver les jiauvres nègres.

Les prédicateurs de l’Evangile sont acceuillis à St. Domingue. Le Chef, (* (**)) de l’isle tes reçoit avec bienveillance.leur permetd’établir des écoles et de bâtir un temple pour servir le vrai Dieu La salle des assemblées Chrétiennes, la cour qui l’a- voisine, sont remplies d’auditeurs,* leur.sgémisse- mens,leur3 soupirs, leurs larmesfont voir qu’ilssoii- haitentavec ardeur d'être affranchis de l’esclava-

{ * ) Malachie 1 V, 2.

(**) Boyer.

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ge (lu péché , après l’avoir été de celui des hom- mes.

En portant nos regards sur TAfrique elle-même, nous y trouvons de nouveaux sujets d’adorer la puissance du Seigneur. La colonie Chrétienne de Sierra Leone est dans l’état le plus florissant , on n’y entend que des hymnes saints et des paroles d’édification. Ces nouveaux fidèles sont remplis d’amour pour leur Sauveur et d’affection pour leurs frères , la foi demeure dans leurs âmes et leur donne la force de garderies statuts du Très- Haut, ils semblent n’avoir d’autre désir que de plaireà celui qui les arachetés parsonsang. Déjà p'u^ieurs d’entr’eux,insîruitsdans les saintes Let- tres , ont été consacrés au Seigneur , ils se prépa- rent à des courses lointaines pour porter à leurs aveugles compatriotes le flambeau de l’Évangile. Les ndssionnaires ne travaillent pas non plus en vain dans les autres parties de ce vaste continent ; ils jettent en terre la bonne semence et la voyent souvent avec joye lever et produire du fruit en- sorte qiiun grain en rapporte cent , un autre soixante et un autre trente. Sans doute l’ennemi des âmes sème aussi de l’yvraie dans lechampdu Seigneur , mais fréquemment il voit de nouvelles peuplades arrachées à son funeste empire. L’A— friqueméridionale,en particulier, sedistingue par ses progrès dans la connaissance de notre Sei- gneur Jésus- Christ. Le Hottentot est régénéré par la lecture de l’Evangile , il renonce aux con- voitises du monde pour vivre selon les règles de la piété , de la justice et de la tempérance.

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(^) )) J’aime mon Sauveur , s’écrie-t’il , c'est lui ); qui m’a délivré de la servitude de la corruption, }) je ne cesserai de le bénir. Je sens dans mon a- )) me reflicace de la vérité : dès que j’entends î) sonnerie cor qui m’appelleàl’assemblée , mon )) cœur tressaille comme au plus beau jour de lê- )) te , c’est tout mon bonheur que d’entendre la )) parole, a Les sentimens et les actions répon- dent aux discours. Ces pauvres sauvages aiment le Rédempteur de tout leur coeur et de toute lei r ame , ils cherchent de tout leur pouvoir àse con- former à ses préceptes , ils renoncent à leurs ha- bitudes vicieuses et consacrent leurs biens tem- porels à faire de bonnes oeuvres. Semblables aux; anciennes Églises de. Macédoine, dans leurprc- f >nde indigence , ils répandent arec profusion les richesses de leur lihèrulitè. Ils sont par- venus à fonder un hospice pour les pauvres et les malades et contribuent j)ar des c oilectes abon- dantes à la propagation du Christianisme.

La bonne nouvelle réjouit aussi le cœur des babitans de l’Asie. Les missionnaires travaillent avec ardeur dans les Indes , et malgré les nom- breux obstacles qui s’opposent à leurs pieux des- seins , ils voyent cependant que la prédication de la croix est la puissance de Dieu. , plus encore que dans d’autres pays , l’Evangile esten butte à la contradiction. Il faut qu’il lutte contre des erreurs invétérées et contre des préjugés

( *) Paroles prononcées parmi Hottentot. (*♦) II. Cor, 8.2,

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paraissent insurmontables. Un Tnriou qni se con- vertit an Christianisme devient étranger à sa fa- mille , il est cjiassé de sa C'aste ^ il est souvent dé- pouillé de ses Liens ,ses anciennes relations sont rompues , il ne peut plus jouir de la société de ses paï ens , de ses amis et de ses proches. Il faut donc que la vérité brille avec un bien grand éclat aux yeux d’un tel liornme pour qu’il prenne la ïésolulion de servir Jésus Clirist ; il ne peut ado- rer publiquement le Sauveur qu’en foulant aux pieds toute considération mondaine, et pour l’or- dinaire , les misérables humains s’inquiètent beaucoup plus de leur prospérité temporelle que de leur salut éternel. Néanmoins la grâce du Sei- gneur triomphe du momie et de ses faux biens. Calcula , Serampore, Agra , Madras et plusieurs aufi e'S villes de cetteimmensecontrée, renferment des Églises qui chaque jour ileviennent plus nombieuses. Ce ne sont pas seulement des liom- rnes placés dans des castes abjectes qui publient que Jésus est le fils de Uieu;onvoit fréquemment des Biamincs reconnr.îire la fausseté de leur Re- ligion qui leur est .‘•i favorable et se joindre so- lemnellement h l’assemblée des disiiples de Christ. La parole de Dieu ne retourne [loint à lui sans effet. Abdoul Messi , autrefois musul- man, prêche hardiment l’Évangile sur les bords du Gange , nouveau St. Paul , il élève sans relâ- che sa voix en faveur <lu Cliristianisme , entou- ré il’idolàires il n’a point lionte de la croix , il conjureet les Aîabométans et les adorateurs de Brama de se convertir à Dieu et de croire en Jé-

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sus-Christ notre Seigneur. Il touche les coeurs de plusieurs d’entr’eux et les amène à la connais- sance de la vérité. Un grand nombre de militai- res , au lieu de consacrer leurs loisirs à dissi- pation et à la débauche , les consacrent à travail- ler dans le champ du Seigneur. Les rangs sont pleins de vrais adorateurs du Messie qui brûlent d’avancer le régne de leur divin Maître. Le 24® régiment , le 5t3° , le 66® , le 84' , le 89® et d’au- tres encore se distinguent par un esprit émi- nemment religieux ; la Bible est la compagne fidè- le de ces braves soldats , chaque Tois qu’ils chan- gent de garnison ils cherchent à signaler leur ar- rivée dans de nouveaux postes en arrachant quel- ques âmes à la puissance des ténèbres. La seule distribution de la parole sainte produit des elFels surprenans. Piès de Delhi, les habitans d’une petite contrée sont devenus Chrétiens parla lec- ture d’un Nouveau Testament qu’ils avaient reçu d’un missionnaire voyageur. Il y a quelques an- nées, trois cens Indous arrivent dans un village voisin deCalcuta pour demander à l’un de leurs * compatriotes l’explication d’un livre qu’ils ne com- prennent pas. Cet homme adorait Jésus-Christ , il ouvre le volume qu’on lui présente et reconnaît l’Evangile, il explique pendant trois jours le mys- tère de piété à ces aveugles spirituels et les ren- voyé satisfaits dans leurs demeures.

On apprend avec joie que le désir de l’inslruc* tion se propage parmi les habitans de l'Inde, les préjugés s’affaiblissent , et les ancienne.s supers- titions sont abandonnées par une multitude de

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personnes. Un respei table magistrat récemment an ivé <le ces contrées, a dit, (|ue ceux qui le.s a- vaient habitées avant lés années qui viennent de s^écouler ne pouvaient se fo) mer une idée de leur état actuel d^ap)èMe qu’elbs étaient alors.

( 2.')' Rappoi tde la Société missionnairede Lon- dres. )

Le nord de l’Asie soumis à la puissance du mo- narque des Russes, participera probablement bientôt aux bienfaits de l'alliance de grâce. Les peuples qui vivent dans ces climats glacés ont un maître qui veille au salut de leurs âmes ; par ses soin.'i généieux ils peuvent maintenant lire dans leur propre langue les révélations du Seigneur; on leur enseigne la seule science nécessaireet jus- qu'à présent ils paraissent recevoir avec joie les divines leçons qui doivent les rendre dignes d’a- voir part au royaume des t'ieux.

Uans la grande île de Ceylan , les travaux des mi.s^ionnaires ne sont pas infructueux. Déjà plu- sieurs prêtres Boudbistes ont quitté la robe jau- * n<^ , abjuré leurs anciennes erreurs et reconnu Jésus pour le fils du Souverain. Ijeur exemple et leurs prédications serv iront sans doute a l’accrois- Tsement de l’Eglise.

Zi aun, l’une de.s Aloluques reçoit avec joie la doctrine du Sauveur, lieroi se distingue par son amour pour la parole de Dieu , par sa foi , par sa piété fervente. Il annonce lui même à ses su- jets les vérités du salut et pai vicnt à conduire plusieurs d’entr’eux aux sources de la vie. L’I- dolâtrie voit aussi son empire détruit dans l’île

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d’Amboyne ; les images taillées qui subsistaient encore ont été réunies et jetées dans la mer.

L’Amérique septentrionale entend la voix de celui qui vit et règne aux siècles des siècles. Les habitans des Ltals-unisrépandentrEvangile par- mi les tribus sauvages qui les entourent , quel- ques-unes d’en tr’elles connaissent déjà le Seigneur et l’on peut espérer que le nombre des disciples de Christ deviendra toujours plus grand dans ces régions lointaines. I^e Dieu fort ne les abandon- nera point , il leur fera connaître son nom et ce- lui de son fils.

O Tahiti etplusieurs C'^)autrcsiles de lamer du Sud ont abandonné depuispeu le culte desidoles et servent maintenant J. C. Pendant un certain temps les lidéles furent persécutés à Tahiti ;le Roi Pomarre qui partageait leur croyance fat con- traint de se retirer avec eux à Eiiueo. Ceux qui les avaient forcés à quitter leur patrie tournèrent leurs armes les uns contre les autres et se livrè- rent de sanglans combats, enfin ils firent la paix et permirent aux Chrétiens de rentrer dans leurs demeures , mais cette apparence de modération cachait des projets perfides. Le Dimanche, 1 2 No- vembre i8l5, tandis que les disciples de Jésusé- taient assemblés pour servir le Dieu fort , ils fu- rent attaqués avec fureur par les Idolâtres. Heu- reusement les Chrétiens étaient armés; ils com- batlirentavec courage pour défendre les jours de leurs frères, de leurs femmes et de leurs enfans,et Dieu leur donna la victoire. Les vaincus furent

( * ) Eimeo Iliialieiiiie Raiatra.

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traités avec la plus grande morlérntion , on ne maltraita point les prisonniers , les morts furent ensevelis avec décence , les familles des ennemis nesoiiffrirentaucnne violence, leurspropriélés fii- rentrespectées. Une conduite si contraire aux an- ciens usages gagna tous les coeurs , h s adversaires de Jésus abandonnèrent leurs Dieux et voulurent embrasser la Religion qui produit la paix et l’a- mour. Aujourd’hui les Idoles ont dis[>ai u de l'a- liili , le jour du Seigneur est sanctifié par la ces- sation (le tout travail , par le culte public , par le culte domestique. Ces Insulaires profitent avec empressement des secours spirituels que leur of- fre la bonne Providence , nulle part on ne voit plus de dévotion , nulle part on ne voit plus de respect pour la jiarole sainte. ( ^) )) O mes amis, )) écrit le roi Pomarre aux missionnaires , pnis- )) siez-vous être sauvés par Jebova et par Jésus- )) Christ notre Rédempteur. Je vous prie d’en- )) voyer les Ploies ri jointes aux Brifanes ( aux )) Anglais ) afin qu’il voyeni la figure des Dieux de )) Tahiti, l^a plus grande, qui est ornée des plumes )) rouges du Otne, s’appelleTemeharo.Brulez-là , 3) ousi vous Paimez mieux envoyez-la en Europe a- 3) fin que l’on sacheà quels Dieux Tahiti prosli- 3) tuait ses hommages. Maintenant je connais Je- 3) hova , le vrai Dieu, je neveux avoir d’autre 3) Dieu que lui. Puisse l’il sauver mon aine au 3) jour de la dissolution de mon corps. C’est la » miséricorde de Jésus qui est ma retraite , le

< * ) Extrait d’uue lettre de Pomarre.

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)) lieu qui me dérobe à la colère de Jehova. Dés )) que ce grand Dieu jète sur moi ses regards je )) me réfugie aux pieds de Jésus Christ et je » ne crains plus. Je suis heureux et satisfait , je )) me réjouis au dedans démon cœur, je bénis » Jehova de ce qu’il m’a envo}'^é sa parole ; sans )) lui j’allais péiir, puisse t’il m’inspirer unehor- )) reur toujours plus vive pour les sentiers mau* » vais. Dieu peut seul déraciner de notre cœur )) tout amour pour le péché , nous ne pourrons )) jamais le faire nous-mêmes, c’est l’œuvre de )) Dieu seul. O mes amis , que J diova le grand )) Dieu vous sa uve tous. « Quelle humilité, quel amour , quelle foi ! Plélas on rougit en compa- rant ces nouveaux Chrétiens avec ceux qui dès leur enfance ont été nourris de la parole de vie.

Le Seigneur a daigné répandre son Evangile dans plusieurs contrées idolâtres. Un grand nom- bre d’adorateurs des faux Dieux connaissent maintenant le Sauveur du monde et nous osons espérer que les progrès du Christianisme seront à l’avenir plus rapides encore que du passé. De grandes dilïicultés sont déjà vaincues par la Di- vine assistance du Tout Puissant. Les disciples de Jésus qui voudront annoncer aux payens la bonne nouvelle, auront bien moins d’obstacles à surmonter que les premiers missionnaires. Ceux-ci placés parmi des peuples^ dont ils ne connaissaient pas la langue, ne parvenaientqu’à force de zèle ,de patience et de travail à leur fai- re entendre les vérités du salut. I>ien du temps se passait avant qu’ils pussent s’entretenir avec

enx et dès lors plusieurs années s’écoulaient en- core avant qu’ils parvinssent à leur donner des traductions de nos saints Livres. Aujourd’hui les prédicateurs de l’Évangile partent , pour l’or- dinaire , ayant entre leurs mains la parole de Dieudans la langue du peuple qu’ils veulent con- vertir , par ce moyen , ils peuvent promptement se familiariser avec le langage des hommes con- fiés à leurs soins , ils ne sont pas retardés dans leur travail par l'obligat ion de traduire rCn itu- re et peuvent avancer à grands pas dans la car- rière quMs ont à parcourir.

Lesécolesque l’on établit de toute part serviront encore à propager rapidement le Christianisme. L’enseignement mutuel semble avoir été «iét ou- vrit de nos jours pour répandre en tous lieux les bienfaits de la civilisât ion et la lumière de l'Evangi- le. Airmoyen de celte méthode si simjile , un seul maître peut instruire un grand nombre d’élèves et déjà dans plusieurs contrées, plongéesjusqn’à pré- sent dans une alfreiise ignorance, on voit une mul- tiludede personnesrecevoir d’utiles instructions et se mettre en état de lire avec facilité la parole de vie. Le nombre des enfans élevés dans les diverses missions répandues surlaterreestdéjà prodigieux.

Souvent les Sauvages, tout en rejetant les divins préceptes qu’on leur donne, livrentsans réjnignan- ce leurs enfans aux missionnaires pour les ins- truire, et quoique la conversion de ces peuples paraisse lente , on peut néanmoins espérer qu’el- le s’avance d’une manière sûre. Quels ne seront pas les succès de ces jeunes gens lorsqu’ils an- nonceront à leurs compatriotes le salut par 3é-

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sus-Clirist ? Instruits depuis longtemps des véri- tés de notre Religion sainte, ils pourront l’ensei- gner d’une manière convenabIe,^et connaissant eu niême temps les moeurs , les couluuies , les habi- tudes, les préjugés de ceux qu’ils seront appelés à instruire , ils auiont plus de moyens de toudier leurs coeurs et de les amener à reconnaître la di- vinité de l’Évangile. N’étant point étrangers, on n’écoutera pas leurs discours avec autant de dé- fiance , on n’aura pas d’éloignement pour eux. Vivant au milieu de leurs concitojrens ils pour- ront profiter de toutes les circonstances favora- bles pour répandre la bonne semence et si Dieu les soutient par sa giâce leurs enseignemens et leurs exhortations produiront de très grands ef- fets. L’expériencedémontre que les prédicateurs indigènes sont les plus utiles pour convertir les pauvres idolâtres. Déjà plusieurs nouveaux Chré- tiens publient sous le ciel qui les a vu naître la bonté du Seigneur et leurs succès font voir que les peuples viendront plus facilement à servir Jésus Christ quand ils seront conviés à la repen- tance par des gens de leur pays et de leur nation.

Le moment les adorateurs des Idoles aban- donneront leurs Di'^iix d’argile pour se convertir au Seigneur, paraît approcher à grands pas. l’E- ternel les appéle et nous usons espérer qu’ils ne seront pas sourds à sa voix miséricordiense. On est surpris de voir combien la Doctrine d un Dieu Sauveur, mort pour Icsracheter delà condamna- tion, fait impression sur leurs âmes. Aussi long- temps qu’oii veut les instruire d’une manière phi-

3o

losophique , leur prouver Tunité de Dieu , sa jus- tice , Timmortalité de l’ame, le jugement à venir par des raisonne#uens humains , on ne peut cap- tiver leur attention ; mais dès qu’on leur parle de la croix de Jésus Christ, le scandale des sages du monde, alors, ils écoutent, ils versent des lar* mes, ils sont touchés de componction. Plusieurs d’entr’eux , quoiqu’abandonnés à eux mêmes , se sentent oppressés par le poids du péché; recon- naissent qu’ils ont ofTensé leur souverain Maître et ne saventcommentle fléchir ; cherrhentà l’ap- paiser et voyent avec douleur l’insuflisanee des moyens qu’ils employent pour y parvenir ; aussi, quand on leur annonce Christ mort pour jir, s offen- ses et ressuscité pour notre justification, (^)ils reçoivent avec transport cette parole de grâce et retrouvent lapaixetle repos qu’ilsavaientperdus.

On peut mêmeespérer aujourd’hui de voirl E- ■vangile se répandre parmi les Musulmans. L’Is- lamisme n’est plus le vigoureux guerrier qui ré- duisit autrefois tant de Chrétiens sous sa domina- tion ; il parait encore formidable, il conserve sa taille monstrueuse , mais un oeil attentif décou- vre sa faiblesse, le faux éclat qui l’environne ne peut cacher les rides profondes qui .sillonnent son front. De nombreuses maladies consument en se- cret ses enti ailles et des ennemis redoutables l’en- tourent de tous côtés et s’apprêtent à l’attaquer d’un commun accord. Déjà plusieurs Poètes sa- tyriques Mahoniétans commencent à jeter du ri-

Rômaiüs IV. 25.

oi

diculesurla l' eligion rleîeurfaux prophète , le\irs écrits circulent sourdement et font neître le dou- te dans bien des esprits. L’Empire de F. ussie et les Indes , brille avec éclat la lumière de l’Évan- gile , renferment beaucoup de Musulmans : déjà plusieurs d’entr’eux ont abandonné leurs ancien- nes erreurs pour servir Jésus Christ; ils ne gar- dent point le silence , ils publient la gloire du Ré- dempteur ; les voyages qu’ils pourront entrepren- dre ne seront pas perdus pour l’avancement du règnedeDieu; leurs enseignemens serepandront de proche en proche et finiront naturellement par pénétrer jusqu’au centre des régions gouvernées parleKoran Les IMahométans dédaigneux et fiers n'auraient peut être pas écouté des Francs , des Arméniens , des Grecs , mais ils écouteront des hommes qui jadis partagèrent leurs opinions et la foi au Seigneur Jésus pourra se frayer un che- min dans leurs âmes.

En outre , nos saints Livres vont pénétrer de toutes parts dans l'Orient , et sans doute le Sei- gneur ne permettra pas que sa parole retourne à lui sans elfet. Les habitans des iles Ioniennes des Sociétés bibliques viennent de s’établir, pro- fiteropît de leqrs courses maritimes pour répan- dre l’Ecriture dans les contrées environnantes ; les relations continuelles qu’ils soutiennent avec l’Archipel , la Grèce et les côtes de la Syrie, leur fourniront les moyens de donner l’Évangile à bien des hommes qui sont privés de ce trésor spi- rituel. Des dépôts de Bibles ont été dernière- ment établis à Jaffa , à Beyrout , à Seyde , à St.

Jean d’Acre , à Jérusalem , à Alexandrie , à Da- mas. L’Archevêque Syrien de Jérusalem établit une imprimerie dans son monastère du mont Li- "ban et doit l’employerà multiplier les exemplai- res de la parole de vie.

Le Turc et l’Arabe liront dansleur propre lan- ’jîue les révélations du Très Haut ; les nombreux Chiêtiens dispersés dans l’Orient sortiront d’u- jie funeste ignorance et Ton ose espérer que la lumière finira par triompher des ténèbres et dis- sipera l’obscurité mortelle qui couvre ces rnal- lieureuses régions. Les Persans peuvent aussi connaître de nos jours l'Evangile de notre Sei- gneurJésus Christ. Ijerespectable Henri Martyn, mort dès sa jeunesse en combattant le bon com- bat , a signalé sa courte ni lis utile carrière en don- nant à la Perse une traduction de nos l<ivres sa- crés. Peu de temps avant de quitter le inonde , il répandit dans cero5’^amne un ouvrage qui prou- vait la divinité du Christianisme et démontrait la fausseté de la Religion de IMahomet. Les érudits de ces contrées n’ont lui répondre, un seul d’entr’euxafiit paraître longtemps après une ré- futation dont les ?flu.«uîinaiis eux mêmes ont re- connu lafaîblesse. Ainsi , la bonne semence pour- ra germer en Perse, les Européens y sont hono- rés et respectés , ils peuvent émettre sans crain- te leurs opinions; le Roi(i; n’a pas d’éloigne- ment pour les Chrétiens , le Prince royal (2) les attire parcequ’il souhaite avec ardeur de civili- ser

( 1 ) Feth Ali ' bah. ( i ) Abbas Mirza,

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sersps Etats, ensorte que peut être avant qu’il soit longtemps , on verra l’Evangile se propager dans ce vaste Empire.

Il faut donc être aveugle pour ne pas discer- ner les signes des temps nous vivons y pour ne pas voir que le Dieu fort jette un regard de mi- séricorde sur les Payens et sur les disciples du faux prophète de la Mecque ; qu’il veut les dé- livrer delà corruption et de l’ignorance en leur faisant connaître le saint Évangile de son Fils bien aimé. Sans doute lesvoyes du Seigneur sont incompréhensibles : un jour est pour lui comme mille ans , et mille ans comme un jour, {^ ) ce n’est pas à nous misérables mortels à vouloir dé- terminer le temps et le moment ce grand Dieu doit se manifester à ceux qui ne le connais- sent point ; mais il ne nous défend pas de faire u- sage de notre raison , de calculer les efi’ets que les causes qui agissent sous nos yeux doivent na- turellementproduire et sans vouloir sonder les dé- crets du Très-Haut , nous pouvons espérer que la connaissancedu Sauveur va s’étendre avec ra- pidité dans le monde habitable. Le Tout Puis- sant a dit : que toute chair viendra se prosterner devant sa. face ,il a dit que la terre sera remplie de la connaissance de V Eternel comme le fond de la mer des eaux qui la couvrent ; ( ^ ) sa paro- le est immuable , sa fidélité atteint jusques aux nues et par conséquent les familles d s

nations doivent un jour sc prosterner devant

( *) II. Pierre 3. 8,

( **) Esaie 66. 23.

Q

lui , (^)'Or ce que nous entendons , ce que nous voyons , les choses merveilleuses dont nous sommes les témoins nous portent à croire que le temps approv''he les aveugles spirituels qui couvrent encore une vaste portion de l’univers se- ront éclairés par /a véritable lumière ^ -par le So- leil de justice cjui porte la santé dans sesrayoîis.

Une fermentation religieuse se développeen tous lieux , on s’occupe de Christ et de sa parole ,1’in- diffcrence pour les choses spirituelles diminue, line lutte violente s’établit entre la foi et l’incré- dulité, unemasse imposante de Chrétiens favori- se la propagation de l'Évangile par ses travaux, par sesvœux , par ses prières et par ses offran- des. L’Angleterre fournit des sommes énor- mes pour soutenir les missions , la Hollande concourt aussi d’une manière efRcaceàla conver- sion des idolâtres , la Russie se fait remarquer par ses elforts pour répandre la Doctrine du Salut. Les écoles destinées à former des missionnaires se multiplient de jour en jour soit en Europesoit dans les auti es pai ties du monde. On voit pros- pérer les diverses entreprises formées pour faire entendre la parole du Seigneur aux Gentils ; ceux qui aiment le Seigneur Jésus-Christ veulent par- ticiper à ces oeuvres saintes, et le succès de tous les établissemens fondés pour soutenir les mis- sions prouve qu’un grand nombre de personnes s’intéressent vivement à la venue du règne de Jé- sus. Giâces t’en soyent rendues , ô mon Dieu ,

L C*) fsauo'e* 2i. 23,

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îîolreheureuse patrie, comblée depuis longtemps de tes bénédictions peut aussi se réjouir de possé- der un institut qui fournit des prédicateurs de l’Evangile aux peuples qui ne connaisent pas le Sauveur du monde. Ce pieux séminaire devient toujours plus florissant , par les offrandes que lui présentent les cantons Évangéliques et les pays voisins et Dieu daignera peut-être s’en ser- vir pour la conversion de pbisieurs contrées [do- lâtres. Maintenant , de quel côté de l’univers que l’on porte ses regards , on voit des Chrétiens qui travaillent à multiplier le nombre des disciples du Rédempteur. Dieu bénit ‘leurs efforts. L’Église de Jésus Christ naguères affligée, battue par la tempête , commence à se montrer brillante et couronnée de gloire. U abondance de la mer se tourne vers elle et la puissance des nations vient f’‘), s’humilier à ses pieds ; elle confond les hom- mes qui s’opposent à son triomphe, une voix d’al- légresse et de louange s’échappe de sa bouche à la vue de la multitude de personnes qui s’apprê- tent à monter d la montagne de rUtcrnel.

Et nous qui faisons profession d’être Chrétiens, nous qui avons été baptisés au nom du Père, du fils et du St. Esprit, demeurerons-nous insensi- bles aux progrès de notre Religion Sainte? Pense- rons-nous toujours uniquement aux choses péris- sables de ce monde, sans jamais nous occuper du royaume deDieu et de sa justice?lîélas , mal- heureux que nous sommes , nous n’avons vécu

( * J Esaïe 6o 6.

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que pour la terre , nous avons presque constam- ment oublié notre céleste pati ie , mais pourtant un germe d’amour pour Jésus subsiste encore au fond de nos coeurs. Quand on nous le montre , pâle, meurtri, sanglant, couronné d’épines, suspendu par d’bon ibles playesà un bois infâme pour l’expiation de nos fautes , alors nos cœurs de pierre s’amolissenf , nous disons avec un Apô- tre : Si igneur , tu sais toutes choses , tu sais que je t'airne. Eh bien , si toute élincelle d’affec- tion pour notre Rédempteur n’est pas éteinte dans nos âmes , nous devons nous réjouir de ses triomphes , nous devons le bénir de ce qu’il dai- gne se manifester aux peuples qui ne le connais- sent point encore , nous devons désirer avec ar- deur que ce bon Maître soit adoré par tous les babitans de la terre. Quel homme oserait se dire Ch.''êtien et ne pas être rempli de joyeen pensant que le temps viendra les pauvres mortels con- aiaîtront le Seigïieur depuis le plus grand jus - qu’au plus petit? Ah! sans doute , nous n’ai- mons pas notre Sauveur comme nous devrions l’airner , mais une douce satisfaction pénétre pourtant dans nos âmes quand nous apprenons que toutes les nations et toutes les langues pro- clameront un jour la gloire du Dieu fort et de son Fils bien aimé. Nous franchissons par la pensée l’espace qui nous sépare de ce beau moment, no- tre imagination nous transporte dans lesiècle for- tuné qui verra le règne de Jésus établi sur la ter-

< Jean XXI. 17.

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re. Nous parcourons en esprit les diverses ré- gions de notre globe , nous voyons dans un heu- reux avenir leKalmonk sortir de sa tente pour bénir le Dieu des Cieux, l’Arabe chanter ses louan- ges au milieu du désert, l'Indien renverser le temple de Jagernaut et ne plus servir que l’Eter- riel , l’habitant de l’Afrique se prosterner à l’om- bre d’un grand rocher pour ofliirses hommages au Maître de l’univers , l’Américain faire enten- dre sur les grands fleuves les cantiques de Sion^ Nous contemplons avec ravissement les derniers triomphes de l’Eglise , nous voudrions être té- moins de la chûte de toutes les idoles de la terre; nous ne pouvons nous empêcher de dire à notre Rédempteur: Seigneur Jésus , viens , viens bien- tôt , fais marcher toutes les natious à ta di- vine lumière , fais voir à tous les peuples ta puis- sance et ta gloire. .

Si nous avons le désir de voir le règne du Sau- veur s’éten Ire sur la terre , si nous formons des voeux pour E succès de la prédication de l’Evan- gile , nous devons demander au 'l'out puissant de bénir les efforts des hommes qui travaillent à la conversion des idolâtres , nous devons fléchir le genou devant l’E'ernel et le supplier de con- duire tous les peuples à la connaissance de Jé- sus Christ notre Rédempteur. Ne ipensons pas que nos requêtes pour le salut des âmes soyent inutiles , Dieu les écoutera favorablement. Si nous l’invoquons avec une foi vive. Le Sauveur (*)

(*) Apoo. XXII. 2o.

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ne nous a-t’il pas dit : Si vous demeurez en moi et (ja>' nu s paroles demew'ent en vous , deman- dez tout ce que vous voudrez et il vous sera ac- cordé'^ (i) Jj’Ecriliire ne nous affirnie t’elle pas que si nous dernand ns quelque chose à Dieu se- lon sa volonté , il nous exauce ? ( 2} Et oserons- nous dire que ce ne soit pas la volonté du Sei^ gneur de se manifester à ceux qui ne le connais- sent point? Ouvrez nos saints Livres et vousver- rez que le devoir des Chrétiens est de prier pour la conversion des peuples. St. Paul disait aux fi- dèles de Colosse : Priez pour nous , afin que Du'u nous ouvre la porte pour prêcher la parole et pour aun ncer le mystère de Christ. (3) Il disait aux 'l'hessaloniciens ; «üws afin

(jne la parole du Seigneur oit un cours libre et qu’ Le soit glorifiée partout couane elle l'est par- mi vous. ( ) Et puisque ce grand Apôtre animé par l’esprit du T’out puissant , dépositaire des révélations du Très-haut , ravi dans le Paradis avant la lin de son pélérinage terrestre, honoré par le don des langues et des miracles , doué du pouvoir de comrnuniqiier ces grâces extraordinai- res, puisque ce grand Apôtre, dis je, désirait d’ê- tre assisté dans son travail par les supplications des fidèles , les missionnaires de nos jours qui n’ont pas reçu les mêmes dons ont bien plus be- soin encore que l’Eglise adresse en leur faveur-

( 1 ) Jean 15.7.

(2)1. J-*aii V, 14.

O ) Co! IV. 3.

(4; n. Thés. 3. 1.

. 3g

des requêtes au INTonarque de runivers. Proster- rons*noiJS chaque jour devant le Dieu fort et de- mandons lui d éclairer ceux qui demeurent dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort et de con- duire leurs pas dans le chemin de la paix. Disons lui du fond de nos cœurs : O Dieu misé- ricordieux et pitoyable , ne retarde plus l’accom- plisseuient de tes précieuses promesses , jette un regard de compassion sur les pauvres peuples qui ne te connaissent ], oint et qui suivent encore la vanité de leurs pensées. Ouvre leurs yeux afin qu’ils voyent les merveilles de ta puissance , de ta sagesse et de ta bonté suprême. Fais-leur con- naître ton nom et celui rie ton Fils ; daigne leur envoyer des ser\iteui s fi Jèles pour leur annoncer ta parole sainte ; touche leurs coeuis afin qu'ils reçoivent avec foi la Doctrine du Salut. Purifie- les par le sang de Jésus, fais leur comprendre qu’ils ne peuvent être sauvés que par leur chari- table Rédempteur et donne leur la force de tra- vailler avec zèle à leur sanctification. Bénis ceux: qui prêchent ta parole , bénis ceux qui l’enten- dent afin qu’ils soyenl un avec Christ et qu’ils puissent paiti. iper à sa gloire et à son triomphe.

Nous ne devons pas seulement adresser des prieiesau Seigneur pour les succès de la prédi- cation du ( dn istia nisme , nous devons encore fai- re tout ce qui dépend de nous pour amener les Gentils à la connaissance de la vérité. Avant de quitter la terre Jésus Christ a dit a sesDiscipIes :

Luc I. 7.

4o

'AIIpz vous-en partout le monde et prêchez VÉ- vanpile à toute créature humaine et par

conséquent , tant qu’il reste des hommes à quile Sauveur du monden’a pointété manifesté, lede- voir deses serviteurs est de se rendreauprès d’eux et (le leur faire entendre les paroles du Salut, Gardons-nous decroire que les premiers disciples duRéd( mptenr fussent seuls dans l’obligation d’annoncer aux peujdes la gloire de leur divin ]\Iaître j ils devaient commencer celte grande en- tr<^prise mais ils ne pouvaient l’achever puisque loi squ’ils vécurent, de vastes légions dememaient en< ore inconnues. Pour que les Écritures s’ac- complissent , il est nécessaire que les Chrétiens publient le salut jusqu^à ce que tous les habitans de la terre reconnaissent quel’Kternel est r3ieii. Les membi es de l’Église ont reçu l’ordre de cé- lébrer le Dieu fort et de réclamer son nom , de faire connaître ses exploits parmi les peuples , de publier sa l uanfte dans lesUes {^^jet ceux qui refusent de tendre une main secourable aux escla- ves de la corruption et de l’ignorance n’appar- tiennent point à Christ , puisqu’ils se rebellent contre les commandemens de son Père céleste. Jéâusa déclaré quHl faut que Von prêche en son nom la repentance et la rémission des péchés parmitoutes les nations (^^'’‘)et comme un grand nombre de pays sont encore privés de la lumière

(') Marc XVI. i5 ( ) Esaïe 12.4. 42. 12.

Luc,24. 16.

4i

de l’Evangile , il est impossible de révoquer en doute Tobligation nous sommes de leur faire connaître l’envoi d’un Rédempteur.

D’ailleurs , un des premiers principes du Christianisme est que nous devons aimer notre ^prochain comme nous mêmes , que nous devons aimer nos frères comme Jésus- Christ nous a ai- més ; et comment cetamour pourrait-il sub-

sister dans nos âmes si nous sommes indifférens au triste sort des pauvres payens, si nous refu- sons de contribuer aux saintes entre prises que l’on forme pour les amener des ténèbres àla merveil- leuse lumière de l’Évangile ? Si nous aimons Dieu nous aimerons aussi nos frères, et si nous aimons nos frères nous serons disposés à faire les plus grands sacrifices pour conduire au bon Pasteur les brebis perdues qui errent sans guide et sans nourriture spirituelle sur la surface de notre glo- be. Si nous aimons nos frères nous ferons cer- tainement notre possible pour leurapprtmlre que Dieu a teliemeid aimé le monde qu'il a donné ion Fils unique au monde afin que quiconque croit en lui ne périsse point , mais qu'il ait la vie éter- nelle.

Et même, si le Seigneurnous demande de quit- ter notre patrie , nos parens et nos amis pour la gloire de l’Évangile , s’il nous fait voir comme à St. Paul un homme d’un pays éloigné qui nous dise ; viens nous secourir if , nous serons dc^;

(*) Jean 12. 12.

( (*) **) Jean III. Ifi.

(**») actes XVI. 9.

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ciles à l’appel de noire Souverain Maître , nous ne consulterons point la chair et le sang et noos ironsavec joyeporter la parole sainte aux peuples courbés sous le joug de l’erreur. Sans doute nous ne prendrons pas la voix de l’orgueil ou d’une imagination exaltée pour la voix de Dieu ; nous n’entrerons pas sans nouséprou ver avec soin dans nue carrière c|ui ne peut être parcourue (jue par des personnesaiiiiuées d’une piété fervente ; nous nous rappellerons que poui annoncer avec siiccés la bienveillance du Seigneur, il faut outre du zè- le , du coiJiage , de la prudence , de la fermeté, des taic-ns naturels , des connaissances acquises. Nous nous souviendrons que l’on nuit à la cause de l'Evangile , (piand on veut se vouer à la con- version des j)eu pies sans a voii les qualités néces- saires pour réu.vsir dans cette sainte entreprise , et nous n'irons pas travailler dans le champ du Seigneur sans avoir été appelés par le Maître de la moisson. Mais si nous ne pouvons pas tous an- noncer la venue de Jésus aux nations idolâtres , nous pouvons tous contribuer à leur conversion en soutenant les établissemens destinés a leui fai- re entendre la parole de vie. Nous pouvons tous avancer le régne du Sauveur en donnant une por- tion <le nos biens temporels pour procm er des ri- chesses incorruptibles aux pauvres peuples qui sontencore étrangers à l’alliance de grâi-e.

Réjouissons-nous donc de ce que le Seigneur daigne nous offrir un moyen d’être en quelque sorte ouvrier.^ avec lui dans l’œuvre de la régéné- ration des hommes. N'aimvns pas seulement les

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ipBi\i\ves'ÇByer\ÿ, de paroles et de la langue mais airnons-Xes en effet et en vérité. (^) Donnons en présence des Églises des preuves de notre charité ; semons abondamment ) aîia que la moisson desames puisse être abondante. De grands eîForts sont indispensables pour amener les nations infi- dèles à la connaissance de Jésus Christ. Leur conversion est commencée mais l’ouvrage qui res- te à faire est encore immense. Les succès obte- nus de nos jours sont un encouragement à ne point se relâcher ; mais lenombredes hommes qui ont embrassé l’Evangile parait encore bien chétif quand on veut le comparer au nombre de ceux qui sont toujours sans Dieu et sans espérances. Une énorme multitude de peuplades , de tribus et de nations se prosternent encore devant l’ou- vrage de leurs mains ; il faut que ceux qui ser- vent le Sauveur fassent avec persévérance de gé- néreux sacrifices s’ils veulent les délivrer de l’es- clavage de la corruption. Deslibéralitésrestrein- tes par havaiice ou par l’amour du monde se- raient insuffisantes pour fournir aux idolâtres les moyens d’être instruits de la doctrine du Sau- veur. Les efforts doivent être proportionnés à la grandeur de l’entreprise , aux dépenses multi- pliées qu’elle exige. Il fout entretenir de nom- breux missionnaires ; ils ne demandent pas de vi- vre dans l’abondance , ils ne demandent que le nécessaire , et comme ils consacrent leur temps, leur travail, leur santé, leur vie même à la cause (*)

(*) 17. 3. 18.

II. Cor. 8.24.

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du Sauveur , il est bien juste de ne pas les laisser languir dans le besoin: déjà plusieurs d’entr’eux ont dépensé leurs biens terrestres pour la gloire de l’Evangile et puisqu’ils se sont faits pauvres pour l’amour de Christ ceux qui révèrent le Sei- gneur doivent au moins leur fournir les moyens de subsister. Il faut instruire les jeunes gens qui se destinent à prêcher l Evangile aux idolâtres , les mettre en état de remplir dignemcnl la sainte vocation qu’ils embrassent et les défrayer ensuite pendant leurs longs et pénibles voyages. Il faut faire imprimer dans une multiturle de langues et d’idiômes la parole de Dieu, des livres élémentai- res de Religion, des traités propres à faire voir aux payens la fausseté de leur croyance et ladi- vinitéde nos Saints Livres. De légères olfrandes ne suffiraient donc pas pour faire prospérer le grand etsublime projet de la conversion des peuples ; il est nécessaire que ceux qui aiment le Sauveur et leurs frères égaiésseréunissentet fassent chacun en particulier tout ce qui dépend d’eux pour pro- pager le Christianisme. Les riches doivent verser •une partie de leurs trésors dans les caisses des mis- sions et faire voir ainsi qu’ils sont riches en Dieu ; les personnes qui vivent dans la médiocrité , s'im- poser des privations pour avancer le règne de Jé* sus; les ouvriers , les artisans, les domestiques eux mêmes consacrer chaque mois chaque se- maine une petite portion de leurs salaires à la ré- génération des pauvres payens. Ce que chacun d’eux donnera, sera peu de chose, sans doute, pais ces petites offrandes réunies formeront

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des sommes imposantes qui pourront , avec l’aide de Dieu , contribuer puissamment aux succès de la prédication de l'Évangile. Imitons tousles Chré- tiens de Philippes , qui dès h s premiers temps de leur conversion , prenaient soin d’envoyerà Saint Paul de quoi fournir àses besoins tandisqu’il prê- chait le règne du Sauveur dans d’autres contrées. Suivons ce bel exemple et Dieu voudra bien ac- cepter aussi nos dons comme un sacrifice qui lui est agréable et comme un parfum de bonne odeur. Le Seigneur nous promettra comme à ses fideles de pourvoir à no'> besoins selon ses richesses et avec gloire par Jésus Christ. (^)

Les personnes pieuses, qui comprennent que le salut est la seule chose nécessaire ^ reconnaî- tront sans peine que l’Évangile est le présent le plus précieux que l’on puisse faire aux nations é- trangères à l’alliance de grâce/mais les hommes qui ne se laissent guider que par des motifs humains di- ront peut être: Pourcjuoi faire tant d’elforts pour convertir les peuples Idolâtres? Ils sont plus heu- reux que nous; leurs moeurs sont innocentes et simples, ne leur portons pas nos vices, notre ambition , ro‘re amour de l’or, les rafîneraens de notre luxe sous prétexte de leur donner une Re- ligion plus pure. Ainsi parlent les sages du monde mais ne nous formons pas une idée de l’état des payens d’après les déclamations des prétendus philosophes. Consultons les écrits des voyageurs qui ont parcouru les diverses régions de notre

{*; Phil; IV. 15. 1?.

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glohe et nous verrons bientôt que le sort des peu- ples qui sont privés de la lumière de l’Evangile est loin d'être fortuné. Sans doute, de honteux désordres souillent les pays l’on professe le Christianisme; on y voit régner l’avarice , la sen- sualité brutale, la haine, la vengeance, l’orgueil, la fraude , l’égoïsme et plusieurs autres passions corrompues qui dégradent l’espèce humaine ; mais ce ne sont pas les Chrétiens qui se laissent gouverner par ces vices, ce sont les adorateurs du monde et de ses faux plaisirs. Il ne suffit pas pour être Chrétien d’avoir reçu le baptême et de pratiquer quelques cérémonies extérieures de Religion, il faut être animé par l’esprit de l’E- vangile , il faut aimer le Sauveur et désirer sin- cèrement de lui plaire. Ceux qui n’ont pas ces dispositions n’appartiennent point à Christ, on ne peut pas sans injustice les mettre an nombre des disciples de Jésus. Ils ont abandonné leur di- vin Rédempteur, ils méprisent ses Loix , ils se sont soustraits à son Empire , et par conséquent notre Religion Sainte n’a rien de commun avec leurs désordres et leurs mauvaises ce livres. Vous ne diriez pas que le Chef d’une armée victoiieuse et triomphante ne commande que des lâches , parce- quedèsle commencement de la campagne des sol- dats sans honneur ont abandonné leurs drapeaux et sont allés vivre dans l’infâmie loin du théâtre de la guerre? Ne dites donc pas non plus que Jé- sus Christ ne gouverne que des hommes sans ver- tu parcequ’un grand nombre de ceux qui devaient marcher sur ses traces ont refusé de le suivre. Cependant, l’inlluence del’Évangile estsi forte,

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que les pays Ton professe le Christianisme, quoique couverts de personnes sans piété, sont en général beaucoup plus heureux que les con- trées où l'on ne connaît pas le Sauveur du mon le. Les principes de noire divine Religion pénétrent indirectement dans presque toutes lesinstitutions et rendent le sort des Peuples moins pénible. Les propriétés sont respectées, le fils re(euiile en paix l’héritage de ses pères , la vie des hommes est placée sous la sauve garde des Loix , des hô- pitaux sont élevés pour recevoir les infirmes et les malades , les pauvres trouvent des coeurs com- patissans qui les soulagent , l'ouvrier reçoit son salaire, le laboureur ne se voit pas arracher le fruit de ses travaux.

Portons au contraire nos regards stir les con- trées assujetties à la Ijoi de Mahomet et nous ne verrons plus que des peuples opprimés et miséra- bles. Là ,1e fort se fait un barbare plaisir de tour- menter le Lible ; des tyrans subalternes pillent et massacrent impunément ceux qu’ils devraient protéger et défen Ire ; les terres les plus fertiles de- meurent en friche; le cultivateur se borne à re- cueillir le strict "nécessaire, pareequ'il sait que ce qu'il pourrait récolter de plus lui serait enle- vé par des mains avides et barbares , encore, sou- vent le prive t on de la chétive subsistance qu’il ré- serve à ses enfans. L’homme qui par son travail s'est soustrait à l'indigence prend la livrée de la misère pour échapper à la rapacité des oppres- seurs ; des tètes sanglantes ornent les portes des palais des grands ; le sexe le plus faible passe ses

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jours dans une triste captivité ; des milliers de malheureux sonlcruellementniulilés pour rassu- rer l’inquiète jalousie des puissans et des riches.

Les nations payennes ne nous ollVent pas non plus des labiaux propres à réjouir le coeur des a- mis de l’humanité. Elles ne sont pas toutes loin* bées dans le même degré de corruption et d’abru- tissement , mais l’on peut affirmer sans crainte que le sort de presque tous les peuples idolâtres est digne de pitié. Ici, le nègre dépouille les sen- timens de lanature jusqu’à vendre ses enfans ; là, il se débarrasse deses parens devenus infirmes en leur donnant la mort ; ailleurs , il fait couler à grands flots le sang de ses frères , sur l’autel de ses Dieux ou sur la tombe de ses Rois. Le sauva- ge de l’Amérique épuise les rafinemens de la bar- barie sur les prisonniers de guerre , les fait périr par le plus long et le plus horrible des supplices, üu quelquefois les dévore dans un affreux festin. Le Marratte met à mort ses enfans lorsqu’ils lui sont à charge ; laisse périr sa fille quand il n’a pu lui trouver un époux. Dans l’Inde , une horrible Idole portée sur un char écrase dans sa course ses malheureux adorateurs ; cleshommessontsa- crifiés dans les temples des faux Dieux ; unemul- litude de veuves sont inhumainement brûlées sur le corps de leurs maris. A Majelupoor , une de ces victimes infortunées delà superstition, fuyant l’affreux trépas qu’on lui préparait , fut sai- sie, liée , jetlée sur le bùi her par son propre fils qui aurait perdu sa (.îaste si cet exécrable sacri- fice n’eût pas pu s’accomplir. 8i nous pouvions

exami-

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examiner successivement lesmœurset les coutU' mes des nations idolâtres nous verrions bientôt qu^en tous lieux l’ignorance et la superstition dé* truisent le bonheur , nous découvririons partout des usages barbares et des cérémonies sanglantes.

Pour que l’on ne puisse pas nous accuser d’é- xagération, portons plus particulièrement nos re- gards sur un pays admiré par les sages du dernier siccle,dépeint comme le séjour de l’innocence et d’un paisible repos et j ugeons par cette terre si van- tée delà confiance qu’ilfaut accorder à ceux qui pré- tendent que la félicité s’est réfugiée chez les Sau- vages et chez les Payeus. Lorsque de célèbres na- vigateurs découvrirent l’ile d’O Tahiti on se plut à la représenter commel’asyle du plaisir,on la nom- ma la nouvelle Cythère, on en fit une contrée de délices dont les habitans libres de to itecontrain- te réalisaient les antiques descriptions de l’âge d’or. Sans doute cette île possédait un ciel pur, u-^ ne douce athmosphère, des campagnes riantes, des productions agréables et variées ; les naturels n’avaient pas les habitudes repoussantes de la plu- part des peuples sauvages, ils paraissaient même obligeanset paisibles, mais éloignés du vrai Dieu ils avaient pourtant payé leur tribut à la corrup- tion de la nature humaine. Leurs guerres étaient atroces, les prisonniers étaient égorgés 5 les per- sonnes âgées régardées comme un inutile far- deau étaient souvent placées parmi les morts a- vant d’avoir rendu le dernier soupir ; d’exécra- bles associations connues sous le nom d’Arreoys foulaient aux pieds toqte pudeur , les femmes D

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ôo ■—

qui en faisaient partie étaient communes à tous les hommes et quand elles mettaient des enfans au monde, elles les étoullaient aussitôt afin de ne pas interrompre leurs abominables prostitu- tions ; Oro , Tune des divinités des Falutiens é- tait honorée par le sang des \ictimes humaines et personne ne pouvait avoir la certitude de n ê- tre pas un jour sacrifié au Moraï. Maintenant ce peuple est Chrétien , il connaît les douceurs des rélalions domestiques , l’aspect enchanteur du pays qu’il habite élève son ame au Souverain maî- tre du monde, il n’ofl’re plus à la Divinité que l’hommage desareconnaissance etde son amour , ses senlimens se sont épurés, il connaît la joye qui découle delà vertu , n’est il pas plus heureux que lorsqu’il n’était pas éclairé par la lumière de l’Évangile.

L’expérience démontre que la prédication du Christianisme est le meilleur moyen d’améliorer rapidement la situation des pauvres payens , mê- me en n’envisageant les effets des missions que sous un point de vue purement temporel. Voyez les Hottentots, trouver un peuple plus sâle, plus repoussant, abruti, moins propre en appa- rence à recevoir les biepfaits de la civilisation? Quand leurs provisions étaient abondantes , ils se gorgeaient de noprriture avec moins de modéra- tion que les plus vils animaux ; quand ces res- sourcesétaient épuisées, ils passaient souvent bien du temps dans unealfreuse disette. 11 n’y n pas longtemps qu’ils croupissaient encore dans cet

état abject j on leur a porté l’Evangile , des rais;

sionaires les ont instruits et maintenant on éprou- ve une douce joye à la vue de leurs établissernens. Leurs habitations sont propres et saines , ils sont vêtus avec décence, ils cultivent la terre et re- cueillent dans leurs greniers debelles moissons, ils connaissent plusieurs arts utiles, ils sont en géné-1 ral à l’abri du besoin et peuvent même venir au secours de leurs frères. Voici comment s’exprime à ce sujet un voyageur qui dernièrement a visité ces contrées. » Pendant que nous étions a Bé- )) thelsdorp nous avons montré notre obéissance ;> au dernier commandement de notre Sauveur. » Aucun men)bre de l’Église n’était absent et nous i) avons joLii d’un spectacle délicieux. Quelle )) joye pour tous les Chrétiens s’ils avaient pu )) contempler ces pauvres Hottentots à la sainte )) Table, surtout en comparant l’état ils é- )) talent précédamment dans leurs cabanes de )) peaux de mouton , couver's de fange , au der- )) nier degré de la dégradation morale ,aved’ap- )) parence propre , décente , pieuse, qu’ils of— )) fraient à la commémoration de la mort deChrist. )) Une telle vue aurait suffi pour payer ample- )> ment tous les travaux et pour animer d’un zèle )) plus ardent que jamais pour la cause des mis- )) sions.

On entendra peut-être des personnes bien inten- tionnées dire qu’il serait sans dontefort avantageux de convertir les nations idolâtres , mais qu’il est plus nécessaire encore dans ce moment , de s’oc- cuper de la régénération desEuropéens, qui pour la plupart pensentet vivent comme si l’Évangile

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leur était inconnu. Hélas, on ne peut en douter, les pays Chrétiens renferment une multitude de gens qui ne sont pas.disciples de Jésus. Les uns s’élèvent orgueilieusemenl contre le Seigneur et contreson (- hrist , d’autres ont une apparence de vie , mais sont néanmoins dans un étal de mort spirituelle. Ils se rendent quelqm fois dans les temples , ils récitent quelques pj ières , ils ne né- gligent y)as de s’apjirocher de la table du Sau- veur, mais ils n’ont qu’une foi morte qui ne se maniff-ste par aucun bon fruit ; ils ne renient pas Jésus CJirist par leurs paroles , mais ils ne s’occupent point du salut de leur ame et se con- duisent comme si la terre devait être leur uni- que séjour. Les personnes religieuses doivent fair re de continuelsefiTorls pour ranimer les lièdes, pour dissiper les illusions des pécheurs , pour les tirer du sommeil de mort qui les accable, et la publication des progiès de l’Évangile chez les peu- ples infidèles doit être un grand moyen de faiie rentrer un esprit de vie dans les âmes flétries par le péché. Si les vrais Chrétiens se dévouent avec zèle à la cause des missions, les hommes charnels entendront nat urollement parler des triomphes du Christianisme et si quelque reste de piété subsis- te dans leurs ( oeurs ils seront provoqués à la j - lousie en voyant des payensles dévancer dans le chemin du salut. En contemplant la foi, le zèle , la ferveur des nouveaux convertis, ils rougiront de leur tiédeur et de leur indifférence , ils seront portés à faire de sérieuses réflexions, ils verront le néant des clioses de la terre et la grandeur des

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biens célestes et c’est ainsi que la régénération des idolâtres pourra devenir , dans la main du Seigneur , un instrument de salut pour plusieurs Chrétiens courbés sous le joug du péché.

Mais , dira-t’on , la prédication de l’Evangile dans des contrées lointaines exige de grandes dé- penses , ne vaudrait-il pas mieux employer le produit des collectes faites pour les missions au soulagement des pauvres ? A Dieu ne plaise que je veuille dire qu’il faille négliger les indigens qui nous entourent pour contribuer aux progrès du Christianisme. Malheur à nous si nous som- mes insensibles aux maux des infortunés , mal- heur à nous si nous refusons de venir à leur aide, malheur , malheur à nous, si la vue de leurs souf- frances ne nous porte pas à les secourir. Si nous n’avons pas pitié du pauvre nous ne sommes pas Chrétiens et l’amour de Dieu ne demeure point en nous ; mais nous ne sommes pas non plus dis- ciples du Sauveur si nous voyonsavec indifféren- ce la misère spirituelle des hommes qui gémissent sotis l’esclavage de la corruption et si nous refu- sons de contribuer à leur affranchissement. Le pain est sans doute nécessaire à l’homme , mais l’homme ne doit pas vivre de pain seulement mais de toute parole qui sort de la bouch» do Dieu (*) , sa pauvre ame a besoin de nourriture et d’alimens sains tout comme son corps. Effor- çons nous donc de donner à nos frères ce qui leur est indispensable soit pour cette vie, soit pour

C*) Malth. IV. 4.

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celle qui est avenir. Aidonslesindi^ens dansleur détresses et fournissons aux peuples assis dans les ténèbres la brillante lumière de l’Évaugile. Celte double lâche n’est point au-dessus de nos forces. Imposons silence à la voix de nos affec- tions mondaines, n’écoutons pas les funestes con- seils de l’orgueil , du luxe , de la gourmandise , de la sensualité , contentons-nous du nécessaire selon notre condition et nous serons surpris de voir combien nos ressources sont abondantes. Quand nous serons animés par l’esprit du Christia- nisme , nous ferons aux pauvres des dons plus considérables que du passé , tout en contribuant aux progrès de notre Religion sainte , et les sa- crifices que nous ferons pour avancer le règne de Jésus doivent naturellement augmenter notre foi et nous détacher du monde et de ses faux plaisirs. Occupés de la céleste entreprise de la conversion des peuples, nos pensées se dirigeront plus fré- quemment vers les grands objets que l’Evangile nous présente , nous méditerons les paroles du Sauveur , nous sentirons la nécessité de chercher par dessus tout le royaume de Dieu et sa justice , nous apprécierons les biens périssables delà terre à leur juste vaDur et les pauvres béniront le mo- ment où des sociétés destinées à soutenir les mis- sions se sont établies dans notre pays.

Quelques personnes diront peut-être encore: Laissonsle Souverain Maître de l’univers défen- dre lui même sa cause , sa puissance est infinie , il pourra bien , s’il le juge à propos , se manifes- ter, sans notre secours aux peuples idolâtres.

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Sans doute , son pouvoir n’a point de bornes et nous chétifs inortehî nous ne pouvons lui appor- ter aucun prolit. Que nous combattions pour l’a- vancement de son règne ou que nous refusions de le glorifier sur la terre , ses décrets immuables s’accompliront également dans le temps marqué par sa suprême sagesse ; mais quand il daigne nous olfi ir les moyens d’être ouvriers avec lui dans rœuvre de la régénération des hommes, nous montrions bien peu d’amour pour ce Dieu tout bon si nous ne voulions pas faire ce qui dépend de nous pour amener nos frères à la connaissance de l’Evangile. Le Tout-puissant pourrait certai- nement , s’il en avait la volonté , convertir les idolâtres par la seule opération de son St. Esprit, mais il parait qu’il entre dans ses desseins de se servir des serviteurs de Christ pour annoncer au monde les paroles du Salut. En agissant de cette manière , il se propose peut être de montrer sou pouvoir par la faiblesse des instrumens dont il se sert pour accomplir son oeuvre; d’éprouver la foi de ses élus et àit faire aboutir le fruit qui doit leur revenir ( ^ ) de leur amour et de leur obéis- sance. Nous n’avons pas la témérité de vouloir sonder les vues impénétrables de celui qui seul possède la sagesse, mais nous avons de justes raia sons de croire qu’il veut conduire les hommes à la connaissance de la vérité par le don de sa parole et par les prédications des disciples de son Fils. Ce fut le moyen qui fut employé par l’ordre du (*)

(*) PhiUp. rv. ir.

Sauveur dans les premiers siècles de l’Eglise et nous devons naturellement suivre la route que nous ont frayée les Apôtres de Jésus-Christ. St. Paul semble même envisager l’envoi de prédica- teurs de l’Evangile comme absolument nécessaire pour que les payens puissent être convertis au Christianisme. Quiconque , dit il , invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. Puis ce grand Apô- tre ajoute aussitôt après : Mais comment invo* queront ils celui auquel ils n'ont point cru ? Et comment croirontilsencelui duquel ils n'ont point oui parler 1 Et comment en entendront ils par~ 1er s'il n^Y a quelqu’un qui le leur prêche ? Et comment le prêchera t' on s’il n'y en a pas qui soyent envoyés , selon qu'il est écrit. Que les pieds de ceux qui annoncent la paix sont beaux ^ de ceux , dis- je, qui annoncent de bonnes nou- t>elles. Il est hors de doute que sans la grâce toute puissante du Seigneur , tous tes discours et tou- tes les exhortations des hommes ne peuvent chan- ger les cœurs ; mais la prédication de l’Evangile parait indispensable pour commencer Pouvrage de la conversion des peuples et tant qu’on ne leur portera pas la parole de vie on ne peut pas espé- rer de les voir abandonner la voye des ténèbres pour marcher dans le chemin de la lumière.

Oui , répondra t’on , enfin , il faut annoncer l’Èvangile aux peuples infidèles , mais notre si- tuation ne nous permet pas de participera cette belle entreprise ; laissons agir la grande puissan- ce maritime qui par sa position géographique peut entretenir des liaisons avec toutes lesxon-

tréesderofre globe. On ne peut douter que les nations chrétiennes qui soutiennent des relations avec les idolâtres iiesoyent particulièrement ap- pelées à leui faire entendre la bonne nouvelfe , mais tous les peuples éclairés par l’Evangile doi- vent aussi travailler à la propagation de la doc- trine/ du Christ. Une innombrable multitude d'hommes gémissent encore sons le joug de la su- perstition et si les fidèles d’un seul pays sont char- gés de la conversion du monde , ils finiront par succomber sous le poids d’un tel fardeau , ou du moins leurs succès ne seront pas si rapides que si leurs frères viennent à leur secours. Il faut que tous les vrais disciples de Jésus fassent tout ce qui dépend d^eux pour arracher les âmes à l’empire du péché. L’expérience démontre que des éla— blissemens formés pour concourir à la régénér?î— lion des peuples peuvent très-bien réussir dans de petits états éloignés des mers et des nations in- fidèles. Voyez la société des missions de Bâle, quoiqu’elle compte peu d’années d’existence, déjà plusieurs de ses enfans travaillent avecsiic- césdans le champ du Seigneur, et chaque jour lui présage un plus bel avenir. Si nous n’avons pas des ressources suffisantes pour fonder de pa- reilles institutions , si nous n’avons pas des hom- mes qui puissent leur consacrer toutleur tempset tous leurs traveaux , soutenons , du moins , au- tant qu’il esten nolrepouvoir les séminaires d’É- vangelisi es qui sont déjà formés. Qu’importe que nos contributions soyent employées dans un pays ou dans un autre pourvu qu’elles contribuent à l’a*

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vanoement du règne de Christ. Nous ne pouvons pas sans doute entretenir un tiès grand nombre de mi^ssionnaires, mais que chaque petite sociéléChré- tienne fasse cequidépendd’elle pour le salut dts hommes et bientôt les messagers de bonnes nou- velles deviendront une grande arnhe. D’ailleurs iin .seul disciple de Jésus animé par l’esprit du Seigneur peut opérer des choses surprenantes; il peut jeter les premières semences de l’Évangi- le dans un pays qui neconnait point le vrai Dieu , amener quelques âmes à Jésus Christ, former des prédicateurs indigènes et devenir l’instrument de la conversion d’une vaste contrée. Ainsi ne pen- sons pas que notre faiblesse nous autorise à demeu- rer dans une hoiiteu.se inaction et souvenons nous, pour nous encourager à bien faire c[\\e pourvu que la promptitude de labonne volonté y soit , on est agréable a Dieu selon ce qiion a et non selon ce qu'on n'a pas (^)*

Ne cherchons par des prétextes pour nous dis- penser de faire ce que le Seigneur nous comman- de. Renonçons à notre tiédeur , à notre indiffé- rence pour les choses spirituelles, demandons à Dieu de nous éclairer, de nous donner une a- bondante mesure de son Esprit , et nous senti- rons bientôt que si nous sommes Chrétiens , nous devons saisir avec avidité tous les moyens défai- re voir notre affection pour le Sauveur de nos a- tnes. Jésus daigne nous appeler , il nous invite à lesuivre par un effet de son amour; ne le forçons

(*) II. Cor VIII. 12.

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pas par notre ingratitude à nous abandonner à notre dépravation, suivons ses bannières triom- ph antes , marcbonssnrses traces , combattons le bon combat et notre divinChef nous rendra partiri- pansdesa gloire. Ils’appellele Fidèle.G{\e V érita- hle^W a promis la victo re àsestroupes fidèles et ses paroles seront accomplies. Sans doute notre Ré- dempteur n’est pas entré dans son règneet l’heu- re du repos n’a pas sonné pour ses élus. Le mon-; de, les convoitises charnelles, l’orgueil, la su- perstition , l’ignorance, l’impiété, l’idolàfrie com!)attront encore contre le Seigneur et contre son Christ, mais l’agneau les vaincra. Eglise de Jé- sus - Christ, tes ennemis voudraient t’anéantir, mais ne crains point, V Eternel est avec toi. Il te maintiendra par la main droite de sa justice. Tous ceux qui s'irriteront contre toi seront lion- teux et confondus. Tu chercheras les hommes qui avaient des dijférens avec toi et tu ne les trou- veras plus; ils seront réduits à néant et ceux qui te font la guerre seront comme s' ils n’ avaient ja- mais été. Aucune arme , forgée contre toi ne réussira et tu condamneras toute langue qui s' élè- vera en jugement contre toi. Ees enfans de ceux qui Vaut ont ajfl gée viendront vers toi en se bais- sant et tous ceux qui te méprisaient se prosterne- ront à la plante du tts pieds Les succès obtenus par les serviteurs du Christ leur promettent de nouveaux triomphes ; on voit évidamrnent que le Seigneur les soutient par son bras invincible. L’amour de l’or et de la puissan-

I *} Bsiie 41. 54. 6o.

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ce ont conduit les hommes dans toutes les contrées de notre globe et le Dieu fort qui sait employer à sa gloire même les vices des liabitansdu montle , ]e D ieu fort, dis-je, se sert de leurs découvertes pour dresserkses élus un chemin dans la mer et nn sentier P armiles eaux impétueuses. "Les envoyés du Seigneur pénétreront jtisque dans les con- trées les plus sauvages et crieront à tous les peu- ples : Converti s^zvous et (pie chacun devons soit baptisé au nom de Jésus Christ pour obtenir la ré- mission des péchés et vous recevrez le don du St. JËsprit. Tous les hahitans de la terre finiront par écouter ces paroles de salut, ils pousseront des cris de réjouissance , ils serviront l’ Eternel avec allégresse , ils le loueront avec des chants de joyc. Ils reconnaîtront queVEtern l est leseul Dieu et que c’est lui qui les a formés. Ils seront son peuple et le troupeau de sa pâture. Heureux ceux qui procureront la divine paix du Sauveur aux pauvres Idolâtres , ils seront appelés en- fans de Dieu. Heureux ceux qui contribueront selon leurs forces à l’affranchissement des escla- ves de la corruption, ils ne seront pas rejettés par le bon Maître qu’ils ont adoré et qu’ils ont servi. Ils entendront un jour avec ravissement /a voix d’une grande multitude telle que le bruit de grosses eaux et celui des grands tonnerres qui di- ra. Alleluiahl car le S igneur Dieu est entré dans son règne. Réjouissons-nous , faisons écla- ter notre joye et donnons lui gloire.

Actés 2. 3S.

Ps, loa 1. 2.3.

Apos. i9.5. 6.