4" f c T r T f e f f r r t f f f I f i i~i^~i

r r r T f f I t I « ^ I f f f I f I i 4 i*t i f

r f f f f f s f 1 f t f f « I f t^i « 1 t V

!

^ ^ - - ^ m m m m m m mm m m -m^ m m w^m ^m .,m m m « l * .

r,f^r r (. f,f.«_i,i_t I f lit r i l'iVi^ <

r r r f f f t I 1 1 i i f i § i i.i.i ijijcrfï r^r r r r f f « f t I f f f t t i m ê mwt .

r r f r c ff t f f f « i t t Ji |ii i i r,f t r,^,r t.t J « « « < «.i^i i « •.«.•^i *

ce I f c c t f C Jl I i f « 4 4 t 4 4 4 i f t\ I « «,t t l,M.i.i i f 4 « 14 i 4 4 4J4 i f fi « SJ^J^AAJ^A «4^444 4 4 4 4 i « 4 1 1 f r c < i f I g t f f f 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 M K 1 « t^ X^ JC agi 4^4 14 4 4 i4 4 4 4 4^ i^i'ri « 1 '««.«-« «Ji.*«.« 4 4 4 4 4 114 4 4 mj 4 4 f ^JJtJiMMMM M M M « 4 4 f 4 4 4 4 « I 14 M 'i

yfrM.éï^M^MJ' * ^ « * * * « ï a 1 I

M MM. M .f M MM MM Ji. M 1 4 :4 4 4 4 4 4,4 4 g MM i

M lJtJ4 1 4 M «444 144 1 i 4 4 I L

Jl ^ :,i JIJ M J4 .4 4 4 4 1^4 H i ip ' aLJL» Jl ^4 M M H 4 4 J4 i », 1 J 4

. nm 4 4 4 4 1111 I 11

mm M 4.4 11 ^4^ :• «

4 « :4 4 « " '

f .4 ^4 4 .:4 . 1 m 4 4 4 4 Jl M 4 4

jf m » 4 1

« 4 s 4 1

^1.1 4 1 11 4 4

§ m M « 4 1

liai 1.,

4 4 4 ê 1 1

- MiiM-i ,^..^w— ^. « 1 11 1 .

^X:OJfl3|5i**JUOÇ^5ri 4 1 a 4 4 1 MJLJOfJtLjrm.mmm m m m .11 iJi 4 ,1

.__« M M 1 .14 'J4 « jTi 4 1

Ju^nm mjt mam mm 1 1 ,

TA*-.*-*i* '* « 1 a 'Il 1 1 1

JLMMMM m M 1 M « « 1 M 1 Jljm Jl .1 1 « 4 « 1 1 1 1 1 1 1

". < JE a 1 a a m m mm 4 1 j ^jL i Jl j^riji.1 4 a 1 aa 1 a 1 a

i,^Jl^4, JLA K M. X Jl M MM M M 9 M M M M

!ji i A t %M.A M Jl i1i34 ■* » a a i a 1

« . .* t,lt A JIM â.XX Â, l X X EL AXXX A IX

Ht JLJL Jl AXX

l M. :X MJ— "

«A- JL . jL ./& j^K

A'ajiifi

\:.mWlâJÊMM

'i.4i.i^ia.a a

i:cxi:i-L-fcs^

Crime passionnel!

PIÈGE EN UN ACTE

Représentée pour la première fois, à Monte-Carlo, sur le tbéâtre des Biaux-Arts, le 3 février 1908.

DU MEME AUTEUR

Vingt Jours à l'ombre, piècfi en trois actes.

Vous n'avez rien à déclarer?, pièce en trois acies.

Florette et Patapon, pièce en trois actes.

Le Gant, pièce en un acte.

La Gueule du loup, comédie en trois actes.

Les Dragées d'Hercule, pièce en trois actes.

Heureuse! comédie en trois actes.

M' amour, comédie en trois actes.

Nelly Rozier, comédie en trois actes.

La famille Boléro, pièce en trois actes.

Le Paradis, pièce en trois actes.

Monsieur Irma, comédie en un acte.

La Guerre joyeuse, opéra-comique en trois actes.

Le Marquis de Kersalec, comédie en un acte.

Les Vacances du mariage, comédie en trois actes

Les Oiseaux de passage, comédie en un acte.

Un Mariage au téléphone,

Un P)'ix Montyon, comédie en trois actes.

La Petite Poucelte, opérette en cinq actes.

Le Système Ribadier, comédie en trois actes.

La Femme du commissaire, vaudeville en trois actes.

Les Joies du foyer, comédie en trois actes.

Le 5°"= Hussards, opéra-comique en trois actes.

Les Ricochets de l'amour, comédie en trois actes.

Inviolable ! '

Sa Majesté l'Amour, opérette en trois actes.

Le Terre-Neuve, comédie en trois actes.

Les Fêtards, opérette on trois actes.

Place aux Femmes! comédie en quatre actes.

La Poule Blanche, opérette en quatre actes.

Coralie et C'«, pièce en trois actes.

Le Remplaçant, comédie en trois actes.

Le Coup de Fouet, comédie-vaudeville en trois actes.

Le Voyage autour du Code, pièce en quatre actes.

Totale et Boby, comédie en un acte.

MAURICE HENNEQUIN

Crime

passionnel !

PIÈCE EN UN ACTE

PARIS. - P^ P.-V. STOCK, ÉDITEUR

(Ancienne Librairie TKESSE «Se STOCK)

l55, RUE SAINT-HONORÉ, l55

Devant le Théâtre-Français 1908

Ions droits de rcproduclion, de traduction et d'analyse réservés pour tous les pays, y compris la Suède et la Norvège.

^SONVÎAGES

GRIZÏÏE'Tn^^^Tt .... MM. Berthelier.

THOMERY . Launay.

BLANCHE M" Suzanne Garlix.

FLIPOTE Garon.

A Paris, de nos jours.

A Mademoiselle Suzanne CARLIX, Affectueux hommae^

CRIME PASSIONx\EL!

Un salon. Portes au fond et à droite; à gauche une chemi- née; à droite une table; canapé à gauche, au fond, un peu à gauche, une fenêtre. Fauteuils, chaises, etc..

SCÈNE PREMIÈRE BLANCHE, FLIPOTE.

Au lever du rideau la scène est vide. Entre Blanche par le fond. Elle sonne, puis va devant la glace et ôte son chapeau. Flipote entre par la droite.

BLAXGHE.

Flipote.

FLIPOTE.

Madame ?

BLANCHE.

Sais-tu d'où je viens ?

FLIPOTE.

Madame vient de chez sa couturière, de chez sa modiste, ou bien...

BLANCHE.

Non, non, ne cherche pa'^, je viens de chez deux somnambules.

8 CRIME PASSIONNEL

FLIPOTE.

Madame est allée consulter ?

BLANCHE.

Oui, Flipote. Et sais-tu pourquoi j'ai été consul- ter deux somnambules extra-lucides?

FLIPOTE.

Mon Dieu...

BLANCHE.

Parce que je suis incapable de prendre une déci- sion... Rien que cette idée me bouleverse !

Elle s'assied sur le canapé. FLIPOTE.

Il y a des natures comme ça!

BLANCHE.

Hélas!... Flipote, si tu étais veuve, lequel des deux choisirais-tu?

FLIPOTE.

Ah! les deux soupirants de madame !

BLANCHE.

Oui, M. Georges Thomery et M. Edouard Grizol.

FLIPOTE.

Deux amis qui tombent amoureux de la même femme !

BLANCHE.

Et qui ne se sont pas brouillés!

FLIPOTE.

Rivaux et amis, comme ils disent!

BLANCHE.

Voyons, lec^uel épouserais-tu ?

CRIME PASSIONNEL 9

FLIPOTE.

Dame! je ne sais pas, je flotte.

BLANCHE.

Et moi aussi, je flotte, Flipote, et je ne peux pas flotter éternellement comme ça, ainsi qu'un bou- chon au bout d'une ligne ! Ce n'est pas une solu- tion, même pour une veuve !

FLIPOTE.

C'est évident, madame.

BLANCHE.

Certes, M. Georges Thomery est un homme char- mant...

FLIPOTE.

Avec une jolie moustache blonde en croc.

BLANCHE.

Il est élégant, spirituel, enfin il me plait infini- ment.

FLIPOTE.

. S'il plait infiniment à madame!

BLANCHE.

Malheureusement, M. Edouard Grisol me plait tout autant.

FLIPOTE.

Aïe ! Aïe !

BLANCHE.

Il est aimable, lui aussi, et spirituel, et élégant.

FLTPOTE.

Et puis, il a une jolie moustache brune frisée.

BLANCHE. Oui! (se levant et passant à droite.) Voilà donc pour-

1.

10 CRIME PASSIONNEL

quoi, ne sachant donner du cœur, je suis allée trouver madeinoiselle Marguerite, somnambule extra-lucide.

FLIPOTE.

63, rue d'Amsterdam.

BLANCHE.

C'est bien ça! Tu la connais donc ?

FLIPOTE.

J'ai été la consulter la semaine dernière pour sa- voir si le valet de chambre du premier ne me trompait pas avec la cuisinière du troisième... Et qu'a-t-elle répondu à madame ?

BLANCHE.

Elle m'a répondu : « N'hésitez pas, ma petite, choisissez le blond. »

FLIPOTE.

M. Thomery!

BLANCHE.

« Lui seul vous rendra heureuse! » Et je nf'en allais, bien décidée à suivre son conseil, lorsque la concierge m'a arrêtée au passage : « Madame vient de chez mademoiselle Marguerite?... Oui!... Ah! madame, aucun savoir! une vraie mazette! Il n'y a qu'une somnambule qui suit vraiment extra-lucide, dans le quartier, c'est uiademoiselle Augusta! »

FLIPOTE.

En face, au 08 !

BLANCHE.

Gomment! Tu y es donc allée aussi?

FI,IPOTE.

Oui, madame, seulement moi, c'est par made- moiselle Augusta que j'ai commencé.

CRIME PASSIONNEL 11

BLAXCHE.

Et qui t'a envoj'é chez mademoiselle Margue- rite?

FLIPÛTE.

La concierge de mademoiselle Augusta.

BLANCHE.

Non?

FLIPOTE.

En me disant textuellement de sa locataire ce que la concierge de mademoiselle Marguerite vous a dit de la sienne!

BLANCHE, riant. ' " ,

Ces dames se renvoient leurs clients!

FLIPOTE.

Ah! madame! à qui se fier désormais si les som- nambules s'entendent pour rouler le pauvre monde !

BLANCHE.

Nous vivons à une triste époque!

Elle s'assied à gauche de la table, Flipote gagne la droite en passant derrière la table.

FLIPOTE.

Oh ! ça ! Et qu'est-ce que mademoiselle Augusta a répondu à madame ?

BLANCHE.

Elle m'a répondu : « N'hésitez pas, ma petite, choisissez le brun. »

FLIPOTE.

M. Grizol!

BLANCHE.

« Lui seul vous rendra heureuse. »

12 CRIME PASSIONNEL

FLIPOTE.

Et madame n'est pas plus avancée?

BLANCHE.

Hélas!

FLIPOTE.

Et ces messieurs s'impatientent?

BLANCHE,

Dame ! ils voudraient être fixés.

FLIPOTE.

C'est tout naturel.

BLANCHE.

Moi, je resterais volontiers dans cette indécision; c'est charmant, tu sais, le veuvage.

FLIPOTE.

On est courtisée, choyée, adulée.

BLANCHE.

Sans avoir à craindre les remontrances d'un ja- loux.

FLIPOTE.

C'est l'idéal pour une personne coquette.

BLANCHE.

Et quelle est la femme qui n'est pas un peu co- quette?.

FLIPOTE.

Quel est l'homuie qui n'est pas un peu très égoïste?

BLANCHE.

Ce sont deux phénomènes qui n'existent pas!

FLIPOTE.

Pas plus chez les domestiques que chez les maî- tres. Et quand madame doit-ollc rendre à ces mes- sieurs une réponse définitive ?

CRIME PASSIONNEL 13

BLANCHE.

Aujourd'hui à trois lieures.

FLIPOTE.

Et il est trois heures moins le quart !

BLANCHE.

Plus que quinze minutes pour prendre une déci- sion !... Quel dommage qu'on ne puisse pas épouser deux hommes à la fois !

FLIPOTE.

En effet cela arrangerait tout!

BLANCHE.

L'un aurait les jours pairs, l'autre les jours im- pairs !

FLIPOTE.

Pendant que celui-ci serait en fonction, celui-là irait relayer!

BLANCHE.

Et les maris, se reposant un jour sur deux, résis- teraient davantage !

FLIPOTE.

Tout le monde y trouverait son compte !

BLANCHE.

Oui, mais puisque c'est impossible, ne nous arrê- tons pas à cette idée-là. Ah! Flipote, que faire? donne-moi un conseil!...

FLIPOTE.

Mon Dieu, madame, c'est assez délicat...

BLANCHE.

Si tu étais à ma place pourtant?

FLIPOTE.

Si j'étais à la place de madame, enfin si j'hésitais

14 CRIME PASSIONNEL

entre les deux, eh bien, je soumettrais ces messieurs à une épreuve.

BLANCHE.

Une épreuve ?

FLIPOTE.

Gomme je ne sais plus dans quelle comédie, et ma main appartiendrait au vainqueur.

BLANCHE,

Mais oui, tu as raison! Ton idée est excellente! Une épreuve! Ah! Flipote, tu es une fille précieuse !

FLIPOTE, modeste.

J'ai servi autrefois chez une actrice, et je connais le répertoire, voilà tout !

BLANCHE.

Et dans le cas présent, ton ancienne maîtresse eût agi de même sans doute?

FLIPOTE.

Oh! madame, elle ne se serait pas donné tant de mal ; elle aurait pris n'importe lecjuel de ces mes- sieurs comme mari et elle aurait gardé l'autre comme amant!

BLANCHE.

Oui, c'est ce qu'on appelle garder une poire pour

la soif, (coup de sonnette à la cantonade.) On a SOnné. FLIPOTE.

Ces messieurs sans doute... Je vais ouvrir... (sor- tant par le fond ot à part.) Ah! les maîtres, si les do- mestiques n'étaient pas là!

CRIME PASSIONNEL 15

SCENE II BLANCHE, puis THOMERY, et GRIZOL.

BLANCHE, seule, gageant la droite.

Une épreuve, oui, mais quelle épreuve... J'aurais demander à Flipote, elle connaît le répertoire!... Si je... non... ce moyen ne vaut rien... (Frappée d'une idée.) Ah ! j'ai trouvé!... Oui! c'est ça!...

Paraissent au fond ïhomery et Grizol, tenant chacun un bouquet de rose à la main, ils s'arrêtent sur le seuil de la porte.

THOMERY, très aimable.

Passez, mon cher Grizol !

GRIZOL, même jeu.

Je n'en ferai rien, mon cher Thomery.

THOMERY.

Après vous, je vous prie !

GRIZOL.

N'insistez pas, vous me désobligeriez.

THOMERY.

Cependant...

GRIZOL.

Je vous assure !

THOMERY.

Ensemble, alors?

GRIZOL.

Ensemble!

Ils entrent en môme temps.

16 CRIME PASSIONNEL

BLANCHE, à part, les regardant.

Et dire que je n'ai aucune préférence.

THOMERY et GRIZOL, d'un pas égal se dirigent vers Blanche, celle-ci leur tend les mains et Grizol baise la main droite de Blanche tandis que Thomery baise la main gauche, puis ensemble, offrant leurs bouquets.

Permettez-moi, de vous offrir ces fleurs.

BLANCHE, prenant les bouquets qu'elle pose sur la table.

Merci ! vous me gâtez tous les deux ! Elles embau- ment !

THOMERY.

Elles viennent de chez la même Ueuriste.

GRIZOL.

Chaque jour nous lui commandons deux bouquets absolument semblables.

BLANCHE, riant.

Afin qu'il n'y ait pas de jaloux !

GRIZOL.

Voilà !

THOMERY.

Si le ciel a voulu que deux amis...

GRIZOL.

Deux amis très chers. . .

THOMERY.

Tombent amoureux de la même femme...

GRIZOL.

Du moins la lutte fut-elle égale !

BLANCHE, approuvant.

Oh! ça!

THOMERY.

Chevaleresque.

CRIME PASSIONNEL 17

BLANCHE, même jeu.

Oh ! ça !

GRIZOL.

Georges Thomery est le plus loyal des hommes.

THOMERY.

Edouard Grizol est la loyauté môme !

GRIZOL.

C'est un cœur d'or !

THOMERY.

C'est une âme d'élite !

GRIZOL.

Rivaux I

THOMERY.

Mais amis!

BLANCHE, à part.

Ils sont vraiment gentils tous les deux. (Leur indi- quant un siège, et prenant la chaise qui est derrière la ta- ble.) Asseyez-vous!...

GRIZOL et THOMERY, ensemble.

Volontiers !

On s'asseoit. Blanche au milieu. THOMERY.

Ma chère Blanche...

GRIZOL.

Ma Blanche chère.

THOMERY.

Nous voilà tous les deux devant vous.

GRIZOL.

Emus, anxieux...

18 GRIME PASSIONNEL

THOMERY.

En l'attente d'une réponse...

GRIZOL.

Qui doit faire de l'un de nous le plus heureux des hommes...

THOMERY.

Et de l'autre le plus malheureux !

BLANCHE.

Mes amis...

GRIZOL, vivement, l'interrompt.

Non! non! ne parlez pas encore!

THOMERY.

Celui que ne sera pas l'élu de votre cœur...

GRIZOL, avec émotion.

S'éloignera d'ici...

THOMERY, même jeu.

Sans colère et sans haine !

GRIZOL.

Il partira pour un long voyage.

THOMERY.

Le tour du monde !

GRIZOL.

Et à chaque escale...

THOMERY.

H'-^ous enverra des cartes postales qu'il arrosera de ses larmes !

GRIZOL.

Et maintenant, i)arlez Blanche!

THOMEIIY.

Blanche, parlez!

CRIME PASSIONNEL 19

BLANCHE.

Eh bien!...

GRIZOL, montrant Thomery et se levant.

C'est lui?

BLANCHE.

Non!

THOMERY, même jeu.

C'est lui, alors ?

BLANCHE.

Non plus !

GRIZOL.

Comment ! ce n'est ni lui, ni moi ?

THOMERY.

Serait-ce un troisième ?

BLANCHE, se levant.

Non mes amis, non ! (on se rassied.) Seulement, voilà, je ne me suis pas encore décidée.

THOMERY.

Gomment! malgré votre parole...

GRIZOL.

De nous dire aujourd'hui à 3 heures, lequel des deux?...

BLANCHE, l'interrompant.

Eh ! oui, je sais ! Mais, si j'hésite toujours, n'est- ce pas un peu votre faute à tous les deux?...

THOMERY' et GRIZOL.

Notre faute ?

BLANCHE.

Certes ! chaque fois que vous venez seul ici, mon cher Grizol, c'est pour me dire du bien de M. Tho-

20 CRIME PASSIONNEL

mery, pour me vanter ses qualités, sa bonté, sa loyauté ; et vous, mon cher Thomery, vous ne cessez de meparler deM. Grizol en des termes chaleureux, enthousiastes!

GRIZOL.

Rivaux !

THOMERY.

Mais amis !

BLANCHE.

Je sais ! Mais aussi qu'arrive-t-il ? Lorsque je suis avec l'un de vous, c'est toujours à l'autre que je pense, et je ne peux me décider à choisir entre le cœur d'or et l'âme d'élite!

THOMERY.

Mais notre situation ne peut pourtant pour s'éter- niser !

BLANCHE.

Elle ne le peut pas, c'est certain.

GRIZOL.

Tout plutôt que cette incertitude!

THOMERY,

Si vous saviez à quel point je vous aime !

BLANCHE.

Je le sais !

GRIZOL.

Combien je vous adore !

BLANCHE.

Je le sais aussi !

THOMERY, montrant Grizol.

Il n'en dort plus, le nialheureux !

CRIME PASSIONNEL 2\

BLANCHE, appitoj'ée.

Oh!

GRIZOL, montrant Thomery.

Il en a perdu l'appétit, le pauvre 1

BLANCHE, même jeu que plus haut.

Oh!

THOMERY, montrant Grizol.

Les nuits, il les passe à se promener de long en large dans sa chambre en murmurant (D'une voix douce.) Blanche ! Blanche! Blanche!

BLANCHE, émue.

C'est vrai ?

GRIZOL, montrant Tliomery.

Et lui. Madame il le murmure également toutes les nuits, ce nom si doux : (criant.) Blanche! Blan- che ! Blanche!

BLANCHE, émue.

Lui aussi!

GRIZOL.

Et VOUS voudriez remettre encore à huit jours?

BLANCHE, se levant.

Non!

GRIZOL et THOMERY, ensemble se lovant.

Enfin!

BLANCHE.

Seulement!

GRIZOL,

Seulement ?

THOMERY,

.Seulement ?

22 CRIME PASSIONNEL

BLANCHE.

Ne pouvant me décider à choisir entre vous deux. . .

GRIZOL et THOMERY.

Eh bien ?

BLAXGHE.

Ma main sera à celui qui, avant que sonnent 3 heures, m'aura donné la plus grande preuve d'amour qu'un homme puisse donner à une femme.

THOMERY.

Par exemple !

GRIZOL.

La plus grande preuve d'amour ?

BLANCHE,

Qu'un homme puisse donner à une femme.

THOMERY.

Mais il est 3 heures moins cinq !

BLANCHE.

Vous avez donc cinq minutes.

GRIZOL et THOMERY.

Cinq minutes !

BLANCHE.

Je vous laisse... Je vais mettre ces Heurs dans mon boudoir (Elle prend les doux bouquets.) Cherchez, réfléchissez... mais ne perdez pas de temps, vous n'avez que cinq minutes.

GRIZOL ol THOMERY.

Cinq minutes !

BLANCHE.

A tout à l'heure! (a part.) Quel dommage de ne pouvoir les épouser tous les deux !

CRIME PASSIONNEL 23

SCÈNE III

THOMERY, GRIZOL.

THOMERY.

Donner la plus grande preuve d'amour qu'un homme puisse donner à une femme!

GRIZOL.

En cinq minutes!

THOMERY.

Juste le temps de taire griller une entrecôte !

GRIZOL.

Mon cher Thomery !

THOMERY.

Mon cher Grizol ?

GRIZOL.

Qu'est-ce que vous pensez de ça?

THOMERY.

Que madame Bernières n'est qu'une coquette.

GRIZOL.

C'est également mon avis.

THOMERY.

Une coquette qui se moque de nous depuis un mois.

GRIZOL.

Et qui a trouvé plaisant d'atïoler deux amis.

THOMERY.

Pensant peut-être qu'ils allaient s'égorger pour ses beaux yeux, car ils sont beaux !

24 CRIME PASSIONNEL

GUIZÛL.

Divinement beaux !

TIIOMERY.

Gomme ses cheveux I

GRIZOL.

Ses dents ! Ses épaules ! Ses bra3 ! Sa taille!

THOMEUY.

GRIZOL.

THOMERY.

GRIZOL.

Cette femme a le charme et la ])eauté ù tous les étages !

THOMERY.

A qui le dites-vous! Et maintenant qu'elle est au pied du mur...

GRIZOL.

Madame se dérobe en disant : Je vous accorde cinq minutes...

THOMERY.

Pour me donner la i)lus grande preuve d'amour qu'un liomme puisse donner à une femme!

GRIZOL, regardant l'houre.

Plus que trois minutes et demie !

THOMERY.

Allons-nous-en.

Il remonte, Grizul l'arrôto.

CRIME PASSIONNEL 25

GRIZOL.

Partir sans avoir donné à cette coquette la leçon qu'elle mérite ?

THOMERY.

Une leçon ?

GRIZOL.

Parfaitement, une leçon qui lui ôtera, j'espère, l'envie de se moquer à l'avenir de deux braves gar- çons comme nous.

THOMERY.

Que voulez-vous faire, mon cher Grizol ?

GRIZOL.

Etendez-vous à terre, mon cher Thomery.

THOMERY.

M'étendre à terre ?

GRIZOL.

Oui, tenez, là, près du canapé.

THOMERY.

Expliquez-moi...

GRIZOL.

Inutile, plus qu'une minute et demie.

THOMERY.

Mais encore !

GRIZOL.

Etendez-vous donc.

THOMERY.

Soit ! sur le dos ou sur le ventre ?

GRIZOL.

Sur le dos.

26 CRIME PASSIONNEL

THOMERY.

Bien.

Il s étend sur le dos, devant le canapé. GRIZOL.

Ah! chère luadame, vous voulez une preuve d'a- mour!... Eh bien ! vous allez être servie à souhait! Vous y êtes ?

THOMERY.

J'y suis,

GRIZOL.

Parfait! Et maintenant...

Il tiro un revolver de sa pocho, THOMERY. so levant sur son séant.

Un revolver ? Eh ! ! pas de bêtises!

GRIZOL.

Ne bougez donc pas et ne craigniez rien ; vous êtes mort!

THOMERY, reprenant sa position.

Gomment! je suis mort?

Grizol tire un coup de revolver par la fenêtre. Thomery se relève effrayé,

GRIZOL.

Etendez-vous donc, saprelotte !

THOMERY.

Oui, oui !

GRIZOL.

On vient !... Ne bougez pas ! (paraît uianche.) C'est elle!

CRIME PASSIONNEL 27

SCENE IV Les Mêmes, BLANCHE.

BLANCHE, entrant vivement de droite.

Vous avez entendu ? On a tiré un coup de revol- ver.

GRIZOL, d'un air égaré.

C'est moi !

BLANCHE.

Vous ?

GRIZOL.

Moi ! Vous nous avez accordé cinq minutes pour vous donner la plus grande preuve d'amour qu'un homme puisse donner à une femme ! Eh bien!...

BLANCHE.

Eh bien?

GRIZOL.

Eh bien, il est trois heures, madame, et pour l'a- mour de vous, j'ai tué mon ami!

Il montre Thomery. BLANCHE, avec un grand cri.

Ah!

GRIZOL.

Mon ami que j'aimais comme un frère.

BLANCHE,

Mort ? Il est mort ?

GRIZOL.

En murmurant : « Au moins rendez-la heureuse, Edouard! »

28 CRIME PASSIONNEL

BLANCHE.

Mais c'est horrible, épouvantable !

GRIZOL.

Gomme Gain, j'ai tué Abel, seulement, lui, c'était avec une mâchoire d'àne qu'il a tué son frère, les revolvers n'étaient pas encore inventés.

BLANCHE.

Mais dites-moi que c'est un rêve, un cauchemar effrayant!

GRIZOL.

Non madame, ce n'est pas un rêve, n'est pas un cauchemar! J'ai vu rouge, et demain dans le Ma- tin, le récit de ce drame passionnel s'étalera tout au longdanslesnouvellesen trois lignes : « Edouard Grizol pour conquérir veuve Dernières envoya balle dans cœur de son rival. Pan ! Et Georges Thomery succomba.

BLANCHE, tombant assise à gauche de la table.

Ah ! Je ne tiens plus !

GRIZOL.

Eh! bien, madame, est-ce une preuve, une preuve d'amour ? Et je vous défie d'en trouver une équivalente dans' l'Histoire. Tenez, Abélard, Abé- lard lui-même, a-t-il été jusqu'au crime à seule fin de plaire à la belle Héloïse? Et pourtant s'il avait tué Ful])ert, la postérité lui aurait trouvé deux cir- constances atténuantes !

BLANGHK.

Un crime! mais malheureux, je n'en demandais pas tant !

(iUI/OL.

Possible, mais je ne suis })as de ceu\ qui rcgar-

GRIME PASSIONNEL 29

dent à la dépense ! Et si cette preuve iramoui" ne vous suffit pas, il reste cinq balles dans mon revol- ver, indiquez-moi les victimes : il n'y a que la pre- mière Lalle qui coûte!

BLANCHE.

Non ! non ! assez !

Elle lui arrache le revolver des mains et le pose sur la table.

GRIZOL.

Une victime vous suffit, soit ! Da reste, le temps presse, il faut fuir*...

BLANCHE.

C'est ça, partez, partez !

GRIZOL.

Avec vous !

BLANCHE.

Fuir avec un assassin ? Jamais !

GRIZOL.

Gomment! vous avez armé mon bras !

BLANCHE, l'interrompant.

Moi ?

GRIZOL.

Parfaitement ! Vous m'avez grisé, affolé, et main- tenant que je ne suis plus que de la chair à bagne, vous viendriez me répondre tranquillement : fuir avec un assassin jamais I Ah! non! Madame, ce se- Jait vraiment trop commode!

BLANCHE.

Mais...

GRIZOL.

Non! madame ! non! il ne fallait pas me soumet-

2.

30 CRIME PASSIONNEL

tre à une épreuve. Si j'ai tué cet âiiii que j'aimais comme un i'rère, ce n'est pas pour lui faire sa mon- tre, mais celle qu'il aimait, comme dans tous les opéras qui se respectent!

BLANCHE, à elle-même.

Ah ! Mon Dieu ! pourquoi ai-je écouté Flipote ?

GRIZOL.

Le sang de l'infortuné a rejailli sur nous deux!

BLANCHE.

Gomme dans Macbeth !

GRIZOL.

Oui ! Et vos mains comme celles de Macbeth sont teintes du même sang!

BLANCHE, poussant un cri.

Ah!

GRIZOL, se frottant les mains et imitant Moynet-SuUy.

Va-t-en, va-t-en, maudite tache !

BLANCHE, même jeu, imitant Sarah Bernhardt.

Ah! ces mains ne seront donc jamais propres!

GRIZOL.

Mettez votre robe de nuit, et tâchez de ne pas être si pâle!

BLANCHE, reprenant sa voix naturelle.

Que je mette ma robe de nuit?

GRIZOL, même jeu.

C'est dans Macbeth.

BLANCHE, imitant Sarah Bernhardt.

Ah! oui... Nous ;nagcons en plein Shakespeare!

GHIZOL, imitant Mounel.

En plein ; aussi quoi que vous fassiez, quoi que

CRIME PASSIONNEL 31

VOUS disiez, nous sommes éternellement réunis, l'un à l'autre pour le même crime.

BLANCHE.

C'est vrai! _

GRIZOL.

Les mêmes remords nous attendent,

BLANCHE, affolée.

Taisez-vous !

GRIZOL.

Et, tel que le spectre de Banco, il nous apparaî- tra toutes les nuits à minuit!

BLANCHE.

Taisez-vous! Taisez-vous !

Elle va s'asseoir à droite de la table. GRIZOL.

C'est effroyable !

Il s assied à gauche de la table. BLANCHE, Effroyable !... (Un silence. Reprenant sa voix naturelle.)

Croyez-vous que les remords soient éternels?

GRIZOL, de sa voix naturelle.

Je ne sais pas... C'est la première fois que je tue un ami !

BLANCHE.

C'est juste! Et irons-nous cacher les nôtres?

GRIZOL.

Nos quoi ?

BLANCHE.

Nos remords, voyons!

GRIZOL.

Ahl oui! vous voudrez. En Italie!

32 CRIME PASSIONNEL

BLANCHE.

Non, pas en Italie... j'y ai été l'année derrière... Autant cacher ses remords dans un pays qu'on ne connaît pas !

GRIZOL.

L'Espagne, alors ?

BLANCHE,

Oui... Nous visiterons Madrid. Tolède.

GRIZOL.

Séville !

BLANCHE.

Nous irons voir danser le fandango. (Avec émo- tion.) Pour tâcher d'oublier!

GRIZOL.

Oui! Ollé! Ollé!

BLANCHE.

Et nous ne manquerons pas une course de tau- reaux!... Toujours pour tâcher d'oublier!

GRIZOL.

Naturellement!

BLANCHE, avec une tristesse comique.

Voilà des années que j'ai envie de voir ça!

GRIZOL.

Moi aussi!

BLANCHE.

Il paraît que c'est passionnant.

GRIZOL.

Il paraît!

THOMERY, à part.

Mais ça devient un voyage d'agrément

CRIME PASSIONNEL 33

BLANCHE.

Et qui Sait ? Nous finirons peut-être par oublier!

THOMERY, d une voix caverneuse.

Non! VOUS n'oublierez jamais!

BLANCHE, se levant poussant un cri d'effroi.

Ahl

GRIZOL.

Le mort a parlé, comme dans le Bossu !

BLANCHE, affolée.

lia parlé!... Il a parlé!... Ah!

Elle tombo évanouie, dans un fauteuil à droite de la ta- ble.

TH0.ML!:;RY, se lovant sur son séant.

Evanouie ?

GRIZOL.

Oui ! Vite, levez-vous, je vais prendre votre place!

THOMERY,

Gomment?

GRIZOL.

Mais dépêchez-vous et tapez-lui <lans les mains.

THOMERY, qui s'est relové.

Compris!

GRIZOL.

Et je crois que la leçon sera complète!

Il s'étend à terre à la place même était Thomery. Ce- lui-ci s'assied à gauche delà table tape dans les mains do Blanche.

THOMERY.

Blanche! ma chère Blanche!

34 CRIME PASSIONNEL

BLANCHE, revenant à elle. Cette voix!... (Reconnaissant Thomery.) Ah!

Elle se lève affolée, THOMEllY, se levant.

Eh bien, qu'avez-vous ?

BLANCHE.

Vous? C'est bien vous?

THOMERY.

Oui, c'est bien moi.

BLANCHE.

Vous n'êtes pas mort?

THOMERY.

Moi?... Mais pas du tout! C'est lui.

Il montre Grizol étendu à terre. BLANCHE. Lui!... (poussant un cri on voyant Grizol.) Ah! THOMERY.

L'infortuné Grizol que j'ai tué d'un coup de re- volver!... Pan! En plein dans le cœur!

BLANCHE.

Lui ? Lui? Voyons, voyons, je suis bien éveillée...

THOMERY.

Ah! ça, mais qu'avez-vous?

BLANCHE, passant au milieu.

Mais tout à l'heure, c'était vous, vous qui étiez étendu...

THOMERY.

Moi? Mais jamais de la vie!

B I, A N C 1 1 K .

Ce n'était pas vous ?

CRIME PASSIONNEL 35

THOMERY.

Je VOUS répète encore une fois.

BLANCHE.

Aht ça mais! ah! ça mais !

ÏHOMMRY.

Vous aurez rêvé!

BLANCHE.

Rêvé? (a part, frappé d'un soupçon.) Est-ce que par hasard ?

THOMERY.

Et maintenant, avant de fuir tous les deux en Es- pagne, il faut nous débarrasser de ce cadavre en- combrant.

BLANCHE. .

Vous avez raison.

THOMERY.

Avez-vous une malle ?

BLANCHE,

Une malle ?

THOMERY^

Nous le mettrons dedans et nous l'expédierons n'importe où. Ça se fait beaucoup depuis quelque temps.

BLANCHE.

Oui! oui!... (Poussant un cri.) Ail! monDieu!

THOMERY.

Qu'y a-t-il ?

BLANCHE, montrant Grizol.

Il a remué !

30 CRIME PASSIONNEL

THÛMERY.

Mais non! mais non!

BLANCHE.

Je vous dis qu'il a remué : il n'est peut-être que blessé,

THOMERY.

Il est mort, je vous assure, tout ce qu'il y a de plus mort!

BLANCHE.

Attendez. Pour plus de sûreté...

Elle va prendre le revolver de Crizol posé sur la table.

THOMERY,

Qu'allez-vous faire ?

BLANCHE, braquant le revolver sur Grizol.

Nous allons l'achever!

THOMERY.

Sapristi !

GRIZOL, se levant vivement sur son séant.

Ne tirez pas !

BLANCHE, triomphanto.

Ah! Vous voj'ezbicn qu'il n'est pas mort! ,

GRIZOL, penaud.

Blanche !

BLANCHE,

Et tout cela n'était qu'une comédie I

THOMERY, se levant. Pour punir une coquette !

BLANCHE.

Vraiment! Ainsi pas un instant vous ne vous êtes

CRIME PASSIONNEL 37

dit que mon indécision pouvait être réelle, sincère ; que j'avais pour vous deux un penchant égal; non, vous n'avez vu en moi qu'une coquette qui se mo- quait de vous peut-être...

THOMERY.

Certainement.

BLANCHE.

Et votre orgueil s'en est froissé, votre amour propre en a été blessé, vous vous êtes dit : cela crie vengeance!... Et bravement, courageusement, vous vous êtes mis à deux pour mystifier une pauvre petite femme qui n'a eu qu'un tort, c'est d'avoir du cœur.

THOMERY.

Mais... Madame !

GRIZOL.

BLANCHE.

Vous vous êtes tués tour à tour... pour rire, comme les hommes se tuent généralement pour les femmes, du reste! Pas un instant non plus vous ne vous êtes dit à quel point je pourrais être ef- fraj'ée, angoissée...

GRIZOL.

Mais elle a raison!

THOMERY.

Mais oui !

GRIZOL.

Nous nous sommes conduits...

THOMERY.

Gomme deux polissons !

38 CRIME PASSIO.N'XEL

GRIZOL.

Pis que ça, monsieur, cornue deux goujats!

BLANCHE.

Je suis ravie de vous l'entendre dire. Je n'ajou- terai plus qu'un mot ; il y a un instant, j'hésitais encore, eh bien, maintenant je n'hésite plus.

THOMERY et GRIZOL, avec joie.

Enfin!

BLANCHE, montrant la porte.

Adieu, messieurs!

GRIZOL.

"Vous nous chassez?

THOMERY.

Vous nous chassez ?

BLANCHE.

Nous n'avons plus rien à nous dire!

THOMERY.

Eh bien, si, madame, nous avons encore quelque chose à nous dire !

GRIZOL.

Eh bien, si, madame nous avons encore quelque chose à nous dire !

TIIOMKIIY, onervo.

Ah! ça, mon cher, quand vous aurez lini do me chiper mes phrases ?

GRIZOL, même jeu.

Eh! Monsieur, je pe chipe pas vos phrases, seule- ment vous parler toujours le premier, je suis bien forcé pour exprimé la même pensée de me servir des mêmes expressions.

CRIME PASSIONNEL 39

THOMERY.

On cherche des synonymes, monsieur!

GRIZOL.

Et puis, fichez-moi la paix!

THOMERY.

Monsieur!

Pendant cette dispute, Blanche a pris un livre et se met à lire tranquillement, assise à la gauche de la table. GRIZOL.

Monsieur !

THOMERY.

C'est VOUS qui êtes cause de tout!

GRIZOL.

Moi?

THOMERY.

Parfaitement, c'est vous qui- avez eu l'idée de cette comédie ridicule, et disons le mot, odieuse !

GRIZOL.

A laquelle vous vous êtes empressé de collabo- rer!

THOMERY.

Je le regrette assez! (Allant à Blanche.) Ecoutez madame, écoutez-moi. II est trois heures et quart.

Il gagne la droite ea passant derrière la table. GRIZOL, à Blanche.

Accordez-moi encore un quart d'heure.

THOMERY.

Tenez, dix minutes seulement!

GRIZOL.

Cinq minutes !

40 CRIME PASSIONNEL

TilOMERY.

Trois!

GRIZOL et THOMIlRY. ensemble.

Pour vjus donner la pi is grande preuve d'amour qu'un homme puisse donner ù une femme !

Blanche se lève tranquillement et va sonner. THOMERY, montrant Grizol .

Voulez-vous que je le tue, et sérieusement cette fois?

GRIZOL, montrant Thomery.

Je Suis prêt à l'envoyer avec joie dans un monde meilleur !

Paraît Flipote pnr la droite.

SCÈNE V Les Mêmes, FLIPOTE.

BLANCHE.

Flipote!

FLTPOTE.

Mailame ?

BLANCHE.

Reconduis ces messieurs.

KI.IPOTE.

Ah! bah!

GUIZOr^, à Blani;lio assise sur le canapé.

Ainsi, rien ne peut touv-her votre cœuc ?

THOMEllY.

Rien?

Blanche se replonge dans sa lecture.

CRIME PASSION.XKL 41

GRIZOL.

Allons, VOUS n'êtes décidément qu'une coquette! (a Thomery.) Venez -VOUS, monsieur ?

THOMERY. Un instant, monsieur! (Allant à Blanche et avec émo- tion.) Madame, avant de vous quitter pour toujours, je tiens à vous demander humblement pardon de vous avoir oftensée, croyez que je regrette profon- dément ce... cette... enfin. (Eclatant en sanglots.) Ah! je suis bien malheureux!

BLANCHE, ee levant émue, à part.

Il pleure!

FLIPOTE, qui a gagné la gauche en passant derrière le canapé.

Oh!... Madame!

BLANCHE.

11 pleure!

THOMERY, essuyant ses yeux.

Excusez moi, je dois vous paraître ridicule.

BLANCHE.

Non, mon ami, vous n'êtes pas ridicule, au con- traii-e,

THOMERY, avec joie.

Vraiment ?

BLANCHE.

Flipote, ci-ois-tu qu'une lai-.ae S3it une preuve d'amour?

FLIPOTE.

Oh! Maîame, au théâtre, toujours!

BLANCHE.

Et comme le théâtre est ïi.naoQ de la vie. 'len-

42 CRIME PASSIONNEL

dant la main à Tbomery.) Voici lua main, moii ami, C'est vous qui êtes le vainqueur !

THOMERY.

Ah ! Blanche, ma chère Blanche !

Il lui baise la main. GRIZOL, qui a tiré vivement son mouchoir, et des larmes dans les yeux.

Mais madame, moi aussi, je pleure, regardez, je pleure comme un veau!

BL.\XGHE, passant au milieu.

Un peu tard, mon ami!

THOMERY, à Grizol.

Vous pouvez rentrer le mouchoir!

BLANCHE, à Thomery et à Grizol.

Vous voyez que pour toucher le cœur d'une femme...

FLIPOTE. '

Il suffit parfois d'une larme !

BL.WCHE.

Seulement, il faut qu'elle soit versée à temps !

Rideau.

Imprimerie Gdudralc de Chàti Ion-sur Seine. A. Pichat.

PQ Hennequin, Maurice 2615 Crime passionnel!

PLEASE DO NOT REMOVE CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET

UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY

1 » ft 1. » I a i » 1 t » i 1 î 1 "1 1 "t T TTv 1

J i » f « t i t t > •" I i I t 3 i 1 1 1 1 1 1 ¥ V

'titftiiiiiiit 11 1 1 1 11 11%% I I i'i*iViV.***t***tV»*»*.*AV.*».*L»*«

iBiiiifti' t t i i i il iY»*^ -^^ - L*-» ftittii'ittirt» rir L » .

•■•MwM' a_8Lâ:ii"t'

||_m

J.f

S_S.^&. K K K

J J_i It »

ffc'

vl ft K |[

oriTt'

Mfc

f 4 il<

s M r

"mé

m^m

mt'^'^mr'Mà,-

- sîï- '.m :'Sj

'■"«"■*'

' i *^f% f^;

r"#^^