-W-'^-^JIti-Sl^.i* --..-„-■.;■. .r - ■• - , • • ;' i COURS COMPLET D'A GRICULTURE Théorique, Pratique, Économique, et de médecine rurale et vétérinaire. Avec des Planches en Taille - doues» Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa Iittp://www.archive.org/details/courscompletdagr05rozi COURS C D'A GRICULTURE Théorique, Pratique, Économique, et de médecine rurale et vétérinaire, SUIVI d'une Méthode pour étudier l'Agriculture par Principes j o u DICTIONNAIRE UNIVERSEL D'A GRICULTURE; Tar une Société d'Agriculteurs , & rédigé par M. l'JbbÈ RO Z lER^ Prieur Commendataire de Nantcuil- U- Haudouin ^ Seigneur de Chevreville ^ Membre d& plujieurs Académies , &c. TOME CINQUIÈME. A PARIS, RUE ET HÔTEL SERPENTE, M D C C, L X X X V I L Avec Afprobati on et FRiyiLÈQE du Rqi» BIBUOTHECA «■C V// COURS COMPLET D'AGRICULTURE Théorique, Pratique, Économique, et de médecine rurale et vétérinaire. FOR FOR JrORÊT. Grande étendue de pays couvert de grands arbres Encore lin degré de luxe dans la capitale, & à Ton imitation, dans les provinces; &c UB demi-fiècle fera à peine écoulé , qu'on ne trouvera dans le royaume que les forêts de la couronne , & celles des gens de main-morte. Plus la rareté , & par une fuite indifpen- fable , plus le prix des lacis augmente , & plus on en coupe & on en détruit. Cette valeur exorbitante fait ouvrir les yeux du propriétaire qui ne v«it que le moment préfent , & qui veut jouir : auffitôt l'abattis cfl décidé ; à peiiie en a-t-il touclic T«me y. le montant que cet argent eft dlflîpé en fuperfluités , & bientôt le vendeur & le conlommateur fe trouvent privés de toute reffource. Toutes les forêts qui appartiennent au roi , font celles dont le produis net en argent eft le plus modi- que ; cette vérité eft aflez connue. Celles des gens de main -morte rendent beaucoup plus, parce que, heureufement , ils font furveillés, & ils ne peuvent couper leurs bois fans des formalités très-grandes & très-difpendieufes; mais, fous dif- férens prétextes de réparatioHS vraies ou apparentes , & de bois en décours^t A X FOR les précieux qwarts de réferve font facnfiés à l'avidité des commenda- taires & des religieux» plus qu'aux befoins réels.Les feules forêts apparte- nantes aux chartreux, font complè- tement bien l'oignées , entretemips, conlervées ; & les loins qu'en ont toujours pris ces pieux lohtaires, ont engagé le gouvernement à les foultraire de l'infpeftion du tribunal des eaux & forêts : fi les autres ordres religieux , fi les abbés & les prieurs commenda- îaires étoient animés du même ei- prit, & agiffoient d'après, les mêmes principes que les chartreux , leurs forêts fiiffiroient prefqu'à la con- fommation du royaume. Il faut ce- pendant excepter celle de Parib , de ce gouffre immenfe qui dépeuple les bois à plus de trente lieues à la ronde. Il n'exifte aucune province dans le royaume oii la difette du bois ne fe faffe fentir du plus au moins , 6c dans quelques-unes elle eft extrême , par exemple , dans les provinces mé- ridionales; j'en ai dit les raifons au mot Défrichement. Les Gaules jadis étoient couvertes par des forêts, & leurs druydes y trouveroient à peine aujourd'hui un aiile povir exercer leur culte religieux : d'un extrême ' on a pdffé à un autre. Il réfulte donc de la difette des bois où le royaume le trouve réduit , que la meilleure Spéculation en agriculture, & digne d'un père de famille, eft de femer du gland , des châtaignes , de la graine de hêtre , de pin , de fapin ; en un mot, de convertir en forêts toutes les terres d'un médiocre produit, & lur- to ut Celles qui font éloignées des ha- bitation» , ou dont la culture eft trop ^ifpendieule, Je l'ai déjà dit ^u ino^ FOR DÉFRICHEMENT ; cultlvons moitw de fupeilicie, msis cultivons mieux. Les terres produdTtives ne nous man- quent pas , mais les bras font trop r:.res; la richeffe de l'éiat dépetid de la multiplicité des petits tenanciers, & les grandes poffeffions font tou- jours mal cultivées. Les petits te- nanc'ers re peuvent pas convertir leurs héritages euforêts , parce qu'ils doivent vivre avîc leurs produits; cependant rien ne les empêche de fuivre l'exemple des Hormands , de clorre leurs pofleiCons avec des haies plantées en chêne , en hêtre ; avec le temps ces arbres s'élèvent, &c leur émondage fournit chaque année du bois de chauffage. On objeftera , (car que n'objeâe-t-on pas quand il s'agit d'introduire de nouvelles coutumes, même les plus avantageufes ) que les champs doivent être expofés à de grands courans d'air capables de diffiper promptement les rofces, les brouillards; mais en Normandie la chaleur y eft plus que tempérée , puifque le raifm n'y fauroit mûrir ; cependant l'héritage y eft environné par des haies ii. par de grands arbres; ( au mot Haie je décrirai la manière dont elles foet conftruites) & mal- gré cette cfpèce de rempart , les moif- fons y font fuperbes, & les récoltes affûtées. Dans les provinces où il règne des vents violens , les lifières d'arbres font encore plus nécefTaires, & fans cette fage précaution , les poffeffions de l'induftrieux hoUan- dois du cap de Bonne-Efpérance , feroient prefque tous les ans anéanties par les ouragans fi communs dans ce parage ; le bambou y fupplée aux arbres ibreftiers. Si le petit tenancier fe refufe à la plantation des arbres devinés 4 ^^ charpenig ou aw cha^tf-; FOR fege, qu'il garniffe au moins la lifière de fes champs par des arbres fruitiers; le pis -aller fera de voir quelque- fois une partie de fes fruits pillée 5c Tolée, s'il eu «lans le voifinage des villes; mais on ne lui enlèvera jamais tout ; ces arbres fourniront à fa nourriture & à fon chauifage, & il vendra les jeunes pour le fervice de lam^^nuiferie. Ce que je dis aux petits tenanciers, j€ l'adreffe également aux grands pro- priétaires, &c fur-tout aux pères de femilles qui aiment leurs enfans. On peut croire qu'iK connoiffent la va- leur réelle de chacun de leurs champs, & d'après cette connoiflance, ils doi- vent facrifier ceux dont le produit couvre à peine les frais de culture; fur-tout ceux qui font le plus éloi- gnés des habitations, dont l'exploita- tion eft la plus difficile , & les plus fujets aux dégâts occafionnés par les intempéries de l'air. Les terrains en pente font dans ce cas; les pluies les délavent , entraînent la bonne terre dans les bas , & infenfiblement le tufreRe à nu; les bois y remédie- ront. Si les poirefTions font dans le voifinage des vignobles , c'eft le cas d'y former des taillis de châtaignier ; (voyf^ ce mot) le débit en fera affuré pour les cerceaux & les écha- las; éloigné de cette confomaiation, plaatez en chêne blanc ou vert , fuivant le climat; les taillis de mû- riers, dans les pays chauds & fecs, réulîiront également. Un bon père de famille doit chaque année confacrer une portion déter- minée de (on revenu à femer des bois, planter des a'-bfs, & fi bien calculer, qu'il ne dépenf^ pas un écu au-delà de la femme (kuinée à cet emploi; petit à petit , inienfiblement, FOR f & prefque fans s'appercevoir de la dépenfe , il couvrira fes coteaux d'une agréable verdure; oh, combien dans la fuite elle fourira à fa vue , & com- bien fon ombre fera délicieufe ! voilà , dira-t-il à fes enfans , le travail de mes mains; j'ai doublé la valeur de votre héritage , fachez-en jouir & imitez mon exemple. De ces objets defpécu- lations paffons à la pratique. CHAPITRE PREMIER. Des Terrains propres aux Forêts, De quelque nature que foit le grain déterre, il convient aux bois. Cette aiTertion générale exige des modifica- tions, & toutes les modifications quelconques fe réduifent à dire, i °.que tout loi dans lequel l'arbre peut faci- lement plonger ou étendre fes racines, eft bon pour les forêts; 2°. que chaque loi doit être planté en efpèce de bois qui lui convient ; c'cft-à-dire , que les elpèces d'arbres à planter ou à femer, font néceffairement dépendantes du climat Ôi. de l'expofition. Section première. £)u Sol en général. Uargile'-pure & par grandes cou- ches épaiffes & folides, la craie, (voj'e^ces mots) dans les rocnaes cas , peuvent , tout au plus & à la longue , devenir propres au femis des forêts ; cependant c'eft prefque le feul parti à prendre lorfqu'on veut en retirer un certain parti ; les premières avances font cofiteuits, & le produit dédommagera-t-il , compenfera-t-il l'intérêt «le la pre- A i; 4 FOR mière mlfe de fonds? Voilà à quoi fe réduit le problème. ConfuUf^ ce qui a été dit dans ces deux articles; m.iis fi la giaife & la craie Ibnt mé* langées avfcc du lable, des graviers, quelque peu d'autre terre , la. réuiTite eû décidée. Il y a piufieurs moyens «spables de f?.ire connoîtr? de quelle rature eft le gcjin de terre julou'à une certaine profondeur , & ils le rédui- fent ou à des fouilles faites de diflance en dii'îance , eu à l'ufage de la fonde. {.Voye\ ce mot) On parvient , par ces leccurs , à con- ncîire Tinté rieur de la terre & à opérer avec prccifion. Les fables mêmes les plus purs , pourvu qu'ils ayent du tond , font fuf- ceptibles d'étie couverts par du bois; il y végétera mal & très-mal pendant les premières années , mais à mefure que les racines pivoteront, s'enfonce- ront dans ce fsble, la végétation fe ranimera , & l'arbre fe fortifiera : c'eft un très-bon fol pour Xt^p'uis, les hêtres, les châtaigniers , &c. ( ^(?>'^{ ces mots ) Les arbres dureront beau- coup moins &fe couronneront beau- coup plus vite dans les fables que dans les autres terres de meilleure qualité. Cette d'iiférence ne doit pas empêcher les femis ; il vaut mieux un peu moins beau 5c bon que rien du tout. Je fais qu'on peut fertilifer le fable par l'argile , lui donner du corps , & le rendre une terre très-végétale. Il en eft ainfi de la fertilifation de l'argile parle fable; mais quelle d.-penle ! LaifTons tracer de pareils préceptes aux agriculteurs de cabinets ; dans un ieul cas ce mélange eft admiffi- ble : c'eft lorfque l'un & l'autre font très-voihns de l'habitation , & que dans les journées d'hiver, dans les îemps pluvieux où l'on ne peut tra- FOR vaillcr la terre , on ne fait à quoi employer les valets de la métairie". Daas les fables gras , les aibres dont on vient de parler, profpèrerontainfe que les mûriers, les charmiS , les Tzoyers , &c. (/^ovq ces mots) VcrabU & piufieurs de les efpèces proipèreront prefoue dans tous les fols, ainfi que le bois de Sainit-Lucie , ( voyei Mahalet ) Si ce dernier , lur-tout, dans les craies , terres argi- leules & tenaces , dans les pro- vinces tCHipérées.... Le bouleau , le faux acacia , le peuplier blanc, dit ypreau y Voime, ne craignent point les teirains un peu fecs , ainfi que \e fauU-marccau ; mais les frênes , les aunes , la fatnille nombreule des peu- plien &c àçsfaules , exigent des terrains ùàis. (^Foyei ces mots) Le lapin ne fauroit croî;re que fur des lieux éle- vés 6c par conléquent froids, & il aime à avoir fa lête dans les nues,, & fes racines dans la glace. Il y a cependant quelques exceptions à faire dont nous parlerons au mot Sapin. Enfin, fi le loi eflefTenticllement mau- vais, labourez- le, couvrez-le de grains de genévrier, de bois de Sainte-Lucie , d'aubépin, de prunelier, 6c de toute ef- pèce de grain d'arbres; réuffira ce qui pourra. Il s'agit, dans ce cas, de créer de la terre végétale, de faire péné- trer le fol par les racines , &: de le mettre peu à peu en état de recevoir un jour les femences de plus grands arbres. Si quelque peu de terre de qualité pafTable , recouvre des rochers , ou par couches horizontales, ou par maffes perpendiculaires Ôt remplies de Iciflures , s'ils fe délitent facile- ment , la forêt profpèrera des que les racines des arbres commenceront à pénétrer dans ces fcifiures. Si les cou- FOR ches horizontales font inclinées , &c ■pour ainfi dire , d'une feule pièce ; s'il y a une certaine épaiffeur ùe terre par- defùis , les racines s'entrelaceront les unes dans les autres , formeront un feul groupe, & les arbres qui, dans les premières années végétoient avec force , languiront par la fuite. On a fou- vent vu , ajirès de fortes pluies , ou trop long - temps continuées , des maffes entières gliffer tout d'une pièce fiu- le champ inférieur , & laifTer à nu la couche du rocher. Les eaux, après avoir filtré à travers les racines, & être parvenues au tuf qu'elles n'ont pu pénétrer , fe font ouvert un paffage , ont entraîné la terre ; enfin , la maffe des racines déta- chées, le poids des arbres n'étant plus retenu , ils ont été forcés de fe fé- parer du fol, &c de gliffer avec una force proporti®nnée à l'inclinailon de la couche. De tels phénomènes ne doivent cependant pas empêcher de couvrir de bois de pareils terrains. Si la nature du rocher eft friable , û les gerçures font perpendiculaires , les arbres y travailleront à mer- veille , &c les racines auront bientôt pénétré dans les fciffures. II rélulte de ces afTertibns , que les arbres profpèreront à plus fo'rte raifon dans les bonnes terres & fur-tout dans celles oui auront eu fond; mais les deftiner à un pareil ufage feroit \in crim.« contre la io- cicté en général , Se une fauffe fpéculatlon du propriétaire. Deux cas cependant forment une excep- tion , aiiifi que je l'ai déjà dit : ou le trop grand éloigncment de l'ha- bitation , ou la difiiculté de l'ex- ploitation. FOR Section II, 5 Dis Arbres, relativement aux climats & aux txpofitions. Les préceptes généraux ne s'ap- pliquent pas également à tous les climats & à toutes les expofitions. On fèmeroit en vain du chêne blanc ou vert dîns les fables ' des pro- vinces méridionales , tandis qu'ils profpèreront dans celles du nord : la chaleur n'y met pas le feul obf- tacle ; le plus à craindre eu l'ex- ceflîve rareté des pluies ; car , pour peu que ces fables retinffent d'hu- midité , la végétation y (eroit plus rapide que dans celles du nord. On en a vu cent fois l'expérience dans les années pluvieufes. On croyoit alors fes femis fauves, fes plantations hors de tout danger , mais le ciel devenu d'airain pendant la première ou féconde des années fuivantes , tout a péri. Il n'en eft paialnfi dans les climats plus tempérés , ni dans les expofitions au nord ; les chaleurs y font moins fortes , l'évaporation moins rapide & les pluies plus fré- quentes. Les troncs des arbres fo- refliers font en général plus longs à fe former dans le midi que dans le nord, mais leur qualité efi bien fu- périeure , foitpour le chauffage, foit pour la charpente ou pour la ma- rine. En eft- il ainfi des arbres plantés foit au levant , foit au midi , foit au couchant o'.i au nord ? Les deux derniers font inférieurs aux autres. On obferve la même différence pour les mêmes cfpèces d'arbres plantés dans des t'='rra;ns fecs ou dans un fond légèrement humide , ou humide ou marécageux. La folidité de la fibre dépend du fol , du climat , & de l'expofition où l'arbre croîtra. Par 6 FOR exemple , un chcne blanc qii! croîtra dans i'expofition du nord , fournira toujours un mauvais bois à brûl- ■ , du mauvais charbon & du mauvais bois pour la charpente. Le même arbre planté dans un terrain humide , ou dans la plaine , ou fur un coteau, offrira trois qualités de bois diffé-' rentes. Celui des bas-fords aura des fibres lâches ; ceHes de l'arbre de la plciine ne font pas auffi ferrées que celles de l'arbre du coteau , & le meilleur pour l'uiage quelconque , fera ce dernier, voilà quant au fol. Le même chêne réuffira très - bien dans l'intérieur du royaume , il fera plus mou dans le nord , fe durcira en approchant du midi , & planté ou fenié dans les expofitions chaudes de nos provinces méridionales , il ne paiera pas les dépenies occafion- nées par ion feniis ou par fa plan- tation. Il en efl ainfi du chêne vert, relativement à nos provinces du nord , 6c même de l'intérieur du royaume. L'hiver de 1709 les fit preique tous périr en Provence, en Languedoc, &c. Que peut-on donc efpérer d'un pareil arbre dans le nord? Il ya plus; j'igaore fi avant cette fatale époque Us chênes verts y formoient de grands arbres , mais ce qu'il y a de certain , c'eft qu'au- jourd'hui on n'y trouve prefque plus un arbre de cette cfpcce , capable de donner du bois de charpente , tandis qu'en Corle, en Italie, on en voit des forêts entières, & ces arbres font de la plus grande beauté & de la plus belle élévation : les menuifiers, charpentiers , &c. éprouvent tous les jours en travaillant , que des chê- nes font doux ou de rebours, gras ou durs , & ils difent que ces chênes font d'efpèces différentes ; FOR en cela ils fe trompent ; ces différences proviennent toujours de la végéta- tion de l'arbre , fuivant I'expofition &; le fol oii il a été planté. Con- lultez le mot Chêne pour connoître les efpèces & les variétés de cet arbre précieux. Ce que je dis du même s'applique également à tous les arbres foreftiers : on s'efforceroit vainement à cultiver Xaune ( voy«ç ce mot ) dans un terrain fec : il en eft de même de tous les bois blancs en général ; quelques-uns font ex- ception à cette règle , mais le nom- bre en eft petit. Celui qui défire avoir des forêts , doit commencer , avant de donner le premier coup de pioche , à exa- miner quelle efpèce d'arbres réuflit le mieux dans le pays , & quelle eft celle dont le débit cft le plus facile & le plus lucratif. Près des grandes villes l'orme & le frêne font précieux pour le charronnage , le chêne pour la menuilerie & les bâ- timens ; les outils d'agriculture font prefque tous tirés du hêtre , & les îabots , dont la confommation eft pro- digieufe , font de ce bois ; les pins font une excellente menuilerie, fans parler de la poix qu'on en retire ; le fapin eft un des arbres les plus précieux, & tout le monde connoît fon emploi ; le peuplier noir & l'y- preau ont le plus grand mérite dans les provinces où le chêne & le fapin font rares ; fon bois fait une jolie menuiiérie ; &. le but d'une planta- tion de forêt doit donc être tourné vers l'objet le plus lucratif, fur-tout lorfque l'on travaille en grand. Il eft bien permis , & il eft même avantageux que des amateurs eflTayent de naturahfer différentes efpèces de bois dans leurs provincesi leur çxemg FOR pie donne des leçons infiruôiveslorl^ que le luccès le couronne , & le pauvre cultivateur ne facrifîe pas inutilement fes avances. Ne con- trariez jamais la nature, étudiez -!a & fuivez les leçons qu'elle donne : encore une fois , choififfez l'efpèce qui réuflit le mieux , ôc fe vend le plus dans le pays. CHAPITRE II. Des foins prélimins.îns à rétablijfement des Forêts. Si le terrain ert complètement in- culte , quoique de bon fonds , ou médiocre ou mauvais , il faut le défricher; ( voyei_ ce mot ) s'il eu. noyé par les eaux , goutteux ou trop humide , il exige d'être dejjcché : ( royei ce mot ) tels font les deux principes généraux. Tout proprié- taire qui fe propofe l'établiffement d'une forêt , doit avoir les avances réceffaires , & ces avances feront proportionnées à l'étendue de l'en- treprife & aux nombreux chapitres des accidens imprévus qui équiva- lent ordinairement au tiers ôc fou- vent à la moitié en fus. Il vaut mieux moins entreprendre & bien opérer., puifque du premier travail dépend la réuffite. Lorfque le fuccès ne le couronne pas dans la fuite , on s'en prend au fol ; on dit dins le canton , qu'il n'eR pas propre à être planté en bois ; cette tradition fe perpétue de père en fils , le ter- rain refte perpétuellement inculte , & perfonne n'ofera plus à l'avenir entreprendre de le mettre en valeur. T-availlez donc bien dès le premier coup de pioche , continuez les mê- mes foins pendant les premières années , vous réuilirez à coup sûr ; FOR \^ mais fi tout doit être fait à la hâte ou négligemment, ne travaillez pas du tout & laiffez le fol tel qu'il eft. Les troupeaux, les bêtes à cornes, enfin tous les animaux qui pâturent font la peiîe des femis qu'ils ruinent complètement. L'année qui précé- dera le défrichement , c'elî-à-dire , dès la fin de l'automne , circonfcrivez par un large & profond foflé l'en- droit dëftiné à la forêt , la terre du foffé fera jetée en dedans & fervira à augmenter l'élévation des bords intérieurs de ce forte. Si vous pou- vez facilement vous procurer des plants enracinés de ronces, placez- les de dillance en diftance dans le talus de la terre nouvellement re- muée , par exemple , à un pied l'un de l'autre , & dès la féconde année , les ronces formeront un tiffu qu'au- cun animal ne tentera de franchir; il fe fortifiera encore plus à la trci- fième , à la quatrième année , &c. Vaubepin ou épine blanche ( voye'i ce mot ) forme une bonne clôture ; mais elle fe fait trop attendre pour l'objet préfent, & demande beau- coup de foins dans fa jeunefTe. La ronce me paroît préférable à toute efpèce d'arbrifleaux employés ordi- nairement pour les haies ; on peut même , dès l'été ou l'automne de la première année, enterrer à^deux ou trois pouces de profondeur une par- tie de ies jeunes pouffes , elles prea- dront facilement racine, & à la fé- conde année on aura déjà unmafTifdes plus fourrés, & j'ofe dire qu'à la fin de la quatrième, non- feulement toute la fuperfîcie du talus intérieur fera garnie ,^ mais encore toute la largeur du foffé fera remplie. ^ On fe hâte toujours de femer trop tôt fur les dcfrichimeris , ( voyc- ce 8 FOR met ) & j'en ai dit les raifons. Il vaut beaucoup mieux confacrer la première & même la féconde an- née à défoncei- le fol, foit à bras d'hommes , foi: avec les grandes charmes à verfoir , aiîn de ramener la terre du dtffous en deffus , & cel^e du deffus en deflbus , à moins qu'on ne travaille fur un fol bon , fertile & profond , que l'éloignement oblige à convertir en bois. Comme de tels facrifîces font rares , ce que je dis refte dans toute fa force , & nuls fuccès, ou fuccès très-médiocres , fi on fèfne ou plante avant que la terre de petite qualité foit bénéficiée par les amcndcmcns météoriques. ( Foyei ce mot) Si l'étendue qu'on défire planter eft confidérable , il convient, avant de défoncer le terrain , de tracer des routes pour le fervice de la forêt , de manière que fi le terrain eft en pente , elles fervent de retenue aux eaux pluviales , vu que leurs bords font autant de foifés d'écoulement : ainfi la même opération peut réunir phifieurs objets avantageux. Au moyen de ces routes on verra fans peine les endroits qui fouffrent, ou qui ont fouffert , & par conféquent les réparations qu'ils exigent. Si on craint la grande formation des ra- vines , veillez fur-tout pendant les premières années , parce que le fol n'eft pas encore entrelacé d'un affez grand nombre de racines capables de retenir les terres entraînées par les grands lavages. Ces routes unif- fent l'utilité à l'agrément. CHAPITRE III. Dts Semis & des Plantations. Je ne répéterai pas ici ce qui eft dit FOR au mot Châtaignier, relativement à la manière de faire des femis & les plantations de cet arbre confidéré comme foreftier , parce que les opérations font les mêmes pour ceux du chêne , ôcc. ; ainfi confultei '^^ rnot. Doit -on planter ou doit-on femer lorfqu'il s'agit d'une forêt ? Les plan- tations font fort coCiteufes; elles fup- pofent qu'on a en pépinière une aflez grande quantité de jeunes pieds, ou qu'on a la facilité de les acheter. Balançons les avantages de l'une & de l'autre méthode. On jouit plutôt par la plantation que par le femis , c'eft-à-(iire , on croit jouir plutôt, parce qu'après huit ou dix ans les arbres ont pris de la confiftance , la verdure fourit à nos yeux. Un femis de chêne, au contraire, à cette époque, eft encore humble; mais après quinze ou vingt ans , quels feront les arbres qui auront le mieux profpéré ? & après trente, quels font Ceux qui vaudront le mieux ? Il n'y a pas à balancer , ce feront ceux du femis. Je ne crains pas de dire que jamais pied , auquel on a coupé le pivot en le tirant de terre ou en le replantant , ne formera un tronc au/n droit , aufii beau , auftî majef- tueux que celui provenu du femis. La fontaine a fort bien caradérifé C8 dernier , en difant : Celui de qui la tête a» ciel étoit voifine , Et dont les pieds touchoient à l'empire des morts. Vous aurez beau voir les plus belles pépinières , les plus faciles à tra- vailler , vous ne ferez jamais enten- dre aux travailleurs de s'y prendre de loin en remuant la terre , afin de ne point endommager les racines , & en creufant profondément, afin de ne pas brifer le pivot. J'admets que cette FOR «ctte méthode foit fiiivie lorfqu'on arrachera les lujets de la pcpinièie ; mais à quelle dépenfe n'entraînc- t- elle pas pour ouvrir des foffes aflez grandes &c affez. profondes , & capa- bles de recevoir ce long pivot , en lui confervant fa direction perpendicu- laire &C toutes les racines horizontales. On demandera pourquoi ce grand at- tirail, puifqu'il ne s'agit pas d'arbres fruitiers ? Il n'eft point de chênes ve- nus dans un bon loi , & bien plantés , dont la coupe ne produiie plus dans la fuite , que toutes les récoltes prifes enfemble de l'arbre fruitier ne produiront jamais ; on ne veut ja- mais voir que le moment préfent , fans penfer à l'avenir ;. la dépenfe des grandes plantations eft immenfe, & fon produit fouvent très-cafuel. En effet , s'il furvient une fécherefle , fur-tout fi on avoifine les provinces méridionales , que deviendront ces arbres ? La moitié ou les trois quarts périront ; car je ne fuppole pas qu'on veuille ajouter à la dépenfe première celle d'arrofer :& encore eft-on le maître d'avoir de l'eau à la proxi- mité ? Je loufcris à cette multiplicité de frais, loriqu'il s'agit de faire des avenues ; ( voye^ ce mot ) mais alors c'efl le feigr.eur qui travaille , & qui travaille en feigneur. Ici il s'agit .de l'agriculteur. J'admets , pour un inflant, que les trois quarts des arbres de cette forêt naiffante aient bien repris ; malgré cela plufieurs péri- ront à la fiî'conde ou à la troifième année. Il faudra donc chaque année remplacer les arbres morts, & pour peu que leurs voifins profpèrent , la reprife des arbres replantés fera prefqu'impoffib'e. Les racines des voifins feront attirées par la terre nouvellement remuée , & rempli- Tcrru: F. FOR 9 ront la io^e avant que le fujet re- planté en ait pouflé de nouvelles ; elles l'affameront au point qu'il fera toujours languiffant , enfin l'ombre des branches voifines privera {es jeunes pouffes des intluences de l'air & des bienfaits de l'atmofphère. Telle eft la raifon pour laquelle il efi: prefqu'impoffible de regarnir des clarières une fois établies dans les forêts. Cette loi s'étend même juf-» qu'aux allées en quinconce des pro- menades. Depuis le temps que l'on fubftitue de beaux fujets aux arbres morts dans les jardins des Tlmilcries , du Luxembourg , &c. on auroit eu de quoi former des forêts. Le ré- fultat de tout ce travail fe réduit à zéro ; l'arbre végète foiblement pen- dant la première & la féconde am-ée . & il périt de mifère à; la troifième. Le fécond obflacle qui s'oppofe aux plantations en grand , vient des pépinières. Dans les environs de prefque toutes les grandes villej, des hommes s'attachent fpcclalement aux femis , & à fournir des arbres de pépinières. Leur but unique eft d'avoir promptement debcaux f.r- bres ; dès-lors le choix de la terre, les engrais & les fumiers font mul- tipliés. Que l'on juge à préfent com- bien les arbres que l'on enlèvera d'un fol pareil auront à fouffrir dans les terrains maigres & fouvent fccj ^<. arides deflinés aux forêts. (^Foye^ ce qui a été dit des pépinières au mot Châtaignier , page iSz ) Si on fe contente de prendre dans les bois les fujets deftinés à garnir la forêt, on trouvera très -peu de pieds, de brins ou de i'em?nces, &: beaucoup de venusfur fouchc. Or , il til prefqu'impoffible que les uns 6c les autres ibient arrachés faas C 10 FOR endommager vivement leurs racines, à caufe de l'entrelacement de celles des arbres voifms ; des-lors la reprife de ces fiijets eu. plus que douteufe , & on aura beaucoup dépenlé en pure perte. Quant à la manière de taire les trous ou fofles défîmes à recevoir les arbres. ( ^oye^ ci-après Iî; mot Fosse. ) Le femis réunit tous les avanta- ges ; 1°. la végétation de la femence eil aîTurée , à moins que les mulots & autres animaux ne la dévorent ; d'ailleurs , comme on lème fort épais & par rangée , on eft afluré que fi les grains d'une rargée (ont détruits , ceux de la raie voifuie ne le feront pas ; 1°. le travail du Jéfricherrent , { voye^ ce mot") eft moins diipen- dieux, quand mêm - il iéroit fait à bras d'homnes, po r détruire les vieilles louchts. Mais les iemis n'exi- gent pas ce travail , de forts &c profonds labours fufîifent ; il s'agit de les multiplier pendant la pre- mière année , Si encore mieux pen- dant la féconde * afin de donner , comme je l'ai déjà dit , le temps à cette terre d'être pénétrée des amen- demens météoriques ; paflé ce temps on choifira pour femer une des trois méthodes indiquées pages i6o, i6i & i6x, du mot Châtaigne. La troifième efi à mon avis celle que l'on doit préférer. Quelques auteurs propofent avec raifon , de planter en genévrier , en bouleau ; confultei ces mots , & fi.ir-lout le deinier. La trofieme mé- thode des femis facilite leurs plan- tations. Ces arbres défendent par leur ombre les jeunes plants , & de la trop grande ardeur du foleil Se des coups de vents. A mefure que îe chêne prendra de la force , fem- FOR blable à l'ingrat , il fera périr celui qui l'a protégé dans fon enfance ; mais il ne faut pas attendre cette époque , il vaut mieux couper le bouleau dès que le brin n'aura plus beloin de fon fecours , & les pieds doniieront alors des fagots & du bois peur les cerceaux,qui dédomma- geront des premières avances , & donneront même du bénéfice : fi tout le défrichement a été fait avec la charrue , les racines des bou'eaux, ne repoufTeront plus parce que l'om» brage des chêneaux les privera des. influences de l'air. CHAPITRE IV. £)es fo'ifis dis Semis ou Plantations. des Les femis doivent -ils être faits; avant ou après l'hiver ? Je penfe que plus l'on approche du midi , plus l'on doit choifir l'époque de la chute du gland , afin de ne pas être furpris par les fécherefîes des mois de jan- vier, février, mars & avril. Dans nos provinces du nord, où les pluies font fréquentes , on peut attendre après l'hiver , parce que les pluies d'avril y font abondantes , & on ne craint pas que le gland pourrifTe en terre pendant la mduvailé faiibn. Malgré cette différence , je penfe qu'il vaut mieux fuivre la marche de la nature , & feffler aufiitôt après la chute du fruit ; il ne tombe de l'arbre que parce qu'il efl dans Ion état par- fait , & qu'il n'a plus be oin de fon fecours pour être en état de fe re-- produire; d'ailleurs ,fion attendaprès l'hiver , il faudra flratifier la graine , ainfi qu'il t Egrapper , Tome III ^ page i68. M. ^îaupin , dans fon ouvrage intitulé, lu Ri.hejfe des VignolUs , en décrit une nouvelle de {on invention , aue je vais faire con- noître ; c'efl lui qui parle : « Cette machine tfl fi fîmple qu'il n'y a pas d'ouvrier qui ne puifTe facilement la comprendre & l'exé- cuter. Dix pouces de cuve à pren- dre du bord , un fort cerceau de cuve fixé à ces dix pouces , deux ou trois barres, quatre ou fix forts tafTeaux pour foutenir le bout de ces barres , un affemblage de plan- ches pofées fur le cerceau & les barres , de petites languettes de bois, longues environ de deux pouces, fur une ligne & demiie, ou une ligne trois quarts d'épaifTeur au plus : voilà la bâtifTe de toutes les pièces de la nouvelle fouloire. >► >> Le cerceau çfl fortement attaché dans la cuve à dix pouces au-defTous «J.U bord , mais je penfe que neuf, bc affei généralement fept à huit. FOU font fufEfans pour l'élévation da marc. Les grandes cuves & celles qui fieront remplies en un jour, font cdles auxquelles, ainfi que duns les pays chauds, il en faut le plus laifTer, » Le cercenu de chacune des cuves, après avoir été fixé, a été échancré à quatre endroits pour placer dans ces éctiancrures > 6c an niveau exaft du cerceau , quatre forts tafTeaux largts d'environ quatre- pouces , & épais de deux bons pouces. » w Les barres épaifles de deux pouces tout au moins , ont été po- fées , ou plutôt engralnées dans ces tafTeaux , creufés exprès pour les. recevoir. C'efl fur ces barres & le cerceau que les planches ont été pofées. Ces planches en bois de chêne , portent quinze lignes d'é- paifTeur. » » Elles ont à un des bouts de chacun de leurs côtés , \me des langtiettes dont j'ai parlé , pour maii.tenir les planches, & laiffer entr'elles la diflance nécefTaire pour l'écoulemeat de la liqueur lors du foulage. » Ces planches ne tiennent point les unes aux autres , elles font ce qu'on appelle des planches volantes. Les plus larges n'ont que fix pouces de largeur, & quelques-une? n'en ont que quatre, ce qui multiplie, les ifTues. du moût ; celles du milieu ayant le plus déportée & de longueur , doivent avoir au moins fîx pouces de large,. Toutes les pièces dont je viens de parler doivent ctreuniesSc reblanchies avec le rabot. » » Il efl fans doute inutile d'avertir que le cerceau & les tafTeaux doi- vent être fixés de la manière la plus FOU folije. Il eft évident que c'efl: fur ces pièces que portent toute la charge, les barres, les planches, la vendange & les hommes qui la foulent. » » Les p'anches doivent être fa- çonnées de mnnicre que par leur réunion elles forment , à huit ou dix pouces de profondeur dans la cuve , im contre-fond ou plancher circu- laire qui occupe exaftement tout le diamètre de la cuve à cette pro- fondeur. » » Toutes les planches doivent être numérotées pour les reconnoî- tre , & les placer chacune en leur lieu. » » J'eftime que cette machine , en y comprenant le cercle dont je vais parier, pourra coûter 36 livres dans les vignobles des environs de Paris , & un tiers ou moitié moins dans la plus grande partie des provinces.» » Cette machine fervira en même- temps à deux- ufages , à fouler la vendange & à couvrir la cu%'e, en ajoutant au fond de la fouloire le cercle que je viens d'annoncer. L'objet de ce cercle eft de fuppléer au fond de la fouloire , ce qui peut manquer du diamètre pour couvrir le marc à mefure qu'il s'élève au- deffus de huit ou dix pouces, auquel le fond doit être pofé pour l'opé- ration du foulage. Les cuves étant plus généralement évafées à leur bord(i) qu'elles ne le font à huit ou dix pouces au-deffus, on con- çoit que le tond qui pouvoir couvrir entièrement la liqueur à ces huit ou dix pouces, ne le peut plus quand elle t& parvenue plus haut ; à ces FOU it huit ou dix pouces, la cuve a ccm- m.unément deux ou trois pouces de diamètre ou de largeur plus qii? le fond de la fouloire ; ainfi le cercle néceffaire pour y fuppléer doit être de trois ou quatre pouces, plus ou moins, fuivant les cuves. >« >' Ce cercle fera divii'é par quarts ou en quatre parties, ou même en fix fi l'on veut, pour plus de facilité , & pour qu'il puifTe entrer dans la cuve & couvrir le marc, dès qu'il s'élèvera au-deflus de huit ou dix pou- ces , auxquels le fond de la fouloire aura été pofé. >* » Les perfonnes qui pratiquent ma manipulation & quk en confé- quence font dans l'ufage de couvrir leurs cuves , ( Voyez Tome III, page 613 , & Tome ly, page 486) pour- ront faire rogner circulaircment les bouts de planches du couvercle dont elles fe fervent, & en réunir les bouts en quart ou fixième de cer- cle; mais comme il eft à croire que généralement les planches avec lef- quelles elles couvrent, n'ont pas en entier toute l'épaifl'eur néceflaire, je leur confeille de foutenir le plan- cher ou fond de la fouloire par trois barres , au lieu de deux , e.i forte que ces barres n'aient pas plus de dix-huit à vingt 'pouces de diltance de l'une à l'autre. Cette précaution peut n'être pas abiolument nécef- laire , mais elle ne peut nuire Je donne le même conseil à l'égard de toutes les cuves dont la contenance excè-le dis muids. » M On foulera la vendange à me- furc qu'on l'apportera de la vigne, ôc dèfc' qu'on aura hni de la dédiar- (i) Cette règle n'eft point générale. Voyc^zi qui a été dit au mot CuVE» î2 FOU ger dans la foulolre ; moins il y en aura, & plus promptement elle ie foulera; mais la i'ouloire fût-elle pleine , les raifins fe fouleront tou- jours très-bien, mieux, plus diligem- ment, à moins de frais, avec moins d'embarras que de toutes les autres manières imaginées jufqu'à prcient pour fouler les raifms à meiure 6c par parties. » » Un ou deux hommes , fuivant la diilance de la vigne , pourront fufiire pour le foulage de la vendange , pour- vu toutefois que les voitures ne le Suc- cèdent pas trop rapidement; au lieu de deux hommes il en faudroit le plus fouvent quatre. » » Quand on aura bien foulé , écralé, ouvert & exprimé autant qu'il fera poffible tous les raiîins d'une foulée , ( car il faut bien prendre garde que l'opération ne foit trop brufquée ou taite à demi) on lè- vera deux planches du m.ilieu du fond pour pouffer & faire tomber le marc dans la cuve, qu'on égali- sera lorCque cela fera ncceffaire. Il faut veiller à ce que le marc foit également diflribué dans toutes les parties de la cuve, & qu'il n'y en ait pas une plus grande épaiffeur dans l'une que dans l'autre. Cela fait, on remettra les planches, ic on re- commencera un nouveau foulage jufqu'à ce que la cuvée foit ache- vée. » » L'ufage de la nouvelle fouloire cft fi facile & fi fimple, que je crois devoir me difpenfer d'entrer dans de plus grands détails fur cette opé- ration. Cet ufage fuffira feul pour apprendre les petites attentions né- eelfaires pour faciliter , à mcfure du foulage , l'écoulement du moût par Us fetiti inuryallcs qui féparent les FOU planches du fond. Je dirai pourtant que , lorfqu'aprcs avoir achevé une foulée, & l'avoir déblayée dans la cuve, il en arrivera ime autre de la vigne, il eft à propos de )» laiffer décharger entièrement, & s'égauiter dans la fouloire avant d'en entamer le foulage, » On ne peut difconvenir que la fouloire propofée par M. Maupin , ne foit très-utile, très-avantageuk , & qu'elle n'épargne beaucoupd'cm- barras. Le public auroit été encore plus reconnoiffant, fi l'auteur avoit prefcrit quel devroit être le diamètre àes petits intervalles qui féparent les planches du fond. J'ai obfervé que lorfque ces intervalles étoient d'une à deux lignes feulement , ils étoient bientôt engorgés pour peu que le raifin fût mur & peu aqueux , comme le font en général ceux des efpèces cultivées dans les provinces méri- dionales. La chair de leurs grains eft ferme & fouvent cafTante , fuivant les efpèces , & prefque toujours gluante & vifqueufe ; fouvent même des efpaces de trois lignes font en- gorgés fur toute la longueur de la planche , mais en leur donnant plus de diamètre il pafleroit beaucoup de grains très-peu foulés , mal écra- fés , &c. ; il vaut donc mieux avoir la peine , de temps à autre , de fou- lever les planches & de|les nettoyer à la fin de chaque foulée. Lorfque le fluide efl retenu en partie dans la fouloire , on a beau piétiner le raifm , le grain fuit fous le pied du fouleur , gliffe & échappe à l'aôion du foulage , ce qui rend l'opération plus incomplète & beaucoup plus longue. Le grand point eft, ainfi que l'a très-bien remarqué M. Maupin, de fouler FOU très-peu de rajfms à la fols. Plus le foulage a été rigoureux , & plus le mucilage , les débris du parenchyme, les pellicules nagent dans un grand véhicule , & c'eft cette fluidité pre- mière qui permet à la fermentation d'exercer la plénitude de fes loix , d'où réfulte la perfeftion , la fer- mentation , & par conféquent du •win. FOULURE , MÉDECINE RURALE. La foulure eft une violente extenfion des tendons & des ligamens , fans un déplacement fenfible des os ; les pieds y font plus fujets que les autres parties du corps , parce qu'ils font un exercice plus habituel qui les expofe à de fortes contufions, à des coups violens, ôcle corps à des chutes très-confidérables. Cette extenfion eft d'autant plus ou moins grande , que les caufes qui la déterminent font plus ou moins fortes ; c'eft auffi par cette , raifon que les fymptômes qui accom- pagnent la foulure , font plus ou moins graves , tels que la douleur , le gonflement , avec difficulté à exercer les mouvemens ordinaires de la partie; la douleur efîfoiivent , trèi-vive, & l'inflcimniaiion pro- portionnée à la fenfibilité des parties aiiedées, 64 à l'eifort qu'elles ont fait. On peut prévenir ces fiicheux acci- dens en ploi^gcaat le pied, ou toute autre partie afFcâée, dans l'eau bien . froide, des l'inftant que la foulure eft arrivée; par ce répercuiîif on s'oppo(e à l'inSammation qui ne nianqueroit pas de furvenir à l'épan- chamcnt de l'humeur fynoviale dans l'articulation , & on calme la douleur qu'on y relient. . FOU 13 Si en a oublié de mettre en ufage le moyen que je viens de recom- mander, il faut alors employer la faignée , & un régime férère ,s'oppo- fer à la conftipation par des lavemeng émolliens, ôc avoir recours à des topiques appropriés & recomman- dables par leurs effets , tels que la feuille de choux , ou d'artichauts , qu'on écrafe dans un mortier, &C qu'on faupoudre avec du fe) com- mun réduit en poudre grOilîère ; cette application mérite les plus grands éloges, & elle n'a jamais manqué aux effets qu'on ell en droit d'en attendre. Les boues des eaux minérales chau- des , telles que celles de Balaruc , de Barèges , &c. appliquées fur la foulure, lorfqu'il y a épallTifi'ement de la finovie , font très-propres à redonner à cette humeur fa fluidité naturelle. Quand les accidens font pafîés , beaucoup de médecins veulent qu'on mette la partie qui a été foulée ( fi c'eft le pied ou la main) dans la gorge d'un bœuf ou de tout autre animal qu'on vient d'égorger ; mais je fuis perfuadé qu'en la frottant pluiieurs fols dans la journée avec de . Teau-de-vle camphrée, ou d'eau vul- néraire un peu chaude, & pendant plu- iieurs jours confécutlti , on parvien- dra aifément à lui redonner lafoupltfTe naturelle. {Foye?^ ce qui a été ditau- moî EiN'TORSE ) M. AME. , Foulure, McJedne véUrinaire. . Ce terme a dans notre art pîufieitfs. ■acceptions, & indique une extenfion violente & forcée des tendons, des • llgamens, d'une partie d'un membre quelconque ; en ce cas il a la même ■ fig.aliicatLon qxÇentorfi^ egçh; ( Foxen 24 FOU ces mots ) On s'en fert encore pour défigner une contufion externe , oc- calionnée par quelque compreiuon, telle que celle cui réCu'ti? du frot- tement &c de l'apjjui de la f&Ue fur Je garrot, {voye^ Garrot) Icrfque les arçons trop larges, O'i entrou- verts, laiffent tomber l'arcade fur celte partie. Cette efpèce de foulure cède à l'ufage des friftions d'c au-de- ■ vieavec le (avon. M. T. FOUR A CUIRE LE PAIN. Le four ell le lieu où s'ixhcve la ftr- mentation dd la pâte, &c où s'cLière la cuifîbn du pain. Dans l'origine ce n'étoit que ".^tre ae la cheminée , un trou en terre , un gril &. une tourtière ; mais rir.Juf- Itrie le perfeftionnar.t , on ima- gina les fours portatiîs , & après ce'a les fours à demeure. En voilà affcz pour faire voir combien cet inftru- ment eflentiel de la boulangerie a éprouvé de changem'-'nt : ii appar- tenoit à la géométrie d'en tracer la meilleure forme. La maçonne- rie èi la ferrurerie pouvoient feules concourir à (à perfection 6c fa fo- lidité. Forme du four. La grandeur du four varie , mais la forme doit tou- jours être confiante ; c'efl ordinai- rement un ovale alongé, dont la partie la plus aiguë ei\ tronquée , & l'expérience a prouve que cetteforme étolt la plus avantageufe pour pren- dre , conf'erver & refléchir la chaleur de toutes parts à l'objet qui s'y trouve renfermé. Dlmtnflon dufaitr. Les plus grands fours, connus en France, font ceux où l'on cuit le pain de munition ; ils ont jufqii'à quatorze pieds & plus. Les boulangers à gros pain FOU donnent à leurs fours dix à onze pieds , & ceux à petit pain , huit à neuf pieds. Quant aux fours des mailbns particulières , leur grandeur doit toujours être relative à la ccr.- fommation. Des différentes parties du four\ On diilingue dans le four plufieurs par- ties; la voûte du deflbus & du defûis , l'âtre , le dôme ou chapelle, lesouras, enfin la bouche ou l'en- trée. 11 convient d'en donner une idée , puifque leur forme 6c leur conflruftion influent à la fois fur l'économie du bois, la fac.l.té eu chauffage, & la bonté de la cuifTon du pain. De tàtre. La partie la plus eff^n- tielle du four efl l'âtre. On lui donne une furface tant fblt peu convexe depuis la bouche juiqu'au milieu , en diminuant inl'enfiblement vers \< s extrémités, parce que c'eft dans cet e partie que le tour eft le plus fatigué par le jeu continuel des pelles 6t. des autres inflrumens avec lefquels on y manœuvre. ( Du dôme. Le dôme on chapelle efl la première partie du four dont on s'occupe : les différentes cour- bures qu'on lui donnoit ancienne- ment, faifoient varier fa forme, {çi effets & fa dénomination ; mais il ne faut pas perdre de vue la hauteur de la chapelle afTc-z ordinairement trop éloignée de l'âtre, d'où il réfiilte que le chauffage coûte plus de bois, que la pâte ne fbufîle pas autant, &: que la croûte du pain n'efl que defTé- chée , tandis que le deflbus a trop de cuifTon, Des auras. Ce font des conduits dont l'ouveriure a environ cinq à fix pouces quarrés qui fe prolongent jufqu'au milieu du four, de chaque côté iF O U côté des rives. Leur ufage ffl de porterai! fond un courant d'air pour animer la .coinbuftion du bois , & déterminer la fumée à fortir au- tlehors , lorfqu'elle fe fixe quelque- fois en forme de bt'ouillard au-delTus de lâtre. On les a réformés pour les petits fours , Se on en a reflreint Je nombre à un ou deux au plus poiu- les grands fours : mais l'ulage des auras paroît néceffaire pour tous les fours ; il permet , en accélérant le chauffage , de détruire un abus qui dégrade i'âtre , & écorne la chapelle. Au lieu de le remplir de bois , pour Je faire fécher après la cuiflbn , il fuffiroit de le mettre au-de!Tus & au-deffous du four ; alors , au moyen des our^ts , le bois feroit affez (ec pour produire l'effet défiré. Di l'entrée du four. L'entrée ou la bouche du four doit toujours être proportionnée à la grandeur du four lui-même ; celle qui avoit autre- fois jufqu"à deux pieds fix pouces de largeur fur dix - huit pouces de hauteur , n'a plus à préfent que deux pieds trois pouces , d'une pari , fur quatorze de l'autre , & au lieu d'être fermée par une plaque de tôle mal jointe , cette fermeture eft une porte de fonte ayant fix lignes d'épaiûeur, reprélentant un carré k ng ren- fermé dans un châflîs à feuillure large , roulant fur dïs gonds , ôc arrêté par un loquet. D/. dejfus du Jour. En pratiquant au-deffus du four une efpèce de chambre , on pourroil y faire fécher les grains quand ils feroient humides , ôi dans les grands froids exécuter tous les procédés de la boulangerie ; mais en la faifant égalifer & carreler, en élevant les murailles de fix pieds de haut , en prolongeant les ouras Tome y , FOU 15 par le moyen de tuyaux de poêle , on fe procureroit une excellente ctuve économique- qui feroit d'une utilité journalière. Du dijjous du four. Le defibus du four efl employé ordinairement à ferrer le bois ainfi que les inftru- mens propres à le fendre ou à le fcier ; en fuppofant que le local fe trouve trop bas pour obtenir cette reffource , on pourroit fe la procurer en creufant dans les foncl.tior.s ; mais il feroit à fouhaiter que la vciue fur laquelle pofe I'âtre eût au moins deux pieds d'épailfeur , & celle du deffus à peu près autant , à partir de la clef , afin de mieux con- ferver la chaleur & d'économlier le bois. DiS mathlaux propres à la conflruc- t'ion du four. On fe feit d'une infinité de matériaux pour la conflriidtion du four. L'âtre , qui en ed: la partie la plus effentlelle , a été fait alter- nativement de briques , de carreaux, de groffes pierres , de grès , de pla- ques de tôle ou de fonte , mais ils ont chacun leurs inconvénicns : on ne peut pas joindre exafteinîiit IfS briques & les carreaux , ils laiffent des interfaces , fe ( é^radent aiiément par le choc des inllrumens du four ; les dalles de pierre unt fois échauffées fe calcinent & fe convertifTent en chaux ; les pavés fendent & écla- tent ; les plaques de métal prennent & confervent trop de chaleur , & le pain eft expofé à brûler delTous ; c'eft poir cette raifon qu'on leur a fubflitué une terre battue & ta- mifée. Après I'âtre , la partie du four qui raérite le plus d'attention , efl la chapelle ou dôme ; on la conllruit encore , dans beaucoup d'endroits , D î6 FOU avec de vieux tuileaux dont la con- vexité naturelle produit beaucoup d'interflices ; d'ailleurs , leur peu d'é- paifl'eur ne garde ni ne réfléchit luffi- famment de chaleur ; le mortier qui leur lert d'union fe détache aifément ; mais la brique étant fupérieure à caufe de fa ferme , de (on cpaif- feur , la chakur qu'elle garde 6c qu'elle communique au pam , doit la faire préférer au tuileau. A l'égard des matériaux dent on fe fert pour former le m>.fHt & le contour du four , il faut fe fervir des reflburces que l'on a , & faire toujours en forte que la maçonnerie ait une certaine épaiffeur , afin que toute la chaleur s'y concentre , Se ne fe perde pas au- dehors. Il feroit à défirer qu'on pût trou- ver une matière plus folide pour râtre ; on prétend qu'il exille en Allemngn? une pierre particulière employée à fa conftruclion , & qui remplit très - bien ces vues pen- dant un très-grand nombre d'années fans s'ufer : en attendant qu'on faffe une pareille découverte en France , tenons nous- en à la terre ufitée à Paris pour cet objet , & comme il feroit poffible d'en préparer une femblablé dans les endroits où la nature n'en préfenterolt pas de teinte mélangée , nous allons en décrire la compofitlon. De la terre à four. La terre îi K- queile les boulangers donnent ce nom , & dont ils fe fervent pour former l'âtre , eft très - compofée. M. Darcet , dont le nom 6c les tra- vaux font connus fi avantageufe- ment des chymiftes , a fait l'ana- lyfe de cette terre , & il en ré- sulte qu'elle contient de l'argile , du fable , de la terre calcaire , des FOU débris de coquilles , une quantité confidérable de terre végétale , Se uns terre ochreufe martiale ; que le mé'cnge de toutes ces efpèces de terres différentes , rend la terre à four fufible à un très-grand feu , & très- propre auiTi à l'ulage auquel elle eft deflinée. Ainfi, en faifant un mélange d'un cinquième de bon fable , de deux cinquièmes de terre argileufe qui ne rougiffe pas beaucoup au feu , Si d"à peu près autant de terre calcaire , on pourroit fe flatter d'avoir une terre propre à la conflruGion de ràtre. M. Darcet penfe même qu'il feroit pofllble de retrancher utile- ment la terre calcaire , & augmenter d'autant celle du fable , fur-tout fi l'argile qu'on anroit fous la main , fe trouvoit avoir beaucoup de liant & peu de terre martiale. De la confîniaion du four. La plu- part des ouvriers occupés de la conf- truftion du four , ignorent la forme & la proportion qu'il doit avoir : aufîi cette conftruftion , qui appar- tenoit autrefois au premier maçon venu , eft-elle aujourd'hui l'objet unique d'une claflé d'hommes défi- gnés à Paris fous le nom de four- niers ; c'eft ainfi quî les arts fe per- fedionnent lorfque leurs diô'érenres branches font exercées par djfférens artiftes , cepencknt tout maçon in- telligent , à qui on fournira la place d'un tour , pourra l'exécuter avec facilité. Les fours , dont on voir ici la def- cription Sc la gravure , font ceux de TEcole de boulangerie de Paris ; ils ont onze pieds de profondeur fur dix de largeur ; on cuit dans chacun quatre-vingts pains longs de quatre livres, & deux cents trente d'une liyrç. i^ o u Sur une voûte conftruite en moel- lons , en briques , ou en pierres de taille , on établit un maflîf fur lequel on trace les climenljons que le tour doit avoir ; on élève le pied droit jufqu'à la hauteur de huit pouces , pour former en briques les limites ou les rives du four. 11 s'agit enluite de la chapelle ou dôme ; on lui donne une courbure de quatorze pouces , dont fi.v font employés à l'épaiffeur de l'âtre , 6c les huit autres à former ce qu'on appelle le pied droit , de manière que , de l'extrémité de la voûte au couronnement , il y ait huit pouces : la voûte aura alors , de la clef à la bafe de l'âtre , quinze à feize pouces de hauteur. Cette proportion efl la meilleure que puiffe avoir la gran- deur du four dont il s'agit ; on pra- tique dans l'épaiffeur de la chapelle deux conduits perpendiculaires que l'on fait aboutir dans la cheminée , au-deffus & aux deux extrémités du bouchoir. L'entrée du four efl une chofe effentielle : on commence d'abord par pofer le châffis pour lequel on fait des fcellemens très-confidérables qui puiffent s'étendre dans l'épaiffeur des reins , afin que la brique touche immédiatement le pourtour du châf- fis , on élève au-deffus une muraille en briques qui forme le derrière de la cheminée , & dont le devant répond à l'extrémité qu'on nomme la ttiblitu , l'autel du four ; c'eil fur cette tablette qu'on attire la braife pour la faire tomber dans l'étouffoir , . & que l'on pofe la pelle avec la- quelle on enfourne ; on doit la garnir d'wne plaque de fonte , &C à l'on défaut , de carreaux. La chapelle finie , on remplit de F O Ù i7 moellons &: de terre les vides qui (c trouvent entre le pied droit de la muraille interne , qu'on appelle les reins. On fait ime féconde voûte à la naiffance du pied droit , juf- qu'au couronnement , 6c quand elle efl achevée , le furplus le remplit également de moellons & de terre , pour obtenir un mafîif très- épais & très-uni , que l'on carrelé : c'efl le deffus du four. Dans le vide que forme l'angle du mur , jufqu'au centre de la voûte , on place la chaudière à laquelle on donne la triangulaire décrite par cet intervalle ; fi on avoit deux fours à conflruire , on donneroit à la chaudière la forme ovale , elle fe trouveroit par ce moyen renfermée entièrement dans la maçonnerie , & perpétuellement chauffée par com- munication , ce qui réunit l'écono- mie à la facilité du fervice. La troifième & dernière partie du four qui refle à conflruire , c'efl l'âtre. On répand fur l'aire environ huit pouces] d'une terre jaune , à laquelle on donne , en l'arrangeant , une convexité prefqu'infenfihle : cttte tene efl: foulée avec des battes , jufqu'à ce qu'elle foit parfaitement égaie. Un four conflruit d'après ces prin- cipes , efl auffi parfait qu'il foit pof- fiiile. Le malîif plus épais , ôc moins rempli d'interflices , ne permet plus aux grillons , ces infeiles qui cher- chent tant la chaleur , de s'y in- troduire , ôi de le détériorer. Le dôme peu élevé réfléchit mieux la chaleur , 6i achève à temps le gon- flement de la pâte. L'âtre plus uni & d'une matière moins dénie , cuit le pain fans le brûler ; le nombre des auras diminué , & leur forme D 2 xS FOU reûifiée ; porte un courant d'air qui anime la flamme & donne du mouvement à la fumée ; l'entrée plus abritée , moins large & mieux fer- mée , ne perd plus de chaleur ; d'où il fuit que le four n'ett pas auflî fujet à réparations ; que le chauffage ne dépenfe pas autant de bols ; que le pain efl plus parfait ; qu'enfin le boulanger peut travailler plus à l'aife , fans avoir les yeux bleffés par l'éclat de la flamme , &c les mains brûlées par l'aftion du feu. FOU une chaleur plus foutenue & pliis^ intenfe. La cuifTon d'un four neu^ peut durer vingt-quatre heures en- viron , & celle de l'âtre regarni , huir heures , en employant moin-s de boiS. Dès qu'on foupçonne qu'un four neuf efl fuififamment féché , on le tient fermé trois heures au moins , avant de fonger à enfourner , afin que la chaleur vive de la chapelle s'affaifTe fur l'âtre , & difTipe l'hu- m-idité qui s'exhale de la maçonnerie, enforte que la chapelle &i, le dôme £)i la manière dcfècher un four neuf fe trouvent en même'^temps au cégre ou racco-nmodi. Quoique la terre à de chaleur convenable pour produire four dont efl compolé l'âtre , foit une bonne culfTon. On a feulement fupéiitci: e à tous les matériaux qu'on l'attention , avant de mettre- au four , a elTayés pour rendre cette partie de lui donner im dernier coup de feu, plus durable , el'e ne va pas fouvent en brûlant un peu àt bois au fond au-delà d'une année , tandis que le & à la bouche , & pour dernière dôme peut durer vingt-cinq ans , ô£ le maffif en pierres de taill'^ , plus d'un fiècle. Il n'eft cependant point de facrifice que le boulanger ne fît pour que l'âtre durât plus long- temps ; on n'a pas l'idée des em- barras & du chagrin que lui caufe l'obligation dans laquelle il eit de le faire regarnir, fur -tout quand il n'a à fa difpofition qu'un feul four , & que l'objet de fon travad fe re- nouvelle chaque jour , & à la même heure. La folidité de l'âtre efl donc encore ime perfedlion à ajouter au four. L'attention qu'on doit avoir quand le four efl conitruit , ou l'âtre rac- commodé , c'ell d'y tenir des mor- ceaiLX de bois menu , extrêmement fec & allumé , en augmentant in- feriffolement leur srofTeur S<. leur nombre. Quand Thamidité tft en Tjartie diflipée , on peut y brûler dei bûches entières , pour produire précaution , on l'effaie avec un peu- de pâte , pour ne pas rifquer ùne- fournée entière. Du chauffage du four. Toutes les matières combuftibles peuvent éga- lement fervir au chauffage du four , pourvu qu'elles donrentune flamme- clarre , niais vive , &c qu'elles laifîcnt" enfuite de la bralfe. Toutes fortes de bois peuver;t donc remplir ce- double effet. Il faut éviter de fe- lervir de bois peints , à caufe du danger dont efl la couleur qui les recouvre. Le bois vert ne brù'eroit ni afTez vivement ni afTez prompte ment, fi d'abord on ne le faifoit fccher , & enfuite diviler pour fjvorlfer forr ignition , mais il faut prendre garde de nuire à fa qualité : le bois trop kc rclTemble au vieux bois , fa cha- leur ne le répand point au loin , elle fe concentre fur la partie qu'elle tiioche , d'oii il fuit que l'âtR eft FOU tropchaud quand !a voûte ne \'eû pas ftiffitamment. Il faut , autant qu'on le peut , choifir de préférence le bois qui flambe aifénient & long-temps, qui n'efl: pasfujet à noircir ; le hêtre , le bouleau & le bois blanc, font les bois dont on fait ufage en boulan- gerie , mais le hêtre , fur- tout , chauffe infiniment mieux, & on en ule la moitié moins. Pour chaufier le four il ne fuffit pas de jeter le bois au hafard , & de le laiffer fe confumer tranquille- ment, jufqu'à ce qu'il foit réduit à l'état de braife ou de cendres , il faut le glifler légèrement avec la pelle dans les différens eadrolts où il doit être placé, l'arranger, & le foigner pendant fon ignirion, de manière que l'âtre , la voûte & la bnuche , fe trouve: t également chsu'îé'; par- tout : or ,cei arrangement, quoique fimple , exige cependant un taft qu'on ne tarde pas à acquérir par Texpérience. Du chauffage de la pnm'ùn fournie. On place au fond du four une bûche entière que l'on choifit la plus tor- tueufe , parce que fervant d'appui à toute ies autres , il efl: néceffaire que le côté qui pofe fur l'âtre n'y touche pas par tous les points , &C qu'uni fois a'Inmée, le jet de flamme s'élèv^ & puilTt circuler tout autour: or. cro-fe de^x bûches par les bouts fur la prjmlère, & deux ai'tres fur îe milieu de ct!!e-ci , dr ma /ère qi'.e leurs exlrémrés abouriflent vers 'es deux côtés du four, éloignés environ de deux pied? de 'a boucha. On ajouteroit d'autres bûches \ cu'é de celles-ci , dans la même direction , fi le four é-tolt très-grand eu refroidi. La réunion de plufieurs morceaux de bois au four , s'appelle la charge , FOU 29 & celle dont il s'agit charge en ccin" tare. On met le feu à U charge par le moyen d'un tifon embrafé, placé à l'endroit qui occupe le fond du four , vis-à-vis de la bouche : les extrémités les plus éloignées des bûches , dil- poféesen pUn incliné, s'enflammant promptement , le jet de fumée qui fort des bouts inférieurs , & qui fuit le long du morceau de bois , com- mence , nourrit & entretient la flamme, ce qui produit un feu vif,, clair & fans fuie. Une partie des bûches qui fe fer- vent de foutlen- , fe défuniffant , tombe en bniife fur Tatre , & le chaufferoit trop fans la précaution que l'on a de l'éteindre avec le four- gon, & de replacer le reftanî des bûches, qui ont encore de la con- tinuité, les unes fur les autres , & de les réunir pour former un leul foyer; mais on n'attend pasj qne le bois ceflTe de répandre de la flamme- pour l'enlever ; dès qu'il efl prêt de fe convertir en brailé, on l'attire par le moyen d'un grand crochet , du fond du four à la bouche ,. &c. alors on le porte avec une pelle de' fer dans l'étoiifFoir, Le four n'efl pas encore en état de cuire le pain ; la flamme &. !a braife n^en orrt pas touché toutes les parties; la bor.che , & particuliè- rement ce qui l'environne, n'on£-pas aflTfz de chdeur; .c'eft donc dans cet endinit qu'il faut établir un fécond' foyer ronufe à cet égard des mêmes, précautions que l'on a employées pour le fond du four . avec cette différence feulement, qu'au li°u de fe fervir de bûches entières , (7,-, les- divife dans leur longueur, & f'oir place vers le tiers du four j. vis-âVv.iJB 30 FOU 1 abouche, un til'on fur lequel pofent deux bûches , dont les extrém^és répondent à la rive gauche 6i à la rive droite , nom, nées en bou'an- gerie , U premier & U fécond quar- tier du four ; on en met ainfi jul'qu'à fix &repf,que l'on arrange loujours en plan incliné, ayant foin que la charge foit affez éloignée de la bou- che, dans la crainte que la flamme, au lieu de lécher la voûte , ne s'épar- pille , ne s'engloutiffe dans la che- minée , & né foit perdue pour le chauffage; d'ailleurs l'inflammation de la fu ie pourra s'enfuivre , Ô£ occa- fionner des ineerdits. A mefure que le bols de cette charge fe conlume , on fou'ève les bûches , que Ton replace les unes fur les autres, & on les rapproche un peu de la bouche; dès que le bois celle de répandre de la flamme, & que l'on juge que le four a fuf- filamment de chaleur , on ôte la braife , on le nettoyé , on laiffe, dans une efpèce de boîte de fer baltu , un tifon allumé à la bouche pour éclairer celui qui enfourné. Oa agit, pour le chauffage du four, félon que la pâte efl plus ou moins prête ; fi le chauffage prefle , on divife davantage les morceaux de bois , & on en augmente la quan- tité; s'il faut au contraire que le four attende après la pâte , on en ferme l'entrée , ou bien on met à la bou- che , des éclats de bois {qc , dont la flamme devient un obltacle à l'échap- pement de la chaleur de l'intérieur du four. Dans la circonftanc où on n'au- roit que fagots , on doit ré- gler leur nombre fur la grandeur du four ; mais il eft infiniment p!us économique de fe fervir , de pré- F O U fércnce, quand on le peut, de gros bois. Chauffage des fournies fubféquentes. Le chauffage pour les fournées qui iuivent, eft un peu différent; ce ne font plus des bûches eniières que l'on emploie ; on les divife en trois ou quotre morceaux , & au lieu de les mettre av: fo:,d du four , comme à la première fournée , on les p'ace dans le lecond quartier, à un pied environ de la rive; le pum'er mor- ceau de bois pofé fur un tifun cm- brafé, on en ajoute un Acond que l'on croife , en dirigeant un des bouts vers le milieu du premier, & l'au- tre , du côté de l'entrée du four, puis un troifièmc, unquatrièmedifpolés en plan incliné vers l'entrée du four , on en met jufqu'à fept morceaux, & fi le four eft grand, on emploie du bois plus gros , & en plus grande quantité. La manière de difpofer le bois pour le chauff.ige de la bouche , eft fem- blable à celle de la première fournée , à la réferve que l'on fe fert de bois pkis menu , & d'un plus grand nom- bre de morceaux. 'Voilà à peu près de quelle manière on doit procéder au chauffage de toutes lesfourncesqui fuivent la pre- mière. Il fuflit de faire naître la moin- dre flamme , pour produire un em- brafement qui gagne & s'étend dans l'intérieur du four : à mefure que les fumées fe fuccèdent , on diminue le nombre des bûches, c'eft ce qui fait que la charge du premier chauffage ne doit pas être femblable aux autres , »k que le four une fois en train, dem.ande toujours des charges moins lortes. L'incertitude du point de chauf- ftge da four, a fiut recourir à divers V ■i:-m I jv. f FOU moyens pour acquérir un indice capable de le manifefter, mais tous ces moyens ioni plus ou moins équivoques; il n'efl pas poffible non plus de déterminer au jufle la quantité de bois qu'on doit y em- ployer ; cette précifion eft très-dif- ficile, à caufe d'une infinité de cir- conftances qui deviennent la p'erre d'achoppement des garçons boulan- gers , les premières lois qu'ils gou- vernent un four. Le mieux , c'efi: de le tâtonner, jufqu'à ce que l'ufage leur ait donné cette habitude réflé- chie qui facilite davantage la con- Boiflance de la quantité de bois , 6c du degré du four, que tous les moyens préconilés. Description du Four. La Fi[. I reprérente le plan du Four. A. La Chaudière. B. Conliii'.s de la braifc fous la chaiid'ùie. C. Autel du Four. D. Intérieur du Four. E. Ouverture pour verfer la braife dans l'étouffbir. F. Porte de la ckaudijre. G. Efcalier pour monter fur le Four. H. Bouihe du Four. Fig. a repréfente rélévation du Four, A. Conduits de la cheminée. B. Ouras ou venteuses. C. Bouchoir ou porte du four. D. Maçoimrie qui fépare les Fours, "E Porte de la chaudière. F. Dejfoui du Four. G. Efcalier du deffus du Four. H. E :trée du dejfus du Four. I. Robinets d'eau chaude & d'eau froide, K. Auge pour la décharge de F eau, L> Autel du Four, FOU 31 M. Crolféepour éclairer le dejpjs du Four. Fig. j repréfente la coupe du Four, A. Intérieur du Four. B. DeJJjus du Four. C. Conduits des auras.' D. Chaudière, E. Deffiis de la chaudière. F. Dejfus du Four. G. Conduits de la Chaudière. H. Fourneau de la chaudière, 1. Dejfous de la chaudière. K. Cheminée du Four, L. Conduits de la cheminée. M. PAR M. FOURBUPvE, MÉDECINE vété- rinaire. Le cheval qui en eft atta- qué, m.anie (es jambes avec diffi- culté, craint de poler ies pieds fur le terrain, & évite de s'appuyer fur la pince ; lorfqu"iî chemine , (es jambes poflerieures s'entrecroifent alternativement à chaque pas, l'ar- rière-main le jette de côté &c d'autre ; le dégoût , la trifteffe, plus ou moins profonde , le battement de flancs, 6c la fièvre plus ou moins forte qui l'af- fedent , font les fignes par ielquels la fourbure fe manifefte. Elle tire communément fon ori- gine d'un travail excellif & outré ; d'un refroidiffement fubit fuccédant à une violente agitation, foit que l'on ait abreuvé le cheval au moment où il étoit en fueur, foit qu'on l'ait expofé dans cet état à un air vif ^ humide , foit qu'on l'ait conduit à l'eau; d'une douleur qui attaquant un des membres, ne permettant à l'ani- mal aucune efoèce d'exercice , le contraint de féjourner long -temps dans l'écurie; d'une nourriture trop abondante, proportionnément au tra- 3^ FOU vail qu'on exige de lui; d'une trop grande quantité d'avoine , des aii- mens te's que le verr de blé , &C même le vert d'orge , qu^nd ils font épiés ; des (aignces copieulcs ; des flux violens , ipontsnés , ou pro- diiitî par des purgatifs forts & dralli- qucs. En envifageant les fymptômes de la fourbure , & tous les 8ccidens qui y donnent lieu , on ne peut s'empêcher de penfer qu'el'e dépend principalement- de l'épaiffiffement de la lymphe , ainfi que de Tirrigida- rité du mouvement circulaire , oa du vice de toute ia malTe, s'il y a fîèvr? , oppreffion &: dégoût. Les vaifleaux deillnés à cSnrrier la lym- phe, -sbondcnt & font en nom- bre inÉni dans toutes les parties mcrabraneuies : or, celles qui enve- loppent les articulations, éprouvent dès - lors un engorgement plus ou moins confulirable , le jeu des membres s'exécutera avec moins de liberté , & d'autant plus difficile- ment, que la liqueur mucilagineufe, rép.inJue entre les pièces articulées à l'eôet d'en favorifer les mouve- msns , participera inévitablement du détaut de celle d'où naîtront les premiers obftacles,& que les nerfs étant infailliblement comprimés , l'animal ne pourra que reCentir lors de fon aâion , & même dans les inftans de fon repos , des dou'eurs plus ou moins vives, fuivant l'excès & la forx:e de la ccmpreffion, &: félon la quantité des particules acres & falincs , dont l'humeur fe trou- vera imprégnée. Tout ce qui pourra exciter une forte de difTipation, ra- lentir ou précipiter la marche des fluides, forcer les mo'écules lym- phatiques à pénétrer dans les tuyaux FOU trop exigus qu'elles engorgent ne- Cfcfîjirtnient , exciter la conïlriftion des petits vaifftaux , la coagulation, l'augmentation de la conhflance na- turelle des liqueurs, fera donc re- giirdé avec raifon comme la caule occafionnelle 6c évidente delà mala- die dont il .s'agir. Si elle cft récente, fi elle ne pro- vient que de la conllrlftion des ca- naux, ou d'un léger embarras; fi elle ne fe montre que comme un fimple engourdilTeme nt dans les ex- trémités antérieures, elle cède faci- lement aux remèdes; mais fi l'épaif- fifl'ement eft parvenu à un certain d;gré, fi les fluides ont contraâé une certaine acrimonie , fi l'animal efi: attaqué de la f èvre , fi l'humeur intefiinale pafoît dans les excrémens comme un mucilage épais, ou fous la forme d'une toile graifiTeufe qui les enveloppe, elle fera plus rebelle & plus difficile à vaincre. Tout indique d'abord la faignée dans de pare. Iles circonfiances ; ea défempliffant les vaifleaux, la maffe acquerra plus de liberté , &: les engoigemens diminueront ; cette opération fera réité.^ée fi la fourbure efi accompagnée de la fièvre ; elle luffira même pour opérer l'entière guérifon de ranima! , lorfque les fymptômes ne préfageront rien de formidable , pourvu que l'on mu'- tiplle en même temps les bains, & prompiement les bains de rivière , qui ne feroient pas convenables dans le ca» où la maladie feroit ancienne , & où les fibres auroient perdu leur reflbrt. L?s lavemens émoUiens fe- ront encore mis en ufage , ainfi qu'un régime délayant & humectant; on retranchera entièrement l'avoine ; on promènera avec loin & en main . FOU tnain , le cheval pkilieurs fois le jour ; mais on ne lui demandera qu'un exercice court èc modéré ; un mouvement trop long & trop violent fatigueroit inconteftabiement l'animal , & pourroit occafionner l'inflammation, la rupture des petits vaiffeaux & des dépôts fur les par- ties ; les purgatifs feront encore adminiftrés avec fuccès ; on les fera fuccéder aux délayans & aux lave- mens , & l'on paflera enfuite aux médicamens propres à divifer & à atténuer la lymphe. Ceux qui ont le plus d'efficacité , font les prépara- tions mercurielles ; on ordonnera donc l'cethiops minéral , à la dofe de quarante grains julqu'à foixante , jetés da'ns une poignée de fon ; on pourra même humefter cet aliment avec une décoftion de fquine , de falfepareille, de fdflafras, & terminer la cure par la poudre de vipère. Ces remèdes internes ne fuffifent point ; il eft à craindre que le léjour de l'humeur dans les vaiffeaux qui font fort éloignés du centre de la circulation , & l'engorgement qui augmente toujours , ne produifent dans le pied les plus grands défor- dres. On s'efforcera de prévenir l'enflure de la couronne , les cercles de l'ongle, les tumeurs de la foie, la chute du fabot , par des topiques répercuffifs &c réfolutifs , tels que l'effence de térébenthine , dont on oindra exaûement & fur le champ la couronne , fur laquelle on appli- quera de plus un cataplalme de fuie de cheminée , délayé & détrempé dans du vinaigre ; on mettra aulfi de cette même effence chaude , ou de î'huile de laurier , ou de celle de pétrole, ou de celle de romarin, fur la foie ; on y appliquera encore un Tome F. FOU 3j cafaplafme de fiente de vache bouiî- lie dans du vinaigre. Toutes ces précautions pourront garantir la partie des accidens qui font à re- douter. Le premier de ceux dont j'ai parlé,furvenu par la négligence ou par l'ignorance du maréchal eft l'engorge- ment. On dégorgera la couronne par plufieurs incifions pratiquées avec le biflourijScl'on en reviendra aux mê- mes topiques prefcrits. Si le mal cfî tel que l'on entrevoie des difformités fenfibles dans la foie , on doit con- clure de l'inutilité des médicamens que j'ai indiqués , que les pieds de l'animal feront à jamais douloureux, malgré toutes les reffources de l'art & les attentions qui fuivront l'opé- ration de la ferrure. M. BRA. FOURCHE. Inftrument de bois ou de fer , avec deux ou trois branches terminées en pointes. Les différentes efpèces de fourches fe- ront repréfentées dans la gravure du mot Jnjlrumins d'agriculciire. Les fourches en bois font d'une feule pièce : fi elles font deflinées à re- muer la paille entière , leurs bran- ches , au nombre de trois , font plus efpacées ; fi c'efl; pour la paille brifée ou pour le grain mêlé h cette paille fur l'aire , la dilîance d'une branche à l'autre n'efl que de moitié. Ces branches font courbées dans leur milieu. Il y a encore d'autres four- ches à branches plus longues & droites. Elles fervent à retourner la paille , fans la déranger , lorfq u'. Ile a été battue d'un côt« , de manière que par cette opération elle fe trouve tout de fuite rangée. Les fourches en fer ont des bran- ches beaucoup plus courtes que celles en bois ; elles font plus mij-.ces 34 FOU & ont très -peu de courbnre. La foLirchs proprement dite eft com- polée d'une douille à laquelle font adhérens deux ou trois fourchons ou branches un peu recourbées en dedans. La douille reçoit un man- che de grofleur proportionnée , & de trois à quatre pieds de lar- geur. Il y a encore des fourches re- courbées , c'eft-à-dire , que les bran- ches avec le manche forment une efpèce de triangle, tandis que, dans les précédentes, le manche eft pre(- que perpendiculaire aux branches. Ces dernières font particulièrement deflinées à enlever le fumier. MÉDECINE FOURCHETTE , VÉTÉRINAIRE. La fourchette n'eft autre chofe que cette corne qui forme , dans la cavité du pied , une efpèce de fourche , en s'avançant vers le talon ; elle tire fon nom» de cette bifurcation. Elle doit être proportionnée au pied du cheval , c'eft-à-dire , n'être ni trop, ni trop peu nourrie. Dans le premier cas elle eft dite four- chette graffe , tandis que dans le fécond elle eft appelée fourchette maigre. Le volume trop confidérable de cette partie eft un défaut très-grand auquel les chevaux , qui ont les ta'ons bas, font très- fujets. Cette difproportion en volume & en mai- greur , caraftérife toujours un mau- vais pied, parce que le pied ne peut être véritbblement bon qu'autant que la nourriture fe diflribue dans une iufte égalité à toutes les parties qui \- compofent. ( f^ojei Pied ) Mcladies de la fourchette. Une tu- teur Ov\ excroiiTance tibrcufe ôi FOU fpongîeufe , d'une odeur très-fétide, dont la fubftance eft: afl'ez fem- blable à l'ongle pourri & ramolli, ôi qui a fon fiége au bas des talons y & le plus fouvent à la fourchette , forme ce que nous appelons fie ou crapaud. ( Foye^ Fic ) Nous nom- mons ccrifes , des tumeurs fituées ou à côté, ou defliis, ou au bout de la fourchette ; enfin , cette partie ell difpofée à la pourriture , & tombe ordinairement par morceaux , à la fuite des teignes ( voyei Teigne ) dont elle peut être attaquée. 11 arrive plus fouvent encore qu'elle fe cor- rompu , lorfqu'on laifle les chevaux dans le flimier , fur-tout lorfque le pied eft trop rarement paré. C'eft ce que l'expérience démontre tous les jours dans les campagnes où , pour fe procurer des bons engrais, on a coutume de laifler pourrir pen- dant deux ou trois mois la litière fous les pieds des chevaux de labour. M. T. FOURMI. Infeâe trop connu pour le décrire : d'ailleurs on peut confulter les livres iHHijhire r.atU" relie , & nous allons parler feule- ment des dégâts réels ou apparens qu'on lui attribue. Que de fables merveilleufes a fait naître l'afti- vité de cet infeôe ! On lui a vu charier des grains de toute efpèce , des débris de pailles , d'herbes , de bois , & l'on a cru que c'étoit des provifions pour l'hivtr. Sa pré- voyance a paru admirable & de- voit fervir de leçon ai x difFpa- teurs ; mais l'on s'eft trompé fur l'ob'et du travail de cet infeÛe. Dès que la faifon devient rigou- reufe , & jufqu'à ce que la terre foit réchauffée par le retour du FOU ■printemps , la fourmi , ainfi que le lézard , le ferpent , & prefque généralement tous les infeûes , refle engourdie , fans force , fans mouvement ; il lui efl donc impof- fible de manger dans cet état de fufpenfion des fondions vitales ; (on magafir. d'hiver eu donc une chi- mère. Les fourmis vivent en com- mun, & elles dépofent dans le même lieu tout ce qu'elles tranfportent ; ces amas fervent à leur nourriture journalière, & fur-tout à celle de leurs petits. Si les provifions font peu confidérables , la ration des fourmis eft diminuée . afin de con- ferver en entier celle des nouveaux- nés. Communément le lieu où elles fe tiennent réunies eu à douze, quinze , ou dix-huit pouces fous terre , envi- ronné de galeries qui correfpondent ordinairement à cinq , fept ou neuf ouvertures à la furface de la terre , quelquefois plus , & rarement en un moindre nombre. Il n'ell pas douteux qu'elles n'aient entr'el'es quelques fignes certains pour fe communiquer les décou- vertes qu'elles font ; dès qu'une fourmi fait une capture à fa^re , elle retourne vers la file générale , & anflîtôt une grande partie la fuit. Les allées & les venues de ces in- feftes font li multipliées , & elles font en û grand nombre , qu'elles détruifent l'herbe fur leur paflage ; ce qu'on doit attribuer à la liqueur acide qu'elles répandent. Lorfque les fourmis fe font éga- rées, elles ont, pour retrouver leur route , le même moyen €]ue le chien , c'eft - à - dire , l'odorat. On les voit en effet , comme lui , flairer çà 6c là j &c reprendre leur chemin FOU 3f dès qu'elles l'ont retrouvé. Sans cette refTource , comment cet infeQe , prefque toujours recouvert par l'herbe , & pour lequel une pierre efl une montagne, pourroit-il fe reconnoître ? C'efl encore cet or- gane qui le guide pour aller en maraude , & qui conduit fes com- pagnes fur fes traces. Il eft confiant que fi les fourmis fe jettent fur un monceau de grain quelconque , elles en emportent beaucoup ; d'ailleurs elles commu- niquent aux grains qu'elles ont piéti- nes , une odeur défagréable &C dif- ficile à diffiper. Si elles pénètrent dans des offices , dans des placards , dans des magafins d'épicerie , le dégât eft réel. Nos jardiniers les redoutent, parce que , difent-ils , elles font périr les arbres , dévorent les fruits , engen- drent les pucerons. Ces inculpa- tions font fauffes; des exemples vont le prouver. Suppofons qu'im cerlfier foit en fleur , ou que le fruit vienne de nouer , & qu'à cette époque il fur- vienne une petite gelée , voilà tout-à-coup la tranfpiration de l'ar- bre arrêtée. La matière tranfpirable s'épaifTit , fe change en miellat ^ ( voye:{_ ce mot ) bouche les pores , l'arbre languit ou périt. Ce miellat eft un vrai fucre , aufTi il n'en faut pas davantage pour que les fourmis , qui fans cefTe font à la découverte , & cherchent par-tout , fe hâtent d'avertir les autres de l'a- bondante récolte qui les attend ; des légions entières fe répandent auffitôt fur toutes les branches & les feuilles de l'arbre, fur - tout fur les bourgeons ou branches en- core tendres , parce qu'elles font E 1 3^ FOU pliis.ch9r?c:s de n:itlbt. Cettcfubr* tance fuctc? lort des pores de "d'-bre fous forme de gou-ttelette'j rondes , mais elles 'ont hr Uhs par ie .»iéti- nement réitéré des inieétes incor- porés avec la pouffière du bois , peut - être même déreib,nent - elles i'écorce; enfin , par leur exficcation , elles noirciffent : cette couleur noire fe manifefîe fur tous les fentiers parcourus par les fourmis , parce que leurs petites patfes poiflees y ont dépofé cette lubftance fucrée ; peut être encore cette couleur eft-elle due à leurs excrémens. On accule les iourmis de tout le mal ; c'eft elles qui en font la caufe , & cependant il n'en cft rien. Prenez tous les moyens ca- pables de les empêcher de monter lur cet arbre , le mal n'en exiftera pas moins. Elles ont profité feule- ment de l'accident furvenu à l'arbre, &C voilà tout. La même chofe arrive aux fruits. Si une poire , un abricot , &c. font entamés par un limaçon , par une guêpe, &c. ; s'il eu trop mûr; a lorfquil approche de fa matu- rité , il lurvient une pluie abon- -dante , la peau fe gerce , le fruit éclate, alors les fourmis profitent du mal déjà fait , & l'augmentent con- fidérablement ; mais elles n'en font pas la caufe première. Les fourtr.is font naître les pucerons. Ce paradoxe doit fa naiflance à l'igiorance ou au défaut d'obfer- vation. La nature eft trop fage p>our s'écarter des loix admirables que fon auteur lui a impofées. Les pucerons qui cloquent ( voye^ le mot Cloque) les feuilles de pêcher , &c. les gales - infeâes , VI Igurement nommées punalfcs , qui noirciffent les bourgeons 6c les FOU feuilles d-^s orangers, par la multi- tude de kuis excrémens , font armés d'un petit aiguil'or, avec lequel ils percent la peau tr.core tendre des bourgeons , ( on n'en trouve point furie vieux bois, en font extravafer la fève ,& cette fève, en fe féchant, forme le miellat qui attire les four- mis. Supprimez les pucerons ôc les gales- infectes, & l'arbre n'au:a plus de fourmis. Vous en trouverez , tout au plus , quelques-unes lur un arbre fain , & ce feront celles qui vont à la découverte , & qui doivent avertir les autres de ce quelles auront trouvé. Le défaut de connoifTance fur ces objets , a fait imaginer mille moyens pour fe débarrafler des fourmis , tan- dis qu'on manque le véritable but. Faites ceffer le principe du mal , les fourmis laifTeront vos arbres tranquilles, & vous ne leur impu- terez pas des dégâts dont elles font innocentes. Il n'efi pas aifé de détruire ces infedes , & les moyens propofés jufqu'à ce jour font infufHfans. Le premier, & qui a paru le plus fimple^ efl l'eau bouillante verfée dans le trou de la fourmilière. Oiî fuppofe que l'eau pénétrera juf- qu'au magafin général, & au dépôt des œufs ; mais cela n'arrive pas toujours, car les galeries, au lieu d'être perpendiculaires , font fou- vent horizontales; elles montent & defcendent. L'infefte fait que les feules eaux de pluies vienJroient pourrir ou noyer ce qu'elles ont de plus précieux; aufli fes précautions à cet égard font admirables. Peut-être même p- uvent-elles boucher à vo- lonté les iffues des galeries dans le dépôt commun. FOU Les fourmis tran^ijortent pro- che la fuperficie de la terre leurs ceufs , afin qu'ils éclofent aidés par la chaleur du foleil. Dans ce cas , l'eau bouillante produit un bon effet , parce qu'elle attaque di- . reâement 'a génération à venir. Toutes les eaux dans lefquelles on a fait bouillir des herbes d'une odeur forte ne produifentpas plus d'effet que . la fimple eau bouillante. Il en eft ainfï de toutes les décodions qu'on répand dans les armoires ; on infede ce qu'elles renferment , l'odeur fe dif- . fipe , & les fourmis reviennent en- fuite. On a propofé vainement de brû- ler du foufre fur l'ouverture d'une fourmilière ; il taiidroit donc ré- péter la même opération fur toutes les autres , Ck encore feroit - elle inutile. Des couches de glu , d'huile cuite , , de térébenthine , ont été effayées autour du tronc des arbres. Les amateurs ont formé avec de la cire un petit réferv'oir toujoirrs tenu plein d'eau ; les vafes ont été placés dans . des jattes également remplies, & les arbres & les plantes n'ont pas moins été abymés par les pucerons ÔC par les gales-infeûes. Le grand point , & le point uni- que , efl de détruire les pour- voyeufes fans beaucoup s'attacher à celles qui font dans la fourmilière . & qui n'en fortent pas , parce que le foin des œufs leur eft confié. Dès que les pourvoyeufes cefferont d'ap- porter les provifions , celles - ci mourront de faim , ainli que les vers fortis des ceufs ; les œufs eux- mêmes périront lorfqu'ils n'auront plus de nourrices qui les portent près de la luperficie , ou qui les FOU 37 redefcendent dans l'intérieur , fui- vant le degré de chaleur ou de fraîcheur. Pour cela , avec la barbe d'une plume , couvrez légèrement de miel quelques feuilles de papier, &c pla- cez-les dans les environs de la four- milière , vous les verrez bientôt cou- vertes d'une multitude de ces infeftes. Alors enlevez promptement ces feuil- les , & jetez-les dans un br.quet plein d'eau, dans laquelle vous aurez jeté une cuillerée d'huile quelconque. Réitérez la même opération pendant la journée Se pendant piufiLurs jours de fuite. On peut charger de cette opération des femmes &c des en- fans. J'ai dit qu'il falloit ajouter de l'huile à l'eau du baquet , parce que l'huile furnageant Teau , empêchera les fom- mis de gravir par les côtés du ba- quet. D'ailleurs, comme prefque tons les infeftes ont leurs trachées - ar- tères fur le dos , près de l'endroit où font attachées les ailes , l'huile bouchant l'orifice de ces trachées, les fourmis ne pourront reîpirer oC mourront apoplediques. Il faut avoir foin d'ajouter un peu d'eau de temps en temps. Chacun a publié un fecret contre les fourmis , j'en ai efl;iyé le plus grand nombre , & le tout très - inu* tilement ; je rapporte celui qui m'a le mieux réufîi. On dit , & je n'en ai pas la preuve par moi-même, quelesgrofîes fourmis de bois font les ennemies déclarées de celles des jardins & des habitations^ qu'elles fe livrent la guerre dès qu'elles fe rencontrent ; 6c par con- fétjuent, qu'on doit en franfpoiter vn certain nombre près de Fhabiration 6c dans les jardins ; Mais n'til - ce 38 FOU pas introduire près de chez foi de nouveaux ennemis aulTi fatigans que le» premiers ? Lorfque, dans les prés, dans les terres labourablts , on trouve des fourmi- lières , ce n'eft pas affez de les épar- piller , de jeter au loin les œufs & les brins de pai le ; car les fourmis les raflemiîlent avec un zèle admi- rab.e ; il tant allumer de la paille fur la fourmilière. Il périt un grana nom- bre d'œufs , que ces iniectes n'ont pas le temps d'enlever , 6c le feu s'infinuant dans les brins de paille , dépeuple en partie la fourmilière. Il eft étonnant de voir la quantité de grains enlevés, par les fourmis, d'iia champ qu'on vient de lemer ; mais ne lemez que ce que vous pourrez auffitôt recouvrir par un coup de charrue, & après cela avec la herfe : ces infeftes franchiffant avec peine la terre nouvellement remuée , Se les grains étant enterrés, ils feront obli- gés de porter ailleurs leurs pas. Les fourmilières font grand tort aux prairies. Le feu feul peut détruire les monticules qui fervent de berceaux à leurs œufs , & où ils font échauffés par la chaleur du foleil. La Médecine tire parti des four- mis ; écrafées & macérées,dlt M. Vitet, dans fa Mcdccine f^étèrinaire, dans un véhicule aqueux , elles échauffent , augmentent le mouvement des ar- tères , donnent de la vigueur à l'ani- mal atroibli,excitent le cours des uri- nes, & plus fouvent la fueur. On eftime beaucoup ce remède dans toutes les maladies de foibleffe , dans les maladies convulfives , fpafmodi- ques , obftruÔion des vifcères de l'abdomen, & particulièrement dans les maladies du foie de la brebis , caufées par des alimens trop hu- FOU mides. La poudre de fourmis jouît de la même propriété , & même elle agit avec autant de force fur le bœuf, le cheval , la brebis , pour exciter la lueur , 6c remédier aux maladies du foie. Prenezde fourmis une poignée; tri- turez , ajoutez peu à peu d'eau pure ou d'infullon de racine d'angélique , une livre & demie i expofez ce mélange à la chaleurdubain-marie pendant une heure. Il faut adminiflrer ce remède , le marin à jeun , au cheval ou à la brebis ou au bœuf Prenez vers la fin d'oâobre , une fourmilière Ôi ce qui l'environne , excepté la terre ; faites fécher le tout au four dans un fac de toile humefté , de manière que la chaleur du four ne faffe que torréfier légèrement la toile ; au fortir du four réduifez la fourmilière en poudre fubtile que vous conferverez ; conlèrvez la pou- dre de tourmis dans un vafe de verre exaûement fermé , enfuite vous la mêlerez avec de l'avoine ou avec du fel. La dolè elf depuis trois onces jufqu'à demi -livre pour le bœuf &: le cheval , & depuis deux onces juf- qu'à quatre onces pour la brebis. FOURMILIÈRE, MÉDECINE VÉTÉRINAIRE. C'eif un vide qui fe fait entre la chair cannelée &C la muraille du pied , & qui règne or- dinairement depuis la couronne juf- qu'en bas. ( ^oyci Pied ) Cette maladie vient ou d'un coup fur la muraille , ou d'une altération du fabot , ou de fon dtfîéchement , occafionné par un fer chaud que le maréchal aura fait porter trop long- temps fur le pied, ce qui produit le delTéchement des vaifîeaux lym- phatiques , en enlevant l'humidité F R A du pied , &CC. obligeant la muraille de s'éloigner delà chair cannelée. Elle eft quelquefois auffi la fuite d'une four- bure. ( Foyei FouRBURE ) Loin de s'attacher à détruire la fourmilière , en mettant en ufage le galbanum diffous dans le vinaigre & le foufre, nous confeillons ., au con- traire , de bien râper la muraille juf- qu'au vif, &C de panfer la plaie avec la térébenthine mêlée avec l'onguent F R A 39 tement particulier, on divlfe encore les fraûures en complètes &c en in- complètes ; les fradures complètes font celles où l'os eft entièrement cafle , les incomplètes font celles où il y a encore une portion d'os qui eâ intacte. Les fraûures peuvent être en tra- vers , obliquement, longitudinale- ment. C'eft auiîl pour cette raifon qu'on les a encore divifées en tranf- de pied, jufqu'à parfaite guérilon; verfales, en obliques ôc en longitU' c'eft-là le feul moyen d'y remédier dinales. Les fraftures font plus ou moins dangereufes, félon la nature de l'os radicalement. FOURRAGE. Sous cette dénomi- nation on Comprend toute efpèce d'herbe, de feuilles & de grains qui fervent à nourrir les chevaux, les bœufs, les moutons , les cochons, &c. foit pendant l'été, foit pendantl'hiver. Foye:^ ce qui a été dit à ce fujet aux mots BÉTAIL, Foin, & ce qui fera d.t au mot pRAlRIE. FRACTURE, MÉDECINE RURALE. On entend par fradure une folu- tion de continuité dans une partie oiTeufe , tendineufe ou ligamen- teulé. Nous ne parlerons point de celles qui intéreffent les parties molles, mais feulement de celles qui fur- viennent aux parties dures, telles que les os. Les fradures fe divifent en fimples , en compolces & en compliquées. La frafture fimple eft celle oii il n'y a qu'un os czÇlé ; la compofée eft celle où il y a plufieurs portions du même os cafTées en même temps, & on entend par frafture compli- quée , celle qui eft toujours accom- pagnée des plaies , de carie , d'ulcère , quelquefois même de gangrène ; ces accidçns demandent al9(s un trai- fratturé , la fituation , la longueur , figure , la grofleur & le volume des portions frafturées, & félon les parties plus ou moins effentielles qui avoifi- nent la frafture. Le premier effet des fraftures eft la léfion de toutes les fondions qui dépendoient de l'intégrité de l'os. L'atlion des parties voifincs nul peu- vent être bleffécs ou comprimées par les fragmens de l'os fracturé, éprou- vent un dérangement , im trouble notable. 11 eft aifé de voir que la variétédes maux qui furviennent après une fraûure, peut être très-grande, & qu'elle dépend de l'os fraduré , de fa fituation , &c, Les autres effets font ia tumeur, la difformité de la partie fradurée , le tiraillement, l'irritation, la ten- fion, l'inflammation , les douleurs les plus vives , l'impuift^ance de pouvoir exécuter de foi-même certains mou- vemens , de marcher , ii la léfion de continuité «ft à la jambe. La contrac- tion des mufcles, le racorniment du membre intéreffé , le dérangement des mufcles de leur place ordinaire, la mauvaife configuration. On compte encore parnsi les effets 40 F R A des fraôures , la maigreur , la fup- puration, la gangrène, la mort de la partie affeûce, U prefque toujours la contufion ; les lignes qui font connoître les fraftures , rentrent en patrie dans les maux qui font toiijour. les effets des fradures, tels que la douleur, l'impuiffance du membre, fa mauvaife configuration, & le craquement des pièces frac- turées. Tous ces fignes confidérés en parti- culier, pourroient bien induire à erreur, parce qu'on les obferve dans beaucoup d'autres maladies , que la mauvaife configuration d'un membre eft fouvent l'effet d'un vice de confor- mation, & qu'on ne doit pas ignorer qu'il exuie des fraftures fans aucune difformité fenfible. Le craquement des os n'eft pas toujours un figne certain , on l'ob- ferve très-fouvent dans des tumeurs emphyfémateufes; d'après cela il faut être très^circonfpeft, & très-clair- voyant pour diftinguer quelquefois une fiafture. Les coups, les fortes chutes, les violens efforts font les caufes or- dinaires des fraftures : ces caufes font appelées externes ; mais^ il y en -a d'autres qui agiffent intérieu- rement , & qui exercent tout leur effet fur les os, telles que la vérole , le fcorbut , qui dépravent la lymphe & le fang : de cette dé- pravation naiffent ces difpofitions qui rendent les os très - caffans , comme les exoffofes , la carie, en détruifant chez eux cette portion terreufe fi néceffaire pour leur fo- liditc : les fraftures ne font pas tou- jours faciles à connoître; pour y parvenir , il faut examiner l'endroit fracturé , ^ voir fi le membre ell F R A plus court que celui qui n'eft pas ft-aduré , & fi le malade p;ut ou ne peut pas s'appuyer deffus. Enfuite on touche le membre, èc avec la main on examine s'il y a quelqu'inégaUté , ou fi l'os plie, &C s'il craque quand on lui fait exécuter quelque mouvement. II en: des frattures où les parties fraâturées fe replacent fouvent d'elles-mêmes , qui font très-difficiles à connoître, fur-tout celles qui fe font tranfver- falement : ce qui peut nous induire à nous les faire connoître, eft la difiiculié que le malade éprouve de remuer cette partie , fans y reffentir de vives douleurs. Mais le moyen le plus sûr pour la découvrir , eft de faire tenir la partie affeûée par quelqu'un qui la remuera douce- ment , tandis qu'un autre examinera s'il y a quelque vide ou quelque inégalité à l'os, & s'il y entend quel- que bruit. Il ne fuffit pas d'avoir reconnu l'exiftence de la fradure, il faut en faire la réduftion. Ce moyen eft quel- quefois impraticable , à raifon des acci- dens qui furviennent tout à coup; il faut alors commencer par les calmer , & les combattre par des remèdes appropriés. L'inflammation furvient fouvent'; la tenfion des parties voifines en eft toujours la fuite ; il faut alors avoir recours aux faignées , aux applications émoUientes fur la partie affeftée, afin de pouvoir y apporter le relâchement convenable pour re- mettre dans leur contaft immédiat , les os divilés. On y parviendra très- difficile- ment , fi la tradure tient à un vice ; il faut, avant tout, attaquer le vice, changer la difpofition vicieufe des humeurs, F R A kumeurs , pour pouvoir efpérer d'en venir à bout. Ce fera toujours en vain qu'on emploiera les autres fe- cours que la chirurgie met en ufage en pareil cas. Mais fuppofons que la fraûure vienne de caufe externe , &; qu'on ait eu l'attention de diminuer tous les accidens qui font furvenus, il faut alors en venir à la réduction. Il eft peu de chirurgiens habiles qui foient chargés de la faire , fur- tout dans les campagnes ; c'eft tou- jours à quelqu'ignorant que le peu- ple s'adreffe ; &C il eft pour l'or- dinaire la dupe de ces guériffeurs qui font toiïjours les fléaux de l'hu- manité fouffrante. On ne doit jamais fe confier à de pareils opérateurs , fur-tout quand on eft à portée de quelque chirurgien habile & expé- rimenté. Il connoîtrarefpèce de frac- ture , & d'après cette connoiflance , il appliquera l'appareil le plus con- venable. La nature , aidée par les fecours de l'art , pourvoit à la réunion des os ; mais il faut lui donner le temps néceffaire h la perfeftion de fon ou- yrnge , & ce temps varie félon la grofleur des os : les petits peuvent être réunis dans quinze ou trente jours; mais pour les gros, il ftutau moins quarante , cinquante jours , quelquefois deux mois révolus, pour compter fur la folidité du cal. La guérifon plus ou moins prompte desfraûures , eft toujours en raifon de leur fimplicité , de la bonne ou mauvaife conditution'du malade. Le régime de vie doit encore va- rier félon l'étendue de la fradure ; il doit être févère , fi l'os fraâuré eft confidérable ; on ne doit point permettre au malade l'ufage des ali- Tomt F^t F R A 4î mens folîdesj fur-tout les premiers jours , pour empêcher la fièvre qui pourroit furvenir , & même l'in- ftamniation. On lui donnera des la- vemens afin de lâcher le ventre , & dans la même vue , on lui per- mettra de mangerquelques pruneaux, des pommes cuites , & eutres fruits de pareille nature. Il faut encore laigner le malade après une fraGure, fur - tout s'il eft pléthorique , s'il y a des contufions, des enchymofesôc roeurtriflures. Quand la frafture eft fituée fur laj cuifle ou fur la jambe, il faut alors qu'il refte couché jufqu'à ce que les os fe foient réunis ; il efl; vrai que cette fuuation eft très-gênante , qu'elle énerve les forces, &i qu'elle endommage quelquefois le malade ; mais il vaut mieux préférer ces accidens , qvjand on ne peut point les éviter , que de s'expofer à une nouvelle frafture, parce qu'il eft à craindre que , par le moindre mou- vement qu'il fera lui - même , ou celui qui lui foutiendra la jambe , l'aftion des mufcles ne dérange les portions d'os de leur place. Il faut tenir le malade proprement, & em- pêcher que l'humidité ne puifle lui nuire. La pofture qui convient le plus au malade , eft celle daas laquelle le membre eft un peu plié ; c'eft la po- fition de tout animal quand il dcrt J ôi dans laquelle les mufcles font re- lâchés. C'eft ainfi qu'on place le membre frafturé en couchant le ma- lade un peu fur le côté , & en faifant le lit de manière à favorifer cette fituatian. Les fraftures les mieux foignées n'ont pas toujours d'heureux fuccès ; la réuniqn en eft quelquefois im-» 42 F R A poflible, tant par rapport à la nature du mal , au vice des humeurs , qu'à la négligence des malades , ou au défaut de connoiffances ou des foins de ceux auxquels ils fe confient. 11 faut alors en venir à l'amputation. L'idée d'une telle opération effraie quelquefois le malade , le détermine à différer , & fouvent il arrive qu'on a perdu un temps précieux, &C que l'amputation devient inutile ; enfin , il ne refte plus de relTourccs au ma- lade. Il réfulte de cette trifte vérité , que dans toutes les fraâures , même les plus fimples , on doit recourir aux gens de l'art, & non à ces prétendus rhabilleurs dont les villages font peuplés. M. AME. Fracture, Médecine véténnaire. Nous entendons par ce mot une folution de continuité des os , & même des cartilages , faite par un corps extérieur contendant ; elle diffère de la plaie qui eft faite par un inftrument tranchant ou piquant , ainfi que de la luxation , qui n'eft vcrityblement qu'une folution de continuité. Les os peuvent' ils être fraBurès en plujîiurs fcns ? Les os peuvent être fraftiirés dans tous les fens pofll- bles. Il cft des fraûures tranfverfales , il en eft d'obliques , il en efl de longi- tud.naks; dans d'autres , l'os eft en- tièrement écrafc. Nous appelons fraâure tranfver- fa'e celle par laquelle l'os a été di- .vifé dans une direâion perpendicu- laire à fa longueur , & frafture obli- que , celle dans laquelle la divilion s'écarte plus ou moins de cette di- redion. Ces fraftures font, faas déplace.- F R A ment ,lorfque chaque portion diviTée demeure dans une juûe pofition ; avec déplacement imparfait , lorf- qu'elles ne fe répondent pas exac- tement ; avec déplacement total , , quand elles gliffent l'une à côté de l'autre : elles peuvent être encore tranfverfales & obliques en même temps ; obliques dans une portion = de leur étendue , ôc tranfverfales dans . l'autre. Dans les fraftures longitudinales , , les os font feulement fendus félon leur longueur ; elles ne font pro= prement que des fiffures , parce que les parties divifées de ces mêmes os, ne font Ôc ne peuvent être divifées en entier. Enfin , nous comprenons dans les fradures où l'os a été écrafé , toutes celles où il a été brifé & réduit en . plufieurs éclats , 5c en un nombre, plus ou moins confidérable de frag- - mens. Des caufes de la fracture. Les coups , les chutes , les grands efforts, font les caufes des fraftures. Quelles font les faites les plus con= fiâèrables & les plus graves de la fraC" - ture ? En général , les fuites les plus confidérables & les plus graves de la fraâure , fe bornent à la deflruc- - tion de la direftion à\\ mouvement mulculaire , à la ceffation de l'aftion des mufcles attachés à l'os frafturé , au raccourciffement du membre , conféquemment à l'a'âion fpontanée. de ces puiffances , à fa défiguration, relative à leur dérangement ; à fa difformité provenante de la fura- bondance des fucs régénénans ; à la dilacératlon des tuniques qui revêtent extérieurement & intérieurement les os ; à la rupture des vaiffeaux qui rampent dans leurs cavités & dans F R A ïeurs cellules; à l'irritation , au dé- chirement des membranes , des ten- dons Se des nerfs ; à la compreffion , ' à l'anéantiffement , à l'inflammation des tuyaux voifms de la folution de continuité ; enfin , à la contufion des parties molles qui le rencontrent entre la caufe vulnérante Se l'os. Des fymptômts univoqucs des frac- tures. Les preuves certaines de la frafture font les vides , les inégalités réfultiins des pièces d'os déplacés , la crépitation ou le bruit occafionné par le frottement de ces mêmes pièces , lorfque la portion fupérieure du membre , étant fixement mainte- nue, on en remue la portion infé- rieure ; & l'état du membre qui plie dans l'endroit caffé ; cette même portion inférieure qui eft plus ou moins mobile & pendante ; la dou- leur, la difficulté du mouvement , & l'impofnbilité de tout appui fur la partie léfée. Quant aux preuves certaines de la réalité de la fiffiire, elles font très-dif- ficiles à acquérir ; elles fe bornent néanmoins aux tumeurs qui les ac- compagnent , & quelquefois à l'in- flammation, à la fuppuration &; àla carie. ( Foye^ Carie ) £Ji-d pojjible de guérir les frac- tures dans Us animaux ? M. de Soleyfel protefte avoir vu un mulet & un cheval parfaitement guéris ; le premier , d'une fradure à la cuifTe ; le fécond , d'une frafture comphquée au bras. En 1778 , nous affiflâmes , à S. AfFrique en Rouergue , à la réduflion de l'os du canon d'un mulet âgé de deux ans , fraQuré par un coup de pierre , & qui fut guéri en quarante-cinq jours. Si néanmoins nous nous abandonnions aux impreffions de la F R A 43 multitude, & fur-tout des gens de la campagne , nous déciderions que toute frafture eft incurable dans l'a- nimal ; en effet , on a imaginé que les os étoient dépourvus de moelle, & de ce fait , qui eftabfolument faux , parce qu'on n'a pas daigné le vérifier comme nous , on a conclu que dès qu'un os étoit frafturé, toute réu- nion étoit impoftible. En fuppofant même que la nature eût négligé , relativement au cheval & à tous les autres animaux ,de prendre toutes ' les précautions pour corriger , par le moyen de la moelle , la rigidité des os , il s'enfuivroit feulement que ces parties feroient plus fèches & plus caffantes , & l'on ne pourroit tirer d'autres conféquences de leur fragilité , que le danger toujours prochain des fradhires. Si les fraftures font curables , on ne doit point le rapporter , ni à la matière huileufe & fubtile dont les véficules olTeufes font remplies , ni à la malTe moelleufe contenue dans les grandes cavités des os , mais feulement aux vaiffeaux innombra- bles qui traverfent le périofte ; il en eflqui pénètrent dans leurs cellu- les & dans leurs portions caver- neufes ; i' en eft d'autres qui s'in- fmuent dans leur fubftance , & quiy portent des fluides & un fuc lym- phatique qui , coulant & circula t dans les tuyaux de leurs fibres , ré- parent toute difTipation. Cette lym- phe , ou le fuc nourricier qui par- court les fibres, ne peut que i'épm- cher à leur ouverture , il s'y épaiffir; ainfi , dans la circonft^nce d'une frac- ture , il fe congèle à l'embouchure de chaque conduit offeux , comme à l'orifice des canaux ouverts dans la circonftance d'une plaie dans les f % 44 F R A parties molles. Chaque molécule lymphatique fournit donc un paffage à celle qui la fuit ; elles s'arrangtnt de telle forte , qu'en eifeûuant le prolongement des fibres , à l'endroit fraôurc , clies en rempliflent tous les vides , Se fondent enfin très-loli- «lement toutes les parties rompues , pourvu nécnmoins qu'el'es aient éré réduites & rapprochées, ik régulicre- jnent maintenues en cet état. ' La fuppofitlon de l'ablence totale de la moelle dans les os du cheval & des autres animaux, ne conduira donc plus à l'opinion & au fyftème de i'incurabilitc des fractures , puif- qu'on vient de voir que les os reçoi- .vent une autre nourriture. Mais il fdut avouer cependant , que tou'.es les fraduies ne font pas toutes également curables , relative- ment aux parties qu'elles occupent. La quantité des nnifcles dont , par exemple , l'humérus ou le bras pro- prement dit, & le fémur ou là cuiffe proprement dite , font couverts , la jorce des faifc.aux mufculeux qui tendroienf toujours , fi la frafture étoit oblique, à dé;;!acer les picces r Juit?s ; l'impcfTibilité de les afîu- ji-air folidement par un bandage , ou la figure dçs membres en ces en- c> r appareil. Manih'-e de fappU^ qiur. Les bandes, les comprefTes les attelles, les plumaceatix, &c, compofent ce que nous appelons l'appareil. Les bandes font des rubans de fil plus' ou moins larges , & qui doivent avoir plus ou moms de longueur , ieion la figure du membre frafrurc. Les circonvolutions de ce ruban autour de la partie, forment ce que nous appelons bandages. Dans la c'nrurgie vétérinaire, on a l'avan- tage de ne mettieen ufaiie que celui que l'on nom.me continu, c'efl à-dire , celui qui eft fait des longues bandes roulées, & qui eft le plus fouvent capable de contenir l'os réduit. Dans les fraftures compliquées on peut fe 46 F R A dlfpenfer de recourir au bandage à dix-neuf chefs , puifqu'il ell poffible de dérouler les bandes, &les replacer fur le membre , fans rien changer à fa fituation, & fans lui caufer le moindre dérangement; au lurplus , l'artlfle doit fe fouvenir qu'un ban- dage trop ferré peut gêner la cir- culation , & produire un gonflement, une inflammation ; tandis qu'un ban- dage trop lâche favorife la défunion des fragmens replacés, ce qui doit l'engaoer à être fcrupuleufement en garde contre l'un ou l'autre de ces inconvéniens. Les .compreffes font des morceaux de linge plies en deux ou en plufieurs doubles, on en couvre les parties fraûurées , on les tient plus épaiffes dans les endroits vides ou ceux qu'elles doivent remplir. Les attelles ne iont autre chofe que .des efpèces de petites planches faites d'un boismince & pliant , mais cepen- dant d'une cerîiiine force &C d'une cer- taine confilknce, avec lefquelles on écîifi'e le membre caffé; elles doivent donc être adaptées 6c aflorties à fa force & à fa grofleur. A l'égard de la manière dont on doit fituer l'animal enfuite de l'ap- plication de l'appareil, M. de Gar- iault, dans fon Parfait Maréchal, propofe à cet effet de renverfer le cheval. Il nous femble que l'animal ne pouvant pas refter toujours cou- ché, &c étant néceffairement aftreint à faii e ufage de fes quatre membres , (e blefferolt inévitablement en ten- tant de les efftftuer, & ne pourroit que détruire par ces mouvemens tout ce que l'artifte auroit fait. C'efl ce qui arriva en 1771 à l'Ecole vétéri- naire de Lyon, dans un cheval arabe, .'i-sin Tes du canon de la jambe du F R A montoîr de devant avoit été caflé dans . une chute qu'il fit à l'entrée du fau- bourg de laGuillotière , & dans lequel on voulut fuivre la méthode de M. de Garfault. Le mulet dont nous avons parlé ci-deffus , & dont nous fûmes témoins de la réduûion de la frafture, fut tenu fimplement , &c à l'ordinaire, dans une écurie; on lui avoit paffé feulement une large fangle Tous le ventre, affujettie au plancher par deux anneaux. Nous ne confeillerons ni l'une , m l'autre de ces méthodes; nous fommes plutôt d'avis de mettre l'animal dans un travail ordinaire. Si l'on eu à portée d'en avoir ou bien d'en conftruire un à- peu-près., avec des planches & des langles qu'on paffera fous le ventre de l'ani- mal, & qu'on affujettira à des pou- tres par des anneaux , l'animal amfi placé , & légèrement fufpendu , l'ar- tifle procédera à la réduâion de la frafture , fuppofé qu'elle foit au canon ou au tibia , &c. de la manière ci-deffus indiquée. La réduâion faite, il mettra fur l'endroit frac- turé le plumaceau qu'il a préparé , après l'avoir imbibé d'eau-de-vie ; . il trempera la compreffe dans du vin chaud, il en couvrira circulairement le lieu de la fraâmre, enluite il pren- dra le globe de la bande, qui fera imbue de vin; fa main droite en étant faifie , il en déroulera environ un demi-pied, il commencera le bandage par trois circulaires médio- crement ferrés fur le même lieu; de là il defcendra jufqu'à l'endroit par lequel il a débuté , il y prati- quera encore le même nombre de circulaires , & gagnera enfin la partie Supérieure de l'os fra£turé où la bande fe trouvera entièrement em- F R A pïoyée : ce n'ëft pas tout encore; il fe munira d'une ieconde bande qu'il trempera dans du vin chaud , ainfi qu'il y a trempé la première , il l'arrêtera par deirx circulaires à la portion fupéneure où le trajet de cette première bande s'eft terminé; ap*-ès quoi il pofera deux ou troi'; atteilîs qu'un aide afllijettira , tandis que l'artifte les fixera par un pre- mier tour de bande ; il les couvrira en defcendant par des doloires , juf- qu'au boulet , fuppcfé que la frac- ture ait lieu au canon, ou bien juf- qu'au deflbus du jarret , û elle fe trouve au tibia ou à l'os de la jambe proprement dite : cette opération finie, on laiflera le cheval légère- ment fufpendu jufqu'à l'entière for- ïnation du caîus ; {vojei Calus ) on le faignera deux heures après , & on le tiendra à une diète humec- tante & rafraîchiffante. Dans les " commencemens on arrofera l'endroit frafturé , de temps en temps , avec du vin chaud , &c fi l'on apperçoit un gonflement inférieur à l'appareil, & que ee gonflement ne foit pas tel qu'il puifle faire préfumer que le bandage eu trop ferré, l'artifle fe contentera d'y appliquer des com- prefles trempées dans du vin , dans kquel on aura fait bouillir des plan- tes aromatiques, telles que la fauge, î'abfynthe , la lavande , le roma- rin , &c.; il ne feroit pas hors de propos de réitérer la faignée le fé- cond jour de l'opération , & de lever l'appareil le 8 ou le 9 , à l'effet de s'affurer de l'état de la plaie , qu'on fera peut-être obligé de panfcr d'abord tous les trois jours , &c enfuite à des diilances plus éloi- gnées. Lorfque l'artiile verra que la plaie efl dans la voie de feckatri- F R A 47 fer , & les pièces d'os de fe rénniv il pourra interrompre tout panfe- ment pendant un efpace de temps afiezlong,la nature feule pouvant achever la cure , étant fur - tout fécondée d'un traitement méthodi- que accompagné jd'un régime conf- tant. L'articulation eft que!qi:efois fi fort gênée, relativement à la lon- gue inacùon & à rép2:fîjf f ment de la fynovie , que l'en eli dans le cas de redouter une enchylofe ;(^voye7^ Enchylose ) mais un exercice modéré, des fri6icns fiéquentes avec le vin aromatique, luffifent pour rendre à cette partie fa liberté, - fon aftion & fon jeu. Si nous iuppofons à préfent une fraâure à une des côtes d'un bœuf avec déplacement, ( & non une de ces fradures que les bouviers favent : agglutiner par un emplâtre, ians le^ fecours du maréchal ) mais une frac- tuie interne, c'tfl-à-dirc , dont le bout de l'os caiTé fe porte du côté de la poitrine, ou qu'elle foit en dehors , c'ell-à dire ,' qu'il incline au. côté des mufcles extérieurs; dans le premier cas, on la rcconnoît à l'enfoncement , à la toux , à la fièvre , à une inflammation, à une difficuiié de refpirer plus ou moins grande , félon que les parties aiguës de l'os frafturé piqueront plus ou moins violemment la plèvre, tandis que dans le fécond on en eft affuré par l'élévation de la pièce rompue, par- une diiEculfé de refpirer beaucoup • m.oindre, & par la crépitation. O'i doit bien comprendre qu'ici la réduction n'efl: point auifi com- pliquée ni auflî embarraiTante; q'ril ' n'eft pas néceffaiie d'afrujettir l'ani-- mal long-temps dans un travail, tSi'.: , de l'y tenir. légèrement', fufpenduxi 48 ' F R A F R A julcp-i'a l'entière formation du calus." La fraâure de l'os de la couronne Pour opérer donc , relativement à du cheval , annoncée par la difficulté la t'radure ea dedans , un aide ferre d'appuyer le pied, &i. par le change- les naleaux du cheval ou du bœuf, ment de figure, doit être rangée au tandis que l'artifte ou ie maréchal nombre des efpèces des fradures preife tcrtemcnt avec les mains l'ex- incurables. trémiié fupérieure & inférieure de La frafture de l'os du pied n'efl . la côte , juîqu'à ce que les pièces pas ailée à reconnoître ; cependant, enfoncées foient revenues dans leur dit M. la Foffe , lorfque le cheval fituation; fi cependant les fragmens fent une douleur à la couronne, & qiù percent la plèvre donnent lieu qu'il y a un gonflement , on peut aux fymptômes funeftes dont nous croire que l'os du pied eft fracturé. avons déjà parlé, il faut fe hâter Cet os fe caffe ordinairement ea deux, de faire une incifion à la peau , à parties. l'eitet de tiier les fragmens de l'os Cette efpèce de frafture eft très- avec les doigts , avec des pinces , ou curable : l'os du pied étant renfermé avec une aiguille , ou d'autres inf- dans le fabot , & n'ayant qu'un léger truniens convenables; on doit appli- mouvement fur la foie charnue, &C quer enfuite des comprefTes , l'une étant d'ailleurs enchàffé entre la qui fera imbue d'un vin aromatique chair cannelée Sc la foie charnue, fur toute l'étendue de la côte; les il ne faut pas être furpris que les deux autres , qui auront beaucoup deux parties fiafturées de cet os fe plus d'épaillsur , feront mifes fur réuniffent & fe fondent enfemble. celle- ci à chacune des extrémités Nous propofons , d'après M. la Foffe, fur lefquelles le maréchal aura fait de deflbler le cheval , de le panfer compreifion , le . tout devant être de même que nous l'avons indiqué maintenu par ijn bon & foiide fur- pour la de£o!-uri , ( voyei_ Desso- faix. Quant à ta fraâure en dehors, luue) & de le laifler en repos pen- le replacement eft plus aifé ; il s'agit dant iix iemaines dans l'écurie, où feulement de poufl'er les bouts dé- il fera mis à l'eau blanche , au fon jetés de l'os , jufqu'au niveau des & à la paille pour toute nourriture , autres côtes, après quoi on place après avoir été néanmoins faigné à la une première comprefte , ainfi que veine jugulaire. nous l'avons dit , Si on garnit l'en- Eu égard à la fraûure de la jambe droit fraûuré d'un morceau de du mouton, il eft inutile de prendre carton que l'on aiftijettit de même toutes les précautions que ncAxs par un furfaix qui fait, comme dans avons propolées pour le bœuf & le premier cas , l'office d'un ban- le cheval. Il fuffit de renverfer l'ani- dage ciculaire. Le nombre des fai- mal pour réduire les parties fiac- gnées , doit au refte , être propor- tarées, d'appliquer fur les parties tionné aux befoins & aux circonf- latérales de la fraflure , des mor- tances ; les lavemens , la diète , en ceaux de bois de la longueur & de im mot, tout ce qui eft capable de la largeur de l'os, de l'épaifieur d'une calmer les mouvemens du fang,doi- ligne , de garnir l'intervalle de ces vent être employés. écliffes avec des étoupes trempées dans F R A Sans de Teau-de-vie ; de mainteîi'r le tout avec une bande circulaire ; d'arrofer , toutes les douze heures , la partie afFeftée avec du vin tiède ; de ne relâcher la bande circulaire que lorfque l'inflammation paroît être confidcrable , & que la partie fituée au-dcffiis du bandage , ell extrême- ment tuméfiée ; de ne donner que peu de nourriture à l'animal les huit premiers jours , de le laigner à la veine maxillaire , s'il a beaucoup foufFert , & fi la jambe eft menacée de vive inflammation ; de ne défaire le bandage qu'au bout de vingt à vingt-cinq jours , fi le mouton eft jeune , &C environ fix femaines , s'il eft vieux ; de réduire les efquilles , fi la trafture eu compofée ; d'enlever celles que l'on ne peut réduire lorl- qu'elle eu compliquée ; d'affujettir fortement toutes les pièces de l'os réparées ; de maintenir les écliffes . Les boutons naiffent des allfelles des feuilles i il y en a de ti-ois efpèces ; F R A- les uns pouffent des filets ou couîàii&- tres-déliés ; les autres des montans ,, & les troifièmes peu nombreux , des: œilletons foibles, à moins qu'on n'ait r'attention de rechauffer les pieds. Lieu,; originaire des Alpes, des haiites montagnes où il fleurit deux fois. L'année , Se y répand dans l'air un parfum admirable. Dans nos jardins ,. il fleurit pendant toute l'année , tant que le froid rigoureux ne lu'.pend pas fa végétation : il efl aifé de re- médier à l'intempérie de la laifon par de bons abri ^its pii laffois, &:c«. i L Le fraifier des bois Ou fraifier commun , fragaria vulgaris fruciu ru- bro. Fragaria filvejîris DuCH. L n'é- toit pas nécefTaire de fa;re gi-aver cette- efpèce , & fa defcription devient inutile , puifque la plante efl connue- de tout le monde. Si on le cultive- dans les jardins , il acquiert une tige mieux nourrie , 6i toute la plante- a plus de vigueur , le fruit moins de parfum. Les variétés de cette ef- pèce font : 2 c. Le fraifier panaché , fragaria filv:flis , variegato foUo. ToLRN.On a déjà fait obferver , dans le cou ant de cet Ouvrage , que les panaches des feuilles dérivent d'une maladie ; telles ibnt celles du houx , du lilas, &G- , &: que pour multiplier cette variété , il faut recourir à lagr-effe, à 'a bouture, h la marcotte , 5cc. ( vo> e^ ces mots ) ÔC- non pas au femis. Il en eft de même pour le fra fier dont il s'agit. Il ne- diffère de fon type que par la bigar- rure de fes feuilles.. a b. Le fraifier blanc , fnigariafil— veftris a'ba. DU Ch. Les feuilles , les. coulans ou filets font plus pâles que ceux de bois ; le fruit jaunit , &il eftt très -peu parfumé , très- inutile à tranfporier dans les jardins,. .■n . r. J'LJlFa^S.^ Jf/Ù^r Jl-u/fT ■ /,w, /: F/..lI.'iu,llw CTE.lSrKJT,OfiIli DF.S FllAISIFAlS J iC Jrnùrici' tû'S IIWIJ- ■ X 2 ■ ù' /'/\icj-irr Je P.Ol^. ziiil 2 /' ^^ JlLtnc 3 L- J'rai.ficr - /rcvsiicju ■ X u /• J'/Mj-icr ^rt7/is Cc^uZz/u- ■ X .1 A- J'rau-ier de lcrxraz//cs ■ />" L' /rai.ncr vcrd. ■7 /c Cai'ùoa ^ ■ t' le l'/'uhuef 'raij'uy - a/ranas- \p- a- ic Pojtnac/i^. \ J2 . /e lô-aimr de ûtro/inc. ji JCc,ir/a/c de 71 a/A .M.v.i; '•■'■•'•■"■;■• Tmi . !■' S-- Ss U'^-U^t- ^i'cfi/i' F R A a c. Le {laKier double ,fragariajîl- vifiris multiplex. Le frailicr ienii- doiible , fragaria jilvsjlris fiore feinl- duplici. Si la fleur eft parfaitement doub'e , & reffemble par fa forme à la petite rofe de Bourgogne , elle ne donnera aucun fruit, attendu que les parties de la génération , ( vojc- le mot Fleur) ont été métamorphoiées en pétales. Si la fleur eft funplement femi-double , & qu'il relie dans le centre un certain nombre ^êcumines , dc\e pi/{il,(voyeices mots) le dernier fe changera en fruit ; tel eft l'ordre de la nature. Ces plantes font plus curieufes qu'utiles , 6c ne dédomma- gent pas de la peine de leur culture. 2 d. Le fralfier à trochet , fragaria hotry-formis , uno pttiolo novem fra?.i.i gerens. KONIG. Il diffère des variétés précédentes par les neuf fleurs qu'il porte au fommet de la tige. Il eft très-rare. 2 e. Le fralfier de Plimouth , fra- garia /îlvcjlris muricata , DuCH. Il eft ■originaire d'Angleterre , & diffère des précédens par fes fleurs vertes , fes fruits âpres , raboteux & d'un vert un peu rougeâtre. 2 / Le fraifier coucou , fragaria JîLviflrisabonivu , DuCH. Les feuilles plus velues & d'un vert plus brun que celles du type ainfi que ks tiges. Il fleurit comme les autres , & (çi fleurs avortent. Il eft commun dans les bois , il faut donc , lorfqu'on tranfporte des fraifiers dans nos jar- dins , avoir foin de ne pas enlever les pieds de cette efpèce. III Le fraifier frcflant , ou fraifier .cultivé, fragaria horrenjïs DuCH. C'eft celui qui eft cultivé dans les jardins , & M. Duchefne l'appelle du nom du pépiniérifte qui s'eft occupé it fa culture. La culture a donne de F R A çi l'embonpoint à cette efpèce de frai- fier , & il dérive du fraiiier des bois. Les feuilles font un peu plus lifles, leurs queues plus longues , plus touffues ; les fleurs plus amples , plus com- pofées de pétales qui varient beau- coup dans leurs nombres , ainfi que les découpures du calice. 3 a. Le fraifier blanc , fagaria hor» terifis alba, DuCH. C'eft une fimple variété du précédent. IV. Fralfier fans coulans , fragaria. fiageUis. DuCH. Il eft aifé de dif- tinguer cette efpèce de tout^;s les autres , parce qu'elle ne produit que deï œilletons & jamais des coiilans ou filets. On multiplie ct^te efpèce par fes œilletons aft'ez nombreux pour lui avoir mérité le nom de fraifier kuijfon. Il n'eft pas bien com- mun. On devroit le multiplier , 6c on n'auroit pas la peine de détruire fans ceffe les coulans qui affament les pieds. V. Le fraifier de f^e rfai lies , fragaria monophylla. DuCH. 11 eft très-dif- tingiié pnr fes queues qui portent une feule feuille à leur extrémité, au lieu que , dans les autres efpèces , les queues portent trois feuilles. On doit cette efpèce aux foins de M. Du- chefne ; elle eft venue de fes ferais faits en 1761. VI. Le fraifier vert , Planche III y N°. I. Fragaria viridis. DuCH. La couleur de fon fruit a fixé fa déno- mination , & fon parfum eft fupérieur à celui de la fraife de bois. Il eft cultivé depuis long- temps en An- gleterre , & eft encore peu commun en France. Sa végétation eft vigou- reufe , fes coulans plus multipliés que ceux des autres fraifiers. Le de- hors de la feuille eft d'un vert blan- ,c hâlre ; \cc des nervures t.ès G 2 51 F R A lajllantes ; le dedans d'un vert plus foncé que celui du fraifler commun. iToute la plante eÛ couverte av,n poil allez épais , &: le fruit mûrit îard ; il efl arrondi & fouvent aplati à Ion extrémité Tupérieiire. VII. Le Capiton ou Capron mâle. à femelle , Planche 111 , N". i. Fra- garia mofchata. DucH. Comme la gravure répréfente exactement la forme des Quilles , des fleurs & du truit , il eft inutile d'en parler ; il n'en eil pas ainfi des parties fexuelles , & cette efpéce fait clafle à part des pré- cédentes. En effet , dans les fraifiers , les fexcs font réunis dans la même £eur ; mais ici les fleurs ont l'apparence d'hermaphrodites , mais dans la réa- lité, elles font ou mâles ou femelles, & les femelles ont befoin de la poiiinèrc fécondante du mâle pour donner des fruits. Les jardmieis , pour défigner des fruits dégénères ou qui avortent , fe fervent du terme de capron , & c'eîl pour n'avoir pas obicrvé la loi naturelle de cette efpéce , qu'ils ont regardé le pied à fleur mâle , comme capron ou comme inutile. Si on fème la graine de cette fraife , on obtient de ce fl-mis autant à peu près de pieds mâles , que de pieds à fleurs femelles. La nature tend toujours à !a con- fervation de l'tipèce. La peau du fruit du côté du (o)eil, eft d'un rouge pour- pre afl'ez foncé, tirant fur le violet; 3'aurre côté efl plus cls.r , & dans quel- ques endrois , jaune ou blanchâtre. VUI. Le fruîilur ou fraijicr du Chili , fraguria chilo Ujfis. DuCH. Planche iF , N^ i. 1! eft connu au Pérou , fous le nom de frutilla & fiutillar. Celte efpéce a été apportée en France en 1716, par M. Frezier. Ses feuilles font arrondies , épaiffes > F R A dures , & nervures très-fenfîBleî en deflbus , & prefqu^infenfibles err delius, guère plus grandes que celles de fraifier de bois. Chaque œilleton efl ordinairement de feptà huit feuilles , êc les œilletons font très-nombreux, Le friitilier , femblable au capiton , a des fleurs uiles Ôi des fleurs fe- ' melles féparées. Les folioles du ca- lice font d'inégale grandeur , la fleus efl très-grande, & fon fruit très-gros. M. Frezier dit. l'avoir vu comnumé- ment au Pérou , de la grofleur d'un œuf de poule. La fleur femelle avorte fouvent dans nos climats , lorf qu'elle efl privée de fa fécondation par l'abfence de la fleur mâle. Elle peut cependant l'être par les étamines des autres fraifiers plantés dans le voi- finage , & fur-tout àv, capiton. L'o- deur & le goût du fruit lop.t excellens.- La peau du fruit efî unie & b; iilante y légèrement lâvce de rouge du côté de i'onibre, 6i du côté du foleil,d'un beau rouge ptu foncé. 1 X. Le fraijier ananas . fragaria ana- najja. DucH. Planche F. , 1^". i. Ce fraifier, originaire d'Amérique, eft- connu en Europe feulement dc-pui& le milieu de ce fiècle. Les queues des feuilles font très-alongéts , las fleurs prefqirauflî grandes que celles du Chili , mais véritablement her- maphrodites ; le^ divifions du calice y. de 10 à 16, & fouvent fous-di vif ces en deux ou trois ; les fruits varient beaucoup dans leur forme fur le même pied ; la peau efl lifle , brillan'e» le côté de l'ombre d'un bianc un peu jaune , du côté du fole;l d'un rouge pâle mélangé de brun & de jaune» Son eau efl; abondante , fon partunt fe rapproche de celui de l'ananas. 9 a. Le fraifier ananas panache j. fragarm anana^a yanegata , DucH.» Z.W. pr FI.ir.Paç.â2.. ■s- r- Jc^^zc/- Sca/z' Ton T^. I'/ r Paj 52 ^ i: r^T^ ^ ■*" Y" '■ Sciltcr Scult 'r i F R A Cette variété confifte dans les feiiilîes. X. Le fra'ifur écarlau , fragarla v'irginiana , DuCH. Plan. IF , N°. 2 , Owfraijitrdi Hollande, di Bdrbaric &C. «feuilles grandes , d'un veri un peu bleuâtre en dedans , & plus clair en dehors , à dents plus longues ik plus étroites que celles d'aucun fraiuer ; à nervures très-fines peu fail'.antes ; portées par une queue courte &c plus poileufe que le reîle de la plante ; les coulans jaunes , longs & vigou- reux. Lorfque le fruit eft noué , les petites diviiions du calice s'écartent , & les grandes fe collent fur le fruiî. La peau du fruit cil d'un rouge- ccarlate & brillant du côté du ibleil , & du côté de l'ombre , d'un rouge- écarlate lavé. La fraile mangée feule n'a pas beaucoup de goût ; elle eft très-agréable mêlée avec les autres. Si on exprime le fuc de cette fraife à travers un linge ferré , & qu'on y ajoute du fucre réduit en poudre fine , ( en remuant toujours ) jufqu'à ce que ce fuc ait pris la confiflance d'une gelée , on obtient une gelée de fraife , fufceptible d'être gardée pendant piufïeurs mois. Je n'ai jamais eu le même avantage avec le fuc aes autres iiailes. XL Fraijîerêcar'are de Bath. ou gros icarlatc-coubU , frag.iria jlore. magno , fniciii dilate coccinco 77ij/ore,Jenniiil'US in xonice loculofo deprejjis , Bathonica, DucH. Planche il , N'^. z. Cette es- pèce n'eft point décrite pat M. Du- chefne , dons fon Traite des f'-aijurs M. Duhamel l'a fait connoître dans fon magnifique Traité dts arbres frui- tiers , & il la regarde comm- j>ro- venant du fia.fier du Chili. Voici les principaux caraéleres qu'il indique. Feuilles amples , foutenues par de groffes queues , louvent compofées F R A 53 de quatre folioles , au lieu de trois, comme dans prefque tous les fraifiers; les nervures peu marquées ; la fur- 6ce unie , luifante , les montans font gros , leur dircdlion plus oblique que verticale ; ils fe fubdivifent en plufleurs rameaux & pédicules. Les fleurs grandes , fur-tout les premiè- res , iont très -odorantes. Les fruits font tantôt fphéroïdes, tantôt ovoïdes lur le même pied ou fur des pieds différens. Leur peau , du côté du foîeil , eft d'un rOuge écarlate peu foncé , l'autre côté teint légèrement de rouge , di les pépins d'un rouge écarlatï. Leur goût 6c leur parfum Iont agrcables. XII. fruijicrde Caroline. Fragariajiore magna caroUenJis. DuHAMEL, P/. /> , N" 2". M. Duchefne n'a point parlé de cette efpèce , & M. Duha- mel penfe qu'elle provient du frai- ficr ananas. Ce frailicr a tant de reflemblance avec lui , qu'il eli dif- ficile de l'en difringucr , à moins qu'on ne l'examine avec attention. 1°. Toutes fes parties font un peu moindres que celles du fraifier ana- nas, i". Il efi; beaucoup moins garni de poils. 3*. Ses montans font plus courts. 4*^, Ses boutons à fleurs font plus alongés & moins renflés. ^°. Les divifions du calice font plus grandes , & les petites fe fendent rarement. 6°. Les péts'es font \\n peu moi; s étendus , & dans la plu- part des fleurs ils n'excèdent point le- nombre de cinq. 7°. Le fupporc. paroîi moins gros. Ji'^. Les fruits (ont moindres , ordinairement réguliers dans leur forme , & prennent ua peu plu; de couleur. Leur parfum evcellem efi; cependant moins agréa- ble que celui de la fraife ananas, donr.il approche beaucoup. ^**, Dans 54 F R A les fcmis de fraifiers ananas , on n'a jamais trouvé de variété fort ien- îîble , au lieu qw, \fs grains du fraider ù%' Caro'ine, ont produit des fraiiiers trèj-difrérens dans leurs fleurs, leurs f its , & toutes les parties de la plante, I: eft facile de voir , par l'énu- mération de ces efpices botanilies & jardinières , que plufieurs (ont des fous-variétés de fes dernières, & encore il refle à (avoir fi elles font confiantes , & fi elles fe per- pétuent fans dégénérer. CHAPITRE II, Multiplication des Fraisiers. Il faut fe reffouvenir que cette plante eft originaire des montagoes & des bois , où la fuperflcie du fol , & même jufqu'à une certaine profondeur, eft un vrai terreau formé par la dé- compofition des feuilles , des herbes , des débris d'animaux , accumulés depuis longues années. C'eft au fein de cette terre noire & recouverte par différentes efpèces de mouffes , que le frailîer végète admira.bleraent dans fon pays natal. Imitons donc la nature dans la préparation que ftous donnons au fel de nos jardins , & faifons en forte que les débris des végétaux l'emportent de beaucoup fur celui des animaux. En effet , le fruit du fraifier , qui végète au milieu de ce dernier engrais , n'eft jamais partumé comme celui dont le pied a été planté fimpîement dans de la terre franche , &C celui-ci eft in- férieur au produit d'une terre douce , légère èi. fubftantielle. Il en eft ainfi d'une fraife ombragée ou expofée à la groffe ardeur du foleil ; le par- F R A fum de la première eft plus dilicat J fa faveur plus parfai e & fon eau pUis abondante. Le tr >p d'on.bre nuit à id qualité , auiani eue la grande ciarte , &C ù l'omb-.':' eft trojg| torte , comme dans le f)ur:é d'un bois , la plante languit , la fleur n'aoûte pas, ( vqye^ce mot ) & ^»er.t. On multiplie le fra fter ou par femences ou par œilletons, ou avec fes coulans. Section première. Des Semences. I. Du choix de la graine. Si o* défire fe procurer des efpèces nou- velles , on peut placer dans une même plate-bande différentes efpè- ces de fraifier , 6i près les unes des autres. Comme la plupart font des effaces jardinilrcs , & même du fé- cond ordre , le mélange des diffé- rentes étamines lors de la féconda- tion du germe , produira de nou- velles variétés. Il eft encore facile de multiplier ces accouplemens adul- térins , en coupant plufieurs fleurs au moment de leur épanouift'ement, & en fecouant leurs étamines fur la fleur que l'on veut rendre adul- térine. ( F'oyei ce qui a été dit à ce fujet au mot Abricotier ) La fleur ainfi fécondée doit refter fur pied jufqu'au dernier période de la maturité du fruit , & même laiffer la graine dans la pulpe ou chair , jufqu'à ce que celle-ci foit defféchée. Parvenue à cet état , on frotte le tout dans fes mains , afin de déta- cher la graine que l'on reçoit fur- du papier , & on la fépare enfuite de toute pouffière étrangère. Dans cet état elle eft propre à être femée. Il en eft ainfi pour toute efpèce de F R A graine de fraife , foit que îe fruit ait été fécondé natiu-ellement ou par îe fecours de l'art. If. Du fmps de fcm:r. Aiifîiîôt que la graine tft nuire , on peut fe- mer, & c'eft le mieux; ou bien at- tendre le retour du premier prin- temps , chacun fuivantle climat qu';l habite, après l'avoir confervée dans un lieu fec. On peut femer julqu'en août dans les provinces du nord , ti jufqu'en feptembre dans celles du midi. La graine de plufiems efpèces ne lève qu'après l'hiver. ITI. De lu manière de femer. M. Du- chef^ne en indique plufienrs. 1°. Unir la graine avec de h terre fèche, & la répandre fur des gâteaux de moufle , pris dans les bois & plaqués fur la terre d'un pot , afin d'imiter l'opération de !a nature,. i**. Jeter la graine fur une terre fine , fans la recouvrir , & quand elle s'eft pe'.ottée naturellement , y îcéjjandre m peu de mouffe hachée pour empêcher le hâle. 3^. Répandre la graine fur la terre préparée , & la recouvrir d'une à deux lignes avec la même terre. Si les arrofemens font forts, ils font périr la plantule. Pour prévenir cet inconvénient, on peut recouvrir tout le pot avec de la mouffe bien divifée , & placée légèrement , en la choififfant d'une grande efpèce , telle que la moi:iTe , hypnum triquttrum , LiNN. & mettre en mê:Tie temps le pot dans une terrine à demi pleine d'eau. On ne la'ffe la mouffe que jufqu'à ce que les deux ou trois prtmièrts feuilles foient dévelop- pées ^ & Quelque temps ap'es on retire le pot Je la terrine. M. Du- chefne regarde cette méthode comme la' meilleure. F il A 5ç 4''. On i?îrs les graines fur wne éponge dont le b,!S trempe dans l'eau , & on entretient cette eau continuclii ment chaude , au moyen d'une de ces l,-.m|>es de nuit qu'on nomme vcilieu/'es. Il faut feulement avoir foin de remplir le va(e avec de l'eau fraîche , à niefure que la chaleur la fait diminuer , & de re- tirer la laiTipe de temps en temps , afin d'empêcher l'eau de i,'échat.fli;r julqu'à bouillir. Des graines ainfi lemées , ont levé en quatre jours ,, au lieu que celles qui étoient fur une éponge froide ont attendu quinze jours. Section II. Des Œilletons. Du collet de la racine fortent plufieurs yeux , & ces yeux , à leur tour , pouli'ent des racines , de manière que le même pied , divife en autant d'cîilletons qu'il peut en fournir, donne autant de nouvelles plantes,. Dans cette opération , ne mutilez aucunenienc les racines en féparant les pieds, Si fur-tout ne Its abymez pas fous le vain prctexte de ra- fraîchir les bouts. On doit rafraî- chir ceux qui ont été caflés , brifés „ ôi rien de plus. ( Fcyei au mot Racine, fon utilité) Section III. Dei Coulans ou Filets. Les feuilles des fraifiers reflem- blent à des graines par leur bafe , & ces graines enveloppent le fommet du tronc , ou mère-racine, La foi;c- tion affignée par la nature aux feuilks , eft de nourrir & défendre- le jeune boutono-^ bourgeon^ C.w^^^j: 5^ F R A C2S mots ) jiirqu'à ce qu'il puiffe le paiTer de ion fccour?. A la bafe de chaque feuille du fralfier II y a un bouton né ou à naître , & la durée de la feuille dépend de cette nailTance. On peut donc regarder le coulant comme un véritable oeilleton qui s'alonge au - delà de la touffe formée par les feuilles , Se dès que , par fa pefanteur , il s'incline contre terre & la touche, il y prend racine , pouffe un œilleton duquel Ibrtent par la fuite de nouveaux coulans. Il réfuîîe de toutes ces produftions latérales , que deux ouirois pieds de frailiers , livrés à eux-mêmes , cou- vrent dans peu de temps une très- vade furface. I! faut obferver qu'auffi- tot que le nouvel œilleton eû en état de fe paffer de fa mère par fes racines , le coulant fe deffcche parce qu'il lui devient inutile. Pour multiplier l'efpèce , on fé- pare de la mère-plante tous les coulans , & on foulève avec loin le plant earaciné qu'elle a fourni , & on le replante dans un lieu préparé pour le recevoir. Si on a un petit efpace à regarnir , on pince le cou- lant auffitôt après fon premier nœud , afin que ce nœud fe fortifie , ou après le fécond , fi de plus grands befoins l'exigent , ou enfin on laiffe les coulans travailler autant qu'ils peuvent , lorfque l'on a de grandes plantations à taire. Dans ce dernier cas , il eft expédient de travailler fouvent la terre , foit au pied de la mère-tige , foit celle fur laquelle les coulans s'étendent Se prennent racine. CHAPITRE III. JDc U culture des Fraifurs, I. Du temps de la tran/plantatlorz' F R A Lorfque la faifon des fruits ell paffée j' c'efl le moment de travailler les planches , d'y apporter du terreau « ÔC de rechauffer les pieds ; les fu- miers , en général , diminuent le psrtum du fruit. Ce labour force la plante à ceilletonner & à pouffer des coa'aris. Sulv:.nt les climats, à la mi-no ve.-nbre ou otfobre , on fé- pare les œilletons & les coulans ; quelques-uns attendent la fin de février; maib en général, c'eft perdre une année de jouiffance , parce que la plupart des fraifiers ne portent qu'à la féconde année. Il n'en eft pas alnfi du fraifler des mois , parce qu'il fleurit Si fruftifie autant de temps que les rigueurs du froid ne s'y oppofent pas. Dans nos pro- vinces mérid'onales il n'efl pas r-are d'avoir des fraifes bennes à cueillir , & même parfumées, jufqu'au milieu de décembre , Se fouvent en jan- vier , s'il ne furvient point de gelée. On peut donc attendre , pour tranf- planter cette efpèee , jufqu'au mois de février , ou aux premiers, jours de mars ; la faifon décide du mo- ment. Cependant , il on œilletonne en novembre , les pieds feront beau- coup plus forts au printemps pro- chain. Les habitans de Montreuil , très- grands cultivateurs de fraifiers , ont pour maxime dœilletonner en no- vembre , Se de planter près à près les jeunes pieds comme en pépinière pour les tranfporter enfuite à l'en- droit qui leur eff defliné , auffitôt qu'ils n'appréhendent plus les rigueurs de l'hiver. Comme la récolte des fraifes efl; un objet très -important pour ces cultivateurs dont le travail efl fondé fur l'obfervaîion , & l'obferyation favamment raifonnée, il I F R A il eft plus que probable que leur méthode efl à préférer à toute autre dans les climats analogues à celui de Paris. Cette double tranfplanta- tion me paroît fuperflue dans les provinces plus méridionales ; mes fraifiers rcafLflent très-bien fans ce iecours. II. Di la préparation, du terrain , & de la plantation. Dans les pays où l'on arrofe avec les arrofoirs , on dreffe des planches de quatre à cinq pieds de longueur, après avoir bien défoncé le terrain , & l'avoir , s'd eft compafte , rendu meuble par l'ad- dition du fable & du terreau, parce qu'il eft rare que le fraifier réuffiffe dans les terres fortes , & fur-tout les efpèces américaines. Les planches de cinq pieds de largeur me pa- roiflent un peu trop larges , ne peuvent être travaillées , & fur-tout fardées aifément. J'aimerois mieux les réduire à quatre pieds & demi au plus. Entre chaque planche on doit laifler un fentier d'un pied pour faciliter le travail , & après chaque labour donné aux fraifiers , on doit travailler également le fol du fentier, parce que les pieds plantés fur les bords d'une planche de quatre pieds à quatre pieds & demi , en pro- fitent. Dans les provinces o\\ l'on arrofe par irrigation , ( voyi-{_ ce mot ) on prépare les ados , & on plante fur le milieu de l'élévation de l'ados , & non dans le fond où la plante pourriroit, ni fur le fommet , parce qu'elle feroit déracinée par le premier travail qu'on donneroit à la terre , attendu que la plante qui fe trou- voit à droite de l'ados , lors de la plantation, fe trouve à gauche de Tomi Vt F R A 57 ce même ados , lorfqu'on travaille la terre. Je n'entre pai dans de plus grands détai's fur cette manière de travailler , parce qu'elle fera décrite fort au long au mot Irrigatîon. Cette méthode ne fuppofe point de planches féparées ni de fentier, parce que chaque fil 'on devient lui-même une efpèce de planche , & le creux qui fe trouve entre deux , devient un fentier dans le befoin. Dans l'une ou dans l'autre ir,é- thode , l'ouvrier doit planter au cordeau , afin de biffer la liberté de biner & de farder commodé- ment. Plufieurs écrivains fur le jardinage , recommandent qu'on mette beau- coup de fumier dans la fofledeilinée à recevoir le fraifier. A moins qu'il ne foit réduit en terreau bien con- fommé, je ne le confellle pas , il altère fingulièrement le parfum des fruits. Dans les pays méridionaux il brùleroit la plante malgré les irrigations. S'ils le confeillent dans la vue d'empêcher l'évaporation de l'humidité, je préférerois des feuilles quelconques étendues fur le fol. Enfin fi on veut employer du fumier, que ce foit avant l'hiver ; les pluies de cette faifon ont le temps de le dé- laver , & la paille qui reliera au printemps tiendra lieu en partie feulement de la couche des feuilles. La grofleur à laquelle la touffe parvient indique l'efpace ncceflaire à laifler d'un pied à l'autre. Par exemple, les fraifiers des mois &: des bois font fuffifamment efpacés à dix ou douze pouces , & le traifier ananas & celui du Chili , de douze à quinze. Si le pied eft fort, vigoureux, chacun fuivant fon efpèce , un feul fuffit , & deux tout au plus s'ils H 5^ F R A font maigres ; mais il vaut mieux n'en planter qu'un i'cul. Plufieurs jardiniers coupent IfS feuilles , 6c ne laiffent que le cœur ou œille- lon , & prefcue tous mutilent les racines. Ne retranchez abfolument que les feuilles pourries ou fèches , & relpeftez toutes les racines. Si vous doutez de la bonté de cette maxime, plantez à la manière des jardiniers, & fuivant celle que j'in- dique ; l'expérience vous inftriiira mieux que je ne le ferois. Formez autour du collet de la racine ime efpèce de petit baffin de fix pouces de diamètre , & de trois pouces de profondeur , au fond duquel on place la plante. Cette précaution eft eflentielle , parce que le collet des racines s'élève toujours. Plufieurs efpèces demandent fou- vent à être renouvelées ; car cette plante fauvage , & que nous nous efforçons de naturalifer dans nos jardins, y dégénère après quelques années. Recourez fouvent aux bois , aux montagnes, &,fi vous le pou- vez , changez tous les trois ans. III. Dis foins aprh la plantation. Auflitôt que le fraifier eft en place , on doit lui donner ime bonne mouillure, afin de ferrer la terre contre les racines ; tenir les jeunes pieds bien fardés , & la terre bien travaillée. C'eft une erreur de penfer qu'il faut s'oppofer à la pouffe des cou- lans, fur-tout dans les premiers mois; plus on les fupprime fouvent , plus il en repoufl'e , & plus la plante s'épuife. Les cou'ans font aux frai- fiers ce que les branches font aux arbres , & ce que les boutons font aux branches. On oblige l'abon- dance de la fève à s'échapper par F R A tout où elle peut, 8c à pouffer en osil»- leton ce qui auroit été produit feu- lement l'année fuivante. Bientôt la plante eft la vidime de ces fouftrac- tions multipliées. Dans les bois , la nature n'emploie pas beaucoup de moyens pour de telles mutilations. Je conviens cependant que , le prin- temps une fois pafîé, on peut alors fupprimer ces coulans, ouenconler- ver quelques-uns , fi on a befoin de fujets à replanter; alors la lève n'efl plus fi impétueufe, elle forme de nou- veaux coulans en petit nombre, & oi* ne rifque rien à les fupprimer , parce que la révulfion de la fève, qui s'exé- cute alors, tourne au profit des œil- letons : chaque année il convient de répéter les mêmes opérations , les mêmes travaux , & 'a troifième an- née une fois paffée , on arrache les- pieds ; on travaille de nouvtau la terre , & on la regarnit par d'au- tres jeunes pieds. 11 eft rare de voir profpérer des frsifiers après cette époque ; cependant les hcibitans de Montreuil , par leurs foins multi- pliés , les confervent jufqu'à cinq & même fix ans dans un bon rap- Les fraifes des mois & des bois font celles qui dégénèrent le plus promp- tement dans nos jardins, parce que ce font des efpèces primitives , ât les autres fimplement des efpèces jardinières ; cette différence nécef- fite à imiter la nature dans fes opé- rations. Ces deux efpèces expofées à nu au gros foleil , fouffrent beau- coup. L'expérience a démontré qu'e» couvrant le fol avec des feuilles, de la mouffe , &c. elKs dégénèrent moins promptement. Cette couche empêche la trop grande évaporatioit de la terre , retient l'humidité, & F R A garantit la plante du hâle. On recoti-' noît que la plante commence à dépérir, à la couleur matte qui s'em- pare des feuilles 6c de leur duvet , & qu'elle eft complètement dégé- nérée lorfque le fond de la fleur «ft noir. C'efl le cas , au premier printemps , d'entourer chaque pied de fraifier avec des feuilles , & non avec du fumier, fur-tout dans les provinces du midi. Cet entourage maintient les tiges droites ; le fruit , ne ram- pant pas fur terre , mûrit mieux & eft plus parfumé. _ Après la récolte du fruit , on doit vlfiter chaque pied , féparer les vieilles feuilles inférieures , & cou- per les tiges à fruit devenues inu- tiles , afin que la plante pouffe avec facilité de nouveaux oeilletons. IV. Des ennemis des fraijiers. Les taupes - grillons ou courtilières , le ver du hanneton , à tête jaune & à corps blanc , celui du moine ou rhinocéros , de couleur grife , oc prefque auffi gros que celui du han- neton, font des fléaux redoutables. Ils cernent , ils rongent les racines ; le tronc & la feuille jaunilTent , & la plante périt. Dès qu'on s'en apper- çoit, il n'eft plus temps de la fe- courir , mais on peut prévenir le mal que ces infedes feroient aux autres pieds , en déterrant les racines & écrafant le ver qui les ronge. Il n'en eft pas alnfi de la couTtUihe ; ( voys^ le mot INSECTE ) fans cefTe elle court , pratique des galeries, des foupiraux. L'huile feule efl capable de la^ détruire , ainfi qu'il fera ex- pliqué au mot déjà cité. F R A 59 CHAPITRE IV. Des propriétés du Fraijier , 6* des Fraifcs. Le fruit a une odeur aromatique , une faveur douce , légèrement aci- dulé ; la racine eft inodore & in- fipide. Les fraifes rafraîcViifTent , tempè- rent la foif par la chaleur excefTive du corps, par une humeur bllieufe, par la chaleur de la poitrine , ren- dent les urines plus abondantes , & développent beaucoup d'air dans les premières voies ; c'eft pourquoi elles font contre-indiquées dans les maladies oii il y a météorifme ou difpofition vers cet état. M. von-Linné dit avoir éprouvé fur lui-même les heureux effets des fraifes mangées en abondance, con- tre la gravelle & la goutte , & qu'elles enlèvent le tartre des dents. La racine ne rafraîchit ni n'é- chautfe , elle n'augmente ni ne di- minue le cours des urines , au rap- port de M. Vitet , dans fa Pharma- copée de Lyon. L'eau diflillée des fleurs n'a pas plus de propriété que celle des rivières. On donne le fuc exprimé des fraifes , depuis deux onces jufqu'à quatre , en folution dans douze onces d'eau , édulcorée avec fufRfante quan- tité de fucre. FRAMRROISE , FRAMBOISIER. M. Tournefort le place dans la fécon- de feftion de la vingt-unième clafTe , qui comprend les arbres ou ar- brifTeaux dont le piflil devient un fruit compofé de plufieurs baies , &C il l'appelle rubus. M. von-Linné lui €onferve la même dénomination ^ H X ^o F R A & la dafle dans l'icofandrie poly- gynle. I. Caraclère du. genre. Flair en rofe , compofée de cinq pétales obronds , ouverts , inférés au calice , ainfi que les examines qui font en grand nombre. Le calice eft d'une feule pièce , divifé en cinq folioles en manière de lance, ouvertes, prefque de la grandeur des pétales. Fruit , cornpofé de petites baies rafiemblées en tête arrondie fur un réceptacle conique , renfermant cha- cune une femence oblongue. II. Caraclèn des efphces. Les bota- niftes ont réuni les ronces aux fram- boifiers; mais comme nous écrivons pour les jardiniers & pour les cul- tivateurs, il ne fera ici queflion que des framboifiers ; le ronces auront leur article à part. 1. Le framloijlir commun, Rubus idaus. LiNN. Rubus idaus fpinofus. TouRN. Feuilles en manière d'ailes , découpées en trois ou cinq folioles , d'un beau vert, cotonneufes & blan- châtres en deflbus, leurs côtes fou- yent fans épineî. Port. Ce qui diftingue eflentielle- ment les fram')oifiers des ronces, c'eft que les tiges de celles-ci font ram- pantes , & celles des framboifiers , droites. On le croît originaire du mont Ida ; on le trouve cependant naîuralifé dans les Alpes , fur les montagnes du Bugey , du Dauphiné , &c. Le parfum de fon fruit a engagé à le cultiver dans nos jardins , où il fe multipliai» très-facilement par la mul- titude de drageons qu'il pouiTe de lous côtés. 2. L-e framboijier à fruit hlcnc, G'eft îine efpece purement jardinière, (voy^-j «e mot) &. e;le ne diffère de la pré- F R A cédente que par la couleur de forr fruit , qui eft plus doux , mais donî le parfum eft moins exalté : il y a en= core une variété dont la feuille eft panachée. 3. hç framboi fier fans épines, ru* bus idiZuS lavis. 4. he framboijlcr à fruit noir de Vir-' ginie. 5 . Leframboifertardif ou d'automne,,. parce qu'il porte.des fruits dans cette ïaifon , ainii qu'au printemps. 6. Le framboijler odorant , kfQu'iWeS fimpies , palmées , & la tige fans piquans , chargée de beaucoup de feuilles. On l'appelle encore fram' boi/î:r du Canada , parce qu'il en eft originaire. C'eft; une véritdble tfpèce botanique. Rubus odoratus. Lin. 7. ht framboifîir de Ptnfilvanie\ dont les tiges font très-peu cpineules, & leur fommet bleuâtre. III. De fa culture. Cet arbriffeau aime les terres douces, fubRantielles, un peu humides. Il ne réulîit pas bien dans les expofitions méridionales , & par conléquent dans les pays chauds , quoique pourtant on l'y cultive dans les jardins. Il feroit trop long de le multiplier par le l'émis , on le peut cependant , ik ils réuffilTent très-bien lorfqu'on les traite comme ceux de mûrier,. ( Voye^ ce mot ) Il ell plus.expéditif de prendre les drageons qui poufTc-at autour des vieux pieds , & de les tranfplanter dans le terrain qu'on leur deftine. On peut faire cette opération depuis décembre jufqu'à la fin de fé- vrier dans nos provinces méridio- nales , & depuis novembre j'-ifqu'au commencement ou le milieu de mars dans celles du nord. Il eft plus profitable de faire une framboiferie féparée , que de plante? F R A ■ça & là des pieds dans les jardins , & fur-tout dans le voifinage des ar- bres fruitiers. Comme cet arbriflfeau talle beaucoup par fes racines , par fes drageons , il s'empare bientôt de tout le terrain , effritte fingulière- ment la terre , & nuit beaucoup aux arbres voifins. Laiffons donc ce pa- rafite vivre feul dans le fol qu'en lui facriiiera. Sur ce terrain , ouvrez , de quatre en quatre pieds , des foffé^ d'un pied de profondeur & de largeur; donnez au fond un fort coup de bêche , aSa que les racines nouvelles qui pouf- feront , trouvant une terre meuble, s'enfoncent plus profondement fut cette terre , & , de quatre pieds eu quatre pieds , étendez les racines de l'arbrilVeau , Se rempliffez la folle de la terre qu'on en a retirée ; coupez enf uite la tige à trois ou quatre pouces au-defliis du fol. La dif^a^ce prefcriie entre chaque pied, paroîtra, aupremier coup d'œil, trop confidérable ; mais on jugera bien autrement à la fin de la féconde ou troifieme année , quoiqu'on ait eu le ioin de retrancher les bour- geons qui fortentde terre de toutes parts , cet efpace permet de les bien travailler, & de conferver un plus grand nombre de tiges autour du principal pied , afin de remplacer ceux qui périfTent , ou pour faire de nouvelles plantations. Beaucoup de tiges qui ont porté fruit , meurent enfuiie , & non pas chaque année , comme Font avancé pluûeurs écrivains fur ie jardinage ; purque j'ai fous les yeux , des tiges qui lubliftent depuis trois znz &que je conferve exprès , afin de voir pendant combien de temps elles fub- Mexont encore. On doit avouer F R A 6î cependant que ces tiges anciennes donnent de petits fruits, moins nour- ris que ceux des tiges de l'année pré- cédente , mais plus parfumés. Je crois pouvoir avancer que la mortalité des tiges anciennes , eft en rai(on de la multiplicité des drageons qui for- tent de terre ; plus il y en a de nou» veaux , &c plus il meurt de tiges an- ciennes. Peu de jours après que les pre- mières gelées ont fait tomber les feuilles , l'amateur doit faire donner iin labour aux framboifiers , & l'ou- vrier en même temps arrachera les drageons fuperflus , confervera deux , troiS ou quatre tiges de l'année pré- cédente , fupprimera celles qui ont déjà donné du fruit ; fur quatre ti- ges , il en rabaiffera deux à la lon- gueur d'un pied , & confervtra les deux plus fortes. Je ne limite pas fîridernent le nombre de ces tiges à Celui de quatre , la vigueur du pied doit le fixer ; il s'agit ici des géné- rantes : les tiges laiffées e.itières don- neront plus de fruits , & celles ra- baifîees , de plus beaux fruits. On dit que le framboifier n'exige Hi engrais ni fumier : cette propo- fiion eft trop générale. Les en- grais dim nuent le parfuin de fon fruit ; mais je puis certifier qu'ils contribuent beaucoup à lui procurer une plus forte végétr:tion.. Prophètes. Les feuilles font légè- rement âpres ; les fruits acides , agréables au goût & à l'odorat ; iîs noiirriffent peu , développent beau- coup d'air dans les premières voies y eau ent fouvent des coliques ; le lucre qu'on y ajoute , eft leur cor- recfif. Si on veut s'en fer vir comme remède , il vaut miev..-' préférer les fraiics. et F R A FRANC , FRANC SUR FRANC. Franc fe dit des greffes. Un pêcher greffé fur un pêcher venu de noyau , un poirier fur un lauvageon du poi- rier , eft franc. Le franc fur franc le dit d'un arbre déjà greffé fur franc & regreffé de nouveau. C'eff un moyen des plus efficaces pour per- feftionner les efpèces. ( Voye^ le mot Greffe ) FRANCHIPANES. \ Poires. Voyc^ FRANC REAL. J le mot Poire. FRANC , Botanique. C'eft le nom que l'on donne aux découpures extrêmement fines qui bordent le limbe de certaines corolles , que l'on appelle dans ce cas frangées, (Voyei Corolles & Fleurs) M. M. FRAXINELLE. ( Voyei PL 8 , Tom. ir^ pag. 638. ) M. Tournefort, la place dans la féconde fedion de la neuvième claffe , qui comprend les herbes à fleurs de plufieurs pièces irrégulières , & dont le piftil devient un fruit à plufieurs loges , & il l'ap- pel le <^ic?rfw/-'«5 albus vulgb fraxindla. M. von-Liné la claffe dans la dc- candrie monogynie , & la nomme diclamnus albus, Fhur. Le calice C , divifé en cinq feuilles , porté par un péduncule ve- lu, garni de quelques folioles , & or- dinairement de deux, 6c d'une autre foliole à fon infertion à la tige ; les pé- tales B , au nombre de cinq ; le piftil s'élève du milieu du calice, entouré de dix étamines D. La fleur eft rougeâtre ; il y a une variété à fleur blanche. Fruit, formé par cinq capfules qui s'épanouiffent parla maturité , comme on le voit dans la Figure E ; chaque (tapfule eft tapiffce intérieurement F R A d'une membrane F , & renferme deuï ou trois graines noires & luil^ntes G. Feuilles , iiniîant celles du frêne ; d'où lui eft venu le nom de jraxi- nelU. Racint A , longue , fibreufe , pivo- tante. Port. Tiges droites, hautes de deux à trois pieds, velues; les feuiliespla* cées alternativement; les fleurs égale- ment alternes , naiffent au fommet en manière d'épi lâche. Lieu. Les pays chauds, nos provin- ces méridionales. La plante eft vivace , fleurit au printemps , &C perd fes tiges en hiver. Propriétés. Racine d'une odeur forte, aromatique, d'une faveur légèrement acre & amère. La racine ranime les forces mufculaires , remédie aux maladies de foibleffe caulée par des humeurs féreufes. Souvent elle fait fait mourir les vers contenus dans les premières voies. l/fage. La racine pulvérifée & ta- mifée , depuis demi-drachme jufqu'à deux drachmes , incorporée avec un firop, ou délayée dans cinq onces d'eau. Culture. Cette plante fait un très- vif eftet dans les jardins du prin- temps. Elle vient de graine , & on doit la femer auflltôt qu'elle eft mûre , ce qui eft annoncé par l'ou- verture des capfules. On peut con- ferver les jeunes plantes dans des vafes, mais à la féconde année il vaut mieux les mettre en pleine terre. Elle n'exige d'autres foins que d"être fardée & ferfouie une fois ou deux dans l'année. La fraxinelle contient & tranfpire beaucoup d'air inflammable, fur- tout pendant le gros foleil d'été. Lorfque, fur le foir, l'air devient F R È frais , il condenfe cette humeur tranfpiré dans ratmo'phère qui en- vironne la plante , & fi on en ap- proche une lumière, il s'enflamme ians endommager le végétal. M"® von- Linné , fille de l'immortel botanille de Suède , a découvert le même phénomène fur la fleur de capucine. FRÊNE. Tournefort la place dans la première feûion de la dix- huitième claffe qui renferme les ar- bres dont les fleurs font apérales & attachées aux fruits. Il l'appelle fraxi- nus. Von-Linné luiconfervela même dénomination , & la claffe dans la polygamie diœcie. I. Caraciin du gsnre. Les fleurs font fans pétale , hermaphrodites ou fe- melles , fur des pieds différens , mais quelquefois fur le même pied. Les fleurs hermaphrodites font compo- fées de deux étrfmines , & d'un pifîll conique , divile en deux à fon extré- mité fupérieure , & elles n'ont point de calice ; les fleurs femelles n'ont qu'un pitlil. Le fruit eft une femence en forme de langue pointue , compri- mée , renfermée dans une pellicule memb'-aneufe , & à une feule loge. IL Caracîère des efpèces. i. hç frêne commun o\\ grand frêne. Feuilles ailées, terminées par une impaire. Les fo- lioles ob!ongues , dentées fur leurs bords , au nombre de cinq ou fix paires fur une côte. Cet arbre s'élève fort haut , fon écorce eft unie , cendrée , fon bois bianc , liffe , dur, les branches oppoiées ; les fleurs dif- polées en efpèces de grappes ou de pannicules à leur fommet ; elles n'ont point de corole. MM. Tournef ri & von-Liiinéle v.ovcwnum fraxinus txcd- fior.QtX arbre ce plaît dans les terrains en pente & légèrement humides , dans F R É éj les terrains pierreux , ôc l'ont peut dire qu'il vient par-tout , depuis le nord du royaume jufqu'à fon midi. 2. Le frêne à feuilles rondes ou de Cdlabn. Fraxinus omus , LiN. Fraxi- nus lenuiore & minore fulio. ToURN, Cet arbre efl originaire de Calabre 6c des pays chauds; il réufTit mé- diocrement dans nos provinces du nord, & il s'y élève peu. Sa fleur diffère de cel'.e de la première ef- |>èce, en ce qu'elle efl pourvue de corolles , & que la foliole impaire qui termine la feuille efl plus grande que les autres qui font ovales, eo forme de lance. 3. Le pêne nain de Thèopkrafle 1^ ow frêne de Montpdlier. M. von-Linné le regarde comme une variété du N°. 2, ou plutôt le cofifond avec lui. M. Tournefort en fait une efpèce féparés, & la défigne par cette phraiè : Fraxinus humilior , S. altéra. Tlieophrafîi minore & tenuiore folio. On l'appelle yAC/ze nain, en comparaifon de (a hauteur avec celle des deux pré- cédens , ii. frêne de Montpellier , parce qu'il efl commun dans les environs de cette ville, alnfi que dans les autres provinces méridionales. Il diffère des précédens par la taille , par fon feuil- lage d'un beau vert , par fes folioles plus petites & plus dentelées. 4. Le frêne à fleurs en grappes, M. von-Linné le regarde encore comme ccnflituant la même efpèce que le N°. 2 , & il le rappelle en citant la phrafe de Morilon , fraxi- nus florifera botryoides. Ses folioles font ovales , en forme de lance , rapprochées & luiiantes ; fes fleurs font garnies de longs pétales. 11 ne s'élève guère plus haut que le N*. 3 , 6c les branches rapprochées forment une tête agréable. ^4 F R Ê 5. Le frént de la nouvelle Angle- terre..,. Fraxinus americana. LiN. Ses feuilles Jont très-entières, leurs pé- tioles cylindriques , & l'arbre s'ékve de quinze à vingt pieds. 6. Le frêne de la Caroline. M. von- Linnc le confond avec le précédent ; il en diffère cependant un peu par fes folioles en terme de lance , fine- ment dentelées, leurs pétioles ve- lus , & fon fruit beaucoup plus large. M. Miller le déligne par cette phrale: Fraxinus foliis lanaolatis , minimi fcrratis , pctiolis teruibus , pubef- cenùbus. 7. Le frêne nain ou noir d' Amérique. Ses folioles (ont plus larges que celles des autres frênes , éloignées entr'elles, pointues aux deux extrémités; celle qui termine eft plus large que les autres. 8. Le frêne à trh- larges folioles, terminées psr le bout en pointes incli- nées. Je n'ai jamais vu ces deux der- nières efpèces de frêne , ainfi je ne puis rien en dire de plus , & encore .moins décider iî on doit les regarder comme des variétés. (IL Culture. Les frcnes fe multi- pliant par lo femis. Tous les auteurs confeillent de recueillir la graine après les premières gelées d'au- tomne , & de taire aulTitôt un lit de graine & un lit de terre ; fans quoi, diiènt-ils , fi on l'a tenue dans un lieu fec , & qu'on la fème au mois de mars jilnvant, elle ne lèvera qu'un ou deux i-ans après. Leur confeil peut être très- bon; mais voici ce qui m'elf arrivé. J'ai cueilli des graines dès que la mem- brane qui les enveloppe elt devenue noire , au commencement & vers ie milieu d'oftobre ; elles ont été , tenues dans un lieu très - fec , & i'emées à la fin de février ; ellçs F R Ê font parfaitement forties. Pendaiir deux anr.ées de fuite l'opération a été répétée avec le même fuccès ; cette réufute dépcndroit-elle de la chaleur de la province que* j'habite aujourd'hui ? Certainement le fol n'y contribue pour rien , puifque j'ai femé dans des terrains cail- louteux & maigres , dans de bons fonds , &c. Dans l'incertitude fi l'expérience réuffirolt ailleurs , on ne rifque rien de flratifier la graine, de la manière qu'on le confeille ; je crois même qu'on peut la fe- mer aiifTitôt qu'elle efl mure, c'efl Imiter la marche de la nature, & on ne doit pas craindre que, con- fiée à la terre , elle foit dévorée par les taupes , les fouris , les mu- lots , ou par les infeftes ; fon odeur forte les en éloigne. J'en ai la preuve la plus complette, ou du moinsje fais très - politivement qu'elle n'eft pas attaquée en terre. Il eft très - important de former des pépinières de frênes , lur-tout dans les provinces ou le chêne blanc réuffit peu, & qui font dépourvues de bois. Cet arbre profpère fur les lifières des champs , fur les croupes des vallons, dans les terrains fecs, &Z très-bien dans ceux qui ont du fond , qui font humides , &c. On verra bientôt de quelle utilité il peut être. Les jeunes frênes qu'on achète chez les marchands d'arbres , réuf- fitTcnt rarement dans la traniplanta- tion , parce que le femis eft fait fur un fol trop lubitantiel , trop chargé d'engrais, & trop travaillé. Ce n'efl pas ainfi que doit être élevé un arbre defliné à être par la fuite tranf- planté dans toute forte de fol ; ce plant trop délicat fe refTentira long-temp* F R E long - temps de cette molle édii- cation. On ne faiiroit faire les femis de trop bonne heure , relativement au pays que l'on habite , fur- tout des graines qui pourriflent dif- ficilement en terre. Elles ne végé- teront que lorlque l'air de l'atmof- phère fera au degré de chaleur con- venable à leur développement. En femant trop tard, on court ri'.que d'ave r une germination trop pré- cip; e. Si on délire une règle in- fa;I:::./i -, que l'on confulte la nature , & que l'on épie le moment où le frêne commence à entrer en fève. Alors hâiez-vous de femer. Un bon labour de huit à dix pouces fuffit , & quelques ferfouiffages pendant les deux premières années. Le point le plus important eft la defîruftion des mauvaifes herbes. Si on trouve l'opération du femis très-longue on peut aller au pied des gros ormeaux , &i dans fon voi- finage, où l'on trouvera une infinité de jeunes pieds venus de graine. Soit que vous les enleviez de ces lieux agrefles ou des pépinières , ménagez le pivot & les racines; je l'ai déjà dit cent fois, &C je le répé- terai auffi fouvent que l'eccafion s'en prcfentera , parce que la grande beauté de l'arbre dépend principalemen.î de ces deux objets. Il en coûtera plus pour l'ouverture des fofles, pour déraciner les fujets, & l'excédent de cette dépenfe fe ré- duira à zéro , fi on le compare à ce qu'il en coûte enfuite pour le remplacement des arbres morts. On ne voit jamais que le moment pré- ùni, Ôi. on ne porte jamais fa vue fur l'avenir. Ou plantez bien , ou ne plantez point du tout. To/Ti£ y. F R E 6j Le 'meilleur temps pour la tr; nf plantation, eft, à inon avis, huit à quinze jours après la chute des feuilles, dans leur ordre naturel, Se non par accident, à moins qu'on veuille b'jifer un terrain aquatique, ou lubmergé pendant Ihiver. Je crois que la glace & l'eau trop abondantes nuiroient à l'arbre. Je ne l'ai pas elîayé. Les tranfplantations tardives mettent dans le cas de crain- dre les fécherefles du printemps , fur-tout dans les provinces méri- dionales; & dans ces provinces les racines - mères pouffent des petits chevelus pendant l'hiver, qui les mettent dans le cas de pomper l'humidité delà terre, & par confé- quent d'avoir plus de fève lors du développement des premiers bour- geons : l'expérience m'a démontré la néceffité des tranfplantations pré- coces. Pendant les deux premières an- nées , après la tranfplantâtlon , laiffez pouffer toutes les branches , fans les retrancher fous prétexte de former la tige de l'arbre. A la troifième année , fupprimez celles qui ont pouffé pendant la première ; à la féconde , celles de la troifième , & ne confervez que celles de la tête; par ce moyen la tige prendra une forte confiftance , elle form;ra une belle tête , & n'aura pas befoin de tuteur , parce qu'elle ne fera pas effilée. La nature a mis un équi- libre entre les branches & les racines. Plus vous retranchez les premières, plus vous appauvriffez les fécondes. Laiffez donc fubfifter les petites branches qui pouffent le long de la tige, jufqu'à ce qu'elle foit forte & que les branches du fommet aient de la confiffance, ce qui ;rr'.ve ordi- I 46 F R E «airenienî, puifqu'il ne faut point étêter les frênes en les replantant. Les mouches cantharides font le plus grand fléau de toutes les efpèccs de frênes, excepté celle du N*'. 4; elles (ont quelquefois en û grand nombre, qu'elles dépouillent l'arbre as toutes fes feuilles, mais elles n'endommagent point le fruit, 6c c'eft prccilément de la graine de ces arbres dépouillés que j'ai femée , & dont j'ai parlé plus haut; mais au milieu de l'été, il eÛ très-défagréable de voir un arbre nu comme au gros de l'hiver. IV. Propr'Uiés économiques. On peut établir des forêts de frêne dans les provinces où le bois eft rare, en garnir la lifière des champs , en faire des avenue». Ses racines ne iont pas pernicieufes comme celles des ormeaux ; elles aiment à s'en- foncer en terre, & non à fiUonner lorfqu'elies trouvent du fond. Si on délire planter cet arbre dans tes boiquets d'agrément, on doit préférer leN^4. Le bois de frêne eft le meilleur de tous les bois pour charronnage, & fur-tout pour les brancards des voitures, comme carrelles, chaifes depolîe , cabnolets. 11 eft également bon pour les roues , les elîieux ; il eft très - utile aux tourneurs. Les branches coupées, ainfi qu'il ell dit au mot SÉTAIL , tonii II , page 224 , font de la plus grande reflburce pen- dant l'hiver, pour tous les animaux d'une ferme. On dit que ce fourrage fec donne un goût défagréabie au beurre ; je ne m'en fuis jamais ap- pjrçu, & cependant je ne nie pas «être alïertion; mais rien n'empêche de le donner aux boeufs ou aux moutons. F R Ê V, Propriétés médicinales. O i retfre- par incifion , du frêne N". 2 , la- manne appelée de Calabn ; l'opéra- tion fera décrite au mot Manne. Les feuilles & l'éconce du fiêne- commun ont une faveur légère-» ment amère , acre & piquante. La- lemenee eft fort aromatique ; le» teiiilîes vulnéraires; la féconde écorcc un diurétique puiifant , fébrifuge; le bois delTiccatif & flyptique ; le fruit & les feuilles font rarement employés. Le fel tiré des cendres de l'écorce eft un tort diurétique. Sa dole pour l'homme . eft , d;ffousdans «ne liqueur' convenable, de])uis cinq grains )uf qu'à' quinze, & pour lesanimaux, à la dofe d'une drachme jufqu'à une drachme & demie. FRÉNÉSIE , MÉDECINE rurale- La frénéfie eft l'inflammation du cerveau , accompagnée d'un délire furieux & continuel, & d'une fièvre continue aiguë. Les fignes qui la font connoî'.re, font le dé'ire une agitation excelfive , une opprefîion fo.te, le ponls petit, fréquent & irrégulier , la fièvre continue. Quel- quefois le pouls tft dur & ferré ^ mais ce n'eft que lorfque l'inflam- mation attaque 'es membranes du cerveau. La puHation des artères- carotides , celle des temporales ^ le malade a l'organe de l'ouie fi fin^ qu'il entend qu Iquefois ce que deux perfonnesfe difent en parlant très-bss^ quoiqu'elles fbient dans l'endroit le plus reculé de la chambre; la langue efl très-feche & très-âpre, quelque- fois elle tû noire ou citrine ^ la Icif ne tourmente prefque jamais cnix qui font attaqués de cette malad e j ik refufent de boire. Leur eip.it n'eu ôffefté que des objets qui F R É Ipouvoient les avoir frappé avant la maladie. Les fymptômes qui peuvent nous faire craindre une frénéfie prochaine , & qui ont coutume de la précéder, font une douleur à la tête, les trop grandes veilles , le fommeil inter- rompu , une rougeur au vifage , & fur-tout aux yeux ; ceux-ci devien- nent par fois troubles, les malades voient tous les objets en rouge; un tintement d'oreilles ; ils reffentent une douleur à l'occiput ; les urines qu'ils rendent font très - chargées ; bientôt après elles deviennent rares & très-limpides ; ils rendent par le .nez quelques gouttes de fang ; la fenfibilité du fyftème nerveux eu portée au dernier degré ; & quoique nous ayons déjà avancé que le pouls ëtoit quelquefois foibte, nous pou- vons affurer avoir obfervé les fou- Jbrefauts des tendons. La frénéfie peut être une maladie eflentielle, tout comme iymptoma- îique. D'après cela elle peut dépendre d'une infinité de caufes ; elle eft fouvent produite par un excès de travail ; par l'ufage immodéré des liqueurs trop échauffantes & trop fpiritueufes. Les partions del'ame très fortes peuvent lui donner naiffance, ainli que la fuppreflion des mois chez les femmes , & le flux hémorroidal chez les hommes : l'expofition à la trop grande ardeur du foleil, fur-tout fil'on y a refléfans chapeau. Elle peut être encore l'effet de violens coups , de fortes contufions faites fur la tête , & de beaucoup d'autres acci- dens qu'on ne peut pas prévoir ; elle peut encore furvenir à des fièvres aiguës, mal traitées, fur-tout fi on a employé mal à propos les faignées, ou un régime acre & échauffant, F R È 67 Mais la caufe prochaine de la frénéfie, eft l'irritation excitée dans les membranes du cerveau par l'en- gorgement du fang , ou par une ma- tière acre & mordicante. Toutes ces caufes agiffent avec plus ou moins d'énergie , félon les difpofitions qu'on a à contrafter cette maladie ; les perfonnes colériques , celles qui fe nowrriffent des alimens falés , épicés & de haut goût , qui ont beaucoup de fang , & qui n'ont pas éprouvé certaines hémorragies auxquelles elles font fujettes , font les plus ex- pofées à cette maladie. Ls frénéfie diffère de la parafrénéfie , en ce que, dans celle-ci les vaiffeaux du dia- phragme font engorgés , & que le «lélire fiibfifte par la fympathie du nerf de la huitième paire. Cette maladie eft très-dangereufe , & très-fouvent funefte; fa terminai- fon eft prompte, & pour l'ordinaire, elle ne va jamais au - delà c^i fep- tième jour, quand elle prend une mauvaife tournure. Les fignes qui préfagent une deftruftion prochaine & même affurée, font une mobilité fingullère dans les yeux , le tremble- ment des mains; on voit les malades chaffer aux mouches , accrocher fans ceffe leurs doigts aux couvertures de leur lit ; on y obferve encore un délire entrecoupé & obfcur ; les queftions qu'ils font , & les raifons qu'ils donnent n'ont aucune fuite ; les urines fe fuppriment , la voix devient rauque , le délire ceffe , à ce ca'me trompeur fuccède l'abolition entière de tous les fens, & enfin la mort. Dans le traitement de la frénéfie , il faut obferver avec attention fi la nature médite quelque évacuation critique, & l'aider, fi elle peut être fdlutaire ; j'ai obfervé que le fluK 68 F R É hémorroïdal eft très -utile dans cette maladie , fi elle ell produite par la fupreffion des hémorroïdes. Le meil- leur moyen pour le provoquer, eft l'application des iangfues à l'anus. On fju tient pendant ce temps-là les forces tla malade. Le remède le pL.s fur pour remplir cette dernière indica- tion eft le camphre, qui peut auffi foutenlr le mode inflammatoire. On doit faire couper les cheveux de la t^ête pour favorifer l'évaporation des humidités luperflues. On doit faire de fréquentes lo- tions fur la tête & la face ; elles procurent, en relâchant, une éva- poration à laquelle fuccède une ef- pèce de froid qui eft avantageux. .Cette pratique eft très-faluîaire dans la frénefie chronique, qui dépend 4l'une féchereffe du fang. Dans la vue d'abattre l'inflamma- tion , on peut appliquer des fomen- tations émoliientes , des épithèmes îafraîchiffans , comme le vinaigre , le nitre ; les animaux récemment éventrés , comme les pigeons , les chats & chiens. Willis dit qu'il ne put guérir une fille frénétique, qu'en F R É Sous ce point de vue , la faignée fera le moyen le plus rpprcprié ; on peut commencer par celle du bras , & enluite par celle du pied; & fi elles font infuffifantes , on les pra- tique dans les endroits qui avoifment le cerveau & la tête ; on or.vre pour lors les veines jugulaires, & même on en vient à l'artérirtcmie : des méde- cins célèbres ont fait ouvrir en même temps la veine préparate, & celle du bras oh du pied , avec quelque fuccès. Mais en général cette prati- que eft pernicieufe , en ce qu'elle produit des fyncopes defquelles il peut réfulter beaucoup de mal, & qui font très-funeftes dans la frénéfie idiopathique. Les pédiluves, les fy- napilmes à la plante des pieds font de puiftans révulfifs de la fluxion à la tête. Il faut donner peu de nourriture au ma'ade dans le commencement de la frénéfie ; les être proportionnés peut en avoir. Il faut encore plus grand repos ; fa chambre doit être éloignée de la rue , û Cfla eft alimers doivent au be(oin qu'il qu'il jouiffe du la plongeant dans la rivière. La. nature poflîble , pour ne pas entendre le peut être déterminée, par la plus lé- moindre bruit, & fur-tout celui des voitures & charrettes, dont la commotion peut beaucoup nuire ; toute compagnie doit lui être interdite , ainfi que to\it objet qui pourroit trop aff;ûer fon ima- gination. L'obfcurité favorife le fommeil , & porte le calme dans fon efpr't trop tendu ; il faut donc éviter qu'il voie le trop grand jour. Il faut encore le calmer d'un autre côté, en ne le contrariant en rien, en fe prêtant à (es goûts , à fes faii- taifies j quelquefois bizarres, On a gère caufe , à procurer la folution de la frénéfie , ou un changement en mieux. On fait prendre intérieurement les tifanes nitrées ; l'eau de poulet, celle de veau, celle de laitue, la ■ décoâion de tamarins , les firops rafriiîchiflans , noyés dans fuffifante quantité d'eau. Les autres indications curatives fe réduilent à diminuer le volume du fang q'ii engor^^e les vaiffeaux du •. cerveau, Ôcà ralentir fon coûts im- pétueux. F R Ê vu !e$ chofes qui paroiiToient les plus contraires à notre fanté, produire les changemens en mieux les plus marqués. Si cependant on n'avoit pas ce que le malade demande , fans le lui retufer poûtivement , on peut le tranquilliler en lui difant qn'on a été chercher ce qu'il défire; il faut en un mot ne rien ncglig'îr pour lui procurer le repos & le diftraire agréablement. Nous ne devons pas pafler fous filence les avantages que l'on retire de l'application des fangrues aux tempes, qui foulagent plutôt le ma- lade que la faignée du bras ; c'eft fans doute en raifon de leur appli- cation fur une partie qui eft plus près de l'organe affeûé. Lorfque la frénéfie dépend d'une lénfibilité extrême , ce que l'on re- connoît aux veilles opiniâtres , &i. à l'état des yeux qui font fixes, il faut avoir recours aux narcotiques , pour détruire cet excès de ienfi- bilité , & prévenir les foibleffes qui procureroient ces infomnies. L'opium, dam ce cas, eft très-bien placé ; mais auffi il faut convenir que, par fon effet échauffant in re- ceju , il peut beaucoup nuire: auffi ne doit-on le donner que dans un cas extrême. Il vaut mieux y fup- pléer par d'autres nacrotiques moins énergiques & toujours plus relatifs au tempérament du malade. Si, au contraire, le tempérament du ma'ade fait juger que la frénéfie charigera en léthargie , on appliquera les vé- ficatoires , & on s'abftiendra des narcotiques. Les effets des véfica- loires font très-nuifibles dans Li fré- néfie où l'affedion dominante |eft dans le cerveau , parce que ce der- nier eft celui d«s vifcères, après les F R O 6^ reins , qui fe reffent le plus de l'im- pre-Tion des cantharides. On fera prendre au malade des lavemens émollicns avant l'état de la maladie, Lorfque l'inflammation que pro- duit la frénéfie, eft complette , les émétiques 3c les purgatifs forts y font dangereux ; & quand c'eft la bile en turgefcence, qui caufe fym- pathiquement la frénéfie , il n'y au- roit point d'inconvénient à l'évacuer prompteaient , mais, comme ce dia- gnoftic eft très-difiicile, il eft plus fur de n'employer que l'huile d'amande douce. M. AME. FRICHE, terre qui n'eft point cultivée, & qui pourroit l'ctre. On appelle tarain en frich; , celui oui n eft pas cultivé. Voye?^ la Déclaration du Roi rapportée au mot défrichement. (Foye^les mots Commune, Com- munaux) Que de terres en friches dans le royaume! Si on défire les mettre en valeur, on doit confulter le mot DÉFRICHEMENT, LaBOUR , Terre. FRISÉE, Botanique. Lorfque le limbe d'une feuille eft plus large que fon di!que , il faut néceffaircmenî que ce bord faffe plufieurs plis, plu- fieurs inflexions en divers féns , & comme des ondes. On a défigné cette forme qui ne pafle que pour être que des variétés fous le nom de friféc. Telle eft la feuille de la mauve fnfée. (^Voyei Fe-UILLe) m. M. FRITILLAIRE. (Foye^CouRONî^. impériale) FROID, Physique, Economif. ANIMALE & VÉGiXALE, Le mOv 70 F R O de froid eft pris fous deux accep- tions différentes , &C qui méritent toutes l^s deux une férieufe atten- tion. Nous entendons par ce mot, l'état accidentel de la matière &c des corps , qui excite en nous la fenfation du froid , ou nous voulons parler de cette fenfation , de ce fenriment que nous éprouvons à l'approche d'un corps froid. Nous verrons que cette fenfation n'eft que relative , & nous en donnerons quelques détails après que nous aurons confidéré le froid dans les corps & hors de nous. Qu'eft-ce donc que le froid? Eft- ce un être phyfique comme la cha- leur, ^ou n'eft-ce que fa négation, fa privation ? Il eu peu de points de phyfique auffi importans , & qui aient paru auïïi difficiles à réfoudre. Tant qu'on a voulu raifonner du froid, abftraûion faite de fes idées, on s'eft perdu en cônjeftures, on a bâti des fyflèmes & des hypothèfes qui fe font évanouis tour à tour au flambeau de la vérité & de l'expé- rience. Pour ne pas tomber dans les mêmes défauts & nous égarer dans notre route, nous allons examiner fes effets généraux ; d'après leurs confi- dérations nous tâcherons de connoître fa-nature. Plan du travail fur h mot FroID. Section Première. Froid confiiéeé phyfi- tjuemcnt, §. I. Effets gcnéraux du Froid. ■§. II. Du Froid naturel ou atmojphériquc. §. m. Du F-eid artificiel. Sect. II. F'oid conjîdéré par rapport à Vicorto-' mie animale. S. I. Cau/es externes du Froid animal. ^. II. Caufes internes du Froid animal. G^. III. Effet du Froid fur l'économie animale, Sect. IU. Froid confidéripar rapport à téco- nomie végétale. F R O Section première. Froid confidiri phyjiquemcnt. §. I. Effets généraux du froid. Comme les effets du froid font entiè- rement oppofés à ceux de la chaleur & du/Iv/, on peut confulter ces dtux articles. En général, tous les corps font dilatés parla chaleur, le froid, au contraire , les condenfe , il les rend plus compaftes , & par confé- quent plusfpécifiquement plus pefans. Plus le froid efl vif, plus le degré de condenfation eft grand. Les corps les plus durs, comme les métaux & les pierres , font foumis à cette loi. L'eau & les liqueurs y obéiffehtauffijufqu'au moment qui précède leur congélation; mais en fe gelant 6c lorfqu'elles font gelées, elles femblent s'éloigner de la règle commune , puifqu'elles fe dilatent fenfiblement , & diminuent de pefanteur fpécifique; c'eft pour cette raifon que la glace fumage l'eau dans laquelle elle s'eft formée. Les huiles, les graiffes , la cire, les métaux même en fufion , excepté le fer, luivant M. de Réaumur, rendus fluides par l'afîion du feu , fe con- denfentà mefure qu'ils ferefroidlffent; le froid devient un efpèce de lien pour certains corps, il leur donne de la fermeté & de la confiftance : s'il aug- mente la folidité des corps durs, il diminue la fluidité des liquides , & il les rend même prefque tous fohdes. Tels font les eff^^ts généraux du froid; il en produit de moindres, mais qui dérivent des principaux, & qui dé- pendent & de fon intenfité, & des di- verfes circonftances. D'après tous ces effets , il f ft affez naturel de conclure que le froid F R O n'cû qu'ime diniinutio:i fia la clia- ieiir , &c que le froid ahroUi leroit fa privaàoii totale, la tiégation du feu & de là ch.ileur. Cette explica- tion efl infiniment plus îin>ple , plus naturelle, 6c refont mieux tous les phénomènes que tous les fyftemes que l'on a imaginée , dans lefqnels on a confidéré le froid comme un être phyfique & particulier, & dans ceux - mêmes où on a regardé le froid comme une propriété de cer- tains corp'.ifcules frigorifiques abfo- lument différens par leur nature & leur configuration, des molécules ignées qui, dans ces fyftèmcsjtetoient les principes de la chaleur. Tout s'expliquant de (oi-même dans la théorie que nous avons aJopiée, nous allons parler des caufes qui opèrent le refroidiffemcnt des corps, ou , ce qui eft la même chofe , qui en diminue la chaleur. Ces caufes font très-multipliéïs; les unes purement naturelles agiffent d'elles-mêmes & en certaines circonfta ices , & les autres attendentpour avoir leur effet, qu'elles fcie it mifes en adion par l'induftrie humaine , comme pour la chaleur. De- là deux divifions du froid, le froid naturel 6c le f oid ari.ficiel. §. IL Die froiJ n^tturel ou atmof- phé-que. '^a cna'eur naturelle, comme nous l'avons dénontré au mot Cha- leur ^éX3nt produite par les rayons du fo'^iljtout ceqifi pourra diminuer ou ariêier leur adtion , contribuera à donner du froid. Il s'agit ici du froid atmofphérique qui fe communique plus ou moins à t )us !■ s corps. Trois grandts cauies paroiffent y influer principalement; la fjruation particu- lière des lieux, la na-ure du t rrain, ré'Cvtua;ion des lieux. Tous les pays pU.ccs au mime decré de lati- tude devroient avoir !a niême uem- pérjture , puiiqu'ils font également éloignés des pôics ; mais il s'en faut de beaucoup que cela foit exact, & très- fouvent deux régions voifines dif- férent efrentiellement par la tempé- rature, & l'une ell^ plus froide que l'autre. I! n'en faut pas chercher d'au- tres caufes que fon élévation & fa pûfition. (/^ové'^ le Chapitre troifieme du mot AoRicuLiURE, Tome I , page 182). Puis le terrain eft élevé, plus le froid qu'on y éprouve eft confidé- rable. A m^iur? qu'on s'éioigne de la lurface de la terie, les couches de l'atmofphère perdent de leur chaleur, parce qu'elles deviennent plus rares &p!us'£gères.(K)>'^^ Atmosphère) Ces couches étant plus rares , les rayonsdufoleil y éprouvent moins de fro:t?m>?at , 6c iicquicrent moins de- chaleur. C'efl In caufe principale de la froidure qui règne perpétuellement fur les hautes montagnes , 6: d'après ces principes, il n'eït pas étonnant que les fommets des montagnes du Pérou, quoique placées fous i'équa- teur, (oient perpétuellemen-tcouvertes. de neige & de g'ace. Dep;i«, dans les pays de montagnes, le foleil n'é- claire chacune des taces d'une monta- gne que pendant peu d'heures , & fes rayons font prefque toujours reçus, tort obliquement fous ces. différentes faces ; tout le côté de la montagne expcvfe au nord ou au levant ,.eft fou- joirs plus froid que celui qui regarde- le n->idi ou le couchant. Les pays fitués vers le milieu des grands continens, f nt en général p'iis éevés que c->ux qui i'ont plusvoifins de la mer, aufii fait-il plus froiddans les premi Tique dans les demierSjtoutescHolés égales d'aiîlçurs. 72 F R O z°. Nature du terrain & dts exka- laljons. Tous les pays qui font abon- dans en falpêtre 6£ en l'el ammoniac naturel, fontfujets \ des froids fubiis , même dans les faifons chaudes. Le foieil & la chaleur de l'atmofphère failant évaporer tout ce qui fe trouve à la lurface de la terre, les molécules felines s'élevant ÔC fe mêlant avec l'humiditc qui eft diffoute dans l'air , le refroidiflent iubitement. Ces acci- dens font en général affez rares , ainfi que les contrées qui (ont imprégnées de ces fels. Un terrain froid , c'eft-à- dire habituellement humide, commu- nique en partie (a température à l'air. On éprouve cette différence fenfible- tnent , lorfque l'on paffe d'un terrain léger & lablonneux , à un terrain marécageux. Nous avons vu au mot Chaleur que la terre jouiffoit d'un certain degré de chaleur qu'elle devoit à l'aftion des rayons du foteil. Cette chaleur faifant continuellement effort pour s'exhaler au dehors , entraîne avec elle néceflairement des vapeurs qui participent de fa température. Ces vapeurs font donc plus ou moins chaudes , & en plus ou moins grande quantité elles afîl;ûent l'atmofphère , & l'on conçoit facilement que cette quantité doit varier fulvant les difTé- rens changemens qui arrivent dans l'intérieur même de la terre ; que fi quelques circonftances viennent à les fupprimer , la température varie, la chaleur diminue, 6c le froid augmente. 3°. De toutes les caufes pro- chaines qui affeâent l'air & le rendent froid , celle qui a , fans contredit l'in- fluence la plus marquée eft les vents. Le vent n'étant que l'air en mouve- neat, & tranfporté d'un endroit à F R O un autre , doit néceflairement parti- ciper de la température des lieux d'où il vient ; ainfi , s'il a traverfé des régions plus froides que celle oii il arrive, il lui communique une par- tie de fon froid. Le vent du nord 6c celui du levant font froids aflêz gé- néralement pour la France ; la la.lon en eft fimple ; celui du nord vient des régions boréales, beaucoup plus froides que celles où fa diieftion le porte , & le vent d'orient paflant par-deffus les Alpes, dont les lom- mets font perpétuellement couverts de neige &C de glace , fe reftoidit , &c n'a pas le temps de changer de tempé- rature avant que de venir jufqu'à nous. On remarque fouvent en hiver, que lorfque le vent paffe fubite- ment du fud au nord , un froid vif Sc piquant fuccède tout à coup à une affez douce température ; voici pourquoi : quand le vent du fud règne en hiver, l'air efl: plus échauffé par ce vent , qu'il ne le leroit par l'aftion feule des rayons du foleil ; cepen- dant la chaleur , dans ces circonf- tances, efl encore affez foible , puif- que dans les provinces méridionales de la France, le vent étant au fud dans les mois de décembre , de jan- vier, & de février, le thermomètre de Réaumur ne s'élève guère le matin qu'à fix ou fept degrés au-deffus de la congélation, & l'après midi à dix ou onze degrés. La feule privation du vent du fud doit donc caufer, dans l'atmofphère , un refroidiffe- ment, qui lans être fort confidérable, ira bientôt juiqu'à un terme fort approchant du terme de la glace dans des pays qui ne font pas extrême- ment troids ; ajoutez encore que le vent du nord augmente le refroidif- fement , & nous verrons clairement pourquoi F R O (pourquoi le froid eft déjà aflez vif lorfqu'à peine le vent du nord a com- mencé à fouffler. Un des principaux effets des vents fecs & froids , eft de hâter l'évapo- ration , àc l'évaporation produit du froid , comme l'ont prouvé un grand nombre d'expériences. Des obfervations exaftes ont ap- pris que le plus grand froid , en gé- néral, fe faifoit fentir chaque jour, environ une demi-heure après le le- ver du foleil. La chaleur imprimée à un corps ne fe confervant que quel- xjue temps , la terre & l'air fe refroi- diffent depuis trois ou quatre heures après midi jufqu'au foir , & plus en- core pendant la nuit ; ce refroidiffe- ment doit continuer même après le lever du foleil jufqu'à ce que cet aflre dont l'aAion eft très-foible à l'hori- zon , ait acquis , par fon élévation , afTez de force pour communiquer à l'air & à la terre plus de chaleur qu'ils n'en perdent par la caufe qui tend toujours à les refroidir. Or , c'cft ce qui n'arrive qu'au bout d'une demi-heure , ou environ , la hauteur du foleil commençant alors à être un peu confidérable. Au refte , les vents , fur - tout , peuvent caufer d'affez grandes irrégularités. On a vu quelquefois, mais rarement, le froid de l'après midi furpalTer celui de la matinée ; ce qui venoit d'un vent qui s'étoit élevé vers le milieu du jour. Telles font les principales caufes qni influent naturellement le plus fur le refroidiflement de l'atmofphère , & qui diminuent fa chaleur. On a trouvé plufieurs moyens de les imi- ter , & de produire un froid artifi- ciel. Quoiqu'ils foient un peu étran- ers au plan général que nous avons gdopté dans cet ouvrage , cependant , Tome f^^ F R O 7j comme quelquefois on pourroit de- firer de produire quelques degrés de froid , nous allons en donner les prin* cipaux moyens. §. m. I)u froid artificiel. Le plus fimpîe de tous les moyens eft l'appli- cation d'un corps plus froid ou moins chaud que celui que l'on veut re- froidir ; on en fent facilement la raifon , d'après la loi de la propaga- tion de la chaleur. ( yoye\ ce mot ) C'eft ainfi que pour rafraîchir du vin , de l'eau , ou d'autres liqueurs, on les met dans de la glace ou de la neige, ou même de l'eau plus froide que la température afluelle de l'air. Comme le mélange intime de cer- taines fubftances fluides ou foiides produit de la chaleur , ainfi celui de certaines fubftances produit le froid. Si on jette dans une fuffifante quan- tité d'eau un fel , comme l'alcali vo- latil concret , du nitre , du vitriol , du fel marin , du fel ammoniac ; ces fels , en fe diflTolvant dans l'eau , la refroidiront au-delà même du degré ordinaire de la congélation , fi la froidure de cette eau en approchoit déjà. Le fel ammoniac eft le plus efficace de tou,s les fels ; une livre jetée dans trois ou quatre pintes d'eau , fait defcendre la liqueur du thermomètre de Réaumur , de 4 , 5 , ou 6 degrés, plus ou moins , félon le degré de froid que l'eau avoit déjà. L'effet de ces fels eft plus énergique fi on les mêle avec de la neige ou de la glace pilée , le froid eft infiniment plus confidérable. La manière fi con-; nue de faire geler des liqueurs en été, malgré le chaud de la faifon , eft ame fuite de cette propriété des fels mêlés avec la glace. Deux parties de fel marin mêlées avec trois parties de glace pilée , font defcendre , dans le,« 74 F R O jours les plus chauds , la liqueur du ihermomètre de Réaumur à quinze degrés au-deflbus de la congélation ; le fel ammoniac ne donne que treize degrés de froid, le falpêtre que onze ; mais la potafTe , qui eÛ lui fel alcali , eu donne jufqu'à dix-fept Si dix- huil. .Toutes les liqueurs , foit fpiri- tueufes , foit addes , verfées fur de îa glace pilée , produifent encore des- degrés de froid plus confidérables. L'acide marin & l'acide nitreux font les deux- liqueurs qui occafionnent le plus grand froid , fur-tout le der- nier ; û , refroidi jufqu'au degré de congélation , on le verfe fur de la glace pilée , le thermomètre qui eft plongé dans le mélange , defcendra avec vîteffe jufqu'au dix -neuvième degré ; en refroidiflant l'acide & la glace à ce point , il defcendra juf- qu'à vingt- cinq , & Fahrenheit , avec une préparation femblable , eft par- venu à le faire defcendre jufqu'au trente-deuxième.. On voit que rien n'eft plus facile que de produire même un très-grand degré de froid artificiel ; mais ce froid n'exifte que dans le vafe où on le produit. Il refroidit jufqu'à ime petite diftance tout l'air qui l'environne ; & il ne fubfifte pas très-long-temps. La durée néceffaire pour que le mélange ait repris la température de l'aîmofphère , eft auffi celle de fa durée ; il faut donc en profiter tout de fuite , fi on la produit dans le deffein d'en tirer - parti. Section IL Froid coTj/îdéfi par rapport à téconomit animale. Nous avons confidéré jufqu'à pré- F R O fent le froid , comme ifolé de nousv & Amplement dans les corps qui nous environnent ; il va nous occu- per maintenant , comme diminution de notre chaleur propre & fenfa- tion de l'ame ; & dans ce fens , le froid eft une modification des. corps qui altère le degré de la cha-- leur vitale , lorfqu'ils nous affeftent- par une mefure de chaleur moindre que celle de la nôtre. Ainfi , tous le*- corps qui nous toucheront & qui fe- ront au-deflbus de notre chaleur pro- pre, nous paroîtront froids. S'ils nous- touchent long-temps , une partie dfe notr^ chaleur nous quittera pour fe porter fur eux , & nous en perdronS- autant que nous leur en communi- querons , julqu'à ce que l'équilibre loit établi. Il ne faut pas croire, pour cela, que ces corps acquièrent; exac- tement le degré de chaleur égal à celui qui nous anime intérieure- ment ; ce n'eft pas ce que nous vou- lons dire : notre chaleur intérieure furpaflfe de beaucoup l'extérieure ,. parce que cette dernière eft diminuée fans cefle par le contaft de l'air am- biant toujours plus froid.. C'eft le degré de cette chaleur extérieure- que les corps contraftent en nous touchant. Comme tous les hommes ne jouifl^ent pas exaftement du même degré de chaleur intérieure , la fen- fation que nous éprouvons par l'im— preftion d'un corps froid , n'eft pas la même pour tous. Bien plus , le même homme peut juger diflFérem- ment d'un corps , ayant confta.- »• ment de la même température , fi les organes affeftés par ce corps , font différemment difpoiés , qu'on expofe en hiver une main à l'air j jufqu'à ce qu'elle foit froide j qu'oji /: ®i m*-- i--. 1 ""■ ». r/ rr ^2 Seller Saûv F R O cîiauffe l'autre main au feu ou dans fon fein , & qu'on ait à côté de foi un vafe rempli d'eau tiède, aulîi- tôt qu'on plongera la main chaude dans l'eau , on la trouvera froide refpeftivement au degré de chaleur qu'on fent dans cette main ; plongez , après cela , la main froide dans la même eau , vous la trouverez chau- de , parce qu'elle a en effet plus de chaleur que cette main n'en fentoit avant d'être plongée. L'eau n'a pas changé de température , c'eft la dif- férence de celle des deux mains , qui la fait trouver froide ou chaude. La même raifon eft caufe de la dif- férence que nous trouvons dans une ■cave ( voye{^ ce mot ) en été & en hiver; une cave, en général, conferve le même degré d*e chaleur dans tou- tes faifons , & le thermomètre s'y foutient toute l'année au dixième degré. Si nous y defcendons l'hiver , î'atmoiphère étant à o ou au-def- fons , nous la trouverons néceffai- remeat chaude , parce nous paffons d'un air plus froid à un plus chaud. Au contraire, dans l'été ,que l'air a quinze ou vingt degrés de chaleur , la cave nous paroîtra très- froide , parce que fa température fera bien au-deffous de celle de l'at- mofphère dans laquelle nous étions auparavant. La fenfation du froid eft donc re- lative à l'état préfent de nos orga- nes , & c'eft à leur chaleur aduelle & à leur plus ou moins de délicatefle, qu'il faut attribuer les différentes fenfations que les corps qui nous touchent nous font éprouver. L'ac- tion toujours agiffante de la chaleur intérieure qui fe renouvelle fans ceffe dans l'état de fanté , oppofe tm effort continuel à la diminution FRO n ou à l'introduftion du froid qui arrcteroit infailliblement le cours de la vie en fuîpendant celui des li- queurs. Deux caufesjles unes externes & les autres internes , luttent à chaque inftant contre la chaleur viîale, & tendent , à la détruire & à produire ce que nous nommerons ici le froid animal. §. L Caufes externes du froid ani- mal. La principale caufe externe, celle à laquelle fe rapportent toutes les autres , eft le froid de l'atmofphère. Quoique le froid foit relatif, nous regardons comme fon premier degré, celui de la température des caves au dixième degré de Réaumur , où l'eau eft également éloignée d'être con- vertie en glace & de devenir tiède, & nous fuppoferons que tous les degrés au - deffous font degrés de froid. Tant que la chaleur de l'atmof- phère n'eft pas diminuée jufqu'à ce degré moyen, quoique moins con- fidérable que celle du corps humain en état de fanté , ft elle vient à baiffer infenfiblement jufqu'à ce de- gré , on ne s'en apperçoit pas beau- coup & l'on n'en eft pas beaucoup affedé, parce que la chaleur vitale n'éprouve prefqu'aucun changement. Il faut une différence bien marquée pour que nous nous en appercevions parce que , comme nous le verrons plus bas, la chaleur intérieure aug- mente en proportion que l'extérieure diminue , & cette augmentation fe feit en raifon de celle du refferre- ment que le froid caufe à la furface du corps. L'application de l'eau ou de tout autre corps qui eft moins chaud que notre propre corps, produit nécef- fairemcnt ea nous des ienlàtions qui K 2 76 F R O *fFeâent plus ou moins l'économie animale; ces fenfations font des conf- triftions , des refferremens , non-feu- lement dans les vaifTeaiix de la partie ainfi affe61ée , & même de toute 1 étendue de la peau , mais encore dans l'intérieur , dans les vifcères d'où peuvent naître les mêmes vices qui font les fuites des impreffions immédiates du froid. §. II. Caufcs internes du froid ani- mal. Nous avons vu au mot chaleur que la circulation du fang , le mou- vement du cœur , le développement du phlogiflique que !e fang contient étoient les caufes produftives de la chaleur animale : tout ce qui pourra s'oppofer à fes effets , occafionnera le froid animal. Ainfi les obftacles à l'adion du cœur & des vaiffeaux fan- guins , la circulation du fang ralentie par fon épaiflHTement , la rareté du phlogiftique , la trop grande confif- tance des humeurs qui s'oppofent à leurs cours , leur volume trop dimi- nué par de grandes évacuations, les hémorragies , fur-tout , qui laiflent échapper trop confidérablement la partie rouge du fang & le nombre de fes globules, tout ce qui empêche la diftribution exad^e du fluide ner- veux , & en conféquence le mouve- ment des organes vitaux , même de ceux qui font fournis à la volonté , comme dans les parties paralyfées qui font toujours froides; enfin, tour ce qui peut diminuer ou fufpendre l'a- gitatiorï & le frottement de la partie ëlaftique de nos humeurs entr'elles te contre les vaiffeaux qui les con- tiennent ; telles font les caufes internes principales du froid que nous éprou- vons & qui eft toujours un premier ^egréde maladie. Ces différentes cavfes internes font F K O certaines & fréquentes ; il en eft ce- pendant quelques autres d'une natare différente , qui prodiiifent des fenfa* tions de froid très-marquéas & fou- vent très-vives , fans qu'il y ait au- cune diminution d'agitation dans les folides & les fluides ; au contraire ,. même fouvent avec des mouvement violens dans les principaux organes de la circulation du fang, du cours des humeurs avec toutes les difpo- fitions néceffaires pourla confervatiori de leur fluidité. Il arrive alors quel- quefois , que les parties ûipérieures du corps font brûlantes, tandis que ks inférieures font glacées; qu'un côté du corps eft refroidi, pendant que l'on fent beaucoup d'ardeur dans, le côté oppofé ; qu'on éprouve une efpèce d'air froid fe répandant fur- un membre, comme par un mou- vement progreffif, tandis que l'on- eft fatigué de bouffées de chaleur ,. qu'il fe fait des tranfports d'humeurs ;^ des engorgemens dans d'autres par- ties avec les fymptômes les plus vio- lens. On ne peut attribuer la caufe de femblables phénomènes, qu'à l'aftion des nerfs, qui, par l'effet d'un. cours irrégulier des efprits animaux , font tendus & refferrent les- vaiffeaux dans quelques parties. Les humeurs devenues furabondantes par la conf- tridion des vaiffeaux , font comme repouffées dans d'autres parties qui. n'oppofent pointderéfiftance extraor- dinaire où elles font portées aveG beaucoup d'agitation; tandis que leiie courfe eft prefqu'arrêtée dans les vaif- feaux refferrés. Il s'établit alors dana ceux-ci, une difpofition telle qu'elle- peut être produite par le froid ex- terne , & faire éprouver à l'ame une fenfation abfolument analogue. C'eft encore à l'aftion des acjf? F R O tefferfans plus ou moins les vaîfleaux capillaires, & occafionnant par con- féquent une dillribution irrégulière du fluide nerveux dans toute l'habi- tude du corps & dans les organes du mouvement , qu'il faut attribuer ce froid fubit répandu par-tout le corps avec pâleur , frilTon , tremblement dans les membres, fueur, froide ôic. qui faififfent quelquefois tout d'un coup des perfonnes qui ont toute ieur chaleur naturelle, comme il ar- rive dans les violentes pafïïons de l'ame. §. m. Effits Ju froid fur C écono- mie animale. Tant que le froid atmof- phcrique n'efl; pas confidérabîe, il ne fait éprouver au corps qu'une fenfa- tion légère de conflrittion , & de refferrement dans les parties affeâées; mais fi le froid augmente au point que cette conftridtion & de refl'erre- jnent dans les parties affeftées ; mais il le froid augmente au point que cette conftriftion puiffe former réfif- tance au cours des fluides , il s'en- fuit des effets très-nuifibles à l'exer- cice des fondions néceffaires à la Canté , &i. même quelquefois à la vie. Le cours des humeurs eft d'abord confidérableraent ralenti , & s'arrête même totalement dans les parties les plusexpofées à l'impreflîon du froid & dans lefquelles la force impulfive efl: plus affoiblie à caufe de l'éloi- gnement du cœur : ainfi la furface du corps en général , & particuliè- rement les extrémités, les pieds, les mains , le nez , les oreilles, les lè- vres , font les parties les plus fufcep- tibles d'être affeflées par le froid. La peau fe fronce , fe refl"erre fur les parties qu'elles enveloppe immédia- tement ; elle comprime de tous côtés les bulbes des poils; elle rend ainfi ces F R O 77 bulbes faillantcs ; elle rcfle foulevée fous la forme de petits boutons dans les portions qui les recouvrenr , comparées à celles il^s interftices de ces bulbes. On donne commu- nément à cet état de la peau le nom de chair de poule ; la peau devient enluite fèche & roide , parce que fes pores étant reflTerrés , ne per- mettent point à la matière de la tranfpiration infenfible de fe répan- dre dans fa fubflance pour l'humefter , l'afibuplir ,&:que les vaifl~eaux cuta- nés, ne recevant prefque point de fluide, elle perd la flexibilité qui en dépend. Si le froid augmente , & que l'on continue à être expofé â fa rigueur , les ongles deviennent de couleur livide , noirâtre , à caufè de rembarras dans le cours du fang des vaiffeaux qu'ils recouvrent; c'elt par cette même raifon que les lèvres , & différentes parties dé- liées de la peau , paroifTent vio- lettes , attendu que les vaiffeaux fanguins y font plus nombreux & plus fuperficiels. Tout le reffe des tégumens eft extrêmement pâle , parce que le refferrement des vaif- feaux cutanés empêche le fang d'y parvenir. Le fentiment & le mouve- ment s'engourdiffent infenfibiement dans le vilage, dans les pieds & dans les mains ; parce que la conflruflion des folides, pénétrant jufqu'aux nerfs & aux mufcles, gêne le cours des efprits animaux, & empêche le jeu des fibres charnues. Les mouveniens mufculaires, qui fervent à la refpi- ratioa , fe font difficilement par la même caufe ; ce qui contribue à l'oppreffion qifC donne le froid. Le premier engourdiffement gé- néral extérieur paffe infenfibiement de proche en proche à l'iniérievir, 78 F R O Le refferrement de tous les vaiffeaux commence à avoir lieu, & tbrme un obftacle au cours des humeurs ; les humeurs elles mêmes, en fe coa- gulant , deviennent plus épaiffes,& par conféquent moins propres à la circulation. La circulation interrom- pue, la diffolution s'établit bientôt au fein de la torpeur, & avec elle, la mort, fous l'apparence d'un doux ibmmeil, vient terminer une vie , que le malheureux qui la perd voit s'évanouir prefque fans douleur. En effet , on a touiours remarqué que içéux qui périffoient par le troid , eprôuvoient une efpèce de fom- fneil & de léthargie, dans lefquels ils tnouroient. La nature a fourni à tous les anl- îtîaux un pouvoir puiflant, qui les met en état de réfifter jufqu'à un certain point aux atteintes du froid; c'eft la force avec laquelle ils peu- vent produire différens degrés de chaleur , qui , palTant de l'intérieur à l'extérieur , du centre à la circon- férence , rétablit pendant quelque temps l'équilibre que le froid tend à détruire. Mais d'après tout ce que nous avons dit, on fent facilement que cette force a des bornes, qu'elle "s'épuife néceffairement, & par l'afte même qui la met en jeu. Comme lesanimaira, fans fouftraire l'homme de cette clafle, jouiflTent de ce pou- voir, à différens degrés, il n'eft pas étonnant que tous réfiftent au froid plus ou moins. Les animaux, dont la chaleur furpafle à peine la tempé- rature de l'atmofphère , comme les ferpens, les grenouilles, ne peuvent fupporter de grands froids ; leur cha- leur naturelle &renaiflanteefl: bientôt éteinte ; au lieu que ceux dont le degré de cinaleur efl: très-confidé- F R O rable,font en état de lutter davatt« tage ; le feu qui circule dans leurs veines fubfifle long-temps, & il s'ani- me de plus en plus, à mefure que le froid veut le détruire, jufqu'à ce que l'aliment qui le nourrit & le foutient foit totalement épuifé. ( ^oyei le mot Chaleur ) Section II L Du froid Cinjldiré par rapport à fcca^, nomit végétale. Le froid paroît agir différemment fur les individus du règne végétal. Les plantes & les arbres ne font pas également viftimes de fes rigueurs , & il en el^ un très-grand nombre qui réiîrtent aux froids les plus rigoureux & les plus long-temps continués. II n'y a prefque que les plantes tendres qui périffent du froid, encore faut- il convenir que ce ne font que les annuelles ; car les bifannuelles & les vivaccs femblent défier les frimats. Si elles perdent quelques feuilles & quelques branches , le tronc & la tige reftent intaâs , la végétation fe fou- tient , & les bourgeons répandus çà & là, femblent n'attendre que la douce influence de la première cha- leur du printemps pour fe développer & s'épanouir. Les animaux périffentà un degré de froid bien inférieur k celui qui cft néceffaire pour faire périr un arbre. Quand le froid l'af- fefte enfin au point de le faire fendre, cette fente n'ert qu'une maladie locale, la végétation n'eft qu'une maladie locale, la végétation n'en continue pas moins fes effets. On a vu , à la vérité, dans certaines années , des efpèces entières d'arbres périr par les gelées, comme il eft arrivé au.\ figuiers , aux PI Vn Ru7 . -,; /(<>. 2 Fij.f. lùj -i3 Fu, Flj i-f ^F Fu7 Fi^ 'f Fuf- jo /i,. F^. 4. -FU7 M S. /;.' C-. Fu? 3. Fw r F. Fia lô ■ i F R O «(rangers dans certains hivers; la ri- gueur du froid a été plutôt caufe de ieiir mort que fa longueur , & il fcur eu arrivé ce qui leur arriveroit néceffaircment fi on les tranfplantoit i F R O blanc, dont une partie rentre fur elle-même , de forte qu'elle s'engage à volonté dans la fefcelh. Cette lame circulaire a quatre pouces & demi de largeur; La guirlande eu. une por- tion de cône évidé , qui a deux pouces trois quarts de largeur fur fept pouces du jjêtit diamètre fupérieur , & huit pouces & demi de diamètre infé- rieur. Il faut obferver que ces di- menfions ne font pas confiantes , & qu'elles changent , fuivant la grol- feur des fromages ; mais celles - ci font les plus communes , ôc elles va- rient peu. Le vacher prend un gâteau de tomme , & en coupe un morceau qu'il pétrit dans la fefcelle. Après y avoir jeté une poignée de iel , if achève de remplir la capacité de la ièfcelle de la tomme pétrie , falée & réduite en pâte , qu'il comprime le pluse.xaftement qu'il peut. Enluite il engage dans la fefcelle le bord in- fërieur de la feuille , & remplit cette feuille, avec le même foin, de tomme pétrie & falée. Il place enfin deflus la guirlande qui maintient la teuille , parce qu'elle entre dans la guirlande de la largeur d'un pouce ; il la rem- plit jufqu'au bord de la pâte du cail- lé. On voit , dans la {Fig 14. A. ) les pièces du moule en fituation. Le va- cher recouvre le tout d'un morceau de toile , & iranfporte le fromage avec fon moule fous uneprefie. ( Fig. .48. ) Cette prefîe eft compofée d'une table foutenue fur quatre pieds; une rigole circulaire environne l'endroit où fe place le fromage ( Fig. iJ ) ; ime planche , chargée de grofîes pierres , eft établie fur deux mon- tans placés à une extrémité ; on la foulèye de l'autre > 6c on l'arrête F R O par le moyen d'une cheville qui fe place dans les trous d'un trolfième montant fixé à l'antre extrémité. ( FIg. iG) On met le fromage dans le milieu de la table ; on abaifle defliis la planche fupérieure chargée de pierre , en ôtant la cheville. Le fromage fe relTerre & fe comprime par le rapprochement de la fefcelle & de la^ guirlande qui entrent dans la feuille. {Fig. 14 B) Le petit laif s'écoule par les cinq trous de la feU celle , &c par les Intervalles des trois pièces. On garde ce petit lait ; &C comme il a diiTous une certaine quan- tité de fel , il fert à humefter la fur- face des fromages qu'on garde à la cave. Le fromage refle fous preffe peu» dant vingt-quatre heures environ^, on le retourne enfulte dans le moule ,. & on l'y laiffe encore quelque temps fous preffe. On l'en retire pour le: mettre fécher fur une planche à côté: de la cheminée , afin qu'il puiffe prendre un fupplément de fel. Alors on le tranfporte dans la laiterie ou. dans une cave, & on a foin de l'hu— mefter avec le petit lait chargé de fel , dont j'ai parlé , lorfqu'on s'ap- perçoit que h furtace eft sèche : car,, comme le fel marin efl déliqueicent „ lorfqu'il a pénétré en quantité (uffi- fante la mafle du fromage , il fe- montre à la furface par une légère- humidité. Ainfi l'état de fécherefle. indique qu'il n'a pas eu affez de ieL On retourne les fromages tous les.' jours , en les effuyant avec la main ^ & , au bout de cinq mois de cave ^ ils font faits. On bat la crème qui s'eft féparée du petit lait , comme je l'ai dit , dans- un vaiffeau conique , ( Fig 6", B ) avec ua bâton armé de deux planciies ei^ F R O croix , ( Fig ly ) ou d'une feule planche percée de trous en croiflkns. ( Fig. j ) Dès que le beurre eft fé- pnré , on foutire le petit lait ; on le met bouillir , & l'on dégage par l'ébuUition feule le fromage fecon- daire , fans le fecours d'un acide. ( Fig. ;^ ) La partie caféeufe paroît moins adhérente au petit lait après l'extraftion de la partie butireufe : on met ce fromage fecondaire dans une ferviette qu'on tient fufpendue aux folives de la cabane. IV. Fromage appelé dî Brejfi. Le procédé de ce fromage peut être mis en pratique dans tous les cantons , principalement lorfqu'on n'eft pas dans le cas d'en faire une grande quantité. On prend dix à douze pintes de bon lait : après l'avoir coulé , on le met fur le feu dans une chaudière , où on le laifle acquérir affez de chaleur pour pouvoir à peine y tenir le bras nu. On y met enfuite une once de bon fromage détrempé dans un ou deux verres d'eau, dans laquelle on a délayé afléz de fafran pour donner une belle cou- leur au caillé , &C de-Ià au fromage. Lorfque le lait qu'on a mis dans la chaudière efl fuffifamment chaud , on brife le fromage avec un bâton bicanet , afin que la partie la plus ondueufe aille, au fond de la chau- dière , & fe mêle enfuite. Cette opé- ration faite , il s'agit de bien laver fes bras , & de pétrir la pâte de ce fromage, en la tournant & la retour- nant , jufqu'à ce qu'elle foit partout également échauffée , & qu'elle ait acquis une confiftance un peu ferme. On tire alors ce fromage de la chau- dière ; on le met fur un linge blanc , & par-deffus un poids , afin qu'il ibit dans le cas de biea s'égoutter,. F R O 93 On le laiiTe enfuite égoutter pendant cinq à fix heures , après quoi on le defccnd à la cave fur des tablettes bien propres. Cinq jours après que ce fromage a. été à la cave , il fe forme fur is fuperficie une efpèce de farine : alors on a l'attention de faupoudrer avec du fel bien égrugé & bien fec. Le lendemain on le retourne , & on le fale de même de l'autre côté. Trois jours après on ôte le linge dans le- quel on l'avoit enveloppé ; on le nettoie , &: on le laiffe ainfi s'affer- mir jufqu'au lendemain. qu'on le fale encore , mais plus que les trois pre- miers jours. On l'enveloppe enfuite dans le même linge , & on continue- tous les jours de le retourner & de le ialer. Du refte on ôte , de trois en trois jours, le linge & la croûte farineufe qui fe forme inceffamment. Cette opération fe renouvelle ainfi pendant un bon mois , au bout du- quel temps le fromage efl entièrement fait. Au furplus , il faut plus ou moin.s de fel pour ces fortes de fromages,, fuivant qu'ils l'ont plus ou moins cuits ; mais ils n'en prennent pour l'ordinaire que ce qu'il leur faut, Lorfqu'il en a faifi la quantité qui lui convient , on le tourne & le re- tourne tous les jours, jufqu'à ce qu'il foit bien lec ; enfuite on le ratiffe de tous les côtés avec le dos d'un' couteau , & on le met dans une- chambre oîi l'on a l'attention de le- changer de place de quinze en quinze- jours , & de le ratiffer exaftement ,, ainfi que les planches , toutes les fois' qu'on le change de place. Il demande- ces mêmes foins pendant 7 ou 8 mois». 94 F R O Section IL J^es Fromages fa'us avec h lait de yachts , & qui neji point cuit, L Fromage de. Brie. On doit à M. de la Bretonnerie , auteur dun nou- vel ouvrage d'agriculture , plein d'ex- cel lentes vues, intitulé Correfpondanct Rurale , à Paris , chez Onfroy , 1785 , des moyens de préparer ce fro»î3ge fi recherché à Paris & dans les provinces voifines , mais fi diffé- rent par la qualité , fuivant les can- tons , parce qu'on ne prend pas par- tout les mêmes précautions. L'auteur v^ parler. « Il y a plufieurs obfervations à faire; 1° . fur la parcimonie préjudi- ciable de quelques taifeures de fro- mage qui retirent une partie de la crème quand elle eil montée fur le kit , pour en faire du beurre avant que de dreffer leurs fromages ; ce qui en ôte la qualité ; 2°. fur la né- ceffité de ne pas fe fervir , comme font beaucoup de gens , de préfure rance Si d'une odeur forte pour faire cailler le lait , & dont on met encore une trop forte dofe, ce qui sèche les fromages, cC leur donne un mauvais goût ; mais il faut fe fervir d'une caillette fraîche de veau, bien lavée & nettoyée , qu'on remplit de fel Si de poivre pour la confer- yer (i) , qui n'a aucune odeur , & ne communique aucun goût , ôc dont on frotte feulement la coquille ou la petite écrèmette de bois de la F R O laiterie , qu'on trempe enfuite trois on quatre fois dans le pot de lait non écrémé, dont on veut faire fon fromage. On pend cette caillette à uti clou au mur. 3°. Apres ces obferva- tions , il y en a une particulière , capable , malgré toutes les autres , fi on l'omet , de faire encore manquer fon objet ; c'eft la grande propreté ; les vaches elles-mêmes , le laitage , les vaiffeaux qui le contiennent , ô£ qui le font tourner , s'ils ne font bien échaudés ; tout ce qui fert à faire le beurre ou fromage , ne fauroit être tenu trop proprement : & fi cette exafte propreté ne s'étend pas éga- lement dans ce qui confiitue la façon de ces fromages , cela fuffit encore pour en détériorer toute la qualité. De -là ces fromages de mauvaife odeur , de mauvais goût , où le ver fe met , en un mot , qui ne valent rien. » « Avant de donner la recette , je dois cbferver encore qu'il ne faut employer que la crème la plus nou- velle & la plus douce , ibit poiu- le beurre , foit pour les fromag,es. La perfeûion d'un art dépend quelque- fois de ce qu'il y a de plus facile; mais l'ignorance fait paroître les moindres chofes difficiles. Par exem- ple , pour les petits fromages de Neufchâtel , fi renommés en Nor- mandie , on prend le lait tout frais tiré à midi , auquel on joint la petite crème fine du matin ; de cette pe- tite manipulation dépend leur déli- catefTe. » « A quatre pas hors de la Brie , on (i) N0U du Ridadcur. Il ne parok guère probable que le poivre la conferve. Peut- être efl ce pour l'aromitifer, ou par habitude decomp'\quer , comme fi les préparations ûmplis ne lufEibienc pas. Au lurplus , je m'en rapporie à M. de la Breionnerie qui eA fur les liejx , & aà accQJtumé à biïH voir &. à bien juger. F R D se fait plus faire ces fromages , quoi- qu'avec du lait d'une auffi bonne quaiité, &c provenant même quel- quefois d'un meilleur pâturage. Les pâturages ne font pas merveilleux dans les cantons de la Brie , où j'ai vu faire des fromages de la meilleure qualité. On ne trouve dans ces can- tons que de vaftes plaines de blé , où il relie à peine des chemins étroits pour les charriages. Les vaches n'ont de pâtures , comme dans les autres endroits , que dans les chaumes , après la moiflbn , & pendant un ef- pace de temps affez court : tout le refte de l'année , au défaut des autres pâturages , elles font nourries à l'é- table & au fec , ce qui devroit donner au lait , au beurre & au fromage , ce qu'on appelle ie goût de fourrage ; cependant il n'en eft rien , & ces fiomages font meilleurs que dans des endroits affez voifins , qui ne manquent pas de bons pâturages y de bonnes prairies , fur lefquelles les vaches font nourries prefque toute l'année , ce qui doit leur être plus falutaire. La qualité des fromages ,ne vient donc pas du pâturage , ( i ) mais de la façon ; & il en efl appa- remment de même du beurre & des fromages les plus renommés. Ce que j'ai éprouvé fur cela , ne me laifTe plus de doute que la façon fait tout , F R O 9T ayant feit des fromages pnrei's au» meilleurs de la Brie , dans des en- droits hors de cette province , cir le pârurage efl des plus médiocres. »> « Voici la véritable recette desfre- mages de Brie. Le lait étant pris hz caillé fiiffifamment, on mtX é^outter les cailles , comme diftnt nos ména- gères , d-ns une éclfle. Quand elles font tout-à-fait égcuTtécb , le fro- mage fe trouvant alors affermi & formé , on le renverfe fur ce qu'on appelle un cajot eu petite natte de jonc , qu'on a pofée fur une tournette ou plateau rond, compoic de quel- ques lattes entrelacées d'ofier blanc , dont le diamètre peut être d'un pied ou quinze pouces. On met ces tour- nettes ainfi chargées de leurs fro- mages', fur des planches fufpendues ou adoffées aux murs de la laiterie , qui ne fauroit être trop faine & fans humidité , & à laquelle on puifl« donner de l'air quand on veut. Là , le fromage achève de fe reffuyer pendant quelques jours , au bout defquels le refte de l'hum.idité fu- perfiue s'exhale dçflusen forme d'une- mou{fe graffe , ou mucofité moîlaffe ^ farineule & humide , d'affez mau- vaife odeur. Alors, félon les ignorans & les femmes de campagne , hors de- la Brie , qui ne favent pas la bonne- méthode , on fale ce fromage d'un (i) l^ou ifu Rédadeur. Je ne fuis pas entièrement de i'avis de l'Auteur: je conviens que la manipulation fait beaucoup, & qu'avec les meilleurs fubftances dans tous les genres, les mauvais ouvriers font toujours du médiocre ou du mauvais. La propofition eâ un peu ttop générale. L'herbe qui croît dans les chaumes de la Brie eû produite par une bonna terre bien travaillée, & cette herbe eft très-nourriflante; mais fi les vaches paiffent habiiuellemenr , par exemple , dans les raarais , fur les bords des ^tanes &c. fur un fol graniteux, fchifleux, &c. , i'heibe y eft roaigie en principes nutritifs, & Je lait, le beurre & les fromages s'en reflentenr. Le lait même eft prefque fans crhmc & ce peu de crème a'a prefque point de confiftance. J'ai k preuve de ce que j'avance- M. de la Bretonnerie me pardonnera cette obfervaiion en faveur de l'objçî- &-.ceiîaii nement je n'ai aucune envie de critiquer fon excellenît Ouvrage, -* & M nement j uvrage. ^6 F R O côté fur cette mucofité , & enfuite de l'autre côté de même. Mais le défaut d'obfervation fur ce point effentiel feul , fuffit pour gâter ces fromages , comme on le conçoit bien , & c'ell quelquefois l'unique caufe de ce qu'ils font déteftabks. Voici donc ce qui fe pratique dans les bonnes fermes , où l'on fait les meilleurs fromages. Au lieu de les faler fur cette mouffe mi mucofité humide qui fermente 6c s'empuantit , & où les vers s'engendrent , on la racle exaftement avec vme lame de couteau , deflùs & tout autour de l'épaiffeur du fromage , fans en laif- fer la moindre apparence. Le fromage débarraffé de cette fuperficie , étant .blanc , propre , fain &c de bonne odeur , on répand deffus & autour , •avec difcrétion , du fel égrugé , qui en fe fondant , pénètre fuffifamment dans le fromage : cela fait , au bout de quelques jours on le retourne fur un autre clayon très-propre , & on le fale de l'autre côté , après les mêmes précautions. Le fel étant fondu , il fuffit enfuite de le retour- ner de temps en temps , en changeant toujours de clayon chaque fois , pour achever de le fécher , jufqu'à ce qu'il fe foit formé une couenne ou croûte bleuâtre , parfemée de taches rouges , comme des cachets ; ce font les fignes auxquels on reconnoît les bons fro- mages , ôi la bonne faifon de les faire , eft le mois de feptembre. Ils fe gardent & font bons à manger jufqu'en mars , •n les laiflant affiner à mefure qu'on en a befoin. Paffé ce temps , ils de- viennent trop forts, alors on a des fromages blancs. Ceux qu'on a faits en hiver, font fort inférieurs à ceux de cette faifon : ceux que l'on fait :gn été fe mangent frais faits , c'cft: F R O à-dlrej tout blancs, avant que î'é- corce foit formée, ou bien auflitôt qu'elle eft faite , & d'une couleur grife bleuâtre. Ils font alors fort doux. » » Les fromages d'automne qu'on a fait fécher , fe gardent pendant l'hiver, & peuvent être envoyés fecs par-tout : il faut , pour les man- ger, les faire affiner. On fait bouiHir dans un chaudron, de la paille d'a- voine dont on les enveloppe ; ils s'y affinent très -bien fous peu de jours : on connoît qu'ils font au point d'être mangés, quand on s'ap- perçoit qu'ils font mollets fous le doigt. D'autres font bouillir de la cendre dans un chaudron , & les trempent dans cette eau pendant qu'elle eft chaude ; enfuite, fans ôter la cendre , ils y font bouillir du foin , dont ils enveloppent leurs fromages , comme il vient d'être dit de la paille d'avoine. » » Il faut frotter ceux où il fe forme des vers avec du vinaigre & du fel , pour faire mourir ces infectes ; ce font, comme je l'ai dit; les mauvais fromages qui y font fujets. II. Fromage de Stilton en Angle- terre. Ce fromage tient le milieu entre les cuits & les non cuits. Il paffe pour le meilleur de ce royaume. Prenez 40 pintes de lait du matin , & io pintes de crème douce, (on peut diminuer ces quantités , mais non pas changer les proportions ) Battez-les bien enfemble , ajoutez-y de l'eau chaude de fource ou de rivière , en fuffifante quantité pour rendre le mélange un peu plus chaud que le lait ne l'eft au fortir du pis de la vache ; ajoutez-y alors une in- fufion de préfure, dans laquelle il faut mettre beaucoup de fleur de mufcad^i ' F R O ïiiufcade. Cette infiifion fe fait de la manière fuivante. On fait bouillir de Teau ô: du fel. On trempe alors dans cette eau falée la nnilette ou autrement la poche de veau , dans l.iqutlle eu renfermée la préfiire ; &l en retire la mulette quand l'eau Liée efl f.iffifamment chargée de préfure. Il ne faut pour cela que 4 à 5 minutes. Cette liqueur qu'on ajoute ici au mélange échauffé du lait 6c de la crème, doit auparavant avoir reçu les fleurs de mufcade. Le laitage ne tarde pas à prendre, & lorfqu'il a pris, on rompt les gru- melots avec une écumoire , ou de toute autre manière , pour les ré- - duire peu à peu à la groffeur d'un œuf de pigeon. Dans cet état on tes fale, &c enfuite on les met pen- dant deux heures dans une écliffe , & on les prefTe. On fait alors bouillir le petit lait; il s'y élève des grumelots qu'on appelle caiilé-fauvage ; on les enlève avec une écumoire. Ce'a fait , &c le petit lait retiré du feu , on met le fromage dans le petit lait pen- dant une demi-heure. On l'en retire & on le met dans l'écliffe pour s'égoutter ; lorfqu'il ne coule plus de petit lait, on le retire de l'éclifle , & on l'enveloppe ou l'emmaillotfe tout autour , mais ni de/Tus ni .■deflbus, avec fies bandes de linge, & 08 le poie lur des tablettes de chêne, de frêne ou de hêtre. Il faut bien fe garder de le mettre fur des planches de fapin , à caufe de leur odeur qui le gâteroit. Il faut le retourner deux fois par jour pendant le premier mois. Ce fromage , dans la proportion indiquée , a huit pouces de haut lut Tome y. F R O 97 fept pouces de diamètre , & pèfe communément i8 liv. Il efl fi ten- dre &: fi gras qu'on peut l'étendre comme du beurre fur le pain un an après qu'il efl fait. Lorfqu'il com- mence, environ trois mois après qu'il eft fait, à ne plus être fi mou, on fait par le haut un trou au mi- lieu , de la largeur d'un pouce , & que l'on creufe jufqu'à un pouce du fond. On remplit ce trou de vin de Malaga ou de Canaries , ou de viiî mufcat , jufqu'à la hauteur d'un pouce près du bord. On bouche alors le trou avec une partie de ce qu'on a retiré du fromage , & cette opéra- tion faite , on met le fromage dans une bonne cave. Le vin s'imbibe dans tout le fromage, &c lui donne une faveur délicieufe. Le trou qu'on y avoit fait fe remplit de la fubfiance même du fromage, & l'on ne s'ap- perçoit pas, lorfqu'on le mange, qu'il a été creulé. 1 1 f. Fromage dz Chejler, Prenez 8o pintes de lait chaud , fortant de la vache , & jetez-le dans une cuve , en y ajoutant fix cuillerées d'infufion de préfure, & remuez bien le tout avec une écumoire ; couvrez bien la cuve , & laiffez le laitage pendant trois quarts d'heure pour le faire cailler. Il faut moins de temps quand il fait chaud, Lorfque le lait eil pris, & même à mefiire qu'il prendj on cafTe les grumelots f irt petits avec une écumoire , & l'on remue doucement le lait jufqu'à ce qu'il foit tout caillé , alors on le prelfe doucement avec les mains & avec l'écumoire ; cela empêche que le petit lait ne fe lève blanc ; on laliTe écouler le petit lait ; lor/iqu'il n''eti fort plus , &: que les gr imelos font un peu durs , on les m°t cafTés hita N .çS F R O menus , Sc entaiTis les uns ù\r les autres dans une écliffe. Il faut avoir i'oin en même temps , de les prefler doucement avec les mains , &c cnfuite un peu plus fort pour en faire fortir ce qui peut y rcfler de petit lait. Cette précaution etl nécefiaire pour empêcher le fromage d'aigrir , 6c qu'il ne s'y forme des yeux. Il faut auffi tenir les grumelots à deux pou- ces au-deffus des bords fupérieurs de l'éclifle. Lorfque le fromage eu. bien égoutté , on le met dans -une toile , Si le recouvre de la toile en la relevant tout autour. On le prefle alors avec un poi Js de 400 liv. depuis neuf heures du matin jufqu'à deux heures après midi ; on le retire de la toile , & on le remet de la même manière dans une autre toile fèche , & on le preffe de nouveau jufque vers les fix heures du foir. Le fror mage a alors une forte de confif- tance , on l'ote de la toile , & on le {a\e par-tout très promptement , les vers fans cela ne tarderoient à s'y mettre. On le remet dans l'éclifle ; il y pafle la nuit. On l'ote de l'éclifle le lendemain matin , & on le fale encore. Après cela , on le met dans un cuvier , ou fur des planches pen- dant quatre jours , &: on le retourne une fois par jour. Ces quatre jours révolus , on le lave bien dans l'eau froide & claire ; on l'effuie avec du linge fec , & on le porte au grenier pour fécher. Il faut le retourner & i'efl"uyer tous les jours jufqu'à ce qu'on le vende. Le lavage a pour but d'ôter tout le fel : il faut faire enforte qu'il n'en refle point , fans cela le fromage fe fendroit , 6c refleroit toujours hu- mide. IV. Fromage appelé d'Angeloc, F R a Faites traire deux ou trois vaches ;, 6c mettez la préfure dans ce lait ré- cent. Prenez avec une écumoire leS' grumelots fans les rompre , &: rem- pliflfez-en peu à peu une eclifl"e haute & étroite . qu'il faut toujours char- ger de grumelots à mefure que ceux> qu'on y a mis s'aft'aiflTent , & cela, jufqu'à ce qu'elle foit pleine. L'é- clifle peut avoir fix , huit à dix pou^ ces de hauteur ,, félon l'épaiflTeur que l'on veut donner au fromage. Le rempiifl"3ge de l'éclifl'e de la manière indiquée , peut durer trois ou quatre heures. Laiflez le fromage repofer toute la nuit dans cet état , 6c après avoir jeté un peu de fel fur le haut.. Le lendemain matin on couvre l'é- cliffe d'une aflîette de bois ,. 6c en la retournant fens deflTus defl!"ous , on en tait fortir le fromage , dont la partie qui eft; fur l'afllette , fe trouve. falée ; falez alors le côté qui ne l'efl pas ; remettez l'échfl^'e par-deflÀis,, & laifl'ez le dans cet état pendant 8 ou 10 jours fans le remuer ; il fera rétréci , & il fortira facilement' de l'éclifle. Vous le mettrez enfuite dans un endroit tempéré , pour qu'il fèche peu à peu. Le commencement de mai ou de- fepterabre efl: la faifon la plus con- venable pour faire cette efpèce de fromage qui efl excellent. Lorfqu'on veut l'avoir plus gras , on ajoute de la a'ème au lait ; il efl: très - gras quand on y en met" feulement une quatrième partie. V. Fromage appelé à la crème. Jetez. dans une cuve ù fromage quatre- vingts pintes de lait , 5c ajoutez trois cuillerées de préfure. Selon la cha-^- leur de la faifon , le lait fe caillera dans une demi-heure ou dans trois quarts d'heure : on doit procurer au r R o <Î2it une chaleur tiède , 6i au-deiîbus «de fa chaleur , lorfqu'i! fort du pis -de la vache. Sans cette précaution , le fromage feroit coriace , & fe co- tonneroit. Le lait pris , rompez les griimelots avec une écumoire , en remuant doucement jiifqu'au fond de la cuve, & toujours dans la même direôion. Si on remuoit en tout fens, le fromage feroit aigre , parce que le petit lait fe chargeroit de la partie huileufe du lait. Après avoir ainfi remué le laitage , laiffez-le repofer fine demi-hetire , puis débouchez le trou de la cuve , & laiiïez-en écouler le petit lait dans des vaifleaux pro- pres. On met les grumelots dans une grofle toile tendue par deux perlon- nes qui les font rouler çà Se là , afin d'exprimer toujours de plus en plus le petit lait. Enfuite on fuipend la toile , ïes grumelots dedans , & on les y lai/Te jufqu'à ce qu'il ne s'écoule plus de petit lait. Alors on met les gru- melots dans une écliffe profonde , que l'on couvre d'une planche qui puiffe y entrer , & que l'on charge d'un poids de quatorze à quinze livres , pour que le fromage s'afFaifle Ce fe façonne. On le laiffe toute la nuit dans l'écliffe , & on l'en retire le lendemain. Il a à peu près neuf pouces de hauteur: on le divife avec un fil de foie , par plateaux d'un demi-pouce ou d'un pouce au plus , & chaque plateau forme un fromage. On fale un peu ces plateaux ; on les porte lur des planches unies , & on les retourne deux fois par jour. Le jour fuivant , on les met fur des planches pour fécher. Il ne faut que huit jeurs pour les avoir afléz fecs quand il fait chaud , & il en faut (quinze , lorfque la faifon eft fraîche. J'ai copié dans un Ouvrage intitulé F R O 99 /t; Giùdi du Fermier^ la manlpu'atloiî des fromages , N°. II , Uî & IV. C K A P I T R ï: III. Des Fromages faits avec h lait de, brebis. Le lait de brebis eft plus nourri que le lait de vaches , c'eilà-dire , qu'il contient beaucoup plus de par- ties fufceptibles de le cailler ; & lorfqu'elles ont caillé , le fromage efl auffi ferme que celui fait avec du lait de vaches , & il eft plus délicat.. La manière de le préparer varie fui- gulièrement de villages à villages. Dans les uns , il eft excellent ; dans les autres, il eft; déteftable , en fup- pofant même le pâturage égal , ce qui tient à la manipulation. Le plus renommé de tous les fromages de cette claffe , efl celui de Roquefort , dont M. Marcorelle , Correfpondant de l'Académie Royale des Sciences de Paris , a donné la defcription in- férée dans le troifième volume des Savans étrangers de cette Académie. L'extrait de ce grand mémoire eft inféré dans le Dictionnaire économique de Chomci , édition de tyGj ^ d'après lequel je vais le copier avec quel- ques modifications. Le fromage de Roquefort eft fait avec du lait de brebis : quelques particuliers y mêlent du lait de chèvre , & en font un fromage plus délicat. Les troupeaux deftinés à ce fromage, font diftribués ,dans l'efpace d'environ huit heues en quarré , fur les frontières du Languedoc & du Rouergue. La légèreté , la douceur &; la fertilité du fol contribuent à' la qualité du lait , ( & je crois , au- tant que tout cela , l'élévation du N ij loo F R O îicu "^ les pâtiir;iges confxflant \n'm- cipalement en clitFér.er;tes espèces d'herbes répandues fur la montagne de Lizart. Ces plantes n'ont pas la même vigueur que dans des fables gras & humide- ; mais elles ont plus de fincffe & plus de faveur. M. Mar- corelle obferve que le lait eu plus parfait , &C les moutons d'un goût plus délicat en certains endroits où l'herbe eft plus fuave , î^liis odorifé- rante & plus fucculente. Le foin que- l'on prend de ces ani- maux tend à leur procurer une conf- îituîion sèche , ti on leur donne habituellement du fel. Chaque brebis du Lazart donne commiinéinent par jour , dans une année favcable ,. environ trois quarts de livres de lait depuis le commen- cement de mai jutqu'à la mi-juillet. Leur traite rend moins pendant les autres mois. Les années de pluies abondantes , de fréquens orages , di- minuent cette qualité. Ceux qui penfent que le lieu ©u les caves dans lefquels on fabri- que , 6c où on dépofe les fromages après qu'ils font faits , ne contri- buent en rien à leur perfedion , font dans la plus grande des erreurs. J'ofe avancer que les meilleures caves , ( voyei ce mot ) pour la perfeftion des f omages , comme pour celle du vin , font celles où ta ch. fnir eft à peu p es toujours égale. Cette affertion n'eft point contradiftoire avec ce qui eft dit plus bas des caves de Roquefort. 1! eft difficile de rencon- trer des fituations égales à celles-là. ( ^oy^'i le mot Cave ) La defcrip- tion'^ que M. Marcorelle donne du village de Roquefort & de fes caves , vient à l'appui de mon aflertion , quoiqu'elle foit générale. F R O Le village de Roquefort , diocèfe de Vabres , ne renferme dans fon enceinte guère plus de trente feux. Près du village , & à fon midi , eft un vallon en cul-de-fac , entouré de toute part d'une mafle de rocher fort dur, qui s'élève d'aplomb à la hauteur d'environ douze toifes , & dont le fommet forme en quelques endroits la naiffance d'une voûte par une faillie de plus d'une toife. Le fol , qui a deux cent quatre-vingt-onze pieds de longueur fur dix pieds de largeur , eft un roc raboteux , de même nature que celui des côtés , & monte infenfiblement du nord au mi- di. L'entrée du vallon eft au nord 5 & peut être fermée par une porte. Immédiatement au-delà du rocher qui termine le fond du vallon , s'é- lève à une plus grande hauteur un fécond rocher d'une demi-lieue de circonférence , fur lequel on par- vient par un chemin pratiqué au midi. Le vallon , dans cette pofition , ne peur être éclairé du foleil que pendant quelques heures , pendant la faifon où cet aftre eft le plus élevé au-deffus de l'horizon : le lieu même de^Roqueforî ne jouit que très-peu de fa préfence. C'eft au-dedans du rocher qui en- toure le vallon , que font les caves dans lefquelles on prépare le fro- mage : elles ont été formées, ou du moins ébauchées par. la nature ; on les a aggrandies pour les rendre plus commodes. Parmi ces caves , q\ii font: aujourd'hui au nombre de vingt-fix , les unes font entièrement logées dans le rocher , & les autres n'y font qu'en partie. La faillie eft formée par des murs de maçonnerie , &C couverte d'un toit : le devant de toutes les caves eft pareillement conftruit en F R O maçonnerie. Par 'a dlfpofition clu local , on voit qiia ces caves cnt leur oiiveiture , If s unes au levant, d'autres au couchint; & d'autres au nord. Toutes ces caves font diflribuées prefque de la même manière. Leur hauteur eft partagée par des planches en deux ou trois étages : le plus bas eft un fouterrain d'environ neuf pieds de profondeur , où l'on defcend par une elpèce d'échelle à main. Le pre- mier plancher eft de niveau avec le feuil de la porte; le fécond plancher eft à peu près à huit pieds au-deffus ; on y monte de même par une échelle. Autour de cha.un de ces étages, il y a un ou deux rangs de planches dif- j)ofées en tablettes d'environ quatre pieds de largeur , & à trois pieds de diftance l'une de l'autre. Selon les mefures prlfes dans une des grandes caves dont l'ouverture eft au nord , le fouterrain a neuf pieds trois pouces de hauteur , vingt- im pieds trois pouces de longueur , & dix-fept pieds de largeur. La hau- teur du rez-de-chauffée eft de fept pieds dix pouces de longueur , la longueur de dix - huit pieds cinq pouces , & la largeur de quatorze pieds deux pouces. L'étage le plus élevéa neuf pieds trois pouces de hau- teur , quinze pieds fept pouces de longueur, & douze pieds neuf pouces de largeur. Les dimenlions des auires caves font à peu près les mêmes. On voit en différens endroits du rocher où les caves font creufées , & fur-tout près du pavé , des fentes ou de petits trous irréguliers , d'où fort un vent froid , & aflez fort pour éteindre une lumière qu'on approche de l'ouverture , mais qui perd fa force & fa rapidité à trois pieds de F R O léî fa fortîe. C'eft à ta froideur princi- palement qu'on attribue ccile qui rcg-e dans les caves , & qui fe fait a\.iri lentirdans le vallon. Les gens du- p^ys , trompés par leurs fenlations , loutiennent que leurs cevcs fcnt chaudes en hiver , & froides en été; ils y portent les viandes & les ali- mens. afin de pouvoir les ccnferver long-temps : le vin , dlfent-ils , y devient auffi frais qu'à la glace. Pour examiner la froideur des caves de Roquefort , qui peut dé- pendre des verts louterrains qui y foufllent, des fels qu'on y emploie à faler les fromages , ôc plus par- ticulièrement de la nature & de la pofition du terrain , j'expofai , dit M. Marcorelle , le 9 cftobre 1753 » à l'air libre & au nord , un thermo- mètre à mercure , dont l'efpace entre le terme de l'eau bouillante & celui de la congélation , éroit divifé en cent parties égales : la liqueur monta ce jour-là , à dix heures du matin , par un vent de fud-tft & par un temps humiJe , à treize degrés au- deffus du point de la congélation. Ce même thermomètre ayant é é porté dans la fuite dans le fouter- rain d'une cave , le mercure fe tirut à cinq degrés & demi au-deffus du même terme. Enfin , en vérifiant la froideur de quelques autres caves , je trouvai que la différence de la plus à la moins froide éîoit de deux degrés. M. Lefage , de l'Académie des Sciences de Touloufe ,.avoit fait, l'anrée précédente , de femblables ob' fervations. Le 18 feptembre 1751 , il expofa à l'air extérieur un ther-- momètre à l'efprit de vin , gradué fuivant la méthode de M. de Réau« mur : la liqueur fc fixa à huit heures- du matin au quatorzième degré au»- «oi F R O ■deffiis de k congé'ation ; elle def- •ceadit au (eptième degré aii-deffiis «u même terme dans fept à huit caves , & parvint au cinquième de- :gré , touiours au-defi"us de la glace, •dans le louterrain de deux caves feu- lement. 11 leroit important , ajoute Al. Marcorelle , de répéter ces ex- ,pé.iences dans différentes faifons. A Roquefort on fait une très- grande différence des fromages d'une cave à une autre. Je n'ai pas été fur les lieux , msis j'oferois croire que les meilleurs fromages font ceux des caves les plus froides ; que leur fraî- cheur n'eft point cgale , fuivant l'état •de l'atmofphère ; qu'elles doivent être beaucoup plus fraîches quel- ques jours après qu'il eft tombé une certaine quantité de pluie , parce qu'alors il y a plus d'évaporation , & par confcquent plus de froid; que lorfque les montagnes font sèches par Tabfence de la pluie depuis long- temps , le courant d'air qui s'élève du fol de la cave doit être beaucoup plus chaud que dans toute autre cir- conftance. Si les chofes font ainfi que je l'apperçois ; fi effeâivement la fraîcheur , plus forte &c plus égale , concourt à la perfeûion du frojTiage, on pourroit ob'tenir par art , dans les caves de qualité inférieure , l'a- vantage des autres , Si que la pofition refufe à celles-ci. Comme il eft très- xlémontré en phyfique qi.ie le cou- rant d'air produit l'évaporation , & l'évaporation le froid , on pourroit jeter une certaine quantité d'eau dans les caves , & l'évaporation de cette eau produlroit la même fraî- cheur que dans les autres. Comme •cette expérience eu facile à faire, & nullement difpendieufe , je prie £ffux entre les mains de qui moa F R O Ouvrage tombera , de vouloir bien s'en occuper , & d'avoir la bonté de m'en communiquer les réfuhats. Les caves de Roquefort produifent le même effet que celles du Monte Te/- tacio , près de Rome. On travaille au fromage depuis le copimencement de mai , que l'on sèvre les agneaux, jufqu'à la fin de feptembre. Hommes , femmes font la traite des brebis deux fois par jour; vers les ci-nq heures du matin , & le foir vers les deux heures. A me- fure que chaque feau eft plein , on le porte dans des granges ou dans des maifons : là , on le coule à tra- vers une étamine ; on le reçoit dans une chaudière de cuivre rouge, éta- mée en dedans , & on eft fort exaft à laver les féaux , les couloirs , les chaudières & tout ce qui eft employé, avant de s'en fervir une féconde fois. Pour faire la préfure ; on égorge des chevreaux qui n'ont été nourris qU2 de lait,& on tire de leur efto- mac la caillette : on y jetteune pincée de fel , & on la fufpend en l'air dans un endroit fec. Lorfqu'elle eft fuffi- famraent sèche , on en met dans une cafetière de terre avec environ un quart de livre d'eau ou de petit lait. Au bout de vingt-quatre heures, la liqueur eft fuffilamment imprégnée des fels de la caillette , ôc prend le nom de préfure. Sa qualité influe beaucoup far la bonté du fromage : elle peut fe con- fcrver un mois fans fe corrompre ; mais on la renouvelle tous les quinze jours , dans la crainte qu'elle ne de- vienne trop forte. On en met dans la chaudière , une dofe proportionnée à la quantité du lait ; trop ou trop peu déran- geroit l'opération. Dès que la pré- F R O fure eft dans la chaudière , on re- mue bien le lait avec une écumoire à long •nanche , puis on lailTe re- pofer le mélange, & clans moins de deux heures le lait eu caillé. Pour lors une femme le lave les bras , les plonge dans le caillé qu'elle tourne fans interruption en d fférens fens, juiqu'à ce que tout (bit brouillé; elle croil'e enCuite les bras, & appli- que fes mains fucceirivement ilir toutes les portions de la furiace du caillé, en le preffant un peu vers le fond de la chaudière : au moyen de quoi ce caillé fe prend de nouveau, & terme une efpèce de pain oui fe précipite au fond de la chaudière ; deux femmes alors fou'.èvcnt la chau- dière pour verfer adroitement le périt lait dans un autre vafe. L'une d'elles coupe enfuite le petit la^t par quar- tiers avec un couteau de bois , &C tranfporte ces quartiers dans une forme placée fur une efpèce de pref- foir. La forme o\\écli£e efl une cuvette de bois de chêne , cylindrique , dont k bafe eft percée de plufieurs petits trous qui ont une ou deux lignes de diamètre. Onfefertde formes plus ou moins larges & hautes , (elon la gran- deur qu'on veut donner au fromage. En mettant le tromage dans la forme, on le brife 5c on le pétrit de nouveau; on le prefle autant qu'il eft poflîble , & on en remplit la forme jufqu'à ce qu'elle foit bien comble. Pour le fùre égoutter on le prefle fortement, fo^t avec une prefl'e ordinaire , ioit avec des planches bien unies , c,\iQ l'on charge d'une pierre qui peie environ )'û iiv. Le fromac^e demeure environ :z heures dans la forme : pendant ce c.mps , on le tourne d'heure en heure , en forte qiie le deffous vienne au-deffus. F R O 103 Quand il ne fort plus de petit lait par les ouvertures de la forme , oa en tire 'e fromage ; on l'enveloppe d'un linge pour l'efluyer , & on le porte à la fromager'u , qui eft une chambre oii l'on fait fécher le fro- mage fur des planches bien expofées à l'air , & rangées à différens étages le long des murs. Afin que les fro- mages ne fe gercent pas en féchant, on les entoure de fangles faites avec de groffes toiles qu'on ferre le plus fortement qu'il eil poflible. On les range enfuite à plat fur des planches à côté les uns des autres, de façon qu'ils ne fe touchent que par très-peu de points ; ils ne font bien fecs qu'a- près 15 jours, encore même faut-il, durant ce temps , les tourner & les retourner au moins deux fois par jour. On a encore foin de frotter,- eflTuyer & fouvent de tourner les- planches. Sans ces précautions , les fromages s'aigriroient , ne fe co!o- reroient pas dans les caves , s'alta- cheroient aux planches , & fe rom- proient enfuite quand on voudroit les détacher. Dès que les fromages font (ecs^ on les porte dans les caves de Ro- quefort , où on commence par les faler : on y emploie du fel de Peccais ,. broyé dans des moulins à blé. Celui- de ioude gâte les from.ages. M. Mar- corelle obferve que àes troupeaux- auxquels , par une économie mal* entendue , quelques particuliers don-- nent du lel de verrerie, au lieu de celui des falines de Peccais , mai- griflent , & que leur laine devient de mauvaife qualité. On jette d'abord- fur une des faces plates de chaque f.omage , le fel de Peccais moulu ÔC pulvénlé ; 24 heures après on les-- lourne pour jeter fiu- l'autre face iingt^i \ 104 F R O înêiTie quantité de fel. Au bout de deux jours on les trotte bien tout autour avec un morceau de drap ou avec une greffe toile ; & le lurlen- demain ou les ratifie fortement avec un couteau : ces raclures fervent à compoier une efpèce de fromage en forme de bou'e, qu'on nomme rhu- ba-rbi , & qui fe vend dans le pays 3^4 fols la livre. Après ces opérations , on met huit à dix fromages en pile , & on les laiffe de la forte pendant 15 jours. Au bout de ce temps , & quelque- fois plutôt, on apperçoità leur fur- face une efpèce de mouiTe blanche, fort épaiffe , longue d'un demi-pied , & une efflorefcence en grains , dont la couleur & la forme reflemblent affez à de petites perles. Ayant raclé de nouveau pour enlever ces ma- tières , on range les fromages lur les tablettes qui font dans les caves. On renouvelle ces procédés tous les 1 5 jours , ou même plus fouvent pendant l'efpace de deux mois. Du- rant cet intervalle la mouiTe paroît fuccefiivement blanche , verdâtre , rougeâtre ; enfin les fromages ac- quièrent cette écorce rougeâtre que nous leur voyons. Ils font alors affez mûrs pour être tranfportés aux endroits où s'en fait le débit. Avant d'arriver à ce point , ils fubiffent plufieurs déchets ; en forte que 100 livres de lait ne produifent ordinairement que 20 livres de fro- mage. Le bon fromage de Roquefort doit être frais, d'une faveur douce, agréables h'i^n perjîllé , c'eft-à-dire , parfemé de veines bleuâtres dans Ion intérieur. Leur épaiffeur dépend de la forme dans laquelle ils ont été ,ialts : elle va d'un pouce à plus d'un F R O pied , & leur poids de 1 à 40 liv.' Le petit lait qui s'eft feparé du fromage dans la chaudière , fert à faire ce qu'on appelle dans le pays, des ncuitcs. On le met fur le feu , & à mefure qu'il s'échauffe jfa furfacc & le tour dje la chaudière fe char- gent d'un écume blanche , où font mêlées quelques parties caféeufes ; on les enlève ainfi que l'écume pour les jeter. Ce petit lait étant ainfi pu- rifié , on y répand deux livres de lait qu'on a eu foin de garder de la traite. On entretient le feu fous la chaudière , en forte que la liqueur ne bouille pas. Quelques inflians après , ce mélange fe divife en une férofité limpide & en une fubfiftance coagu- lée, qui s'élevant peu à peu & par maffes , coMvre enfin toute la fu- perficie de la partie féreufe. Dès qu'elle eft raffemblée à l'épaiffeur d'environ deux pouces , les recuites fe trouvent formées. On ôte alors la chaudière de deffus le feu , 6i les tirant avec une écumoire un peu grande , on les met dans des écuelles. Ce mets a bon goût & fert de nour- riture aux habitans du Lazart & des environs , pendant la faifon du lait. Comme elles s'aigriffent dans les 24 heures , les particuliers vendent à ceux qui n'en ont point , celles qu'ils ne peuvent confommer , & le prix eft ordinairement le même que celui des fromages frais du pays. On devroit eflayer à Roquefort la préparation des brocotes , ainlî qu'il a été dit phis haut à l'article du fro» mage de Gruyère. Après avoir ôté les recuites de la ch:ot *vec une cuiller plate^ laiffez repo- F R O fer & affeoir le lait caillé jufqu'à" ce qu'il ne rende plus de pétillait ; enfuite falez ce fromage fur toute la fuper- ficie ; 14 heures après retournez-le fur un autre pet't paillaffon , & vous faleez également le côté qui ne l'a pas ete ; erhn vous enlevertz .a toiie fine qui a fervi à égoutter le lait. Laiffrz le fel fondre fur ce fro- mage , & ayez foin de le retourner tous les jours fur des paillaffons bien, fecs & bien propres , que vous rangerez fur des claies. Si le fel eft noir , roux , &c. il tache le dcffus des fromages ; il fuffjra de le laver avec de l'eau fraîche qui enlèveraf ces maculatures. Un point eiTentiel eft de tenir les. fromages dans un endroit tempéré ^ où ils ne fechent ni trop tôt , ni trop lentement. Quand ils feront fecs , fi on veut les manger gras ,. il faudra les mettre dans des afîîeites rondes que l'on abouchera Tune fur l'autre , & on aura foin chaque jour de renverfer les affietîes , c'eft-à-dire,. que celle qui aura fervi de cou- vercle pendant \\n jour , deviendra le lendemain le vaiffeau qui fupporte." le fromage , & ainfi tour-à-tour. , Si vous voulez raffiner le fromage,, trem.pez - le , quand il eft bien pelle mufca atra gl.:bra , ocuHs firrugineis , fimorum bafi pallïdâ ; il eft compofé de 12 anneaux ; le premier de tous forme proprement la tête du ver ; là peau dont tout fon corps eft re- couvert , eft ferme comme du par- chemin , & ilne fe b'efle pas faci- lement , quelques grands fauts qu'il fafle , ou quelque rudement qu'on le manie. Le devant de la tête eft: comîne partagé en deux tubercules > d'oii partent deux antennes fort courtes. Entre ces deux tubercules on voit paroître une particule noi- râtre , également fendue en deux , qui forme la bouche. Ce n'eft pas fans raifon que ce ver {Fig- B, 2 ) eft repréfenté vi» fur le dos , faififfant fa queue avec fes dents , quoique cette poûtioa ne F R O Jui folt pas naturelle ; mais cette po- fithon donne une idée de la manière dont il exécute fon faut très-fingu- lier. Il n'y a qu'à renverfer cette figure de manière que ce qui eft en haut paroiffe en bas , & on aura alors la repréfentation exafte & na- turelle de l'attitude que prend ce ver lorfqu'il le difpofe à fauter. Lorfqu'il veut faire un faut, il com- mence par fe dreffer fur fon derrière ; les tubercules qui s'élèvent de fon dernier anneau lui fervent beaucoup à cet effet , parce qu'en les alongeant & les retirant fucceffivemcnt à pro- pos , il peut fe tenir en équilibre : enfuite il courbe tout fon corps en forme de cercle , & ramenant fa tête vers la queue, il fait fortir fes deux- crochets noirs & recourbés qu'il fait enfoncer avec une célérité admira- ble entre les deux papilles poflérieu- les de fon corps , prccifément dans deux petites foffettes qui font creu- iiées en cet endroit. Tout ce qu'on vient de dire eft fait en un clin d'œil ; le corps de ce ver fe contrafte avec tant de force , qu'au lieu de la forme circulaire qu'il avoir , il devient d'une forme obbngue, enfuite il s'étend en ligne droite avec un tel effort , qu'on entend craquer les crochets de fa bouche dans le moment qu'il les dé- croche de la peau de {on dernier an- neau. De cette manière , ce ver ap- puyant fon petit corps contre du bois , ou de la terre , ou du fromage , & le redrelTant fubitement pour le ramener à la ligne droite , s'élève & fait un faut qui ne laiffe pas d'être confidérable , relativement à la pe- titeffe de cet animal, puifqu'il s'élève fouvent A plus de fix pouces. Au refte , ce ver ne forme pas F R O 109 toujours de fon corps un cercle per- pendiculaire à l'horizon pour fauter; il fe tieHt quelquefois couché fur le côté , quoique cependant la première attitude foit celle qu'il alFeûe le plus communément ; mais dequelquema- nière qu'il fe pofe , foit verticale- ment , foit horizontalement , il com- mence toujours conftamment par courber fon corps en forme de cer- cle , enfuite il change cette forme cir- culaire en forme alongée avant de fauter. La partie poflérleure de l'efpèce de mouches qui dépofent dans le fromage les œufs dont fortent ces vers , eft année d'une pointe fi fine qu'elle peut pénétrer dans les plus petites ouvertures & dans les fub- ftances molles, C'eft à l'aide de cette tarière , lorfque le trou eft fait , qu'elle pouffe fes œufs jufque dans le fond du trou & qu'il y eft en fure- té. Auffi ces mouches, pour remplir cet objet , choififfent toujours l'en- droit du fromage le plu-, fait , &c les vers venant à éclore augmentent la pourriture , foit par les dégâts qu'ils y font , foit par leurs excrémens & par leurs différentes dépouilles. Un fait fingidier, eft que ce ver peut vivre pendant très-long-temps lans prendre aucune nourriture. II eft rappoté, page 15 de VHiftoire de C Académii des Sciences, année 1702., que M. Moiiart a confervé pendant fept mois un ver (ans lui donner à manger, & qu'après cette époque, il ioitit de la nymphe une mouche qui vécut dix jours également fer- mée-dans la même boîte du microf- cope. Lorfqu'il eft parvenu à fa gran- deur & groffeur naturelles , il fe change en nymphe vermi - forme ^ ïio F R O parce qu'il conierve fa forme de ver à l'extérieur , & lorfqae (on enve- loppe extérieure change de couleur , que la double enveloppe (e fend, dans toute fa longueur , on en voit fortir une mouche. ( Fig. C. 3 , ■Planchi Vl. ) Elle eil repréientée groiiîe au microfcope. Tout en admirant l'induflrie de cet animal , les reffources qu'il tient de la nature pour perpétuer d'une manière fiire fon efpèce ôc la repro- duire à l'infini , on ne voit pas du même œil la deftruûion de nos fromages , qu'il ell très-difficile de prévenir. Un autre genre d'infcftes les atta- que : ils (ont plus deftrudeurs &£ moins dangereux , parce qu'ils ne s'attachent qu'à l'extérieur ; mais fî on n'y apporte du fccours , ils par- viennent infenfiblementà le détruire; c'eft une efpèce de ciron prefque învifible à l'œil nu. M, von- Linné le nomme acarus fiw ; fa forme efl ovale , fa tête & fes pattes un peu brunes , fon ventre gros , ovale , blanchâtre , & fi on l'examine au microfcope , il paroît couvert de longs poils ; il fe multiplie d'une ma- nière prodigieufe. On a propofé divers moyens pour détruire ces infecles rongeurs & cor- rupteurs ; en général , ils font ineffi- caces, quelques-uns ont donné pour ^pécifiq-ue les feuilles d'arum , ou pied de veau , ( voyei ce mot ) avec lef- euelles on doit enve'opper le fromage te les renouveler fouvent. Ces feuil- les, il efl vrai , ont une odeur forte & puante , mais je réponds qu'elles ne produifent aucun effet. D'autres ont confeillé les lotions de vinaigre fort & aiguifé avec le poiy/re Ù. le lel. Cette préparation F R O engourdit les cirons , tue même , fi l'on veut, ceux qui exiûent , mais ne détruit point la multitude prodigieu- fe d'œufs que ces infectes ont dépofée. Ce vinaigre ainfi préparé ne fau- roit pénétrer à la profondeur où la mouche du ver fauteur 2t. dépofé fes œufs ; d'ailleurs , un pareil acide développe davantage celui du fro- mage , hâte la putréfaction S: la con- verfion des œufs en vers. Après avoir effayé la plus grande partie des recettes proposées, je n'ai trouve que l'huile en général fufcep- tible de produire un alfez bon efiet. Tous lesinfeftes ont fur le dos ou fur les côtés des trachées par où ils refpi- rcnt ; l'huile qui touche leur peau , bouche leurs trachées , & les infeftes meurent fuffoqués. Avant de tremper le fromage dans l'huile, il faut avec une broffe à poils longs le frotter dans tous les fens , afin de faire tom- ber autant d'œufs ou d'infeûes qu'il fera pofTible ; rechercher dans les gerçures, dans les cavités , avec la pointe d'un couteau , ce qui exifte ; ratiffer & bien effuyer le fromage. Si les gerçures pénètrent dans l'inté- rieur, trancher jufqu'au vif, enfulte y couler de l'huile & en imbiber toute la partie extérieure que l'on recouvrira enfuite avec un linge éga- lement imbibé d'huile ; renouveler cette opération autant de fois que l'on s'appercevra d'un nouveau dégât. Ce procédé réuffit très- bien contre les cirons , mais il n'a pas îa même aûivité fur le ver fauteur, parce qu'il efl logé trop profondément. Cepen- dant , Il on apperçrîlt la retraite , l'en, droii où il exerce fes ravages , on peut le découvrir &; y mettre de l'huile qui pénétrera dans les galeries qiî'il i'cll formées. F R O CHAPITRE Vî. Des propriétés du Fromage. Cafeus ilh bonus qusm dat avara ma- nus. Cet aphorilme efl très- vrai. Tous les fromages (ont bons pourvu qu'on en mange peu. Dans ce cas , ils aident & fortihent la digellion. Les froma- ges trop faits portent dans l'tftomac un levain de pourriture ; ceux qui font trop charges de préfure font promptement tourntr les alimens à l'acide & à un acide chniid & déia- gréable. Les fromages faits avec le lait de brebis , ou de chèvres , fe digèrent plus facilement que ceux faits avec le lait de vaches. Les fromages dont le lait n'a point été cuit , font dans le même cas que les premiers. Les fromages à la crème & récem- ment faits , offrent une nourriture rafraîchiffante & moins indi^^ede que le beurre. Ces fromages , a-ppliqués extérieu- rement , répercutent l'inflammation phlegmoneufe , & particulièrement l'inflammation cryfipélateufe ; ils en calment la chaleur &. la douleur, & s'oppofent à leur tendance vers la lup- puration. FROMENT. Plante graminée , la plus produûive , & dont le grain eft le meilleur pour faire le pain par excellence; en un mot, la plante la plus précieufe , la plus utile à l'hom- me, & le plus beau préfent que lui ait fait la Divinité. Un auteur célèbre a dit : « Un grain de blé efl le germe v> des fceptres & des couronnes , le » foc fonde les empires , foudoie les y> potentats , Si le froment que je fème » doit germer en munitions de guerr« , F R O m » en artillerie , en vaiffeaux , &:c. » En efFet , c'efi; la première richeffedu citoyen , & par coniequent de l'état; celle qui met & fixe le prix de toutes les autres denrées & des objets de commerce, qui vivifie tout, qui met tout en mouvement & fait circuler tout. On dira peut-être que l'on as cultive pas le froment fur toute la furface du globe, & que les empires, les monarchies où on ne le cultive pas , &c. n'en ftibfiflent pas moins. Ce'a efl vrai , mais le froment y efî repréfenté par un autre végétal qui fournit la nourriture à des indi- vidus , & c'elî fur ce befoin de pre- mière & de la plus urgente nécefîîtéy que font établis la richefTe de la maffe ÔC le bien-être des indvidus. I! efl inutile d'infifter plus long- temps fur les avantages que la na-- tion p. ut retirer de (es récoltes der blés , de prouver qu'elle ne peut être riche , puldante , qu'autant qu'el'.e- aura beaucoup de fuperflu à échanger; ces vérités font trop généralement reconnues & ont été démontrées par un très-grand nombre d'auteurs, d'une façon fi viclorieufe, qu'il ne relie pas aujourd'hui le plus léger doute à ce fujet ; d'ailleurs , une femblable dif- cufîîon nous écarteroit du but où nous devons aller. Il s'agit de la pra- tique , de bien labourer nos champs, de fpmer à propos , de récolter , de conferver nos grains , & de les vendre enfuite à un bon pri.v. Si on défire cultiver fes champs , femer fes blés d'après une faine théo-- rie, il faut abfolument relire l'article Blî^ afin de connoître à fonds la belle anatomie que M. l'Abbé Poncelet en a publiée ; d'après quelles loix il vé- gète , & comment il végète. Sans ces préliminaires , fans celte introduc^- 112 FRO tion à fa culture , on agira , comme le commun des hommes , d'après une routine aveugle , & on limera pen- dant toute la vie fans en être plus inftruit. Il convient encore de relire le mot Culture, ^om avoir Tidée des méthodes propofées jufqu'à ce jour , afin que je ne fois pas obligé de faire des répétitions dans l'article que je traite attuellement. Plan du travail fur le FROMENT. PREMIÈRE PARTIE, Pu Froment confidcré depuis le moment qu'on fe propofe de le femer , juj'qu après ravoir baitu & rendu ajfe^ net p.iur être tranjponi djns le grenier. CHAPITRE PREMIER. Dcfcripti»n du genre, P^g- 113 CHAP. II. Defcription des efpeces , ibid. Section Première. Caraâlère des efpèces , ibid. Sect. II, Obfervaûons fur les efpèces cul' tivées , II? CUhV.Wl. Des fcmences, I18 Section première. De la nUeJfiù de changer les femcr.ces , ibid. Sect. W.D'on il faut tirer les femences , ibid. Sect. III. Du choix des femences , 1 19 Sect. IV. De la préparation des femences , lîX CHAP. IV. De la préparation des terres , 1 14 CHAP. V. Du temps & de la manière de femer, ibid. Sectionj»REMIÈRE. Z?u/(m/7.f de femer, ibid. Sect. II Des femailles, i»8 g. I. Delà manière de femer , ibid. 6. II. De la quantjlé de Jemence à répandre , 130 g. \\\. De la manière de la recouvrir, 133 CHAP. VI. Des joins après que le BU efl recouvert , & pendant qu'il <:fl ("■ herbe , 137 Section première. De Fécoulemenideseaux, ou des fangfues oujaignées, ibid. FRO Sect. II Du farclage des B!es ^ T35 CHAP. VII. Des fléaux qui affa^ttlUFremenl pendant fa végétation , ( 1 ) 1 4 1 Section première. £>« accidsns qu'éprouve le Froment , 14* Sect II De la rouille, 14? Sect. III. Des moyens de diminutr les ac~ cidens , '44 CHAP. VIH. Des maladies proprement dites du Froment en herbe , *4î Section première Du rachitis , 14^ Sect. H. Du charbon, 147 Sect. 111 De la carie, 148 CHAP. IX. Méthade préfervatlve des ma- ladies du Froment , & réflexions fur cttie méthode, ibid;. CHAP. X. De la récolte du Froment, i^ï Section pRïmiÈrE Dutemps &de la manière de récolter, ibid, Sect. II. De la manière de former les ger- biers , })^ §. I. Des gerbiers momentanés , ib'.d. §. II. Des gerbiers à demeure jufqu'au temps du battage , I 5 f CHAP. XI. Du vettoiement des Grains , 164 Section première. Du battage , ibid. Sect. 11. Du vannage 6* ventage , 165 CHAP. XII. Des pailles, 169 DEUXIÈME PARTIE, De U confervdtian du Froment dans les gre' niers , l?® CHAPITRE PREMIER. Des caufes exté- rieures defon dcpcr.fcment , ibid. Section première. Z?«wyciî«, ibid» §. I. Des charançons , ibid. §. II. Des faujfes teignes, I7I §. lil Delà cadelle, ' i77 Sect. il. De réchauffement du BU, occa- fionné par les infeSles , 17 f CHAP. II. Des caules intérieures du dépé- rifement du Blé iaris le grenier, & du Blé germé , 180 CHAP. 111. Des moyens de prévenir le depérijjement du Blé , 1 8i Section première. De la pofition & des dijpofiiions aes greniers, ibid, Sect. II. De la conjervation du Çrain par l'intermède de l'air , 1 84 fï) Les Cbapit;es 7 j 8 , §(. 9 , font dç M. Pirmemier, ;Sect, F R O SfiCT. HT. De la confervation du Grain p^f l'intermède du feu , 1 87 §. I Màhode de M. Duhamel, ibid. §. II. Méthode de M Parmentier, iço §. 111. Méthode de M. Ccfar Bucqnel , If/j Sect. IV. De h confervation des Grains par la foujlraBion de l'air extérieur , i ^6 PREMIÈRE PARTI-E. /?£/ Froment considéré depuis LE MOMENT qu'on SE PROPOSE DE LE SEMER , JUSQU'APRES l'avoir battu et RENDU ASSEZ NET POUR LE CONSER- VER DANS LE GRtNIER. CHAPITRE PREMIER. Difcripùon du Genre, M. Toiirnefort appelle le froment triticum, Sc le place dans 'a rioilième fedion de la quinzième daffe,qui com- prend les herbes à fleurs à étamints , qu'on nomme i'Iés ou plantes grami- nées , parmi lelquelles plufieurs font propres à faire du pain. M. von-Linné le nomme également triticum , ôc le claffe dans la triandrie dyginie. Les véritables caraderes qui diftin- guent les fromens des autres plantes voifmes de ce genre, font d'avoir un calice ou balle compofé de deux val- vules , & qui contient fouvent trois fleurs; les valvules font ovales & obtufes. Deux valvules prefqu'égales , & (de la grandeur du calice , tiennent lieu de pétales; l'intérieure eft plane, & Textérieure eft bombée, terminée par une petite pointe. Les étamines font au nombre de trois , en forme de fils ; les piftils, au nombre de deux , réfléchis , terminés par un ftigmate plumeux. Tome F, F R O 113 Le grain ou femence eft unique » oblong , ovale , obuis des deux cô- tés, convexe fur le dos, fiUonné fuf le côtéoppofé. Les fleurs & les femences font portées fur un épi général ,& cet pié eft lui-même compofé par de petits épis de deux à cinq fleurs ou grains , fuivant les efpèces. CHAPITRE II, Des Espèces. Le langage des botaniftes eft bien différent de celui des cultivateurs ; auffi j'ai été obligé d'établir , au mot Efpece , ce qui conftituoit l'elpèce botanique èc l'efpèce Jardinière OU tultivée. Confultei ce mot y afin d'é- viter ici les répétitions. Section première. Caracière des Efpeces. M. von-Linné en compte fix efpèces dont la plante périt chaque année, ôc cinq qui font vivaces. Efpèces annuelles, I. Le Froment d'été , Triticum œjli- vum. Lin. Son calice renferme quatre fleurs à balles très- ventrues , liffes, difpofées les unes fur les autres en manière de tuiles , & dont l'extré- mité eft garnie d'une longue barbe. H. Le Froment d'hiver, Triticum hybernum. Son calice renferme éga- lement quatre fleurs à balles , difpo- fées en écailles , &: qui tombent à la maturité du grain ; elles (ont com- munément fans barbes. Dans quel- 114 F R O quesendroits on défigne cette efpèce lous le nom de touiellc. III. Le Froment rcnjiî y Trhicum tur- gidum. Lin. A balles ventrues, velues, contenant quatre fleurs; l'épi eft fort gros , compofé, rameux , & chargé de barbes fort longues. IV. Le Froment de Pologne , Triti- cum polonicnm. LiN. Les balles con- tiennent deux fleurs ; chaque petit épi a des barbes très-longues, & ces bar- bes font comme dentées. V. Le Froment épautre , ou Epeautre , Tr'uicum fpdta. LiN. Son épi eft un peu comprimé & dépourvu de bar- bes ; s'il en a , elles font très- courtes & feulement difpofées dans fa partie fupérieure. Les petits épis qui com- pofent l'épi général font compofés de quatre fleurs , dont deux ou trois tout au plus font fertiles. VI. Le Froment à une feule loge Trhicum monoccocum. LiN. L'épi efl court , fe divife en deux , garni de chaque côté de barbes fines &î. fort longues; les petits épis dont le gé- néral efl compofé, font de trois fleurs , dont une feule eft fertile. Efpcces vivaces, \. Le Froment à feuilles de jonc , Triticum junceum. LiN. Ses tiges font hautes d'un à deux pieds , garnies de feui les étroites , blanchâtres en def- fus ; un peu roides , aiguës , & roulées en leurs bords. Les petits épis de l'épi général font compofés de cinq à fix fleurs , communément dépour- vues de barbes ; les balles ont le dos garni de cannelures faillantes. II. Le Froment maritime, Triticum maritin.um. LiN. Tiges hautes de cinq à fept pouces , coudées à leur articula- lion inférieure j garnies de quelques F R O feuilles lifl!es , à peine larges d'une ligne ; l'épi eft maigre , un peu rameux à fa bafe;les petits épis font compri- més & ont une roideur remarquable. Il croît dans les provinces méridiona- les , au bord de la mer. III. Le Froment rampant ^ Tr'aicum repens. Lin. Ses racines articulées très- rampantes; pouffe des tiges droites, feuillées ; fes feuilles , larges de deux ou trois lignes, molles , vertes, & velues à la furface fupérieure ; l'épi général eft long de trois à quatre pouces, & les petits épiscompoféi de quatreà cinq fleurs, dont les balles font aiguës & communément dé- pourvues de barbes : cette plante croît dans les haies. IV. Le Froment délicat , Triticum te- nellum. LiN. Racines fîbreufes , tiges menues , baffes & feuillées ; les feuilles liflTes, vertes, au plus une ligne de largeur; l'épi eft maigre, en forme de fil , prefqu'entièrement d'un feul côté; les petits épis comprimés ,, compofés de trois à quatre fleurs , difpofés d'un feul côté , & quelque- fois en fpirale ; ils font toujours bar- bus. V. Z,e Froment à fleurs d'unfeulcôti , Triticum uni-laterale. LiN. M. von- Linné en fait une efpèce à part ; ce- pendant on peut à la rigueur le re- garder botaniquement comme une variété de l'efpèce précédente ; il en diffère par les calices des fleurs , pla» ces alternativement d'un feul côté , & en ce qu'ils ne reftent pas fur l'épi. Ces cinq efpèces vivaces intérefTent peu le cultivateur; cependant , quel homme peut répondre qu'à force de culture & de femis multipliés , ainfj qu'il a été dit au mot Efplce , on ne parvînt pas à ^ retirer un jour des F R O récoltes utiles ? Il eu. inutile de faire des expériences fur le froment ram- pant : malheur au champ , au jardin , &c. dans lequel il a établi fa demeure ^ il eft prefque impofiible de le détrui- re; fes racines tallent à .l'infini. Il ne faut pas le confondre avec le (hien- dtnt. ( Voyt{^ ce mot ) S EC T I O N II. Ohfcrvations fur hi Efpices cultivées. Il convient d'examiner de nou- veau les efpèces utiles de froment que l'on cultive , & après avoir parlé le langage des botaniftes , de s'entretenir avec les agriculteurs. Ce qui concerne le feigle , le métel! , & autres plantes connues fous le nom de blc en général , fera détaillé au mot propre. Le climat , le fol & la culture agiffent beaucoup fur la qualité des grains , & à un tel point , qu'il n'eft pas poffible d'établir des caraftères £xes & décidés entre ee que nous appelons , par exemple, blés barbus, blés ras ou fans barbes. En effet , ces efpèces jardinières , même du fécond ordre, changent de vifage , s'il eft permis de s'exprimer ainfi , tranf- portées d'un pays à un autre , culti- vées ou fur les hauteurs ou dans la plaine , aux bords de l'océan ou de la méditerranée , ou dans l'intérieur des terres. Cette transformation pro- duite par le climat , l'eft également par la culture; & dans tel ou tel ter- lain, après un certain nombre d'an- nées , les blés barbus deviennent ras , èc les ras deviennent barbus. Il en efî ainfi pour la couleur des grains de chaque efpèce jardinière de blés. Parmi les blés barbus on diftingue F R O iiî ceux à barbes longues & à barbes courtes, à barbes liffes & à ba:bes raboteufes , ou comme légèrement épineufes; à épis plus aplatis ou plus quarrés ; à grains dont l'écorce efl: couleur paille, à écorce d'un jaune doré, à écorce rouge, à écorce blan- che; enfin, d'autres plus ou moins gros , plus ou moins arrondis ou alongés. On obferve les mêmes diffé- rences pour la couleur & pour la forma fur les blés ras. On diftingue encore les blés en hl~ virnaux & en pr'intankrs ou marfais. Les hivernaux font communément femés en feptembre ou en oflobre, & pafTent Thiver en terre, d'où ils ont pris leur dénomination générale; les autres ont été nommés marfais ou printan'urs , parce qu'on les fème dans le mois de mars & à l'entrée du prin- temps ; dans quelques endroits on les appelle encore de tro'is mois ou blés trémois , parce qu'ils ne relient guère plus de trois mois en terre. Toutes ces dénominations tien- nent plus aux cantons qu'à la réalité. En Languedoc , par exemple , & dans beaucoup d'autres provinces du royaume , tous les blés font femés en oûobre ou en novembre , & tous les blés y font barbus , la tourelle ex- ceptée ; fi on tranfporte ces grains dans des provinces éloignées , fi on les y fème avant l'hiver, peu à peu ils deviendront ras , & j'ai même obfervé des touzelles complètement barbues, à demi & au tiers bar- bues. La groffeur du grain ne caraftérife pas mieux l'efpèce. Par exemple, l'au- teur de la Maifon ruftique dit que le grain de la touzelle êfl: plus gros que celui des fromens ordinaires , tandis qu'en Provence, en Languedoc , ôic. Pi ii6 F R O il eft plus petit ; mais ici n'y auroit-11 pas confufion de nom? au moins je le penfe. Tout blé ras n'eft pas tou- zelle , & je puis dire que j'ai très-peu vu de vraie touzelle dans nos pro- vinces du nord; ou bien , en fiippo- fant que la véritable eût été tranf- portée du midi au feptentrion du royaume , elle y a éprouvé des chan- gemens dans la force de fon grain , & même dans la couleur , puilque celle du nord n'eft pas auiïi blanche que celle du iriidi. D'après ces oblervations , il eu donc impoiîible ou du moins tres- difEcile d'établir une nomenclature exa£le des différentes variétés de blés cultivées dans le royaume, puifque celui qui voudroit l'entreprendre feroit obligé de faire venir de trente endroits au moins de chaque pro- vince, les efpèces de blé qu'on y cultive ; de femer ces efpèces de les faire cultiver fous fes yeux, & enfin d'en faire une deicription exacte ; mais à quoi fervira l'exaûitude même la plus fcrupuleufe dans ce travail , finon à coiicUire que telle 6c telle efpèces s'efl; montrée de telle & telle forme dans le champ de ce particu- lier; &le grain qui fiera provenu de cette récolte ne reffemblera prefque p'us ou plus du tout, après avoir été ferné pendant pUifieurs années de fuite, au blé de l'endroit d'où on l'aura originairement tiré. I! y a plus ; femez avant l'hiver ce qu'on appelle lié prif2tani» comme l'autre bled , parce qu'ayant » la pelure du grain , qui eft aflez » gros , fort déliée , difficilement » peut- il fe moudre grofllercment , » comme ell requis pour faire que le M pain Ibit bien blanc , ains fe con- » vertit prefque tout en farine , avec » peu de fon ; tel défaut revenant M néanmoins à la commodité du » ménage. >♦ Il efl parlé dans les Mémoires de la Société d' Agriculture de Rouen , Tom. /, pag. 123, d'une efpèce de blé venu de Siléfie, M. Dumenil-Cofte , auteur de l'obfervation , dit : « L'avantage de » l'efpèce que je propol'e aujourd'hui » n'elt point fujet à la nieUe , con- M vaincu de ce fait par l'expérience «que j'en ai faite en le cultivant. » Ce blé eft moins fujet à verfer , » fa paille étant pleine de moelle , >• eUe obéit aux coups de vents , & w fléchit comme le jonc. Les Alle- » mands en tirent beaucoup d'utilité ; w ils font hacher la paille pendant » l'hiver , & ils en nourriffent leurs ■» beûiaux. » » L'utilité de ce blé eft d'autant » plus grande , que la récolte en eft »plus abondante que celle du blé F R O 117 » qu'on cultive ordinairement en » France ; il contient plus de farine » & fait de très-bon pain , quoi- » qu'à la vérité la farine foit un peu » grumeleufe. » » Il faut avoir la précaution de » faire battre ce blé fur le tonneau y. » parce qu'il eft trop tendre pour » fouffrir le fléau. » » La méthode de le cultiver eft w on ne peut pas plus facile ; il f» faut le femer de bonne heure »dans une terre bien grafl^e & bien » préparée , & mettre un peu plus de » lemences que pour les autres blés. » Comme je n'ai jamais vu cette efpèce de blé , & que l'auteur ne la décrit point , je ne fais fi on peut la' rapporter à une de celles qui ont été décrites plus haut. M. Duhamel , dans fon ouvrage intitulé Culture des terres , Tom. V , page 440 , parle d'un blé connu a Genève fous la dénomination d'a- bondanct , & qui cependant n'eft pas le blé de miracle ou de Barbarie 5 & , page 138 du même volume, d'un blé d'Elpagne dont le grain eft dur , tranfparent comme le riz , & a très - peu de fon. Je ne eonnois ni l'un ni l'autre. Ce dernier fe- roit-il la touzelle dans fon état de perfeftion ? Je le répète ; chaque royaume , chaque province , chaque climat a fes efpèces particulières & propres au pays. 11 n'eft pas douteux qu'on ait fait des efl!"ais en tous genres en échangeant les femences , & on fe fera enfuite déterminé à cultiver celle qui aura conftamment le mieux réuffi , & fe fera le mieux aclimatée. • Le blé métiil n'eft point ime ef- pèce à part ; on le nomme encore mixture à quart , à moitié , aux trois ii8 F R O quarts. C'eft un mélange plus ou moins confidérable de froment Sc de feigle , 6c iemé en même temps. ( Foyei MÉTEit ) Ce blé eft ordi- nairement dertmé à la nourriture du métayer & des gens de la ferme ; Ôc iuivant la coutume du pays , les conventions , &c. le froment eft plus ou moins chargé de leigle. CHAPITRE III. Des Semences. Section première. 2}e la nîceffîci de changer les femtncei. La preuve la plus complète que les fromens cultivés en France font des efpèces jardinières ou du fécond ordre , eft fournie par la néceffité de changer les femences. Cependant quelques auteurs tranchent & difent , cultivez bien votre champ, femez à propos , & vous n'aurez pas be- foin de chercher dans les villages voifins des grains pour enfemencer. Malgré cette afl"ertion , l'expérience la plus conftante démontre combien il eft avantageux de renouveler , au moins tous les trois ans , le blé qu'on veut jeter en terre. Je ne tiens à aucun préjugé fur l'agriculture : quoique j'admette comme bonnes toutes les méthodes fuivies dans un canton , je me réferve cependant la liberté de les foumettre à de nou- velles expériences , afin de conftater décidément leur mérite ou leur clé- feûuofité , toujours relativement au canton , parce que toutes les fois qu'on veut généralifer , on fe trompe gc on trompe les autres. J'ûfe dire que , d'après cette ma- F R O nlère de juger, j'ai toujours obfervé que le même grain femé plufieurs années de fuite dans les mêmes champs s'y détériore, même malgré l'avantage des bonnes (a.fons. Il y a peut-être des exceptions à cette alîertion générale, & c'eft fans doute ces mêmes exceptions qui ont décidé à regarder comme inutile le chan- gement de femences; mais en bonne logique, des exe plions ne font pas loi , puifque nulle règle fans excep- tion. Il n'eft pas douteux que dans ces cas , que j'admets comme vrais, de nouvelles femences auroient pro- duit du plus beau blé. Il eft inutile d'infifter plus long -temps fur l'ac- quifition de nouveaux grains , fur le changement de femences ; puif- que c'eft un point de fait générale- ment reçu, non -feulement en agri- culture , mais encore dans la prati» que conftante du jardinage. Section II. D^où faut-il tirer les femences ? II eft conftant que telle ou telle efpèce de froment fe plaît plus dans un terrain que dans un autre; c'eft donc le premier point que le culti- vateur doit confidérer & connoître. II eft bien difficile qu'un métayer , qu'un propriétaire inftruits ne par- courent , pendant que les blés font fur pied , quelques-unes des paroiftes limitrophes à trois ou quatre lieues à la rop.de. Dans ces petits voya- ges il examinera le grain de terre ôc la nature du blé , & dès qu'il y ren- contrera de l'analogie avecfon champ & le grain qui y réuffit le mieux , il ne doit pas balancer à acheter la quantité de blé qui lui convient , F R O i Ce problème a été un grand fujet de dilcuffions entre les écrivains agriculteirrs ; & un feul coup-d œil fur lé grand livre de la nature fuîîi- foit pour en donner la folution. Chaque plante annuelle j indigène îju pays , fort de terre , végète , fleurit, mûrit, meurt ou fe fanne à lion époque fif e , à moins que l'ordre des failotis ne- foiî détangé , ©u FR O avancé , ou retardé. Le premier printemps voit naître & fleurir la jacinthe dans nos jardins , le narcifi^ dans nos prés, le muguet dans nos- bois , &c. &c. ; enfin chaque plante a (on époque déterminée en raiioa de la chaleur ambiante de l'atmoi- phère. Chaque faifon , chaque mois , & l'on pourroit prefque dire chaque femaine fart cclore de nouvelles graines ; mais jamais, à moins qu'il ne furvienne des cas extraordinaires-, leur végétation n'eft trani portée d'une faifon à une autre. De ïà naît cette heureufe variété de plantes il de fleurs qui parent nos campa- gnes, même au milieu de l'hiver ; le tarafpie , le laurier-thym, les ellé- bores , le perce - ne ge , &c, en font la preuve. Or , fi chaque vé- gétal eft fournis à une loi qui lui eft propre, le froment ne dort donc obéir qu'à la fienne & ne pis faire une exception à la loi générale de lai- nature. En eiïet, que l'on par-- coure, dans les mois de juillet,, août & feptembre , un champ cou- - vert du chaume de la récolte pré- cédente , on ne verra pas germer les grains tombés des épis pendant • là moifîbn. Mais , pour peu qu'il fur- vienne de la pluie au miheu de Sep- tembre ou au commencement d'oc- - tobre , chaque grain germera & fe hâtera de paroîire. On doit bien concevoir que les époques qu'on vient d'indiquer , dépendent beau- coup du canton , Si il n'en eft p^ moins vrai que la germination n'aura lieu qu'autant que le degré de la cha- leur ambiante lera celui qui convient . à l'efpèce de- grain. C'efi donc cette époque enfeignée- & fi>.ée par la nature , que l'on doit faifir ; c'eft'en-- Gore. elle qui a donné lie» aux h^. - F R O maî'lès des fromens marfais » ou printaniers, parce qu'alors le degré tle chaleur de l'atmofphère eft égal , ou du moins prefqu'cgal à celui qu'on éprouve communément en feptem- bre ou au commencement d'odlo- bre. Ici l'opération de la nature eft libre , & elle eft forcée quand on ieme plus tard ; par exemple , à la fin de novembre ou de décembre , lorf- que les circonftances ne permettent pas de femer plutôt ; cependant le froment germe , végète & pouffe , &C quoique ftmé beaucoup plus tard que ce'ui du mois d'oûobre , il eft mûr preiqu'auffitôt, parce que les plantes, à peu près comme les animaux, ont un certain nombre de jours pour la geûation , c'eft-â-dire, avant de par- venir àleur maturité ; mais ce qui détermine cette geftation dans le vé- gétal , efl le degré de chaleur de ratmofphère : par exemple , fimez des épinards , des chicorées , &c. pendant l'été & dans les pays chauds , ils monteront en graine preiqu'en fortant de tprre ; il en eft de même d* toutes les plantes. Ainfi, en partant du principe indiqué par la nature , chacun iuivant io.i canton , fuivant le climat , on ne craint pas de s'éga- rer. Il vaudroit même mieux de- vancer l'époque des arce que cette germination fuit le degré qui lui convient de la chaleur de l'atmolphère , ôc qu'elle e(l fulpetidue loricjue- la cha eur de l'atmolphère n' ft pat au j/oi/it convenable. Les belles expériences d; M. Ddi inel , tapportéts au mjt Amandier , Tom 1. pag. 4^8 , !,e laiijtnt rien à défirerà ce fujet, & de la végéta- tion de la vigne :! eft facile d'en faire l'application à celle A\\ froment. Je ne puis me ref .l'er au plaifir de rapporter le texte du Thiâtu (ï As.rï' culture d'Olivier de Serres , ians contredit un d_s meilltu'-.s ouvrages que nous ayons en ce genre, « Si au gouvernement de la mefr, i^erie , y a du hazard ( comme aucune chofe de ce monde n'en efl exempte ) c'eft ©n ce point dès femences ; t:.n , quel- que peine qu'on Hye p'-'.n^e durant toute l'anaée à accouder &; à préoarer la terre en toutes les façons dont on F R O iij Ce fera pu avifer , c'aura été pour néant , s'il n'y échéoit rencontre de bonne faifon en l'enlemencement provenant du tempérament de (éche-^ reffe & d'humidité , félon le particu- lier naturel des grains , plus ou moins les uns que les autres. Moyennant lequel fond fe trouvant humedlé- par les précédentes pluies & ef' venté par le beau tems préfent ,. fec & ierain , fe rend propre à re- cevoir les femences , pour iacile- ment germer , toft lever & foriir de terre (ans eftre expolé à la merci des fourmis , vermines & autres beiiloles qui les y rongent ; & ce , avic autant plus d'intéreit que plus demeurent à naill:re &C ne feront futibquées des méchantes herbes , qui par le labeur arrachées de terre, ne s'y pourront reprendre à faute d'humeur. Autre chofe ne nous peut faire jouir de ce rencontre que la diligence , pour avec elle prendre par les cheveux le vrai point de la bonne iai(on des femences , les ex- pédians avec toute extrémité de la- beur ; craignons que les pluies de l'automne, furvenant (ur Pouvrage ,, ne nous renvoyent trop loin dans- l'hiver &c par tel deftruc nous faf— fent choir en grande perte, » L'an-^ tiquiié dit là-de(Tus : Si tu veux bien iroinonner,. Ne craia de trop toft Ismer. « Dont fommes poufTés à avancer- nos (èmences avec efpoir de proffit. Les meilleurs mefnagers , inftruits par longues expériences , mépri('ent; les tardives femences , quoique fruc- tueuiés , louhaitant leur rapport eflre' brûlé pour l'exemple , afin que leur; fertilité: n'anochaliffe lé laboureur.. Car c!efl chofe autant rare d'en avoirr iiS ^ R O ;bonne itltie , que mauvaife des hafti- ves faites en l'aii'on , 6c favori/ées du tems fuivant. C'ell néanmoins félon la faculté des terroirs & cli- mats , voulants plutoft ou plus tard être enfemencés les uns que les au- tres ; i! vaut mieux s'avancer que de reculer à jetter les feniences en terre, » « Les premières feuilles des ar- bres chéans d'elles-mcmes en l'au- tomne 5 nous donnent avis de l'arri- vée de la faifon des femences ; les araignes terreftres , auffi par leurs ouvrages , .nous foUicitent à jetter nos bleds en terre ; car jamais elles ne filent en automne que le ciel ne foit bien difpole à faire germer les bleds de nouveau femés ; ce qu'al- fément fe cognoift à la lueur du fo- leil qui fait voir les filets &c toiles de ces beftioles , traverffer les terres en rampant fur guérets. Inftruftions générales qui peuvent fervir & eftre .communiquées à toutes nations pro- pres à chacun climat chaud , froid , tempéré , provenant direûement du bénéfice de nature , qui par ces chofes abjeftes & contemptibles follicitent les parefTeux à mettre la dernière main à leur ouvrage, fans iiler d'aucune remife ni longueurs. Six femaines y a-t-il eu de bons tems pour les femences , & non gueres davantage , commençant ez lieux tempérés le 15 feptembre & le 10 du commencement d'odobre , lef- quels o.ii la plus part fe rencontrant au décours de la lune , fe rendront du tout propres à cette adion : félon la commune opinion des bons la- boureurs , qui , par excellence , ap- pellent ce terme-là de Fannée , la bonne lune, » C'efl l'a propos qui iflflue & non la bonne lune , foi* F R O nouvelle , foit pleine , foit en dé-' cours. Cependant les différentes po- fuicns où elle fe trouve , influent fur l'atmofphère en général, f^oye^ Le mot Almanach où eft expofé le fyftème de M. Toaido , & le mot Lune. Section IL De la manière de femtr. Il ne fera pas queftio» ici de fcmoirs que l'on imagina lorfque l'agriculture étoit un objet de mode en France ; j'en donnerai la defcrip- tion au mot femoir^ quoiqu'on les ait relégués fous les hangars , ou du moins que très-peu de perfonnes en faffent ufage, 11 5'agit des préparations avant de femer, de la quantité de femences à répandre fur une étendue donnée ; enfin de la manière de la recouvrir.. §. 1. Préparations avant defemert Si on a labouré dans les temps convenables , fi les labours ont été ferrés & croifés oh/iqucnenc , le fol , lors des femailles , doit néceffaire- ment être bien divifé , bien atté- nué & fans mottes ; en im mot, en état de recevoir le grain qu'on lui confie , à moins que des pluies battantes pu continuées n'aient durci la fuperficie du fol, alors ceft le cas de labourer de nouveau ; i**. afin de rendre la terre meuble; 1°. pour que le germe ne foit pas étouffé par des monceaux de terre ; 3°. afin que la radicule puifle s'enfonx:er profondément Se Xzplantule pénétrer avec facilité h travers les molécules terreiifes qui la recouvrent; (vojt-^ CCS J^ R O «es mots ) 4°. eafin , que la terre ibit préparée en bidons , ( voyei ce mot ) OM en tables , ou en plein , c'eft-à-dire , tout à plat; ne jamais femer que fur un labour nouvelle- ment fait. Si elle eft en billons ou en tables, les rangs à femer font indi- cués ; fi elle eft à plat , il faut les tracer. A cet effet , le femeur part elanteur d'un grain de blé ordinaire , ni trop gros ni trop petit a fervi d'étalon & a déterminé les poid:. Le grain eit la 576° partie ue l'once, & 16 onces poids de marc font une livre. ( Je ne parle que de celui-là ) I! y a donc 570 grains de blé dans une once, & quelques auteurs avancent qu'elle contient jufqu'à 600 grains de blé J mais en prenant au plus bas , la livre de froment eft donc compolée de 9216 grains, & Tes 40 livres fuppofées de femences pour un bon champ de 400 toiles cuarrées , renferment donc 368640 grains de froment, La toife quarrée de fix pîeds-de- vo'i contient 36 pieds quarrées. Or, en multipliant 400 toifes quarrées par 36 pieds, ou trouve dans cette étendue 14400 pieds quarrés ou de fuperficic. Voilà donc deux points connus , celui du total de iafuperficie, & celui du total du nombre de grains. Il refle à préfent à favoir combien il y aura de grains de femences par pied quarre, & après avoir nniltiplié 36864P par un, le quo- tient eil 368640 , qui divifé par l'extrême 14400, donne par chaque fiiperficie de pied- quarté il tombe 2^ grains ;„ , plus un \\ ,, Le pied quarré contienï foixante - douze pouces; c'eft dortc un grain à peu près, ilir un peu moins de deux pouces -.jBarrés. F R O Aûuellêment arrachi is de terre-,', dans le mois de mars o\ d'avril , un*: plante de froment femt ■ avant l'hi- ver , & femée clair , fc nous ver- rons que le diamètre de fes racines chevelues fera au moins de trois à quatre & à fix pouces. Ainfi , dans la fuppofition de chaaue grain ef- pacé de deux pouces , il eft clair, que les racines doivent fe confon- dre , s'entremêler , s'affamer les unes & les autres , d'où il réfulte nécef- fairement la foibleffe de la tige, ( la plante ne fauroit taller ) la maigreur de l'épi , &c. &c. Que fera-ce donc fi , fuivant l'ufage prefque général , on fème un quintal de froment poids demarc jl'urune étendue de 400 toifes quarrées , ainfi qu'on le pratique pref-- que par-tout.^alors chaque pouce quar- - ré contiendroit une plante & plus. En femant 400 livres de froment par 400 toifes quarrées, la perte de moitié & même de deux tiers des fe»- mences , par une caufe ou par une autre , ne préjudicie point à. la ré- colte , puifque , fur l'étendue d'un pied, quarré , s'il refte feulement trois , quatre ou cinq plantes au plus , leurs racines s'étendront à l'aife, fer- rent bien nourries , la plante tallera , produira plulieurs tiges dont les épis feront longs , bien quarrés , & les grains gros & chargés d'embonpoint. . Il me paroit que ces raifonneinens ront, jufqu'à la démomlration. L'a,- dage général dit qu'on doit femer épais dans la crainte des avaries ; & ,à mon tour , j'étabi.s celui-ci,., que plus l'on fème clair & plus l'on récolte. Mais j'exige que l'on ne jette en terre que de bonnes femen^ ces , fans grains retraits ou détériorés par les infeûes , enfin recouverts à, propos lors des femailles, . F R O 5. m. De ia manière de recouvrir U Grain, Les femallles ' faites avant l'hiver demandent à être plus recouvertes que celles des blés printaniers ; les premières plus couvertes encore dans nos climats méridionaux que dans les tempérés & dans ceux du nord du royaume. L'intenfité & la durée de la chaleur de l'automne , fa conti- nuation à l'entrée de l'hiver , & le peu de froid, ordinairement de cette faifon , rendent cette précaution in- difpenfable aux yeux du bon culti- vateur. Je le répète , & je ne géné- ralife point; elle tient à l'intenfité habituelle de chaleur du climat. Par exemple , en Provence & dans le bas - Languedoc , le comtat d'Avi- gnon , le bas-D'iuphiné, &c. le terme moyen de la chaleur de l'été ert en général de 15 degrés, comme le ter- me moyen de cellr" de Paris eft de 18, de Lyon, de vingt - deux ,&c. Sec. du îhernnmètre de Réaumur. La chaLur de la maffe de la terre , à un ou deux pieds de fuperticie , iuit à peu près cette progreiîîon , fur- îout fi la féchereffe s'eft foutenue. Le degré de chaleur de ces provin- ces méridionaiCS eft , penr'snt le mois d'oclobre & dans les premiers jours de novembre, de quinze , douze , dix & huit degrés , le plus commu- nément au plus bas. ( II ne s'agit pas ici d'exceptions accidente'les ) Or , avec cette fortune de chaleur de 1 atmofphère & celle du fol , il eft clair que le grain de froment aura la force de percer une couche plus forte de terre, quefi la chaleur du fol étoii comme quatre- ainfi que celle deJ'atmofphèrç, Il n'eft donc pas F R O 135 nécefTaire de femer en fuperfîcie & de recouvrir légèrement. 3e ne veux pas dire que,, dans le premier cas, le grain doive être recouvert d'un pied de terre ; tout ' extrême eil dar.ge- reux ; mais à fix pouces il iera plus long-temps à forîir de terre, & il ger- mera très- bien , fur-tout fi la terre qui le recouvre eft ameublie au point convenable. J'ai fous les yeux la preuve la plus convaincante de ce que j'avance. Si la terre eft mal îabourée , û elle a été travaiilée pendant l'humidité, elle doit nécefTairement être en mot- tes , & ces monceaux de terre durcis ■- s'oppoferont à la fortie du prain , , quand même il ferolt feulement en- foui à trois pouces, A trois pouces , 'ce fera encore trop , tant que dans ces provinces on labourera avec l'araire , { voyc? le mot Charrue ) qui foulève la terre à quatre pouces de profon- deur ; & tout au plus à cinq , parce que les racines ne trouveront pas à s'enfoncer , & feront obligées de s'étendre horizontalement & de ne faire , pour ainfi dire , qu'une feule maffe avec les racines des plantés voifines. Il arrive très-fouvent la perte complète ou prefque complète des récoltes , lorfqu'il ne pleut pas dans le mois d'avril, au moment que les tiges commencent à s'élancer hors du collet de la racine. Sa la féche- reffe fe foutient , tout eft perdu , &- à peine recuei!le-t-on la femence. Si la femaille a été hâtive , fi la terre a été auparavant convenable- ■ ment défoncée à huit ', neuf 011 dix* pouces de profondeur , ff le grairt v efV recouvert par quatre à cinq •pou — ces , de - terre • m^uhU--^ ■ ii ■■ craindro^î M4 FRO moins les funtftes effets de la fé- chereffe , & on aura au moins moitié de la récolte quand les autres n'au- ron' que de ia paijie & en petite qua:î'ité. Cette aflertion eft fondée fîir l'expérience & fur la théorie de la végétation du blé. Le grain germe , ce germe ou radicule pre- mière s'enfonce en terre, la plantule fe développe , perce le fol, pénètre au jour, &C s'élance. La radicule s'en- fonce ju'.qu'à ce que de nouvelles racines fortent du collet ( voyei ce mot .-celles-ci font feulement fibreu- fes, s'enfoncent autant qu'elles trou- vent une terre meuble. J'en ai vu de plus de huit pouces de longueur, & dans un vafe d'un pied de lar- geur fur un pied de hauteur , celles d'un feul grain de blé tapiffoient toute fa furface intérieure. Dans ce fécond cas , la chaleur ambiante du vafe en étoit la caufe. Ces deux exemples prouvent au moins que fi les racines du blé s'étendent hori- zontalement & à fleur de terre dans nos champs , il faut l'attribuer à la ir.auvaife culture & au peu de pro- fondeur de leur recouvrement. Aufîl la féchereffe ne les épargne pas. Les habitans des pays tempérés & de nos provinces du nord , où les pluies font communes & la- cha- leur tempérée, fe perfuaderont diffi- clienient que celles du midi foient quelquefois de cinq à fept mois , & niême plus , fans qu'il y tombe une feule goutte de pluie ; le fait n'eft pas moins vrai , & s'il y pleuvoit pendant douze heures de fuite , une feule fois par niois , ces provinces , naturellement fi fèches , feroient les plus fertiles ; car la chaleur du cli- gnât , le voiliuage de la nier donnent àla végétaiionuneaflivité furprenante '^P R O Dans les provinces du centre d« royaume, tempérées, & dans celles du nord, naturellement plus froides, il feroit dangereux d'enfevelir aufli profondément les femences , puifque la chaleur de la mafli; de la terre & celle de l'atmofphère ne font pas auffi fortes pendant l'été & l'au- tomne, & que les froidures d'hiver y font plus précoces. Recouvrir de trois à quatre pouces les grains fe- més de bonne heure, çû fufEfant. La manière de recouvrir varie fui- vant -ies provinces; dans les unes, le dernier labour eft fait à larges & profonds filions, & dans les autres, les filions font moins profonds, parce qu'ils font plus ferrés. Après avoir femé, on paffe la herfe à une ou à plusieurs reprifes. Dans quelques en- droits, & fur-tout dans ceux où l'on laboure avec l'araire fimple, c'clt-à- dire, fans oreille, on recouvre en labourant de nouveau fur le ferais avec la même araire; quelques-autres labourent avec l'araire à oreille & recouvrent de même. Je n'ajouterai plus rien à ce fujet; j'aime mieux laiffer parler Olivier de Serres. Il eft bon de remarquer qu'il écrivoit à Pradelles, fitué dans les montagnes du Vivarais, fans quoi je paroîtrois être en contradidion avec l'auteur que je cite. Il faut donc feulement s'attacher aux généralités. » La femence fera efparfe le plus efgalement qu'«n pourra, & cou- verte de terre feulement de deux à trois doigts, afin de la faire naiftre & accroiftre avec profit, plus o« moins de terre lui étant nuifible. Le bled inégalement femé ne peut naiftre qu'inégalement; c'eft affavoir, ^fpeft'ement d'un côté & rarement de l'autre. D'où avient qu'en un en- FR O droit par trop preffé, ne peut s'a- vancer qvi'cn langueur; en l'autre, les nuifibles herbes s'accroiffent par- mi, au vuide qu'elles y trouvent, le fufFoquent; & celui trop chargé de terre s'eftouffe à caufe de la peftn- îeur d'icelle,. n'en pouvant fortir: ainfi voit-on telles inégalités préju- dicier beaucoup à ce melnage, Pref- que tous les mefnagers fe déçoivent en ceft endroit; ceux-là feuls tenant h vraie méthode pour bien femer, ^m couvrent leurs bleds à la herce. laquelle eigalement les efpard ne les fourrant dans terre à la proportion de fes chevilles, ielon la longueur que vous leur aurés voulu donner, & trouvée propre à l'expérience. De fait il eft raifonnable de confefler que la plufpart des femences fe per- dent dans la terre, veu qu'elles ne font communément, mefmes ez bon- nes terres, que cinquener ou fixener, au lieu que toutes femences venant à. bien faudroient qu'elles rendirent cinquante ou foixante pour un , voire & davantage; d'autant que d'un grain plufieurs efpis vie-nnent & que chaque efpi produit plus de vingt grains (i), ainfi que cela fe remarque occulai- rement. Les fourmis, les vermines, les oileaux &C autres beflioles en defgâtent bien une bonne partie, miis non tant qu'il nous en manque à noftre compte, la plufpart de cette pert provenant de la foçon de femer & de couvrir , à laquelle adjoutant lé non bien choifir la femence, n'eu mervnlles fi nos terres ne répon- dent pas à noftre intention : prenant F R O 13^ la peine d'aller après leur laboure, lor!qu'avec le (oc il recouvre la fe- mence , voas le remarquerez faci- lement. » » Le femeur , quelque bonne main qu'il ait, jette la plufpart du bled dans le fond des lignes, où en rou- lant s'emmonctUe, comme dans des vallons, fans fe pouvoir arrefter fui- la crefte des rayes pour leur re- broufl'ement : dont fe trouve plus de femences en un endroit qu'en un autre. Là où la pointe du foc paffe,., un feul grain de bled ne reile, ains aux coftés tous s'affemblent par les ■ oreilles ou efcus du foc, qui en con- fufion les y entafie les uns fur les autres, caufant que la moindre partie des femences vient à bien, qui cft celle qui fe rencontre commodé- ment couverte de terre, qu'on voit pouffer la première, paroiffant à la crefte Se èz coftés du rayon. C'eft: par bénéfice du remparement du temps & fertilité de la terre , faifant troncher, clofTer & multiplier à la longue ce peu de grains qui s'y trou- vent nais, le refte fe diffipant comme fi de propos délibéré on le jettoit dans la rivière à noilre intéreft &c: déshonneur de nos terres. » » Couvrant les femences à la herce, eft remède à ce dtffaut, en- tant que l'art a du pouvoir, parce qu'également les bleds font efpars fur terre; laifl"ifnt les évenemens «t. Dieu , qui donne le naiftre & l'ac-- croift"ement k toutes cbofes. » «Par-tout l'on peut fe pourvoir" de bonnes lemences, mais non pas • (l) Note dt l'Editeur Lorfqu'iin épi eft camp'àement développé, ^euri, & qu'il n'a poinr foi.fFerr , il ptélente ving: fleurs fur chacune de fes faces, & une au fommet ; ce qui fait 8i leurs; mais la plupart des germes avortent pendant la' formation de l'épi , •u du temps'de la flor^fon. . 136 F R O partout fe fervir de la herce pour ies diverfes qualités & fituations des terroirs. Où le fond n'eft pas trop pierreux ni trop pendant, la herce jouera avec pkifir : auquel cas fer- vés-vous-en fans mettre en confidé- ration les couftuines, d'autant qu'à meilleure occafion ne les fauriez rom- pre j mais ne s'y accommodant le lieu, force vous fera de faire vos femences au foc. Et à ce que cela foit à moins de perte , en adouciffant le naturel du foc, que des deux dernières œu- vres que baillerés à voftre terre , l'un peu devant ôc l'autre inconti- nent après le femer, le» lignes foient près à près l'une de l'autre , pour .applanir tant qu'on pourra le plan général de la terre, en imitant l'ou- vrage de la herce , afin d efpandre là-deffus uniment la femence : ce qui fe pourra faire affés bien pource qu'il n'y a beaucoup d'enfoncemens ni retrouffem.ent en la terre ainfi maniée. » » Quant au couvrir, ce fera au îaboureur diligent de limiter cela , donnant à fon foc autant de terre au'il voudra , peu ou prou, & félon la mefure dont il fera réfolii charger fa femence : mais de réformer le vice ou foc en ce qui eu d'emmonccler la femence èz certes, n'y a aiKun remède. Pour laquelle caufe à cette aftion dtmeure la herce, le plus propre de tous les inrtrumens, faifant naiilr? & lever la femence efgale- ment & fortir de terre comme herbes de jardinages èc prairies , comme très-belle à l'œil , ainfi qu'avec plaifir cela fe remarque en Ifle de France, vers St. Denis & ailleurs. C'efl pour quoi raifonnablement on fe peut ps'oahir de voir U' herce rcjettée de • ^jeaucoup d'endroits , efquels corn- F R O modément elle pourroit fervir, feu- lement retenue en peu de contrées; erreur des plus apparentes en l'agri- culture. » » Encore que le fond ne foit en- tièrement déchargé de toutes fortes de pierres , la herce ne laiffera pas pourtant de jouer , j'entends la cou- lante , qui facilement pafl'era par- deffus les menues pierres, n'excédant la groileur d'une noix , c« que la rampante ne pourroit faire par fon cours eftre en traifnant &C arrachant. Et quelque foient des deux berces , outre l'utilité fufdite , ce remarqua- ble lervice s'y trouve, que de mener Gx fois plus de terre que le foc , objet très-opportun en telle prefTée faifon des femeaces , en laquelle les heures & les momens fe comptent , pour avec diligence expédier Ja be- fogne. Mefmes encore qu'il faille ' pour couvrir la femence la herce paffe par-deffus deux fois , l'une ne long & l'autre en travers, au lieu que le foc fait cela en une feule venue : fi ne laiffe-t-elle toutes fois d'être d'un plus grand avancement que le foc , ainfi que la pratique le manifefle». » Plufieurs , au contraire , tien- nent les bleds eftre femés ainfi qu'il appartient, quand toutes les rayes laiffées ouvertes paroiffent évidem- ment avec grand rehauflement & enfoncement ; à telle caufe fa'fant les lignes de l'enfemmencement fort loin l'une de l'autre , fondés fur ce que les grains ainfi couverts ne crai- gnent tant ies eaux de l'hiver qu'auf- irement logés , lefquelles efcoulans au fond du rayon , les bleds demeu- rent à fauveté èz creftes & coûés d'icelui. Mais ce n'eft que crépir la muraille qui cheoit de vieillelTe , avi lieu de la rebâtir; telle fommaires vuidnngej F R O vuîdanges ne guériffent le mal que les bleds endurent par leurs eaux , pour leur petitefle, incapables de les recevoir ni efcouler, C'eft feulement par fofles profondément creufés , te- nus ouverts ou comblés partie de pierres & recouverts de terre, qu'on épuife les eaux fouterraines , 6c par les rayons faits fur la fuperfîcie du champ , celles de la pluye , à l'aide auffi des deux folTés: & toujours de- meure cette perte provenante de l'im- portun &c confus aflemblage des grains femés au foc, où tant plus il y ad'intéreft, que plus grande eft la diftance d'une ligne à l'autre. » » La crainte des eaux fait qu'en beaucoup d'endroits on difpole le labourage par filions voûtoyés & réhauffés en rondeur , enfermés en- tre deux lignes parallèles , larges & profondes , femblables à de petits fortes , félon la pratique de la Beaufle & d'ailleurs , aimant mieux fe mettre au hazard de mal labourer la terre , que d'expofer leurs bleds à la mercy des extrêmes humidités : fur quoi , fans craindre les privilèges des couf- tumes , je dirai qu'on fe trompe , puifque contre les préceptes de l'art , la terre n'ell entrecroiflée par la culture, pour la brifer ainfi qu'il appartient ( i ). La fertilité du terroir de la Beauffe ( recognue grande par l'abondance des grains qu'il rapporte) F R O 157 fuppléant au deffaut du laboureur , auifi tiennent aulcuns que defpartir la terre en filions lorfqu'on l'enfe- mence, eft commodité pour le ref- peû de moiffonner , où avec moins de frais fe fait , ayant les moiffon- neurs leur befogne efgalement taillée, dont chacun efl contraint d'employer fa journée fans fraude, que fi à leur difcrétion ils fe la donnoient, ainfi. qu'ils font ayant carte blanche fans limite de leur ouvrage : en quoi vé- ritablement on a railbn de brider la déloyauté des mercenaires.» CHAPITRE VL DE9 soins ^PRÈS que le GRAlIf EST RECOUVERT , ET PENDANT qu'il EST EN HERBE. Section PREMIERE. Di técoulemcnt des eaux , ou des fangfues , ou des faignées. Pour peu que le fol du champ foit incliné , & fur-tout s'il efl incliné inégalement , il eft indifpenfable de pratiquer des fangfues ou petits fof- fés d'écoulement de diftance en dif- tance: c'eft une opération de né- ceftlté première , fans laquelle il faut fe ré(oudre à voir la terre de fon champ fucceftîvement entraînée dans (i) olivier de Serres fe trompe ici : toute la terre efl: travaillée. On commence par labourer, en prenant les nouveaux filions dans le fens contraire de celui des anciens billons ; ce qui met le terrain de niveau. On croife & on recroife enfuite , de mar.ièrj que la fuperficie du fol efl; plute. Ce font les derniers travaux qui forment le b'iUon , ainfi qu'il explique dans cet article , & on a l'attention d'établir le billon fur la partie qui auparavant étoit creufe, & la partie ci- devant billonoée devient la partie creufe. La fuperficie eft ainfi fucceflivement relevée & abaiflfée : c'eft de cette manière que j'ai TU opérer. Le laps de temps n'a r en changé à la coutume aujourd'hui établie : on m'a affuré qu'on la fuivoit ds père en fils, &. je le crois. Tomt f« S 13^ F R O la plaine , & c'efl la raifon pour la- quelle il ne relie plus que le tuf, que la roche vive i\ir ces coteaux ra- pides où on a eu l'imprudence de détruire les bois qui les couvroient êi. d'en foumettre le fol à la culture du blé, lorfque la fureur des défri- chemens ( voye:^ ce mot ) régnoit en France. La première attention à avoir eft de détourner les eaux pluviales , le plus qu'il eft poilible, des endroits les plus inclinés ; la féconde , de ne pa& craindre de multiplier les fang- iiies ; plus elles font longues & en pente roide , plus il s'y raffemble d'eau, plus cette eau a de force & reflémble à un petit torrent qui creufe fon lit & entraîne fes bords : la troi- fièaie , de tracer les fangfues lur une inclinaifon de pente la plus légère , & la quatrième enfin , de varier cha- que année le local des fangfues , c'eft- à-dire , ne pas les tracer fur les mêmes endroits que les précédentes , parce qu'à la longue elles formeroient au- tant de ravins. 11 eft encore effentiel de ne les pas faire aboutir fur un terrain léger , travaillé , ni à pente trop rapide , à moins que ce ne foit fur un roc. Il faut , fi on le peut , choifir un terrain chargé d'herbes ; fi elles y font touffues, fi elles ta- plflent bicR le fol , l'eau ne peut les entraîner ; elles conferveront le bord du champ, & y retiendront une partie de la terre. Peu de cultivateurs en- tendent l'art d'ouvrir des fangfues , parce qtie peu jugent faineraent du niveau de pente , & leur donnent trop d'ihclinaifon. Le grand point eft que l'eau s'écoule lestement , qu'elle ne foit pas pi os ftagnante dans une place que dans lane autre. On parviendra à ce but fi défiré en muiiipliant le nombre de fangfues , F R O & plus le fol eft incliné , & pîiî5 elles doivent être nombreufes , at- tendu qu'il ne refte pas une trop grande fuperficie de terrain fans écou- lement , & que le courant des eaux efi toujours en raifon du plus ou du moins de la fuperficie ou de fon iti- clinaifon. J'ai vu des cultivateurs ouvrir une fangfue générale ou WLiîtrc^i fang' fut , comme ils l'appellent , tout à travers de la longueur du diamp , & y faire aboutir toutes les petites fangfues latérales. C'eft vouloir de gaieté de cœur étab'ir un torrent au milieu de fa poffefllon. De toutes les manières de faigner les terres , c'eft la plus mauvaife. Multipliez les maîtrelTes fangfues , 6c multipliez encore plus les latérales. Toutes les fois qu'il y aura eu une pluie battante ou long-temps continuée , le propriétaire doit eri- voyer fon maître valet , & encore mieux aller lui-même examiner files faignées ne font point engorgées , s'il ne s'eft point formé de crevafies, & aulfitot faire remédier aux défor- dres , & fous fes yeux. Si lorfqu'on a fini de donner la première , la féconde façon à un champ , on avoit la- fage précaution d'ouvrir des faignées , on conlerveroit fon terrain , fur-tout dans les provinces méridionales , où les pluies vien- nent toujours par orage , par averfe , oit , quand elles commencent fur l'arrière-faifoo ,. elles font toujours de longue durée, Pour tracer & ouvrir ces fangfues d'une manière convenable , on fe fert d'une charrue armée d'une oreille de chaque côté, afin que la terre foit également renverfée de part 6c d'autre , Ôi l'on repaffe deux fois. F R O ^2ms le même ûUon , fi on veut lui donner plus de profondeur. Dans i'un Se dans l'autre cas, je conleille de placer derrière la charrue ufl homme avec une pelle, qui égalifera le fol , fortifiera les endroits toibles , & établira plus facilement qu'avec la charrue, un bon niveau de pente. On objefteraqueces faignéesmul- tiphées occafionneront la perte de beaucoup de grains ; cela eft vrai ; mais le problème fe réduit à ceci: Vaut-il mieux, chaque année, perdre un peu de grains ou fucceflivement toute la terre de fon champ ; & , chaque année en particulier , voir entraîner par les eaux la terre végé- tale ou humus foluble dans l'eau , fi difficile à fe procurer & qui eft la baie fondamentale de la vét,étarion } ( Foye:^ le dernier chapitre du mot Culture) Je laiffe au lecteur à don- ner aâuellemeni la folution du pro- blème. Section II. Du fsrclagi des BUs, Dans les différentes méthodes de préparer la terre pour femer les blés , imaginées par M. TuU , corrigées , ïugmentées par plufieurs auteurs, & rapportées au root Cuuwi , on a vu qu'ils regardoient le farclage des blés comme indifpenfable. Les uns , ci'après l'opinion de quelques, auteurs anciens , ont penfé devoir femer par filions efpacés les uns des autres , afin de pouvoir labourer entre deux,& par une feule opération , produire Jeux effets à la fois; l'un de remuer la terre aux pieds des racines, & par conféquent procurer à la plante un U:'')Our 2va.':t:Sgeui;, &: l'autre, de F R O 139 détruire en même temps les mau- vaiiés herbes. Quelques auteurs re- commandent fimplement d'arracher les mauvaifes herbes avant que les blés commencent k monter en épi ; d'autres enfin regardent cette opé- ration comme très-inutile. Rien de plus aifé êc rien de plus néceffaire que le farclage des blés , fi l'on a adopté îa culture de M. Tull ; parce que les herbes les auroient bien- tôt dévorés , attendu que plus on a femé clair , & plus leurs graines ont de facilité à germer , à végéter , &: fi on a femé épais, après des labours fagement entendus & par une failon convenable , les blés étoufferont en grande partie les herbes , mais leurs racines fe mangeront les unes & les autres. Il y a donc dans toutes les mé- thodes, même oppolées , des incon- véniens; cependant je prétérerai tou- jours celles aux défauts defquelles il eft poftible de remédier , èc le far- clage eft un excellent moyen. Les herbes font vivaces , bienne"^ ou annuelles ; on détruit facilement les premières avec peu de foins &i. des labours faits à propos , fur-tout fi on ne leur donne pas le temps de grainer : le chiendent & le froment rampant font exceptés de cette loi générale; il en eft ainfi de celles dont la durée eft de deux ans. Il eft plus difticile de détruire les plantes an- nuelles , parce que la graine des unes germe en février , d'autres en mars , en avril , en été , en automne , tcc. ; de manière qu'un labowr peut en dé- truire une efpèce , &ne détruit pas celles qui naîtront dans les mois lui- vans ;fouvent même elles ont germé, végété j mûri & féché d'un labour à l'autre. Il l'emblerolt réfulter de ces généralités , qu'on ne ç'evroit pas far^ S % MO F R O cler les blés: cette conféquence efî fauITe. Arracher les mauvaifes plantes pendant que le bléeft eu herbe , avant qu'il pouffe fes tiges, c'eft favoriler l'accroiffement du blé ; alors il tallera beaucoup , fçs feuilles s'étendront , couvriront le fol , & par conféquent étoufFeront de leur ombre les plantes étrangères , dont la végétation ne fera pas aufîî rapide que celle du blé , & dont le naturel ne leur permet pas de s'élever en même temps que le blé & auffi haut que lui. Les plantes légumineufes , telles que les pois , les vefces fauvages , font une trifte ex- ception à cette loi. Leurs femences enfouies en terre , germent naturel- lement aux premières chaleurs du printemps , & à peu près à l'époque que le blé commence à monter en épi. Peu de jours après leur germi- nation, elles s'élancent avec le b'é, croiffent & montent avec les tiges , auxquelles elles s'attachent ; enfin la graine mûrit &c tombe avant que le moilTonneur abatte le froment ; de manière que les voilà femées de nou- veau pour l'année fuivjnte ,|& peut- être pour deux ans après , û les labours les enterrent trop proton- dément , & qu'elles ne foient pas en(uite ramenées près de la fuperficie du fol. Cette inégalité de germination des plantes parahtes fuppofe nécef- fairement plufieurs farclages , & cha- cun a fes avantages & fes défauts. Si on farcie par un temps fec, on caffe la plante près du collet de la racine, on ne l'arrathe point , & la plante repouffe de nouveau. Si on farcie par im temps humide, la racine eft en- levée , mais la terre efl plétinée , pé- trie , comprimée , & le blé en fouffre. Malgré cela il faut farder, parce que le pied des femmes & des enfans F R O ne porte pas fur toute la fuperfîcîe du champ , oC aucan cultivateur n'eft aliez imprudent pour mettre les far- cîeufes lorfque la terre eft trop hu- mide. Il convient de choifir les inf- tans , & lorfqu'il s'en préfente de favorables , c'efl: le cas de multiplier les travailleufes. Dépenfe pour dé- penfe , il vaut tout autant la faire dans une femaine que dans im mois ,. & la célérité , dans tous les travaux de la campagne , eft toujours un grand bien. Il y a plufieurs manières de far- der, ou en arrachant les plantes pa- rafites avec la main , & on déchauffe moins les racines du blé ; ou en fe fervant d'une petite pioche large d'un pouce , longue de trois à quatre , & fixée à un manche de deux à trois pieds. La première méthode eu pré- férable , parce qu'elle détruit effec- tivement l'herbe, pour peu que la terre foit humide. La féconde eft plus expéditive , 6i par conféquent moins diipendieufé ; mais elle ne produit prefqu'aucun avantage réel. Si les femmes , les enfans piochetolent, fer- fouiffoient le champ d'un bout à l'autre , l'opération (eroit plus coû- teufe , mais excellente ; la plante & la racine feroient détruites; mais les travailleufes fe contentent de couper entre deux terres la tige près de la racine , & ce travail devient nul pour la majeure partie des plantes , parce qu'elles repouffent de nouveau , fur- tout fi on commence le farclage de bonne heure , & on v eft forcé lorf- que l'on a de grandes poffeffions & peu de travailleufes dont on puiffe difpofer à fa volonté. Il eft encore un farclage cffentiel , peu de temps avant les moiffons , & on ne doit y employer que des garçons , parce F R O que les femmes, avec leurs jupes î coudent, caffent & couchent trop de tiges; & encore faut -il que les enfans ne marchent pas, mais traî- nertt leurs pieds pour avancer d'un Opace à l'autre. Le but de ce far- clage eu de fe procurer des fromens nets , dépouillés de feigle , d'orge , de vefces, &c. Tous ces grains dépré- cient beaucoup la qualité du froment aux yeux- de l'acheteur dans le gre- nier. Se il fe fert de cette cxcufe pour diminuer fur le prix. Si c'tllun bou- langer, il n'y perdra rien, puifqu'il emploie le grain tel qu'il eft, & qu'il ne diminuera pas le prix du pain. Les enfans, les femmes , lorfqrie les blés font en herbe au premier prin- temps, dilîingueront difficilement le pied du feigle de celui du froment, &c. ; il faut donc , lorfqu'on veut avoir un blé pur , recourir à ce fécond farclage. Les auteurs qui regardent le far- clage comme inutile, ont raifon dans un iens ; c'eil lorfqu'avec la femence on n'a pas jeté en même temps des graines de plantes parafites, ou lorf- qu'après une longue fuite de travaux continués pendant plufieurs années, on eft parvenu à détruire toutes les mauvaifes herbes. Cependant, fi on a répandu du fumier fur ces terres , comment fe débarraffer des femences importunes que nécefiai- rement il renferme? Il ne peut, en agriculture, exif.er des loix géné- rales fans de grandes modifica- tions. F R O 141 CHAPITRE VI r. Des Fléaux qui affligent le Froment pjlndant sa yÉGÈ" lATION. Le froment eft fouvent expofé à l'adion de plufieurs caufes qUi dé- rangent fes fondions d'une manière fenfible. Les unes , font l'époque oii elles fe préfentent , interrompent plus ou moins le cours de fa végé- tation; les autres , fe manifefiant dès le premier développement, vicient & détruifent fon organifation ; aiiifi, dans le premier cas, le grain, con- ferve fa forme extérieure & fa cou- leur , il peut encore fervir à la nu- trition ôc à la réproduftion ; dans le fécond cas , au contraire , il eft défiguré , le germe & la fubftance farineufe font entièrement détruits, & par confequent il eft incapable de nourrir & de germer. Si l'on s'en rapporte aux propos des gens de la campagne & même de quelques écrivains modernes, ce font toujours les brouillards , les rofées, les pluies & le foleil qui occafionnent les malheurs que leur moiffon efluie; tout vient, fuivant eux , de l'atmofphère , & les différens accidens qui arrivent à leur champ & à leur verger , font fans ceffe attri- bués à la t.ielle ; ce mot eft même- tellement fignificatif , qu'on pourroit leur demander chaque année : quà fait la nidli cette année ci? Il paroît que les accidens qui arri- vent au froment depuis qu'il fe dé- veloppe, pendant qu'il croit , 6»: juf- qu'à ce qu'il foit parvenu à une par- faite maturité , ont été regardés comme des maladies dont la déno- ï4i F R O mination a fingulièrement varié ; cha- que pays , chaque province , chaque canton leur ont afTigné des noms dif- férens ; mais afl'ez communément toutes les maladies du froment font défignées par le mot charbon & nulle. Pour éviter cette confufion & pré- fenter, dans un ordre facile à être faifi , les divers accidens qui iur- vicnnent au froment pendant fa vé- gétation , nous les divii'erons en deux clafies : la première comprendra les accidens proprement dits ; il s'agira dans la féconde ,des maladies. Si nous donnons à cet objet autant d'exten- fion , c'eft que le feigle , l'orge & l'a- voine font également alfujettis à la plu- part des accidens &: des maladies du froment, & que les mêmes moyens propolés pour diminuer leurs eriets DU les prévenir, ayant la même effica- cité j nous n'y reviendrons plus ex- cepté cependant à l'article du fcigU, où il fera que/lion de Vergoi, maladie qui affefte plus ce grain que le froment. Section première. Des accidens du Frament. On eft affez généralement d'accord que la température de chaque faifon peut concourir au fuccès de l'agri- culture; maiscombiende fois n'a-t-on pas accufé injuftement l'atmofphère, pn cherchant bien loin ce qui étoit près de foi , pour expliquer les diifé- fens phénomènes que préfentent fi fouvent à l'obfervateur attentif, les femailles & les plantations, la ger- mination, la floraifon & la maturité des fruits? On fait que , fi pendant la floraifon \\ ton^be des plujes abondantes , ac- compagnées de vents ô^ d'orages. F R O les pouffières des étamines font dé' layées , diffoutes , entraînées , en forte que le from.ent qui n'a pas été fécondé demeure petit ik vide. Quand le froment eft encore vert ^ s'il kirvient tout à coup de grandes chaleurs, la tige, au lieu de grolTir, fe deffçche, les grains mùrilTent trop promptement, ils n'ont pas le temps par conféquent de fe remplir fufïi- fammrnt de farine. L'expérience ne prouve encore que trop fouvent que la grêle peut occa- fionner des dommages au froment , en hachant les épis & produifant dans la picce où elle fe répand , un froid glacial qui fufpend pendant un temps la végétation , pour laquelle il faut une chaleur douce 6c continue. Les vents impctueus occasionnent auffi un tort confidcrable au fro- ment , en le faifant verfer ; la tige , plus ou moins ployée , fouftre une efpèee d'étranglement ; la fève in- terrompue dans fon cours, ne monte plus jutque dans l'épi , & le grain , s'il n'eft pas encore bien avancé , prend peu de nourriture , ôc eft im.» pa: fait. Tous ces grains , ordinairement menus, chétifs & rides, ont chacun des fignes qui décèlent l'efpèce d'ac- cident arrivé à leur végétation : ils portent différens noms dans le com- merce ; on les appelle blés échaudés , blés retraits, blés maigres , blés coulés ^ blés ftériks , & blés vcrjcs. On fait encore qu'une pluie froide, continuelle , pénétrant jufque dans la texture du grain en lait , fe com- bine avec fes parties conftituantes , leur fait occuper plus de volume , d'au il réuilte que le froment eft affez gros, mais léger, à caufe de l'abon- dance de fon écorce &; de la petite F R O quantité de farine , qui n'eft pas de garde. Enfin , fi'cette pluie dure plus long- temps, qu'elle fe prolonge jufqu'au moment & même après la moiffon , le froment, au lieu de fe perfeftion- ner dans la gerbe & d'achever fa ma- turité à la grange , germe & fe gâte au milieu des champs. Il eu donc certain que dans le petit nombre d'accidens qui viennent d'être décrits très en abrégé , on reconnoît vifiblement l'influence de l'atmof- phère ; on voit que la conftitution de l'air, la chaleur , le froid , l'humi- dité , la diftribution des pluies en certaines circonflances , la force , la direftion & la durée des vents, aug- mentent, diminuent ou ai.éantiffent le produit de nos récoltes : mais que certains brouillards du printemps occafionnent , comme on le prétend, la rouille, cet accident qui furvient en -iclin-d'œil au froment, avant es la formation de l'épi : c'efl c , i paroît bien difficile à conce- voir. Entrons dans quelques détails à ce fujet , cet accident étant un des plus redoutables du froment, & affec- tant également prefque tous les gra- minés ainfi que beaucoup d'autres végétaux. Section II. De la Rouille. C'eft un accident, & non une ma- ladie , qui furvient prefque toujours aux plus beaux fromens, & à l'in(- tant précliément oà ils font dans une rigoureufe végétation. Les écrivains facrés & profanes de l'antiquité en ont fait mention fous le nom de rulrigo , la rouille ; difoiis un mot fur F R O 145 la manière dont elle fe forme , & fur fes effets. On l'apperçolt d'abord fur les feuilles & furies tiges , fous la forme de petits points d'un blanc fale : ces points s'étendent par degrés, & pren- nent une teinture roufîâtre ; bientôt à l'endroit où ils paroifTent , il fe forme unepoufîîèrede couleur jaune- oranger ou d'ochre, peu adhérente , inodore & fans faveur ; elle jaunit les doigts , s'attache aux habits des hommes & aux poils des animaux qui courent dans les champs : la paille en eft fale, de mauvaife odeur, & déplaît aux befliaux. Tant que la rouille ne fe montre q\ie fur les feuilles , elle ne fait pas grand tort à la plante ; mais lori- qu'elle fe communique au tuyau , S:C que l'épi efl à peine hors du four- reau , fi le fo'.eil vient enfuite à pa- roître le froment fur lequel il dar- dera fes rayons , fe trouvera prefque réduit à rien, & s'il approchoit au contraire de la maturité , il contien- dra la farine en proportion : mais, au lieu du folell , s'il arrive ttne rofée, de la pluie, ou qu'il faffe du vent , alors les germes de la rouille font détruits, & le grain efl fauve. Ne paroîtroit-il pas plus conforme à la faine phyiique & à l'obfervation, d'attribuer l'accident de la rouille à l'abondance d'un fuc nourricier ré- fulîant d'une végétation trop vi- goureufe, plutôt qu'aux brouillards , qui n'y ont aucune part direde ? D.ins les mois de mai & de juin, il règne quelquefois une humidité chaude qui dilate & brife le tiffu des feuilles êcdes chalumeaux, donne occafîon à l'épanchement d'un fuc mucilagineux , qu'on nomme \emul- lat, ( Foyei ce mot ) Cette liqueiu-. 144 F R O par fa confiftance & fa ténacité , bouche les pores de la plante , inter- cepte & arrête fa tranfpiration , mais la pluie lavant les feuilles ÔC les tuyaux enduits d'un verni? nsuqueux, & le fuc extravafé étant diffbus 6c en- traîné par l'eau , le mal n'eft pas auffi confidérable qu'on l'avoit d'abord appréhendé ; ainfi les dégâts qu'oc- cafionnela rouille font plus ou moins de tort aux propriétaires, félon que les grains font plus ou moins avancés. Section III. Dis moyens de diminuer les accidens du Froment, Ce n'eiî pas toujours l'inconftance des faifons qui trompe l'efpoir des cultivateurs; la nature du grain dont ils fe fervent pour femence , & les précautions qu'ils y emploient , in- fluent fouvent autant que l'atmof- phère fur la qualité & le produit de la moiilon ; on ne (àuroit donc trop recommander d'apporter les plus grands foins au choix des grains que l'on doit enfemencer , & de leur faire fubir une préparation préliminaire avant de les confier à la terre. Cette préparation s'appelte le chaulage , parce que la chaux en fait la bafe. ( f^oyei le mot Chaulage ) On en parlera encore lorfqu'il s'agira d'in- diquer la méthode préfervative des maladies du froment. Comme un homme vigoureux, bien conûitué & très-fain , n'eft pas auffi fufceptible des viciffitudes de l'atmofphère que celui qui eft né foible ÔC délicat , il en eft de même des végétaux : le chaulage met le grain en état de germer ailément & promptement , de produire une F R O planJe plus forte, plus féconde, qui réhfte davaniage à la gelée , aux pluies & aux autres intempéries. Cependant il y a quelques accidens dont on pourroit trouver dans les circonftances qui les accompagnent, les moyens d'en diminuer les effets , en ufant de certaines précautions pour les empêcher d'exercer toute leur aftivlté: par exemp'e, comme la rouille arrive affez ordinairement par un temps calme, on a imaginé de promener des cordages pour em- pêcher les brouillards prétendus d'y dépofer ce qui forme cet accident; fans doute que par le moyen de cette agitation on détermine la liqueur ex- travafée à s'étendre & à couler : il eft d'ailleurs démontré que les fe- couffes imprimées aux plantes par l'action des vents , leur font quel- quefois très-néccftaires ; elles facili- tent la circulation de la lève , & font , comme le re'marque M. Toal- do, à l'égard des végétaux , ce qu'e;^ l'exercice pour les animaux. ♦ Quoique la pluie enlève très-vifi- blement les germes de la rouille, il feroit ridicule, fans doute, de propofer d'arrofer les feuilles des grains qui en auroient éprouvé la mauvaife in- fluence , parce que ce ^onfeil ne conviendroit qu'à un part culier qui auroit un petit champ & fuffifam- ment d'eau à fa difpofition : mais M. de Chateauvieux prétend qu'en coupant les feuilles rouillées il en repouflera de nouvelles qui profpè- reront mieux que fi on ne faifoit ce retranchement ; ce moyen , il eft vrai, ne peut être employé que dans le cas où la rouille attaqueroit ces blés en automne ou de bonne heure au printemps. M. l'abbé Teffier , qui vient de publier F R O publier un Traité diS maladies des crains , & qui a adopté notre opi- nion fur la caufe de la rouille , ob- ferve , que puifque les terres dans lefquelles on a rendu trop conridé- rable l'engrais du parcage , font plus fujettes à cet accident que d'autres , on devroit laifTer les troupeaux moins de temps dans chaque parc , ou lui donner plus d'étendue , ou y renfermer moins de bêtes à laine \ par cette attention , non-feulement on évitera la rouille dans les années où elle a lieu, mais on empêchera encore les grains de verfer , incon- vénient auflï. fâcheux que la rouille. H faut encore que les cultivateurs aient foin de ne pas faire couper les premiers , les fromens qui ont fouffert de la rouille , afin que s'il vient à pleuvoir pendant la moifTon, la paille Ibit lavée & que les grains en deviennent plus ronds. Ne pourroit-on pas encore trou- ver dans la inanière de recueillir le froment , les moyens de mettre ce grain à couvert de l'humidité, qui lui fait tant de tort , & empêcher que les pluies qui tombent pendant & après la moifTon , ne pénètrent dans l'intérieur , n'afFoiblifTent les propriétés des parties conllituantes , & ne leur donnent la difpofition jirochaine à germer & même à <é gâter? Ce moyen , bien fimple , con- fifle à mettre le froment en petites meules fur le champ même où on l'a récolté , 6c aufîitôt qu'il a été fcié ; chaque meule doit avoir fix à fept pieds d'élévation , & contenir cinquante à foixante gerbes. Mais quelqu'avantageufe que foit l'immer- fion du froment dans une eau de fumier & de lefTive, employée ordi- aairement pour la préparation des Toniù V. F R O I4J fem.ences , on efî bien éloigné de penfer qu'elle puifTe jamais g arant i re grain une foisd éveloppé , des acci- densqui lui furviennent pendant qu'il croît & jufqu'a ce qu'il ioit récolté : comment en effet empêcher les dé- gâts de la grêle, de la pluie, de U fécherefî'e ? heureufement les culti- vateurs font dans une poiition moins critique à l'égard des maladies du fro- ment; ils peuvent , moyennant quel- ques foins , s'en garantir. CHAPITRE VIII. Des Maladies proprement DITES DU Froment en herbe. Les maladies principales qui atta- quent le froment, font de trois efpèces, favoir , le rachitifme , le charbon , & la carie. Il ne s'agit pas , comme dans les accldens dont il vient d'être quef- tion , d'une fimple altération de la paille , de la maigreur des épis , de la petitefTe des grains & de leur ger- mination; c'cf^ une monftruofité par- ticulière qui annonce la perte du fro- ment avant fa formation ; c'efl un épi qui n'efl compoié que d'une pouffière noire & fèche , fur la- quelle on diroit que le feu a exercé fonaftion; enfi n, c'eft un grain qui conferve jutqu'à la moifTon la forme extérieure , mais qui , au lieu de fe trouver rempli d'une fubftance blanche & inodore , ne contient plus qu'une matière ptilvérulente , grafTe , noirâtre & infefte , une vraie pelle des femences. Pour fe convaincre que les mala- dies du froment réfidoient dans la femence , & qu'elles n'étoient pas l'ouvrage de l'atmofphère , du terrain 145 F R O ou d'une des parties conftituantes détruites , il i'uffiloit de remarquer que dans le même champ , fous le inême ciel , Stparmiplufieurs eipèces de froment appartenantes à différens particuliers , il y en avoit la moitié mfedée, tandis que d'autres en ox- froient à peine un épi ; il fuffifoit de voir que le dérangement des parties organiques de la plante étoit décidé avant qvi'il fût poffible de favoir ce qui pouvoit l'avoir occafionné. Outre les maladies communes au froment, & les diffcrens accidens qui lui arrivent pendant fa végéta- tion , il peut y avoir encore beal^- coup d'autres circonflances capables de donner lieu à des états particuliers du grain: on a vu des fromens ayant une apparence faine , fe trouver gâtés à leurs extrémités feulement ; on en a yi^' couverts de petites taches noi- res , & l'intérieur conferverla blan- cheur de la farine ; enfin, il y en a qui ont exhalé fur pied une mauvaife odeur , quoiqu'ils n'ofïriffent aucune marque viciée. Il en eft de mcme des animaux, dont les maladies prm- cipales font connues , mais dont les variations font infinies : cela ne doit pas nous empêcher de chercher les moyens de prévenir celles dont on a découvert la nature & l'origine. Une particularité bien digne de remarque , c'eft de trouver lur une même tige , non-feu!ement pliifieurs épis dont les uns font fains & les autres malades , mais encore fur un même épi, des grains rachitiques, des grains cariés, des grains charbonnés , & enfin de bons grains. Nous avons, il eft vraijplufieurs exemples de pa- reiîf. phénomènes ; car en comparant la lise du bîé avec l'arbre , on voit qu'elle Qç dificre qu'en ce que F R O les grains, qui font le fruit du fro» ment , fe trouvent raflemblés autour d'un axe commun , tandis que le fruiî des arbres efl: épars fur les branches , mais c'efl: toujours le même fuc, les mêmes canaux: or, cependant nous voyons des pommes fans aucimes taches à l'extérieur, pourries néan- moins au dedans , des pêches dont la chair eft excellente & le noyau gâté ; des coings , des prunes & des abricots traverfés par une larme de gomme. Mais arrêtons-nous à déerire les maladies du froment, de manière à les faire reeonnoùre &c diftinguer par les laboureurs les moins éclairés : cg que nous allons expofer eft en partie le fruit de la lefture des ouvrages de M. Tillet , 8i de nos entretiens particuliers avec cet académicien eftimable , qui a pafle les années les plus précieufes de fa vie à découvrit la nature & l'origine de ces mala- dies , ainfi que les remèdes qu'on- devoit y apporter pour les pré- venir. Section PREMiisE. Du Rachiiifmc. Le rachitifme , ou le froment avorté , fe manifeiîe fenfiblement au printemps iur les pieds qui ea font affe£lés ; le fourreau , les balles , les barbes font contoarnés & reco- quillés à meâire q\ie l'épi fort de l'enveloppe 6i que le grain avance vers la maturité. La couleur change feofiblement , parce que de verte qu'elle étoit , elle prend une nuance bleuâtre & pafle au brun plus ou moins foncé. La forme de ce graia contrefait n'a prefqu'aucune reliejia»» F R O lilance avec celle du froment fain ; il eft fillonné dans toute fa longueur qui n'eft que la moitié de celle du grain ordinaire Si fe trouve terminée par une, deux &C quelquefois trois polnres ; on croiroit à la première ini'petticn que ce font pluiièurs grains réunis en un feui. La fubfiance que le froment ra- chitique contienr , ne_ remplit point enrieremenc la caviié du grain ; elle eft blanche étant humeftée , elle offre au microfcope des filets mouvans qui ne font autre chofe que les fa- meufes anguilles apperçues par MM. Needham , Roffrcdy &i Fonterna : le fécond de ces trois célèbres obfcrva- teurs a fait des expériences pour la- voir û cette maladie étoit conta - gieufe & de quelle efpèce étoient les anguilles dont il s'ag;t. I! a (iiivi la nature & la progreffion de ces anguilles dans tous les états qu'elles prennent depuis le moment de leur naiflance jufqu'à celui de leur deftruftion totale. On peut confulter fur l'origine du rachitifme les deux Mémoires que M. Roffredy à publies à ce fujet dans le Journal de Phxfi- que des mois de janvier 1775 ^ de mai 1776. Cette maladie du froment , très- commune en Italie , ne paroît pas ■i'âtre amant dans nos contrées ; elle n'eft donc pas auffi généralement îépandue que les deux autres dont on va lire la defcription. S E e T I ON II. Du Charbon. _ La plante charbonnée ne fe dif- tingue pas d'abord de celle qui ne i'eA pas 5 mais à peine l'épi a-t-il F R O 1^7. acquis deux pouces 4* longueur qu'on y apperçoit déjà une efpèce de moififliire , il blanciiit infenfible- inent ; le fourreau , la tige & les barbes ont une apparence faine , ce qui lemble prouver qu'il n'y a exaftemenî que ie grain qui foit vicié. Cette maladie fe préfente fous un afpecl: étonnant , l'épi tout entier fe pourrit &: fe delîeche ; la partie farineuié du grain , ainfi que fori enveloppe, font réduites en une pouf- fière noire , fine , légère &C comme brûlée ; il ne refte plus aue le noyau , ou le fquelette de l'épi qui fe brife aifément ; cette poufTière charbon- née , examinée au microfcope , n'of- fre qu'un corps pulvérulent de dir- férentes formes. L'ne obfervation qu'il ne faut pas omettre ici , c'eil que quand d'un pied de froment il fort une tige char- bonnée , & que de cette même tise il en naît une autre qui en elt tota- lement indépendante , cette tige fe- condaire eft toujours afFeftée de charbon; ce qui a lieu auiïï pour le rachitifme Ôi la carie. La véritable caufe du blé char- bonné n'eft pas encore biç^n connue; chacun a hafar-li fon fentiment : M. Tillet penfe que cette maladie eft décidée au moment oîi le grain germe , & il en a apperçu les pre- miers fymptômes dans la racine ; les ravages qu'elle exerce font bien plus cc^ifidérables encore dans l'orge & l'avoine que dans le froment. II n'eft pas encore bien décidé que la poudre de charbon foit contagieufe pour !e froment, & pour les autres graminées , cette inoculation paroît feulement plus difficile que celle de la carie. T ^ 4» F R O Section III. La plus redoutable des maladies du froment , c'efl la carie , appelée ioffc , en quelques pays , & dans d'autres cloque ou chambucU ; les phéiiomenes qu'elle préfente font enrierement différens de ceux du rachitifme & du charbon ; fes fuites font auiîî plus dangereufes , parce qu'elle paroît plus uDiverfel'.ement & plus abondamment répandue. Quoiqu'on diflingue cette maladie avant le mois de février, les progrès de la végétation ne font cependant point retardés, La tige eft droite &c élevée , les feuilles font communé- ment fans défaut ; mais à peine la floraifon eft elle établie , que les épis cariés fe font reconnoître par une couleur verte , les balles font plus ou moins tachées de points blancs, les grains acquièrent un volume plus confidérable que dans l'état naturel , la couleur cû d'un gris- fale , tirant un peu fur le brun ; l'enveloppe eft mince & moins forte. Si on écrafe le froment carié , on le trouve rempli d'une poufficre noire cui exhale une odeur de poif- fon pourri ; vue au microfcope , elle n'offre aucun mouvement ani- mal ; c'eft un amas de globules tranf- parens , afiez égaux entr'eux. C'efl cette pouffière qui étant répandue fur un grain parfaitem.cnt iain , le pénètre lorfqu'il commence à s'a- mollir, imprègne de fon poifon le germe naifl'ant & perpétue dans la plante le venin fubiil dont elle efl le principe ; telle eft la caufe de la carie , que l'on auroit peut - être F R O attribuée long-temps , fans M. Tillet » aux intempéries de l'air , aux brouil- lards , à la nature & à l'état des fu- miers , aux rayons du foleil , aux influences de la lune , & à quelques autres raifons femblables auffi peu fondées. La carie , fi terrible dans fon origine , devient moins pernicieufe pour la femence à mefure qu'elle vieillit ; mais il y a toujours lieu de préfumer qu'elle ne fe forme pas d'elle-même ,' qu'elle eft un mal étranger à nos climars , & qu'elle n'y règne que par contagion. CHAPITRE IX. Méthode préfervatlvc des maladies du: Froment. Dès que M. Tillet eut reconnu' que la cane , la maladie la plus tbr- midable du froment , avoit la faculté de corrompre le grain lepiiisfain, il ne fongea plus qu'à chercher fon remède , & ce ne fut pas infruc- tueufement. De tous les moyens employés , aucun ne réufTit mieux & plus conftamment que celui com- pofé de cendres & de chaux vive. Rappelons-en la préparation ici , on ne fauroit la mettre trop fou- vent fous les yeux du Fermier , puifqu'elie exige peu de foins de fa p«rî , que la matière qui en eft la bafe eft toujours fous ia main ; que d'ail- leurs l'application en eft fimple y facile & nullement difpendieufe : mais quand bien même les grains ne feroienf pas infeftés de carie , de charbon , ou de rachitilme , la lef- five dont nous allons parier ne peut que leur être très-avantageufe; elle lesforîitie & les met en état de réfifler F R O davantage aux intempéries de l'air. On choifit une des cuves defli- nces à couler la leflîve; on bouche l'ouverture à la-quelle on eft dans l'ui'age d'adapter un tuyau pour con- duire l'eau dans la chaudière; on met au fond de la cuve quelques petits morceaux de bois qui s'entre- croifent ; on garnit le f'urpîus d'un drap de toile forte, de manière qu'il déborde pan - deffus la cuve &c à travers lequel il ne puifle paffer que de l'eau ; on y met cent foixante livres de cendres de gros bois neuf, ou deux cents livrer de cendres de petit bois & davantage û le bois qu'on a brûlé a été flotté , Se trois cent vingt pintes d'eau , me- fure de paris; cette dole eu pour huit fetitrs ou un muid de fro- ment ; on laiffe la cendre & l'eau pendant trois jours , ayant' foin de remuer de temps en temps avec un bâton , enfuite on débouche le trou qui efl à la partie inférieure de la cuve ; on ajufle à fa place le tuyau pour conduire l'eau dans ime chau- dière fous laqwelle on doit faire du feu. Chaque fois que la chaudière eu remplie, on en verfe l'eau dans la cuve fur la cendre qu'on doit encore remuer plufieurs fois jufqu'à ce que tout loit chaud comme pour «ne leffive ds linge. Alors , au lieu de verfer l'eau de la chaudière dans la cuve où eft la cendre, on la verfe dans une cuve vide ou dans des tonneaux ; mais lorfque l'eau qui fort de la cuve eft fur fa fia, on en réferve une partie qu'on fait bouillir dans la chaudière même, en y jetant vingt livres de chaux vive, pour la faire difloudre entièrement ; on m.êle cette ean de chaux avec toute l'eau retirée aupa- F R O J4P ravant de la cuve : la cendre qui refte dans le drap ne peut plus fervir; il en faut de nouvelle , û on veut faire une autre leffive. Quand on a des vaiffeaux affez grands, on peut préparer à la fois une leflive pour plu- fieurs muids de femence ; il ne s'agit que d'augmenter à proportion les dofes de cendres, d'eau & de chaux. On peut, au lieu de former des leflivcs exprès, réfeiver les eaux qui ont fervi à couler le linge , 6i. qui tiennent encore en difîolution une p>artie du fel des cendres dont oa s'eft fervi ; comme les cendres tour- niffent à peu près dix livres par quin- tal , on pourroit les remplacer par cette matière , ou même par !a ioude. C'eft ;\ l'économie éclairée de pré- fider à ces fubÛltutions ; pourvu que les ingrédiens qui entrent dans la leffive s'y trouvent avec les propor- tions indiquées, cela fuffit. Emploi de la UJJive. On mettra la quantité de froment indiquée dans le tonneau ou la cuve qui contient la préparation deiefTive , on remuera avec un bâton, & on écumera les grains légers & nuifibles qui montent à la furface; de petites corbeilles à deux anfes , de htiit à dix pouces de profondeur , feront plongées dans la cuve ; on les y remplira de froment, qu'on remuera encore ou avec \\n^ écumoire ou avec un bâton court, au moment où on les enlèvera ; Joriqu'il fera bien égoutté , on rétendra lur le plancher, afin qu'il feche ; on le retournera au moins une fo:s par jour, jufqu'à ce qu'on le fème. Par cette méthode tous les grains de froment fc mouiilenî Se s'imprègnent de la leffive j toute Ï50 F R O autre méthode ne remplit pas auffi bien l'objet , & c'eft abtolumenî la feule que les fermiers devroient adopter. Lorique la méthode préfetvaîive & le moyen de l'appliquer n'opè- rent pas tout l'efFet défiré , c'eft que la chaux qu'on a employée ne valoit rien , ou qu'on en a diminaé la dole , ou bien encore parce qu'on a né- gligé quelques ibins dans la prépa- ration de la lelKve ou de l'immer- fion de la femence ; car on ne peut plus doiiter qu'elles ne ibient un Ipé- eifique infaillible , non - feulement contre les maladies du froment , mais encore contre celles des autres gra- minées. RèJlexioTis fur le rtmtdi des maladies du Fromcnc. On fent bien que fi la leflîve doit être généralement adoptée dans tous les pays à bois , comme la moins difpendieule Ô£ la plus efficace pour l'objet qu'on a en vue , elle devien- droii impraticable à railon de fon prix, dans les endroits où les cendres ibnt fort chères. Dans tous les cantons où les cul- tivateurs font à portée de fe pro- curer de l'eau de la mer, ils s'en lervent au lieu de leflive ; ailleurs e'eft du fel marin ou du falpêtre qu'on fait dilïoudre dans l'eau ; il y 3 des paysoii Ton emploie l'urine & les fientes d'animaux putréfiées , la fuiej la faumure, le jus de fumier, l'eau de mare, à la place des cendres ; îTiais , dans tous ces cas , il ne faut pas oublier d'employer la chaux ; i'ans elle, lesfels,les matières vé-r gétales ou animales en putréfaûion , n'r.uroient pas affez de corps & d'ac- F R O tivlté pour détruire les principes conî tagieux de la femence infeftée, & lui fervir enfulîe d'engrais. Il paroît même que la chaux à grande dofe eft en état de tout remplacer. De quelque manière que la lefîive exerce (on action fur le froment moucheté, foit qu'elle décom.pofe & détruife le principe contagieux en le combinant ou le volatilifant, foit qu'elle n'agiffe que comm.c im dé- terfif qui emporte ia pouffi^'re de carie, il efl toujours certain qu'elle produit l'effet annoncé, & qu'en adoptant tous les faits que M. Tillet a recueillis, il eft démontré que les laboureurs qui apportent une atten- tion fcrupuleufe à la préparation de leurs femences, & à n'employer aucun fumier où il entre des pailles infeclées, ne voient jamais leur moif' fon ravagée par les maladies. Il feroit donc à iouhaiter qu'on ordonnât des eflais authentiques de cette leflive dans chaque canton du royaume, avec l'appareil propre à enflammer les efprits, & qu'à l'approche des femailles, les curés des campagaes en fiffent le fujet d'une inflrudion paftorale, à la portée des gens de la campagne. Comme le chaulage & les lefîîves préparées & appliquées de la ma- nière qu'il convient , préferveroient les grains des infeftes , des maladies , leur donneroient en même temps plus de vigueur , pourquoi donc a-t-on recours quelquefois à ces prodiges de fécondité , qui nuilent plus à la végé- tùîicn qu'ils ne la favonfent ? L'agri- culture a mnlheureulement fes charla- tans comme toutes les autres Iciences , mais heureufcment auffi elle a des prin^ c;pes certains ; il importe donc de fe prémunir contre ces hommes à feq F R O ■fcrefsqxiî profitent de renthoufiafme des uns &C abufent de la crédulité des autres. Que toutes ces recettes bizarres , que ces prétendus fpéci^ques van- tés par des ignorans , foient ban- nis à jamais de nos livres élémen- taires , puifqu'ils peuvent taire un tort infini aux progrès de l'agricul- ture & à la fortune des cultivateurs ; n'y admettons que ce qui paroit dé- montré & confirmé par l'expérience Journalière : choififfons les grains de femence, trempons-les toujours dans l'eau de fumier animée par la chaux , & fi les circonllances nous forcent d'employer pour les femailles des grains infeâés parla carie ou d'autres maladies , n'oublions jamais de leur appliquer la leffive indiquée, finous voulons avoir des récoltes abon- dantes & faines ; ces précautions , que la phyfique a approuvées , vaudront infiniment mieux que tous ces fpé- cifiques qui n'ont jamais eu de fuccès réel : connoiflance parfaite du fol , engrais , labour , préparation des femences, voilà les maximes fonda- mentales du premier de tous les arts. ( Foyei ce qui a été dit au mot Chaulage ) M. FARM. CHAPITRE X. du temps , de la maxiere de moissonner le froment , et de le monter en gerbier, Section prïmière. £)e l'époque de la molffon , & de la man'àn de la lever. Déjà la paille eft dorée , déjà l'épi jauniflant s'incline vers la terre , ôc F R O lyi rend hommage à Cérès ; déjà les blés fourient à la vue du cultivateur, & il faut être propriétaire pour fentir tout le charm de ces momens déli- cieux : l'intérêt y eft pour quelque chofe ; mais je crois qu'un fentiment d'amour propre eft plus fort. L'on fe dit avec contentement : Voilà les blés que j'ai femés , leur beauté eft due à mes travaux , c'cfl mon ou- vrage : heureux délire, qui fait ou- blier les craintes , les anxiétés dont le cultivateur a été agité depuis le moment que le grain a été confié à la terre, jufqu'à celui de la moiffon.! Cette joie û naturelle n'eft pas encore parfaitement pure ; les blés font fur pied , un orage , une grêle vont peut- être , au moment de la plus dcuce jouiffance , bouleverfer, détruire, anéantir 6c l'efpoir & la précieufe récolte de ce propriétaire ; que d'exempLes pareils ! Il échappe aux orages ; mais les apfides lunaires fe trouvent aux points équinoxiaux ; (^voyei les mots Almanach , Lune) les craintes reviennent , des pluies continuelles vont inonder , coucher , & pourrir fes moifTons. Si par de nouvelles combinaifons de ces points lunaires , le ciel redevient ferein , le cultivateur voit renaître la douce efpérance , & la joie brille fur fon front ; peut - être fera - t - elle de courte durée , fur - tout dans nos provinces méridionales. La cha- leur du jour eft dévorante , le vent nommé /iroco en Italie , s'élève , il delTeche le» balles dans lefquelles les grains font renfermés ; elles s'ouvrent , & la terre eft prefque dans un clin- d'œil ou dans la journée , jonchée des grains , d'une partie 6i quelquefois plus de la moitié de îa récolte. Telles font les inquiétudes fans ceffe renaif- î52 F R O fanies qnifroifient l'ame & ballottent la fortune du cultivateur, juCqu'à ce que fes blés ioient fur l'aire ou dans fes greniers. Les habitans des villes , tranquilles au coin de leur foyer , difent froidement : nous payerons le pain un peu plus cher dans le cours de cette année, & ne daignent pas jeter un œil de compaffion lur le fort de ce malheureux fermier , de ce pauvre cultivateur qui perd Sc- ies avances premières , &C ies tra- vaux, & l'unique reflburcc qui lui refloit pour -vivre. L'homme eft in- julk lot fque le tableau de l'infortune eil éloigné de fes regards. Ces exemples de calamités , trop fouvent répétés, font des leçons inftructivei; auffi le propriétaire intelligent qui a de la prévoyance, n'oublie rien de ce qui peut lui faire éviter ces malheurs en tout ou en partie. Long-temps d'avance il raflemble l'argent & les vivres réceflaires pour la nourriture & le falaire des moiflbnneurs ; le grain eft toujours plus cher dans cette faifon que dans le refte de l'année. Dt-'S le mois de mai & même plutôt il arrhe fes ouvriers, fait fon marché avec eux, les lie par des conventions écrites ou faites en préfence de té- moins. S'il attend plus tard il n'aura plus à choifir parmi les travailleurs ; les bons feront arrêtés, les mauvais lui impoferont la loi, parce qu'il fera forcé de recourir à eux ; & en les payant très-chèrement , la ré- colte fera la dernière levée de tout le canton, Se la plus mal ramaffée. le fuis bien éloigné de conleiller de cholfir de bonne heure fes tra- vailleurs afin de les payer au-deflbus d'un prix raifonnable. Si l'on envifage les fueurs dont ces malheureux vont F R O être couverts, la peine qu'ils auront dans les mois les plus chauds de l'année , lans cefle le corps courbé , en mouvement de la tête aux pieds, dans une pofture fatigante; & le vi- fage tourné contre terre, on convien- dra , à moins qu'on ait une ame d'a- cier, que jamais ia'airc n'eftplus jufte- ment mérité & argei.t nÙL-ux gagné. Avant de commencer la mo-.ffon, l'aire (voyei ^^ niot( doit être rebattue à neuf, les charrettes , les traits des beftiaux en état, alnli|quetoui les outils néceffdires. Les proprié; aires négli- gens paie! ont chèrement le niduque d'attention (ur les pjus petits détails. La méthode de lever la récolte , varie fuivant les provinces. Dans l'une on travaille à la joiu-née, & tous les ouvriers font fournis à un chef choifi parmi eux ; dans d'autres on donne à prix fait , & ce prix fait varie encore de plufieurs manières. Ici on paie tant par meiure de blé femé ,& les moiffonneurs font obligés d'abattre le froment, de le raffem- bler en gerbes &c de les lier ; cette dernière opération eft l'ouvrage des femmes qui fuivent les coupeurs. Là , les coupeurs en nombre fixé , font un traité avec le particulier, d'abattre la moifton , de la conduire à l'aire , ( le propriétaire fournit les voitures ( de la monter en gerbier, de la battre , de la vanner ÔC de porter enfin le blé net dans le grenier. Ces ouvriers ne font pas communément payés en argent. Ils ont, par exemple, 2 , 3 ou 4 meiures de grain fur la mefures , c'eft-à-dire , que le pro- priétaire en a feize, & que les moif- fonneurs fe partagent entr'eux les quatre autres. Dans certains cantons ils lèvent 7 fur zo, ce qui dépend du plus ou moins grand nombre de trgvailleurs F R O travailleurs qui fe préfentent , Sz ils fe nourriflent à leurs frais lorfqu'ils fe paient par eux-mêmes. "Quand l'on peut choifir, & que l'on n'eft pas obligé de plier fous la loi impérieufe de la coutume du canton, la dernière méthode eft pré- Êrable , parce qu'il efl de l'intérêt de l'ouvrier, i**. de bien moiffonner, 2°. de bien lier les gerbes ; 3°, de les retourner à propos fur le champ ; 4°. de les monter en gerbier de ma- nière que les blés ne foient pas pénétrés parla pluie; 5°. de les battre & vanner convenablement ; enfin , le maître ne peut pas perdre par leur faute , Cans qu'une bartie de la perte ne re- tombe fur eux , &c il réfulte un bien pour tous de cet intérêt réciproque. La plus mauvaife de toutes les mé- thodes eft de nourrir 5c payer à la journée. Les ouvriers ne font jamais contens de la nourriture, boivent beaucoup , travaillent peu , puif- qu'il efl de leur intérêt que l'ouvrage foit de longue durée , 6c pour peu qu'il furvienne du mauvais temps , ils ne vont pas à rouvrage,la gerbe pourrit furie champ , ôc la récolte en foufFre. Si le prix fait du moifTonnage eft argent, fi celui du battage, van- nage , 6cc. l'efl auffi , qu'arrive-t-il } pour moins fe courber &c hâter le travail , l'ouvrier coupe la paille à F R O în étendue fur la terre ; la lleufe la ramafTe à la hâte, Sic. Sec. & l'on perd fouvent un cinquième ou fixième de fa récolte. Quant au battage & au criblage , il importe peu à ces ouvriers que le grain refte dans l'épi , que le blé foit net, il n'en eft pas moins payé, ôc c'eft tout ce qu'il demande. J'infifte fur ces objets, parce que, voulant me convaincre de la mé- thode la plus avantageufe au pro- priétaire, je les ai toutes éprouvées, 6c j'ofe aflurer que la meilleure efl de payer en blé ou en argent , en fixant le falaire fur la mefure. Dans ce cas l'ouvrier ni le propriétaire ne fauroient être trompés. Les outils deftinés à couper la molf- fon varient dans leur forme , fuivant les provinces , ( vojti leur defcription aux mots Faucille, Faulx) lorfque j'ai fait l'article Faulx , je ne con- noifTois pas celle qu'enluite j'ai trou- vée décrite dans le Journal Econo- mique du mois d'août 1752.: en voici la defcription , & on la verra repré- fentée dans la gravure du mot Injlru- mens d'agriculture. » Nos moiffonneurs (c'eft l'auteur qui parle) ne peuvent embrafTer de blé pour le fcier, qu'autant que leur main peut en contenir, & leurs fau- cilles font fi recourbées, que dans l'ardeur du travail il arrive fouvent plus d'un pied au-defTus de la terre ; qu'ils fe coupent les doigts, &c. Les en donnant à fon bras toute ion étendue , 6c le ramenant en demi- cercle il embrafTe avec la main gauche la plus grande quantité pcfTible de paille , ferre peu cette main , donne (on coup de faucille fans aucune attention, il refte btaucoup de tiges couchées; un grand nombre d'épis cafTés au haut des tiges par le contre faucilles dont on fe fert auprès de Conftantinople , n'ont qu'une cour- bure médiocre , & telle qu'on la verra repréfentée. La lame n'eft point arrondie , elle forme une efpèce d'équerre très- évafée. Les ouvriers ont de plus dans la main gauche un outil de bois , dont le manche efl percé de trois trous ; Us pafllnt tro s aoup,tombentiIapaillecoupéeeftmal doigts de la main gauche dans ce? Tome F, V ,^4 ^ ^^ O F R O trous & embraffant avec la partie nelesramafle pas toutes , c'eft qu'elle courbe oubecde cet inftrumentbeau- ne fait pas la plus léoère attention coup plus d'épis qu'ils ne pourroient faire avec la main feule, il les con- tiennent avec le pouce , & les fcient fans crainte de fe couper les doigts qui (ont garantis par le manche où ils entrant. Ainfi, travaillant avec fureté ils avancent leur ouvrage quatre fois plus vite qu'on ne fait parmi nous. Si dans le pays que j'habite ac- tn?llement, j'avoisle choix des mé- thodes pour couper les blés, je pré- férerois celle de la Flandre Françoife , dai Hainaut , de l'Artois, &c. qui coiififte à fe fervir de la faulx pro- prement dite , armée de playons ; c'tfl l'inftrument le plus expéditif, le plus près de terre qu'il eft pofllble ; mais comment dans ces cantons plus efclaves de la coutume que par-tout ailleurs, & où, malgré les écrits des meilleurs agronomes, on ne con- noît d'autres charrues que l'araire décrite par Virgile , pourrois - je trouver des ouvriers affez dociles à fon travial. On ne dira pas que les provinces citées ne foient pas des pays à fromens , puifque les four- rages &c les blés y font les deux premières récoltes. On ne manquera pas d'obje£ler ( car que n'objeûe-t-on pas ) que les blés femés dans des terres unies , comme la furface d'une prairie, font fufceptibles de recevoir la faulx. La remarque eft fimplementfpécieufe: la furface des terrains eft inégale , ou par les cailloux qui l'excèdent,, par les pointes de rochers, par les mottes foulevécs dans un labourage fait à contre - temps ; les premiers fuppofent que le champ a été mal herfé après les femailles; les féconds, que le champ eft naturellement mau- vais, & les troifièmes- accufent la négligence du cultivateur qui n'a pas tait brifer les mottes après avoir enfemencé. On veut rendre l'ufage' de la faulx refponfable du peu d'attention du propriétaire, au moins dans le premier & dans le dernier cas. Quant au fécond , fi tout le pour fe plier à mes volontés? Plus les champ eft parfemé de pointes de blés font fournis , épais & ferrés , rochers en nombre prefqu'équiva mieux la faulx travaille. L'œil fatis- fait voit les tiges refter, pour ainfi dire , perpendiculaires, lorfque le tranchant les a coupées; & s'incliner doucement fur les playons en raifon de la pefanteur de l'epi & du vent qvfi les pouffe : preuve démonftra- tive que la faulx fcie avec célérité. lent à celui des épis, ou à peu près ^., je ne vois pas comment on aura pu le cultiver. C'eft ici le cas de fe fervir de la faucille & même de la faulx ^ dans les deux premiers , fi l'ouvrier fait la manier, parce que, en élevant un peu fon coup, le tranchant évitera 'a pierre ou le petit monceau de nrefque fans aucune fecouffe , & que terre. Qu'eft-ce que ce petit nombre le contre-coup n'eft pas capab'ed'é- d'exceptions de te's champs, en com=^ grainer l'épi. Quant à l'arrangement paraifon de la prodigieufe multitude des pailles far le fol, il eft admirable, de ceux qui font naturellement unis une paille n'excède pas l'autre , & à la furface ? il eft inutile d'infifte? il la Ueufe d'un £eul coup de main plus long-temps fur ces objets. F R O Le moment de couper le blé eft indiqué par la couleur de la paille , de l'épi, ôc par la confiftance du grain ; on ne doit cependant pas attendre qu'il foit durci dans fa balle , fans quoi , fi la journée cil chaude , on court le rifque d'en perdre la moitié. Le propriétaire d'un petit champ qui peut 6c qui ne veut rien perdre , commencera à moiffonner dès la pointe du jour , 5c finira à neuf heures du matin, il recommen- cera à cinq heures du foir, & la nuit arrêtera fon travail. Lafi-akheur du matin & du foir, & la rofée ren- flent le grain , reflérrent les balles , &c les fecouflfes de la coupe ne font pas capables de les faire tomber ; il ne peut en être ainfi dans les grandes métairies , les journées en- tières font trop courtes pour reven- due & l'urgence du travail. Si on donne à moiffonner par prix fait quelconque , il faut fiire atten- tion que le nombre des ouvriers foit proportionné à la récolte, & qu'elle puiffe être levée dans le moins de temps poffible. Ce n'eft pas le compte des ouvriers à prix fait , mais c'eft ce- lui du propriétaire. Plus il y aura d'in- dividus ayant part au prix fait, moins il reviendra à chacun , c'eft ce qu'ils iavent très-bien ; & la perte que le maître foufFrira de leur petit nombre, îera peu de chofe pour eux , & n'équi- vaudra pas à celles qu'ils auroient foufFerte , fi leur nombre étoit plus confidérable. Il eft naturel de com- biner les intérêts du maître & des ouvriers; mais il eft en même temps très - naturel que le maître y trouve fon avantage , puifque fouvent la FRO ,j5 perte d'un jour devient très-ce û- teufe. Ecoutons parler Olivier de Serre , fes détails font intérefTars, & ce qu'il a dit dans fon exprefîif & vieux langage vaut mieux que ce que je pourrois dire. » La maturité des bleds fe cognoift aifément à la couleur , qui eft jaune ou blonde; & quand les grains font affermis , non encore du tout en- durcis, c'eft lors le vrai poind: de les couper , avec cette commune raifon , que les prenans un peu ver- ddets, & non extrêmement meurs, s'achèvent de meurir & préparer en gerbes; & n'eft-on en danger d'en perdre beaucoup en moiffonnant & charriant , comme l'on feroit les prenant trop meurs & defféchés , dont grande quantité de grains s'é- coulans , fortes de l'efpi , allans à terre, fans en pouvoir être recueillis. Par cette raifon , vaut beaucoup mieux s'avancer de deux ou trois jours que de retarder aucunement ; joinft que le bled pourtant n'en deichoit nullement de couleur , la- quelle il acquiert belle & bonne, fe confifant un peu en gerbes.*» » Le bled qu'aurez deftiné pour femence, ne fera coupé qu'en parfaite maturité , eftant néctffaire pour le bien faire fruftifierde le laiffer meurir en perfeftion, fans avoir efgard au déchet qui pourra eftre en attendant cela , de choifir le poind de la lune &c les heures du jour pour la couppe des bleds, comme aucuns ont com- mandé , eft chofe impoffible , bien que cela fuft à déhrer. La vieille lune ( I ) & les matinées &c velpres pour telle aûion eftans à proférer (i) Cette adirtion de l'Auteur tient à l'opinion du temps où il écrivoit, êc ou ne Gonnoifloit pas les véritables effets de la Lune, i^i'oyci ce mot.) V 1 I5<5 F R O à tout auftre temps : car les bleds ne vous donnent ce loifir-!à d'atten- dre ni de layer aucunement pour s'avancer d'heure à autre , depuis qu'ils ont prins le vol de fe meurir , voire fe bruilent-ils prefque de mo- ment à auftre par la véhémente cha- leur du foleil. Parqiioi à moiffonner employera-ton toutes les minutes du jour , montrans par diligence combien nous chériflbns cette pré- cieufe manne. Le vulgaire appelle ce temps le temps de befongne , comme voulant dire , toute autre œuvre delà terre n'ertre que préparatif pour cefle ci ou fes acceiToires. » » De peur que du grain n'eft chéié par trop en terre en le tranfportant , comme toujours quelque portion s'en perd pour doucement qu'on le manie , le bled coupé & lié fera iaiffé fur terre jufqu'au lendemain le foleil frappe fort les gerbes , eflre enlevées & accumulées en petits monceaux , chacun d'une ou deux charrettées , où de fept à huit char- ges de mulets ; lefquelles gerbes par avoir été quelque peu hwmeé^ées de rofée ôi fraifcheur de nuit , pourra-t-on manier fans crainte d'en taire couler ou gliffer le bled, l'ac- compagnant telle humeur toute la journée, dont commodément il fera charrié en la grange ou en l'aire fui- vant l'uiage du pays. » » S'i! eicheoit que l'on foit con- traint de couper partie de bled, non encore meur, (nomme cela avient quelquefois de celui qui fe trouve es ombrages , fous les arbres, près des murailles ou bien que la com- modité d'ouvriers prefle , craignant d'en avoir faute par après ) le moyen de ce faire avec utilité , efl qu'eflant ce bled-là coupé & hé , dès auffitofl F R O dix ou douze gerbes toutes vertes fe- ront entafiées l'une iur l'autre, Sc pour alniî demeurer t le jour ,6c jcelui paffé, feront eicavtées & miles debout en éparpillant les tfpis afin de leur faire recevoir les rolées de la nuit. Le matin revenu , feront réa* moncelées comme devant , de peur que le foleil ne les pénétre ; & ainfi continuera-t-on deux ou trois jours de fuite, au bout deiquels par l'hur meur ainfi enferrée , les gerbes s'é- chaufferont , & cela les fera meurir , pourveu qu'on les expofe au foleil pour les y faire fécher en perfeftion. >♦ Section ï L D) la manière déformer les Gerliers. Il y a deux fortes de gerbiers , ceux que l'on forme fur le champ même , & les gerbiers à demeure jufqu'au temps du battage. §. I. Des Gerbiers momentanés. Lorfque le blé eft coupé & réuni en gerbes , '-n les laifle fur le champ plus ou moins long-temps , afin que la chaleur du jour diflipe l'humidité de l'épi. Cette humidité fuperflue devient dangereufe , foit que l'on fermé & amoncelle les gerbes dans la grange , ou qu'on les monte en gerbier ; elle fait alors fermenter le grain, elle l'échauffé ;fouvent il germe ou moifit fi elle eft trop abon'ante. S'il ne p'eut pas , fi le temps n'a pas été trop humide , enfin , fi toutes les circonfiances font favorables , les gerbes peuvent refter é'endues fur le fol du jour au lendemain , & enfuite raffemb'ées en petits gerbiers , ainfi que i'a dit plus haut Olivier de Serre. L'on peut encore, fi l'on veut, F R O les tranfporter dès le lendemain du chamjj fur l'aire , & les monter en grands gerbiers. L'opération du tranf- port doit commencer dès la pointe du jour, & rinir à neuf ou dix heures , fur- tout lorfque la proximité du champ la facilitera. Si au contraire le temps eu humide , pluvieux ,-Ie jour de la moifTon , il vaut mieux ii.iller les gerbes étendues fur le champ , les retourner foirSc matin, encore mieux les drefler , afin que le courant d'air qui les environnera , accélère l'éva- poration de l'humidité , & les fèche plus vite. Si réloignement de l'aire ou de la grange ne permet pas un prompt tranfport , (i l'on craint de nouvelles pluies, il faut prendre fon parti , & monter de petits gerbiers fur le champ même. On choifit pour leur emplace- ment , de dillance en diflance , la por- tion de terrain qui forme un petit monticule , s'il s'en rencontre ; là on met une gerbe droite , les épis en haut, & elle devient le point cen- tral ; on range circulairement , & tout autour d'elle de nouvelles ger- bes , ( les épis en haut ) mais incli- nées contre le centre, ce qui forme un cône tronqué , & affez large par le haut. Sur cette portion de cône on étend à plat de nouvelles gerbes , les épis au centre, & on les recouvre avec trois ou quatre nouvelles ger- bes, & une ou deux gerbes déliées , de manière que le cône devient pref- que parfait , & les pailles fe trouvent en recouvrement les unes fur les autres ; les tranfverfales du fécond lit relient encore allez inclinées pour garantir les inférieures de la pluie , & porter fes eaux au-delà de la cir- conférence du cône. Le nombre de ces petits gerbiers eil multiplié ful- F R O 157 vant l'étendue du champ &c l'abon- dance de la récolte. S'ils font bien faits, fi les gerbes (ont bien prcflees les unes contre les autres, l'intérieur fera à l'abri des pluies , & le tout n'aura à craindre que les coups de vents les plus vlolens. Chaque pays a fa conflriiûion particulière ; il fe- roit trop long d'en rapporter d'au- tres exemples : je me contente de citer celle de M. Ducarne de Blangi , publiée dans fon Ouvrage intitulé : Méthode de recueillir les Grains dans les annUs pluvicufes , & de les empê- cher de germer. Pour bien faire l'opération ( c'ell l'auteur oui parle , & je donne l'ex- trait de fon Ouvrage ) vous pofez à terre la première javelle A B , Figure I , Planche 8 , fur laquelle vous mettez la féconde C D ; mais remar- quez , comme on le voit dans la fi- gure , que les épis B D & G , font mis au centre & au milieu de la moie , ( ou gerbier ) & que les. côtés des épis de toutes les autres javelles, ( ou gerbes ) qu'on mettra enfuite pour achever la moie , doivent tou- jours s'y trouver , en forte que le gros bout de chaque javelle foit toujours en dehors, & l'épi en de- dans & dans le milieu. Sur la féconde javelle C D , vous mettez votre îroifième javelle E F G, Se c'efl ici qu'on a beioin d'un peu d'induflrie. Les épis de la troifième javelle pofent lur ceux de la féconde , & pari là ils font préfervés de fhu- midité de la terre ; mais il n'en eft pas de même des épis de la première javelle qui pofe à terre , ce qui fe- roit capable de donner de l'humidité au grain qui s'y trouve ; il faut donc replier la troifième javele E F G ea F , & faire pafTer le gros bout de ïjS F R O cette jivelle fous 1-^s épis B B de la première javelle A B , comme on le voit dans la Figure i. On lent que par cette difpofition , l'épi & fon grain ne pofent pas à terre , & n'y touchent en aucun en- droit , 6c que par ce moyen ils fe trouvent en l'air , & foutenus de tous côtés par le gros de la javelle E F G ; cette difpofition forme comme une efpèce de fiège , de point d'appui fur lequel on arrange toutes les au- tres javelles en forme d'une petite tour ronde. Quoique pour diftinguer les ja- velles l'une de l'autre , on ait laiffé dans la Figure i , un petit elpace vide entre chaque javelle , on doit ce- pendant fe le figurer rempli par les javelles , ainii qu'on le voit ( Figure 2 ) ; 1! faut même avoir l'attention de ne laifler aucun vide , aucun intervalle par où l'eau puiffe pénétrer , ce qui cauferoit dans la moie une humidité nuifible , & feroit germer tout le grain qui en feroit imbibé. Ces trois premières javelles étant arrangées , il ne s'agit plus enfuite que de pofer d'autresjjavelles à côté de ces trois premières , pour remplir totalement les vides qu'elles pour- roient laifTer entr'elles , en obfer- vant de mettre toujours les épis de toutes les javelles fur [les épis des trois premières , à mefure qu'on les porte à la moie. Lorfque tout le vide eft rempli , il ne refle plus alors qu'à pofer fur cette première couche une nouvelle couche de javelles , fortement pref- fées les unes contre les autres , & ain- Çl de fuite , jufqu'à ce que la petite moie Oait parvenue à la hauteur de 5 à 6 ou 7 pieds. Comme en plaçant toutes ces ja- F R O velles fur la première couche , les épis de chacune font toujours pofés & croifés les uns fur les autres; le milieu de la moie fe trouve par cette difporulon toujours un peu plus élevé que les bords; ce qui forme déjà une petite pente pour l'écoulement des eaux ; mais cette pente ne fuffit pas, quoique tout le deffus de la moie foit toujours couvert par une efpèce de petit toit de paille, comme on le dira tout - à- l'heure ; fi néan- moins il arrivoit quelque accident à la couverture , & quelque déran- gement qui laiflât pénétrer un peu d'eau jufque fur la moie, cette pente n'étant pas aflèz confidérable , l'eaa y féjourneroit , & pourroit , à la longue , pénétrer dans l'intérieur de la moie , inconvénient très - réel ; afin de faciliter l'écoulement, on a foin , en arrangeant les moies-, d'ap- puyer toujours un peu avec les mains le long des bords , ce qui fait pren- dre à la moie à peu près la figure d'une efpèce de pyramide. IV refie à parler du toit dont cha- que moie doit être couverte, cette couverture n'eft autre chofe qu'une gerbe ordinaire , afl"ez groffe pour couvrir exaûement le deffus de la moie , en forte qu'elle déborde la moie de quelques pouces tout autour; la Figure 4 la repréfente toute ou- verte, & prête à mettre fur la moie. Quand elle y eft mife , le gros de la javelle fe trouve en haut , & les épis en bas , tout autour de la moie; pour la rendre folide , on la lie avec un fort lien, & le plus près du bout qu'il eft poflible , afio de lui donner plus de hauteur , & qu'elle recouvre mieux la moie. On fenî que cette gerbe étant ouverte jufqu'auprès d" ii^'^* ^ F R O formant alors un? efpèce de para- pluie , cette couverture doit ncccl- fairement empêcher l'eau de péiié- trer dans l'intérieur : en rangeant cette principale gerbe , on la place de façon que fon milieu réponde à celui de lamoie, en forte qu'elle la recouvre à peu près également de tous côtés. Dans la crainte des coups de vents capables d'enlever cette couverture, on l'affnjettit fur la moie, au moyen de trois liens placés en triangle; {Figure^) ces liens font de paille pareille à celle des javelles , ou avec quelques plantes traînantes ou far- menteufes , comme la CUmatli , la 7 i^nefauvage , &c. ( Voyt^ ces mots Ces moies mettent dans le cas de ne pas craindre les pluiesd'orages & même les autres pluies lorfque l'on moiffonne, parce qu'on ne moil- fonne que lorfque l'épi eft iec , & il l'eft communément deux ou trois heures après la pluie. On profite de ces intervalles, chacun s'empreffe d'abattre du blé, de le raffembler en gerl>es , & de le porter aufTitôt fur la moie, au lieu qu'en fuivant les coutumes ordinaires , on efl obligé de laiffer les javelles fur le champ, afin de leur donner le temps de fe refluyer & de féchcr. Lorfque la mo.ffon efl firie, & que le temps fe met au beau , on va dès le» huit h' ures du matin dé- couvrir toutes les moies , on pofe à terre la couvertur: dans une fitua- tion renverfce, c'tft-o-dire, l'épi en l'air, pour la mieux fane fécher : enfuite on prend pa brafices 'e df flus delà moie, ou le pôle fur des liens étendus à terre pour le recevoir ; on démolit toute lamoie, on 'a^fle fedier la paille iur its liens pendant F R O 1^9 pUifieurs heures, & jufqu'à ce que tout (oit bien iec ; après cela en lie les gerbes , & on les voiture dans les granges. Une attention eflentielle eft , €n faifant les moies , d'enlever les her- bes des champs , mêlées avec la paille des gerbes. Si les lleufes ont eu cette attention , comme cela doit être, il n'en reftera pas dans ce mo' ment. Ces herbes fraîches augnier'/igrit l'humidité, accéléreroient \'^ putridité. Il feroit difficiUt^ dans les pro- vinces méridionales où la paille des fromens eft courte , d'en trouver qui fût capable de fervir à la cou- verture , ( Figufe 4 ) il efl aifé d'y fuppléer par celle de feigle battue, éc confervée de la moiffon précédente. Dans beaucoup d'endroits, & pref- que dans la moitié du royaume , on donne les moiffons à prix fait, ou bien on fe fert des travailleurs qui defcendent de la montagne & on les nourrit. Lepayfan fera fâché de voir cette multitude d'ouvriers perdre fon temps, & attendre plufieurs heurfs après la pluie, avant de retourner au travail. Enfin ,M. Ducarne deBlangi aura beaucoup de peine à faire entendre raifon aux hommes fub- jngués par la coutume ; malgré cela la méthode de fon canton n'en efl: pas moins excellente & mérite à tous égards d'être luivie. §. II. Dts Gerhlers à dcmîÙTC j ufqu^ au temps du battage. Dans les provinces du nord du royaume , on renferme les grains en gerbe dans des granges ou fous des hargars fpacieux , uniquement deftirés à cet ufage : deux raifons prefcrivent cette méthode ; la pre- ï6o F R O miere tient à îa conftllution de l'annoiphcre dei pays, natiirelle- nitnt humide , peu chdiJe, & très- pKivieufe ; une économie bien en- tvndue a déterminé la féconde. Les produits de ces prov:. ces confident en fourrage & en blé ; il n'eft pas poffible de labourer les terres dé- trempées par les pluies , & il faut occuper les valets de la ferme pendant ce long efpace de temps ; alors on bat le blé pendant le jour, & une partie de la veillée , à la clarté des flambtaux; les ger- biers font donc inutiles pour ces provinces. Il n'en eft pas alnfi dans les autres cantons du Royaume, où le ciel eft plus tempéré & moins pluvieux; la vendange , le travail des vignes ; la récolte des amandes, des o'ives, &c. ne laiffent ;iucun moment de repos , & on pafTe fucceffivement d'une occupation à une autre. Les habi- tans d'un lieu plus ou moins mé- dional , plus ou moins fec ou hu- mide, dirigent leurs travaux- en conféquence du climat ; de là vient que les uns battent une partie dans l'été , & une partie dans l'arrière- faifon, ou pendant l'hiver. Plus le grain refte dans la gerbe amoncelée &C mieux il fe nourrit , il fue peu à peu fon humidité furperflue, & ne diminue pas autant de volume que le blé qu'on fe hâte de battre. De cette diverûté de pofuions naît la dlverfité ddns la formation des ger- biers , afin de mettre le grain à l'abri de la pluie & de l'humidité , quoique expolé au grand air. Il y a très-peu de fermes , de métairies , pourvues de granges à blé ou de hangars ; il faut donc que l'induftrie y fupplée. F R O Ceux qui tardent le moins à battre J cherchent peu de façon dans la conf- truûion de leurs gerbiers , &C ils ont le plus grand tort, parce qu'ils ne font pas les maîtres des faisons : les gerbes, il eft vrai, font amoncelées ou en rond, ou (bus une forme quarrée ou alongée, terminée en pointe , & couronnée par des gerbes dont les é|:)isfont en bas. Se fou vent en haut: qu'il furvienne un coup de vent, une pluie d'orage ou long-temps continuée, le chapeau du gcrbier ert dérangé , la pluie pénètre dans l'intérieur , le grain moifit , germe; & un peu plus d'attentions, un peu plus de peines aviroit prévenu ces fâcheux accldens. On fe flatte de jour en jour que le temps fe mettra au beau , la pluie continue , les vœux inutiles ne remédietit pas au mal , &C le dégât devient général. On ne peut même reftreindre fes progrès, qu'en fe déterminant à enlever toutes les gerbes mouillées, les remplacer par d'autres fcches , & faire un nouveau couronnement ; quel pay- fan fe déterminera à ce travail! Ce- pendant dans le principe, une jour- née ou deux, & quelques atten- tions de plus, auroient affuré la tran- quillité du propriétaire, & prévenu la détérioration de la récolte ! Tout fe fait à la hâte , & tout fe fait mal, Soit que l'on batte auffitôt après la moifTon , foit que l'opération foit diffirée, Propriétaires, veillez vous- mêmes à la conflruftion de vos ger- biers , votre fortune en dépend. De ces généralités paflons à la pratique. L Du fol fur lequel lepofcnt Iti gerbiers. Ils doivent, autant que faire j(e peut, & jufqu'à vin certain point, environnei; F R O fenvironner Vaire, (^voye^ le mot Bat- T AG E , où il eft queltion de Vain) & Oublié dans le premier volume ;.mais il eft elTentiel de lalffer ouverts les deux côtés par oi!i foufflent les vents dominans du canton, afin de vanner avec facilité. La place du gerbier fera tracée avant de le commencer, & tout antour régnera un petit foflé avec fon écoulement. La terre qu'on en retirera , fervira à élever le fol ; de cette manière les eaux plu- viales s'échapperont , n'imbiberont pas le fol , & ne le rempliront pas d'humidité. Un autre moyen bien fimple & plus avantageux , confifle à placer , de diftance en diftance , fur ce fol , des pièces de bois équar ries , de quelques pouces d'épaiffeur, & enfuite de les couvrir avec d'iS planches. La paille ou les gerbes ne toucheront point à la terre ; il ré- gnera fous ce plancher un courant d'air qui dilTipera l'humidité, &C les gerbes feront toujours au fec , quel- que temps qu'il fafle. On objedera la dépenfe que ces précaution* entraî- nent : c'en eft une , j'en conviens ; mais une fois faite , c'efl pour un très- grdnd nombre d'années , fi après le battage général on a la petite at- tention de renfermer ce plancher dans un lieu fec , jufqu'àla prochaine ré- colte. Trouve-t-on cette dépenfe trop forte ,on peut employer des fa- gots ou des farmens , & en faire un lit épais & ferré. II. De la manière cTèicvcr folide- mtnt Us gerbicrs. Leur forme eft or- dinairement ronde ou un quarré alongé. Dans l'un & dans l'autre cas , la partie du milieu de la hauteur du gerbier eft plus large que la bafe , & celle du fommet fe termine en cône dans le premier , & en pyramide Torns y. F R O i6i dans le fécond; de manicre que la progreffion de la croiflfc-n.e ÔC delà diminution eft la même. Si le gerbier eftrond,il faut plan- ter fur le fol & dansH^mi'.ieu une perche ou pièce de bois , dont la groffeur & la hauteur foient en rai- Ion du volume qu'on doit lui don- ner; s'il efl: quarré, on en plantera 1 , 3 ou 4 , également fuivant fon étendue ; elles (ont alignées les unes avec les autres. De leur lolidité en terre dépend cel'e de la crête du ger- bier. Voyci la Planche précédente ; la Figure S préfente un gerbier à moitié coiftruit , afi 1 de laifTer voir la por- tion des perches AAA de la traverfe B liée avec les montans en C , & fi- chés en terre en D ; la Figure y repré- fente une des gerbes de fimple paille , dont il fera parlé plus bas , comme elle doit être placée en E Figure 5, & la Figure 6 fait connoître la ma- nière dont on affujettit les gerbes du couronnement p?r deux liens A B, autour de la traverfe C, Un ou deux ouvriers tout au p'us feront employés à ranger les gîrbes de chaque gerbier ; tous deux le fui- vront dans leur t:a /ail, & neje mon- teront point chacun de leur côté lé- parément , parce que Ips gerbes ne feroient point affez bien liées enfem- ble. On commence la p-em ce aihii fur le fol ou fur le p'.ancher , lu - vant la forme & la proportion au gerbier ; le premier rang eft exté- rieur , la paille en dehors , l'épi en dedans , & les gerbes le plus ferré qu'il eft polTible les ims contre les autres. Ce premier rang extérieur établi , on procède à \v.\ rang inté- rieur , enfuite à un troifième ou q la- trième , jufqu'à ce que l'on foit par- venu aux pièces de bois perpendicu-» X ï52 F R O laires , obfervant fans cefle de preffer fortement toutes les gerbes les unes contre les autres , de ne laifler aucun vide entr'elj^ , & d'établir la pre- mière affile uniforme. Si le gerbier eft quarré ou en quar- ré long, il faut fupprimer les angles pour affurer la folidité de l'édifice ; les coins formeront une recoupe dans les angles du carré, & le plan efl repréfenté , Fig. S , Pi. 8 , page 148. La recoupe A & B dépend de la longueur générale des gerbes , & on choifit toujours les plus longues pour les coins , parce qu'elles iervent de Kens à toute la machine. Les épis Se lise partie de la paille de la gerbe A , font recouverts & croilés par les épis & par la paille de la gerbe B , &c c'efl dans les angles feulement que les gerbes doivent fe croifer dans la partie C. Par-tout ailleurs les serbes d'une affife fe touchent &c ne fe croi- fent pas. Lorfque la première affilé eft entièrement finie , lorfque toute la furface du plancher eft recouverte de gerbes , on commence la ieconde affife dans le même ordre que la pre- mière ; mais comme les gerbes iont liées en rond , elles lalftlnt néceflaire- ment entr'elles une cavité qu'il faut remplir avec les gerbes du fécond rang , & ainft de fuite pour tous les rang-, fupérieurs ; le grand point eft qu'il ne refte point de vide. Pour plus grande folidité , on peut , fi la lon- gueur des pailles le permet , faire encore croifer la féconde gerbe du coin de chaque aagle , de manière qu'il y aura quatre gerbes crollées dans les angles rentrans , Si elles for- meront autant de clefs du haut en fcas.. J'ai vu dans plufieurs endroits^ at- F R O tacher fix cordes à la perche per- pendiculaire ; une des quatre cor- refpondoit à chaque angle, & les deux autres dans le milieu de la face la p'us longue ; avec l'excédent de ces cordes on attachoit un. morceau de bois de plufieurs pieds , & on le fîxoit fortement le plus près poflible du gerbier» Ces cordes & ces bois faifoient le même office que les clefs de fer employées dans les murs de bâti- mens qui ont travaillé. Ici, c'eft pour empêcher la poufi'ée du gerbier ^ occafionnée par le talTement. Cette précaution n'eft pas à négliger lorf- que le gerbier doit refter long-temps en place. A quelques pieds au - deffus du fol , on fait infentiblement déborder les rangs , à raifon de 4 à 6 pouces environ, par toife de hauteur, & lorfque le gerbier eft parvenu à peu près à la moitié de fa hauteur, on refterre les rangs , afin de for- mer le plan incliné de la pyramide. L'extenfion ou le refferrement dé- pendent de l'augmentation ou de la diminution du nombre des gerbes fur le diamètre horizontal du gerbier:: peu de perfonnes favent bien le monter. On pourroit, à la rigueur,, en déterminer les proportions , au moyen de quelques piquets fur lef- quels on fixerolt des cordes légères, dans le fens de la courbure en de- hors, que doit avoir le centre du. gerbier ; mais elles font plus qu'inu- tiles à l'ouvrier intelligent & adro.t; le feul coup-d'œil lui fuffit, &; il; ne fe trompe pas. Plus on doit dif- férer le battage , Si moins on doit donner de ventre au gerbier; le taffe-^ ment des gerbes ne lui en doime tou-^ jours q^ue trop.. Tcm r M.IT.Pay.iâ^. d'ciLit^f ■ f.^J^/p fl J /'aa o'i'/ù^/- k/?a//- F R O ITI. De la man'he de recouvrir & de fixer le fommet du gerb'ur. Ceux €[iii l'ont lïionrc fans perche centrale font tort embarrafTés ; ils ont beau coucher plufieiirs gerbes les épis en bas , le moindre coup de vent les dérange , & la pluie les pénètre. Les perches fervent à prévenir ces accidens , car jufqu'à préfent elles ont cré inutiles aux gerbiers. S'ils font de forme ronde , on drefîera , contre la perche , des gerbes les épis en haut, & avec des liens de paille ou d'ofier, ou de clématite, de vi- gne-fauvage, &c. on les liera for- tement contre la perche, & les épis feront recouverts avec de la paille dont on aura retiré le grain , & for- tement liée au-deffus des épis. La même manipulation a lieu pour les gerbiers quarrés ou en parallélo- gramme, avec cette différence cepen- dant, qu'au fommet des perches per- pendiculaires on fixe une perche horizontale & affez longue pour atteindre aux deux ou quatre per- ches perpendiculaires; c'efl: contre ces perches horizontales que l'on attache , 6c que l'on lie les gerbes qui forment le dernier couronne- ment. En travaillant ainfi , les ger- biers ne craignent ni la pluie ni les coups de vent. Il y a encore une manière de les recouvrir, impénétrable à la pluie la plus longue, 6c au moyen de la- quelle il eft impoffible de les confer- ver fans détérioration pendant une année entière. On choifit à cet efTet de la paille de feigle , on en fait des paquets de trois à quatre pouces d'épaifl'eur, & on les lie fortement près du fommet. Le nombre de ces petites bottes de paille doit être proportionné à la F R O i/^î furface que l'on doit recouvrir , & on les cgalife toutes par les deux bouts , fur une longueur de trois pieds. Lorfque le tout eft préparé, le maître ouvrier monte fur le ger- bier au moyen d'ime échelle ; utî fécond ouvrier fe place à côté de lui , un troifième prefqu'en haut de l'échelle, un quatrième vers le mi- lieu, & enfî,i les autres reftent fur le loi afin d'apporter au pied de l'échelle les bottes de paille. Celui d'en bas , armé d'une fourche de bois , prend une botte , la préfente au fécond qui la prend également avec une fourche; celui - ci la préferite au troifième , 6c ainfi de fuite jufqu'à ce qu'elle arrive aux pieds du premier ou des premiers ouvriers qui vont faire l'office de couvreurs; ces der- niers placent & difpof'ent les bottes fur le gerbier, comme les maçons rangent les tuiles plates fur un toit; c'efî - à - dire , que le fécond rang recouvre plus de la moitié du pre- mier , le troifième plus de la moitié du fécond , & ainfi de fuite jufqu'aii fommet ; enfin le dernier rang de bottes fe croife par la tête fous les perches, & un nouveau rang forte- ment lié de chaque, côté des perches tranfverfales , affujettit le tout. Ces faifceaux de paille peuvent fervir pendant plufieurs années. Cette méthode fi fimple & fi avantageufe n'eft cependant en ufage que dans quelques cantons du royaume ; elle mérite d'être plus répandue. X e i64 F R O CHAPITRE XI. Z)u Battage et du Vannage. Section première. Du Battage. Je ne répéterai pas et que j'ai déjà dit aux mots Batteurs &c Battage , on peut les conlulter; mais j'ai pro- mis dais ce dernier de donner la comparaifoii des frais de la méthode de battre au ^éau ou de dépiquer avec des chevaux , mules , &c. ians entrer dans tous les détails de cha- cune de ces opérarions. L^expé- rience m'a démontré clairement, ï°. qu'il y avoit uns économie de 2 fols & quelques deniers par me- fure de grain, pefant cent livres poids de marc ; i". que lorfque l'on batcoit au flédu il reftoit moins de grains dans l'épi que pnr le dépi- quage avec les mules ; 3°. que pour la même (omme d'argent, les mules ou chevaux accéléroient beaucoup plus de travail 6c même d'un tiers , objet très -important; 4°. que dans l'idée où l'on eft que les mules , les bœufs , &c. ne fauroient manger la paille fans être brifée , il eft clair qu'elle l'eft exaûement par le dépi- quage; 5°. que ceux qui fe fervent du ^/«roir , repréfenté Planche XI , Fig. 2 & 3 ; pag. 309 du fécond Volume , pour vanner & cribler le grain , ont beaucoup plus de peine , attendu la quantité de petites pailles mê'ées avec lui , que lorfque le grain a été féparé par le fléau. Som.me totale , le battage au fléau efl plus économique , &C le dépiquage plus sxpéditif. Cette dernière méthode F R O eft celle de l'Efpagne , de l'Iralie & de nos provinces méridionales; elle étoit connue des Juifs , puiiqu'il en eft fait mention dans les Livres faints. Le befoin & peut-être une éco- nomie mal entendue, a donné l'idée du dépiquage. Dans cette fa'fon les bras font rares , tout homme efl occupé & par conféqu -nt fon falaire efl cher. On a des mules , des che- vaux , on veut les employer afin de ne pas débourfer de l'argent, & on les occupe à dépiquer ; mais pendant que ces animaux font ainfi occupés , ils ne labourent pas les champs , on n'en prend pas d'autres pour les fuppléer. Cependant le moment preffe , la terre demande à être travaillée , le temps des fe- mailles approche, enfin on efl en re- tard lorfque le moment cft venu j les animaux font excédés , & CR un mot le travail eft mal fait, le tout pour n'avoir pas voulu dé- bourfer de l'argent. C'eil prendre dans une poche pour mettre dans une autre & on n'en n'efl pas plus riche. Onnefauroittrcp le répéter, ce qu'il' y a de plus précieux pour les gens- de la campagne , c'eil le temps. Sur cent cultivateurs on en trou- vera à peine un feul qui ait de l'avance pour fon travail. On fe plaint enfuite que les terres ne rap- portent pas : labourez à propos ôc labourez bien , & vos champs ren- dront plus que ceux de vos voifins. Ceux qui s'obftincnt à vouloir faire dépiquer, doivent louer des bêtes & ne pas détourner les leurs du labourage , parce que le débourfé n'eft qu'apparent ôc non réel quant an fond. L'aflertion que les mules 6c le F R O F R O 15^ bœufs ne mange;>t pas la paille en- Colkcîion académique , t. XI, t^. 184. tière , porte à taux; j'ai la preuve 11 faut cependant donner une idée la plus convaincante du contraire , & de celle dont on fe fert dans le je puis dire que le fleai la brife aflez Levant & en Turquie. On y bat le dans les pays où cette mcrhode eft blé avec une efpece de herfe, longue en ufage , -parce que la chaU-ur y de dix à douze pieds , fur huit à dix eft très - forte & que la paille s'y de large ; fur la partie antérieure eft brife tiès-bien, pourvu qu'il n'y iixée une boucle de fer pour atta- règne pas des vents de mer , tou- cher la corde qui doit lervir à la jours humides & pénétrans ; mais traîner. Les bois des côtés de la tant que ces vents rarr.olliflent la herfe ont quatre pouces d'épaifieur, paille , enflent le grain dans fa balle , ainfi que les traveries pldtces à la on ne dépique pas avec les mules , diftance de huit à dix pouces l'une attendu que trois paires ne feront de l'autre. Dans ces traveries, ainfi pas dans un jour ce qu'une paire que dans leur encadrement , font feroit par un temps fec,&: encore fixées des pierres dures & tran- il refléta beaucoup de grains dans chantes , & fort près les unes des répi. Si on veut accoutumer l'animal autres. On attelle enfuite un ou deux à manger la paille entière, il luffit chevaux, ou des bœufs, & un de faire un lit de paille de cinq à fix homme affis iur la herfé conduit pouces d'épaifieur par - defl^us un les animaux qui la tirent , & la pro~ femblable lit de luzerne, ou d'cfpar- mène fur les gerbes couchées fur le cette , ou de foin , & alnfi de iu;te; fol de l'aire , préparé de la même ma- elle en contrariera l'odeur & même nière que celui de nos aires. ( l^oye:^ le goût , & l'animal ne la laiflera ce mot) Si l'homme , monté fur pas de côté lorfju'on lui donnera la herfe , trouve qu'elle n'efl: pas ce mélange. D'ailleurs , il n'y a affez lourde , il met à côté de lui aucune comparaifon à faire entre la quelques grofles pierres, & la ma- paille de nos provinces méridionales , chine coupe & brife les épis , & en confidérée comme nourriture, avec détache le grain. On dit cette mé- celle de nos provinces du nord, thode très-expéditive & comparable La première efl infiniment plus f icrce par fesefiets au travail dedixbatteurs» & par conféquent plus nourriflante. Au mot Fléau j'ai donné la def- Section IL cription de plufieurs machines in- jj^ Vemage , du Vannage & du ventées pour battre le ble ; fi on Criblage veut de plus grands renfeignemens ^ fur cet objet, ( quoique ces ma- L Dic Fentage. Ce mot n'efl pas chines foient paflees de mode ) on françois, ou du mcinsil n'efl pascon- peut confultcr les volumes de l'Àca- i'acré par l'ufagc: jelecréefauted'auire. demie royale des fciences de Paris, Les gerbes font battues, la paille années 1711, Hifl. pag. m; 1737, & fes gros débris font enlevés avec H'fi- p. 108 ; 1762, Hijl. p. iç)^ , le râteau ; mais le grain eft encore 1763 , Hijl. p. 141 ; le tome IV enfoui & mêlé avec les balles du 4(s Maihïms y pag. 27 6- 31 j la fi:oment,la pouflière , les petites i66 F R O pierres & avec des parcelles de paille ; il eft temps de le féparer, de le nettoyer, de débarraffer l'aire afin de la charger de nouvelles ger- bes , de recommencer la première opération ; enfin de la continuer fucceffivement jiiCqu'à ce que tout le grain foit battu. On a eu la précaution de placer l'aire fur un lieu élevé & expofé au courant de tous les vents , ou du moins d?s. principaux qui régnant dans le canton , & fi l'un d'eux fouffle , on Te hâte d'en profiter pour venter. A cet effet , \e grain & tout ce qui l'environne iont af- femb'.és en carré long & étroit , dans le milieu ou dans un coin de l'aire ; fuivant la pofinon. A.\nb les Batteurs , ( voje:^ ce mot , ainfi que celui Battage) aimés de fourches à dents longues &i ferrées les unes près des autres , jettent en l'air , au- defiui & derrière leur tête , le grdin & tout ce qui fe rencontre; alors la force du vent entraî.ie au loin les corps légers , èi. 'e grain & les petites pierres t(>mbent à côté du batteur où ils forment un rouvcdu monC':'au , & continuent jufqu'à ce que le premier a't été tout dégrojji. C'efl ainfi que fe nomme cttte pre- mière opération. Si le vent continue , les mêmes batteurs abandonnent les fourches , prennent des pelles de bois & jettent aufil haut & auffi lom qu'ils peu- vent contre le vent , le grain dé- groffi : c'eft en quoi confifle pro- prement l'opération de venter. Les petits corps raflTeniblés fur la pel'e ont chacun une pefanteur fpécifique , & en raifon de cette pefanteur & de la force avec laquelle i's font pouiîés , ils tombent plus ou moims F R O loin. Ainfi les pierrailles fe féparent du grain ainfi que les débris de paille , de balle , &c. Le batteur léroit heureux fi , fur le loir de chaque journée , ou au moins tous les deux ou trois jours , il avoit le vent à fa dilpofition. L'aire feroit appropriée ôi les grains amoncelés ne tiendroient plus une place inutile ; ils ne leroicnt point expofés à la rapacité de ces g'ns toujours avides du bien d'autrui , Sc le proprié'aire, (.hcique foir , auroit la fitisraâ'Oii de renfermer les grains battus dans la jour' ée. Les Vents changent , le tonnerre fe fait ( nte*^ dre au loin , l'orage approche, la pUiie eft prête à tom- ber ; il faut ralVembler le grain , chacun court , chacun s'emprelje , 0,1 l'amoncelle , & cette baile , au- paravant fi incommode, fert à recou- vrir le tas & met le grain à fabri d'une pluie pafTagère ; mais fi elle devient forte, ou de longue durée, elle pénètre jufqa'au g'ai t , de ma- niè'-e que toute la circonféience du monceau , ainfi que la partie qui porte lur U fol , font imbibée« d'eau ; fi la pluie perfi'l^e pen'aiit pii.fieurs jours , lo gr-iinhume6lé /échdufie , geme ou mo fit. Ces cortre-temps fâcheux & trop fréqucns fo- t plus à craindre dins les aires b.inuUs que par - tout ai'Ieurs, parce que les gerhiers des d fférens particuliers y font trop mu'tipliés , trop prefTés les uns contre les autres , & à peine laifie- t-on à l'aire une étendue iuffilante. Comme chacun efl obligé d'y battre à (on rang, on n'eft pas dans le cas de choifir les jours opportuns, il faut tout faire à la hâte. Les propriétaires aifés placent y F R O iîutant (qu'ils le peuvent , l'aire près de l'habitation , & pour peu qu'elle en foit éloignée, ils font conilruire dans un des coins une maifonnette qu'on appelle la Saint-Martin ; elle iert à contenir le grain battu , venté & vanne , jufqu'i» ce qu'on le porte au grenier , & clans un cas prefTant , à recevoir le grain étendu iur l'aire. On fera peut-être étonné qu'il y ait des aires banales , puifque cha- que p-itticulier peut en pratiquer une fur for. champ. Il eft conftant en généra! , que cela vaudroit beau- coup mieux; mais le pofleffeur d'un petit champ ou d'un chc.mp éloigné , & habitant d'une ville ou d'un village, préfère -d'avoir fon gerbier près de lui, plutôt que de le laiffer ifolé, fans garde & à la merci des voleurs. L'aire banale efl plus commode ; elle devient même in- difpenfable dans le Bas - Dauphiné , dans le Comtat d'Avignon , dans la Provence, dans le Languedoc, &cc. où prefque tous les villages ont été anciennement ftrmés de murs à cauie des guerres civiles , ôc où les habitans font comme amoncelés. il exiile très - peu , dans ces pro- vinces , de fermes , de méiairics îfolées. On devroit forcer les proprié- taires de Ccs aires bana'es à avoir un ou pUifieurs blutoirs fcmblbles à celui repréfenté Fig. a, j & 4 de la Flanchi Jil , pug. jo8 du fe- eo d volume. Soninven;ion eft due à M. le Buron de Knoppcrf: en 17 16 il en prcfenta le modèle à l'Académie des Sciences de Paris ; depuis cette époque , on l'a per- fectionné, &; il efl reftc au point où îe l'ai reprclenté» Avec cette itta- F R O 167 chine je vente, je vanne & je crible dans l'avant - cour de ma métairie qui me fert d'aire , quoiqu'cnvi- ronnée de murs ou d'abris prefque de tous les côtés. La première opération eft longue & un peu ennuyeufe, parce que la porte de la trémie, Fig. y de la même Pi. , eft dans ce cas trop étroite, pas aflez haute, & par conléquent une femme eft fans celle obhgée de poufler avec la main ce qui vient de l'aire & que l'on jette dans la trémie. Pour re- médier à l'inconvénient que j'ai éprouvé pendant la première & la féconde anné.e , j'ai fait conftruire une machine en tout femblable,. fans la grille fupérieure N, Fig. ^ ; & fans la grille inclinée B , Fig. j / de manière que ce blutoir fert uni- quement , dans cette première opé- ration , à féparer les balles & la paille des grains. La partie anté- rieure de la trémie par cii cou'ent le grain & les ordur'es, correfpond fur le bord du coffre par où le vent fort lorfque l'on tourne la ma- nivelle qui fait mouvoir les ailes» L'ouverture qui facilite la fortie de la trémie règne fur toiue la longueur de celle du coffre , ik celle-ci n'a que fix pouces de hauteur , de ma- nière que l'intérieur du coffre a cette forme. ^- y Au moyen de cette petite correâion , le ventage efï prefqu'ai.iîi accéléré que ft .on le tai- foit en plein air & par un bon vent : une ti'nime remplit la tré- mie , & un homme tournera ma- nivelle. D qui lervira de clef pour la maffe en- tière. Cette meule fera enfin com- plètement recouverte^» & terminée ainfi qu'il a été dit dans le précédent chapitrer Si les emplacemens à l'abri de la pluie manquent & pour la paille & pour le fourrage, on peut réunir l'un & l'autre dans la même Jmeule , en faifant des lits de trois pouces de paille &. de trois pouces de fourrage quelconque. Il réfulte de ce mélange , que la paille contrafte l'odeur & même im peu dii goût du fourrage uni avec elle, & que les animaux mangent le tout avec un égal appétit. Ce petit & économique expédient empêche les valets de gorger les bêtes de fourrage , fur - tout de lu- zerne , qui les échauffe beaucoup , & elles ont , pendant toute l'année , une nourriture uniforme. Ce que je dis des paillers expofés au grand air , s'applique également à ceux de l'intérieur des bâtimens ; la précaution y efi; également utile , & peut-être encore plus , parce que le fourrage y eft ordinairement plus à la portée de l'écurie. Alors l'apathie du payfan , fa négligence, les foins mal entendus qu'il a pour ies bêtes , le portent fans ceffe vers le fourrage. La paille qui a été mouillée , ou celle qui a été verfée fur le champ dans le temps que l'épi tenoit à elle, ne mérite pas d'être confervée pour les bêtes; comme aliment , il leur deviendroit très-funefte , & commii- niqueroit une mauvaife odeur à la bonne paille qui l'environneroit. Î70 F R O SECONDE PARTIE. De la conservation des Fro- mens dans les gb.eniers. Il eft àans l'ordre de la nature que toute riibftance végétale parvenue à ia maturité & à fa perfedion , tend à fe décompofer, fi l'induilrie hu- maine ne retarde ce dépérifiement. L'intérêt, les yeux toujours ouverts , voit avec chagrin, les blés s'échauffer dans le grenier, perdre leur couleur , s'y détériorer ; il les a vus attaqués & dévorés par des infectes , & en- iîn , dans des blés de belle apparence après la moiflba, n'y plus trouver que du fon ou des grains d'une odeur fétide & agglutinés les uns aux autres après quelque féjour dans le grenier, Ces altérations , ces dépériffemens dépendent de deux caufes, les unes extérieures & les autres intérieures ; il exill:e heureufement des moyens de les en préferver. CHAPITRE PREMIER. Det caufes extérieures. A^i nombre des premières , on doit placer les dégâts caufes par les rats , ies fouris, &: par un grand nombre d'infeâes ; & les caufes fécondes tiennent à la négligence de l'homme. S E c T I a N r R E M î i R E. J^^s animaux & infcchs- dejîrncleurs des Blés. Tout le monde connoît les gros rats de cam.pagne ; ils confomment prodigieiifcmenc dàs qu'ils peuvent F R O fe jeter fur les grains ; & comme s'ils avoient peur d'en manquer , ils en emportent dans leurs retraites, La fouris , plus acconîumée à trou- ver une abondante nourriture dans l'intérieur de nos maifons, n'a pas cette même prévoyance ; elle fe nourrit & joue avec les grains ; fem- blable au lapin , fon grand plsifir eff d'exercer fes dents , fans être pieffée par la faim ; en effet , les iouris ron- gent & gâtent une quantité de grain , au moms le triple de ce qu'elles peUr vent confommer. Tous les oifeaux à bec court & pointu en font un grand dégât , & l'on peut même dire que prefque toute efpèce d'oifeau le nour- rit de blé. Les fourmis font encore des animaux dangereux , à caufe de leur nom.bre & de la mauvaife odeur qu'elles impriment au monceau de froment. 11 eft facile de fe mettre à l'abri des dégâts & des ravages cau- fes par ces animaux ; j'en indiquerai les moyens au Chapitre III, en trai- tant des Greniers. Il n'en eft pas ainfi des infeûes qui naiffent , vivent dans le grain même , & en dévo- rent jufqu'au germe ; tels font les charançons , les fauffes teignes , les cadelles , ôcc. §. I. Des Charançons. Cet article a déjà été traité dans le plus grand détail au nyot Charan- çon. Le Lefteur qui aura fait atten- tion à fa manière de vivre , au degré de chaleur néceffaire à fon accouple- ment , à fa reproduction & à fcn état de vitalité. ou d'engourdiffement, jugera fans peine de quel'e utilité font les recettes dont fourmillent tous les papiers publics ;lls donnent com- me nouveau ce qui a déjà été. dit Se F R O redit depuis un fiècle , & l'idée des méthodes inutiles {e perpétue ainfi que l'erreur. On a eu la complaifance de m'en adreffer un grand -ombre , toutes , diloit-on , de la plus grande efficacité , & la plupart confiiloit dans l'ufage des herbes aromatiques ou puantes. Malgré la conviftion où j'étois du contraire de ces prétendues propriétés , j'ai fuivi plufieurs de ces pratiques , & très-infruftueulement. h'yible , ( voye^ ce mot ) ou petit funau femble mettre en fuite le cha- rançon , par exemple , en feptembre , en octobre , &; même en août , fui- vant le climat ; mais on n'obierve pas que dès que la chaleur de l'atmof- phère eft en général à dix degrés , le charançon ne pond plus , & fe retire. C'eft donc l'efFct de l'atmof- phère , Si non de llodeur puante de la plante. Admettons que cette fuite foit caufée par l'odeur, que produi- ra-t-elle fur le charançon en état de larve , dans l'intérieur du grain , où il brave & le froid & les odeurs ? que produira-t-elle fur le charançon dans ion état parfait , enterré au milieu d'un grand tas de blé ? pourra-t-elle pénétrer jufqu'à cette profondeur ? Si on fait un lit de blé & un lit de branches d'yèble, n'a-t-on pas raifon de craindre i°. que le blé n'en con- ferve la mauvaife odeur; i°. que l'hu- midité de fes branches ne fe commu- nique aux grains , & n'établiffe une nouvelle fermentation ? de-là ré- chauffement 5 car les blés charançon- nés ou attaqués des mites , font très- fufceptibles de s'échauffer. Si les cha- rançons fuient , où fe retireront-ils ? contre les murs , dans les gerçures des murs, des bols , &c. ou bien ils s'envoleront par les fenêtres; à moins que vous ne les détruifiez pendant % F R O 171 qu'ils grimpent contre les murs ; l'o- pération eft inutile , puifqu'ils ne tar- deront pas à fortir de leur retraite , ou rentreront par où ils feront fortis. Remuez fouvent votre blé ; étabîif- fez le plus qu'il fera ncfTib'C de grands courans d'air. C'eft en quoi confifte la vraie méthode, lur-tout fi vos greniers font conftruits comme il fera dit ci-après. §. II. Des faiijfes Teignes. De tous les ennemis du froment , de l'orge , de l'avoine, 5c même du feigle , les plus redoutables font les faufles teignes. Ce dangereux infedle eft heureufement peu connu danâ le nord du royaume; il eft fort multiplié dans les provinces du centre , &C beaucoup dans celles du 'midi. Ses ravages commencent dans l'épi , mê- me encore fur pied , fe continuent dans les gerbiers , &c fe propagent d'une manière terrible dans les gre- niers , où leur multiplication ,reiTem- ble beaucoup à celle du charançon , fuivant le degré "habituel de chaleur du climat. MM. Duhamel & Tillet , de l'Aca- démie royale des Sciences de Paris , furent , en 1760 , envoyés parle gou- vernement dans l'Angouinois , afin d'y conftater , de prévenir & d'ar- rêter les funeftes dét^âts que ces in- fedes faifoient dans les blés de cette province. Je vais profiter de l'excel- lent travail de ces deux académi- ciens , &c après avoir fuivi pas à pas & vérifié toutes leurs obfervatlons , je puis dire qu'elles décèlent les na- tura'iiftes les plus inftruits & les plus exads. Enfin , c'eft avec la plus grande fatisfaclion que je paie ce tribut de louanges à la mémoire du premier , Y a lyi F R O que l'agriculture a eu le malheur de perdre , & au fécond , dont tous les travaux font fans ceffe dirigés vers le bien public. Ce que je vais dire eft ie précis de leur mémoire , & pour le bien comprendre , il efi: important d'avoir fous les yeux la figure des faufles teignes dans tous leurs états , pour obferver de quelle manière elles attaquent les blés. Comme il n'eft pas facile , dans les campagnes , ie fe procurer les Mémoires de l'A- cadémie , je'; crois faire plaifir à mes leûeurs d'en emprunter les gravures. Explication di la Planche IX. Fig. I. Epi de blé barbu , fur lequel font pofés des papillons , & autour def- quels d'autres voltigent ; aa, pa- pillons dirpofés à pondre; b , che- nille nouvellement éclol'e , qui pend à un fil de foie très - fin ; cela arrive rarement. Fig. 2. Balle de froment de grandeur na- turelle ; on apperçoit deffus , & en c , quelques œufs de pa- pillons. Fi^. 2- La même balle très-groflie au mi- crofcope ; c, quatre oeufs. Fig. 4. Traînée d'oeufs , dans la pofition où les papillons les jenent quel- quefois. Fig. ;. Les mêmes œufs groffis au microf- cope. Les œufs marqués D font pleins ; les chenilles font forties des œufs marqués E. Fig. 6. Groupe d'œufs , dont quelques-uns contiennent des chenilles, & d'au- tres font vides. Fig. 7. Un œuf vu très -en- grand , dont la membrane efi fdlonnée , & pré- fente de légères ondes. Fig. 8. Chenille repliée dans l'œuf, & vue au travers de la membrane; fa tête répond à la moitié de l'œuf ou environ. Fig. ç. Quand la chenille eft fur le point de fortir de l'œuf, elle change de pofition , fa tête s'approche de l'extrémité de l'œuf, &. fa queue F R O fe retire ; alors elle déchire avec fes dents la m.embrane de l'œuf. Fig 10. Chenille qui a déchiré l'extrémité de l'œuf, &i qui en fort. Fig. II. Chenille nouvellement forrie de l'œuf. Si elle eft repréfentée plus greffe que le naturel', & prefque de la groffeur qu'elle a lorf- qu'elle eft fur le point de fe mfc- tamorphofer en chryfaiide. Fig. 12. La même, groflie au microfccpe, F'g. ij. Un gros grain de froment , dans le fillon duquel on voit une jeune chenille F , qui brife i'écorce pour s'introduire dans ce grain. Fig. (4. Le même grain grofîî au microf- cope; F , jeune chenille qui après avoir filé une gafe très-fine fur la panie du liUon qu'elle occupe , commence à entamer I'écorce , & va entrer dans le grain. Fig. »/. Lorfque la chenille s'eïi , une fois introduite dans le grain , on ne voit plus à l'extérieur qu'un très- petit tas de fon & de particules farineufes G , dans le fond du fillon. Fig. 16. Un grain d'orge à peu près dans fa grandeur naturelle avec fa barbe; h, endroit par lequel la chenille entre dans le grain. Fig. \y. Le même grain d'orge vu très-en grand ; H , chenille qui s'intro- duit par une ouvert.'te qui eft imperceptible , qui eft entre la barbe & les appendices L Fig. 18, Appendices déchirés , qui font voir comment la chenille a entamé la partie farineufe du grain. Explication de la Planche X. Fig, ip. Un grain de froment vu très-en grand ; chenille parvenue à la moitié de fa grofîeur , & repré- fentée dans un grain de froment ouvert du côté du fillon ; K, un« portion de la fubftance farinetïfe qui n'a point encore été entamée par la chenille. Fig, 20. Un grain de froment encore vu très-en grand , où l'on apper- çoit une petite tache blanchâtre M ; c'eft une efpèce de trappe , F RO F R O formée d'une fimple pellicule , que la chenille fe ménage à l'ecorce du grain , avant de fe métamorphofer en chryfalide , pour faciliter la fortie du pa- pillon, parce qu'elle eft dépour- vue , en état de papillon , d'or- ganes propres à fe pratiquer une ouverture. Flg. 21. Une chryfalide de grandeur natu- relle , renfermée dans un grain. JFie- ii- La même chryfalide vue en grand dans un grain , divifé , fuivant fa longueur, par une cloifon NN que la chenill; a filée avant de fe métamorphofer; cette cloifon partage l'intérieur du grain en deux loges d'inégale grandeur ; la chryialide fe place dans la plus grande , & l'autre , O , eft remplie d'excrémens. Fie. 23. Chenille convertie en chryfalide , à peu près de fa groffeur na- turelle. F'ig. 24 , !;■ , 26 , 27 , 28. La même chry- falide vue au microfcope , à différens âges , & en différentes pofitions. 1 /- j ' 1 Un grain de blé où l'on voit la ^^ '^ développer en papillon. Dès- petite trappe P ouverte, & le lors & par phifieurs obrervationj trou par lequel le papillon eft fubféquentes , ils fe eonvainquiren „ "'• j j „ qtielemalcommencoitdanslecraniD Papillon de grandeur naturelle. ^ ^ * / / 1 " Papillon vu en grand, & dans ["^"'^- Cet apperçu gênerai engageu l'attitude de poudre fur une balle ^^.^ académiciens a ûiivre l'infede de froment. pied à pied dans toutes fes nitta- /7g. 32. Une des antennes du papillon fort morphofes , & fa multiplication. groffie , pour montrer fes ar- Lg tj^^ chçnille de la fauiTe tei<^ne ticulations : elle eit garnie de J„, ui- /i . ^ r o, ^ 11 f il5 ' ^ des bles eft tres-rale& toute blanche, Fig. 33. Une de fes barbes pareillement ^^ '^'^ f^^''^ ^fl un peu brune ; elle groffie & garnie de poils; elle a ^elze jambes , dont les huit inter- eft auffi compofée de grains ar- médiaires & membraneuses ne font ticulés les uns av'ec les autres, que de petits boutons. A l'aide dune «,aisleur forme eft différente de f-Q^te loupe, le bout de ces mêmes celle des erams ou efpeces de • , ^ i j - j, "iv-Jiici godets qui compofent les an- la^oes paroit borde d une couronne tennes. complète de crochets. Le petit pa- Fig. 34. Une des ailes de deflbus , formée pillon que donne cette chenille , eft par quelques tuyaux, & chargée de la féconde claffe des phalènes. Il oik! ^ '^"'"'"' ^""^^ ^ ""^ t^°"^P^ ^ ^" antennes à fîlet* f'ê' 3S> Un'T'partie de la membrane de graines ; il porte fes ailes parallèles l'aile d'un papillon , à laquellg au plan de pofition ; la couleur des 17 les plumes font attachées. Fig. 36. Plumes & filets qui couvrent les ailes des papillons. Fig. 37. \}x\ tas de grains de froment liés enfemble par la foie qu'une faulTe teigne a tîlée. On voit dans le milieu cette fauffe teigne qui fort de fon tuyau. F'ig. 38. Chenille de faulTe teigne. Fig. jp. Papillon de fauffe teigne. Les orges étoient coupées , difent nos académiciens , lorfqu'ils arrivè- rent à ChaiTeneuil près la Roche- foucauld ; mais les blés étoient encore fur pied. Ils examinèrent à la porte du château une pièce de blé qui de- vcit être coupée quelques jours après , & ils apperçurent fur différens épis , & à l'aide de la loupe , le ccm- mencement du dégât des infeftes; que les chenilles fe nourriflbient de la fubftance du grain ; que d'autres étoient déjà paffées A l'état de chry- falide , & n'attendoient eue l'inftant Fig. 29. Fig. Fis. 30. 3'- 174 F R O ailes ftipcrieures eft communément d'un canelle très-clair ; elles font quel- quefois blanchâtres, & ont du hii- fant : le côté intérieur des ailes infé- rieures eft bordé d'une frange de poils très-longs. Un des caractères le plus marqué de ce papillon , peut être pris de la figure & de la gran- deur des deux barbes entre lelquel- ks fa trompe eft logée ; elles s'élè- vent au-deflus de la tcte en fe re- courbant , & fe terminent chacune de manière que cette tête paroit por- ter deux cornes femblables à celles d'un bélier. Les papillons fe répan- dent dans les campagnes , s'y ac- couplent , & établiffent leur poftérité fur les épis , même avant leur ma- turité. Après avoir confidéré les che- nilles dans les grains de blés nouvel- lement recueillis , & les avoir exa- minées , foit dans l'état de chryfalide , foit dans celui de papillon , nous dé- crions de voir , difent nos acadé- miciens , comment ces infeftes fe perpétuent , 8c nous regardions com- me effentiel d'en fuivre la propaga- tion. Nous renfermâmes des papil- lons dans un vafe de criftal , au fond duquel il y 'avoit des grains de fro- ment. Dans le nombre des papillons qui nous tombèrent fous la main , quelques-uns étoient accouplés; nous tâchâmes de les laift'er dans cet état , & de les faire pafler dans un vafe très-net , où la femelle fécondée eût la facilité de dépofer fes œufs. Nous eûmes la précaution d'y jeter dix à douze grains de froment avant de couvrir le vafe. Ces grains étoient aflez beaux , affez fains , pour que le moindre corps étranger y devînt frappant. Quelques jours après , ces "lains a voient de petites taches rou- F R O ges plus ou moins étendues , & , à l'aide du microfcope , nous décou- vrîmes que ces taches étoient des œuft d'une couleur rouge-orangée , d'une forme oblongue, & ayant à peu près la figure d'un gland , & qu'une feule femelle en avoit jeté foixante-dix ou quatre - vingt - cinq d'une feule ponte. Bientôt l'habitude d'obferver ces infeftes nous difpenfa de recourir à la loupe , Se dès , qu'un œuf étolt éclos , nous découvrions les che- nilles lorfqu'elles marchoient fur le papier ou fur les grains, quoiqu'elles euffent à peine un quart de ligne de longeur. Au bout de dix ou de douze jours , en examinant les grains d'orge & de froment qui furent , dans plufieurs expériences , placés au fond des vafes, nous apperçîi- mes que les œufs étoient éclos , & ce qui le dénotoit , étoit la blancheur 6c la tranfparence de fa coque. Quelques particules de matière farineufe qui étoient dans le fillon de certains grains , attirèrent notre at- tention ôc nous firent foupçonner que la chenille attaque le grain par le germe & dans le ûUon du grain. Notre doute fe changea en certitude, lorfque nous eûmes connu la ma- nière dont elle s'y prend avant d'en- tamer le grain. Elle fe gliffe dans l'en- droit du fillon le plus ferré , & s'y tient comme immobile pendant un aflez long temps ; elle y file enfuite une toile d'une fineffe extrême, dont elle fe recouvre dans toute fa lon- gueur , en attachant les fils aux deux côtés du fillon & en les plaçant de manière qu'il ne refte exaftement au deffous de la toile formée, que l'ef- pacenéceflairc pour contenir le corps de la jeune chenille & lui laifier la F R O liberté d'agir. Logée une fois fous cette gaze légère, qui ne recouvre guère que la huitième partie du fillon du grain , elle commence à l'enta- mer lourdement dans l'endroit où fa tête eft placée; elle y fait peu à peu un petit trou rond & capable feu- fement de donner paflage à fon corps; elle y pénètre à mefure qu'elle fe nourrit, & parvient enfin à s'y établir , en laiflant derrière elle quel- ques particules de matière farineufe & fes excrémens : ces réfidus s'atta- chent à la toile qui couvre l'infefte, & comme elle e il fort tranfparente , on l'y diflingue aifément. Si on dé- range cette petite toile , auffltôt la chenille la rétablit en paffant plu- fieurs fils fur le trou qui la recèle. L'ouverture pratiquée par les chenilles eft vers le fond du fillon, & fur un des côtés du grain que le fillon partage , auffi voit-on fou- vent qu'un leul côté eft attaqué , & que l'infede s'y change quelque- fois en chryialide fans avoir pouffé plus loin le dégât. Il arrive fouvent aufîî que des chenilles plus vigou- reufes , &c dont les métamorphofes ne font pas précipitées par les gran- des chaleurs, étendent leurs ravages au - delà du petit réduit qui avoit fuffi à d'autres , & confomment entièrement le grain. S'il n'a pas ûiffi à leur nourriture, elles foudent un autre grain avec le premier, & éta- blifl'ent une communication entre F R O 775 deux , afin de trouver lu-ie nourri- ture abondante dans le fécond , cC fouvent il ne lui refte , comme eu premier , que l'écorce. Ces infedes , dans leur état de chenilles , font très-délicats, ôc heu- reufement il en meurt beaucoup , & plus heureufement encore elles s'entretuent lorfque deux ou plufieurs fe difputent la poffefficn d'un grain. Celle qui s'en efl emparée ne per- met plus aux autres de partager iss provifions ; de forte qu'on ne trouve jamais qu'une feule chenille dans un grain ; il n'en efi pas ainfi des cha- rançons. Telles font les obfervations faites par les deux académiciens en 1760. Ils retournèrent dans l'Angoumois en mai 1761, &à cette époque ils commencèrent à voir des papillons dans les efpèces de cabinets ou de ménageries qu'ils avoient fait conf- truire dans l'année précédente. Ces premiers papillons éclos cherchoient à fortir par les fenêtres, & il n'en eft pas ainfi de ceux qui naiffent en automne ; ils reftent fur h m.onr ceau de blé, & ne s'en écartent qu'autant qu'on les remue. ( i ) Nous cherchâmes envain ces in- fectes pendant le jour fur les champs lemés en blé"; ils le tiennent ca- chés pendant le jour , fortent à la tombée de la nuit , & voltigent ça & là en le cherchant mutuellement pour s'accoupler fur les épis , quoi- (i) Note du RéJadeur. Je les ai vu à cette époque dans le BaS-Languedoc s'attacher contre les vitres , Iss toile' qui ferment les fenêtres, s'envoler lorfqu'als ne troijvOJent point d'obftacle. Cette différence vient fans doute du moins> à'.engourdiiremem.de l'in- feâe, à caule de la (.haleur plus forte qu'on éprouve dans cette faifpn en Languedoc. Je conviens cependant que ces papillons ne cherchoient pas à fortir avant rreuf a dix héiTrèç du rtîatin, & que , d.Mis les journées dé douze degrés de chaleur, ils jis quitt9i?ni pas le tas de blé. Plus 'r pays efr chaud , Si plus le&r ■r.uhiplicaîion au prodigieuie ; ils ont.: dans la récolte de 17S3,. caufe un déchet, dt plus de 6 pour ibo daos k gienier.. \-j6 F R O que les grains foient encore mai- gres , dtîpoiirvus dî iubftance fari- neufe , i<- peu propres dans ce mo- ment à fournir u;ie nourriture aux chenilles qui doivent éclore ; mais de ce moment à celui où rinfe£l:e ibrt de l'oeut, le grain prend delà conliftance. Les œufs nouvellement dépofés farces épis, font blancs, ic devien- nent rougeàrres lorfque la chenille eft prête à en fortir ; elle s'infmue enfuite dans le grain ds blé , d'or- ge, &c. ainfi qu'il a été dit, & comme on le voit par le fecours de Ja gravure. Afin de poufler jufqu'au bout les connoiflances fur la manière d'exifter de ces infecies , nos académiciens voulurent fe convaincre par l'expé- rience , fi Ls chryfalides fubfilte- roient dans la terre pendant l'hiver , & en foutiendroient les rigueurs, étant expofcs à toutes les intempé- ries de l'air ; ils vérifièrent les ex- périences que madame de Chaffe- neuil avoit déjà faites, & par lef- quelles elle avoit appris que les chenilles y croient vivantes , & auffi vigoureufes que la circonflance le pcrmettoit. Nos académiciens firent conrtruire plufieurs boites , partagées fiilvant leur longueur, en trois parties égales, entièrement féparéîs l'une de l'autre, afin que les papillons de l'une ne puffent pas communiquer avec ceux de l'autre ; le tout étoit recouvert d'un grand carreau de vitre. La terre de la première café fut garnie d'un certain nombre de grains infeftés d'œufs, & recouverte d'un pouce de terre; la féconde & la troi- fième, préparées comme la pre- mière, fvirent recouvertes, l'une de F R O trois pouces de terre, & l'autre de deux pouces feulement. Le tout étoit ''ainfi difpofé le iijuin; & dès le 14 du même mois il parut quelques papillons dans la première café; le 17 il y en avoit 14 de nouveau, & ils n'en virent que deux dans la féconde & un feul dans la troifième. Ces papillons percent la terre, & l'on remarque un petit trou rond par où ils ont effeûué leur fortie. Leurs ailes font fouvent chiffonnées dans ce moment , ils les étendent , lesfecouent, & elles prennent bientôt leur pofition naturelle. Il réfulte clairement de ces expé- riences , que ces papillons placés à un pouce dans terre , & lorfqu'elle eft légèrement humide & meuble , en fortent fans peine ; qu'il leur en coûte peu auiTi pour s'échapper lorfque le grain où ils étoient éta- blis, efl: à côté de quelqu'autre grain qui germe & foulève la terre, fn produifant au dehors la jeune plante, mais qu'ils ont beaucoup d'obflacle à vaincre lorfque la terre qui leb couvre , quoique douce & légère, a trois pouces environ d'épaifleur , & qu'ils périffent infailliblement dans le grain même où ils ont vécu fi la terre eft compade, & a acquis une certaine dureté. Le ravage produit par ces infeûes fe fait de proche en proche , & par communication , & ils volent lou- vent à de grandes diftances. Nos académiciens , pour s'en convaincre , firent défricher \\n arpent de terre au milieu d'une forêt , on y fema du grain tranfporté du Limofm , &: qui furement n'apportoit avec lui aucun œuf de papillon. Cependant ils virent à la chute du b'é , & fur des épis de froment , àes papillons qui F R O F R O 177 qui avoitnt pénétré dans cette (o- connue , du moins je ne l'y gi jamai^ îitude , mais en beaucoup moins vue,& même aftuellement , ne con" grand nombre que dans les chanaps noiffant pas fon état d'iniefte partait, ordinaires. Plufieiirs expériences ré- je ne puis dire à quel genre oa pétées en ce genre , &i dans des doit la rapporter , ni quel nom lui lieux trés-éloignés des habitation» conrient ; je la défigne donc fous & des champs à blé, ont confirmé le nom de Cadclh^ ne pouvant faire ces émigrations. mieux jufqu'à ce que les chenilles Il ell démontré que ces infedes , que j'élève actuellement m'appren- ainfi qu'on l'a déjà dit , attaquent nent à quel iniéde elles doivent es fromens , le feigle & l'orge, l'exiftence. Si mes tentatives de cette mais ils fe jettent encore fur plu- année font plus heureufes que celles fleurs efpèces de plantes , telles que de la précédente , je repréienterai le maïs ou blé de Turquie, ou blé l'animal dans la gravure du mot d'Efpagne & autres graminées de Insecte , & je redifierai ce que nos campagnes , qui ne font pas j'aurai mal vu quant à préfent. foumifes à la culture. Cet infefte La Figure 40, PluacheX, repré- d2llruâeur eft par ce moyen affuré fente la chenille vue en defl'u s , mais de fa fubfiftance , depuis le moment beaucoup groifie à la loup e. La que la chaleur de l'atmofphère eft Figure 4i\z montre vue en deffous, au dixième ou douzicma d.gré de ou à la renverfe , &!a Fi'urt 42. chaleur du thermomètre de Réau- délîgne la manière dont elle attaqua mur, & pendant tour le temps que les grains. cette chaleur fe foutient au même Je ne crois pas que le premier degré. J'en ai vu en 178*1 , depuis ceuf foit dépofé dans le gra'.n;fem- le 16 mars jufqu'au milieu du mois b'ab'e à celui de la fauiTe teigne, il de novembre , ( il ^faut fùre atten- s'y infinue. Voici ce que j'ai tu fur tion au pays où j'écris) Se il en eft du blé nouvellement battu: quinze cclos pendant tout l'hiver dans des jours ou trois femaines après la carafFes ^e criftal , que je tenois far moifibn , j'y ai découvert de petites la cheminée de mon cabinet. Ils s'y chenilles de trois lignes de longueur accouploient , pondoient & l'œuf fur un quart de bgne d'épaiffeur. éclofoit. Leur accroiflement eft aflez rapide, & leur plus forte longueur eft de §. III. De Li CadclU, huit lignes fur une ligne d'épaiffeur. Son corps eft compofé de dix Ce nom eft donné indifféremment anneaux ; fur le premier anneau dans nos provinces à la chsnille delà font deux taches brunes , prefque fauffe teigne dont je viens de parler, de la grandeur du premier anneau» & À celle dont il eft aclucllement à peine vifible dans le premier âge queftion , quoiqu'elles n'a'ent de de !a chenille, 5c vifibles au fécond; commun entr'elles que leur voracité deux points noirs fiir le fécond & à détruire le grain. J'ignore fi dans le troifième anneau fe manifeftent l'intérieur & dans les provinces du lorfqne la chenille prend fa dernière nord du royaume , cette chenille eft croiiffance. Son corps eft compofé Tooic y. Z 178 F R O F R O de onze anneaux , en y comprenant iiles , on employoit le procédé ûii- celui qui eft marqué de deux gran- vant pour fe débarraffer du papillon des taches noires ; dans la réunion de la tauffe teigne , à mefure qu'il de celui-ci , un fécond fort une pe- fort du grain de blé. tite jambe de la couleur des taches , Les fenêtres des greniers font fer- mime plus claire ; il en eft ainfî méespardes grilles en fer & à mailles des deux anaeaux fuivans, de forte ferrées, afin que les oifeaux du de- que cette chenille a fix pattes, dont hors ne puiffent pas entrer, trois de chaque coté & près de la Au printemps , on prend avec tête; caraftère quia engagé M de des filets , l'oifeau appelé bergeron- Réaumur à appeler faujfcs chenilles nette {motacilla verna) ; aux mois celles de cette forte. d'août & de feptembre , la berge- La couleur delà tête eft fem- ronnette jaune (OTo/ac/V/a/av^). Ces blable à celle des taches, mais un oifeaux ne vivent que de petits vers, peu plus foncée ; elle eft aplatie de petits infeftes. On raffemble fur le devant, étroite, & armée de quinze à vingt de ces oifeaux, ÔC deux dents ou crochets A, forts & on les jette dans les greniers bien durs ; quelques poils environnent la fermés ; la feule attention à avoir ,, bouche ; on les voit à l'aide d'une eft de tenir perpétuellement de forte loupe. La partie poflérieure ou l'eau dans les aiigets , afin qu'ls- le dernier anneau eft , à fon extré- puiffent boire. Dès qu'il paroît un mité , de couleur brune , & armée papillon fur la furface du blé , on. de deux crochets vifibles à l'œil , ell fur qu'il efl mangé par les oi- au moyen defquels la chenille fe féaux ; fi un charançon paroît au- foutient fufpendue lorfque le befoin dehors, il éprouve le même fort, l'exige. Cet infe£le eft très-vivace & l'oifeau avec fon bec affilé & & coriace, on l'écrafe difficilement long, le plonge dans le blé pour io,us le pied par le fimple frottement; chercher ceux q\ii s'y cachent ; je l'ai vu à moitié plongé dans le mais , psr malheur, il ne peut aller grain , & l'attaquer indifféremment affez profondément pour tous les- par tous fes côtés. Malheureufement détruire. Ces oifeaux s'engraiffenL l'infefte qui produit cette larve doit très-vîte; & lorfqu'on les juge au. être bien commun , puifqu'elle l'eft point de graiffe convenable , on les. beaucoup, & fait de grands dégâts, prend & on les mange. De nou- 11 efl très-rare de voir cette che- velles bergeronnettes viennent pren- nille à l'extérieur des monceaux de dre leur place , & paffent tour à. blé , excepté dans le temps qu'elle tour du grenier à la cuifine ; teile le quitte , qu'elle gravit contre les eft la récompenfe des fervices. murs du grenier , fans doute afin qu'elles rendent. Les fauffes teignes, de chercher une palfible retraite, & ou plutôt leurs œuts font apportés, de s'y uiétamorphofer en chry- avec les grains, des champs aux falidp,. greniers; mais c'eû ici que ces in» Un parîlcidier îrès-dlgne de foi feues s-'accouplent & pondent leurs. m'a affuré qu'à Moffac , où l'on œufs fur les grains. En outre , leius ^^brique la farine de rainot pour les exaémens multipliés en raifon de. ;-^^''~-'m^^Mm^m^?^^^:^M?MM:SM>^^t^ ^» 1 F R O leur nombre, ne contribuent pas peu à réchauffement du blé, & leurs dépouilles à le ialir. On ob- jeftera que ceux de bergeronnettes produiront le même efFet. Qu'ell-ce que de fix à douze bergeronnettes , en comparailbn de milliers de faufles teignes ? En outre , les excrémens des oiCeaux font fecs, & un coup de crible les lépare du grain. Section IL De réchauffement du BU^ occafitnné par les infectes. On aura beau avoir récolté le blé par un temps fec, monté les gerbiers avec le plus de Coin , battu , vanné & criblé pendant la plus grande ardeur du folell ; en un mot, on aura pris les plus grands foins pour qu'il ne foit , dans aucun cas , frappé par la pluie & attaqué par l'humidité, le blé ne s'échauffera pas moins dans le grenier , huit ou quinze jours ou trois femaines , ou vm mois après l'y avoir porté. La chaleur en fera vive & forte , elle furprendra lorfque l'on plongera la main dans le monceau , & on fera tout étonné , en y plaçant un ther- momètre , de voir la liqueur y monter à 24 , 30, 36 degrés & même plus. Qu'arrive - t ■ il .^ Auflîtôt tous les valets font en mouvement ; armés de pelles , ils changent le blé de place, diminuent l'épaiffeur du monceau , une odeur forte les fuflxjquent, la pouffîère qu'ils refpirent picotte leurs gofiers , ils toufl'ent , leurs yeux font larmoyans , & la chaleur paroît diffijjée. La furprife augmente encore trois à quatre jours après , parce que la chaleur fe renouvelle F R O 179 comme auparavant, & malgré le remuement, elle fe foutient plus ou moins forte pendant un mois ou fix femaines, & le grain con- tracte une odeur défagréable qu'il ne perd jamais. Dans cette circonftance je me fuis fervi du blutoir, F/g. 2 , P/. XI ^ pag. 300 du fécond Volume, pour paffer tout mon grain. Je rafraîchis le grain par cette opération , & le féparai de la quantité prodigieufe d'excrémens d'infeftes , de leurs dé- pouilles , des grains dévorés ou en- lamés ; mais ces mêmes blés repor- tés dans le grenier , s'y échauffèrent tout de nouveau, beaucoup moins à la vérité que ceux du grenier voifia qui étoient remués chaque jour. Cet échauffement ne tient point au grain comme grain , puifqu'il efl fuppofé très-fec , mais uniquement au développement des papillons, à la chaleur que chaque chenille ren- fermée dans le grain lui commu- nique ; & de ces chaleurs partielles il en réfulte une chaleur totale plus ou moins forte, fuivant que le nom- bre des faufles teignes efl multi- plié. Je crois auffi que leurs excré- mens , quoiqu'ils paroiflent fecs , 6c fous une forme pulvérulente , rou- geàtre & très -fine, y contribuent pour beaucoup. Les vents du nord & fecs retardent les premiers échauf- femens , les diminuent lorfqu'ils font en train ; les ven'ts du midi au con- traire, & humides tels qu'ils le font toujours dans les provinces peu éloignées de la mer, accé'èrent l'é- chauitement , l'augmentent de beau- coup, & le renouvellent lorfqu'il efl ceflé, parce qu'a'ors il éciôt un plus grand i, ombre d'oeufs, & les ravages dans l'intérieur du grain fe ^ 2, iSo F R O multiplient. L'échauffement cefle dès que la chaleur de l'atmorphère fe foutient au - deffous de dix degrés environ, & il eft nul pendant l'hiver. Cependant il le renouvellera au printemps fuivant , fi la ponte des œuts de l'automne a été confidéra- ble. Les académiciens déjà cités , ont obfervé que deux pintes de graines fe font échauffées prefqu'au même point qu'un monceau confi- dérab'e, & que ces grains ont con- fervé aufïï long temps leur chaleur. Le remuement ou h diminution du volume des monceaux , eft donc une opération aflei inutile , & fi le blu- toir m'a été de quelque f.. cours, c'cft qu'il a dépouillé le grain de toute ordure , d'un grand nombre de papillons, qui fans doute ne s'c- toient pas accouplés, & qui n'avoicnt pa»encoie pondu ; peut-être encore par la diminution des œuts détachés par le frottement du graia l'un con- tre l'autre qu'il éprouve lorfqu'on le jette dans la trémie , qu'il tombe fur la grille ( Fig. i ) pour rouler enfuite tout le long de la grille in- férieure A , ( Fig, 2. ) Les charan- çons produifent le même édiauffe- ment s'ils font beaucoup multipliés ; mais cependant jamais auffi fort que celui caufé par les fauffes teignes. Je crois que les vents du fud aug- mentent i'échauffemei-,t, par ce qu'ils relâchent les pores des grains , que leur humidité y pénètre, puifq.i'lls s'enflint à cette époque. Le nicn:e eftet a lieu fur les excrcniens des in- feâes ; dès-lors il s'établit une fer- mentation qui réuniiîant la chaleur à celle produite p.'r les infcclas, en augmente la maffe commune. Le vent du nord, au contraire, diffipe l'humidité, rend les corps iecs,en F R O refferre les pores, &c l'an'mal a peut-être moins de facilité à ro iger & manger l'intérieur du grain , parce qu'il ei\ plus fec. Ce qu'il y a de fur, c'eft qu'il éclôt moins de pa- pillons par le vent du nord que par celui du midi. La Figure 43. repréfenîe le cha- rançon du ble vu très-en-g'and ; A, l'animal dans fon entier ;B, foa antenne féparée ; C, la tête & les- antennes ; D , fa patte. CHAPITRE ir. - Des caufis intérieures du dépirijjemenî des Grains^ Si l'on a été forcé par les cir- conftances , de moiflbnner avantque le grain ait acquis une maturité convenable, comme cela arrive par fois dans les pays du nord , il eft clair que fa partie fucrée n'a pa^ en- core éîé maïquée ou convertie en fubftance farineule. Dès-lors le grain eft à peu près dans l'état, ou dit moins approche de lui oii il fe trouve lors de fa germination. Il eft par conféquent tres-voifin delà fermentation, pour peu que les cir- conftances y concourent , l'humi- diré, par exemple; ainfi ce grain ren- fermé humide fermentera dans le grenier , il s'y échauffera & s'y détériorera. Admettons que le grain y ait éîé porté dans un degré cor-- venabîe de ficcité & de marurito y la caufe intérieure de l'échauffement n'en iub'ift.ra pas moins; je veux dire la partie fucrée qu'il renferme y. quoiqu'elle foit exactement malquée par la fubiiance farin?ui'e , & qu'on ne( puiffe dans cet état la reconnoi- tre au goût. On a vu au mot FER-, F R O MENTATION que les corps qui con- tiennent une portion (ucrée , mu- cilagineufe , font fufceptibles de la fermenîp.tion vineufe , iorfqu'ils font réunis en grande maffe, & étendus ^ans un fluide convenable: or , û le blé eft teii.i dans un grenier natu- ■reilemenî ou pendant long - temps humide , le grain s'enfle à peu près comme celui qu'on fait germer dans l'eau ou en terre , la partie fari- neuîe fe dicompofe . la fucrée re- paroît & fe développe , ( vojei le mot BifeRE ) &i le germe ne tarde pas à reparoître. C'efl donc au con- cours ôc à l'adjondion de l'humi- dité que le grain abforbe , & à fon union avec !e principe intérieur fiicré , que font dus la détérioration & réchauffement Le temps de la récolte de 1783 fut très-pluvieux, fur-tout dans nos provinces feptentrional s , & le grain germa en partie dans la gerbe encore couchée fur le champ. Le comité de l'école gratuite de Boulangerie , établie à Paris, publia à c^tte époque & à ce rujrft un avis qui mérite de troiiver ici fa pl^-ce. « Le pain qui provient du blé germé n'a rien de dangereux pour la fanté...' Ce blé elî très-diffi- cile à conferver , parce que le dé- velopp ment du germe le difpofe à fermenter & à s'échauffer , & qu'en outre. il retient beaucoup d'humi- dité , raifon de plus pour qu'il fer- merite & s'échauffer . , . Les infeftes Tanaquent plus volontiers , parce eu'il eu plus tendre , & que la ger- mination lui donne un goût fucré ; parce qu'auiTi plus (ufceptible de s'échauffer ; il favorife davantage la po"t(^ -1rs infei^cs.. .. & abandonné à lui-mcrae , il contraûe de l'odeur F R O i§i Se de la couleur, & le grain devient d'un rouge obfcur. Dans cet état il a un mauvais goût & une faveur piquante qui fe ccmnniniquei;t à la farine &C au piin; alors les animaux le rebutent. » Au mot Pain on en- trera dans les détails qui le con- cernent. » » Il eft imprudent de laiffer le blé germé en meule & dans la grange , on doit le féparer des b'és iecs. 11 vaut mieux le battre le plutôt polîible , au rifque de laiffer des grains dans l'épi La gelée arrête la germination , mais pour peu que la iaiion de l'hiver foit humide ou au retour des chaleurs, il s'altérera encore plus. » » Le blé étant battu , on l'expo- fera au-deffus d'un four ; on le ré- pandra fur le plancher , ou on le mettra fur des claies ferrées. 11 fera remué de quart-d'heure en quart- d'heure , avec l'.ne pelle ; on laiffera une porte ou une fenêtre entre- ouverte pour donner iffue à l'hu- midité. » » Si on n'a pas de pièce au deffus du four ; on mettra le blé germé dans le four même ; ( voye^ le der- nier Chapitre de cette article §2.) quelque temps après que le pain en aura été retiré, on laiffera la porte du four entr'ouverte , & on re- muera le blé de dix en dix minutes avec as longues pelles ou d,"s râteaux pour faciliter l'évaporation de l'eau..,. On n'attendra pas que le blé foit parfaitement fée pour le fortir du four , car alors il feroit trop deffé- ché. ...Le blé ainfi écuvé , on le criblera. .. . On aura l'attention de qe le mettre en facs ou en tas que lors- qu'il fera bien' refroidi ; car fi on l'enferme chaud , il retiendra un peu iSi F R O d'humidité qui adhère à la furface du grain, & le teroit moifir.... Lorf- que le propriétaire ou le commer- çant ont de fortes parties de blé , il ei\ plus expéditif de le Cervir des étuves. » Voyei §. I. du Chapitre déjà cité. Telles font les caufes, foit exté- rieures , Ibit intérieures , du dépérif- fement du blé dans nos greniers. Il s'agit aûuellement d'examiner par quels moyens on peut prévenir oh remédier à ce dépériffement, CHAPITRE III. Des moyens de prévenir les dépèrissemens du ble dans le grenier. On remédie aux dépériffemens, i". par l'emplacement &c la manière de conftruire les greniers ; i°. par l'intermède de l'air ; 3°. par celui du feu. Section première. Dî C cmplaumcnt &■ de la manière de Lonjiruiu Us greniers. Il ne s'agît point ici des greniers publics , vulgairement nommés d'ab!e de contenir mille pieds cubes de froment ; & dans la coutume ordinaire , il fsu- droit un grenier de cinquante-neuf pieds de long fur dix-neuf de large. Ce grenier, dit l'autevr, devroit être fait à peu près comme une grande caiffe , à laquelle on donne treize pieds en carré fur fix de hauteur ; on fait avec de fortes planches les côtés & le fond , on la pofe fur des chantiers. A quatre pouces de ce premier fond , on en fait un autre de deux rangs de tringles qui fe croi- fent à angles droits ; on le recouvre d'une forte toile de crin qui empêche le blé de s'échapper & laiffe à l'air un paffage libre ; à la partie fupé- rieure de cette caiffe , on fait un couvercle plein pour empêcher les fouris & autres animaux d'y entrer; on y pratioue feulement quelques trous qui s'ouvrent & fe ferment ii volonté ; on met le blé dans cette grande caiffe , 6c pour le conlerver on fait jouer des foufîlets : l'air in>- pulfé traverfe le blé & s'échappe par les trous ménages dans la partie Supérieure. On peut , fî l'on veut , faire des caifles de trois pieds de diamètre fur fix de hauteur & rondes ; de dillance en dilbnce , fur !a partie étroite , on pratiquera des ouvertures de fix pouces , fermées par une grille de fils de 'er mis en longueur & ferrés aflez près les uns des autres pour que le grain ne puifi'e y traverler ; quatre A a iB6 F R O ou fix grilles fuffifent dans toute la circonférence. Le milieu de cette caiffe eft traverfé par un eflieu en fer ou en bois; l'effieu , par fes deux extrémités, porte fur un chevalet; à un de fes côtés , eft adaptée une manivelle au moyen de laquelle on fait tourner la caifle. Par cette opé- ration , on réunit deux avantages , favoir , de rafraîchir le grain , même fans faire tourner la caille & à plus forte raifon en lui imprimant un mouvement rapide de rotation , &i on dépouille le blé de la poufficre & autres petites ordures qui l'envi- ronnent. M. l'Abbé Villin propofe de faire des paniers en forme d'entonnoirs , avec de la pallie de feigle ; leur pointe eu. tournée en haut & fermée au moyen d'une petite planche qui glilfe fur des couliffes ; elle s'ouvre aiié- ment lorfqu'il s'agit d'ôter le grain pour le remuer ôc pour le vider. Ces paniers font fufpendns & attachés ;à des traverfes de bois , ils contiennent deux feptiers & demi , mefure de Paris. On établit perpendiculaire- ment dans le milieu une efpèce de tuyau , également fait de paille , qu'on affujettit au fond ; l'air qui pénètre à travers les brins de paille circule de toutes parts entre les dif- férentes couches , & il tient le fro- ment confcrvé , fec & froid. Si on a >;ne provifion de facs affez eonfiJérable, on peut les remplir & lesifoler Us uns des autres , au moyen d'une boule ou d'ui morceau de bois que roo place entre-deux. Comme les facs remplis de grains font plus larges à i'extrémiré inférieure qu'à la fupéricure , ils fe trouvent natu- rellement ifolés dans toute la cir- confvrence, 5c par ce moyen l'air F R O circule naturellement tout autottr, M. Brocq , directeur de l'Ecole de Boulangerie de Paris , en apperçut le premier le mérite & le bon effet par des expériences variées & com- parées , qui ne permettent plws de douter de fon efficacité. r eft facile d'imaginer en ce genre pluiieurs nouvelles efpèces de ven- tilateurs ; les plus fimplts , les moins coûteux feront les meilleurs pour les petits particuliers. Tous ces moyens font bons , ils épargnent beaucoup de peine ; ce- pendant ils ne diipenfent pas du pillage ou pal/eyage. ( mots égale- ment ufités dans les provinces ) Cette opération confiée à faire pafTer fucceffivement le grain d'un lieu fur un autre , ou d'un grenier fupérieur' dans un grenier inférieur. Dans le- premier cas , les tuyaux placés dans les larmiers & qui correfpondent à la nouvelle place oii l'on jette le grain , produifent un très-bon effet , parce qu'ils întroduifent un courant d'air frais entre les couches du mon-- ccau que l'on établit. . . Dans le fécond cas, le grain en tombant fe ratraichit ; mais je voudrois que dans l'endi'oit où il tombe , on établît un- couloir , & contre ce couloir un mou- linet à grandes ailes , femblable à celui du blutoir déjà cité , qui por- teroit un courant rapide dans une partie du couloir, & chaiTeroit , par l'ouverture oppofée , tous les mau- vais grains , les pouffîères,!es pailles, les débris, les excrémens des infeftes, &c.; ces derniers font les grands pro- moteurs de la fermentation & de la fermentation putride, Ceft fur-tout pendant la première année que le frome;,t fernunte iî on ne le travaille pas continuelle» F R O ment : oublié dans le grenier , il fe recouvre d'une eipèce d'humidité; & l'eau éiant le condufteur de l'é- leûricité , il furvient aux grains ce que nous voyons arriver à certains corps fermentes ou fermcntekibles , qui , en temps d'orage paiTen.. à la putréfaôion avec une rapidité in- croyable. On ne doit donc jamais attendre pour remuer & travailler le froment , qu'il exhale de l'odeur , & que la main introduite dans le tas y éprouve de la chaleur , car le grain jiuroit déjà fubl un commencement de fermentation qui feroit d'autant plus avancé , que la faifon leroit chaude &c le grain humide. Le quan- tité du blé indique la nécefiité d'un plus ou moins fréquent pellage , & dans aucun cas le monceau de grain fie doit pas avoir plus de dix -huit pouces d'épaiffeur. Section III. I?e la confirvation du Froment par l' inurnùdi du fm. Lorfque les circonftances locales ou accidentelles, fuivant les climats, ont forcé de couper le b!c avant fa maturité ; lorfque les moifTons ont été pluvieuCes , & que l'on craint que le froment germe ; lorfqu'on habite un pays humide , dans lequel le grain ne peut perdre fon eau fur- abondante de végétation ; lorfque l'on veut envoyer dans les colonies des farines ; fi te froment n'efl pas encore afTez fec ; enfin , pour détruire les larves d'iVifettes nichées dans le blé , & leurs œifs dépofés fur fa fuperfîcie, dans tous ce>, cas il faut nécefTairemeni ïecounrà l'intermède F RO 187 du feu. Comme je n'ai jamais été dans le cas d'ctuver du grain , ni à portée de fuivre cette opération , je préviens que je vais parler unique- ment d'après les autres. M. Duhamel s'efl fîngulièrement occupé de la confer/ation du grain. Il a propofé le modèle des ètuvis de toutes les grandeurs , fuivant les quantités des grains. ( ^ oye^ la défi- nition de ce mot à celui Etu vE. ) Les Ouvrages de cet eflimable auteur font très-répandus dans le public , ce- pendant ils ne le font peut - être pas encore affez chez les cultiva- teurs peu aifés ou éloignés des grandes villes. Il efl donc important de mettre fous les yeux de ceux de cette dernière claffe ce qui a été dit à ce fujet , & leur offrir le tableau des avantages & des délavantages des étuves. Je prés'iens que je copie ce que M. Duhamel a dit dans fon Sup- phfmnt fur la. confcrvation des grains , & je prélénte fes propres delTins. §. I. Méthode de M. Duhamel. <<• Mon étuve , dit l'auteur , dont on voit l'élévation , ( Planche A7, Figure 1 ) a onze pieds hors d'œuvre; elle efl bâtie & ifolée au milieu d'une falle baffe. On voit en T une porte à doubles vantaux, pour entrer dans cette étuve lorfque quelques circonf- tancçs l'exigent. Quand on veut la chauffer avec des réchauds de char- bon , on pratique au mur oppofé wnt porte p'us baffe pour y introduire les réchauds roulans , que l'on peut retirer avec un crochet par la porte oppofée ; quand on chauffe l'étuve avec du bois, la bouche du poêle efl à la face oppofée à la porte T. On voit ai-i-deiTus du corps de l'é- A a 2 i88 F R O tiivc , ( Figure i ) cleu\ trcmies V V , dins lefqutlles on jette le grain pour remplir les tuyaux ; elles font l'ou- tenues pat un petit afi'emblage de menuifene , qui donne la facilité de les Ôter après que l'étuve eft chargée , & de fermer ensuite les ouvertures avec des trappes ', pendant qu'on chauffe l'étuve. » » Au milieu de la furface fupérieure de l'étuve, eft une ouverture X par laquelle on defcend un thermomètre ( voye:^ ce mot ) au moyen d'un cor- don ; au deflbus de X eft un tuyau de cheminée, qui s'élève jufqu'au- deffiis du toit ; & à la hauteur x eft ime plaque de fer battu qui ferme le tuyau , lorfqu'on veut conferver la chaleur du poêle , ou quand on veut diminuer l'aûion , fi on la juge trop vive. Cette cheminée de- vient inutile , quand on chauffe les étuves avec des réchauds &: du char- bon. » « YY eft le niveau du plancher à\\ grenier qiieftà l'étage au- defllis de l'étuve , dans lequel on amafll' &i on nettoie le grain qu'on veut étuver. » » ZZ , deux gouttières par !ef- quelles s'écoulent les grains étuvés ; i>S, les coulifleaux qui s'élèvent, Se qui fervent pour vider l'étuve par les pon't' "res ZZ. »» » La profondeur dans œuvre de cetie ctuve, eil depuis A jufqu'enB, {F gurez ) de neuf pieds fi.v pouces ; ù argeur , auffi dans œuvre , de C en D , eft de neuf pieds. Cette Fis^. z rtpiélcnte le plan ou coupe de l'é- tuve de la figure précédente , à la hauteur de la ligne SS. P , h porte pour entrer dans l'étuve ; ZZ , les gouttières pour la charge du grain étuvc. En B eft la bouche du poêle , par laquelle on met le feu , quand on F R O veut chauffer l'étuve avec du bois-> en cet endroit B eft la porte pour introduire les poêles roulans , quand on veut chauffer l'éiuve avec du charbon ; en ce cas , le poêle entre pour l'ouvertureT, & fort du côté B. »■ » C D , largeur de l'étuve dans œuvre. On n'a repréfenté qu'un cô- té C , garni de tuyau aaa , tuyaux, remplis de grain ; ùtb, el'paces vides qui font entre les tuyaux. E F , efpace- du milieu de l'étuve , qui n'eft point garni de tuyaux. Le refte de la figure fait voir la difpofition du poêle ,, quand on chauffe l'étuve avec du bois ; G , corps du poêle , dans le- quel on brîde le bois fous une voûte de brique ; on met le bois par une bouche qui eft en B ; H , chambre voûtée en briques , dans laquelle l'air chaud entre par la communication h.» » KK, féconde chambre dans la- quelle l'air chaud entre par l'ouver?- ture h ; il traverfe enfuite la ma- çonnerie qui fupporte les tuyaux , par une autre ouverture qui eft £n K , & qui eft cotée L , ( Planche fuivante\. L'air chaud traverfe encore d'autres chambres pareilles du côté de D ; enfin , il eft conduit , ainfi que la fumée, par un tuyau de fer fondu, qu' eft incliné & placé auprès de M, d'où la fumée fe rend dans le tuyau vertical N , qui eft auffi de fer fondu , ôi qui aboutit à la cheminée X. (,Fig.>). » Planche XII, Fig. l , coupe de l'étuve par la ligne OP de là Fig. z de la planche précédente. EF in- dique la hauteur de l'étuve depuis le carreau jufque ious la clef. » » HH , naidance de la voûte; aaa , tuyaux remplis de grains ; hhh, efpaces qui font entre les tuyaux ; ces tu^ y^x font recouverts d'une F R O planche ccc, qui en forme le de- vant. » »LIX, tuyau du milieu, qui eft beaucoup plus long que les autres ; IN, plan incliné d'en-bas, qui con- duit le grain des tuyaux à la gout- tière de décharge marquée en L y & efl fupportée par un petit parpaing de briques E E , percé près de l'ou- verture L , ( Fig. 2. ) par laquelle pafTe l'air chaud du fourneair:» «KM, plan incliné d'en-haut , qui remplit les tuyaux du grain qui coule de la trémie V" : dd &C te ^ corbeaux de fer , qui foutiennent l'aiîemblage des tuyaux. » » Figure 2 de la même planche , coupe de l'étuve , fuivant la ligne ZZ de la planche précédente ( Fig. 2 ) ; Z , gouttière de décharge ; S , le cou- Fiffeau , qui fe lève quand on veut faire fortir le grain des tuyaux ; YY , planches du grenier qui eil au- deffus de l'étuve ; X , cheminée ; e , regiflre ; L L , ouvertures pra- tiquées dans le fupport des tuyaux , pour laiflTer pafler l'air chaud ; H , partie du corps du poêle ; R , tuyau vertical qui dirige la fumée vers la cheminée X ; Q , thermomètre fuf- pendu par un cordon dans l'intérieur de l'étuve ; PP , tuyau vu par fon grand côté ; il eft fait de tôle piquée , comme une grille de râpe : OO , li- teaux de bois ou de fer , qui foutien- nent la tôle. » » Les murs de mon étuve , jufqu'à la naiflance de la voûte , ont un pied d'épaifl'eur ; ils font faits de moellons ercpis en dehors & en dédans,.avec un mortier de chaux & de fable ; la voûte eft réduite à l'épaifTeur d'une brique j^ofée fur chsmp ; les encoi- gnures extérieures , l'cmbrafure des jottes , ainfi que la bouche du poêle. F R O 1S9 font en pierres de taille. On a fait , vis-à-vis les couliffes qui ferment les gouttières , des arcades en briques, pour diminuer l'cpailTeur du nnir , qui eu réduit à cet endroit à l'épaif- feur d'une brique, afin q.ue le grain qui s'amafTe dans la coiiliiTe, puiffe participer de la chaleur de l'étuve-: malgré cette attetition , il relie en cet endroit une petite quantité de grains qui reçoit moins de chaleur que le relie. » » Ce que je dis de la bâtifie du corps de mon étuve , ne doit point faire une règle. On peut en conftruire avec de la brique & des plâtras , &C même avec du col3mbage & du tor- chis , dans les pays où la pierre peut manquer ; mais alors je voudrois , pour plus grande lûreté , que le bâ- timent où feroit établie l'étuve , (îxX tout-à-fait ifolé, quoiqu'il n'ait rien à craindre du feu , fur-tout quand on fe fert de réchauds & de char- bon. » » A l'égard des tuyaux , les deux faces étroites peuvent être faites de planches ; mais les deux grands côtés doivent être de tôle mince , piquée comme des grilles de râpe. » M. Duhamel publia en 1768 fon Traité de la confervation des grains , & en particulier du froment , dans It^- quel i! décrivit le plan des premières étuves qu'il avolt imaginées & conf- truites. On forma auifitôt des objec- tions ; M. Duhamel les dlfcuta dans le fupplément au premier cuvrage , & il s'explique ainfi : I. V opération d'étuver caufe bien du travail. I! répond , m cette opéra- tion ell très-fjmp'e ; elle fe réduit à jeter le grain dans ui e trémie ; il s'arrange de hi'-1i-.ême dans l'étuve, & d'une manière convenible. Agrès ï^o F R O y avoir entretenu le feu pendant lept à huit heures , oa n'a plus qu'à retirer le grain , en ouvrant des cou- liffes , par leiquelles il s'écoule dans des <"acs . on le crible enfuite , &c on en remplit les greniers. Comparez cette opération , faite une fois pour toujours , avec le travail continuel qu'exige la méthode ordinaire de conferver les grains , qu'on ne garan- tit pas des infeftes en les remuant Si les criblant fréquemment. >♦ II. Vétuve confotnmi beaucoup d: bois ou Se charbon. « Je puis affurer qu'on en fera quitte pour deux ou trois fols par fetier ; & j'ai é,)rouvé que du grain très-humide & qui avoit une mauvaife odeur , dant on ne pouvoit trouver que lo liv. du fe- tier, s'eft vendu ii llv, lo f. après avoir été étuvé ; afliirémeHt cette augmentation excède de beaucoup le prix de l'éfuve. » '' ' III. Les farinis des grains étuvés ne Jftron: peut-être point propres à faire du bon pain. » Je fais ,par ma propre expérience , que le blé éuivé fait du pain plus favoureux ; que tous ceux qui fe font fervis de mes étuvcs ont toujours tenu le même langage , & que ces blés ont toujours été vendus plus chers aux marchés. » IV. Le propriétaire fouff're un déchet en poids & en mefure fur Le grain qxion a mis à Vétuve, « Il eft certain qu'il y a ur,e diminution d'autant plus gran- de , que les grains font plu^ humides. Je n'ai prefque pas éprouvé de di- minution fur les blés de la récolte de l'année 1761 ; ils furent feule- ment étuvés pour détruire les inlec- t?s. En 1761, le déchet en mefure s'eft trouvé d'un 4.^.^. , & en poids F R O §. II. Méthode de M. Parmentief. Cet auteur , dont' les travaux, fott fur la confervation des grains , foit fur la manière de faire le pain , lui ont mérité la confiance du gouver- nement , des Etats de différentes pro- vinces , & l'eftime de tous les hon- nêtes gens , s'explique ain'î dans un maïudcrit qu'il a eu 'a bonté de nous communiquer. « Malgré tous les avantages qui réfukent du defféchement des grains auxquels on applique le feu , on eft forcé de faire desobjeftions contre l'étuve de M. D. hamel , invention qu'on ne p. ut fe laffer d'admirer tout en la crit^ai'ant. » I* On prétend d'abord qu'il eft im- poflible de déterùûner combien de temps le froment doit féjourner dans cette étuve , éc que' ell précifément le degré de chaleur qu'il faut em- ployer pour parvenir à le defTécher complètement, puifque cela dépend de fon humidité ; . . . on objeûe en- fuite que cette opération préjudicie au commerce , par le déchet fur la mefure & les frais indifpenfables que l'opération occafionne ;,.. qu'elle rougit le froment ; . . . que la farine qui en provient n'a plus autant d'é- clat; . ., que le pain , quoique bhnc & léger , ne poffède plus ce goût exquis de noiiette , qu'on diftingue dans celui de froment de première qualité , qui n'a pas été étuvé. Ces derniers inconvéniens font légers, il eft vrai , & ils n'influent que fur l'agrément & la délicatefle du pain. Il eft encore ce. tain que le froment foumis à réîuve , perd de fon volu- me & de fon poids ; &c il n'eft guère po0iblc d'évaluer au jufte la quantité j F R O cette perte" eft feulement apparente; car il ne s'eft évaporé que de l'eau , & la farine en abforbe d'autant plus au pétriffage , qu'il s'en eu diflipé davantage à l'ituve. Cette vérité n'eft pas ignorée des boulangers , qui paient plus cher le froment étuvé que celui qui ne l'a pas été. . . . Sans attacher plus d'imperfeftions à l'é- tuve ordinaire , qu'elle n'en a réelle- ment , il faut néanmoins convenir qu'un de fes défauts effentiels eft de voir le réchaud placé au centre. Le grain répandu fur des tablettes ou dans les tuyaux , n'éprouve pas par- tout une chaleur égale , & Thumidité du froment ne trouvant pas d'ifliie pour s'échapper , rougit le grain. . . Dans rétuve,le froment augmente d'abord de volume ; rhinnidltc fé- veufe & conflituante cft forcée de quitter fon agrégation par un degré de chaleur qui n'exifte dans aucun climat, 6c cette- cha!ei;r apporte dans le. grain un dérangement réel , dé- rangement dont le germe deftiné à reproduire la plante , fe reflent le premier. . . . Comma les corps re- pompsnt Ttau à proportion de leur féchereffe & de l'humidiré de l'at- mofphère , le froment étuvé n'eft pas exempt de cette loi commime. Il reprend donc , au fortir de l'étuve , une certaine portion d'humidité. C'ell pourquoi il faut le remuer &: le laiffer refroidir parfaitement avant de le ferrer; car, quelques fecs que l'on fuppcfe 'es greniers de confervotion , ils permettent toujours l'accès de l'air , qui pénétre enfuite dans le grain. » » Sanc dente on pourroit rendre l'opération de i'étuve moins l'.ifpen- dio'ife, ;>i :.s commode & d'une p.us grande eîBcacité , en coûftniifant la F R O ipt charpente en bois 6c les tablettes en fer poli , parce qu'on a éprouvé que la chaleur déjette le bois &c donne lieu à des réparations continuelles : en outre , fi le fourneau étoit placé au centre , avec des tuyaux diftribués dans les parties latérales & inférieures autour de l'étuve ; que les tablettes fuffent percées au lieu d'être en treillis de fer, les grains alors ne s'ar- rêteroient pas dans les mailles , & la chaleur, qui tend toujours à s'élever, fe répandant du centre aux extré- mités , elle agiroit en tout fens , Si deffécheroit le froment d'une ma- nière plus égale & plus uniforme. » >f Encore une foi* , quoique le fuccès de l'étuve connue dépende de beaucoup de circonflances difficiles à faifir & à concilier , ayons-y tou- jours recours , continue M. Parmen- tier , lorfque nous aurons de grandes provifions à garder , ou que l'on def- tinera les grams & leur tarine à paf- fer les mers , ou bien lorfqu'iis auront été noyés d'eau iUr pied , récoltés dans un temps pluvieux , ou qu'ils feront difpofés à pafler à la germina- tion. Auffi ne faurions-nous trop in- viter les citoyens qui fe font déjà occupés de l'étuve , de chercher à lui donner le degré de perfeclion dont elle eft fuTceptible. » » On a cru que l'étuve mettant le grain dans l'état iec & dur , & l'é- corce étant devenue coriace , il n'é- toit pas pofîible à l'infedle de Ten- îamer : il efi bien c -rtain que du fro- ment qui a acquis de la fécherellè èc de la dureté en vitil'iflant ou par le moyen de l'étuve, eft beaucoup moins fufceptible d'être attaqué par le cha- rançon ; mas, fo t que rhumidité qui tranfpire de ce fcantbée ramol- iiffe le gi^^ain , ou que , prtfTé par U 'Î9Î F R O faim , il redouble d'efforts , il eil conltaiit qu'il vient à bout de percer la pointe du blé pour en tirer (à nour- riture , & l'expérience a démontré que du blé parfaitement étuve <*^ porté enfuite dans un grenier où il y avoit des charançons , n'en a pas moins été endommagé par la fuite , S>C a fini par en devenir la proie. « >► La chaleur qui règne dans l'é- tuve n'a pas non-plus le pouvoir de faire périr tous les charançons qui fe trouvent dans le froment ; quelques eflais ont conftaté que dix- neuf degrés de chaleur (ufEfoient pour faire mourir cet infede , lorf- qu'il fe trouvoit fans grain , & fimple- ment renfermé dans un fac de papier : de-là on a conclu qne l'étuve devoit beaucoup plus promptement opérer cet effet , elle dont la chaleur ètoit deux ou trois fois plus confidéra- Lle , en forte que ce moyen devoit avoir la préférence fur le crible & iiir les odeurs fortes ; mais l'expé- rience n'a pas confirmé la conjec- ture. » >» Il y a une vingtaine d'années qu'on fit conHruire ,au parc de V'au- girard, une étuve , dans l'intention d'y conferver une certaine quantité de froment , pour une année de l'ap- provifionnement de l'école militaire; le grain , acheté en Brie , étoit ce- pendant médiocre Si. déjà rempli de charançons : c'étoit une belle occa- lion de pouvoir démontrer le double avantage de l'étuve ; aufîi fut-elle fiifie avec empreffement. Qu'en çû- jl arrivé ? c'eit que les charançons , que la chaleur attaquoit , fe réfugiè- rent aux extrémités de l'étuve & dans les endroits où la chaleur étoit iiioins confidérable. On auroit cru tes infeâes morts , tandis que le plus F R O grand nombre étoit refté dans une efpèce d'engourdiffement qui en im- pofa fur leur état vivant. Dans cette per(uafion , on demeura tranquille iur le compte de ce froment, 6c on le renferma dans des caifles ; mais les charançons , au retour de la belle failon , fe réveillèrent & re- nouvelèrent leur ravage comme à l'ordinaire. >» Des expériences plus récentes ont démontré qu'en donnant à l'étuve quatre-vingt degrés de chaleur au lieu de foixante-dix , il y avoit , à la vérité , des charançons qui périf- foient , mais qu'il fiUoit néceffaire- ment pouffer jufqu'à quatre-vingt- dix degrés , pour que ces Inreftes , vieux ou jeunes, fuccombaffent en- tièrement. Le malheur eft qu'une fem« blable chaleur dcffeche trop le fro- ment , & le torréfie. » M. Parmentiçr annonce d'une ma- nière pofitivc que le four mérite la préférence fur l'étuve. Il s'explique ainfi. » Pour détruire les infeftes mêlés & confondus dans le froment , il fuffit de mettre ce grain dans le four , deux heures après que le paia en eft retiré, & de l'y laiffer juf- qu'au lendemain à la même heure. On eft affuré qu'il n'éprouvera point alors une chaleur capable d'altérer aucun de ks principes , & eue les œufs , les vers , les chenilles , les chryfalides & les papillons feront parfaitement détruits. » Les académiciens ( cités dans le premier Chapitre de cette féconde Partie ) fe lèrvirent du four avec fuccès lorfqu'ils y exposèrent les grains attaqués , dans une efpèce de claie faite en bateau. J'ai cherché inoins d'appareil ; après avoir fait nettoyer F R 0 hettoyer le four le mieux qu'il a été poffible , je l'ai prel4ue rempli de grains chargés de peu de charan- çons à la vérité, mais de beaucoup de feuffes teignes, & tous 'es infectes pé- rirent. Du blé fembîable & non paflé au four s'échauffa beaucoup dans le grenier , & fut criblé par les pa- pillons : la première fournée de ce blé conferva une odeur un peu dé- fagréable , mais j'eifs foin pour la fuivante, défaire ouvrir quelquefois & pendant quelques minutes chaque fois la porte du four , l'odeur forte fe dlffipa, & il n'en reila plus dans le grain. Je dois ce témoignage à la vérité , & il confirme la méthode de M. Parmentier. »Sile charançon, continue M. Par- mentier , ne peut foutenir l'épreu- ve du feu fans périr , ce n'eft pas à la chaleur qui y règne, qu'il faut attri- buer cet effet, parce qu'elle égale tout au plus celle de l'éruve , mais bien à la forme de cet inftrument , dont la chaleur réfléchie de toutes parts , fe porte fur l'animal , raréfie l'air qui l'environne , &C le fait périr fuffoqué à peu près de la même manière que dans des vaifl'caux de verre lûtes ou renfermés dans des facs de papier. » » Dans l'étuve le charançon ne reçoit pas Tadion du feu immédia- tement ; la vapeur humide qui s'ex- hale du grain partage la chaleur, & lui fert comme de bain , dans lequel l'infeûe nage , pour ainfi dire , Se refpire , au lieu que lorfqu'il eft jfolé & renfermé dans un petit efpace, l'air perd bientôt de fon reflbrt & de fon élafticité , en fe raréiiani par le feu,& fe chargeant des éma- nations de l'animal, qui ne tarde pas à périr é'touffé. » Tome y. F R O ïP3 §. III. Méthode de M. Bucquet, M. Céfar Bucquet , ancien meu- nier de l'hôpital général de Paris , un des premiers & des plus zélés promoteurs de la mouture écono- mique , malheureufement trop peu connue dans les provinces , voulant porter du fecours à des blés qui commençoient à fe gâter , s'exprime ainfi dans fon Traité pratique de la. confervation des grains & des farines & des étuves domelliques : » Je n'étois pas alTez riche pour conftruire une étuve qui fût bien difpendieufe , il me la falloit fimple Se ailée à con- duire , & telle qu'elle put étuver beaucoup de blé à ia fois. Ma mailbn avoit quatre étages , c'étolt par- conféquent quatre planchers qu'elle ofFroit pour mon opération ; en aioutant dans chaque étage plufieurs rangs de tablettes les unes au-deflus des autres , je me procurois encore des planchers nouveaux ; il ne s'a- f.iffoit plus que de placer au rez-Je- chaufîée un poêle dont le tuyau les traverferoit tous pour les échauf- fer, ou tout au plus, fi le poêle ne fiifKloit pas , d'en ajouter un fécond dans un des étages fupérieurs ; Si. pour me garantir des dangers du feu , d'entourer le tuyau de quelques pouces de mortier & de briques , aux endroits où il perçoit le plan- cher. Tout cela étoit peu difpen- dieux , & encore une fois , c'eft ce qu'il me falloit. Pour échauffer mon étuve , il ne m'en coûte que trois ou quatre fols de bois par fetier , & tout au plus cinq les jour; où il faut allumer le poêle pour la pre- mière fois. Dans les provinces oîi l'on brûle du charbon de pierre , on pourra tenter de s'en fervir , B b 194 F R O & le chaufFage ne coûtera peut-être pas alors un ïb! par fetier. » » Avant de porter à l'étuve des blés gâtés que je voulois rétablir , j'avois imaginé de les laver pour emporter le vice extérieur qui leur donnoit un mauvais goût ; mais ce n'eût point été affez de les pafler plulïenrs fols dans l'eau ; ce bain n'eût opéré que fur cette elpèce de gangrène , qui étoit adhérente à la pellicule. Il fa'loit un remuement , un frottement aflez forts pour l'en- lever & la détacher. A ma place , des perfonnes opulentes auroient établi leur opération fur un cou- rant d'eau , elles auroient conftruit une machine qui eût remué 6c frotté les grains. Moi , je mis tout am- plement les miens dans des baquets, & je les fis travailler avec les mains. D'abord mes garçons répugnoient à cette iorte de travail ; d'ailleurs , pour les encourager , Se en même- temps pour m'afTurer que ma leffive feroit bien faite , je voulus donner l'exemple, & j e mis la main'à l'œuvre. » » Au refte , les grains gâtés ne me paroiffoient pas dem.ander une ma- nipulation égale. Selon que la carie étoit plus ou moms ancienne , plus ou moins profonde , je leur don- nois plus ou moins de lavages ; il y en avoit tels à qui deux eaux fuffi- foient , tandis qu'il en falloir à d'au- tres jufqu'à quatre ou cinq. » » Les blés niellés & noirs exi- geoient une autre attention , encore parce qu'ils ont beaucoup de grains vides. Après avoir mis dans le ba- F R O quet trois ou quatre féaux d'eau ^ je les y verfai doucement & à plu- fieurs reprlfes , en les remuant avec les mains. Les grains vides, l'ivraie , (i) & les graines étrangères qu'ils contenoient , furnageoient d'elles- mêmes , & je les enlevois avec une écumoire. Quand il n'en furnageoit plus , je verfois avec précaution l'eau qui étoit devenue fale , j'en mettois d'autre , & al&rs je frottois avec les mains le blé contre les parois du tonneau aufïï vigoureufement qu'il m'étoit poflîble , ayant foin de re- nouveler l'eau de temps en temps,, félon que le grain l'exigeoit. Lorf- qu'il ne faliffoit pins , & qu'il me paroiffoit net , je le verfois avec une pelle dans une manne d'ofier , où je le laiffbis bien égoutter ; car on comprend que mieux il eft égoutte dans la manne , moins il coûtera de bois lors de l'étuvée. » « Pour graduer la chaleur de mon poêle , j'avois placé dans l'étuve un thermomètre. Aux blés récoltés hu- mides , que je voulois fimplement fécher pour moudre enfuite, je don- nois 50 à 60 degrés de chaleur ; à ceux que je deflinois à faire des fari- nes d'exportation , j'en donnai de- puis 80 jufqu'à 90. Au re(}e,il y a fur cela un tzâ qu'on a bientôt ac- quis , & ce taft doit tout conduire , car on- fait qu'il ne faut pas pour nioufire qu'un blé foit trop fec. » » En douze heures j'étuvois, des premiers , hviit fetiers environ , me- fure de Paris : quatre ou quatre & d.îmi des féconds , & environ trois (1 ) Note de FEdUeur. J'ai fait fouvent laver des blés; mais je n'ai vu l'ivraie, la» & dans ce cas. atu^uees p; parle F R O t)ii quatre des blés lavés , niellés & noirs; je faifois deux étuvées con- fécutives des blés récoltés humides ; ce qui me donnoit en vingt-quatre heures 15 a 16 ietiers bons à mou- dre. Pour les blés qui avoient été la- vés je n'en failbis qu'une étuvée par jour , Se je confeille de n'en pas faire davantage. Pendant l'opération je les faifois remuer les uns & les autres trois ou quatre fois fur les planchers & fur les tablettes , afin que la chaleur féchât la maffe entière, & fe répandît également fur chaque grain. Le matin j'allumois le feu du poêle , ayant grand foin que le bois ne fumât point ; quand il étoit bien embraie & fans fumée , je fer- mols le tuyau pour que la chaleur fe confervât fans déperdition. Le foir on l'allumoit de nouveau pour une féconde étuvée , qui fe faifoit pendant la nuit; quand on en fai- foit deux, & à la fia de chacune on déchargeoit , par un couloir , le blé féché ; enfin , après l'avoir étendu fur le plancher , &c l'avoir laifTé refroidir , on le paffoit au crible d'Allemagne ou au tarare, » » Tels étoient mes procédés; ce- pendant je n'étois pas fur de leur bonté à beaucoup près ; je ne tra- vaillois qu'en tâtonnant , & ne réuf- fiffois pas toujours également -bien, Par exemple , je m'étois afiliré que mes blés à l'étuve jetoient une odeur forte, & que par conféquent, quoique j'en formafle des couches peu épaifles , il étoit indifpenfable de les remuer , afin que ceux de deffous perdiffent aufii leur mauvais goût; mais néanmoins je voyois avec douleur qu'au fortir de l'étuve ils en confervoient encore un peu; l'étuve elle-mcme gardoit quelque temps F R O 195 la fienne , & je ne favois à quoi attribuer ce défaut ; enfin , je m'ap- perçus que l'odeur étoit beaucoup plus forte dans l'étage fupéiieur que dans celui d'en bas , d'oii je conclus que la vapeur méphitique qui fortoit du grain , montoit vers le haut du bâtiment, comme font toutes les vapeurs échauffées, qu'elle cherchoit à s'échapper , &c que s'il ea rertoit dans le grain , c'eft que n'ayant point d'iffue, & étant obligée de tour- billonner fans cefle dans l'efpace qui la renfermoit , le blé , après s'en être être débarraffé , la pompoit de nou- veau. » >» D'après ce raifonnement , je m'imaginai de faire au haut de l'é- tuve des ventoufes que je puffe ouvrir de temps en temps pour laifler échapper cette mauvaife odeur ; je perdois de la chaleur , à la vérité , mais il efl aifé de remédier à cet inconvénient ; effeftivement , je ne les eus pas plutôt employées , qu'à ma grande fatisfaftion mon blé fortic de l'étuve fain , excellent , fans goût ni odeur. » » Voici enfin ce que la pratique & l'expérience m'ont aporis à ce fujet. Quand le feu avoit fait mon- ter la chaleur à 50 degrés, alors je faifois entrer dans l'étuve un homme, qui , commençant par l'étage d'en bas , & finiffant par celui d'en haut, remuoit le blé fur tous les planchers & fur toutes les tablettes. Pendant ce temps j'ouvrois trois ventoufes; on fentoit une ode\ir forte qui for- toit du grain , elle s'échappoit par les trois ouvertures. Lor(qiie le re- muement étoit fini, je les fermois ; mais deux ou trois heures après environ , je recommençois la ma- nœuvre , & ainlî toutes les B b i ic^6 F R O trois heures, ce qui f. ifoit quatre opérations pendant ''étuvée. ^► On a pviblié en difFcrt-ns temps, chez diffi rentes nations, des modèles d'étuves. Il feroit fiip^-rflu de les détailler ici; les trois métnodes que je viens de copier CufEfent & au-delà. Si on défire de plus grands éc!..ir- ciflemens , on peut conlulter l'Ou- vrage de M. Inthiery , pubhé ori- ginaTement en Idien , & traduit en François ;C5 qui eft dit dans le recueil intitulé : Economie rurale , publié par la fociété de Berne ; les mémoires de MM. Aftroem, Hcffe- lius, Stridberg dans les volumes de l'Académie des Sciences de Saède,&c. Quant au lavage des grains , il eft inutile d'y revenir , M. Bucquet en a décrit l'opération. Ceux qui ont à leur dirpofition une fontaine, un riiiffeau , doivent s'en l'ervir de préférence, l'opération va plus vite & efl plus lure. Le grand point eft de remuer& froiffer vivement les grains les uns contre les autres , & le" cou- rant de l'eau entraîne le noir & les œufs des infectes. Section IV. De la confervation des Grains par la foujlraclion de L' imprcjjion di Cuir extérieur-. L'air extérieur , ou plutôt les viciffitudes perpétuelles de ratmof- phère , travaillent fans crffe à accé- lérer la décompofition des corps ; une plaie, quoique légère, eft guérie Irès-d fficilement fie'le refte expofée à l'air , & tout fruit , tout corps entamés pourriffent. Les alterna- tives du chaud & du froid, du fec êc de l'humide , & leurs effets , la F R O contraftion & la dilatation , dérangent l'org mifation des corps , peu à peu les décompofent , & les décompo- f.nt plus promptemenî s'ils font futceptibles de fermentation ; le blé, l'orge , &c. font particulièrement dans ce cas ; mais ils fe confervent fflins des ficelés er tiers fi on les fouf- trait aux impreifions de l'air ; cette opération exige des précautions in- di(pefifdbles, f^ns lefquellesil eft im- poffib'e de réuftir. Le grain doit être parfaitement fec, & le lieu oii l'on fe propole de l'enfc-rmer, à l'abri de toute hu- midité , & incapdb'e d'en contrac- ter p;ir la fuite. Si on r.'a pas énivé ou chaufourné le grain de récolte feche , il convient de l'étend'-fc uvr une grande furface bi;n le, he, & de le laifter ainfi pendar.t pluinurs jours fuer fon eau excéd.Mre de vé- gétation , expofé à touTC 1'- iiLi r du ioleil ; chaque foir oa !e r-'ftînible tn un gros monce?.u,& on le recouvre avec des toiles , atin qu'il r.e oit pas pénétré par la faî.heur de fa mut ; le lendemain on l'été. ,d de nouveau , & ainfi de fuire. Les indiens fans c.ft".- en guerre, ou prefque toujcrs vexés ou pillés par leurs Nababs , ch.Tchent des terrains naturellem.nt lecs , y pra- tiquent de grande^ fofles , les icm- pl fient de r;z ou de maïs , & les recouvrent de terre ; quelques-uns p acent entre la te re & le grsin,dcs planches , stin d'éviter le mélange;, leurs grains fe ccnfeivent irès-long- temps de cette manière , & font fouftraits aux dég'adations. Sans aller chercher des exemples chez les nations éloignées , on voit les polonois agir comme les indiens en temps de guerre , ouvrir des F R O foffes profondes , les entourer de paille de tous les côtés , y enfouir leurs grains , & les recouvrir de dtux ou trois pieds de terre. En 1707 on découvrit dans la citadelle de Metz un magafin de grains qui y avoii.nt été placés en 1518 ; le pain qu'on en fit fut trouvé trè^-bon , & en 1744 1-- Roi & la Famille royale goûtèrent du pain fait avec ce b'é, &: récolté depuis plus de deux fiècles. A S dan on trouva pareillement une mafle de blé qui exifïoit depuis 110 ans. On peut citer ime infinité d'exemples en ce genre ; mais ceux-là fuffifent, parce qu'on ne peut révocuer en doute leur authenticité Tous cts b es étoient recouverts d'ine croûte -'paUre de quelques pouces qni intcrJiloit !a communication entre l'inrcrieur du moiiC'.-.u. 6i l'air extciieur. Il y a ijiufieurs méthod-. s pour y ré', lïli', la première eu d'af)C-rger le moncc.Mi d- b'é, d (p"fé loit un cône, foit en pyramid? qua^ré^', foit en ouririé plus ou moins a'ogé, avec une certai e qurf' tité d'eau, mas pas aiïtz confulérable pour peur: ter avonr dans l'intérieur du moi eau. Il vaut beaucoup mieux rêve, ir à l'opération pendant plu- fieurs jours de Uiire, On prend un balai que l'o- trempe duis un vaie pltin d'tau, & on dfpprge de Cit eau également tout le moncerai. Le grain mouillé, & à côté d'auties grains mouillés, s'enfle, g.^rme, 'es radicules forment ii,f nfiblLment une croûte par leur mélange, & on cefle d'afperger lorfque tout le mon- ceau cft couvert , &c par les racines & par les jeunes tiges. Ne trouvant plus un aliment convenable , les jeunes tiges & les racines le deffc^ F R O 197 chent , & le tout forme une croûte univerfelle. Par cette méthode on gâte en pure perte une couche affez épaiffe de grains , & la couche in- férieure contrade fouvent un goût &c une odeur de moii , de ^hanci , &c. La féconde méthode , préférable à la première, à tous égards , confiée à couvrir le monctau de grain de deux pouces de chauX , ou de plâtre réduits en poudre très -fine, &c d'rifperger chaque j> ur, La chaux ^ ( voyei ce mot ) vaut mfiiiiment mieux que le pâtre , parce qu'une fois criUalliiée elle n'.ttlre plus l'hu- midiré de l'air, au heu que le plâtre travaille toujours. Comme la chaux ell réduite en pouffière fine, 6i iur- tout très-(èche , tlle abforbe l'hu- midité qui s'élcve du monc'.au par la tranipiration du grain , ( quoique déjr'i fuppjé bien fec à la vue &c au -oucner)oc L partie intérieure de la couche de la chaux, (e crillaliife iniei fii.lemcnt. L'afperfion que l'on donne à la partie extérieure de cette couche, 'a tait éga'ement crillalliler; enfin, fa maffe totale eft criftalliiée, tk ne perm.t plus la comiuunication de l'air extérieur avec l'intérieur du monceau. Si par le taflement du b'é, ou par la retraite que la pouffière de chaux prend en fe criflal.iiant , il le ibrme des crevaffes , il faut avoir grand Coin de les remplir avec de nouvelle potiffière de chaux, &c de l'irnbiber d'eau fur le champ. Je penle que, fi dans le monceau de blé il exifloit des charançons, des fauffes teignes, &c. ces inieÙes y périroient, foit parce qu'ils n'au- roient plus un air frais pour refpirer, foit parce que leurs dégâts une fois faits , ils ne pourroient pas en recon^- 198 F R U mencer de nouveaux, attendu que leur accouplement & leur régénéra- tion de viendroientimpoffibles.Malgré les plus exaftes recherches , je n'ai ja- mais vu ces infedes s'accoupler dans l'intérieur des moncfaux de grains, mais toujours à l'extérieur ; cependant je n'oie affirmer que celafoit toujours ainfi, quant à l'air libre feu;ement. FROMENT D'INDE. ( Koyei Maïs). FROMENTACÉES , Plantes. On caraûérile , en général , par ce mot les plantes graminées qui t'ourniffent des grains pour la nourriture de l'homme; tels font le froment, le feigle, l'orge, l'aroine, l'épeautre, Iç mais, 8iC. F R O M E NT A L. ( i^oyei Pré ). FRONCLEowFURONCLE. ( Foyei Clou ). FRUCTIFICATION, Botanique. On défigne par ce mot l'ôfte de la végé- tation par lequel le fruit ou la graine eft produit. Les organes de la frufti- fication font tous ceux qui concou- rent à cet ade , ou toutes les parties delà fleur, comme piftil, étamine, ovaire & germe.La frudification n'eft donc rien autre chofe que la féconda- tion par laquelle le germe reçoit le premier principe de vie. (^Voy. le mot FÉCONDATION ).M. M. FRUIT , Botanique. Le fruit n'eft , à proprement parler ,que le germe ren- fermé dans l'ovaire , fécondé par la oouffière féminale, grofîi & déve- loppé jufqu'au point prefcrit par la nature , Û. en état de germer & de F R U produire une plante. D'après cette définition, il efl clair que la graine, de quelque nature qu'elle fort, eft le véritable fruit, & que c'cll à tort que l'on a conlacré par l'ufage ce mot, pour défigaer 'a pulpe fuccu- lente ou le péricarpe qui enveloppe certaines graines. Le fruit eft compofé d'une enve- loppe extérieure, le péricarpe, & de la graine ou femence. Nous nous occu- perons des variétés du péricarpe à ce mot, & nous donnerons l'analyfe de la femence au mot graine. Nous n'allons parcourir ici que quelques généralités qui ri-gardent les fruits en général. Le grdnd moyen que la nature emploie pour la réprodudion des végétaux & pour affjrer leur fuc- ceffion , eft la fécondation du germe dans l'ovaire , la formation du fruit & fa maturation. Le germe eft le vrai fœtus végétal , qui a tout ce qu'il faut pour jouir de !a vie , mais qui attend cey?/'OT«/«i puiilant qui le faffe fortir de cet état d'engourdifl'e- ment & de torpeur , qui n'eft pas la mort , puifqu'il n'a pas vécu , & que l'on peut appeler la non-exiftence vitale. Ce Jiimulus réfide , pour la plus grande partie des plantes, dans la pouiïîère fécondante , & pour quelques privilégiées , qui paroif- fent n'avoir pas btfoin de cette pcuf- fière pour le développement du germe , dans un principe qui nous eft encore inconnu , mais qui n'en eft pas moins adif & vivifiant. Le germe ayant reçu la première impuHion , le premier degré de mouvement , acquiert des rapports avec toutes les parties de la plante ; les parties de la fleur le protègent & lui communi- quent la première nourriture : comme ces organes font extrêmement fins, la F R U nourriture qui s'y prépare participe à cette fîneffe , à cette délicateffe ; elle en eu plus appropriée au germe; il commence à croître , & dès l'inf- tant de ce premier degré de déve- loppement , on peut diftinguer quel- ques-unes de les parties. Il en eft du fruit comme de l'œuf; chaque jour offre un nouvel accroiffement , & , pour ainfi dire , la formation d'une nouvelle partie , jufqu'à ce qu'il ap- proche de fon état de perfeûion. Tendre enfant , la corolle lui fert de berceau , qui le quitte dès qu'il a acquis affez de force pour réfifter aux viciffitudes de l'air. A la chute de la corolle , le fruit eft en petit tout ce qu'il doit être un jour ; fon enveloppe fe diflingue très-bien du corps de la graine , & la loupe , fouvent même les yeux , y retrouve le germe nouveau & la radicule. Dans les arbres fruitiers , comme pommiers, pêchers, abricotiers, on apperçoit alors le petit fruit ; il eft plus ou moins vert , confervant , fuivant fa nature , les débris de quel- ques parties de la fleur, & , dans cet état, on dit que le fruit cft noué. De- puis ce temps jufqu'à fa maturité, il ne fait que croître, que groffir ; quelque- fois même il pafl^e en groffeur toute la plante qui le voit naître , comme dans les melons, les citrouilles , &c, ; enfin , il touche à fa maturité , c'eft-à- dire , qu'ayant acquis toute fa per- fedion , la plante ne femble plus le nourrir qn'avec regret; elle cherche à fe dcbarrafTer d'un poids inutile ; elle lui refufe les fucs nécefTaires à la prolongation de fa vie: le cordon ombilical qui l'attachoit à fon lein , fe dcffèche ou s'obftrue ; enfin, il fe détache & tombe fur la tene,qul s'apprête déjà à lui donner vme nou- F R U 195^ velle vie , en développant les germes qu'il renferme. Telle eft , en peu de mots , la vie du fruit , depuis l'inftant de fa naif- fance jufqu'à fa mort. On peut confidérer dans les fruits trois objets intérefTans , leur cou- leur , leur difpofition & leur forme. Leur couleur tient aux mêmes prin- cipes que nous avons traités en grand au mot Couleur des plantes ; ( voyer ce mot ) elle réfide dans le fuc qui imbibe le parenchyme que l'on re- trouve au-deft^ous de l'épiderme ; ce fuc fubiffant differens degrés de fer- mentation durant le cours de la vie du fruit , change de couleur ; auftl prefque tous & peut-être tous les fruits font verds en naiffant , & ils font dilFéremment colorés lors de leur maturité : l'adion direde du fo- leil mflue pour beaucoup fur ceux qui font rouges ou jafpés. Le fruit étant la produaion de la fleur , eft néceffairement difpofé comme elle fur la branche & fur la tige. ( Foyei pa"* conféquent le mot Fleur , à l'article de fa difpofition ). La forme du fruit varie beaucoiip comme on le verra au mot Graine-, cependant on peut dire, en général, que tous les fruits approchent de là forme ronde , plus ou moins exaÛe ou plus ou moins alongée. Quelques auteurs ont dit que cette forme étant la plus fimple de toutes, la nature , qui agit toujours par la voie la plus fimple , devoir la préférer à toutes les autres ; mais c'eft rendre raifon d"une chofe obfcure par une plus- obfcure encore. Grew en a donné une folution , d'après les conféquen- ces qu'il a tirées de l'anatomie de difFérens fruits. « Cette figure ronde » du fruit , vient , dit-il, de la fleur zoo F R U » ou plutôt de l'entrelaceiTient qui » fe fait de toutes les fibres vers la » bafe de la fleur ; car la fleur étant »> tombée , la force du foleil & des y> vents émouffe les pointes de ces » fibres, & les oblige de fe courber ; » &C ainfi le fuc qui entre dans le » fruit n'ayant pas allez de force pour » les féparer les unes des autres , » Se pour les pDuffer & les fiire M croître en long , il faut néceflTaire- >> ment qu'elles demeurent amfi cour- » bées , 6c que fe nourriffant dans » la fuite , elles s'étendent leuleinent » en rond avec le parenchyme. » Sur la manière de conferver les fruits, confului l'article fulvant. M. M. FRUITIER , FRUITERIE. Lieu oïl l'on garde &c où l'on conferve les fruits. La meilleure cave efl le meil- leur fruitier. Cette aflertion doit pa- roître paradoxale à bien des gens ; il s'agit de s'entendre. L^ meilleure cave ( voyei ce mot ) ell celle qui eûfdc/ie , affez profonde en terre pour que la chaleur de fon atmofphère s'y fou- tienne d'une manière irivariab'.e, pen- dant l'été comme pendant l'hiver , entre le dixième & le onzième degré audeflousde zéro du thermomètre de M. de Réaumur , qui correfpond au quarance-huiiième ou quarante-neu- vième de celui de parenheit ; il faut encore que le nurcure dans !e tube du buroinhu , ( voyei ce mot ) y éprouve très-peu de variation. J'ai déjà dit plufieurs fois , dans le cours de cet Ouvrage, que les perpétuelles alternatives du chaud &: du froid , du fec & de l'humide de l'air atmof- phérique , étoient les agens dont la nature fe fervoit pour hâter la dé- compofiticn des corps par la difgré- gation de leurs principes ; le fioid F R U les reflerre , la chaleur les dilate J le fec de l'air attire l'humidité de végétation du fruit ,& comme tous le^ fluides cherchent à fe mettre en équilibre , le fruit, à fon tour, attire l'humidité de l'air , loifqu'eiie eft furabondante. Il y a plus; l'éleûri- citédei'dir contribue fin;4ii':èremerit à la putrétaclion des fru tb ; fi cette éleclrl.ité efl de quelque durée , le fruit mûrit & tombe plutôt de l'ar- bre ; fi des coups de tonnerre redou- blés furviennent , & mê.Tîe fans ê'.re accompagnés de coups de vents , prefque tous les fruits qui appro- chent de leur m.-turité fur l'arbre , tombent & fe corrompent promp- tement. Il eft de fait que les brouil- lards fecs qui ont commencé à fe manifeller en Languedoc, depuis le 10 juin 1785 , jufqu'à la même épo- ?[ue en juillet , ont tellement influé ur les fruits , les châtaignes , &c. qu'il a été impoflible de les confer- ver , ■'*' qu'i's ont été beaucoup plu- tôt mCrs qu'à l'ordinaire , très-peu d'œufs de dinde , de pigeons , de po'.i'es, Sec. ont pu éclore. J'ignore fi , dans les autres provinces , on a fait la même obfervation , mais elle efl: ex-£te pour le bas-Lr.nguedoc. Si le raifonnement & l'expérience prouvent l'adion directe de l'air fur les fruits , il efl: donc clair que la mùlLurt cave deviendra le meilleur fruitier : cependant , comme il eft très-difiicile de fe procurer des caves auflî parfaites , examinons les ref- fources qui reflent pour l'ctablifl^e- ment d'un bon truititr. Le premier objet à examiner eft la conflitution habituelle de l'aimof- phcre du climat que l'on hdbite ; car toute loi générale eft ridicule. Dans nos provinces du nord , on a à re- douter. F R U 'douter l'humidité & le froid ; dans celles du midi, l'humidité paflTagère, mais excelîîve pendant cjuelquesjours feulement , lorfque les vents du fud, fud-eil & fud-oueft foufflent en hi- ver , & foiivent des hivers trop doux Se trop venteux par rafales. Dans le nord , on doit prendre les plus grandes précautions contre le froid , qui , dans une nuit , détruit tous les fruits ; §c dans le midi , con- tre l'humidité , qui , une fois intro- duite , fe diffipe difficilement , à moins qu'on ne renouvelle l'air, en ouvrant la porte ou la fenêtre, opé- ration_^dangereufe , parce que le fruit craint fuigulièrement la tranfition d'une efpèce d'air dans une autre. Il doit en être d'un bon fruitier comme d'une glacière ; c'eft-à-dire , qu'il faut néceflairement établir une efpèce de tambour devant la porte d'entrée , & n'ouvrir celle-ci qu'a- près avoir fermé la porte du tam- bour , & refermer toutes les deux fur (bi : voilà le meilleur garant con- tre le froid Ôi. contre l'humidité, fur- tout fi les fenêtres ferment bien , & qu'entre le mur ÔC leur cadre toute communication d'air Ibit rigotireu- fement interdite : un double châiïïs «n papier ou un double vitrage de- vient néceffaire , fuivant le climat ; d'où il eft aifé de conclure que l'ex- pofition du midi & du levant font à préférer ; que celle du nord efl: funelle , & que l'on fera très-bien de choifir un emplacement abrité des coups de vents ; mais il importe fort peu que le fruitier foit dans une cave , au rez-de-chau(Tée , au premier ou au fécond étage , s'il efl; bien à cou- vert du froid , de l'humidité Sc de l'impreflîon fans cefl'e changeante , iuivant rétat de l'atmofphere. Voilà Tome ?^. F R U iot le vrai & unique fecret pour con- ferver le fruit pendant des années entières. On achète du bf au fruit an marché , on le fort parfaitement beau de fon fruitier, & on efl: tout étonné , après quelques jours , de le voir noir- cir & pafl^er promptement à la pu- tréfaftion, qui commence au centre, & gagne infenfiblement jufqu'à la circonférence. La railbn en efl bien fimple; le bain d'air, fi je puis m'ex- primer ainfi , dans lequel le fruit étoit auparavant, n'eft plus le même; la conftitution de l'air du fruitier étoit, pourainfi dire, en équilibre avec les principes du fruit; il étoit imprégné de i"a tranfpiration; le fruit étoit à fon niveau pour le degré de cha- leur, &c. & par le changement de local, tout à coup l'équilibre efl; rom- pu, l'air intérieur ( vraiment air fixe ) (voyqcemot)fedébande, & comme il efl; le lien & l'ame des corps, tant qu'il y efl concentré, fa fortie donne lieu à la putridité, qui commence toujours par la difgrégation des prin- cipes conflituans des corps. On doit éloigner le fruitier des fumiers, des écuries, de tout ce qui a ime odeur forte quelconoue, & il ne doit fervir qu'à conferver le fruit; le plus fouvent, & très-mal à pro- pos, il devient un lieu d'entrepôt, de garde-meuble, (Scc. Les propriétaires en état de f<;ire de la dépenfe , & chez qui tout.hixe efl recherché, pourront le faire boifer tk garnir de tiroirs tout autour, & non pas d'armoires , parce qu'en ou- vrant les portes, on met à l'air une trop grande quantité de truit; les ti- roirs font plus commodes; les trop vafles ont le même défaut que les armoires. Les propriétaires qui pourront C c io2 F R U couvrir de planches les parois des murs & le carrelage , feront très- bien; les moins aifés fe Serviront de nattes de paU'e, de jonc, &c. ; ils établiront pliifieurs rangs de tablet- tes, les uns fur les autres, de deux à trois pieds de largeur , &c envi- ronnés de toutes parts d'un petit rebord. Il efl: effentiel qu'on puiffe tourner tout autour; elles ne feront donc pas collées contre le mur. Les fupports de ces tablettes feront mul- tipliés & folides; le poids du fruit eit confidérable & exige des précau- tions. Le moment de cueillir le fruit d'hiver dépend du climat & de la faifon ; car pour celui d'été , il vaut mieux le cueillir fur l'arbre , à fon point de maturité; il en efl plus par- fumé. ( Voy^i ce qui a été dit au mot Cueillette) J'ajouterai que, dans les pays froids , le fruit craint moins de refter plus long-temps fur les ar- bres , que dans les pays chauds , parce que leur maturité y eft moins pro- chaine ; mais il faut prévenir les ge- lées. Plufieurs particuliers , avant de fer- mer le fruit , l'amoncèlent afin , di- fent-ils , de le faire fuer , de connoître le mauvais fruit ; enfin , ils attendent que la maiTe ait acquis un certain de- gré de chaleur , & par conféquent de fermentation. Cette méthode eft déîeflable. ( f^'^ojei ce qui a été ditau mot Châtaigne , que l'on traite ainfi ,\ Après avoir cueilli le fruit aux heures & jours indiqués, il convient, autant qu'on le peut , de le laiffer au foleil jufqu'à ce qu'il fe couche , & de ne le porter au fruitier qu'après qu'il aura tranfplré l'excédent de ion eau de végétation. Des que le fruit ell renfermé , on le viûte de temps F R U à autre , afin d'enlever celui qui fe gâte. M. de la Bretonnerie , dans fon Ecole du Jardin fruitier , entre dans de très-bons détails , dont je vais donner le précis. « Quelques perfonnes gardent des pommes des années entière-s , & en ont gardé même jufqu'à deux ans dans des caves ou fouterra.ns , où l'air moins fec, moins fubti! que celui du dehors , au lieu de pomper le fuc des fruits, les entretient dans une fraî- cheur naturelle , avec la précaution de ne pas les approcher trop près les unes des autres , & de les ranger fur des tablettes couvertes d'une mouffe fine & tendre , qu'on a foin' de battre au foleil à chaque nouveau remplacement; chacune de ces pom- mes , placée à deux doigts de dif- tance de fa voifine , s'enfonce dou- cement dans cette moufle , qui fe re- lève entre deux; au moyen de quoi celle qui vient à fe gâter ne com- mimique point fon mal dans le voi- fmage ; il n'efl pas befoin de paille ni de foin, ni de couvertures de lit , pour couvrir les fruits dans ces fou- terrains , comme dans les fruitiers ordinaires. » » Si on efl: aflez heureux pour avoir un caveau avec les qualités re- quifes , fans y mettre des tablettes , ni revêtir les murs des planches , on y place une ou deux échelles dou- bles , plus ou moins , fuivant fon étendue , ]aifi"ant desfentiers autour , & fur lefquelks, étant ouvertes, on pofe des p'anches bordées de lattes, d'unéchelon àun autre , & par étage, & de même d'une échelle à l'autre ; de forte que la plus grande largeur des planches de chaque échelle fe trouve en bas, pour les fruits co!i> F R U ir.uns & en plus grande quantité ,& la moindre largeur en haut , pour les fruits les plus diftmgués : on a foin de les vifiter fouvent , pour ôter à mefure les fruits pourris , & em- porter ceux qui font mûrs. . . . Quel- ques curieux , quand ils ont de ma- gnifiques poires &C de beaux raifins qu'ils veulent conferver pour des occafions , paflent un fil au milieu de la queue , dont ils couvrent la plaie & le bout de la queue d'une goutte de cire d'Elpagne ; après quoi met- tant ces fruits dans un cornet de pa- pier , ils font fortir ce fil par la pointe du cornet, pour les fufpendre par là , le cornet étant bien fermé par les deux bouts , afin d'empêcher toute impreffion de l'air. » Cette expérience bien fimple prou- ve d'une manière démonftrative ce que nous avons dit au commence- ment de cet article , que l'aâion de l'air extérieur eft le diffolvant des corps, & qu'on les conk-rve en in- terdifant toute communication avec lui j du fruit placé fous le récipient d'une machine pneumatique, quand on a fait le vide, s'y conferve juf- qu'à ce qu'on lui redonne de l'air. «Nos payfans , qui ont quelque- fois beaucoup de fruits , aux appro- ches des fortes gelées, les couvrent d'une enveloppe bien épaiffe de re- gain, qui n'a pas la même odeur que le foin (Se qui n'eft pas fufceptible de fermenter comme lui par l'humi- dité ); ils le laiffent là, fans y tou- cher, jufqu'après les grandes gelées; ils les découvrent alors, les chan- gent de place, afin d'ôter tous ceux qui font pourris Les tVuitières de Paris les couvrent de paille deffus & deflbus dans les greniers; fi elles .craignent la gelée, eU.es jettent fur F U M 203 cette paille un drap mouillé, qui reçoit la gelée, intercepte l'air, &C garantit le fruit Les curés de la campagne mettent leurs plus beaux fruits de réferve dans leur armoire ou dans les tiroirs d'une commode ; ils s'y confervent on ne peut mieux : quelques-uns les confervent dans de grandes boîtes couvertes; ils y font encore fort bien dans du fon , lit par lit , ou dans du regain » a Les fouris & les rats font les en- nemis impitoyables des fruits ; on doit multiplier dans le fruitier les pièges & les appâta deftrufteurs , &C en faire la vifite de temps à autre , ainfi que du truit. FUIE, {royei Colombier) FUMÉE , vapeur épaiffe, aqueufe , faline, chargée à'air infiamT?iable , ( voj'ê^ ce mot ) qui s'échappe des corps en ignition ou fortement échauffes. La fumée eil: nuifible aux plantes qui font perpétuellement dans l'on atmofphère,&: elle devient très- utile dans le cas de gcUes tardives , ( voyei ce mot ) qui attaquent les bourgeons des vignes & les arbres à l'époque de leur fleuraifon. Dans un hiver pendant lequel la neige couvrit plufieurs femalnes les champs des environs de Paris , je m'apperçus qu'elle n'avoit pas fa blancheur éclatante, quoiqu'elle n'eût encore éprouvé aucune fonte : cu- rieux d'en reconnoître la caufe , je goûtai cette neige, & je lui trouvai le goût &c une légère odeur de fumée: c'étoit du côté & plus loin que la Salpêtrière. Du côté oppofé, c'eft-à- dire , vers Montmartre , la neige étoit brillante , fans goût ôc fans odeur. Ce phénomène tenoit à la direâion C c a 204 F U M du vent, qui pouffoit les fumées du nord au fud , & !a neige , en tombant, s'imprégnoit des qualités de la fu- mée. On ne doit pas conclure de ce fait que la neige foit nuifible à l'a- griculture , parce qu'on ne brûle que du bois à Paris; mais il eft de fait no- toire que les raifins des vignes qui cou- vrent le coteau , par exemple , de la porte de Vaife à Lyon, ceux de Gi- v«rs , &c. ont un goût ô£ une odeur de fumée, ainfi que le vin qui en provient, attendu que dans ces en- droits on b:ù!e du charbon de terre pour le fervice des fours à chaux & des verreries. Je crois que dans un village où le vin a une valeur réelle , foit par fa qualité, foit par fon haut prix relativement à la confomma- lion y on peut empêcher les entre- preneurs de conftruire des fours, ver- reries, &C.-OU du moins , les forcera les établir fur des emplacemens d'cù la fumée ne puiffe pas nuire & infefter les produttions du voifinage ; fans quoi de pareils établifiemens atta- queroient direftement les propriétés. Le problème fe réduit à ceci : Vaut-il mieux facrifîer l'entreprife d'un par- ticulier, que tous les biens d'une communauté ? Fumée. (Animaux pris de la) Médecine vétérinaire. Lorfque , par l'imprudence d'un bouvier ou d'un berger , le feuvient-à prendre dans une étable où fe trouvent rafTem- blés des bœufs & des moutons, ces animaux font tout à coup fuiFoqués par la fumée , fi elle eft abondante , tandis qu'ils ne font attaqués que d'une toux violente , lorfqu'elle elr peu confidérafch. Lt fumée étant un compofé d'eau, d'acide , d'huile, &c. oa doit bien comprendre qu'en F U M entrant dans la trachée-artère , eîle irrite & picote la membrane interne des bronches, en rétrécit les pa- rois, prend la place de l'air, com- prime les vaiffeaux fanguins, & occa- fionne la mort. Les animaux pris de la fumée ne périffent donc que par le défaut de l'air, & par la pléthore ou l'en- gorgement des vaiffeaux pulmo- naires; ils jettent ordinairement le fang par le nez. 11 efl urgent de remédier à la toux de ceux qui ne font pas fuf- foqués, par la faignée à la veine jugulaire, fi c'efl un cheval ou un bœuf, & aux veines de la mâchoire, fi ceû. un mouton , & de répéter même la faignée; après quoi on donne à l'animal des lavemens émoi- liens , &c on lui fait des fumigations de même nature. ( ^<5ye{ Fumi- gation) M. T. FUMETERRE. ( Voyez PL 8 du tome IF, pag 683 ) M. Tourne- fort la place dans la première feftion de la onzième claffe , qui comprend les herbes à fleurs de pUifieurs pièces, irrégulières, & de figure finguïière , dont le pillil devier.t un fruit d'une feul loge, &C il la nomme Fumaria officinarum. M. von-Liniié lui con- krve la même dénomin-.tion , & la ciaffe dans la diadelphie hexanjrie. Fleur , papi'iornacée , purpu- rine, verte au fommet; B repréfente la lèvre fupérieure ; C , la fieur grofiie laiffant voir les étamines au nombre de fix, avec le pillil ; D , l'efpèce de tunique qui enveloppe les parties de la génération. Fruit E, filicule membran^ufe qui fuccède à la fleur , & renferme une graine fphérique F,. F U M F U M i05 Teuïlks , portées par d'affez longs dans les obftrudions récentes du pétioles, allées, terminées par une foie, dans les pâles couleurs. On impaire; les folioles font également en prépare un hrop & un extrait; ailées, & plufieurs fois découpées, le premier eft employé dans les leurs découpures obtufes. mêmes cas que le fuc; le fécond Racine A, menue, peu fîbreufe , échauffe & ne vaut pas le premier; perpendiculaire, blanchâtre. fon eau diflillée ne diffère en rien de Po/v. Tige creufe, liffe ; avec plu- celle des rivières, des fontaines. La fleurs rameaux anguleux, oppofes dofe du fuc eft depuis deux jufqu'à aux feuilles, ainli que les fleurs qui quatre onces pour les hommes, & naifl'ent en grappes ; les feuilles font depuis fix jufqu'à huit pour les placées alternativement fur les tiges, animaux. Si on s'en fert pour ces Lieu. Les ch3mps , les jardins; la derniers en infufion, la dolé efl de plante efl annucl'e, & fleuri' en m?i, deux poignées fur deux livres d'eau, juin , juillet, & j.-.qu'à l'hiver, fui- vant le climat. FUMIER. ( Foyei Alterner, Propriétés. Les auteurs font peu Amendement, Engrais. ) Par le d'accord fur l'crigi.ie du i.om de mot f^rift de Fumier, on entend la cette plante; les uns dilent qu'elle paille qui a fervi de litière aux che- aime \ts terrcifuniéis; d'autres, que vaux, aux bœufs, aux vaches, aux ion fuc introduit dans les yeux, y brebis, &c. qui efl mêlée avec leur caufe de l'irritation comme de la fiente, imbibée de leur urine, & fumée. Quant à moi , je penfe que dont on fe fert pour fertilifer les fon nom vient réellement de fa terres. Quelques écrivains tirent du qualité , relativement à la terre , mot Fumée l'origine de Fumier, parce attendu qu'elle la fiime ; en effet , que ce dernier , étant amoncelé , pour peu que c;tte plante trouve fume, & que les engrais, propre- une terre convenab'e , elle poufle ment dits, ne fum_-t pas; tels font de longs & nombicux rameaux qui les chaux , les marnes, les mélanges contiennent, au rapport de M. Adan- de terre , Sec; quoiqu'il en foit de fon, un vrai fel nitreux, qui dé- cette diflirîftio.i, j'appellerai en gé- crépite au feu comme du nitre ; néral engrsis & fumier, toute fubf- ainfi, la décompofition de cette tance fuJceptible de fertilifer la terre , plante rend à la terre beaucoup plus foit en d'Vifant fes molécules comme de principes qu'ei'e n'en a reçu d'elle, le fabie dans l'argile, ou l'argile ( f^oj'f:^ les mots ALTEaN;ER,AMEN- avec le fable, pour lui donner du jDEMENT, Engrais ). corps, foit en foumifTant une cer- La famc terre e(l très-amère , dcfa- taine quar.îité de le' , telles font la gréable a» goût, fans odeur. On marne, hi chaux, la craie , &c. ; foit a beaucoup vanté le fc de f;s feriUes en rendant à la terre là vraie & contre les dartres, la gale, la goutte, fcr.le terre végétale ou kumus , qui f^ns aucun fondement. On peut la a déjà fervi à la charpente des- regarder comme flomachiquc , rtile plantes & des animaux ; foit enfin, dans la jauniiTe efTentitlle, lorfque toutes les fubflances oléagineufes ,- rinflamuiation devient modérée ; graiffeufes , & animales, qiii s'unifleas . îo6 FUR à l'eâu par l'intermède des fels, & dans cette union contraâent la vé- ritable qualité favonneufe d'où refaite la lève , la belle végétation , &c. ou qui détruit l'organifation des germes dans la terre , des plantes lorfqu'elles végètent , lorlqu'un des principes conilituans, la fève domine fur les atitres en trop grande abon- dance. Ces afTertions font dévelop- pées très au long aux mots cités ci-defl'us. FURONCLE. ( Voyei Clou). FUT FUTAIE. Arbrps de tige, venus de brin, ou fur fouche , & qu'on laifle parvenir à toute hauteur ; on les nomme dimi-futaie lorfqu'ils ne font qu'à la moitié de la hauteur. ( ConfuUei les articles Bois, FoRÊx). FUTAILLE. Sous cette dénomi- nation générique on comprend tous les vaifléaux en bois , deftinés à contenir du vin ou d'autres liqueurs, ( Confultii^ le mot 1 onN£au ), G A L GaIGNIER. ( Voyci Arbre de Judée ). GAINE , Botanique. Nom que l'on a donné à la forme particulière de certaines parties des plantes , comme au tube des étamines dans les fleurs à fleurons , aux pétales des fleurs à fleurons & demi-fleu- rons ; aux feuilles de quelques gra- minées , Sic. &c. M. M. GALE, MÉDECINE rurale. Eruption cutanée qui attaque toutes les parties du corps , le vifage ex- cepté, & dont le fiége principal efl: aux poignets, entre les doigts, aux cuifTes , aux jarrets , aux jambes & aux mains. Cette maladie fe com- munique d'homme à homme, par le fimple contad d'un galeux ou des linges 8c des habillcmens quelcon- ques qui ont fervi à le vêtir. Elle fe communique encore des animaux aux hommes, & des hommes aux gnimaux j telle fut celle dont parle G A L Tite-Live , qui îwt en même temps épizootique & épidémique à Rome, l'du 425 avant l'ère chrétienne : en Veflphalie à peine refla - 1 - il un nombre fuffifant de chats pour en perpétuer l'etpèce. Il y a des pays où la gale eft fi familière, quelle fe tranfmet de père en fils , & des régions où elle ell endémique, comme en Italie, en Corfe, en Bretagne, en Franche-Comté, en Lorraine, &c. ; quelle en efl la véritable caufe? on l'ignore. Il faut cependant avouer qu'elle efl moins commune dans ces cantons, depuis que le peuple efl vêtu plus proprement , qu'il change plus fouvent de linge, & que fon habitation efl tenue plus nette & plus aérée. On diflingue deux fortes de gales j la premi'ère efl appelée fèche ou canine , la leconde eil nommée groflTe gale ou gale humide. La première a été appelée feche ou canine , parce qu'elle ne fuppure jamais , & que les chiens y font fort G A L i'ujets ; elle eft toujours accompagnée d'une démangeailon très-vive ; ceux qui en font afiedés fe grattent conti- nuellement , ils y trouvent même • un certain plaifir ; mais pour l'ordi- naire il eu de peu de durée , & à ce fentiment voluptueux fuccède une douleur très-forte. La gale humide efl: celle où les cloches qui paroiffent fur la peau font groffes comme les pudides de la petite vérole , & où il fe forme des gerçures qui fuppurent. Outre ces deux différences , on peut diftinguer la gale en éryfipéla- teufe , quand elle approche de l'éry- fipèle , & gale dartreufe , quand elle reffemble à la dartre. Les caufes de la gaie font externes ou internes ; dans les externes , on compte le contaû immédiat d'une perfonne galeufe , fur quelque partie du corps de celle qui ne l'a pas ; il n'y a pas de maladie plus conta- gieufe , & qui fe communique plus aifément , foit en couchant avec une perfonne qui en efl: attaquée , en s'effuyant les mains à la ferviette d'un galeux , ou en s'enveloppant dans les draps ; tout contad la com- munique. Parmi les caufes internes on compte l'âcreté des humeurs , & tout- ce qui peut la déterminer ; telles que l'abus des viandes falées , épicées , & de haut goût, l'uiage dts liqueurs échauffantes ou trop fpiritueufes ; elle peut encore reconnoîire pour caufe interne un vice héréditaire , im |vlce vérolique , un diathèze fcor- hutique , &c. La gale efl une maladie plus in- commode que dangereufe. La gale fèche eft plus rebelle , & eft très-difficile à guérir. La gale hu- G A L 207 mide réfifle moins à un traitement méthodique. On a vu furvenir les plus grands maux d'une gale répercutée ; aulfi on ne doit pas fe preffer de faire des applications fur la peau: avant d'en venir aux friftions, il convient d'at- taquer la caufe qui l'a produite; dans la curation interne de la gale, l'in- dication que l'on doit avoir en vue, efl: de corriger ou du moins d'a- doucir l'âcreté du fang. Sous ce point de vue , on peut corr5mencer par les remèdes géné- raux , la faignée , & un purgatif. Après cela , fi la gale efl humide , ( comme le - ceaux chargés d'onguent mircuriel (N°. 14); on renouvelle le panfe- Bftent tous les j^ours y, julqu'à p^iftite G A L guérlfoiî rmême opération à l'égarif de la queue; lorfque cette partie eft affedlée, on l'enveloppe de même, mais on place de plus un cerceau léger , que l'on garait d'une toile , laquelle eft percée pour laifler paffer la tête du chien , loger le col ; oa fixe le cerceau à cette partie , foni étei^due s'oppofe à ce que l'animal ne piiiiTe atteindre ia queue avec les dents , ce qui facilite infiniment la cure ; du refte , le cerceau étant très- léger , ne s'oppofe pas à ce que l'ani- mal ne fe promène , ne boive , ne mange, &c. Les animaux qui feront ufage des- friftions merciirielles , auront des- breuvages dépuratoires ( N^. 5. ) ; on les purgera de temps en temps avec la formule ( N°. 13. ) , & ces. purgatifs feront donnés de préférence- aux chiens , cher lefquers la gale eft' toujours très-reb île : il en lera de même de ceux pour lelquels on fera' obligé d'avoir recours aux lotions an- tipfoitiques (N®. 9.). Ces lotionsétant rootes plus ou moins répercufiives^ on doit prévenir les effets qui réiul- teroientde la rentrée de la gale, par un ou dei'x purgatifs ( N". i]^. )^ ainfi que par des lavemens de la même- na'ure ( N°. 12. ),, 6i par l'ufage des; fiidorifiques ( N°. 15, ) ,. pendant l'emploi de ces topiques & dans l'in- tervalle des purgatifs- Tel eft l'ordre du traitement gé- néral que l'on doit unvre pour Is deftruftion de la gale des animaux q-ui font le fujet de cet article ;. il eft préférable à tous les top'ques que: Ton a employés jufqu'à préfent ^. tous ces remcdes peuvent , à 1& vé- rité, arrêter les ga'es récentes;, mais; la fomme des maux qu'une guériion aafîi prémaùurée fait naître elt d'un& G A L confèquence infiniment plus £;r;inde qiie ia maladie que Ton vient de dilU- per. J'ai vu une mule périr à la fuite d'une gale rentrée par l'emploi des lo- tions cil entroit l'arlenic ; le poumon fut le vifcère qui me parut avoir fouffert le plus de l'aftion de ce mi- nerai. FormuUs Mlildnalu, N". I . Fomentation émoUiente. Pre- nez feuilles de mauve , de violette & d'épinards, de chaque deux tortes poignées; faites bouillir dans trois pin- tes d^eau commune julqu'à ce que ces végétaux iblent cuits ; coulez & faites , uiage de cette liqueur étant encore chaude &c non brû'ante, pour laver ÔC fomenter ainfi qu'il elt dit ci-deflus. î>i°. 2. F^mintatlon miicilagimufc & calmante. Prenez racines d'a!thca coupées par franches, quatre onces; graines de lin, une poignée; fleurs decoctjuelicot, deux poignées; faites bouillir dans même quantité d'eau qu-.' ci-defTiis. W. 3. . Breuvage dilayant &■ tem- pîraatr Prenez dccodion de la for- mule (N". I.), une pinte; ajoutez fel de nitre , une once ; tartre de vin^ deux qnces : faites bouillir juiqu^à ce que ce dernier ioit dif- fous , & donnez-en une feule do'e pour un breuvage aux grands ani- maux ; un quart Lie dole fuffira pour le mouton , la chèvre , le cochon , & k- chien de forte e pece. M . 4. Lavement èmoliunt. Prenez une pinte de décodtion (^ W. i. ); ajoutez huile d'olive, une once ; miel, deux onces; & donnez pour wn lavement au bœuf, N'^. 5 . Breuvage dépuratoire. Prenez funietene , deux poignées ; racines G AL x\y de patience -S^ d'aunce coupées par trat.^hes, de chaque une once: faites bouillir dans deux pintes d'eau com- mune , jufqu'à la rédudion d'un quart ; retirez du feu ; ajoutez fel ammoniac, une once; laiflez refroi- dir; donnez à la dofe du breuvage (N*^. 3.) , après avoir fait avaler le bol itiivaiit. N°. 6. Bol iépuratoire. Prenez fleurs de foufre, une once, mercure doux , deux gros ; antimoine diapho- rétique non lavé, quatre gros ; miel commun , fufîifanîe quantité pour in- corporer ces fubflances , & en faire un bol que vous donnerez le matin, , l'animal étant à jeun, La dofe de ce bol efl fixée pour les boeufs de la forte efpèce ; elle fera réduite en proportiorv de leur efpèce & de leur taille ; le mercure doux fera fupprimé pour les chiens- & les moutons; la fleur de foufre peut leur êire donnée jufqu'à trofs gros, & l'antimoine diaphorétique^ d'un à deux gros &. demi : cette dofe fera diminuée en proportion de la foiblefle des animaux. N°, 7. Onguent mercurïel. Prenez- mercure coulant , graiffe de porc , parties égales ; mettez dans un mor- tier de marbre ou de fer; ti-iturezà l'aide d'un pilon de bois ou de fer, le mercure avec un peu de téré- ■ benthine, julqu'^ ce qu'il foit par- faitement dvilé; on reconnoît que la divifion efl parfaite , lorfqifea prenant un peu de mélange ,. & en le frottant fur la main, on n'apper- çoit plus des globules; alors on ajoute peu à peu la graiffe que l'on a fon- due à une douce chaleur, & on triture jufqu'à ce qu'ejle foit parfai- tement refroidie. N'*. 8. Prenez onguent raerçurieî 214 G A L ci-deirus, demi-livre; huile de lau- rier, quatre onces; fleurs de foufre, trois onces ; fublimé corrofif en pou- dre très-fine, demi-once: mêlez le tout enfemble en broyant exafte- ment dans un mortier de marbre avec un pilon de bois. Si ce mé- lange avoit trop de confiftance , ajou- tez quelques gouttes d'huile d'olive, ou du fain-doux , ou du beurre frais. N°. 9. Lotion anùpforique. Prenez urine humaine , trois pintes ; lait de vache, une pinte; tabac en feuilles, quatre onces : faites bouillir à petit feu dans un vafe de terre , pendant quinze à vingt minutes ; retirez du feu , laiffez infufer , & confervez pour l'ufage. Cette liqueur fa conferve fept à huit jours en hiver, quatre en été; on l'emploie chaude; les feuilles de tabac fervent d'épongé ; on a foin de G A L les remettre dans la liqueur après s'en être fervi. N*'. 10. Eau véoéto- minérale. Pre- nez eau commune la plus pure pof- flble, huit livres, ou quatre pintes; extrait de faturne , une once ; eau de vie, quatre© ices : battez & agitez ces liqueurs enfemble; elles blan- chiront comme du lait ( 1). N°. 1 1 . Orge miellée & camphrée. Prenez orge entière, une bonne poignée; faites bouillir pendant un quart d'heure dans quatre pintes d'eau commune ; coulez : ajoutez miel commun, demi-Hvre; eau de vie camphrée , deux onces, N°. II. Lavement purgatif. Prenez féné, trois onces; jetez dans eau bouillante , une pinte ; laiffez infufer deux heures; coulez : ajoutez fel commun, deux onces ; faites difToudre, & donnez pour un lavement au bœuf. (i) M.Braiisr, qiii nous a fourni, & qui coniinue à noui envoyer d'excellens articles relatifs à la Médecine Vétérinaire, a vu que l'on employoit très fréquemment dans les campaenes, foit pour les hommes, foit pour les animaux, la litharge diffoute par le vinaiere; d'où réfulte M extrait de faturne, ou Veau végéio-rrànérale de M. Goulard, lorf- que cet extrait eft étendu dans beaucoup d'eau. M. Goulard , dans fon Truite des effets des Préparations du Plomb, confeille comme topique l'eau blanchie par l'extrait de faturne, & quatre ou cinq jours après , lorfque l'éruption eft finie , d'ajouter demi-once de fel marin à deux livres de la même eau , & continuer d'en laver les parties affevSées de la gale. La cale humide & canine , continue M. Goulard , s'évanouiffem dans l'efpace de dix jours par ce feul remède , qui ne caufe ni puanteur ni danger. Ce remède, devenu un peu trop familier entre les mains des maréchaux & des chirurgiens de campagn* , exige une fingulière attention , parce qu'il peut réper- cuter l'humeur, & caufer les plus grands défordres. Deux ou trois exemples pris dans les Ouvrages du Dofteur Percival , feront la preuve la plus démonftrative de la circonfpeftion que ce topique exige. Un jeune homme , qui avoit à l'épine du dos une tumeur qui avoit réfifté à tous les topiques, eut recours à l'extrait de faturne: quelques heures après il eut de violentes coliques, & des crampes aux extrémités.... On appliqua fur les comufions d'une femme renverfée par une voiture , de l'extrait de faturne ; elle eut des fpafmes d'eftomac & des coliques violentes Un homme avçit à la jambe un ulcère confidérable ; il fut lavé plufieurs fois avec l'eau végéto - minér.nle, quatre jours après il fut atteint de coliques & de paralyfie dans les membres Que d'exemples pareils on pourroit citer! N'employez donc jamiis ni l'extrait de faturne, ni l'eau véeéto-minérale que fur la fia de la maladie, & encore faut- il avoir fait précéder es remèdes généraux Se internes. G A L G A L 2IJ N". ij. Breuvage purgatif. Prenez dofe de ce breuvage fera la même aloès, une once & demie; vinaigre que celle de la formule ( N". 3. ), tartarifé, quatre onces, miel com- M. T, mun , trois onces : mêlez , broyez, & donnez en une feule doie le ma- Gale , Maladie des arbres. Ses tin, l'animalétant àjeun, & n'ayant premiers fignes vifibles fe font ap- pas eu à l'otiper la veille; faites pren- percevoir fur l'écorce dont elle dre par deffus quelques cornées d'eau charge la couleur, la rend rabo- commune. teufe, ridée , écailleufe. L'origine de Cette dofe eft pour les bœufs & cette maladie tient à la réperculTion vaches de la grande taille; on aura de tranfpiration de l'aibre, dans la à la diminuer d'un quart pour ceux mafTe de la circulation de la fève , d'une taille moyenne; ôc de moitié occafionnée par un froid fubit, une pour les petits. ge'.ée , ou un coup de foleil pen- Pour les moutons, les cochons, dant un temps bas, un jour chaud, les boucs & les chiens de la forte £c lorfque le foleil darde fes rayons efpèce , prenez aloès un gros ; vi- à travers ime atmofphère vaporeufe; naigie tartarilé, demi -once; miel, cette matière perfpirable rentrée & une once: mêlez, broyez, & donnez mêlée avec la maffe de la fève con- comme ci-deflus. On diminuera en- tenue dans les branches, la rend core la dofe pour ceux d'une taille acre, corrofive & la vicie. Comme moyenne , & ainfi en proportion les pores de l'écorce font obflrués , pour les petits & les plus foibles. ik qu'ils ne peuvent plus donner iffue Manière de faire le vinaigre tartarifé. à une nouvelle tranfpiration, l'acri- Prenez iel de potaffe, deux onces; monie de la lève attaque les parties eau commune, quatre onces: faites ligneufes des branches, les branches diiToudre & filtrez, vous aurez l'eau fe deflechent, & l'arbre périt partie alcaline : ajoutez à cette eau , vi- par partie. Quoique ces effets aient naîgre , une livre & demie; vous beaucoup de refftmblance avec ceux aurez le vinaigre tartarifé, ou terre de la brûlure, (roj'o ce mot ) peut-être foliée de tartre liquide. que la même caufe agit , mais d'une N". 14. Prenez ongi ent mercuriel manière différente, & qui cepen- (N°. 7. ), quatre onces; huile de dant conduit à la même fin. Les ar- laurier , deux onces ; fljurs de foufre , bres fruitiers à écorce tendre, les une once; précipité rouge, deux jeunes branches & les bourgeons de gros : mê't z & incorporez. l'année précédente y font plus (ujets; N°. 15. Breuvage fudcr'fique. Pre- certains fruits n'en lont pas exempts, nez fleurs de (uredu, un^f forte poi- Le remède à ce mal eft, dès qu'on gnée; bols de gayac coupé par tran- s'en apperçoit, de ratiffer fortement ches , deux onces : faites bouillir le l'écorce afin d'enlever les écailles , bois dans trois chopines d'edu com- les rides , les gerçures galeufes , & mune, jufqu'àréduft on d'une pinte; d'aller jufqu'au vif; puis recouvrir retirez du feu; ajoutez la fleur de le tout légèrement avec Vongui/tt fnreau, plus fe! ammoniac & fleurs de faint-Fiticre.Ç^Fojeiaz moi), de loufre , de chaque une once. La ii6 G A L GALLE, Histoire Naturelle, Botanique. Pour peu qu'on Ibir accoutumé à confidérer attentive- ment les différens phénomènes que la nature offre dans ie règne végé- tal , on a dû Ibuvent remarquer ces excroiflances fmgulières qui adhèrent aux feuilles ôc aux tiges de certaines plantes, Si. de quelques arbres ; on leur a donné le nom générique de galles. Les arts ont iu en tirer parti, & Ibus ce rapport , ainfi 'que fous celui de produirions végétales , elles méritent que nous nous y arrêtions un moment. Rien d'indifférent dans la nature pour un philofophe; fes écarts, ou ce qui nous paroît l'être , font tovijours dignes de fon attention. Le peuple innombrable d'infecles qui volent , qui rampent , qui fau- tent fur les plantes pour fe nourrir de leurs différentes parties , affcz fou- vent y choifit fon tombeau ; fa vie fe paffe à ronger la fubftance végé- tale , & parmi les infeûes les uns fe bâtiffent eux-mêmes une retraite dans laquelle ils doivent fubir fuc- ceffivement toutes leurs métamor- phofes , tandis que les autres im- mobiles , pour ainli dire, au lieu qui les a vu naître , ou fur lequel leurs mères les ont dépofés , ne s'oc- cupent qu'à ronger & à fucer, & pendant ce temps , l'endroit de la plante affefté par leur préfence , éprouve une maladie particulière qui le fait croître extraordinaire- ment , 6r produire dçs tubérofités dans lefquelles fe renferment ces in- feftes , & où ils trouvent en même- temps logement , nourriture & fu- î'eté. A mefure qu'ils tirent la nourriture néceffaire, non-feulement -la cavité intérieure s'aggrandi t , mais G A L la maffe totale devient & plus greffe & plus foiide. Ces galles ne renferment quelquefois qu'une ftU'e cavité , où logent plufifcurs inleûes , comnae dais la gai!:- du grofei'lc-r & du pétolin de Provence, 'formée ,jar des puceroiîa; d'autres fois elles font diviîées en plulieurs petnes cavités qui Oiit des communications entr'elles, comme la galle de la ronce, formé? par un ver; mais dans certaines , comme dans la gal'e en pomrne du chêne , celle ciu char- don hémorroïdal , la galle chevelue de l'églatitier , ôcc. oa peut rem.ar- quer plufieurs cellules qui font toutes féparées les unes é&s autres par des cloifons ; le nombre de ces cel- lules n'eff pas le même , il n'y en a quelquefois que trois ou quatre, d'autres fois plus d'une centaine ; enfin, d'autres galles n'ont qu'une feule cavité occupée par un feul infede, qui y vit dans la plus par- faite folitude , jufqu'au moment de fa métamorphofe. Les galles varient encore beau- coup par les formes , les groffeurs , les confiffances ou leurs tiffures dif- férentes ; les plus communes font de figure arrondie ; la plus connue de toutes, celle dont on fait plus d'ufage , eft la noix de galie , qui nous vient du Levant , de Tripoli , de Smirne, d'Alep; fa tiffure eft quelquefois fi compafte , & fes fibres fi dures, qu'elle furpaffe la dureté des meilleurs bois. D'autres galles fou- vent plus groffes, arrondies, portent le nom de pomme; telle eft celle qu'on appelle pomme de chêne , &: dont la tiffure eft fpongieufe. Leur figure a fait donner à d'autres le nom de galles en grains de raifin, de grofcille , en pépin, &c. Quelques- unes / G A L ■enes imitent encore lès fruits par leur tiffure ipongieufe & aqiTeiiiè ; elles (ont quelquefois nuïncées comme les fruits qui nous plaiient le plus, par leur coloris ; elles ont fouvent des teintes de jaune & de rouge, & la fubftance de quelques- unes eft û analogue à celle dts fruits, qu'on a été tenté d'en taire le mênr.e ufage. Suivant quelques voyageurs , cri vend à Conftantinople , au mar- ché , des>gà!!€s ou pommes de iauge : on a vu dans les bois de Saint- Maur, près de Paris, le lierre-ter- reiler donner des galles en pommes que les payl'ans mangeoient & trou- voienî bonnes v M- de Réaumur rapporte même qu'il en a goûté , ■& qu'il leur a trouvé ime faveur aromatique , analogue à l'odeur de la plante; mais il avoue qu'il doute fi ces galles pourroient jamais par- venir à être mifes au rang des îjons fruits. Parmi les galles fphériques , les unes font immédiatement appliquées contre la partie de la plante qui les produit , comme les galles en pommes du chêne ; les autres y tiennent par un pédicule plus ou moins court. Il feroit trop long ^e détailler ici exaftement la variété infinie des formes que ces produflions offrent; il fuffit de remarquer que depuis la forme fphérique &C lifle, jufqu'à celle à laquelle M. de Réaumur a donné le nom de galles en artichaut, que l'on trouve iur le chêne , on peut en compter un nombre pro- digieux. Il ne faut pas croire cepen- dant que l'on puifle y trouver une efpèce d'uniformité attachée à l'ef- pèce d'infeûe qui la produit ; ces naonllruofités , fruit d'une végétation Tome f^. G A L ii7 viciée, prennent mille formes acci- dentelles & indépendantes fouvent de la caufe qui l'a occafionnée , tantôt ce n'eft qu'une partie de la plante épailîie & tuméfiée , des efpèces de varices , comme les galles du faule &C des feuilles d'ofier ; tantôt lé corps de la galle dur Si folide , eu chargé 6c hériffé de lona;s fîlamens ou fibres détachées les unes des autres, comme les galles chevelues des rofiers fauvages ; tantôt elles font formées d'un grand nombre d'écaillés qui fe recouvrent mutuel- lement, ce qui les fait reffembler aux calices des artichauts ; tantôt elles lont hérilTées de piquans 6c d'épines, d'autres font branchues, d'rtutres reffemblent â des champi- gnons , &CC. &c. Toutes les parties des plantes peuvent produire des galles, lorf- qu'elles font attaquées par des infeftes; on en trouve fur le corps des feuilles, fur leur pédicules, fur les tiges, les branches , les jeunes pouffes , les racines, les bourgeons, les fleurs, enfin même fur les fruits. Il y a grande apparence que l'ef^ pèce d'inlefte influe beaucoup fur l'efpèce de la galle, fur-tout pour qu'elle foit Hgneufe ou fpongieufe, ou chevelue, &c.; mais pour la forme extérieure & accidentelle , la végétation feule de la plante la décide. A l'infpecrion feule de la galle on peut afïez furement jugc-r fi elle cû habitée ou non ; fi elle n'efl percée nulle part , les infeftes qui ont occafionné fa naifance , font encore renfermés dans fon inté- rieur ; mais fi fur fa f urface on ap- perçoit une ou plufieurs ouvertures, on doit en conclure que les infeftes ont lubi leurs niéîamorphofes , ôC Ee 2i8 G A L font fortis. Si non content de l'inf- peâion extérieure , on ouvre la galle en deux avec un couteau , on ne man- que pas d'y trouver un ou plufieurs in- feues , fuivant le nombre de cellules ; félon le temps où on les aura ouver- tes, on y trouvera ces infeftes, ou fous leur première forme, ou fous celle de nymphe ou de chryfalide. Ils de- viennent, après leurs métamcrpho- fes, ou des mouches à quatre ailes, & c'ell le plus grand nombre, ou des mouches à deux ailes , ou des fcara- bées, ou des papillons; par confé- quent , en ouvrant des galles de différentes efpèces avant le temps des métamorphofes , on y trouvera des vers dont les uns ont une tête écail- leufe , & des dents ou crochets , & qui n'ont point de jambes, des vers fans jambes & fans tête écailleufe , des fauffes chenilles ou de ces vers qui ont plus de feize jambes, ou des jambes autrement diftribuéts que «elles des chenilles ; enfin , de véri- tables chenilles. Comme les pucerons & une efpèce de punaife produifent aulTi des galles , on les y retrouvera fous leur première torme. On trouve des galles en forme de veffies fur l'orme , le térébinthe , le peoplier, produites par des pu- cerons , de pareilles fur le tilleul, qui doivent leur naiffance à des vers qui deviennent des mouches à deux ailes , des vers*rougeâtres qui donnent auiïi des mouches, occa- fionnent fur la feuille du genêt de petites galles arrondies en boules & tout hérifTées , des vers jaunâtres comme l'ambre , & qui le méta- taor.phofeat en mo«chesà deux ailes, forment les galles appliquées contre les ti^s des ronces . qu'il f;.ut bien difîinguer des galles chevelues dont G A L nous parlerons plus bas ; c^eû une punaile qui produit la galle qu'on apperçoit fur certaines fleurs du camedrys. Les galles qui croiffent fur les feuilles du iaule , contiennent une faufle chenille qui fe transforme dans la luite en une petite mouche à quatre ailes. Les galles des feuilles d'ofier ont des habitans de la même efpèce. Celles du Hmonlumàe Chypre reflemblent à un fruit rond porté par un pédicule ; eles ont la figure &i. la groffeur d'une noix mufcade, & c'tft une vraie chenille qui habite la cavité intérieure ; on en trouve fur les feuilles du hêtre , qui reffem— blent à un noyau de frait , un peu moins plates cependant, èc un peu phis pointues. Le chardon hémor- roïdal produit une galle contenanr un grand nombre de cellules où font logés des vers qui fe changent en mouches à deux ailes. Le lierre -ter- refîre en porte de pareilles , mais elles font rondes , leurs vers fe chan- gent en mouches à quatre ailes» Il n'efl point de végétal où l'on trouve une plus grande quantité de galles, & en fi grande variété, que liir le chêne ; on en voit fur toutes lés parties en général ; fur les feuilles, les unes fon? en champignons, pro- duites par des vers qui deviennent mouches à deux ailes ; les autres lont en boules attachées fur un feul. côté 'de la feuille; pour les autres les deux côtés ont fourni à leur for- mation; elles lont le produit d'un ver qui fe convertit en mouche à quatre ailes; d'autres pendent à un pédicule, ont une couleur & une forme approchante d'un grain de- groleille, & comme on en trouve plufieurs adhérentes aux chatons du chêne, on les prendroit volontiers G A L ^otif des grappes de grofeillés : leur îiibftance inférieure, quoique fblide, eu pleine d'eau comme celle de piufieurs fruits ; elles ont au centre une cavité bien (phérique, qui con- tient un petit ver blanc à deux ferres , qui avec le temps devient une nymphe blanche ou brune, &: enfin une petite mouche noire à quatre ailes ; d'autres adhèrent contre le deffous des feuilles , &c refllmblent ex dément à de petits boutons de vefles; il y en a de jcUinâtres , d'en ptirtie rougeât^res , d'entièrement rou- geâtres & d'un beau rouge ; elks lont habitées par des petits vers, qui au printemps , & même que'quefois en oftobre ,* devient une mouche. Pour peu qu'on examine les feuilles du même arbre , ou de jeunes jets , on en découvrira encore de plus petites & de non- moins jolies, qui reffemblent à une petite cloche ou à un gobelet qui adhèrent par leur pointe ; ces petits gobelets font verds , & le bord évafé eft d'un beau rouge de carmin ; la cavité eft occupée pur un petit ver , qui eft recouvert d'une produûion très- feinbiable - à un couvercle ordi- naire, au milieu duquel il y auroit un petit bouton pour le prendre. Sur les boutons du chêne on trouve aflez ordinairement des galles qui , par leur rondeur , leur dureté &c leurs couleurs , femblent^ être de petites boules d'un bois jaunâtre ; elles font quelquefois réunies piu- fieurs enfemble , & doivent leur naiffdnce à des mouches à quatre ailes , & armées d'une efpcce de queue. On trouve encore fur le chêne de groiîes galles qu'on prendroit pour de vrais nœuds , d'autant plus qu'elles font ligneufes ÔC très-duies^ G A L 219 elles renferment quantité de cellules qui contiennent chacune un petit ver blaftc qui fe transforme, en avril, en petite mouche brune à quatre ailes. Les galles en pommes , qui partent du bouton du chêne, con- tiennent auflî piufieurs cellules d'oh fortent, vers le mois de juillet, des mouches à quatre ailes. Qu'on exa- mine un bouton de chêne avant que fes feuilles foient épanouies, on le verra fouvent percé d'un trou rond qui aboutit à une petite galle à trois, quatre ou cinq cellules qui logent des vers , qui dans la fuite donneront des mouches brunes à quatre ailes; c'eft encore de ces mêmes boutons que naiffent ces galles en artichauts, dont nous avons parlé plus haut ; elles contiennent piufieurs cavités où l'on trouve ou un ver, ou une nymphe, 'ou une mouche à quatre ailes. La galle, fans contredit la plus finguliere, efl: celle qui croît fur le roiier (auvage plus connu en France fous le noin d'églantier. L'intérieur eft afl'ez folidî & compacle, tandis que l'extérieur efi: couvert de fîla- mens ou d'une efpèce de chevelu. On les trouve non-feulement à la place des boutons , mais encore fur les fibres de quelques feuilles; elles renferment piufieurs cavités dontcha- cunc efi deflinèe à un ver qui donne naifl'ance à une mouche femblable à celles qui produifent les galles de chêne. Telles font à peu près les prin- cipales variétés des galles que l'on peut oh|d||^ fur les plantes & fuc les arb^JPIsl efi bien plus facile de les décrire , & de reconnoître rinffûe auquel elle doit fa forma- tion, que d'expliquer comment elle £e 2 420 G A L G A L a été produite , & comment elîe » il ne paroît point s'en faire dan? croît; la plupart croiflent fi vite » notre galle; tout y paroît fain^ qu'on ne peut point , pour ainfi » aucun lue n'y eu épanché ; c'eft d'ire, dlftinguer le moment de leur » que l'épine ne nettoie point la naiffdnce de celui de leur entier ac- » plaie qu'elle a faite dans la chair ^. croiffement. M. de Réaumur, qui, » elle n'ôte point le flic qui' s'y pendant plufieurs années, s'étoit pro- » épanche. ...... Avec quelque at- pofé de fuivre Taccroiflement des » tention qu'on examine la cavité glandes les plus communes du chêne, h de notre galle en grofeille , ou de comme des galles en grains de » toute autre , foit dans le temps oil groleiUe , après un très - grand » il n'y a encore qu'un œuf logé;,, nombre d'obfervations , a vu » foit dans le temps où le ver paroît ,. que leur accroifiement étoit une » on n'y trouvera aucim fuc ré-» affaire de peu de jours, & il lui a » pandu . . Il n'eft pas étonnant été toujours très-difScile de faifir » que le ver fuce tout le fuc qui efl même celles qui deviennent les » porté aux parois de cette cavité, plus greffes , pendant qu'elles font » & qu'il y en attire même. On ne. petites. » doit pas s'étonner davantage de ce L'e.Kplication de la formation » que l'œuf même fuce ce fuc &c d'une galle, donnée parM.deRéau- » l'attire, dès -qu'on fe fouviendr?. mur , paroît fi naturelle & fi vrai- » que nous avons fait remarquer, femblable , jointe fur-tout à l'obfer- » que l'oeuf croît dans cette cavité > vation de Malpighi , que nous ne >♦ fa coque flexible doit être regardée, pouvons mieux faire que de la » comme une efpèce de placenta donner ici :« Une bleffure , dit-il,. .»> appliqué contre les parois de la » a été faite à une fibre, un œuf a » cavité; elle a des vaiffeaux oii~ M été dépofé dans cette bleffure ; la >• verts qui, comme des efpèces da w bleffure faite dans une partie très- » racines, pompent & reçoivent le »> abreuvée de fucs nourriciers fe » fuc fourni par les parois de la » ferme bientôt- fes bords fe gon- » galle; cette galle eft une matrice » fient, fe rapprochent, & voilà » pour le ver dans l'œuf; l'infecle^ w l'œuf renfermé. Autour de cet » pendant même qu'il eft renfermé » œuf il y aura en peu de jours une » dans l'œuf, peut donc déterminer 5» galle aufîi grofTe qu'elle le doit » le fuc à fe porter plus abondam- » devenir, dont cet œuf occupera .«> ment dans la galle qu'il ne fe porce » le centre. Un corps étranger in- » dans les aufres parties de la » troduit dans les chairs des plantes, » plante. » » comme dans celles des animaux, eJl » Il n'en faut pas davantage pour. M propre à y faire naître des tube- » faire végéter une partie d'un arbre M rofiîcs : une épine , une fibre » plus vigoureufement que les ati- » même de bois introdul*^e dans » très , que de déterminer- plus, de » notre chair , y fait bieQtôr naître » fuc nourricier à aller à cette par- » une tumeur; mais il s y produit » tie ; or, on donne à la fève une » de la pourriture , de la corrup- w forte de pente à fe porter vers > tion j. si il ne. s'ea fait point , oa » l'endroit oii on l'ôte dJès qu'elle y G A L G A L 2iï » arrive. La préfence de l'œuf aide feâe , & que la galIe-inCecl-e eu un >» peut-être encore à cette végéta- véritable animal. Le caïaûère par- » tion d'une autre manière. On fait ticulier de ces infectes eft de pafl'er » combien la chaleur eft propre à une partie confîdérable de leur vi^ « hâter toute végétation; n'y a-t-il attachés & appliqués contre desiigcs M pas apparence^ que cet œuf qui ou des branches fdns fe donner au- » contient un petit embryon qui fe cun mcuvement fenfible. Ce carac- » développe &: dans lequel les li- tère les fait reconnoître ailez faci- » queurs circulent avec rapidité, efl: lement , mais leur fioure les in- » plus chaud qu'une partie de la dique encore mieux : en général M plante du même volume. Nous les unes reffembient à des petites » favons que le degré de chaleur de boules attachées contre une branche » tout animal efl plus confîdérable par un point de la circonférence ' » que celui des plantes. On peut les plus greffes de cette efpèce » donc concevoir qu'il y a au centre ne paffent pas la oroffeur d'un » de la galle un petit foyer qui pois ; d'autres font des efpèces de » communique à toutes fes fibres iphères dont un feement paroît » un degré de chaleur propre à emporté & qui font attachées à » preffer leur accroiffement. » l'arbre par la partie plane de la fec- » Sicescaufes, ajouteM. deRésu- tion; d'autres font des fphères »> mur, ne paroiffent pas auffi fuffi- alongées & dont le grand axe s'élève » fantes qu'elles me le paroiffent, je au-deffus de la branche* d'autres >i ne trouverai pas mauvais qu'on un peu plus aplaties, font plus » leur en ajoute une autre à laquelle pointues par un bout que par celui » Malpighi attribue la formation &C qui lui eft oppofé; quelques-unes onî » Taccroiffemert des galles. H a cru la figure d'un rein; d'autres enfin » que la mouche ne fe contentoit celle d'un bateau renverfé, » pas de faire une plaie à la partie Leurs couleurs varient pareille- }► à laquelle elle vouloit confier fon ment , la plus commune eft celle » œuf , qu'elle répandoit encore de marron plus ou moins foncé • il »> dans cette plaie une liqueur propre y en a de plus rougeâtres d'autres » à y produire une fermentation tirent fur le violet ; il y en a d'un » confidérable, &C que la produûion affez beau noir; quelques-unes fur » &raccroiffementde la galle étoient un fond jaune ont des ondes brunes • *> la (uite de cette fermentation. » on en vojt de brunes veinées de M. M. blanc. Les arts ont fu tirer un très- grand GALLE -INSECTE, Histoire parti d'une de ces efuèces de °alle- Naturelle, Botanique. La galle- infeftes qui fournit le' kermès." inlcfle eft un genre û'inleftes à fix Four avoir une idée de la vie de jambes qui ont quelque reffcn.bîance ces petits animaux , nous allons extérieure avec une galle, mais qui iuivre, avec M. de Ré.umur, ce en diffèrent effentiellement en ce que fameux obfervaieur, Ja galle-infefte L gal'e eft une produdion végétale du pêcher. La galle-inJede mère a «ccalionnce, à la véiité, par un in- la forme d'un bateau renverfé &C îîi G A L elle adhère fortement contre la tige de l'drbre par tous les points de Ion contour , excepté vers la partie poftérieure où fe trouve une petite fente. Après la ponte de les œufs qui montent à plufieurs milliers , la mère ïneurt & le deffèche , elle ne fert plus que de coque pour les ren- fermer; ils éclofent fous cet abri & vers les premiers jours d'avril , mai ou juin , (uivant le climat, ils com- mencent à fortir de dtflbus le fque- lette de leur mère par la petite fente de la partie poftérieure II faut alors une forte loupe pour les obferver , 6c on les voit marcher ou plutôt courir fur toutes les branches de l'arbre. Le corps de ces petits in- feûes eu aplati , fon contour efl: à peu près ovale ; ils portent deux an- tennes & ils ont fix jambes qu'on apperçoit lorfqu'on les cherche avec un peu d'attention ; car affez fou- vent elles font cachées par la partie fupérieure au - deflbus de laquelle elles font attachées. Des branches , .les galle-infefles gagnent les feuilles, &; comme leur nombre efl: prodi- gieux , certaines feuilles en font quelquefois toutes couvertes; on en %'oit de différentes grandeurs & de différentes couleurs , de pre/que blanches, d'un blanc verdâtre , d'un blanc jaur.âtre, de jaui.âtres , de rougeâtres. Elles fe fixent fur ces feuilles pour en tirer la fubflance néceffaire à leur nourriture &c leur accroiffement ; elles en pompent le fuc avec une trompe très-fine pla- cée près de 'a première paire de jambes. Les fvuilles ne font pas les feuls endroits où les jeunes 'galle- infe^es s'attachent : on en trouve encore fur les bouts des nouveaux jets, ils font affez tendres & affez G A L fucculens pour leur fournir la nour- riture qu'ils cherchent. Tant qu'ils en trouvent une quantité affez abon- dante , ils y refient attachés &c comme immobiles; mais fi quelque accident deffèche ou fait périr la tige ou la feuille qui les nourriffoit , ils favent bien la quitter pour aller chercher un autre emplacement où ils ne puiffent pas en manquer. A la chute des feuilles, elles tombent à la vérité avec elles , mais bientôt elles les quittent pour remonter à l'arbre & gagner les jeunes rejetons. L'hiver pa(ié , elles fe fixent enfin en mars fur les tiges, de manière à ne plus en fortir & à ne pouvoir plus faire un pas en avant ou en arrière. Leur accroiffement eft très-lent pendant les mois de juin , jui Jet , août , feptembre & odiobre ; elles font cependant plus grandes vers le commencement de novembre; lenr épaiffeur efl: encore très -peu de chofe , elles ne paro)ffcnt que comme des membranes ovales , pla- quées fur les feuilles ; e'ies ont toutes à peu près la même couleur roufsâtre; il n'y en a plus de blan- ches, de blanchâtres , ni de jaunâ- tres; quand elles marchent elles ne paroiffent plus fi aplaties , • elles s'élèvent un peu fur leurs j^mibes &C portent devant elles deux antennes extrêmement fines. Vers les pre- miers jours de mars , elles com- mencent à devenir plus renflées tout le long de leur dos , elles prennent un peu de convexité; leur dos vu à la loupe parcît alors cha- griné , on y apperçoit im grand nombre de petits tubercules & fept à huit longs fils ou poils qui partent de divers endroits de la circonfé- rence du ccrps , mais différtmment G A L placés & dirigés ; il y en a même qui vont s'attacher au bois affez loin de l'anima!. Vers les premiers jours d'avril , non-i'eulement les galle iniedes pa- roilTenî encore plus renflées , elles commencent même à prendre une convexité très-(enfible ; c'eft alors qu'elles fe dépouillent de leur vieille peau : ce n'eft que vers le commen- cement de mai qu'elles ont acquis leur dernier terme de grandeur ; elles reflemblent alors à une vraie galle. Vers le quiiize de mai elles com- mencent à pondre ; elles fe délivrent enfuiie peu à peu de leurs œufs, & à meJure qu'elles les font fortir , leur ventre s'aplatit & s'approche du dos , tandis que les œufs s'arran- gent entre le ventre de la mère & la ,tige où elle ell attachée, La ponte finie, la galle-infefte périt ôi fon cadavre ne paroît plus qu'une coque de deflbus laquelle les petites fortent enfuite pour croître & devenir à leur tour auffi fécondes que leur mère Fa été. M. de Réaumur a découvert de plus que les mères galle-infedes étoient fécondées vers la fin d'avril par une petite mouche affez jolie, quia été elle-même jufque vers le milieu de ce mois une galle-infecte , & c'efl par la petite fente qui eft à la partie poftérieure de la galle-infcde qu'elle la féconde en y introduifant un petit aiguillon, ou plutôt une elpcce de petite queue qu'elle a. M. M. Les jardiniers , & après eux plu- lîeurs écrivains de cabinet , ont appelé punaifc l'infede dont 11 vient d'être queftion; ils ont été trom.pés par la couleur de la gal'e-infede dans îbn plus grand accroiflement qui approche eifeitivemenî de celle de la punaîfe qui infeûe les lits ; mais avec des yeux, ils auroient vu que la configuration de l'une ôc de l'autre eft très - différente : celle - ci eft aplatie , la tête faillante , montée fur des jambes affez hautes , &c. ( Voye? ■ le mot Punaise ), Suivant la chaleur du climat , ces infedes abandonnent plus ou moins promptement les anciennes branches & vont gagner les bourgeons à mefure qu'ils fe couvrent de feuilles & s'alou- gent, L'écorce des bourgeons de l'année efi devenue trop dure pour eux , & Us ne peuvent plus la pénétrer avec leur aiguillon afin d'y pomper leur nourriture. Comme leur multipli- cation efî prodigieufe, l'arbre fouffre confidérablement de ces piqûres à l'infini , & de tous les pores des bourgeons la fève fuinte ôi découle quelquefois au point de couvrir d'humidité la terre qui efl fous les branches. Nous avons dit à l'article fourmi , que cette extravafion attiroit cet infefte & qu'on ne le voyoit jamais fur les 'arbres qui n'étoient pas attaqués par les galle-infeâcs , ou chargés de miellut. ( Voye^ ce mot ) Je perfifte dans ce que j'ai dit ,, malgré l'afTertion que je viens de lire dans l'excellent ouvrage intitulé: Ecole du Jardin fruitier^ par M. de la Bretonnerie , tome II, page 49, l'auteur s'explique ainfi : « Je fuis furpris que des naturaliiîes célèbres (M. de Réaumur) & en dernier lieu des auteurs modernes ( M. de Schabol ) qui devroient avoir de l'expérience , aient avancé que les fourmis m font point de tort aux arbrts , quoiqu'elles y foient quelque- fois en grande quantité , qiiil rHy a que le puceron qui y fait du mal , 6* que les innocentes fourmis au con^ ÎÎ4 G  L traire font utiles parce qti elles de- truifent le puceron. Ce ne peut être que l'autorité du premier auteur qui ait pu faire répéter aux autres le môme propos. J'y avois d'abord ajouté foi fur leur parole, jufqu'à ce que l'expérience m'ait inflruiî pkifieurs fois du contraire. J'ai en- core pris fur le fait , au printemps dernier 178 1 , des fourmis feules &C fans mélange d'aucun puceron , amoncelées par petits tas fur les yeux tendres & nouvellement en fève d'un jeune pommier qu'elles avoient déjà rongé à moitié & en avoient détruit totalement plufieurs autres fur lel'quels il y avoit encore quelques traîneufes. L'auteur cite en- core plufieurs traits femblables. M. de la Bretonnerie s'efl-il fervi d'une très-forte loupe pour exa- miner les yeux tendres & nouvelle- ment en fève dont il parle ? car l'œil nu ne fauroit découvrir les galle - infeâes lorfqu'ils fortent de l'œuf, & ces yeux à demi-dévorés par les fourmis , pouvoient ei.core ien être couverts , & s'il n'en exiftoit point , ces yeux étoient-ils (ans miellat ? Ces deux points méritent d'être examinés de nouveau. Quant à moi, je puis affurer que je n'ai jamais vu des fourmis fur les arbres, que lortque l'une ou l'autre de ces caufes les attiroit, auxquelles il faut encore ajouter le puceron , ( voy^^ le mot Cloque) & peut-être plufiei.rs autres infeûes qui occa- iionnent l'extravaiement ôc le fuin- £ement de la fève. Comme les galle-infeâes multi- plient à l'excès, ils couvrent bientôt les bourgeons & les feuilles, fur- tout par-deffous ; de manière que , «oil p^r le defféçhemait de la feve^ G A L foit par la multiplicité, par celle de leurs excrérnens , enfin , par la por.fliere entraînée par le vent qui s'attache fur ces, matières vilqueufes, les feuilles & les bourgeons pa- roiffenl^ prefque noirs ; on remarque principalement cette couleur fur les orangers & fur les arbres à fruits fucrès , tels que le mûrier , la vigne en efpaller , le cerilier , pêcher, abricotier, &c. M. de la. Bretonnerie a raifon de dire que les fourmis ne tuent ni les pucerons ni les galle - infeâes ; chacun de ces infeftes vit tranquil- lement à côté l'un de l'autre. La fourmi vit de la fève extravafée après la piqûre du puceron & du galîe-infefte , & ceux-ci de la fève qu'i's pompent par leur piqûre. On conçoit parfaitement que des plaies multipliées à l'infini , lans cefie renouvelées fur des bourgeons pleins de fève , & que la déperdi- tion de (ubftances , doivent à la un épuifer le bourgeon , la feuille. &c.; enfin , qu'ils doivent fe deflé- cher , & Tarbre languir : c'efi ce qui arrive. Les • amateurs de recettes en ont propofé mille &C mille, & leur mul- tiplicité prouve combien elles iont infrudueufes. Toujours des infufions de plantes ameres ou fétides , des leflives chargées de chaux , de fuie de cheminée , de cendes & d'autres ingrédiens , des diflolutioni de iavon dans l'eau , &c. Je ne connois qu'une bonne recette : c'eft , avant d'en- trer les orangers dans la ferre, ou après avoir taillé les autres arbres , de s'armer de patience, & avec un pinceau rude , & fans ceffe trempé dans le vinaigre, de frotter à plu-? fleurs rcprifei toute la luperficie des branches, G A N branches, des feuilles en defTus & en deffbiis , & de fe hâter d'em- porter les bois coupés , pour les jeter au feu. On répétera la même opération fur les orangers , en les fortant de la ferre. Le vinaigre fait périr la cochenille , le kermès & la galle-infeûe , &c. ; mais pour qu'il agiffe fur ce dernier , il faut qu'il ne foit plus collé fur le bourgeon ou fur la feuille , attendu que le vinaigre couleroit impunément fur fon en- veloppe qui a la forme d'un bou- clier. On peut encore , après cette opération & avec des feringues , laver à grande eau les branches Se les feuilles, & les répéter toutes les deux enfemble pendant le prin- temps , l'été & l'automne, jufqu'à ce qu'on foit aflliré qu'il n'exilîe plus de galle - infeftes. Je con>pens que cette opération eft longue, mi- nutieufe , ennuyeufe, &c. ; mais il en réfultera que l'écorce des bran- ches , l'épiderme des feuilles feront nettes, & que la tranfpiratlon & les fecrétions de l'arbre fe rétabliront infenfiblement, GANGLION, MÉDECINE vété- rinaire. Tumeur dure, feniible dans le commencement, qui arrive aux tendons des extrémités du cheval. Le ganglion préfente des variétés dans fa grofleur & dans fa figure ; on en voit dont la grofTeur éga'e celle d'une aveline, d'autres qui éga- lent celle d'une mufcade, d'autres une noix, ôd nous en avons vu même un dans un cheval de carrofTe, de 1^ grofleur d'un oauf de pigeon. Le fiége de cette tumeur n'eft pas précifément fitué dans le corps du tendon, mais feulement dans fes en- veloppes ; elle fait boiter l'animal. Tome r. G A "N 125 La caufe éloignée du ganglion eft rapportée à des coups, des chutes, des contufions, des efforts, &c, ; ( voyei fO"s ces mots ) tandis que la caule prochaine eft attribuée à des humeurs qui, s'étant peu à peu accu- mulées & épaifTies entre les fibres & les tuniques, forment une tumeur de la groueur ci-defTus déterminée. Le ganglion , lorfqu'il eft récent,' fe guérit affez fjcilenlent, en appli- quant des cataplafmes émol'.iens de feuilles de mauve, de pariétaire, &c. & en faifant fuccéder à ces topiques les frictions réfolutives & fpiri- tueufes, telles que l'eau-de-vie cam- phrée. Quand tous ces moyens n'ont pas le fuccès déliré, il faut avoir recours à l'application du feu ou cautère acluel; mais û la tumeur eft parvenue à un volume confidérable,!! n'y a pas d'autres refTources qu'à trai- ter le ganglion comme on feroit pour une tumeur enkyitée,( voj^^ Kyste) c'eft-à-dire, l'incifer avec le biftouri, pour en faire fortir l'humeur en- kyftée. En faifant l'incifion , il faut bien prendre garde de blelTer le ten- don. Cette dernière pratique eft pré- férable à l'application des cauftiques &c à l'extirpation : il eft rare qu'un artifte fage & éclairé ait recours à ceile-ci, parce qu'il en connoît le danger. Il ne faut pas confondre le gan- ghon avec ce qu'on appelle la ner- férure. ( f^ojei ce mot , où vous trouverez les fignes caraftériftiques qui vous la feront diftinguer de l'au- tre). M. T. GANGRÈNE , Médecine vété- rinaire. Comme cette maladie eft des plus graves, & îrès-fouvent fui- vie de la mort, ceux qui n'ont pas Ff 1x6 G A N fait les études néceflaires en médecine ne fauroient la traiter : il faut donc recourir promptement aux maîtres de l'art. Les maîtres- de l'art en ma- réchalerie ou médecine vétérinaire habitant les campagnes, font rare- ment très-inftruits; c'efl pour eux particulièrement que l'article fuivant eft t"ait. Son exigence fe manifefte par la mort de la partie qu'elle attaque, par fon immobilité & par fa froi- deur; lorfqu'elle eft précédée d'une tumeur, on lui donne le nom de gangrène humide, & lorfqu'elle paroît fans tuméfedion, celui de gangrène fècke. On connoît donc la préfence de la gangrène humide, lorfqu'il fe forme dans une des parties qui entrent dans la flruâure d'un animal quelconque , ime tumeur tendue & très-dure, accompagnée d'une chaleur brûlante & quelquefois douce, que le taft in- dique dans la partie qui fe gangrène, dont la confiftance devient flafque, lacérable, & où le mouvement muf- culaire cefle; quelquefois la pulfation de l'artère fubliiîe, quelqviefois elle difparoît. A ces fignes fuccèdent la chute du poil qui garnit la partie gangrenée, îa féparation de l'épiderme avec la peau , le déchirement de fon tiffu , le fuintement d'une férofité putré- fiée; &, enfin une couleur verdâtre ou livide & une puanteur cadavé- reufe, annoncent fa m.ortification abfolue. Parmi les caufes qui produifent les fignes caradériftiques de la gan- grène humide, l'une eft prochaine &C les autres font éloignées. La caufe prochaine de la gangrène humide a lieu toutes les fois que le G A N principe vital eft anéanti dans lesf parties qu'e'Ieafflige; en conféquence de l'engorgement & de la furabon- dance des fluides, qui, en les fur- chargeant, croupiflent & fe putré- fient d'autant plus promptement, qu'ils font plus afcalefcens &c expofés à une chaleur plus acre &C à l'aûion de l'air; de forte que ce mouvement de putréfddlon favorife le rappro- chement des molécules fulphureufes, volatiles, & des fels alcali vo'atils, & leur combat mutuel étabht la caufe prochaine de la gangrène humide. Les caufes éloignées de cette forte de gangrène font les contufwns , l'd- trangUmtnt , V infiUration , les injîsm- mations, la brûlure, la morfurc des têtes venimeufes , &. la pourriture. \°. Dans les violentes contufions^ les petits vaifTeaux font rompus, les fluides épanchés dans le tiffu cellu- laire s'y coagulent, d'autres fluides reftent interceptés dans le tiffu des vaifTeaux : de là l'origine de la pii- tréfaâion. Alors la nature voulant écarter ces obf^acles, y poufîe le fang avec plus de force; de là naif- fenf la fluxion, l'engorgement, la phlogofe & la douleur dans les par- ties affeûées ; les nerfs qui ont été déchirés dans la contufion, fuppu- rent ou fe gangrènent promptement, par la chaleur qui eft augmentée dans ces parties. Il arrive fouvent que la commo- tion des nerfs accompagne la con- tufion, ce qui produit leurftiipeur; l'irradiation vivifiante du fluide ner- veux eft interceptée, par conféquent la partie fe relâche davantage; ce relâchement fournit un nouveau prin- cipe à la gangrène, principalement fi la commotion s'étant tranfmlfe au cerveîiu par la charpente ofleufe, elle G A N a occafionné le délire; car il arrive par là que la nature eft détournée de l'ouvrage de la réfolution & de celui de la fuppuratiqn ; la flafe, fource de la putréfaftion, eft rendue plus conlidérable. Mais s'il y a plaie , & par confé- quent fi l'air a accès dans la partie léi'ée; fi la plaie efl: profonde, fi elle fe creufe des finus, d'où les fluides viciés fortent difficilement, s'il y a beaucoup de vaiffeaux détruits, Se une grande acrimonie dans la partie; toutes ces caufes réunies donnent lieu à une gangrène qui fait de prompts ravages : la matière gangré- neufe gagnant les vaiffeaux voifins, déjà privés de vie, elle les infeâe & les corrompt ; car rien n'eft plus capable de diffoudre les chairs & de pourrir les fluides, à moins que la force vitale, qui s'efforce d'établir la fuppuration , ne chaffe cette matière &C n'empêche l'effet de la contagion; mais fi elle n'en peut venir à bout, la chair fphacelée infefte du même vice celle qui lui eft contiguë , les vaiffeaux capillaires fuçant , pour ainfi dire, la matière de la pourriture, à moins qu'ils ne foient remplis par les fluides qu'ils reçoivent par l'en- droit oppofé. Le tiffu des chairs étant ainfi engorgé , privé d'aftion & de chaleur remarquable, bientôt la par- tie affeftée devient verdâtre ou li- vide ; il fe forme un cercle autour de la contufion, lequel s'étend in- fenfiblftment loin du centre de la partie, & défigne la gangrène humide caufée par contufion. 2°. L'étranglement peut être auflî une des caufes éloignées de la gan- grène humide; car fi les veines, & particulièrement les artères font ré- trccies par les aponévrofes de les G A N 227 membranes , par des ligatures , par des compreffions, par des blefTures de nerfs, ou par une matière irritante quelconque, la circulation languit auffitôt entre l'obftacle & le coeur, & dans les rameaux des parties voi- fines. Alors, fi ce font les veines qui éprouvent l'étranglement & l'en- flure , avec une phlogofe qui eft paf- fagère , cet état contre nature fe ter- Aine par la gangrène, & produit la grande molleffe qu'on remarque dans le tiffu des parties, après que l'in- flammation s'eft diffipée. Mais fi l'étranglement occupe les artères, quelquefois il ne paroît point de tumeur extérieurement, maij fim- plement une molleffe qui fait des progrès rapides ; d'autres fois il exifte une tumeur inflammatoire; elle eft d'abord accompagnée de tenfion qui dégénère bientôt en œdème & en- fuite en fphacèle, à caufe de l'épan- chement qui fe fait du fang & de la lymphe dans le tiffu cellulaire. Mais fi les ligatures étranglent feu- lement les veines, il en naît une grande tumeur, l'engorgement & la gangrène, & fi elles compriment les artères, elles donnent fouvent lieu à une gangrène fèche ; parce que la com- preffion des veines détermine un grand gonflement , & celle des artères, l'atrophie & la gangrène fèche. Et fi les bleffures faites par des clous, par des chicots, ou par un inftrument tranchant quelconque, intcreffent les nerfs ou les fibres, fans les couper tranfverfalement, & fi elles occafionnent l'irritation des aponévrofes, il furvient prompte- ment une gangrène des parties voi- fines, dont la caufe eft l'étrangle- ment, laquelle n'eft accompagnée Ff 1 isS GA N d aucune enflure remarquable, & dont les progrès font accélérés par l'application des remèdes Spiritueux & aromatiques. On la traite avec plus de fuccès en faifant de profondes încifions,' lefquelles relâchent & ôtent l'étranglement : les huiles ap- pliquées chaudement, ca'ment les douleurs pour la même raifon. Mais s'il arrive que la gangrène ne fe montre que plufieurs jours après la bleffure, alors l'étrangl*- îTient naît d'une caufe phyfique, Ta- "voir, du fluide corrompu qui occupe le fond de la plaie & irrite les mem- branes ; &c cet étrang'ement- occa- fionne une gangrène qui s'étend au loin. 3°. L'infiltration eft une des caufes éloignées de la gangrène humide; car toutes les fois que la lymphe , la férofité, le pus, ou toute autre hu- meur puîrefcible prend la plac*e de la graiffe dans le tifl'u cellulaire, elle produit une tumeur molle, flafque, peu douloiu-eufe. Les fources qui la produifont, font le relâchement qui a précédé l'engorgement, la quantité du fluide qui ell e;igorgé, FobdruClion des vaifleaux f^nguins , & l'étranglement des veines , qui provient de la preffion extérieure qu'elles fouftrent, & du ferrement fp;fmodique que leur caufe l'irri- tation. Tous les animaux qui ont été atta- qués de pîufieurs hémorragies, de diarrhées, ou qui ont été trop fai- •gnés; ceux qui font bffligés de raa- tadies chroniques, accompagnées de fièvre putride, maligne, d'ul- cères, &c. , font fujets à être atta- qués de la gaagrène caufée par Vm- âltrationj car toutes les fois aue îe fang paUe plus difficilement ddns G A N les veines , & eft pouffé par der- rière, il s'arrête dans les extrémités artérielles fanguines, diftend les lymphatiques & la lymphe dont il €Û chargé , entre en plus grande quantité dans le tiflu cellulaire , d'oii il a peine à revenir dans le torrent de la circulation ; parce que la graifl^e qui circule lentement dans le même tifl'u , n efl guère putreicible à caufe de fà vifcolité. Or , les humeurs fé— reufes qui font en flagnation , re- lâchent les folides ; & fi la chaleur &C l'acrimonie furviennent , elles fe cor^ rompent & déterminent la gangrène» 4°. Les inflammations peuvent être encore les caufes éloignées ds la gangrené humide ,. fqit à railon- de l'engorgement ôf de la tenfion qui les accompagnent , foit à raifon de l'étranglement des vaifleaux,. caufé par l'uritaîion des nerfs & des aponévrofes ; les Amples &C grandes- inflamjnations qui lont traitées, par des fuppuratifs acres , produilent le même effet,. Les inflammations malignes pa- roifient éryfipélateufes au. premierr afped, peu enflées, mais froides au" toucher &i comme dujesjfansaucunf éldfl;icité ou tenfion. Les inflammations caufFiques,(telleS) qu'on en obièrve dans l'anthrax , fe guériffent quelquefois heureukment: à la faveur de la fuppuration qui fur- vient, &c procure la chute de Fef- carre lèche & noire ; mais d'autres fois elles corrompent les chairs jus- qu'aux os.. Les inflammations éryfipélateufes. acres, produilent une autre forte de g^angrène ; car l'ardeur ioflamma- toue dépend, ou des principes mé- caniques ;. lavoir , d'une forte at- triiion des artères & dçs humeurs. G A N ou des principes phyfiques ; favoif J de l'âcreté cauftique des humeurs, laquelle occafionne des phlydènes qui accompagnent les éryfipèles & une chaleur dévorante; bientôt la partie afFeftée devient œdémateufe, & la gangrène fe répand au loin. Enfin , l'engorgement confidéra- ble , qui a lieu dans 1 inflamma- tion , produit une gangrène qui , quoiqu'elle foit accompagnée d'une grande tumeur qui devient livide & s'amollit , eft diliinguée de rinflam- mation maligne. La gangrène eft pro- chaine, fi la tumeur diminue, fi la cha'eur s'éteint , fi les chairs s'amol- liffent , s'aôaifTent , & fi la douleur diiparoît. 5°. La brûlure produit auffila gan- grène; car une partie qui eft protbn- dément brûlée , eft bientôt atteinte du fphacèle ou de la gangrène fèche ; les chairs voifines , à caufe de l'in- flux du /ang & de l'inflammation îiccompagnée de tenfion , qui fur- viennent , font attaquées de la gan- grène humide, 6°. Tous les herbivores, les chiens de chaffe , les chats, Ôcc. , font ex- pofés aux morfures des animaux ve- nimeux ; la gangrène qui en réfulte fe manif fte par le grand abattement , les fyncopes , les iueurs froides , les l'omiffemens dans les animaux non Tuminans , &i les coliques violentes qui accomiagnent quelquefois la morfure de la vipère. Dans la partie ble{rée,il y aune douleur forte, vive : avec la douleur , la tenfion Si l'in- iljmmation qui dégénèrent en une molleflè œ.iémateule ; le poil fe hé- rifle , s'écaite & tombe par place ; il s'élève de grandes taches d'un ro'.ige-noiiûtre , qui annoncent la mortification prochaine. G A N 229 Les défordres qui troublent toute l'économie animale dépendent de l'impreffion funefte du genre ner- veux. Cette pernicieufe fi:'/'-; -_-e attdque direftement le principe de la vie : aufli n'a-t-on pas cru qu'il y ait d'autre indication à remplir dans la cure de ces plaies , rjue de combattre la malignité du venin par des remèdes pris intérieurement. Si les accidens font l'effet de l'é- tranglement , les incifions aufll pro- fondes que les piqûres faites par les dents de l'animal changeroient la nature de la plaie , & pourroient empêcher l'adion du virus. Le cai.- tère aûuel ou potentiel concourroit peut-être à produire un chan- gement qui affoibliroit ou détruis roit la faculté délétère de ce même virus, 7° Il arrive fouvent que la pour- riture eft une des caufes éloignées de la gangrène humide : mais avant que de parler des différentes eipèces de pourriture qui caufent la gan» grène , nous obferverons ; 1°. Que les folides & les fluides qui forment les individus qui com- pofent les diverfes efpèces d'ani- maux , font fufceptibles de putré- faûion , qu'ils y tendent continuel- lement, & qu'ils ne pourroient exif- ler fans les efforts que fait la nature pour la prévenir , la retarder ou la détruire ; 2°. Que la difette des fourrages & leuxb mauvaifes qualités pro- mufent fréquemment des maladies putrides 6i des gangrènes ; parce que le défaut du chyle , la mauvaiJe qua- lité ou fa putridité doivent néceffai- rement ciufer ou hâter celle éa iang ; 3'^. Qu'une trop grande quantltst Î30 G A N de bile peut, en accélérant le mou- vement jnteftin d'animalifarion , trop dipofer le chyle à la putrétaftion ; 4". Que le mouvement trop ralenti des fluides fait languir les excré- tions : ce que les fluides conti- n- nent de putride , n'étant pas éva- cué , corrompt ce qui eft fain , & hâte la putréfaftion de ce qui dégénère. Le mouvement progreffif re b'oppofe plus , ou que foible- ment, au développement de l'air Axe , Se les humeurs abandonnées prefqu'à elles-mêmes, dans un lieu chaud & humide, fubiffent le mou- vement inteflin dont elles font fuf- ceptibles, celui de putréfaftion, C'efl: ainfl que le défaut d'exercice produit des maladies putrides , que les vio- lentes inflammations, les contufions, les extravafations des fluides caufent la gangrène ; 5°. Que le mouvement trop ac- céléré des fluides tend à la défunion des parties qui les compofent, à la difllpation de leur air fixe , & à une chaleur trop vive qui en hâtent la putréfaftion. De là un exercice trop violent peut de même produire des maladies putrides , & les maladies inflammatoires dégénèrent prefque toujours en putrides & en gan- grène; 6°. Qu'un air humide diminue la tranfpiration infenfible , & ablorbe difficilement la matière de cette ex- crétion. Les vapeurs aqueufes de l'atmofphère pénètrent, remplifl^ent les pores de la peau , affoibliflTent le reflbrt & l'aftion des folides qui pouffent au-dehors cette matière , la partie la plus volatile , & peut- être la plus proche de la putréfac- tion. Dès-lors il n'eft: pas étonnant qu'elle corrompe le fang , û elle y G A N efl: retenue : d'ailleurs l'humidité de l'atmofphère , qui ne permet pas aux parties aqueufes de s'exhaler, laiffe le paiTage libre à la partie aérienne des humeurs , & caufe la putridité, & la putridité la gangrène ; 7". Qu'un air chaud augmente la tranipiration â(6 la perte de l'air fixé par cette excrétion, & produit le mouvement inteftin. putréfaftif, & la mortification; 8°. Qu'un air chaud & humide, foufflant en même temps, occa- fionne &c accélère la putréfaôion ; & s'il dure trop long -temps, i! en réfulte des maladies putrides & épizootiques; 9°. Qu'un air chargé d'exhalaifons putrides ne fait fentir que trop fou- vent les pernicieux effets des miafmes qu'il contient dans les lieux bas , humides, marécageux, oii les végé- taux fe putréfient, dans tous les en- droits où l'air n'eft point renouvelé , dans les écuries, les étables & les bergeries qui font trop remplies d'animaux , & dans celles qui font mal-propres. Les molécules putrides, répan- dues dans leur atmofphère, aiFoi- bliffent l'élafticité & l'éleftricité de l'air: abforbées par les pores de la peau & des poumons, les animaux les avalent avec leur falive & leurs alimens; elles pénètrent par ces dif- férentes voies, & fe mêlent avec le fluide qu'elles corrompent, en y agiffant comme ferment, & leur communiquant le miOuvement in- teflin dont elles font agitées. 10°. Les animaux les plus fujets à contraéler les maladies putrides, font les tempéramens bilieux & les plétoriques, ceux qu'on livre à des travaux exceflifs, ou qu'on aban- G A N G A N 231 donne à un repos immodéré; ceux lente paroît ne fe terminer ni par qui mangent trop, ou ceux qui la réfolution, ni par la fuppuration; foufFrent la faim ; ceux à qui on lorfque le pus d'un ulcère dégénère , donne des fourrages d'une mauvaife que les chairs deviennent molles, qualité, ou à qui l'on en diflribue & que la fuppuration diminue ou qui font corrompus ; ceux qui ha- cil plus abondante; lorfque le fang bitent des lieux bas , des pays chauds, de l'animal qui en eu atteint, ell des endroits humides, marécageux, acre, putride ;-lorfqu'il a foufFert la & ceux , enfin , qui refpirent un air. faim , qu'il eft mal-propre , qu'on putride. l'a nourri de végétaux corrompus » II*. Nous obferverons enfin que qu'on l'a livré à des travaux ex- toutes ces caufes de la putridité peu- ceffits ; lorfqu'il refpire un air pu- vent, dans le cheval ou dans le bœuf tride; lorfque !a douleur, la chaleur, .,qui a des difpofitions à la contrafter , la tenfion , qui accompagnent l'in- agir féparément ou plufieurs en- flammation, diminuent; que le poil femble ; elles peuvent produire la fe hériffe & tombe ; que la couleur pourriture dans toute leur machine, de la peau change; qu'il s'élève fur ou dans une partie feulement. Cette la furface de la partie enflammée pourriture fe bornera aux fluides, de petites ampoules pleines d'une où elle s'étendra jufqu'aux folides : férofité rouffâtre ; lorfque la fup- les effets qui en naîtront fe mani- puration d'un ulcère devient fétide . fefleront dans une partie externe, que le pus ell diffous, que la furface ou dans les premières voies , ou dans des chairs prend une couleur noi- la niaffe du fang. Pour indiquer râtre, & que les bords s'enflamment, l'ufage des remèdes dans ces difî'é- fe gangrènent ; que le froid , la mol- rences circonflances , on examinera leffe &c l'infenfibliité de la partie aug- d'abord quel eft celui qu'on doit en mente; & enfin lorfqu'elle exhale une faire : odeur cadavéreufe , &c que fa mortir 1°. Dans les maladies produites fication efl complète, par la putréfaûion qui affefte une La pourriture efi: aufîi une des partie externe, & la gangrène ; caufes éloignées de la gangrène, z°. Dans celles qui for.t occafion- lorfqu'elle attaque une partie de nées par la putridité qui a fon fiége l'animal vivant , foit parce que des dans les premières voies, & qui y fucs viciés y abordent, foit parce produifent la gangrène ; qu'ils s'y corrompent , foit parce 3°. Dans celles où la maffe du que l'un & l'autre y concourent, fang eft elle-même dans un état pu- Dcjns le premier cas , la caufe fera tride, & qui caufent la gangrène. générale; dans le fécond, elle fera I. Avant que d'indiquer l'ufage particulière ou locale ; & dans le des remèdes dans les maladies pro- Iroifième , elle fera mixte, duites par la putréfaftion qui afftéle Dans la caufe générale , toutes les une partie externe & la gangrène , humeurs font putrides ou infeftées il faut obferver qu'elle ne parvient par une matière acre , particulière , à l'état de gangrène , que lorfqu'une qui les corrompt, 11 n"efl pas éton- inflammation ou une contuûon vio- nant que dans ks maladies qui eo 1^1 G A N font la flûte , comme les fièvres pu- trides , malignes & peftilentielles , les fièvres purulentes , occafionnées par la réforption du pus, des fup- purations internes , des ulcères ex- ternes , que dans toutes ces maladies on voye quelquefois fubitemcnt pa- roître des pourritures , des garigrènes, ou des dépôts qui en font bientôt fuivis. Les fluides corrompus & putrides , en abordant dans une partie, y pro- duifent plutôt la gangrène que dans une autre. Si elle eft plus éloignée du centre de la circulation , fi elle eft comprimée, engorgée, ulcérée; enfin , fi la circulation y eft gênée , les gangrènes fèches fe manifeftent, & les tumeurs deviennent quelque- fols tout à coup gangrcneufes. Dans la caufe particulière, la maffe totale des fluides n'eft pas corrom- pue, & la putriditc de la partie'dé- pend uniquement de ce que les li- queurs y circulent difficilement , ou y croupiflent. Enfin le vice peut être général & local en même temps; &C cette caufe , que j'ai appelée mixte, peut, à bien plus forte raifon , pro- duire la putridité , & la putridité , les gangrènes dont j'ai tait mention. Toutes ces caufes ne font cepen- dant que difpofer à la putridité : la- caufe immédiate du mouvement in- teftin de putréfaftion, dans une partie d'un animal vivant, eft toujours la perte de l'air fixe , favorifée par l'aûion de l'air extérieur. Tant que la circulation fubfifte dans l'ordre natur«i , que les folides ont leur reflbrt , leur aftion , les fluides leurs qualités convenables , & que la peau n'eft point altérée, la nature les défend des inipreflîons de l'air extérieur , & s'oppofe au trop grand G A N développement, & conféquemment à la perte de l'air fixe eue pourroient faire les fubftances animales. Mais fi des fluides Icjournent long- temps hors des voies d? la circula- tion, & qu'ils ne puifl'en. pas y ren- trer , comme dans les ccntufions confidérables , dans quelques œdè- mes, dans les abcès qu'on tarde trop à ouvrir, il s'exc'te à la longue un mouvement intcftin de putréfaûion , la peau s'altère, l'air fixe ie difiîpe; & fi le tiflîi de la peau vient alors à être totalement détruit , fi les ma- . tières qui ont féjourné long-temps fe font jour d'elles-mêmes , ou que l'art en procure l'expulfion, la pour- riture fe manifefte bien plus vite , & fait des progrès rapides ; l'air ex- térieur exerce tout fon pouvoir & l'air fixe fe difiîpe en très-grande quantité. La même chofe arrive , fi les fo- lides font trop & trop long-temps diftendus à caufe des obftacles qui s'oppofent à la liberté de la circu- lation , Se des eff'orts que fait la nature pour les enlever. C'eft ce qui s'obferve dans les inflammations vio- lentes , qui font occafionnées par quelques irritations, par quelqu'obf- truclion , ' par quelque compreflîon confiante , par ime frafture ou une luxation, &c. Alors ces folides per- dent leur relTort ; leur adhérence mutuelle eft diminuée, !e féjour, la chaleur de l'inflammation excitent dans les fluides un mouvement in- teftin qui , contenu da-^s de juftes bornes, auroit produit la fuppura- tion , mais qui, pouflé trop loin, caufe la putréfaclion. La perte du reflort des folides oc-^ cafionne encore la putridité , lorf- qu'une férofité trop acre, trop abon- dante G A N dante pénètre leur tiffii , & dimimie le point du contafl: des fibrilles & de leurs élémens , lorfque des Aies nourriciers ne réparent point leurs pertes , ou que la foibleffc de la cir- culation tavorife leur inertie. Dans tous ces cas , les liqueurs Séjournent & fe corrompent. C'eit ainfi que la pourriture &C la gan- grène fe manifeftent quelquefois dans i'hydropifie , dans les œdèmes des vieux animaux , & chez ceux qui font épuifés par des travaux trop longs & trop pénibles, ou qu'on a alimentés avec des fourrages cor- rompus. L'application des huileux fur la peau, fur-tout s'il y a inflammation; celles des acres emplaftiques qui fup- priment la tranfpiration , celles des aftringens & des répercuffifs violens fur une partie enflammée produifent encore la putridité, en augmentant la chaleur de l'inflammation. Si une partie d'un animal quel- conque a été expofée à un froid ex- ceflif, la putridité ne tarde pas à fe manifefter, fur-tout fi on la préfente brufquement à un feu vif. Le froid avoit coagulé les humeurs , ralenti & même arrêté la circulation; l'air fixe s'étoit développé, les folides ëtoîent dilTendus, la chaleur y a excité un mouvement inteftin qui a décidé la putridité. Le feul moyen de parer à un fcmblable accident eft de frotter la partie gelée avec de la glace ou de la neige, & de ne la faire paiïer qu'infenfiblement à un air plus doux. Par cette précaution, l'air fixe eft de nouveau abforbé par îes humeurs; les principes ne font point défunis, & les vaiff^aux re- prennent leur adion. xnfiui, û la peau a été divifée, Tomt F. G A N î^3 enlevée, détruite, comme dans une plaie , une une brûlure , un ulcère ; les vaifi'eaux délicats altérés, les liqueurs extravafées étaaî à découvert, l'air extérieur agira fur ces fubftances , l'air fixe s'en dégagera , & fa diiïl- pation produira dans cette partie la pourriture, & celle-ci la gangrène^ iur-tout fi cet air extérieur eft pu- tride : alors , en sfet, fcn peu d'élaf- îlcité s'oppoiera ^fp'ius au dévelop- pement 6c à la difupaticn de l'air fixe; les molécules putrides dont il eft chargé, infecteront, corrompront les liqueurs Sc les gangrèneront. Comme il eft impoffib'e de rap- peler à la vie une partie qui eft gan- grenée, pour l'en préferver, il étoit elTentiel de connoître les difFérens fymptômes de la putridité qui la produit. Leur variété doit néceft'ai- rement faire varier les indications &z les remèdes qu'on doit employer à cet effet. Si la partie eft enflammée, on fe fervira des aqueux , des émoi- liens, &c. ; fi le fang ou quelques autres liqueurs fe trouvent extrava- fées , & qu'elles ne puiffi^nt pas rejs- trer dans les voies de la circulation, on en procurera riffue le pUuot qu'il fera poiTib'e. Si la férofité s'eft éj^anchée dans le tifl"a cellulaire, fi le reiTort des folides eft afFoiblj, fi la circulation languit, on emploiera les ftimulans, les toniques; oa fera ufage des répercuftîfs, fi la partie eft contufe; on recourra aux vul- néraires, aux balfamiques, aux di- geftifs, fi elle eft bleflTée ou ulcérée. ■Dans tous ces cas il eft quelque- fois utile 6c néceflTaire d'employer les Alignées, les purgatifs, les dia- phorétiques, les diurétiques, les cordiaux , & même les antifeptiques fébrifuges'. Il n'eft pas moins nccefr . 134 G A N faire de donner aux animavix ma- lades de bons fourrages que l'on ti- rera principalement des antifepti- ques diététiques, de les tenir très- proprement. Il eft auflî très-effentiel de mettre en nfage tous les moyens poflibles de purifier l'air, foit en diminuant, foit en chafTant, foit en corrigeant les exhalaifons putrides qui, en donnant naiffance à la pour- riture, deviennei^ les caufes mé- diates de la gangrène. Pour diminuer la quantité des exhalaifons, il faut mettre peu d'animaux dans les écuries, dans les étables, dans les bergeries, &c. , en éloigner avec le plus grand foin tout ce qui peut infeder, & veiller à la plus grande propreté. C'eft en re- nouvelant l'air qu'on chafTera les exhalaiibns pernicieufes. Pour y réuffir, on s'attachera à procurer une iffue à l'air intérieur , & à don- ner entrée à l'extérieur. On ouvrira les portes & les fenêtres; on cor- rigera les exhalaifons putrides, en faifant, plufieurs fois par jour, bouillir du vinaigre, brûler des aro- Tiiàtes , & fur-tout enflammer du nitre fur des charbons ardens. Si ces premiers fecours font infuf- fîfans, & que l'air fixe ait com- mencé àfediffiper, & qu'il ait déjà excité un mouvement inteflin de pu- tréfaftion dans les fluides, ceux-ci étant corrompus ont déjà afFoibli le tiffu, le reflort des folides, & al- téré leur cohéfion. Pour y remédier, il faut rendre l'air fixe, &, pour produire cet eôét, recourir aux an- tifepîiques externes proprement dits. Ces remèdes font tous tirés des fubf- tances réfineufes ou gommo-réfi- ncufes , qui contiennent beaucoup d'air fixe , fermentent très-Iong- G A N temps, lorfqu'elFes font mêlées avec des fubftances animales putrides , &C par cette raifon , conviennent dans tous les cas où l'on obferve un état putride dans une partie externe , quelle qu'en foit la caufe. Aufli l'ob- fervation journalière apprend-t-elle que dans ces circonftances on fe fert avec fuccès des décodions ou infu- fions d'arifl;oloche , d'iris de Flo- rence , de zédoaire , d'ailliaire , de fcordium, d'abrotanum , d'abfynthe, de menthe , de camomille , &c. , avec lefquelles on fomente la partie ma- lade ; que l'elprit de vin camphré , les teintures de myrrhe , d'aloès , &c. mêlées avec les infufions ôi. les dé- codions appropriées , font encore très-efficaces, employées en fomen- tations ; mais que rien n'égale la vertu antifeptlque de la décoftion de q.uinquina. De fimples fomentations- feroient cependant infuflilantes dans les ulcères putrides r il faut les cou- vrir de plumaceaux chargés d'on- guent de flirax , & trempés dans quelques-unes des liqueurs ou des décodions défignées ci - deflus , &l fur-tout dans la décodion de quin- quina. Mais fi l'état de putridité vient d'une caufe interne, il efl à propos d'employer en même temps les anti- feptiques internes , proprement dits : ils font même quelquefois très-utiles dans les putridités externes, de même que les purgatifs , fur-tout fi les ani- maux malades refpirent un mauvais air , & principalement s'ils y man- gent , parce qu'ils avalent tme grande quantité de miafmes putrides qui cor- rompent les fucs èi les matières con- tenues dans les premières voies , & difpofent à la gangrène. Les remèdes antifeptiques ne font pas toujours affez puiflans pour lé- îU '«»■ G A N tablir dans un état fain une partie abfoiument putride : ils corrigent la putridité, ils en arrêtent les progrès, & rendent peu à peu aux vaiffeaux leur force & leur mouvement ofcll- latoire, aux humeurs, leur conûf- tance; ils font naître autour de la partie putride une inflammation fiilvie d'une fuppuration , à l'aide de laquelle tout ce qui ne peut pas être rétabli dans un état fain efl fépar^ &c détruit. C'efl: ce qu'on obferve journellement dans les états gangreneux. Mais l'ufage des antifeptiques n'eiè pas indifférent, fur-tout fi on les emploie avant que les fluides foient devenus putrides , &C que les folidcs aient perdu leur reffort ; car fi l'on s'en fervoit plutôt, on cauferoit ce que l'on voudroit pré- venir ; on produiroit une plus grande roideur dans les fibres déjà trop ten- dues, un épaifTiffement & une glu- tinofité plus confidérables dans les humeurs; on augmenteroit l'inflam- mation ; on la rendroit irréfoUible , Se même incapable de fe terminer par fuppuration ; on y attireroit peut- être la pourriture & la gangrène. On ne doit donc s'en fervir que lorfque îa chaleur, la moUelTe des chairs , la diffolution , la mauvaife qualité & la fétidité du pus indiqu'?nt un état putride dans les liqueurs , & un dé- faut d'aûion dans les fibres. Enfin , fi l'on ne peut ni prévenir, ni retarder , ni détruire les progrès de la pourriture , les folides perdent entièrement leur force, leur cohé- fion , leur mouvement ; les fluides tombent dans une diffolution totale ; ils relient ou defféchés , ou extra- vaféS, ou corrompus; l'organifation des uns &c des autres efl abfoiument G A N 23J détruite , il n'efl plus pofTible de les rappeler à la vie. L'unique moyen qui refle à la nature, efl d'empê- cher que l'altération & la putridité ne fe communiquent aux parties faines, & d'exciter une inflammation autour de la partie gangrenée , pouf féparer ôc faire tomber ce qui efl mort par le moyen de la fuppura- tion. L'art pour féconder les vues de la nature , & décider une in- flammation falutaire, doit mettre-en ufage des médicamens fort irritans, comme le fel ammoniac, l'eau pha-= gédénique, les cendres gravelées , l'onguent égyptiac, la pierre à cau- tère & les autres efcarotiques. On joint à l'ufage de ces remèdes celui de quelques liqueurs convenables.; par exemple, des décodions d'arif- toloche , de fcordium , d'abfinthe , de fauge, de rhue , de quinquina , des baumes naturels, des teintures de myrrhe , d'aloès, de l'eau-de-vie camphrée, du vinaigre aromatifé , &c, dont on fomente la partie. On peut même approcher avec fuccès le cau- tère aduel de la partie malade, en la touchant légèrement : mais fi la gangrène pénètre profondément, on fait des fcarifîcations jufqu'au vif: elles ont deux avantages ; elles pro- curent une iflue aux fluides putrides , & elles donnent lieu aux médica- mens de pénétrer & de fe faire fentir. On emploie les mêmes moyens dans l'ulcère gangreneux, lorfque la pour- riture s'étend toujours, foit en pro- fondeur, foit en furface , & que les bords enflammés fe gangrènent : il convient encore en même temps de donner les antifeptiques internes , comme les décotlions de chicorée fauvage , de galanga , de gentiane , de canoomille, de quinquina; d'ab- Gg X 23<5 G A N finthe , de petite centaurée , Sicl IL Les matières putrides qui font contenues dans les premières Toies du cheval , du bœuf ou de la bre- bis , &c. , y cauient fouvent la gan- grène. Elles fe manifeflent par une diminution de l'appétit, par un léger dégoût , par des envies fréquentes de boire , par une bouche pâteufe , par l'odeur un peu aigre & pourrie des vapeurs qui fortent des eilomacs par la bouche. Le dégoût devient plus confidérab'e , l'animal perd tota- lement l'appétit , les envies de boire font plus preflantes, les vapeurs qui ibrtent des premières voies , plus putrides , les coliques & les diar- rhées fe manit'ellcnt ; l'animal fe plaint , s'agite , le ventre fe foulève , ie météorife, s'enflamme, les excré- niens font très-fétides. Enfin , l'ani- mal eft accablé , affaiffé ; il ne défire plus rien ; la face interne des lèvres eft jaunâtre , quelquefois d'un brun îivide , noire. Le ventre refte fou- levé, tendu Se froid, les évacuations qui fe font par l'anus , fans qu'il pa- roiffe y contribuer , exhalent une odeur cadavcreufe. Ces derniers fignes annoncent que les premières voies font frappées de gangrène. Pour rendre raiion de ces phé- nomènes , il efî à propos d'examiner ce qui fe paffe lors de la digeftion. Cette fonûion ne p§/ut s'opérer que par un mouvement mteftin qui s'ex- cite entre les parties infenfib!es des ôllmens mêlés avec les fucs digeftifs ; duquel mouvement il réfulte une liqueur douce, homogène , blanche , que l'on appelle ckyle. La chaleur du lieu , les refies du dernier repas , les liqueurs digeflives , le mouve- ment pérlfialtique ,' celui du dia- phragme & des mufcles de la cavité G A N de l'abdomen , & les batteinens de- gros vaifl'eaux voifins favorifent le mouvement inteftin; mais il doit être contenu dans de jultcs bornes : car s'il eft continué trop long-temps , il paiTera à une fermentation acide , & de là, fi rien ne} s'y oppofe , à une fermentation putride. Les caufes capables de produire ces effets, font , 1°. le trop long féjour que font les matières alimentaires dans les pre- mières voies , comme dans les anir maux qui mangent trop , dans ceux dont on trouble les digeflions par des travaux trop longs &C trop pé- nibles , dans ceux qu'on n'exerce pas kiffifamment, &c. ; 2°. la mau- vaife qualité des alimens qui ccn^ tiennent peu d'air fixe , & qui par conféquent n'en fournifl'ent pas affez pour arrêter les progrès de la fei:- mentaiion, du nombre defquels font les foins , les pailles , les regains , les avoines, gâtés, &c. ; 3°. la dé- pravation putride des fucs digeftifs, qui deviennent alors un puiflant fer- ment putréfaûif ; dépravation qui peut être occafionnée par un air ptUride, qui, en fe m.êlant avec la îahve dans la bouche , la corrompt, & étant avalé avec elle , corrompt enfuite les fucs gaftriques. Cette dé- pravation peut provenir auffi du défaut d'alimens, ou de leurs mau- vailes qualités , ou de la corruption de la maffe du far.g , d'où il ne peut fe féparer que des humeurs cor- rompues. On conclut donc de ce qui vient d'être dit. que toutes les caufes qui font capables de produire une fermentation putride dans les premières voies du chrval ou du bœuf, &c. , peuvent auflî les gan- grener. . Pour prévenir une terminaifoo ' G A N auiTi fiinefte à la vie des animaux, que redoutable à ceux qui exercent la médecine vétérinaire ; i*^. On empêchera que la quantité de matières putrides n'augmente dans les premières voies. 2". On évacuera ces matières. 3°. On réparera le mal qu'elles auront caufé , & on rétablira les parties 6c les fondions dans l'état fain. On fatisfora à la première indi- cation par la diète; îans cette pré- caution, quel défordre ne produi- roit-on pas, puifque l'eflomac du cheval, ou ceux du bœuf ou ceux des autres animaux ruminans font remplis de matières putrefcentes, que les alimens augmenteroient né- cefiaircment. On pourra donc leur donner de temps en temps quel- ques poignées d'herbes fraîches qui contiennent beaucoup plus d'air fixe que les fèches, Sc on leur aflbciera quelques plantes aromatiques; on les foumettra à un exercice con-- venable, on les abreuvera d'eau froide; on donnera aux animaux qui auront des renvois, les remèdes ab- forbans unis aux aromatiques, les acides, les amers, fuivant que ces renvois feront aigres, nidoreux ou infipides. On fera vomir les chiens, & l'on plirgera les animaux qui ne vomiffent pas avec le fcné, l'aloès, la rhubarbe, la caffe, la manne, les tamarins, la crème détartre, &c. Mais û les matières putrefcentes ne fe bornent pas à l'eftdmac dn cheval ou à ceux du bœuf qui en eft atteint, & qu'elles occupent en même temps tout le canal inteftinal, la nature pour les évacuer excite des renvois, des diarrhées, des bor- borigmes; dians ce cas l'eftomac eft G A N 2J7 hors d'état de digérer des alimens lolides: on ne doit donc en prefcrire que fous forme fluide, tels que les décoctions d'orge, d'avoine, l'eau miellée à laquelle on peut ajouter un peu de vinaigre. On doit auiîi recouvrir aux purgatifs; mais il n'en faut employer que de doux, afin de ne pas produire d'irritation ; j)our cela on donne la préférence à ceux qu'on tire du règne végétal, fur-tout à ceux qui font les plus antifep;iques, foit par leur qualité gommo-réfmeufe , comme la rhubarbe, les follicules, les feuilles de féné, &c., fciî par la qualité fermente/cible de leur corps muqueux ou fucré : tels font la calTe , la manne, les tamarins, &c. Ceux- ci affocics avec les précédens, di- minuent & empêchent l*irritation qu'ils pourroiént occafionner. On joint avec fuccès à ces médicamens des feïs neutres, & fur-tout le nitre & la crème de tartre , lorfqu'il y a beaucoup de chaleur. Il eft aifé de voir que les purgatifs bien adminiflrés peuvent non-feulement évacuer les matières putrides, mais encore les corriger. Apres que les matières putrides ont été fuffifam.ment évacuées, on connoît que les fondions digeflives. ne fe rétabliflent point, lorfque le dégoût, les renvois , les flatuofités , les coliques & les diarrhées féreufes fubfuient. C'efi; dans ces circonf- tances que les antifeptiques fébri- fuges font des prodiges, ils donnent aux folides leur ton, & aux fucs digeftifs leur quahté naturelle. Ceux cju'on emploie le plus fréquemment, font la menthe, la petite centaurée, la camomille, l'abfinthe, les coins, les écorces de citrons vC d'oranges, l'aunée, l'angélique, les baies de 138 € A N genièvre , la myrrhe , le cachou , la cafcarille, le quinquina, &cc. Il eft bon de les affocier avec quelques purgatifs, comme la rhubarbe, l'a- loès , &c. ; par le moyen de ces mé- dicamens, tout ce qui refte de pu- tride dans les premières voies, ou ce qui peut y être nouvellement dé- pofé , ainfi que le réfldu des premières digeftions qui font toujours mau- vaifes, font expulfés & on prévient les rechutes. Mais pour que les antifeptiques puiffent occafionner quelques éva- cuations, il faut que le fyftème des folides foit relâché ; que les matières à évacuer aient acquis une fluidité convenable. Or, ce relâchement, cette fluidité n'exifîent que fur la fin de la maladie. Ces médicamens étant aftringens, ils ne peuvent que donner du ton à des folides déjà îrop dlflendus , & reflerrer les ori- fices des vaifTeaux excrétoires. De plus , en ne donnant point d'eau aux animaux malades , ils ne peuvent point délayer les matières & les difpofer à être évacuées. Les antifeptiques placés dans le commencement de la maladie , ne pourroient donc que fup- primer les évacuations que la nature produit , loin de les favorifer ; ils ne pourroient qu'occafionner des obf- truftions, des inflammations dans les wifcères contenus dans la cavité de î'iibdomen , & là gangrène. Mais fi tous ces fecours font infuf^ £fans ; que les effets de la putridité fe manlfeflent avec plus de force & de malignité ; que l'acrimonie irrite les folides ; que le mouvement intefîin de putrcfaâion les attaque ; que les .orifices des vaiffeaux excrétoires £e refTerrent & fe deiTèchent ; que les liqueurs foient très-corrorcpuesj G A N qu'il ne fe faffe point d'évacuation; ou que s'il s'en fait par les différent organes excréteurs, &c que ce ne foient que des matières crues , des fé- rofités jaunâtres ou noirâtres , alors l'air fixe qui fe dégage des matières putrides , reprend ion élafticité , diflend le canal intefîiual qui a beaucoup perdu de fon reffort & de fon adion , le ventre fe foulève. La nature troublée du danger qui la menace, dirige toutes (es forces vers les vifcères de l'abdomen , elle y pro- duit ou augmente les embarras , les engorgemens des vaiffeaux; de là naiffent les difpofitions inflsmma- toires ; û l'inflammation efl pouffée trop loin, elle augmente la putré- faftion, & elle peut fe terminer par la gangrène. Mais il efl poflîble de prévenir quelquefois ces malheurs, en s'ap- pliquant à corriger la putridité, en faifant avaler aux animaux qui en font attaqués , les décodions tièdes de riz, d'orge, d'avoine, adoucies avec le miel, la bière, le cidre ré- cent , en leur donnant , fréquemment & à petite dofe , le jus de citron avec le fel d'abfinthe , &C pour calmer l'acrimonie des matières putrides, on aura recours aux femences froides, aux dofes répétées d'huile de lin, aux décodions de mauve nitrées , aux vapeurs des décodions des plantes émollientes, placées fous le ventre de l'animal , aux iavemens plus ou moins répétés , faits avec les mêmes décodions auxquelles on ajoute du nitre , du vinaigre , &c. C'efî à l'aide de ces médicamens in- ternes 8c externes que le médecin vétérinaire pourra faciliter la coc- tion & la ftparation de ce qui a été altéré par la putréfadion, mais G A N 'en ranimant en même temps , ou foutenant les forces vitales , s'il eft néceffaire, par les cordiaux aroma- tiques. Lorfque la nature indiquera que !a matière eft cuite & prête à être évacuée ; lorfque la langue s'hu- meftera , que le ventre s'affaiflera , qu'il fe fera des déjeftions de ma- tières un peu plus liées , c'eft alors que les purgatifs conviendront , & qu'en fécondant les efforts de la na- ture, ils accéléreront la cure de la maladie; mais fi on les employoit avant le temps marqué par les fignes qui viennent d'être décrits, loin d'obtenir ce que l'on défireroit, on irriteroit, on accéléreroit ou l'on augmenteroit l'inflammation. Il eft cependant quelques purgatifs que l'on peut met;re en uiage dans tous les temps de la maladie , qui loin d'irriter font adouclffans, & qui peuvent même , en quelque manière, être regardés comme antifeptiques: tels font l'huile de lin, la manne, la caffe, les tamarins, le nitre, la crème de tartre, &c. Ces purgatifs conviennent fur- tout lorfqu'on a perdu les premiers jours de la ma- ladie fans procurer des évacuations. Telles font les attentions que l'on doit avoir pour remplir la féconde indication, qui confifte à évacuer les matières putrides. On remplira la troifième indica- tion, en réparant le mal que les matières putrides auront caufé, en redonnant aux folides leur ton , aux fluides leurs qualités j on y parviendra en adminiftrant le quinquina, la pe- tite centaurée, l'abfinthe , la ger- mandrée, la gentiane, la chicorée fauvage, la myrrhe, le camphre, la gomme-ammoniac, après avoir fuffi- G A N 3t)^ famment évacué les matières putrides. Si enfin la putréfaûion a telle- ment altéré les folides, que leur ref- fort foit perdu, s'ils font devenus des inftrumens inutiles, dont la nature ne puifTe prefque plus fe fervir; fî la machine tend à fa deftruftion; fi l'odeur des évacuations & de l'ha- leine des animaux malades annon- cent que la putréfaâion eft portée au plus haut point ; dans cette fa- cheufe extrémité, l'art a bien peu de reffources, parce que la nature lui en fournit peu. Réveiller & Sou- tenir les forces par les ftimulans, les véficatoires , les cordiaux les plus puifTans, fur-tout par les alexiphar- maques &C les aromatiques ; adminif- trer les boifFons froides , leur réunir les acides les plus puifTans, fur-tout l'acide vitriolique, qui par fa qua- lité aftringenté efi propre à fuf- pendre le progrès & les effets de la putridité; donner le quinquina à grandes dofes &c répétées plulieurs fois par jour, tels font les fecours que l'on peut tenter dans une ex- trémité aulTi preffante; s'ils ne font fuivis d'aucuns fuccès, la putridité contenue dans les premières voies, les g. ngrenne, &c donne la mort au fujet qui en eft atteint. III. Les animaux ne font que trop fouvent les viftimes de ces maladies où la maffe du fang eft elle-même dans un état de putridité qui donne lieu à la gangrène. On ne peut douter de la vérité de cette propofition; car fi l'on tire du fang des animaux qui font atta- qués de quelques fièvres putrides, malignes, on reconnoît qu'il eft non- feulement d'une odeur fétide, mais putride & diffous; il eif même quel- quefois fi puant, fur-tout dans ks ,240 G A fl fièvres malignes, qu'à peine en peut- on fupporter les exhalaifons. La cor- ruption de toutes les fécrétions & de toutes les excrétions que l'on re- marque dans la plupart des maladies épizootiques & enzootiques, par l'o- deur fétide du fang nouvellement ti- ré, par la couleur tannée de fa féro- fué,ô< par ladiffoUition du coagulum, prouve qu'il eft réellement putri- de; fon état de pouifiîure peut pro- venir de !a putréfaâion des matières contenues dans les premières voies, de la fuppreffion de la îranfpirarion & de la contagion résnante. Les ma- tières putrides qui des les premières voies partent dans le fang, & celles que là fuppreffion de la tranlpira- tion oblige à y refouler, corrom- pent néceffairement la miaffe du fang. La coRtàgion la difTout & la cor- rompt irès-promptement, elle affoi- blit la torce des folides, elle afîedte même jufqu'aux nerfs. S'il arrive que ces différentes cau- fes qui corrompent la maffe du fang, excitent une inflammation firtiple, tnais violente, produite par un en- gorgement conlîdérable, ou par une matière trop acre pour que la nature en puiffe faire la coâion , la cor- ruption devient bientôt la çaufe éloignée de ia gangrène par laquelle elle fe termine. En effet, les animaux qui depuis long-temps respirent dans les écu- ries, dans les érables, dans les ber- geries au on les loge, un air hu- mide, putride, ceux qui font voifins des marais, des étangs, de la mer, ceux qu'on n'exerce pas fuffifam- ment , ceux qu'on nourrit avec des végétaux corrompus, ou d'une mauvaife qualité, deviennent pefans, bareffeux, leur haleine £i\ puante. G A N leur poil fe hérrffe, leuts jambes fe meuvent difficilement , leur refpi- ration eft iabourieufe; au moindre mouvement leur pouls eft lent, inégal; ils éprouvent des coliques, des hémorragies dont le fang eft diffous & noirâtre ; tous ces iym- ptômes deviennent plus graves à mefure que l'âcreté de la matière putride contenue dans la maffe du fang fait des progrès;- le fang que les hémorragies donnent, n'elï plus qu'une férofité rougeâtre ou noi- râtre, la refpiration eft très- gênée, les animaux malades font atrophiés , leurs urines &C leurs déjecllons par l'anus font très-fétides & noires ; leur pouls eft très -petit, foible, inégale, intermittent; leurs corps ex- halent une odeur cadavéreufe ; !a ma- ladie fe termine par la gangrène & par la mart des fujets qu'elle a atta- qués. Après la mort, les cadavres fs corrompent promptement. Leurs ou- vertures montrent dans différentes ca- vités, fur- tout dans l'abdomen, des épanchemens fanieux, p'ufieurs par- ties & plulieurs viicères gangrenés. La corruption fucceflive du fang & dç^ humeurs décompofe l'es glo- bules qui c.dmpofent ces fluides, lalfl'ent échapper Fair fixe qui en- troit dans' leur compo(iticn. Les fluides atténués s'extravafent, enfi- lent des vàilTeaux qui dans l'ordre naturel leur font fermés, ils circu- lent lentement & difficilemèM. lîes fécrétions fe font imparfaitement, les liqueurs excrémentitielles qui en font le produit , né peuvent réparer les pertes que iouffVe le corps. Ici folides tombent dans un relâchement vicieux. '■ Ce qui eft à f^ire d^ cette cir» conflaneç G A N confiance confifte à rendr* aux (o- lides & aux fluides l'air fixe qu'ils ont perdu; & pour Cuivre avecfuccès cette indication, on pourra avoir recours à toutes les fubftances vé- gétales : en effet, quelles que ibient leurs qualités fenfibles, elles font toutes capables de fournir de l'air fixe. On leur fera boire de la bonne eau; on les tiendra proprement; on renouvellera l'air de leurs demeures; on les foumettra à un exercice mo- déré ; on les purgera avec des mé- dicamens doux ; on les mettra à 1 ufage des fucs ou des infufions de creffon de fontaine , de becca- bunga , de moutarde , &c. Mais dès que les fymptômes delà gangrène fe manifeftent , &c qu'ils font des progrès , on a recours au quinquina; on joint à fon ufage ce- lui des aftringens , & fur-tout fi les accidens font preflans, celui de l'a- cide vitriolique , dont l'effet efl prompt & fiir. On conclura de ce qui vient d'être dit , que la pourriture eft une des caufes éloignées de la gangrène , foit qu'elle attaque les parties ex- ternes, foit qu'elle ait fon fiége dans les premières voies, ou dans la maffe du fang. Dans ce dernier cas , les cadavres des animaux qui fuccom- bent à la putridité fébrile du fang , fe corrompent en peu d'heures , ils enflent prodigieufement ; lorfqu'on en fiit l'ouverture , ils répandent une infeftion qui efl afl^reufe ; le fang contenu dans les gros vaifTeaux eft dans un état de diffolution ma- nifefle ; on trouve des épanchemens dans la tête, dans la poitrine & dans la cavité de l'abdomen ; plufieurs vifcères font couverts de taches gan- gréneufes , plufieurs fe mettent en Tcmc F. G A N 24i lambeaux fous les doigts; les un* font en fuppuration , les autres fpha- celés; le cœur & le foie font d'un volume extraordinaire, &c. Tel eft le précis des funefles ravages qu'o- père la putridité fébrile du fang , dès qu'elle efl parvenue à fon der- nier degré. Enfin , la cure des gangrènes hu- mides produites parles contufions, l'étranglement , l'infiltration , les in- flammations, la brûlure & la mor- fure des bêtes venimeufes , confifte à diminuer l'engorgement , i°. par la diète , les boiflbns liquides réfo- lutives, & par des faignées réité- rées; ^°. par des f»arincations qui doivent pénétrer tantôt jufqu'au tifTu cellulaire , tantôt jufqu'aux mufcles engorgés, félon le lîége du mal. Aors le chirurgien vétérinaire doit opérer de manière à procurer l'éva- cuation totale des fucs corrompus , & à emporter les chairs quinefont pasen état de pouvoir être revivifiées. Il peut encore réduire les chairs en efcarres par le feu , l'huile bouillante , l'huile de térébenthine, par les efprits aci- des concentrés léuls ou dulcifiés avec l'efprit de vin , & employer enfuite les antiléptiques , les réfolu- tits, & les fuppuratifs fi la partie eft menacée d'une gangrène fuper- ficielle ; mais fi elle eft profonde & que la corruption des os & des membres foit fi grande qu'il n'y ait point d'efpérance de réfoudre l'en- gorgement, fes foins refteront fans lliccès , à moins que le propriétaire n'aime mieux fe conferver un ani- mal inutile , ayant un membre ou une portion de membre de moins , alors il auroit recours à l'amputa- tion. J'en ai vu un exemple. Un faon Hh 242 G A N apprivolfé , dont le boulet d'une des extrémités antérieures , fut attaqué d'une gangrène humide , en confé- quence d'une violente luxation qu'il s'étoit faite ; les os qui formoient le boulet , n'étoient prefque plus unis que par les ligamens, toutes les parties molles qui les couvroienr , étoient non - feulement dépourvues de tout fentiment & de toutes ac- tions organiques , mais la diffolution putride dont elles étoient attaquées , exhaloit une odeur vraiment cada- véreufe. La perfonne chafgé« de l'éducation du jeune faon , s'apper- cevant que les progrès rapides de la pourriture avoienî mis à découvert l'union de l'os du paturon avec le canon , coupa les ligamens qui affii- jettiffoient encore ces deux os , panfi l'extrémité inférieure du canon, & conferva la vie à fon élève, que la gangrène lui auroit enlevée , fi elle n'eut pas féparé les parties mortes des vivantes. Dans les contufions , plus l'in- flammarion , la tenfion & la douleur font grandes , plus elles (ont péril- leufes, plus aufil les contufions en- traînent de ftupeur , à caufe de ta commotion qu'ont fouffeM les nerfs, plus elles menacent de danger, - Si la tumeur qui en réfulte eft peu élevée, la chaleur fuffoque ; û la partie efl louide, privée d'aflion & de tenfion , cufi elle eft infènfible & molle comme de la pâte , on a à craindre l'étra^g'ement des vaiffeaux artér'els; mais fi, à la fuite d'u-ne plaie, la fumeur cft confidérabîe , que le poil fe hérifle & tombe , que la tumeur j'iroiffefous une couleur livide ou d'un rouge noir , cela in- dique l'étranglement des veines. Dd."is ce cas , les aromatiques &c les G A N ftimulans chauds font pernicieux ; l'unique reflburce confrfte dans les incifions par lefquelles le chirur- gien vétérinaire emporte les nerfs ou les tendons bleflés , & qui mettent les aponévrofes en liberté ; mais ces inc fions doivent pénétrer plus loin queletiffu cellulaire, pour atteindre jufqu'à l'endroit des aponévrofes. Dans l'infiltraton qui eft caufée par des hémorragies exceffives , par des fdignées trop multipliées , la gangrène eft rarement à craindre de la part de cette caufe. Les remèdes internes & les analeptiques font in- diqués dans ce cas ; mais fi l'infîl-» tration provient de la diffolution putride des humeurs, ou d'une fièvre maligne, putride, ou de la fuppu- ratlon d'un idcère interne ; fi après un long temps l'une ou -l'autre de ces caufes excite une inflammation éryfipélateufe, elle eft fuivie d'une gangrène incurable & mortelle. C'eil en vain qu'on entreprend de la com- battre par les diurétiques & les Cd;lidrtiques : on ne fait par-là qu'abattre les forces; lesfcarifications qu'on y piatique, hâtent la mort^ & tous les fecours deviennent inu- tiles. On peut traiter rérétifme ou la crifpation des aponévrofes, par les relâchans , comme une diète hu- meâante, des faignées répétées,, des topiques émoUiens ; fi ces fecours ne fuffifent pas , il faut incifer affez profondément les aponévroles , en couper les brides , hi. fi elles occu- pent les os , il faut que les incifions pénètrent jufqu'à eux. Il fjut enfia ôter à l'a partie irritée fa trop grande fenfibilité; ce qui s'obtient par les cauftiques, comme l'huile de téré- benthine, d'œilic-ts, de canelle , ou G A^N ï'huile diftillée de cette plante aro- matique ; fi ces remèdes font inliif- iîlans , il faut employer l'huile bouil- lante. Dans les inflammations gangré- neufes , ou elles dépendent d'une caufe externe ou interne ; û elles dépendent d'une caufe interne , les Scarifications iufqu'au vif ne fou- lagent jamais. De plus , les inflam- mations qui viennent de caufe in- terne, font ou externes ou internes. Les internes dépendent d'un principe délétère mêlé avec les humeurs que les faignées ne peuvent ôter ; par conféquent les faignées y font ra- rement praticables; on n'a de ref- fource que dans les antidotes , les cordiaques, & les alexipharmaques ; mais ces inflammations internes , quand la douleur eft aflfoupie , dé- génèrent il rapidement en gangrène, qu'elles ne donnent pas le temps d'ap- pliquer aucun remède. Les inflammations gangrcneufes externes , ne caufent pas une mort fi certaine ; car il eft de ces gangrè- nes qui font critiques, & celles qui ne lefontfpas, ne s'étendent pas fou- vent au-delà de la partie enflammée, & même la fuppuration furvenant , la partie gangrenée fe fépare fpon- tanément des chairs vives. Il faut cependant prendre garde que la matière putride qui s'engendre , ne gagne les parties voifines, ce qui efl à craindre dans les inflammations gangréneufes caiifées par engorge- ment ; mais qui l'eit beaucoup dans les gangrènes fèches ou dans les inflammations caufliques , telles que les éryfipèles , les efcarotiques, les antrhax , les ccoûtcs gangréneufes , &c. G A N 143 Pour procurer la fuppuration dans les inflammations mortes , il faut adminiftrer intérieurement & exté- rieurement des remèdes ftimulans & qui augmentent la chaleur ; les réfo- lutifs & les diaphcrétiqiies ^£lifs , font des topiques très - convenables dans ce cas^,^ de même que les fê- tons , les véficatoires ; mais fi la gan- grène exifte déjà , il y a lieu d'ef- pérer, quand fes limites font fixées & quand les bords de l'inflammation s'apprêtent à fuppurer : dans ce cas on doit avec le fcalpel couper ou em- porter les parties mortes , fans tou- cher aux chairs vives ; mais fî le progrès de la gangrène cefl'ant, il ne paroît aucune marque de fuppura- tion , on doit cautérifer les parties mortes avec l'efprit de nitre , afin d'exciter la fuppuration dans celles qui font vivantes , &i. de détruire la marière putride. Les éryfipèles gangreneux , l'en- gorgement qu'ils produifent occupe une très-grande étendue, leur cura- tion demande qu'on détruife l'en- gorgement des parties mortes; qu'on prélerve de la corruption les hu- meurs de ces parties, en empêchant le mouvement inteftin d'agir ; qw'on irrite les chairs voifines pour les faire fuppurer, & qu'on procure la féparation des chairs mortes par la fuppuration. Les anti-putrides qui conviennent dans ce cas, font le vinaigre , l'efprit de fel & de foufre délayé dans de l'eau, les fels neutres, principale- ment le fel ammoniac , l'efprit de térébenthine , l'eflTence de rabel, l'efprit de nitre dulcifié par une égale quantité d'efprit de vin , le fel marin, le nitre, les réfines & 9 Hh 2 144 G A N • G A N les baumes, la térébenthine, la tels que le vin, l'eau -de -vie, le myrrhe, le camphre, le ftirax , la nitre , le fel marin, &c. poix, le vin, l'eau-de-vie, l'efprit Ceux-là agiflent prudemment , qui de vin; les defficcatlfs balfamiques , n'emploient que le vin pendant tout le comme la myrrhe, la colophane, temps que la fenfibilité de la partie ne l'aloès , la réfine ; les cauftiques ar- permet pas de mettre en ufage l'eau- dens,* comme l'huile bouillante, le de-vie, qu'ils emploient enfuite pure fer chaud, la rouille, l'ei'prit de jnlqu'à l'entière guéri fon : il efl fou- nitre chargé de mercure , l'eau pha- vent avantageux d'ufer des feuilles gédénique. vertes de tabac ou de poirée , qu'on Dans la brûlure qui détruit feu- applique fur des plumaceaux trem- lement la peau fans pénétrer plus pés dans le vin ,& qui par ce moyen avant, la douleur efl: plus grande ne s'attachent pas ù la plaie. & plus opiniâtre que lorfque les La gangrène fèche eft celle qui chairs même font brûlées ; car les n'eft point accompagnée d'engorge- tuyaux fécrétoires étant irrités , ver- ment , &. qui eft fuivie d'un deffé- fent une férofitê acre & copieufe , chement qui empêche la partie morte qui rend la maladie plus longue , de tomber en diflblution putride ; fi l'on y applique des onftueux. Il la partie commence à devenir froide ; faut, avant que l'engorgement Sc la la chaleur ceffe avec le jeu des ar- tumeur ne foient formés , attirer au tères ; ces vaifleaux fe reflerrent par dehors les parties ignées par la fo- leur propre reflbrt ; les chairs mor- lution de vitriol, l'encre, le fperme tifiées deviennent plus fermes, plus de grenouille, le blanc-d'œuf; la coriaces & plus difficiles à couper noi\ de galle , les vulnéraires & les que les chairs vives. Les parties font heibes aflringentes ; l'engorgement mortes bien avant qu'elles ne fe étant fur le point de fe former, les deffechent. émolliens, les relâchans , les adi- La caufe matérielle de la gangrène peux, les onâueux, l'huile & le fèche , eft un fang très-vilqueux , beurre font indiqués. Si malgré ces tenace, noirâtre, qui a perdu fa fé- remèdes l'inflammation furvient, on rofué par la chaleur, les fueurs , &c doit faire des fomentations avec qui a caufe de la grande féchereffe l'eau tiède , ufer de mucilages , de ne peut pas fe corrompre. laitage &C de farineux, auxquels on II arrive fouveni, dans les gan- mêle les anodins quand l'mflamma- grènes externes dont les animaux tion eft violente ; on met quelque- font attaqués que la peau , fe def- fois en ufage les anodins un peu vo- feche , fe racornit, & que la partie îatils , tels que le camphre , les qui en eft atteinte , au lieu de fe fleurs de fureau , les feuilles de corrompre , comme dans les gan- tabac, de jufquiame, la fiente d'oi- grènes humides, fe durcit. D'ailleurs, féaux ; fi la chaleur n'eft pas confi- toutes les panies des animaux où dérable , des oignons cuits ou tri- la circulation eft gênée, font fujeties îurés conviennent ; enfin , fi la partie aux gangrènes fcches ; c'eft ce que l'on brûlée donne une fuppuratlon pu- obfervedanslesmaLidiesqui provien- triide , les antifeptiques font indiqués , nent de la puiréfadion du lang. G A R L'indication générale qui fe pré- fente dans la cure de la gangrène fèche , confifte à prévenir le mal , à en arrêter les accidens, & à le guérir lorlqu'il eft arrivé. On doit avoir recours aux médicamens indi- qués pour le traitement des diffé- rentes maladies qui lui auroient donné naiffance. M. BRA. GARANCE. {Planche XIII) M. Tournefort la place dans la neu- vième feftion de la première clafTe , qui comprend les herbes à fleur en ferme de godet &C d'une feule pièce , dont le calice devient un fruit compofé de deux pièces adhé- rentes par leur baie , & il l'appelle rubia tlncîorum fativa. M. von-Linné lui conlervel?. même dénomination, & la claffe dans la tétrandrie mono- gynie. Fleur B , fans tube , découpée enqu3tre ou cinq parties, en manière d'étoile; les étamines, au nombre de quatre, font raiTemblées par leurs anthères, & attachées par leur filet à la corolle, & font l'alternative avec fes divifions, C ; le piftil D eft placé au centre des étamines; le cahce E eft d'une feule pièce. Fruir F , compofé de deux baies arrondies & attaché par un ombilic; chaque baie renferme une femence G, H, un peu creufe vers le milieu, en- velcppée d'une peau I. Feuilles venicilUes , c'ert: - à - dire , rangées tout autour de la tige comme les rayons d'une roue autour du moyeu; elies font au nombre de fix, Se quelquefois de c'nq , poin- tues, rudes au tovicher; armées de petits dards, légèrement crénelées tout autour. Kaune A , longue, rampante, bran- G A R Î45 chue, rouge en dehors & en dedans, mais quelquefois jaune en dehors lorfqu'elle eft jeune. Port. Tiges longues, quarrées , farmenteufes, nerveufes, rudes au toucher; les fleurs naifTent au fom- met des branches. Lieu. Dans prefque toutes les provinces du royaume , foit du nord, foit du midi, & particuliè- rement dans ces dernières; la plante eft vivace, fleurit en juin, juillet &c août, fuivant le chmat , & on a beaucoup de peine à la détruire quand une fois elle s'efl: emparée d'un terrain. M. von-Linné reconnoît deux autres efpèces de garance, qu'il dé- figne fous le nom de rubia peiegrina, ou garance étrangère, dont les feuilles, au nombre de quatre feu- lement, font très-dures au toucher en deflous, douces en defllis, & elliptiques; l'autre efpècea fes feuilles linéaires , rudes au toucher en delTus, & qui fe confervent fur les liges. Je regarde comme de fimples variétés ou efphes ( voye^ ce mot ) jardinières les autres garances qui tirent leur différence ou du climat ou du local. ^ De fa Culture, C'eft une des plantes les plus recherchées pour les teintures, & d'un très-grand produit quand elle efl bien cultivée. On commence heureufement en France à ne plus devenir tributaire des HoUandois, qui la fourniflbient toute autrefois; & des expériences fans nombre ont démontré que celle de France eft auiïi parfaite que celle qu'i's nous apportoienl de Zélande , aprcs l'avoir. 24^ G A R groffièrement pulvérifée. Ce font des François réfugiés qui ont porté en Hollande ce genre de culture, & cette branche précieufe du com- jnerce. Il eft confiant qu'on pourroit , à la rigueur , cueillir la graine fur les plantes venues fpontanément dans nos buiffons, fur les lificres des bois; mais il vaut beaucoup mieux fe pro- curer celle des plantes déjà cultivées avec fuccès , parce qu'elle eft beau- coup mieux nourrie , &c donne enfuite des lujets plus vigoureux. II fera encore plus avantageux d'en faire venir du Levant ou de Zélande; la première eft à préférer, à tous égards, fur-tout lî on "veut la cul- tiver en grand dans les provinces du midi. On pourroit même ajouter que toutes les plantes de la famille, que Rai a appelées (lillatœ, & d'au- tres radiacx afperi-foliœ, fourniffent par leurs racines une teinture plus ou moins rouge, ou du moins, pour fe fervir des termes de l'art , fuf- ceptible de donner un pied de ga- rance aux étoffes que l'on veut teindre en une couleur quelcon- que. La graine apportée de Smyrne ou du Levant, eft appe'ée aiala ou /iiari, ou iiari. M. d'Ambournay, fecrétaire perpétuel de la Société d'Agriculture de Rouen, & fi zélé pour les progrès de cette fcience,, & par les expériences qu'il a faites, d'après la théorie la plus éclairée, a trouvé fur les rochers d'Oizel en Normandie, une garance qui n'efl point inférieure à celle du Levant, & qu'il croit être la même efpèce. On a feulé au jardin du roi, à Paris, l'azala, venu direftement de Smyrne, & on a reconnu que fa plante ne dlfféroit pas dé ^ ^celle cultivée en G A R Flandre. I! eft donc très-fort à pré- fumer que toutes ces garances font fpécifîquement les m.êmes , & que û elles diffèrent , c'eft par quelques lé- gères modifications. Le grand point, & le feul point efTentiel , confifte dans la racir.e qui donne une plus ou moins belle teinture , fuivant le fol dans lequel la plante eft cultivée. Plus cette racine , &c la plante luxu- rient, pour me fervir des expreffions de M. von-Linné , c'eft-à- dire , plus elles prennent de groffeur , d'embon- point , & plus la partie teignante devient abondante ; c'eft le feul objet pour lequel on cultive cette plante. Il y a plufieurs méthodes de gou- verner les garancières , il s'agit de comparer celle du Levant a\tec celles ufitées en France. I. I?u fol d'une, garancière. Je l'ai déjà dit , oh peut établir un fyftème général de culture , d'après la manière d'être des racines &z du fol fur le- quel les plantes croifTent fpontané- ment, & c'eft le feul vrai fyftème, parce qu'il ne tient en rien aux idées des hommes. Les racines de garance font pivotantes , traçantes , fibreu- fes ; elles exigent donc une terre légère , douce , bien nourrie , légè- rement humide , & qui ait du fond; fans ces qualités les racines pren- droient peu d'accroifTement , & ce- pendant le feul mérite de la plante confifte dans fes belles & nom- breufes racines. Il eft clair , d'après ce qui vient d'être dit , qu'on ne fauroit défon- cer trop profondémenr le terrain deftiné à une garancière ; malgré cela , quelques agronomes ont avancé qu'il iutUfoit que la bonne terre eût un pied de profondeur , & pour bafe une couche d'argile ïfin G A R d'obliger les racines à s'étendre ho- rizontalement , 6c à ne pas pivoter , afin d'augmenter le nombre des racines , & pour donner moins de peine dans la fuite à en débarrafler la terre lors de la récolte. Ces afler- tions font fimplement fpécieufes , 6c rien de plus ; ime couche d'ar- gile retient , dans la couche fupé- rieure de terre tranche , les eaux pluviales , èc la plante craint la grande humi;'ité , la ftagnation des eaux, qui fait chancir & moifir les racines. S'il ne s'agiflbit pas de les augmenter, foit en nombre , foit en volume , un terrain ordinairement fsc conviendroit à la garance , puis- qu'on la voit croître fpontanément dans nos provinces méridionales, fur les lifières des bois &C dans les buiffons, malgré les chaleurs ik la féchereffe du climat. Lorlqti'au tem.ps de la récolte on trouve à i8 ou à 24 pouces en terre des racines nombreuses & bien nourries, n'efl-on pas amplement dédommagé de l'excédent de dépenfe occahonné par une fouille plus pro- fonde ? En un mot , je ne vois aucune bonne raifon pour ne pas laiffer prendre aux racines leur plus forte groffeur & leur plus grande expan- iion. La multiplicité de petites ra- cines n'aflure pas le bénéfice, c'eft la multiplie té des grofl'es; èc dès que les progrès d'une groffe racine font arrêtés, elle eiï forcée de fe charger en chevelus. La mctbodc des Lev^intins me paroit réunir tous les avan âges. 1 1. De fon ccchliffemeni. II y a deux manières de le forni?r, dh en lemant à demeure, ou av;c de jeunes plants bien e 'racim'^. Dans nos provinces du nord, G A R 247 dans celles qui font tempérées, &C dans celles où les pluies ne iont pas rares , je préférerois la première méthode ;& la féconde, pour celles du midi, à moins qu'on ait la fa- cilité d'arrofer la garancière, comme il fera dit au mot Irrigation. Cet avis eli tende l'ur ce que la réuffite d'une garancière dépend principale- ment des fuccès de la pren.ière aillé&, parce qu'à la féconde & à la troifiènie les racines n'ont plus la m.ême facilité pour travailler, puifque la terre a été affaifiée par fon propre poids & par les pluies. Je conviens qu'on doit donner des la- bours, mais ils ne vont jamais affez. bas. 11 vaut mieux, à tous égards, fe- mer à la volée, ou par raies, que de replanter; 1°. la tranfplantatioa a beau être faite, avec le plus grand foin , il efl bien difficile de ne pas rompre le pivot de la racine; dès- lors on obtient plus de racines laté- rales ou chevelues; x°. quand on auroit à fon commandement la fai- fon, une pLmte fouffre toujours de la traniplantaticn , iur-tout d^ns les travaux en grand , c 11 il cft im- poflible d'appoiter des atteiitions qui iont peu du goût & <^u génie du payfan cultivateur ; 3°. enfin, l'année du (émis en pépiidère eft un temps perdu , puifqu'on ne doit compter l'âge de la garancière pour l'enlè- vement des plantes, que du jour de leurtranfplantation. Lapép:nière,au contraire, devient, pour ainfi dire, indifpenfable dins nos provinces du, midi, lorfqu'on n'a pas la ff cul é d'arrofer la garan- cière au mu.iiS pendant la première année ; il y arrive trop communémen qu'il ne tombe pas une goutte de piuie pendant fix à lept mois , &C 248 G A R fou vent davantage. Il eft donc îm- poffible , dans ceîte circonftance , qu'une garancière y réuffifle; il faut donc recourir à la pépinière, parce qu'elle tÛ. (U|ipolée établie dans un fol préparé convenablenient 6c fuf- ceptible d'être arrofé & travaillé au befoin. Les écrivains fur l'agriculture ne t'ont point affez d'attei r^on à la diverfité des climats , & ils fup- polent toujours «que le ciel ôfiiJa température , & la fréorrnce ou la rareté des pluies , font an? ognes , & en tout femblables à ;a tempé- rature des pays qu'i's habitent. De là naifient le difcrédit de leurs ouvrages, & la faufleté des fpécu- lations des agriculteurs ; ce dernier point tire plus à conléquence que Te premier. Apres s'être afliiré d'un fol léger , fertile , qui ait beaucoup de fond , on ne doit pas plaindre la dépen(e pour le défoncer au moins à deux pieds de profondeur, afin de divifer cette terre le plus qu'il efl poflîble, & la purger des herbes quelcon- ques. Lorfque le terrain eft égale- ment travaillé , bien meuble , bien uni, on le divife par planches , l'une de quatre pieds de largeur, & l'aiure de fix , & ainû alternativement fur toute la longueur du champ ; les plus étroites ibnt deflinées à rece- voir la femence en avril ou en mai dans les provinces du nord, &: à la fin de février , dans celles du midi , lorlque la faifon paroît fixée. Il iufiit que la graine foit enterrée à trois pouces environ. Lorfque l'on n'eft pas à même de fe procurer de la graine du Levant , ou de bonnes garancières cultivées dans le royaume , il con- vient alors de femer dans un jard n G A R la graine , ou d'y replanter des pied» de la garance qui croît fpontanément dans le pays , ou dans les environs , & de lui prodiguer les engrais , le travail ,& l'ariofement au befoin : ce mieux-être changera , peur ainû dire, & la graine & les plants, de forte qu'à la fe''onde ou trolfième année on aura de l'un 6c de Taiure en abondance & de bonne qualité. Pour multiplier les boutures , on détachera du tronc principal celles qui font lufceptibles d'être fépa- rées. Il eft cependant plus expé- ditif de tirer en droiture de la bonne graine. Le fieur Althen, levantin d'ori- gine , Si chargé par le gouverne- ment de la conduite de quelques garancières à l'imitation de celles de la Turquie, en Afie, propofe , dans Ion Mémoire publié par le gouvernement, une préparStion de la graine , & qu'il exécute ainû : pour chaque livre qu'on veut femtr , on prend un quart de livre de gaiance fraîche , qu'on lave &C qu'on pile enfuite dans im mortier; on y ajoute un demi-leptier d'eau par quart de livre de garance pilée, & deux onces d'eau-de-vie. On jette cette com-r pofuion fur la graine, de manière qu'elle s'en imbibe l'efpace de 24 heures , prenant loin de la remuer trois ou quatre fois , afin de prévenir la fermentation. Le lendemain on met cette graine dans un chaudron d'eau qu'on a fait bouillir l'efpace d'; ne heure cinq ou fix jours aupa- ravant , & dans laquelle on a mis un panier de fiente de cheval ; la graine» y refte deux ou trois jours, & eft plufieurs fois remuée afin qu'elle ne s'échauffe pas : enfin , on étend la graine fur le pavé-, jufqu'à ce G A R ée qu'elle ait afTez perdu de (on humidité pour être femée. Je ne vois pas , malgré le témoi- gnage du fieur Althen , le grand avan-îage qu'Jâ annonce ; fa prépara- tion refTemble beaucoup aux mix- tions fi va tées pour les blés , & qui, bier; "■•afTiinées & fans partia- lité, fe rédui, nt à zéro ; jVn excepte cependant le chaula^e pur èc fimple , & er.co'-e eft-ce da''S le cas feule- ment que les h'és foient charbonncs. (^Voyci l?s mot^ BLt, C H A u- LAGE, Froment.) Je perfifte dans le même fentiment, relative- ment à.Ia gai^ce , & je pf-éfi-rerois, auffitôt que l'a graine efl cueillie dans le premier' cas on arrofe fur la planche même, & dans l'autre, on arrofe par irrigation l'entre-deux des filions. Il ne faut pas multiplier ces arrofémens. Quelques auteurs confeillent de femer des grains fur le femis des garances : cette méthode eft abufive; les racines du b'é nuifent à la végé- tation de la garance , & ainfi. tour-r à-:our. G A R On a dit plus haut que les levan- tins replantoient en ieptcmbre & oftobre, parce que, dans leur climat, & même dans celui de nos pro- vinces méridionales, les racines tra- vaillent pendant l'hiver. ( j'ai vérifié ce tait) On a dit également qu'ils laiflbient des plate -bandes de fix pieds de largeur, & voici leur ufage : depuis l'époque du femis , à la fin de février , ou dans le courant de mars, ou depuis celle de la tranf- plantation julqu'au mois de lep- tembre fuivant , elles fervent à cul- tiver du grain ou du jardinage , comme pois, haricots, gros millet ou maïs, ôic; mais dans le courant de f'eptembre, on prend à la pro- fondeur de deux pieds la terre de ces plate -bandes, on en recouvre la vraie plate-bande garancière , & on ajoute encore de la terre fur fes côtés, de manière qu'elle augmente de deux pieds de largeur , & réduit l'autre de fix pieds à quatre pieds. Ce recouvrement fert à étouffer les mauvaifes herbes qu'il n'eiî plus befoin déformais de fàrcler , à fa- vorifer principalement la multipli- cation & l'augmentation des racines que jettent de tous côtés les plantes iorfqu'elles font enterrées. On peut répéter le n-.ême recouvement aux mois de mai ou de feptembre liii- vans. Au mois de feptembre de la fé- conde année , c'eft-à-dire , 1 8 mois après qu'on a femé , ou deux ans G A R 251 après qu'on a replanté, les plantes de garance donnent une grande quan- tité de graines qu'il faut recueilli^ lorfqu'elles ont acquis une couleur noire foncée ; c'eft le figne de leur maturité, L y a deux manières de faire cette récolte; l'une, de recueillir la graine fur la plante grain à grain , & en plufieurs temps , pour ne prendre que celle qui ell bien mûre, en attendant que les autres viennent à maturité. Cette méthode eu lon- gue à la- vérité , mais on efl fiir d'avoir beaucoup plus de graine de meilleure qualité; l'autre, de faire couper ras de terre les branches & les tiges des plantes, lorfque la plus grande partie de la graine eft mûre; de les faire fécher & d'en féparer cnfuite la graine. On ne doit l'enfer- mer dans le grenier que lorfqu'elle a été bien féchée au foleil. Si on a afîez de graines pour ion ufage, & Il on n'a pas occafion de fe défaire du fuperflu avec profit , on pourra, dès le mois de mai de la féconde année , faire faucher l'herbe de la garance pour fervir de fourrage aux befliaux , (i) & cette coupe peut avoir lieu au moins trois fois dans une année. Ce fauchage fert merveilleufementàl'accroifrementdes plantes , & les racines en grofTifTent beaucoup plus ; mais foit qu'on ramafTe la graine, foit qu'on fauche la plante , il faut nécefTairement la recouvrir de terre après ces deux opérations. (1) Le lait d-s vaches prend une teinte rouge, & ie beurre une couleur jaune; mais î'un & l'autre n'en font pas moins bons. Lorfque l'on mêle , pendant plufieurs jours de fuite , de la garance en poudre avec la nourriture des poulets & des jeunes pigeons , &c. les os de ces animaux perdent infenfiblement leur couleur blanche , & fe relaient en rouge plus ou moins foncé , fuivant le nombre de jours qu'ils font nourris ainfi. 2j2 G A R G A R M. Duhamel a fait beaucoup d'ex- es plate -bandes pour avoir fous périences fur la garance , &C il igno- la main une terre cultivée ôi ameu- roit , lors de la publication de fes blie. » EUmens d'Agriculture , la méthode » Il faut dans cette opération du fieur Althen ou du Levant; il avoir grande attention de ne pas s'eft contenté de décrire les pra- recouvrir entièrement de terre les tiques du royaume , & il s'explique couches; leur extrémité doit fortir ainfi fur la condriite d'une garan- de terre , fans quoi la branche cou- cière. chée périroit entièrement, au lieu « Si la garance a été plantée en qu'avec cette attention , la tige automne , on doit fe contenter de tendre qui fe trouve en terre fe donntr de temps en temps quelques convertit en racines. Il faut un labours aux plate-bandes avec une certain temps pour que ces branches charrue légère ; comme ces labours converties en racines puiflcnt être n'ont pas tant pour objet de donner auffi abondantes en couleur que les de la vigueur à la garance, que de vraies racines, c'ert pour cela que préparer la terre meuble ù portée je confeille de ne point coucher des planches, on doit avoir atten- toutes les pouiTes , mais d'en con- tion de ne les point faire quand la ierver quelques - unes fur chaque terre trop hiimide pourroit fe pétrir, pied qui deviendra par ce moyen On doit auflî , avant les mois de plus vigoureux ôc qui produira de juin & de juillet, donner un labour belles racines, parce que les plantes aux plate - bandes des garanciéres pouifent en racines, proportionnel'e- qui ont été plantées au printemps, ment à ce qu'elles produuent hors de ' A Lille en Flandres, on donne à terre. » toutes les plantes un léger labour >» Quand il y a trois rangées fur avec un inftrument fort étroit , & chaque planche, la féconde doit lors de cette culture, on couche être couchée ena-e les pieJs de la de côté & d'rAitres les nouvelles première , comme on v:ei:t de le pouffes, qu'on tl couvre d'une petite dire; les couches étant rccoiîvertes épaiffeur de terre. »• de deux pouces de terre, on couche , « Quand les pouffes de la garance les branches de la troilième rangée ont acquis un pied de longueur, on entre les pieds de la leconde , on fait farder les planches par des les recouvre de terre , & par ce femmes ; puis la terre des plate- moyen la planche le trouve élargie bandes étant bien labourée jufqu'au- d'un pied aux dépens de la plate- près des planches , des ouvriers bande. Lorfqu'il n'y a que deux couchent fur la terre des plate- rangées plantées (ur une planche, bandes nne partie des tiges de la on couche i'une à droite & l'autre première rangée, & ils les recou- à gauche; ce qui élargit les planches vrent d'un pouce iU demi ou de deux de deux pieds &£ rétrécit propor- pouces meubles, qu'ils- reprennent tionnellement les plates-bandes. » d-ins la p'ate- bande. C'eft le grand « Pour faire prcmptement cette avantage que M. de Corbeilles a opération , après avoir donné un. trouvé à faire labourer à la charrue labour aux plates-bandes avec URa CAR G A R 155 eharrue à verfoir qui relève la terre plus fortes & plus imprégnées de du côté des planches, on formera parties colorantes; cependant les de chaque côté, & tout au bord des flamands n'ont pas tort. Cette ef- planches , un petit fiUon pour rece- pèce de contradiftion eft une affaire voir les couches qu'on recouvrira de calcul. En Flandre, les terres d'un peu de terre avec la houe. » ne repotent jamais; elles font tou- » Lorlque les années font très- jours remplies ou d'une efpèce de favorables à la garance , il arrive plante, ou d'une autre. D'après quelquefois que les tiges couchées cela, il eu aifé de concevoir quel fe font encore élevées d'un pied; eu le prix de leurs terres & la valeur alors on peut répéter les opérations de leurs produits. L'expérience leu? qu'on vient de décrire & les plan- a prouvé que la terre occupée plus ches fe trouvent une féconde fois de dix-huit mois par la garance, ne élargies d'un pied aux dépens des leur rapporioit pas autant que les p'ate - bandes. Il arrive rarement autres récoltes , & qu'en attendant la qu'on fe trouve dans une aulTi heu- troifieme année, ilsétoientréellement reufe circonftance ; mais quand elle en perte. L'exemple des flamands fe préfenîe, il faut laiiîer à chaque prouve pour la Flandre & non pour couche un brin qui s'élève verti- les autres provinces du royaume où calement Se ne la point coucher, le terrain n'tfl pas auffi précieux, car il faut s'occuper toujours de la puiiqu'il eu bien démontré que la perfection des racines qui cil la partie garance arrachée la féconde année, îa plus utile de cette plante. »• diminue de moitié le bénéfice qu'elle Il eft confiant, que par la méthode auroit donné à la fin de la troifième ; décrite par M. Duhamel, d'après toutes les expériences des agricul» les cultures en ufage dans d.fférens teurs ont confirmé cette affertion,&; cantons, on multiplie fingulière- fur-tout celles de M. d'Ambourniti ment les petites racines; mais il ell qui ibnt d'un très-grand poids, bien prouvé par les expériences de puifque perfonne n'a luivi avec plus M. d'Ambournai, que ces petites de zèle cette culture ôc cette branche racines, à vohime égal, fournilTent de commerce. Le gouvernement moins de teinture & d'ime quantité fit imprimer au Louvre fon Mé" inférieure à celle desgrofles racines, moire en 1771. M. d'Ambournai conl'eille avec rai- La culture du fieur Althen favorife fon de cultiver les pieds de garance fingulièremenr l'extraflion des ra- comme les haricots, le mats, par cines de garance, puifque la terre filions, & de chauffer les plantes de la p'ate-bande de fix oieds a avec la terre voifine autant qu'on fervi à chauffer celle de quatre;, le pourra. voilà donc une foffe déjà toute faite IV. De la réc0lie de la Garance. & dont la bafe efl prelqu'à niveau' Les flamands récoltent dix-huit mois des premières racines. Il s'agit de après avoir femé; cependant il eft la créufer un peu plus afin d'avoir en général beaucoup plus profitable toutes les racines fur leur plus grande de récolter à la fin de la troifieme profondeur. Alors on attaque à pie année, parce que les racines font la maflè, la terre eit jetée par der- 1^4 G A R rière, & avec un peu de foin il efl: pofîîble de ne pas laiffer la plus petite racine. Le vrai temps d'arracher eft au mois d'oftobre de la troifième an- née, c'eft-à-dire, deux ans & demi après les femaïUes, & trois ans après la replantation. On gagneroit beau- coup à laiffer encore pendant une année la garance provenue du lemis à demeure. C'ell au moment de l'opération qu'il faut choilïr les plants en- racinés pour établir des nouvelles garancières dans un terrain préparé exprès & tout prêt à les recevoir, puil'que le mois d'oftobre eu le temps le plus favorable à la tranfplantation. V. Des racines relativement à la teinture. M. d'Ambournai ell; , je crois, le premier qui ait effayé de teindre avec des racines fraîches , telles qu'on les fort de terre & fimple- ment lavées , afin de les rendre nettes & exemptes de toute impureté. Le iuccès le plus complet a commencé fes tentatives, & les mêmes expé- riences , que j'ai vu répéter à Lyon , ne laiffent plus aucun doute à ce fujet. Voici fes expériences , leur ré- sultat & leur produit ; c'elj M. d'Am- bournai qui parle : » Comme il convient de faire fervir même les inconvéniens à l'inftruftion, l'impoffibilité de faire fécher fans feu les racines que j'avois arrachées au mois d'oftobre dernier, m'a engagé à les employer fraîches. le les ai donc bien lavées ; mais comme j'avois éprouvé, ainfi que le dit M. Duhamel , que cette racine perd fept huitièmes de fon poids îorfqu'on la fait affez fécher pour pouvoir être réduite en poudre, f!ai eftimé devoir dofer conformé- G A R ment. Enfin , dans un bain qui au- roit exigé une livre de garance moulue, j'ai mis huit livres de ra- cines fraîches, pilées dans un mortier, & j'ai teint à l'ordinaire ; j"ai trouvé qu'après l'opération, le bain étoit en- core très-chargé & le coton tellement pénétré de teinture, qu'il m."a fdllu lui faire effuyer deux débouillis pour le dégrader jufqu'à la couleur d'ufage. J'ai continué à met:re.Ia dof" à ux & quatre livres, & ce n'a été que cette dernière proportion qui m'a donné une couleur pareille à celle qu'on obtient d'une livre de garance en poudre. On peut donc éj)argner moitié de la racine en l'employant verte; mais quoique ce foit beau- coup , ce n'eft pas !a feule économie. » » 1°. On eft dl!pen(é d'établir des étuves &C hangars pour faire fécher lorlque le temps eft variable. 2°»On efl à l'abri des inconvéniens d'une delîiccation trop précipitée ou trop ralentie, qui entraîne également la détérioration de la qualité. 3°. On évite le déchet du rcbage & du gra- belage dans lequel toutes les racines de la groffeur d'un fer de lacet tom- bent en billon. 4°. On épargne en frais du moulin le déchet & la fraude qui peut en réfulter & l'incom- modité d'attendre qu'il foit libre. 5". Enfin, on n'eft point expo(é à ce que la racine moulue parvienne à s'éventer ou à fermenter, ce qui arrive toujours lorfque l'on diffère à l'employer. » » Tous ces avantages réunis peuvent s'évaluer à une économie de cinq huitièmes dans la quantité. Le cul- tivateur qui fauroit teindrg , en pro-» fiteroit dès i'inft-int qu'il auroit des racines affez greffes pour être arra- chées. Les teinturiers, paj état^ G A R feront peu à peu forcés , par la dé- tnonftratioii , d'en profiter aiiffi lorf- qiie cette culture aura pris faveur en France ; ce fera même un moyen de l'y accréditer, parce que, vu qu'après dix-huit mois de femis ou de plantation , il n'y a point de temps à choifir pour la maturiré, le labou- reur qui apportera une fomme de racines fraîches au marché, fera fur de les vendre en cet état, fans être afTervi à des foins qui, petits en eux- mêmes, l'effrayent pdr leur nou- yeauié. Le teinturier pourra acheter journel'ement à proport on de l'em- ploi qu'il !era à portée d'en faire, ou bien il prefcrira au cultivateur le temps pour lequel il en aura befoin & en quelle quantité. J'ai d'ailleurs éprouvé qu'on peut conferver pen- dant quarre mois les racines fraîches dans un trou de trois pieds de pro- fondeur où on les range lit par lit avec de la terre, » C'cft ainfi que s'ex- primoit M. d'Ambournai en 1763 , & depuis cette époque , ce citoyen refpeûable a eu la fatisfaflion de voir la culture , dont il a été le pro- moteur, fe multiplier en Normandie &y eue d'un gra.id fecours à la teinture de la prodigieu/e quantité de toiles peintes , vulgairement ap- pelées indiennes qu'on y fabrique. Plulieurs années après , le perfan Althen établit, conformément à (a méthode des garancières en Pro- vence , en Languedoc , dans le Comtat Venaiffin , Sic, où elles réuffi- rent à merveilles, de forte que la culture de la garance eft devenue indigène au royaume; mais elle n'y eft pas encore auffi multipliée qu'elle mérite de l'être. Il refte aduellement à parler de la defficcation des racines & de la manière de les pulyérifer. CAR îjç 1°. De la Degiccation C'eft M. d'Ambournai qui parle. Les racines, en fortant de la terre doivent erre dépofées fur des claies foiis un hangar, à couvert du foleil & de la pluie ôi expofées au cou- rant d'air. Elles y reftent des quatre à douze jours fuivant la failon & jufqu'à ce qu'elles foient devenues molles comme des ficelles, & qu'en les tordant on ne faffe plus fortir du jus. C'eft - là le point à faifir pour bruiquer la defticcaiion , foit au grand foleil, ioit dans des fours dont on vient de retirer le pain & dont on laiiTe l'éroupail entrou- vert, afii que les vapeurs aient une libre jfllie. Il faut ordinairement qu'ellf s y paflent deux fois de fuite , & lorfqu'elles font caftantes & fon- nanres, prefque comme des filets de verre, on les porte fur l'air d'ime grange ou on les bat légèrement avec le fléau : ainfi briiées, on les vanne pour en (éparer la terre & la fur- peau grile ou l'.épiderme. On les jette à la pelle fur un crible d'ofier très-incliné pour en aflbrtir à peu près la grofleur , & enfin elles lont en état de paft:er au moulin. Tel eft l'unique fecret qu'on a trouvé pour conferver la couleur jaune qui fait le mérite de la garance en poudre , au point qu'une "nuance de plus ou de moins , la fait vendre 10 fols par livre de plus. Si on laifle languir & lécher en plein les racines •fur les claies , elles deviennent rouges clans tout leur intérieur. 11 en arrive autant ft on les met au four ou au foleil après les avoir (orties de terre; la poudre qu'on en fait eft rouge , & quoique égale- ment bonne, le conlommaleur n'en veut point. 2^6 G A R •Lerfque l'on veut faire de la poudre de commande , qui fe vend jufqu'à quatre francs la livre, on choiÊt les plus groffes racines , parce que ce font celles qui donnent îe plus de poudre jaune, & on les fait moudre féparément; mais fojt qu'on ait fait ce choix ou non , la ma- nière de moudre eft toujours la même. I °. De la pulvérifdtion des racines. C'eft le fieur Althen qui parle en ce moment, & il s'expliquoit ainfi dans fon Mémoire imprimé en 1771 : « Deux chofes fur-tout font nccef- faires pour que les garances donnent une belle teinture : leur préparation avant de les réduire en poudre, ôi la manière de les pulvérifer. La préparation des racines de garance confifle à les imbiber de quelqu'une des cinq liqueurs , ou compofitions fuivanefs. Premïcre compofitïon. Environ quinze pintes d'eau commune pour chaque quinta:l de racines dans la- quelle on fera diffoudre fur le feu une livre d'alun. Secojide çompojlnon. Même quan- tité d'eau pour chaque quintal de ra- cines, dans laquelle on fera fondre une livre de miel commun, fans la mettre fur le feu. Troijième compojltion. Même quan- tité d'eau & dans la même propor- tion , dans laquelle on jettera deux livres de fon. (Quatrième compojîtion. Dix pintes de vinaigre , fans aucun mélange d'eau pour chaque quintal de garance. Cinquième compojîtion. Quinze pintes d'eau commune par quintal de garance ^ dans laquelle on fera bouillir pendant deux heures deux livres de fonde dont on fe fert dans ksfavonneries. Après l'aYQiT retu'ée G A R du feu, on y jettera trois livres de fiente de mouton qu'on aura ra- maffée & tait lécher au mois de mai. On remuera le tout de temps en temps pendant trois ou quatre jours , après lefquels on laiffeia repofer cette compofition jufqu'à ce que le fliarc foit tombé au fond. Ces cinq compoûiions ne con- viennent pas toutes également à toutes fortes de garance, Ii y a telle racine qifi demande uniquement la première ou quelque autre des cinq compofitions, tandis que telle iiutre en ex'ge une différente. Cette diffé- rence provient des terrains où elle efl cu.tivé?. Ainù chaque particu- lier les efiaiera fépjréa.ient afin de bien connoîn e celle qui convient le mieuv à fa 'C^u'-X". Une fois cette connolfla .;e acquKe , vous mettrez vos racmes bi-n lavées dans une cuve ou diiUS une chambre bien carrelée; yous les arroferez de cette liqueur pendant l'efpace de deux ou trois jours; vous les étendrez en- fuite dans un grenier ou hangar juf- qu'à ce qu'elles foient demi- fèches, en les remuant de temps en temps, pour empêcher la moififlure , & enfin vous acnèverez de les faire fècher au folejl. Dès que les racines font bien (eches on les fait moudre à un moulin de tanneur, ou à uii moulin à olives , ou à un moulin à cidre dont la meule fera haute & pefante, (vfjyq l'article Moulin) qu'on aura eu iom de bien nettoyer. Quelque grafle que foit cette racine après un certain temps de trituration , on en tire, en la paflant au tamis , une première poudre qu'on appelle ga" rance robée & qui eil la plus bafie qualité de garance, On G A R On fait fécher enfuite au foleil le fon de cette première mouture, après quoi on le met fous la même meule ; on le paffe à travers un ta- niis , & on en fait une deuxième poudre qu'on appelle garance non robii , meilleure que la précédente , mais d'une qualité inférieure a celle de la troifième efpèce. Pour avoir celle-ci, il faut remettre fécher au foleil le dernier fon , & enfuite k faire moudre à un moulin ^ bîo , dont les meules foient un peu plus disantes l'une de l'autre, qu'elles ne le font aux moulins ordinaires : ce qui paffera , après la mouture, à travers un tamis , fera la poudre la plus précieide ou la garana grappe- Après toutes ces opérations , il faut expofer , une nuit au ferein , ces trois efpèces différentes de poudre , les en retirer de grand matin , les enfermer féparément dans des barils dans une cave humide , &plus on les y laifTera , plus les poudres gagneront en bonté & en qualité. Telle eft la méthode que le Sr. Althen a vu pra- tiquer & a pratiquée en Perfe & en Turquie ; & M. d'Ainbournai , ex- cellent i'ige, a abandonné la méthode qu'd avoit publiée, pour fuivre celle du Perlan. Je palTe fous fi'.ence ce que pUifieuis écrivains ont dit fur la cul- ture & 'es préparations de la garance ; onles ^iro;2/zo/ialors, fi je puis m'ex- primerainfi, & on n'avoit encore rien de bien déterminé à ce fujet. GARDE-CHASSE. Perfonne pré- poiée à la confervation du gibier , à celle des forêts, taillis , Si enfin , à détruire les bêtes puantes. Celui des feigneurs de paroiffe , s'il eft affer- menté à la table de marbre de la jurifdidion dés eaux & forêts, eft Tomi y. G A R 2J7 cru fur fa parole. Ce n"efi pa? le cas d'examiner ici fi chaque propriétaire peut tuer le gibier qui eft dans fon champ; au moins le droit naturel eft pour lui, mais îe droit civil ne l'eft plus aujourd'hui, excepté en TofcanejOii le grand duc l'a rendu au propriétaire , aimant mieux pro- téger l'agricukure & l'agriculteur, que de favoriftr l'oifiveté & les plai- firs deftrucleurs des feigneurs. L'ex- périence démontre que le garde uni- quement occupé pour la chajje^ de- vient le fléau du village &: nuit aux intérêts du feigneur. Cette affertion n'elt point un paradoxe. Dès que cet homme eft cru en juftice fur fon fiinple &cfcul ferment, quel pay fan brouillé avec lui pour une caufe ou une autre, & qui n'aura même pas un fufil, fera à l'abri de fes pour- fuites? On dira, le garde eft un hon- nête !wn:?n:;']y confens; mais c'eft: un homme qui a des pafRons , qui fe fent protégé , & qui a toujours la juftice de fon côtéjjufqu'à infcrip- tion de faux. Quel eft le malheureux payfan en état de prendre cette voie ruineufe, longue, & plus qu'incer- taine, à cauie de la protection que le feigneur accorde à Ion garde ? S'il fuccombe , il eft ruiné ; s'il gagne fon procès, il l'eft également , parce que le feigneur chafle le garde , èc n'eft pas refponfable de fes fripon- neries , de fes vexations, de fes faux rapports, &c. : & on ne plaindra pas la pofition du cultivateur ! J'ai été témoin de ces faits; & fi les feigneurs de terres aimoient leurs vafTaux Si vouloient ouvrir les yeux , ils con- viendroient que j'ai raifon. Le payfan n'ofé pas même fe plaindre à eux; car fi le garde n'eft pas chaffé , il devient fon ennemi irréconciliable. Sic. K k 25§ G A R J'ai dit que les gardes nuifoîent aux feigneurs , non pas parce qu'ils éloignoient d'eux l'amitié & l'atta- chement de leurs vaffaux , objets dont plufieurs fe foucient fort peu , mais parce que leurs terres font dévorées par les lapins. Que l'on me montre une feule feigneurie pourvue de gar- des, où ces animaux ne fourmillent point, & je paffe condamnation. Si, à leur arrivée elle eft fans lapins , ils y en porteront ; & comme cet animal deflrufteur multiplie beau- coup, elle en fera bientôt couverte. La raifon en eft fimple ; le garde eft chargé de les détruire & à tirer def- fus pendant tout le temps de l'année ; il trouve , dans leur profcription , une nourriture quotidienne , & le prix de la peau de l'animal , qui fe vend de fix à fept fols. C'efl un revenu fur lequel il compte; & pour s'affurer & augmenter les bénéfices, il faut donc laifler aux lapins le droit de dévafter les champs voifins ; de forte que ce feul homme & les plaifirs du feigneur équivalent à une impofition , une taille réelle fur les biens d'une paroiffe. Je ne dirai pas, quant à la con- fervation des bois , que ces gardes s'entendent avec les particuliers , & qu'ds leur en vendent en les lailîant voler pour le décuple de ce qu'ils en ont reçu ; c'eft un mal fans remède. GARENNE. Efpace de terrain peuplé de lapins , & où l'on prend foin de les conferver. Il feroit bien à défirer pour les malheureux cul- tivateurs , que ce mot fût inconnu dans notre langue. Tout le monde a ap :)laudi à !a blenfalfance du prince de Conti, qui a fait environner de murs fa garenne de l'Iile-Adam. Cent G A R lapins trouvent à peine de quoi vi- vre fur un arpent , ( voye^^ ce mot ) & ce maudit animal caufe la ruine des taillis, des jeunes vignes, des oferaies, &c. par la fiu-eur qu'il a de ronger. Veut -on un exemple bien palpable du dommage caufé par les lapins ? le voici : M, le cardinal de la Rochefoucauld , archevêque de Rouen, & Seigneiu- de la terre de Gaillon , avoit une garenne non mu- rée, qu'il affermoit 1200 liv. Tou- ché de la calamité de fes vaflaux, il ordonna de détruire & d'exter- miner les lapins dans le courant de l'hiver. Il en eft réf'ulté que cette même année la dixme feule a aug- menté de 1000 liv. ; ainfi, en la pre- nant pour le onzième du produit net, les habitans ont eu un bénéfice de leooo liv., qui doit néceffaire- ment augmenter dans les années fui- vantes. Au facrifice de M. le cardi- nal, on reconnoît l'efprit bienfàifant qui anime toute la famille des la Ro- chefoucauld. Quand aurons -nous le bonheur de voir en France établir par- tout la coutume de Meaux, qui s'expri- me ainfi : Aucun ne peut tenir garen- nes jurées, fuppofè qu'il ait haute jujlice en fa terre, s il ri a pas per- miffîon du roi, titre particulier & ex- près, ou telle &" Ji longue jouiffiince, quil ne fait mémoire du commencement ni du contraire. Cette fage coutume auroit dû ajouter que toute garenne feroit murée. P'ufieurs auteurs fe font occupés des foins néceffaires à leur établifle- ment, à la manière de les peupler, de les conferver; quant à moi, vrai- ment ami des cultivateurs, je vais leur apprendre à les détruire, quand ils en auront le droit ou la per- G A R miflîon. Il eft aifé de peupler une garenne ; il n'en eft pas ainfi quand il faut la fupprimer : la marche du mal eft rapide, & celle du bien très- lente, La chafTe au fufil fert plus à l'amufement qu'à la réalité ; il en eft ainfi des lacets, &c.; celle du furet eft plus fùre, mais ne coupe pas le mal par la racine; il eft plus expé- ditif de boucher les terriers. On appelle terriers les ouvertures que les lapins font avec leurs pattes de devant , en creufant dans la terre , où, à force de gratter, ils pratiquent des galeries qui correfpondentle plus fouvent les unes avec les autres, & ont des forties au jour, dont le nombre eft proportionné;! leur éten- due. Us font pour les lapins ce que font les foupiraux pour les ouvriers des mines. Ils entretiennent un cou- rant d'air dans les galeries , fans quoi les animaux, comme les hommes, ne pourroient pas refpirer. Le lapin fort pendant la nuit, & rentre dans le terrier pendant le jour ; c'eft en général fa coutume. On choifira, dans l'hiver, un jour afl^ez froid, & même un peu plu- vieux, afin de s'afl"urer que les lapins font terrés ; mais pour plus grande fureté on fera, avec des chiens, & en s'y prenant de loin , une battue dans les environs de leur retraite. Cet animal timide & peureux, lup- pofé qu'il foit dehors, fe hâtera d'y rentrer, & ne cherchera pas à en fortir tant qu'il entendra du bruit. Après avoir reconnu tous les trous, & même après les avoir agrandis , on les chargera de mauvais bois , & on mettra le feu à tous en même temps , en continuant de faire beaucoup de bruit. Si on peut le procurer un bon nombre de îbuiEers, l'opération en G A R 259 vaudra mieux , parce que l'air poufle avec violence, forcera la fumée de s'infinuer plus avant dans les terriers. L'effet de la fumée eft de vicier l'air intérieur, de le rendre méphitique ou mortel , & par conféquent de fuffoquer les lapins. Dès que le bois eft aux trois quarts confiimé, des hommes armés de pioches & de pelles, pouffent la braii'e & le refte du bois dans le terrier, en abattent les côtés , & le bouchent avec des pierres & de la terre, de manière que la fumée ne forte d'aucun côté. J'ai vu des lapins s'élancer en dehors malgré la flamme, afin d'éviter le danger qui les menaçoit. On pare à cet incon- vénient en garniffant l'ouverture du terrier avec des fourches de fer. ^ Quelques jours après on retourne fur les lieux , & on examine de tous côtés & avec le plus grand foin fi de nouveaux terriers ou les anciens font ouverts ; alors on recommence la même opération avec les mêmes foins : au défaut du bois , on peut fe fervir de paille , mais elle brûle mal dès qu'elle eft un peu prefTée dans les trous. D'ailleurs, les mor- ceaux de bois mêlés avec les pierres & la terre dont on s'eft fervi pour boucher les terriers, ne permettent pas aux lapins de les ouvrir facile- ment. Si on fe contente fimplement, fuivant la coutume ordinaire , de bou- cher tous les terriers, on réuffit ra- rement, parce que l'animal en a bientôt ouvert de nouveaux : il faut le feu & la fumée, qui rendent mortel l'air des galeries. Garenne a poisson. Efpace de peu d'étendue &: plein d'eau, dans lequel on jette le petit poifTon qui doit repeupler un étang... On ap- K k z ^6o G A K G A U pelli encore de ce nom l'endrort d'une rivière garni de filets, & où CAROV ou Sain-bois, ou Thy- le poiflon vient fe rendre de lui- mêlée, ou ïrintanel, ( f^oyei même. Lalréole). GARGARISME. Remède liquide GAUDE , ou Herbe a jaunir, dont on le fert pour laver &c hu- ou Vaude. (Voyez Planche XIII, meder une ou toutes les parties in- page 134) M. Tournefort la place tcrieures de la bouche. dans la première leâion de la on- Dans l'elquinancie inflammatoire, zième claflè , qui comprend les her- fix onces d'eau commune avec une bes à fleurs de plulieurs pièces irré- once de miel & un gros & demi de guliere 6c anomale, dont le piflrl ritre, forment un gargarifme atté- devient un fruit à une feule loge; nuant & rncifif; ou bien de l'eau il l'appelle /w/io/a herha falicis folio : chargée de bon vinaigre jufqu'à une M. von-Linné la nomme refcda lu- agréable acidité; le tout, fi l'on veut, teola, & la clafTe dans la dodécandrle édulcorc avec un peu de miel.... trigynie. Une once de racine de guimauve, Fleur, repréfentée en B, de face ou un peu de gomme arabique, avec toutes les parties; en C, vue avec quelques figues graffes, le tout de profil; en D, vue par derrière, bouilli , pendant une heure environ. Cette fleur n'a communément qu£ dans une pinte d'eau, forme un gar- trois pétales jaunes ; un iupérieur E, garifipe émollient. . .. M. Pringle ob- & deux latéraux & femblables, dont ferve que dans l'efquinancie inflam- un feul eil reprélenté en F. Le fupé- matoire & dans les maux de gorge rieur efl découpé en plufieurs lan- qui menacent de iuffocanon, les guettes dont le nombre n'efi pas gargarifmes ordinaires font d'un très- confiant , ôc les pétales latéraux F , petit fecours; que ceux qui font font prelque toujours découpés en acides font plus de mal que de bien, trois parties. Le calice G efl d'une en ce qu'ils reflerrenî les émonc- feule pièce partagée en quatre divi- toires de la falive & du mucus, & fions; on voit ce calice dans tous (ts qu'ils épa'ffifTent les humeurs; qu'une fens dans Xts figures B C D ; le piftil H décoftion de figues dans du Lit & en occupe le centre. Chaque fleur efl de l'eau a un efîet contraire, fur-tout accompagnée, à la bafe deionpédi- fi on y ajoute quelque peu de fel cule , d'une feuille florale, longue, ammoniac, parce qu'il incii'e la falive étroite , pointue , con>me on le voit &c facilite l'excrétion des glandes, dans la fleur de profil C. effet qui ne manque pas de contri- Fruit. Caplule languleufe, bofTue, buer à la guérifon. Cet article ell pointue, terminée à ion fommet par extrait de la Médecine domefiiqui de trois pointes, au centre defquelles il M. Buchan, Ouvrage très-précieux, fe forine une ouverture à la matu- débarraflé de tout fatras icientlfique rite du fruit, pour laiffer échapper & mis à la portée du commun des des femences K , m.enues & en forme ledeurs. U ne fauroit être trop ré- de rein; ces femences font attachées pandu dans les campagnes. auxanglesde lacapùde,commeonle G A U voit en L , oii la capfule eft coupée dans fa longueur. Feuilles y liffes , en forme de lance, très-entières , imitant celles dufaule, mais d'un vert plus foncé. Racine A, blaiche intérieurement, roulîâtre à l'extérieur , droite , longue , pivotante. Port, tiges de deux à trois pieds, & de quatre à cinq quand elle eft cultivée ; les fleurs difpofées le long de la tige en efpèces d'épi ; les feuilles alternativement placées. Lieu. Les bords des chemins de prefque toutes nos provinces , les terrains légers & qui ont du fond. La plante eft annuelle &' fleurit en juin ou juillet, fuivant les climats. Propriétés. La racine eft apéritive, le fuc de la plante diaphorétique. Cette plante eft plus utile en tein- ture qu'en médecine. Culture. La gaude ou vaude eft auftî eft^entielle aux teintures jaunes & vertes, que la garance l'eft pour les rouges. La culture de cette plante devient donc très-avantageufe dans nos provinces où les manufaftures de drap font multipliées, ou lorf- qu'on peut l'exporter fans beaucoup de frais. On la cultive aujourd'hui avec le plus grand fuccès dans la Normandie , & l'on doit cette pré- cieufe relTource au zèle de M. d'Am- bournai , qui a fait pour elle ce qu'il avoit entrepris fur la garance ; ( voye^^ ce mot ) on la cultive également dans les environs de Paris, dans le Languedoc, &c. Les lieux où la . gaude croît fpontanément, ainfi que la forme de fa racine pivotante, in- diquent fuftifamment le terrain qui lui convient, & ta culture qu'elle exige. On voit dès-lors qu'il lui £uit une terre légère , fablonneufe Se fubf- G A U 2(5i tantielle, fi on veut qu'elle poufTe avec vigueur; enfin, plus la terre fera profondément défoncée , plus le pivot de la plante s'enfoncera , & - plus elle s'élèvera; unique objet de cette culture. I. Des femailles. Les auteurs ne font point d'accord entr'eux. Les uns veulent qu'on fème la gaude au mois de mars, pour la récolter en juillet ou en août , fuivant le climat ; d'autres , qu'on la fcme aufïïtôt après la récolte , afin d'imiter la marche de la nature; & les derniers , en même temps que les blés , c'eft- à-dire, dans le courant de feptembre ou d'oûobre , ou même de novem- bre , fuivant le climat , &c. Pourquoi cette différence dans les opinions , tandis qu'il y a une loi écrite dans le grand livre de la na- ture, fans cefle ouvert aux yeux de ceux qui veulent ou favent y lire ? Cette loi tient à la conftitution du climat , & par conféquent elle n'eft pas la même pour la Flandre , par exemple, & pour le Languedoc, &c. Je demande au flamand : A quelle épo- que , toutes circonftances égales, la gau de fort-elle naturellement de terre dans votre canton ? je fais la même demande au bourguignon, au pro- vençal , &c. Leur réponie eft l'époque défignée par la nature : conformez- vous donc à fa loi, & une fois con- nue par vous, préparez vos terres en conféquence, afin qu'elles reçoi- vent la femence au temps marqué : vous ne craindrez plus d'être trompé en fuivant à la lettre les opinions des auteurs, parce qu'ils ont écrit pour leurs cantons, fans confidérer le refte du royaume. L'affertion que je viens d'établir exige une modification , parce qu'il xGx G A U y a plusieurs plantes qui ont deux époques de germination , même très- éloignées. Les graines germent en quelque temps que ce foit, lorfque le degré de la chaleur de l'atmof- phère eft au point convenable à la ger- mination ou à la fleuraifon. Par exem- ple , en feptembre , en oftobre , en novembre , fuivant les climats , le blé germe , & il germe également en mars &: avril ; mais il ne germera pas pendant la chaleur dévorante & la féchereffe des mois de juillet & d'août des pays méridionaux. La belle expé- rience de i\l. Duhamel , rapportée au mot Amandkr, Tom. L page 458, prouve, d'une manière viftorieufe, que la germination & la végétation tiennent fpécialement au degré de la chaleur ambiante. Ce degré eft à peu près le même en oâobre ÔC en mars; ( toujours les circonltances égales ) il n'eft donc pas étonnant que les grains Ae froment ( yoj'e^ ce mot) & ceux de la gaude germent à deux épo- ques. A cette altertion on peut en- core en ajouter une autre ; c'eft que toutes les plantes fufceptibles d'une double époque de germination, ne craignent pas les effets de la rigou- reufe faifon d'hiver; autrement la nature auroit manqué fon but. D'après ces principes eft établie l'époque des femailles de la gaude. Dès que le froid ne fait pas périr cette plante pendant l'hiver, il vaut beaucoup mieux la femer avant qu'a- près ; femée à l'une ou l'autre épo- que, la récolte le fera à peu près dans le même temps, à une ou deux femaines après, fur -tout dans les pays chauds; & par conféquent il ell impoHible que la plante femée en mars ait autant de corps, de ccnfillance, de force, de hauteur, G A U que celle qui aura été femée en au- tomne. Il eft aifé de fe convaincre de cette vérité par le fimple coup- d'œil. Des auteurs ont confeillé de femer la gaude auffitôt qu'on aura labouré les champs, après la récolte des blés, & de la femer mèXés zvtcXe farrajin , ( voye^ ce mot ) ou blé noir. Cette opération peut être utile dans nos provinces du nord , dans celles de l'intérieur du royaume qui font tem- pérées , mais elle ne fauroit avoir lieu dans nos provinces méridionales proprement dites, à moins que la localité de certains cantons ne les rapproche de la conftitution de celles dont on vient de parler. Toutes ef- pèces de femailles, en général, dans les mois de juin, de juillet & d'août, font interdites dans ces dernières, à caufe de la féchereffe & de la cha- leur ; & fi on y femoit la gaude en juin ou en juillet, auffitôt après la coupe des blés, la graine, ou ne germeroit pas jufqu'en oftobre, ou bien, s'il furvenoit de la pluie tout auffitôt après , on courroit les rifques de voir la graine germer, pouffer, fleurir & mûrir avant les gelées. On doit juger, par cette végétation for- cée, combien la plante feroit mai- gre, rachitique, & de il peu de va- leur, qu'elle ne paieroit pas les frais de culture & de récolte. Il eft donc très-important de iuivre les loix de la nature de chaque climat , & de ne jamais généralifer les pratiques d'agriculture. L'auteur fe trompe & trompe les autres. D'autres confeillent encore de profiter des champs femés de hari- cots, &c.& de faifir, pour y femer la gaude, l'époque où ces plantes font en fleur , parce qu'alors on leur G A U donne un petit binage, & ce labour aux fert à recouvrir la graine. Lorfqu'on arrache les haricots de terre, la plante fe trouve toute venue. Cette opération & la précédente font très- bonnes; mais elles dépendent de la qualité du fol & du climat; objets qu'on ne doit jamais perdre de vue. L'époque des femailles des blés, dans les provinces du midi, doit être celle de la gaude. Cette plante ne nuit point à la récolte du blé des années fuivantes, parce que ia racine pivotante n'épuile pas les fucs de la fuperfîcie de la terre ; mais il faut confidérer que du moment de la maturité de la plante , & par conféquent du temps auquel on l'arrache de terre , jufqu'aux mois d'oûobre ou novembre fuivans , on aura la plus grande peine à donner les labours convenables aux terres , pour peu que la féchereffe foit de durée. II. Manière de femer. La graine de la gaude efl d'une fineffe , d'une ténuité extrêmes, & on peut à ces égards la comparer à celle du pour- pier. Cette petitefTe trompe la main & l'attente du cultivateur , parce qu'il efl: très - difficile de l'efpacer d'une manière uniforme , & le moindre coup de vent emporte cette graine , l'accumule dans un endroit & laiffe beaucoup de places vides. Le moyen le plus lûr de femer égale- ment eft d'incorporer la graine avec un fable un peu gras & humide ; elle s'y colle , y refte adhérente , lorfqu'on la jette fur le champ, & G A U 263 teinturiers , qui préféreroient avec raifon la gaude fauvage a la gaude cultivée , fi on pouvoit en fournir la quantité qu'ils confom- ment ; la meilleure gaude eft celle qui n'a qu'un feul brin^ Cette graine demande à être peu enterrée : fi elle l'eft trop , elle ne germera pas ; mais lorfque l'on labourera de nouveau cette terre, elle pullulera de toute part èc fouvent. Le blé une fois femé , il en fortira encore affez pour l'affamer, fi on ne le farcie pas ri- goureufement. Les labours une fois donnés , on paffe laherfe fur le dos , c'eft.à-dire ,les dents tournées contre le ciel , afin d'égalifer le terrain ; on fème & on paffe enfuite fur ce fol , & à plufieurs reprifes , des fagots attachés les uns aux autres. Cette opération fuffit. III. Des foins d'une gaiid'ûre. Tout le travail fe réduit à purger le fol des mauvaifes herbes, à regarnir les places vides, & à dégarnir celles où les plantes font trop épaiffes. Le farclage doit être fait avant & après l'hiver ; l'époque des femailles le décide. Si on a femé dans le mois d'oftobre, il efl clair qu'à la fin de l'hiver, les graines qui auront dû germer feront hors de terre ; on re- connoîtra alors les endroits trop fourrés ou trop dégarnis; on retirera de l'un pour regarnir l'autre. Il faut, pour la féconde opération, choifir un temps humide , afin d'enlever plus facilement la jeune plante avec fon pivot, fans le rompre, & dif- pofé à la pluie , pour que la plante eft femée également. Si la gaude eft reprenne plus facilement. La même femée trop clair , & dans un ter- opération peut avoir lieu avant l'hi- rain bien fubftantiel , elle devient ver ; cependant elle n'eft pas auffi branchue , & ce qu'on appelle grajfe : fûre , à caufe que la plante peut être alors elle n'eft plus auffi avantageufe furprife par la gelée ayant qu'elle 264 G'A U G A Y ait le temps de reprendre. Un homme plus de profit à arracher p'us rigou- armé d'une cheville , regarnit les rcufement , parce que l'inflirument places vides , & eCpace chaque plante tranchant laiflc toujours hors de terre à la diftance de trois à quatre pouces des tronçons de trois ou quatre pou- auplus : il obier ve la même diftance ces, c qui eft une perte réelle, pour déi^arnir. A mefure qu'on arrache , on fait IV. De la récolte. Elle dépend , des petits paquets qu'on lie avec de & de l'époque à laquelle on a femé, la paille; on les réunit enfuiîeen & de la conftitution de l'année Si plus gros , & on les tranfporte des pays que l'on habite, ainfi je près du logis. Là, les paquets iont n'indique aucune époque décer- détachés, &: chaque brin eft placé minée; mais la couleur de la plante perpendiculairement contre desmurs, la fixe. Il taut , sll eJlpofflbU, choifir des haies, &c. où il refte expofé à im jour humide , ôi lorlque la terre toute l'aftivité du Ibleil, pendant un , " ell humeftée , afin que la graine deux , ou trois jours , fuivant la tombe moins; l'opération générale chaleur du climat. On étend enfuite ert plutôt faite. Lorfque l'écorce de la fur le fol de grands draps fur lef- plante perd fa couleur verte, lorf- quels on bottelle les brins en paquets cju'elle commence à fe changer en de 1 1 à 15 livres, & les capfules jaune, enfin, lorfqu'une partie de qui renferment la graine la lalfîent la graine ell mûre , c'ell le temps échapper fur les draps ; ces bottes de tirer la plante de terre. Si on enfuite réunies plufieurs enfemble , ell forcé de pratiquer cette opé- fon portées dans des greniers, fous ration pendant la féçhereffe , il faut des hangards où règne un courant alors préférer de la faire de grand d'air. Si les bottes étdit araonce- matin à la rofée , on conferve plus lées encore humides , la fermenta- de graine. Il convient de tirer de tion s'y établiroit , & la partie terre la plante avec fa racine; les colorante & pu'peufe feroit bientôt tiges en paroilTent plus longues & altérée. fe vendent mieux , quoique la par- Suivantlescantons, les climats, &c. tie colorante foit irès-foible dans la auffitôt que la gaude ell arrachée racine; cependant, fi on a à traiter de terre, on laboure le fol, après avec un teinturier ralfonnable , & avoir fait pafl'er les moutons plu- dans la fuppofition qu'on ait des fieurs jours de fuite & on commence troupeaux , on peut couper les tiges à difpofer le fol à recevoir dans la ras terre, parce que ce tronçon luite les grains d'une nouvelle ré- repoufle,& les nouvelles feuilles qu'il coite de leigle , de blé, ô:c. produit deviennent une excellente nourriture pour les troupeaux. Pour GAYAC. Arbre de Virginie , de la peu que les pluies foient fréquentes Jamaïque; il ell inutile de Iç décrire, après la récolte générale de la gaude, puifque nous ne pouvons le cultiver le troupeau peut y paffer deux ou en Europe. Le bois de Gayac efl trois fois à différentes époques. Si on d'une couleur grife , tirant lur le lailToit trop mûrir la plante , elle noir , il y a une odeur aromatique &L' -.ne repoufl'eroit pas. Il y a peut-être douce, une faveur acre, piquante, un G A Y lin peu amère; l'ccorce du bois ell grife en dehors, blanchâtre intérieu- rement, inodore, d'une faveur amère & nauféabonde. Il découle de cet arbre un llic vulgairement nommé Téfim dt gayac , lorlqu'il eft devenu concret parl'exficcation ; cette réfine eft friable , extérieurement brune , intérieurement rouH'e , d'une odeur aromatique douce , d'une faveur Acre , Ibluble dans l'efprit de vin & les jaunes d'œufs. Les propriétés de toutes les par- ties de cet arbre ont fingulièrement été vantées, & l'expérience a prouvé qu'il falloit beaucoup rabattre de leur prétendue efficacité. A réduire les chofes à leur vrai point, le bois feul eft vraiment & décidément utile. Le bois râpé, en macération au bain-marie , dans une livre d'eau , depuis deux drachmes jufqu'à une once, augmente jufqu'à la fueur la tranfpiration infenfible , pour peu qu'on y difpofe les tégumens du malade par le repos , la chaleur de l'atmolphère & les vêtemens ; c'eft lin fudorijîque des meilleurs & des plus forts que l'on connoiffe. Sou- vent il diftipe feul les (ymptômes vénériens & opiniâtres , qui ont réfifté à la fage adminiftration du mercure , principalement fi on le fait prendre après le traitement , à ime dofe relative aux forces , à l'âge , au tempérament du malade , à l'intenfité, &;à l'efpèce defymptôme vénérien ; il échauffe , il altère , il conûipe , diminue la quantité des urines, fatigue ceux dont l'eftomac eft foible & irritable , & ne con- vient point aux fujets difpofés à cracher le fang ; le bois de gayac eft en général indiqué dans les efpeces ToTBt V. GAZ î6fj de maladies par fuppreftlon de la tranfpiration infenfible, fars inflam- mation , ni difpofition vers cet état , dans l'afthme pituiteux , la rage , les écroueiles,la dartre vénérienne, & la dartre miliaire. On vante beaucoup ie bois de gayac râpé, à la dofe de quatre onces , dans deux livres d'efprit de vin , macéré au bain-marie pendant 24 heures , & la liqueur enfuite fil- trée , pour raffermir les gencives & appaifer les douleurs de dents. Il paroît, dit M. Vitet, dans fon excel- lente Phdrmacopii de Lyon^ que {çi% bons effets dépendent plus de l'efprit de vin que les fubftai-.ces extraites d« bois. GAS. Nom fous lequel les anciens chymiftes , & quelques rrodernes ont défigné les fubftances aéritbrmes qui fe dégagent de quelques corps. ( /'bje^ le mot Air, où nous avons parlé des gas fous leurs principaux rapports.) GAZON, GAZONNER. On ap- pelle ainfi une portion de terre cou- verte d'herbe courte & menue, & on entend par gazonner le placage d'une légère couche de terre garnie d'herbe, fur un endroit qui en eft dépourvu. La beauté du gazon con- fifte en la fineffe de fon herbe , & en ce que cette herbe ne s'élève ja- mais bien haut; enfin, dans l'uni & le beau velouté vert qu'il doit pré- fenter à l'œil. On ne peut difconvenir que le gazon ne foit un des plus beaux ornemens d'un parterre , d'un parc , & de la campagne , fur-tout quand il borde Si qu'il eft à fleur d'une grande pièce d'eau , d'un balîin , Ll x66 G kl GAZ d'un petit rulffeaa, & on a raifon Ls riante & magnifique verdure de penfer que dans ces lieux il y tient au climat ; tous les efforts de rè^ne plus de fraîcheur qu'ailleurs, l'art ne donneront jamais dans les pro- foit en raifon du local, foit en rail'on vinces méridionales des gazons, par de la grande tranfpiration des plantes exemple, comme à Lyon. La fraî- qui augmente l'humidité de l'atmof- phère, & dont Tévaporation aug- mente le frais. Qu'il etl; agréable de fe coucher fur le gazon , auprès d'un petit ruilT.-au ! A quelle douce rêverie n'eft-on oas entraîné comme mal- gré foi ! Si l'on promène en même temps la vue fur des groupes de fleurs placés fans art , & comme difpofés par les mains de la nature , le charme augmente, & l'homme goûte des plaifirs purs , parce qu'il n'efl: occupé que de lui , & de l'agré- ment du fite ; mais depuis que l'an- glomanie ou la fureur des préten- dus jardins chinois s'ell: emparée de toutes lestâtes , les parterres ne font plus que des prés , des gazons Symé- triquement deffinés , ^tirés au cor- deau , entrecoupés d'allées , &c. Le mélange des fleurs & des gazons décoroit autrefois nos parterres , on en a banni le plus bel ornement , & on n'a confervé que l'acceflbire; on appelle cependant cette manie l'imitation de la nature. En ce cas, au lieu d'un parterre, ayez un pré fous vos fenêtres , fans allées à fable rouge , jaune , &c. fans comparti- & la véritable mens, oc vous aurez imitation de la nature , puilque ce fera la nature même. Que ces par- terres ( s'ils méritent ce nom ) uni- quement en verdure, font froids, monotones ! combien peu ils difent àla vue & à l'ame! Animons ce qui no-as environne , & laiffons aux endroits un peu éloignés de notre demeuie, quoique foignés, la beauté & la fimpUclté de la nature. cheur de ceux de Paris fera aufli fupérieure à ceux-ci que la fraîcheur de ceux des environs de Londres & d'Amflerdam, le fera à ceux de Paris. Cela tient uniquement au cli- mat, & non à la qualité des plan- tes, puifqu'elles font les mêmes à Londres &C à MarfeiHe , mais diffé- remment modifiées. On m'a envoyé de la graine des gazons fi vantés de l'Angleterre ; je l'ai femée avec le plus grand foin , & les plantes qui en font provenues font dures & fortes , & d'un vert noirâtre comme celles du pays où j'écris. Après avoir bien travaillé la terre , on peut femer en oftobre ou après l'hiver, je préfère le premier , parce que les plantes font plus formées au printemps , & craignent moins la féchereffe. Il faut choifir la graine dans les prés bas , parce que l'herbe y ell: plus fine , & la femer très- épaifTe; fi on fème clair, chaque plante tallera , & donnera une herbe groffière. Plus une plante efl rap- prochée de fa voifine & plus l'herbe eft fine , parce qu'elle efl plus prefTée & trouve moins de nourriture. Auiîî- tôt après avoir lemé, enterrez la graine , nivelez le terrain , & arro- fez copieufement avec des arro- foirs garnis de leurs grilles à petits trous. On voit lorfque l'herbe efl fortie de terre les endroits trop clairs, on y ième de nouveau , ou bien on attend au mois de feptembre ou d'oc- tobre de l'année fuivante. Le point le plus eflentiel efl de ne laifTer végéter GEL aucune plante étrangère, Se de l'ar- racher dès qu'elle paroît; tous les huit jours cette revue doit être faite, &c l'herbe également fauchée tout les huit ou quinze jours. Plus elle eft coupée fouvent, & plus elle s'épaifîlt. Il faut fouvent arrofer ces gazoBs, ou par le moyen des pom- pes, ou avec des arrofoirs. On a imaginé des rouleaux en pierre ou en fer , que l'on paffe & repafîe furies gazons , afin d'aplanir le fol, d'afFaiffer Therbe , & d'empêcher qu'un brin ne paffe pas l'autre , & on appelle cela imiter la nature ; quelle imitation ! Il y a une féconde manière de gazonner ; elle confirte à appliquer fur un endroit des gazons tout formés , pris dans un autre. On choi- fit à cet effet les peloufes rendues les plus rafes par le paffage fré- quent des troupeaux. On les coupe en morceaux égaux , d'un pied & demi de longueur fur un pied de largeur, & de trois pouces d'épaif- feur , &C on les enlève avec la hcche ( f^oye^ ce mot ). On plaque ces giorceaux contre les talus , les rampes , les glacis , dans les bou- lingrins , les allées , &c. & des hommes armés de battes , les pla- quent & les collent à coups redou- blés contre le fol , de manière que le placage s'identifie avec le fol : l'opé- ration finie , on les arrole , le tout largement, ôc on n'épargne pas l'eau dans la fuite relativement aux befoins de la plante. GELÉE , Physique. Grand froid qui pénètre les corps & convertit l'eau en glace. On peut voir au mot Froid , tout ce qui regarde cette température ; GEL 167 nous ne ferons qu'ajouter ici quel- ques détails fur la gelée proprement dite. Quand le thermomètre de Réau- mur eft defcendu jufqu'à zéro, alors dans tous les pays il commence à geler ; tous les fluides aqueux tran- quilles , & expofés au grand air, commencent à fe convertir en glace; fi le froid devient plus fort, on dit que la gelée augmente , & les eaux qui ont un cours , un cer- tain degré de mouvement , s'arrê- tent & fe gèlent : enfin , elle croît comme l'intenfité du froid ; il gèle dans l'intérieur des maifons , dans les maifons les mieux fermées , & les rivières , même les plus rapides , finiffent par fe glacer en partie, & mcme quelquefois , toute leur fu- perficie eft prife jufqu'à une certaine profondeur. La gelée naturelle dé- pend donc de la température de l'air , & par conféquent plus l'air fera froid, plus il gèlera. Certaines vapeurs , l'évaporation , les vents , influant fur le degré du froid , influent auffi fur celui de la gelée. Un vent du nord , fec , accompagné d'un ciel ferein , occalionne une telle gelée , Se en général il gèle plus fouvent &C plus fort par ce vent que par un temps humide & couvert. Un phénomène affez fingulier qui accompagne les fortes & longues gelées , c'elt la pouffière légère dont les chemins font alors couverts comme dans les jours les plus beaux & les plus fecs. Si vous vous pro- menez dans les grandes gelées , vos fouliers feront bientôt couverts d'une pouffière fine que le moindre vent fait voltiger ; mais à peine êtes-vous rentré dans un lieu où la tempé- rature foit affez douce pour fondre Ll z 268 GEL la glace , ces petits grains de pouf- iière fe fondront , & il n'en reftera prefque plus. Le troid extrême ié- pare & ifole chaque grain de terre attaché à im atome d'eau qui cil gelé; c'eft, pour ainlî dire, un grain de glace recouvert par de la pouf- fière : ce glaçon fe détache facile- ment de la terre, & , comme il eft très - petit , & par conféquent très- léger , il s'envole , & s'attache à tous. les corps qu'il rencontre. Ces petits grains fe fondront auffitôt que l'on fera dans un air plus chaud , & les foiiliers feront alors couverts d'une véritable boue. La gelée mérite l'attention du phi- lofophe qui réiléchlt fjr tous les phénomènes qui pafient fucceffive- ment fous les yeux , par fes effets fur l'économie animale & végétale. Au mot Froid nous fommes entrés dans quelques détails à ce iujet , lur- tout pour l'économie animale; nous allons ajouter quelques cblervations intéreffantes , par rapport à l'éco- nomie végétale. Une intînité de plantes périt par la moindre gelée ; c'eft en général toutes celles qui , nées dans des climats chauds, font tranfportées dans un nouveau , où elles ne retrouvent pas la température qui leur eft néceftair?. Les plantes de nos climats ne font pas cependant à l'abri de la riguîur des frimats. Si la gîlée eft forte & long temps continuée , elles en de\'iennent les vidi:n3s: m lis il faut obferver , en géiéral , qu'il n'y a guère que les p'-.at's amujlîes qui périlTent aux pre-n'ers fro'rls ; l'état de langueur où elles font à l'approche de l'hiver, leur vie'iilefTe ne conferve plus cette vigueur , cette chaleur vitale qui donne aux autres plantes la force de G E'L braver les gelées. Si l'humidité de la terre fe gèle à une certaine pro- fondeur , les racines en font affec- tées, le chevelu fe trouve quelque- fois coupé & brifé par les glaçons qui fe trouvent dans la terre ; les fucs nourriciers devenus folides , ne peuvent plus pénétrer à travers les racines , & aller porter la vie dans la tige &c les branches ; l'extrémité des branches , les bourgeons , plus aqueux & plus fucculens que le refle , font aufîi les parties les plus fufceptibles de geler. Les gros troncs d'arbres n'en font pas à Tabri dans les grands hivers, 6i. ils fe tendent;, quelquefois , fuivant la direttion de leurs fibres , ôi même avec bruit. On remarque ordinairement , fur les arbres auxquels cet accident eft ar- rivé , une arrête ou une efpèce d'exoftofe formée par la cicatrice qui a recouvert ces fentes ; elles relient enfermées dans l'intérieur de l'drbre , fans fe réunir : ces fentes intérieures portent fouvent le nom de gélivurc , de cadran. ( f^oje^ ce qui a été dit au mot Dégel, Brû- lure DES Arbres ). Un effet ^fcTez. commun de la gelée, fuivant quel- ques auteurs , elî la production à\i faux -aubier {_ f^oye^ à ce mot ce que nous en penfcns ). La gelée ne fait jamais pkis de ravages que lorfqu'elle eft accom- pagnée d'huni'dité : cette humidité s'attachant à tout ce qu'elle ren- contre , forme enfui'e autant de pe- tits gliçons qui aff. ft?nt néceffaire- rr.ent la p?.rtie fur laquelle ils fe pofent. ( f^oye{ le mot Brûlure, js-riha^t). C'e.'l encore bien pire, lorfque cette humidité a pénétré la fuperfîcie des feuilles ou des jeunes tiges ; car alors ils déchirent l'épi- GEL derme en f; formant , caurent une violente diûention , & rompent toutes les parties organiques qui les renf;:-menî. S'il eft àts cas où la gelée fafTe encore plus d? mal , c'eft lorfqu'après un dégel il iur- vient une gelée fubite ; il eft rare que les plantes alors échappent aux maux que cette alternative occa- fionne. La furabondance d'humidité produite par le dégel , & qui ie convertit tout d'un coup en glace dans le moment ok toutes les parties font attendries par la douce chaleur du dégel , eft le principe des ravages affreux qui détruilent prefquetous les végétaux dans ces circonlîances. Les fruits ne font point à l'abri des funeftes atteintes de la gelée ; ils fe gèlent & fe durciffent pendant les hivers qui font un peu rudes , lorsqu'on n'a pas eu foin de les en préferver. Dans cet état, ils perdent ordinairement tout leur goût ; & lorfque le dégel arrive , on les voit le plus fouvent tomber en pourri- ture ; les parties aqueufes , qu'ils con- tiennent en grande quantité , étant changées en autant de petits glaçons dont le volume augmente , brifent & crèvent les petits vaifleaux qui les renferment; ce qui détruit l'orga- nilation. Si l'excès du froid entraîne diffé- rens accidens par l'excès de la gelée , il eil des circonlîances où une gelée , par un temps fec , peut être favo- irblc; elle d'.vife les mottes de terre r.r viA que le meilleur labour , & périr un grand nombre d'in- kaes qui ne's'étoient pas retirés afTez profondément dans la terre ;joar Ce mettre à l'abri. Comme or- t;-.:iairement une belle gelée s'établit par le vent du nord , l'air eft plus GEL i6<^ pur Se plus propre à l'économie zm- male.Ç^f^oyei les mots AiR àc Froid). M. M. J'ajouterai quelques obfcrvatlons à ce que M. Mongez vient de dire fur la gelée. J'ai remarque que, dans les années où les gelées blanches fur- Venoient de très -bonne heure en automne , & qu'elles faifoier.t tom- ber les feuilles , & fi la terre ctoît humide, les arbres Si les plantes fout- froient beaucoup du froid de l'hiver f.iivant. La raifon en eft , je crois , que ces arbres font reftés char- gés intérieurement d'une humidité lurabondante , & qui n'a pas pvi enfuite êtretranfpirée parles feuilles , puifque la gelée les a fait tomber de trop bonne heure. Dès-jors l'aquo- fité de l'arbre , l'humidité concen- trée dans tous les pores du bois , ont donné plus de prife à l'aâion du froid qui , en glaçant ces niolé- cwles aqueufes , leur a fait occuper im plus grand efpace , & déchirer les efpèces d'outrés qui les renfer- moient. Au contraire , lorfque les feuilles reftent fur les arbres jnfqifà l'arrière - faifon , ils perdent peu à peu leur humidité furabondante , & ne craignent plu-^ le froid. En 1756 ou 1758 (je ne me rap- pelle pas pofitivement lacjuelle de ces deux années ) il furvint de la neige & de la g^ace le iS & le 20 avril. J'avois plufieurs t'eigles qui commen- çoient à monter en épi , &c l'épi étoit formé fur pluficurs : je fis étendre le cordeau du jardin , & le promener par deux hommes fur un de ces champs, afin d'abattre la neige 5i l'eau de celle qui commençoit à fondre. Après plufieurs allées & venues avec le cordeau fur chaque partie du champ , les épis, les tiges 270 GEL & les plus hautes feuilles ne fe trou- vèrent prefque plus mouillées ; le foleil parut , tut chaud , &: malgré cela le i'eigle fut confervé ; il fut , au contraire , très-fortement endom- magé daob les endroits où l'on n'avoit pas paflë le'cordeau. L'effet de la gelée devient donc plus ou moins funefte eri raifon de l'humidité qui recouvre la plante. Lorfque la gelée furvient pendant que les arbres font en fleurs , & lorfqu'ils ne font pas chargés d'hu- midité, ou couverts par la neige ou par l'eau des pluies , la gelée n'en- dommage aucunement les fleurs. Si ces fleurs font humides, & que le temps refte brumeux & couvert ; enfin, lorfque la gelée fe diffipe petit à petit , il y a peu ou prefque point dédommage; mais fi le foleil paroît avant que la gelée foit diflipée, tout eft perdu. Les vignes entourées de grands arbres , ou placées près des forêts, ou plantées dans de bas-fonds , crai- gnent plus les effets de la gelée que les autres , parce que les arbres ou le local concentrent , attirent & en- tretiennent l'humidité qui ne peut être diffipée que par un courant d'air. Je ne difcuterai pas fi l'effet de la gelée dépend d'une plus grande quan- tité de fels répandus dans l'air, ainfi que M. de Lahire à voulu le prouver dans le Torjie IX des anciens Mé- moires de C^cadcmic dis Sciences , ou d'une fouftradVion d'une grande partie du principe igné de l'atmofphère, ou enfin de la feule évaporation de fhu- midité. Cette queftion , purement phyfique , n'eft pas du reffort de cet Ouvrage , & m'entraîneroit trop loin ;! mais il convient d'examiner GEL par quel mccanifme la gelée détruit les fleurs & les jeunes bourgeons , lorfque le foleil paroît, parce que, de cet examen , il en réfulte des règles pour la pratique. J'ai déjà dit que la petite couche de glace qui couvre les fleurs , les bourgeons , fe féparoit en goutte- lettes , lorfque la chaknir des rayons du foleil commençoit à la faire fondre"; que ces gouttelettes péné- trées & traverfées par les rayons du foleil , les concentroient en un foyer , de la même manière que la loupe ou les boules de verre remplies d'eau; enfin, que comme ces gout- telettes étoient multipliées à l'infini , & infiniment petites , elles corref- pondoient, pour ainfi dire , à chaque pore de la fleur , du bourgeon & de la feuille, & que, par ces foyers rapprochés les uns des autres , la texture de la fleur étoit flétrie , defféchée & calcinée ; enfin , que deux ou trois jours après elle tom- boit en poufîière. J'ai expliqué de la même manière les effets de ces coups de foleil violens, lorfque l'at- mofphère efl vaporeufe , &: lorfque, pour me fervir d'une expreffion ufi- tée , quoiqu'impropre , le foleil efl entre deux nuages. Alors , & pour ainfi dire , en un clin d'œil , les feuilles des vignes, des arbres, &c., font grillées & prêtes à tomber en pouffière ; il efl; rare que la plante fur- vive à leur chute. Des auteurs très - eflimables ont une façon de voir & de juger diffé- rente de la mienne. Je laiiVe au Lec- teur le choix de fe décider ou pour l'une ou pour l'autre. Ils penfent que, pendant la gelée , toutes les parties des fleurs , des feuilles , des bourgeons qui commencent à éclore, GEL font dans un état violent de con- traftion, & que toute circulation eft f'ufpendue dans les vaifleaux léveux ; que cette circulation recommence ; que la contraction cefTeà mefure que le froid diminue ; mais fi le foleil donne trop promptement fur les fleurs avant qu'elles aient repris leur élafticité naturelle , il ouvre trop promptement leurs pores ref- ferrés , les deffèche Se les détruit. C'elf donc en occafionnant une vé- hémente évaporation de l'humidité, ou par le contadl trcs-brufque des rayons chauds avec des corps très- froids : mais ces rayons font-ils afiez chauds pour produire ces effets? Je ne le crois pas, 6c cette opinion ne meparoîtpas expliquer pourquoi les feuilles, les fleurs, &c. font un ou deux jours après dans l'état le plus pulvérulent , lorfqu'on les froiffe avec les doigts. Le point le plus effentiel efl: de prévenir ces accidens , & de ga- rantir, autant qu'on le peut, fes arbres , fes vignes , &c. ( f'^oyei ce qui a été dit à ce lujet aux mots ÉcussoN pour la vigne. Dégel, pour les effets généraux , & Espa- lier, pour les arbres.) M. Malltt, dont il a été queftion au mot Châjjîs Phyfiquis , de ion invention , pro- pofeun moyen bien fimple de ga- rantir les arbres en fleur, & cou- verts de la geiée , contre l'effet des rayons du foleil. Il efl fondé fur l'analogie & la pratique ordinaire des cuifuiiers qui trempent dans un feau d'eau, fortant du puits, la viande gelée , avant de la faire cuire; on pratique la même chofe pour les fruits, M. Mallet dit qu'il arrofe les fleurs de ces arbres , leurs feuilles, &c. avant que le f&leil loit levé. Cette G E N 271 pluîe aftîfîcielle fait fondre les gla- çons , parce que l'eau fortant d'un puits ordinaire , a ordirairement dix degrés de chaleur, qui fufEfent & au-delà peur la fonte de la glace. Ce procédé tft très-ingénieux. Gelée blanche. (Toy. Givre.) GENCIVES , MÉDECINE rurale. On appelle gencives le tifî'u coriace & rougeâtre qui couvre les deux faces de tout le bord alvéolaire de l'une & de l'autre mâchoire , qui fe continue entre toutes les dents, qui environne le collet de chacune en particulier & qui s'y attache très-étroitement avec une adhérence très - intime. Ainfi , les gencives externes & les gencives internes ne font qu'une même continuité , & forment en- lemble autant de trous & d'ouver- tures qu'il y a de dents. Les gencives , dans l'état de fanté , doivent être fermes, ver- meilles & bien collées autour des dents. ^Elles font fujettes à s'enflam- mer, à fe ramollir, à s'ulcérer & à exhaler une odeur putride & oan- gréneufe. Tous ces dérangemens" dé- pendent de plufieurs caufes : de ce nombre font une difpofition ha- bituelle à contracter des fluxions, un flux d'humeurs qui fe jette tout-à- coup fur les gencives, la carie des dents, un vice Icorbutique, des tu- me^irs charnues qui naifTent fur la lurtace des gencives, la répercuflîon d").ne humeur dartreufe , ou de toute autre nature fur quelque alvéole, une mauvaife difpolitiondufang. La curation des maux des gencives efl relative aux caufes qui les pro- duifent. 27* G E N La faigriée , les garnnrifmes rafraî- chiflans & autres topiques doivent être employés pour combattre l'in- flammation. Si les douleurs qu'on y reflent dépendent d'un flux d'hu- meurs qui étoit accoutumé à fortir par quelque voie , il laut alors ap- pliquer derrière les oreilles l'écorce du garoii, ou tnnttndU, ( f'qye^LA.U- RtOLF. ) On doit encore Icarifier les gen- cives avec une lancette fi elles Ibnt gonflées & engorgées de fang à un certain point , & enfuite les laver avec quelques décodions vulnérai- res. Dans k gonflement (corbutique fans ulcération, lorsqu'il ell léger, le fuc de limons elt un excellent to- pique. L'eau-de-vie camphrée ibrtitîe les gencives & eÛ tort utile contre la dilpofition à l'ulcération putride. Les antiputrides , la décoction de quin- quina , l'elprit de cochlearia , la tein- tiire de myrrhe doivent être em- ployés dans le cas d'ulcération gan- grène ufe. Les anti-fcorbutiques , le creflTon , le lue d'orange & de citron doivent ctre oppofés au vice Scorbutique, Nous aurons occalion de dire en- core quelque choie des gencives infedées de i'corbut. ( Voyt^ Scor- but.) La carie des dents peut encore déterminer des douleurs très-aiguës & un gonflement aux gencives ; fi l'infomnie lurvient, on appliquera aux tempes ou fur la dent un peu de coton imbibé de laudanum li- quide. La pouflc des dents produit fur les gencives des cnfani des r-.aux tres-violcns : ils font portés Ojuelque- tois à un degré ii fort , qu'il faut les G E N incifer avec le biftouri pour leur rendre le repos & la vie. ( Voya^ Dentition. ) M. AM. GENÊT. On comprend fous cette dénomination plufieurs plantes dont les botaniftes ont fait des genres diff'érens. Il n'entre pàs dans le plan de cet Ouvrage de faire rénumération de tous les indivi- dus qui compofent cette nombreufe famille , mais uniquement de ceux qui ont une utilité réelle ou d'agré- ment. Genêt d'Espagne. M. Tourne- fort le place dans la vingt-deuxième feftion de la vingt-deuxième clafl"e , qui comprend les arbrifl^eaux à^*«r papilionacii , ( \o\c^ ce mot ) dont les feuilles lont feules ou alternes , ou placées autour des branches , & il l'appelle genijla juncea. M. von- Linnc le nomme fpartïum junaum. &i. le clafl"e dans la cliadelphie décan- drie. Fleur, en papillon à cinq pétales, l'étendard grand, ovale, en forme de cœur entièrement recourbé; les ailes ovales, oblongues , beaucoup plus courtes que l'étendard , adhé- rentes aux filets ; la carenne com- pofée de deux pétales , alongée , plus longue que les ailes; le calice d'une feule pièce , en tube , coloré & u» peu recourbé en arrière. Fruit. Légume cylindrique, long, à une leule loge à deux valvules, les femences nombreufes en forme de rein ; ce légume efl velu. FtuHUs. Peu nombreufes, adhé- rentes à la tige , en forme de lance , arrondies à leur fommet. iîiza/jir , ligneufe , rameufe , pivo- tante. Port. G E N Port. Arbriffeau dont les tiges font droites, les rameaux Ibiivent oppoics, toujours cylindriques, imitant les tige-, du jonc; le bois filamenteux, jaunâtre ; les fleurs jaunes très-gran- •des , odorantes, difpofées à l'extré- mité & le long des tiges ; les feuilles alternativement placées. Lieu. L'Elpagne , nos provinces iwéridionales ; fleurit en mai & juin. Culture. Cet arbrifl^eau tient une place diftinguée dans les bofquets d'été , dans les maffits d'arbrifleaux. Comme il croît naturellement fur les bords des chemins , fur les terres , dans les lieux incultes , il exige par ■conléquent peu de foins pour (a cul- •ture; cependant lorfqu'il trouve une bonne terre , il profpère, pouffe ôc s'étend beaucoup. La meilleure ma- nière de i'e le procurer cil par graine , pnr femis , dans des caiffes ; à la fin de l'année , on met en terre les jeunes plantes qui en lont prove- nues , en obferVant de ne point cafferle pivot, ce qui efl trcs-tacile. Ce gênet reprend difficilement , & lorfqu'on le tranfporte des champs, fur-tout s'il a déjà une certaine grof- feur. Après la tranfplantation , o\\ coupe fa tige à un pouce de terre-, afin que l'arbriffeau talle en petites branches. On peut en faire des bor- dures, des haies, peu élevées; il fufiît chaque année de les tondre comme les buis. Sur les coteaux des montagnes , chargés de ce genêt , on fent une odeur délicieufe au fo- leil levant. Cet arbriffeau , étonné de fe trou- ver en bonrie terre & d'être pré- cieufement cultivé par les mains d'un amateur , a payé fes foins en donnant des fleurs doubles qui ont Tomt V, G E N 173 confervé autant d'odeur aue les fleurs fioip'es; mais comment perpétuer & multiplier cette heureufe transforma- tion, puifque les fleurs, de fimples , devenues vcritabUmint doubles , ne donnent point de graines. La greffe eff venue au fecours du fleuriffe ôc a , perpétué fes jouiffances ; elle prend facilement. On connoît en- core de cet arbriffeau une efpèce naine , à fleur fimple & à fleur double. Propriétés médicinales. Les mêmes que celles du genêt des teinturiers , dont on parlera ci-apres. Genêt commun ou- Genêt a BALAI. M. von - Linné l'appelle j'partLum fcoparium , & M. Tourne- tort , cytijo-gentjla , Jcopafia vul^x- ris,JIore luteo. FUur OC Fruit. Les^lrnêmes carac- tères que le précédent^' lès fleurs iont plus petites. Feuilles, ordinairement trois à trois & quelquefois folitaires 'fur - tout à l'extrémité des tiges ; lés folioles pe- tites , étroites, ovales; les folitaires plus alongées. Rdcine ligneufe , rameufe , pivo- tante. Port. Arbriffeau à plufieurs tiges , hautes de trois à fix pieds , ra- meuies , grêles, anguleufcs, flexi- bles, fans épines; les fleurs jaunes & blanches dans une variété , dif- polées une à une le long des tiges & portées fur des queues courtes ; les feuilles ternées ou lolitaires font alternativement placées le long des tiges. Lieu. Les terrains fecs , fablon- neux , les bois , les bords des che- mins , les lieux incultes fur les hau-i teurs, M m Î74 G E N Culture. Il n'en exige aucune , on peut le multiplier par femence. On regarde en général cet ar- briffeau comme très - inutile pour l'agriculture. Je ne pefife pas de môme : il eft à mon avis très-pré- cieux fur les fols maigres, incultes, & poiu" empêcher fur- tout que les eaux p!uviales n'entraînent le peu de bonne terre qui exifte. Sans lui , que ieroient la plupart des coteaux à pente rapide ? des rochers fecs , arides & décharnés. Ce font les -genêtç qui y créent la terre végétale ou humus; (^voye^ le dernier Cha- pitre du mot Culture^ ce font leurs Ta.cines qui , entremêlées avec le f^ M On, fait fécher cette fiJafTe ; on G E N la bat enfu'.te avec des efpadons comme l'on fait au Un. La poudre cotonneufe qui fort de la poignée lorsqu'on la bat , fert à rembourrer les meub'cs 6c les ha'nois en guife de laine ou de crin dont elle a l'é'al- ticité. L'autre partie de h fiJafie ayant été paffée au peigne , fe file au rouet; ce fil eft p'us fin & plus fouple que celui du chanvre , & pas autant que celui du lin. 11 prend aifément la teinture , & fert à tous les ufages auxquels les autres fils font deftinés. » Je ne penfe pas qu'il faille abfo- lument le fecours des eaux therma- les pour le rouiflage du genêt ; elles l'accélèrent, j'en conviens, comme la chaleur du Inleil fur les eaux îla- gnantes , accélèrent celui du chanvre. (/'byej ce mot). Alnfî il fuffna de lailier plus long-t^mps le genêt dans l'eau après fa réco'te , ôi daiis fa filature les pauvres trouveront une refTource précieufe qui les aidera a vivre &: à iè procurer \e; choies ré- cefiaires pendant la durée de l'hiver» Les communes , les montagnes chargées de genêt à ba'ai , ouvrent une petite branche de commerce» Il faut des balais dans les villes , ils y font peu chers , mais ils ne coûtent rien à ceux qui les fabriquent , Sc la charge d'un âne nourrit une pauvre famille pendant plufieurs jours. Dans le pays à genêt la paille eft peu abondante , & fert à la nourri- ture du bétail. Sans le genêt , avec quoi feroit-on la litière ? Il s'imbibe d'urine, fermente avec le fumier^ & conferve l'engrais dans les champs, fur lefquels on le voiture.. Si les engrais font peu abcndans. Se ne fuffilènt pas au befoirr» & ft le genêt eft très-commim, oû fera 7bmV. FlJOrPa,!- ^-- chtt/fû/e tm I7/it/u' /hzt/rrc72i^m//te . A' /:'i-/f^ i^/i'tt/cf'i^/i . {n aAri'/i ra Jiit'ùA'. i '.V ///.///^/r,r .y/ /'.'/ favorife la curation du gonflement du foie- & de la rate; elle convient dans l'afcite par rétention d'humeur excrétoire, l'afcite par obflruilion du foie, par obil;ru£lion de la rate, dansl'hydropifie de maiiice, l'œdème des jambes, l'anazarque & le rhu- îiiatifme par hupieurs féreufes. Lorf- 278 G E N que la IciTive des cendres de genêt n'agit pas avec Aiccè? fur les voies urinaires , elle femble accroître les fymptômes de l'hydroplfie , augmenter la foif du malade , dimi- nuer les forces vitales. Elle a cela de comiBun avec celle des cendres des végétaux, qui donnent par la com- buïiion beaucoup ^alcali fixe. (^Fbyei ce mot ). On donne les fleurs fèches de- puis demi-drachme jufqu'à demi- once en intufion dans fix onces d'eau. Les feuilles fèches depuis deux drach- mes jufqu'à une once , en infufion dans huit onces d'eau. Le vin de genêt ou leffive fpiri- tueufe fe prépare alnfi. On prend tiges & feuilles de genêt qu'on fait briller , & dont on ramafle les cen- dres pour les employer fur le champ , depuis une once jufqu'à trois onces, en nfacéraîion au bain-marie, avec une livre de vin généreux. On filtre enfuite , & en fait prendre ce vin par verrées pendant l'efpace d'un à trois jours, luivant le tempérament & Teipèce de maladie. On donne aux animaux la décoftion des feuilles ou des fleurs, à deux poignées fur une livre & demie d'eau. La décoc- tion des femences efl purgative & émétique , 6c il vaut m-ieux ne pas s'en fervir. Genêt ÉPINEUX o« îONc marin, ou AJONC , LANDE en Bretagne, BRt.iSQi;E en Provence , appelé par M. von-Linné uUx ewcpxus , 6c par M. Tournefort, genijia fpanium ma- jus , aculeis breviorikus tk- Ivigioribus, Il efî; pour tous les deux auteurs de la îïïême clafTe que les précédens. FUiir , en papillon & a cmq pétales ; l'étendard trcs-grand-, en forine de G EN cœur ," tronqué , étendu fur Ie9 ailes ; les ailes oblongues , obtules , plus courtes que l'étendard; la carène droite, obtufe; le calice compofé de deux folioles ovales, colorées ôc égales. Fruit. Légume renflé , afTez court & prefqu'entièrement couvert par le calice. Il contient des femences obrondes & tronquées. FeuilUs, petites , étroites, velues, aiguës, (ans queue ou pétiole. Racine, rameute, ligneufe. Port. Arbrjfleau dont les tiges font droites & épineufés, dont les épines font garnies d'autres épines petites & latérales ; les rameaux terminés par des aiguillons très-piquans ; les fleurs folitaires ou raflembléts au bout des rameaux , portées fur des péduncules garnis de feuilles florales; les feuilles font éparfes fur les tiges. Lieu. La majeure partie des pro- vinces de France, dans les lieux in- cultes & fablonneux; fleurit en mai & juin. Propriétés médicales. On lui fuppofe les mêmes que celles des genêts dont on vient de parler, ce qui demande confirmation. Propriétés économiques. Cet ar- briffeau mérite qu'on s'en occupe, fur-tout dans les pays où le fol efl pauvre , fablonneux & inculte. De fes racines pullulent des tiges fans nombre ; ces racines gagnent infen- fiblement du terrain , & parviennent à couvrir de très-grands efpaces. Voilà donc les premiers matériaux de la fève tous trouvés fi on fuit ce qui a déjà été dit en parlant du genêt à balai. Ainli que lui & mieux que lui il fournit d'excellentes bourrées pour chaufler le four, & dans le befoin, du petit bois pour l'ufdge du ménage. G E N Cependant on a un grand reproche à lui fjire à caufe de la difficulté qu'on a à détruire fes racines éparfes dans le terrain dontils'eft emparé. Si onmet le feu aux tiges, la chaleur ne pénètre pas dans la terre, &c ne détruit pas les racines, au contraire, elles pouf- fent enfuite avec plus de force. Il faut donc travailler le fol comme celui qui efl: occupé par le chien- dent, c'eft-à-dire, détruire & en- lever toutes les racines. Cette opé- ration doit être faite avant la ma- turité de la graine. Dans plufieurs provinces , par exemple , dans les landes de Bretagne , dans le Poi- tou, &c. , on cultive le genêt épi- neux pour fourrage; ce qui fuppofe un pays bien pauvre en pâturages , puiiqu'on eft réduit à employer cette reffource , bonne en elle - môme , quand on n'en a pas d'autres. Son grand avantage eft de fournir du fourrage vert en hiver, lorfque les beftiaux n'en trouvent pas d'autre , & dans les années (eches où il eft rare. Les terrains fablonneux & gras lui conviennent mieux que toutes les autres terres ; Se fes jets font en raifon de la bonté du fol qui fe rap- proche le plus de cet état. On dé- fonce pendant l'été , &C par plufieurs coups de charrue, la portion de terre deflinée au genêt épineux , & on en fème la graine en automne ou à la fortie de l'hiver. La première méthode eft préférable , & on peut jeter en terre la femence dès que la graine eft mûre , afin d'avoir des brins plus forts en décembre. Un coup de heri'e nivelle la terre, Se toute la culture fe réduit à ces travaux. On fera bien cependant , dans les premiers mois , de farder les mau- vailes herbes capables de nuire aux G E N 279 plantes , & le genêt par la fuite n'en îbuffrira plus auprès de lui ; il les étouffera. La première coupe fe fait en décembre , après l'hiver, & de temps à autre ; mais il faut avoir grande attention de ne la laifTer pas fleurir & encore moins grainer , parce qu'alors fes épines feroient trop roides , trop piquantes. Quoique les brins foient coupés lorfqu'ils font tendres , les épines , par leur pofition , affederoient ôc blefferoient le palais de l'animal. Afin de prévenir cet inconvénient , on tord les brins , paquets par pa- quets, & on les donne auifitôtà l'a- nimal. Quelques-uns étendent les brins fur terre , & pafTent par-defTus des rouleaux de pierre afTez pefans pour un peu aplatir le tout. Cette nourriture eft très - bonne. Il faut avoir grand foin que les troupeaux n'entrent jamais dans le champ , ils nuiroient beaucoup à la coupe qu'on doit faire. Lorfqu'on voit que cette prairie artificielle commence à ne plus pro- duire que de foibles brins & en pe- tite quantité , c'eft le cas de la dé- fricher complètement , & on peut efpérer plufieurs récoltes confécuti- ves en feigle ou autres grains. Le même champ peut enfuite être couvert avec du genêt. Pour récolter la graine on attend qu'elle foit mûre , alors on coupe les fcmmités des branches où elle eft adhérente , on les porte en pa- quets fous des hangars , & quand elles font bien fèches , on les bat avec le fléau ,, on les vanne & on les conferve dans un lieu fec , fi on ne doit pas les femer tout de fuite. Voilà comme le befoin eft devenu le oré- capteur de riaduibrie. iSo G E N L ajonc fournit la plus <ùre des clô- tures, & une haie de ce genre eft im- pénétrable aux kommes comme aux animaux. La tranlplantation eft inu- tile , il faut ablolument avoir re- cours aux leinis lur le lieu même. On commence par fixer iur la lande qu'on veut défricher, ou autour du champ qu'on fe propole d'enclorre , l'emplacement que doit occuper la haie. On laboure enfuite avant l'hi- ver, fi on veut femeraprèi cet.e lai- fon; ou en éîé,fi on doit lemer en oc- tobre, ce qui dépend du cUmat. Ou répète un fécond labour avant de femer , & on herfe après avoir k-mé. Si le pays eft peuple de troupeaux , il eft d'une néceffité indifpenlable de placer en haie morte faite avec des ronces ou tel' es autres broulTailles , des deux côtés du fol labouré , de manière que le troupeau ne pu;fle pas brouter l'a;one ; car s'il eft brouté il tallera & ne s'éievera pas. A la féconde année toute efpèce de fo-ns eft inutile ; fes épines roides & mul- tipliées iufîî:ent pour défendre la haie contre la dent de toute efpuce d'animal, & on eft dès-lors tra:.quille fur les produdYons du chjmp. Ces haies font fort communes en Angle- terre , & M, Dupuis d'Emporté , tradiideur du Gentilhomme cultiva- teur, publié en ang oii par M. Hall , dit qu'on voit dans ce royaume des endroits où les haies de genêt épi- neux ont 30 à 40 pieds d'épaifleur, & de 16 à 10 pieds de haattur. Je ne conçois guère la néceftiié de cette éoalffeur démefurée qui fait perdre beaucoup de terra'n ; paffe encore il cet ajonc fourniflbit du fourrage ; mais dans cet état de haie , il eft trop dur , trop coriace , trop pi- quant. Quant à la hauteur, elle eft G E N utile contre les coups de vent. Je ne connois point ces haies d'An- gleterre : leur hûUt..ur Je n'ai jamais vu dans nos provinces d.-s ajoncs plus élevés que cinq à (w pieds. « L'auteur arglois dit qu'on doit rarement élaeuer une hai^ de genêt. Si on veui refferr.-r la haie , on ne doit pas couper les bourgeons trop près de l'ancien bci-> , car ils ne re- pouflerolent pas; de forte qu'il faut, quand cette opération eft nécefTcire, fe co itenter de les étêter. Il eft en- core néceffaire de choiljr la lai'on : le genêt eft tendre & périt facile- ment, fi l'on coupe fes branches dans U!i temps froid; ( ce qui s'accorde peu avec la pratique de Bretagne , du Poitou , &c. ) C'eft pourquoi tout bon cultivateur prend garde d'élaguer ces fortes de haies trop tard en automne , ou trop tôt au printemps , de peur des gelées fré- quentes à l'ouverture de ces deux laifon'. » » Si , de même , on élague le genêt dans un temps de fécherefl'e , il en réfulte les mê.nes ineonvéniens. Le vent fec perce & pénètre dans la partie coupée, la deffèche , ariête la fév'e , &r par conféquent fufpend l'accroilfement d'-. bourgeon. On doit choifir de préférence pour l'élagage , le milieu d'avril, parce que la laifon eft alors décidée. » Ce qu'il y a de certain , c'eft que le genêt épineux , de quelque ma- nière qu'il loit employé fur l.'S mau- vailès terres , parvient à la longue à les fertilifer , ou du moins à les rendre utiles. J'en ai la preuve dans la rebiion du célèbre & infortuné capitaine G EN ■tapitaine Cook, en parlant de Sainte- Hélène. « On nous a dit que dans cette île on peut nourrir 3000 têtes de bétail , quoique l'iierbe n'y re- vienne pas pendant l'hiver , & qu'il faut réferver certains cantons pen- dant cette faifon de l'année. On a planté ici le genêt épineux ordinaire que les fermiers d'Angleterre ont û grand foin d'arracher , & à préfent il remplit tous les pâturages. Les habitans ont trouvé le moyen de tirer avantage d'un arbriffeau qui pafle en Europe pour inutile , & même pour pernicieux. L'afpeÛ du pays n'a pas toujours été auffi agréa- ble qu'il l'eft à préfent : le terrain étoit brûlé par la chaleur excef- five , & toutes les efpèces de gru- mes & d'herbages fe ridoient. La plantation des buiffons de genêt , qui croiffent en dépit du foleil , conferve un certain degré d'humidité dans le fol. L'herbe commence à pouffer à leur ombre , & peu à peu elle revêt tout le pays d'un joli gazon : main- tenant qu'il n'a plus befoin du genêt épineux , les infulaires le déracinent & le brûlent. » Qui ne reconnoît pas dans cet exemple la fage prévoyance des hol- landois ? qui n'admire pas leur pa- tience ? Entre les mains des françois cette île feroit reûée déferte. GENEVRETTE. Boiffon prépa- rée avec le fruii^ de l'arbulle lui- vant. GENEVRIER COMMUN. M. Tournefort le place dans la qua- trième fondion de la dix - neuvième claffe , qui comprend les arbres à Heur à chaton , dont les fleurs mâles font féparées des fleurs femelles , ôc Tome V, G E N î8ï dont le fruit eft une baie molle. l! l'appelle juniperus vulgaris fruticofa, M. von- Linné le nomme juniperus commuais , & le claffe dans la diceciCi monadelphie. Fleurs mâles & femelles fur des pieds différens; les n-.âles en petits chatons coniques , à trois étamines réunies en un feul corps par leurs filets : les femelles compofées de trois piflils , de trois p'étales aigus , & d'un calice divifé en trois , pofé fur le germe. Fruit ; baie charnue , obronde » couronnée de trois petites dents , ayant en-deflbus trois petits tuber- cules contenant trois femences ou petits noyaux durs , anguleux ô£ oblongs. Feuilles , adhérentes aux tiges \ fimples , étroites , aplaties , pointues , rangées trois à trois fur les tie,es roi- des , droites & piquantes. Racine , ligneufe , rameufe. Port ; arbriffeau ordinairemenÊ en buiflbn , fufceptible de s'élever en arbre, fuivant le climat & le fol. Son écorce eft blanche en dehors, rougeâtre en dedans ; le bois dur ; les fleurs raflèmblées aux aiffelles des branches, des feuilles; les feuilles toujours vertes. Lieu ; les terrains incultes, les col- lines lèches, arides; fleurit en avril , mai ou juin, fuivant le climat. Propriétés médicales. La baie a une faveur acre , un peu amère ; une odeur aromatique & douce, jetée iur les charbons allumés. Elle com- munique aux urines une odeur de violette. Les différentes parties de cette plante peuvent tenir lieu de thériaque aux habitans de la cam- pagne. Les baies échauffent, altèrent, augmentent le cours des urines . N n iSi G E N fouvent la tranfpiration înfenfîble l donnent de l'adtivité à l'eftomac pour digérer , & aux inteftins affoi- blis par d-es humeurs féreiiles & pitui- îeufes. Elles conviennent dans la diar- rhée féreule, ou produite par foi- blefTe d'eflomac. En parfum, elle réveille le genre nerveux , & ce parfum eft utile dans l'afthme humide, la toux catarrale, la phthifie pulmonaire , effentielle & récente, & la phthifie pulmonaire par inflammation de poitrine. On croit purifier le mauvais air d'un appartement en brûlant des baies de genièvre ; la tumée & leur odeur mafquent & enveloppent le mauvais air fans le corriger, 11 vau- droit mieux le renouveler en in- troduifant un courant d'air frais, & , fi oa ne le peut , faire bouillir les baies dans du bon vinaigre. L'acide du vinaigre décompofera les miafmes putrides de l'air , les préci- pitera, & la partie aromatique & •volatile des baies, aromatifera ie Bouvel air. On tire des baies une huiile effen- tielle, très-échauffante , &C , pour la donner, on l'unit avec du fucre , ainfi que l'huile effentielle retirée du bols. On peut le difpenfer de les em- ployer de même que le fel de geniè- vre, qui diffère peu de l'alcali du tartre dont il a les propriétés. Lorfqu'un animal eff affolbli par une longue maladie , ou par un pâtu- rage trop humide , on lui donne une înfufion de baies de genièvre dans du vin , du cidre , du poiré ou de la bière. L'extrait de genièvre échairffe , conftipe ôc Irrite plus que i'infufion des baies. C'eft un très-bon ftomachi- que dont on doitufer avec circonfpec- tion j fuivant l'âge Si ie tempérament G E N du malade. Il devroit être la vraie îhé- riaque des maréchaux , &c , pour lui donner plus d'aâivité , ils peuvent > en faifant l'extrait, y unir les racines fraîches de la grande gentiane , ou fes racines fèches &c réduites en poudre. On donne , pour l'homme , les baies de genièvre defféchées , pulvérifées^ & tamlfées , depuis fix grains jufqu'à une drachme, incorporées avec un firop, ou délayées dans fix onces d'eau..... Les baies fèches & con- caffées, depuis demi-drachme jufqu'à une once en macération au bain-marie, dans huit onces d'eau ou de vin, fui- vant l'indication.... Pour le bœufSc le cheval, I'infufion dans le vin ou dans l'eau , eft depuis deux onces jufqu'à quatre dans trois livres de fluide ; l'ex- trait depuis une once jufqu'à trois, & pour la brebis, depuis demi-once juf- qu'à une once.... On vend dans le commerce Vextraiiàe genièvre; il eft rare qu'il foit bien fait, parce qu'on le pouffe à un trop grand feu. ( Confulte-^ le mot Extrait, pour apprendre à lé bien faire ). Lorique le vin nouveau fermente dans la barrique , on y ajoute une affez forte doiede genièvre; fi on l'aiguife encore avec de la petite centaurée , il eft, ^/f-o.'z, très-bon dans l'hydropifie, Propriécés cconomiqucs. On retire des baies mifes à fermenter , une boiffon dont le peuple de certains cantons fait ufage faute d'autre , & on l'appelle ginétritu. La prépara- tion varie fuivant les pays. Voici une recette confignée dans le Journal économique du mois de mai 1768...... Prenez trois boiffeaux , mefure de Paris, de graine de genièvre la plus noire , autant d'orge de mars , & deux livres de fi-uits fauvages cuits au foiiri rempliffez à moitié voL^e G E N tonneau d'eau de rivière , ou de fon- taine , ou de puits , ii cette dernière cuit bien les légumes ; mettez l'orge ^ans un chaudron aflez plein d'eau pour qu'elle fumage; pofez-le fur un grand feu ; faites-lui jeter deux ou trois bouillons pendant une minute ; retirez-le du feu , & y jetez le ge- nièvre & les fruits cuits , pour verler le tout enferable dans le tonneau par la bonde que vous fermerez bien pendant deux jours pour laiffer in- fufer le tout. Après ce. temps , vous verferez chaque jour un feau d'eau jufqu'à ce qu'il foit plein; alors vous couvrirez fimplement l'ouverture de la bonde fans la fermer hermétique- ment, la liqueur fermentera; quel- ques jours après elle bouillira , & , iorfqu'elle fera appaifée, vous pour- rez vous en fervir. A mefure qu'on tire du tonneau cette liqueur, on peut y ajouter de l'eau qui la per- pétuera pendant plufieurs mois de îliite. M.Helvétius indique ime méthode diuérente; il double la do("e du ge- nièvre concaffé, fupprime l'orge , & y fubflitue quatre poignées d''ab- fmte bien épluchée. Le tout jeté dafts un tonneau plein d'eau, doit infufer dans un lieu frais ou dans une cave pendant un mois, pour de- venir une boiffon très-fahitaire & plus durable , (I on a foin d'y re- mettre autant d'eau chaque fois qu'on en retire de la liqueur. Les baies contiennent une petite portion de mucilage fucré. De - là naît leur propriété fermentefcible vineufe, puifque le feul mucilage fucré ell fufceptible de cette efpèce de fermentation, ( Voye:^ ce mot. ) D'après cette vérité aujourd'hui de- «îontrée jufqu'à l'évidence, il eft G E N 283 donc clair que , fi l'on ajoute une fubllance fucrée à une autre fubftance qui l'efl peu , comme la baie de ge- nièvre , on aiTgmentera fa vertu fer- mentefcible vineufe , & on la rendra plus fpiritueufe. C'efl: pourquoi l'au- teur de la première méthode ajoute l'orge qui contient un principe fu= cré, & M, Helvétius double ladofe des baies. Il vaut beaucoup mieux ajouter dix ou douze livres de miel commun, ou du fir®p de mélaffe, le. tout bien délayé dans l'eau, & on aura après la fermentation , une liqueur beaucoup plus vineufe, fpi- ritueufe & plus rellaurante. L'aug- mentation de dépenfe eft certaine- ment de peu de valeur. Malgré l'ad- dition que je propofe , la liqueur ne fe foutiendroit pas dans les chaleurs de l'été des pays chauds ; mais une telle reflburce y devient inutile, at- tendu que le très-bon vin y efl; tou-: jours à bas prix. Dans les pays du nord, on dif- tille beaucoup de graines, & l'eau- de-vie qu'on en retire a toujours un goût acre , un goût de feu ,w&c. Pour les mafquer, on ajoute des baies de genièvre à la liqueur qu'on veut diîlilier ; l'eau-de-vie en prend le goût , & on l'appelle eau-de~vie dt genièvre. Propriétés dagrèment. Le petit ge- névrier ou genévrier commun , peut lervir à faire des haies , ou à garnir des maffifs formés avec des plantes toujours vertes. Il y a une variété de cette efpèce de genévrier dont les rameaux font droits ,les feuilles plus larges & plus grandes que cdles du premier , & que M. Tournefort appelle juniperus vulgaris arhor. Il efl commun dans le nord & dans le midi de l'Europe; N n t î84 G E M fon tronc eft droit , fon écorce rou- geâtre , affez unie , quoique gercée ; les branches latérales , grêles & tom- bantes. Ce port fingulier lui mérite ime place diilinguée dans les bol- quets d'hiver , où il figure d'une manière pittorefque. On peut encore en former des palilTades. de douze à quinze pieds de hauteur , en faire des cabinets de verdure. Cet arbre aime les terrains fablonneux & gras. Dans les pays- chauds , on retire de ce genévrier , Se par incifion , une réfme nommée fandaraque, fon utile pour les vernis. Genévrier oxicèdrs. C'eft le juniperus oxycedrus de M. von- Linné, & \eju7iipirus major, baccd rufcfcentc de M. Tournefort. On le nomme en- core plus communément le cadc , à caufe de l'huile qu'on en retire , qui en conferve le nom. Cette efpèce eu commune dans nos provinces méri- dionales. 11 diffère des précédens par la baie grofle , rouge , d'un goût peu favoureux, Se par fes feuilles plus coiytes que les baies. On diftille fon bois à la cornue, & on en retire l'huile de cade. Elle eil noirâtre , fétide &C cauflique. Les maréchaux en font un grand iifage peur les ulcères des animaux, & les bergers., dans le clavtuu & contre la gale des moutons. On dit que cette huile cau- téril'e le nerf d'une dent creufe & ca- riée, & empêche de fouffrir. Genévrier SABINE, OK la Sabine. Ceù.\e juniperus fabina de M. von- Linné , &C fabina folio cupnjji de M. Tournefort. Ses feuilles font très- petites, droites, aiguës, fe prolon- gentfur la tige, reffemblent à celles du cyprès , font d'un beau vert ôc G E N oppofées. Cet arbrifleau s'élève peu ;■ toute la plante a une odeur aro- matique, forte & nauféabonde; uns faveur très-âcre & amère. Les feuilles font un des plus forts emménagogues ; elles échauffent con- fidérablement , augmentent les forces vitales, caufent des douleurs plus on moins aiguës dans la région épigaf» trique , lorfque l'eftomac eft facile à irriter. C'eft un remède qui exige beaucoup de prudence pour l'admi- nillrer intérieurement. Rarement on voit de bons effets de l'infufion des. feuilles contre la gale, la teigne, quoir que ce remède loit tort vanté, ni les feuilles réduites en poudre contre les ulcères fongueux & la carie des os. Il en eft ainfi de tout ce que l'on a dit fur fon eau diftiUée , lur fon huile eflentielle. On trouve encore très-communes ment dans nos provinces méridioi- nalesle genévrier nommé par M. von- Linné juniperus phœnicca , & par M. Tournefort, cedrus folio cuprejjima- jorfruclujlavelcenu, & on rajjpelle ea hznowtàocV oxychdre. Ses feuilles font trois à trois, &troisàquatre & en re- couvrement les unes fi'r les autres :^a . couleur des baies tire lur le jaune?. .. . Un autre genévrier nommé juniperus lycia par M. von-Linné , & cedrus folio cupreffi média, majoribus baccis-^ par M. Tournefort. Ses feuilles font trois à trois , ôc de tous côtés en recouvrement les unes fur les autres^ elles font obtufes , ovales , & les, baies font îrès-groffes. L'Amérique-, i'Afie & l'Afrique poffèdent encore une nombreufe iuite de genévriers-; celui qui porte l'encens-, le genévrier ou cèdre des Bermudes , celui de Chine, de Virginie, &c. &c.,donî on peut confulter les delsxiptionâ G E N idans le grand Diftionnaire de Miller, dans les volumes de lupplément de l'Encyclopédie. GENRE DES PLANTES. Toute méthode ou ryfrème botanique offre des divjfions 6c des fous-dlvifions. Le genre efl dans ce dernier cas ; il a des caraûères particuliers qui le rapprochent d'une des grandes divi- lions, & d'autres rapports plus rap- prochés qui circonicrivent autour de lui un certain nombre d'elpèces. Par exemple, les chiens dans le règne animal forment un genre qui dépend d'une clafTe, d'un ordre, n'importe la dénomination qu'on lui donne , ÔC ce genre comprend le chien du berger, le dogue, le barbet, &:c. , & chacun de ces individus forme une efpèce. Il en eu alnfi pour le règne végétal; lesrofiers forment un genre, dont la rofe a cent feuilles , la rofe laiivage , la rofe des A'pcs, &c, font les efpèces qui compofent ce genre. Ainfi , le genre eu donc une des divifions des feâions. On peut comparer le genre à une famille dont tous les membres portent le même nom , quoiqu'ils soient diftingué-. cha- cun eu particulier par un nom fpéci- fiqiie. Au mot fyjîhne de botanique , on verra d'après quels principes Mef- lîeurs Tournefort 6c von-Linné ont établis leurs genres. GENTIANE. M. Tournefort la place dans la troifième fection de la première claffe, qui comprend les herbes à fleur d'une feule pièce, en forme de cloche, dor.t le piiiil fe change en un fruit fec à une feule loge , & il l'appelle gentiana major iutea; M. von-Linné la. nomme ^m- G E N 28ï tiana. luua, & la claffe dans la pea- tandrie digynie. Fleur, en forme de cloche , à cinq découpures, imitant les rayons d'une roue, 6c dont le calice eftuneelpèce de fpate. ( Foyci ^^ '"of- ) fruit membraneux, ovale, poin- tu , à une i'eule loge remplie de fe- mences plates , rondes 6c comme feuilletées. F cuilks; elles naiffent des racines, elles font hériffées par la tige, elles font unies, luifantes , d'un vert pâle, marquées- de cinq nervures qui par- tent de la bafe 6c vont aboutir aux extrémités. Racine groffe charnue , fpon- gieufe, traçante; le tronc^îrincipal eil perpendiculair . Port. Les tiges s'élèvent à la hau- teur de deux coudées ; elles font fimples , liffes; les fleurs font ran- gées tout autour, & comme par an- ntdux &: par étages : ces fleurs font jaunes. Lieu. Les montagnes très- élevées; la p ar te efl vivace & fleurit en juil- let , en août. Pri^priàès. La racine a une odeur aromatique très-légère, une faveur très-amère, médiocrement acre, & lé- gèrement nauféabonde. Elle échauffe & altère médiocrement , caufe quel- quefois des naufées , très-rarement des coliques & le vomiffement; elle excite légèrement le cours des urines, conftipe , ranime avec promptitude les forces vitales & mufcu'aires. Elle- eft indiquée dans les maladies fé- retifes & prindpalemem dans celles qui dépendent des humeurs féreufes.... Elle favorite quelquefois l'effet ^ù- quinquina dans les fièvres intermit^- tentes... Utile dans les malathesen-- tretenues par les v^rs afcarides-^. 286 G E R lombricaux & cucurbitins , lorfqu'il n'y a point de dil'polition à l'inflam- mation,.. ; dans l'iftere eflentiel où Ton ne craint pas d'irriter & d'é- chaufFer... ; dans les pâles couleurs..; la fuppreffion du flux menftruel... ; dans l'obftruûion récente du foie &c de la rate, exempte de fpafme 8c fans difpofnion à l'inflammation,. ; dans l'afthme humide.... On s'en fert extérieurement , quelquefois avec fuccès, pour les ulcères fanieux & putrides... L'extrait de gentiane eft trop irritant ; il vaut mieux préférer l'ufage de la racine en infufion ou en fubftance. On donne la racine pulvérifée & tamifée depuis demi-drachme jufqu'à deux drachmes, incorporée avec un firop ou délayée dans cinq onces d'eau; réduite en petits morceaux, depuis une drachme jufqu'à demi- once , en macération au bain-marie, dans fix onces d'eau. C'eft une ex- cellente plante médicinale, dont les effets font bien conftatés ; il eu fâ- cheux qu'elle n'aime pas à être tranf- portée de fon pays natal dans la plaine , où elle végète fort mal , fi elle ne meurt promptement. On la prefcrit depuis une once jufqu'à deux , pour les animaux , &c les ma- réchaux unifient fa poudre au miel pour appliquer fur les ulcères. GERANIUM. ( Foyei Bec - dé- crue.) GERBE. Faifceau de blé coupé. ( f^ojei pour gerèe &C gerbier ce qui a été dit au mot Froment , Cha- pitre X, Sedion i. ) GERBER LES TONNEAUX. C'eft les mettre Les uns fur les autres. G E R vides ou pleins , lorfque la place manque. GERÇURE DES MAMELLES. On appelle gerçures les fentes , les écorchures qui furviennent aux bouts des mamelles des femmes qui ont nourri. Elles font quelquefois très - douloureufes , & dégénèrent très-fouvent en petits ulcères. Plufieurs caufes y donnent lieu. Les efforts faits par l'enfant pour teter, fur-tout fi le lait aborde diffi- cilement aux mamelles, &s'il trouve des obftacles dans les trous des ma- melons; fouvent aufli ces gerçures proviennent de ce que les enfans font fi altérés & fi affamés, qu'ils mor- dent & mâchotent fi fort les bouts, qu'ils les écorchent, & quelquefois même les emportent toUt-à-fait. Le virus vénérien, communiqué par les enfans à leurs nourrices , peut aufS les déterminer. Cette maladie alors efl très-difîiciie à "uérir. Les moyens à mettre en ufage pour combattre avec quelque fuccès ces gerçures, ont pour objet de remé- dier le plutôt pofTible aux douleurs qu'elles caufent. Sous ce point de vue, la femme attaquée de gerçures doit s'abfienir de donner à teter à fon enfant, juf- qu'à ce qu'elles foient entièrement guéries. Le fucement continuel efl capable de les faire croître en les irri- tant. Il faut alors employer des remèdes qui puiffent détourner le lait , tels que les purgatifs , les lavenaens , les diaphorétiques, à moins qu'il ne refîe une mamelle dont le bout ne f«it point affefté ; pour lors il cff né- ceflaire que la nourrice fe falTe teter G E R de ce côté, & c'efl même le plus fur moyen de prévenir une inflam- mation au fein. On appliquera fur les gerçures une mixture d'huile & de cire vierge. On retire les plus grands avantages de les lubréfier avec de l'eau de gui- mauve , ou avec une diffolution dç gomme arabique. Quand on a adouci & calmé l'irritation , on vient enfuite à l'u- fage des defliccatifs légers , avec lef- quels on lave les gerçures , tels qu'une eau alumineuië très-légère, celles de plantain & de rôles de Pro- vins ; l'emplâtre de cérufe & celui de blanc de rafis , font auffi très- appropriés. Quand les gerçures reconnoiffent une caufe vénérienne , il faut les combattre avec les antivénériens les plus ufités. Sans le fecours de ces remèdes , on ne parviendra jamais à les guérir radicalement. M. AME. Gerçure des mains ou des LÈVRES. Le froid, & mieux en- core le courant d'air rapide , lorsqu'on y eft expofé , lont en hiver gercer les lèvres & les mains , & y caufent fouvent des douleurs aiTez vives. Prenez en automne, lorfque le raifm eft bien mûr , celui que l'on recon- noît être le plus coloré en noir; exprimez- le , paffez la liqueur au tamis de crin : ajoutez à cette liqueur autant d'huile d'olive non rance ni forte , ou huile d'amande douce tirée our~ relit ^ de la fécondation ; celle que nous donnerons de la germination , tle la formation des hybrides, des montres y enfin de Iz végétation, font fondées fur ce fyftème : il ne fera donc pas inutile d'entrer ici dans quelque détail. Nous avons ici trois chofes princi- pales à confidérer: i°. le germe en lui même ; 2°. l'emboîtement des diffé- rens germes les uns dans les autres; 3". leur évolution ùicceffive. Ces trois conlîdérations nous mèneront à examiner la fituation & l'état du germe avant fa fécondation, pendant & après la fécondation. §. I. Du Girnii proprement dit. Nous regardons le germe comme un être propre qui contient exacbement toutes les parties effentiellts à la plante ou à l'animal. ( Ne faifons attention ici qu'à la plante, afin que la multiplicité des objets n'entraîne pas de robfcurité. ) Dans cet état, le germe ne diifere de l'embryon développé, ou de "la graine, ou même de la plante, que parce qu'il n'eft compofé que des feules parties élémentaires, tellement reflerrées les unes contre les autres, qu'elles n'occupent qiTe le moindre efpace polîible, & que les autres font bien compofées des mêmes parties élé- înentaires, mais écartées & unies à plus ou moins d'autres particules que Tafte de la nutrition a dépofées entre elles. L'exemple des mailles d'un filet ^OQt nous nous fommes fervi au mot G E R acroiffement ^ pour nous faire en- tendre, va rendre ceci très -clair: que l'on prenne un morceau de filet 6c qu'on le tire par les deux bouts, de façon que toutes les mailles foient exaftement r. (Terrées & appliqviées les unes contre les autres, elles occuperont un petit efpace ; voilà le germe. Développez le morceau de filet de manière que toutes les mailles foient écartées & ouvertes, rempliffez même chacune de quelque fubllance, le morceau de filet occupera un efpace beau- coup plus cor.fidérable; voilà la graine, voilà la p'ante. Le germe ne croît donc que par développe- ment produit par l'addition des par- ties nouvelles ; il eft en petit tout ce qu'il doit être un jour, il con- tient tout, moins le principe vital qui confilte dans le mouvemenr, & qu'il doit recevoir par le Jlimulus de la fécondation , foit qu'elle foit produite par la pouffière féminale, foit que s'opérant dans le myftère, elle agifle par un principe qui nous eft encore inconnu, comme dans les plantes que M. l'abbé Spallan- zani a vu produire des graines abfo* lument fans influence des parties mâles. ( ^ov«{ le mot Fécon- dation ). D'après ces idées fi fim- ples , on ell en droit de conclure que la génération n'eft qu'un développe- ment de ce qui exiftoit en miniature, en infiniment petit. Il fe préfente une queftion très- naturelle, mais qui paroit en même- temps très - embarrafiante , c'eft dé favoir où réfide le germe. Le germe exifte-t-il dans la plante avant la fécondation , & la pouffière des étp.mines cft-elle xm des principes de fott dévcloppenaeuî l ou bien la G E R •poii/ïïère fécondante, ainfi que la liqueur féminale chez les animaux , contient-elle le germe & ne fait-elle que le dépofer dans la partie fe- melle de la p!a;ite ? Le fyftème le plus commun attribuoit Eutrefoi'î k germe au maie , &. la découverte des animalcules fpermatiques femble décider la queftion ; on les a trouvés dans prefque toutes les femenres, on a cru leur voir un mouvement, une vie propre , & delà on a conclu qu'ils étoient les germes que le mâle dépofoit dans la femelle, qu'ils 3' fubiffoient des métamor- phofes analogues à celles du têtard , & l'animal , comme le végétal , ont été formés par les animalcules fper- matiques. Tout ce brillant appareil a difparu aux yeux d'obfervateurs plus exafts ou meilleurs logiciens ; ces animal- cules n'ont pas été obfervés dans tous les animaux , & les autres font rentrés dans la clafTe qui leur appar- tenoit & ont ceffé de prélider à la génération. Suivant le fyftème que nous dé- veloppons ici , le germe exifte dans la femelle , pour les elpèces qui ont befoin du concours du mâle & de la femelle pour la réproduftion. Non-feulement le raifonnement l'y fuppofe , mais l'evpérience l'y dé- montre. M. l'abbé Spallanzani a vu des plantes femelles de l'efpèce de citrouille nommée cucurbita mdo- pepo fruclu clïptiformi ; celles de l'éplnard , du chanvre , produire des graines , fans aucune action des ctamines ; or , il n'y a pas de graine fans germe préexiftant : il faut donc en conclure que le germe fe trou- voiî placé dans la plante femelle. Le règne animal en eft une preuve G E R 2^1 non moins évidente ; le jaune eft la partie effentielie de l'œuf, celle qui contient le germe èc le poulet; mais tout le monde fait que le jaune exifte dans l'œuf non fécondé ; ainfi, dans les ovipares on eft affuré que le germe appartient à la femelle. Quoique nous ne parlions ici que du germe de la graire, il ne faut pas conclure qu'il foit unique dans la plante ; il eft plus vrai de dire, au contraire, qu'une infinité de germes eft répandue dans tout le corps de la plante , puifqu'il n'eft prefque point de partie de la plante qui ne puiffe donner naiffance à des bou- tons , à des branches , ou à des ra- cines; la feuille même dans laquelle fe rencontrent des vaifleaux propres, des fibres ligneufes , des trachées, des utricules , &c. , peut produire de bouture une petite plante qui, par la fuite, donnera des fleurs & des fruits ; pour que cette production ait lieu , il faut donc que la feuille contienne les germes néceflaires. Ces germes ont une véritable vie qu'ils ont reçue au moment de la première fécondation ; cette vie les met en état de végéter & de produire de nouveaux germes , où plutôt de les mettre à découvert & de les offrir au fiimulus qui doit un jour les animer. §. II. De t emboîtement des Germes, Dans le fyftème que nous avons adopté, & qui fert de bafe à toutes nos explications , nous fuppofons que tous les germes font renfermés les uns dans les autres , à peu près comm.e de petites boîtes dans de plus grandes ; mais cet emboîtement , ]\i{~ qu'où va-t-il? Reconnoîr-ii des termes , ou l'infini l'accompagne-î-il } Gardons-nous de le croire : remboî- O o r iL^t G E R tement à l'infîni fcroit une fiippod- tion abfiirde ; tout elî fini dans la nature, & quand on appuieroit l'em- boîtement à l'infini fur la divifibilité de la matière à l'infirri , ce ne (croit que détendre une erreur par une autre erreur. Rien d'indéterminé , quoique cette détermination nous Ibit inconnue : à peine connoilTons- nous l'extérieur, l'écorce des objets qui nous environnent, & nous vou- lons calculer ce qu'il y a de plus caché. Ecoutons M. Bonnet dans fa Conjidèration far les Corps organifés : « Nous ignorons abfolument quels » lont les derniers termes de la divi- » lion de la matière , & c'elt cette » ignorance même qui doit nous em- »> pêcher de regarder comme impof- M fible l'enveloppement des germes ^> les uns dans les autres. Nous n'a- » vons qu'à ouvrir les yeux , Ô£ à M promener nos regards autour de » nous , pour voir que la mat:ère M a été prodigieufement divifée : » l'écheUe des êtres corporels eft » l'échelle de cette diviûon. Combien M la moififfure eft-elle contenue de » fois dans le cèdre , la mite dans » l'éléphant , la puce d'eau dans la >» baleine, un grain de fable dans le » globe de la terre , un globule de » lumière dans le foleil ! On nous » prouve qu'une once d'or peut être » fous -divifée par l'art humain en » un iîl de 444 lieues de longueur; » on nous montre à un microfcope » des animaux dont plufieurs milliers » n'égalent pas enfemble la grofieur yy du plus petit grain de pouffière ; » on fait cent obfervations du même » genre , •& nous traiterions d'ab- » furde la théorie des enveloppe- <* mens ! Il y a plus ; on obferve , j>>gour ainii dire> à l'csil cet enve- G E R » loppement ; on découvre dans urf » oignon d'hyacinthe jufqu'à la qiiî- » trième génération ; & ce qu'il » y a de très-remarquable , c'eft que » les parties de la fleur font celles » qu'on diflingue le mieux dans la » troifième & quatrième génératio»; » le volume de ces parties paroit n incomparablement plus grand que » celui de toutes les autres parties » prifes enfemble. » On peut donner des preuves d>>' redes de l'emboîtement dins les deux- règnes. L'abbé Spallanz^ni a vu di$- tinâement dans le volvox anima' cu.e des infufions , jufqu'à la troifième génération. D'autres obfervateurs ont été plus loin , puifqu'ils y or>t découvert jufqu'à la cinquième, & même jufqu'à la lîxième génération ; & toutes ces générations emboîtées les unes dans les autres fe dévelop- poienî fuccefîlvement , fuivant cer- taines proportions. Les végétaux nous offrent de ktf- blables preuves : outre l'exemple de l'hyacinthe, il fufBt de jeter les yeux fur un arbre , de réfléchir un infiant , & l'on y appercevra la réalité de l'em- boîtement. En effet, les branches & les rameaux ne font que des géné- rations annuelles qui étoient origi- nairement emboîtées les unes dans les autres; toutes étoient contenues dans la maîtreffe tige ; celle-ci dans la graine, qui elle-même fàifoit partie d'un arbre. Cet arbre avoit éti pareillement exiflanr dans un autre par le même mécanifme , & ainfi de fuite il ell i^cile de remonter, jufqu'aa premier arbre. , L'idée de l'emboîtement des ger- mes, qui femble fi fingulière au pre- mier coup-d'œil , mieux étudiée & plus approfondie , paroît , après ua G E R examen férieux, être le vrai fecret de la nature. §. III. De révolution. On a donné , dans ce fyflème, le nom d'cvolution au paffage qui conduit le germe à l'état de perfection qui eft propre à chaque efpèce. Ici l'obfervation fuffit pour la démonftration ; & pour peu que l'on examine , que l'on étu- die, que l'on fuive la nature pas à pas , on verra à chaque inftant les germes avancer vers leur dévelop- pement , leur perfeûion ; c'eft une loi de la nature toujours agiflante. La germination de la graine dans la terre, celle des bourgeons fur la tige en font les effets conftans. Au mot VÉGÉJATION , nous verrons l'appli- cation de Celte loi en grand , & l'on peut en prendre une idée au mot Accroissement. D'après tout ce que nous venons de dire, il fera facile de concevoir l'état du germe avant, pendant & après la fécondation. Dans le pre- mier cas , le germe exifte ; mais il n'a pas une vie propre : il eft même fufceptible de croître & d'augmenter jufqu'à un certain point ; mais cette force n'efl: pas à lui , elle appartient tout entière à l'individu qui le porte. Je ne puis pas mieux le comparer alors qu'à une pendule montée &C prête à marcher , & dont le mouve- ment eft arrêté , parce que le pen- dule ne fait point d'ofcilktions : on peut, en faifant tourner l'aiguille avec le doigt, lui faire indiquer fucc^'di- vement toutes les heures; elle femble remplir fa deftinée : mais que la main qui la faifoit mouvoir ceffe d'agir , la pendule fera fans vie & fans mou- vement : au contraire , faites mou- voir le pendule, les rouages agiront îes uns fur les autres, & l'aiguille G E R 295 marchera. Pareillement le germe at- tend la fécondation pour marcher , pour ainfi dire, & vivre par lui- même : c'efl le premier mouvement imprimé au pendule , qui entraîne tous les autres. Dès que le germe eft animé, alors il s'approprie tout ce qui eu. néceflaire à Ion dévelop- pement : il vit par lui-même & pour lui-même ; la graine & le bourgeon , f.parés de la plante , ou arrachés de la tige qui les portoit , & mis en terre, fauront bientôt s'affimiler les principes néccflaires à leur végétation, & au développement des germes nombreux qu'ils renferment dans leur fein. Le germe une fois animé conti- nue de vivre, quoique la caufe qui l'a voit animé ne fubfiile plus , n'agifle plus , parce que l'Auteur de la nature les a tellement ordonnés &c conftruits , que la première impulfion donnée , il eu en état de convertir en fa propre fubflance tout ce qui peut fervir à le nourrir :(éve, air, humidité, principes falins, favonneux, &c. , tout lui de- vient propre, tout peut fe fixer dans fes fibres, les étendre & les dévelop- per. De fimple germe , il paffe à l'état de foetus , de graine ; & bientôt, par le même mécanifme , il devient une petite plante, un arbufle , & enfin un arbre majeftueux, qui eft au premier état du germe ce que l'unité eft à des millions. M. M. GERMINATION , Botanique; De toutes les opérations de la na- ture dans le règne végétal , une des plus intéreflanles eft ians contredit la germination : la fécondation anime le germe, & la germination le dé- veloppe. La première le met à mêms de recevoir les fecours de la féconde & de- pa.Ter de l'éfar d'^ibryon^l 394 G E R celui d'individu vivant, & pouvant à (on tour donner l'être à un million d'autres individus renfermés dans ion fein. Le germe, (^voye^ ce mot) vivifié par le Jlimulus de la fécon- dation , croît dans l'ovaire de la plante, ÔC devient graine. Cependant cette graine mourroit deflechée lans reproduire, h elle relloit perpétuel- lement adhérente par ion cordon om- bilical au péricarpe auquel elle efl attachée ; mais ce même cordon qui lui avoit porté les fucs nourriciers , élaborés & préparés fuivant fa déli- cate conftitution , fe deffèche lui- même , lorfque le germe eft graine parfaite ; alors le péricarpe s'entr'ouvre & laifle tomber la graine à terre , où l'air , l'humidité & les principes que cette humidité contient, la font ger- mer, c'eft-à-dire, développent la racine & la tige qu'elle renferme. Arrêtons-nous un infiant, & confi* dérons attentivement ce phénomène important , & fui vons , pour ainfi dire , pas à pas tous les détails qu'il nous offre. Les principes les plus néceffaires au développement de la graine font, comme nous le verrons au mot VÉGÉTATION , l'air & l'humidité. M. Homberg a fait plufieurs expé- riences qui prouvent que fi le ref- fort de l'air & fa pefanteur ne font point la caufe principale de la ger- mination des plantes , du moins ils y influent beaucoup. Il prit deux caiffes dans lefquelles il fema également dif- férentes efpèces de graines , en laiffa une à l'air libre , & pofa l'autre fous le récipient d'une machine pneu- matique, dans lequel il fit le vide, & il obferva , i°. qu'à l'air libre la laitue leva avant le pourpier : le con- fraii'e arriva dan? le vide; ^°. qu'il ne parut c'ans ; Iques pieds qui , . , . > erent de plus d'un pouce , 6c les feuilles féniinales de la laitue ne s'étendirent pomr fur -tout en largeur; celles du pourpier 6c du creflon étoient à l'or-* dinaire. 3". Le pourpier ne fubfifta qu'un jour dans le vide , le creiTon, fix jours; la laitue fubfifta dans un même état pendant dix jours, le cer- feuil '6c le perfil ne parurent peint ; 4°. qu'après fivoir iailTé rentrer l'air dans le récipient, le cerfeuil & le perfil levèrent, ainfi que quelques graines de creffon ; 5°. qu'après avoir enlevé le récipient, pour voir fi ces plantes fubfifleroient dans l'air libre, elles périrent toutes les unes un peu plutôt que les autres. Quel- que confiance que mérite M. Hom- berg , on peut croire cependant que fes expériences n'ont pas toute l'exac- titude requife , & que fa machine pneumatique n'étoit pas affez bien faite pour garder un vide parfait , 6c long-temps ; car fi cela avoit été , il ne devoit y avoir aucune germi- nation , comme on peut le croire d'après des expériences citées dans les Tranfacllons Phiiofophiques de Londres. On avoit femé une même efpèce de laitue dans deux vafes remplis d'une terre de même qualité : l'un fut placé dans le vide , & l'autre refta expofe à l'air libre. Dans ce der- nier , les graines germèrent très-bien , & les plantes s'élevèrent à deux pou-» ces & demi de hauteur en huit jours de temps, tandis que, dans le pre- mier, il ne parut abfolument rien. MM. Béale & Boy le, qui firent ces expériences , voulant s'affurer que la privation totale de l'air étoit caufe que les graines ne germoient pas dans le vide , laifl^èrent rentrer l'air , ÔÇ G E R enlevèrent le récipient; bientôt après les femences germèrent, &i. en huit jours de temps elles acquirent la hau- teur des autres. L'humidité n'eft pas moins nécef- faire à la germination que l'air , &c fans elle il n'y auroit point de nourriture : au contraire , avec elle ieule 6c l'air , les plantes peuvent vivre , porter des feuilles 6c des fleurs. ( f^oj^i Air , Eau & Végé- tation. Suivons le développement d'une graine dans la terre , & par cet exemple nous pourrons facilement juger de toutes les autres , car il paroît que c'eft abfolumentle môme mécanifme dans toutes. La téve nous offrira ce développement affez en grand pour que l'œil feul puiffe le fuivre fans avoir befoin du fecours de la loupe. Afin de bien fuivre , jour par jour, tous les changemens que la fève éprouve dans la terre , il faut en femer au moins une trentaine dans la même terre, & à la même pro- fondeur, afin que tout foit égal autant que cela fe pourra; enfuite, chaque jour , en déterrer une & l'examiner* Après vingt-quatre heures ou un jour entier , la graine de fève paroît enflée ; l'épiderme n'offre plus de rides, & l'ouverture par laquelle doit paffer la radicale s'élargit un peu , & laiffe appercevoir quelques utri- cules que l'humidité de la terre a dilatées. L'écorce de la féveeil molle, & la partie qui environne l'ouver- ture de la radicule, c\v\ eft ordinai- rement noire , devient violette : fi on enlève cette écorce , on remar- •que ail milieu des deux lobes la p!an- lule qui a un petit goût fucré. On diftingue iàciloment les deux lobes AA {Fig, l de la Plancha du mot G E R 29^ Glandes ) & le rudiment de la tige B. Si l'on fépare les deux lobes , on appercevra déjà deux petites feuilles A B ( Fig. 2 ) à l'extrémité de la tige ; elles font jaunes : ce font les deux premières qui doivent fe développer. La racine C commence aufli à fe nourrir & à groflîr. Au bout de trois jours, la racine F (^Fig.3 ) a acquis affez de force pour vaincre l'ouverture dont nous avons parlé , & déjà elle pénètre la terre qui com- mence à lui fournir des fucs nour- riciers : dès ce moment la végéta- tion acquiertplus d'énergie. Tant que la racine eft encore renfermée dans les lobes, elle eft blanche; mais elle prend une couleur verte fitôt qu'elle trace dans la terre. Ce changement de couleur eft dû au contaft de l'air & de la lumière , avec lefquels elle commence à communiquer: l'écorce eft encore plus molle ; elle fe déchire très-facilement , Se n'a plus de goiit. Le peu de parties fucrées qu'elle contenoit a paffé des lobes au germe, & lui a iervi de première nourriture. Ces lobes G G , ( FIg. 3 ) blanchâ- tres & concaves intérieurement , font remplis de fucs ; & fi on les coupe , ils laiflent échapper quelques gouttes d'une humeur glutineufe. La tige H (/7'^. 4) s'étend & commence à fe contourner de manière que la racine regarde la terre, & la plantule l'air: on peut y diftinguer déjà des fibres 'igneufes & des utricules. Le quatrième jour , l'écorce fe trouve mouchetée de taches rougeâ- tres ; les lobes L ( Fig. ■>' ) font très-en- flés , & la racine D eft devenue plus épaiffe, plus longue Se toute verte : les deux |>etites feuilles M, quoiqu'un peu plus développées , font encore renfermées dans les lobes. x<)G G E R Vers le feptième jour, !a plante paroît beaucoup plus forte ; elle pouffe déjà une racine tortueufe O , (jFz». (T) à l'extrémité de laquelle on appeiçolt les rudimens d'autres plus petites. La tige vers fa partie Supérieure eft jaunâtre , & devient inienfiblement blanchâtre. Les deux lobes ne font pas groflls de beau- coup ; ils font de couleur jaune , & laiffent déjà paffer l'extrémité des deux petites feuilles. Si on coupe la plantule , elle rend une grande quan- tité de liqueur, &: la tige Q ( Fig. 7) laiffe appercevoir récorce, la moelle & leurs utricules. Au point R , on diftingue le point de féparation où les lobes font attachés : fi on les en- lève totalement , on voit que les deux petites feuilles SS font bien diftinûes ; les côtes ôc les nervures paroiffent déjà. Au bout du neuvième joitr , la tige K ( Fig. 8 ) s'élève ; les enve- loppes des lobes fe détachent & les laiffent à nu I I ; ils font mous , verts & entr'ouverts , les feuilles qui étoient pliées fe développent , for- tent par cette ouverture N , & commencent à prendre une cou- leur verte. La racine T , tortueufe : on voit déjà de tous côtés des petits rameaux. Quelques jours après , la tige V (Fio'.j)) fe redreffe totalement : à la bafe on remarque que les deux lobes qui ont diminué de volume par la quantité de nourriture qu'ils ont fournie à la plantule & à la radicule , pendant qu'ils étoient dans leur fein: ils font encore verdâtres; les feuilles de la tige prennent de la confiftance , & fe développent davantage. On ap- perçoit entr'elles le rudiment de nou- velles feuilles Y ; la racine eft char- G E R gée d'an plus grand nombre de ra- dicules. Vers le vingtième jour , la plan-- tule eft devenue totalement plante ; elle a ies feuilles larges & abfolu- ment développées A A (F%. 'o. ) On remarq en B un bourgeon qui contient en petit tout le relte de la plante qui doit fe développer dans la fuite. Les lobes CC, deflèchés & épuifés , adhèrent encore à la tige , mais ne font plus à la plante d'au- cune utilité. La tige eft verte , fol.de & Hftuleule intérieurement ; car les utricules de la moelle commencent à fe deffécher , & à laif er ainfi un vide à leur place. Depuis ce moment- là, la plante végète hors de terre, & fon enfonce termmée, elle commence fon adolefcence. Ce tableau de la germination , que l'on peut luivre en général dans toutes les graines , & qui eft par tout le même, nous offre une fuite de développemens finguliers , mais qui ne font que conlirmer ce que nous avons dit au mot Germe , que tout n'étoit que développement dans la nature, ôc.que nous n'avions pas de nouvelle création. En effet , quelle différence y a-t-il entre la graine que l'on va mettre en terre , & la phnte qui en eftfortie? Aucune effentielle: ce qui eft en petit, en extrait, en miniature dans la graine , eft plus, en grand , plus développé dans la plante. Racine, tige, feuilles , fleurs & fruits, toutyétoit,toutn'attendoit que l'addition de nouveaux fucs pour s'étendre & occuper une plus grande place. Ce font les mailles du rcfeau qui fe font écartées les unes des au- tres, & qui ne peuvent fe rejoindre , parce que les nouvelles molécules qui fe fgnt dépofées entre leurs pa- iroiSf G E S roîs , les tiennent néceflairement écartées. ( Foyei Accroissement , FÉCONDATION , GeRME , VÉGÉTA- TION), M. M. GÉROFLE , GÉROFLIER. ( Foye^ Girofle ). GESSE. M. Tournefort la place dans la leconde ledhon de la dixième clafle , qui comprend les fl:iirs pa- pilionnacées , dont le piftil devient une gonfle longue & à une feule capkile , & il l'appelle lathyrus fjl- vefins major; M. von-Linnéla nomme lathyrus fativus y & la ciaiFe dans la diadelphie décandrie. FUur en papil'on : Tétendard en forme de cœur, grand, recourbé au lommet & des côté^ , rouge ou vio- let ; les ailes oblungucS , en forme de croifiant , courtes, blanches ou brunes au fommet ; la carène prefque ronde , de la grandeur des ailes , mais p!us large; le calice divife en cinq découpures , l'inférieure eft la plus longue. Fruit; légume très- long, cylin- drique, un peu aplati, avec un dou- ble rebord lur le dos; les lemences arrondies , prefque cylindriques , anguleufes. Ftuïlks ailées , portées fur d^s pé- tioles qui fe prolongent & courent furlestigts; ces feuilles lont termi- nées par des filamens ou vrilles. Racine fibreute, rdmeule. Pon ; tige herbacée , pliante, an- guleufe , aplatie , avec des eipèces d'aiies feulilées; les péduncules naif- fent des aiffelles & ne portent qu'une fleur; les feuilles placées alternative- ment. Lieu ; les jardins potagers , les champs ; la plante eft vivace , fleurit Jomt y. G E S Î97 de très-bonne heure , fl on l'a femée contre des abris avant l'hiver. Propriitcs iconomiquts. On la cul- tive dans les provinces inéridionales du royaume , où elle fert d'aliment de qualité médiocre , & dans le nord pour la nourriture des pigeons & de la volaille. Vaut-elle la peine d'être cultivée dans les jardins comme lé- gume? je ne le penfe pns. Elle exige les mêmes foins que 'Wi pois, (^f^oyci ce mot. ) Gesse Tubéreuse . ou Glands DE Terre. C'eit le lathyrus arvenfis repens tuberofus de M. Tournetort , & le lathyrus tuberofus de M. von- Linné. Elle diff^ne de la précédente par fes péduncules qui portent plu- fieurs fleurs ra.t uac mère, rasine G I R pivotante & quelques autres racines fecondaires nui s'enforKent en terre » ennn peu de racines fibreufes ou chevelues. La forme de ces racines indique la néceffité d'avoir un ter- rain profondément défoncé , même jufqu'à un pied & demi , afin que les racines ne trouvent aucun obfla- cle ; & plus elles pivoteront & plus la plante prospérera , fur-tout fi on fènie à demeure, & c'efl la meilleure manière. Cette affertion paroît un paradoxe ; mais j'y reviendrai toirt à l'heure. *Si au contraire on fème pour replanter , il eft inutile qrer dans- de petits filions-; la fuperficie efl: unie de nouveau, ôi recouverte de fumier menu ou de débris de paille courte. Si la terre efl fèche, on fera très-bien d'arrofer tout de fuite, mais légèrement, afin qu'elle ne taffe pas. Avant d'employer l'eau , on aura foin de la tenir pen- dant quelques heures au foleil. II[- De la conduite des J'émis & de' la tranjplanta-ion. ^krxo[çr dans le bei'oin, larder fou vent, éclairtir les endroits trop garnis , iont. les foins que les jeunes plantes exigent. On doitlaiffer l'efpace de quatre pouces- entre chaque pied. Communément on' n'y regarde pas de fi près, iur-tout. qu.ind on fème dans des pots , dans: des caiffes, 6ic.,: & on a tort ;: la. 3to G I R première éducation influe beaucoup ïur la fuite. Si on a femé fur couche & fous des cloches, il faut donner de l'air aux plantes pendant autant de temps qu'on ne craint pas la fraî- cheur ou des nuits ou de l'atmof- phère , & laiffer la plante expofée à l'air libre aufiiiôt qu'il eft polTible. Si on fe fert de paillaflbns , on doit les foulever pendant la journée, &C laiffer un libre cours aux rayons du foleil. Les girofliers craignent beau- coup la privation de la lumière & l'humidité. Les quarantains demandent à être tranfplantés auffitôt qu'ils marquent , s'ils doivent être mis dans des pots , & dès qu'ils ont quelques feuilles , û c'eft pour la pleine terre. Plus ils font jeunes , plus la tranfplantation èc la reprife font faciles. Il eu aflèz important d'arrofer affez largement la veille du jour confacré à la tranf- plantation , afin que la terre refte adhérente aux racines : le trop & le trop peu d'irrigation font des dé- fauts à éviter, & l'on fera très-bien de choifir un jour couvert & difpofé à la pluie. Dans les provinces mé- ridionales, où un tel choix eft diffi- cile , on tranfplantera au foleil cou- chant, on arrofera tout de fuite, 6c le lendemain matin, au foleil levant on couvrira la jeune plante avec une feuille de chou , de grande mauve , &c. , afin de la garantir de la grande impreffion du foleil ; & le foleil couché , on enlèvera cette feuille, afin que la fraîcheur de la nuit&: la rofée raniment le giroflier. On aura foin de continuer de la forte pendant trois ou quatre jours. plus on laiffe les girofliers vivaces oubiennes dans la pépinière, moins ils profitent ; ils y font toujours trop G I R ferrés, leurs feuilles fe touchent, les tiges s'élancent & n'ont plus le corps qui leur eÛ néceffaire. On ne fe rc- pent jamais detranfplanter trop tôt , &C on fe repent toujours de tranf- planter trop tard. On ne peut pas connoître les pieds à fleurs doubles ou fimples; il convient de tranlplan- ter ou dans des pots , ou en pleine terre à tout hafard, fauf à déplanter enfuite ceux qui paroîtront donner des fleurs doubles. La culture des provinces méri- dionales ne convient point à celles du nord , ni celle du nord à celles du midi. Tous les girofliers en gé- néral, craignent peu la gelée, fi la plante n'eft pas humide. Pendant l'hi- ver, dans les provinces du midi, les feuilles tombent & s'inclinent contre terre; de forte que le pied eft caché par elles , mais , comme elles ne le touchent pas, l'humidité concentrée fous cette voûte caufe la ruine de la plante , pour peu que la faifon foit pluvieufe , & qu'il furvienne des gelées. Si ces feuilles font exhauf- fées , s'il règne un courant d'air , la plante brave la rigueur du Iroid. La prudence exige cependant que l'art vienne au fecours de la nature : à cet effet, on prend des liens de paille de feigle dont on enveloppe le pied en obfervant de relever par-deflTus toutes les feuilles. S'il furvient de la neige , des froids trops vifs ou de très-longues pluies , on fera très- bien de les couvrir avec de la paille menue, afin de détourner les eaux, & fur-tout afin de prévenir le paf- fage fubit du froid à la chaleur caufée par le foleil. Dans les provinces du nord , ov« les pluies font fréquentes , l'humi- dité habituelle & les froids trop Te m. . r l'I- XI' Ta. 'f^txr JMjf G î R yiis, il el\ très-important de tranf- porter des jardins dans des ferres les girofliers , & principalement ceux qui commencent à marquer. Cette opération a lieu en oclobre ou no- vembre , fuivant la faifon. On range chaque pied féparément dans une terre peu humide , & de rang en rang on peuple la ferre. Il vaut beau- coup mieux les mettre dans des vafes, parce qu'ils feront tous prêts pour le printemps fuivant , & il cft plus facile de les manier pendant l'hiver, de oclîvrer les rameau?: des feuilles pourries , &c. La lerre exige d'être bien éclairée & très-fèche. Les girofliers craignent très - peu la fé- cherefle dans cette faifon; ils ont beau avoir les feuilles flétries & pen- dantes, un peu d'eau les ranime au befoin , & dans cet état la gelée n'a prefqu'aucune prife fur eux. Cepen- dant , fi le froid devient trop rigou- reux, fi l'on craint que la lerre ne ioit pas afîe'z chaude , on fera très- bien de les porter dans des caves , oii l'humidité de l'atmofphère qui y règne, fuffira à leur entretien. Des que le grand froid fera paiTé , on ouvrira les portes & les foiipiraux de la cave, afin de les accoutumer peu à peu à Tair extérieur ; on re- portera enfuite dans la ferre , & in- fenfiblement , dans la faifon, on les fera pafler à l'air libre. Si on les expofe tout à coup au grand foleil , & à un foleil chaud, il eft fort à craindre qu'ils ne périflisnt. On fera donc très-prudemment de choifirun jour couvert, ou de placer les vafes fous des hangars à l'air libre. Enfin, quelques jours après , on les ex- pofera au foleil , &c on les arrofera s'ils en ont befoin. Ces ménagemens (deviennent néceiTaires, fur-tout lorf- G î R -311 que le fommet des rameaux à blanchi par un féjour trop long dans l'obfcu- rité, & ils demandent à n'être froppés du foleil que lorfqu'ils ont repris leur couleur verte. IV. De la multiplication par bou- ture. Dès qu'on a obtenu par le femlsj un giroflier vivace à belle fleur double , d'une feule couleurou panachée, &c. & qu'on défire en pcrpttuer & multiplier l'efpèce, il faut de toute nécefTité recourir à la bouture. On choifu à cet effet un petit rameau de l'année , de la lon- gueur de quelques pouces, qu'on dépouille de fes feuilles à un pouce près du fommet. A l'infertion de la feuille au rameau, on apperçoit une petite éminence , une ef jcce de con- fole , de bourrelet ; c'eft de ces points que s'élanceront les nou- velles racines. La circonflance exige que la terre du vafe , de la caifTe dertinée à recevoir les boutures , foit douce, meuble & bien fubftan- liel'e. Il y a plufieurs manières de planter les boutures; la première & la moins avantageule confifle à enfoncer tout fimplement dans la terre la partie du jeune rameau dépouille de fes feuilles ; la féconde', de re- courber de cette manière \j la par- tie qui do.t être enterrée , & l'en- terrer dans cette pofition fans le cafl^er ; la troifième difîcre de la féconde en ce point feultment, c'efi qu'avant de couder le rameau , on le tord un peu , on le coude en- fuite , & on l'enterre fans qu'il fe détorde. La torfion &: le coude fa- cilitent la fortie des racines. J'en ai eu plus d'une fois la preuve compa- rative fur les girofliers ôc les myr- tes,, 6cc. 512 G I V Auffitôt que la caiffe ou le vafe eft rempli de boutures , on arrofe amplement afin que la terre fe colle contre les fujets , & s'y uniffe de toute part, Auffitôt après on les tranfporte dans un lieu où le foleil ne donne point , mais expofé au grand air , à l'air libre. Enfuite de temps à autre on arrofe & on farcie rigoureufement. Auffitôt que l'on eft afluré de la fortie des racines, la caifîe eft reportée dans un lieu ex- poié au foleil du matin , mais à l'a- bri du foleil du midi & du foir, lur- touî dans les provinces méridio- nales ; enfin, avant ou après l'hiver, chaque bouture eft retirée & mife féparément dans des pois. (Co^/r^/rs^ le mot Bouture.) GIVRE, Physique, eu GELÉE BLANCHE , eft cette geîée , ou plutôt cet amas de petits glaçons que l'on voit dans l'hiver s'attacher à diifé- rens corps, aux arbres, aux herbes , aux cheveux. Nous confondons ici givre & gelée blanche, parce que c'eft effentiellement la même chofe , quoique communément on les dif- tingue entre elles , & qu'on donne le nom de gelée blanche à celle qui eft produite feulement par la rofée ré- duite en glace, tandis que le givre paroît plus particulièrement dû à toutes les vapeurs aqueufes qui flottent dans l'air, & cui, furprifes par le froid, fe congèlent fur tous les corps où elles s'attachent. Pour produire du givre il ne faut que deiixchofes, une hum.idité abon- dante & du froid. Cette humidité eft due non - feulement aux brouil- lards , mais encore aux particules aqueufes qui s'élèvent de la terre & j retombent fous le nom de rofie ^ G I V (ro>'«{ ce mot) mais encore à celles qui doivent leur naiftance à la tranf- piration des animaux & même des végétaux. Dc-là viennent tous les phénomènes du givre. On le voit recouvrir de glaçons quelquefois très- coiifidérables par la longueur, les branches des arbres & les tiges des plantes , qu'ils fatiguent beaucoup de leur poids , les cheveux des hommes, le poil des animaux, fur- tout ceux dont les bœufs & les chevaux ont les nafeaux garnis ; l'humidité de larefpiration s'attache à ces poils , & tout d'un coup faifie par le froid , elle fe convertit en glace. Il y a encore deux efpèces de givres, dont l'explication eft affez facile à comprendre : i". le givre ou efpèce de neige qui tapiffe les murailles après de longues & fortes gelées ; a°. Ces réfeaux de glace qui recouvrent quelquefois les vitres des fenêtres. Le premier a lieu parce qu'en général les corps folides & denfes s'échauffant moins prompte- ment que l'air, les murailles confer- vent plus long-temps le froid qu'elles ont acquis; fi ce froid va iufqu'aii terme de la glace, toute l'humidité qui s'attache à leurs parois , fera néceftai- rem.ent convertie en glace; cette glace eft rare , fpongieute comme de la neige, parce que l'humidité ne forme que des gouttes ifolées ftn" le mur , & non pas une furface continue. Par rapport au givre des vitres , voici comme il eft produis Pendant la gelée l'air de la chambre eft beati- coup plus chaud que l'air extérieur : fi elle eft habitée , cet air échauffé diffoudra & tiendra en fu^pe"S ""^ certaine quantité d'humidité; tant qu'il conferverale même de<;ré de chaleur , ° cette G L A cette humidité ne fe dcpofera & île s'attachera à aucun corps ; dans la nuit cet air le refroidit , foit parce que la chambre n'eft pas habitée, foit parce qu'on n'y fait point de feu ; alors il ne fera plus en état de tenir en difloluîion cette quantité d'humidité : elle fe dépofera fur tous les corps qu'elle rencontre- ra ; toute celle qui s'attachera aux vitres, trouvant un corps troid , 8c d'autant plus froid que l'air exté- rieur le fera davantage , elle s'y congèlera fiibitement. Auffi remar- que-t-on que dans un appartement fec, qui n'efi; point habité dans l'hi- ver, 11 ne fe trouve point de givre fur les fenêtres. En général, le givre ne fait pas de grands maux aux plantes & aux ar- bres , à moins que le temps humide ne dure depuis long-temps, & que l'humidité n'ait pénétré l'épiderme & même Técorce ; alors il fait des ravages, parce que cette humidité fe convertiffant en glaçons , fou'èvc, écarte & déchire les petites cellu- les où elle étoit renfermée. ( Voyci^ Froid , Gelée. ) M. M. GLACE , Physique. Etat folide fous lequel Teau efl: réduite par le froid. L'eau a un degré de chaleur égale ordinairement, ou du moins approchant de celui de ratmofphèrc; fi ce degré defcend au - deffous du terme de la congélation , l'eau , de fluide qu'elle étoit, paffc à l'état concret & folide , & devient de la glace. Ce porte de l'eau offre des phénomènes aufli curieux que diffi- ciles à expliquer. On peut les obfer- ver facilement en expofant à l'air des vafes de verre pleins d'eau pure. S'il gèle foiblement , on verra d'a- Tome V, G L A 313 bord fe former une pellicule de glace très-mince fur la furface de l'eau qui eft expofée immédiatement à l'atfion de l'air froid ; enfuite des filets de glace fembleront partir des parois du vafe avec difFérens degrés d'inclinailon , & faifant entr'eux des angles aigus ou obtus ; d'autres fi- lets fe formeront & croiferont les premiers, de nouveaux fe mêleront avec ceux-ci ; tous ces filets de glace s'élargiront infenfiblement en forme de lame , acquerront ainfi de la lar- geur &: de la groffeur , & finiront par remplir toute la capacité du vafe. Le froid augmentant , cette maffe fpongieufe fe refferre, fe condenfe & forme à la fin un morceau de glace folide, de la forme du vafe qui renfermoit l'eau. Si le froid eff très- vif, la congélation fe fait plus vite, mais plus confufément. Plus la glace s'efl formée lentement , plus "auffi elle eft nette & traafparente , parce que l'air a eu le temps de s'en dé- gager. Si qu'il n'y refle que très- peu de bulles ; le contraire arrive lorfque l'eau eft furprife tout d'un coup par le froid ; elle devient alors raboteufe & chargée de petits monticules produits par l'air qui cherche à s'échapper, & qui a été enchaîné par la furface de l'eau qui s'efl convertie en glace la première. Après fon pafTage à l'état de glace, l'eau fe dilate, acquiert plus de vo- lume ; c'eff pour cette raifon que la glace efl plus légère qu'un pareil volume d'eau qu'elle furnage ; que les glaçons flottent fur les rivières & les eaux où ils fe font formés; & que l'eau brife & fait éclater fouvent les vafes où elle efl renfermée au mo- ment de fa congélation. Quelques phyficiens ont fiiit des expériences Rr 314 G L A curieufes à ce fiijet. M..Buot, répé- tant l'expérience de M. Huygens , ren- ferma de l'eau dans un canon- de fer épais d'un doigt, le ferma bien, & l'expofa à une forte gelée : le canon creva en deux endroits au bout de douze heures. Faut-il s'étonner après cela, que la gelée foulève le pavé des rues , brife les tuyaux des fontaines , quand on n'a pas la précaution de les tenir vides; qu'elle tende les pierres pénétrées d'humidité , & les arbres ; qu'elle gèle & détrullé les tiffus des végétaux. Ce font les fuites nécef- fairesde la dilatation de la glace, &C de fa force de dilatation, (f^ojei Froid , Gelée ). M. M. GLACE. ( Pomme de ) Foye{ le mot Pomme. GLACIÈRE. Bâtiment conftriiit pour y conferver de la glace dans les plus grandes chaleurs de l'été. C'eft une efpèce de double cône , c'eft- à-dire , deux cônes réunis par leur bafe ; l'un eft conûruit en ma- çonnerie , & a la pointe en bas , c'eft lieu où l'on met la glace ; l'autre cône eft la couverture en charpente & chaume, dont la pointe eft élevée ; l'entrée en eft toujours placée au nord, & eft formée d'un petit corridor fermé d'une porte à chaque extrémité ; fon emplacement eft, pour l'ordinaire, dans un bof- quet , oii elle eft entourée d'arbres qui empêchent les rayons du folell d'y pénétrer. Tels font, en général, les prirtcipes d'après lefquels une gla- cière doit être conftrulte : nous en- trerons tout à l'heure dans de plus grands détails. Ce n'eft pas pour fatisfaire la fen- fvtalité de ceux qui aiment à boire G L A frais, que je place ici cet article. Je regarde les glacières comme un objet effentiel & du premier beibin, fur -tout dans les provinces méri- dionales : les chaleurs y font vives, foutenues & quelquefois accablantes , ■lorfque les vents du (ud & celui que les italiens appellent /Iroco , régnent pendant quelques jours. On éprouve alors une laffitude, une ûupeur dans tous les membres , l'eftomac tait avec peine les fondions , digère mal , la dyffenterie furvient , & lou- vent elle eft épidémique , ainfi que plufieurs autres maladies. La glace & des boifibns à la g'ace redonnent du tonàl'eftomac, & toutlefyftème nerveux & niuiaileux fe reflent du bien - être de l'eftomac. Avec de la glace on fupporte fans peine les plus grandes chaleurs , non p^s , ainfi. que la majeure partie des hommes le penfe , parce qu'elle rafraîchit , mais à caufe qu'elle redonne le ton , & remonte tous les reilorts de la machine. Les glacières offrent encore un. avantage bien réel pour ceux qui vivent à la campagne ; c'eft la tacihté de conferver les viandes & un grand nombre de provifions qui font cor- rompues dans la journée même par la trop grande chaleur , & principale- ment lorfque régnent les venis du fud. Comme la conftruûion d'une gla- cière n'entraîne pas à une grande dé- penfe , fur-tout fi le local s'y prête ^. je ne vois pas pourquoi on fe prive- roit d\m fecours qui réunit en même temps l'agréable à l'utile. Je vais emprunter , de l'Ouvrage intitulé : Nouve/'e MalJ'on nijilqiu ^ les détails de conftruâion ; ils m'ont paru bien préléntés , & j'ajouterai enfuite la méthode de quelques pays G L A •étrangers , afin que l'on foit dans le cas de choifir la manière qui paroîtra la plus avantageufe. « On choilît un terrain fec, qui ne foit point ou peu expofé aux rayons du foleil ; on y creufe une fofl'e ronde , de deux toiles ou deux îoifes & demie de diamètre par le haut , en finiffant en bas comme un pain de fucre renverlé. La profon- deur ordinaire de la foffe efl de trois toifes ou environ ; plus une glacière efl profonde &c large , & mieux la glace & la neige s'y con- fervent. » « Quand on la creufe, il faut tou- jours aller en étréciffant par le bas , crainte que la terre ne s'affaiffe. Il eft bon de revêtir cette iofle depuis le bas jufqu'en haut d'un petit mur de moellon de 8 à lo pouces d'é- paiffeur , bien enduit de mortier ; & percer dans le fond un puits de deux pieds de large , & de quatre de profondeur , garni d'une grille de fer par-defTus , pour recevoir l'eau qui s'écoule de la glace. Quelques-uns, au lie» de ce mur , revètiffent la foffe d'une cloifon de charpente gar- nie de chevrons lattes , & font defcendre la charpente jufqu'au bas de la glacière , dans le fond de la- quelle ils pratiquent le petit puits pour l'écoulement de l'eau de la glace. D'autres n'y font point de puits, & ne font defcendre la char- G L A 315 pente que jufqu'aux trois quarts de la glacière, & ménagent à deux ou trois pieds du fond , un bâti de charpente en forme de grille, fous laquelle l'eau s'écoule quand les grandes chaleurs font fondre la glace. » w Si le terrain où efl: la glacière efl bon & bien ferme , on peut fe paffer de charpente , & mettre la glace dans le trou fans rien craindre; c'ell une grande épargne ; (i) mais U faut toujours garnir le fond ôc les côtés de paille. » » Le deffus de la glacière fera couvert de paille attachée fur une efpèce de charpente élevée en py- ramide , de manière que le bas de cette ouverture defcende jufqu'à terre. » » La petite allée par où l'on entre dans la glacière regardera le nord , fera longue d'environ huit pieds , large de deux & demi , &c fermée foigneufe- ment aux deux bouts par deux portes bien clofes. » Tout autour de cette couver- ture , il faut faire en dehors , en terre, une rigole qui aille en pente pour en recevoir les eaux & les éloigner , autrement elles y croupiroient ôc ahèreroient la glace.» » La glacière ne doit avoir au- cun jour , ôi il faut avoir grand foin d'y bien boucher les trous ;. pour la remplir de glace on choi- ( I ) Note du RéidSleur. Je n'aime point ces économies mefcuines : un père de famille doit conftruire avec la plus grande folidité, ou ne point conftruire du tout. Une poutre du ioit pourrit; on néglige di la remplacer, parce qu'il faudroit enlever la terre, refaire toute la toiture en paille, &c. &c. De jour à ainre, la glacière fe dégrade, & une deftruâion totale eft la fuite ou de la négligence, ou de la crainte de la dépenfe. Le cône inférieur, comme le cône fupérieur, doivent être en pierre, & au défaut de pierre, à caufe de f.i rareté ou de fa cherté, en briques trèi-cuites, & revêtues d'une (Couche de bon mortier, bien liffé, &, s'il fe peut, mêlé avec la pouzzolane, Rr X ^i6 G L A iira un jourd froid &c fec , afin que la glace ne fe fonde point , autre- ment il y auroit du danger , car l'humidité de l'air y eft fort con- traire. Le fond la glacière fera confirait à claire voie par le moyen des pièces de bois qui s'entrecroi- feront; avant que d'y pofer la glace, on couvre ce fond a'un lit de paille , & on en couvre tous les côtés en jnontant , en forte que la glace ne touche qu'à la paille , & non aux pa- rois des murs. On met donc d'abord un lit de g'ace fur le fond garni de paille ; plus ces lits font entaffés fans aucun vide , & plus ils fe con- fervent. On bat la glace avec des irsaillets fur le bord de la glacière avant de l'y jeter , afin qu'elle faffe corps : fur le premier lit de glace on en met un autre , & ainfi fuc- cefîivement juiqu'au haut de la gla- cière 5 fans aucun lit de paille entre ceux de la glace. Pour la bien en- îafTer on la caffevavec des mailloches ou avec des têtes de coig'née. On jeté un peu d'eau de temps en temps , afin de remplir les vides par les petits glaçons i en forte que le tout fe congelant , fait une mafTe qu'on efl obligé de cafFer par morceaux pour s'en fervir. >t M La glac'ère pleine , on couvre la glace avec de là grande paille par • le haut comme par le bas & par le^ côtés; par-defïi.is cette paille, on Viet des planches qu'on charge de «rofles pierres pour tenir la paille ferrée. Il faut fermer la première porte de la glacière , avant d'ouvrir la feconae , afin que l'air extérieur n'y entre point ; en été , il fait fondre la glace pour peu qu'il y pénètre. » ,») La neige fe conferve aiiiîi-biea G L A que la glace dan? les glacières. On ' la ramaffe en greffes pelottes , on les bat & on les prefîe le plus qu'il eft pofTible , on les range &: on les accommode dans la glacière, de ma- nière qu'il n'y ait point de jour en- tr'elles , ob'fervant de garnir le fond de paille comme pour la glace. Si la neige ne peut pas fe ferrer & faire un corps , ce qui arrive quand le froid elt grand , il faudra jeter ua peu d'^eau par - deffus , elle ie gèlera aufîiiôt avec îa neige ,.& pour lors il fera aifé de la réduire en maffe; elle fe confervera bien mieux dans la glacière , û elle y e^ preiTée èc battue & un peu arrofée de temps en temps. 11 faut choifir de beaux jours & le temps fec pour la neige, autrement elle fe fondroit- à melure qu'on la prendroit. Il ne faut pour- tant pas qu'il gèle trop fort . parce qu'on auroit trop de peine à la lever. » Dans quelques endroits, on élève un double mur autour du cône à deux ou trois pieds de diftance,& l'entre-deux de ces murs efl rempli d'argile fortement corroyée. Le rnême lit d'argile cc le même mur ex- térieur régnent également fur le cône ftipérieur ; c'ell doubler la dépenfe. Il vaut beaucoup mieux recouvrir le cône fupérieur & les côtés fimple- ment avec douze ou dix-huit pouces d'argile & jeter par - deffus un à deux pieds de terre ordinaire. Si on n'a pas de l'a-gile à fa difpofition , il faut nécelfairement enduire les murs de côté & ceux de la voûte avec un fort ciment, ( vovei '^ ^°^ MoRTi-ER ) & recouvriV le tout avec beaucoup de terre ; on ne fau- roit trop en mettre. Afin que les pluies ne dégradent pas cette terra ^ G L A on siira foin c'y fcmer de la graine de foin & la traicheur de la glacière maintiendra fa verdure pendant l'été , même dans les provinces méridionales. En Italie , pour placer les gla- cières , on choifit les croupes des montagnes efcarpéts : on y creufe imcône, ainfi qu'il a été dit, & la toiture eil formée avec de la paille d'orge. Si on craint les inondations , la flagnation des eaux , ( ce qui dé- pend du local) il faut bienfe garder d'enfoncer le cône en terre , & à plus forte raifon le puits d'écoule- ment ; il faut tout au contraire élever le puits & le cône infé- rieur au - deffus du fol. La, plus grande dépenfe confiftera dans le traniport de terre pour recouvrir le tout. Il eft rare que la glacj ne fonde pas la première fois qu'on remplira la glacière , à moins que la maçon- nerie n'ait eu le tempsde lécher avant l'approvifionnement de la glace; ce qui dépend beaucoup de la qualité de la chaux : mais fi on employé la chaux réduite en mortier du mo- ment qu'elle eft éteinte & qu'elle a encore toute fa chaleur , elle criftallifera beaucoup plus prompte- ment. GLACIS. Pente douce & unie, communément recouverte en gazon dans les jardins d'agrément- GLAIREUX, qui eft rempli de glaire; tels iont les noix, les aman- des , les noifettes , les noyaux de cerife, d'abricot , prure, Ikc avant leur maturité. Ne pourroit-- on pas comparer la fubftance glaireufe dans G L A 317 les plantes , à l'humeur qui tapiffe les parois de l'ellomac & des intcftins de l'animal ? N'eft - elle pas plus abondante dans les racines que dans les tiges? Toute la nombreufe fa- mille des amandes & de plulieurs autres plantes , préfente ce phéno- mène; en effet, en les bri(ant on juge, par les doigts, du gluant de ce glaireux. Ne faciliteroit-elle pas encore l'afcenfion des fucs que les racines pompert de la terre , & ne ferviroit-eile pas , comme le velouté de nos inteftif.s,à prévenir l'érofion des tuniques fans cefTe frottées par des fucs encore mal élaborés ? Ces problèmes mériteroient cer- tainement un examen fuivi par un homme patient & accoutumé à bien voir, GLAIS ou GLAÏEUL , ou G L A Y E Lf L, ainfi nommé à caufe que fes feuilles reflemblent à un glaive. Glayeul commun, m. T0U1-- nefort le place dans la féconde (ec- tlon de la neuvième cbffe, qui com- prend les herbes à fleur en . lys , divifée en fix parties & dont le calice devient le fruit, & irrappelle giadiGlus utrlnquc Jlorldiis. M. von- Linné le nonuiiç glad/o/us communis, & le clafle dans la triandrie mono- gynie. Fleur, à trois étamines & un piftil , compolée de fix pétales ; les trois Supérieurs réunis , les inférieurs étendus , terminés par la réunion des onglets en un tube recourbé ; la fleur eft de couleur pourpre. & le calice fouvent plus long que k- couronne. Fruit, Capfule oblcngue , veo— 3i8 G L A true, à trois côtés obtus, à trois loges, à trois valvules; pliifieurs fe- mences obrondes, recouvertes d'une coiffe. Feuilles , en forme d'épée , fim- ples, très-entières & embraffant la tige par leur bafe. Racine, bulbeufe, folide. Pori. La tige s'élève à la hauteur de deux pieds , herbacée , fimple ; les fleurs au haut des tiges, dif'po- fées comme en épi , féparées les unes des autres , quelquefois d'un feul côté & plus fouvent de deux. Lieu. Très-commun dans les pro- vinces méridionales, & fur-tout dans les blés; la plante eft vivace. Propriétés. Très-inutile en méde- cine, précieufe dans un temps de difette. Sa racine tubéreufe & fraî- che , bien lavée & râpée , donne ime fécule , c'efl-à-dire , un véri- table amidon, (^voye^ ce mot) qui ne diffère en rien de celui qu'on re- tire des femences farineufes. On peut multiplier cette plante fur les lifières des bois, des bof- quets , des petites allées , dans les cham.ps ; les fleurs forment un joli effet. GLAISE. Les naturalises d'flin- gvient la glaife de l'argile & difent qu'elle tient le milieu entre l'argile, 4a marne & les terres horaires ; enrin, ils appellent glaife, l'argile la plus dépouillée de parties fableufes. En admettant ces divilions, il eft clair que la glaife eft , de toutes les terres , la moins propre à la végé- tation , puifque toutes fes molécules font tellement unies les unes aux autres , qu'elles ne fauroient être pé- nétrées par l'eau , par l'air & encore lîicins par les racines, Il eil inutile G L A d'entrer ici dans de nouveaux dé- tails. ( f^oyei ce qui a été dit au mot Argile.) GLAND. Fruit de l'arbre nom- mé chêne. ( yojei ce mot ) La ré- colte de ce fruit eft appelée glandée. En général , les années fertiles en pommes , le font en glands , parce que la récolte de la fleur de l'un tient à la réufTite de l'autre : cependant les glands manquent fouvent , ou par l'abondance des pluies à l'époque de la fleuraifon , ou par la féchereffe de l'été, ou enfin par la multiplicité d'infeûes qui s'attachent & s'inii- nuent dans le gland. L'abondance ou la difette de ce fruit influe fingulière- menf dans plufleurs de nos pro- vinces fur le prix des cochons, des dindes & de la volaille. On récolte le gland , ou pour le fervice de la bafle-couj;, ou pour les femis; &C dans les pays très-pauvres , on ré- colte, pour nourrir les hommes, celui du chêne , N". 8 , ( voyei ce mot ) & même quelquefois ceux des chênes verts, parce qu'ils font moins acres, moins auftères que les autres. On ne doit point ramaffer pour les femis les premiers glands tombés de l'arbre ; leur chute a été accélérée par la piqûre des infeftes. On attendra un beau jour dans le mois d'octobre ou de novembre, fuivant les climats, Si on choifiraun à un ceux que l'on défire conferver. Il faut donner la préférence aux plus luifans & aux plus pefans ; les plus gros ne font pas toujours les ; meilleurs. On les portera tout de fuite dans un lieu frais & non pas hunoide , oh on les rangera lit par lit avec du fable : ils demeureront dans cet état jufqu'au moment de les fcmer. Si les G L A G L A 319 gîancîs, ainfi difpofés , ont germé; GLANDE, Botanique. Plus on ce .qui arrive affez fouvent , on évi- étudie la nature dans le règne vé- tera avec grand loin, en les tirant gétal , & plus on trouve à chaque du fable , ou en les tranfportant fur pas de phénomènes intéreffans à ad- ]e lieu du femis, de ne point froifler, mirer. La phyfiologie des plantes endommager ou rompre ce germe nous offre fans cefTe de nouvelles ou radicule. Il eft pofîible , abfolu- obfervations : c'efl: un riche fonds ment parlant, de ne pas prendre ce d'inftruction , en même temps que foin: on peut amonceler les glands d'Intérêt, La /êk///^ ( voyei ce mot) dans la forêt ou près du terrain pré- eft , pour ainfi dire , un individu paré pour le femis,&i les y laiffer jouliTant en particulier de tout ce jufqu'en mars ; mais il eft à craindre qui eft néceflaire à la vie : attachée que l'abondance des pluies ou d'humi- à la plante , elle eft nourrie par elle , dite en fafle pourrir une grande par- en même temps qu'elle pompe dans tie , ou que les gelées en détruifent l'atmofphère les fucs propres à for- beaucoup, mer la fève defcendante ; elle éla- Quant aux glands deftinés à la bore ceux qu'elle lui fournit , àc nourriture des animaux de la bafle- forme la fecrétion de ceux qu'elle cour, ils exigent les mêmes foins en reçoit. Non -feulement , par le que les châtaignes qu'on veut con- moyen des pores, elle rejette une cer- ferver.(/^^o)'e^cemot). Les métayers taine quantité de fève aqueufe, mais prévoyans confervent le gland d'une elle eft encore chargée de la fecré- année à l'autre , lorfque la récolte tlpn de quelques fucs propres ; elle eft très-abondante; & fi la fuivanre eft garnie d'organes deftinés à cet vient à manquer , ils font alors af- emploi , &c ces organes font les furés d'un très - gros bénéfice , foit glandes. par la vente des glands furnumé- Les glande font des petites vefiîes raires , foit par celle des cochons & plus ou moins élevées communé- des volailles , dont le prix eft aug- ment fur la furface des feuilles , & mente fans qu'ils aient plus dépenfé quelquefois d'autres parties de la pour leur nourriture. Le moyen qu'ils plante. Avant MM. Malpighi & emploient, confifte à defî^écher les Grew , on les connoiiToit peu, &c glands à la chaleur du four , d'abord après eux M. Guettard eft celiw qui lente , & enfuite affez forte pour les les a mieux examinées : nous allons priver de leur eau de végétation. Le donner un précis de fes obfer- fecond moyen , moins fur que le vations. premier ," eft de les ramaiTer par un II diftingiie fept efpèces de glandes; temps beau & fec , de les laifler ex- les milliaires , les véficulaires, les pofés dans un lieu à couvert de la écailleufes, les globulaires, les len- pluie & du foleil , mais à un très- ticulaires, les glandes à godet & les grand courant d'air, où ils les re- utriculaires. muent fouvent; enfin, ils les amon- 1''. Les glandes milliaires font de cèlent , les couvrent de paille : ils petits points ramalTés & ferrés les n'y touchent plus jufqu'à l'année uns contre les autres, que l'on re- âiivante,, _ marque fur les feuilles de pins & de 3 20 G L A fapins, & fur les arbres & les plantes de cette claffe ; elles forment des lignes longitudinales plus ou moins longues Si étroites. Aflez ordinaire- ment on voit des glandes lenticu- laires avec des milliaires , &z dans les feuilles où ces dernières font rares, les premières font plus abon- dantes; & vice vsrfd, elles femblent le compenfer mutuellement. Le cy- près mâle & femelle , le cyprès de Portugal à petit fruits le thuya de Théophrafl-e , le cèdre à feuilles de cyprès & à. truit Jaunâtre , la fabirie ordinaire & la leconde efpèce de cyprès, offrent fur leurs feuilles dif- férentes bandes de glandes milliaires , fur-tout le cyprès & le thuya. Elles forment dans les genévriers com- muns de Virginie , & celui dont les feuilles font ramaffées en bouquet, des bandes de chaque côté de la gouttère de la feuille , compoféfs de fix ou fept rangs de ces g'ands. Celles de l'if ne font bien recon- noiiTables qu'après qu'on a enlevé la matière rélineufe qui en fuinte. Quoique les feuides du buis foient fort larges en comparaifon de celles des arbres cités plus haut , l'on peut dire qu'elles en ont moins en pro- portion des autres. Les prê'es ou queue de cheval , & les èphtdra ont auffi leurs feuilles chargées de glandes milliaires. Les glandes milliaires jettent une matière très-fine, & ordinairement d'un beau blanc : on en voit la forme, jF/g. z/ B, & Flg. iz h (i). Pour bien entendre ces deux Figures, dans la première on a repréfenté une feuille chargée de difTcrentes efpèces de glandes, & dans la féconde, ces mêmes glandes vues & grotïïes à la loupe. %", Les glandes vélkulaires ont G L A été obfervées depuis -très-long- temps dans les plantes , & on avoit d'abord cru que c'étoit des petits trous dont étoient perforées les feuilles de mille- pertuis; car cette plante a pris fon nom de ces prétendus trous : mieux examinés , ils n'ont paru que comme de petites véficules tranfparentes , qui traverfent à la vérité les deux côtés de la feuille. Elles paroiflent rougeâtres, en les regardant au tranf- parent ou contre le jour; mais, dans quelques el'pèces de millepertuis , elles font plutôt jaunâtres. Les unes font chargées de glandes véficulaires, non- feulement fur les feuilles, mais encore fur les pétioles des feuilles , fur les tiges, les fleurs &: leurs pédicules , les cali- ces, le fruit &lebourletoiiil eftfitué. C'efl fur ce bourlet où elles font plus apparentes , & i! y en a dans fon povir- tour dix ou douze logées chacune dans une cavité dont les bords paroiflent dirtindls de ceux de la g'ande , quoicjue continus. Ces glandes iont très-vifi- bles à la vue fimple, & il n'efl pas befoin de loupe pour les diftinguer. Les orar,gers offrent beaucoup de glandes véficulaires, & il eft peu de parties qui n'en contiennent. M. Guettard eft porté à croire que c'eft par cet organe que s'exhale la douce odeur que répand l'oranger. Les feuilles du myrte , du guajavier, des lyfmiachies, du mouron, du famolus, di'S orties, des pariétaires, des figuiers & de mûriers ', &c. &c. font garnies de glandes véficulaires. Les lettres C de la Fig. il & c de la Fig. iz repréfentent des glandes véficulaires, & K , k , les gi'ains qui fuintent de ces glandes. L & I repréf. ntent quelques veffies qui fortent de certaines glandes véficu- laires : i ell une veflie qui a une efpèce G L A éfpèce de pédicule plus long que celle de la Fig. z ; celle de la Fig. j n'en ont point. 3°. Les glandes écailleufcs font des efpècesde petites lames circulaires pu oblongues, que l'on prendroit pour autant de petites écailles, fur -tout lorlqu'on oblerve les feuilles à la vue (impie. Elles (iiffèrent des glandes ■véficulaires en ce que celles - ci ne s'élèvent point au - defliis de la fur- face des feuilles, des globulaires par leur figure, & parce qu'elles ne font point renfermées dans une cavité ; des lenticulaires , par leur figure , & parce que les bords des lenticu- laires font continus avec ceux des furfaces où elles fe trouvent , & que ceux des écailles en (ont comme féparésôî. diftinfts. On peut voir de ces glandes fur les feuilles de fou- gères. ( Lettres D & d , .Fig. 1 1 ÔCrx.) 4*. Les glandes globulaires ref- femblent à de petits corps fphériques plus ou moins gros; on les trouve ordinairement (ur les feuilles à fleurs labiées. ( Lettres E ôi e , Fig. ii & /2.) 5"^. Les glandes lenticulaires ont la forme d'une petite lentille ronde ou plutôt oblongue : on les remarque facilement fur les jeunes poufles d'un grand nombre d'arbres ; elles répan- dent une liqueur vifqueule, une ma- tière blanche, de la térébenthine; (F &f, Fig. I, & Z2. ) En G & g, on voit cesmêmes glandes ouvertes. 6°. Les glandes à godet ont. été ainfi nommées par M. Guettard , parce que, lorfqu'elles s'ouvrent, elles forment une efpèce de petite taffe ou de godet. Elles font de dif- férentes formes ; il y en a de rondes , 4'oblongHes, de navicvvlauçs , quel- Tome F, G L O 31Ï quefois même d'un peu pointues ; d'autres fe courbent en portion de cercle; elles fe trouvent ordinaire- ment à la bafe des feuilles, entre les (îipules & l'origine des feuilles , fur le defius 6i de chaque côté de la rainure du pédicule de ces feuilles. Les pêchers , les abricotiers , les acacias, les grenadilles, & quantité d'autres plantes en ont de ce genre. On doit même regarder les dente- lures & les crénelures d'une infinité de feuilles , comme une efpèce de ces glandes ; elles rendent une liqueur claire & fans couleur déterminée. (^Lettres III de la Fig. il.) 7°. Les glandes utriculaires. M. Guettard a cru devoir donner ce nom à des efpèces d'utricules ou de velTies, dont les feuilles & les tiges de quelques plantes , comme les joubarbes, les réféda, les gaudes, les ficoides , les aloès , paroifTent abondamment pourvues. Les Lettres H & h, Fig. 1 1 &c iz, repréfentent ces glandes. On voit en M &c m comment quelques grains , qui fuintent de cer- taines glandes , s'arrangent en chaî- nons ou en chapelets, &:en N, du duvet formé par des fils qui fuintent pareillement des glandes de plufieurs genres de plantes. L'ufage auquel la nature adefliné ces organes, eft la fecrétion de cer- tains lues qui paroifTent ou gommeux ou réfineux. Cette fecrétion s'opère par la tranfpiration , & à ce mot nous examinerons le mécanifme par lequel elle s'opère, & la nature des (lies dont la plante 'fe délivre par cet ade de la végétation. M. M. GLANDÉE. {Foyei Gland. ) GLOUTERON. (Le petit ) roy; S s 522 G L O PL XIV, page 277. M. Tournefoit le place dans la première leftion de la douzième clafle , qui comprend les herbes à fleur à fleurons, qui ne laifTe aucune femence après elle, & il l'appelle xanthium. M. von-Linné le nomme xanthium flrumarïum , & le cîafTe dans la monoecie pentan- drie.. Fleurs, mâles & femelles féparées , mais fur le même pied. Les fleurs mâles font placées au-deflus des fleurs femelles. B repréfente une fleur mâle , compofée d'un amas hémifphérique de fleurons raflemblcs dans une en- veloppe commune : cette enveloppe efl reprelentée en C , vue par der- rière. [ repréfente un des fleurons ; c'eft un tube évafé & diviie en cinq dents, qui renferme cinq étamines. Les anihères des étamines font quel- quefois épanouies, comme dans cette Figure , (3c quelquefois réunies , comme dans la Ft^. K , où le tube du fleuron efl repréfente ouvert..,.. L'individu F femelle efî compofé de deux piflils réunis dans une enve- loppe difpofée en manière de tuile, compofée d'écaillés épineufes ; les deux piflils font repréfentés en G, H, Fruit. L'enveloppe accompagne le fruit jufqu'à fa maturité; elle devient coriace , Hgneufe. Le fruit eft repré- fente en D ; &, en le coupant en N, on tmlve qvi'il forme deux loges, dans chacune defquelksefl renfermée une des graines L M. FeuilUs, portées fiu- des pétioles,, fi'mplcs , découpées en lobe en forme de cœur, auelquefoîs denté s. Racihi À , petite , blanche , ra- meufe.. Lisu ;. le long, des chemins, dfns îes.chiiups; a.plante efl an:nieile<^ i^/' blanc, & d'une demi • pace pour l'animaL GOBBE , MÉDECINE VÉTÉRI- NAIRE. Après la faim & le mauvais lait, dit M.D. ubenton,dansladlxième leçon de fon Injlruclion pour les ber- gers & pour les propriétaires des troupeaux , ce qu'il y a de plus à craindre pour les agneaux , c'efl la laine qu'ils avalent , & qui forme dans la caillette des pelotes, que les bergers ont appelé des gobbes. Il ar- rive fouvent qu'elles ferment l'en-- trée des boyaux, qu'elles empêchent les alimens de pafl'er, 6c font mourir les agneaux. Lorfque le pis de la mère efl couvert de laine, l'agneau iaifît cette laine au lieu du mamelon , ou, avec le mamelon, arrache la laine & l'avale -, ç'efl pourquoi le berger doit vilîter le pis des mères,, & couper la laine qu'il trouve deflus.. Quand les agneaux mangent au râ- telier, s'il tombe fur leur corps de labourrede foin,elles'engage dansla- laineôî y refle. Les agneaux "voyant des brins de foin fur eux ou fur les autres agneaux, ou fur leurs mèreSs,_ veulent m;înger ce foin, & arra- c^ent en même temps des fîlamens de laine qu'ils avalent, & qui for- mel t des gobbes. Il faut que les râ- teliers fbient fort bas, pour qu'il ne tombe point de bourre fur les a^iïeauxi 6c fi le berger en-roit dans G O I leur laine ou dans celle des mères , il doit la taire tomber. M. T. COBET , poire. ( Foyci ce mot ). GODET. ( Fleur en ) Ce mot a deux acceptions ; Tune , pour les fleuriftes qui défignent ainfi la partie d'une fleur qui foutient & renferme les feuilles de la fleur; telle efl , par ■exemple , la bafe de la fleur de la jacinthe. Les autres nomment ficurs en godet, celles qui font d'une ieule pièce , à découpures régulières , & qui forment une efpèce d'entonnoir plus ou moins évafé; telles font les fleurs de la morelle à fruit noir, de la morelle grimpante, de la pomme de terre, de l'aubergine , Sec. GOITRE. Le goitre ert une tumeur zndolente , mobile , aflez confidéra- ble , ordinairement ronde , qui fe fixe fur la partie antérieure du col dans la glande tyroïde , ou bien entre le conduit de la refpiration , & la membrane extérieure de ce même conduit. On reconnoît le goitre à la place qu'il occupe, à fa grofleur, & à la couleur naturelle de la peau qui n'eft point altérée dans l'endroit même de la tumeur. Certe maladie eft très-commune dans les pays froids &. marécageux. Les favoyards , les habitans des Pyrénées , ceux des montagnes des Cevènes Si du Rouer- gue , y font fort fujets : on l'ob- ferve aufli très-fouvent en Eipagne, dans la Bavière , dans la Suifle. Biouiet prétend que cette difformité eft un agrément dans certains pays. Ce médecin ne veut pas qu'on con- fonde le goitre avec le hronchoceU , VU la herniç de la trachée - artère , G O I 313 qui eft formée par le déplacement d'une partie de la membrane inté- rieure de ce conduit ; cette mem- brane, en fe dilatant, pafl'e entre les anneaux cartilagineux de la trachée- artère , & forme à la partie anté- rieure du col, une tumeur mollafl"e,' fans douleur, de même couleur que la peau , & qui s'étend quand on retient fon haleine. La formation du goitre tient à la dépravation des fucs lymphatiques. Ces fucs épais & pitulteux , & pour l'ordinaire rnal élaborés, s'arpaffent peu à peu dans la glande tyroïde , ou , ce qui eft plus vraifemblable , dans le tiflîi cellulaire qui recouvre les mufcles du col , & qui fe prête à recevoir ce flux d'humeurs qui conftituent le goitre. Les caufes qui peuvent le produire , font très-nom- breufes; on compte la mauvaife nour- riture, les mauvaifes digefll-^ns, dont le réfultat eft un mauvais chyle ; l'ufage des eaux de neige fondue , l'abus des boiffons acidulées , le relâchement phyiique des folides : il faut encore admettre une difpofuion particulière à contrafter des humeurs froides. On peut comprendre dans les caufes éloignées , le féjour dans les pays très -froids & neigeux, qui avoifinent quelque grand fleuve; la nature du loi, fa produftion, l'air qu'on y refpire & fon altération. Il fe forme quelquefois des goitres fu- bitement à la fuite d'efforts violens , occafionnés par une grande pafllon, ou par quelque accouchement labo-« rieux. Il y a différentes efpèces de goîtres.' Souvent il confifte daub le gonflement & l'engorgement des glandes du col. Quelquefois la tumeur eft enkiftée, ÔC contient une matière plus ou moins S s z 314 G O I épaifle , qui a la confiftance du miel ou du fuif. Dans d'autres perfonnes la tumeur eft farcomateufe, c'eft-à-diie, charnue , (ans être trop dure ni trop conipade. D'après ces difFérens caraûères , il eft aifé de voir que les indications cu- ratives doivent varier. Si l'on juge QU3 la tumeur eft enkiflée , il ne tsut pas fe bâter d'en faire l'ouverture ; il vaut mieux tenter plutôt la difîblu- tion de l'humeur par des applications émollientes&maruratives; après quoi on pourra en faire l'ouverture à la partie la pkis déclive, pour obtenir le dégorgement de l'humeur contenue ; la guéiifon fera alors très-poffible : les parois du kifte peuvent fe rappro- cher & fe réunir d'une manière très- folide. Le goitre ne paroît difFirer des écrouelles que par le fiége qu'il occupe. La méthode curative doit être à peu près la même. S'il efl dur , fans aucune fluftuation , il faut avoir recours aux remèdes intérieurs que nous avons indiqués au mot ÉCROUELLES , & appliquer par- deffus l'emplâtre de ciguë , ou de diabotanum , ou de vigo cum mcr- curio. M. Andry recommande l'ufage continué du fel d'epfom diffous dans une certaine quantité d'eau. Cette eau minérale artificielle eft un furet qui pénètre dans les plus profonds replis du méfentère , & difl'out les matières gluantes & vifqueufes o' i en obftruent les glandes. La terre fohée de tartre , la niagnéfie blancne , les amers, remplift!"ent les mêmes in- dications. Ces remèdes pris intérieurement , ne détruifent jamais le goitre, fur- îput s'il efl très-gros 6c tres-diiForme. G O I On eft alors forcé de l'extirper ; mai''- on ne doit jamais faire cette opération qu'autant que la tumeur eft mobile. U eft dangereux de vouloir extirper les goitres trop adliérens ; on ritque alors de couper les veines , les artères du col , Ô£ de caufer la mort au m^ilade, ou de rendre au moins fa tumeur plus confidérable & plus difficile- à refoudre. Kerkringius rapporte une obfer- vation d'une jeune pert'onne qui fut fuffoquée par le goitre. Heifter af- fure que l'app'ication des cauftiques, du feu même fubftitué à l'opération, eft quelquefois fuivie d'un heureux fucccs, & qu'il n'y a aucun rifque de l'employer lorfque le goitre n'efl: pas trop invétéré, & qu'il n'adhère pas trop fortement aux grofl'es veines, du col. Lieutaud afl"ure que le bédéguar,; qui eft une efpèce d'épongé qui vé- gète fur les branches du rofier fau- vage , efl un médicament très-propre à arrêter le progrès du goitre, lorf- qu'il eft pris intéfleurement. On s'en fert de deux manières , ou en poudre , ou en infufion. La dofe , lorfqu'on la prend en poudre, eft depuis un fcru- pu!e jufqu'à un gros , ou le double ca infufion. M. AM. GoÎTRE, Médecine vétérinaire. Mk- ladie des moutons, nommée goitre y la bourfe ou\a ganacke , la game ou la gamurc. Cette inaladie, dit M. l'abbé Carlier, dans fon TraitJ des bêtes à laine, fe déc'are à côté ou fous la mâchoire par une poche r< mille d'eau , grofte comme un œuf de pigeon, un œuf de poule, & quelque- fois comme le poing. Elle prend naif- fance pendant l'hiver , & paroît au premier temps doux , ainfi que l'hydro- x; O I pîfîe dont elle eft fort fouvent le pré- fage', parce qu'elle ne le montre guère fans qu'il y ait de l'eau répandue entre cuir & chair, ou dans l'intérieur du corps. L'humeur contenue dans le goitre cft ordinairement une eau claire : cette eau ie change auflTi en matière puru- lentequi , venant à refluer dans la maffe du fang, emporte une ])ête en deux heures. Le corps s'enfle après fa mort : cet accident ié nommç Jangcr. Il arrive auffi que la liqueur, demeurant lim- pide , il s'y engendre de petits vers venimeux. Ces infeftes croiffent & fe fortifient : parvenus à leur groffeur, ils nagent dans l'eau, où ils lâchent une partie de leur venin. L'eau, une fois infectée par ce poifon, commu- nique fa malignité au rette du corps. Le goitre n'a pas de durée fixe : il y a des bourfes paflagères qui pa- roiffent le jour , & qui fe difilpent la nuit. L'efpèce la plus dangereufe donne la mort deux ou trois jours après qu'elle a commencé : un mou- ton, quieft fain d'ailleurs, gardera îa bourfe jufqu'à trois mois. Ces différentes fituations dépendent en grande partie des vapeurs de l'at- mofphère & de l'établement des hi- vers ; la malignité fe reconnoît à l'inflammation. On guérit le goitre fimpîe, en pro- curant l'écoulement de l'eau par une inclfion. Vous empêcherez l'ouver- ture de fe fermer avant que le liquide foit entièrement épanché : vous paflez un peu de laine ou de coton , afin que le refte de l'humidité fuinte & s'imbibe entre les filets du flocon. Quand la poche fe remplit après avoir été vidée plufieurs fois, l'hy- dropifie fuit de près : le mal eft incu- rable , il faut tuer l'animal. G O M 315 SI la bourfe contient une matière acre & purulente , mêlée de ver- mifleaux; ce qu'on (oupçonne par l'inflammation, vous ouvrez la poche par une large incifion , en prenaut garde , par-defl"us tout , que la pointe de rinflrument touche aux vers, parce que les infeftes blefles infec- teroient la plaie auiîi fubitement que le poifon le plus fubiil. Le pus évacué, nettoyez l'intérieur de la bourfe avec un demi-feptier de vinaigre & une once de fain-doux, ou avec de l'urine feule. Vous inférez dans l'ou- verture un petit tampon de coton ou de laine , que vous laifi"ez fub- fii^er pendant quelques heures, pour entretenir l'épanchement : vous rou^- vrez l'incifion , & vous lavez avec l'eau fraîche^ GOMME. Les chimlftes définîfl"ent cette fubft:ance en l'appelant un fuc végétal mucilagineux , qui fuinte à travers l'écorce de certains arbres . foit naturellement, foit par incifion , & qui s'endurcit enfuite & devient concret par l'évaporation de la plus grande partie de fon eau furabon^ dante^ La gomme obfervée attentivement & analyfée , offre un corps muci- lagineux , diifoluble dans l'eau , fufceptible d'une efpèce de fermen- tation'vineufe , & d'une vraie fer- mentation vineufe , pour peu qu'on y ajoute une portion fucrée. La gomme, en fa qualité de mucilage;, eft nournflante , 6^. les arabes , pen- dant la. traverfée des déferts, font un grand ufage de l'efpèce de gojnme nommée arabique. Les gommes ea général ne font pas pures, 11 y a beaucoup de gomm.es- réfmes; celles- ci font en partie foUibles dans l'eaiv^ ^x6 G O M G O M & en partie dans refprit de vin , qui aiiroit dû s'échapper à travers tandisqiie les vraies gommes, comme lespores de l'ëcorce, par la tranlpira- celles des cerifiers , amandiers, prit- tien infenfible après avoir dépol'é dans niers, pêchers, abricotiers, le l'ont le tronc, les branches, les feuil- complétement dans l'eau fimple. Au les , &c. &:c. les autres principes ■mot VÉGÉTAL, nous entrerons dans conftituans de la fève qu'elle con- èe plus grands détails, tenoit ; (quant à la partie inifcilagi- Je regarde la go-nme comme une neufe , nous y viendrons tout à modification de la fève un peu al- l'heure). En effet, la gomme eft térée , puifqu'elle ne contient que fa beaucoup plus abondante dans les partie aqueufe & mucilagineufe , temps variables , dans les paffages 6C non la fubftance faline ni hui- du fec à l'humide , du chaud au îeufe. Si la gomme pure dont il eft ici froid, &c. circonftances qui dcran- tjueûion ,& telle que celle des arbres gent fmgulierement la marche de déjà cités , renfermoit des portions la tranfpiration infenfible , & même huileufes,elleferoit unc^oOTwe-rty//zÊ, de l'afcenfion de la lève dans l'arbre, & par coniéquent elle ne feroit pas En effet , on voit les pleurs de entièrement foluble dans l'eau. la vigne ceffer de couler dès qu'il D'après cette définition & ces fait troid, & reprendre enfuite leur obfervations , je penfe que la ma- premier cours au renouvellement nière dont s'explique, au fujet de de la chaleur. Les belles expériences la gomme, M. Roger de Schabol, de M. Haies, dans fa Statique des n'eft pas jufte. « La gomme, dit ce rigétaux , démontrent encore la dif- favant , efi le f.ic naturel & comme lérence très-grande dans la tranfpi- le fang de toute plante ; dans fon ration de cette vigne chargée de principe elle eft claire & liquide , feuilles , lorfqu'il fait froid ou & elle ne fe fige que quand elle chaud, &rc. n'eft plus dans fes conduits , comme Je regarde la partie mucilagineufe notre fang qui fe caille quand il comme l'humeur propre de l'écorce n'eft plus dans nos veines. » Quoi- & non du refte de l'arbre ; je crois que très-ingénieufe , cette compa- avoir déjà dit que la portion ter- raifon ne me paroît pas bien jufte. reufe ctoit le piincipe de la char- Dans le fang eft le principe de vie pente; la faline le principe du goût; de tout animal , cela eft vrai ; l'huileufe de la faveur ; que le fluide mais non pas dans la gomme celui fervoit de véhicule à ces principes , de l'être végétal , puifque les prin- & que Vair fixe (^voye^ ce mot) cipes conftituans de la gomme, ne formoit le lien de combinaifon 8Î font qu'une partie de ceux de la d'amalgame des différentes fubftan- féve ; cependant il eft poffible , ces. En effet , les bois fourniffent Jufqu'à un certain point, de con- plus de terre que les fleurs, celles- cilier les deux opinions. J'offre ci en général, plus d'huile effentielle comme des probabilités ce que je que la chair des fruits , & les fruits vais dire. plus de fels quelconques que toutes Je regarde l'eau gommeufe comme les autres parties de la plante. De «neeau excrémentitielle,c'eft-à-dire, ces grandes diyifions, en fuivaat G O M GO M 327 fanaîogîe qui le trouve entre la vie les chofes font ttFeiftivenient ainfi & raccro-TfOietit de la plante &c de que je les préfente, on doit regarder l'anima!, il llrolt poiTible de trouver la gomme comme une fimple mâ- dans l'organifation de chacune des par- ladie de la peau, une fimple extra- ties, une humeur qui lui eit particu- vafion du fuc qui lui eft propre. Plu- Ijère, ou plutôt de démontrer que c'etl fieurs raifons m'invitent à le croire- fa même humeur, mais différemment par exemple, û à un abricotier, un modifiée, foit par les fecré.tions , prunier, je fais autour d'une bran- foit par la diverfité &i la conrigu- che une ligature avec une corde, la ration des vaifieaux qui y portent branche en groffiflant formera dans- la nourriture. La greffe efr un trait cet endroit un bourrelet, & à me- frappant du pertedionnement des fure de fa croiffance, cette corde fucs par le fimple changement de fera enfevelie & cachée par ce couform£tion dans la diredion des bourrelet, mais il n'y aura point couloirs ou vaiffeaux léveux. .le dis de gomme. Si, au contraire, en for- plus : je penfe qu'il ell poflible de dé- mant cette ligature, j'écorche, je montrer que la matière de la tranf- meurtris cette écorce, la gomme piration du tronc diffère de celle df s furviendra au temps de !a fève • fi feuilles, des fleurs, des fruits, & par une contufion, un coup, une ainfi fucceffivement ; &; il efl déjà déchirure, j'altère l'écorce, il y aura même très-bien prouvé que la ma- de la gomme dans cet endroit. Si tière de la tranfpiration des plantes j'ampute une grofl'e branche après n'ell pas la même pendant le jour l'hiver, & que la plaie ne foir pns que pendant la nuit; il en efl en- recouverte avec l'onguent de faint Gore ainfi de l'efpèce d'air qu'elles Fiacre, la gomme fuiniera tout au- laifTent échapper. Dans le végétal tour de la plaie, parce que !a cica- eomme dans l'homme , chaque partie trice ne fera pas encore formée &c, a fa fecrétion particulière ; les yeux &cc. ontleslarmes;le nez,lesoreillcs, &c. Examinons afluelîement un des ont leurs humeurs propres. Pourquoi effets de variations fubites de Tar- de femblables fecrétions , maisana- mofphère, du chaud en froid &: logues aux plantes , n'ex.fieroient- confidérons l'effet des gelées tar- elles pas, puiiqu'il y a une li grande dives ou du printemps fur les tour- analogie entre le végétal & l'ani- geons ( voye^ ce mot ) des arbres à mal? _ fruit à noyaux, & fuppcfons-les Je dis donc que le mucilage efl au moment qu'ils font charges de plus effentiel à l'écorce qu'à tout fleurs. Si la gelée furvient fans pluie le refle de-la plante ; qu'il facilite l'af- ni les fîeurs ni les fruits ne feront cenfi< n & la defcente de la fève, & pas endommagés; fî le ttnips efl qu'il y tait les mêmes fondions que le numide, pluvieux ou neigeux &c velouté ouïe glaireux, ou le mucilagi- fur-tout li le foleil paroîr, les «eux qui tapitfe i otre eflomac, nosin- fleurs Se même les fruits noués font teflins,&c. Dans le corps del'homme perdus. Le lommet des bourgeons &de l'animal, il emp;;che les éro- périt également, parce qu'i^ eom- fions ^ émoufle les frotîemens. Si mence à poufièr, ôc qu'il, elt p]*^ 328 G O M tendre que fa partie inférieure; & cette partie intérieure le chargera de fomme dans toutes les places oii les gouttelettes d'eau fe feront réu- ries, y auront formé un glaçon. Deux fois entr'autres j'ai obfervé exaûemeiit ce phénomène. C'cft donc parce que l'écorce a été al- térée dans ces endroits, que la goinme s'y forme, qu'elle iuinte dlflbute par l'eau, & qu'elle y de- vient concrète par l'évaporation de cette eau. L'écorce, les bourgeons, les bran- ches feront toujours dépourvues de gomme, tant que des accidens ou la maladrefle de l'homme n'y contri- bueront pas; par exemple, qu'une branche d'un abricotier, en efpa- lier, foit ballottée par les vents, qu'elle frotte contre un mur, l'é- corce fera endommagée, écorchée, & la gomme furviendra; il en fera de même par-tout où deux branches le ^ croileront & fe heurteront. Qu'un jardinier taille un pêcher, un cerifier, &c., lorfque la fève commence à monter ou eft montée dans les branches, alors chaque coup de ferpette prépare la fortie de la gomme, la cicatrice n'a paseule teinps de fe former. Qu'un vigneron taille la viwne au moment qu'elle pleure, ou rafraîchlfl'e à cette époque l'an- cienne cicatrice, les pleurs coule- ront en plus grande abondance, &c. On voit par ces leuls exemples com- bien il ei\ important de tailler de bonne heure. Que penfera-t-on de la mauvaife coutume établie dans p'u- fieur de nos provinces, où l'on at- tend que le pêcher foit en pleine fleurs pour le tailler & où on l'é- bourgeonne au renouvellement de la févs du mois d'août ? G O M Après avoir exaininé les caufeS de la gomme, voyons le mal pu'elle caufe , & le remède qui lui con- vient. Pendant tout le temps que la fève monte dans l'arbre, la gomme augmente de volume 6c principa- lement pendant les jours pluvieux. Voilà donc déjà une perte réelle dfe la fubfldnce de la nourriture des branches, &c. ; aulïï on voit petit à petit leurs forces diminuer, pouffer des bourgeons petits, pau- vres, chétifs & mefquins, & ils fe deffécheront à la longue. Si la gomme eft iur une forte branche , elle fera plus abondante en proportion que fur une petite, &C elle augmentera toujours de volume, même pendant plufieurs années û la branche n'cft p^s détruite, ou ft des pluies très-fréquentes, ne dimi- nuent pas fon volume. Les pores de la place occupée par la gomme ne perincttent plus, pendant le jour, aucune tranipiration de la partie fuperflue & excrémentitielle des lues intérieurs; ces pores ne jouiflent plus du bienfait de l'air, & n'ab- foibent plus pendant la nuit les prin- cipes vivifians répandus dans l'at- mofphère; l'humeur excrémentitielle s'y corrompt, devient acre & mor- dicante, & à la longue y forme un véritable chancre. Rétablir le cours de h tranfpira- tion eft le remède unique; à cet effet, vifitez fouvent vos arbres, fur-tout après la pluie; alors avec les doigts ou avec des linges, du drap, de la paille, &c. , enlevez toute la gomme. Si le chancre eft formé , opérez comme il a été dit à ce mot. Si vous dé- couvrez de la gomme pendant la féchereffe, & qu'il ioit difficile de l'enlever fans nuire à l'écorce, cou- vre» G O U ^rez la plaie avec des linges confîam- menr tenus mouillés, la gomme f'e ramollira, & fera enlevée lans peine. Le pêcher ell de tous les arbres à fruits à noyaux, celui qui efl le plus «ndommagé par la gomme. Si elle fuinte par plufieurs points d'une branch-e , répétez !a même opération , & ne plaignez pas vos peines. Après ^voir ainfi nettoyé les branches , il convient d'abattre le bois mort , 6c de retrancher' ce qui eft languifiant & dont on ne peut rien efpérer , en •couvrant d'onguent de St. Fiacre cha- que coupe. GONORRHÉE , Maladie Vé- Î\[ÉR1ENNE. 11 ell: inutile de prefcrire ici les moyens de la guérir ; elle exigeroit un traité , & encore le leâeur , en général , ne viendroit •pas à bout de la guérir. l\ faut ab- solument avoir recours aux maîtres de l'art , Se même choifir ceux qiù font les plus exercés dans Ibn trai- tement. Une gonorrhéé mal guérie laifle ibuvent des incommodités réelles qui durentautant que la vie. GOUDRON, réfine noire , liquide , qui découle des pins & des fapins , foit nauirellemem , foit par des in- cifions qu'on y fait , qui a été en- fuite cuite dans un fourneau , Se dont on fe fert pour enduire les navires , les bateaux & leurs cor- dages. Elle eft bonne quand elle a le grain fin , , qu'elle eft plus brune que noire, & qu'elle ne contient pas d"eau ; car elle eft brûlée quand elle eft noire. On emploie le goudron fur les bouteilles remplies' de vin , dans la vue de conferver le bouchon, pn dit goudronner um boutcïlk , G O U %i§ Urtè bouteille goudronnée , Sc ce fisine extérieur annonce fouvcnt la qualité fupérieure du vin qu'elle renferme. Ces exprefuons admifes par l'uiage, font impropres, puifque le goudron feul ne fuffiroit pas.. Il ■faut un mélange de plufieurs fubf- tances dont nous parlerons plus bas. Sur les montagnes de Provence , oii les pins font fort coînrnuns , on y prépare la poix , le goudron , la réfine §£ la térébenthine. Au prin- temps , quand la fève eft la plus abondante , on lève l'écorce du pin pour faire couler la fève dans \\n trou que l'on a fait en bas exprès pour la recevoir. Cette fève, à me- iure qu'elle coule , laifle derrière elle une crème ou efpèce de croûte que l'on prend &c que l'on trempe dans l'eau , après quoi on la vend comme de la cire blanche , dont les habitans des environs font àcs flambeaux. Enfuite on prend par cuil- lerées la fève qui eft dans le baffin ; & quaid on en a ramaflé une bonne quantité, on la paffe dans un tamis de crin : la liqueur qui paflTe eft la térébenthme ordinaire. Ce qui refte dans le tamis , ajouté à une quantité d'eau fufFifante , & diftillé dans un alambic, donne l'huile de térében- thine , & ce qui refte après cette opération , eft la réfine commune. Enfuite on coupe le tronc de l'arbre par copeaux que l'on entafl'e dans im trou tort creux , dont on couvre !e haut avec des tuiles , de façon cependant qu'il puifle y entrer un peu d'air pour nourrir le feu. Alors on y met le feu , & il en découle un fuc épais dans le fond delà fofile , où on a pratiqué exprès lui petit liou, afin de lui donner la liberté de ï t 330 G O U fortir; car fi le trou étoit trop grand , ce flic même s'enflammeroit. La liqueur que l'on tire ainfi eft le gou- dron. On remet encore cette liqueur fur le feu , pour la faire bouillir doucement & faire évaporer Thumi- dité qui y refle. Ce fuc, en fe refVoi- diffant, s'épaiffit ; c'eft ce que l'on ap- pelle de la poix. Le grand mérite de toute efpèce de compofition dont on fe fert pour goudronner les bouteilles , eft , lors- qu'on les débouche , qu'il fe fépare net du verre , fans y laiffer la moindre pouffière. Chacun a fa méthode de préparer le goudron : la plus géné- ralement reçue confifte dans le mé- lange de deux livres de cire jaune , ime livre de poix-réfine , une livre de poix blanche, & une once de té- rébenthine qui donne du liant au mé- lange. On fait fondre le tout dans un chaudron de fer ou dans un vaifleau de terre verniffée , & à feu lent, en ayant l'attention de remuer le tout avec la fpatule , afin de bien l'amalgamer. Quelques-uns ajoutent de la cendre de bois , paffée par un tamis fin; ce qui augmente le vo- lume & lui donne du corps , fans nuire au liant de l'enfemble. D'au- tres le colorent en rouge par l'ad- dition de l'ocre rouge, bien pulvé- rifée & tamifée ; en jaune , en fe fervant de l'ocre ordinaire. Enfin , quelques-uns font cuire le premier mélange au bain-marie, & la couleur de la compofition n'eft point altérée. A quoi fervent ces préparations , ces compofitionr? En deux mots, à rien. J'excepte cependant les bou- teilles remplies de vin nioufleux , qu'on eft obligé de ficeler ; elles empêchent la ficelle de pourrir, & prgfervent le fil de fer de la rouille. G O U La fclutlon quejedonne duproblème paroîtra fingulière , puifque cette cou- tume eft établie dans tous les lieux depuis un temps immémorial. Le goudron annonce un vin précieux, prévient en faveur de celui qu'on préfente ; & voilà , je crois, fon ori- gine &C fa première inilitution. Il ne conferve ni le bouchon , ni le fpiritueux du vin,& il n'empêche pas la liqueur de fe répandre, fila bouteille eft couchée & mal bouchée. Le liège eft impénétrable à l'eau lorfqu'il eft fortement preffé , tel que l'eft le bouchon mis à une bou- teille. La preuve en eft que du vm ne tranflude pas à travers , malgré la continuité de fermentation qu'il éprouve dans le verre , ( voye^ le mot Fermentation) & qui tend toujours à poufter en dehors: on en a une preuve bien fenfible dans les vins moufi'eux. Or , fi le fluide intérieur, toujours 3giflant,ne tranffude pas,, à plus forte raifon l'humidité exté- rieure ne failroit pénétrer dans l'inté- rieur. Il s'agit ici du bon liège , & flon de celui qui a été écorcé trop vieu.ï fur l'arbre. Il ne prévient point la perte du fpiritueux du vin, puifque, fi le fpi- ritueux le traverfoit, il diffoudroiî la réfine , & l'on voit cependant qu'après pluûeurs années le goudron, refte intaû. Il n'empêche pas la liqueur de fe ré- pandre : c'eft un fait que chacun peut vérifier en bouchant mal & volon- tairement une bouteille. On verra l'air chercher à s'échapper à travers le goudron, le divifer, l'étendre au point de lui faire prendre la forme d'une petite veftîe , & je crois même que le vin finir par le diffoudre. Ainfi , dans tout état de caufe , le goudron G OV *fl îniitllc. Si on a des bouteilles à ficeler, on peut ruppléer le goudron, en imbibant les ficelles avec de l'huile de noix ou telle auire huile ficcative, les laiiîer fécher enfuite , ôi ne s'en fervir que lorfqu'elles feront bien feches. Malgré ce que je viens de dire , fi on perfifle à vouloir goudronner les bouteilles, en voici le procédé : on doit entretenir un feu égal fous le vafe qui contient les matières fon- dues. Sans cette précaution , le gou- dron eft trop fluide , & la couche qui refte fur le goulot de la bouteille eft trop. mince : elle fera , au con- traire , trop épaiffe , fi le goudron n'eft pas afiez chaud; la couche fera du double ou du triple trop forte , & en pure perte de la matière. Pour s'afTurer du degré de fluidité conve- nable , il faut eflayer à plufieurs repr'- fes , & l'expérience feule apprend à le connoître. On tenteroit en vain de gou- dronner une bouteille , fi le verre ou le bouchon , ou tous deux en- jTemble font mouillés. Les corps graifleux , huileux, réfineux , ne peu- vent s'unir avec l'eau. Après avoir rempli & bouché la bouteille , on em.portera avec utt couteau bien afiiié l'excédent du bouchon qu'on n'aura pu chafiér en dedans , & on fera très - bien de remettre au len- demain l'opération du goudronnage. Un homme prend par le milieu & de chaque main une bouteille , plonge dans le goudron l'extrémité du col jufqu'à l'anneau , & par un tour de poignet , lui fait décrire un demi- cercle ; enfuite relevant la main , la tourne &L retourne jufqu'à ce que le goudron ait pris de la confiftance & ioït répandu en couche égale i enfin, G O U 331 il fe dcbarrafTc de ces deux bouteilles pour fucctlfivement en prendre de nouvelles. Si on défire appliquer Ion cachet fur le goudron encore wn peu chaud, on doit tenir ce cachet dans l'eau & l'y replonger chaque fois ; autrement il s'échaufFeroit &C le goudron s'y attacheroit de manière qu'il feroit impofilble d'imprimer fon chiffre , &c. GOURMAND. Les jardiniers & tailleurs d'arbres défignent fous ce nom les branches nouvelles dont la végétation eft fi vigoureufe, qu'elles affament & épuifent toutes les bran- ches voifines. Les arbres foreftiers , les arbres hvrés à eux-mêmes , depuis la pre- mière germination de leur graine, ne poufl"ent point de bois gourmand , ( voyei le mot Branche , il y eft queftion des différentes branches gourmandes ) parce que les racines font en proportion des troncs , des branches , & que la force des branches conferve un parfait équi- libre entr'elles ; enfin , parce que c'eft l'arbre naturel. Au contraire, l'arbre éduqué , maniéré , maîtrifé par la ferpeîte , ô£ les trois quarts du temps gâté &. maiTacré , en pouffe beaucoup ; dans ce cas , la niture cherche à reprendre fes droits & l'arbre à regagner la hauteur na- turelle qu'il auroit eue fi la main de l'homme ne l'avoit réduit à la fervi- tude. Ces gourmands ,i fi terribles entre les mains des ignorans , fi funeftes aux arbres en cfpaliers ou en billions , ( voyc^^ ces mots ) font cependant les refTources les plus précieufes & les plus fùres de la nature & dont l'artifte intelligent re= tire des avantages fans nombre. Au Tt 2 ^31 G O U mot Taille, nous ferons connoître leur utilité ôc la manière de les con- duire. GOURME , MÉDECINE vétÉ- RiNAiRE. Quelques auteurs ont comparé la gourme des chevaux à la petite vérole des hommes. Si elles ont l'une & l'autre quelqu'analogie , c'eft , comme l'oblerve très - bien M. Bourgelat , par la régularité avec laquelle la première aftefte la plupart des chevaux, 6i la féconde , la plupart des hommes ; on peut encore ajou- ter , c'efl auffi. parce qu'elles arrivent communément dans le premier âge , & enfin , parce que leur terminai- foR efl également l'ouvrage de la nature. Les caufes de la gourme font suffi inconnues que celles de la petite vérole. Si nous l'envifagecns , à l'exemple de plufieurs médecins célèbres , comme une fièvre inflam- matoire , ou comme une efpèce de levain qui fe m£le avec le l'ang au moment de la coaception de l'ani- mal , ou comme un virus exiilant dans la maffe ; c'eil parler va- guement & convenir des ténèbres dans lefquelles on efi plongé à cet égard. On lit dans Arifiote , que les chevaux qui vivent en troupe dans îes bois font exempts de la gourme. M. de Garfault l'attribue à la qualit-é de la terre & à la température de l'air ; il prétend que dans les pays froids les herbes font trop humides & trop nourriffantes pour le pou- lain , & qu'une pareille nourriture , prife dans un terrain humide & gras , & fur lequel le jeune animal , fou- vent expofé aux injures du temps G O U trouve des verglas & de la rofce, pîiit donner origine à cette maladie. M. de Soleyfel avance que dans les pays chauds les chevaux ne font pas fujets à la gourme. Il réfulte des recherches les plus exaftes faites par les gens de l'art, que dans les pays montagneux , le fourrage n'eft pas trop nourriffant ;. que la terre n'y eft ni trop humide ni trop graffe; que des poulains nourris au fec & tenus dans des écuries à l'abri des verglas & des temps froids & rigoureux , & que ceux qui habitent le midi & le nord de l'Europe, ne jettent pas moins leur gourme; ce qui prouve d'un côté les allégations de M. de So- leyfel, & de l'autre, tout ce quî hL de Garfault a imaginé fur les caufes produftives de la maladie dont il s'agit. Nous avouerons qu'Ii eft infiniment plus avantageux aux progrès de la médecine vétérinaire de ccnfeffer notre ignorance fur certains points, que de faire parads de fyftèmes , & que de vouloir ex»- pliquer des myfteres qui nous font voilés. Arrêtons - nous donc feule-' ment à la delcriptioTi des fignes &C dtî traitement de la maladie qui fait ici notre objet. Les chevaux , depuis l'âge de- deux ans jufqu'à l'âge de quatre 6c quelquefois de cinq , font fujets à la. gourme, elle fe tàit jour de trois. manières : i°. par un écoulement d'une humeur vifqueufe , gluante ôC blanchâtre qui flue par les nafeauy; x°. par l'engorgement des glandes lymphatiques de deffbus la. ganache, & quelquefois des glandes parotides appelées par les maréchaux avives^ ( vo)'t\j ce mot) qui tombent en èi, à des pluies çxtrêniçiîicoî û:oi_des , fulguration j 3°. par des dépôts, qui G O U ïe iîxent fur difFérentes parties du corps de l'^mimal. La gourme qui fe manifefle feu- lement par un fimple écoulement d'humeurs par les naleaux, lans être accompagnée de fièvre , de dégoût , de battemens de flancs , de toux pé- nible, &c. , eft facile à guérir. La maladie étant contagieufe , il faut féparer l'animal qui en eft atteint de ceux qui ne le font pas, le mettre à l'eau blanche ordinaire ( voye^ Boisson) & à la paille pour toute nourriture , Se le couvrir, lui envelop- per la ganache d'une peau d'agneau, la laine en dedans , après avoir frotté le deflbus de cette partie à l'endroit des glandes lymphatiques avec un peu d'onguent d'althéa. Si au milieu de la glande engorgée on fent une pclotte dure & que la douleur foit vive , il faut favorifer la formation du pus en appliquant le cataplafme fulvant : Prenez quatre oignons blancs , faites cuire fous la cendre , pilez avec quatre poignées de feuilles d'oieille ; faites cuire le tout dans du fain-doux jufquà un épalffiflement convenable pour un cataplafme ; renouvelez- le deux fois par jour & jufqu'à ce que la fuppuration foit établie. Mais quant à la gourme qui fe montre avec fièvre, dégoût , trif- teffe, battemens de flancs, difficulté de refpirer , toux pénible , elle eft plus rebelle & dilTicile à guérir. }'ai halardé quelquefois la faignée , îorfque la refpiration étoit laborieufe & pénible , & j'en ai retiré le plus grand fuccès. Cette opération, bien loin dVmpêcher, félon le préjugé or- dinaire des maréchaux de quelques provinces-^ l'évacuation de l'humeur G O U 335 par les nafeaux , l'a rendue au con- traire très-libre & plus abondante.' J'ai obiervé fur - tout que c'eft le remède le plus prompt ôc le plus cfiicace pour abattre l'inflammation qui, dans la gourme de cette efpèce, attaque auffi fouvent des parties efll^entielles à la vie, telles que le poumon. II faut encore faire refpi- rer à l'animal la vapeur des décoc- tions des plantes émollientes, lui ap- pliquer iur les glandes de la ganache des cataplafmes faits avec le lait & la mie de pain , &c le faire . boire tiède. Si l'écoulement fe fait bien par les nafeaux , on doit y injcfter Jur la fin , au moyen d'une petite feringue, deux fois par jour la dé- coftion ci-après : Prenez orge entière, une poignée; feuilles d'aigremoine ou de ronces , une poignée ; faites bouillir dans en- viron deux livres d'eau commune , & diflblvez dans la colature deux drachmes fel ammoniac. On empêche par ce moyen les parties acres de la matière qui flue par les nafeaux de s'attacher à la membrane pitùilaire , d'y former des ulcères & de produire la morve, comine il arrive quelquefois dans la gourme qui dure plus de vingt jours. J'ai obfervé, après M. la FofTe, que Iorfque l'écoulement par les nafeaux n'eft pas aflfez abondant, un refîe de la matière fe fixoiî iiir le poumon. Le moyen le plus prompt en pareil cas , efl: de paffcr un cautère au- devant du poitrail ; il m'a réuflî à merveilles dans deux chevaux de carroffe. M. T. GOUSSE, BoTANiQ UE. la goufle , ou le légume , eu une eipèce de piricarpc ( voyd^ ce ifidt^ ^34 G O U qui reffemble affe/ à la fil'qne par la forme &,' la réunion de fes pan- neaux ou battans , par deux futures longitudinales; mais elle en diffère en ce que les femences qu'elle ren- ferme ne font attachées parle cordon ombilical qu'à une future , au lieu qu'elles le font aux deux dans la filique. La forme de la gouffe varie beaucoup, elle eft ovale &' arrondie dans beaucoup d'aftragales , linéaire dans le galéga , cylindrique dans le lotier , rhomboïdal dans l'arrête- bœuf , gonflée & remplie de femen- ces dans le pois, renflée en forme de veffie , mais fans être remplie /de femences dans le baguenaudier ; contournée en fpirale dans la luzerne; articulée dans le fainfoin d'Efpagne ; partagée par divers étranglemens dans la coronille ; formée de petites portions qui femblent fon- dées les unes aux autres dans Vorni- thopus ou pied d'oileau ; profondé- ment échancrée à l'un de fes bords dans le fer à cheval. La gouffe eft imiloculaire comme dans la plupart des légumineufes, mais quelquefois elle eiî biloculaire comnie dans l'af- £ragale& Xtblffcrula.^ au double fcie pelccine. M. M, GOUTTE , MÉDECINE RURALE, Maladie qui attaque les jointures & les articulations , & dont l'invafion eft toujours accompagnée de rougeur , de gonflement & de douleur. Il n'eft aucune articulation, au- cune jointure qui ne pulffe être le fiége de la goutte. Pour l'ordinaire elle fe fixe fur les pieds , les mains & les hanches. C'eft auffi à raifon de ces trois fiéges qu'on lui a affi- gné différens noms ; la goutte au pied ç% appelée voda^n', la goutte à la G O U main , chlragre ; & celle qui fe borne à la hanche , fclatiqiie. Il y a encore une autre cf[;cce qu'on appelle goutte nouée , parce qu'elle établit des nodofités dans les parties qu'elle attaque ; on appelle goutte remontée , celle dont l'humeur refluant dans le fang, fe dépofe fur toute autre partie que fur les articu- lations. La goutte eft régulière quand elle a des retours périodiques fixes , qu'elle te borne aux extrémités , 6c difparoît peu à peu. Elle eft au con- traire irrégulière , quand fes retours font incertains & très-fréquens , 6c qu'elle fe fixe fur let parties internes, La goutte peut être cflentlelle , de même qu'accidentelle. Elle peut être aufïl héréditaire à raifon des différens accidens qvi'elle produit, de leur durée , de leur période ôc des différens fiéges de fa caufe. L'accidentelle eft toujours fubor- donnée à des caufes relatives, tant à l'âge qu'au tempérament & autres circonftances. LeÇ caufes prochaines de cette maladie font l'épaifliffement de la lymphe & de la finovie qui adoucit les ligamens &c entretient la foupleffe dans les articulations. Il feroit très-difficile de pouvoir raffembler ici toutes les caufes éloi- gnées capables d'exciter la goutte. Nous nous contenterons d'indiquer les plus générales. Souvent elle dé- pend d'un régime échauffant , des excès dans les plaifirs de l'amour , de l'abus des liqueurs fpiritueufes, de l'ufage du café porté à l'extrême, d'une tranfpiration arrêtée, de la fup- prefîion du flux hémorroïdal chez l'homme , & du flux menftruel chez la femme; du changement fubit d'ua jieu chaud à un airflpid ; la bonne G O U G O U 33^ cTière^im air épais, humide & ma- La goutte eft comme l'aflhme • récageux , peuvent auffi lui donner elle porte avec elle un vrai carac- naiffance. tère d'intermittence ; elle revient Les iymptômes avant - coureurs prefque tous les ans , & fbuvent font des fréquentes indigeflions , l'ai- pUifieurs fois dans la même année. foupilTement, des maux de cœur, On obferve fes retours en tout des défâdlances, des laflitudes, des temps, §c fur-tout au printemps & ébloiiiffemens. On ne doit pas ou- en automne. Elle ie manifelîe à tout blier les douleurs qui fe font ientir âge & fur les deux fexes : les jeunes dans certaines parties du corps , & gens n'y font pas auffi expofés que fur-tout aux lombes; le défaut d'ap- les vieillards; ils n'en font point petit, le dégoût, la pefanteur de tout pour cela exempts : les femmes y le corps, des ardeurs d'urine. Bientôt font moins fiijettes que les hommes • après le malade eft faifi d'une forte rarement en font - elles attaquées douleur au talon, ou au gros orteil, avant l'âge de puberté. Ce n'eft ou aux mains; les friflbns fe font qu'à 40 à 45 ans, époque où elles fentir ; la ticvre fe mêle de la par- ceffent d'être réglées , qu'elles en tie ; alors la douleur tk la fluxion font atteintes. Les hommes n'en font augmentent; la partie goutteufe fe point à l'abri jufqua cet âge; on tuméfie , & ne permet plus à celui l'obferve chez eux depuis vingt juf- qui en elî attaqué d'exécuter le qu'à foixante & quatre-vingts ans, moindre mouvement : la fenfibilité qui eu l'âge qu'on peut regarder eft quelquefois portée à un fi haut comme l'époque la plus générale de degré , que le malade ne peut fup- leur deftruftion, porter l'application du linge le plus La goutte héréditaire eu incu- fîn, C'eft alors qu'il poufîé les hauts rable; l'accidentelle eft difficile à cris; & cet état fi cruel &fi doulou- guérir. On n'a pas encore trouvé reux dure fou vent plufieurs jours. de fpécifîque contre cette cruelle Si la tranfpiration infenfible fe ré- maladie : elle eft fouvent nécelîaire tablit, les douleurs diminuent & de- à certains fujets; elle eft même pour viennent plus fuppoitables. Le ma- eux un préfervatif de maladies plus lade fe trouve foulage; c'eft alors dangereufes, & un moyen falutaire qu'il commence à goi~iter le repos, que la nature emploie pour hâter a jouir du fommeil , à remuer fés la codion des humeurs, Se débar- bras ou fes pieds malades; l'appétit rafler certains vifcères des fucs viciés revient , & l'ordre naturel des fonc- qui les embourbent. En général, tions ié rétablit peu à peu. la goutte eft peu dangereufe , lorf- Les attaques de goutte, pour l'or- qu'elle attaque les extrémités; maisiî dinaire, font de "quatorze jours, lorf y abeaucoupàq^-aindre, lorfqu'ellefe que le malade eftieune& d'une bonne porte au tronc, à la tête, ou lorf- conftitution; mais chez les perfonnes qu'elle fe jette fur quelque vifcère foibles & âgées , elles portent à tin efl"entiel à la vie. terme plus long : leur durée nt!an- Les indications à remplir dans îe moins eft afl"ez conftante dans cer- traitement de la goutte, doivent fe ïains fiijets, rapporter, 1°. à la force & à la 336 G O U foiblefle des accès ; z". à la conflitntlon du malade; 3°. à la lurabondance du fang; 4°. enfin à l'cpaiffiffementlcnfi- ble des humeurs, à leur âcreté & au vice de la digeftion. 1°. Dans les foibles accès de goutte où il n'y a pas à craindre le reponi- pement de l'humeur goutteufe, on ne doit appliquer aucun topique, mais feulement recommander la pa- tience au malade, & lui faire faire des légères friâions fur la partie af- feftée avec des flanelles , s'd peut les fupportér. Le point le plus ef- fentiel efl de tenir la partie très- chaudement , afin d'y rappeler la tranfpiration ; une peau de mouton, telle qu'on la fort' de deffus l'animal, &C encore chars^ée de fon ftiint, produit de bons ettets. Comme cette peau eft fouvent remplie d'ordures, iJe piquans , & la Line raffemblée en petits flocons durs, il convient, avant de s^en fervir, de la peigner fortement , afin que chaque brin fé- paré du voifm, foit plus chaud, ôc îe tout plus mollet. x°. La conltiîution du malade doit ^xer .l'attention du m.édecin. La fai- gnée, en général, a toujours des xnauvais effets dans les fujets pitai- feux & flegmatiques ou délicats. On ne doit pas perdre de vue fes forces; jl faut les foutenir par des cordiaux légers, tels que le bon vin vieux, îa confection d'hyacinthe, le quin- f^uina & les martlauz. 3°. Si la fluxion goutteufe a un çaraftère inflammatoire, la faignée eft très^avantageufe , pourvu qu'il n'y ait point de contre-indicstion. î^es rafraîchlflans, les nitreux légé- î;enienï acidulés, les émulfions, les ^vemens rafraîchiffans feront très- G O U La fuppreflion du flux hémorroî-' dal, eft la cauff la plus générale des accès de goutte qui viennent par furabondance d'humeurs. Le vrai fpécifique dans ce cas , fera l'appli- cation des fangfues à l'anus , ou des ventoufes fcariaées qui épuiferont cette humeur furabondante. 4°. L'épaiiliffeniîut des humeurs peut être caufé par u;î excès des viandes trop fucculentes, & fur-tout par des fortes boifl"ons de bière & de cidre. Le favon , l'eau féconde de chaux font très-propres à ré- foudre le mucilage des humeiirs porté au plus haut degré. L'ufage des purgatif», entremêlé avec le la- von, peut être très-approprié dans les pays où les vins acides caufent la goutte ; & le meilleur remède , dans ce cas, eft de réduire le maladç à la diète végétale : mais comme elle peut énerver les perfonnes foibles, .& fur-tout les vieillards , il faut leur permettre l'ufage modéré du vin, ou de tout autre cordial. Dans la goutte , avec acrimonie & altération des humeurs digeftives , & où les vices de la première di- geftion influent fur les autres , on s'at- tachera fur-tout à les corriger. Pour cetfffet, il n'y a pas.de remède pré- férable su quinquina , aux amers 6c aux martiaux unis, acres, favonneux. Je m'explique; je veux qu'on préfère le quinquina aux martiaux, s'il y a des retours périodiques, & les martiaux au quina dans les tempéramens fleg- matiques. L'idiofmcrafie des fujets de- mande qu'on eflaie , qu'on tâtonne, r. eft prudent de commencer par les plus foibles , & par une petite dofe , & augmenter peu à peu , pour pou- voir accoutumer la nature i leur aftion. Quanti G O U Quand les premières voies font furchargées de matières indigeftes, les ftomachiques font (ans eff t : il faut alors entremêler l'iifage de la teinture vineufe de rhubarbe, ou bien celle d'aloès. Le lait ne peut être donné que pour combattre l'âcretédes humeurs; il peut encore beaucoup nuire, fi l'eftomac eii folble , & les digeftions difficiles. Il a fur-tout de mauvais effjts dans les goutteux hypocon- driaques, dont l'eftomac paroît fin- gulièrement affeâé, & dans l'empâ- tement des vifcères. U produiroit à coup fur des gonfiemens dans l'ef- tomac, des naufées, des obftruûions dans les vifcères, 6c d'autres maux plus graves & plus rebelles que la goutte. La diète bknche ne peut convenir que dans les accès de goutte extrêmcmeni douloureux ou invé- térés. Werloof ne la permet que dans cette circonlîance. Les purgatifs font toujours dangereux dans les attaques de goutte :HofFman confeille(. quand l'accès eft imminent ) une prife de poudre cornachine. Cette applica- G O U 357 tion eft délicate : j'ai vu les plus heu- reux effets de l'eau médicinale, (i) L'a:)plication des topiques attrac- tifs efî très-délicate: elle peut pro- duire les plus grands maux. Hippo- crate fe fervoit de la combufhon du lin: les Chinois brûlent le moxa. {Foyei ce mot). L'urtication peut être utile; mais, dans des cas graves, Duhamel a beaucoup confcillé l'ap- plication du bulbe de la renoncule des prés ou éclairette. Je m'en fuis fervi avec fuccès; mais j'ai aufîi obf'ervé qu'il produifoit un ulcère qui donnoit beaucoup de matière, & féchoit difficilement. Les topiques les plus appropriés font les huileux fous forme d'émul- fion. Ce feroit partir d'une mauvaife théorie que de les profcrire , dans l'idée qu'ils bouchent les pores , & peuvent par-là diminuer la tranfpi- ration. Lob en a vu de bons effets, & fur-tout de ïhuiU camphrU de la Pharmacopée de Paris , qu'on a vu réfoudre des nodolités com- mençantes. Il n'y a point, à proprement (i) Note du. RiduSleur. Ne f«roit-iî pas de cette eau médicinale fi décriée par les uns. Si. portée aux nues par les autres , comme du Cafia ou liqueur des Caraïbes ? Cette dernière liqueur a produit d'excellens effets fur certains goutteux, & de très-pernicieux fur un grand nombre. En effet, la goutte, chez les uns comme chez les autres, provient-elle des mêmes taufes? Je ne le crois pas. Dans ce cas, il n'efl donc pas étonnant qu'un remède rende la vie à un malade , & en tue plufieurs. La goutte a toujours été lecueil de la médecine, fk. l'infulfifance des traitemens a fait imaciner mille prétendus fpécifjques. M. Buchan, dans fon excellent ouvrage , intitulé Médecine donnjlljue , s'explique ainfi : « U efl vrai qu'il exifte plufieurs moyens d'abréger un accès ; qu'il y en a mcme quelques-uns qui peuvent l'emporter entièrement; mais on n'en a encore trouvé aucun qui produite cet effet fans taire courir de grands rifques aux malades. Dans le temps de la douleur, on faifit avec emprelTement xoMi ce qui peut procurer un prompt fou!aj;ement , & on hafarde fa vie pour un bien- être inomentané. » Il dit ailleurs: u J'ai vu très-fouvent que, pendant plufieurs années, on éloignoit les accès de goutte par l'ufage du quinquina & des autres remèdes; mais, djns tous les cas où j'ai eu occafion d'en voir faire l'expérience , j'ai vu que ks perfonnes fsouroient fubitement , &L , félon toute apparence, parce qu'elles n'avoient pas eu d'attaques de goutte régulière. Nous fommes portés en conféquence à conclure que ces attaques j fhzz certaines perfonnes avancées en âge, font plus falutaires que nuifibles. » Tome V» y Y 338 G O U parler de fpécifique pour la goutte : s'il exifle quelque remède qui pu:lTe mériter ce nom, ce font les amers. Haller vante beaucoup la ge.itiane; Guaven, l'infufion de chamce;Mtys; un célèbre médecin de ce fièc e , la douce amère. La faponaire, prife pendant un très-long- temps, pour- roit peut-être mériter le nom de fpécifique i cette plante , par fa vertu fondante, ne peut produire que des effets très-falutaires; on ne fauroit trop en recommander l'ufage. L'éleftricité peut convenir dans la contrafture des membres ; mais il ne faut point expofer le malade à des coups foudroyans, à une commo- tion générale & trop forte. 11 faut obf?rver quels font les mufcles qui foutTrenî, & qui ont perdu le refîbrt & le mouvement , & en tirer des étincelles, félon leur direftion : il faut, d'un autre côté, appliquer des fomentations ém.oUientes, des va- peurs d'eau chaude aux mufcles an» îagoniftes. Ces remèdes fervent très- Î3:en à modérer leur force tonique augmentée : mais avant d'expofer les malades à 1 eleâricité, il faut les préparer par des moyens propres à les rendre moins lenfibles aux fe- couffes qu'elle procure. M. AM. Lorfque l'on eft continuellement attaqué de la goutte, fur-tout lorf- qu'elle efl irrégulière, &c qu'elle fe jette tantôt fur la poitrine, fur l'ef tomac ou fur tel autre vifcère, le remède le plus fur, le plus efficace, & que l'expérience a démontré être le plus fakiîaire pour en prévenir les retours , eft d'appliquer un cau- tère à une ou aux deux jambes, & -d'avoir le plus grand foin de l'en- tretenir. Une perfonne raifonnable ne peut mettre en parallèle le petit G O U affujettifTement que ce remède ex'gé chaque jour, avec les douleurs inouies, &C de-là le danger éminent de perdre la vie par une goutte re- montée. Goutte sereine. Médecine ru- rale, Ceft la privc-tion de la vue- fans caufe apparente, ni vice fen— fible dans le globe de l'œi". La pu- pille néanmoins efl: plus dilatée que dans l'état naturel. On diftingue deux fortes de goutte fereine; l'une eft parfaite, & l'autre imparfaite. Dans la goutre fereine parfaite, on n'apperçoit aucun rayon de lumière : dans l"imparf--;iîe, on ne diili.igue aucun obj t dune ma- nière l'enfib^e, mais feulement la lu- mière des ténèbres. La goutte fereine parfaite eft re- gardée comme incurable, fur-tout Il ceux qui en font attaqués , font dans un âge fort avancé. & fi elle elî le produit de quelque longue maladie. Il n'en eft pas de même de l'imparfaite; elle eft toujours fuf- ceptible de guérifon. Les fignes avant-coureurs de cette sialadie font le vertige, des éblouif- femens, des maux de tête, un tin- tement d'oreille, de fréquentes fluxions aux yeux, la foiblelTe de l'organe de la vue, un. aflbupifle- ment extraordinaire. Cette maladie efl fibordonnée à une infinité de caufes ; elle peut dé- pendre d'un reflux d'humeurs fur l'organe de la vue, de la fuppreiîloa du flux hémorroïdal, de la réper- cufîioo des dartres invétérées, d'une abondance de fang dans les vaiileaux. du cerveau- Elle peut être encore l'effet d'une fièvre maligne, de qutlqiie coup G O U porté à h têre, d'une opiniâtre ex- pofition aux ardt-urs Hu fbïcil, des intempéries d'un air froid, humide & marécageux. L'abus des faignées, des hémor- ragies fréquentes, des pertes très- confiJérables, le -coït immodéré, îes convulfions , les rfflerremcns fpaimodiqiies des nerfs, la métaf.afe dequelque humeur hétérogène fur les nerfs opt.iques, une commotion violente dans le cerveau, la préfence des vers dans l'eftomac, une inflam- ination à l'œil; enfin, tout excès poffibîe, peuvent déterminer cette ïnaladie. D'après cela, il eft aifé de voir que les vues curatives que l'on doit fe propofer pour combattre avec fuccès la goutte fereine ^ fe rap- portent aux différentes caufes qui la produifent. Si elle dépend d'une ten- dance d'humeurs vers la tête , ou d'une inflammation, les faignées du bras & du pied feront de la plus grande utilité. Si elle reconnoît pour caufe la fupprefîïon du flux hémor- roïdal , on appliquera des fangfues à l'anus. Si elle eft l'effet d'une mé- taftafe fur les nerfs optiques, on appliquera des véficatoires à la nuque ou au gras des jambes. Les vermifuges, les antlfpafmo- diques feront aufîi très-appropriés, lorfqu'elle fera caufée par la pré- fence des vers & les rtfferremens fpafmodiques des nerfs. i Mais û elle eft fubordonnée à la foibleffe des nerfs optiques, & des autres parties qui compofent l'œil, ia douche à la tête avec l'eau de Balaruc & autres eaux thermales, a fouvent procuré de bons effets. On expofera l'œil affeôé à la va- peur de l'eau vulnéraire ou du baume G O U 339 de Ploravcnti; on le lavera, on le baffinera fouvent avec la décoûion des tiges de fenouil ou des feuilles de marrube , ou on les frottera avec la paume de la main imbibée d'eau de carmes ou de niéliffe. Le fcorbut, les écrouelles, la vé- role peuvent exciter la goutte fe- reine. Il faut alors prefcrire au ma- lade le traitement relatif à chacune de ces maladies : en vain emploie- roit - on toute autre méthode , ou échoueroit à coup fur. Les ûidorifiques , tels que la falfe- pareille, la i'quine, les purgatifs, les fternutatoires , les cautères & les iétons font toujours très-falutaires , fi la goutte fereine dépend d'une abondance d'humeurs féreufes : mais leur emploi doit être dirigé par uq homme de l'art. La réutlîie eft dans la combinaifon de ces différens re- mèdes : ils ne doivent pas être donnés indiftindement ; des circonftances peuvent déterminer l'emploi des uns, & faire différer l'application des autres. M. AM. Goutte, Médecine vétérinaire. Cette maladie eft très-rare dans les animaux. L'anim.al goutteux ne peut ni fe tenir long-temps couché , nî marcher. L'articulation affedée de la goutte eft douloureufe & chaude , les mufcles qui entourent l'articu- lation , & ceux qui fervent au mou- vement des os articulés font ten- dus , contraftés , & permettent à peine à l'articulation de fe mou- voir. Nous n'avons obfervé cette ma- ladie qu'une fois fur un bœuf âgé de huit ans. Cet animal ne pouvoit rendre aucun fervice; il mangeoit beaucoup j les deux jarrets & les deux y y i 34« G o tr genoux étoienr gonfles alternative- ment, & jouiiToient à peine d'un mouvement fenfible. Nous apprîmes que cet animal étoit attaqué de cette maladie depuis dix-huit mois , & qu'il y avoit des temps où il fouifroit moins, & qu'il paroilFoit mouvoir l'articulation avec moins de peine. Nous nous étions propofé d'appli- quer les véficatoires fur les deux parties afFeftées , fi le propriétaire n'eCu préféré de le faire égorger pour en vendre la chair. Il nous eft impoflîble de déter- miner un traitement fondé fur l'o'o- fervation , puifque nous n'avons ja- mais été à portée de combattre cette maladie. Mais à juger par analogie & par les effets des remèdes fur l'homme attaqué de la goutte, il nous paroît que la faignée doit être profcrite. N'auroit-on rien à craindre de cette pratique ? ne feroit-elle pas capable de caufer des métaflafes fâ- cheufes, de déranger l'effort de la nature, & de l'affoiblir .> Les pur- gatifs ne doivent pas non-plus être donnés fans néceffité ; il ell feule- ment permis d'entretenir la liberté du ventre par des lavement. Les ré- percuffifs , appliqués à titre de topi- ques , doivent être également bannis , par les métaflafes fiinefl:es auxquelles ils pourroient donner lieu ; on ne rifqueroit rien néanmoins de fe fer- vir de fiCur de fureaii ou de camo- mille & de la mie de pain bouillie dans le lait ; ce remède poin-roit foulager l'animal. Le . feu ou cau- tère actuel n'auroit aucun fuccès , la eautérilation ne devant être em- ployée que pour les douleurs fixées depuis un certain temps; lorfqu'elles font errantes comme dans la goutte , le feu m fçroit que les déplacer. G O V « L'ufage dumoxa,dlt M. Pouteau^ avoit été introduit en Angleterre pour la guérlfon de la goutte. On fut bien- tôt déiabuié de ce remède; la goutte qn;ttoit l'articulation cautérifée , &C alloit fe jeter fur nne autre. Lorfqu'on empl' ya ce remède, on ne confulti pas aflez la nature de la goutte, &C la manière d'agir du remède. » Les eaux thermales employées en douches & ea bains, méritent d'être recommandées de même que le bain de marc des rai- fins, qui eft un des meilleurs fortifians qu'on ou;fFe employer en pareil cas. On a vu encore iur l'homme de très- bons effets de l'application de l'efprit de fèl avec l'huile de térébenthine ? Ne feroit-on pas bien de les tenter fur les animaux? De tous les quadrupèdes^ l'âne eft le plus fujet à la goutte. M. T. Goutte sereixe. Médecine vite' rinaire. C'eft une aff^ûion des yeux de l'animal , dans laquelle la vue eft totalement perdue , quoique ces organes paroiffènt beaux extérieu- rement & fans aucune tache; la prunelle ou pupille eft feulement un peu plus dilatée que dans l'état naturel. On eft fondé à croire que cette maladie qui a plufieurs degrés , dé- pend de la compreffion & de la paralyfie des nerfs optiques. Les ob- lervations anatomiques dans les ani- maux attaqués de ce mal , ont montré dans le cerveau des va ffeaux en- gorgés, des ép3nchemers féreiix & fanguins, le dcfTéchement & la pour- riture des nerfs optiques , des abcès comprimans ces cordons , des tu- mi-urs lim,iha:iques , des excroil- fances charnues , &c. L'aveug^ment de l'animal arriva quelquefois tout d'un coup, & quel-- cou t^uefois d'une manière prerqu'infen- fible , ce qui fait dillinguer la goutte fereine en parfaite 6c en impar- faite. Outre qu'en examinant les yeux de l'animal au grand jour, on oblerve le même degié de dilaattion dans la pupille, on peut s'appercevoir encore de cette maladie lorfqu'il marche, & à la manière dont il place les oreilles; il lève les pieds très- haut , foit au pas, foit au trot ; les oreilles , l'une en avant , l'autre en arrière alter- nativement , & fouvent toutes les deux en avant, A Pégard des topiques ophtalmi- ques tant vanté>, j'ofe avancer qu'ils font tous inutiles , & que la maladie ell incurable. M. T. Goutte , Pharmacie. On entend par ce mot , un remède fluide & vio- lent qu'on ne doit donner qu'à très- petite dofe, &, pour ainfi dire, en compter les gouttes. Telle a été jadis l'eau de Rabd ; les gouttes connues en France, lous le nom du Marîchal de la Mo//,;, qui, nia'gré leur très -longue & pénible prépa- ration, ne font autre chofe qu'un i?rAer imparfait ,( vry-^ç ce mot) & que l'ufage de ce dernier a fait ou- blier entièrement. Les gouttes con- nues fous le nom SAnoUurre ou gouttes anodines, font encore fouvent employées. En voici la préparation...: écorce de failaifras & de racine d'a- larum ou c.iûarec , ( voye^^ ce mot ) de chacune une once...; fel vola- til de corne de cerf reûifié , un gros ; bois d'aloès , demi- once ; opium , trois gros ; efprit de vin, une livre. Mettez toutes ces fubftances di- gérer à froid , dans uu matras pen- G R A 34f dant 30 à 40 jours , au bain de fable pendant cinq ou fix jours : pafléz le tout au tamis. On s'en fert avec avantage dans les apoplexies féreufes, dans les accès co»'- vulfifs & dans les affeûions hiftériques pendant l'accès. GOUTTIÈRE des arbres. ( Voyel ' Abreuvoir , Gélivure , & ce qui fera dit à l'article Mûrier ). GRADIN, terme de Jardinier, Bancs en bois ou tablettes en plâtre,- élevés les uns fur les autres à la hauteur de 4 à 6 pouces, & difpofés fur un plan incliné , très-doux , comme les marches d'un efcalitr ; cet enfemble eft nommé amphithéàuey & il fert à placer les vafes d'œillcts , de renoncules , d'oreilles d'ours , ou telles autres -fleurs que Ton raf- femble en maffe, afin d'augmenter la beaujé & la richelTe du coup-- d'œil. En effet, rien n'eft phis frap- pant que les gradins chargés d'oreilleS' d'ours, de reines-marguerites, dont on a bien nuancé les couleurs. La durée des fleurs eft paflagère , & la jouiffance qu'elles procurent ell de courte durée ; l'amateur qui a travaillé pendant une année entière ,, cherche à prolonger fes plaifirs , c'efl: pourquoi il élève un toit lur fes gradins, & garnit les trois côtés avec des toiles , ou les deux côtés feulement fi la charpente eft appuyée contre un mur ; alors , à l'abri du foleil & de la pluie fur - tout , qui détruit une fleur du foir au matm, l'exiftence des fleurs efl prolongée de pkfieurs jours. On ne doit pas différer- beaucoup à fortir les vales de defibus- le hangar. Comme les plantes jouif- fent très-peu des bisnfàits de i'air ^ 34* G R A leur refpiratien 6c infpirat'on font gênées , la tranfpiration arrêtée , le blanc les gagne , 6c dans ce cas la carie attaque communément les pieds d'œillets. En terme de jardinage on appelle gradins de ga^on , des marches ou elcaliers formés p.ir du gazon , dont on corn pofe les amphithéâtres, caf- cades champêtres ëi eflrades qui or- nent les jardms. GRAINE, BOTANIQVE. La graine eft cette partie du truit qui renferme le germe développé en partie , & qui n'attend que la circonfi ince de la germination pour produ re une p'ante Icm'blable à celle qui lui a donné la. naiflance. Cette définition con- vient à la graine confidérée comme femence ou fruit ; mais il faut con- venir qu'elle ell: impropre , & que ie nom femence ell; plus -exaft. Si la femence porte en généra! le nom de oraine , cela vient de la forme aflez commune des feménces qui approchent beaucoup de la globu- laire ; la plupart reffemble à de petits grains plus ou moins arrondis. ( l^'oyei le mot FÉCONDATION, pour la pre- inière formation de la iemence ou graine ; celui de Germination pour {on développement en terre, &c c.Iui de Semence pour fon anilylé ). M. M. I, De la confervation des graines. p,Ue dépend du lieu ou les graines font renfermées , & de la manière de les renfermer. Si le grainier ( i ) fft naturellement humide , 6c fans G R A que l'air foit dans le cas de s'y re- nouveler, ou s'il eft trop chaud &C trop fec , pjefque toutes les efpeces de graines s'y détérioreront plus ou moms promptement , (uivant lo.i de- gré de dtfeâuofiié. Trop fec , la graine le deflcche , fon eau de végcra:ion s'évapore, & la partie hui'cule, que je regarde comme leur confervatrlce, le dilîipe ou rancit. Trcp humide , l'adion &c la réa£l.on perpétuelle des principes conftituans les uns fur les autres, entraîne promptement la maffe vers la putrid.té, parce qu'elle fuit les variations de l'atmolphère qui ac;:é!ereou diminue perpciuéile'- ment la fermentation inteftme , &c la fermentation n'a jàma s lieu dans les corps fecs. ( f^'ojci ce qui en a été dit à ce fujet au mo; Froment ). La manière de les renfermer cft indiquée par la nature. Les graines qui le détachent d'elles-mêmes de la plante , dcm.andent ii être cueillies à Itur parfaite maturité par un beau jour &C au gros foîeil. Quelques- unes cependant font fi fugaces , & fe détache. .t fi aifément , qu'il faut, malgré qu'on en ait , couper la j)!a".te un peu avant la maturité » autrement la li'ique , la capiule, le cône , 6cc. s'ouvraiu par un mou- vement très - élaftique , chalTent au loin la femence qu'il renferme. Quant auv graines qui reftent na- turellement adhérei;tcs aux tiges, & qui s'en détachent avec peine, il ell clair qu'il vaut beaucoup mieux couper les tiges à leur maturité , les expofer à un courant d'air 6c k (i) Je crois qu'il faut écrire graîr.it-r, pour diftinguer le lieu où l'on garde les grains» de jardinage 6i de fleurs, d'avec le grenier où l'on conferve les grains , tels aue le i:9z GR A î'ombre, afin de les priver de l'eau furabondante de végétation qui leur refte , & les renfermer enfuite dans le grainier dans l'éîat de ficcité. Il vaut beaucoup mieux fufpendre à un clou chaque paquet d'herbe, & laiffer une diftance raifonnable entre cha- cun. Quant aux graines qu'on eft forcé de recueillir feparément , on fera très - bien de renfermer chaque efpèce dans un fac étiqueté, mais non pas (u'vant la coutume ordinaire des jardiniers, qui me[tv.nt les nouvelles graines fur Ks anciennes. Il vaut mieux avoir deux & même trois pe- tits facs de la même *iC^)ëce,&c l'année de chaque graine fera défignée iur l'étiquette , fjuf à la changer au befoin. Combien d'accidens peuvent faire manquer des femis entiers; combien d'accidens peuvent détruire les plantes que l'on confcrve pour graines ! & on fe voit alors , fi on n'a pas eu la jjrécaution que j'in- dique, forcé de recourir aux mar- cha; d:) de graines, qui achètent de toutes m tins, 6c vendent, fans le vou oir , une efpèce pour une autre , ou des graines G. vieilles , fi mauvàifcs, que maigri les foins aiîi- dus elles ne lèvent jamais. Un jardi- nier doit, relativement à fes graines, reffemblcr à un avare , & croire qu'il n'en aura jamais ailez. On efpèrera en vain avoir de bonnes graines à femer , fi on ne leur laiffe pas acquérir la plus par- faite maturité , excepté dans un. très- petit nombre de cas , ainfi qu'il a été dit. La nat ire , en nous four- niïïant des fruits , a plus fongé à perpétuer l'efpèce, qu'à fatisfaire ou nos beioins ou notre fenfualité.. Cette partie charnue , fucculente ôc déli- G R A 345 cieufe de la pêche, de la poire , &c. eft néceffaire à la perfeftion de l'amande- renfermée dans le noyau, ou qui forme le pépin. La chair fondante du melon, la fubftance vi*» neufe du raifin ont le même but. Le brou de la noix , de l'amande , l'enveloppe de la noifette ne fe def- fechent &; ne fe (éparent que lorfque la partie ligneufe qui recouvre l'a- mande a acquis une folidiré conve-* nable,Sc ce bois devient à (on tour le gardien &C le conservateur de l'a" manJe. Il eneiiainfi de tous les fruits. Il réi'ulte de ces faits, que lorfqu'ura melon , une pêche , un abricot , &c= font au point d'être mangés , la graine , le noyau , &c. n'ont pas encore acquis le point convena])le de maturité. Il faut laifier pourrir fur plante , les melons , les courges , 6c lailfer les noyaux &c graines ren- fermés dans des baies jufqu'à ce que la fubflance pulpeufe fe détruife d'el'e-même. Alors le but de la nature fcftrempli, & jufqu'à ce momerït la graine reçoit la nourriture de fora enveloppe. On a coutume de renfermer leS' graines dans des calebafl'es ou cour- ges-bouteilles ouvertes par le haut ,- 6c fufpendues par une ficelle à un clou. Je conviens que ce vaiffeait a fon mérite, puifqu'une fois feCy il faut des cas extraordinaires pour' qu'il abforbe l'humidité de l'at- mofphère ; mais les graines ne font pas enviroiinées par un-courant d'air comme dans les petits facs , &c ft elles n'ont pas été renfermées bien fèches , l'humidité fe concentre , la moififlure gagne, &.la graine pourrir, L'uiage des iacs eft à préférer à tous» les autres. %sis fouris , les rats font de$ 344 G R A ^ancm'is redoutables pour les graines; c'efl encore une des raifons pour la- quelle i'infifte fur l'ulage des facs ac- crochés à des cioLis contre des murs, ou fufpendus à des perches. Dans les provinces du midi voifines de la mer, on ne doit jamais placer les ùcs contre les murs du côté d'où fouffle le vent marin. Quoique bâtis à chaux & à fable, l'humidité ei\ d grande tant qu'il règne , qu'elle pénétreroit & les lacs & Tes graines, 1 1, De La durit des graines. On îî'a point encore fuivi affez exafte- ijient ce point important d'agri- culture & de jardinage , à caufe de 1(1 facilité qu'on a de s'en procurer c'e ncu%elles, La folution du pro- blème tient plus à la curiofité qu'au beioin; mais s'il avoit été réfolu , on n'auroit pas vu les papiers publics de France & d'Allemagne fur-tout, dif- cuter fi fouvent & fi longuement , £ une efpèce de plantes peut être coni'ertie dans une autre efpèce , par exemple, du feigle en avoine , & de l'.yolne en orge, &c. ( Confului^ le mot Espèce 5: le mot Froment ). Ce qu'il -y a de cerîain , c'eft que la graine de telle ou de telle plante ne végète plus à la féconde ou à la t;-oifiènie ou à la quatrième an- née , tandis que la graine de telle autre ell bonne après la dixième année. A quoi tient cette diverfité ? Il n'eft pas aifé d'en connoître la caufe. Chaque plante a , fuivant moi , fa ioi particulière de végétation , & la durée de fa graine en bon état , d,épend de cette loi première. Cette fuppofition ne réfout pas la queftion , îpais elle annonce du moins que la 4urée des graines ne doit pas être if joigne. }e. crois îjue la caufe in- \ ^ G R A trinfèque de cette durée dépend de la plus ou moins grande quantité d'huile contenue dans la graine. Par exemple, j'ai iemé, après 6 à fept ans, des pé- pins d'un raifin qui s'étoit defi^ché Ôi oublié dans un fac de papier , & i's ont parfaitement biin ^'ermé , feu- lement à la (econde annc. ; or , on fait que l'on peut par ex.irtflion re- tirer du pépin de railin w\\ affez grande quantité d'huile. En Suç;de , on avoit en 1747 jeté des g -Lones de tabac en terre , & on vit pu luler des planies de tabac en 17^6. Comme cette plante eft très-étrangère à ce climat, ^Sc qu'on ne la cultive point , il n'eli pas probable qu'-llo y ait été tranfportée par le vcnt ou par d'au- tres }caufes accideniçUes ; d'ailleurs , M. Nordberg qui rapporte ce fait , eft trop bon obfervat^ur pour n'a- voir pas pris tous les renfeignemens néceffaires avant de le publier. II feroit facile de citer nombre d'exetn- ples femblables. L'afiertion que j'ofe avancer fur les effets de l'huile , n'eft pas démon- trée. On objeûera que la graine de chenevis ou de chanvre , ( voye\^ ce mot) certainement très-huileule , ne végète plus après la féconde ou la troifième année. Je conviens du tait ; mais je fais auffi que toutes les fois que l'enveloppe & la cuticule qui recouvre l'amande ell: attaquée, bri- fée ou feulement meurtrie, fe cor- rompt par la rancidité que l'huile acquiert. Les noix , noifettes & amandes , proprement dites, en four- niffent la preuve. Du peu de foins , (proportion gardée avec ceux don- nés aux graines de jardinage ) qu'on a de graines de chenevis ou telles autres qu'on vend communément à la mefure^ on doit conclure qu'il n'eft Ti'm r. P/JŒ: bw Rij ?44 . Jciucr Sculf ■ G R A pas étonnant que les coques & pelli- cules foient attaquées. Je crois encore que pour établir une théorie fur la durée des graines , il convienJroit auparavant d'exami- ner la nature ou l'efpèce d'huile qu'elles contiennent; les femences à l'huile graffe fe conlervent beaucoup mieux que celles à l'huile effentitUe, & la durée de celles qui contiennent l'iuie & l'autre, comme celle des choux, raves, navets. Sec. dépend beaucoup du grainier & de la conftitution de l'armolphère pendant la végétation de la plante. Par exemple, je puis ré- pondre que les plantes laiflees pour graine en 1783, Se qui ont éprouvé ces fameux brouillards fecs, n'ont donné (bus mes yeux que de mau- vaifes graines & en très - petite quantité , fur-tout pour les graines huileufes dont on parle. Si le même effet a eu lieu, & û on l'a obfervé dans plufieurs end^-oits différens, & à de grandes diflances , que vont de- venir ces railbnnemens iur l'éleûri- cité , regardée comme principe de la végétation, de, la fruûitication?&:c. je conviens qu'elle y contribue pour beaucoup, mais non pas de la ma- nière que l'ont imaginé des ob(er- vateurs de cabinet , qui cultivent fur leur fenôtre im ou deux pets, & qui , d'après de petites expérien- ces, bâtiflent de grands fyflèmes qui font démentis à chaque inOant par la pratique. Plufieurs auteurs n'ont pas craint d'avancer, que plus une graine eft •vieille, meilleureelle eftpour femer , parce que, difent-ils, les principes de la graine fe font affinés & le font perteûionnés. Je ne crois pas que ce foit ainfi que la nature agi (Te. La graine une fois mûre tombe de l"ar- Tome y. G R A 34^ ^ bre , de la plante, 6-i végète l'année fuivante fi elle trouve une terrée on- venable ; mais fi cette graine a été confervée à l'abri de toute efpèce d'air, de toute efpèce de fermenta- tion, comme le froment de- la ci- tadelle , dont on a parlé au mot Froment, il efl clair que cent ans après elle végétera, & fi elle efl farineufe , donnera du bon pain comme lui. Ici , c'efl une exception à la loi générale qui ne prouve rien , puifqu'il s'agit des circonfl.mccs jour- nalières. Je crois, au contraire, que l'on devroit (en généra!) pour imiter la nature , confier à la terre les graines du moment qu'elles font parfaite- ment mures. Cette propofition me paroît démontrée. En effet , fi on cueille la graine de la majeure partie de nos arbres, & fi on attend juf- qu'au printemps fuivant à la femer , fans l'avoir ftrat'ifiée avec la terre ou le f?.bie pendant l'hiver , il efî très-rare de voir cette graine germer à la première année; & elle ne fort fouvent qu'à la féconde & même à la troifième , & quelquefois même dix ans après, fi cette graine, noyau ou pépin a été trop profondément enterrée. La conféquence à tirer de tout ceci, eft que l'on doit s'écarter , le moins qu'il efl pollible , de la marche de la nature , & que la réuffite de nos femls tient à l'ac- cord de nos opérations avec fes loix. Graine dAvignon. ( Foye^ Nerprun.) Graine d'Écarlate. ( Foye^ Kermès. GRAISSE. Subfiance onSueufe , répandue dans différentes parties du X X 34<5 G R A corps de l'animal, & dépofée dans les cellules , dans les extrémités des ar- tères , & repompée par les veines : elle fond alfémenî à un feu modéré. Sous le nom générique de graijfe, eft com- pris le lard, l'axonge ou iain-doux, le fciif, &:e. La qualité de la graiffe varie fui- vant l'âge de l'animal , (on état de famé ou de maladie , Ion efpèce de nourriture ; enfin , fuivant les diffé- rentes places qu'elle occupe fur le corps. La graiffe des jeunes animaux n'a point de confiltance; celle des adultes efl ferme; & molle dans les vieux. Lorfque l'animal fouffre , qu'il eff malade , elle fe ramollit : elle a peu de eonfiffance dans l'animal foible , & elle eft ferm.e dans l'animal vigou- reux. Les cochons , uniquement nourris de glands , ont un lard i'ec : û on les nourrit avec du grain, fa confiftance eft très - bonne : les marcs d'huile quelconque rendent leur lard mon & comme huileux. Les bœufs , les moutons, toujours nourris au vert, &: fur- tout dans des pâturages marécageux, ont une mauvaife graiffe : elle eft ferme , s'ils ont été nourris en grande partie avec de l'herbe fèche, du grain &c de la paille. Il en eft ainfi du cheval : l'orge ou tel autre grain qui a fervi à faire la bière , rendl'animal bouffi, mais (a graiffe eft molle. En général , la graiffe la plus folide eft celle qui environne les reins ; elle eft auffi la plus indigefre, ainfi que celle de la queue. La graiffe des in- teflins a une conMance différente de celle qui eft attachée aux mufcles ; mais , en total , toute efpèce de graiffe eft très-indigefte , èc l'on pourroit G R A ajouter, mal-faine. Cependant la /en- ffi?.!iré & les beibins rendent fon iifage familier & indifpenfable. La graiffe, en général, eft vendue fous le nom de fui/, û elle eu ferme & grenelée, & de petit fiiif,û elle eft molle : mais lorsqu'on veut la conferver pour les ufages domef- tiques, on la coupe par petits mor- ceaux , qu'on fépare avec le plus grand foin des portions nombreufes & vafculeufes qui la contiennent. Cette graiffe eft enfuite jetée dans l'eau, & fortement pétrie avec les mains, afin que l'eau en détache le fang , la matière gé'.atineufe & les- autres impuretés. On doit renou- veler l'eau , & pétrir de nouveaii , jufqu'à ce que l'eau en forte auffi claire qu'elle y a été mife. La graiffe bien lavée eft jetée dans iirr vaiffeau de terre, verniffé & bien propre , dans lequel il faut ajouter un peu d'eau : alors on le porte fur un feu doux ; la graiffe fond douce- ment , Se on la tient dans cet érat de fufion jufqu'à ce que l'eau fcif entièrement évaporée : tant qu'elle ne l'eft pas , il le fait un bouillon- nement qui ceffe lorfqu'il n'y en a plus. Ce ligne caraftériftique indique le moment de la tirer de deffus le feu. La coutume générale eft de la vider dans des vaies de terre ou de faïence, de l'y laiffer figer, &c de les couvrir enfuite avec leur cou- vercle ou avec du papier. Cette mé* thode eft abufive ; l'aâion de l'air permet à .l'acide de la graiffe de réagir fur fa portion huileufe ; ce qui contribue à fa rancidité. Il vaut beaucoup mieux avoir des veflies bien lavées, bien propres, & y couler la graiffe quand elle eft fluide , la laifièr s'y iigcr, ôj enluite faire uns G R A C R A 347, Sigatiire dans le haut, qui intei'cepte L'applîctitlon des corps graifleux; toute communication avec l'air ex té- fur la peau , bouche fes pores , arrêta rieur. A mefure qu'on a befo n de la matière de la tranfpiration , con- graifTe , on dilate l'ouverture , & trafte bientôt la rancidité s'il y a chaque fois on ferme une nouvelle inflammation, & l'augmente finguliè- ligature. Ces veffies font fufpcnducs rement. On verra au mot On- dans un lieu où la cKaleur efl mo- guent , l'inutilité des applications dérée. des fubftances graiffeufes & hui- Toutes lesfois que l'on fait bouillir leufes. Graisse du Vin. ( Foye^ le mot Vin. ) GRAN4EN, GRAMINÉE, plance: Nom générique que l'on donne à îa graiffe , il s'en élève une vapeur fuffoquante qui excite la toux , la cuiflbn des yeux, les larmes, &c. & l'on dit que ces effets font dûs à l'acide qui fe développe. C'eft ce même fel, dit-on encore , fa réaftion fur l'huile graffe qui caafe la ran- toutes les plantes qui comppfent les cidlté de la graiffe. Je veux bien nombreufes familles des chundents. croire qu'il y contribue pour beau- ( ^'oy?^ ce mot. ) De ce nombre coup; mais je penfe en même temps font les fromens , feigles , orges, qu'on n'a pas affez examiné la na- avoines, les graminées dont les prai- iure des grailles & des huiles, Se ries font compofées , les millets, les que la toux, la cuiffon des yeux , bamboux, la canne à fucre, &c. &c„ ia rancidité font plutôt dues à la Ce qui les dillingue , en général, réaftion d'une huile effentielle con- des autres plantes , eu d'avoir tenue dans la graiffe , fur l'huile pour calice une b.iUc ( voyc^ ce graffe qui conftitue prefque fa tota- mot ) ordinairement terminée par lité. Cependant j'avoue n'avoir fait un filet pointu ou barbe , une tige ar- aucune expérience à ce fujeî ; mais, ticulée, & uns feuille à chaque nœud à en juger par analogie avec les qui l'embraffe par fa bafe. C'eft la huiles tirées des graines, je puis ré- famille des plantes la plus utile à pondre que c'eft de la rcailion dont l'homme & aux animaux , celle qui il s'agit, ainfi que de la perte d'une les nourrit. (Koye^à leur article la partie de leur air de combinaifon defcription ds chaque plante grami- ou air fixe , que dépend la rau- née. ) cidité. Autant la graiffe étoit douce avant GRANGE. Bâtiment où l'on ren- ia décompofition , amant elle eft acre ferme les blés en gerbe &C le foin. & corrofive lors de fa rancidité : On a pris fouvent mal-à-propos ce dès-lors on peut juger à quel point mot pour défigner le corps de ferme elle devient mal-faine. ou de métairie en entier. ( Voyons La graiffe , dans les animaux , Métairie. ) comme dans l'homme, entretient la /bupleffe de chaque partie, & en facilite les mouvemens : fans la «nocUe^les osferoient plus caffans. GRANIT. Pierre communément fort dure , quelquefois fufceptible du poli , formée par l'affemblagç X X a 348 G R A de petites pierres différemment co- lorées & liées enfemble par un ci- ment naturel. Plufieurs naturalises recardent cette pierre fingulière comme un indice de l'ancien monde ou pierre primitive. Cela peut ctre; mais les iubftances particidières , très- diftinûes , dont elle eft compofée , luppolent au moins une préexif- tence de ces fubftaaces. Tous les granits n'e fe reffemblent pas par leurs matériaux plus ou moins va- riés dans les uns &c dans les au- tres. Les matières ordinaires du gra- nit font, -le quartz, le Ichorl , le ield - fpatii , le mica , le jade , la pierre oUaire , Ci quelquefois des portions calcaires , &c. Ce feroit fortir du but de cet Ouvrage , d'en- trer dans de plus grands détails fur fa formation , d'examiner pour- quoi il fe trouve ordinairement en blocs immeniés. Si quelquefois en aiaffes détachées , arrondies dans leurs angles , & accum.ulées les unes , fur les autres ; cet examen elf du reffort du naturalise , & non de l'agriculteur. On doit plaindre les habitans des pays à granit ; l'agriculture doit y languir , &C le cultivateur , malgré fes travaux , y végète dans la mi- fère. Cette prcpofition générale eft vraie , 6c elle fouiire peu d'excep- tions. La terre des champs eft le réfultat des débris & de la décompofition des pierres & des montagnes qui les environnent , à moins qu'elle n'ait été apportée & dépofée par les ri- vières. Or, de toutes les efpèces de pierres connues, le granit eft celle, en aénéral , qui fe décompole le moins, & dent la décompofirion de chaque fubftaace dont il eft formé G R A foit la moins propre à la végéta- tion. 11 n'(.ft donc pas polïïble que l'agriculture fteurifte dans les pays à granit. Loriqu'il eft en blocs ac- cumulés, comme en Bretagne , en Corfe, &c. , il fe forme entre leur divifion des dépôts de terre vés;é- tnle , &, dans ces dépôts, les châ- taigriiers , les chênes y réiiftiffent très-bien ; mais de beaux arbres , en quelque nombre qu'ils ioient, n'of- frent jamais que des reffources fe- condaires. Dans aucune province du royaume , on n'a tiré auifi bon parti des vallons granitiques qu'en Limo- ftn. L'expé.nence a appris à ces in- duftrieux habitats , que la culture des grains rendoit peu , que les ■ pluies entraînoient le peu de terre qui couvroit les rochers ; ils ont confervé cette terre , Si l'ont con- vertie en prairies. Comme les cha- leurs n'y font pas fortes , & les eaux de four ces font très- commu- nes & abondantes; par lemoven des irrigations fingulièrement bien étendues , ils ont des récoltes d'ex- cellens fourrages , très-fins & très- odorans, &, après les récoltes, de bons & nombreux pâturages pour les beftiaux qu'ils engraifl^ent. Cette province , très-pauvre par fa pofi- tion géographique , & par la na- ture de fon fol, doit tout à fon in- duftrie. Dans tous les pays où les gi-anita font accumulés en blocs , on fera très-bien de femer dans leurs inter- valles des glands , des châtaignes , des fines , des noix & telle autre graine d'arbre analogue au climat ; ft ces terrains ne font pas abandon- nés à la vaine pâture des moutons , des chèvres , Scc. , alors il faut re- noncer ;i tout efpoir de réuiîite dans G R A ies femîs, à moins qu'on n'ait la Tage précaution de former tout autour des enceintes avec des pi-^ires ou des épines mortes. Le premier parti eft à préférer , parce que les murs h pierres fèclies , durent fort long- temps , 8t fur -tout parce que les bergers auroient bientôt brûlé les haies pour fe chauffer. C'eft par la feule multiplici-ition des arbres &C des enceintes, qu'on parviendra, à la longue , à rafftmbler luie certain.e mafle de terre végétale. Le patient hollandois , placé dans toute autre pofition que la fienne , ne manque- roit pas de fuivre cet avis, dans la douce efpérance que, s'il ne jouit pas de fes travaux , fes enfans en recueil- leront les fruits. Les françois , au con- traire, facrifient tout au moment pré- fent ; ils ne voient que cela, ôc comp- tent pour rien l'avenir. GRAPPE. On a donné ce nom è un amas de fruits réunis par leurs péduncules à un axe commun , & qui s'incline & fe recourbe vers la terre; telles font les grappes de rai- fms , de grofeilles , &c. ( f'oyei le mot Fleur ). Les grappes iont un prolongement de la tige , & font fufceptibles de prendre racines, dans la vigne, comme les farmens. Doit- on conlerver la grappe dans la cuve, ou doit-on la fupprimer, relativement à la qualité du vin & à fa durée ? Ce problème a été réfolu aux mots£^r^i- ner & Fermentation. Grappes, Médecine vétérinaire. Ce font des excroiflances plus fenfibles , plus molles que les verrues , d'une couleur ordinairement rouge, & dont la figure , par leur multiplicité , ref- femblç à des grappes de raifin, qui fui- . G H A 349 viennent dans le paturon , ouautour du boulet du cheval , &: fur-tout de l'âne & des mulets. La malpropreté , les meurtriffures , la dépravation de l'humeur, de la trarfpiration , le féjour des fluides acres , font les principes les plus fré- quens des grappes. Tialamcnt. Dès que les grappes commencent à pouffer, il faut cou- per i. poil le plus près de la peau qu'il fera pofîibie , & les grappes elles-mêmes , tout près de la peau , couvrir la plaie avec des étoupes imbibées de bon vinaigre , pour pre- mier appareil. Le lendemain , il eft à propos d'y appliquer du vert-de- griî mclé avec le vinaigre, de reti- rer le pp.nfement deux fois par jour , & de le continuer jufqu'à parfaite guérifon. Les grappes naiffent ordinaire- ment aux paturons , à la fuite des eaux aux jambes ; elles rendent pour-- lors continuellement une férofité acre , d'une odeur fétide. Dans ce cas , le traitement que nous venons d'indiquer , ne fauroit fuffire. Ces excroiffances dépendant d'un vice interne , on doit donc s'étudier à en découvrir le cara£lère peur le com- battre avec fuccès par dis remèdes convenables. ( Foye^^ Eaux AUX JAMBES). M. T. GRAS-FONDU , GRAS-FON- DURE, MÉDECINE VÉTÉRINAIRE. Cette maladie- fe manifefte dans le cheval par le dégoi^it , l'agitation , l'inquiétude 5 l'action de cet animal qui ie couche, fe relève & regarde Icns ceffe Ion flanc, & le battement plus ou moins violent de cette par- tie ; mais le figne qui lui appartient efl'eniiellement, eft une excrétion de 350 G R A mucofitc, ou des glaires tamponnées &c épaiffes, que le cheval rend par le fondement , & qui , (bus la forme d'une efpèce de toile , enveloppe & (CoîfFe , pour ainfi dire , les parties marronnées des excrémens. C'efl le iymptôms univoque qui en a im- pofé à certains maréchaux, lorfqu'ils /"e font perfuadés que cette nuico- iité & cette prétendue membrane n'étoicnt autre chofe que, la graiffe fondue , qui fe fondoit & qui for- toit par le fondement , comme fi les inteiiins en étoient entièrement & .confidérablement garnis , & comme fi , du tiffu cellulaire dans lequel elle .eft répandue , elle pouvoit , en fe fondant, fe frayer une route dans le tube inteilinal , & être dès - lors & par ce moyen évacuée coxnme la iiente. Pour concevoir une iufte idée du génie du caraftère de cette maladie , il faut l'envifager fous l'afpeft d'une aite£iion inflammatoire des inteiiins, & Ipécialemenî de leur membrane veloutée, occafionnée affez fouvent par un exercice outré. Cette inflam- jnation provoquant l'épaiffiffement de l'humeur inteftinale , le gonfle- i^ect des glandes, & entretenant l'in- flammation, il doit en réfuher né- ceflairement des çontradions fré- quentes dans les intçftins. La nature faifant des violens efforts pour chaf- /ei'i'humeur qui engorge les glandes, on doit bien comprendre que , par .cetie contradion répétée, une partie de l'humeur inteftinaleeft exprimée ; 4e-là l'excrétion de mucofité & des glaires tamponnées ôc la gras-fon- d-iire. L'affeûion inflammatoire des in- teftins dans la maladie doiit il s'agit , I?a1 j, ,ie plus ordinairement , l'effe; G R A des purgatifs draftiquas , OU trop violens , ou donnés à trop fortes dofes , fur-tout par les noaré chaux de la campagne. L'expérience nous apprend que ces remèdes n'agiffent qu'en irritant ; ils doivent donc par leur aftion agacer, picoter les fibres des inteftins & des glandes intefti- nales , les exciter à de fréquentes contrarions , & obliger les mêmes glandos à féparer une plus grande quantité d'humeur. L'irritation qui en eft la fuite , eft-elle trop vive ? il en refaite l'inflammation, & de-là la gras fondure. L'inflammation ea- gorge-t-elle les vaiffeaux au point d'en rompre quelqu'un? le fang fe mêlant alors avec les glaires , l'éjedion en devient {angu'molente. La gras - fondure eft quelquefois accompagnée de quelqu'autre ma- ladie. La phlcgofe qui fe manifefte avec violence dans les régions ab- dominales , eft un ugne qu elle eft jointe à la courbature, ( rojuj Cour- bature) ou à quelqu'autre maladie siguë. Les engorgemens qui ont lieu dans le tilTu valculeux dont nous avons déjà parlé , font-ils encore accompagnés de celui des vaiffeaux lymphatiques des parties membra- neules qui enveloppent les articu- lations ? On peut dire alors qu'il y a fourbure & gras-fondure en même tem.ps. ( f^oyci Fourbur-e). La gras-fondure eft plus ou moLns dangereufe, félon les diverfes com- plications. Lorfqu'elle eft fimple » il eft rare que les fuites en foient fu- ficftes ; elle cède néanmoins dans tous les cas à un traitement métho- dique , lorfque les fecours qu'elle exige ne font point tardif». Ces fe- cours confiftent , uniquement & eiî ^jnéral, en des iàignées plus ou moins G R A ifépétées , pour défemplir les vaif- feâux , les dégorger & abattre l'in- flammation ; dans l'adminiftration d'un pius ou moins grand nombre de breuvages & de lavemens émoi- liens & ralraîchiffans. On doit ab- iblument profcrire tous remèdes cor- diaux & purgatifs , que les maréchaux font dans l'habitude d'aJminiftrer dans cette maladie. Ils font capables d'enflammer & d'irriter encore davan- tage les inteftins, & d'occafionner la mort de l'animal. Du refte , c'eft une erreur de croire que les chevaux chargés de graifle , foient les feuîs C[ui puiflent être expofés à la gras - fondure. QLioique la maffe des humeurs com- tienne une très - grande quantité de parties fulphureiifes & très-fuf- ceptibles d'alca'.ifation & d'explo- fion , l'expérience nous a néanmoins prouvé , d'une autre part , que la force Se la rioiditédes folides dans les chevaux maigres, ne les y rend pas moins fujets. M.T, GRATERON ou APARINE ou RIEBLE. ( Foyei Planche XIF , pag. 277 ). M Tournefort le place dans la neuvième fedion de la pre« mière clafi'e, qui comprend les her- bes à fleur en godet, dont le calice devient un fruit compofé de deux pièces adhérentes par leiir"b5re , & il l'appelle apparinc vulgaris. M. von- Linné le nomme gailum apparim , & le claffe dans la tétrandrie monO- gynie. ^ Fleur B , en godet fans tube , di- vifée en quatre fegmens ; les éta- mines , au nombre de quatre ran- gées fur les bords de la corolle , & placées entre fes divifions. La fleurn'a qu'un feul pillil C, G R A 551 Fruit D. Capfule à deux loges , couverte de poils durs & à crochet ; la capfule renferme communément deux femences E, rondes, crculées dans le miliCH F. Feuilles , rangées tout autour des tiges, comme les rayons d'une roue ; el'es font au nombre de huit , en forme de lance ; couvertes de poils rudes, terminées par une petite épine, d'où la plante a pris le nom de gra~ cerorz. Racir2s A , menue , fibreufe. Port. Les tiges grêles , quarrées j rudes au toucher , noueufes , pliantes , grimpantes , longues de trois à quatre coudées. Les fleurs naiffant à l'ex- trémité des rameaux , très-petites &: blanches. Lieu; les foffés , le long des che- mins ; la plante efi vivace , & fleurit en juillet & en août. Propriétés. Les feuilles lont ino- dores , d'une faveur médiocrement amère & légèrement acre. Toute la plante eft apéritive & diurétique ; la femence paîTe pour être fudorifique & cordiale. Ufages. Feuilles récentes , depuis demi-once jufqu'à iept onces dans cinq onces d'eau ; feuilles lèches , depuis unedrachme jufqu'à une once, en infufion dans la même quantité d'eau ; fuc exprimé des feuilles, depuis deux onces jufqu'à cinq. GRATIOLE ou HERBE A PAUVRE HOMME. ( Foye^ PL XÎV , page 277 ). M. Tourne- fort la clafll^e dans la troifième {zc- tion des herbes à fleur irrégulière , en ttiyau, ouvert par les deux bouts , & dont le piflil devient le fruit , & il l'appel'e , d'i-près Morifon , digi- ta lis mini ma gratiola dicta. M, von-r 351 G R A Linné la nomme gratiola oflcinalls ^ & la daffe dans la diandnc mono- gynie. FUur, vue dans ion entier en B , tube cylindrique long , légèrement gonflé par le milieu , divi(é à fon extrémité en deux lèvres ; la fupé- rieure , dlfpofée en cœur , & l'infé- rieure , en trois parties égales & ar- rondies. C reprefente la corolle ou- verte , Se rinlertion des étamines à £a. bafe. Cetie fleur présente une fin- gularité affe? remarquable ; elle a cinq étamines, dont trois avorteiit : c'eil pourquoi M. von-Linné l'a pla- cée dans la claffe des fleurs à deux étamines. Le piftil D occupe le centre de la corolle ; le^ calice £ eft d'une feule pièce, à quatre ou cinq dente- lures. Fruit F , capfule ovoïde , terminée par un filet partage en deux lobes & deux valves qui renferment plu- sieurs lemences G, menues, roufiâ- tres & prefque rondes. FeulLUs, en forme de lance arron- die, dentées en manière de fcie à leur fommet, lifles, veinées, embrafTant la tige par leur bafe. Racine A, rampante , horizontale, noueule, avec des fibres perpendi- culaires. Port. Tiges hautes d'un pied envi- ron, droites, noueufes , C'Une'.ées; les fleurs naifknt des aifîcl es des feuilles , & feules à feules ; leur cou- leur eft purpurine ; les feuilles naiffent .oppoléesdei^x ;i deux. Ueu ; les prés humides. La plante eft vivace , &; fleurit en juin & juillet. Propriétés. Feuilles inodores , d'une faveur acre & très-amère. Les feuilles excitent le vomifTement , & purgent ^ye.c violence : voilà ce que l'expc- G R A rience a parfaitement démontré. Quant aux autres propriétés qu'on lui attribue, el'es font incertaines. l/fages. Feuilles féchées & pulvé- rifées, comme vomitif & purgatif, dtpuis cinq grains jufqu'à demi- drachme , délayés dans cinq onces de véhicule mucilagineux ; feuilles fèches, depuis vingt grains jufqu'à deux drachmes , «n infufion dans cinq onces d'eau ou de lait; le fuc exprimé des feuilles récentes, & éva- poré au bain-marle jufqu'à confif- tance d'extrait, depuis dix grains jufqu'à quarante grains. On fait des infufions pour le cheval & le bœuf à la dofe d'wne poignée fur deux livres d'eau, ou les feu 1 es à 'a même dofe , macérées dans une pinte de vin blanc. GRAVELÉE. (^oyq Cendre)/ GRAVELLE, GRAVIER, Mé- decine RURALE. Ma'adie qui s'an- nonce par des douleurs vives &C aiguës dans les rein; , les uretères & la velîîe; elle efl toujours accom- pagnée de difficulté d'uriner. Les ma.- îades rendent des urines gla'reules , bourbeules, avec de petite graviers; quelquefois elles font rouges, en- flammées, & ce n'eil qu'avec beau- coup de douleur & d'tfîbrt que ces graviers , rsmaflés dans la vefTie , lont Cl traînés au dehors. Les vieillards l'ont fort fujets à cette ma'adie ; 'c'^ jeunes gens n'en font point à l'abri : on l'oblérve cependant rarement chrz ei'x. La gravclle diffère de la pierre, en ce que les douleurs font moins vives & aiguës que dans la pierre. Dans cette dernière maladie , il faut avoir recours à l'opération, au lieu que G R A que , dans la gravelle , les malades rendent, avec les urines, la caufe de leurs douleurs. On ne peut diffimuler que ceux qui font fujets de bonne heure à cette maladie, font ordinai- rement attaqués de la pierre; les vé- ritables caufes de la gravelle font des petites pierres, des petits graviers qui fe forment dans les reins, & qui doivent leur orioine à des glaires a une matière vnqueule, qui, y féjournant, contraûent de l'é- paiffiffement &c une conhftance pler- reufe. Pour pouvoir guérir cette maladie, il faut avoir pour objet, i°. de cal- mer les douleurs, les ardeurs d'urine & l'inflammation, s'il y en a; z°. de relâcher les parties aiîeftées, pour procurer le repos au malade; 3°. de faciliter la fortie des petits graviers & des urines , par des moyens con- venables. Sous ce point de vue, les îifannes diurétiques & rafraîchif- fantes, telles que l'infufion des feuilles de pariétaire, de graine de lin, l'eau de guimauve, les demi- bains, feront employés pour calmer les douleurs & ardeurs d'urine. Si ces remèdes ne produifent pas des effets falutaires, on aura recours à la faignée, qu'on réitérera félon le befoin, & le degré d'inflammation. Rien n'eft plus propre à relâcher les folides, que les huileux, les fe- menées froides majeures, le firop de nymphéa & de diacode, les grai- nes de laitue, données fous forme d'émulfion : le petit laitnitré & bien clarifié mérite la préférence fur tous les autres remèdes, fur -tout fi le malade peut le fupporter. On ne fauroit affez recommander î'ufage du bec de grue fanguin. ( P^oy. ce mot). La décottion des feuilles de Tome y. G R A 3î$' verge d'or, de fanïck-, de pyrole, eft très-bonne & très-propre à diffoudre les glaires & les petites pierres qui embourbent les reins, & à en pro- curer la fortie par les urines; le fa- von peut être regardé comme un remède fouverain, & capable de brifer &: fondre les graviers. On le donne, pour l'ordinaire, à la dofe d'un demi-gros, & miême d'un gros diiTous dans l'eau, ou mêlé avec le miel ordinaire. L'eau féconde de chaux , fi recom- mandée par JFit/i, efl un puiffant diiTolvant de la pierre : mais tous les tempéramens ne la fupportent pas; il faut alors la couper avec le lail bien écrémé ou avec le petit lait; mais on doit donner la préférence à l'ufage des eaux gazeufes, qui font fouveraines dans les maladies des reins, des uretères, de la vefîie 8c de l'urètre, telles que la pierre, la gravelle, &c. Les eaux de Roujan en Langue- doc, de Contrexeville, font très- efficaces dans la gravelle : elles dé- tachent, & font fortir en fragmens toute matière graveleufe & plâ- treufe; leur emploi a toujours eu de bons fuccès. Enfin, les perfonnes attaquées de la gravelle doivent éviter les aliinens trop falés & trop échaufFans. Elles fe nourriront des végétaux qui pro- curent une abondance d'urine, en favorifant fon excrétion dans les reins; elles feront ufage d'afperges & d'artichauts ; elles mangeront fréquemment à leurs repas de la laitue , de la chicorée, des épinards, des navets, des carottes, des radis. M. AMI. GREFFE , GREFFER. ENTE Yy « '3Ç4 G R A ENTER. Ces mots font admis dans les provinces, & y ont la même fignification. La définition de la greffe, donnée par l'auteur du Noie- yeati Laquintinie , eft excellente , & je l'adopte. » Greffer, c'eft l'art w de multiplier & de conferver fans » altération les individus des- efpèces » précieufes , en faifant adopter , par w un fauvageon , une branche ou les « rudimens d'une branche d'un arbre » franc. » L'on ne connoït pas le mortel for- tuné qui, le premier, découvrit & mit en pratique la greffe ; il mérite- roit une ftatue élevée par les mains de la reconnolffance. Quels étolent les fruits dont les celtes & les gau- lois, nos aïeux, fe nourriffoient ? Nous favons l'époque à peu près où là pêche a été apportée de Perfe, l'abricotier d'Arménie , le ceriGer de Gérafonte , le ccignaffier de la Grèce , l'amandier de Perfe, le figuier' d'A- fie, &c. Si l'on compare aûuelle- ment ces fruits favoureux & leurs étonnantes variétés à nos frtnts fau- vages, comme la poire , la pomme , îa cerife , &c., n'eft-on pas forcé de convenir qiie Tinvenîeur de la greffe mérite le titre de bienfaiteur de l'hu- manité? Il ne paroîtpasque l'art de grefferait été connu des égyptiens, des juifs ni des grecs : les auteurs romains font les premiers qui en aient parlé. M. l'Abbé Delille , favant & exaiS traducteur de. Géorgiques, s'ex- prime ainfi , d'après Virgile, au fujet ée la greiïe. Cet art a deux fecretsdont l'effet ed pareil: Tamôt-, dar.s.l'endieit ni«me où le bouton vermeii G R A De'jâ iâiffe échapper fa feuille prifonniértj On fait avec l'acier uiîe fente légers : Li, d'un arbre fertile on infère un bouton. De l'arbre qui l'adopte utile nourriflbn. Tantôt des coins ?igus entr'ouvrent avec force Un tronc dont aucuanœud ne hériffe l'ëcorce. A fes blanches fuccède un rameau plus heureux;. Bientôt ce tronc s'élève en arbre vigoureux ; Etfe couvrant des fruits d'ane race étrangère, Adniire ces enfaas dont il n'eilpas le père, (i) D'après cette defcription , on voit que les romains ne connoifToient pas toutes les manières de grever , pra- tiquées aujourd'hui , & le filence des auteurs contemporains de Virgile , confirme cette affercion. Cet art n'é- toit peut-être pas auffi utile aux grecs & aux peuples de l'Afie , que pour les celtes , les vandales kZ même les romains. Ces parties dïi monde , vivifiées par la chaleur de Taflre du jour , produifoient naturel- lement des fruits favoureux , & dont la perfe£iion ne dépendoit pas des mains de l'homme. L'Europe , av. contraire, couverte de bois, de lacs, d'étangs, offroit peu de fruits agréa- bles au goût, & je crois que les peu- ples en-deçà des Alpes , relativement à Rome , apprirent de leurs conque- rans leurs deux manières de greffer. L'obfervation , la patience, rinduf- trie & l'expérience ont donné l'idée des autres; mais, encore une fois, on ignore le nom de l'inventeur , 6c le temps & le lieu où les décou- vertes en ont été faites. Les imlrumens néceffaires aux dif^- férentes opérations de la- greffe, font une petite fcie à main , une ferpette, up^.couteau nonamé greffoir; (^voyc^ fa forme , Planche XK, Fig. /i ■) i (j) Mirmr^iij^'X'^Tondcii & nm ^ua loma. GRE "^quelques petits coins en bois dur ^ un petit levier coudé & en fer , Fig. ly, un petit maillet en bois , des fils de coton ou de laine , ou des écorces d'arbres ; enfin , Vongiura de Saint-Fiacre. ( f^oyc^ ce mot). ' C H A P I T P^ E P P. E M I E R. Des différentes espèces de Greffes. On en compte quatre ; i''*. les greffes par approche ; z'^. les greffes en fentes ; 3°. les greffes par juxtapo- fition ; 4°. les greffes en écuffon. Section première. £>es Greffes par approche. Je place celle-ci la première parce ■qu'il me paroît très - probable que c'eft d'après elle qu'etï venue l'idée primitive des autres méthodes. Elle eil due tout entièrement à la nature & non à la main de l'homme , qui l'a imité dans la fuite. La greffe , par approche jlmplc , eft la réunion ou incorporifation de deux troncs ou deux branches qui fe joignent avec force par un ou par plufieurs points de contaû. ( Vayei_ Pl.XF, Fig.i). On rencontre fou- vent, en parcourant les forêts , des exemples pareils. Les troncs de deux- arbres affez voifms l'un de l'autre , retouchent en groffiffant,& comme leur végétation eft affez égale en force , ils fe contre-buttent mutuel- lement & s'identifient tellement dans l'endroit de leur plus forte réunion , comme on le voit en A, qu'ils ne forment plus qu'un même arbre. La preuve eft .que, û l'on coupe en B G R K -fff l'un des deux pieds , les parties fu* pcrieures végéteront & fuivront le cours des faifons. Il faut convenir cependant que la végétation des deux têtes ne fera pas aufli forte que fi leur pieds fubliftoient, parce que les racines du tronc coupé ou fup- primé ne porteront plus la (éve à leur ancienne partie fapérieure , & il faudra que celles du tronc qui fub-- fifle , fe divife dans les deux têtes. Les deux têtes languiront pendant quelques années ; mais infenlîble- ment l'équilibre fe rétablira par la diflribution égale de la fève. Cette fouilraftion de l'un ou de l'autre pied d'arbre , peut avec raifon être appelée un tour de force dans ce genre , mais il prouve au moins le prodige , la vigueur &c les reffources de la nature. De la prefïïon toujours agiffante d'une partie du tronc contre l'autre, il réfulte que l'écorce trop ferrée ne jouit plus des bénéfices de l'air dans le point de contaû, qu'elle s'y amincit, qu'elle fe détruit également fur les deux troncs , qu'elle fe porte vers l'endroit où elle n'efî pas gê- née & laiiTe l'aubier à nu ; enfin , l'une & l'autre forment un bour- relet , & ces deux bourrelets fe rencontrant, s'identifient & ne for- ment plus qu'un feul corps. C'efl par-là que deux arbres n'en font plus qu'un. La greffe , par approche compll'-'^ quh^ s'exécute quelquefois auffi na- tuiWement que la première ; mais le concours de plufieurs accidens eft plus rare. On fuppofe que le tronc d'un arbre A , Fig. z , ait été coupé ou caffé par un coup de vent ; que le tronc d'un arbre voifin B , par pofition naturelle ou forcée , Y y 2 35<î GRE foit couché fur le premier & s'y GRE tîon des kayes,{yoy ce mot). Cette trol- appuyé fortement : il eft clair qu'à la fihne méthode coniifle à donner à 'leux moindre agitation du vent , le bileau de l'arbre coupé frgiffera & écor- chera le tronc de l'arbre B à l'en- droit de leur réunion. La preflion Si l'agitation de celui-ci endommage- ront à fon tour l'écorce qui couvre la partie du bifeau de l'arbre coupé, & le bois re fiera à nu. Les écorces de ces deux arbres agiront comme dans le premier exemple cite , & infenfib'emeni les deux arbres n'en feront plus qu'un , de manière que li l'on retranche le pied de l'un ou de l'autre détruite. la végétation ne îera oas branches, fig. 4, de grolTeur autant égale que faire fe peut, la diiec- tion prefqu'horizontale , & dans i'tn- droit oii ces branches commencent à diminuer de groffeur, & même plus près du tronc, fi on le peut, enlever une partie de l'écorce & du bo s de chacune , dans l'endroit où elles doivent fe réunir : on aura eu le foin de bien vérifier Si marquer ce point fur l'une & fur l'autre , avant l'amputation; alors on réunit les deux cavités, on les colle l'une fur l'autre , on obferve que les bords de l'écorce des deux cavités fe cor- Cette expérience réuffira plus fa-* lefpondent également entr'elles , ainfi cilement, fi fur le tronc coupé C, on pratique une cavité proportion- née à la groffeur de l'arbre B , & dans laquelle on le fera entrer avec un peu de force , &: fi on afîujcttit les deux troncs d'arbres avec une corde, après avoir enlevé l'écorce que le bois de chacune. Avec les doigts de la main gauche on tient affujetties les deux parties, & avec ceux de la main droite on les fixe au moyen d'un peu de filaffe qu'on. roule tout autour , & encore mieux avec des brins de laine qui s'alon- de la partie qui doit être enchâffée gent à mefure que le point de réu- dans l'autre La ftcondt méthode des greffes par approche compliquée, & tou- jours relative aux arbres voifins , fe pratique en taillant le tronc de l'arbre A, Fig. j, en rabaiffant le tronc de l'arbre B, en aiguifant celui-ci de deux côtés & enfaifant entrer cette partie aiguiiée dans Tincifion faite au tronc de l'arbre A. On peut également par la fuite fupprimer le pied que l'on voudra. ^^ Si les troncs des gros arbres *pBf- vent ainfi fe fonder, & s'identn^r, le fuccès doit donc être encore plus certain îorfqu'on défirera opérer fur des branches faines & vigoureuies; opération dont il efl facile de retirer le plus grand avantage dan-s la forma- nion groflit ; la laine n'occalionne jamais de bourrelets, ( voyeictmox.^ Cette opération finie, on met en. terre, à l'endroit de la réunion des. deux branches, un cchalas ^ (^'^'oyei^ ce mot) avec de la moufle, de la. paille, &c. On enveloppe la première liga- ture, & par une féconde en ofier ,, paille, &c. , on effujettit le tout: contre l'échalas, il ne rcfîeplus qu'à retrancher en C l'excédent des deux branches; mais on ddlt laiffer au- diffus de la grefl'e un bon œil our bourgeon à chacune. L'écha'as main- tient les deux branches & empêche- que l'agitation imprimée par les. coups de vents ou l'élarticité natu- relle des branches ne faii'ent dccoEe:£ "GRE les greffes. Si on eft dans le cas de redouter les coups de vents , il con- vient de multiplier les échalas & de les affujettir fortement en terre. Par la réitération fucceffive de cette première oj)ératîon , on par- vient à former des haies impéné- trables comme on le voit (Figure S.) 3'entrerai dans de plus grands détails au mot haie. 11 me refte à parler d'une siitre méthode de greffe par approche , dé- crite par M. Cabanis, dans fon Ou- vrage intitulé E£ai fur les principes de la greffe ; il s'explique ainfi : « On choifit fur un arbre de bonne efpèce une branche vigoureufe, de la même groffeur que le fujet à greffer ; on la coupe à un pied & demi ou deux pieds de longueur, 6c on la plante au pied du iauvageon , affez près pour qu'on puifiè les unir enfemble. Il eft bon qu'elle entre fept à huit pouces dans une bonne terre fran- che , meuble , mêlée de bon ter- reau. Oii fait enfuite , tant au fau- vageon qu'à la branche fichée en terre , une entaille oblongue qui aille jufqu'au cœur ; on y joint les deux plaies, comme pour la première mé- thode de greffer en approche : cela fait & l'appareil bien affujetti , on abat la fommité de la greffe, ne laiffant que trois ou quatre boutons au-deffus des points d'union ; &i en même temps on enlève un anneau de l'écorce du fauvageon qui fur- monte : par ce moyen , la fève du fujet fe porte avec plus de force vers la p'aie , & le caUis fe fait plus promptcment. » » Après l'opération ainfi faite , il faut arrofer abonflamn^ent le fau- vageon & la partie de la greffe fi- chée en terre, pendant un»; q^uin- G R E 357 zaîne de jours, (fuppofé qu'on ne foit pas difpenfé de ce foin par les pluies ), afin que l'humidité de la terre procure à l'un ou à l'autre une nourriture fufHfante & capable de faciliter & affurer leur union. Au bout de ce temps , ou pour mieux dire , lorfque l'union efl bien évi- dente, on abat tout-à-fait la fom- mité du fauvageon , immédiatement au-deffus de la greffe , afin que ce- lui-ci reçoive toute la fève ; mais on laiffe lubfiffer la partie fichée en terre jufqu'à l'année fuivante. Elle ne manque guères d'y prendre racine pour peu qu'il y ait de difpofition. On a par ce moyen deux arbres gref- fés au lieu d'un , lorlqu'on vient à féparer cette bouture enracinée du fujet greffé. Cette méthode le pra- tique au printemps, un peu avant l'explofion des premiers bourgeons» Si l'on avoit néanmoins des arbres précieux dans des pots , on pour- roit les greffer de cette forte dans le temps même de l'hiver, en ob- fervant de les tenir dans un endroit tempéré pour y entretenir un petr- la circulation de la fève. On fenî combien il efl alfé de multiplier la méthode de greffer par approche. Voici un fait que j'ai vu» Un particulier fema des pépins de raiûn de quatre efpèces différentes,. Les pépins furent mis dans lui pot & dans le même trou au milieu diï pot, mais chaque efpèce de (on côté.- Prefque tous levèrent , un grandi nombre fut fupprimé, & il laiffa; deux pieds de chaque e.pèce. A la. féconde année, il fit p^ffer les» jeunes tiges par un cylii.dre de fer blanc de fix pouces de hauteur &C qu'elles remplsffoient prefqu'en en- tier. Elles fe collèrent les unes contre 358 GRE les autres , la foudure du fer blanc commençoit déjà à céder à leurs efforts ; il fallut environner le cy- lindre avec du fil de fer : enfin , à l'entrée de l'hiver fuivant , il s'étoit formé un bourrelet au haut du cy- lindre &C toutes ces tiges ne faifoient plus qu'un corps en defTous ; piu- iîeurs mêmes gardoient leur anaflo- rnofe au-defTivs du bourrelet; mais elles fe féparoient enfuite en plu- fieurs branches. A la troifième année, le pied fut dépoté & mis en terre jufqu'à la naiffance du bourrelet. Naturellement on auroit dû compter huit tiges différentes , puifqu'il en étoit entré autant dans le cylindre; jnais à la fortie on n'en comptoit plus que cinq. Que devinrent les autres? fe font-elles confondues avec la maffe? ont-elles péri? L'amateur n'a pu m'en dominer des nouvelles. Ce qu'il y a de certain , ç'efl qu'a- près la quatrième année , je diflin- guai très -bien fur différens farmens, les feuilles du mufcat ordinaire, du chajfelûs, du raifin appelle meunier en Bourgogne & en Champagne, & du pineau de ces deux provinces. Je n'ai pas eu la confolation de voir les efpèces de raifin produites par cette vigne : l'année fuivante, l'amateur mourut , fon jardin fut livré au pil- lage , & l'emplacement vendu pour bâtir des maifons. Cette expérience mérite certainement d'être répé- tée par des amateurs. On parvien- drolt à coup fur à fe procurer des efpèces d'une hybrldicité nouvelle , (voje{^ le mot Hybride) que l'on multiplieroit enfuite par la grefie ordinaire. G.R E Section II. Des Greffes en fente. Il eft très-rare que l'on foit dans le cas d'employer les trois premiers genres des greffes par approche , parce qu'il ell difficile de trouver des fujets plantés volontairement aufîî près les uns des autres que ces opé- rations l'exigent. Il n'en efl pas ainfi des efpèces de greffes en fente , qui me paroifîent avoir éjé indiquées par les greffes dont on vient de parler, & qui en dérivent même par le raifonnemcnt. La greffe dont il s'agit, confifle à inférer une petite branche garnie de deux ou trois boutons dans une fente quelconque, pratiquée fur une bran- che forte ou fur le tronc d'un arbre. Cette définition générale exige une explication , parce qu'il y a plufieurs manières de greffer en fente. §. I. De la Greff'e en fente proprement dite , 6- appelée en poupée dans les Provinces. Il faut choifir une petite branche bien faine , ( Fig. 8 ) garnie de deux à trois yeux & l'on coupe l'excé- dent. La partie inférieure A eft cou- pée en manière de coin, très-unie, Si l'écorce coupée nettement fur fes bords. On laiffe aux deux côtés du coin en BB , une petite retraite, afin qu'ils portent fur la partie fupérieure des lèvres de l'incillon. La portion de ce coin , qui doit être inférée dans la fente, doit avoir moins d'é- paiffeur que celle qui correfpondra à l'écorce de l'arbre, cl l'écorce doit être confervée des deux côtés du GRE fcoîn. Cette dernière pratique eu fort recommandée par plufieurs au- teurs; mais je ne vois pas l'utilité de l'écorce confervée fur la partie in- térieure du coin, puifqûe la réunion de la greffe au tronc ne s'opère ja- ïTiais que par i'écorce extérieure qui touche immédiatement celle de l'ar- Jbre. L'écorce intérieure de la bran- che , il eft vrai , doit être foigneu- fement ménagée jufqu'à l'endroit de l'infertion de la partie de la branche taillée en coin ; mais elle eft inutile fur la longueur de douze à vingt- çjuatre lignes de cette branche, qui font inférées dans le bois. On peut, û l'on veut , la conferver. Après avoir préparé cette branche, ©u même avant, on fcie le pied de l'arbre ou la groffe branche à l'en- droit que l'on juge à propos. Il faut obferver que, fur cette place, l'é- corce foit faine , liffe & unie. Après avoir fait pafler la fcie, qui rend Taboteufe & hériffée la fuperficie de îa branche ou du tronc, on unit la plaie , de manière que lès pores & les couches du bois foient très-vifi- bles. Ce rafraîchijfcmcnt du bout de la branche ou du tronc , ainfi appelé par les jardiniers ;> elî-il une opéra- tion indifpenfable ? Je ne le crois pas , & même j'ai la preuve du con- traire par ma propre expérience; ce- pendant je conviens que cette pra- tique n'eil pas à négliger , paj;ce qu'à melure que le bourrelet des deux çcorces fe forme, il recouvre plus intimement la coupure , Icrfqu'elle eft lifle, que lorlqu'elle eft rabo- te ufe. II s'agit aftuellement d'inférer le coin de la petite branche dans le tronc. Si le tronc de l'arbre ou la kanche à greffer font minces, ( v.oy. GRE 559 Fîg. 5) ) on choifit une branche qui doit être d'un volume à peu près égdl , & on la coupe en pinnule de hautbois, de manière qu'un peu d'é- corce refte des deux côtés, & qu'elle correfponde à l'écorce de la circon- férence du tronc ou de la branche, lorfqu'eile y eft inférée. Un couteau ou une ferpette fervent dans ce cas , & fuffifent pour faire l'ouverture. A cet effet, on appuie le tranchant de la lame jufte dans le milieu de l'arbre ou de la branche ; enfuite , frappant plufieurs petits coups avec un mail- let, un marteau fur le dos du cou- teau ou de la ferpette , on fend le •tronc afl^ez profondément pour que toute la partie de la j>etite branche taillée en coin puiffe entrer dans cette ouverture, & même au-delà^ afin de fubftituer à l'inftrument tran- chant , lorfqu'on le retire , un petit coin de bois fec & dur , qui tiendra les deux lèvres écartées, éi. qui faci- litera rintrcduûion de la greffe. Orï retire enfuite doucement ce coin , lorfque la greffe eft bien rangée , & on enveloppe le tout avec de Von- gucnt de Saint- Fiacre ou avec de l'ar- gile, de la moufTe , que l'on recou- vre avec un linge , bl que l'on affu- jettit avec de la paille, ou du jonCy ou de l'ofier. C'eft de l'ufage de CQ linge qui emmaillotte , pour ainfi dire, le tronc & le bas de la greffe, qu'eft dérivée la dénomination de gfej^'e en poupée. L'ong^iient de Saint-»- Fiacre eit préférable à toute autra fubifance ; il ne fe gerce pas , if ne fe réduit pas en pouffière, la pluig ne le détrempe pas; & dans tous les cas pofîibles, il empêche le eontaft de l'air qui nuiroit à la plaie. Enfin y lorfque cette plaie eft bien confo-- lidée par le tejnps , ou détache k*- 35o GRE liens, & on enlève l'appareil. On fera bien cependant de le conferver fur place jufqu'à l'entrée de l'hiver, fi le pays qu'on habite eft fujet aux coups de vent. Il arrive par fois qu'en fendant le tronc , la fente n'eft pas nette , & que des filamens du bois fe déta- chent d'un côté, ou tiennent à tous les deux: alors on les coupe propre- ment avec la yi-7'.^f.'e, afi.i qu'il ne refle aucun obilacie à l'introduclion de la greffe, De la manière de la placer dépend fa réuffite : il faut que .'on écfirce correfponde directement avec celle flu tronc; mais comme celle-ci eft néceflairement plus épaiiTe que l'a\i- tre , il vaut mieux qu'elle la depafle un peu dans fa partie extérieure. Si , au contraire , î'écorce de la greffe étoit plus épaiffe que celle du tronc, ce qui eff fort rare, celle de la greffe doit un peu déborder celle du fujet. La foudure, l'identification s'exécutent par I'écorce feulement, & non parla partie ligneufe. La preuve en eft que , cinq où fix ans après avoir greffé un arbre , fi on le briie dans le Heu de l'infertion , on verra que le bois ou coin de la greffe fera forte- ment (erré , & qu'il n'aura acquis ni groffeur ni longueur. Lorfqu'on veut opérer fur tronc de trois à quatre pouces de diamè- tre , on doit alors placer au moins deux greffes oppofées l'une à l'autre. (^Fig. lo). Plufieurs auteurs recommandent fort férieufement de ne point tendre ce tronc julqu'à la moelle : cepen^ dant j'ai greffé des pommiers & des ooiriers de ce diamètre, en me ier- vant d'une petite hache pour taire |'iixci|ion uranfyepfale , & mes greffes GRE ont parfaitement réuffi. Le fuccès du premier genre en fente devoit jufti- fîer le fécond. Jr lais auffi que, pour ce premier genre, plufieurs perfonnes fe contentent de faire l'intificn d'un feul côté du fujet, ôi de ne pas cou- per tranfverlaltment , ainfi que je le propofe. Il me paroît cependant que la coupe tranl'verfale réunit plus d'avantages dans le premier cas , en ce que Tecorce de la greffe fe trouve rév:nie des deux côtés à celle de l'arbre. Le feul iflconvénient eft la diff.culté de trouver une branche qui folt d'une groffeur bien égale au tronc. Ceux qui greffent en J^^et , comme on le dira bientôt , font dans le même cas , & ne trouvent pas que l'obftdcle foit difficile à (urmonter. Le fécond avart?ge que j'y vois, eft l'affujettlffement bien plus grand de la greffe, puitque les deux parties du bois prcffent contr'elle, & on eft le maître d'augmenter ou de dimi- nuer la preffion , fi le befoin le re- quiert. Dans le premier cas , on ferre plus fortement avec la ligature gé- nérale, & dans le fécond, on laiffe un petit coin de bois qui modère là preffion au point qu'en le défire. Enfin , fon écorce & fon bois tou- chent, par un bien plus grand nombre de points de contaû, lecorce & le bois du tronc : la reprife de la greffe eft donc plus facile qu'en inférant la greffe' fur un feul côté. On objeftera fans doute que , par la méthode or- dinaire, & dont on va parler, on ne fait pas à l'arbre une auffi grande plaie. J'en conviens : mais, comme le remède eft, pour ainfi dire, auffi^ tôt appliqué que le mal eft fait , iî n'en réiuke aucun inconvénient. C'eft ce que l'expérience démontre mieux que tous les raifonnemens, Si G R E Si on trouve déraironnable ou mu- tile de fendre le fujet, voici une autre manière de procéder : ayez un cileau oc un petit maillet de bois, ou un marteau. Le cifeau aiguifé des deux côtés, & par conféquent ter- miné en coin, n'eft pas auffi com- mode que celui dont la pointe eft en bifeau d'un côté. Cette elpèce de «oudiire facilite la foitie du cifeau, & J'ouverture efl plus décidée. Plantez perpendiculairement un tiers ou la moitié du tranchant du cifeau fur le tronc à greffer , & , à petits coups de maillet, faites-les entrer dans la fubftance du bois , & jufqu'au point que vous jugerez convenable. LaifTe.z- le dans Fincifion qu'il aura faite , û votre greffe n'eu pas encore pi-c- parée. Retirez enfuite doucement le cifeau, fervez-vous de l'infirument coudé, ÇFig. ly^ & à mefure qu'il Joiilèvera, coFnmencez par enfoncer la bafe du coin de la greffe au bas de l'ouverture , Se ainfi de fuite , en remontant jufqu'à ce que le ciCeau ou le levier coudé foient entière- nient fortis. Cette opération meur- trit un peu les deux côtés de l'écorce du fujet. Se on peut prévenir ce petit inconvénient , en traçant avec la pointe de la ferpette une ligne de /livifion fur la partie de l'écorce. Alors le bois feul eft preffé par le ci(eau. A la place du cifeau, pour maintenir l'ouverture , on peut le fuppléer par le petit coin de bois dont on a parlé plus haut , qu'on enfonce ou qu'on retire , fuivant le befoin. La greffe en finte & en croix ed la répétition du même travail ; c'eft- à-dire, que fi le tronc a fix ou huit pouces de diamètre , on place quatre greffes qui forment une efpèce de Tv.r.s F^ G a E 36i' croix", fi on tire une ligne trnnfver- fale de l'une à l'autie. Cette greffe, ainfi que les précédentes , doivent être garnies avec de l'onguent ds Saint • Fiacre , recouvertes avec un linge ou de la mouffc, & le tout maintenu par des ofiers. Si on fe fert d'un linge, il convient, avant de placer la greffe , de le préfenter fur le tronc, d'y pratiquer deux ou quatre ouvertures, par lesquelles la partie Supérieure des greffes fortira , lorfque le tout fera convenablement §. II. De la Greffe en finte, appelés en couronne , & de celle entrt lécorce & li bois, La première opération confiée à fcier le tronc ou la groffe branche de l'arbre (^Figure //) à la hauteur convenable; de rafraîchir, avec la ferpette ou tel autre inflrument , le bois meurtri par la fcie , ainfi que l'écorce. Si on place plus de quatre greffes , ainû qu'il a été dit dans la précédente feftion, leur nombre ref- ierable aux pointes d'une couronne ^ elle ne mérite pas exaftement ce nom , auiTi-bien que celle dont il s'ag-ir. Lorfque l'arbre efl paré, on prend un petit coin de bois dur , qu'on in- troduit entre la partie ligncufe & l'écorce; on foulève doucement celle- ci, afin de ne la point endommag-er ; on retire doucement le coin , en te- nant l'écorce foulevée avec l'infiru- ment en Z ou à crochet, {Figure //) & la greffe prend fa pièce. La greffe doit être taillée fur la longueur d'un pouce au moins , en manière de coin ; m.ais la réuffite exige qu'elle ne foit taillée que d'un côté , de manière que le bois de la greffe cor- Z z 16% GRE refponde direftement & touche le bois d'arbre ; & du côté extérieur , que l'écorce touche à l'écorce dans le plus grand nombre de points pof- fibles. Afin de mieux aîTujettir la grefFe , on doit laifTer un cran ou efpèce d'entaille du côte du bois, & îorfque le tout eû mis en place dans la fituation convenable, on l'affujettit avec des liens, ainfi qu'il a été dit plus haut. Cette manière de greffer efl feule- ment utile pour les gros arbres qu'on veut confeirer à caufe de la beauté & bonté du tronc, lorfqu'ils portent ou des fruits fauvageons ou de qualité inférieure. Combien doit-on placer de greffes fur le même arbre ? Les auteurs font peu d'accord fur ce fujet. La pre- mière chofe à confidérer eu le dia- mètre du fujet ; la féconde,, l'efpèce de l'arbre fur lequel on choifira les greffes. Il n'eft donc guèr-es poffible d'établir une règle fixe Se inva- riable , puifque le nombre des greffes doit être Se en raifon du diamètre Se en raifon de la groffeur que ces bran- ches acquerront par la fuite , lorf- qu'elles deviendront des mères-bran- ches , puifque telle ou telle efpèce de poirier, par exemple, donne des bois plus vigoureux que telle ou telle autre ; la qualité du fol dans lequel l'arbre végète, doit également être prife en confidération ; il efl aifé d'en prévoir les conféquences. On ne peut fagement opérer que d'après cet examen gêné: al. Placer des greffes à trois pouces de difiance , ainfi que le détermir.ent quelques auteurs , c'e:(l courir les r.fques de foulever toute l'écorce de l'arbre à greffer, & il lui fera très-difficile par h fuite, pour ne pas dire impofîible, de fe réunir GRE au tronc ; les greffes feront tnobiîes dans ce vafte bâillement de l'écorce. Admettons qu'elle ne fera point dé- collée du tronc; mais il n'en réfultera pas moins une multiplicité inutile de mères-branches , qui fe froifferont , fe prefferont près de leur bafe fur le tronc, & finiront, étant agitées par les coups de vent, par uferleur écorce dans l'endroit où elles fe toucheront; dès-lors il régnera une pla'c prefque perpétuelle. J'eilime que fur une fur- face d'un pied de diamètre & par conléquenî de trois pieds de circon- férence, fix à huit greffes bien faites font iuffifantes. Je conviens que la coutume ordinaire eft très-éloignée de mon affertion ; mais ie dirai . a mon tour , pourquoi cette multipli- cité de branches , tandis que trois ou quatre fuffifent à la formation d'une belle tête d'arbre , Se qu'elle fe form.e^ plus naturellem.ent que lorfqu'il y a confufion? S E ION ÎII. I}e la Greffe par juxta - pojition , autrement dite tn flûte , en cliaiu/- mcau ou en canon , en fiMet , en anneau, en tuyau, &c. Quoique toutes les greffes foient- par juxta-pofuion , cette dénomina- tion convient plus particulièrement à celle-ci , puifqu'il eil indifpenfable que toutss les parties fe touchent le plus intimement poffible, Se qu'il v ait une juûe proportion de grandeur & de groffeur entre la pièce greffante Se le fujet à greffer. . Il paroît qu'un jeu d'enfant a pro- curé la première idée de cette greffe. Lorfque les arbres font en fève , ils coupent des branches de la pouffe d* GRE Tannée précédente; par exemple, du faille , du rofier fauvage , ou de tel autre arbre; iis preffent avec leurs doigts , circulaireiRent & du même côté , l'écorce contre le bois inté- rieur, commençant par le bas, & pro- greflivement jufqu'à l'extrémité fii- périeure ; ils détachent doucement l'écorce du bois , la féparent & tirent enfin par le plus grand côté. Lorfque le bois eft enlevé, l'écorce rcffemble à un cylindre, à un chalumeau , à un canon, ou à une flûte, ou à un lifïlet , û OR la perce de quelques trous &C £i , à fon extrémité fupérieure , on adapte un morceau de bois comme aux fiffiets , &c. La defcription de ce jeu d'enfant explique la ma- îiière de préparer la greffe dont il s'agit. Il eft ailé actuellement de con- noître l'origine des difFérentes déno- •niinations , qui varient fulvant les provinces. On choifît une branche bien faine & de l'année précédente , lorfqn'on le peut, (voyez Figure 12) que l'on coupe à quelques pouces près du tronc ou plus éloigné , fuivant fa force & fa grofieur, qui doivent dé- cider de ce retranchement. Cette fi- gure repréfente un morceau de bran- che ifolée ; mais on doit Ja fuppofér adhérente au tronc. Depuis le point A jufqu'au point B , avec le tranchant de la ferpette , on fend l'écorce en lanières; elles font enfuite doucement détachées du bois , fans les meurtrir , comme on le voit en E. Pendant qu'un ouvrier exécute cette opération , un autre prépare l'anneau ou cylindre C, ou flûte gar- nie de fon bouton D ou de plufieurs îjoutons , & d'un diamètre égal , s'il ie peut, à celui du bois A mis à nu. Alors , fans perdre de temps , ou le GRE 3(îî fait glider fur ce bois, jufqu'à ce que fa bafe foit parvenue ^\ la naii- fance des lanières; fi le cylindre qui s'applique fur le bois ell dans une proportion avec lui, & s'il recouvre tout le bois ôc s'unit exaclement avec lui, on coupe circulairement les la- nières au-deflbus de ce cylindre , & après avoir fait rencontrer & joindre les deux écorces, on recouvre cette union , ainfi que le fommet du bois & du chalumeau , avec l'onguent de St. Fiacre. Voilà la première manière. La féconde & la plus fùre confifte à confarver les lanières, à recouvrir avec elles le cylindre , excepté fur l'œil ( ou les yeux) & à les maintenir aflujetîies avec des ligatures que l'on détache au befoin. Com.me il eu difficile de trouver un cylindre qui foit en proportion parfaite avec le bout découpé en lanières, il efl aifé de remédier à ce défaut ; s'il eft trop étroit, on le fend d'un bout à l'autre , fuivant fa lon- gueur, du côtéoppofé à l'œil, &on l'applique fur le bois. Alors on fou- lève un morceau de la lanière qui y correfpond, & onladivile toujours fur la longueur, fur la largeur qui manque à l'anneau, de manière que cette divifion bouche la place vide ; enfin, on relève & afl^ujettit tout au- tour des lanières , ainfi qu'il a été dit. Si l'anneau efl trop large , on la coupe d'après le diamètre du bois ; on rapproche , autant qu'il eft pofiî- ble 5 les deux parties coupées , afin qu'elles fe touchent dans tous les points , &z on recouvre le tout avec les lanières. Le continuateur de M. Roger de Schabol parle d'une autre efpèce de greffe par juxta-pofition , 8c il s'ex-, Z z 2 ï^4 GRE plique ainfi : « Je perçois l'écorce îiffe&unie d'un poirier, & j'y faifois tin trou d'environ un pouce de pro- fondeur ; puis , avec une gouge de menuifier , j'uniffois la plaie, fur-touî à l'endroit de l'écorce. Je prenois en- fuite la mefure de la protondeur du trou , & je diminuois par le bout mon rameau en forme de cheville ronde , en obfervant qu'il tîit de la même grofleur que la vrille. Après l'avoir fiîit entrer un peu à force & l'avoir enfciîcé jufqu'au fond du trou, j'ob- fervois que l'écorce de la tige de Farbre & celle du rameaii fe tou- chaffent de toutes parts , après quoi j'enduifois cet endroit avec l'onguent de Saint-Fiacre. Le rameau étant tou- jours de la pouffe précédente , je lui laiffbis trois ou quatre yeux. Cette façon de greffer a lieu à la fin de ié- %'rier ou au commenceme ;tde mars, comme la greffe en fente , à qui elle eil bien fupcrieure , quand elle réufiît. » Voici encore une autre ir/éthode du même auteur, analogue à la pré- cédente ; c'efl lui qui va parler: « Avec im cifeau plat , fort mince & d'un quart de poitce de largeur , j'ai fait , tout près de l'écorce de la tige , une entaille profonde d'un demi- pouce ; enfuite , d'après fon épaiP- feur, }'al aplati, deffus & deffous , en forme de fpatule , l'extrémité in^ férieure du rameau , & je l*ai enfoncé ju!ou'à la profondeur de l'entaille faite à la tige. J'ai obfervé pareille- ment que les écorces fe rapprochaffent exacl:ement,fansnégligerlecataplafni€ ordinaire.» On peut mettre au rang des greffes par juxta-pofition proprement dites , celle que M. Cabanis appelle /^a^ ino- àulatwn-y & c^u'il dçcr-it aiji£;,« Gett£ GRE greffe ne fe pratique que fur les z^ûïti & arbuftes dont les boutons font gros , comme le marronnier d'Inde , la vigne , le caffis , &c. Elle confifte à détacher en même temps un bouton fauvageon & un bouton de bonns efpèee , d'égale groffeur de leurs bourfes ou valvules , &; de fubftituer celui-ci à l'autre. On enduit le con- tour des points d'union d'un mélange de cire & de térébenthine , pour con- tenir le bouton îranfpofé dans la nou- velle loge, & empêcher l'eau d'y pé- nétrer. Ces bourgeons inoculés re- prennent affez facilement. Cette greff? ne fe fait qu'à la première fève. Oa peut s'en fervir- poiH- tranfpofer des boutons à fruits de certaines efpèccJ de poiriers qui les ont fort gros ; mais or^ne fait jamais par-là que des entes de airiofité , & jamais des entes d* durée. » Section IV. Des Greffes en écuffon. On appelle écuffon, (^Figure zj , } un morceau d'écorce de douze à quinze lignes de longueur iur trois k quatre de largeur , garnie d'un boa œil dans fon milieu. Cet écuffon e3: pris te détaché fur une branche da l'année précédente & découpé ea écuffon ainfi qu'on le voit (^Fig. 'j 5) ou en triangle alongé , (^Figure iS. ) C'efî de la prem'ère forme , qui re.*^ femble à un écuffon d'armoirie, qr.e ce morceau d é,corce a pris fon nom & qu'il a été- confacré à ce genre de greffe. Pour enlever l'écuffon de deffus la branche, on fend l'écorce de celle ci tout auour de l'œil , en obfervant de lui donner laforme de \& Figure ic GRE bu de la Figure i€. Après cette pre- înière opération, il faut enlever l'é- cuflbn (ans le meurtrir ni fans en- dommager l'œil. Pour cet effet , on preffe , avec le pouce de la main droite , l'œil de l'éculTon contre le bois, & on tourne lellement la main gauche qui tient la branche, comme fi on vouloit la tordre. Alors l'écuffon fe détache, parce que l'arbre étant en fève, l'écorce ne fauroit y être collée, & l'écuiTon cède facilement à l'impulfion qu'on lui donne. Avec le tranchant de la lame du greffoir, on fait enfuite fur l'écorce de la branche à greffer , une incifion en manière de (voyez Fis,. 14^ A ); avec la partie inférieure du greffoir on foulève doucement les deux parties de l'écorce coupée de- puis D jufqu'en A , fur une largeur proportionnée à la moitié du diamè- tre de l'écuffon , &c l'on tient ces deux parties foule vées 6c écartées, jufqu'à ce qu'on ait placé l'écuffon. Comme les,.deux mains font occupées pendant le cours de cette opération , on tient avec l'extrémité de fes lè- vres l'écuffon; enfuite, lori'que le foutèvement de l'écorce elî fait &i maintenu tel avec la bafe du greffoir tenu avec la main gauche , on prend , de la droite , l'écuffon , & on l'infi- nue dans l'ouverture , & il efl placé ainff qu'on le voit en B {Fig. 14). On obferve avec foin que l'écorce de la partie fupérîeure de cet ccuf- fon correlponde & joigne en tous points l'écorce coupée de la partie îranfverlale du (Figure 14D) , après avoir infmué le refte fous les jâeux paî;ties. de l'écorce foulevce: , GRE 3^5 qui forment alors deux angles. L'é- cuffon , une fois bien placé , enfoncé & collé contre le bois, vous ramenez les deux anHes de l'écorce fur l'écuf- fon , mais fans couvrir l'œil. On doit avoir par avance préparé depetites ligatures, foiî en laine, foit en coton , ( ce font les meilleures , parce qu'elles ont la facilité de prêter 6c de s'étendre ) foit en chanvre , écorcc , brindilles d'ofier , de faule , ikc; le moment de les envoyer eft venu. Prenez ce lien par le milieu , placez - le derrière la partie de la greffe , ramenez-le fur le devant , & re- couvrez la ligne tranfverfale du remenez-Ie fur le derrière , puis fur le devant, & ainfi de fuite, jufqu'à ce que toute la greffe en foit recou- verte, fans cependant cacher l'œil. Nouez enfuite par derrière , & l'opé- ration efl finie. La plupart des pépiniériftes fup- priment l'excédent de la branche après l'avoir greffée. Ne vaut-il pas mieux le couper auparavant , après avoir examiné & choiii l'emplace- ment où l'on veut greffer ? Souvent cet excédent de branche embarrafïe , & pkis fouvent encore la iecouffe que l'on donne à la branche en la retran- chant, puilque Ton eu. obligé de placer la main trop bas, peut occa- fionner le dérangement de l'écuffon ; il faut aller au plus fur. On eft quelquefois furpris du peir de réufTite de plufiturs greffes, quoi- que l'opération ait été bien faite. Une légère attention auroiî prévenu ce contre -temps. Après avoir détacha l'écuffon de deffus !e bois, c'eftie cas- d'examiner fi, fon œil- efl. vide gui plein ;. c'efl-à-dire ,; fi la- partie, inîé^ ^66 GRE rieure & qui condltue effentiellement la greffe , n'eft pas reftée adhérente au bois. Dans ce cas , l'écuffon eft à rejeter , & fur mille il n'en réuiTira pas un. Le moyen le plus fur de parer à cet inconvénient, eft , lorfque l'on lève récuffbn, de laiffer un peu de bois fous l'œil. L'habitude facilite cette pratique. Il y a deux manières de greffer en écuffon , ou à la peuffc , ou à œil dor- mant. I. \a greffe en écuffon à la pouffe ne diffère en rien quant au méca- nifme de l'opération qui vient d'être décrite ; la faifon feule a fixé fa dé- nomination. Elle s'exécute dès que l'arbre commence à être en fève , & l'on choifit alors un œil fur un bour- geon d'un arbre franc, œil qui n'a pas encore pouflé. II. La greffe en écuffon à ail dor- mant fe prTuique lorlque l'arbre eft en pleine fève & elle ne diffère de la précédente que parce que la feuille , (voyei ce mot) , mère nour- rice du bouton , eft développée & couvre de fa bafe l'œil qui doit Douffer au printemps de l'année iiiivante. La Figure ij repréfente cet écuffon. A défigne l'œil , & Section première. GRE doit être plus haute que l'autre. Pour fuivre l'ordre de la nature , on fera très-bien d'cbferver le même efpace entre les deux greffts , que la nature conferve d'un c»il à l'autre. Cette greffe diffère encore de la précédente , en ce que dans la pre- mière on abat la partie de la bran- che fupérieure à l'écorce , tandis que pour celle - ci on la conferve jufque vers la fin de l'hiver pro- chain ; alors on la rabaiffe à cinq ou fix lignes au-deffus de l'œil qui a dormi jufqu'à cette époque , 8c qui ne tardera pas à s'ouvrir & à pouffer un jet vigoureux au mo- ment que la chaleur viendra ranimer la végétation. Ce n'efl pas aflez d'avoir écrit le mécanll'me de chaque efpèce de greffes , je dois aftue'.lement entrer dans des détails plus circonftanciés fur le temps de greffer & la préparation des greffes. CHAPITRE IL Observations sur les GrEFF ES. jB la queue ou pétiole de la feuille qu'on a coupé exprès & qu'il faut alnfi couper , puifque ce n'eff plus à elle que fera confiée îa nourriture de Tœil. On l'a appelé dormant, parce qu'il refte engourdi & comme dormant jufqu'au retour des premières chaleurs du printemps fuivant. Soit que l'on greffe en écuffon à la pouffe , foit à œil dormant , on peut placer deux greffes fur le même fujet, aux deux côtés oppofés; mais ppn pa? fur la môme ligne , l'une Des époques auxquelles on peut greffera Indiquer tel ou tel mois pour greffer, par exemple, en écuffon à la pouffe où à œil dormant, ce fe- roit induire en erreur le commun des hommes , parce qu'en agricul- ture , aucune propofition générale n'ell: admiff.ve ; je l'ai fouvent dit , & en yoici une nouvelle preuve. Suppofons pour un infiant que je ne connoiffe que la Provence , que le comtat d'Avignon , le Langue-, GRE éoc & le Rouffillon , en un mot ] nos provinces méridionales plus chaudes & où la végétation eft plus hâtive & plus aÔlve que dans le pord , j'avancerois alors hardiment que telle ou telle efpèce d'arbre peut être greffée à la fin de février ou au commencement de mars; mais fi j'habitois la Flandre ou l'Artois , &c. & que je ne fufle jamais forti de ces provinces , j'accuferois à "coup sûr d'erreur l'écrivain des pays du midi de la France, qui s'eft imaginé que toutes les provinces du royaume refîembloient à la fienne , ou peut- être le condamnerois- je , fi je ne faifois pas Indifférence despofitions. Dans ce cas , l'habitant du nord & celui du midi ont raifon dans le fond ; mais tous deux ont tort d'a- voir généralilé leurs affertions. Il faut donc obferver, pour greffer, le climat & la manière d'être de la faifon dans telle ou telle année. Je demande au greffeur le plus habile des provinces du nord , fi dans les mois de février , de mars ou juf- qu'au milieu d'avril de l'année 1784, il a trouvé un feul arbre fufceptible de recevoir la greffe ? L'hiver ri- goureux & prolongé au-delà des bornes connues , tenoit la nature entière engourdie : cependant , dans les provinces méridionales on auroit pu, à langueur, greffer certains ar- bres au commencement de mars. H eft donc plus qu'inutile de fixer des époques que les circonflances rendent arbitraires; mais il exifle des époques naturelles qui ne trom- pent jiimais le cultivateur, les voici. Lorfquc î'écorce, rendue inhérente au bois par Tengourdiffement de ia iéve durant l'hiver , commence à fe détadier de ce bois, alors on efl GRE 367 affuré que la fève gagne le fommet de l'arbre ; lorfque cette écorce fe détache facilement , l'arbre eu en pleine fève. On connoît l'uri & l'au- tre en coupant un petit rameau , &c avec le tranchant de la ferpette on foulève l'écoree qui cède & fe dé- tache plus ou moins promptement, en raifon de la quantité de fève. Voilà pour les greffes à faire dans la première faifon. Tant que cette première fève exiue , on peut greffer. A une certaine époque très-va- riable fuivant le climat & fur-tout fuivant la faifon , les mouvemens de cette première fève fe ralentiffent;, enfin ils font nuls pendant quelques jours. On reconnoît ce point de dé- marcation entre la fève du printemps & celle vulgairement appelée du mois d'août ou féconde fcve par l'adhéfion de l'écoree au bois , beaucoup moins forte cependant qu'en hiver. Comme ce figne n'eil pas bien caraûérifîique , puifque fi l'été eft pluvieux , une fève fuccède à l'autre prefque fans aucune interruption , j'en ai vu l'exemple dans nos provinces méri- dionales; mais voici un fécond fi^ne caraûériftique par les arbres à fruits à pépins, qui m.e paroît décifif. Il efl indiqué par M. de la Bruonnerh^ dans fon excellent Ouvrage intitule EcoU du jardin fruitier , & je crois que c'eft à lui qu'on en doit la première obf'ervation. En parlant de la greffe en écuffon, il s'explique ainfi : « La; meii'eure faifon de la faire eft an déclin de la canicule, lorfque la fève s arrête , ce que vous remarque? lorf- que le bouton efl for/ni au haut des^ tranches des poiriers & des pommiers & qu'on ne voit plus deux feuilles en. fourche- au bout diS branclus , «. ç„i. 36S GRE montre qudUs s'alongent encore , la fève marchant toujours ; mais quand les deux feuilUs font difpartus , que la branche cjl fermée par un bouton , cefl- là Icjignt certain que la fève efl arrêtée. J^e pécher ne marque pas de même, mais fa févc s" arrête auffi en fcptembre peu après les autres ». Le choix du jour & de l'heure pour grefFcr n'eft pas indifférent ; ' quant à la prétendue influence de îa lune fuiv.ant fes différentes phafes , c'cft une abfurdité , quoique la lune agiffe par fa preffion fur l'atmof- phère en général , ( voye^^ le mot Lune); ce n'eft pas le cas d'entrer ici dans une pareille difcuffion. Dans le premier printemps , lorfque l'é- corce efl: fuCceptible de ie détacher du bois , s'il lurvienî des pluies ou abondantes ou fréquentes , il efl pru- dent de différer de greffer jufqu'à ce que le beau temps fe foit rétabli , & d'attendre même quelques jours après. A cette époque la fève monte avec trop d'impétuofité dans l'arbre , & celte fève trop aqueufe manque de ce glutiji , de ce liant , de ce vif- queux qui affujettit l'écuffon contre le bois & les écorces les unes con- tre les autres ; en un mot , l'aquo- lîté noie la greffe. S'il pleut pen- dant l'opération ou auffitôt après, fa repriie, par la même raifon , fera très-difficile. Il vaut mieux greffer dans la matinée que le foir &C ja- mais à midi , fur -tout pendant les fichereffes. Dans ce dernier cas , il eil: indifpenfable , fi on ne peut commodément arrofer le pied des arbres à greffer, de différer l'opéra- tion. La Icchereffe nuit fouvcnt aux greffes de la féconde fève , &C il s'y joint quelquefois des vents biù- IçAns j de çtâ vents appelés froco en GRE Italie & du fud-eft dans nos pro- vinces méridionales : il efl démontré par l'expérience que les greffes faites dans ces circonftances font defféchées dans la même journée. De ces petites obfervations pratiques dépend fou- vent le fuccès. Section I h Des 'avantages des différentes efphei de Greffes. La greffe par approche efl peu ufitée , parce qu'on trouve rarement deux fujets affez près l'un de l'autre & affez jeunes: cependant, dans le cas cil deux pieds d'arbres s'avoi- fment , s'il y en a un bon & le fe^ cond foible, l'on peut employer les méthodes décrites en parlant des Figures 2 & j , afin de détruire le plus mauvais 6c conferver le meilleur. Elle efl utile pour multiplier & con- ferver des efpèces rares. Tous les arbres à pépins & à noyaux admettent la greffe en'fente ou en poupée ; il faut cependant en excepter quelques-uns , le figuier & le noyer, par exemple ; & cette greffe manque le plus fouvent fur le mûrier & fur le pêcher. Si oa veut rajeunir un vieux arbre , après l'avoir étêté on le greffe en fente ; s'il efl caduc , la greffe pouffera pen- dant quelques années , ôc .l'arbre pé- rira bientôt , les nouveaux jets fe- ront les derniers efforts de na- ture. M. de la Bretonnerie , dans l'Ouvrage déjà cité & que je cite toujours avec plalfir, dit que quel- quefois l'on plante des arbres de trois à quatre pouces de tour , & que ces arbres fouvent ne pouffent pas dans la preniièi'e année. Si leur écorce GRE itû reftée verte , il .y a encore à efpérer; mais dans l'incertitude & ié trouvant dans ce cas, il prit le parti de rabaiffer de quatre à cinq pouces cette tige à plein vent & de la greffer en fente : le luccès le plus décidé couronna fes efpérances. De cette hcureule tentative, en plantant avant l'hiver de bons pieds iauva- geons d'une certaine groffeur , & pourvus d'un aflez grand nombre de racines pour affurer leur reprife, on peut conclure que la greffe en fente réuffira, û elle ell pratiquée à propos, faite & conduite avec les foins requis. Cet avantage eft précieux, puifque l'on gagne une année , & chacun aime à jouir. Si le pied de l'arbre à greffer en fente n'a pas trois à quatre pouces de circonférence, il ell à craindre qu avant la troiliems oti quatrième année, il ne fe trouve plus de pro- portions entre les greffes & le pied; dès-lors les bourrelets excéderont de beaucoup fa fuperficie, & on aura un arbre défeûueux quant à la vue, mais encore de peu de durée. Si on greffe un vieux pied, quoique du diamètre requis, ou un arbre lan- guiffant, les bourrelets dépafferont de même la coupe de l'aibre. La rai- fon en eft fimple : ces pieds ont leur bois parfait déjà tout formé; la con- rerfion de leur auhur^ ( voy. ce mot ) eft déjà fort avancée en bois parfait, leur écorce eft coriace, & peu fuf- ceptible d'extenfion. Les greffes, au contraire , font prifes fur des pouffes de l'année précédente; elles n'ont prefque point de bois parfait, ou plutôt tout eft encore aubier, & leur ccorce eft tendre & fufceptible de la plus grande extenfion. Il réfulte 4e cette difproportion entre le pied GRE 569 & la greffe, que celle-ci fe nourrit & s'étend en circonférence & lon- gueur, tandis que l'accroiffement du diamètre de celui-là ne peut pas flfivre la même progreffion, p.irce que les fucs nourriciers qu'il s'ap- proprie, ne peuvent diftcndre ion bois dans la même proportion que le bois des greffes. Ou ne greffez pas, ou choififfez les fujets : s'ils font trop foibles, & s'ils ne peuvent porter qu'une greffe, il eft rare de la voir couvrir la partie coupée de l'arbre, fans que la moitié o\i les trois quarts du tronc mis à nu, ne foient deffé- chés ou morts : il vaut mieux atten- dre, & placer deux greffes fur un diamètre convenable. Lorfque le diamètre des troncs ou des branches eft trop confidérable , la greffe en fente ou en poupée ne fuffiroit pas. La partie du milieu feisDit pourrie avant que le bourre- let qui fe forme au bas des greffes fût en état de recouvrir la plaie. Inlénfiblement il la recouvrira , mais il ne fera plus temps; le chancre, la pourriture établie, gagneront de proche en proche, & corroderont tout l'intérieur du tronc. Afin d'é- viter ces fuites dangereufes, on a recours à la greffe en couronne, qui vaut infiniment mieux que la greffe en fente & en croix, opération qui néceifite deux féparations tranfver- fales de toutes les parties du bois & de l'écorce jufqu'à une certaine profondeur. Evitons de charger de plaies les arbres, fur-tout lorfiqu'elles font inutiles ; je préfère par cette raifon la greffe entre le bois &: l'é- corce. Ces deux greffes exigent que l'arbre foit bien en fève. La greft'e en fifflet ou flûte, exige b même mouvement dans la fève. A a a 370 GRE Elle convient partiGulièrement au châtaignier & au marronnier, quoi- que l'expérience ait démontré que la greffe en ccufîbn réufîlt fort-bien ; mais la greffe en flûte fur cet arbre eft devenue générale dans tout le royaume. La greffe en écuffon eft la plus expéditive & la plus fùre; il eft rare qu'elle manque pour les fruits à noyaux. Si celle à œil dormant ne réuffit pas, ce que l'on connoit en douze à vingt jours, on la répète tant que la fève efl en mouvement, & le fujet en fouffre très-peu. Les avantages de la greffe en écufîbn &; à la pouffe font, 1°. d'a- voir beaucoup de temps devant foi, objet très-important, &; qui facilite lé choix du jour & des heures propres à l'opération ; 2°. le temps que l'oa gagne , puifqu'cn greffdnt de bonne heure , c'eft-à-dire , cfes que récorce ie détache, la greffe a le temps de pouffer , de darder fon jet pendant fix ou huit m.ols, ful- vant le climat; 3°. fon bois efî affez formé pour ne pas craindre lès ri- gueurs de lliiver, tandis que dans les greffes tardives il fe trouve très- fouvent herbacé lorfqueles gelées fur- viennent, Si elles le font périr ou en totalité ou en grande partie; ce qui paroit reffer intaû a beaucoup de peine à prendre le deffus dans fe cours de l'année fiiivante. La méthode d'attendre la fin de mai ou de juin pour greffer à la pouffe , eft abuilve. Les pommiers & les poiriers 6c les arbres à pépins fup- portent la greffe à la pouffe, mais pas auffi-biea que les pruniers & les eerlfiers. Les oreffes en écuffon & à œil dor- mant,, cf&ent une très- grande ref- G R E iource lorfque les greffes précédentes ont manqué; on attend le retour de la féconde fève, & c'eft la meilleurs faifon. Cette greffe convient parti- culièrement aux pêchers & aux abricotiers , le premier greffé fur lui-même ou fur un amandier, craint la véhémence du retour de cette fève; il eff plus prudent d'attendre qu'elle foit un peu ralentie. En par- lant de chaque efpèce d'arbres, nous aurons foin d'indiquer l'efpèce de greffe qui lui convient le plus. Un avantage précieux des greffes eff le perfedionnement des efpèces; par exemple, pendant plufieurs années confécutives, greffez fur lui- même un bonchrétien d'hiver com.- mun : plus il fera greffé, moins il fera graveleux, &c la même opératioH répétée fur le marronnier d'inde,. diminue fingulièrement l'âpreté de fon fruit; peut-être psrviendroit-on à la lui faire perdre complètement ;: à chaque greffe il fe forme une efpèce d'oblitération des canaux, leurs filières font plus refferrèes, &C laiffent par confèquent monter une fève mieux élaborée; peut - êtra- encore ce premier levain qui change- &i. modl£e la fève du pommier fau— vageon, lorfqu'elle paffe dans I3 greffe, de l'api ou de la renette, &:c,. contribue-t-iî plus qu'on ne penfe? à la pureté ou à la tran (mutation; ou à la perfection de l'effence de cette fève;, en effet ,. elie éprouve- dans les filières de la greffe une- entière converfion par fon mélange avec le levain ou fuc propre de la' greffe. Les greffes facilitent encore le rétiibliffement de l'équilibre dans les branches. Si un côté de la tête de- l'arhre fe trouve dégarni , ou s'il ne- GRE |)orte que des branches foibles ou chitbnnes., toute la (ève fera attirée par ce côté, & les branches devien- dront encore plus maigres; alors on eft libre de choifir, pour prévenir cet inconvénient, une ou deux de ces meilleures branches, & de les greff-T, ou en écuffon , ou à la poufle, ou à œil dormant. Si les branches font trop pauvres , on peut greffer les branches bonnes & les plusvoifinesdela place \idc, &c.&c. L'expérience démontre que les arbres greffes parle pied ne s'élèvent jamais aufll haut que les arbres greffés au fommet de leur tronc. Un fîniple coup d'œil fur les fauva-. geons qui pouffent fur les coteaux, dans les vergers & dans les jardins, ne îaiffent aucun doute fur ce fuiet,& pour s'en convaincre il fufîit de les comparer les uns aux autres. Cette différence dans la hauteur mérite d'être prifeenconiïdération,puilqu'unarbr-e droit, lain & élevé de tronc, pouffe na- turellement plus de branches ( toutes circonflances égales), & acquiert un plus grand diamètre : ainfi , dans des pays peu boilés, de tels troncs offrent des reffources précieufes pour faire les douves des vaiffeaux vinai- res, des planches, des chevrons, & même quelquefois d'affez bonnes pièces de charpente. Quand même ces avantages ne feroient pas aufîl yéels que je les préfente, n'eft-il pas bien agréable de voir un verger, une avenue, dont le tronc des arbres foit élevé, plutôt que ces troncs ravalés, fouvent tortus , & un amas de branches fous lefquelles on peut 3 peine fe promener ? On doit encore coçfidérer que plus l'arbre eu. élevé, Se moins fon ombre nuit aux pro- 4ii^ions du foU G R. E -57t Il e{\. plus avantageux, à tous égards, de planter de beaux fauva- geons, de tiges élevées &C propor- tionnées en hauteur Si. groffeur, 8c de greffer leur fom.met, ou en même temps qu'on les niante, ou dans les années fuivantes, lorfqu'ils auront jeté quelques branches dont on choifira les meilleures pour greffer, &■ dont on abattra les autres. Si on fè propofe de les greffer à la pouffe, on les ravalera à la lin de l'autojnne, c'eff-à-dire, aufTitôt après la chute des feuilles, à trois ou quatre travers de doigt de l'endroit oii la greffe fera pLcée lors de la première fève, afin que cette première fève ne s'é- puile pas à nourrir un rameau qu'il faudra retrancher, &; elle refluera mieux préparée fur la partie de la branche qui fera confervée. Cette méthode efl très-employée par les payiàns de nos provinces du midi, principalement pour les abricotiers, les cerifiers & les pruniers. Elle efl: indilpenfable pour le châtaignier, &c très-avaniageufe pour le noyer. Pourquoi cet ufage efl- il lî peu connu dans les provinces du nord? on diroit qu'il efl prefqu'entièrement refferré dans la vallée de Montmo- rency, & qu'il eii:, pour ainfi dire, inconnu dans le refle des environs de Paris. Le propriétaire qui fe propofe de planter des avenues, de border des champs, de peupler un verger de beaux &c bons' arbres fruitiers, n'a pas de parti à choifir plus fur, plus immanquable que celui-ci. Il efl encore confiant que iorf- qu'un arbre fè met à fruit de bonne heure , ou qu'il donne beaucoup de fruits ,11 pouffe peu en branches, & gagne peu pour la groffeur; la greffe A a a 2 If^ GRE dans les pépinières, contribue fingu- lièrement à le mettre à fruit, & on jouit beaucoup plutôt des efpa- Ijers de nus jardins; mais fi l'on plante un tel arbre dans une avenue, dans un verger, où le fol diffère beaucoup de celui des jardins, il eft clair que les arbres, pour ainfi dire abandonnés aux feuls foins de la nature, donneront promptement du fruit, & ne formeront jamais de beaux arbres. Si au contraire, dans ces cas, on p'ante de beaux fauva- geons, bien enracinés, leur végé- tation, qui fera leulemant fiifpendue pour un temps, & non manifefle- ment dérangée, leur laiffera la li- berté de fe charger de beaux bois capables de recevoir la greffe quand le tronc fera formé, pour fa liauteiir & pour fa bonne conllitution, 6 E C T I o ^■. II L, Ses prccautîons àprtndn, afin de. fc procurer des. Grcfcsfùres, I. Du temps di cueillir les greffes. Plufieurs autturs confeillent pou_r la greffe en fenie, pour celle en croix, entre Técorce & !e bois, & pour la pouffe, i°. de faire choix des rameaux fur lefquejs on doit lever les greffes, dès le mois de décembre, ou dans les beaux jours de l'hiver, lorfque l'on taille les arbres; zS.. de ficher en terre ces rameaux par leur g;ros bout , de bien plomber la terre tout autour, &i. de la tenir fi:.aîche. Comm.e les pluies font fréquentes dans cette faifon, & qu'il y a peu d'évaporation , un fal expofé au nord n'exigera aucune irrigation, & conferyer la frakheiu: d;e ces rameaux... GRE D'autres confeillent de les plan^^ ter dans une courge , dans des pom-^ mes; le premier parti eft plus fùrr enfin , de les planter en terre daits une cave, & loin des foupiraux . afin que le grand air ne les hâle point. Je ne vois aucun avantage réet dans l'une ou l'autre de ces pratiques. En effet, le rameau ne fe conferve- t-il pas mieux fur l'arbre que lors- qu'il en eft féparé? Il eft plus avanr fameux de s'en rapporter à la nature,. Pourquoi ne pas laifler fur l'arbre le nombre des rameaux dont on aura befoin au renouvellement de la fève ! Les pépiniériftes feuis en ont befoin d'un grand nombre , & ce grand nombre multiplieroit les plaies au moment de l'afcenfion de la fève-, fv on attendoit cette époque pour les abattre. Voilà le feul cas où l'oa doive mettre des rameaux en réferve; mais le particulier qui a befoiri da quatre ou de fix arbres de la même efpèce , on trouvera les écuffons fur un ou fur deux rameaux tout aa plus : alors recouvrant avec l'onguent de Saint-Fiacre , les pl.iies qu'il aura, faites, il n'y aura pas évaporation de- là fève ; on aura des greffes fraîches , & dont la végétation lèra analo^u? à celle des fujets à greffer, puilqus les rameaux auront éprouvé les m.ème« intempéries que les aibres. Si cependant on a des envois à faire d'une certaine quantité de greffes, ou à en demander, il conr- vient dans ce cas de s'y prendra d'avxince, fur-tout fi elles doivent venir' du nord au midi, ou du midi au nord, parce que la végétation ns feroit plus égale à caufa de la diffé^ rence des clim.ats. La première attentiou à avoir^f, GRE eu de raffembler les rameaux de chaque efpèce en petits paquets féparés , étiquetés, & liés enlémble; de les enfoncer dans de la cire molle, & encore mieux dans de l'argile fraîche , mêlée Si pétrie avec de la boufe de vache , qui lui empêchera de fe gercer , enfin de recouvrir cette terre ou cette cire avec la mouïTe , ainfi que les rameaux , d'afliijettir le tout avec de la paille, du jonc ou de la ficelle, Sec. & de placer le tout dans une boîte. II. De la place du rameau fur laquelle on 7>ou lever l^écujjon. Si on examine les yeux d'un rameau quel- conque, on verra qu'ils ne font pas tous égaux, & pour la forme & pour la grofl'eur ; ceux du fommet tiennent à un bois impartait, & font peu formés ; ceux du bas font ordi- mairement plats , petits , & plus par- ticulièrement deftinés à donner des fleurs ou de petites branches à fruit. Il reile donc ceux du milieu des rameaux , & ce font les bons. On voit , en général , fur les arbres à noyaux, des yeux doubles ou tri- ples; ceux-ci méritent la préférence fur tous les autres ; les yeux flmples font à rejeter. Les branches gourmandes ou chiffonnes, fournifTent de mauvaifes greffes; il cfb important de les choifir fur branches faines & déjà à fruit; mais quels font les meilleurs ra- meaux, ou ceux du haut, du milieu ou du bas de l'arbre ? doit-on pré- férer ceux placés du côté du nord ou du midi , &c. ? Ces quefHcns gra- vement traitées par plufieurs, pour fe donner un ton fcient'fîciue , me paroifTent bien minutieufes, quoi- qu'il foit cependant ■ vrai que les. bracches du midi &: du levant font ,. GRE 375 en général , d'une texture plus corn" paÔe que celles placées au nord ou à l'oueft , ainfi que celles du miliea de l'arbre , comparées à celles du fommet. Pourvu qu'elle foit faine , bien nourrie , bien aoûtée , cela fuffir. On a encore longuement difcuté pour favoir vers quel point cardinal devoit être placé l'écuÂbn fur l'arbre ou fur la branche. Je dis qu'il efl impoiTible d'établir une règle géiié-- rale pour tout le royaume ; au nord , on a à craindre la froidure ; au midi , le deiîechement de la greffe; à l'eft ou à l'ouell, les coups de vent ou les pluies, ckc. La vraie pofiîion tient air climat en général, & en particulier à la fitua- tion du jardin ou de l'arbre , mais principalement par rapport à l'abri des coups de vents, & à l'ardeur du gros ioleil. Ces eftets varient fuivant les pays; ici le vent du nord affure le beau temps , tandis qua ceux du midi ou de l'cueiï traî- nent après eux les pluies & les orages; là, c'efî tout le contraire r chacun doit donc étudier la manière' d'être de fon climat , & greffer enfuitc fuivant ce que l'expérience aurai prefcrit. Il efi: afTez bien prouvé que cer* tains arbres, tels que l'olivier , la* châtaignier, le pommier, à cidre fur-tout , &lc. donnent en générai d'amples récoltes feulem.ent de deuxx années l'une, & que tous ces avbrea ne s'accordent pas pour la mêma année ; a^n rie remédier à cet in- convénient, on a imaginé de grefferr ces arbres daiîs l'année, avec l'eipece- de l'arbre, dont l'abondance na conccuroit point avec celle du phi3> ovand nombre. Cette heureufe tranl."- O. * 374 GRE pofition rend les récoltes égales, ou les afliire pour l'année où les culti- vateurs n'en ont que de médiocres. Cet article mérite la plus grande attention. CHAPITRE II r. De CAnalozu àis Sèves, Qx\s de romans ou plutôt d'extrd- vagances ont été dites, écrites & répétées. On a vu un pêcher greffé fur un amandier , un prunier , & aiiffitôt l'on conclud que tous les arbres à fruits à noyaux , pouvoient l'être les uns fur les autres. Les arbres à fruits à pépins , ont également été envii'agés fous le même point de vue. Si on confu'te les anciens, on lira dans Pline, Coîumelle, 6cc. qu'un même arbre eft fuiceptible par le fecours de la greffe , de produire des noix, des pêches, des raiuns, des pommes, des abricots , des poi- res, &c. On vous dira que traver- fer le tronc d'un noyer avec une îarrière, & faire paffer par ce trou un farment de vigne , le raiiin qui en proviendra dans la fuite , donnera de l'huile & non pas du vin, &c.; il fcroit trop long Se fur -tout trop laftidieux de rapporter ici l'énumé- ration des puérilités en ce genre ; malgré cela on voit réuffir des greffes fmgulières, & qui paroiffent dilpro- po^-tionnées ; par exemple, celle du roher fur le houx , celle du chia- notho , arbriffeau d'Amérique , fur rotre frêne ordinaire , qui ne lui reffemble en rien. A quoi tient donc ce mécanifme étonnant? convenons de benne -loi que nous raifonnons beaucoup , que jaous ypijloiî^ tout expliquer , & que GRE nous ne favons rien, ou du moins très-peu de choie, puifque la plus petite expérience met en défaut nos fyftemes les plus fpécieux , & qui paroiffent étc^blis fur des baies folidcs. Il fembleroit que les arbres dont> la texture intérieure paroît analogue, & qui commencent à végérer , à fleurir , & à donner des fruits mûrs en même-temps , devroient conler- ver entr'eux une affinl'é pour la greffe; l'expérience prouve le con- traire. La nature a divlfé les arbres & les plantes par familles ,, ou peut-être cette divifion tient pUis à nos mé- thodes qu'à la nature; par exetnpîe, le châtaignier Si le noyer font des arbres à fleurs à chatons; le c'nêne l'efl également, "Tolià donc une ana- logie bien frappante ; cependant à force de foins, de peines , on el^ par- venu à greffer les uns fur les autres; mais à la féconde ou' à la troilième année la greffe périt. Le platane & plufieurs autres arbres , offrent un nouveau genre de contradidlion. Si on le greffe fur lui-même, la greffe périt; cependant on avoit avancé qu'il étoit iulcep-, tible de produire des figues , des cerii'es, &:c. D'après quelles loix phyfiques peut - on donc établir les loix de l'analogie ? iur aucune. Tant qu'on généralifera les affertions , l'erreur en fera la iuite. Le tâtonnement (car nous marchons en aveugles) & l'expérience , doivent être nos feuls guides; le refle tû. charlatan nii'me pur ; tout nier eft abiurde ; tout admettre eff fotîiié; il vaut beaucoup mieux fufpendre fon juge- ment, répéter une expérience qui / Tom. . /-^. PL XfT Pa. ('111/ Jf (Vic/w ntale e/ /Lm<'//e irr'i'/itr/ ûft Ai'rAr lU/.r /^rr-/r. ïïcliuiUaite^eur i/it Si'ùnï ■ (.niunauÂ' '£?; de toutes autres efpèces d'arbres, ce mot, ) garanti de la dent des Alors elles ne forment plus de vérita- îroupeaux pendant les fix ou huit blés haies, parce qu'elles n'ont plus prem ers mois, devient impénétra- de foutieh ; leurs longues pouffes ble , a'ufi que le genévrier, {voyei rampant çà & lA , elles s'enracinent ce mot ) qui fournit la cade. Le par tous les points où elles touchent nerprun ou noirprim , ( voye.{ ce à la terre, & occupent affez inutile- mot ) demandercit à être multiplié lement un vafte elp'ace de terrain, à Cf.ufe de its baies, dont on tire le verd-de-veffie , ainfi que la gra- netre d'Avignon, k utile pour les • ' teintures. Le jujubier a également le mérite H A I CHAPITRE lï. Ol>fcrvanons générales fur la formation des HaiiS. Le but eft d'interdire aux hommes & aux animaux l'entrée d'un champ , d'une vigne, &c., excepté par l'en- droit deltiné à la porte : on peut même empêcher les poules &: les chiens d'y pénétrer; alors la haieefl parfaite , de quelqu'efpèce d'arbres qu'elle foit plantée. On fent com- bien une pareille haie devient inté- reffante pour un jardin potager ou pour un verger. Exiile-t-il des moyens de s'en procurer de femblables ? Oui , fans doute; mais il faut multiplier les foins, fur-tout pendant les premières années. Une fois formée , elle en exige bien peu , ôc on doit, en gé- néral, attribuer fon dépériflement au trop d'épaiffeur qu'on lui laifle ac- quérir. Vaut -il mieux planter des pieds enracinés, ou femer fur place? Si on défire promptement jouir , il faut planter ; mais fi on veut longuement jouir, il vaut mieux femer. A bien prendre , le femis eft à préférer , & il ne diffère pas de beaucoup la jouif- fance , parce que la plante ne foufire pas de la trar>fp!antation ; d'ailleurs , elle conferve ion pivot , objet de la plus grande importance , & dont dépend lur - tout la vigueur de la végétation. Sot qu'on veuille fe procurer une haie épineufe ou fruitière , ou foref- tière , le premier foin confifte à dé- forcer profondément le terrain , & même à le fumer, fi on le peut , ou au nioiis à remplir avec des gazons wne partis de la toffe. Toute léûnerie HAÏ 415 ou parcimonie dans cette première opération , tire à conféquence pour la fuite. On ne doit jamais perdre de vue que la haie fubfiflera pendant un fiècle , & que la première dé- penfe eft moins que rien , fx on voit fa durée en perfpeftive. Ce défon- cement efi: également néceffaire , fi on prend le fage parti de femer. J'eftime au moins à trois pieds d'ou- verture la partie fupérieure de la foffe , lur autant de profondeur. On trouvera peut-être ces proportions trop fortes; mais elles ne le font point pour quelqu'un qui travaille en bon père de famille. Je préférerois à faire les femis dans un jardin ; la terre y eft naturelle- ment plus meuble, & on peut leur donner les foins convenables. On a encore la facilité, en levant les fujets de terre , pour les tranfplanter , de fouiller aflez profondément , & de ne point endommagerles pivots. S'ils font trop longs , relativement à la profondeur indiquée de la folle , il fuffira de coucher & d'étendre ce pivot, fans îe raccourcir. On n'a pas cette facilité , lorfqu'il faut aller chercher les plants dans les bois: on prend ce que l'on trouve, & on ne trouve, pour l'ordinaire , que les brins venus fur louche , que l'on éc'ate , & ils font peu enracinés. L'expérience a d^oiOiitré que tout plant venu de louche ne végète pas auffi vigoiireiilemeni que Us plants venus de graine, La difiancc ncctlTaire d'un pied è un autre, dans la plantation, varie d'une province à l'autre. Ne doit-il pas ceptndant y avoir une loi géné- rale , quoique foumile aux localiiés. Par exemple , dans un terrain très- fubiianciel , l'intervalle d'iinpicd entre 4U H A I chaque plant n'eft pas trop forte , & celui de fix à huit pouces dans les fols maigres , fur-tout s'il s'agit de plants pris fur fouche. Si on veut opérer , ainfl qu'il fera dit ci-après , la défiance doit être de dix-huit pouces ; je par le des haies com- munes , & non pas des fruitières ou forelîières. L'efpace exige d'être pro- portionné , non pas à l'étendue que prendroit l'arbre livré A lui-même , & formant un tronc , mais à celui que fes branches acquièrent ordinai- rement. On a la fureur , lorfque l'on plante une haie commune , de la fourrer de toutes fortes de plants : fureau , au- bepln , prunelier , rofier fauvage , ronces, grofeillier épineux, tout eft confondu ;& pour excufer cette m.au- vaife opération , on dit froidement que fi une efpèce manque , l'autre la remplacera : de tous les raifonne- mens pofTibles , voilà le plus abfurde ôc celui dont les conféquences font les plus funeftes. Si tous ces arbulles . avoient une loi ôc une force de vé- gétation égale , la bigarrure feroit fupportable ; mais le fureau , par exemple, eft déjà très-feuillé , lorf- que l'aubepin commence à ouvrir fes premiers boutons. Le prunelier a paffé fleur ; il eft chargé de feuilles lorfque la végétation comm^-nc^- à s'établir dans l'aubepin, &c. &c. &cc. Dès-lors ne voit-on pas que l'om- brage des premiers fur les autres , les empêche de jouir du coniacl di- reâ de l'air & des imprefllons du fol? II eft donc dans l'ordre que la végétation des premiers devance celle des féconds , qu'elle lui nuife Se qu'elle les conduife infenfiblemeat de la maigreur à la mort : voilà quant à h loi de végétation. Quant à la H A I force, l'effet efl le même. Le gro- feillier épineux , par exemple , ne peut , dans aucun cas, toutes circonf- tances égales , s'élever auffi haut que l'aubepin ; le lureau écralera celui- ci ainfl que le prunelier ; ôc la ronce les anéantira tous , parce que la vi- gueur de végétation eft très -iné- gale entre ces individus ; le plus fort dévore le plus foible. Deux pieds de fureau dans une haie, en détruiront dix dans leur voifinage. Un accident brife une grofTe branche de fureau , ÔC de plufieurs années enfuite il ne fera pas poiTible de reboucher cette trouée, puifqueles autres plants voi- fins font morts, ou fi débiles, que leurs pouffes annuelles font de peu de va- leur. Laiffezune ronce, une clématiccy un J'rnilax, {voj, ces mots) prendre pied dans une haie , ils en feront bientôt les tyrans ôc les deftrufteurs. Ces plantCi ont dans le comm.ence- ment demandé un léger foutien à la hrtie ; par fon fecours elles ont étendu leurs rameaux , ÔC hniffent par s'empirer de toats lafuperficie ; elles le'iles jouliient des bienfaits de l'air ÔC de la lumière ôc la haie qui périt infe.nfiblenient^n'efl plus que leur fupport S: leur efclave. Enfin, un coup de vent briie le bois , ÔC tout péril à la fois, Admettons , pour un inftant , que la caduci'-é de ce'te haie ne foit pas aulfi jrompte que je l'avance, ôc qu'elle fcrve de clôture ; mais on n'en perd pas moins le bénéfice de la tonte qui feroit renouvelée tous les quatre an:,. La conléqucnce à tirer de ces exemples , eft qu'on ne doit , dans aucun cas, entremêler les plants, ôc qu'une haie doit être faite d'une feule Ôc même efpèce de fujet. Chaque année, après la plantation H A I ou après le femis , les plants feront travaillés de chaque côté, à la pro- fondeur d'un fer de bêche , afin de détruire les racines qui commen- ceront à tracer ; il convient de les forcer à s'enfoncer en terre ; elles craindront moins , dans la fuite , la fcch^effe & les irfeftes rongeurs. Sarcler fouvent eft une opération indifpenfable; & il eft plus indifpen- fable encore, fi on craint la dent des troupeaux , d'environner les lemis ou les plants enracinés , avec une ef- pèce de haie morte 6c piquante. L'in- terruption dans la végétation , ou cette efpèce de taille faite à contre- temps, lui nuit beaucoup. Si les jeu- nes pouffe s font brouîcts par des chèvres , il n'y a prefque plus rien à en attendre. On ne doit pas fe preffer de faire monter les tiges, de les faire gagner en hauteur , à moins qu'on ne le pro- pofe de les conduire comme il fera dit dans le Chapitre troifième. Il con- vient donc de laiffer pouffer toutes les branches latérales qui partent près du pied , & on les arrêtera feulement dans le cas où ces branches gagne- roient trop en force & aniaignroient les mères-tiges. Si on a loin , chaque année , de travailler les plants , de les farder au befoin , & de leur donner des arrofemens , fuivant les circonf- tances , on eft affuré qu'à la qua- trième année , les tiges auront au moins de cinq à fix pieds de hau- teur, pour peu que le fol foit bon. Cependant cette belle élévation de- viendroit la Coufede ladeftruûion de la haie, fi on n'avoit pas l'attention de ravaler les tiges jufqu'à la hauteur de deux pieds environ, & de ne laiffer aux branches inférieures que H A 1 41J fix pouces de diamètre de chaque côté du pied. Sans cette précaution, la fève s'emportera vers le fommet, & les branches inférieures fe deffé- cheront peu à peu. Tous les deux ans enfuite, on ra- baiffera les nouveaux jets, fuivant leur force & leur hauteur, &( on rac- courcira, foit au cifeau, foit à la ferpette, foit au croiffant, les bran- ches latérales. Plus on fe preffera de jouir, je le répète, ôc moins on jouira longuement. Le meilleur temps pour la plan- tation d'une haie eft la fin de l'au- tomne, dès que les feuilles font na- turellement tombées des arbres, fur- tout pour les pays méridionaux. Les pluies d'hiver affujettiffent la terre contre les racines; elle a le temps de fe taffer, & fi l'hiver n'eft pas rigou- reux, ces racines végéteront , ou 'du m.oins fe difpoferont à végéter aux premières approches de la chaleur; enfin, la plantation craindra moins les funeftes effets de la féchereffe &: de la chaleur de l'été. Toute efpèce de haie peut devenir un objet d'agrém.ent & d'utilité, con- duite par une main exercée. Par exem- ple, de telles clôtures autour d'un jardin potager, ou dans les parties rapprochées de l'habitation , deman- dent à être taillées comme des char- milles, & lorfqu'elles font parve- nues à la hauteur que l'on défire, on laiffe, de diftance en diftance réglée , s'éiever une tige, au iommet de la- quelle on taille les branches en boule. Ces petits foins donnent un air d'ar- rangement & de propreté qui flatte la vue & rend l'habitation plus riante. Unir Tagréable & l'utile, doit être le but de tout propriétaire, & fur-tout de celui qui demeure dans fa métairie. 'iii6 H A l CHAPITRE III. JPe LA FORMATION PAR AP- , DES Haies [fruitie- PROCHE, DES Haies [fruitiè- res , forestières , £T ÈPI- NEUSSS J'avoue de bonne foi que je n'ai pas fait des expériences fur toutes îesefpèces d'arbres dont j'ai parlé plus haut , & dont je parlerai encore ; mais je puis répondre, d'après ma pratique , de la réuffite des haies fruitières. C'eft en voyageant que j'ai vu le parti qu'on peut tirer des arbres foreftiers. Section première. Des Haies fruiiières. Placez à cinq, fix ou huit pieds Fun de l'autre, fuivant la qualité du ter- rain, des pommiers, ou des poiriers, ou des pruniers ( je n'ai point fait d'effais fur d'autres arbres fruitiers ) ; mais ne mélangez pas les efpèces de fruits; par exemple, prunier avec poirier, ou poirier avec pommier, &c. ;ôc même, fi vous vous déter- minez au pommier, que tous les pieds foient de la même efpèce, c'eit-à- dire , ou tous de pommes de reinette, ©u tous d'api, ou pommier à cidre, êcc, attendu l'inégalité de force dans îa végétation des uns &c des autres. Il eft clair que tout arbre rabougri dans la pépinière, foible, îanguif- fant ou endommagé , doit être re- jeté. Il faut encore les cholfir d'un pied égal de force, &, s'il fe peut, également enracinés ,& greffés dans le même temps ; en un mot , aufn égaux .tîn tous points, que faire fe pourra. Si on a eu la précaution de femer des H A I pépins chez foi, d'établir une pépi- nière, le choix fera facile. Je préfère les arbres greffés fur franc, à ceux greffés fur coignafîier; ils font tou- jours plus forts , plus vigoureux , Se fur-tout ils ont leur pivot. Après les avoir plantés avec le plus grand foin, coupez la tige à quinze ou dix huit pouces au-deffus de terre. ( \'^oyez Figure 6 , Plancha ^^du mot Greffe , page 353). Sur cette hauteur il fe formera quatre, fix ou huit bourgeons, qui s'ouvriront pour donner des feuilles & des bran- ches. Lorfque les bourgeons auront pouffé & lorfqu'ils feront affurcs^ fuppfimez ceux de la partie fupérieure A A; à la fin de juin, fupprimez les inférieurs B B : on les a confervés jufqu'à cette époque; dans la crainte des accidens, on peut attendre juf- qu'à l'époque du renouvellement de la fève, ôc l'arbre fera moins fatigué. Par ce retranchement, les bourgeons ce acquerront plus de confiftance & plus de force. Un peu avant le renouvellement de la fève, faites, avecun inftrument tranchant , en D D , une incifion circulaire fur l'écorce, & qui pénètre jufqu'au bois; on peut même enlever une partie de l'écorce fur une demi-ligne de diamètre. Cette petite fouftradion de l'écorce fera refluer la nouvelle fève au profit des bourgeons ce, & empêchera le dé- veloppement des nouveaux bour- geons fur la partie fupérieure, à la ligne circulaire D D. A la fin de l'hiver fuivant, retran- chez en D la partie fupérieure de l'arbre; recouvrez la plaie avec Von' guent de Saint-Fiacre ( voye^ ce mot ) , & il ne reftera plus fur le tronc que les deux branches provenues des bourgeons CC, Si' ces branches font foibles y HAÏ fo'b^es, ravalez-les & ne lai{rez de chaL ue coté qu'im bon œil ou bour- geon ("ur chacune. Si, an contraire, elles font fortes, proportionnées, bien nourries, larflez deux bour- geons. Il eft certain que, dans cette féconde .^nnce, ils donneront chacun une bonne & forte branche, & votre arbre fe préfentera, à peu de cho!e près, comme dans la F':f,iire y. Je ré- ponds que, iuivant la qualité du ter- rain , ces branches auront furement trois à quatre pieds de longueur. Voilà déjà deux années écoulées & employées à préparer l'arbre pour tlifpoier fes branches en haie. C'eft à la troifième que commence rcelle- ■ment le travail. Suivant le climat, fuivant la fal- fon , c'eft-à-dire, lorfque la fève com- mence à monter des racines aux bourgeons, prenez les deux branches latérales A A de !a Figun /, & fup- primez les autres branches; faites- leur perdre peu à peu & doucement leur pofition oblique ou prefque per- pendiculaire, & ramenez-les inlenfi- blement à une pofition prefque ho*- rizontale, comme dans la Figure 4; révjnifTez leurs extrémités C C; faites- les croifer l'une fur l'autre, afin de reconnoître où fera leur point de réu- nion; marquez fur leur écorce, & -avec un inftrument tranchant, h dif- pofitlon & l'efpace qu'elles doivent occuper dans les points de leur réu- nion; enlevez eniiiite, avec cet inf- trument , fur chacune de ces branches , & dans une égale proportion , un tiers de leur diamètre, du côté qui doit correfpondre au même côté de l'autre branche; faites que ces deux entailles s'emboîtent & fe touchent exack- nient,&fe réuniffent dans tous leurs points lorfque vous les croiferez; Tome V, H A I '^ mais fur-tout ayez grand foin de ne pas mexntrir les écorces à l'endroit où elles doivent fe toucher. Tout étant ainlî difpofé, prenez de la mouffe, de la filaffe ou telle autre lubflancc flexible ; enveloppez ces branches fur leur point commun de réunion, &, avec un ofier, ferrez affez fortement la mouffe, afin que cette moiiiTe & cette ligature fub- filtent pendant le relie de l'année fans fe déranger; paffé ce temps, tous deux deviennent inutiles. Cette gnff'i par approche ( voye:^ ce mot ) une fois exécutée , fichez en terre un échalas E , de manière qu'il foit folidement planté 6c ne craigne pas d'être ballotté & agité par les vents; &, fans faire perdre aux deux branches leur direûion prefque ho- rizontale, & fans déranger la greffe, affujettiffez-les avec un nouvel ofier contre l'échalas : il ne relie plus qu'à couper les deux fommités de's bran- ches en FF, & à ne leur laifTer qu'un oeil ou deux au-deffus du point de leur réunion. La force des branches doit décider le nombre des boutons. Si la vigueur de l'arbre vous a permis de Taiffer deux branches de chaque côté, vous ajuflerez les fu- périeures comme les inférieures, ce qui donnera autant de greffes par approche. Tout autour de la réunion de ces greffes , il fe formera , pen- dant l'été & pendant l'automne, des protubérances ; l'écorce de l^une s'i- dentifiera avec celle de l'autre; en- fin , le tout s'unira avec une fi grande intenfité, que l'année fui vante, ces branches, tourmentées par des vents ou par d'autres caufes, fe rompront plutôt ailleurs que dans la greffe. Il faut obferver ,que fi l'on ferroit trop fort l'ofier contre les points de G g g 4i8 H A l réunion , l^s branches venant à groffir dans le cours de l'année, i'ofier im- primeroit des filions dans leurs fubf- tances, & ces filions miiroient jiif- qu'à un certain point à l'afcenlion de la fève vers le bourgeon fupé- rieur, pendant le jour, & à la def- cente de cette même fève des bran- ches aux racines, pendant la nuit. Cependant, fi l'on voit que la bran- che provenante du bourgeon C (^Fi- gure 4) folt emportée parla féve,& qu'elle pouffe trop vigoureufement & aux dépens des bourgeons infé- rieurs GG, il convient alors de ferrer la ligature. La fève fe portera moins rapidement vers l'extrémité , & for- tifiera les branches inférieures GGG. On doit les ménager avec foin & ne pas les perdre de vue. Si elles font trop multipliées, il faut en fupprimer quelques-unes, afin que les reliantes prennent plus de corps & de confif- îance, & on les lailTe croître jufqu'à ce qu'elles puiffent être mariées ou greffées par approche avec les bran- ches voifines, par une opération toute femblable à la première, ainfi qu'on le voit dans la Fig. S, On peut , pour plus grande fureté, & pour cette féconde ou troifième fois feulement, donner des tuteurs aux Tiouvelles greffes. Farce que , dans la fuite, les mèrfs-branches feront aflez fortes & fcutiend.ont leurs rameaux. Il fuit naturellement de ce qui vient d'être dit, qu'il faut faifir toutes les occafions de réunir deux branches par approche, ea les éloignant, au- tant qu'il fera poffible , de la direc- - don perpendiculaire qui attire trop fortement rla fève vers la région fupérieure. Le grand point & la per- fçàioa -de ces haies confilie dans la H- A r multiplication & le rapprochement- des "branches qui formeront autan; : de lofanges; alors chaqi.e portion du lofange fera garnie de bois à frui'; & de hnndïllis ( voye^^ ces mots) qui aPAirent l'abondance. Cette manière de difpofer les branches , cette mul- tiplicité de greffes s'oppofent à la naiffance des bols gourmands qui rui-- nent l'efpalier fi, on ne fait pas en tirer parti, & fi on les livre à l'im»- pétuofité de leur fève; elle met beau- coup plutôt à fruit les arbres fur ■ franc, & comme je l'ai déjà dit, je confeille de n'en planter pas d'autres , , parce que tout arbre greffé fur cof- gnaffier, fur paradis, a une végé- tation très-inégale & très-inférieure - à c-ellede l'arbre greffé fur franc. Dans . ces haies , tout bois eil à fruit dès la i féconde année ; ôc fi elles ont un ■ défaut, c'efi; d'être trop garnies de.- bois à fruit. Elles exigent donc de • temps à autre, de rabaiffer ces bois . à un pouce près de la mère-branche , afin de les forcer à en donner de nouveaux. Il efl: prefque-; démontré que tous les arbres , en général , ne ■ donnent que de deux années l'une, , c'efi: le cas de choifir pour la taille, l'année d'intermittence. Chacun fait qu'à force de greffer - im fauvageon fur lui-même , fon fruit perd peu à peu fon âpreté , , j'en ai la preuve fur un pommier de buiffon. Je ne dis pas que les greffes • multipliées aient converti fon âpreté • ôi fon auftérité naturelle en iinefubf- - tance délicate ; mais je dis qu'à la i fin on pourroit manger ce fruit fans répugnance , & qu'il ne conferveroit . prefque plus de vefiigs de fon premier • état. Or, fi des greffes réitérées d'un • fauvageon fur lui-même produifenî : de bons effets & perfeftionnentJu H A 1 «qualité du fruit, que ne doivent donc pas produire de bonnes greffes ajou- tées à une première benne greffe faite dans la pépinière ? Pour peu que la faiibn favorife le développement des fleurs , & fi les fruits aoûunt bien , ( vov«{ ce mot ) on fera étonné de la multiplicité des fruits, & de leur qualité. Ils feront moins gros , il efl vrai, que ceux des arbres or- dinaires; mais il ne s'agit pas ici de ces fruits recherchés pour la table des grandi feigneurs, mais de ce qui conf- titue une récolte & qui l'emporte toujours en valeur numérique fur celle de quelques beaux fruits vendus chèrement dans les grandes villes. J'ai plus en vue le foulagement de la clafTe du peuple , que la latisfaftion ou la vanité des opulens. Augmenter le bien-être des malheureux habitans de la campagne efl ma feule ambition. Je ne vois aucun arbre fruitier,, pas même le noyer, (je ne l'ai pas «prouvé) qui ne foit fufceptible de recevoir cette greffe par approche. Je confeillai à un payian, en parcourant la route d'Orléans à Bordeaux , à une ou deux pofles près de Châteauroux, qui avoit des haies formées par des branches de noyer & d'autres arbres, de faire l'efTai de ces greffes par ap- proche. Il me le promit, & j'ignore fi elles ont été exécutées. Je prie celui qui lira cet article &: qui ten- tera cette expérience , d'avoir la bonté de m'en communiquer les ré- fultats. L'amateur pourroit encore tenter de marier ainfi différentes ef- pèces d'arbres , foit fruitiers , foit forefliers. Le pays que j'habite au- jourd'hui ne me permet pas de me livrera ces expériences. H A I 4T^ Section II. Des Haies fonjliïres & épineufis. Le manuel ou la fabrication de cel- les-ci cflprécifémentla même que celle des haies fruitières, l-i je fuis fimple narrateur de ce que j'ai vu ànns quel- ques cantons de l'AlUmagne , aux portes d'Anvers , &c. Il tll vrai qu'on n'y fait point d'entailles ou greffes par appiochc aux points de réunion; mais lorfque les deux branches fe ferreut foriiment les unes contre les autres, il s'y fdit une greffe par approche naturelle, & les deuxb ai- ches s'idci tifient à la longue les unes aux autres. Il eft donc facile de di- minuer le travail de l'opération par la fupprefîion de ces greffes ; ce- pendant , comme il s'agit d'une clô- ture & d'une clôture défenfive , ces greffes ne font pas déplacées lorf^ que l'on eft preffé de jouir & de prévenir les dévaflations. J'y trouve un fécond avantage, en ce qu'elles modèrent l'impétuofité de la fève, & s'oppofent au trop grand & trop rapide alongcment des branches. Elles donnent le temps au cultiva- teur de garnir les haies par le bas , car , fans cette précaution, !a partie in- férieure devant être la plu> dégarnie, le but de l'opération tfl manqué. Ces exemples prouvent qu'on a le plus grand tort de laiflc r aux tiges des haies épineufcs ou foreûières leur perpendicularitc, puifqu'en les écartant avec la main, rivmme mal intentionné peut s'ouvrir un pafîage , tandis que les tiges incliaées & en- trelacées offrent un obl^ac'e invin- cible à l'homme qui n'a pas un inf- îrument tranchant. Ce fait eu fi vrai , C g g * 42a H A I qu'Evelin, (Foreft Tree, p. 1 14) en parlant des haies d'Ecoffe, formées avec l'aubepin, & greffées par ap- proche , dit « qu'elles font fi foiir- »rées, fi ferrées qu'elles renferment » des lapins auffi fiirement que des »> enceintes de planches». Le hafard me conduifit , étant fort jeune , à faire les premiers eflais d'une haie fruitière. Qu'on fe reprélente , s'il eft poffible , n-ia joie, lorfque j'ap- perçus pour la première fois des haies foreffières , bien végétantes , & fouffrir h tonte comme la char- mille. Je fais aujourd'hui que le frêne , l'ormeau , l'érable ou fyco- inore forment des- paliflades aufîl agréables à la vue que les charmilles; mais on ne s'étoit pas encore avifé en France de les deftiner à la clô- ture , en entremêlant , en inclinant & en greffant les tiges & les branches H A î tronc fe delTe'jhcnt , fe carient , 3c communiquent cette maladie petit à petit au tronc principal. Le cultiva- teur intelligent vifitera fes haies apr,ls chaque tonte , & ne laifî'era ni chi- cots, (vqy«{ ce mot) ni bois défec- tueux ou inutile. Pour des haies faut-il des foins afudus ? elles n'en exi- gent aucun, fi on n'attache aucune importance à leur confervatlon & â leur durée. Elles en demandent beau- coup fi laclôture eft effentielle. Le fécond défaut de la tonte , en général, eft de laifTer infenfiblement gagner trop d'cpaifTeur à la haie , parce que fi l'on fe fert du croiflant^ des cifeaux ^ de la ferpe , &c. , oh coupe, à peu de chofes près , vers l'endroit où la première tonte a été faite ; & c'eft multipUer les têtes de faule eu toupillonncr , exprefTion ufitée dans les provinces. Il tav.t par approche. Il n'y a donc plus-, donc de temps à autre, par exemple, , qu'un pas à faire pour que toutes la troifiènte, cinquième ou feptième nos haies réunifient l'agréable Si l'u tile, fur-tout quand on ne fera pas dans la difètte du bois de chauffage. Il Vaut beaucoup mieux alors , la haie une fois formée, laifTer poufTer en liberté fes branches en haut & fur le côté, & tous les trois ou quatre ans les rabaifler près du tror,c. Cette opération entraîne après elle une dé- feclaofiié qui mine fourdement la haie. Au fommet du tronc ref^ant de la branche coupée , il fe forme une multitude de bourgeons qui attirent lai fève en trop grande abondance , & nuifent aux Jîranches inférieures. Il s'y forme ce qu'on appelle des têtes de faulc ; c'efl le cas de fupprimer les rameaux furnuméraires à la pouiTe du mois d'août fuivant, fans quoi ces rameaux fe dévoreront entr'eux par h fuite. Souvent. ces. bouts d« tonte , qu un ouvrier arme d'un petite hache ou d'une forte ferpe > pafTe après le tondeur, & abatte ces têtes chifî'onnes. On ne doit pas conclure d'après ce qui a été dit, qu'il faille planter des arbres forefliers aufli près que l'aubepin, & celui-ci aufli éloigné • que les arbres forefliers. La difîance dépend de la force végétative de chaque efpèce d'arbre. Cette loi prif« dans fa généralité deviendrcit abufive;car un chêne blanc livré à lui-même a fouvent 30, 40 & même 80 pieds de diamètre d'une extré* mité de fes branches à une autre, & l'aubepin & le grenadier , par exem- ple , peuvent s'élever à .plus de 20 pieds de hauteur. Ici la parité géné- rale n'efl point exafte , parce que tous les arbres en général font dans ^ H A' i Vin étst forcé lorfqu'on les foiimet à former une haie. La diftance clans la plantation dépend encore de l'é- lévation qu'on veut donner à la haie, du terrain, du climat, &c. Ces confldérations doivent avoir été apperçues par le cultivateur , & il efl: iinpoffible de décrire ici toutes les acceptions particulières. Les haies quelconques ont leurs apologlftes comme leurs détrafteurs, la raifon en eft que chaque écrivain a regardé le petit coin qu'il habite ccmme le royaume entier , & parce qu'il a conclu du petit au grand, Ibit pour , foit contre les haies. Les uns ont dit qu'il valoir mieux enclorre fes poiFeffions d'un foffé large 6c profond , & que l'on perdoit moins de terrain ., . ; que les haies nuifoient par leur ombre , par leurs racines , & offroient un afile aux oifeaux, aux infeftes, &c. Je dis qu'un foffé de fix pieds d'ou- verture fur autant de hauteur, doit avoir deux pieds de largeur à la bafe, & voilà une fuperficie au moins égale à.^lle occupée par les branches d'une h^e , même dans l'année de la tonte. Les radnes de cette haie ne s'étendent certainement pas horizontalement à trois pieds de chaque côté, fur- tout fi. on a confervé le pJvot de chaque plant, il y a donc autaait de ter-^ rain perdu d'une manière que d'une autre; mais il eft dans l'ordre de la nature que les bords des fofiés s'af- faiffent, & qu'à la féconde ou troi- fièm.e année fon ouverture primi-" tive de fix pieds s'étende jufqu'à 8 , & le fond s'élève d'un à. deux pieds. Celui qui veut nuire , peut donc lel faire impunément-, & le foiTé devient défenfif , feulement con- tre le bétail. Si on a des trou-- H A I 4zr peaux, fes bords feront aiTaiffés & dégradés dès la première année. Je préférerois cependant les folles dans les pays où les coups de vent , les grands courans d'air font rares , fur- tout fi ces pays font d'ailleurs bien boifés ; mais dans les cantons où il règne affez habituellement des raf- fales de vent , je demande à quoi fervent les foffés , qui ne peuvent eri aucune manière diminuer leur vio- lence? To.it ce qui avoifine là mer , tout champ, au-deffbus deâ montagnes , £c fur lefquelles leur courant d'air fe rabat, demandent des haies, non pas de quelques pieds d'élévation, mais de la plus grande hauteur poflîble. C'eft en multipliant les ^clôtures de Bambou , que les hollandois font parvenus, au Cap de Bonne-Efpérance, à mettre à couvert leurs récoltes des ouragans deftrucr teurs. Je conviens que les haies font le repaire des oifeaux granivores ; mais les oifeaux feront-ils jamais autant de dégât à une moiflbn, à un pré, à une vigne que le fimple paffage d'un troupeau? Les infeâes, les che- nilles qui dévoreront une haie, n'at-. taquent ni les blés ni les herbes dei prairies, &c. On objectera encore l'exemple des plaines de la Brie, de la Beauce, &c;. , fertiles à l'excès, 6c dépourvues de haies. Cela eft vrai, mais tout le royaume ne reffemble ' pas à ces provinces, dont la vue cft fi trifte lorfque^ les blés font cou- pés, & fi monotone lorfqu'ils font fur pied. Les récoltes y font ûi- perbes,. & on eft' obligé d'y- cou- - vrir les maifons de chaume ou de ' paille, èi de fe chauffer avec le chau-,- me à caufe de la rareté du bois. Un-: pi oprictaire ' doit trouver dans le - 4ii HAÏ produit de fes champs tout ce qui eft néceffaire à fa confommation, fans être obligé de l'acheter, à moins que le climat ne s'oppofe à la diver- iîté des cultures. On objeftera peut- être le peu de qualité du p'^oduit de certaine culture, du vin, par exemple. Il vaut mieux le recueillir mauvais que de n'en pas avoir, a moins que dans le voifir.age il ne foit à vil prix. Si le propriétaire en achète pour fes gens, il choifira celui à plus bas prix , &z par conféquent le plus mauvais; il valoit autant cul- tiver un peu de vignes, ou des poi- riers ou des pommiers à cidre plantés en haies. Je fuis partifan des haies, j'en con- viens, & des haies fort élevées, & je ferois au comble de ma joie, fi j'en voyois un jour dans le Comtat, dans la baffe -Provence & dans le bas-Languedoc de femblables à celles de Normandie, foit en chêne vert, foit en ormeau, foit en frêne, on y conferveroit au moins dans plu- ïieurs endroits, les oliviers qui y dépériffent, & dont le nombre di- minue à vue d'œil chaque année, parce que les abris fe font affaiffés, & les arbres font de plus en plus expofés aux vents impétueux, Sc par conféquent à la rigueur des hi- vers. HAMPE , Botanique. Toutes les tiges des plantes ne font pas de la même forme; les unes portent es euilles, les fleurs & les fruits, andis que d'autres ne font chargées que d'une de ces parties. Lorfque les feuilles font radicales, c'eft-à-dire, qu'elles partent immédiatement de la racine ou de fon collet, alors çn voit ordinairement s'élever de H A 1 leur centre une tige droite, à l'ex- trémité de laquelle eft attaché un bouton qui s'épduouit, & devient une fleur; cette tige eft parfaite- ment fimple, dénuée de feuilles, & prefque toujours même de bradées ou feuilles florales. Les botaniftes ont donné à cette efpèce de fup- port le nom de hampe, & c'eft de cette forme qu'eft la tige du pif- fenlit. M. M. HANCHES, MÉDECINE vété- rinaire. Les hanches, très-mal à propos confondues à la campagne avec les cuiiïes, font formées par les os des iles ou iléon, les plus con- fidérables des os du baffin. Elles doivent être proportionnées avec les autres parties du corps du cheval. Sont-elles courtes ? l'arrière- main à toujours peu de jeu, il eft roide, l'animal ne travaille que des jarrets, qui, fitués perpendiculaire- ment, relèvent fa croupe & fon qu 'il lui eft comme arrière- main, ImpofTible de plier. Or, nul mou- vement n'eft liant, s'il n'eft produit par l'accord de toutes les paTOs combinées qui doivent être mues. Sont -elles longues ? l'inconvénient qui fuit cette défeftuofité eft très- fenfible : dans tout mouvement de progreftion de l'animal, on s'apper- çoit conftamment d'une flexion plus ou moins grande , non-feulement de toutes les portions articulées de l'arrière-main , mais encore des ver- tèbres lombaires : c'eft dans la force & dans la foupleffe de ces vertèbres que confifte principalement l'aftion & la beauté des mouvemens du derrière ; le cheval ne peut le baiffer & le plier pour amener les pieds fous lui èc près de fon centre de HAÏ gravité, que la courbure &la flexion des vertèbres ne foient apparentes. Or, fi les hanches ont trop de lon- gueur, il efl aiië de concevoir que, vu leur étendue & le pli des ver- tèbres & des autres articulations , ces mêmes pieds de derrière outre- pafferont à chaque pas, dans leur portée, la pifte ou la foulée des pieds de devant ; ils avanceront au- delà du centre de gravité même , &c l'animal, relativement à ce défaut, n'étant pas dans fon degré de ftabi- lité & de force , fe montrera ôc fera néceffairement foible. Celte défeftuofité eft moindre quand le cheval a à monter des montagnes , l'élévation du terrain s'oppofant au port de fes pieds trop en avant, & la facilité naturelle qu'il à s'aiTeoir , faifant qu'il percute aifé- ment , & que le devant efl pour lors chafle & relevé avec plus de véhé- mence ; mais il foufFre infiniment quand il s'agit de defcendre , non par la peine qu'il a à plier les jarrets , mais parce qu'il efl à tout moment prêt à s'acculer, Lorfque , dans le cheval gras & en bon état , la faillie des os des iles efl confidérable , nous difons que le cheval a les hanches hautes , qu'il • efl cornu. Cette difformité efl défa- gréable à la vue. Des maladies des hanches. Nous entendons dire journellement ;\ la campagne, qu'un cheval, un bœuf, a. pris uneflbrt dans les hanches; il efl aifé de revenir de cette erreur, lorfque l'on confidère dans ces ani- maux un peu avancés en âge , l'union intime des os pairs qui forment le bafîin ; cette union efl telle que non- feulement elle a lieu dans les os du znême côté, mais encore dans ceux H A N 423 du coté oppofé ; en forte que ce mêmes os n'en conflituent , pour ainfi dire , qu'un feul ; donc ils ne peuvent* point fe défunir ; donc les hanches ne font pas fufceptibles d'effort. ( Foyei Effort ). Il arrive quelquefois que l'un des os des iles femble plus bas que' l'autre , & que les hanches paroiflent inégales ; nous difons alors que le cheval efl épointé , éhanché ; cet événement ne prouve pas le déran- gement des os ; il peut être un vice de conformation , mais le plus fouvent la fuite d'un coup , d'un heurt violent dans le poulain , qui aura occafionné une déprefiion & un affaiflement dans cette partie. M, T. HANGARD. ( Foyei Angârd ).' HANNEBANE. ( V. Jusquiame): HANNETON, & dans quelques provinces BARDOIRE , MANS ,/fû- rabxus mdo-Lontha. LiN, Ce fcarabée fera repréierité dans la gravure dit mot Infecte , ainfi que fon ver appelé par les jardiniers, gros ver blanc ou turc ou MuNTs; il étoit réiervé à • la patience & au génie oblérvateur de M, Roéfel , de nous faire connoître les métamorphofes de cet infeâe : ce qui va être dit fera en général , l'extrait de fon ouvrage , auquel j'en» " tremêlerai mes obfervations. - On rcconnoît deux efpèces d'han- neton , qui paroifTent tour à tour & quelquefois dans la même année 5 - on les difllngue par leur grofîéur &; par la couleur de leurs plaques. La - plus petite efpèce fort de terre la ■ première : elle n'efl pas fi commune ' dans nos provinces du nord que dans • celles du ■ eemre - &•■ du ^ midi du-* 424 H A N royaume. J'en ai vu à plaque rouge , noire & brune, cette elpèce en four- nit encore \ n= plus petite qu'elle avec les mêmes variétés de couleur dans les plaques , je ne l'ai rencontrée que dans le bas-Languedoc , peut-être exifte-t-eile dans d'autres provinces du midi , elle n'excède pas 4 à 5 lignes de longueur fur deux & demie à trois de largeur ; la longueur de la première eft communément de fix lignes. Les gros banrtctons vulgairement appelés du mois de mai , temps de leur appavkion fuivant le climat , of- frent la même variété de couleur dans leurs plaques , & la pointe re- •coiu-bée qui termine leurs corps , fournit encore un caraâèrediftinQif; elleelt courte & petite dans le hanne- ton à plaque rouge & pius forte dans celui à plaque noire : parmi ces der- niers il y en a dont les pieds iont de 'a couleur de la plaque. Il eft aiié de xiiftin^uer les deux fexes des hanne- tons ; la houpe feuilletée de l'ex- trémité de leurs antennes , indique im mâle quand elle efl longue , & une femelle quand elle eft courte. Cette houpe eft d'un moindre vo- lume quand le hanneton eft en repos ; elle fe déploie lorfqu'il fe prépare à s'envoler; les antennes font ie^)liées fur les yeux qui font noirs ; au bas de la bouche on obferve encore deux autres anteni;3s petites & pointues. Les taches l;;térales , triangulaires & blanches , que l'on remarque aux hannetons du mois de mai , les dif- tinguent de toutes 1rs autres efpèces ainli que leur grofleur. LTn écrivain fur l'agriculture , par- iant , fans s'en douter, de l'efpèce pe- tite des hannetons , qu'il confond avec ^eux du mois de mai , dit que cet H A'N înfecle efc encore jeune & qu'il na pas ■pris fort accroîjfcment total. Cet auteur ignoroit, fans doute , que tout inleâe fortant de fa crhyialide eft dans fa perfeûion, & qu'il conferve jufqu'à la mort la môme groffeur & la même forme. Sous les étuis des ailes de hanne-. ton , ainfi que dans tous les autres inledes volans, font placées les tra- chées ou petits trous par où ' ils relpirent ; ces trous fe trouvent des dei X côtés du fegmenr ; mais iU en ont auin deux autres au bas de la pla- que du col, fous les poils touffus dont le corps du hanneton eft couvert dan, cet endroit. Ses deux pieds de devant font diftingués des quatre au- tres , non-feulement en ce qu'ils font plus courts , mais encore par la partie du milieu qu'ils ont plus forte, plus large, & dont, outre cela, le bord eft coupant & garni de deux ou trois points; configuration qui met le han- neton en état de creufer facilement la terre , lors même qu'elle eft dure. On fait que les hannetons s'accou- plent & que dans le temps de l'accou- plement, les deux fexes reftent long- temps attachés l'un à l'autre. La fe- melle ayant été fécondée, creufe un trou dans la terre & s'y enfonce à la profondeur d'un demi - pied. Elle pond alors des œufs oblongs , dont la couleur eft d'un jaune clair ; ces œufs font rangés les uns à côté des autres & ne font point enveloppés dans des efpèces de pilules de terre comme quelques-uns l'ont avancé. Après s'être dcbarraffée de fon far- deau , la femelle refTort & fe nourrit encore pendant quelque temps des feuilles d'arbre , & meurt. Voici comment M. Roéfel s'y eft pris pour obferver leur ponte. « Je ramaflai , \ H A N tamaffai , dit ce favant naturalifle J un grand nombre de hannetons , après qu'ils furent accouplés ; je les con- fervai dans de grands verres fermés avec un crêpe , remplis à moitié de , terre couverte d'un gazon verd. Après quinze jours de captivité , je trouvai déjà dans plufieurs de mes bocaux , quelques centaines d'œufs; je ne tou- chaipoint aux autres , parce que j'avois peur que les œufs n'en fouffriffent & je les portai même à la cave. A la fin de l'été je fus examiner un de mes vafes , & au lieu d'y trouver des œufs , je les vis remplis de petits vers : comme j'apperçus que le gazon que je fuppofai leur fervir de nourri- ture étoit un peu fanné, j'en remis du frais à la place & les vafes furent te- nus en plein air, les vers profitèrent confidérablement jufqu'à l'automne ; à l'entrée de l'hiver ils furent repor- tés à la cave & fortis de nouveau su printemps. Au mois de mai, ils étoient devenus fi forts qu'il leur fal- lut du gazon frais tous les trois jours, & bientôt après tous les deux jours. Enfin , il n'y avoit plus moyen de fatisfaire leur appétit. J'imagmai de lèmer dans des vafes des lentilles, des laitues , & d'y mettre mes vers après que ces femences auroient pouffé , parce que les racines de toute efpèce de plantes fraîches leur fervent de Eourriture. Ils furent entretenus de cette forte jufqu'à la fin de la féconde année , & ils ne différoient en rien de ceux appelés par les jardiniers vers hlancs ou turcs. Pour mieux me convaincre de cette fimilitude , je raniaffai un grand nombre des derniers & des plus gros , afin que s'ils vouloient devenir han- netons,ils le devinffent au plus vite, & mes vers furent confervés pour Toms F. H A N 4if jugef par comparaifon. Ceux-ci paf- fèrent la troifième année comme les deux premières, & c'eft dans celle-ci qu'ils font le plus de dégât. La cou- leur de leur corps eft ordinairement d'un blanc jaunâtre , au travers du- quel cependant on apperçoit dans les rides quelque chofe de gris; le def- fous du corps eft uni & le deffus rond & voûté , le dernier fegment eft plus grand & plus gros , parce que la nour- riture & les excrémens s'y amafTent 6c fe voient à travers la peau ; elle reprend une couleur luifante d'un gris violet. Le corps eft compofé de douze fegmens fans compter la tête. A la troifième année la tête eft pro- portionnée au corps , ce qui n'arrive pas dans les deux premières ; fa figure eft un rond aplati & fa couleur quel- quefois d'un jaune brun luifani, quel- quefois de la couleur de l'ofier jaune de la vigne , elle eft munie par devant d'une pince ou tenaille d'un brun foncé & dentelée à fes extrémités. C'eft par le moyen de cette tenaille , de ces cifeaux, que le ver coupe les racines des plantes pour en tirer fa nourriture. Ce ver ne fort de terre que lors qu'on l'en tire ; fi on le place fur de la terre meuble , il s'y enfonce promptement ; fi on l'expofe au gros foleil & fur une terre dure, il périt, C'eft un morceau friand pour tous les oifeaux de baffe-cour. Il change de peau au moins une fois par an. Lorfqu'il fent qu'elle devient trop étroite , il creufe une petite caverne pour s'y dépouiller plus commodé- ment. C'eft feulement à la fin de la qua- trième année que fa mctamorphofe arrive, & voici comment elle s'ex é cute. Dans l'automne , le ver s'en- H h h 4>5 H A N fonce en terre , quelquefois à plus d'une brade de profondeur , & les pay'ans jugent par la profondeur, quelle fera l'intenfité du froid de l'hiver fuivant. Le ver fe fait une caverne qu'il fait rendre fi liffe & fi unie par le moyen de fes excré- tions & de quelqu'autre humidité , qu'il peut y refter commodément & en fureté. Peu de temps après fa demeure faite , il commence à fe raccourcir, à s'épaifTir, à fe gonfler, & il quitte avant ia fin de l'automne fa dernière peau de ver pour pren- dre la forme de chryfalide. Peu à peu la chryfalide prend une cou- leur tout-à-fait jaune tirant fur le rouge. Elle conlerve fa forme jufqu'à la fin de janvier ou au commence- ment de février ; alors elle devient hanneton de couleur blanche & jau- nâtre, d'une foible confiflance , ôc elle acquiert la dureté & la couleur qui lui efl propre , dix ou douze jours après. Les quatre années ré- volues Se pafTées fous terre, le han- neton fort enfin de fa retraite au mois de mai , fous la forme d'in- fe6fe parfait. D'après ces obferva- îions, il efl ailé de prédire quelle fera l'efpèce dominante dans l'an- née , & fi elle fera nombreufe ou non. Cependant , pour ne pas faire de fauûe s prédictions relative- ment aux années fiiivantes , il faut remarquer que lorfque le hanneton fort de terre ou qu'il efl forti, s'il furvient une petite gelée tardive ou des pluies froides, il en périt beau- coup. Dès-lors la ponte étant moins sonfidérable , les hannetons feront moins nombreux quatre ans après. 1 3. grande chaleur, la grande féche- reiïe leur font aufli pernicieufes que îe grand froid, &, c'eft la raifon H A N pour laquelle il y en a moins dans les provinces du midi que dans celles de l'intérieur du royaume qui font plus tempérées; auffi ces infectes pen- dant la grande chaleur du jour , font tranquilles &c tapis à l'ombre des feuilles , & fi on fecoue l'arbre ils tombent avec pefanteur; la même chofe a lieu lorfqti'il fait froid. Il n'en efl pas de même vers le foleil couchant d'un beau jour ; pour peu qu'on agite l'arbre , ils déploient leurs ailes en tombant ôc s'envo- lent. Les payfans pronofliquent l'abon- dance des récoltes fur la multipli- cité apparente des hannetons. On voit combien ce raifonnement porte à faux. 11 efl inutile d'infifler pour le combattre. Les dégâts caufés par des han- netons, font inappréciables, & on peut regarder ces infeûes comme de véritables fléaux. J'ai vu, dans certaines années , les arbres & les vignes dépouillés de leurs feuilles ,. dans un temps où les feuilles (vc_y«^ ce mot) font fi néceffaires à l'ac- croifTement du bouton dont elles font les nourrices j& qui doit donner les bourgeons l'année fuivante. L'a- mertume , le goût & l'odeur défa- gréable du noyer même ne mettent: pas cet arbre à l'abri de leur vora- cité. On voit rarement les arbres fe charger de fruit dans Tannée qui fuit celle de la dévaflation de leurs feuilles. PafTe encore fi. le m.al fe terminoit avec leur vie, mais ils font terribles pendant quatre années fous la forme de ver. Malheur au jardin potager ou fruitier où ce ver efl mul- tiplié ! il coupe oC dévore les racines des plantes, des arbres, &C ils deflè- chent fur pied. On ne peut pas com- H A N me le taupe-grillon , ( voye^ ce mot ) , 'attaquer dans fa retraite & le dé- ruire avec une goutte d'huile , ainn qu'il fera dit, parce que - Le mot grimpant ne rend pas exaftement l'idée qu'on doit fe for- mer , on devroit plutôt dire tor^ tillanî. En effet , le premier ne con- - vient qu'aux plantes armées de vrilles ■ ou mains; tels font les pois , la vigne, &c. ; an lieu que les haricots font dépourvus de ces vrilles, & ne s'élèvent que parce qu'ils en- tourent les tuteurs en fpirale à la manière de liferons; & s'ils n'ont' point de tuteurs les fommités des tiges qui cherchent à s'élever s'ap*> phquenîies unes au les. autres coimne H A tv tes brins qui forment la corde. Si Fon ne rame pas ces efpèces de hari- cots , la récolte fera au-dcflous de la médiocre , & elle fera propor- tionnée à la hauteur des tuteurs ou rames convenables à chaque efpece , fi toutes circonftances font égales. Rame & tuteur font fynonymes ; mais par tuteur on entend plus com- munément un morceau de bois droit dont la groffeur 8c la longueur font proportionnées à celles de l'arbre que l'on veut défendre de l'impé- tuofité des coups de vent. La rame , au contraire, eft une branche d'ar- bre fèche ôc garnie de fes rameaux. L'économie exigeroit d'employer des rames de chêne parce qu'elles durent long-temps; mais on ne trouve pas par-tout du branchage de chêne, & en général il eft fort cher. Choi- ûfl'ez parmi les arbres du pays; préférez les branches coupées en hiver à celles coupées à la feuille pour la nourriture des troupeaux. Le bois étant plus fec, a plus de durée. Cependant , fi vous avez des rames coupées en automne , elles ferviront comme les autres , lorfque les moutons les auront dépouillées de leurs feuilles. On doit les aiguifer par le bas , afin de les piquer en terre plus facilement. Cette opération s'exécute aifément oti après un arrofement , ou après une pluie. Si on a femé des haricots fur deux rangées , chaque rangée aura fa rame inclinée l'une contre l'autre ; fi on fème lur trois rangées , la rame du rang du milieu fera piquée droite , & celles des deux côtés inclinées fur celle du milieu. En ménageant ces rames lorfqu'cn loi fort d« terre, elles peuvent fervir H A R 4î9> plufieurs années de fuite ; on les étend fur le fo! pour les laifler fécher,; 6c on les range enfuite fous des han-' gars & autres endroits à l'ombre ,i & à l'abri de la pluie & de l'humidité, L Haricot d'Espagne. C'eft le Phafeolus vulgaris (i coccineus de- von-Linné & le fm'ilax hortmfis ,Jive' Phajeoliis major. BalH. Pin. De tous- les haricots il eft celui qui monte le- plus haut , & il peut couvrir des- tonnelles La couleur des fleurs- reffemble à celle de la grenade , quoi-' que un peu moins vive ; elles font' diipofées en manières de grappes ,- deux à deux ; les feuilles florales' font plus courtes que le calice ; les> légumes longs , d'un vert foncé , & les femences violettes , jafpées de noir. Il eft impoiTibîe d'établir un caraftère décidé fur la couleur vio- lette , & fur la forme de la femence. Elles varient du plus ou moins foncé , & par la couleur 6c la largeur des- taches qui parcourent toutes les nuan- ces du violet foncé au blanc. La principale variété du haricof- d'Efpagne eft à fleurs Si à femences blanches; ces dernières font quel^ quefois taillées en bifeau , dans tout' leur pourtour , 6s quelquefois ar- rondies. Je ne vois pas trop pourqtiôi dans nos provinces du nord ce hariccf eft cultivé, comme plante de fimple agrément. D'après ma propre ex- périence, il eft certain que le légume cueilli nouveau , eft très-bon , ÔC' s'accommode de tous les aflaifonne- - mens qu'on fait aux haricots ordi- naires ; les femences parvenues -à • ime certaine groffeur '', font îrès-- bonnes mangées en vert ", •&• lorf-*- qij'eUçs font fèchgs , .elles fburnifîen^t 430 H A R une bonne purée. Si on ne veut pas les employer pour l'homme , on peut les faire cuire , les donner à la volaille , aux cochons , & ils engraiflent promptement. J'ai vu un fermier qui avoit tapiffé avec cette plante tous les murs de (a baffe-cour &dela maifon, &qiu chaque année failoit une récolte alïez abondante. Il faut alors clouer & attacher au haut du mur uie ficelle pour chaque oied, autour de laquelle la plante s'ei.tor- tille & s'élève. Les rdmes ordmaires ne feroient pas affez hautes. Cette petite pratique eft utile , Si décore fmguhèrement la cour & les murs d'une métairie. Je préférerois cepen- dant un elf^alier en chaffclas , ( voj«{ le mot Raisin ). Le haricot violet a le défaut de colorer l'eau ou le bouil- lon dans lequel on le fait cuire. Nos ménagers ne regardent pas de fi prcs que les habitans des villes , ils le man- gent avec appétit , fans égard à la couleur. Ce haricot eft annuel , craint beau- coup plus les petites gelées que les autres ; il efi originaire des grandes Indes ; on l'a fans doute qualifié àiEfpagne , parce que nous l'avons tiré de ce Royaume. Si pour l'agré- ment on veut qvi'il fleuriffe beau- coup & pendant long-temps , il faut couper les légumes dès que la fleur eft paffée. II. Haricot ordinaire, ou Pha- feolus vulgaris , LiN. diffère du précé- dent par fa fleur purpurine , fes goufles moins longues, moins groffes & plus tendres , & qui fe rayent de rouge à mefure qu'ils grandiffent ; la femence eft communément gris- de-lin jafpé de noir , ce qui varie beaucoup. Cette efpèce eft-elle une H A R variété botan'que du haricot d'Ef- pagne , ou celui-ci eft-il le type du haricot ordinaire ? C'eft aux bota- niftes à décider la queftion. III. Haricot du Bengale ou en FORME DE LUNE A SON CROISSANT. Phafeotus tuna:us. LlN. Ses fl .'urs font petites, verdâir;s; les ^iiles concaves, b'anche^, prennent enfui^e une teinte de V"rt ; la carêie eft en fpirale ; la formï des légumes imite celle d'un fabre recourbé. Les femences font ovaUs , apla- tie>> , canntlées ; le côté extérieur des feuilles eft du double plus grand que l'autre. Ceux qui aiment la multiplicité des efpcces , pe'.ivent cultiver ce haricot; il eft paflablement bon : quant au pro- duit, il vaut mieux cultiver les elpèces fuivantes qui font en général les feu- les utiles à l'agriculteur. IV. Haricot blanc commun. L'auteur du Nouveau Laquintinye le caraftérife par cette phrafe : Pha- fcolus fcandens vulgatior , Jlore alho , fruclu obfohù albo. On le nomme Mongette dans plufieurs de nos provinces. Sa fleur eft blanche , fa gouflTe de médiocre grandeur ; fa fève courte , aplatie , d'un blanc fale. V. Haricot blanc-hatif. pha- fcolus fcanicnsflon & frucîu alph^pra- cox. Je le crois une variété du n°. 4, dont il diffère feulement par fa pré- cocité & par fes femences plus blanches , plus alongées , propor- tion gardée avec fa groflTeur. L'œil ou l'ombiliceft profondément implan- té. La fève parvenue à fa maturité H A R cuit difficilement. On doit manger le haricot en vert, VI. Petit haricot rond. Pha- feolus fcandens minimus flore, albo , fruclu rotunio ex albo ritjefcentc. Si fon écorce étoit plus blanche , on prendrolt ce haricot pour une dra- gée. Il eft ovoïde ; rombilic efl de niveau avec l'écorce ; les goufles , quoique petites , font exaâement remplies de fèves qui fe touchent. Quoiqu'il foit le plus petit de tous les haricots grimpans, il mérite la préférence fur tous les autres; lorf- qu'c n le cultive en plein champ, il produit beaucoup , & on le mange ordinairement fec ; fa fleur eft blan- che. Dans quelques-unes de nos provincps il efl: connu fous le nom de MONGETTE, ainfl que le n°.4. VII. Haricot de Soissons. Pha- feo lus fcandens , fruclu deprejfo fplen- didh albo , ferotino. Sa fleur efl blan- che , fa goufl"e fort longue , garnie de huit à neuf fèves aplaties, d'un très-grand blanc , le point ombilical alongé il un peu enfoncé. De toutes les fèves blanches c'eft la plus groffe; elle efl excellente en grain vert & en fec. Ce haricot eft tardif; on ne cueille point fes goufles tant qu'on efpère que les fèves parviendront à maturité fans être tachées, endom- magées par les pluies 6c les pre- miers froids de l'automne. A meliire que les goufl"es mùrifl^'ent on les cueille , & les dernières on les mange en vert. VIII. Haricot blanc sans vkk- CHV.M1N. Phafoleus fcandens flore & fruclu all>is-,flliquàtenerd. Le carac- tère qui diflingue ce haricot de tous H A R 43Ï les autres , eft que fa goufl'e demeure tendre jufqu'à ce qu'elle foit parve- nue à toute fa grandeur, 5c com- mence à ie fccher ; au lieu que dans les autres la msmbrane Intérieure eft dure &c coriace. La fleur de ce haricot eft blanche , fa goufle fort longue ; les fèves blanches , courtes & plates. Il eft hâtif & de boa rapport. IX. Haricot Rognon de Caux ou DE Coq. t'hafeo m fcandens flo- re albo , fruclu reniformi albo. Il tire fa dénomination de fa forme , fem- blable à celle d'un rein ou d'ua rognon de coq. Le point ombilical eft alongé & enfoncé ; la goufle très^ longue , peu garnie de fèves très- blanches, du double plus grofles que celles du n°. 5. Sa fleur elî blanche ; il eft très-bon en vert , en fèves tendres & en fèves fèches. Ce haricot eft regardé avec raifon comme un des meilleurs. X. Haricot ROt;GE d'Orléans, Phafeolus fcandens minor , flore pur- pureo , parvo fruclu dilutc purpureo. Fleur purpurine , grain nombreux & ferré dans la gouflTe ordinairement comprimée par les extrémités , aplati fur fon diamètre , d'un rouge tirant fur le pourpre clair; l'ombilic très- petit, blanc, peu enfoncé. Toutes les parties de la plante font petites. XI. Je croisque l'on peut rapprochai' de cette efpèce le Haricot sans fil ,. que l'on cultive dans les environs de^ Lyon. Il exifte peut - être ailleurs ,, mais je ne l'ai vu que là. La ner- vure de la goufle de tous les hari- cots en générai, eft garnie d'un fil-,, qu'on eft obligé de fupprijner lorf'^- 43Î H A R qu'on veut les manger envert. Celui ci, au contraire, enell complètement dépourvu. Il eu. fort tendre , très- délicat en vert ; fec il eft encore très-bon, mais il colore les apprêts. La fève de ce haricot el\ prefque ronde , l'arête un peu faillante ; la couleur pourpre foncée ; l'ombilic très-petit, long, blanc & faillant. On fème cette efpèce dans le mois de juillet & d'août, & il fournit des légumes Irais pendant toute l'aulomne .&jufqu'aux gelées. XII. Haricot asperges. La for- me de la goiiffe te fa longueur qui excéda fouvent celle d'un pied & demi , lui ont fait donner ce nom. Si je ne me trompe, c'eft le doUchos fefqui-peJaHs. LiN. L'cten dard de la fleur eft pâle en- deffus, rouffâtre en-deflous ; le légu- me ou goufle eft prefque cylindrique, & contient peu de femences ; la fm- gularité de fa forme & la délicateiïe d« la gouffe méritent que l'on cultive ce haricot. XIII. Les auteurs fur le jardinage , parlent d'un haricot fort commun en Hollande , nommé Schwert , qui i\gn\iii fabre , à caufe de fa forme. Je ne le connois pas, & la defcrip- lion qu'ils en donnent , ne fufTit pas pour le diflinguer des autres. Il porte des gouffes de quatorze pouces de longueur, fur quinze à dix-huit ïigne de largeur ; par ce fécond ca- raftère il diffère dun°. 1 1. 1! en diffère encore par fa fève groffe & courte. On le confit au fel pour le conferver pour l'hiver après l'avoir cueilli vert. Ceft une branche affez forte du com- ipcrce des Hollandois. Putre les efpèces jardinières que H A R l'on vient de décrire , on compte encore un grand nombre de variétés; par exemple , les haricots à écorce noire, à écorce jaune foncé ou clair. Miiis comment affigner des caraftères diftjnûtitsà des plantes qui changent de couleurs & de formes, fuivant le^ climats , le fol , la culture. Section II.' Des Haricots nains. ï. Haricot cris. P ha feolus humi- lis flore purpiirco , fruclu nigro ex albo varicgato. C'eft le plus hâtif, & c'eft la raifon pour laquelle on le mange en vert , quoique très-bon en {ec. Sa fleur eft purpurine ; fes gouffes tendres & longues ; la fève jafpée de blanc fur un fond noir, de grof- feur moyenne, alongée, ronde fur fon diamètre, II. Haricot blanc hatif. II eft encore nommé Mongette dans quelques endroits : il y a donc, comme on le voit , confufion de nom , & ces dénominations triviales jettent une étrange incertitude. Celui - ci mérite ce nom par préférence. Pha- feolus humilis , flore albo , fruclu nitidï albo. Efpèce fort baffe, à fleurs blan- ches à gouffes longues , bien garnies de fèves, d'un blanc pur & brillant, alongées, médiocrement groffes, ar- rondies fur leur diamètre. On doit la femer de très-bonne heure ; elle efl excellente pour être mangée en vert. III. Haricot suisse blanc. Pha- fcolus hum ilis flore albo , fruclu ex albo rufefcenre. Moins hâtif que le précé- dent ; uniquernent propre à être con- fommé en vert , 6c d'un grand produit ; fleur Trm . r PI XFJl A.- ^ iZ A^rc^Tzzij/ H A R fleur blanche ; fève d'un blanc foUTf ', de même forme & groffeur que le précédent. IV, Haricot suisse gris. Phafeo- lus humilis fion purpureo , fructu atro- rubente, è n'i^'/o maculato. Fleur pour- pre; fcve de couleur d'un rouge obl- cur, marquetée de noir, plus, alon- gée & moins renflée que celé du précédent, dont il a toutes les qualités. V. Haricot suisse rouge. Pha- feolus humilis, fiore rubro, frucîu pulchrc Tubtnte varié maculato. C'eft encore ime variété des deux précédens, dont il ditFère par fes fleurs rouges , & la marbrure des fèves. Les trois haricots fuiffes fe fèment depuis la première faifon jufqu'à la dernière , pour être confommés en vert, CHAPITRE II. De la Culture. Toute efpèce de haricot aime une terre fraîche, légère, fubftancielle , bien fumée, & les haricots peuvent être famés deux & trois années de fuite dans le même champ. Lorfque l'année féconde les foins du culti- vateur , leur récolte rend beaucoup plus que celle du plus beau blé. Cette affertion paroîtra exagérée , cependant elle ne Teft pas; l'expé- rience annuelle prouve fa réalité dans plufieurs provinces du royaume , comme dans la Saintonge, l'Angou- mois , les environs de Touloufe, &c. Peut-être que de nouveaux effais ren- dront cette culture précieufe à d'au- tres provinces , dès qu'elle fera bien connue. Il faut donc envifager fous Tomt V, H A K 43J deux points de vue différens la cul- ture des haricots , la confidérer comme culture potngère & comme objet de grande culture. On a déjà vu que les haricots font originaires ou d'Amérique ou des grandes Indes ; comme ce font des plantes herbacées, elles doivent né- ceffairement périr au moindre froid glacial qu'elles éprouvent , puifque dans leur pays naturel il n'y gèle pas, ou s'il y gèle, la nature pré- voyante adonné pour loi à leurs grai- nes de germer, de pouffer leurs tiges, lorfque la chaleur de l'atmofphère eft à un certain degré, & les nou- velles plantes ne craignent plus les froids tardifs qui les feroient périr. La même loi efl; établie pour toute efpèce de plante lorfqu'elle végète dans fon pays natal , &; cette loi ne fubfifle plus qu'en partie, lorfqu'on la tranfporte fous un ciel étranger, & dans un climat différent. Le degré de chaleur de l'atmofphère , qui anime la végétation du haricot , 6c développe fon germe , foit en Chine foit en Amérique, &c. eft le même en Europe , avec cette différence cependant que dans ces pays éloignés la plante ne craint plus les effets des gelées tardives comme en Europe , qu'elle commence à y végéter à la fin de leur hiver, & qu'en Europe elle eft obligée d'attendre la fin de fon hiver , époque très - différente de la première. Dans fon pays natal il fuit la faifon ; en Europe il eft obligé de fe conformer à celle qu'il trouve. Ilréfulte de cette contrariété, que fi on ne fe hâte pas de fereer de bonne heure, on court les rifques de ne pas voir mûrir le haricot fur pied; le haricot d'Efpagne en fournit un exemple frappant , fur-tout dans I i i 434 H A R nos provinces du nord ; mais les chaleurs furviennent coup fur coup; fi elles prefTent trop la végétation du haricot, il fleurit mal, fa gouffe fe dtfleche , & offre dans fon inté- rieur une femence étique , mal con- formée, 6c prelque incapable de fe reproduire. Ces confidérations indi- quent à l'obfervateur quelle doit être l'époque des femis des haricots,. & prefcrit en général fa culture. On ne peut donc pas fixer définitivement tel eu tel mois pour les femis, puif- que cette règle deviendroit abuiive, à moins qu'on n'écrive pour un feul & unique canton; ma;sil y en a une qui ne trompe jamais le cultivateur intelligent , c'efi: l'époque à laquelle il eft prefqu'affuré qu'il ne gèlera plus dans fon canton. On m'objec- tera fans doute les funeftes &: tar- dives gelées du printemps ; elles font l'exception de la loi générale; heu- reufement ces cas font rares, & le plus habile obfervateur ne peut les prévoir. Il s'agit donc de parler pour les années communes, & non pas de celles qui portent la défolation dans les campagnes. On ne fauroit trop tôt femer les haricots dès au'on ne craint plus les gelées, parce que dans nos provinces du nord ils au- ront le temps de mûrir , & dans celles du midi , de n'être pas furpris par les grandes chaleurs, prefqu'aulîi fnneftes que les gelées : de ces gé- néralités paffons à la pratique, %E C T I O N PREMIÈRE. Dt la Culturt potagère. Les amateurs ou les propriétaires aifés, ou enfin les cultivateius qui arauvenî un falaire proponionné à H A R leurs avances, & à leurs travaux dans la vente des primeurs , peu- vent devancer la laifon des femis en fe fervant des couches , (voye^ ce mot) recouvertes par des châlfis ou par des cloches. Par ces moyens difpendieux, ils devancent l'ordre des faifons , & ils mettent leurs ha- ricots en pleine terre lorfque les autres commencent à les fcmer. Ils jouiiTent plus promptement & plus long-temps. Il y a deux manières de femer fur ces couches, ou en les chargeant de fix à huit pouces de terre bien meuble, ou en enterrant, fur la fur- face de cette couche, des pots dans lefquels on feme les haricots. Cette féconde méthode eft préférable à la première , parce que la replantsiion retarde les progrès de la plante, iC. il en périt beaucoup dans cette opé- ration ; il eft aifé de s'en convaincre.- Avec les pots, au contraire , lorf- qu'on lésa arrofés la veille, la terre fe trouve ferrée contre les racines , & en les renverfsnt doucement , 'a terre s'en détache , & on place aulT:- tôt dans la petite fofle ouverte jrar avance, la plante, les racines & la terre ; de cette manière il n'arrive - aucun accident , & le haricot ne s'apperçoit pas d'avoir changé de place. II ne faut pas attendre , à moins que la faifon ne foit ab- folument contraire & rigoureufe , que les plantes végètent pendar.:: trop long temps dans les pots, que leurs racines en îapiffent tout l'in- térieur; alors elles fouffrent ce cette gêne, de cette contrainte, & à moins qu'on ne les arrofe largement &: fouveni , les racines ne trouvent plus de fubftance pour nourrir les îi» ges j les feuilles jauniffent & annoaT- H A R cent la dcttefle générale & le manque de noarriture. Les fréquens arrole- fe Tiens pallient le mal , & ne le gvié- riflcnr pas. Il vaut donc beaucoup mieux devancer l'opération, & fi le befoiii l'exige , couvrir avec des cloches ou avec des paillaffoiis les plantes nouvellement niiies en teire. Chaque pot ne doit pas contenir plus de trois à quatre ("emences au plus; deux même iuffifent , puiiqu'on eflafluré de leurréuïïite. Si on a de bons abris formés par des murs ou par des paillaffons, c'eft le cas de s'en lervir pour les tranf- pltntations , le haricot s'appercevra moins du changement de lieu. Si on a fem.é des haricots hâtifs , on ne tardera pas à jouir des foins qu'on leur adonnés: rarement conferve-ton ces haricots pour être mangés fecs; on fera donc très-bien même de n'en pas conferver quelques pieds pour grainer , à moins qu'ils ne fe pré- î'eHtent dans le plus grand état de perfeftion. Je crois cependant , que c'efl de cette manière qu'on eft parvenu petit à petit à établir les efphis jardinières (roy. lemot Espèce), hâtives, ôcqui le perpétuent aujourd'hui tant qu'on ne les néglige point. En effet, ces el- pèces ne ditierent des tardives ni par la fleur ni par le fruit , ou du moins tette difierence efl lî peu caraûérifée , qu'elle ne fauroit prélenter ce qu'on appelle un caractère botanique. Si on n'a pas les moyens de fe .procurer des cloches, des châiîis èc même des paillaffons, d cependant on défire des primeurs; on peut fe- mer de bonne heure au pied des abris , ÔC pendant chaque nuit ou chaque jour qui font craindre le H A R 43 5 froid, couvrir ces femîs avec de longue paille. Si dans les provinces les fumiers de liiière & propres aux couches , étoient aufTi communs qu'ils le font à Paris, il n'y auroit pas à ba- lancer, les pots & Lb couches mé- riteroient la préférence ; mais quand on penfe qu'un tombereau moyen remp'i de tunùcr de li- tière, nullement confommé , coûte trois livres dans les provinces du royaum^' où les pâturages font peu abondans, Hc qu'il faut trois de ces tombereaux pour en faire un de fu- mier bien confouimé, on trouve qu'il n'y a aucune proportion entre la mife première & le produit, puifque la livre de haricots en primeur ne fera' pas vendue plus de cinq à ûx foh. A moins d'être très -riche, c'eft une folie d'y fonger; il vaut beaucoup mieux employer le fumier fur les terres. Cependant , fi on veut à peu de frais fe procurer des pri- meurs, il faut cholfir un bon abri, avoir des pots de terre non vernifles, mais peints en noir & à l'huile. Ils abfbrberont infiniment plus de cha- leur que les pots ordinaires en terre cuite, ôc beaucoup plus que ceux qui font vernifTés , parce que le\ir furface unie & luifante réfléchit la chaleur. D'ailleurs, une petite maffe eft bien plutôt échauffée qu'une grande, & des bourrées de paille longue jetées fur ces vafes au foleil couchant, cmpccheroiu en grande partie la dépcrduion de la cha'eur pendant la nuit. Les cultivateurs moins preflés de jouir, auront une jouiffance plus parfaite, puifque les légumes en fe- ront meilleurs. Les cultivateurs de nos provinces î i i £ '450 H A R les plus méridionales peuvent, abfo- lument parlant, femcr à la fin de fé- vrier; dans celles moins méridio- nales, en mars, & dans celles du nord, en avril & mai. Ces époques font, je le répète, fubordonnées aux climats; mais il eft confiant qu'il y a deux mois de différence , par exem- ple, entre Marfeille, Montpellier, Lille & Arras, &c. , dès qui! s'agit des femis en pleine terre des plantes délicates originairement étrangères. Quelques auteurs confeillent de donner trois labours au fol delîiné aux haricots; un avant l'hiver, le fécond après l'hiver , & le troifième au moment de femer. Ce précepte eft excellent, lorfqu'ii s'agit de la cul- ture en grand & en plein champ; mais il eft déplacé s'il s'agit d'un Jar- din potager. La terre y efl trop pré- cieuie, fur- tout fi on en elî le fer- mier, & elle fera occupée plus utile- ment par les plantes hivernales. Dès que c'efl un potager en règle, il eiî clair que la terre en efl amendée de longue main, qu'elle eu meuble. Il fuffit donc de ne pas épargner le fu- mier bien confommé, & de donner un fort labour à !a téJie , & de femer- auffitôt- ( f-roje^ les mots Bêche & Engrais ). " Qn fème le plus communément le's haricots nains en bordure, & les grirapans en planches ou . même en carreaux, entiers; cela dépend de la quantité qu'en fe propofe de con- fommer ou de vendra, foit-en vert, ipit ep fec. Les uns fement en filions, gJ-ainsà grains, & les- recouvrent d'un à àeuzi. pouces de terre , & les fdlons font efpacés de fix pouces ou d^un.pied, lorfqvCoii eft obligé d'ar-- Tofer par irrigation, ( yoye^ ce mot ) aJAfi. que, cela ie pratique dans les. H A R provinces méridionales. Après le» troifième ou le quatrième filIon,fui— v?nt le diamètre de leur largeur, on- laifle l'efpace d'un fillon vide, qui' fert de ftntier ou de petit chemin, defliné à faciliter de la cueillette des haricots en vert. Il deviendroit inutile û on devoit feulement les récolter fecs, & qu'on ne fîit pas dans le cas- de les arrofer de temps à autre. D'autres les fement en échiquier, & ouvrent des petites fofTes de i8 à 24 pouces de diflance de l'une i l'autre; ils fement 4 ou 5 haricots dans- chaque fofle, & les recouvrent de terre, ainfi qu'il a été dit. Ces deux- méthodes font très-bonnes, mais je préfète la première, parce que cha- que femence également efpacée, trouve plus facilement fa nourriture que lorfque cinq ou-fix pieds fe trou- vent réunis. Dès que les haricots commencent- à darder leurs tiges, que l'on nomme fil, filer- en quelques endroits, c'eflle cas de les ramer-, de difpofer chaque fil fur une branche de la rame, d'em^ pêcher que ces fils ne fe croifent, . ne fe réuniffent plufieurs enfemble,- & ne s'entortillent les uns fur lej- autres; fans ces précautions, ils fe-- ront peu produdifs. Le haricot exige beaucoup de pe- tits labours; d'être ferfouis fouvent, & plus fouvent rigoureufement far- clés quand ils font encore jeunes. Ce* petits labours, fur-tout^ après h^ pluies,. les font croître à vue d'œil,. pour peu que la chaleur du jour les. favorife. Il eft afTez ordinaire de voir- ies racines fupérieures des haricots- emportées par leur naturel grim--- panr, forîlr en partie de terre :onr. prévient cet. accident en les chauf-»- fanî.à chaque ferfouiffr-ge^ mais «ti H A R convient à chaque fois de commen- eer à travailler la terre, à rendre unie la fuperficie,& à en ramener une partie vers le pied. Par cette opération la plante le trouve bien travaillée & bien chauffée. Il vaut beaucoup mieux donner les petits labours dès le commencement, que d'attendre l'époque à laquelle , ou après laquelle on a piqué les rames en terre; elles font un obftacle au bon travail. Il eft d'ufage de laiiTer, fulvant le be- foin , un ou plufieurs rangs d'haricots fans les cueillir eii vert, ou en grains tendres, & de les laifferfécher fur pied, aiin d'en conferver la femence des années fuivantes. Il eft très-fage d'en conferver le double, puifque fi les gelées tardives détruifent les nou- velles plantes, on aiu'a de quoi les fuppléer ou regarnir les places vi- des. Cette petite prévoyance h'occa- fionne aucune perte, puifque ces haricots furnuméraires font égale- ment utiles à la cuifine, . On doit cependant oblerver que les- gouffes qui fuccèdent aux premières fleurs épanouies des haricots grim- pans, font beaucoup plutôt mûres que celles des fleui-s fuccelîives & qui fe perpétuent tant que le froid de l'atmofphcre ne les arrête pas; On laiffera les premières mûrir & féchf'r fur la plante, & on les cueil- lera à la main dès qu'elles le feront; Si on attend plus tard , la- go\iffe ouvrira les deux baîtans, & les" fèves tomberont fur la terre ; s'il furvient une pluie lorfque la gouffe efl en— ir"ouverte, elle tache les haricots & les rouille. Après les premières- récoltes &:_lorlqu'on s'ai)perçoir qu& les goulfes reliantes ne mûriront pas,, oo. les cueille. pour, manger lesfévea H A R 457 en vert ou en haricots tendres. Si orï a femé des haricots nains, la récolte fe fait tout à la fois ; & lorfque la tige eu fèche,on l'arrache de terre avec> les gouffes , ainfi qu'il fera dit ci-après»- Section II. Z>£ la Culture en grand des Haricots,- C'eft le cas de donner ici les trois-: labours de préparation, de commen • cer le premier à la fin d'oâobre oir en novembre , le fécond en février ,. & le troilième au moment de femer,- On doit choifir, autant que faire fe: peut, des jours favorables au labou-- rage, c'eft-à-dire que la terre ne foit' pas trop mouillée; ce feroit phitôt la pétrir que la labourer. Si le fumier defliné aux haricots eff bien confom- mé, on doit le jeter fur terre lorf- qu'on va donner le fécond labour ;- s'il eff pailleux & peu tait, il fera enfoui au premier labour, afin qu'il foit confommé au temps du femis, & que le mélange de fes principes avec ceux du fol aient eu le temps» de former la combinaifon favonneufe- dont j'ai fouvent parlé. ( ^oye^ les- mots Amandement, Engrais, & le dernier Chapitre du mot Culture ),. C'efl: donc à tort qu'on confeille de fumer au troifiè-me labour; la plante" fe rt'fferitira très-peu de fon fecours,- & le fumier commencera à agir lorf-- que la plante aura déjà pris prefque" tout fon accroiffement. Je conviens > que l'engrais ne fera pas perdu, puif-- que la combinaifon fera faite, &- la récolte luivante du blé en pro-- fkera , mais ce n'étoit pas le premier: but du cultivateur. L'emploi tardif'»' du fumier entraîne aprèsdui un grandi inconvénient : fu. rannéee eil'- fèche^ i 43? H A R car loin d'être utile dans ce cas, il brûle tout. Si !a poûtion où je me trouve me permetcoit de culti- ver les haricots en pleine terre , je ne ba'.ancerois pas à jeter Vea- grais en oftobre ou novembre, & à l'enfouir par deux bons labours croifés; il auroit ^u moins le temps de fe décom,>ci"er ôc de recombiner fes principes avec ceux de la terre; mais dans le bas Dauphiné, la bafle- Provence,^!^ bas-Languedoc , la cha- leur & la iéchereiTe lont trop i<&.i- ves; tout feroit calciné, &C lur dix années, à peine auroit-on une bonne ricolte. Il n'en eft pas ainlî d^ns i;!i;- lleurs parties du Roulîilion, de la Guienne,du Languedoc, & quoique les chaleurs y foicnt vives & tbrtes, il y pleut allez louvent & en affez grands quantité. Ces pluies falu- taires, bientaifantes & confervatri- ces, tienent à la pofition du lieu; ( f^oye^-en la caufe dans les Chap. des baffins 6c des abris du mot Agricul- ture ). Ainfi , la culture en grand des haricots tient au local, & avant de l'entreprendre, on doit bien Tétu- dier, le connoître & commencer par des expériences en petit ; fi on ne réuffit pas , l'amendement & les la- bours ne feront pas perdus , le blé que l'on fèmera au mois de feptembre, odobre ou novembre fuivant ( rela- tivement au climat ), en profitera. Le plus communément on choifit l'année de repos des terres , ou Ja- chères pour la culture des haricots, &C le blé réufiit très-bien après, fur- tout fi on a fumé en février ou en mars , parce que l'engrais n'a pas eu le temps d'être abforbé par les hari- cots. Plufieurs particuliers habitans des villes ou des gros bourgs, qui Ue veulent pas fe livrer j. cette cul- H A R ture, cèdent leurs champs à de pau- vres habitans, des journdliers, pen- dant l'année de jachère, à conditio.T qu'ils les travailleront, les fumeront largement, & y fèmeront des hari- cots; ils divifent leurs champs par p rcelles, & plus ils font divifés, plus on cft afiiiré qu'ils font b!en cul- tivés & engraiffés , de manière que la récolte des blés de l'année fuivante eil toujours belle. Je voudro s que CJtte méthode devînt plus générale dans le royaume, le propriétaire y gagneroit évidemment, èc le pauvre & le journalier y trouveroier.t une reffource précieufe pour eux & pour leur famille. Dans les pays où elle eft introduite , les pauvres ont grand foin de raffembler, pendant toute l'année, autant de fumier qu'ils le peuvent ; leurs enfans courent les grands chemins avec un panier, & ramaffent les crottins, enlèvent les terres entraînées par les eaux dans les endroits creux 6c bourbeux; enfin ils parviennent à avoir un excellent engrais, èc en afftz bonne quantité. Le grand point eft de leur céder du terrain en railbn du monceau qu'ils ont afTemiblé, & non au-delà. Le propriétaire accorde iuccefîivement toutes les parties de fon champ, &C à la longue il fe trouve parfaitement amendé, & fur-tout beaucoup mieux qu'il ne i'auroit été avec la meilleure charrue. 11 y a deux manières générales de femer,ou par raies ou en échiquier. Si on feme des haricots grimpans, par exemple, le haricot de Joijfons fi renommé, & qui forme ime récolte confidérable dans les environs de cette ville, il faut lailTer d'efpace en eipace des filions vides, afin de ramer lorfque la plante le demande, H A R & pour cueillir les gouffes lorf- Gu'elles feront fèches. Si, coînme dans l'Angouinois, la Saintonge, on {ème des mongettes , des haricots nains, le fiilon vide devient moins néceffairej parce que l'on rccolte toute la plante à la ibis; cependant il vaut mieux en laifler un petit , afin de farder, piocheter& chauffer commo- dément le pied de la plante. Si , dans les provinces les plus méridionales du royaume, & par conféquent les plus lèches, on a la facilité d'arrofer par irrigation {voyci ce mot), fi la terre a été bien défoncée & bien amendée, on efl sûr d'avoir une magnifique récolte. Il s'agit de dé- tourner les eaux d'un ruifleau , d'une fontaine, ou d'en conduire fur le champ par le moyen du A'^oria f ou puits à roue ( voyc:{^ ce mot ) ; on bravera alors la grande féchereffe naturelle à ces climats. Si l'irrigation n'efl pas pofiible, il faut renoncer à cette culture. Je préfère les femis par raie & au plantoir à ceux en échiquier. Les premiers fe font grain à gram à la dif- îance de huit à dix pouces, & les féconds, en réuniffant dans un même creuxdepuis dix jufqu'à quinze grains, par cette dernière méthode les plantes s'affament mutuellement. Si on veut fuivre une culture plus expéditive, on peut imiter celle du Maïs , ou blé de Turquie, ou gros millet {voyei ^^ mot), connus dans nos provinces fous ces différentes dé- nominations; elle eftplusfimple, mais elle ne produira point autant. . Lorfqu'on fème en filions, le planteur muni d'une cheville , fait un trou de deux à trois pouces de pro- fondeur fur la moitié de la hauteur du fsllon ou de l'ados , Se non au H A R 439 fond ou au fommet : dans le premie" cas , s'il furvient des pluies avant que le haricot foit forti de terre, ii pourrira; cette iemence craint l'hu-» midité; & dans le fécond, elle ne trouvera pas allez d'humidité pour végéter; enfin, û on arrcfe par irri- gation , planter à la moitié de la hauteur, efl le feul moyen de réufîir. Le moment de ramer eft égale-- ment celui du fécond labour , d'a- planir la terre du fillon avec la pio- che & de ramener cette terre bien- remuée contre le pied de la plante,- afin de la chauffer ; par ce moyen ,. elle fe trouve occuper le fommet ou- milieu de la partie bombée &c fail- lante du fillon. Lorfque les premières fleurs feront nouées, on peut encore donner un troifième labour, & plus on les multiplie, plus on augmente le produit & la récolte. Je n'en ai jamais vu de fi abondantes que dans ces parcelles de terrain aban- données aux pauvres habiians ; comme les haricots font le fëul bien- dont ils ont la jouiffance , tous les momens de loifir du père , de Ja mère & des enfans , font employés • àfarcler, piocheter, ramer, & arran- ger les filets. Dans certains cantons du royaume, on arrête & on pince les filets lorf- qu'ils s'élancent & lorfqu'ils font par- venus à une certaine hauteur ; cette méthode efl-elle avantageufe ou nui- fible? Je n'ofe prononcer définitive- ment ; elle me paroît avantageufe dans les pays chauds, lorfqu'on à la facilité d'arrofer , parce que le pin- • cernent fait ppuffer des filets laté-^ taux fur les tiges, & leurs fleurs & leurs fiuiîs ont le temps de mûrir ; mais :fi^ le pays eft très- chaud , en 440 H A R auia beaiiarrofer, la grande chaleur précipitera ia plante , èc les tiges latérales auront épuilé la mère-tige ■en pure perte. Il en eu ainfi pour Xoute efpcce de haricots , parce qu'ils ■ demandent un de^ré de chaleur à peu près précis , & uir - tout luie graduation proportionnée dans la marche de la chaleur. Il ell de fait que les haricots ùibfiftent plus long- temps fur pied &C en bon état dans Jes climats tempérés que dans les pays chauds , &c beaucoup moins jans les pays très-chauds , à moins qu'on n'y craigne pas les gelées &c les rigueurs de l'hiver ; alors c'eft le cas de feiner en janvier ou février , & la plante conferve une belle végé- tation jufqu'aux grandes chaleurs ; xians nos provinces f^-ptentrionales , au contraire, je regarde le pincement des lilets comme très-inutile , puif- que la chaleur de l'atmofphère n'eft fouvent pas affez forte pour mûrir les haricots d'efpèces tardives ; alors c'eft le cas de femer les efpèces hâ- tives, grimpantes ou naines, indiquées dans le Chapitre fécond. Comme il m'eft impoflible de défigner telle ou telle méthode pour chaque can- ton en particulier , c'ell à l'expé- rience du cultivateur à décider fur les lieux fi le pincement eft nuifible ou avantageux , & à l'engager à ne pas prononcer fur l'expérience d'une feule année; le pincement me paroit plus néceflaire , lorfqu'on n'a pas de rames à donner aux haricots grim- pans : leurs nlets s'entrelacent & fe tordent les uns fur les autres en pure perte ; ce ravalement les réduit , pour alnfi dire, à l'état de haricots nains. On attend , pour cueillir les gouffes 4es haricots qu'on veut conferver en H A R fec ,* que la rofée foit entièrement â\{- fipée , & que le Ibleil foit vif & chaud. S'il s'agit de la récolte des haricots grimpans, on la fait à mefure que les goufies fe fèchent , àc on les fépars de la tige fans l'endommager. Le cueideur , à cet effet , tient d'une main la tige , failit de l'autre la gouffe , & avec l'ongle en coudant ion pédicule, le cafle , le fépare de la tige , &c jette la goufle dans un panier ou dans le tablier replié & attaché autour de lui. Quelques per- fonnes font couper le pédicule avec des cifeaux, c'eft la méthode la plus siire, Si. elle eft auiTi expcditive que toute autre ; les gouffes reflantes fur la tige font mangées en vert ou en fèves vertes, fi elles n'ont pas le temps de mûrir. Quant aux haricots nains , la ré- colte s'en fait tout à la fois : on arra- che la tige par un temps (ec : on botelle ces tiges & on les fufpend fous des hangars afin qu'elles y lè- chent : c'eft la meilleure manière de conferver les haricots ; & s'ils font gardes dans leurs gouffes , on peut les femer julqu'après la féconde année. Pour les en féparer, on les bat au fléau. CHAPITRE III. Des propriétés des Haricots. La gouffe tendre fe digère faci- lement , nourrit peu : la femence fraîche eft peu nourriffante, ellel'eft beaucoup plus après fa deffication ; mais elle pèfe aux eftomac foib'es , caufe des vents '&c des borborigmes. Les femences réduites en farine , fervent aux cataplafmes émoUiens &C rglolutifs, Avec H A R Avec un peu d'art on vient à bout de conferver en vert des haricots , 6c c'elt une des proviiîons de carême pour la ménagerie. J'emprunte la re- cette de leur préparation , du Jour- nal économique du luois de février 1766. « Faites cueillir, fur la fin de l'été, les haricots de la meilleure efpc- ce & les plus tendres que vous pour- rez tiouver, dans la quantité que vous voudrez en faire provifion ; épluchez-les , c'eft-à-dire ôtez-en les pointes des deux bouts ôc les fils des côtés , Ikns cafler les haricots par le milieu , quand on veut les manger t-out de fuite ; faites après cela blan- chir les haricots en les jetant dans l'eau bouillante & les retirant pref- qu'auffitôt , c'eft-à-dire , quand ils auront fait deux bouillons feulement : ii n'en faut pas davantage fi l'on veut qu'ils confervent leur fraîcheur &c leur goût. Pour faire cette opéra- tion plus furement & plus commo- dément, on a une grande chaudière fur le feu, dans laquelle l'eau bout, & on fe fert d'un panier d'ofier , avec lequel on plonge dans cette eau les haricots , & on les en retire quand ils ont tant foit peu bouilH. Il n'eft pas nécefiaire de mettre toute la provifion en une feule fois , on peut le faire par parties & à difi^érentes re- prifes, mais toujours dans la même proportion de cu'.ffon. » A mefure que l'on retire les ha- ricots de l'eau bouillante , on les vcrfe fur des claies que l'on tient preffdes pour les y laifTer égoutter ; il faut bien les éparpiller fur fcs claies afin qu'ils reffuyent mieux , & les placer à l'ombre pour fécher. Mettez enfuite ces claies dans un four après qu'on en aura retiré le pain ; mais il faut que le four ne Tome f". HAT Ut foit guères chaud , & ne pas les y laiffer lorg temps ; car la chaleur" recuiro.'t les haricots ,'& en les fé- chant trop, elle en altéreroit la bonté. Pour éviter ce danger, fi l'on a un grenier ou quelquautre endroit pro- pre , Ô£ qu'on (e trouve encore dans le temps des grofics chaleurs, il vau^ dra mieux porter les c'aies chargées dans le grenier, & les y laiffer fé- cher toujours à J'ombre , jamais au foleil, par ce qu'il leur ôte la cou- leur & même le goût naturel. Le lieu le plus expofé à un grand courant d'air & à l'ombre , eft celui qu'on doit choifir par préférence. » Quand les haricots font bien fecs, on doit les enfermer dans des facs de papier & les remplir ; ils ne doivent être percés nulle part , & on les gardera bien après y avoir mis les haricots , en collant leur ouverture de manière que l'air n'y puifle entrer par aucun endroit; on fermera enfuite Je fac dans un lieu fec , jufqu'à ce qu'on veuille en faire iifaçe. » Lorfqu'on voudra en manger," on prendra un ou deux de ces facs dont on tirera les haricots que l'on mettra tremper dans l'eau fraîche,' depuis le matin jufqu'au foir ; cette eau les fera renfler & leur rendra leur première verdure : on pourra alors les faire cuire , les affai(onner,' les (crvir,. comme s'ils venoient d'être cueillis : le goût n'en fera pas toiit-à-fdit le même, mais la diffé- rence n'en fera pas bien grande ». HATIF. Terme de jardinage, pour défigner qu'un fruit ou une fleur viennent avant le temps ordinaire. Deux caufes produifent cette préco- cité : la première Se la plus ordij K kk •44^ HAT naire , eft le retour d'un certain de- gré de clialeur qui devance le retour de lafaifon oii il a coutume defe faire fentir , & ce degré de chaleur aug- mente & fe (butient. On fait que la végétation , la fleuraifon & la maturité des fruits font toujours relatifs au degré de chaleur de l'air ambiant , (y-ojeih mot Amandier); il n'efl donc pas furprenant que les fleurs fe hâtent d'épanouir & les fruits de mûrir fuivant la conlîituîion de l'at- mofphère. Dans ces circonflrances , les, récoltes ne font pas toujours bien abondantes, mais elles ont de la qualité : les fruits font délicieux , parce que la végétation fuit une marche uniforme , 6c n'efl point inter- rompue. La féconde caufe regarde les indi- vidus en particulier plutôt que la mafl"e; elle doit, je crois, fon origine aux foins long temps continués d'une excellente culture. Développons quelques idées à ce fujet ; quoique problématiques dans le fond , elles me paroifl^ent cependant avoir de la réalité, au moins jufqu'à un certain point; je les donne pour ce qu'elles font, & n'y attache aucune impor- tance. La vigne nous fournit un des principaux exemples; il efl démon- tré qu'elle eft originaire d'Afie, que les premières vignes cultivées en Europe le furent par les Marfeillois ; que de proche en proche fa culture iliivit le cours du Rhône, de la Saône enfuite ; enfin elle s'étendit infennblement dans toute la Gaule. Je demande acluellement : Les plants de vignes cultivés aujourd'hui dans îe territoire de Marfeille , font-ils fpécifiquement les mêmes que ceux apportés de Grèce dans l'origine ? J^ même queftion a lieu relative- H A T ment à Marfeille pour les plants aujourd'hui cultivés dans le refte du royaume. L'expérience prouve que l'on vendange aftuellement à Paris au moins auffitôt, pour ne pas dire plutôt, qu'en Provence & .qu'en Languedoc. Cependant l'intenfité de la chaleur de ces climats eft en raifon de leur proximité du midi , abflrac- tion faite des ahris ; ( voye^ le mot Agriculture ) & l'on peut dire que le terme moyen de lachaleurdu chmat de Paris pendant l'été , eft de 1 8 , tan- dis que celui du climat de Marfeille & de Montpellier eft de 22 à 23. Or , s'il y a environ cinq degrés de différence dans l'intenfité de la cha- leur habituelle de ces deux climats , l'époque de la maturité des raifins dans le même temps , tient donc à une autre caufe que celle de la cha- leur. Il y a plus ; fi on cultivoit dans les environs de Paris les efpèces de raifins cultivées aujourd'hui en Pro- vence, en Languedoc, elles n'y raûri- roient pas plus que le fruit de l'efpèce appelée verjus, qui refte prefque tou- jours verte , & fouvent complète- ment verte, tandis que le \rai pineau. de Bourgogne ou morillon de Paris , tranfporté dans m.es vignes près de Beziers y eft complètement miir à la fin d'août ou au commencement de feptembre. Il en eft ainfi d'un autre pineau ou morillon appelé la magddaine , par ce qu'il eft mûr à cette époque ; je ne crois pas que les efpèces de raifins cultivées au centre ou nord de la France, aient aucune reflemblance avec les pre- mières efpèces apportées de Grèce; & très-certainement elles n'en ont aucune avec celles cultivées aujour- d'hui au midi du royaume. Ces pre- mières font donc des efpèces noiu HAT velles , dues foit au mélange des étamincs, {voye^ ce mot) foit par les l'émis des pépins dans le temps que les vignes ctoient encore peu communes , & que la culture a per- pétuées & propagées. On a vu que telle eipcce mùriffoit mieux dans un canton que telle autre , que le vin «n étoit plus délicat, elle a eu la pré- férence 6c elle a été mieux cultivée. Mais comme cette tfpèce avoit déjà éprouvé une grande variation rela- tive à la différence du climat, & que, pour la conferver telle, il a fallu la cultiver avec foin , ces foins l'ont aidé à fupporter plus aifément le rapprochement du nord , & lui ont confervé fa précocité. Je mets en fait que fi l'on s'amufoit , dans les envi- rons de Paris , à faire des femis de pépins d'efpèces hâtives , que fi l'on donnoit à ces femis des cloches , des châlîis, & enfin une culture recher- chée , on parviendroit à avoir des efpèces encore plus précoces , & peut - être plus délicates pour la qualité : il ne s'agiroit plus que de leur faire perdre infenfiblement cette éducation fi foignée, & de les accou- tumer à la culture ordinaire. L'abri- cot, la cerife , la pêche, la pomme, la poire, hâtifs, font, à mes yeux, ^ans le même cas que la vigne , puifqu'à la cerife près, tous ces ar- bres à noyaux font étrangers au royaume, & originaires de pays beaucoup plus chauds. Le même rai- fonnement s'applique aux pois, haricots nains ou grimpans, qui ne difFcrent en rien des efpèces pre- mières, fmon par leur aftivité. Il feroit facile de fuivre cette idée ; mais c'en eft affez pour l'homme qui réfléchit. H É L 445 HAUSSE , efpèce de cadre d'un pied environ de diamètre dans œuvre, de douze à dix-huit lii^nes d'épaifleiir, de trois pouces de hau- teur , fans couvercle ni fond ^ garni d'une petite traverfe qui le déborde d'un pouce environ de chaque côté. Un feul coup d'œil fur la Figure j , de la Planche //, page 71 du pre- mier volume au mot Abeille , la fera mieux connoître que la defcript'.on, Confuhei le mot ABEILLE pour con- noître fon ufage. HAUTAIN, fe dit d'une vigne accolée contre un arbre dont les branches fervent à foutenir les far- mens, &: contre lefquels on les atta- che. Le cerifier, l'érable ou fyco-; more , font les arbres le plus com- munément deftinés à cet ufage. Oh voit de femblables vignes dans le Comté de Foix , près de Vienne , dans les environs de Grenoble. La culture & la conduite de cette vigne feront préfentées dans le plus grand détail au mot Vigne. HAUTE-FUTAIE. ( Voyci Fu- taie). HÉLIANTHÊME ou FLEUR DU SOLEIL, ou HYSOPE DES GA- RIGUES. ( royei PI. Xvl, page 374). Tournefort le place dans la féconde feôion de la fixième clafle, qui comprend les fleurs en rofe, dont le piftil ou le calice deviennent un fruit à une capfule , & il l'appelle Helianthcmarji vulgare flore luteo. Von- Linnéle nomme Cijîus HeUanthcmuntf & le claffe dans la polyandrie monor Fkur. Communément jaune , a cinq pétales régu'iers, difpofés en K k k z 4'44 H É L rofe. B repréfente un pétale fispâré. Le pillil C eft placé au centre de la corolle; il eft entouré par un grand nombre d'c.'amines D. Toute la fleur repofe dans le calice E , compofé de trois feuilles. Fruit. L'ovaire devient à (a matu- rité une capfule F, à trois loges & à trois valves , comme on le voit dans la Figure G , où elle eft repré- fentée ouverte ; chacune des loges renferme plufieurs femences menues & prefque rondes. FcuULs oblongues , garnies de quelques. poils, portées par de courts pétioles , à l'origine defquels forteat deux ftipules., Racim A , blanche , ligneufe. Port. Tiges nombreufes , grêles , cylindriques, velues,, couchées par terre; les fleurs au fommet difpofées en épis lâches, foutenues par de longs pédicules , les feuilles oppofées deux à deux. Lieu. Plante vivace , qui croit clans les lieux incultes, vulgairement nommés garigucs dans plufieurs provinces. Broprictés. Les feuilles remplies d'un fuc gluant , vifqueux ; la plante eil vulnéraire &c aftringente. Ufagi. On fe fert commurrément des feuilles , rarement des racines , Se jamais des fleurs : des feuilles on fait des décodions dans l'eau ou dans du vin; on fe fert en gargarifme de cette décoftion; on applique le marc & les comprefTes imbibées fur les coups,. les, contufions, Sic. . HÉLIOTROPE OK. HERBE AUX VERRUES. (Voyez Plandu XVII.) Tournefort la place dans la quatrième fedion de la féconde claffe , qui leo.n^.prend les fleurs d'uae feule piéc^ H É L. eii forme d'entonnoir , dont le fruit cS. compofé de quatre femences renfer- mées dans le calice de la fleur, & d l'appelle heliotropium majus diofcoridii-. Von-Linné le nomme heliotropium europceiim , & le clafTe dans la pentan- drie monogynic. Fliur. Tube menu à fa bafe , évafé à fon extrémité, divifé en fix fegmens inégaux. C, offre une de ces corolles vues par derrière ; B , la même corolle ouverte avec fes étamines ; D , le piftil ; E, le calice.. Fruit. Le piftil D , par fa maturité devient un fruit F, à quatre cap- fules arrondies & raftemblées , con- tenant chacune une femence G, an- guleufe d'un côté, convexe de l'autre & de couleur cendrée» FeuilUs^ pétiolées , ovales , très- entières, cotonneufes, ridé.es. Racine A , fimple , menue , un peu ligneufe. Port. La hauteur de cette plant6 varie fingulièrement fuivant le clif mat, le fol & la faifon; elle s'élève depuis demi-pied jufqu'à un pied & demi; les tiges font droites, rem- plies de moelle , cylindriques , bran-, chues, un peu velues;, les feuilles font alternes , placées à l'origine des rameaux; les fleurs naifTent au fom- met des tiges en épi , difpofées d'un feul côté, & l'épi eft recourbé en manière de crofTe, Lieu^ le bord des chemins, les terrains fablonneux; la plante efl annuelle , & fleurit en juin , juillet Se août , fuivant les climats. Propriétés, Les feuilles font amèrea delTiccatives , antifeptiques , réfolu-r . tives & déreifives par excellence; le fuc.de cette plante eft cauflique, fait tomber les poireaux appelés verrues j d'où vient fon nom; mais il.. H È L faut auparavant couper la peau co- riace qui les termine ; elle ell em- ployée, utilement pour déterger les vieux ulcères , les ulcères carcino- mateux ; elle s'oppofe à la gan- grène. Ufages. On emploie l'herbe en décodion , en cataplafmes. On doit la cueillir avant que la fleur épa- nouiffe; fraîche, elle eft plus effi- cace. Von-Linné compte huit efpèces d'héliotrope ; il eft inutile d'en parler, excepté de l'eipèce appelée hélio- trope du Pérou , parce qu'elle en eft originaire. La plante eft vivace , & prefque ligneufe , craint fingulière- ment le froid; elle exige la ("erre chaude dans nos provinces du nord, & l'orangerie dans celles du midi. L'héliotrope du Pérou diffère du pré'- cédent par fes fauiiles lancéolées, ovales , pointues, ridées , plifTées , d'un vert brun en-deflus, & plus clair en-deiTous; deux flipuîes accom- pagnent la bafe des feuilles. Un grand nombre de tiges s'élèvent du collet des racines, & forment une efpèce de touffe en petit buiffon; plufieurs épis naiffent au fommet de ces tiges, raffemblées les unes près des autres, au lieu que dans les autres héliotropes elles font folitaires ;& dans toutes ces fortes d'efpèces elles font recour- bées en manière de croiTe. Von-Linné nomme cette eipèce heliotropium peruvianum. Quatre ou cinq vafes remplis de cette plante fuffifent pour embaumer l'air & le parfumer d'une odeur dé- licieufe , qui approche de celle de la vanille. L'héliotrope du Pérou de- mande beaucoup d'eau , à caufe du grand nombre de fes racines che- velues 5 qui ont bientôt abforbé toute HÉM 44^ l'humidité de la terre du vafe qui la renferme. On peut le multiplier par femen- ces ou par boutures , ou en iépa- rant des drageons de fes racines. La voie des femences eft plus lon- gue ôi plus cafuelle , fur-tout dans les pays froids. Il fuffit de cafter une des tiges , de la piquer ^n terre , de la tenir à l'ombre , de l'arrofer fou- vent. Se elle reprend îrès-vîte. Les drageons font plus hâtifs & pUis fùrs. Chaque année il faut dépoter la plante , fupprimer une grande partie de fes chevelus , & encore mieux ne rien fupprimer, & lui donner fucceflivement de plus grands vafes. On a alors un épais buiffon charcré de fleurs. HÉMINE , mefure de grains adoptée en plufieurs endroits du royaume , & en quelques ports de Barbarie. L'hémine néanmoins n'eft pas ime mefure effeftive , comme peuvent l'être le boifTeau , le minot ; mais une efpcce de mefure de compte, ou un compofé de plvH fieursaïUies certaines melures. A Auxonne, l'hémine eft de vingt- cinq boiffeaux du pays, qui revien- nent à deux feptiers & un tiers de Paris ; elle pèfè 640 liv. poids de marc ; 100 de ces héniines font' izz ânées de Lyon. L'hémine de Maullly contient vingt-cinq boifleaux de ce lieu , qui font égaux à trois feptiers de Paris; elle pèfe 720 liv. A Saint-Jean-de-Laune , l'hémine eft de dix-lept boifleaux du pays , cui rendent à Paris deux feptiers & dix* boifleaux -3 on trois- fepîiers ; ieioij - 44^ H É M M. Girardeau , & le tarif des grains , pèfeauffiyio liv. A Marfeille , l'hémine de blé eu eftimée pefer 75 livres, poids du lieu, ou 60 livres & un peu plus poids de marc. Les quatre hémiiies font la charge de 300 livres. L'hémine à Agde eft de deux fep- tiers &C pèfe 120 livres ; celle de Beziers donne deux pour cent de plus (i). L'hémine de Narbonne , dont les deux font un feptier , pèfe 65 livres. A Montpellier , l'hémine fe divife en deux quartes ; deux hémines font le feptier , & fix hémines font un mudde & demi d'Amflerdam, A Gênes , l'hémine pèfe 198 livres poids de marc; ainfi, il en faut 100 pour 81 feptiers & demi de Paris. En Barbarie , l'hémine revient à 9 boiffeaux de Paris ; elle pèfe 18 % liv. poids de marc. HÉMIVLEGIE. Terme de médeci- ne , pour défigner la paralyfie qui af- fetle feulement la moitié du corps. HÉMOPTYSIE , MÉDECINE ru- rale. L'hémoptyfie, ou crachement de fang , eft ime éjeftion par la bou- che , de fang vermeil forti des pou- mons , toujours précédée de la toux, H Ê M & accompagnée d'une difficulté dans la refpiration , & d'une douleur ai- guë ou gravative dans quelque partie de la poitrine.On difti.;giie deux fortes d'hémoptyfie ; l'une vient des vaif- feaux de la gorge, & l'autre de la rup- ture de quelque vaiffcau du poumon. La première efpèce n'eft pas du tout dangereufe; on la rccon,-.oît à la fa- cilité avec laquelle le malade rejette le fang par la bouche. On n'obferve ja- mais ni douleur, ni gêne , m oppref- fion dans la poitrine , ni même le moinde effort. Pour l'ordinaire c'efl quelque contufion,ou quelq.e coup porté fur les gencives qui lui d irritation excitée dans les membra-- » nés bronchiques ,& par commu- » nication dans tous les organçs de H È M »> la re/piration , occaiîonne desmou• » vemens de contradion répétés , » d'une manière conviilfive qui conf- w tituent la toux , ÔC opèrent l'ex- » peftoration violente qui fuit du » fang, ou des mucofités fanglantes » chargées de bulles d'air, qui y (ont » mêlées, par l'agitation, le fouette- » ment, pour ainfi dire , qu'elles ont M éprouvé avant que d'être ciiaffées » des cavités bronchiques , ce qui rend » les crachats écumeux ». (i ) L'hémoptyfie n'eft pas toujours une maladie effentielle ; elle eft fou- vent fymptomatique , & bien loin de vouloir y remédier , il eft plus avantageux de la refpeiler, & ne pas la troubler ; quelquefois elle tient lieu d'évacuation périodique chez les fem- mes , & fupplée au flux hémorroïdal chez les hommes. Si le crachement de fang n'efl pas excefllf, il eft un fymptôme favo- rable; comme dans la pleuréfie, la péripneumonie , & plufieurs autres maladies. Mais il eft toujours d'un très-mauvais augure dans les hy- dropifies , le fcorbut &c la phthyfie : il fuppofe toujours un ulcère dans la fubftance du poumon, comme lorf- qu'il furvient à la fuite d'une très- longue maladie. L'hémoptyfie eft une maladie fu- nefte aux perfonnes avancées en âge : les jeunes gens qui y font fujets, de- viennent tôt ou tard pulmoniques; ra- rement vivent-ils au-delà de 30 à 36 ans. Pour l'ordinaire , ils paffent du crachement de fang à celui du pus , du crachement du pus à la confomption , & de la confomption à la mort. D'après ces confidérations , il eft H É M alfé de voir que l'hémoptyfie eft une maladie très-dangereufe,& que crux qui y font fujets , meurent de bonne heure. Dans le traitement de cette maladie, il paroît qu'il n'y a qu'une indication à remplir ; elle doit con- fifter dans l'emploi des moyens pro- pres à fermer le vaifleau qui fournit le (ang. Le choix tomberoit fans doute fur les remèdes aftringens , fi leur ufage n'étoit point pernicieux : ce n'eft point ce qu'on doit avoir en vue. Les indications curatives doivent avoir pour objet les caufes qui la produifent. Eiles fe rapportent i**, aux contrarions fpafmodiques que foufFrent certains organes voifins ou éloignés du poumon , qui par fym- pathie déterminent le fang à fe por- ter avec effort fur ce viicère , à la pléthore générale ou particulière , à la fuppreflîon des évacuations pé- riodiques & habituelles. i°. A l'af- foiblifi"ement du poumon. 3°. Aux fignes fenfibles de difiblution &c d'a- crimonie , qui par érofion détermir nent l'hémoptyfie. 1°. Le premier de tous les remèdes pour combattre la pléthore , détendre le fpafme &c retirer le fang de la partie où il fe porte , eft la faignée qu'on doit répéter félon les circonftances. S'il eft des maladies où l'abus de ce moyen foit pardonnable , c'eft fur-tout dans celle-ci, d'autant plus qu'il y a dou- leur de côté, & que la difficulté de refpirer eft confidcrable. Pour peu que le pouls s'élève, même fans fiè- vre , il faut encore faigner. On a à craindre des accidens dont les fuites pourroient être fiineftes ; mais la faignée du pied & l'application des (i) Encyclopédie, Fol. XVII, pa^. 210, fanfuçs HÉ M inhgfues à l'anus , feront plus avan- tageufes , s'il a précédé des fuppref- fions de flux hémorroïdal, ou de flux menflruel. Après avoir faignc convenable- ment , il faut faire prendre aux ma- lades toutes les boiflbns froides , ainfl que les crèmes de riz , & autre nour- riture liquide. Mais il faut prendre ^arde de ne pas arrêter la tranfpira- •lion avec les boifl^ons froides. Âierlj médecin italien , confeille l'eau à la glace, & les glaces au citron dans le même temps où l'hémoptyfie va , paroître &• dans les intervalles. L'ap- plication de ce remède eft délicate; elle pourroit être pernicieufe à cer- tains tempéramens. Les nitreux , le cinnabre, J'eau àe poulet, celle de veau , l'infufion Ae guimauve & de bouillon blanc , les huileux , font de puiflans anti- fpafmodiques,& procurent toujours une détente avantageufe : s'il y a des alternatives de fpafme & de foi- blefle , le quina eft un antifpafmo- dique qui manque rarement; mais il faut avoir fait précéder les remèdes généraux. Les narcotiques adminif- irés avec prudence, feront employés lorfque les antifpafmodiques auront été infuiSfans. 2°. Lorfque la foiblefle du poumon accompagne l'hémoptyfie , il ne faut le fortifier qu'à la fln de la maladie ; on interdira aux malades les alimens venteux, grofliers&de difficile digef- tion :ils éviteront avec foin les em- portemens &. la colère : fi les fujets font •vaporeux , on leur donnera les remè- des nervins , mais de temps en temps, •on en variera refpèce. Il efl fuperflu de prendre des reinèdes pour chafler Jes grumeaux de fang qui font dans sÊes bronches : la nature eu fufiîfante ', To/nc F. H É U 449 il n'efl: pas même nccefl"aire d'en hâ- ter l'expeftoration. Cependant les forces toniques peuvent être lan- guiffantes ; alors la nature manquant de force , doit être aidée ; & pour cela iln'eftriende meilleur que les vapeurs du vinaigre. Il faut prefcrire l'exercice aux malades , & fur-tout l'exercice à cheval dans un air fec & libre , à jeun ou après la digeflion : il doit cependant avoir égard à certaines circonftances , parce qu'il pourroit caufer l'hémoptyfie au lieu de la pré- venir. 3°. Quand l'hémoptyfie reconnoît pour caufe l'acrimoBie & la diflblu- tion des humeurs, il faut alors don- ner des correftifs, & s'abflenir des remèdes aflringens. Les tiges & les feuilles de l'hypericum, le tuflilage, le baume de la Mecque , la -gomme arabique, le lok blanc, félon la pharmacopée de Paris, font des re- mèdes excellons, ôc pour l'ordi- naire très • efficaces : le miel peut être très-utile; fa vertu, dans l'inté- rieur, eft fans doute conforme à celle qu'il produit appliqué extérieure- ment, qui eft celle de confolider. Mais on doit fans doute préférer le lait d'une femme bien conftituée, & qui ne fe permet pas des écarts dans le régim.e : ce lait, par la manière de le prendre, n'eft pas fujet aux im- preffions de l'air qui l'altèrent : après lui vient le lait d'ànefl'e, & enfuite celui de vache : les raifons de pré- férence font que la crâfe du lait d aneflTe, eft plus forte que celle du lait de vache , & celle du lait de femme , plus forte que celle du lait d'â- nefle,&plus dans celle-ci que dans la vache. Il convient d'interrompre de temps en temps, pour un ou deux jours, 4 par les nafeaux. On peut encore ajouter à c^s cauies une dépravation des h ^meurs qui humeftent les bronches, 'a pléthore des vaiffeaux du poumon , &c. Le fang, qui dans cinte maladie fort par les nafeaux, eft pour l'or- dinaire rouge, clair, & écumeux; l'animal touffe av. c plus ou moins de force, &c à chaque expiration fo- nore, on s'appe çoit qu'il coule du nez une grande quant-té de fa-g; que la difficulté de refpirer eft confidéra- ble . & que les flancs font agités. Le danger de cette maladie eft toujours relatif à l'aftiviié de fes fymptô nesrlefarg. par exemple, qui s'échappe par les nafeaux, eft-il écu- meux , clair & très-abondant ? l'ani- mal eft en danger de perdre la viej ne s'écoule- t-il qu'en petite quantité, n'y a t-il ni batrement des flanc«, ni difficulté de refpirer ? la maladie peut le euérir, pourvu toutefois que la fuppuvation, comme il arrive aflez fouvent, ne fuccède pas à cette éva- cuation. La (aignée à 'a veine jugu- laire, eft le r-mède le plus prompt & le plus effer.tiel à mettre en uifcge : quoique très-néceffa:re d.ms le pre- mier temps, elle ne doit pis être pouffée tro;) loin, dans la crainte de précipiter Tan mal dans la phtlifie pulmonaire, (^oy- Phthime.) I f-iut avoir égard .1 la quantité au (a^g évacué par 'es na'eaux,à l'éta p'é- thorique de Ta im-d , à <és ^orces vi- tale^. Les rafiaîchiffans, le>. aftrin- gens, les vulnéraires, f-nt 'es re- mèdes dont on doit ufer ajirès la faignée ; tels fout, l'eau bl nchie avec la farine de riz, & la dccoûion de H É M grande confonde, aiguifée de deux drachmes d'alun , fur fix livres d'eau; la décoûion de planrain, de pimpre- nelle, de lierre terreftre, de per- venche, &c. : on peut auffi faire pren- dre, foir & matin, au bœuf ôc au cheval , un bol compofé d'une once de cachou, incorporé dans fuflifante quantité de miel. L'application de l'eau à la glace, fur les parties laté- rales de la poitrine , peut réuffir quel- quefois ; mais ne l'employez qu'après avoir tenté les remèdes ci-deffus. Tenez l'animal malade dans une écu- rie propre, fèche & bien aérée; ne lui préfentez ni foin ni luzerne, ni avoine , que l'hémoptyfie ne foit parfaitement fufpendue , ÔC ne le fai- tes travailler que douze ou quinze jours après la guérifon. M. T. HÉMORRAGIE, Médecine ru- rale. On entend par hémorragie, une éruption de fang de quelque par- tie du corps que ce ioit, caufée par la rupture, l'ouverture ou l'érofion des vaifleaux fanguins. H n'y a aucune partie du corps vi- vant qui ne foit fujette à l'hémor- ragie, parce qu'il n'y a aucune partie où il ne fe trouve des vaiffeaux i'vS- ceptibles d'ctre ouverts par une caufe quelconque, tant interne qu'ex- terne. Il eft prouvé que tout corps ca- pable de couper, déchirer, ouvrir, corroder, peut donner lieu à des écoulemens de fang, en écartant les fibres qui compofent les parois des vaifleaux par la iblution de conti- nuité de leurs membranes &c de leurs tuniques. D'après cela, l'hémorragie peut venir des oreilles, dli nez, des yeux, des gencives, & de toutes les parties H É M 451 de la bouche. Elle peut avoir fon fiége dans les poumons , dans l'ef- tomac & les intellins ; dans les vaif- feaux hémorroïdaux , & dans les or- ganes de la matrice. Les hémorragies internes font tou- jours plus dangereufes que les ex- ternes. Il eft ôuflî très - difrxile d'y apporter le remède convenable. On diflingue deux fortes d'hémor- ragies; l'une eft critique, & l'cutie fymptomatique : l'hémorragie criti- que eft ordinairement (alutaire , & n'épuife jamais celui qui en tft at- taqué; au contraire, elle foulage beaucoup , & bien loin d'afFoiblir , elle eft fouvent un moyen de reffcurce que la nature emploie pour guérir les maladies les plus g aves. Il n'en eft pas de même de l'hé- morragie fymptomatique ; elle eft prefque toujours d'un mauvais au- gure , ou l'annonce de quelque vice , d'une diflblution , ou d'un ulcère éta- bli dans quelque vifcère efientiel à la vie. Cette hémorragie entraîne néceffai- rement après elle une perte de force , & une foibleffe dans le [x^uls ; il eft fouvent très-difficile de l'arrêter; les remèdes les plus cftîcaces échouent , & les malades fuccombent. Nous avons déjà parlé de l'hémor- ragie du poumon , au mot Himopty- f-i : nous aurons occafion de faire connoître celle qui vient de la ma- trice au mot Perte de fang, & celle de la veflîe au mot Pijfement de fang. Nous renvoyons le ledteur, pour l'hé- morragie de l'anus , au mot Hémor- roïdes , & pour ce qui concerne celle de l'eftomac , au Fom'iQemcnt de fang. ( Foye^^ ces mots). Nous ne ferons mention , dans cet article, que des hémorragies les L 1 I 1 45 î H Ê M plus communes , & les plus fami- lières au cultivateur , telles que celle par le nez , les hémorragies pério- diques , & celles qui viennent à la fuite de quelque folution de conti- nuité , par caufe externe , fans per- dre de vue les caufes qui les ont produites. Un régime de vie, pris dans les alimens trop fucculens , un embon- point exceffif, le défaut d'exercice, tout ce qui occaiîonne une furabon- dance de fang , peut caufer l'hémor- ragie. Une trop longue expofition aux ardeurs du foleil, un tempérament vif & fanguin , un exercice immo- déré, la courfe trop précipitée du cheval, l'ufage du café & des liqueurs fpiritueufes , celui des vins forts, & qui n'ont point fermenté, des coups portés à la tête , une frayeur , peuvent la déterminer. Elle dépend encore de la fuppreffion de quelque évacuation périodique , comme les règles, les hémorroïdes , des fortes paillons , des purgatifs trop violens, des efforts d'un émétique, qui aura déterminé le fang vers la tête, d'une fréquente & trop forte fternutation. Elle peut reconnoîlre pour caufe l'acrimonie du fang, une affection fcorbutique , ou vérolique. L'hémorragie caufée par la rupture des vailleaux , fe trouve dans les efforts, violens, après des cris re- doublés Se un chant forcé , ou après des efforts violens pour aller à la felle. Les fignes avant-coureurs de l'hé- morragie , font la pefanteur & la douleur de tête , la rougeur des yeux & du viant 'es liga- tures. ( Foye^ le mot BolrRELET ) » Hémorroïdes, méuecine RURALE. Les hémorroïdes loiit des '4^6 H É M tumeurs rouges, fouvent très-dou- loureufes , qui naiiTent dans la marge ^e l'anus , & qui difparoiffent lorf- qu'elles ont laiffé coider au dehors une certaine quantité de fang. Elles font ou internes ou externes; îes premières font cachées dans l'in- îeftin redum , & les dernières pa- roifTent au dehors ; on appelle hé- morroïdes ouvertes celles qui laiffent fluer le fang , & hémorroïdes aveu- gles , celles qui n'en laiffent échapper aucune goutte , & qui font produites par le gonflement des vaiffeaux hé- ar.orroidaux. Les hémorroïdes peuvent tenir à ime caufe héréditaire ; mais dans les caufes générales & accidentelles fe- ront comprifes les fuppreffions des évacuations habituelles , la trop bonne chère , les vives paffions de l'ame , tout .ce qui peut incendier le fang , & les lîutres humeurs; les obfrructions du ^oie & de la rate , une vie trop féden- ialre , le défaut d'exercice. H É M ment. Les hémorroïdes qui fluent font ordinairement falutair^s. La fup- prefîîon du flux hémorroïdal caufe les plus grands ravages. Les hommes , en général , y font plus expo fés que les femmes. J'ai ob- (ervé que chez certaines perfonnes du fexe , ce flux tenoit lieu de règles ; fur - tout lorfqu'elles difparoifTcient de trop bonne heure; on reconnoît fes bons efFets au changement en mieux qu'il opère. Les malades fe trouvent plus gais & plus légers ; ils reprennent l'appétit, & vaquent avec im certain plaifir à leurs fonctions journalières : c'eft par lui que la nature fe débarrafi'e du fang foperflu dans le corps , & qui pourroit déterminer dans quelque vifcère efl'entiel à la vie , des inflammations & des en- -gorgemens. Auffi voit-ondes hommes réglés par cette partie comme les femmes. Le flux hémorroïdal efl très-falu- taire aux goutteux & aux mélancoli- Eiks peiivent être occafionnées pari^jjjfaes. Il eft quelquefois fouverain dans Luie abondance de fang , par l'ufage ^^res des lave4'nens irritans &c des purgatifs trop forts;. par la conftipation , par différentes elbèces de tumeurs fuf- ceptibles de le fixer dans l'anus & xromprimer les vaifl'eaux bémorrcï- iiaux. Il faut encore admettre une dii- pofition à contraâer cette maladie , Bifpofition qui tient toujours à la mol- îefle ,à la lâcheté des fibres. C'eft auffi .d'après ce principe , que les gens de lettres y font très-fujets. Les lymptômes avant-coureurs des hémorroïdes ., font une pcfanteu? dans la région du foie , & une dou- leur qui augmente après le repas ; le ¥ifage teint en jaune ; la conjonftive xie l'ûeil ternie , les digeftions difKci- \is j t:ne pefanteur dans le fonder coliques inflammatoires & bilieu- fes , & fur-tout dans Tinflammation des vifcèresdu bas-ventre. On fait que les hémorroïdes font quelquefois fi douloureufes, qu'elles donnent la fièvre, & les malades ne peuvent pas s'afléoir. Des fymptômes auITi violens ne s'obfcrvent jamais quand elles fluent ; fous ce point de vue, le traitement que l'onftpropofe, doit avoir pour objet deux temps , celui de l'inflammation & celui de la réfolution. Dans le temps de l'inflammation , on pratiquera la faignée pour cal- mer les douleurs , abattre le gonfle- ment, Ôc faire cefTer les élancemens qu'on éprouve dans le fondement ; on y reviendra, fi tous ces fymp- îômes H É M tomes n'ont point cédé à la première évaciiario;-). On tVra donner aux malades des lavemens émolliens, avec la graine de lin , la racine de guimauve , ou bien avec de Teau &C' une cuillerée •d'huile d'olive récente; maison aura le foin d'invertir la canule d'un boyau de poulet, pour que fon introduftion ne puifle pas nuire : on leur prefcrira î'ufage des tilannes rafraîchiflantes & mucllagineures , telles que l'eau de poulet, l'eau d'orge perlé , le pe- tit lait, les crèmes de riz; ils expo- feront le fondement aux vapeurs d'une forte décoûion de fleurs d'al- ihéa , ôc de pariétaire. On appliquera un mélange fait avec le fuc de joubarbe , un jaune d'œuf , & un grain d'opium. Srtu- vage recommande beaucoup les ca- taplafmes faits avec les feuilles de joubarbe ; à défaut de la joubarbe , on peut y fuppléer avec le lait, le fafrar), les feuilles de bouillon blanc, les fleurs de camomille, & les feuilles de jufquiame. Les demi-bains pré- parés avec la décoftion de ces plan- tes , feront auffi très- avantageux. On peut prévenir le retour des hémor- roïdes, en fe baffinant le derrière , tous les jours , avec de l'eau froide ou tiède , & en buvant tous les jours une pinte d'eau coupée avec un verre de lait. Si tous ces remèdes font infufHfans, on aura recours à l'application des fangfues à l'anus, qui en procurant le dégorgement desvaifleaux hémorroï- daux, opérera le prompt rétablifTe- ment de la fanté. La curation des hémorroïdes, ex- ternes cft à peu près la même. Mais il paroît que l'application des remèdes doit agir d'une manière plus efficace; Tome y. H Ê P ij57 néanmoins , on doit s'abflenir de tous corps gras & onftueux qui font plus nuilibles qu'avantageux, en bouchant les pores de la tranfpiration ; en un mot , l'application des fangfues fur l'hémorroïde efl préférable : je fou- tiens qu'elle eft le feul & unique re- mède. Ce m.oyen entre mieux dans les vues bienfaifantes de la nature, & Cil plus conforme à fes mouve- mens falutaires ; c'efl: par lui qu'elle eft: aidée dans fes efforts , ôc rappe- lée de fes écarts. Quand les hémorroïdes reconnoif- fent pour caufe des obflructions dans le foie, on a recours aux remèdes propres à les combattre. ( Voye\ Obstruction ). Les remèdes aflringens ne feront employés que lorfque le flux hémor- loïdal fera excefTif, & qu'il y aura à craindre un état de foiblefîe. On commencera par les plus fimples, pour pafTer infenfiblement à l'ufagc des plus énergiques. HÉPATIQUE, ( flux ) MÉDECINE RURALE. Le flux hépatique efl une maladie affez rare, qui s'annonce tou- jours par un cours de ventre féreux & fanguinolent, femblable à la la- vure des chairs; & accompagné de fièvre lente, de dégoût, 6c d'une amertume à la bouche. Ceux qui en font atteints , rendent beaucoup de vents, leurs urines font jaunes, & dépofent un fédiment bi- lieux ; ils reffentent dans l'hypocon- dre droit , une douleur & une forte rénitence : leur vilage eft d'un jaune afTez foncé, ils font tourmentés de la toux & d'une difficulté de ref- pirer; quelquefois le fang leur fort du nez & de la bouche. D'après cette defcription , il eft M m m 45 8 HÉP aifé de voir que le fiége de cette maladie eft dans la lubftance du foie. Elle fe manifefte à la fuite de quelque longue maladie qui attaque ce vifcère : les mélancoliques, les hy- pocondriaques, les tempéramens bi- lieux y font très-fujets. Elle diffère des hémorroïdes & de la dyflenterie, en ce que le fang qui fort par le fondement, efl mêlé aux excrémens ; qu'il eft , au contraire , vermeil & pur dans les hémorroïdes , & qu'il n'y a jamais ni douleur, ni tranchée, ni ténefme dans le flux hé- patique, comme dans ladyffenterie. Dans les eaufes du iliix hépatique, on doit comprendre tout ce qui peut obllruer le foie; l'inertie & la foi- blefle yc{ ce mot ) , parce que l'ordre & les loix de la nature font intervertis. Cette diflindion des herbes par leur durée eft la plus naturelle, &c le temps feul apprend à les connoître. On peut encore les divifer , quoique générale- ment , par les lieux où elles croiflent ; on aura alors les herbes aquatiques, les marines & les terreflres. Si on confidère le temps de leur fleuraifon ou de la maturité du fruit, elles feront clafl"ées en printanières , en eftivales §<: en automnales &c hiver- nales. Quant à leur culture , on les coniidcrera comme herbes potagères, céréales, vineufes Sc naturelles aux prairies. On voit que toutes les dif- tinftions font beaucoup trop géné- rales , & que pluficurs plantes paflenî indillindement d'une claiTe dans ime autre. La diftlnftion des herbes par la forme de leurs racines feroit plus util? aux cultivateurs, puifque cette forme prefcrit la manière de les cul- tiver & le fol qui leur convient. Il y a peu d'exception à cette loi gé- nérale. Plante à racine bulbeufe , ( ks H E R 461 oignons ) ; tubéreufe , ( les pommes de terre ) ; fibreufe , ( les blés ) ; tra- çante, (le chiendent); à pivot, ( la luzerne ). Toute herbe à racine bulbeufe aime une terre légère fubftantielle , & craint la trop grande humidité , parce que fa racine eft compofée, foit d'écaillés , ( l'oignon de lis ) ; foit de tuniques, (l'oignon ordinaire), ou bien l'oignon eft plein; mais dans ces trois ordres , il eft rempli de mu- cilage qui abforbe fi bien l'humidité de la terre, que p'ufieurs efpèces d'oignons végètent. Ils fleurifl!"ent Am- plement expofés à l'air atmofphé- rique, ( l'oignon de fcille ou fquille). Les oignons demandent donc à être peu enfoncés en terre , & même on les voit , lorfqu'ils grofliflent , venir à l'extérieur quêter les influences de l'at- mofphère. Les herbes à racine tubéreufe crai- gnent également la trop grande humi- dité ou la trop longue humidité , à caufe du tiffu fpongieux & mucilagi- neux qui remplit ces tubercules ; ordi- nairement le parenchyme ne fait que la moitié de leur volume. Outre ces- tubercules , ces plantes font garnies de racines fibreufes &c en affez grand nombre; elles demandent donc un fol qui ait du fond, qui foit bien amendé, bien travaillé , & arrofé au befoin , ou par les pluies ou par art. Les herbes à racines purement £-- breufes n'exigent pas la même profon- deur pour le fol, puifqu'elles ne peu- vent s'implanter fort avant dans la" terre ; mais plus la racine eft fibreufe , . plus elle demande un terrain bien ameubli & bien amendé , fans quoi elle végétera mal,& épuifera ce ter-- rain au point de ne lui laifTer prefqiie" plus de nerf ni de Ijçîï; La racine dir. 46t H E î^ tournefol , foit vivace , ibit annuel , en fournit la preuve. On travaille en pure perte lorfqu'on laboure ou lorf- qu'on bêche beaucoup au-delà da point jufqu'auquel la racine peut aller , quoique ce travail ne foit pas en lui-même inutile , puiiqu'il a ra- mené à la furface la terre de def- •fous , ou bien l'a mélangé avec celle dedeflus déjà appauvrie parles plantes qu'elle a nourries. Les labours fi pro- fonds ne font donc pas de néceffité première dans les bons fonds deftinés aux plantes à racines fibreufes. Il n'en eft pas ainfi des herbes à raci- nes pivotantes, (la luzerne, les carot- tes , les fcorfonères , &c. ) : elles n'ont point ou très-peu de racitres trbreu- îes ; toute la nourriture vient du pi- vot , 6c dès que ce pivot ne peut plus s'enfoncer, la plante commence à lan- guir. Le pivot de la luzerne , dans un loi qui lui convient , pénètre jufqu'à quatre & même cinq pieds de profon- deur ; mais pour pivoter avtc facilité , il faut que la terre foit douce, fiibftan- tielle ; c'eil-à-dire , un compofé de terre végétale & de fable. Il feroit facile d'étendre beaucoup plus loin ces généralités ; elles font iuffifantes à l'homme qui réfléchit. Herbe ( mauvaife ). Dénomi- nation vague , &c qui préfente une idée faufle. Je ne connois en agri- culture que le chiendent & quelques autres plantes femblables , parce que leurs tiges brifées prennent racine à chaque nœud , ou fi elles rampent fur terre , de chaque nœud il fort des racines. Une fois établies dans un champ , dans une vigne , il eft prel- que impofïïble de les détruire fans des travaux fans cefTe renouve'és & ^ong-temps continués, Une herbe eu " H E R mauvaife lorfqu'elle s'empare du fol dans lequel on a femé telle lautre plante, parce qu'elle efl: paraûte , dé- vore fa fubflance , nuit à fa végéta- tion, ou la fait périr , en la privant des influences de l'air ; mais c'eft tou- jours la faute du cultivateur, fi foa jardin, fi fes champs en font infectés ; pourquoi ne les a-t-il pas travaillés avant la maturité de ces herbes , qu'il appelle mauvaifcs , &c fur-tout à l'é- poque de la fleuraifon , temps auquel elles font le plus remplies de fucs & de principes végétatifs ? Alors ces herbes auroient rendu à la terre plus de principes qu'elles n'en avoient reçus d'elle , &c feroient devenues un engrais naturel. ( ^oye^ les mots AMENDEMEfîT, ENGRAIS , & le der- nier chapitre du mot Culture ). Cela efl fi vrai , que oans les pays dont le terrain eit maigre , on sème du lupin ( voye^ ce mot ) qu'on enfouit avec la charrue dès qu'il efl en pleine fleur. Ces pré- tendues mauvaifes herbes , fi re- doutées des cultivateurs , font ce- pendant une des refTources de la na- ture , pour redonner aux champs la fertilité , puifqu'ellts leur ren^ent ce qu'elles ont reçu d'eux , mais en- core les principes qu'elles fe font ap- propriés de l'atmofphère ; auffi ja- mais froment n'efl plus beau qu'après la deflruftion d'une prairie , d'une luzernière , d'une efparcette , &c. parce que les débris de ces plantes ont formé une mafTe de terre végé- tale. ( Foyei le mot Alterner ). Heureufes font les provinces où la fécherefîe n'empêche pas d'alterner. Les petits labours , & multipliés à pro- pos , font les feuls moyens d'empê- cher que l'année pendant laquelle un terrain efl femé en blé , ne foit pa| G E R epniré psr ce qu'on appelle iiiauvaifes Èerhes. Lorfqu'on craint leur répro- «îuciion , c'eil; le cas de donner un la- bour auffitôt que la récolte efl levée. Toutes les graines font enfouies en terre ; quelques-unes pouffent avant l'hiver, & c'eft le cas alors d'hiver- ner par un nouveau labour. Un au- tre labour après l'hiver détruira cel- les qui auront végété , & les labours du printemps & de Tété achèveront de les détruire ,, fur-tout û on les la- boure pendant la fleuraifon. On ne doit pas cependant efpérer de détruire complètement les mau- vaifes herbes par les travaux aflîdus d'une année.. Il y en a un très-grand nombre dont les femences ne lèvent qu'à la féconde ai. même à la troi- fieme année ; d'ailleurs , les grands coups de vents tranfportent au loin ItiS femences ailées ou garnies d'ai- grettes , telles font celles des char- dons, &c.; maisù on alterne de deux ou de trois années l'une , ôi fi ja- mais les terres ne repofent , on n'a rien à craindre des plantes parafites , à moins qu'elles ne foient portées aux champs avec les blés que l'on y fème , ou avec les engrais. Les diffé- renres p'antes dtHinées au fourrage ne mùriffint pas également , &C û les fouri agcS font coupéstropfeGs , il n'eft pas étonnant que les fumiers qu'on, retire de deifous les bêtes ne foient chargés de kurs graines , à moins que ces fumiers ne foient très-vieux & n'aient acquis, par la fermentation foutenue , une cha'evu" capable d'alté-i rer la grame, . Toute herbe à racine pivotante rëuflit très-bien après la lecoke des plantes à racines. -fibreufes > & ainfv tour-à-tour. Voiî). le grr.nd art de l!agricukure , . lo; que l'on counoît . G E R 4^3 bien la nature du fonds fur lequel ca travaille. Le cultivateur ne s'écarte jamais de ces données fans le payer chèrement. Herbe AUX AULX. (F. Alliaire), Herbe au Charpentier. ( Foje^ MiLLEFEUILLES). Herbe aux Chats ou CATAiREr ( Voyez Planche XVU. page 43 3 ). Tournefcrt la place dans la troifième feftion de la quatrième claffe , qui comprend les herbes à fleur à une feule pièce & en lèvres, &: dont la lèvre fupérieure eil retrouffée , il 1 appelle cusuria major vulgaris. Von» Linné la c'afle dans la didynamie gymnofpermie , & l'appelle nepeta cataria. Fleur pourpre, à quatre étamineSy dont deux plus longues & deux plus courtes. Elle eft repréfentée de pro- fil en B , & en face en C, ainfi que la manière dont les étamines font placées. La lèvre fupérieure ef^ ar- rondie, échancrée , relevée; l'infé- rieure divifée en trois parties ; celle du milieu arrondie & creufée en cuil- ler; le calice petit, découpé en cinq dentelures égales, D repréfente ce calice ouvert. ■ Fruit ; l'embryon formé par quatre ovaires qui renferment chacun une graine ovoïde jaunâtre E. Feuilles , pétioiées fimples , entiè-- - res , oblongues. Racine A, ligneufe, rameufe. P.ort; tige de la- hauteur de trois • pieds , quarrée- , velue , herbacée , . rameufe; les rameaux to;.ijOur.s oppo- fés deux à deux; les feuilles flo- - ra'es en forme d'alêne à l'a baie des^ calices;. les fleurs en épis , pprtcesji 4^4 H E R fur de courts péduncules ; les feuilles oppofées. Cette plante eft appelée Jurhe aux càj«, parce que ces animaux aiment à fe rouler defliis & même à en manger. L'uu ; les terrains humides ; la plante eft vivace , fleurit en juin & en en juillet. Propriétés ; la plante a une odeur aromatique & une faveur acre & amère ; les feuilles échauffent , aulg- nientent la force du pouls ik. la foif , conftipent, contribuent à l'expedo- ration des humeurs pituiteufes , ré- tabliffent quelquefois le flux menf- truel , les lochies ÔC les pertes blanches fupprimées par le froid. Elles font indiquées dans l'afthme pituiteux , fur la fin de la toux ca- tarrale & dans les pâles couleurs. Le fuc infpiré par le nez fait éternuer & entraîne plus ou moins d'humeurs muqueufes. Ufages. On fe fert fouvent de Fherbe , des feuilles & des fommi- tés fleuries. On en fait une poudre , des décoftions pour les animaux , & pour l'homme, des infufions dans du vin ou dans un véhicule conve- nable. Herbe aux Cuillers ou Co- CHLEARIA. ( Voyez Planche XVII , page 433. Tournefoit la place dans la féconde feûion de la cinquième clafl^e , qui comprend les herbes à fleur en croix ; dont le piftil devient un fruit divifé traniverfalement en deux loges , & il l'appelle cochka- ria folio fubrotundo. Von-Linné la nomme cochUaria offidnalis , & la claffe dans la tétradynamie filicu- îeufe. Finir. Les quatre pétales , le piftil & les étamines font vus dt face en B , H E R de profil en C avec le calice. Les pétales lent plus grands que le calice & les onglets plus courts. Fruit D , repréfenté coupé tranf- verfalement en E ; la cloifon ou mem- brane à laquelle s'attachent les graines F , Ôi les graines G. Feuilles. Celles qui partent des racines font arrondies en forme de cœur, épaifl"es , pleines de fuc , lui- fanies , portées par de longs pétioles ; celles des tiges leur font adhérentes & oblongues. Racine A , droite , en forme de navet , chevelue. Port. Les feuilles qui partent des racines font difpofées en rond & couchées fur la terre , du milieu def- quelles s'éièvent plufieurs tiges. Les fleurs naiflTent au fommet en petits bouquets ronds, fans nul fupport. Lieu , les fols humides , lesPyrénées, près de Barèges , les bords de la mer ; cultivé dans les jardins , fleurit en mai & en juin , la plante eft vivace. Propriétés. D'une faveur acre , d'une odeur piquante lorfqu'on la troifl"e. L'herbe Se la femence font diurétiques par excellence , déterfi- ves , incifives , préférables à tous les antifcorbutiques pour le fcorbut de mer & dans l'afthme pituiteux. Ufages. On diftille les feuilles ; l'eau qu'on en retire n'a pas plus de propriétés que celle des rivières. Avec fon fuc on en prépare un fuop. II vaut autant unir du fucre à ce fuc. L'herbe macérée dans du vin ou avec de i'efprit ardent , & le tout difti'lé enluite , irrite puiffdmment le genre nerveux , raf- fermit les gencives des fcorbu- tiques , déterge les aphtes fcorbu- tiques. L'uro,^ore luceo. Von- Linné la nomme eryfimuin barbarea , & la clafle dans la té.tradynamie filiqueufe. Fleur y compofée de quatre pé- tales B éga.ix, ovales, terminés à leur bafe par un onglet , difpofés en croix, 8i jaunes : quatre étamines C, dont deux plus grandes & deux plus courtes. Le calice D ell compote de quatre, feuilles longues, étroires. Fruit. Silique à deux valves, fépa- rée par une cloifon mitoyenne qui s'ouvre de bas en haut E,& renfer- me des fcmcrccs F ov.i!e &: nues. Feuilles, tn forme de !yre, arron- 4ies au fommct, liffcs; les inférieu- H E R 467 res prefque adhérentes aux tiges, les fupérieures rembrafl"ent par la moitié , & toutes varient dans leurs décou- pures. Racine A , en forme de navet , ob- longue, blanche. Lieu , le bord des ruifleaux, les prés; la plante eft vivace, & fleurit en mai & juin. Propriétés ; racine inodore , faveur acre ; feuilles légèrement aromatiques, acres au goût. La plante eft déterfive, vulnéraire , antifcorbutique ; les fe- mences font apéritives. Ufagcs. Pour l'homme , on n'em- ploie que les feuilles en tifanne ou en infufion en manière de thé. On fait infufer dans du vin blanc les femences. Son fuc fert à déterger & à deffécher les vieux ulcères. La plante légèrement pilée & macérée dans rhinle d'olive , ( non forte ni rance ) donne, dit-on, un baume excellent pour les bleffures. Quant à moi , je n'aime point l'application des corps graifleux ou huileux fur la peau ou lur les plaies : dans le premier cas, elle bouche les pores & s'oppofe à la tranfpiration infenfible de la partie ; & dans le fécond , la cha- leur , l'inflammation de la plaie font rancir l'huile , & dans cet état, il devient cauftique & augmente l'in- flammation de la plaie. ( Voyc:;^ le mot Baume , Cataplasme , On- guent ). Les feuilles de cette plante s'appliquent aux mêmes ufages que celles du creffon de fontaine, ( Voyc^ ce- mot ). Herbe de St. Etienne. (^07> Les plantes fraîches doivent être cueillies un peu après le lever du foleil, & dans un beau jour, foit pour en faire une décodion , foit pour en faire une diftillaiion. » Celles que l'on fe propcfe de dcflécher , doivent être déchargées de l'humidité qui n'entre point dans leur ccmpcfuion. On les cueillera après que le foleil l'aura fortement enlevée, fur !e midi dans un jour beau .& ferein , autrement ces plantes fe gâteroient & le corromptoient, « On H E R » On doit enfin avoir égard à l'âge des plantes : l'enfance , l 'adolelcence, la maturité, la vieilleffe , (ont pour elles des étals très-diifcrens , d'où réfultent fouvent des propriétés oppofées. » Les feuilles de mauve & de guimauve étant jeunes, font d'excel- len> émolliens, 6c font mucilagineu- fes; dans la vieilleffe elles deviennent aflringentes , & donnent un acide remarquable par fa ilipticité. Cette confidération ei\ importante , parce qu'en croyant donner un lavement émoUlent avec de pareilles plantes, on peut augmenter la douleur au lieu de l'appaifer. Leur ftipticité dans la vieilleffe, provient d'un acide déve- loppé , qui pendant la jeuneffe étoit abforbé dans une grande quantité d'eau. On obferve la même chofe dans les tiges & dans toutes les parties de plufieurs plantes. Les tiges d'apocin , qu'on mange en Amérique, font agréables, nourriffantes & famés dans leur fraîcheur ; elles deviennent un vrai poifon en vieilliffant ». DeJJlccation des Plantes. I. DcJJlccdtlon des plantes pour C her- bier. Lorfqu'on ell de retour de l'her- boriiation, l'on retire de la boîte de ier-blanc les plantes avec précaution, afin de ne point déchirer les feuilles & effeuiller les fleurs. On pofe fur une table trois ou quatre feuilles de papier gris , fans colle, & épais; on place fur ces feuilles la plante que l'on veut def- fécher; on l'arrange de façon que toutes (es parties (oient bien déve- loppées & bien apparentes : i\ quel- ques-unes en recouvrent d'autres, on les détache , & l'on coupe toutes Tome V, H E R 47J celles qui font gâtées & endomma-. gées. Les parties de la fleur fur-tout demandent le plus d'attention; elles doivent être difpofées de manière que la fruftification foit bien à dé- couvert, & que la defliccation ne la déforme pas. Si la plante eft plus haute que la feuille de papier , on peut couper fa tige, & placer la racine à côté d'elle , ou (ur d'autres papiers. On aplatit avec le pouce les tiges herbacées qui font trop groffe;, , & qui empêcheroient la compreffion d'agir fur les autres par- ties de la plante. Si les calices ont trop d'épaiffeur , comme dans la famille des compofées, on les coupe verticalement par le milieu, de ma- nière qu'il y refle des fleurons & des femences. On peut aufîi couper longitudinalement les tiges trop épaiffes Si trop dures, & même les fruits parmi lefquels un grand nombre peuvent entrer dans l'herbier, lorf- qu'ils ont acquis leur accroiffemenf. » Lor(que la plante eft bien éten- due, on la couvre de trois ou quatre feuilles de papier, fur lefquelles on. dilpofe de la même manière une nouvelle plante; lorfque celle-ci eft difpolée, on la recouvre à fon tour, on en place une troiiième, & fuc- cefiivement toutes celles qu'on a rapportées de l'herborifation. Cette opération faite, on recouvre la plante d'un carton fort, ou d'une planche que l'on charge de quelque corps pelant; il eft encore mieux de la placer fous une preffe dont on ménage la force à volonté. Dans le cas oii le tas de papier & le nombre des plantes paroîtroient trop confi- dérables, il eft à propos de le divifer en deux, ou du moins de placer dans le milieu un carton ou une planche O o o 4*^4 H E R qui arrête la communication de l'humidité, & qui falîe agir la pref- fion avec égalité dans le centre du tas & aux extrémités. » Les plantes ne doivent refter en prefle que douze ou quinze heiues au plus, ce temps paffé il faut les tirer de leurs papiers qui le font chargés d'une grande quantité de parties aqueufes; fi on les y laiffoit plus long-temps, elles commence- roient à noircir & ne fe defléche- roient pas affez promptement ; on ne doit fe flatter de confeiver le verd des feuilles & les couleurs des pétales qu'en accélérant la deflicca- tion. On découvre donc les plantes fuccefîivement , & on les p'ace , comme ci-devant , fur des paquets de nouvelles feuilles bien fèches, C'eft le moment où l'on achève de ranger les feuilles des plantes, &i les autres parties qui confervent encore leur flexibilité; avec la tête d'une groffe épingle, on étend celles qui font froiflées ou repliées; on fépare celles qui fe recouvrent , &c. ; on diipofe chaque efpèce dans la fiiuation qu'on veut lui conferver , & on remet le tas fous la prefîe. » On peut laiiTer dans cet érat les plantes, deux fois vingt-quatre heures, iâns charger leurs papiers, fi li)r-tout on a inîv-rpofé un grand nombre de teuiiles; on les renouvelle enfuite une troifième , une quatrième fois, iScc. ; à chaque changement on n'emploie que des papiers bien defTéchés ; fi on en manone , avant de s'en fervir on fait d'fïiper toute leur humidité devant le feu ou dans le fciir ; on ne doit cefTer d'en donner de nou- veaux a\)x p'antes que icrfqu'on s'apperçoit- qu'elles commencent à guérie affez ds. foiidiié ^our- fe H E R foutenlr dans toutes leurs parties ^ lorfqu'on les foulève par leurs liges ; alors il n'efl plus néceffaire de les tenir aufîi fortement comprimées ; ce qui leur ref^e d'humidité s'évapora avec d'autant plus de facilité que la preffion eli moins forte. Il ne f^ut cependant pas les laifîer totalement libres, plusieurs feuilles i'e crifpe- roient. ( Quelques botanifles fuivent un ufage différent dans les comimen- cemens; ils chargent très-peu leurs plantes , & ils en ; ugmentent fuccefF.- vement la compr>.fiîon. L'une & l'au- tre méthodes pervent être bonnes , tout l'art confilîe à accélérer la deiTiccation. ) On ne renouvelle plus les papiers; la dtfficcation s'achcve au bout de quelques mois ; on peut alors ranger les plantes dans l'her- bier, & fi l'en juge qu'elles con- fervent encore quelque humidité in- terne, on les fera mettre une heurs Gu deux dans im four dont la cha- leur foiî telle que la main la fup- porte fans peine ; mais on doiï craindre , dans cette opération , qu3 les plantes ne deviennent trop caf- fantes , & ne perdent leurs cou- leurs. » On ne fauroit afTez recommaft- der de ne pas écralcr les plantes e.i trop grand nombre , foit dans le temps où on renouvelle les papiers, foiî dans celui où on ne les change plus. Si la pile ei\ trop forte , il s'élève dans le centre une. fermen- tation qui bientôt eâ fuivie de cor-» ruption, de moififfure, & de I3 perte des plantes. Il convient donc^, en renouvelant les papiers, de fc- parer en différens tas les planîes qui fe deffethent plus ou nx)ins vite.- Les nicufîès, les plantes graminées,, le* ftuilles de plufieurs arbres j n'ont. H E R befoin d'être changées que deux oit trais fois; mais les plantes grofles & aqueiifes c^nd-rvent long-temps leur humidité, & demandent plus de foins ; il tant écrafer leurs tiges , & Ibiivent, pour empêchtr que les feuilles ne s'en dét.;ch?nt, on eft obligé de précipiter îa defTiccation, -au moyen d'un for chaud qu'on pafle à différentes repnCes fur les papiers qui les recouvrent ; on les expole Kifuite quelque temps à l'air, aptes quoi on les rep'ace fous la pr^iffe dans de nouvelles feuilles de papier kc. » En prenant !îs précautions in- diquées, on conferve la cou'eur d-.-s ftui!les,-6c celle même de plufieurs pétales; malss'i-s font épais, aqueux, & fur-tout rouges, violets ou bleus-, ils la perdent à la longue, quelque ioin qu'on y donne. On parvient cependant à la conferver au plus grand nombre , par une nouvelle pratique : après avoir ap'ati, ccrafé ik. rangé toutes les parties de la plante de la manière qu'on vient de décrire , on change les feuilles de papier qui, fous la prelle, fe font chargées de la première humidité, & l'on couvre la plante d'une ou deux autres feuilles furlefquelles or. étend du fabion fin , de i'épaiiftur d'un pouce. On l'expofe ainfi à la chaleur du foleil pendant plufieurs jours; on la retire avant b rofée; l'humidité s'échappe au travers des ÎTiterflices que lailfent les grains de fable , & la defTiccation devenant plus prom,)te, les couleurs fe coniervent plus lurement. » Les p'antes étmt ainfi bien d'ïfféchées & bien préparées , on l'attache fur une feuille de papier /détachée. On doit bien fe garder de H E R 475 la col'er, parce que la colle attire les mites 6c les autres infeftes def- trudl.urs. On peut fe fervir, pour les fixer ,. de cire u'Efpagne , &c mieux encore les coudre fur le papier. On écrit enfuite, fl l'on veut, le nom de la p'ante & fa phrafe, & on les c'alie dans le porte- feuille fuivant L' fyfîème que l'on a adopté. Une fuite de ces porte -feuilles forme l'herbier proprement dit ; il doit être tenu dans un endroit fec, renfermé, garanti de l'air extérieur, & fur-tout on doit le vifiter de temps en temps pour détruire les mites , & les larves d'infeâes qui s'y introdui- fent. IL Difficcaùon pour le pharmacien. « Plus les plantes font promptement defTcchées, &: mieux elles fe con- fervent : il faut, s'il eft pofîible , qu'elles ne perdent ni leur couleur ni leur odeur. Il n'y a que la defTic- cation précipitée qui remplifîe cet objet , ainfi que pour les plar.tcs qui n'ont que peu de principes réfintux, telhs que la mcHjJi, la bourrache, la v.roT2Ujue,S>Lc,'Dani une deiîiccation lente elles font expofées à fouffrir un degré de fermentation proportionné à la nature & à Li quantité des fucs feniicntelcibles qu'elles contiennent. Les plantes qui ont ces principes moins abondans, & moins de fucs aqueux, comme \a Jauge , le romarin ^ perdent moins en féchant lentement, & leur vertu diminue beaucoup lorf- qu'on les expofe au foleil , ou dans une étuve pour les faire fécher ra- pidement. » Les plantes inodores demandent de la célérité, & les mêmes précau- tions dans la defliccaticn. On doit les expofer dans un lieu bien aéré, autrement l'humidité qui doit s'en O o o z 476 H E R féparer , ne s'évapore pas affez vîte ~, il s'y fait de nouvelles combinaifons , la plante devient noire & pourrit. » Les plantes odorantes, deffc- chées avec promptitude , gardent leur couleur verte, & durent long- temps; il faut s'attacher fur-tout à conferver leurs parties odorantes ; e'eft dans elles que réfident les pro- priétés des végétaux. Doit- on donc les deffécher à l'ombre, dans du pa- pier, èc dans un endroit expofé au vent du nord, ou faut-il, pour en obtenir la defficcation , les expofer au foleil? Les partifans de la première opinion prétendent que ce dernier procédé prive les plantes de leurs par- ties actives & odorantes , puifqu'il efl établi par plufieurs analyfes qu'un degré de feu très - médiocre fuffit pour les enlever. Les feûateurs du fyftème oppofé répondent que les plantes renfermées dans l'alambic , font foumifes à une chaleur qui agit avec bien plus de force que le foleil auquel on les expofe à l'air li- bre; mais le premier fentiment pa- roît préférable à l'autre : il eft au- îorifé par une multitude de faits auxquels 11 n'efl pas pofTible de réfifter, » Il eft des plantes aromatiques qui gardent leur odeur û opiniâtrement, comme Vab/ynthi, ^ii'on ne rifque pas de les faire fécher à l'air libre; mais il convient d'envelopper de papier celles dont l'odeur eft volatile &C foible. Quelques plantes doivent être defféchées avec les fleurs & les feuil- les tout enfemble , telles que les menthes , le millepertuis , Is german- dréc , &c.; on doit envelopper leurs fommités dans des cornets de pa- pier, en faire de petits paquets; les iier & les fufpendre à l'air. Ces pré- cautions conviennent à toutes les H E R plantes dont les fleurs peuvent con- ferver leur couleur, comme \?l petite centaurée ; le rouge fe change en jaune, s'il refle expofé à l'air. On peut garder ces herbes bien deffé- chées près de trois ans fans qu'elles perdent leurs propriétés. » Le cailldait à fleurs jaunes doit être exaftement defféché en douze heures; il abonde en miel; fi la def- ficcation n'efl pas prompte , le miel fermente & devient acide : tous les fucs en font bientôt altérés ; c'efl pour cette raifon qu'il fait cailler le lait. Les fleurs du furcau font à peu près dans le même cas : il faut les faire fécher d'abord après la récolte , fi on veut les avoir telles, & l'on ne doit pas attendre qu'elles quittent leurs péduncules , cette chute ne pouvant être attribuée qu'à la fermentation qu'elles ont déjà éprouvée. » Lorfque les fleurs ont peu de confiffance , comme dans la matri- caire, le fcordium , on les deffèche fans les féparer des tiges, & lente- ment, parce qu'elles ont peu d'eau. En général, les fleurs des plantes li- gneufes , comme la mélijfe , la bitoine , & toutes celles d'une confiflance fo- lide, peuvent être féparées des tiges. On fait aufTi fécher féparement les feuilles & les fleurs de la camomille romaine; on peut encore détacher les fleurs de la mauve ^vec le calice,. & les faire fécher feules très-promp— tement au foleil, ainfi que celles du; miUlot ; quoique petites, elles ont de- la confilîance; fés tiges font grandes 6C- embarrafléroient. A l'égard àesrofesde.- Provins , il faut couper les boutons,, & leur ôter l'onglet. » Avant de faire fécher les plantes, ., ou quelques-unes de leurs parties,. on enfépare les herbes étrangèi-es Si. 7:',n. r F/ JIX 7'a., ^--,, p. • 11 n. ^&Màk, ^^^^ iPi^d.^ H E R toutes les feuilles mortes ou fanées. On les expofe à l'ardeur du Ibleil, ou dans un endroit chaud; on a loin de les étendre fur des toiles garnies d'un châlîîs de bois , que l'on fuipend pour donner à l'air une libre circu- lation. On les remue plufieurs fois le jour; on les laifle expofées jufqu'à une parfaite defliccation , ayant foin qu'elles ne foient point amoncelées les unes fur les autres ; l'humidité s'arrête dans les endroits épais ; elle altère les couleurs. » Les écorces & les bois veulent être defféchés promptement, fur-tout quand ils font humides ; mais ils n'exi- gent aucune préparation. » Les racines que l'on tient dans des caves, y végètent, perdent leurs fucs , deviennent filamenteules , & , au lieu de conferver ce qui en fait l'efficacité , elles (e chargent d'une eau infipide qui n'a aucune vertu , & qui fouvent acquiert une mauvaife qualité. Elles doivent être deflechées après qu'on les a tirées de la terre, dans leur vigueur. Si elles font dures , petites & un peu aqueufes , on les enfile & on les fufpend dans un lieu bien aéré , après les avoir mondés, c'ell-à-dire, en avoir détaché tous les filamens , & les avoir elTuyées avec un linge rude qui enlève l'épiderme &C la terre qui peut y adhérer. » On ne doit jamais les laver , ou du moins très-légérement; l'eau qui fert à cet ufage, fe charge des parties falines &: extraûives qu'il importe de conferver dans ces racines. On a foin de tendre celles qui contiennent un cœur ligneux; on coupe par tran- ches très - minces celles qui font charnues , comme les racines de la bryone & du nénuphar, après quoi on les enfilco H E R 477 » Quelques racines , telles que celles de Venula-campana , ne fe def- lèchent bien ni à l'air ni au foleil; on efl obligé de les expofer à l'entrée du four, pour les faire fécher tout-à- coup , & les mettre en poudre dans le befoin. I! efl bon d'oblervcr qu'oiT ne doit en agir ainfi que pour les raci- nes deftinées à être pulvérifées , & la chaleur d'un foleil ardent peut fervir à cet effet. » La plupart des racines, après la defficcation , attirent puifiamment l'humidité de l'air , fe rameHiffent , fe moififfent & fe gâtent à leur fur- face au bout d'un certain temps ; ainfi , il faut les tenir exaftement renfermées dans un lieu fec à l'abri de l'air, fur-tout celles qui font pul- vérifées. M Lesbulbesou oignons, pour être exaftement defféchées , doivent être effeuillées & expofées à la chaleur du bain -marie. » Les femences farineufes n'exi- gent qu'une expofition dans un en- droit fec & médiocrement chaud; elles contiennent moins d'humidité que les autres parties des plantes. Les fe- mences émulfives , celles qui font ren- fermées dans les fruits charnus, telles que les femences froides de concom- bre, àe melon , de courges , de citrouilles, doivent être mondées de leur écorce , mais feulement à mefure qu'on s'en fert , afin que l'huile effentiellequ'elles contiennent n'acquière pas une mau= vaiie qualité. Les femences odorantes doivent être conduites à une parfaite- defficcation. » Les fruits veulent être defféchés promptement, d'abord au feu jufqu'à un certain point de defficcation, en- - luite au foleil. On doit donner à-, ceux que l'on foupçpn«era contenir: 4/5 H E R des œufs d'inl'eftts , un degré de chaleur de 40 degrés qui les fait périr. On enferme ks fruits dans un lieu fec, & ils fe confervent affez long- temps. » Il eft enfin des plantes qui ne peuvent être defféchéos, parce que leur vertu réfide dans leur humidité. Voflilk eft de ce nombre, aiiifi que le pourpier, la joub.irbi, les f^durn, les cucurbitacées , les crucifcrcs , qui par la defficcation perdroient leurs parties volatiles. O.i dclTèche ce- pendant la coloquinn, mais il faut y employer beaucoup de foin; on !a dépouille de fon écorce , afin que l'air pénètre le parenchyme , &i pré- vienne la fermentation qui conduit à la puîréfriftion. » On ne doit pas expofer aux in- jures de l'air les plantes deffcchées ; la viciffitude de cet élément caufe, félon B:cker,ladeftruftion des corps. Dans un temps humide , les plantes redeviennent humides, & ces alté- rations leur font perdre tous leurs principes adifs. Les aromatiques font celles qui exigent le plus d'attention ; on doit les enfermer (oigneufement dans des boîtes vernies en dehors pour empêcher que l'air ne pénètre dans l'intérieur. On peut encore les conferver dans des vaiffeaux de verre o^t de terre bien cuite &. bien ver- niflee. -> » Avant d'enfermer les plantes pour les conferver , il convient de les re- nuier & de les fecouer fur un tamis de crin, afin d'en féparer le fable, les œufs d'mfedes & les petits in- feûes vivans dont elles font ordi- nairement remplies; ils mangent & aitèrent les plantes iufqu'à leur mort ; les œufs qu'ils laifl'ent éclofent bien- fôt^ ôf le mal fe renouvelle, H E R » I! efl des plantas fèches qu'on ne peut garder que très- peu de temps, quelque foin qu'on y donne. Les unes ne durent que quelques mois ; il faut renouveler les autres tous les ans; d'autres fe maintiennent quelques années. Les fleurs de yioUcus , Q^^CiX faut néceHairement tenir dans des vaiffeaux de verre bien clos , n'ont après un mois qu'une odeur d hcibe; la partie odorante eft la feule qui donne la couleur ; el'e s'évapore bientôt. On n'obvie à ces inconvé- nitns, qu'en réJuifant le fuc des violettes à la co-. finance de firop. Les fleurs» de bourrache & de buglofe d. fléchées , n'ont plus de vertu. Celles de mauve & de bouillon blanc , doivent être gardées dans des ■vaif- feaux de terre, parce qu'elles con- tiennent une matière mucilagineufe qui, comme Vhydromel , attire l'hu- midité ; elles n'ont leur vertu que pendant l'elpace d'une année ; elles la perdent enfuite de même que les fleurs de mcidot ; la camomille peut être gardée plus long-temps. » Les plantes aromatiques bien defl"échées & bien conditionnées , durent plufieurs années. Le thym, la marjolaine , Vliyfope confervent très- long-temps leur odeur; mais \z ma- tricaire & quelques autres, après une année iont fans force. » Les écorces & les bois refient bien plus long temps doués de toutes leurs vertus. Les racines, comme celles de gingembre , à'angclique, dL^J'ouchct^ du calamus aromaticus , font cinq ou fix ar.nées en vigueur.- Celles dont la fubfiarce cfi compafte& réfineufe , commedans Xsjalap, le turnips, 6cc. , durent plus que les ligneufes & les fibreufes. ft '^n général , il efl; à propos de H E R fenouvelei- le ;;uis ioiivent qu'il efl polîible, toutes lei produftions vé- gétales defféchées j elles s'affoibliiïent continuellemçnt par l'évaporation ; l'hiimidité y introduit la puiréfaâion; plulieurs inieûesles attaquent 6c nui- i'ent à leur efficacité. Tels font les principes généraux indiqués dans les Démonllrations élé- mentaires de botanique; on ne peut y ajouter que ce qae les circons- tances locales indiqueront. C'elî au botanifte Ôi au phar4uacien à les pré- voir natureîleinent ^ une pratique journalière achèvera de les inflruire. M. M. HERMAPHRODITE. Celui que l'on, dit réunir les deux fexes. Ce n'cû pas le cas d'examiner ici s'il exifte de vrais, herniaphrodites dans l'cipèce humaine ; ce feroit nous écarter de notre but; mais il eft plus que probable que ce qu'on appelle hermapkrodijhii humain , tient à la monltruolité ou au déplacement de quelques-unes des parlies qui con- courent à la formation des organes de la génération. La nature trop atten- tive à la propagation de i'efpèce, ne fe dérange ni ne s'écarte jamais de Tes loix effenticiles. Je laifle aux phyfi- ciens & aux anatomifles à prononcer fur ce fait. Il n'en efl pas ainfi pour un très- grand nombre d'infrdtes qui foiit réel- lement hermaphrodites , c'eft-à-dire , dont les pa-tics mâles & femelles de la génération font tres-diftiniies , parfaitement caradérifées ; en un mot, ces iniedes s'accouplent &c comme mâles & comme femelles îout-à-!a-tbis ; le colimaçon en eu. un exemple frappant; mais leur ré-^ production exige l'accouplement de H E R 479^ deux individus. Plufieurs naturalises ont avancé que beaucoup d'autres infeftes n'avoient pas befoin d'accou- plement, 6c qu'ils fe reproduifoient d'eux-mêmes fans le fecours d'un compagnon ou d'une compagne. Pour avoir des idées plus étendues fur ce point merveilleux de la ré- produâion, on peut confulter Tes ouvrages du patient , profond & cé- It-bre M. Bonnet de Genève, fur les pucerons. L'hermaphrodifme des fleurs de la majeure partie des plantes eft démontré jufqu'à l'évidence, &: le fceptique le plus opiniâtre, pour peu qu'il Ibit de bonne foi, efl obligé de fe rendre. Les fleurs de toutes les plantes,, en général , peuvent être claffées fous- trois points de vue différens. Le premier comprendra toutes celles dont les parties fexueik», mâles & femelles , font renfermées dans la même fleur, c'efl-à-dire, l'étamine , organe mâle , & le piflil, organe fe- melle. La tulipe, la rofe, la giroflée, le choux, la rave, &c. &c., font des exemples. Le fécond comprend les fleurs à étamines, féparées des fleurs à piflil , mais fur le même pied; les courges, les melons , les concombres , &c. , font dans ce cas ; enfin , pour le troifième , les fleurs à étamines portées fur des pieds dif- férons de ceux des fleurs à piflil. Cette fcparation des organes répro- dudeurs cû très-carafterifée dans le chanvre, le piflachier, &rc. Il exif- teioit un quatrième ordre de plar.tes, dont lés parties fexuelîes font d'ime û grande exiguité qu'elles échap- pent à la vue de l'homme, même aidée par une loupe. On a appelé ces plantes crjpxcgarnes , ou dont les^ioctS' fgnt cuchies. Cependant ^i. Neçker» 48o H E R dans une favante Differtation fur les moufles, couronnée par l'Acadc- mie des Sciences de St. Pétersbcurg , a démontré leur hermaphrodifme. Il n'y a donc que les feules plantes à fleurs mâles féparées des fleurs fe- melles , ou fur le même pied , ou fur des pieds difFérens, qui ne loient pas de vrais hermaphrodites ; mais dans tous les cas il n'y aura point de véritable fécondation fans les tranfports ou union des étamines ou pouflîère fécondante f.r le pift I. Les anciens avoient parfaitement re- connu la diflindion des deux fexes dans plufieurs plantes , par exemple, le chanvre , & par une dénomina- tion mal appliquée, ils appeloient chanvre mâle celui qui porte la graine, & femelle celui qui porte la pouf- fière fécondante. Nos payfans, en général , ont confervé la même dé- nomination. La découverte des fleurs proprement dites hermaphrodites , étoit réfervée au célèbre von-Linné, & c'eft d'après la diflinélion des fexes, qu'il a établi fon ingénieux & favant fyflème de botanique , qui efl aujourd'hui prefque le feul fuivi en Europe. Dans l'article de la putréfaâion des plantes , ce grand homme ne vit que celui de la géné- ration , & il l'appela Us noces du TÏsne végéral. La corolle ( i ) forme le palais où fe célèbrent les noces ; le calice efl le lit conjugal ; \es pétales font les nymphes ; les filets des itamines font les vaifleaux fperma- îiques; leurs fommets ou antlûres , H E R font les teflicules ; la pouflîère des fommets ou étamine , efl la liqueur féminale; le fommat du pijlll o'u/?/- gmate devient la vulve; ion Jlyle efl le vagin ou la trompe ; le germe efl l'ovaire ; le péricarpe efl l'ovaire fé- condé ; la graine efl Tceiif; & le con- cours des mâles & femelles efl né- ceflaire à la lécondation. Si on a fuivi, avec quelque atten- tion, ce qui a été dit jnfqu'à ce n;o- ment llir l'organ dation des végétaux, aux mots anatomie , fécondation des plantes , 6 c. , on doit reconnoîrre une analogie frappante , entre l'orga- nilaiion de l'homme & celle du végé- tal , quoique modifiée en certains cas. Les noces des plantes font une preuve des plus frappantes de cette analogie , quoiqu'elles ne conckient rien, pour la pcflibilité de l'herma- phrodifme complet & humain, ni pour la produflion du puceron, fans le fecours de l'accouplement. Dans les plantes à fleurs hermaphrodites , les maris ou étamines, font depuis im jufqu a douze ; & ces douze divi- fions forment autant de clafTes fépa- rées. Le jafmin , par exemple, n'a que deux étamines , tandis que la fleur du marronnier d'Inde en a neuf; les œillets , dix ; l'aigremoine , douze ; & on ne connoît point de fleurs à onze étamines. La rofe, par exem- ple, a plus de vingt étamines atta- chés au calice , tandis que le pavot en a un très-grand nombre qui ne tiennent pas au calice ; la pofition , l'endroit de l'infertion des étamines, (i) Comme je Ajis obligé d'employer ici beaucoup de mots techniques , dont les définitions font données dans le cours df cet Ouvrage , il convient de confulier îe» mots dont on ne con- jioit pas la fignificatioa, H E R la longueur régulière de cflle'crues- ur.es, par-dellus les voifines , for- ment d'autres clafl'es : ces détails feront mie', x développés au mot Syjl>:me de iiotanique , & feroient ici déplacés. Je rapporte feulement ces exemples , afin que chaque ledeur foit en état de connoître une fleur hermaphrodite, & de dillinguer une ■fleur toute mâle, d'avec une fleur tonte femelle. Quel mortel peut étudier & fuivre les progrès & la marche de la végétation, fans admirer la main qui traça fes loixl HERMES, terres vacantes & incultes, que perfonne ne réclame. Ces biens appartiennent au feigneur haut-jufticier , par droit de déshé- rence. Ce droit eft devenu plus d'une fois abuiif: un feigneur riche, afTuré de grandes protégions , & craint de fes vaffaux, a fou vent, fous ce titre , enlevé à la veuve & à l'or- phelin, qui n'ofoient ou ne pouvoient îe plaindre , l'héritage de leurs pères. Ces Hermès n'étoient pas cultivés dans le temps, foit par le manque de bras , foit par l'éloignement des lieux , foit enfin à caufe de la qualité mauvaife du fol, ou réelle, ou appa- rente. Du temps de nos fatales guer- res civiles 6c de religion , combien de bonnes terres font devenues her- mes! S'il en exifte encore, fi les feigneurs les demandent , le bien- être de l'état exige qu'on les force à les cultiver en bois, ou que les communautés les convertiflent en bois , à la condition cependant que perfonne n'aura le droit d'y conduire aucune efpèce de troupeaux, ni d'y couper du bois. Si on demande à quoi ils ferviront ^ le voici. Ces bois, devenus forêts, feront coupés Tome V. H E R 481' à «fJè époque convenable , & le pro- duit employé à la réparation de r«glife, du presbytère, s'ils en ont befoin ; à l'entretien des chemins ruraux , à l'écoulement des eaux , aux frais de nouveaux défrichemens , à la diminution des impofitions de chaque contribuable , à un fonds mis en référve pour le foulagement des pauvres de la paroiffe , &c. &c. Ce ne font pas les befoins qui manquent à la campagne, ce font les reflbur- ces , & on ne fauroit trop les multi- plier. Le mot hermes défigne encore, par extenfion, les terrains incultes appartenans à des particuliers. HERNIE, MÉDECINE RURALE. On entend par hernie , une tumeuî* occafionnée par le déplacement de quelque partie contenue dans le bas- ventre. On divife les hernies , en fimples & conipolées ; en anciennes & ré- centes ;en héréditaires & acciden- telles. L'hernie fimple efl celle qui n'a contracté aucune adhérence , & qu'on réduit aifément par une opé- ration fimple , à portée de tout le monde, appelée r^.v/i. L'hernie com- pofée eft prefque toujours adhé- rente , & entraîne avec elle une partie de l'épiploon. Enfin , on appelle hernie récente , celle qui forvient tout à coup , & hernie héré- ditaire , celle qu'on apporte en naif- fant. Les hernies ont reçu différens noms, à raifon des parties & de la région qu'elles occupent. L'hernie eft appelée crurale , lorfqu'elle fe fixe fiu- la cuiffe; inguinale ou bubonoctlU ^ fi , en paffant par l'anneau des muf- cles du bas-ventre, elle fe loge dans le conduit du cordon fpermatique , exomphaU , fi elle occupe le nombril; Ppp '48i H ER yentrale enfin , fi elle attaque toute autre partie du bHS-.ventre. PUilîeurs caules peuvent occa- iîonner les hernies ; de ce nombre font les coups , les chutes , un exer- cice immodéré , les hauts cris , le vo- lîiiflement , un accouchement labo- rieux , les efforts qu'on fait pour aller à la felle , la contraftion fimul- îanée du diaphragme & des mufcles du bas- ventre, qui, en comprimant les parties contenues dans cette ca- vité , les forcent à fe porter vers celles qui leur offrent le moins de réfiftance. On ne doit pas oublier la foibleffe de l'âge , la inoUelTe natu- relle des fibres , un relâchement dans la conftitution organique ; enfin , «ne difpofition à contraûer les her- nies. Elles dépendent quelquefois d'une hydropifie : les fauts périlleux , la fatigue du cheval, la vie molie& oi- five peuvent leur donner naiflance. Les perfonnes qui , par état , font obligées de faire maigre , & de le nourrir d'alimens trop huilés , font les plus expofées aux hernies. Toutes ces caufes font capables de déterminer une portion d'intef- tin , & la portion du péritoine , qui le recouvre, à fortir du bas-ventre, à fe loger dans le conduit des vaifleaux fpermatiques, & y exciter l'hernie appelée bubonocelle. De toutes les hernies , il n'en eft pas de plus cruelle ; elle fixera auffi notre attention. Nous ne parleions point de l'opération ; une pareille defcrip- tion ell inutile, attendu que le cul- tivateur ne peut pas la pratiqu-r ■ lui-même ; nous nous contenterons d'indiquer les moyens les plus aifés & les plus propres à en faciliter la ré- - duftion. H E R L'hernie inguinale ou bubono- celle peut être fans étranglement , ou avec étranglement. Dans le pre- mier cas, il eft facile de la rentrer, en appliquant les remèdes dont nous parlerons plus bas ; mais celle qui eft avec étranglement, préfente beau- coup de difficulté, & expofe toujours les malades aux plus grands rilques de perdre la vie, tant par rapport à l'opération , qu'au danger qu'il y a que l'inteftin fe gangrène. Pour pouvoir indiquer les moyens les plus propres à détruire cet étran- glement, il eiî effenticl de taire con- noître les caufes qui le produifent». Nous allons rapporter ce que le célè- bre.Gourfaud dit fur les caufes de l'étranglement , dans fon Mémoire inféré dans le quatrième volume des Mémoires de l'Académie de Chi- rurgie. Cet auteur attribue les caufes de l'étranglement à l'inflammation , à l'engouement des matières & aux vents. « Le gonflement inflammatoire des vaifîeaux peut caufer la hernie ; il faut alors faigner , & ne pas trop abufer de ce moyen , ni l'employer indifféremment & fans précaution. Si le malade eft foible & âgé , les trop grandes faignées pourroient l'épuifer , & faire féjourner les li- queurs dans les vaiffeaux engorgés, ce qui occafionneroit en peu de temps la gangrène; s'il eft d'un tempérament très-humide, les faignées excefiîves , l'application des remèdes relâchans peuvent affoiblir le reflort des vaif- feaux , au point de les maintenir dans un état d'engorgement. » Dans les hernies récentes , qui paroiffent fubitement , fans que les ouvertures naturelles , par oùelks H E R fe font , aient été préalablement dilatées par quelque caufe que ce foit , & clans celles qui fe renou- vellent, à l'occafion de quelque effort après avoir été long-temps contenues par un bandage , l'étranglement pro- duit bientôt l'inflammiUion ; fes pro- grès font relatifs à l'étroiteffe du paf- lage , Se au volume des parties. La coiif i Lition vigoureufe 5c p'éthorique du lyjet , peut auffi contribuer à la prompte augmentation des fymp- tômes tâcheux. » La conftrxlion et int forte, l'in- flammation en eft l'effet primitif. La douleur eft vive, dès le premier mo- ment; la tumeur ell tendue; la fièvre s'allume promptement ; la marche des accidens eft rapide ; il y a bien- tôt des naufées fuivies de vomifîe- mcnt de matières bilieufes ; elles ne tardent pas à être d'une odeur fétide; le ventredevient tendu & douloureux; le hoquet furs'ient ; & la gangrène , qui tue le malade, s'annonce, pour les perfonnes fans expérience, lorfque tout eft défefpéré. » Avant de tenter la rédu£lion , il faut avoir recours aux faignées & même les répéter, fans néanmoins perdre de vue l'âge, le tempérament & les forces du malade. Les ma- lades prendront de l'eau de poulet ; on leur donnera dans le commence- ment des huileux, qui font très-pro- pres à relâcher , & à calmer l'in- flammation ; les antiphlogiftiques , û néceflaires pour combattre l'état inflammatoire , doivent être donnés avec beaucoup de difcrétion , crainte de furcharger le canal inteftmal ; on appliquera fur la tumeur, des cata- plafmes émoUiens ; on mettra les malades dans une fituation, telle que la tête &c le tronc foient fort bas , H E R 48} les feffes & les cuiftes relevées ; ceS moyens font quelquefois avanta- geux , & on voit fouvent les hernies rentrer d'elles-mêmes , ou en fai- fant , avec les deux doigts indica- teurs , une compreffion graduée ,' quand elles n'ont pas contracté d'ad- hérence. » Il y a des hernies anciennes qui ne rentrent jamais , &c dont on ne pourroit tenter la réduftion , fans expofer les malades aux plus grands dangers de perdre la vie ; il faut les lefpcdcr , dès que les malades n'en font point incommod;^s , &c que le cours des matières fécales n'tft pas interrompu. » Quand la hernie eft produite pat* l'engouement des inatières fécales, la fenfibdité n'eft pas fi grande ; la tumeur acquiert ir.fenfiblement un volume confidérable ; les douleurs que le malade reflent , font moins vives, & plus fupportables ; les nau- fées arrivent plus tard , elles font toujours déterminées par la pléni- tude du canal ; la fièvre tarde plus long-temps à paroître ; on peut ma- nier la tumeur , fans y attirer le moindre accident , comme dans la hernie inflammatoire ; les fymptô- mes ne dépendent que de l'interrup- tion du cours des matières ; une compreflîon méthodique peut faire rentrer ces hernies; mais il faut di- riger la répulfion des matières , dans les hernies qui pafTent par l'anneau obliquement , vers l'os des îles ; &C dans la hernie crurale , vers l'om- bilic. » Si l'inteftin eft foible , & fon reflbrt pas affez fort * pour faire remonter & chaffer , du côté de l'anus , les matières retenues dans le canal inteftmal engage dans l'an* P p p i 484 H' E R «eau , on n'emploiera point la iàignée, ni les relâchans , qui, en augmentant l'obûacle, i'oppoieroient à la réduffion. » Quoique , par le maniement méthodique, on foit parvenu à taire rentrer l'intefiin , fi une partie de l'épiploon, qui accompagne l'intef- tin , a contraâé adhérence , il faut alors pratiquer l'opération; le malade éprouveroit le hoquet &c le vomif- fement , par le tiraillement que l'eftomac fouffre de l'épiploon , tou- jours engagé dans, l'anneau. L'in- flammation & la gangrène ne man- queroient pas de fiirvenir ; l'eau froide ne fauroit convenir, lorfqu'il y a une altération dans les intefliiis ; les répercuflîfe font dangereux , en ce qu'ils peuvent produire la gan- grène. » L'air diilend l'inteftin , & pro- duit l'obrtacle qui s'oppole à la réduftion : dans ce cas , l'applica- tion de la glace peut convenir. L'in- teflin s'enfle au point qu'il ne peut être repoiiffé : on connoiîra l'exif- rence de l'air ,,& des flatuofités , il le refte du bas-ventre eft tendu ; fi on en rend par la bouche , l'on e«tend des borborygmes, des rugif- femens dans les inieftins , & û la douleur n'eft pas accompagnée de pefanteurs, les purgatifs ne peuvent convenir que lorfque les matières commencent à s'engouer par défaut de reffort. Oiure les mouvemens qu'ils peuvent excitera Tinteftin , ils prûcrcrent une excrétion de matiè- res fluides , capables de délayer ,. de détremjjer & entraîner celles qui s'accumuleroient dans la hernie ;; c'eft fous ce point de vue qu'il faut confidérer l'effet & l'utilité des gurgatifs, Oa doit ,, avant de. les HSR cl'onner , 10. débarrafler las voies: inférieures par les lavemens purga- tifs , enfuite manier doucement la^ tumeur à plufieurs reprifes , pour difpofer les matières à prendre la- route du canal inttilinal. Gourfau a donné avec fiiccès une infufion de (éné qui a procuré la rentrée to- tale de la heuiie. La diffolutlon de- deux onc-~s de fel d'epfmon dans deuî,? pintes d'eau, dont on donne de temps en temps quelques verres au malade , eu regardée comme un vrai fpé" citîque: je l'ai fouvent fait prendre dans pareille circonibnce ; ce re- m.ède m'a conftamment rém'îî. De" haen recommande la fumée de ta- bac ; fa vertu ne s'entend que dans la partie inférieure du canal inteftinal ; elle picotte la membrane des intei- tins , & fait fortir les matières qui y- font contenues. Par ces moyens , oiv éprouve moins de réfiftance poun parvenir à réfoudre la hernie. On recommande , en général , que- le m.alade foit dans une fituation où. les mufcles foient dans le plv.3 grand relâchem.ent , de même que les parties par où la hernie paffe , & qui font l'étranglement. On cou- che le mialade fur le dos ; on lui rnet un traverdn fous les genoux afin que les. cuiffes & les jambes foient fléchies ; le baflln doit êtra» élevé , 6c les oreillers fous les épaules. Dans la hernie crurale , le corps- peut être incliné un peu du côté oppofé à la defcente ; la tête fera. fléchie fur la poitrine. Dans cet- état on n'a rien à craindre de 1^.^ réfiftance des mufcles de l'abdo-v men. Il y a encore une autre méthode- recommandée par les anciens, &L le&> H E R. modernes, & qui mérite d'être mlfe en ufage. Elle confiée à {"ufpendre îa tête du malade en bas , & les pieds en haut. Louis a vu des hernies inguinales rentrer d'elles-mêmes par cette feule fiîuation. Si tous les moyens que nous ve- nons d'indiquer ne font point fuf- ififans , on aura recours à l'opéra- tion qui doit être confiée à une main habile ; le peu de luccès qu'on en obtient vient de ce qu'on la fait trop tard. On a fouvent oblervé qu'en moins de vingt- quatre heu- res l'inteftin étoit prêt à tomber en gangrène. Enfin , la hernie rentrée , on doit la contenir , & s'oppofer à fa for- îie par le moyen d'un bandage qu'on portera nuit & jour. Les per- fonnes lujettes aux" hernies , évite- ront avec foin , les grandes fati- gues , les courfes à cheval , une pro- menade trop longue , un régime échauffant: elles s'abiliendrontde tout aliment huilé , enfin, de toute paffion violente ; &£ toute ce qui peut déter- miner un effort quelconque , doit leur être interdit. M, AMI. Hernie , médecine véûtînalre. Si Its mufcles du bas -ventre n'offrent pas, dans toute l'étendue, une réfif- tance affcz forte pour s'oppofer aux efforts violens & cont nuels des inteftins du cheval & du bœuf, fi Teffort des parties contenues l'em- porte fur la réfiftance des parties contenantes , il exiffera extérieu- rement une éminence , doit ley parties contenues rentreront dans la capacité de l'abdomen, & à laquelle nous donnons le nom de hernie ou de ' defcente. Nous.rangeons -parmi les principes H E R 485 ordinaires des hernies , les coups > les bleflures qui intéreffent les té- gumens & les mufcles du bas-ven- tre ; un effort violent que le boeuf ou le cheval aura fait pour tires ou porter un fardeau confidérablcj &c. Les hernies ont dlfférens noms , relativement aux lieux qu'elles oc- cupent, ainfi qu'on la vu ci - défi ius. On fait que le péritoine tapîfle toute la face interne des mufcles du bas-ventre , & que cette mem* brane donne des prolongemens compofés de fes deux tuniques, ou feulement du tiflli cellulaire : c'eft dans ces derniers prolongemens , que le péritoine plus foible fe prête & fe prolonge pour iaiffer paffer les parties contenues hors de l'ab- domen ; & pour former à l'exté- rieur fur l'anneau du mufcle grancî oblique , ou dans les bourfes , Ovf au-deffous de l'arcade crurale , une' tumeur plus on moins confidéra- ble que la molleffe , la chaleur & là' fituation font diftinguer effentiel— îement de la tuméfadion des glan^» des inguinales. Dans la hernie crurale, & dans' la hernie fpermatique , on ne fent' ni chaleur , ni pulfation , ni dureté ;' au contraire , la tumeur eft unie , , fliitueufe & élaftique : l'épiploon fe trouve-t-il' engagé avec la portion' de l'inteffin déplacé, ce qu'on- nomme inti'ro-épipiocèk ; la tumeur' eft molle : l'épiploon' eft-il feul ren- fermé dans le lac herniaire , ce qu'on' appelle épiplocUe ; la tum.eur eft éga- ment molle, mais fens flatuofité, ni'. élafticiîé. La violente contraftion des muf- cles du bas -ventre &- du dia*- 4^6 H E R phragme , eft la caufe la plus fré- quente de la hernie crurale. Elle eft caraûérifée par la fortie d'une par- tie des inteftins hors du baffin , par-deflus le ligament de Poupart , c'efl-à-dire , par-defllis un ligament formé des fibres tendineufts des mufcles du bas-ventre , qui s'éten- dent depuis les os iléon, juf^u'dux os pubis. Auffi-tôt que la hernie commence à paroître , faites vos efforts pour faire rentrer dans la capacité de l'abdomen , les parties déplacées : pour cela, renverlez le cheval furie dos , repouflez doucement avec les doigts l'inteftin , pour le détermi- ner à rentrer dans le fac herniaire. Si vous ne pouvez point réuffir de cette manière , ouvrez les tégumens avec le biftouri , afin de faciliter la rentrée de l'inteftin , 5c faites tout de fuite un point de future avec ligament. M. LafofTe aflure avoir vu plufieurs exemples de cette hernie , Se avoir pratiqué le moyen que j'indique ; mais il avoue qu'il ne lui a pas toujours réuifi. On doit bien comprendre qu'il n'eft utile de pratiquer cette opération, que dans le cheval ; le bœufôc le mouton , doivent être fur le champ conduits à la boucherie. La hernie ventrale qui afFe£le aflez fréquemment le bœuf & le cheval , provient , pour l'ordinaire ," d'un coup donné au ventre par une bête à corne , ou par le bout du bâton du bouvier ; elle fe ma- nifelle fur la furface extérieure de l'abdomen , par une tumeur élaf- tique , fla^ueufe , circonfcrite , in- dolente, fans chaleur & fans pulfa- îionp i^orfque la hernie n'eft accom- H E R pagnée ni d'inflammation , ni dé- tranglement, & qu'elle peut alfé- ment {fe réduire , foutenez feu'e- ment l'inttftia par le moyen d'un bandage affez fort , dont vous en- v;ro nerez le ventre 6c le dos. M. Viiet a vu l'application de la pe- lotte , continuée pendant quelques mois , faire diip-.roître une hernie ventrale commençante. Mais fi l'inflammation gagne l'in- teflin déplacé, après avoir éprouvé rinfufllfance de tous les remèdes analogues , pratiquez l'opération ci- deffus décrite , pour le cheval feu- lement , quelqu'incertain qu'en foit le fuccès , étant fondé fur ce prin- cipe , qu'il vaut mieux tenter un remède douteux, que de laiflTer périr l'animal. Une tumeur à l'ombilic eft ce que nous nommons exomphalc ; il efl rare que les chevaux qui en font atteints , puifTent être de quelque fervice. Les autres efpèces de hernies font rares dans les animaux. M. T. HERSE. Inftrument avec lequel on recouvre de terre le grain nou- vellement femé, ou qui fert à brifer les mottes & à unir la fuperficie du fol, après l'avoir labouré. HERSER, c'eft employer cet inflrument tiré par des chevaux , des mules , des bœufs , &c. CHAPITRE PREMIER, Defcrlption dis différentes Herfcs', La première herfe , fans doute , a été formée d'un afl!'emblage de fa- gots d'épines attachés à une pièce de bois , ôc chargés d'une quantité H E R fiifHfante de pierres ou de bois pour leur donner une pefanteur convena- ble. Celte idée eft !a plusfimple, & il faut convenir que , lorlque les arêtes des filions font bien marquées , cette hcrfe groflière eft fuflifante lorfque la terre a été labourée dans des temps opportuns , parce qu'elle fe trouve alors fans mottes. ( Voy. le mot Labour ). Aucune herfe n'unit aufîi parfaitement la fuperfîcie de la terre que celle-ci ; mais comme le frottement briîe bientôt les rameaux épineux, & qu'il faut fans ceffe les fuppléer par de nouveaux , on a trou- vé plus expédient d'en former de folides , & capables de fervir pen- dant une longue fuite d'années. C'eft la plus mauvaife de toutes les éco- nomies d'avoir de mauvais inftru- iTiens d'agriculture : on ell fans ceffe à les réparer; & quoique toutes les pe- tites réparations accidentelles Ibient à chaque fois peu coi^iteufes, leurs dé- penfes mifes bout à bout , ne laif- fent pas d'offrir à la fin de l'année un capital qui étonne, & fouvent fupérieur à celui d'une conffru£lion à neuf. Admettons que ces débourfés ne foient pas aufîi forts que je les pré- fente; mais ne comptera-t-on pas pour beaucoup la perte du temps employé à ces réparations ? fouvent un feul jour perdu , ou dont on n'a pas pro- fité pour les femailles , devient irré- parable lorfque les pluies équinoxia- îes commencent: les mois d'oftobre & novembre 1783 en font la preuve. Une pièce le caffe , il faut envoyer à la ville ou au village, chez le char- ron , Je maréchal ou le forgeron ; & voilà une journée perdue pour un valet , & plufieurs chevaux» Si ©n s'imagine que le payfan ait des H E R 487 inflrumensde rechange, ou que long- temps avant l'époque de s'en fervir , il les vifite , il examine s'ils font en état , on fe trompe groffièrement ; le payfan vit du jour le jour, & ne voit pas plus loin. Sur cefciit, je m'en rapporte au témoignage de ceux qui font cultiver. Pour conftruire folidement une herl'e, on do!t choifir du bois très- fec , coupé au moins depuis deux ans , & tenu dans un lieu naturel- lement fec , & expofé à un grand courant d'air ; enfin , fi on le peut , en- lever tout aubier , ( voj. ce mot ) , tout bois imparfait , & n'employer que le cœur de l'arbre. Quelque forme que Ton donne à la herfe , il importe beaucoup que l'affemblage foit fait avec la plus grande précifion ; autre- ment les pièces ballotteront, foit dans les mortoifes, foit dans les entailles ^ & les pièces de l'inflrument feront bientôt divifées, féparées & brifées. Si le bois n'eft pas bien fec , on aura beau faire entrer des chevilles de bois ou de fer dans les trous qui les attendent; la pièce prendra de la re- traite , les trous s'élargiront , & les chevilles tomberont l'une après l'au- tre avant la fin de la journée, pour peu que la chaleur foit aâive. Ce que je dis des pièces de bois s'applique éga- lement à celui dont on fibrique les chevilles. Le cultivateur prévoyant, a grand foin de faire armer les angles des affemblages avec des bandes de fer. Outre qu'elles aîîurent la folidité générale de l'inftrument, elles s'oppo- fent à la retraite du bois & à la défu- nion des parties. Les herfes , en général , doivent avoir de fix à huit pieds de longueur fur autant de largeur, &£ les dents ef- pacces de cinq pouces , fur autant de 48 s H E R longueur en faillie; leur partie anté- rieure tranchante & pointue à (a bafe, xonde ou quarrée à la poftérieure. Les proportions des pièces de bois, iont -de fix à huit pouces de furface fur quatre à cinqd'épaifleur. La PI. XIX repréfente les herfes les plus connues, décrites & gravées dans le DlUion- nairc Encyclopédique , édition in-foL Perse quarrée. Fig. /. A B , palonier , auquel on attache les che- vaux. Il devient inutile û on fe fert de boeufs , parce que la corde C D ie prolonge & eft fixée à leur joug. EF, grand bras ; EG, tête; G H, fécond bras ; O , bras du milieu ; P P , petit bras ; KLMN , batte. Cette îierfe a. vingt-cinq dents ; Fig. 2. profil de la herfe , vu du côté du Jjras G H. Herse triangulaire , Fis,. 3 , faite de deux bras aflemblés à mi- bois en D, fous un angle de foixa: te degrés , & écartés par trois traverfes. La première traverfe a deux chevdles, ou dents ; la féconde , quatre ; & la troifième , fept ; & chaque bras , fi\ ; ce qui fait en tout vingt-cinq ; c'efl la moins compliquée 6c la meilleure. Dans plufieurs endroits , on fixe en C la corde qui la tire; alors , pour peu que la corde foit courte , la tête s'é- lève, & fouvent le premier rang des chevilles touche à peine la terre : cependant le point eflentiel eft que la herfe fe promène très-horizonta- lement. Il vaut beaucoup mieux fixer la corde en A , & même y placer un anneau de fer. On cbje£lera que , îorfque l'on va ou lorfque l'on re- vient du herfage , on eit obligé de retourner l'inflrument les chevilles en Tair , (Se ainfi la boucle £c l'anneau H E R de fer feront bientôt ufés par le frot-' tement. L'ob]e£lion eft réelle, & mé- rite d'être réfutée. Suppofons donc la herfe renverfée fur la tête des che- villes , il s'agit d'attacher la corde en E lur la première traverfe , & de te- nir la corde courte. Dans ce cas , la tête de la herfe fera néccffairement relevée de quelques pouces , & ne portera pas fur la boucle & fur l'an- neau. D'ailleurs, touchant le fol par moins de points de conîaû , il y aura moins da frottement , & les bê- tes auront moins de peine à la traî- ner ; enfin, rien n'empêche que la partie de l'anneau qui pénètre dans le bois , ne foit retenue de l'autre côté, ou par un écrou , ou par une broche de fer qui traverfera la che- ville de l'anneau, & lorfqu'on vou- dra aller ou revenir des champs , il fufBra de retourner fens deffus def- fous l'anneau & fa boucle , & de les fixer avec l'écrou ou avec la goupille. Dans le pjys où l'on laboure avec la charrue appelée araire , ( voye^ le mot Charrue ), ona des herfes , Fig. 4 , armées de deux rangs de dents lur les pièces CCCC. Les tra- verfes D en font dépourvues , & leur unique ufage eft de maintenir les pièces D. Les unes ont ua cro- chet de fer fixe , défigné en A , ou des boucles & un anneau , comme on l'a repiéfenté en B. C'eft à ces deux points que les cordes s'atta- chent pour fe réunir enfuite à la longueur de fept à huit pieds en une feule qui répond , ou au palonier des chevaux, ou au joug des bœufs. Les chevilles de cette herfe font en. bois , & n'ont que trois pouces de faillie. Elle eft deftinée à brifer les mottes , & non à recouvrir la fe- mcnce , parce qu'elle l'a déjà été par H E R par un labour exprès de l'araire ou d'une petite charrue à oreille ou verfoir. Somme totale , elle produit peu d'efFet , fur-tout fi. on le com- pare avec celui des deux charrues précédentes. Tout ce qui preffe fur la terre , en brife les mottes Se comble le fillon avec la terre meuble de fes arêtes. On a en conféquence imaginé le rouleau , qui aplanit la terre , brife les mottes , & enterre affez mal le grain. La Figure 6 repréfente le rou- leau fimple B avec fon brancard fait de deu?v trefelles A B , aflemblées par une traverfeCC. La Figure G repréfente les herfes roulantes armées de chevilles ou dents, ou dents de fer, & leur bran- card. La Figure y fait voir le profil de la herfe. Figure €. Dans les provinces où les char- rues à avant-train & à roues font introduites, je ne vois pas pourquoi on ne fe ferviroit pas de roues' pour les herfes , puifqu'il eft géométri- quement démontré que les roues facilitent le tirage & diminuent fin- gulicrement la peine des animaux. Dans plufieurs endroits on attache en F , ( Figure 7, ) une herfe de même forme, puis une troifième à l'extrémité F de cette féconde ; par ce moyen on herfe tout à la fois une bien plus grande fuperficie de terrain , ce qui diminue d'autant l'opération, mais fatigue beaucoup plus le bétail. Dans ce cas, les roues produiroient le meilleur effet. Souvent les herfes ne font pas affez lourdes pourécrafer les mottes; alors on ajoute & on fixe des pierres fur la herfe , & fi le condudeur eft affez adroit pour garder fon équili- jbre, il fe place fur la herfe, & de-là. Tome y. H E R 489 comme fur un char , il conduit fe mules ou fes chevaux. Il faut être exercé dans cette pratique, car l'on court fouvent le rifque de ne pou- voir réfifter aux foubre-fauts , ÔC d'être cidbuté. On peut ajouter à ces différentes efpèces de herfes la charrue à quatre contres qui en tient lieu ; mais à bien prendre , je préfère les herfes ordi- naires. La herfe qui tient au Jhnoir (^voye^ ce mot) fi varié, fur-tout fi prôné il y a 10 à 25 ans, eft au- jourd'hui reléguée fous les hangars, non parce qu'elle eft inutile, mais uniquement parce que c'eft une ma- chine, & que toute machine livrée entre les mains des payfans, eft bientôt rompue, brifée & anéantie, à moins qu'ils ne foient accoutumés à s'en fervir depuis leur enfance. CHAPITRE II. De ^opération de hcrfer. Doit -on herfer après chaque la-» bour, ou fimplement après les femailles , foit pour • recouvrir le grain, foit pour brifer les mottes? C'eft un très-grand problème qu'on ne peut réfoudre que par ime mul- titude d'exceptions. Examinons les principales. Je conviens qu'à chaque labourage , fi on herfe, on n'aura pas des mottes, ou on en aura moins, & la fuperficie du fol bien aplatie, permettra de mieux fiUonner par le labour fuivant; voilà l'avantage de l'opération; mais n'en réfulte-t-il aucun inconvénient ? j'en vois plu- fieurs. Par exemple, plus !a fuperficie d'un terrain en pente fera unie , & plus il y aura de terre entraînée par la première pluie d'orage. Admettons Qqq '490 K E R qu'il n'y ait point d'orage, maïs des pluies fines & de longue durée; les molécules de terre, divifées & fépa- rées par le labour, fe réuniront, fe taperont les unes près des autres , & le but du labour fera manqué. La même chofe arrivera dans la plaine, &C arrivera inconîeft^iblement toutes les fois que le grain de terre fera tenace, ou ce qu'on appelle terre forte. 11 ne pleut pas toujours, il eft vrai ; les labours fe fuccèdent d'affez près , je conviens de tout cela; mais dans une grande métairie, où pour l'ordinaire on n'a jamais que le nombre d'animaux ûiffifans à la cul- ture , les labours ne peuvent pas être fi rapprochés qu'on le penfe, & il ne faut que quinze jours- d'inconflance dans la faifon pour retarder de pUis d'un mois les travaux du labourage , puifqu'il faut donner à la terre le temps de reffuyer avant d'y mettre la charrue, autrement elle fe lèveroit par bandes, par mottes , & le réfultat du travail feroit précifément l'oppofé d« ce que l'on veut obtenir. C'eft donc m.ultiplier les travaux, dans un temps où l'on n'eft jamais alTez en avance, foit par l'inconftance des faifons, foit par le défaut de bras, foit par le manque de beftiaux fur- naméraires. Admettons qu'on ait en fon pouvoir la direÔion des faifons, les bras & les animaux néceffaires, enfin tout ce qu'on peut défirer. Je ne crains pas de dire que l'on man- que fon but, parce que les labours £jnt autant pour diviferôc ameublir la: terre, amener celle de defl'ous à la f.vperfieie, 8c retourner celle de d'efliLS ,. que pour préfenter au {okA & aux imprefiîons météori- qiies, !a plus grande furface & la pUis grande profondeur poffibles. îl E H Or, fi on herfe après chaque labour^ la feu'e terre de la furface jouit de ces influences météoriques qui font le premier Si le plus néceffaire des amindemem. ( Voyi\ ce mot, & le dernier chapitre du mot Culture ), D'ailleurs, la chaleur & la lumière du foleil qu'il faut compter pou? beaucoup , pénètrent bien moins une furface plane qu'une furfaca profondément fillonnée, & dont la réhaufl'ement de chaque côté du fillon forme un abri. ( Voye^^ ce mot 8c fes effets caradiérifés en grand an mot Agriculture, chapitre des abris & des climats; ces renvois évitent des répétitions ). Les partiians du herfage préten- dent qu'il s'oppofe à l'évaporation- des principes de la terre, & que cette évaporation augmente en raifon; de la profondeur & de la largeur des filions. Cette objeftion eft fimple-* ment fpécieufe & rien de p'us. LeS' princi'pes conftiîuant la végétation ^ répandus dans la terre, 8l attraâifs;, de femblabîes principes difl'iminés- dans l'atmofphère, ( vojc^ les mots.- déjà cités ) font ^humus, ou pro- prement dit, terre végétale, l'eau, les fels, l'huile & l'air. Or, on a. vu, dans les articles cités, que leur combinaifon ne pouvoir avoir lieu- que par la chaltur qui établit la> fermentation ; la fermentation , leur, décompofition , & de leur décom- pofnion la formation de la fève, ou: fubilance dans l'éta; favonntux. De^ tous ces principes quel eft celui, fuceptible de s'évaporer ? c'eft l'eau;;, mais cette eau n'entraînera pas les-- fels, les huiles, à moins qu'on ne- les fuppofe des huiles eflentielles 6c' volatiles; ( c'eft ce qu'il faudroit prouver ), e Ë r. Je conviens cependant, que û la terre eft clans une fîccité coinplette, les combinaUons des principes ne pourront avoir lieu , puifque les corps ne réaglffent les uns fur les autres, que lorfqu'ils font tenus en diffoliition. Ainfi, admettons que la combinaiion dont il s'agit loit luf- penJue ; mais il n'cÛ pas moins vrai que pendant ce temps la terre en opère une nouvelle avec les météores-aériens, & peut-êtf^ dans cet état , 1. ft plus fufcep^'ible que dans tout autre, de s'approprier leurs principes. Une fimpleSc facile expé- rience va le prouver. Prenez une de ces grofles mottes de terre jetée fur le faite du fîllon par la charrue, & qui pendant une iechereffe de deux ou trois mois aura été expofée aux rofées, aux impreffions de l'air, à la lumière &i à la chaleur du foleil; rempliflez un vafe avec cette terre, rempliffez un autre vafe avec la terre qui p'aura pas reçu les impreffions ,Ge cet ailre ; femez , arrofez au befoin , en obfervant que toutes circonftan- ces foient égales, & vous verrez dans lequel des deux vafes feront ks plantes d'r.ie plus belle végéta- tion. Sans recourir à cette expérience c.Mt des tours de maini peuvent changer les produit^ , tout !e monde a tous les yeux cell; de la terre lef- fivée par les falpêtriers, dont ils auront tellement extrait les fels èc les huiles, qu'on tenteroit en vain de femer, & dans laquelle aucune graine ne germera; mais fi on laiffe cette terre fans addition quelconque, ex- pofée aux etfets météoriques pendant quelques mois, les falpêtriers en retireront comme auparavant, du nitre ,& une eau-mère huileufe. D'où font donc venus ces nouveaux prin- e E R ^9r cipes à cette terre, fmon de l'a'r? Ces deiiX expé i nccs prouvent donc d'une manii.re complette, non- feii'ement l'inmilité, mais encore l'abus de hprfcr après chaque la- bour. L'évaporation , ajoute !-rn, ref- femble à la diftiibtion , & da.s la c'iflillation, les huiles (ff;n':e'!es &C volatiles s'é'èvent avec l'eau : d tnc il y a plus d'évaporat'o.i des prin- cipes lorfque la terre tfl fi'.lonnée. Cette objedion que je piéfcnte dans toute fa force, tft, de toutes celles qu'on a faites, la plus avantageufe au problème des fréquens herfages, puifque fi l'on fuppofe la combinaifon favonneufe déjà formée, il efl; clair que l'eau ne peut s'évaporer fans entraîner avec elle une partie de la portion huileufe ou grailTeufe, ren- due foluble & mifcible par l'inter- mède des fels-, & la difperfer dans l'immenie -réfervoir atmofphérique. La folution tient à ceci : la perte des principes exiflans dans la terre égale-t-elle le recouvrement qu'elle en fait en abforbant ceux de l'atmof- phère } Labour d'ccé vaut fumier, dit un ancien & très -bon proverbe de nos agriculteurs, & ils ont raison, puif- que c'efl dans Cvtte faifon qu'il exifte plus de chaleur, que la lu- mière du foleil agit le plus long- temps fur la terre, que l'air efl plus chargé d'éleftricité, enfin, que la terre reçoit en plus grande abon- dance les impreffions météoriques; mais ces labours, fi jufîement pré- conifés, ne doivent pas être fréquens à cette époque, fans quoi ils nui- roient plus qu'ils ne feroient utiles; d'ailleurs , les mauvaiica î.crbes font rares dans cette faifon, & leur p;eût .Q q q * 492 H E R nombre n'oblige pas à multiplier les labours. Je n'ai ceffé de répéter que les meilleurs labours étoient ceux faits immédiatement avant l'hiver, auffitôt aprè» l'hiver, au printemps, dans le milieu de l'été, ôf au moment de femer. Certes, d'un intervalle à l'autre, la terre, quoique fillonnée, a le temps de fe taffer, de former une croiite qui s'oppofe à une trop libre évapora- tion. Si d'un labour à un autre il furvient une ou plufieurs pluies , il efi: clair que cette croûte aura affez de confiftance pour s'y oppofer. Je ne veux pas dire qu'il n'y aura aucune évaporation^ cela efl impof- fible, autrement la terre refteroit toujours pénétrée d'eau, & jamais fon humidité ne fe di'Tiperoit. La comparaifon de l'évaporation par les filions n'eft pas exacte avec la diflillation, ni même avec l'éva- poration des fumiers frais & amon- celés. Dans les deux cas, la chaleur eft extérieure ou intérieure, & elle eil infiniment plus forte que celle des émanations du foleil, reçues parla terre. Il faut que l'eau ait acquis le degré 80 à 90 pour bouillir, air.fi que pour en féparer l'efprit ardent promptement ôi en grande maffe. Dans quel pays la terre reçoit-elle une égale chaleur, & même dans quel pays acquiert-elle la chaleur du fumier en fermentation ? En vérité, c'eô. donner dans l'extrême, & d'une propofition qui peut, en quelque forte, être vraie dans fa généralité, en faire des applications erronées, fauffes & dangereufes. La plupart des écrivains lur l'agriculture n'ont pas affez réfléchi fur la circulation perpétuelle de l'évaporation des iiiides de la terre dans l'atmofphère H E R & î'abforpîion que la terre fait à fon tour de ces mêmes fluides de- venus aériens, & différemment combinés de ce qu'ils étoient lors de leur fortie de la terre. J'ofe dire que de cette agiffsnte & continuelle circulation dépendent en très-grande partie la fertilité des terres & la beauté de la végétation. En voici une preuve fans réplique, Boyle mit une branche de faule dans un vafe plein de terre, qu'il avoit pefé exac- tement. Au bout de cinq ans, cette branche avoit acquis 165 livres de poids; & la terre n'avoir pas perdu deux onces du fien. Cette plante avoit donc puifé fa fubffance, ou- dans l'eau dont on l'avoit arrofée , ou dans l'air. Haies pouffa l'expé- rience plus loin : il pefa également la terre & la quantité d'eau employée chaque fois à l'arrofement d'une même branche de faule; enfin , en der- nière analyfe, il vit clairement que le poids de la branche excédoit de beaucoup & celui de l'eau Si des arrofemens, & celui de la terre. D'après ce qui vitnt d'être dit, je crois pouvoir conclure avec raifon qu'on ne fauroit ouvrir elle perd fon mauvais goût & ies- mauvaifes qualités en vieilliffant ^ point eiTenliel en quoi cette huile diffère de toutes les autres, qui fe détériorent ou ranciffent très-promp'^ — tement comme celle d'amande-douce, ou dans le courant de l'année , comme celle d'olive , foit qu'on ne l'ait pas - confervée avec. foin dans- de bonnes,, caves, &c. L'hiiile de faine biea conferv ée^iin- H î E goût femblab'.e à celui de noifette ; il eli /.brs doux & agréable. Sur la coni'ervation des huiles , il rcgre un abus géaéral; on les tient dans des vaiffeaux de terre ver- •îiifles , appelés cruches bonbonnes , &c. & qu'on f'e contente de recouvrir avec un fimple papier & une brique f)ar-de{rus , ou bien avec un couver- cle de fer-blanc qui joint très-mal. Si la cave n'ell pas excellente, ( voye:^ ce mot) la communication du fluide avec l'air atmofphérique hâte fa décompofition. Il en e(t ainfi d'une huile quelconque qu'on laiffe fur fon marc , fans la foutirer. ( f^oyc{^ le mot Huile ). L'huile de faine demande, plus que toute autre, à être tirée à clair, puif- ■qu'elle doit fon goût défagréable au •mucilage interpofé entre les parties .huileufes. Il faut donc la foutirer fix femaines ou un mois après fa fabri- cation, & répéter la môme opé- ration à la fin de février ou en mars, .fuivant le climat. Comme elle n'eft jamais meilleure qu'à la féconde an- née , on doit la foutirer de nouveau au commencement de la féconde. Nous décrirons au mot Huile les dé- tails relatifs aux manipulations né- L>/L ma/e, et /i'/m/à' . fic //ûuj: Fre/t>n . /in^cf'iàrtre ,v/ ùt-/i/oin Jra'icot^ U î V H ï V 50i forte. S'ils fuient , c'eft pour quel- peine y tombe-t-il une goutte d'eau, ques jours, mais ils reviennent dès C'eft à la l'aifon de l'hiver qu'oH qu'elle eft diffipée. Les cordonniers, doit la confervation des fources, les felliers fe iervent des baies de puisqu'elles font toujours le réfultal l'hièble dans leur maturité , pour de l'infiltration des eaux de pluie ; teindre les peaux en noir, c'eft par ces pluies , que l'humidité defcend jufqu'aux racines des arbres, HIPREAU. ( Foyti Peuplier ). y porte la vie & la nourriture, &c les met en état de fupporter Tévapo- HIVER, faifon qui termine & ration caufée par les grandes chaleurs renouvelle l'année. Les habitans de de l'été. Enun mot, l'hivereftletemps la campagne l'appellent rnortc faifon, employé par la nature , à réparer fes mauvaife faifon ; elle l'eft, en effet, pertes, & à combiner fes nouveaux pour beaucoup d'endroits, & l'ex- principes de fertilité, tenfion de ces dénominations varie, Il rélulte de ces principes, con-' fuivant \cs climats, {voyei ce mot), firmes par le fait, que tous les la- & les abris , ( vojei le mot Agri- bours pratiqués à l'entrée de l'hi- culture). Quant à moi, relative- ver, font les plus profitables, puif- ment à la terre que l'on cultive, qu'ils facilitent l'infiltration des je la nomme faifon de préparation, eaux, & leur permettent de pénétrer ou de rlintêgration. En effet, c'eft à une profondeur plus confidérable la faifon qui lui rend l'humidité éva- qu'elle n'auroit pu le faire , fi la porée pendant l'été, & fans cette furface des fols étoit en croûte. A précieule humidité, il n'y auroit ni ce premier avantage il en réfulte un décompofition des fels, ni combi- fécond d'un mérite égal. Par ce la- raifon & mélange intime de ces fels, bour, on préfente aux gelées une avec les fubftances huileufes ou graif- très-grande furface de terre foule- feufes qu'elle contient, ou qu'on lui vée. Fût-elle en mottes , en grande donne par les engrais. Enfin, fans pièces, &c. les gelées lespénétreront; eau, il n'y auroit point de fermen- l'eau glacée, interpofée entre chaque tation au retour de la chaleur. Pen- molécule de terre occupera un plus dant cette laifon, les bruines, les grand efpace , divifera ces molécu- pluies, la neige, entraînent en toni- les; au premier dégel la terre s'é- bant, ce fel acide, ce fel aérien, cet miettcra, & après deux ou trois air fixe, cette mafle d'cledricité, &c, petits dégels ou une pluie, le fillon répandus dans l'aîmofphère. ( Voye^ fe trouvera comblé , & il ne pa= le mot Amendement, & le der- roîtra plus de mottes. Ce change- nier chapitre du mot Culture ). ment de forme n'a pas été opéré Tous les pays ont leur hiver; ici, fans un grand mélange & une grande il fe déclare par la neige, les frimats, divifion des molécules terreufes. Je la glace; là, par des pluies, plus ou demande fi ce n'eft pas-là le orand moins longues, & quelquefois de but qu'on fe propofe daP3 tous les trois mois & fans interruption. Tels labours, & fi aucun produit un effet font les pays fitués près de la ligne, plus marqué que celui donné- avantï &, pendant le refte de l'année, à l'hiver?: 5âz H I V L'hiver eft vraiment une faiibn morte , lorfque la neige tient enfe- velis, dans leurs mailons , les habi- tans des montagnes ; c'eft pourquoi il feroit effentiel que les curés , les feigneurs des paroiffes, introdui- fiffent quelqu'efpèce d'induftrie , afin d'occuper utilement ces malheureux. Le tour , dans des pays à buis, la fila- ture des laines , du lin , du chanvre , du coton , lorfque l'on a bonne vo- lonté, les reffources ne manquent pas ; on gagne peu , il eft vrai , mais l'on gagne toujours affez pour ibute- nir ion exiftence. Je ne vois aucun jour d'hiver qui jje puiffe être par-tout employé uti- lement. Sous un air naturellement froid ou pluvieux , & ou l'on ne cultive que du grain, alors on bat en grange, ( voyei ce mot ). Ailleurs , on nettoie & on ouvre des foflés , pour mettre à fec les terres iubmer- gées , ou afin de prévenir les dégra- dations des champs. Cet objet eft par-tout, en général, trop négligé. C'eft le temps, lorCqu'il ne pleut pas, de tranfporter les terres, les engrais , les fumiers ; de tailler les arbres, de préparer les bois de chauf- fage, d'abattre ceux de charpente; .s'il pleut , de travailler les outils d'a- griculture , d'en préparer un grand nombre de furnuméraircs , afin de ne pas perdre un temps précieux ^u retour de la belle faifon. A i'exemple de la nature, employons ^e temps d'hiver à la réintégration de tout ce qui doit fervir dans le /courant de l'année. Les journées font courtes, il eft vrai; mais à l'aide d'une lampe toujours peu dif- pendieufe , on prolonge le travail intérieur. J'ai vu un bon & riche fer- pîier , dont l'efprit étoit aufÇ fécond H O M qu'amufant. Son imagination lui four- nift"oit le récit de mille faits à la por- tée de la clafl'e d'hommes qui l'écou- toient. Chaque foir, on prenoit l'ou- vrage, il s'y mettoit lui-même; & lorfque tout fon monde étoit rafl^em- blé , il commençoit fes récits , qu'il avoit l'art de prolonger, pour les in- terrompre enfuite à l'endroit le plus intéreflant, afin d'exciter & entrete- nir la curiofité fi utile à l'avancement de fes travaux. Si un valet avoit ou- blié un outil , il étoit exclu de l'aflcm- blée, & privé , par ce moyen , d'en- tendre la fuite de ce qui l'avoit fi fort attaché la veille. Par ce moyen , le travail, une fois commencé, n'étoit plus mtcrrcmpu , & il eft aifé de juger combien il lé faifoit d'ouvrage en peu d'heures. Comme les valets étoient bien nourris, bien payés 6c bien réjouis , ce fermier avoit tou- jours les meilleurs du canton , & fa fimple philofophie lui procuroit des avantages plus réels que des fpécu- lations plus brillantes. On a fait des contes pour tous les âges & toutes les conditions de la vie , & perfonne encore n'a penfé à nos bons cam- pagnards. HIVERNAGE, HIVERNER; c'eft inner aux terres oi labour avant l'hiver. donner aux terres ou aux vignes un HOMMÉE , mefure des champs, des vignes dans plufieurs provinces, expreflîon tirée du travail qu'un homme peut faire dans un jour. Cette mefure n'eft pas plus fixe que les autres; elle varie fouvent de villaçje à village; mais communément il faut huit hommées pour faire lia arpenc de Paris. ( l-^ojei ce mot^. K' O P' .HOP yo-j- fiONGRER. ( y. Castration ). auminiftfatëurs n'ont qu'un intérêt- général à la choie; ils s'en rappor- HOPITAL, maifon fondée & clef- tent aveuglément à des fous-ordres îinée à recevoir les pauvres malades , qui, dans le fait , font les feuls admi- les foigner, les nourrir & les médi- niftrateurs; ôc pourvu que la ma- camenter jufqu'à leur parfaite gué- chine aille à peu près, chacun eft rifon. Le plus ancien hôpital fondé content, & croit avoir bien admi- cft celui de la ville de Lyon, &: l'on niflré. Infenfiblement des vices peut dire que fon adminiftration doit fourds s'introduifent , & on ne les fèrvir de modèle à tous les autres en connoît que lorfque la maifon eft- ce genre. Une s'agit pas ici d'examiner obérée. Combien d'exemples on fi les hôpitaux, & fur- tout les grands pourroit citer! hôpitaux font utiles ou néceffaires Que faut-il donc mettre à la place dans les grandes villes; mais il faut des hôpitaux, dans les gros bourgs prouver qu'ils font inutiles & à charge ou villages.^ Dans les villes, les dans la campagne ; enfin, que la dé- individus font entaffés les uns fur penfe, pour leur entretien, excède les autres, & fur-tout dans les villes^ de beaucoup les fervices qu'ils de fabrique, où fou vent une feule i-endent. Ceci paroîtra des paradoxes chambre renferme une famille en- préfenter. _ avoir le repos & la tranquillité dont Un hôpital fuppofe des bâtimens, il a befoin. Dans les villages, au des frères, des fœurs, un aumô- ccncVaire , l'efpace manque rare- nier, un médecin, un chirurgien; ment, & la bienfaifance efl affife à' enfin, tout l'attirail de l'établifiement. côté de la misère. J'ai vu à Roche* Les individus employés font nour- taillée, près de Lyon, une pauvre ris, vêtus & fîipendiés fur le revenu femm.e , âgée de quatre-vinort-douze de la fondation , & fouvent leur ans , infirme , au point que , étendue nombre égale celui des malades, dans fon lit, elle ne pouvoit ni boire Ces frais de fervice font donc une ni manger, ni fe tourner , fans le- foufîraftion réelle, & furement de fccours de quelqu'un. Cette infortu- moitié, du revenu des pauvres. On née , dénuée de tout , étrangère au doit encore compter pour beaucoup village, n'a jamais manqué du nécef- l'entretien des bâtimens, les répa- faire; fes voifines venoient à tmir. rations annuelles & imprévues, l'en- de rôle, les unes, le matin pour, tretien du linge, des lits, Sic. tous faire fon lit, la lever , changer fes ces frais prélevés, je demande ce linges, lui donner des alimens,: qu'il refle de net pour le fervice des attendre qu'elle ait mangé , la re-- pauvres ? Que fera-ce , fi l'adminif- coucher , fermer la porte à clef, , tration efl: confiée à des mains in- placer la clef derrière la chatière ,. capables de la régir avec une fage & elles la quittoient pour aller à^' économie ? Toute régie, en ce leur journée à midi. Sur le foir,, genre,, eft abufive, parce que les nouvelle vifue 3, nouveaux- foins 5, 504 HOP &• le même zèle qui ne s'eft jamais démenti. Cette femme , placée dans un hôpital , auroit été nourrie & fer- vie , j'en conviens ; il auroit fallu que l'hôpital payât & nourrît au moins un ferviteur pour elle ; c'eft donc doubler la dépenfe. J'ai dit que la bienfaifance étoit aflife à côté de la misère , & c'ell précifément fur cfs deux points que j'ai établi le foulagement des malades. .Te ne prétends pas dire que les feigneurs , que les gens riches ne font pas bienfaifans; mais comme ils n'ont jamais fenti le poids du be- foin , ils n'ont en général qu'une idée très imparfaite de la misère , &c la voient dans un lointain qu'ils apper- çoivent à peine , tandis que le jour- nalier, la fentant ou la voyant de très-près , fecourt fon femblable , foit par bonté d'ame , foit parce qu'il préfume qu'il aura peut-être befoin d'être fecouru à fon tour. Pour exécuter l'établiffement dont je veux parler, je n'ai befoin que du concours du feigneur , du curé de la parpiOe , de celui de quelques- uns des principaux habitans, &C des femmes notables du bourg ou du village , qui deviendront dames de charité. C'eft fur les foins, le zèle 6c l'infpeftion de ces dernières , que je fonde mes plus grandes efpérances. Perfonne n'a le coup- d'œil des femmes pour les objets de détail , pour les petites éco- nomies fi eflentlelles ; enfin , per- fonne n'eft aulïï patient, auffi zélé, auffi adroit auprès des malades. Toutes les volfmes de la malade ie- ront les premières à les féconder dans leurs travaux, Sc le malade fera zr.ieux foigné que dans aucune des aïaifons de charité les mieux reniées. HOP A-t-on jamais vu dans un village un feul malade abandonné ? Au con- traire, le zèle des bonnes gens a un défaut , celui de remplir la chambre de monde , & de prodiguer la nour- riture. Sur ce fait, je m'en rapporte aux témoignages de ceux qui habi- tent les campagnes. Ils y auront vu plus d'une fois le cultivateur parta- ger avec le malade juiqu'à fon ftrift néceflaire, & regrett-. r de ne pouvoir en fa're Tentier facnfice. Que feroit- ce donc fi cette pitié, certe bien- faifance étoient dirigées & ménagées avec prudence ! Dans un bourg, dans un village, dans une petite ville, tout le monde fe connoît, & les facultés de chacun font en évidence. Dès-!ors on ne craint plus que l'individu aifé ré- clame des charités , & il eft facile de régler jufqu'à quel point le fe- cours doit s'étendre , fuivant la fa- culté de chaque individu. Ce point fuppofé , que faut-il de plus ? quel- ques maîelais , draps &c couvertures que le feigneur , ou le curé , ou les notables prêteront aux nécefTiteux, & qui par conféquent appartien- dront à la communauté ; un pot au feu proportionné au nombre des malades; du pain; une petite colleftion de remèdes pharmaceu- tiques & de plantes médicinales , voilà tout le détail de la régie qui doit en faire les fonds. Le feigneur donnera l'exemple. Le curé, à pro- portion de fes moyens, fournira des fecours ; il exhortera tout habitant aifé , & pour peu qu'il foit aiguil- lonné, ou par im motif de religion ou d'amour- propre , il s'empreffera de concourir à la bonne œuvre géné- rale. II faut un homme de l'art pour l'adminiflratiou des remèdes. Sti- pendiez-le HOP pendiez -le fuivant le travail, s'il n'eft pas aflez généreux ou aflez aifé pour lacrifier fon honoraire aux pauvres ; mais dans tous les cas on doit ftipendier une fage- fenime indruite , fie doinicilice dans la paroifle. Tous les fix mois , ou à la f^n de ciiaquc année , on rendra compte, dans une aflemblée de cha- rité , de la recette & de la dépenfe , en fajiant connoître de ce qu'on a reçu de chaque particulier. Je fais que l'Evangile dit que la main gau- che r.e do.t pas favoir ce que donne ]a main droite; voilà la perLftion ; mais comme les hommes ne {ont pas pprfaits, il importe peu au mal~ heureux qu'un tel ait donné par va- nité , ou tel autre par motif de re- ligion , pourvu qu'il foit fecouru. Qu'il eft confolant , qu'il eft beau L' rô'e du feigneur , du curé, du notable! Avec un peu d'enthoufiaf- me, de force d'ame Scdefagacité, on iait deshommestout ce que l'on veut. Ce que je dis des hôpitaux deftinés aux m^alades , s'applique également aux bureaux de charité confacrés au foulagement des pauvres. Celui de la ville de Cadres fournit un exemple frappant de ce que j'avance. Avec de modiques fecours, ce bureau efl par- venu au point de faire difparoître l'af- fligeante mendicité. Les idées que je prcfente font de fimples apperçus aux- quels il eft facile de donner la plus grande & la plus utile étendue ; mais ce feroit s'écarterdu but de cet Ouvrage. Cependant je ne puis m'empê- cher de jeter encore un coup-d'œil fur les hôpitaux des grandes villes , & de montrer , par une expérience en grand & de 25 années , com- bien les enfans - trouvés & les or- phelins qu'on y entaffe , peuvent Tomt f^. HOP çoj être utiles à l'agriculture. Nous man- quons de bras , c'cft un point de fait reconnu & démontré jufqu'à l'évidence. Les multiplier, foula- ger les hôpitaux, ijflV.rer une fanté vigoureufe aux enfans - trouvés ou orphelins dont ils fon- chargés, c'eft dans une feule opéiarion réunir les plus grands points diriîté. En effet, que l'on confidère la figure pâle & blême des enfans qu'une pitiifc cha- rité raffemble en m^.ff ■ dans un même lieu? que l'on confideie les ravages cauiés par le fcorb^it , les humeurs fcrophuleufcs , la gale , &c. ? 6c l'on fe convaincra aifément , fans avoir recours à l'expérience , q.ie des in- dividus dont l'enfance a été fi mal- heureufe,neferont jamais deshommes robuftes lorfqu'ils parviendront à la virilité. Admettons que leur fanté n'ait point été altérée ; mais à quoi les emploiera-t-on? On les mettra en apprentiftage , on leur donnera un métier ; enfin ; ils feront artifans, & dès - lors les voilà fixés pour toujours dans des villes, comme fi les villes, femblables à des gouffres , n'attiroient pas vers elles la popula- tion defes environs. Si l'on calcule ac- tuellement la dépenfe de nourriture & d'entretien de ces enfans , depn's le moment deleur entrée dans l'hôpital, jutqu'à celui où leur apprentiffage finit , ils ne feront plus à charge à la maifon , & l'on verra que chaque enfant lui coûte annuellement au moins aco liv. mais comme il efl employé à de petits travaux, il peut gagner 50 liv. La dépende réelle efl donc de 150 liv. Il efl aiié aftuelle- ment d'avoir le montant de la maffe de dépenfie par le nombre d'enfans dont on eft chargé. A quoi a fervi cette dépenfe? à prolonger tout a« S s s fo6 HOP pUis l'exiffence valétudinaire cl'e ces individus, hors d'état , pour la plu- part, de gagner leur vie. Dans les hôpitaux où l'on reçoit les gens âgés, l'expérience prouve que ceux qui ont été élevés dans la maifon , forment le tiers franc de ces indi- vidus ; les deux autres tiers ont fini leur carrière avant l'époque fixée pour la réception. Il ré'.uhe de-là que les hôpitaux font chargés & de l'enfance &c de la vieilIelTe des mê- mes individus. Ces abus ou plutôt cette charité mal-entendue , fit ouvrir les yeux aux adminiiuateurs des hôpitaux de Lyon; & par une opération bien fimple, ils trouvèrent le moyen de débarraffer leurs raaifons de plus de deux mille enfans à la fois, de manière qu'il ne refte aujourd'hui dans l'hôpital ap- pelé Hûplcal de Id Charité , que les enfans contrefaits ou eflroplés. Je n'entrerai pas dans les détails de cette belle adminiilration , cela memèneroit trop loin; mais un fimple précis de ce qui concerne les enfans trouvés & orphelins , fuffira pour donner une idée de l'opération. Les adminiftrateurs des hôpitaux des au- tres villes, qui défireront des inf- îruâions plus étendues , n'ont qu'à s'âdrefTer à ceux de Lyon. Il y a deux hôpitaux à Ly^on , l'un appelé Hôtel- Dieu ou grand hôpital, Se l'hôpital de la charité & aumône générale. On diftingue trois claffes d'enfans, enfans trouvés, orphelins, enfans dé~ laiffés. 1°. Les enfans ~ trouvés font à la charge de l'Hôtel-Dieu , depuis le jour de leur réception jufqu'à fix ans,& demi, époque à laquelle il les envoie à l'hôpital' de la Charité. HOP 2". Les orphelins : l'Hôtel - Dieu adopte ceux qui n'ont pas 7 ans , & les envoie à la Charité à fept ans ou fix ans & demi. Ce déplacement ne fe fait qu'une fois par an. La Charité adopte direâemént les enfans de 7 ans & au-deffus. 3°. Les délaiffés ou enfans aban- donnés par les pères & mères fugi- tifs. L'admifïïon & la remife font les mêmes que dans l'article précédent. Dans tous les temps l'Hôtel-Dieu a fait nourrir à la campagne tous les enfans de ces trois clafTes , & l'hôpital de la Charité y a reçu un grand nombre de ceux qui lui appar- tenoient par l'âge ; cependant on faifoit communément revenir ceux adoptifs, qui, ayant des parens con- nus , paroilîent deilinés à la ville. Depuis 1758, on lailTe beaucoup d'adoptifs à la campagne , & fans exception , tous les enfans-trouvés &C tous les délaiffés. Les deux hôpitaux reçoivent fans exception tous les enfans trouvés, tous les orphelins , fans famille capable d'en prendre foin , &: tous les enfans délaiffés. Il y avoit au 10 juillet 1783 , à la charge de l'hô- pital de la Charité , environ trois raille -enfans. Les infirmes , les ef- tropiés qu'on ne peut placer à la campagne, coûtent de iioà 130 liv. par an; mais il faut une adminirtra- tion femblabîe , pour que leur en- tretien & nourriture foient auiîi peu difpendieux. Avant l'époque de 1758, l'hôpi- tal de la Charité nourrifloit dans l'intérieur de fa mailon ; & payoit l'apprentiffage des trois clafîes d'en- fans, lorfqu'ils avoient l'âge requis;; enfin , il n'en étoit débarraifé que lorf- quc chaque individu pouvoiî vivre HOP de fon travail , époque fixée à 17 ans. Chaque tête lui coCitoit donc de II à 1300 liv. , tandis qii'aftuel- Icment chaque têre ne coûte, depuis l'âge de fept jufqii'à dix-fept ans , que zoo iiv. environ. Il y a donc au moins 1000 l;v. d'économie par perfonne , objet de 300,000 1. par an. Lorfque l'adminiftration eut ar- rêté le projet de fîxtT les enfans à la campagne , elle fit diflribuer à dix L nommé Agé de Paroiffe d HOP 507 lieues à la ronde de la vills, des im- primés femblables à celui ci-deflbus; & c'eft aux follicitations de cette vi- gilante adminlflration , que fut ren- due l'ordonnance de 1765, concer- nant les milices. A peine eut - on connoiflance de la réfo'.ution du bu- reau, que de toutes parts on lui de- manda des enfans , & qu'on eft obligé aujourd'hui de fe faire infcrire fix mois d'avance pour en avoir. N\ a été remis à K». !.« Nourriciers guivoudront avoir ces Certificatspaur les habillemens & pour le paiement de leurs gages , / c*eft-à-dire , qu'on ne touche point aux anciennes , & que l'on fupprime les nouveUes, excepté celles qui, étant bien placées , iont très-vigou- reuiés , & qu'on peut couper & planter, fî l'on veut , dans un nou- veau terrain. Lorfqu'on a rempli toutes ces pré- cautions , on jette dans les inter- valles la terre qu'on a ôtée des mon- ticules ouverts , & l'on forme des monticules avec le mélange , les cen- HOU dres & la terre calcinée par le brûlis. II faut couper les nouvelles pouffes à un pouce de l'ancienne , pour cette fois Icutement ; mais, les années fui- vantes , on les coupe tout ras. Il arrive fouvent que des plants de houblons dégénèrent en fauva- geons ( I ) : il faut alors marquer les monticules dans le temps de la récolte , & , le printemps liiivant , les arracher , & leur en fubftituer d'autres. Il ne convient point , au commencement , de donner beau- coup de hauteur aux monticules, parce qu'ils s'cxhauffe nt affez pindant l'été par la terre que le cultivateur y jette lorfqu'on laboure les intervalles. Plufieurs cultivateurs commencent à labourer &c à fumer avant le mois d'avril ; mais nous favons , d'après l'expérience , que le temps que nous indiquons efl le plus favorable (en Angleterre ) , parce que le houblon ell: tardif à pouffer , ce qui efl: très- heureux pour le cultivateur ; car un printemps avancé accélère fa pouffe , & le rend par -là fujet à beaucoup d'accidens. Une culture tardive retarde la pouffe , & détruit tellement les mauvalfes herbes , qu'elles ne reparoiffent point de long- temps. Si , par hafard , on trouve quelques pouffes au - deffus du fol , on peut hardiment les étêter , fans craindre d'altérer le plant. Xlll. Culture d'une ancienne liou- tlonnière. Le houblon efl en pleine vigueur dans fa troifième année , &c dure très-long-temps ; mais , à la fin , il s'épuife , & fouvent la négligence avec laquelle on le cultive , eft caufe HOU H3 qu'il dépérit beaucoup plutôt. Pour prévenir ce dépérlffetnent , il faut labourer les intervalles des monticules , auffi profondément qu'il efl poffible , avec la charrue à quatre coutres , & préparer une certaine quantité de la compofition indiquée ci - deffus ; enfuite on ôte avec la bêche autant de terre des monticules qu'on le peut , en ménageant les plants. Il faut répandre cette terre dans les intervalles , & on la rem- placé avec le mélange en queftlon. Ce labour profond détruit parfaite- ment les herbes parafites, & le mé- lange que l'on fubffitue à la terre enlevée des monticules, procure aux plants tous les avantages d'un fol nouveau & abondant en principes. En fuivant cette méthode , le hou- blon prend de nouvelles forces , pouffe de nouveaux jets forts èc vigoureux. XIV. Du rétabHjJement d'une hou- blonniere dcpérie. Lorfqu'elle efl: dans ce fâcheux état , on eft dans l'ufage commun , mais abfurde , de l'aban- donner , & de fe conten'.er du pro- duit des arbres qu'on a eu la pré- caution d'y planter. Il eft certain qu'en fuivant l'ancienne culture , on n'a point d'autre reffource ; mais au- jourd'hui une méthode nouvelle de culture diffipe peu à peu les préjugés de l'ancienne culture. Elle confifte à fiibftituer à la terre des monticules celle des intervalles , rompue, dlvifée , bien ameublie avec la charrue à quatre coutres. ( Voye^ ce mot ). A cet effet , il faut , lorf- qu'on laboure les intervalles , faire (i) Ncie du Réd-iSieur. Confirma ion de ce qui eft dit dans la première Note. Cette dégénérefcence eft expliquée au mot Ejpccc. y V V î 524 HOU HOU approcher , autant qu'il eft poffible , tout rarrofement que ce végétal exigé cette charrue des monticules, en la lorfque la faifon cft favorable ; mais faifant plonger autant qu'on le peut, fi , dans le coiirant du mois fuivant , C'eft ainfi que l'on coupe l'extrémité il ne tombe point de pluie, il faut de toutes les racines qui ont pénétré alors répéter les arrofcmens , & fi jufqu'à cette profondeur, & que la la fécherefl'e continue pendant l'été, terre rompue par le labour, étant il faut encore arrofer une fois 1» devenue plus fine & plus légère, houblonrière, vers le temps qu'elle eft propre à l'infertion des nou- fleuilt. Rien en effet ne contribue velles petites fibres qui pouffent des plus à la perfeft on du houblon , extrémités des racines qu'on a cou- qu'un degré convenable d'humidité pées , 6i. qui ont par conféquent la dans lés lailons propres. Il taut , facuhé d'y puifer leur nourriture. Il chaque fois que l'on arrofe , hier» en eft de même lorfque l'on défait détremper la terre , & rompre en- les monticules avec la bêche : cet iuite le fol des intervalles avec le infirument coupe les extrémités lan- cultivateur , en jetant une partie fur guifTantes ou dépéries des racines les monticules , pour y retenir l'hu- plus courtes qui ne font jamais midité , & par conféquent défendre étendues au-delà du monticule , & les racines & la partie inférieure des on leur donne de la nouvelle terre tiges des ardeurs du foleil. « Tel eft des intervalles. Il n'y a point de le Mémoire de M. Hall fur la cul~ moyen plus affuré que cette pra- ture du houblon, & il eft étonnant tique. qu'il ne parle pas des maladies ou XV De Carrofettient d'une houblon- accidens auxquels il eft fujet. nière. L'arrofement dépend des lai- On en connoît trois ; le m'ultat , fons , parce qu'il n'eft pas toujours ( yoye:^ ce mot ) vulgairement appelé néceffaire , puifque les pluies font rofét midleufc ; la moififfure impro- fouvent fréquentes dans le printemps, prement nommée rofét farintufe ; Si elles font rares , on doit y fup- enfin les inlcttes & pucerons, pléer ; c'eft pourquoi on choifira , La mielleufe eft une exfudation autant que faire fe pourra , près par les pores de la plante , de la d'un ruifleau ou d'une rivière , le matière de la tranfpirarion , unie à fol deftiné à la houblonnière. une des fubftances qui conftitue la C'eft une grande erreur d'arrofer sève. C'eft cette fubftance fucrée qui unehoublonnièredetropbonneheure attire une multitude de mouches, au printemps , parce qu*on rifque & fur-tout de pucerons & de four- beaucoup d'accélérer fa végétation, mis ; ainfi ce n'eft point ce que nous Il n'y a pas de temps plu3 propre à entendons par le mot de rofée. Ce l'arrofement que celui dans lequel miellat peut très-bien avoir eu pour on rotript & divife la terre des in- caufe première une rofee froide qui tervalles avec le cultivateur. En fui- aura intercepté la tranfpiration de vaut cette méthode , on di())ofe les la plante , & l'humeur excrémenti- houblons à pouffer vigoureufement, tielle aura formé le miellat. A cet lorfque les monticules font plus en article nous entrerons dans de; plus, «tat de foutenir leur croiffance. Voici grands détails* HOU La farineufe eft une moififfure qui fe manifefte par des taches blan- ches fur les feuilles Sc enfuite fur les tiges. Le feul expédient' propofé contre ces deux accidens funeftes , efl: d'aller contre le vent , & de jeter en l'air de la cendre de hêtre , afin qu'elle fe porte fur les endroits de la plante aft'i;ctcs de la maladie. D'au- tres enfin confeillent de fumer la houblonnière avec le fumier de porc. Je ne conclus pas fur la valeur de ces deux moyens , piiifque je n'ai jamais été à même de les voir mettre en pratique-, & de m'affurer de leur efficacité ; cependant s'il m'étoit permis d'avoir un avis fur une ma- tière qui m'cfl: étrangère , je ne craindrois pas de dire que le pre- mier eft dangereux ,à moins qu'il ne furvienne une pluie un ou deux jours après ; enfin , que le fécond me paroît de nulle valeur quant à fon objet. En fiippofant que l'ufage des cen- dres foi t avantageux, il ei\ indiffé- rent qu'elles foient de hêtre ou de telle autre fubflance combuftible , ( la plus utile fera celle qui coûtera le moins) elles n'agiffent pas ici en raifon des fels qu'elles contiennent , mais en qualité de corps fecs qui s'approprient l'humidité caufée & entretenue à l'extérieur par la tranf- fudation de la plante. Je les croirois moins nuifibles dans la moififfure que dans le miellat. Dans ce dernier cas , elles abforbent fon humidité , & forment une croûte par leur ad- héfion à cette fubftance firupeufe ; dès-lors elles bouchent encore plus les pores de la tranfpiration ini'en- fible. Si , comme je l'ai déjà dit , il furvient une pluie , l'opération peut être très-utile , & dangereviie fi. le HOU 52^ temps refte fec. Ne pourroit-on pas, il on a de l'eau dans le voifinage y imiter l'exemple des hollandois qui fe fervent , pour laver les vitres Se l'extérieur de leurs maifons , d'une petite pompe fou'ante , & par ce moyen on laveroit la plante du hou- blon depuis le haut jufqu'en bas. L'eau pouffée avec afftz de force diffoudroit le miellat , entraîneroit avec lui les pucerons 6c les infeftes qui fq^it accourus pour y prendre leur nourriture , débarrafferoit La plante de cette multitude d'excré- mens qui la noircit; enfin, fa tranf- piration feroit rétablie. Cette prati- que produiroit le même bien que I3 pluie. Pour avoir une idée de la pompe des hollandois , qu'on fe figure un cylindre, en étaim , en cuivre, en bois, &c, de deux, trois à quatre pouces de diamètre dans œuvre , fur une longueur de deux à trois pieds. A la partie inférieure eft adaptée une canule recourbée , & dont la cour- bure remonte à la haïUeùr de cinq: à fix pouces à peu près de la forme d'un V. La première branche efl la canule, & la féconde fuppofe le corps de |)ompe ; l'intérieur du. cylindre efl garni d'un pifton fixé au bout d'un manche long de trois à quatre pieds ; enfin l'extrémité fu- périeure eft fermée par une plaque de même métal , 8c à vis , mais percée dans le milieu pour laiffèr îbrtir , mouvoir , monter & def- cendre le pifton lorfqu'on fait aller fon manche. En un mot , elle ref- femblé à la feringue employée par les maréchaux ; la feule différence; confifte dans la courbure de la ca- nule. On a un baquet rîmpii d'eau- ,, ou tel autte vafe , oit L'eau, d^uw 5î5 HOU ruiffeau, &c. & on plonge la fe- ringue dans cette eau , en y incli- nant la partie antérieure de la canule, , afin qu'en tirant à foi le pifton , il afpire l'tau ; enluite en incl'nant vers foi le corps de pompe, la pointe de la canule fort de l'eau ; alors on preffe & pouffe le pifton qui fait jaillir au loin l'eau contenue dans le cylindre. C'efl dinli que j'ai vu laver, avec une adrefle fmgunère , les fa- çades des maifons ; c'eft ain^, ou par un moyen femblable , que M. le Maréchal de Biron fait laver fes arbres , lorfque la pouffière du grand chemin s'y attache ; c'tll encore alnfi que j'ai vu arrofer des jai-dins. Il ne * me paroît donc pas difficile de faire l'application de cette machine aux houblons. La dépenfe faite pour ta plantation & l'entretien d'une hou- blonnière eft confidéraWe, & fon dépériffement cauie une trop grande perte pour fe refufer à un moyen fi iîmple , fur -tout lorfqu'on peut conduire l'eau fur une houblon- nière. Les corps n'agiffent les uns fur les autres que par une opération purement mécanique. Il y a long- temps qu'on a abandonné les qua- lités occultes. Si cela eft , comment îe fumier de porc peut- il influer fur le miellat , fur les infectes , &c. ? Si on le jette en terre à l'époque indi- quée pour les engrais , pourra-t-il empêcher la tranfpiratioa arrêtée pendant l'été ? Je conviens , û l'on veut , qu'il échauffera la terre ; mais c'eil im courant d'air frais ou froid qui arrête la tranfplration : la elialeur qu'on lui fuppofe ne peut HOU pas agir à vingt ou à trente pieds au-defl'us du fol ; au contraire, plus le loi fera cchautF.- par lui, & plus il montera de fève pendc.nt le jour au fommet Je la |)lante , & par conlcquer.t elle aura biloin d'une plus grande tranlpiration pour épu- rer les fucs qu'elle s'approprie. { f^oj:^ le mot Amendement, le der/iier chapitre du mot Culture &C le mot Sêv ). Quai.r à la maladie de moififfure, je ne puis en parler , puilque je ne la connoii p^s ; cependant fi les cen- dres font fu'ceptibles de produire un effet faUudire , il me paroît que c"eit dans ce cas, puifqu'elles ab- forberont la furabondance d'humi- dité qui caufe la moiliffure. Au iur- pliis , je m'en rapporte aux culti- vateurs. XVI. Du houblon relativement à la bière ( i )• La bonne qualité du houblon eft d'être un peu moîte au toucher , d'avoir une odeur agréa- ble , ôc une cou'eur b:en confervée; il faut encore qu'il foit abondam- ment garni de feuilles , de fleurs & de graines, & qu'il donne une très- grande quantité de matière extrac- tive à l'eau. Comme il arrive fouvent que le houblon manque de quelques-unes de ces qualités , foit parce que la faifon ne lui a pas été favorable , foit parce qu'on le fait fécher fans foins , alors on eft dans l'ufyge de l'expofer à la vapeur de foufre qu'on brille pour lui reftituer fa couleur. Il eft donc bien effentiel de ne pas s'en tenir à la belle apparence, iltaut encore invoquer le fecours de l'odo- (:) Çat Attlcîe nous a été communiqué par M, Parmeniier. HOU H OU 527 rat ; car on ne fauroit être trop cir- prépare , ainfi que de l'efpèce de confpe^t dans le choix du houblon, grain dont on fe fert , du temps qu'on puifque celui qui eft brun & mal a intention de garder la liqueur , & léché, eft très-préjudiciable à la bière du lieu où l'on doit la traniporter. blanche. Toutes choies égales d'ailleurs, la On préfère affez ordinairement le bière brafi'ée pendant l'été , exige une houblon nouveau à l'ancien , en les plus grande quantité de houblon iùppol'ant tous deux d'égale qualité ; que celle que l'on brafTe au prin- cependant le houblon de l'année temps & en automne ; il en faut précédente n'eft pas à dédaigner , moins en hiver que dans toute autre lorfqu'il a été bien féché &c con- fail'on. fervé. Ainfi ceux qui en confomment On a prétendu qu'il falloit né- une très - grande quantité , ne ceflalrement faire bouillir le hou- courent aucun rifque d'en faire blon avec le moût , pour extraire une ample provifion , lorfque la plus de principes , & mieux les in- récolte a été riche , & le prix mo- corporer. M. le PiUur d'Jppligny , dique. qui vient de publier de bonnes inf- Non - feulement le houblon pré- truftions fur l'art de faire la bière vient la tendance naturelle de la a prouvé que cette boiffon étoit bière à l'acefcence , mais c'eft en- infiniment meilleure que lorfqu'oa core une efpèce d'affailonnement retiroit à part l'extrait du houblon qui rend cette boifTon plus agréable, par le moyen del'infufioh dans l'eau plus digeftive, plus falutaire 6c plus au lieu de la décoftion, & que l'on durable. Tous les amers ont en gé- ajoutoit enfuite lorfque la fermenta- néral la propriété de rendre les tion étoit finie dans les tonneaux. C'efl: corps auxquels on les affocie , plus alors que cet extrait contrebalance fufceptibles de fe conferver. C'efi: avec plus de certitude encore la même un fait connu des brafleurs, propenfion de la bière à l'acefcence qu'on peut fubflituer avec quelque fans lui donner de l'âcreté , de la fuccès au houblon, la racine de vifcofiré, & trop de couleur, geniiane , la petite centaurée, le Au refte , le houblon n'eft pas né- chamaîdris ou petit-chêne; cepen- ceflalre à la compolîtion de la bière dant 1* houblon mérite la préfé- pui'que dans certains cantons on n'a- rence à caufe de fon agrément. Ils joute aucun préfervatif à celle qui eft favent encore que le rofeau odorant, deftinée à être bueauffirot qu'elle eft ou calamits aromaticus , eft quelque- faite ; on appelle cette bière aile : elle fois emp'.oyé en Angleterre à la eft vive , Ipiritueufe , blanche , pé- place du houblon ou avec le hou- tillante , mais elle ne fe conferve blon lui-même, lorfqmi ^m il 1 ^jj^ii " ^ ' ; "■■ ,1 ■ ' ■ ■whI lii î ■1 '>J5%S:%S^S^ÏS:5^éS$^ II )â 1 X Si s; . \ n; )£ "^ •V H U I ïante dans chaque cabas ; on re- monte les cabas , & on prefle comme la première fois. Cette opé- ration eft nommée échauder. Un peu avant que l'eau chaude mêlée avec l'huile commence à cou- ler des cabas , le premier ouvrier bouche les ouvertures du preffoir qui communiquent aux tonnes ; alors , avec une patelle , ou eipèce de cuiller de cuivre très - plate , il lève l'huile qui fumage l'eau des tonnes. Elle eft cenfée être entière- ment venue à la furface pendant le repos. Lorfque le deffus du preffoir eft couvert d'eau huileufe fortie des cabas, le maître ouvrier enlève un des bouchons , & le tout tombe dans une des deux tonnes ; on pro- cède à un fécond échaudage comme le premier , & la levée de l'huile eft la même à la troifième & à la féconde fois, comme à la première. Après qu'on eft cenfé avoir levé toute l'huile des tonnes, le maître ouvrier les débouche, & toute l'eau s'écoule dans ^ enfer. L'enfer eft une vafte citerne voû- tée qui tient exactement l'eau , & dans laquelle on defcend par un efcalier fermé par une porte dont le pro- priétaire du moulin a feul la clef. Elle eft percée d'un trou dans fon milieu , fermé par un bouchon que l'on retire lorfqu'elle eft trop pleine d'eau , & pour la faire couler à un demi -pied ou à un pied près au- deffus du bouchon. Comme l'eau de l'enfer y refte ftationnaire pendant vingt - qua- tre ou quarante - huit heures , fuivant la grandeur de la citerne , le mucilage très - abondant a le temps de fe précipiter au fond, H U I 5^5 & l'huile qu'elle contenoit , fpécifi- quement plus légère que l'eau, s'é- lève à la furface, & forme, par fon agrégation, unenapped'huile. ïàx vu des enfers où la conduite des eaux des tonnes fe prolongeoit prefque vers la bafe de la citerne. Par ce moyen , la couche d'huile fupé- rieure n'ctoit pas agitée & divifée par la chute de l'eau ; mais au con- traire , le mucilage précipité au tond , l'étoit beaucoup, ôi la rapidité avec laquelle cette eau l'agiloit & le di- viloit, le forçoit à lâcher la plus grande partie de l'huile qu'il pouvoit receler. Plus l'eau refte ftation- naire dans l'enfer, & plus l'huîle & le mucilage s'en féparent ; il eft donc de l'intérêt du propriétaire d'avoir un très-grand enfer. A la fin de ce qu'on appelle la campagne. , c'eft - à - dire , lorfqu'il n'y a plus d'huile à preffer , le propriétaire lève l'huile de la furface de l'eau de fon enfer , lâche l'eau inutile , pulfe celle qui recouvre le mucilage ; le laiffiî egoutter; quelques-uns l'échau- dent encore , & le repaffent de nou- veau pour en extraire toute l'huile. II dépend du maître ouvrier de rendre gras l'enfer, pour peu qu'il s'entende avec le propriétaire ( cette coUufion n'eft pas rare ) ; il fuffit pour cela de fe hâter de lever l'huile fur les tonnes, d'en lâcher l'eau ; ou bien , par \v\ tour de main trop ordinaire , il fuffit, lorfqu'il lève l'huile, d'appuyer fa pa- telle un peu fortement : alors l'huile de la furface mêlée à beaucoup de mucilage , & par conféquent guère plus légère fpécifiquement que l'eau, fe précipite avec lui au fond de la tonne , & il faudroit attendre un temps quon ne donne pas , pour qu'elle remontât à la furface. Ainfmn B b b b X 5^4 H U I propriétaire peut dire : mon enfer rend ce que je viux. Je ne veux pas inférer de là que tous les propriétaires des moulins foient des mal - hon- nêtes gens ; je veux dire feule- ment que lorfqu'il eft poflible d'aug- menter fon bénéfice fans que cela paroiffe trop ouvertement ; que lorf- qu'on peut lever une petite cruchée fur chaque particulier , il eft bien difficile de fe refufer à l'occafion. En effet , l'enfer eft une bonne chofe , puifqu'il couvre l'intérêt de la mife première en bâtimens, en uftenfiles, & pourvoit à l'entretien annuel & général de la totalité; enfin il affure en outre un bénéfice réel, puifqu'il ne manque jamais de fermiers , fi le pro- priétaire veut louer fon attelier. Dans les cas de probabilité, j'aimerois mieux envoyer mes olives dans un moulin que fait valoir le propriétaire , que dans celui qui eft affermé. L'huile d'enfer, bien puante, bien rance , eft vendue aux fabricans d'étoffes en laine , & ils l'achètent à dix-huit ou vingt francs de moins par charge que l'huile ordinaire. Faifons aftuel- lement quelques réflexions fur les abus de la fabrication de cette huile. I. Sur les prejfoirs. Chacun vante la force expreffive du preffoir de fon canton , loit parce qu'il n'en con- noît pas de meilleurs , ou plutôt parce que les premières idées reçues, dans l'enfance, de la forme de ces preffoirs , font difficiles à déraciner chez les perfonnes naturellement faites pour réfléchir, & pour ne pas fe laiffer fubjuguer par les pré- jugés. Voyons fi cette prétendue énergie tiendra contre un point de fait de ia dernière évidence. On a établi en divers endroits de la Provence, H U ï du Languedoc , des moulins de recenjje, dont je parlerai bientôt; ils font uniquement defiinés à re- paffer le marc vulgairement appelé grignon , & on fera étonné de la quantité d'huile qu'on en retire. Il eft donc c'air qu'il refte beaucoup d'huile ; & par une autre confé- quence auffi naturelle, il eft plus clair encore que la pâte a été mal preffée, i°, parce que l'olive n'a pas été affez triturée au moulin ; i°. parce qu'il n'y a pas eu affez d'inter- valle d'une preffée à une autre; 3°. parce que le preffoir n'avoit pas affez d'énergie. En effet , après la dernière preffée, lorfqu'on met le cabas fur champ , & qu'on appuie un peu fortement la main par def- fus , la pâte s'émiette , & fort avec facilité du cabas ; enfin , jetée fur le fol , elle y eft fans confiftance , &, à peu de chofe près, comme la fciure de bois légèrement humeôée. J'en appelle à ceux qui ont va les tour- teaux lorfqu'ils fortent des moulins & preffoirs flamands , & bien plus encore à ceux des hollandois, & les prie de décider s'il y a 'a même onftuofité, & auffi peu d'adhérence que dans les grignons d'olives, même les mieux preffés. Il faudroit n'avoir point d'yeux, ou vouloir s'aveu- gler pour ofer nier un fait de cette évidence. On objeôera peut - être que le marc d'olives ne peut pas acquérir, par la preffion, la même confiftance , la même dureté & ténacité que ce- lui des graines , parce que les noyaux de l'olive mal brifés s'y oppofent. Enfin, les pelhcules &C les débris du parenchyme de l'olive , ne reflemblent pas à ceux des graines. Si le noyau eft mal b; ifé , on n'a H U I donc pas laifie affez long -temps l'olive fur la meule , ou bien la meule n'étoit pas afiez lourde ; défaut eflentiel , puifque la meule a gliffé fur la partie charnue du fruit qui étoit aux deux côtés du noyau. En employant le moulin hollandois, l'olive & fon noyau auroient été pulvérifés , fi je puis «l'exprimer ainfi , par les deux meules ; mais , dans la fuppofition qu'ils enflent mal ou pas afl'ez été moulus , ils auroient été deux nou- velles fois encore écrafés dans les mortiers par de très - gros pilons. Somme totale , deux meules de fept pieds de hauteur, & pendant autant de temps roulent fur les graines , tandis qu'une feule roule fur les olives, & cette meule eft beaucoup moins pefante. Après la première preffée , les graines font pilées en- core deux fois, & les olives ne le font pas. Les preflbirs latéraux des hollandois font infiniment plus ex- preffifs qu'aucun des nôtres ; i*. parce qu'ils ne préfixent à la fois que deux facs, ce qui revient à nos cabas; & par conléquent la preffion agiffant fur une petite maffe , la (erre plus que lorfque cette maffe eft montée en pyramide au nombre de douze à dix-huit cabas de hauteur. 1°. En Hollande l'énergie de preflion ne dépend pas de la volonté ou de la force des ouvriers comme dans nos moulins, puifqu'elle s'exécute par des coins chafTés avec force, comme le mouton enfonce les pilotis , & julqu'au refus du mouton. Il eft donc démon- tré , jufqu'à l'évidence , que tout l'avantage eft du côté du moulin hollandois, & la perte réelle & confidérable eft pour nous. Enfin le hollandois retire deux fois de l'huile H U I 5^î vierge , & nous une feule fois & en petite quantité , parce qu'il eft impoffible de bien prefler la pre- mière fois. Que fera-ce donc û les olives font mal étritées, c'eft-à-dire, mal moulues ? 1. Sur la qualité. Les perfonnes qui ne le piquent pas de faire de la bonne huile , mêlent le produit de toutes les prefîes , & ils ont raifon , puifqu'ils ont auparavant mis en- semble les olives ramaflees par terre après un long féjour, & celles cueillies fur l'arbre, enfuite accu- mulées les unes fur les autres , & qui ont fortement fermenté. Dès que l'olive a fermenté , ou a com- mencé à fermenter en maffe, l'huile eft néceflairement mauvaife , en raifon de fon degré de fermentation. Ces af- fertions trouveront un grand nombre de ccntradiûeurs , les uns de bonne foi , & les autres feulement parce qu'elles font différentes de leur ma- nière de voir , & le réfultat d'une opération différente. J'appelle oppo- fans de bonne foi , ceux qui font accoutumés à manger habituellement de l'huile forte; il n'eft donc pas étonnant qu'ils trouvent très-bonne l'huile nouvelle & déjà forte. Si elle n'a pas ce goût dominant, elle nefent rien, difent-i!s; mais l'homme accou- tumé à l'huile douce & dne , & dont le palais eft délicat , décide , même au prefToir , li l'huile deviendra forte par la fuite , quoique confervée avec ioin. Ceux qui féparent l'huile vierge des autres produits , fe flattent de l'avoir douce & agréable , puifque leurs olives ont été cueillies & choifies avec foin, & qu'elles n'ont point été amoncelées. Ils font tout éton- nés , quelques mois après , de lui ^66 H U I trouver , dès que la chaleur com- mence à fe faire fentir, une faveur piquante, une tendance à la ranci- ditc; cependant ils avolent eu raifon de préfumer que leur huile confer- veroit fa douceur & Ion aménité. La (urprife ceffera s'ils réfléchiffent que la perfonne qui a fait moudre avant eux, avoit des olives fermen- tées; & fur-tout qu'ils ont confervé pour la dernière prefle les rebuts & les olives cueillies par terre. Comme on n'a point change de cabas, que ce font toujours les mêmes qui fervent ; que la chaleur de l'eau bouillante dé- veloppe & exalte les principes du mauvais goût, & qu'elle en imprègne les cabas , il eft dans l'ordre des chofes que la première pâte que l'on mettra dans ces cabas , s'appro- prie ces principes deftrufteurs de la qualité , & qu'ils aglflent dans la fuite fur l'huile vierge , comme le levain fur la pâte. Ce que je dis des cabas , s'applique à la meule, aux piles, &c. Cela fera toujours ainfi, tant qu'on ne prendra pas le parti de leffiver tous les uftenfiles de l'attelier, d'après le procédé que j'ai indiqué. Une perfonne qui a la fuperficie des connoiffances fur une multitude d'objets , par conféquent qui ne fait rien à fond , & d'ailleurs l'oracle du canton , me foutenoit que plus on jetoit d'eau bouillante fur la pâte , moins l'huile étoit amère, qu'elle ne ranciffolt point , qu'elle fe déchar- geoit plus aifément de fes parties hétérogènes qui l'embarraffent & l'entraînent en bas par fa pefanteur. Elle avoit raifon , pour ce dernier cas feulement. L'huile vierge bien faite , dont l'o- live n'a pas fermenté, qui n'eft pas trop mûrcf quii n'a pas été exprimée H U I après une mauvai'.e huile , eft moins dans le cas de rancir que tour autre, ce que je prouverai bientôt en par- lant de la rancidité. U elt étonnant qu'on veuille s'aveugler fur l'effet de l'eau bouillante , lorfau'on a foub les yeux l'exemple de l'huile qu'on fait cuire : fon principe volatil prend à la gorge, fait touffer, cuire les yeux, & l'huile auparavant très - douce , devient acre Si forte. Ce que la cuiffon opère en grand , l'eau bouillante l'opère également; mais non pas à un degré fi caraclérifé , parce que la cha- leur & le feu agiffent direftement fur l'huile nue , au lieu que l'eau bouillante agit fur une grande mafle de mucilage comparée à celle de l'huile. Il eft confiant qu'avec des prefloirs tels que nous les avons, on retirerolt très-peu d'huile , fans l'ai^Hon de l'eau bouillante; mais c'eft corriger un vice par un autre vice; tandis qu'avec le moulin hol- landois , on obtiendroit une plus grande quantité d'huile , & même de l'huile vierge, par trois ou quatre preffées ; alors aux dernières prelTées , ajoutez autant d'eau bouillante que vous le voudrez , ou même faites cuire la pâte dans la payelle, mêlée avec beaucoup d'eau , puifqu'on n'a pas à craindreicil'émulfion comme avec les graines. Dans nos provinces où l'on eu tlve l'olivier , on efl fur de vendre avantageufement fon huile , & on a la reffource des manufaâures de laine , les favonneries emploient l'huile commune ; le tout elf payé comp- tant; enfin, le débit elt afTuré. Je crois qu'on doit attribuer à cette facilité du débouché, &à la difSculté de moudre commodément , le peu de foin qu'on donne à la fabrica- H u r faon de l'huile. Cependant , fi l'on confidère le prix auquel font ven- dues les huiles 'd'Aix , comparé à celui des autres endroits, on cal- culera le bénéfice qui proviendroit d'une bonne fabrication. N'efl-il pas honteux que , dans la majeure partie du Languedoc , les grands pro- priétaires d'oliviers foient obligés de tirer d'Aix l'huile néceflaire pour leurs tables! Quel abus! &perfonne ne penfe à y remédier : mais ce qui eft plus honteux encore, c'eft que û un particulier travaille à perfeâionner la fabrication de fon huile , il devient un fujer d'épigrammes , de quolibets, & on décrie Ion huile! Section V. Procédé de M. Sieuve, pour extraire Vhuïlt d olive. Je me fuis abftenu , jufqu'à pré- fent, de par'er des différentes na- tures d'huiles contenues dans l'olive , & de l'aftion des unes fur les au- tres , lorfqu'elles font mélangées par la trituration, & par l'expreffion , afin de rapporter les expériences de M. Sieuve. J'ai déjà fait remar- quer la différence qui fe trouve entre l'huile contenue dans l'amande des graines , & celle de leur écorce. Les expériences de M. Sieuve, font h concluantes , qu'elles n'ont pas be- foin de commentairts. L'auteur va parler. Le vingt-deux du mois de novem- bre 1762, je cueillis cinquante livres pefant d'olives bien faines, & parve- nues au vrai point de maturité. Ma première précaution fut d'abord de détacher les chairs des noyaux , & de les pefer féparément. Les chairs H U i 567 produifirent 38 livres i once; les noyaux 1 1 livres ; les 15 onces qui manquoient pour compléter les 50 livres d'olives , ont été perdues dans le détail de l'opération. Je mis fous le preffoir 38 livres i once de chair d'olives ; elles me ren- dirent net, lo liv. 10 onces d'huile; elle étoit de couleur citrine , très-lim- pide , douce, agréable au goût. Deux jours après, je fis caffer les 1 1 livres de noyaux pour en retirer les amandes ; les amandes pefées produi- firent 3 livres 7 onces ; & les bois , 7 livres z onces. Ces deux derniers poids diffèrent du premier de 7 onces qui ont été également perdues dans le détail de l'opération. Je mis fous le preffoir les 3 livres 7 onces d'amandes ; elles rendirent i livre 14 onces d'huile; fa quaUté étoit auffi belle & prefqu'aufîî claire que la première extraite de la chair des olives ; mais d'une odeur plus forte. Se d'une faveur plus acre au goût. Je paffai enfuite fous la meule ^ les 7 livres 1 onces de bois de noyaux; cette matière réduite en pâte & mife au preffoir, me rendit encore 3 livres 14 onces d'huile; mais celle-ci n'étoit ni fi belle , ni fi claire que les 2 premières ; elle étoit même de couleur brune, & chargée de parties vifqueufes fétides- & fulfiireufcs. Pour connoître diftinftement les propriétés & qualités particu'ières de ces trois différentes huiles, je pris cinq bouteilles ; dans la première je mis 5 livres 5 onces d'huile, extraite uniquement des chairs. Dans la féconde , i 5 onces d'huile provenante de l'amande. Dans la troifïcnu , i livre 1 5 onces 568 HUI d'huile tirée du bois des noyaiiv. Dans la quatrième , la même quan- tité de ces trois différentes huiles , dont je fis le mélange. Dans la c'mquicwe, de bonne huile, extraite félon l'ancienne méthode. Je bouchai exriâcment les cinq bouteilles , chacune ayant fon nu- méro; je les plaçai fur ma fenêtre à l'expofition du midi ; je les y laiiTai pendant trois ans , pour donner à la fermentation le temps d'opérer , pour connoître, par fes effets, les divers changemens dont toutes ces qualités d'huiles pou voient être fufceptibles. Ce ne fut qu'après l'expiratioi') de ces trois années , que je jugeai à propos d'examiner mes cinq bou- teilles, & les huiles que j'y avois renfermées. Je commençai par la bouteille qui conîenoit les 5 livres 5 onces d'huile extraite de la chair des olives. Cette huile étoitintafte, d'une couleur citrine, d'une odeur douce, agréable au goût , &: telle que je l'avois mife dans la bouteille , fans avoir formé aucun dépôt. Je paffai à la féconde bouteille, contenant les 1 5 onces d'huile , extraite des amandes ; elle n'étoit plus fi belle, ni fi limpide; elle étoit devenue jaunâtre , & d'un goût fi piquant & fi corrofif, qu'enla goûtant elle m'occafionna de petits ulcères dans la bouche (i). Je vins enfuite à la troifième bou- teille, qui renfermoit i livre 15 on- ces d'huile , extraite du bois des H U I noyaux; celle-ci étoit entièrement dénaturée, fa matière vilqueule s'é- toit épaiflîe , & fa couleur brune étoit devenue prefque noire. Ea ouvrant la bouteille , il s'en exhala une odeur fi forte que je ne pus la fupporter. Les changemens qu'avoient éprou- vés ces deux dernières qualités d'huiles, tirées des amandes & du bois des noyaux , m'annonçoient affez le fort de ma quatrième bou- teille qui contenoit le mélange que j'avois fait des trois qualités. Je ne fus point trompé dans mon attente ; car lorfque j'en fis l'examen, je trou- vai cette huile trouble, obfcure, d'une odeur forte, rance & défa- gréable ; elle avoit même formé un dépôt confidérable. Or, fi l'huile extraite imiquement des chairs des olives, & mife fépa- rément dans ma première bouteille, n'avoit point fouffert d'altération, & n'avoit rien perdu de fes quali- tés, il réfuUe que l'huile de ma quatrième bouteille , quoique ex- traite également de la chair des oli- ves, ne s'étoit corrompue que par le mélange que j'en avois fait avec les huiles extraites des amandes , & du bois des noyaux. Je vérifiai enfin ma cinquième bouteille , qui renfermoit l'huile extraite félon l'ancienne méthode: je la trouvai tout auflî corrom- pue que celle de ma quatrième bou- teille, qui réuniffoit le mélange des (i) Note du RéJaSleur. C'étoit donc une huile réduite à l'état d'huile cfTentielle. Je vérifierai les faits cités par M. Sieuve , & j'en rendrai compte au mot Olivier , ou à la fin du Volume qui contiendra ce mot, fi les objets de comparailon n'ont pas reflé afTez long-temps en expérience. Si les refultats lom les rr.èirie; , comme je n'en donne pas d'après M. Sieuve , il eft clair St démontré que toute la théorie de la fabrication des huiles d'oliyes doit porter fur les trois qualités que renferme l'olive. trois H U ï troîs qualités énoncées ci - defîiis. Cette expérience nous feit con- noître que c'cft à l'amande &c au bois de noyaux , que nos huiles doivent en général ce qu'elles ont de ùéteducux. Elle étoit trop déci- five pour ne pas la réitérer plufieurs fois fur différentes qualités d'huile ; j'ai trouvé dans les unes Se dans les autres , félon leurs proportions , les mêmes produits & les mêmes effets. Pour mieux connoître la pro- priété des huiles extraites de l'a- mande des olives, & du bois des noyaux, je pris une lame d'acier bien nette , fur laquelle je mis d'un côté quelques gouttes éparfes d'huile extraite des amandes, & de l'autre , quelques gouttes d'huile de bois de noyaux ; je les laiflai repofçr l'ef- pace de trente heures ; je les exa- minai après , &c je reconnus que les gouttes d'huile d'amande avoient noirci les parties qu'elles occupoient fur la lame , & qu'elles y avoient même fait des cavités ailées à diftin- guer au microfcope , au lieu que les gouttes d'huile du bois des noyaux , n'avoient fait qu'obfcurcir les parties de la lame fur laquelle elles étoient placées. >♦ ^ la prochaine récolte des olives, je reprendrai ces expériences fous œuvre, & je les diverfifierai de manière à conftater de nouveau les faits avancés par M. Sieuve , & dont je n'ofc douter ; mais la meil- leure conviclion eft de voir par moi- même. M. Sieuve a fdit conftruire un moulin pour (éparer la chair des noyaux : comme il eft uniquement confacré aux olives , je vais tranf- crire ici ia defcription qu'il en «Jonne, pour ne point renvoyer cet Toms V, H U I 5^9 article à la defcription générale deS moulins : c'eft toujours l'a^-iteur qui parle. L'élévation de ce moulin confifte dans un hàtls q'.ti renferme une caifie foutenue hor'^zor.lalcnicnt & en équi- libre , par un axe tranfverfnl placé au- defîous de la caifle, pour la pouvoir incliner fuivant le befoin. ( Voycr^ ci- après la planche XXI ). Cette caifle eft iéparée en deux parties , par une tab'e horizontale ; la première partie eft dcft i^ée pour recevoir les olives, & la féconde, les fucs huileux qui en réfultent lorfque l'on détrite. La futface fu- périeure de la table eft cannelée en lignes droites , parallèles à l'axe ; les cannelures font trouées par diftan- ces , pour donner paflage aux fucs huileux, dans la partie inférieure de la caifle, & retenir en même temps tous les noyaux. A l'une des extrémités de cette caiâe eft pratiqué un entonnoir par où les fucs huileux vont fe dégorger & filtrer au travers d'une chaufle de flanelle attachée au bout de l'enton- noir, fous lequel eft placé un baquet pour les recevoir. Cette caifle a deux ouvertures ; la première eft à l'une des extrémités , au«» deflous de la table, pour donner la liberté de nettoyer, avec wnrabk^ la partie inférieure de la caifl'e qui reçoit les fucs huileux; la féconde , à côté de la caifl'e, au-dtfl"us de la table, pour ramener, avec un râteau, les noyaux des olives , & les verfer dans une au^t placéeau-defll'ousdc l'ouverture: l'une & l'autre ouverture fe ferment par une trappe. Au-deflTus de cette caifl'e eft un fort madrier, cannelé au-dcffous, que je nommerai dltrhoïr , & qui s'emboîte C c c c 570 H U I avec beaucoup d'aifance dans la partie fupérieure de la cailTe. A l'une des extrémités de ce détri- troir, il y. a un creux formant un demi-cerc'een talus, pris dans l'épaif- feur du dctritoir pour recevoir les olives d'une trémie placée au-defl'us de la cailTe. Ce détritoir eft encore armé, fur les deux extrémités de fon épaifleur , de deux boutons, afin que les impul- lions qu'on donne au détritoir pour écrafer les olives, n'écralent point les noyaux qui pourroient (e ren- contrer entre l'épaiffeur du détritoir, & les parois intérieures de la caifle. Ce détritoir eft iufpendu par une corde qui pafle fur ime poulie atta- chée à la traverfe fupérieure du bâtis, & va fe rouler iur un tnuil : à ce treuil eft fixé un crochet denté, ou efpèce de cric , dont les dents reçoi- vent un cliquet qui arrête le treuil à volonté. L'arbre ou axe du treuil eft ter- miné quarrément par une de fes extrémités, pour recevoir une roue creufée en forme de pou ie, fur la- quelle eft une corde roulée à plufieurs tours; le bout de cette corde fert à faire tourner le treuil , & par ce moyen on a la faculté d'élever ou de baifler le détritoir. Au-deffus de l'une des extrémités de la caifle , eft une trémie dans laquelle on verfe des olives : elle eft fupportée par deux des montans du bâtis. Sa partie inférieure eft ter- minée par une couliffc ou foupape , dont la queue, percée d'une mor- toife, reçoit une cheville plantée fur H U I ' le détritoir , & par l'impulfion qu'il donne à ce détritoir, on ouvre & ferme alternativement cette foupape, dont l'aftion fournit fucceflivement des olives dans la caifle. Pour en fdire ufage, on com- mencera par jeter de l'eau chaude fur toutes les prrties du moulin qui fervent à détriter les olives & à rece- voir l'huile. Cette préparation a deux objets, la propreté & l'économie. La propreté , pour que l'huile ne prenne aucune imprcflion ; l'écono- mie, pour que le bois ne puifle point s'abreuver aux dépens des fucs huileux de l'olive. Après cette opération , on fera une couche d'huile d'olives de quatre à cinq doigf; d'épaifieur fur la table trouée & cannelée. On baifl"era enfuite le détritoir fur la couche d'olives , de manière que l'im- pu'fion qu'on lui donnera, puiflTe faire rouler les olives fur les cannelures , & en détacher les noyaux. 0;i maintiendra en même temps la trémie toujours pleine d'olives. Par ce moyen, l'ouvrier, en les détritant , s'en fournira lui-même par l'aûion de la ioupape. On difpofera des jarres à petites ouvertures, dans lesquelles on dé- pofera à meiure les huiles filtrées par la chaufle, & qui couleront dans le baquet. On les laifl"era repofer dans ces jaires pendant l'elpace de quinze jours au moins. On les tranfvafera après dans de nouvelles jarres qu'pn bouchera avec foin , & au fond def^ quelles on mettra une éponge préparée (i) , pour maintenir leur limpidité. (i) M. Sieuve fe réserve la connoiiTançe de la préparation de cette éponge, J'en ferai connoitie une dans le Chapitre luivijiv, H U I Comme les chairs des olives for- ment un marc qui contient encore beaucoup de iuc huileux, qu'il efl intércffcint de ménager, on ramaflera ce marc, on le mettra dans des facs de molleton d'environ deux pieds en quarré ; on les fermera &; les placera enfuite , chacun en particu- lier , fous un preffoir, de façon que l'ouverture du fac foit toujours adaptée fous le plateau fupérieur du preffoir. Pour extraire avec plus d'aifance l'huile de ce marc , & ménager en même temps les fncs qui pourroient crever par une prelïïon trop fubite , on aura l'attention de ne les preffurer que de quatre en quatre rrrinutes. On obfervera encore de ne jamais em- ployer d'eau chaude dans cette opé- ration , mais de placer feulement le preffoir ainlî que le moulin dans un lieu tempéré , afin que l'huile puiffe ne point fe condenfer , & qu'elle filtre avec plus de facilité. Cette féconde huile ne différera en rien de la qualité de la première ; ainfi , on doit les mêler enlemble; mais comme l'huile extraite du marc pourroit renfermer quelques parties craffes , on aura la précaution , avant d'en fdire le mélange , de la laiffer repofer plus long temps , & jufqu'à ce qu'elle en foit entièrement dé- pouillée. Comme l'huile qu'on doit retirer des noyaux eÛ également utile, (oit pour briller , foit pour les fabriques defavon, on ne doit pas moins , en détritant les olives, en ramaffer des noyaux , afin d'en extraire l'huile. On les mettra , à cet effet , fous une petite meule pour les écrafer & les réduire en i^âte. Cette pâte fera mife dans un iac de greffe toile qu'on aura ioio de HUÎ 5 71 mouiller auparavant. On les placera eniuite , chacun en particulier , fous le preffoir; & en fuivant l'ancienne méthode, c'eft-à-dire, on les arrofera avec de l'eau bouillante, on parvien- dra , par la preffion , à en extraire l'huile. On dépofera cette huile dans des jarres particulières , pour la laiffer re- poler pendant l'efpace d'un mois , après lequel on la tranfvafcra dans des nouvelles jarres. Les olives tombées fous l'arbre doivent être détritées fous la meule èc avec les noyaux. Comparai/on du produit du moulin nouveau & des anciens. Je choifis (îx quintaux d'olives bien faines, dont je fis deux parts; je m'en réfervai une de 300 livres, je divifai l'autre en trois parties éga- les de 100 livres chacune. J'envoyai ces dernières à trois différens mou- lins publics, & je m'y tranfportai moi-même pour en en faire extraire l'huile (oiis mes yeux. Le premier quintal produifit 38 livres 8 onces. he fécond , 36 livres 13 onces. Le troijîhne^ 37 livres 3 onces. Total du produit en huile de 3 quintaux d'olives, 112 livres 8 onces. Je fis enfuite extraire fous mes yeux , par mon moulin , les 300 livres d'olives que je m'étois rélervée'. Les chairs des olives me produifirent çS livres 6 onces d'huile. Les noyaux paflés fous la meule ordinaire, produifirent 41 livres 7 onces. Le total du produit en huile des trois quintaux d'olives, fut de 137 C c c c 2 57* H U I livres 1 3 onces. Le bénéfice donné par mon moulin , ell donc de 24 livres 5 onces en lias de ce qu'avoitnt donné les moulins publics. » Je ne doute point de la véracité des expériences de M. Sieuve , ni de la certitude de leurs produits ; mais comme on accule en général les au- teurs , de voir avec des yeux microl- copiques leurs machines & leurs résultats, il auroit été bien impor- tant pour le public , & même pour M. Sieuve , dans un objet d'auffi grande importance, que les expé- riences euiTent été faites fous les yeux des officiers municipaux, ou de perfonnes de l'art , & de les conftater par des procès verbaux en règle. Mais en n'admettant que l'égalité dans le produit fans augmentation de dé- penfe en main-d'œuvre , ce feroitdéjà un grand point , puifque chacun pour- roit avoir chez foi un pareil mou- lin, & faire fon huile fine dans un temps oportun , qui en affureroit la qualité. Quant aux noyaux , on les porteroit aux moulins publics , lor{- q.ril eft impofïïble que leur huile ait de la qualité. Je ne connois point M. Sieuve, je n'ai pas vu fon moulin , ainfi le témoignage que je vais rendre fur l'huile qu'on débite lous ce nom à Paris , que je connois très-particu- lièrement par l'ufage que j'en ai fait , ne paroitra pas fufpeft. Je puis certifier que cette huile éto t très- douce, agréable au goût & d'une odeur fuave; le feul défaut que je lui aye trouvé, c'ell d'être un peu graffe. lefais qu'il a éprouvé beaucoup de contradidions dans fon pays , & c'eft dans l'ordre habituel; je fais qu'on a cherché à décrier Ion opération; que l'on a dit que les vers fe met- H U toîent à fon huile , &c. &c. Ces pro- pos ne m'empêchent pas de dire ce que j'ai vu, 6c comme je l'ai vu. D'ailleurs, tous fes procédés font conformes aux loix de la faine phy- fique; & autant qu'on en peut juger , fans avoir répété les expériences, il eft plus que probable que les qualités de l'huile doivent être ainfi que M. Sieuve l'annonce. Au mot olivier ^ je le répète , je dirai quelque chofe de plus pofitif. BÉTAILS & EXPLICATIONS des Pièces qui compojcnt U moulin de M. SltuVE. Elévation erf perfpeûive du moulin pour détriter les olives. ( PL XXI, Fie. i ). AB. CD. Patins. EF. GH. IK. LM. Les quatre montans du bîtis , affemblés ks uns aux autres par des entre-toifes, N. O. Le treuil. N. Roue de bois, à laquelle eft attaché un bout de corde. P. Poulie fur laquelle pafle la corde où le- détritoir eft lufpendu. Q. Extrémité de la corde, à laquelle les quatre ■ cordons du détritoir fe réuniflent. R. S. Le détritoir placé dans fa caille. S. Cheville fixée au détritoir, pour com*- muniquer le mouvement à la foupape de la. trémie. R. Poignée pour pouiler & tirer le détritoi:: dans fa cailTe. T. Trémie. W. V. La caifle dans laquelle la table cannelé*-- çfl renterniée,. V. X. Entonnoir terminé pai la chauffe. Y. Ch.,ulTe. Z Baquet. b. c. Trappe par laquelle on fait tomber les^ noyaux dans l'auge. d. f. Auge pourrecevoir les noyaux. Flan de la caijp. Fig. 2. F. H. Les deux montans du côté de l'ou? vrier. H U 1 K. M. Les deux montans auxquels la trémie eft attachée. « a. Axe ou arbre de fer fur lequel la caifle efl portée en équilibre. W. u. La caifle en dedans de laquelle on voit la table cannelée. V. Entonnoir. upe de Ce, F.g. 3, V, Extrémité de la caille. X. L'entonnoir. y, La chaufle. Fig. 4. Le ruble pour nettoyer l'efpace au-delTous de la table. Fig, f. Râteau pour retirer les noyaux, & les faire fortir par l'ouverture de la trappe h. c. Fig. 1, Coupe verticale 6- longitudinale du moulin par le milieu de fa largeur. Fig. 6 , PI. XXII» BH. L M. Deux des quatre montans, N. O. Le treuil, P. La poulie. OPQ La corde. R S. Le détritoir fufpendu par des cordons au-delTus de la table cannelée. W V. La caifle. a. Arbre ou axe de fer fur lequel la cailTe eft en équilibre. V X. L'entonnoir. Y. La chaufl'e. T. La trémie. Z. Le baquet. Elévation géométrale de toute la ntachine vue du coté oppofé à l'ouvrier. Fig. 7. CD Patin. ÏK. L M. Deux montans. T. La trémie. G. Soupape. S. Le détritoir placé dans fa caifle. V. La caifle. X. L'entonnoir. Y La chaufle. Z. Le baquet. Voilà en général tout ce quî con- cerne la fabrication d'huiles en grand ; il me refte à parler de la manière de HUl 575 les conferver ; mais auparavant je dois faire connoître le moulin de recenfe dont il a été queftion plufieurs fois. Comme ce moulin ne peut fcrvirqu'à l'huile, il feroit déplacé d'en ren- voyer la defcription à l'article général Moulin. Section VI. Defcription 3« moulin de recenfe, ou de recenfemcnt. Ce genre de moulin n'eiî pas auflî connu, auffi multiplié qu'il devroic l'être. On laiffe dans les marcs une fi grande quantité d'huile , que fur la maffe totale des récoltes d'huile dans nos provinces à oliviers; on peut évaluer à peu près à 100,000 livres de perte réelle & en nature d'huile. On appelle recenfcr , extraire par de grands lavages 6c par l'agi- tation, l'huile qui refte adhérente aux noyaux , aux débris des chairs , aux pellicules, &c. J'ai vainement cherché à remonter à l'origine de ces moulins, à en con- noître l'inventeur; on m'a dit , en Pro- vence, que l'on devoir cette décou- verte à un fimple payian , & je n'ai tiré rien de plus de mes recherches, La planche XXIII repréfente tout l'at- telier de recenfement, Ôi les uftenfiles dont on fe fert. A , tuyau en plomb , ou en bois , ou en briques, par lequel on conduit l'eau dans une efpèce de tour creufe ou cuve. B, robinet qui donne l'eau dans la tour, ou la retient dans le tuyau ou conduit A. C, tour proportionnée à la gran- deur de la meule G. Cette tour peut ctre conftruite en pierres de taille,. Ç74 UVl de quatre à Cx pouces d'épai{reuri ou en béton , ( voye^ ce mot ) d'un pied d'épaifleur , ou en plateaux de bois dur & bien jointes par des feuillures , & le tout juftt-ment cer- clé par des bandes de fer. Cette tour porte fur un maffif c!e maçonnerie, ferme, très-folide, & de deux pieds d'épaiffeur, dans lequel la pierre de taille , ou les plateaux font implan- tés 6c fortem.ent maftiqués. ahn que ces différentes parties ne faffcnt qu'un tout , qui s'oppole à la fuite de l'eau , réfifte à fon poids &C à !a force du mouvement que !a roue G lui com- munique en tournant. A la bafe de la tour , eft une meule giflante , qui repofe fur le maflif, & elle eft percée dans fon milieu par an trou qui ren- verfe l'arbre D. D, arbre de bois dur, communé- ment en chêne; il traverfe & eft arrêté à fon fommet par la poutre F, qui le tient vertical. Une pièce de boisE, eft fortement affujettie dans cet arbre , & porte la meule per- pendiculaire G ; cet arbre traverfe la maçonnerie C C , pour gagner l'ou- verture ou vide II; là, il eft adapté à la roue K, & finit par tourner fur fon pivot H ; E , morceau de b is dur en buis ou en chêne vert , prefque du diamètre du fupport de la meule , tra- verlant l'cpaiffiiir de l'arbre, & y érant fortement arrêté par des tenons & des chevilles. G, 11 ne s'agit pas ici , comme pour les grains, que la pierre loit poreufe. Elle doit, au contraire, être trè.— lifte , afin que toutes fes parties touchent & portent fur le marc répandu fur la meule agiflante également lifl'e & polie. La meule eft communément de cinq à huit pouces d'épaifleur , & de trpis à quatre pieds de hauteur. Plus H U I cette meule perpendiculaire eft pe- fante, mieux le marc eftécrafé & ré- duit en pulpe très-fine. De cette divi- fion extrême des parties dépend le p'usou moins de bénéfice qu'on retire du moulin. La grandeur de la meule, comme je l'ai clé à dit, décide la ca- pacité de la tour. Cete meule eft: adhérente à l'arbre D, par la tra- verfe E; de forte qu'elle a deux mou- vemens , i°. de décrire un cercle, en tournant perpendiculairement avec l'arbre D, & par conléquent en parcourant tout l'efpace de la tour; 1°. celui de rouler fur elle-même, étant portée par la traverle D ; de forte que l'effet de la roue Air le maflif, eft à peu près le même que celui des deux cybndres des lami- neurs de méia.x. Je ne doute pas que le moalin n cy.indre dont les hoilandois lé fervent pour convertir les chiffons de toile en paie pour le papier, ne produisît un effet plus prompt & pUis marqué que le moulin dont il s'agit. (Voyez la nouvelle Encyclopédie par ordre de matihei ) ; la (lefcription & les détails qu elle demande ne font pas de mon reffort. H, bafe de l'a bre armé d'un bou- lon tle fer qui tourne dans une gre- nouille de fer , 5i encore mieux de bronze. I i , ouverture pratiquée dans la maçonnerie, 6c fuffifante pour laiffer tourner la roue horizontale K K , mife en mouvement par la chute de l'eau du caral M. KK , roue horizontale garnie de palettes LL, contre lesquelles l'eau du canal vient frjpper avec impé- tucfité , 6c leur communique le mou- vement. Ces palettes dorverit être creufées en manière de cuiller à H U I pot, afin de prélenter plus de fur- face à l'eau , d'en retenir plus long- temps une partie, Sc d'augmenter fa fo.ce. M. M. C'eft du volume d'eau de ce caral , & de la ra->idité de fa chute, que déjjend le mouvement plus ou moins accélé; é de )a roue K , &c par conléquent, de l'arbre D & de la roue G. N, canal de dégorgement qui part de la fuif ce de l'eau de la tour C , remplie par l'eau venue du cana! A, & qui délaye, par le moyen de la meule GG, le marc mis dans la tour C. Les débris du parencliyme , des écorces du fruit fuinagei't l'eau, de même que les petites portions e'hu.'e qui s'en fé~ parent par le moyen de ce fluide ; le tout eft entr;.îné dans le canal N, auquel on fait faire p'.uneurs con- tours, ïfin que fon eau coule avec moins de violtnce dans le réfervoir P; mais pour que la chute de cette eau ne faffe pas remonter la craffe du fond du réfervoir , elle frappe contre ïin morceau de bois O O , qui rompt ivn effort. O, morceau de bois pris ordinai- rairement dans un tronc darbre. I' eft fixé par fa bafe dans la maçonnerie, retenu à fon fomm^t par deux autres jîiorceaux de bois ou de fer , & cn- châffé dans la partie fupérieure de la maçonnerie, de forte qu'il refte immobile. p, premier réfervoir bâti en ma- (çonnei ie ,ouen béton , ou en briques; c'eft le plus grand c'e tous. Il a com- munément dix pieds de longueur fur huit de largeur. I! convient qu'il folt recouvert d'un toit, afin d'em- pêcher les ordures d'y tomber, & lur-tout , pour mettre fon eau à l'abri HUI 571 de la pluie. Les gouttes d'eau tombant fur les débris du fruit ou de l'écorce, les feroient précipiter au fond du baftîn. On n'a point ici repréfenté cette charpente que chacun peut fe figurer. Q. Si l'écoulement du baffin P étoit dans la partie fupérieure, l'eau en- traîneroit les portions huileufes èi les débris du fruit qui furnage. Pouf éviter cette perte réelle, on pra- tique dans h maçonnerie une îbu- pape Q , qui s'ouvre, fe ferme à vo^ lonté , & laifie couler l'eau dans la partie mitoyenne par le conduit RR, R , conduit de communication du premier baffin P dans le baffin S , oïi l'eau qid s'écoule rencontre un mor- ceau de bois OO, femblableà celui du premier baflin, & qui retient l'effort de fa chute. S, fécond baffin fcmblable au pre- mier , mais dont l'écoulement fe fait direftement avec le troifième baflin T, & celui avec le quatrième X. La com- munication de ces trois bafîins eft au centre , comme on le voit en Y, qui uniroit le baflin X à un fuivant , li on le défiroit. Z,lamêmefoupape quilaifle couler l'eau en Y & en Z, en même temps & à volonté; il fuffit de la foulever plus ou moins , & on ne la fouiève en-' tièrement que lorfqu'on veut nettoyer le baffin. L'eau qui s'écoule par la partie fupérieure -de la tour n'eft chargée que des débris du fruit & d'im peu d'huile, & des parties brilées de l'amande contenue dans le noyau î on les appelle grionon noir; mais- les débris du noyau ne furnagenC poinc l'eau, & reftent précipités au fond de la tour; cependant, comme ils peuvent retenir, & retiennent eJi 57^ H U I effet, des débris du fruit, il eflimpor- rant de ne rien perdre. Pour y remé- dier , on ménage , dans la maçonnerie & au bas de la tour, ure ouverture qui communique par le trou i dans l'épaifleur du mur 3 , & va fortir par le canal 4, qui conduit l'eau & les débris du noyau nonimt- grignon blanc, dans le baffin ^ , également garai , comme les baflins du grignon noir, d'une fbupape 6 ; ainfi le rcmpliffent fucceffivement les baffins 7 & 8 , & un auffi grand nombre qu'on défire en conftruire. L'es derniers fournilTent toujours des portions hui'cufes en petite quantité > il eft vrai ; mais comme e'ie ne coûte rien à rafl'cm- bler, l'huile qu'on en retire ell: un bénéfice net. Telle eft la conftrudioa & la defcription de toutes les par- ties qui compofent ce mou'in ; paf- Ibns aftuellemenî à la manière d'y opérer. Le marc des olives prefliirées dans les moulins ordinaires , eft ré- pandu fur le plancher de l'attelierde recenfe. C'eft là qu'on en prend une f)ortion pour la jeter dans la tour; orfqu'il y en a une quantité fufti- fante , on laiflie tourner la meule pendant un quart d'heure, opération qui broyé & écrafe de nouveau le grignon. Après ce moulinage , en ouvre le robinet B , pour donner de l'eau, & la roue continue tou- jours à fe mouvoir. L'effort de l'eau qui tombe avec rapidité , joint à celui de la meule , délaye le grignon ; on ajoute de nouvelle eau , la meule tourne toujours; enfin, on lâche l'eau entièrement. Le grignon noir monte à la furface , & l'eau qui s'écoule par le canal N, l'entraîne dans les différens réfervoirs P, S,T, X. Lorfque l'eau ne paroît plus en- H UI traîner de grignon noir", on ouvre la foupape i du bas delà tour,&: l'eau s'écoule avec le grig.ion blanc, par le canal 3,4. dans le- réfervoirs, 5,7, 8. Lorfqiie l'eau des grignons noirs & biancs eft parvenue dans les baf- fins qui leur font deftinés, c'tft-à- dire , lorique la tour eft vide de gri- gnon quelconque, on ferme la fou- pape 2 , ainfi que le robinet B , & on garnit de nouveau la tour avec du marc répandu fur le pînnchcr. Pendant qu'on renouvelle cette opération dans le râtelier, un homme placé près des baflins , armé d'ua grand bâton 10, au bout duquel il y a un croifillon , le promène légère- ment fur la furface de l'eau des ré- , fervoirs, & pouffe ainfi dans l'angle du bafîin l'huile qui furnage avec les débris de la chair du fiuit , de l'é- corce. Alors il prend une poêle à manche court & percé comme une écumoire 12, ou ce qui eft encore mieux , un tamis de crin affez ferré ; il enlève par ce moyen tout ce qui ie trouve raffemblé à la furface de l'eau , & le jette dans un petit baquet ou vaiffeau de bois , de forme quel- conque. 11 ne cefl'e de répéter ce tra- vail jufqu'à ce que l'eau des différens bafïîns, fsns être agitée , ne fourniffe plus rien ; enfin , il porte fon baquet vers la chaudière 13, dans laquelle il le vide. Je ne dëcrirôi point ici les détails de la chaudière, ils font trop connus : je dirai feulement qu'elle eft à moitié pleine d'eau ; qu'on y jette le grignon noir, & que l'on l'y laiiTe bouillir jufqu'à ce que la fumée foit blanche & denfe , ce qui annonce que l'eau eft fufHlam- ment évaporée ; & que la pâte efl affez rapprochée. Alors, avec un poêlon 14 , l'ouvrier prend la matière dans H U ! dans la chaudière, en remplit les cabas 15, les difpofe les uns fur les autres fur le preffoir, ainfi qu'Us font repréfentés, & on appelle celte opé- ration charger le prc^oir. Alors quatre hommes , dont deux font placés à •chaque barre qui entre dans l'ou- verture 16, à force de ferrer, font defcendrela vis,les cabas font preffés, l'huile s'écoule dans les vaiffeaux 17; lorfqu'ils font pleins , on en fubflitue d'autres, & on vide les premiers dans des jarres de terre , où cette huile dépofe une ficule abondante. On n'enlève jamais toute la pâte ou eau pâteufe de la chaudière , pendant tout le temps que dure le recenfement ; il faut en laiffer dans le fond une certaine quantité, afin que la chaudière ne brûle pas, & l'tau première eft prife ou dans la toiir ou dans les baffins. A mefure que la force du preffoir agit fur les cabas , on prend de l'eau bouillante dans la chaudière, dont on les airofe légèrement tout autour ; cette eau en détache les parties hui- leufes qui feroicnt trop épaifles pour couler, & eft reçue avec l'huile dans les baquets ; le tout ell porté enfemble dans les jarres. Comme l'eau efl plus pefante que l'huile, elle gagne le fond du vafe , & l'huile furnage. On les laifle ainfi pendant quelques jours, & durant ce temps, la c rafle , la por- tion terreufe, &c., fe fcparent de l'huile , & fe précipitent au fond de l'eau. Alors , par le moyen d'une canelle adaptée à la jarre, on ouvre fon robinet, la craffe s'écoule la première , & eUe eft mlfe de nou- veau de côté pour rebouillir dans la chaudière. L'eau vient enfuite , & lorfque l'huile commence à couler, «n ferme le robinet. Cette huile eft Tome V, " ■ HUI 577 alors mlfe dans des tonneaux. Quel- ques-uns la placent dans de nouvelles jarres, pour la faire encore mieux dépouiller de fa craffe, & pour lafou- tirer une féconde fois, ce qui vaut beaucoup mieux. Revenons aftuelle- ment aux réfervoirs des différensgri- gnons : après avoir enlevé, autant qu'il eft poiïible , la portion huileufe Se les débris du fruit, un ouvrier, armé de l'inftrumenî 9 , à peu près femblable à celui dont les maçons fe fervent pour unir le fable à la chaux, & en faire du mortier, agite le fond des balïïns où fe font précipités la craffe & autres débris; alors toutes les parties huileufes & légères du fruit fe féparerit de la craffe, viennent à la furface & font enlevées. Cette opération fe répète» plufieurs fois ; & lorfque l'on croit ne^ pouvoir p:us rien tirer des réfervoirs P, S, T, X, on ouvre la foupape Z du réfervoir X; & toute l'eau & la craffe des baflins s'écoulent. Ne pour-t roit-on pas encore reprendre ces craffes , &: les faire bouillir ? C'eft une expérience à tenter, & qui ne coûte- roitque la main-d'œuvre. Il eft certain que s'il y avoit cent réfervoirs placés les uns après les autres , les derniers fourniroient de nouvelles portions huileufes, puifqu'on en trouve en- core dans les eaux tranquilles des ruiffeaux qui ont fervi au recen- fement, fouvent à plus d'un quart & même d'une demi -lieue de l'endroit. Le marc que l'on retire des ca- bas après la preffion, fert & fuffit pour entretenir le feu fous la chau- dière, & tenir fon eau tpujours bouillante. On dit que les cendres ne peuvent fervlr à aucun ufage pour la leffive; ce qu'il y a de fur, c'eft: qu'on les jette. On pourroit cepen- D d d d 578 H U I dant les amonceler fous un hangar; elles attirerolent les fels aériens comme le font les terres leflîvées par les falpêtriers , & dont ils retirent enfuite du nitre ou falpêtre comme la première fois. Si on ne les deliine pas à cet ufage économique, & qui ne coûte rien, il feroit bien impor- tant de les répandre fur les prairies marécageufes , ou fur les champs argi- leux ou à fol tenace. Je n'ai plus à parler que du grignon blanc, c'eft-à-dire , du débris des noyaux refiés dans les baffins 5,7, 8. Ici fe répètent les mêmes opéra- tions qu'aux réfervoirs du grignon noir ; enfin , on lève la foupape ; mais comme dans le dernier baffin elle ell garnie d'une grille de fer, l'eau feule s'écoule , & le grignon blanc refte à fec : alors on le jette fur le terrain où il finit de fécher, C'efl dans cet état qu'on le vient prendre dans des facs pour le porter à la ville la plus voifine. J'ai vu à Graffe, en janvier 1776, vendre deux facs ou la charge d'un mulet, fix fols ; Sc fuivant l'éloignement des lieux , la charge revient à 12 ou 15 fols. Les boulan- gersachètentparpréférencecegrignon blanc , & comme il n'efl compofé que des débris des noyaux, fon feu eil très-aftif & chauffe bien le four. Qui croiroit que la vente du grignon blanc feul , fufrit pour payer la nour- riture &: la journée des ouvriers em- ployés à la recenfeî Cependant rien n'eft plus vrai. Les cendres en font très-ellimées, 6c fe vendent à un prix réglé. Quoique j'aye placé en deffous la roue KK , qui reçoit l'eau du canal M , c'eft-à-dire, horizontalement dans fes palettes, on fent qu'il ell facile de la dilpofer d'une manière diâerente , par H U I exemple , de la placer perpendiculai- rement contre un mur, &c de la faire mouvoir par une égale chute d'eau^ Alors il faudra une lanterne &c une roue de rencontre , ou de telle autre manière , fuivant le local & la prife d'eau. Quel fera l'étonnement de ceux qui n'ont point d'idée de ce moulin, quand ils apprendront que les fix recenfes de la ville de Graffe, donnent, année commune, environ 2000 rui> d'huile! Le rub pèfe 2a livres , poids du pays. Les recenfeurs achetoient, dans le mois de janvier 1776 , le marc des olives, de 20 à 1^ lois les deux quintaux du pays , ce qui revient à peu près à 170 livres, poids de marc; & par leur opération ils en retiroient de 8 à 10 livres d'huile , poids de marc. La livre d'huile recenlée ne fe vendoit qu'un fol de moins que l'huile commune^ L'huile fine étoit payée 9 livres 10 fols le rub; l'huile commune 7 livres 10 fols, & l'huile recenfée 6 livres 10 fols. Le bénéfice étoit donc de <ç livres 5 fols , pour une mife pre- mière de 25 fols, puifque les feuls grignons blancs payent les frais de fabrication. Cette dernière huile eu verte & très - verte ; on la préfère pour le fa von , parce qu'il faut moins de temps- pour qu'elle prenne avec la leffive, &c par Gonféquenty c'eft une grande économie de bois. L'établiffement des recenfes, en- core très - rare en Languedoc , a caufé de grandes plaintes & de fortes réclamations de la part des proprié- taires des olives ; parce qu'ils difoient que les recenfeurs s'eîitendoient avec les ouvriers des moulins à huile , &c que ceux-ci preffoient moins les cabas,, tant ils étoient étonnés de la q^uantité H U I d'huile qu'on jetoit auparavant avec le marc; comme chaque particulier, par kii , ou par fes gens , voit faire ion huile, il doit veiller à ce que le marc foit prefle convenablement ; d'ailleurs, perfonne ne le force à l'abandonner, & d'en tirer le meilleur parti. Les clameurs ont cefîé , lorf- qu'on a eu la conviftion que les mou- lins prefioient avec trop peu d'cner- gie , & que les olives étoient mal étri- tées. 11 faudra en venir au moulin hollandois. CHAPITRE III. Di la confervatlon des Huiles en général. On a vu, dans le premier Chapitre, que les graines & les olives conte- roient, outre l'huile grafle, une huile eflentielle ou éthérée, & un efprit redeur. On a également vu, que par art on poiirroit réduire les huiles grafles en huile éthérées , & qu'elles fourniffcnt plus ou moins de réfine. Il a été également prouvé que chaque huile grafle , devoit à l'elprit refleur de la femence ou du fruit, fon odeur particulière; qu'en prenant un peu d'huile efTentielle, de colza, de na- vette chargée de fon efprit refteur , l'huile d'olive dans laquelle on la mélangeoit , contradoit l'odeur & la faveur de chou , & ainfi tour-à-tour, par le mélange des huiles effentielles, avec les différentes efpèces d'huile ; enfin, on doit avoir fur-tout remar- qué les effets qui réfuhoient de l'union des huiles effentielles , avec les huiles les plus douces , & com- bien dans le moment même on pourroit les faire reffembler à des iauiles vieilles, & très-détériorées. H U I 579 Si j'ai exa£lement fuivi la marche de la nature dans la décompofition des bonnes qualités d'huiles , il me paroît que la connoifTant , il efl facile de retarder cette marche , de prolonger la durée des combinallons qui ren- dent les huiles douces, agréables, & faines; & même d'enlever les princi- pes créateurs de leur faveur & de leur odeur défagréable. Section première. De la confervatlon & rectification des Huiles de graines, J'aurois pu faire entrer dans le Chapitre de la fabrication des huiles de graines, ce que je vais dire fur l'extraftion des principes d'où dépen- dent leur mauvais goût & leur mau- vaife odeur; mais ces détai's auroient détourné l'attention du le£leur,de la fuite des procédés de la fabri- cation de ces huiles; d'ailleurs, les procédés dont j'ai parlé , ne chan- gent en rien les manipulations ordi- naires. J'ai à détruire dans les huiles de graines ( celle de pavot exceptée ) , i'*. un goût naturel , acre & défa- gréable qu'il faut bien diftinguer de la rancidité, & qui dépend de fon efprit refteur. z°. Indépendamment de ce principe, un fécond qui exifle dans le parenchyme même de ces graines, & que l'huile combine. Ce n'eft pas une vraie réfme , mais une réfine fous la forme & la combinai- fon favonneufe, formant le corps qu'on appelle gommo-réjlneux. Si on doute de fon exiflence , on peut appli- quer à ces graines , l'éther vitriolique. Les réfines diffoutes ont un goût acre qui n'eft pas la fource de la rancidité D d d d 1 5So H U I dans les huiles grafles , quoiqu'il piiifle y contribuer en partie. On diminue de beaucoup l'odeur & l'âcreté naturelles aux graines , en les femant dans un terrain fa- blonneux. On doit cette obiervation à M. Dalibard : cet effiinable phyfi- cien a reconnu que les femences des plantes odoriférantes qui contien- nent toutes de l'efprit refteur & des huiles effentielles éthérées , ont produit des plantes dénuées de ces propriétés , quoiqu'on les ait trani- plantées cnfuite dans une terre plus fertile , & dans laquelle ces mêmes plantes ont coutume de conierver ces propriétés, loriqu'elles y font germées. Cette m.éthode eft d'autant plus ailée à fuivre , qu'on eft dans l'ufage de tranfplanter les jeunes plants de choux , de navette , &c. , du terrain où les graines ont germé , dans cehii où on les cultive. Cette pratique , quoique très-bonne , ne remplit pas toutes les vues de cor- redion relatives à l'objet préfent. Je réponds , d'après Texpérience , du fait avancé par M. Dalibard. Voici un procédé plus fur, plus commode &: plus général. Faites ma- cérer à froid les graines, dans unelef- five de cendres ordinaires faite à froid, dont le véhicule eft de l'eau de chaux ordinaire. Une livre de bonne chaux fuîKt pour faire cent livres d'eau de chaux , que l'on em- ploie pour leffiver trois ou quatre livres de cendres , plus ou moins , fuivant leur qualité alcaline. Il fufîit dans la macération , que la liqueur furnage un peu la graine. Toute autre diffolution alcaline , faite dans l'eau de chaux, comme des cendres grave- lées , dtfoude, de potajfe , &c. {^voyei «es mots ) , rempliffent le même but. H U r J'ai indiqué les cendres par écono- mie, ôc l'eau de chaux même n'elî conleillée que pour aiguifer ik ré- chauffer l'atfion alcaline & employer moin^ de cendres. Cage BB formée de deux planches minets parallèles ic horizontales DD. Pendant combien d'heures doit durer la macération des graines? U eft de la dernière impolfibilité de la déterminer d'une manière fixe S.C pofitive; la longueur de la macéra- tion dépend de la chaleur du jour où on la fait; de l'année ou fèche ou pluvieulé , pendant la végétatiori de la plante ; de l'expofition du loi au midi , au levant , ou au nord , &c. ,. & fur-tout de fa qualité. Si la graine refte trop long- temps dans fa lelîive, elle y germera pour peu que la chaleur loit adive , ou à l'extérieur, ou dans le lieu où l'on opère. Je me contente de dire que les deux extrêmes- du temps eft de 15 à 36 heures ^ mais l'homme prudent, qui ne donne rien au haiard , prend quelques poi- gnées de graines, & tah des expé- riences en petit. La graine germée ne donne plus d'huile , on du moins la quantité & la qualité font prodigieii- fement altérées. Cette graine doit être enfuite lavée à plufieurs eaux, & mife de nouveau- à macérer pendant quelques heures, dans une légère diffolution d'alun faite à l'eau; après cela, on fera très-exac- tement fécher ces graines , en les éten- dant fuites claies , ou fur un plancher très-propre & dans un lieu bien aéré, pour être portées dars le temps indi- qué fous le preifoir. Si on négligeoit la lotion dans l'eau , l'huile que l'oa extrairoit feroit très-douce au goût, mais elle fentlroit fortement l'odeur propre à la plante & à la graine dor^t H U î on l'auroit retirée. Si !a graine n'eft pas bien lèche, lorrqii'cnb portera nu preffoir, on retirera ur.e efpcce d'c- mulfion pâteiife , au iiLii d'huile. U vaut mieux opérer cette corredion fur la graine fraîche, que fur celle déjà féchée;elle prend mieux la leffive, & la macération eft plutôt faite: d'ailleurs, on évite les détails d'une féconde exficcation. U eft bien dé- montré que cette préparation ne diminue point la quantité de l'huile ; car les feules feintions alcalines très-concentrées , font capables de la diffoudre. Lorfque j'ai appliqué à l'huile même déjà extraite , certe diffolution de cendres & de chaux , je n'ai obtenu qu'une corredion imparfaite; l'huile eft devenue très-douce, à la vérité, fans aucune efpèce d'àcreté , de cauf- ticité, de rancidité , mais l'odeur de la graine s'étoit fortement développée dans les ditïérentes huiles employées aux expériences; d'ailleurs, ces huiles agitées avec cette diffolution alca- line, & même étendues dans beau- coup d'eau , ont une fi grande ten- dance à l'union (avonneufe, qu'elles reftent long-temps à s'en féparer; la iiqueur ccnferve la couleur &c la confidance d'une émulfion , que l'ad- dition même des acides ne décom- poie pas; mais ils y changent lingu- iièrement le goiit : par exemple, l'huile de colza ou de navette perd fon goût , acquiert celui de l'huile de noix; fait particulier, auquel je ne m'attendois pas. J'ai fait un grand nombre d'expériences; les unes n'ont rien produit , &c les autres m'ont donné descombinaifons qui n'ont aucun rap- port au fujet que je traite. Cepen- dant je dirai que la macération des graines dans du vinaigre de vin, U H Ut 5.^r digeflion de ces huiles dans l'efprit de vin, dans un mélange d'e^-u & t!c vinaigre de (alurre, faite à fro^d , mérite cependant d'être remarquée , comme ayant bonifié ces huiles. Ces derniers procédés ne valent pas celui dont nous avons parlé plu* haut. La théorie de la corredion , que je viensd'indiquer, par le moyen desdif- folutions alcalines, ell fondée fur les propriétés qu'ont les alcalis de s'unir & de fe combiner facilement avec les efprits refteurs. Ils diffolvent aufîx facilement les fubftances réfmo-gom- meules du parenchyme des graines dans lequel réfide le principe acre, cauflique &amer. Je n'établis point la dulcification des graines fur la théorie de celle des acides par les alcalis, paK:e que je fuis bien éloigné de croire qu'il exifte dans ces graines, on dcns les huiles qui en font extraites , aucun acide libre , nu & développé, le feul cependant auquel les alcalis pour- roient s'unir dans ces graines ou dans ces huiles. Le développement de ces affeitions nous mèneroit trop loin , & ne feroit pas du goût de la ma- jeure partie des lefteurs. Les chi- mifles doivent en connoître les preuves. Ce que je dois dire de la conferva- tion des huiles d'olive, s'applique à celles tirées des graines & des noyaux. Ainfi, pour ne pas multiplier les dé- tails, je renvoie à la fcdion fuivante, & j'aurai foin d'indiquer les diffé- rences. Les caufes deflrudives de celles-ci, font, à peu de chofeprès, les mêmes que celles-là, 'j8i H U I Section IL Dt la conftTvat'wn des HulUs d'olives. Jufqu'à préfent, je me fuis occupé du manuel de la fabrication de l'huile , la voilà qui fort des mains de l'ouvrier & paffe dans celles du propriétaire. C'eft une liqueur trouble, d'un œil iouche, d'une couleur peu agréable & indécife, mêlée avec un mucilage furabondant des débris du fruit, &c. &c. Les huiles à cette époque font plus ou moins douces Si fuaves , luivant les foins qu'on aura pris, lors de la récolte & de la fabrication. Elles doivent fe dépouiller des parties hétérogènes & du mucilage (urabon- dant à leur compofition & à l'agréga- tion de leurs principes. Sans ce dé- pouillement elles feroient prompte- ment fujettes à la putréfaftion , & les versnetarderoient pas à s'y multiplier, fur-tout dans l'huile d'olive. Du moulin on la porte chez le pro- priétaire, ordinairement dans des outres, ou dans tels autres vaifléaux ; & ce font les mêmes qui fervent pen- dant toute la campagne. Je fuppofe avoir préparé tous les uflenfiles de l'attelier avec la plus fcrupuleufe exaftitude , avoir récolté les olives au point fixe de leur maturité, ne point les avoir laiffé fermenter, avoir féparé les meurtries des faines, &c. &c. je dois avoir de la bonne huile, cela eft vrai; mais cette huile fi bien faite a paffé par ces outres banales qui peut-être venoient de fervir à l'huile des olives ramaffées par terre , ou fermentées à l'excès ; dès Jors , il n'en faut pas davantage H U T pour que mon huile, fi douce alors » ne tarde pas à manifefter un goût fort & acre. Quoi , dira-t-on , fi peu de chofe ert capable de la détériorer ? Oui, (ans doute, & vous pourrez vous en convaincre. Prenez une très-petite goutte d'huile effentielle, d'effence de lavande, par exemple, de citron, &c. ; jetez- la dans une bouteille pleine d'huile nouvelle- ment fdite, agitez, fentez , goûtez tout de fuite; laiffez-la repofer pen- dant quelques jours , & vous verrez après, fur-tout s'il fait chaud, avec quelle énergie cette parcelle aura agi fur la mafTe. Je ne connois qu'un feul expédient capable de prévenir cet abus, c'eft d'avoir à foi des outres ou des futailles qu'on aura fait laver avec les précautions indiquées. A mefure que le maître ouvrier lèvera l'huile, il les remplira, 6c même ne fe (ervira pas de fa mefure en cuivre, mais du vafe qu'on lui fournira ; car cette mefure eft auffi infeftée que les outres. On ne doit jamais perdre de vue que les huiles font peut-être de tous les fluides, les plus fufceptibles de s'approprier les mauvais goits & les mauvaises odeurs. Lorfque l'huile eft portée au domi- cile du propriétaire , elle doit être tenue, au moins pendant quinze à vingt jours , dans un lieu dont la température foit de quinze à dix-huit degrés du thermomètre de Réaumur , afin que les parties hétérogènes aient le temps de fe précipiter. Si l'on veut hâter cette précipitation , il faut ajou- ter de l'eau dans laquelle on aura fait diflbudre de l'alun , & la bien agiter avec l'huile. Comme ce fel n'eft pas mifcible oufoluble avec lui ,il l'aban- donne , s'attache au mucilage , le rend fpécifiquement plus pefant, & par. H U t Conféquent, le précipite plus promp- tement qu'il ne l'auroit été par le repos. J'ai demandé que la température du lieu tût de quinze à dix-huit de- grés, afin que l'huile ne i"e coagulât pas promptement, Se qu'elle eût le temps de dépoier avant de criftal- lifer, ou autrement dit, de figer. Si le froid la failit trop prompte- ment, la précipitation eil incom- plète, & l'opération eft manquée. Pour travailler avec facilité, il con- vient d'avoir un nombre de vaiffeaux en bois , & non en cuivre ou en plomb, &c. , tels que ceux deftinés à tranfporfer la vendange de la vigne au prefïbir, bien propres, bien lavés, & même pafles au vi- naigre ; ou bien des barriques gar- nies de fauffets à différentes hau- teurs. A mefure que le mucilage fe précipite, la partie fupérieure de l'huile devient claire, limpide, dé- pouillée, la couche en deffous plus épaiffe, & fucceffivement de cou- che en couche jufqu'au dépôt; alors on lève légèrement cette couche fupérieure, & c'eft toujours l'huile la meilleure , la plus fine 6c la plus délicate , &r on la met en réferve , comme l'huile de la première qualité. Si elle eft contenue dans des barri- ques, on ouvre le fauflet fupérieur, & on reçoit dans un vafe l'huile qui coule. Quelques jours après , on lève la nouvelle couche éclaircie, qui forme l'huile de qualité féconde, & ainfi de fuite jufqu'au dépôt. Ce dépôt n'eft point à rejeter; on le fliet à part dans des vaiffeaux de terre verniffée, ou dans des jarres, & on les porte r'ans un lieu chaud, par exemple , au coin de la cheminée de la cuifine , vu encore mieux fur n u î 5^5 un four, à l'endroit nommé glorietce par les boulangers. Là , par une longue digefllon , le marc lâche les parties huileuies & groffières qu'il contenoit; on les pafTe à travers un linge double Si. mouille; & cette huile fert à brû- ler dans les lampes. Le réfidu abfo- lument groffier eft rejeté; on le pé- trit avec du fon jufqu'à ficcité, & on le diftribue aux poules , aux co- chons, &c. Si on a une certaine quantité d'huile , il vaut beaucoup mieux fe fervlr de bonnes barriques en bois , en chêne , que de tout autre vaiffeau. Dès que l'huile eft tirée à clair, fans différer, il faut remplir ces barriques, /es boucher avec grand foin , & les rouler dans un lieu froid , afin que l'huile fe fige promptement. Si on ne fe fert pas de barriques , mais de grandes cruches verniffées (mauvaife méthode), on peut attendre que l'huile foit figée , & on l'aura beau- coup pUis pure, & plus dépouillée de corps étrangers. Il en eft de l'huile qui fe fige , comme de l'eau qui fe convertit en glace. Cette efpèce de criftaltifation s'exécute par lerefferre- ment des parties les plus fines & les plus atténxiées les unes contre les au- tres, & elle précipite les plus groffiè- res,à peu près comme l*eau de mer glacée qui n'eft plus falée, ni faumâtre, mais épurée &i. très -bonne à boire; opération que l'art eft venu à bour d'imiter imparfaitement par la diftil- laiion. Ce qu'il y a de certain , c'eft: que l'huile la plus traniparente , avant de figer, & fans dépôt ^u fond du va(e, en laiffe un lorfqu elle défige , & fi elle eft dans un vafe de verre , on verra le dépôt fe former pendant la criftallifation. Je crois que l'aite par lequeJ î84 H U I l'huile fe fige & fe glace , s'exécute en grande partie par l'abforption de l'air, de la même manière que la criftallilation des corps fluides. L'huile figée & la glace occupent plus d'ef- pace; cette dernière (urnage l'eau, & îorfque le tout reprend ion premier état de fluidité , elle occupe moins d'efpace qu'avant d'avoir criflallifé. J'attribue cette différence de volume à l'abiorption de l'air atmofphérique interpofé entre les parties pendant la criftallifaîion, & à la perte de ce même air qui a donné des ailes à celui de combinaifon des corps , & en a entraîné avec lui une quan- tité fuffifante pour que le volume du fluide Ibit diminué , ou peut-être par une plus grande atténuité des parties. Ce qu'il y a de certain , c'ell que l'huile placée dans des barriques , du moment qu'elle eu défigée, fait des efforts pour fe ré- pandre au -dehors par la jointure des douves , à peu près comme le vin qui travaille & qui tend à fa dccompofition. Or la décompofition des corps n'efl due , ainfi que leur putréfaftlon , qu'à la féparation & à l'abandon de leur air fixe ou air de combinaiion. Ayez un tube de verre ; rempliffez-Ie aux trois quarts d'huile , foudez fa partie fupérieure à la lampe de l'émailleur; ayez un fécond & im troifième tube de verre, rempliffez- les de la même manière , bouchez exaftement le (econd avec de la cire molle, & le troifième avec un bou-^ chon de liège fin , & vous verrez que le volume de l'huile ne dimi- nuera pas dans le premier , un peu dans le fécond, & beaucoup plus dans le troifième. Après deux ou trois ans, goûtez ces huiles , vous les trouverez détériorées , en raifon de la perte de H U î leur air de combinaifon, & de leur dépôt qui en eft la fuite. Il ne faut pas confondre ce dépôt avec celui des huiles ; auflîtôt après la fortie du mou- lin, ce dépôt n'étoit qu'un mucilage furabondant , tandis qu'ici c'efl un mucilage de décompofition tenu ea diffolution dans l'huile par l'air , &c qui donnoit des entraves, & maf- q.uoit au goût l'huile effentielle con- tenue dans l'huile graffe. C'eftainfi, mais dans un fens contraire , que l'air tient en diffolution plufieurs fubilances dans les eaux minérales, acidulées, & qui, malgré cela, pa- roiffent de la plus grande limpidité; mais fi cet air de combinaifon s'é- chappe, elles deviennent troubles 8c dépofent. J'ai infiffé fur la préfence & fur la néceffité de cor fer ver cet air fixe préparé par les mains de la nature dans le fruit , depuis le mo- ment qu'il eu noué, iufqu'à ce qu'il foit mis fous le preffijir, parce que je regarde fa conferVation comme tenant en équilibre tous les princi- pes qui entrent dans la formation de l'huile; or, comme cet air eu. le plfis mobile, le plus adif, &C le vrai lien des corps , il ne peut fe difîîper fans défagréger les autres principes dont les plus forts ont plus d'aftion & d'énergie fur les plus foibles. Tel eu le point fondamen- tal d'où dépend la confervation de la qualité d'une huile quelconque. Si on compare & fi on adopte les prin- cipes que je viens d'établir aux ma- nières ordinaires de conferver les huiles, on verra combien on s'écart« du but. Reprenons la fuite des mani- pulations. Lorfqu'on rapporte l'huile du moulin, plufieurs particuliers fe contentent H U 1 contentent de la tranfvafer des outres dans de grands vaifleaux ■vulgairement ap^/elcs jarres , ou dans des piles ^ les unes & les autres fermées par un couvercle de bois. La jarre eft en terre duite, vern flce en dedans ; ia forme eft celle d'une urne tronquée à fes deux extrémités , & renflée dans le milieu. Quelques- unes contiennent depuis un jufqu'à quatre ou cinq quintaux d'huile. La pile eft un afiemblage de cinq dalles ou pierres taillées , à grain dur & nullement f[)ongieux , aflemblées comme pour un baffin ; effeûivement c'en eft un. Il y en a qui tiennent jufqu'à dix quintaux. Dans certains endroits , ce font de grands coffres en bois , doublés en fer blanc , ôi plus fouvent en plomb ; ces derniers font très-dangereux , & devroient être prohibés, parce qu'il s'y forme du fucre de faturae très-foluble dans l'huile. Les autres font moins dange- reux, mais ils exigent fouvent des r-éparations. On n'attend pas , en général , que l'huile foit dépouillée de fes pre- mières craffes pour les jeter dans ces vaifieaux; elles paflent l'hiver fur leur dépôt; & lorfque la chaleur du printemps a fait défiger l'huile , à peine daigne -t- on l'enlever de deffus fon marc. Ce marc eft alors d'un caraflère tout oppofé à celui de l'huile , puifqu'il ne fauroit s'y diffoudre , & qu'il eft devenu mif- cible à l'eau dans tous fes points ; en un mot, c'eft un vrai mucilage à nu. Or, l'on fait avec quelle fa- cilité le mucilage fe corrompt & fe putréfie ; dès-lors on doit juger com- bien un voifin fi incommode & fur lequel porte la mafiis d'huile, doit l'altérer & la détériorçr. Je le Tomi f^. H U I 5S5 répète , je ne vois pas de meilleur expédient que de tirer à clair l'huile avant d'en remplir les jarres , les piles, les coffres, les barriques, de foutirer l'huile auffitôt qu'elle eft défigée au prinrcmps fuivant, car dès que les chaleurs fe feroi t fen- tir , le mucilage travaillera avec force , & communiquera fa mau- vaife odeur à l'huile , &c. Si on craint de multiplier les manipula- tions, on peut laiffer figer l'huile lorfqu'elle vient du mouhn , & quand elle eft parfaitement prife , la lev?r avec de grandes cuillers, & la jeter ainft dans d'autres vafes laves ripoureufement avec les Ici- fives indiquées dans le fécond Cha- pitre, Un fécond défaut suffi effenîiel que le premier, tient au couvercle placé fur les vaiffeaux. Si l'huile, dans un tube fermé avec un bou- chon de liège , laiiTe évaporer fon air de combinaifon , fi elle préci- pite plus de mucilage, fi elle prend plutôt un goût de fort que celle du tube bouché avec de la cire molle , ou fermé exaftemenî au chalumeau, on doit nécefl^airement conclure qu'elle fe détériorera bien plus promp- îement, bien plus fortement dans des vaifteaux dont le couvercle fert tout au plus à garantir le fluide de la greffe pouffière , & qui laiffe une communication direûe entre l'huile & l'air de l'atmofphere; enfin, cette huile éprouve toutes les variations de l'atmofphere ; & l'on fait que la chaleur dilate les fluides , que le froid les refferre , en un mot , qu'il les tient dans une agitation perpé- tuelle , & que de cette agitation dépend la plus prompte altération ÔC décompofïtion des fluides auû* E e e e 5S6 H U î compofés que le font les huiles. L'expérience prouve que plus l'huile eft tenue dans des vaiffeaux bien bouchés & dans des caves fraîches, (v- cidité ; en un mot, le tout eft le ré- fultat de la perte & de l'évaporation. de l'air fixe par les fuites de la fer-»- mentation. Section IV. Des moyens de prévenir la rancîdhi. Ce que j'ai dit dans les chapitres précédens fur la fabiication & la- confervatiûn des huiles, s'applique à l'objet préfent. Il ne me refte plus qu'à ajouter quelques objets de dé-- tail. On a imaginé plufieurs moyens, pour prévenir la fermentation du- marc & fes effets. Le plus prompt &■ le plus fimple,i'ans doute, feroiî de- foutirer fouvent les huiles , ainfi que je l'ai dit; mais la crainte d'en perdre, l'avarice, la négligence & les préjugés s'oppoferont toujours à l'emploi de ce- moyen. Si on a pu imiter artificiellement des eaux minérales , aérées , con- nues fous le nom à'aciduUs, il eft- pOffible, fans doute, de reproduire l'air dans une huile grafiè , qui le- perd journellement. Il ne faut , pour eropêcher cette féparatipn §i le dé^- huï pôt de fon mucilage, que renfermer dans le fond du vale , avec l'huile , une éponge trempée dans une pâte un peu liquide, formée d'un mélange de deux parties d'alun en poudre , & d'une craie appelée de Champagne ou à^Efpagne , ou de tout autre terre abf. rbante, qui aura plus d'affi- nité avec l'acide, l'alun , que la terre argileufe n'en a avec elle-même. Il fe formera alors une nouvelle dccom- pofition & une combinaifon lente de ces fels ; mais , comme il ne fe fait , dans ce genre , aucune nouvelle union , qu'il ne fe dégage en même temps beaucoup d'air fixe , l'huile s'appro- priera cet air à mefure qu'il s'échap- pera ; ainfi , cet air étranger fupplée à celui que l'huile perd infenfiblement. Je l'ai déjà dit , l'alun efl un fel info- hible dans l'huile , & par confcquent on n'a rien à craindre de fa qualité iîiptique. (/'o>'^.^le mot Alun). Si malgré cet avantage, l'huile faifoit encore un dépôt mucilagineux , ce dépôt étant répandu dans les cavités & dans les cellules de l'éponge , fe trouve en plus petites maffes raffem- blées ; il elî , par cette ralfon , moins difpofé à la fermentation. Il faut que l'éponge foit plus large que haute , & qu'elle occupe en affez grande partie le fond du va'iTeau. Chaque fois que l'on foutire l'huile , on enlève ces éponges chargées du dépôt, on les lave, les nettoyé, & on les prépare de nouveau. On feroit très-bien à chaque foutirage, d'agiter les huiles avec une diflolution d'alun dans l'eau. Ce fel s'unit à la terre du mucilage. Une autre méthode empêche les huiles de rancir. Elle confifte à ajou- ter une plus grande quantité de mu- cilage douarlons ici, & que les inon- U-ulons laiiTent après el'es. On doit même obK-ryer avec M. Cadet de Vaux, que, quoique moindre que celle des caves , & qu'elle ne foit pas fenl-.ble au thermomètre , elle ell fouvent plus nuilible; elle a même un caradè-re particulier , c'eft de iailir les extrémités inférieures, &C de leur communiquer un engour- diflement, une laiFifjde, uue friiî^heur qui occafinnne des douleurs de rhumatifme, ou ne tarde pas à les réveiller chez les perfonnes qui en font affeâées. Il eft cependant des moyens de parer à ces inconvéniens , iiir-tout en s'y prenant de bonne heure. La première précaution & la plus fa- cile, c'efl, lorfque les eaux fe ibnt retirées, de laver les murs ,, les planchers , & en général tous les corps qui ont été couverts, avec de l'eau fraîche de puits, de fontaine, ou de rivière. Cette eau diflbudra le mucilage adhérent , l'entraînera avec elle , & le fera évaporer. Il faut répéter ce lavage jufqu'à ce que toute cette humidité foit dif- piirive* Cette pratique eft très-ufitée HUM en Hollande, ou Ton lave les mai- fons une ou deux fois par femaine; c'efi: le feul moyen qu'ils emploient pour détruire ou prévenir l'humidité vil'queufe qui s'attacheroil fans cela à lîurs murs. De grands conrans d'air établis dans ces appartemens, du feu , des poêles allumés hâteront encore cette defficcaîion. Il y a aufîi des précautions à prendre, lon'qu'on efl: obligé d'ha- biter ces lieux humides, c'eft de fe tenir bien couvert , les pieds chauds , éviter de les expofer à l'humidité du plancher ou du fol ^ changer foiivent de vêtement , les laver & les tenir propres. Qu'on fe fouvieime que la propreté eft , en général , un des grands moyens de conferver fa faute. Si enfin on efl forcé d'y coucher, il faut avoir foin d'éloigner le lit des murs & des en- droits humides , chollir pour le placer l'endroit le plus i'ec, le gar- nir de rideaux qui ferment bien. On doit éviter, autant qu'on le peut, d'y conferver des alimens , & d'y enfermer fur -tout du pain chaud, qui s'altère bien vite, s'y couvre de moififfure Sc y contrafte du goût ÔC de l'odeur. Il ne t^aut pas oublier que tout ce que nous venons de dire des effets de l'humidité fur l'homm.e.^ eft applicable aux animaux, & que, jufqu'à un certain point , on doic employer ime partie des précau- tions que nous avons indiquées, k leurs habitations. Elles leur feront fa'utaires en tout temps, & prévien- dront fouvent bien des maladies épi- zootiques qui reconnoifTent leur ori- gine dans l'humidité chaude qui règne habituellement dans les écuries- ëc les étableS) H Y B 1 1. Injluence de rhumidltê fur les végétaux. Autant, en général, l'hu- midité eft dangereufe pour les ani- maux , autant elle eft avantageufe aux plantes lorfqu'elle n'efl: pas portée à l'extrême. Il faut même des circonftances bien particulières pour qu'elle leur devienne nuilible , & l'on pourroit même dire alors que cen'fftplus comme humidité qu'elle eft dangereufe , mais vraiment comme eau abondante. Puil'que nous fommes entrés dans les détails néceflaires fur cet objet dans plufieurs articles , pour ne pas nous répéter nous renvoyons aux mots Atmosphère , T. z, page 61 , Brouillards, Eau, Secl. III , §. II. M. M. HYACINTHE, plante des jardins. ( Foyei Jacinthe ). HYBRIDE, Botanique. Mot employé dans le règne animal, pour défigner un individu né de deux ani- maux de différentes efpèces. Les bo- taniftes l'ont tranfporté dans la no- menclature du règne végétal , & ont nommé hybridi , la plante née de la graine d'une efpèce. Ainfi, l'hy- bride eft parmi les plantes , ce que le mulet eft parmi les animaux. On en trouve plufieurs exemples que la nature elle-même a produits, & félon Joutes les apparences, l'abricot- pêche, l'abricot -alberge ne doivent leur exiftence qu'au mélange accidentel des parties fexuelles des abricotiers avec celles des pCxhers, des alber- giers , &c. Il n'eft pas étonnant que le hafard en ait produit au fond des bois, & M. Von- Linné a trouvé dans le Gothland , le forbier hybride. Les montagnes de Neufcliatel en SuifTe, le r&nlérment également, ainfi H Y B 597 que plufieurs autres endroits. Des obfervarions plus particulières feront reconnoître facilement de nouvelles plantes hybrides; peut-être même que certaines variétés ne font réelle- ment que des efpèces hybrides, ( Voyc7^ le mot Espèce). Que l'on relile ce que nous avons dit aux mots Fécondation & Germe , & l'on concevra comment fe produit une plante hybride. Le germe exifte tout formé dans la plante; il n'a befoin, pour vivre, que d'être fiimulé &nourri parla poufîière fécondante , ou par un principe qui en fait l'effence , & qui nous efl encore inconnu. Si donc on porte fur le ftigmate du piftil d'une plante , de la poufîière fécondante d'une autre de la même efpèce, ou d'une efpèce diffé- rente, il peut arriver deux effets: o.t cette poufTière fécondante ne pourra pénétrer à travers le piftil jufqu'au germe , ou elle defcendra par le canal & ira jufqu'à lui ; dans le pre- mier cas, point d'aft-'on, point de fé- condation , fur-tout fi le germe eft de nature à avoir néceffairement befoin à\\v.fimulus étranger pour acquérir le premier mouvement vital ; dans le fécond cas, fi la poufTière fécondante eft tirée d'une plante de même efpèca & de même variété, la fécondation aura lieu, parce qu'elle remplira les deux objets q»ii lui font propres , celui de ftimuler le germe & de la nourrir ; fi elle eft tirée d'une efpèce différente, la fécondation pourra quelquefois réufîir par l'analogie qui fe trouvera entre ces deux plantes. Qu'arrivera-t-il alors ? la nouvelle plante produite tiendra néceilaire-' mient des deux qui lui ont donné naiflance, & elle annoncera, par fa forme, fa fleur & fon fruit , qu'elle. 598 H Y B efl la réunion de toutes les deux. Des exemples vont confirmer cette obfervation, &c nous ferviront à expliquer comment s'opère un des plus merveilleux phénomènes de la nature, qu'il feroit lî intéreflant de répéter fouvent pour acquérir de nouvelles connoiffances fur l'objet important de la fécondation &C du dé- veloppement du germe. m". Koelreuter a fait plufieurs effais fur les digitales & les lobelies, qvii ont plus ou moins réuffi ; il prit de la pouffière fécondante de la digitale pourprée , qu'il répandit fur les piftiis de la digitale jaunâtre. Ces expériences répétées pendant treize années de fuite , lui ont toujours réuffi. La nouvelle plante ou l'hy- bride tient des deux, mais elle eft plus forte , plus vivace 8c plus parfaite. Les deux digitales paflent au bout de deux ans, & leurs ra- cines ne fubfiftent pas davantage. La nouvelle, au contraire, efl: vivace; fa tige s'élève de 6 à S pieds, & produit beaucoup plus de branches. Si cependant elle eft plus torte que la digitale jaunâtre, elle l'efl: bien moins que la pourprée; fes feuilles font lancéolées plus largement , d'un vert plus gai que celles de la digitale jaunâtre ; celles d'en bas font pé- tiolées, au lieu que celles de la digi- tale jaunâtre font toutes fefHles , & que la pourprée eft vraiment péiiolée. A peine trouve-t-on du pourpré dans les tiges , les pétioles & les nerfs des feuilles de la pourprée. Les pétioles font moindres que ceux de la jau- nâtre , mais beaucoup plus grands que cevix de la digitale pourprée. Ses fieiu-s, pour la grandeur & la confor- mation , tiennent le milieu entre celles de la digitale jaunâtre ôc la H Y B pourprée. La coro.L- annonce encore mieux qu'elle eft 'e réfuhat des deux plantes ; car elle efl a'un rouge tendre mêlé d'un peu de jaune , tiquetée dans l'intérieur, de petites taches pour- prées entourées de rouge : quelque- fois les fleurs fe font trouvées extérieu- rement d'un rouge plus éclatant, & dans l'intérieur, d'un jaune pâle; d'autres fleurs étoient blanches, un peu plus grandes , & tenoient da- vantage de la digitale pourprée ; en- fin, dans les femences on en trouve très-peu de bonnes, foit que les germes aient été mal fécondés, foit qu'ils ne l'aient pas tous été : on ne trouve ordinairement qu'âne ou deux femences de bonnes dans la capfule. M. Koelreuter a varié cette expé- rience de quarante-quatre manières, en fécondant artificiellement , les unes par les autres, toutes les efpèces de digitales; favoir, la pourprée, la ja'anâtre,la ferrugineufe\ l'ambiguë, l'obfcure , la digitale thlafpi & celle des Canaries ; cinq combinaifons feulement lui ont parfaitement réufti, 6c lui ont donné des variétés hy- brides; favoir, i°. la jaunâtre fécon- dée par la pourprée ; i°. la jaunâtre par la digitale thlafpi; }°. la ferrugi- neufe, par l'ambiguë; 4°. la pour- prée, par la digitale thlaipi ; 5°, la digitale thlafpi par la pourprée ; 6°. la ferrugineufe par l'obfcure , & vice verfd; 7°. l'ambiguë, par l'obfcure, & vice verfd; 8°. l'obfcure par la jaunâtre , & vice verfd. Ce favant eflaya encore de féconder artificiel- lementlesnouve'les efpèces hybrides, ou par elles-mêmes , ou avec la pouf- fière d'autres digitales; mais le fuccès ne répondit point à fes efpérances, & toutes les conceptions fiu-ent de H Y B nul effet abfoliiment , ou de peu de valeur. Il fut plus heureux dans les expé- riences qu'il fît (ur les lobéiies fîphilitiques cardinales , & moins fur la brûlmte , î'érine, l'enflée & la lobélie cliffort. Un des membres de la fociété des amis fcrutateurs de la nature, a tenté les môiries fécondations artifi- cielles fur la grande & petite efpèce de belle-de-nuit ou jalap, qui lui réufîirent parfaitement, & il en obtint une variété hybride , qui portoiî fenfiblementlecaraûère d'une origine mélangée. Ces fuccès annoncent aux obfer- vateurs des phénomènes du règne végétal, qu'ils en peuvent efpérer de nouveaux, en tentant de nou- velles expériences dans ce genre , & il feroit très-intéreffant de les multiplier èc de les varier à l'infini ; on peut compter que nous acquerrions bientôt des richeffes. Il nous refte deux grands points à expliquer dans la produôion merveil- kufe des hybrides; i°. comment la pouffière féminale d'une efpèce peut féconder une autre efpèce ? x°. Pour- quoi, dans le cas du fuccès, la nou- velle plante hybride tient plus ou moins de l'une ou de l'autre des plantes originelles ? Nous répondrons à la première queflion, que cette fécondation a lieu exaftement, com.me celle qui s'opère r.aturellement dansla plante commune ou dans des plantes ablolument de même efpèce. ( f^oyei le mot FÉCON- DATION ). La folution de la féconde n'eil pas aufTi facile : nous allons cependant en hafarder une fulvant les principes «ji-ie nous avons déjà établis plufieurs H Y B ^99 fois. Le germe, avons rcus dit très- fouvent , exifte tout formé dans l'ovaire de la plante; mais i! y ert dans un état de torpeur, d'engourdifTe- ment;il vit d'une vie empruntée & non de la vie propre. Pour remplir l'objet important auquel la nature l'a defliné, il faut qu'il foit excité , Si- mulé, réveillé, pour ainfi dire, qu'il trouve en même temps , dans le même agent , le même ^imu/us , une nourri- ture propre qui commence le premier afte du développement. Cela pofé , qu'arrive -t-il dans la fécondation artificielle? La poufTière féminale de la digitale pourprée (pour fuivre l'exemple que nous avons cité plus haut ) , formée naturellement pour fîimuler &; nourrir un germe de la même nature & couleur, fe trouve defîinée à ftimuler &C nourrir un germe de la digitale jaunâtre. Il le llimi.le & l'anime , parce qu'il efl de même nature, à la forme & à la cou- leur près, qu'il doit développer un jour ; ce ne font ici que des rapports accidentels qui ne peuvent influer fur l'exiflence proprement dite d'un in- dividu de digitale; par conféquent le germe fera d'abord animé, il com- mencera à vivre. En même temps que cette poiifîièrea la propriété générale de ftimuler un germe de digitale, il n'a que la propriété particulière de nourrir &: de développer un germe de digitale pourprée. En nourrifTant le germe de la digitale jaunâtre, il le nourrira donc dans le rapport d'une digitale pourprée, & le réfultat de cette nourriture fera un développe- ment qui tiendra plus ou moins des deux. On fait combien la nourriture influe fur les formes & les couleurs. Les belles expériences de la colorifa-^ tion des os des animaux , en les nGur'=^ 6oo H Y B riffant de garance & des tiges de plantes, en leur faifant pomper des teintures diverles , fervent de preuves à l'explication que nous venons de donner. Il neû pas étonnant que la tige , les feuilles , les fleurs, les femences , la durée même de la nouvelle plante hybride foient un mélange de qualité des deux efpèces qui leur ont donné la naiffance. Il peut arriver même, comme dans les expériences citées; que la plante hybride acquière plus de force, de vigueur & de vie, pour ainfi dire, que les plantes produc- trices , parce que le germe a été nourri , au moment de la ticondation artificielle , par un principe plus éner- gique que celui qu'il auroit eu natu- rellement. Le règne animal nous offre des exemples bien frappans & bien pro- pres à confîrm.er ce que nous venons d'annoncer ; 'les mulets produits par l'accouplement de deux individus d'efpèces différentes , participent de la nature de l'un &c de l'autre , ainfi , le mulet proprement dit, a les lon- çrues oreilles &C la queue nue de Tâne , & le corps du cheval; le mulet vo- latil ou l'oifeau né d'une ferine &c d'un linot , a le chant & les plumes verdâtres du linot, & le corps du ferin , &c. En général , on a toujours objefté que le corps du mulet tenoit plus de la femelle que du mâle, & que les extrémités , au contraire , tenoient plus Hu mâle que de la femelle. Cette dernière obfervation fe trouve con- fi'-mie parles expériences de m. Koel- reuter : la plante hybride reffembloit un peu nlus à la mère ou à la plante qui avoir été afpergée de la poufùère féc^n lante; la fertilité étoit auffi plus confiante du côté de la mère. H Y D Ce point de phyfiologîe végétale,; expliqué dans le fens que nous avons donné, laiffe encore beaucoup d'in- certitude à éclaircir , fur-tout celle qui regarde la ftérilité ou la fécondité de la femence hybride ; mais nous avons encore trop peu d'obfervations fur cet objet. M. M. HYDATIDES, Médecine vété- rinaire. On ne peut douter que l'ab. >ndance de l'eau prife en boiffon , ou avec les herbes mouillées, ou d'une confiftance trop aqueufe , ne foit contraire au tempérament des bêtes à laine, & la caufe de la plupart de leurs ma'ades. On re- connoît lenfiblement les effets de Ci.t:e C3ufe dans les hydatides ou véficiiles pleines d'eau , qui font très-fréquentes dans les animaux. Elles adhèrent à différentes parties du corps ; l'ouverture des cadavres en a fait voir ccnllamment dans la tête au milieu du cerveau , où elles groififfent au point de le comprimer & de le rapeti^er beaucoup. On en a vu encore qui occupoient les trois quarts de la capacité du crâne , & qui avoient caulé la mort de l'animal, après l'avoir ù'it lan- guir pendant très-long-temps. Ces hydatides percent quelquefois la peau, &c y font adhérentes entre les flocons de la lains. Pour remplir ces véficules, il faut que la férofité du fang foit tellement abondante &c épanchée, qu'elle forme des dépôts, tant au dehors qu'au dedans du corps. Les hydatides qui fe forment dans le cerveau, fe ma.iifeflent plus fen- fiblement que toutes les autres, par l'elpèce de nrtige ( voy^l ce mot) des animaux , lur-tout s'ils tournent fouvent H Y D ibuvent la tête du même côté ; ce figne eft encore équivoque, puifque la même chofe arrive , lori'que la mouche du finiis frontal y a dé- pofé les œufs , & dans quelques autres cas; (voyei Maladies vlr- MiNEUSES , Vers ) ; mais on a lieu de le préfumer, au fon particulier que peut rendre la tête lorfqu'on la frappe, à la continuité des fymptômes , à la faifon , qui peut n'être pas celle de la ponte des œufs de mouche , à la mor- talité qui peut être générale dans un îroupeau , à d'autres hydatides qui peuvent exifter ailleurs, &c enfin à l'infpeûion du cerveau. Celles qui font formées dans les vjfcères du bas- ventre, ne peuvent être ordinairement connues par aucun moyen, & on ne les foupçonne que lorsqu'elles fe compliquent avec d'au- tres fymptômes de la pourriture , ( voy^i Pourriture ) , dont elles font un indice certain , & par d'autres hydatides qu'on apperçoit quelquefois fous l'épiderme en forme de cloche, dans la bouche, la gorge , Sic, Celles du poumon font toujours marquées par une petite oppreffion ou difficulté de refpirer qu'on re- marque, fur-tout , après que l'animal a fait quelque courfe. En général , les faifons où l'on remarque le plus d'hydatides , font l'automne 6c l'hiver. Si les hydatides n'occupent que la fuperficie du cerveau , ce dont on ne peut fe convaincre que par l'ou- verture du crâne, le mal efl quel- quefois guérilTable par l'évacuation feule du fluide épanché ; mais fi elles font plus profondes , placées dans les ventricules de ce vifcère, ce dont on juge par la continuité des fymp- Tome F, H Y D ^01 tomes après l'évacuation , alors ii eft incurable. Columelle confeille, pour y re- médier dans les commencemens, de percer l'oreille de la bête , & d'y paffer en travers un brin de la tige de la plante qu'il appelle conflligo^ &C qui eft notre ellébore. On l'y retient , au moyen d'un fil ; l'écou- lement qui s'y fait préferve quel- quefois l'animal d'un épanchement de férofités dans le cerveau ; mais lorsqu'il eft formé , &C que le fluide ne peut fe faire jour , ni par les oreilles, ni par les nafeaux, il faut faire l'ouverture du crâne. Cette opération , pratiquée de temps im- mémorial en Suiffe & en Allemagne, fe fait par une couronne de trépan, foit au moyen d'une vrille , foit par une force mécanique quelconque. Wepfer parle de cette opération, dont il a été le témoin oculaire chez les fuiflTes. Il dit qu'avant de la faire , les payfans lont dass l'ufage de frapper avec un marteau fur la tête de l'animal , derrière les cornes ; fi le coup réfonne , & fait juger , à la nature du fon , qu'il y a un vide, ils ouvrent à cet endroit. Il afliire qu'en facilitant l'évacuation du fluide épan- ché, on en a guéri plufieurs , lorf- que l'hydatide n'eft que fuperfi- cielle ; mais lorfqu'elle eft dans la fubftance du cerveau , on livre la bête au boucher. Nous approuvons volontiers cette opération; pour la faire, il faut fe décider toujours du côté où l'animal tourne le plus fouvent la tête , & où l'on foupçonne le vide , ou plutôt l'épanchement. Alors, après avoir fait une incifion cruciale &c écarté les tégumens & les chairs , on rafiffe le périofte pour mettre l'os G g g S 6oi H Y D â découvert , & on y applique , ou une groffe vrille, ou une couronne de trépan affez grande, (voyi.'^ la defcription de cet infiniment à l'ar- ticle Ver, Maladies vermineufis') , pour donner la facilité de faifir l'hydatide , qu'on doit toujours enlever entièrement, après en avoir évacué le fluide en renverfant la tête de l'animal. L'opération faite , on injede avec une petite feringue un peu d'eau-de-vie, on bouche le trou avec un bourdonnet à tête, fait de plufieurs brins d'étoupes ; on rabat enfuite les lambeaux fur la tête du bourdonnet , & on couvre le tout d'un emplâtre fait d'un mor- ceau de toile & de poix noire ; c'efl-à-dire , que l'on trempe la toile dans la poix noire fondue , après quoi, on l'applique fur la plaie des tégumens ; la poix, en fe refroidlflant y colle la toile. On fe contente le plus ïbuvent du feul bourdonnet; mais l'emphltre dont il s'agit , efttrès-efTen- tiel. Le mal revient quelquefois, malgré l'opération ; dans ce cas, il faut tuer la bête. Q Liant aux remèdes à employer contre les hydatides du poumon, des inteftins , ( voye^ les mots Hy- DROPÎSIE DES MOUTONS , POUR- RITURE ). M. T. HYDRAGOGUE, Médecine RURALE. On entend par hydragogue, un médicament propre à évacuer les eaux & les férofités. ( Foj£{ Purga- tif). M. AMI. HYDROCÈLE, Médecine ru- rale. On entend par hydrocèle, un amas d'eau , on d'un autre fluide dans le fcrotum. L'hydrocèle efl divifée en hydro- H Y D cèle par infiltration , & en hydrocèle- par extravafation. On croit que l'hydrocèle qui at- taque la membrane cellulaire du fcrotum, eft produite par infiltra- tion , & que celle qui fe forme dans les membranes du fcrotum, eft: l'effet d'une extravafation. Je fuis de l'avis de Sharph , & de- Bertrandi, qui n'en admettent que deux efpèces; favoir, celle où l'eau eft logée dans la membrane cellu- laire du fcrotum, & l'autre où elle eft contenue dans la tunique vaginale du tefticule. Les coups, des chutes,, les compreftions fortes, & tout ce qui peut s'oppofer au retour du- fang dans les circonvolutions des veines qui forment le plexus pam- piniforme, peuvent produire cette maladie. Elle peut dépendre de la rupture ,, ou du relâchement des vaiffeaux fecré-- toires, ou d'une irritation qui exci- tera une fecrétion exceflive de ce- fluide. L'hydrocèle peut encore venir des . vaifl'eaux abforbans qui ont perdu la- faculté de rapporter dans le fang, la portion convenable de ce fluide après fa fecrétion, d'où s'enfuit une: accumulation. Il eft fouventfymptôme d'un épan-- chement d'eau dans la cavité du bas-- ventre, ou d'une leucophlegmatie. Ceux qui font attaqués d'hydro-- cèle , ont le fcrotum tuméfié & diftendu, fur-tout s'il y a dans cette cavité une trop grande quantité d'eau épanchée; on y obferve une rénittence au toucher. Cette tumeur- eil quelquefois molle , elle eft tantôt-^ diaphane, & tantôt fort trouble,, fur-tout Xi le liquide qu'elle renferme eft épais Ôc peu clair;. elle eft imdo.--- H Y D lente; l'Impreffion du doigt n'y refle pas long-temps , & l'on y ient de la fluftuation. Dans les progrès, elle couvre la verge au point qu'elle ne paroît fouvent que par la penu du prépuce; elle devient quelque- fois û grofle, que le raphé partage le fcrotum en deux parties inégales. L'hydroccle e une maladie très- difficile à guérir , fur-tout G. elle eft invétérée; elle expofe ceux qui en font atteints aux plus grands rifques de perdre la vie. L'art ne manque point de ref- fources pour la combaiire ; le plus fouvent elles n'ont aucun fuccès , 6i il faut avoir recours aux moyens cruels que la chirurgie indique. Néanmoins, avant d'en venir à ces dures extrémi- tés, on peut fe proposer , & avoir pour objet, i^. révacuation de l'eau ramaflee dans le fcrotum , ou dans les parties qui y font contenues; i°. la fonte 6c la réfolution des embarras qui reproduifent cette maladie. On pourra parvenir à ces fins en appli- quant fur le fcrotum , des topiques réfolutifs , tels que l'eau végcto-miiné- rale de Goulard, animée de quelques gouttes d'eau-de-vie ; les cataplalmes faits avec la fleur de fureau & de fouci ; l'application des linges im- bibés d'une forte décoftion de feuilles de fauge & de romarin; celle de l'fau où les maréchaux à forge éteignent le fer rougi au feu; la terre cimolée des couteliers. Les boues des eaux thermales font des réfolutifs puifTans , qui , aidés des remèdes hydragogues & diuréticfues , pris intérieurement, peuvent produire les effets les plus falutaires ; les bouil- lons d'écrevifles altérés avec les plantes chicoracées; la gomme-gutte donnée à petite dofe, ôc combinée H Y D (joj avec l'alcali de foude , font des re- ntcdes affez énergiques pour n'en pas négliger l'emploi. Quand ils ne réuffiflent point , Se que l'hydrocèle ne diminue point de volume, il faut fe tourner d'un autre côté , & fe foumettre aux moyens que la chirurgie met en ufage pour guérir cette maladie. La cure eft palliative ou radicale; la première ne peut convenir que dans l'hydrocèle ilmple , & qui n'in- commode que par la matière fluide épanchée. Elle confifle à vider de temps en temps l'eau qui remplit le fcrotum , par une fimple ponftion faite avec le trocar. La cure radicale , d'après Bertrandi, s'opère par la contraftion que produit la cicatrice, & par l'adhérence uni- verfelle des tégumens du fcrotum l'un à l'autre , & au teflicule même ; lefquelles adhérences ne refferrent point feulement les vaifTeaux qui fourniffent l'eau de l'hydrocèle, mais aboliffent encore la cavité qui la rece- volt auparavant. Pour y parvenir , la chirurgie emploie l'incifion, l'exci- fion, la cautérifation du fac, l'ufage du féton , celui de la tente, &c enfin les injections. On voit quelquefois des tumeurs de cette efpèce fe diffiper & dif- paroître en entier, fans que cet évé- nement foit dû à i'a(5lion d'aucun médicament. Ceft une chofe très-rare ; & le plus fouvent on fe trouve dans la nécelfité d'avoir recours à une main habile. Comme l'application de ces moyens que la chirurgie emploie, exige l'at- tention la plus réfléchie , &C un homme de l'art expérimenté , nous n'entrerons dans aucun détail ; nous nous contenterons d'avertir le lec- G g g g » 6o4 H Y D teur d'y avoir recours ; le plutôt n'eft que le mieux : le défaut de réuffite tient fouvent au peu de cas qu'on fait des maux qui nous paroiiTent légers dans leur principe, & qui dans la fuite deviennent incu- rables. M. AMI, HydROCÈLE, Médiane vétérinaire. Lorfqu'il y a un amas d'eau dans la tunique vaginaie du tefticule , nous difons que l'animal eft atteint d'une hydropifie de la punique va- g'na'e, d'hydrocè'.e. La tumeur tû ronde, indolente; depuis le moment qu'elle commence à paroître , on ne la voh p.eique point diminuer; elle augmente pour l'ordinaire peu à peu, elle devient plus étendue fans devenir tranfparente ; quelquefois en portant les doigts firr la partie. Se en la comprimant légèrement, on découvre la fluctuation de la liqueur , mais le plus fouvent cette fluctuation efl peu fenfible. Les caufes qui donnent lieu à Fhydrocèle,. font les coups , les chutes , les fortes compreificns , le relâchement de la tunique vaginale, produit par un vice particulier des humeurs. En 1770, je vis, à l'Ecole Vétérinaire , un vieux cheval qui avoit des boutons de farcin tout le long de la jambe du montoir de derrière , ac- compagnés d'une hydrocèle caradé- rlfée par tous les fignes que je viens de décrire. Lorfque l'hydrocèle commence à paroître , il faut débuter par l'appli- cation des réfoluri s en fomentations. On fe fervira donc de feuilles de fue, de fauge, dans le vin ou l'eau- de-vi«. La liqueur étant chaude , on en baffinera les bourfes , & on en appliquera même des compreffes H Y D qu'on foutiendra par un bandage en forme de fufpenfoir , & qu'on renouvellera de quatre en quatre heures. Mais , m,a!gré l'application de ces topiques, la tumeur paroît-elle s'accroître ? loin de vous décider pour la caftration , ainfi que quel- ques auteurs le confeillent, faites , au moyen d'un biflouri, une petite incifion dans la partie la plus déclive de la tumeur, & injeftez dans l'ul- cère , du vin miellé jusqu'à parfaite guérifon. On doit bien comprendre que ce traitement efl inùiffifant , lorfque l'hydrocèle reconnoit pour caufe un vice particulier des humeurs , tels que le virus de la morve , du far- cin ,&c. ( voyei FàRCIN, MoRVe), & qu'il n'eft poffible alors de le guérir, qu'en combattant la caufe principale par les remèdes qui lui font propres. M. T. HYDROCÉPHALE. Médecine RURALE. L'hydrocéphale eft un amas d'eau dans la tête. On en reconnoit deux efpèces ; la première eft exté'- rieure, & intéreffe le cuir chevelu de la tête ; quelques-uns l'ont appelée œdème du cuir chevelu ; la féconde a fon fiége dans les ventricules du cer- veau. Nous n'admettrons que cette dernière, malgré certains auteurs qui en ont établi deux autres efpèces ; c'eft-à-dire, l'iane entre le crâne &C la dure-mère , & l'aujre entre la dure & pie-mère. Il eil probable que celle qui confifte dans l'augmentation , contre-nature, des eaux qui font naturellement épanchées dans le cerveau , eft la feule qui exifte dans la nature, & qui foit prouvée par des obfervations pofitives ; cette maladie eft familière aux eniànsjles adultes- H YD y font moins expofés ; les fymptômes qui la caraftérifent font û fenfibles, qu'il eft impoffible de la méconnoître. Les enfans attaqués d'hydrocéphale ont la tête monllrueufe en groffeur , & plus pefante que le relie du corps. Ils font foibles , triftes , pâles & languiflans ; ils fe plaignent d'une douleur au fommet de la tête ou fur les yeux ; ils ne peuvent fupporter la lumière , l'afibupiffement fe mani- fefle par degrés ; ils voniiffent très- fouvent; ils éprouvent des maux de cœur, leur pouls n'eft jamais égal; lespulfations qui en font irrégulières, & quelquefois entre-coupées, dimi- nuent de plus en plus & les jettent le plus ordinairement dans un état de langueur qui leur eft toujours funefle. A tous ces fignes joignez Tmlomnie; ils voyent prelque toujours les objets doubles, ils délirent, les convulfions lurviennent, la pupile fe dilate, &c la mort termine toutes leurs fouf- frances. Tout ce qui peut bleffer le cerveau, peut produire l'hydrocéphale ; les coups, les chutes, des excroiflances, un contre-coup , une forte commo- tion au cerveau , peuvent la déter- miner ; elle peut venir à la fuite d'un accouchement laborieux &C très- difficile, ou de l'enclavement de la tète dans le petit baffin ; cette maladie peut encore dépendre d'un vice écrouelleux, ou vénérien , de la fuppreffion des urines , ou de toute autre évacuation accoutumée ; elle fe manifefte quelquefois après les fluxions de la tête, les douleurs de dents, les. convulfions, & les afflic- tions vermineufes des enfans; mais toutes ces caufes font peu efficaces, & on n'admet une difpofition à con- îrafter cette maladie, & une foibleffe H Y D 6ôf & im relâchement naturel des fibres du cerveau. L'hydrocéphale eft une maladie incurable ; néanmoins on ne fauroit afî'ez confeiller l'ufage de certains re- mèdes qui ont quelquefois réufîi ; je crois que les douches d'eaux ther- males peuvent être de quelque utilité. On lit dans la Pratique de Boerhave, que Lantana a guéri des hydrocé- phales par le moyen des bandages fur la tête, Sc les fomentations fpiri- tueufes , fur -tout en excitant phi- fieurs évacuations révulfives par les cautères, les diurétiques & les pur- gatifs. Il rapporte la cure d'un enfant de fix mois qui a voit la tête aufiî grofle que celle d'un adulte , & qui fut guéri par les topiques fpiritueux, les aromates & le fel de tartre. La ponftion n'y convient point à caule du danger qu'il y a de piquer les méninges, d'ouvrir les ventricules du cerveau, M. Petit a obfervé que les malades chez qui elle avoit le mieux réuffi, n'avoient pas vécu plus de quarante heures après ; il pro- pofe , & préfère à l'ouverture du crâne, qui ne réuffit jamais, un bonneC de fer garni d'étoffes pour qu'il ne- bleffe point, & qu'on piiiffe ferrera volonté, à proponion que la tête diminue de volume. Il confeille même d'y faire un trou dans lequel on adapteroit une canule qu'oa dcboucheroit de temps en temps pour donner iffue à la quantité de liquide qui s'y feroit ramaffée. On peut faire les fcarifications en prenant bien garde de ne pas bleffer' le mufcle crotaphite ; fi elles ne^ réuffiffent pas, on appliquera une- ou plufieurs couronnes de trépan, fie on fera en même temps ufage de topi- ques ÔC de fortifiansinternes. M; AMf,. 6o^ H Y D HYDROMEL. Breuvage fait avec le miel & l'eau. Dans cet état on l'appelle hydromel y/w/j/f & vineux, loilqu'il a fiibi \afirmentation. {f^ojei ce mot). Ce que j'ai dit dans cet article relativement au vin , s'appli- que à tous égards à l'hydromel, puif- que fa bafe eft le miel , fubilance mu- ciîagineufe & fucrée, &: de nature à éprouver feule la fermentation vi- neufe. Or, dès que l'eau & le miel ont fermenté enfemble j ils donnent un vin dans toute l'étendue du mot , duquel on peut retirer l'efpriî de vin par la diftillation , ou bien convertir ce vin en vinaigre, qui reffemblera aflez bien à ceux faits avec les vins mufcats & autres vins firupeux. Du choix du miel dépend la bonne qualité de l'hydromel; il faut qu'il foit blanc, agréable au goût fans mélange de farine dont on fe fert fouvent pour mafquer la couleur jaune du vieux miel ; cette farine hâteroit fa fermentation acide. Le miel de Mahon ou de Narbonne eft préférable à celui de tous les autres cantons. On délaie, autant qu'il eit pofTible, ce miel dans l'eau la plus pure. La proportion eft, par exemple, de 20 livres de miel fur trente pintes d'eau ou 60 l'vres d'eau poids de marc. La coutume ordinaire eft de jeter le tout dans une chaudière pour le faire bouillir, afin que le miel lâche les corps étrangers qui lui font adhé- rens, & on a grand foin d'enlever avec une écumoire les impuretés qui furnagent la liqueur. Enfin , on con- tinue l'ébuUition jufqu'à ce que, eny plongeant un œuf, il refte foutenu par la liqueur, ce qui fuppofe néceffairemept qu'elle eft réduite H Y D à un état firupeux & concentré. J'avoue n'avoir jam.ais fait d'hy- dromel , mais s'il eft permis de juger par analogie, cette manipulation me paroît défeâueufe. En effet , nous voyons que, dans les années très- fèches , & de grande maturité des raifins mufcat, le moiit qu'ils ren- dent par l'expreffion , eft û doux, fi fucré, fi rapproché, que la fermen- tation a beaucoup de peine pour s'y établir; cependant ce moût, malgré fa ténacité , ne fauroit fuppoi- ter un œuf, d'où je conclus que l'hydromel ne doit pas être aufîi rapproché qu'on le fuppofe ; mais je conviens en même temps que li le miel eft trop délayé dans l'eau , la fermentation pafTera promptement à l'acéteufe. Il doit donc y avoir un milieu entre le trop de fluidité &C le trop de vifcofité de la liqueur. Les Romains, au rapport de Palladius , manipuloient différemment ; voici comme l'Auteur s'explique : « On prendra , au commencement des jours caniculaires, de l'eau de fontaine ; le lendemain on mettra dans trois parties de cette eau une partie de miel non ccumé; & après avoir partagé ce mélange avec foin dans des vafes bien nets,onle fera agiter contiauellement pendant cinq heures par des enfans impubères qui remueront les vafés à cet effet : après quoi on le laifTera expofé à l'air pendant 40 jours & pendant 40 nuits. » Peu importe que les enfans foient impubères ou non; mais il n'en eft pas ainfi de l'agitation qu'ils impri- ment à la mafTe , au moyen de laquelle chaque partie mielleufe eft vraiment mêlée & diffoute par l'eau. Après le repos, les impuretés doivent monter à la furface, ôc être expul- hyd fées hors du vaiffeau lors de .'a fermentation. Je crois ce procédé fupérieur au premier, fur-tout û. l'on opère dans les provinces du midi ; & fur-tout pendant les grandes cha- leurs de l'été. Reprenons la defcrip- tion de l'hydromel à la manière des modernes.- Lorfque l'œuf frais ne fubmerge point, &c feulement lorfque la moitié de fon épaifl'eur eft enfoncée dans le fluide, on paffe la liqueur à tra- vers un tamis, & on l'entonne tout de fuite dans un baril que l'on remplit. On le place enfuite dans un lieu où la chaleur eft le plus également répandue qu'il eft poffible depuis 1 7 à 28 degrés du thermomètre de Réaumur , en obfervant que le trou du bondon loit iésérement couvert & non bou- che. Les phénomènes de la fermen- tation paroîtront dans cette liqueur, Se fubfifteront pendant deux à trois mois, fuivant la chaleur; après quoi ils diminueront d'eux-mêmes. Il faut obferver pendant cette fermentation , de remplir de temps en temps le tonneau avec une femblable liqueur dont on aura, pour cela, confervé une partie à part, afin de remplacer les immondices que la fermentation fait fortir en forme d'écume. Lorfque les phénomènes de la fer- mentation ceffent, & que la liqueur eft devenue bien vineufe , alors on tranfporte le tonneau à la cave , & on le bondonne exaftement ; un an" après on met l'hydromel en bou- îeilies. Je préférerois d'attendre au moins deux ans. Il n'en doit pas être de l'hydromel comme du vin ordinaire, dont la fermentation infenfible eft. moins active lorfqu'elle s'opère fur de petites mafles. L'hydromel au HYD 60J contraire doit éprouver une fermen- tation plus forte , à moins qu'on ne fe détermine à l'attendre pendant vingt ans , avant qu'il ait entière- ment perdu fon goût mielleux; j'ai- m.erois mieux , pendant la première année , tenir la barrique dans un cellier que dans une cave; il a befoin de la chaleur pour divifer & atténuer fa vilcofité. Je prétererois encore de le laiffer , pendant l'hiver , expofé à un certain degré de fi oid , pourvn qu'il ne gèle pas , par ce moyen il le dépouillera plus aifément de l'odeur & du goût particulier au miel. Ce qu'il y a de très-certain , c'eft qu'a- près un certain nombre d'années, û l'hydromel a été bien fait , bien confervé, on peut le fervir comme vin de liqueur étranger , approchant beaucoup de celui de Malaga. Com-- bien de pareils vins on vend à Paris &C dans les grandes villes fous cette dénomination ? Ces vins pèfent à l'eftomac comme tous les vins firu- peux , & l'ivreflTe qu'ils caufent à ceux qui en boivent trop, eft très-- dangereufe. Au mot Vis, en parlant de la fabrication de quelques vins compofcs, nous indiquerons les avan- tages qu'on peut retirer de l'hy- dromel. L'hydromel ftmple, qu'on prépare pour remède doit être renouvelé deux fois par jour dans les grandes • chaleurs , &C u.ne fois chaque jour dans les jours tempérés. On s'enfert en gargarifme, pour déterger les ulcè- res de la bouche ; en lavement , afin de • terminer l'évacuation des matières, fécalci , en adoucifTant les parois des^ inteftins qui le reçoivent, . HYDROPHOBE , HYDROPHO-- BIE. (royci Rage),. 6o8 H Y D HYDROPIQUE, HYDROPISIE, MÉDECINE RURALE. L'hydropific efi une tumeur contre nature , de tout le corps ou de quelqu'une de fes parties , produite par un amas d'eau, ou d'un tout autre liquide. On voit, d'après cette définition, que l'hydropifie eu. générale ou particulière ; c'eft auffi à raii'on des différentes parties qu'elle attaque , qu'elle a reçu différens noms; elle eft] appelée a/du, quand l'eau eft contenue dans la capacité du bas- ventre ; UucophUgmacie , lorique l'humeur remplit, outre mefure, tout le tiffu cellulaire , & forme une bouf- fiffure générale ; hydropljïe de poitrine , quand l'eau eft répandue dans fa cavité ; enfin , hydrociphak , quand l'eau eft ramaffée dans la tête. Outre ces hydropifies , il en eft encore d'autres efpèces qui portent le nom des organes qu'elles affeâent, telles que l'hydropifie de matrice , des ovaires, des bourfes , (vqye{HYDRO- CÈLE ) du médiaftin , de la plèvre &; du péricarde. L'hydropifie eft enkiftée , quand répanchement d'eau qui la conftitue eft contenu dans une efpèce de poche. Nous ne parlerons point de ces der- nières efpèces ; il ne fera queftion que de l'hydropifie afciti , comme la plus ordinaire, de l'hydropifie de poitrim , & de Vanajarque ou Icw cophkgmatie. Hydropijli afcite. Elle vient très- fouvent à la fuite d'une longue ma- ladie. On l'obferve communément dans les provinces méridionales après des fièvres quartes d'automne qui ont été mal traitées, & dont on a voulu arrêter trop tôt les mouve- mens par de fortes dofes de quin- quina, qui ont produit des obftruc- H Y D tions dans les vifcères du bas- ventre ; mais ce ne font point là les feules caufes capablesd'occafionner l'hydro- pifie afcite; elle peut dépendre d'un vice & de l'altération des humeurs, des digeftions mauvaifes, du défaut de mélange du chyle avec les parties féreufes du fang. Mais l'embarras ÔC l'engorgement des vifcères abdomi- naux, un état fquirreux des glandes méfentériques , la fuppreffion des évacuations ordinaires , des hémor- ragies confidérables, des pertes ex- traordinaires, un excès dans le régime échauffant, l'abus du vin, font les caufes les plus ordinaires de celte maladie. L'afcite n'eft pas toujours facile à ét.e diftinguée d'un état de grof- fefiTe ; des médecins très-expérimentés avouent s'être trompés. On neiauroit être afi^ez réfervé & examiner d'aftez près le ventre, & ce qui a précédé, iur-îout quand ce font des perfonnes du fexe & d'une vertu fort haiardée; une pareille erreur pourroit entraîner les plus grands dangers après elle , en procurant un avortemenî , ôc la mort de l'enfant. Cette hydropifie eft toujours annoncée par l'enflure œdémateule des pieds ou des mains, qu'on ob- ferve fur-tout le foir, & qui dilpa- roit le matin. Ce fymptôme eft très- équivoque; les malades menacés de cette maladie ont le vifage pâle , font dégoûtés & tourmentés par la foif. Ils éprouvent des maux de cœur, rendent beaucoup de vents; ils touffent fans jamais rien expeûorer; ils refpirent difficilement; la fièvre lente, qui ne manque jamais de fur- venir, eft toujours marquée par ua degré de chaleur phyfique qui fe fait fentir tous les foirs, La maigreur des Tnn.p: TlxnF:Fa,7.ooff. JelJt^v Jjv//' H Y D des extrcmi tés (\i périeiires fe fait apper- cevolr , ainfi que l'œdème descuifl'es, du ("crorum tk. de la verge. La maladie faifant toujours de nouveaux progrès, les malades vont à la fclle avec beaucoup de peine ; les urines qui deviennent de plus en plus rares , font acres, tantôt claires & limpides , & tantôt troubles , & dépofeat un fédiment briqueté. Le ventre alors augmente de volume, il fe tend comme un ballon, il devient quelquefois fi prodigieux , qu'il def- cend jufqu'aux genoux, & fe crevafle fur-tout s'il y a des rides. Tous ces fymptômes , quoique bien carafté- riftiques , ne font pas auffi certains que celui qu'Hippocrate nous a indiqué : il veut qu'on appuie une main fur un des côtés du ventre , & que de l'autre on frappe légère- ment fur le côté oppofé : par ce moyen on s'affure de la préfence des eaux par le grouillement qu'on excite , par la fluôuation qu'on y ient , & le contre-coup qui fefait auffi (entir à la main oppofée à celle qui frappe le ventre. L'eau épanchée dans le bas-ventre fe fait jour quelquefois au dehors , en excitant fur la peau des excoriations, de petites plaies qui permettent vn fuintement continuel. Il n'efi; pas rare d'y voir fucccder la gangrène, fur-tout fi l'hydropifie n'eft point furvenue tout à coup , & fi elle dépend d'une caufe héréditaire, ou d'un vice des humeurs. L'afcite eft une maladie très-dan- gereufe , & très-peu fufceptible de gucrifon. Les complications qui fur- viennent, aggravent & augmentent toujours les dangers. Les éréfypèles aux jambes , les phlegmons , les hémorragies internes, celles du nez Tome K. H Y D (J09 font toujours l'annonce d'une dif- folution des humeurs, & d'une mort prochaine. Les grands buveurs, les ivrognes de profeffion , les vieillards , ceux qui habitent des régions froides 6c marécageufes qui avoifinent les mon- tagnes , les perfonnes cachectiques, les fcorbutiques &C les goutteux, font (ujets à cette maladie. Il eft des routes inconnues par oii la nature s'eû quelquefois débarrafTée des eaux ra- maffées dans le bas-ventre , fans qu'il parût d'excrétion augmentée : c'efl: par la rélbrption des eaux épanchées dans les membranes des inteftins ou du péritoine. Mais on ne peut point expliquer ce repompement, parce que ni les felles , ni les urines, ni les fueurs, n'ont pas été plus abondantes. Mead rapporte l'obfervation d'un marchand auquel on avoit déjà fait deux fois la pondion , & dont les eaux difparurent la veille du jour qu'on devoit la réitérer pour la troifième fois ; dans ce cas , l'art ne peut point aider la nature, parce que le médecin ne fauroit prévoir ni le temps, ni fa manière d'agir. Le médecin doit fe prêter aux goûts &C aux fantaifies fingulières que les malades ont pour certains alimens qui n'ont rien de dange- reux. Fabre , chirurgien, rapporte qu'un médecin à qui on avoit déjà quatre fois fait la ponftion inutile- ment, fe guérit en mangeant du fucre & des fèves dont il avoit eu une envie démefurée. J'ai vu des hydropifies céder à la diarrhée, au vomilî'ement. Il faut alors féconder ces crifes falutaires par des remèdes appropriés. Si la nature prend la voie des fueurs &c des urines, il H h h h 6io H Y D faut l'aider dans fes opérations. On a vu des hydropifies guéries par des ouvertures au bas-ventre , à l'oc- cafion de quelque chute. Monro, chirurgien-major de l'Hôtel-Dieu de Paris, a vu une femme hydropique depuis un très-Iong-îemps , & qui avoit iubi la pondion fept à huit fois , être guéri à la fuite d'une chute qu'elle fit fur le bas-ventre , qui procura l'évacuation d'une fi grande quantité d'eau, que fa chambre en fut toute inondée; enfia, quand la nature ne veut point agir & nous refufe fes bienfaits , il faut avoir recours aux remèdes que l'art fuggère. Les indications curatives que l'on doit fe propofer, ont pour objet, 1°. l'évacuation des eaux ; 2°. le rétabliflement des forces de la conf- îitution; 30. la réfokuion des em- barras & autres vices qui entre- tiennent la maladie. 1°. Il faut commencer par des évacuans doux, afin de fonder la nature, & examiner s'ils évacuent fans affoiblir le malade , pour pafler à de plus énergiques. Les évacuans forts feroient nui- fibles, fi les intefîins étoient altérés, ou dans un état de phlogofe , ce qui eft annoncé par les douleurs que le malade reflént au bas-ventre , & par la difficulté de reipirer, &c par la féchereffe de la langue. Ils pro- duiroient une inflammation qui pour- roient bien dégénérer en gangrène; ce qui eft prouvé par l'ouverture des cadavres. On connoît leurs mau- vais effets, en ce qu'ils énervent, jettent les malades dans un état de ioibkffe, & reproduifent une nou- velle crue d'eau ; il vaut mieux s'en abUenir. La précaution qu'il faut H Y D prendre en les adminifirant, eft de les entremêler avec les apéritifs, & pour rendre leur action plus fure , le malade fera un exercice doux & modéré; il évitera de trop fatiguer, afin de fe mettre à l'abri de quelque accident fâcheux qui pourroit fur- venir. Quand on n'a pas à craindre d'in- flammation intérieure, que les ma- lades font d'une conflitution grafle, peu vive Se fenfible , on peut alors employer des purgatifs forts , tels que la gomme-gutte combinée avec l'alcali de foude ou la m.anne. L'é- corce moj'enne de fureau , bouillie dans du lait , ell un hydragogue fort vanté & très-ufité en France. LiJIer guév'iffoh par des purgatifs très- forts; mris il faut ar.fîi ne pas perdre de vue qu'ils caufent la tuméfaûioiî du bas-ventre, par les fpafmes qu'ils procurent, ou par les flatuofités. Les préparations d'antimoine font préfé- rables ; elles excitent plus générale- ment les diverfes excrétions de la nature, un développement plus conf- iant & plus fébrile du pouls, qui caufe fouvent la réfolution de l'hy- dropifie. On doit donner les diuré- tiques avec plus de confiance , parce qu'il efl prouvé par beaucoup d'ob- fervations , que la nature affeâe plus fouvent la crife par l'évacuation fpontanée des urines; mais aufîî on doit s'en abfîenir lorfqu'ils afFoi- bliffent & qu'ils n'évacuent pas aflez promptement une quantité d'urine. Hippocrate a donné les cantharides à des dofes étonnantes; Albuc re- commande beaucoup la fcille com- binée avec le nitre. Le fuc d'écreviffe eft encore un diurétique excellent ; Vallerius le recommande beaucoup. Le fuc des plantes chicoracées & H Y D de plffenlit , combiné avec le fel de glauber & la terre foliée de tartre, eft un remède qui peut être employé de bonne heure ; il produit ordinai- rement des eflets très-falutaires : Je puis afllirer qu'il ne m'a jamais trompé, & la crème de tartre , prife pendant un temps affez long, excite non-feulement les felles & les urines , mais encore guérit. Je fais obferver que les malades doivent la prendre à ime dofe alTez forte : le défaut d'aftion de ce remède tient le plus fouvent à Ja petite quantité qu'on en prend. Bail cité par Buchan , dit qu'une forte cuillerée de graine de mou- tarde non broyée , prife foir & matin, & par-deffus fix onces de décoftion de genêt vert , a guéri une hydropifie contre laquelle les re- mèdes les plus puiflans avoient échoué. Les onftions d'huile fur le bas- ventre agiffent auffi par les felles & les urines; mais il faut s'en abftenir lorfque le ventre eft éréfypélateux & dans un état de phlogofe , ou qu'il eft tendu & tuméfié, & qu'il y a difiîculté de refpirer. L'huile, en bouchant les pores de la peau , augmente l'hydropifie. Maly , mé- decin italien , veut qu'on frotte tout le corps d'un hydropique avec des huileux, devant un feu doux; qu'on le mette enfuite dans un lit chaud , & qu'on le couvre avec des flanelles. Ces ontfions produifent de bons effets; il furvient un prurit & un léger mouvement fébrile qui eft fuivi d'éva- cuations abondantes par les fueurs fie les urines. Les diurétiques les plus forts font les baumes du Pérou, du Canada , de l'Eucatelli ; les cloportes dont on peut donner l'exprefTion de trente à HYD 6ii cinquante ; le vin d'eupatolre , les baies de genièvre , les cendres de genêt, qui ont guéri le Maréchal de Saxe ; mais ils ne conviennent pas dans le cas de fièvre forte , parce qu'ils font fufcepîibles de produire l'inflammation. Les diaphorétiques & les fudori- fiques opèrent très - difficilement l'excrétion des fueurs , s'ils ne font noyés dans une ample boifîbn ; leur emploi ne convient que lorfque l'hy- dropifie dépend de la répercufTion des exhantèmes, de la gale, ou des dartres : il vaut encore mieux les rappeler par des véficatoires qu'on appliquera fur le bas- ventre, & en- core mieux fur la partie qui en étoit afFcftée. Mais pour cela il ne faut point attendre le dernier moment ; il faut y avoir recours avant que les forces du malade foient atroiblies , & que les eaux épanchées n'aient contrafté un certain dea;ré d'âcreté & de putréfaftion ; dans cet état la plaie deviendroit gangreneuf'e : pour l'éviter il faudroit la panier avec de la thériaque. Rien au monde n'eft plus propre à exciter la tranfpiration , que les friâions sèches fur la peau. En ir- ritant cet organe , on détermine fur fa furface une abondance d'humeurs de la tranfpiration, qui étoient ré- percutées. Les fleurs de coquelicot, de fcabieufe, le chardon-béni, l'anti- moine diaphorétique , font aufTi des remèdes excellens. Un remède qui réuffit affez généralement , eft une cuillerée d'efprit de niindcnrus dans un verre de petit-lait ; il faut le prendre trois ou quatre fois par jour : fi tous ces remèdes font in- fiutlueux & n'opèrent aucun bien , on vient à l'opération de la paracentèfe , H h h h a 6i2 H Y D qu'il faut pratiquer de bonne heure. Le peu de fuccès qu'on en obtient iouvent ne doit être attribué qu'au peu de célérité qu'on met à la pratiquer. Cette opération fouvent répétée, a fait vivre long-temps des malades; elle peut être même un moyen cu- latif. On ne doit la faire qu'après s'être afliiré de l'exiflence des eaux. Le contre-coup eil un figne infuffi- fantj&iln'a pas lieu loriquele ventre eft trop tendu. Le fentiment de flu£tua- tion qu'éprouve le malade , eft le figne le plus certain. Quand on eft parvenu avec le irocar dans la capacité du bas- ventre , il ne faut point évacuer toutes les eaux en une feule fois ; il faut le faire avec gradation , & à petites reprifes , afin d'éviter les foiblefles &c les fueurs froides qui furviendroient à coup fur, & qui, d'après AJcjd, ne iont dues qu'à l'aboifiement fubit du diaphragme, au grand changement qu'éprouve la machine, & à la grande circulation dans le bas-ventre. On doit encore y obvier en ferrant le ventre à propor- tion qu'il i"e défemplit ; cette méthode, toute prudente qu'elle paroiffe , ne laifle pas d'entraîner après elle des inconvéniens, & d'être pernicieufe, en ce qu'il fe tait des agglutinations dans les vifcères du bas-ventre , qui ne Iont d'abord que mucilagineufes &c qui s'organifent. 2°. Pour rétablir les forces de la conflitution , on emploiera avec ré- ferve les amers 6c les aromatiques , fans jamais perdre de vue l'âge des malades; un des meilleurs toniques eft la rôtie au vin. Il faut néanmoins com- biner Its évacuans avec les toniques; mais les évacuans doivent dominer fur les toniques dans l'état de maladie , & H Y D ces derniers font à préférer aux' pre- miers danslaconvalefcence. Le quira, le vin ftiré, l'infufion decanelle jointe à la limaille du fer , les fomenta- tions iur le bdS-ventre avec les plantes aromatiques , telles que la lauge , le romarin, l'origan, la far- riette, le ftœcas , le laurier, l'in- fufion d'ipécacuanha dans le vin, l'eau de rhubarbe , la teinture vineufe du caflis, & l'exercice fur-tout, font des remèdes dont l'emploi doit être précieux. Le défaut de refl"ort des vaifleaux lymphatiques qui pompent les eaux épanchées dans le tifiu cellulaire , & la perte de la faculté de réforp- tion dans l'afcite , font plus que fuf- fifans pour produire l'enflure des extrémités inférieures; il faut alors les frotter avec de l'eau-devie ou une décoction vineufe de camomille, ou avec de l'urine dans laquelle on aura fait diffoudre du fel ammoniac ; mais l'exercice vaut encore mieux ; on n'a pas à craindre autant d'inconvéniens ; lui ieul à la longue la fait difparoître. Tous ces remèdes ne fauroient être pris intérieurement, lorfqu'il y a une Icfion des vifcères & abattement des forces , ils feroient très-nuifibles , &C expoferoient les malades aux pies grands dangers de perdre la vie parles inflammations gangreneufes qui pour- roient furvenir. 3°. Quand on a à combîître des obftructions des vifcères , qui font la caufe de l'hydropifie , il faut nu- paravant examiner & voir fi elles Iont anciennes ou récentes. Si elles lort anciennes , il ne faut pas les guérir; fi elles font récentes, on doit alors combiner les ftomachiques & les apéritifs avec les purgatifs, tels que le rob de fureau, le tartre vi- H Y D triolé , S-i par intervalle donner l'in- fiifinT! de pttite cei'taiirée & de trt; ; d'eau. On friâionnera le bas- V. litre Ôc l'épine du dos avec des fli.nelles imprégnées de funiées aro- matiques, & on entremêlera les pur- gatifs doux. Storck a erBp'oyé une méthode ana'cgue qui conlille dans l'ufage du fa von , du fel tartareux, combinés avec l'oximel fcilliiique. Le iel de mars de rivière , le tartre calibé fondu dans un bouillon de plantes chicoracécs , l'iris de Flo- rence combinée avec le favon , la rhubarbe, le jalap 6c le fafran de mars, le tout incorporé dans fuffif'ante quantité de miel , ell un remède que j'ai toujours vu réufllr ; mais il faut taire uier au malade d'une tifanne de feuilles de fcolopendre avec quelque griiin de nitre : outre qu'elle eft apéritive, elle efl encore adouciffante & corrige l'impreffion du remède ; il faut d'autant plus y infifter, que Jes maladts font tourmentés par la foif , & que les urines ne font point abondantes. Hydropijle de poitrine. L'hydropifie de poitrine eft fouvent très-diffi.;ile à connoître ; les fignes qui la carac- térifent font les mêmes que ceux de l'empième. Elle ne vient prefque jamais à la fuite d'une forte inflam- mation de poitrine ; c'eft toujours fur la fin d'une ma'adie chronique, dont la crile a été imparfaite. Les obftruftions au poumon , des tu- bercules dans fa lulft nce, des em- barras au toie & à la r .te , l'engor- gement des g'andts du métentèrf , lui donnent quelquefol> utùflance. Sau- vage a très-bien obfrvé que ceux qui étoient hydropicues df* poitrine yévcilloicnt tout-à-coup après une OU deux heures de fommeil , pour HYD 613 aller ouvrir la fenêtre de leur apparte- ment , siin de rcipircr un air libre , Se de ne pas futtbquer. Les fymptômes qui dénotent cette hydropific , tout , d'après Hippocrate , la toux, une refpiration fréquente; l'enflure des pieds , la contraftion des ongles, une difficulté de refpirer, fur-tout lorfque le malade eft couché; la fièvre lente qui furvient lorfque la maladie ell un peu avancée ; la pâleur du vifage , l'œdémaîie des pieds & des mains , une oppreffion confidérable, lorfque le malade veut monter quelque degré ; le bruit de l'eau épanchée dans la poitrine , quand on la remue & qu'on la frappe; enfin, la fluftuation efl le figne le plus certain. Joignez à tous ces fignes une difficulté de fe cou- cher, un poids fur le diaphragme , un poiils petit & concentré, une dimi- nution des urines , l'œdème des paupières. Lorfque la maladie a fait des pro- grès, les malades ne peuvent plus refter au lit. I!s font tourmentés d'in- fomnie, leur fommeil efr entrecoupé par des fonges l'aiigans, les nuits font des plus fâcheufes, & ils ne peuvent dormir qu'en refiant affis lur une chaife , la tête un peu élevée. L'eau n'occupe pas toujours toute la capacité de la poitrine, elle eft quelquefois épanchée dans l'un des côtés; alors le malade ne peut point fe coucher fur le côté fain, fans éprouver un tiraillement, & un kn- timent de pefanteur, qui l'obligent à fe cou'ber & à fe coucher fur le côté malade; fi lepanchement eil dans les deux côtés, il ne peut fe coucher ni fur l'un ni fur l'autre, (ju'il ne foii cruellement tourmenté 6i4 H y;d par une toux des plus violentes, & une difficulté de refpirer, & qu'il n'éprouve des palpitations de cœur, & des tremblemens , fur-tout s'il le courbe trop vite. La toux pour l'or- dinaire efl fèche, L'hydropifie de poitrine eft une maladie incurable , fur-tout fi elle prend fa foiirce dans des obftruftions anciennes, & fi les vifcères font in- fedés de quelque vice. L'art ne manque pas de remèdes pour la combattre, mais le plus fouvent ils ne prodiiifent aucun effet falutaire. L'emploi des purgatifs ne doit pas être négligé; mais on doit prendre garde de ne pas fuffoquer le malade par leur ufage ; il eft prouvé qu'ils évacuent une quantité d'eau , mais d'un autre côté , ils augmentent la congé ftion. Les diurétiques , fous forme de bouillons , font très-avan- tageux. Baglivi a guéri une hydropifie de poitrine invétérée , avec la décoftion des plantes apéritives, & l'oximel fcillitique. Rivière dit aufîi en avoir guéri plufieurs avec le calomélas, 6c l'ufage d'une décoûion fudorifique. La fcllle prife dans parties égales d'eau & de vin , a eu de grands fuccès ; mais comme elle fatigue quand on la donne feule , il vaut mieux la combi- ner avec la petite centaurée , le trèfle d'eau, ou l'écorce d'orange. On peut encore tenter les fêtons, les cautères & les véficatoires aux jambes ; mais le grand remède eft le paracenthèze qu'il faut praiquer de bonne heure. Senac, Bourddin ^ Morand, Bergeron & Duvernai, en ont obtenu les fuccès les plus hc-ueux, lorfque le lujet n'étoit ni écrouelleux , ni fcorbu- tique , ni infecté d'aucyn autre vice. H Y D On évacuera les eaux graduelle- ment , pour éviter les foibleffes & les fyncopes qui pourroient furvenir de la trop prompte évacuation des eaux. De r anafarque , OU UucophUgmade. De toutes les efpèces d'hydropifies, il n'en eft pas de plus fréqutnte Sc de plus évidente que celle dans la- quelle les eaux s'épanchent fous la peau , & qu'on appelle anafarque ou leucophlegmatie. Elle diffère de la phlegmatie, en ce que dans celle-ci les extrémités infé- rieures enflent le foir, & le matin l'en- flure difparoît , au-lieu que dans l'ana- farque toutes les parties du corps font plus enflées le foir , fur-tout les joues &c les paupières. La fuppreffion des règles chez les femmes, celle des hémorroïdes chez les hommes, celle de l'urine, d'une diarrhée , ou de quelque ulcère , peuvent occafionner cette maladie; mais la caufe la plus ordinaire félon Monro, eft le relâchement & la foi- bleffe des fibres; car, félon lui, « lorfque les vaiffeaux n'agiffent » point avec une force fuffifante , » les fluides deviennent d'une con- » fiftance aqueufe , & les orifices » des artères exhalantes , étant trop » foibles , lailfent paffer une plus » grande quantité de liqueurs qu'à » l'ordinaire , tandis que les veines » qui font aftbiblies & relâchées » pour le moins en égale propor- » tion , ne font point en état d'en » abforber autant qu'elles avolent » coutume de faire dans l'état de » fanté ». Cet état de foibleffe peut être, occafionné par une vie molle & fédentaire , par de grandes pertes de fang , & de fortes hémorragies; par le défaut d'exercice, une boif- H Y D fon trop abondante , des maladies très-longues, par l'abus des pur- gatifs 6c celui des liqueurs fpiri- tueufes qui ftimulent & raccor- niflent les folides , en même temps qu'elles coagulent les fluides, & enfin par tout ce qui peut gêner la circu- lation du fang dans les gros vaif- lèaux , Se de la lymphe dans fes propres vaiflTeauy. Elle s'annonce au commencement , par l'enflure des pieds &des chevilles, qui eft toujours plus confidérable le foir , & qui difparoît le matin. Cette enflure eft œdémateufe ; l'im- preffion des doigts y forme une efpèce de trou, elle augmente, & gagne peu à peu tout le corps ; elle devient quelquefois fi confidérable, que le malade fe trouve, pour ainfi dire, caché ou noyé fous l'enflure. La fièvre lente fuccède à cet état ; elle redouble le foir : les urines devien- nent de jour en jour plus rares , le malade fe fent plus pefant , & eft tourmenté par la toux. Pour parvenir à la curation de l'anafarque , il ne faut pas perdre de vue les caufes qui l'ont produite , Se leur oppofer les remèdes conve- nables. Si elle vient de la foibleflTe des folides, on fortifiera les fibres en donnant aux malades des alimens nourriflans & de facile digeftion. On leur donnera , plufieurs fois dans la journée, un petit verre d'une inhifion aqueufe de fauge, ou du vin dans lequel on aura fait digérer de la camomille , ou de la petite centaurée : on leur fera manger, au moins une fois par jour , fur-tout le matin , la rôtie au vin ; on les friftionnera avec des linges imprégnés de la fumée des plantes odoriférantes , telles que la lavande, le thim & le fçrpoleti HYD 5i5 on expofera tout fon corps à la vapeur de l'efprit de vin qu'on jettera fur les charbons ardens; on lui fera faire un exercice à pied ou à cheval, mais gradué, modéré ; on lui donnera du quina pris en décoûion, ou fous forme d'extrait. Tous ces re- mèdes adminiftrés à propos, réta- bliflent & augmentent l'ofcillation des folides. Si la leucophlegmatie fuccède à la fuppreffion de quelque évacuation ordinaire , on ne négligera aucun moyen pour la rappeler; on appli- quera des fangfues à l'anus, afin de rétablir le flux hémorroïdal; aux grandes lèvres, pour ramener les règles ; on pratiquera même la faignée du pied. Si elle dépend de la répercuf- fion de quelque humeur cutanée , on appliquera des véficatoires & des cautères pour les rappeler à leur ancienne place. Si elle eft caufée par un excès de boiflbns fpiritueufes, on donnera l'eau de poulet , la li- monade nitrée ; enfin on appliquera à chaque caufe un remède analogue, Monro recommande beaucoup l'ap- plication des bandages pour raffermir les parties , ôc prévenir l'épanchement de l'eau dans le tlffu cellulaire , ou pour repoufl'er celle qui y eft déjà épanchée. Les diaphorétiques peuvent pro- duire les plus heureux effets ; mais leur ufage doit être entremêlé des purgatifs & des diurétiques. Il arrive très-louvent que ces remèdes, quoi- que bien adminiftrés, ne procurent aucune évacuation, & que l'anafar- que augmente; dans ce cas on a recours à des moyens plus énergi- ques. On fait faire alors des fcari- fications , des mouchetures. Cclfc recommande les incifions profondes 6i6 H Y D dans la peau des hydropiques , pour donner une ouverture libre aux liqueurs extravaiées ; le (éton eft très-avantageux; mais ces moyens doivent être pratiqués dans la partie la plus déclive, & dans les endroits où l'on ne puifl'e intéreffer aucuu grand vaiffeau , ni tendon , ni mem- brane , ni nerf confidérable. On ne doit pas non-plus perdre de vue les forces du malade. Il faut les foutenir par des cordiaux; 6c fi l'évacuation des eaux étoit trop confidérable , il conviendroit de l'arrêter par le ban- dage, en faifant un point de com- preffion. On en a vu mourir dans ces fortes d'évacuations , produites par les fcarifications, quelquefois il furvient des ulcères à la place des mouchetures qui fe gangrènent, il faut alors les panfer avec des anti-feptiques (i). M. AMI. HydROPISIE , Médecine Fétérinaîre. Dans l'article précédent , on a fait connoître les diitcrens genres d'hy- dropifie : nous allons traiter feule- ment de celles qui afFeftent le plus les animaux. 1°. De thydropljîe de poitrine. Dans celle-ci la férofité s'épanche H Y D dans la cavité de la poitrine. Les maladies inflammatoires des parties contenues dans cette cavité , tthes que la pleuréfie, la péripneiimonie , la courbature , la pouffe , &c. l'oc- cafionnent. ( ^oyei tous ces mots ). Tantôt elle (e forme dans le péri- carde, tantôt entre les àeux lames du médiaftin, & le plus fouvent dans la cavité dont il s'agit. Elle fe manifelle par la difficulté de refpirer, en fai'aiit attention aux mouvemens des côtes , on voit qu'elles le lèvent avec force. Le cheval regarde de temps en temps fa poitrine , fe couche tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, rerte quel- quefois conftamment (ur les quatre jambes , a des (ueurs fréquentes , Se jette par les narines une férofité jaunâtre , un des fignes certains de cette maladie. Il elt inutile que l'artifle vétéri- naire entreprenne de guérir cette efpèce d'hydropifie par l'ufoge des diurétiques; tels que le vin blanc, l'oximel fcillitlque; & par les hydra- gogues feuls, tels que la diagrède , le jalap, &c. ; ces remèdes n'auroient aucun effér. Le plus court moyen efl de tenter l'évacuation des eaux con- (ï) M. Bexon, curé de Niderftinfel en Lorraine, nous a communiqué les détails de la cure d'un hydropique âgé de 74 ans , qui prouve ju(qu'à quel pomt la nature feule eft capable d'indiquer les remèdes appropriés aux maux qui nous affligent. Le vieillard , dont il eft queftion , fut, au printemps, attaqué d'une hydropifie fi complète de la tête aux pieds, qu'il n'avoit pas figure humaine. li effuya huit ponfkions , qui produifirent l'effet ordinaire. Tous les remèdes de l'art lui furent adminiftrés inutilement ; on le regardoit comme un homme mort. Vers le milieu du mois de novembre, il eut une très-grande envie de boire du lait caillé , & il en but ; les évacuation des felles & des Urines furent des plus abondantes. Il abandonna le lait caillé, & lui fubftiiua, foir & matin, la boiffon d'une demi - bouteille de bas - beurre, ou réfidu qui fe trouve au fond de la batte , lorfqu'on en a retiré le beurre. Pendant la journée , il buvoit à fa foif du vin blanc fait dans le mois précédent, ( fort apéritif en Lorraine). Enfin, après ce régime, qui dura pendant quinze jours, Je malade fut parfaitement guéri. Note du RcdaHeur. tenues H Y D tenues dans la poitrii-.e ; pour cet effet, armez - vous d'ua trocar, eijfonccz-Ie dans la poitrine, à la partie intérieure de la huitième côte, à Là jonûion avec le cartilage , videz à peu p'ès la moitié de l'eau qui y ei\ co 'tenue, enfuite, l'ans retirer la canuie , injedez à peu près la même quantité a'iine décoction vul- néraire titïtQ des {"ommités de mille- pertuis, dans trois chopines d'eau réduites à une pinte , ôi à laquelle vous ajouterez du miel. Deux heures après, tirez les deux tiers de l'eau refîante , ôi injectez encore près du tiers de la liqueur ; repofez- vous pendant deux heures , au bout de ce temps , évacuez fout ce qu'il y aura d'eau , & injeâcz encore environ deux pintes de la même décoclion. Si , lorfque vous tirez la liqueur injeâée, vous remar^quez qu'il n'y en a pas la même quantité, vous devez être affuré que les .vaiffeaux abforbans font leurs fondions, &C qu'il y a tout lieu de compter fur la SLuérifon. 1 . De rhydropljic du bas-ventre , ou afcice. C'eft un amas d'eau dans la capacité du bas-ventre. Le ventre eil tuméfié, les flancs font avalés , l'animal refpire difhci- lement, la fluftuation des eaux fe fait fentir, lorfqu'en prelTant de la main une des parties latérales du ventre , on fait frapper le côté oppofé ; ces fignes font encore accompagnés du défaut d'appétit , de îa diminution des forces vitales & ruîfculaires , de la maigreur, de l'en- flure des jambes, & de l'évacuation modique des urines. Cette maladie eft très-difîicile à guérir, parce qu'elle reconnoît pour principes , l'obllruftion du foie ou Tome V, H Y D 617 du pancréas, ou de la rate, ou du ; méfentère , &c. La première indication qui fe prélente à remplir , eft d'évacuer la férofité contenue dans le bas-ventre îU. dans le fang ; donnez donc fort peu à boire au bœuf & au cheval, tenez - les dans une écurie lèche, déterminez l'humeur furabondante à prendre la route des urines , en paflant fur le champ à l'ufage des réfolutifs & des diurétiques; en conléquence , faites prendre à l'ani- mal le fuc de pariétaire à la dofe de cinq ou fix onces par jour , ou la décciSfion de racine de chardon- roland , d'afperges & de fraifxer, à laquelle vous ajouterez demi-once de lel de nitre par pinte d'eau.. J'ai été témoin des effets furprenans d'urt breuvage compofé de fuc d'oignon & d'eau-de-vie, adminiftré à une vache atteinte d'une hydropifie de cette efpèce. Cinq où fix jours après l'emploi de ces remèdes adminifîrez un pur- gatif compofé d'un gros de jalap, d'autant de diagrède, de demi-once d'aloès, & de demi-once de fel de nitre, incorporé dans luf^ifante quan- tité de miel. Cet hydragogue eft préfé- rable au mercure doux, & à l'euphorbe. On a obfervéque cette dernière fubf- tance échauffe, irrite, caufe d'^s coli- ques violentes, & met l'animal en danger de mourir. Mais il arrive fouvent que ces remèdes n'ont produit aucun effet •fenfible, quoique leur ufage foit bien indiqué , que le ventre fe remp'iffe de plus en plus d'eau, & qu'il fe diflcîuie confiiérabîenient. Il refte encore, pour-d&rr;ii.re rtffource , la ponflion qi:i eft une ouverture pra- tiquée au bas-YÊ»tre , de la même lii* ^i8 H Y D manière ci-deffus décrite , avec cette différence néanmoins que la ponftion avec le trocar doit être faite dans l'efpace compris entre les dernières faufles côtes & les os pubis. En faifant cette opération , il faut avoir égard aux forces de l'animal qui fe trouvent toujours affoiblies, dès que l'on évacue une trop grande quantité d'eau à la fois. Il vaut donc mieux deux jours après réi- térer la ponftion , pour évacuer le refte des eaux , en ayant l'at- tention , dans l'intervalle de cha- que opération, d'appliquer fur la plaie, de l'étoupe cardée, fèche, & affujettie avec un emplâtre de poix. 3°. Dt Vhydrop'ijit du fcrotum. Lorfque l'eau s'épanche dans le fcro- tum, entre le darlos & le tellicule, nous difons qu'il y a hydropifie dans cette partie. Cette maladie étant ordinairement produite par l'enflure œdémateufe des jambes, & par toutes les cau- fes qui donnent lieu à i'hydrocèle, nous croyons devoir renvoyer le leâeur à ce mot. Quant aux fignes & à la curation , voyc^ Hydro- CfeLE. 4°. De rhydrop'ijîi des moutons. Ces animaux font fujets à une efpèce d'hydropifîe par épanchement, qui devient très-fréquente parmi eux, lorfqu'ils paifTent dans des lieux bas & humides , ou couverts de rofée , ou enfin, dans toutes les circonf- îances d'humidité. Mais cette ma- ladie étant particulièrement connue, en médecine vétérinaire , fous le nom de pourriture , nous nous H Y G propofons de traiter au long de fes caufes , de fes fignes , & des obfervations à faire fur la manière de la combattre, (^^oye^ Pourriture). M. T. HYGROMÈTRE ( i ). Les Phy- ficiens jouifTent enfin de cet Infîru- ment qu'ils ont fi long-temps défiré. M. de Luc, citoyen de Genève, en doit être regardé comme le premier inventeur. Il a configné fa découverte dans un mémoire préfenté à la Société Royale de Londres, en 1773. Ce mémoire fè trouve dans le Journal de Phyjîque ^ année \TTj ^ mois de mai & de juin. L'hygromètre de M. de Luc con- fiée eflèntiellement dans un tuyau mince, ou cylindre creux d'ivoire, de 1 pouces 8 lignes de long , & de 1 j lignes de diamètre auquel il adapte un tube de verre femblable à ceux des thermomètres. Ce tube a \ ligne de diamètre intérieure , & 14 pouces de long. Il faut voir les détails de la conf^ruftion de cet inf- trument, dans le mémoire même de M. de Luc. Le plus grand inconvénient de cet hygromètre, c'efi que la fabrica- tion en exige beaucoup de dex- térité , ce qui le rend d'un ufage moins commun. M. de Luc a pourvu lui-même à cet inconvénient, en indiquant de fubflituer des tuyaux de plumes à écrire au cylindre d'i~ voire. Plufieurs phyficiens font partis de ce principe , & ont conf^ruit des hygromètres dont le corps , ou la partie principale & agifîante , eft (i) Ce Mémoire nous 9 été communiqué par M. l'Abbé Copinau, H Y G formé d'un tuyau de plume. Nous allons donner un précis de la fabri- cation & de l'ufage de l'hygromètre à plume, propolé par M. l'abbé Copinau,dans le Journal de Phyfique, mai 1780. On choifit chez un marchand de plumes en gros, dans les paquets d'un fol, des plumes d'oie à écrire; on prend celles qui paroiflent les plus faines & les plus égales , tant pour la hauteur que pour le diamètre du tuyau. Les plumes de cette efpèce ont communément 34 ou 36 lignes de haut, & environ 3 lignes de dia- mètre moyen : elles pèfent de 8 à 10 grains. On coupe le tuyau de la plume à fon origine fupérieure ; on le vide bien , & on en racle , avec un frag- ment de verre , toute la furface ex- térieure , à l'exception de 3 ou 4 lignes par en Iraut. On enlève ainfi au moins un grain du poids de la. plume. Cette opération a pour but d'amincir un peu le tuyau de la plume, Se de lui ôter le poli de fa furface , ce qui le rend plus fen- fibli. Quoiqu'on ait l'attention de choi- fir des plumes bien fermées par le petit bout c, (Pl.XXIV , Fig. /) pour plus grande fureté , on fait couler fur ce petit bout, de la cire d'Efpagne fondue & bouillante , afin que l'air ne puiffe s'introduire par cette voie dans l'intérieur de la plume. Quand le tuyau de plume P c eft ainfi préparé , on y adapte un tube de verre ST, bien calibré , fembla- ble à ceux des thermomètres. Ce tube eft un peu évafé par le bas , clans fon épaifleur. Il doit entrer affez jufte dans la plume , & y être inféré de 4 à 5 lignes j avant de H Y G (Sf9 l'y introduire , on en enduit les bords extérieurs avec le maftic des mar- briers, auquel on mêle un dixième de cire vierge, & un peu de térében- thine. Outre la couche de maflic dont on enduit les bords du tube , après l'avoir fait chauffer fur des char- bons , on en met encore une efpèce de petit bourrelet de '- ligne d'épaifléur & de 3 ou 4 lignes de hauteur, à l'en- droit où le tube de verre entre dans la plume. Ce tube de verre ST peut avoir 10 à II pouces de longueur, & depuis un quart jufqu'à un tiers de ligne de diamètre intérieur. Si le diamctre du tube étoit moindre , le mercure s'at- tacheroit par petits globules aux parois du verre , & la colonne de mercure ne feroit pas continue ; s'il étoit beau- coup plus grand , la marche de l'inf- trunient pourroit ne pas paroître affez ftnjibU. L'extrémité fupérieure du tube eft terminée par un petit renflement ou olive S. L'inflrument étant ainfi difpofé , on le remplit de mercure bien pu- rifié , jufqu'à moitié à peu près du tube. On a grjjnd foin de faire fortir les bulles d'air qui pourroient fe trouver dans l'intérieur de l'inftru- ment. Pour y parvenir, on le tourne circulairement avec rapidité; & en le tient verticalement d'une main , pendant qu'on frappe à coups pref- iés le bras avec l'autre, ou fur le genou. On frappe ainfi , jufqu'à ce qu'on n'apperçoive plus de bulles d'air à la furface intérieure de la plume. On introduit , comme pour les thermomètres à mercure , un crin de cheval dans le tube, pour faciliter la defcente du mercure. I i i i \ 6to H Y G L'hygromètre ainfi chargé, fe met dans de la glace pilce & tondante : on l'y plonge jufqu'au msilic T, avec la précaution d'inférer les plu- mes dans de petits tuyaux de fer- blanc AC, Figure 2. Ces tuyaux ont 30 à 31 lignes de- haut, & environ 6 de diamètre. Leur fond C eu fer- mé, &c l'on foude en dedans, fur la pièce qui le forme, un petit cercle de fer-blanc delHné à recevoir le bout e de la plume. L'orifice fupé- rieur du îuyau fe ferme par le rap- prochement de deux petites pièces de fer-blanc mobiles BB, au centre defquel'.es la plume fe trouve en- gagée par le haut. Ces tuyaux font percés latéralement de petits trous ttt qui lajffent entrer l'eau, mais non les g'açons , lefquels en s'appli- quant fur la plume, la mouilUroient moins que l'eau même. Le vafe où l'on met la glace pilée, doit avoir dans fon fond un robinet par lequel on fait écouler une partie de l'eau , quand on veut renouveler la glace. On pourroit fonder au fond du même vafe , plufieurs tuyaux femblables à ceux que nous venons de décrire. On marque fur le tube de l'hy- gromètre, avec un fil gommé, ou un petit cran, le point le plus bas où fe fixe le mercure. Il eft bon que ce point tombe à 15 ou 18 lignes de i'infertion du tube dans la plume. On ôte ou l'on ajoute du mercure juf- qu'à ce qu'il foit à peu près parvenu à cette hauteur. 11 faut être attentif à faifir le j>oint de la plus baffe defcente du mercure, laquelle fe manitefte communément au bout de i^ à 18 heures : car, paffé ce temps, le mercure remonte à çaufe de l'eau qui s'introduit dans H Y G l'intérieur de la plume , & qui repouffe le mercure. Ainfi donc , quand le mercure commence à remon- ter au-deffus du point qu'on a marqué comme le maximum de la defcente , en retire les hygromètres de la glace. On abrège beaucoup l'opération dont nous venons de parler , en tenaP-t deux ou trois jours les hygromètres à la cave, ou en les plongeant cinq oa fix heures dans i'eau, avant de les mettre à la glace. Le point de la glace fondante étant déterminé , il ne s'agit plus que ds trouver un autre point fixe , pour ea faire \q fuprcmum de l'échelle , comme la glace fondante en a déterminé Vinfimiim. M. de Luc n'a point in- diqué de point femblable, & l'on peut dire que c'eft: à peu près la feule dé- couverte importante qu'il ait laiffé à faire. L'Auteur dont nous analyfons Is mémoire, prend pour le ^omi/uprême de fon échelle, l'effet àt\z pouk cou^ vante fur l'hygromètre. Selon fa méthode, après que Thy- gromètre a été retiré de la glace, & qu'il eft revenu à fon état naturel, on le paffe horizontalement par une fente du panier où l'on a mis couver la poule. Il faut'que la plume del'inf- trument foit au centre du nid, & couverte exaûement par le corps de la poule. Au bout de vingt-quatre heures environ , on aflujettit un fil ciré à la hauteur du mercure dans le tube. On réitère trois ou quatre fois l'obfervation , & jufqu'à ce qu'on fe foit bien affuré du maximum de l'afcenfion du mercure; alors oa retire l'hygromètre, on l'oblerve verticalement, ôi fans perdre ua inilant , on fixe le .61 j, ou même oa H Y G fait un petit cran iur le tube avec une pierre à fufil, au point où Von volt le mercure. Quand on a déterminé ces deux points, on place l'hygromctre fur la monture qui eft des plus fimplrs ; ce n'eft autre chofe qu'une petite planche de fapin évidée à jour ftlon route la hauteur de la plume P e, 8c qui a une petite rainure ce, où le loge le tube. On pofe Iur la planchette le terme o , au point de la plus baffe defcente du mercure, à la glace foridar2tc, & l'on divife en 33 parties égales, ou degrés, l'efpace compris entre ce tenne & celui de la pouU couvante, en forte que ce dernier terme réponde au 33^ degré fur l'échelle, qu'on prolonge à volonté au-deffus & au- deffous de ces deux termes fonda- mentauv. On met le terme fupérieur de l'échelle 333 degrés , parce que l'ob- fervation prouve que ce degré efl auffi celui où la poule couvante fait monter le thermomètre de Réaumur, quoique l'ufage foit de placer ce degré au 32 '-; par là les échelles des deux inllrutnens deviennent comparatives & proportionnelles, comme on va !e voir dans un inftant. On place, à côté de l'hygromctre & fur la même planchette , un ther- momètre de Réaumur , par la raifon que CCS deux inftrumens doivent prefque toujours être obfervés con- jointement & fe corriger l'un par l'autre : voici comment fe fait la corredion ou réduflion de l'hygro- mètre. On prend fur le thermomètre la différence des degrés du thermomètre par rap])ort à ceux de l'hygromètre. Si la différence efl en plus, on la /s- H Y G 6it tranche; Ç\ elle e?. e--- moins , on t ajoute au., degrés de l'hygrcn-ètre : par exemple , fi le thermonittre eft à i z degrés pendant que l'hygromètre eft à 10, on cfiime l'hjgromèue à 10 — 1 = b ; mais fi l'hygromètre étoit à II ôé le thcrniOmètre à 10, on efîJmeroit le premier inftrument à 12 4- 2 r= 14, Se ainfi de tous les autres cas. La boule du thermomètre , ainfi que la plume de l'hygromètre , doit être ifoiée, afin que T'air agiffe librement fur toute fa furfacc. Quand on laiffe ouverte la petite olive S de l'hygromètre , on la bouche avec de la laine ou avec un petit morceau d'épongé. On peut auffi la fceller fans inconvénient, pourvu qu'on ait l'attention de ne le faire que quand le mercure eft au point de la glace fondante, ou à peu près. Après tous les détails où nous venons d'entrer, il fera facile à tous ceux qui auront befoin d'hygro- mètres, de s'en procurer par eux- mêmes. Si cependant on vouloit s'é- pargner la peine d'en conftruire , on trouvera de ces inûrumens tout faits chez le fieur Moffy , excellent conf- îrucleur d'inftrumens de phyfique. Quai Pelletier à Paris. Quand on a un hygromètre bien réglé , il peut fervir (ïétalon pour en régler d'autres , en prenant fur l'inflrument à régler deux points d'ob- fervation les plus éloignés qu'il fera poffibîe , Si qu'on aura vus affez long- temps ^di/Wsa/m. Il fera cependant toujours plus fur de déterminer, par expérience , les deux points extrêmes de l'échelle , ainfi qu'il a été ex- pliqué. Pour que l'hygromètre ait toui 6ii H Y G TefFet qu'il peut recevoir de l'at- molphère , :l faut l'expofer à l'air libre, en le mettant feulement à l'abri de la pluie &C du foleil ; on pourroit le placer au nord dans une petite boîte ouverte par le bas , & qui auroit un vitrage fur le côté oppofé à l'inftrument. L'hygromètre en géné- ral, a peu d'effet dans une chambre clofe. La marche ordinaire de l'inftru- ment expofé à l'air libre , 8c indé- pendamment de toute correftion ou rédudion, fe trouve renfermée entre le terme de la glace fondante &i le 3 I ou 3 i^ degré, ou à peu près ; ainfi on pourroit prendre le 1 6^ degré pour celui du temps moyen. Des hygromètres mis dans les caves de rObfervatoire , font defcendus juf- qu'à un degré au-deflbus de la glace fondante. On a obfervé des différences de quatre ou cinq degrés en diverfes autres caves félon leur profondeur & félon la faifon. La nature de l'hygromètre ne permet pas qu'on l'expofe à un degré de chaleur beaucoup plus fort que celui de l'atmofphère. L'aâion d'une chaleur trop vive femble engourdir les refforts de cet inftrument. Il marche peu étant expofé à un grand feu : remis enfuite à l'air libre , il eft affez long-temps fans donner des marques de fenfihUiti , il ne defcend prefque point. Le meilleur moyen pour rétablir promptement le refTort de l'hygromètre dans ce cas-là , c'efl de le tenir quelque temps à la cave. Dans de l'eau tiède, à rr ou 24 degrés , l'hygromètre defcend à peu près au terme de la glace fondante. Expofé convenablement pendant H YP fiK ou fept heures à l'aûion de la tranfplration infenfiblc de la peau humaine , l'hygromètre s'efl fixé à 1 d> grés au-defîiis du terme de la glace fondante , ce qui équivaut réellement à 18 degrés — o , félon le principe de corr.,fl:ion qui vient d'être établi ci-deffus; car , tandis que l'aâion de la tran'"piration infen- fible abaiffe le mercure de l'hygro- mètre à 2 -f o degrés, la chaleur communiquée à un thermomètre de Réaumur, par la même expérience, l'auroit fait monter au 32^ degré environ ; il faut donc retrancher l'excédent des degrés du thermo- mètre à la chaleur humaine, c'e(î-à- dire, 30 degrés à peu près fur l'hy- gromètre , & l'eftimer dans cette expérience , comme on vient de le dire, à 28 degrés d'abaiffement au- deffous de o. M. Retz , médecin d'Arras , qui , ainfi que M. BuifTart , académicien de la même ville , a travaillé fur les hygromètres à plume , propofe dans fon Traité de C hygromètre , page 48 , de placer le corps de l'inArument fous une petite cloche de verre qui feroit propre à rafTembler & arrêter pendant quelque temps les vapeurs & les émanations diverfes qu'on voudroit connoître & comparer à l'aide de l'hygromètre. Ce procédé fimple & ingénieux peut perfedionner l'ufage de cet inftrument & donner des facilités pour une foule d'ob- fervations météorologiques, phyfî- ques & économiques , des plus inté- relTantes. HYPOCONDRIAQUE. ( Affec- tion). MÉDECINE Rurale. C'eft ainfî qu'on appelle une ma- ladie compliquée de mille accidens H Y P H Y P 6xs extraordinaires, qui attaque le genre mentes, ils éprouvent de grandes nerveux , & qui a fon fiége dans douleurs dans l'eftomac & de fré- ta région du bas - ventre appelée quentes cardialgies. Ils ont les hy- hypocondre. Cette maladie eft fami- pocondres fort tendus & gonflés ; ils lière aux perfonnes qui mènent une reffentent dans les entrailles un fen- vie molle , oifive & trop fédentaire, timent de douleur très -aiguë; leur & qui, par état font obligées de refter appétit eft vicié, ils ont du goût chez elles. Elle attaque auffi très- pour des alimens de mauvaife qua- communément celles qui ont long- lue &: qu'ils digèrent très-mal ; c'efl temps vécu dans la débauche, & dont auffi ce qui leur occafionne de frê- les forces font entièrement ruinées, quens rapports, des borborigmes. Les gens de lettres , ceux qui font des naufées , le vomiflement des ma- dans jl'adverfité, & qui font tour* tières acides, acres, bilieufes & mentes par des peines d'efprit, n'en atrabilaires ; ils vont difficilement font point à l'abri. à la felle ; leur fommeil eft inter- L'afFeftion hypocondriaque eft aux rompu ; c'eft ce qui les fait tomber hommes ce que l'afFetlion hyftérique dans un état de maigreur, de féche- eft aux femmes ; les mêmes fymp- reffe & de marafme , & qui donne à tomes la caraûérifeiat , fes paro- leur peau une certaine craffis , une xifmes ne différent prefque point malpropreté dégoûtante, & à leur des accès hyftériques ; auffi beau- vifage , une couleur brune, coup de perfonnes confondent ces Les urines qu'ils rendent font blan- deux maladies fous la dénomination châtres, quelquefois fort claires & de vapeurs. Quoiqu'il en foit , abondantes, & très- fouvent noires j nous les traiterons chacune en par- la timidité , la crainte & la peur îiculier. lont inféparables de leur état ; la L'affeâion hypocondriaque fe ma- triftefle , une mélancolie affreufe , nifefte par une infinité de maux fi & beaucoup de frayeur troublent compUqués entr'eux , qu'il eft impof- prefque fans cefle leur imagination ; fible de les appercevoir d'une manière les fymptômes qui fe manifeftent évidente , mais que les malades dans le paroxifme , font des fpafmes font eonnoître par les rapports dans tout le corps, 6c fur -tout à la les plus minutieux; ils exagèrent gorge; la déglutition eft interrompue j toujours en paroles les incommo- les convulfionsfurviennent; le trem- dités que d^autres mépriferoient ; blement , l'engourdiflement de toutes ils font toujours à faire des remèdes les parties, le hoquet s'y joint, pour les combattre. Ils querellent tan- les larmes coulent, elles font tou- tôt leurs médecins, & tantôt ils les jours l'annonce de la fin du paro- fatiguent par des demandes & des ré- xifme. pétitionsennuyeufes. Ils font fort cha- Cette maladie |>eut être l'effet grinsfurl'événement&laterminaifon d'une grande application à une étude de leur maladie ; nulle autre chofe ne férieule & très - réfléchie. Les châ- les occupe, & ils s'embarraffent peu grins, les peines d'elprit peuvent k de tout le refte. déterminer; elle peut être occafion- Outre les vents dont ils font tour- née par la fuppreflion des règles & 6t^ H Y P 6c du flax hémorroïdal,, par l'excès des plaifirs amoureux, par la trop grande fenfibilité 6c l'irritabilité des nerfi, par la luppreffion de quelque éruption cutanée , par la rétro- ceffion des pullules , & par i'cbf- truûion du foie 6c des vilcères du bas- ventre. Les grandes hémorragies , les pertes exceffives, l'abus des liqueurs rjjiri- tueui'es, l'ulage des aUmens gref- fiers, venteux & de difEcile digef- tion , peuvent déterminer l'afFeâio-n hypocondriaque , de même que des purgatifs forts & des narcctiq^ies. Elle vient fouvent de la fuppr;(uon fubite d'un flux de ventre falutaire, GU mauvais traitement de quelque gonorr'hée ou de quelque fièvre in- termittente. Les fecours moraux doivent faire la bafe du traitement deftiné à combattre avec quelque luc- cès cette maladie, parce que l'imagi- nation des malades ell: toujours très- affeftée; mais comme ils ne font point fuffifans , il faut fe tourner d'un autre côté & avoir pour objet i°. d'en- tretenir le ventre libre; i°. de com- biner les toniques avec les réfolutjfs; 3°. de combattre les fymptômes acci- dentels qui furviennent dans cette maladie. Nous ne parlerons point de celle qui eft produite par un état ner- veux général ou particulier aux organes digeftifs , mais de celle qui reconnoît pour caufe l'embarras qui dépend d'une circulation lente dans les rameaux de la veine - porte ven- trale ; ce qui produit les obltructions des vifcères du bas-ventre, foit que ces obllruftions foient fenfibles, foit qu'elles ne le foient pas. La tenfion ne vient point toujours de l'obftruc- îion dg la rate, elle eil due quel' H Y P quefois au fpafme des mufcles du bas- ventre. La nature détern.ine divers flux fpontanés pour la folution de cette m^ladie. Le flux hémoiroïdal eu le pUi'; ordinaire, mais pour qu'il fcit critique, il faut qu'il a.t des retours réguliers. Les déjeclions atrabilaires font auiTi critiquts, parce qu'elles font caufées par la (Jé>zcnérat:0ii de la rae; mais eilts ne fou'agent que pour un temps. Les cours de ventre ordinaires refont pas d'un grand fecours, s'i's ne font conilans, &C de matlè.*"-: aîrdl)i'.a:re. Il f.irv'i?nt q-!r'quefjis des fueurs, cependant rares, 6i qui terminent cette maladie. 1°. Pour combattre les embarras des vifcères du bas -ventre qui for- ment des concrétions po'ypeules , il faut donner des lavemens, ap- pliquer des émoUiens , & pafler enfuite à d'autres plus réfolutifs qu'il faut faire garder long- temps au ma- lade ; on en pourra retirer quelque avantage , en les compofant avec le fon , le fuc de chicorée &C de camo- mille. Baglivi a guéri des affetlions hypocondriaques par un long ufage de l'eau de rhubarbe; mais comme elle efl; aflringente , elle peut faire beaucoup de mal , en empêchant la fortie des vents qui rendent cette maladie incurable , comme l'a fort bien obfervé Sauvages. Les purgatifs doux, tels que la manne, la cafle , produlfent des vents, & font con- traires. Les purgatifs forts auroient de grands inconvéniens; mais en général ils font moins, contre -indi- qués que les émétiques dont l'effet efl fuivi d'étranglement & de fpafme. Cependant Picarn préféroit l'émé- tique & croyoit que ce remède cnie- voit le foyer de la maladie ; mais aupa- ravant H Y P ravant il préparoit le malade par la décoftion d'orge , le lait èc autres adouciffans. i". Il faut combiner les réfolutifs avec les toniques. On combine avec beaucoup de fuccès les fevonneux , le fuc des plantes chicoracées avec l'extrait de fumeterre & autres amers. Ces derniers, pris en extrait , agiflent beaucoup mieux que fous toute autre forme. Les eaux minérales ferrugineules conviennent très- bien H Y S HYSSOPE. ( Voyez PLwc. XX , page 501 ). Tournefort la place dans la troifième feftion de la quatrième claffe des herbes à fleur d'une feule pièce & en lèvres dont la fupcrieure tlî retrouflce; & il Tappel'e hyjfopus cfficinariim, \'on - Linné la nomme hyjfopus officinalis , & la claffe dans la didynamiï gj'mnofpermie. Fleur, compofée d'un tube B menu & cylindrique à fa bafe , renflé vers le milieu , évafé à fon extré- mité, partagé en deux lèvres dont la fupérieure efl élevée & échan- crée au fommet; l'inférieure rabattue & divifée en trois parties, dont les deux latérales font rondes, la moyenne découpée en cœur. La Figure C re- préfente la corolle ouverte avec quatre étamines dont deux plus grandes & deux plus courtes, La corolle eft attachée par fa bafe autour du calice D. Le calice eft un tube divifé en cinq dents aiguës; il eft repréfenté ouvert en E. Fruit. L'embryon repofe autour du calice; il eft compoic de quatre ovaires diffinds qui deviennent autant de graines F, Feuilles^ fimples , ovales, entières, adhérentes à la tige. Racine A, ligneufe, dure, fî- breufe , de la grofl^eur du petit doigt. Port; tiges hautes d'une coudée, quarrées , rameufes , caffantes; les fleurs naiffent au fommet en épi d'un feul côté ; les péduncules chargés de plufieurs fleurs ; deux feuilles florales à la bafe des péduncules les feuilles oppofés fur les tiges. Lieu; cultivée dans nos jardins; la H Y S plante eft vivace & fleurit en juin,^ juillet & août. Propriétés. Fleurs à odeur forte i aromatique ; faveur un peu acre ; feuilles plus aromatiques , d'une fa- veur légèrement amèrc. Les feuilles font médiocrement expc'florer dans la toux catarrale , l'aflhme pitiù- teux , l'ulcère des poumons par in- flammation lorfque la fièvre efl lé- gère, que la toux eft rare & l'expec- toration difiicile. L'obfervation n'a pas établi fi elles font accompagnées d'un fuccès heureux dans l'apoplexie pituiteufe , l'épilepfie par fufpen- iion d'humeurs , la jaunifl"e par obf- truftion des vaiffeaux biliaires, l'hy- dropifie par obflruftion du foie ou de la rate , la colique néphrétique par des graviers, l'ifchurie catarrale, extérieurement, fi elles contribuent à la réfolution de l'inflammation catarrale du globe de l'œil & de l'ophtalmie humide , & fi elles dif- fipent le tintement des oreilles par des matières (éreufes. C'eft ainfi que M. Vitet s'explique dans fa Phar- macopée de Lyon , fur les propriétés de cette plante , tandis que la majeure partie des auteurs en font le plus grand éloge pour les cas où M. Vitet regarde fes propriétés comme très- douteufes. Le firop d'hylTope ne doit pas être préféré à l'infufion des feuilles édulco- rées avec du fucre. L'eau diflillée d'hyffope ne jouit point des vertus de l'infufion des fleurs & des feuilles. HYSTÉRIQUE, (^VoyeiVk' PEUR ). 6xj I F Ictère. (F(y«î Jaunisse). IF. Tournefort le place dans la quatrième feftion de la dix-neuvième clafTe deftinée aux arbres à fleur en chaton mâle & femelle, fur le même arbre & à fruit mou , 8c il l'appelle taxus. Von-Linné le claffe dans la diœcie monadelphie, & le nomme taxus baccata. Cet arbre efl: fingulier dans fa fruftlfication : plufieurs auteurs, très- dignes de foi, ont vu ( & non pas moi ) les fleurs mâles & les fleurs femelles fur le même arbre , mais féparées ; pour l'ordinaire les fleurs mâles naiffent fur un arbre , Se les fleurs femelles fur un autre. La féconde fmgularité tient à fon fruit ; on n'en connoît point encore qu'on puifll'e lui comparer. Fleur. Les mâles forment de petits bouquets ou chatons d'un vert pâle; la réunion des étamines par leur bafe & leur développement au fommet, donnent au total la forme d'un petit champignon , mais découpé depuis cinq jufqu'à huit crénelures. Fruit ^ baies molles, charnues , pleines de fuc , creufées dans la par- tie antérieure en grelot , & d'une belle couleur rouge vif. Elle ren- ferme une femence ou noyau poin- tu , fort luifant; le fommet de ce noyau fort quelquefois de fa cap- fule. FiiiilUs, toujours vertes & d'un vert brun, excepté à leur naiflance; aiguës, ferrées & rangées fur leur I F pétiole comme les dents d'un peigne. Elles font linéaires, très-entières. Racine^ grofle , dure, protonde. Port ; arbre très-dur, rougeâtre î veiné , prefqu'incorruptible ; les fleurs raiflent feules à feules , & des aifl"elles des feuilles. Propriétés. Cet arbre , dit-on , aime les lieux fauvages & élevés, où il croît naturellement. Je croirois plu- tôt qu'il étoit autrefois très-commun en France, que peu à peu nous l'y avons détruit, & qu'enfin , s'il exifle aujourd'hui dans les endroits âpres & écartés , fur des rochers menaçans , c'efi: qu'on n'a pu les couper. En effet , il en exifte près de Salins en Franche-Comté, dans la Valais; on en voit de très - vieux à Sainte - Beaume en Provence , dans la forêt d'Atos , dans les Py- rénées , &c. Malgré la profcription à laquelle cet arbre a été voué, je ne crains pas de dire qu'il ea exille plus aujourd'hui dans les jardins que dans tout le reffe du royaume. Il réfultera de cette prof- cript.on , qu'une fois entièrement chaffé des jardins, cette efpèce d'ar- bre deviendra on ne peut plus rare, & que l'on finira peut - être par l'anéantir. Cependant, je demande grâce pour lui : fi on l'exclut d s jardirs , qu'on le la ffe au moins v'vre dans les forêts , & dans fon pays natal ; fon tronc peut s'élever à la hauteur de quarante pieds, fon bois efî incorruptible, aucun n'efî à com- parer pour la conduite des eaux. U K. k k k i 62B I F le difpute au buis pour le tour , & à tout autre bois dans le charron- nage; car, outre fa dureté & la lon- gueur de fon exlftence , il eft doux, louple & liant ; fes rameaux font ex- cellens pour faire des échalas; heureux celui qui en auroit un affez grand nombre pour fes vignes! de trente ans il n'en achèteroit pas de nouveaux, l.e bois du meilleur chêne vert ne vaut pas mieux que Fif pour faire des dents de roues de moulins. Ce bois prend au tour un beau poli, & eu. fuicepîible d'un noir auffi brillant que celui de l'ébène. Les anciens plantoient des ifs dans les cimetières. La couleur fombre de leurs feuilles augmentoit les idées noires qu'inipirent ces lieux lugubres, où tout rappelle la deftrudion. La facilité avec laquelle on taille l'ïf, & la docilité de fes branches à prendre la forme qu'on veut leur donner, les avoît fait admettre dans les jardins d'ornement On les a taillés en pyramides rondes , quar- xées, entrecoupées. Elles étoient dl.'pofées le long des allées , & un jardinier fe croyoit im homme fort habile lorfqu'il étoit parvenu à leur donner une forme contre - nature. Cet ufage fubfifte encore dans toute fa vigueur en Flandre, en Hollande, &c. ; en voit fur - tout à Bruges , dans un jardin de religieux, où l'on 3 grand foin de conduire les étran- gers, de très-grands ifs qui repré- sentent en figures coloffales ,. des tours de girandoles, &c. : un guer- rier armé de pied en cap , y eft repréfenté par deux ifs qui forment fes deux jambes , & le tronc des deux arbres réunis , deffinent avec kuTS branches & leurs feuilles , la %ure de Ihomise ^ fon hsbillement î F & fon armure. Un des deux ifs a perdu le feuillage à un pied ; eit forte que le guerrier femble avoir une jambe deflechée où il ne refte plus que l'os. Deux autres ifs accou- plés , reprélentent une prlncelle avec un grand panier, & une figure à l'an- tique ; & fon page qui lui porte la queue , eft en buis. Les quatre élémens font perfon- nifiés ; l'eau par un pêcheur; l'air , par un chaffeur ; la terre , par un jardinier qui tient en main un navet; le feu,, par un homme qui ftime fa pipe. Je ne finirois pas f; je voulois rapporter les figures auffi ridicules que déplacées,, dont on a cru décorer les jardins, Heureufement cette mode gothique fe paffe; mais on la fupplée par des colifichets qu'on décore mal à propos du nom de jardins anglois,de jardins, chinois : ils le font en effet ; mais c'eft le relief des jardins qui mérite cette dénomination. L'if fe multiplie par graine qu'on fème auiTitôt qu'elle eff mûre; oa l'enterre avec fa pulpe, fi on veut qu'elle lève au printemps fuivant;. cependant, malgré cette précaution,, plus de la moitié relfera deux ans en terre avant de lever ; il faut choiiîr des expofitions au nord : fi la terre efl douce, friable & végétative, il eli inutile d'en préparer de nou- velle, finon en faire une d'avance avec les débris des feuilles d'arbres ou de plantes réduites en terreau; mais comme cette terre auroit trop peu de confilîance , & que fon humidité s'évaporeroit très- facilement pour peu que l'on habite un pays chaud , il convient de- mélanger ce terreau végétal avec une égale quantité de bonne tsrre de jardin^ I F L'année révolue , & avant l'hiver, on lèvera les jeunes plans avec toutes leurs racine^ adhérentes à la terre, s'il fe peut, & on les portera dans une pépinière au nord, ou dans un lieu affez ombragé par des arbres. La dif- tance d'un plan à un autre doit être de douze à quinze pouces. On le multiplie encore par marcottes & par boutures. L'if, par la multiplicité de fes racines , détruit les plantes de (on voifinage. Je fais par expérience , que des arbres fruitiers plantés dans le terrain d'où l'on avoit arraché les ifs qui le couvroient, y ont très- mal réufll pendant plus de vingt ans; on n'a pas ceffé d'en replanter de nouveaux , Si la maffe totale eft foible Se lansuiffante. 11 auroit fallu renouveler ce terram, & c'eft ce qu'on n'a pas fait. Les auteurs ne font point d'ac- cord fur les propriétés médicinales de î'if. Les continuateurs de la ma- tière médicale de M, Geoffroy , cher- dient à juftiiier l'if, malgré l'opi- aion des anciens , des qualités délé- tères qu'ils lui fuppoloient. Nous avons vu , difent-ils , plufieurs fois des enfans manger des baies d'if au jardin du roi à Paris , fans aucun mauvais retour. Diofcoride dit que celui qui naît en Italie &C dans la Gaule narbonnoife efl venimeux, tandis que celui qui naît dans d'autres pays ne l'eft pas. Cette différence dans les qualités de certaines plantes eft très-fenfible , fuivant les climats où elles végètent : l'état de la vigne eu très-aâif dans les provinces du midi & très-peu dans celles du nord; la différence même eft fenfible de Tété à l'hiver. M.. Paulet , médecin de la faculté î L I 61^ de Paris, dans un Traité des maladies épifootiqucs , rapporte , d'après l'affer- tion du célèbre Haller, qui eft fure- ment d'un grand poids , que les feuilles de rif ont été fouvent funeftes aux vaches ôc aux chèvres qui en avoient brouté. Qui nous fortira donc de cette indécifion funefle , paifqu'il s'agit de la vie ou de la inort ? La vé- rite du fait ne peut , je p?nfe, être révoquée en doute; mais elle tient à quelques circonila:ces qu'on n'a point affez examinées. La fociété royale de médecine , feule , eft dans le cas de reprendre tout ce qui a été écrit fur les propriétés des plar.tes;. chacun de fes membres exaniinerolt avec foin une famille , ainfi que M. Paulet l'a fait pour celle des cham- pignons; enfin , fous peu d'années on îauroit décidément à quoi s'en tenir. M. Vitet , dans fa Pharmacopée de Lyon , & avant lui , l'illuftre von- Linné, ont déjà fixé les opinions fur les propriétés qu'on attribaoit à cer- taines plantes, mais cela ne fufiit pas encore. Puiffe la fociété royale de médecine, qui facrifie tousfes momen& 'au bien public, prendre en confidéra- tion un travail digne de fon zèle & de fes lumières ! ILIAQUE, (paffion^ MISERERE^ ÎLEUS VOLVULUS , Méo-^ciNE RURALE. La paffion illnque eff une maladie aigué , qui s'annonce par une conflipation opiniâtre, des borbo- rigmes & le vomiffement de matières- fécales, avec douleur violente des." inteftins. Elle a le plus ordinairement fort. fiége darts l'inteftin ileum; c'efî auff?! de l.-\ qu'elle a pris le nom de paffiora iliaque.. On; l'appelle auflî vulgaire-i ment nùfcréréy à çaufe de I3 pitié & c'ei 630 I L I la commifération qu'arrache l'état atFreux des perfonnes qui en font attaquées. Cette maladie eft des plus cruelles & des plus dangereuses : dans fon début elle tient une marche affez lente ; les malades rejettent , par le vomiflement , les matières contenues dans l'eftomac; peu de temps après, de la bile mêlée avec des parties chyleufes ; alors elle prend une autre marche plus rapide ; ils vomiflent quelquefois , non-feulement les ma- tières fécales , mais encore les lave- mens & les fuppofitoires; l'anus, pour ainfi dire , fe ferme ; les malades ne pouvant plus aller à la felle , le bas-ventre fe tuméfie, la foif devient très- forte , 6c la chaleur exceffive ; le pouls eft dur, piquant, tendu & très -ferré; la refpiration devient plus difficile; ils fe fentent embrafés intérieurement , & l'eau qu'ils boi- vent pour étancher leur foif, aug- mente leurs tranchées; ils éprou- vent, dans la région ombilicale, les douleurs les plus aiguës ; le hoquet furvient , les convuUions fuivent de près; les foibleffes répétées, les fueurs froides , & le froid des extré- mités annoncent une mort pro- chaine. Elle reconnoît les mêmes caufes que l'inflammation de l'efto- mac; la conftipation , l'endurcifTe- ment des matières fécales , le défaut de faculté expultrice des inteflins, leur inflammation, peuvent produire cette maladie. Elle eft auffi fouvent excitée par la préfence des vers , par des poifons pris intérieurement , par des cham- pignons vénéneux , & par un émétlque & des purgatifs très-forts. Elle peut encore être occafionnée par des con- crétions plâtreufes ôc pierreufes qui fe I L 1 forment dans le tube Inteftinal , par un fquirre , &C par une hernie avec étranglement. Mais la caufe immédiate de cette cruelle maladie , eft le renverfement des inteftins, qui, rentrant les uns dans les autres, forment un étran- glement qui intercepte le cours des matières par en bas , & les fait refluer vers le haut ; ce qui arrive toujours lorfque la hernie eft avec étranglement, &c engagée dans l'an- neau des piliers des mufcles du bas- ventre. Smnert a obfervé cette maladie produite par un fpafme , & fana- crophic des humeurs. L'ufage des fruits trop aftringens , peut auffi caufcr la paffion iliaque. Fcrnd nous en donne un exemple , Pathol. lib. I ; enfin , une compreffion forte fur un inteftin ; celle de l'inteftin reûum par une mûk renfermée dans une trompe; la chute des inteftins dans les bourfes^ font des caufes d'autant plus certaines, qu'elles ont été obfervées par des médecins très- célèbres ; & confirmées par l'ouver- ture des perfonnes mortes de cette maladie; il eft vrai que les décou- vertes qu'on a faites , n'ont pas été toujours égales ; on a trouvé dans les uns, les inteftins enflammés, entortillés , entrelacés , & même noués; on a vu dans les autres, une portion d'inteftin déplacée & engagée dans quelque anneau, la gangrène dans certaines parties, des tumeurs fquirreufes dans le cxciim , des concrétions calculeufes dans le pancréas & le niéfentère; mais il réiulte des obfervations les mieux fuivies, que l'inteftin iUum eft plus fréquemment affefté que les au- tres. 1 L I La pafTion Iliaque eu une maladie très-dangereufe , qui a une termi- naifon prompte ; elle ell toujours mortelle fi elle dépend d'une inflam- mation générale des vifcères ; elle efî fufceptibîe de guéri Ton , fi elle ell lubordonnée à la conftipation & à la préfence des vers ; enfin , le pro- gnoftic varie félon la caufe qui la produit. Dans la pafiîon iliaque, caufée par hernie avec étranglement, il faut faire en forte d'en procurer la ré- dudion par des bains & des fo- mentations émollientes , & fi ces fecours font infuffifans , on en vient à l'opération , qui eft en général dangereufe : on doit faigner félon les forces du malade, & le degré du mode inflammatoire. Si le vomiffement n'eft pas bien opiniâtre , &c qu'il n'exifle point des fignes d'inflammation bien forte , on donnera des purgatifs alTez éner- giques pour remédier à la confii- pation , & rétablir la liberté du ca- nal intefiinal; on doit les prendre dans la claflTe des minéraux-. Les pur- gatit"s falins font préférables aux au- tres. Storkc recommande beaucoup une combinaifon de fel ammoniac & de crème de tartre prife d'heure en heure. Si le vomifl"ement & les douleurs font confidérables , on donnera des narcotiques ; il fera même très-utile de les combiner avec les purgatifs. La fumée de tabac dans l'anus, eft très-recommandée ; mais elle peut être dangereufe lorfqu'il y a inflam- mation ; fon ufage ne peut avoir lieu que lorfqu'il s'agit de redonner 3U redum , & au fphinder de l'anus, le mouvement pénllaltique; & par- là déterminer l'expulfion des matières fécales. I L I 63. Hippocrat: veut que dans le vol- vulus , on fafl"e pénétrer du lait dans le tuyau ir.tefiinal , par le moyen d'un foufllet de boucher : mais il veut aufil qu'on ïài^ç précéder les faignées : on a propofé de taire avaler du mer- cure en grande quantité, & des balles de plomb. Cette méthode pourroit être très-dangereufe, pour peu qu'il y eût difpofition à la gangrène. Merly propole de donner du mercure avec Id conferve de cafiTe , dans des cas extrêmes. Il ne faut pas toujours fuppofer une invagination pour expliquer le vomilfement qui a lieu dans la paf- fion iliaque ; il eft plus naturel de penfer qu'il y a une efpèce de fuc- cefllon , un changement mobile , fucceflif , qui fe répète dans tout le canal inteflinal , & produit ce fymp- tôme. Les bains froids des jambes , en faifant monter l'eau fucceffivement julqu'aux genoux, ont eu des effets heureux , en procurant une détente avantageufe, par la fy mpathie qu'ont les extrémités avec le bas -ventre. Young appliqua de l'eau froide fur le bas-ventre d'unefemmegrofle à terme quiavoitun mifîuié , il fe fit une ré- volution qui procura heureufementla foi tie de l'enfant. Les vermifuges , tels que les hui- leux, .la thériaque , les yeux d'é- creviflTe, & le corail rouge préparés , feront employés lorfqu'il y aura quelques fignes de la préfence des vers dans l'efiomac , & dans le tube inteflinal. Les boiflTons adoucifTantes, comme l'eau de poulet nitrée, le petit lait, donné à grandes dofès , feront très- appropriées, lorfqu'on voudra com- battre l'inflammation générale des 6"ji i M M vifcères du bas-ventre; mais les faignées q\i'on répétera plus ou moins, produiront encore des effets plus lalutaires. La nourriture des malades fera très-légère; on les nourrira avec des crèmes de riz à l'eau légèrement aci- dulée; le bouillon qu'on leur donnera fera coupé- avec une partie d'eau com- mune, pour qu'il foit plus léger &c qu'il échauiTe moins. On ne doit pas négliger certains topiques, qui peuvent produire les plus grands biens ; on a retiré de «^rands eiFets d'un linimen-t fait avec la graiffe & le camphre , & des ca- îaplafmes préparés avec l'huile de înenthe 6l la thériaque. M. AMI, IMMOBILITÉ , MÉDECINE vété- rinaire. Cette maladie eft aflez rare dans les animaux. Le cheval atteint d'immobilité ne recule que très- difHcilenient; fi en le £iifant avancer on l'arrête tout à coup, il refte dans la place où on le met, fes jambes fe croifent fous lui ou en avant, & il <:onferve la même pofition lorfqu'cn lui iéve la tète. On voit bien que cette maladie a quelque reflemblance .avec celle, qu'en médecine humaine, on appelle cataUfJie, ( Foyei Cata- lEPSIE ). Nous n'avons obfervé qu'une fois cette maladie , fur la route de Lodève il Montpellier, dans une mvde attelée à une charrette , & faifie d'effroi par un coup de tonnerre qui tomba à douze pas d'elle. Tous les fymptômes i:i-deffusfe manifellèrent, & le char- retier ne pouvant ni la faire avancer, jni rfeculer , on fut obligé de lui ouvrir îes carotides. M. la Fofle a obfervé que l'immo- î^iiiig peut yenir à la fuite d'une l M M longue inaladie, principalement dans les chevaux qui ont échappé au mal de cerf. ( Foye^ ce mot ) Il a auiïî remarqué que les chevaux mal conf- truits , dont la croupe eft avalée, fortraits , & dans ceux qui ont eu des eiForts dans les reins , ont refté quelquefois immobiles. Dans ce cas l'animal mange fouvent, mais avec lenteur , & il périt infenfiblement , malgré les remèdes les mieux indi- qués. IMMORTELLE. Les jardiniers donnent le même nom à trois plan- tes très - différentes. Comme leurs fleurs confervent après Texficcation la même couleur , de cette pro- priété dérive leur dénomination ; d'après elle on diftingue trois genres d'immortelles; Xa jaune ,\d. violette , ÔC la xcrantheme. I. Immortelle jaune. Tour- nefort la place dans la féconde fec- tion de la douzième claffe , deftinée aux fleurs à fleurons, dont la fe- mence eft aigrettée , & il l'appelle elyciiryfum. Von-Linné la clafi'e dans la fuigénéfie polygamie fuperflu^ , & l'appelle Gnaphalium. Stcechus. Syft. Nat. , 13^ cdit. Il en compte Quarante efpèces que je ne décrirai certainement pas : il importe. peu aux cultivateurs & aux fleurifles de .les connoître. Fleur. C'cft le calice , proprement dit, qui fait la beauté de la fleur : il eft compolë de plufieurs rangs d'écaillés de couleur de fleur de foiifre ; chaque écaille eft creuiée ea cuilleron, difpolée fur l'écaillé en deflbus ei\ recouvrement. Dans le centre de ce calice font les vrrues par- îles conilituantes de lu fleur , c'eft-à- dire n I M M dire l des fleurons hermaphrodites dans le difqiie, & femelles à la cir- coiiférence. Frutt. Les fleurons femelles & her- maphroc''.^ roduifent des femences Semblables, oblongues, petites , cou- ronnées d'une aigrette plumeufe. Avant l'épanouiflement du calice , la couleur de la fleur refl"emble, comme il a été dit , à celle de la fleur du fafran ; mais après l'épanouiATement , les aigrettes paroifleni , & font colo- rées en rouge. FiuilUs oblongues , en forme de fpatule, marquées d'une forte nervure liir le dos, cotonneufes en defl'us &en dedous , embraflant les tiges par leiir bafe. Racine ligneufe , fibreufe , noi- râtre. Port. Efpèce d'arbrifl"eau dont les tiges s'élèvent de i8 à 24 pouces, & lontfeuillées, & les feuilles oppofées. Les fleurs naiffent au fommet , difpo- fées en corymbe , & chacune a fon pédicule particulier. Lieu; commune dans les pro- vinces méridionales : la plante efl: vivace. Culture. J'ai beaucoup de peine à me perfuader que l'immortelle jaune ou dorée , cultivée dans nos jardins, foit ablolument la même efpèce que celle qu'on rencontre dans les champs de Provence, de Languedoc, & qu'on y appelle Stacafcitrin. Cependant, à la grandeur près de chaque partie de la plante , elles fe reffemblent beau- coup. En ce cas, celle des jurdins eft une efpïce jardinière {voye^ ce mot), & elle mérite l'attention des ama- teurs. D'un autre côté je vois qu'elle craint le froid, que dans nos pro- vinces du nord elle exige la ferre chaude pendant l'hiver, ce qui la Tonii V, I M M 635 rapprocheroit du gnaphalium exi- mium (Lin, i}^ «V/'r. ) originaire du Cap de Bonne-Efpcrance. Quoi qu'il en ioit, cette plante craint l'humidité dans les ferres , & alors la moififlure s'en empare ; un froid un peu vif la fait périr , ainfi que les trop grands arrofemens pendant l'été. On la mul- tiplie facilement par graines femées dans un terreau léger , & encore plus facilement , en éclatant les tiges & leivr laiflant un peu de racines. Chaque année, à la fin de l'hiver, on doit dépoter la plante, fupprimer les che- velus qui tapifl'ent le vafe , & lui don- ner de la terre nouvelle & très-végé- tale. Pour avoir la fleur dans fon plus bel état, il ne faut pas attendre fon entier épanouiflement. II. Immortelle Violette, ou Va.oai'O. Tournefort la range parmi les fleurs flofculeufes, & l'appelle amœcanthoides lycnidis folio capituUs purpurcis. Von - Linné la nomme gomphnna globofa , ôc la dafl'e dans la pentandrie digynie. Fleur. Deux feuilles florales fervent de calice à la fleur générale raflem- blée en tcte contre un axe ou co- lonne qui fert de point d'appui à chaque fleur en particulier. Le calice eft coloré 6c compofé de deux pièces qui recouvrent les pétales au nom- bre de cinq , de couleur verte , & très-étroits; les étamines au nom- bre de cinq, & le piftil fe divife en deux. Fm//; capfule ronde, fendue tout autour, contenant une feule femerice arrondie, excepté à fon fommet. Feuilles , d'un vert foncé tirant fur le rouge, Amples, entières, ovales, alon- gées , marquées en deffous par une nçr? vure faillante. L 1 1 I (Î34 I M M Racine, très-fibreufe. Port. La tige branchue s'élève ordinairement à la hauteur d'un pied ; la fleur générale naît à fon îommet , ordinairement lolitaire , quelquefois deux à devix ; elle cfl beaucoup plus greffe que celles qui poufil^nt fur les rameaux ; les pédi- cules qui fupportent les fl?urs lont un peu velus ; les feuilles font oppofées. Lieu; cultivée dans nos jardins, originaire des grandes Indes, com- mence à fleurir en juillet : la plante efl annuelle. On y cultive également une autre immortelle, qui ne diffère en rien de celle - ci , finon par fa fleur blanche. Culture. Elle demande à être fe- mée fur couche dans nos provinces du nord , & fous cloche pour peu que la faifon foit froide; & dans celles du midi , en pleine terre, contre de bons abris , fi on ne trouve pas à mieux employer le fumier qu'à des couches. La terre qui re- couvre la couche , doit être très- sr.euble ; le vieux terreau des cou- ches, mêlé avec autant de bonne terre de jardin , eft ce qui lui con- vient le mieux. Quelques amateurs confeillent de faire tremper la graine dans l'eau, pendant pluCeurs heures , avant de la femer; un léger arrofe- ment après avoir femé, ne vaudroit- il pas mieux ? Je crois que la terre s'uniroit mieux aux graines. Lorfque la plante a un ou deux pouces de hauteur , on la repique fur une nouvelle couche , ou encore mieux dans de petits pots qu'on enfouit dans la couche ; enfin , lorfqu'elle commence à marquer fleur, & que la chaleur de la faifon commence 1 M M à être forte , on la dépote avec toutes fes racines & fa terre , & on lui donne un plus grand vafe. Dans les provinces méridionales , il faut moins d'embarras; dès que la plante commence A marquer fleur, on arrofe la terre de la pépinière la veille de la tranfplantation ; le lendemain ^ avec la houlette , la bêche ou le luchet , Sec. , on l'enlève avec la. terre & fes racines, pour la mettre en place dans le parterre, à demeure, ou dans des vafes. Mais comme la chaleur du foleil eft très-adive , on fera très -bien, après avoir arrofé la plante , de la recouvrir avec un vafe renverfé , fi on en a , ou avec des feuilles de choux , ou d'arti- chaux , que chaque foir on aura foin d'enlever, afln de la laiffer profiter de la fraîcheur de la nuit & de la rofée; on répétera cette petite opération jufqu'à ce qu'on foit bien affuré de la reprife de la plante. La meilleure graine pour femence, efl celle de la tête venue la première, & au haut de la mère tige. On place ces plantes en maffifs dans les parterres , ou bien on les difb-ibue parmi les autres plantes, d'automne. III. La XERANTHiME.Tournefort la place dans la cinquième feâion' de la quatorzième claffe, qui com-- prend les herbes à fleurs en rayons^ dont le difque eft compofé de pé- tales aplatis , & il l'appelle Xeran- thcmum fion Jîmplici , piirpureo majori, Von-Linné la nomme X&ranthemum annuum , & la clafl!"e dans la fmgénéfie polygamie fuperflue. Fleur. Les écailles du calice font, biillantes, marquées dans le milieu. i:^n, . /: l'/.xxn />/• "^v wn/uri/ l'Jn- Sellier- San /y.x'.y; /w. 6.7^ Seiiicr Satfyf I M M d'une ligne pourpre. Les petits fleu- rons hermaphrodites font dans le difque , en forme d'entonnoir & en aflez grand nombre ; les fleurons fe- melles, en forme de tube, en petit nombre, & dans le difque. Les éta- mines des fleurs hermaphrodites font au nombre de cinq, & le pKlil fe divife en deux. Fruit ; réceptacle couvert de pe- tites écailles, entre lefquelles (ont des femences ovales , aplaties , couronnées d'une très - petite ai- grette. Feuilles , lancéolées , ouvertes , blanchâtres , Amples , très - en- tières. Racine , très - petite , prefque Ample. Port. Tige herb;icce prefque ra- meufe; les rameaux en très - petit nombre, Amples, cotonneux , s'écar- tant des tiges ; les fleurs naifl'ent feules au fommet des rameaux ; les feuilles font alternativement placées fur les tiges. Lieux ; les terrains fecs &: arides du Languedoc, de l'Italie, 6cc.; la plante eft annuelle , & fleurit en août. Culture. On fème au commence- ment de mars, dans le midi de la France , & à la fin d'avril, en pleine terre à fon nord. La terre ordinaire de jardin lui fufiit; cette plante craint les grands arrofemens. Je crois que celle que nous cul- tivons dans les jardins, efl une va- riété due à la culture , & qui la fait différer de grandeur & de force de celle qui croit d'elle-même dans nos terrains incultes. Tournefort en dé- couvrit une grande efpèce dans fon Voyage au Levant , qu'il nomma jlore maximo ; mais c'eft toujours I M P <Î35 la même efpèce que la première» à la grrnJeur près. En toial, cette plante produit un petit etfet pour les grandes pièces , parce qu'elle s'é'cve peu ; fes rameaux décharnés & les feuilles blanchâtres figurent affez mal. Il n'en eft pas ainfi dans un efpace rapproché , tout fe voit , & rien ne s'y confond. Ce qui plaît de cette plante , c'eft que fes fleurs confervcnt leur couleur pendant plus d'années , & elles dédommagent des privations de l'hiver, IMPÉRATOIRE , au BENJOIN FRANÇOIS. (Voyez Planche XX, page 501 ). Tournefort la place dans la quatrième fedion de la première claiie , qui comprend les fleurs en rofe & en ombelles , dont le calice fe change en deux femences ovales &r aplaties, & il l'appelle imperatoria. major, Von-Linné la nomme imfe~ ratoria oflruthium, &c la claffe dans la pcntandrie digynie. Fleur B, compofée de cinq pétales égaux , & d'un blanc terne ; C en repré- lenteunféparédelafleur. Les étamines font au nombre de cinq, & le piftil D eft divifé en deux. Fruit E , compofé de deux fe- mences foutenues par le pédicule de la fleur , qui fe partage en deux branches de la longueur de la graine fcu'ement. Les femences F font con- vexes, cannelées à leur furface ex- terre , ailées & aplaties à leur furface interne. Feuilles. Celles qui partent des racines font divifées en trois folioles, larges, ovales à grandes dentelures, quelquefois trois fois trois fur le même pétiole. Racine A , oblongue , épaiflie , ridée ^ L 1 1 1 a 63^ I M P articulée, fe propageant par des rejetons , jaune en dehors , blanche en dedans. Port. Tige de vingt quatre à trente pouces de hauteur, au fommet de laquelle naît une large cnibslle b'an- che. La plaiite a à peu près !e port de l'angélique , mais eile efl moins ra- meuie , & moins nlluleuiV. ZiV^.v; les montagnes d'Italie, d'Al- lemagne, les Alpes. La plante efl. vivace & fleurit en juin. Proprictis. La racine échauffe beau- coup , augmente la véiocité & la force du pouls , provoque quel- quefois la tranfpiration )ufqu'à la ilieur, fortifie l'ellomac alrbibli par des humeurs féreufes ou pituiteu- fes, & calme les douleurs dans cette région , produites par les mêmes caufes ; elle eft quelquefois indiquée dans les maladies de foibleffe par humeurs féreufes , l'aflhme hu- mide, la toux catarrale ancienne, la colique venteufe fans difpofition in- flammatoire, le dégoût par des hu- meurs pituiteufes, la fuppreflîon du flux menflruel par l'imprelHon du froid, les pâles couleurs, le rachitis, les fièvres intermittentes avec abatte- ment des forces vitales. La racine mâchée procure une abondante fecré- tion de ialive. Ufage. On donne la racine pul- vérifée & tamifée , depuis demi- drachme jufqu'à deux drachmes , in- corporée avec un firop, ou délayée dans cinq onces d'eau; réduite en petits morceaux , depuis demi- drachme jufqu'à demi-once , en ma- cération au bain-miarie , dans fLXonces d'eau. La dofe pour les animaux , eft depuis derai-once jufqu'à une once en iofufion. ï N A IMPÉRIALE. {Foye^ Fritil- LALRE ). INANITION , MÉDECINE RURALE. On entend vulgairement par inanition , un état de foi- bleffe. Parmi les caufes qui peuvent pro- duire cette inaladie , je n'en con- nois pas de plus puiffante que le défaut de nourriture; les perfonnes bi'ieufes, qui reftent un trop long- temps fans manger, y font très-fu- jettes ; celles qui , par une aullérité mal entendue, obfervent des jeunes trop longs ôi trop févères , & qui naiLireliement font voraces, n'en font point à l'abri ; pour l'ordinaire elles font bientôt plongées dans cet état , dont elles ne peuvent quelque- fois plus fortir , ou du moins très- difficilement. Les veilles immodérées, des exer- cices trop violer s , le trop fréquent ufage du coït , les paffions vives, des courfes trop précipitées, & une vie crapuleufe , peuvent encore caufer cette ma'adie. L'inanition procure très-fouvent- des douleurs qui fe font reffentir au côté droit , Si. qui s'étendent même jufqu'à l'eftomac; elles ne reconr noiffent d'autre caufe que le tirail- lement du ligament fuipenfolre dii.- foie, qui n'eft plus foutenu par l'ef- tomac vide. L'inanition produite par le dé- faut d'alimens , n'eff pas dangereufe ,. & difparoît bientôt après qu'on a- mangé; mais celle qui dépend de l'irritabilité des fibres de i'eftomac ,. & de tout le fyllème nerveiLx , ou. qui vient à la fuite de quelque ma- ladie longue , efl toujours dange— î£.ufe, ôc uès-difficile à. guérir, Le^ INC traitement de l'inanition fe rapporte à la caufe qui la produit : fi elle dé- pend du défaut de nourriture, on tera manger les malades ; fi elle eft l'effet de l'incontinence, le repos les alimens de bon fuc , la fobriéî^ & la fageffe feront des fecours plus que fiiffifans pour redonner la fantc. Enfin , quand l'inanition eu caufée par une foibleiTe naturelle de la conf- titution , on permettra aux malades un ufage modéré de bon vin ; on leur prefcrira même après le repas , un petit verre de liqueur , telle que l'eau de coins, l'anifette, Scc. {f'^oje^ Epuisement). M. AMI. INCARNATIFS; remèdes doux, ondueuY & balfamiques , qu'on (uppofoit propres à faire revenir les chairs. II eft inutile de dévelop- per ici les fyftèmes fur la prétendue marche de la nature , fur la régéné- ration des chairs , ou le remplace- ment de celles perdues ou pourries, par de nouvelles & faines. Le détail de ces fyilèmes nous mèneroit trop loin, & propageroit l'erreur. On eft redevable au célèbre M. Louis , fecrétaire perpétuel de l'Académie de Chirurgie de Paris, d'avoir arra- ché le voile , & mis un point de fait dans fa p!us grande évidence. Il a démontré qu'un lambeau de chair enlevé par un inilrument tranchant , ou détruit par la pourriture, ne fc régénère point, c'eft-à-dire , qu'au- cune nouvelle chair ne le remplace; mais comme la peau a la propriété fingulière de s'étendre , de s'alonger & de croître, elle feule recouvre la plaie, & dans l'endroit où s'exécutent les points de réunion, la cicatrice paroît, & attelle qu'elle feule s'eft reproduite. I N C <537 Il en eft ainfi dans les arbres- Faites un trou quelconque avec une tarière dans un popimier , par exemple, ca dans tel autre arbre , la tarière détruira une partie de l'écorce, enfuite de l'aubier, enfuite du vrai bois ; à la fin de la première ou féconde année, l'orifice fera boiiché par l'écorce &i. quelquefois par elle toute la cavité; mais jamais l'aubier, ni le bois parfait ne le rempliront. Quelle analogie entre l'homme & le végétal ! On a cepen- dant quelques exemples , rares à la vérité, que des parties d'os enle- vés, ou par des couronnes de trépan , ou à la fuite de fraftures ,, fe font régénérées, & l'on peut com^ parer les os au vrai bois de l'arbre ; mais des exceptions ne détruifent pas l'analogie générale , qui démon- . tre l'inutilité des onguens & autres^ drogues appelés incamatifs , régéné- ratlfs, &c. INCENDIE, grand embrafement. Les incendies peuvent avoir lieu de trois manières; favoir , par malice, par négligence ou par force ma»- jeure. L'aclion qui réfulte de l'incendie de la première efpèce , fe pourfuit criminellement par la voie extraor-- dinaire; & non-feulement, dans ce cas-là, les incendiaires font tenus des pertes qu'ils occafionnent , tant dans les lieux où ils ont mis le feu , que dans les maifons voifines qui ont foufFert de l'incendie ; mais , d'après les loix , ils font en outre punis de mort. Avant qu'on arrêtât en France les mendia ns vagabonds , ils étoient la terreur des camipagnes. Si on ne- leur donnoit pas ce qu'ils deman^- 1^38 INC INC doient, ils menaçoient de lirùler J rière & à une certaine dlftance. Ce ■& l'on avu l'exécution fuivre les me- que je dis des forêîs s'applique aux naces. ... Dans plufieurs de nos raoiffons , aux prairies prêtes à être provinces les enfans font conduc- fauchées ; bien entendu , fi on a le teurs de troupeaux; ils fe raffem- temps, car la flamme vole d'une blent auprès d'une haie, ci'une forêt, rapidité furprenante, pour peu qu'elle allument des petits feux qu'ils n'é- foit animée par un courant d'air, touffent pas en fe féparant ; un coup C'eft ici le cas de peler le fol , d'en- de vent furvient , fait voler des étin- lever une couche de terre tout au- celles , le feu gagne de proche en tour de la pièce incendiée fi le vent proche, & l'incendie fe manifeste eft variable, &C s'il elt fixe, «u- quand il n'efl plus temps de le réparer, deffous du vent, afin de prélerver Lorfque le feu gagne une les pièces voifines. forêt , &C que l'on voit claire- Dans les provinces où l'on efl ment que les fecours feront in- dans la fâcheufe habitude , que la fufîifans pour l'éteindre , le plus pauvreté rend quelquefois indifpen- court & le plus liige parti eu de fable , de former le toit avec du circonicrire l'incendie , d'abattre , à chaume , le plus léger incendie y une certaine diflance du lieu incen- devient fouvent un embra(ement dié , tous les arbres, d'en retirer les général par les flamèches empor- troncs & les branches , de les porter tées par les vents fur les toits voi- à l'écart ; enfin, d'ouvrir un large fins. L'humanité, le humeurs. La gomme arabique didoute dans une certaine quantité de tifanne , eft un remède qui ne doit pas être négligé , & qui arrcte la fougue & le mouvemeiit précipité du fang. Quant au régime qui convient dan& le temps de l'inflammation , il doit être févère. On doit donner peu de nourriture dans le principe, & dans l'augmentation de la maladie. Elle aggrave confidérablement la fluxion inflammatoire, Galkn veut qu'on nourriffe moins dans l'état & dans le principe, parce que la nature qui efl occupée à la réfolution delà maladie, eft diftraite par le travail de la digef- tion, qui influe fur la coûion qu'elle veut opérer. Il n'en eft pas de même dans les in- flammations qui furviennent aux frac- tures. Il faut nourrir dans l'état, afin de fournir à la matière du calus, ainfi que dans les petites plaies externes , dans lefquelles le travail de la digeftion ne dérange point ou très-peu celui de- la cicatrice. Lorfque le mode inflammatoire a. perdu de fon intenfité , & de fon aflivité , ce qu'on connoît par la di- minution de la fièvre & des autres fymptômes ; fi les premières voies font embarraflées , & fi les maladeS' ont des naufées & de fréquentes envies de vomir, on peut, fans- aucune crainte de nuire,, donner' l'émétique à une dofe très- modérée ;: ce remède eil alors très:efficace , S§- (P- ^64 I NF abrège de beaucoup îa m^.îadîe; il agit , non - feulement comme évt:- cuant, mais encore comme revuliit du mode inflammatoire. Les purgatifs font aufli très-uti'es , mais ils n'ont pas l'effet révulfif des émétiques, en ce qu'ils ne fïcouent pas autant , &C que leur opération eft lente , qu'ils échauffent. On peut auffi purger , quoique les urines ne foientpas ce qu'on appelle bien cuites, lorfque la congeftion des fucs dépra- vés eft dominante par rapport à l'in- flammation. Lorfque la fluxion eft arrêtée, &c parvenue à fon dernier degré , l'in- dication principale ell la réfolution de l'obftrudion. On confeille pour cet effet des réfolutifs tels queles mixtures falines, de//'iritus mendcreri, &c dans tous les temps de l'inflammation où il y a fluxion & obflrudion , il faut toujours employer à la fois des réfolutifs & des répulfifs. Mais il faut avoir foin que les répulfifs dominent dans le principe , & les réfolutifs dans le déclin. Dans l'inflammation de caufe ex- terne, produite par des fraûures, des coups , des contufions & des meutriffures, il faut ufer des remèdes émoUiens & relAchans , defquels on n'a pas tant à craindre d'exciter la fluxion ; s'il y a plénitude de fang chez le malade, on pratiquera la faignée avant de faire ufage des émoi- liens &C des corps gras. Enfin, on doit agir conformément au travail de la nature , & à la tournure que prend l'inflammation. Si elle fe ter- mine par la fuppuration , on em- ploiera les remèdes & les fuppura- tifs néceffaires & convenables dans pareils cas. ( f-'oyei Plaie ). Si elle ■ÎJégénère en induration , on em- ï N F ploiera une rr-éihois ûs îra'tçmenr,' (qu'on pourra néanmoins modifier) rnalogue à celle du fquirrc ; (voyeç Squiure ) ; enfin , fi elle fe termine par la gangrené , on la combattra par les remèdes anlif?rtiqufs ufités en pareil cas. ( ^ove.;; Gangrène ). M. AMI. Inflammation. Médecine Vite- rinain, C'eft une chdeur centre nature du fang artériel iiihérent. Le cheval , le bœuf, &c. , n'en font attaqués qu'autant que leur fang fe porte avec plus de vîtefle dans la partie enflammée , & que fon retour au cœurfe fait avec moins de vîteffe parles veines; car il efl certain que dans l'inflammation la partie enflam- mée reçoit plus de fang qu'elle n'en tranfmet dans les veines ; d'où il réfulte que celui qu'elle retient, s'ac- cumule dans cette partie, la gonfle, l'échauffé & la rougit. Cette accumulation fe fait prin- cipalement dans les petites artères & dans le tifl"u cellulaire , en fuin- fant à travers les pores de ces petites branches artérielles. La caufe de cette tranffudation dans les cellulofités , efl aifée à comprendre. Le fang étant porté avec violence dans les artères de la partie enflammée , & ne trou- vant pas une fortie proportionnée aux veines, enfile les pores par lef- quels la graiffe & la vapeur gélati- neufe fe répandent naturellement dans les cellules, & fuinte par ces pores , parce que la force nouvelle du fang artériel , en dilate le calibre, qui dans fon état naturel n'admettroiî pas les globules du fang. Un autre effet non moins certain de l'inflammation, c'efl que tout le corps de l'animal qui en eft atteint ^ eft I N F eft en fièvre , ou fimplement la partie enflammée; de forte que fi le mouve- ment du fang n'eft pas accéléré dans tout le corps , on obferve toujours que les artères de la partie enflammée battent plus vite & plus fort que dans l'état ordinaire. Mais comme , parmi les parties qui forment le corps de l'animal , les unes font internes &c les autres externes , nous diftinguerons l'in- flammation en interne & en externe. 1°. De Cinflammation externe. L'in- flammation externe efl celle qui a Ion fiége, tantôt dans des parties exté- rieures fixes & déterminées, comme l'avant-cœur , ou anti-cœur, fur le poitrail du cheval, le talpa ou teftudo, fur le fommet de la tête de cet animal, l'ophtalmie, &c. Tantôt dans des parties indétermi- nées, comme les coups de pieds, de dents, de cornes, les morfures des bétes venimeufes, les brûlures, le cla- veau , l'éryfipèle. Toutes ces diverfes efpèces d'in- flammations extérieures fe mani- feftent de différentes manières. Ici le fang fe porte dans les vaifl'eaux de la conjonûive , les furcharge & les gorge : ailleurs, c'eft une tumeur ronde comme le phlegmon, ou elliptique, comme dans le claveau, ou aplatie comme dans l'éryfipèle. Chacune de ces affeftions fuperfi- cielles efl; accompagnée de chaleur , de tenfion , de douleur , de pulfation & de rougeur. Tels font les fymp- tômes qui caraftérifent eflentielle- ment l'inflammation qui affeâe exté- rieurement l'animal ; quoique la rougeur en foit un figne inféparable, elle n'eft néanmoins bien fenfible que dans l'inflammation de la con- Jonftive du palais, &c. ; on l'apper- Tomc V. I N F 66% çoît aufll dans les moutons , à la face fupérieure & interne de leurs cuifles, ainfi que dans toutes les parties externes du corps des ani- maux dont le poil eft de couleur blanche , ou qui en approche , & dans tous les endroits qui font dénués de poil. Le taâ indique la chaleur , la tenfion &; la pulfation. La chaleur efl d'autant plus forte que le mou- vement progreflîf du fang efl plus gêné, & qu'elle efl plus aidée par le mouvement inteftin. La tenfion eft l'effet de la preffion contre nature du fang qui fe porte avec impétuofité dans les vaiiTeaux de la partie enflammée , & la dou- leur y exifle , tant que la force qui comprime cette partie n'efl point ôtée. Cette force vient de la fréquente pulfation des artères, & celle-ci, du déplacement de ces canaux artériels, au moyen duquel ils font portés , tant que cette force contre nature a lieu avec force , vers le doigt qui leur efl: appliqué. On peut d'abord mettre au rang des caufes qui produifent l'inflam- mation, celles qui commencent par irriter la partie qu'elles attaquent, 6c à opérer enfuite Jaflagnation du fang, le feu , les cauftiques , les véfica- toires , la fupprefîîon de la matière de la tranipiration , les dépôts de quelque humeur exti'êmement acre , les luxations, les fractures , &c. , font de ce nombre. Il eft d'autres caufes de l'inflam- mation qui peuvent fe compliquer avec les précédentes ; la différence qui exifte entr'elles , c'eft que celles- ci commencent par la flagnation du fang , & non par irriter la partie P p p p 666. I N F qu'elles affeftent. Telles font celles qui produifent d'abord l'inhérence du fang ou l'obftruftion des vaif- feaux ; mais pour que le fluide fbit inhérent, ou qu'il circule plus diffi- cilement dans les vaiffeaux de quel- ques parties , il faut que fa maffe augmente au-dtl;\ de ce qu'ils en peuvent contenir , ou que leur dia- mètre diminue. Or, les caufes qui difpofenî à l'aug- mentation du fanç;, font les travaux exceffifs auxquels on livre les ani- maux, l'augmentation des excrétions féreuiès, la plétore. La maffe de leur fang augmentera encore , eu égard à la capacité de ces petites branches artérielles; car, fi plufieurs globules lont pouffes avec trop de rapidité , & qu'ils fe préfentent en même temps à l'embouchure d'un vaiffeau qui n'en peut admettre qu'un feul , c'eff le cas de la fièvre, & fi ces globules font trop fortement liés les uns aux autres , pour que l'aâion des petits vaiffeaux puiffe les délunir , c'ert le cas de l'obffrudion. Les caufes qui excitent l'inflam- mation en diminuant le diamètre des vaiffeaux , peuvent provenir de la compreffion des tentes & des tampons que des maréchaux inhabi- les placent mal-à-propos dans les plaies, ou de celle qu'éprouvent les vaifl'eaux qui avoifinent les parties luxées ou fraâurées , ©u de la com- preffion d'un fang trop abondant qui, en dilîendant les vaiffeaux qui le contiennent , comprime & di- minue la capacité de ceux qui les touchent, h mefure qu'ils ie dif- lendenr. L'inflammation vient auffi des ligatures trop ferrées. On peut citer pour exemple , la manière dont les 1 N F maréchaux faignent les chevaux à la jugulaire; en effet, leur routine n'a fouvent d'autre iffue que de faire naître une nouvelle inflammation, lo''s même qu'ils oijt la meilleure volonté de d'.ffiper par la faignée celle qui exiffe ; car la plupart ferrent fi fortement le col du cheval avec leur ficelle , qu'elle comprime & étrangle en même temps toutes les veines qui apportent continuelle- ment le fang dans les troncs qui font chargés de le verfer dans le cœur. Tant que le col du cheval eft ainfî jugulé , la plus grande étendue des- veines jugulaires, cervicales & ver- tébrales , fe trouvant au - deffous de cette ligature, ne reçoivent que très-peu de fang , & peut-être point; mais fi ces artifies empêchent le fang de couler dans les veines, ils doivent être bien convaincus que le cœur n'attend pas que leur opération foit finie pour faire parvenir à la tête une nouvelle quantité de ce fluide, puifqu'il le fait chaque fois qu'il fe contrade , que fes contrarions fuivent fans interruption chacune de fes dilatations , & que ce mouvement alternatif a lieu tant que l'animal vit. Il réfulte de là que le fang qui touche la partie fupérieure de leur ligature fe trouve arrêté dans fon trajet par cet obflacle , & jufqu'à ce qu'il ibit levé, il eff toujours pouffé par l'abord continuel de celui qui fuit, de forte qu'à chaque pulfation , les vaiffeaux qui fe diflribuent dans toute la tète , ainfi que dans la portion de l'encolure qui eft au-deffus de cette ligature, fe difiendent de plus en plus , à caufe de la trop grande quantité de fang qu'ils reçoivent & de Ion mouYÇOiçn: irop rapide, ce qui i N F produit la compreffion du cerveau ; l'inflammation des vaiffeaux de la cornée , &c. Le cheval ainfi étiang'é , s'abat & tombe fiiffoqué, avant que le maré- chal inexpert lui ait ouvert la jugu- laire. J'oie ajouter qu'il n'eft qu'un très-petit nombre de ces artilles , qui n'ait pas été l'auteur ou le témoin d'un pareil accident ; on trouvera à l'article Sai&j>jée les moyens de les prévenir. L'inflammation fe termine ordi- nairement par la réfolution , ou par la fuppuration , ou par l'induration , ou par la gangrène. La réfolution a lieu lorfque l'in- flammation fe diflipe graduellement fans aucune altération fenfible des vaifl"eaux. Le fang fuit alors fes routes accoutumées, & les vaiffeaux reftent dans leur entier. Lorfque l'in- flammation n'a fon fiége que dans les extrémités artérielles fanguines , la feule ceflation des caufesqui l'avoient déterminée, fuffit à cet effet; û c'efl une ligature , une compreffion , un corps étranger, &c., ces caufes cef- fant d'agir, l'inflammation fe rélout, pourvu que robfiiuclion ne foit pas trop forte. L'ofcillation modérée des vaiiTeaux rend le fang plus fluide ; & fon mouvement inteftin plus dé- veloppé par la ftagnation , concourt auffi admirablement à fa fluiJité. La modération du mouvement in- teftin des humeurs , une certaine fouplefl"e dans les vailTeaux, la qua- lité d'un fang, ni trop épais, ni trop acre , mais lufiîfamment détrempé par la férofité , favorifeni beaucoup la réfolution. L'inflammation fe termine par la fuppuration, lorfque, le fang arrêté & les vaifl'eaux obflrués , on obferve INF 667 un battement irès-vif & très-fenfible, une douleur aigué 6c beaucoup de dureté, ôc que bientôt après la tumeur s'amollit, la douleur cefl^e, qu'il n'y a plus aucun battement , & qu'au lieu de la tumeur inflamma- toire , on trouve un abcès ; puifqu'une ouverture naturelle ou pratiquée par l'art , donne ifliie à une humeur blanchâtre, épaiffe, tenace, égale & fans caractère d'âcreté , que l'on appelle pus. L'inflammation qui attaque les glandes lym^^hatiques, produit l'obf- trudïion du fang & celle de la lymphe, s'il n'y a que l'obflruftion fanguine de réfblue ; alors l'inflam- mation fé termine par l'induration, parce que la lymphe refle accumulée dans fes vaifTeaux, oii elle formera une tumeur dure, indolente, fquir- reufé. Mais fi l'obflruftion efl: très-con- fidérable , que l'engorgement foit fort grand, que les artères foient diftendues au-delà de leur ton , &c qu'elles ceffent de battre , Finflam- mation fe terminera par la gangrène , parce que le mouvement progrcfTif du fang, & l'aâion des vaifleanx, étant totalement fufpendus , la vie C-ffera dans la partie. La fermenta- tion putride, déjà fort développée dans le fang altéré qui fait la bafe de cette inflammation , n'ayant plus de frein qui la modère, ne tardera pas à avoir fon effet , la putréfaâion totale aura lieu ; la partie qui eft alors gangrenée fe couvre de petites ampoules qui font formées par l'épiderme qui fe foulève, & qui renferme une férofité acre, fépa- rée du fang & de l'air dégagé par la fermentation putride. La par- tie qui efl alors gangrenée dc;; P p p p z .,6S I N F vient brune, livide, noirâtre, perd tout fentiment, & exhale une odeur putride, cadavércufe; c'eft alors le i'phacele , dernier degré de la mor- tification. Pour avoir la connoifTance du diagnoftic de l'inflamm-it^on , il fuffit de favoir que la douleur & la chaleur fixées à une partie, font des lignes qui annoncent qu'elle eft enflammée. Si cette partie eft in- terne , il l'urvient une fièvre plus ou moins aigué, & l'on obferve un dérangement dans les fondions pro- prés à cette partie. Si l'inflammation eft externe, on voit que h douleur & la chaleur fe joignent à la rougeur & à 'a tumeur de la partie enflammée. Si les caufes font externes, on peut s'en affurer par le témoignage des perfonnes qui foignent les animaux ; ainfi, l'inflammation fera occafionnée par le feu , ou par un cauflique , ou par une luxation, ou par une compreflion , &c. : fi elle n'eft due à aucune de ces caufes ou autres extérieures quelconques , il y a tout lieu d'afliirer que l'inflam- mation provient d'une caufe interne, telle que d'un vice du fang ou des humeurs : fi elle furvient à la fuite d'une fièvre putride, maligne, pefti- leniielle , & fur- tout fi l'inflamma- tion eu accompagnée d'une diminu- tion dansles fymptômes,elleeftcenfée critique. Le prognojîic. L'événement des différentes efpcces d'inflammation dépend du fiége qu'elles occupent, de leurs caufes , de leur grandeur , de la vivacité de leurs fymptômes, de leurs accidens, de leur elpèce, de leurs terminaifons,& d'une multitude de circonfliances qui peuvent le faire varier à l'infini. I N F Car fi leur fiége occupe une partie interne , & qu'elle foit confidérable , elles font plus à craindre que celles qui ont leur fiége à l'extérieur , & fi celles-ci fe trouvoient fixées dans des parties tendineufes , aponé- vrotiques, glanduleufes, nerveufes, ou dans des membranes fendues , extrêmement ienfibies , elles fe- roient plus fâcheufes que fi elles occupoient quelques autres parties externes. Celles qui proviennent d'un vice du fang, font plus difficiles à guérir, & plus dangereufes, que celles qui ne tiennent leur exiftence que d'un dérangement local dans la partie qui en eft aifedée. Celles , au contraire , qui font produites par le feu , les cauf- tiques aâifs, les luxations , les fraôures , &c. peuvent mettre la vie de l'animal dans le danger le plus éminent. Ce n'eft pas ordinairement leur grande étendue qui les rend plus dangereufes, c'eft la vivacité de la douleur , & la violence des accidens qui en peuvent réfulter, qui rendent le péril plus ou moins préfixant, comme la fièvre, les convulfions, le délire , &c. La coiiftitution du fujet , fon tem- pérament, fon âge, &c. , peuvent encore faire varier le prognoftic de l'inflammation; dans un vieux ani- mal , elle fe termine rarement par la réfolution , elle dégénère plus communément en fuppuration ou en gangrène; dans les jeunes ani- maux d'un tempérament vif & fanguin, les accidens font toujours plus graves , l'inflammation eft bientôt terminée en bien ou en mal. I N F La réfoliition eft pour l'ordlnaîre la feule terminaifon qui foit vrai- ment curatlve ; néanmoins il peut fe prélcnter quelques circonftances particulières où la fuppuration loit plus laliiiaire. Si l'une ou l'autre de ces deux terminaifons ne peut avoir lieu dans l'inflammation extérieure, alors il furvicni des accidens extrê- mement violens , qui mettent la vie de l'animal dans le plus grsnd danger. C'eft le cas de dcfirer que la partie enflammée (oit frappée de la gan- grène, dans l'efpérance que la mort' de cette partie fauvera la vie à toutes les autres. D'ailleurs le praticien doit exa- miner de près les fignes qui préfagent la terminaifon de l'inflammation. Il doit s'attendre à la réfolution , lorfque les fignes de l'inflammation font modérés , que la douleur eft légère , lorfqu'il commence à voir une diminution graduée &c infenfible dans le volume & la dureté de la tumeur, & qu'il obferve une humidité autour des poils qui garnifl"ent la partie enflammée. Si les fymptômes augmentent, que la tumeur ait une pointe extrêmement dure, qu'il y fente un battement plus fenfible que dans les autres parties de fa furface, il doit s'attendre à la fuppuration. Si la douleur, le volume de la tumeur, & la chaleur diminuent fen- fiblement , & que la dureté & la réfiftance deviennent graduellement plus marquées, il doit conc'ure que cette cfpèce d'inflammation le tranf- forme en fquirre, 6i que cette ter- minaifon n'a lieu que dans les parties glanduleufes. Si au contraire, l'augmentation des fymptômes eft fort confidérable , que 11 N F 669 la tenfion foit excefllve , que la dou" leur foit extrêmement vive, qu'il ne fente point de battement , que le poil fe hérifle &: tombe par place , que la peau ie flétrifle , qu'elle devienne noirâtre, &que la douleur cefle, pour ainfi dire, entièrement, ie praticien peut être afl^uré que la gangrène eft déjà commencée. La curation. Nous la bornerons à indiquer l'ufage de quelques remèdes qu'il eft à propos d'employer dans le traitement des inflammations exté- rieures; telles font la faignée, les émoUiens , anodins, narcotiques, réfolutifs, fuppuratifs, & anti-gan- greneux. 1°. La faignée défempllt les vaif- feaux, diminue la quantité de fang; ce qui produit «n relâchement dans le fyftème vafculeux, & une dimi- nution très -marquée dans la force des organes vitaux. La faignée con- vient donc toutes les fois que la quantité ou le mouvement du fang font augmentés, que l'irritabilité eft trop animée, que la douleur, la chaleur , la fièvre , &. les autres ac- cidens preflTent un peu trop vive- ment. 2°. Les émolliens relâchent , dé- tendent, humedent & affoiblifl"ent les folides; les anodins & narcotiques ont la vertu particulière de diminuer l'irritabilité, foit qu'on les adminif- tre intérieurement , foit qu'on les applique à l'extérieur. Ces remèdes conviennent donc dans l'inflamma- tion , lorfqu'elle eft accompagr.ée d'une douleur extrêmement aig:ë, d'une tenfion très-cor^fidcrable, d'une contraftilité exceflîve; mais fi les narcotiques ca'ment tout de fuite les douleurs les plus vives , s'ils éiBOuffcnt 6l afiToupifleni, pour ainfi 6jo I N F dire , la fenfibilité, s'ils diminuent le mouvement des artères , ôc par con- féquent la vie de la partie, on doit être très-circonl'peft en les adminil- trant, parce qu'il n'eft pas rare de voir des inflammations terminées en gangrène, par l'ufage mal entendu des remèdes émolliens , anodins & narcotiques. 3°. Les réfolutifs peuvent opérer la rélolution d'une inflammation , foit en !a ramolliffant, (oh en la fti- mulant, ioit en calmant les douleurs qu'elle occalionne. Us n^ conviennent néanmoins que dans les cas où les fympiômes de l'inflammation ne font pas violens , où il faut augmenter le ton des vaifleaux re!â;hés , & ranimer le mouvement des hvimeurs engourdies; car, fi on les appliquoit avant que la rélolution n'eût com- mencé à fe faire , ils fortifîeroient , reflerroient, & crifperoient davan- tage les vaifTeaux de la partie enflam- mée, &, bien loin de réfoudre l'in- flammation, ils la feroient plus Vire- ment dégénérer en gangrène ; mais on ne doit point les employer dans l'inflammation qui dépend d'une caui'e interne , parce qu'ils pourroient occafionner quelque tranfport ou metaftafe dangereux. Suppurutifs. Tous les topiques qui ont la propriété d'intercepter la tranfpiration, accélèrent le mouve- ment inteftin , augmentent l'engor- gement, excitent dans le fang un mouvement contre nature, & un dérangement dans l'aftion des vaif- feaux; de forte que toutes ces caufes peuvent opérer la coftion ôc la fuppuration d'une inflammation , qui fans l'emploi de ces topiques, en forme d'emplâtres , d'onguens , de cataplafmes , auroient pu fe terpiiner I N F par la réfolution. On pourra en faire ulnge dans les inflammationscritiques, peflilentielles-, dans cel'es qui font entretenues par quelques caufes internes, dans les tumeurs phlegmo-» neufes, principalement lorfqu'elles s'élèvent en pointe ,& que les douleurs & les battemens y aboutiflTent 6c y font plus fenfibles. Les antl-gangréneiix. Dans les in- flammations qui fe terminent en gangrène, à caufe de l'exceflive irri- tabilité , de la roideur & de la tenfion trop confidérable des vaifl"eaux qui les empêchent de réagir & de modérer le mouvement inteflin du fang, on peut employer les anti-leptiques lorfque le mouvement du fang efl. ralenti, qu'il eft accompagne d'un trop grand relâchement , & d'une ef- pèce d'infenfibilité , qui font craindre la gangrène. Ces anti - feptiques doivent ranimer plus ou moins le ton , & augmenter le mouvement des vaifl'eaux : on peut les tirer de la clalTe des réfolutifs & des ftimulans les plus aâifs ; mais fi la gangrène eft déjà commencée , quç la partie foit un peu ramollie , la (tn~ fibilitc étant émoufl^ée , les vaifl'eaux flétris & relâchés , il efl bon de les ranimer avec les ipiritueux roborans; il eft même encore préférable de les fcaririer. Tous ces fecours extérieurs font infuffîfans, fi l'inflammation provient d'une çaufe interne , parce que, dans pareille clrconflance, on doit admi- niftrer les remèdes internes, fuivant que la nature du mal l'exige; s'il pro- vient de répaiihflcment, les apéritifs, incififs, les falins , les fudorifiques doivent être mis en ufage ; fi c'eft de la raréfadion , les boillons acides, nitreufes ; fi le mal eft éryfîpélateu.x, I N F les fondans , les eaux minérales, aci- dulés, & les hépatiques conviennent. Enfin il faut faire ceffer l'aâion des caufes év dentés, foit en rappelant des excrétions fupprimées , îoii en remettant les parties frafturées ou luxées , &c. De C inflammation interne. L'in- flammation interne eft caradtérilée principalement par une fièvre aigué, par des fignes plus ou moins marques de l'inflammation , rapportés à une partie qui décide pour l'ordinaire l'ef- pèce 6i le nom de la maladie inflam- matoire. Pour que l'Inflammation foit in- terne, il fufiît que fa caufe le foit, 8c qu'elle agiffe fur-tout intérieurement. Néanmoins, par rapport au fiége de l'inflammation , on peut établir deux clafles de maladies inflammatoires : dans les unes l'inflammation exanthé- mat!qi:e ; dans les autres, elle occupe une partie interne. La première claflîe comprend le claveau , le charbon , &c. On peut rapporter à la féconde l'inflam- mation du cerveau, de la plèvre, des poumons , du diaphragme , de l'cftomac , du foie, des reins, &c. On divife encore l'inflammation en vraie , ou légitime , en faufl^e ou bâtarde; on en donnera la defcrip- tion dans l'article qui fuit l'inflamma- tion interne. Toutes ces maladies inflammatoires font communément précédées d'un état neutre qui dure quelques jours, pendant lefquels la maladie n'eft pas encore décidée; l'animal n'eft pas encore malade, il n'efl: qu'indifpofé; on s'apperçoit qu'il éprouve un mal- être univerfel ; qu'il ne meut qu'avec peine fa tête 8c fes extrémités; fi mC-nie on lui donne l'aliment qu'il INF 671 aimoit le mieux avant fon indifpo- fition, & qu'il l'accepte, il le tient dans fa bouche, ou lui donne nonchalamment quelques coups de dents; la maflication , la déglu- tition , & toutes les fondions languiffent. La maladie commence le plus fou- vent par le froid qui s'empare d'abord des extrémités, & fe comnumique dans peu à toute la furface du corps, ce qui s'annonce par un tremblement plus ou moins vif, qui efl: général, ou qui fecoue feulement quelques parties, auquel fuccède la fièvre; les temps auxquels les fignes de ces di- verfes efpèces d'inflammations com- mencent à fe manifefler , font bien différens : dans l'inflammation des poumons, la difiiculté de refpirer paroît dèsle premier jour de la fièvre; dans le claveau, l'inflammation puflu- leufe fe montre le troifième ou le qua- trième jour, &c. Le caraftère du pouls eft proportionné à la douleur; lorfqu'elle efl vive , le pouls eft dur, ferré , tendu ; fi elle l'eft moins , il eft plus mol & plus fouple; il varie encore , fuivant le fiége du mal , & le temps de la maladie. Dans l'inflam- mation du cerveau ou de fes mem- branes, connu vulgairement fous le nom de vert-go, lorfque le cheval eft atteint, ôc fous celui de mitl de chèvre , fi c'eft le bœuf, le pouls eft plus fort, plus dilaté, plus plein que dans les inflammations qui attaquent les vifcères contenus dans la cavité de l'abdomen; car alors il eft plus petit, plus concentré, moins égal. Au 'commencement de la maladie, dans le temps de l'irritation , que la matière morbifique n'eft pas encore cu'te, le pouls eft du-, ferré, fré- quent; fur la fin, quand l'iftue eft, 67t INF eu doit être favorable, le pouls fe ralentit, fe développe, s'amollit, devient plus foiiple , & prend des modifications propres aux évacua- tions critiques qui font fur le point de fe faire , & qui doivent terminer la maladie. Les terminaifons des maladies in- flammatoires peuvent être les mêmes que ccUesdesinflammations externes, mais avec cette différence , qu'il n'y a jamais de réfolution fimple. Lorfnue les maladies fe terminent par cette voie, on obferve que cette termi- naifon ell; précédée ou accompagnée de quelqu'évacuaiion ou dépôt cri- tique. Ces évacuations varient dans les différentes efpèces d'inflamma- tions, fuivant la partie qu'elles af- feâent. Si la partie qui eft enflammée a des vaiffeaux excrétoires, la crife s'opère plus fouvent,& plusheureu- fement par cette voie. Dans les in- flammations de poitrine , la crife la plus ordinaire & la plus sûre fe fait par l'expeftoration, quelq«efois par les urines , d'autres fois par les fueurs , fur-tout dans le cheval. Dans l'inflammation du cerveau & des méninges , l'hémorragie des na- feaux ou l'excrétion des matières cuites par cette même voie, font les plus convenables, celles des urines font aufïï fort bonnes. Dans l'inflammation du foie, des reins, &c. , la maladie fe termine heureufement par les urines & par le dévoiement. Les inflammations exanthéma- teufes ne fe terminent jamais mieux que par la fuppuration. Quelquefois le claveau fe deffèche fimplement, & ne laiffe que de petites pellicules ; mais cette terminaifon fuperficielle eil communément fuivie de petites I N F fièvres lentes qu'il cft très-difficile de diffiper. Les caufes des maladies inflamma- toires , non-feulement difpofent à l'inflammation pendant long-temps, mais il eft encore fouvent néceffaire qu'elles foient excitées & mifes ea jeu par quelqu'autre caufe qui fur- vienne. Celles qui font contagieufes & épizoot'ques , peuvent être attribuées aux vices de l'air : la mauvaife nour- riture , & les travaux exceffifs qu'on exige de certains animaux, peuvent favorifer cette caufe , aider à cette difpofuion, & rendre plus funeftes les impreffions de ces miafmes conta- gieux contenus dans l'air. La fuppreffion des excrétions , & fur -tout de la tranfpiration , eft une caufe fréquente des ma'adies inflam- matoires; car le paffage du chaud au froid, arrête, trouble la fueur & la tranfpiration infenfible, & peut par- là , former la difpofuion inflamma- toire, mais elle n'excitera une pleu- réfie que dans les animaux qui y auront une difpofition formée. Dans les autres, elle produira des toux, des rhumes, des catarres, fuite fré- quente &C naturelle de la tranfpira- tion pulmonaire arrêtée par le peu d'attention que les hommes ont pour les animaux, & fouvent pour eux- mêmes. Nous obferverons encore, que dans une conflitut';on é:rzootique , les différentes efpèces d'animaux ne font pas toujours attaquées de la même maladie inflammatoire. Les chevaux feront frappés du venigo , (voy£{ ce mot); les bœufs, de la mûrie; les brebis, du claveau. De forte que fi ceux qui foignent les animaux s'apperçoivent qu'ils éprouvent ÎN F éprouvent un mal-alfe , qu'ils foient gênés dans quelque partie avant que la maladie foit déclarce , ce fera cette partie qui en fera le plus maltraitée parce qu'il y aura une difpofition an- técédente, une toibleffe naturelle qui y détermine le principal effort de la maladie. Esfin , il y a tout lieu de croire que la difpofition inflammatoire qui efl; dans le fang, pouffée à un certain point, ou mife en jeu par quelque caufe primitive furvenue , réveille fon mouvement inteftin de putréfac- tion, augmente fa circulation, anime la contraftilité des organes vitaux ; que le fang ainli enflammé &C mù avec rapidité , fe porte avec plus d'effort fur les parties qui font dif- pofées, & s'y déchargera peut-être o'une partie du levain inflammatoire. Il femble , en effet, que ces in- flammations des vifcères, ou d'au- tres parties, foient des efpèces de dépôts falutaires, quolqu'inflamma- toires. Ce qui prouve que les vifcè- res, dans ces maladies, font réelle- ment enflammés, c'eft qu'on y ob- ierve tous les fignes de l'inflam- mation, les mêmes terminaifons par la fuppuration , l'induration & la gangrène , que dans l'inflammation externe. La partie où fe fera l'inflamma- tion décidera le nombre & la qua- lité des fymptômes. Air.fi Tinflam- mation de la fubftance du cerveau , connue fous le nom de vcnigo , fera accompagnée de foibleffe extrê- me, de délire continuel, mais fourd , tranquille; d'abolition dans le fenti- ment Si le mouvement , à l'excep- tion d'une agitation involontaire des extrémités & de la tête. Tous ces fymptômes dépendent de la fecrc- Tomi F, I N F 675 tion troublée ôc interceptée du fluide nerveux. Mais fi l'inflammation a fon fiége dans les membranes extrêmement fenfibles qui enveloppent le cerveau , elle entraînera, à raifon de la fenfi- bilité des fymptômes plus aigus , wn délire plus violent, &c. Si cette efpèce d'irflammation attaque le cheval, on lui donne encore le nom de vertigo ; fi c'eft le bœuf, celui de mal de chèvre : c'eft ainfi que l'on confond l'inflammation des membranes du cerveau , avec celle dont le cerveau eft attaqué lui-même. On en fait de même pour l'inflam- mation des poumons & pour celle de la plèvre, &c.; car toutes les fois que le bœuf en eft atteint , les Francs-Comtois difent qu'il a la mûrie. Quant au diagnoftic des maladies inflammatoires, il eft facile de s'af- furer de leur préfence par ce que nous venons d'expofer, d'en diftin- guer les différentes efpèces par les fignes qui leur font propres ; on peut s'inftruire des caufes qui ont difpofé, produit & excité ces mala- dies , auprès des perfonnes à qui appartiennent les animaux , auprès de celles qui les ont conduits ; il eft même important de favoir li la maladie inflammatoire eft épi- zootlque. Pour ce qui eft de l'événement des maladies inflammatoires , il dé- pend des accidens qui furviennent pendant leur cours. Le dépôt qui fe fait dans quelques parties , n'en aug- mente qu'accidentellement le dan- ger; quelquefois même il le dimi- nue , en débarraffant le fang d'ime partie du levain inflammatoire. Il y a même lieu de croire que la maladie Q q q q 674 INF inflammatoire , feroit plus dange- reufe, sil n'y avoit point de partie pa ticulièrement aiFedlée; car, des que les inflammations extérieures font formées, on voit que la fougue du fang fe ralentit, que la violence des fyinptômesjs'appaife , & dans ce cas , ce feroit expofer la vie de l'ani- mal , û l'on empêchait la formation de ces fortes de dépôts inflamma- toires. Néanmoins , on ne doit pas ie conduire de même , fi le dépôt le forme dans la fubftance du cer- veau, dans celle des poumons, ou dans quelques autres parties dont les fondions font nécefTaires à la vie de l'animal; ce feroit augmenter le danger de ces maladies inflamma- toires, qu'on doit s'efforcer de dif- fiper , en employant tous les moyens que l'art indique pour prévenir la formation du dépôt. Travailler à la réfolution de l'humeur morbifique , l'évacuer par les voies les plus con- venables , c'eft, de toutes les ter- minaifons, la plus favorable: on a lieu de l'attendre lorfque les fymp- tômes font affez modérés , &c tous appropriés à la maladie , lorfque le quatrième ou le feptième jour, on voit paroître des fignes de coûion, que les urines fe chargent d'un fédi- ment, que le pouls commence à fe développer, que le poil eft moins hériffé , la peau moins sèche , & que tous les fymptômes diminuent. A ces fignes fuccèdent les fignes critiques , qui annoncent la dépuration du lang , & l'évacuation des mauvais fucs par les couloirs appropriés ; les plus furs & les plus nécefl^aires , font ceux qu'on tire des modifications du pouls. On doit s'attendre, au contraire, à voir périr l'animal qui eft attaqu^ I N F d'une maladie inflammatoire^ fi l'ôiî n'obferve aucun relâche dans les fymptômes , ni le quatrième , ni le cinqmèine jour, fi le pouls conferve toujours un caraftère d'irritation. L'on voit alors furvenir difîérens phénomènes qui, par leur gravité, annoncent !a mort prochaine. Ces fignes varient fuivant les maladies. ( f^oye^-ks aux mots EsquinaNCIE, Mûrie , Vertigo , &:c.) Si c'eft toujours un grand bien lorfque les maladies inflammatoires extérieures fe terminent par la fup- putation , ce n'eft pas toujours un grand mal lorfque cette terminaifon a lieu dans celles qui attaquent les parties internes ; car , fi , parmi les différentes efpèces de maladies épi- zootiques, on obferve attentivement les terminaifons de la mûrie, on fe convaincra que cette maladie inflam- matoire fe termine fouvent dans les bœufs, dans les vaches , & dans les veaux qui en font atteints, par la fuppuration fans aucune fuite fâ- cheufe , & qu'il arrive même quel- quefois des tranfports falutaires, des abcès formés dans les poumons, à l'extérieur. Il eft donc bien important pour le médecin vétérinaire, de s'appli- quer à connoître les cas où la fup- puration doit terminer la mûrie , le vertigo , &c. Si , dès le commence- ment de la maladi«, les fymptômes font violens , qu'ils ne diminuent que fort peu , durant le temps de la coftion , dont il n'aura obfervé que quelques légers fignes, & qu'ils re- paroiffent avec plus d'adivité , que la fièvre fe montre avec plus de force, que le pouls, quoiqu'un peu développé , refte toujours dur , qu'il fente une roideur confidérable dans î N F Tartère , un battement plus vif & plus répété dans la partie afFeftée, & que les douleurs que l'animal éprouve deviennent plus aiguës ; tous ces fignes bien confiâtes , publient hautement que la maladie inflammatoire fe termine par la fuppuration , & le médecin vété- rinaire les ayanf exactement obfervés , doit s'3«<;ndre à cette iflue. 1 ous ces fymptômes difparoiflent dès que l'abcès eft formé ; l'ani'— ' fatigué de l'affaut qu'il p -'outenu , refte lourd, pefanf» û^ quelquefois il éprouve encore quelques friflbns ; mais fi , dans ces circonflances , le pouls vient indiquer un mouvement critique du côté de quelques cou- loirs , le pus s'évacue par les organes dont il annonce l'aftion, & l'animal refte le vainqueur. L'induration eft encore une ter- minaifon qu'on obferve affez fré- quemment dans les bœufs qui font attaqués de l'efquinancie ; alors l'inflammation fe difîîpe infenfible- ment, les glandes qui en étoient affeftées , deviennent fquirreufes , . ces animaux ne ceflent pas pour cela d'être utiles à l'homme ; mais il doit s'attendre à les VMif périr, lorfque les maladies infmmmatoires dont ils font atteints, fe terminent par la gangrène. Enfin , on ne doit pas oublier que les maladies inflammatoires font des maladies très-aiguës , qu'elles fe terminent toujours avant le qua- torzième jour, fouvent le feptième, quelquefois le quatrième , par la ré- folution, ou par la fuppuration, ou par l'induration , ou par la gan- grène. La curation; les matières qui pro- duifent les maladies inflammatoires, ï N F ^7? excitent dans le fang une fermenta- tion qui fuflit pour les brifer, le"' atténuer , les décompofer 6r. '^s évacuer; de forte que l'art -^ four- nit contre ces fortes '^ maladies , que des remèdes c;" peuvent dimi- nuer la fièvre. - '^^'"^ augmenter s'il eft né-- ••^^'"^ '. .^ ^'^^'" ^^^^^ °" telle .Acrétion critique ; mais il n'y d que ^^ fermentation qui rétabliflfe ^r purifie le fang, & qui emporte les engorgemens inflammatoires des vifcères. Ainfi, deux ou trois faignées peu- vent très - bien convenir dans le temps de crudité ou d'irritation des maladies inflammatoires , pour dimi- nuer ou calmer la violence de cer- tains fymptômes , & pour ralentir l'impétuofité trop grande des hu- meurs. La faignée peut donc être très-avantageufe au commencement de ces maladies , fur-tout dans des fujets pléthoriques, lorfque le pouls eft oppreflTé, petit, enfoncé; mais ayant du corps & une certaine force, la faignée alors élève , développe le pouls , augmente la fièvre , Ôc fait manifefter l'inflammation dans quel- ques parties. Mais les faignées trop multipliées relâchent &C affoiblifl^ent confidérablement les vailfeaux , troublent & dérangent les évacua- tions critiques, augmentent la dilpo- fition de la partie affedée, qui ue provient vraifemblablement que d'une foibleffe , & rendent par-là l'engorge- ment impoftîble à réfoudre. Les lavages, les délayans doivent être mis en ufage. 11 eft certain cas où les purgatifs peuvent être employés dans les ma- ladies inflammatoires avec fruit , parce qu'il eft à propos de balayer les premières voles , lorfqu' elles f Q q q q » 6-j6 INF infeâées de mauvais fucs , & qu'elles font comme engourdies fous leur l'^'ds. D'ailleurs , par ce moyen , •^"^ P-^uare aux alimens & aux re- mèdes i.. chemin pur & facile, qui , (ans c». .^ précaution , paffe- roient dans le la;, changés , altérés & corrompus. Mais ^^ .f indication doit être bien examinée ; -^j. i^ç lignes ordinaires de pi^i^'-^tàdlion ne font fouvent que pafiagt... . un purgatif qui ne feroit indiqué que par eux, i'erolt fouvent hafardé. On connoîiroit plus fùrement fi i'eftomac tz les inteftins font iurchargés & infe£lés de mauvais fucs, fi les humeurs fe portent vers les premières voies , par les différens caradères du pouls; (voy^^ Pouls ) ; alors on a tout à efpérer d'un purgatif placé dans ce cas. Four ne pas exciter une fuperpur- gation, il doit être léger; le déve- loppement du pouls fuccédant à l'évacuation , en défigne la réuffite. On Tadminiftre au commencement de la maladie inflammatoire ; mais pour en prévenir les effets, 6i en faciliter l'opération , il faut qu'il foit précédé d'une ou deux faignées. Si l'on ne purge que vers la fin de la maladie, ce n'eft pas lorfque l'hu- meur morbifique s'échappe par les voies de l'expeâoration ou de la iranlpiration , &c. parce que les purgatifs attirent aux inteftins toutes les humeurs, les dérivent des autres couloirs, détournent principalement la matière de la tranfpiration , & arrêtent l'expeftoration , &c. Les purgatifs ne peuvent donc favorifer les évacuations critiques , que lorf- qu'elles enfilent les voies des matières fécales. Lçs eœétjques ne détowoçnt point I N F la tranfpiration , ils excitent une fecouffe générale qui eft très-fouvent avantageufe. Le cheval, le mulet, le bœuf, &c., ne vomiiTent point; néanmoins ces purgaiife peuvent être d'une grande reffource dans les mala- dies inflammatoires qui attaquent les chiens. Si la fièvre elt uop foible , qu'on apperçoive une langueur , uu ^affaiflè- iTi'nt dans la machine, il faut avoir '---'Mrs aux ftimulans , aux cordiaux plus ou ^oins actifs , aux élixirs fpiritueux , aromatiques, aux huiles ellentielles , &c. Dans ce cas, les véficatoires re- lèvent le pouls, augmentent fa force, fa tenfion, font ceffer les afToupif- femens, calment fouvent les délires, & aident à la décifion des crifes. On en obtient de bons effets dans le vertigo , dans la mûrie , fur-tout lorfqu'on les applique fur la partie affeûée, dans le temps qae les vaiffeaux qui s'y diftribuent, & le fang qu'ils contiennent, font en- gourdis. Enfin, dès que le médecin vétéri- naire connoît le couloir que la na- ture deiline à l'excrétion critique, il doit aù^r la crife par des remèdes qui la pouffent dehors par ce même couloir. Si c'eft par l'expeftoration, il adminiftrera les béchiques ; fi. c'eft par la fueur , les fudorifiques ; fi c'eft par le dévoiement , les pur- gatifs légers , &c. , fi la maladie in- flammatoire fe termine par la fup>- puration , Foyci MuRiE, Ver- TIGO. Supplément à t Arnck prUidenù L'inflammation interne ainfi que l'extçrnç, dépend çn général, d'unç I N F obftruûion qui arrête les liquides , & d'un mouvement qui les pouffe tantôt en avant, tantôt en arrière. L'une &c l'autre de ces conditions tendent à pervertir les humeurs , &c c'eft quel- tjuetois l'une, quelquefois l'autre qui prédomine , ce qui fournit la divi- lion de l'inflammation en vraie ou légitime, en fauffe ou bâtarde. Dans la vraie , c'eft le mouvement ; dans la faufle , c'eft l'arrêt ou Tobftruftion qui joue le rôle principal ; la vraie s'annonce par 'a vigueur , Tégalitc , la tenfion du pouls; on doit enalFoi- blir les forces par des faignées réi- térées, détendre les fibres par des humeftans &c des émoliiens , fondre les humeurs par les favonneux rafraîchlflfans. La faufie a pour fignes la vacilla- tion , la petiteffe, l'inégalité du pouls, ftgnes qui ie manifeftent dès le début, ou qui furviennent pour peu qu'on excède dans la faignée : il faut fou- tenir les forces par les cordiaux , s'oppofer au relâchement ultérieur des folides , à la diffolution des fluides par les antl-feptiques forti- fians. Dans les fièvres malignes , les faignées abattent le pouls , caufent im délire dont la caufe eft fouvent l'inflammation ôi la fuppuration du cerveau. La vraie inflammation caufe très-fouvent un genre de pourriture qui demande l'ufage des antl-fepti- ques rafraîchiffans. Elle le produit certainement lorfque la phlogofe eft îrop violente pour fe réfoudre bé- nignement, ou pour fe terminer par la fuppuration; & fes changemens en gangrène font alors très-prompts; c'eft pourquoi il eft eflfentiel d'aller au devant du mal, de prévenir l'al- téraiign putridç dont les humeurs ^ INF 677 les vaifleaux font alors menacés , par l'admlniftration des remèdes anti- feptiques rafraîchifl"ans ; c'eft le moyen de s'oppofer à la corruption , de modérer l'agitation inteftine des lolides & des fluides, & de fiifpen- dre les fimeftes effets de la caufe prochaine de la chaleur, en déten- dant les fibres , en délempliffant les vaiii'eaux , en macérant leur tllTu , en calmant leur irritabilité, en ré- folvant leurs obftruûions , en les délivrant de leurs embarras, ils les préfervent de rupture , & rétablif- fent le cours des humeurs dans les tuyaux. Tels font les eff'ets qu'il s'agit de produire dans une partie menacée de pourriture par l'inflam- n>ation légitime. Puifque cet état de changement en gangrène, n'arrive que parce que l'obftruûion eft fi conftdérable , qu'elle occupe tous les vaifl"eaux de la partie affedée, ou que ceux qui font reftés libres, font tellement comprimés par le volume des autres , que rien ne pouvant paflTer par cet endroit, fes vaifl"eaux doivent foutenir la totalité du choc d'une circulation impé- tueufe qui les rompt tous prefque en même temps, & occafionne une effufion d'humeurs à demi-corrom- pues par la chaleur que ces mouve- mens font naître. Les anti - feptiques rafraîchlfl"ans font donc indiqués lorfque l'inflam- mation eft portée à un degré de violence qui fait craindre la gan- grène de la partie afFeftée. Ce danger fe manifefte par la chaleur ardente, par la grande tenfion, par la couleur pourprée, lulfante , bleuâtre de la tumeur, parla vivacité de la douleur, la fréquence & l'intenfité des élance- ïA^nSf par la dui;çi:é j la plénitude , U 6j^ I N F grande vitefle du pouls , par l'ardeur du corps , la (bif extrême , l'exaltation des urines, &c. L'enfemble de ces fymptômes exige l'ufage des rafraîchiflans en général; mais la diverfité de leurs caufes détermine les cas où il faut préférer ceux d'une efpèce plutôt que ceux d'une autre, & l'habileté du médecin vétérinaire dans cette occafion où il eft néceflaire d'agir promptement & avec efficacité, con- iîfte à favoir décider quelle eft la caufe principale du mal , afin de lui oppofer le remède qui lui convient de préférence. Il peut rapporter aux articles fui- vans les cau(es qui élèvent l'inflam- mation au degré de violence capable de brifer tous les vaifleaux de la partie intéreffée, & de la gan- grener. L'impétuofité de la fièvre qui fait efluyer aux tuyaux des chocs fupérieurs à leur cohéfion ; la rigi- dité des fibres , parce que manquant de foupleffe , elles ne peuvent s'a- longer, & font obligées de fe rom- pre; la compreffion qui, occafion- nant une ftagnation totale , donnent lieu au mouvement fpontané des humeurs , &C à l'érofion des vaif- feaux. L'impétuofité de la fièvre a fa caufe ou dans le fang trop abon- dant, trop phlogiftiqué, ou dans les nerfs trop mobiles , trop vivement affeftés. La rapidité des fibres eft un vice de tempérament, ou un accident pro- duit par quelques caufes étrangères , entre lefquelles le froid doit être ipé- cialement compté. ' La compreffion eft l'effet du poids du corps chez les animaux affoiblis I NF ou cacochymes, de Tétranglement dans les maladies externes, de quel- ques caufes éloignées dans certains cas de médecine. Si la caufe confifte dans l'abon- dance du fang , la faignée eft le re- mède efl"entiel , & ce feroit en vain qu'on voudroit parer aux accidens par les autres rafraichiflans , pendant que la pléthore fubfifte. On fait qu'elle a heu quand l'animal malade eft d'un tempérament fanguin , qu'on lui a prodigué une excellente nour- riture, qu'il l'a bien digérée, fans qu'on lui ait fait prendre un exer- cice convenable ; elle exifte chez les animaux à qui on a négligé de faire des faignées auxquelles ils étoient accoutumés ; chez ceux qui ont la tête plus pefante qu'à l'ordi- naire , & quelquefois accompagnée de vertige. On la connoît auflî par les laffitudes , les engourdifiemens dej membres , ce qui fe manifefte par la pofition contre-nature de leurs extré- mités , par la peine qu'ils ont de les fléchir ôc de les étendre, par la diffi- culté de la refpiratioB , par la pléni- tude du pouls, par le gonflement des veines , par celui des caroncules lacrymales , &c. Cependant ces derniers fymptô- mes manquent quelquefois ; il eft des cas où le pouls, au lieu d'être gros, eft fi petit, qu'on a peine à le trouver, les veines ne paroiflent point enflées, les caroncules , l'in- térieur de la bouche , &c. font plus pâles que dans l'état naturel , & néanmoins il y a pléthore ; c'eft même parce qu'elle eft exceffive, que ces indices font trompeurs; car l'abondance du fang eft fi confidé- rable, que les forces du cœur ne fuffifent pas pour le chaffer en en- Ihni.j: FLXlIll R. Ô7 3 'cilicr Jcuîp- INF tîer. Le' 5 ventricules ne pouvant fe vider d ans les artères trop remplies , Jl n'y en pouffe qu'une très - petite portK j)n , laquelle ne produit qu'une dilatr itlon imperceptible. Le pouls eft < Jonc petit, le total de la maffe forn )Pini une charge trop lourde, le cijeur n'a pas la force de faire par- venir Je fang jufque dans les capil- laires> Ainfi la circulation eft comme niffocp j(4e . g^ igg parties qui ont natu- re.îerr ,ent de la couleur, en font abfol ument privées. C'eft dans ce cas ^^^^ la faignée développe le pouls , ^ "' orne lieu à la fièvre d'éclater tout ^*^' Jup. Ce cas d'une circulation fuffoquée •X^&tn fe rencontrer avec l'état d'une mfîaaimation particulière très-vio- lente, & qui dcgénéreroit bientôt €n gangrène, û l'on n'y remédioit, P^.fce que c'efl lorfque les vifcères iont excédés de plénitude, que les pl'>s forts fe déchargent fur les plus foibies , &c y produifent l'^sùinie inflammatoire. Comment donc favoir alors que la pléthore efl la caufe principale de l'affeôion morbifique ? La ma- nière dont on a nourri l'animal , l'embarras qu'on remarque dans fa refpiration, la gêne qu'il éprouve lorfqu'il meut fes extrémités, ion penchant à dormir , les rêves qui traverfent fon fommeil , l'abfence des caufes qui peuvent rendre fon pouls fi petit , tels que la faburre des premières voies , la vivacité d'une douleur affez aiguë pour af- foiblir, des évacuations abondan- tes, ou une abftinence outrée qui auroit précédé; prefque toutes ces circonftances rapprochées de la du- reté du pouls, quelque délié qu'il (oit, & de la véhémence de l'inflam- I N F 679 ma*non particulière, apprennent que la, difpofition des veines, la modé- ration de la chaleur générale , la petiteffe , la foibleffe du pouls font des efi'ets d'une circulation luffoquce, & que la bénignité de ces derniers fymptômes ne s'oppofe point aux faignées qui peuvent feules prévenir le changement de l'inflammation en gangrène. Or, ce diagnoflic eft de la plus grande importance dans certains cas où l'on n'a qu'un moment pour em- pêcher la mortification par des fai- gnées réitérées , & où cependant l'état des chofes eft fi équivoque qu'un praticien peu exercé pourroit douter fi le calme dans lequel il trouve fon fujet, n'efl: point l'effet de la mortification déjà commencée, mortification qu'il ne manqueroit pas d'avancer par la faignée ; mais en combinant tous les fymptômes , en les confrontant avec ce qui a précédé la maladie, le médecin vé- térinaire inftruit faura toujours fixer. fon indication, La pléthore n'eft pas le feul cas qui demande les faignées répétées , pour obvier à la mortification dont une partie eft menacée ; la confti- tution acre & phlogiftlque de la maffe du fang, fa déterminaifon trop forte vers la partie enflammée, font d'autres circonftances qui exi- gent qu'on multiplie également les laignées. La dureté, l'amplitude, la vîtcffe du pouls , la puanteur des excrémens , l'odeur vireufe des fueurs , 6c de l'infenfible tranfpira- tion , l'état lixiviel des urines, leur fétidité , leur tranfparence jointe à une couleur orangée , la chaleur de la peau, principalement de la partie affeftéç, Ignt^ autant de marque* <58o INF I N f auxquelles on peut reconnoîtrè cet On fait que la rigidité naturelle ^^^^ . des fibres eft la principale caufe de Dans celui-ci, on ouvre les veines l'inflammation. Quand la tumeur des extrémités les plus éloignées du inflammatoire, qui eft accompagnée fiége du mal, pour produire une des douleurs les plus aiguës ,'a°pea diverfion qui écarte le fang de la par- d'enflure ,• la maigreur de l'animal, tie affedée , vers laquelle il fe porte la dureté extraordinaire de fon pouls, abondamment, &c l'on s'applique la vivacité de fon humeur, aident à particulièrement à corriger la phlo- former ce diagnoftlc ; ici on règle gole du fang par l'ufage des rafraî- le nombre des laignées d'après l'a- chiflâns du genre des tempérans. bondance du fang dans l'état de fanté, Ainfi , on^ retranche tout aliment & , fans négliger les rafraîchliTans fohde à ^l'animal malade ; on le dont nous venons de parler, on nourrit d'eau blanchie avec le fon agit principalement par tout ce qui de froment, ou avec la farine d'orge , peut alîbuplir les fibres trop roides , de leigle; d'heure en heure, on lui les bains tièdes , les fomentations fait bo:re de la tifane de piflenlit, avec la décoûion des fubftdnces fa- adoucie avec la réglifîe, & chargée rineufes, les cataplafmes favonneux, de deux gros de nitre par pinte, les embrocations de vinaigre mo- les tifanes des feuilles, tiges & ra- dérément chaud , font donc les cines d'ofeiile, d'alieluia, auxquelles principaux remèdes après la fai- on ajoute le firop de nénufar , I'êI- gnée. prit de vitrio! , le criftal minéral , ou Mais fi l'ardeur eft caufée par le la crème de tartre. froid, la méthode de remédier à ce La diiîérence des circonftances vice e. intérieure- ment, & applicués à l'extérieur. Les inflammations du cerveau , des i.itef- tins, de la veffi ^ , les pUu;éfi;^s les plus aigi'ës, &c. , fournlfient aflTez fouvent les occafions d'emidcyer ce genre de rafraîchiiTans. M. BR. INFUSION. Séjour d\.ne fibf- tance dans une liqueur quelconque. Le menftrue ou 1 1 liqueur doit être approprié à la fubftance qu'on veut faire infufer , c'eft-à-dire , de nature à s'approprier telle ou telle partie de cette fubftance. L'eau, par exemple, ne s'emparera pas des principes hui- leux d'une plante, mais elle s'appro- priera fes principes falins, &c. L'm- fufion n'eft ordinairement employée que pour le règne végétal, & fur- tout pour les médicamens qu'on veut en retirer. L'infufion fe fait à froid ou à chaud, & dans ce der- nier cas, le menftrue doit être à un dpgré de cha'eur moindre que celui de l'eau bouillante; car à ce degré, toute la part.e aromatique d'une plante s'évaporeroit avec l'eau ré- duite en vapeurs. Lorfque l'eau eft bouillante , c'eft a'ors une dicoc- tion, &C non une infuiio.i. Si le vé- gétd y refte un certain temps dans l'eau fioiJe ou chaude, c'eft une mucéraùon. Pour bien faire r'nfufion des vé- gétaux art matiques ou odorant, on doit don-ier feidement le degi'é de chaleur nfcefl. ire à la féparation , &C non à la djiîlpaiion des parties vola- tiles , & pouvoir boucher ex.fte- ment 6i à volonté le vaifleau dans lequel on fait iufvier. Les bonnes R r r r 682 I N O infiifions fe font au bain - marie ; c'eft-à-dire, que l'on prend tin vaif- feau quelconque, qui fupporte l'ac- tion du feu ; on le remplit d'eau en quantité (uffifante, & on plonge dans ce vaiffeau un autre vai'e de capa- cité moindre , dans lequel on met le menftrue & la fubftance qu'on veut faire infufer. Les menftrues ordinaires font l'eau pure qi.ii s'approprie les principes de l'odeur, les falins, les favonneux, les mucilagineux. L'efprit-de-vin dilTout l'efprit refteur , les huiles eflentielles, les lubftances réfineufes , & la plus grande partie des fubllances favon- neufes. On nomme ces infufions , teintures. Les huiles diffolvent l'ef- prit refteur & les matières huileufes de toutes efpèces. Les acides & les alcalis attaquent & dénaturent les fubftances terreufes des végétaux. On fe fert rarement de ces deux derniers menftrues. INOCULATION, Médecine RURALE. C'eft une opération par laquelle on communique aux enfans &■ aux adultes la petite vérole. Celte méthode, inventée par des peuples , qui , fourds aux cris de la - nature, qu'une abominable cupidité étouffe , font un trafic honteux de leurs filles , pour peup'cr les féraiis des voluptueux Afiatiques , cette méthode , dis-je, a été adoptée pour conferver la plus chère efpérance des familles & des empires : apportée de Conftant nople en Angleterre , elle y fut reçue comme im préfent du ciel. 0;i en fit d'abord l'eflai fur des criminels condamnés à mourir; elle réufflt. Auflitôt (en 17Z1) la PrincefTe de Galles , depuis Reine d'Angleterre, fit inoculer, fous les I N O yeux du doâeur Han-Sloane, fes enfans, le duc de Cumberland, la feue reine de Danemarck, & la prin- ceffe de HeiTe-Caffel. En 1755 Mgr. le duc d'Orléans fit inoculer Mgr. le duc de Chartres & Mademoifelle, depuis. ducheffe de Bourbon. L'inoculation eft regardée en An^ gleterre, comme un moyen vi£lo- rieux qui arrête les efforts deflruc- teurs d'un mal très-redoutable. Leur efpoir n'efi point trompé. Cette mé- thode s'y eft foutenue depuis 172 1 ; mais alors elle ne fut pas auffi-bien accueillie en France. Des foupçons peu tondis , des craintes pufillanj- mes , des calculs peu exaâs , des fcrupules imaginaires la firent prof- crire. Trente ans après , M. de la Condamine fe rendit l'apologifte de l'inoculation. Tout le monde s'en oc- cupa, les uns pour la faire adopter ^ les autres pour la faire rejeter. On- écrivit pour & contre , avec un égal enthoufiafme. Il en eft réfulté que l'inoculation doit être pratiquée» L'inoculation eft tellement répandue en Angleterre, que le premier foin- d'un officier eft de faire inoculer ùs jeunes recrues , û elles n'ont pas eu la petite vérole, & que la première- information que fait un maître à fon domeftique , eft s'il a été inoculé,, ou s'il a eu la petite vérole. D'après cet exemple, l'inoculation ne de— vroit plus trouver de contradi£leurs. Il eft donc à foubaitcr , pour le bien de rétat , pour l'intérêt de chaque individu, qu'on l'adopte par-tout, &'ïque ceux qui ont été jufau'ici lés détrafteurs, deviennent fes plus zélés partifans, à moins que l'ignorance ou l'opiniâtreté ne les aveugle.. Qui poiirroit aujourd'hui ne pas reconnoîire les avantages qu'elle- I N O procure ? Pour les mieux fentlr , fui- vons l'inoculation dans fa marche ; mais il convient de parler d'abord de la préparation qu'on fait fubir aux eiifans. Préparer un enfant à l'inoculation , c'eft lui donner un état de fanté qu'il n'a pas. D'après ce principe , un enfant qui Te porte bien, n'a befoin d'aucune préparation. On a vu beau- coup d'entans être hors d'état d'être inoculés, pour être devenus malades à la fuite d'un régime de vie trop févère auxquels on les avoit ré- duits. On ne doit préparer que ceux qui font fouvent malades , pléthoriques , &C fujets aux vers, ou qui ont l'ello- mac furchargé de pourriture. Pour l'ordinaire on fait prendre pendant trois jours coniécutifs , à ceux qui ont des vers , un bol fait avec 4 ou 5 grains de mercure doux, autant d'yeux d'écreviffes, &c quelques grains de jalap en poudre , qu'on incorpore dans fuffifante quantité de conferve de rofe. On leur fait avaler par-deffus ime talTe d'eau fucrée. La faignée eu. indifpenfablement nécefl'aire aux jeunes gens fortement conllitués & pléthoriques , qui fai- ,gnent habituellement par le nez, qui font fujets aux douleurs de tête. Le célèbre GanJoger veut que l'on com- mence chez eux la préparation par une faignée , 8i qu'on la répète le lendemain de l'inoculation. L'on purge d'une manière conve- nable , ceux qui ont l'eflomac ôc le refte des premières voies embarrafTées, ou bien ils font fmiplement foumis à l'eau de rhubarbe. En général, on interdit aux enfans qu'on veut inoculer, toute efpèce ■de viande. On les réduit à la diète I N O 685 végétale , à l'ufage des légumes 6c des farineux cuits à l'eau , &c à celui des fruits bien mûrs. Quand onfoup- çonne chez eux de l'acrimonie dans les humeurs , ou lorique leur peau efl infectée de dartres , de boutons, & de démangeaifons , on leur donne du petit lait pour boifion ordinaire , ou uns légère eau d'orge coupée avec parties égales de lait. De plus , on leur fait prendre des bains tièdes une ou deux fois le jour , (i leur tempérament peut les fupporter. Toutes ces préparations ne vont pas au-delà de huit jours, On arrive enfin au moment de l'inoculation. Alors on fe rapproche de la demeure de l'enfant vario'eux dont on a fait choix d'abord. Je dois faire obferver qu'il convient de choifir le levain variolique fur un iujet dont la petite vérole foit de bonne efpèce , & bé- nigne , dont les père &c mère foient fams ; il convient encore que ce fujet n'ait pas été infefté de gale, de fcor- but, de teigne, de dartres, d'écrouel- les, ni d'aucun vice elTentiel dans la maffe des humeurs. « On mettra à découvert les deux » bras de celui qu'on veut inoculer » dans une des pièces éloignées de » celle où efl le varioleux, 6c, avec » une lancette qu'on aura chargée de » pus varioleux, en perçant plufieurs » boutons en pleine iiippuration , on » foulèvera doucement l'épiderme, » ayant grand foin de ne pas faire » faigner la petite plaie qu'on fait » ainfi , & qui doit être impercep- » tible. Enfin , l'épiderme feul doit » être détaché à peu près comme » le font les écoliers dans leurs jeux , » lorfqu'ils paifent finement des » épingles entre la peau & la fur- •» peau. 11 eft inutile de rouler la R r r r z 6§4 I N O » lancette, on courroit rllque^Jde » bleffer la peau iidqu'au fan'j , ce »» qu il tant éviter tres-loigneule- « ment. On tait deux ou trois p:- » qùres pareilles fur chaque bras, » & on a le foin de paffer le doigt M auffitôt après fur l'endroit piaué, » & de le frotter afin que le pus » qui s'eft arrêté en partie au bord » de la plaie y pénètre davantage. ,'> Enfuite on abandonne l'enfant à » lui-même, qui, ne fentant rien , « ni n'apperc'evant aucune blefîure, » reprend fa première gaieté, que la » perplexité d'un moment lui avoit w fait perdre. » Cette manière d'inoculer, toute » fîinple qu'elle efl , n'ell pas auffi » faci'e dans Ion exécution , que » celle que nous allons décrire : il y neft pas de payfan, pour fi ruflre » qu'il puifle être, ni de nourrice, « qui ne foit à même de la pratiquer. » Elle confifle à racler avec l'ongle « la peau jufqu'à l'excorier, & la » frotter avec du pus variolique. On » pourroit encore fuppléer à une » lancette, avec la pointe d'une » greffe épingle ou d'un curedent » chargé de levain varioleux.M.(? où nous fomme* entrés , combien » cette opération efl facile , & com- » ment les perfonnes les moins exer- » cées peuvent la pratiquer dans » tous les temps & tous les lieux. » Trois jours après cette opération , les piqûres commencent à donner des marques d'infeûion ; on y apper- çoit un petit cercle rouge qui s'a- grandit de plus en plus, prend la cou- leur d'un rouge plus foncé , s'é'ève en bouton , s'enflamme , 6c fuppure; I N O c'eft ordinairement vers le fixième jour que la fuppuration locale com- mence : c'efl alors que le bouton va- rio'eux blanchit à (on centre que l'inflammation s'étend à la_^circonfé- rence, & le noyau devient plus dou- loureux. Si on examine avec atten- tion cette partie, elle.efl environnée de plufieurs petits boutons varioleux qui deviennent beaucoup plusfenfibles le jour fuivant. A cette époque la fièvre d'invafion commence , elle paroît avec tout l'appareil qui caradérife la petite vé- role. Les inoculés ne font pas aufîî gais qu'ils l'étoient auparavant; ils com- mencent à fe plaindre de mal de tête ; ils fe ientent plus foibles & plus abat- tus ; leur fommeil eÛ interrompu. Si on leur touche les bras ou quelque autre partie du corps, on apperçoit , & l'on y fent des ibubrefauts. S'ils s'éveillent, c'efi; toujours avec une forte de frayeur. Ils font dégoûtés; l'appétit leur manque. Tantôt ils font affoupis, &c tantôt tourmentés par la veille. Tous ces fymptômes augmentent îe troifieme jour ; le délire & les con- vuUions furviennent : elles font tou- jours d'un bon augure , & annoncent la prochaine éruption de la petite vé- role. Elle fe manifefle à la peau , au quatrième jour, qui eft ordinaire- ment le onzième de l'infertion. Les fymptômes qui accompagnent la fièvre diminuent, & le nombre des boutons qui conflituent cette érup- tion , efl très-petit ordinairement; il ne pafî'e pas quatre-vingts. Il y a eu deSyinoculés qui n'en ont eu que deux eu trois, & quelquefois point du tout. Ce cas extrêmement rare , n'em- pêche pas qu'on ait eu la petite vé- role. M. Gdrdunc nous apprend que la I N O fièvre varioleufe bien caraflérifée, fuffiroit (eule pour diffiper toute appréhenfion ; mais lorfque les pi- qûres ont iuppuré , & qu'il s'eft formé autour d'elles un certain nombre de boutons accompagnés de cette même fièvre , & également en fuppuration, il n'en faut pas davantage, La fuppu- ration des puftules s'établit à raifon fente de la partie pof- térieure. S montre par une ligne pon£luée , l'endroit où eft le fuçoir ou la trompe de l'animal...., iiii quati-e de fes fix jambes ; (es anneaux font affez diftincls; cette gale-infeâe eft prête k pondre, auffi fon ventre eft-11 de niveau avec le contour de fa coque ou d'enveloppe cccc. La fauffe teigne qui dévore les blés eil repréfentée dans une des planches du mot Froment. On a vu que les trachées par lef- quelles les infedtes refpirent , font placées, fur le dos. L'expérience a prouvé que la plus légère parcelle d'huile fuffit pour en boucher l'o- li&e ^ ÔC donner la mort à l'in- I N S fe£le ; point de fait q\ii fera mieux développé à l'article Taupe- grillon. Le favon produit le même effet lorfqu'il eft diflbus dans l'feau;. & fi les teignes s'emparent des ten- tures , des étoffes en laine , il fuffit de les frotter par derrière avec du favon, afin d'en chaffer les infeftes» Il faut répéter plufieurs fois cette opération dans le cours de l'été. L'animal fuit-il à caufe de l'odeur du favon ou à caufe de l'huile dont il eft fabriqué ? il importe peu d'en connoître le motif, mais le grand point eft que le fait foit vrai. J'ai préparé, avec une eau favonneufe , des dépouilles d'oifeaux que je def- tinois à être montées ; des occupa- tions ne me permirent pas de me livrer à cet amufement; elles furent oubliées pendant près d'un an ôc demi dans une armoire , fans être attaquées de l'efpèce d'infe£le qui les dévore. J'en ai fait monter ainfi plu- fieurs préparées de cette manière , & les peaux d'oifeaux font aujourd'hui aufti-bien confervées que le premier jour, IIn'SOViNIE, Médecine rurale. AfFeâion morbifique qui tient le malade éveillé dans le cours de la fièvre, & uifpend le fommeil dont il a befoin. On en diftingue deux fortes ;- celle qui vient dans l'état de fanté, & celle qui accompagne la maladie. Les caufes immédiates de l'infom- nie dans l'état de fanté , font des fonges fatigans, des frayeurs- im- prévues , la tenfion des fibres du cerveau , les vives pafîions de l'ame ,. l'irritation Au fyftème nerveux , l'af- fcOion vaporeufe , les chagrins; enfin, tout ce qui peut augmentçr 1 N S le mouvement de la mafle du fang , & exciter l'a fermentation , peut produire l'iniomnie. On doit encore y comprendre l'ufage abulîf du vin , des liqueurs fpintueufes, du café. Les alimens trop poivrés & trop épicés , les veilles immodérées exci- tent cette maladie , en imprimant au ians:.& aux autres humeurs un certain degré d'âcrete, & une qua- lité corrofive. On remédie aifément à l'infomnie qui dépend des dernières cauks dont on vient de parler : les malades s'abftiendront de tout aliment échauffant, & prendront, pour leur boiflTon ordinaire de Teau de poulet ; on oppofera à l'infomnie produite par une abondance de fang, la îaignée & une diette févèie; on combattra celle qui fera l'effet de la tenfion des nerfs 6c de leur lenfibilité , par des relâchans 5i des narcotiques modérés. Cette dernière caufe efl; la plus ordinaire & la plus commune, c'eft pourquoi on doit pre(crire aux ma- lades l'eau de poulet nitrée , l'oran- geade, l'orgeat , une légère limonade, ikleur donner tous les foirs uneémul- fîon faite avec demi- once de lemences froides majeures, qu"'on écrafera dans \m mortier, en 'es arrofant d'une fuffifante quantité d'eau de laitue; on ajoutera à la colature, dix grains de niire purifié, &c une demi-once firop diacode. Les bains de jambes , les demi- bains, les bouillons de tortue , la décodfion de quelques efcargots de vigne , qu'on aura écrales dans un mortier , font des remèdes très- adouciffans , Se très-propres à faire ceffer l'infomnie , fur-tout s'ils font aidés du repos de l'ame &i du corps; I N S 691 les lavemens d'eau pure , le régime végétal , les crèmes de riz , d'orge , le fagou , la femoule , produiiént les effets les plus falutaires. En général, ce n'efl qu'à la der- nière extrémité qu'il faut recourir aux préparations d'opium ; elles font le plus fouvent nuifibles. Il vaut mieux leur préférer une combinai- fon de camphre &C de nitre ; fon effet eft plus fur, moins dangereux, & plus conforme aux vues de la nature. Quand l'infomnie accompagne les maladies aiguës, elle eft prelque toujours fubordonnée à la maladie efîentielle. Le fbmmeil ne revient que lorique la caufé qui l'a produit , tÛ détruite , ou du moins prefque enlevée. 11 eft alors inutile d'infifter fur les narcotiques qui feroient à coup fur nuifibles, fur-tout dans le commencement de la maladie , ils avigmcnteroient la fluxion. Ce n'eft que dans les inlbmnies qui pro- viennent d'une caufe particulière , telle qu'une douleur vive furvenue à ia fuite de quelque coup, ou de quelque chute , ou qui eft produite par des exoftofes , par un ulcère , ou par une carie invétérée , qu'on peut &C qu'on doit donner de l'o- pium, du laudanum , &C même cer- taines préparations cuivreufes , qui , d'après Fanlulmont , font de très- puiflans hypnotiques, très-bien indi- qués dans ces circonftances. Il n'eft pas indifférent de faire obferver qu'on peur beaucoup nuire avec l'opium, & qu'il faut le don- ner aux malades à une très-petite dofe, fur-tout en commençant; on débute par leur en prefcrire un quart de grain, & par degrés on les ac- coutume à une dofe plus forte; S s s s z 692 I N S fouvent même on y ajoure du cafto- reiim , qui pafîe pour être très-propre à le corriger. L'opium n'efl pas le feul remède qu'on puiffe employer; le firop de karabé , le laudanum liquide de Sydenham, la liqueur minérale ano- dine d'Hoffman , le laudaniun , & les pillules de cynoglofe peuvent rem- plir les mêmes vues , modérer les mouvemens violens & dciordo'nnés des eCpriîs, procurer le ibmmeii, 6c augmenter les forces. Je crois devoir ajouter que l'uTage de la liqueur anodine Hoftman ne nuit aucunement au cerveau. C'efl auffi d'après cette confidération, que L'uutatid n'ell point furpris qu'elle foit préférable aux autres prépara- tions d'opium dans la plus grande partie des cas oii ce genre de re- mède eft indiqué. La dofe de cette liqueur eft depuis dix gouttes juf- qu'à trente ; on la prend tou- jours dans une potion appropriée. M. AMI. ÎNSTRUMENS ôr agriculture & diir jardinage. ( Voyez k mot OuTlLS la'AORICLLTURE , &C. ) INSTRUMENS nêce(falres nu panfemtnt des animaux. MÉDECINE VÉTÉRINAIRE. On fuffifamment fait fentir la nécefîitc du panlement de la main , dans l'article Gale; de forte que le cheval, le mulet, le jumarr, râne , le bœuf, &c. ne jouiront d'une fanté parfaire, qu'autant qu'on les panfera tous les jours. Les inf- trumens qui fervent- au panfement , font l'étrille , l'épouffette, la broffe, le bouchon , la brofî'e longue & l'é- ponge, le peigne, le cure-pieds & le couteau de chaleur. I N S Du chcix des étrilles. Celles que^ nombre d'éperonniers francois ap- pellent du nom c'étrilles à la lyon- nolfe , femblent à tous égards méri- ter la préférence. Nous en donne- rons une exafte defcrlption après- avoir détaillé les parties que l'oa doit diftinguer dans l'étrille en gé- néral, &, par comparailon à celle à laquelle je m'arrête, nous indique- rons les plus ufitées entre celles qui font connues. Les parties de l'étrille font le coffre & fes d«ux rebords , le- manche , fa foie empalée & fa- virole, les rangs, leurs dents & leurs empatemens , le couteau de cha- leur , les deux marteaux, enfin, les rivets qui lient & uniffent ces di- verfes pièces pour en compofer un tout folide. Le cofre n'efl: qu'une cfpèce de gouttière , réhiltante du relèvement à l'équerre des deux extrémités d'urî plan qiiarré, ou quarré long. Dans rétrille à la lyonnoife , il préfente un quarre long de tôle médiocre- ment épaifie , dont la largeur eft de fix à Icpt pouces, & la longueur de huit ou dix. Cette longueur fe trouve diminuée par Atun ourlets plats que fait l'ouvrier, en repliant deux fols fur elles-mêmes les deux petites extrémités de ce quarré- lo.og ; & ces ourUts larges de deux lignes, & dont l'épaifleur doit fe trouver fur le dos de l'étrille, & non en dedans, lont ce que l'on nomme- les bords du coffre. A l'égard des deux extrémités de ce parallé- logramme bien aplani, elles forment- les deux côtés égaux & oppofés de ce même coffre , lorfqu'eiles ont été taillées en dents , & repliées à l'é- querre fur le plan de l'étrillé, 5c css.- I N s %ô>és doivent avoir dix ou douze lignes de hauteur égale dans toute leur longueur. Le /;z(2/7f/ze efl de buis , d'un pouce fix ou dix lignes de diamètre , & long d'environ quatre à cinq pou- ces. 11 efl tourne cylindriquement, & ftrié dans toute la circoniérence , par de petites cannelures e(|iacées très-près les unes des autres, pour en rendre la tenue dans la main plus ferme & plus aifce , & il ell ravalé à l'extrémité par laquelle la foie doit y pénétrer de cinq ou fix lignes de diamètre , à l'effet d'y recevoir une virole qui en a deux ou trois de largeur , &c qui n'y eft pofce que pour le garantir contre l't-tfort de cette foie, qui tend toujours à le fendre. Il efl de plus placé à angle droit fur le milieu d'une des grandes extrémités , dans un plan qui feroit avec le dos du coffre, un ang'e de vingt à vingt-cinq degrés ; il ell fixé au moyen de la patte qui fe termine en une foie iffez longue pour l'enfiler dans le fens de fa longueur, & être rivée au-delà. Gette patte forgée avec fa foie, félon l'angle ci-delTus , & arrêtée fur le dos du coffre par cinq rivets au moins, ne fert pas inoins à le fortifier qu'à l'emmancher, aiiffi eû- eile refendue fur plat en deux lames d'égale largeur , c'ell- à-dire , de cinq ou fix lignes chacu.ne qui s'étendent en demi S avec fymétrie , l'une à droite, l'autre à gauche. Leur réu- nion d'où naît la foie, & qui doit recevoir le principal rivet, doit être longue & forte , & leur épaiffeur , fufRfante à dei x tiers de ligne par- tout ailleurs, dot augmenter infen- Hlileinent en apprcchant du manche I N S 60.3 & fe trouver de trois lignes de lon- gueur au moins fur quatre de largeur à la naiflance de la foie qui peut être beaucoup plus mince , mais dont il eft important de river exadement l'extrémité. Les deux p.irois verticales du cofire & quatre lames de fer , égale- ment efpacées &î. pofées de champ fur fon fond parallèlement aux deux parois , compofent ce que nous avons nommé les rangs. Trois de ces lames font , ainfi que celles qui font partie du coffre, dentées fu- périeurement, & ajuflées de manière que toutes leurs dents toucheroient en mcme-temps par leurs pointes- au point fur lequel on repoferoit l'étrille. Celle qui ne l'efl point 6c qui conrtitue le troifième rang , à compter dès le manche , eft pro- prement ce que nous difons être le couteau de chaleur ; fon tranchant' bien drefîé ne doit pas atteindre air plan fur lequel font les dents, mais il faut qu'il en approche également ; & conféquemment un intervalle égal à leur profondeur d'une ligne du plus ou moins, luffit à cet effet. ■ Chacun de ces rangs eft fixé par' deux rivets qui traverfent le coffre, & deux empatemens qui ont été tirés de leurs angles inférieurs par le lécours dé la forge. Ces empate- mens font ronds , ils ont fix à fept lignes de diamètre, & nous les comptons dans la longueur des la-- mes,.qui de l'un à l'autre bout eft la même que celle du coffre. Il eft bon d'obfervcr que ces quatre lafties ■ ainfi appliquées, doivent être forcées ■ de façon que quand leurs empâte-- mens font bien aftis , il y ait UQ1 efpace d'environ deux lignes entre.- (?94 I N S leur bord inférieur &: le fond du coffre , pour iaiffer un libre paflage à la craffe & à la poufTière que le pale- frenier tire du poil du cheval ou du bœuf, &c. dont il cherche à dégager & à nettoyer fon étrille, en frappant fur le pavé, ou contre quelqu'autre corps dur. C'eft pour garantir fes rebords & fes carènes des impreffions de ces coups , que l'on place à fes deux petits côtés, entre les deux rangs les plus diftans du manche , un mor- ceau de fer tiré fur quarré , de quatre ou cinq lignes , long de trois ou quatre pouces , refendu félon fa longueur jufqu'à cinq lignes près d'une de fes extrémités , en deux lames d'une égale épaiffeur , ÔC affez féparée pour recevoir & pour admettre celle du coffre à fon rebord. Ces morceaux de fer forment les mar- teaux , la lame fupérieure en eft coupée 6c raccourcie pour qu'elle ne recouvre que ce mcme rebord , l'autre efl couchée entre les deux ran?s 6c fermement unie au coffre par deux ou trois rivets. Les angles de ces marteaux font abattus ôc arrondis comme toutes les carènes de l'infirument fans exception , afin de parer à tout ce qui pourroit blefTer l'animal en l'étrillant. Par cette même raifon , les dents qui repréfentent le fommet d'un triangle ifocèle affez alongé , ne font pas affez aiguës jufqu'au point de pi- quer; nulle d'entr'elles ne s'élève au-deffus des autres. Leur longueur doit être proportionnée à la fenfi- bilité de l'animal auquel l'étrille eft deflinée ; elles doivent , en paffant au travers du poil , atteindre la peau , mais non la déchirer. La ï N S lîme à tiers -point dont on fe fert pour les former, doit auffi être tenue par l'ouvrier très -couchée fur le plat des lames, afin que leurs côtés ôc leur fond, dans l'intervalle qui les fépare , préfentent un tran- chant tel que celui du couteau de chaleur, c'efl-à-dire, un tranchant fin 6c droit, fans être affilé ou en état de couper, 6c elles feront efpacéesde pointe à pointed'unelignetoutauplus. Toute paille, barbe, fauffe ou mauvaife rivure , faux-joint ou dent tendue , capable d'accrocher les crins ou le poil du cheval ou du mulet, font des défeâuofités nui- fibles 6c qui tendent à donner at- teinte au plus bel ornement de ces animaux. Entre les efpèces d'étrillés les plus ufitées, il en eft dans lelquelles on compte fept rangs, le couteau de chaleur en coupant le milieu. Les rebords en font ronds , le dos dvi cofR-e voûté, &C les rangs élevés fur leurs empatemens , jufqu'à Iaiffer fix ou fept lignes d'efpace entr'eux 6c le fond du coffre. Leurs marteaux n'ont pas deux lignes de groffeur 6c de faillie , ils font pla- cés entre le deuxième 6c le troifième rang , la patte du manche eft enfin retendue en trois lames dont les deux latérales ne peuvent être con- fidérées que comme une forte d'en- jolivement. Il efl évident , i°. que le fep- tième rang n'efl bon qu'à augmenter inutilement le poids &: le vo'ume de cet inftrument; i°. i'efpa ce entre le fond 6c les rangs eft non-feule- ment exceffif, puilque, quand il feroit d'une feule lisne, cette ligne fuiîîroit pour empêcher l'adhcûon. s,-//,.; S,-u//- I N s I N S 695 ie la crafle & pour en faciliter l'ex- rang du milieu , c'eft-à-dire , du pulfion, mais il efl encore réelle- couteau de chaleur, & par confé- ment préjudiciable, parce que les quent très-mal fitué ; il eft telle- rangs peuvent être d'autant plus ment affamé, qu'à peine peut - il facilement couchés & détruits, que réfifter à quelques coups; d'ailleurs les tiges de leurs empatemens font la conflruftion totale cil d'autant plus longues; 3°. les marteaux étant plus mauvaife qu'elle ne préfente auffi minces & auffi courts, ne mé- qu'afpérités & fauffes rivures. Quant ritent pas ce nom; 4"^. fitués entre au manche, il feroit à fouhaiter le fécond & le troifième rang, ils qu'il fut adapté aux étrilles à la ne fauroient , par leur pofition & lyonnoife, la forme en eft égale- par leur faillie, garantir les rebords ment ronde, mais au lieu de fimplcs & les carnes ; 5°. ces rebords n'ont ftries dans fon milieu , il eft renflé nul avantage fur les rebords plats dans le lieu que le creux de la 6c n'exigent que plus de temps de main faifit, & terminé par un bout la part de l'ouvrier; enfin, la patte ne fort élargi qui rempliflant l'cfpace contribuant pas à fortifier le coffre, qui eft entre le pouce & l'index de la ne remplit qu'une partie de fa detVi- main qui en efl armée comme elle doit nation. l'être , empêche -que l'étrille ne Nous trouvons dans les étrilles gliffe , Se demande ù cette main qui font du plus fréquent ufage à moins d'effort pour la tenir. Du Paris , une grande partie de ces refte nous défirerions encore que ce défauts. Il fembie que les ouvriers même manche fût relevé jufqu'au qui conftruifent cet inftrument , foit- point d'éviter le frottement des doigts tlifant anglois, & par cela feul fans du palefrenier dans l'adion d'étriller doute préféré, s'attachent unique- l'animal. ment à mettre à profit des lames de II eft encore d'autres étrilles dans fer très-minces dont ils ne peuvent lefquelles les rangs font feulement tirer des empatemens à peu près dentés jufqu'à la moitié de leur folides, qu'aux dépens des parties longueur, tandis que dans l'autre dentées. Ces lames ou ces parties mouié ils reprél'entent un couteau n'occupent qu'environ la moitié de de chaleur oppofé dans chaque la longueur du coffre; les empnte- rang, & répondant à la moitié den- mens qui les attachent par les deux tée de l'autre. Communément l'ou-- bouts ayant de chaque côté un quart vrier forme les rangs droits fur de cette longueur totale: ainfi, au leurs bords fupérieurs & inférieurs; moyen de la brièveté des rangs , ces rangs formés droits , il en taille le palefrenier n'embraffe à la fois en dents la moitié, mais fbit par qu'une très-petite partie de la fur- ignorance , foit par pareffe ou par face des poils , & il fe voit obligé de intérêt, il s'épargne le temps & la multiplier les allées & les venues, peine de ravaler le tranchant, &c la longueur des rangs tirés du coffre dès-lors l'appui dit couteau fur le ■ même, ne fufRfant pas pour déta- poil s'oppofe à ce que les dents par-- cirer la craffe qu'il s'agit d'enlever, viennent à la peau. Je conviens ■ il n'eft ici qu'un niarteau tiré du cpxun ouvrier plus intelligent ;>,0VX' 6^6 I N S de meineure foi peut, en ravalant 'les tranchans , obvier à cette défec- tuofité. Cette pratique néanmoins ne m'offre aucune raifon de préfé- rence fur la mcthode que je con- feille ; car elle fera toujours plus compliquée, & d'ailleurs l'expérience démontre qu'un couteau de chaleur coupant toute la longueur de l'étrille, n'eft pas moins efficace que les fix moitiés qui entrent dans cette dernière conftruftion. Au furplus & à l'égard des ouvriers qui blanchiffent à la lime le dos du coffre , nous dirons que ce foin eu affez déplacé relativement à un fem- blable inflrument, & nous ajouterons encore qu'il peut apporter unobflacle à fa durée, 1 impreffion de la forge dont ils dépouillent le fet en le limant , étant im vernis utile qui i'auroit long-temps défendu des at- teintes de la rouille. Quant au panfement de la main, la première attention du palefrenier , du muletier, &c. en fe levant, ou en entrant le matin dins l'écurie , doit être d'attacher à un des fufeaux du râtelier une des doubles longes du licol. C'eft ce que plufieurs d'entr'eux ne pratiquent jamais , aulîî trcuve-t-on très-fouvent leurs chevaux, leurs mulets, couchés, étendus fur le pavé & mangeant leur litière; à l'égard des animaux malades , cette précaution feroit déplacée. Ils doivent enfuite faire net, ou nettoyer les auges avec un bouchon de paille , & diilribuer i'avoine ou le fon, félon qu'il eu ordonné. Quand on n'auroit rien à préfenter aux animaux, on ne fera pas moins net devant eux. L'odeur que contraQe l'auge par le féjour 4çs âlimens en partie mâchés, & f NS laî/Tcs paf les animaux , étant capa- ble de les jeter dans le dégoût ; aufH cette aftion doit-elle être répétée plu- fieurs fois dans le jour? Auffitèt après que ces animaux ont mangé ce qu'on leur a donné , on remue la litière avec une fourche de bois & non de fer ; il feroit très- prudent d'interdire aux palefreniers & aux muletiers celle-ci ; quand ella fe trouve fous leurs mains, ils s'en fervent préférablementà la première, aux rifques de bleffer très-dangereu- femem les animaux. Ils relèveront proprement la litière fous l'auge, obl'ervant de féparer & de mettre à l'écart la partie de cette même litière qui fe trouve pourrie ou gâtée par la fiente & par l'unne ; après quoi, ils nettoyeront à fond avec le balai de bouleau, la place des animaux. Quoiqu'on relève rarement la litière aux animaux malades, il eft bon d'en ôter ce qui eft corrompu & mouillé & de balayer en deflbus , fauf à faire une litière en partie fraîche , & le tout pour rendre toujours plus faine la place qu'ils occupent. Avant de procéder au panfement, il faut mettre !e cheval ou le mulet au filet, ou ce qui vaut mieux encore, au maftigadour , que l'on garnit de temps en temps d'un nouet d'affa fœ- tida. Cette efpèce de mafticatoire ou d'apophlegmatifant prévient toute inappétence, il réveille la fenfatlon de la faim , & procure fouvent une utile révulfion. Lorfqu'on peut faire fortir l'animal de fa place & le fixer en arrière , en at- tachant les longes du filet ou du maf- tigadour aux piliers qui la limitent, on ne doit pas chercher à s'en dilpetv fer; I N S fer; en panfant des animauv à leur ■place , la poiiflîère de l'im vole fur l'autre. Si la faifon ôi le temps font beaux , •en les conduit hors de l'écurie , ou on les attache par ces mêmes longes à des anneaux de fer fcellés dans le inur pour cet ufage. De la manilre dc/efcrvir di Cétrille , & de C effet que cet injlrumtnt produit. \°. Le palefrenier ou le muletier, armé de l'étrille qu'il tient dans ia main droite, de manière que fon petit doigt cil tourné du côté du corps ou du coffre de cet inilrument, & que fon pouce fe trouve étendu fur l'extrémuc du manche & près de la rivure de la foie dont ce manche eft enfilé , faifit la queue du cheval ou du mulet avec la main gauche. Il paffe rétrille fur le milieu & fur le côté de la croupe , à rebroufle- poils, en allant & revenant pendant •un certain efpace de temps avec vîtefle & avec légèreté fur toutes les parties de ce même côté qu'il parcourt d'abord ainfi en remontant jufqu'à l'oreille. On doit ménager toutes celles qui font douées d'une trop grande fenfibi- lité , ainfi que celles qui font occu- pées par les racines des crins. On ne porte par conféquent jamais l'étrille ni fur le tronçon de la queue , ni fur les parties tranchantes de l'encolure , ni lur l'épine, ni fur le fourreau; on la paffe plus légèrement fur les jambes qu'ailleurs. Du rcfte , il im- porte que le palefrenier ou le mule- tier, dans cette aftion , meuve fon bras avec aifance, le déploie & em- hrafle à chaque coup une certaine étendue du corps. 2°. L'effet de cet inftrument étant de détacher Ig craffe réfultante de Toim y. î N S ^97 révaporation dont nous avons parlé dans l'article Gale, plufieurs coups donnés fufhfent pour en enlever une certaine quantité plus ou moins confi- dérable. C'eft aulïï pour dégager les rangs ou Iç fond du coffre de l'étrille de celles dont on les voit chargés , que le palefrenier ou le muletier doit frapper de l'un des marteaux de {oxv inlîrument de temps en temps fur le pavé, contre le mur, ou contre les piliers ; il doit même foufïler forte- ment entre les rangs, pour les nettoyer plus exaftement. Le cheval ou le mulet fufRfamment étrillé fur le côté droit , on procé- dera au panfement de la partie gauche. 11 s'agit alors de changer l'étrille de main ii. de fe faifir de la queue avec la droite ; d'où l'on doit con- clure qu'un bon palefrenier ?>c un bon muletier doit être ambidextre, c'eft-à-dire, qu'il doit avoir une même & une égale liberté dans les deux bras. Il pratiquera fur cette face du corps de l'animal , ce qu'il a pratiqué fur l'autre. De Xépouffette. A l'étrille fuccède l'cpouffette : on appelle de ce nom une certaine étendue de ferge ou de gros drap deftiné à enlever les corpulcules que le premier inftru- ment peut avoir élevés & laiffès# la fu perfide des poils. On tient cette étoffe par un des bouts ou des coins ; on en frappe légèrement tout le corps de l'animal ; on s'en fert auffi pour frotter & nettoyer la tête, les oreilles dedans & de- hors, l'auge, l'intervalle qui fépare les avant-bras, celui qui fépare les cuiffes, & toutes les parties enfin fur lefqucUes l'étrille n'a pas dû être paffèe. De la broffc. Après avoir épouffeté T t t ■/> ci« /'Ami/'C ' . -//v^' »?!• ./Xvv/;tV- '- ./>///.■/•. i;-"^-- y^v//.' .T?.-<\' ,/,:■• ^r,\r I N s par l'encolure, & on ramène toujours l'eau du côté du garot ; de-là on fuit les épaules, les bras, les avant-bias , les jambes & l'entre- deux de ces parties. On ne tient fon inftrument d'une main feule, que lorf'qu'il ne ieroit pas libre de l'employer autre- ment. On le paffe enfulie depuis le dos & les reins, julque fous le ventre où l'eau fe raflemble , ^c le long du ventre & de la poitrine , depuis le fourreau jufqu'au poitrail, pour l'a- battre entièrement. On en ufe de même relativement à la partie fupérieure de la crou[)e, à les parties latérales, aux haiiches , aux felTes , aux cuifîes, exiérieure- ment & intérieurement , aux jam- bes, &c., après quoi on bouchonne fortement le cheval. On le couvre avec loin; on le met au malligadour, & on l'attache de manière qu'il de- meure la croupe tournée à la man- geoire, jufqu'à ce qu'après un cer- tain efpbce de temps on entreprenne de le panier. Pour faire la queue , on l'empoigne dès le tronçon, & on coule, en l'empoignant toujours , la main juf- qu'en bas , & jufqu'à l'endroit où l'on fe propole de couper les crins. Cette même main doit defcendre en fui- vant une ligne à ploinb, & fans fe porter ni à droite ni à gauche. Lorf- qu'elle eft parvenue au lieu conve- nable, on la ferre exaftcment & on la rf tourne , de forte que rextrcmité des crins le préfente au palefrenier qui coupe toute cette même extrémité ex- cédente. La hauteur de la queue eft ordinairement fixée à !a hauteur du fanon. A l'égard de la crinière, on ne la coupe aux chevaux qui ont tous leuj-'s crins,, que de la largeur d'un r N s 701 doigt, préclfément à l'endroit où repofe le deffus de la têtière du licol. Les chevaux dans lefquels cette partie eil trop chargée, demandent' qu'on leur en arrache des crins , ce qui fe fait en tortillant autour du doigt ou d'un morceau de bois, l'extrémité de ceux cju'on fe propofe d'arracher. Les grands poils des lèvres doi- vent être coupés ; & il en efr de même de ceux qui croiflént an menton , à la barbe , & qui fonr parlemés aux environs des na- leaux. On arrache ceux qui fe mon- trent au -défions- de la paupière infé-' rieure. Pour taire les oreilles , on met^ l'animal daîis une pofuion dans la-» quelle la tête efl à portée de la main, 6c l'on coupe , à petits coups de ci^ féaux, le plus prcs qu'on peut, le poil qui borde ces parties , tant en dehors qu'en dedans ; on tiendra parfaitement égale la bordure que' l'on trace, &: la largeur de cette" bordure doit être de toutes parts d'environ trois lignes. Quelques per- fonnes fe fervent d'un rafoir au lieu de cifeaux, après avoir favonnc l'oreille. On lait le poil aux jambes tropgar- n-ies de poils , avec des cifailles ou pinces à poil. On l'arrache en l'éta- geant de manière qu'il ne paroifTe pas qu'on en ait ùré. Toutes les fois que les animaux viennent de l'eau, on doit la leur avaler des quatre jambes avec les deux mains ; toutes les fois qu'ils rentrent, on doit les nettoyerde la boue dont elles font chargées avec Vifonge &C la ho^e longue, ou Is balai; ks maîtres ne faiiroienf 70Î I P É trop recommander cette pratique à leurs cochers , fur - tout daas les grandes villes , dont la boue ell toujours épaiffe, noire &C très-caul- tique. Ou doit y faire aufll ufage des bains de rivière, qui font très- capables de fortifier les membres. Quant à l'habitude où l'on eft de faire paffer les chevaux à l'eau après les avoir courus &i mis en nage , elle feroit certainement très-préju- diciable fion les y tenoit long-temps, & fi on n'en prévenoit les fuites fu- nelles , d'une part , en exigeant d'eux une allure très -prompte Hi. très-' preffée dans leur retcur à récurie ; & de l'autre, en leur abatt.^nt l'eau avec le couceuu de ck.iUur, Ôc en les bouchonnant fortement eniuitê , toute aciion précipuée hâtant le mouvement du fang, 6c l'elpèce de fridion qui réfulte du bouchonne - ment , ne pouvant qu'ouvrir les pores refferrés par FaftriÛion de l'eau , augmenter la chaleur de la peau , & y rétablir l'évaporation né- cefTaire. Enrin , tous les foirs on repaffera dans l'anneau de la mangeoire la longe du licol qu'on a attaché le ma- tin aux fufeaux du râtelier , afin que les chevaux puiffent fe coucher. On mettra une couche de paille fraîche fur l'ancienne litière , & on ne fera jamais cette litière -trop en arrière; elle n'y eft que trop rejetée par le cheval alnfi que parle mulet, &c.; il ne faut pas qu'elle outre - paffe la pince des pieds de derrière. M. BR. ÎPÉCACUANHA. Von Linné la nomme P^io/a ipecacuanha. Syji. Pi, édit Reych. r.j p. 970. On n'emploie que la racine de cette plante qui croît I P É €ans les forêts humides derAmériaue méridionale , d'oii on nous l'ap- pcte : il y en a de brvmf & de grife. C'tft aujourd'hui 'e f=ul émé- tique tiré du règne végétal , dont on faffe ulage. La racine eft noueufe , inodore, d'une faveur acre , nauié bonde; y{ ce qui a été dit au mot ' Arrosement) , mais de ia ■quantité. On fe procure l'eau ou par •une rivière , im ruiffeau dont on dé- tourne une partie, ou le tout, fui- vant le befoin. Le grand point eft <]ue l'eau ne manque jamais. Au dé- faut de l'un ou de l'autre, on Te fert d'une lource abondante , ou d'un puits. . Comme l'eau des ruiffeaux ou des ■rivières eft à peu de choie près à la température de l'atmol'phere , on peut l'employer telle qu'elle efr pour arrofer. 11 n'en eft pas ainfi de l'eau ^e fource ou de puits : Ion degré de chaleur n'ell ordifiairement que de douze degrés , tandis que celui de l'armorphtre, pendant l'été, & dans les provinces un peu méridionales du royaume , eft de 21 à 24 , à 26. Cette différence dans les degrés de chaleur al;îme les plantes qu'on arrole. i^Rclïf:'^ l'article Arrofanmt ; il eft effe.itiel). Il eft très-rare que l'eau d'une fource ioit affez abondante pour ar- rofer par irrigaiion , & jamais celle tirée d'v;n puîti ordinaire ou par une pompe , ne lera fuffirante. La néceffité oblige donc à pratiquer un vafîe ré- fervoir conliruit en terre argileufe bien corroyée, ou en maçonnerie, derrière laquelle on taffe une couche d'argile de 15 à 18 pouces d'épaiffeur. Eâtir en btton^ (^voyci^ ce mot), eft la m-nière ia ph'.s fùre, & la plus économique. Un réfervoirde 3 6 pieds de 'oi'gueur, de 12 de 'argevir, & de 6 de profondeur luffit pour l'irri- gation d'un jardin de lO à 20 arpens, I R R c'eft-à-dire, que l'eau y féjounse afTez long-temps pour s'échauffer, parce qu'à mefure qu'on le vide par en bas , il fe remplit de nouvelle eau , (oit de fource, foit de puits, & la maffe refte toujours à peu près la même. Si les proportions du baffin font plus étendues , ce fera encore mieux; mille circonstances prouve- ront l'avantage d'un vafte baffin ou réfervolr. Sa bafe doit néceffaire- ment être au-deffus de la partie la plus élevée du jardin ou de la pièce à arrofer, afin qu'en ouvrant un robi- net", l'eau fe diftribue par-tout oii le befoin l'exige. J'ai dit qu'il falloit une qviantité d'eau affez confidérable à la fois ; j'ajoute qu'elle doit courir dans les filions comme un petit ruiffeau ; car fi elle erten petite quantité, elle s'em- boira toute avant d'arriver au bout du fillon , & fi elle arrive , ce fera après un très-long efpace de temps. Le point effentiel eft qu'un y«/ homme puiffe, dans un jour, arrofer fix à iept arpens de jardinage. On tenteroit vainement dans les provinces méridionales , d'arrofer avec des arrofoirs. Quarante hommes occupés du m.atin julqu'au foir, n'y fèroient pas l'ouvrage d'un feul, & tout leur travail feroit à recommen- cer le lendemain, à caufe de la cha- leur & de l'évaporation , tandis que l'irrigation tient la terre fuffifamment humeclée pour trois ou quatre jours» 1.^. Du. nhcau de pente. Il peut être en général , ou partiel, ce qui dépend de la pofition du jardin. J'ap- pelle niveau genJral, lorfqiie le fol ell fur le même plan , 5; partiel, lorf- qu'il y a des inégalités, du bas, du haut; mais jamais ce dernier a"iE éitvé que le point d'où l'on dillribue ^ I R R îes eaux. AInfi , il y aura autant de niveaux partiels qu'il y aura de fur- faces irrégulières, relativement à la furface générale. Avec \\n pied de pente fur cent toifes , on a ce qu'il faut. Cette don- née peut fervir de règle. A fix pouces la pente n'eft pas affez forte; au-delà de douze^ elle efl trop rapide. Ce- pendant il convient d'obferver que plus le but efl: éloigné du réfervoir ou du point de partage dans les divi- fions , & plus il faut augmenter le niveau de pente , afin d'accélérer la rapidité de l'eau , & perdre moins de temps à arrofer. A ioo toifes, i8 à 20 pouces fufnfent ; à 400 toiiés , 3 pieds, & ces proportions ne font pas fcrupuleulement fuivies par ceux qui aiment à expédier le travail ; mais alors l'eau coule trop vite, dé- grade & creufe les maîtreiles ri- goles. Lorfqu'on n'a pas l'habitude de niveler le terrain au fimple coup- d'œil,il faut alors prendre un arpen- teur , ou telle autre perfonne , qui fâche manier & fe fervir de l'mrtru- raent appelé Niveau cCcau , au moyen duquel il piqueté de diflance en dif- tance, 5c les piquets indiquent à quelle hauteur on doit rabaiHer ou relever la furfece du fol. Si l'on peut donner un niveau de pente général pour tout le jardin, l'opération fera beaucoup plutôt & p'us fureraent faite, & fera plus utile, parce qu'à l'extrémité de la pente générale, on ménagera un dégorgeoir, par lequel les eaux furabondantes de l'irriga- tion, & fur-tout des pluies d'orage , auront la facilité de s'échapper. Sans cette précaution, l'eau (urcharge les carreaux; &fi les pluies font de lon- gue durée, elles font pourrir beau- I R R 707 coup de plantes. Avec de telles pré- cautions, on donne autant & aufll ; peu d'eau qu'on le défire , & il n'y,» en a jamais de fuperfu?. *' Si on eft forcé d'avoir des niveaux partiels , l'eau y fera conduite par une mère rigole, Si fi le befoin l'exige pour la communication, on élèvera de petits aqueducs de commu- nication. Il eft pofTible , de cette ma- ' nière , de porter l'eau à la diltance la : plus éloignée. Les jardiniers de pro- ; feffion n'ont pas befoin d'inlfrumcns ■' pour juger d'un niveau ; l'habitude de voir & de comparer, a éé leur; maître; d'ailleurs, ils ont entre leurs j mains, le meilleur niveau pofîible , l'eau. Ils élèvent ou abaiiTent le fol , fuivant le befoin, mais rarement ils lont dans le cas de tâtonner; leur julîefl'e 8c leur précifion dans le coup-d'œil m'a étonné plus d'une fois. Il ne faut pas s'imaginer que par le > fecours d'une pompe, de l'eau tirée à bras d'homme, d'un puits, fuffife à une femblable irrigation, à moins que le jardin ne foit très-petit. Il efl: indiipenlable d'avoir un puits à chap- pdct ou noria., (voye^ ces mots), in- ; venté par les Arabes. Le chapelet formé par une fuite de pots en terre ou en bois, tourne fur une roue, & la roue efl mife en mouvement par un mulet ou un cheval : au mot Noria j'en donnerai la dcfcription. Cette manière d'arrofer, dans nos provinces du midi, fuppole une cul- ture totalement oppofée à celle des provinces du nord, & elle pourroit être introduite avec fuccès dans beaucoup d'endroits du centre du royaume. La noria kroit même avantageufe dans celles du nord, non pour arrofer par irrigation , mais au V v v V 1 7o8 I R R ' moins, pour éviter à ces malheureux jardiniers d'être attachés jour & nuit ou à une chaîne de puits, ou au ba- lancier d'une pompe. Si on calculoit les frais, leurs journées, avec le peu de dépenfes pour avoir de l'eau par la noria , on verroit que cette ma- chine fournit en une ou deux heures plus d'eau qu'ils n'en tireront dans les vingt-quatre. Le même animal qui porte l'herbage au marché, ferviroit à la faire mouvoir : il y auroit donc une très-grande économie. La féconde économie , aufîi forte que la pre- mière, feroit de porter l'eau dans des réfervoirs diftribués dans le jar- din , où le journalier la trouveroit rapprochée des carreaux qu'il veut arrofer. Cet objet mérite d'être pris en férieufe confidération par les pro- priétaires ou locataires de values jar- dins; enfin, par ceux qui veulent fe procurer des cafcades , des jets d'eau, ou arrofer ce qu'on appelle aujourd'hui des /ardins anglais. Ils pourroient même s'y procurer , à volonté , des ruiffeaux d'eau claire & limpide : une noria & un réfervoir fuffifent , à moins que l'eau ne foit à une trop grande profondeur. De ces préliminaires, paflbns à la pratique. JDt la culture iun jardin arrofi par Irrigation. Cette culture des jardins fitués dans nos provinces ou dans les pays vraiment méridionaux , ne ref- îemble en rien à celle des pays du nord , & même de l'intérieur de la France i elle ne commence à être mife en pratique qu'un peu au-deffous de Montelimard jufqu'à Antibes, & d'Ant bes jufqu'à Perpignan, en cô- toyant toujours la Méditerrannée , fans s'enfoncer à plus de 1 1 à lo lieues dans les terres dans la partie du Bas-, I R R Languedoc. La raifon en eft Bien fimple, fi l'on fe rappelle ce qui » été dit au mot agriculture (^voye^ ce mot), en parlant des baffins & des- abris, qui feuls décideat ôc nécef- fitent tel ou tel genre de culture : s'en écarter feroit la plus grande de toutes les erreurs ; point effentlel auquel les- écrivains fur l'agriculture ont fait pea d'attention. Ils ont voulu généralifer^ & après s'être trompés , ils ont trompé les autres. Je le répète , la culture d'Efpagne , d'Italie , ne doit pas plus reffembler à celle d'Aile-» magne, que celle des provinces da midi de la France doit reffembler à cellle du nord de ce royaume. Les abris , & quoi encore } les abris ;. voilà la grande loi, la règle unique^ SuppoTons une étendue de terrain quelconque , deftinée pour un jardin ^ avec un jufte niveau de pente relati- vement à fa largeur, fon étendue, & au point d'où l'eau doit panir pour arrofer la totalité. Il s'agit aâuelle- ment de le divifer en carreaux, les carreaux en tables , & les tables en. filions. On ne voit des carreaux , propre- ment dits , que dans les jardins des bourgeois; ils font féparés les uns des autres par des allées, Fig. 4. A. La grandeur & la largeur de ces car- reaux dépend de celle de la totalité du jardin. Ils font ordinairement quarrés,& de 25 à 30 toifes en tout fens. Les tables ont ordinairement de 40- à 50 pieds de largeur, & la longueur du carreau. Elles font, divlfées par des filions, en auffi grand nombre qu'elles peuvent en contenir. Entre chaque table on laiffe une efpèce de plate-bande, au milieu de laquelle font plantés des arbres fruitiers, à I R R plein- vent , fur une diftance conve- nable, mais ordinairement trop fer- rés, car il n'y a pas 15 pieds de l'un à l'autre , de manière que chaque table femble faire un jardin particu- lier , environné d'arbres de toutes parts. Les jardiniers, pour profiter du terrain , ne laiffent à la plate-bande qu'une largeur d'un chemin à talon , & cultivent de l'autre côté jufqu'au pied de l'arbre, c'eft-à-dire, qu'ils prolongent les filions jufqu'à ce point. Les jardins ordinaires n'ont point d'allées , proprement dites , fmon une qui traverfe tout le jardin , & dont la largeur n'excède guère au - delà celle de la voie d'une charrette. On entend par fillon, Fig. z. , une terre creufée à une égale protondeur & largeur, qui doit avoir la bafe &C l'élévation de l'ados. AAA repré- sente la coupe perpendiculaire du terrain ; B B , la rigole par où doit paffer l'eau. La bafe du fillon a com- munément 18 pouces de largeur; & la hauteur de l'ados , à partir de !a plus baffe de la rigole , eft de 6 à 8 & à 10 pouces , fuivant la plante qu'on doit y cultiver. Ainfi l'on voit que la largeur & profondeur des filions & des rigoles , font fufceptiWes d'être variées fuivant les befoins. Les plantes menues , de peu de durée , exigent des filions moins élevés , & moins larges. Des choux, par exem- ple, qui acquièrent beaucoup de vo- lume, & relient long-temps fn terre, demandent des adob plus élevés, & des rigoles plus profondes. Le plan ci-joint, d'une partie dit jardin d'un bourgeois,, fait voir en D , une plate-barde. Il eft aifé aâuellcment de fuppofer la plate- bande du côté oppofé de ce carreau. I R R 7*09 Celle de l'allée eft plantée en arbres comme les autres , mais ils n'y font pas figurés. Sur le bord de la plate- bande & de la rigole E, on voit des plantes : ce font communément des choux de toutes efpeces, des arti- chauts, & autres groffes plantes. Il en eft ainfi pour la bordure de toutes les autres platss - bandes. Certains bourgeois facrifient les plates-bandes voifines des allées, à la culture des fleurs, fans cependant fe priver des arbres plantés dans le milieu, & qui accompagnent l'allée. Toutes les plates- bandes font tra- vaillées autant de fois qu'on renou- velle leur plantes de bordure ; mais fi elles font vivaces , les artichauts > par exemple , on les travaille deux ou trois fois dans ime année. Dans les grands jardins , chaque table entière eft ordinairement defti- née à la culture d'une même efpèce de plante, ou tout au moins la moitié eft deftinée à cet ufage. Les petites divifions font perdre beaucoup d'eau & de temps, quand 11 s'agit de les arrofer. Il en eft ainfi du labour à donner à la table. Suppofons aftuellement la table entière, dépouillée de plantes, Sc qui demande à être mile en valeur. On commence par y porter le fumier néccfl'aire , fi le cas l'exige , enflvite on en défonce le terrain d'un pied d'arbre à l'autre fur la largeur de la table ; ce défoncement s'exécute ou avec une pioche quarrée , large de cinq à fix pouces, fur huit à neuf de hauteur , & coupée qwarrément dans, le bas, ou bien avec une pioche four- chue, 'arge d'un pied dans le haut, & diviiée en deux branches longues de li à 15 pouces, & terminées en pointe. On commence à trixa'ûkz 7to I R R un bout, Se l'on continue jufqu'à l'autre extrémité, en jetant la terre toujours derriè'-e foi. Il refaite né- ceffairement , qu'à la partie où l'on finit , il manque la portion de terre jetée en arrière; mais pour prévenir cet inconvénient, & mieux diviler la terre, on recommence un nou- veau labour par l'endroit où Ion avoit fini, & on continue jufqu'à l'autre bout ; alors tout le terrain (e trouve défoncé, & au même niveau. L'habitude, la. terrible habitude ne permet pis aux ouvriers de changer de méthode. Je leur ai propcfe de fubilltuer la hcxhî ( voyci cc- mot ; aux inftiumeis dont ils fe feivent, je leur ai fait voir,- par cx;)érience, qu'il éioit aiifîitôt fait de bêcher une table q.ie de la bmer de ix fois , &c que la bêche avoit l'avantage de re- muer la terre à lo pouces de profon- deur, de ramener furemen. !a :er;e du deffaus en defTus, 6c de la mieux émietterqu'avectout autre inllrumenr. Ces en êtes en conviennent 6i. ne veulent pas s'en iervir. Lorfque toute la t^ble efl tra- vaillée, le j chers dans des pro- vinces où l'argent eft aufli rare qu'il eu. commun dans les capitales, , T'ai onb'ié de dire que dans les vaftes jardins on ne défonce pas toujours les tables à la pioche. Lorfqu'une table , à l'entrée de l'hiver ou au printemps , a été bien fumée & bien défoncée , on fe contente fouvent, lorfqu'elle eft dépouillée de 'eô plantes , de la labourer plufieurs fois avec !a charrue à oreille , ( voyei ce mot), non pas montée fur des roues, mais la charrue fimple. Si le fol ell: maigre , on lui donne du fumier, on laboj^ire de nouveau, on forme les rigoles ôi les ados, enfin on fèrne ou on plante fuivant le befoin. Rarement le fumier eft employé pendant l'été , parce que fon aftion , jointe à l'ardeur du foleil , nuiroit aux plantes plutôt que de leur être utile. Le vrai temps de fumer eft avant, pendant & après l'hiver, qui n'y eft jamais bien ri- goureux ; les grands froids lont de 4 à 6 degrés, & durent peu. IRRITABILITÉ , Physiologie VÉGÉTALE. Pour bien entendre tout ce que nous allons dire fur l'irrita- bilité végétale , confultez aupara- vant les notions que nous avons données de !a Jître végétale , {,rovei ce mot), &: des différentes pro- priétés que l'on lui reconnoîc faci- lement, e'ies mettiont fur la voie pour entendre ce qui va fuivre fur l'irritdb; ité de quelques parties des plantes. L'irritablli'é animale , telle que les phyfiolog'ftes & fur-tout le cé- lèbre Hailer l'a définie, eft une pro- 1 R R priété de la fibre mufculaire ani- male , par laquelle elle eft mife en jeu; elle fe contraâe, elle fe rac- courcit à l'approche d'un corps étrantrer ftirridant. Ainfi le cœur, le diaphragme , ie canal inteftinal , l'eftomac, en un mot , tous les mufclcs lont en convuHîon , lorf- qu'on les irrite en les piquant , les égratignant , ou qu'on les excite par le fer, la chaleur, l'air ou quelques liqueurs acidîs. Avant. que d'entrer dans de plus longues dKcuffions, il faut obferver que l'on doit bien diftinguer l'irrita- bilité de ré!?fticité, de la force morte &c de la fenfibilité. Par l'é- lafticité, une partie mife en adion , comprimée ou dilatée , réagit & fe rétablit dans fon premier état; mais la tbrce qui agift'oit avec elle, ceffant d'avoir lieu, le jeu de Telafticité cefl'e de fon côté. Par l'irritabilité, au contraire , la partie continue d'être en convulfion long-temps après que le ftimulaat a ceffé d'agir. L'élafticité eft une propriété qui appartient auflî- bien aux corps morts &C inanimés , qu'aux corps vvans; l'irritabilité cefle avec la vie ; elle ne dure que peu de temps après la mort ; dans les animaux à fang chaud , elle exifte à peu près autant que la chaleur ; dans les animaux à fang froid , elle eft un pr II plus durable , mais le defte- chemrnt la détruit. Nous verrons plus bas qu'elle n'a pas même autant de durée dans le règne végétal , tandis que l'élafticité paroît avoir, pour ainfi dire, plus d'énergie après la mort de la plante. L'irritabihié diffère de la force morte, en ce que celte dernière pro- priété eft commune à toutes les fibres du corps animal, comme membranes. raie la I R R vaiueaux , tiffu celluia.. - , première n'appartient qu'à la tiui^ imifculaire; que la force morte ne conlide que dans la tendance conti- nuelle de la partie au plus grand raccourciffement poffible, à réfifter à l'extenfion, & à rétablir la fibre dans fa brièveté naturelle, quand elle a été forcée à fe laiffer tendre; effet qui a lieu, après la vie, piiil- qu'elle fjbfifte dans la fibre du ca- davre , comme dans la corde à boyau , une membrane deflcchée , une i)fau. Si vous la piquez ou la coupez , la bleflure s'élargit d'elle- mcme par le rétréciffement du tiffu fibreux qui l'en- vironne. Rien de pareil dans la fibre mufculaire irritée; elle éprouve des accès de contraftion & de relâche- ment alternatif, mais point de rétré- ciffement confiant & permanent. La fenfibilité efl; une affeftion de l'ame à l'occafion d'un changement arrivé dans le corps. Ainfi, la diffé- rence entre l'irritabilité &C la fenfibi- lité efl frappante. Bien plus , l'une Si l'autre peuvent exifter enfemble, & dans la même partie , fans que ce- pendant l'une puiffe être confondue avec l'autre. Une partie qui contient des nerfs &C des mufcles , fera irri- table parles mufcles, & fenfibleparles nerfs. Le nerf efl fenfible par la force nerveufe, mais il n'eft pas irritable. Piquez un nerf, irritez -le, il n'é- prouvera point le jet de l'irritabi- lité , mais le mufcle auquel il fe diftribue entrera fur le champ en convulfion. Au contraire, irritez les fibres charnues d'un muli:le, il n'y aura point de contradlion dans le tronc du nerf. La fenfibilité n'eft pas proportionnée à l'irritabilité tlans les parties qui réimiffent l'iui & l'autre. L't;llomac eft extrêmement I R R'' 7M fenfible , les inteftins le fort moins» ac cependant ils font plus irritables "-^omac. qt.e... • ^"rvlr ^ '" ---- . L'irritabiUi*: ^_ ^^^^^^^^_ lité. L';-;riimal mort, plus de partie fen- fible, ôc le cœur & les mufcles font encore irritables. On pourroit pouf- fer encore plus loin ce parallèle de l'ir- ritabilité & de la fenfibilité , mais il deviendroit inutile dans cet Ouvrage, où nous voulons exam'ner fi le règne végétal jouit réellement de cette fa- culté fingulière. Les agens qui mettent en jeu les fibres irritables, font, d'après l'ob- fervation de différens phyfiologiftes, qui fe font occupés de cette partie, les corps aigus & tranchans , une cha- leur vive, le feu, les liqueurs acides, mais fur- tout l'air, principalement pour les vaiffeaux irritables. D'après cet apperçu fur l'irrita- bilité animale , cherchons quelles font les parties de la plante qui jouifTent de la même faculté. On ne peut nier qu'on n'apper- çoive dans les plantes certains mou- vemens fpontanés ou produits par la préfence d'un autre corps. . Le mouvement infenfible , 6i toujours exiflant , qui produit la circulation des différens fluides qui animent la plante, le retournement & la nuta- tion des tiges & des feuilles, l'explo- fion des anthères & le jet de la pouf- fière féminale , le bâillement du flig- mate du piftil à l'inftant où 'a pouf- fière féminale le touche , l'aftion par laquelle certaines fleurs s'ouvrent le jour Se fe referment la nuit, l'épa- nouifiement des autres, l'explofion de quelques péricarpes , &c. &c. , peut-être tous ces mouvemens fpon- tanés ne font -ils l'efFét que de l'irri- tabilité; mais il en efl d'autres e[ue X X X X i 7i6 1 R R l'on ne peut fe refufer de i-ecoiinoîti'e pour tels , & qu'il faut bien diftin- guer des effets de l'élafticité j & de is force morte fur-tout. La fibre végétale tû douée de flexibilité, d'élafticité, de la force mcrte que l'on nomme tîiracllon ,5>t de la diJIracîUité par laquelle elle peut s'alonger jufqu'à un certain point , en faifant , néanmoins , un effort continuel pour retenir toutes fes parties, & empêcher leur répara- tion. Elle partage donc avec la iibre anima'e toutes fes propriétés , pour- quoi feroit-elle privée de la princi- pale, de l'effentielle , de celle qui tient le plus à la vie? La êbre mufcu- laire eft compofée d'élémens ter- reftres & d'une mucofité gélati- neufe ; tous les phyfiolcgifles con- viennent que c'eft dans cette der- nière partie que réfide l'irritabilité. La fibre végétale offre à peu près le même compofé , & l'art vient à bout d'^extraire des plantes la par- tie gélatineiife. Pourquoi ne feroit- elle j a^ irritable? Il peut fe faire que le degré d'irrit^sbilité propre à chaque plante dépende de la quantité, de la nature de la partie gelatineufe & de fa proportion avec la terre ; & comme cette proportion peut, & varie né- ceffairement , non -feulement dans les différei.tvS elpèces de plantes , mais encore dans les diverles par- ties de 'a même , il n'eii pas étonnant que l'irritabilité foit plus ou moins fenfible dans les individus qui com- pofent le règne végéta!. Pouffons plus loin l'analogie. On feroit porté à croire que l'irritabilité ne pourroit fe trouver dans le règne végétal , parce qu'on n'y re- trouve point de nerf; mais cette objetlion eft plus fpécieufe que fb- I R R îide ; i°, parce crue, comme nous l'avons vu plus haut , Iç rierf n ell point irritable, il ne fert qu à occa- fionner l'irritabilité au m icle qu'il veut faire ir.ouvoir ; i°. c'eff que les parties itritablcs le font tellement , indépendamment des nerfs', qu'après la mort elles en confervent quelque temps le jeu, quoique féparées de tout nerf; 3°. c'cff qu'il y a des mil- liers d'animaux fans tête , fans moelle de l'épine , fans nerf, & qui cepen- dant font très- irritables. Ne citons que le polype, il eff fi irritable, que la lumière l'aftede très-fenCblement ^ quoiqu'il n'ait pas d'yeux. Après avoir démontré que la fibre végétale pouvoir être irritable comme la hbre mufculaire, effayons d'élever cette probabilité à la démonffration , & cherchons des faits : nous trouve- rons plufieurs parties dans la plante qui font irritables, & nous les trouverons fur-tout dans les parties délicates &^ effentieiles à l'économie végétale , dans les trachées & les parties l'exuelles. Le favant M. Bonnet va. être ici notre guide , & les idées fur les trachées nous paroiffent fi juftes,, que nous les allons rapporter. « De tous les vaiffeaux des plantes y, dit - il , les trachées font ceux qut femblent les plus propies au mouve- ment. La lame fpirale & écailleufe dont elles font formées , eft douée d'une élafficité qui fuppofe une ac- tion à exercer. Ces trachées fi uni- verfellement répandues dans les corps de la plante, imitent parfaitement celles des inftéles. Ces dernières font pourvues de membranes; les trachées- des plantes pourroient donc auffi être pourvues de membranes, & ces membranes pourroient être des. mufcles où réfideroit une irritabi- I R R îîté affortle à la nature du végétal. Ce l'eroit donc les trachées répan- dues dans les parties fexuelles qui y opèreroient ces jeux variés qu'on y admire,.... Il faudroit obferver au microfcope les trachées des plantes dans d'autres parties que les fleurs , dans les jeunes pouffes des arbres , par exemple , ôc tenter fur ces par- ties, en différens temps, des expé- riences femblables à celles qu'on a exécutées fur les parties fexuelles. Suivant la conjefture que je ha- iarde, les trichées ne feroient donc pas leulemciît les poumons de la plante, ellei en feroient encore les mufcles , ô: ces mufcles influerbient fur les mo.ivemens des tiges & des feuilles , comme lur ceux des parties fexuelles. Je n'afîirmerois pas, néan- moins, que les trachées foicnt les feules parties irritables de la plante; car l'irritabilité pcurroit réfider en- core dans d'autres vaiffcaux. »■ Les parties léxuelles des plantes paroiffent être celles où on a re- connu l'irritabilité au plus haut point. Les deux obfervateurs qui ont pouffé le plus loin les recherches dans ce genre, font M. Gmelin, à Saint-Pétersbourg, 6c M, Corolo , en Italie. Le premier fit des expé- riences fur les étamines d'un grand nombre de plantes, &c dans prefqvie toutes, il trouvera des fignes plus ou moins certains d'irritabilité. Les éta- mines des orchis lui offrirent le pre- mier exemple. Ces étamines fraîches encore & irritées dans un lieu chaud, lui parurent fe conirafter & fe relâ- cher alternativement, & éprouver eniuite une e/pèce «ie trémouffenient. D'autres exemples , plus frappans en- core, lui ont été offerts par ces fleurs (ijue. les baîanifîes nomment com- 1 R R 7iy pofées , telles que celles du chardon , de la jacée , de la centaurée, &c. L'étamine touchée avec la pointe d'une aiguille fe contraâoit en def- fous. Les filets auparavant prefque droits, fes courboient de manière à imiter un mufcle qui entre en con- traction; le flyle , jufqu'alors em- prifonaé , s'élançoit au dehors, par la contraction de l'anthère , & fe char- geoit , en paffant , de la pouffière fé- condante. Les filets laiffés à eux-mê- mes s'étendoient de nouveau en lignes droites , qui fe contraéloient encore pour fe relâcher enfuite; enfin, l'on voyoit fuccéder quelques ofcillations. Des différentes obfervations faites fur pluueurs plantes, M. Gmelin tire deux remarques importantes; la pre- mière , qae l'irritabilité fe manifefte fur -tout dans les fleurs prêtes à s'é- panouir, ou épanouies depuis peu,. & qu'elle décroît graduellement à mefure que la fleur perd de fa fraî- cheur; la deuxième, qu'on n'apper- çoit des frgnes d'irritabilité , que lorfqu'on applique immédiatement le fiimulant à la partie dont on veut éprouver la forte de fenfibilité. Voici encore quelques réfult^s principaux que ce favant naturalifle a tiré de (es ncmbreufes expériences. 1°. L'irritabilité végétale, comme l'irritabilité animale , ne fe manifeffe que dans les parties molles ; elle di- minue peu à peu, à mefure que ces parties perdent leur foupleffe ; elle difparoît enfin , quand elles ont achevfr de fe-deffécher. z°. L'irritabilité végétale eff excitée par un ftimuient, comme l'irritabilité^- animale. 3*. A la contraâion des fibres fuccède un relâchement fenfible , &c les alternatives de coiuraâion Si. de; 7i8 I R R relâchement font proportionnelles au degré de l'irritabilité , 6i. à l'aftion du ftimulant. 4°. Lori'que le jeu a ceffé dans les parties irritables , on peut l'y taire renaître par un nous'eau lîimi.Lint. 5°. Un ttîTips chiiud & un peu fec favorife toujours , plus ou moins l'adion du ftimulant. 6°. Ce ne font pas feulement des parties entières qui donnent des fignes d'irritabilité ; elles en donni;nt encore après qu'on les a mutilées ou coupées par morceaux. 7°. L'irritabilité végétale a moins d'énergie que l'irritabilité animale, ôc elle a auflî moins d'étendue, on ne l'apperçoit guère que dans les parties fexuelles, & on ne la re- trouve pas dans celles de toutes les plantes. M. Corolo, ingénieux obferva- teur d'Italie , a fait , fur l'irritabilité des plantes , bien des expériences curieufes qui confirment celles de l'académicien de Pétersbourg. Il a vu, comme lui, les jevix variés des étamines de la centaurée ; &i il s'eft convaincu , par pkifieurs procédés , que l'irritabilité de ces parties fexuelles eft abfolument indépen- dante des autres parties de la fleur. Il s'ell afluré encore que chaque éfa- mine a fon irritabilité propre, indé- pendante de celle de fes voifines. Après avoir obfervé la force con- traftile fe déployer à la fois dans toutes les étamines , par un léger mouvement imprimé à la fleur, il l'a vu fe déployer féparément dans chaque étamine, lorsqu'il venoit à les toucher. Coupées tranfverfale- ment , & touchées un moment après , les étamines lui ont paru le mouvoir à la manièrç des bras du polype j enfin , I R R il a vu une étamine entièrement féparee de la fleur , fe contourner en diffé- rens iens comme un petit ver dès qu'd venoit à la piquer; & ce qui eft bien plus remarquable, il a vu ces mouvemens s'exécuter ddns des fragmens d'étamine , comme dans l'étamine entière. Le même favant a oblervé les mêmes faits efl'entiels dans les par- ties mâles de quantité d'autres ef- pèces de plantes. L'illuftre botanlfte de Saint-Pétersbourg, Kolreuter, a aufll remarqué que les parties fe- melles fe contraÔent avec plus ou moins de promptitude, fuivant que le fti'gmate eft arrofé par la pouflière fécondante. « Il femble donc , ajoute M. Bon- net, après tous ces taits, que nous avons extraits de lui, que les parties fexuelles de beaucoup de végétaux pofl'èdent ime forte d'irritabilité fort femblable à celle qu'on obferve dans l'animal , & qui fe manifefte par les mêmes fignes ou par des fignes analogues. Dès qu'on l'a reconnus dans les fleurs d'un fi grand nombre de plantes, il devient affez probable qu'elle réfide de même dans celles où l'on n'a pu encore la découvrir, appa- remment parce qu'elle y réfide dans un degré trop inférieur. On ne verroit pas au moins pourquoi certaines plantes feroient douées d'irritabilité, tandis que d'autres en feroient entièrement privées ; car nous obfervons que tous les animaux, depuis l'homme jufqu'à l'inlecle , en font doués. » Après avoir reconnu les parties principales des plantes fufceptlbles d'irritabilité , peut - on foupçonner les caufes agiitantes de cet etfet, 6c leur produit dans Tafte de la végé- tation ? Ici l'analogie va être en? 1 R R core notre guide , & fuppléera, du moins en partie, aux expériences complètes que nous avons commen- cées & qu'il nous a été impoffible de déterminer. On a vu que , dans le règne ani- mal , l'air & la chaleur font deux ftimuisns très-aftifs de l'irritabilité : ils le font aufTi dans le règne végé- tal. L'air agit fur la fibre irritable , &C comme air atmofphérique , &: comme acide aérien : dans la plante, on peut foupçonner le même mcca- nifme, lorfqu'e'.le afpire l'air exté- rieur, pour l'élaborer, & s'en ap- prop. ier la partie nourrifiante. ( Foy. le mot Air ). Cet élément circule dans fon intérieur , enfile fes difFé- rens canaux, & fur-tout les trachées, & s'y décompofe comme air atmof- phérique & comme air fixe ou acide aérien. Il agit direftement fur les fibres des trachées ; l'irritation qu'il y produit , les fait entrer en con- traâion & dilatation fuccefiives ; mouvement fi facilement entretenu par la forme même fpirale que ces vaifleaux ont toujours. Il efl pro- bable que ce mouvement fe fait dans tous les fens, non- feulement dans l'alongement & le rétréciflement de la hauteur de la fpirale , mais encore du diamètre intérieur de ce vaiffeau. Cette fluftuation , fi l'on peut s'ex- primer ainfi , perpétuelle , & durant autant que la plante , eu entretenue par la circulation de l'air introduit comme nourriture, ou cbuflé comme excrément. Elle eft même plus vive dans ce dernier cas, parce qu'alors l'acide aérien , dégagé de l'air atmof- phérique par l'aâe même de la vé- gétation , a une énergie infiniment plus puiffante. Nous verrons au mot Stve 5 l'eff'et de cette tttion vi- I R R 7x9 taie : &: qui oferoit affurer qu'elle n'eft pas le principe du mouvement & par conféquent de la vie de la plante ? La lumière a une influence direfte fur les plantes , & elle les force , pour ainfi dire , à un mouvement du- quel elles femblent ne pouvoir s'abf- tenir, ( Foyei le mot LlmiÈre ). Mais com.ment expliquer cet cfiet? Eli- ce le réfultat de la chaleur que la lutîiière peut produire? Efi-ce un afte fimple 6i immédiat de ce fluide confidéré en lui-même? Oui, 6c nous pouvons l'afTurer que l'influence de la lumière fur la plante a pour effet une irritation aftuelle, & l'augmen- tation de l'irritabilité. Il efl vrai que nous n'avons pas encore aflez d'ex- périence pour le démontrer pofitive- ment; le mouvement vital de toute la plante étant le réfultat des mou- vemens partiaux de chaque portion , dès qu'un fera affoibli ou ceffera , il doit s'enfuivre non - feulement* un changement, mais encore une mala- die, & à la longue la defiruftion. L'étiolement, ce phénomène végétal, fi fingulier, eft dû à l'abfence de la lumière. ( ^o>'e{ÉTiOLEMENT& Lu- mière). Qu'efi-re autre chofe qu'ime altération dans le mouvement qui produit la tranfpiration , comme nous l'avons infinué au mot EiioUment , & comme nous le démontrerons plei- nement au mot Tranfpïratïon ? Ce mouvement fe ralentit, parce que la lumière n'irrite point les organes propres à 'a transfpiration ; ces fibres alors tombent néceffairement dans l'état d'inaûion & de tbiblefie. La lumière agit encore (ur les ])lantes comme acide , & l'on fçait que les acides font de puiffans fîiniulans de rinildbililé.I>î. M. tio ï V E ITALIE. ( pêche d') roy. Pècue'. IVETTE ou IVE MUSQUÉE. (VoyezlPlanche XXIX, page .700.) Tournefort la place dans la qua- trième leftion de la quatrième clafle deftinée aux herbes à fleur d'une feule pièce en gueule, & à uneleule lèvre : il l'appelle CLimœpitys lutta vulgaris , Jivc folio trlfido. Von-Linné la clafle dans la didynamie gymno- fpermie , & la nomme Teucnum cha- mœpïtis. Fleur, formée par un tube B cy- lindrique , recourbé à fon extrémité, «e formant qu'une feule lèvre infé- rieure, divifée en trois parties, celle du milieu eft grande, ovale, décou- pée en cœur ; les deux compagnes font petites & arrondies; les étami- nes font au nombre de quatre, dont deux plus grandes & deux plus cour- tes C. Le Calice D eftun tube d'une feule pièce, divifé , à fon extrémité, en cinq dentelures égales Se aigiies; îe calice eft repréfenté fermé en E. Fruit , formé de quatre femences ôbrondes , placées dans le fond du calice ; elles font repréfentées en- semble en F, & féparées en G. Feuilles , linéaires , divifées en trois, velues. Racine, A, menue, fibreufe, blanche. Port. Tiges longues de quelques pouces, couchées, velues, dilpofées en rond; les fleurs font jaunes, folitai- fes, fans pédicules, & naifTent des aif- felles des feuilles. La dlvifiondes feuil- les varie quelquefois , elles font oppo- fées deux à deux fur les noeuds des tiges. Lleux.Lts charaps , les montagnes fablonneufes ; la plante efl annuelle, fleurit en juin, juillet 6c août, fui- ■st^i les Climats. r V R Proprlctis. Les feuilles ont un^ odeur aromatique, à peu près fem* blable à celle de la réfine du pin , ou du melèfe,& une faveiir acre & amère. Les feuilles font indiquées dans le rhumatifme féreux, d.ins un grand nombre de maladies de foi- blefTe, dans plufieurs efpèces de fiè- vres intermittentes, dans les coliques venteufes, dans la fufpenfion du flux menftruel par les corps froids & avec foiblefTe, dans le rachitis,dans l'iftère elTentiel avec foibleffe , fans fpafme ni difpofition inflammatoire. Ufagis. On fe fert de toute la plante, excepté des racines ; on pré- pare avec les feuilles , une poudre , une infufion au bain - marie danî l'eau ou dans le vin & un extrait. La poudre en infufion fe prefcrit à la dofe d'une drachme ainfi que l'extrait. La dofe pour les animaux: eft d'une demi-once pour la pou- dre, ou d'une poignée delà plante e» infufion dans une livre de vin blanc. IVRAIE o« IVROIE, ou HERBE D'IVROGNE. Tournefort la place dans la troifième feÛion des plantes graminées & céréales , ou appro- chantes , & il l'appelle gramcn lolia- ctum, fpicâ longiore , arijias habens, Von-Linné la nomme lolium temulen- tum , &c la clafTe dans la triandiie di- gynie. Fleur. Le calice efl une balle qui porte plufieurs fleurs , difpofces des deux côtés de la tige , & aplaties. Ces fleurs font à deux valvules ; l'in- férieure efl étroite , pointue , roulée, aiguë , de la longueur de la balle ; la fupérieure efl plus courte , très- étroite , & concave en defTus ; les étaminesau nombre de trois, ôcle pif- til divifé en deux, Fruie î V R Fruit. Semence feule dans chaque Balle , oblongue , d'un côté convexe , & de l'autre fillonnée , plane & ap- pîatie, FeuilUs^ fîmples , très - entières , très- étroites & embraffent la tige par leur bafe. Racine fibreufe. Port. La tige s'élève de il à i8 pouces ; les épis font barbus; la der- nière fleur avorte prefque toujours , quelquefois la balle contient quatre fleurs. A la bafe de l'épi on voit une feuille flora'e d'une feule pièce. Lieu ; par-tout , & malheureufe- ment trop commune dans les blés ; la plante til: annuelle. Propriétcs, Lorfqoe l'ivraie a été cueillie peu mûre , les cffeis de fon grain font beaucoup plus dangereux que lorfqu'elle a été cueillie dans fa parfaite maturité. C'eil particulière- ment dans fon eau de végétation que réfident fes qualités malfaifantes ; ce grain caufe non-ieulement l'ivreffe , ce qui a fait nommer la plante herbe d'ivrogne , mais encore l'affoupiffe- ment , les vertiges, les naufées , le vo- miffemeuî, des foiblcfles , l'engourdif- fement des membres, des mouvemens convulfifs , la mort même fi on en mange beaucoup. Ce grain fjnefle a fouvent été la caufe de pliifieurs épidémies chez les hommes , & de plufieurs épi- zooties parmi les animaux ; on en cherchoit bien loin la caufe, tandis qu'elle étoit TefFet de l'imprudence ou de la négligence. Cette plante eft heureufement annuelle ; il eft donc au pouvoir de l'hornme d'en purger fes champs. Lorfque les blés font en herbe «& avant qu'ils montent en épi , on doit les faire farder rigou- reufement. Ce n'efl .point affez de Tome y. î V R 72Î couper l'herbe entre deux terres ," il faut l'arracher avec fa racine '^ fans quoi, comme elle efl très-vé- gétative, elle repoufTe de nouvelles tiges, & leurs grains ne fort pas mûrs lorfqu'on coupe le blé. Comme les tiges de l'ivraie fe trouvent con- fondues avec celles du blé dans les gerbes , fes grains font détachés par le fléau & refient mêlés avec le bon grain du blé. Pour peu qu'on fafTe attention , il efl aifé de diflinguer du froment, du feigle , la plante d'ivraie ; fes feuilles font plus étroi- tes , moins alongées & plus touffues. Après cette opération fur les blés en vert , il efl prudent de la répéter lorfqu'ils commencent à monter en épi ; c'efl alors qu'on diflingue très- bien c^te plante dangereufe. On peut encore, lorfque l'on moi/Tonne, placer des femmes , des enfans en avant des moifîbnneurs , afin d'arra- cher l'ivraie , d'en faire des gerbes , de les porter hors du champ & de les brûler. Une terre ainfi purgée pendant plufieurs récoltes confécutives , ne produira plus d'ivraie, à moins qu'on ne jette fon grain en terre , confondu avec le blé que l'on fème. Si on a eu la précaution de choilir grain à grain le blé de femence , on évitera les dépenfes poflérieures & les folli- citudes. La forme du grain d'ivraie fait qu'il refle avec le bon grain , quoi- que bluté ou pafTé eux différens cribles. Il en tombe beaucoup , j'en . conviens , mais il en refle beaucoup trop. On a la. coutume, dans plufieurs métairies, de rafTembler toutes ef- pèces de grains féparés par le criblage ou par le blutoir. Les uns donnent Y y y y 722 I V R ces épluchures aux beftîaux , les autres les confervent pour nourrir les oifeaux de baffe - cour pendant l'hiver. Dans le premier cas on eft tout furpris des différens accidens qui furviennent aux befîiaux ; &c dans le fécond , les poules mangent le peu de bons grains & l'aiflent l'ivraie : elle refle confondue avec le fumier du poulailler ou avec la terre de la cour ; enfin , en dernière analyfe, le tout eu. porté dans les champs , 5c voilà une nouvelle récolte I V R d'Ivraie plus affurée que celle du blé'; Afin d'éviter ces défagrémens , on ne devroit jamais donner ces éplu- chiu-es aux animaux; & pour que les poules puiffent profiter du peu de bons grains qui y reftenî, il faudroit les leur jeter tous les joursà la même place , & après qu'elles fe font reti-^ rées , balayer, enlever le tout &: le porter au feu. Comment perfuader à un payfan que cette légère atten- tion éi. ce petit affujettiffement font de la plus grande utilité! J A B J ABLE , entaille ou rainure faite par les tonneliers , près de l'extré- mité de chaque douve pour y faire tenir les deux fonds des vaifleaux , tonneaux » barriques ou futailles. Ces mots font fynonymes , mais ils déûgnent la différence de grandeur des vaiffeaux deftinés à contenir le vin ou les autres liqueurs. ( Foye^ le mot Tonneau. ) Le jable doit être par-tout égal , & fa profon- deur proportionnée à l'épaiffeur de la douve ; mais à quoi fervira que cette rainure foit bien faite , fi l'aminciiïement de l'extrémité des douves du fond n'eft pas propor- tionné ; fi les jointures des douves du fond & de la circonférence ne font pas égales en volume , & ne rem- pliffent pas exaftement la rainure ? C'eft de cette partie principale que dépend la folidité du vaifieau vi- naire; la moindre négligence & la moindre inattention dans cette par- tie , de la part de l'ouvrier , font que la liqueur échappe. On remplit J A C alors le vuide avec du coton forte- ment prefié par le dos ou la pointe d'un infîrument ; c'eft un palliatif qui remédie foiblement au mal, Lorfqu'on achète un tonneau, il eft difficile de reconnoître ce défaut , parce que l'ouvrier pare fa marchan- dife à l'extérieur avec un rabot , &C on ne voit pas que le vice inté- rieur. Au mot Tonneau j'indique- rai un moyen bien fimple de le re- connoître. JACÉE DES PRÉS. ( Voyez Pi:. XXIX f page 700.) Tournefort la: place dans la féconde fetlion de la^ douzième clalTe defiinée aux herbes à fleur à fleurons, quilaiiTe après elle des femences aigrettées , & il l'appelle jacea nigra pratinjls latlfolïa. Von« Linné la nom;r.e ccmaurea jacea & la place dans la fingénéfi»; polyga- mie fiuftranée. Fleur compofée de fleurons; le fleuron B eil un tube même à fa- balè 5 évafé à fon extrémité , découpé î A C 6h Cinq dentelures profondes, & pofé fur l'embryon , renfermant cinq éta- mines ; leur poafiière fcmina'.e com- pofée de globules jiUines & tranCpa- rens; les fleurons du difque font her- maphrodites; ceux de la circonfé- rence, femelles, ftériles & plus grands; le calice cft écailleux, denté par fes bords garnis de cils. jFmifCjfemencesluifantes, petites, «blongues, aigrettées. Feuilles très-variables dans la forme ; celles des tiges font en forme de lance ; celles qui partent des racines font fmuées & dentées. Racint A , noirâtre , brune en dehors, ligneufe, épaifle, fibreufe. Pon; tiges de la hauteur d'une cou- dée ; anguleufes, cannelées, fermes, remplies de moelle ; fleurs purpu- rines, brunes à leur fonimet, plufieurs îiges couchées fur terre; les feuilles alternativement placées. ProprUtcs. La racine a une faveur afl;ringente &i nauféeufe ; l'herbe & les fleurs font aftringentes & anti- ulcéreufes. i7/à^£. On réduit l'herbe Se les fleurs en une poudre qise l'on donne dans les bouillons allringens , à la dofe d'une drachme pour l'homme , & demi-once dans une livre d'eau en infufion, pour les animaux. JACHÈRE. Etat d'une terre labourable qu'on laiiTe ordinaire- ment repofer de deux , de trois ou de quatre années l'une , pour être enfuite cultivée & enfemencée de nouveau. La nature du terrain prefcrit le temps que la terre doit reirer en ja- chère. Ce mot trop général pris abftraftivement , exige quelques dé- tails. 1 A C 713 La jachère ordinaire eft l'année de repos que l'on donne à la terre fur laquelle on vient de lever la récoite, c'eft-à-dire, que pendant l'année fuivante elle ne produira aucun grain, mais elle fera travaillée & difpofée à produire l'année d'a- près. Ce repos peut être de deux ou de plufieurs années fi le fol eft maigre, & on ne le labourera que dans l'année qui doit précéder celle de la récolte. Quelquefois on fait porter à la terre deux à trois récoltes confécuîives en grains, & on la laifle repofer enfuite. Si on fème trois fcis_ de fuite , les deux premiers femis font en froment & le dernier en feigle ou en avoine. On a pour but deux objets en îa jachère; le premier eft de faire acquérir au fol, foit par les labours , foit par les influences des météores , ( voye:^ le mot Amendement ) , les principes épuifés par les récoltes précé- dentes. Le fécond efl de détruire les mauvaifes herbes par les fréquens labours. La terre s'épuife-t-elle? eft-ilné- ceflkire de laifl"er une année de ja- chère , afin de détruire les mauvaifes herbes ? Ces deux problèmes font difficiles à réfoudre fi on les envi- fage dans leur généralité , & je dirai m.ême que dans ce fens il efl; impof- fible de les réfbudre , parce que la différence des terrains, des climats ^ dei expofitions & d'une infinité de cir- conftances locales, ne peut s'tflimer. Dans la généralité , la jachère eft indifpenfable tant qu'on cultive fuivant la méthode reçue , à moins qu'on n'ait une très - grande pro- vifion d'engrais. Ils fuppléent alors à la fouftraftion des principes vé'é- tatifs que chaque récolte enlève. Y y y y z yr^ J À (^ Qael etî xlonc le itioyen de ù ^fler des jachères ? c'eft ^'alterner les cul- tures (">'>jY{ ce mot). Peut-on par- tout alterner ? c'eft encore un pro- blème à réfoudre , dont la folution tient au climat, il eft effentiel de lire les articles Alterner , Amen- dement-, le dernier Chapitre du mot CuL-^TRE, & le mot Engrais. Pour prélenter la qnc-ftion dans tout fon jour, il convient d'exami- ner les avantages qu'on retire des jachères , & ceux qui réfultent de leur fuppreflion totale. Section première. Des inconvînicns de la fuppTcffion dis Jachens. Parlons le langage des partifans des jachères ; i°. la terre s'épuife & eft néceffairement épuifée après les récoltes conlecutives de froment , & même alternatives de froment & de feiçîle. Il eft donc effentiel de la laiffer repofer pour qii'elle re- prenne de nouveaux principes, ca- pables de fournir à la bonne végé- tation de la récolte qu'on eipere après l'année du repos. Cette affer- tion prife en général & en pariicu- lier , eft vraie & très-vraie. P'ufieurs récoltes conlecutives de plantes gra- minées épuiient la terre , parce que toutes ont des racines îrès-hbreufes & peu profondes ; & plus le nom- bre de ces racines eft muhiplié , plus le fol de la fuperficie eft émietté & exténué. En un mot , on a fait abforber par ces graminées tout le terreau , ou terre végéta' e , ou hu- mus contenu dans le fol , fans lui donner le temps d'en compofer de nouveau. Il eft donc clair que fi on J A C deinàndoit à ce fol épulfé une nou^ velle & abondante récolte , ce ferck exiger la chofe impoflible. 2°. Les grains d'hiver , comme froment & -eigle, couvrent la luper- ficie de la terre dans nos provinces du r.ord ou dans les pays élevés, ds- puis le milieu de feptembre- jufqu'aii milieu ou à la fin de juillet , & fou- vent une partie du mois d'août. Après les avoir coupés , il ne refte plus que deux mois pour le travail des terres. Si la féchereffe s'eft fait fentir pendant l'été , fi elle continue jufqu'en feptembre , comment pouF- ra-t-on foulever la terre avec la charrue ? Chaque fiUon n'offrira qu'une longue iuite de mottes , que des labours multiphés coup fur co^fp déplaceront fans brifer ; les filions feront néceffairement peu profonds , & la terre du deffous ramenée en deffus par la charrue , n'aura pas eu îe temps de fe cuire ni d'abforber les pré- cieufes influences des météores. Il n'y aura eu , par conféquent , ni fermen- tation , ni décom.pcfuion , r.i re- combinaifon des principes, & le ter— ra:n de deffous qui formoit aupara- vant celui de la fuperficie , & dont les principes ont été abiorbés par les récoltes précédentes , ne fera plus dans le cas d'en fournir de nouveaux- à la récolte fuivante. Ces aflertions font encore très-vraies. 3°. Dans les provinces méridio- nales , i! eft impoffible de ne pas laif- fer fubfifter l'année de jachère, puif- que fouvent , & même affez régu- lièrement, chaque année il n'y tombe pas une leule goutte de pluie depuis le mois de mai jufqu'à l'époque de l'équinoxe , à moins qu'il ne fur- vienne des orages. La terre y eft quel- quefois jufqu'à deux pieds de profon- • J A C âear j lés charrues ou les araires dont on fe fert clans ces provinces ne lent pys en état, je ne dis pas de lillonnèr la terre , mais d'égratisner {à fiiperficie. Le cultivateur eli donc forcé d'attendre jiifqu'à l'entrée de l'hiver , que la terre foit hiimeûée par les pluies., & de labourer (on champ coup iur coup , de femer à la hâte, & encore il ne pourra pas fe flatter d'avoir une bonne récolre , puilque dans nos provinces méridio- Balcs on doit y lemer auffitôt que dans les provinces froides , afin que les blés aient le temps de ponfier -beaucoup en herbes Si en racines , avant i'hiver.Si vousftmez tard, les preinicres chaleurs du printemps fur- prtnnent la plante , qui n'a poS eu le temps de taller , de plonger fes ra- cines ; cnûij , fur dii récoltes confé- cutives , préparée de cette manière , on eu affuré d'en avoir au moins neuf mauvaifes , S: très-mauvaifés. Il n'y a rien à répcr.dre à ces objeâions. 4°. Je fuppoTe qu'on veuille fe- , mer des blés de mais dans les pro- vinces dont il tfl queftion, on aura le temps, il eil vrai , & la facilité de labourer & de préparer les terres pendant- l'hiver, mais les -chaleurs & la féchereffe furprendront les plantes lorfqu'elies c matériaux de la fève. On objeâera que le chanvre 6â: le lin laiffent trèi-peu- de débris de; 7^8 î A-C J A C végétaux , & on aura raifon ; maïs maïs comme ïl n'eft pas pcfTible que on ne fait pas attention que les racines ces plantes abforbent tout l'engrais , de ces plantes font pivotantes , & celui qui refle remplace bien au- par cenléquent , elles n'effritent & delà les fucs nutritifs que les plantes n'appauvrilTent pas la terre de la fe font appropriés ; ainlî , la récolte couche fupérieure , mais feulement de blé , qui fuccèdera à celle du chan- de la couche inférieure : cela eu û vre ou du lin, fera au moins auffi belle vrai , que fi l'on fème le mênre que fi le champ eût refté en jachère., champ en chanvre ou en lin, ces On aura donc eu deux récoltes, tandis plantes réuffiffent très-mal ; le lin qu'on n'en auroit qu'une , en fuivant fur-tout, puifque le procédé dit qu'il le fyflème des jachères, faut attendre dix ans avant de femer 2°. On convient qu'il eft très- le lin dans le même endroit. On difficile, chaque année, de femer le aura beau -labourer &c foncer , à un même champ en blé , à moins que pied de profondeur , ur,e îuzernière ce ne foit un champ très-fertile ; & en ftmer une nouvelle , on ne parce que , fuivant les provinces , doit s'attendre à aucune réuffite , la plante occupe trop lonç^-îemps la parce que le fonds de terre eft épulfé terre , & on n'a pas le loifir de lui par les racines qui pivotent très- donner !es labours exigés , avant de profondément. On ne fait pas affez femer de nouveau, d'attention à la différence des raci- Il s'agit de s'entendre ; biner , ter- nes pivotantes & fibreufes ; cepen- ner , quaterner, &c. la même récolte dant cette diffiiidion eff la bafe de dans le même champ , n'a jamais été l'agriculture. Au milieu d'une prairie enfeigné par les paitifans de la fup- bien entretenue & dans fa vigueur, preflion des jachères , puifque c'efl on voit prof,:)érer une plante de le moyen le plus fur de détruire la paàence , (^voji^ ce moty,Yherhe qui terre végétale; &, au contraire , l'environne ne fouffre pas de fon ils ne ceffent de répéter qu'il faut voifuiage , parce que la première a abfolument en créer le plus qu'il une racine pivotante ,& la féconde, ell poliible. Suivons leurs opéra- une racine fibreufe ; mais fupprimez tions : aufîitôt que le blé eft en- l'herbe à racine pivotante , plantez levé de dcffus le champ , ils font à fa place une à racine fibreuie , donner un coup de charrue aulïï elle végétera mal , languira & périra , fort que la circonftance le permet; parce que les plantes de la circon- fi la terre eft trop douce , ils diffè- férence à racines fibreufes , épui- rent jufqu'apres la première pluie, feront fa fubliftance avant qu'elle Leur intention é:o;t de fe procurer ait eu le temps de prendre fon ac- un fourrage d'hiver. Après quelques croiffement. labours , ils fèment à la fin d'août , Les règles de la bonne économie des raves , des navets, des carottes; prefcrivent de ne lemer le lin & le leurs feuilles fervent en novembre , chanvre , que dans des fols riches décembre , janvier , février , mars & & qui ont du fonds*; elles prefcrivent avril , fuivant le climat, à faire pâ- en outre de h'ien fumer 61 de. bien ti'rer les troupeaux. Si la gelée fait amender le champ avant de femer ; périr les racines de ces plantes , elles î A C elles rendent à la terre , en pour- riflant, plus de principes qu'elles n'en ont reçus , éc le troupeau a eu un pâturage en vert , objet CiTcntlel en cette faifon. Le bon cultivateur défend l'entrée du champ au trou- peau , du moment qu'il s'appçrçoit que la plante fe dirpofe à monter €n tige pour fleurir & grainer Lorfqu'elle ell: en pleine fleur, il la renvcrfe & l'enfouit par un fort coup de charrue : c'eft ici le cas de îa branche de faule , de l'oignon de fcille , dont on a parlé plus haut. Ainfl , depuis le mois de mai , juf- qu'au moment de femer , le culti- vateur a tout le temps néceffaire pour tourner & retourner fa terre , & lui donner des labours néceflTalres à la récolte fulvante. Si le fol eft bon , il fème en février fur le blé en herbe, le grand trafic ^ appelé A^Efpagne , ( voye^ le mot Trèfle ) ; il végète lentement tant que le blé efl fur pied ; mais dès qu'il eft abattu , s'il furvient un peu de pluie , on eft aflliré d'avoir une bonne coupe en feptembre ou en octobre , & l'année fuivante , pour peu que la faifon favorife , trois coupes très- fortes , & même quatre , fi on veut conferver en trèfle ce champ pen- dant deux années confécutlves en plein rapport : la racine pivotante , le débris des leuiUes & les dépouilles des infeâes , font que la couche de fuperficie s'enrichit loin de s'ap- pauvrir. Si le champ eft maigre , on le fème après l'hiver , en fainfoin ou efpar- cette , que l'on laifle fubfifter pen- dant doux ou trois ans , & on par- vient à la longue à le bonifier & à lui faire produ re deux ou trois années de fuite des récoltes en feigle, Tom« V, J A C 725^ SI le champ eft maigre , & malgré cela précieux à caufe de fa proxi- mité ou de la métairie ou d'une ville , après l'avoir labouré conve- nablement à la fin de l'hiver , on le ième en lupin , ( voye^ ce mot ) , qu'on enterre lorfqu'il eft en pleine fleur. Enfin, lors du battage des grains," on raffemble tous les rebuts, &. on fème pêle-mêle , froment , feigle , orge , avoine , &c. au temps ordi- naire des femaiiles, & voilà un four- rage d'hiver pour les troupeaux. Dès que l'épi commence à monter , dans les pays oii les fécherefl"es font à craindre , on laboure & on enterre l'herbe ; & dans ceux où les pluies ne font pas rares , on attend que les tiges foient plus élevées pour les enterrer, C'eft ainfi que , modifiant les femaiiles , fulvant la nature des champs, fuivant les befoins des mé- tairies , la terre ne refte jamais en jachère. 3''. Les partifans de la fuppreftion des jachères ne peuvent fe dilpenfer de convenir qu'il eft très- difilcile dans les provinces vraiment méri- dionales du royaume , de ne pas admettre les jachcres à caufe des longues & exceffives féchereffes du printemps & fur-tout de l'été. Ea effet , dans les grandes métairies , ft on n'a pas donné les deux premiers labours pour foulever les terres , à la fin de l'hiver , où la terre eft encore humide , on court grantk rlfque d'être forcé d'attendre juf- qu'en feptembre , & quelquefois en oftabre , pour labourer convenable- ment ; alors tout eft tait à la h?re , & par conféquent très-mal. D'ail- leurs , dans ces provinces , on n'tft pas , en général , accoutumé à don- Z z z z 730 J A C J A C rer des labours avant l'hiver , de champ labouré avant & après lliî- forte que la terre le trouve tapée , ver ; & trois à quatre fois depuis ferrée au point que les animaux ont cette dernicre époque julqu'au mo- une peine incroyable à la foulever ment des femailles, La jachère eft en février , ou en mars. Malgré cela , donc prefqu'inuîile à cet égard, on peut encore y mettre à profit La culture alternante laiffe le même l'année de repos. Il s'agit , à cet effet, avantage depuis le moment de la de labourer après la récolte du blé , récolte jufqu'en feptembre , fi on fi une pluie bienfaifante vient ou- fème les mauvais grains pour four- vrir la terre ; labourer & croifer rage d'hiver ^ ou les carottes ou les de nouveau dans le commence- navets ; mais pendant Thiver, fai- xnent de feptembre . pour avoir fini fon toujours ftérile , voilà un pâ- les labours le dix ou le quinze de turage abondant tout trouvé. La- ce m.ois , & femer aufîitôt les re- quelle des deux méthodes eft la buts des grains. Des champs ainû plus avantageufe pour les trou- préparés fourniront des pâturages peaux ? La queftion paroît dé- d'hiver , qu'on détruira à la fin de cidée. février, afin de profiter de la fraî- Comme tous les champs à alterner, cheur de la terre , pour la foulever ne le font pas à la même époque ; que & la croifer par deux forts coups plufieurs ne font femés qu'après de charrue. On peut encore y eflayer l'hiver , les troupeaux ont donc les navets & les carottes. jufqu'à cette époque les mêmes ' 4°. Infifier fur la culture des grains avantages de part & d'autre , en d'hiver ou de mars , eft contraire fuppoiant toutes les circonftances aux principes des partiians de la égales. Ces deux champs , mis en fuppreffion des jachères ; ainfi cette comparaifon , depuis la fin de l'hi- objedion eft nulle , & porte à faux, ver jufqu'au moment des femaiiles , 11 en eft ainfi de l'objeâion du fe trouvent au même niveau , & les n°. y. troupeaux ne rencontrent pas une 5°. Celle du n°. 6 eft plus fpé- nourriture plus abondante fur l'un cieufe que réelle. Que deviendront que fur l'autre. les troupeaux fi on fupprime les En fuppoiant qu'une partie des jachères ? Il s'agit encore de s'en- champs ait été convertie en trèfle , tendre , & tout fera fimplicité. Dans fi le loi eft bon , & en fainfoin s'il eft une métairie , il eft rare qu'on de qualité médiocre ou mauvaife , n'ait pas des champs de quahtés le problème fe réduit à favoir fi différentes , de bons , de médiocres la récolte de l'un ou de l'autre de & de mauvais ; c'eft fur ce point ces fourrages n'équivaiu pas à quel- qu'un doit décider des cultures in- ques herbes éparfes que les troupeaux îerca'aires. auroient trouvées fur ces champs. Les partifans du fyftème contraire, Enfin, rien n'empêche ou'on ne convieiment qu'un des buts de la leur donn? un peu de ce fourrage , jachère eft de détruire les mauvaifes & qu'on ne garde l'excédant , ou herbes. Les moutons trouve i donc pour la coniommation delà métairie, très-peu de nourriture dans un ou pour vendre» J A C J A C 73Î Ce qui a donné lieu aux jachères, cîant, fi les circonftances locales per- cft la trop grande étendue des poffef- mettent de récolter, ce feroit la fions &: le peu de moyens des pro- plus grande de toutes les abfurdités priétaires. Si on jette un coup-d'œil 6c le comble de l'entêtement , de fur le champ d'un petit particulier, on rejeter un bénéfice auffi certain, verra qu'il eft parfaitement bien tra- Je conclus qu'alterner autant &C de vail!é,tumé,&c., parce que le champ la manière quon h peut , eft la plus n'eft pas au-delà de fes forces , & fûre & la mieux démontrée des lur-toLit, parce que le befoin l'oblige méthodes avantageufes de l'agricul- à le femer chaque année d'un grain ture, & que, loin d'appauvrir ôc ou d'un autre , attendu que c'eft fa d'épuifer la terre , on l'enrichit, feule reffource. Tout devient extrême pour JACINTHE ou HIACINTHE. l'homme qui adopte un fyftènie; Tournefort la place dans la pre- il fe laifTe entraîner malgré lui à mière fedion de la neuvième claffe, fon imagination , il adopte comme c[ui comprend les herbes à fleurs ea des réalités, les chimères qu'elle lui lys d'une feule pièce, divilée en fix préfente. Des écrivains ont voulu parties, dont le piftil devient le fruit, tout à coup convertir les champs & il l'appelle hyacïnthus. Von- du royaume , moitié en grains, moi- Linné lui conterve la même déno- tié en prairies artificielles : ils ont mination , & la claffe dans l'hexan- eu raifon jufqu'à un certain point, drie monogynie. Celui - ci ne fait Il feroit à défirer que les chofes qu'un genre des mufcari & des lufTent ainfi. Peuvent elles l'cire ? je jacinthes, & celui-là les fépare ea ne le crois pas. Le climat , l'expofi- deux genres. tion , la nature du loi , &:c. , y mettent obftacle dès qu'on veut trop généra- Section première. lifer. C'eft au propriétaire à examiner fi les pâturages d'hiver ne font pas Caraclcrc du Genre. fufîifans; î\ l'efparcette qui doit oc- cuper la terre pendant deux ou trois Fleur en forme d'entonnoir, d'una années , rendra autant que deux feule pièce , divifée en fix à fon récoltes ow en blé ou en feigle , extrémité ; cette cloche eft alongée dans le cas que les pâturages foient dans les jacinthes, prelque ronde , & abondans dans le canton , &c.; en un refferréefurfes bords dans les mufcari; mot, il y a mille & mille modifi- les étamines , au nombre de fix , & ne cations locales, qui doivent entrer en dépaflént pas la partie lupérieure qui confidération. Malijré cela , je ne cei- déborde l'elpèce de tube, ferai de répéter : Multipliez l'herbe Fruit; à la fleur fuccède une cap- comme herbe pure & firnple, non fuie à trois côtés, à trois loges, à pas pour la récolter lorfque les cir- trois valvules, au milieu delquelles confiances s'y oopofent, mais pour eft une efpèce de colonne qui les la détruire , pour engraifTer la terre fépare. Chaque loge rent.-rme le en foimant ce précieux humus, d'où plus fouvent deux fémences prefque dépend toute la végétation. Cepen- rondes, Z z z z X 73 i J A C Section II. De la Jacinthe orientale. Von-Linné en compte treize , en y comprenant les miikari, & Tour- nefort plus de cinquante , fans ces derniers. Leur defcription eft inu- tile au but de cet Ouvrage , à l'ex- ception de la jacinthe orientale , qui fait l'ornement des jardins , & les délices des. amateurs. Cette ja- cinthe ert rhyacintus orientalis , de Von-Linné & de Toiirnelbrt. Les fleurifles en comptent un nombre de variétés qui excède 1500, d'après Voorhlem , & qu'ils regardent comme des efpèces. Ce font des ifpcccs jardinières. ( voycT;^ ce mot ). Pkifieurs ont fait des traités parti- culiers fur la culture & la beauté de cette fleur , ou en ont parlé en décrivant les fleurs des par- terres. On peut confulter à ce fujet le Dictionnaire des jardiniers de Miller ; l'Ouvrage de Vander- Groen , imprimé à Bruxelles en ï6ji; Clarici ihl Giacinto , imprimé à Venife en 1716 ; le Traité fur la connoiffance & la culture des ja- cinthes , imprimé à Avignon en 1765 ; je crois qu'il a été publié par le père d'Ardennes , de la Congré- gation de l'Oratoire ; enfin , l'ouvrage de Van-Zompel eft. le plus étendu en ce genre. Defcription de la Jacinthe orientale en ginéral. La plante a poiu: bafe un oignon ëcailleux formé de différentes tuni- ques en recouvrement les un:s fur ks autres i de fa bafe il pouflTe des J A C racines » qui fe sèchent après la fruftifîcation : du haut de l'oignon part un bouquet de feuilles longues ^ étroites , luifantes & pliées en gout- tières ; du centre de ces feuilles s'élève une tige prefque ronde , lui- fante , creufe , pleine de moelle ;. le long de cette tige & vers fon ex- trémité fupérieure font alternative-» ment difpofées les fleurs fimples ou doubles. Lorfqu'o.T ne coupe pss les tiges , les fleurs fimples produi- sent des graines que l'on sème , & c'eft de leurs femis multipliés, cul- tivés avec foin , qu'on parvient chaque jour à fe procurer de nou- velles efpèces. Comme je n'ai jamais eu le loifîr d'être ce qu'on appelle cultivateur ficurijîc, je ne puis rien dire d'après ma propre expérience. Je préviens que je vais emprunter tout cet ar- ticle du fupplément à la premiers éditio.'j de l'Encyclopédie , & qui ,. en grande partie , efl l'extrait biea fait de l'ouvrage de \ an - Zompel 5. ai. du Dicîionnaire de Miller,. En quoi conjljle le mérite d'unt Jacinthe, De dix mille jacinthes , à peins en trouve-t-on une bleue qui de- vienne blanche , ou une double qui dégénère en fimple. On en a ru , après une durée de cinquante ans > conferver encore leur beauté.. Voici les caradères qui relèvent le mérite d'une jacinthe : i**. l'oi- gnon doit être pafTablement gros , fans défaut & non écailleux , ce qui doit être feulement confîdéré pour la perfection , car on voit prefque toutes les plus belles jacinthes rouges n'avoir que de petits oignons , 6ç J A C J A C 733 teux de h plupart des belles jacin- mencerônt h paroître , & on la re- e la- Culture. En général , il faut éloigner tout ce qui a feulement quelque rapport svec du fumier frais. . . . Les terres ciétacées & argileufes , font abfo- lument contraires aux jacinthes. M. Van-Zompel dit avoir vu cultiver avec fuccès la jacinthe aux environs d'Amfterdam , dans des terrains qu'il qualifie de fultureux. Pour ce qui eft delà terre fablonneufe, il la regarde comme la plus convenable aux jac-nthes , pourvu qu'on ait foin d'en ôter le fable rouge , le jaune , le blanc & le maigre ; le meilleur fable , ajoute-t-il , efl le gros , lorfqu'il eft un peu _ gluant , gras, & qu'il ne fe convertit pas en pouflière jaune à mefure qu'il fe sèche. Ls terre fablonneufe qu'il recommande eft grife ou de couleur fauve noirâtre, èc l'eau qui en dé- coule eft douce; au moins, dit -il, tel eft le fol des environs de Har- lem , ft favorable aux jacinthes. Quant aux amendemens , les cu- rures récentes des fofîes ou des puits J A C ne peuvent que nwire à l'ameublif- fement de la terre. Le fuinier de cheval , de breb's , f'e porc , capable de hâter le progrès des plantes , occa- fionne des chancres pernicieux aux oignons. La pouJretîe , de quelque nature qu'elle foit , & rcutei les préparations recherchées ne font point ici de mife. Le feul fumier de vache fuffit pour mettre cette forte de terre en état de nourrir de belles jacinthes. On peut y (ubftituer les feuilles d'arbres bien conlommées , (i) ou le tan réduit en terr.au, à force d'avoir fervi à d'autres ufages dans le jardin, ... Il y a des gens qui élèvent leurs jacinthes fans terre , dans un mélange de moitié fumier de vache, & moitié feuilles & tan bien confommés. Ontravaille ce mé- lange pendant deux ans, & la réuflîte eft auffi certaine que dans les fables gris , pourvu que le tan ait été tiré des folies deux ans avant de le mêler avec du fumier, en forte qu'il foit déjà à demi confommé. Le mon- ceau de ce mélange , ainfi que de tout autre , doit être placé au grand foleil. On indique , comme très- bonne , une compolition bien limple, c'eft de prendre trois parties de terre neuve, ou de taupinière; deux par- ties de débris de couche bien ter- reautées, & une partie de fable de rivière. D'autres exigent une terre de po- tager ordinaire, d'un demi-pied de profondeur. Quand on fait des monceaux de fumier, mélangés de terre, pour fe (i) Notejt rEditeur. J'ai vu, chez un fleurifte , une planche entière de Jacinthes languir ou périr, pour avoir employé des feuilles de noyer à la préparation . du terrain. J A C J A C 735 procurer du terreau propre aux tout temps , certain degré d'humi- jacinthes, on doit y employer une dite, mais une eau flagnante leur terre de potager qui n'ait de long- efl pernicieufe. temps fervi à ces fleurs. ( Ce précepte de ne point arrofer. En Hollande , on mêle enfem'ule efl bon pour la Hollande , où le deux parties de fable gris , ou fauve ciel efl très -vaporeux èc humide, noirâtre , trois parties de fumier de fur-tout pendant la faifon oii l'oignon vache , & une partie de feuilles ou ell en terre. Il feroit dangereux de tan confommés. On préfère le fu- s'y conformer dans im climat plus mier frais à celui d'un an , parte fec & plus ferein. Les arrofemens qu'il fe confomme plus vite , & ië font ncceffaires , mais ils doivent marie mieux. On fait le monceau être modérés , parce que toutes les le plus mince que l'on peut , relati- plantes graffes 6c les plantes à oi- vement à la place, afin que le foleil gnons craignent l'humidité par-dellus ait plus de facilité à le pénétrer, tout ). Les matières y font rangées par lits. L'expofition du levant donne le Pendant les fix premiers mois , on foleil aux jacinthes moins direde- ne remue ce mélange qu'autant qu'il ment que celui du m.idi , qui les faut pour ôter les mauvaifes herbes défend du vent du nord & d'efî. La encore jeunes ; après quoi on le plupart des fleurifles préfèrent le retourne de fîx en fix femaines. Sa midi ; mais alors il faut avoir un préparation ne dure pour l'ordinaire b;ltiment ou une haie pour brller qu'un an; on peut travailler le tout le vent de ce coté , qui alongeant pendant une féconde année pour le la fane diminueroit la beauté de la perfedionner ; mais ftn plus long pyramide, & en même temps pour temps l'afioibliroit. On ne l'emploie affbiblir l'aftion du foleil, &c em- à nourrir les jacinthes qu'un an. pêcher ainil la fleur de palTer trop Lorfqu'on tire à la fin de l'année vite. les oignons que Ton y a mis , on La jacinthe fe multiplie de graine défait cette efpèce cfe couche pour ou par fes cayeux ; pour la mul- en expofér la terre au foleil & Ja tiplier par fes lémences , le plus lùr remuer ; elle efl enfuite en état de efl de prendre de la graine des fim- fervir aux tulipes, renoncules, ane- pies, 6c à cet effet en femer quan- mones, oreilles d'ours, &c.; on n'en tité d'efpèces; en même-temps que fait pas ufage pour les œillets, parce l'on cultiveraun grand nombre d'oi- que l'expérience a prouvé que la gnons de chacune de celles qui pro- jacinthe comnuiîùque à cette terre mettront davantage. Plus on a de une qualité qui leur efl contraire. femences , plus on fe procure de L'endroit que Ton delline aux haiards ; c'eft aux efpèces fimples jacinthes, doit être bien aéré, élevé, qu'on eft redevable de prelque toutes èc feulement a'Tez fec pour que les les jacinthes qui jouifTent d'un grand eaux n'y féjournenc pas en hiver, nom. ( voyei au mot Espèce les Comme on n'efl pomC dans l'ufage moyens de les p<=rfed'.onnfr ). Quoi- d'arrofer ces plantes , il faut que les que les doubles donnent quelque- oignons trouvent à leur portée en fois des grains, elles produiieiit tort 73^ TAC rarement des efpèces parfaites. C'eft cependant un moyen de le procurer plutôt des fleurs doubles &c pleines , & on peut en faire uGige avec une elpèce de fatisfaftion quand on ne cherche pas à primer. La couleur ne doit pas déterminer à recueillir la graine de telle jacinthe, préterablement à telle autre. Il efl mieux de fe régler fur les qualités indiquées ci-deffiis. Outre cela, comme on cherche à fe procurer des ja- cinthes pleines, &c que celles-ci font toujours tardives , une culture bien entendue prefcrit de faire choix de graines formées plutôt lur des pieds lardits , que fur des pieds hâtifs. Les curieux recueillent avec grand foin celles qui proviennent des fleurs dont les pétales font doubles ou triples. Quand on ne fe foucie pas de la graine d'une jacinthe , on coupe les fleurs dès qu'elles ont fait leur effet. L'oignon prend aufïï plus de nour- riture que fi on lailloit former Sc mûrir la graine. On fe difpofe à recueillir la graine lorfque la pellicule dont elle ed environnée jeunit , commence à s'ouvrir , & laifTe échapper la graine dont la maturité s'annonce par une couleur noire ; alors ayant enlevé la tige , on la met dans un vafe un peu profond , ou fur une table où le foleil ni la pluie ne puifTent pas donner. La femence achève de s'y perfectionner ; après quoi on la net- toie bien , & on la garde dans un lieu fec. Une terre préparée comme celle ou l'on met les oignons de jacinthe, convient pour les femis de la graine , c'efl ïur la fin d'odobre eue l'on fait cette femaille , dans un climat J A C tel que celui de la Hollande. Si ott y devançoit ce temps, le. jeunes plantes fortant en hiver , feroient furprifes de la gelée qui les teroit périr ; d'un autre côié , en difFé-ant davantage , la levée feroit fort in- certame , ou au moins afTcz retardée pour occafionner une année de ptrte. En France , kiivant le local , on fème depuis le mois d'août jufqu'à la fin d'oflobre. La "raine étant couverte d'un pouce de terre , on y répand ua peu de tan à demi confommé , pour la garantir du froid lorfqu'elle lèvera. On ne tire les oignons qui en proviennent, que lorfqu'ils ont pafTé deux fèves ; durant ce temps on arrache avec précaution les mau- vaifes herbes qui y naiffent (ans leur donner le temps de grandir afTez pour nuire. Aux approches du pre- mier hiver que ces jeunes plantes doivent foutenir , on les fortifie par un demi-pouce de tan. On n'arrofe jamais ces jeunes oignons : durant les fécherefTcs de l'été , leur végéta- tion efl très-lente ; & en tout autre temps ils trouvent une humidité ca- pable de faire poufl"er leurs racines, îouvent à fix on huit pouces de profondeur. Quand une fois on les a levés de terre , on le gouverne comme ceux qui font plus avancés. Il y ^a a un certain nombre qui fleuriflènt au bout de quatre ans , d'autres au bout de cinq , beaucoup davantàgeJ'ar.née fuivante, & com- munément tous à la feptième ; on jette alors ceux qui ne donnent pas. A chaque fleuraifon l'on obferve les degrés de perfeûion que ces fleurs acquièrent , afin de ne pas garder. J A C J A C 737 garder inutilement celles qui pa- Entre les oignons qui acquièrent roifîent ne pas promettre jufqu'à une bonne groffeur , ceux qui pèfent un certain point. depuis une jufqu'à une once 6c de- En Hollande , on regarde les mois mie , font en état de fleurir parfai- d'oûobre &C novembre comme la tement ; deux onces & demie annon- vraie faifon de planter les jacinthes ; cent une vigueur extraordinaire & il ell également dangereux de le de longue durée. On voit de tels faire ou plutôt ou plus tard. En oignons fleurir quelquefois treize ans devançant , on donne lieu aux fleurs de fuite avant de commencer à s'é- de paroître dans un temps oii la puifer en cayeux. gelée les fait périr. Si l'on tarde La jacinthe efl: moins fufceptible irop , les tiges & les fleurs ne vien- des effets de la gelée que la renoncule nent qu'imparfaitement ; d'ailleurs , & l'anémone , mais plus que la tulipe ceux qui ne plantent les jacinthes & l'oreille d'ours ; on prévient les qu'au mois de décembre , ont enfuite fortes gelées en couvrant la terre le défagrément de voir prefque ton- avec deux ou quatre pouces de tan , jours les oignons s'épuifer en ra- ou de feuilles d'arbre que l'on a foin cines. En France , dans nombre de retirer dès que les gelées font d'endroits, on les met en terre dans finies , & miles en réferve dans la les mois d'août &c de fepîembre ; crainte d'un nouveau froid, les petits cayeux fe mettent en pé- M. Van-Zompel affure qu'un froid pinière , à un ou deux pouces de qui ne fe fait fentir que jufqu'à deux dillance , fous un pouce feulement pouces dans la terre , n'ell pas cou- de terre. traire à cette plante , & que ce n'eft Les fleurifles varient entr'eux fur même pas un mal de laiffer la caifle la profondeur oii ils enterrent les découverte au milieu de l'hiver , fi oignons ; l'ufage ordinaire efl de l'on efl probablement fîir qu'il ne quatre à cinq pouces , obfervant viendra pas de grandes gelées. Il d'enfoncer davantage quelques ef- ajoute que les volets , les châffis pèces hâtives , 6c moins quelques vitrés , rendroient un mauvais feryice efpèces tardives , afin que les unes fi on les laifîbit dans le temps de la & les autres fleuriffent en même- rofée , qu'il regarde comme très- temps. L'oignon enterré à plus de favorable aux fleurs de jacinthe ; cinq pouces, ne produit commune- c'efl pourquoi , durant le printemps, ment qu'une tige maigre , & des on ne les fermera le foir que très- fleurs qui ne font pas bien pleines ; tard , & on les ouvrira le matin moins on l'éloigné de la fuperficie , d'aufTi bonne heure qu'il fera pof- plus il produit ; en forte qu'au lieu fible. de donner des fleurs pendant quatre. Comme la tige de la jacinthe efl cinq , fix ans , il fe trouve épuifé fucculente , elle ne rcfifk pas aux dès la deuxième ou troifième année. grands vents; entre les moyens ima- On plante les oignons à un demi- ginés pour l'afTurer contre leur vio- pie^ de diflance , 6c au bout de Icnce , un des meilleurs^ efl d'avoir trois ans on les lève ; d'autres les une baguette fouple , bien droite , lèvent chaque année, ^ biea unie , gtolTe comme le tuyau T»me F, A a a ^ i 758 J A C d'un? ptitme d'oie , & longue d'en- viron deux pieds , l'enfoncer à une protondjur {"uffilante pour lui don- ner du foutlen , auffi près de la tige qu'on le peut , fans entamer , ou du mo'ns fans ofFenfer l'oignon , puis lier à volonté la tige & la ba- 2ue:ie avec du fil vert , ou encore mieux avec de la laine verte , que l'on noue un peu lâche , au-deffus de la plus bafle fleur ; il faut que la tige puifl'e amplement flotter au gré du vent ; c'eft poui'quoi un nœud commun à là baguette & à elle , vaut mieux que fi l'on nouoit d'abord l'u/ie , puis l'autre , vu que d'ailleurs le fil ou laine doit avoir l'aifance d'ê:re foulevé par la fleur à melure que la tige grandir. Pour conferver la couleur des belles efpèces hâtives où le rouge domine en dedans , foit feul , foit avec le blanc , qui s'épanouifient quelquefois de très - bonne heure , on leur donne à chacune un paraiol en forme de demi -bonnet, fait de bois léger ou de fer blanc , & fup- porté par un bâton fiché en terre. L'ardeur du foleil , dans fon raidi , rendroit tout d'un coup leur couleur pâle , & feroit paifer les âeurs bien pins vite. Quand la plupart des autres jacinthes de la planche font en fleur, on fubllitue à ces parafols particu'icrs un parafol général fait de toile , qui demeure toujours tendu en pente au-delTus de la planche , & foutenu par des pieux de bois léger , à une hau'eur convenable , pour qu'on puifle fe tenir debout com- modément dans les fentiers. Il efl à propos que cette toile puifle aller &. tenir au moyen d'un reflTort comme celui des flores : car , indé- ■ jîendamraent; qu'il ne faut pas priver J A C les jacinthes de la rofée , c'efl: une fatisfaftion que de voir d'un coup- d'œil tovue la planche découverte dans une belle matinée , ou le foir quand il fait beau. La toile doit être tendue toutes les fois que le foleil donne fur la planche , quand il pleut , ou lorfque la nuit eft trop fraîche. Oi la fupprime dès que la plus grande partie des fleurs commence à fe palier , attendu que les oignons ont befoin de la chaleur du foleil pour profiter. La manière de lever les oignons efl: importante ; le temps de le faire eft lorfque la fane eft prefque jaune & sèche. M. Van-Zompel rejette le fcrupule de ceux qui prétendent que chaque oignon doit être forti de terre à ce point , parce que ce feroit nuire à ceux qu'on laifl'e en terre. Il aime mieux les lalfl"er en terre , quoique leur fane foit entiè- rement ièche , jufqu'à ce que toute la planche puifle être levée enfem- ble. Il trouve beaucoup d'inconvé- nient à i'e trop preflTer de les tirer de terre. On doit avoir la précaution de- ne point otTenfer l'oignon : ayant féparé la fane qui fe dérache fans p?ine , on lève l'oignon avec fes racines, fans en oter les cayeux ni la terre qui peut y tenir. On enlève toutes les enveloppes chancreufes ; fi quelques oignons font altérés, on les nettoie ju/iqu'aii vif; on met cliacun dans une café étiquetée qui fait partie d'une grande layette diftribuie exadement comme la planche. Cette layette eft enfuite dépofée fur une table , dans ime chambre fèche &c bien éclairée , dont on ouvre les fenêtres quand l'air eft pur & fereia ,. & que l'on ferme foigneufemenî; J A C ivant la nuit toutes ks fois que le temps eft couvert, Lts oignon^' demeurent ainfi juf- qu'au temps de la plantation ; c'eft feulement alors qu'on les nettoie de la terre qui y eft reftée , qu'on en fépare les cayeux , &c qu'en exa- minant l'état de chaque oignon , on lui deftine , dans la layette , une place convenable à l'effet qu'il devra produire dans la planche : une autre méthode pour lever &: conferver les oignons , confifte à les lever par un beau jour, couper la fane tout contre l'oignon , fi elle ne s'en dé- tache pas d'elle-même ; ne frotter , manier , ni nettoyer l'oignon , mais le remettre aufîîtôt fur le côté , la pointe ..dirigée vers le nord , dans le même endioii , prei'qu'à fleur de terre , après avoir rempli le trou & égalifé le terrain ; puis avec la terre qui fe trouve auprès de l'oi- gnon , le couvrir de toutes parts en forme de taupinière épaiffe d'un pouce. Si le temps eft au lee , il faut vifiter la terre tous les jours , examiner fi elle n'eft point defcendue & ii l'oignon n'eft pas à découvert ; car le foleil occafionneroiî , durant les premiers jours , une fermentation violente dans les fucs dont l'oignon eft rempli , & fa perte feroit certaine. C'eft pourquoi il ell même avantageux de couvrir les taupinières, feulement pendant les deux ou trois heures oii le foleil eft plus fort ; elles ne feroient pas couvertes le refte du jour , fans produire une moififliu'e très - difficile à détruire , & qui altère toujours la fraîcheur & la beauté de l'oignon. On laifl'e ordi- nairement les oignons ainfi snterrés l'efpace de trois femaines , ou un mois , après quoi on leur trouvQ ï A C 735 la pêait unie > faine , rougê , bril- lante , & prefque auffi dure &c fèche que celle de la tulipe ; en les levant alors tout - à - fait , on les nettoie , on les garde dix ou douze jours dans la chambre , comme il a été dit ci- deffus ; puis on peut fans rifque les tranfporter oii l'on veut , & les tenir empaquetés & privés d'air pendant cinq à fix mois ; ce qui feroit impraticable , fi l'oignon n'avoit pas été ainfi mûri , & fes fucs digérés ôc perfeftionnés par l'aftion de la pluie ou du foleil fur la terre qui les touchoit de toute part. Suivant M. Van - Zompel , il faut attendre à exécuter cette opé- ration , que le plus grand nombre des jacinthes aient la fane jaime , & ne point imiter la précipitation de ceux qui lèvent les oignons dès que les pointes de leur fane annoncent que fa croiffance va fe ralentir. Ce cultivateur avertit qu'en empêchant l'oignon de croître davantage , on a prefque toujours le chagrin de voir qu'il ne devient enfuite ni mûr ni ferme , &c qu'il s'y forme un moift vert , qui pénétrant l'inté- rieur , & jufqu'à la couronne des racines , le fait gâter , malgré tous les foins de cette méthode laborieufe ôc affujettifiante. Au refte , cette économie n'eft pas fans Inconvénient , lors même qu'on l'a obfervée avec le plus d'exaûitude. Il y a , par exemple , des années où les mois de juin , de juillet &Z août font fort chauds , & s'il y furvlent de la pluie , la furface de la terre entre en fermentation ; les oignons s'y cui- fcnt , deviennent infeds , & font morts lorfqu'on les lève : on pré- vient néanmoins cet accident , à A a a a a 2, f^o î A C on met les oignons fut une petite élévation, d'où l'eau s'écoule promp- tement, & fi on a foin de les couvrir pendant les deux ou trois heures du grand foleil, comme il a été dit; i\ peut' encore être utile de les ga- rantir de la pluie & même du luleil , quaad la chaleur eft exceffive. Si on a deffein de gsrder les oignons, on les dépofe dans une boîte rem,)'ie de fable bien defîechc , & on les met par couches alternatives de fable & d'oignons. On peut les conferver ainfi dar.s-unlieu bien fec, pour les plaoter dans les mois d'avril, de mai ou de juin, afin qu'ils donnent des fleurs en juillet Si en août. On ne fauroit cependant conferver' ces oignons au-delà de l'année. Les oignons étant ainfi perfcftion- cés , fi on veut les traniporter au loin , on a foin , pour tout empaque- tage , de les envelopper chacun à part , dans un papier doux & bien îec , & enfuite on les met dans une boîte fermée de manière qu'il n'y pénètre abfoUiment ni air ni humi- dité ; après quoi on peut envelopper îa boîte avec de la toile cirée , &r il faut recommander avec grand foin que cette boîte foir placée dans l'en- droit le plus fec d'un navire. M, '\'^an- Zompel blâme la pratique d'empa- queter les oignons de jacinthe avec de la mouffe d'arbres , quelque fèche qu'elle foit , parce que ces oignons demeurant toujours remplis d'un fuc abondant , commimiquent à la moufle une humidité qu'elle pompe irès-vîte, & qui de-là paiTant à la couronne, fait poufler de lon- gues racines , au grand préjudice pour l'oignon renfermé , au lieu qu'il eu d'expérience qus. le papier douï & Icc ne favorife nullement de J A C" telles pfôduôions : tout ce qui peut arriver eft que dans l'|fpace de plu- fieurs mois , la pointé de l'oignon s'alonge d'un ou de deux pouces ; mais il n'en réfulte aucun mal , Sc quand cet oignon fera mis en terre , il formera promptemenr de belles racines ; en un mot , tout, oignon de jacinthe bien aoàté , fe conlerve mieux dans du papier doux & (ec , fans autre enveloppe que ceux qui demeurent expofés à l'air d<^ns une chambre fèche. On peut avoir des jacinthes ei* fleur dès le mois de janvier , en plantant quatre ou cinq oignons- d'elpèees hâtives , fous un pouce de terre , dans des pots que l'on plonge dans une couche de tan échauffé» Si on a une ferre chaude v- on y tient ces pots près d'une fenêtre , 6c on les arrofe quand ils en ont befoin. Les oignons de jacinthes doubles fleurifient toujours plus tard , même avec ces foins ; mais en les entre- mêlant avec les fimples , on peut; fe former des planches artificielles dont la faifon fera de durée , fur- tobit fi l'on a foin d'y obferver la gradation de hâtives èc de tar- dives. On fe procure encore des fleurs de jacinthe en hiver dans les appar- temens , au moyen de carafFes de verre, hautes de fept à neuf pouces, dont la partie fupérieure foit aflez large pour que l'oignon y pofe com- modém.'nt. Ayant choifi parmi les oignons de fimples & doubles hâtives , certaine quantité de ceux qui font bien ronds , & qui femblenr avoir pris toute leur croilTanc* , oa met vers le 20 octobre affez d'eaii de pluie friche dans, chaque caraffe^ J A C pour qu'une partie de roignon , au-deffus du cercle des racines , y baigne. Il ne s'agit plus que de re- nouveler cette eau de quatre en quatre femaines ; quelques perfonnes jetterit , tous les quinze jours , dans l'eau une pincée de nitre. On voit profiter les racines & la tige , & quand on en a beaucoup en fleurs , on peut les ranger fur un théâtre. Ces caraffes réuffifîcnt très -bien fur les tablettes des cheminées où l'on fait habituellement du feu. Ce- pendant , fi la chaleur de ces tablettes devient afiTez forte pour échauffer fenfiblement l'eau, cette liqueur fe décompofe , contracte une mauvaife odeur, les racines fe pourriiîent , augmentent l'infeftion , &c la plante périt fans avoir fleuri. Lors donc que l'on fait grand feu , on doit être attentif à renouveler fouvent l'eau des caraffes. Il y "a des perfonnes qui diflribuent les caraffes en divers endroits d'une chambre où l'on entretient une chaudière' û'eau bouillante , dont . la vapeur contribue beaucoup à la réulîite des jacinthes , foit en fe répandant lùr elles en forme de rofée douce &c tiès-fiwe, foit en entrete- nant l'air dans une température pro- portionnée à celle qui cft favorable à leurs progrès. Les oignons qui ont ainfi fleuri en hiver, étant enfuite mis en terr J A C 741 & d'înconvéniens que celle des tulipes ou des oreilles d'ours. Les jacinthes peuvent être culti- vées avec fuccès dans toute l'Europe, quoiqu'en général un climat tempéré foit celui qui leur convient le mieux : elles réufîiffent très-bien en Italie , & particulièrement à Rome , où il y a des curieux qui le difputent en ce genre aux Holiandois. La France embraflant dans fon étendue diffé- rens cLmats, de chauds, de froids, & fon clim.at principal étant tem- péré, elle pofîède de grands avan- tages pour la culture de cette belle fleur. Les Holiandois, fous un ciel moins favorable, ne priment fur les François que par leur application laborieufe & intelligente ; au moyen d'éîuves ou ferres chaudes , les pays feptentrionaux peuvent fe procurer la même jouifTance. Section IV. Dis maladies des Jacinthes. Les plantes font fujettes i^. à une efpèce de chancre cai-aclérifé par un cercle ou demi - cercle brun , ou couleur de feuille morte, qui s'étend depuis la furface dans tout l'intérieur de l'oignon , & répond à la couronne des racines : c'eft une corruption dans les fucs de l'oignon. Quand le mal n'a pas fait de grands progrès, il n'occupe puis levés dans la même faifon que ks qu'une partie de l'oignon , & on s'en autres, y reprennent de la vigueur, mais ils ne font pas en état de Ocnner une féconde fois cet agrément ; tout ce que l'on a droit d'en attendre , efl que l'année fuivante , ils jetteront quaiitité de cayeux. apperçoit rarement tandisque la plante eff en leirc, en forte qu'on eft furpris de trouver ce vice en levant telle jacinthe qui aura bien fait dans la même année ; mais dès que le cercle efl emiereraeiit formé, la mhîadieell On voit donc que la cirfure des m^orteiîe ; Toignon ne profite plus , jacinthes n'a pas plus de djfRciiliés êc l'tiaî de la fane au printemps , 74Î J A C indique qu'il eft prêt de p-irir. Lorf- que ce vice attaque d'abord la cou- ronne , il gagne tout l'intérieur l'ans qu'on s'en apperçoive , & il le dé- clare au dehors quand il n'y a plus de remède. Si au contraire il com- mence par la pointe , on en arrête le progrès en coupant en deffous , jui- qu'à ce qu'on ne découvre plus au- cune marque de la contagion ; l'oi- gnon réduit même à moitié , lé ré- pare enCuite , & fi on l'expole au Ib- leil derrière un verre ,"auintôt après l'opération , la partie fe lèche , 5c cicatrife promptement. Ce mal étant contagieux , il faut jeter tous les oignons qui en font infeûés fans efpérance de remède , tout ce qui en proviendroit auroit le même vice ; il faut donc vifiter chaque oignon avant de le planter, ôc enlever avec un couteau tous les endroits fufpeûs ; fi le deflbus eu blanc on n'a rien, à craindre. Les autres préfervatifs font de ne pas planter des oignons auprès de ceux qui ont le mal , ne point fe fervir de terre qui ait nourri des jacinthes plufieurs fois de fuite, ce coup fur coup ; ne pas mettre ces plantes dans un endroit ou l'eau féjourne pendant l'hiver , n'y employer au- cun fumier de cheval, ni de brebis ni de cochon , à moins qu'il ne foit abfolument confornmé. 1°. La féconde maladie prefque toujours mortelle eft un gluant infeftqui, corrompant d'abord l'ex'- térieur de l'oignon , en pénètre enfuite toute la fubftance. Quand le mal ell: à ce point , la plante périt nécsffalrement ; l'oignon contrafte cette vifcofité dans la terre , fur- tout quand il n'ell: pas à une certaine grofoxideur , ôc que la terre çft trop J A C humide ; il en eft bien fufceptib!e quand on l'a fait aoîxter en terre, ainfi qu'on l'a indiqué ci - delTus, après l'avoir levé. On prétend que c'eft un inlefle qui eft la caufe du mal, & que , pour y remédier, on doit mettre ces oignons tremper dans l'eau diftillée du tabac , ou dans une forte décoftion de tana.fie ; on les y lailTe environ une heure , &C on les met enfuite fécher dans un lieu bien aéré , mais à l'ombre. 3°, Lorfqu'on voit au printemps la pouffe nouvelle fortie de terre s'afFoiblir & le fécher , on peut con- jefturer que les racines ont été en- dommagées , foit par la gelée , foit par quelqu'autre accident ; on y remédie en levant l'oignon pour nettoyer les racines ÔC en retrancher les endroits malades , puis couper toute la pouffe , après quoi on re- met l'oignon en terre , de forte qu'il ne foit couvert que très-légéremem ; il s'y lèche , & peut l'année fuivante donner des cayeux qui réuffiront bien. - 4°. On ne doit pas regarder comme une maladie de cette plante l'avorte- ment de fa fleur prête à fe former ; cet accident eft prefque toujours l'ef- fet delà preffion que Ibuttre la plante dans la terre gelée, & il attaque moins les oignons plantés au mois de no- vembre , que ceux que l'on a mis plutôt en terre. 5®, A la furface de l'oignon qui eft hors de terre, il le trouve quel- quefois des peaux mal faines qui le rongent pendant tout le temps qu'il refte ù l'air. Avant que les peaux gâtent les racines, il faut les couper, & fi on néglige de le faire , elles y portent la mort. Quand la caufe du mal eft ôtée, la plaie fe ieçhe promp- J A C tement, & on peut être tranquille pour l'avenir; feulement l'oignon eu. diminué de groffeur ; mais il redevient vigoureux dans la terre. 6°. On doit être également foigneux d'ôter un moifi vert qui fe forme à la furfece de l'oignon , &c qui ordinaire- ment devient dangereux quand l'oi- gnon n'a pas été aoûté, puis gardé bien lâchement. Si ces divers accidens font périr beaucoup de jacinthes , on trouve de grandes rcfl'ources dans la mul- titude de cayeux que cette plante fournit. Sa faculté réproduftive eft même fi féconde , qu'il naît des cayeux au bord de toutes les plaies qui arrivent aux tuniques de l'oignon , foit par l'eftbrt de la fève abondante qui les divile , foit par les inciiions que l'on peut y faire. Cette obfervation a fuggéré un moyen de multiplier abondamment certaines efpèces indolentes qui ne font pas difpoi'ees à produire des ca- yeux. Un peu avant le temps de lever les oignons, on tire de terre celui que l'on veut exciter à la génération , & l'ayant fendu en croix depuis le bas jufque vers le tiers de fa hauteur, on le remet en terre , en ne le cou- vrant que de l'épaifieur d'un pouce. Quatre femaines après on l'aoîite, on le retire , & on la fait fécher comme les aut.es, puis on le re- plante en Tsême temps qu'eux. Il ne donne plus de fleurs , mais l'an- née fuivante il produit quelquefois jufqu'à dix cayeux, lefquels font en état de bien faire* au bout de deux ans. On peut divifer l'oignon en un -plus grand nombre de parties, au moyen d'incifions' qui , de divers goints-de la circonférence,, en pre-- J A C 743 nant au -défais de la couronne d^ racines, pénètrent jufqu'au cœur» ces incluons doivent même être de biais, en montant & en tournant, de forte que la partie inférieure -de l'oignon & (on cœur fe détachent en un morceau. Si l'opération eft bien faite, ce morceau peut enfuite former un nouvel oignon , & la partie fupérieure, conliftant en un cercle de plufieurs tiu-.iques aflem- blées , donne quelquefois niiiflance à vingt ou trente cayeux, mais cette dernière divifion n'ell pas fans danger pour le chef. Quoique je ne fois pas fleurimane , je vais propofer un moyen bien fmiple de multiplier les oignons , foit qu'ils foient compofés d'écaillés placées en recouvrement les unes fur les autres , comme celles du lys, &c. ou par des tuniques con- tiguës , comme dans les oignons ordinaires, ceux des jacinthes, &c. :' c'eil de les diviier en croix du haut en bas, de féparer chaque morceau des tuniques , de les laifler pendant quelques jours à l'ombre , dans un lieu fec èc aéré, enfin jufqu'à ce que le bord de chaque morceau foit defî'éché & cicatrifé ; alors on met en terre ces morceaux, & chacun produit dans la fuite un oignon. JACOBÉE o// HERBE DE SAINT JACQUES. ( Voyez P/ancke /,. cor7î£ f^I)- Tournefort la cîaffe dans- la première fecfion de la quatorzième Ciafîe deil-.aée aux herbes à fleur en rayons , ôi à femences aigrettées , & il l'appelle : Jacobœa vulgaris Liciniata; von-Linné la nomme Sincciojacohiza^ oc la clafTe dans la fyngénéfie poliga-- mie fuperflue. FUur. Le difqye efl compoféd'imi ^44 J A C amas de fleurons hermapIii'Oclites B ; divifé en cinq dentelures ; à la cir- conférence font placés les demi- fleurons C , dont l'extrémité eft ronde. Ils font raffemblés ainfi que les fleurons dans un calice D , & portés fur un placenta commun E. Le calice eft divifé en plufieurs feuilles étroites , égales , qui fe ra- battent lors de la maturité de la graine. Fruit. Semences ovales , couron- nées d'ane aigrette fimple ; une de ces femences eft repréfentée en F avec le piftil qui l'a nourrie , & la figure G offre la graine arrivée à (a perfeftion , Si garnie de fon ai- grette. Feuilles ailées , en manière de lyre , les déchirures découpées iné- galement. Racins A , fibreufe , blanchâtre. Port. Tiges hautes environ de deux pieds, cylindriques, cannelées, liffes ou légèrement cotonneufes ; les fleurs jaunes au fommet , difpofées en panicuks ; les feuilles alternati- vement placées fur les tiges. Li(ux. Les pâturages & terrains humides , fur-tout dans les provinces méridionales ; elle eft vivace , fleurit depuis mai jufqu'en août. Propriétés. L'herbe a une odeur aromatique , légère , d'une faveur amère , un peu auftère , ainfi que . les feuilles , toute la plante eft vul- néraire & déterfive. Les feuilles accélèrent l'expeûoration dans la toux caîarrale, & i'afthme pituiteux. Ufages. En cataplafmes , en infu- fion , en décoclions. JALAP. Suivant le fyftème de Tcurnefort , on doit le claffer dans \^ troifièms feâion de la preraièrç } A C claffe qui comprend les herbes â fleur d'une feule pièce en cloche , dont le piftil fe change en une cap- fu!e feche , contenant des femences. L'auteur n'a pas connu cette plante , ni aucun botanifte ancien. Von- Linné la clafle dans la pentandrie monogynie , & l'appelle ccnvolvulus jaLapa, On nous apporte fa racine fèche de la nouvelle Efpagne & de la Vera-Crux ; fon nom vient de Xakpa ville de la nouvelle Efpagne , oii la plante eft commune ; on doit à M. Houfton, d'avoir fait connoître en Europe le vrai jalap , il envoya des graines &C des racines au célèbre Miller. Je ne décrirai pas cette plante , puifqu'on ne peut la cultiver en France fans le fecours de ferres chaudes. On nous apporte fa racine fèche , coupée en tranches ; elle eft compade , de couleur grife , inodore ôc de faveur acre. Elle purge abondamment , produit quelquefois des coliques , des dou- leurs d'éftomac , de la chaleur dans les premières voies , une foif plus ou moins vive. Elle eft indiquée dans le défaut d'appétit par des matières vifqueufes contenues dans l'eftomac & les inteftins , dans les pâles couleurs , I'afthme pituiteux, î'afclte par l'afFedion des vifcères du bas-ventre ; l'enflure œdémateufe des jambes , fans caufe bien évidente ; enfin , dans les maladies des enfans , lorfqu'il y a difficulté de refpirer , avec abondance d'humeurs pitui- teufes , fans inflammation , ni difpo- fition inflammatoire. La teinture de jalap eft un purgatif nuifible,ainfi que Ion extrait firupeux. La réfine de ja!ap eft un purgatif violent & fou- vent dangerçvut Ufagts, J A M J A M 74Î Vfages. 0;\ ilonne la racine pnil- im nouveau lel fi le premier eft fondu, •verifée depuis un grain jafqii'à trente, Le nitre rend la chair plus ferme délayée dans trois onc2S de véhicule &c plus rouge que le fel marin. Il aqueux , ou incorporée avec un n'eft guères poffible de fixer pen- firop analogue ; depuis quinze grains dant combien de jours on doit le jufqu'à une drachme , en infufion tourner &C retourner , & y ajouter dans cinq onces d'eau; depuis dix du nouveau fel, cela dépend de Tétat grains jiifqu'à quarante, en macéra- de i'atmofphère, plus fec ou plus tion au bain - marie , avec quatre humide. ences de vin,.,. La dofe pour les Méthode des Romains, d'après Ca- animaux , eft depuis derrti - once , ton. Lorfque vous aurez acheté vos jiifqu'à une once de la racine en jambons , vous en coujitrcz les poudre« manches, il faut pour chaque jambon un modlus (i) de fel romain cgrugé ; - JAMBON. C\'{î la cuiAe ou l'épaule étendez d'abord une partie de votre tl'iin cochon ou d'un fanglier qui a fel au fond de la futaille, après quoi été falée, La méthode de préparer vous y mettrez un jambon la peau îes.jambofîs varie fuivant les lieux, tournée par en bas, & vous le cou- La plus- fimplc. eft de laifler le vrirez entièrement de fel. Vous en jambon lorfqu'on l'a levé de deiTus mettrez enfulte un fécond par-deffus, l"'animai , pendant trois ou quatre que vous couvrirez également de jours étendu fur une p'anchc , afin fel, en prenant garde qu'il ne touche que la chair s'afîaiffe , & tranfpire pas le premier ; vous les couvrirez un peu d'humidité ; on le met en- a'infi tous de iû les uns après les fiiite fur '\\r\ fviloir en pian incliné, autres. Lorfque voiis les aurez tous & on le couvre de toute part avec arrangés, vous mettrez encore une dii fel de cuifme auquel on ajoute couche de fel 'iir le tout, allez wn peu de nitre ii on peut s'en pro- épailîe pour qu'on ne puiffe pas la eurer. Le j^mibon fe fale l>eaucoap voir; il faudra que cette dernière mieux, c'eft-à-dire, prend mieux le couche foit de niveau. Quand ils fel par un temps f:c que par un auront été quatre ou cinq jours dans tiemps humide. Dans ce dernier cas ce lel , vous les retirerez tous avec on doit fermer les fenêtres, parce leur couche de fel, & vous mettrez que le fel marin attire l'humidité de au fond ceux qui étoient auparavant l'*dir , & tombe en déliquefcence. par deffus, les arrangeant comme Cette eau faline glifle fur le couloir, la première fois , &i en les couvrant &: eft reçue dans un vaifleau deftiné de fel de la même façon : au bout à cet ufage, dans lequel on met les de douze jours vous les retirerez, & t-êtes & les pieds de cochon ; chaque après avoir effuyé tout le fel qui jour on retourne les jambons fens fera deffus, vous les fufpendrez en 4effus-deffous , & on leur donne plein vent pendant deux jours. Le (i) Cette mefure répond à peu près aux deux tiers du boiffeau de Paris, & elle étoit ds 449 ponces cubiques ; ce qui paroit bien fort, Tvnn V, B b b b b 74<î 1 A M troifième jour vous les effuierez bien avec une éponge, & après les avoir fi'Ottés d'huile, vous les fufpendrez à la fumée pendant deux jours; le troifième jour vous les retirerez ; frottez-les alors avec de l'inrile &c du vinaigre mêlés enfemble , Se fil rpenJez-!cs dans Ta 'ferre à provi- fion ; ni la teigne , ni les vers ne s'y mettront. Ce qui va être ajouté eft tiré du Diciionnain économiqu& .de Chomd. ., , Méthodes de, Mayence. I. Il faut les faler avec du falpètre pur, les tenir bien ferrés dans une preffe pendant huit jours, les tremper 'dans l'efprit de vin où l'on aura mis des grains de genièvre piles , ou con- caves, &i les faire fécher à la fumée de genièvre. Leiir chair devient rouge & très-dure. 1. 11 faut, au même infiant que les jambons font levés de deffus les porcs, les mettre iur le plan- cher, les charger d'un ais & de pierres par-deflus, & les y laiflcr pendant vingt-quatre heures; puis les faire faler fur le relie du porc qui eft fur le faloir ou ailleurs ; quand ils auront été afTez de temps , les envelopper de foin 6i les mettre dans une cuve , y faire un lit de terre 6c un lit de jambons , & deux jours après les lever; enfuite faire bouillir de 'la lie de vin avec de la fange, du romarin, de l'hyffope, de la marjolaine , du thym 6c du laurier ; jeter de l'eau tiède fur ces jambons dans un vaiffeau bien bou- ché , & les laiffer ainfi deux jours; après quoi il faut les mettre à la cheminée- ou à une perche proche de la cheminée , & Ics parfumer pendant cinq à fix jours, à diverfes lois, avec du genièvre. J A M 3. Salez vos jambons & gardez» les cinq jours dans le fel ; puis tirez- les ôc les mettez dans la limaille de fer l'efpace de dix jours , enfuite lavez-les dans du vin rouge & les enfermez dans un petit endroit oit vous ferez, deux fois le jour, du feu avec du genièvre , pendant dix jours au plus. 4. Aulîîtôt que le porc eft habillé , il faut enlever les jambons & les étendre bien pour leur faire prendre le pli ; enfuite On les porte fuer à la cave, & on les y la lie pendant quatre jours en temps fec, 6c deux jours feulem.ent en temps humide, ayant foin d'effiiyer très - fouvent l'eau qu'ils jettent ; puis on les met à la preffe entre deux ais , êc on les y Jaiffe autant de temps qu'ils ont été à la cave. Après cela on les affai- fonne de fel , de poivre, de clou de gérofîe , d'anis battus ; neuf jours après on les tire du faloir pour les mettre dans la lie de vin pendant neuf autres jours; enfuite on enveloppe les jambons dans du foin 6c on les en- terre à la cave dans un endroit qui ne foit pas trop humide ; il ne faut pas les y laiffer trop long - temps, de peur qu'ils ne fe gâtent. Quand on les a tirés , on les fufpend dans la cheminée, 6c on les parfume deux ou trois fois le jour avec du bois de genièvre" qu'on allume direâe- ment au-deffous; étant fecs , on les pend au plancher d'une chambre qui ne foit pas humide, 6c on les y laiffe jufqu'au temps qu'on veut les faire cuire. Méthode de Bayonne. Pour faler le janibon , il faut attendre fept ou huit jours, ou jufqu'à ce qu'il foit gluant. Alors l'ayant bien lavé 5c enfuite pelé , on prend autant J A M d'onces de fel qu'il pèfe de livres & autant d'onces de l'alpètre qu'il y a d'onces de fel. Il faut réduire en poudre le fel & le falpctre & en affaifonner le jambon qu'on met fur une planche difpofée en pente, avec un vaifleau à l'extrémité la plus baffe pour recevoir ce qui en dégouttera, & dont on fe fert à me- fure pour humefter le jannbon avec J A M 747 un linge , jufqu'à ce qu'il ait tout pris. Après cela on l'effuye , on l'en- duit de lie de vin ; quand elle efl fèche , on lé pend à la cheminée pour le paffer à la fumée de geniè- vre trois ou quatre fois par jour, l'efpace d'une heure pendant cinq à fix jours. Lorfqu'il eft bien fec , on le met dans la cendre pour le conferver. Fin du Tome Cinquième, î Lo Bibliothèque Université d'Ottowa Échéance The Librory University of Ottowo Dote due I %: / y:"^'"--^:- ■^*^*W^i